Liiiéisrsiris) seit + + RAR MUONE CCE CREER Nate LT Qu 0 COUPE CARRIERE XXE ENT. on lat pen e là AUDIT ns sf DEEP: Les d'ohha ds eue! ‘4 Hunts CD Tran es à a à “t n ee ire el HA AN ei ae 214 CHILI] tu QUI ‘ M Aleuse deb spé à à , 0 N ER CRC ETES dahe lôta tele 0 4 8.8 à - AR P hr ete à oùe oi ai oo 6 did 8 dia gars « RER] Mas bmieis es se Ctrer rite él botle sos cu am DES fr dre hond" QUE LS ‘ Qui ik + Molsies er élite p à pee » “y perse ei mtattal e an 2e DOUTE PE + tre . “ } Léa dis athe à Aa! os " RRLLRLE] * Hotte te TE ET LOUE Ne COCO DOOOOUO tite QUE '. 5 CEE ( nl (ei "te 4. mel (A RE WRI ALUEN JON 1 la vide ” Fes sad pare “ sa [à Mie dAmhitise CIE sd 6 4e à tousse QI GORE CO dde 14 eau +4 CLEO TOC PR se US LA CAC DC TCEOE “ir dede dette CICR «| # LORD EITIeT0 Murat + u lun V4 16.606 date diet ete fois oies a etre dia 8 lie Late 110840 14 rt ent Hotte CS ; l MH ee , AE QUIL # CEDIRTT | hatiedéial …. x : eee e hrioi au à . ‘ . y * « CRT IEN ; . ? , s sel tt j , ein bn ni CRE NA ont LI “dis R + 4 v ERA TE SARA Re UORICE EE eu: niet PIDYOION PEN TON À ve ‘… duree ol 6 pet BIRT | Piéals ” “4 OC COTE AB RARLITIT) ii dta "ei ete Lslao nl ‘* ” que iaoel par QUE 0 ge rie quite “in je. LLEI HE LEE ail « ë ROUCIONEAUT AIO é ri) A pMtte) ji tue OUI LE ETDIO) L fi Veneto e id +1 a je! e Mojeie ere ones ed 246 18 vite © ed d'a te da he à DRE PEN LCOPIPPT ne nb Ar 4. Li à ” Querit MENU ie en ... LOU fa M'heten lan etant de ns Fate FE DOC ie LION Se RO AIRE eus MOULUUOI rer fe Un HAiedoraiees HP) on nt Dre DEN AIDE ES sons «'sigté ne … QUE us DONE I a LI ide 1] nn UN pr Hsin UNIL OCR MONIOOOCE LIL ARSICICEOIEITES î pres [il ss 1 HS ‘ EE rs : jee ni Fe ques RE on . de LRO de RIRE] y ‘a à « LOUE LE se P vie DOTE fret gene QUE CAT noie 1 is Mdr déte s 0 4 Pr M OE RE CITES ; à 4,# Fe ir ME à LOU TS LE! L Mel hs parte LUN MR es LAIT Ted NOR COTE An LU “hs NOCITEEN R AENI eh 14 Hi LLC EP) A Mira Î "4 14438 nest 444) CL. CPEDLTE LR CEE nb dus uni ONE L COCO h4 OU HUE vi ins te ve fe Nr # (ets ee l >. Re HOODUE Fran HE LC 1 Lens dé lon leds à n | CIO % s, Véitiele An DC tie KO teint “4 L Mortiare tits is LRO nie Cr) 1H DOLICOTIP Vrenahérs tes dar et A 1 van | LORRCEC ICI 4". } [LC AES + # LODEL TEE RUE CITE PIE [LI GOEES ni « ete mad péter ARTE CREDN Visite lreuti LE ns GOMUOE pal { À | À : il LA USA É ' | ! Ÿ su \ | ( A À f re MAL je + 1e 1 4 4 “y = COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE È 1, rue Cassette, ie COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SEANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À Ze *ANNÉE 1905 CINQUANTE-SEPTIÈME DE LA COLLECTION Avec figures TOME SECOND PARIS MASSON ET C*, EDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 4905 — VI — ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. Rayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878). Paul Bert (1879-1886). Présidents quinquennaux. MM. Brown-Séquard (1887-1892). Chauveau (1892-1896). sx Bouchard (1897-1901). Marey (1902-1904). COMPOSITION DU BUREAU (1905) 2 Trésorier............... UE ArChIVISte. Le RTL TL RER eee M. Giard. M. Derier. M. Künckel d'Herculais. M. Gley. M. Achard. M. Manouvrier. M. Nicloux. M. Vincent. M. G. Weiss. M. Pettit. MEMBRES HONORAIRES MM. , Albert (S. A. S.), Prince de Monaco. Lord Avebury, FRS, 6, St-James square, à Londres. Beneden (Ed. van), cas, Pu, à Liége. Brouardel, MAS, MAM, PFM, MH, doyen honoraire de la Faculté de médecine, 68, rue Belle- chasse (7°). Chauveau, MAS, Nam, PM, 4, rue du Cloître-Notre-Dame (4°). Engelmann (W.), cas, pu, à Ber- lin. MM. Foster (sir Michael), FRS, PHU, à à Cambridge. Haeckel (Ernst), pu, à léna. ._Hertwig (0.), AAM, PU, à Berlin. Leydig (F. von), Pau, à Bonn. Maupas, cas, bibliothécaire, à Alger: Pflüger, PU, à Bonn. è Ray-Lankester, cas, directeur du - British Museum, à Londres. Strasburger, cas, PU, à Bonn. Waldevyer (W.), cas, PU, Lütherstr., 35, à Berlin. MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Arsonval (A. d’), MAS. MAM, PCF, 12, rue Claude-Bernard (5°). Babinski, mn, 170 bis, boulevard Haussmann (8°). — VI — MM. Balzer, mu, 8, rue de l’Arcade (8°). Berthelot, MAF, MAS, MAM, PCF, séna- teur, 3, rue Mazarine (6°). Binet, directeur du laboratoire de psychologie physiologique à l'École des Hautes-Études, 9, rue du Départ, à Meudon. Blanchard (Raphaël), MA, PFM, 226, boulevard Saint-Germain (7°). Bloch (A. M.), 43, rue St-Georges (9°). Bonnier (Gaston), MAS, PFs, 15, rue de l'Estrapade (5°). Bouchard, MAS, MAM, PFM, 174, rue de Rivoli (1°). Bourneville, Mn, 44, rue des Car- mes (5°). Bourquelot, MAM, PEP, PH, 42, rue de Sèvres (1°). Bouvier, Mas, PM, 39, rue Claude- Bernard (5°). Brissaud, PFM, mu, à, rue Bona- parte (6°). ; Budin, MaM, PFM, AH, 51, rue de læ Faisanderie (16°). Capitan, professeur à l'Ecole d’an- thropologie, 5, rue des Ursu- lines (5°). Chabrié, chargé de cours Fs, 3,rue Michelet (6°). Chamberland, mam, sous-directeur de l’Institut Pasteur, 82, rue Du- tot (15°). Charrin, PCF, mn, 11, avenue de l'Opéra (1°). Chalin (Joannès), MAS, MAM, Prs, 174, boul. Saint-Germain (6°). Cornil, MAM, PrM, mun, 19, Saint-Guillaume (7°). Darier, Mu, 77, boul. Malesherbes (8). Dastre, Mas, Prs, 1, Cousin (5°). MH, l'O rue Victor- MM. Dejerine, FM, Mu, 179, boulevard Saint-Germain (7°). Duguet, MaM, AFM, Mun, 60, rue de Londres (8°). Dupuy (E.), 53, avenue Montai- gne:(8°).: Duval (Mathias), MAM, PF, Malesherbes (9°). Fabre-Domergue, inspecteur géné- ral des pêcheries, 208, boule- vard Raspail (14°). \ Féré (Ch.), mx, 22; :avenue Bu- geaud (16°). 14, cité Francois-Franck, MAM, PF, 5, rue -Saint-Philippe-du-Roule (8°). Galippe, mam, 12, place Vendôme (de): Je Gellé, 40, avenue de la Grande- Armée (17°). Giard,.mas, pers, 14, rue Stanislas (6°). | Gilbert, MAM, PFM, Mu, 27, rue de Rome (8). Gley, MAM, AFM, AM, 14, rue. Mon- sieur-le-Prince (6°). Grancher, MA, PFM, Mn, 36, rue Beaujon (8°). Gréhant, ma, PM, 90, cours de Vin- cennes (12°). Grimbert, AFP, Pa, rue du Faubourg Saint-Jacques (14e). Guignard, MAS, MAM, PEP, À, rue des Feuillantines (5°). Hallion, chef des travaux de phy- siologie pathologique à l'École des. Hautes-Études, 54, rue du Faubourg-St-Honoré (8°) Hallopeau, man, arm, Mu, 91,.bou- levard Malesherbes (8°). Hamy, mt, MAN, ru, 36, rue Geof- froy-Saint-Hilare (5°). Hanriot, MAN, AFM, 4, sieur-le-Prince (6°). rue Mon- == VU MM. Hayem (G.), MAM, PFM, MH, 97, bou- levard Malesherbes (8°). Henneguy, per, 9, rue Thénard (5°). Javal, Ma, 5, boulevard de Latour- Maubourg (8°). Joffroy, MAM, PFM, Mu, 195, boule- vard Saint-Germain (1°). Kaufmann, PEv, à Alfort. Künckel d'Herculais, AM, 55, de Buffon (5°). Lancereaux, MAM, AFM, MHH, 44, rue de la Bienfaisance (8°). Landouzy, MAM, PFM, MH, 4, rue Chauveau-Lagarde (8°). Langlois (J.-P.), AFM, 12, rue de l'Odéon (6°). Lapicque, mcrs, 6, rue Dante (5°). Larcher (0.), 97, rue de Passy (46°). Laveran, MAS, MA», %5, rue du Mont- parnasse (14°). Leven, 26, avenue des Champs- Élysées (8°). Magnan, MAM, Mu, À, rue Caba- nis (14°). Malassez, max, 168, boulevard Saint-Germain (6°). Mangin, pm, 2, rue de la Sorbonne (5°). Netter, maAM, AFM, MH, 129, boule- vard Saint-Germain (6°). Onimus, 118, boulevard Hauss- mann (8°). Perrier (Edmond), MAS, MAM. PM, 57, rue Cuvier (5°). Phisalix, AM, 26, boulevard Saint- Germain (5°). Railliet, MAM, PEv, 9, avenue de l’Asile, à St-Maurice, lue MM. Ranvier, Mas, MAM, PCF, à Thélys, Cre de Vendrange, par St-Sym- . phorien de Lay (Loire). Raymond (F.), Ma, rvrm, mn, 456, boulevard Haussmann (8°). Regnard (Paul), Mam, directeur de l'Institut agronomique, 224, boulevard Saint-Germain (17°). Rémy, AFM, 31, rue de Londres (SE) Rénon, AFM, MH, 5l, avenue Mon- taigne (8°). Retterer, AFM, 29, boulevard Saint- Marcel (13°). Richer (Paul), m1, Mau, 11, rue Ga- rancière (6°). Richet (Ch.), am, PFM, 15, rue de l'Université (7°). Robin (Albert), Mam, PFM, Ma, 53, boulevard de Courcelles EF Roger (H.), FM, Mu, 9, rue de Vil- lersexel (7°). Sinety (de),14, place Vendôme ue), Suchard, professeur suppléant cr, 75, rue Notre-Dame-des- Cha (6°). Fa Troisier, MAM, AFM, M4, 25, rue de La Boétie (8°). Trouessart, 20, Feuilles (16°). Vaillant (L.), PM, 2, rue de Buf- fon (5°). Varigny (Henri de), 48, Lalo (16°). rue des Belles- rue Weiss (G.), AFM, 20, avenue Jules- Janin (16°). Wurtz, AFM, MB,.07, rue des ete Pères (6°). MEMBRES TITULAIRES MM. Achard, 4FM, MH, 164, rue du Fau- bourg-Saint-Honoré (8°) 21 fé- vrier 1903). Barrier, MAM, PEV, à Alfort (21 oc- Lobre 1899). Bonnier (Pierre), 166, rue du Fau- bourg-St-Honoré (8°) (3 avril 1897). Borrel, chef de laboratoire à l'Ins- titut Pasteur, 60, rue Mathu- rin-Régnier (15°) (17 novembre 1900). Camus (Lucien), chef adj. des tra- vaux physiologiques Fu, 14, | rue Monsieur-le-Prince (6°) (2 avril 1898). Carnot (Paul), AFM, Ma, 73, bou- levard Saint-Michel (5°) (5 mar 1900). ; Caullery, mcrs, 6, rue Mizon (15°) _(25 février 1905). Chantemesse, MAM, PFM, MH, 30, rue Boissy-d’Anglas (8) (13 mai 1899). | Delezenne, chef de laboratoire à l'Institut Pasteur, 6, rue Mizon (15°) (12 juillet 1902). Desgrez, AFM, 78, boulevard Saint- Germain (5°) (29 avril 1899). Gautier (Armand), MAS, MAM, PFM, 9, place des Vosges (4°) (7 juin 1902). Guyon, dirécteur adjoint du la- boratoire de physique biologi- que cr, 28, rue de la Baume (8°) (7 janvier 1899). Henri (Victor), préparateur rs, 13, rue du Val-de-Grâce (5°) (28 jan- vier 1905). Héricourt, 12, rue de Douai (9°) (5 mars 1898. MM. Jolly, mc à l'École des Hautes-Étu- des, 59, rue de Babylone (1°) (9 novembre 1901). Letulle, AFM, mu, 7, rue de Magde- bourg (16°) (26 novembre 1898). Linossier, cam, 51, rue de Lille (1°) (15 décembre 1900). Loisel. préparateur FM, 6, rue de l'École-de-Médecine (6°) (16 fé- * vrier 1901). > Manouvrier, professeur à l'École -d’anthropologie, 15, rue de l'É- cole-de-Médecine (5°) (12 mars 1904). Marchal, professeur à l'Institut agronomique, 126, rue Boucicaut, à Fontenay-aux-Roses (Seine) (19 juin 1897). Marie (Pierre), AFM, M4, 209, boule- vard Saint-Germain (8°) (29 juillet 1899). Martin (Louis), chef de service à l’Institut Pasteur, 205, rue de Vaugirard (15°)(7 /écembre 1898). Meillère, pu, 15, rue du Cherche- Midi (6°) (21 janvier 1902). Mesnil, chef de laboratoire à l’Insti- tut Pasteur, 21, rue Ernest-Re- nan (15°) (28 mai 1898). Moussu, PEv, à Alfort (12 décembre 1903). Nicloux, chef de laboratoire FM, 107, rue Monge (5°) 25 juin 1904). Pettit (Aug.), chef de laboratoire FM, 108, rue de Vaugirard (6°) (2 juillet 1898). Teissier (P.-J.), AFM, Mu, 205, bou- levard St-Germain (7°) (1° avril 1905). Thomas, 92, boulevard Hauss- mann (8°) (18 /évrier 1899). — X — MM. Tissot (J.), préparateur M (25 n0- vembre 1905). Vaquez, AFM, mu, 82, boulevard Haussmann (8°) (11 décembre 1897). Vincent, P à l'École d'application de la Médecine et de la Phar- : MM. macie militaires, au Grâce (5°) (7 mai 1904). Widal, arm, mu, 155, boulevard Hausmann (8°) (17 juillet 1897). Yvon, Mam, 26, avenue de l’Ob- servatoire (14°) 1897). Val-de- (13 novembre MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arloing, CAS, AAM, PFM, PEV, à ‘ Lyon. Beaie (Lionel S.), à Londres. Beaunis, PHFM, villa Printemps, Le Cannet, près Cannes. Cajal (Ramon y), pu, à Madrid. Guanajuato (Mexique). Fredericq (Léon), pu, à Liége. Jolyet, cam, PFM, à Bordeaux. Koch (R.), cas, AAM, PU, à Berlin. Kronecker, pu, à Berne. Laulanié, cam, PEv, à Toulouse. Lépine, cAS, AAM, PFM, 30, place | Bellecour, à Lyon. Lorlet, CAS, CAM, PFM, à Lyon. MM. | Metchnikoft, cas, AAM, sous-direc- recteur de l'Institut Pasteur, rue Dutot (15°). Pitres, AAM, PFM, 119, cours d'Al- sace-Lorraine, à Bordeaux. | Plateau, pu, à Gand. Dugès (Alfred), consul de France à Recklinghausen (von), pu, à Stras- bourg. Renaut (J.), AAM, PFM, 6, rue de l'Hôpital, à Lyon. . Roux, MAS, Ma, directeur de l’Ins- titut Pasteur, (M5? H. de Vries, pu, à Amsterdam. Weismann (A.), PU, à Fribourg-en- Brissau. 25, rue Dutot MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX MM. Abelous, PFrM, à Toulouse. Arthus, PEM, à Marseille. Baréty, à Nice. Bergonié, cAM, PrM, à Bordeaux. Calmette, cAS, cAM, PFM, directeur de l’Institut Pasteur de Lille. Cazeneuve (Paul), cam, Pr, à Lyon. Charpentier, cAM, PrM, à Nancy. Coÿne, cam, PFM, à Bordeaux (Gi- ronde). Courmont (Jules), PF", à Lyon. MM. Cuénot, Prs, à Nancy. Debierre (Ch.), cam, Pr", à Lille. Doyon (Maurice), professeur -ad- joint rm, à Lyon. Dubois (Raphaël), prs, à Lyon. Duret, can, professeur à l'Univer- eébprea/Lille Gilis, cam, PFM, à Montpellier. Hédon, PFM, à Montpellier. Herrmann (G.\, Prm, à Toulouse. | Imbert, cam, Fu, à Montpellier. MM. Jobert (CL.), PFs, à Dijon. Jourdan, PFSs, PEM, à Marseille. Jourdain, ancien Prs, à Portbail (Manche). Laguesse, Pr, à Lille. Lambling, PFM, à Lille. Lataste, ancien pu, à Cadillac (Gi- ronde). Livon, cAM, PEM, à Marseille. Lucet, vétérinaire, à Courtenay (Loiret). Maurel, Pr, à Toulouse. Morat, cam, PFM, à Lyon. Moynierde Villepoix,PEM, à Amiens. Nicolas, PFM, à Nancy. OEchsner de Coninck, Prs, à Mont- pellier. MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS Allemagne. MM. _ Behring, aAM, pu, à Marburg. Boveri, PU, à Würzburg. Dohrn (A.), directeur de la Station zoologique internationale, à Na- ples. Ehrlich, P K. Institut f. experi- mentelle Therapie, Sandhofstr., 44, Frankfurt-a-M. Kossel (A.), cam, PU, à Heidelberg. Australie. Haswell, pu, à Sidney. Autriche-Hongrie. Adamkiewiez (Albert), cAM, PU, à Cracovie. Vejdowski, pu, à Prague. Belgique. Bambeke (Ch. van), PU, à Gand. Heger (P.), pu, à Bruxelles. MM. Pachon, me à l'École des Hautes- Études, 97, boul. Arago (14°). Pelvet, à Vire. Perraud, professeur de viticulture, à Villefranche (Rhône). Pierret, AAM, PFM, à Lyon. Prenant, PrM, à Nancy. Rodet, Prm, à Montpellier. Testut (Léo), cam, PrM, à Lyon. Thierry (E.), cAM, ancien directeur de l’École d'agriculture, à Beaune (Côte-d'Or), 47, rue d'Assas (6°). Tourneux (Fréd.), CAM, PFM, à Tou- louse. Vialleton, PFM, à Montpellier. Wertheimer, cAM, PFM, à Lille. A Cuba. LT MM. LÉ F | Sanchez Toledo, à Paris. États-Unis. Bowditch, P Harvard University, Boston. Lœæb (J.), pu, à Berkeley (Califor- nie). Stiles (CI. W.), cam, chief of the division of Zoology U. S. Public Health and Marine Hospital ser- vice, Washington. Minot (S.), P Harvard University, Boston. Finlande. Tigerstedt (R.), pu, à Helsingfors. Grande-Bretagne. Beevor (Ch.-Edw.), 33, street, à Londres, W. Harley ee == MM. Ferrier (David), FRS, P Kings College, 34, Cavendish square, à Londres, W. Horsley (sir Victor), FRS, 80, Park street, Grosvenor square, à Londres, W. Langley, FRS, pu, à Cambridge. Sherrington, FRS, PU, à Liverpool. Waller (Aug.), FRS, 16, Grove End Road, à Londres. Hollande. Hubrecht, pu, à Utrecht. Italie. Golgi, AAM, PU, à Pavie. Luciani, PU, à Rome. Mosso (Angelo), cas, pu, à Turin. Perroncito (Eduardo), CAM, pu, à Turin. Russie. Cyon (E. de), 8, rue Margueritte, Paris (17°). MM. Dogiel, pu, à Kazan. Gamaleïa, à Saint-Pétersbourg. Mendelssohn (Maurice), cam, 47, rue de Courcelles, Paris (8°). Mierzejewsky, cam, 26, rue Ser- guievskaja, à Saint-Pétersbourg. Pavloff, AAm, p à l'Institut de mé- decine expérimentale, à Saint- Pétersbourg. ion Tarchanoff (de), ancien pu, Saint- Pétersbourg, 16, perspective An- glaise. Wedensky, Pu, sbourg. à Saint-Péter- Suède. Retzius (G.), cas, Pu, à Stockholm. | Suisse. Bunge (G. von), cam, eu, à Bâle. Prevost, PU, à Genève. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, {, rue Cassette. 2% RL: COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉANCE DU I‘ JUILLET 1905 AmgarD et Foa (C.) : Les modifi- cations de l'acidité d'un mélange suc gastrique-albumine au cours de la digestion AuparD et Foa (C.) : Recherches sur la réaction des mélanges de soude et d'acide chlorhydrique avec l’albumine et la peptone ...... BourqueLoT (Ex.) et Daxyou (Ex. : Sur la présence d'un glucoside cyanhydrique dans les feuilles du sureau (Sambucus nigra L.). . . .. Bruwer (E.) et Wurrz : Note sur le traitement de la maladie du som- meil expérimentale par l'acide arsé- nieux et le Trypanroth. . . .. CarxoT (P.) et Auwer (P.) : Ac- tion des lymphagogues sur les échanges salins intestinaux. . . .. DÉVÉ(F.) : L'éosinophilie locale des kystes hydatiques .. . . ...... Doprer (Cu.) : Précipitines spéci- fiques dans le sérum . ........ Eurze-WeiL (P.) et CLerc (A.) : Un cas de leucémie myélogène chez le CR TS EME EUR RUN Euxe-Weiz (P.) et CLerc (A.) : Contribution à l'étude de la leu- cémie myéloïde du chien . ..... FÉRÉ (Cn.) : Note sur le bâille- : (C4.) : Douleur et fatigue . . Foa (CarLo) : La réaction du suc gastrique, éludiée par la méthode éleCtrOmetrIque . 7 #08. ce Foa (Caro) : La réaction du lait et de l'humeur aqueuse étudiée par la méthode électrométrique . . . .. B1oLOoG1E. CompTEes RENDUS, — 1905, T. SOMMAIRE 2 18 51 FRoIN (G.) : De la cytolyse dans les séreuses humaines patholooi- GARRIGUE (L.) : Mécanisme de l’ac- HOondeSMOLMIATESE PE NNEREENERER GizgerT (A.) et JomiEer (J.) : Sur la présence de gros blocs graisseux coalescents dans les capillaires san- guins du poumon normal. . . ... GILBERT (A.) et LEREBOULLET (P.) : Sur la teneur en bilirubine du sé- rum sanguin dans l'ictère simple AUPROUVEAUSTÉ 0 EN Me RE Iscovesco (Henri) : Pancréas et calalase hépatique . . . . . . . . .. Iscovesco (Henri) : Arsenic colloi- date LNCALAIASE ERP CU Laprcoue (M. et Mme L.) : Sur la loi d'excitation électrique en fonction de la durée utile des décharges des CONTES ALEUTS ee LÉCAILLON (A.) : Sur l’origine de l'habitude qu'ont les femelles de ceitaines Araignées de porter leur cocon ovigère avec leurs chélicéres. Léopozp-Lévr : À propos du syn- drome myotonique. . . . . . . . . . Lénine et BouLuo : Sur l'existence d'oxyde de carbone dans le sang destanémiques ete MaUREL (E.) Mouvements fé- briles nocturnes méconnus. . . .. NEVEU - LEMAIRE Sur un nou- vel acanthocéphale (Echinorhynchus Oresliæ nov. sp.) parasite des poissons du genre Oreslias . . . .. Neveu-LEMATRE : Sur un nouveau Moustique appartenant à la sous- LIX. l 38 sl 2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——————_——— © ——_—_—_— famille des Anophelinæ (Nyssoryn- mieu de CULEUTE PP 56 CRUSIBOZASUMONASD.) 0. Ne 32 SALMON (PauL) : Débuts du syphi- Pacaur (Maurice) : Sur deux pro- loinetimitial 2 SU EN NERRE 9 priétés diastasiques de la salive de SEILLIÈRE (GASTON) : Sur la pré- l'Escargot (Helix pomatu L.)...'. 29 | sence de la xylanase chez différents Paisaix (C.) : Sur la présence du -Mollusques gastéropodes . . . . .. 20 venin dans les œufs de vipère . . : 145 VrGter (P ) et Pacaut (M.) : Sur la Paisazix (C.) : Sur le changement présence de cellules à ferment dans de coloration des larves de Phyllo- les glandes salivaires d’Helix po- dromid CeLMANIC TN IE EEE ATATMOAUR LA NM se CONTRE 21 REMLINGER (P.) : Un cas de rage WIiNTREBERT (P.) Nouvelles re- consécutif à une morsure de souris. 71 | cherches sur la sensibilité primi- RETTERER (Ep.) : Du développe- tivedes bafraciens PER 58 pement et de la structure des ra- WINTREBERT {P.) : Sur le dévelop- phés des organes génito-urinaires . 21 | pement de la contractilité muscu- _RonriGuez (D.) : De l'emploi de laires dans les myotomes encore dé- là pomme de terre violette comme pourvus de liaison nerveuse réflexe. 60 Présidence de M. A. Giard, président. M. FRançois-FRancx fait don à la Société d’un portrait photogra- phique de Marey et d’une reproduction photographique agrandie de la médaille du Cinquantenaire de la Société (avers et revers). LA RÉACTION DU SUC GASTRIQUE, ÉTUDIÉE PAR LA MÉTHODE ÉLECTROMÉTRIQUE, . par M. Carro Foa. J'indique ici les résultats des expériences (1-5) que j'ai failes soit par la méthode électrométrique, soit par la méthode titrimétrique, sur le suc gastrique d'un chien opéré par la méthode Pavlov, et sur d’autres échantillons (6-8) obtenus d’un chien auquel on avait fait la séquestra- tion totale de l'estomac par la méthode de Frémont-Frouin (1). J’ajou- terai encore une détermination (n° 9) faite sur du suc gastrique d'homme obtenu par sondage après un repas fictif suivant la méthode de Pavlov, qui avait été déjà appliquée à l’homme par M. Carnot. Par la méthode électrométrique, on voit que l'acidité du suc gastrique du chien opéré par la méthode de Paylov correspond à des solutions n d'HCI comprises entre el» tandis que le suc gastrique du chien ? (4) Ces échantillons m'ont été fournis très obligeamment par M. Frouin auquel j’adresse mes remerciements. SÉANCE DU 1°* JUILLET + 3 opéré par la méthode de Frémont-Frouin est moins acide et correspond à des solutions d'HCI comprises entre 5 ete dans l'estomac totalement séquestré, le suc de la région pilorique qui est très faiblement acide ou même alcalin (Frouin, Schemiakine) se mêle au suc de la région cardiaque qui est acide, tandis que le cul-de- sac de Pavlov est formé presque exclusivement de la région cardiaque. Ceci dépend du fait que SOLUTION TITRATION TITRATION 109 Cx correspondante avec avec (e) P rouge de Congo phénolphtaïléine — 1,2209 — 1,1755 — 1,1923 — 1,3712 — 1,2849 — 1,6472 — 1,6093 — 1,5059 — 1 ,6003 Le suc gastrique de l’homme est aussi moins acide que le suc de chien obtenu par la méthode de Pavlov, et cela tient soit au fait qu'il est un mélange de suc cardiaque et de suc pylorique, soit à la présence inévitable d’un peu de salive et de mucus. Les valeurs obtenues par la méthode titrimétrique quand on emploie comme indicateur la phénolphtaléine expriment une acidité pius forte que celle qui est indiquée par Ja méthode électrométrique, tandis que les résultats qu’on obtient avec le rouge de Congo ce rapprochent sensiblement à ceux de la mé- thode électrométrique. Fraenkel, qui avait déjà constaté ce fait, l'explique en admettant qu'une partie de l'HCI du suc gastrique soit combinée au peu d’albumine que les sucs qu’il a examiné contenaient. Des expériences faites par M. Ambard et moi et qui paraîtront dans une prochaine note ont . démontré que l'albumine ne lie pas sensiblement l'acide chlorydrique ni la _ soude, ce qui exclut soit que dans le suc gastrique il y ait de l'acide / SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE combiné à de l'albumine, soit que la soude qu’on emploie pour iitrer soit. en partie fixée par l’albumine contenue dans le suc. Plutôt qu'à l’albumine, nous pensons que le phénomène soit dû à la présence de la pepsine, laquelle est capable de fixer de très faibles quantités d'acide et des quantilés assez considérables de soude. Quand on fait la titration on peut admettre qu'une. _partie de la soude ajoutée est employée à neutraliser l'acide qui était lié à la pepsine, mais cette quantité doit être extrêmement petite, tandis qu'uve quantité non négligeable de soude est fixée par la pepsine. La quantité de soude qu'il faut ajouter pour faire la titralion ne donne donc pas la mesure ni de l’acide libre, ni de l'acide combiné. La présence de faibles quantités … d'acide lactique, que j'ai constaté par le réactif de Uffelmann dans tous” Jes échantillons de suc gastrique que j'ai examiné, ainsi que la présence. de phosphates acides, peuvent être aussi la cause d’une petite différence entre les résultats de la méthode électrométrique et celles des titrations, étant ces deux corps très faiblement dissociés. Quant à la différence entre le rouge de Congo et la phénolphtaléine, elle tient à ce que le premier indicateur. change de couleur pour des concentrations en alcali plus faibles que celles qui sont nécessaires pour la phénolphtaleine, ainsi que Friedenthal et Salessky l'ont démontré. Ont peut done admettre que la plus grande partie de l'acide chlori- drique du sue gastrique se trouve à l’état libre, et qu'une partie extrêmement petite soit liée à la pepsine. La méthode titrimétrique ne. peut pas donner des résultats exacts; on DU cependant l’employer … sans commeltre une erreur excessive pourvu qu'on se serve du rouge de Congo comme indicateur. Les expériences suivantes démontrent que la pepsine fixe de très pelites quantités d’HCI, et des quennss considérables de NaOH, et elles montrent aussi quelle est l'erreur qu'on fait en titrant une solution d'HCI par la soude, en présence de pepsine. SOLUTION correspondante | 10 cc. solut. de pepsine 2 0/0 dialysée + 10 cc. HO 5 Ge NaOH > n 10 cc. solut. de pepsine 2 0/0 dialysée + 10 ce. NaOH 3 nt n | —MfNCC: HCI > SL Ge nd de UD 2 1 VOTE à SÉANCE DU À°'" JUILLET | 5 LES MODIFICATIONS DE L'ACIDITÉ D'UN MÉLANGE SUCG GASTRIQUE-ALBUMINE AU COURS DE LA DIGESTION, | - par MM. Amsarp et C. Foa. Nous avons fait cette étude concurremment par la méthode titrimé- . trique ordinaire et par la méthode électrométrique qui donne l'acidité réelle d’une solution, c’est-à-dire la concentration des ions H”. . Nous avons employé une solution d’albumine d'œuf filtrée et dialysée, mélangée en parties égales, soit avec du suc gastrique, soit avec HCI me On déterminait, par les deux méthodes sus-indiquées, l'acidité des deux mélanges immédiatement après les avoir préparés, et après des séjours de durée variable dans un thermostat à 38 degrés. Eure Par les expériences faites sur les mélanges d'acide chlorhydrique et d’albumine, on voit, et par la méthode titrimétrique et par la méthode électrométrique, que l’albumine ne fixe pas d'acide chlorhydrique. Nous reviendrons ultérieurement sur ce résultat qui doit être soumis à une sérieuse discussion. Ce qui nous intéresse pour le moment, c’est de faire remarquer que tandis que les deux méthodes indiquent que les mélanges d'acide chlorhydrique et d'albumine ne changent pas sensible- ment d’acidité même au bout d'un temps assez long, pour les mélanges de suc gastrique et d’albumine, tenus dans le thermostat, se passent au contraire des phénomènes très importants qui ne se passent pas si ces mélanges sont tenus à la température ordinaire. On voit en effet que la quantité de soude qu'il faut ajouter pour neutraliser la même quantité du mélange augmente du commencement à la fin du procès digestif. On serait amené, par ce fait, à tirer cette conclusion que l’acidité augmente au cours de la digestion, si la méthode électro- métrique n’'indiquait pas que, au contraire, l'acidité diminue progres- sivement. Pour expliquer les résultats de la méthode titrimétrique, il faut admettre que la soude qu’on ajoute pour faire la titration soit fixée en partie par les produits de la digestion, et que ceux-ci puissent fixer des quantités plus fortes de soude que d'acide. Les expériences que nous avons faites, comparativement sur les combinaisons de l’albumine et de la peptone avec l'acide chlorhydrique et la soude, ont confirmé complètement celte interprétation. Nous en rendrons compte dans une prochaine note. Ce qu’il est important pour le moment de faire remarquer, c'est que, par la méthode titrimétrique, on serait amené à une conclusion absolument contraire à celle à laquelle nous conduit la méthode électrométrique. oGERT — | 958‘ 0 — mou NS S£ 66667 — | 8688 0 — | ‘20ç9z7 |l'ug saidy | S S ‘OouoTI9dxX9 OWAISIOT, à : | SE « ÿ COMME — | | ; à « 0‘9 SG ER = » I PL à i | d # GFOG T — C0 0er 67 u0g — & 1#66. 1 — | 9616 0 — GL°G UE ee TS à " à £ ET AE ASS & CORRE @ Or || 8 . got — | 6980 — cer |ogur — = 60 Tr — | 86780 — os ue — |< © j À a Le 7 À 29 = = CHOSE — c0g‘0 — 00 6‘# “UT 07 Sa1dV . 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Nous avons fait par les deux méthodes titrimétrique et RE des recherches sur la réaction des mélanges de HI et de soude en avec des solutions d’albumine et de peptone à la même concentration - et dialysées. Ces solutions ont été préparées à la même concentration, en pesant le résidu sec de solutions dialysées. De ces expériences, on peut tirer les considérations suivantes : 1° L’albumine ne fixe ni l’acide chlorhydrique ni la soude, et, quand on ajoute à une solution d’ HCI ou de soude une quantité donnée d’une solution d’albumine dialysée à la concentration de en c'est comme si l’on ajoutait de l’eau distillée. Cela ressort, soit des détermina- tions directes de l'acidité faites par la méthode électrométrique, soit des titrations. Pour ces dernières, ce n’est pas même nécessaire de faire les deux mélanges albumine + acide et albumine + NaOH ; en effet, il suffit de voir qu’il faut, par exemple, la même quantité de soude pour titrer deux mélanges d’albumine + acide et d’eau + acide dans les mêmes proportions, pour en conclure que non seulement l'acide n’a pas été fixé, mais que la soude qu'on ajoute pour faire la titration ne l’est pas davantage; 2° Au contraire, quand on opère avec des solutions de peptone, on voit que la quantité de soude qu'il faut ajouter pour titrer un mélange de peptone — acide est beaucoup plus forte que celle qui est nécessaire pour titrer une solution de l’acide également étendue, et que la titration d’un mélange de peptone + soude exige moins d’acide qu’une solution équivalente de soude. Ces deux expériences nous indiquent que la peptone fixe des quantités assez considérables de soude, mais elles ne nous démontrent pas encore si la peptone fixe de l'acide aussi, et si elle en fixe plus ou moins que de soude; 3° Un mélange à parties égales de peptone et de soude — est équiva- 20 lent à une solution 2 de KOH, au lieu d’être équivalent à une solu- tion + comme elle serait si, au lieu de la peptone, on avait ajouté de l’eau. Un mélange d’ acide et de peptone à parties égales est équiva- 0 0G ‘ . € 07 € . € 0G 4 L 0 nr OLVT— 09 6% me 9007 1— 2 F6 RE LE COL 00 67 IOH 9P 9Ju9IeA ‘108. IDH 2P 2juoçeA : | OH 9p SA | x) 801 “9 801 | Æroex— "we 0G — * Hny 80 DS — -Inb9 uorjn[os g HOENT 09% -1nb9 uorn[os o l n HOFN ESS -Imb9o uornos PRE AE ; HAÔdIHLANIALIL | . HAÔININIALIL ANOEIANIALIL | HNAOIHLANOHLIHIA HAOHLAN : ANDIHLHMNOMLONIH AAOHLAN ANAOIMLHNONMIIAIE HAOHIAN ; * HAOHLAN « k : £ + HAOHLAN { HAOHLAN 0t NE 07 0€ ! IDH OF + nee OF 2 DH OF + Ë "ded 07 0007 AIDE = ‘re OT D SL RE nn eee UE AU AUTRES LR NN IS à ie PNR ne ep CU ee Re RE EE Lu : F 8 2 "OouoTIOdx9 oWeIxNno = ma . a A * a 07 00 ns Dre = || = GYT GI — ‘29 906 ne GO00'ET — ‘09 GL'Y LRT GT — ‘00 GE A . u u Uü | [æ] , ; 9pP 9JU9]BA p 9p 9aJU9]PA ; s ' 9p 9aJU9AIEA |, T 2 |Howep au eo ee ONE 20 eg ee | ON SOLE ur) 80] D ne -Imb9 uornros u | -imb9 uornços u -Inbs uornos u L ” 6 HAÔINLANIALIL AAOIMLANIALIL HAOIHLANIALIL AHNAOIMLANOULOATIH HAOHILAN € Ù ANDOIHLANOMLOAIHX HAOHLAN R ANOIMLANOMNLOAIH HAOHLAN S $ 4 HAOHLAN : 5 4 HAOHILAN A | © HGOHLAN 08 3 AE 0& 0€ . : = HOPN 03 + neo 08 ; HOEN 08 + _ “dod 08 7 HOEN 08 + ALEUE ‘oouoTIodxe 9191W014 . Re de à de GC j SÉANCE DU 1° JUILLET 9 lent à une solution de KOH F au lieu d'être équivalent à une solu- PRE PRDRS CS PR ë : 2 tion 5 comme elle serait si on avait ajoulé de l’eau. Ces chiffres nous démontrent que la peptone fixe plus de soude que d'acide, et nous per- mettent de comprendre le résultat apparemment paradoxal donné par la méthode titrimétrique sur les mélanges suc gastrique + albumine, comme nous l'avons indiqué dans une note précédente. DÉBUTS DU SYPHILOME INITIAL, par M. PAUL SALMON. Cliniquement, la syphilis débute par une tache érythémateuse légère- ment surélevée, un peu papuleuse. C'est le chancre induré au BÉCRICE jour, tel qu’on l’observe chez l'homme et chez le singe. Mais, chez l'homme, il est impossible de diagnostiquer la nature de cette lésion commencante, tandis que chez le singe, on peut affirmer la valeur spécifique de cette tache érylhémateuse; en effet, la réaction inflammatoire apparaît au point et au moment où on l’atténd, à l’en- droit de l’inoculation et après un minimum d’incubation de quinze jours. Cette papule débutante enlevée par biopsie, on constate que la syphilis a déterminé uné inflammation prononcée du derme et une- inflammation accessoire de l’'épiderme. Dans le derme, le syphilome se développe et à la surface et dans les couches profondes. Superficiellement, la couche celluleuse sous-papil- -laire s’infiltre de cellules mononucléées de deux lypes, les unes foncées par les couleurs d’aniline, les autres restées claires; c'est dans cette. couche que débute tout d'abord le syphilome. L'instrument de l’inocula- teur pénètre et fait pénétrer le virus syphilitique dans cette région immédiatement sous-jacente à l’épiderme, et là le parasite de la vérole va pouvoir évoluer. : Un peu plus tard, la couche dermique profonde est envahie. Les vais- seaux sanguins sont dilatés, entourés d’un manchon de mononucléaires. Cette réaction vasculaire très nette donne pour ainsi dire la signature “de la vérole. À ce moment, il est probable que l'agent figuré de la syphi- lis existe et dans le vaisseau et autour du vaisseau; le virus a passé dans le sang dès l'apparition du syphilome primitif. À ce moment, la sclérose initiale indique le début de l'infection locale et le point de départ de l'infection générale. Pius tard, les foyers, séparés, vont se réunir, attration de mono- nucléaires formera un bloc isolé, le syphilome adulle, analogue chez le petit singe au syphilome de l’homme et des singes anthropoïdes. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La réaction de l’'épiderme apparaît toute différente. Dans un cas de syphilis de la cornée, l’épithélium était augmenté de hauteur, mais sans altération des cellules épithéliales. Entre ces cellules filtraient des leu- cocytes poly et mononucléaires. Dans le syphilome de la peau, on voit se faire la même émigration de cellules poly et mononucléées, s'infiltrant entre les cellules épidermiques. En outre, on trouve des abcès micros- copiques contenant deux, trois et plus de ces globules blanes. Ces abcès siègent dans l’épiderme; c’est une sorte de loge dont les parois sont formés par les cellules épithéliales refoulées. Si le décollement épi- thélial est plus étendu, on observe la production d’une bulle d’herpès, comme M. Metchnikoff l’a décrit chez le chimpanzé et l’orang-outang. Cette analogie d'aspect entre le chancre induré débutant et l'herpès explique certaines erreurs de diagnostic faites par le médecin. En tout cas, dans la bulle d'herpès comme dans l’abcès miliaire intra- épidermique, sont contenus en majorité des leucocytes polynucléaires. Et de cette polynucléose nous concluons à la nature non spécifique de la lésion de l’épiderme. Le syphilome vrai, le syphilome pur, siège dans le derme; il est caractérisé par la présence des mononucléaires, la syphilis étant une mononucléose. La polynueléose de l'épiderme qui va accompagner la formation d’une collerette cornée, d’une croûtelle et finalement d’une ulcération, cette polynucléose est signe d'infection secondaire. Si précoce soit l’ablation de la tache érythémateuse, il existe déjà quelques petits abcès intra-épidermiques où l’on révèle par culture la présence de microbes d'infection secondaire. L'ulcération du chancre n’est pas lésion syphilitique proprement dite. Aussi sur frottis du pus de surface on ne retrouve pas une réaction purement mononueléée, mais des polynucléaires, tout comme dans le chancre mou, l’herpès, eb le cyto-diagnostic des ulcérations de la verge est impraticable. (1) La syphilis, maladie du derme, du tissu cellulaire et des vaisseaux, n’est pas maladie de l’épiderme, de la peau. La vérole ne peut être rap- prochée de la petite vérole, la vaccine, la clavelée, le cancer, comme l'ont fait certains auteurs, Bose par exemple. Si, dans la syphilis, il existe des abcès intra-épidermiques, on ne constate pas les lésions intra-cellulaires (hypertrophie de la cellule, corpuscules chroma- tiques...) qui sont la caractéristique de la variole, la clavelée, etc... La cellule épithéliale demeure inerte, passive, dans ie processus syphili-. tique; la vérole ne doit pas être rangée parmi les épithélioses. En résumé, le virus introduit par effraction dans la couche épider- (1) La même opposition dans la composition cellulaire se constate au niveau des vaisseaux, les uns, superficiels, sous-épidermiques, vaisseaux remplis de polynucléaires, qui vont émigrer vers l'épiderme, les autres vaisseaux der- miques profonds où la leucocytose locale est caractérisée par la présence des mononucléaires. ns. mr foules SÉANCE DU 1° JUILLET 41 mique n’évolue pas à ce niveau; le virus, au contraire, après pénétra- tion dans la couche celluleuse sous-papillaire, s’y développe. Bientôt, la réaction vasculaire démontre l'infection et la participation des vaisseaux dans la formation du néoplasme syphilitique. Dès le jour d'apparition du syphilome primaire, la lésion évidente des vaisseaux permet de conclure à l'infection des voies sanguines; ainsi l’on s'explique qu'il est toujours trop tard pour, le chancre éclos, obtenir par l’excision du foyer d'infection locale (en même temps devenu point de départ de l'infection générale) l'avortement de la vérole. (Travail du laboratoire du professeur Metchniko/ff.) NOTE SUR LE BAILLEMENT, par M. Ch. FÉRÉ. KA Le bäillement est une inspiration grande et forte indépendante de Ia. volonté, avec écartement plus ou moins considérable des mâchoires et suivie d'une expiration prolongée (Littré). C'est une contraction spasmo- dique de tous les muscles inspirateurs qui est précédée et provoquée par une période de respiration superficielle (1) exprimant un besoin d'air, et plus facile à constater chez certains malades sujets au bâille- ment fréquent. Le bâillement est provoqué par la fatigue, le besoin de dormir, l’en- nui, la faim, la digestion laborieuse, la monotonie des sensations ou des actes. Il se présente dans des conditions très variables : Buffon l’attribue à la douleur ou au plaisir. Cette dernière cause peut inspirer le doute ; pourtant on peut vérifier l'observation de Mantegazza signalant que des jeunes filles qui voient entrer dans un salon une personne sympathique de l’autre sexe étouffent des bâillements ; ce phénomène n'est pas exclusif aux jeunes sujets du sexe féminin. 11 peut exprimer la con- trainte. Le bâillement est contagieux, l’imitation le produit : excité par la vue ou par l’ouïe il peut être provoqué par une image mentale (Ch. Richet). Cette circonstance peut laisser un doute sur l’origine des bâillements que je vais signaler ; mais leur association a peut-être plus d'intérêt que leur cause. { Quand on répète à l'ergographe l'effort a des intervalles courts et égaux, il se produit des oscillations du travail, des alternatives de (1) Ch. Féré. Bâillement chez un épileptique (Nouvelle Iconographie de la Salpétrère, 1888, p. 165). — Les épilepsies et les épileptiques, 1890, p. 68. tt 7, D LR 7 12 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE baisse et de relèvement, généralement peu marquées sauf dans le cas d'échauffement, et dont on ne peut pas toujours déterminer la cause (distractions, images, excitations sensorielles, etc.); mais au cours d'expériences nous avons relevé une cause particulière constamment provocalrice de baisse notable et momentanée du travail. | J'étais resté dans le doute sur les résultats des expériences relatives à l'orientation (1) ; j'en ai fait d'autres et en particulier dans lesquelles j'ai travaillé les yeux clos pendanttoute l'expérience comprenant vingt efforts séparés par une minute de repos. Au cours de ces expériences se sont manifestés généralement plusieurs fois des bâillements inusités dans les expériences analogues, à défaut de l'obscurité dont l'effet est dépres- : sif (2). Le bâillement ne s’est jamais produit pendant le travail, mais seulement pendant les intervalles de repos. Quand le bâillement se manifeste dans la dernière moitié du temps de repos, il est suivi par une dépression du travail très notable (1/% à 1/3). Quand on constate une dépression moindre mais suffisante pour caractériser une fatigue inu- sitée, c’est que le bâillement vase produire et accentuera la dépression à l'effort suivant. Dans tous les cas il se fait un relèvement consécutif, à moins que les bäillements se succèdent en prolongeant la dépression. 74 La réalilé de la dépression de l’activité volontaire corrélative avec le. bâillement n’a pas seulement un intérêt physiologique, mais aussi un er intérêt clinique. Je connais un épileptique qui est débarrassé de ses : grands accès convulsifs mais il est sujet à des bâillements à propos des- x quels il lui arrive assez souvent de lâcher un objet qu'il tenait à la main; il prétend qu’il ne perd pas connaissance. Il faut attendre les effets du. traitement sur les bâillements parétiques, avant de juger leur nature : ils peuvent constituer une exagération d'un élat normal, et non pas d'un symptôme épileptique. DOULEUR ET FATIGUE, FES par M. Cu. FéRé. Nous avons vu dans quelques notes précédentes que les excitations agréables provoquent une exaltation du travail, tandis qu'au contraire les excitations désagréables produisent une ‘dépression de l’activité volontaire. On peut admettre que les excitations désagréables sont des ‘1) Note sur p influence de l'orientation sur l'activité, Comptes rendus de la : À Soc. de Biologie, 1904, t. LVIT, p. 244. — Les expériences récentes ne font que . . confirmer les anciennes, elles seront communiquées. "|: 20000 (2) Ch. Féré. Travail et plaisir etc., in-8, 1904, P- 102, 119- 121. SÉANCE DU 1°" JUILLET 13 excitations trop fortes auand on constate qu'elles sont suivies d'une exaltation tardive du travail et quand nous observons que l'addition de plusieurs excitations agréables produit une dépression du travail tout comme les excitations désagréables (1). On pouvait supposer que la dou- leur entraine une dépression du travail tout comme les excitations pénibles. L'usage habituel du fouet ne peut réaliser une objection valable contre ce soupçon, car nous savons que des excilations pénibles sont stimulantes dans la fatigue. L'expérience s'imposait pourtant, et elle ne pouvait être unique, aussi nous nous sommes préoccupés d'éviter les lésions de la peau si légères que possible pour ménager la sensibilité. Nous nous sommes servi du sphygmomèlre de Bloch, sous sa forme originale à cadran (2), dont le patin peut servir à produire une pression douloureuse. Ce patin métallique présente une surface inférieure de 0,005 millimètres de dia- mètre, munie d’une dépression centrale de moins d’un millimètre, entourée d’une zone pourvue d’incisures linéaires. Cetle surface inégale ne produit pas de douleur quand la pression est faible; il n’en est plus de même quand la pression augmente et quand elle dure; la tolé- rance varie d’ailleurs suivant les condilions du sujet et suivant la région. Nous avons étudié principalement la pression sur l’avant-bras droit à 0,09 au-dessus du pli transversal du poignet, en dehors des tendons des fléchisseurs. L’avant-bras étant placé dans l'appareil de contention de l'ergographe de Mosso, loujours dans la même altitude, on pouvait alteindre approximativement ce point au dedans de l’angle formé par le bord inférieur et le bord antérieur du demi-bracelet externe et supé- rieur de l'appareil. On peut travailler à l’ergographe sitôt après que la pression uniforme a cessé. Le travail a élé exécuté avec le médius droit soulevant le poids de 3 kilos chaque seconde, jusqu'à l'incapacité; on ne fait qu'une seule expérience par jour à la même heure. Le tableau suivant résume le travail en kilogrammètres dans les diverses expé- riences ou l'effet diffère suivant la pression et suivant sa durée. Quand la pression est peu intense et courte (Exp. 1), elle réalise une excitalion à peine sensible (9,69 au lieu de 9,60 en moyenne) et la capacité de travail se répare dans le temps normal. Quand cetle pression faible augmente de durée, l’activité diminue et la faligue persiste. Quand lä pression augmente, l'incapacité s'accentue, à mesure que la durée se prolonge. (4) Note sur l'influence de quelques excitations sensorielles successives sur le travail, Comptes rendus de la Scciélé de Biologie, 1905, t. LVIIT, p. 809. Note sur l'influence de quelques excitations sensorielles simultanées sur le travail. (Ibid, p. 979). (2) A.-M. Bloch. Nouveau sphygmomètre, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1888, p. 84. 14 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TRAVAIL EN KILOGRAMMÈTRES EXPÉRIENCES PRESSION DURÉE M er en grammes. en secondes. premier ergogramme deuxième ergogramme au repos lotal. ap. 18 minutes de repos. 1 800 20 9,69 9,57 2 » 40 2,58 2,41 3 » 60 0,75 1,20 k 1200 20 0,63 1,32 5 D 40 0,54 0,90 6 » 60 0,27 0,33 7 » 80 0,30 0,39 8 » 100 0,18 0,30 9 » 120 0,165 0,39 10 » 180 0,12 0,33 On a remarqué que le travail endurcit contre la douleur. Le fait est, qu'après un travail d'une vingtaine de minutes, comme celui qui figure dans nos expériences, suffit à diminuer la sensation de la douleur, et dans ces conditions, la douleur intervenant de nouveau après cinq minutes de repos suivant le dernier effort, provoque une recrudescence de travail, c'est-à-dire que la douleur agit comme les excitations désa- gréables au cours de la fatigue. Mais l'expérience montre qu’au cours de la fatigue, la douleur à mesure qu'elle augmente de durée et d'intensité perd ses propriétés excitantes. Le tableau suivant résume nos résultats relatifs à la douleur après le travail. EXPÉRIENCES PRESSION DURÉE TRAVAIL en grammes. en secondes. en kilogrammètres. 11 800 10 13,26 12 » 20 12,48 13 » 40 2,97 14 » 60 4,11 #5 1200 20 10,23 16 » 40 1,44 ASE » 60 0,54 18 » 80 0,42 19 » 100 0,225 20 » 120 0,21 21 » 180 0,09 La fatigue est liée à la douleur comme aux sensations désagréables et comme aux sensations fortes, mulliples ou durables. Si une excita- tion reconnue douloureuse et déprimante perd sous l'influence d’un tra- vail, son effet douloureux, elle relève aussi la capacité de travail: cette propriété excitante diminue à mesure que l'excitation se prolonge. On peut accepter que la douleur est liée indissolublement à la fatigue et que la fatigue est une condition de la douleur. On peut rappeler que la Vie LS SÉANCE DU 1°’ JUILLET 15 douleur est perçue plus tard que la sensation sensorielle; elle présente des intermittences comme la fatigue, et elle survit à l'excitation. Dans nos expériences, les excitations douloureuses donnent une fatigue plus durable que les excitations désagréables ou les excitations multiples mais elles agissent de la même manière. La douleur comme le déplaisir est l'avertissement d'une dépression fonctionnelle (1), mais elle indique un danger plus grand. SUR LA PRÉSENCE DU VENIN DANS LES ŒUFS DE VIPÈRE, par M. C. Puisazix. Dans une précédente communication, j'ai montré que les œufs de Crapaud contiennent une certaine quantité des principes actifs du venin et j'ai admis que ces poisons spécifiques jouent un rôle important dans le développement de l'œuf et les phénomènes de l'hérédité. Pour donner plus de valeur à cette hypothèse, il était nécessaire de la corro- borer par de nouveaux faits et de rechercher si, chez d’autres animaux venimeux, les principes caractéristiques du venin se fixaient aussi sur les œufs. Les expériences que j'ai faites à ce point de vue sur différentes espèces montrent qu'il en est réellement ainsi. La présente note sera consacrée aux résultats obtenus avec les œufs de Vipèra aspis. Chez ce reptile, l'ovaire commence à fonctionner activement à la fin de mars et, si l’on sacrifie des femelles vers la fin d’avril, on trouve dans chaque ovaire un chapelet formé de 5 à 10 ovules de grosseurs différentes et dont le grand axe varie de 2 à 15 millimètres. Après avoir sectionné l'enveloppe de l’ovule à une de ses extrémités, il suffit de presser légèrement à la surface pour faire sortir le contenu; on obtient ainsi une purée épaisse légèrement jaune, à réaction faiblement acide, constituée en grande partie par le vitellus. Diluée dans l’eau et inoculée au cobaye, cetle purée ovulaire détermine des accidents qui ont tous les caractères de ceux de l’intoxication par le venin lui-même. C’est d’abord une action locale qui se manifeste par un gonflement accentué résultant d'un œdème hémorragique; puis les phénomènes généraux se suc- cèdent comme dans l’envenimation vipérique : abaissement progressif de la température suivi de troubles moteurs et respiratoires qui abou- tistent à la mort. La substance qui produit ces symptômes d’envenimation a des pro- priétés physiques identiques à celles du venin : elle ne passe pas à la dia- (4) Ch. Féré. Travail et plaisir, etc., in-8, 1904, p. 190, 213, 229, 1275, 448, etc. 16 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lyse et s’atténue par l'action de la chaleur. C'est ce qui résulte des expériences suivantes : | ExPÉRiENcE. — Des ovules de vipère entourés de leur membrane d’enve- loppe, sont mis en macération pendant plusieurs jours dans de l'eau chloro- formée; on les retire, on en extrait le contenu et on l'inocule au cobaye, Dans ces conditions, la purée vitelline est aussi toxique que si elle avait été fraichement préparée, tandis qu’au contraire l’eau de macéralion est complè- tement inoffensive. Les principes actifs ne dialysent donc pas à travers la membrane d'enveloppe de l’ovule. Aussi ne diffusent-ils que très lentement dans les tissus; et quand la dose est suffisante pour assurer une mort rapide on en retrouve la plus grande partie intacte au point d’inoculation. ExpÉRIENCE. — On inocule dans le péritoine d’un cobaye de 290 grammes, 4e. c. 5 d'une émulsion contenant 2 c. c. 5 de vitellus de vipère. Après la mort qui arrive en 1 h.30, on extrait 4 centimètres cubes d’épanchement que l’on injecte dans l’abdomen d'un cohaye de 420 grammes. La température s'abaisse progressivement de 39.6 à 33.2, et l'animal succombe en six heures avec tous les symptômes de l’envenimation. Sous l’infiuence du chauffage, l’'émulsion vitelline s'atténue d'autant plus que la température s'élève davantage. Sa virulence n'est pas. modifiée à 58-60 degrés. Ce n’est qu’à partir de 70 degrés que l’action de la chaleur devient manifeste ; à 80 degrés les principes toxiques sont rapidement détruits. ExPÉRIENCE. — # centimèlres cubes d'émulsion contenant 2 centimètres cubes de vitellus ont été maintenus dans un bain à 80 degrés pendant vingt minutes puis inoculés dans la cavité périlonéale d’un cobaye de 190 grammes. Or, l'animal qui aurait succombé très rapidement si l’'émulsion n'avait pas été chauffée, n’a éprouvé aucun symptôme d’envenimation. La quantité de vitellus nécessaire pour déterminer la mort par injec- tion sous-cutanée est de 2 centimètres cubes, et les ovules contenus dans l'ovaire d’une vipère de taille moyenne fournissent à peu près cette quan- tité vers la fin du mois d'avril. La quantité de sang nécessaire pour pro- duire les mêmes conditions est à peu près le double. Les ovules fixent donc les principes aclifs du venin qui circule dans le sang, et la quan- tilté de venin qu'ils accumulent dans leur protoplasma s'accroît à mesure qu'ils augmentent de volume. Les petits ovules longs de 2 à 4 millimètres, n’en contiennent encore qu'une très faible quantité. Aucun autre organe ne fixe ainsi le venin; le foie, le pancréas, Les glandes thyroïdes, le thymus, inoculés en quantité équivalente à celle des ovules, n’ont déterminé aucun symplôme d'envenimation. SÉANCE DU 1°’ JUILLET 47 En résumé, au moment de l'ovogénèse chez la vipère, les principes actifs du venin s'accumulent dans les ovules. Il est probable que d’au- ‘ tres substances spécifiques passent aussi du sang dans l’ovule et que ces substances, de même que le venin, interviennent dans le dévelop- pement de l'œuf. S'il en est ainsi, les phénomènes mécaniques de l’on- togénèse seraient accompagnés de phénomènes chimiques qui joueraient un rôle essenliel dans la formation des organes et dans le mécanisme de l'hérédité. | SUR LE CHANGEMENT DE COLORATION DES LARVES DE P11YLLODROMIA GERMANICA, par M. C. Puisazix. Si l'on observe pendant plusieurs jours des sacs ovigères de cette espèce de cafard, on peut suivre l’évolution des œufs et assister, presque à coup sûr, à l'éclosion des larves. Chez l'embryon dont le développe- ment tire à sa fin, on voit, en effet, apparaître, à l'extrémité de l'abdomen une tache verdâtre qui est visible à travers la paroi du sac ovigère et, quand on distingue sur un des bords du sac et sur chaque face une ligne verte formée par ces taches, on peut être certain que l’éclosion ne tardera pas à se faire. La capsule ovigère s'ouvre par le bord opposé à celui de la ligne verte. Dès que la déhiscence est assez prononcée pour écarter les deux valves, on voit apparaîlre au dehors la tête des jeunes larves et celles-ci se dégagent bientôt de leur enveloppe. Leur corps a la forme d’un cylindre allongé porté par de longues pattes et, dès leur sortie, elles courent avec agilité. Le tégument est mou et d’une blancheur éclatante. Mais cet état per- siste à peine quelques heures. La forme et la couleur du corps changent rapidement. L'abdomen s'aplatit en s’'élargissant, puis il change de couleur sur ses bords. A la teinte blanche succède peu à peu une teinte grise, puis brune, et enfin noirâtre, qui envahit successivement la tête, les antennes et, en dernier lieu, les pattes. Trois heures après l’éclosion, le petit cafard est tout noir; la tache verte a disparu, mais la partie centrale du corps sur le dos comme sur le ventre est restée plus claire ; elle forme une lache grise entourée d’un cercle noir. La cause de cette variation de couleur est due à l’action d’une oxydase et, comme il était à prévoir d'après les travaux de Gessard, c’est la tyro- sinase qui est en jeu. Si on ajoute à une solution de tyrosine quelques goulles d'une émulsion fraiche de jeunes larves, la tyrosine est peu à peu oxydée et la solution devient noire. Si l’on connait le mécanisme de ce changement de couleur, on ne sait rien sur l’origine et l’évolution des substances qui le produisent. Le ferment et la tyrosine qu'il transforme préexistent-ils dans l'œuf Biozocire. CoMpres RENDUS. — 1905. T. LIX. 2 18 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE ou sont-ils formés au cours du développement? Les faits suivants paraissent être en faveur de la première hypothèse. Le liquide obtenu en écrasant des larves de cafards écloses dr ‘quelques jours et soumises à l'inanition reste d’un gris laiteux pendant plusieurs jours; il se forme un dépôt qui reste gris et un liquide clair incolore au-dessus. Il est donc probable qu'il ne contient plus ni tyro- sine, ni tyrosinase, et que ces substances ont élé complètement utilisées dans la première transformation larvaire. Mais elles réapparaissent dans le cours du développement et, chez les cafards adultes, elles existent en grande abondance. Une émulsion de cafards, obtenue en broyant ces insectes avec du sable et de l’eau distillée, d'un gris laiteux au début, ne tarde pas à devenir brune, puis noire à la surface, et le changement de coloration envahit peu à peu toute l'épaisseur du liquide. En résumé, le changement de coloration des larves de cafards est dû à l’action de la tyrosinase sur la tyrosine; ces deux substances existent dans l'embryon à une période très précoce du développement; il est vraisemblable qu’elles existent déjà dans l'œuf où elles se fixeraient au moment de l’ovogenèse. C'est du moins l'hypothèse la plus admissible, celle qui s'accorde le mieux avec les faits signalés dans les deux notes précédentes. SUR LA PRÉSENCE D'UN GLUCOSIDE CYANHYDRIQUE DANS LES FEUILLES DE SUREAU, Sambucus nigra L, par MM. Em. BoURQUELOT et En. DanJou. En poursuivant, à l'aide du procédé à l'émulsine (1), la. recherche, dans les végétaux, des glucosides hydrolysables par cet enzyme, on a pu constaler que ces principes sont beaucoup plus répandus qui on ne le croyait généralement (2). À cet égard, la note que nous publions aujourd’hui, présente un | inlé | rêt patticulier, en ce sens quil s’agit d’un glucoside cyanhydrique, et que ce glucoside a été trouvé dans une plante vulgaire, employée depuis. longtemps en médecine, sans qu'on y ait soupçonné sa présence. Ce glucoside a été découvert au cours des opérations suivantes, que - _comporte le procédé en question. Dans un ballon placé sur un bain-marie et contenant de l'alcool à (1) Em. Bourquelot. Recherche, dans les végétaux, du sucre de canne à l’aide de l’invertine et des glucosides à l’aide de Re Société de É LIT, p. 909, 4901. (2) Em. Bourquelot et H. Hérissey. Sur un glucoside nouveau, l’aucubine, retiré des graines d’Aucuba japonica L., Société de Biologie, LIV, p. 695, 1902. PIN IN © TERMS PT OT. PTT. . . SÉANCE DU 1° JUILLET 19 95 degrés bouillant, on a introduit 200 grammes de feuilles de sureau fraiches et cueillies au moment de l'expérience. On a relié le ballon à un réfrigérant à reflux et on a continué à chauffer pendant vingt minutes. On a ensuite laissé refroidir, puis séparé le liquide alcoolique. Après avoir additionné celui-ci d’un peu de carbonate de calcium pré- cipilé, on l'a distillé sous pression réduite jusqu'à réduction en consis- tance d'extrait, et on a repris l'extrait par de l’eau thymolée, employée en quantité telle que 100 centimètres cubes de la solution obtenue représentaient 100 grammes de feuilles fraiches. De cette solution, 20 centimètres cubes ont été réservés pour servir de témoin (A), et le reste a été additionné d'émulsine (B); puis le tout a été abandonné à la température du laboratoire (18 à 22 degrés). Le quatrième jour, la première portion et une partie de la seconde ont été déféquées au sous-acétate de plomb, puis examinées au polari- mètre (tube de 2 décimètres). Il a été ainsi constaté que, sous l'influence de l’enzyme, la déviation. droite à l’origine, avait augmenté de trente minutes. D’autre part, l'essai à la liqueur cupro-alcaline des liquides'A et B indiquait qu'il s'était formé une certaine quantité de sucre réducteur. La feuille de sureau DE donc un principe dédoublable par l’émulsine. : Mais, au cours de la défécation, on avait remarqué que le liquide fil- trant exhalait une forte odeur d'acide cyanhydrique. Pour s'assurer que l'odeur était bien due à ce composé, on a soumis à la distillation le reste du liquide traité par l'émulsine (B). Le distillat présentait toutes les propriélés d’une solution étendue d'acide cyanhy- drique : production de bleu de Prusse dans les conditions connues: coloration bleue de la teinture de gaïac additionnée de sulfate de cuivre au cinq millième (Schünbein); coloration rouge grenat de la solution aqueuse de gaïacol, également après addition de sulfate de cuivre au cinq millième (Bourquelot et Bougault). En conséquence, il fallait conclure que le principe décelé par l'émul- Sion était un glucoside de l’acide cyanhydrique. - Ce point établi, une question se présentait à l'esprit. Comment expli- quer, l’acide cyanhydrique étant, à cause de son odeur, facile à décou- vrir, que ce glucoside fut resté inaperçu jusqu'ici ? La raison en est que les feuilles de sureau, contrairement à celles de laurier-cerise, ne contiennent pas d’émulsine. En effet, si on écrase des feuilles fraiches et saines de sureau, si on ajoute de l'eau et si, après quelques heures, on distille, le liquide dis- ee ne renferme pas de trace appréciable d'acide cyanhydrique. Mais i, ensuite, au produit restant dans le ballon et refroidi, on ajoute de une on ne tarde pas à percevoir l'odeur de cet acide, et l’eau distillée que l'on obtient alors en présente toutes les réactions. 20 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Reste à connaître la nature du glucoside et les proportions dans les- quelles il se trouve dans le sureau. Bien que nous ne l'ayons pas encore isolé, nous pouvons dire que ce glucoside est un corps très voisin de l'amygdaline, sinon l’amygdaline elle-même. Car il donne par hydrolyse, à l’aide de l’émulsine, non seule- ment du glucose et de l'acide cyanhydrique, mais encore un composé aldéhydique. La présence de ce dernier a été décelée dans la solution cyanhydrique par les deux réactions suivantes que donne également l'eau de laurier-cerise : 1° Recoloration de la fuchsine décolorée par l'acide sulfureux; 2° production lente d’un trouble laiteux après addi- lion de traces d’ammoniaque. D'ailleurs la même solution cyanhydrique ne réduisait pas la liqueur cupro-alcaline, ce qui permet de penser que l’aldéhyde en question est une aldéhyde aromatique. Enfin, les modifications optiques qui se sont produites sous l’action de l’émulsine permettent de penser qu'il s’agit d’un glucoside lévogyre. En résumé, la feuille de sureau renferme un glucoside cyanhydrique qui, sous l'influence de l’'émulsine, donne du glucose, de l'acide cyan- hydrique et une aldéhyde. Ajoutons qu'après avoir fait agir de l'émul- sine sur un kilogramme de feuilles, nous avons pu enlever par distilla- tion 126 milligrammes d'acide cyanhydrique. SUR LA PRÉSENCE DE LA XYLANASE CHEZ DIFFÉRENTS MOLLUSQUES GASTÉROPODES, par M. GASTON SEILLIÈRE. Dans deux notes présentées antérieurement à la Société de Biologie(41), nous pensons avoir montré l'existence chez Æelix pomatia L. et chez la larve d'un Coléoptère, le Phymatodes variabilis L., d’une diastase hydrolysant la xylane pour laquelle nous avons proposé le nom ce rylanase. Depuis, nous avons constaté sa présence dans le suc digestif d’autres espèces d'Helix, H. aspersa Müll. et H. nemoralis L. en particulier. De même avec plusieurs Limax (L. arborum Bouch , L. variegalus Drap.) et -Arion rufus L. Parmi les Gastéropodes marins où nous l'avons recherchée, Patella Pos ILE nous a donné des résullats très positifs. Les dimensions du tube digestif des Patelles ne permettant pas facilement de recueillir le suc digestif pur, nous avons employé tantôt l'hépato-pancréas lui-mêine qui a été broyé avec un peu de chloroforme et mêlé directement ! (1) Séances du 4 mars et du 3 juin 1905. SÉANCE DU 1°" JUILLET 91 à la xylane pulvérisée dans la proportion de 2 grammes de cette dernière pour 20 grammes de glande, tantôt le liquide qui s’écoulait des foies sous l'influence des vapeurs de chloroforme dans un vide partiel. Dans les deux cas, après vingt heures d’étuve à 38 degrés, les digestions étaient additionnées d'un excès d'alcool à 95 degrés; puis, après évaporation de celui-ci, déféquées par le sous-acétate de plomb et le plomb en excès éliminé par H?S. Nous avons obtenu ainsi des liquides réduisant fortement la liqueur de Fehling, donnant d’une facon intense avec l'orcine et la phloroglucine chlor- hydriques.les réaclions des pentoses, et qui ont fourni avec la phénylhydra- zine uue osazone soluble dans l’eau bouillante, fondant vers 158 degrés et ayant l'aspect de la xylosazone. Avec des essais faits dans les mêmes conditions, mais avec des matériaux chauffés au préalable dix minutes au bain-marie bouillant, la recherche des pentoses a été tout à fait négative. La présence d’une diastase de ce genre correspond d'ailleurs bien à la nour- riture des Patelles, qui consomment des algues pour la plupart très riches en pentosanes. Dans leur travail sur la digestion des celluloses, Biedermann et Moritz{1), ont remarqué que des coupes histologiques végétales placées dans du suc digestif d'escargot sont entièrement dissoutes, sauf les tissus cutinisés et lignifiés. Ils en concluent que ces derniers ne sont pas du tout attaqués. Pensant qu'il serait étonnant que la xylane du bois ne puisse être attaquée sans être isolée au préalable nous avons mis à digérer, en présence de chlo- roforme, du bois de hêtre en sciure très fine avec du suc digestif (2) d’escargot dilué de son volume d'eau (20 centimètres cubes de ce liquide pour 2 grammes de sciure). En faisant des coupes minces dans le bois employé, et en les traitant par l'iode, nous nous sommes assurés par un examen microscopique qu'il ne renfermait pas d'amidon. Après vingt-quatre heures de séjour à l’étuve à 38 degrés le toul est préci- pité par l'alcool à 95 degrés; celui-ci étant évaporé et le résidu dilué dans 15 centimètres cubes d’eau on obtient un liquide réduisant fortement la liqueur de Fehling, et qui donnait avec la ploroglucine et l’orcine chlorhy- driques les réactions colorées des pentoses, dominant celles des hexoses qui les accompagnaient pourtant en qualité notable. En effet, par la phénylhydrazine il s’est déposé à chaud une osazone dont l'aspect cristallin et le point de fusion (230 degrés) indiquaient de la glucosa- zone; le liquide’où cette dernière s'était formée, filtré à chaud, fournit par refroidissement une abondante cristallisation, qui nous a semblé être un mélange de xylosazone et de maltosazone. Pour bien nous assurer de la formation de pentoses dans ces conditions, nous avons fait une digestion semblable à la précédente, mais dont le produit, (1) Pfüger's Arch., 73, p. 236 (1898). (2) Ce suc provenait d’escargots à jeun depuis plusieurs semaines; en le précipitant par l'alcool, filtrant et évaporant, on avait un résidu qui ne rédui- sait pas la liqueur de Fehling. to LL SOCIÉTÉ DE BIGLOGIE isolé par le même traitement, fut distillé avec 40 centimètres cubes d'acide chlorhydrique de densité 1060 en ne recueillant que les 20 premiers centi- mètres cubes qui passèrent; on sait que les pentoses se transforment ainsi en furfurol facile à caractériser. Le distillat, qui avait l’odeur du -furfurol, s colorait en effet en roüge intense par l'acétate d'aniline et donnait un préci- pité de couleur sombre avec la phloroglucine et HCI. Une expérience témoin faite d'une manière identique, avec lé$ mêmes matériaux que les deux précédentes, mais en chauffant au préalable le liquide: gastro-intestinal d’escargot, ne donna lieu à aucune production de sucres. Il nous semble donc que les tissus lignifiés sont loin de rester-inattaqués. par ce suc digestif; seulement cette attaque partielle, facile à constater par um procédé chimique, n’était guère visible par un examen histologique. Au sujet de la diastase hydrolysant la xylane, réncontrée ‘dans le tube digestif de l'escargot, nous ferons remarquer qu'elle ne provient pas seulement de l’hépato-pancréas où nous l’avions signalée précédemment, mais qu’elle existe aussi dans les glandes salivaires, où nous avons pu la mettre en évidence. Celles-ci étaient disséquées avec soin, en évitant tout contact avec le liquide gastro-intestinal, puis triturées avec un empois de xylane em présence soit de toluène, soit de chloroforme; 60 glandes environ étaient . employées par expérience. ; Après vingt-quatre heures de séjour à l'étuve nous avons obtenu, après. précipitation par l’alcool et défécation au sous-atétate de plomb, üun liquide donnant les réactions des pentoses et qui à fourni une osazone soluble à. chaud, ayant l'apparence de la xylosazone. La présence de cette diastase dans les glandes salivaires de l'escargot, concorde bien avec le fait, nié par certains auteurs êt avancé par d’autres, que l’'amylase s'y rencontre; A. Gorka(1) en particulier, dans une récente étude sur les ferments de ces glandes, dit qu’elle y existe, ce que nous avons pu vérifier par nous-mêmes. (Travail du laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA STRUCTURE DES RAPHÉS DES ORGANES GÉNITO-URINAIRES, par M. Éo. RETTERER. De bonne heure, les anatomistes distinguèrent, parmi les rugosités du scrotum, la ligne saillante qui en occupe le plan médian. Vésale. (De fabr., 1542, p. 639) et R. de Graaf (Opera, 1705, p. 12), désignèrent cette ligne médiane sous le nom de suture. On ne tarda pas à voir que la ligne se prolongeait en avant et en arrière du scrotuin, el l'on rem- plaça le terme « suture » par celui de raphé. (1) Allat. Kôzlem, Budapest, 1904, vol. III, p. 211. SÉANCE DU À‘ JUILLET 23 Au xix° siècle, seulement, l'embryologie vint apporter quelques éclaircissements en ce qui concerne le mode de formation des raphés. Rathke {1), en 1832, vit les bourses apparaitre sous la forme de deux saillies latérales qui se rapprochent et se soudent sur la ligne médiane ; il en conclut que le raphé scrotal représente le vestige cicatriciel de ce fusionnement. Le monde médical, sauf Cruveilhier, adopta cette explication qui continue à être reproduite, à peu près dans les mêmes termes, dans tous les traités d'anatomie et d’embryologie même les plus récents. Après avoir étudié ie développement morphologique des organes génitaux externes (Journal de l'anatomie, 1890, p. 183 avec fig. 1 et 2 du texte), il me semblait également que la ligne saillante et médiane du périnée et du scrotum était due à la soudure et au rapprochement des replis génitaux. Je rappelle cependant que, pour M. Tourneux, le raphé périnéal proviendrait de l’abaissement de l’éperon périnéal. Plus récemment, j'ai observé (Société de Biologie, 24 juin 1905) que l'épithélium seu! de l’un des replis génitaux se soude à celui de son congénère, et que la paroi inférieure ou caudale de l’urètre procède de ce septum épithélial. Ce fait m'a porté à étudié l’histogenèse des raphés périnéal, scrotal et pénien. J’ai cherché également à savoir comment se forment les raphés qu'on rencontre à la face interne de la gaine pré- putiale et de la face sous-glandaire du pénis du chien, dans l’urètre féminin et le vagin. I. RAPHÉS CUTANÉS (périnéal, scrotal, pénien et préputial). — J'ai fait mes recherches sur les embryons humains, sur ceux du porc et du chien, bien fixés et coupés en série. Ce détail technique est capital, car, sur les pièces mal conservées, il est impossible de voir la structure et de suivre l’évolution du revêtement épithélial. Voici quelques-uns des stades caractéristiques : A) Chien. — Chez l'embryon de chien long de 65 millimètres, la face infé- rieure ou caudale du pénis est recouverte d’une plaque épithéliale médiane large de 0m5 et épaisse de 022050 à 022100. Sur Le reste du périnée et du pénis, l'épaisseur de l’épithélium n’est que de 0020. Sur les fœtus longs de 11, 44 et 15 centimètres, le périnée et le pénis sont parcourus par une crête longitudinale médiane, haute de Oc"120, large de 02%100, Le corps de la crête est composé de tissu conjonctif, et l'épithélium qui le revêt n’a plus qu’une épaisseur de 0020. B) Porc. — Sur les porcs de 9 et 11 centimètres de long, la partie médiane de la face inférieure ou caudale du périnée et du pénis est revêtue d’une plaque épithéliale épaisse de 02080 à 0100. C) Fœtus humains. — Les fœtus humains, longs de 9 centimètres (du vertex (4) Voir Rathke, Tntwicklung des Menschen, 1861, p. 183. 24 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au coccyx), offrent sur la ligne médiane du périnée, du scrotum et du pénis une crête haute de 0%%150. La base de cette crête, large de 0"m250, est limitée de chaque côté par un sillon longitudinal dans lequel l’épithélium atteint une épaisseur de 02100. Sur les parties latérales et le sommet de la crête, l'épithélium n'est plus épais que de 002 à 0""03. Sur les parties laté- rales du périnée et des bourses, l’épithélium n’est également épais que de Omm(2 à O"m03. Le corps de la crête médiane est constitué par du tissu con- jonctif réticulé à cellules très serrées. Sur les fœtus humains de 12 centimètres de long, l’axe coujonctif de la crête médiane a augmenté ; l'épithélium qui la revêt est épais de 0®m08 à Om100. Chez les fœtus humains de huit mois ou les enfants à la naissance, le périnée et le scrotum présentent une saillie médiane haute de 022100 et large de 0w230. Cette saillie est essentiellement constituée par du tissu con- jonctif réticulé (réseau chromophile dont les mailles sont remplies d'un hya- loplasma conjonctif); elle n’est plus revêtue que d’un épithélium épais de 0"%040, tandis que sur les parties latérales du périnée et du scrotum, l’épais- seur de l’épithélium est de 0""030. Chez l'adulte (sujets de vingt à soixante ans), la crête médiane du périnée est haute de Omm3 à Omm4 et sa base est large de Omm2 à 0mm3, Mais cette crête médiane est longée de part et d'autre par une crête moins élevée ; les unes sont séparées des autres par des sillons longitudinaux. Au serotum, la crête médiane atteint une hauteur de 0"6, et sa base est large de 12202. Sur la face caudale du pénis, la crête diminue de hauteur, mais la portion médiane possède la même structure que les crêtes périnéo-scrotales. Les raphés sus-mentionnés et la portion médiane de la face caudale du pénis offrent un derme deux à trois fois plus épais que celui des téguments avoisinants. Quoique plus serrés, les faisceaux conjonctifs y sont disposés comme dans le derme en général; mais les fibres élastiques y sont plus nombreuses et forment un réseau à mailles plus étroites que dans le derme ordinaire. IL s’agit, en un mot, non point d’une lame fibreuse, comme le disent les auteurs, mais d’une bande fibro-élastique. L’épiderme qui la recouvre est épais de 0207, alors que celui des régions voisines n’est que de 0""02 à 02203. La couche cornée y est également plus épaisse. En résumé, le long du plan médian du périnée, du serotum et du pénis, les cellules épithéliales forment à l’origine une plaque ou raphé épithéliale. Au cours de l’évolution, ce raphé épithélial se transforme en une bande fibro-élastique, de même structure que le derme, mais d'une épaisseur double ou triple (raphé fibro-élastique). IL. RAPHÉS DES MUQUEUSES GÉNITO-TURINAIRES. — À la suite du cloisonnement du cloaque, la paroi dorsale de l’urètre prostatique du mâle présente une crête médiane et longitudiuale, créte urétrale, d'abord épithéliale, ensuite fibro-musculeuse. Dans le (ype femelle, le raphé médian de la paroi dorsale du vagin a même origine et même signification. Plus tard, le cloisonnement du sinus urogénital donne naissance, d’après un processus identique, au raphé médian de la paroi ventrale du vagin et à la crêtc urétrale de l'urètre femelle. 4 9 O6 SÉANCE DU 1° JUILLET La direction et le trajet de la crête urétrale féminine sont exactement ceux de la colonne ventrale du vagin. En effet, l’une et l’autre représentant des raphés qui procèdent du même septum épithélial et qui restent adossés. La crête urétrale mâle est l'homologue du raphé de la paroi postérieure ou dorsale du vagin. La crête urétrale femelle el le raphé de la paroi ventrale du vagin n'ont point d'homologues dans le sexe mâle. Outre ces raphés qui résultent de l’évolution conjonctive d'une plaque épi- théliale, il en est d’autres dont le développement est tout autre. En 1890 (Société de Biologie, 1890, p. 551 et 653), j'ai signalé chez les embryons de divers mammifères la présence d’un frein préputial qui relie chez les embryons de mammifères (quadrupèdes et cétacés) le fourreau préputial au gland. Ce frein disparaît vers la fin de la vie fœtale. Chez les uns, tels que le porc, le traclus conjonctif qui relie la gaine pré- putiale au gland, est si mince, que sa déchirure ne laisse pas de trace chez l’adulte. D’autres, au contraire, le chien, par exemple, offrent un frein con- jonctivo-vasculaire large de 02"250 à Omm300 sur le fœtus long de 7 centimètres. Chez les fœtus plus âgés (11, 14 et 15 centimètres), sa largeur diminue, mais sa hauteur atteint encore 0m100 à l'époque où le bourgeonnement de l'épi- thélium glando-préputial commence à le partager en deux lambeaux. Le lambeau ventral reste adhérent au gland, et le lambeau caudal à la face interne de la gaine préputiale où l’un et l’autre persistent sous la forme de raphés médians. Conclusions. — Aux endroits où le cloaque et le sinus urogénital se sont cloisonnés, où les replis périnéaux et péniens se sont soudés, il persisle un épaississement épithélial superficiel (plaque ou raphé épi- théliale). Les cellules épithéliales profondes de ce raphé évoluent, comme sur le reste du tégument et se transforment en derme fibro-élaslique; mais, comme elles y sont plus nombreuses, elles y produisent une bande fibro-élastique deux à trois fois plus épaisse que ne l’est le derme avoi- sinant. Le raphé de la face interne du fourreau préputial du chien et celui de la face caudale äu pénis, résultent de la division par le milieu du frein prépulial. ! MÉCANISME DE L'ACTION DES FORMIATES, par L. GARRIGUE. L'explication des phénomènes exposés dans ma précédente communi- cation me parait résider dans les faits suivants : La densité de l’albumine de chacun de nous correspond toujours avec notre tension artérielle; celle-ci est réglée par le rein qui est une sou- pape de sûreté. Or, si nous activons violemment le mouvement moléculaire par de 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fortes doses-de formiates, nous augmentons rapidement la densité de l’albumine (ce qui est facile à constater) sans cependant augmenter l'énergie de la soupape rénale. | | 'f Les éléments de l’albumine qui ne peuvent rester groupés que sous une pression correspondant à leur nombre, se dissocient et s’éliminent sous forme de phosphate, sulfate, etc., que l’on retrouve dans les urines : nous usons l'organisme. Aussi, après une période de suractivité, on constate une période de dépression. Gelle-ci arrive plus ou moins vite suivant que le sujet en expérience a plus de réserves ou se répare avec plus d'énergie. Il résulte de ce que nous venons de dire que la dose de formiate la plus utile est celle qui va donner à la machine vivante la tension la plus voisine du maximum que peut supporter la soupape rénale. Tout ce qui sera au-dessus sera nuisible, puisque ce sera une usure sans profit, 1e rein laissant passer les éléments dissociés de l’albumine HD densée. ; Les très nombreuses expériences que j'ai faites depuis cinq ans m'ont … démontré que les doses de formiates uliles et suffisantes doivent être extrèmement faibles, quelques milligrammes par jour et souvent moins; elles doivent être morcelées pour agir d’une manière continue sur le mouvement moléculaire qui est continu. On trouvera un moyen précis de contrôler leur action, dans l'analyse des urines qui démontrera que les doses élevées sont toujours mau- vaises, parce qu’elles obligent l'organisme à gaspiller ses réserves ; elles l'usent, elles le déminéralisent. Les doses faibles elles- -mêèmes n’ont pas les mêmes HEURE dans tous les milieux. Elles obtiennent leur maximum de bons effets dans un milieu bien aéré, froid, sec et à forte pression; dans ces conditions, toutes les fonc- tions organiques reçoivent un élan remarquable, l’urée augmente dans les urines, et le sang devient plus dense par suite de l'augmentation des globules blanes et rouges. Dans des conditions contraires, les effets sont beaucoup moindres et peuvent même être absolument opposés suivant l'énergie du sujet en expérience. Nous voyons donc que si les formiates produisent toujours sur tous les organismes vivants la même action, activer le mouvement molécu- laire, cette action se traduira par des effets bien différents suivant la dose administrée, le milieu dans lequel séjournera le sujet en expé- rience, et suivant son énergie. SÉANCE DU 4° JUILLET 9 SUR LA PRÉSENCE DE CELLULES A FERMENT DANS LES GLANDES SALIVAIRES D'Helix pomatia, par MM. P. Vicier et M. PacAUT. (Note préliminaire.) On s'accorde généralement à ne reconnaître aux glandes salivaires des Gastéropodes qu'un rôle accessoire dans les phénomènes de la diges- tion. Si on laisse de côté certains Prosobranches et Opisthobranches, dont là sécrétion salivaire est fortement acide par présence d'acide sulfurique ou de divers acides organiques, on considère la salive des Gastéropodes comme un liquide muqueux propre simplement à faciliter le fonctionnement de la radule et la déglutition. La salive n'aurait donc qu'un rôle mécanique. Telle est l'opinion de Semper, Frederieq, Kru- kenberg, Vogt et Yung, Biedermann et Moritz, Lange, etc. D'après ces auteurs, la salive d'Helix ou d’Arion, par exemple, ne contient aucun _ ferment capable d'agir sur les hydrates de carbone ni sur les albumi- noïdes. Les conclusions de Bonardi (1884), qui a observé la sacchariti- cation de l’amidon, celles de Simroth {1901) et de Gorka (1904), qui admettent la sécrétion de diastases, sont seules en opposition avec l’opi- nion classique. Or, l'étude histologique des gén dés salivaires de l’Escargot (Helix pomatia) révèle l'existence de nombreuses cellules qui, par leurs caractères morphologiques et leurs affinités colorantes, nous parais- sent absolument comparables aux cellules à enzyme (ferment ou venin). Parmi les aspects multiples (au nombre de cinq, d’après nos observa- tions) que peuvent revêtir les ceilules des glandes salivaires d'Helix, il y a lieu de distinguer au moins deux sortes d'éléments : la cellule gra- nuleuse et la cellule mucipare. Ces deux types cellulaires ont élé notés par un certain nombre d’observateurs; mais les uns les ont considérés comme des phases successives de l’évolution d’un même élément muci- pare, tandis que les autres ne se prononçaient pas sur la signification du type granuleux. D'après Lange (1902) par exemple, dont le mémoire est, à notre connaissance, le dernier paru sur ce sujet, la cellule granu- leuse serait un élément dépourvu de voies d’excrétion, beaucoup plus abondant pendant l'hibernation qu'après les repas, et sans rapport avec la cellule mucipare. Lange ajoute qu'il ne peut en préciser la nature : « Ich überlasse es dahér späteren Untersuchern, genügende Aukflärung über diese Zellart zu bringen. » Nous avons pu suivre l’évolulion ultime des cellules granuleuses et constater leur mode d'excrétion, différent de celui des cellules muci- pares. Il s'agit là d'éléments ‘particuliers, réellement sécréteurs, dont le produit, distinct du muüucus, concourt à la formation de la salive. Ces HO @ 2) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE éléments granuleux sont plus nombreux pendant le jeûne qu'après les repas, et plus encore pendant l’hibernation. . La cellule granuleuse renferme dans les mailles d’un réticulum fin, mais très net, de gros grains sphériques, réfringents, isolables, rappe- lant absolument les grains de zymogène ou de venin. Ce ne sont ni des goutteleltes de graisse, ni des corpuscules calcaires. Les grains sont colorables sur la glande fraiche par le rouge neutre ; ils disparaissent lentement dans l’eau ; ils sont conservés par le sublimé, l'acide osmique, le liquide de Zenker et par un certain nombre d’autres fixateurs ; ils se colorent fortement sur les coupes par le magenta phéniqué, l’héma- toxyline ferrique, l'orange et autres couleurs acides d’aniline, el pren- nent une coloration métachromatique vert émeraude par le bleu de toluidine, quand ils ont atteint un certain degré de maturité. Lorsque ces grains sont mûrs, ils se dilatent et leur réfringence diminue ; ils deviennent confluents, les travées cytoplasmiques dispa- raissant entre eux, et finalement ils se dissolvent. La cellule, accrue par un afflux liquide, augmente de volume. Une grande vacuole résulte de la disparition des travées cyloplasmiques centrales et le produit de fluidication des grains s'y rassemble. Cette cellule à grande vacuole, à noyau volumineux très spécial, a été observée par Lange et peut-être par R. Monti (cellule hydropique). Mais ces auteurs n’en ont pas saisi le mode d'apparition réel. Lange y a vu l'une des formes évolutives du cyele sécrétoire de la cellule muci- pare. À cette interprétation, nous objecterons que le contenu fluide, albumineux, de la vacuole ne présente pas les caractères de la mucine et, d'autre part, nous signalerons ce fait décisif qui nous autorise à affirmer que la cellule à grande vacuole procède de la cellule granu- leuse : dans les cas de sécrétion intense, par exemple chez l'animal abondamment nourri, et, mieux encore, chez l'animal qui a reçu une ou plusieurs injections de pilocarpine, les grains de la cellule granu- leuse n’ont pas tout le temps d’arriver à maturité et un certain nombre d’entre eux sont mis en liberté, sous forme figurée, dans la vacuole cen- trale où ils achèvent leur maturation. La grande vacuole contient alors, floitant dans un fluide albumineux, soit des grains isolés, soit un amas müriforme dont les grains sont plus ou moins gonflés et confluents. Aucun doute n’estalors possible sur la relation de cette cellule à vacuole avec la cellule granuleuse. La vacuole déverse son produit dans un canal excréteur à paroi épi- théliale par l'intermédiaire d’un véritable canalicule intracellulaire, formé par un pédicule creux, qui prolonge le corps de la cellule et que double extérieurement une fine gaine élastique. Ce produit, résultant de la dissolution des grains de zymogène, se mêle dans les canaux excré- ‘eurs au mucus sécrété par d’autres cellules de l'organe. Outre l'intérêt que présente le mode particulier d’excrétion de ces SÉANCE DU 1°" JUILLET 29 grains, achevant leur maturalion dans la cavité de la glandule unicel- lulaire, nous trouvons dans les données cytologiques précédentes la démonstration et la localisation de cellules à ferment, dont l'existence est d’ailleurs confirmée par l’expérimentation chimique de la salive. SUR DEUX PROPRIÉTÉS DIASTASIQUES DE LA SALIVE DE L'ESCARGOT (Helix pematia L.), par M. MAURICE PaAcauT. En opposition avec l'opinion, encore aujourd hui classique, que la salive des Gastéropodes Pulmonés n'a qu'un rôle mécanique dans la déglutition, grâce au mucus qu'elle contient, Bonardi avait montré (1881) qu'il existe dans les glandes salivaires d’Helix et d'Arion une diastase saccharifiant l’amidon hydraté. Mais son travail était passé inaperçu. Simroth (1901) parle également d'un ferment diastasique dans la salive des Pulmonés; malheureusement je n’ai pu me procurer nulle part son travail original que je ne connais que par un extrait du Zoologischer Jahresberichf, et ne sais par suite de quel ferment il s’agit. Enfin Gorka (1904) vient de publier une étude très détaillée sur les différents ferments qu'il a trouvés dans les glandes salivaires d'Aelix. Ce n'est qu'à la fin de mes propres recherches que j'ai eu connaissance de ce travail, et seulement aussi par une analyse (Zoologisches Zentralblatt, 13 juin 1905). L'étude histologique des glandes salivaires d’ÆAelix nous ayant amenés, M. Vigier et moi, à la certitude a priori qu'il devait exister au moins un ferment dans le suc qu'elles sécrètlent, j'ai entrepris de vérifier chimiquement le fait, et de chercher si, véritablement, comme les opinions contradictoires énoncées plus haut pourraient en faire douter, il existe un pouvoir diastasique de la salive. Le cathétérisme des con- duits salivaires étant impossible chez Helix, j'ai dû me servir de macé- rations de glandes. Pour cela, les glandes ont été soigneusement isolées de l'estomac sans le léser aucunement, de facon à éviter absolument la présence du suc gastro-intestinal dans la macération. Pour éliminer également autant que possible les causes d'erreur dues à la présence de glycogène dans ces glandes (Barfurth, Lange, Gorka) j'ai eu soin de prendre des animaux en hibernation, chez lesquels le glycogène a totalement disparu (Barfurth). La considération de la composition de l'alimentation normale de l'Escargot m'a d’abord amené à étudier l'action de la macéralion salivaire sur la cellulose ; mais je n'ai obtenu que des résultals négatifs. J'ai alors essayé son action sur la xylane. Pour cela, j'ai préparé, 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’après Maquenne, de la xylane qne j'ai purée par plusieurs précipita- tions, et dont j'ai fait un empois à chaud. Les glandes salivaires de 40 escargots furent broyées avec un peu de sable pour détruire les cellules, et la bouillie obtenue divisée en deux portions égales : la première fut mise dans un matras avec 5 centimètres cubes d’un empois de xylane à 5 p. 100. La seconde fut préalablement chauffée vingt minutes au bain-marie bouillant pour détruire les ferments, puis addilionnée après refroidissement de la même quantité d'empois. Les deux liqueurs, après adjonction d’une faible quantité de chloroforme, furent portées à l’étuve à 37 degrés pendant vingt-quatre heures. Au bout de ce laps .de temps, le contenu de chaque ballon fut addi- tionné de 50 centimètres cubes d'alcool à 95 degrés. Les liqueurs, séparées par filtration du précipité formé, furent ramenées au volume primitif par évaporation de l'alcoo! au bain-marie, puis étendue chacune à 10 centimètres cubes avec de l'eau. Le liquide obtenu en se servant des glandes non chauffées présenta alors les réactions suivantes : il réduisait fortement la liqueur de: Fehling. Par la phloroglucine en présence d'acide chlorhydrique, il se se faisait à chaud d’abord la belle coloration rouge cerise caractéris- tique des pentoses, et la liqueur colorée présentait au spectroscope une bande d'absorption entre les raies D et E du spectre solaire. En chauf- fant quelques instants à l’ébullition il se formait un précipité qui, recueilli et dissous dans l’alcool, présentait la même bande d'absorption. Par la phénylhydrazine en présence d'acide acétique, à chaud (trois quarts d'heure au bain-marie bouillant) la liqueur réductrice a donné par refroidissement des petits cristaux d'une osazone se présentant en fines aiguilles radiées, de couleur jaune paille, fondant aux environs de 160 degrés, et soluble dans l'alcool méthylique à froid. “ La liqueur témoin obtenue en se servant des glandes préalablement chauffées ne présentait aucune de ces réactions. Les expériences ont toujours donné-Jle même résultat, mème en employant au lieu des glandes elles-mêmes, une macération de celles-ci dans NaF à 1 p. 100. En présence de ces réactions, je conclus que le de sécrétion des glandes salivaires de l’escargot contient en quantité lrès notable la xylanase mise en évidence par Seillière dans le suc gastro-intestinal: du même animal, et qui, d’après lui, proviendrait de l'hépatopancréas. En dernier lieu, j'ai fait agir une macération fluorée des glandes sur de l'empois d'amidon à 1 p. 100, pendant vingt-quatre heures, soit à l'étuve à 37 degrés, soit à la température ordinaire. Mes résultats con- cordent avec ceux de Gorka, dont je viens seulement de prendre connais- sance, en ce qui concerne la présence d’un ferment amylolytique, et j'ai constaté la formation de glucose. D ET NT Ep Be, TR mi = R: TT ci LP PAST 7 RTS SP DEU TE LR TS Th Lt a SÉANCE DU 1° JUILLET RU 31 Enfin, j'ai constaté également que, contrairement aux conclusions de Bonardi, les glandes salivaires d'Æelix en hibernation contiennent des _diastases, aussi bien que celles des animaux qui ont mangé. SUR UN NOUVEL ACANTHOCÉPHALE (Æ’chinorhynchus Orestiæ nov. sp.) PARASITE DES POISSONS DU GENRE Oreslias, par M. NEvEU-LEMAIRE. Les poissons du genre Orestias appartiennent à la famille de Cypri- nondotidés ; ils sont cantonnés dans les lacs les plus élevés de l’Amé- rique du Sud et dans les cours d’eau qui s’y déversent. Au cours de la Mission de Créqui-Montfort et Sénéchal de la Grange dont je faisais partie, j'eus l'occasion de pêcher un assez grand nombre d'Orestias de différentes espèces, provenant pour la plupart du lac Titicaca (3812 mètres d'altitude), du lac Poopo (3694 mètres d'altitude) et de leurs affluents. ‘ Parmi les parasites de ces poissons, j'ai rencontré deux exemplaires d'un Acanthocéphale non encore décrit. à Je ne parlerai ici que de la femelle, n'ayant pu observer le mâle. C’est un pétit ver de couleur jaunâtre, cylindrique et présentant à peu près le même diamètre sur toute sa longueur; il mesure 9 millimètres de long, et, sa largeur dans la partie moyenne du corps est de O0 millim. 6. Sa culicule examinée à l'œil nu ou à la loupe semble lisse; mais si on l’observe à un plus fort grossissement, on constate que le quart supé- rieur du corps présente une fine striation. Ces siries sont de plus en plus écarlées les unes des autres, à mesure qu’on $e rapproche de l’ex- .trémilé inférieure. La partie supérieure striée est garnie de pelits crochets coniques; il en existe dix-neuf rangées. L’extrémité supérieure se continue par une trompe rétractile munie de crochets acérés, plus longs que ceux de la partie supérieure du corps. La trompe mesure 0 millim. 5 de long, sur 0 millim. 2, de large, dans sa partie moyenne ; les. crochets qu’elle présente sont disposés en rangées, qui sont au nombre d'une douzaine environ, je n’ai pu les compter exactement, la trompe n’élant pas complètement dévaginée. Il n’y a pas de cou distinct. . La cuticule est lisse dans les trois quarts inférieurs du corps et l’extré- mité inférieure est obtuse, conique, et tronquée à la partie terminale. Je propose de donner à ce parasite le nom d’Æ£chinorhiynchus Orestis, pour rappeler son habitat. I se trouvait en effet dans l'intestin d'Orestias T'schudii Guvier el. Valenciennes. L'Orestias parasité a été péché aux environs de Huaqui, petit village situé sur les bords du lac Titicaca au mois d’Août 1903. Les poissons du genre Orestias se nourrissent pour la plupart de petits 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE crustacés, particulièrement d'amphipodes appartenant au genre Hiya- lella, qui sont très nombreux dans les eaux du lac. Aussi est-il vrai- semblable d'admettre que £'chinorhynchus Orestiæ vit à l’état larvaire chez différentes espèces du genre Ayalella et que les Orestias s'infestent en avalant les amphipodes contaminés. Nous savons, en effet, que la erevelte d’eau douce (Gammarus pulex) héberge la larve d'Æchinorhyn- chus polymorphus, qui habite l'intestin grêle d’un grand nombre d'oiseaux d'eau de nos pays. SUR UN NOUVEAU MOUSTIQUE APPAR1IENANT A LA SOUS-FAMILLE DES Anophelinæ (Nyssorhynchus Bozasi nov. sp.), par M. NEVEU-LEMAIRE. En étudiant la très importante collection de Culicides recueillie par M. le D' Brumpt, au cours de la Mission du Bourg de Bozas dans l'Afrique centrale, j'ai rencontré plusieurs espèces fort intéressantes, entre autres celle qui fait l’objet de cette note. Il s'agit d’un Moustique du groupe des Anophelinæ appartenant au genre Vyssorhynchus, caractérisé surtout par la présence, sur l'abdomen, d'écailles en forme de poils et de touffes d'écailles plus larges, situées latéralement à la partie inférieure des segments abdominaux. Voici la description de cette nouvelle espèce; elle concerne seule- ment la femelle, le mâle étant encore inconnu : la tête est fauve en dessous et sur les côtés, la nuque de couleur gris perle; les antennes sont brunes et un peu plus courtes que la trompe; celle-ci est uniformé- ment brune et couverte d’écailles plus larges et plus nombreuses à la base qu'à l’extrémité qui se continue par deux palpes labiaux assez longs; les palpes maxillaires, presque aussi longs que la trompe, sont de couleur fauve clair, plus foncés à leur base; ils sont formés de quaire articles d’inégale longueur, présentant chacun des touffes de longues écailles qui leur donnent un aspect plumeux très particulier; ces écailles font défaut au niveau des articulations. Le thorax est gris perle en dessus avec deux bandes parallèles plus foncées au milieu; deux points noirs très apparents sont situés de chaque côté de cette double ligne médiane et un troisième point noir se trouve silué à l'extrémité postérieure de cette ligne. Latéralement, le thorax est de couleur fauve. Les ailes ont la même longueur que l'abdomen; elles présentent quatre taches noires le long de la nervure costale; ces taches sont formées à la fois par des écailles brun foncé et par une pigmenta- tion plus grande de la membrane alaire. La plupart des autres nervures longitudinales présentent, par endroits, des petites touffes d'écaiiles SÉANCE DU 1° JUILLET on - 33 plus foncées et apparaissent à un faible grossissement comme autant de petites taches brunes. Les pattes sont fauve clair parsemées de _blane, les fémurs et les tibias sont tigrés; à toutes les pattes, les trois articles du tarse sont annelés de blanc à l'extrémité distale, le premier article présentant une partie plus claire dans la région médiane. A la première paire, les deux derniers articles du tarse sont entièrement - Jaunes; aux deux dernières paires, le quatrième article est annelé de blanc, au niveau de son articulation avec le cinquième article qui est entièrement blanc. Les ongles sont égaux et simples aux trois paires de pattes; la formule unguéale est donc : 0.0 — 0.0 — 0.0. L’abdomen est fauve avec des reflets verdâtres sur les derniers anneaux; sa face dorsale présente de nombreuses écailles en forme de poils, sa face ven- trale quelques écailles argentées; enfin, latéralement et à la partie’posté- rieure des segments, se trouvent des touffes d’écailles plates et larges, caractéristiques du genre. Cette espèce diffère de tous les autres moustiques du même genre, soit par la trompe, soit par la disposition des taches blanches et des annelures des pattes; je propose de lui donner le nom de Vyssorhynchus Bozasi. La distribution géographique de cette espèce mérite également d'attirer notre attention. En effet, la plupart des autres Nyssorhynchus sont répandus en Asie, particulièrement aux Indes, en Australie, à Bornéo, à Java, à Sumatra, ainsi qu'en Amérique du Sud el aux Antilles. On ne connaît que deux espèces africaines : V. maculipalpis, trouvé au Mashonaland, et N. preloriensis, trouvé à Préloria. L'espèce que nous venons de décrire- provient de l'Afrique centrale; elle a été . récollée à Doufilé, le 10 octobre 1902. La collection du D' Brumpt contient quatre exemplaires femelles. SUR L'ORIGINE DE L'HABITUDE QU'ONT LES FEMELLES DE CERTAINES ARAIGNÉES DE PORTER LEUR COCON -OVIGÈRE AVEC LEURS CHÉLICÈRES , par M. A. LÉCAILLON. | Le fait que la femelle de certaines Araignées porte son cocon ovigère avec ses chélicères et le garde ainsi pendant longtemps est bien connu, mais il est resté, jusqu'ici, inexpliqué. Je crois avoir trouvé, en éludiant les mœurs de Pisaura mirabilis CI, et en soumettant cette espèce à l'expérimentalion, l'explication rationnelle de cette curieuse habitude. Voici, résumé, le résultat de mes recherches : 1” Au sujet de l'habitude elle-même, on constate que la femeile porte son cocon depuis le moment de la ponte des œufs jusqu'à celui où les BiozociEe. ComprEes RENDUS: — 1905. T, LIX. 3 34 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pelits vont sortir du cocon. Dans cerlains cas, par exemple quand le cocon est parasité el par suite ne contiendra jamais de petites Araignées, ou quand on fait prendre à la femelle un cocon artificiel, celle-ci con- serve pour ainsi dire indéfiniment son habitude. La femelle qui porte son cocon accepte indifféremment, à la place du sien, celui d’un autre individu de son espèce, celui d’une espèce très différente ou un cocon arlificiel. Elle s'enfuit très rapidement sans jamais abandonner son fardeau, ne se le laisse arracher que de force, et le reprend vivement quand elle le retrouve à sa portée. Si elle ren- contre un ennemi, par exemple une autre Araignée, elle se détourne et fuit avec son cocon; si elle est attaquée et ne peut fuir, elle laisse échaper son fardeau pour se défendre et le reprend ensuite si elle le retrouve ; : 2° La progéniture (et par suite l'espèce) est directement avantagée par l'effet de cette habitude. Les embryons ne sont pas complètement protégés, il est vrai, contre l'attaque des Hyménoptères entomophages, car on trouve des cocons parasités par ces Insectes, mais ils sont dé- fendus contre beaucoup d'animaux carnassiers, particulièrement contre les autres Araignées, y compris les mâles (et peut-être les femelles n'ayant pas encore pondu) de Pisaura mirabilis. Un grand avantage retiré d’ailleurs probablement par les embryons est qu’ils se trouvent ainsi dans des conditions favorables d'aération et d'humidité. On con- state en effet que les conditions de milieu dans lesquelles se tiennent les femelles sont rigoureusement celles qu'exigent les embryons pour se développer normalement Dans les cocons des femelles longtemps cap- tives, la mortalité des embryons peut atteindre ou même dépasser 50 p. 100, si on n’a pas soin de les placer dans de bonnes conditions d'aération et d'humidité ; 3° Si l’on observe la manière dont Pisaura mirabilis se comporte vis- à-vis des proies qui lui servent de nourriture, on constate des faits qui, suivant moi, expliquent avec la plus grande clarté l’origine de l'habitude dont il est question. J'ai étudié à ce point de vue la femelle etle mâle. La femelle (à qui on a enlevé son cocon) saisit sa proie avec vivacité, la garde très longtemps fixée par ses chélicères, s'enfuit avec si on la dérange, ne la quitte pas sinon de force. En un mot, elle garde sa proie avec la même énergie ou peu s’en faut qu'elle déployait pour conserver son COCOn. Chez le mâle j'ai trouvé des faits plus démonstratifs encore. En recherchant des femelles, je capturai un mâle qui portait à ses chéli- cères un cocon ressemblant grossièrement à celui des femelles, L'Araignée s’enfuyait avec son fardeau exaclement comme le faisaient les femelles avec le leur. Je constatai en ouvrant le cocon en question, après avoir dû employer la force pour l'enlever au mâle, qu'il conte- nait deux Insectes dont l’un déjà en partie mangé et l’autre, un petit SÉANCE DU 1% JUILLET 939 _Charancon, encore vivant. Ainsi, le mäle peut envelopper de soie et transporter avec lui, fixées à ses chélicères, les proies dont il se nourrit. Il peut même accoler ensemble deux proies capturées certainement à des moments différents et les entourer d’une enveloppe commune. - Un cocon ovigère ayant été mis en présence de ce mâle, fut saisi par lui, fixé aux chélicères et vidé lentement de son contenu ; mais, pen- dant plusieurs jours, l'attitude du mâle portant sa proie fut identique à celle de la femelle portant son cocon. Dans une autre expérience, deux Mouches données successivement au mâle furent entourées par lui d'une enveloppe commune, et l'Araignée se trouva ainsi en possession d’un cocon semblable à celui qu’elle portait lors de sa capture; 4° Ainsi, de même que la femelle de Pisaura mirabilis porte et garde son cocon ovigère fixé à ses chélicères, les deux sexes de cette espèce peuvent porter et garder leurs proies de la même manière. Si, dans le premier cas, la progéniture retire le bénéfice de l'habitude dont il s’agit, ce sont, dans le deuxième cas, les individus mâles et femelles qui sont avantagés. Et, dans ce deuxième cas, les bénéfices sont considérables ; les Araignées en question doivent chasser leur proie, en effet, et, douées d'une vue extrêmement imparfaite, il est indispensable qu'elles tiennent énergiquement celles qu’elles peuvent capturer, et même con- servent le superflu quand il se rencontre. On conçoit facilement com- ment, la sélection naturelle intervenant, une habitude, aussi avanta- geuse à l'espèce que celle dont il s’agit dans cette note, a pu prendre naissance et ensuite se développer jusqu’à atteindre le degré de perfec- tion où nous la voyons actuellement. SUR LA TENEUR EN BILIRUBINE DU SÉRUM SANGUIN DANS L'ICTÈRE SIMPLE DU NOUVEAU-NÉ, par MM. A. Gisserz et P. LEREBOULLET. L'ictère simple du nouveau-né est un exemple remarquable d'ictère acholurique, et l'absence de pigments biliaires dans l'urine a souvent été invoquée en faveur de sa nalure hémaphéique. Les recherches de l’un de nous, publiées en 1901 (1), ont montré par l'examen méthodique du sérum que cet ictère est bien dû à la présence des pigments biliaires dans le sang, et que la cholémie y est même remarquablement intense. (4) P. Lereboullet. De l’état du sérum et des urines dans l’ictère simple du nouveau-né, Société de Biologie, 46 novembre 1901, et Guzette hebdomadaire de médecine, 1901. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'absence d'acholurie, la rareté de l'urobilinurie (1) s'expliquent vrai- semblablement par le Ange encore imparfait du rein du nouveau-né. Les constatations ainsi faites ne permettaient pas de doutes de l'existence d'une cholémie accusée dans l’ictère simple du nouveau-né. Nous nous réservions toutefois de préciser, à l’aide de la cholémimétrie, la proportion de bilirubine que- contient le sérum dans ce cas. Cette recherche complémentaire nous paraît aujourd'hui d'autant plus utile que, récemment, l'origine hémaphéique de cet ictère a élé à nouveau soutenue, et que le principal argument invoqué a été Prés sns l’absence constante de cholémie (2). Grâce à l’obligeance du professeur Hulinel, nous avons pu pratiquer la cholémimétrie chez douze nouveau-nés ictériques. Parmi eux, neuf ont été examinés à des dates variables après leur naissance, du deuxième au qualorzième jour; leur ictère élait plus ou moins intense, mais réalisant toujours le type de l’ictère simple. Les résultats de ces exa- mens, pratiqués avec M. Herscher, ont été les suivants : NOMS JOUR PROPORTION QUANTITÉ de la prise de bilirubine contenue de bilirubine de sang. dans le sérum. par litre de sérum. Henriette D. . 12° jour ap. la naissance. 14/1600 0 gr. 625 Francine L. .° 14.jour … — , 1/1600 0 gr. 625 Biel OUR — 1/1000 À gr. Henri RD our _ 1/2100 0 gr..476 RÉDÉCM STE OUR — HS 0 gr. 561 BouiseeMe 02%; our — 1/1650 0 gr. 606 Henri e re AT CIoUr — 1/750: 1 gr. 333 Charles À . 128 jour —— 1/670 1 gr. 492 Anne-Marie cs 5° jour — 1/500 2 gr. Dans ces neuf cas, la cholémie est très accusée, puisque la proportion de bilirubine y varie de 1/500 à 1/2100, ne descendant qu'une seule fois à ce dernier chiffre. Pourtant, parmi ces faits, il en est certains où l'ictère restait très léger, et d'autres où il était vraisemblablement eu décroissance au moment de l'examen. ve Nous avons d'ailleurs pu suivre dans quelques cäs l’évolution de la cholémie et constater qu’elle devenait moins intense lorsque l’ictère diminuait. Dans un cas examiné au seizième jour après la naissance, la cholémimétrie révélait dans le sérum une proportion de bilirubine égale (4) Gilbert et Lereboullet. L’urobilinurie dans la cholémie familiale. Société de nue 26 juillet 1902. (2) Leuret. Étude de quelques cas Hictère des nouveau-nés. Thèse de Bor- es 1904; et Archives de médecine des enfants, mars 1905. RE RARE Ma ren de. à SÉANGE Du 1°. JUILLET: 37 Re ER? ut EUR Re OUR Ti. à 1/3600: dans un autre examiné au dix-neuvième jour, cette propor- tion était de 1/4000; elle était enfin de 1/2570 dans un troisième où, dès le dixième jour, l'ictère cutané avait presque entièrement disparu. La cholémie peut revenir au taux physiologique, lorsque la peau a repris sa teinte normale. C’est ainsi que, dans un cas où, quatre jours après la naissance, la proportion de bilirubine dans le sérum était égale à 1/750, elle n'était plus, au dix-neuvième jour, que de 1/40000. Toute- fois, elle peut disparaître moins rapidement; dans un autre cas, où l'ictère assez intense s’accompagnait, au cinquième jour, d'une cholémie marquée (1/500), celle-ci était encore relativement accusée au trente- deuxième jour (1/8000), alors que pourtant toute trace d’ictère cutané ‘avait disparu. Pareille dissociation entre l'ictère et la cholémie se ren- contre d'ailleurs dans les affections biliaires de l'adulte, comme nous l'avons souvent fait remarquer. | Tous ces chiffres mettent en lumière la netteté et l'intensité de la cholémie dans l'ictère du nouveau-né. Elle y atteint le taux le plus élevé que nous ayons actuellement rencontré, puisque, dans trois cas au moins, elle est supérieure à 1/900, chiffre qui exprime le maximum trouvé jusqu’à présent chez les ictériques adultes. Toutefois, malgré ce taux élevé de la cholémie, la quantité totale de bilirubine répandue dans l'organisme reste assez faible. Les neuf cas observés dans des conditions semblables donnent une proportion moyenne de bilirubine dans le sérum égale à 14/1000. Or, en tenant compte du poids des enfants examinés, restant aux environs de 2 kilogr. 500, on voit que la masse du sang (fixée d’après les chiffres de Welcker et Schü- cking) est à peine égale, en moyenne, à 150 grammes. La quantité Lotale de bilirubine qu’elle contient est donc le plus souvent inférieure à 10 centigrammes; son chiffre moyen peut être approximativement évalué à 7 centigr. 5, soit 25 milligrammes environ par kilogramme du poids corporel de l'enfant. Ainsi calculée par rapport au poids du corps, la quantité de bilirubine est ici moitié moins forte qu'elle ne l’est chez un adulte de 60 kilogrammes, dont le sérum renferme la même propor- tion de bilirubine (1/1000). Outre cetle raison qui explique, par la re masse du sang, l'inten- sité apparente de la cholémie, on peut en invoquer une autre. Le foie est en effet, chez le nouveau-né, un organe beaucoup plus important que chez l'adulte (représentant 1/23 du poids du corps au lieu de 1/34); il peut donc y avoir exagération relative de la fonction biliaire. Telle qu'elle est, la cholémie, dans l’ictère du nouveau-né, est un élé- ment capital dont la pathogénie doit lenir compte, et les recherches que nous venons de relaler, en précisant son intensité, montrent qu'il s'agit bien, non d'un ictère > hémaphéique, mais d'un ictère nettement bili phéique. LH - 38 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PRÉSENCE DE GROS BLOCS GRAISSEUX COALESCENTS DANS LES CAPILLAIRES SANGUINS DU POUMON NORMAL, par MM. À. GiBerT et J. JoOMER. Nous avons eu l'occasion d'examiner les coupes de poumons de vingt chiens normaux, soumis à divers régimes. La plupart de ces animaux avaient été sacrifiés par piqüre du bulbe, quelques-uns par inhalation de chloroforme. Leur poumon avait été fixé, aussitôt après la mort, dans le mélange fort chromo-osmio-acétique de Flemming, puis inclus à la paraffine suivant la technique que nous avons exposée en détail dans une note précédente (1). D'autres morceaux, destinés à être coupés au microtome à congélation, et colorés à la teinture d'orcanette, avaient élé fixés, huit jours au moins, dans l'eau formolée contenant 4 vol. de formaline pour 96 vol. d'eau. Nous avons été frappés par la présence constante, à deux exceptions près, dans les parois alvéolaires des poumons fixés au flemming, de gros amas d'un noir franc. Ces amas ont un aspect variable, ils sont tantôt plus ou moins régulièrement circulaires, tantôt allongés en boyaux rectilignes ou sinueux. Parfois deux amas en forme de massue sont réunis entre eux par un pont rétréci. Ils siègent à l’intérieur des capillaires sanguins, plus ou moins dilatés pour les recevoir. Le fait est réel; car si l’on injecte une émulsion grais- seuse, du lait par exemple, dans la veine saphène d’un chien, on pourra mettre en évidence, au niveau du poumon de l'animal, des figures tout à fait identiques à celles que nous venons de décrire. | Ces figures sont constituées par de la graisse ayant réduit l'acide 0s- mique et non point par des amas de poussières noires de charbon. Sur les coupes traitées par la teinture d'orcanette acétisée (2), elles se colo- rent en un rouge jaune vif, caractéristique de leur nature graisseuse. De plus, même sur les coupes fixées à l'acide osmique, certains carac- tères permettent, malgré l'identité de couleur, de les distinguer des amas de poussières. Ceux-ci, en effet, n’offrent pas, comme les masses graisseuses, un champ noir bien homogène, mais au contraire appa- raissent comme dissociées en petits amas élémentaires agglomérés plus ou moins intimement; leurs contours généraux ne sont ni arrondis, ni sinueux, mais bien anguleux et irréguliers. Les dimensions des masses graisseuses sont variables, pouvant at- teindre 270 » de longueur sur 50 et 100 y de largeur ou, au contraire, (1) Gilbert et Jomier. Sur la localisation de la graisse dans les cellules hé- patiques, C.R. de la Soc. de Biol., 49 novembre 1904. (2) Voir, pour le détail de la technique, V. Kahlden et Laurent, Technique microscopique, p. 76. Paris, Carré, 1896. SÉANCE DU 1° JUILLET 39 ne pas dépasser 12 à 17 u dans les deux sens. En moyenne, le diamètre des masses arrondies mesure 30 et 50 1. Elles sont libres dans les capillaires qui les contiennent, et il est im- possible de déceler contre elles aucune trace de noyau ni de protoplasma refoulé appartenant à une cellule dans laquelle elles seraient in- cluses. Elles affleurent plus ou moins à la surface des alvéoles pulmonaires. Souvent même elles bombent à l'intérieur de ceux-ci et, de ce côté, ap- paraissent comme absolument nues ou bien, au contraire, sont recou- vertes d'une fine membrane appartenant à la paroi de l’alvéole. Quel- quefois même, rarement à la vérité, elles semblent libres dans la cavité alvéolaire ; elles sont alors régulièrement arrondies et entourées parfois de globules rouges de sang épanché. Ces blocs arrondis proviennent bien des capillaires sanguins; ce ne sont pas des parcelles alimentaires graisseuses introduites dans la trachée par une fausse déglutition : dans ce dernier cas, en effet, la graisse se présente, après fixation à l’acide osmique, sous forme de masses remplissant tout l'alvéole et dont les contours se moulent absolument sur les limites de celui-ci, ou bien sous forme d’amas polyédriques irréguliers. Les masses graisseuses intracapillaires semblent, sur les coupes, tantôt isolées ou disséminées au hasard, tantôt au contraire agminées et réunies exclusivement en certains points de la préparation. D'une coupe sur l’autre, des changements importants sont à noter dans leur abondance. Toutes les parties du poumon n’ont donc pas leurs capillaires sanguins également riches en graisse. Au niveau du foie, les masses graisseuses intracapillaires, que nous avons décrites dans une précédente note (1), sont réparties au contraire beaucoup plus uniformément; elles bourrent littéralement les capil- laires des deux tiers externes de tous les lobules, dans les divers lobes. Sans doute leurs dimensions peuvent être parfois dépassées par celles des masses pulmonaires; mais cette différence tient à la structure di- verse des deux organes : les capillaires pulmonaires ne sont pas empri- sonnés, comme ceux du foie, entre les trabécules d’une glande très dense, mais ils peuvent plus aisément se dilater vers les cavités libres des alvéoles. Au total, la quantité de graisse contenue dans les capil- laires du foie est incomparablement supérieure à celle contenue dans les capillaires pulmonaires. Si nous avons rencontré le phénomène moins fréquemment au niveau du foie, c'est que, dans cette glande, il est souvent très difficile de dis- ünguer les blocs intracapillaires des blocs inclus dans les cellules de (4) Gilbert et Jomier. Sur la présence et l'arrêt mécanique de graisse coa- lescente dans la lumière des capillaires sanguins du foie. C. R. de la Soc. de Bio!., 26 novembre 1904. 40 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Küppfer, et que nous avons dent retenu, pour notre description, les cas d'interprétation indiscutable. Le régime auquel sont soumis les chiens,régime lacté, régime carné, régime de viande et de légumes, n’a pas une influence ses sur la quantité de graisse des capillaires pulmonaires. Les masses graisseuses de ces capillaires sont amenées jusqu à eux par le courant artériel, et, de fait, dans la lumière des grosses ramifica- lions vasculaires, on peut noter des blocs analogues, de dimensions ordinairement moindres, ou de simples granulations graisseuses libres. Toutes ces formations, parvenues dans les capillaires, entrent en coa- lescence. Les plus gros amas, enserrés dans les parois des capillaires, adhèrent à celles-ci par viscosité et s'y arrêtent, sans doute possible, formant de vérilables embolies. Dans un cas expérimental, après injection d'huile dans le sac lymphatique, chez la grenouille, le fait a été constalé direc- tement (Prevost) (1); nous ne voyons aucune raison. pour qu'il n’en soit pas de même pour les corpuscules de graisse circulant normale- ment dans le sang. Quoi qu'il en soit, le poumon normal présente de gros es graisseux intracapillaires absolument comparables à ceux décrits dans l'embolie pulmonaire graisseuse. De même, par suite de la rupture du vaisseau qui les contient, ils peuvent, comme dans l’embolie graisseuse, mais rarement à la vérité,tomber dans la cavité de l’alvéole et apparaitre là, comme nous l'avons vu, entourés de globules sanguins épanchés. On devra tenir compte, il est vrai, pour l’appréciation du phénomène, des hémorragies pulmonaires qui peuvent avoir été provoquées par la pi-. qure des centres nerveux, au moment de la mort de l'animal. Done, entre l’état physiologique et l’état pathologique, il ne peut être établi d'autre différence que des différences de degré. Le fait, qui méri- tait d’être signalé, devra être pris en considération par les médecins légistes et par les anatomo-pathologistes. Il nous reste à étudier les destinées et l’utilisation de-la A nor- male des capillaires pulmonaires. À cet égard, nous pourrons exposer plus clairement nos conclusions après avoir décrit, dans une prochaine - noté, les autres localisations de la graisse dans le poumon. (4) Prevost. Rev. méd. de la Suisse romande, t. XIV, p. 533, 1894. - 3 SÉANCE DU À‘ JUILLET : A ÜN cas DE LEUCÉMIE MYÉLOGÈNE CHEZ LE CHIEN, par MM. P. Émize-WEïL et A. CLERC. Dans un récent travail (1) sur la leucémie animale, nous déclarions ne pas connaitre de cas se rapportant à la leucémie myélogène. L'observation suivante vient combler cette lacune. Il s’agit d’un fox terrier anglais, àgé de dix ans, et porteur, depuis un mois, d’adéno- pathies dures, indolores, qui s'étaient développées au cou, sous la mâchoire, derrière les oreilles, aux aines et aux aisselles. L'animal élait devenu paresseux, asthénique, et présentait de la toux accompagnée de dyspnée. L'examen quantitatif révélait la proportion de 165.000 leu- CB GR: L'hémoglobine atteignait le taux de 80 p. 100 (Gowers). La recherche . de la formule hémoleucocytaire montra que, sur 100 leucocytes, 93 étaient des polvnucléaires neutrophiles non granuleux, et 7 des mononucléaires on granuleux. Il n'existait pas d’anisocytose. On rencontrait sur chaque lame deux ou trois hématies nucléées, de très rares éosinophiles et quelques mononucléaires basophiles non granuleux. Après deux . Séances d'exposition aux rayons X, on obtenait une diminulion notable _ de volume du cou, et une atténuation de la leucocytose qui tombait. à 56.000; en même temps, les polynucléaires devenaient plus rares, et les macrophages apparaissaient dans la proportion de 8 p. 100. L'animal mourut environ quinze jours après le début du traitement. A l’autopsie, on constâla une hyperplasie de toutes les masses ganglionnaires; les ganglions cervicaux étaient en partie ramollis. Sur les frottis, il n'exis- tait pas de microbes; en revanche, l'inoculation à deux cobayes les fit mourir en une quinzaine de jours. Dans le sang de l’un d’eux, on put: cultiver un petit coccus qui semblait avoir causé la mort de l'animal par infection banale, sans avoir produit de lésions leucémiques. Le foie était volumineux, pàäle et semé, à la coupe, de petiles taches blanches. Les dimensions de la rate semblaient aussi augmentées, mais l'organe ne présentait pas l'hypertrophie élective qui caractérise la leucémie myéloïde de l'homme. La moelle fémorale élait rouge et un peu diffluente. Au microscope, on conslatait, dans la moelle osseuse, l'existence d’une prolifération portant principalement sur les grands mono basophiles non granüuleux et sur les hématies nucléées, toutes de type normoblastique, avec absence presque complète de lymphocytes et de myélocytes granuleux. La pulpe splénique présentait le même aspect que la moelle. Les ganglions lymphatiques étaient le siège de cocytes pour 4.420.000 globules rouges, soit un rapport — (1) P.-Emile-Weil et A, Clerc. Contribution à l’étude de la leucémie chez les animaux, Archives dl? médecine exptrimentale, juillet 190%. 49 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la même néoplasie basophile; ceux du cou présentaient, de plus, des foyers de désintégration dus vraisemblablement à l’action des rayons X. Le parenchyme hépatique était constellé de nodules lymphomateux, de structure analogue à celle des ganglions. Le processus n’était qu'ébauché au niveau des reins dont l’épithélium paraissait normal. En somme, il s'agissait d’une hyperplasie des organes hématopoïé- tiques, mais affectant un type myéloïde spécial, car le myélocyte baso- phile non granuleux constituait, presque à lui seul, le tissu de nouvelle formation. Mais l'hyperleucocytose considérable, analogue à celle de la leucémie, loin de refléter la lésion des organes, portait surtout sur les polynucléaires. Nous essaierons plus loin de mettre en relief et d'expli- quer cette discordance. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA LEUCÉMIE MYÉLOÏDE DU CBIEN, par MM. P.-Eurze WEiL et À. CLERC. Le cas de leucémie que nous venons de rapporter doit être rapproché d’une autre observation publiée par l'un de nous en collaboration avec M. ie professeur Cadiot (1). Il s'agissait également d’un chien porteur d'adénopathies multiples, dans le sang duquel on comptait 1.500.000 glo- bules rouges et 3 hématies nucléées pour 100 leucocytes. Bien que les globules blancs n’eussent pas été numérés quantilative- ment, l'aspect des lames était franchement leucémique. Sur 100 leuco- cytes, 88 étaient des polynucléaires, 5,6 des mononucléaires non gra- nuleux, 4 des grands mono-basophiles non granuleux, 2 des myélocytes neutrophiles. Le taux des éosinophiles n'était que de 0,4 p. 100. Les organes hématopoiétiques avaient subi une transformation myéloïde due à la prolifération des cellules de Türk; mais, au niveau de la moelle, la réaction portait aussi sur les autres myélocytes granuleux, et les hématies nucléées. Nos deux observations présentent donc le même tableau anatomeo- pathologique et clinique, avec cette légère différence que, dans l’une, l'anémie était plus intense, et que la réaction médullaire, plus variée, se traduisait par l'issue dans le sang d’hématies nucléées et de myé- locytes granuleux en proportion appréciable. Un autre caractère commun réside dans l'existence d’une polynucléose atteignant le taux de 88 à 93 p. 100. Une pareille proportion ne s’observe point dans la (1) E. Cadiot et P.-Emile Weil. Un cas de lymphadénie chez le chien, Archives de médecine expérimentale, novembre 1904. SÉANCE DU °° JUILLET 43 leucémie myéloïde de l’homme où le chiffre de 50 p. 100 est excep- tionnel. Il existe donc chez le chien une variété de Ilymphadénome où la pro- lifération des organes hématopoiétiques porte, comme dans la leucémie aiguë de l'homme, sur le mononucléaire basophile non granuleux, cellule embryonnaire, souche des myélocytes granuleux. Mais ici, contraire- ment à ce qui a toujours été observé en pathologie humaine, les lésions sanguines, tout en étant d'aspect leucémique, différaient entièrement des lésions viscérales, et ne permettaient pas de diagnostiquer le type cellu- laire de la néoplasie. Ce syndrome présente une physionomie si spéciale que nous n'avions su l’inlerpréter lors de notre première observation. On peut cependant émettre à ce sujet plusieurs hypothèses. a) La réaction polynucléaire du sang est-elle due à l’irritation de la moelle envahie par le Iymphadénome agissant à la manière des tumeurs métastatiques (sarcomes, cancers)? Ces tumeurs peuvent provoquer en cerlaines circonstances une réaction myéloïde, mais n'ont jamais, à notre connaissance, entrainé la leucémie. -b) Doit-on incriminer une infection secondaire venant DoUÉte ler une formule leucocytaire de même type que la néoplasie, infection dont l'un de nous (1) a mis en relief l’influence à propos des leucémies lym- phatique et myéloïde de l’homme? Nos constatations bactériologiques nous empêchent de rejeter complètement cette hypothèse, du moins en ce qui concerne l’une de nos observations; toutefois, l'infection n'exis- tait pas dans la deuxième. Maïs, dans ce cas comme dans le précédent, nous aurions dû constater, au niveaa de la moelle ou d’un autre organe hématopoiétique, une abondance particulière de polynucléaires. Or, partout ailleurs que dans le sang, cette variété leucocytaire faisait défaut. c) Faut-il, enfin, admeltre que la réaction sanguine est sous la dépen- dance directe du lymphadénome et invoquer une transformation directe, dans le sang, de la cellule de Türk en polynucléaire? Nous avons, en effet, constaté l'existence, en assez notable proportion, de formes de transition entre ces deux types cellulaires. Malgré ces incertitudes d'interprétation, nous conclurons qu'il existe, chez le chien, une variété de leucémie, à type myéloïde, où la proliféra- tion cellulaire diffère, dans le sang et dans les organes hématopoié- tiques. Il est légitime de soupconner, sinon de démontrer, le rapport de dépendance qui unit les deux processus. En tout cas, il s’agit d'un syndrome nouveau pour la pathologie animale et qui, sans doute, s'observera un jour en pathologie humaine. (1) P.-Emile Weil. La leucémie et les infections, Congrès de médecine, 1900, Section de pathologie générale, 4% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PANCRÉAS ET CATALASE HÉPATIQUE par M. HENRI Iscovesco. Ainsi que je l’ai indiqué dans une précédente communication, le pan- créas ne contient pas de catalase. Pour obtenir une décomposition d’eau oxygénée, il faut faire agir de si grandes quantités d'extrait pancréatique par rapport à l’eau oxygénée décomposée qu'il est impossible de consi- dérer cette aclion comme produite par un ferment et qu'il s'agit plutôt d'actions banales comparables à cellés qui sont produites par presque tous les colloïdes ou même par des corps chimiques quelconques. Il ne faut pas oublier en effet que beaucoup d'oxydes à liaison oxygénée faible : décomposent l’eau oxygénée aussi bien que les corps avides d'oxyÿ- gène. L'oxyde d'argent, d’or, de platine, en présence d’eau oxygénée, la décomposent et sont en même temps transformés en métal pur. L'eau oxygénée a donc non seulement des propriélés oxydantes mais aussi des propriétés réductrices. à Je donne ici comme exemple de ce qu'on obtient avec le: pancréas les chiffres suivants : le pancréas employé à raison de 0,30 d'extrait p. 1.000 d’eau oxygénée à la concentration de 94 millinormal ne fail baisser en soixante-dix heures cette concentration que de 1/2 ne c'est- à-dire le fait tomber à 93 1/2. Au contraire, 0,10 d'extrait hépatique p. 1.000 d’eau oxygénée à la même concentration de 94 RE fait tomber cette concentration à 71 en 2’, à Len 27'et à O en 6 Dans une autre expérience, en faisant agir sur un litre d’eau OXY- génée à la concentration de 75 millinormal un dix millième d'extrait Répuue, on fait tomber celte concentration à 50 en une heure, et à 49 en 47 heures, chiffre qui se maintient jusqu’à la 287° Heuues one où cesse l'observation. PÔLES En même temps, en employant des concentrations Mendes un dix millième de pancréas ne donne pendant les 41 premières heures abso-. ment rien, et à partir de la 47° heure jusqu'à la 287° une chute de 5 millinormal. Ces chutes tardives, après une longue période d'inactivité, constituent un type d’action pseudo-catalytique. En effet, elles se com- portent en opposition avec la loi de la vitesse de réaction, et indiquent qu'il y a une longue période pendant laquelle se passent probablement des réactions chimiques, peut-être des transpositions moléculaires des noyaux albuminiques, et qui nous sont totalement inconnues. Or si dans un autre tube à expérience on se place dans des conditions iden- -tiques de température et de concentration, on fait agir simullanément un dix millième d'extrait hépatique et un dix millième d'extrait pan- créalique, on constate qu’alors que le foie seul fait tomber la concen- tration de H°O* de 76 à 49 et le pancréas seul de 76 à 75 dans les SÉANCE DU 4°" JUILLET c 45 47 heures, les deux réunis font tomber cette concentration de 76 à 44 en une seule heure. Le pancréas. qui est donc sans action par lui- même, active dans des proportions importantes la catalase hépatique. Dans une autre série d'expériences, en faisant agir sur le foie des doses croissantes de pancréas, j'ai constaté qu'il y a pour cette activation une dose optima, et que celle-ci est l'égalité. Ainsi 14/2000 de pancréas n’a rien donné en 309 heures. À côté, un dix millième de foie faisait baisser la concentration de 74 à 50, et un mélange de 1/10000 foie et 1,2000 pancréas la faisait baisser de 74 à 47, alors qu'avec des doses égales des deux organes la concentration tombait à 44. É Ces expériences peuvent peul-être être considérées comme un appui aux expériences de Chauveau ei Kaufmann sur l'action couplée du foie et du pancréas, malgré leur apparente opposition. Je tiens à signaler : encore que, quoique le pancréas soit absolument dépourvu de catalase, j'ai obtenu dans une seule expérience que j'ai faite avec le suc pan: créatique obtenu par une fistule et avec de la sécrétline, et dû à l’obli- geance de M. Terroine, une action importante, puisque. j'ai obtenu une. chute de 61 millinormal à 57 en 65 minutes, à 39 au bout de 72 heures, à 21 au bout de 240 heures, et à 14 au bout de 482 heures. Mais il faut remarquer ici que la masse active de suc était énorme : 66 de suc pan- eréatique pour mille d’eau oxygénée à 61 millinormal, c'est-à-dire qu'en 480 heures environ, 66 grammes de suc pancréatique sont arrivés à décomposer 1 gr. 58 de peroxyde d'hydrogène. On voit done par cet exemple combien il faut se méfier de l’universalité organique de la calalase. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ARSENIC COLLOÏDAL ET CATALASE, par M. HENRI ISCOVESCo. J'ai essayé l'action catalysante du sulfure d’arsenic colloïdal (As’S*) d'abord seul, puis quand il se trouve en présence de catalase hépa- tique. L'arsenic colloïdal à la dose de 1 gramme par litre d’eau oxy- _génée à 128 millinormal fait baisser la concentration jusqu'à 93 milli- normal, dans l’espace de cent vingt heures, durée de l'expérience. Voici maintenant ce qu'on oblient lorsqu'on fait agir le sulfure d’arse- nic colloïdal sur l'eau oxygénée en présence de catalase hépatique. — Les mélanges d'extraits hépaliques plus ou moins riches en catalases ont élé préparés suivant les indications que j'ai données dans une com- munication faite dans la séance précédente de la Société de Biologie et 46 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE QE j'ai fait dans un tube à essai le mélange d'arsenic et de foie, laissé re- posé pendant une quinzaine de minutes, puis versé le mélange dans le tube contenant l'eau oxygénée et porté dans un thermostat à la tem- pérature de 30 degrés. Voici les résultats obtenus dans ces conditions : TAATS ENTORSES H°O* 128 millinorn. fait tonberà 93(en96h). 93(120h.) DNA OIE A PNODD) ROME ENNEAPRNEREE H°0°128 — — 90 — 85 — 3. Foie (1/2 0/00) + Ars. (10/00). . H202128 — = 98:11 CIRE 4. Foie (0,2 0/00) + Ars. (1 0/00). . H?0® 128 — — 67 — 66 — 5. Foie (0,2 0/00) + Ars. (0,600/00). H°02128 — _ 102 — 9T — 6. Foie (0,2 0/00) + Ars. (1 0/00)... H°0?128 — — 100 — 91 — 1. Foie (0,4 0/00) + Ars. (1 0/00). .: H°0?128 — — IT — 92 — 8. Foie (2 0/00) + Ars. (1 0/00). . . H?2O?181 — — 98(en2h.) 93 (48 h.) Il résulte de ces chiffres que l’arsenie colloïdal ralentit et diminue d'une façon importante l’action de la catalase hépatique: Si on compare les résultats de l'expérience 7 avec ceux de l'expérience 6 on constate que la même quantité d'arsenic colloïdal agissant sur une quantité plus grande d’extrait hépatique (0,4 p. 1000 dans l'expérience 7, alors qu'il n yen a 0,2 p. 1000 dans 6) agit plus vigoureusement que la quantité plus grande et arrive à ralentir plus son action. Il y a donc des proportions optima. Voici encore une série avec une eau oxygénée plus concentrée : IS URO O0) (HR UE) Er 135 millin. fait baiser à 38 (en 2m.) à0(enlh. 9. F.(10/00)-+Ars.(0,01250/00). 435 — : — 69 — à 1/100 (en 12h.) 8. F. (10/00) + Ars.(0,025 0/00). 135 — — 70 :— à 6/10 (en Th.) 4. F. (1 0/00) + Ars. (0,05 0/00). 135 — — 80 — à1/10(ent&@h) 5. F. (1 0/00) + Ars. (0,1 0/00). 135 — — ll — à den 28h) 6. F. (10/00) Ars. (0,2 0/00). 135 — — 400 — äl(en 4h) 7. F. (1 0/00) + Ars. (0,3 0/00). 135 — — 103(en2m.) 13(en2h.) 12(en12h.) 8: (40/00) Ars: (0,2 0/00) 135 Le D 9. .F:(100/00) Ars. (08 0/00). 135 me 2 A Ur PO NE Si on compare les résultats de ce tableau avec ceux du tableau précé- dent, on constate que, à partir de certaines proportions entre les concen- trations d’arsenic et d'extrait hépatique, l’action catalytique de l’arsenic seule subsiste et que celle du foie est complètement détruite; ainsi l'expérience 9 du 2° tableau, qui donne une décomposition double de l'expérience 1 du 1‘ tableau, montre justement que dans la première, le foie n’agit plus du tout. Une autre conséquence de ces expériences, c’est que l’action ralentis- sante maxima est pour doses égales d'extrait hépatique et d'arsenic (9 au 2° tableau et 3 au 1%). En effet alors que à doses égales la concen- tration ne baisse que de 135 à 120 en soixante-douze heures, lorsqu'il y a deux fois plus d’arsenic que de foie, cette concentration baisse plus, c'est-à-dire de 128 à 97, dans le même laps de temps quoique dans celte dernière expérience il y ait eu deux fois plus de foie que dans la SÉANCE DU À° JUILLET 47 première. De ce fait résulte aussi la conclusion que l’action ralentissante de l’arsenic ne peut être mise sur le compte de traces minimes d'hydro- gène sulfuré qui restent quelquefois malgré une ébullition de plusieurs heures comme nous l'avons fait lorsque j'ai préparé l’arsenic colloïdal. De plus, j'ajoute pour terminer que j'ai fait une expérience compa- ralive ; j'ai pris 5 centimètres cubes d'extrait hépatique, j’y ai introduit une bulle de HS. Il y a un ralentissement de l’action catalytique, mais dans des proportions infiniment inférieures à celles signalées ici, car je suis arrivé en partant de 135 millimètres à 0 en trois heures. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) MOUVEMENTS FÉBRILES NOCTURNES MÉCONNUS, par M. E. MAUREL. Je désigne sous ce nom des mouvements fébriles évoluant à notre insu dans l’espace d'une nuit, presque toujours pendant le sommeil et par conséquent passant tout à fait inaperçus. _ L'existence de ces accès m'a été démontrée au cours de mes recher- ches sur les températures cubiliales. Dans les cas dont je vais rendre compte, après avoir placé un thermomètre, ramené à 30 degrés, à côté du tronc, j'ai trouvé le matin que Ja colonne mercurielle s'était élevée jusqu à 37 degrés et même au-dessus, Or, en prenant la température axillaire en ce moment, je ne trouvais plus qu’une température normale. Parfois, il est vrai, j'éprouvais le matin un peu de lassitude et je trou- vais que le sommeil n’avait pas été réparateur ; mais, dans d’autres cas, le retour à l’état normal était si complet que rien ne permettait de soupconner l'accès. Le lendemain de l'accès, assez souvent, je me suis rappelé que la veille j'avais été plus fatigué que d'ordinaire ; mais, dans aucun de ces cas, je ne m'étais considéré comme malade. En ce qui me concerne, ces mouvements fébriles seraient encore assez fréquents, puisque je les ai constatés 16 fois sur 165 observations, soit sensiblement une fois sur 10. Sur ces 16 fois, la température cubiliale, à côté du tronc, a été com- prise 41 fois entre 37 et 37°9; 3 fois entre 38 et 38°9; et 2 fois entre 39 et 40 degrés. Or, nous le savons, la température cubiliale de 37 de- grés ne peut exister qu'avec une température périphérique fébrile. Ces accès peuvent ne se produire qu’une fois, même sans rien faire pour empêcher leur retour. C’est ce qui a eu lieu 9 fois sur 16. Parfois, au contraire, le même accès se répète; et dans un cas il s’est montré pendant quatre nuits de suite, la tempéralure revenant tous les matins à la normale. 48 À SOCIËTÉ DE BIOLOGIE Je réunis mes observations dans le tableau suivant. TEMPÉRA- 2 EUR TEMPÉRA= ; FU TURES OBSERVATIONS l'appartement cubiliales 1882 DORAURPIPAVTNIIE EME NE 26-280 360 Surmenage. Soleil. DIRAURIINES RU 27-290 3805 0,15 de quinine le matin. : 23 au 24 — .. 26-280 3508 É AENAUT2 5 _26-280 < 8 au 9 Mai . 28-290 Surmenage. Soleil. 9 au 10 — 21-290 390 0,75 de sulf. de quin. le matin 10 au 11 — 26-290 - 3605 et diminution de l'aliment. 1890 31 Août au 1°" Sept. 16-190 3508 Surmenage. : 15-180 3708 Repos. 2 au 3 Septembre . . . 15-190 370 Repos. 3 au # — à 16-189 3506 3 au 4 Novembre . . . 160 3506 Surmenage et froid. 4 au 5 — 170 PLAT Surmenage et froid. 5 au 6 — 170 3708 71h. du matin : aisselle, 3608, 6 au 1 — 150 40° lit, 360. 1 au 8 — 130 380 7 h. du matin : aisselle, 3608. 8 au 9 — 140 | 3507 7 h. du matin : aisselle, 3606. 0,50 de sulfate de quinine. 1891 $ 21 au 22 Octobre . 180 300% Veille. 22 au 23 — 170 37° Repos. 1 23 au 24 — 170 3705 Repos. Diminution aliments. 24 au 25 — 180 1 4000 : ven 110 3304 Surmenage et veille. 170 3702 Repos. 160 3703 Repos. 170 3508 30 Novembre-1er Déc. . 11-140 3506 Froid. Surmenage. 1 au 2 Décembre . . 10-130 3702 Repos. 2 au 3 — 11-140 . 3508 26 au 271 Septembre. . 19-210 3408 Surmenage. 27 au 28 — : 20-210 3707 Repos. 28 au 29 — 18-190 37° Repos. 29 au 30 — 19-210 3502 1905 - 18 au 19 Janvier 90 3504 Froid. Surmenage. 19 au 20 — He 80 | 3805 Repos. Diminution de l’ali- 20 au 21 — PEN GX 360 mentation. RL EE Comme on peut le voir par ce tableau, j'ai indiqué chaque fois la cause présumée de ces mouvements fébriles; et comme influence domi- : nante probable, je trouve le surmenage physique huit fois, la veille SÉANCE DU {°* JUILLET - 49 prolongée avec travail cérébral ds fois, l’influence du soleil deux jois el deux fois également l'influence du froid. _ La connaissance de la possibilité de ces accès nocturnes me parait avoir une certaine importance. Elle peut nous expliquer certains troubles survenant comme une conséquence de ces mouvements fébriles et dont forcément l'origine nous fût restée inconnue. Il se pour- rait donc qu'il y eût quelque intérêt à les chercher dans les cas où ils sont à présumer. Telle est, par exemple, la période de la dentition ainsi que celle du sevrage chez le nourrisson ; tels sont aussi les cas dans lesquels nous voyons les enfants du premier âge être agités; et enfin pour l'adulte pendant les nuits qui suivent les grandes fatigues ou les grandes émotions. Il est évident que la constatation de ces mouvements fébriles, dans ces divers cas, serait des plus utiles au moins au point de vue de la prophylaxie. Je résume ce qui précède dans les conclusions suivantes : 1° Dans certaines conditions, des mouvements fébriles très nets peuvent évoluer dans l’espace d'une nuit, pendant le sommeil, et rester méconnus. 2° Pour les constater, 1l suffira de placer près le tronc, dans le lit, un thermomètre à maxzima, comme celui que j'ai Een dans un travail précé- “ent (4). 3° La connaissance de ces accès fébriles peut être utile au point de vue oentié notamment en ce qui concerne les affections des organes diges- lifs. L'ÉOSINOPHILIE LOCALE DES KYSTES HYDATIQUES, par M. F. Dévé. Sabrazès a indiqué, en 1903, que « l’éosinophilie symptomatique des. kystes hydatiques s'observe non seulement dans le sang, mais encore loca- lement dans l’atmosphère conjonctive qui circonscrit la membrane parasi- taire ». Cette éosinophilie locale avait été observée par l’auteur bordelais au niveau d’un kyste musculaire ancien, en voie de régression, rempli de vési- cules-filles et contenant un liquide louche, grumeleux. Dans ce cas, « l'inten- sité de l’éosinophilie locale l’ EMROrEnt de beaucoup sur l' éosinophilie révélée par l'examen du sang ». Par contre, Jenckel (1903) déclare n'avoir constaté d’éosinophilie péripara- sitaire, ni 7 PS l'échinococcose hydatique, ni dans l’échinococcose alvéolaire, et il oppose ce fait à la présence de cellules éosinophiles observée au vcisi- nage d’autres parasites (trichines, filaires). . Nous avons-étudié, à ce sujet, dix-sept cas d’échinococcose hydatique humaine, savoir : quatre cas de kystes du foie, deux cas de kvstes du 1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1 avril 1905, page 591. Biozocie, ComPres RENDUS. — 1905. T, LIX. ts j 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE foie et du péritoine, un cas de kystes du foie et d’un rein, un cas de kyste du foie et du cœur, quatre cas de kystes du péritoine (secondaires), un kyste du cerveau, un kyste du rein, deux kystes des os et un kyste musculaire. L'éosinophilie locale existait, extrêmement accusée, dans six de ces. cas; elle était modérée dans trois, rare dans trois autres, absente dans cinq. Lorsqu'il existait des kystes multiples chez le même individu, la formule cytologique de l’adventice nous a semblé sensiblement la même au niveau des différentes tumeurs. La réaction éosinophile élait surtout intense dans les kystes à contenu complexe, multivésiculaire. Pourtant nous l'avons observée également très marquée dans deux cas de kystes simples, univésiculaires. Dans un kyste musculaire récidivé, recueilli en 1901 dans le service de M. Schwartz, à l'hôpital Cochin, — kyste en involution, avec hyda- tides affaissées en contact avec le sac fibreux, — nous avons constaté une éosinophilie particulièrement abondante, non seulement dans lat- mosphère fibreuse du parasite, mais (comme Sabrazès dans son cas) dans la sérosité trouble qui baignait la poche. Il était intéressant de comparer la formule leucocytaire générale à celle du kyste. C’est ce que nous avons pu faire dans cinq cas. Dans deux d’entre eux, l'éosinophilie sanguine était manifeste (8, 5, 4,2 p. 100) ; l'éosinophilie périparasitaire se montrait intense dans le pre- mier, plus modérée dans le second. Dans un troisième cas, l'éosinophilie générale était faible (2, 7 p. 100) ; la réaction acidophile locale était ce- pendant très accusée. Enfin, dans deux cas, l’éosinophilie manquait à la fois dans le sang et au niveau du kyste. — On observe donc, en gé- néral, un certain parallélisme entre les deux formules locale et géné- rale. Toutefois, l'éosinophilie s’est toujours révélée incomparablement plus abondante dans le voisinage du parasite que dans le sang. Nous avons, de même, observé une éosinophilie locale très accentuée dans plusieurs kystes du bœuf et du mouton (foie, poumon; ; elle est d’ailleurs inconstante chez ces animaux comme chez l’homme. Enfin, nous avons constaté cette réaction, avec une grande fréquence, dans l'atmosphère conjonctive de kystes expérimentaux déterminés chez le lapin par inoculation de sable échinococcique (poumon, foie, péri- toine, tissu cellulaire sous-cutané). Au niveau de certains kystes, aux premiers stades de leur développement, l’éosinophilie était véritable- ment confluente. D'autre part, nous avons examiné, au point de vue spécial qui nous occupe, six pièces d'échinococcose alvéolaire bavaro-tyrolienne : dans cinq d'entre elles on ne constatait la présence d'aucune cellule à granula- tions acidophiles dans le voisinage des produclions parasitaires; dans un cas les leucocytes éosinophiles étaient, au contraire, extrêmement nombreux. On sait, d’ailleurs, que l’éosinophilie sanguine est aussi SÉANCE DU 1°" JUILLET 51 inconstantie dans la variété alvéolaire que dans la variété hydatique de l'échinococcose. L'étude que nous avons pu faire de ces cas d'ordres divers est mal- heureusement trop incomplète pour nous permettre d'aborder l'inter- prétation de la particularité qui fait l’objet de cette note. Ce sont, pour le moment, des faits bruts dont la pathogénie reste à élucider. (Laboratoire d'histologie de l'École de médecine de Rouen.) LA RÉACTION DU LAIT ET DE L'HUMEUR AQUEUSE ÉTUDIÉE PAR LA MÉTHODE ÉLECTROMÉTRIQUE, par M. Carco Foa. I. — On dit généralement que /e lait est un liquide amphotère, c'est- à-dire qu il peut fixer soit de l’acide soit de la soude. Couranr a élabli que le lait est acide vis-à-vis de la phénolphtaléine et alcalin vis-à-vis du lakmoïd. Quant à la réaction vraie du lait on n’en sait absolument rien parce que ce qu'on mesure par la méthode titrimétrique, ce n’est que le pouvoir que le lait a de fixer une certaine quantité de soude ou d'acide, pouvoir qui ne dépend pas seulement des ions H+ ou OH- contenus dans le lait, mais encore et surtout de la caséine. Les mesures électromé- triques conduisent à la conclusion que le lait de femme et d’ânesse, de vache et de chèvre au point de vue de la concentration en ions H+ et OH- sont des liqueurs très près de la neutralité. En effet le lait de femme et : ; : À : n _d anesse correspond pour la réaction à une solution de NaOH 60-C00 000 et le lait de vache et de chèvre à une solution de HCI c'est-à- n 60.000.000 dire à des liqueurs qui se rapprochent beaucoup de la neutralité. Un échantillon de lait de vache est laissé pendant quatre jours à la température ambiante, ét au bout de ce temps il coagule spon- tanément. Le sérum exprimé du caillot correspond à une solution de HORREE., 100.000 Il. — L'humeur aqueuse du cheval correspond à une solution de NaOH 7; l'humeur aqueuse de chien est encore plus près de la 1.000.000 n neutralité puisqu'elle correspond à une solution de NaOH P I P De 10 100.000.000 (log Cu —=— 7,1008). SOBUTION environ correspondante & De vache, . ; HC 50.000.000 ») » » De femme (1) après 6 mois de! 5 H n lactation . HUE Le Na0H 26 500.000 ») De femme après 10 jours de lac- TAN EMIAT2 32 Ie talion . RENE | L Colostrum de femme . . ... .. 8 — 7,6892 | : » ») 9 == 7,7147 » vr | DRE pe. D'éCHÉVTEME ELA ANA 6, 5961 HS 50.000.000 14 11 EE LO® : n D'ânesse. ARE EEE 1,6495 | NaOH 50.000.000 De vache, après coagulation spon-| 12 — 5,0081 | je n | tanée 100.000 Observation. — Le lait de vache, quant à son pouvoir de fixer de l’acide, cor- respondrait suivant les auteurs (Courant, Sebelien, Siegfeld) à une solution de 1 ; ; soude environ an normale, et quant à son pouvoir de fixer de la soude, le lait oh. S DR Ee Lan : n re G correspondrait à une solution d'acide environ 100 On voit comme ces résultals sont loins de ceux qu'on obtient par la méthode électrométrique. (1) Les échantillons de lait de femme ont été prélevés dans le service de M. le Professeur Budin (Clinique Tarnier). Nous sommes heureux de lui adresser nos remerciements- SÉANCE DU 1°" JUILLET | 53 III. — Ces expériences confirment ce que nous avons vu dans les notes précédentes, à savoir que les liquides de l'organisme sont en général très près de la neutralité. Il suffit d'un changement très faible dans la concentralion des ions H+ pour amener une modification dans l’état physique du liquide, comme dans le cas du lait qui coagule spon- tanément. IV. — Dans la première note de cetle série on a commis une erreur dans la transcription de la valeur de la constante log P. Cette valeur est égale à — 4,7385. (Travail du laboratoire de physiologie de la’ Sorbonne.) A PROPOS DU SYNDROME MYOTONIQUE (1), par M. LÉoPoLrp-LÉvr. En s'appuyant sur les recherches de Bottazi et de M'° Toteyko, on peut conclure : Le syndrome myotonique — dont la réaction myotouique d'Erb est une des caractéristiques fondamentales — est fonction : Soit d'hypergenèse sarcoplasmatique ; il en est ainsi pour les cas de maladie de Thomsen congénitale avec lésions musculaires, telles que les a décrites Erb, et telles que les ont retrouvées, à l'exclusion de toute . lésion du système nerveux, MM. Déjerine et Sottas, Soit d’exallation de la fonction sarcoplasmatique : a) Cette hyperexcitabilité peut être liée à l’action de poisons physio- logiques (contracture de fatigue de M!° loteyko, contracture de Tiegel que Schiff a appelée la maladie de Thomsen des grenouilles). On peut du reste se demander si le trouble de la fonction ne peut précéder la lésion, suivant une loi générale. b) L'hyperfonctionnement sarcoplasmatique peut encore dépendre d’une lésion excilatrice portant sur une région quelconque de l'appareil du tonus. Il s’agit alors de myotonie acquise avec lésions variables du système nerveux, dans des cas où l’on n’a pas lieu d'admettre une coïn- cidence de deux affections. Avec le D' Bonniot, j'ai publié un cas de myoclonotonite, chez un syphilitique de cinquante-huit ans, ayant une lésion probable de l'appareil cérébelleux. La lésion du sarcoplasma ne représente, somme toute, que la lésion (1) Conclusions d'un mémoire qui paraitra prochainement dans la Revue neurologique. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ©£ FRS de la partie tout à fail terminale de la voie centrifuge de cet appareil du tonus. Ces notions montrent qu'entre l’état physiologique et l’état patholo- logique, on peut trouver ici tous les intermédiaires : muscle rouge, muscle du nouveau-né, muscle en état d'hyperexcitabilité sarcoplasma- tique du fait de la vératrine, contracture de fatigue, contracture de Tiegel, myotonie congénitale intermittente de Martius et Hansemann, maladie de Thomsen. E Ne peut-on faire application de données analogues à une autre maladie du tonus, la maladie de Parkinson? DE LA CYTOLYSE DANS LES SÉREUSES HUMAINES PATHOLOGIQUES, par M. G. FRoIn. Les liquides retirés des séreuses humaines et examinés surtout à l'élat frais permettent d'apprécier assez rigoureusement l’activité de la des- truction cellulaire dans les cavités pathologiques. À côté de cellules ayant conservé leur apparence normale, il en existe d’autres dont le prolo- plasma est plus ou moins effrité sous forme de débris granuleux ou de fila- ments parfois très longs qui hérissent le corps de la cellule ou l'ont défini- tivement abandonné. Lorsque la désintégration cellulaire est intense, un grand nombre de stromas plus ou moins réticulés et transparents avoi- sinent les éléments restés compacts, et il se trouve dans le liquide une poussière protoplasmique, impossible ou très difficile à centrifuger, dont les particules échappent à toute orientation et résistent à toute force mécanique essayant de les séparer des molécules fluides. Bien qu'il se fasse une résorption continue des éléments qui meurent dans le fover morbide, le parallélisme absolu est rare entre la destruc- üon et la résorption. On peut voir le premier phénomène que l’orga- nisme ne peut effacer assez vite, à cause de l’action rapidement désor- ganisatrice des agents pathogènes. Il est possible du reste de classer, à ce point de vue, les sérosités humaines en trois groupes. Premier groupe. — Ce sont les liquides dans lesquels le pouvoir cellulicide de l'agent pathogène est considérable. Malgré la centrifuga- tion la plus prolongée, la sérosité conserve un aspect louche et trouble. Le culot est relativement peu considérable, et ce n’est qu’un magma de microbes avec de rares lambeaux protoplasmiques. Ainsi se caractérisent les pleurésies putrides et quelques rares cas de méningites (surtout pneumococciques). Ces dernières peuvent d’ailleurs présenter les varia- üons les plus grandes dans la cytolyse, et celle-ci ne montre pas de corrélation absolue avec l'intensité de la chimiotaxie. S'il est en effet SÉANCE DU 1° JUILLET 55 exceptionnel que toutes les cellules attirées soient détruites et qu'on ne trouve pas d'exsudat purulent sur les surfaces séreuses, par contre un très grand nombre d'éléments peuvent être dissociés et fragmentés. Dans beaucoup de cas, le nombre des cellules mobilisées et relativement intactes prédomine sur celui des éléments complètement désorganisés. Il s’agit alors de faits appartenant à un deuxième groupe. Deuxième groupe. — L'attaque cellulaire est moins profonde et cependant l'influence chimiotactique est souvent considérable. Le liquide, dont l'aspect louche est plus ou moins prononcé, montre un culot cellulaire parfois énorme. L'immense majorité des pleurésies, des méningites et des péritonites purulentes rentre dans ce groupe. Troisième groupe. — Enfin, viennent les épanchements créés par un agent pathogène peu ou lentement cytolytique et d'habitude peu chi- miotactique. La centrifugation éclaircit et netloie parfaitement le liquide. Le culot cellulaire est relativement de petit volume. C'est ainsi que se présentent ordinairement la pleurésie tuberculeuse séro-fibri- neuse, la plupart des cas de méningite luberculeuse, les hémorragies suivies d'hématolyse, etc. Dans les liquides de cette calégorie, la des- truction cellulaire est lente et l'observation du phénomène très délicate. La désintégration peut êlre tellement ralentie que la résorption des particules protoplasmiques se fait aussi rapidement que la cytolyse et masque le phénomène. Dans ces liquides peu cellulicides, il arrive parfois que la dissociation des éléments protoplasmiques se trouve très modifiée et s'écarte de la règle. Cela est dû ordinairement à des facteurs secondaires qui ont généra- lement un mode d'action atténué et s’effaçant devant l'agent pathogène. Mais ces facteurs peuvent trahir leurs modifications trop brusques, et il devient possible de voir leur influence lorsque la cause première n'est pas trop destructrice. J'indiquerai prochainement l'influence de ces facteurs à à propos de l HÉAARe dans les séreuses. (Travail des services de MM. Chauffard et Widal.) SUR L'EXISTENCE D'OXYDE DE CARBONE DANS LE SANG DES ANÉMIQUES, par MM. R. LÉPiNE et BouLup. En indiquant récemment une méthode (1) permettant d'apprécier exactement le temps variable de la réduction de l'oxyhémoglobine dans (4) Lépine et Boulud, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1905, 10 avril. 6 » SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE différents sangs anormaux, nous avons particulièrement établi que, dans l'anémie, naturellement avec une quantité de. réactif propor- tionnelle à l'hémoglobine, le temps de la réduction est double et parlois triple de ce qu'il est avec le sang normal (1). Nous pouvons ajouter. aujourd'hui qu'une des causes, sinon la cause exclusive de ce fait, réside dans l'existence d’une combinaison oxycarbonée. En effet, si on fait l'extraction des gaz de 30 centimètres cubes environ de sang d'un sujet mort d’anémie grave, et qu'on y recherche l’oxyde de carbone, au moyen de la méthode de Nicloux, on y décèle facilement des traces très évidentes de ce gaz, tandis que la même quantité de sang d’un sujet non anémique n’en fournit pas de lrace sensible Eee Dans deux de nos cas il s'agissait d’une anémie cancéreuse, dans un autre d’une anémie pernicieuse, et ce dernier est particulièrement remarquable en ceei que l'extraclion des gaz du sang (fluoré) n’a élé faite que plusieurs jours après la mort. Il est à noter que le sang de cadavre dans lequel on trouve de l’oxyde de carbone présente souvent une couleur rutilante insolite. D£ L'EMPLOI DE LA POMME DE TERRE VIOLETTE COMME MILIEU DE CULTURE, par M. L. RODRIGUEZ. J'ai l'honneur de présenter à la Société les résultats de quelques recherches que nous avons entreprises sur les réactions de cultures microbiennes vis-à-vis d’un milieu coloré naturellement. On se sert depuis longtemps pour différencier le Bacterium Coli et le Bacille d'Eberth de gélose lactosée tournesolée, de couleurs d’aniline comme Nœgerrath et Ramon; Duelaux avait employé également pour étudier la réaction des bactéries le lait tournesolé. Il nous a semblé qu'il y avait avantage à substituer à ces milieux artificiels des milieux colorés naturellement. Nous avons choisi à ce point de vue une variété de pomme de terre appelée dans le commerce « Négresse » dont la colo- ration normale violet améthyste vire au bleu hortensia, puis au vert malachite sous l’action des alcalis, et au rouge sous l'influence des acides. (4; Nos observations ont porté sur une dizaine de chiens rendus artificiel- lement anémiques, et sur un très grand nombre de malades, anémiques et autres. (2) Nous ne contestons pas l'existence de CO dans le sang normal, affirmée par MM. de Saint Martin, Desgrez et Nicloux, Nous disons seulement qu'on ne peut le déceler dans 30 centimètres cubes de sang de cadavre d'un sujet non anémique. SÉANCE DU 1° JUILLET 57. Nous avons cultivé sur ce milieu, qu'on prépare du reste presque de la même facon que la pomme de terre ordinaire, la plupart des espèces microbiennes ou mycosiques que nous avons pu nous procurer. Nous signalerons seulement aujourd’hui les réactions de trois bacilles, très voisins morphologiquement : le B. Coli (type Escherich), le B. typhique (type Eberth Gafïfky), et le B. dysentérique (type Chantemesse et Widal). Ces trois espèces donnent des réactions assez variables : 1°-Le B. d'Escherich isolé de selles normales donne une culture abondante, blanchâtre ou légèrement jaunâtre ; au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures, la pomme de lerre devient complètement verte. Cetle teinte,'indice de réaction alcaline, est due au dégagement d’ammoniaque. Les cultures de B. Coli, après trois ou quatre réensemen- cements, peuvent perdre leur réaction alcaline, elles deviennent neutres ou même acides. Ces fluctuations nous expliquent la discordance des auteurs qui ont {rouvé les cultures du B. d'Escherich tantôt acides et tantôt alcalines. 2° Le B. d'Eberth donne des cultures plus visibles que sur la pomme de terre ordinaire. Elles sont généralement blanchâtres, brillantes, d’ap- parence vernissée; autour d'elles le milieu prend une teinte mauve ou rose ; mais cette acidité n’est pas constante ; avec quelques échantillons la pomme de terre garde sa couleur normale ou devient verte, c'est-à- dire que la réaction est alcaline. 3° Les B. dysentériques que nous avons étudiés appartiennent au type Chantemesse et Widal; les variétés que nous avons cultivées sont : Chantemesse et Widal, Dopter et Vaillard et Shiga. Ces bacilles offrent des cultures assez abondantes, mais ayant une faible tendance à s’etendre; en surface, celles-ci, d’une coloration gris jaunâlre ou gris perle, sont crémeuses, saillantes, irrégulières et luisantes, leur réaction est d'ordinaire faiblement alcalhine ; la pomme de terre peut conserver en apparence sa teinte neutre, ou prendre la coloration bleue du pre- mier degré d’alcalinité, très rarement elle verdit franchement; l’alca- linité est intense. Nous avons cru bon d'indiquer les caractères et les réactions de ces trois espèces dont la différenciation n'est pas loujours facile, car elles pourraient fournir dans les cas {ypiques des indications utiles pour le diagnostic de ces'espèces. (Travail fait au laboratoire d'hygiène, sous la direction de M. le professeur Chantemesse.) 58 SOCIETÉ DE BIOLOGIE NOUVELLES RECHERCHES SUR LA SENSIBILITÉ PRIMITIVE DES BATRACIENS Note de M. P. WiNTREBERT. J'ai cherché depuis le mois de décembre 41904 (1) à préciser les caractères de la sensibilité primitive. Pour bien mettre en lumière son origine indépendante, j'ai pratiqué l'ablation postérieure du tube neural, au moment de l'apparition des hémisphères cérébraux et des trois arcs viscéraux chez l’Axolotl (stade XI de Van Bambeke), à un stade plus précoce encore chez Rana temporaria, quand le bourgeon de la queue ne peut être distingué du tronc par un rétrécissement ventral. Le résultat ne change pas; les mêmes réactions sensibles surviennent; elles disparaissent à leur tour, et au même stade que chez les témoins. Après des examens répétés, sur de irès nombreuses séries d’ani- maux, je suis arrivé à fixer comme suit les traits caractéristiques de cette sensibilité. Ï. STREDON PISCIFORMIS. — Æpoque d'apparition. Stade-XIII de Van Bambeke; longueur totale 6 millim. 1/2; longueur queue 1 millim. 1/4; contraction tonique en U; simple liséré limbique dorsal et ventral; queue séparée du tronc par un ressaut très net; la première contraction musculaire date déjà de 6 à 10 heures. Lieu d'apparition. Celui du myotome d’abord contracté, qui n’est pas le premier myotome ; région post-branchiale ; fond du cintre dorsal. Propagation. Marche progressive en arrière et en avant; en arrière d’abord, dans le sens de la différenciation; progression retardée sur la paroi latérale du ventre, en avance sur la bande myotomique; arrivée en douze à vingt-quatre heures, à la pointe caudale; dans la région céphalique, arrivée plus tardive (en quarante-huit heures.) (Des demi- sections dorsales, coupant en deux parties l'encéphale, prouvent son existence, car elles n'empêchent pas sa transmission dans la région du tronc.) Caractères. — Conduction très rapide, réponse musculaire presque immédiate; stupeur réduite au minimum en cas de section médullaire éloignée du lieu de la réponse réflexe ; sensibilité beaucoup plus déve- loppée à la pointe caudale et sur le tronc que sur la région sensorielle de Ja têle; mais les branchies, et surtout la région sus-branchiale, sont très sensibles. Siège probable. — Ectodermique; vitellus endodermique non exci- table; condition de sa présence : l'intégrité parfaite de l’épiderme,; un pont ventral suffit pour la transmission. (1) Voir Comptes rendus de la Socifté de Biologie, décembre 190%, & LVII, p. 645. : SÉANCE DU 1° JUILLET 59 Réponse muscu/aire. — N’existe pas dans toute la série des méta- mères contractiles, mais est localisée dans les plus antérieurs. Époque de disparilion. — Longueurs moyennes : totale, 7 millim. 1/2; queue, 1 millim. 3/4; sac vitellin, 4 à 4 millim. 1/2; période des oscil- lations latérales rapides ; limbes plus élevés que les myotomes dans la région caudale moyenne; ébauche de division des branchies posté- rieures, branchies antérieures encore simples; premiers battements du cœur plus précoces (7 1/4-1 1/2), antérieurs de 24 heures environ à la fin de la sensibilité. Durée. — Trois jours à trois jours et demi, à la température de 12 à 15 degrés centigrades. Mode de disparition. — Recul de la sensibilité sur le tronc, d'avant en arrière; disparition simultanée au niveau de la partie postérieure du tronc, de la queue et de la tête; superposition sur le tronc avec la sen- sibilité nerveuse. Il. RANA TEMPORARIA. — Caractères absolument identiques ; les lon- gueurs moyennes sont au début 4 millim. 1/2 (totale), 1 (queue), et à la fin 8 millim., 4 1/4; au stade final, les branchies sont déjà divi- sées, et le cœur bat depuis 36 heures environ; le phénomène dure de 48 à 60 heures à la température de 47° centigr. Les tétards, remar- quablement vivaces, constituent le matériel le plus avantageux pour l'étude de la sensibilité primitive. Conclusions générales. — La sensibilité primitive n’est pas la conti- nuation d’ur phéaomène embryonnaire révélé seulement par l’avène- nement de la contraction musculaire ; ses caractères bien marqués lui assignent une date précise dans le cours de l’ontogenèse. Elle précède l’établissement de la sensibilité nerveuse ; parfois elle coïncide avec elle au niveau du tronc avant sa complète disparition ; les deux sensibilités sont donc superposables, et ne s’éliminent pas réciproquement. Le début de la sensibilité primitive, au niveau du cintre dorsal, son extension consécutive vers la queue, puis vers la tête, sont en désaccord avec l'idée que la différenciation progresse seulement d'avant en arrière; la première contraction musculaire ne paraît pas siéger du reste dans les tout premiers moytomes de la série. Le revêtement cutané est tout à la fois l'appareil de réception et l'appareil de conduction superticielle. La transmission dans la profondeur n’esl pas diffuse ; elle parait suivre la voie nerveuse centripèle déjà établie pour les métamères antérieurs du tronc, et la réponse réflexe qui se trouve localisée dans ceux-ci semble partir des centres et emprunter la voie nerveuse centrifuge. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée, à la Sorbonne.) 6027: ENT A SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA CONTRACTILITÉ MUSCULAIRE DANS LES MYOTOMES ENCORE DÉPOURVUS DE LIAISON NERVEUSE RÉFLEXE, Note de M. P. WINTREBERT. L'indépendance de la différenciation musculaire, si discutée dans ces dernières années, paraît aujourd'hui devoir être acceptée sans conteste. R. G. Harrison (1) en a donné récemment une preuve fort ingénieuse : : après avoir démontré la présence de la striation normale dans les myo- tomes soustraits à l’action des nerfs, il: a réussi à élever des larves de Rana (R. palustris et R. virescens) dans des solutions diluées de chloré- Lone : celui-ci est un poison des centres nerveux; les têtards paralysés ne présentent dans ces solutions aucun mouvement; mais dès leur trans- port dans l’eau courante et bien aérée, ils acquièrent en quelques ins- _tants tous les mouvements de coordination des larves normales. J'ai vérifié de mon côté l'absence complète de nerfs dans les membres postérieurs des Rana temporaria opérées en 1903 (2), dont j'avais suivi le développement jusqu'après la métamorphose; j'ai noté à ce moment des mouvements des doigts succédant à l’excitation directe; ces membres, à part l'absence de nerfs, possèdent une anatomie parfaitement nor- male. Deux séries d'expériences nouvelles sur les membres postérieurs d'Axolotls confirment ces données, et seront prochainement publiées. Je désire montrer aujourd'hui sur des larves de Siredon pisciformis que la contraction musculaire appartient en propre aux myotomes, et qu'on peut la déceler en eux, avant que ne soient établies leurs relalions ner- veuses. La différenciation métamérique dans la moitié postérieure du tronc s'établit progressivement d'avant en arrière; contemporaine de la sensi- bilité primitive dans la région abdominale, elle se poursuit ensuite dans la queue au stade de sensibilité nerveuse. I. Période de la sensibilité primitive. — Au stade où la larve pré- sente encore des contractions toniques prolongées, si on pique le bout de la queue, on obtient une réponse musculaire dans un certain nombre de métamères antérieurs; le tronc s’incurve latéralement dans la zone post-branchiale, mais sa partie postérieure, ainsi que la queue, restent en direction rectiligne : on reconnaît ainsi les limites de la contraction réflexe, et on coupe en deux la larve en arrière des myotomes contractés. Le fragment postérieur est alors dénué de toute contraction réflexe à la piqûre des limbes, de l'extrémité caudale, et de la région ventrale de l'abdomen ; mais la piqure directe de ses myotomes antérieurs provoque toujours une contracture localisée; plusieurs myotomes atteints succes- (1) American Journal of Anatomy, 1904, vol. IT, p. 197. L (2) Comptes rendus Acad. sciences, 13 juillet 1903. SÉANCE- DU À JUILLET PRE (EN ‘ sivement par la pointe fine de l'aiguille ajoutent leurs contractures à celles des myotomes précédemment touchés; la somme des mouvements partiels ainsi provoqués arrive à former un soulèvement, une courbure ‘en crosse de l'extrémité antérieure dont la concavité est toujours dirigée vers la zone d’excilation. La moilié postérieure de la queue reste inex- citable et immobile. _ IL. Période de sensibilité nerveuse. — Au stade où la sensibilité ner- veuse dirige l’action réflexe, les mêmes phénomènes se reproduisent dans la région caudale qui grandit; il suffit alors pour interrompre la conduction nerveuse centripète de sectionner seulement le tube médul- laire. | Conclusion. — Une expérience fort simple permet donc de prouver physiologiquement existence indépendante de la différenciation muscu- laire; la manifestation de la contraclilité à la piqüre directe, dans les myotomes situés en arrière de la région musculaire réflexe, prouve que cetle différenciation précède la terminaison des fibres nerveuses dans les plaques motrices. R. G. Harrison conclut de ses expériences que Îles mécanismes complexes de la locomction et de la respiration se déve- loppent en dehors de l'influence nerveuse, annihilée par le chlorétone; je démontre que le pouvoir de contractilité existe dans les FINIOTEE avant leur liaison nerveuse réflexe. - (Travail du laboratoire d'anatomie comparée à la Sorbonne.) NOTE SUR LE TRAITEMENT D£ LA MALADIE DU SOMMEIL EXPÉRIMENTALE PAR L'ACIDE ARSÉNIEUX ET LE TRYPANROTIH, par MM. E. Brumer et WURTZ. Dans une communication récente à l'Académie des sciences, M. Lave- ran (1) a annoncé la guérison de deux Singes (Macacus sinicus) alteints de maladie du sommeil expérimentale, par des injections successives d'arsénite de soude et de trypanroth. Le premier médicament à la dose de 1 milligramme d'acide arsénieux par kilogramme d'animal, le second à raison de 2 centigrammes pour le même poids. Dans nos précédentes recherches, nous avons établi que les animaux de choix pour de semblables études étaient les Ouistitis, car chez éux la maladie suit une marche régulière, rapide et fatale, la mort surve- nant toujours du 10° au 14° jour. N'ayant pu nous procurer un lot suffi- (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, séance du 17 avril 1905, p. 1081. 62 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sant de ces animaux, nous en avons été réduits à étudier l'influence du traitement signalé ci-dessus sur d’autres espèces dont les observations suivent : Macacus cynomolgus g.— Poids, 1.760 grammes. Incubation 6 jours, mort le 20°. — Inoculé le 13 mai. Le 19, les parasites se montrent dans le sang; le 20, on rencontre 15 à 20 parasites par champ du microscope; l'animal recoit 1 milligr. 7 de solution arsenicale; le 22, les parasites ont disparu du sang, le Singe reçoit en injection 3 centigrammes de trypanroth; du 23 au 28, les Trypanosomes augmentent dans le sang; le 25, on rencontre 7 à 8 Trypanosomes par champ, solution arsenicale 1 milligr. 5; le 17, Trypa- nosomes 15 à 20 par champ, trypanroth 3 centigrammes; le 29, Trypano- somes 150 par champ, solution arsenicale 1 milligr. 7; le 30, Trypanosomes 100 par champ, trypanroth 3 centigrammes; le 31, l'animal est parésié et les parasites sont très nombreux; le 2 juin, il recoit 1 milligr. 7 de solution arsenicale, il est trouvé mort le 3 juin avec 250 à 300 parasites par champ. Macacus cynomolgqus g. — Poids, 740 grammes. Incubation 4 jours, mort le 25°. — Inoculé le 25 mai; le 29, 1 à 2 parasites par champ, solution arseni- nicale 0 milligr. 7; le 30, 4 à 5 parasites par champ, trypanroth 2 centi- grammes; le 31, l'animal est déjà tout coloré en rouge, parasites 1 ou 2 par champ. Le 2 juin, solution arsenicale 0 milligr. 7; le 3, trypanroth 2 centi- grammes, le 5, Trypanosomes 2 par champ; le 6, solution arsenicale 0 mil- ligr. 7; le 8, trypanroth 2 centigrammes; le 9, les Trypanosomes pullulent, 300 à 400 par champ; le 12, leur nombre a diminué, 25 à 30 par champ, solution arsenicale 0 milligr. 7; le 14, 8 à 10 par champ, trypanroth 2 centi- grammes; le 16, l'hypothermie commence, annoncant une issue fatale. Tem- pérature, 320,5 et 30 à 40 Trypanosomes par champ; le 17, température — 24°; l'animal meurt le 19, à midi, avec température — 16° et 50 Trypanosomes par champ. Macacus cynomolgus g. — Poids, 1.320 grammes. — Inoculé le 13 mai; le 20, 1 Trypanosome pour 40 champs, solution arsenicale 1 milligr. 3; le 21, l'animal semble bien portant. Trouvé mort le 22 avec 1 ou 2 Trypanosomes par champ. A l’autopsie, lésions d'intoxication arsenicale (hydrothorax, pétéchies, etc.). Macacus sinicus ®. — Poids, 630 grammes. Incub. 4 jours, mort le 25e. Inoculé le 25 mai; le 29, quelques rares Trypanosomes, sol. arsenicale 0 milligr. 6; le 30, 2 ou 3 parasites par champ, trypanroth 2 centigrammes; le 5 juin on rencontre 50 à 60 parasites par champ; le 6, sol. arsenicale 0,6; le 8, trypanroth 2 centigrammes; le 9, Trypanosomes rares, 1 par 10 champs; le 12, 20 et 25 parasites par champ, sol. arsenicale 0 milligr. 6; le 14, 50 à 70 parasites par champ, trypanroth 2 centigrammes; le 15, la température tombe à 32°; le 16, elle tombe à 24° avec 30 à 40 parasites par champ; le 17, malgré une forte hypothermie, les parasites sont aussi nombreux dans le sang, l’animal est trouvé mort le 28 au malin. Macacus rhesus . — Poids 2 kilogrammes Cet animal était en mauvais état et très anémié avant l’inoculation. Inoculé le 13 mai; le 18, quelques rares parasites; le 20, 25 à 30 par champ, sol. arsenicale 1 milligr. 7; le 22, 35 à 40 parasites par champ, trypanroth 3 cen- . 4 Le à _ = « ce SÉANCE DU 4% JUILLET 63 tigrammes. Il est trouvé mort le 24. L'examen direct du sang est négatif à l’autopsie. Cet animal était atteint d’un rétrécissement considérable du côlon ascendant et de plusieurs ulcérations probablement tuberculeuses; pas de tuberculose pulmonaire. Ouistiti S (Hapale penicillalus). — Poids, 160 grammes. Inoculé le 13 mai; le 18, Trypanosomes rares; le 20, 50 parasites par champ, sol. arsenicale 0 milligr. 1; le 21, 150 parasites par champ; le 22, les parasites sont très nombreux, trypanroth, 1 milligr. 25. Il est trouvé mort le 23, le trypanroth a diffusé dans son corps, les Trypanosomes pullu- lent. Comme il est facile de le constater par l'analyse détaillée des expé- riences précédentes, nos résultats ne sont pas concordants avec ceux de M. Laveran, bien que nous ayons suivi rigoureusement la méthode qu’il préconise. Une semblable divergence de résultats s'explique, soit par une différence dans la dose de virus inoculé, soit, et ceci nous semble plus probable, par la différence de virulence des Trypanosomes employés. Le virus de l'Ouganda, utilisé par M. Laveran, est relative- ment faible; des Singes et des Chiens inoculés en guérissent quelque- fois spontanément (Nabarro). Que dans ces conditions on donne à l’ani- mal infecté des médicaments qui agissent soit par leur toxicité (acide arsénieux), soit par une active leucocytose (trypanroth), et l'animal sorlira vainqueur de la lutte. Mais que l'on ait affaire à un virus très violent comme le nôtre, et le résultat de la lutte sera négatif, le Trypanosome tuera son hôte en dépit des médicaments. Avec notre virus nous n'avons constaté qu'une seule guérison (Cercopithecus callitrichus) ; toutes nos souris, malgré quelques mois de guérison apparente, sont mortes du fait de leurs Trypano- somes. En résumé, ces expériences nous montrent qu’il peut y avoir indica- tion à instituer, chez l'homme, le traitement préconisé par M. Laveran dans les cas où le virus serait démontré faible et curable chez les Singes ; dans les cas contraires, si le traitement échoue chez ces animaux, il sera contre-indiqué. (Laboratoire de parasitologie.) SUR LA LOI D'EXCITATION ÉLECTRIQUE EN FONCTION DE LA DURÉE UTILE DES DÉCHARGES DES CONDENSATEURS. par M. et M"° L. LapPICQuUE. M. Cluzet, dans une thèse soutenue hier devant la Faculté des sciences de l’Université de Paris, démontre ce fait intéressant, affirmé autrefois - 64 ; * SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE » par M. Dubois (de Berne), qu'une parlie de la décharge des condensa- teurs est complètement inutile pour l’excitation. C’est un fait dont il. faudra désormais tenir compte-pour appliquer une loi générale d’exci- tation électrique aux condensateurs: en ce qui concerne nolamment l'influence de la durée de l’excilation sur la grandeur de l’excitant nécessaire pour produire un effet donné, c'est évidemment la partie utile qui doit entrer en ligne de comple au lieu de la quantité totale - de la décharge et d’une durée indéfinie ou définie arbitrairement. Mais M. Cluzet pose en outré cette conclusion que de toutes les lois générales de l'excitation qui ont été proposées, la loi de Weiss, seule, doit être considérée comme exàcte. Nous avons montré que cette loi est approchée, et nous l'avons modifiée pour la faire cadrer avec un: grand nombre de faits constatés par nous. M. Cluzet pense que la cor- rection apportée par nous est inexacte, ou, comme b le dit poliment, -que c’est notre formule qui est approchée. Ù Nous voudrions montrer ici que cette conclusion ne ressort pas du travail de M. Cluzet. La partie utile de la décharge du condensateur est bien terminée quand l'intensité est tombée à la valeur du courant de durée indéfinie qui produit le seuil de l’excilation; cette valeur pouvant d'ailleurs être identifiée au coefficient b de la formule de Weiss ou 8 de la nôtre. Nous l'admeltons d'autant plus volontiers que nous avions admis cette hypothèse de notre côté, et que nous avons les premiers indiqué la signification du coefficient b ou B (1). Mais les vérifications - de M. Cluzet ne sont pas assez étendues ni assez rigoureuses pour lui : permettre d'affirmer que la loi de Weiss s'applique exactement aux décharges de condensaleur ainsi envisagées. Hoorweg a donné une formule empirique qui exprime en fonction de la capacité Cet de la résistance R le potentiel de charge P nécessaire à l’exci- Ë ne a RSA GER A JR RES tation minima : P — = + bR. Weiss a établi, avec des passages limités de courant constant, que la quantité Q nécessaire a cette excitation est liée à la durée t du passage par la relation Q — a + bt; il avait admis que la formule -d’Hoorweg se confondait avec {la ‘sienne dans le cas d’une résistance inva- riable à la condition de supposer la durée utile proportionnelle à la capacité. En réalité, la formule de Hoorweg est, sans aucune hypothèse, essentiel- lement la même que celle de Weiss; on peut l'écrire identiquement PC = à + : bRC:; or RC est homologue à un temps. La loi des quantités exprimées en fonc- tion de la durée dans un cas, de la capacité dans l’autre Le résistance étant - constante), se présente sous tn me d’une droite. _ Nous avons montré que, ni dans un cas, ni dans l’autre, cette loi linéaire n ’est exacte. : ; £ Avec des passages de courant constant, comme M. ENS, mais dans une (1) Journal de physiologie, 1903, p. 995. SÉANCE DU °’ JUILLET 65 échelle de durée beaucoup plus étendue, sur un matériel physiologique varié, nous avons trouvé que la loi de quantités en fonction de la durée est une courbe concave vers l’axe des f. Avec des décharges de condensateur, comme M: Hoorweg et M. Weiss, mais sur les muscles lents de la grenouille nous avons trouvé que la loi des quan- tités en fonction de la capacité est une courbe concave vers l'axe des C. M. Cluzet n'apporte rien de contraire à nos conclusions ainsi formulées, qu’il ne conteste d’ailleurs pas explicitement; toutefois, il troit devoir faire remarquer que dans une expérience de Dübois citée par nous à l'appui de notre manière de voir, la variation de CV présente une courbe en sens inverse de celle indiquée par nous (pages 20 et 21). Nous ne nous sommes pas trompés ; c'est M. Cluzel qui a fait une erreur de signe. Bien plus, dans toutes ses expériences, nous trouvons la démons- tration que la loi linéaire ne s'applique même pas au classique gastro- enémien de la grenouille, et qu'on trouve pour ce muscle aussi une courbe dans le sens indiqué par nous quand oh prend une échelle de capacités suffisante. M. Cluzet a opéré avec trois condensateurs dont les capacités sont entre elles comme 1, 10 et 100; le voltage observé par lui avec la plus pelite capacité est toujours au-dessous du chiffre fourni par la loi linéaire calculée sur les deux plus grandes (pages 68 et sui- vantes). EXPÉHIENCE VOLTAGE CALCULÉ VOLTAGE OBSERVÉ l 6,4 5,0 Il 4,34 3,76 ll 3, 2,69 IV k,32 3,90 V 5,41 4,00 VI 6,25 4,10 VII & A1 2,8 VIII 6,24 5,40 Mais quand il calcule la partie utile, il trouve que la quantité en fonc- tion de la durée correspondante est exaclement une droite, et c'est là son argument essentiel. En effet, c'est bien à ces quantités et à ces durées qu’il faut demander de s'accorder avec la véritable Loi d'excita- tion. Mais voyons les bases du calcul, et sa signification. 1° Expériences de divers auteurs. — M. Cluzet tire les constantes &« et b en partant des capacités qui ont donné l'excitation avec le minimum d'énergie ; les éléments utiles déduits de ces constantes suivent la formule théorique. En réalité, si on regarde les chiffres mêmes calculés par M. Cluzet, on voit que la régularité n'existe que pour des capacités pas trop différentes de celle qui a servi de base; le plus souvent, les deux extrémités de la série fournissent des chiffres qui s'écartent beaucoup. Biocou1£e. Coupres RENDUS. — 1905. T, LIX. ÿ 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IL nous semble que la loi linéaire n’est bien ici qu'une apparence, comme tout arc de courbe considéré entre des limites trop rapprochées. D'ailleurs, dans un mémoire préalable, M. Cluzet se demandait s’il ne fallait pas admettre pour ces cas notre correction (1). | 20 Expériences personnelles. — Sur chaque préparation, M. Cluzet détermine directement la loi d'excitation par l'interrupteur balistique, c'est-à-dire avec des ondes rectangulaires. L'intervalle des temps n'est que de 4 à 16, et la durée la plus courte est du même ordre que la durée moyenne dans le cas du condensateur. Dans ces limites, la loi d’excitation est une droite. Les calculs de M. Cluzet arrivent sim- plement à montrer, étant donnée ensuite une série de déterminations au condensateur, sur le même objet, qu'il est possible de retrancher, par la pensée, de chaque décharge une quantité telle que la quantité restanie suive exactement la loi précédente. La vérification expérimentale n’a pas été faite avec assez de précision pour montrer qu'il en est exactement ainsi. M. Cluzet se sert, pour faire commencer la décharge, d’une fermeture par un contact a ressort ; cette fermeture se fait avec un retard auquel il applique une correction empi- rique ; d'autre part, les chiffres qu’il donne sont, par exemple les sui- vants : l'excitation a lieu pour une distance de 30 centimètres ; elle n’a plus lieu pour une distance de 25 centimètres (page 80) En outre, il s’agit toujours du gastro-cnémien de la grenouille, objet pour lequel la correction proposée par nous est particulièrement petite. Nous avions fait, sur quelques-unes de nos séries d'expériences avec le crapaud, des calculs du même genre que ceux de M. Cluzet, et en prenant comme durée utile le temps qui s'écoule entre le début de la décharge et le moment où l'intensité tombe à la valeur B, nous avions trouvé que la loi d’excitation gardait très nettement l'allure d’une courbe concave vers l’axe des temps. Nous nous proposions de faire des vérifications directes, au moyen d’un dispositif qui évite la correction, et par suite l'incertitude, qui affecte celui de M. Cluzet. On peut faire partir le début de la décharge du condensateur d’une rupture de circuit, et conserver ainsi la belle pré- cision de l'interrupteur balistique. Soit en À une pile; en BG, une résistance considérable sans self-induction ; on met À en communication avec B et avec C par des conducteurs de résis- tance négligeable; si on met maintenant les armatures d’un condensateur D en communication l’une avec B, l’autre avec C, le condensateur se chargera; si l'on coupe AB ou AC, il se déchargera à travers BC, et la décharge sera interrompue quand on coupera CD, par exemple; si le nerf est placé entre B et D, et couvert par un court-circuit au moment de la charge, on pourra le faire traverser par telle fraction de la décharge que l’on voudra. (1) Journal de physiol, et de pathol. gén:, 1904, p. 210. SÉANCE DU 1° JUILLET 67 Nous avions monté et réglé ce dispositif, qui fonctionne parfaitement, et nous étions prêls à faire les expériences nécessaires, quand nous avons appris que M. Cluzet les avait faites. Nous avons attendu la publi- cation de ses résultats ; nous nous proposons de reprendre bientôt ces recherches. ACTION DES LYMPHAGOGUES SUR LES ÉCHANGES SALINS INTESTINAUX, par MM. P. CarNor et P. AMET. Dans de précédentes communications, nous avons étudié les échanges salins intestinaux en fonction de la concentration moléculaire (1), de la nalure chimique des sels (2), de l’activité de la muqueuse intestinale (3); nous avons, nolamment, recherché l'influence des anesthésiques qui diminuent cette activité et de la pilocarpine qui l'augmente. Nous étu- dions maintenant l’action, sur les échanges salins intestinaux, de diffé- rents lymphagogues, nolamment des extraits organiques d’oursin, d'écrevisse, de moule, de chien, de la peptone et de diverses toxines microbiennes. D'une facon générale, l'addition de très petites doses de lymphagogues modifie notablement les échanges salins : elle augmente l’afflux d’eau etde sels dans l’anse intestinale où la solution est séquestrée, en sorte que la quantité de liquide, la concentration moléculaire et la teneur en chlore deviennent plus considérables que dans les anses contenant les solutions témoins. Nous ne donnerons ici que quelques exemples, et publierons plus longuement, ailleurs, les protocoles d'expérience et les chiffres de dosage. Des solutions isotoniques de NaCI, séquestrées dans des anses d’intes- tin, sont rapidement absorbées et on n’en trouve plus trace après une demi-heure ; au contraire, lorsqu'elles sont additionnées d’une petite quantité de lymphagogues, on trouve, après le même temps, sur le même animal, une quantité de liquide assez considérable. Dans une expérience par exemple, deux anses de 20 centimètres, ayant reçu une 20 centimètres ‘cubes d’une solution de NaCI presque isotonique (A = — 0770), étaient entièrement vides après une demi-heure ; pour la (1) P. Carnot et P. Amet. Sur l'absorption des solutions salines par l'intestin. Société de Biologie, 30 avril 4904. (2) P. Garnot et P. Amet. Sur la différence d’équilibration moléculaire des solutions salines introduites dans l'intestin suivant leur nature chimique. Société de Biologie, 24 juin 1905. (3) P. Carnot et P, Amet. De l’action locale des anesthésiques et de la pilo- carpine sur les échanges salins intestinaux, Société de Biologie, 25 juin 1904. TR TRS AREA SRI 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même solution additionnée d'extrait de muscles d’écrevisse, on retrouvait dans l’anse séquestrée, après le même temps, 6 c. e. de liquide (A——0°72); après addition d'extrait de foie d’écrevisse, on trouvait 7 ec. c. (A——0°74); avec un extrait de foie de moule, 42 c. ce: (A = — 0°78) ; avec un extrait de foie et de muscles d’écrevisse, 13 c. c. (A——0°74) ; avec IT gouttes de toxine diphtérique, on retrouvait respectivement, dans deux anses, 12 et 11 c. c. (A = — 0° 72 pour chacune d’elle). Dans une autre expérience, après séquestration dans deux anses d’intestin de 20 centimètres de longueur, de 20 centimètres cubes d’une solution isotonique de NaCI (A=—0°62; NaCI=—8,19/1000), il n’y a plus, après une heure, aucun liquide dans l’anse témoin ; au contraire, après addition d'extrait de foie d'écrevisse, on retrouve 9 ce. c. (A——0°62; NaCl—3,55/1000). Avec des bots hypotoniques, on observe des phénomènes des même sens : par exemple, 20 centimètres cubes d’eau distillée sont séquestrés dans deux anses d'intestin de 20 centimètres de longueur; on sacrifie l’animal après une heure; l’anse lémoin qui avait reçu l’eau distillée seule contient 4 ç. c. (A=—0°50; NaCl= 4,6/1000); l’autre anse, qui avait reçu l’eau distillée additionnée de V gouttes d’exlrait de muscle d’écrevisse, contient8c. c. (A=—0°48; NaCIl=—2,9). Avec des solutions hypertoniques, pour lesquelles l’absorption est moins rapide, on observe des différences encore plus remarquables. Par exemple, chez un chien (A du sérum=——0°67), on séquestre, en différentes anses de 20 centimètres, une même quantité (20 centimètres cubes) d’une solution de NaCI (A— — 1°80). Après une heure, les anses témoins contiennent respectivement 35 et 36 c. c. au lieu de 20 c. c.; le À s'est abaïissé de — 1°80 à — 0°72 et —0°74. Le taux de NaCI s'est abaissé de 25,74/1000 à 8,19 et 8,19. Dans les autres anses où la solu- tion avait été additionnée de lymphagogues, on retrouve, avec l'extrait intestinal d'oursin, 41 c. c. (A — — 0°82; NaCI — 9,36/1000); avec l'extrait ovarien d'oursin, 43 c. c. (A —0°80; NaCI=8,77/1000); avec l'extrait hépatique de crabe, 36 c. ec. (A—0°78; NaCl=—9,94/1000), etc. Dans une autre expérience, on retrouve, pour les deux solutions témoins, une quantité de liquide de 93 c. c. et 22 c.c. 5, au lieu de 20 c. c.; une concentration moléculaire représentée par A=——0°76 et — 0°80 au lieu de — 1°72; pour une solulion additionnée de V gouttes d'extrait hépatique d’écrevisse, on trouve une quantité de liquide de 32 c.c. 5 (A — — 0°80). Dans une autre expérience, pour les deux solutions témoins, on retrouve, après une heure, 23 et 24 c. c. au lieu de 20 dans les deux cas : A——(°10 au lieu de 1°74; NaCI, 8,19 au lieu de 29). Après addition de muscle d’écrevisse, on retrouve 34 €. c. ([A——0°71; NaCl — 11,1/1000); après addition de foie d'écrevisse, on retrouve 36 c. c. (A= — 0°94; NaCl— 22,2). SÉANCE DU ° JUILLET 69 La plupart des lymphagogues ainsi ajoutés à des solutions salines présentent une action de même sens, se traduisant, par rapport aux solutions témoins, par une exsudation intestinale surabondante pour les solutions hypertoniques, et par une absorption moindre pour les salutions iso ou hypoloniques. Mais on observe, dans l’action des principaux lymphagogues que nous avons expérimentés, des différences d'intensité assez considérables. Parmi les plus actifs, nous signalerons notamment les extraits ovariens et intestinaux d’oursin, les extraits hépatiques d’écrevisse, les extraits hépatiques de moule; les extraits musculaires d’écrevisse, de crabe, ont déjà une action moins énergique; les extraits d’huître ont une action plus faible; les extraits hépatiques, intestinaux, thyroïdiens de chien ont, du moins pour l'organisme du chien, une action plus variable et assez inconstante, parfois très forte, d’autres fois beaucoup plus faible, Enfin les toxines microbiennes paraissent avoir une action très remarquable, et notamment la toxine diphtérique. L’intensité des exsudations intestinales sous l'influence de ces diffé- rents corps est, en partie, comparable à l’action de cerlains purgatifs, action sur laquelle nous reviendrons prochainement. Elle doit être rap- prochée de la diarrhée qui s’observe assez fréquemment après absorp- tion de certains de ces corps. Enfin l'action des toxines microbiennes sur les exsudations intesti- nales explique, en partie, les diarrhées que l’on observe au cours d’infec- lions générales ou localisées au tube digestif. Ces exsudals intestinaux sont à rapprocher des œdèmes délerminés par injection sous-cutanée de plusieurs de ces substances : ils ont, en partie, le même mécanisme, ne peuvent s'expliquer uniquement par les lois de l'osmose et nécessitent, de la part de l'organisme, un acte réac- tionnel, qui, dans le cas actuel, détermine une diarrhée éliminatrice à laquelle on peut attribuer une signification défensive. PRÉCIPITINES SPÉCIFIQUES DANS LE SÉRUM ANTIDYSENTÉRIQUE, par M. Ch. Doprer. En 1897, Kraus faisait connaître que le sérum des animaux immu- nisés contre le vibrion cholérique possédait les propriétés précipitantes spécifiques vis-à-vis des cullures filtrées de ce germe. Récemment, Bielonowsky les décelait dans le sérum de cobayes et de lapins ayant reçu des doses mortelles de bacilles pesteux. J'ai procédé à la même recherche avec le bacille dysentérique : Dans un tube à essai contenant une cullure filtrée de bacille de type 70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Shiga, ayant séjourné vingt jours à l'étuve à 37 degrés, est ajouté du sérum de cheval vacciné contre ce même bacille. Un trouble se produit immé- dialement. Après une heure environ, des grumeaux se forment, quine tardent pas à se déposer au fond du tube. Dans les tubes témoins, con- tenant du bouillon ordinaire, des cultures filtrées de bacille typhique, ayant séjourné le même temps à l’étuve, et de plusieurs échantillons de colibacilles et de para-colibacilles, la précipitation ne se forme pas. Dans une autre série d'expériences, les témoins restant les mêmes, la culture filtrée de type Shiga était remplacée par une culture filtrée de type Flexner (Manille) et le sérum employé était celui d’un lapin immu- nisé avec le type Flexner (Manille). Les résultats furent rigoureusement les mêmes que précédemment : le trouble apparaissait peu de temps après le mélange. Enfin une troisième série a été constiluée de la façon suivante : Du sérum de cheval immunisé avec le type Shiga était mis en contact dans des tubes séparés avec des cultures filtrées : 4° de bacille de type Shiga 2 de bacille de type Flexner (Manille) ; 3° de bacilles dits pseudo-dysentériques (bacille de la dysenterie des aliénés de Kruse et un bacille analogue isolé par moi-même en 1904 ; 4° de bacille typhique ; 5 de coli et de para-colibacille ; 6° avec du bouillon ordinaire. Les résultats furent les suivants : La précipitation immédiate se fit dans les tubes contenant les cultures où avaient végété les différents échantillons du type Shiga. Quelque dix minutes après, elle s’effectuait, mais en moins grande abondance, dans les tubes contenant les cultures filtrées du type Flexner (Manille) et des pseudo-dysentériques. Elle était nulle dans les tubes témoins ayant recu le filtrat de cultures de bacilles typhiques, coli et para-coli ; le bouillon normalrestait encore indemne. Le sérum antityphique, d'autre part, mis en présence de cultures fil- trées dysentériques (Shiga ou Flexner), ne donna aucun précipité. On peut donc admettre comme conclusions que : 4° Le sérum d'animaux vaccinés contre le bacille dysentérique d'un type déterminé contient des précipilines SAS pour le bacille qui a servi à l'immunisation ; 2 Le sérum d’un cheval vacciné contre le bacille du type Shiga con- tient des précipitines, spécifiques aussi, pour tous les échantillons connus de bacilles dysentériques ; elles existent cependant en moins grande abondance pour les bacilles qui rentrent dans le groupe du Flexner (Ma- nille) et les pseudo-dysentériques. Sans constituer une preuve décisive de l'unité spécifique de ces SÉANCE DU 1°" jUILLET 71 a divers genres, ce dernier fail est un nouvel argument à faire valoir en sa faveur. Enfin, la réaction de Kraus, comme la réaction de fixation de Bordet, comme aussi l'agglutination, montre que certains bacilles dits pseudo- dysentériques ne sauraient être différenciés de l'échantillon isolé par Flexner aux Philippines : ils se comportent en effet vis-à-vis de la pré- cipitation d'une façon identique : le type Flexner (Manille) ne saurait donc être de nouveau dissocié comme on vient de le tenter (Dœrr). (Travail du laboratoire de bactériologie du Val-du-Grâce.) ÜN CAS DE RAGE CONSÉCUTIF A UNE MORSURE DE SOURIS, par M. P. REMLINGER. Dans une précédente communication (1), nous avons attiré l’attention sur la grande réceptivité à la rage de la souris et du rat. Notre conclu- sion était qu'il paraissait indiqué de faire suivre le traitement pastorien aux personnes mordues par ces animaux, chaque fois que la rage ne pouvait pas être éliminée à coup sûr, par la survie du mordeur. Le fait suivant vient à l'appui de cette opinion : Le 8 mai 1905, à Dikoli, aux environs de Smyrne, une jeune fille grecque, àägée de dix-neuf ans, Marigo À..., était prise tout à coup d'hy- drophobie et le diagnostic de rage se présentait à l'esprit du médecin municipal, le D' Thiologidis, appelé à lui donner des soins. Le lende- main, le tableau symptomatique se complétait et trois confrères réunis en consultation étaient unanimes à admettre la rage et à poser un pro- nostic fatal. Les jours suivants, l’état de la malade s’aggrava plus lente- ment qu'il n’est habituel. Le septième jour, une paralysie des membres inférieurs se déclara qui suivit rapidement une marche ascendante. Mort le surlendemain, soit neuf jours après la début des accidents. L'intérêt de cette observation réside dans le fait que cette jeune fille n'avait jamais été, mordue ni léchée par un chien ou par un chat enragé ou suspect. Six mois avant le début de l'hydrophobie, elle se trouvait dans la cave de sa maison lorsqu'une souris s'était jetée sur elle sans provocation, l'avait mordue à un doigt et avait disparu ensuite. Il y avait eu un écoulement de sang insignifiant. La douleur vive sur le moment s'était bicntôt calmée et la malade n'avait altaché aucune im- portance à cet incident demeuré cependant bien net dans sa mémoire, (4) P. Remlinger. Rage expérimentale de la souris el du rat. Société de Biologie, séance du 9 janvier 190%. 72 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE En l'absence des causes étiologiques ordinaires, il paraîtra logique d'attribuer à cette morsure l’éclosion de la rage chez cette jeune fille. On remarquera la longueur de l’incubation (six mois), la longue durée de la maladie (neuf jours), toutes choses en rapport avec la petite quantité de virus déposée dans la plaie par les dents minuscules de la souris, plutôt qu'avec l’atténuation très problématique du virus par son passage chez cet animal. Les morsures de souris et de rat peuvent expliquer certains cas de rage en apparence spontanés de l'homme, comme aussi du chien et du chat. Elle commandent de facon absolue le traitement préventif. (Institut impérial de Bactériologie à Constantinople.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. —© 2 ——— + — 2 ———î——————— Paris. — L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. — 10576. Gouin (Axpré) et ANDOUARD (Enr La dépense de la croissance chez BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1905, T, Nosécourr et PaissEau (G.) : Lé- sions de l'intestin, du foie et des LIX. 6 É 73 - à SÉANCEMEU"S" JU LLC ETS 905 SOMMAIRE Bar et Dauxay : Variations de la les DOM ÉS ESA UNE EN RU N 96 nutrition azotée pendant la gesta- Gros (H.) : Sur l’unité des héma- tiontchez la chienne: -##4,."21. 1. 138 | tozoaires du paludisme. . . .. PTS 0 Bar (P:) et Daunay : Balance de Hacner-Sourzer (P.) : Un nouveau la nutrition azotée pendant la ges- procédé expérimental en psycho- tation cheztanchiente EAU IN Mo rieiz0010 2IQuE er ET ANT 103 Biczaro (G.) et Bruyanr (C.) : Sur Henrr (Vicror) et ce DES un mode particulier de locomotion BANCELs (J.) : Influence des électro- deRCeRAIN SNS LE USPAE EEE .. 102 | lytes sur l’action mutuelle des col- BripRÉ (J.) : Pseudo-tuberculose loïdes de même signe électrique . 132 caséeuse chez les agueaux. . . .. ac Uri James (L.) et MaxpoëL (H.) : Sur ; CarsorT (P.) et CHassevAnT (A.) : la spécificité des hôtes des Cestodes. 104 - Des modifications subies dans l’es- LACHE (Jon G.) : Sur la résistance tomac et le duodénum par les solu- du nucléole neuronique (intra vilam tions acides ingérées. . . . , . . ANG AE post monte) 10e Rs El 90 CHARRIN (A.) : Action des matières 6 LArFORGUE : Septicémie preumo- minérales sur les échanges et laré- - . coccique ‘et phagocytose chez les sistance de l'organisme . . . . . .. 1125] AT ADESRNE RSC EE 114 Dévé (F.) : La prolifération vési- -Laprcoue (Lours) : heeneten a culaire exogène dans l’échinococ- propos de la communication de COS NE RE EE JSNPEMES VOIS SPP ET SR PES ee 128 . EL6T(A.) : Note sur le Physopus LapicquE (Louis) : Ethnogénie des rubracincla Giard, insecte nuisible Dravidiens. Conclusion : Prédravi- ‘ du Cacaoyer à la Guadeloupe. . 100 | dien de type nègre et protodravidien » Foa (Caro) et GATIN-GRUZÉWSKA dertype-blancefel nee 105 Mxe Z.) : Influence de la piqûre LARGUIER DES BANCELS : Activation diabétique sur la réaction du sang. 144 | du suc pancréatique pur sous l’'in- Foa (CarLo) et GATIN-GRUZÉWSKA . fluence combinée des colloïdes ëi (Mne -Z.) : Action de l’adrénaline destélectro les mer EE TRE 130 pure sur la réaction du sang . . . . 145 LAVERAN : À propos de la note d GARRELON (L.) et LANGLois (J.-P.)': MM. Brumpt (E.) et Wurtz sur le Ventilation et échanges respira- traitement de la maladie du sommeil toires pendant la polypnée . . ... 81 | expérimentale par l'acide arsénieux GARRELON (L.) et LancLois (J.-P.) : . CHEVYPANTONERE RER 76 Polypnée thermique et pneumogas- LÉCAILLON (A.) : Sur l’origine de DAC Pa Ro ONE Co SRE 83 | l'habitude qu'ont les Lycosidæ, de Givgert (A.) et Jomter (J.) : Note - porter leur cocon ovigère attaché sur les cellules à graisse et à pous- EE NES M RTL ee 136 giéres dpoumon 4}, . +... .. 87 MaLrirano (G.) et Srrapa (F.) : Givsert (A.) et Jowrer (J.) : Etude Evaluation du pouvoir protéolytique histologique générale de. la graisse des bactéridies du charbon . ..., 118 dé pPOUNON MERE CAEN, DE 89 MazriraNo et SrrapA : Des influen- Gigert (A.) et Herscner (M.) : ces qui peuvent faire varier le pouvoir Sur la teneur en bilirubine du sé- protéolytique des liquides en contact rum sanguin dans la pneumonie. . 109 | avec des bactéridies ducharbon. . . 120 Gouix (Anpné) et ANpouanrp (P.) : MaurEL (G.) : Températures sous- é Le bilan azoté de la nutrition chez vestiales et cubiliales chez les nou- LEMDONIESR 2. 4 PR FLO EVER nés AMENER. "..0 er 92 74 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE reins provoquées chez le lapin par le séléniate de soude, en ingestion CE : ; , BASDRIQUS. « «A ve fi de 4 UE Al Réunion biologique dé Bordeaux. Risr (E.) et RipAnEau-Dumas (L) ; Réactions du tissu Jymphoïde au cours de l’'hémolyse aiguë. . . . .. 135 Roux (JEAN-Cu.) et HErrZ (JEAN) : Deuxième note sur les dégénéres- cences des nerfs cutanés observées chez le chat à la suite de la section des racines postérieures correspon- MCants. +: 6 Lot EN PCM . 149 BLarez (Cu.) et GAUTRELET (JEAN) : Action physiologique et toxique des solutions d'acide sulfureux en injec- TONSSOUS-CUANÉES PEER 157 BLarez (CH.) et GAUTRELET (JrAN) : d'an tes A REP PAU De Ets 133 ù ! : : Sevis : Sur l'action trypanolyti- Action physiologique et toxique ue dus UNE RAT EC ENE" 599 | des DIU CE î Sen e Dire ne ou éthanal en injections sous-cuta- SLAMINEANO (A.) : Recherches sur £ j es sus tus de EEAOMONENENRNPE 156 le sérum thyrotoxique . . . . . . .. F6 PES : | Tarroux : Un cas de Pentastomum BLarez (Cu.) et GAUTRELET (JEAN) : constrictum observé au Sénégal. . 78 ACHORPETSOMBIHUEIE ONE Vizzarer (Maurice) et Tixter (L.) : solutions d'acide sulfureux en in- ar la Éattie de coran éléments jections sous-cutanées. . . . . . . - 154 clairs du liquide céphalo-rachidien : gras (8 De) Jus nous ne co pathologique . ............ LS tion au chlorure d’or. Action réduc- Wei (P.-Emie) et BEauarD (E.) : trice de la lumière et des acides LA Leucolyse et réaction macrophagi- BTASE Elta RUSSE 162 mn: Nagras (B. pe) : Les anilines subs- e dans un lymphome leucémique He Re + an an a les rayons . gs | tituées et les composés phénoliques Weiss (G.) : À propos de l’excita- CODE are de virage de lor tion électrique des nerfs et des dans TES TISSUS AMAR PERTE 152 MUSCLES CT NE D NAS AU “00126 Présidence de M. A. Giard, président. OUVRAGE OFFERI M. ARM. GAUTIER, en présentant un ouvrage de M. L. Sémichon sur les Maladies des vins, s'exprime ainsi : Depuis l'époque où Pasteur ‘écrivait ses Études sur les maladies des vins (1873), des observations multipliées sont venues de toute part accroître el compléter nos connaissances sur cet important sujet. Le vin est, en effet, l’une des plus grandes sources de richesse de notre pays, etl’on comprend que, de loute part, se poursuivent les études sur la vinification, les maladies du vin et de la vigne, et les moyens d'y remédier. L'ouvrage que M. L. Sémichon, le savant directeur de la station œnologique de l'Aude, vient de publier sous le titre de 7raité des maladies SÉANCE DU 8 JUILLET 75 LISE LR RER PRE "ee OR RE PAT AS RS ER des vins, met au point, à cette heure, cette science dont Pasteur posait les bases scientifiques. Dans ce volume de plus de 600 pages l’auteur étudie successivement les altérations des vins provenant des défauts de la vendange, d’une mauvaise maturation du fruit, des fermentations anormales, enfin de l'influence des moisissures et bactéries. Dans les altérations de la vendange sont étudiées les modifications du raisin par les météores, les insectes, le mildew, l’anthracnose, l’oïdium, le rot blanc, le black rot, ainsi que les altérations de fruit dues au bothrytis, aux peniciliums; comme conséquences, les défauts des vins qui en proviennent, et les moyens d’y remédier. La seclion suivante comprend l'étude des effets d’une mauvaise maturation du raisin, de l'excès ou du défaut d’acidité. du défaut de tannin, la casse noire ou bleue. L'auteur traite ensuite l'influence des levures naturelles ou sélec- tionnées sur la fermentation des moûts et le bouquet des vins, et les conditions qui influent sur la vinification : hautes ou basses tempéra- tures, réfrigérations, etc. L'auteur expose ensuite l'étude détaillée des maladies microbiennes des vins avec leur traitement : M. Sémichon traite successivement de l'influence des mycoderma vini et aceli, de l’ascescence, dés ferments anaérobies auxquels sont dues les altérations mannitiques, celles de la tourne, de la pousse, de l’amertume, de la graisse, de la viscosité, et les fermentations butyrique, lactique, etc. Il donne les moyens de corriger les goûts de terroir, de fût, de moisi, d'huile ou autres. Dans une deuxième parte, l'auteur aborde l'étude scientifique et pratique des traitements auxquels doivent être soumis les vins depuis l’époque de leur fermentation jusqu'à leur état parfait : soutirages, cou- pages, filtrations, collages, stérilisation, réfrigération, au besoin con- centration des moûts et des vins eux-mêmes, ainsi que l'exposé métho- dique des traitements chimiques qu'on est obligé de leur faire subir quelquefois en vue de combattre leurs défauts : carbonication, acidifi- cation tartrique, désacidification, antisepsie, tannisage, sucrage, vinage, défécation, décoloration ; toutes ces pratiques sont exposées dans cet ouvrage avec la sagesse et la compétence que donnent à l'auteur une longue étude de ces diverses questions dans lé milieu essentiellement. pratique où il vit, entouré d'agriculteurs eux-mêmes compétents et intéressés à bien faire et à se renseigner. L'ouvrage de M. Sémichon donne à cette heure le dernier mot de la science de la vinification, des altérations ou maladies des vins, 'et les moyens de les conserver et de les améliorer. A la fois hautement scientifique et pratique, on ne saurait trop le recommander. | 76 4 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A PROPOS DU PROCÉS-VERBAL M. Lavera. — Dans la dernière séance, MM. Brumpt et Wurtz ont communiqué une note relative au traitement par l'acide arsénieux et le trypanroth de singes infectés avec le 7rypanosoma gambiense. Ces observateurs ont obtenu des résultats qui diffèrent notablement de ceux que j'ai obtenus moi-même’au moyen de ce traitement; ils pensent que cette divergence peut s'expliquer par une virulence plus grande du trypanosome qu'ils ont employé dans leurs expériences. Il est certain que la virulence de. Trypan. gambiense est assez variable, mais, lout en admettant que MM. Brumpt et Wur!z se soient servis d’un trypanosome particulièrement virulent, je m'explique difficilement les résultats annoncés. Chez plusieurs animaux en expérience, les injections d’ acide. arsénieux n'ont pas réussi à faire disparaître, même temporair ement, les ‘trypanosomes, ce qui est exceptionnel et ce qui prouve, à mon avis, que le traitement arsenical n’a pas élé assez intensif ; il aurait été néces- saire de répéter les injections arsenicales. Les auteurs ne disent pas de quelle solution arsenicale ils ont fait usage, ni si la solution avait été . préparée récemment, ce qui a son importance. MM. Brumpt et Wurtz concluent que le iraitement que je préconise n'est applicable à l'homme qu'autant que le virus aura été expérimenté chez le singe et trouvé faible; ce modus faciendi me paraît inadmissible, il ferait perdre un temps précieux pour le traitement de la trypanoso- miase humaine el, comme on n'a pas jusqu'ici de médication plus active, on ne peut pas refuser de faire bénéficier de cette médication _les malades qui sont infectés même par les trypanosomes les plus viru-. lents pour les singes. RECHERCHES SUR LE SÉRUM THYROTOXIQUE, par M. A. SLATINEANO. Reprenant les travaux de Milton Portis et Mankowski sur l’action spé- cifique du sérum thyrotoxique, nous sommes arrivé aux résultats sui- vants : 1° Les symptômes généraux signalés par ces auteurs à la suite des injections de sérum : vomissements, tétanie, hémoglobinurie, ténesme rectal, ictère, sont dus à l’action hémolytique de ce sérum etse retrouvent après l’ emploi de tout sérum hémolytique. 2° Jusqu'ici, nous n'avons pu obtenir avec notre sérum ie des lesions épithéliales aiguës consistant en modifications plus ou moins marquées SÉANCE DU 8 JUILLET 77 ‘de la cellule thyroïdienne; jamais nous n'avons pu obtenir de lésions chroniques de sclérose. sh 3° Les lésions épithéliales diffèrent profondément, sn que l’on emploie des doses faibles ou des doses élevées de sérum spécifique. L'emploi de doses faibles détermine des phénomènes d’excitation cellu- . laire; l'emploi de doses suffisammentélevées détermine la nécrose aiguë _ de l’épithélium glandulaire. La voie sous-cutanée est préférable pour - l'obtention des phénomènes d’excitation. _4 À la suite de l'injection de faibles doses (5-10 centimèlres cubes sous la peau), on observe une surproduclion énorme de la substance col- loïde qui distend les vésicules. En même temps il y a diminution de volume de la cellule épithéliale qui est réduite à sa portion basale con- tenant le noyau. De cylindrique qu’elle était, elle s’aplatit. Les carac- tères du noyau-ne changent pas. 5° Avec des doses plus fortes, injectées par voie veineuse, on cons- tale une desquamation partielle de l’épithélium glandulaire dont les cellules s’effondrent et tombent dans la cavité de la vésicule; le proto- plasma disparaît et le noyau se colore brutalement, en bloc, par les cou- leurs basiqües d'aniline. Cette néerose épithéliale s'accompagne çà et là de la destruction de la membrane basale des vésicules qui s'ouvrent ainsi les unes dans les autres. 6° Lorsque l'on injecte le sérum directement dans la carotide primi- tive, on observe une nécrose épithéliale suraiguë dans la thyroïde correspondante à à l'artère injectée. La structure de la glande est mécon- naissable ; lés vésicules s'ouvrent largement les unes dans les autres; le colloïde a disparu complètement et l’épithélium desquamé forme des amas énormes de noyaux épithéliaux libres et disséminés sans ordre. La plus grande partie de ces noyaux a perdu complètement son - affinité pour les couleurs basiques; ils se colorent d’une façon intense par l’éosine. Il s’agit là d’une transformation éosinophile tout à fait comparable à celle qui s’opère dans l’intérieur des phagocytes et nous assistons ici à un phénomène de digestion extra-cellulaire. D'autres noyaux, qui ne subissent pas la transformation éosinophile, présentent une chromatolyse débutant par la réunion de la substance chromatique en grosses boules fortement colorées par les colorants basiques, et se terminant par la disparition complète de cette substance. Le noyau présente alors l'aspect d’une grosse vésicule vide. 7° Dans la thyroïde opposée, qui est entrée en contact avec une quan- tité moindre de sérum, on observe une disparition complète de la subs- tance colloïde-et, en même temps, une hydropisie énorme de cellules épithéliales qui ont gonflé au point de se rencontrer au centre de la vési- cule dont la lumière n'existe plus. On peut se demander si ces cellules hypertrophiées ne représentent pas la voie de résorption du colloïde disparu. 78 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Notre sérum a élé obtenu par l'injection sous-cutanée à la chèvre de thyroïdes de chien, lavées à l’eau physiologique. Les animaux immuni- sés ont recu jusqu’à douze thyroïdes injectées d’un coup, les injections se faisant à doses croissantes et séparées par un intervalle d'une semaine. Les injections sont supportées sans accidents. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de Bucarest, professeur J. Cantacuzène.) UN cas DE Pentastomum constriclum OBSERVÉ AU SÉNÉGAL, par M. Tairoux. À l’autopsie d'un tirailleur, mort à Saint-Louis des suites d'une endocardite végélante chronique, avec lésions du voisinage de la valvule mitrale, nous avons trouvé, libre dans la cavité péritonéale et au niveau du rein gauche, un petit ver blanc, annelé, de la grosseur et de l'aspect d’un asticot. L'examen microscopique a permis de l’iden- tifier avec un parasite relativement rare : Pentastomum constrictum Siebold, qui n’a été trouvé jusqu'à présent que chez les nègres d'Afrique (1). P. constrictum n'est connu qu’à l’état larvaire; son analogie avec la larve de P. tœænioïides (Linguatula rhinaris), a permis de le séparer des vers avec lesquels il était autrefois confondu et de le classer parmi Les Arachnides à côté des Acariens et des Demodex. D'ailleurs l’état adulte des Pentastomidés ou Linguatulidés ne diffère guère de l’état larvaire que par la taille et la présence d'organes génitaux. Shipley pense que l’adulte de ?. constrictum vit chez le python ou le lion. Pruner (2) a le premier signalé le P. constrictum chez les nègres et chez la girafe en Égypte; le parasite a été retrouvé au Caire par Bilharz (3). Kearney (4) l’a vu chez un indigène venant de Sainte- Hélène, et Crawford (5) chez un autre indigène mort à Bathurst. (1) La formule leucocytaire du sang examiné pendant la vie était normale, il n y avait pas d'éosinophilie. (2) Pruner. Krankheiten des Orients, Erlangen, 1847. (3) Bilharz. Uebersicht über die in Egypten beobachten, menschlichen Ein- geweidewürmer, Zeitschrift der Gesellschaft der Ærzte in Wien, 1858. (4) Aitken. On the occurrence of Pentastoma constrictum in the human body as à cause of painful disease and death. Sc. and pract. of medicine, 4 édition, London, 1865. (5) Aitken, loc. cit. TEA EE RES A A EE À SÉANCE DU 8 JUILLET 79 Marchoux, Clouard et Giard ont observé, chez un tirailleur sénégalais, des kystes du foie contenant des P. constrictum (1). Le parasite se trouve généralement à l’état enkysté dans le foie, les poumons, le mésentère où sous la muqueuse intestinale, d’autres fois il est libre dans la cavité péritonéale. Il semble le plus souvent n’occasionner aucun désordre chez son hôte ; cependant il peut provoquer des phénomènes graves lorsqu'il siège dans les poumons ou le péritoine. («4 Pentlaslomum constrictum (Von Siebold, 1852). «, le parasite grossi 2 fois 1/2 environ est vu par sa face dorsale. La tête ne porte pas de crochets sur cette face; un des crochets de la face ventrale dépasse un peu sur le bord droit; b, tète vue par sa face ventrale ; e, bouche; d, crochets. P. constrictum se présente sous l’aspect d’un petit ver d’un blanc laiteux, de 20 millimètres environ de long, sur 2 à 3 millimètres de large. Le parasite que nous avons examiné présente dix-huit renflements annulaires, dont les postérieurs séparés par des sillons profonds donnent, one facon frappante à l'animal, l'aspect d'une vis. L’extrémité antérieure est caractéristique, elle présente une face dorsale et une face ventrale. La face dorsale n’a aucun caractère particulier ; la face ventrale au contraire porte une bouche circulaire de chaque côté de laquelle sont placés, sur une ligne droite ou légèrement courbe, quatre crochets rétractiles, se mouvant comme les ongles d’un chat. Cette disposition particulière des crochets, qui ne sont pas placés circu- lairement autour de l'orifice buccal, est caractéristique et indique que le parasite est tout à fait distinct des Teniadés. Le parasite que nous avons examiné se termine à l'extrémité caudale par (4) Giard. Sur le Pentastomum constrictum Siebold, parasite du foie des nègres, Comptes rendus (le la Société de Biologie, 1896, p. #69. 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE un anneau én forme de cœur, d'un aspect fort élégant, et non ainsi que plusieurs auteurs (Railliet (1), Hedone ) le décrivent, en cône obtus.- On distingue par transparence un tube digestif bifurqué que l’on peut rap- procher de celui de certains trématodes ; en cela encore, notre parasite s'éloigne des descriptions qui ont été données des linguatules auxquelles on. reconnait un tube intestinal rectiligne. -SUR L'UNITÉ DES HÉMATOZOAIRES DU PALUDISME, par M. H. Gros. L'unité des hématozoaires du paludisme est peu douteuse; cependant elle n’est établie jusqu'ici que par des Prenons. Je suis parti de ce fait d'observation clinique qu'une fièvre palustre à accès réguliers répondant au type suivant : un jour de fièvre, un jour - d’apyrexie; trois jours de fièvre, un jour d’apyrexie, et ainsi de suite, . n’a jamais été signalée. Bien que je l'ai recherchée, je n’en ai moi-même en cinq ans, dans une contrée où la quarle est aussi commune que la tierce, jamais rencontré un seul cas. Une fièvre de ce genre serait en effet due à une infection double par tierce et par quarte et pourrait êlre représentée par le schéma suivant : IMC TANSE DATES EEE 1 203 EE NES MO TENTINRS KO DRAM ETS IE Accès tierces ARS ND AS OA MID ES MAUR OM END A MD STE DST OPEL) Acces iquartes MEL 0 NDN ONE ON O MOUTON PARTONS AND ENT O OPA D PE RES Jours/de fièvre 0 A MAN OE MD CD EE END DOTE SEE TEE À moins d'admettre que la quarte confère l’immunité pour la tierce, ce type devrait exister si le parasite de la quarte appartient à une espèce différente de celui de la tierce, et n’en diffère pas seulement par des caractères morphologiques et une évolution plus lente, acquis sous cer- taines conditions restant encore à déterminer. J'airecherché s’il était Dose lole de réaliser expérimentalement cette association. Le 21 mai dernier, j'ai fait piquer, au début d’un accès, un jeune. malade, D..., âgé de quatorze ans, par un lot d'Anopheles maculipennis nés en capti- vité. D... présentait depuis plusieurs jours des accès quotidiens, récidive d’une fièvre de même nature contractée pendant l’automne 1904 et mal traitée. Son sang, examiné la veille et le jour même de la piqüre, contenait des parasites amiboïdes rappelant ceux de la tierce, des parasites annulaires, des gamètes 2t des corps flagellés. (1) Raiïlliet. Zoologie médicale, p. 624. (2) R. Blanchard. Zoologie médicale, p. 271. SÉANCE DU 8 JUILLET y 81 Le 29 mai, se présentait à l'infirmerie indigène de Rébeval un jeune mu- sulman, Haroun, âgé de dix-sept ans. Ce malade disait avoir eu des accès quotidiens l'été dernier. Depuis trois semaines environ, ces accès étaient rem- - placés par des accès quartes. Dans le sang, je ne trouvai que les parasites de la quarte. | Le 2 juin, j'ai fait piquer Haroun par les- Anopheles-maculipennis que j'avais essayé d'infecter le 21 mai sur le jeune D... Quatre seulement survivaient. Ceux-ci furent tous sacrifiés le 3 juin. Un seul présentait dans ses glandes salivaires les sporozoïtes du paludisme. Les autres semblaient être restés indemnes. Jusqu'au 14 juin, j'ai examiné tous les trois jours le sang de Haroun sans trouver autre chose que les hématozoaires de la quarte. | Le 14 juin, sur les instances du malade qui désirait travailler, je lui tis remettre 3 grammes de sulfate de quinine en poudre. Du 14 au 30 juin, je n'ai pas revu mon sujet occupé à moissonner. Le 30 juin, le sang du malade étalé sur six lames me montre quelques rares parasites de la quarte; Haroun affirme n'avoir pas eu de fièvre depuis le 14. Bien que mon expérience soit défectueuse en quelques points, jai cru devoir la relater ici pour en provoquer la répétition dans de meilleures conditions. Les indigènes se prêtent très mal à l'observation clinique. Il m'est donc impossible de savoir si je pourrai renouveler cet essai. En enregistrant un résultat négalif, j'ai voulu seulement indiquer la marche à suivre pour arriver à établir définitivement l'unité des héma- tozoaires du paludisme. VENTILATION ET ÉCHANGES RESPIRATOIRES PENDANT LA POLYPNÉE, par MM. L. GARRELON et J.-P. LANGLOIS. En publiant ses recherches sur la polypnée thermique. Ch. Richet a particulièrement insisté sur la nécessilé d'éviter tout obstacle à la res- piration chez les animaux polypnéiques. Il suffit d’intercaler une soupape de Muller, dans le courant d'air respiré, même avec le minimum d'eau nécessaire pour assurer l’occlusion, pour voir le rythme se ralentir et cesser de prendre le caractère polypnéique. Aussin’avons-nous jusqu'ici aucune donnée précise sur la ventilalion, ni sur les échanges pendant la polypnée thermique. Après bien des tätonnements, nous sommes arrivés à recueillir l'air expiré pendant la période de polypnée centrale, sans provoquer d’alléralions dans le rythme, ni dans l'amplilude des mou- vements respiratoires. La canule de Tissot à soupapes d'aluminium nous à paru présenter les garanties d’occlusion suffisante, l'air expiré était reçu dans un appa- reil identique à l’oxygénographe de Frédéricq, très bien équilibré de 82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE telle sorte qu'il n y avait aucune résistance opposée au courant de l’expi- ration ; dans certains cas même à la fin de la prise, il y avait une légère tendance à l'aspiration. La soupape en T de Tissot était reliée à une canule trachéale égale- ment en T, permettant de laisser respirer l'animal à l'air libre ou d’en- voyer le courant d'air dans la canule à soupape. L'espace nuisible était réduit au minimum, et d'autre part les prises d'air pour l’analyse ne se faisant qu'après plusieurs mises en marche de la cloche réceptrice, la composition de l’air expiré pouvait être considérée comme correspon- pondant à celle de l'air expiré dans les deux secondes de la prise. Le: tracé pneumographique pris pendant la durée de l'expérience permet de reconnaître si la prise d'air a été faite dans de bonnes conditions, c’est-à-dire sans altération dans le rythme, ni dans l’amplitude. L'oxygénographe plongeait dans l’eau, mais la précaution de faire plusieurs manœuvres rapidement avant la dernière prise évitait les erreurs dues à l'absorption de l'acide carbonique par l’eau. Un thermo- mètre placé dans le tube d'arrivée donnait la température de l'air expiré. Le tube étant baigné par l’eau, la température de l’air expiré ne dépas- sait pas 30 degrés, et comme la pièce où l’on opérait avait une tempé- rature voisine de 24 degrés, les variations étaient lentes et facilement corrigeables. La nécessité pour obtenir un réservoir très bien équilibré, d'utiliser . de petits appareils, nous forçait à limiter la durée des prises à un temps fort court : deux à quatre secondes; la mesure des temps étant faite par la méthode des timoniers de la marine, en comptant les secondes sur deux syllabes et étant contrôlée d’ailleurs par l’inscriplion sur le cylindre enregistreur. Nous avons opéré sur des animaux chloralosés ; à tort ou à raison nous hésitons à poursuivre pendant plusieurs heures des expériences douloureuses sur des animaux non anesthésiés. Les échanges respiratoires n'ayant pas élé étudiés antérieurement ‘chez les animaux anesthésiés avec le chloralose, il a fallu déterminer les conditions de ventilation des animaux sans polypnée chloralosés et placés dans un milieu à 38 degrés, et à une température centrale voi- sine de celle où la polypnée apparait. Les analyses de l'air contenu dans la cloche étaient faites simultané- ment par deux méthodes différentes : l’eudiomètre à phosphore de Lau- lanié, légèrement modifié par l’un de nous, qui permet d'opérer sur 100 centimètres cubes de gaz; l’eudiomètre à acide pyrogallique de Chevalier-Langlois, qui utilise des prises de 30 à 40 centimètres cubes. ; Les chiffres détaillés des expériences seront donnés dans un mémoire ultérieur ; nous nous contenterons d'indiquer ici les moyennes obtenus avec six chiens de poids oscillant entre 8 et 12 kilogrammes. SÉANCE DU 8 JUILLET 83 A) Chiens chloralosés, en milieu chauffé, sans polypnée; B) Chiens chloralosés, en milieu chauffé, pendant la polypnée. Série Poids Température Rythme Ventilation co? CO? rectale. par min. pkph pkph 0/0 A 10 kil. 39,7 39 13 1. 5 08r500 2,1 B 10 kil. 41,2 290 63 1. 08"550 0,44 On pourrait s'étonner du chiffre très faible que nous trouvons comme élimination d'acide carbonique sur nos chiens, chiffre inférieur à celui donné par Richet pour les animaux chloralisés, le chloralose a priori ne devant pas diminuer les échanges avec l'intensité du chloral; mais il suffit de rappeler que nos animaux sont dans un milieu surchauffé à 38 degrés, et que les échanges diminuent avec l'élévation thermique du milieu. Dans une expérience où nous avons voulu arrêter l’hyper- thermie menaçant la vie de l'animal, en arrosant le chien d’un courant d'eau froide, l'élimination de CO est montée immédiatement à 0 gr. 944 avec une proportion centésimale de 2,2. Conclusions. Chez les chiens chloralosés, sous l'influence de la polypnée la ventilation est quintuplée, les échanges sont très légère- ment augmentés, d'un dixième environ pour l'acide carbonique, le pourcentage de CO” est diminué des 4/5. La faible augmentation des échanges s'explique par le travail supplé- mentaire produit par les muscles respirateurs. {Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine.) POLYPNÉE THERMIQUE ET PNEUMOGASTRIQUE, Note par MM. L. GaRRELoN et J.-P. LanGLois. Au cours des recherches entreprises pour déterminer le coefficient de ventilation et la valeur des échanges pendant la polypnée thermique, nous avons été conduits à rechercher quelle pouvait être l'influence de la section des pneumogastriques sur les phénomènes étudiés. Richet avait signalé dans son mémoire de 1888 (1) que la section des vagues n'empêche pas la polypnée thermique de s'établir, et la figure 75 de son mémoire montre précisément une polypnée très nette observée sur un chien après section de ces nerfs. Dans une expérience faite sur un chien de 9 kilogrammes, anesthésié (4) Ch. Richet. Arch. de Physiologie, 1888, et Travaux du Laboratoire t, I, p. 431, 1893. 84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par le chloralose et chauffé dans une éluve, on observe une polypnée centrale de 298 respirations par minute quand la température rectale a atteint 41°5. Ce rythme se mainlient pendant plus de trente-cinq minutes. On isole alors les deux pneumogastriques au cou et la section est faite simultanément. Immédiatement le rythme respiratoire s'élève à 540, soit le double du rythme précédent, et ce rythme se maintient pendant vingt minutes sans faiblir.: Les nécessités de l'heure forcent d'inter- rompre l'expérience et de sacrifier l'animal. Sur un autre chien de 11 kil. 700 également chloralosé, la polypnée qui était seulement de 160 avant la section, passe à 330 après la double vagotomie ; ici encore le rythme est doublé exactement. Dans une troisième expérience au lieu de sectionner les vagues, nous avons cherché à supprimer leur conductibilité par un badigeonnage énergique des deux troncs avec une solution de chlorhydrate de cocaïne . au dixième. L'effet fut peu marqué, la respiration qui était d'abord à 144 passa à 190 quand les deux pneumo furent soulevés et amenés au dehors de la plaie, et après cocaïnisation, le rythme ne s’éleva qu'à 216. Le rythme de 216 à 220 se maintient pendant dix minutes, puis ilse pro- duit un ralentissement progressif, mais qui s'accompagne de phéno- mènes dyspnéiques d'abord, convulsifs ensuite, et l'animal meurt. L’au- topsie faile immédiatement permet de reconnaître un cœur arrêté en diastole avec un caillot dans le Heatiaus droit ; : les poumons étaient intacts. Dans une autre expérience sur un chien de 41 kil. 500, nous devons enregistrer des résultats différents. La polypnée éclate très rapidement, et avec une température de 39° 5 on observe un rythme de 285, il est possible que l'animal soit insuffisament chloralosé et nous avons ie à une polypnée réflexe. Injection de 1 demi-milligramme de sulfate d’atropine ; pas de modifi- cation dans le-rythme qui se maintient au-dessous de 300. Un quart d'heure après, injection dans chaque tronc des vagues de 1 demi-cenli- mètre cube environ de la solution de cocaïne au 1/10. Pas de modifica- tion dans le rythme : 290. Un quart d'heure plus tard section des dar vagues, très rene accé- lération : 312. Parmi les effets de la section des pneumogastriques, il faut signaler la régularité du tracé respiraloire, qui n’est plus influencé par les légères résistances opposées à la respiration. Dans notre note sur la ventilation pendant la polypnée, nous insistons sur la difficulté d’éviter une perturbation dans le type respiratoire quand on meten communication la canule trachéale avec l’appareil récepteur de l'air expiré ; presque toujours si le rythme est conservé, l'amplitude des mouvements est diminuée et nous avons dù éliminer un très grand nombre de mesures, après contrôle des tracés inscrils pen- - SÉANCE DU 8 JUILLET LIOUS D dant la prise ; or, quand les pneumogastriques sont coupés, il est impos- sible de reconnaître sur le tracé le moment de la dérivation de l'air expiré. : | Le point sur lequel nous croyons devoir appeler surtout l'attention est le déclanchement brusque qui se produit dans le rythme respiratoire d'un chien en état de polypnée centrale et placé sous l'influence du chloralose, quand on sectionne brusquement les deux pneumogastriques, lerythme augmentant de 100 p. 100 et se maintenant à ce taux élevé. Quant à l'interprétation, elle reste pour le moment très hypothétique. La section des vagues sur un animal normal à pour effet de ralentir le rythme respiratoire ; quand cette respiralion s'accélère sous l'influence de l’ex- citation bulbaire d’origine thermique, les fibres sensitives du pneumo- gastrique émanées du poumon exerceni une action inhibitrice sur le centre respiratoire, action de défense ayant pour objet d'éviter un tra- vail exagéré, fut-il passif même, aux lobules pulmonaires ; il ya conflit entre le bulbe occupé uniquement alors à assurer la lutte contre la cha- leur et l’organe pulmonaire auquel on demande une aclivité excessive. LEUCOLYSE ET RÉACTION MACROPHAGIQUE DANS UN LYMPHOME LEUCÉMIQUE DU CHIEN TRAITÉ PAR LES RAYONS X, par MM. P. Emre-Wric et E. BEAUJARD. Sur un chien leucémique dont l’histoire a élé rapportée à la séance du 3 juillet, nous avons recherché les modifications dues à la radiothé- rapie, en examinant comparativement les groupes ganglionnaires ingui- naux des deux côtés. La biopsie du groupe droit fut faite avant tout traitement de ce côté. L'ablation du groupe gauche fut pratiquée cinq heures après une séance de radiothérapie de 10 H (deux teintes du radiomètre de Sabou- raud-Noiré). On sait, en effet, que c'est au bout de ce temps que Hei- neke a trouvé le maximum de réaction dans les ganglions lympbhatiques _et les corpuscules spléniques, chez les animaux sains soumis à l'irra- diation, et nous avions, au préalable, vérifié que la dose de 10H était suffisante pour produire chez eux les modifications décrites par Heineke. Voici les résultats de nos deux examens : Dans le groupe ganglionnaire non traité, nous retrouvons les altéra- tions leucémiques déjà décrites. I n'y a plus trace de la structure nor- male du ganglion; tout le lymphome d'aspect homogène est unique- ment formé de cellules Iymphoïdes, cellules embryonnaires à noyau 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE clair, pâle, et à chromatine liquide, entouré d’une couche étroite et parfois imperceptible d'un protoplasma franchement basophile (cellules de Türck). Les cellules présentent cet aspect normal dans la plupart des régions. En certains points, correspondant sans doute à des zones mal irriguées, les cellules sont partiellement dégénérées, leur noyau est. plus transparent, leur protoplasma devient acidophile; en de rares endroits, on constate quelques noyaux en pycnose et quelques macro- phages englobant des débris chromatiniens. Dans le ganglion irradié, on retrouve le même type de tumeur, mais on est frappé, sur les coupes comme sur les froitis, par les altérations dégénératives d’un grand nombre de cellules, alors que, macroscopi- quement, le ganglion paraît infiniment moins dégénéré que le précé- dent. Ces altérations portent surtout sur les noyaux, qui se colorent brutalement (pycnose), qui se divisent en de nombreux fragments, for- mant un véritable semis de petites boules chromatiniennes sur les zones dégénérées à teinte acidophile. Ces zones dégénérées sont parti culièrement abondantes à la périphérie du ganglion, qu à subi plus fortement l’action des radiations. Autour de ces points, existe une quan- tité considérable de grands macrophages, dont le protoplasme acido- phile est criblé de débris chromatiniens en pycnose. L’abondance extrême de ces débris chromatiniens et l'intensité de la réaction macro- phagique différencient complètement l'aspect de ce ganglion de celui du ganglion opposé. Elles rappellent très exactement les lésions obser- vées dans les follicules de la rate d’un cobaye, tué quatre heures après une irradiation de 10 H. Le mécanisme biologique suivant lequel: les rayons X agissent sur le tissu lymphatique est donc identique, que ce tissu soit sain ou frappé du processus hyperplasique de ia leucémie : la leucolyse et la macrophagie sont les réactions qu’ils provoquent. L'examen hématologique met d’ailleurs en évidence l'importance de la réaction macrophagique. Avant le traitement, ce chien avait 163.000 glo- bules blancs par millimètre cube; il n'en avait plus que 125.000 après - la première séance, 60.000 et 56.000 après les suivantes; cependant que le pourcentage se modifiait, les polynucléaires passant de 95 p.100 à 80 p. 100, et les hémo-macrophages de 1 p. 100 à 14 p. 100. Le volume et la consistance des adénopathies ont diminué chez notre chien comme dans les leucémies humaines; les modifications sanguines se sont montrées semblables chez l’animal et l'homme leucémiques, à la suite du traitement radio-lhérapique. Aussi, nous parait-il légi- time d'admettre que le processus histologique, parallèle aux modifica- tions cliniques, est le même dans les deux cas. SÉANCE DU 8 JUILLET 87 EEE —— —"—"—"—… " " —" ——_—_—_—— NOTE SUR LES CELLULES A GRAISSE ET A POUSSIÈRES DU POUMON, par MM. A. GILBERT et J. JomrEr. Dans une note précédente(1), nous avons décrit les gros blocs de graisse coalescente que présentent les capillaires sanguins du poumon. Telle n’est pas la seule localisation de la graisse dans cet organe. Celle-ci infiltre des éléments spéciaux, répartis indistinctement dans tout le parenchyme pulmonaire et qui méritent une description détaillée. Ces éléments sont difficilement étudiables sur les pièces fixées au Flemming, en raison de l'identité de couleur des poussières de charbon et des grains de graisse teints en noir par l'acide osmique. Ils montrent au contraire tous leurs détails sur les coupes obtenues à l’aide du micro- tome à congélation et colorées par la teinture acétisée d'orcanette (2). Cette teinture précipitant par l'addition d’eau, même en petite quantité, ou par simple évaporalion, on aura soin de débarrasser le mieux possible la coupe à colorer de son humidité, en la recueillant par exemple dans un verre de montre à bords rodés, et en asséchant atten- tivement celui-ci, avant d'y verser le colorant. Après avoir ajouté la quantité convenable de teinture, on couvrira d’un verre de montre rodé et on laissera au contact quelques minutes. Puis on transportera rapi- dement la coupe sur la lame porte-objet el on montera à la glycérine qui ne précipite pas la teinture en excès. Les coupes devront être examinées sur-le-champ; elles se décolorent en effet assez rapidement, et ne sont plus étudiables au bout de trois ou quatre jours. Les éléments que nous décrivons ont une forme régulièrement arrondie, quelquefois plus ou moins polygonale. Leur diamètre varie entre 27 et 41 w. Leur noyau, unique, mesure 8 à 12 y; il est bien sou- vent masqué par les granulations graisseuses. Celles-ei, sur les prépara- tions traitées comme nous venons de le dire, ont uue couleur rouge vif identique à la couleur de la teinture d’orcanelte: sous faible épaisseur, elles n'offrent pas la teinte légèrement jaune des gros blocs intracapil- laires antérieurement décrits. Elles ont en général une forme arrondie et des dimensions variables. Elles paraissent plus ou moins conglomé- rées, suivant leur nombre et suivant l'épaisseur de la coupe. A côlé de ces éléments chargés de graisse on remarque d’autres cellules analogues comme forme générale, comme dimensions et comme noyau, mais infillrées de corpuscules noirs de charbon. Ce sont les 1) Gilbert et Jomier. Sur la présence de gros blocs graisseux coalescents dans les capillaires sanguins du poumon normal. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1° juillet 1905. (2) Voir, pour le détail : V. Kahlden et Laurent, Technique microscopique, p.76, Paris, Carré, 1896. 88 AT SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cellules à poussières, bien connues déjà(1): Ge poussières sont plus ou moins fines, plus ou moins arrondies ou anguleuses, plus ou moins agminées, comme les granulations graisseuses; et sur les coupes colo- rées à l'acide osmique, il est difficile de discerner la nature respective de ces deux ordres de granulalions. Toutefois cerlains grains graisseux intra-cellulaires ont des dimensions très supérieures à celles des pous- sières de charbon et présentent une forme très régulièrement arrondie, si bien que, même sur les préparalions osmiées, ils laissent deviner leur vérilable nature graisseuse qu'il est loisible d’ailleurs de contrôler par la teinture d’orcanette. Parmi les cellules à poussières et les cellules à graisse, on peut voir des éléments analogues, contenant simultanément à leur intérieur des grains anlhracosiques et des granulations graisseuses. Ce fait confirme l’identilé de nature intime de tous ces divers éléments. Toutes ces cellules sont des leucocytes migrateurs : tantôt on les trouve en effet dans lés parois alvéolaires, à l’intérieur ou en dehors des capillaires sanguins, tantôt dans la cavité de l’alvéole à la paroi duquel elles restent plus ou moins intimement accolées. On les retrouve enfin dans la lumière des bronches, où elles se sont transportées sans doute, après avoir pénétré dans les alvéoles. Ce sont, il est vrai, des leucocytes géants, modifiés dans leurs dimensions par les fonctions qu'ils ont à remplir. Au niveau du poumon, comme dans les dires organes, ils englobent des particules de matériaux variés et les transportent plus ou moins loin. Ils se saisissent des poussières anthracosiques et vont les déposer, soit dans le tissu conjonctif qui entoure les faisceaux broncho-vascu- laires, soit dans les ganglions, s'ils ne les rejettent pas par les voies respiratoires; ils englobent les particules graisseuses amenées au poumon. par la circulation, el ils en éliminent tout au moins une partie par le mueus des crachats. On peut les comparer, en particulier, aux cellules mélaniques du derme, mélanoblastes d'Ehrmann (2), éléments dérivés directement des cellules blanches migratrices comme les cellules à graisse et à poussières, et qui, eux aussi, englobent les particules de pigment et les transportent des céllules du corps muqueux de Malpighi dans les voies lymphatiques intradermiques et jusque dans les ganglions. _. (1) Voir, pour tous détails : Letulle, Anatomie pathologique, p. 253 et sui- vantes, et p. 338; Paris, Carré, Naud, 1897. (2) Voir, à ce sujet : Besnier, Brocq, Jacquet: Pratique dermatologique, t. TX, p. 460, article « Mélanodermie ». SÉANCE DU 8 JUILLET 89 ÉTUDE HISTOLOGIQUE GÉNÉRALE DE LA GRAISSE DU POUMON, par MM. A. Gserr et J. JOMIER. Dans deux notes précédentes (1), nous avons décrit en détail, d'une part, la graisse que fixent les capillaires sanguins pulmonaires, et, d'autre part, celle dont sont capables de s'emparer les cellules à pous- sières. Il nous faut, pour compléter l'étude histologique de la graisse du poumon, en signaler encore quelques autres localisations. Cette substance existe en effet en gros amas dans le tissu cellulo-adi- peux qui entoure les bronches à nodules cartilagineux. Et dans chacune des cellules de ces nodules cartilagineux, on peut observer de même une ou deux petites granulations graisseuses de 1 à 2 y de diamètre. A l'intérieur de quelques cellules du revêtement alvéolaire les granula- tions graisseuses existent aussi, tantôl isolées, tantôt groupées en amas - aplatis plus ou moins triangulaires. Parfois l'élément auquel elles appar- . tiennent est en desquamalion. Dans l’épithélium bronchique, les granulations graisseuses existent en abondance. Elles sont quelquefois régulièrement arrondies et de grosseur moyenne, si bien que leur nature graisseuse est évidente, même sur les préparations fixées à l’acide osmique; mais souvent elles sont beaucoup plus fines et irrégulières et ne peuvent être distinguées des grains de poussière. Dans les cellules, elles masquent quelquefois le noyau; mais jamais elles ne repoussent celui-ci à la périphérie de l’élé- ment. Tout le pourtour dela bronche n’est pas, dans la règle, également riche en graisse. Les granulations graisseuses apparaissent quelquefois sur les coupes pulmonaires dans la lumière des alvéoles et des bronches comme de petits points isolés, libérés des éléments cellulaires dans lesquels ils élaient inclus. On devra néanmoins tenir compte, pour l'appréciation du phénomène, de la rigueur de la technique suivie (2), la précipitation de l’orcanette donnant lieu à la formation de petites granulations iden- tiques d'aspect. Quelques-uns de ces grains isolés peuvent, d'autre part, avoir été entraînés par le rasoir. Nous avons terminé l'étude des diverses localisations de la graisse dans le poumon et nous pouvons maintenant nous rendre compte de l'évolution decette substance dans l'organe. Parvenue jusqu'aux capil- laires par l'artère pulmonaire, comme nous l'avons dit dans une de nos précédentes noles, la graisse s'arrête dans la lumière de quelques-uns d'entre eux, formant de gros blocs coalescents. Une partie de cette graisse, au bout d’un temps d’immobilisalion plus ou moins long, est 4) Voir séance précédente, et même séance, plus haut, (2) Voir la note précédente, à ce point de vue. BioLoare. ComPpres RENDUS. — 1905. T, LIX. 7 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rendue à la circulation générale par la veine pulmonaire; une partie doit en être consommée sur place; une partie enfin s'élimine dans les bronches par l'intermédiaire des leucocytes granulo-graisseux, des parois alvéolaires et de la muqueuse bronchique. Les mêmes processus essentiels d’emmagasinement et d'excrétion existent donc, vis-à-vis de la graisse, au niveau du poumon comme au niveau du foie; mais ce double processus est beaucoup moins actif au niveau du poumon. Nous avons déjà indiqué combien la richesse en blocs graisseux des capillaires du foie était supérieure à celle des capillaires du poumon. En aucun point du parenchyme pulmonaire les parois de ces capillaires ne renferment de granulations graisseuses et rien d’analogue aux amas graisseux des cellules de Küppfer, parfois si importants, ne peut être décrit. De même, les quelques granulations qui infiltrent les cellules de revêtement alvéolaire ne sont pas à com- parer, comme abondance, avec les granulations graisseuses qui existent dans la cellule hépatique. Enfin l’épithélium bronchique ne paraît pas être plus riche en graisse que l’épithélium des voies biliaires; seul le rôle des leucocytes à granulations graisseuses semble plus important au niveau du poumon qu’au niveau du foie. Alors en effet qu’au niveau du poumon on ne trouve que des leucocytes ordinaires chargés de graisse, dans le poumon ces leucocytes géants que nous avons décrits sont chargés tantôt de graisse, tantôt de poussières, tantôt simultanément de poussières et de graisse. La fonction complexe qu’ils exercent leur donne un intérêt tout particulier. SUR LA RÉSISTANCE DU NUCLÉOLE NEURONIQUE (INTRA VITAM ET POST MORTEM), par M. Jon G. Lacne (de Bucarest). Depuis deux années, mon attention est spécialement dirigée vers cette petite formation de la cellule nerveuse. Je l'ai étudiée aux différents points de vue (1), et l'opinion que je me suis formée à l'heure actuelle sur lui est tout à fait particulière. Mes recherches étant dernièrement occupées avec sa pathologie, j'ai voulu d'abord essayer de voir (pour avoir un petit point d'appui biolo- (1) J.G. Lache. Le nucléole de la cellule nerveuse. I. Morphologie. Ce travail sera publié par le Journal de neurologie. J. G. Lache. Sur les paranucléoles de la cellule nerveuse. Revue neurolo- gique, 1905. SÉANCE DU 8 JUILLET 91 gique ultérieur) quelle est sa résistance vitale, et dans un nombre consi- dérable de cellules variablement lésées que j'ai examinées dans ce but, J'ai été très souvent frappé de sa bonne conservation. Dans les différentes intoxications et infections animales, dans les sec- tions des nerfs, comme dans l'inanition (1), le nucléole garde assez sou- vent sa forme et sa coloration {celte dernière plus ou moins mo- difiée). Pas une seule fois je n'ai eu l'occasion de percevoir des neurones presque complètement détruits, qui conservaient pourtant quelques traces très reconnaissables de leur nucléole. Mais imaginant que d'autres auteurs auraient élé peut-être plus heu- reux dans les trouvailles de lésions nucléolaires, je me mis minutieuse- ment à fouiller dans les planches cellulaires attachées par eux à la fin de leurs travaux (2). Ilest vrai que j'ai rencontré cà et là des neurones simultanément atteints dans leur corps cellulaire (3) et dans leur nucléole; mais la majorité des cellules conservent leur organe nucléolaire assez bien coloré et assez gros. Certes, je n'affirme pas que le nucléole ne peut être atteint par telle ou telle lésion ; j'en ai vu moi-même; mais elles sont évidemment rares et petites (déplacement très excentrique, état vasculaire plus prononcé, pèleur, etc. (4). Ce qui au contraire est très fréquent à voir, c'est son hypertrophie. Gombault et Philippe parlent également dans le même sens (5). Ce seul fait déjà que le nucléole augmente en volume pendant que la cellule est prête à succomber, doit nous faire réfléchir quelque peu. Car voici donc un organisme cellulaire (si compliqué comme celui du neurone), menacé d’être détruit par l'agent morbide; et voici qu'en même temps un de ses petits éléments augmente de volume, comme pour faire prévenir les coups (1 Dans linanition totale au dernier jour. (2) Faute d’autres renseignements; puisque les auteurs qui ont étudié les infections et intoxications expérimentales ne portent que très rarement sur le corps nucléaire leur attention soutenue. (3) Le reste du noyau est au contraire très souvent lésé. (Homogénéisation avec atrophie.) 4) Je n'ai pas eu jusqu'ici l’occasion de rencontrer des désintégrations et des disparitions du nucléole. Il y a pourtant des auteurs qui disent les avoir vues. G. Marinescu, particulièrement (Soc. méd.des hôp. de Paris, juin 1898), décrit dans l’achromatose absolue produite par les forts arrachements des nerfs, des désintégrations suivies de la disparition nucléolaire. Lui-même (dont le nombre des arrachements faits dans ces dernière années a été assez grand), a soin d'ajouter qu'« il est rare de rencontrer de pareil lésions », (5) Cornil et Ranvier. Traité d'anatomie pathologique. L'8 Vs, My 92 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE destructifs. Ceci n’est pas une chose trop commune dans la science (1). Cette ténacité vitale du nucléole se montre non seulement pendant la vie, mais même après la mort de la cellule. | Dans la putréfaction des cadavres que j'ai étudiée à ce point de vue, j'ai trouvé que les nucléoles neuroniques peuvent être reconnus assez longtemps au milieu du délabrement décomposant que produit la mort dans la matière de la vie.llse laisse colorer assez longtemps, tandis que le reste de la cellule repousse entièrement les couleurs (2). Ce fait (si l’on y prète une suffisante attention), n'est pas passé sous silence dans les publications similaires et dans leurs travaux sur les modifica- tions que la cadavérisalion imprime aux cellules nerveuses, les auteurs italiens Neppi, Barbacci et Campacci, notent l'important phénomène, que le dernier élément qui conserve la propriété de se colorer est le nucléole. Les deux derniers auteurs disent clairement que les altéra- tions putréfiantes du nucléole sont les dernières à paraître (3). Soixante-douze heures après la mort de leurs chiens, ils ont trouvé dans beaucoup de cellules des nucléoles intacts. Et je puis ajouter que j'ai décelé des nucléoles légèrement colorables, même après plus d’une semaine. Voici les faits ; j'attire donc l’altention des cytologistes sur ce point, on en comprend sans beaucoup de peine l'importance pour la physio- logie cellulaire (4). Ma conviction intime c'est que ce minuscule nucléole, si peu exploré et pourtant si important pour la vie cellulaire, représente l'organe le plus résistant de la cellule nerveuse. TEMPÉRATURES SOUS-VESTIALES ET CUBILIALES CHEZ LES NOUVÉAU-NÉS A TERME, par M. G. MAUREL. Dans les premiers jours qui suivent la naissance, nous réunissons le vêtement et le lit pour maintenir les téguments du nouveau-né à une (1) On peut juger cette hypertrophie de deux manières : ou bien elle repré- sente uue sorte de iuméfaction morbide, ou bien elle signifie une augmen- tation volumétrique fonctionnelle, provoquée par l’activité de défense. On verra dans un travail prochain les raisons qui paraissent plaider en faveur de cette dernière opinion. (2) Expériences d’enterrement des moelles de bœuf faites en 1904, à Calarasi. (3) Barbacci et Campacci. Sulle lesione cadaveriche delle celule nervose. Riv. di Patol. nevorsa e mentale, 1897. | (4) Ce que je dis sur le nucléole des neurones peut s'appliquer pareil- lement dans ses points essentiels aux autres nucléoles cellulaires. SÉANCE DU 8 JUILLET 93 température convenable. Pendant cette période, les températures sous- vestiales et cubiliales se confondent donc. Plus tard, au moins pendant quelques heures chaque jour, le vêtement seul abrite l'enfant et on peut isoler les températures sous-vestiales. Mais de nouveau, sauf pour ces quelques heures, pendant toute la vie du nourrisson, celui-ci étant mis au berceau habillé, les deux températures restent confondues. : L'étude des températures sous-vestiales et cubiliales chez l'adulte m'ayant déjà présenté un réel intérêt, j'ai pensé que cet intérêt ne pou- _vant qu'être augmenté.chez le nourrisson, surtout au point de vue pra- tique. L'adulle, en effet, peut à volonté se couvrir plus ou moins selon ses sensations ; tandis que le nourrisson ne peut traduire ses impressions que par ses cris, et encore faut-il qu'elles soient assez pénibles. = Les faits que je vais résumer dans cette note ont trait aux tempéra- tures sous-vestiales pendant les premiers jours qui suivent la naissance, période pendant laquelle il m'a paru encore plus important de les étudier, puisque c'est en ce moment que l'organisme de l'enfant doit régler la production de son calorique en vue des conditions nouvelles de son existence. Ces observations ont toutes été recueillies à la clinique d'accouche- ments de la Faculté de médecine de Toulouse, sur ma demande, par Mie Sabathé, sage-femme en chef; et je n'ai d'autre mérite que de les mettre en œuvre. Je remercie donc M'° Sabathé du soin qu'elle a mis à prendre ces températures, et aussi M. le professeur Audebert de l'avoir autorisée à le faire. ; Le nombre de ces observations s'élève à 133; et elles ont été prises sur plus de 80 enfants. Quelques-unes d’entre elles, en effet, ont été prises sur le nouveau-né à quelques jours d'intervalle. | Elles comprennent trois séries d'expériences faites en 1903, 1904, 1905. Je les réunis dans le tableau suivant, en les groupant d'après les températures et le poids des enfants. | Températures sous-vestiales et cubiliales. POIDS 39 36: TOTAUX des observa- tions ! des nouveau-nés 2 kil. 500 à 3 kil... kil” à 3 "KI 500 3 kil. 500 à 4 kil. . . 4 kil. et au-dessus . 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ainsi qu'on peut le voir par ce tableau, la température sous-vestiale n'a jamais été inférieure à 33 degrés. Elle n’a été comprise entre 33 et ‘33°9 que six fois; et dix-huit fois entre 34 et 34°9. Mais, c'est entre 35 et 36°9, qu'on l'a trouvée le plus souvent, soit quatre-vingt-neuf fois. Enfin, fait sur lequel j'appelle l'attention, vingt fois elle a atteint et même dépassé 37 degrés. Le poids de l'enfant, à partir de 2 kil. 500, ne paraît pas exercer d'influence marquée sur la température sous-vestiale. Le maximum jusqu'à 4 kilogrammes, se trouve toujours entre 35 et 36°9, avec la même prédominance entre 36 et 36°9. Or, je le rappelle, c'est également entre 35 et 36°9 que se trouve le maximum des températures cubiliales chez l'adulte. (Société de Biologie. Séance du 20 mai 1905). De plus, les observations faites sur l’état des léguments ont permis de constater qu'il y a également une concordance générale entre les températures sous-vestiales provoquant la moiteur et la sueur chez l'adulte et chez le nouveau-né : entre 35 et 36 degrés, on trouve de la moiteur et au delà souvent de la sueur. | Cette concordance dans les températures sous-vestiales constatée chez l'adulte et le nouveau-né, et aussi la concordance des effets que provoquent ces mêmes températures, permet de penser que ce sont les mêmes températures qui conviennent à l'adulte et au nouveau-né, et aussi, comme une conséquence logique, que leur zéro physiologique est le même. Enfin, je reviens sur cette remarque que 20 fois sur 133, la tempéra- ture sous-vestiale a atteint et même dépassé 37 degrés. Or, ainsi que Je l’ai exposé dans la dernière séance, je suis porté à croire, que de même que pour l’adulte, ces températures sous-vestiales ne peuvent exister chez le nouveau-né qu'avec des températures sous-fébriles. C'est là, je crois, un point important sur lequel je reviendrai prochainement, Mais, dès maintenant, des observations qui précèdent, je pense pouvoir conclure : 1° Que chez les nouveau-nés à terme la température sous-vestiale, dans la majorité des cas, est sensiblement le même que celle de l'adulte; 2° Que ces températures sont le plus souvent celles qui provoquent de la moiteur.et même de la sueur, ce qui, du reste, est confirmé par l’observa- fon journalière, quand on découvre ces enfants; 3° Que par conséquent, il est logique d'admettre que le zéro physio- logique du nouveau-né est le même que celui de l'adulte; 4° Que dans un nombre de cas, encore assez important (20 fois, 133) sur la température sous-vestiale arrive au moins à 37 degrés, et que cette température permet de penser dans ces conditions à un mouvement fébrile chez l'enfant. " SÉANCE LU S JUILLET % LE BILAN AZOTÉ DE LA NUTRITION CHEZ LES BOVIDÉS, par MM. ANDRÉ Gouin et P. ANDOUARD. Le bilan azoté de la nutrilion, chez les bovidés en croissance, corres- pond parfois sensiblement aux progrès constatés par la bascule, mais souvent la quantité d'azote non retrouvée à la sortie est trop grande, pour qu'on puisse supposer que l’organisme en a retenu la totalité. Nous avons pensé qu'il était intéressant de rechercher dans quelles conditions et dans quelle mesure il était permis de se fier à l'exactitude de ce bilan. Tout d'abord, nous l’avons établi, pendant cinquante-sept journées consécutives, pour un même sujet, dont le régime comportait la relation nutritive brute de 1 à 4,92. | Son urine dosait 0,32 p. 100 d'azote et les fèces 0,49 p. 100, avec une proportion de matière sèche de 17,27 p. 100. La balance de l'azote s'est élevée à 1.207 grammes, pour un accrois- sement ramené à 37 kil. 1/2, afin de tenir compte de la surhydratation provoquée par le régime adopté. | Chaque kilogramme gagné correspondait à 32 gr. 6 d'azote. Dans ce premier cas, s'il y a eu fuite, elle devait être assurément fort légère. Toutes les analyses ont porté sur des échantillons de fèces à l’état frais, que l’on additionnait d’acide sulfurique aussitôt qu'ils étaient recueillis. Nous avons opéré exactement de la même manière, au cours dés deux observations que nous avons encore à relater, et, malgré cela, nous avons constaté des fuites d'azote assez importantes. Le second bilan embrasse une période de quarante-neuf jours. L'animal, dont la relation nutritive brute était de 4,84 à 1, urinait fort peu. Le taux de l'azote urinaire montait à 0,82 p. 100.‘Les fèces, égale- ment peu copieuses, renfermaient 18,20 p. 100 de matière sèche et dosaient 0,66 p. 100 d'azote. L'augmentation de poids fut de 33 kilogrammes. La balance d’azote accusait 1.441 grammes, soit 43 gr. 7 par kilogramme. Il n’est pas pos- sible d'admettre ce chiffre et la perte d'azote paraît certaine. Elle est devenue encore plus forte, lorsque nous avons surazoté le régime alimentaire en abaissant la relation dans le rapport de 3,11 à 4. En vingt et un jours se produisait un accroissement de 22 kilo- grammes, et la balance de l'azote se traduisait par un excédent, à l'entrée, de 53 gr. 8 par kilogramme gagné. Dans l'urine, nous étions arrivés à trouver 1,60 p. 100 d'azote, et, dans les fèces, 0,75 p. 100, pour 21,92 p. 400 de matière sèche. La période d'observation avait été précédée d’une période prépara- toire, suffisante pour donner le temps au nouveau régime de produire 96 __ SOCIETE DE BIOLOGIE son effet déshydratant. Rien n’était donc de nature à fausser les chiffres de la bascule. | Les fèces, à l'air libre, subissent une déperdition d'azote, d'autant plus grande qu'ils en contiennent une proportion plus élevée. En cinq ‘ jours, nous avons constaté une perte de 11,3 p. 100 sur des fèces dosant . 0,59 p. 100 d'azote au moment de leur expulsion, alors que la perte se réduisait à 2,1 p. 100 sur d’autres fèces ne renfermant que 0,48 p. 400: d'azote. La promptitude avec laquelle nous opérions chaque jour devait nous préserver de déficits importants, s'ils étaient postérieurs à l’éva- cuation des fèces. L'odeur caractéristique qui, dès le premier moment, se dégage de ceux-ci quand ils sont chargés d'azote, ne permet pas de douter que la fermentation ammoniacale débute notablement dans l'intestin, en dégageant une bonne partie de l'azote à l'état de gaz ammoniacal. | ‘ Nous avons conservé pendant quarante-huit heures, à l’ ce réglée à la température de l'intestin, des fèces renfermant 0,65 p. 100 d’azote. Dans ces deux jours, la fuite a élé de 20,3 p. 100. L'analyse ne saurait donc prétendre “eee, en toute circonstance; la totalité de la matière azotée qui n’est pas retenue par l'organisme. Par suite, le bilan azoté de la nutrition ne doit être consullé qu'avec une grande réserve. Son exactitude devra être Lenue pour d'autant plus suspecte que les excreta seront plus chargés de principes azotés, eb - auront séjourné plus longlemps dans l'appareil digestif. : LA DÉPENSE DE LA CROISSANCE CHEZ LES BOVIDÉS, par MM. AnpRÉ Gouin et P. ANDOUARD. {Note préliminaire). 5 P 1 Nos recherches expérimentales, poursuivies depuis dix ans, et notam- ment l’examen de bilans complets de la nutrition, dressés pendant près: de cinq cents jours, nous permettent une idée assez éxacte des besoins de la croissance des jeunes bovidés. | En faisant la différence entre la proportion d'aliments digérés, dans les moments où leur poids s'élève peu et celle qu'ils utilisent lorsque leurs progrès sont en pleine activité, nous avons déduit le quantum nécessaire pour les maintenir à l'état stationnaire. Nous avons ainsi évalué la dépense d’entretien à 2.000 calories par mètre carré, chiffre assez voisin de ceux déjà proposés par d’autres expérimentateurs. L'importance des matériaux soustraits à la circulation, par chaque kilogramme gagné, est plus difficile à préciser. La graisse se dépose en même temps que la matière azotée; sa proportion n ‘est pas uniforme. - SÉANCE DU 8 JUILLET 97 Pour un kgr. de gain, nous avons estimé à 1.500 calories la valeur des aliments assimilés. L'’accroissement, en lui-même, ne conslitue que la moindre partie de la dépense générale. Une erreur dans notre “estimalion ne modifierait que fort peu l’ensemble de nos conclu- sions. - | Les frais de la croissance, et nous entendons par là le travail néces- sité pour la transformation, en matière vivante, des principes nutritifs digérés, sont fort légers, au début de la vie. Ils-ne cessent ensuite d'augmenter. Aussi ne doit-on pas être surpris de voir le veau nou- veau-né progresser autant chaque jour, sinon davantage, que les ani- maux d'un âge beaucoup plus avancé. Comme ceux de l'entretien, les. frais de la croissance sont proportionnels à la surface du corps. La rapidité avec laquelle s'opère la croissance, n’a aucune influence sur le montant des frais qui lui sont propres. | A la suite d’une série de longues observations, portant sur six sujets, appartenant à plusieurs races, dont le poids variait de 55 à 240 kilo- grammes, et l'accroissement journalier de 633 à 1.287 grammes, nous avons reconnu que chaque augmentalion d'un kilogramme, fül-elle l'œuvre d'un ou de plusieurs jours, nécessite un supplément de dépense de 1.200 calories par mètre superficiel. + D'un sujet à l’autre, en envisageant à la fois les dépenses d’entretien . et celles de la croissance, nous n'avons relevé que des différences assez légères : 5,3 p. 100 en plus, 3,6 p. 100 en moins, constituent les écarts les plus forts.-Ces différences ont peut-être pour cause la manière dont nous calculons la surface du corps, et dont l'exactitude ne saurait être d'une rigueur absolue. En effet, ce de pouvoir relever, sur un animal vivant, les mesures. nécessaires à la détermination. de celte surface, nous avons sacrifié un de nos sujets, et avons constaté que le rapport entre l'étendue de sa peau et son poids vif, correspondait à l'équation S = ÿ/ p° X 9.67. Nous appliquons cette formule à tous, sans nous dissimuler que la con- formation des bovidés n’est pas invariablement la même. Dans ce qui précède, nous les avons envisagés commé étant dans un état d'hydratation très restreinte. Avec un régime qui, en augmentant la proportion d’eau dans les tissus, diminuerait celle de la matière sèche pour chaque kilogramme gagné, nos chiffres devraient naturellement subir une correclion correspondante. Aulant que nous en pouvons juger, les aliments, après leur digestion, seraient aussi bien utilisés par un sujet que par l’autre. Les supériorités individuelles proviendraient de la faculté que possèdent certains ani- maux, de digérer une plus forte quantité d'aliments que la moyenne de leurs congénères. Peut-être aussi le développement de cette faculté digestive est-il la conséquence de l'activité plus grande, avec laquelle les aliments seraient utilisés, après leur introduction dans le lorrent 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a e circulatoire. Actuellement, nous devons nous borner à CEE les faits dont nous possédons la preuve. Quelques laborieuses que soient les observations du genre de celles que nous avons entreprises, il est indispensable de leur donner une très longue durée, des mois et non des jours. Des expériences écourtées risqueraient fort de provoquer des conclusions toutes différentes, de celles que l’on est amené à déduire, quand on s’astreint à leur consacrer tout le temps nécessaire. Dépenses d'entretien et de croissance. SOUS à Brera Surface du corps. Aliment digérés, par mètre su- perficiel, évalués en calories . Dépenses d'entretien, par mètre superficiel, évaluées en calor. Répartition entre chaque mètre superf. du montant des maté- riaux prélevés parla croissance. Frais de croissance par mètre superficiel Croissance journalière en poids (grammes) Frais de croissance par mètre, pour chaque kil. gagné (calor.) Ecarts avec la moyenne, frais d'entretien et de croissance réunies (pour 100) LA PROLIFÉRATION VÉSICULAIRE EXOGÈNE DANS L'ÉCHINOCOCCOSE HUMAINE, par M. F. DÉVÉ (de Rouen). D'observation fréquente dans l’échinococcose vétérinaire, le pro- cessus de la prolifération exogène serait, au contraire, très rare dans. l’échinococcose humaine, exception faite pour deux localisations spé- ciales de l’affection : les kystes des os et ceux de l’épiploon. Telle est l'opinion classique. SÉANCE DU 8 JUILLET 99 Les faits qu’on a invoqués à ce sujet ne sont pas tous indiscutables. En ce qui concerne plus particulièrement les kysles multiples de l’épi- ploon, il n’est plus douteux aujourd'hui que dans la plupart des cas de ce genre sinon dans tous, les divers kystes ne ressortissent au processus de l’'échinococcose secondaire. Si nous exceptons un cas de kyste hydatique des os, où nous avons pu la vérifier, c'est en vain, jusqu'ici, que nous avions recherché l'exis- tence de vésicules d'origine cuticulaire sur de nombreuses pièces d’ecchi- nococcose humaine. Aussi avions-nous été conduit à mettre en doute la réalité de la prolifération vésiculaire exogène chez l'homme, en dehors de la localisation osseuse du parasite. — Différents faits observés récemment nous obligent à réformer notre opinion. Le cas suivant est, à cet égard, particulièrement démonstratif. Un malade, chez lequel on était déjà intervenu il y a deux ans pour un kyste hydatique du foie, fut opéré à nouveau (mai 1905) pour des kystes multiples de l'abdomen : on ouvrit successivement trois poches hépatiques et on réséqua l’épiploon contenant plusieurs tumeurs échinococciques. La première des poches hépatiques était bourrée de vésicules-filles fertiles, sans membrane-mère reconnaissable. La seconde renfermait, en contact intime dans un même sac fibreux biloculé par un léger rétrécissement circu- laire, deux vésicules du volume d’une orange, fertiles en scolex, mais ne ren- fermant pas d'hyatides endogènes : la membrane-mère de l’une d'elles pré- sentait, incluse entre les feuillets de sa cuticule, une formation vésiculaire de la grosseur d’un pois; l’autre membrane-mère en portait deux, du volume d'une noisette. Le troisième kyste, dans lequel s'était ouvert un gros conduit biliaire — l’autopsie devait démontrer que c'était la vésicule biliaire — était occupé par une volumineuse vésicule-mère (un litre et demi de liquide eau de roche), dont la surface externe était fortement teintée par la bile ; la mem- brane-mère extraite, on trouva quatre hydatides exogènes (noisette, cerise) libres dans le sac fibreux et colorées par la bile. — Quant à l’épiploon réséqué, il logeait six kystes dont quatre affaissés, en involution spontanée ; l'un des deux autres, du volume d’un œuf, présentait une petite vésicule intracuticulaire ayant la grosseur d’un pois. Le malade mourut le lendemain de l'opération, avec des symptômes d'obstruction intestinale et de l'anurie. A l’autopsie, nous avons découvert, en plus des trois poches intrahépatiques évacuées, quatre kystes périhépa- tiques, un kyste pelvien et un kyste la rate. Deux des kystes périhépatiques étaient logés sous le diaphragme et avaient profondément déprimé la face convexe du foie. L'un d'eux avait donné nais- sance à un groupe de petiles vésicules exogènes qui s'étaient enfoncées et comme incrustées dans l'épaisseur du tissu fibreux adventice. La logette ainsi creusée élait séparée de la grande cavité par un mince diaphragme fibroïde dont le centre perforé respectait la continuité entre la cuticule maternelle et les vésicules qui en émanaient. — Les deux autres kystes péribépatiques étaient logés entre le rein droit et le foie, excavés pour les recevoir : le plus volumineux présentait deux vésicules exogènes /noisettes), 100 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE encore adhérentes à la cuticule maternelle. Le kyste du bassin, étroitement enclavé dans la cavité pelvienne, avait comprimé les uretères et le rectum. Il renfermait quatre vésicules exogènes : deux adhérentes à la surface de la . vésicule-mère, les deux autres libres dans la poche. Le kyste splénique (œuf d'’autruche) occupait le pôle inférieur de la rate ; il était intraparenchyma- teux. Sa poche fibreuse contenait une vésicule- fille (noix), accolée à à la sur- face externe de la membrane-mère. Il est à remarquer que dans ce cas les divers kystes, soit primitifs (foie, rate), soit secondaires (péritoine périhépatique, épiploon, bassin), présen- taient tous le même type hydatique, scolécipare, à prolifération vésiculaire exogène, Sans aucune hydatide endogène. Conformément à l'opinion de Küchenmeister et de Leuckart, les vésicules exogènes, même de très petit volume, se montraieut remarquablement fertiles en scolex. Déjà dans un cas récent nous avions observé, au niveau d'un kyste du foie, la présence de deux vésicules inlracuticulaires. Dans quatre autres pièces (kystes du foie, du cœur, du rein, du bassin), étudiées après fixation, nous avons trouvé la poche kystique bourrée d’hydatides de divers volumes, accolées et plus ou moins adhérentes entre elles, et non incluses à l’intérieur d’une vésicule-mère commune (plus ou moins dégénérée) : il s'agissait done, bien probablement, de vésicules d'ori- gine cuticulaire, nées par bourgeonnement exogène. Ce processus s'applique sans doute à un certain nombre de kystes hydaliques ÎT type complexe, multivésiculaire. En tout cas, celte notion du développement éventuel de vésicules exogènes dans les localisations les plus diverses de l’échinoccose humaine, est importante à connaitre pour le chirurgien qui, après avoir pratiqué l’ablation de la vésicule-mère, devra toujours s'assurer que quelque hydatide exogène ne reste pas dans la poche fibreuse évacuée. - NoTE sur LE Physopus rubrocincla GIARD, INSECTE NUISIBLE AU CACAOYER A LA GUADELOUPE, par M. A. ELor. Dans la Revue des Cullures coloniales, du 20 décembre 1901, je signa- lais la présence à la Guadeloupe d’un J'hrips qui s'attaque aux feuilles du Cacaoyer, et après avoir exposé les caractères distinctifs de -cet. insecte dont je devais la description complète à la haute compétence de M. le professeur Giard, de l’Institut, je donnais des indications suscep- tibles de mettre le planteur en garde contre cet ennemi. Comme cette maladie est récente, je vais me permeltre de rappeler encore quelques observations faites à son sujet. e SÉANCE DU 8 JUILLET 101 Il s’agit donc du PAysopus rubrocincta Giard, très petit insecte mesu- rant 1 millimètre à 4 millim. 5, de couleur noire ou brune foncée. Les larves ou nymphes sont jaunâtres. Sous ses différents états, l'insecte se caractérise par une bande rouge qui entoure l'abdomen comme d'une ceinture. À première vue l'aspect seul du feuillage d’un Cacaoyer attaqué suffit pour faire soupçconner la présence de l'insecte. La couleur verte de la feuille s'alténue sensiblement pendant que la surface du limbe présente des taches jaunâtres en voie de dessiccation. Ces taches correspondent à des surfaces occupées par des colonies de Z'hrips; elles s’observent . plutôt le long des nervures sur les bords des feuilles qui tombent tou- jours prématurément. Les organes disparus ne tardent pas à être rem- placés, et comme ces changements sont incessants, les arbres malades paraissent constamment en végélalion, mais laissés à eux-mêmes, ils ont tôt fait de s’épuiser; ils cessent de produire, s’affaiblissent graduelle- ment et meurent. Les fruits prennent en grossissant une coloration brunâtre due à une sorte d’enduit qui semble résulter des nombreuses piqüres de l'insecte; cet enduit, d'aspect cireux, masque les signes de maturilé des fruits, ce qui gène l'opération de la cueillette. Le planteur essaie d'y remédier en grattant légèrement avec l'angle les cabosses masquées avant de cueillir, mais comment recourir à une semblable pratique sur les nombreux fruits venus sur les branches élevées hors de la portée de la main? Ceux-ci sont forcément récollés au hasard, d’où une perte inévitable, soit en quantité, soit en qualité des produits. Telle est la maladie dans ses caractères et les conséquences qu'elle peut avoir pour les plantations envahies. | Heureusement que ces dégâts, pour être graves, sont très localisés et semblent encore le triste privilège des plantations situées dans les par- ties basses trop humides, des cultures peu aérées, insuffisamment éclai- rées et mal soignées. La maladie se calme habituellement pendant la saison sèche pour redoubler d’énergie aux premières pluies. Bien que j'aie remarqué l’insecte un peu partout, les plantations réunissant les conditions ci-dessus exposées sont seules à souffrir réellement du mal qui entraîne en peu de temps le dépérissement des arbres. Je suis convaincu que la position des plantations, les soins de cul- ture jouent un rôle prépondérant dans l’évolution du Z'hrips du Cacaoyer qui peut être évité ou combattu simplement par les bonnes méthodes culturales; et pratiquement, grâce à un écartement convenable entre les arbres, au drainage, à la laille et aux fumures appropriées, je suis arrivé à chasser la maladie d’une portion de plantation en voie de dis- parition à la Guadeloupe. J'avais bien envisagé l'emploi éventuel de quelque solution insecticide en pulvérisations, mais je n'eus pas besoin d'arriver à celle opération pour obtenir la mise à fruits de sujets depuis longtemps stériles et en pleine dégénérescence. 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je conclus donc en déclarant que la culture du Cacaoyer peut s'étendre avantageusement à la Guadeloupe où elle rencontre jusqu'ici très peu d'ennemis (le Z’hrips qui est encore là-bas le parasite le plus dangereux ne provoque de véritable dégâts qui dans les plantations mal conçues ou mal cultivées), et que cette maladie peut être combattue uniquement par les bonnes méthodes culturales. SUR UN MODE PARTICULIER DE LOCOMOTION DE CERTAINS Slenus, par MM. G. Bizcarp et CG. BRuyaANr. Nous avons observé au bord des ruisselets alimentés par les sources pures et froides de la montagne deux espèces de Sienus (S1. tarsalis Lj. et St. cicindeloides Schell) qui présentent un mode particulier de loco- molion à la surface de l’eau. Habituellement accrochés aux tiges de Graminées qui croissent sur lee rives de ces ruisselets, ces insectes sont exposés à tomber sur la nappe liquide qui coule au-dessous d'eux, parfois avec une grande rapidité. Comme beaucoup d’autres insectes, ils peuvent marcher à la surface de l’eau, mais leur vitesse de progression est alors très faible, et ils risque- raient ainsi d’être entraînés au loin. Pour lutter contre la rapidité du courant, ils usent du procédé suivant. Ils expulsent par l'extrémité anale une substance dont le contact avec la surface de l'eau produit une réaction qui les chasse très vivement en avant. L'animal peut en incur- vant son abdomen orienter sa course vers le point qu'il veut atteindre. Nous avons cherché l’explication de cette locomotion spéciale : elle réside pour nous dans les variations brusques de tension superficielle que provoque sur l'eau la substance expulsée par l'animal. Lorsqu'on place l’insecte à la surface d’une nappe d’eau pure, sur laquelle on a projeté de la poudre de Lycopode, on voit les spores fuir en arrière de l'animal et celui-ci laisser un large sillage. Lorsqu'il veut fuir rapidement ; aucune réaction ne se produit au contraire, lorsque l’insecte marche simplement à la surface. Si l’on détache l'extrémité de l'abdomen, on voit au bout de quelques instants celle-ci expulser par intermittence la substance à tension superficielle très basse, et se mouvoir rapidement comme un morceau de camphre ou de thymol. On note toutefois que l'expulsion est produite par saccades, comme si, sous l'influence de l'excitation asphyxique, les canaux excréteurs des glandes productrices de la substance (glandes anales), se contractaient rythmiquement. | Ce mode de locomotion ne peut s'effectuer lorsqu'on place l'animal PR SÉANCE DU 8 JUILLET 103 sur une nappe d’eau impure dont la tension superficielle a été fortement abaissée, par addition d’eau savonneuse par exemple. — Comme les deux espèces que nous avons observées fréquentent, particulièrement les sources pures et froides de la montagne dont les eaux ont une ten- sion superficielle élevée, nous voyons là une adaptation bien particu- lière de l'espèce aux conditions d'existence que nous venons de signaler. (Ecole de médecine de Clermont-Ferrand.) UN NOUVEAU PROCÉDÉ EXPÉRIMENTAL EN PSYCHOLOGIE ZOOLOGIQUE, par M. P. HACHET-SoUPLET. Quand un animal agit dans un cas où sont réalisées toutes les cir- constances ordinaires dans lesquelles ses actes habituels doivent se produire, nous n'avons aucun criférium permettant d'établir si cet animal a conscience de ce qu’il fait. Il à pu simplement retrouver, sans les avoir cherchées intelligemment, toutes les conditions extérieures nécessaires au fonctionnement d’actes réflexes. Or, l’animal agit le plus souvent ainsi; il ne sort guère de son cercle d’habitudes; et, sans la méthode expérimentale, nous serions forcés de ie déclarer purement instinetif, pour ne pas braver la loi d'économie. Mais, si nous supprimons expérimentalement une ou plusieurs des conditions extérieures et essentielles sans lesquelles l'acte ne peut plus être utile, l'animal pourra se comporter de deux facons différentes : A. — Peut-être agira-t-il quand même. Dans ce cas, il commettra une erreur; il agira à faux parce que la reproduction d’une impression entraine chez lui la reproduction de toutes les impressions suivantes du même complexe ainsi que les mouvements qui y sont reliés; il montrera par là qu'il se laisse (du moins dans le cas considéré) guider par des impressions anciennes étroitement associées, qui sont familières à l'espèce, et non par la totalité des impressions présentes, dont une partie, celle qui est inconnue de l'espèce et est reçue actuellement par l'individu, se trouve, chez celui-ci, pour ainsi dire « masquée » par les acquisitions anciennes de l'espèce. Un telacte ne relève que de l'instinct considéré comme un ensemble de réflexes commandés par la mémoire fonctionnelle. Exemples : L'Eupagurus bernhardus extrait d'une coquille et placé sur une boule reçoit des impressions visuelles venant de cette boule; cependant, il ne comprend pas qu’elle n’est pas creusée d'un trou : ses actes se déroulent, déclanchés par l'impression de courbure; et il cherche à faire pénétrer son abdomen dans un péristome qui n'existe 104 ' SOCIËTÉ DE BIOLOGIE pas. L’Aydrophilus pireus, habitué à s'abatire sur les eaux stagnantes, se pose sur une glace placée horizontalement. BB. — Si l'animal n'agit pas, après. suppression par l'expérimen tateur de conditions extérieures auxquelles est liée l'utilité de ses actes, cela signifiera qu'il à su s'adapter rapidement à une circonstance éventuelle, qu'il a su dissocier à propos ses impressions anciennes, ne pas agir comme un automate, mais intellrgemment. Ilne faut pas loutefois que le mot « utile » crée ici une équivoque. Ce est pas l’utililé d'un acte qui peut jamais, à elle seule, montrer qu'il est conscient, puisque les actes instinctifs (à part ceux dictés par une. erreur) sont tous utiles. Detels' actes ne prouvent que des associations d'impression. Au contraire, l’abstention d’un animal, dans un cas parti- culier où il a intérêt à s'abstenir, montre qu'il est conscient, parce qu’il sait sortir à propos du cercle des habitudes de l'espèce. C'est donc /a connaissance de l'utililé ou de l'inutilité d’un acte, prouvée par -une adaptalion rapide à des circonstances éventuelles, qui peut servir de critérium de l'intelligence. Dans ces recherches, il s’agit de déterminer : 1° Si l'animal est conscient dans une circonstance donnée; 2° Si, le résultat ayant été négatif dans une circonstance donnée, l'animal peut être conscient dans d’autres circonstances. On rencontre des erreurs par suite d'associations intimes des impres- sions, dans toute la série animale et chez l’homme lui-même; cé genre d'erreur peut indiquer une inaplitude à abstraire soit absolue, soit relative. Il faut donc, avant de porter un jugement, pratiquer de très nombreuses expériences sur chaque espèce, explorer tout le champ d’activité de chacune. Quoi qu'il en soit, il semble que le moyen d'investigation psychologique basé sur les erreurs de l'instinct est applicable à toutes les espèces, et constitue une sorte de commune mesure qui, jusqu'ici, avait été vainement cherchée dans le but de classer les animaux au point de vue psycho- logique. = SUR LA SPÉCIFICITÉ DES HÔTES DES CESTODES, par MM. L. Jammes et H. MaNDouL. De nombreux faits ayanttrait à l'adaptation des Cestodes à leurs hôtes restent encore sans explication. Ainsi, on constate journellement que les animaux soumis aux infestations expérimentales se comportent de façons très diverses vis-à-vis des helminthes : le Porc et le Cobaye, par exemple, sont absolument réfractaires au développement des Cestodes; d’autres hôtes, au conlraire, témoignent d’une tolérance des plus éten- TES SÉANCE DU 8 JUILLET 105 dues ; le Bœuf et le Cheval hébergent trois espèces de Tænias, le Chien huit espèces de Tænias, et le Mouton peut nourrir jusqu'à dix espèces de Cestodes, etc. Il parait résulter de ces différents cas une certaine inaptitude des Vers à s'adapter indifféremment aux conditions qui leur sont offertes et nous devons admettre qu'il ne suffit pas que les embryons de Ces- todes arrivent vivants dans la cavité intestinale de l'hôte : il faut encore qu'ils y trouvent des conditions adéquates à leur développement. Nos nouvelles recherches, basées, d’une part, sur des observations fait2s aux Abattoirs de la ville de Toulouse, d’autre part, sur des mesures du pou- voir bactéricide des Cestodes, nous permettent d'apporter quelques éclaircis- sements sur cette question. A l’aide d'une statistique dressée principalement sur l'espèce ovine, nous avons pu constater que, pour un nombre égal d'animaux abatius, la quantité de Tænias recueillis différait, d’une facon notable, suivant les époques. Nom- breux durant la saison chaude, les Cestodes deviennent rares pendant les mois d'hiver. Cette alternance saisonnière est indépendante du lieu d’origine des sujets observés; elle ne semble pas dépendre davantage de l'hôte inter- médiaire quel qu'il soit : ce dernier, en effet, peut avoir une influence dans l’arrivée du parasite, mais son rôle devient difficile à comprendre dans sa brusque disparition. Les différences observées nous paraissent plutôt devoir se rapporter à une question de milieu. Le régime alimentaire des troupeaux varie suivant les moments; composé en été d'herbages frais, il a pour base en hiver des substances sèches dont la composition diffère souvent beaucoup de la nourriture d'été. En présence de ces faits, nous pouvons supposer, a priori, qu'il se produit pour le parasite une chose comparable à ce qui se passerait s'il était transporté tout à coup sur un hôte nouveau, moins apte que le précédent à favoriser son fonctionnement organique. Nous savons, d'autre part, que le contenu intestinal subit d'importantes modifications quand le régime alimentaire change ; car en admettant même que les propriétés des sucs pancréatique et intestinal ne se modifient pas, comme le pense Frouin, sous l'influence des différents régimes, la flore bac- térienne subit dans sa teneur en espèces et dans la virulence de celles-ci des changements considérables. Il importe donc de savoir si aux modifications du contenu intestinal de l'hôte correspondent, réellement, des différences dans la façon d’être des Cestodes. Nos expériences paraissent confirmer cetle supposition. Nous avons obtenu, en effet, les résultats suivants : 1° Sur un même hôte, le chien, deux Tænias d'espèces différentes (T. serrala et T. marginala) possèdent des pouvoirs bactéricides sensi- blement égaux; 2° [nversement, sur deux hôtes différents, le bœuf et le mouton, des Tænias d'une même espèce (7, expansa) manifestent, le plus souvent, des pouvoirs bacléricides dissemblables,. Le pouvoir bactéricide de Tænias différents tend, par conséquent, à Brococre. Comeres RExDUS. — 1905, T, LIX. 8 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'unifier sur un même hôte; au contraire, le pouvoir d’une même espèce peut varier s’il y a changement de milieu. Dans ces conditions, nous croyons qu'il existe un rapport entre le pouvoir bactéricide du Cestode et les propriélés du contenu intestinal de l'hôte; celui-ci réglerait la valeur du pouvoir bactéricide. Déjà, Metchnikoff avait émis l'idée, à titre d’hypothèse, que les microbes intestinaux pouvaient exercer une influence sur les ento- zoaires, cette action représentant pour lui une forme de la coneur- rence vitale. Nos expériences paraissent confirmer ces vues, et montrer, en outre, que le pouvoir bactéricide constitue l’un des moyens employés dans le conflit. | Nous n'avons pu constater des phénomènes de même ordre chez les Nématodes; cela s'explique, peut-être, par le fait que ces helminthes ont des relations moins étroites avec leurs hôtes. Ils possèdent, en effet, un tube digestif et une cuticule imperméable qui rendent moins directe l’action du milieu intestinal. En résumé, le parasite lutte dans la cavité intestinale de l'hôte, contre les différentes causes qui tendent à l’éliminer. Le pouvoir bactéricide constitue, pour lui, l’un des moyens de défense. La faculté d’approprier d'une façon plus ou moins complète son pouvoir bactéricide au milieu dans lequel il se trouve doit avoir un rôle dans l'élimination du para- site ou dans son maintien sur l'hôte. Les inégalités que présentent, à ce point de vue, les différents Cestodes donneraient la mesure de la spécificité des hôtes. DES MODIFICATIONS SUBIES, DANS L'ESTOMAC ET LE DUODÉNUM, PAR LES SOLUTIONS ACIDES INGÉRÉES, par MM. P. CARNOT et A. CHASSEVANT. Comme suile à nos communications antérieures sur le passage pylo- rique et les modifications subies dans l'estomac et le duodénum par les solutions salines ingérées, nous avons étudié la manière de se com- porter des solutions acides. I. Modifications subies dans l'estomac. — Nous avons d’abord étudié les modi- fications subies par les solutions d'acide chlorhydrique; on en prélevait en série, par la sonde, des échantillons pour l’analyse; une partie des solutions ingérées séjourne un assez long temps dans l'estomac, par suite de la ferme- ture du pylore; leur acidité et leur teneur en CI diminuent rapidement; par exemple, après ingestion de 200 centimètres cubes, l'acidité, calculée en CI, tombe, en une heure, de 6,03 p. 1000 à 2,57 (au diméthyl-amido-3z0-benzol) et à 2,92 (à la phtaléine); parallèlement, le CI tombe de 6,03 p. 1000 à 4,97. SÉANCE DU 8 JUILLET 107 La diminution de l’acidité et du taux de Cl est le résultat d'une série d'actions; mais comme il est impossible de fixer la part qui revient à la sécrétion chlorée de l'estomac, nous avons préféré étudier la manière dont se comportent d'autres acides, notamment les acides sulfurique et phospho- rique. Avec l'acide sulfurique, nous avons fait une série d'expériences que nous résumons dans le tableau suivant : Acidité (en Cl) RE ES SOH?2 CI auDAAB àla phtaléime À Solution à 2,60 p. 1000. Solution téMOiR: 3,iite md ° 2,60 0 1,10 dt — 0008 Liquide gastrique après 20 min. 1,93 0,171 1,27 1,71 — (0018 — après 1 h. 35. 1,30 1559 0,92 1,23 — 0025 Solution à 3,13 p. 1000. Solution témoin. . . . . . .: . 3,13 0 2121 2,41 — (0018 Liquide gastrique après 1 heure. 2,98 0,35 2,84 2,05 — 0022 — ap. 2 heures. 2,64 0,53 1,34 1,59 — 0026 Solution à 3,27 p. 1000. Solution témoin. . . . . . . . 3,21 0 2,19 2,98 — 0021 Liquide gastrique après 1 heure. 2,94 0,88 1,81 2,23 — 0028 Solution à 4,33 p. 1000. Solution témoin . : : : : : . 4,33 0 » 3,13 — 0026 Liquide gastrique ap. 1/2heure. 2,94 1,06 » 1995 — 0030 Solution à 4,87 p. 1000. SOLUTION TÉMOINS PNEMENMEEN 4,81 0 3,59 3,55 » Liquide gastrique ap. 1/2heure. 2,85 1,59 1,59 US » — ap. l heure . 2,64 1,9% 0,88 1,508 » Avec l’acide phosphorique nous avons observé les mêmes phéno- mènes : Acidité (en C1) EEE Te 18210) CI auDAAB àälaphtaléine A Solution à 20,72 p. 1000. Solution témoin, ; . . . . . . 20,72 0 0,81 1,69 -—0010 Liquide gastrique après 35 min. 15,30 0,88 0,98 aaT — 0020 — après 1 h. 10. 15,30 1,94 0,44 1,83 — 0031 Solution à 35,71 p. 1000. Solution témoin. . . . . . .. 33,74 0 1,71 3,69 0018 Liquide gastrique après 30 min. 34,43 0,88 1,91 3,55 —0028 — après 50 min. 22,63 1,2% 0,319 2,13 — 0031 Les différents chiffres résumés dans ce tableau sont, en réalité, très con- cordants, élant donnée la complexité des expériences, et indiquent des actions de même sens se produisant avec une grande précision. L'acidité totale diminue; cette diminution est d'autant plus rapide que la solution est plus acide. Elle n’est pas due seulement à une neutralisation des 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE acides sulfurique ou phosphorique ingérés, car le taux global de ces acides, neutralisés ou non, diminue parallèlement à l'acidité; il est probable qu'elle est attribuable, d'une part, à la fixation d’une partie de l'acide sur la muqueuse ou sur le mucus, d'autre part, à l'évacuation d’une partie de l'acide dans le duodénum, d’autre part enfin, à la dilution de la solution ingérée par les liquides sécrétés, salivaires ou gastriques... Inversement, à mesure que diminuent l'acidité et le taux global de SO‘H? ou de P*0*, augmente la concen- tration moléculaire exprimée par À; cette augmentation est parallèle à l’aug- mentation du Cl total, et probablement commandée par elle; ce chiffre de Cl représente en majeure partie du NaCI, puisque l'acidité se modifie en sens inverse du taux de CI. On peut donc conclure qu’en présence de solutions. acides toujours hypotoniques, il y a diminution de l'acidité et de la proportion globale des acides ingérés, mais, inversement, tendance au rétablissement de l'équilibre osmotique pour ces liquides hypotoniques, et augmentation de la concentration moléculaire par addition de sécrétions riches en chlorures. Il est vraisemblable d’ailleurs que, dans ces solutions gastriques, il se pro- duit un état d'équilibre entre l'acide ingéré et le NaCI sécrété, que l'acide se neutralise en partie et, qu'inversement, l'HCI devient partiellement libre. En résumé, des solutions acides séjournant dans l'estomac tendent à un équilibre chimique; l'acide ingéré diminue, tandis que le CI augmente. Le taux de l'acidité totale diminue, alors que la concentration moléculaire augmente et tend à se rapprocher de l'isotonie. | IT. Passage pylorique des solutions acides. — On sait que la présence d'acide dans le duodécum provoque la fermeture du pylore (réflexe acide de Pawlow). Une des conséquences de ce réflexe est la très grande lenteur avec laquelle les solutions acides ingérées quittent l'estomac et passent dans le duodénum. C’est ce que nous avons observé le plus souvent, surtout d’ ailleurs lorsqu'il y avait à la muqueuse duodénale de petites ulcérations. Le passage pylorique, observé par les fistules duodénales, se fait alors avec une extrême lenteur et dure plusieurs heures. Cependant, dans un assez grand nombre de cas encore mal élucidés, nous avons observé un passage pylorique beaucoup moins lent des solutions acides; il nous a semblé jusqu'ici, d'autre part, qu'il n’y avait pas proportionnalité entre le degré d’acidité d’une solution el la lenteur de son passage; tout au contraire, nous avons constaté plusieurs fois que les solulions fortement acides passaient plus rapidement que les solutions moins acides. Ce résultat, un peu paradoxal, a besoin d’être vérifié à nouveau, mais il pourrait s’expli- quer par la considération suivante : les solutions acides les plus concentrées étant les moins hypotoniques doivent passer, suivant la loi que nous nous sommes efforcés d'établir, moins lentement que les solutions moins acides et plus hypotoniques. Les deux réflexes, acide et A-résulateur du pylore, fonc- tionnant simultanément en sens inverse, donneraient les résultats contradic- toires que nous avons plusieurs fois observés. IT. Modifications subies dans le duodénum par les solutions acides. — Les modifications duodénales des solutions acides dépendent, avant tout, de leur passage pylorique : s’il y a spasme du pylore et débit intermittent minime, la solution, déjà en partie équilibrée dans l'estomac, est immédiatement neutralisée à son arrivée dans le duodénum. On constate que le liquide qui SÉANCE DU 8 JUILLET | 109 s'écoule par la fistule duodénale n’est plus acide, que sa concentration molé- culaire est beaucoup plus élevée que dans l'estomac, que la quantité des acides sulfurique ou phosphorique ingérés a diminué alors que la quantité de chlorures a augmenté. Tous ces phénomènes s'expliquent par l'addition assez considérable au liquide gastrique, de sécrétion duodénale et surtout de bile, facilement reconnaissable à sa couleur jaune. C’est principalement la bile qui produit une élévation de la concentration moléculaire et de la teneur en CI. Aussi l’ingestion de solutions acides aboutit-elle à une hypersécrétion biliaire. Le liquide duodénal qui s'écoule par la fistule n’est donc plus acide; aussi s’explique-t-on qu'au contact de la muqueuse, il ne produise plus de sécrétine, qui exciterait la sécrétion pancréatique; en réalité, le liquide recueilli n'a pas un pouvoir digestif bien notable, fait assez surprenant au premier abord. Lorsqu'au contraire, après ingestion de solutions plus acides, il se produit, comme nous l'avons dit plus haut, une évacuation pylorique plus rapide, le liquide est encore acide à son passage duodénal. Sa neutralisation et son équilibration moléculaire sont plus défectueuses, et surtout plus lentes; il semble, par contre, se faire une sécrétion pancréatique plus active. Il y a donc peut-être par ce mécanisme un certain balancement entre le temps qu'un liquide passe dans l'estomac où il peut se modifier, et l'intensité de sécrétions pancréatiques et biliaires dues à la sécrétine, qui ont pour but de compléter le processus incomplet d’assimilation gastrique. Le processus de neutralisation des solutions acides est, dans ses grandes lignes, parallèle au processus d'équilibration moléculaire des solutions salines, précédemment décrit; ces deux processus se com- plètent d’ailleurs et semblent juxtaposer leurs effets. SUR LA TENEUR EN BILIRUBINE DU SÉRUM SANGUIN DANS LA PNEUMONIE, par MM. A. Gizsert et M. HERSCHER. Des divers ictères survenant au cours des maladies infectieuses, l’un des plus fréquents et l’un de ceux qui ont le plus attiré l'attention est celui de la pneuménie. Il constitue le type de l’ictère dit hémaphéique. La peau prend, principalement à la face, une légère coloration jaune, les conjonctives demeurant habituellement normales. Les urines, dimi- nuées de quantité, sont hautes en couleur, ont un aspect bière forte et prennent, par aclion de l'acide nitrique, une teinte acajou (réaction de Gubler). La nature de cet ictère a été diversement interprétée. Gubler lui attri- buait une origine sanguine : c'était l'hémaphéine, produit formé dans le sang même, par destruction de l'hémoglobine, qui en était la source. 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais l’hémaphéine n'ayant jamais été rencontrée ni dans les lissus, ni dans le sang, ni dans les urines, les Allemands considérèrent l’ictère hémaphéique comme un ictère urobilinique. En France, on admit, adoptant la théorie du professeur Hayem, qu'il s'agissait d’un ictère polypigmentaire, dû à l'association des pigments biliaires vrais et des pigments biliaires modifiés. D'une part, ne trouvant pas d’urobiline dans le sérum sanguin, non plus que de pigments ne donnant pas la réaction de Gmelin, et y ren- contrant, au contraire, constamment de la bilirubine; d'autre part, ne reconnaissant à l'urine d’autres caractères que de renfermer de l’uro- biline et relalivement plus d’urochrome qu’à l’état normal du fait de sa raréfaction, nous avons été conduits à envisager l'ictère dit hémaphéique comme un ictère ordinaire, occasionné par une cholémie légère ou modérée, acholurique du fail de la transformation totale par le rein en urobiline de la bilirubine contenue dans le sérum sanguin et tirant sa caractéristique de l’association, purement fortuite, à une pareille cho- lémie, d'une oligurie marquée. Nous nous proposons aujourd'hui de déterminer le degré de bilirubi- némie qui, dans la pneumonie, s'associe à la raréfaction des urines pour donner naissance à l’ictère hémaphéique. Nous rapporterons onze observations dont neuf, ayant trait à des cas moyens, sont résumées ci-dessous : 12, Lasègue, 13 juin 1905. — Pneumonie au début de la défervescence. Très légère teinte jaune des téguments. Urobiline en faible quantité dans l'urine. Cholémimétrie : 1 de bilirubine pour 36.000 de sérum, soit 0 gr. 0277 de bilirubine par litre de sérum. 8, Lasègue, 5 février 1904. — Pneumonie du sommet droit. Téguments à peine colorés. Urobilinurie légère. Cholémimétrie : 1/26600 —0 gr.0375 de bilirubine par litre de sérum, | 32, Lasègue, 17 avril 1904. — Pneumonie droite. Peau à peine teintée. Urobilinurie légère. Cholémimétrie : 1/24600 —0gr. 0406 de bilirubine par litre de sérum. 21, Lasègue, 13 avril 1904. — Pneumonie, rhumatisme chronique; peau d'apparence presque normale. Urobilinurie légère. Cholémimétrie: 1/28000 — 0 gr. 0476 de bilirubine par litre-de sérum. 18, Gubler, 19 juillet 1904. — Pneumonie avec diabète. Fond du teint jau- nâtre, urobilinurie. Cholémimétrie : 1/13300 —0 gr. 0750 de bilirubine par litre de sérum. 9, Lasècue, 26 juillet 1904. — Pneumonie. Peau nettement jaune. Uro- bilinurie assez marquée. Cholémimétrie : 1/11400 — 0 gr. 0877 de bilirubine par litre de sérum. 12, Lasègue, 10 juin 1905. — Pneumonie, veille de la mort. Teinte jaune accusée des téguments ; urobilinurie marquée. Cholémimétrie: 1/11400 —0 gr. 0877de bilirubine par litre de sérum. 4, Lasègue, 28 mai 1904. — Pneumonie. Delirium tremens, gros foie. Peau Me f , SÉANCE DU 8 JUILLET Ait légèrement jaune; urobitinurie accusée. Cholémimétrie : 1/9200— 0 gr. 1086 de bilirubine par litre de sérum. 10, Lasègue, 29 mars 1904. — Pneumonie. Teinte jaune de la peau très nette à la face. Urobilinurie accusée. Cholémimétrie : 1/9200 —0 gr. 1086 de bilirubine par litre de sérum. L'examen des chiffres fournis par la cholémimétrie montre donc, ainsi que nous l'avons avancé, l'existence d'une cholémie légère ou modérée, oscillant, mis à part le chiffre de 1/36000 obtenu dans un cas où la guérison était imminente, entre 1/26600 et 1/9200. La moyenne des résultats de nos neuf observations est exactement de 1/14875, soit, en chiffres ronds, 1/15000, ce qui donne près de 68 milli- grammes de bilirubine par litre de sérum et un peu plus de 20 centi- grammes pour l’ensemble de la masse sanguine. Ce chiffre est un peu supérieur à celui de la cholémie simple familiale (4), 4/17000. IL est exactement celui de la cholémie simple familiale avec lithiase biliaire, et se rapproche, disons-le dès maintenant, de celui que nous assigne- rons à la néphrite interstitielle. Et ainsi se trouvent précisés les rap- ports que nous avions établis dans noire classification des ictères entre les trois principales formes d’ictère acholurique. Nous avons soutenu, en effet, que l'ictère pathologique, un dans son essence même puisqu'il résulte toujours d’une résorption exagérée de pigments biliaires, est, et cela surtout suivant l'intensité de la cholémie, soit cholurique, soit acholurique. Dans cette dernière classe, nous avons montré que ce qui différencie surtout les cas, ce ne sont ni les caractères du sérum, ni ceux des téguments, mais bien le taux de la diurèse, permet- tant de décrire lrois formes d'ictère acholurique: ictère avec diurèse normale comme dans la cholémie familiale, ictère avec polyurie comme dans la néphrite interstitielle, ictère avec oligurie, ictère dit héma- phéique, comme dans la pneumonie. La cholémimétrie confirme notre manière de voir, montrant que, seule, la diurèse diffère dans les trois cas, le taux moyen de la cholémie restant sensiblement le même. Mais à côté des faits que nous venons de relaler, il en est d'excep- tionnels. Nous avons nolé chez un de nos malades une exagération très accusée de la cholémie : 41/3600. Il y avait alors un ictère intense et la cholurie était des plus manifestes. Par contre, dans un autre cas, nous avons observé que le sérum ren- fermait moins de pigments qu'à l’état normal et, très approximalive- ment, par Comparaison colorimétrique avec des sérums dilués après dosage préalable, nous avons pu évaluer sa teneur en bilirubine à 1/47250, puis à 1/64900. II s'agissait d’un malade dont l'observation peut ainsi être résumée: pneumonie du sommet droit très étendue; (4) Gilbert et Lereboullet. Société de Biologie, 3 et 10 juin 1905. 112 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE poumon presque entièrement hépatisé. Dilatalion du cœur droil avec : vrai et faux pouls veineux jugulaire. Ethylisme. Foie énorme. Ebauche de circulation collatérale. Rate notablement hypertrophiée. Cirrhose graisseuse probable. Albuminurie notable. Urines normales comme | quantité, sans réaction de Gubler. Pas d’ urobilinurie, OEdème bilatéral des membres inférieurs, léger à droite, piue accusé à gauche où 1l occupe tout le membre : phlébite? Un tel fait ne peut s'expliquer que par une insuffisance hépatique devenue telle qu'elle entrainait de l’acholie pigmentaire, d'où dimi- nution très notable dans le sérum des pigments biliaires qui, physiologi- quement, S'y rencontrent au taux de 1/36500, qui, dans la pneumonie, s’y trouvent dans la proportion moyenne de 1/15000.. ACTION DES MATIÈRES MINÉRALES SUR LES ÉCHANGES ET LA RÉSISTANCE DE L'ORGANISME, par M. A. CHARRIN. Un premier groupe d'expériences nous a permis d'établir qu'intro- duites en très minimes quantités, durant des semaines et des mois, les malières minérales provoquent, dans l’économie, des modifications en grande partie favorables. C'est ainsi que, dans ces conditions, le rap- port = , tend à se rapprocher de l'unité; le poids est plutôt en augmen- tation; le volume des urines atteint largement la moyenne; l’alcalinité du sérum sanguin est assez marquée; l’état bactéricide est mani- feste; l’agglutinalion s'opère rapidement; la résistance à l'infection, en général, se trouve légèrement accrue, etc. =. CAS Quand on compare des animaux soumis à l'influence de ces matières minérales à de simples témoins, c'est-à-dire à des sujets semblables vivants, sans rien recevoir de spécial, dans des conditions identiques, ces changements sont indéniables. Lorsque, en outre, tous les deux ou cinq jours, on injecte d'infimes proportions d'acides (1/4 à 1 centimètre cube d’une solution contenant pour 200 d’eau, 1 gramme d'acides lac- tique, oxalique, acétique), les différences sont encore plus accentuées; l’amélioralion des échanges nutritifs est plus prononcée (1). Au cours de nouvelles recherches, nous avons, tout d’abord, soumis deux groupes d'animaux, composés chacun de 4 cobayes sensiblement de même poids, à une alimentation comprenant, par tête, 60 grammes de son et surtout de carottes. — L'analyse des urines apprend qu'environ (1) Voir Académie des sciences, 31 juillet 1899. SÉANCE DU 8 JUILLET 413 après une semaine de ce régime, au point de vue de la nutrition, ces deux groupes d'animaux sont comparables; les coefficients azoturiques diffèrent à peine, 0,84 et 0,83 ou 0,85. A ce moment, on supprime tout aliment solide; à chaque cobaye du premier de ces groupes (groupe a), on injecte sous la peau, par 100 grammes de poids, À centimètre cube d'une solution aqueuse de chlorure de sodium (8 à 10 par litre), et de phosphate de soude (8 à 10 p. 1000). Chacun des cobayes du second groupe (groupe b) recoit également, par voie sous-cutanée et pour 100 grammes de poids, 4 centimètre cube d’eau soigneusement distillée, purgée, comme le prouvent les réactifs, de ses principes minéraux. Dans ces conditions, la mort ne tarde pas à survenir ; il est rare que la résistance dépasse quatre à six jours. Ce sont, parfois, les animaux privés de malières minérales qui succombent les premiers; mais celte règle n’a rien d’absolu et, à cet égard comme à beaucoup d’autres, les différences sont minimes. Les amaigrissements l'emportent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre; cependant des moyennes, portant sur 8 sujets (4 de chaque catégorie) et sur trois journées de diète hydrique, minéralisée et non minéralisée, indiquent que, dans l'ensemble, un animal recevant uniquement de l’eau distillée maigrit davantage, soit 14 grammes en plus. Chez ces cobayes du groupe b, la température, après deux ou quatre jours de ces injections, est inférieure de 0,2 ou 0,5; le volume des urines fléchit e à She. Az.u. - Ê aussi, mais plus irrégulièrement, et le rapport TE oscille aux envi- Z : rons de 0,77, à 0,80, tandis que, chez les sujets minéralisés, il se main- tient entre 0,82 et 0,85. Néanmoins, comme on le voit, les différences sont faibles, variables ; on les rend encore plus minimes en faisant boire les cobayes ou mieux en soumettant les animaux du groupe b à une alimentation constituée par du pain déchloruré, pendant qu'on donne du pain ordinaire à ceux de l’autre groupe. Dans ces conditions, la durée des expériences augmente; on constate des désordres spéciaux (dégénérescence du foie des sujets minéralisés ; disparités myocardiques, hématiques, etc.). En dépit de ces modifications, dépourvues de pouvoir plastique vrai et incapables de livrer des énergies fonctionnelles usuelles appréciables, les matières minérales, en dehors de leurs actions sur la pression osmolique, la concentration moléculaire, etc., semblent agir par une sorte de catalyse, à titre d'agents médiateurs, comme des ferments alténués ou des excilateurs des échanges. La complexité des phéno- mènes est manifeste; elle apparaît à mesure qu'on fait varier les con- ditions expérimentales, et plus encore quand, après deux ou trois jours de ces dièles absolues, on inocule un microbe tel que le bacille pyocya- nique. Il est, en effet, assez fréquent de constater que les animaux les 414 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus résistants, ceux dont les tissus se prêtent le moins à la pullulation des germes, sont les cobayes qui reçoivent de l'eau distillée; à la vérité on voil combien ces conditions diffèrent de celles des premières expériences. SEPTICÉMIE PNEUMOCOCCIQUE ET PHAGOCYTOSE CHEZ LES ARABES, Il par M. LarFoRGUE (de Tunis). La gravité des infections varie suivant les races. C'est un fait bien connu que la séreuse péritonéale est moins sensible chez les Arabes que chez les Européens. La résistance extrême de ces mêmes Arabes à la septicémie pneumococcique est une notion beaucoup moins banale Nous venons d'en observer un remarquable exemple. Il s’agit d’un indigène atteint d'une pneumonie lobaire gauche, qui s'était compliquée au bout de deux jours de généralisation insolite du pneumocoque dans le sang. Les diplocoques capsulés existaient en quantité notable dans tous les champs microscopiques ; les cultures et ino- eulations révélaient du pneumocoque typique. L'état du malade faisait présager une issue fatale prochaine. Le lendemain, malgré cette infection généralisée, on note une amélio- ration sensible de l’état général et une modification corrélative de l’état du sang. La leucocytose y est intense (35.600 globules blancs : polynu- cléaires 57 p. 100, mononucléaires 40 p. 100). Le nombre de pneumocoques en circulation a considérablement dimi- nué. On n’en rencontre plus de libres ; tous les germes encore visibles sont inclus dans les polynucléaires. Un nouvel ensemencement de sang en bouillon donne une culture bien plus lente à se développer que la première, mais de virulence à peine inférieure. Deux jours après, tous les germes avaient disparu de la circulation et le sujet entrait en convalescence. La guérison inattendue de cette septicémie par l'intervention des polynueléaires surpris en position de phagocytose active est un fait rare. Est-il absolument exceptionnel chez les indigènes ? Dans un autre cas, nous avons pu voir une généralisation pneumococcique, moins accen- tuée, il est vrai, se produire au cours d'un accès palustre chez un Arabe atteint de congeslion pulmonaire bénigne. Cette fois, le pneu- mocoque disparaissait de la circulation quelques heures après l'accès. Les faits de cette espèce apportent une contribution à Pétude com- parée et encore très obscure des réceptivités et résistances organiques dans les diverses races. Ils montrent également que la signification pro- nostique fâcheuse qu’on à toujours attribuée à la présence du pneumo- coque dans le sang des malades comporte des exceptions. SÉANCE DU S JUILLET 415 SUR LA NATURE DE CERTAINS ÉLÉMENTS CLAIRS DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN PATHOLOGIQUE, par MM. MauRicE VILLARET et LÉON TIxIER. Nous avons eu l'occasion, depuis dix-huit mois, d'examiner une cin- quantaine de liquides céphalo-rachidiens pathologiques dans lesquels nous avons été frappés par la présence presque constante d'éléments clairs et transparents. Il nous a paru intéressant de rechercher la nature et l'origine de ces éléments qui, jusqu'ici, ont été signalés sous le nom de leucocytes clairs par certains auteurs, de cellules endothéliales par d’autres. Nos examens ont porté sur la plupart des affections qui s’accompa- gnent de réaction méningée, et en particulier sur de nombreux cas de tabes, de syphilis cérébro-médullaire, d'hémorragies méningées, d’hé- miplégies organiques, de zona, ete. Au cours de ces différents examens nous avons trouvé que les réac- tions méningées à formules classiques étaient accompagnées d’une fa- con presque constante de ces éléments plus ou moins nets et en nom- bre plus ou moins considérable suivant les cas. Jamais, par contre, nous n'avons pu rencontrer de cellules endothé- liales typiques ; nous ne parlons pas des placards endothéliaux sembla- bles à ceux des pleurésies cardiaques à leur début qui auraient aussitôt entrainé notre conviction, mais jamais nous n'avons trouvé de grandes cellules isolées, à contours nets, à noyau bien différencié, à réactions colorantes spéciales, ressemblant, même de loin, à une cellule endothé- liale. La morphologie de ces éléments est extrêmement variable. Tantôt'ee sont de petits corps semi-transparents, arrondis, à contours nets, dont les dimensions sont celles d'un lymphocyte, mais dans lesquels il est impossible de différencier un noyau et un protoplasma ; on n’y distingue qu'un réticulum plus ou moins lâche. Tantôt il s’agit d'éléments qui diffèrent seulement des précédents par leurs dimensions plus considérables, en moyenne celles d’un grand mo- nonucléaire. Leur transparence est quelquefois telle qu'on aperçoit les autres cellules à travers leur réticulum ; il existe là une simple superpo- sition et non un englobement cellulaire. Dans cette seconde catégorie nous rangeons certains éléments dans lesquels la différenciation en protoplasma et en noyau est à la rigueur possible ; ce sont là, nous semble-t-il, les seules cellules qui pourraient être confondues avec les cellules endothéliales altérées, mais nous avons trouvé dans nos préparalions tous les intermédiaires entre le petit leu- cocyte clair et le grand macrophage que nous allons étudier. Nous placons, en effet, dans une troisième catégorie les éléments de 11 TER PSN 116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dimensions plus considérables que celles d'un grand mononucléaire constitués par un réticulum assez fin aux points d’entrecroisement du- quel on remarque de nombreux grains de chromatine prenant forte- ment les colorants basiques, et qui nous semblent être des débris nucléaires. Nous devons rapprocher de ces éléments de véritables dé- bris cellulaires de mêmes dimensions, mais dont les contours plus irré- guliers et la facon imparfaite dont ils prennent les malières colorantes nous font penser à des formes cellulaires vieillies ou en voie de des- truclion. En présence de cette grande variété d’éléments clairs, de leurs carac- tères morphologiques et des nombreuses formes de transition qui les relient, nous avons jugé qu'il s'agissait de cellules dégénérées dérivant, les plus pelites des lymphocytes, les moyennes des autres mononu- eléaires, les plus grandes enfin des macrophages. Nous nous sommes également demandé s'il existait de véritables cellules endothéliales dans les liquides céphalo-rachidiens pathologi- ques. Leur absence dans les nombreux examens que nous avons prati- qués, leur confusion possible avec les cellules de notre deuxième caté- gorie et avec les hématomacrophages des hémorragies méningées nous ont permis d’en douter. Si, d'autre part, les cellules endothéliales se trouvaient en grand nombre dans le liquide céphalo-rachidien, il serait logique de penser que cette desquamation ne va pas sans une perméabilité méningée de dehors en dedans. Or, dans quatre de nos cas dont la formule était par- ticulièrement remarquable par la présence de nombreux éléments pseudo-endothéliaux, nous n’avons pu constater trace de perméabilité ni à l’iodure de potassium (2 cas après quinze jours de KI à 10 grammes par jour), ni au salicylate de soude (2 cas après quinze jours à 4 gram- mes par Jour). Nous aurions encore pu douter de l’origine de ces éléments clairs si le hasard ne nous avait révélé l'existence d'éléments en tous points semblables dans un sang de leucémique lymphogène traité par la ra- diothérapie. Dans nos étalements certains points sont exactement su- perposables à nos préparalions de liquide céphalo-rachidien, et on y trouve également la même série d'éléments clairs avec tous les intermé- diaires entre le lymphocyte en voie de destruction et les débris de grands macrophages. Or, nous ne pensons pas qu’on ait décrit, dans un sang normal ou pathologique, des cellules endothéliales desquamées de l’en- dothélium vasculaire. Il existe de plus, dans les deux cas, une fragilité telle des lymphocytes qu'ils s’étirent et s’écrasent sous l’influence de l’étalement, donnant ainsi l'impression de fausses anastomoses. Il nous semble permis de comparer ces deux mécanismes différents de destruction cellulaire qui aboutissent aux mêmes résultats. Dans un SÉANCE DU 8 JUILLET 117 cas le rayon X est l'agent vulnérant, dans l’autre le séjour prolongé des cellules dans le liquide céphalo-rachidien doit être la cause de ces transformations cellulaires. PSEUDO-TUBERCULOSE CASÉEUSE CHEZ LES AGNEAUX, par M. J. BRIDRÉ. La maladie caséeuse du mouton étudiée par Preisz et Guinard, puis Guinard et Morey sous le nom de pseudo-tuberculose du mouton, par Sivori, à Buenos-Ayres, sous le nom de broncho-pneumonie, par Turski à Dantzig, par Cherry et Bull en Australie, par Norgaard et Mohler aux États-Unis, et dont l'agent est connu sous le nom de bacille de Preisz- Nocard, n’a élé observée que sur les animaux sacrifié$ aux abattoirs. Aussi, Nocard et Leclainche, dans leur trailé des maladies microbiennes des animaux, passent-ils rapidement sur la symptomatologie, et consi- dèrent-ils les moutons adultes comme étant seuls atteints. Il nous à été permis d'étudier dernièrement une maladie des.jeunes agneaux présentant de grandes analogies avec la maladie décrite par _les auteurs ci-dessus, et qui offre un certain intérêt au double point de vue du microbe qui la produit et du mode de contamination, dont la connnaissance permet d'appliquer une prophylaxie efficace. Les symptômes varient suivant le siège des lésions, le seul constant étant un affaiblissement commencant quelques jours après la naissance et progressant jusqu'à la mort, qui survient fatalement à l’âge de trois semaines environ. A l’autopsie, on trouve des abcès de dimensions très variables dans les différents organes, principalement dans le foie et le poumon qui peuvent présenter des lésions inflammatoires plus où moins élendues. Le pus des abcès renferme un très petit bacille qu’on retrouve égale- ment dans les coupes d'organes malades. Ce bacille, de même forme que celui de Preisz-Nocard, mais plus pelit, diffère de celui-ci par certains caractères biologiques : Le bouillon-sérum est le milieu de culture le plus favorable. Le bacille pousse dans le lait qu'il coagule en quatre jours. Il ne cultive pas ou pousse très faiblement en bouillon ordinaire et sur gélose ordinaire ; il ne pousse pas sur gélatine ni sur pomme de terre. Sur gélose-serum, il donne, au bout de trente heures, de petites colonies rondes, blanches, translucides. Sur sérum coagqulé, il produit de pelites colonies qui liquéfient rapidement le sérum. Ensemencé par piqûre dans un culot de sérum ccagulé, il liquéfie le milieu presque complètement en six semaines, le tube étant laissé à l’étuve à 37 degrés. 418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le bacille est aérobie et anaérobie ; il est immobile et ne produit pas de spores. Il prend le Gram et se colore bien par les colorants usuels ; certaines parties du microbe fixent davantage la matière colorante. Le microbe est peu pathogène pour le lapin et le cobaye : le premier résiste à l’inoculation intra-veineuse, et le second à l'inoculation intra- péritonéale. Par inoculation sous-cutanée on produit un abcès local. Le mouton adulte présente un abcès au point d’inoculation ; un agneau de six mois a présenté en outre une métastase qui s’est traduite par un abcès ganglionnaire de la région parotidienne; l’inoculation intra-vei- neuse a donné sur l'adulte un abcès d’un ganglion externe pré-scapu- laire, sans que l’animal ait été autrement malade. ë Enfin, la maladie peut être reproduite expérimentalement en déposant simplement une goutte de culture dans l'ombilic d'un agneau nouveau-né : l'animal meurt au bout de quinze à vingt jours avec les mêmes symp- tômes et les mêmes lésions que dans la maladie spontanée. Il ne s’agit donc pas, comme dans la «lung-disease » des veaux d'Irlande, étudiée par Nocard, d'une infection secondaire se dévelop- pant seulement chez les animaux affaiblis par la pasteurellose (white- secour). La contamination se fait, sans aucun doute, par la plaie ombilicale, et la prophylaxie se trouve réduite à une désinfection parfaite des étables infectées et à une asepsie de l’ombilic des agneaux nouveau-nés; l'application de ces principes a donné les meilleurs résultats. Certains animaux adultes du troupeau qui nous occupe présentent, au printemps principalement, des abcès externes. Le pus de ces abcès est presque toujours stérile et le bacille de l'agneau n'a pu, jusqu’à présent, être vu chez l'adulte. Peut-être s'agit-il d’affections différentes : la question reste à l'étude. (Travail du laboratoire du D' Borrel à l'Institut Pasteur.) ÉVALUATION DU POUVOIR PROTÉOLYTIQUE DES BACTÉRIDIES DU CHARBON, par MM. G. MazrriTano et F. STRADA.. Dans une culture de bactéridie charbonneuse en milieu liquide, ou dans une émulsion préparée en délayant Les corps microbiens raclés de la surface de la gélose, on peut, en séparant par fillration ou par centri- fugation les microbes, constater que le liquide a une action protéoly- tique. L'intensité de cette action diastasique est Vamioble selon la race et les conditions de vie des cellules qui ont été en contact avec le liquide. SÉANCE DU 8 JUILLET 119 Nous nous sommes proposé d'évaluer ces variations en cherchant à nous placer dans des conditions dans lesquelles la comparaison était possible. Dans ce but il fallait opérer avec des quantités suffisamment précises de corps microbiens. S’agissait-il de culture en bouillon, on en chauffait à 110-115 degrés à l’autoclave une portion exactement mesurée et l’on recueillait sur un double filtre taré les corps microbiens agglu- tinés, qu'on pesait après dessiccation jusqu'à poids constant. Dans le cas des émulsions dans l’eau distillée on en desséchait une portion exacte- ment mesurée dans une capsule tarée, et le résidu sec était considéré comme constitué par les corps microbiens. Ensuite l’on diluait les cul- tures ou les émulsions de façon à les ramener à la même teneur en corps microbiens secs. Pour essayer l’action protéolytique on se servait de la gélatine fondue ou de la gélatine solide en tubes gradués, selon la méthode décrite par l’un de nous. Action sur la gélatine fondue : On prenait des tubes à essais contenant 4 centimètres cubes de gélatine à 20 p. 100 exactement neutralisée à la phénol-phtaléine et stérilisée à 105 degrés, et on ajoutait des quantités de 0,1 à 1 centimètre cube de liquide diastasifère ; le volume était rendu égal (5 centimètres cubes) dans tous les tubes au moyen d’eau distillée stérile; on portait ensuite les échantillons ainsi préparés dans un bain à 40 degrés, et aussitôt que la gélatine était fondue on opérait soigneu- sement le mélange. De trois heures en trois heures on refroidissait ces tubes dans un bain à 15 degrés et l’on notait le temps et la dose néces- saires à amener la liquéfaclion permanente de la gélatine. Action sur la gélatine solide : On se servait de tubes de 1 millimètre de diamètre intérieur remplis de gélatine à 20 p. 100 stérilisée et colorée par le carmin; ces tubes étaient plongés par une extrémité dans un mélange de 1 ou 1/2 centimètre cube de liquide diastafère dilué avec de l'eau au volume de 2 centimètres cubes. Le nombre de millimètres de gélatine dissoute après un laps de temps déterminé représente le pouvoir protéolytique du liquide. Nous donnons ici des chiffres qui permettent d'apprécier la valeur des actions diastasiques que nous avons étudiées. 1° Une solution de pancréatine de Merk (pure absolue) à 1 p. 100 additionnée de toluol agil dans les conditions ci-dessus décrites : Sur la gélatine fondue à la dose de 0 c.c. # en 6 heures. Sur la gélatine solide, 1 centimètre cube dissout 8 millimètres en 24 heures. 2° Culture de charbon agée de trois jours dans l’eau de peptone Cha- >oteau à 2 p. 100 salée et alcalinisée, ramenée à contenir 1 p. 100 de ? corps microbiens secs agit : Sur la gélatine fondue à la dose de 0 c. c. 2 après 6 heures. 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : 3° Emulsion de bactérédie cultivée sur gélose délayée dans la pro- portion de 1 p. 100 en microbes secs dans l’eau distillée agit : Sur la gélatine fondue à la dose de 0 c. c. 5 en 6 heures. Sur la gélatine solide dissout 2mn6 en 24 heures. 4° Emulsion en tout pareille d’une Dagiéniqiens isolée récemment d'une vache charbonneuse agit : . Sur la gélatine fondue à la dose de 0,1 c. c. en 6 heures. Sur la gélatine solide dissout 5 millimètres en 24 heures. (Travail du laboratoire de microbie agricole à l'Institut Pasteur.) DES INFLUENCES QUI PEUVENT FAIRE VARIER LE POUVOIR PROTÉOLYTIQUE DES LIQUIDES EN CONTACT AVEC DES BACTÉRIDIES DU CHARBON, par MM. MALFiTrANO et STRADA. Dans la note précédente nous avons décrit la méthode avec laquelle nous avons abordé l’élude des variations de la protéase dans les bacté- ridies charbonneuses. Puisque l'on opère avec des quantités connues de corps microbiens, il fallait d'abord établir quelle concentration en corps microbiens était la mieux appropriée à nos recherches. Nous avons délayé dans des quantités croissantes d’eau la même quantité de corps microbiens et après deux heures on les a centrifugés. - Les liquides ont agi : Teneur Gélatine liquéfiée - Gélatine solide en après dissoute par 1 cent. cube corps microbiens. 6 heures. après 24 heures. 1 p. 100 à la dose de 0,2 cent. cubes. 4mm() 2 — — 0,1 = . “A0m8 3 — — 0,1 — à rom rl En voyant que l'augmentation de la teneur en corps microbiens n’amenait pas une augmentation proportionnelle de l’activité du liquide, on s’est arrêté pour les émulsions à la concentration de 1 p. 100. Quel devait être le temps qu'il fallait attendre avant de séparer les corps microbiens du liquide? Nous avons distribué la même émulsion ou la même culture en bouillon dans plusieurs tubes à centrifuge, et nous avons opéré la séparation après des temps variés. Nous avons ainsi remarqué, contrairement à ce qu’on pouvait s'attendre, que le liquide ne devient pas toujours plus actif s’il reste plus longtemps en contact avec des bacléries. Souvent au contraire, le liquide des émul- sions centrifugées aussitôt préparées est plus actif que celui des émul- SÉANCE DU 8 JUILLET 124 sions où le contact a été de quelques heures et où la bactériolyse est plus avancée. Nous avons envisagé l'hypothèse que la.désagrégation cellulaire amène dans le liquide un agent antagoniste de la protéase, En broyant les. cellules mécaniquement, nous avons constaté une diminution et même une disparition complète du pouvoir protéolytique ; seulement il était malaisé d'établir l'influence due aux matières des broyeurs qui se mélangent inévitablement à la protéase. Nous avons eu. recours aux antiseptiques, au chloroforme. surtout, qui a permis à M. Delezenne de mettre en évidence dans L. sérums ces deux actions antagonistes. Une émulsion de bactéridie à 1 p. 100 est distribuée dans six tubes à centrifuge. Dans A et A! on n'ajoute rien, dans B et B' on ajoute 4/10 de leur volume de chloroforme et dans C C' de toluol. Les tubes A BC: ‘sont centrifugés’ après six heures de contact, et le liquide séparé du dépôt de microbes ; A", B’, C' sont centrifugés dix-huit heures plus tard. Les liquides qu'on sépare sont versés dans des capsules Pétri stériles et laîssé évaporer dans la cloche à vide. On reprend avec de l'eau dis- tillée stérile les résidus débarrassés des antiseptiques et on les essaie. Sur la gélatine liquide. Gélatine solide. .À agit à la dose de 0,5 cent. cubes en 3 heures. Dissout : 828 en 68 heures. A! — — de 0,5 — en 3 — — 7mm9 en 68 — B — — de 0,2 — en 3 — — 9mm? en 68 — B! — — de 0,8 _ EMA — G6nmen68 — C — — de 0,5 — en, 3: — — 6mm? en 68 — OC — — de 0,4 — en 3 — — _ Tum{ en 68. — Des cultures en bouillon dans des conditions analogues et dont A'B'et C' sont centrifugés après 48 heures, donnent les résultats sui- vants : Sur la gélatine liquide. Gélatine solide. A agit à la dose de 0,6 cent. cubes en 30 heures. Dissout : 5mm0 en 60 heures. A — — de 0,8 — en 30 — — 3mm() en 60 — A! — — de 0,8 — en 30 — — 4mwD en 60 — B — . — de 0,5 — en 30 — — zmm7 en 60 — B' — — de 0,5 — en 30 — — mm en 60 — B' — — de 0,6 — en 30 — — 4mm3 en 60 — C — - de 0,6 —— en 30 — — 4mm{ en 60 — OC — — de 0,5 _— en 30 — — 5mm( en 60 — Cr — — de 0,6 _— en 30 — — mu en 60 — L'action connue du chloroforme qui s'attaque dans les sérums d’abord à l’antiprotéase, el qui affaiblit ensuite de plus en plus la pro- téase elle-même, se manifeste dans le même sens sur les émulsions ou cultures de charbon, Ces expériences ne permettent pas encore de con- BioLocie, Compres RENDUS, — 1905, T, LIX. 9 199 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE clure à la présence dans la bactéridie d’un agent antagoniste de la protéase; elles montrent cependant les limites dans lesquelles ce fac- teur pourrait influencer les résultats de nos recherches. SUR L'ACTION TRYPANOLYTIQUE DU SÉRUM DE RAT, par M. SEvIN. Dans une note paruë récemment (1) nous avons montré, en collabora- tion avec M. Levaditi, que le sérum de rat blanc exerce une influence trypanolytique manifeste sur le 7rypanosoma paddæ (2). Depuis, nous avons étudié le mécanisme de cette action trypanolytique, ainsi que les changements morphologiques subis par les trypanosomes soumis à l’in- fluence du sérum de rat. I. — Comme nous l'avons déjà démontré, le pouvoir lytique de ce sérum est détruit par un chauffage à 56 degrés ; le sérum ainsi chauffé ne peut être réactivé ni par le sérum de cobaye, ni par le sérum de souris. Nous avons recherché s'il n’était pas possible de mettre en évi- dence la présence d’une sensibilisatrice normale dans le sérum de rat, en réactivant le sérum chauffé à l’aide d’une dilution de sérum frais inactive par elle-même. Les expériences que nous avons réalisées dans cette voie nous ont montré que, dans une certaine mesure, le sérum chauffé de rat favorise l’action trypanolytique du même sérum non chauffé et étendu d’eau salée isotonique (1 goutte de sérum pour 5 gouttes d’eau salée). Ceci porte à croire que la trypanolysine contenue dans le sérum de rat est, à l'exemple des hémolysines et des bactério- iysines, constituée par un ambocepteur normal et une cytase. IT. — Les irypanosomes mis en contact à 33 degrés avec le sérum frais de rat blanc deviennent immobiles au bout de cinq minutes et subissent déjà à ce moment des changements morphologiques notables. Ces changements intéressent le noyau et le centrosome, la membrane endulante et le protoplasma lui-même. Le parasite se raccourcit, devient ovoïde, l'extrémité flagellaire se rétracte. En même temps le centrosome se entre du noyau et, tout en conservant sa colorabi- (4) Levadili et Sevin. Comptes rendus de la Société de Biologie, 15 avril 1905, p. 694. (2) Ce Trypanosome est celui découvert par M. Levaditi en 1904 chez un padda et entretenu depuis cette époque par passages sur paddas. Récemment, nous avons trouvé un nouveau padda spontanément infecté, renfermant dans son sang de nombreux trypanosomes. Quelques-uns avaient les dimensions des Tryp. paddæ types, mais la majorité étaient plus volumineux, surtout plus larges ; il s'agissait peut-être d'une variété du Tryp. paddæ. SÉANCE DU 8 JUILLET 193 lité, augmente de volume, Le protoplasma devient nettement vacuo- laire et se teint d’une facon moins intense. Sur certains exemplaires, on constate la formation d’une vacuole autour du noyau, lequel augmente de volume et se colore d’une facon moins forte. À ces altérations. s'ajoute la disparition presque complète de la membrane ondulante. Ces modifications s'exagèrent de plus en plus et après quinze minutes de séjour à 38 degrés on ne rencontre qu’un très petit nombre de trypa- nosomes. Ceux-ci sont réduits à l’état de vestiges, représentés par une masse protoplasmique très pâle et arrondie et par deux points colorés en rouge (méthode de Giemsa) : le noyau et le centrosome. Ge sont là les altérations subies par le 7rypanosama paddæ soumis à l'influence du sérum frais de rat blanc. Elles rappellent de loin la transformation gra- nulaire des vibrions cholériques (phénomène de Pfeiffer) ét montrent les liens qui existent entre la bactériolyse d'une part et la dissolution des protozoaires réalisée par les sérums actifs, d'autre part (1). (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) ETHNOGÉNIE DES DRAVIDIENS. CONCLUSION : PRÉDRAVIDIEN DE TYPE NÈGRE ET PROTODRAVIDIEN DE TYPE BLANC, par M. Louis LapicQuE. Si l’on considère le spécimen ordinaire des cinquante millions d'hommes qui peuplent lHindoustan au sud du 20° parallèle et parlent un idiome dravidien, on trouve un type qui, par certains caractères, rappelle le Nègre, et par d’autres le Blanc. C'est ce type qu'on a généra- lement considéré comme représentatif d'une race dravidienne ; Hæckel en a même fait une espèce, Homo Dravida. Au milieu de cette population, mais enkystés pour ainsi dire dans les jungles qui couvrent le flanc des montagnes, vivent en tribus éparses quelques milliers d'individus plus négroïdes. En étudiant la variation des caractères anthropologiques dans les castes, c'est-à-dire dans un système hiérarchique de groupes sociaux donnant lieu à une ségréga- Lion imparfaite, on observe une gradation régulière des Dravidiens ci- vilisés de la plaine aux sauvages de la montagne (2). La prétendue race dravidienne apparait ainsi comme le résultat d’un métissage; dans la série que j'ai étudiée, à un bout se trouvent les (4) Nous remercions ici M. Levaditi, qui nous a conseillé au cours de ces recherches. (2) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 et 19 juin 1905. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE > LS FC Nayer presque blancs; à l’autre, les Panyer presque nègres; mais ces deux groupes ethniques extrêmes sont eux-mêmes métissés; par extra- polation, on peut reconstituer à peu de chose près les types primitifs. La reconstitution complète de ces types ne m'est pas encore possible, mon étude, faite surtout en vué de reconnaître l’existence même de la gradation, n'ayant Poe que sur un petit nombre de caractères; mais les documents que j'ai recueillis permettent déjà de fixer les traits dis- tincts de ces types et d'en indiquer les affinités. Il y a un type nègre, qui peut être défini tel, parce qu'il avait la peau noire, le nez large et plat, la bouche épaisse, les cheveux crépus. Ce dernier caractère est généralement nié, même par ceux qui considèrent l'élément dravidien comme essentiellement platyrhinien (Risley). En effet, les cheveux sont le plus souvent lisses, même dans des castes où l’aspect négroïide est déjà prédominant; chez les Panyer, les cheveux sont générale- ment frisés Sans plus. Des mulàtres de nègre africain présenteraient, pour des traits du visage également négritiques, une forte proportion de cheve- lures incontestablement crépues. Voici les faits sur lesquels je me fonde pour affirmer les cheveux crépus du type primitif aujourd’hui introuvables dans la péninsule : | 1° Le caractère de la chevelure se modifie graduellement dans ce sens avec les autres caractères négroïdes, les castes serviles de la plaine ayant les che-. veux généralement lisses ou ondulés; les Malasser sont frisés huit fois sur dix; les Panyer le sont presque tous. J'ai observé et photographié dans ces castes de montagne quelques individus, exceptionnels il est vrai, dont les cheveux décrivaient des spires de 8 à 10 millimètres de diamètre ; c’est la li- mite conventionnelle entre le frisé et le crêpu; 2° Dans un voyage précédent aux îles Andaman, j'ai observé une femme negrito pure dont les cheveux étaient, comme tous ceux de sa race, crépus à l'extrême (diamètre moyen des spires, 2 millimètres); d'un père inconnu, probablement Hindou, elle avait deux enfants, une petite fille (quatre ans),. dont les cheveux fins, soyeux, étaient à peine ondulés, et un petit garçon (dix-huit mois) dont les cheveux frisés (diamètre des boucles, 15 millimètres) ressemblaient plus à des cheveux frisés d'Européen qu’à des cheveux de mulâtre. Enfin on a noté (Montano) aux Philippines, et j'ai noté moi-même dans la Péninsule malaise, que les métis de Negritos incontestables ont généralement des cheveux ondulés. J'en conclus que le caractère du cheveu negrito n’est pas aussi marqué dans la descendance en cas de croisement que pour le cheveu du nègre africain. C’est un caractère qu'on peut appeler récessif, bien qu'il ne s'agisse pas d’un vrai caractère mendelien. Si donc on admet, comme j'y suis conduit pour di-. verses autres raisons, à rapprocher le nègre andien primitif du Negrito, il est facile de comprendre que les métis n’aient pas les cheveux vraiment crépus, même quand le sang noir est prédominant. Par les caractères que nous venons d'indiquer, le type en question SÉANCE DU 8 JUILLET - 4 495 rentre dans le type nègre général, mais il est petit; bien que les condi- tions de vie influent manifestement sur la taille et produisent sur ce caractère des irrégularités visibles dans la gradation que j'ai établie, la petitesse originelle de la taille est incontestable. D'autre part, il n’est pas prognathe. Ces deux caractères le séparent des nègres africains et océaniens et le rapprochent du sous-type negrito. De celui-ci, il ne dif- fère que par ün caractère, mais très net, il est dolichocéphale. L Le nègre primitif de l'Inde était donc.un nègre particulier, dont la place dans la classification anthropologique soulève des questions inté- ressantes. 3 Le type qui s indique chez les Nayer apparaît comme clair de peau, leptorhinien, avec des cheveux lisses sans raideur (enplocame); c’est donc un blanc. Il est grand et très dolichocéphale; de plus, il a le sys- tème pileux du visage et du corps très développé. Malgré le nombre trop petit d'individus que j'avais pu observer, et malgré le métissage assez considérable de la caste, ce type s'était ee dans mon esprit, avec tous les caractères que je viens de citer, mais aussi avec toutes les réserves que comporte une reconstruction, lorsque j'en reconnus un spécimen isolé et sensiblement pur, un rEnIene témoin, chez les Zodas des Nilghirris. Les Todas ont beaucoup attiré l'attention depuis trois quarts de siècle; le plateau élevé qui constitue leur gisement étant devenu le grand sanatorium de l'Inde, un grand nombre d'Européens ont eu l’occasion de les voir et ont signalé avec étonnement leur beau tÿpe caucasique ou sémitique. Ils tranchent - en effet sur le Dravidien ordinaire, encore plus sur les populations noires du W ainaad, telles que les Pany er, qui sont leurs voisins sur la carte, mais avec une dénivellation de mille mètres ou davantage. Voici côte à côte les moyennes de ces deux groupes au point de vue des trois mesures que j'ai prises : Pour les deux Pacte dont les moyennes en en une si grande diffé- rence, la répartition des cas individuels montre deux races qui n'ont à peu près rien de commun. Pour l'indice nasal, je ne trouve dans mes séries que 3 Panyer au-dessous de 75 et 4 Todas au-dessus ; pour la taille, 4 Panyer au- dessus de 160 centimètres et 3 Todas au-dessous. Malgré cela, et malgré des physionomies dont -la dissemblance a frappé tous les voyageurs sans culture scientifique (elles sont en effet presque aux deux extrémités de la gamme des - tyces humains), la plupart des ouvrages anthropologiques, notamment le Census of India si consciencieusement documenté en ethnologie, classent les Panyer et lés Todas sous la même étiquette de Dravidiens, les uns et les autres élant dolichocéphales, parlant un idiome dravidien. D'ailleurs la dis- semblance apparaît moins nettement si, au lieu de les comparer entre eux, on les compare à la prétendue race dravidienne, dont la diagnose, toujours intermédiaire à ces deux types, se rapproche de l’un ou de l’autre, suivant les auteurs. Dans la série des groupes que j'ai étudiés, s'indique en outre un 126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE troisième type, leptorhinien et tendant à la brachycéphalie ; il faut le considérer comme adventice, relativement récent. Entre Bombay et Madras, Risley a relevé une zone continue de mésaticéphales qu'il ap- pelle Scytho-Dr avidiens. Plus au sud, j'ai pu noter que le crâne d'indice élevé se propage avec les castes brahmaniques, qui précisément ne sont point réellement dravidiennes. Les Vellalas de Caïmbatour ont été in- fluencés de cette manière, À Madras, Thurston a trouvé pour cette même caste un indice moyen de 74,1. Il nous reste donc deux races fondamentales; voici comment je me représente la relation de ces races entre elles, et la dénomination qu'il convient de leur appliquer. Les Vellalas et les Nayer sont, d’après la discussion approfondie faite par Caldwell lui-même (1), le créateur du mot, les vrais Dravidiens ; ils refusent à leurs esclaves le droit de s'appeler des noms nationaux dra- vidiens, Tamouls ou Malabares. Des éléments de cette discussion, . malgré les conclusions opposées de Caldwell qui manquait d’informa- tion anthropologique, comme de toutes les considérations géographi- ques, il résulte que le type noir, maintenant démontré, est prédravidien. Les Dravidiens primitifs, les Protodravidiens, peuvent être considérés comme des blancs, et en somme très peu différents des Indo-Aryens ; venus avant ceux-ci dans l'Inde, ils se sont mélangés profondément aux noirs qu'ils avaient réduits en esclavage, de la même facon que les créoles des Antilles se sont mélangés à leurs esclaves nègres, et c'est ainsi que s'est formée la population dravidienne actuelle (2). À PROPOS DE L'EXCITATION ÉLECTRIQUE DES NERFS ET DES MUSCLES, par M. G. Weïrss. | Absorbé par des recherches d’un ordre différent, auxquelles je ne puis renoncer, j'ai cessé, depuis un certain temps déjà, de m'occuper de la loi d’excitation électrique des nerfs et des muscles. Toutefois, à la suite des travaux provoqués par la formule que j'ai proposée, et des (1) R. Caldwell. À comparative grammar of the Dravidian or Southindian family . of languages, 2€ édition. Londres, 1875, appendice, p. 54. (2) Les Todas, souvent considérés comme une énigme, ann un fragment des envahisseurs, resté pur parce que resté pasteur et n'ayant ainsi pas eu besoin de serfs agricoles. Ils sont en tout cas incontestablement Dravidiens de langue, et le rapprochement que je fais au point de vue physique avec les Nayer concorde avec un rapprochement qui a déjà été fait par un trait de mœurs bien spécial, la po Hannee chez les Todas et le matriarcat chez les Nayer. ner le ne de de à » Mrs. SÉANCE DU 8 JUILLET 127 controverses courtoises auxquelles elle a donné lieu, je voudrais dire un dernier mot au sujet de la valeur et de l’approximation de la formule * à laquelle on a donné mon nom. Au moment où j'ai entrepris mes dernières recherches sur cetle ques- tion, différentes opinions avaient cours dans la science au sujet des facteurs électriques à prendre en considération, et moi-même, à cette époque, je cherchais à relier l'excitation des nerfs et des muscles à l'énergie de la décharge. Les résultats d’une expérience que je fis pour répondre à une objection de M. Lapicque modifièrent mes idées. Il convenait tout d'abord dans une pareille étude de pratiquer, dans la limite du possible, la séparation des variables. Le premier, je crois, j'étudiai diverses décharges correspondant au seuil de l'excitation et de durée constante bien déterminée. J’arrivai à cette conclusion que pour obtenir le même effet, avec de pareilles décharges, ce n’était n1 la quan- tité d'énergie, ni aucun autre facteur qui restait constant, si ce n'est la quantité d'électricité mise en jeu. En second lieu, faisant ensuite varier le temps, je trouvai que la for- mule Q — a bt représentait avec une grande approximation la quantité d'électricité nécessaire dans chaque cas, pour arriver au seuil de l’ex- citalion. Dès lors, deux questions ont été posées : 1° Cette formule était-elle nouvelle? 2° Cette formule était-elle l'expression mathématiquement exacte de la vérité? | Pour ce qui est de la première question, j'ai moi-même montré, dès le début, que l’on ne pouvait passer de ma formule à celle de M. Hoor- weg qu'en admettant que la durée de la décharge utile des condensaleurs était proportionnelle à leur capacité, et j'ai fait à cet égard toutes les restrictions nécessaires et justifiées, comme il sera montré plus loin. De son côté, M. Hoorweg a considéré que l’on pouvait tirer ma for- mule de sa loi élémentaire e —zie-—ft. Ceci exige, bien entendu, que cette loi élémentaire soit démontrée être l'expression générale de la vérité. Or, ilest loin d’en être ainsi. Pour ma part, j'ai montré qu'en appli- quant la formule de Hoorweg à certains cas (Journal de la pathologie et de la physiologie, 1903, p. 2A), le calcul donne un résultat cinq fois plus fort que l'expérience. Mais il y a mieux. Comment Hoorweg a-t-il élabli sa loi e=uie—ft? En l’appliquant à la décharge des condensa- teurs et intégrant l'excitation élémentaire pour toute la durée de la dé- charge. Or, M. Cluset a démontré qu'une fraction seule, parfois très réduite, de cette décharge joue un rôle utile. Donc, non seulement la formule de M. Horweg est démontrée erronée par les diverses applica- lions qu'on a voulu en faire, mais la méthode même qui a servi à l'éta- blir repose sur des bases inexactes. 198 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Pour ce qui est du deuxième point, la réponse est nette. Il n’y a pas, à ma connaissance, de loi expérimentale qui soit l'expression mathé- matique de la vérité. Ni la loi de Mariotte, ni la loi de dilatation des : - corps par la chaleur, ni la plupart des lois pourtant si approchées de la mécanique rationnelle. | Les seules questions qui puissent se poser sont : 1° Quelles sont les limites dans lesquelles la formule Q — a + bt représente la vérité avec une approximation suffisante? 2 Lorsque l'approximalion devient insuf- fisante, sous quelle forme s’introduisent le mieux les termes correctifs? Quand j'ai proposé la formule Q — a — bt, j'ai ajouté : Tout semble se passer comme si, pour amener un nerf ou un muscle au seuil de l'excitation, il fallait produire un effet exigeant uné certaine quantité d'électricité, et que pendant la durée de l'action il se: produisait un phénomène de relour à l'état prinitif qu'il faille combattre sans cesse par une dépense complémentaire. C'est cette dépense que l'expérience m'a montré, dans les limites où j'ai opéré, pouvoir être représentée avec une approximation suffisante, par un terme uniquement proportionnel au temps. Mais cela n’est évidem- ment là qu'une approximation, comme dans la dilatation des corps l’aug- mentalion de volume proportionnel à l'augmentation de lempéralure ne constitue qu'une première approximation. Il est certain que, même en adoplant une interprétation, d’autres causes interviennent dans le retour à l’état primitif, par exemple la quantité d'action déjà produite à chaque instant, des retards aux effets, etc. Il y a donc des termes complémentaires. Quand sont-ils nécessaires ? Comment vaut-il le mieux les introduire? Voilà comment les questions se posent, me semble-t-il. M. et M"° Lapicque ont proposé un terme complémentaire ; je ne suis pas à même de me prononcer sur sa valeur, étant trop occupé d’un autre sujet pour revenir sur les expériences qui me seraient nécessaires pour cela, mais si j'en avais le temps, guidé par l'idée que je me fais de l’ex- citation électrique, je préférerais chercher des termes correciis entret, au besoin en 1°; je crois que l’on arriverait dans cette voie à des résul- tats très importants. Le : OBSERVATION A PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. WEIss, par M. Louis LaAPiCQuE. Je remercie M. Weiss de vouloir bien se souvenir de ma petite objec- tion de 1901, et je suis heureux de penser que cette remarque à servi à provoquer son expérience décisive de l’onde dédoublée. nd mods dit el mt fé it D ne à tic nat D. SÉANCE DU 8 JUILLET 129 Mon objection reposait simplement sur la conception classique de _ Dubois-Raymond, sur la notion du pouvoir excitant dévolu à la seule période variable an flux électrique. L'esprit a évidemment une certaine peine à abandonner des choses que nous avons non seulement apprises, mais encore enseignées. Les travaux déjà anciens de Fick et d’Engel- maun, ceux plus récents de Horweg, pour des raisons diverses, n'avaient guère entamé le dogme, et il me fallut un certain temps pour que la conception, pourtant si claire et si près du fait, apporlée par M. Weiss, cessàt de me paraître paradoxale. Aujourd’hui je suis entièrement convaincu qu'elle représente sinon la vérité, du moins une étape vers la vérilé, comme toutes les découvertes ; et après avoir pris, au Congrès de Bruxelles, l'avis de quelques col- lègues autorisés en la malière, j'ai cette année, à mon cours, abandonné la loi de Dubois-Raymond pour enseigner la loi de Weiss. Je dis la loi de Weiss, je n'ai rien enseigné de plus, car si je regarde cetle loi comme seulement approchée, ce qui est le cas, ainsi que M. Weiss le rappelle lui-même, d'un grand nombre de lois et en parli- culier de toutes les lois linéaires, je regarde aussi la-correction à lui apporter comme seulement à l'étude et trop peu mûre encore pour passer dans un ASE EME Après les travaux que j'ai faits et en. grande partie publiés ici, en col- laboration avec M"° Lapicque, je puis affirmer le sens dans ol une loi plus approchée s’écartera de la ligné droite : la courbe qui représente en fonction de. la durée d’excitation, les quantités électriques phystolôgi- quement équivalentes descend au-dessous de la loi de Weiss quand on s'ap- pr oche de l’origine. | La correction à apporter n ’est pas une minutie, elle est parfois consi- dérable, et les cas où la loi linéaire oué avec une exactitude ‘satisfaisante’ sont assez limités. Mais cette correction, M. Weiss a par- faitement raison de le dire, n’est que provisoirement formulée; notre terme négatif en yV nous était nécessaire pour éliminer l'écart expéri- menlal et raisonner avec précision sur les deux autres constantes, mais en le posant ainsi et cherchant à l'inlerpréter, nous avons cédé peut-être au désir de ne pas abandonner le côté si simplement el si joliment figu- ratif de la formule de Weiss pour nous jeter dans l’abstraction. Il faudra probablement se rapprocher de la physique pure, examiner notamment J’hypothèse de Nernst sur le mécanisme de l'excitation. Je me propose de continuer les expériences, et comme cette question P ; m'intéresse beaucoup, je regrette que M. Weiss ait cessé d'apporter à son éclaircissement le concours de son ingénieuse et précise expéri- mentation. 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTIVATION DU SUC PANCRÉATIQUE PUR SOUS L'INFLUENCE COMBINÉE DES COLLOÏDES ET DES ÉLECTROLYTES, par M. LARGUIER DES BANCELS. IL est commode de distinguer dans le problème général de la chimie des colloïdes les diverses questions suivantes qui se coordonnent natu- rellement les unes aux autres : 1° Influence des électrolytes sur les colloïdes ; 2 Action mutuelle de deux colloïdes ; 3° Influence des électrolytes sur l’action mutuelle de deux colloïdes ; ° Action mutuelle de trois colloïdes, etc. L'examen de ces divers points comporte des applications immédiates dans l'étude des phénomènes d'ordre diastasique, comme l'a bien montré M. Victor Henri dans toute une série de communications et de mémoires. J'ai étudié précédemment l'influence des électralytes sur. l’action mutuelle de deux colloïdes. Il convient, sur ce point, de distinguer deux cas : 1° Les deux colloïdes sont de signe électrique opposé; l'addition d’un électrolyte convenable permet, en général, de dissocier le complexe résultant du mélange des deux colloïdes (voir Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 17 juin 1905); 2° Les deux colloïdes sont de même signe, mais de stabilité différente, par exemple la gélatine d'une part, le bleu d’aniline ou le rouge congo d’autre part (colloïdes négatifs). On constate, dans ce cas, que l'addition d’un électrolyte capable de précipiter le colloïde instable permet de fixer une quantité notable de celui-ci sur Le colloïde stable. L'électrolyte joue le rôle de mordant. Il était tout indiqué d'appliquer les résultats de ces expériences à l'étude de la digestion tryptique. La plupart des auteurs admetlent que le suc pancréatique pur est : incapable de digérer l’albumine d'œuf coagulée par la chaleur, et que ce suc ne devient actif qu'après addition de macération intestinale ow d’autres extraits organiques (rate, levure de bière, bactéries, leucocytes, venins, etc.). J'ai constaté, au contraire, qu'il est possible d'activer le sue pancréa- tique pur, sans recourir aux kinases naturelles, à l’aide de colloïdes et d'électrolytes convenablement choisis. Soient des cubes d’albumine plongés pendant vingt-quatre heures dans une solution de bleu de toluidine et lavés à l’eau distillée; le suc pancréatique pur ne les attaque pas; ce même suc, additionné de diffé- rents électrolytes, devient capable de les digérer complètement. SÉANCE DU 8 JUILLET 131 Expérience du 4 juillet 1905. — Suc pancréatique de chien, obtenu après injection de sécrétine. Cubes d’albumine d'environ 0 gr. 25 plongés pendant vingt-quatre heures dans une solution de bleu de toluidine à 0,002 p. 100. Les cubes sont placés dans les mélanges suivants, additionnés d’un peu de toluène, et mis à l’étuve à 39 degrés. Après 18 heures. * 2 c.c. de suc pancr. + 8 g. d’azotate de baryum sat . . . . Digestion complète. AVCNC: — + 8 g. de sulfate d'ammonium sat. . . Pas de digestion. 2PCSC: — noie d'eau ER UE Er NC iPacidel drestron Expérience du 6 juillet 1905. — Mêmes conditions. Après 18 heures, c. de suc pancr. + 8 g. d’azotate de baryum sat. . . . Dig. presque complète. (d — + 8 g. d’azotate de calcium sat. . . . Dig. presque complète. :G _— —+ 8 g. d’azotate magnésium sat. . . . Dig. presque complète. C C c [oie) — + 8 g. d'azotate d'ammonium sat. . . Pas de digestion. — + 8 g. de sulfate d ammonium sat. . . Pas de digestion. — ROIS EAU EN ENT ei PAS dentdiSeS tions ND ND N D © DD O © Q © © Q Expérience du 4 juillet-1905. — Les cubes sont plongés dans une solution de rouge de magdala. Mêmes conditions d'expérience : ï Après 148 heures. 2 c.c. de suc pancr. + 8 g. d'azotate de baryum sat. . . . Dig. presque complète. 2 0. Ca — + 8 g. de sulfate d’ammonium sat . . Pas de digestion. 2 C.c. — OO NEAU RS le ete OS deRdiSe SUIOTE D'autre part, les mêmes mélanges de suc pancréatique et d’électrolyte n'agissent pas sensiblement sur des cubes d’albumine comparables, mais non colorés. J'ai étudié l'influence des colloides suivants : bleu de toluidine, rouge de Magdala, violet de méthyle, bleu de méthyle, bleu d’aniline, rouge congo. Le _ bleu de toluidine et le rouge de Magdala se sont montrés particulièremen t actifs.’ Il convient de remarquer que la quantité de colloïde fixée sur l’albumine est extrêmement faible. Des comparaisons que j'ai exécutées, il résulte que les cubes d’albumine colorés au bleu de toluidine ne contenaient pas plus de 0,012 milligrammes de cette substance, c’est-à-dire environ le 1/20000 de leur poids. En résumé, le suc pancréatique inactif devient, après addition d'un: électrolyte convenable, capable de digérer l’albumine imprégnée d'un colloïde convenable. L’addition de l'électrolyte au suc pancréatique et le traitement préalable de l’albumine par le colloïde, paraissent être les conditions nécessaires et suffisantes de la digestion. : (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DES ÉLECTROLYTES SUR L'ACTION MUTUELLE DES COLLOÏDES DE MÊME SIGNE ÉLECTRIQUE, par MM. Vicror HENRI et J. LARGUIER DES BANCELS. Nous avons commencé l'étude de l'influence des électrolytes sur l'action mutuelle de deux colloïdes de même signe électrique, raïs de stabilité différente. Nous résumons brièvément dans la présente note les résultats que nous avons obtenus jusqu'ici. Nos recherches ont porté sur la gélatine d’une part, le bleu d’ aniline et le rouge congo d'autre part. Ces colloïdes sont les uns et les autres de signe négatif; mais les deux derniers peuvent être considérés comme instables par rapport au premier. Nous avons étudié l'influence des électrolytes suivants : azotate de sodium et azotate de zinc, sulfate de sodium et sulfate de zinc. Rappelons que la précipitation des colloïdes négatifs dépend du métal de l’électrolyte et qu’elle est commandée par la valeur de ce métal. Expérience du 3 juillet 1905. — Bleu d’aniline à 1,25 p. 1000. Electrolytes en solution à 10 p. 100. De petits rectangles de gélatine, d'environ un demi-centi- mètre carré, sont plongés dans les mélanges suivants et examinés au-bout de quarante huit heures : É 1° 2 c.c. bleu + 5 gouttes azot. sodium : gélatine faiblement colorée en bleu; liqueur bleue; pas de precis au fond du tube. 20 2 c.c. bleu + 5 gouttes azot. zinc :- gélatine fortement colorée en bleu; liqueur incolore; précipité au fond du tube. 30 2 c.c. bleu + 5 gouttes sulf. sodium : gélatine faiblement colorée en bleu; liqueur bleue; pas de précipité au fond du tube. 40 2 c.c. bleu + 5 gouttes sulf. zinc : gélatine fortement colorée en bleu; liqueur incolore; précipité au fond du tube. ; 5° 2 c.c. bleu + 5 gouttes eau : gélatine es colorée en bleu; liqueur bleue; pas de précipité au fond du tube. L'expérience exécutée avec le rouge congo donne, dans les mêmes condi- tions, des résullats identiques. Les résultats de ces expériences peuvent être formulés comme suit : Soit un mélange de deux colloïides de méme signe (négatif), mais de stabi- lité différente; l'addition d'un électrolyte, capable de précipiter le colloïde instable, détermine la fixation d’une portion notable de celui-ci sur Le colloïide stable. L'électrolyte intervient comme mordant. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU 8 JUILLET 133 DEUXIÈME NOTE SUR LES DÉGÉNÉRESCENCES DES NERFS CUTANÉS OBSERVÉES CHEZ LE CHAT A LA SUITE DE LA SECTION DES RACINES POSTÉRIEURES CORRESPONDANTES, par MM. JEan-Cu. Roux et JEAN Herr. Dans une précédente note (1), nous avons rapporté que sur trois chats, huit mois après la section de quelques racines postérieures entre la moelle et le ganglion, nous avions observé un certain nombre de fibres nerveuses dégénérées dans le territoire de la peau correspondant aux racines sectionnées. Nous nous étions alors réservé de vérifier si ces dégénérescences étaient constantes dans ces condilions. Or, quelque temps après notre communication, nous avons eu con- naissance d’un travail de Küster (2), paru dans les derniers mois de l’année dernière et dans lequel, entre autres questions, l’auteur étu- diait l'influence de la section des racines postérieures sur l’état des nerfs périphériques après plusieurs mois de survie de l'animal. En nous reportant aux protocoles d'expériences de ce mémoire, nous trouvons dix expériences sur le chat ou le chien, où, après section d’une ou plusieurs racines postérieures dans la région cervivale ou dans la région lombaire, la racine antérieure étant respectée, l’auteur a recher- ché les dégénérescences dans les nerfs cutanés périphériques. Kôster a montrécomme nous queles altérations des nerfs périphériques cutanés, correspondant aux racines postérieures sectionnées, sont cons- tantes. Il a vu de plus que les dégénérescences apparaissent tardive- ment, qu'elles ne commencent à s’indiquer qu'a la fin du deuxième mois après l'opération et qu'elles varient considérablement d’un animal à l’autre. Les lésions dégénératives étaient très nettes à partir du cen- tième jour après l'opération en général. Elles étaient très importantes chez certains animaux après 200 ou 250 jours de survie. Nous rappelons, par comparaison, que chez les trois animaux qui ont fait le sujet de notre première note, les dégénérescences élaient au 240° jour sinon abondantes, du moins plus que discrètes. Nous apportons aujourd’hui les résultats de l’autopsie de deux autres chats, autopsie pratiquée après 338 jours de survie dans un cas, 382 jours dans l’autre. Chez le premier, deux racines postérieures avaient été coupées dans la région dorsale moyenne, les troncs nerveux, et les nerfs cutanés correspondants ne montraient aucune figure de dégéné- rescence. Chez le second chat à qui trois racines postérieures avaient été (1) Société de Biologie, décembre 1904. (2) Kôüster. Zur Physiologie der Spinalganglion und der trophischen Nerven sowie zur Pathogenese der Tabes dorsalis. Leipzig, 1904. Verlag von Wilhelm Engelmann. 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coupées à la région lombaire, nous n'avons pu trouver dans les nerfs cutanés correspondants au total qu’une seule fibre dégénérée. Par contre, ces nerfs cutanés examinés avec soin présentaient de nombreuses gaines vides, lesquelles n’apparaissaient pas sur les nerfs du côté opposé, où les racines postérieures avaient été respectées. Ces constatations, rapprochées de celles que nous avons faites chez nos trois premiers chats, semblent bien indiquer que les fibres en dégénérescence des nerfs cutanés, très nettes au 240° jour, n'existent plus ni au 338°, ni au 382° jour. La présence de gaines vides indique que le processus dégénéralif est arrivé à son terme, la disparition complète de la fibre nerveuse. Si nous comparons maintenant ces faits à ceux rapportés par Kôster, nous croyons aisé de montrer qu’ils ne sont pas en contradiction, bien que cet auteur ne parle pas de l'extinction du processus de dégénéres- cence. Küster n’a gardé en vie aucun animal aussi longtemps que nous. Des cinq animaux qu'il a conservés plus de 240 jours, trois ayant subi simultanément une section de la racine postérieure et de la racine anté- rieure, les dégénérescences constatées restent d’une interprétation dou- teuse : les deux autres, auxquels il avait sectionné seulement quelques racines postérieures, ne présentaient au 287° et au 330° jour que des ‘lésions de peu d'importance dans les nerfs cutanés. Sur l’un de ces ani- maux, il note l'existence dans les branches les plus périphériques des rameaux cutanés de gaines vides, à côté de faisceaux en dégénéres- cence. Ces faits correspondent bien à ce que nous avons observé; ils tendent à prouver, comme les expériences personnelles que nous venons de rapporter, que le processus de dégénérescence des nerfs périphériques, après section des racines postérieures correspondantes, n’est pas continu et progressif, mais qu'il s'épuise au bout de douze à treize mois. Est-il possible dans ces conditions de trancher la question que nous avions laissée en suspens dans notre première note? Ces dégénérescences périphériques se rapportent-elles à des fibres centrifuges venues de la moelle par les racines postérieures, ou la section des racines posté- rieures a-t-elle retenti sur les cellules ganglionnaires, comme le pense Küster, l’altération de ces dernières entrainant à son tour la dégénéres- cence de l'extrémité de filets sensilifs? Il faudrait dans ce dernier cas admettre que ce processus s'éteint, au bout de onze à douze mois, par disparilion définitive de quelques neurones, et la guérison des autres. De nouvelles expériences que nous poursuivons en ce moment ne tarderont pas, nous l’espérons du moins, à nous permettre d'apporter à cette question une réponse précise. SÉANCE DU 8 JUILLET 135 RÉACTIONS DU TISSU LYMPHOÏDE AU COURS DE L'HÉMOLYSE AIGUE, par MM. E. Risr et L. RiBaneau-Dumas. Nous avons étudié les réactions des organes lymphoïdes chez le lapin et le cobaye au cours de l’hémolyse provoquée par l'injection dans le sang de substances hémolytiques telles que l’eau distillée ou certains corps chimiques dont l'action nocive sur les éléments du sang est connue. Une destruction massive des globules sanguins est suivie, comme on sait, d'une tuméfaction de la rate (tumeur spodogène de Ponfick). Les follicules et les cordons de Billroth sont hypertrophiés et riches en cellules à grand noyau et à protoplasma plus ou moins large. Les sinus sont dilatés et comblés par d'énormes macrophages bourrés de particules pigmentaires et de déchets globulaires donnant à leur protoplasma un aspect müriforme. Ces éléments avec quelques lymphocytes et quelques hématies altérées constituent la plus grande partie du contenu des sinus. Les polynucléaires y tiennent peu de place; ils sont surtout représentés par des éosinophiles que l’on trouve soit dans les sinus, soit dans les cordons de Billroth. Les ganglions sont également tuméfiés, mais à un degré bien moindre, la destruction globulaire y étant moins intense. La pulpe ganglionnaire est encore riche en marcophages, mais ils sont bien moins volumineux que dans la rate; les amas müriformes sont rares; en général leur protoplasma apparaît coloré en rose vif, et contient des grains rouges parfois serrés. Certains sinus sont remplis de débris d’hématies en grains pulvérulents ou en fragments prenant bien l’éosine. Les ganglions sont riches en éosinophiles. Les plaques de Peyer paraissent peu influencées par les processus hémolytiques. Lorsqu'on a praliqué la splénectomie avant toute injection, la suppléance de la rate se fait par les ganglions, la tunique lymphoïde du tube digestif et la moelle osseuse. Dans celle-ci, on constate, à côté de la multiplication myélocytaire habituélle, une réaction macropha- gique très marquée : de nombreux macrophages, de taille variée, contiennent dans leur protoplasma du pigment et des déchets héma- tiques. Il importe de noter aussi la tendance phagocytaire des méga- caryocytes. C'est une constatation banale de trouver dans le protoplasma de ces éléments quelques globules blancs ou rouges en voie de cyto- lyse; mais, dans notre expérience, certains d'entre eux sont bourrés de globules rouges et de pigments, le noyau gardant, semble-t-il, ses caractères habituels. Les ganglions sont rouges, volumineux, leurs follicules s’hypertrophient, les cordons et les sinus sontriches en grands macrophages ; toutefois les débris globulaires, les pigments inclus dans leur protoplasma sont bien moins volumineux que dans la rate des 136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE animaux témoins. Ici encore, on trouve dansles sinus ile nombreux éosinophiles. La réaction lymphoïde est donc, au cours de l’hémolyse aiguë, essen- tiellement constituée par la multiplication des leucocytes mononu- cléaires. L'eau distillée paraît provoquer surtout l'apparition de cellules hématophagiques et un dépôt abondant de pigments ferriques. C'est encore l'hématolyse que l’on observe après l'emploi des sels hémolytiques (sels biliaires, ete.) ; mais ici la leucolyse est plus marquée, et Les débris de globules blancs se trouvent en assez forte proportion dans le proto- plasma des macrophages. Cependant les polynucléaires ne tiennent qu'une assez faible place dans le tissu lymphoïde. Une exception paraît exister en faveur des éosinophiles : ils sont assez abondants dans la rate, mais surtout dans les ganglions. Ils siègent dans les sinus à côté des macrophages ou dans les cordons folliculaires, et vont, au niveau du hile, former des amas serrés aux extrémités de ces cordons ; quelque-' fois même on les trouve dans la capsule fibreuse du ganglion. Cette éosinophilie si marquée du ganglion contraste avec l'éosinophilie beaucoup plus faible du sang et de la moelle osseuse. Nous n'avons pas. d'argument décisif pour pouvoir affirmer qu’elle soit une réaction locale, née sur place. Rappelons seulement que dans les épanchements hémorragiques des séreuses, on à signalé dans certains cas une grande . quantité d'éosinophiles (1). SUR L'ORIGINE DE L'HABITUDE QU'ONT LES LYCOSIDX DE PORTER LEUR COCON OVIGÈRE. ATTACHÉ AUX FILIÈRES, . (par M. A. LÉCAILLON. Tandis que les Pisauridæ gardent leur cocon ovigère fixé aux ché- licères, les Zycosidæ le portent attaché aux filières. À première vue il y. a, dans ce deuxième cas, usage d'un dispositif tout différent de celui employé dans le premier cas. Mes observations sur Lycosa trabalis CI., et Pardosa hortensis Th., établissent qu’en réalité le cas des Lycosidæ se: rattache intimement à celui des Pisauridæ que j'ai récemment expliqué (2) : 1° Dans la règle, le cocon de Z. trabalis est relié aux filières par un faisceau de fils extrêmement court; il est alors appliqué contre la face inférieure de l’abdomen. Sa présence ne gêne l’Araignée ni lorsqu'elle chasse et capture sa proie, ni lorsqu'elle a à se défendre. (1) Cf. G. Froin. Les hémorragies sous-arachnoïdiennes, Thèse de Paris, 1904, (2) Voir séance du 1: juillet 14905. SÉANCE DU 8 JUILLET 137 Parfois celte espèce porte sa ponte d’une autre manière. Le faisceau d'attache du cocon aux filières est dans ce cas beaucoup plus long et peut atteindre 1 centimètre environ; l'Araignée se place alors sur son cocon, exactement comme le fait habituellement Pisaura mirabilis. Elle le tient avec ses chélicères et appuie dessus ses palpes maxillaires. Or, si l’on examine avec soin l'attitude de Pisaura mirabilis, on constate que cette espèce, quand elle est au repos, a très souvent ses filières reliées à son cocon par un fil de soie, c’est-à-dire se trouve exactement avoir la même attitude que celle qui vient d'être signalée chez Z, tra- balis. De plus, si l'on tente d'enlever son cocon à Z. trabalis, cette Araignée le retient avec ses pattes, le saisit avec ses chélicères el s'enfuit en le portant exactement à la manière de Pisaura mirabilis. Chez Pardosa hortensis, j'ai toujours trouvé le cocon appliqué contre les filières au moyen d’un fil ou d’un faisceau de fils très court. Le cocon a ici la forme d’une petite lentille très aplatie au début et un peu plus bombée lorsque le moment de la sortie des jeunes du cocon approche. Dans Pisaura mirabilis le cocon est au contraire toujours sphérique; dans Z. trabalis, il est d'abord un peu lenticulaire, mais devient sphé- rique lorsque son volume augmente par suite de la présence des petites Araignées dans son intérieur. Le remplacement d’un cocon sphérique par un cocon lenticulaire, moins gênant, parait avantageux pour la femelle qui transporte ce cocon; aussi voit-on la femelle de P. hortensis courir avec une extrême agilité avec sa ponte appliquée contre son abdomen. Du reste, cette espèce peut également, lorsqu'on tente de lui FRE son cocon, saisir et transporter celui-ci avec ses chélicères. 2° On dei admettre que le transport du cocon par la femelle favorise la progéniture aussi bien chez les Lycosidæ que chez les Pisauridæ; les raisons sont les mêmes pour les deux groupes d’Araignées. De plus, chez les Lycosidæ, le cocon ne gênant la femelle ni dans sa défense ni dans sa course, la progéniture se trouve même, indirectement, mieux protégée que celle des Pisauridæ. 3° Il est facile de constater également que les Lycosidæ font preuve d’une extrême énergie pour conserver les animaux qu’elles ont pu captu- rer. Particulièrement quand elles n’ont pas mangé depuis quelques jours, on ne peut leur arracher que de force les proies qu’elles ont pu saisir. Leur attitude est alors identique à celle qu'elles ont lorsqu'elles portent leur cocon ovigère avec leurs chélicères; dans un cas comme dans l'autre, il faut employer la force pour leur arracher leur fardeau. 4° Tous ces faits montrent qu'il y a la plus grande analogie entre les mœurs des Pisauridæ el celles des Lycosidæ. Du reste,ces deux groupes d'Araignées ont été longtemps considérés, sous les noms de Polomedinæ el de Lycosinæ, comme deux subdivisions de la famille des Zycosidæ. Au point de vue des rapports de la femelle avec le cocon ovigère, on voit Brococ1e. Couptes RENDUS. — 1905. T, LIX. 10 133 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qu'il y a toutes les transitions depuis l'habitude de porter celui-ci avec les chélicères, jusqu'à celle de le porter sans doute exclusivement attaché aux filières. Ce dernier dispositif est plus avantageux que le premier dont on peut le supposer dérivé. Et de fait, il paraît être seul en usage chez les espèces les plus évoluées, les mieux adaptées à la vie errante. La manière de garder énergiquement les proies capturées est la même dans les deux familles, et identique aussi à la manière dont la femelle garde son cocon ovigère quand elle le porte avec les pièces buccales. On connaît l'expérience de Bonnet qui, ayant mis une Lycoside dans l’entonnoir d'une larve de Fourmilion, vit l’'Araignée se laisser ensevelir plutôt que d'abandonner son cocon. On obtiendrait assurément le même résultat en s'adressant à une Lycoside portant sa proie. Mais lallure dramatique de l'expérience de Bonnet frappa l'imagination à tel point que Romanes put écrire : « Je citerai toutefois, comme témoignant de la force de l'amour maternel chez ces Articulés, l'exemple d’une Araignée que Bonnet jeta avec son sac à œufs, etc. (1). » En réalité, iln'y a besoin d'invoquer, pour comprendre ces faits, ni l'intelligence des Araignées, ni leur sensibilité ; l'habitude dont ils sont en effet l'expression s'explique fondamentalement par la considération des avantages qu’elle procure à l'espèce. VARIATIONS DE LA NUTRITION AZOTÉE PENDANT LA GESTATION CHEZ LA CIWIENNE, par. MM. Bar et Daunar. Il est impossible de suivre les variations de la nutrition azotée pen- dant toute une grossesse, chez la femme. La longueur de la grossesse, la nécessité d'un régime varié, l'impossibilité de maintenir un sujet dans des conditions coustantes d'activité, ete., s’y opposent. La chienne est, au contraire, un sujet de comparaison très favorable. Nous ne possédons pourtant qu’une seule expérience, celle d'Hage- mann, dans laquelle une chienne soumise à un régime constant ec ralionnel ait été observée pendant une gestation entière. L'auteur à conclu que la nutrition azotée pendant la gestation se caractérisait, pen- dant la première moitié, par de la dénutrition; pendant la seconde, par de la rétention : finalement, la gestation se terminerait par une perte d’azote et constituerait une période de sacrifice de l'individu à l'espèce. Cette dernière conclusion est celle de Jageroos; c'est également celle de (4) G.-1. Romanes. L'intelligence des animaux, p. 194. Se ad 7: SÉANCE DU S8 JUILLET 439 Ver Eecke qui a choisi comme sujets des lapins. Mais les EARÉRIENEES de Jageroos et de Ver Eecke sont eritiquables. Nous avons soumis 5 chiennes pleines à un régime, constant chez chaque sujet, et formé de pain, de graisse, de viande maigre, d'eau et de sel qui leur apportait de 0 gr. 60 à 0 gr. 70 d'azote par kilogramme et nous les avons observées pendant la gestation. Une a été observée pendant 3 gestations successives. Pendant les périodes d'observation, nous avons recueilli les excreta (urine et matières fécales) et déterminé leur contenance en azote. Les variations de la nutrition ont été les mêmes chez toutes ces chiennes. H convient, au point de vue des Hitcne de la nutrition, de diviser la gestation en deux périodes, l’une qui va du début au 30° jour ou au 39° jour; l’autre, du 30° jour à la fin. C’est une division de la gestation en deux moitiés. 23 Première période (1° au 30° jour). — Immédiatement après la fécon- dation on a constaté chez tous les animaux une phase pendant laquelle il y avait rétention d'azote. Cette phase a été de durée variable : elle n’a pas dépassé 15 jours chez un de nos sujets; elle s’est prolongée jus- qu'au 35° jour chez un autre : ce sont les termes extrêmes. Pendant cette phase de rétention, le poids d'azote retenu a été variable. Le maximum observé a été de 24 grammes d'azote pour une chienne de 8 kil. 480. j'ai Pendant cette période, il y a accroissement du poids de l'animal. La chienne dont nous venons de parler avait augmenté en 35 jours de 7170 grammes. Cette phase de rétention d'azote est suivie d’une phase d équilibre ou de désassimilation, phase relativement courte que nous n'avons jamais vue dépasser le 40° jour et qui se termine habituellement vers le 30° jour. Pendant cette phase, il peut y avoir ere eue er ed dans là rétention d'azote ainsi que nous l'avons observé chez un de nos sujets, ou bien encore équilibre entre l'azote ingéré et celui excrété. Le plus souvent il y a perte. Cette déperdition d'azote peut être minime : une chienne qui avait fixé 24 grammes d'azote en perdit 4 gramme. Elle peut être très grande : une chienne qui, au 15° jour de la portée, avait lixé près de 7 grammes d’azote en perdit, du 45° au 30°, 40 grammes. Il peut donc arriver qu’au moment où commence la seconde moitié de la portée, l'organisme soit en perte. Nous avons constaté que pendant la période de rétention lulilisation de la ration élait excellente : elle devenait moins bonne pendant là période d'équilibre; elle devenait mauvaise quand il y avait perté d'azote. Il n’est pas rare d'observer à ce moment de la diarrhée et des vomissements, 440 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Deuxième période (30° au 60° jour) — La rétention d'azote est constante, est habituellement plus marquée pendant les 15 derniers jours: Le chiffre d'azote retenu pendant celte période de 30 jours peut être con- sidérable. Nous l'avons vu atteindre près de 30 grammes chez une chienne de 8 kilogrammes. Pendant cette période, l’utilisation de la ration est généralement très bonne. | Nous avons cependant observé plusieurs fois un peu de diarrhée pen- dant les jours précédant immédiatement la mise-bas. Nous avons observé le même phénomène chez 4 lapines à 45° jour de la portée. L'observation clinique donne à penser que les faits observés chez la chienne peuvent aider à comprendre les modifications de la nutrition qui se produisent chez la femme : parfois bonne nutrition au début de la grossesse, phase de dénutrition, de vomissements vers le 2° mois; enfin, à partir du 4° mois et demi, période de grand appétit, avec appa- rence de santé luxuriante. À partir du BALANCE DE LA NUTRITION AZOTÉE PENDANT LA GESTATION CHEZ LA CHIENNE, par MM. P. Bar et DAUNAY. L'étude des variations de la nutrition azotée présente un intérêt particulier si on les compare aux besoins des fœtus en azote, si on la fait servir à la détermination du bilan azoté à la fin de la gestation. Nous avons déterminé par l'analyse la contenance en azote des pelits et de leurs annexes chez chacune de nos chiennes. Nous avons ainsi constaté : Qu'un petit de chienne à terme contient en azote 0 gr. 10 par gramme de malière sèche, soit un peu plus de 2 grammes par 100 grammes de poids vif. Le rapport de l'azote contenu dans le placenta et les annexes à celui contenu dans un fœtus varie de 10 à 15, 83 p. 100. Nous avons sacrifié deux de nos chiennes au trentième et au qua- rante-cinquième jour d'une portée, après les avoir fait saillir par le même mâle et les avoir soumises au régime qu'elles avaient eu pendant une portée antérieure durant laquelle nous les avions observées. Nous avons déterminé la contenance des œufs en azote, et nous avons pu, en rapprochant les chiffres de ceux obtenus dans les analyses d'œufs à terme, calculer qu'un œuf de chienne, pour 1 gramme d'azote qu'il contient à terme, a fixé 0 gr. 035 au trentième jour, 0 gr. 45 au qua- rante-cinquième jour. Il résulte de ces chiffres : 1° Que le poids d’azote demandé par les petits à la mère pendant la SÉANCE DU 8 JUILLET A4t première moitié de la portée est infime, ét n’explique pas la LÉTCnMON d’azole qui est de règle après la fécondation; 2° Les besoins des petits en azote ne deviennent actifs qu'à partir du trentième jour ; or la phase de désassimilation ou d'arrêt dans la fixation d'azote qui marque ordinairement la fin de la première moitié de la portée cesse précisément à ce moment. Il est logique d'admettre que la fécondation provoque immédiate- ment, dans l'organisme maternel, une tendance à la rétention de l'azote, et que la phase d'arrêt ou de désassimilation indique une sorte de satu- ration de l'organisme. Pendant la seconde moitié de la portée, la rétention d'azote, qui est de règle, est proportionnelle aux besoins des fœtus. C'est ainsi qu'une même chienne saillie par le même mâle, soumise au même régime, met bas après une première portée un œuf contenant 8 gr. 331 d'azote; après une seconde portée, cinq œufs contenant 25 gr. 04 d'azote. Pendant les quinze derniers jours de la première portée, elle retient 9 grammes d'azote ; elle en retient 19 grammes pendant la première période de la seconde portée. Nous avons calculé qu'elle avait retenu dans les deux cas 5 grammes environ d'azote de plus que les fœtus et leurs annexes n’en avaient demandé pendant le même temps. Nous avons, en outre, constaté par l'analyse que ces 3 grammes d’azote retenus en excès correspondaient au poids d'azote contenu dans l'utérus et les mamelles. Pendant la seconde moilié de la gestation, il y a harmonie parfaite entre les besoins du fœtus (de l'utérus et des mamelles) et la réten- tion d'azote. Nous avons constaté que chez nos animaux le bilan de la nutrition, pendant la portée, s'était chiffré par un gain ou par le stalu quo. La gestation n'apparaît donc pas comme une période de sacrifice de la mère, et le fœtus comme un parasite prenant sans rien donner. Si un terme paraît juste pour caractériser l’état de la nutrition pen- dant la gestation, c’est celui de symbiose homogène harmonique, puisqu'il y a vie en commun de deux êtres de même nature et adaplation par- faite de la nutrition de la mère aux besoins du fœtus. LÉSIONS DE L'INTESTIN, DU FOIE ET DES REINS PROVOQUÉES CHEZ LE LAPIN PAR LE SÉLÉNIATE DE SOUDE, EN INGESTION GASTRIQUE, par MM. Nogécourt et G. PAISSEAU. Nous avons étudié les lésions de l'intestin, du foie et des reins pro- voquées chez le lapin par l'introduction dans l'estomac de séléniate de 142 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE soude, dans les conditions précisées par l’un de nous dans une note an- térieure (1). INrEsTIN. — La cavité est remplie de matières diarrhéiques glaireuses; la sécrétion de mucus est abondante. Les lésions existent à leur maximum dans le duodénum et vont en s’atténuant dans le jéjunum; l'iléon a un as- pect normal ; cependant, avec l'emploi de doses toxiques faibles mais prolon- gées, les lésions tendent à se propager vers les portions inférieures de l’in- testin grêle. Dans l'intoxication aiguë, les lésions duodénales consistent Sn rennes en une tuméfaction énorme des cellules cylindriques qui se renflent en forme de massue et sont irrégulièrement disposées, sans qu'on puisse retrouver de plateau strié sur ce revêtement épithélial qui a perdu toute sa régularité; par places, on voit dans la lumière de l'intestin des placards épithéliaux formés de cellules présentant le même aspect. Au niveau du jéjunum, il n'existe qu'une légère tuméfaction des cellules. L'iléon est normal. Dans l'intoxication prolongée, Les lésions, surtout accusées au niveau du duo- dénum, sont considérables : la desquamation épithéliale est extrême- ment marquée; les villosités sont en grande partie abrasées, dépourvues de leur revêtement cellulaire, réduites à leur squelette conjonctif; ces lésions cellulaires portent le plus souvent sur le sommet des villosités, les bords pou- vant conserver leur épithélium. Ces lésions existent dans le jéjunum à un moindre degré, très. marquées seulement dans un cas d'intoxication par doses très faibles; dans quelques cas, on voit seulement un aspect amorphe, homogène, des cellules cylindriques. Nous signalerons seulément, comme particularité, un état vacuolaire de l’épithélium au niveau de l’iléon, lésion rencontrée dans un cas où l'animal avait recu le poison dans un solvant huileux (huile d'olive et de ricin). Forg.— À un faible grossissement, on distingue nettement les zones péripor- tales, claires, mal colorées ayant perdu leur disposition trabéculaire, et les zones périsushépatiques, où les cellules, plus nettement colorées, reprennent leur: disposition normale en travées radiées; souvent cependant la lésion ne débute pas immédiatement au voisinage du vaisseau porte et il existe une ou “deux épaisseurs de cellules normales ou peu altérées. Les zones claires périportales correspondent à des lésions de nécrose: à ce niveau le parenchyme est formé de cellules énormes, globuleuses ou po- lyédriques, presque complètement vidées de leur protoplasma, dont il reste à peine quelques granulations. Ces cellules, dont les contours sont très nets, sont tassées sans ordre les unes contre les autres, donnant à ces zones un aspect qui ne saurait être mieux comparé qu'à un pavage de mosaique; au fur et à mesure qu'on se rapproche du centre des lobules, ces cellules de- (1) P. Nobécourt. Toxicité du séléniate de soude en ingestion gastrique chez le lapin; ses variations suivant la nature du solvant. Société de Pose :26 novembre 1904. SÉANCE DU 8 JUILLET 143 viennent moins claires, diminuent de volume, et tendent à reprendre leur disposition normale en travées rayonnant vers la veine centro-lobulaire. Ces lésions caractérisent l'infoxication aiguë, elles existent à des degrés variables dans l'intoxication chronique; dans les cas légers, on trouve quel- ques cellules tuméfiées et nécrosées, strictement localisées dans les zones péri- portales; dans le reste du parenchyme, il existe seulement une congestion assez marquée et dans quelques cas un certain degré de dégénérescence grais- seuse. Reis. — Dans l'intoxication aiguë, il y a nécrose cellulaire portant princi- palement sur les cellules des tubes contournés. Dans les intoxications subaiguës ou chroniques, on retrouve des zones beau- coup moins étendues de nécrose cellulaire disposées par travées parallèles allant de la substance médullaire vers la substance corticale et semblant ré- pondre aux trajets vasculaires. Dans le reste du parenchyme, les cellules sont en grande partie conservées; il existe seulement une congestion assez mar- quée, mais il n’y a pas de lésions glomérulaires. Dans les tubes excréteurs, on trouve un grand nombre de cylindres. Un cas a présenté des particularités intéressantes. Les cellules des tubuli étaient abrasées; le revêtement cellulaire n’étant plus représenté que par une bordure protoplasmique amorphe, sans noyaux; les tubes efférents étaient remplis de cylindres amorphes parsemés d’enclaves homogènes, de volume variable, allant de fines granulations à de grosses masses dépassant le volume d’un noyau ordinaire, colorées d’une facon intense par l’hématéine. L'aspect de ces granulations opaques rappelle tout à fait l'aspect des noyaux en état de pycnose et peut les faire considérer comme des débris nucléaires soudés ou désagrégés, d'autant plus que dans un autre cas nous avons pu observer cette modification du noyau encore en place. En résumé, qu'il s'agisse de l'intestin, du foie, du rein, le séléniate de soude, introduit par voie gastrique, détermine principalement des lésions de nécrose cellulaire. Dans l'intestin, les lésions vont en décroissant des parties supérieures vers les parties inférieures. Dans le foie ces lésions ont une systémati- Salion périportale des plus nettes, en rapport avec la voie d'arrivée du poison, tandis que les zones périsushépatiques sont relativement res- pectées, la limite entre ces deux zones étant assez franche. Dans les reins, les lésions portent généralement sur les cellules des tubes contournés, se disposant assez nettement le long des vaisseaux ; il est intéressant de noter également l'existence, dans un cas, de débris nucléaires au milieu des tubes. (Travail du laboratoire de l'Hospice des Enfants-Assistés.) A44 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE INFLUENCE DE LA PIQURE DIABÉTIQUE SUR LA RÉACTION DU SANG. Note de M. Caro Foa et M° Z. GATIN-GRUZÉWSKA. Nous nous sommes proposé de rechercher si la piqûre diabétique de Claude Bernard pouvait produire des variations dans la réaction du sang et, le cas échéant, de mesurer ces variations concurremment avec celles qui pourraient se produire dans l'urine. = Nous avons opéré sur le lapin et sur le chien. Le sang et l'urine élaient prélevés avant et après la piqüre; l’acidité y était déterminée à l’aide de la méthode déjà aécrite dans ce recueil (1). Chez le chien, nous avons voulu suivre la marche de l’hyperglycémie et de la glycosurie parallèlement aux variations de la réaction du sang et de l'urine. Des prises de sang (50 cent. cubes) et d'urine étaient faites chaque fois et traitées par le nitrate mercurique (et la poudre de zinc); le sucre y était ensuite dosé par la méthode de M. Gabriel Bertrand. Le lapin et le chien se comportent à peu près de la même façon après la piqûre diabétique. Le sang, après avoir présenté une très faible augmentation de l'acidité, de courte durée, redevient normal ou encore ne montre aucun change- ment, tandis que l'acidité des urines augmente aussitôt après l’opéra- tion et va en s'accroissant. No — Lapin. Poids : 2 kil. 200. RÉACTION DU SANG RÉACTION DE L'URINE 1 heure avant l'opération. 2 heures après l'opération . 3 h. 1/2 après la piqûre. . (1) Carlo Foa. Log Cx Solution correspond. environ NaOH 1 heure avant n l'opération 10.000.000 HCI 1 h. 1/2 après TR MA NDIUTeRSe 5.000.000 : lre réduct. 2 h. NaOH après piqûre. ie Urines réu- 10.000.000 | nies de 2h. et 3 h. 1/2 après piqûre. Solution correspond. environ Log Cx NaOH ñn 200.000 HCI —5,0902 — 3,1298 Société de Biologie, p. 1000, 17 juin 1905. 1 66 sas less SÉANCE DU 8 JUILLET 4145 N° 2. — Cure. Poids : 16 à 17 kilogrammes. RÉACTION DU SANG RÉACTION DE L'URINE SUCRE É ù exprimé en glucose Solution Solution et en 0/0 correspond.| Log Cx |correspond environ environ SANG URINE 1 heure avant NaOH HCI l'opéralion. < n — 6,0209 n 0,246 8.000.000 1.000.000 re réduct. Ah? après l'opération ||: 1 heure après NaOH HCI la piqüre. . n — 5,0400 n 8.000.000 100.000 2 h.1/. après NaOH HCI l'opération. n — 4,1209 n £ 0,826 S.000.000 10 000 Il y a donc une élimination immédiate des acides du sang par les reins. L'acidité de l'urine augmente chez le chien, apparaît chez le lapin avant qu'on y puisse déceler la présence du sucre. Ajoutons encore que, chez le chien, on voit que l'hyperglycémie ne coïncide pas du tout avec la glycosurie. (Travail fait au laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DE L’ADRÉNALINE PURE (1) SUR LA RÉACTION DU SANG. Nole par M. Carco Foa et M®° Z. GATIN-GRUZÉWSKA. Il était intéressant de voir si, dans le cas du diabète artificiel provoqué par l'injection d’adrénaline, la réaction du sang et de l'urine présentent des variations comparables à celles qui se manifestent à la suite de la piqûre de Claude Bernard. Nous avons opéré sur le lapin et sur le chien, en suivant, parallèle- ment à la marche de l'acidité, celle de l’hyperglycémie et de la glycosurie, et en employant les mêmes méthodes que précédemment (2). (4) Voir : G. Bertrand. Bulletin Soc. Chim. Paris, 3° s., t. XXXI, p. 1289. 1904 et id., 3° s., t. XXXI, p. 1188. 1904. (2) Voir notre note précédente (ce numéro, p. 144). RE rt à 4146 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE N° 4: — LapiN. Poids *: 2 kilo 450: Injection de 4,5 milligramme d'adrénaline dans le péritoine. Er RÉACTION DU SANG RÉACTION DE L'URINE OBSERVATIONS Solution Solution log Cx correspond. log Cn correspond environ ; environ NaOH Normal. . . .| — 7,0882 Eau — 8,5618 n 500.000 3 h. 10 après| HCI NaoH Urine l'injection. .| — 6,8920 nv — 8,2008 n réductrice et | 6.000.000 1.000.000 | plus claire. | 5 h. 20 après HCI l'injection. .| — 7,0889 Eau — 6,0000 n 1.000.090 No 2. — Lapin. Poids : 2 kil. 640. Injection de 4,5 milligramme d'adrénaline dans le péritoine. RÉACTION DU SANG RÉACTION DE L'URINE PUCES "| SUTA2OUC:C- en glucose en gr. ét en 0/0 OBSERVATIONS Solution Solution los Cx |correspond.| log Cx |correspond. environ environ HCI NaOH Normal . . . .| — 6,8000 n — 9,1932 n — 0,198 8.000.000 100.000 30 minut. après HCI HCI injection de] — 6,8234 n 16140100 — 0,390 | Urive l’adrénaline . 8.000.000 1.000.000 réduit. Ces expériences montrent que le lapin se comporte, après l'injection d'adrénaline, de la même façon qu'après la piqüre diabétique. Le sang devient d'abord faiblement acide, pour redevenir bientôt normal, pen- dant que l’acidité de l’urine va en augmentant. Le chien, au contraire, réagit tout autrement dans le cas de l’adréna- line. L’acidité du sang est plus longue à disparaitre et les urines, après une faible diminution d’acidité, redeviennent normales en même temps que le sang. Il n'y a donc pas, dans le cas du chien, de passage d'acides dans l'urine. | SÉANCE DU 8 JUILLET 147 No 3. — Curen. Poids : 149 kil. 200. Injection sous le péritoine de 0,5 milligramme par kilogramme d'animal. IRÉACTION DU SANG RÉACTION DE L'URINE SUCRE Solution Solution enelucose/ebien/0/0 Log Cn |correspond.| Log Cm |correspond. environ environ SANG (1) INR Normal avant la NaOH HCI narcose . . .| — 1,5062 n — 6,5982 n » Ne réduit 5.000 000 5.000.000 pas. 1 h. 20 après la : j HCI narcose . . .| —1,0971 eau — 6,8205 n 0,154 |Ne réduit 8.000.000 pas: 55 minutes après HCI HCI l'injection de| —6,0681 n — 6,7922 n 0,294 1,440 l’'adrénaline . 1.000.000 1.000.000 3 h. 1/2 après HCI HCI l'injection . .| —5,1001 n — 6,9102 n 0,154 5,820 100.000 9.000.000 1: 2 TR For ent eee 2 ARRET AMEN PET | PE EE LE Re 5 h: 1/2 après HCI HCI l'injection . .| —6,1081 n — 6.9511 n 0,173 6,880 1.000.000 9.000.000 1 h. après l'in- NaOH HCI jection . . .| —7,4902 n — 6,71199 n 0,193 8,040 4.000.000 7.000.000 (1) Chaque fois une prise de 30 ce. L'hyperglycémie, chez le chien comme chez le lapin, dans les deux diabètes artificiels, paraît être de courte durée et parallèle à l'acidité du sang. On a déjà démontré(1) que, chez le chien, dans le cas de l’adrénaline, la plus grande hyperglycémie ne coïncide pas avec la plus grande glycosurie. Chez le lapin, dans d’autres expériences que nous ne pouvons décrire en détail ici, nous avons pu observer, deux heures après l'injection (4) Bierry et Mme Z, Gatin- Gruzéwska, Société de Biologie, p. 903, 27 mai 1905. 148 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'adrénaline, l'apparition de l'acidité dans l'urine, avant qu'il soit possible d'y déceler une trace de sucre. Quelle est la nature des acides qui se produisent, c’est ce que nous nous proposons maintenant de rechercher. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) La Société ne tiendra pas séance le samedi 15 juillet. Les deux dernières séances, avant les vacances, auront lieu les samedis 22 et 29 juillet. 149 REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 4 JUILLET 1905 _ Beizce (L.) : Sur les poils urti- SOMMAIRE Action physiologique et toxique des CARS Eee re Joan 10 | combinaisons d'acide sulfureux et BLAREZ (CH.) et GAUTRELET (JEAN) : d'éthanal en injections sous-cuta- Action physiologique et toxique des MÉCS PAM A PANNE ERRNCE OS Aie T5 solutions d'acide sulfureux en in- Nagr4s (B. DE) : Méthode de colo- jections sous-cutanées. . . . . . .. 18 | ration au chlorure d'or. Action ré- BLAREZ (CH.) et GAUTRELET (JEAN) : ductrice de la lumière et des acides Action physiologique et toxique DAS EMEA: Mate) late Dada M 2 PDA TE 72 des solutions d'aldéhyde ordinaire Nagras {B. pe): Les anilines subs- ou éthanal en injections sous-cuta- tituées et les composés phénoliques TOBS. AO NETE SE ORNE EEE 11 | comme agents de virage de l'or BLAREZ (CH.) et GAUTRELET (JEAN) : dnSIEISSUSE MARS LAN 73 Présidence de M. Jolyet, président. SUR LES POILS URTICANTS, par M. L. BEILLE. Un grand nombre de plantes appartenant aux familles les plus di- verses du règne végétal portent à leur surface des poils rigides suscep- tibles de pénétrer dans les tissus et de produire le syndrome connu sous le nom d'Urticalion. L'intensité des phénomènes douloureux diffère considérablement suivant les espèces; elle dépend essentiellement de la constitution du poil. Ces appendices peuvent être rangés en deux grands groupes, sui- vant qu'ils sont pourvus d’un liquide irritant ou qu'ils sont réduits à un organe rigide terminé en pointe aiguë (Mucuna urens, Cnestis, Malpighia urens, etc.); dans ce cas, leur pénétration dans nos téguments cause une douleur toujours légère et fugace, qui disparaît aussitôt que le poil est enlevé. Les poils urticants proprement dits qu'on trouve dans les 150 REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (71) Urticées, les Loasées et quelques Euphorbiacées donnent lieu au con- traire à des phénomènes très douloureux, et leurs blessures sont parfois très dangereuses (Laportea, Fleurya du sud de l'Asie et de Java). La douleur produite par les Laportea, cultivés dans nos serres, dure huit à dix jours, et son intensité s’accroil toutes les fois qu'on plonge le membre dans l’eau froide. Il faut distinguer des poils urticants, les poils glanduleux des Primu- lacées ; le contact de.quelques espèces détermine sur la peau une irrita- tion très vive (P. obconica, P. sinensis), mais ici la substance àcre est simplement déposée à la surface de l’épiderme et la douleur est plus tardive que dans le premier cas. Un poil urticant d'Ortie (Urtica urens par exemple) est formé d’un réservoir conique, terminé à son extrémité libre par un renflement ar- rondi ; sa base est enchässée dans un cylindre formé de SALTs à _ minces, un peu allongées dans le sens vertical. L’organogénie nous a montré que ce réservoir se différenciait Le pre- mier; les cellules épidermiques voisines, se cloisonnant verticalement, forment plus tard le piédestal cylindrique qui l'élève au-dessus de l’'épiderme. : 4e . La paroi du poil fortement cutinisée offre une grande résistance à la pénétration des réactifs. Lorsqu'une pression s'exerce perpendiculairement à l'axe du poil, le bouton terminal se déchire suivant une échancrure circulaire bien vi- sible à l’état normal et le contenu liquide, chassé par la pression, est rem- placé bientôt par de Fair. Il est donc nécessaire, pour que l’urtication se produise, que la pression du membre s'exerce suivant une direction déterminée et différente suivant l'orientation naturelle du poil. L'irritation et la douleur ont été attribuées à la présence de l'acide formique, de l'acide acétique (Tassi), d’un ferment non figuré (Haber- landt). L'analyse microchimique nous a conduit à rapporter ces phénomènes à des composés tout différents. En recherchant dans l’'épiderme des Orties la présence des oxydases au moyen du réactif de Dupouy (gaïacol à 1/100, eau oxygénée), nous avons constamment observé que ces fer- ments, très abondants dans toutes les cellules superficielles, faisaient complètement défaut dans le poil lui-même. Les résultats étaient iden- tiques lorsque la paroi était intacte, ou lorsqu'on favorisait par une légère déchirure, la pénétration du réactif. Si, après avoir écrasé la paroi du poil, on le chauffe dans une goutte d’azotate d'argent ammoniacal, on oblient dans cette cellule un préei- pité noir très net; le liquide de Nessler donne dans les mêmes condi- tions un précipité brunâtre. L'absence de ferment oxydant dans les poils urticants peut donc s'expliquer par la présence d'un composé réducteur, et les réactions ci- (72) SÉANCE DU À JUILLET 151 dessus permettent de rapporter ce composé au groupe des aldéhydes ou des quinones. La faible quantité de produit ne nous à pas encore permis de carac- tériser ce corps, qui parait être cependant de l’aldéhyde formique, fa- briqué par les cellules chlorophylliennes voisines et déversé ensuite dans cette cavité. | Les poils des Loasées (Zlumenbachia insignis) et d'une Tuborbiacée Jalropha useus nous ont donné les mêmes réactions. MÉTHODE DE COLORATION AU CHLORURE D'OR. ACTION RÉDUCTRICE DE LA LUMIÈRE ET DES ACIDES GRAS, par M. B. pe NaBras. Nous avons montré antérieurement que sur des coupes de tissu nerveux traitées par. une solution iodée (solution de Gram), puis par une solution de chlorure d’or (solution à 4 p. 100), le virage de l'or se faisait presque extemporanément avee de l’eau d’aniline à 4 p. 400 (1). Sans le traitement iodé préalable, l'or ne se fixerait point sur les coupes pour les colorer. L'iode semble agir dans l'espèce comme une sensibili- salrice vis-à-vis de l'or, les solutions réductrices les plus faibles pou- vant, dans ce cas, en opérer le virage avec une durée variable, toute- fois, suivant le degré de dilution (2). En étendant la solution iodée ainsi que le bain d'or (1 p. 500 et au delà), le virage est encore retardé, mais les préparalions n’en ont que plus de finesse avec des teintes roses ou mauves. Les teintes violet foncé ou noires indiquent que la masse des réactifs mis en présence par rapport à l'agent fixateur est trop forte. Il y a intérêt, dès lors, à diluer les solutions. Les nuances de ton paraissent tenir à des états particu- liers de réduction de l'or. En dehors de l’aniline, ainsi que nous le faisions remarquer dans notre première note, d'autres agents réducteurs peuvent opérer le virage de l’or. Ce sont les principaux de ces agents que nous avons eu l’occasion d'essayer que nous passerons ici très sommairement en revue. 1. Action de la lumière. — Les lames chargées des coupes ayant subi l’action successive de l’iode et du chlorure d’or plongent dans un réci- (4) B. de Nabias. Nouvelle méthode au chlorure d’or pour la coloration rapide du système nerveux. Comptes rendus des séances de la Société de Biologie, t. LXI, 1904. (2) B. de Nabias. Nouvelle méthode au chlorure d’or pour la coloration rapide du système nerveux. Congrès de l'Association des anutomistes, Toulouse, 1904. 452 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (73) pient d’eau exposé à la lumière. Le virage de l'or se produit rapidement si la lumière est intense. Les coupes, d’abord roses avec les imprégna- tions faibles, deviennent bleues par transparence et brun kermès par réflexion. Examinées sous le microscope, ces coupes présentent de la sorte, dans le virage complet, une coloration bleue. 9. Action des acides gras. — Plusieurs histologistes, Apathy, Boccardi, Cohnheim, Hénocque, Lüwit, Ranvier, Viallanes, ete. (1), ont employé certains acides de la série grasse : acides formique, acétique, oxalique, tartrique, citrique, pour obtenir des réductions de l'or parfois fort belles dans les éléments nerveux des tissus. Les coupes préparées par la méthode ci-dessus se colorent difficilement dans les acides acétique et tartrique (solutions à 1 p. 100), à l'obscurité. Dans les acides citrique et formique, elles prennent une belle teinte rose qui peut passer à la longue, dans les coupes montées, au bleu par transparence et au brun kermès par réflexion, comme sous l'influence de la lumière. Aux mêmes doses, cette dernière teinte se produit d'emblée avec l'acide oxalique, lequel est d’ailleurs employé dans les laboratoires comme un réducteur ordinaire de l'or. Les acides citrique et formique dont l’action est plus lente sont les meilleurs agents de virage, surtout l’acide formique déjà recommandé par Apathy (2). L’addition d’aldéhyde formique, si ce n’est à dose très faible comme l’a indiqué Bolles Lee (3) à propos de la méthode de ce dernier auteur, renforce sans utililé l’action de l'acide formique. LES ANILINES SUBSTITUÉES ET LES COMPOSÉS PHÉNOLIQUES COMME AGENTS DE VIRAGE DE L'OR DANS LES TISSUS, par M. B. pe NaBras. 1. — Anilines substituées. — Parmi les anilines substituées dans le radical amidogène, nous avons expérimenté la méthylaniline, l’éthylani- line, la diméthylaniline et la diéthylaniline. Sauf des degrés dans Pin- tensité, elles se comportent sensiblement comme l’aniline ordinaire. Avec les imprégnations faibles à l’iode et au chlorure d’or, les teintes sont roses, mauves ou violet foncé, mais jamais bleues par transparence et brunes par réflexion comme avec la lumière et les acides gras. L’in- troduclion du radical acélyle comme dans l’acétanilide et la méthylacé- (1) Cf. Bolles Lee et Henneguy. Traité des méthodes techniques de l'anatomie microscopique, « Des imprégnations métalliques », p. 257, 3° éd. Paris, 1902. (2) Méthode d'Apathy, in Bolles Lee et Henneguy, loc. cit., p. 261 et suiv. (3) Bolles Lee et Henneguy, loc. cit., p. 262. He . SÉANCE DU À JUILLET HAE 153 tanilide annihile presque entièrement les propriétés réductrices. Quant aux anilinés substituées dans le radical phényle, l'orthotolui- dine ne paraît pas différer de l’aniline. La paratoluidine solide et presque insoluble n’en produit pas moins d'excellents virages à dose presque infinilésimale. (On chauffe 1 gramme de ce corps dans une. quantité suffisante d'eau. On filtre, on emploie le liquide filtré.) À dé- faut de métatoluidine, la métaxylidine nous a donné des virages très atténués et très délicats. L'introduction du radical acétyle dans les to- luidines, rend également ces molécules indifférentes pour le virage de l'or. Par contre, l'introduction du radical amidogène renforce les pro- priétés réductrices, tel est le cas pour la paraphénylène-diamine qui n’a guère d'égale que la phénylhydrazine, dont les propriétés réductrices sont, comme on sait, des plus énergiques. Ces corps doivent être em- _ ployés avec précaution pour éviter la rétraction des éléments anätomi- ques et la teinte trop foncée des préparations. 2. — Composés phénoliques. — Les virages de l'or peuvent être ob- tenus par le phénol ordinaire. Les amidophénols, notamment le diami- dophénol, sont plus énergiques. Des trois biphénols, pyrocatéchine, 1-2; résorcine, 1-3, et hydroquinone, 1-4, c'est la résorcine, dérivé méta, déjà étudiée antérieurement (1), à pouvoir réducteur relativement faible, qui donne les meilleurs résultats. En ce qui a trait aux triphénols, l'acide pyrogallique, comme le cas était à prévoir, réduit fortement. La phloroglucine qui ne lui est point comparable sous ce rapport, à cependant. des propriétés réductrices suffisantes pour produire l'imprégnation métallique. La présence de la fonction carboxyle avec plusieurs oxhydriles phéno- liques comme dans l’acide gallique et le tannin n'empêche pas le virage. Les solutions de ces corps, surtout du dernier, donnent même ES de très bonnes colorations et méritent d'être essayées. Deux dérivés de la pyrocatéchine ont élé expérimentés : le gaïacol et l'adrénaline. 1 Le gaïacol, qui est. l’éther monométhylique de la pyrocatéchine, a des propriétés réductrices moindres que là molécule de pyrocatéchine, mais les virages n’en sont pas moins positifs. L'adrénaline (2 ), qui est une pyrocaléchine subslituée avec les deux oxhydriles inlacts, se colorant d’ailleurs parfaitement parle perchlorure de fer comme un composé phénolique, devait produire la réduction de l'or. Nous n'avons pas pu essayer l’adrénaline pure. Les adrénalines . commerciales s'opposent ici au virage, même en présence de la lumière. (1) B. de Nabias. Congrès de l'Association des anatomistes. Toulouse, 1904. (2) Cf. La constitution de l’épinéphrine (adrénaline). Revue. générale des sciences, 1904, p. 327. Sur l'adrénaline et l'alkylamino-acétopyrocatéchine, Journal de pharmacie et de chimie, 1905, p. 277. Brocoie. Comptes RENDUS. — 1905. T. LIX. 11 RE 2 MA 154 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (75) Il y a lieu sans doute d'incriminer les produits utilisés pour sa conser- vation. Ce n’est pas la chlorétone. La solution saturée de ce produit permet le virage. Le chlorure de sodium que nous avons trouvé dans l’'adrénaline employée au titre de 8 p. 1000, laisse virer à ce degré de dilution aussi vite que lorsque la lumière seule intervient. C'est le fac- teur acidité qui doit probablement agir, acidité très faible, mais due à un acide minéral. Les réactifs de Boas et de Günzburg indiquent la pré- sence d'un tel acide. Il s’agit dans l'espèce d'acide chlorhydrique. Or, nous avons vu que des coupes plongées dans une solution de cet acide à 4 p. 1000, restaient complètement blanches. Il doit en être encore ainsi avec des solutions plus diluées. Des doses faibles de cet acide dans l’eau d’aniline, suspendent également ses propriétés réductrices. La liste des agents réducteurs pour l'emploi de cette méthode au chlorure d’or comprend toutes les substances capables de révéler l’image latente photographique etbeaucoup d’autres à propriétés réduc- trices insuffisantes pour révéler cette image. La constitution chimique permet de prévoir d'avance quels sont les corps susceptibles d’être em- ployés. Il ne nous semble pas qu'il y ait lieu d'en donner ici une des- cription plus complète. Les virages obtenus sont d’ailleurs trop sem- blables. C’est toujours sur les mêmes éléments anatomiques, cellules nerveuses et prolongements cellulaires, que se produisent les colora- tions. Une mention spéciale doit être faite cependant en faveur du glucose en milieu alcalin dans des conditions spéciales de fixation. Les prépa- rations obtenues de la sorte, dans lesquelles les cellules nerveuses, les cylindres-axes et les noyaux névrogliques eux-mêmes sont finement teintés, nous ont même paru assez belles pour faire ultérieurement une étude détaillée de ce nouveau procédé. ACTION PHYSIOLOGIQUE ET TOXIQUE DES SOLUTIONS D’ACIDE SULFUREUX EN INJECTIONS SOUS-CUTANÉES, par MM. Cu. BLAREZ et JEAN GAUTRELET. Au cours d'une étude complexe relative aux actions physiologiques exercées par l'absorption de boissons renfermant de l'acide sulfureux libre ou combiné à divers principes organiques, nous avons été conduits à faire des séries d'expériences préliminaires sur l’animal. Nous donnons aujourd’hui les résultats de celles qui ont trait à la toxicité de l’acide sulfureux libre en solution aqueuse à 4 p. 200 et injecté dans le tissu. cellulaire SONG du lapin. (76) SÉANCE DU À JUILLET 155 Voici les protocoles de quelques expériences : QUANTITÉ | TEMPÉRA- LOSSRRE | LAPIN POIDS | HEURE | de SO? TURE | de SO? PHÉNOMÈNES OBSERVÉS injecté | rectale Rs 68 1K990 3901 10h5 10 cc 10 12 10 Aucun symptôme anormal. D Le 1 Dyspnée. | 1 29 10 3 20 cc. |Paralysie dutrain postérieur. —0 g.80|Miction.Convulsionslégères. Dyspnée asphyxique. Mort. MORTE 139,2 10 10 10 - 10 45 6 10 45 38,9 A1 15 10 cc. |Convulsions. Mort. —=0 g.410 31 2,320 392 10 20 12 10 50 38,8 5 cc. | Aucun symptôme anormal. 2 HN 0 200 6 38,1 L'animal survit, 149 2,680 3972 A1 5 10 Rien d’anormal. 11 15 10 38,9 0 g. 30 6h.soir 37,8 L'animal a survécu. Re 39,5 Hhcc. 5 , main 131 2,410 39,9 Aucun symptôme anormal. 9 40 10 9, 45 12 8 ce. 7 |L’animal survit. | | | | De ces expériences, il résulte donc, l'animal succombant à une injec- tion de 0 gr. 40 par kilogramme et survivant à une injection de O0 gr. 35, que la toxicité de la solution d'acide sulfureux à 4 grammes pour 100, en injections sous-cutanées est de 10 centimèires cubes, soit 0 gr. 40 par kilogramme d'animal. Il y a évidemment quelques variations indi- viduelles, mais une dose minima de 0 gr. 40 par kilogramme a toujours été nécessaire pour tuer les Japins. 608 7 Le IL LBIR À R Y À 2/0 “Er x, À p Ma 38: y ÿ © Le \ : té 156 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX . met (77) ACTION PHYSIOLOGIQUE ET TOXIQUE DES SOLUTIONS D'ALDÉILYDE ORDINAIRE OU ÉTHANAL EN INJECTIONS SOUS-CUTANÉES, par MM. Cu. BLaRez et JEAN GAUTRELET. Quelle est la toxicité de l’éthanal en solution à 2 gr. 75 p. 100, en injections sous-cutanées (2 gr. 75 étant la quantité d’aldéhyde suscep- tible de se combiner à 4 grammes d'acide sulfureux) ? | QUANTITÉ | TEMPÉRA-| QUANTITÉ = Re ; : = totale LAPIN POIDS HEURE d'aldéh. TURE injectée injectée | rectale |par kilog. PHÉNOMÈNES OBSERVÉS Aucun symptôme anormal. 25|Opisthotonos. Convulsions: Cris. Réflex cornéen aboli. Sensibilité abolie. Mort. Rigidité cavadérique rapide. Rien. Opisthotonos. Dyspnée as- phyxique. ! Convulsions fortes. Cris. Ré- flexe cornéen aboli. Exoph- talmie. Sensibilité abolie totalement. Réflexes dis- parus. Cœur ralenti. Hoquets. Cœur rapide. Réflexes réappar. L'animal est étendu ivre mort. Sensibilité revient. Mobi- lité aussi. - Animal prostré: Mort. Opisthotonos. Cris. Convul- sions. Prostration absolue. Dyspnée. Cœur très ralenti. Mort. L'animal couché sur le flanc est très prostré. Sensibilité très émoussée. A1 Cœur bat lentement. Midi 15 Il essaie de se lever, présen- tant les phénom. de l'ivr. 6 h.soir. Va bien. PCI » (78) SÉANCE DU 4 JUILLET DS sy Ae Si l'on procède par injections de 10 centimètres cubes chacune, toutes les cinq minutes, comme nous l'avons fait. pour l'acide sulfureux, l’éthanal s’éliminant très rapidement, il en faut de très grandes quan- tités, dépassant 50 centimètres cubes par Hess pour amener la mort de l'animal. Au-dessous de cette dose, on ne constate que des phénomènes com- parables à ceux de l'ivresse : le lapin, très prostré, a perdu entièrement la sensibilité : tout réflexe a disparu (dès 15 ou 20 centimètres cubes par . kilogramme) ; la température s’abaisse de 1 ou 2 degrés ; el au bout de quelques heures, l'animal revient à la vie normale. Nous avons donc été amenés à injecter une solution d’ aldéhyde plus concentrée, à 5 gr. 50 p. 100, dose double de la précédente ; et ce sont les protocoles d'expériences failes dans ces renoue que nous donnons ci-dessus. | 0 gr. 82 d'éthanal, soit 15 centimètres cubes de la solution d’aldéhyde à 5,5 p. 100, par kilogramme d’animal, sont absolument nécessaires pour tuer les lapins, en injections sous-cutanées. Les doses de 14 centi- mètres cubes et les doses inférieures ne provoquent que des phéno- mènes tout à fait comparables à ceux de l'ivresse, dont le tableau ci-dessus donne les caractères. j Disons, enfin, que les quantités d’éthanal injectées au-dessous de 10 centimètres cubes par kilogramme, sont sans effet sur l'animal. ACTION PHYSIOLOGIQUE ET TOXIQUE DES COMBINAISONS D'ACIDE SULFUREUX ET D'ÉTHANAL EN INJECTIONS SOUS-CUTANÉES, par MM. Cu. BLAREZ et JEAN GAUTRELET. Une troisième série d'expériences préliminaires consiste à étudier la toxicité des combinaisons d’acide sulfureux et d’éthanal en injections sous-cutanées chez le lapin. La solution employée contenait 4 grammes p. 100 d'acide sulfureux anhydre combiné à 2 gr. 75 d’éthanol. Des expériences ci-dessous il résulte que l'acide sulfureux et l'éthanal étant combinés, leurs actions toxiques ne s'ajoutent pas. Au contraire, il y a une très sensible atténuation de la toxicité; en effet, les 20 centimètres cubes d'aldéhyde sulfureux nécessaires pour tuer 1 kilogramme d’animal renferment 0 gr. 80 d'acide sul- fureux susceptibles de provoquer à eux seuls la mort d’un lapin de 2 kilogrammes, et O gr. 55 EEE capables de tuer O kil. 670 d'animal. 158 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX QUANTITÉ | TEMPÉR A-| QUANTITÉ d'aldéh. | rurg | injectée PHÉNOMÈNES OBSERVÉS sulfureux injecté | rectale |par kilog. POIDS HEURE 10h45 50 DD Rien d’anormal. 10 19 22 35 L'animal urine et défèque. Aucun phén. de paralysie. 45 Mort. Rien d’anormal. Mort sans convulsion. Aucun malaise. Rien d'anormal. L'animal survit. L'animal survit. Aucun malaise. Quant aux symptômes d'intoxication produits par la combinaison acide sulfureux et aldéhyde, ils ne ressemblent en rien aux phénomènes consécutifs à l’intoxication par chacun des deux corps injectés isolé- ment. Pas d'ivresse, pas de paralysie précédant la mort. Tout au plus de légères convulsions. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, {, rue Cassette. .sateurs SÉANCE DU 22 JUILLET 1905 SOMMAIRE __ Agric (PauL) : Automatisme et li- _ berté chez les êtres unicellulaires. BourGuiGNon (M. et Mne) : Formes microbiennes du muguet . ..... CapiTan et PapiLLaUuT : Identifica- tion du cadavre de l’amiral Paul Jones cent treize ans après sa mort. _ - CziGny (A.) : Sur un Lernæenicus HoaSie di Sprat RU EEE. à Czuzer (J.) : Sur la loi d’excitation des nerfs par décharges de conden- Doxon, MoreL (A.) et KAREFFr (N.): . Action de l’adrénaline sur le glyco- gène hépatique et sur le sucre du sang Foa (Carco) : Quelques correc- tions à mes notes précédentes sur la réaction des liquides de l’orga- nisme, étudiée par la méthode élec- MOCHIMNQUE RE LR CE re CU GarRELON (L.) et LaxGLois (J.-P.) : ‘Polypnée à type périodique. . . .. . GILBERT (A.) et HERSCHER (M.) : Sur la teneur en bilirubine du sé- rum sanguin dans la néphrite in- fersfitrelle ere rmioptanmlss GréHANT (NEsToR) : Sur la rapi- dité de l’asphyxie par submersion. HowarD (L. O.) : A l'occasion de la communication de M. Capitan. . Iscovesco (Henri) : De la précipi- tabilité de certains colloïdes insta- bles par l'eau oxygénée Iscovesco (Hexri) : Colloïdes sta- bles. Oxygène naissant et forma- tion de membranes JocLy (J.) et Saint (J.) : modifications histologiques du sang après les hémorragies LarFORGUE : Sur les agents patho- gènes de la méningite cérébro-spi- HAN A. ne NN AN AL LaGuesse (L.) et DEBEYRE (A.) : Grains de CI. Bernard et trypsino- gène Lamy (Henry) et MAYER (ANDRÉ) : Expériences sur la sélection rénale. Sélection négative du chlorure de svuiol ee (dtetle Pet CARCROME NEC: Jan allie, e/ + 9 6 606 14e Te rie Biococie. CompTes RENDUS. — 1905. T. 181 187 202 185 166 211 207 199 lapin rabique sodium. Sélection positive du glu- COS CRE AR eee Mn eee LAVERAN (A. Contribution à l'étude des grandes hémogrégarines des grenouilles LAVERAN (A.) : Sur une hémogré- garine de Varanus niloticus. . . . . Lavera (A.): Sur une hémamibe dé Testudo purdalis LéPixe (R.) et Bouzup : Influence de la macération de pancréas sur la glycémie et sur le pouvoir glycoly- tique du sang MazrirAno (G.) et SrraDA (F.): Des variations dans l’activité protéoly- tique de bactéridies avec l’âge des cultures Mazrirano (G.) et SrrADA (F.) : fluence de l'aération des cultures sur le pouvoir protéolytique des bac- téridies charbonneuses. . . . . . .. MaurEL (E.) : Températures sous- vestiales et cubiliales chez les pré- maturés Nicozas (J.) et Bonnamour (S.) : eradans.her te oter * steerte ele ea ls ee nie, CR TA ae rtatsmelinet eee tts rte au sue ien delete ne) is Meet: ess ee 159 192 160 195 Karyokinèse dans la surrénale du aa leu [Yet Le) Liebe) los Pre) Dust Le Nicozce (C.) et Courte (C.) : Sur une nouvelle spirillose. . . . . . .. ReucnGer (P.) : Absorption du virus rabique par la peau fraiche- IMONTITAS CE PTE CT CC Renaur (J.) et Dusreui (G.) : la cloison, ou strie sarcoplasmique ordonnatrice transversale de la sub- stance contractile des muscles striés. RETTERER (Eb.) Technique et structure de l'os des Mammifères. WinrRegert (P.) : Sur l’établisse- ment des fonctions nerveuses chez lesrUÜrodéles. L'EMRMRMNEOT RARUN Winrregerr (P.):Surle développe- ment de la moelle caudale chez les larves d'Anoures PORC SET EE AT STE TR CRT Réunion biologique de Nancy. Bouix (P.) et Ancez (P.) : À pro- pos du « trophospongium » et des LIX. 12 170 160 SOCIÉTE DE BIOLOGIE canalicules AUISUC USE RNCRTE 221 modifications produites dans les Brunrz (L.) : Sur l'existence de cellules épithéliales du rein par les cellules phagocytaires chez les phy- néphrotoxines et par d’autres li- lopodes branchipodes . . . ..... 229% quides LaCELIS NME RE 218 HausHaLzTER (P.) et Cozzin (R.) : Simon (P.) et SPpizLuanN (Loris) : Modifications structurales de cel- Analyse quantitative et qualitative lules pyramidales de l'écorce rolan- du sang, au point de vue leucocy- dique dans un cas de paraplégie taire, dans deux cas de tuberculose spasmodique congénitale chez un PUIMONAITE ERP PTE 227 enfant de trois mois né à terme . . 223 Wasser (A.) : L'orientation des PRENANT (A.) et ANTONIOU (A.) : ailes des apophyses ptérygoïdes chez Observations comparatives sur les lesAPrimates CPR ERREUR 225 Présidence de M. A. Giard, président. INFLUENCE DE LA MACÉRATION DE PANCRÉAS SUR LA GLYCÉMIE ET SUR LE POUVOIR GLYCOLYTIQUE DU SANG, par MM. R. Lépine et BouLup. L'un de nous soutient depuis plusieurs années que le pancréas exerce sur la glycolyse une action surtout indirecte. L'expérience suivante vient à l’appui de cette opinion: Nous prenons quelques grammes de pancréas de bœuf; nous les broyons soigneusement avec du sable stérilisé; nous ajoutons un poids d’eau distillée; nous laissons macérer quelques heures et nous filtrons à la bougie. Si nous injectons dans la veine d’un chien 5 centimètres cubes de ce liquide, il ne se manifeste dans les heures suivantes aucun symptôme bien appréciable. Mais si on saigne l'animal au bout de vingt-quatre heures, on constate une hypoglycémie et une exagération extraordinaire du pouvoir glycolytique du sang. Si au lieu d’attendre vingt-quatre heures, on fait la saignée au bout de deux, six ou huit heures, on n’ob- serve jamais d’hypoglycémie ou d’exagération du pouvoir glycolytique du sang. Il est à noter que l’hypoglycémie et l’exagération du pouvoir glyco= lytique, que l’un de nous a signalées il y a plus de dix ans (1) à la suite de l'excitation des nerfs du pancréas, ne s’observent également dans ces conditions qu'après un certain nombres d'heures. (4) Lépine. Revue de médecine, 1894, p. 891, et volume du Cinquantenaire de la Société de Biologie. Pr 7 SÉANCE DU 22 JUILLET 161 ——_— Notons également que si l’on ajoute in vitro à du sang défibriné une proportion même beaucoup plus forte de macération de pancréas, on n'observe pas d'augmentation de la glycolyse. SUR LA LOI D'EXCITATION DES NERFS PAR DÉCHARGES DE CONDENSATEURS. (Réponse à M. et M®° LaPiCQuE), par M. J. CLUZET. Dans les derniers Comptes rendus de la Société de Biologie, M. et M** Lapicque reconnaissent que j'ai démontré l'existence d'une partie inutile dans toute décharge de condensateur qui produit l'excitation. Je ferai observer tout d’abord, comme suite à ma Note à la Société, du 2 mai 1903, que, en suivant la méthode indiquée à cette époque, je suis arrivé à l'expression générale de la durée d'action de toute | V, décharge qui provoque le seuil de l'excitation (Ro Le) et l’expres- sion du potentiel (bR) à partir duquel toute décharge cesse d’être physiologiquement active. | Dans leur communication, M. et M“ Lapicque s'expriment ainsi : « Mais M. Cluzet pose, en outre, cette conclusion que de toutes les lois générales de l'excitation qui ont été proposées, la loi de Weiss, seule, doit être considérée comme exacte. M. Cluzet pense que la correction apportée par nous est inexacte, ou, comme il le dit poliment, que c'est notre formule qui est approchée. » M. et M®° Lapicque ont fait là une confusion que je voudrais d’abord dissiper. J'ai toujours bien distingué les deux formules proposées par ces auteurs : la première, qui est la loi générale de Weiss corrigée, Q—u+ft— }V, et la seconde qui est la formule proposée par eux pour l'excitation par condensateurs, CV = à +8C— YV. De la première (dont il n’est question que dans le chapitre IT de mon mémoire (1), je n’ai jamais dit qu’elle est approchée; bien au con- traire, je la considère comme plus exacte que la loi de Weiss pour les muscles lents. Pour les muscles rapides dont je me suis occupé exclusi- vement, j'estime que la loi de Weiss est bien suffisamment approchée, et si « nous demeurons dans les limites où son auteur s’est tenu lui- même, nous pouvons admettre que cette loi est exacte (p. 29). Je m'en suis donc tenu à l’opinion de M"° Lapicque, qui dit dans sa Thèse : « La loi de Weiss traduit convenablement les résultats de l'expérience (1) La loi d’excitation des nerfs par décharges de condensateurs. (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1905; Annales d'électrobiologie, 1905.) 162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pour les muscles rapides, elle donne une erreur systématique avec les muscles lents. C'est la PE formule proposée par M.et M° Moine (dont il n'est question que dans le chapitre [** de mon mémoire), CV = « + $G — yV, que j'ai considérée et que je considère encore comme inexacte. Cela ressort de la manière dont elle est formée : elle suppose préalable- ment que toute la décharge est employé à l'excitation; or j'ai démontré, M. et Mr° Lapicque l'ont reconnu, que cela est faux. En outre, ces auteurs commettent une seconde erreur en remplaçant la durée d'action par C. En somme, je reconnais l'exactitude de Q = « + St — yV, mais je sou- tiens que l’on n’a pas le droit de remplacer dans cette formule Q par CV, ett par C, attendu que la quantité d'électricité qui agit sur le nerf n’est pas égale à CV, et que la durée d'action n’est pas égale à C, comme M. et Mr: Lapicque le reconnaissent d'ailleurs eux-mêmes. L'erreur commise en remplaçant Q par CV peut être considérable; ainsi pour — 0,01 microfarad, avec les résistances que j'ai employées, l'erreur est de 400 p. 100. Dans ce cas, la valeur du terme correctif que ces auteurs ajoutent à la formule de Weiss est relativement presque infiniment petite, et leur correction est purement illusoire. Les vérifications que M. et M°° Lapicque ont faites de leur formule pour condensateurs l'ont été dans des limites par trop rapprochées, c'est ainsi que leur capacité a varié le plus souvent de 0 à 8, la résistance étant constante (7'hèse de M®° Lapicque, p. 85). En outre, dans l’expé- rience de M. Dubois qui a été prise à témoin, la variation de CV n'est pas aussi simple qu'ils l’indiquent, quoique la concavité se produise bien dans le sens indiqué par eux, et aussi par mes formules; mon erreur de signe n’a donc aucune importance et n'infirme en rien mes conclusions. M. et M Lapicque disent plus loin dans leur Note que dans mes propres expériences ils trouvent la « démonstration que la loi linéaire ne s'applique même pas au classique gastrocnémien de grenouille, et qu'on trouve pour ce muscle aussi une courbe dans le sens indiqué ». Voici encore une confusion. Je me demande où M. et M°° Lapicque ont pu voir dans mon mémoire que la loi qui relie CV et C est linéaire; au contraire, j'ai établi que cette loi est une fonction logarithmique, plus compliquée par suite que ne l’est même CV = « + f calcul auquel se sont livrés ces auteurs pour montrer que le « voltage observé avec la plus petite capacité est toujours au-dessous du chiffre fourni par la loi linéaire » constitue donc simplement une preuve nou- velle mais bien inutile que la fonction logarithmique n'est pas une fonction linéaire. Ils reconnaissent ensuite que c’est bien, comme je l’ai dit, à la quan- tité utile et à la durée d’action qu'il faut demander de s’accorder avec la loi d’excitation, mais ils ont constaté que si on regarde les chiffres calculés par moi « d’après les expériences des divers auteurs, les deux SÉANCE DU 22 JUILLET. 163 extrémités de la série fournissent des chitfres qui s’écartent beaucoup ». Or, j'ai donné plusieurs fois dans mon mémoire les raisons de ces “divergences : pour les capacités faibles, cela tient à ce que certains nombres publiés sont suspects, de l’aveu même des divers auteurs; ‘pour les grandes capacités, cela tient à ce que les durées d’excitation correspondantes dépassent la durée de la période latente (limite extrème pour laquelle la loi de Weiss s'applique). Quant aux nombres obtenus dans mes expériences personnelles, ils prouvent tout simplement que ma loi est vérifiée sur les nerfs de grenouille quand la capacité varie de 0 à 100, la résistance variant de 2 à 16. Enfin, il reste la critique du dispositif employé dans mes expériences pour couper la décharge. Je ferai d’abord remarquer que les nombres obtenus avec le relais à ressort, en tenant compte du retard comme je lai fait, vérifient à moins de 1/50 la formule classique de la décharge + d’un condensateur (p. 79); c’est là, je crois, uné preuve que la mé- thode est suffisamment précise. M. et M° Lapicque croient avoir trouvé un dispositif meilleur, c’est possible. J'attendrai néanmoins, pour en être certain, qu'ils aient fait : des expériences et qu'ils aient publiés leurs nombres. GRAINS DE CL. BERNARD ET TRYPSINOGÈNE, par MM. E. LaGuesse et A. DEBEYRE. Les découvertes de la sécrétine et de l’entérokinase remettent en question certains points de l'histophysiologie de la cellule pancréatique- qui semblaient acquis depuis les travaux de R. Heidenhain. Les conclu- sions de cet auteur étaient établies sur la plus ou moins grande activité du suc recueilli aux différents stades de la digestion ; or, il semble bien : établi aujourd'hui (Delezenne) que le suc recueilli aseptiquement dans le canal est toujours inactif. D'autre part, les expériences faites avec excitation-par la pilocarpine doivent être recommencées avec la secré- tine, si la pilocarpine provoque dans les canaux une diapédèse de leuco- cytes apportant de la kinase (Delezenne). Dans ces conditions, on est amené à douter que le grain de CI. Ber- * nard mérite encore le nom de grain de zymogène que lui avait donné _ Heidenhain. Dans les canaux excréteurs, dit Delezenne, on trouve déjà de la trypsine, mais de la trypsine inactive, et qui a besoin d'être acti- - vée par la kinase. Il y a donc lieu de se demander si le grain mûr, dans la cellule, est déjà de la trypsine inactive, s'il est simplement du trypsi- nogène, et même s’il ne représente ni le ferment, ni un proferment. Les. physiologistes n’admettent-ils pas en effet, que dans la parotide l'excré— 164 SOCIETE DE BIOLOGIE tion de grains (très analogues par leurs réactions à ceux du pancréas) est évidemment en rapport avec le degré de viscosité et la teneur en albumine de la salive, mais non avec la teneur en ferment, en ptyaline? Nous avons eu l'idée que peut-être on arriverait assez rapidement à répondre à ces questions en isolant les grains de CI. Bernard, et en en faisant des extraits purs, qu'on étudierait comparativement à d’autres extraits, aussi privés de grains que possible. Nous avons essayé (chez le chien, le rat, le mouton surtout) d’ isoler les grains par centrifugation ou filtration. Malheureusement, nous avons à peu près échoué. Après une série de centri- fugations et de décantations, il reste toujours un liquide riche en grains de CI. Bernard et en particules plus petites, — et un précipité qui contient éga- lement les deux en abondance, avec des débris plus volumineux. La filtration sur papiers divers nous a donné des résultats un peu meilleurs; mais elle est beaucoup trop lente; on n'obtient sur le filtre qu’une trop faible quantité de précipité, où les grains dominent pourtant, et d’autre part beaucoup de ces grains ont évidemment eu le temps de se dissoudre dans les liquides re- cueillis. La bougie filtrante retient le grain et laisse passer un liquide abso- lument limpide, mais elle retient également le ferment, même à l’état dissous, comme il fallait s’y attendre. Pourtant, à l’aide de ces divers procédés, nous avons pu obtenir : — d’une part certains extraits faits très rapidement, en broyant du pancréas pendant 1 à 3 minutes (ou même en agitant simplement pendant le même temps de petits fragments coupés) dans l'eau distillée.simple, filtrant sur calicot puis sur papier ordinaire, c’est ce que nous appellerons les eaux de lavage; — d'autre part des extraits faits uniquement avec des précipités obtenus après long broyage, centrifugation ou filtration sur papier spécial. Dans ces der- niers, l'analyse microscopique décelait une grande abondance de grains de CI. Bernard intacts; dans les eaux de lavage, au contraire, après filtration rapide, les grains étaient rares. Comme ils résistent assez longtemps à l’eau, ils n'avaient pu s'y dissoudre qu'en assez petite quantité, et les fragments ayant servi au lavage en paraissaient aussi bourrés qu'avant. Nous pouvions donc étudier comparativement des extraits pauvres en substance des grains et d’autres riches en cette substance. Or, après addition de kinase, les pre- miers (eaux de lavage), au bout de vingt-quatre heures de digestion, se sont montrés plus actifs sur les tubes de Mette que les seconds. Les mêmes extraits, faits dans l’eau fluorée, nous ont montré un écartbien moindre, mais encore en faveur des eaux de lavage. On sait enfin que l’acide acétique très dilué dissout instantanément le grain de CI. Bernard. Or, les mêmes extraits, faits dans l’eau fluorée ou non, addi- tionnée d’acide acétique à 5 p. 1600, n’ont pas attaqué l’albumine d’une facon sensiblement plus vive que les extraits non acétifiés. Ces derniers faits nous permettent d’abord de conclure que le grain de CI. Bernard n'est pas formé de trypsine achevée, et qui n'aurait plus besoin que d’être kinasée pour devenir active, car l'acide acétique, en PR UT Dee De CD D OO EEE SÉANCE DU 22 JUILLET 165 dissolvant tous les grains, aurait mis en liberté de grandes quantités de ferment, et donné des extraits très actifs. Autant que nous pouvons en juger par ces essais, très incomplets, le grain ne doit pas être constilué non plus par un véritable préferment, préstade de la trypsine, et qui n'aurait plus qu'un faile changement à subir (oxydation, Heidenhain) pour devenir la trypsine elle-même. Il semble plutôt qu'il soit constitué par une substance albuminoïde spéciale, probablement très complexe, vu la complexité des phénomènes histo-chimiques d'élaboration, et capable de donner lentement par petites quantités, mais pendant très longtemps, par une sorte de fermentation probablement, une masse relativement considérable de ferment trypsique. C’est en ce sens seule- ment que la substance des grains serait zymogène. Les eaux de lavage seraient relativement riches, parce qu’elles entraineraient tout le ferment existant ou capable d'achever rapidement de se produire. C’est encore d'accord avec un autre fait. Sur une macération fluorée faite de facon à peu près aseptique et gardée à l'étuve à 35 degrés en vase clos, nous prélevons chaque jour une certaine quantité d'extrait; l'extrait prélevé après une heure et kinasé est relativement peu actif; au bout de 24, 48, 72 heures, il le devient de plus en plus : la trypsine n’a cessé de se pro- duire lentement, aux dépens des fragments de pancréas laissés dans la macération, qui n'a subi aucune putréfaction, ne sent pas. (Laboratoire d’Histologie de la Faculté de Médecine de Lille.) SUR UN Lernenicus PARASITE DU SPRAT, par M. À. Czicny. Le 3 juin 1905, nous avons capturé dans le port en eau profonde de Boulogne-sur-Mer un jeune Sprat, Clupea sprattus L. mesurant 50 mil- limètres de long et porteur d’un Copépode parasite du genre Lernæe- nicus Lesueur. Ce parasite offrait deux particularités remarquables : il était sans doute très jeune et ne possédait pas encore trace de sacs ovigères; de plus, il était fixé dans une position tout à fait inusilée, à 1 millimètre en arrière de l'angle supérieur de la fente operculaire gauche. La partie libre mesurait 8°%3 dont 1 millimètre environ pour la ré- gion effilée libre (arrière du céphalothorax), et 0""9 pour le tubercule terminal de l'abdomen; la plus grande épaisseur (dorso-ventrale) était de 13, | Ces dimensions sont analogues, mais un peu inférieures, à celles que nous relevons sur des Lernæenicus sprallæ Sowerby adultes provenant du Havre. - 166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ES La région dorsale de notre parasite est brune, sa partie ventale est jaune clair, et ne laisse rien voir par transparence. Notons encore que le parasite est orienté parallèlement à son hôte, la tête vers l'avant, et la région dorsale tournée vers le dos du Sprat. La dissection montre que le parasite pénètre dans les chairs en se dirigeant horizontalement vers l'avant et en s’enfonçant d’abord très peu : il fait un coude peu marqué à convexité supérieure. pour con— tourner le bord supérieur de la ceinture scapulaire ; puis sa courbure- s’accentue et le pédoncule vient passer entre les branches supérieures: des premier et deuxième arc branchiaux : il s’insinue dans l'angle des. derniers arcs branchiaux et s'enfonce franchement sous la colonne ver- tébrale de l’hôte. Enfin la tête du parasite se trouve hu dans le haut de la cavité gé- nérale, à droite de la colonne-vertébrale et contre la branchie interne: du côté droit. Nous hésitons à rapporter ce copépode au Lernæenicus spraltæ So- werby à cause de son singulier mode de fixation, à cause surtout .de quelques particularités qui peuvent d’ailleurs tenir à la jeunesse du parasite ou à l'emplacement qu'il occupe. Ces particularités le rappro- ‘chent du L. sardinæ Beaudouin, quand ce dernier est fixé au voisinage: | de la dorsale. En effet, le thorax de notre exemplaire n'est point moni- liforme, mais parfaitement régulier d’un bout à l’autre. Les deux cornes latéro-postérieures de la tête sont ici courtes et obtuses et non pas al- - longées et grêles comme celles du Z. sprattæ adulte. Pour le surplus et pour autant que l’on peut juger avant dissection, nous n'observons pas de différence : les antennes et les antennules sont semblables à celles du Z. sprattæ, et les autres appendices céphaliques ou thoraciques paraissent également semblables; nous en publierons. _ sous peu la description complète. (Travail de la station aquicole de Boulogne-sur-Mer.) POLYPNÉE THERMIQUE À TYPE PÉRIODIQUE, Note de MM. L. GARRELON et J.-P. LANGLOIS. Pendant la polypnée thermique d’origine centrale chez les animaux anesthésiés, on observe généralement un tracé respiratoire remarquable: par sa grande régularité. L’ amplitude des mouvements peut lement varier, mais le rythme conserve une fréquence constante. Quand l'animal n’est pas anesthésié et pendant la période de polypnée réflexe, c'est-à-dire tant que la température centrale n’a pas atteint SÉANCE DU 22 JUILLET 167 41° degrés au moins, on peut quelquefois observer des oscillations ” périodiques de la courbe respiratoire analogue à celles observées sur un animal dans les conditions ordinaires, mais on constate ici encore que les variations du rythme sont très faibles. Dans le cours de nos recherches sur la polypnée n nous avions Cons- talé plusieurs fois des modifications dans le rythme, mais dans ces derniers temps, il nous a été donné d'observer un type de respiration nettement périodique. Il s'agissait d’un chien chloralisé dont la température atteignait 41°6 et qui après avoir eu une polypnée de 300 par minute, a présenté un rythme de 425 après la section des deux pneumogastriques. Fait intéressant puisqu'il nous montrait que l'accélération observée par nous sur les chiens chloralosés (1) pouvait être observée également sur les chiens anesthésiés par le chloral. | Mais le point sur lequel nous appelons l'attention dans cette note est l'apparition d’une respiration périodique typique. L'observation directe du chien permettait de reconnaître l’exagération du rythme à intervalles fixes, la lecture du tracé confirme le fait en montrant qu’à des intervalles de cinq à six secondes, le rythme croît progressivement, il se produit une dizaine de respirations plus accélérées suivie d’une période dans laquelle le rythme décroit graduellement pour arriver à un minimum. En faisant le calcul et en prenant les périodes de maximum et de . minimum, on voit que la fréquence pendant le maximum COrrespon- drait à un rythme de 540 par minutes et pendant le minimum à un rythme de 360, donnant en chiffre moyen de 425. La phase de grande fréquence occupant le tiers environ de la période. : En voyant le tracé, on est frappé de la grande analogie avec un tracé cardiographique de chien, si caractéristique avec la période d’ac- célération pendant l'inspiration. Comment expliquer ces variations du rythme? Faut-il admettre une excitation rythmique des centres bulbaires, excitation qui ne se produit que dans des conditions déterminées d’anesthésie? IL a suffi, en effet, . de réinjecter du chloral pour voir disparaître le type périodique. On sait du reste que sur les animaux anesthésiés, ou simplement chez l’homme endormi, le rythme périodique est très variable et dispa- rait facilement sans cause apparente, pour faire place à un rythme régulier. La durée des périodes oscillant entre quatre et sept secondes nous conduisent à émettre une hypothèse. Il y aurait, dans certains cas, superposition des deux fonctions ayant leur siège dans le centre de Legallois. L'activité de la fonction respira- (4) Polypnée thermique et pneumogastrique, Société de Biologie, 8 juillet 1905. 1 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toire proprement dite viendrait modifier l’activité de la fonction thermo- lytique. Cette activité se manifestant, soit par une exagération du rythme (action dynamogénique), soit, au contraire, par un ralentissement de ce rythme (action inhibitrice). SUR L'ÉTABLISSEMENT DES FONCTIONS NERVEUSES CHEZ LES URODÈLES, ‘ Note par M. P. WiNTREBERT. La méthode expérimentale met en lumière comment naissent et s'éta- blissent chez les batraciens les fonctions nerveuses. Entre lé moment où disparaît la sensibilité primitive et celui où apparaît la sensibilité nerveuse, on ne constate l'interposition d'aucune phase insensible; bien au contraire, l'expérience démontre sur le tronc l'existence simultanée des deux conductionssensibles. L'examen de la queue conduit à admettre la même superposition; car, après le départ brusque de la sensibilité primitive, la sensibilité nerveuse est déjà installée jusqu'à l'extrémité : à ce stade l'observation de la queue permet aussi de noter comment s'effectue le premier mode de la distribution nerveuse périphérique. Prenons une larve d’Axolotl, de 8 millimètres de longueur totale, et de 2 millimètres de longueur de queue, qui se meut déjà par des oscil- lations rapides et dont les branches postérieures seules sont divisées. 1° Piquons l’extrémité caudale : elle est sensible; car la larve se contracte jusque dans les premiers myotomes de la queue. En arrière de ceux-ci cou- pons la larve en deux: le fragment postérieur est dépourvu de réflexe, mais il comprend dans sa partie antérieure des myotomes encore susceptibles d'être contracturés par enfoncement direct de l'aiguille. La moitié distale de la queue, au contraire, rebelle à toute sollicitation, reste totalement immobile. Nous découvrons donc sur la queue trois zones distinctes : une postérieure uni- quement sensible, une moyenne dont les myotomes sont contractiles à l’exci- tation localisée, une antérieure capable d’une réponse réflexe. La distance à la pointe de cette zone antérieure où les métamères nerveux commençent à présenter un arc réflexe complet, augmente avec la croissance de la queue; ainsi elle mesure 1 milllim. 3/4 pour 8 millimètres de longueur totale, et 4 millim. 1/2 pour 26 centimètres longueur totale. Mais son allongement n'est pas en proportion de la croissance totale, et la distance est en réalité rac- courcie, par la différenciation active continue des métamères ; 2° Au lieu de séparer en deux la larve entre les zones moyenne et anté- rieure, ne sectionnons à cet endroit que le tube médullaire, et examinons la queue : la pointe est devenue insensible sur une étendue de 1/2 millimètre; plus avant, la piqûre détermine la contraction des métamères antérieurs à la section; c'est donc que la zone sensible de ces métamères se prolonge en arrière Sur une surface cutanée qui recouvre un grand nombre de segments SÉANCE DU 22 JUILLET 169 embryonnaires. L'obliquité des filets sensitifs est à ce stade beaucoup plus considérable que chez l'adulte (1); elle en impose d’abord chez les très jeunes larves pour une persistance de la sensibilité primitive restée localisée en avant de la pointe; sa valeur relative diminue avec la croissance de la queue; elle ne dépasse jamais 2 à 2 millim. 1/2 chez des larves écloses, de 15 à 30 centi- mètres de longueur totale; 3° Si nous complétons vers le haut la section précédente en tranchant le limbe supérieur, nous constatons que vers le bas, la sensibilité n’est pas limitée au limbe inférieur intact, mais que la zone sensible empiète sur la ligne latérale, même juste en arrière de la plaie, et qu'elle se poursuit souvent sur le limbe supérieur. Les filets nerveux sortis des trous de conjugaison s’épa- nouissent donc en bouquet dans toutes les directions, soit par eux-mêmes, soit par leurs anastomoses; 1° Détachons complèment le fragment postérieur, et placons-le dans une solu- tion de Locke, stérile et bien aérée ; il grandira, grâce aux réserves qu'il con- tient et montrera bientôt un réflexe propre à la piqûre de la pointe; suppri- mons de nouveaux les métamères antérieurs; derrière eux, une nouvelle série de métamères pourra terminer sa différenciation et montrer encore un arc réflexe complet. Conclusions. — 1° Dans la queue des Urodèles, tous les métamères nerveux commencent par être terminaux. À ce moment, ils fournissent à la pointe sa sensibilité, mais ils n’ont pas acquis encore la liaison musculaire. Ils ne possèdent l'arc réflexe complet que plus tard, lors- . que leur territoire sensible a été déplacé en avant de la pointe par l’ad- jonction postérieure de nouveaux segments; 2 L’obliquité des filets sensitifs est grande quand le métamère est près de l’extrémité, mais diminue à mesure qu'il s’en éloigne du fait de la croissance apicale ; 3° L'établissement plus rapide de la fonction sensible tient peut-être à la simplicité d'organisation des terminaisons libres sensitives, par rapport à la différenciation plus complexe et plus longue des plaques motrices ; 4° Dans le domaine de la régénération, le retour plus précoce de la sensibilité après section des nerfs, semble un fait du même ordre; le retard constant des fonctions motrices ne doit donc pas être exclusive- ment imputé à l’atrophie musculaire concomitante. (Travail du laboratoire d'Anatomie comparée à la Sorbonne.) (1) Comptes rendus Société de Biologie, mars, 1904. _ 170 © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DE LA MOELLE CAUDALE CHEZ LES LARVES D'ANOURES. Note par M. P. WINTREBERT. La différenciation des tissus dans la partie postérieure du tronc et la queue chez les anoures, progresse comme chez les urodèles d’avant en arrière ; le système nerveux se perfectionne et son fonctionnement s'établit en suivant la même voie ; à mesure que l’animal grandit, pen- dant le cours de la sensibilité primitive, la section, qui permet d'obtenir le plus petit fragment postérieur capable d'un réflexe propre, peut être reculée peu à peu sur le tronc jusqu'à la base de la queue ; au moment où la sensibité progressive disparait, la queue, détachée à sa base, et nerveusement sensible, se contracte du bout antérieur par piqûre des limbes ou de la pointe. Plus tard, la différenciation nerveuse se nt dans la queue, et, chez les jeunes tétards éclos, il existe réellement une moelle caudale possédant des centres réflexes. Il était intéressant de rechercher si ces centres se prolongeaient à un moment donné comme chez les urodèles, dans toute la longueur de la queue jusqu'à une petite distance de la : pointe, et à quel stade s’effectuait leur ascension vers le tronc. J'ai en effet démontré, dans une précédente communication (1), que, chez les. larves d’anoures déjà bien développées, les centres réflexes de la queue se trouvaient réunis, derrière ceux des membres postérieurs, dans un espace délimité par l’origine apparente des 10°, 41° et 12° paires ner- -veuses ; une section faite au niveau de la 12° paire entraîne chez eux la paralysie et l'anesthésie totales de la queue. - J'examinerai successivement : 1° les limites de la moelle caudale chez le tétard éelos ; 2° la direction oblique des fibres sensibles; 3° les causes. de cette obliquité. F 4° Sur de jeunes tétards de Rana temporaria mesurant 9 millim. 1/2 de longueur totale, 6 millim. 1/2 de longueur de queue, une section pratiquée à 2 millim. 1/2 du tronc, sur la queue, isole un fragment postérieur de 4 milli- mètres, doué de réflexe ; mais nous sommes à la limite de la moelle caudale, car d’autres tétards de mêmes dimensions et opérés au même endroit ne pré-- sentent pas ce réflexe; un tétard de 9 millim. 3/4 de longueur totale, 6 mil- lim. 1/2 de longueur de queue, sectionné à 2 millim. 3/4 du tronc a un fragment postérieur de 3 millim. 3/4 immobile ; un autre, moins avancé, de _ 8 millim. 3/4 de longueur totale, 5 millim. 3/4 de longueur de queue, coupé à 2 millimètres du tronc montre sur le fragment postérieur de 3 millim. 3/4 une légère trémulation à la pire du limbe supérieur. Nous pouvons donc affirmer qu’à ce stade très jeune, la moelle s'avance dans (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 26 mars 1904, t, LVI, p. 581. SÉANCE DU 22 JUILLET 471 la queue sur une longueur qui mesure un peu plus du tiers de l'organe; elle ne dépasse pas ce niveau dans la suite ; elle ne se prolonge pas plus loin vers l'extrémité ; elle remonte au contraire très rapidement dans le canal rachi- dien quand l'animal grandit; je note un tétard de 12 millim. 1/4 de longueur totale, 8 millimètres de longueur de queue, dont le fragment postérieur de 6 millim. 3/4 ne possède déjà plus de centres réflexes ; son tronc mesure 4 millim. 1/4, tandis que celui des tétards de 8 millim. 1/2 à 9 millim. 1/2 de longueur totale ne mesurait que 3 millimètres; la moelle caudale ne s'est pas développée en proportion du tronc, et se trouve maintenant encadrée par celui-ci. 2° Sectionnons seulement le canal rachidien et le système nerveux quil contient, chez des tétards d'âge différent et en des endroits variés de la queue ; respectons soigneusement les bords des myotomes et les limbes afin d'observer sur eux les zones de sensibilité appartenant aux métamères anté- rieurs à la section. Nous constatons en premier lieu que l'obliquité des filets sensibles augmente à mesure que l’on s'éloigne du tronc; l'examen des tétards développés nous avait déjà fourni ce même résultat ; ainsi deux tétards de 13 millimètres de longueur totale, 8 millim. 3/4 de longueur de queue, présentent un recul de la sensibilité différent suivant le métamère incisé ; la section au 14° méta- mère laisse en arrière d'elle, sur le limbe inférieur, une zone sensible de 1 demi-millimètre ; faite au 20° métamère, elle permet à la sensibilité de se prolonger en arrière à 2 millim. 1/#. Nous voyons en second lieu que l’obliquité des filets nerveux augmente avec la croissance de la queue, plus vite que ne comporte l'allongement même de celle-ci; ainsi deux tétards sectionnés au même 18° métamère présentent un rejet postérieur de la zone sensible qui mesure 5 millimètres pour une lon- gueur de queue de 10 millimètres, 9 millimètres (c’est-à-dire 4 millimètres en plus) pour une longueur de queue de 15 millimètres (qui n’est en tout plus longue que de 5 millimètres). 3° R.-G. Harrison attribue l’obliquité de plus en plus prononcée des filets nerveux au glissement de l’épiderme vers la pointe, sur les bandes muscu- laires sous-jacentes. Ce glissement est indéniable ; il s’ajoute à l'allongement uormal des fibres qui résulte de la croissance générale et permet de com- prendre l’obliquité progressive ; mais il ne fait qu'accuser ur état anatomique déjà établi, et le phénomène important réside dans l’organisation même de la moelle caudale. Celle-ci présente un cadre névroglique, qui lui conserve sa forme jusqu’au bout de la queue, mais l'étude physiologique démontre qu'elle ne possède de centres nerveux que dans son tiers antérieur environ; vers le milieu de la queue les fibres nerveuses ne sont plus réunies en racines et en faisceaux métamériques distincts; elles ne sortent plus régulièrement par les trous de conjugaison, mais s’éparpillent en bouquet vers l'extrémité. Seuls les premiers segments caudaux qui correspondent réellement au stade du développement médullaire à un organe central présentent des racines distinctes en rapport avec une métamérie nerveuse nettement différenciée. Conclusion générale. — Chez les larves d’anoures dont Ja queue est transitoire, le développement des métlamères nerveux et de la moelle 172 SOCIÉTÉ ‘DE BIOLOGIE caudale s'arrête avant le milieu de la queue; plus de la moitié de celle-ci est donc privée de centres réflexes, et constitue une zone assez indistincte où les filets sensibles se dispersent en éventail. Il existe dans cette zone, par l'absence des centres nerveux correspondants, une véritable disjonction des éléments qui constituent primitivement les métamères. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée à la Sorbonne.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES GRANDES HÉMOGRÉGARINES DES GRENOUILLES, par M. A. LAVERAN. Dans la séance du 8 avril dernier, j'ai dit que j'avais reçu, du Trans- vaal et de Madagascar, des préparations de sang de grenouilles conte- nant de grandes hémogrégarines. Si je n'ai pas publié plus tôt le résultat de l'examen de ces préparations, c’est que je ne savais pas chez quelles espèces de grenouilles ces parasites avaient été rencontrés; aujourd’hui encore, cette lacune n’est comblée que pour les grenouilles du Transvaal. Les hémogrégarines que j'ai trouvées dans les préparations qui m'ont été adressées par MM. Theiler et Neiret sont très voisines de Aæmogre- garina magna = Drepanidium magnum Grassi et Feletti (1), mais elles diffèrent entre elles et elles paraissent différer aussi l’une et l’autre par quelques caractères de À. magna. Dans ces conditions, j'ai pensé qu'il y avait lieu de créer des espèces nouvelles que j'ai dédiées à MM. Theiler et Neiret. Hæmogregarina Theileri n. sp. — Cet hématozoaire s’observe fréquemment, au Transvaal, chez Rana angolensis Bocage (2). (1) Grassi et Feletti. Académie des sciences naturelles de Catane, 4° série, t. V, et Centralbl. f. Bañter., 1891, t. X, p. 453. — W. Kruse avait déjà vu cet héma- tozoaire, mais il l’avait considéré comme un stade de développement de Dre- panidium ranarum (Arch. de Virchow, 1890, t. CXX, p. 541; planche, fig. 2i et 22). Celli et Sanfelice ont admis l'interprétation de Kruse (Ann. del’ Istit. d'Igiene sperim. dell Universita di Roma, nuova serie, t. I, fasc. 1, 1891). — Consulter aussi pour l’histoire des grandes hémogrégarines des grenouilles : Berestnieff, Archives russes de pathologie.…., 1902. — James Stebbins, Transact. americ. microsc. Soc., 1904, t. XXV, et Centralbl. f. Bakter., I Abt., Orig., t. XXXVIII, p. 315, 1905. — Ed. et Et. Sergent, Société de Biologie, 8 avril 1905. (2) Les grenouilles du sud de l'Afrique sont peu connues. M. Theïler m'a apporté récemment des grenouilles capturées aux environs de Prétoria et parasitées, soit par des bémogrégarines, soit par des trypanosomes. D’après SÉANCE DU 22 JUILLET 173 Les parasites sont le plus souvent endoglobulaires. Ils se présentent sous l'aspect d'éléments ovalaires, arrondis aux deux extrémités (fig. 1), ou bien arrondis à l’une des extrémités et de forme conique à l’autre (fig. 2), mesurant de 15 à 17 y de long, sur 5 à 6 g de large. Quand ces éléments sont plus déve- loppés, on constate que l'extrémité conique s'effile et se replie, mais dans une petite étendue (fig. 3 et 4). Après coloration (éosine-bleu de méthylène à l’oxyde d'argent, tannin), on distingue dans chaque élément, vers la partie moyenne, un noyau arrondi, constitué par un amas de granulations de chromatine. Le protoplasme est plus ou moins granuleux. On distingue souvent autour du parasite endoglobulaire, et d'ordinaire d'un Fig. 1 à 4, Hæmogregarina Theileri, formes endoglobulaires. — Fig. 5, forme libre. — Fig. 6, hématie normale de la grenouille de Madagascar. — Fig. 1, 8 et 9, Hæmo- gregurina Neireli, formes endoglobulaires. Gross. 1.200 D. environ, sauf pour l'élé- ment libre (fig. 5) représenté à un grossissement de 1.600 D. environ. seul côté (fig. 1, 3, 4), un espace bien distinct du protoplasme de l’hématie, limité par un contour d’un rose violet. S'agit-il d'une poche kystique? J’incline à croire que cet aspect est dû à ce que le parasite se creuse une cavité dans l'hématie; le protoplasme, refoulé et condensé au niveau des parois de cette cavilé, se colore d’une façon particulière (1). Bon nombre de parasites les déterminations faites au Muséum par M. Mocquart, la plupart de ces gre- nouilles sont des Rana angolensis; une de ces grenouilles ayant dans le sang des Trypanosoma nelspruitense (A. Laveran. Sur un nouveau trypanosome d’une grenouille, Société de Biologie, 23 juillet 1904) appartient à une espèce nou- velle que M. Mocquart se propose de décrire sous le nom de Rana Theileri. (4) Berestnieff (Archives russes de pathologie…, 1902) a décrit une hémo- grégarine encapsulée chez des grenouilles des Indes; il est possible que la capsule ne soit dans ce cas, comme chez H. Theileri, qu'apparente. 174 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — paraissent bien être en contact immédiat avec le protoplasme des héma- ties (fig. 2). Les hématies parasitées subissent des altérations profondes; elles tendent à prendre la forme sphérique (fig. 3); l'hémoglobine disparaît et, par suite, l'hématie pâlit de plus en plus; le noyau est refoulé, il augmente peu de volume, mais il n’est pas rare de le trouver divisé (fig. 4). A l’état libre, l’hémogrégarine se présente sous l'aspect d’un élément allongé, fusiforme, mesurant, en moyenne, 24 & de long sur 4 & de large (fig. 5). L’extrémité antérieure est plus grosse que l'extrémité postérieure. Après coloration, on distingue un noyau arrondi qui est plus rapproché de l'extré- mité terre que de la postérieure. Il n'existe pas de formes de multiplication dans le sang pris à la DORE il y aura lieu de rechercher ces formes dans le foie et dans la rate. Chez plusieurs grenouilles du Transvaal, de petites hémogrégarines ont été trouvées en même temps que les grandes. Ces petites hémogrégarines, avec des formes de multiplication en grand nombre dans le sang périphérique, m'ont paru être identiques à Hæmogregarina splendens, qui se rencontre assez fréquemment chez Rana esculenta en Europe. Hæmogregarina Neireti n. sp. — J'ai trouvé cette hémogrégarine dans des. préparations de sang de grenouille qui m'ont été envoyées de Tananarive par M. le D' Neiret. Les grenouilles parasitées n’ont pas pu encore être déter- minées. H. Neireti se présente, à l’état endoglobulaire, sous l’aspect d'éléments ova- laires qui mesurent de 16 à 21 n de long sur 11 à 14 p de large (fig. T7 et 8). Dans les éléments les plus grands (fig. 9), on constate que l’une des extrémités est grosse, arrondie, tandis que l’autre est plus ou moins effilée et repliée. Après coloration, le noyau apparaît; il est situé vers la partie moyenne, sa forme est allongée, le grand axe étant perpendiculaire à celui de l’hémogré- garine. Le protoplasme contient des granulations chromophiles en quantité variable. H. Neireti n’a pas l'aspect enkysté que présente souvent H. Theileri. La forme générale des hématies est conservée; les parasites ont, en effet, une forme ovalaire comme ces dernières, mais les hématies parasitées aug- mentent considérablement de volume, ainsi qu’on peut le constater en com- parant les figures 7, 8 et 9 à la figure 6 qui JemRÉsente une hématie normale. Le noyau des Hémaises parasitées est refoulé à la périphérie et fortement aplati. Je n’ai vu ni éléments libres, ni formes de multiplication. . Le nombre des espèces d’hémogrégarines des grenouilles qui, naguère, était seulement de trois (1), se trouve aujourd’hui porté à huit : 1°-Hæmogreqarina ranarum Ray Lankester — Drepanidium ranarum — Lankesterella ranarum ; très commune chez Rana esculenta ; (1) A. Laveran. Essai de classification des hématozoaires endoglobulaires, Société de Biologie, 20 juillet 1901. SÉANCE DU 22 JUILLET . 175 SR ao Os nt Mer RAM es ue nt 2° H. splendens À. Labbé — Laverania ranarum — Dactylosoma splen- dens; commune chez Rana esculenta, observée aussi chez À. angolensis (Transvaal) ; 3° À. magna Grassi et Feletti — Drepanidium magnum — Danilewskya Krusei; observée chez Rana esculenta, dans quelques localités en Italie ‘et en Algérie; 4° Hémogrégarine encapsulée, observée par Berestnieff aux Indes, chez À. tigrina et R. limnocharis ; 5° À. castebianæ J. Stebbins; chez À. castebiana (États-Unis) ; 6° Æ. clamatæ J. Stebbins — Xaryolysus clamatæ; chez R. clamata (États-Unis): 17° AH. Theileri n. sp.; chez À. angolensis (Transvaal) ; 8° Æ. Neireti n. sp.; chez Rana sp. (Madagascar). SUR UNE HÉMOGRÉGARINE DE Varanus niloticus, par M. À. LAVERAN. Des hémogrégarines ont été signalées déjà chez Varanus dracæna (Inde) et chez V. arenarius (Sénégal) (1), mais ces parasites n’ont pas été décrits. L'hémogrégarine qui fait l’objet de cette note se trouvait, en assez grand nombre, dans des préparations de sang de V. niloticus Duméril et Bibron, qui m'ont été envoyées de Prétoria par M. Theiler. Le parasite, toujours endoglobulaire dans les préparations que j'ai exa- minées, se présente sous les aspects suivants : 1° Petits éléments arrondis (fig. 1) ou ovalaires (fig. 2), qui parfois ne mesu- rent que 3 à 4 p. Après coloration, on distingue un karyosome assez gros, arrondi. Le proto- plasme se colore très peu, il ne contient presque pas de granulations chro- mophiles. 2 Éléments allongés, fusiformes, de 7 à 10 de long, sur 3 à 4 u de large, présentant une extrémité arrondie, large, etune autre extrémité plus ou moins effilée (fig. 3). Noyau allongé. Poe très pauvre en granulations chro- mophiles. Le siège des éléments parasitaires dans l’hématie est variable. 3° Vermicules occupant presque toute la longueur des hématies, repliés sur eux-mêmes (fig. 4, 5, 6). La longueur du parasite replié est.en moyenne de 14 y, la largeur de 3 y. Tantôt la partie repliée est courte (fig. 4 et 5), tantôt les deux parties accolées de l’hémogrégarine ont la même longueur (fig. 6), , Simond. Contrib. à l'étude des hématozoaires endoglobulaires iles rep - #8 Ann. de l'Inst. Pasteur, 1901, t. XV, p. 320. Brozocre. Compres RENDUS. — 1905, T, LIX. 13 176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ce qui donnerait, comme longueur du vermicule libre et déplié, 28 & environ. L'une des extrémités du vermicule est toujours un peu renflée par rapport à l’autre. Le noyau très allongé se rapproche d'autant plus de la courbure que le développement de l’hémogrégarine est plus avancé; quand le repliement est complet, le noyau se trouve à cheval sur la courbure (fig. 6). Protoplasme très pauvre en granulations chromophiles. dar ie Hæmogregarina varani. Fig. 1 à 6 : différents aspects du parasite, stades endoglo- bulaires. Gross. 1200 D. environ. Il est rare de trouver deux parasites dans une hématie. Les hématies parasitées sont peu altérées ; lorsque les hémogrégarines sont arrivées à leur développement complet, on note seulement un refoulement du noyau des hématies (fig. 4 et 6). Je n’ai pas vu de formes de multiplication; ces formes devront être recher- chées dans le foie des varans infectés. Ds Je propose de donner à cette hémogrégarine le nom de Aæmogregarina varant. SUR UNE HÉMAMIBE NOUVELLE DE Zestudo pardalis, par M. A. LAVERAN. Je dois à l'obligeance de M. Theiler les préparations de sang de Tes- tudo pardalis (4) dans lesquelles j'ai pu étudier l’'hémamibe nouvelle décrite dans cette note. Le parasite que j'ai toujours observé à l’état endoglobulaire se présente sous les aspects suivants : 4° Petits éléments ovalaires ne mesurant parfois que 3 L dans leur plus grand diamètre. Après coloration on distingue un noyau sphérique (fig. 1). Il n’y a pas de granulations de pigment dans le protoplasme. 20 Éléments ovalaires ou réniformes dont le siège de prédilection est à l’une des extrémités de l’hématie parasitée (fig. 2). On trouve quelquefois, dans une même hématie, deux parasites placés symétriquement à chaque extrémité (fig.4). Ces éléments mesurent 10 à 12 & dans leur plus grand diamètre. Après. (1) Spécification fournie à M. Theiler par un naturaliste du Cap. - SÉANCE DU 22 JUILLET 177 coloration, on distingue un noyau arrondi. Le protoplasme contient du pig- - ment noir qui, visible sur les préparations non colorées, ne peut pas être con- fondu avec des granulations chromophiles. 3° Grands éléments qui présentent souvent la disposition en fer à cheval indiquée dans la figure 3, mais qui peuvent aussi être allongés suivant le sand axe de l’hématie (fig. 5). Ces éléments mesurent jusqu’à 20 & de long sur 7 à 8 & de large. Après coloration, on distingue un noyau situé vers la partie moyenne. Le protoplasme contient du pigment noir; les corpuscules de pigment ont souvent une forme allongée. C:s3 éléments parasitaires paraissent correspondre à deux types (mâle et femelle) ; le protoplasme des uns se colorant plus fortement en bleu que celui des autres. Peut-être existe-t-il aussi des différences dans la structure des noyaux. Les frottis de sang étaient malheureusement un en anciens quand ils me sont parvenus et, les noyaux se colorant mal, je n'ai pas pu eu faire une étude complète. Hæmamæba testudinis. Fig. 1 à 5. Différents aspects du parasite, stades endoglo- bulaires. Gross. 1200 D. environ. Les hématies parasitées sont peu altérées ; elles augmentent un peu de volume à la dernière phase de développement du parasite. Le noyau de l'hématie, de volume normal ou légèrement hypertrophié, reste d'ordinaire à sa TEE ou bien il est légèrement refoulé. Je n’ai pas vu de formes de multiplication. Cet hématozoaire endoglobulaire s'éloigne évidemment beaucoup des -hémogrégarines qui, communes chez les tortues d’eau douce, ont été observées aussi chez des tortues terrestres, et il se rapproche de celui qui a élé décrit par Simond chez Trionyx indicus sous le nom de }æma- mœba Metchnikovi (1). L'hématozoaire de 7. pardalis est pigmenté comme l’hémamibe de 77. indicus et, comme cette dernière, il présente vraisemblablement des formes mâles et femelles. L'analogie avec H:ema- mæba Danilewskyi des oiseaux est certaine, comme le fait remarquer Simond pour le parasite de 77. indicus ; l'existence de formes flagellées reste à démontrer pour que le classement de ces parasites dans le groupe des /æmamæba soit indiscutable, mais ces formes correspon- (1) Simond. Annales de l'Institul Pasteur, 1901, t. XV, p. 338 et Sociéti Biologie, 9 février 1901. 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dent à un stade passager de l’évolution du parasite, il n’est donc pas toujours facile de constater leur présence. Avec Simond je pense qu'il y a lieu de ranger, au moins provisoirement, ces hématozoaires parmi les Hzæmamæba et je propose de donner au parasite décrit ci-dessus le nom de A. lestudinis. Pendant quelques années on a pu croire que les hémamibes s’obser- vaient exclusivement chez les vertébrés à sang chaud, et les hémogré- garines chez les vertébrés à sang froid; une distinction aussi absolue n’est plus soutenable aujourd'hui ; on vient de voir que certains hémalo- zoaires endoglobulaires des tortues s'éloignent des /æmogregarina et se rapprochent beaucoup des }æmamæba; d'autre part, on a trouvé dans ces derniers temps, chez plusieurs Mammifères, des hématozoaires endoglobulaires ayant tous les caractères des Jæmogregarina. SUR LA TENEUR EN BILIRUBINE DU SÉRUM SANGUIN DANS LA NÉPHRITE INTERSTITIELLE, par MM. A. GILBERT et M. HERSCHER. Dans une série de publications (1), nous avons attiré l'attention sur un syndrome observé très fréquemment, presque Son en en. dans la | méphrite interstitielle. Le sérum est hypercoloré ; il renferme plus de pigments biliaires qu'à l’état physiologique. La peau, notamment à la face, présente d'ordinaire une coloration semblable à celles qui existent dans la cholémie simple familiale et dans la pneumonie. Parfois, les téguments, et même les conjonctives, (4) Nous avons eu l’occasion de démontrer un cas de cet ordre avec M. Lereboullet, à une époque où nous ne pratiquions pas encore la cholémi- métrie. A l’autopsie, le foie et les voies biliaires ne présentaient aucune alté- ration appréciable. L'on serait aussi porté à admettre que la cholémie de la néphrite interstitielle est susceptible quelquefois de devenir assez intense pour donner naissance à un ictère cholurique. Il en est de même d’ailleurs, semble-t-il, dans la pneumonie. Généralement acholurique, l’ictère de la pneumonie dame cholurique quelquefois. Or, si dans les cas de cette nature on trouve communément des lésions d’angiocho- lite infectieuse ascendante, ainsi que l’un de nous l’a montré avec M. Grenet, celles-ci font parfois défaut, ainsi qu'en témoigne un fait que nous avons récemment étudié. Chez le sujet auquel nous faisons allusion, la bilirubine s'élevait à la proportion de 1 pour 3.600 de sérum, l’ictère était marqué et cholurique. Cependant le foie, examiné histologiquement, se montrait indemne de lésions biliaires et parenchymateuses. SÉANCE DU 22 JUILLET 179 offrent une nuance jaune pâle, ressemblant de très près à la teinte jaune paille du cancer. C’est qu'alors à la cholémie s’associe une anémie marquée dont l'importance, dans les néphrites, a été étudiée par l’un de nous avec M. Jomier (1). Exceptionnellement, un ictère accusé culané et conjonctival est nettement apparent (2). _ Les urines, très abondantes et par suite pâles, contiennent de l’urobi- line en quantité plus ou moins considérable. Quelquefois, pourtant, l'urobilinurie paraît faire défaut, mais il est permis de se demander si, dans ce cas, l’urobiline peu abondante ne passe pas inaperçue parce qu'elle est très diluée du fait de la polyurie (3), et si, après une concen- tration suffisante, l'urine qui prendrait, ainsi que nous l’avons montré, les apparences hémaphéiques, ne contiendrait pas presque autant d'uro- biline que dans la pneumonie. Quoi qu'il en soit, il existe dans la néphrite interstitielle un ictère acholurique qui, mis à part l’ictère pâle rarement observé et l'ictère cutané intense encore plus exceptionnel, tire sa principale caractéris- tisque clinique de la polyurie qui l'accompagne. Nous nous proposons aujourd’hui de déterminer le degré de la cho- lémie qui constitue la base du syndrome. À cet effet, nous avons pratiqué le dosage cholémimétrique dans neuf cas de néphrite interstitielle et, neuf fois, nous avons trouvé une augmentation de labilirubine contenue dans le sérum sanguin, ainsi qu'on peut s’en rendre compte dans les. observations résumées ci-dessous et divisés en deux groupes, suivant que l’ictère acholurique présente ses attributs habituels ou qu’il s'offre avec les caractères de l’ictère pâle. Dans le dernier groupe, nous indi- querons le degré d’anémie qui, s’associant à la cholémie, donne nais- sance à l'icère acholurique pâle. I. — Néphrite interstitielle avec ictère acholurique ordinaire. 1. Georges M..., cinquante-deux ans. — Pas de modifications apparentes de. la teinte des téguments ; mais le malade raconte qu’à certains moments la peau desa face prend une teinte jaune légère.Deux litres par vingt-quatre heures (1) In thèse de Hamelin. Paris, 1904. (2) Gilbert et Herscher. Société de Biologie, 12 avril 1902. — Les ictèresacho- luriques, Presse médicale 29 juillet 1903. — Thèse de Devaux, Paris, 1904. (3)Il convient de se rappeler, en effet, qu'avec les procédés habituels de recherche de l’urobiline, cette substance est d’autant plus facile à reconnaître que, pour une même quantité, elle est renfermée dans un volume moindre d'urine. Pour avoir des résultats toujours comparables, il faudrait, avant tout examen, ramener la quantité d'urine émise en vingt-quatre heures au taux physiologique ; cela est facile s’il y a oligurie, car il suffit d'ajouter de l’eau ; en cas de polyurie, il n’en est plus de même; l'urine doit alors être concentrée or, seule l’évaporation dans le vide, qu'il n’est pas toujours aisé de pratiquer, doit être employée car la chaleur détruit l’urobiline. 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'une urine renfermant 0 gr. 50 d'albumine, mais pas d'urobiline. Cholémi- métrie : 1 de bilirubine pour 25. 700 de sérum = 0 gr. 0389 de bilirubine par litre de sérum. 2. Camille Ga — Très légère teinte bilieuse de la peau de la face. Plus de deux litres d’une urine contenant une quantité notable d’urobiline ; albumi= nurie marquée. Cholémimétrie : 1/24600 — 0 gr. 0406 de bilirubine par litre de sérum. | 3 3. Jean Th, soixante-quatre ans. — Facies assez rouge avec un fond de teint jaunâtre. Plus de deux litres par vingt-quatre heures d'une urine contenant très peu d’urobiline et 0 gr. 23 d’albumine. Cholémi- métrie : 1/23300— 0 gr. 0429 de bilirubine par litre de sérum. . &. Marie G..., quarante-six ans. — Teint bilieux pâle. Plus de deux litres par . vingt-quatre heures d’une urine contenant un peu d’urobiline ; traces d’albu- mine. Cholémimétrie : 1/20000 — 0 gr. 05 de bilirubine par litre de sérum. 5." Alphonsine S..., quarante-six ans. — Visage mat. Deux litres par 24 heures d'une urine contenant une assez grande quantité d'urobiline et des traces d’albumine. Cholémimétrie : 1/20000 = 0 gr. 05 de bilirubine par litre de _ Sérum. ; 6. Gustave P..., cinquante-trois ans. — Peau de la face présentant un aspect presque normal. Urines, 6 litres; traces d’urobiline et d’albumine. Cholémi- métrie : 4/17700 = 0 gr. 0565 de Pire par litre de sérum. 7. B..., cinquante-cinq ans. — Faciès légèrement jaune. Trois litres par 24 heures d’une urine contenant un peu d’urobiline et d’albumine. Cholémi- métrie : 4/16500 — 0 g. 0606 de bilirubine par litre de sérum. IT. — Néphrite interstitielle avec ictère acholurique pr enant les caractères de l’ic'ère pâle. 4, Orlh..., soixante-treize ans. — Ictère pâle des plus nets. Trois litres d'urine par 24 nées un peu d'urobiline; peu ou pas d’albumine suivant les divers. . examens. Cholémimétrie : ne gr. 05 de bilirubine par litre de sérum. Degré d'anémie.: N — 2.600.000: R —11.329.180; G- —05:B— ORDE puis, N = 1.800.000; R — 1.108.100; G — 0,6; B — 8.000. 2. F..., soixante-dix ans. — Facies jaune Dale comme dans le cancer. Polla- kiurie et polyurie; urobilinurie légère ; albuminurie abondante. Cholémimé- trie : 1/17700 — 0 gr. 0565 de Honne par litre de sérum. Deuc d'anémie : N — 2.325.000; R. — 1.846.840; G — 0,79; B— 7.750: L'examen des chiffres fournis par la cholémimétrie montre donc que, dans la néphrite interstitielle, la bilirubinémie oscille dans des limites assez étroites entre 1/25700 et 1/16500. La moyenne des résultats obtenus dans les neuf cas est exactement de 1/20200, soit, en chiffres ronds, 1/20000, ce qui correspond à 0 gr. 05 de bilirubine par litre de sérum et à 0 gr. 15 pour l’ensemble de la masse sanguine. Mais ce degré moyen de cholémie n'appartient qu'à la néphrite . interstitielle pure. Il arrive fréquemment que cette maladie se com- plique ; notamment, le cœur hypertrophié et scléreux fléchit souvent à un moment donné; alors, à la cholémie de la néphrite interstitielle SÉANCE DU 22 JUILLET MSI s'ajoute une cholémie résultant de la congestion hépatique d’origine cardiaque.et les résultats cholémimétriques s'élèvent rapidement. C'est ainsi que, dans un cas, nous avons vu la bilirubinémie atteindre 1/9200 ; aux signes de la sclérose rénale s'ajoutaient des symptômes d'insuffisance cardiaque : inégalité, irrégularité et fréquence du pouls, pouls veineux jugulaire, tuméfaction du foie, etc. ; le malade était devenu plus un asystolique qu'un rénal. Mis à part ces cas compliqués, le degré cholémimétrique de la néphrite interstitielle est un peu inférieur à celui de la cholémie simple familiale (1/17000) et à celui de la pneumonie (1/15000). Mais il est, en somme, très voisin deux et le substratum anatomique des trois formes que nous avons décrites à l’ictère acholurique : ictère acholurique avec oligurie (pneumonie), ictère acholurique avec diurèse normale (cholémie familiale), ictère acholurique avec polyurie (néphrite interstitielle), est sensiblement le même et.oscille entre 1/15000 et 1/20000. AUTOMATISME ET LIBERTÉ CHEZ LES ÊTRES UNICELLULAIRES, par M. PauL ABric. D'une façon générale, le problème de l’automatisme et de la liberté chez les êtres unicellulaires a été posé d’une façon extra-scientifique et fausse aussi bien par ceux que j'appellerai les animistes que par ceux que je nommerai les mécanistes. Il y a lieu de distinguer quatre sortes de mouvements. 1° Les mouvements automatiques, indépendants de toute volonté de l’animal et de sa personnalité. Tels sont, par exemple, les mouvements browniens des cils. Ces phénomènes sont analogues dans leur essence à ceux que peuvent présenter des corps inertes (granules en dégénéres- cence, substances minérales, etc.,) placés dans des conditions compa- rables. Tous les tactismes vrais (assez rares\ entrent dans ce groupe. 2° Les mouvements réflexes. Ils sont involontaires, mais dépendent de la personnalité du sujet. Ils se rencontrent exclusivement dans les substances vivantes. Ils règlent assez souvent les déplacements d’en- semble des êtres unicellulaires. Les mécanistes ont essayé (à tort), en leur appliquant la dénomination de tactismes, de les faire entrer dans le groupe précédent. Je rappellerai, pour iliustrer ma façon de voir, l'exemple signalé par Jennings, des mouvements rétrogrades provoqués chez l'individu sans égard à la position du réactif. Toutes les modifica- tions que, sous un prétexte expérimental, nous pouvons introduire au milieu normal, déterminent une réaction réflexe du suget qui : 1° n’a le plus souvent rien à faire avec le processus habituel de ses mouvements, 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et 2° est tout autre chose dans son essence qu'une simple attraction ou répulsion physico-chimique. Il est facile de démontrer (1) que, si l’ex- plication mécaniste était vraie, tous les chimiotactismes expérimentaux, par exemple, pour lesquels elle a principalement été faite, devraient être positifs, ce qui suffit à écarter définitivement ce genre d'hypo- thèses. | 3° Les mouvements incohérents. Ce sont les plus fréquents chez les Infusoires en milieu naturel. Il y a arrêt, changement de direction, etc., à tout instant. La cause directe en est la modification des courbures du corps ou du mode d'aclion variable des différents cirres non automa- tiques. J'y vois l'effet de fatigues locales; et, à ce titre, ce sont des réflexes à déterminants internes. % Les mouvements volontaires. Comme exemple, l'effort que fait l’Infusoire pour raidir et conséquemment immobiliser ses cils sollicités par l’automatisme brownien. Autre exemple. Une Amibe se déplace en milieu normal. Tout à coup, sans rencontrer aucun obstacle, sans aucune modification du milieu, conservant le dessin général qu’elle à au moment où le phénomène se produit, elle raidit son ectosarque qui se contracte un peu el se plisse. Puis, par une secousse brusque, elle subit, autour d’un axe vertical passant par le milieu de son allongement maximum, un déplacement angulaire de 30 à 35 degrés. Elle reprend son aspect normal et se remet à « couler » dans la direction primitive: (primitive par rapport à elle, non au milieu). (4) Voici cette démonstration. — On explique classiquement le chimiotac— tisme par l’action réciproque d'un centre de dispersion O d’une substance dis-- soute d’une part, et d'un plastide P d'autre part. Contre l'opinion ordinaire, je dis que cette hypothèse nécessite qu’il y ait toujours attraction, car. le mouvement ne peut être mécaniquement déterminé que par la différence de. concentration entre O et le plastide et dans les cas expérimentaux cette diffé- rence est toujours de même sens : si la cellule n’est pas lésée, le suc cellu- laire tendra toujours à dissoudre la substance expérimentée. Au fait, étant donnée la masse du plastide, il y aura toujours, à travers le liquide ambiant, écoulement de substance dissoute de O vers P, et nullement déplacement in. toto de P. Et il en sera ainsi même dans le cas extrême où le plastide aurait exactement le poids spécifique du liquide, car le plastide rencontrera toujours. une résistance s’opposant à son déplacement, tandis qu'au contraire les lois de la diffusion montrent que la substance dissoute possède une force d’ex- pansion propre dans toutes les directions, entre autres dans celle du plastide. Comme presque toujours, les biologistes qui ont employé ici un mode de. démonstration mathématique ont fait un raisonnement erroné. Je ne puis entrer pour l'instant dans des détails à ce sujet; mais j'espère, en admettant comme vraisemblable le point de départ qui ne l’est pas, établir un jour par l'examen détaillé du problème que les conclusions qu'on en a tirées ne s’en déduisent nullement, et qu'ici comme ailleurs les auteurs de ces constructions. sont simplement des littérateurs guidés par Le finalisme subjectif du C. Q. F.D. SÉANCE DU 22 JUILLET 183 Nous ignorons encore la cause des mouvements automatiques, celle des réflexes, et celle de la volonté. Je crois devoir avancer cette remarque simpliste, puisque la place est encore à faire à la Biologie réelle, entre un mysticisme rétrograde qui ne débrouille rien et une mathématique trop entreprenante qui embrouille tout. TEMPÉRATURES SOUS-VESTIALES ET CUBILIALES CHEZ LES PRÉMATURÉS, par M. E. MaAUREL. Dans une note précédente, j'ai résumé les observations faites à la clinique d'accouchement sur les températures sous-vestiales des nou- veayu-nés normaux et à terme; et j'en ai déduit quelques conclusions qui m'ont paru présenter un certain intérêt. Dans cette nouvelle note, je vais résumer les observations recueillies également dans le même service, par la sage-femme en chef, M"° Sa- battié, sur quinze prématurés, sur lesquels dix ont été élevés en cou- veuse et cinq au berceau. Ces observations, faites sur quinze nour- rissons, s'élèvent à vingt-deux. Les couveuses adoptées à la clinique d'accouchement par le profes- seur Audebert sont celles de Tarnier et de Diffre, et les températures ont été maintenues en moyenne entre 28 degrés et 30 degrés, sauf indi- cations spéciales. Dans le tableau suivant je réunis les températures qui ont été prises sur les prématurés et je reproduis en les résumant celles recueillies sur les enfants normaux à terme pour établir la comparaison. MODES | 5, 35 | De 31° | De 32% | Dé 33° | De 34 | De 33° | De 36 | De ST d'élevage et| d £ ; FL se et TOTAUX de à 3009 | à 3109 | à 39209 | à 3309 | à 3409 | à 3509 | à 369 | in Prématurés. Couveuse. 2 | 2 | 2 | 1 | il | 9 | » | » 17 Berceau » » OP NET 1 0 3 » 5 Enfants à terme et normaux. De 2 k. 500 à #4k.500. » » » 6 18 31 52 20 133 Les principaux faits qui se dégagent de ces observations sur les pré- 184 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE maturés et de leur comparaison avec celles prises sur les enfants à -térme sont les suivants : 1° Comme on le voit, tandis que sur cent trente-trois observations prises sur les nouveau-nés à terme, la température sous-vestiale n'a jamais été trouvée au-dessous de 33 degrés, chez les prématurés elle l'a été sept fois sur vingt-deux. On a même constaté quatre fois des températures au-dessous de 32 degrés, qui sont presque sûrement au-dessous du zéro physiologique :; 2 Il faut donc en conclure, que très probablement ces enfants, malgré leur séjour en couveuse, n’avaient autour d'eux que des tempé- ratures insuffisantes : 3° Pour ces enfants, tout au moins, la température de la couveuse ne leur permettait pas de maintenir au contact de leur surface cutanée une température en rapport avec leur zéro physiologique. Or, il me parai- trait peu hygiénique et peut-être serait-il dangereux d'élever davantage la température de la couveuse et de condamner ainsi le nourrisson à respirer un air plus chaud. Cet inconvénient se trouverait Mn aggravé par l’état hygrométrique de la couveuse; 4° Ces observations permettent, me semble-t-il, de mieux préciser les conditions que doivent remplir les couveuses ou tout appareil destiné à éviter le refroidissement des prématurés. | Le point capital est de leur assurer une température sous-vestiale : atteignant au moins le zéro physiologique. Pour ne pas rester trop près du zéro physiologique dans le lit, il faudrait arriver aux températures comprises entre 34 degrés ét 36 degrés; mais, toutefois, sans forcer le. nourrisson à respirer un air trop chaud. La clinique déterminerait ultérieurement quelle est la température de l’air qui vaut le mieux ; 5° Il semblerait donc d’après ce qui précède que les berceaux ne par un double fond, et qui laissent respirer au nourrisson l'air à la température de l'appartement, dans le genre de celui de Denucé,. doivent être préférés aux couveuses fermées qui condamnent l'enfant à respirer un air surchauffé, souvent saturé de vapeur d’eau et dont le renouvellement est mal assuré. Ce qui est important, en effet, ce n’est pas de faire arriver un air. chaud dans les organes respiratoires du nourrisson, mais bien de mettre sa surface cutanée dans une température qui lui convienne; el, comme sa surface cutanée n'est réellement en contact qu'avec la tempé- rature sous-vestiale, c'est donc de cette dernière qu'il faut nous préoccuper; ; | 6° Enfin, les observations sur les températures sous-vestiales et sur- tout celles sur les prématurés sont peu favorables à la pratique qui consisterait à laisser les nourrissons nus dans la couveuse. Ces observa- tions semblent prouver, au contraire, qu'il est indispensable d'habiller SÉANCE DU 22 JUILLET - 185 et de couvrir l'enfant chaudement pour maintenir sa surface cutanée à une température qui dépasse un peu le zéro physiologique. De tout ce qui précède, j'arrive donc aux conclusions suivantes : 1° JL est important de prendre la température sous-vesliale des préma- Lurés ; 20 Les couveuses, même les mieux surveillées, n'élèvent pas toujours la température sous-vestiale d'une. manière suffisante: 3 Les appareils destinés à éviter le refroidissement des débiles doivent leur assurer une température sous-vestiale comprise entre 33 degrés et 36 degrés, sans les condamner à respirer un air dépassant en moyenne 20 degrés. QUELQUES CORRECTIONS A MES NOTES PRÉCÉDENTES SUR LA RÉACTION DES LIQUIDES DE L'ORGANISME, ÉTUDIÉE PAR LA MÉTHODE ÉLECTROMÉTRIQUE (1). par M. CarLo Foa. I. Dans la dernière note que j'ai publiée sur ce sujet (1 e), j'ai indiqué une valeur de la constante log P (2), différente de celle que j'avais indiquée dans la première note (1 a). Cette deuxième valeur (— 4,7385) est celle qui m'a servi à calculer les valeurs de log C; pour les diffé- rents liquides de l'organisme, sauf pour l'urine et le suc pancréatique, pour lesquels je m'étais servi de la valeur log P=— — 5,7155. Dans cette note, je donnerai les valeurs de log €; pour l'urine et le suc pancréatique calculées en prenant log P ——4,17385. Pour l'urine de lapin et de cheval, je donnerai aussi les valeurs corrigées de 7x (potentiel de l’électrode à hydrogène) qui avaient été mal calculées dans la note précédente (1 b). Des tableaux suivants (3) on voit que l’urine humaine n'est pas un (4) a La réaction des liquides de l'organisme étudiée par la méthode élec- trométrique, 20 mai 1905. b La réaction de l'urine et du suc pancréatique étudiée par la méthode électrométrique, 20 mai 1905. c La réaction de quelques liquides de l’organisme étudiée par la méthode électrométrique, 47 juin 1905. d La réaction du suc gastrique étudiée par la méthode électrométrique, 1er juillet 1905. e La réaction du lait et de l'humeur aqueuse étudiée par la méthode élec- trométrique, 1°r juillet 4905. | (2) La formule de Nernst est : If — 0,0575 1 GC" Cu (3) Les observations sur chaque échantillon sont celles que j'ai dejà indiquées dans l’autre note. 186 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE liquide absolument neutre, mais qu'il correspond à une solution n À 1 ; de HCI comprise entre 300.000 ©! l’eau pure. L'urine de lapin correspond à une solution de NaOH comprise entre l'urine de ML ue 100.000 ‘! 1.000.000’ n : cheval à une solution de NaOH environ 30.000 * et le suc pancréatique n : : ! n à une solution de NaOH comprise entre T00 000 et 300.000’ Urine humaine M; Log Cr Suc pancréatique I; Log C; 1 0,06 — 5,1823 { 0,2426 —8,9576 2 0,094 — 6,3133 2 0,248 — 9,0515 3 0,102 — 6,5124 3 0,249 — 9,0689 4 0,081 — 6,1472 4 0,249 — 9,0689 6) 0,06 — 5,1820 6) 0,255 — 9,1733 Urine de lapin 0,207 —8,3385 6 0,250 —9,0863 » 0,207 — 8,3389 7 0,243 — 8,9645 » 0,246 — 8,9582 Urine de cheval 0,263 — 9,3175 II. — Dans la note sur le suc gastrique dans Le tableau à la p. 4(dernière , n sp colonne à droite) au lieu de NaOH 30’ °2 doit indiquer comme solution n 70° IL. — Dans les notes précédentes, dans tous les cas où j'avais obtenu ) et — 8,1938 environ correspondante NaOH n une valeur de log C; comprise entre — 6 (ai 7.000.000 (xaon 00-006) j'ai cherché de donner la valeur approximative de la solution de HCI ou de NaOH correspondante à la valeur trouvée. Je crois qu'on ne peut pas indiquer d’une facon même approximative le titre de la solution d'HCI ou de NaOH correspondante, et qu'il vaut mieux de se borner à dire qu'un liquide donné est compris entre l'eau : TRE , et une solution T.000 000 de HCI quand log CG; est compris entre —7,0969 (valeur de logG; pour l’eau) et —6 (cas du lait de vache et de chèvre) et qu'il est compris entre l’eau et une solution de NaOH si la n 1.000.000 valeur de logC,; est comprise entre —7,0969 et —8,1938 (cas du lait de femme et d’ânesse, du liquide céphalo-rachidien et des sérosités de cheval). SÉANCE DU 22 JUILLET 187 FORMES MICROBIENNES DU MUGUET, par M. et M BourGuIGNoN. (Troisième communication.) Dans nos deux premières communications à la Société de Biologie (1), nous avons montré, d'une part la naissance de bâtonnets aux dépens des formes levures du muguet, d'autre part l'obtention de cultures pures de formes bacillaires en réensemençant une culture mixte vieille d’un an. Nous avons refait cette expérience, en nous servant d'un autre échantillon. Là encore, après de vaines tentatives de séparation des formes levures et des formes bacillaires par les méthodes ordinaires de séparation, nous avons obtenu cette séparation en réensemençant la culture mixte vieille d’un an. ; D'autre part, nous avions obtenu dans nos cultures de bacilles, au bout d’un mois, une spore, puis des formes un peu vagues, ressemblant à des formes levures. Pour déterminer un développement plus net de ces levures aux dépens des cultures pures de formes bacillaires, nous avons ensemencé sur la vulve de 4 cobayes, le 7 janvier, des cultures pures de formes bacillaires. Le premier de ces cobayes mourut le 16 janvier, et son sang ense- mencé en bouillon nous donna une culture pure d'un organisme cocci- forme, comme nous l’avons dit dans notre deuxième communication. Le deuxième cobaye meurt le 17 mars, soit au bout de deux mois et demi. Le foie est gros, mou et très congestionné. Nous ensemençons en bouillon le sang du cœur droit, celui du cœur gauche et un peu de suc hépatique. En vingt-quatre heures, nous oblenons avec le sang une culture pure de coccus, comme dans le premier cas. Mais avec le suc hépatique, nous obtenons un mélange de coccus et de formes levures bourgeonnantes typiques. Le troisième mourut avec le même aspect macroscopique du foie. Mais l’aulopsie ayant été un peu tardive, nous n'avons pas fait de cultures. Le quatrième, qui avait reçu une culture de bâtonnets, vieillie, contenant des spores et des formes levures à contours peu nets, fut sacrifié le 19 avril, au bout de trois mois et demi. Le sang ensemencé fut trouvé stérile. Le foie, de même. Mais la rate, grosse, contenant des granulations, donna en bouillon une culture pure de formes levures bourgeonnantes, qui sur la carotte donnaient la culture blanche classique du muguet. (4) Comptes rendus de la Soc. de Biol, du 20 mai 1904 et du 24 février 1905, 188 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Un cinquième cobaye recut le 12 mai 1903, sur la vulve, une culture pure de bâtonnets, restée pure après plusieurs passage en gélose et carotte. Quatorze jours après, ce cobaye meurt spontanément. A nues tous les organes sont congestionnés et contiennent des granulations, comme dans les cas précédents. Les cultures en bouillon donnèrent les résullats suivants : Les cultures ensemencés avec le sang et le poumon donnèrent des _bâtonnets purs. Les cultures du foie donnèrent un mélange de bâtonnets et de coceus. Les cultures de la rate et du rein donnèrent un mélange de bätonnets et de formes levures. Ainsi, sur nos quatre cobayes, ensemencés sur la vulve avec des cultures de bâtonnets de différents âges, nous avons trouvé quatre fois des cultures de coccus, et trois fois des cultures de formes levures, soit pures, soit associées au coccus ou au bâtonnet. Il nous semble donc bien que le retour à la forme levure en parlant des cultures pures de bâtonnet est bien établi. Mais il y a plus. Le coccus, à l’état pur, retiré du sang du premier cobaye mort, fut ensemencé sur la vulve de deux cobayes. La première, qui par hasard était pleine, fit, à terme, 4 fœtus morts et macérés. + Sacrifiée un mois plus tard, les organes furent ensemencés. Voici ce que ces cultures donnèrent : Le sang, la rate et le poumon donnent une culture contenant de gros coccus, associés à de gros bâtonnets en tout semblables à ceux que nous avions eus en partant du muguet à forme levure. L'utérus donne de même de gros coccus, dont quelques-uns, Goodies, très gros, ressemblent à de petites levüres. Le foie donne une culture pure de bâtonnets. Ainsi, le coccus nous donne de nouveau des bâtonnets, comme ceux qu’avaient donnés les cultures pures de forme levure. Il ne nous a pas donné de formes levures, mais seulement des grosses formes ovoïdes .qui bourgeonnent el ressemblent à de petites levûres. Il nous semble donc que ces faits confirment ceux que nous avions déjà soumis à la Société, et que l'hypothèse que le coccus est intermé- diaire au bâtonnet et à la forme levure reçoit de notre dernière expé- rience un appui solide, puisqu’au lieu de rester coceus, il donne d’une part des bâtonnets, et de l’autre des formes qui on intermédiaires comme taille au coccus et à la levure. Le deuxième cobaye est encore en vie actuellement. (Travail de laboratoires de M. Sabouraud à l'hôpital Saint- Louis et de M. le professeur Raymond à l'hôpital de lu ee ) SÉANCE DU 22. JUILLET 189 SUR LA CLOISON, OU STRIE SARCOPLASMIQUE ORDONNATRICE TRANSVERSALE, DE LA SUBSTANCE CONTRACTILE DES MUSCLES STRIÉS, par MM. J. RenauT et G. DUBREUIL. I. — Il a été précédemment énoncé (1) que, par tout le travers de la substance contractile des muscles striés et suivant le plan de leurs disques minces concordants, règne une cloison, — la stre sarcoplas- mique, — réunissant et tenant à une même hauteur tous ces disques minces. Sur les muscles des pattes des insectes, quand on a coloré en rouge les disques minces, la strie se poursuit entre eux sous forme d'une lame réfringente et incolore, partant du feston rentrant du sar- colemme sur les limites des segments contractiles (ou éléments muscu- laires) consécutifs. Le but de cette note est de donner de l'existence de cette cloison une démonstration plus complète, en la mettant en évi- dence sur un objet d'étude nouveau, particulièrement favorable. Cet objet d'étude consiste en des fibres musculaires striées se rapprochant du type myocardique, mais appartenant à la musculature du plancher de la bouche de l'Ammocætes branchialis. De telles fibres musculaires demeurent en effet, pour la plupart, arrêtées aux divers stades du développement embryon- paire (et ceci pendant toute la durée de la vie larvaire, laquelle peut persis- ter des années). Il en résulte que leurs détails histologiques, ne variant que peu ou point pendant un si long arrêt, acquièrent une précision parfaite com- parable à celle des formations définitives. Et ici, la démonstration de l'exis- tence de la cloison ou strie sarcoplasmique devient péremptoire. En effet, la substance contractile est uniquement constituée, sur tout lé pourtour de la fibre, par une seule et unique rangée de fibrilles histologiques — c'est-à-dire de baguettes striées en travers, paraissant de prime abord indivises. Ces « fibrilles », toutes-parallèles entre elles et à l’axe de la fibre, pour la plupart ne sont pas jointives entre elles au sein du sarcoplasma qui les unit et les sépare. Elles sont distancées, tout à fait à la façon des piquets de la grille d’un bassin rond. — Conséquemment, dans leurs intervalles répondant à leurs interlignes longitudinaux souvent demeurés plus larges que leur propre dia- mètre, on pourra voir s’individualiser et passer libre la cloison ou strie sarco- plasmique transversale. — Donc il sera facile de mettre hors de conteste l'individualité de celle-ci. IL. — Sur des coupes très minces faites après fixation par le liquide de Zenker, ou reconnait aisément que l’axe de chaque fibre est occupé par un cylindre _ de protoplasma granuleux renfermant les noyaux, qui donc sont tous axiaux. Marginalement, le contour de chaque fibre est limité par un mince anneau de protoplasma dense, hyalin et réfringent : c’est le « sarcoplasma » proprement (1) J. Renaut. Sur les disques accessoires de la zone des disques minces des fibres musculaires striées. Comptes rendus de la Société de Biologie, n° 4, 3 fé- vrier 1905. 190 SOCIÉTÉ DE PIOLOGIE dit (1), ou protoplasma différencié pour servir de milieu à la substance con- traclile. Au sein de ce sarcoplasma marginal seulement, prennent naissance et place les fibrilles histologiques. Celles-ci, une fois bien développées et mises AIS Fibre musculaire, restée à l'état embryonnaire, de l’Ammocetes branchialistixat Liq. de Zenker. Color. Sa- frauine. Picro-bleu. Dessin à la chambre claire Zeiss. Projection sur la table de travail avec le système : Obj. Zeiss imm. hom. 3" — 1.30, Ocul. compens. 4. ff’, fibrilles histologiques di- stantes les unes des autres; ss’, stries sarcoplasmiques ordon- natrices; S, sarcoplasma for- mant un manchon continu; P, protoplasma central granuleux ; N, noyaux; M, manchon pel- lucide. (1) Nous réservons le nom de Sarcoplasma, souvent employé pour désigner : en liberté par dissociation possèdent en propre les éléments ordinaires de la striation trans- versale. Disque épais formé de deux moitiés séparées par la strie intermédiaire, bandes claires, disques minces : rien n'y manque. Après coloration convenable par le picro-bleu et le rouge d’acridine ou la safranine (qui tei- gnent électivement les noyaux), on voit, sur les fibres coupées longitudinalement, la strie sar- coplasmique (voir la fig.) colorée en bleu d’ou- tremer et partant de l'extrême surface du sar- coplasma, tourner sur tout le pourtour de la fibre en passant par les lignes des disques min- ces, sans aucune interruption dans les inter- valles des fibrilles histologiques distancées les unes des autres. Tant dans ces intervalles qu'au niveau des fibrilles, elle se poursuit dans l'épaisseur, ici très minime, de la substance contractile. En atteignant le cylindre central de protoplasma, elle finit ou net, ou en s’effri- tant en petites granulations parfois ordonnées, sur un trajet très court, comme elle-même dans le sens transversal. D'ailleurs, vue en coupe optique, la cloison ou strie sarcoplasmique renferme toujours dans son épaisseur des grains très petits. Ces grains diminuent de volume, et semblent se fondre dans la cloison, sur les points où les fibrilles complètement développées et relative- ment rapprochées les unes des autres, ont pris leur striation régulière el en tant que fibrilles peuvent être considérées comme adultes. Au contraire, vers l'extrémité des fibres, au voi- sinage de leurs insertions, Les fibrilles sont iné- galement réparties sur le pourtour de chaque fibre, manquent même sur de grands espaces; ou bien elles ne sont pas encore régulière- de protoplasma quelconque d’une fibre musculaire, à cette partie du proto- plasma général qui s’est différenciée pour servir de milieu d'origine et d’entre- tien à la substance contractile, à l'élément essentiel de la chair musculaire : la fibrille. C’est en somme le protoplasma spécial de la chair musculaire. (Voy. à ce propos Le Myocanpe, par J. Renaut et J. Mollard. Revue générale d'histo- logie, t. I°r, fasc. 2). Das SÉANCE DU 22 JUILLET 192 ment striées en travers. La strie sarcoplasmique, bien que restant continue, est alors nettement granuleuse. On la voit se poursuivre telle sur de larges étendues dans l'épaisseur du sarcoplasme homogène et réfringent qui ne renferme pas de fibrille. Enfin, tout à fait à proximité de l'insertion, au bout de chaque fibre, on ne voit sur certaines d’entre elles plus de fibrilles striées du bout, mais bien des fibrilles lisses, plus ou moins nombreuses, mal ordonnées. À ce niveau, la strie n’est plus continue, mais bien formée de rangées de grains transversaux que rien encore ne relie entre eux (1). Les images fournies par des préparations colorées par l’hématoxyline ferrique se superposent exactement à celles fournies par la coloration au picro- bleu. La cloison ou strie sarcoplasmique s’y marque par un trait noir, noyant de petits grains noirs, ou, quand elle est encore en voie de différenciation au sein du sarcoplasma, par des grains noirs distancés disposés transver- salement en séries équidistantes. En comparant ces séries avec la suite des cloisons sarcoplasmiques complètement développées un peu plus loin, on voit aisément que l’espace compris entre deux cloisons répond dans le second cas régulièrement à des lignes de disques minces concordants (Dm — Z). Donc la série sarcoplasmique tient et met en ordonnance transversale concordante, sur la ligne de leurs disques minces, tous lessegments contractiles (éléments musculaires) consécutifs. Dans le premier cas, cette ordonnance est déjà pré- parée pour les segments contractiles qui vont se former au sein des fibrilles déjà différenciées, mais non encore striées en travers. Il en faut conclure que la strie ou cloison sarcoplasmique est une for- mation du sarcoplasma dont la signification est de premier ordre. C’est une différenciation sarcoplasmique de charpente, avant tout ordonna- trice de la striation transversale des différents éléments fibrillaires conslituant la substance contraclile des fibres striées. C’est l'organe même de la mise en ordre et en striation concordante des fibrilles striées. Elle est en effet constante, et exactement telle que nous la décrivons ici, dans tous les muscles striés en voie de développement. C’est même sur le myocarde des embryons de Mouton que nous l’avons découverte et étudiée en premier lieu. Elle mérite donc de recevoir et de conserver le nom de Cloison ou strie sarcoplasmique ordonnatrice transversale, par lequel nous la désignons dans le titre même de cette note. {Travail du laboratoire d'anatomie générale de la Faculté de médecine de Lyon.) (41) Comparez les observations récentes de $S. R. Cajal (Trabajos del labora- torio de investigaciones biologicas de la Univ. de Madrid, t. IV, 1905, p. 115). Æ Biozoarr. Comvres Henbus. — 1905. T, LIX À ‘192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EXPÉRIENCES SUR LA SÉLECTION RÉNALE. SÉLECTION NÉGATIVE DU CHLORURE DE SODIUM. SÉLECTION POSITIVE DU GLUCOSE, par MM. HENRI Lamy et ANDRÉ Mayer. Nous avons montré (1), que les cellules rénales effectuent une véri- table sélection, tantôt positive et tantôt négative (2) de telle ou telle substance. Sélection négative du chlorure de sodium. Lorsqu'on injecte dans le sang une dose massive de sucre, on produit une polyurie au cours de laquelle NaCI baisse dans l'urine ; lorsque ensuite la polyurie va dimi- nuant, on constate que la concentration du sucre dans l’urine va en augmentant, la concentration du NaCI continuant à diminuer. Quel est le mécanisme de celte sélection négative? 1° On voit que la concentration du NaCI paraît dépendre de la con- centration des autres cristalloïdes. Si cette dépendance était directe, cela pourrait donner à penser qu'il se produit au niveau du rein un équilibre physico-chimique simple entre le sel et les autres substances rejetées par le rein. De nouvelles expériences nous ont montré quil n’en est pas ainsi. Si l’on injecte, non plus des doses massives de sucre, mais des doses faibles (0 gr. 50 à 2 gramrnëes par kilog.), on con- state que le sucre passe dans l'urine à une concentration aussi forte qu'après les injections de doses massives, cependant que NaCl ne baisse pas ou méme augmente. Par exemple : Chien griffon 15 kil. 500. URINE SANG P. 1000 DURÉE tite Urée NaCl Sucre Quantité p. 1000 | p. 1000 | p. 1000 Eau NaCI Sucre 180" 33 ce. [— 1,46 | 30,18 | 2,60 û 807 %,80 Iujection intraveineuse de 22 gr. de glucose dans 20 cc. d’eau. 60! 12 — 1,23 14,62 1,45 66,50 807 4,80 60! UE 169601 08 06 | 00 PSS EE à 60! SAN O0 SAT ONE 50 8,0 | 819 | 4,80 (1) Ces comptes rendus p. 293, 663 (1905). (2) Nous employons ces mots pour souligner ce fait que le rein effectue un travail. Si l’on considérait les cellules rénales comme constituant une mem- brane, on devrait dire que cette membrane présente une perméabilité variable, montrant à de certains moments, vis-à-vis de telle ou telle substance, une perméabilité plus ou moins grande. noi ‘1 L} at CR SÉANCE DU 22 JUILLET 193 L'abaissement de concentration de NaCl ici ne dépend donc pas directement de la concentration des autres cristalloïdes (1). 2 Dépend-il du fait même de la polyurie ? Non, car (A) dans la polyurie provoquée par l'ingestion d’eau, NaCIl diminue parallèlement à la quantité d’eau excrétée, mais il remonte quand elle cesse, au lieu de continuer à s’abaisser. (B) Inversement, l’'abaissement du NaCl peut se produire en l'absence de toute polyurie. Si l'on injecte une solution concentrée de sucre dans le péritoine, il s'y produit un afflux considé- rable de liquide; la quantité d'urine éliminée diminue; et, bien que la concentration du NaCI dans le sang ne change pas, la concentration du NaCI dans l'urine diminue. 16 mai 1905. Braque 13 kil. 500. URINE SANG : NaCIl Urée Sucre Eau NaCI Sucre Qnantité À |. 1000 | p. 1000 | p. 1000 À | p. 1000 | p. 1000 | p. 1000 90! 5 ce. |— 2,84] 10,00 | 56,98 | 0 |— 0,62] 795 | 7,80 | 1,90 Injection intrapéritonéale 50 gr. glucose dans 50 eau. 60’ 6 cc. [—1,40| 1,50 | 8,49 | 58,00 [— 0,66| 7170 90! 3 cc. ? 0,60 | ? ? |— 0,62! 766 3° Plusieurs autres hypothèses se présentent à l'esprit. Mais avant tout on doit se demander si la concentration du NaCIl dans l'urine ne dépend pas, non pas de sa concentration dans le sang, mais de la teneur en NaCl de l'organisme tout entier. Dans des expériences que nous ne pouvons rapporter in extenso, nous avons donné à des chiens une alimentation très salée, et nous avons, à partir d'un certain moment, analysé leur sang et leur urine; puis, plusieurs jours de suite, nous avons provoqué des polyuries abondantes en faisant ingérer (à la sonde) de grandes quantités d’eau. Bien que le taux du NaCl dans le sang soit resté le même, le taux dans l'urine s’est abaissé. | Par exemple (11 avril 1905 et jours suivants), chien bâtard, 43 kil. : f URINE SANG Re. A RC Quantité NaCl Eau NaCI Aprés alimentation salée . . . . en 30 min. 31 C.c. 16,00 152 6,60 3 jours après (chaque jour inges- tion de 800 c. c. d'eau filtrée). . en 30 min. 21 c.c. 1,50 141 6,70 Après injection inrapéritonéale de 20gr.NaCl dans 200 c.c.eau. en 30 min. 5S21c.C: 17,20 196 6,70 (1) On voit que, alors que le sucre est revenu dans le sang à son taux pri- mitif, et même plus bas, le rein continue à sécréter du sucre à une assez forte concentration. C'est là un cas de sélection posilive vis-à-vis du glucose, 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusion : La sélection négative du NaCI constatée après les injec- tions de doses massives de cristalloïdes (sucres) n’est pas due directe- ment au passage de.ces cristalloïdes à travers le rein; elle n’est pas non plus la conséquence du passage de l’eau. Elle peut être sous la dépen- dance de l’abaissement du taux de NaCI dans l’organisme tout entier. Il y a lieu de chercher à élucider le mécanisme de cette dépendance. (Travail du laboratoire d'hygiène de la Faculté de médecine.) SUR LA RAPIDITÉ DE L'ASPHYXIE PAR SUBMERSION, par M. NESTOR GRÉHANT. J'ai l'honneur de communiquer à la Société de Biologie les résultats d’une expérience que j'ai faite dans mes cours et qui a donné des résul- tats instructifs : elle consiste à découvrir sur un chien convenablement fixé une artère carotide dans laquelle on aspire avec la seringue de: physiologie un premier échantillon de sang d’un volume de 20 centi- mètres cubes qui est injecté dans un flacon et défibriné par agitation. puis un second échantillon du même sang dont le volume est égal à 16 centimètres cubes qui est injecté dans un appareil à extraction des gaz du sang : le ballon récipient étant plongé dans l’eau bouillante, on obtient rapidement les gaz du sang artériel normal. La seconde partie de l'expérience consiste à maintenir immergée com- plètement la tête de l'animal dans l'eau d’une grande cuve du labora- toire en comptant les secondes : l'animal s’agite vivement, urine à plu- sieurs reprises ; soixante secondes exactement après le début de l’im- mersion, j'aspire 25 centimètres cubes de sang rouge foncé, sang de l’asphyxie, en dix secondes; c’est-à-dire entre une minute et une minute dix secondes ; j'extrais les gaz de ce sang introduit dans un second récipient vide. Voici les résultats que l'analyse des gaz m'a donnés, rapportés à 100 centimètres cubes de sang, Les gaz ayant été ramenés secs à 0 degré et à la pression de 760 millimètres. Acide carbonique. Oxygène. Azote. 10SSancrartérielmormale let PNNUES 34cc - 11,4 2 D Éne Cle TAONEUAG"s 6 Lie à à à 0 6 31cc4 3,3 2,1 30 Sang agité avec de l'oxygène . . . . . . 25cc2 212 4,4 Le premier échantillon de sang recueilli dans un flacon a servi à me- surer la capacité respiratoire du sang définie par Paul'Bert. Conclusion. — La comparaison des chiffres obtenus montre qu'au boul LC |. Fe SÉANCE DU 22 JUILLET AEOS | d'une minute d'immersion dans l’eau, la proportion d'oxygène est consi- dérablement diminuée dans le sang artériel, elle est réduite entrele tiers et le quart de la proportion que contient le sang normal ++ = à 6 ) L'asphyxie a été mortelle, par arrêt de la respiration et de la circula- “ion. La comparaison entre les chiffres 21,2 et 11, 4 d'oxygène, c’est-à-dire entre la capacité respiratoire du sang et le volume d'oxygène contenu dans le sang artériel qui a traversé les poumons, montre que, chez le chien qui a servi à cette expérience, il n’y avait dans le sang qu’un volume d'oxygène égal à peu près à la moitié de celui que l’hémoglobine peut absorber au maximum. (Travail du laboratoire de physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle.) DES VARIATIONS DANS L'ACTIVITÉ PROTÉOLYTIQUE DES BACTÉRIDIES ; AVEC L’AGE DES CULTURES, par MM. G. MazriTANO et F. STRADA. La méthode que nous avons précédemment étudiée permet de poser expérimentalement la question : si les bactéridies à des âges différents renferment des quantités différentes de Protéase. | On racle des cultures sur gélose dans des boîtes Roux, comparables entre elles en tout sauf l’äge. On se sert pour émulsionner les corps microbiens de quantités connues d’eau, et l’on détermine par pesée le poids de matière sèche qu’on a récolté de surfaces approximativement égales. On prépare ensuite des émulsions contenant 4 p. 100 de corps microbiens secs et l’on évalue le pouvoir protéolytique des liquides que l’on sépare après centrifugation. Exp. I. Age | Poids Sur Dissout de de la gélatine fondue de gélatine solide la culture. la récolte. après 24h. à 400. après 72 h. à 10-18. 6 heures 0834 inactive à la dose de 1cc0 3 milligr. 12 — 0 20 liquéfie à la dose de 1cc0 5 — 24 — 0 22 — à la dose de Occ5 T — 48 — 0 22 — à la dose de Occb 4 — 12 — 0 21 — à la dose de 0°02 3 — 96 — 0 18 — à la dose de Occ1 3 — 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Exp. IL. — On emploie une bactéridie plus active. Age Poids Agit sur Dissout de de la gélatine la gélatine solide la culture. la récolte fondue à 40 degrés. après 24 h. à 15-18, 6 heures 0831 à la dose de 0cc8 après 18 h. ommg 12 — 0 34 à la dose de 0cc4 après 3 h. _ 1mmg 18 — 0 31 à la dose de Occ1 après 3 h. 3mm? 24 — 0 42 à la dose de 0cC6 après 3 h. imm3 48 — » à la dose de 0cc6 après 6 h. 2mm( T2 — » à la dose de 0cc8 après 18 h. mm 96 — » à la dose de O0cc4 après 18 h. 2mm2 120 — » à la dose de 0cc4 après 18 h. 2mm} 144 — » à la dose de 0cc3 après 18 h. 2mm8 168 — » à la dose de 0cc2 après 18 h. 2mmp Exp. IIT. — On a opéré avec des cultures liquides (des boîtes Roux conte- nant 25 centimètres cubes de bouillon de cheval peptonisé). On recueille en même temps le contenu de boîtes ayant séjourné des temps différents à l’étuve à 35 degrés. On ramène chaque culture au volume primitif pour faire disparaître la cause d’erreurs due à l'évaporation, et l’on centrifuge; les liquides ainsi obtenus ont un pouvoir protéolytique exprimé par les chiffres suivants: Age Sur Dissout de la gélatine fondue la gélatine solide la culture. à 400 après 6 jours à 10-18°. 6 heures inactive à la dose de 1cc0 après 30 h. Ammÿ 1 liquéfie à la dose de 1cc0 après 30 h. 1mme 18 — — à la dose de 1cc0 après 24 h. zmm( 24 — — à la dose de O0cc6 après 3 h. 13mm 48 — — à la dose de Occl après 3 h. 33mm le point de liquéfaction est dépassé. 12 — à la dose de O0cel après 3 h. 35mm 96 — à la dose de Occi après 3h 22mm 120 — liquéfie à la dose de 0cc8 après 3 h. 68mm 144 — dépasse à la dose de Occl après 3 h. isjue 168 — liquéfie à la dose de 1cc0 après 3 h 6mmé Malheureusement dans ces expériences l'on a toujours affaire avec des individus bacillaires issus de générations successives; on constate en effet pendant le développement des cultures la formation de nou- velles colonies sur les couches anciennes; cela du reste est démontré par les variations du poids de la récolte. Il est malgré cela possible de conclure que, chez les cellules très jeunes, la fonction protéolytique est peu manifeste. Il y a un optimum. Ensuite le pouvoir protéolytique s’affaiblit. La diminution du pouvoir protéolytique dans le liquide est plus régulière et plus prononcée dans les essais sur la gélatine à l'état solide que dans le phénomène de liquéfaction de celle-ci. Cette diminu- tion paraît d’autre part avoir lieu indépendamment de la vie des cellules. SEANCE DU 22 JUILLET 197 De ces résultats ainsi que de ceux que l’on a obtenus dans l'étude de la protéase charhonneuse, il apparaît que celle-ci ne saurait être consi- dérée comme une entité; c’est-à-dire que les variations du pouvoir pro- téolytique des liquides, ayant été en contact avec les bactéridies, ne doivent pas être exclusivement attribuées à des variations quantitatives d'une matière spécifique active, mais bien plus à des changements dans les conditions d'équilibre chimique au sein des liquides diastasifères. (Travail du laboratoire de microbie agricole à l'Institut Pasteur.) INFLUENCE DE L'AÉRATION DES CULTURES SUR LE POUVOIR PROTÉOLYTIQUE DES BACTÉRIDIES CHARBONNEUSES, par MM. G. MAzrFiTANO et F. STRADA. Trois boîtes Roux contenant de la gélose ensemencées en même temps avec la même culture de Zacillus anthracis sont portées à l’étuve à 35 degrés. La première de ces boîtes est laissée à la façon ordinaire, bouchée à la ouate: la deuxième a été fermée avec un bouchon de caoutchouc; à la troisième on a ajouté un bouchon à deux trous portant des tubes appropriés à faire passer pendant tout le temps de la culture un courant d'oxygène. Après quarante-huit heures de culture, on retire ces boîtes de l’étuve, on les racle et l’on prépare des émulsions contenant 1 p. 100 de corps microbiens. Voici les essais du pouvoir protéolylique des liquides obtenus après centrifugation de ces émulsions. Action sur la Dissolution de la gélatine fondue gélatine solide à 40° après 5 jours à 10-18°. Culture ordinaire. . . . . liquéfie à la dose de 1ct0 apr. 6 h. 1mm9 — bouchée . . . . . . . reste solide à La dose de 1cc0 apr. 60 h. rien — en courant d'oxygène. liquéfie à la dose de 0cc4 apr. 6 h. 4nmm() L'influence de l'oxygène exalte sans conteste la fonction protéolytique de la bactéridie. Il fallait cependant établir si cette influence s'exerce directement sur la formation de la protéase par les cellules. Car, avec des conditions différentes d'aération, le temps que les cellules mettent à mürir varie, et nous savons que l’activité protéolytique change avec l’âge des cultures; le pouvoir protéolytique plus élevé des cellules ayant été mieux aérées pourrait dépendre de leur état de maturité. On a donc essayé l'influence de l'oxygène en rapport avec le vieillis- sement des cultures. On a récolté les bactéridies de six boites de gélose, 198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dont N, N', N'étaient restées à l’étuve à 35 degrés respectivement vingt- quatre, quarante-huit, soixante-douze heures, bouchées avec de l’ouate, et de trois autres O, 0', O" placées dans les mêmes conditions, mais constamment traversées par un courant d'oxygène. Les liquides obtenus par la centrifugation des différentes émulsions, ramenées aux taux de 4 p. 100 en corps microbiens, montrent un pouvoir protéolytique exprimé par les chiffres suivants : Agit sur la gélatine fondue Dissout de la gélatine solide a 40° après 6-heures. après 5 jours à 16-220. Na lddoserde déc) er LR NE Rent mms Noa da dose deniers RE SR ER EE ne 4mm() Na la ïdose:de Oct ice mA ASE ESS 5mm? OfAHardoserde 0ces HR ARENA Se 2mm2 0';'à latdoserde 0er RE PEN ER RE Jgmmi O”, à la dose de 1cc0 encore solide après 24 heures. mm] La fonction protéolytique chez la bactéridie charbonneuse est nette- ment influencée par les conditions d'aération. Nous avons pu nous assurer que chez des bactéridies développées dans des conditions d’anaérobiose. assez complète, cette fonction devient expérimentalement nulle. Les cellules se développant dans des atmosphères de plus en _ plus riches en oxygène atteignent un degré de plus en plus élevé d'activité protéolytique. D'autre part l'influence prolongée d'un excès d'oxygène détermine un affaiblissement du pouvoir protéolytique. (Travail du laboratoire de microbie agricole à l’Institut Pasteur.) ABSORPTION DU VIRUS RABIQUE PAR LA PEAU FRAICHEMENT RASÉE, par M. P. REMLINGER. Dans une communication antérieure (1), nous avons tenté de réagir contre cette opinion classique que la contagion de la rage ne s'opère que moyennant une effraction cutanée ou muqueuse et nous avons montré, après Galtier et Comte, que la pituitaire saine était parfaitement . capable d’absorber le virus rabique. Il nous a paru intéressant de rechercher si la rage était également transmissible au moyen de badi- geonnages sur la peau fraîchement rasée, lorsqu'on évite avec soin de faire d’autres lésions épidermiques que celles très superficielles produites par le feu du rasoir. Nos expériences ont porté sur des (1) Société de Biologie, 9 janvier 1904. SÉANCE DU 22 JUILLET : 199 cobayes et des lapins, les animaux étaient rasés au niveau du dos sur une surface de 5 à dix centimètres carrés. On frottait ensuite légère- ment avec un tampon d'ouate hydrophile trempé dans une émulsion de virus fixe. Une première expérience a porté sur trois lapins et quatre cobayes. Les quatre cobayes ont succombé à une rage paralytique clas- sique du 15° au 19° jour après l'inoculation. Les lapins ont survécu. Dans une deuxième expérience, trois cobayes et deux lapins ont pris la rage du 19° au 22° jour après l’inoculation, quatre lapins et un cobaye sont demeurés indemnes. L'absorption du virus rabique par la peau fraichement rasée est intéressante au point de vue théorique car on sait qu’un certain nombre de microbes et de virus sont inoculables par ce procédé. Elle ne l’est pas moins au point de vue pratique car elle rend compte du danger de mor- sures insignifiantes à première vue et du léchage par des aniinaux sus- pects sur des surfaces en apparence saines. (Znstitut impérial de bactériologie à Constantinople.) SUR LES AGENTS PATHOGÈNES DE LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE, par M. LAFFoRGUE (de Tunis). La méningite cérébro-spinale est très rare en Afrique. Nous venons d'en observer récemment, à Tunis et dans ses environs, quatre cas, dont trois, concernant des Arabes, ont constitué une petite épidémie locale. Étant donné les circonstances de temps et de lieu, cette poussée. discrète nous paraît relever de l’endémicité, malgré son caractère acci- _ dentel et éphémère qui évoquerait plutôt l’idée d'importation étrangère et de contagion. Le diplocoque de Weïichselbaum, seul et peu abondant, était en cause chez trois de ces malades. Notre quatrième cas, le seul mortel, se distinguait des précédents par deux particularités : 4° la grande richesse du liquide céphalo-rachidien en diplocoques de Weich- selbaum ; 2° la coexistence, pendant toute la durée de la maladie, d’une seconde variété de diplocoque, celui-ci généralement extracellulaire et prenant très fortement le Gram. Les deux variétés de germes poussaient côte à côte, en proportions variables, dans les diverses cultures, solides ou liquides. Quel que fût le milieu employé : bouillon simple, glucosé, glycériné, sérum, gélose, gélose-glucosée, gélose-sang, gélose-liquide pleurétique, etc., on les retrouvait toujours intimement mélangés, mais gardant leurs affinités colorantes respectives. Seule, la gélose, à laquelle on avait incorporé du liquide céphalo-rachidien, nous a donné des cultures où le type Weichselbaum végétait mal; le diplocoque associé ns \ un 200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'y développail de façon très prédominante, mais sans permeltre un isolement parfait. A la suite de ces essais constamment négatifs, nous avons tenté l’iso- lement biologique par inoculation aux animaux. L’inoculation de la cul- ture mixte au jeune lapin (de quelques semaines), dans le tissu cellu- laire de l'oreille (1), nous a fourni des résultats positifs. Un abcès local se produisit, sans généralisation septicémique; le pus de l’abcès ren- fermait presque exclusivement des diplocoques ou des chaïnettes de 3, 4 éléments, prenant le Gram. Les cultures, faites d’abord sur agar- liquide céphalo-rachidien, puis en milieux liquides, permirent d'isoler complètement ce diplocoque. Celui-ci se rapprochait du type Jäger- Hübner par sa réaction positive vis-àvis du Gram, par son groupement en courtes chaînettes dans les milieux liquides, mais en différait par sa faible vitalité, par sa fragilité plus grande même que celle du pneumo- mocoque. Le passage à travers l'organisme du lapin avait certainement accru cette fragilité, car le germe se montrait désormais très sensible à des modifications qualitatives ou quantitatives presque insignifiantes des milieux de culture. Quel était ce germe isolé par passage chez le lapin? S’agissait-il d’un Jäger-Hübner modifié? Peut-être. Dans tous les cas, nous nous trou- vions en présence de deux microbes différents, et non, comme le vou- draient certains, d'un germe unique présentant, vis-à-vis du Gram, une réaction variable et contingente. L’aptitude à végéter seul dans l'orga- nisme du lapin conférait manifestement, à l’un de nos diplocoques, une individualité propre, qui s’accusait encore, à travers les cultures suc- cessives, par la constance invariable de ses divers caractères. Nous croirions volontiers que la coexistence chez le même sujet de deux espèces, l’une sensible, l’autre réfractaire au Gram, est assez com- mune : on s’expliquerait ainsi qu’elles aient été l’une et l’autre décrites, suivant leur prédominance relative, comme agent pathogène de la méningite cérébro-spinale. SUR UNE NOUVELLE SPIRILLOSE, (Note préliminaire) par MM. C. NicoLe et C. ComTE. Nous avons eu récemment l'occasion de reconnaître l’existence chez une espèce de Cheiroptère très commune en Tunisie ( Vespertilio Kuhli) (1) MM. Thiercelin et Rosenthal, Comptes rendus de la Société de Biologie, 11 février 1899, avaient déjà essayé ce mode d’inoculation dans un cas qui présente, avec le nôtre, certaines analogies et encore plus de différences. SÉANCE DU 22 JUILLET 204. d'une infection sanguine à spirilles, comparable par son évolution et par la nature de son agent pathogène aux spirilloses déjà décrites de l’'romme, des Ruminants, des Rongeurs et des Oiseaux. Nous avons observé pour la première fois cette infection chez une chauve-souris de quinze jours à trois semaines, capturée le 15 juin der- nier et inoculée sans résultat Îes 16 et 24 juin avec le sang de deux chauve-souris adultes atteintes de Trypanosomiase. L'examen du sang de ces animaux n'avait révélé la présence d'aucun spirille. Il est permis _ cependant de supposer que chez la seconde chauve-souris les spirilles sans doute peu nombreux ont pu échapper à notre attention dirigée uniquement vers la recherche des trypanosomes. Le 30 juin, le sang de la petite chauve-souris examiné pour la pre- mière fois depuis la seconde inoculation montre l'absence de trypano- somes, déjà constatée lors des examens antérieurs; par contre, il nous est facile de constater sur les préparations non colorées la présence de spirilles bien mobiles et en nombre assez restreint. Le lendemain, ces microbes sont plus abondants; nous en comptons lrois à quatre par champ. Ce même jour, désireux de conserver le virus, nous sacrifions l'animal infecté et nous inoculons avec le sang pris dans le cœur aussitôt après la mort deux autres petites chauve-souris de vingt à vingt-cinq jours environ, deux souris blanches et un singe (Macacus sinensis). Toutes ces inoculations ont été pratiquées dans la cavité péritonéale. Le sang des nouvelles chauve-souris avait été reconnu indemne de tout parasite. L’autopsie de l’animal infecté montre comme unique lésion une hypertrophie légère de la rate; les frottis pratiqués avec cet organe et avec la pulpe du foie permettent d'y déceler la présence de spirilles moins nombreux que dans le sang périphérique. Chez la plus jeune des chauve-souris inoculées, les spirilles ont apparu dans la circulation le 3 juillet (48° heure), on en compte alors environ un par champ. Le lendemain, leur nombre s’est sensiblement accru. Le 6 juillet (5° jour), il y en a environ cinquante par champ; souvent les spirilles se réunissent en amas de trois ou quatre individus; les formes de division sont fréquentes. Le 8 juillet (7° jour), l'état général de l’ani- mal est mauvais, son sang a pris l’aspect d’un liquide rose et transparent; les spirilles y sont en nombre moindre que lors du précédent examen. Le soir même, l'animal meurt. Chez la seconde chauve-souris inoculée, la maladie a suivi une évolu- tion comparable. Les souris blanches et le singe sont restés indemnes. L'inoculalion sous-cutanée de quelques traces de sang spirillaire à d'autres chauve-souris jeunes n'a donné jusqu'à présent aucun résultaL. Nous poursuivons ces expériences particulièrement délicates par la fragilité du virus et par la difficulté que présente la conservation de chauve-souris vivantes dans un laboratoire. 202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Depuis notre première constatation, nous avons observé un cas de spirillose spontanée chez une chauve-souris de quelques semaines capturée comme les précédentes à Tunis. Cette chauve-souris est morte après quarante-huit heures, probablement des suites d’un traumatisme exercé sur elle au moment de la capture. Les spirilles étaient rares dans le sang lors des deux examens que nous en avons pratiqué à vingt-quatre heures d'intervalle. Le spirille de la chauve-souris est identique au point de vue morpho- logique aux autres spirilles des infections sanguines antérieurement décrits. Sa longueur varie de 12 à 18 w, sa largeur ne ‘dépasse pas 1/4 de y. Les extrémités en sont très effilées. Il se teinte bien par toutes les méthodes de coloration des hématozoaires et plus simplement par la thionine phéniquée. Son mode de multiplication, très facile à suivre sur les préparations, est la division transversale; les deux individus nés de cette division restent quelque temps bout à bout. Les mouvements sont de deux ordres : mouvements de déplacement, mouvements de contrac- tion du corps; il s’agit donc d’un Spirochæte. Il est intéressant de noter que sur cinq ou six infections sanguines à spirilles actuellement connues, trois se rencontrent en Tunisie : la fièvre récurrente de l’homme, la spirillose aviaire et l'infection que nous venons de décrire. (/nstitut Pasteur de Tunis.) ACTION DE L'ADRÉNALINE SUR LE GLYCOGÈNE HÉPATIQUE ET SUR LE SUCRE DU SANG, par MM. M. Doxow, A. Morez et N. KAREFF. I. — L’extrait de capsules surénales (adrénaline) détermine l'hyper- glycémie (Blum). L'hyperglycémie s'explique par une diminution du glycogène du foie (Doyon et Kareff). Loeper et Crouzon ont soutenu que l’adrénaline augmente le glycogène hépatique. Doyon et Kareff ont montré que l'injection de 1 centigramme d’adrénaline dans une veine mesaraïque peut faire disparaître en trente minutes le glycogène du foie chez ‘un chien de 13 kilogrammes soumis au préalable au jeûne pendant vingt-quatre à quarante-huit heures. IT. — Herter a émis l'hypothèse que l’adrénaline agit par l’intermé- diaire du pancréas. Cet auteur a vu que le badigeonnage du pancréas avec de l’adrénaline provoque la glucosurie. Lépine annonce à la Société de médecine de Lyon (1) que l’adrénaline ne provoque pas après (1) Lyon médical; p. 219, 1903. SÉANCE DU Ÿ2 JUILLET 203 l'ablation du pancréas la glucosurie immédiate habituelle. Dans la Semaine médicale 1), le même auteur soutient quinze jours plus tard l'opinion inverse. Bierry et M®° Gatin-Gruzewska (2) constatent que la glucosurie provoquée par l'ablation du pancréas n’est pas accrue par l’adrénaline, et considèrent leurs résultats comme favorables à l'hypo- thèse de Herter. III. — En présence de ces contradictions et incertitudes nous avons repris l'étude de cette question. Le pancréas est-il nécessaire à l’action de l’adrénaline sur le foie ? Nous avons dosé le glycogène du foie et le sucre du sang dans les échantillons prélevés avant et après l'injection d'adrénaline sur des chiens auxquels on venait d’extirper le pancréas. L'adrénaline était injectée à la dose de 1 à 2 milligrammes par kilo- gramme d'animal en solution à 1 p. 100 dans une veine mésaraïque. Le sucre à été dosé à la liqueur de Febling et au polarimètre pour éviter toute cause d'erreur provenant des propriétés réductrices de l’adréna- line. Nous avons constaté dans ces conditions que l’adrénatine diminue le glycogène du foie et augmente le sucre du sang, même après l’ablation du pancréas. APRÈS V'ablation | 8 MINUTES |10 MINUTES|45 MINUTES| EXPERIENCES du pancréas après après après | et avant l'injection | l'injection | l'injection l'injection 1. Chien de 10 à 12 kilogs; injection de 2 cc.; prises directes du Sang dans une veine sus- -hépatique : Sucre pour 1.000 gr. de sang. 2. Chien de 11 kilogs; injection de 2 cc.; sang carotidien : Sucre pour 1.000 gr. de sang. . . . 3, Chien de 23 kil. 500; injection de 2 cc.; sang carotidien : Sucre pour 1.000 gr. de sang. . Glycogène pour 100 gr. de foie frais. IV. — L'ablation seule du pancréas peut provoquer, il est vrai, très rapidement, des modifications du glycogène hépatique et du sucre san- guin, toutefois ces modifications sont considérablement augmentées dans le même temps sous l'influence de l'adrénaline. Dans les expé- (1) Semaine médicale, 1903, p. (2) Comptes rendus de la Société ce Biologie, séance du 27 mai 1905. FN 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE riences qui suivent nous avons dosé le glycogène du foie et le sucre du sang sur des échantillons prélevés, a) immédiatement après l'ablation du pancréas, b) un certain temps après l'opération, c) après une injection d'adrénaline faite immédiatement après la seconde prise de foie et de sang dans une mésaraïque. SUCRE GLYCOGÈNE EXPÉRIENCES pour 1000 gr. de|pour 1000 gr. de à sang (carotide) foie frais 1. Chien de 9 kil. 400 : Après l’ablation du pancréas . : . + + . : . 2 gr. 32 3 gr. 10b ASAMINUtES Apr RC Ie CU TIR 2er. 97 1 gr. 850 45 minutes après l'injection de 1 cc. 5 d’adré- m'a line MID ADO MERE PANNE 3 gr. 13 0 2. Chien de 12 kil. : : Après l’ablation du pancréas. . . . , . . . » 2 gr. 905 lOpMiINUÉeS Apres MN A RENE » 3 gr. 215 10 minutes après l'injection de 2 cc. d'adré- HAJNNS, EDS ADEME ELLES AR RU » | L gr. 645 (Travail du laboratoire de M. Morat.) TECHNIQUE ET STRUCTURE DE L’0S DES MAMMIFÈRES, par M. Én. RETTERER. En 1898, j'ai (1) décrit l'histogenèse et la structure du premier tissu osseux chez le fœtus : la substance fondamentale en voie de formation se compose, ai-je dit (loc. cit., p. 362), d’un réticulum serré de fibrilles hématoxylinophiles dont les mailles contiennent un protoplasma trans- parent et homogène. ï J'ai poursuivi ces recherches sur les os des jeunes mammifères (chien et chat), et je suis arrivé à différencier, par des colorants distinets, la charpente réticulée de la substance fondamentale ainsi que la masse homogène. Voici les procédés qui m'ont réussi : A. Os frais fixés dans le liquide de Zenker ou la solution formol-picro-sublimé acétique. — Après lavage prolongé, je conserve les pièces dans l’alcool. Pour en faire des coupes sériées dans.la paraffine, je les décalcifie à l’aide de la solution picro-nitrique de Kleinenberg, je les déshydrate et les monte dans la paraffine pour les débiter en coupes de 7 à 10 1. Les coupes sont colorées (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 26 mars 1898, p. 360. 2 SÉANCE DU 22 JUILLET 205 pendant douze heures dans la safranine anilinée, puis dans l’hématoxyline durant quatre heures à douze heures jusqu'à ce qu'elles soient devenues noires. Cette teinte noire s’accentue si on laisse les coupes dans l'eau cou- rante. Dans le cas où la teinte rouge de ja safranine a pâli, je mets les coupes à nouveau, pendant dix minutes, dans un bain de safranine anilinée. Ensuite je les décolore en les laissant séjourner pendant quelques minutes dans l’eau additionnée de quelques gouttes de la solution picro-nitrique. Enfin je les déshydrate et les monte dans le baume. Un autre procédé complète le précédent : les coupes sont colorées, soit dans le violet de méthyle, soit dans le bleu de toluidine, soit dans la thio- nine. Mais au lieu de déshydrater dans l'alcool qui produit des précipités, je déshydrate à l’aide de l’acétone additionnée de traces de phénol. Comparativement aux procédés sus-mentionnés, j'ai laissé les os pendant des mois et même des années dans une sclution d'acide picrique ou de liquide de Müller. Après les avoir débités en coupes, je les ai colorés puis desséchés pour les monter dans le baume. Résultats. — La cellule osseuse est contenue dans un espace anguleux, long de 20 à 50 u, large de 6 à 15 u (corpuscule osseux). La cellule protoplasmique remplit complètement la loge du corpuscule; elle se compose d’un noyau, d'une zone périnucléaire très colorable et d’une zone périphérique de proto- plasma transparent et peu colorable, que traversent des siies radiées de pro toplasma colorable ou chromophile. La cellule protoplasmique est limitée par une capsule anguleuse, reprodui- sant la configuration du corpuscule. Cette capsule (gaine limitante de quelques auteurs), épaisse de 1 à 2x, se colore en violet foncé ou en noir par l’héma- toxyline, en bleu ou en rouge par le violet de méthyle ou la thionine. Des faces et des extrémités de la capsule, complètement close, partent des prolon- gements qui possèdent les mêmes réactions colorantes que la capsule elle- même. Ces prolongements se ramifient et constituent un réseau de plus en plus fin à mesure qu'ils s’éloignent de la capsule. Dans les mailles du réseau est contenue une substance amorphe que la safranine teint en rouge. En un mot, les préparations ainsi traitées montrent une coloration élective de la capsule et de ses prolongements, ainsi que de la substance amorphe contenue dans le réseau des prolongements capsulaires. B. Os ayant séjourné dans le liquide de Müller ou l'acide picrique jusqu'à décalcification complète. — Débités en coupes sériées, les os ainsi traités et colorés au carmin au lithium montrent des cellules osseuses dont la plupart contiennent deux amas chromatiques figurant deux noyaux. Quant à la substance fondamentale, teinte en rouge, elle n’est plus compacte; elle est traversée de nombreux canalicules osseux, Pour les mettre en évidence en les remplissant d'air, il suffit de passer les coupes par l’éther, de les dessécher et de les monter dans le baume de Canada. Pour cela, on met un fragment de baume de Canada sur la lamelle couvre- objet el on porte la lamelle sur une table métallique qu’on chauffe à l’aide d'un bec de gaz. En fondant, le baume se remplit de bulles d'air, qui dimi- nuent et finissent par disparaître. Quand il ne reste plus qu'une couche mince de baume complètement dépourvue de bulles d’air, on prend la lamelie 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à l’aide d’une pince et on la renverse sur la lame porte-objet qui supporte les coupes sériées et desséchées. A la place des prolongements pleins de la capsule osseuse, on observe, sur les os qui ont séjourné dans l'acide picrique ou le liquide de Müiler, des canalicules qui sont remplis d’air, qui traversent la substance fondamentale et s’anastomosent avec les canalicules des corpuscules voisins. Pendant qu'il décalcifie le tissu osseux, l’acide picrique et le liquide de Müller altèrent et détruisent la capsule et les prolongements capsulaires. Ils agissent à la façon d’une macération prolongée, ou comme la potasse ou la soude qui déter- miuent la production artificielle de canalicules, en détruisant le réseau héma- toxylinophile de la substance fondamentale. C. Ostécblastes et première substance fondamentale. — Les maxillaires des jeunes mammifères sont un objet d'étude excellent pour observer la produc- tion de la substance fondamentale. Ils sont constitués : 1° par du tissu con- jonctit réticulé, dont l'hyaloplasma fixe peu ou point la safranine et dont le réticulum chromophile est à larges mailles; 2° par des rangées d’ostéoblastes, et 3° par des travées osseuses peu épaisses. Les ostéoblastes, gros de 16 à 22 y, ont une élection si intense pour l'hématoxyline qu'ils se convertissent chacun en un bloc noir. Dans l'intervalle de deux ostéoblastes voisins, comme dans leur partie pro- fonde, on observe une ligne épaisse de 2 à 3 &, teinte en rouge par la safra- nine et traversée de stries anastomosées que colore l'hématoxyline. Cette ligne est la première trace de la substance fondamentale de l'os. À mesure que l’ostéoblaste s’entoure d’une couche plus épaisse de substance fondamen- tale, il apparaît, entre la zone chromophile périnucléaire et la substance fon- damentale, une zone de protoplasma clair, épaisse de 1 à 2 y. En dernier lieu, s’élabore la capsule hématoxylinophile, qui sépare la zone protoplasmique claire de la substance fondamentale de l'os. Conclusions. — Lorsque l'os va apparaître dans le tissu conjonclif réticulé, les cellules conjonctives commencent par acquérir un eylo- plasma périnucléaire volumineux et composé uniquement de proto- plasma chromophile : elles se convertissent ainsi en ostéoblastes. C’est ce cytoplasma chromophile qui produit, à sa périphérie, la première substance fondamentale sous la forme d'un protoplasma homogène, safraninophile, et, d’un réticulum hématoxylinophile. À mesure que l’'ostéoblaste élabore tout autour de lui de la substance fondamentaie, une autre différenciation se produit : la zone périnucléaire, chromo- phile, s’entoure d'une zone hyaline, périphérique, que traversent des siries radiées, chromophiles. Enfin, à la périphérie de la cellule osseuse se forme une capsule, hématoxylinophile, qui sépare la cellule propre- ment dite de la substance fondamentale. Des angles de la capsule partent des festons capsulaires sous la forme de prolongements étoilés et pleins qui se ramifient et constiluent un réseau contenant une sub- stance homogène, safraninophile. Le réseau et la substance homogène sont continus et représentent une masse pleine sans canalicules d’au- SÉANCE DU 22 JUILLET 207 cune sorte. En un mot, la substance fondamentale du tissu osseux est comparable, au point de vue de sa structure, au « béton armé » : la charpente est composée d’un réseau hématoxylinophile et les mailles sont remplies par une masse amorphe, safraninophile. SUR LES MODIFICATIONS HISTOLOGIQUES DU SANG APRÈS LES HÉMORRAGIES, par MM. J. Jozcx et J. STini. Dans des communications antérieures (1), l’un de nous a montré, dans le sang des embryons de mammifères et dans le sang de jeunes rats de un à quinze jours, l'existence de globules rouges conte- nant un grain chromatique central, de volume variable, qu'il a considéré comme un reste nucléaire, et qui est tout différent des « nucléoïdes » décrits par plusieurs auteurs et des granulations dites « granulations basophiles » des hématies. S'il est vrai que ces globules spéciaux ont une signification au point de vue de la formation des globules rouges sans noyau et représentent une étape de la transformation des globules rouges nucléés, on pouvait les voir apparaitre à la suite des hémor- ragies provoquées. C'est ce que nous avons recherché. Du reste, bien que la question de la régénération du sang après la saignée ait été souvent étudiée, il reste à ce sujet un certain nombre de points à éclaircir. Le mode de réparation du nombre des globules rouges, de l'hémoglobine et de la valeur globulaire sont des faits connus aujour- d'hui, et nous ne nous y sommes pas attachés. Par contre, les modi- fications histologiques concernant les leucocytes, les globules rouges nucléés, les cellules en dégérescence et les éléments anormaux, les altérations des globules rouges, les granulations libres, etc., sont l’objet de discussions. Nous donnerons aujourd’hui les résultats obtenus dans une premièrie série de recherches : Les expériences ont été faites sur le rat blanc, sur des individus adultes ägés de six mois à un an. La veine jugulaire externe était mise à nu par une courte incision. Au moyen d’une seringue stérilisée, on aspirait 2 à 4 centi- . mètres cubes de sang, ce qui correspond approximativement au quart et à près de la moitié de la masse totale du sang. Un ou deux points de suture complètent l'opération, qui n’a ordinairement aucune suite pathologique. Nous avons remarqué que la vie de l'animal était mise en danger si on lui retirait d'un seul coup la moitié de son sang ou plus. (4) J. Jolly. Sur la formation des globules rouges des mammifères, Société de Biologie, 25 mars 1905, p. 528. — Id. Sur l’évolution des globules rouges dans le sang des embryons de mammifères, Sociélé de Biologie, 4°* avril 4905, pe 593. Brozoaie. Coupres REeNpus, — 1905, T, LIX. 15 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les examens de sang ont été faits avec le sang d'une veine auriculaire avant et après la saignée. Dans plusieurs cas, et pour éviter une cause d'erreur possible en prenant le sang d’une oreille ayant déjà subi une piqüre, nous avons examiné avant l'opération le sang de la jugulaire, et après, successive- ment, le sang des deux oreilles. Ces différents modes d'examen nous ont donné les mêmes résultats. Les prises de sang pour l'observation ont été faites à des intervalles déterminés et poursuivies pendant huit, dix jours et plus. Plusieurs animaux ont subi une deuxième saignée quelques jours après la première, Voici les principaux faits que nous avons constatés : 1° Après la saignée, on observe dans le sang une augmentation rapide de la proportion des leucocytes à noyau polymorphe. Cette réac- tion est déjà très appréciable quatre heures après la saignée; elle atteint son maximum de quatre à huit heures après la saignée; elle diminue ensuite graduellement et ne dure pas, mais elle n'est pas toujours entièrement disparue au bout de vingt-quatre heures. Cette réaction est constante et se produit aussi bien après une deuxième saignée qu'après une première. Elle est toujours très accentuée. Le sang du rat blanc adulte contient environ 80 à 90 p. 100 de lÿmphocytes et 10 à 20 p. 100 de polynucléaires. Après la saignée, la proportion des polynucléaires atteint 40 à 60 p. 100 et plus même. Cette réaction n'est pas due à une infection : sa brusquerie, son peu de durée, les conditions a lesquelles nous avons opéré parlent contre cette interprétation. Il s’agit d'une réaction due à l’hémorragie. L'augmentation du nombre absolu des leucocytes n’est pas parallèle et nous a donné des résultats variables, ce qui explique en partie les divergences qui existent sur la question de la leucocytose post-hémorragique. 2° L'apparition des globules rouges nucléés est constante. Ces éléments se voient en général en petit nombre dès le jour même de la prise de sang, mais la réaction n’est franche que trois ou quatre jours après. La réaction est plus rapide et plus intense après la deuxième saignée qu'après la première. La réaction est plus marquée chez nos animaux les plus jeunes que chez les plus âgés. La réaction est la conséquence directe de la saignée. Il n'y a pas à faire intervenir ici pour l'expliquer d'infection surajoutée. L’un de nous a déjà montré que chez le rat. blanc adulte, il existe dans le sang, à l’état normal, des globules rouges nucléés. Ils sont en général rares. Nous les avons trouvés cependant une fois relativement nombreux chez un rat neuf de six mois. Il faut naturellement tenir compte de ce fait quand on apprécie l'intensité de la réaction. 3° Nous avons recherché avec soin les globules rouges ponctués d'un grain chromatique central. Nous les avons rencontrés à peu près cons- tamment chez nos animaux saignés, mais moins nombreux que les globules rouges nucléés. La réaction a été aussi moins régulière; elle - ve SÉANCE DU 22 JUILLET 209 a été bien franche dans quelques cas: quelquefois, elle a été presque inaperçue. Lorsqu'elle a été nette, ces globules rouges spéciaux sont apparus en même temps ou un peu après les globules rouges nucléés. @es globules ponctués sont en général absents du sang des rats adultes normaux, comme nous l’a montré l'examen, non seulement de nos änimaux avant la saignée, mais aussi de nombreux témoins; cependant, mous les avons rencontrés plusieurs fois, d’une façon exceptionnelle, et rares, chez le rat adulte, ce qui n’a rien d’absolument étonnant, puisque ons, du rat __—_. contient quelques globules rouges nucléés. (Travail du laboratoire d' ve du ne. de France.) ::: DE LA PRÉCIPITABILITÉ DE CERTAINS COLLOÏDES INSTABLES PAR L'EAU OXYGÉNÉE, par M. Has ISCOvESCo. … On sait que la plupart des colloïdes jouissent de propriétés cataly- liques à l'égard de l’eau oxygénée, et on croit en général que l'agent olloïdal ne prend pas part lui-même à l'action et se retrouve à la fin de lacte dans le même état qu'au début. … Pour le fer colloïdal j'ai constaté que lorsqu'on le fait agir sur l’eau Dxygénée pure, à partir de certaines concentrations de celle-ci, exacte- ment au delà de 120 millinormal et pour des proportions de fer ne lépassant pas la vingtième partie de la quantité d'eau oxygénée em- Wloyée, on observe des modifications importantes dans la constitulion Mu système ainsi établi. Au bout de deux heures on observe un trouble léger qui va en aug- fMentant lentement, et on trouve au bout de vingt-quatre heures, le fer uni au fond du tube mais sous une forme particulière, différente de & qu'on observe quand on a provoqué la précipitation par des électro- Miles. C’est pourquoi le’ mot de gélification conviendrait beaucoup mieux 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chlorure de sodium, alors que dans un tube témoin préparé simplement # l'eau distillé, on n'obtient rien, au contraire, dans le tube à eau oxygénée, la gélification est hâtée d’une façon très nette, et de plus les limites entre L la deuxième ferrugineuse gélifiée et le liquide clarifié sont beaucoup plus nettes, plus tranchées. | Voici maintenant, à titre d'exemple, le tableau de quete ee de ces expériences de gélification avec le sulfure d’arsenic colloïdal. L'eau oxygénée employée était à la concentration de 134 millinormal: Le sulfure d’arsenic à 4 p. 1000. | [ AU BOUT APRÈS APRÈS APRÈS | D'UNEHEURE| 2 HEURES 48 HEURES |125 HEURES! | | | | Al D | | 40 10 cc. H°0®+1/10 ce. Arsenic.| rien. rien. rien. rien. 20 10 cc. id. +3/10 cc. id. .| opalesc. |début gél.| gélif. jaune |redissoluf.l} lévers complète Il moitié infér. 30 10 cc. id. +5/10 ce. id. .| trouble. |début gél. id. id. 40 A0 cc. id. +1 ec. id. .|début gél. id. id. id. 5o A0 cc. id. +2 cc. id. .|blanchiss. id. gél. blanche |redissol. & moitié infér. |sitôt précl] au LS 60 40 cc. id. +3 cc. id. .|blanchiss. id. gél. laiteuse id. moitié infér. Te A0 cc. id. +4 cc. id. . rien. |début gél. id. id. 8o 10cc. id. +5 cc. LU rien. id. id. id 90 10 cc. id. 4-6 cc. 100 rien. id. id eu, id. 400 10 cc. id. +7 cc. 100 0 rien. |début gél.| jaune gél.en précis bas, laiteux totale. au milieu, opal. en haut. 419 10 cc. id. +8 cc. ide rien. rien. gél. lait. id. - moitié infér. 120 10 cc. id. +10 cc. 10 rien. rien. id. id. Dans d’autres séries d'expériences dont je ne donne pas les tableaux| pour éviter des répétitions inutiles, j'ai varié de toutes les manières pos | sibles les concentrations des substances actives et leurs proportions, réciproques. En ajoutant 3/4 arsenic (4 p. 1000) à 15 centimètres cubes d'eau oxygénée (140 millinormal), on observe au bout de quarante: huit heures dans le tube que le quart supérieur est absolument clair limpide tandis que les 3/4 inférieurs sont occupés par une masse gé tineuse blanchâtre. Si, en ce moment, ceci se passant à 18 degrés, chauffe le tube simplement à la main, on voit le dépôt gélatineux mouvoir, remonter, et, au bout de fort peu de temps, le tube redevennl homogène. En laissant reposer encore pendant quarante-huit heureslé dépôt gélatineux se reforme mais il est plus contracté et n’occupe qué le tiers inférieur. Enfin, au bout de soixante-douze heures encore, a précipitation totale pulvérulente d’une part et d’autre part une sorte réversion totale et de redissolution d’une partie du gel. SÉANCE DU 22 JUILLET 941 eme ©, | Re R r CN,s © Avec 30 centimètres cubes d’eau oxygénée à 78 millinormal et 3 cen- timètres cubes de sulfure arsenic colloïdal à 4 p. 1000, on observe au bout de quarante-huit heures des phénomènes du même genre, mais il y a en dehors de la partie gélifiée, une précipitation solide, pulvéru- lente, jaune, occupant le fond du tube. L'adjonction d’une macération de foie augmente la vitesse des phé- nomènes. “ L'adjonction de traces de chlorure de sodium accélère ces phéno- “mènes quand on ajoute l’électrolyte au début de l'expérience, et amène “une sorte de contraction de la masse gélifiée quand on l’ajoute seule- “ment après que cette gélification s’est faite. … Il résulte donc des faits que je viens d'exposer que, pour le fer-et Jarsenic colloïdal tout au moins, l’action catalytique est accompagnée de changements importants physiques tout au moins de l'agent cata- -lyseur. Sans avoir le droit d'étendre ces résultats à d’autres colloïdes “instables que je n’ai pas encore étudiés, et en particulier aux colloïdes “métalliques, il me paraît que la question doit être examinée de près. — {l résulte aussi de ces expériences que l’eau oxygénée, et en particu- lier l'oxygène à l’état atomique dans certaines conditions de tempéra- “ture et de milieu, est capable de transformer certains colloïdes instables “en formations, qui sont réversibles pendant un certain temps seulement “et finissent par de véritables précipitations. L'étude de ces phéno- mènes peut présenter un intérêt particulier quand ils sont étudiés sur des colloïdes organiques, c’est-à-dire stables. (Travail du laboraloire de physiologie de la Sorbonne.) . COoLLoïDES STABLES. OXYGÈNE NAISSANT ET FORMATION DE MEMBRANES, par M. HENRI IsCOvESsco. J'ai étudié l’action de l’eau oxygénée sur plusieurs colloïdes stables, #Æn particulier sur le glycogène, l’ovalbumine, le sérum sanguin, des macérations de différents organes et le jaune d'œuf. Comme pour les colloïdes instables précédemment étudiés, j'obtiens des gélifications d'abord, des précipitations plus tard, et cela surtout Pour certaines concentrations de l’eau oxygénée variable d'après le colloïde employé, mais généralement au-dessus de 50 millinormal. Les phénomènes sont très faciles à étudier avec une émulsion aqueuse de jaune d'œuf ou avec de l’ovalbumine pure; Avec 10 centimètres cubes d’une émulsion au dixième de jaune d’œuf, “et 30 centimètres cubes de H°0* à 70 millinormal, on trouve au bout de soixante-dix-huit heures que la moitié inférieure du tube à expé- rience est occupée par une masse jaunâtre gélatineuse. À ce moment, si 219 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on chauffe le tube à la main, la masse déposée se répand à nouveal dans le liquide, et le système redevient homogène. Au bout de soixanté douze heures de plus, dans un autre tube où les phénomènes ont sui leur cours normal sans aucune intervention, on trouve une masse géla tineuse occupant le tiers inférieur seulement du tube et un dépôt blan châtre pulvérulent. Enfin, au bout de quarante-huit heures de plus, Ie tube est redevenu opalescent, homogène, une partie du dépôt gélatineux se redissolvant, tandis qu'une autre partie constitue définitivement ui dépôt solide, blanc. | La même expérience faite avec 3 centimètres cubes de la solution dl jaune d'œuf donne exactement les mêmes résultats. | Avec le blanc d'œuf on obtient des résultats très nets. Lorsqu'on fall couler dans un tube contenant 20 centimètres cubes de H°O* à 100 milli normal 2 centimètres cubes d'ovalbumine pure et qu'on les laisse tombet lentement sans agiter, on voit l'ovalbumine tomber au fond du tube sous forme d'un long filament qui, en traversant l’eau oxygénée, s'en toure à sa périphérie d’une sorte de pellicule blanchâtre, puis la masse entière s'agglomère au fond du tube en présentant la pellicule blanche du côté de sa surface libre. Au bout de peu de temps, on assiste à unë nouvelle phase. Le dépôt aggloméré d'ovalbumine diffuse peu à peu sous forme de colonnes qui s'élèvent dans l’eau oxygénée, s'élargissent et fondent. Au bout de trois heures environ, il y a dissolution com» plète de l’ovalbumine. Quarante-huit heures après cette première dissow lution, on assiste à la formation d'un gel occupant la moitié inférieures du tube, et ensuite à la série des phénomènes que nous avons décrits dans les cas de colloïdes instables ou dans le cas du jaune d'œuf. J'ai obtenu des résultats absolument pareils avec des macérations d'organes ou avec les autres colloïdes stables que j'ai cités plus haut" Les mêmes phénomènes se produisent quand on étudie le sérum sanguin. Comme particularité j'ai à signaler, qu'avec l’ovalbumine et les | macérations d'organes, on n’a pas de précipité solide et on n’a que l& gel plus ou moins aggloméré et contracté. D'une manière générales l'adjonction de quantités mêmes très petites de chlorure de sodium, accélère la vitesse du phénomène. Li Il résulte de ces expériences que, dans des conditions déterminées, | l'oxygène naissant provoque dans le sein de solutions colloïdales, stables des formations qui, suivant la constitution du colloïde, less concentrations et les variétés de composition du système, présentent une succession de phénomènes qui présentent des analogies plus ok | moins éloignées avec des membranes ou des agglomérations proto plasmatiques. En effet, ces formations dans le premier stade (exemplen de l'ovalbumine au moment de la période des colonnes ascendantes\ sont impénétrables pour les autres colloïdes, phénomène qu'on peut. "+2 ve SÉANCE DU 22 JUILLET ts aisément suivre si on opère dans une eau oxygénée à laquelle on a ajouté une goutte d'un colorant colloïdal. Il y a là une véritable tentative d'isolement. Cette tentative, cette espèce de lutte contre le milieu se manifeste d’une façon beaucoup plus nette encore dans le deuxième stade, celui de la formation du gel. L'adjonction d'une certaine quantité d'électrolyte amène une sorte de contraction du gel, phénomène abso- lument comparable à la diminution d'une cellule plongée dans un milieu hypertonique. Si on pense, d’une part, que toutes ces formations sont accompagnées comme on le sait d'images microscopiques (rappelant singulièrement la structure protoplasmique) et de mouvements, et d'autre part, que des solutions colloïdales et l'oxygène naissant se rencontrent fréquemment aussi bien dans la nature que dans les organismes, on ne peut se défendre de la pensée que l’on se trouve en présence d'un mécanisme de for- mation de membranes, peut-être même de corpuscules, mécanisme qu'il n’est pas trop hasardeux de supposer réalisables dans l'organisme ou dans la nature. Je signale enfin les faits suivants qui, en dehors de ceux exposés déjà, excusent tout au moins ces vues théoriques s'ils ne les justifient pas ! Les gels obtenus avec les colloïdes stables présentent des affinités particulières pour certaines couleurs. Les gels obtenus avec des macérations de foie ou avec le sérum sanguin ne se laissent pas traverser par le bleu d'aniline. Cette couleur reste à la périphérie du gel en formant une sorte de limite, de frontière linéaire très colorée. Au contraire, le bleu de méthylène pénètre et colore le gel entier, Pour l’ovalbumine, le gel fixe le bleu d’aniline et ne fixe pas le bleu de méthylène ni la safranine. Pour les gels formés par conséquent dans l’action de l’eau oxygénée sur le sérum sanguin et sur des macérations d'organes, ceux-ci se comportent au point de vue de leurs réactions colorantes, et pendant un certain temps seulement, comme des membranes vivantes. Pour ceux obtenus avec l’ovalbumine les réactions sont absolument inverses. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) KARYOKINÈSE DANS LA SURRÉNALE DU LAPIN RABIQUE, par MM. J. Nicocas et S. Bonnamour. Etudiant les capsules surrénales dans quelques infections, nous avons examiné ces organes chez quatre lapins rabiques, et nous avons été frappés des modifications que nous y avons constatées. On y trouve peu de lésions cellulaires, pas ou peu de congestion sem- blable à celle que présentent ces organes dans la diphtérie expérimen- tale par exemple, 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais tandis que dans la surrénale du lapin normal les figures de divi- sion indirecte sont extrêmement rares, on assiste au contraire ici à une véritable éclosion de karyokinèse. Nous avons examiné les capsules surrénales de quatre lapins rabiques inoculés avec du virus fixe dans le cerveau après trépanation et sacrifiés, deux au neuvième jour de l'infec- tion au début de la paraplégie totale, et deux au onzième jour, tout à fait à la période terminale, et peu d'heures avant la mort spontanée. Pour les deux lapins sacrifiés au début de la paraplégie, on trouve sur les coupes de leur surrénale un nombre de karyokinèse variant de deux à douze. Dans la surrénale d’un des lapins sacrifiés au onzième jour, après trois jours de paraplégie le nombre des karyokinèses atteint son maximum, variant sur les coupes, de 88 à 106. Toutes les figures de division sont localisées dans la substance corti- cale, à la zone glomérulaire et à la partie la plus externe de la zone fasciculée; elles y sont souvent réunies par groupe, on en trouve facile- ment trois ou quatre dans un même champ du microscope. On en retrouve, mais seulement en petit nombre, (deux ou trois), dans la substance médullaire. Enfin, chez le quatrième lapin sacrifié dans les mêmes conditions après trois jours de paraplégie, les karyokynèses font complètement défaut, sans qu'on puisse expliquer exactement cette absence de mitoses. Quelle est la signification de cette abondance de karyokinèses dans la capsule surrénale du lapin rabique, alors qu'on n’en rencontre pas dans les autres infections? Pourquoi leur localisation dans les parties péri- phériques de la substance corticale, non pas seulement dans la zone glomérulaire, mais aussi dans la zone fasciculée? C'est peut-être ce qu'il sera possible de préciser en étudiant un plus grand nombre d’ani- maux aux différents stades de l'infection rabique. Néanmoins, le fait en lui-même nous a paru intéressant à signaler au point de vue de la mor- phologie de la capsule surrénale et de l'anatomie pathologique de la rage. (Travail des laboratoires des professeurs Arloing et Renaut). IDENTIFICATION DU CADAVRE DE L'AMIRAL AMÉRICAIN PAUL JONES CENT TREIZE ANS APRÈS SA MORT, par MM. CaPiTAN et PAPILLAULT. On sait que Paul Jones a été un des ancêtres de la marine américaine. En 1779, commandant la flotte américaine, il accomplit diverses actions d'éclat. Sa réputation devint grande, puisque Louis XVI lui offrit une épée d'honneur, et que la Convention le recut en séance solennelle. Il SÉANCE DU 22 JUILLET 215 mourut à Paris, en 1792, et fut inhumé dans le cimetière des protes- tants étrangers, rue Grange-aux-Belles, près de l'hôpital Saint-Louis, actuellement couvert de constructions. Depuis plusieurs années, le général Porter, alors ambassadeur des États-Unis, recherchait le corps de Paul Jones. Il demanda le concours du service des carrières de la Ville de Paris afin de pouvoir exécuter des recherches par galeries de mine dans la profondeur du sol de l’ancien enclos de ce cimetière. D'importantes fouilles en galeries souterraines, dirigées par M. Weiss, ingénieur du service des Carrières de la Seine, amenèrent la découverte de cinq cercueils en plomb dont l’un renfermait un cadavre parfaitement conservé, sans aucune indication d'identité, mais que l’on supposait pouvoir être celui de P. Jones. Chargés par le général Porter de tenter l'identification anthropolo- gique de ce cadavre, nous avons constaté d’abord la parfaite conser- vation du sujet. Il avait l’aspect d’une momie, mais les tissus étaient encore mous et imprégnés d'un liquide alcoolique qui avait dû être versé dans le cercueil. Nous avons utilisé pour l'identifier : 1° d'abord quelques détails his- toriques. Jones est mort à quarante-cinq ans, ses cheveux étaïent bruns, sa taille de 1"70. Le cadavre est bien celui d’un homme de cet âge, les cheveux bruns légèrement grisonnants. Sa taille est de 1"71. 2° Deux très beaux bustes exécutés par Houdon d’après nature; l'un appartient au marquis de Biron, l’autre au musée de Philadelphie. Un moulage de celui-ci se trouve au musée du Trocadéro. La comparaison morphologique montre une identité complète, sur le buste et le cadavre, des caractères suivants : implantation des cheveux, forme du front, saillie des arcades sourcilières, os malaires, racine du nez, prognathisme général de la face et prognathisme particulier de la mandibule, forme du menton, disposition très particulière du cartilage de l'oreille identiques des deux côtés. Les mensurations de la face comparées à celles du cadavre, donnent les chiffres suivants : Buste de Philadelphie. Cadavre, Hauteur du visage (racine des cheveux au menton). 1965 195 Hauteur de la racine des cheveux au point sous- HR A et do ae in Pen TU ge 12,7 12,9 Hauteur du point sous-nasal au menton, . . . . . 7,5 7,4 Hauteur de la lèvre supérieure (du point sous-nasal au bord des incisives supérieures). , . . . . . , 2,4 2,5 Hauteur de la lèvre inférieure et du menton . . . 4,6 4,6 ÉaxPeur ninima A ITONt mienne dore 10,4 10,2 L'identité de ces résultats est très remarquable. On sait, en effet, que 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pour une tête d’un volume donné, chacune des parties du visage peut varier d’au moins un tiers. Enfin la clinique et l'anatomie pathologique nous ont fourni une troi- sième source de documents d'identification. On sait que Jones avait présenté à diverses reprises des accidents pulmonaires, assez graves vers la fin de sa vie et surtout localisés au poumon gauche. D'autre part, quelque temps avant sa mort, il avait eu de l'œdème des membres infé- rieurs ayant débuté par les pieds et remonté ensuite jusqu’à l'abdomen, indiquant une affection rénale grave. Or, l’autopsie du cadavre nous a montré des organes encore imprégnés de liquide alcoolique, rétractés, brunâtres, mais tellement bien conservés que le professeur Cornil a pu en faire des coupes histologiques identiques à celles de viscères prove- nant d’une autopsie actuelle. Leur examen microscopique montre avec la plus grande netteté que le foie est normal, mais qu'il existe dans le poumon gauche surtout, des foyers de bronchopneumonie chronique et dans les reins, des lésions glomérulaires multiples indiquant une néphrite interstitielle avancée. Les lésions histologiques cadrent donc parfaite- ment, on le voit, avec les signes cliniques présentés vers la fin de sa vie par Jones. Ces multiples constatations nous ont permis de conclure à l’identifi- cation du cadavre que nous avons examiné à celui de l’amiral P. Jones. C'est, croyons-nous, la première fois que l'identification d’un cadavre est réalisée au moyen de ces diverses méthodes, cent treize ans après la mort du sujet. Il est enfin un petit point assez curieux. A la surface des téguments, surtout aux membres inférieurs et dans le poumon, nous avons constaté l'existence de petites masses blanches du volume d’un grain de mil à un grain de blé souvent assez dures. Leur étude histologique a montré qu'il s'agissait d'amas surtout de tyrosine. Ils ont été photographiés, comme les autres coupes, par notre ami Monpillard. 3 Pour expliquer le mode de production de ces cristaux (comme nous n'avons constaté aucune trace d'injection chirurgicale conservatrice du cadavre), on peut admettre qu'entre le moment où il a été plongé dans le liquide alcoolique et celui où l'imbibition progressive a atteint les viscères, il a dû se faire dans l'intérieur de ceux-ci une sorte de travail d'’autolyse qui, tout comme dans certaines digestions de matières albu- minoïdes, a pu donner naissance à de la tyrosine. Il y a là une particularité curieuse que nous désirions soumettre à la Société avec les photographies du sujet et celles des diverses coupes histologiques se rapportant aux points que nous avons exposés. SÉANCE DU 22 JUILLET DAT M. LE PRÉSIDENT annonce la présence de M. L. O. Howard, chef du service d'entomologie au Département de l'Agriculture des Etats-Unis, et lui souhaite la bienvenue. M. L. O. Howarp, Ph. D. (de Washington). — Je prends grand plaisir à assister à la très intéressante séance de votre Société, à laquelle j’ai été convié par M. Künckel d'Herculais; j'éprouve un plaisir plus grand encore à profiter de la courtoisie de votre illustre président, qui me permet de vous dire combien je suis heureux du privilège d’être parmi vous. J'ai eu l'honneur de rencontrer votre président l’année dernière en Amérique, au Congrès international des arts et des sciences à l'Expo- sition de Saint-Louis, où il a été l’un des principaux participants aux travaux de la section de morphologie animale, dont j'avais l’heureuse fortune d'être le président; plus tard, à Washington, j'ai eu le plaisir de lui montrer quelques-uns des établissements scientifiques de l'État. J'ai pu suivre avec intérêt, malgré ma connaissance médiocre de votre langue, les communications qui viennent d'être faites et — naturelle- ment — les conclusions données par M. Capitan, le savant auteur de la communication de tout à l'heure, m'ont été très agréables, comme elles doivent l'être à tout Américain. La manière de travailler à vos séances, tellement différente de la nôtre, est admirable et mérite d’être imitée par les Sociétés anglaises et américaines. Ce m'est une grande joie d'avoir eu l'occasion d'assister à une si intéressante séance de la célèbre Société de Biologie de France. ERRATUM Il s’est glissé deux erreurs dans la première ligne horizontale du tableau contenu dans la note précédente (séance du 8 juillet 1905, page 93), et résumant les tempéra- tures sous-vestiales des enfants de 2 kil. 500 à 3 kilogrammes. Dans cette ligne, il faut lire : De 35 degrés à 35° 9 : 15 au lieu de 11, et de 37 degrés à 37° 9: 6 au lieu de 61. Du reste, les totaux verticaux et horizontaux de ce tableau sont exacts. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 1{ JUILLET 1905 Bouin (P.) et ANGEL (P.) : A pro- pos du « trophospongium » et des « canalicules du suc » BrunTz (L.) : Sur l'existence de cellules phagocytaires chez les phyl- lopodes branchipodes. . . . . .... HausnALTER (P.) et CoLziN (R.) : Modifications structurales des cel- lules pyramidales de l'écorce rolan- dique dans un cas de paraplégie spasmodique congénitale chez un enfant de trois mois né à terme . . PRENANT (A.) et ANTONION (A.) : SOMMAIRE 89 97 | | | | | | | | Observations comparatives sur les modifications produites dans les cellules épithéliales du rein par les néphrotoxines et par d’autres li- quidestactits MARIO ETIENNE SIMON (P.) et SPILLMANN (Louis) : Analyse quantitative et qualitative du sang, au point de vue leucocy- taire, dans deux cas de tuberculose PUIMONAITE PEER ETES WEBER (A.) : L'orientation des ailes des apophyses ptérygoïdes chez les Primates DPCIMCPSO MO SOMNO TON OU CO. 0 Présidence de M. Charpentier. OBSERVATIONS COMPARATIVES SUR LES MODIFICATIONS PRODUITES DANS LES CELLULES ÉPITHÉLIALES DU REIN PAR LES NÉPHROTOXINES ET PAR D'AUTRES LIQUIDES ACTIFS, par MM. A. PRENANT et A. ANTONIOU. (86) 86 L'un de nous a entrepris des recherches, dont les résultats seront publiés bientôt dans sa thèse inaugurale, sur la question des lésions produites par les cytotoxines, particulièrement par les néphrotoxines, sur les cellules de l'organe employé, c’est-à-dire ici sur les cellules du rein. Cet organe avait été préféré à tout autre pour éprouver la nature des altérations d’origine cytotoxique, parce que la cellule prise ici pour objet d'expérience offre des caractères cytologiques bien tranchés; elle possède en effet des organes cellulaires, les bordures en brosse, les bätonnets du cytoplasme, dont il est relativement facile de comparer (87) SÉANCE DU 11 JUILLET 219 l'état à celui des cellules normales ou altérées pour d’autres agents; d'autre part, les lésions cellulaires du rein, produites expérimentale- ment, sont assez bien connues pour permettre une comparaison. Pour la recherche cytologique l'organe choisi était donc très favorable. L'emploi de cet organe impose par contre, au point de vue physiolo- gique, les plus grandes réserves; car le rein étant le principal organe d'élimination de l’économie, toute substance ajoutée à l'organisme peut être, soit par sa qualité, soit simplement par sa quantité, un poison rénal et peut déterminer dans les cellules épithéliales du rein des alté- rations dont la cytotoxine est parfaitement innocente. Dans une étude de ce genre, le chercheur, tour à tour physiologisteet histologiste, est exposé aux erreurs de l’expérimentation et à celles de l'observation histologique. Ces dernières, pour ne parler que d'elles, sont très difficiles à éviter. Il faut, en effet, que jusqu’au terme des opé- rations histologiques les cellules soient traitées rigoureusement de la même façon. Car les altérations qu'il s’agit de constater, si elles existent, sont probablement de peu d'importance, et les modifications dues aux cytotoxines sont moindres sans doute que celles que pourrait produire le plus léger écart de technique. Parmi les résultats obtenus par l’un de nous dans des recherches sur cette question, quelques-uns se détachent avec une netteté suffisante pour mériter d'être mentionnés. Un cobaye À est injecté avec 30 centimètres cubes de sérum néphro- toxique de chien. Un autre B, recoit 23 centimètres cubes de sérum de chien non préparé. Un troisième C, est injecté avec 17 centimètres cubes d'eau distillée. Le cobaye D reçoit 20 centimètres cubes de sérum néphrotoxique de chien et ensuite 2 milligrammes de cantharidate de potasse, Le cobaye E ne recoit que 10 centimètres cubes de ce sérum, et ensuite la même dose de cantharidate. Un cobaye neuf F est empoi- sonné avec la même quantité de cantharidate de potasse. Un cobaye G, neuf également, est intoxiqué avec une dose de cantharidate plus faible, de 4 milligramme seulement. Des animaux témoins H et I sont égale- ment examinés. Pour des raisons que nous ne pouvons indiquer dans cette note, l’examen histologique n’a porté que sur les tubes contournés. Les pièces avaient été fixées chaque fois comparativement par le liquide de Flemming et par le liquide de Bouin; les coupes étaient colorées par l’hématoxyline ferrique de Heidenhain et par les colorants complémentaires usuels. Éliminons tout de suite les résultats des animaux F et G. Comparés l’un à l’autre, ils montrent combien les altérations sont parfois peu en proportion avec les doses des agents nocifs; ces allérations, que nous ne voulons pas décrire, étaient notablement plus marquées chez le cobaye G que chez F, bien que G eût reçu une dose de toxique deux fois moindre. +220 .__ RÉUNION BIOLOGIQUE DE. NANCY e (88) Comparons maintenant entre eux les animaux D, E et F, inloxiqués tous trois par la cantharidine et faisant partie d’une même série. Les altérations cellulaires, très semblables chez D et E sont bien moins pro- fondes avec F. Chez les deux premiers, qui avaient reçu, avant l’intoxi- cation cantharidienne, l'un 20, l’autre 10 centimètres cubes de $érum néphrotoxique de chien, les cellules des tubes sont très gonflées et la lumière a souvent disparu; la forme des cellules est très irrégulière, les bâtonnets ne sont pas visibles ; les brosses, quand elles existent, sont homogènes; l’altération la plus marquée est la transformation granu- laire du cytoplasme, semé de grains petits et sidérophiles. La différence considérable qui sépare D et E de F paraît être due à l'injection préa- lable chez les deux premiers du sérum cytotoxique, qui a agi en dimi- nuant la résistance cellulaire vis-à-vis du poison cantharidien. Cette action peut être attribuée d’ailleurs, soit à la nature du liquide cyto- toxique, soit à sa pression osmotique. Les animaux À, B, C, ont recu chacun un volume de liquide propor- tionnel à leur poids total, soit respectivement 30, 23 et 17 centimètres cubes. Chez le cobaye A, injecté avec 30 centimètres cubes de sérum néphro- toxique, les lésions cellulaires sont caractéristiques, d’ailleurs bien entendu très irrégulièrement réparties selon les tubes, dont quelques- uns ne sont pas altérés. Les cellules sont gonflées et la cavité du lube est irès diminuée. Les brosses, devenues très colorables, sont vague- ment striées, plus souvent homogènes. Dans certains tubes, les bâton- nets sont visibles sous forme de filaments moniliformes, composés de grains noirs reliés par des tractus gris plus minces. Mais dans l’im- mense majorité des tubes, le cytoplasme est farci de grains sidérophiles. Parmi ces grains, les uns sont petits et pleins. Les autres, gros, creux, bordés par une ligne de contour noire, sont ou bien isolés, ou bien réu- nis en boyaux affectant une disposition radiale et occupant la zone basale de la cellule où ils se présentent - à la place des bâtonnets normaux. On peut même observer des vacuoles plus grosses que ces grains, à contour très sidérophile. Le cobaye B, qui a reçu 23 centimètres cubes de sérum ordinaire, offre des altérations analogues, mais bien moins marquées. Les cellules sont moins gonflées et les lumières plus larges; les brosses sont le plus souvent bien distinctes, quoique généralement homogènes. Dans un grand nombre de tubes, à la place des bâtonnets, qu'on rencontre dans les autres, on trouve d’épais filaments sidérophiles creusés d’une série de vacuoles, on observe aussi un cytoplasme abondamment vacuolisé et des sortes de « canalicules du suc ». Chez le cobaye C, auquel 17 cen- timètres cubes d’eau distillée ont été injectés, les tubes contournés sont à peu près dans le même état, peut-être un peu moins accentué. Les: bâtonnets sont souvent visibles, sous l’aspect de filaments moniliformes | | : 1 t ° (89; SÉANCE DU. Î1: JUILLET nn | _ou de rangées de granules; dans certains tubes on retrouve Les boyaux signalés en A, qui paraissent devoir leur formation à la condensation et à la différenciation du réticulum cytoplasmique, enfermant une sorte de vacuole allongée. Nous n'oserions affirmer que de la comparaison de ces divers résul- tats se dégage l'influence de l'agent cytotoxique. Les quantités de liquide injecté ayant été proportionnelles au poids des animaux, et les altéra- tions, du même ordre d’ailleurs, étant plus prononcées dans le cas de cytotoxine qu'avec le sérum simple et avec l’eau distillée, il paraît pro- bable cependant que c’est au sérum cytotoxique qu'est due l’accentua- tion des lésions. Celles-ci sont d’ailleurs, dans les trois cas, de l’ordre des altérations par imbibition, par endosmose produite par des liquides hypotoniques par rapport au milieu cellulaire. On peut les comparer aux résuttats expérimentaux obtenus par v. Sobieranski, Modrakowski, Schmitter et aux faits cytopathologiques décrits par Landsteiner et d’autres, qui tous mettent en évidence la faculté de gonflement des cel- lules épithéliales du rein, déjà soulignée par R. Heidenhain, avec trouble et précipitation d'un albuminate, autrement dit la « tuméfaction trouble ». (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Nancy.) À PROPOS DU.« TROPHOSPONGIUM » ET DES « CANALICULES DU SUC » par MM. P. Bouin et P. ANCEL. Depuis quelques années, Holmgren a démontré l'existence d’une formation particulière dans le cytoplasme des cellules les plus diverses. Il la désigne sous le nom de trophospongium. A l'état le plus habituel, cette formation se manifeste sous la forme de canalicules ramifiés dans certaines régions du corps cellulaire et ouverts à la péri-- phérie. Ce sont les canalicules du suc. Ils sont produits par la transfor- mation substantielle de prolongements issus de certaines cellules mul- tipolaires interstitielles et anastomosés en réseau dans le corps cyto- plasmique. L'auteur désigne ce réseau sous le nom de « trophospon- gium », parce qu'il est en rapport avec les phénomènes d'échange dont la cellule est le siège; il appelle « trophocytes » les éléments qui envoient leurs expansions dans les cellules voisines. Il a trouvé cette disposition dans les cellules nerveuses, où elle se manifeste avec son maximum de netteté, dans les cellules épithéliales de l'intestin, de l'estomac, de la muqueuse utérine, de l’'épididyme, du foie, des capsules surrénales, dans les cellules déciduales, etc. Un grand nombre d'auteurs b9 € t re ont fait des observations analogues ou semblables à celles de Helmgren : Golgi, Smirnow, Donaggio, Bocheneek, Nelis, Rina Monti, Fuchs, Ciaccio, Retzius, etc. Notre but est surtout ici de signaler un objet où les canali- cules du suc et le trophospongium n'ont pas encore été vus et où ils sont extrêmement développés. Il s’agit des cellules intersti- tielles testiculaires chez le fœtus du Cheval. Les cellules intersti- lielles, dans cet objet, sont extrêmement abondantes et sont très volumineuses. Elles peuvent atteindre 45 à 50 & quand elles sont parvenues à leur complet développement. Leur noyau est alors excen- trique et leur cytoplasme se décompose en deux zones, une zone interne homogène ou endoplasme, une zone externe vacuolaire et granuleuse ou exoplasme. L’endoplasme renferme un centrosome avec deux cen- trioles. L'emploi des méthodes techniques usuelles nous a permis de constater facilement la plupart des détails qu'Holmgren a signalés après ulilisa- tion d’une méthode spéciale : (fixation par l'acide trichlorolactique, colo- ration par la fuchsine-résorcine). Les plus volumineuses des cellules interstitielles sont parcourues par des canalicules qui se ramifient dans tout le territoire cytoplasmique. Ces canalicules s'ouvrent directement à la périphérie de l'élément, dans les espaces intercellulaires. Les segments canaliculaires qui s'ouvrent ainsi à la périphérie sont le plus souvent d'un diamètre relativement considérable ; ils ne tardent pas à se subdiviser en branches nombreuses et étroites qui s’anasto- mosent avec les branches voisines et décrivent un trajet plus ou moins sinueux dans le cytoplasma. Les bords de ces canalicules sont consti- tués par un cytoplasma condensé qui se colore fortement par les tein- tures acides, surtout par l’éosine et ses dérivés. Ces canalicules se ramifient dans tout le territoire cytoplasmique de l'élément mais sur- tout dans l’exoplasme et à la périphérie de l’endoplasme. Le réseau qu'ils constituent par leurs anastomoses s'arrête à une certaine distance du centre cellulaire et du noyau autour desquels ils forment des mailles peu serrées. Nous avons cherché à savoir quelles relations existaient entre ces canalicules et les éléments intercellulaires. Ceux-ci sont représentés par des cellules conjonctives ayant conservé leurs carac- tères embryonnaires, avec un cytoplasme étiré en lamelles qui peuvent se ramifier en quelques lamelles secondaires et s’anastomoser avec les expansions semblables venues des cellules voisines. Nous avons vu souvent certaines de ces expansions se diriger vers l’ouverture péri- phérique des canalicules du suc, mais on ne peut les suivre à l’intérieur de ces derniers. Les cellules testiculaires interstitielles non encore parvenues à leur: complet développement montrent avec plus de netteté le trophospon- gium. On trouve ces éléments dans les zones de prolifération qui RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (90): CI SÉANCE DU Âd: JUILLET 293 entourent les canalicules séminifères. lis sont parcourus par un réseau de filaments nodulaires qui se teint fortement par les couleurs acides d'aniline, en particulier par la fuchsine acide, et qui paraissent être manifestement en rapport avec les expansions des éléments conjonctifs péricellulaires. Ceux-ci peuvent donc être considérés comme des « tro- phocytes » suivant la conception de Holmgren. Ces observations nous amènent donc à partager la manière de voir de ce dernier auteur et à considérer que les canalicules du sue sont produits par la transforma- lion substanlielie des prolongements anastomosés dans le corps cyto- plasmique et issus de certaines cellules multipolaires interstitieiles ou _trophocytes. MODIFICATIONS STRUCTURALES DES CELLULES PYRAMIDALES DE L'ÉCORCE _ ROLANDIQUE DANS UN CAS DE PARAPLÉCIE SPASMODIQUE CONGÉNITALE CHEZ UN ENFANT DE TROIS MOIS NÉ A TERME, par MM. P. HausuaLtER et R. Cozin. Les travaux de Mya et Levi (1896) de W. G. Spiller (1898) de Donaggio (1901) ont prouvé que les rigidités spasmodiques infantiles ne sont pas forcément liées à des altérations grassières, macroscopiques des zones motrices corlicales. L'observation que nous résumons ici montre que des modifications de la structure intime des cellules pyramidales peuvent à elles seules constituer le substratum anatomique d’un élat paréto-spasmodique. Il s’agit d'un enfant de trois mois, né à terme à la Maternité à la suite d'un accouchement facile et présentant depuis sa naissance les symptômes d'une paraplégie spasmodique : flexion des cuisses sur le bassin, des jambes sur les cuisses, contracture des adducteurs avec entre-croisement des jambes quand le malade est placé dans le décubitus dorsal. Cet enfant, qui était d’ailleurs atrophique, succomba peu après son Enr à l'hôpital. Aulopsie (six heures après la mort). L'examen macroscopique des centres nerveux ne décèle absolument rien d’anormal. Examen histologique. Écorce rolandique. — Fixation au sublimé acétique, enrobage et coupes à la paraffine, coloration par l’érythrosine-bleu de Niss], par le bleu polychrome de Unnä et par l'hématoxyline ferrique. A un faible grossissement, l’aspect de l'écorce est tout à fait normal, l'épaisseur de ses diverses couches n'est pas modifiée, il n'y a pas de variation appréciable dans le nombre des éléments cellulaires. A un fort grossissement, on constate que les cellules pyramidales sont aussi volumineuses que normalement et possèdent un noyau bien conformé, mais leur protoplasma retient l'attention par son aspect insolite. Bioocie. Courtes RENDUS. — 1905. T, LIX, 16 LA eo) re RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (92) Sur des coupes colorées par le bleu polychrome ou l’érythrosine-bleu de Nissl, il présente une teinte diffuse plus prononcée à la périphérie du corps cellulaire que dans la région périnucléaire. Il n'existe aucune différenciation de chromophiles, le cytoplasma est finement grenu et renferme quelquefois de petites vacuoles. La laque ferrique d’hématoxyline décèle l'existence de fines granulations sidérophiles éparses dans le protoplasma des cellules géantes, mais ne met rien en évidence qui ressemble à des corps de Nissl. Protubérance, bulbe, moelle épinière. — Ces divers segments du névraxe ont été étudiés par les méthodes de Pal, Van Gieson, Dubreuil, Held, Cajal. Myélinisation incomplète de la voie pyramidale (fait normal chez un enfant de trois mois). Pas de diminution appréciable du nombre et de la grosseur des cylindraxes qui occupent toute la hauteur de la moelle. Pas de proliféra- tion notable de la névroglie irterfasciculaire. Les cellules des cornes antérieures et des pes rachidiens ont acquis leur aspect définitif et les racines antérieures et postérieures de la moelle possèdent également leurs caractères définitifs. En somme, dans ce cas de paraplégie spasmodique, le microscope n’a décelé que des modifications de la structure fine des cellules pyrami- dales. Pour apprécier la valeur exacte de ces modifications, il faut nécessai- rement connaître l'état normal des cellules pyramidales rolandiques chez un enfant de trois mois. Des recherches cytologiques entreprises sur quelques cerveaux de nouveau-nés, et dont nous ne pouvons donner ici tout le détail, nous ont montré que, dès les premiers jours, après la naissance la substance chromatique des cellules pyramidales est formée de grains fortement basophiles, plus ou moins bien individualisés, qui constituent par leur réunion des amas dont la forme est celle des futurs corps de Nissl. Chez un enfant atrophique âgé de quarante jours, comparable de tous points à notre malade, mort dans les mêmes conditions, mais n’ayant jamais présenté aucun symptôme de spasticité, le protoplasma des cellules pyramidales élait bourré de grosses granulations basophiles et les den- drites renfermaient des fuseaux de Nissl parfaitement développés. Il résulte de ces données que, dans les premiers mois de la vie, la substance chromatique ne possède pas encore son aspect définitif, mais elle existe très abondante dans les cellules de l'écorce. D’un autre côté, latrophie infantile ne paraît pas influer sur la teneur chromatique des cellules pyramidales. Nous nous croyons donc autorisés à établir un rapport entre l'absence totale de substance chromatique différenciée ou diffuse dans les cellules pyramidales de notre malade et le syndrome paraplégie spasmodique. Nous ne pouvons du reste trancher la question de savoir s'il s’agit ici d'une chromatolyse ou d'un défaut de développement de la substance chromatique. Il est possible, dans notre cas, que les granulations chro- L 19 9) Qc (93) SÉANCE DU {1 JUILLET matiques n'aient jamais existé, il est possible aussi qu'elles se soient désagrégées el dissoutes pendant la vie intra-utérine sous une influence toxique que nous ignorons. Quant à l'hypothèse d’une chromatolyse survenue après la naissance, elle ne peut être soulenue puisque, chez un enfant mort dans les mêmes conditions que notre malade, la substance chromatique était abondamment représentée. L’ORIENTATION DES AILES DES APOPHYSES PTÉRYGOIDES CHEZ LES PRIMATES, par M. À. WEBER. Dans tous les crânes de petits Singes, que j'ai examinés à ce point de vue, j'ai trouvé un rapport constant entre les plans passant par les ailes ptérygoïdes et l'insertion des muscles ptérygoïdiens internes sur le maxillaire inférieur. La surface au niveau de laquelle ces muscles se fixent sur la mâchoire inférieure est toujours très marquée. Au voisinage de l'angle situé entre le corps et la branche moutante de la mandibule, elle est limitée par le bord même de l'os ; c'est ce que je nommerai limite inférieure de l'insertion du ptérygoï- dien interne. La limite supérieure de cette insertion est une ligne oblique à 45 degrés, qui passe un peu au-dessous de l'orifice du canal dentaire. Chez les petits Singes que j'ai examinés : Cebus hypoleucus, Cebus fatuellus, Cercopithecus sab:eus, Semnopithecus cephalopterus, Macacus rhesus, Mycetes seniculus, Cynocephalus hamadryas, etc., la limite supé- rieure de l'insertion du ptérygoïdien interne peut être considérée comme engendrée par la projection sur le maxillaire inférieur des géné- ratrices de l'aile externe de l’apophyse ptérygoïde. Ces lignes existent dans la réalité, ce sont les fibres les plus externes du muscle ptérygoï- dien interne. Toutes ces génératrices ne sont pas contenues dans un même plan, l'aile interne de l’apophyse ptérygoïde n'étant jamais par- failement plane ; on peut pourtant dire que chez les petits Singes, le plan moyen de l'aile externe de l’apophyse ptérygoïde coupe le maxil- laire inférieur au niveau de la limite supérieure de l'insertion du pté- rygoïdien inlerne sur cet os. Chez ces mêmes animaux, l'aile interne de l’'apophyse ptérygoïde est presque parfaitement plane. Le plan de celte apophyse touche toujours le maxillaire inférieur au niveau d’un point qui correspond à l'angle de la mâchoire, ou à un point situé au milieu de la limite inférieure d'insertion du. ptérygoïdien interne. L'orientation des deux ailes des apophyses ptérygoïdes ou l'ouver- ture de la fosse ptérygoïde dépend donc, chez les pelits Singes, des rap- ports que présente la surface d'insertion du ptérygoïdien interne sur le 226 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY - (94). : maxillaire inférieur, avec la base du crâne. Ces rapports sont assez complexes, différents facteurs y interviennent, ainsi l'écartement des apophyses plérygoïdes, l’écartement et l’orientalion dés branches du maxillaire inférieur, la hauteur de l'insertion du ptérygoïdien inlerne sur la mandibule. Ces facteurs étant très différents chez les petits Singes, on constate de fortes variations du côlé des apophyses ptérygoïdes. Tandis que chez Macacus rhesus, par exemple, la fosse ptérygoïde est largement ouverte, chez Mycetes seniculus, l'aile externe de l’apophyse ptérygoïde forme avec l’aile interne un angle tellement aigu, qu’elle lui est soudée dans presque toute sa hauteur. Dans tous les crânes de grands Singes que j'ai eu l’occasion d'examiner, Chimpanzé et Orang (je n'ai eu à ma disposition que des moulages de crânes de Gorille, je n’en parlerai donc pas), l’aile externe de l’apophyse ptérygoïde se comporte comme chez les petits Singes. Le plan moyen de cette aile externe coupe le maxillaire inférieur au niveau de la limite supérieure d'insertion du ptérygoïdien interne sur la mächoire infé-. rieure, Il n’en est plus de même pour le plan passant par l’aile interne; cette apophyse est devenue presque parallèle au plan médian sagittal; son plan ne touche plus le maxillaire inférieur au niveau de l'insertion du ptérygoïdien interne. , De même chez le fœtus et l'enfant, le plan de l’aile externe coupe le maxillaire inférieur au niveau de la limite supérieure d'insertion du ptérygoïdien interne sur la mandibule; le plan de l'aile interne tend à devenir sagittal. Lorsque les caractères de la mâchoire de l'adulte appa- raissent, des modificalions se produisent. La surface d'insertion du pté- rygoïdien interne sur le maxillaire inférieur est alors quadrilatère. Deux des côtés sont formés par le bord de la mâchoire au voisinage de son angle; le troisième se dirige obliquement depuis un point situé sur le bord postérieur de la branche montante, à égale distance entre le condyle et l’angle de la mâchoire, jusqu'au-dessous de l'orifice du canal dentaire ; le quatrième côté, presque vertical, complète les limites de la surface d'insertion. C'est le troisième côté de ce quadrilatère qui, dans les cràänes « d'hommes adultes que j'ai examinés, répond à la projection sur le maxillaire inférieur du plan moyen de l’aile externe de l’apophyse pté-« rygoïde; le quatrième côté est situé dans un plan différent. Chez l’homme adulte, le plan des ailes internes des apophyses est sensible-s, ment sagittal. F x Chez les petils et les grands Singes, chez le fœtus humain et l'enfant, l'orientation de l'aile externe des apophyses ptérygoïdes paraît donc uniquement en rapport avec la direction des fibres du muscle ptérygoi= dien interne. Chez les petits Singes, l'aile interne de l’apophyse ptéry- goïde s’oriente d’une facon fixe vis-à-vis du maxillaire inférieur, sans ñ al Je j (95; | SÉANCE DU  JUILLET 997 doute aussi sous l'influence du muscle ptérygoïdien interne. Chez les grands singes, le fœtus humain et l'enfant, l'orientation de l'aile interne de l’apophyse ptérygoïde change, sans doute sous l'influence de l'accroissement de la boîte cranienne et des modifications qui en résul- tent pour les fosses nasales; enfin chez l'homme adulte, l'orientation de l’aile externe s’est fixée avant que le maxillaire inférieur n'ait pris les caractères de l'adulte. Au point de vue de l'orientation des apophyses plérygoïdes, les crânes de fœtus humain et d'enfant ont conservé les mêmes caractères que ceux des Singes anthropoïdes. (Travail du laboratoire d'anatomie de la Faculté de médecine de Nancy.) ANALYSE QUANTITATIVE ET QUALITATIVE DU SANG, AU POINT DE VUE LEUCOCYTAIRE, DANS DOUZE CÀS DE TUBERCULOSE PULMONAIRE, par MM. P. Simon et Louis SPILLMANN. A l'heure actuelle, on ne sait encore rien de bien précis sur les varia- tions de la formule leucocytaire dans le cours de la tuberculose pulmo- naire. De l’étude des nombreux documents publiés sur cette question, il semble résulter que la tuberculose n’a pas une réaction leucocytaire bien spéciale. | C'est dans le seul but d'apporter de nouveaux matériaux d’études que nous donnons ici les résultats de l'examen du sang, au point de vue leucocytaire dans douze cas de tuberculose pulmonaire. Les douze ma- lades observés élaient presque tous à une période assez avancée de leur tuberculose. Bien qu'on ait signalé d'ordinaire dans ces cas une hyper- leucocylose assez marquée (Nasse, Samuel, Reinert), la leucocytose a élé plutôt modérée chez nos malades, sauf dans un cas où le chiffre des leucocytes était de 20.000. Il s'agissait d’un homme de trente-deux ans, avec une infiltration diffuse du poumon gauche et une laryngite bacil- laire. Le chiffre leucocytaire normal étant de 6 à 9000, nous avons trouvé comme minima 4.200 et comme maxima 20000. Actuellement, un seul de nos malades est mort avec une infiltration tuberculeuse des deux poumons : son chiffre leucocytaire était normal. Ce qui montre bien la variation du chiffre des leucocyÿtes dans la tuberculose, c'est que deux malades, atteints tous deux de tuberculose à la période de ramollisse- ment, avaient l’un 4.600, et l’autre 17000 leucocytes. D'après ce que nous avons pu conslaler, l'extrême variabilité du chiffre leucocytaire ne parait pas en relalion avec le degré de l'infection tuberculeuse, 228 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (96) L'étude de la formule leucocytaire nous a conduit d'autre part aux ré- sultats suivant(s : 4° Le fait le plus saillant, c'est l'existence, dans presque tous les cas, d'une polynucléose manifeste (90, 94 el même 98 p. 100). Cette polynu- cléose a du reste été signalée à la deuxième et à la troisième période (caséification, cavernes) (d'OErlsnitz, Hulla, Rieder, Sliénon, Pavillard) : elle est regardée comme la caractéristique des poussées évolutives. Nous avons en effet pu constater que le chiffre de 98 p. 100 a été ob- servé chez un malade qui succomba quinze jours après l'examen, à une tuberculose aiguë, alors que les chiffres les plus bas, 69, 54, p. 100 avaient été trouvés chez des malades à tuberculose lente, apyrétique; 2 On a parfois signalé la mononucléose : nous ne l'avons jamais re- marquée, puisque le chiffre maxima a été 10 p.100. Il est vrai que cette mononucléose est regardée comme caractérisant l'intervalle des pous- sées évolutives, et que le malade nous ayant donné 10 p. 100 de mono- nucléaires avait 69 p. 100 seulement de polynucléaires : c'était une tuberculose torpide, apyrétique. Chez plusieurs malades, nous avons trouvé des chiffres très faibles : 3 p. 100, 5 p. 100 et même, dans un cas, 1,4 p. 100. La faible proportion des mononucléaires paraît caractériser des tuberculoses à marche ra- pide; 3° Le chiffre des lymphocytes est très variable, allant de 0,9 p. 100 (minima) à 39 p. 100 {maxima). En général, presque tous nos malades avaient un chiffre très faible de lymphocytes. Le chiffre de 0,9 p. 100 fut observé chez une infirmière de vingt-quatre ans, avec une tubercu- lose à marche rapide avec fièvre élevée et amaigrissement considé- rable ; 4 On a parfois noté une diminution des éosinophiles (Appelbaum) ou même leur absence (da Costa). Dans presque tous les cas que nous avons pu observer, leur chiffre était normal. Dans deux cas, il était augmenté : chez un malade, leur nombre atteignait même 13 et 14 p.100 sans que nous ayons pu trouver la cause de cette véritable éosino- philie ; 5° Nous n'avons jamais constaté de leucocytes à formes anormales analogues par exemple à ceux trouvés dans certaines infections (va- riole). Conclusions. <- En général on constate une hyperleucocytose mo- dérée dans la tuberculose pulmonaire. Si la tuberculose est à une période assez avancée, on trouve de la polynucléose, tandis que les mononucléaires sont en nombre normal et les lymphocytes très dimi- nués. Dans certains cas, les éosinophiles sont notablement augmentés. Il n’y a pas là, comme on l’a déjà constaté bien souvent, de formule net- tement établie, mais cet examen du sang dans la tuberculose pulmo- x naire permet cependant d'arriver à certains résultats intéressant sur- (97) SÉANCE DU A1 JUILLET 229 tout le pronostic. Plus on trouve de polynucléaires, et plus il y a de chances pour que les lésions soient en pleine évolution, surtout si les mononucléaires et les lymphocytes sont diminuées. Si le chiffre des polynucléaires est normal et si les mononucléaires sont abondants, le pronostic semble plus favorable. SUR L'EXISTENCE DE CELLULES PHAGOCYTAIRES CHEZ LES PHYLLOPODES BRANCHIPODES, note préliminaire par M. L. BRuNTz. À ma conpaissance, un seul auteur s’est occupé de recherches con- cernant la phagocytose chez les Phyllopodes. C’est Kowalevsky, qui, en 1894, constate que : « particulièrement chez Limnadia, il existe à la base des pieds abdominaux des glandes qui absorbent les grains du noir de Seiche et même l'encre de Chine; la disposition de ces glandes est très régulière ». J'ai enlrepris récemment de renouveler les expériences de Kowa- levsky sur une grosse espèce de Branchipe : Chirocephalus diaphanus Prévost, dont de nombreux individus © ont élé découverts dans une petite mare des environs de Nancy. Après injection d'une petite quantité d'encre de Mine dans la cavité générale de ces Crustacés vivants, on constale, grâce à la transparence parfaite des téguments, que les particules solides de l’encre se loca- lisent en des endroits bien déterminés en un temps très court, un quart d'heure environ. Des préparations hislologiques démontrent que l’encre est phagocytée par deux sortes de cellules. Ce sont : 1° Les jeunes globules sanguins; 2 De grosses cellules fixes à double fonction excrétrice et phagocytaire (macrophages). Ces derniers éléments, qui ne me semblent pas encore avoir été aper- eus, sont des cellules de grande taille, de forme variable, plus ou moins ovoïde, souvent irès allongée, effilée à chaque extrémité, faisant suite ainsi aux filaments conjonclifs qui les supportent. Suivant leur plus grand diamètre, elles mesurent en moyenne de 15 à 30 y; quelques- unes cependant atteignent 40 y. Chaque cellule possède un noyau sphé- rique de 6 à 8 y de diamètre; ce noyau est muni d’une membrane épaisse, et la chromatine y est finement et uniformément répandue sous forme de granulations. Le cytoplasme très vacuolaire renferme de nombreuses et grosses boules qui se colorent en rose après injection de carminate d'ammoniaque. L'encre de Chine injectée se dépose sous . forme de fines granulations autour de ces boules. Ces cellules ne peuvent être confondues avec les globules sanguins 230 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (98) phagocytaires, lesquels sont de petite taille (de 8 à 10 y), à noyau ovoïde et déprimé d'un côté. Le cytoplasme est granuleux, n’élimine . pas le carminate d’ammoniaque,- et l'encre injeclée s’y retrouve, for- mant seulement un ou deux gros amas de couleur très foncée. : Les grosses cellules phagocylaires sont répandues dans tout le corps, se localisant principalement dans la région dorsale de la lLête, du thorax, de l'abdomen, ainsi que dans les pattes branchiales. Dans la Lête, elles forment deux amas principaux se réunissant à leur partie inférieure, s'élendant depuis la base des pédoficules oculaires jusque dans Ja région des reins antennaires. Ces cellules sont portées sur des fibres conjonctives, formant un réseau dans les mailles duquel circule le sang. Ce réseau remplit l’espace laissé libre entre les tégu- ments et les-cæcums antérieurs du tube digestif. Dans le thorax, les cellules phagocytaires se rencontrent d’ abord en très petits amas, de chaque côté du cœur, dans l'angle formé par ce dernier et le tube digestif, et sur des fibres conjonctives qui s'étendent latéralement de la région péricardiale à la base d'insertion des lames branchiales. Dans l’abdomen, les cellules phagocytaires sont rares et portées laté- ralement sur le septum péricardial. Dans les lames branchiales, les cellules phagocytaires, toujours por- tées sur des fibrilles, ne se rencontrent que dans l’endopodite, dans l'angle formé par deux faisceaux musculaires destinés à faire mouvoir cette pièce. Il existe, de plus, une rangée des mêmes cellules, dirigée suivant l'axe dans l’appendice ou vésicule respiratoire. Cette courte description de la répartition des cellules phagocytaires permet de constater que ces éléments de défense sont toujours localisés sur la voie parcourüe par le courant sanguin. (Travail du luboratoire d'histoire naturelle de l'École de pharmacie.) - Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — I. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. 231 SÉANCE DU 29 JUILLET 1905 Brerry (H.) : Recherches sur la digestion de l'inuline. . ....... BierryY (H.) et TERROINE (E.-F.) : Sur l’amylase et la maltase du suc pancréatique de sécrétine BILLARD (G.) et Mazrer : Essai de sérothérapie contre la bronchite rhino-spasmodique. . . . . .. ... Bosc (F.-J.) : À propos des lésions histologiques et de la classification de la maladie syphilitique. . . . .. CARRIÈRE (G.) : Études sur le li- quide céphalo-rachidien dans l’uré- nie nerveuse CAULLERY (MAURICE) et LAVALLÉE (ALPHONSE) : Sur les larves ciliées produites par la femelle d’un Ortho- nectide (Rh. ophiocomæ.). . . ... FÉRÉ (CH.) : Nouvelles expériences sur l'influence du bouillon sur le travail FÉRÉ (Cu.) : Contribution à la psy- chologie des jumeaux : mutations Groisées pubérales 2.7.1 2. Iscovesco (HEeNri) : Action de l’eau oxygénée sur l'ovalbumiue Iscovesco (Henri) : Sur le pouvoir réducteur des tissus LAVERAN (A.) : Sensibilité des ger- boises aux trypanosomiases . . LAVERAN (A.) : A propns de la communication de MM. Ed. et Et. SOHAOUR Sel a Le Ra LARA Marcuoux (E.) et Srmoxp (P.-L.) : La transmission héréditaire du vi- rus de la fièvre jaune chez le S{ego- myiv fasciala NicoLLe (C.) : Le sérodiagnostic de Sade loliene jose CRT} CCD LOMON CE ARC EL Présidence de SOMMAIRE 233 259 la fièvre méditerranéenne NicoLLe (C.) : Spécificité de la sé- roréaction dans la fièvre méditer- MAN ÉENNEMI ESS PEU MANN Nicoee (C.)et Hayar : Application du sérodiagnostic à l'étude de la fièvre méditerranéenne en Tunisie. Puizocee (Mie Cu.) : Étude de l'hy- drolyse du glycogène par l'amylase du malt PuiLocne (Mie Cu.) : Comparaison de l'action de l’amylase et du suc pancréatique sur le glycogène de l'amidon Pr y SuKer (A.) : Sur l’action anti- toxique des sucs de rein contre l'inbibition glandulaire rénale par le sang urémique Ramon» (FEÉLix) : Propriétés bio- logiques du bacille-fourmi ReTrERER (Ép.) : Du tissu osseux des poissons téléostéens. . . . . .. Ropet (A.) et LAGRIrrouL : Sérums antityphiques ; leurs propriétés mul- tiples à l'égard de l'infection expé- Fu NE NACRE AT RARES LERR EE SN ERREUR à Roper (A.) et LAGRIFFOUL : Sérums antityphiques ; leur propriété favo- risante, antagoniste de la propriété préventive; possibilité d'y remé- CRUE CET DAT MO PORN DEROMONNO CHANT Ropert (A.) et LaGRIFFOUL : Sérum antityphique. Pouvoir anti-infec- lieux et pouvoir bactéricide . . . . SERGENT (Enmonp et ÉTIENNE) : Sur les corps en anneau et en demi-lune du sang des paludéens M. À. Giard, président. 263 M. le PRÉSIDENT annonce la présence du professeur Ramon y Cajal (de Madrid), membre correspondant de la Société. Bio:o6ir. CompTEs RENDUS. — 1905. T. LIX. 7 239 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PROPRIÉTÉS BIOLOGIQUES DU BACILLE-FOURMI, par M. Fécix Ramonn. Au cours de recherches commencées il y a un an, alors que nous avions l'honneur de suppléer nos maitres MM.les D" Renaull et Queyrat, il nous à été donné d'étudier la hactériologie normale de l’urètre:de l'homme. De tous les résultats obtenus, qui doivent faire l'objet d'un (ravail détaillé, il en est un qui nous a paru plus intéressant à tous les points de vue; nous voulons parler de ce qui concerne le microbe que M. Janet a dénommé bacille-fourmi. Ses propriétés biologiques ont été incomplètement recherchées; son rôle dans la défense du canal est à peu près inconnu. Aussi nous proposons-nous de fixer en quelques mots ses principaux caractères. Il mesure de 2 à 3 uv de long sur 1 à 2 y de large; c’est donc un bacille, mais très court, presque un coccus, d’où la dénomination peut-être plus exacte de cocco-bacille de l'urètre. À peu près immobile, rarement isolé, il se présente le plus souvent par groupes à nombreux éléments; mais là encore, la disposition de ceux-ci n’est pas livrée au hasard; ils sont disposés à la suite les uns des autres, formant des chaïnettes plus sou- vent droites que contournées, qui par leur agmination constituent ces amas en fourmilières si caractéristiques et que signale M. Janet. En d’autres points cependant de la préparation, le cocco-bacille urétral s’effile très légèrement à ses deux extrémités, el se présente sous forme de diplococco-bacille, forme fréquente, ou bien de strepto-cocco-bacille à six ou huit éléments au maximum. Ces variétés morphologiques dé- rivent, à n’en pas douter, du cocco-bacille urétral, ainsi que le prou- vent des examens répétés et les résultats des divers ensemencements que nous avons effectués. Ce microbe se colore bien par tous les colo- rants d’aniline, mais moins intensivement que la plupart des autres microbes qui sont ses commensaux habituels. Les formes jeunes, les diplococco-bacilles, prennent en partie seulement le gram; les formes adultes ne le prennent sensiblement pas. Le cocco-bacille urétral est surtout aérobie; il se cultive très mal sur les milieux habituels, et se présente alors sous forme de colonies très rares et petites, analogues à celles du streptocoque. Coloré, il se dispose d'ailleurs le plus souvent en chaïneltes courtes, qu’il ne faut pas con- fondre avec celles du streptocoque urinaire, plus longues, et à éléments de grosseur irrégulière et de forme arrondie. La gélatine n’est pas li- quéfiée et le lait ne se coagule pas. Mais les colonies sont plus volumi- neuses sur les milieux à l’ascite ou au sang. Sur les milieux solides, elles sont abondantes, de la surface d’une tête d’épingle, à centre très légèrement surélevé et grisàlre, à bords minces et déchiquetés. Après M SÉANCE DU 29 JUILLET 233 coloration, les microbes sont plutôt en amas et en diplocoques qu'en chaïnetles. En bouillon ascite, les cultures rappellent celles du pneumo- coque. Elles ne sont virulentes ni pour l'homme ni pour les divers ani- maux de laboratoire. En revanche, ensemencées concurremment avec du gonocoque virulent, elles entravent complètement le développement de celui-ci. Ainsi donc, on trouve en abondance dans tous les urètres sains de l'homme un cocco-bacille saprophyte et inoftensif. Il s’oppose sur les divers milieux au développement du gonocoque. De plus, il est de re- marque courante qu'il disparaît de l’urètre au début de l'infection blennorragique, pour réapparaitre dès que la guérison s'annonce. L'antagonisme biologique entre le gonocoque et le bacille-fourmi est done complet. Aussi nous sommes-nous demandé si celui-ci ne serait pas, à un moment donné, l'agent de guérison effectif et tont naturel de la blennorragie. Dirigé par cetle idée, nous avons en effet injecté 2 cen- timètres cubes de bouillon ascile ensemencé avec le cocco-bacille à cinq malades, dont trois avaient un écoulement datant de quinze jours à trois semaines, et deux un écoulement chronique. Nous avons obtenu rapidement des améliorations très considérables, nous n'osons pas en- core dire des guérisons définitives. Néanmoins, les résultats obtenus jusqu ici nous ont paru assez intéressants pour être mentionnés, en at- tendant les recherches de contrôle que nous avons entreprises. Ajoutons enfin qu'il semble exister le même antagonisme biologique entre le cocco-bacille urétral et le bacille de Ducrey. NOUVELLES EXPÉRIENCES SUR L'INFLUENCE DU BOUILLON SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. J'ai déjà comparé l'influence du bouillon sur le travail mis en action successivement par déglutiltion, puis par dégustation (1). La dégus- tation a paru plus excitante, c'est-à-dire que le bouillon semblait agir comme un excilant sensoriel; mais cette prédominance pouvait être due à la succession des deux expériences, l'épreuve de la dégustation ayant été précédée de l'épreuve de la déglutilion ; or, l’excitabilité aug- mente souvent dans une certaine limite dans la faligue. J'ai repris l'étude du fait en expérimentant isolément chaque jour la dégustation et la dé- glutition dans les mêmes conditions de repos. Après avoir constaté que le lravail normal a conservé sa valeur, en (4) L'influence du bouillon sur le travail, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1900, p. 829. 234 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE se servant de l’ergographe de Mosso, on travaille tous les jours à la même heure avec le médius droit, soulevant le poids de 3 kilogrammes à chaque seconde jusqu'à l'impuissance. Si le travail n'est précédé d'aucune excitation, il donne en moyenne 9,60 kilogrammètres ; après dix-huit minutes de repos, on retrouve à peu près le même chiffre; il revient à plusieurs efforts successifs. séparés du même repos, suffisant pendant un cerlain temps à réparer celle fatigue (1). On s’est servi du bouillon dégraissé et salé, destiné aux malades de l’hospice de Bicètre ; la dégustation s’est opérée d’abord avec 20 centimètres cubes maintenus dans la bouche pendant 20 secondes immédiatement pendant le travail; la déglutition a consisté à ingur- giter 100 centimètres cubes en trois ou quatre gorgées, c’est-à-dire en 4 ou 5 secondes. Les expériences que nous allons grouper n'ont pas été exécutées dans le même ordre, et elles ont été séparées par des expé- riences d'autre nature. | TRAVAIL EN KILOGRAMMÈTRES EXP. QUANTITÉ TEMPÉRATURE TEMPS du du 1= ergogramme 2° ergogramme bouillon. bouillon. après le repos total. après 18 min. de repos. I. — Expériences relatives à la dégustation au repos. 1. 200 20° 29" 10,02 9,69 2 » 450 » 11,34 3,12 II. — Expériences relatives à la déglutition au repos. [ g p 3 100cc 200 Pal 8,04 3,12 k. 400€ on 5" 9,66 9,69 5. 100cc 4° gl! 11,16 8,46 D'autres expériences ont été exécutées à La suite d’un travail préalable consistant en deux ergogrammes séparés par 18 minutes de repos et suivis par le même repos. Il. — Expériences relatives à la dégustation après un travail préalable. 6. 100€ 200 20" 12,96 » TE 100€ 230 20" 13,17 » IV. — Expériences relatives à la déglutition après un travail préalable. 8. 100c 20° : a! 2,76 ; 9. 100cc 250 41 12,72 ) On voil que la dégustation est nettement plus excitante aussi bien (1) Contribution à l'étude du temps nécessaire à la restauration de la fatigue, elc., Comptes rendus de la Société de Biologie, 1902, p. 459; Travail e: plaisir, in-8°, 1904, p. 52. et SAR elfe NÉ 7 + TL dns SÉANCE DU 29 JUILLET 239 après le repos qu'après le travail préalable. Mais la température du liquide joue un grand rôle aussi bien dans la déglutition que dans la dégustation. Après deux ergogrammes préalables sans excitation, 9,60 et 9,57, on a travaillé de nouveau avec les mêmes repos de 18 minutes après l'ingestion de 100 centimètres cubes, une première fois du bouillon à 21 degrés, température du laboratoire, et une seconde fois du même bouillon à #5 degrés ; la première reprise a donné 1,59 kilogrammètres, et la seconde a donné 12,75. Bien que l'effet primitif de la dégustation du bouillon chaud à 45 degrés ait été peu élevé, il laisse une fatigue consécutive assez intense (exp. 2) qui indique que l'excitation a été notablement plus forte que celle qui s'est manifestée à propos de la déglutition (exp. 5). Pourtant, on ne peut guère comparer les deux excitations : dégustation de 20 secondes, et déglutition de 4 à 5 secondes, ne différant pas seulement par le temps; en effet, la dégustation buccale n'alteint guère le pharynx, tandis que dans la déglutition le liquide immerge toute la région la plus sensible de l'appareil gustatif. Dans une autre expérience, on a réalisé la dégustation de 20 centi- mètres cubes de bouillon à 45 degrés, seulement pendant 5 secondes en exécutant les mouvements du gargarisme, pour imiter l'excitation sen- sorielle de la déglutition, et pendant le temps analogue on a obtenu un premier ergogramme de 11,28 suivi d’un second après le repos de 18 minutes de 3,84, et a suivi encore après un même repos terminé par une nouvelle déglutition bucco-pharyngienne qui procure un travail de 14,07. Cet ensemble de faits indique que l’action stimulante du bouillon est due principalement, sinon exclusivement, à l'excitation sensorielle. CONTRIBUTION A LA PSYCHOLOGIE DES JUMEAUX : MUTATIONS CROISÉES PUBÉRALES, par M. Cu. FÉRE. Au cours de l’évolution de l'homme, et surtout pendant sa croissance, on observe des changements de la mentalité, du caractère et de l'allure indépendamment des signes physiques grossiers, à la suite d'une maladie, d'un choc physique ou moral. Ces mutations peuvent appa- raître brusquement; elles se manifestent quelquefois à la puberté et coïncident avec la mue. On les rencontre chez plusieurs individus de la même génération d'une même famille : on peut les considérer comme d'origine congénitale. Ces mutations familiales ne se montrent pas nécessairement au même âge et sous la même forme ; on voit un jeune 236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sujet passer, d'une morosité invincible à une exubérance habituelle, et d'une loquacité intarissable, ou inversement, et l’allure intellectuelle varie dans le même sens que la tonalité des sentiments ; l'attitude phy- sique correspond à la mentalité. Nous avons observé une mutation de ce genre chez deux jumelles sous un aspect imprévu. - On signale assez souvent une ressemblance mentale corrélalive ou non à la ressemblance physique des jumeaux; quelquefois même des anomalies psychiques ou des troubles mentaux se manifestent chez eux sous une forme frappante de simultanéité et de similitude. C’est tout autre chose que nous avons rencontré. Deux filles de dix-huit ans n’ont été présentées en raison de troubles. mentaux différents, mais qui s'aggravent progressivement. Le père et la mère ont quarante-huit et quarante-qualre ans; ils appartiennent à des familles où on ne connaît aucun trouble nerveux ou mental; ils n°7 savent-pas d'anomalies morphologiques ; c’est la première fois qu'on y observe la gemellilé. Ils n'ont pas d'autres enfants communs, mais le père était veuf depuis quelques mois avant l’union actuelle, et il avait un petit garcon de trois ans quand sont nées les deux jumelles. Cet enfant, normal d'ailleurs, fut élevé par une tante paternelle ; il ne fut réuni avec ses deux sœurs que quand elles eurent environ deux ans. Bien que: calme en général il manifesta à son arrivée une turbulence bruyante. Une des petites filles, celle qui était la plus expansive, fut effrayée de: cette allure et persista à ne pas se laisser approcher, et elle montra une: antipathie durable, incorrigible et se manifestant à tout propos par des gestes et des paroles; elle n’a fait que se développer. L'autre sœur: paraissait indifférente à tout, cherchait l'isolement et ne montrait. ancune initiative, mais elle recevait les caresses de son frère. Ces deux sœurs élaient, d’ailleurs, très distinctes par leurs caractères physiques : l'expansive est blonde à peau blanche, tandis que l’autre est brune et pigmentée ; la blonde est plus élancée et plus grande, tandis que l’autre. est plus courte et plus replète ; les visages sont tout à fait dissemblables. par le nez, les yeux et la bouche. Les caractères différenciels se dévelop- pent avec l'âge et sont bien frappants. Pendant leur enfance, on ne remarqua aucune coïncidence dans les troubles légers d'ailleurs de leur santé : elles ont eu la rougeole et la scarlatine, mais à plusieurs années de distance. Mais on fut frappé par la coïncidence des phénomènes pré- curseurs de la menstruation. Elles avaient treize ans el seize jours quand elles furent prises, après diner, de douleurs de tête frontales'et de gonflement du mamelon des seins, et dans la deuxième nuit suivante l'écoulement se montra. C'est le jour suivant, dès le matin, que l'attitude. mentale s’est transformée brusquement chez les deux jeunes filles. Depuis la première menstruation, la brune, autrefois affectueuse pour son frère, s’étonnant même des sentiments de sa sœur, ne peut. plus le supporter, ni le voir ni l'entendre; elle a retrouvé la parole pour £ Car | Ee SÉANCE DU 29 JUILLET 237 exprimer des critiques et des moqueries qu’elle n'aurait jamais su trouver naguère. Du reste, son allure s’est modifiée en général : non seulement elle est expansive, elle accepte avec plaisir de suivre des cours de chant et de danse qu'elle n'avait jamais supportés. Sa sœur a pris son rôle, elle cherche l'isolement, elle parait apathique, ne s’inté- resse à rien et paraît ne pas sentir; elle parle tout juste pour exprimer ses besoins; elle supporte son frère sans marquer de répulsion. Les ten- dances transférées s'accentuent chez les deux sœurs. À PROPOS DES LÉSIONS HISTOLOGIQUES ET DE LA CLASSIFICATION DE LA MALADIE SYPHILITIQUE, par M. F.-J. Bosc (de Montpellier). Dans une récente note à cette Société (1° juillet 1905), M. Paul Salmon ne veut pas rapprocher la syphilis de la vaccine, de la clavelée, du cancer, « comme l'ont fait certains auteurs, Bose par exemple... La cellule épithéliale demeure inerte, passive, dans le processus syphili- tique ; la vérole ne doit pas être rangée parmi les épithélioses ». Je dois dire tout d’abord que le mot « épithéliose », ne correspond pas, comme je l’ai déjà indiqué, à la réalité des lésions et que sa concep- tion repose sur une étude histologique incomplète et des plus nuisibles à la connaissance des maladies que j'ai groupées, le premier, d'après leurs ressemblances symptomatiques et lésionnelles(1). En outre j'ai cierché à montrer (Comples rendus de la Société de Biologie, à décembre e: 19 décembre 1903; 30 janvier, 2 et 9 juillet 1904) quel était le rôle des cellules épithéliales dans les lésions syphilitiques, et il est justement l'opposé de celui que leur accorde M. Paul Salmon. Les lésions de la vaccine, de la variole, de la clavelée, de la fièvre aphleuse, de la syphilis, du cancer, etc., sont à la fois épithéliales et conjonclivo-vasculaires, avec parfois égalité des deux ordres de lésions (maladies varioliques), parfois prédominance de la lésion épithéliale (molluscum contagiosum, épithéliome) ou de la lésion conjonctive (sarcome, leucocythémie); mais même dans les maladies varioliques il peut se faire que certaines lésions soient surtout épithéliales, et l’on voit par exemple les nodules pulmonaires de la clavelée présenter la structure de l’épithéliome typique; en outre dans certaines de ces maladies Ia lésion proliférative est purement conjonclivo-vasculaire, parce que les (4) Voir : F.-J. Bosc, Comples rendus de la Société de Biologie, 1902 à 1905; Archives de médecine expérimentale, 1901; Presse médicale, 1902; Série de mé- moires in Centr. f. Bakteriol., 1903, 190% et 1905. Se 2 Er A ie CA RC Te RS OPEN MOUSE DT he, SC LE ee M M à : = Mie alpes dr 2 A 7 À 238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cellules nobles de l'organe ne sont pas susceptibles de prolifération (nodules cérébraux périvasculaires de la rage, de la syphilis, de la maladie du jeune chien...). Ce ne sont donc là que des questions de degré et de localisation : le caractère essentiel des lésions dans toutes ces maladies, c'est qu'il s'agit d'une prolifération cellulaire pure épithéliale ow congonctive, de type néoplasique, avec mononucléose légère de la lésion et du sang. J'ai dès lors proposé de grouper ces maladies sous une désignation qui ne préjuge pas de leur nature épithéliale ou conjonctive, mais rappelle leur caractère essentiel de prolifération cellulaire pure : d'où le nom de Maladies bryocyliques (de Bovew qui fait proliférer, xvros cellule). Ceci posé, je dis que la syphilis (4) est une maladie bryocylique qui doit être plaeée à côté du groupe variolique : Au point de vue symptomatique, la syphilis est une maladie infectieuse aigué, contagieuse et une véritable maladie éruptive, avec son accident initial et son éruption généralisée. Le chancre syphilitique ne diffère pas essentiellement de la master-pocken de la variole, du chancre vaccinal ou claveleux : ils sont tous indurés, ulcérés de même façon, accompagnés d’une volamineuse adénite dure et indolore, et ils s’éliminent en totalité avec cicatrice blanche et indé- lébile. | Le virus d’abord localisé dans la lésion d'inoculation passe dans le sang pour donner lieu à l'éruption généralisée : j’ai montré pour la clavelée que le sang devenait virulent quelques jours avant l’éruption; il faudrait rechercher à quel moment précis le sang devient virulent dans le cas de syphilis et ce serait là le seul moyen de savoir si l'excision du chancre peut préserver de l'infection généralisée; toutes les observations histologiques n’y pourront rien. Les lésions histologiques de la syphilis sont celles des maladies bryocytiques et ne diffèrent pas dans leurs caractères généraux de celles des maladies varioliques. Le chancre syphilitique a une structure à la fois épithéliale et conjonctivo-vasculaire comme le chancre vaccinal et claveleux; mais la pustule cornéenne montre une lésion nettement épithéliale à son début, d’après M. Salmon lui-même qui en a noté la ressemblance avec la pustule cornéenne vaccinale (Comptes rendus de la Société de Biologie, 11 juin 1904); enfin les nodules de syphilis pulmonaire (héréditaire) présentent, comme les nodules de la clavelée, une prédominance des lésions épithéliales au point de reproduire la structure de l'adéno-épithéliome (Comptes rendus de la Société de Biologie, 19 décembre 1903). L'étude plus précise du chancre syphilitique (Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 et 9 juillet 1904) montre des lésions épithéliales que tous ceux qui ont étudié l'accident initial chez l'homme, assez près de son début, ont été à même de constater : prolifération karyokinétique des cellules malpighiennes {) Voir dans le Nouveau Montpellier médical du 2 juillet 1905 un mémoire sur l’ensemble de mes recherches sur la syphilis en rapport avec la nature protozoaire de cette maladie. SÉANCE DU 29 JUILLET : 9239 formant des bourgeons profonds intradermiques, et constituée par des cellules qui subissent les mêmes lésions d'hypertrophie claire progressive, de plasmo- lyse et de karyolyse, avec même transformation kérato-colloïde partielle ou totale que dans la vaccine ou la clavelée; on y trouve encore des inclusions de cellules dans une autre et des globes épidermiques. Les lésions conjonctives débutent dans les parties Melle du derme et s'étendent en même temps que la prolifération épithéliale qui les pénètre, Elles sont constituées par une infiltration, puis par des nodules périvasculaires (sanguins et lymphatiques), qui se rejoignent pour former une nappe avec vaisseaux de nouvelle formation, le processus d’endopérivascularite n'ayant par lui-méme aucun caractère spécifique. Comme le chancre vaccinal et surtout certains chancres claveleux, la partie conjonctive du chancre syphilitique est surtout formée par des cellules conjonctives proliférées à type de plasmazellen. Ces cellules subissent, après un stade d’hypertrophie, la même dégénérescence granulo-aqueuse que les cellules épithéliales, et l'ulcération aboutit à l’élimi- nation totale. La réparation, comme dans la vaccine et la clavelée, ne se fait pas par bourgeonnement, mais les plasmazellen jeunes des parties périphé- riques du chancre, n'étant plus excitées par le virus disparu ou atténué, se transforment en cellules allongées, fusiformes, qui font retour au type adulte et constituentun tissu de cicatrice rétracté et indélébile. La syphilis est donc uné maladie bryocytique qui, de par sa sympto- matologie et son histologie, doit être placée dans le groupe des maladies éruptives, au voisinage immédiat des maladies varioliques. ÉTUDES SUR LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS L'URÉMIE NERYEUSE, par M. G. CARRIÈRE (de Lille). J'ai examiné et étudié soigneusement le liquide céphalo-rachidien dans 8 cas d’urémie nerveuse. Voici les résultats de mes recherches. À. Quantité. — Elle est essentiellement variable. On l’a trouvée mi- nime : 15 centimètres cubes, mais quelquefois aussi, et le plus souvent, abondante : 60-70 eb même 150 centimètres cubes. En moyenne, c'est dans les cas graves, à issue fatale, que le liquide céphalo-rachidien était le plus abondant. B. Pression. — Elle a toujours été au-dessus de la normale, sauf dans un cas (45 millim.). En général, elle était très élevée (120 à 245 millim.). C'est dans les cas graves qu'elle était surtout exagérée. C. Point cryoscopique. — Le point cryoscopique qui normalement 0s- cille entre 0°72 et 0°78 à loujours été au-dessous de ce chiffre. Jamais il n'a dépassé 0°60 et on l'a vu s'élever à 0°48. Il n’y a aucun rapport entre le point cryoscopique et la gravité du cas. D. Hésidu sec. — Normalement il est de 10 à 13 grammes p. 1000. 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Chez Lous nos malades il à été au-dessous de ce taux et oscillait entre 5,25 et T7 gr. 35 sans qu'on puisse établir de relation entre cet abaïsse- ment et la gravité des phénomènes urémiques. E. Urée. — Normalement on trouve 0 gr. 10 à O0 gr. 15 p. 1000 d'urée. Comme Comba, Achard et Lœper, Widal et Froin, j'ai trouvé une éléva- tion nolable du taux de l’urée dans le liquide céphalo-rachidien de nos malades. Toujours le chiffre a été de plus de 0 gr. 96 et comme chiffre maximum jai trouvé 2 gr. 12 p. 1000. Aucun FAR PO tentre la gravité du cas et le taux de l'urée. | F. Chlorures. — À lélat normal, on trouve en moyenne 6 gr. p. 4000 de chlorures dans le liquide céphalo-rachidien (Richet). Nous avons constamment trouvé chez les urémiques le taux des chlorures au-dessous de ce chiffre. Il oscillait entre 1 gr. 25 et 5 grammes. La teneur en chlorures élait d'autant plus faible qu'on avait affaire à des cas plus graves. G. Phosphates et sulfates. — Le liquide céphalo-rachidien de mes uré- miques renfermait toujours des phosphales et des sulfates en quantité supérieure à la normale. H. Substance réductrice de l'oxyde de cuivre. — Je n'ai trouvé cette réduction que deux fois sur huit cas. Dans ces deux cas la terminaison a été heureuse. L. A/buminoïides, — Dans trois cas sur huit le liquide céphalo-rachi- dien renfermait de la sérine et de la globuline. — Sur ces trois cas, deux se terminèrenut-par la mort. J. Choline. — Je n’en ai pas décelé la présence. K. La toxicité du liquide a toujours été au-dessus de la normale et même le plus souvent très élevée. LE SÉRODIAGNOSTIC DE LA FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE, par M. C. Nicozre (de Tunis). Dans une note antérieure, j'ai démontré l'existence jusque-là dou- teuse de la fièvre méditerranéenne en Tunisie. L'isolement du micro- co:cus melilensis de la rate d’un isa m'a permis d'en apporter la preuve irréfutable. La ponction de la rate, si peu dangereuse qu’elle soit entre des mains prudentes, n'est pas cependant une méthode dont l'usage puisse être généralisé. Elle donne d’ailleurs parfois des résultats négatifs. Pour étu- dier, ainsi que je m'étais proposé de le faire, la fréquence et la réparli: tion de la fièvre méditerranéenne en Tunisie, il me fallait user d’une autre méthode. SÉANCE DU 29 JUILLET DA La recherche du pouvoir agglutinant du sang des malades sur le m. melitensis est de tous les procédés préconisés pour le diagnostic de la fièvre de Malle celui dont l'emploi est le plus simple. Découverte par Wright en 1897, la séroréaction a donné entre les mains de la plupart des auteurs qui l'ont expérimentée des résultats satisfaisants. Les mé- decins anglais de Malle, en particulier, en font depuis plusieurs années un usage quotidien. Cette méthode ne m'avait pourtant fourni dans une première série de cas que des indications sans valeur. La non-concordance de mes observations et de celles publiées par la plupart des auteurs m'a engagé à reprendre l’élude du procédé en com- mençant par sa vérification expérimentale. Dans ce but, j'ai inoculé à des lapins des cultures de m. melitensis d'origines diverses et essayé chaque sérum sur l'échantillon inoculé lui-même et sur les autres échantillons. Je me suis ainsi rendu compte que mes résultats négatifs reconnais- saient pour cause la non-agglutinabilité de la race de m». m. dont j'avais fait usage dans mes premières recherches. Celte race originaire de Malte provenait, lorsque je l’ai reçue, de la collection de l'Institut Pas- teur; par ses caractères de culture, c'était bien le m. melilensis, mais la mobilité et l'agglutinabilité faisaient défaut. Des divers échantillons étudiés, celui qui se montra le plus sensible au sérum expérimental fut un échantillon qui m'avait été obligeam- ment adressé par M.le D' Zammit, de Malte. C'est avec cette culture que j'ai repris l'étude du sérodiagnostic de la fièvre méditerranéenne. Grâce à la collaboration de M. le D' Hayat, il me fut possible de me convaincre rapidement de l'excellence de la méthode. On lira dans une note qui suit les résullats de nos recherches communes. Avant de les exposer, je crois ulile de donner quelques renseigne- ments sur la technique dont je fais usage pour le sérodiagnostic de la fièvre de Malte. La plupart des auteurs sont muets sur le procédé qu'ils emploient et aucun expérimentateur français n’a, jusqu à présent, pu- blié de travail original sur la question. Je cultive le m. melitensis à l’étuve à 36 degrés sur agar ordinaire. La cul- ture, pour être suffisamment riche, doit avoir de trois à cinq jours. Retirée de l'étuve et mise à basse température, elle peut être utilisée pendant une quin- zaine de jours au moins; je crois cependant préférable de n’employer que de jeunes cultures. Pour en faire usage, je verse dans le tube d’agar quelques centimètres cubes de sérum physiologique ou de bouillon et j'agite le tube. Sous l'influence des mouvements imprimés, la culture s'émulsionne d’elle- même dans le liquide; jamais je ne gratte la surface de l'agar, afin d'éviter la production d'amas. L'émulsion doit présenter le même trouble qu'une cul- ture en bouillon de b. typhique de seize à vingt heures. Pour plus de précaution, je centrifuge l’'émulsion pendant une dizaine de minutes; là présence de tout amas est ainsi complètement évitée. 249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le sérum du malade doit être tout à fait clair; il importe en effet que l’ap- préciation du phénomène se puisse faire à l’œil nu, l'examen macroscopique donnant toujours des résultats plus nets que l'examen au microscope. J'at- tends donc la séparation complète du caillot et du sérum, je ne me sers que de la partie Ja plus claire de celui-ci et, s’il y a trouble, même léger, je cen- trifuge jusqu’à éclaircissement. Le sérum est ajouté ensuite dans les proportions suivantes : 1 p. 1, 4 p. 5, 4 p. 10,1 p. 20, 1 p. 50, 1 p. 100; je ne pratique de dilutions plus étendues que lorsque la réaction a été reconnue positive à 1 p. 100. Le mélange se fait dans des tubes ayant un demi-centimètre de diamètre et 7 centimètres de hauteur. L'examen est praliqué après seize à vingt heures. | Lorsque le résultat est positif, on constate, à une dilution variable suivant l’activité du sérum, la clarification totale du liquide et la présence au fond du tube soit d’une poussière très fine, soit de grains ou même de placards. Ces aspects différents traduisent une intensité de plus en plus grande du phéno- mène. Au microscope, au lieu de microbes mobiles et isolés (réunis tout au plus par deux ou trois), on remarque cet aspect en archipel si bien décrit par M. Widal à propos de l’agglutination du b. typhique; mais ici les amas sont généralement plus petits, surtout si le tube a été agité pendant quelque temps. Les quelques microbes restés isolés entre les amas sont immobiles. Lorsque la réaction est nette à l’œil nu et au microscope à la dilution de 1 p. 160 ou au-dessus, je la considère, pour les raisons qui seront exposées dans la note suivante, comme positive. (Institut Pasteur de Tunis.) SPÉCIFICITÉ DE LA SÉRORÉACTION DANS LA FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE, par M. C. Nicozce (de Tunis). Avant d'appliquer à l’étude de la fièvre méditerranéenne la technique décrite dans la note précédente, il était nécessaire de rechercher si le sang des personnes saines ou atteintes d’affections diverses ne présen- tait pas de pouvoir agglutinant vis-à-vis du micrococcus melitensis. Ce point avail été étudié déjà par divers auteurs parmi lesquels il faut citer : Birt et Lamb qui, chez cinquante personnes saines et cent une at- teintes d'affections diverses (fièvre typhoïde, paludisme, etc.), ne trou- vèrent jamais de pouvoir agglutinant supérieur à 1 p. 10; Wright et Smith dont les examens portant sur des typhiques et des paludéens furent constamment négatifs; Arelz, qui, avec le sérum de trente per- sonnes saines, n'obtint jamais d'agglutination à un taux supérieur à 15; enfin Mouse. Craig, Kaller, etc., dont les LEPhEENEE aboutirent à des conclusions analogues. Deux auteurs cependant publièrent des résultats contradictoires : SÉANCE DU 29 JUILLET 243 Bentley dans le kala-azar, affection due, on le sait aujourd'hui, au Piro- plasma Donovani, nota chez six malades des pouvoirs agglutinants de 1/20 à 1/40 vis-à-vis du mm. melitensis. Konrich en Allemagne obtint l’agglutination du même microbe par des sérums humains normaux jusqu’à la dilution de 1/500. Nos recherches ont porté sur 35 malades atteints d'infections di- verses (fièvre typhoïde, paludisme, tuberculose au début, principale- ment); 22 appartenaient à la race française, 11 aux nationalités indi- gènes, musulmane ou israélite. Chez 4 malades, l'examen fut répété deux fois. Nous remercions nos collègues MM. Lafforgue et Brunswic Le Bihan à l'obligeance desquels nous devons d'avoir pu pratiquer ces. recherches. Dans six cas seulement, un pouvoir agglutinant très léger sur le m. melitensis fut noté : quatre fois ce pouvoir ne dépassait pas 1/1 et l'ag- glutination n'était visible qu'au microscope. Sur un même malade, il atteignait 1/5 lors d’un premier examen et 1/10 quelques jours plus tard. Chez lui, comme dans deux des autres cas positifs, l'infeclion en cause étant la fièvre typhoïde, il y a lieu de penser que le phénomène était dû au développement dans le sérum du malade, à côté de l’aggluti- nine principale, toujours nettement active vis-à-vis du b. typhique, d'une agglulinine secondaire faiblement active sur le #. m. Nos observations, comme celles de la plupart de nos devanciers, montrent donc que le sérum des personnes bien portantes ou atteintes d'infections diverses ne présente qu'un pouvoir agglutinant nul ou très faible vis-à-vis de m. melitensis. Lorsque la réaction agglutinante est très nette à la dilution de 1/10, au microscope et à l'œil nu, nous pensons qu'il y a lieu de conclure à l'existence, chez le malade, de la fièvre méditerranéenne. ({nstitut Pasteur de Tunis.) APPLICATION DU SÉRODIAGNOSTIC A L'ÉTUDE DE LA FIÈVRE MÉDITERRANÉENNE EN TUNISIE, par MM. C. Nicozze et Hayatr [de Tunis). Nous avons recherché la réaction agglutinante vis-à-vis du micrococcus melhtensis dans le sang de vingt-deux malades dont l'infection par ses caractères cliniques rendait probable ou possible le diagnostic de fièvre méditerranéenne. Vingt de ces malades ont élé observés par l’un au moins de nous; le sang des deux autres nous à été adressé obligeam- ment par nos confrères M. M. Triolo d’une part, Cathoire et Cardoso de l'autre. Dans tous les cas, il s'agissait d’israélites lunisiens. 244 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Voici les résultats que nous avons obtenus : Dans 10 cas répondant cliniquement au tableau de la fièvre méditerra- néenne, la séroréaction s'est montrée nettement positive vis-à-vis du micrococcus melitensis. — Ces cas se répartissent ainsi : Cas IL. Pouvoir agglutinant recherché au 49° jour de l'infection : 1/100. — Cas IL. P. À. au 26° jour 1/50; au 35e jour 1/100. — Cas IT, P, A. au 25° jour 1/50. — Cas IV. P. A. au 8° jour d'une rechute 1/20. — Cas V. P. A. au 127° jour 1/500. — Cas VI. P. A. au 9e ‘our 1/5. — Cas VII. P. A. au 10€ jour 1/1000. — Cas VII: P. A. au 60° jour de la convalescence 1/20. — Cas IX (D' Triolo). P.A. à une date non déterminée 1/20. — Cas X (D' Cathoire). Pouvoir agglutinant nul au 40° jour ; positif à 1/100 le 59° jour. Ce dernier cas s’est terminé par la mort au 61° jour. Chez tous ces malades, le sérodiagnostie de la fièvre typhoïde pratiqué en même temps que celui de la fièvre de Malte a donné un résultat négaüf; le sang d’un seul malade (cas V) présentait un léger pouvoir agglutinant (1/5) vis-à-vis du micrococcus melitensis. Deux ponctions de la rate pratiquées à 8 jours d'intervalle chez la malade n° 1 n'out pas permis l'isolement du microbe spécifique. Dans 8 cas où le tableau clinique ne paraissait pas d’abord en faveur de la fièvre méditerranéenne, le sérodiagnostic a donné un résultat posi- tif. — L'évolution ullérieure de la maladie a montré dans deux de ces cas au moins qu'il s'agissait de fièvre de Malte; le troisième cas comporte une expli- cation spéciale. Voici d’ailleurs le résumé de ces cas : Cas XI (le diagnostic clinique du début était fièvre typhoïde). P. A. le 7° jour 1/10; le 35° jour même pouvoir. — Cas XII (le diagnostic du début était grippe). P. A. le 30° jour 1/100. — Cas XII. Infection aiguë à évolution rapide (10 jours) ayant débuté par une angine; le malade avait présenté 18 mois auparavant une infection étiquetée fièvre typhoïde. P. A. au #° jour 1/100. Dans ces trois cas, le sérodiagnostic de Widal a donné un résultat négatif. Dans 5 cas où le tableau clinique rappelait au début la fièvre méditer- ranéenne, l'absence de la séroréaction confirmée par l’évolution ultérieure de la maladie a montré qu'il s'agissait d'une infection de tout autre nature. — Cas XIV. Fièvre {yphoïde. P. A. sur le micrococcus melitensis nul les 17° et 26° jours, positif à 1/20 sur le b. typhique le 26° jour. — Cas XV. Fièvre typhoïde. P. A. sur le micrococcus melitensis nul les 3° et 13° jours, positif à 1/20 sur le b. typhique à cette dernière date. — Cas XVI. Embarras gastrique fébrile. P. A. très léger à 1/5 sur le micrococcus melitensis au 3° jour. — Cas XVII. Grippe. P. A. nul au #° jour. — Cas XVIII. Infection de nature indéterminée P. A. à 1/1 vers la fin du 2e mois. Dans 4 cas enfin, le diagnostic clinique n’a pu être précisé, le malade n'ayant été vu qu'une fois. — Les résultats du sérodiagnostic ont été pour cette série : Cas XIX. P. A. sur le m». melitensis 1/5, nul sur le b. typhique. — Cas XX P. A. 1/1 sur le ». melitensis, nul sur le b. typhique. Cas XXI. P. A. 1/5 sur le m. melitensis, non recherché sur le b. typhique. — Cas XXII P. A. 1/20 sur le m. melitensis, 1/10 sur le b. typhique. = qi 2e PU ES Ke CRS 2r-e d ENT Dhs » LA = « " - si SÉANCE DU 29 JUILLET 245 Si nous laissons de côté les observations de cette dernière calégorie, nous voyons, en résumé, que dans 5 cas reconnus ultérieurement comme n'appartenant pas à la fièvre de Malte, le sérodiagnostic s'est montré négatif, tandis que dans 13 cas où 1l s'agissait cliniquement de fièvre médi- terranéenne, le sérodiagnostic à élé constamment positif. Deux seules exceplions, d'ailleurs sans portée, ont élé notées : un pouvoir aggluti- nant très faible (1/5) chez un malade de la l'e série, l'absence de séro- réaction positive lors du premier examen d’un malade de la 2° série (un 2° examen a donné un résultat posilif. Il s'agissait d'ailleurs d'un cas très spécial, cas X, mortel). Sur 15 examens positifs pratiqués sur ces 13 malades, la mensuration du pouvoir agglutinant du sérum a donné les résultats suivants : P. À de 1/5 une fois (au 9° jour), de 1/10 2 fois, 1/20 3 fois, 1/50 1 fois, 1/100 5 fois, 1/500 1 fois, 1/1.000 1 fois. La date la plus précoce à laquelle nous ayons noté la réaction agglutinante est le 7° jour de l'infection, les plus tardives le 127° jour et le 60° jour de la convalescence (dans ce cas il y avait complication par une orchite apyré- tique au moment de l'examen). Dans aucun de ces cas, le sérodie- gnostic de la fièvre typhoïde n'a donné un résultat positif ; Le léger pou- voir agglutinant (1/5) noté dans le cas V est sans valeur. Chez plusieurs de ces malades, un examen de sang sur lame avait montré également l'absence des hématozoaires du paludisme et des spirilles de la fièvre récurrente. La formule leucocytaire de la fièvre méditerranéenne est une mononucléose intense (jusqu'à 80 p. 100 de mononucléaires). Nous nous proposons de revenir sur ce point. Au point de vue de la distribution géographique, 9 des ae atteints de fièvre D nu avaient contracté leur infection à Tunis même, 2 à la Goulette, 1 à la Marsa, 1 à Menzel-bou-Zalfa (Cap Bon). A l'exception de ce Au cas, les seules observations indiscutables de fièvre de Malte relevées jusqu'à présent en Tunisie appartiennent à Tunis et à sa banlieue. Il n'est peut-être pas inutile d’insister sur ce fait, déjà signalé plus haut, que tous ces malades étaient des israélites tunisiens. Les popula- lions israélile et maltaise sont particulièrement éprouvées à Tunis par Ja maladie; au contraire, aucun médecin n’en à signalé un cas dans la population indigène musulmane. Il serait intéressant de rechercher combien de temps persiste la réaction agglutinante dans le sang des malades atteints de fièvre méditerranéenne. Nous n'avons pu faire jusqu'à présent cette recherche que dans deux cas. L'infection chez les deux personnes exa- minées remontait à plus de dix-huit mois el semblait bien avoir été la fièvre de Malte. Dans un cas, le pouvoir agglutinant vis-à-vis du micro- coccus melitensis était de 41/10, dans l’autre il était nul. (Instilut Pasteur de Tunis.) 246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DU TISSU OSSEUX DES POISSONS TÉLÉOSTÉENS, par M. Ép. RETTERER. Aux yeux des premiers micrographes, les petites masses lenticulaires et ramifiées, dites corpuscules osseux où osléoplastes, caractériseraient : le tissu osseux des vertébrés. En 1853, Külliker constata l'absence de ces corpuscules dans le squelette osseux de certains léléostéens et, après avoir étudié à cet égard 289 espèces de téléostéens, Külliker conclut, dès 1858, que les corpuscules osseux font défaut chez la plupart d’entre eux. Ces vertébrés ne posséderaient qu'un squelette formé de substance ostéoide. * Ces résultals sont dus à l'examen de tranches d’os macérés et dessé- chés. G. Pouchet (1875), Schmidt-Monnard (1883), Stephan (1898 et 1900) confirmèrent ces données non seulement sur les os secs, mais encore sur le tissu osseux décalcifié et coloré. J'ai songé à appliquer au squelette des téléostéens la méthode qui m'avait réussi pour les mammifères (Soc. de Biol., 22 juillet 1905, p. 204) et j'ai étudié deux types, l’un à corpuscules osseux, l’Alose (Clupeu alosa), et l'autre sans corpuscules, le Merlan (Gadus merlangus L.). A. Alose, — Une lamelle osseuse ou un rayon de tissu osseux frais, monté dans la glycérine, montre des corpuscules osseux étoilés dont les prolonge- ments ramifiés se détachent en noir sur le fond incolore. Depuis Ch. Robin (1856), on admet que la glycérine provoque le développement d’un gaz (CO?) qui remplirait les canalicules osseux. Si l’on fixe les pièces et qu’on colore les coupes de 5 à 7 p avec l’hématoxyline et la safranine, on est amené à une interprétation tout autre. Sur les coupes parallèles au grand axe des lamelles osseuses, on observe des corpuscules osseux longs de 21 à 26 L et larges de 3 à 4. La cellule incluse dans le corpuscule est ovalaire et contient un noyau large de 2 à 3 Let long de 6 à Tu. Le cytoplasma qui l'entoure et qui remplit tout le corpuscule est transparent, sauf une ou deux stries chromo- philes qui partent de l’une et l’autre extrémité du noyau. La cellule est entourée d’une capsule complètement close, épaisse à peine d'un quart ou d’un tiers de u, et que l’hématoxyline colore d’une façon intense en violet ou en noir. Des deux extrémités et de divers points de la capsule partent des prolongements ramifiés également teinis en noir par l’'hématoxyline. Dans le réseau très large formé par ce réseau hématoxylino- phile se trouve une substance homogène que la safranine colore en rouge. Les cellules ou corpuscules sont disposées en rangées parallèles; leur distance est de 5 à 6 4 d'une rangée à l'autre et de 30 à 364 dans la même rangée. Les coupes transversales confirment l'observation précédente : les capsules contiennent un cytoplasma clair et un noyau; de leur face externe partent des prolongements hématoxylinophiles qui atteignent une épaisseur de 1 à2u et qui se ramifient dans la substance homogène, teinte en rouge par la safra nine. | 19 RS 1 SÉANCE DU 29 JUILLET Résultats. — Si l'on rapproche ces faits de ce que montrent les pièces fraiches examinées dans la glycérine, il est facile de se convaincre que l’aspect foncé des prolongements corpusculaires n’est nullement dû à la présence d'un gaz, car ces prolongements persistent et se colorent. Ils sont constitués par un protoplasma granuleux qui réfléchit les rayons lumineux el qui s'imprègne lentement de glycérine; de là leur apparence sombre dans les préparations fraiches examinées dans ce milieu. Le protoplasma de ces prolongements se colore d'une façon intense par l’hématoxyline; aussi est-il facile de les distinguer du protoplasma amorphe qui remplit les mailles du réseau hématoxylinophile. Ce qui les différencie de ceux des mammifères, c’est leur trajet rectiligne et le nombre moindre de leurs ramifications latérales et terminales. Comme chez les mammifères, on ne voit nulle part de vide, c'est-à-dire de cana- hcules entre ces prolongements hématoxylinophiles et la substance amorphe qui en remplit les mailles. Si l'on soumet le tissu à la macération, la capsule et les prolongements hématoxylinophiles s'altèrent et disparaissent, de sorte qu'après avoir desséché les tranches de tissu osseux et montées dans le baume sec, on voit les corpuscules osseux et leurs prolongements creux se détacher ea noir (ils sont remplis d'air) sur le fond blanc de la substance amorphe. B. Merlan. — Le squelette osseux du Merlan serait, au dire des auteurs, composé uniquement de substance ostéoïde, c'est-à-dire du tissu osseux dépourvu tolalement de cellules. Il convient cependant de rappeler que G. Pouchet a vu, à l'aide de l'acide chlorhydrique, des noyaux, qu'il croyait atrophiés, dans la substance ostéoïde ou spicu- laire de certains téléostéens. J'ai étudié avec ma méthode la colonne vertébrale, leurs apophyses dorsales et ventrales ainsi que les rayons des nageoires paires et impaires. Les ver- tèbres et leurs dépendances, ainsi que les rayons épineux, sont formés d'une substance osseuse homogène. Les coupes, épaisses de 5 à 7 x, colorées par l’hématoxyline et la safranine, montrent des noyaux très serrés, car ils ne sont distants que de 3 à 4y. Ces noyaux sont entourés immédiatement par la substance osseuse. Les noyaux sont des bâtonnets longs de 7 à 12u et larges de 2 à 3 u. De leur périphérie partent des filaments hématoxylinophiles minces qui s'anastomosent et forment un réticulum des plus fins. Les mailles du réti- culum ont une largeur de 2 à 3 & et sont remplies par une substance homo “sène, safraninophile. Les noyaux semblent occuper les points nodaux du réticulum. Les rayons mous des nageoires sont constitués par une ligelle centrale de cartilage hyalin et par une virole osseuse dont l'épaisseur est le cinquième, le tiers ou la moitié de là portion cartilagineuse. Le tissu osseux de ces rayons a la même structure que les segments uniquement osseux du squelette. Bésultats. — Le lissu osseux du Merlan montre des noyaux el une Substance fondamentale qui occupe la place des corps cellulaires. On Biozocre. Compres Kkenbus. — 1905. T, LIX. 18 248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE distingue dans cette subslance fondamentale un réticulum hématoxyli- nophile et une masse homogène safraninophile. Selon les dimensions: des trabécules du réticulum, leur destruction donne lieu à des cana- licules plus ou moins larges, plus ou moins analogues à ceux de la den- tine. Comme la substance fondamentale s'étend jusqu'au contact des. noyaux, la macération n'y fait point apparaître de cavités ressemblant aux lacunes ou corpuscules osseux des vertébrés supérieurs. Pouchet a eu raison d'y décrire des noyaux, mais ces noyaux ne sont nullement atrophiés, car ils y atteignent des dimensions égales à ceux du tissu conjonctif avoisinant. Si Stephan et d’autres n'ont pas vu les noyaux de: la substance ostéoïde, il faut incriminer les coupes trop épaisses qu'ils ont praliquées sur les os décalcifiés et Les colorations insuffisantes qu'ils. ont employées. arf Le tissu osseux du Merlan est identique aux premières lamelles. osseuses qui, chez les autres vertébrés, sont élaborées par les osléo- blastes soit entre eux, soit dans leur portion profonde : c’est un fin réticulum chromophile dont les mailles sont remplies de protoplasma homogène. Chez le Merlan, le protoplasma cellulaire tout entier se: transforme en substance fondamentale, sans qu'il se produise de: capsule ; il ne persiste aulour du noyau qu’une zone périphérique claire, épaisse à peine d'un demi y ou Ï un Liers de u et une zone chromophile. Le tissu osseux du Merlan est donc de la substance osseuse primitive, comme le soutient avec raison Kôlliker contre Klaatsch et Stephan. Conclusion. — Le tissu osseux de l'Alose a la même structure que: celui des mammifères, si ce n’est que les travées et les ramificaltions capsulaires y sont plus rectilignes et moins abondantes. Le tissu osseux du Merlan (substance ostéoide des auteurs) contient des noyaux plus nombreux et plus serrés que celui de l’Alose. Tout le protoplasma cellu- laire se différencie en réticulum hématoxylinophile et en substance: homogène, safraninophile. De l'union de ce réticulum et de la masse homogène résulte la substance fondamentale. Il ne se forme ni capsule, ni cytoplasma périnucléaire nouveau. C'est du tissu osseux lel qu’on le voit apparaître autour des ostéoblastes des autres vertébrés ; il représente: l’état primitif du squelette osseux. ESSAI DE SÉROTHÉRAPIE CONTRE LA BRONCHITE RHINO-SPASMODIQUE. par MM. G. BiLLARD ET MALLET. Il paraît aujourd’hui bien démontré qne le pollen des fleurs joue un tôle essentiel dans la pathogénie de l’asthme des foins. Sur là muqueuse nasale, le pollen se trouvant dans les conditions favorables d'humidité et de temp ras SÉANCE DU 29 JUILLET 2249 EEE ——— ture excréterait une toxalbumine irritante. De cette action résulterait chez certaines personnes prédisposées un réflexe de défense exagéré luttant contre la pénétration dans le poumon de l'air chargé de poussières, et par la suite, pendant la crise, de l'air même le plus pur. Des nombreuses théories proposées pour expliquer l'asthme des foins, celle-ci nous paraît la plus séduisante, et surtout par ce fait qu'elle entraine des déductions thérapeutiques dont la réalisation doit per- mettre de la juger définitivement. En effet il semble facile de faire fabriquer à un animal une antiloxine de la toxalbumine pollinique et de réaliser ainsi la sérolhérapie de l'asthme des foins. Un certain nombre d'essais ont été tentés dans ce sens ces dernières années, mais n ont pas encore, que nous sachions, donné tous les résul- tais qu'on avait pu espérer de cette méthode. | Les recherches présentent en effet des difficullés très grandes et c'est gräce à une circonstance bien particulière que nous avons pu faire quelques essais. Chez l’un de nous atteint de bronchite rhino-spasmodique, les pous- sières des herboristeries, les spores de lycopode, la poudre d'iris, le pollen des fleurs déterminent, lorsqu'ils ont pénétré dans les fosses. nasales, de violentes crises d'asthme. Nous possédons par suite un sujet réactif merveilleux pour nos recherches, et ainsi est éludée une des. plus grandes difficultés de notre travail. M... élant très sensible aux spores de lycopode, nous avons utilisé les spores pour nos recherches, supprimant ainsi la difficullé que l'on doit avoir à récolter le pollen des fleurs en quantité suffisante. Enfin nous n'avons pas cherché à extraire la toxalbumine incriminée, nous avons simplement injecté, dans le péritoine du canard, de la poudre de lycopode en suspension dans de l'eau savonneuse (1 gr. 10 d’eau en une injeclion). Les injections ont été faites les 18 août, 23 août, 31 août, 15 septembre, 25 septembre, 26 octobre, 25 novembre, 25 décembre 1904, 25 janvier, 23 fé- vrier, 25 mars 1905. Le 26 octobre une saignée de 10 centimètres cubes est faite. Le 28 octobre M... ést pris d'une violente crise d'asthme. On instille dans l'œil droit une goutle de sérum. L'instillation est suivie d'éternuements vio- lents et prolongés, l'intensité de la crise augmente. Le 29 octobre la crise ayant diminué d'intensité, nouvelle instillation qui ramène une série d'éternuments et fait reparailre une crise des plus violentes. que M... ait jamais subies, Le 7 mai le canard est saigné de nouveau (25 centimètres cubes). M... avait une crise d'intensité moyenne provoquée par le pollen d'iris. On fait presque séance tenante une instillation dans chaque œil. Quelques minutes après, Ja " 2 = À 1 250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE crise s’atténue; M... passe une nuit relativement bonne, etle lendemain il est guéri. Nous avons confié à deux de nos confrères des tubes de sérum; voici les résultats de leurs essais, qu'ils ont bien voulu nous transmettre : D: Basrine, sujet à l'asthme des foins; essais faits sur lui-même. 25 mai, commencement des accès d’éternuments. — 26 mai, jusqu'à dix heures du matin 4 à 5 crises; 2 gouttes de sérum à 10 h. 1/2; plus d'accès malgré pro- menade à partir de midi en plein soleil dans les prés et le soir retour à la fraîcheur. — 27 mai, rien. — 28 mai, une crise le matin, promenade toute la journée, 4 à » gouttes dans l'après-midi. — 29 mai, le matin au réveil crise très intense, une goutte dans l'œil droit à 8 heures, à 10 heures une ou deux crises ; une autre goutte œil gauche, plus de crises. — 30 mai, rien, le matin; après-midi un ou deux éternuements, une goutte sérum. — 31 mai, rien, deux gouttes le soir en se couchant. 1 juin, promenade à la campague, 3 à 4 crises dans la journée, atténuées. — 2 juin, deux gouttes le matin ; une légère crise dans la matinée, une ou deux dans l’après-midi, une forte le soir calmée par l’instillation d’une goutte. — 3 juin, deux gouttes dans la journée, 2 à 3 crises atténuées. D' Conexoy. — M. A. C..., vingt-neuf ans, est le 6 juin pris d'une violente crise d'asthme des foins qui s'aggrave la nuit. Le 7 juin, instillation dans caaque œil d’une goutte de sérum; il semble qu'une amélioration se produit dins la journée. Le même jour, le soir à 5 heures, nouvelle instillation. Le malade a été soulagé, a pu dormir jusqu’à une heure du matin, ce quine > lui était pas arrivé depuis quinze jours. La mort accidentelle de notre canard ne nous a pas permis d'autres es:ais. Nous poursuivons nos recherches s ins conclure cette année. (Laboratoire de physiologie de l'École de médecine de Clermont-Ferrand.) SENSIBILITÉ DES GERBOISES AUX TRYPANOSOMIASES, par M. A. LAVERAN. J'ai eu l’occasion, dans ces derniers temps, d'inoculer deux gerboises, l’une avec le virus du Surra de Maurice, l’autre avec le 7rypanosoma gam-* biense; les gerboises se sont montrées très sensibles aux infections pro- duites par ces trypanosomes. Je crois devoir publier ces observations, la sensibilité de la gerboise aux trypanosomiases n’ayant pas encore été éprouvée que je sache. © Be SÉANCE DU 29 JUILLET 9 Les gerboises que j'ai achetées à Paris venaient, m’a-t-on dit, de Tunisie. Il s'agissait de Jaculus orientalis Erxleben (1). Ogs. I. — Une gerboise est inoculéele 25 mai 1905, sous la peau, avec quel- ques gouttes du sang d’un cobaye infecté de Surra de Maurice. — 28 mai. Try- panosomes non rares dans le sang de la gerboise. — 30 mai. Examen du sang fail le matin : trypanosomes {rès nombreux. La gerboise meurt à 4 heures du soir. La gerboise morte pèse 133 grammes. Le poids de la rate est de 0 gr. 85. Os. II. — Une gerboise est inoculée le 2 juin 1905, sous la peau de la cuisse, avec quelques gouttes du sang d’un lapin infecté de Trypanosoma gambiense. — 7 juin. Trypanosomes très rares dans le sang de la gerboise. — 9 et 11 juin. Les examens du sang sont négatifs. — 15 et 18 juin. Trypanosomes rares. — . 21 juin. Trypan. non rares. — 25 juin. Trypan. rares. — 28 juin. Trypan. non rares. — 2 juillet. Trypan. assez nombreux. — 4 juillet. Trypan. nombreux. — 7 juillet. Trypan. très nombreux. — 11 juillet. La gerboise est malade, elle maigrit, se tient continuellement en boule, alors qu'elle avait précédemment des mouvements très vifs. Les trypanosomes sont très nombreux dans le sang. — 18 juillet. La gerboise est constamment en boule, elle maigrit et s’affaiblit; trypanosomes très nombreux. La gerboise est trouvée morte le 21 juillet au matin; elle pèse seulement 87 grammes, la rate pèse 0 gr. 70. Aucune lésion pouvant expliquer la mort en dehors de la trypanosomiase. La gerboise incculée de Surra est morte en cinq jours, alors que chez les rats et les souris la durée moyenne de la maladie (après inoculation sous-cutanée) est de onze jours. La gerboise inoculée avec T'rypanosoma qambiense est morte en qua- rante-neuf jours, alors que, chez les rats inoculés avec le même virus, la durée moyenne de la maladie est de trois mois. La gerboise semble donc être particulièrement sensible aux trypano- somiases. Les (rypanosomes étaient extrèmement nombreux dans le sang chez les deux gerboises au moment de la mort. La rate pesait 0 gr. 85 chez la gerboise morte de Surra, 0 gr. 70 chez la gerboise morte de l'infection produite par 7rypan. gambiense. Ces poids semblent faibles mais, en réalité, ils dénotent une augmentation très sensible de la rate attendu qu'à l’état normal ce viscère est extrê- mement petit chez la gerboise. Il n'y a donc pas ici exception à la règle qui veut que la rate soit toujours augmentée de volume chez les ani- maux qui, au moment de la mort, ont des trypanosomes en grand nombre dans le sang. (4) Les poils du pied postérieur étaient noirâtres en arrière, alors que chez Jaculus jaculus L. ces poils sont entièrement blancs (Trouessart, La faune des Mammifères de l'Algérie, du Maroc et de la Tunisie, Paris 1905. p. 398). 9259 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES CORPS EN ANNEAU ET EN DEMI-LUNE DU SANG DES PALUDÉENS, par MM. Eomonp et ÉTIENNE SERGENT. Dans une note présentée le 6 mai à la Société de Biologie, MM. C. Ni- colle et G. Comte signalent qu'ils ont retrouvé, dans le sang d’une femme très anémiée, probablement ancienne paludéenne, les corps en anneau dont nous avons signalé l'existence dans le sang de certains paludéens cachectiques. Ils attribuent la formation de ces corps en anneau à un accident de préparation dû à l’étalement au moyen d'une baguette de verre; ils ne trouvent ces corps que sur les parties de la préparation où la couche de sang est très mince et les globules rouges à distance les uns des autres. Ils ne les retrouvent pas sur les lames de sang étalé avec un carton souple. N'ayant aucune idée, comme nous l'avons dit (4), sur l'origine des corps en anneau et des corps en demi-lune, nous avons voulu vérifier l'hypothèse de MM. C. Nicolle et G. Comte : nous avons étalé le sang de six paludéens cachecliques, d’une part par notre procédé habituel (avec une lame de verre), d'autre part avec une feuille de ce papier sur lequel est imprimé le texte des comptes rendus de la Société de Biologie, papier trainé sur la lame sans appuyer ; nous avons retrouvé soit les corps en anneau, soit les corps en demi-lune, suivant les cas, aussi bien surdes lames étalées avec le papier que sur les lames étalées avec le verre. De plus, nous avons retrouvé ces corps, ainsi que les globules rouges ané- miés dont ils dérivent (d'après ce que nous avons supposé dans nolre note du 14 janvier 1905), aussi bien dans les parties des préparations où les globules sont lassés et se touchent, que dans les parties où 1e globules sont à distance les uns des autres. Nous ne nous déclarons donc pas satisfaits par l'hypothèse de MM. C. Nicolle et C. Comte, basée sur une seule observation, et nous pensons que de nouvelles recherches sont nécessaires. Depuis le 1° janvier 1905, nous avons trouvé, chez 113 sujets présen- tant des antécédents paludiques, 39 fois des corps en anneau, 45: fois des corps en demi-lune. Les sujets possédant ces deux sortes de corps étaient tous des cachectiques. D'autre part nous avons déjà signalé les corps en anneau et les corps en demi-lune dans le sang de Rats atteints de maladies chroniques indé- terminées (2). Il serait donc intéressant de rechercher ces corps dans le sang d'’anémiques sûrement non paludéens, par exemple dans des régions de France indemnes de paludisme. (1) Société de Biologie, séance du 14 janvier 1905. (2) Annales de l'Institut Pasteur, 1905, p. 138. APPARUE PU MU ET SU SÉANCE DU 29 JUILLET 953 M. Laverax. — Les difficultés que MM. Sergent éprouvent à se rendre compile du mode de formation des éléments en anneaux qu'ils -ont décrits justifient une fois de plus les réserves que j'ai faites dans une séance antérieure (13 mai 1905) au sujet d'une opinion beaucoup trop absolue qui m'avait été attribuée par ces observateurs. J'ai appris que MM. Sergent s'étaient émus de la rectification faile par moi à un passage de leur première nole; je tiens à dire que mes jeunes confrères se sont émus à tort, leur bonne foi n'ayant jamais été mise en cause. SUR LE POUVOIR RÉDUCTEUR DES TISSUS, par M. HENRI IscovEsco. Armand Gautier a montré, en 1881, que les cellules de l'organisme contiennent des substances réductrices. Après lui, Ehrlich a constaté que les organes jouissaient d’un pouvoir réducteur inégal à l'égard du bleu d’alizarine, de céruléine, etc. Abelous et Gérard, que le rein du -cheval et du veau transforment les nitrates en nitrites, que cette action disparait par l’ébullition, par la fillration sur bougie. Rappelons que le platine colloïdal est capable lui aussi (d’après Bredig) de réduire les nitrates en ammoniaque lorsqu'on opère dans une atmosphère d’hydro- -gène, et que Rey-Pailhade a constaté, sur le permanganate de polasse, l’action réductrice variable de macérations de différents organes préa- liblement bouillies. Enfin, beaucoup d'auteurs ont constalé la réduction par les tissus vivants de certaines couleurs et, en particulier, du bleu d’aniline. Toutes ces recherches réunies. ont prouvé qu'il existe dans les tissus des corps réducteurs, mais on ne peut de là conclure à l'existence de réduclases, pas plus qu'on n’a le droit de désigner ainsi l’ammoniaque capable de réduire certains composés nitrés (Lanbenheimer) : le fer métallique qui transforme l'azoxybenzol en azobenzol (Schmidt et Schultz), le protochlorure de fer que Fischer a fait agir sur le para- nitrodiamidotriphénylméthane et qui réduit le groupe nitré, oxyde en même temps le groupe méthane, et réalise l'exemple de reversibililé signalé par Abelous et Gérard, elc., ete. J'ai fait, à mon tour, des expériences avec des macéralions d'organes desséchés, pulvérisés, puis traités par l’eau distillée pure, et filtrés au bout de vingt-quatre ou quarante-huit heures. Je prenais ensuite généra- lement 10 centimètres cubes de cette macération, et j'éludiais son pou- voir décolorant sur du bleu de méthylène ou sur une autre couleur. En dehors des organes ainsi traités, j'ai étudié aussi, à ce point de ue, l’urine normale humaine, le sérum sanguin du chien et du chewal, 9254. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le sue pancréatique, des solutions de glycogène, d'ovalbumine et de jaune d'œuf. Mes résullals peuvent se résumer de la manière suivante : 1° Lorsqu'on opère sans précaulions, et qu'on ne fait rien pour se défendre des poussières, des germes, des impuretés, on obtient, la décoloration du bleu de méthylène. Celle-ci ne commence qu’au bout de dix-huit à vingt-quatre heures, quelquefois plus tard, et finit par devenir totale au bout de quarante-huit à soixante-douze heures. Au contact seulement des liquides étudiés et de l’air, il persiste un anneau verdâtre qui disparait très lentement. J’ai oblenu cette décoloration aussi avec la solution de glycogène à 1 p. 100 et d’ovalbumine. 2° Dès qu'on opère avec soin, aussi aseptiquement que possible, on n'obtient plus de décoloration. Elle manque si souvent, qu'on a le droit de supposer, lorsqu'elle se produit exceptionnellement, qu'on a fait une faute de propreté. 3° La réduction du bleu de méthylène fait totalement défaut, pour les - macérations de tous les organes que j'ai étudiées (cerveau, foie, gan- glions lymphatiques, ovaire, pancréas, placenta, prostate, poumon, rein, rate, surrénale, testicule thymus, thyroïde) aussi bien que pour les autres substances essayées, si on ajoute dans la macération fraiche : 1 p. 100 de fluorure de sodium, 1/2 p. 100 (en volume) de toluène, 1/2 p. 100 d’aldéhyde formique, 1/2 p. 100 (en volume) de chloro- forme ou un 5 millième de sublimé corrosif. J'ai vu aussi qu'en faisant agir une macération hépatique sur une certaine quantilé d’eau oxygénée de manière à ce que celle-ci soit tota- lement décomposée, le mélange n’est plus capable de décolorer le bleu de méthylène. Il n’y a plus de réduction de bleu non plus si on ajoute aux tubes un dixième de solution de gaïacol saturée (à chaud). 4° Toutes les expériences de décoloration que j'ai faites, aussi bien que celles faites par de nombreux auteurs, ont toujours été faites avec des quantités infinitésimales de la matière colorante par rapport à la substance essayée. Mes expériences à moi étaient faites avec une ou deux goultes d'une solution au millième du bleu, pour 10 centimètres cubes de macération à 2 p. 100, c’est-à-dire exactement dans des proporlions de 0,00005 de matière colorante pour 10 centimètres cubes de liquide en expérience..Les rôles sont totalement renversés, c'est en réalité la matière colorante qu’on emploie à des doses avec lesquelles on aurait le droit de parler d’action catalytique. A des doses correspondant par exemple à un vingtième ou un (rentième, quelle que soit la manière dont on conduise l’expérience, on n'obtient rien. L'indigo alcalinisé donne les mêmes résultats, mais beaucoup plus tardifs quand ils sont positifs, et il semble qu’une partie de l’indigo est définitivement détruite. 048 | Avec la fuchsine et le rouge de Magdala on n'obtient rien: Le jaune SÉANCE DU 2Y JUILLET 19 or Oe d'œuf m'a donné une coloration avec précipitation du rouge de Magdala. De toutes ces recherches se dégage l'impression que la décoloration du bleu de méthylène et de l'indigo, qui dans les cas les plus favorables n'apparait que dix-huit à vingt quatre heures après la mise en train, ne peut être due à des ferments réducteurs contenus dans les différentes subsiances que j'ai étudiées. La transformation en leuco-dérivés ne peut èlre mise que sur le compte de substances qui naissent posté- rieurement dans les liquides étudiés. De toute manière, du reste, une décoloration ne saurait suffire pour prouver l'existence d’un ferment ; la notion du ferment est indissolublement liée à celle de disproportion entre les masses actives et j'ai signalé plus haut qu'ici, s’il y a une disproportion, elle est renversée, et en faveur de la substance transfor- matrice, et non pas de la substance transformée : le bleu. Enfin, la charge électrique du colorant employé est un facteur très important. Les liquides organiques qu’on essaye étant presque tous électro-négatifs, ils se comportent différemment suivant que le colorant essayé est électro-positif ou électro-négatif. Il n’est pas étonnant que le bleu de méthylène qui est justement électro-positif soit plus particuliè- rement susceptible de transformations en présence de liquides orga- niques. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) ACTION DE L'EAU OXYGÉNÉE SUR L'OVALBUMINE, par M. HENRI Iscovesco. J'ai à signaler au sujet de l’action de l’eau oxygénée sur l’ovalbumine (Soc. de Biologie, séance du 22 juillet) les points suivants : Lorsqu'on traite 2 centimètres cubes d'ovalbumine par 20 cenlimè- tres cubes d’eau oxygénée d’une concentration d'un dixième normal envi- ron, et qu'on s'arrange de manière à ne pas avoir un mélange immédiat, mais deux couches séparées : l’'ovalbumine au fond et l'eau oxygénée au-dessus, on voit l’ovalbumine diffuser peu à peu dans l’eau oxygénée sous forme de filaments blanchâtres qui montent en colonnettes vers la surface. Au bout de vingt-quatre heures le mélange est complet, il est opales- cent et ressemble à une solution de caséine ou de glycogène très con- centrée, Au bout de quarante-huit à soixante-douze heures, il y a un gel qui occupe la moitié inférieure du tube à expérience. À ce moment on ne trouve pas de précipité au fond, il n’y a que deux phases : une phase liquide supérieure, une phase colloïde, gélatineuse inférieure. 256 SOCIÉTÉ DE BIGLOGIE Si en poursuit l'expérience on constale que l’opacilé du gel augmente de plus en plus et d'autre part qu'il gagne en hauteur de manière que cent vingt à cent quarante heures après le début de l'expérience on se trouve devant une masse homogène blanchâtre et visqueuse occupant la totalité du tube. À partir de ce moment on voit se former à la partie tout à fait supérieure une séparalion du précipité qui commenee à des- cendre et à s’agglomérer à la partie inférieure. Le précipité ainsi formé fixe comme je l’ai déjà signalé le bleu d’aniline, tandis qu'au contraire les précipités obtenus avec le jaune d’œufou les albumines des ma- cérations d'organes ne se laissent pas pénétrer par le bleu d’aniline et au contraire se laissent {traverser par le bleu de méthylène et la safra- nine. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) RECHERCHES SUR LA DIGESTION DE L'INULINE, par M. H. Bierry. L'inulase découverte par J. R. Green dans les tubercules de topi- nambour en voie de germinalion à été signalée depuis par Bour- quelot chez les moisissures, Assergillus niger et Penicillium glaucum. Personne n’a démontré l'existence de l’inulase ou d'un ferment ana- logue chez les animaux supérieurs. En collaboration avec M. Portier (4) j'ai cherché vainement à mettre en évidence chez le chien et le lapin, nourris pendant un certain temps avec des topinambours, l'existence d'un ferment capable d'hydrolyser l'inuline. M. Richaud (2) ne fut pas plus heureux dans des recherches semblables. Pensant que les résultats négatifs tenaient aux liquides de macéra- tions peu actifs, j'ai repris ces expériences en opérant sur le suc pan- créalique qui saccharifie si vite l’amidon. J'ai opéré avec le suc pur ou dilué, en milieu alcalin, neutre ou légèrement acide. Je n’observai jamais la transformation de l’inuline en lévulose. Par analogie avec l’amidon, on pouvait supposer que l'inuline pas- sait par des produits intermédiaires comparables au maltose, et quela transformation commencée par le suc pancréatique s’achevait au con- lact de la muqueuse intestinale. L'inuline mise en contact prolongé avec du suc pancréatique de chien fut addilionnée de macérations intestinales de lapins et de‘chiens. Les (1) Bierry et Pertier. Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 mai 1900. (2) Richaud. Comptes rendus de la Société de Biologie, 5 mai 1900. ” oO O6 1 SÉANCE DU 29 JUILLET expériences furent faites en milieu alcalin, neutre et acide; tous les résultats furent encore négatifs. Ces résultats viennent encore confirmer nos premières expériences. La digestion de l'inuline se fait dans l'estomac. Cette transformation n’est pas due à un ferment soluble mais à l'acide du suc gastrique. Il semble done bien que l’inulase soit différente de l'amylase et de la mal- tase ainsi qu'il résultait déjà des recherches de Bourquelot. Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne. pri) 9 ) SUR L’AMYLASE ET LA MALTASE DU SUC PANCRÉATIQUE DE SÉCRÉTINE, par MM. H. Brerry et E.-F. TERROINE, Dans une précédente note (1) nous avons montré que la maltase existe dans le suc pancréatique de sécréline et qu'il suffit pour la mettre en évidence d’une très légère acidité du milieu. [Il était intéressant de voir l'aclion de petites quantilés de suc pancréatique acidifié et non acidifié sur l’amidon et le glycogène. Nous nous sommes servis de glycogène de muscle de cheval et d’empois, préparés avec de l’amidon de pomme de terre, à 1 ct 2 p. 100. Expérience : LE — 3 c.c. suc pancréatique + 100 c.c. d'empois d'amidon à 2 p. 100. JT. — 3 c.c. — + 100 c.c. — — Très légèrement acidifié à l'acide acétique. Au bout de trois heures à l'étuve à 38 degrés, la transformation de l'amidon en glucose était presque complète dans IT et dans Il seule- ment. Avec le glycogène l’action est plus lente, mais marche de la même facon. Ainsi, quand on opère avec de faibles quantités de suc pancréalique très légèrement acidifié on arrive vite au stade glucose, qu'on parte du glycogène, de l’amidon ou du mallose. Les mêmes quantités de sue normal agissant sur le maltose sont inaclives en quinze et même vingt heures, el incapables dans le même lemps de pousser la sicchari- fication de l’amidou et du glycogène jusqu'au stade glucose. Nous avons essayé l'action de quantités croissantes de suc pancréa- tique non acidifié, 5, 10, 15 et 20 centimètres cubes, sur les mêmes (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, 26 mai 1905. 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE substances en présence d’antiseptiques. Il faut une dizaine d'heures au moins pour constater avec 10 et 15 centimètres cubes de suc panceréa- : tique l’hydrolyse du maltose, et la transformation de l'amidon et du glycogène en glucose. L'opinion de Lintner et Düll que l’isomaltose existerait parmi Les pro- duits de la saccharification de l'amidon par l’amylase, soutenue par Schiffner, Heipe, Prior,-etc., combaltue par Brown et Moriss, Ling et Baker, Jalowitz, etc.,a été reprise à la suite des travaux de Hill et d'Amstrong. D'autre part, Külz et Vogel assurent avoir vu se former de l'isomaltose dans l’action de la salive et des macérations pancréatiques sur l'amidon. Nous aurons à revenir sur ce sujet; voici quelques résultats. Deux à quatre centimètres cubes de suc pancréatique normal saccha- rifient complètement à l’étuve à 38 degrés 100 centimètres cubes d’empois d'amidon à 2 p. 100 (le filtrat ne donne plus de coloration par l'iode et ne précipite plus par l'alcool). Le liquide est traité par la phénylhydra- zine après défécalion par le nitrate mercurique. Dans ces conditions on trouve une osazone après refroidissement, cristallisant toujours de. la même facon en solution concentrée, soluble dans l’acétone étendue de son volume d’eau, et fondant au bloc Maquenne vers 155 degrés, différente de la maltosazone qui en solution concentrée se présente en cristaux, en rosaces fondant vers 198-200 degrés (fusion instan- tanée, Grimbert). D'autre part, avec la même quantité de suc acidifié agissant sur le même poids d'amidon et de maltose, on arrive à un poids de glucosazone déjà considérable, alors que l’hydrolyse du mal- . tose n’est pas encore commencée. Depuis les expériences de Hirsch, von Mering et Pawlof on sait que le passage du contenu stomacal dans l'intestin est réglé au point de vue quantitatif par un réflexe qui inhibe temporairement les mouve- ments expulsifs de l'estomac et ferme le pylore chaque fois qu'une portion du bol alimentaire acide est arrivée dans l'intestin. Nous avons pensé à regarder la réaction du contenu intestinal chez des chiens nourris au lait ou au pain et sacrifiés en pleine digestion par piqüre du bulbe. Nous n'avons constaté une légère acidité qu’à la portion du duodénum correspondant aux canaux pancréatiques. [l est probable que la digestion des amylacés est surtout très active dans cette première portion de l'intestin gréle; du reste la transformation in vitro de l'amidon en glucose se fait très vite, en présence de suc pancréatique présentant seulement des traces d'acide chlorhydrique libre. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SÉANCE DU 29 JUILLET 9259 LA TRANSMISSION HÉRÉDITAIRE DU VIRUS DE LA FIÈVRE JAUNE CHEZ LE Stegomyia fasciata, par MM: E. Marcaoux et P.-L. Simono. Parmi les faits nouveaux que nous avons recueillis au Brésil, concer- nant la fièvre jaune, il en ‘est un que son importance nous oblige de publier dès aujourd'hui : Il s’agit de la possibilité de la transmission du virus amaril de moustique à moustique par voie héréditaire. Dès l’année 1903, notre attention a été attirée sur ce fait que, dans certains foyers d’une zone endémique, il est parfois difficile de retrouver un cas humain de date récente comme origine des cas nouveaux qui se manifestent à un moment donné. Aucun doute ne subsistant que le réveil de ces foyers était dû à la présence du Stegomyia fasciata infec- lieux, nous étions portés à admettre qu'un ou plusieurs de ces mous- tiques avaient été apportés, d'une façon quelconque, d’un point éloigné où existaient des-malades chez lesquels ils avaient puisé le virus. Il est certain que les choses se passent ainsi dans nombre de cas. Nous fûmes amenés toutefois à nous demander si, en certaines circonstances, des œufs, provenant de Stegomyia infectés sur place au cours d’une épi- démie antérieure de quelques mois à celle observée, n'auraient pu donner naissance à des Stegomyia infectés héréditairement. Diverses expériences furent réalisées en 1903 pour vérifier cette hypo- thèse. Nous faisions pondre des Stegomyia qui avaient piqué des malades à la première période, nous élevions les larves et, aussitôt l'insecte arrivé à l'état parfait, nous le faisions piquer sur un sujet humain. Ces expériences ne nous donnèrent pas à cette époque de résultat positif. Cependant les sujets qui avaient subi la piqûre de tels mous- tiques étaient sensibles à la maladie, car elle put leur être conférée ulté’ieurement par des injections de sérum virulent, frais. Nous avons repris ces expériences au mois de février 1905 : Une ponte pro- venant d’un Stegomyia âgé de vingt jours, que nous avions fait piquer sur plusieurs de nos malades dans le but de déterminer une infection intense, fut recueillie et les larves, écloses le 4 février, furent placées dans un bocal pour l'élevage. Dès le 16 février les larves commencèrent à se transformer en in- sectes parfaits. Ceux-ci, isolés dans des tubes , dès la métamorphose, furent nourris avec du glucose jusqu'au 2 mars. A cette date, quatorze jours après la métamorphose, deux de ces Stegomyia ont piqué le sujet A., de nationalité portugaise, arrivé au Brésil depuis peu de jours et n'ayant éprouvé jusque-là aucune atteinte de fièvre jaune. Le sujet n’a manifesté aucune réaction à la Suite de ces piqüres. Il a été piqué à nouveau par un seul de ces deux moustiques (le second étant mort dans l'intervalle) à la date du 10 mars, huit jours après la première piqûre. Quatre jours plus tard, le 14 mars, il manifestait une atteinte typique 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bien que peu grave de fièvre amarille. Les caractères de la période d'invasion, les vomissements, les douleurs, la marche de la température, l’ictère et l’allure de la convalescence ne nous ont permis aucun doute sur la nature de la ma- ladie. Nous avons cru devoir néanmoins confirmer expérimentalement notre diagnostic : Après la guérison, nous avons fait piquer ce sujet à deux reprises: par des séries de Stegomyia infectés sur des amarilliques. Il s’est montré absolument réfractaire à ces inoculations comme tous les individus récem- ment immunisés par une première atteinte. Ajoutons que les conditions dans lesquelles il était surveillé par nous depuis son arrivée au Brésil ne permet- tent pas d'admettre qu'aucune source de contamination autre que le mous- tique à hérédité iufectieuse dont il a subila piqûre ait pu déterminer l'atteinte de fièvre jaune qu'il a préseutée. On peut conclure de cette expérience que, dans des conditions qu'on ne saurait d'ores et déjà préciser toutes, les Stegomyia fasciata issus d’une mère infectée directement sur un malade sont eux-mêmes infectés héréditairement Il ressort des diverses expériences pratiquées à ce sujet que le laps de temps nécessaire pour que le moustique infecté héréditairement devienne capable d'émettre le virus avec sa sécrétion salivaire est plus long que dans le cas où le virus a été puisé par l'insecte directement dans le sang d'un malade. Ce. laps de temps a été de vingt-deux jours dans l'expérience positive. Il ressort également, tant des expériences que des faits épidémiolo- giques, que cette transmission héréditaire ne peut être considérée: comme le cas général mais plutôt comme un ‘ait d'exception. La bénignilé de l'atteinte éprouvée par A. autorise à penser que le passage du virus d'une généralion de Stegomyia à une autre s’accom- pagne d’un certain degré d’atténuation. Il peut y avoir là une voie nou- velle ouverte aux recherches ayant trait à la vaccination contre la fièvre: Jaune. La connaissance de ce mode de propagation éclaire un des points les plus obscurs de l'histoire de la fièvre jaune, celui du réveil de certaines épidémies où l’on ne peut retrouver un cas humain primitif assez récent pour expliquer l'infection des Stegomya présents. Enfin on ne saurait méconnaïtre son importance au point de vue de la prophylaxie. ETUDE DE L’'HYDROLYSE DU GLYCOGÈNE PAR L'AMYLASE DU MALT, par M'° Cu. PuiLocue. J'ai étudié précédemment l'hydrolyse de l’amidon soluble par l'amy- lase du malt (« diastase absolue » de Merck), qui est extrêmement active, eile agit sur l’amidon à la dose de 1 gramme pour 500.000 et 800.000 centimètres cubes. J'ai montré qu'il semble y avoir deux par- : SÉANCE DU 29 JUILLET 261 EE — "a ties dans la marche de ce phénomène : d'abord une transformation rapide, puis un ralentissement, mais l'hydrolyse continue régulièrement. __ Il était intéressant de voir comment cette diastase agit sur le glyco- gène. J'ai employé du glycogène préparé par M. Stassano. Les solutions faites dans l’eau contenant du NaF à 5 p. 1000 sont neu- tres, on les place dans le thermostat à 31 degrés et on ajoute la diastase lorsqu'elles ont une température bien fixe. La marche de l'hydrolyse du glycogène est différente par plusieurs points de celle de l’amidon. 1° Une quantité donnée d'amylase n’est capable de transformer jusqu'au stade maltose ou isomaltose qu'une quantité limitée de glycogène. Teneur en amylase. |1/10.000/1/5000/1/4000/1/2000/1/1000!1/800/1/500/1/200/1/100|1/50 Quantités de maltose après 30 h. 1/2. 0507 | 0,12 | 0,48 | 0,36 | 0.60 |0,867| 1,04 | 1,39 | 4,54 [1,76 Après50h.1/2. | 0508 | 0,15 | 0,20 | 0,56 | 0,86 | 0,96 | 1,0 2° La courbe de la vitesse d'hydrolyse du glycogëne monte très rapidement au début et présente ensuite un plateau à peine ascendant. On a donc un phénomène analogue à celui qui se produit pour l’amidon, mais beaucoup plus exagéré. On peut donc aussi décomposer l’hydrolyse en deux temps comme le mon- trent les exemples suivants : 19 juillet 1905, Glycogène 2 p. 100. Diastase absolue, 1 p. 50 : Diastase absolue, 1 p. 100 : Quantité Quantité Temps. de maltose. Temps. de maltose SURAUTU ICS RE TARN À gr. 25 SOMMINUTES RE Os 00 170 ER Pat Me Te Moige ve I ORNE: 1710 nt ee eee en re DIR UE 242 RP RER LE RC MN EME 240 M ele eee ee on LOTO S DORHEUTES TN Me à 1 gr. 80 2HNNEUTCS ed ete el ET 140 17 juillet 1905. Glycogène 2 p. 100. Diastase absolue, 1 p.650 : | Diastase absolue, 1 p. 1300: | Diastase absolue, 1 p.6500 : Quantité Quantité Quantité Temps. de maltose. Temps. de mallose. Temps. de maltoso. 30 minutes. . 0 gr. 6% 30 minutes. . 0 gr. 58 30 minutes. . 0 gr. 16 90 nr V0 0ePTETIS 92 "1,1. 0%gr: 710 92 —, .. 0:gr.124 150 ER nr DAT IS 150 + ro 0rer. 12818160 — .. 0 gr. 24 26 heures. . . 1 gr. 02 26 heures. . . O0 gr. 86 26 heures... . 0 gr. 21 262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5 juillet 1905. Diastase absolue, Diastase absolue, Diastase absolue, | 29 juin. Glycogène À p. 1000 : 1 p. 5000 : 1 p. 10.000 : 2,5 p. 100 + Diastase Quantité Quantité Quantité | absolue, 1 p. 25.000 : Temps. de maltose. Temps. de maltose. Temps. de maltose. Quantité “30 min. O0 gr. 34 | 15 min. O0 gr. 14 | 17 miu. O0 gr. 08 | Temps: de maltose: 60 —. O0 gr. 62 | 30 — . O0 gr. 146| 32 — . 0 gr. 12 |218 min 0er 1 95 : — nm Ogr. 82 | 190): n 0 gr: 49490 — . 'O1gr 15013320 MORE TMS 115 — . 0 gr. 88 |156—— . O0 gr. 22 |452 — ., 0 gr. 216 20 = 0NEr- 15 305 —". O gr. 96 |255 — "0 gr. 22 215 0 gr. 218) 660 UE EI 48 heur. 1 gr. 48 heur. 0 gr. 24 | 48 heur. 0 gr. 26 |1530 — : 0 gr. 18 On voit donc qu'entre quatre heures et vingt-quatre heures la quan- tité de maltose formée augmente très peu. La réaction s'arrête presque. On doit se demander si cet arrêt ne correspond pas à un affaiblissement de l’amylase. J'ai donc ajouté après cet intervalle de temps au mélange une nouvelle quantité de glycogène ou d’amidon. On voit que la trans- formation s’est de nouveau produite; par conséquent l'arrêt de l'hydro- lyse n’est pas dù à un affaiblissement de la diastase. Voici les résultats numériques : 19 juillet 1905. Glycogène 2 p. 100 + Diastase absolue, 1 p. 50 : Temps : 30 minutes . . Quantité de maltose : 1 gr. 25. — ATOME — _ 1 gr. 33. ë — 242 — 5e — = À gr. 41. — 2ONNEUTES ME = — 1 gr. 80. Après 26 heures. — Addition de 1ÿ centimètres cubes d'une solution de glycogène à 2,66 p. 100 à 5 centimètres cubes de la solution précédente, ce qui donne : Glycogène, 2 p. 100 + Diastase absolue, 1 p. 200 + Isomaltose, 0 gr. 45 p. 100. Temps : 60 m. Quant. de maltose formée après l'addition de glycogène : 0 gr. 63 — 250 m. — — — 0 gr. 85 Après 26 heures. — Addition d'amidon dans les mêmes conditions. Amidon 2 p. 100 + Diastase absolue, 1 p. 200 + Isomaltose 0,45 p. 100. Temps : 4 minutes ; JU Quantité de maltose formée après l'addition : 1 gr. 10 6 D ÉD es _ = 1 gr. 20 =) J'ai indiqué seulement la quantité de maltose formé ; on se demande si le glycogène non transformé en maltose reste à l’élat de glycogène ou subit des transformations jusqu'à des stades moins avancés. Par la réaction de l’iode on trouve que à la fin du premier temps d'hy- drolyse il n'y a plus de coloration. Par l'alcool on obtient encore un précipité. Il en résulle donc que le glycogène n'existe plus sous sa forme primitive. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) AE ACTES best NT pe Fr < # < + 7 SÉANCE ou 29 JUILLET G 263 ‘à ” , té L = , #2 ) e CE - COMPARAISON DE L'ACTION DE L'AMYLASE ET. DU SUC-PANCRÉATIQUE 5 si ‘à : DIÉARS SUR LE GLYCOGÈNE ET L'AMIDON, à" | + Dar Mr CE PHILOCHE. M me . d : É : à | En étudiant comparalivement L hydrolyse de F amidon el du gly fee : ns. d'une. part par l'amylase et d'autre part par le suc pancréatique, j'ai L trouvé que l'hydrolyse de l'amidon soluble se fait plus vite que celle du x “20 lycogène. La différence entre les deux vitesses d'hydrolyse est faible RES lorsqu'elle est produite par le suc RATÉ, el très forte dans le cas de < 3 55 l'amylase du malt. | T "4 Exemples : W à : 2 | 27 juillet 1905. ps ASE | : Re AWIDON, 2 p. 100. | GLYCOGÈNE, 2 p. 100. | $ Suc pancréatique frais 4 centimètres cubes p. 100. = 3 > ' Quantité | : 3 : - Quantité - : « Temps. : de maltose. Temps. : de maltose. oi . - 60 minutes. . . CET 1 gr. 40 ODAMINULES ER RC RTE ET 0 gr. 84 Le. L 90 nr Me to co mlenr. LES . 90 RP ER AE TETE Li 0 gr. 90 ; | heures, ? EU A gr. 60 PONS Rte CE A mb . ‘1270 . £ : « | ô . x = | + Suc pancréatique frais 2 centimètres cubes p. 100. SE _ 60 MUHHeS 7 do à 1 gr. 34 CSRMINUIES EEE TETE NC a . À gr. 44 DOS EE 2e I M OM OMPUSE Eu | 2 HEC SOON 1 gr. 52 2HMNEUTES NP TT Ce 0 gr. 98. » SR - L * Suc pancréatique frais 1 centimètre cube p. 100 #5 minutes. . . . . . . 4 gr. 10 dDéminuies se AMC ENENC ANT gr. 19 É — 1 gr. 28 215 NP Oo LOUE CRU Ve dr C meurent... 1 gr. 33 DR HOTTES Me ASE EN UEEr EU 7 juillet 1905. | Suc pancréatique frais 1/2 centimètre cube p. 100. Minutes: 0. ru, 0 gr. 53 DMITMÉES. 2 ro. 0 gr. 48 : ES DA POSE) PA 0 gr. 88 40 EEE MEME RC IE HU Or- O0 | En Ve TRE RER 0 gr. 94 60 00 das a OEM ER NQ BEE AE re PERS AE TMS Chat met 24 «Poe a 90 PAS PANETTIERE = £. 1 SÉRPOTS PP 1e A EE 2 10 Em EN. sr 0:87. '68 ln Cat pen à SLA OR EE 210 PR Men 47e Au ON QUO NES 22, NE CAPE SORPARPTI RES 1 gr. 28 DAATOUTEN A M Re es 0 gr. 92 M eures . .. . . . . .. 1 gr. 34 k Brococte, Cowpres RENDUS. — 1905. T. LIX. * L 15 264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 27 juillet 1903. C AMIDON, 2 p. 100. | GLYCOGÈNE, 2 p. 100. Diastase absolue 4 p. 1000. Quantité Quantité Temps. de maltose. Temps. de maltose. 60 minutes. . . . . iles ile) GORMINULTES ERP 0 gr. 62 190 ICONE AEUIE 1 gr. 28 190 On © 0 0 gr. 69. D CO ME PS A CNE VS UE Pr 1 gr. 45 2AVIN SA 12. EC HPMPNPREEE 0 gr. 74 Diastase absolue À p. 10.000. A9 AIANIES, VE! 0 0 os © OrER Hi DOMMINULES ER RERETEE 0 gr. 08 180 Sn Ne de ie 419 180 TT dm CU E nc 0 gr. 12 DEAN SEM" Ci atronte | gr. 28 21h AVE CRE ENEEE 0 gr. 124 Diastase absolue 1 p. 25.000. ROMMINUTES EEE 0 gr. 50 TSMINULES EEE 0 gr. 074 200 RE A Re En Ion As 210 =: (tie MONO 0 gr. 076 2SMNEUTES EE Ce L gr: 21 23HheUTES LE EN CREER 0 gr. 07 12 mai. 7 juillet 1905. AMIDON, 2 p. 100 + DIASTASE ABSOLUE, GLYCOGÈNE 2 p. 100 + prASTAS: ABSOLUE, 1-p. 25.000. 1 p. 1000. Quantité Quantité Temps. de maltose. Temps. de maltose. 16 ESA 3000218 Done 0 gr. 24 20 Minutes: CARRE 0 gr. 54 OMAN RP ARE T SA PANAUT © 0 gr. 38 60: — 9. PACE 0 gr. 62 60 PA A LE troupe 0 gr. 68 95 TR ON MO Oo 0 0 gr. 82 99 = 0 gr. 94 175 LE ei RU CNET 0 gr. 88 2 MU ee EU 1 gr. 10 305 1 ee de RARE 0 gr. 96,0 10 PT CA A Ne nt 1 gr. 46 241 PE ce et - ae EAe 1 gr. 56 210 pe PEU 1 gr. 60 300 CLOS LOUE LAS j gr. 62 16 juin. 17 juillet, ‘AMIDON, 2 p. 100 + DIASTASE ABSOLUE, GLYCOGÈNE, 2 p. 100 + DIASTASE ABSOLUE, | 1 p. 25.000. 4 p. 1300. Quantité Quantité Temps de maltose. Temps. * de maltose. SOMMINULE SE Ce 0 gr. 34 30 minutes” . + OP NUE 60 ST Ne ARE RO ANNEE 0 gr. 526 92 Re I CU cd 0 gr. 70 95 En re NE SEA LR EN 0 gr. 76 150 ee ee IT 0 gr. 72 DD DR TRES TR RARE 4 gr. 14 D6Nheures 2e 0 gr. 86 300 DR IUE VE ASIE Eee 1 gr. 58 En faisant les ozazones j'ai trouvé qu'il n° y a pas de glucosazones t J'ai opéré avec le suc pancréatique de sécrétine pur tel qu’il est sécrété. ; La concentration n’a jamais dépassé 4 centimètres cubes de suc pan créatique p. 100. Les ozazones qui cristallisent par refroidissement ne | O6 SÉANCE DU 29 JUILLET | : 26 diffèrent nellement des maltosazones, et ressemblent aux isomaltosa- zones telles qu'elles sont décrites par les auteurs. (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) SUR LES LARVES CILIÉES PRODUITES PAR LA FEMELLE D'UN ORTHONECTIDE (Ah. ophiocomæ GrAR»), ; Note de MM. Maurice CAULLERY et ALPHONSE LAVALLÉE. — Les Orthonectides se rencontrent, comme on sait, à l’état de parasites “dans divers Invertébrés marins el se présentent sous forme de masses “plasmodiales renfermant en grand nombre desindividus sexués, adultes ‘ou en voie de développement. Les recherches effectuées par l’un de nous, “il y a quelques années, en collaboration avec F. Mesnil (1), avaient conduit à la conclusion que le cycle évolutif de ces animaux se compose de deux générations alternant régulièrement : l’une constituée par les plasmodes eux-mêmes, l’autre parles individus qu’ils renferment et qui s y forment aux dépens de cellules germes. Ces individus, une fois adul- tes, sortent de l'hôte et nous avions supposé que, dans le milieu exté- rieur, les femelles, sans doute après fécondation, produisaient des em- bryons qui, pénétrant dans un nouvel hôte, y devenaient les plasmodes. Nous avions obtenu, à la fin de nos recherches, une confirmation de fait de cette hypothèse, pour /hopalura ophiocomæ Giard, Orthoneclide para- site d’une Ophiure, Amyhiura squamala. Ayant mis en effet, pendant quelques jours en présence, dans un cristallisoir, des Amphiura para- sitées les unes par des Orthonectides mâles, les autres par des femelles, nous trouvämes une femelle de Æhopalura qui, après une certaine période de vie libre, renfermait non plus des ovules, mais des embryons pluricellulaires (2). Cette observation unique et faile sur des matériaux oils sur le tragus (3). 45 à 20 20 à 25 25 à 30 30 à 55 35 à 40 40 à 45 45 à 50 50 à 55 55 à 60 60 à 80 Rides. 2 9 41 65 92 96 99 99 100 100 Eos. 13 12 33 61 88 87 9% 93 98 98 (1) Mme Nageotte-Wilbouchewitch. Raideur juvénile, Revue de médecine, 1905, p. 344. : (2) Ch. Féré. L'influence de | ‘ducation de la motilité volontaire sur la sensibilité, Revue philosophique, 1597, t. XLIV, p. 591. (3) Je présente à la Société un graphique montrant les résultats de mon enquête. Son aspect est plus saisissant que la lecture des chiffres que j'ai relatés dans le tableau ci-dessus. 299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les chiffres qui précédent montrent un parallélisme très étroit entre la présence des rides pré-auriculaires et le développement des poils du tragus. Les rides sont, dans presque toutes les périodes lustrales, plus fréquentes que les poils : cela tient surtout à la présence parmi mes sujets, d'individus absoiument glabres quant à la barbe. Les deux signes n'apparaissent guère avant l’âge de 25 à 30 ans. De 30 à 35, ils dépassent en fréquence la moitié des hommes examinés, mais c'est depuis le lustre 35 à 40 qu'ils sont pour ainsi dire conslants. Cette étude ne m'a donc pas apporté une démarquation tranchée, une limite nette en deça de laquelle les signes manqueraient et au delà de laquelle ils n'admettraient pas d’exceptions, mais elle me paraît néan- moins intéressante et susceptible d'applications dans les recherches, si difficiles parfois, de l'identification des individus. SUR LA © SAMBUNIGRINE » GLUCOSIDE CYANHYDRIQUE NOUVEAU, RETIRÉ DES FEUILLES DE SUREAU NOIR, par MM. Eu. BouRQuELOT et Em. DanJou. Dans notre première note sur le glucoside cyanhydrique du sureau (1), nous annoncions que ce glucoside, hydrolysable par l’émulsine, devait être un glucoside lévogyre, très voisin de l’amygdaline, sinon l'amygda- line elle-même. Estimant d’ailleurs que la question de la nature de ce principe ne pourrait êlre abordée utilement que lorsqu'il aurait été isolé (2), nous avons dirigé nos recherches de ce côté, et, après des essais qui ont été poursuivis de juin à septembre, nous avons enfin réussi à l'obtenir cristallisé et pur. L'étude que nous en avons faile ensuite, et que nous résumons, nous permet d'affirmer que c’est bien un glucoside lévogyre voisin de l’amyg- daline: elle établit, en outre, qu'il diffère de tous les glucosides cyanhy- « driques connus: c’est donc un glucoside nouveau et nous proposons de lui donner le nom de sambunigrine, nom qui rappelle celui de la plante (Sambucus nigra L.) dont on l’a retiré. PRÉPARATION DE LA SAMBUNIGRINE. — La préparation de ce glucoside est facilitée par ce fait que les feuilles de Sureau noir ne renferment que des traces d'émulsine. On peut donc faire sécher ces feuilles à l'air, ou même les réduire en pâte à la machine sans que la proportion de gluco- (4) Société de Biologie, LIX, p. 18, Séance du 1€ juillet 1905. ] (2) Journ. de pharm. et de chim., [6], XXIL, p. 160, numéro du 16 août 1905: Note. side qu'elles renfermeut diminue sensiblement. De là deux procédés de préparation (1). 40 Avec les feuilles dessèchées à l'air (2). — Les feuilles desséchées (folioles autant que possible séparées du pétiole) étant épuisées par de l'alcool à 90° bouillant, on distille la teinture obtenue, d’abord à l'alambic ordinaire de facon à retirer l'alcool, puis, après filtration, dans le vide partiel jusqu'à réduction en consistance d'extrait sirupeux. Cet extrait est additionné d'alcool à 95 degrés, ce qui amène une abondante cristallisation d’azolate de potassium, en même temps que la formation d'un précipité. La nouvelle solution alcoolique, séparée par filtration, est distillée sous pression réduite, ce qui donne un extrait que l’on épuise à l’ébullition par de l’éther acétique saturé d’eau. On évapore au bain-marie et à sec la solution ethérée, on reprend par l’eau, on filtre après agitation avec un peu de carbonate de calcium précipité; on distille à sec la solution aqueuse, on reprend le résidu, à l’ébullition, par de l’éther acétique saturé d’eau; on évapore au bain-marie et l’on obtient un extrait qui, abandonné à lui-même, ne tarde pas à se preudre en cristaux. On a ainsi la sambunigrine brune. 2° Avec les feuilles fraiches. — 10 kilogrammes de feuilles fraîches sont broyées à la machine, et l’on obtient une pâte qu’on projette dans environ 12 litres d’eau portée et maintenue à l’ébullition. On soumet à la presse et on distille les liqueurs dans le vide partiel jusqu’à réduction à 1 litre environ. A ce liquide on ajoute 4 litres d'alcool à 90 degrés, ce qui provoque la formation d'un volumineux précipité dans lequel on aperçoit bientôt des aiguilles d'azotate de potassium. On filtre, on distille jusqu'à réduction du liquide au volume de 350 centimètres cubes environ et on l’additionne de 4 volumes d'alcool à 95 degrés. Il se fait un nouveau précipité; on filtre, on distille d’abord à l’alambic pour retirer l'alcool, puis sous pression réduite de façon à obtenir un extrait presque sec. On épuise cet extrait à l’ébullition, et à plusieurs reprises, par de l'éther acétique saturé d’eau; après quoi, on distille les solutions éthérées sous pression réduite. - L'extrait éthéré n'étant pas encore suffisamment débarrassé des matières étrangères, on le redissout dans 100 centimètres cubes d’eau; on agite avec de l’éther ordinaire qui enlève un produit verdâtre; on soutire et on évapore le liquide aqueux; on reprend le résidu par de l’éther acétique saturé d’eau (1) C’est encore l’'émulsine, dont l'emploi nous avait conduit à la découverte du glucoside, qui nous a permis de trouver assez rapidement le dissolvant neutre à l’aide duquel on arrive à l’isoler. Nous nous sommes astreints, en effet, dans nos opérations préliminaires, à essayer méthodiquement l’action de ce ferment sur les portions séparées par divers dissolvants et nous avons constaté que la totalité du glucoside passait dans l’éther acétique. (2) Nous ne donnons ici qu'un résumé très succinct de se procédé qui est le premier auquel nous avons eu recours et qui à déjà été publié (Journ. de mpharm. et de chim., [6] XXII, p. 219. numéro du 1*" septembre 1905). BioLoie. Compres RENDUS. — 1905. T, LIX. 21 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et bouillant; on distille la solution éthérée et l’on abandonne l'extrait dans lequel cristallise la sambunigrine brute (1). PURIFICATION DE LA SAMBUNIGRINE. — 10 grammes de sambunigrine brute sont traités par 50 centimètres cubes d’éther acétique anhydre bouillant. On filtre chaud et on laisse cristalliser. On essore les cristaux sur coton à la trompe et on les lave d’abord avec un mélange d’éther acétique et d’éther éthylique, puis avec de l’éther éthylique. On dessèche dans le vide sulfurique. Le produit ainsi obtenu laissant encore des traces de résidu fixe à l’'incinération, on le purifie une dernière fois dans un mélange d’éther acétique ei de toluène (2). PROPRIÉTÉS DE LA SAMBUNIGRINE. — La sambunigrine cristallise en longues aiguilles incolores; elle est inodore et présente une saveur un peu douceâtre d’abord, puis amère. Elle est très soluble dans l’eau (dans moins de 3,5 parties à 20 degrés), très soluble dans l'alcool froid, assez soluble dans l’éther acétique anhydre ou saturé d’eau, presque insoluble dans l’éther. Elle est lévogyre. Deux déterminations effectuées sur un produit n'ayant pas encore subi la dernière purification nous ont donné : aD — — 7601 et — 7504 Une troisième détermination portant sur le produit purifié à donné : aD — — 7603 A 4946! 5x =ASCm' = 20 SpA RE LA La sambunigrine se rétracte à 149 degrés et fond à 151-152 degrés. Elle ne perd pas de poids lorsqu'on la chauffe à 100 degrés et ne réduit pas la liqueur cupro-potassique. La sambunigrine est hydrolysée par l’émulsine avec formation de glucose, d’aldéhyde benzoïque et d'acide cyanhydrique. Les proportions de glucose et d’acide cyanhydrique ont été déterminées avec soin. Seule la détermination du poids de l’acide cyanhydrique a présenté quelques“ difficultés en raison de sa volatilité. Pour éliminer le plus possible les erreurs, On à provoqué l’hydrolyse par l’émulsine dans un tube de verre scellé à la lampe (Sambunigrine pure : 0 gr. 4355; eau distillée : 15 centimètres cubes; émulsine : O0 gr. 15. L'action a été prolongéem pendant quatre jours à 30 degrés). (1) Aux cours de ces diverses opérations, on a pu séparer, outre de l’azotate de potassium, une assez notable quantité de sucre de canne cristallisé. (2) Ces opérations seront exposées en détail dans un article plus étendu qui paraîtra dans le Journ. de pharmacie et de chimie. SÉANCE DU 14 OCTOBRE 295 Le dosage du glucose a donné, dans deux opérations : 61,42 et 61,14 p. 100. Celui de CAZH, dans l'opération ci-dessus indiquée : 8,61 p. 100. Cryoscopie : Celle-ci a donné, comme point molécu- laire : 298,8. RNA P Er 00 RPorUS der Feaur 222% 0 pr OT MATE NS Dans ces conditions la sambunigrine parait devoir être considérée comme un isomère de l’amygdonitrile glucoside de Fischer dont elle diffère, en particulier, par la grandeur de son pouvoir rotatoire : — 76°,3 au lieu de — 26°,1. Sa formule serait donc : C'*H!7AzOfï. Calculé pour C‘*H{7Az05 Trouvé pour sambunigrine. Poids moléculaire . . 295 298,8 PIICOSE NME Er TEN6E 016 pz 400 61,28 DAZEAUT le Aide 9,45 8,61 INDICATIONS FOURNIES PAR LES VARIATIONS DE LA TENSION SUPERFICIELLE DES URINES SUR L'OPPORTUNITÉ DE LA BALNÉOTHÉRAPIE DANS LA FIÈVRE TYPHOÏDE, par MM. G. Biccarp ET G. Mornac. Les bons effets de la balnéothérapie au cours de la fièvre typhoïde se traduisent par une augmentation de la diurèse et de la toxicité urinaire (le coefficient urotoxique devient cinq à six fois plus fort qu'à l’état nor- mal, d'après Roque et Weil) (1). Mais en pratique la balnéothérapie n’est pas toujours possible (insuf- fisance du personnel, mauvais vouloir de l'entourage, etc.); aussi Brouardel et Thoinot (2) conseillent-ils de réserver exclusivement la méthode de Brand pour les formes graves et malignes. Sans doute, le conseil est bon, mais y a-t-il un signe certain, qui permette de pronostiquer une forme grave et maligne? À quel moment doit-on demander aux bains de provoquer une crise urotoxique et diurétique ? Telle fièvre qui s’annonçait bénigne et suivail une marche normale présente brusquement des symptômes graves qui parfois amènent la mort. Or ces symptômes graves, d'ordre clinique, sont un indice qu'il est urgent de donner des bains, mais lorsqu'ils ont apparu n'est-il pas trop tard pour cette intervention ? (1) In Traité de médecine et de thérapeutique de Brouardel et Gilbert, t. 1 p. 807. (2) Ibid., p. 811. 9296 SOGIETÉ DE BIOLOGIE N'est-il pas possible de prévoir plus tôt la rétention des loxines qui déterminent tous ces troubles ? D’après nos observations, l'étude de l'urine, véhicule des toxines, peut nous fournir le signe de l’opportunité de la balnéothérapie. S'il est exact que la tension superficielle des urines est d'autant plus faible que leur toxicité est plus grande (1), nous avons dans la mesure de la tension urinaire un procédé facile nous permettant d'observer l'élimination des toxines et de voir le moment où celle-ci tend à dimi- nuer ; à ce moment on donnera des bains. Les observations qui suivent confirment la valeur du procédé. Les urines de l'homme sain ont une tension qui oscille aux environs de 7 milligrammes ; dans une fièvre typhoïde à cours normal et durant la période d'état, les toxines sortent par le rein pendant la maladie et la tension oscille de 6 milligrammes à 6 milligr. 30, pour remonter aux environs de 7 milligrammes au moment de la chute de la tempéra- ture. D’après nos recherches, foute fièvre typhoïde en cours, qui présente une tension urinaire inférieure à 6 milligr. 40, doit être immédiatement lraitée par les bains, quels que soient l'état général et la température du malade. Os. 1. — Fièvre typhoide normale au début, la température ne dépasse pas 40 degrés. Vers le douzième jour le malade devient plus abattu, la diar- rhée augmente, les’ rémissions matinales manquent. La T. S. urinaire passe de 6 milligr. 30 à 6 milligr. 60 et le malade meurt par excès d'intoxication quatre à cinq jours après avec une T. S. urinaire — 6,75. Os. II. — Fièvre typhoïde s'accompagnant au début de quelques symptômes nerveux, mais la température ne dépasse pas 40 degrés et tout rentre dans l’ordre quand brusquement, vers le huitième jour, le délire augmente et le malade est emporté avec tous les symptômes d’une fièvre ataxo-adynamique. La T. S, s'est élevée le septième jour de 6 milligr. 20 à 6 milligr. 90. Oes. III. — Fièvre typhoïde normale, température oscillant entre 39 et 40 degrés ; au dixième jour de la maladie, nous constatons que la tension | superficielle est de 6 milligr. 98 et nous examinons le malade qui ne présente rien d’anormal au point de vue clinique. Subitement le lendemain le malade présente le tableau de l’urémie convulsive. Mort deux jours après. Os. IV. — Fièvre typhoïde grave, traitée par les bains froids. La tension superficielle oscille de 6 milligr. 31 à 6 milligr. 59 ; sous l’influence des bains, la tension s'abaisse chaque fois ; par exemple, de 6 milligr. 49 à 6 milligr. 31. Guérison. Donc la gravité de cette fièvre était indiquée par la tension uri- paire élevée et certainement, sans les bains, le malade aurait succombé. (Ecole de médecine de Clermont-Ferrand.) (1) Billard et Perrin. Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 janvier 1905: SÉANCE DU 14 OCTOBRE 297 ÉCHINOCOCCOSE MULTILOCULAIRE DU BŒUF ET ÉCHINOCOCCOSE ALVÉOLAIRE HUMAINE (BAVARO-TYROLIENNE), par M. F. Dévé (de Rouen). Jusqu'à ce jour, l'identité de nature entre l’'échinococcose multilocu- laire du bœuf et l’échinococcose alvéolaire de Fhomme a été générale- ment admise. On à pu penser, dès lors, que l’étude de à première con- tribuerait à éclairer le processus encore obscur de la seconde. Or, un examen comparatif de l'une et l’autre lésions nous a conduit à cette conclusion que les deux affections ne sont nullement assimilables; il s’agit, selon nous, de deux formes parasitaires essentiellement distinctes. Un parallèle succinet mettra en opposition les caractères macros co- piques et histologiques des deux lésions. J. CARACTÈRES OBJECTIFS GÉNÉRAUX. — a) L'échinococcose bavaro-tyrolienne humaine se présente macroscopiquement avec l’aspect d’une lésion caucé- reuse. Une section la montre formée par une masse dure trouée, et comme vermoulue, par une infinité de minuscules cavités irrégulières qui l'ont fait comparer à une tranche de pain bis. Les formations parasitaires sont incrus- tées dans le tissu fibroïde fondamental et n’en peuvent être énucléées. — La masse parasitaire tend à se nécroser à son centre et ne tarde pas à se creuser d'une caverne anfractueuse. Réserve faite pour cet effondrement central, la lésion reste identique à elle-même dans tous ses points; on n’y rencontre guère de cavités vésiculaires supérieures aux dimensions d’un pois; elle ne contient pas de vésicules-filles et pour ainsi dire pas de liquide hydatique. — Néoplasie d’allure maligne, Yéchinococcose alvéolaire humaine s’infiltre dans les parenchymes, envahit les canaux muqueux, les vaisseaux sanguins et lymphatiques, les ganglions, et donne naissance à des métastases qui gardent les caractères spécifiques de la lésion primitive. £) L'échinococcose multiloculaire bovine rappelle extérieurement l'aspect d'une lésion tuberculeuse. Sa section est comparable à celle d’un chou-fleur. Elle présente une charpente fibroïde, ordonnée avec une certaine régularité, limitant des cavités relativement larges qui communiquent entre elles par un ou deux orifices étroits et qui sont comblés par un magma gélatiniforme, de couleur jaune d'or, précocement chargé de concrélions calcaires. Agitée - dans l'eau, cette masse gélatiniforme, qui s’énuclée facilement de son kyste fibreux, se montre constituée par de larges et minces membranes hyda- tiques plissées, chiffonnées. Au milieu de ces membranes, et leur adhérant plus ou moins, on rencontre des vésicules-filles exogènes fragiles. — Quelque «volume qu’elle atteigne, la lésion parasitaire ne présente jamais de nécrose centrale. — Ses cavités sont de taille variable, rarement inféri-ure à celle d'un pois; elles atteignent parfois de grandes dimensions et peuvent contenir de larges vésicules pleines de liquide limpide. On constate :ouvent sur une même pièce toutes les fransitions entre la forme moléculaire et la forme hydatique du parasite. — La lésion n'a aucune tendance à l'infiltration à pt» 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE distance; elle n’envahit jamais les vaisseaux sanguins ni lymphatiques; elle conserve toujours les caractères d’une néoplasie circonscrite, bénigne. IT. CARACTÈRES MICROSCOPIQUES ET ZOOLOGIQUES. — «) Dans l'échinococcose alvéolaire humaine le stroma fibroïde apparaît creusé d'une multitude de cavités vermiculaires contenant des formations parasitaires extrêmement capricieuses. Ce stroma, généralement pauvre en cellules, devient amorphe, vitreux, au voisinage de la cuticule vésiculaire qui s'appuie directement sur lui. On observe par endroits, dans cette zone, de nombreuses cellules géantes. — Dans ses formations adultes la membrane cuticulaire est épaisse et stratifiée; le plasmodium délicatement réticulé qui la tapisse intérieure- ment renferme de fines granulations faiblement basophiles et souvent des plaques calcaires. Cette germinale peut être fertile et donner naissance à des scolex ; la gomme iodée y révèle l'existence d’une glycogenèse très active. — Le parasite s’infiltre à la périphérie dans les tissus, sous forme de diverti- cules plasmodiaux déliés (Jugendformen) qui se cuticularisent secondairement,. G) Les cavités de l’'échinococcose multiloculaire bovine sont communes à plusieurs vésicules parasitaires qui se montrent le plus souvent affaissées, leurs parois plissées et partiellement symphysées. Ces formations cuticulaires sont habituellement plongées dans une substance caséeuse grenue qui, de bonne heure, se charge de sels calcaires. A la périphérie de la cavité, la membrane vésiculaire ne repose pas sur du tissu fibroïde; elle est en rapport avec une couche cellulaire adventice. Au contact même de la cuticule parasi- taire, à laquelle elles paraissent adhérer, les cellules adventices prennent un aspect épithélioide très particulier donnant l’apparence d’un revêtement épithélial cylindrique. — La cuticule parasitaire hyaline, feuilletée dans cer- taines vésicules, reste dans d’autres mince et non stratifiée; sa germinale est réduite à quelques rares granulations faiblement éosinophiles, très pauvres en glycogène. Ces membranes, si elles donnent volontiers naissance à des. hydatides cuticulaires, demeurent par contre acéphalocystes. — La lésion pro- gresse par développement excentrique des vésicules exogènes. 1 Outre ces différences radicales dans la structure et l’évolution des deux lésions, la distribution géographique étroite de l’une mérite d’être opposée à l’ubiquité de l’autre. L’échinococcose multiloculaire du bœuf a été observée, en effet, dans des pays où l’échinococcose alvéolaire humaine est inconnue (France, Allemagne du Nord, République Argen- tine). — Railliet et Morot (1898), Jenckel (1903), Viñas (1905) ont conclu de là à l'extension de l'aire géographique de l’échinococcoses alvéolaire et ils ont cru pouvoir avancer que, dans les pays en question restés |jusqu'ici indemnes, on devait s'attendre à voir cette forme para sitaire apparaître quelque jour chez l’homme. Une telle conclusion n’est pas légitime si, comme les données précédentes paraissent l’éta= blir, les deux affections sont de nature distincte. - * 4 SÉANCE DU 14 OCTOBRE 299 ECHINOCOCCOSE DES GANGLIONS LYMPHATIQUES CHEZ UN MOUTON, par M. F. DéÉvé. Chez un mouton atteint d’échinococcose banale nous avons constaté un envabhissement des ganglions trachéobronchiques par le parasite hydatique. Les pièces, saisies à l’abattoir de Rouen, provenaient d’un mouton de la région. Le foie était envahi d’une facon massive par des kystes du type hyda- tique scolécipare, affectant la forme diverticulaire qui caractérise l'E. veteri- norum. Moins profondément atteints, les poumons renfermaient chacun une dizaine de tumeurs du même type, uniformément réparties dans le paren- chyme des divers lobes. Les autres viscères ne contenaient pas de kystes. Un ganglion lymphatique médiastinal hypertrophié et bosselé attira notre aitention par l’aspect très particulier de sa section : il se montrait creusé de cavités (de la grosseur d’un grain de chènevis, d’un pois, d’une noisette) ren- fermant un liquide clair. Au voisinage de ce premier ganglion polykystique s'en. trouvaient deux autres, complètement indépendants, atteints de la même lésion. Les autres ganglions bronchiques étaient normaux. Il n'existait aucune tumeur hydatique dans le tissu cellulaire ni dans les autres organes du médiastin ; la plèvre et le diaphragme en étaient indemnes comme, d'autre part, le péritoine, les épiploons et le hile du foie. Nulle trace de lym- phangite ni de sclérose au voisinage des ganglions kystiques qu’on énucléait sans difficulté du tissu cellulograisseux médiastinal. L'aspect des lésions était identique sur les trois ganglions. Leur section montrait, creusées dans le parenchyme ganglionnaire, une série de cavités sphéroïdes accolées, plus ou moins polyédriques par pression réciproque et séparées par de minces cloisons incrustées de sels calcaires. Sur une coupe on pouvait compter jusqu'à dix-sept cavités. Ces cavités étaient tapissées par une membrane mince, opaline, que le microscope a montrée formée d'une cuticule feuilletée, anhiste, doublée intérieurement d'une germinale granu- leuse, glycogénée. Pas de capsules proligères, pas de scolex : les kystes étaient stériles. J Des coupes macroscopiques sériées, pratiquées après durcissement des pièces, ont montré que dans chacune d'elles les diverses cavités étaient intercommunicantes : l'aspect mulliloculaire était di aux diverticules multiples d'une seule et même cavité: Les coupes histologiques ont permis de vérifier que les productions parasi- taires s'étaient développées dans l'intimité même des ganglions. Le tissu con- jouctif périganglionnaire était normal. La capsule du ganglion, continue sur toute sa surface, était doublée intérieurement d’une couche plus ou moins épaisse de tissu adénoïde irrégulièrement échancré et tassé par les vésicules parasitaires. On pouvait constater, dans plusieurs régions, la persistance d'ilots étendus de parenchyme ganglionnaire normal, avec son tissu réticulé, ses follicules à centre clair, ses sinus et ses cordons folliculaires. Des ves- tiges de tissu lymphoïde se reconnaissaient encore, çà et là, dans l'épaisseur 300 ; SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des cloisons fibroïdes iaterkystiques, principalement au niveau des points nodaux. Il importe tout d’abord de faire remarquer qu'il ne s’agit pas ici — pas plus au niveau des ganglions qu’au niveau du poumon ni du foie — d'échinococcose alvéolaire vraie, mais bien d’une variété d’échinococcose hydalique. L'aspect « mulliloculaire » de la lésion (d'observation très commune chez le mouton) était lié au bourgeonnement diverticulaire d’une vésicule hydatique unique. : Nous insistons sur le siège intraganglionnaire des formations hyda- tiques et sur l’envahissement parallèle de trois ganglions trachéo-bron- chiques chez le même animal, en l'absence de toute production échino- coccique. dans les autres organes du médiastin. Il semble donc bien qu'on ait ici affaire, non à un siège simplement erratique, mais au con- traire à une localisation systématique du parasite. Au point de vue pathogénique, la systématisation ganglionnaire de la lésion permet d’écarler l'hypothèse d’un apport parasitaire s'étant fait par la voie sanguine générale, et également celle d'un cheminement embryonnaire aclif : l’apport du parasite a dû se faire par la voie lym- phatique. Dès lors trois explications se présentent à l'esprit : «. On a affaire à des kystes ganglionnaires primitifs, consécutifs à la pénétration d’em- bryons hexacanthes par les chylifères intestinaux, et à un envahisse- ment rétrograde des voies lymphatiques intestinales. — $. Les kystes ganglionnaires primitifs reconnaissent une porte d'entrée lymphatique “broncho-pulmonaire. — y. Les formations parasitaires ganglionnaires sont non primitives, mais secondaires : il s'agit d’une adénite spécifique salellhite, « similaire » des lésions hydatiques pulmonaires. Chacune de ces interprétations soulève des objections a priori: Mais c'est moins le raisonnement que l'observation et l'expérimentation qui apporteront la solution de cet intéressant problème. (Laboratoire d'histologie de l'Ecole de médecine de Rouen.) ” LA PRÉSENCE DE LA CATALASE DANS LES TISSUS ANIMAUX, par M. F. BATTELLI. Dans des notes présentées récemment à la Société de Biologie M. Iscovesco arrive à la conclusion que, parmi les organes animaux, seuls le foie et le placenta contiennent de la catalase. Tous les autres tissus en seraient dépourvus. Celte opinion ne peut, selon moi, être acceptée. SÉANCE DU 14 OCTOBRE 301 M. Iscovesco se base principalement sur le fait que les organes traités par l’alcool ou l'acétone perdent la propriété de décomposer H,0.. Cette constatation n’est pas suffisante, à mon avis, pour nier la présence de la catalase dans les tissus frais. Je vais rapidement exposer les raisons qui m'empêchent de souscrire à l'opinon de M. Iscovesco. Le foie des mammifères broyé rapidement sans rien ajouter, traité ensuite par l'alcool ou l’acétone, séché, et finalement extrait par l’eau, perd les quatre cinquièmes et souvent davantage de sa catalase. Par exemple l’extrait aqueux de la poudre obtenue par le traitement alcoolique de 1 gramme de foie décompose dans l'unité de temps une quantité de H°0? cinq fois moins con- sidérable que la quantité qui aurait été décomposée par 1 gramme de foie frais. Si on accepte l'opinion de M. Iscovesco, il faudrait admettre que dans le foie des mammifères le pouvoir de décomposer H°0* est dû pour un cinquième à “ la catalase et pour quatre cinquièmes à des substances qui ne sont pas de la catalase. Dans une seconde précipitation par l'alcool on perd de nouveau la moitié environ de la catalase. Le foie de grenouille qui est très riche en catalase, traité par l’alcool ou l’acé- tone et ensuite séché, perd les vingt-neuf trentièmes environ de son pouvoir catalytique vis-à-vis de H?0?. M. Iscovesco ne dit pas à quelle espèce animale appartenaient les tissus sur - lesquels il a expérimenté. J'ai, pour ma part, fait des recherches en employant - les tissus de cobaye. On a traité ces tissus par l'alcool ou l’acétone, on a séché dans le vide ou à l'air, on a mis ensuite la poudre obtenue en présence de l’eau pendant vingt-quatre ou quarante-huit heures à basse température. Or, j'ai constaté que la quantité de catalase se perd en grande partie pendant ces manipulaiions, mais elle ne disparaît pas complètement. Ainsi un gramme de rein de cobaye qui à l’état frais décomposait dans l’espace de dix minutes 15 grammes environ de H°0° pur, ne décomposait plus, - après le traitement que je viens d'exposer, que # grammes environ de H,0.. … Il avait donc perdu les trois quarts environ de sa catalase. Le muscle en avait perdu les cinq sixièmes, le poumon les huit neuvièmes, etc. - Bref, la catalase des différents tissus de cobaye se comporte après pré- … cipitation par l'alcool ou l’acétone, d'une manière analogue à ce qu’on … constate lorsqu'on emploie le foie. Le rendement en catalase est faible, “ mais on obtient toujours une certaine quantité de catalase qui sera naturellement plus abondante lorsqu'on s’est adressé à des tissus qui en sont riches. Ces expériences et d’autres que je ne cite pas pour abréger démon- “ trent que la catalase précipitée par l'alcool ou l’acétone est en grande partie détruite, ou bien qu'elle devient insoluble, lorsqu'on dessèche complètement le précipité. Le reproche de M. Iscovesco à la méthode qui consiste à broyer les orgar 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avec du sable est plutôt théorique que pratique. Si on agite quelques grammes de sable en présence de 20 centimètres cubes de H°0? à 1 p. 100, il ne se dégage au bout de dix minutes que des quantités très faibles d'oxygène, qu; ne dépassent pas le volume de 2 centimètres cubes. Or, par l’action des tissus même les plus pauvres en catalase, on à un dégagement supérieur à 50 cen- timètres cubes d'oxygène. L'influence du sable est donc pratiquement négli- geable dans notre cas. M. Iscovesco dit que la grande majorité des tissus a une action destructive trop faible vis-à-vis de H°0° pour pouvoir y admettre la présence de la cata- lase. Cet argument m'a un peu surpris. Prenons un milligramme de catalase tirée du foie, que M. Iscovesco admet être de la catalase. Dissolvons ce milli- gramme dans 10 centimètres cubes d’eau. Un centimètre cube de cette solu- tion décomposera beaucoup de H°0°. Mais dissolvons ce milligramme d’hépa- tocatalase dans un litre d’eau. Un centimètre cube de cette seconde solution décomposera beaucoup moins de H°0?. Dira-t-on que dans le premier cas on peut parler de la présence d’un ferment dans la solution, tandis que dans le second cas la solution ne renferme pas de ferment? On ne peut pas admettre que dans la majorité des tissus animaux le pou- voir catalytique vis-à-vis de H°0? soit dû aux traces du sang qui s’y trouvent, car chez un grand nombre d'espèces animales et surtout chez les oiseaux, le sang possède moins de catalase que la plupart des autres tissus. J'ajoute enfin que tous les tissus portés à l’ébullition perdent la propriété de décomposer H°0:. | En conclusion, le fait que la précipitation par l'alcool ou l’acétone fait énormément diminuer la catalase dans les tissus, et le fait que plu- sieurs organes frais possèdent un pouvoir catalytique faible vis-à-vis de H20? ne sont pas, à mon avis, des arguments valables pour nier la pré- sence de la catalase dans la plupart des tissus animaux. Tous les tissus animaux contiennent de la catalase, mais ils n’en con- tiennent pas tous la même quantité. (Travail du laboratoire de physiologie de l'Université de Genève.) VALEUR DIAGNOSTIQUÉ DE L’HYPERLEUCOCYTOSE POLYNUCLÉAIRE DU SANG DANS LES ABCÈS DU FOIE DES PAYS CHAUDS, par M. Joserx KHourt, pharmacien chimiste, à Alexandrie (Égypte). Les premiers auteurs qui ont étudié la formule hémoleucocytaire dans les abcès du foie des pays chauds ont signalé l'augmentation notoire du nombre des leucocytes ainsi que la proportion élevée des cellules polynucléaires relativement aux autres globules blanes du sang. Certains ont même noté des chiffres considérables; ainsi, d’après Boinet, cette SÉANCE DU 414 OCTOBRE 303 hyperleucocytose varie de 30 à 50.000 leucocytes environ. Se fondant sur ces observations, plusieurs auteurs ont admis que l’hyperleuco- eytose polynucléaire est la règle dans l’abcès du foie des pays chauds, et l'ont considérée comme un critérium de réelle valeur pour le diagnostic différentiel de l'hépatite suppurée. Les recherches ultérieures n’ont malheureusement pas confirmé cette manière de voir, et tandis que Mossé et Sardat n'ont trouvé que 15 à 20.000 leucocytes, Rispal, sur trois cas observés par lui, a signalé deux fois une leucocytose modérée (12 à 15.000), et une fois un chiffre normal de globules blancs. Devant ces écarts notables, nous avons tenté quelques recherches hémalologiques à ce sujet, dont nous publions une partie des résultats dans cette note préliminaire. Nos investigations ont porté sur dix cas d’abcès du foie observés à Alexandrie. Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau qui suit et l'on peut voir aisément que sur ces dix cas, on a relevé : quatre cas où le nombre des leucocytes a été trouvé normal (7 à 8.000), le n° 9 présente même de la leucopénie; trois cas d’hyperleucocytose modérée (12 à 15.000); enfin, dans trois cas, l’hyperleucocytose était notable, le taux leucocvytaire restant d’ailleurs inférieur à 30.000 globules blancs. IV V VI VII VIII IX De Nombre des leucocytes . par 12.500! 7.187115.000!| 7.906127.812115.938120.938118.330| 5.312] 8.750 millimètres cubes. \FE polynucl. n. *? 79,6 2 MI NINGS Un IN62 784180; 0IMTIS 2068; 611N69; 2 p- 100. Si l’on examine maintenant la proportion relative des éléments polynucléaires, on constate que, de même que pour la leucocytose globale, son augmentation est loin d’être constante; presque six fois sur dix, le nombre des polynucléaires neutrophiles n'a pas dépassé la moyenne considérée généralement comme normale par les hémato- logistes (60-70 p. 100). L'hyperleucocytose polynucléaire n'est donc pas la règle dans les abcès du foie des pays chauds; il est des cas avérés assez fréquents où elle fait défaut et où la leucocytose est normale. Au cas même où la réaction leucocytaire est intense, rien n'autorise à croire à priori à un processus suppuratif; en maintes circonstances, alors que les symptômes cliniques et une forte hyperleucocytose poly- Be 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nucléaire du sang faisaient soupçonner l'existence d'un foyer purulent, il pe s'agissait, en réalité, que d'une simple congestion passagère du foie, SUR DES HÉMATOZOAIRES NOUVEAUX PARASITES DE LA BARBUE (Bothus rhombus L.). D Note de M. C. LEBAILLY, présentée par M. Bouvier. Nous avons rencontré l'été dernier chez les Téléostéens marins un certain nombre d’espèces nouvelles de trypanosomes et d’hémogréga- rines (1). Nous avons continué ces recherches cette année et nous pou- vons donner aujourd'hui la description préliminaire de deux hémato- zoaires nouveaux parasites de la Barbue (Bothus rhombus). Tryganosoma bothi n. sp. — Longueur totale 42 w dont 29 pour le corps et 13 pour le flagelle; largeur maxima 3 &. Le blépharoplaste est situé environ à 4 y de l'extrémité postérieure qui est effilée. Le noyau est de forme ovale, il mesure 2 u 5 de long sur 2 y de large ; il est beau- coup plus rapproché du fiagelle que de l'extrémité postérieure. Le cylo- plasme se colore faiblement et ne renferme que de très petites granu- lations. Ce nouveau Trypanosome rappelle T. Delagei de la Blennie et T. limandæ; il diffère cependant de ces derniers par ses dimensions, son aspect plus trapu, les situations respectives du blépharoplaste et du noyau. Hæmogregarina bothi n. sp. — Longueur 10 y, largeur 2 y. Le noyau mesure de 3 à 4 & en largeur, il a la même largeur que l'hémogréga- rine. Dans les globules, le parasite a une forme légèrement incurvée, l’une de ses extrémités est arrondie et montre après coloration des va cuoles claires dont une plus grande en général. L'autre extrémité voisinage de laquelle se trouve le noyau s’atténue graduellement et e termine en une pointe très mousse. Comme nous l'avons fait précédemment pour les Trypanosomes Hémogrégarines d'un même hôte, j'ai donné le même nom spécifiqu au Trypanosome et à l’'Hémogrégarine de la Barbue. J’ajouterai que l’on observe le plus souvent, chez les Barbues parasitées, la présence simultanée des deux hémalozoaires, et je crois devoir en conséquence attirer de nouveau l'attention sur la coexistence chez les Téléostéens marins des Trypanosomes et des Hémogrégarines. (Travail du laboratoire maritime de Luc-sur-Mer.) (4) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 10 et 17 octobre 1904. ke SÉANCE DU 14 OCTOBRE 309 SUR UN TRYPANOSOME DU BLAIREAU (Weles taxus, Schreib.), par MM. BETTENCOURT et C. FRANÇA. Dans un lot de quatre blaireaux, qui nous ont été envoyés de Collares, près de Cintra, nous avons trouvé des trypanosomes dans le sang de deux de ces animaux. Chez les deux autres, malgré des examens répé- tés, il nous a été impossible de trouver aucun parasite. Nous sommes convaincus que ce trypanosome du blaireau constitue une espèce non encore décrite, et nous proposons de la désigner sous le nom de 7rypanosoma Pestanai, en l'honneur de notre regrellé et savant directeur Camara Pestana. Les parasites étaient très peu nombreux dans le sang d'un des blai- reaux; dans chaque préparation de sang, sur lame, nous n'en avons trouvé que deux ou lrois. Dans l’autre ils étaient, au contraire, assez nombreux. Chez un des animaux, après un séjour de huit jours au laboratoire, ils sont disparus du sang; il nous a été impossible d’en voir même en goutte pendante. Les blaireaux ne semblaient aucunement gênés de la présence du parasite dans leur sang; du moins aucun symptôme mor- bide ne trahissait l'existence du microorganisme chez eux. Ils avaient de nombreuses tiques et des poux sur la peau. Le Trypanosoma Pestanai observé vivant présente des mouvements très vifs de la membrane ondulante, facile à reconnaître à son extrême flexibilité qui la fait changer de forme à chaque instant. Les mouve- ments ondulatoires ont lieu dans le sens antéro-postérieur et cessent à une assez grande distance de l'extrémité postérieure qui s’amincit pro- gressivement sur une grande étendue et se termine en pointe. Le fla. gellum libre, épais, court, et terminé par une petite dilatation, est animé de mouvements très vifs. Le déplacement du parasite dans le champ du microscope est presque nul; il reste sensiblement, pendant longtemps, à la même place. | Chez le trypanosome vivant, on ne reconnait aucun détail structural que quelques heures après avoir fait la préparation. On constate alors que les mouvements de la membrane ondulante sont très affaiblis. À ce moment, il est possible de voir le blépharoplaste sous forme d'une granulation arrondie, très réfringente, placée sur le bord du corps du parasite. Nous n'avons pas vu le noyau. On ne distingue que quelques granula- tions dans le protoplasme, principalement dans son tiers antérieur. Coloré par la méthode de Giemsa et similaires, on constate que ce trypanosome présente une largeur assez notable et un flagellum libre, court et plus épais à son extrémité ; du côté de la membrane ondulante, 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE il y a des plis profonds, dont le plus grand se trouve d'ordinaire vers la parlie moyenne du corps de l’animalcule, à peu près au niveau du noyau. À la partie supérieure, le parasite s'amincit progressivement et se termine par une pointe très aiguë. Le blépharoplaste, qui est situé à une grande distance de cette extré- mité, présente une forme sensiblement arrondie et se colore en violet foncé, intense; parfois il y a une sorte de ligne médiane, plus ou moins claire, qui le divise en deux. Ce corpuscule se trouve situé au bord libre de la membrane ondulante; il n’y a pas d’auréole claire autour de lui. Il se continue directement avec le flagellum. Ses dimensions sont, en moyenne, 0,6 à 0,8 & de diamètre et sa distance de l'extrémité posté- rieure est de 9,5 à 41,2 u. Le noyau, placé dans le liers moyen du corps, est réniforme et présente son grand axe dirigé dans le sens longitu- dinal; il n’occupe jamais toute la largeur du corps du trypanosome. Il prend faiblement la couleur, même en employant des solutions colo- rantes fortes, et se montre à peinte teinté de rouge pâle; son aspect est généralement homogène et on n’y aperçoit aucun détail structural. Sa longueur est égale à 4-5 1, sa largeur est de 1,5-2 y. Il est à une distance de 4-8 y du blépharoplaste. Le protoplasme est granuleux, notamment dans la partie antérieure où il offre, chez quelques exemplaires, un as- pect tigré. Dans la moitié postérieure, il existe fréquemment une cer- taine striation longitudinale, plus ou moins nette. Le flagellum libre mesure en moyenne 4,8 uw. Il a été difficile de mesurer exactement la longueur totale des parasites, parce qu'ils se montrent le plus souvent enroulés ou recourbés; elle doit être à peu près de 30-32 L.; la largeur, au niveau du noyau, est égale à 5-6,5 1. Les trypanosomes dans le sang, en dehors de l'organisme, à la tempé- rature de 20-93 degrés, sont restés vivants pendant vingt-quatre heures au moins, et se montraient parfois agglutinés en petits amas de 3-4 pa- rasites, flagelles en dehors. (Travail de l’Institut royal de bactériologie Camara Pestana, Lisbonne.) SUR UN TRYPANOSOME DE LA CHAUVE-SOURIS, par MM. A. BETTENcOURT et C. FRANGA. En faisant la recherche de trypanosomes dans le sang de 37 chauve- souris du Portugal, nous avons rencontré ces parasites chez : Vesperugo pipistrellus (K. et B.), 2 sur 9; Vesperugo serotinus (K. et B.), 1 sur 4; Vespertilio Nattereri (Kuhl.), 3 sur 14. SÉANCE DU 14 OCTOBRE 307 Nous les avons cherchés aussi chez 9 exemplaires de Plecotus auritus (L.), mais nous n'en avons trouvé aucun. Les animaux infectés étaient, les uns de Lisbonne, les autres de la campagne, d’endroits éloignés les uns des autres et de la ville. Tous ces animaux se montraient infectés par une même espèce de Trypanosome, que nous croyons être nouvelle et pour laquelle nous pro- . posons le nom de 7rypanosoma Dionisii, en hommage au savant qui, le premier, a décrit des Trypanosomes chez les cheiroptères. Examiné vivant, notre trypanosome présente des mouvements qu'on peut comparer à ceux d’une larve de Culex placée dans peu d’eau, par- fois à ceux d’une anguille. Le noyau est apparent dans ces conditions, et à l'extrémité postérieure . du parasile il y a une granulation assez réfringente. Dans les préparations colorées, le parasite offre les caractères sui- vants : blépharoplaste situé exactement à l'extrémité postérieure, par- fois arrondi, d’autres fois elliptique; le plus grand axe longitudinal occupe presque toujours toute la largeur du trypanosome à ce niveau. Il mesure 1 » à 1,2 w et se colore en rouge violet d’une facon intense par la méthode de Giemsa. Le noyau, situé dans le tiers antérieur de l'animal, ou à l'union de celui-ci avec le tiers moyen, est elliptique, granuleux et se colore fortement en rouge, moins cependant que le cen- trosome. Il mesure, en moyenne, 2 & à 2,5 u de longueur et 1 à 1,2 de largeur. Le flagelle naît dans le blépharoplaste et constitue le bord libre d'une membrane ondulante, peu plissée ; sa portion libre à 6,5 u de longueur environ, est très mince, se colore faiblement et se termine par une petite dilatation. Le protoplasma possède presque toujours des vacuoles, surtout dans le tiers postérieur. Ces trypanosomes étaient rares chez toutes les chauves-souris infec- tées. Les ensemencements du sang en milieu de Novy-Mac Neal sont restés stériles. Des inoculation; pratiquées dans le péritoine de rats et cobayes n'ont donné aucun résultat. Nous avons inoculé d’autres chauves-souris, mais celles-ci sont mortes peu de jours après, de sorte qu: nous n'avons pu rien constater relali- vement à la transmissibilité du parasite. (Travail de l'Institut royal de bactériologie Camara Pestana, à Lisbonne.) 308 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE ABSORPTION DU BACILLE TUBERCULEUX PAR LA PEAU FRAÎCHEMENT RASÉE, par M. Osman Nour. On sait qu'un certain nombre de microorganismes sont inoculables par la peau fraichement rasée. Toutefois pareille démonstration n’a pas encore été, à notre connaissance, fournie pour le bacille de Koch. Nous rasons la région inguinale d’un cobaye et nous la frottons avec un tam- pon d’ouate hydrophile, trempée dans des crachats bacillifères. Au bout de huit à quinze jours, les ganglions correspondants commencent à se tuméfier, puis l'animal maigrit et il succombe du trentième au cinquan- lième jour. L'autopsie révèle une tuberculose expérimentale eélassique et le bacille de Koch est retrouvé dans les lésions. Cette expérience que nous avons réalisée bien des fois nous paraît applicable au diagnostic de la tuberculose au même litre que l'inoculation sous-cutanée. Elle offre sur cette dernière l'avantage d'éviter la mort par septicémie qui s'observe fréquemment à la suite de l'injection dans le tissu cellulaire de crachats ou d’autres produits riches en microorganismes. (Instilul Impérial de Bactériologie à Constantinople.) OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LES MOIS DE MAI, JUIN ET JUILLET 1905. Reizius (G.). Das Gehôrorgan der Wirbelthiere, 2 vol. in-folio. Stockholm, 1881-1884. — Das Menschenhirn. 1 vol texte folio, 1 vol. pl. folio. Stockholm, 1896. — Anatomische Untersuchungen, 1 Lief., 1 vol. in-4. Stockholm, 1872. — Biologische Untersuchungen, XIL Folge, in-4 et in-8. Stockholm, puis Stockholm et léna, 1881-1905. — Crania Suecica, 1 vol. in-8, 92 pl. Stockholm, 1900. — et Fürst, GC. M. Anthropologia suecica, 1 vol. in-8, 140 pl., 14 cartes et 7 tableaux. Stockholm, 1902. Key (A.). et Retzius (G.). Studien in der Anatomie des Nervensystems und des Bindegewebes. 2 vol. in-8, 75 pl. Stockholm, 1875-1876. Retzius (G.). Skrifter I Skilda Amnen jämte Nagra Bref. 1 vol. in-8. Stockholm, 1902. — Briefe von J. Müller an A. Retzius, 1 vol. in-8. Stockholm, 1900. Levaditi (C). Antitoxische Prozesse, iu-8 de 96 p. G. Fischer, Iéna, 1905. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Ds 309 SÉANCE DU 21 OCTOBRE 1905 SOMMAIRE AcHArD (CH.) et GAILLARD (L.) : Influence des troubles de l’élimina- tion rénale sur la régulation osmo- ROUE ACTA RE MT LIL EUR Bruuprt (E.) : Au sujet du traite- ment de la maladie du sommeil, réponse à M. le professeur Laveran. CanTACUZÈNE (J.): Phénomènes d’in- toxication produits chez le cobaye par l'injection intrapéritonéale de bacilles tuberculeux dégraissés. . . CANTAGUZÈNE (J.) : Essais d'immu- nisation contre l’action toxique des bacilles tuberculeux dégraissés. . . CarxoT (P.) et DELION : Parathy- roïdite tuberculeuse. Crises convul- sives ayant duré huit heures et ter- MNCeSIDAE A MOT ES 2 1 Ur Présidence de 316 314 316 321 M. A. Giard, président. GARRIGUE (L.) : Preuves de la forme globuleuse de l’hématie . .. GEMELLI (F.-A.) : Contribution à l'étude de la structure des plaques motrices chez les reptiles . . . . .. Jouey (J.) : À propos de la com- munication de M. L. Garrigue . .. JosuÉé (0.) : La pression artérielle chez le lapin à la suite d'injections répétées d’adrénaline dans les vei- LaverAN : Réponse à M. Brumpt. Levapiti : Sur la coloration du Spirochaete pallida Schaudinn dans leSIEOUDES RM CPAS RON PRIE Rocer (H.) : Note sur les mouve- ments intestinaux à l’état normal. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA STRUCTURE DES PLAQUES MOTRICES- CHEZ LES REPTILES, (1) par M. F. A. GEmELu, de Dongo (Lago di Como). 324 309 329 319 318 EAU L' Pitéites Gi CE ni em 326 * 311 J'ai voulu appliquer à l'étude des plaques motrices des reptiles les modifications de la réaction noire avec lesquelles j'ai réussi récem- ment (2) à étudier la’ structure intime des cellules nerveuses; j'ai pu démontrer en elles l'existence d’un appareil nerveux spécial très diffé- % | à | ] (4) Gemelli. Surla structure des plaques motrices. Le Névraxe, Louvain, 1905, Prochaine publication, avec une planche. | (2) Gemelli. Rivista di scienze fisiche e naturali, 1905, mai, Pavia. — Anato- -mischer Anzeiger. lena. B. XX VII, Nr. 18-19, — Rivista sper. di Freniatria, 1905, Reggio d'Emilia, novembre 1905. RE Bioocis, Comeres HEnDuSs. — 1905. T. LIX. 22 Hi 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rent de ceux qu'avaient décrits jusqu'à ce jour Golgi, Ramon y Cajal, Bielschowsky. Pour les particularités de technique, je renvoie à mes autres travaux sur la matière; j'aurai d’ailleurs prochainement l’occasion de revenir sur ce sujel en d’autres publications sur les cellules nerveuses de l'écorce cérébrale des mammifères, au cours desquelles je signalerai quelques procédés qui faciliteront les expériences. Je me suis servi pour mes recherches de muscles des reptiles et de préférence de lézard vert (Lacerta viridis) et de lézard gris (Lacerta agilis). Avec ma méthode sont rendues évidentes dans le prolongement cylin- draxile qui arrive aux plaques motrices des neurofibrilles nombreuses, lesquelles le plus souvent courent parallèles ; rarement elles se croisent. Alors qu'elles sont arrivées dans les ramifications du cylindraxe dans l'intérieur des plaques motrices, ellesse divisent, pénètrent plus à l’inté- rieur, s’anastomosent plusieurs fois et très souvent entre elles et diverse- ment au point de former dans l’intérieur des terminaisons de la plaque un réticulum, qui à raison de sa nature et de son aspect peut être dé- claré nerveux. Le réticulum est extrêmement fin, d’une délicatesse dont aucun dessin ne peut donner une idée. Il m'a été possible ensuite avec cette méthode de démontrer une -autre particularité que je juge de grand intérêt en ce temps où on dis- cute si fort sur les intimes connexions du système nerveux. Récemment Perroncito (1), avec la méthode Fischer-Ruffini au chlorure d'or appliquée aux plaques motrices, plus spécialement des reptiles, a pu souvent relever ce fait, que, outre les fibres médullaires qui forment les arborisations terminales typiques bien connues, il arrive dans les susdites plaques un second système de fibrilles nerveuses d'une extrême finesse, dont il n’a pas réussi à pouvoir déterminer la terminaison. A l'encontre des affirmations de Perroncito, j'ai pu voir arriver aux plaques motrices un certain nombre de fibrilles 5, 6, 7, 8 et même 10; elles sont d’une telle finesse que pour les étudier il faut user de plus forts grossissements, soit qu’on les examine à sec, soit à l'immersion, ce qui est mieux. Elles courent au dedans de la gaîne de Henle de la fibre « médullaire qui va former la terminaison typique de la plaque et, sitôtpar-w venus à la hauteur de celle-ci, elles se divisent le plus souvent en plu-w sieurs rameaux. Il en résulte ainsi un fin entrelacement, parce qu’elles convergent encore vers les arborisations terminales du cylindraxe de la fibre nerveuse médullaire ; elles les entourent ces arborisations et courent parallèlement à elles, s’anastomosent et se divisent, 4 Je réussis cependant à voir les terminaisons des fibrilles susmen-« tionnées; tandis qu'il estimpossible de surprendre le mode determinaison . (4) Bollettino Società medico-chirurgica, Pavia, 1903. Congresso di patologia generale, Firenze, 1903. SÉANCE DU 21 OCTOBRE 311 de quelques-unes d’entre elles, il est facile au contraire de se convaincre qu'un grand nombre viennent se mettre en contact avec l’arborisation terminale de la fibre médullaire et se prolongent directement dans l'intérieur de celle-ci avec le réticulum que j'ai décrit plus haut. Parfois, avant d'arriver aux ramifications et de se prolonger avec le réticulum, elles se divisent à l’angle aigu vers ces dernières. Perroncito a remarqué que certaines fibrilles sortent des plaques pour des destinations qu’il ne peut préciser : j'ai pu surprendre l'itinéraire de quelques-unes d’entre elles : après être sorties de la plaque, elles décrivent un petit parcours tortueux et y retournent pour s’y terminer en continuation avec le réticulum interne des ramifications de la plaque. Il restera maintenant à donner une explication des faits que je viens de décrire; mais je préfère remettre ce travail au moment où j'aurai conduit à bon terme les recherches que j’ai entreprises sur les plaques motrices des autres animaux, sur les corpuscules de Pacini, etc. En attendant je ferai remarquer que, sur cette question de la struc- ture fibrillaire des terminaisons du cylindraxe de la fibre médullaire, M. Dogiel a pu récemment observer une structure fibrillaire des appareils nerveux chez l'homme et chez les mammifères, et c’est précisément ce qui m'a obligé à publier les présentes notes, que j'aurais préféré remettre jusqu’au terme de mes recherches, pour établir la priorité de mes décou- vertes. D'autre part une structure fibrillaire, autre que celle des cellules nerveuses, fut remarquée par M. Wolff dans certains organes terminaux des sens (il l’observa dans l’amnios du chat) et par M. Kolmer dans les organes périphériques. M. Sala a décrit une structure fibrillaire dans les grosses cellules de l'état intergranulaire de la rétine; ces cellules pourtant sont considérées par nombre d’auteurs comme n'étant pas de nature nerveuse. Malgré tous ces travaux la signification des découvertes que je viens de décrire, reste obscure, et c'est pourquoi je tiens à garder une prudente réserve dans l'énoncé des conclusions. Sous peu, quand seront terminées mes recherches sur les fuseaux musculaires, j'exposerai quel intérêt présentent ces travaux par rapport à la théorie du neurone. NOTE SUR LES MOUVEMENTS INTESTINAUX A L'ÉTAT NORMAÏ, par M. H. Rocer. Désirant étudier les mouvements intestinaux dans divers états patho- logiques, j'ai été amené à entreprendre quelques recherches de physio- logie normale. Ces expériences préliminaires ont été faites sur des lapins. "FE EP 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je me suis adressé à la méthode graphique. Mais, au lieu d'employer les ampoules dont se servent la plupart des expérimentateurs, j'ai eu recours à une canule formée d’un simple tube de verre courbé à angle droit. L'animal étant solidement attaché sur le dos, par une incision médiane ou latérale gauche, j'attire une anse d’intestin grêle et je l'isole, sur une longueur variable, entre deux ligatures. L’extrémité postérieure du segment ainsi préparé est ouverte et solidement fixée sur une des branches de la canule; par l’autre branche, maintenue verticalement, je verse de l’eau salée à 7 p. 1000, de facon à remplir le segment isolé. Les contraclions qui se produiront dans cette portion de l'intestin auront pour effet de comprimer le liquide et de le faire monter dans le tube de verre. Il suffira de relier celui-ci à un tambour récepteur pourinserire Les moindres mouvements. L'expérience étant ainsi disposée, on obtient un tracé très régulier, constitué par des ondulations allongées, se répétant une dizaine de fois à la minute.Ces mouvements résultent des excitations produites par les manipulations préliminaires. Ils ne sont pas durables; peu à peu, ils diminuent et s'arrêtent, et l’immobilité, absolue ou presque absolue, du segment isolé contraste avec les mouvements vermiculaires des anses voisines. L'eau salée isotonique, qui baigne la muqueuse, suffit à con- trebalancer l'influence des conditions défavorables qu'on ne peut éviter et, notamment, l'influence de l’air. Il est donc loisible d'étudier les mouvements intestinaux sans avoir recours à des dispositifs compliqués, comme l’immersion de l'animal dans de l’eau tiède. Vient-on à remplacer l’eau salée par une solution de peptones ou de glycose, on verra bientôt apparaître des contractions intestinales qui deviendront très énergiques et persisteront pendant une heure et plus. La peptone et le glycose représentent les véritables excitants physiolo- giques de le contraction intestinale. L'action de la peptone paraît plus durable que l’action du glycose. C'est ce que démontrent certains tracés où J'ai enregistré simultanément les contractions de trois anses intestinales. L’une de ces anses était rem- plie d’eau salée, la seconde d’eau peplonée, la troisième d’eau gly- cosée. La première, qui servait de témoin, devenait au bout de quelques minutes complètement immobile. Les deux autres étaient Le siège de mouvements réguliers et énergiques se répétant de dix à douze fois à la minute. Cette expérience démontre l'indépendance fonctionnelle des divers segments de l’intestin, puisque l’un deux reste immobile quand les parties voisines se contractent; la même conclusion trouve encore un appui dans l'examen des tracés : on peut constater facilement que chaque anse travaille pour son compte; les mouvernents qui s'inscri- « vent ne sont nullement synchrones. Il n’est pas nécessaire que la solution de peptone soit mise en contact Ps PL RD ER PE APE CE - } SÉANCE DU 21 OCTOBRE 313 « avec la muqueuse intestinale pour que les mouvements se produisent, Si on en injecte 4 centimètre cube par une artère intestinale, on voit les parois du segment correspondant se contracter avec violence; elles reviennent sur elles-mêmes et parfois avec une telle énergie que la cir- culation semble interrompue; l'intestin est blanc, exsangue, resserré comme si on l'avait enfermé dans un lien. Puis un relâchement se pro- duit et des contractions rythmiques apparaissent, rapides et énergiques. Pendant une demi-heure et plus le style enregistreur décrit à la minute quatorze à quinze oscillations d’une grande ampleur. Si l’on veut étudier les mouvements antipéristaltiques, il suffit de placer dans l’anse isolée deux canules : l’une à l'extrémité postérieure, l’autre à l'extrémité antérieure. Cette dernière indiquera évidemment le “ reflux du liquide. Malgré les mauvaises conditions du dispositif expé- rimental, jamais on n'observe le moindre mouvement rétrograde : k l’anse intestinale fait progresser le contenu de l'intestin, même quand 4) il est liquide, d'avant en arrière. Seulement il est indispensable que les j deux canules ne soient pas éloignées l’une de l’autre. Si la distance qui les sépare est trop considérable, la contraction, en se produisant au milieu du segment isolé, fait refluer le liquide et ce reflux conduirait à admettre, bien à tort, l'existence de mouvements antipéristaltiques, INFLUENCE DES TROUBLES DE L'ÉLIMINATION RÉNALE SUR LA RÉGULATION OSMOTIQUE, par MM. Cu. Acnarp et L. GaïLtarr. Nous avons étudié les échanges osmotiques dont le péritoine est le siège, chez des cobayes dont l’excrétion rénale était plus ou moins gra- vement altérée, soit en raison de l'existence de néphrites toxiques pro- voquées par le chromate de potasse et le nitrate d’urane, soit par suite de la ligature des uretères. Pour provoquer les échanges osmotiques, nous injections dans la séreuse une solution d’un cristalloïde et nous comparions le liquide péritonéal, au bout du même temps, avec celui d’un animal témoin de même poids pareillement injecté. Nous avons constaté dans l'absorption de la substance introduite des différences variables. Ralenlie dans le cas de néphrites toxiques, l’ab- sorption élait, au contraire, accélérée à la suite de la ligature des ure- tères : ce dernier fait concorde avec ce que Meltzer et Salant avaient observé pour le chlorure de sodium chez le lapin néphrectomisé. Une autre modification des échanges, qui, cette fois, est commune aux néphrites toxiques et à l'anurie mécanique, consiste en ce que le chlorure de sodium n’est plus, comme à l’état normal, le seul cristalloïde “ 4 ; $ | 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui transsude dans la cavité séreuse : l’urée l'accompagne, ce qui tient, sans doute, à la rétention d’urée qui existe aussi bien dans ces néphrites toxiques que dans l’anurie mécanique. L’excès de cette sub- stance normale se comporte alors comme les substances anormales, qui transsudent de même dans l’ascite artificielle. Enfin, un autre trouble des échanges porte sur la régulation du chlo- rure de sodium. À l’état normal, lorsque ce corps est injecté en même temps qu'un autre dans la séreuse, son absorption est bien plus lente que celle de l’autre substance, par suite de la nécessité de rétablir dans le liquide une composition saline voisine de celle du sang. Or, soit dans l’anurie par ligature des uretères, soit dans les néphrites toxiques, l'écart entre l'absorption des deux corps diminue, et le chlorure de : sodium s’absorbe relativement mieux qu’à l’état normal, aux dépens du rétablissement de l'équilibre salin. PHÉNOMÈNES D'INTOXICATION PRODUITS CHEZ LE COBAYE PAR L'INJECTION INTRAPÉRITONÉALE DE BACILLES TUBERCULEUX DÉGRAISSÉS, par M. J. CANTACUZÈNE. I. — Les bacilles tuberculeux, tués et débarrassés de leur enveloppe cireuse, sont toxiques. L. Martin et A. Vaudremer l'ont montré au Congrès de médecine de 1900 (Paris). M. Borrel le professe depuis plu- sieurs années à l’Institut Pasteur. J'ai étudié les phénomènes qui accompagnent cette intoxication, et voici les faits que j'ai pu établir. La toxicité varie beaucoup selon les races employées. Avec la race (bovine) qui nous a servi, il fallait 20 centigrammes de bacilles dégraissés injectés dans le péritoine pour tuer, en trente-six heures, un cobaye de 550 grammes; 8 centigrammes pour tuer, en cinq jours, un cobaye de 300 grammes. 1° L’injection d'une dose mortelle est suivie d'hypothermie; la tem- pérature rectale, au bout de deux heures, tombe à 33-34 degrés. Elle se relève de 1-2 degrés jusqu’à la mort. La totalité des leucocytes polynucléaires du sang se charge rapidement de grosses granulations éosinophiles vraies. À l'autopsie, on trouve un exsudat péritonéal, pleural et péricardique ; une rate énorme et molle; des poumons souvent bourrés d’infarctus. Il se produit dans le péritoine une énorme polynucléose; au contact des amas bactériens, les polynueléaires sont, en quelques heures, frappés de nécrose aiguë. Les sinus de la rate contiennent de nom- breux polynucléaires caractérisés par la présence, à leur intérieur, ‘ee LORS Lo L'ADMR Or A CNE, 2 NE “pts na 0 POS TER CT ET TRS DUT. = le, t Ve. pl ss - SÉANCE DU 21 OCTOBRE 315 d'une énorme vacuole refoulant le noyau, à contenu granuleux, éosino- phile et métachromatiquement coloré en rouge violacé par la thionine. Les fibres cardiaques, LT rénal, sont frappés de tuméfaction trouble ; 29 . doses fortes, mais non mortelles, déterminent une hypother- mie de 3 à 4 degrés qui dure peu d'heures; un amaigrissement de 100 à 200 grammes en trois semaines, avec retour au poids normal au bout de trois mois. L’éosinophilie du sang porte sur les quatre cinquièmes des polynu- cléaires; au bout de quinze jours, la moitié des polynucléaires sont encore éosinophiles. Au bout de trois jours apparaît une forte mono- nucléose (30 p. 100-50 p. 100), qui äure envion quinze jours. Sur l’épiploon et les viscères abdominaux se forment de nombreux petits abcès miliaires qui se caséifient vers le troisième ou quatrième jour, puis se transforment en nodules qui, au bout de quinze jours, ont déjà une consistance fibreuse; la transformation fibreuse des gros abcès est plus longue. Au bout de trois mois, la résorption des formations tuberculeuses est complète. La rate devient énorme, bosselée; les ne surrénales sont forte- ment hyperhémiées. Les amas bacillaires sont englobés dans des plasmodies formées par les polynucléaires qui se nécrosent au bout de peu de jours et aux- quelles se substituent des cellules géantes formées par les leucocytes mononucléaires; à l’intérieur de ces dernières se fait la résorption des bacilles ; 3° Avec des doses faibles, on n’a pas d'hypothermie, mais une forte hyperthermie d'emblée (40 degrés). L'éosinophilie du sang fait défaut; on constate une forte mononucléose (45 p. 100) hématique. Au bout de trois à quatre semaines, tous Les nodules tuberculeux sont fibrosés; au bout de six à dix semaines, le péritoine a repris l'aspect normal ; % Les animaux inoculés avec des bacilles tuberculeux dégraissés réagissent typiquement à la tuberculine; selon la dose de bacilles injectés, cette sensibilité à la tuberculine dure de trois à sept semaines. Les phénomènes les plus caractéristiques de cette intoxication sont donc : l’hypothermie, l’éosinophilie du sang, l’hypertrophie de la rate, la nécrose des polynucléaires au contact des corps microbiens, la résorption totale de ceux-ci dans les cellules géantes, les altérations de la fibre cardiaque et de l’épithélium rénal. Au bout de trois mois au plus, l'organisme a digéré tous les corps bacillaires dégraissés. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Facullé de médecine de Bucarest.) 316 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ESSAIS D'IMMUNISATION CONTRE L'ACTION TOXIQUE DES BACILLES TUBERCULEUX DÉGRAISSÉS, s par M. J. CANTACUZÈNE. II. — Quand on inocule dans le péritoine des cobayes des bacilles tuberculeux dégraissés traités préalablement par le liquide iodo-ioduré de Gram pendant un quart d'heure, puis centrifugés, les effets toxiques sont considérablement atténués. L’hypothermie consécutive à l'inoculation est de très courte durée; dès le début, il se produit dans le sang une mononucléose colossale (65 p. 100); au contact des bacilles, il ne se produit jamais de nécrose des polynucléaires, et les cellules géantes sont déjà constituées au bout de trois à quatre jours. La résorption des corps bacillaires iodés s'effectue deux fois plus vite environ que celle des bacilles non traités par l’iode. L'injection de ces corps iodés permet de conférer aux cobayes traités une résistance très remarquable contre l'intoxication produite par les bacilles simplement dégraissés. Chez les cobayes déjà inoculés une ou deux fois avec des bacilles tuberculeux dégraissés non iodés, une inoculation nouvelle, même séparée de la première par un intervalle de deux ou trois mois, pro- voque de l’hypothermie, un amaigrissement rapide et des processus de caséification ; au contraire, l'injection de ces mêmes corps microbiens à des animaux qui ont reçu au préalable une ou deux injections de corps iodés ne provoque aucun phénomène d'intoxication générale; 4! n’y a aucune hypothermie, la perte de poids est à peine sensible et la résorp- tion des corps dégraissés s'effectue avec une extraordinaire rapidité (souvent en moins de quinze jours), sans trace de phénomènes de caséi- fication. Les animaux ainsi traités ne réagissent plus jamais à la tubereuline au bout de deux ou trois semaines. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Bucarest.) AU SUJET DU TRAITEMENT DE LA MALADIE DU SOMMEIL, RÉPONSE À M. LE PROFESSEUR LAVERAN. par M. E. BRuMPT. Dans la séance du 8 juillet dernier le professeur Laveran a fait, au sujet des résultats obtenus par le D° Wurtz et moi, dans le traitement TAN AN PEN EN DT EE PL SÉANCE DU 21 OCTOBRE 317 de la maladie du sommeil, par sa méthode, quelques observations auxquelles je tiens à répondre. Ayant obtenu des résultats totalement négatifs, nous avions conclu en disant que les divergences de nos résultats avec ceux de M. Laveran étaient dus à une différence de virulence (1). Les études qui ont été faites avec d’autres virus par différents auteurs et par moi-même ne font que confirmer cette opinion. M. Laveran attribue nos résultats à un traitement arsenical insuffi- samment intense; or, en comparant le détail de nos expériences, il est facile de se convaincre que notre traitement a été beaucoup plus intensif que le sien. Dans les deux expériences de M. Laveran les injections arse- nicales sont faites dans le premier cas à des intervalles respectifs de8, 10 et 15 jours, dans le second cas de 10 et 12 jours; dans les trois expé- riences que nous avons faites, le premier singe a eu ses injections espacées de 7 et 6 jours, le second de 5,4 et 4 jours, le troisième de 4, 4et 6 jours. Ces faits en disent plus qu'une longue discussion. D'autre part, M. Laveran nous reproche de ne pas dire de quelle solution arsenicale nous nous sommes servis. Or, nous disons explici- tement dans notre texte : « Nos résultats ne sont pas concordants avec ceux de M. Laveran, bien que nous ayons suivi rigoureusement la méthode qu’il préconise. » Cette assertion valait, il me semble, la répéti- tion détaillée du traitement qu'il préconise. D'ailleurs, dans chaque expérience, le poids d'acide arsénieux inoculé est indiqué. Enfin, pour répondre à une autre argumentation, nous devons avouer que nous n'avons pas indiqué dans la note si la solution arsenicale était récente; c’est une omission, mais qui était facilement excusée par l’observa- tion du Singe n° 3, mort d'intoxication arsenicale à la suite de sa pre- mière injection. La solution devait donc être active. En résumé, nous ne pouvons que confirmer notre première communi- cation et affirmer que la différence de résultats est due à des diffé- rences de virulence. Il est bien évident que des animaux qui, avec un virus faible, guérissent assez souvent spontanément, ont encore plus de chance de guérir s'ils sont aidés par certains médicaments à faible dose. À ce sujet, il est bon d’ailleurs de savoir que ces virus que l’on peut qualifier de faibles, puisque dans un certain nombre de cas des Singes en guérissent, proviennent tous d'individus que la maladie du sommeil à néanmoins fait mourir. Il serait facile de multiplier les exemples. - On sait combien est lente l’évolution de la maladie du sommeil alors que les symptômes cérébraux ne sont pas encore manifestes, cette pé- riode peut avoir une durée maxima de sept années. Pendant tout ce temps les individus ont des périodes fébriles alternant avec des périodes (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 1°" juillet 1905. Er 518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de bonne santé. Les observations à ce sujet abondent actuellement. Chez les nègres, où les réactions fébriles sont quelquefois moins bien per- çues que chez le blanc, la découverte du Trypanosome pathogène permet seule le diagnostic précoce de la maladie. Personnellement, j'ai eu l’occasion de voir au Congo un Belge, âgé d'environ vingt-trois ans, chez lequel je fis le diagnostic de fièvre à Trypanosomes en janvier 1903, c'était le second cas que l’on signalait depuis la découverte de Fordes et de Dutton. Cet individu, dont l'infection datait probablement de six mois, présentait de temps à autre des accès de fièvre et des Trypanosomes dans son sang. Un jeune chien, que j'avais inoculé avec son virus, est mort avec des symptômes très nets à Paris en mars 1903. Ce malade a été examiné à plusieurs reprises par le D' Broden, de Léopoidville, qui retrouva des parasites 4 ou 5 fois sur 10 examens. De retour en Europe, ce malade vint me voir en juillet 1904; il se trouvait en parfaite santé, l'inoculation de trois rats avec 3 centimètres cubes de son sang dilué resta négatif. Mais le pouls était rapide, il oscillait entre 105 et 110, ce qui ne me laissa aucun doute sur l’évolution ultérieure certainement fatale de la ma- ladie. La commission anglaise de l’Ouganda, qui a pu suivre l’évolution de la fièvre à Trypanosomes chez un assez grand nombre de nègres, à constaté l’évolution fatale de tous leurs cas en maladie du sommeil confirmée. | En résumé, nous croyons qu'en présence d'un cas de maladie du sommeil, on devra, au début, instituer le plus tôt possible un traitement arsenical, ce traitement donnant des résultats sensibles dans un assez grand nombre de cas de maladies à Trypanosomes chroniques. D'autant plus que ce même médicament peut agir en luttant contre le paludisme chronique et l’anémie que présentent également souvent les malades que l’on à traiter. Mais les expériences faites avec le trypanroth sont beaucoup trop incertaines, pour justifier l'emploi de ce médicament en thérapeutique. humaine. Il vaut mieux laisser l'individu attendre un médicament. efficace ou un sérum quelconque, en lui faisant prendre des arsenicaux,. que de l’exposer à une mort rapide, en altérant ses reins et son foie déjà affaiblis par un séjour prolongé aux colonies. (Laboratoire de Parasitologie.) M. LAVERAN. — Tous les auteurs qui se sont occupés de la question du traitement des trypanosomiases ont réussi, dans les plus virulentes de ces maladies, à faire disparaître {emporairement les parasites du sang en donnant de l’acide arsénieux aux animaux infectés; j'avais donc le droit de m'’étonner des insuccès de MM. Brumpt et Wurtz. Je ne crois” SÉANCE DU 21 OCTOBRE 319 . pas que la virulence particulière du trypanosome employé par ces observateurs puisse, à elle seule, expliquer les résultats très mauvais - qui ont été précédemment communiqués à la Société de Biologie. On réussit, en effet, à faire disparaître {emporairement les trypanosomes du Nagana et du Surra, plus virulents que 7rypanosoma qambiense, en * injectant aux animaux infectés de l’acide arsénieux à dose convenable. MM. Brumpt et Wurtz, malgré les insuccès si remarquables qu'ils ont - relatés précédemment, conseillent, dans le cas de maladie du sommeil, LR ee Le LL de recourir à l'acide arsénieux seul, à l'exclusion du trypanroth qu'ils _ déclarent trop toxique. Or : 1° L’acide arsénieux employé seul n’a jamais donné que des résultats temporaires (meilleurs toutefois que ceux obtenus par MM. Brumpt et . Wurtz); des améliorations, jamais de guérisons ; 2° Des guérisons complètes, définitives, ont été obtenues chez des animaux atteints de Surra ou infectés par T'rypanosoma gambiense par l'emploi combiné de l'acide arsénieux et du trypanroth; 3° Le trypanroth que MM. Brumpt et Wurtz veulent exclure de la thérapeutique comme dangereux, est vingt fois moins toxique que l'acide arsénieux qu'ils préconisent. Le trypanroth a été d’ailleurs . employé déjà dans la thérapeutique humaine sans autre inconvénient que de rougir temporairement les téguments, inconvénient qui n'existe même pas pour les noirs. Il me parait logique de conclure, contrairement à ce que font MM. Brumpt et Wurtz, que la médication mixte par l'acide arsénieux et le trypanroth peut et doit être essayée chez l’homme dans les cas de trypanosomiase. LA PRESSION ARTÉRIELLE CHEZ LE LAPIN A LA SUITES D'INJECTIONS RÉPÉTÉES D ADRÉNALINE DANS LES VEINES, par M. O. Josué. Les athéromateux ont une tension artérielle élevée. Partant de ce fait clinique, j'ai obtenu des lésions athéromateuses des artères chez le lapin par des injections intraveineuses souvent et pendant longtemps répétées de pelites quantités d’adrénaline, substance hypertensive extrêmement active. Il semble donc démontré que les capsules surré- nales et les glandes analogues qui sécrètent l’adrénaline déterminent, quand elles versent dans la circulation une trop grande quantité de substance active, des lésions anatomiques, l’athérome artériel et un . trouble fonctionnel, l'hypertension. Cependant, il paraît difficile d'établir une identité absolue entre , l'hypertension permanente, souvent irréductible, que l’on observe chez 320. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les athéromateux, et les élévations brusques et passagères de la pression, souvent suivies d’un abaïssement au-dessous de la normale, qui surviennent à la suite de chaque injection d'adrénaline. Aussi bien les injections intraveineuses répétées d’adrénaline ne. déterminent-elles pas seulement des élévations intermittentes de pression. Elles finissent par modifier l'équilibre statique de la pression artérielle. Au bout d’un certain temps, la tension reste élevée; il ya de l'hypertension permanente. À l’état normal, la pression artérielle du lapin, prise dans une caro- tide, se maintient aux environs de 90 millimètres de Hg; on trouve parfois 80, pression faible, ou 100, pression forte. Voici les chiffres que nous avons constatés chez des lapins qui avaient subi des injections pendant longtemps répétées d’adrénaline. Un premier lapin, en expérience depuis le 28 octobre 1904, pesait, à ce moment, 2.450 grammes. Il a subi jusqu’au 2 octobre 1905, 112 injections de 3 gouttes de la solution d’adrénaline au 1/1000, soit en tout 0 gr. 0168 d'adré- naline. Cet animal pèse 3.750 grammes le 2 octobre. On prend la pression artérielle le 2 octobre à l’aide du manomètre à Hg. La pression oscille entre 120 et 130 millimètres de Hg, se maintenant le plus souvent aux environs de 125 millimètres. Un deuxième lapin, en expérience depuis le 3 août, pesait à ce moment 2.010 grammes. Il a subi, jusqu’au 2 octobre, 40 injections de 3 gouttes de la solution d’adrénaline au 1/1000, soit en tout 0 gr. 006 d’adrénaline. Get animal pèse 2.070 grammes le 2 octobre. La pression artérielle varie entre 130 millimètres et 132 millimètres de Hg. | Un troisième lapin, en expérience depuis le 3 août, pesait à ce moment 2.050 grammes. IL à subi jusqu’au 2 octobre 35 injections de 3 gouttes de la solation d’adrénaline au 1/1000, soit en tout 0 gr. 00525 d’adrénaline. Cet animal pèse 2.200 grammes le 2 octobre. La pression artérielle oscille entre 109 millimètres et 111 millimètres de Hg. La pression artérielle est donc plus élevée qu’à l’état normal chez les lapins qui ont subi de nombreuses injections d’adrénaline dans les veines. Ajoutons que W. Erb junior (1) a trouvé une pression de 160 millimètres de Hg chez un lapin qui a recu en quarante-huit jours 30 injections de 0 milligr. 2 à 0 milligr. 7 d’adrénaline. Signalons, enfin, les résultats contraires de d’Amato et Faggella (2), qui ont noté un abais- sement de la pression. Les recherches expérimentales que nous venons d'exposer, peuvent } à ) i (1) W. Erb junior. Experimentelle und histologische Studien über Arteriener- : krankung nach Adrenalininjektionen. Arch. f. experimentelle Pathologie und 4 Pharmakologie, Bd 53, 1905, p. 173. (2) Luigi d’Amato et Vincenzo Faggella. Giorn. Intern. della sc. med., anno XXVIE, 1905. SÉANCE DU 21 OCTOBRE 321 être invoquées en faveur de l'opinion que certains cas d’hypertension permanente, observés chez l'homme, relèvent du fonctionnement exagéré des capsules surrénales et des glandes similaires. Un autre fait que nous voudrions mettre en lumière, c’est que les » Japins qui ont subi une série d’injections intraveineuses d’adrénaline, . ne sont nullement immunisés contre l'élévation brusque de pression que produit une nouvelle injection. Notre premier lapin, qui est en - expérience depuis octobre 1904, subit à la suite d’une seule injection - de deux gouttes de la solulion d’adrénaline au 1/1000 trois poussées successives d’hypertension : la première dure 56 secondes ; après . 23 secondes d'intervalle commence la deuxième qui dure 64 secondes ; . la troisième élévation de pression survient après 90 secondes et dure 21 se- condes. Notre troisième lapin, en expérience depuis le 3 août, présente, . après injection de deux gouttes d’adrénaline au 1/1000, un tracé de . pression analogue à celui des lapins neufs qui recoivent la même dose. Le résultat de ces dernières expériences était d’ailleurs à prévoir. Pour que l’'adrénaline continue à exercer son action régulatrice sur l'équilibre de la pression artérielle, il est nécessaire que l'organisme reste sensible à cette substance. (Travail du laboratoire de pathologie expérimentale et comparée.) PARATHYROÏDITE TUBERCULEUSE. CRISES CONVULSIVES AYANT DURÉ HUIT HEURES ET TERMINÉES PAR LA MORT, par MM. P. Carnor et DELIoN. Nous rapportons un cas clinique intéressant par la coexistence de crises convulsives et de lésions parathyroïdiennes : - Ils’agit d’une femme âgée de vingt-quatre ans, atteinte depuis plusieurs années de tuberculose pulmonaire et éntrée à l'hôpital Broussais au terme ultime de sa maladie, À ce moment, elle présentait, aux deux poumons, de multiples excavations et était dans un état de cachexie rapidement progressive. Il est bon de noter qu’elle n’avait jamais présenté ni albuminurie, ni crises convulsives. Son séjour à l'hôpital fut marqué par trois épisodes particuliers : d’une part, le 25 août, elle présenta, sans cause connue, une poussée d'œdème aigu, localisé à la face, principalement aux paupières et aux joues, et qui dis- “ parut spontanément après quelques jours; d'autre part, dans les derniers jours d'août, la dyspnée, déjà considérable, s'accrut légèrement par suite du développement d'un pneumothorax gauche : conusécutivement, se produisit un épanchement séro-purulent vérifié par une ponction exploratrice. Enfin le dernier épisode, qui s’est terminé par la mort, est celui sur lequel - En y 322 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 nous désirons attirer l'attention : le 147 septembre, la malade, déjà fort affai- blie, présenta une somnolence anormale; le 18 au matin, apparurent brus- quement des crises convulsives subintrantes, qui durèrent pendant huit heures et se terminèrent par la mort. Les mouvements que l’on put observer alors ne répondent à aucune description classique et rappellent, à la fois, ceux de la chorée, de l’athétose et de la tétanie : ils ont pour caractère géné- ral d’être essentiellement polymorphes souvent symétriques et coordonnés, et généralement d’un rythme lent; la malade ne reconnaît personne, ne parle pas, ne boit pas, ne mange pas; elle ne profère aucun son, aucune plainte ; ses yeux fixent cependant et suivent le regard, se posent alternative- ment sur chacun des assistants, et présentent parfois un léger nystagmus; les pupilles sont en légère mydriase et réagissent aux excitations lumineuses w - et douloureuses. La face est convulsée de grimaces qui se succèdent rapide- ment, en lui donnant tour à tour un masque grotesque ou tragique : les lèvres se projettent en trompe ou sont renversées en dehors; la langue se contorsionne dans un coin de la bouche, du côté droit, serrée par les dents et cyanosée; la mâchoire inférieure présente un peu de trismus et parfois un prognathisme rythmique. La têle ne présente aucune raideur de la nuque; elle est parfois animée de mouvements de salutation rythmiques ou s'enfonce entre les épau- les. Le tronc conserve également, au moins par intervalles, une grande laxité de mouvements : tantôt la malade reste couchée, le ventre en bateau, les | membres repliés en chien de fusil ; tantôt elle se dresse brusquement, s’assied sur son lit, la tête enfoncée entre les épaules, les bras croisés sur la poitrine ou autour des jambes, les jambes repliées, les talons touchant les cuisses, et les genoux la poitrine, avec une hypotonie musculaire remarquable. Une seconde après, les membres inférieurs s’allongent, se tendent, se raidissent en extension forcée, les orteils relevés; ou bien ils présentent des mouvements rythmiques de va-et-vient ressemblant aux mouvements de natation. Les membres supérieurs sont tantôt fléchis et croisés sur la poitrine, tantôt raidis en extension, animés d’un mouvement de torsion sur leur axe ou fixés soit en rotation externe et en extension forcée, soit en pronation et en flexion forcée, les trois premiers doigts étendus; on observe parfois la position classi- que de la létanie, en main d’accoucheur, parfois les mouvements lents et rythmiques de l’athétose; souvent ces mouvements continus, simultanés où symétriques, présentent un rythme assez gracieux et ressemblent à ceux des danseuses javanaises. On n’observe ni raideur de la nuque ou de la colonne vertébrale, ni signe de Kernig. Pas de photophobie, pas de raie méningitique, pas de vomissements. La respiration, accélérée, est cependant régulière ; le pouls, fort et bien frappé, bat à 90 pulsations par seconde. Ces mouvements incessants, qui échappent à toute description et ne se“ rapprochent que par instants des types les plus classiques, durent ainsi toute la journée, sans modifications, sans aucun cri ni aucune expression doulou- reuse ; ils se ralentissent vers la fin de l’après-midi et la malade meurt à 4 heures du soir après huit heures de crises convulsives. L’autopsie permet de préciser la nature de ces phénomènes : tout d’abord, au niveau des deux poumons, on constate de multiples excavations ; l’une d'elles, contiguë à la plèvre gauche, s'était ouverle en déterminant un pneu=« KE LÉ re LT cou ÈS ro mo 2 à Rec SE ne fis Co Ar T a Ti lee SV OS PS EMA oc LE NL dr Lt ‘# is 4 l “ + SÉANCE DU 21 OCTOBRE 323 mothorax et présentait encore un orifice de communication de la grosseur du petit doigt; le reste des poumons présente une infiltration tuberculeuse considérable. Le foie est en dégénérescence graisseuse, le pancréas égale- ment; les reins sont relativement très peu touchés. Au niveau du cerveau, on ne trouve aucune trace de méningite, aucun petit tubercule au niveau des plexus; les plexus choroïdes sont cependant congestionnés; on note d’autre + part, au niveau des méninges et sur les coupes du cerveau, une assez forte quantité de liquide d’æœdème ; il n’y a aucune trace de lésion en foyer, aucune hémorragie, etc. La glande thyroïde ne présente, au premier aspect, rien de particulier et a conservé son aspect normal; néanmoins, sur les coupes histologiques, elle présente de la sclérose, si fréquente, d’après Roger et Garnier, chez les tuber- culeux ; d'autre part, si l’on observe de nombreuses vésicules remplies de substance colloïde, on observe, par places, un aspect plus particulièrement glandulaire qui se rapproche de l’état des glandes thyroïdes infantiles, et qui correspond à la description donnée par Defaucamberge. En raison des phénomènes convulsifs, nous avons soigneusement recher- ché les parathyroïdes : les parathyroïdes internes, contenues dans l’intérieur même de la glande sont petites, mais conservent leur aspect normal; à la coupe, elles présentent de la sclérose, avec augmentation manifeste des bandes conjonctives ; l’épithélium apparaît sous forme de boyaux anastomosés et de calibre inégal, mais souvent pénétrés par des leucocytes; la cytologie fine des cellules ne peut être faite sur ces pièces d’autopsie, mais on constate une assez grande quantité de cellules parathyroïdiennes saines en apparence. Par contre, nous avons trouvé des lésions beaucoup plus démonstratives du côté des parathyroïdes externes : tout d’abord, la parathyroïde externe droite paraît manquer complètement; du moins, n’a-t-elle pu être retrouvée malgré tous les soins; mais on sait combien cette recherche est souvent difficile. La parathyroïde externe gauche, dont les dimensions sont celles d'un grain de blé, est située en avant du bord postérieur du lobe gauche, indépendante du tissu thyroïdien, adhérant très intimement à la trachée; la couleur en est blanchäâtre : en effet, presque toute la glande est caséifiée et sa structure glan- dulaire n'apparaît qu'aux deux extrémités; sur les préparations histologiques, la presque totalité de l’organe est transformée en une masse caséeuse amor- phe, entourée d’un cercle de sclérose, avec de nombreuses cellules géantes à la périphérie; la preuve histologique de la nature de cette glande, si com- plètement caséiliée, est donnée par la persistance, aux deux extrémités, de parties glandulaires, nettement reconnaissables malgré la sclérose et la leuco- cytose qui les infiltrent à leur lobulation et à la disposition de leurs boyaux épithéliaux. Quel rapport doit-on établir entre les crises convulsives et la caséifi- cation d'une glande parathyroïde? Tout d’abord, les accidents ne peuvent _ être attribués ni à une méningite ni à une lésion rénale; peut-être - pourrait-on faire jouer un certain rôle à l’œdème cérébral constaté à l’autopsie; mais il nous semble plus vraisemblable de considérer cet ædème, constaté après 8 heures de convulsions, comme un effet plutôt - que comme une cause. 324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La caséification totale de la parathyroïde externe gauche, la seule que l’on ait pu retrouver, nous paraît, d’ailleurs, susceptible d’expli- quer les phénomènes convulsifs. IL est vrai que les parathyroïdes inter- nes, tout en étant altérées, présentent encore une assez grande quan- tité de cellules saines en apparence ; mais on peut supposer, ou bien que cette quantité était encore insuffisante en l’absence des parathyroïdes externes, ou bien quelles fonctions respectives des parathyroïdes internes et externes ne sont pas identiques et ne se suppléent pas complètement. Il est vrai, également, que la glande thyroïde elle-même présente une intégrité relative d’un grand nombre de cellules ; mais il semble, d’après des travaux expérimentaux récents, que la thyroïde ne peut pas suppléer les parathyroïdes et que les convulsions sont le propre de l'insuffisance parathyroïdienne. ( Le cas que nous rapportons, malgré la complexité inhérente aux observations cliniques, nous paraît fournir un argument en faveur de cette hypothèse. Il est à rapprocher des cas de convulsions tétaniques observés chez l'homme après certaines thyroïdectomies totales, et chez l’animal après parathyroïdectomie ; il est également à rapprocher des récentes recherches cliniques sur l'origine parathyroïdienne de certaines tétanies et de certaines éclampsies. Il est, en tout cas, croyons-nous, le premier exemple d’une lésion anatomo-pathologique spontanée localisée aux parathyroïdes et accompagnée d'accidents convulsifs mortels. PREUVES DE LA FORME GLOBULEUSE DE L'HÉMATIE, par M. L. GARRIGUE. Les recherches que j'avais entreprises sur le phénomène de la respi- ration, et dont les principaux résultats ont été exposés il y a trois ans dans mon livre « maladies microbiennes », m’avaient conduit à penser. que la forme globuleuse de l’hématie était indispensable à l’accomplis- sement parfait de cet état biologique. Je n'avais, pour appuyer cette hypothèse, que des preuves rationnelles déjà énoncées par différents biologistes. Mais aujourd’hui je crois pouvoir apporter une preuve irréfutable de ce qui n’était encore qu'une hypothèse très plausible. Voici donc l'expérience qui met en lumière la forme réelle de l’hé-= matie. Arrêtez avec un lien élastique la circulation de votre index. Plongez- le dans un verre d’eau ramenée à une température de 4 à 6 degrés avec de la glace. SÉANCE DU 21 OCTOBRE 925 Lorsque le doigt est refroidi, mettez à l'extrémité une goutte d'huile d'olive très limpide, neutre et refroidie à 4 degrés. À travers la gouttelette d’huile piquez le doigt avec une aiguille pour faire sourdre une gouttelette de sang, aussi petite que possible. Comme la densité du sang est supérieure à celle de l'huile, il reste au-dessous de celle-ci, à l’abri du contact immédiat de l'air. Prenez ce mélange d'huile et de sang en appliquant sur le doigt une lame de verre également refroidie et mettez rapidement sous le micros- cope. La pièce dans laquelle se fait l'examen doit être froide, + 8° au maxi- mum. Dans ces conditions, presque toutes les hématies sont globuleuses. Celles qui sont en tas s'appuient les unes sur les autres comme des glo- bules gélatineux sphériques qui se dépriment réciproquement, et aucu- nement comme des globules plats qui s’amoncelent en forme de piles de pièces de monnaie. Enfin on trouve quelques hématies plates ; ce sont celles qui sont entrées en contact avec l'air. Ces dernières sont très rares et même absentes si l’on a opéré dans . un milieu froid. Au bout d’un certain temps, les globules se hérissent d’épines comme des marrons dans leur enveloppe, tout en gardant la forme sphérique. Faites la même opération en plaçant la gouttelette d'huile et de sang sur une lamelle très mince. Appliquez la lamelle renversée sur une petite cuve où l’on pourra faire arriver alternativement de l’acide carbo- nique ou de l’azote et de l'oxygène. Les deux premiers gaz n’ont aucune action sur l’hématie qui reste globuleuse ; l'oxygène au contraire leur donne rapidement la forme de marrons épineux ou aplatis. Faites la contre-épreuve. Piquez le doigt et ne mettez l'huile qu'après le contact du sang avec l’air ; examinez au microscope et vous constatez que toutes les hématies ont la forme aplatie, biconcave, déjà décrite. Nous avons conclu de ces faits que la forme aplatie de l’hématie se produit instantanément lorsqu'elle arrive au contact de l’air et qu’elle est un signe de mort. Nous donnerons dans une prochaine séance l'explication chimique de ce phénomène, avec preuves à l'appui, et nous verrons que la même cause produit la rétraction du centre de ce corpuscule et la rigidité cadavérique du muscle. M. J. Jozcy. — Puisqu'il est nécessaire de revenir encore sur la question de la forme des globules rouges des mammifères, je rappellerai à M. Gar- - rigue qu'il existe des observations faites dans des conditions beaucoup - plus simples et rigoureuses que les siennes, et qui parlent contre sa Brozocre. Compres RENDUS. — 1905. T. LIX. 23 RAS Ro 326 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE manière de voir. M. Garrigue emploie une technique compliquée pour mettre les globules rouges à l'abri de l’air qui, selon lui, produit artifi- ciellement leur forme discoïde. Cette technique a le grave inconvénient d'introduire des facteurs nouveaux dans l'expérience, car les globules rouges qui circulent dans les vaisseaux ne sont pas en suspension dans l'huile. Mais si on veut se mettre à l'abri de l’air, il est bien plus simple d'observer les globules rouges dans les vaisseaux mêmes, dans les membranes transparentes, soit dans les vaisseaux du mésentère, soit mieux encore dans l’aile de la chauve-souris. Et cette observation peut se faire ?n vivo, pendant que le sang circule. Or, dans ces conditions, on: voit nettement, au microscope, les globules discoïdes en suspension dans le plasma. Il est très facile de fixer ces membranes sur l’animal vivant et d'obtenir ainsi des prépations définitives dans lesquelles on voit les globules discoïdes dans les vaisseaux. SUR LA COLORATION DU SPIROCHAETE PALLIDA SCHAUDINN DANS LES COUPES, par M. LEvADIrI. Herxheimer et Hübner (1) ont été les premiers à colorer, au moyen du bleu du Nil, le Spirochaete pallida sur des coupes faites à l’aide de produits syphilitiques. La méthode proposée par ces auteurs n’a pas été contrôlée depuis la publication de leur travail. Récemment, Berta- relli, Volpino et Bovero (2) ont proposé un nouveau procédé pare sur l’imprégnation au nitrate d'argent, procédé qui, d’après l'affirmation de ces savants, est capable de mettre en évidence les spirochètes dans les tissus syphilitiques (foie et rate des nouveau-nés hérédo- revphie, tiques). Nous avons répété cette méthode et nous avons obtenu des prépara- tions contenant des spirochètes suffisamment visibles dans leurs rapports avec les tissus lésés. Néanmoins, ce procédé présente certains désavan- tages, entre autres la coloration relativement pâle des parasites et la formation de précipités que l’on ne peut éviter qu’avec peine. Nous avons obtenu des résultats infiniment meilleurs en nous servant” de la méthode suivante, basée sur le même principe, et qui est une légère modification de celie recommandée par Ramon y Cajal pour. l'imprégnation des fibrilles nerveuses : 1° Fixation des organes (très pelits) dans du formol à 10 p. 100; 2° Fixation et durcissement dans de l’alcool à 95 degrés; 3° Lavage à l’eau distillée pendant quelques minutes; (4) Deutsche med. Woch., N° 26, 1905. (2) Rivista d’igiene, N° 16, 1905, p. 361. RS a ES à Re ni y A # SÉANCE DU 21 OCTOBRE 327 — 4° Imprégnation par une solution de nitrate d'argent à 1,5 p. 100 dans de l’eau distillée, pendant trois jours à 38 degrés; 5° Réduction par : Acide: pyrogallique”t.. . . . 4 grammes. DTA TTC) RSR AE UV NE 2 5 centimètres cubes. Fam disilées eee ruine 1 400 _ pendant vingt-quatre heures à la température de la chambre; 6° Lavage à l’eau distillée, déshydratation, xylol, paraffine, coupes ; 1° Les coupes sont ensuite colorées par le Giemsa non dilué pendant trois- quatre minutes, différenciées à l'alcool additionné d'essence de girofle, lavées à l'alcool, éclaircies à l'essence de bergamote et au xylol, et finalement mon- tées dans le baume. Grâce à ce procédé, les spirochètes se colorent en noir, les cellules en bleu et le tissu conjonctif en jaune verdätre. Cette méthode, appliquée à l'étude des organes provenant de deux nouveau-nés syphilitiques que nous avons observés avec MM. Nobécourt et Sauvages (1), à la Maternité et dans le service de M. le Prof, Pinard à la clinique Baudelocque, nous a permis de faire les constatations suivantes : 1° Dans le pemphiqus, les spirochètes sont logés soit autour des vais- seaux, en plein tissu granulaire, soit dans les espaces vacuolaires remplis de débris épithéliaux et de leucocytes, qui séparent les cellules de la couche cornéenne. 2% Dans le foie. À. Cas de syphilis précoce : Présence des spirochètes en petite quantité, situés entre les épithéliums glandulaires qui entourent les vaisseaux (disposition en foyer) et à l'intérieur même de ces vaisseaux). B. Cas de syphilis tardive, avec hépatite interstitielle diffuse : Les spirochètes abondent dans le tissu conjonctif, entourent les cellules hépatiques (espaces lymphatiques péri-cellulaires), et parmi eux, il y en a qui existent à l’intérieur même des cellules du foie. Les détails des altérations pathologiques que nous avons constatées et des rapports qui existent entre ces altérations et le Spirochaete pal- lidu, soit dans les organes des nouveau-nés syphilitiques, soit dans les lésions primaires chez le singe, seront publiés bientôt. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) (1) Ces observations seront publiées bientôt, en collaboration avec ces mes- sieurs. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. xt 14 fs RULES LAN DENT FA NA 0%, \ TELE À bris EU * x 22"4 * t MIT ALTER SEAT RE CHEN HAL 47: Ne En Re ANT SÉANCE DU 28 OCTOBRE 1905 Carnot (P.) et Amer (P.) : De la dégénérescence des îlots de Lan- gerhans en dehors du diabète. . .. CLaAuDE (HENRI) : Syndrome d'hy- perfonctionnement des glandes vas- culaires sanguines chez les acromé- galiques DassonviLze (CHARLES et GASTON) : Le pétrole n'exercerait-il pas une influence attractive sur les Mousti- ques et sur d’autres Diptères? . . . Duccoux (E.) : Sur une coccidiose intestinale du bœuf en Tunisie. . . Gorescu (C.) : Action de l'iodure de potassium sur l'histogenèse des granulomes provoqués par l’inocu- lation de poudres inertes GrIMBERT (L.) : Recherche des pigments biliaires dans l’urine. . . GuERBET : Le bacille dysentérique dans une épidémie en Seine-Infé- Humgerr et BALZER : Essai d’abou- chement direct du canal déférent avec le testicule pour remédier à la stérilité consécutive à l’'épididymite MOOD LE RNA ne Aie tue de Ion. G. LACHE : Sur la cérébration MCORSLIENÉE: Ce DS UT UE: Jozzy (J.) : Remarque à l’occasion SOMMAIRE 39 390 de la communication de M. Mon- toya y Flores, faite par M. Marcano. Jusrin DE Lise : Nouvelles recher- ches sur le microbe de la syphilis. LAVERAN : A propos de la com- munication de M. Montoya y Flores. LAverAN (A.) : Maladie du sommeil et mouches tsétsé au Congo francais. Levapirt (C.) : L'Histologie patho- logique de l’hérédo-syphilis dans ses rapports avec le Spirochæle pallida SCNAUTINN 0 CU ET EE UE LEVADITI et SAUVAGE : Sur un cas de syphilis héréditaire tardive, avec présence du spirochæte pallida dans JESSVISCÈRES, MN RP UL MU CUP Ur Marcaxo : Sur le microbe du pa- ludisme de M. Montoya y Flores . Mucox (P.) : Evolution de la cor- ticale surrénale du cobaye avec laretde l'animal tem een Tee Rocer (H.) : Les mouvements de l'intestin dans l’occlusion expéri- MEN PAIE PANNE EAU AE INTERNE RoGer (J.) : Un cas de contagion par cohabitation du Surra Nord- Ari cd inNAUS CRIER EEE SLATINEANO : De l’endo-toxine du cocco-bacille de Pfeiffer. . . . . .. Présidence de M. A. Giard, président. SUR LE MICROBE DU PALUDISME DE M. MoNTOYA x FLORES, par M. Marcano. Je suis chargé par M. Montoya y Flores de vous communiquer des pré- parations microscopiques sur lesquelles il s'appuie pour décrire un nouveau parasite du sang. Biococre. Compres HENDUS. — 1905. T, LIX. 24 AUTRE * L 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'après ses recherches faites sur les fièvres paludéennes de Medellin (République de Colombie), et consignées dans plusieurs publications, l’auteur soutient que dans ces infections on ne trouve l’'hématozoaire qu'accidentellement, et que l’agent spécifique est un microbe dont l’aspect et la grandeur sont très variables. Il le décrit sous le nom de Proteococcus paludicus. Ses dimensions oscillent entre 1 et 7 y, et il se présente sous la forme de granulations réfringentes, de spores de champignons, et le plus souvent de disques entourés d’un halo, tantôt isolés, tantôt en chaînes, et ne prenant les colorations que d’une manière « arbitraire ». La présence de ce piroplasme qui peut être endoglobulaire ou libre, serait constante, et l’auteur aurait réussi à le culliver et à l’injecter ayec succès en produisant une infection qu'il assimile au paludisme. Il l'aurait de plus retrouvé avec tous ses caractères dans le sang des sujets inoculés. | Poursuivant ses recherches plus loin, il l'aurait décelé dans certains fruits, et M. Montoya part de là pour concevoir une pathogénie person- nelle du paludisme. Dans une communication à l’Académie des Sciences (8 mai 1905), M. Laveran faisant allusion à ce travail soutient que dans les prépara- lions qui lui ont été envoyées par M. Montoya, on trouve, à la place du parasite mentionné, ces modifications endoglobulaires artificielles sur lesquelles M. Laveran a particulièrement insisté, les altérations vacuo- laires des hématies. Les préparations que j’ai examinées ont été fixées par la chaleur à 110 degrés et lavées au sublimé. On y voit des granu- lations et des disques qui rentrent dans la description de M. Montoya, mais qui sont situés sur un plan antérieur à celui du sang. Ceux qui semblent être placés dans l’intérieur des hématies sont manifestement indépendants et leur sont superposés. Dans les préparations faites avec des culbirees on ee un mélange de cocei et de bacilles ; il semblerait que ces cultures ne sont pas pures. En tout cas le lien qui rattache ces microorganismes aux disques des préparations sanguines ne nous semble pas bien établi. M.J. Joy. — Dans les préparations de M. Montoya, que M. Marcano a | eu l’obligeance de me communiquer, on voit, à côté de l’altération vacuolaire des globules rouges déjà signalée par M. Laveran, une impureté qui a été décrite par M. Montoya comme un des aspects de son prétendu parasite, et que je crois bon de signaler. Ce sont de petits\ corps sphériques de diamètre variable, atteignant le quart, le tiers ou, la moitié d'un globule rouge, noirs, avec un point clair au centre, el qui, au premier examen, ont un peu l'aspect de fines bulles d'air ou de spores. Cette impureté m'a longtemps intrigué, car je la retrouvais \ SÉANCE DU 28 OCTOBRE 331 quelquefois dans mes propres préparations, et il était important de la distinguer des corps chromatiques intra-globulaires que j'étudiais au même moment. Or, il ne s’agit là ni de spores ni de bulles d'air, mais de fines gouttelettes de mercure métallique. J'ai retrouvé souvent ces gouttelettes dans mes préparations fixées avec les mélanges contenant du sublimé et je les ai reproduites facilement avec toutes les étapes de leur formation. Elles apparaissent d’abord à l'extrémité d'une aiguille de sublimé; puis le cristal diminue de longueur au fur et à mesure que le mercure se réduit et que la gouttelette métallique augmente de dia- mètre. On a bientôt de petits corps noirs sphériques présentant une petite queue; enfin la gouttelette se fragmente et les cristaux de sublimé ont disparu complètement. Dans son travail, M. Montoya décrit sa technique et indique la chaleur comme procédé de fixation de ses pré- parations de sang. Je me demandais comment il pouvait introduire le mercure, lorsque M. Marcano, tout récemment, retrouva une communi- cation accessoire de l’auteur, dans laquelle il dit explicitement qu’en plus de la fixation par la chaleur, il plonge ses lames dans le sublimé. Les corps noirs qu'on voit dans les préparations envoyées par M. Montoya à M. Marcano, et qui correspondent manifestement à une partie de la description publiée, sont donc de petites gouttes de mercure oxydé. M. LAvERrAN. — M. Montoya y Flores a bien voulu m'envoyer des préparations de sang dans lesquelles il avait cru voir le parasite qu'il a décrit; je n'ai trouvé dans ces préparations que des pseudo-héma- tozoaires représentés surtout par des vacuoles des hématies (1). En communiquant le résultat de cet examen à M. Montoya, je lui ai dit que _ vraisemblablement le paludisme était produit en Colombie par le même hématozoaire que dans toutes les autres régions du globe, et je l’ai prié de m'envoyer des frottis de sang de palustre recueilli dans de bonnes conditions, c’est-à-dire chez des malades en cours d’accès palustre bien caractérisé et n’ayant pas pris récemment de quinine. Ces préparations m'ont été envoyées très aimablement par M. Montoya, et J'y ai constaté l'existence de l’hématozoaire du paludisme avec ses formes typiques. J'ai vu, dans ces préparations, non seulement les petites formes qui sont particulièrement fréquentes dans le paludisme des régions tropicales, mais de grandes formes amiboïdes avec des rosaces. La question soulevée par M. Montoya me paraît définitivement résolue : le paludisme n’est pas produit en Colombie par un microbe spécial, il a pour cause le même hématozoaire que partout ailleurs. (4) À, Laveran, Pseudo-hématozoaires endoglobulaires, Acad. des Sciences, 8 mai 1905, 332 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MALADIE DU SOMMEIL ET MOUCHES TSÈTSÉ AU CONGO FRANÇAIS, par M. À. LAVERAN. M. le capitaine Fourneau, en mission au Congo français, m'a adressé une lettre datée de Boué sur l’Ogoué, 20 août 1905, dans laquelle il me donne des renseignements intéressants sur la maladie du sommeil dans cette région ; en même temps M. Fourneau m'a envoyé des échan- tillons des mouches tsétsé recueillies par lui. La maladie du sommeil est fréquente dans la région de Boué. Les indigènes ont fourni à cet égard des renseignements très précis qui sont résumés dans la lettre de M. Fourneau. « Le malade commence par ressentir de violents maux de tête, plus particulièrement aux tempes et au milieu du front. Par une mimique expressive les indigènes font comprendre que les malades souffrent comme s'ils recevaient des coups de marteau sur la tête. « Au bout d’un certain temps, le délire apparaît, le malade dit des choses incohérentes, les yeux s’injectent ; les douleurs de tête persis- tent, souvent la peau est froide. « Vers la deuxième lune après le début des accidents, le malade com- mence à être pris de somnolence ; il dort plusieurs heures par jour. Dès qu'il se réveille, il absorbe de grandes quantités de nourriture et d'eau, puis se rendort. Les hommes deviennent impuissants. « La faiblesse augmente ; le sommeil est presque continu, le corps se couvre de boutons qui laissent suinter de la sérosité. L'alimentation devient très difficile. À ce moment le malade est relégué loin du village, dans la brousse, où on le laisse mourir de faim par crainte de la conta- gion (1). « La mort survient en général au bout de la troisième ou de la qua- trième lune. « Les femmes et les enfants ne sont pas nn les enfants suc- combent rapidement. » Il est remarquable que dans ce tableau tracé par la indigènes et que certainement M. le capitaine Fourneau m'a transmis sans y faire la moindre correction, les principaux signes de la maladie du sommeil sont très bien indiqués : céphalalgie, délire, peau froide (frissons fébriles), somnolence, faiblesse générale, impuissance, éruptions cuta- nées, enfin sommeil léthargique qui ne permet plus l'alimentation, et qui annonce la terminaison toujours mortelle. (1) Cette mesure barbare, très en usage parmi les peuplades nègres de l’Afrique occidentale, ne diminue que dans une proportion très faible les chances de contagion. SÉANCE DU 28 OCTOBRE 339 Les échantillons de mouches tsétsé qui m'ont été envoyés proviennent, les uns du village N'Dongo, dont le chef était atteint de maladie du som- meil au mois d'août 1905 et sur le point de mourir, les autres de la région de Baoué, où se trouvaient plusieurs malades atteints de maladie du sommeil lors du passage de M. Fourneau : 1° Mouches provenant du village N’Dongo. 19 mouches qui toutes -sont des Glossina palpalis. 2 Mouches capturées dans la région de Baoué. 36 mouches, sur les- quelles 35 Glossina palpalis et 1 Glossina longipalpis. Il m'a paru intéressant de publier ces faits, attendu que les Rs ments que nous possédons sur la trypanosomiase humaine et sur les tsétsé au Congo français ne sont pas nombreux. Dans la carte donnant la répartition des tsétsé en Afrique, dressée par Austen et récemment publiée (1), la région de l’'Ogoué figure avec raison dans la vaste zone de l'Afrique occidentale où l’on rencontre la Glossina palpalis. UN CAS DE CONTAGION PAR COHABITATION DU SURRA NORD-AFRICAIN DU CHIEN, par M. J. RoGER. Une chienne témoin de nos sujets d'expérience lors de l'étude du Surra Nord-Africain a contracté la maladie par le fait de la cohabita- tion avec les malades depuis le 25 janvier 1905, époque où commen- cèrent les inoculations. Ses congénères ont succombé respectivement au bout de 18, 28, 45, 48 et 51 jours, tandis que jusqu'au 2 avril la chienne en question n'a attiré l'attention que par son amaigrissement faussement attribué à une dépression psychique consécutive à l’enchai- nement. Le 3, il existe de l’œdème des paupières et un trouble assez prononcé de l’humeur aqueuse. Le 4, les deux cornées sont complète- ment opaques. Nous pensons à la possibilité d'une contamination et l'examen hématologique confirme cette manière de voir. Les parasites sont assez rares. Le 5, la membrane nyctitante est projetée sur le globe oculaire aux confins “ la pupille. La cornée présente quelques érosions. Examen négatif. Les 6 et 7, physionomie douloureuse et abattement profond. Tryp. rares. Mirza est trouvée morte le 8 au matin. Parasites assez nombreux dans le sang du cœur. Aulopsie. — Cadavre amaigri. Poids : 12 kilogrammes. Muqueuses apparentes exsangues. Poumon normal. Cœur hypertrophié. Réserves adipeuses dans la cavité abdominale. Foie volumineux (630 gr.). Rate (4) Rapports de la Commission de la maladie du sommeil de la Soc. royale, août 1905, n° VI, 3934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE décuplée (370 gr.). Reins vasculaires et päles. Engorgement ganglion- naire. Sur la coupe, on distingue macroscopiquement un amas pigmen- taire central. Conclusion. — S'il s'agissait de la dourine, on penserait immédiate- ment à la possibilité de la transmission par le coït, mais nous avons nettement différencié le Surra Nord-Africain de la dourine, et d'autre part les relations sexuelles étaient impossibles. Le mode de contagion reste à déterminer. LE PÉTROLE N'EXERCERAIT-IL PAS UNE INFLUENCE ATTRACTIVE SUR LES MOUSTIQUES ET SUR D'AUTRES DIPIÈRES ? par MM. CHARLES et GASTON DASSONVILLE. Dans le courant du mois de septembre, aux ateliers de construction de la Compagnie des chemins de fer de l'Est, à Epernay, du pétrole (1/2 litre environ) s'étant trouvé répandu par inadvertance sur le fond d’un tonneau, nous avons constaté que des Moustiques adultes (Culex pipiens) s'y étaient noyés en nombre considérable (plusieurs milliers). Cela nous a causé une certaine surprise parce que nous ignorions qu’en cet endroit (où se trouve notre maison d'habitation) il y eût un si grand nombre de Moustiques. Jamais nous n’avons été incommodés par eux; et, à notre connaissance, dans l’établissement, personne ne s’est trouvé incommodé de leur voisinage. Leur présence en aussi grand nombre dans la nappe liquide nous donna à penser que, probablement par son odeur particulière, le pétrole exerçait à distance une influence attractive sur les Moustiques, influence qui, si.elle élait réelle, pourrait être utilisée en vue de leur destruction. Afin de vérifier cette hypothèse, nous avons substitué à ce tonneau un autre tonneau, à la partie supérieure duquel nous avons versé du pétrole. L'expérience commence un matin. Dans la journée, aucun Moustique ne se fait prendre. Par contre, vers 6 heures et demie du soir, nous voyons les Moustiques arriver en grand nombre; ils se dirigent hâtive- ment vers la surface du pétrole, voltigent au-dessus de la surface liquide pendant quelques instants, avec une certaine hésitation, à la façon de l'abeille lorsqu'elle recherche la fleur sur laquelle elle va se poser. Puis, brusquement, ils tombent dans le pétrole. La mort paraît instantanée. Le lendemain, la couche de pétrole contenait 180 Moustiques, et cependant, pendant la soirée du jour de l'expérience, dans notre appar- tement (qui est situé à 50 mètres environ de l'endroit où nous avons SÉANCE DU 28 OCTOBRE 33 fait cette récolte), nous n'avons aperçu aucun Moustique à la lumière du gaz, les fenêtres étant largement ouvertes. Nous comptions reprendre cette expérience en divers endroits et par- ticulièrement à Enghien, où les Moustiques sont extrêmement nom- breux. Malheureusement, en quelques jours, les pluies sont survenues et l'expérience n'était pius réalisable : on ne voyait plus de Moustiques, même à Enghien. Cependant, par une assez belle matinée, nous avons cherché à nou- veau à la réaliser et nous avons pris certaines dispositions susceptibles de nous faire voir si, dans les deux cas précédents, le pétrole avait exercé une attraction par son odeur particulière ou simplement en raison de son état liquide. Voici comment nous avons opéré : dans un jardin attenant aux ate- liers d'Epernay, nous avons installé côte à côte des assiettes contenant diverses substances : du pétrole, de l’eau, de l'huile de naphte, de colza, de lin, de sésame et de ricin. Pendant toute la journée, nous sommes restés en observation auprès des assiettes. Dans le pétrole, trente grosses mouches bleues (Calliphora vomiloria) sont venues se faire prendre à la façon des Culex. En outre, dans la même assielte, nous avons récolté un grand nombre d'insectes très petits qui n’ont pas été déterminés. Dans l'huile de sésame et dans l’huile de colza, nous avons trouvé quelques-uns de ces petits insectes, et, de plus, dans chaque assiette, une mouche bleue. Dans les autres milieux (l’eau comprise), la récolte a été nulle. La pluie étant tombée le soir, l'expérience prit fin avant l'heure où, dans l'expérience précédente, les Moustiques s'étaient fait prendre. Ces expériences sont insuffisantes pour établir que le pétrole exerce réellement une influence attractive sur certains insectes, parmi lesquels les Culex et les mouches bleues de la viande. Cependant, il est peu vrai- semblable que les résultats qu’elles ont fournis aient été l’œuvre du hasard. De nouvelles recherches s'imposent; nous nous proposons de les entreprendre au retour de la belle saison. S'il était définitivement établi que le pétrole attire les Culex et les mouches bleues, il y aurait lieu de chercher à voir s’il n’agit pas dans le même sens sur d’autres Diptères, et en particulier sur les Anopheles et les {sétsé. En raison de l'utilité qu’il y a à être fixé au plus tôt sur ces différents points et à provoquer immédiatement des recherches en ce sens dans les contrées où les Moustiques sont encore en période d'activité, nous avons cru devoir faire connaitre nos premières constalalions, bien qu'elles ne permettent actuellement aucune conclusion définilive. 336 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — NOUVELLES RECHERCHES SUR LE MICROBE DE LA SYPHILIS, par M. Justin DE Lisre, de New-York, Il y a quatre ans (le 2 juillet 1901), nous avons communiqué à l’Aca- démie de médecine nos premières recherches sur le microbe de la syphilis, faites en collaboration avec M. le D' Jullien. Nous avons indiqué, dans ce premier travail, la technique qui nous a permis de déceler et de cultiver le microbe que nous croyons pouvoir considérer comme agent pathogène de la syphilis. Nos expériences nous ont montré que le sang syphilitique contient un microbe très fragile, très sensible à l’action bactériolytique de l’alexine du sérum humain. En effet, nous n'avons réussi à cultiver notre microbe qu'en évitant la coagulation du sang syphilitique. Voici, très résumée, la technique suivie par nous : 1° on choisit un. syphilitique en pleine évolution des phénomènes secondaires; 2° on aseptise le bras et on comprime le bras en vue de ponctionner une veine de l’avant-bras; 3° avant la ponction, on brûle la peau qui recouvre la veine avec une baguette rougie; 4° le sang puisé dans la veine est mélangé immédiatement à une solution aqueuse stérilisée d’oxalate de potasse (il faut que ce mélange ne contienne pas plus de 1 p. 1000 d’oxalate de potasse); 5° on centrifuge le sang oxalaté (la vitesse de la centrifuge ne doit pas dépasser 3 à 4.000 tours à la minute); 6° le plasma ainsi obtenu est mélangé avec du bouillon glycériné et le tout est distribué dans des sacs de collodion qu'on introduit ensuite dans la cavité péritonéale des cobayes. Au bout de six à dix jours, on retire les sacs de collodion dans lesquels on trouve une culture d’un microbe dont les caractères sont décrits plus bas. À mon retour en Amérique, J'ai continué des recherches sur la syphilis et j'ai retrouvé maintes fois le même microbe. J'ai cependant modifié et simplifié la technique de la manière sui- vante : au lieu de mélanger le sang syphilitique à de l’eau oxalatée, j'ai additionné de sérum antialexique préparé en injectant à des lapins du sang humain normal. Ce mélange est directement ensemencé dans des milieux glycérinés, dans lesquels on trouve le lendemain une culture du microbe dont les“ caractères peuvent se résumer ainsi : Microbe polymorphe, ayant en général 5 à 8 « en longueur et 0,15 à 0,3 de y. en largeur; se présente parfois sous forme d’un filament très. allongé, très mobile; se colore assez facilement, ne prend pas le Gram SÉANCE DU 28 OCTOBRE 331 Ensemencé sur le bouillon glycériné, le trouble au bout de vingt-quatre heures et donne un léger voile au bout de quatre à cinq jours; liquéfie la gélaline qui prend une teinte verdâtre. Pousse bien sur pomme de terre, sur le liquide amniotique; ne pousse pas sur sérum solide, ne coagule pas le lait; se développe lente- ment en milieu anaérobique. ÉVOLUTION DE LA CORTICALE SURRÉNALE DU COBAYE AVEC L'AGE DE L'ANIMAL, par M. P. Muzon. On sait que la substance corticale des surrénales du cobaye examinée à l'œil nu, sur une coupe transversale de la glande, paraît formée de deux zones concentriques : l’une, périphérique, graisseuse (G), est jaune clair ; l’autre, centrale, pigmentée (P), est brun rouge. Or, on a constaté ne art ane d'anees cran ti joe que le rapport 5 variait dans d'assez grandes proportions, pour le même sexe. Ayant examiné les capsules de cobayes mdles, d’âges différents et connus, j'ai pu me rendre compte que les variations d'épaisseur des couches dépendaient avant tout de l’âge de l'animal. 1° Comparons, par exemple, les deux individus suivants : No 99. Cobaye mâle. ( G — 480 y. N° 70. Cobaye mâle. G— 960 pL. 12 jours. P=—= 160 0 28 mois. P — 1.900 pu. Nous voyons qu'entre la naissance et le vingt-huitième mois, G a seu- lement doublé, tandis que P faisait plus que décupler. L'accroissement minime de la couche graisseuse s'explique aisément par les figures de division cellulaire que l’on trouve dans ses strates les plus superficiels (1). Au contraire, je n'ai jamais trouvé une figure de division nucléaire au niveau de la couche pigmentée, chez aucun des individus mâles, sains et non soumis à des expériences, que j'ai exa- minés à ce sujet. Les noyaux de cette couche sont, en grande majorité, parfaitement sphériques; d'autres, en petit nombre, sont plissés, rétractés (ils appartiennent à des cellules vieillies, chargées de granu- lations pigmentées), mais ne présentent aucune disposition chromati- nienne pouvant faire songer à l’amitose ou au bourgeonnement. Ainsi donc, entre la naissance et l’âge adulte, la couche pigmentée s'étend peu à peu sans jamais présenter de signe de prolifération cellu- (4) Voy. Comptes rendus de la Société de Biologie, 1903, p. 594, 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE laire. IL est dès lors manifeste que cet accroissement ne peut se faire que par une transformation partielle et graduelle des couches voisines. La substance médullaire centrale reste tout à fait en dehors de ce pro- cessus, et c'est aux dépens de la couche graisseuse, de dedans en dehors, que s'étend la couche pigmentée; on trouve, en effet, de nom- breuses formes de transition entre la cellule corticale graisseuse à grosses gouttes de graisse et la cellule corticale pigmentée imprégnée d’un corps gras (1). L'accroissement de la couche pigmentée s'effectue par suite de la transformation des cellules de la couche graisseuse qui résorbent leur graisse. La régénération et l'accroissement de la couche graisseuse sont à leur tour assurés par les couches de prolifération périphériques, dont la plus importante, la zone germinative, travaille aux dépens de la couche glomérulaire, couche de réserve; 2° Quand, par suite du processus ci-dessus indiqué, la glande a atteint un cerlain volume, la croissance progressive s’arrêle. L'on note UE G à pourtant encore des variations de P' À partir de ce moment, on conti- nue également à trouver des figures de division directe — pour le moins — dans la zone germinative. C'est qu’il se passe alors un processus d'élimination au niveau de la pigmentée centrale. Les cellules les plus vieilles de cette couche, celles qui sont chargées de granulations pigmentées tout particulièrement, sont rejetées de l’épithélium glandulaire par ce processus sur lequel je ne m'étendrai pas ici. Des régions assez importantes de la glande peuvent ainsi disparaître : la couche pigmentée est alors temporairement réduite de volume, tandis qu’au contraire la couche graisseuse peut subir une hypertrophie passagère du fait de son travail de régénération périphérique. Ces à-coups successifs dans le fonctionnement des deux couches de la corticale expliquent les fluctuations du rapport | observées après la période de croissance de la glande. Deux faits se dégagent dès à présent des constatations qui précèdent : 1° Comme le thymus, le corps thyroïde, et peut-être l’hypophyse, la capsule surrénale, chez le cobaye, évolue avec l’âge de l'animal; 2° La glande antitoxique surrénale du cobaye (substance corticale) ne comporte en réalité qu’une seule sorte de cellule. Cet unique élément revêt des caractères morphologiques différents et successifs en rapport avec son cycle fonctionnel : la sécrétion d’un corps gras spécial est au début de ce cycle; la concrétion de granulations pigmentées à la fin. Je puis enfin ajouter que chez les mammifères et chez l'homme le (4) Voy. Bibliographie anatomique, 1905. Sur les cellules à corps sidérophiles. tès-n si ho x ét ES La : fs CR Er RTS - d < PR. ” < à SÉANCE DU 28 OCTOBRE 339 processus est, dans ses grandes lignes, identique; la disposition topo- graphique des différentes phases du processus varie seule, d’où l'aspect confus de la glande humaine, par exemple, comparée à celle du cobaye. DE L'ENDOTOXINE DU CGCCO-BACILLE DE PFEIFFER, par M. SLATINEANO. En employant la technique indiquée par Besredka (Ann. Znstit. Pasteur, juillet 1905) etlégèrement modifiée, nous avons réussi à extraire du corps des cocco-bacilles de Pfeiffer une endotoxine mortelle pour les animaux de laboratoire. Les microbes, cultivés en boites de Roux (méthode Dellius et Kolle), sont émulsionnés, centrifugés, décantés ; sans les tuer ni les dessécher, on les émulsionne dans le mélange eau physiologique et sérum de cheval frais non chauffé. Après douze heures de contact, on centrifuge et l’on décante. Le liquide décanté a des propriétés toxiques. Voici le résultat de nos expériences : 1° 1/22 centimètre cube, injecté dans le cerveau de cobayes de 800-900 grammes, tue l'animal en six-dix heures avec une hypothermie de plusieurs degrés. A l’autopsie, congestion intense des viscères, en particulier des capsules surrénales et des poumons. La vessie est toujours pleine d'urine. Les témoins inoculés dans des conditions iden- tiques sont restés indemnes. | 2° Des cobayes de 400 grammes inoculés dans le péritoine avec des doses respectives de 1-5 centimètres cubes sont morts de six à quinze jours après l'inoculation, selon la dose employée. L’inoculation est suivie d’une chute de température (35°,5) qui revient ensuite à la nor- male. Il y a un amaigrissement considérable. et les animaux, à leur mort, ont perdu la moitié de leur poids. A l’autopsie, rien à signaler au point de vue macroscopique; dans deux cas seulement, nous avons constalé une dégénérescence graisseuse du foie très accentuée. 3° On oblient les mêmes effets en extrayant l’endotoxine de corps microbiens tués par la chaleur à 55 degrés, mais non desséchés; toute- fois l’hypothermie se produit moins régulièrement. 4° Les résultats signalés plus haut sont en tout point comparables avec ceux que l’on obtient par l'injection, soit intracérébrale, soit intra- péritonéale de corps micrebiens tués par la chaleur (1). Remarquons toutefois qu'il faut, pour tuer avec des microbes morts dans le péritoine, (4) Martin et Dujardin-Beaumetlz, Comptes rendus de la Société de Biologie, 6 janvier 1900. 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE employer un poids de ces derniers bien supérieur à celui qui fournit une dose mortelle d’'endotoxine. Remarquons également que la marche de la température (hypothermie) qui accompagne l'injection intracérébrale d’endotoxine est identique à celle qui suit l'injection mortelle intrapéritonéale produite par des coccobacilles vivants. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la faculté de Bucarest.) ACTION DE L'IODURE DE POTASSIUM SUR L'HISTOGÉNÈSE DES GRANULOMES PROVOQUÉS PAR L'INOCULATION DE POUDRES INERTES, par M. C. (orescu. I. — Quand on injecte dans la cavité péritonéale des lapins du poivre finement pulvérisé, celui-ci se fixe principalement sur le grand épiploon et le mésentère. Les grains de poivre, après une période de polynucléose transitoire, sont entourés de mononucléaires qui, en moins de vingt- quatre heures, constituent autour du corps étranger, un granulome à l’intérieur duquel les grains se trouvent enfermés dans des cellules géantes typiques nées de la confluence des leucocytes mononucléaires. Ces granulomes, à l'œil nu, présentent deux zones : l’une centrale, noi- râtre; l’autre transparente, périphérique, due aux fibroblastes étalés | à la périphérie. Au sein de ces néoformations, la résorption du poivre est très lente. Souvent au bout de deux mois elle est à peine sensible. IT. — Cette résorption est singulièrement activée par des injections sous- | cutanées d'iodure de potassium. Les phénomènes diffèrent selon que l’on | emploie journellement des doses fortes (25 à 60 centigrammes par jour) ou des doses faibles (10 centigrammes). Les injections iodurées ont toujours été commencées plusieurs jours après la constitution défi- nitive des granulomes. III. — L'injection de doses fortes produit d’abord une dissémination des granulomes dont le nombre devient de dix à vingt fois plus considé- rable que chez le témoin. On croirait assister à une véritable multipli- cation de ces néoformations qui envahissent la cavité péritonéale tout entière. Bientôt ces masses disséminées se ramollissent; leur centre devient jaune; les grains de poivre deviennent jaunes et mous; une. zone vascularisée s'établit autour des granulomes. Puis ces masses ramollies diminuent, s’affaissent; souvent, au bout de quinze jours de traitement ioduré, la résorption est complète à la surface de l’épiploom qui à repris son aspect normal. Elle dure davantage sur les autress SÉANCE DU 28 OCTOBRE 341 points du péritoine; souvent elle est terminée complètement au bout de trente jours, alors que les témoins ne présentent aucun signe appré- ciable de résorption. IV. — Au microscope on constate que la dissémination d'abord, la résorption ensuite, sont en rapport avec une incroyable suractivité fonc- tionnelle des leucocytes mononucléaires (macrophages). Peu d'heures après le début du traitement ioduré, les mononucléaires qui consti- tuent le granulome se mobilisent; ils envahissent, ils disloquent les cellules géantes, pénètrent dans les grains de poivre qu'ils disloquent et pulvérisent. Ainsi chargés de poivre, ils émigrent hors du granulome qui s'affaisse, s'étale, perd son contour et se transforme en une masse diffuse de mononucléaires. Le protoplasme de ces éléments est rempli de vacuoles bourrées de fins grains de poivre. Tel est le mécanisme de la dissémination. Autour des grains de poivre, déjà réduits, et trans- portés loin du granulome primitif, des granulomes nouveaux avec cel- lules géantes se forment et le même phénomène se répète un certain nombre de fois. Au sein de ces granulomes, les grains de poivre se colorent métachromatiquement en vert par la thionine et, sous l'in- fluence d'injections répétées d'’iodure, se résorbent, digérés par les macrophages. Bon nombre de macrophages chargés de poivre rentrent dans les sinus de la rate; d’autres se fixent sous forme de chromato- cytes étalés à la surface de l’épiploon. V. — L'injection de doses fortes d’iodure, par la diapédèse formi- dable qu'elle provoque, a pour résultat la constitution de granulomes très volumineux et par là, plus lents à disparaître ; l'injection journalière de petites doses (10 centigrammes) est accompagnée d’une résorption infiniment plus rapide des granulomes. En général, au bout de quinze jours, il n'y a plus trace de poivre ou de tubercules dans la cavité péri- tonéale. Le processus cellulaire est le même que dans le cas précé- dent. VI. — Si l'on commence les injections d’iodure peu d’heures après l’inoculation du poivre, il ne se forme que peu de granulomes visibles à l'œil nu; la dissémination du poivre par les mononucléaires se fait d'emblée; il y a formation très rapide de cellules géantes et résorption en très peu de jours des grains de poivre à l’intérieur de ces éléments. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Bucarest.) 342 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L'HÉRÉDO-SYPHILIS DANS SES RAPPORTS AVEC LE Spürochæte pallida ScRAUDINN, par M. C. LEvaDImI. L'étude histologique des organes provenant de deux nouveau-nés hé- rédo-syphilitiques (1), entreprise à l’aide de la méthode que nous avons communiquée récemment (2), nous a permis de faire un certain nombre de constatations destinées à mettre en évidence les rapports étroits qui existent entre le Spirochæte pallida et les lésions présentées par ces organes. Le premier de ces nouveau-nés est mort le jour même de sa naissance et ne présentait, en dehors de nombreuses lésions pemphi- goïdes, aucune altération nettement syphilitique des viscères.. Le foie était congestionné et parsemé de foyers hémorragiques, la rate était grosse et le poumon offrait les signes macroscopiques de la congestion et de la pneumonie catharrale. Chez le second (3) de ces enfants hérédo- syphilitiques, décédé environ un mois après le début de la maladie, la nécropsie a permis de déceler un foie très hypertrophié, jaune pâle, dur au palper (foie silex), une rate grossie, un état presque normal du poumon et un léger épaississement de la substance corticale du rein. Il s’agit donc de deux cas de syphilis héréditaire sensiblement diffé- rents, en ce sens que chez l’un d’eux (cas I), l'infection a évolué d’une facon rapide et n’a engendré en tant que lésion syphilitique, que les, manifestations pemphigoïdes de la peau, cependant que chez le second (cas IT) cette infection a occasionné des altérations viscérales, en par- ticulier du foie, et qu’elle a eu une allure relativement chronique. . Or, voici ce que nous a révélé l'étude histo-pathologique de ces deux Cas : a) Pemphigus. — Les vésicules de pemphigus débutent par une vacuolisation des cellules de la couche cornéenne et par la formation de petites cavités inter-épithéliales, cavités qui ne tardent pas à se remplir de leucocytes poly- nucléaires et de débris épithéliaux. On voit comment à ce niveau, les épithé= liums se desquament pour tomber dans la phlictène en voie de formation, et comment la papille dermique correspondante, par ses vaisseaux et par les élé- ments mono- et polynucléaires dont elle est farcie, prend part à la genèse du processus pemphigoide. (1) Nous devons ces cas à M. Sauvage et à M. Nobécourt, que nous remer= cions chaleureusement ici. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 21 octobre 1905. (3) L'observation de ce cas fait le sujet d'une communication que nous avons faite en collaboration avec M. Sauvage. 4 : SÉANCE DU 28 OCIOBRE 343 Les spirochètes abondent surtout au niveau de ces papilles dermiques, à la limite même qui les sépare de la couche germinative. Ils sont répandus entre les fibrilles conjonclives, sont disposés autour des vaisseaux, et pénètrent dans les fentes qui séparent les cellules cornéennes et à l’intérieur même de ces cellules. Finalement, ces spirochètes envahissent les vésicules de pemphigus, où on les trouve éparpillés parmi les leucocytes polynucléaires, au sein même du protoplasma de ces leucocytes. Il est à signaler pour- tant, que le nombre des spirilles contenus dans les vésicules de pemphigus est sensiblement inférieur à celui que l’on décèle au niveau des papilles dermiques. Rares dans les couches profondes du derme, ces spirochètes n'existent là qu'à l’intérieur des glandes sudoripares. b) Capsules surrénales. — Dans les capsules surrénales provenant du cas II, les spirochètes, absents dans la région corticale, abondent par contre au niveau de la zone médullaire. Ils y occupent les fentes Iymphatiques qui sépa- rent les fibrilles conjonctives du stroma et pénètrent, rarement il est vrai, dans l’épithélium des lacunes. c) Rein. — Les coupes du rein atteint d'une légère néphrite épithéliale cor- ticale (cas II), montrent que les spirochètes existent, soit dans le tissu conjonc- tif, soit à l’intérieur des éléments glandulaires qui tapissent les tubes contournés. On constate ici une disposition par foyer, en ce sens que les spirilles semblent s'accumuler dans certains tubes, à l'exclusion d’autres. d) Rate. — Les spirochètes en nombre relativement restreint, sont disposés, soit autour des vaisseaux, soit à l’intérieur même de ces vaisseaux, le long de la couche endothéliale. Les artérioles folliculaires sont celles qui parais- sent être les plus riches en ces spirochètes. Il n’est pas rare pourtant de trou- ver des spirilles dans la lumière même des lacunes spléniques. e) Poumon. — Si le poumon du cas Il, macroscopiquement intègre, est très pauvre en spirochètes, celui du cas I, atteint de pneumonie, en renferme un assez grand nombre. Les microorganismes occupent les alvéoles, existent parfois à l’intérieur des endothéliums desquamés et pénètrent également dans les bronches, où on les trouve répandus parmi les cellules détachées et les leucocytes. f) Foie. — Le foie légèrement lésé du cas I, ne contient que peu de spiro- chètes ; ceux-ci occupent les régions péri-vasculaires et sont logés souvent dans la lumière même des vaisseaux sanguins. Par contre, dans le foie atteint d'hépatite interstitielle diffuse du cas Il, le nombre de ces spirochètes est très grand. Les parasites existent dans la trame conjonctive hypertrophiée qui sépare les cellules hépatiques et abondent dans le protoplasma de ces cellules. I est à remarquer que ies éléments glandulaires les moins altérés, sont ceux qui contiennent le plus de spirochètes; en effet, au niveau des foyers très sclérosés, là où les épithéliums hépatiques sont presque totale- ment atrophiés, la quantité de ces parasites est relativement faible. Conclusions, — 1° La pénétration du Spirochæte pallida dans les vésicules de pemphiqus, s'opère de la profondeur vers la surface, des papilles dermiques vers les couches inférieures de l’épiderme ; 2 Le spirochète semble être un microorganisme capable de pénétrer 344 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans les éléments cellulaires nobles, de préférence dans les épithéliums glandulaires ; 3° /l existe une étroite relation entre la présence de ce spirochète et l'intensité des lésions viscérales de lu syphilis héréditaire. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l’Institut Pasteur.) SUR UN CAS DE SYPHILIS HÉRÉDITAIRE TARDIVE, AVEC PRÉSENCE DU SPIROCHAETE PALLIDA DANS LES VISCÈRES, par MM. Levapiri et SAUVAGE. L'un de nous a déjà communiqué brièvement à la Société dans une de ses dernières séances, les résultats des constatations que nous avons faites dans un cas de syphilis héréditaire (1). C'est le détail de nos observations et de nos recherches que nous apportons aujourd’hui. L'enfant chez lequel ces recherches ont été faites est né vivant et à terme, le 21 juillet dernier dans le service de M. le Prof. Pinard. Depuis le deuxième mois jusqu'à la fin de la grossesse, la mère avait été soumise à un traitement par le biiodure de mercure associé à l'iodure de potassium, suivant les indications de M. le Prof. Pinard. Le père est un syphilitique avéré qui a eu un chancre en 1896 et ne s’est pas soigné depuis. Des trois enfants précédem- ment conçus par ces deux procréateurs, l’un né prématurément à huit mois, est mort au bout de quinze jours, les deux autres ont été expulsés morts et macérés. L'enfant, qui pesait à la naissance 3.810 grammes (placenta 720 grammes), ne présenta aucune manifestation de syphilis, ni à la naissance, ni pendant les premières semaines de la vie. Nourri exclusivement au sein par sa mère, il sembla se développer dans d’excellentes conditions et pesait 5.350 grammes le 42 septembre. C’est seulement vers la fin du second mois que se produisit une éruption qui débuta par la plante des pieds et la paume des mains. Nous vimes cet enfant pour la première fois Le 30 septembre ; il présentait sur les membres inférieurs et les fesses de nombreuses et larges syphilides papu- leuses, d’un rouge jaunâtre, de la desquamation épidermique à la paume des mains et à la plante des pieds, des fissures sur la lèvre inférieure et aux com- missures labiales. Le traitement par la liqueur de Van Swieten à la dose d’une cuillerée à café par jour, fut prescrit et la mère continua ce traitement qu’elle avait suivi pendant sa grossesse et après son accouchement. Le 3 octobre, l’éruption avait pâli et présentait par places de la desquama- tion furfuracée. Le raclage de deux papules choisies l'une sur la jambe gauche et l'autre sur la cuisse droite donna des produits contenant un petit nombre de spiro- (1) Levaditi. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 21 octobre 1905. a (WE) x SÉANCE DU 28 OCTOBRE chètes. L'examen du sang recueilli par piqure de l'index ne permit au contraire de constater la présence d'aucun spirille, malgré la précaution prise d’étaler le sang en couches épaisses sur les lamelles. Le 5 octobre, l’éruption était manifestement étiolée sur les membres infé- rieurs et apparaissait sur la poitrine sous la forme de quelques papules d’un rouge cuivré. Deux vésicatoires de un centimètre carré chacun furent placés l'un (n° 4) à mi-hauteur de la face externe de la jambe droite, en un point correspondant à deux larges papules; l’autre (n° 2} à la face externe du bras gauche, sur une zone de peau d'apparence parfaitement saine. Les vésicatoires furent retirés au bout de cinq heures; le n° 4 avait déterminé la production d'une bulle contenant un liquide hémorragique ; à la place du vésicatoire n° 2, l'épiderme était seulement plissé et soulevé par quelques gouttes de liquide clair. Les liquides recueillis contenaient : celui du vésicatoire n° 1, de nom- breux spirochètes et des globules rouges; celui du vésicatoire n° 2, des spiro- chètes plus rares et quelques leucocytes. Il est à signaler que la centrifugation ne permit pas de constater un nombre de spirilles plus considérable dans le culot que dans le reste du liquide du vésicatoire n° 1. Dés le lendemain du jour où les vésicatoires avaient été appliqués, l’éruption s'étendit sur la poitrine et apparut sur les bras, en particulier sur la région voisine du point d'application du vésicatoire n° 2. Malgré le traitement, l’état de l'enfant alla en s’aggravant; de l’ædème apparut aux extrémités des membres, les selles devinrent diarrhéiques et verdâtres et l’on constata la présence de légères traces d’albumine dans les urines. L'enfant finit par succomber après une période de coma, dans la nuit du 11 au 12 octobre. Autopsie. — Le 12 octobre à 5 heures du soir. La peau du cadavre est com- plètement décolorée; æœdème des jambes et des bras, lésions cutanées flétries. Lésions. — Foie considérablement hypertrophié et dur (foie silex). Rate très augmentée de volume, de consistance dure, de coloration rouge brun. Rein droit légèrement plus gros; couche corticale plus épaisse et blanchätre. Capsule surrénale correspondante d'aspect normal. Fragment de poumon droit congestionné. Le sang prélevé par aspiration dans la cavité du cœur est partiellement hémolysé. Examen microscopique. — Le soir même de l’autopsie, l'examen des frottis non colorés permet de reconnaître la présence de nombreux spirilles immobiles dans le tissu hépatique. Rien de semblable ne peut être observé sur les préparations faites avec les autres viscères. Après coloration, la présence de spirochètes est constatée dans les frottis de tous les organes recueillis, à l'exception du poumon. Spirochètes en nombre considérable dans le foie, où ils se montrent spirilles agglutinés par faisceaux de trois ou quatre; rombreux et libres, dans la capsule surrénale (1), plus rares dans le rein, la rate et la moelle des os. Le Sang du cœur contient de rares spirilles libres (5 à 6 sur une préparation). Conclusions, — 1° Passage du Spirochaete pallida dans le liquide du (1) Babès et Panea ont déjà décelé les premiers des spirochètes dans les capsules surrénales d'uu nouveau-né hérédo-syphilitique. 1 Z BioLoëre. Compres RENDUS. — 1905, T, LIX, 346 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vésicaloire placé non seulement sur la peau couverte de syphlides, mais aussi sur la peau d'apparence normale, mais en imminence d’érup- tion (1); 2 Constatation des spirochètes dans le sang du cœur prélevé sur le cadavre, les mêmes parasites étant absents dans ie sang pendant la vie; 3° Concordance entre le nombre des spirochètes révélé par les frottis et l'intensité des lésions des organes. RECHERCHE DES PIGMENTS BILIAIRES DANS L'URINE , par M. L. GRIMBERT. Il existe certainement à l’heure actuelle plus de vingt procédés diffé- rents (2) pour rechercher les pigments biliaires dans l'urine, sans compter celui de Gmelin resté classique, je ne sais trop pourquoi, car c’est le moins bon de tous. Sans doute quand il s’agit de solutions, soit de bile fraiche, soit de bilirubine ou encore de liquides pauvres en pigments étrangers comme le sérum sanguin, la réaction de Gmelin donne de bons résultats, mais elle est presque toujours en défaut avec l'urine. Cela tient à la présence dans celle-ci d’indoxyle, d’urobiline, et de pigments mal connus qui donnent avec l’acide azotique des colorations rouges, bleues et brunes masquant le plus souvent l’anneau vert, seul caractéristique de la biliru- bine. Les procédés qui passent pour être les plus sensibles sont ceux de Jolles et de Hammarsten. Comme tous les autres, ils reposent sur l'oxy- dation de la bilirubine et sa transformation en biliverdine dont la teinte verte est plus facile à observer. Le procédé de Jolles consiste à agiter vivement 10 centimètres cubes d'urine avec 1 centimètre cube de chloroforme et 5 centimètres cubes d’une solution de chlorure de baryum à 10 p. 100. Après quelques minutes de repos on décante le liquide surnageant et on traite le résidu par 3 centimètres cubes (1) G. Nigris (Deutsche med. Woch., 1905, n° 36, p. 1431) a déjà trouvé des spirochètes dans le liquide d’un vésicatoire appliqué sur la peau normale d'un nouveau-né hérédo-syphilitique. | (2) Réactions de Gmelin, Brücke, Vitali, Masset, Fleischl, Rosenbach; Dragendorff, Ultzmann, Maréchal, Smith, Gerhardt, Capranica, Huppert, Hoppe-Seyler, Hilger, Lewin, Ehrlich, Triollet, Gluzinski, Jolles, Hammarsten et Salkowski. | SÉANCE DU 28 OCTOBRE 347 de la solution de Hübl (1) et 4 centimètre cube d'acide chlorhydrique con- centré puis on agite fortement. D’après l’auteur, la présence des pigments biliaires est indiquée par une coloration de la masse totale en vert bleu. Si la quantité de bile est faible, le précipité est seul coloré. J'avoue que je ne saisis pas très bien le pourquoi de cette technique. Que vient faire ici le chloroforme qui ne saurait dissoudre le bilirubi- nate alcalin de l’urine ? L'emploi du chlorure de baryum est tout à fait rationnel, puisqu'il provoque un précipité de bilirubinate de baryum; mais pourquoi la solution de Hübl comme oxydant? pourquoi pas tout simplement une solution d'iode dans l’iodure de potassium ? D'ailleurs le procédé est loin d'avoir la sensibilité que lui attribue son auteur. Quand il s’agit de traces de pigments biliaires, la coloration de Ja liqueur de Hübl peut masquer la réaction ou pousser trop loin l’oxy- dation. Enfin il est d’une complication inutile. Dans le procédé de Hammarsten on précipite l’urine par du chlorure de baryum, on centrifuge, on décante le liquide et on délaye le précipité dans un réactif oxydant obtenu en ajoutant à 5 volumes d’alcool à 95 degrés, 4 volume d’un mélange de une partie d'acide azotique à 25 p. 100 et de 99 parties d'acide chlorhydrique également à 25 p. 100; on agite. Par le repos la liqueur surnageante est teintée en bleu verdâtre ou en vert si l'urine renferme de la bile. Le procédé d'Hammarsten n’est guère plus sensible que celui de Jolles et il donne lieu aux mêmes critiques. La méthode que je propose à mon tour présente à la fois plus de simplicité et plus de sensibilité. On ajoute à 10 centimètres cubes d'urine 5 centimètres cubes d’une solution de chlorure de baryum à 10 p. 100, on agite et on centrifuge. Le précipité formé de sulfate, de phosphate et de bilirubinate de baryum est délayé dans 4 centimètres cubes d'alcool à 90 degrés renfer- mant 5 p. 100 de son volume d’acide chlorhydrique, et on porte le tout dans un bain-marie bouillant pendant une minute environ. On laisse le précipité se déposer au fond du tube et on examine le liquide surna- geant. Trois cas peuvent se présenter : 1° La liqueur est incolore : absence de pigments biliaires, 2° La liqueur est colorée en bleu verdâtre ou en vert foncé : présence de pigments biliaires. (4) Le réactif de Hübl se prépare en mélangeant à parties égales les deux 6lutions suivantes : A —lIlode : 0 gr. 13, alcool à 95 degrés : 100 centimètres cubes. B— Bichlorure de mercure : O gr. 16, alcool à 95 degrés : 100 centimètres cubes, 348 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE que l'acide chlorhydrique contenu dans l'alcool a été insuffisant pour oxyder tout le bilirubinate de baryum. — Dans ce cas, on ajoute dans le tube deux gouttes d’eau oxygénée à 10 volumes et on le porte de nou. veau au bain-marie : La teinte verte apparaît alors dans toute sa netteté. Si DA l'addition d'eau oxygénée la coloration brune persistail, M c'est qu'on se trouverait en présence de ces pigments mal définis, produits d’altération de la bilirubine et qu’on ne rencontre que An. les urines abandonnées à elles-mêmes depuis un certain temps. Il est évident que, lorsqu'on veut rechercher des traces de pigments" biliaires, au lieu de 10 centimètres cubes d'urine on peut en précipiter 100 centimètres cubes et même davantage. | Enfin quand il s’agit de dites pathologiques dans ete le. chlorure de baryum ne donne qu'un précipité insignifiant, on favorisen l'entrainement du bilirubinate de baryum en additionnant le milieu de quelques gouttes de sulfate de soude au 1/10. ; L'avantage du procédé que je propose, c'est qu'il ne demande qu'un seul réactif oxydant dont on peut graduer l’action par addition ménagée à d'eau oxygénée; de plus sa sensibilité est de beaucoup supérieure à celle des méthodes de Jolles et de Hammarsten, comme vous pouvez en juger par les tubes que je fais passer sous vos yeux. BIS HET, TE LES MOUVEMENTS DE L'INTESTIN DANS L'OCCLUSION EXPÉRIMENTALE, Reese par M. H. RocEr. Dans une note précédente (Soc. de Biologie, 2 octobre 1905), j'ai faite connaître un procédé qui permet d'étudier avec la plus grande facilité les mouvements de l'intestin. Après avoir déterminé ce qui se passe à l'état normal, j'ai été conduit à rechercher ce que devient la contracti- | lité intestinale dans les états pathologiques. Mes premières expériences ont porté sur l’occlusion intestinale. | Je pratique sur le flanc gauche d’un lapin une incision longue de. deux centimètres. J’attire une anse d’intestin grêle et j'y jette une ligature qui ferme complètement la lumière du conduit. L’anse est remise À en place et la petite plaie recousue. Ë Le lendemain, c’est-à-dire au bout de dix-neuf à vingt-quatre heures M je rouvre la plaie et j'amène au dehors l’anse que j'ai liée la veille. Au dessus de l'obstacle, l'intestin est transformé en un cylindre distendux par une quantité énorme d’un liquide verdâtre. Au-dessous de l'obstacle, l'intestin, complètement vide, n’est plus qu’un ruban aplati. à SÉANCE DU 28 OCTOBRE 349 Après avoir refoulé légèrement le liquide qui remplit le segment obstrué et avoir placé une pince qui en empêche le retour, je pratique une incision juste au-dessus de l'obstacle, et je fixe ma canule intestinale. Dès que je retire la pince, le liquide revient avec force et monte dans Ja branche verticale de la canule ; il s’y élève sur une hauteur de 4 à > centimètres. Ce liquide est agité de deux ordres d’oscillations : les unes, peu étendues, sont svnchrones aux mouvements respiratoires; les autres, amples et énergiques, sont dues à des contractions de d'intestin, luttant contre l'obstacle. Elles se reproduisent toutes les trois “ou quatre minutes; le liquide monte rapidement, et s'élève à une hauteur de 14 à 15 et parfois 16 centimètres, puis, après quelques oscillations revient peu à peu, au bout d'une minute et demie, à sa hauteur initiale. Ainsi, rien qu'en examinant la canule de verre, qui représente un petit manomètre à air libre, on peut faire d’intéressantes constatations “que la méthode graphique permet de préciser. — Si l'on inscrit simultanément les mouvements respiratoires et les oscillations du liquide intestinal, on constate leur parfait synchronisme. L'anse distendue de liquide forme dans l'abdomen une masse volu- “mineuse que comprime chaque contraction du diaphragme. ‘4 Les grandes oscillations du liquide intestinal se traduisent par une tourbe fort élevée dont l'aspect est assez constant. Après une légère ascension iniliale, se produit une élévation rapide très marquée, suivie dune série d'oscillations, descendantes et ascendantes; les sommets Secondaires sont toujours moins élevés que le sommet primitif. Le retour sur l’abscisse se fait soit rapidement, soit, le plus souvent, par une ligne oblique et onduleuse. Après un intervalle de deux à trois Minutes, les mêmes manifestations se reproduisent. Ces grands mouvements semblent dus à l’action du liquide accumulé derrière l'obstacle. Si l’on reprend ce liquide, si on l’introduit dans Mintestin d’un animal neuf, on verra se produire, sous son influence, des contractions énergiques. Dans les conditions physiologiques, les ondes intestinales sont peu ëlendues. Dans les cas d’occlusion, les grands mouvements que j'ai décrits prennent naissance à une assez grande distance au-dessus de Mobstacle. C’est ce dont on peut facilement s'assurer en examinant un animal à une période avancée de l’évolution morbide : la partie términale de l’anse obstruée perd peu à peu sa contractililé; à la fin, la paralysie est complète, et cependant les grands mouvements du liquide Wen persistent pas moins. En pratiquant des ligatures successives on réconnait que l'onde péristaltique prend naissance à 16 ou 20 centi- Mètres au-dessus de l'obstacle. Ces ondes persistent jusqu'à la fin de wie; j'en ai enregistré quatre minutes avant la mort. Mes expériences m'ont encore permis de reconnaître qu'il ne se 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE produit jamais, au cours de l’occlusion expérimentale, de mouvements antipéristaltiques. On est donc conduit à conclure que le rejet des matières fécaloïdes, chez les êtres capables de vomir, résulte de là compression exercée par les muscles abdominaux sur des anses distendues de liquide. LE BACILLE DYSENTÉRIQUE DANS UNE ÉPIDÉMIE EN SEINE-INFÉRIEURE, par M. GuEerBET, de Rouen. Durant les mois d'août et de septembre, une épidémie de dysenteri sévit dans les environs de Gournay (Seine-Inférieure). M. le D' Duchesne médecin cantonal des épidémies, envoya à notre laboratoire divers échantillons de matières fécales et de sang prélevés chez des malades dans les premier et deuxième septenaires de leur infection. Les matières fécales furent envoyées dans la glace, et immédiatement mise en culture. Nous insistons sur le transport dans la glace des matières fécales et sur leur ensemencement le plus prompt possible. Ces faits ont, à notre, avis, une grande importance. En effet, si nous avons pu déceler le bacille dysentérique dans les matières fécales dès leur arrivée au laboratoire, après un séjour de vingt-quatre heures à la température de ce dernier nos recherches furent vaines. Il me semble intéressant de signaler (ce qu'ont déjà fait MM. Vaillard Dopter) (1) cette disparition (apparente) du bacille. L’ensemencement tardif di matières fécales est peut-être la cause des résultats négatifs signalés pa plusieurs auteurs dans leurs recherches du bacille dysentérique. Pour l'isolement du bacille, nous avons suivi la technique indiquée par MM. Vaillard et Dopter. ‘4 Un flocon muco-sanguignolent de chaque échantillon est lavé dans | stérile et dilacéré dans du bouillon; ce dernier est réparti comme il convient! sur des plaques de gélose Drigalski-Conradi. É Après un séjour de vingt-quatre heures à l’étuve à 37 degrés, nous avoBS marqué les colonies apparues (presque toutes constituées par du colibacille} puis avons reporté les plaques à l’étuve. Douze et vingt-quatre heures apré les nouvelles colonies apparues ont été prélevées; nous avons choisi surtout furent portées en eau de peptone lactosée, tournesolée de Grimbert. Apr vingt-quatre heures d’étuve, les tubes examinés nous démontraient divers! microbes : 4 1° Nombreuses cultures de eolibacille (milieu rougi fortement). 20 Cultures de diplocoques. (1) Annales de l’Institut Pasteur, 1903, n° 7. SÉANCE DU 28 OCTOBRE 391 3° Cultures (1) de bacilles n'ayant pas rougi le tournesol; les bacilles de ces cultures avaient tous les mêmes caractères (2) : bâtonnets trapus de 2 à 3 u de longueur, sur 6,5 à 0,8 uw de largeur, possédant un léger mouvement oscil- latoire; pas de cils; se colorant bien avec les couleurs d’aniline, ne prenant pas le Gram. En bouillon : trouble homogène sans voile; après vingt-quatre heures, dépôt purulent. Sur gélose : colonies crémeuses, sans caractères parti- culiers. Sur gélatine : petites colonies brillantes, pas de liquéfaction. La lactose, la saccharose, la mannite, la glucose ne fermentent pas; cependant, le milieu devient un peu acide après quarante-huit heures, surtout avec la glucose. Le lait n'est pas coagulé, ni peptonisé. En peptone de Wiütte, pas d’indol. En eau de peptone et en bouillon de viande, réduction des nitrates en nitrites, sans dégagement de gaz. Caractères d'agglutination. — Les bacilles décrits agglutinent au 1/100 avec les divers échantillons de sang provenant de dysentériques. Les colibacilles isolés, ainsi que le bacille indéterminé dont nous avons parlé, n'agglutine pas (même au 1/10) avec le même sérum. Le sérum antityphique de M. Chantemesse et deux autres sérums prove- nant de malades atteints d’entérite n’agglutinent pas nos bacilles. M. le D‘ Dopter, professeur agrégé au Val-de-Gràce, a bien voulu examiner notre bacille et l’a identifié avec l'espèce Shiga. Il a eu l’obligeance de nous envoyer quatre échantillons de bacille dysen- térique. 1° Un bacille isolé par MM. Vaillard et Dopter (Vincennes 1902), type Shiga. 2° Un bacille isolé par les mêmes auteurs {Chartres 1904), éype Flexner. 3° Un échantillon de Shiga. 4° Un échantillon de Flexner. Les deux premiers premiers bacilles (Vincennes, Chartres) agglutinaient au 1/50 avec le sérum de nos malades. Les deux derniers (Shiga, Flexner) agglutinaient au 1/20 seulement. On sait d’ailleurs aujourd’hui combien est variable le pouvoir agglutinatif d'un sérum spécifique envers diverses variétés d’un même bacille. Inoculation à l'animal. — L'inoculation, comme nous devions nous y attendre, n’a rien donné de spécifique. L'inoculation sous-cutanée au lapin, de deux gouttes d’une culture en bouillon de vingt-quatre heures a déterminé de la diarrhée muqueuse avec élévation thermique à 40°2; la paralysie des membres a suivi; enfin la mort est arrivée avec hypothermie au septième jour. A l’autopsie, l'intestin était (1) Toutes les matières fécales examinées, sauf une, à l'aspect fécaloïde, nous donnèrent des cultures de bacille dysentérique; le nombre de bacilles isolés était de # à 8 par 50 colonies prélevées pour chaque échantillon de matière fécale. (2) Exception est faite pour 2 cultures provenant de la même matière fécale, elles sont encore à déterminer; grèles, mobiles et n’agglutinant pas avec le sérum spécifique, leurs microbes ne pouvaient être confondus avec le bacille dysentérique. oo Cr 19Q SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE presque entièrement ulcéré, le côlon contenait du mucus sanguinolent; le bacille a pu être isolé de la muqueuse intestinale. Les caractères du microbe que nous venons de décrire, nous per- mettent de ranger l'épidémie de Gournay parmi celles de dysenterie bacillaire étudiées par Chantemesse et Vidal, Vaillard et Dopter, Auché en France, Shiga, Kruse et Flexner à l'étranger. (Travail du laboratoire de bactériologie de l'Ecole de médecine de Rouen.) SUR UNE COCCIDIOSE INTESTINALE DU BOŒUF EN TUNISIE, par M. E. Ducroux (de Tunis). Cette année, pendant la saison chaude, nous avons eu l'occasion de constater sur des animaux de l'espèce bovine, principalement sur ceux âgés de dix-huit mois à deux ans, des symptômes et des lésions qui se dif- férenciaient de ceux qu'on observe habituellement dans les cas de fièvre charbonneuse, de charbon symptomatique, de pasteurellose, de piro- plasmose (vulgairement jaunisse ou bou-sefir des indigènes), ete., et qui cependant avaient été attribués en Tunisie à l’une de ces affections. Ayant pu examiner plusieurs animaux présentant ces particularités spéciales, il nous a été possible de nous rendre compte que nous étions eu présence d’un agent pathogène du groupe des sporozoaires qui, à notre connaissance, a été méconnu jusqu’à ce jour dans l'Afrique du Nora. À une période avancée de son évolution à forme grave, cette maladie se manifeste par une diarrhée liquide intense qui devient bientôt séro- sanguinolente, puis les excréments, dans certains cas, sont mélangés de fibrine et de gros caillots sanguins; il arrive même que l'animal ne rejette plus que des amas sanguinolents. L'amaigrissement est rapide et les malades restent dans le décubitus forcé; la mort survient alors en quelques heures. Le pronostic est donc grave; aussi observe-t-on sur certains troupeaux, une mortalité assez élevée. Les pertes sont fréquentes, surtout chez les animaux jeunes et chétifs. Nous avons eu l'occasion d'observer des cas de récidive. L'infection se produit dans les régions où le sol est humide et maré: cageux. Sur un animal atteint gravement, et qui d'ailleurs a fini par suc- comber, nous avons trouvé dans le sang de nombreux piroplasmes; la symptomatologie recueillie en même temps nous faisait croire à une forme particulière de la piroplasmose, d'autant plus facilement que chez ce malade on observait tous les principaux caractères de cette affection D L'eEe n2 ie 2 SÉANCE DU 28 OCTOBRE Dép du sang. Cette constatation démontre la complexité des épizooties de bovidés en Tunisie, et rend ainsi plus difficile l’étude clinique de cha- cune d'elle. Les mesures à prendre en vue de combattre ces épizooties compli- quées sont donc particulièrement délicates ; aussi, dans ces conditions, le rôle du vétérinaire sanitaire se trouve singulièrement difficile à remplir. Les lésions inflammatoires se manifestent sur la caillette et l'intestin ; la muqueuse du gros intestin est tuméfiée, de couleur foncée et recou- verte de plaques d’un gris jaunâtre, de formes irrégulières ; au-dessous _ de ces plaques constituant des saillies plus ou moins prononcées, existe une dépression ressemblant à une ulcération. Ces cellules épithéliales des glandes de Liéberkuhn renferment en quantité variable des coccidies globuleuses. L'examen histologique des lésions intestinales et des amas de fibrine et de sang coagulé nous a permis de reconnaître la présence, en quan- tité énorme, de parasites du genre coccidium à différents stades de leur développement ; ils présentaient une grande variabilité dans leur forme el leurs dimensions. D’après l’étude cytologique que nous avons pu faire de cette coccidie, l'ookysle est légèrement ovoïde et mesure 30 y environ de long sur 20 de large dans la zone la plus renflée. A son intérieur prennent naissance quatre masses rondes qui ne tar- dent pas à s’allonger pour constituer quatre sporoblastes complètement séparés les uns des autres et renfermant des granules de dimensions variables et des espaces clairs aux extrémités. Les sporoblastes ainsi formés deviennent ensuite fusiformes et s'en- tourent d'une très mince enveloppe ; ils n’ont pas dans l'intérieur de l'ookyste de position définie. Ils ne tardent pas, après avoir pris ce déve- loppement, à constituer deux sporozoïtes très allongés, disposés têle- bêche et accolés l’un à l'autre par un faible reliquat kystal. A l’état libre les sporozoïtes restent quelquefois groupés par deux. Nous avons pu remarquer que les ookystes résistent parfaitement plusieurs semaines à la dessiccation, puisque placés ensuite en milieu liquide, ils reprennent assez rapidement leur aspect normal ; ils sont alors nettement globuleux et on les voit, lorsque le liquide qui les con- tient est agité faiblement, rouler avec la plus grande facilité. Lorsque la coccidie est destinée à produire des microgamètes, on la voit sans membrane d'enveloppe et de grande dimension, elle a la forme ronde, finement granuleuse avec de nombreuses vacuoles. On remarque alors à la surface du microgamétoblaste une quantité de microgamètes qui doivent, par destination, féconder les macrogamètes. Marotel (Société des sciences vétérinaires de Lyon, séance du 8 février 1905) a signalé sur la chèvre une coccidie (Coccidium Arloingi) qui au 354 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stade d’ookyste présente au pôle micropylaire une sorte de coiffe réfrin- gente large de8 4 sur 2 d'épaisseur ; nous n'avons pas constaté cette « particularité intéressante sur l’œuf enkysté rencontré chez le bœuf en Tunisie. Le parasite que nous venons d'observer parait identique aux parasites décrits par Degoix et antérieurement par Zürn (Railliet, 7raité de Zoo- logie), E. Zshokke et Hess, sur le mouton par Curtie et Smith, Nocard, Mac-Fadyean, Stiles. Moussu et Marotel ont également décrit une coccidiose intestinale chez le mouton du nord de la France (Société de Biologie, 14 décem- bre 1901). En résumé la coccidiose que nous avons observée sur des bovins de la Tunisie est déterminée par une coccidie tétrasporée, dizoïque, globu- leuse, à ookyste arrondi ou légèrement. ovoide et mesurant 16 à 30 y environ. Elle est capable d'inflencer gravement la santé des animaux de l’'es- pèce bovine. SUR LA CÉRÉBRATION INCONSCIENTE, par M. Ion. G. Lace, de Bucarest. Il y a des psychologues qui croient que l'inconscient n'existe pas ou que nous n'en savons rien. Ce n’est pas le lieu de discuter cette thèse. Du reste, cette discussion à été faite et le sera encore. Je m'attache seule- ment à montrer ici un genre d’auto-expériences sur la genèse des idées du monde de l’inconnu psychique. Quand les mots « propres », pour exprimer telle ou telle pensée cherchée au cours de mes travaux, ne me viennent pas à l'esprit, j'aban- donne volontairement le travail. Et avant de le quitter, je note avec soin au coin du papier l’assemblage des mots, tels que les concevait mon intelligence dans la seconde de la dernière cérébration. Puis, dans les deux jours qui suivent, je tâche de m'occuper dans une direction tout à fait opposée. Pendant cet intervalle — tant que le peut faire un homme habitué à poursuivre méticuleusement ses pensées —- je ne songe pas un instant (avec conscience) à la dite idée. Le surlendemain, quand je reprends le travail, et je tombe sur l’idée respective, je m'efforce toujours de l’examiner d’un œil minutieux, afin de saisir le premier aspect sous lequel elle se présente de nouveau à ma conscience. Même dans la première seconde de cet examen, je la trouve très souvent quelque peu changée. Tantôt les mots m'apparaissent maintenant un peu plus appropriés au contenu de la notion voulue; SÉANCE DU 28 OCTOBRE 355 tantôt une part de ceux-ci avec leur nouvel arrangement s’approchent plus encore de la pensée désirée, tantôt enfin l’idée jaillit tout d’un coup presque complètement exprimée. Même quand eile paraît être dans le même état où je l'avais laissée l’avant-veille, je sens qu'elle m'est plus familière, de sorte que je suis en état de la mieux modeler. Que signifient ces choses? Car la cérébration consciente, comme on le voit, en est complètement exclue (1). Il est à supposer que le mouvement moléculaire qui vibre sans trêve dans chacune de nos cellules cérébrales, fait créer (2), au premier rudi- ment de pensée déposée, des petites associations avec les idées établies auparavant dans la même cellule ou dans les neurones voisins. Ceci se passe tout à fait à l'insu de nous, puisque « nous n'’assistons point à cette élaboration » (Ch. Richet, (3). Notre intelligence ne peut percevoir ici l'inconscient qu’en compa- rant soigneusement les résultats extrêmes de l'expérience. La plupart de nos idées subissent le même sort; elles évoluent insen- siblement et nous n’observons leur petit degré de changement que quand il entre dans la conscience. La cérébration inconsciente doit donc être très étendue dans le cerveau humain. Et les mots de M. Ribot apparaissent donc pleinement vrais : « L’encé- phale est comme un laboratoire où mille travaux se font à la fois », — « La conscience est l’étroit guichet, par où une toute petite partie de ce travail nous apparaît (4).» Les peuples primitifs qui habitèrent jadis le nord-est de l’Europe (les Scythes par exemple dont parle Hérodote), ne peuvent jamais être mis sur le mème plan d'intelligence avec ceux qui y demeurent aujour- d'hui. Enfin, plus l'homme est élevé, plus l'inconscient se rétrécit devant lui. Car plus il pense et descend dans son intérieur, plus son inconscient entre dans la conscience. Et ce qui fait surtout la force créatrice des grandes figures de la terre, c'est précisément cette auto-conquête de leur propre inconnu psy- chique. Leur divine intelligence voit clairement là où le commun des hommes (même de ceux fortement instruits) n'apercoit rien. ! (1) Le temps entre ces expériences a d’ailleurs varié. Un intervalle trop long laisse parfois survenir des phénomènes partiels d'oubli; de plus on ne peut pas toujours s'abstenir de n’y pas penser. L'intérêt pratique de ces faits consiste en ce que souvent, quand nous relisons nos travaux après un temps plus ou moins long (bien que nous n’en ayons pas ou du moins très peu songé), nous les voyons toujours d’un autre œil. (2) Ou du moins il met sur la voie de les recevoir. (3) Ch. Richet, Essai de psych. gén. Paris. (4) Th. Ribot, Maladies de la mémoire. Paris. APRES 356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Essar D'ABOUCHEMENT DIRECT DU CANAL DÉFÉRENT AVEC LE TESTICULE POUR REMÉDIER A LA STÉRILITÉ CONSÉCUTIVE A L'ÉPIDIDYMITE DOUBLE, par MM. Humserr, chirurgien de l'hôpital Ricord, et BALzER, médecin de l'hôpital Saint-Louis. La conséquence la plus grave de l’orchite est la suppression des fonctions du testicule, suppression qui entraîne la stérilité quand l’orchite est double. Cette stérilité est causée par l’oblitération des canaux de l’épididyme seul atteint par la blennorragie. La plupart des auteurs reconnaissent, en effet, que le testicule proprement dit n’est pas compromis. Monod et Terrillon, dans leur ouvrage récent, adoptent aussi cette opinion. Le testicule reste d'abord normal, mais peu à peu l'épithélium des canaux séminifères perd ses carac- tères d'activité et devient semblable à celui des testicules qui n’ont pas encore fonctionné. Il revient à l’état embryonnaire (Brissaud). On ne sait pas au juste comment les choses se passent dans les cas où certains individus, stériles pendant quelque temps après une orchite double, ont vu cependant leurs organes reprendre leurs fonctions, et ont recouvré le pouvoir de procréer des enfants. Ce qui paraît certain, c’est que le testicule n’est pas assez altéré dans l’orchite pour que ses fonctions soient définitive- ment compromises ; l'obstacle à la fécondation est dans l’imperméabilité de l’épididyme, et si cet obstacle vient à être levé, les spermatozoïdes peuvent paraître de nouveau dans le liquide séminal. Serait-il impossible de lever cet obstacle par une opération? Puisque l’épididyme est oblitéré, serait-il impossible d’aboucher directement par une ouverture artificielle le canal déférent dans le testicule ? Certains faits, et notamment les récidives d’orchite, démontrent que le canal déférent ne perd pas toujours sa perméabilité. Si l'on parvenait à fixer ce canal ouvert au-dessous de l’albuginée en contact avec les canaux sémini- fères, peut-être une communication pourrait-elle s'établir entre eux au bout d’un certain temps. 2 Une telle tentative serait donc légitimée, d’une part, à cause de l'intégrité du testicule, et, d'autre part, par le peu de gravité qu'offrirait l'opération. Enfin, il faudrait aussi la considérer comme l'unique chance qui reste de pouvoir rétablir les fonctions du testicule, quand plusieurs années se sont écoulées depuis l’orchite double blennorragique. Faudrait-il refuser cette chance à un malade, qui, connaissant sa situation, tombe dans le désespoir, et réclame une opération avec d'autant plus d’acharnement qu'il sait qu’elle est sans gravité et qu’elle porte sur un organe définitivement perdu ? C'est le cas qui s’est présenté pour M. B... Ce monsieur, atteint d'orchite double il y a plus de vingt ans, s’est marié. Voyant son mariage stérile, il a fait analyser son sperme à diverses reprises. Constamment ces anaiyses ont été négatives. L'iodure de potassium, les emplâtres divers, l'hydrothérapie, les bains de mer, etc., tout à échoué naturellement contre cette stérilité. Réduit au désespoir, victime à plusieurs reprises de personnes qui ont voulu exploiter sa situation, il a aussitôt accepté avec joie la proposition de PERS ER SÉANCE DU 28 OCTOBRE 351 se soumettre à une opération nouvelle, n’offrant même que des chances de succès aussi problématiques que possible. Après avoir été répétée plusieurs fois sur le cadavre, et une fois sur le vivant dans un cas d’épididymite tuberculeuse, l'opération a été faite sur notre malade le 2 juillet 1891, à l’asile des frères Saint-Jean-de-Dieu. Description de l'opération. — 1° Incision du scrotum. Ouverture de la tunique vaginale ; 2° Isolement du canal déférent, qui est ensuite sectionné un peu au-dessus de la queue de l'épididyme ; 3° Hémisection transversale de ce canal, de manière à obtenir une ouver- ture en bec de flûte ; puis incision verticale de la partie située au-dessous de cette ouverture ; le canal se trouve aiusi largement ouvert ; 4 Une aiguille de Reverdin est enfoncée, de bas en haut, à travers le testicule, à la partie moyenne ; elle vient sortir en un point qui correspond au milieu du bord supérieur; à ce niveau, on agrandit un peu l'oritice de sorlie de l’aiguille, afin que le canal déférent puisse y pénétrer facilement ; 5° L'extrémilé de ce canal ayant été serrée avec un catgut double, très fin, les deux chefs de ce catgut sont saisis par l'aiguille de Reverdin, ramenés à travers le testicule, entraînant avec eux le canal déférent, qui pénètre ainsi dans l'épaisseur de la glande séminale, dont un certain nombre de tubes ont été déchirés par le passage de l’aiguille; 6° Enfin, on fixe le canal déférent par un nœud dont l’anse embrasse un petite portion de l’albuginée ; T° Suture au catgut de la tunique vaginale ; 8° Suture de la peau au crin de Florence. Un petit drain est placé à l’extré- mité supérieure de la plaie. Pansement iodoformé. Compression. Tel a été le procédé opératoire appliqué chez M. B.… Les suites de l'opération ont été des plus simples ; le quatrième jour, le pansement a été changé pour la première fois ; on a enlevé les sutures et le drain. La réunion était complète. Le neuvième jour, M. B... commence à se lever. On voit à peine la trace de l'incision. Le testicule est un peu relevé vers l’anneau; il a donc conservé la situation qu'il a prise au moment de l’opération, alors qu'il a dû subir un mouvement d’ascension pour être traversé par le canal déférent. Il est permis de croire que l’union du canal et de la glande a persisté, et sera définitive. Paris, le 41 juillet 1891. ! Nous reproduisons ce pli cacheté tel qu'il était lorsqu'il fut déposé entre les mains de M. Dumontpallier, secrétaire général de la Société de Biologie. Nous pouvons seulement ajouter aujourd’hui quelques détails complémentaires sur les suites de l'opération. Environ un mois et demi après, le malade fit mander l’un de nous en province pour une éruption bulleuse qui était survenue assez brusquement aux deux pieds. Cette éruption en occupait les deux bords et se localisait aussi 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sur les bords des orteils; elle était constituée par de nombreuses bulles assez volumineuses, et contenant un liquide clair ou citrin. Peu de dou- leurs spontanées, mais le malade, dans l'impossibilité de marcher, était obligé de garder le lit. L’affection dura trois semaines environ et se termina par la guérison complète. Une telle éruption, comparable aux éruptions bulleuses ou kératosiques qui ont été observées au cours du rhumalisme blennorragique, nous paraît devoir être expliquée comme ces dernières par l’action de toxines originaires du foyer opératoire sur la moelle épinière ou les ganglions spinaux, d’où répercussion sur les nerfs périphériques. C’est une éruption d’origine neurotrophique. Cet accident, qui n’eut d’ailleurs aucune suite, fut le seul qu'éprouva l’opéré. Du côté du testicule, à part quelques sensations douloureuses, seulement dans les débuts, tout se passa de la facon la plus bénigne. Malheureusement le résultat recherché ne fut pas obtenu. Les examens du sperme faits dans l’année qui suivit l'opération, démontrèrent tou- jours l’absence de spermatozoïdes. C’est ce résultat négatif qui nous fit à cette époque retarder la publication de notre essai. Si nous le publions aujourd’hui, après tant d'années écoulées, c’est que d’autres tentatives du même genre se sont produites ailleurs. Deux auieurs, Bardenheuer et Scaduto (1), ont fait des expériences sur les animaux pour anastomoser directement le canal déférent avec le testicule. Scaduto à pu faire cette expérience avec succès. Notre opé- ralion, qui nous avait paru autrefois trop critiquable, malgré son inno- cuité, pourrait donc avoir quelques chances de réussite. Certainement elle est très délicate, elle demande à être étudiée et répétée avant qu'on puisse être fixé sur sa valeur. Et les sujets sont rares. Mais le succès obtenu, même chez un animal, nous semble un encouragement à la tenter chez l’homme. Ne réussirait-elle qu’une fois sur un grand nombre d'essais, ce serait un résultat important. On peut donc la tenter pour deux raisons : la première, c’est que l'opération est inoffensive; la seconde, c’est qu'elle nous paraît la seule chance de remédier à la stérilité consécutive à l’épididymite. (1) Bardenheuer. Die operative Behandlung der Hodentuberculose durch Resection der Nebenhoden, Mitteilungen aus den Kôlner Burgerhospital, XLIV, H. 3, 1886. — Scaduto. Résection de l’épididyme et anastome du canal] déférent avec le corps d'Highmore, Annales des maladies des organes génito- urinaires, 1901, p. 257. — G. Gatti. L'anastomose intertesticulaire, après la section d’un canal déférent, Annales des maladies des organes génito-urinaires, 1905 pi m21e SÉANCE DU 28 OCTOBRE 359 DE LA DÉGÉNÉRESCENCE DES ILOTS DE LANGERHANS EN DEHORS DU DIABÈTE, par MM. P. CarNorT et P. AMET. Sous l'influence des travaux anatomiques de Laguesse et de Renaut, on tend depuis quelques années, à la suite des recherches anatomo- pathologiques de Dieckoff, de Kasahara, de Szobolew et surtout d'Opie, à attribuer un rôle considérable à la dégénérescence des ilots de Langer- hans dans la pathogénie du diabète. Cette hypothèse, très séduisante, s'appuie surtout sur plusieurs examens histologiques d'organes de diabétiques dans lesquels la seule lésion pancréatique constatée fut la dégénérescence de ces îlots. Sans vouloir préjuger du fond même de la question, nous remarquerons cependant que deux ordres d'arguments peuvent être opposés à cette manière de voir : d’une part, en effet, on a relaté un grand nombre de cas de diabètes dans lesquels les lésions des ilots faisaient défaut, et, d'autre part, on peut observer fréquem- ment des lésions considérables des mêmes ilots sans aucun signe de diabète 1° Beaucoup de cas de diabète n'ont présenté à l’autopsie aucune lésion langerhansienne. C’est ainsi que Dieckoff, ayant constaté chez deux diabétiques la diminution et même l'absence complète des folli- cules inter-lobulaires, observe, par contre, leur intégrité chez d'autres diabétiques et n’ose conclure à une relation de causalité entre les deux phénomènes; Gentès, à l’autopsie de 3 diabétiques, trouve un pan- créas normal et 2 pancréas malades; Hansemann surtout examine le pancréas de 34 diabétiques sans jamais trouver ni la disparition com- plète des ilots, ni l’électivité des lésions : dans les cas où les îlots sont altérés, il y a des lésions concomitantes des acini; Wright et Joslin n'observent que 2 fois sur 9 la dégénérescence hyaline des îlots; chez 23 diabétiques, Schmidt trouve 8 pancréas intacts, 1 pancréas atrophiés et lipomateux avec ilots sains, et seulement 8 pancréas scléreux avec lésions insulaires; Guttmann constate l'intégrité des îlots chez 3 diabé- tiques; Thoinot et Delamarre observent, dans 3 cas de diabète, l'inté- grité ou des lésions légères des flots. Même dans les cas où l’on a constaté, chez les diabétiques, des alté- rations langerhansiennes, ces altérations étaient rarement électives et coexistaient avec d'autres altérations pancréatiques. C'est ainsi que dans la plupart des cas d’Opie, on constate des lésions de pancréatite chronique; Curtis, à l’autopsie d'une diabétique, constate un kyste de la queue du pancréas avec sclérose périacineuse aussi bien que lan- gerhansienne; Jean Lépine, à l’autopsie d’un diabète grave, trouve un pancréas très dur avec sclérose péri-vasculaire, aussi bien que péri- et intra-insulaire; Halasz, dans 15 cas de diabète, observe, en même 3 HOME 7 360 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE temps que des lésions langerhansiennes, d’autres lésions pancréatiques et notamment des modifications vasculaires. Schmidt, 15 fois chez 23 diabétiques, a même trouvé les pancréas atrophiés et lipomateux avec intégrité des îlots. Nous-mêmes avons observé un cas de diabète avec intégrité complète du pancréas, un avec pancréas atrophié et lipomateux sans altération des ilots, et un avec altérations simultanées des îlots et des acini. Tous ces faits négatifs ne sauraient être concluants : car on peut tou- jours penser qu'il existe plusieurs variétés anatomiques du diabète et que les cas négatifs se rapportent à des diabètes non pancréatiques. On pourrait même à la rigueur admettre avec Guttmann qu'il existe plu- sieurs diabètes pancréatiques, les uns avec, les autres sans altérations des îlots. 2” Beaucoup plus concluant nous paraît être par contre le deuxième argument. En effet on observe, dans un grand nombre de cas d’une étio- logie très variée, des lésions considérables des îlots associées ou non à des lésions des acini, sans que ces lésions aient donné lieu pendant la vie à la production de diabète. C'est ainsi que M. Cornil, au Congrès de Liége, a fait remarquer que l’on constatait fréquemment des lésions langerhansiennes intenses aux autopsies de tuberculeux non diabétiques. Nous-mêmes, ayant examiné systématiquement l’état des îlots au cours de toutes les autopsies, avons pu trouver, en un court espace de temps, 8 cas dans lesquels ces îlots étaient grandement altérés, en dehors de toute glycosurie. Dans 3 cas de tuberculose chronique, nous avons constaté la dégénérescence graisseuse (1) des îlots beaucoup plus marquée que la dégénérescence des acini, à tel point que ces îlots se distinguaient sur des coupes par leur seul aspect noirâtre, après fixation par l'acide osmique. Dans un cas de granulie, nous avons observé la même dégéné- rescence graisseuse surajoutée à une dégénérescence hyaline très nette des îlots. Dans un cas de cirrhose alcoolique à marche aiguë, nous avons constaté la dégénérescence graisseuse particulièrement élective des îlots de Langerhans, ceux-ci étant d’ailleursremarquablement nombreux. Dans un cas de rupture péritonéale d’un kyste hydatique, et après cachexie prolongée ayant amené la mort, nous avons observé de grosses altéra- tions pancréatiques, la dégénérescence graisseuse des acini et des îlots et la dégérescence hyaline d’un grand nombre de ces derniers. Dans un (1) Pour certains auteurs, il y aurait normalement de la graisse dans les cellules des îlots : cependant dans la plupart des cas, nous n'avons pu en déceler par l'acide osmique. Quoi qu'il en soit, la dégénérescence graisseuse considérable dont nous parlons ne saurait être considérée comme un phéno- mène normal, même en réservant la question de savoir s’il s’agit, comme pour les lésions graisseuses du foie de surcharge ou de dégénérescence. Pas AL NN E RE 1 tt 2! La SÉANCE DU 28 OCTOBRE 361 cas de cancer de l'estomac, nous avons également pu constater la dégé- nérescence graisseuse des îlots et des acini. Il en est de même d’un cas d'asystolie où la dégénérescence graisseuse était à la fois acinique et langerhansienne. Nous faisons systématiquement abstraction des cas dans lesquels les ilots nous ont paru rares ou même absents : car on connaît les variations numériques très grandes des îlots, déjà signalées par Kasahara. Dans la plupart des cas, les lésions des îlots sont de même ordre que les lésions hépatiques, alors que les altérations des acini marchent souvent de pair avec celles des voies biliaires. Dans d'assez nombreuses pièces expérimentales, notamment après intoxication chronique par l’arsenic, le phosphore, la morphine, nous avons aussi constaté la dégénérescence graisseuse des îlots; de même dans un cas d'intoxication par la toxine diphtérique, nous avons constaté la dégérescence hyaline des îlots, sans que les animaux aient présenté de glycosurie. Nous devons ajouter inversement que certaines intoxications faibles, notamment par le phosphore et l’arsenic, ont donné naissance à une hyperplasie considérable des îlots, ainsi que l’un de nous l'avait déjà signalé à propos du phosphore (1). Cette hyperplasie déterminée par de faibles doses, fait suivant une loi bien connue de pathologie générale, place à la dégénérescence lorsqu'il s’agit de doses plus considérables. Ces différentes constatations tendent à montrer que les îlots de Lan- gerhans sont parmi les parties les plus vulnérables du pancréas et que leurs aliérations peuvent être constatées, non seulement dans les cas de diabète, mais aussi dans toute une série d’autres cas non accompagnés de glycosurie. Quel que soit le rôle de ces îlots dans la genèse du diabète, leur impor- tance comme organes de la sécrétion interne, démontrée par les beaux travaux de Laguesse, n'en est pas moins très considérable, et doit engager à rechercher l’état dans lequel ils se trouvent dans la plupart des infections et des intoxications; cette recherche fera l’objet d’une prochaine note. (4) P. Carnot, Recherches expérimentales et cliniques sur les pancréatites. Thèse. Paris, 1898. Biococir. COMPTES RENDUS. — 1905, T. LIX. 26 3062 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SYNDROME D’'HYPERFONCTIONNEMENT DES GLANDES VASCULAIRES SANGUINES CHEZ DES ACROMÉGALIQUES, par M. HENRI CLAUDE. Les faits suivants mettent en évidence les relations réciproques qui unissent les glandes vasculaires sanguines dans certains états morbides. Il s’agit de deux malades que j’observe actuellement à la clinique de la Salpêtrière et chez qui, à des symptômes d’acromégalie, s'ajoutent des troubles traduisant une suractivité fonctionnelle du corps thyroïde et des capsules surrénales. La première malade est une femme âgée de quarante-cinq ans, hospi- talisée depuis longtemps et dont l'observation a été déjà publiée sans qu'on ait signalé les caractères sur lesquels j’appellerai plus loin l’atten- tion. On note chez elle l'augmentation de volume de la face, des pieds et des mains, la macroglossie, la cyphose cervico-dorsale, des troubles oculaires, de la céphalée, l’aménorrhée, caractères qui ne laissent pas de doute sur l'existence de l’acromégalie. L’exophtalmie avait été déjà signalée autrefois chez cette femme, mais rapportée comme dans bien des observations à la tumeur hypophysaire; or, j'ai constaté chez la malade l'existence d’un tremblement menu, fréquent, d’une tachycardie (120 à 130 pulsations), enfin et surtout d'une augmentation notable du corps thyroïde animé de légers battements. L'ensemble de ces divers symptômes chez un autre sujet suffirait à autoriser le diagnostic de ma- ladie de Basedow. D'autre part, l'examen des vaisseaux superficiels chez cette femme âgée seulement de quarante-cinq ans montre que les artères sont dures, sinueuses; la pression artérielle mesurée avec l'appareil de Potain s'élève à 28 centimètres, le cœur est hypertrophié et l'aorte un peu dilatée présente à l’auscultation un second bruit diastolique retentis- sant. En l'absence des lésions rénales cliniquement appréciables, ces signes paraissent bien en corrélation avec les phénomènes que nous avons appris dans ces derniers temps à considérer comme l'expression de la suractivité fonctionnelle des surrénales. La seconde malade, âgée de dix-neuf ans, n’a présenté les premiers symptômes d’acromégalie que depuis trois ans. La maladie revêt chez elle un aspect plus fruste : la face seule est hypertrophiée et considéra- blement; les mains et les pieds sont indemnes, ainsi que la langue. La taille est élevée, 12,68, sans qu’on puisse parler de gigantisme; les membres inférieurs sont un peu plus développés qu'à l’état normal. Menstruation normale, développement génital général normal. Céphalée; pas de troubles oculaires ; cyphose dorsale. À ces symptômes d'acromé- galie moins accusés que chez la précédente malade s'ajoutent les carac- tères suivants : gonflement moyen du corps thyroïde, exophtalmie, SÉANCE DU 28 OCTOBRE 363 tachycardie (pouls, 95 à 100), bouffées de chaleur, nervosité, pas de tremblements; expression du syndrome de Basedow incomplète, comme l'était le syndrome acromégalique. Enfin, la pression artérielle mesurée à la radiale oscille entre 23 et 24 avec le sphygmomanomètre de Potain, les battements du cœur sont forts, à éclat métallique, symptômes qui constituent une anomalie chez une jeune fille de dix-neuf ans, indemne de toute affection rénale appréciable. En somme, ces deux cas nous montrent à des degrés divers un ensemble de caractères qui nous permettent de penser à un hyperfonc- tionnement du corps thyroïde et de la surrénale chez des acroméga- liques. S'agit-il ici d’une hypertrophie vicariante de ces deux glandes, suppléant dans sa fonction antitoxique hypothétique la glande pituitaire malade, ou faut-il voir au contraire dans ces faits une suractivité fonc- tionnelle générale des diverses glandes vasculaires, et parmi elles l’'hy- pophyse? Nous ne pouvons nous prononcer, n'ayant voulu apporter ici que des constatations cliniques. Mais une autopsie très détaillée de MM. Ballet et Laignel-Lavastine paraît donner une confirmation anato- mique à la seconde hypothèse, en même temps qu'elle éclaire la nature des symptômes complexes que nous avons observés. Ces auteurs ont décrit en effet chez une acromégalique une hypertrophie glandulaire de la pituitaire, une hypertrophie de la thyroïde, et des adénomes des sur- rénales, bref un processus d'hyperplasie glandulaire très analogue dans ces divers organes. La solidarité de ces trois glandes vasculaires à fonc- tions antitoxiques auxquelles il faudrait joindre le thymus dont M. Marie a signalé la reviviscence, paraît donc ressortir, en ce qui concerne l’acromégalie, des faits cliniques et des examens anatomiques. Nous pensons qu'elle pourrait être mise en évidence également dans d’autres affections nerveuses et notamment dans certains cas de tétanie et d’épi- lepsie comme nous le montrerons prochainement. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MAKRETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. v { 1, 104 à ] DSi \ LOL PETERTE SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1905 BiLzzaRD (G.) : Vitesse d'étalement, à la surface de l'eau pure, des li- quides à tension superficielle faible. BRAILLON (L.) et HAUTEFEUILLE : Des lésions de l’endocarde daus la ESTONIE EL MNONER PORC EEE Camxus (JEAN) et PaGniez (Pa) : Re- cherches sur les acides gras. Lésions expérimentales ter Re CNE CANTACUZÈNE (J.) : De certaines réactions cellulaires provoquées par l’inoculation expérimentale des ba- clles paratuberculeux (bacille du IMMOUINÉE) ét RES Re a AA CANTACUZÈNE (J.) : Sur l’acido-ré- sistauce des cultures jeunes des bacillessdumlimothée "11:15. Dusois (Cx.) : De l’action de la glycérine sur les fonctions du foie. FRoIN (G.) et Ramoxo (Louis) : Evolution des réactions cellulaires et séro-fibrineuses au cours de la pleuro-tuberculose dite primitive. FRouIN (ALBERT) : Sur la présence et l'origine d'acides organiques dans Jlersucipasirique PUR C1 1-0 GuÉGUEN (F.) : Nouveau cas de pseudo-parasitisme d’un Gordius dans le tube digestif de l’homme. . Hazzum (Macrice p°) : Les étapes Re MOTS AC PE ANE Cu: Irimescu (S.) : Action comparée des paratuberculines. -/.../.0.. LagBé (D.) : Stérilisation de l’air DALALOZONE RL VA ENT UN EU LAGuUESSE (E.) : Ilots de Langerhans et sécrétion interne SOMMAIRE 391 Loisez (GUSTAVE) : Expériences sur la toxicité des œufs de Canards. Loisez (GusrTave) : Toxicité des œufs de Poule et de Tortue . . .. Marrucor et Ramonb : Un type nouveau de champignon pathogène CDR OM EN PEER ANA NETTER (ARNOLD) et RIBAbEAU- Duuas : Note préliminaire sur un certain nombre d'infections paraty- phoiïdiques (29) observées à Paris et dans des localités très diverses. Résultats de la séroréaction . . .. NETIER (ARNOLD) et RIBADEAU- Duuas : Détails sur l’agelutination dans trente-sept cas de typhoiïdes ECIDATALYP ONE SENS PoricaRp (A.) : Sur les formations mitochondriales du rein des verté- DORÉ EEE RON EN CS DA LOST OM LU Rénon (L.) et Tix1Er (LÉON) : Ané- mie pernicieuse traitée par la radio- thérapie. Accentuation très marquée de la réaction myéloïde du sang. . RETTERER (Ep. Des capsules OSSEUS ES CNET NEO FREE Rocer (H.) et GARNIER (M.) : Pre- mière note sur la toxicité du con- CeNUMNIeS INA) SEEN TERRIEN (EuG.) : Un procédé d’appli- cation de l’amylase à l'alimentation du nourrisson. . . . . .. PME UOTE p WinTREBERT (P.) : Sur la méta- morphose de Salamandra maculosa dans les régions privées du système nerveux médullaire Présidence de M. A. Giard, président. OUVRAGE OFFERT M. GLEyY fait hommage à la Société, au nom de l'au d'Halluin, d’un ouvrage intitulé : ( cœur. Les lrémuldiions fibrillaires. Biozocie. ComPres kENDUS. — 1905, T, LIX. 21 teur, M. Maurice ontribulion à l'étude du massage du 366 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DES CAPSULES OSSEUSES, par M. Én. RETTERER. Dans deux communications antérieures (1), j'ai montré que les cel- lules osseuses sont entourées, chez les Mammifères, d’une formation capsulaire, qui n'existe ni dans la couche osseuse en voie de développe- ment ni dans l'os de certains poissons, lels que le Merlan. La capsule des cellules osseuses a beaucoup préoccupé les histolo- gistes et a été l’objet de nombreuses controverses. Son existence a été niée. Parmi ceux qui l’admettent, il en est qui la considèrent comme une couche différenciée de la substance fondamentale; d’autres, comme une membrane différenciée de la cellule protoplasmique. Elle résiste à la potasse moins longtemps que la substance fondamentale, tandis que les acides attaquent et détruisent plus vite la substance fondamentale que la capsule : ces propriétés la différencient nettement de la substance fondamentale; mais on ignore la nature de la capsule osseuse. Pour les uns, ce serait une paroi ou membrane cellulaire ; d’autres en font une cuticule. Il en est pour qui la capsule et les gaines des prétendus cana- licules seraient conslituées par de la kératine; cependant l'analyse chimique de l’os ne montre pas trace de kératine. D'autres en font des enveloppes élastiques ou élastoïdes; pour d’autres encore, il s'agirait d'osséine jeune, formée en dernier lieu; nombre d'auteurs, enfin, se bornent à comparer,sans plus de détail, la capsule des cellules osseuses à celle des cellules cartilagineuses. Objet d'étude et méthode. — J'ai examiné les os de chat, de chien et de poulet jeunes (depuis la naissance jusqu’à l’âge de trois mois), ainsi que les os de cobaye, de chien et d’écureuil adultes. J'ai étudié comparativement les mâchoires, le tibia et les côtes, toujours bien fixés avant d'être soumis à la décalcification. Au lieu de procéder par destruction, soit de la substance fon- damentale, soit de la capsule, j'ai préféré conserver tous les éléments et les différencier en les traitant par des colorants différents. J'ai toujours eu soin de conserver le périoste et le tissu médullaire, de facon à pouvoir comparer les réactions du tissu osseux, proprement dit, à celles du tissu conjonctif. Exposé des faits. — Lorsqu'on colore les coupes à la safranine et à l’héma- toxyline, les cellules osseuses sont entourées d'une ligne à double contour, épaisse de 1 y à 1 p 5; cette ligne, qui est la capsule, est teinte en violet foncé ou en noir. La face interne de la capsule est toujours lisse et bien limitée; la face externe, au contraire, donne naissance à une série de prolongements quise divisent, s’anastomosent et présentent la même coloration que la cap- sule elle-même. Dans les mailles du roseau formé par les prolongements (1) C. R. Soc. de Biol., 22 et 29 juillet 1905, p.204 et 246. 000$ déni bint- an - > À SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 307 capsulaires ou chromophiles, est contenue la masse amorphe, safraninophile, de la substance osseuse. La thionine, le bleu de toluidine, etc., fournissent des images identiques aux précédentes, en ce qui concerne la capsule et les prolongements capsu- laires. En d'autres Lermes, les colorants sus-mentionnés permettent de dire que les capsules et les prolongements capsulaires sont constitués par un pro- toplasma granuleux, très chromophile. Aux points de rencontre ou de contact des systèmes de Havers, des systèmes intermédiaires, périphérique et périmédullaire, on observe constamment des trabécules à trajet irrégulier qui offrent les mêmes teintes, c’est-à-dire les mêmes caractères que les filaments chromophiles. On connaît ces trabécules sous le nom de lignes de ciment (Kittlinien de Ebner, Grenzlinien de Kül- liker). Si, maintenant, l’on traite les coupes de la même série que les précédentes avec l’orcéine acide ou la fuchsine-résorcine, il est possible de faire une ana- lyse plus complète des capsules et de leurs prolongements. On sait que ces colorants sont les réactifs par excellence des fibres élastiques. Or, les fibres élastiques existent serrées et nombreuses dans le périoste, fines et espacées dans le tissu conjonctif des espaces médullaires, les canaux de Havers ou de Volkmann. Il est donc facile de comparer à tout moment, dans une seule et même préparalion, les divers éléments auxquels l’orcéine ou la fuchsine acide communiquent la teinte caractéristique, variant entre le brun saturé, le violet foncé ou le noir. Constamment ces réactifs communiquent au contour interne des capsules osseuses la coloration des fibres élastiques. Ce contour interne se présente sous la forme d’une ligne continue, mince et non mesurable, qui tranche sur le protoplasma incolore de la cellule osseuse. De divers points, et surtout de chacune des extrémités de la capsule, partent des ramuscules colorés comme le contour interne de la capsule. Quelques-uns de ces ramuscules, el spécia- lement ceux qui correspondent aux extrémités de la cellule, arrivent à joindre les ramuscules similaires des cellules voisines, de sorte qu'il en résulte une trainée élastique continue entre les éléments adjacents. Dans les lignes de ciment, on observe des fibres élastiques épaisses de 1 à 2 y et d’une grande longueur. A l'aide des colorations combinées (fuchsine-résorcine, puis hématoxyline el ensuite fuchsine acide), j'ai suivi les modifications que subissent avec l'âge les éléments élastiques du tissu osseux. Sur le cobaye, le chien et l’écureuil adultes, la bordure élastique de la capsule osseuse persiste sans s’épaissir. Dans les lignes dites de ciment et surtout dans les prolongements capsulaires, l'élément élastique augmente chez l'animal adulte. Il en est de même des prolongements chromophiles de la capsule (lamelles striées de Ranvier. lamelles ponctuées des Allemands) : les fibres élastiques se multiplient avec l’âge dans ces lamelles osseuses, sombres. Quant aux lamelles osseuses claires (homogènes de Ranvier, striées des Allemands), leur réticulum chromophile ne montre que de très fines fibrilles élastiques, des plus clairsemées. Dans les préparations qui ont été préalablement traitées par le carmin aluné, et ensuite par la fuchsine-résorcine, les noyaux des cellules osseuses sont teints en rose comme ceux des cellules conjonctives; mais ils offrent de 308 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plus un contour et des granulations sombres qui font défaut dans les noyaux du tissu conjonctif. Il semble donc que le noyau des cellules osseuses possède une constitution propre, en rapport avec la fonction du protoplasma cellu- laire et, par conséquent, avec l'élaboration dont celui-ci est le siège. Les fibrilles élastiques qui se produisent dans le tissu osseux proprement dit (capsule, prolongements capsulaires et lignes de ciment), sont indépen- danrtes du réseau élastique du périoste ou des espaces médullaires, car on ne voit pas les fibrilles élastiques se développer dans les couches osseuses de nou- velle formation (couche préosseuse) ; elles ne la traversent pas non plus. Résultats. — La capsule osseuse est composée d’un protoplasma gra- nuleux qui se colore d’une façon intense par l'hématoxyline, la thionine et le bleu de toluidine. Les prolongements capsulaires sont constitués par le même protoplasma chromophile. En divers points (à la face in- terne de la capsule et dans les principaux prolongements capsulaires), ce protoplasma chromophile élabore des fibrilles élastiques. Le tissu osseux se comporte, à cet égard, comme la trame du ganglion lympha- tique ou le tissu conjonctif du derme (1) : le protoplasma chromophile des cellules forme, dans les deux tissus, un réseau chromophile dont les mailles contiennent, soit de l'hyaloplasma, soit des fibrilles conjonctives. Seulement le protoplasma chromophile ne persiste pas partout sous cette forme et avec cette composition; en divers points, il élabore des fibrilles élastiques dont le réseau ne prend pas un développement et une extension aussi considérables que le réseau chromophile. En résumé, la capsule des cellules osseuses et les prolongements cap- sulaires sont composés d'un protoplasma granuleux, chromophile, qui se transforme partiellement en fibrilles ou formations élastiques. ILOTS DE LANGERHANS ET SÉCRÉTION INTERNE, par M. E. LAGuEsse. Dans la dernière séance de la Société de Biologie, M. Carnot a rap- porté une série d'observations de lésions des îlots de Langerhans chez des malades non diabétiques. Ces faits sont fort intéressants; d’autres analogues ont déjà été signalés (Voyez Sauerbeck, Virchow's Archi, Bd. 177, supplément. Tableau de la page 101), et il n’est pas douteux que le nombre d'observations de ce genre ne soit destiné à s’accroitre, car il y a encore bien peu d’anatomo-pathologistes qui consentent à s'occuper de ces organites, et nous avons beaucoup à apprendre sur (4) Voir Retterer. Journal de l’Anatom. et de la Physiol. 4901, p. 493, et 1904, p. 358. SÉANCE DU # NOVEMBRE 369 eux. Mais il ne faut pas se dissimuler que cette étude est fort difficile sur les pièces d'autopsie, et que déjà bien des prétendues lésions ont été décrites, même dans le diabète, que je ne puis considérer comme telles ; ce sont parfois de simples stades de l’évolution normale des ilots. Tous contiennent de la graisse et peuvent en être surchargés en cer- tains points, sans qu'il y ait dégénérescence pathologique. Dans un travail sous presse (1), j'essaie de donner en détail les caractères de l'ilot normal, et d'établir ainsi une base anatomique plus précise pour les recherches anatomo-pathologiques. Enfin, si les observations de M. Carnot montrent qu'il peut exister des lésions des îlots ailleurs que dans le diabète, elles ne prouvent point que les lésions décrites dans cette dernière affection soient sans importance dans sa pathogénie (2); elles nous gardent simplement de généralisation trop hâàlive, et rendent ainsi un véritable service à la théorie de l'insuffisance insulo- pancréatique. Elles donnent en outre à penser que la sécrétion interne des ilots n’agit pas seulement sur les modifications du sucre dans l'organisme, mais peut avoir une action beaucoup plus complexe : c'est ce que j'ai soutenu dès mon premier mémoire (1895). Ce qui m'importe surtout en effet, c'est d'affirmer le rôle endocrine des ilots, et, pour combattre les doutes que ces faits nouveaux pour- raient confirmer ou réveiller dans l'esprit des membres de la Société, je résumerai dès aujourd'hui l'expérience suivante, qui me semble typique. J'avais, avec Gontier de la Roche, lié le canal pancréatique chez deux lapins. L'un fut tué au bout de quinze jours, et mon élève l’a étudié dans sa thèse (3). Je gardai l’autre pendant plus de deux ans. Le canal avait été réséqué sur 1 centimètre de longueur, entre deux ligatures, au niveau de son embouchure. L'animal avait alors près de quatre mois. Après une quinzaine de jours, il était complètement remis; sa croissance redevint rapide, et ce fut bientôt un bel et gros adulte, plein de santé. Il fut tué vingt-cinq mois après. A l’œil nu, le pancréas paraissait com- plètement absent, mais remplacé par une masse adipeuse qui en avait à peu près conservé la forme. Sur une coupe transversale, au niveau de la tête, cette masse montrait absence complète de tissu exocrine (canaux, acini, ou tubes indifférents..…). Au centre persistait, seul vestige, le canal pancréatique principal, reconnaissable à sa forme et à sa struc- ture, mais absolument privé d'épithélium, obturé, et transformé en cordon fibreux. À son contact ou à son voisinage, on trouvait dans le tissu adipeux un semis d’ilots de Langerhans parfaitement conservés. (4) Dans la Revue générale d'Histologie, de Renaut. (2) Nous renvoyons, pour montrer le contraire, aux communications récentes de Curtis et Gellé, et à la Thèse de Gellé (Lille, 1905). (3) Exclusion du pancréas... Thèse, Lille, 1903. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le pancréas était donc réduit à une glande endocrine typique, qui avait suffi à préserver l'animal du diabète; car, si l'examen des urines n'a pas été pratiqué (ce qui eût assurément mieux valu), c'est un peu faute de temps, c’est surtout vu l’état de prospérité continu et évident du sujet. Il suffit d’ailleurs de rapprocher ce cas de quelques expériences analogues de Ssobolew sur la même espèce, expériences où l'examen des urines a donné des résultats négatifs ( Virchow’s Archiv, 1902). Une fois de plus, le rôle endocrine des îlots nous paraît donc bien démontré. LES ÉTAPES DE LA MORT, par M. MAURICE D'HALLUIN. Nos recherches publiées sur le massage du cœur et celles actuelle- ment en cours sur la pathogénie et le traitement de la syncope mortelle nous démontrent la nécessité de considérer des phases très diverses dans cet état qu'on appelle la mort. Laborde ici-même à déjà insisté sur l'obligation de distinguer différentes périodes, nous croyons utile de préciser davantage; aussi nous proposons de considérer trois étapes : la mort apparente, la mort relative, la mort absolue. La mort apparente est bien définie et, si nous en parlons, c'est pour éviter sa confusion avec ce que nous appellerons « mort relative ». La mort dite apparente n’est que l’image de la mort absolue : sans doute la vie de relation est éteinte, la vie organique elle-même semble abolie; mais en réalité le cœur bat encore, d'où le légitime espoir d’Icard d'arriver par la méthode de la fluorescéine à porter un diagnostic rendu parfois difficile par l'insuffisance des moyens d'investigation. La persis- tance de l’activité cardiaque explique le retour à la vie : spontané ou provoqué par la respiration artificielle ou la détermination de réflexes divers. Chez les animaux à sang chaud la prolongation de cet état est relativement exceptionnelle, l'arrêt du cœur suit le plus souvent la suspension de la respiration. Cet arrêt du cœur, quelque peu prolongé, caractérise le début de la mort relative, « relative » par rapport à l'état suivant où la morteest absolue. Nous aurions volontiers dit « vie latente », maïs ce terme « vie » pour caractériser une étape de la mort nous à paru une criante ironie. Dans la mort relative le retour spontané à la vie est impossible, la crainte d'inhumation prématurée est chimérique, mais la vie, bien que suspendue même dans ses fonctions organiques, les plus fondamentales, peut encore se manifester. Il est prouvé par les expériences de labora- toire, confirmées elles-mêmes par la clinique, qu'un cœur arrêté peut être ranimé par le massage. Par cette méthode, en réalisant une circu- PSE TER | | pq ant Lee it mdr ed rt cmt ons cn tte ne JE SÉANCE DU À NOVEMBRE 371 lation artificielle, on fait reparaitre la vie des différents organes et la synthèse de ces vies partielles reconstitue la vie de l'être. Ainsi nous eroyons trouver dans la reviviscence par le massage du cœur la preuve expérimentale de l'existence du stade « mort relative » (1). La mort absolue, c'est-à-dire la mort irrémédiable, l'impossibilité de la vie lui succède. Mais nous sommes impuissant à caractériser son début, nous le croyons cependant tardif et capable, surtout dans les morts accidentelles, de différer peut-être quelques heures. Prus en effet a réussi par le massage du cœur à ranimer des chiens une heure après la mort, Sick par le même moyen a obtenu chez l’homme un pareil succès une heure après le début de la syncope chloroformique. Nous ne pouvons, sans renouveler la pétition de principe posée par Laborde à propos des tractions rythmées de la langue, donner comme signe certain de la mort absolue l’insuccès du massage du cœur. Une méthode plus active permettra peut-être dans l'avenir de reculer les limites de la mort relative; aussi nous sommes forcé de rester dans le vague, insistant toutefois sur un point acquis : la nécessité de distinguer de la mort absolue un état intermédiaire qui n’est plus la vie, mais n’est pas encore la mort, un état dont la mort absolue est le plus souvent l’abou- tissant fatal, mais état dont le médecin peut, en agissant directement sur le cœur, tirer quelques rares malades, surtout dans les cas de mort violente. VITESSE D'ÉTALEMENT, A LA SURFACE DE L'EAU PURE, DES LIQUIDES A TENSION SUPERFICIELLE FAIBLE, par M. G. BiLLarn. Nous avons mesuré cette vitesse au moyen d'un dispositif analogue à celui qui permet de mesurer la vitesse de l’influx nerveux. Ce dispositif est adapté au système suivant : un tube de verre fixé horizontalement, long de deux mètres et de deux centimètres de dia- mètre, est mis en communication avec un vase de Mariotte par une de ses extrémités ; celle-ci porte une tubulure verticale ouverte, qui per- met de laisser tomber dans le tube le liquide à tension faible, dont on veut étudier la vitesse d'étalement. L'’extrémité libre a été légèrement élirée à la flamme, de manière à présenter un diamètre d'un demi-cen- timètre à sa section, et se termine en bec par lequel, goutte à goutte, (1) Voir pour les observations cliniques : Contribution à l'étude du massage du cœur (suite) : Les lrémulations fibrillaires, par M. d'Halluin. Vigot frères, Paris et Ve Masson, Lille, 1905. 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE s'écoule l’eau pure venue du vase. L’écoulement est réglé de manière que le tube n’est jamais rempli qu’à moitié par l’eau qui circule à l’in- térieur ; à la surface libre de cette eau pure, s’étalera le liquide à étu- dier. Par le bec nous laissons couler quatre gouttes par seconde ; leur chute est inscrite par l'intermédiaire d’un tambour de Marey, sur un cylindre enregistreur. Parallèlement, un signal électrique de Despretz inscrit, à l’aide d’un dispositif simple, le moment précis où la goutte du liquide à tension superficielle faible tombe par la tubulure verticale, à la surface de l’eau contenue dans le lube horizontal. On observe qu'après la chute de la goutte du liquide à faible tension, le régime d'écoulement est rapidement modifié à l'extrémité du long tube. En effet, au moment où ce liquide s’est étalé jusqu'au bec d’écou- lement, la tension superficielle de l’eau pure est diminuée tout à coup, au point où les gouttes se détachent, et celles-ci tombent plus petites et plus nombreuses. On voit ainsi, brusquement, doubler et tripler le nombre des gouttes et nous dirons qu'à ce moment précis le liquide s’est étalé sur toute la longueur du tube. Tous ces phénomènes étant inscrits sur le cylindre enregistreur, rien n'est plus facile que de mesurer le temps qui s’est écoulé entre la chute du liquide à faible tension et l'augmentation de vitesse d'écoulement. Connaiïssant la longueur du lube, nous pouvons savoir quelle est la vitesse d’étalement. Signalons toutefois que l'augmentation brusque de la vitesse d'écou- lement est immédiatement précédée d’un léger ralentissement. Par ce procédé nous avons pu noter que la vitesse d'étalement, à la surface de l’eau pure, des liquides à tension superficielle faible est de 20 à 30 centimètres par seconde, à la température de 15 degrés. Les liquides dont nous avons étudié l’action sont l’éther, la benzine, l’al- cool, l'essence de térébenthine, l'huile d'olive, l’eau de savon. Pour bien nous assurer que le liquide s’est réellement étalé, nous avons, dans plusieurs expériences, laissé couler les gouttes directe- ment sur le cylindre enregistreur, noirci à la fumée ; dans ces condi- tions, l’eau pure ne mouille pas le papier, ne s'étale pas sur le noir, mais ce phénomène se produit dès qu’elle a été souillée par l’un quel- conque des liquides à tension faible. Ce procédé de vérification nous a permis de confirmer nos premiers résultats. (Laboratoire de physiologie de l'Ecole de médecine de Clermont-Ferrand.) SEANCE DU 4 NOVEMBRE 313 NOTE PRÉLIMINAIRE SUR UN CERTAIN NOMBRE D'INFECTIONS PARATYPHOÏ- DIQUES (29) OBSERVÉES A PARIS ET DANS DES LOCALITÉS TRÈS DIVERSES. RÉSULTATS DE LA SÉRORÉACTION, par MM. ARNoOLD NETTER ET RIBADEAU-DUMAS. L'attention des médecins et des bactériologistes est depuis plusieurs années orientée vers des bacilles ressemblant beaucoup au bacille d'Éberth et déterminant chez l'homme des accidents qui rappellent souvent ceux de la fièvre typhoïde. Le terme de paratyphoïde qui a élé employé pour la première fois par MM. Achard et Bensaude évoque bien ces analogies. En 1903 déjà, l’un de nous, en étudiant systématiquement le sang et les déjections des malades de notre service paraissant atteints de fièvre typhoïde, avait eu l’occasion de rencontrer une certaine proportion de paratyphoïdes. S Cette année, au retour des vacances, il nous a paru que les caractères cliniques et étiologiques des affections de beaucoup de nos malades pourraient se rapporter à des paratyphoïdes. La bactériologie a confirmé ces inductions de la facon la plus éclatante. Sur 37 cas examinés à ce point de vue, 29 sont selon toule vraisem- blance causés par des bacilles paratyphiques, soit 78,4 p. 100. Si l’on met de côté 10 cas dont la symptomatologie ne correspondait pas à celle de la fièvre continue, la proportion de paratyphoïdes dans les affections ayant les caractères de la dothiénentérie reste encore de 19 sur 27, soit plus de 70 p. 100. Nous aurons l'occasion de revenir à plusieurs reprises sur ces faits tant au point de vue bactériologique qu’au point de vue de l'étiologie, de la symptomatologie, du diagnostic et du pronostic. Nous voulons simplement aujourd’hui faire connaître les renseignements que nous à fournis la séroréaction et à montrer que ces affections paratyphoïdes se rencontrent actuellement dans une zone très étendue. Pour l’agglutination nous avons eu recours à l'examen microscopique d'émulsion de cultures fraîches sur gélose dans des sérums de plus en plus dilués. Chacune de ces dilutions est examinée parallèlement vis-à- vis du bacille d’Eberth, du bacille paratyphique A de Brion et Kayser, du bacille paratyphique B de Conradi, Drigalsky et Jürgens, du bacillus enteritidis de Gaertner et du bacille de la psittacose. Il arrive assez souvent qu’un même sérum agglutine plusieurs espèces à la fois. En augmentant la dilution on détermine aisément le microbe le plus influencé. Ce microbe a été 22 fois le paratyphique À de Brion et Kayser et de 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Schottmüller, 4 fois le bacille de Conradi et Drigalsky, 6 fois Le bacillus enteritidis de Gärtner, 8 fois le bacille d'Eberth. Le bacille À a donc été en cause dans 59,46 des cas examinés et dans 16 sur 27, soit 59,3 des cas rappelant la fièvre typhoïde. Le bacille de Gärtner dans 16,42 p. 100 du total, dans 7,55 ou 4 p.100, des cas à évolution de fièvre typhoïde. Le bacille d'Eberth, dans 21,62 p. 100 du total, dans 30,77 p. 100 des cas se comportant comme des typhoïdes. Les malades qui ont fourni ces observations paraissent avoir contracté la maladie dans 13 localités différentes, soit 5 fois Paris ou une com- mune de la banlieue, 7 fois les parties les plus diverses de France : nord, ouest, sud, sud-est, etest, et 1 fois la Suisse. Si l'on tient compte de ce fait que nous connaissons au moins 45 autres cas dont l'étude bactériologique n’a pu encore être commencée, que nos 29 paratyphoïdes avérées, sauf 2 exceptions, ontété observées exclusive- ment chez nos malades de la ville et de l'hôpital en moins d’un mois, on peut dire que nous sommes en présence d’une véritable épidémie sur laquelle il nous a paru nécessaire de fixer sans retard l'attention du corps médical. DÉTAILS SUR L'AGGLUTINATION DANS TRENTE-SEPT CAS DE TYPHOÏDES ET PARATYPHOÏDES, par MM. Aron NEeïTER et RIBADEAU-DUuMAS Nous avons relevé ies résultats de l’agglutination dans trente-sept cas de fièvres typhoïdes et de paratyphoïdes se répartissant de la façon suivante : TABLEAU CLINIQUE de la fièvre typhoiïde. Bacille À de Brion et Kayser . . 22 16 — B de Conradi-Drigalski. 4 1 Bacillus enteritidis de Gäritner. 6 1 ou 2 Bacillet d'Hbentiiti on 7 LP 8 8 MIOTLTLRS UT TUE EST 26 ou 27 SYMPTOMATOLOGIE DIVERSE ne rappelant pas la fièvre typhoide. 6 ») 5 ou 4 » 10 ou il Dans les tableaux qui suivent, nous indiquons pour chacun de ces groupes l’agglutination macroscopique immédiate limite non seule-M ment pour le bacille prédominant, mais encore pour les autres bacilles. Nous ne mentionnons pas les résultats de l'examen vis-à-vis du bacille PR PRO SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 10 de la psittacose de Nocard qui a été examiné dans la plupart des cas et n'a jamais déterminé l’agglutination mème au dixième. A. — Cas agglutinant surtout le bacille de Brion. BRION EBERTH GÆRTNER CONRADI OA 1/400 1/20 1/20 0 2e 1/200 1/20 1/100 () De 1/200 1/20 1/100 0 4. 1/100 1 /20 1/20 0 5h 1 /400 1/20 0 0 ON Re 1200 1/20 1 /200 0 HUE est Ie 1/300 1/30 0 0 8 . 1/400 1 /20 1/100 0 MAet'tisi CdyE00 1/100 0 0 |) RESTE ACESS 1/1000 1/200 1/100 0 MÉNR Er. 4 600 1/20 0 0 RE enr td 00 0 1/100 0 REV Anar 4800 0 0 0 00 TP 1/40 1/100 0 1 ALU TS DRE EE UT 1/20 4 /100 0 DO RAMIARS 2 1/300 1/20 1/200 0 MENT 24 17/1100 1/10 0 0 AB SITE. x ot/ROn 0 4 /20 0 As 20.0 «14200 1/20 1/20 0 DORA 00 1/30 1/200 () PR EL ED 1/100 1/20 0 SORA 1e PATEO A) 0 0 0 B. — Cas agglutinant surtout le bacille de Conradi-Drigalsky. CONRADI EBERTH BRION GÆRTNER Re na 1/800 1/20 0 0 C. — Cas agglutinant surtout le bacille de Gärtner. GÆRTNER EBERTH BRION CONRADI POPORPHALS 1/2400 1/100 1/600 0 PAPE 1/300 1/10 1/100 0 © DATANT APRES 1/400 0 1/200 0 'ANOPRO RR EEE 1/400 0 0 0 c'ar Ee 1/200 0 0 0 Uri 2 1 /4#00 0 1/20 0 (4) Le malade est convalescent depuis près de deux mois. 376 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D. — Cas agglutinant surtout le bacille d'Eberth. EBERTH BRION GAERTNER CONRADI LEE RICO 1/20 0 0 | DENIS 1/160 0 0 Q È A 1/80 1 /20 1/20 0 1 DATE TVA 1/100 1/50 0 0 $ Re re 1/40 0 0. 0 À OR TN 1/80 0 0 0 î AM 1/100 1/20 0 0 EU AENANE CE 1 /200 ( 0 0 j En examinant ces tableaux, on trouve que les malades dont le sang agglutine le bacille de Brion agglutinent le bacille d’Eberth 18 fois sur 22, et le bacille de Gärtner 15 fois sur 22, mais que les chiffres obtenus pour les deux bacilles sont sensiblement inférieurs à ceux du bacille de Brion. Trois seulement des malades agglutinant Je bacille de Brion agglutinent l’Eberth à 1 p. 100, et dont un à 200. Quant aux autres, la limite était inférieure à 1 p. 40. Dans un de ces cas où l’agglu- tinabilité pour l’Eberth était à 1 p. 200, et celles du Brion à 4 p. 1.000, et où l’examen du sang a été fait après la fin d’une rechute, on peut se demander s’il n’y a pas eu injection mixte. Dix des malades du premier groupe agglutinent le bacille de Gärtner à 1 p. 100 ou au-dessous; la plupart des auteurs ont déjà noté pareille coïncidence (en particulier Durham et Trautmann). Nous retrouvons cette analogie dans le tableau des séro-agglutina- lions par le bacille de Gärtner. Enfin l'examen du tableau B et des autres élablit que le bacille de Conradi s'éloigne davantage des bacilles de Brion, de Gärtner et d'Eberth. à ER me RQ af ace (EMAIL ET AS SE Mn DE L'ACTION DE LA GLYCÉRINE SUR LES FONCTIONS DU FOIE, par M. Cu. DuBors. On sait que l’ingestion de glycérine empêche les effets habituels de la M piqûre du plancher du quatrième ventricule, c’est-à-dire la glycosurie.M Ransom (1) admet, d’après ses expériences, que la glycérine agit en diminuant l’activité de la cellule hépatique qui ne peut plus transformer « le glycogène en glucose. (1) Journal of Physiol., t. VIII. SÉANCE DU À NOVEMBRE 311 Nous proposant de vérifier cette explication, nous avons recherché si d'autres fonctions du foie se trouvaient influencées de la même facon par la glycérine et nous nous sommes adressé d’abord aux fonctions biliaire et excrémentitielle de l’organe. Après avoir constaté dans quel- ques expériences que les chiens supportent difficilement des doses un peu massives de glycérine, administrées per os, et les rejettent souvent par vomissement, nous avons opéré de la façon suivante : l’animal était ou morphiné, ou le plus souvent curarisé (pour éviter les convulsions). Une burette remplie de glycérine pure élait mise en rapport par une canule en V d’une part avec une branche de la veine mésentérique supé- rieure, d'autre part avec une veine splénique pour que l’imprégnation du foie, par le liquide injecté, fût aussi complète que possible. L'animal recevait en moyenne 8 centimètres cubes de glycérine par kilogramme de son poids; l'injection durait environ 30 minutes el on recueillait la bile par une canule introduite dans le cholédoque. Nous avons constaté ainsi, dans une vingtaine d'expériences, que la sécrétion biliaire dimi- nuait très notablement, quelquefois jusqu'à l'arrêt complet, pendant la durée de l'injection, et restait ralentie plus ou moins longtemps après que celle-ci était terminée. Le fait mérite d'autant plus d'être noté que, sur la foi de certaines observations faites chez l'homme, on a admis que la glycérine accélère au contraire la sécrétion biliaire. C'est la conclusion à laquelle était arrivé Tisné (1), mais fondée uniquement sur la coloration foncée des selles chez des sujets qui avaient ingéré de la glycérine. D’un autre côté, Doyon et Dufourt (2) ont trouvé chez un chien à fistule biliaire permanente que la glycérine n'influence pas cette sécrétion ; mais ces expérimentateurs ont opéré dans des conditions toutes différentes des nôtres et surtout ils ont employé une dose beaucoup plus faible de glycérine. Il est d’ailleurs facile de compléter celte démonstration de l'action empéchante de la glycérine sur la sécrélion biliaire : quand l'animal à recu la dose habituelle de glycérine, l'injection de 10 à 12 centimètres cubes de bile de mouton ou de bœuf ne stimule pas, dans la majorité des cas, l’activité de la cellule hépatique, contrairement à ce qui se passe chez l'animal normal; dans treize expériences, elle n’a provoqué aucune accélération de l'écoulement; dans huit autres, on obtint un résultat positif, mais le plus souvent peu marqué. Nous avons aussi employé la sécréline qui, trois fois sur cinq, s'est montrée inefficace. L'élimination défectueuse des pigments étrangers introduits dans la circulation, chez les animaux intoxiqués par la glycérine, ressort de ce (4) Thèse de Paris, 1882. (2) Archives de Physiologie, 1897, p. 567. 318 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE fait que l'injection de bile de mouton ou de bœuf à perdu, en règle générale, son pouvoir cholagogue; cependant, quand on recherche dans la bile du chien en expérience le spectre de la bile injectée, on l’y trouve toutes les fois que la sécrétion est assez abondante pour permettre l'examen. La fonction excrémentitielle du foie n'est donc pas abolie par la glycérine comme nous l'avons constaté aussi pour le phyllocyanate de soude et pour le carmin d'indigo, mais elle est fortement diminuée, comme l’est aussi la sécrétion biliaire. {Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) STÉRILISATION DE L'AIR PAR L'OZONE, par M. D. Lapsé. L'’ozone possède des propriétés oxydantes et par suite désinfectantes très puissantes. Cette propriété, étudiée par Frolich, par van Ermenghem, Otto, Calmette et Roux, donne déjà des résultats excellents pour lastéri- lisation des eaux de boisson. Des appareils stérilisateurs de l'eau par l'ozone fonctionnent depuis plusieurs mois à l'hôpital Broca et vont être prochainement installés à l'hôpital Boucicaut. Par le même procédé et avec le même appareil, on peut arriver éga- lement à la stérilisation de l’air, dans les salles de malades et d’opéra- tion, ainsi que j'espère le démontrer par le résumé des expériences sui- vantes : dans une pièce de 70 mètres cubes, j'ai placé à 1“10 de hauteur une première série de boîtes de Petri (à la gélosine), qui ont été mainte- nues ouvertes pendant 40 minutes. Après avoir refermé ces boites, j'ai fait fonctionner mon appareil à ozone de facon à obtenir 10 milli- grammes d'ozone par mètre cube dans une atmosphère à moitié satu- rée de vapeur d’eau; j'ai ensuite placé une seconde série de boîtes de Petri, maintenues ouvertes pendant le même temps. Toutes ces boîtes ont été mises à l’étuve au même moment et pendant quarante-huit heures. Au bout de ce temps, on constatait des modifications notables que les remarques suivantes caractérisent mieux que toute description : colonisations multiples et nombreuses dans les boîtes non ozonées, colonisations rares et misérables dansles autres, puis stérilisation com- plète (expériences du 7 mai 1905). On peut donc arriver, ainsi que je pense l'avoir démontré, à une aseptie complète de l'air par l’ozone dans un milieu qui n’a cessé de rester, non seulement respirable, mais agréablement respirable pour l'opérateur. ibn Si j'ajoute que l'outillage nécessaire pour réaliser cette aseptie du LE SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 319 milieu ambiant, est des plus simples, d'une manipulation facile et d’une dépense électrique insignifiante, on conviendra aisément que celte méthode de stérilisation de l'air mérite un contrôle, et une généralisa- tion que je serais heureux d’avoir provoquée. UN TYPE NOUVEAU DE CHAMPIGNON PATHOGÈNE CHEZ L'HOMME, par MM. Marrucuor et Ramon. Le champignon qui fait l’objet de cette note a été isolé de tumeurs sous-cutanées, apparues en grand nombre et presque simultanément, et disséminées çà et là sur tout le corps du malade(1). Les tumeurs, au nombre de trente-cinq, ont leur siège dans le tissu cellulaire sous-cutané ; elles sont de forme arrondie, à parois nettes et limitées; un mois après leur apparition, elles atteignent la taille d’un noyau de pêche; un examen superficiel laisserait croire à des kystes à cysticerques. Indolores au début, elles deviennent plus tard sensibles dans les mouvements qu'effectuent les muscles sous-jacents et un peu douloureuses sous la pression de la main. Chacune de ces grosseurs, arrivée à complet développement, est un abcès à membrane épaisse renfermant un pus grumeleux, sans odeur, rappelant le pus tuberculeux. Aucun microorganisme n’a pu y être décelé par l'examen histologique; mais de nombreuses cultures ense- mencées avec du pus extrait aseptiquement de ces abcès donnent toutes lieu au développement d'un champignon du groupe des Mucédinées. Les prises de pus ayant été faites, à un mois d’intervalle, sur des abcès fort éloignés l'un de l’autre, et les cultures ayant fourni toujours la même espèce de champignon, il n’y a aucun doute sur la présence, à l’intérieur de ces diverses tumeurs, d’une même espèce cryptogamique. Logique- ment on en peut conclure que ce champignon est l’agent de la maladie. Les inoculations aux animaux, par voie sous-cutanée, ont échoué, aussi bien à partir du pus lui-même qu'à partir des cultures. Mais la maladie semble inoculable à l'homme, car, à l’occasion d’une interven- . tion chirurgicale, un abcès ayant été perforé, il y eut, malgré les lavages antiseptiques, récidives multiples sur place, chaque point de suture ayant élé le point de départ d’un nouvel abcès. Le parasite extrait des lésions se laisse cultiver avec la plus grande facilité sur les milieux usuels du laboratoire bactériologique. Sur gélose glucosée ou glycérinée, à 37 degrés, il donne au bout de peu de jours (1) De Beurmann et Ramond : Abcès sous-cutanés d’origine mycosique, Annales de Dermatologie et de Syphiligraphie, août-septembre 1903. 380 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des colonies confluentes, se développant tout le long de la strie d’ense- mencement. Les colonies, blanches au début, brunissent au moment de la fructification, d’abord vers leur centre. Sur pomme de terre et carotte, on obtient de même des traînées blanchâtres qui deviennent bientôt fructifères dans leur partie médiane en même temps que la nuance brunätre apparait. L'étude microscopique permet de reconnaître facilement que ce cham- pignon a les mêmes modes de végétation et de fructificalion que les Sporotrichum, Le mycélium est rampant, fin (diamètre 2 x), cloisonné, incolore, très abondamment ramifié et enchevêtré. Les fructifications apparaissent aux extrémités de filaments couchés et ramifiés, leur ensemble constituent de grosses masses cylindriques (largeur 10 x), parfois contournées et allongées, semblant formées uni- quement de spores agglomérées. En réalité les spores sont isolées les unes des autres. Elles naissent solitaires sur le mycélium, en nombre variable, mais généralement très grand sur chaque article du thalle; elles sont disposées sans ordre apparent. Ce sont là les caractères du genre Sporotrichum. La spore encore insérée sur le filament semble piriforme; elle se prolonge insensiblement par un pédicule qui aboutit à un stérigmate très fin, long de 1-2 w, large de 0 5. Une fois tombée la spore est ovale et brune; ses dimensions varient de 3 à 5 w pour la longueur, de2à 4u pour la largeur. La forme, la disposition, la couleur brune des spores, la fructification en forme de manchons cylindriques disposés en bouquet à l'extrémité des filaments, constituent, avec le substratum originel du champignon, un ensemble de caractères qui différencient nettement cette espèce de tous les autres Sporotrichum. En hommage à M. de Beurmann, médecin en chef de l'hôpital Saint-Louis, nous proposons de le dénommer Sporotrichum Beurmanni. SUR LES FORMATIONS MITOCHONDRIALES DU REIN DES VERTÉBRÉS, par M. A. PoLIcaRD. Dans un travail récent, Benda (1) a signalé l'existence, dans les cel- lules des épithéliums de revêtement du canalicule urinaire des verté- brés, de formations protoplasmiques qu'il a appelées chondriomites. Ce (1) Benda. Die Mitocondria des Nierenepithels. Verhandl. d. anatom. Ge- sellsch. — 17° Versamm. — Heidelberg, 1903. F 4 À e è # À k # 1 ! L | | è SÉANCE DU À NOVEMBRE 381 sont des filaments granuleux, constitués par l'alignement en séries (rappelant des chaines de streptocoques), de granulations protoplas- miques (mitochondries), se colorant d’une façon toute spéciale et diffé- rentes ainsi par leur chimisme des autres granulations cytoplasmiques. Benda a étudié la disposition et la répartition de ces chondriomites dans le rein d’un batracien anoure, le Bombinator igneus. Nous avons repris ces recherches dans le rein de deux espèces voisines, la Gre- nouille verte et le Crapaud commun (1). Nous nous sommes assuré dès l’abord d'un fait : la valeur « vitale » de ces formations. L'emploi des vapeurs d'acide osmique comme fixa- teur nous a convaincu que ces filaments granuleux n'étaient nullement des formalions artificielles. En ce qui concerne la répartition des chondriomites, nous sommes d'accord avec Benda, sauf sur un point cependant : au niveau des seg- ments (2) à flammes vibratiles, nous n'avons jamais observé la disposi- tion en racines ciliaires des mitochondries ; dans les cellules à fouet vibratile, les chondriomites nous sont toujours apparus très grêles, très peu abondants et épars sans ordre apparent dans le cytoplasme. Suivant la disposition de leur appareil mitochondrial, on peut classer les cel- lules du canalicule en deux groupes : 1° Dans un premier type, cellules à bordure striée du deuxième segment, les chondriomites ont un aspect général échevelé. Ce sont des chondriomites typiques, c'est-à-dire des filaments composés de grains très fins, non recti- lignes, mais onduleux, flexueux. Dans la région basale de la cellule, immé- diatement sous le noyau, quelquefois un peu de côté, un certain nombre de chondriomites sont groupés en un amas serré, sorte de pelote inextricable en son centre et d’où, à la périphérie, s’'échappent les longs filaments granu- l-ux. Dans quelques cellules, ce peloton de chondriomites est si serré qu'on croirait avoir affaire à un parasome, semblable à celui qu'a décrit Launoy dans les glandes à venin des Ophidiens. — La région superficielle, sous-cuti- culaire, ne renferme pas de chondriomites; jamais ceux-ci ne s'élèvent jus- qu'à la cuticule, avec laquelle ils n’ont aucun rapport. Nous avons pu mettre en évidence un fait que nous considérons comme important, la teneur variable des cellules en mitochondries. A côté d'élé- ments qui en renferment une grande quantité, d'autres en présentent très peu et uniquement alors dans la région intranucléaire. Ce sont des variations qui, pour nous, ne peuvent être que sécrétoires, elles diffèrent cependant des autres modifications structurales relevant de la sécrétion en ce qu'elles ont lieu de cellule à cellule dans un même tube et non de tube à tube. (1) Ces résultats sont, à quelques différences de détail près, valab'es pour le Triton et la Salamandre (également étudiée par Benda). (2) Nous rappelons que le canalicule urinaire des Batraciens comprend les segments suivants : 4° Collet cilié; 2° Segment à cellules à bordure striée : c'est l'homologue du tube contourné des mammifères, 3° Segment intermé- Bio:oc1re. ComPTEs RENDUS. — 1905. T, LIX. 382 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Dans un second type (cellules du 4° segment ou segment à bâtonnets), " nous n'avons plus affaire à des filaments granuleux,à des chondriomites au sens strict du mot, mais bien à des filaments non granuleux, homogènes et « cependant présentant les mêmes réactions histochimiques que les chondrio- mites typiques des cellules du deuxième segment.Au lieu d'être onduleux, dirigés dans une série de sens et de plans, ces filaments courent, tous paral- lèles entre eux, de la base au sommet de la cellule ; 1ls offrent l'aspect typique de bälonnets groupés en faisceaux plus ou moins compacts. Sur une coupe « transversale perpendiculaire au grand axe de la cellule, la section de tous ces M filaments donne l'aspect d’une fibre musculaire cardiaque coupée en travers. Jamais nous n’avons pu observer en ce qui les concerne des variations entre les diverses cellules d'un même tube et les divers tubes d’une même coupe. Benda, qui a bien distingué entre ces deux types de formations, les. homologue cependant. Comme les filaments granuleux, les bâtounets. du 4° segment sont pour lui des chondriomites; cette homologation ne paraît pas justifiée par la seule raison que les deux dispositifs se colorent d’une même facon par une même technique. Si le chimisme de ces formations est le même, leurs structures différentes, l'existence de variations sécrétoires chez l’une et leur absence chez l'autre, sont des raisons plus que suffisantes pour repousser cette assimilation. PONTS PRE CPE Tir 7 Conformément à sa théorie générale sur la valeur physiologique des M x chondriomites, Benda fait jouer à ces formations un rôle actif dans les. mouvements intérieurs de la cellule. Il émet à ce propos l'hypothèse suivante : « Nous pourrions nous représenter que la contraction des filaments granuleux attire le couvercle de la cellule vers sa base; par ce mécanisme, le produit de sécrétion serait filtré et exprimé à travers la bordure en brosse dans la lumière canaliculaire. » Nous objecterons. que c’est là où il n’y a pas de produit de sécrétion, là où il n’y a pas de bordure en brosse, dans le 4° segment, que ce dispositif est le mieux. développé; au contraire, au niveau du 2° segment à sécrétion intense: et à bordure striée, les chondriomites sont épars dans la cellule et à aucun moment ils ne prennent ure disposition palissadique en bäton-« nets. Nous pensons que ces chondriomites, auxquels Benda attribue ces fonctions si spéciales, ne sont qu’un ergastoplasma. Comme Bouin (1) l’a récemment montré pour les organes génitaux, les mitochondries de. Benda doivent rentrer dans le grand groupe des formations ergasto- plasmiques. Dans l'organe que nous étudions, ces formations mitochon- driales ont le chimisme (coloration par la laque ferrique), la structure filamenteuse (bàtonnets du 4° segment), les variations sécrétoires (chondriomiles du 2° segment) de ce qu'on appelle aujourd'hui l’ergas- ; toplasma. (Travail du laboratoire d’histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) (1) P. Bouin. Ergastoplasma, pseudo-chromosomes et Mitocondria. Arch. de zool. expérimentale et générale, 1905, vol. INf, p. 99-132, pl. 1v et v. en EE pe 1 NE tp GMA ET an Et 9 Pit TRE ren AE SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 383 DE CERTAINES RÉACTIONS CELLULAIRES PROVOQUÉES PAR L'INOCULATION EXPÉRIMENTALE DES BACILLES PARATUBERCULEUX (BAGILLE DU TINOTHÉE), par M. J. CANTACUZÈNE. L'inoculation intrapéritonéale, au cobaye, de baciiles du Timothée provoque une violente réaction inflammatoire qui comprend un stade initial à leucocytes polynucléaires, puis un stade à leucocytes mononu- cléaires. C'est au sein des cellules géantes résultant de la confluence de ces derniers que s'effectue la résorplion définitive des bacilles. Ces phénomènes sont bien connus dans la tuberculose el d’autres infections chroniques du même groupe. Je désire ici attirer l'attention sur certaines formalions particulières peu étudiées jusqu'ici : je veux parler des plasmodes dues à la confluence Les leucocytes polynucléaires. À la surface des organes où s’est effectué le dépôt des microbes (épiploon), les leucocytes polynucléaires entourent, dès le début de la réaction inflammatoire, les petits grumeaux bactériens ct se fusionnent autour d'eux les englobant ainsi dans de véritables plasmodes ‘où disparait complètement l'individualité des cellules composantes. Ces plasmodes sont conslitués ainsi qu'il suit : à la périphérie, des noyaux des cellules disposés en couronne, très serrés les uns contre les autres: au centre, l’amas baclérien; entre l’amas central et la couronne périphérique, un large espace clair, sorte de tube transparent, qui entoure les bactéries et qui est constitué par les protoplasmas fusionnés des leucocytes. Les granules protoplasmiques de cette portion claire affectent une disposition assez nettement radiaire et convergent vers le centre de l’amas bactérien. Le protoplasme plasmodial est, de plus, creusé de vacuoles ne contenant jamais de microbes, ceux-ci élant situés au centre et parfois dans les filaments protoplasmiques intervacuolaires. On a donc affaire là à une véritable cellule géante à polynucléaires. Sur des coupes de l’épiploon, elle atlire la vue, l'espace vide situé entre la couronne nucléaire et l’amas central trouant de place en place d'une tache claire l’abondante infiltration cellulaire qui remplit le champ du microscope. De plus sur des frotlis d'épiploon, exécutés légèrement, on peut facilement trouver des plasmodes isolés, ‘à condition de faire la préparation dans les vingt- quatre heures qui suivent l’inoculation. Ces plasmodes persistent intacts pendant plus d'une semaine; ils sont doués vis-à-vis des bacilles du Timothée de propriétés digestives assez accentuées et il n’est pas rare de trouver vers le quinzième jour de l'infection ces éléments géants à peu près vides des microbes qu'ils contenaient. Il est facile, à ce moment, de se convaincre que les proto- plasmas cellulaires confluent jusqu’au centre de la formation. # A fl k. w 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Au bout d’un certain temps, ces plasmodes à polynucléaires sont absorbés par les mononucléaires et vont devenir le centre d’un petit follicule tuberculeux ; une cellule géante à mononucléaires se substitue de la sorte à la cellule géante à polynucléaires. Ces formations n'existent pas dans la tuberculose vraie où les poly- nucléaires entourent les amas microbiens sans se fusionner, et sont rapidement frappés de nécrose; on les rencontre, mais assez rarement, lors de l’inoculation de bacilles tuberculeux dégraissés, et seulement autour des grumeaux bactériens très petits; ils se nécrosent d’ailleurs rapidement; ils se forment au contraire en très grande abondance autour des bacilles tuberculeux dégraissés traités par le liquide de Gram : dans ce dernier cas, ils jouent un rôle actif dans la résorplion des corps microbiens sans jamais subir de nécrose. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale de la Facullé de médecine de Bucarest.) SUR L'ACIDO-RÉSISTANCE DES CULTURES JEUNES DES BACILLES DU TIMOTUÉE, par M. J. CANTACUZÈNE. Dans les cultures jeunes (2-3 jours) de bacilles du Timothée sur gélose (glycérinée ou non), une grande partie des bacilles, parfois la moitié, ne présentent pas l'acido-résistance et restent colorés en bleu après la double coloration d’après le méthode d'Ehrlich. L’acido-résistance augmente à mesure que la culture vieillit; elle est complète au bout de 15 jours. Quand on inocule dans le péritoine des cobayes une culture âgée (3 semaines), composée de bacilles tous acido-résistants, en injectant préalablement quelques gouttes d'acide lactique dilué (méthode de Vail- lard), l'animal meurt fréquemment, et, dans ce cas, il est facile d'obtenir des cultures en ensemençant le sang du cœur. Les colonies isolées du sang, qui macroscopiquement ont un aspect normal, se composent après 4 jours de séjour à l'étuve presque exclusivement de bacilles non acido- résistants, restant colorés en bleu après la double coloration. Les bacilles acido-résistants y sont exceptionnels. Leur nombre augmente à mesure que vieillit la culture et, au bout de 3-4 repiquages successifs, les bacilles sont complètement revenus au type primitif. Dans le cas cité plus haut, l'examen de l’exsudat péritonéal à la mort de l'animal montre, à côté de grumeaux bactériens acido-résistants pro- venant de la culture injectée, une foule de bacilles jeunes, grêles et courts, sans aucune acido-résislance. Il ne s’agit pas là d’une infection ni CAS, PRÉ fe EL UE CAE: v h, VE € Æ \ ” Er, SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 389 secondaire car les cultures faites avec le liquide de l’exsudat, peu acido- résistantes au début, le deviennent complètement au bout de quelques à jours de séjour à l'étuve. Il faut rapprocher ces faits de ceux signalés par Marmorek pour les cultures jeunes de bacilles tuberculeux. e ACTION COMPARÉE DES PARATUBERCULINES, par M. S. IrIMEscu. Ê Nous avons recherché l'action, sur des cobayes tuberculisés depuis À deux ou quatre semaines, de paratuberculines provenant des bacilles suivants : beurre (Rabinowitsch), phléole (Timothee bac., Meæller), k pisciaire (Dubard), orvet et smegma. Ces paratuberculines étaient prépa- rées soit selon le procédé classique de Koch (extrait glycériné), soit en ji émulsionnant dans l'eau stérile des corps microbiens desséchés et } broyés. Voici le détail de nos expériences : 1° L'injection sous-cutanée de 1/4 de centimètre cube de paratuber- culine Petri-Rabinowitsch (beurre) détermine au bout de trois heures une élévation thermiqne de 2 degrés. La température redevient normale au bout de dix heures. L’injection de 2 centimètres cubes ne donne lieu à aucune réaction chez les témoins. Cette même dose de 2 centimètres cubes, inoffensive pour les témoins, 20 peut déterminer la mort des cobayes tuberculeux qui meurent en hypo- | thermie avec congestion intense de la rate. L'injection sous-cutanée de 0 gr. 020 milligrammes de corps bacté- riens desséchés donne une réaction thermique comparable à celle signalée plus haut. Mais, même en augmentant la dose de ces corps desséchés, il nous a été impossible de provoquer la mort de l'animal tuberculeux. L'injection intracérébrale de corps bacillaires desséchés, à la dose de 1/4 milligramme, provoque chez l'animal tuberculeux une ascen- sion de 1°5; chez l'animal témoin une dose quadruple ne provoque qu'une ascension de 0°8. 2 La paratuberçculine du bacille du Timothée donne des résultats à peu près identiques ; la réaction thermique est plus élevée et atteint faci- lement 2°5 au bout de trois heures. Par contre les réactions obtenues avec les paraluberculines du bacille pisciaire et du bacille de l’orvet sont moins fortes et ne dépassent pas 1°4; la réaction thermique tombe à 0°8 avec le bacille du smegma. 3° Nous avons essayé l'action des paratuberculines sur l'homme tuberculeux. Nos observalions ont porté sur sept malades apyrétiques, dont cinq avaient des bacilles dans leurs crachats et dont deux étaient 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moins avancés. La dose de paratuberculine injectée était de 2 milli- mètres cubes. Les malades réagissaient entre la cinquième et la vinglième heure par une ascension thermique comprise entre 1°8+et 203. La température, au bout de trente heures, était toujours redevenue normale, sauf dans un cas où la fièvre se maintint pendant trois jours. Cette courbe thermique est de tous points semblable à celles que l’on observe avec la tuberculine de Koch. Il est certain que tuberculines et paratuberculines, mélanges fort complexes, ne sont pas identiques, la différence principale étant qu'avec les paratuberculines on tue rarement les animaux tuberculeux contraire- ment à ce qui arrive avec la tuberculine de Koch. Il n’en est pas moins vrai que les unes et les autres contiennent une substance hyperthermi- sante agissant spécifiquement chez les animaux tuberculeux, sans effet sur les animaux sains. Ce fait range, selon nous, les tuberculines et les paratuberculines dans un groupe de produits très voisins. (Travail du laboratoire .de médecine expérimentale de la Faculté de médecine de Bucarest.) RECHERCHES SUR LES ACIDES GRAS. LÉSIONS EXPÉRIMENTALES, par MM. JEAN Camus et Pu. PAGNIez. Les lésions produites au niveau des tissus par les acides gras ont élé jusqu'ici peu étudiées. Nous avons entrepris une série de recherches à ce sujet en utilisant des acides gras de provenances différentes, princi- paiement ceux extraits de l'huile de lin et de l'huile de coton. L'injection de ces acides sous la peau donne lieu à des lésions irrita- tives très marquées, aboutissant en quelques heures à une réaction inflammatoire localisée, bientôt suivie de la production d’escarres et d'ulcérations torpides à cicatrisation lente. L'introduction dans le péritoine détermine une exsudation peu abondante, la production de fausses membranes, l’adhérence des anses intestinales avec rétraction très accusée des anses grêles et du grand épiploon. Nos recherches ont encore porté sur les méninges ct différents organes, mais nous avons surtout étudié les lésions déterminées au niveau du poumon. Nos expé- riences ont été faites sur le chien et sur le lapin. Les acides gras ont été introduits par deux voies très différentes : la voie aérienne et la voie sanguine. Nous ne nous occuperons ici que du premier mode d’expéri- mentation. L'injection était faite dans la trachée mise à nu et pousée au moyen d’une aiguille introduite entre deux anneaux. Les quantités injectées ont été SÉANCE DU # NOVEMBRE 381 variables suivant le poids des animaux et l'intensité des lésions que nous cherchions à produire. C'est ainsi que chez le lapin certains de nos animaux ont recu des doses de 0,10, 0,20, 0,40 centigrammes. Les acides gras ont été injectés quelquefois purs, le plus souvent mélangés à l'huile. Les animaux n'ont jamais recu qu'une seule injection et ils ont été sacrifiés après une durée variant de vingt-quatre heures à quatre-vingts jours. A la suite de l'injection, si la dose a été considérable, la mort peut survenir en quel jues heures avec congestion œdémateuse diffuse et intense des poumons. Après injection de doses plus faibles nous avons pu observer chez le chien l'apparition rapide de toux répétée, d'expectoration sanglante et de signes d'hépatisation pulmonaire, constatables par la percussion et l’auscultation. Il est à remarquer que ces animaux, malgré l'étendue des lésions contrôlées plus tard à l'autopsie, ont toujours conservé les apparences d’un bon état général. Chez les animaux sacrifiés l'aspect macroscopique des lésions a été très dif- férent suivant la durée de la survie et les quantités injectées. Néanmoins, on peut essayer de schématiser ainsi les différents aspects que nous avons obtenus. Les lésions se rencontrent soit au niveau d’un seul, soit au niveau des deux poumons. Elles atteignent des dimensions très variables, depuis de pelits nodules du volume d’un pois et au-dessous jusqu’à des masses éten- dues, transformant quelquefois tout un lobe et même davantage en un bloc compact. Récentes, ces lésions sont représentées par de la congestion allant ea certains points jusqu'à l’hémorragie, de la splénisation, de l'hépatisation véritable. À un stade plus avancé, deux aspecls sont surtout intéressants : d'une part des lésions ulcéreuses, d'autre part des noyaux homogènes, de coloration gris-jaunâtre, d'apparence absolument caséeux. Quand ces lésions s)nt corlicales, la plèvre peut être intéressée, ulcérée même et dans ce dernier cas la cavité pleurale renferme un épanchement. Nous ne pouvons indiquer ici que quelques-unes des lésions histologiques très complexes qui correspondent à ces différents stades. Au début on note de l’hépatisation avec réseau fibrineux intra-alvéolaire, et en même temps des territoires de nécrose plus ou moins étendue du parenchyme pulmonaire avec hémorragies interstitielles abondantes. Très rapidement, semble-t-il, se manifeste une réaction vive de l’endothélium alvéolaire, et du tissu conjonctit avec apparition de très nombreuses cellules géantes ayant la forme de plas- modes. En certains points, par contre, toute apparence d'organisation cellulaire a disparu, une substance amorphe apparaît seule qui dans une certaine mesure rappelle la substance caséeuse, qui comme elle tout au moins est une nécrose de coagulation. Le dernier stade est caractérisé par une prolifération conjonctive considérable; les bronches sont par places dilatées et transfor- mées en cavités kystiques, rétrécies en d'autres points. Les cavités alvéo- laires sont comblées par les cellules endothéliales proliférées et hypertro- phiées. En examinant certaines de nos préparations, on a sous les yeux des images rappelant quelques aspects des lésions de la tuberculose pulmo- naire, rappelant peut-être davantage les lésions produites par les poi- sons locaux du bacille tuberculeux étudiés par Auclair et principale- « ù EVER 388 SOCIÉTÉ DE BICLOGIE PE —— ment celles qui sont dues à la chloroformo-bacilline. Ceci n’a pas lieu de surprendre quand on a fait, ainsi que nous l'avons pratiqué, l'analyse de ces poisons tuberculeux (1). L'éthéro-bacilline en effet, dans deux échantillons que nous avons pu examiner, contenait 20,8 et 59,3 p. 100 d'acides gras libres. La chloroformo-bacilline contenait 22,4 p. 100 d'acides gras libres. En raison de ces faits, il nous paraît vraisemblable d'attribuer aux acides gras d’origine micrqbienne, en particulier à ceux du bacille tuberculeux, un rôle important dans la production des lésions locales dont ces organismes sont la cause. (Travail du laboratoire des travaux praliques de physiologie à la Faculté de médecine.) PREMIÈRE NOTE SUR LA TOXICITÉ DU CONTENU INTESTINAL, par MM. H. RoGer et M. GARNIER. Il est admis, depuis les travaux de M. Bouchard, que.le tube digestif est un réceptacle et un laboratoire de poisons. Cette assertion s'appuie surtout sur des recherches poursuivies avec des extraits de matières fécales. La toxicité du contenu de l'intestin n'a guère élé étudiée que par Magnus-Alsleben. Cet auteur conclut que l'intestin du chien renferme des substances fort toxiques pour le lapin; mais le contenu du tube di- gestif ne serait pas toxique pour les animaux de même espèce. Cette der- nière assertion ne cadre pas avec les résultats que nous avons obtenus. Nous nous sommes proposés de déterminer la toxicité des matières contenues dans les différents segments du tube digestif et d'étudier leurs variations à l’état pathologique. Nous rapporterons aujourd’hui les expé- riences que nous avons faites sur les matières contenues dans l'intestin grêle du lapin. A l’état normal, on trouve dans celte partie du tube digestif de 20 à 30 centimètres cubes d’une masse päteuse, épaisse, mélangée à une cer- taine quantité de mucus. Nous ajoutons de l’eau salée dans la proportion \ d'un tiers et, après avoir bien agité le mélange, nous le soumettons à la centrifugation. Le liquide surnageant est décanté, filtré sur papier et injecté à des lapins par la voie intraveineuse à raison de 1 centimètre cube et demi à la minute. On obtient ainsi la dose mortelle de la dilu- (1) Nous remercions vivement le D" Auclair des échantillons qu'il nous a gracieusement offerts et le D' Nicloux qui a mis à notre disposition son Expé- rience pour l’analyse chimique. \ i | PE» ONE | LOT RMC NN Se a D à 4 j RISTE ; Lu a /c SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 389 tion. Par un calcul très simple, on délermine la toxicité de la masse alimentaire pour 1 kilogramme d'animal et le nombre de kilogrammes que pourrait intoxiquer la totalité du contenu intestinal. En adoptant pour l'intestin la terminologie proposée par M. Bouchard pour l'urine, on peut appeler enféro-toxie la quantité nécessaire pour tuer 1 kilo- gramme de lapin. L'injection intraveineuse du contenu inteslinal provoque tout d'abord une accélération de la respiration. Puis surviennent quelques mouve- ments brusques et saccadés des membres postérieurs; bientôt la respi- ration devient plus superficielle; souvent on observe un certain degré d'exophtalmie et un léger rétrécissement des pupilles; de nouvelles secousses convulsives se produisent, la respiration s'arrête un instant. Si l’on interrompt l'injection et si on place l’animal à terre, on le voit pelotonné sur lui-même, immobile; puis il est pris d’un violent mouve- ment convulsif. Les deux membres postérieurs se détendent brusque- ment, comme mus par un ressort. L'animal bondit en avant, tombe sur le côté et meurt rapidement. D’autres fois, il semble se remettre ; il reste immobile, le train de derrière allongé, flasque, paralysé; puis la respi- ration devient de plus en plus superficielle et l’animal succombe ainsi, au bout de quelques minutes, parfois d’une demi-heure. La toxicité du contenu intestinal varie de 3,6 à 5 centimètres cubes par kilogramme. Dans deux cas, elle fut beaucoup moins marquée, trop faible pour avoir pu être déterminée exactement. Un des deux animaux était à jeun depuis la veille, ce qui explique peut-être ce résultat; l’autre était en digestion. Ces premières données nous ont permis d'étudier l'influence de quelques états pathologiques sur la toxicité du contenu intestinal. Chez quatre lapins, nous avons pratiqué la ligalure de l'intestin grêle. Les animaux ont été sacrifiés au bout de dix-huit à vingt-quatre heures. La toxicité du liquide verdâtre, accumulé au-dessus de l’obsiacle, n'était pas lrès élevée; elle variait de 3,8 à 14 centimètres cubes par kilo- gramme. Mais en tenant compte de la quantité énorme de liquide qui s'était accumulé, on trouve que le coefficient entéro-toxique était trois fois plus fort qu'à l’état normal. La ligature du rectum permet une survie assez longue. L'intestin grêle renferme un,liquide qui, à l'inverse du cas précédent, n'est pas très abondant, mais est fort toxique. Les résultats sont encore plus nets dans les cas de perforation intes- tinale. La toxicité devient huit fois plus élevée que normalement; dans un cas elle était seize fois plus marquée. Une expérience semble faire exception à la règle. I s'agit d’un animal qui résista six jours; la toxicité du contenu intestinal n'était pas augmentée. C'est que des adhérences s'élaient produites qui avaient obturé la lésion; ce cas n'est donc pas comparable aux autres. 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Enfin, chez un lapin, nous avons provoqué une péritonite en introdui- M sant dans la cavité abdominale une culture des microbes anaérobies « obtenus en semant le liquide péritonéal d’un des lapins morts de perfo- M ration. La toxicité etait deux fois plus élevée que normalement. | Mieux que toute description, le tableau ci-joint rendra compte des M résultats que nous avons obtenus. | El 1 % CONTENU COEFFI- || Rance de me TOXICITÉ TOTALE CIENT l ÉTAT D LM. l'intesti : one \ EU par kilo (entéro-toxies) UE | Lapins normaux Moyenne | 1 | Lapin en digestion . . . . . 30cc | 3cc62 8,287 | 2 — — SAT 25 2117) 6 102 | À 3 — — PA EN ES Eh si 6,033 1 7 — — RE bE ee REP 4,18 1.184 5 — = ue larre A0 1,46 (1) 9 6 Dapinte jeun PEN PE RSS 8,01 (!) ? Ligature de l'intestin grêle LE Sue AS PNEUTeS PPS 90 14,7 6,123 ; ñ Ù sn viG / ae de DU 18,920 | 3,13 10 rl NE AA 3.83 | 36,553 ) Ligature du rectum 1121MSurvIe, SF heures M 43 1,79 | 24,855 NX 000 SIA Perforation intestinale 12 SUIVIE 2 NEUTÉS RENE 75 0,75 |100 13 — RO RU ME ea 48 2,81 16 NES 14 Une de D a NE 1.81 | 44,198 | 93,644 | 8,87 15 — GARE ENS PA MENT l 25 3,21 1,787 Péritonite 16 Suryie 2ÆMheures EDEN: 51 4,09 12,469 | 12,469 2,06 (1) Dose non mortelle. — (2?) Perforation obturée par des adhérences. À quelles substances faut-il rattacher la toxicité de nos extraits? En traitant par l'alcool le contenu de l'intestin, nous avons constaté que les matières que ce liquide dissout sont absolument inoffensives; leur injection ne produit aucun trouble. Les matières précipitées par l'alcool, après avoir été reprises par l’eau, provoquent constamment une diarrhée qui apparaît très vite et est sou- vent fort abondante. Si l’on opère avec le contenu de cet intestin normal, on verra les animaux survivre après avoir maigri, ou succomber tardivement en seize ou dix-sept jours. Dans les cas pathologiques, l'extrait aqueux est plus toxique : l'animal succombe tantôt en moins de vingt-quatre heures, tantôt en cinq ou six jours. L'autopsie révèle assez souvent des hémorragies intestinales. SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 391 Même quand ils sont toxiques, les extraits aqueux sont beaucoup moins actifs que le liquide primitif. C'est que l'alcool coagule certaines albumines toxiques et les rend insolubles. La chaleur agit de même : elle affaiblit notablement la toxicité du contenu intestinal. ÉVOLUTION DES RÉACTIONS CELLULAIRES ET SÉRO-FIBRINEUSES AU COURS DE LA PLEURO-TUBERCULOSE DITE PRIMITIVE, par MM. G. Froin et Louis RAMoND. Nous avons étudié à différents points de vue les liquides pleuraux de 21 malades chez lesquels nous avons pratiqué 80 ponctions. Aujourd'hui nous rapportons les résultats tirés de la numération des cellules, du pourcentage des éléments blancs centrifugés et étalés avant toute coagu- lation, enfin, de l'évaluation aussi exacte que possible de la quantité de l'épanchement. Pour apprécier l'abondance de ce dernier, outre les données de la clinique, nous avons utilisé l'évacuation complète du liquide dans certains cas, et employé dans d’autres plus nombreux la méthode colorimétrique au bleu de méthylène, telle que l’a indiquée M. Achard, ainsi que la méthode des pesées proposée par M. Chauffard. Ajoutons que l'inoculation au cobaye, positive dans tous nos cas, nous permet d'affirmer l’origine luberculeuse de tous les épanchements que nous avons examinés. Outre l'évolution presque constante de la maladie en deux phases polynucléaire et lymphocytaire décrite par MM. Widal et Ravaut, nous avons constaté les faits suivants : Dans une pleurésie (sa phase tout à fait terminale exceptée), le volume du liquide épanché et le nombre des éléments blancs contenu dans un millimètre cube de la sérosité, varient selon la formule suivante : plus l'épanchement augmente, plus les leucocytes diminuent par milli- mètre cube; inversement, plus il y a d'éléments par millimètre cube, moins il y a de liquide. Dans la phase de polynucléose initale, les éléments blancs se raré- fient par millimètre cube et l'épanchement s'accroît. Au contraire, quand les polynucléaires neutrophiles ont disparu et que se montrent des lymphocytes, des mononucléaires et quelquefois de rares éosinophiles, le liquide n’augmente plus, et après une courte période d’immobilité commence à se résorber; les leucocytes augmentent alors par milli- mètre cube. Nous avons observé une seule fois l'accroissement du liquide en pleine période lymphocytique. Dans les cas où nous avons apprécié exactement le volume de l’épan- chement, il a été facile, en multipliant le chiffre des éléments blancs 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'un millimètre cube par celui de la quantité du liquide, de déterminer le nombre des leucocytes contenus dans la totalité de la cavité pleurale Pendant la période de polynucléose, tandis qu'il y a augmentation progressive du liquide, le nombre absolu des leucocytes diminue de ; jour en jour, et beaucoup de ces éléments se détruisent dans la plèvre M On voit le chiffre des leucocytes descendre par exemple de 4 et 5 mil liards àf3 milliards. Inversement, durant la phase lymphocytique de all maladie, le nombre des leucocytes attirés dans la cavité augmente pro gressivement à mesure que l’épanchement se résorbe, atteint son maximum vers la fin de l'affection et commence seulement alors à diminuer. Le chiffre des leucocytes s'élève de 3 milliards à 10, 11 et 12 milliards. | : Deux pleurésies de même volume, chez deux sujets différents, ne renferment pas la même quantité de leucocytes. La numération des éléments blancs contenus dans la plèvre d’un malade que l'on n’a pass suivi, ne peut donc devenir une méthode rigoureuse d'évaluation de Ian quantité du liquide. 1 Le nombre des hématies par millimètre cube se rapproche le plus souvent de celui des globules blancs : il varie généralement dans le“ même sens, mais les lois que nous venons de formuler pour les leu cocytes ne se vérifient pas pour les globules rouges. La quantité de fibrine parait augmenter à mesure qu'un épanchement se résorbe : les ponctions pratiquées à la période ultime d'une pleu résie ramènent un liquide épais, visqueux, qui ressemble à de la SYAUNES et se coagule presque instantanément. La numération en série des éléments blanes dans la sérosité de la pleuro-tuberculose primitive n'a pas seulement un intérêt théorique M elle permet, chez un pleurétique, d’être fixé d'une facôn certaine sur“ l’évolution de l’épanchement, d'affirmer que le liquide augmente ou“ diminue, et par conséquent d'intervenir en toute connaissance de cause À ñ (Travail des services de MM. Widal et Chauffard.) SUR LA PRÉSENCE ET L'ORIGINE D'ACIDES ORGANIQUES à DANS LE SUC GASTRIQUE PUR, é Y j par M. ALBERT FROUIN. J'ai montré dans une précédente communication (1) que l’acidité dur suc gastrique pur provenant de l'estomac séquestré était due entière ment et exclusivement à l'HCI libre. tt (1) A. Frouin, Sur l'acide du suc gastrique, Société de Biologie, 1899, p. 37% SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 393 En étudiant l'acidité du suc gastrique pur, que j'avais mis à sa dispo- üion, et qui provenait de deux animaux, l'un à estomac isolé suivant la méthode de Heidenhain-Pavloff, l’autre auquel j'avais séquestré com- plètement l'estomac, M. Foà a constaté que les valeurs obtenues par la méthode électrométrique se rapprochaient sensiblement de celles obte- nues par la méthode des titrations en employant le rouge Congo comme indicateur (1). Cet auteur pense que les faibles quantilés d'acide lactique qu'il a constalées par le réactif d'Uffelmann et les phosphates acides peuvent être la cause d’une faible différence entre les résultats de la méthode électrométrique (qui permet d'évaluer les acides complètement dissociés, c'est-à-dire les acides libres) et celle des titrations (qui permet de doser en outre les acides incomplètement dissociés, et les acides combinés), parce que les acides lactique et phosphorique ne sont que faiblement dissociés. Les conclusions de M. Foà concordent entièrement avec celles que j'ai formulées antérieurement; il trouve en employant une méthode nouvelle que l’HCI du suc gastrique pur est à l’état libre. Elles en dif- fèrent cependant pour ce qui à trait à l'acide lactique. J'ai pu vérifier que les sucs gastriques que j'avais mis à sa disposition reufermaient bien de l’acide lactique. Il y avait donc lieu de se demander quelle était l’origine de cet acide lactique dont la présence est excep- lionnelle dans le suc gastrique pur. Les animaux recevaient à ce moment un litre de lait par jour dans leur alimentation; en supprimant le lail de leur régime, l’aide lactique a disparu de la sécrétion gastrique. En donnant à ces animaux les différents constituants du lait, la caséine ou les produits de dédoublement du lactose, c’est-à-dire du glucose ou du galactose, on ne trouve pas d'acide lactique dans l'estomac. On pouvait donc supposer que la présence de l'acide lactique dans le suc gastrique était due à la préexistence de ce corps dans le lait ingéré. En donnant à ces animaux du lactate de soude, 4 à 5 grammes, le suc gastrique renfermait de nouveau de l'acide lactique que j'ai pu isoler après évaporation d'un litre de suc gastrique. Avec les acélates ajoutés aux aliments, on constate la présence d'acide acétique dans l'estomac. J'avais constaté antérieurement qu'après l'ingestion de sulfocyanure d'ammonium on voyait apparaitre l’acide sulfocyanique dans le suc gastrique, alors que contrairement à l'opinion de Nencki cet acide n'existait pas normalement dans le suc gastrique pur (2). (1) C. Foa. La réaction du suc gastrique étudiée par la méthode électromé- trique, Société de Biologie, 1905, t. X, p. 2. (2) Frouin. Sur l'acide sulfocyanique du suc gastrique, Société de Biologie, 1899, p. 583. 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On admet généralement que les acides organiques que l’on trouvé dans le suc gastrique proviennent de la digestion des aliments ow qu’ils résultent de fermentations microbiennes produites dans la cavité. gastrique elle-même. Contrairement à cette opinion, ces expériences: prouvent que les acides organiques formés ou absorbés en grande quantité n'étant pas brülés immédiatement dans l'organisme peuvent se retrouver dans les sécrétions digestives (4). DES LÉSIONS DE L'ENDOCARDE DANS LA GRANULIE, par MM. L. BRAILLON et HAUTEFEUILLE (d'Amiens). La question de la participation de l’endocarde à l'éruption spécifique au cours de la granulie généralisée est très diversement appréciée par les auteurs. Tout à fait exceptionnelle pour Embpis, la granulation grise de l’endocarde n’a jamais été rencontrée par Teissier (2), malgré des* recherches systémaliques. Cependant Perroud, en 1875, avait décrit une! endocardite granulique; Fraentzel, Heller, Tripier admettent l’existences de la tuberculose miliaire de l'endocarde, presque constante dans la gra= nulie généralisée d'après Weigert, d'après Brash. | A l'heure actuelle, les traités classiques font une place à la gran nulie de l’endocarde, regardée comme la forme classique de la tubereu lose de cette séreuse, dont la conception serait inséparable de l’idée d'une généralisalion miliaire. Son existence est admise par les auteurs les plus récents, par Bergeron (3), par Verdeau (4) qui oppose l’action _ directe du bacille sur l'endocarde y donnant une lésion typique, la gra nulation miliaire, à son action indirecte à l’aide de ses toxines diffusant: dans le sang; par Barbier (5) qui décrit chez une enfant des granulations sur le bord libre des valvules tricuspides et dans l’auricule droite un semis de granulations tuberculeuses faisant saillie dans la cavité auriculaire: Au cours de recherches antérieures, l’un de nous (6) à été conduit à (1) Dans le suc pancréatique de fistule permanente d’une vache qui n'était pas en lactation, de même que dans la salive parotidienne d’un animal des même espèce, j'ai constaté la présence d’acides gras volatils dont les éthers éthyliques possédaient une odeur analogue à ceux obtenus avec les acides” volatils retirés du beurre. C'est un point sur lequel je me propose de revenin prochainement. (2) Thèse de Paris, 1894. ) Thèse de Paris, 1903. à 4) Thèse de Lyon, 1903. "1e ) ) In Thèse de Chappé. Paris, 1904. SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 395 soutenir que l'existence de lésions réalisées par le processus de l’em- bolie spécifique apparaissait comme peu vraisemblable au niveau d'un organe normalement avasculaire et à soutenir que l'existence d'une granulie de l'endocarde n'était démontrée ni par l'anatomie patholo- logique ni par la médecine expérimentale. Quelle est donc la signilication des faits regardés comme positifs ? Nous croyons l'avoir trouvée dans l'existence possible, à l'intérieur des cavités cardiaques de sujets ayant succombé à la tuberculose miliaire, de lésions qui macroscopiquement sont bien des granulations, mais au niveau desquelles l'examen histologique ne décèle ni cellules géantes ni follicules tuberculeux; elles sont constituées par du tissu fibreux plus ou moins organisé, et il est évident que leur formation est antérieure à la généralisation terminale. A l'examen de l’endocarde de 16 sujets morts de granulie, nous avons rencontré deux fois des lésions de ce genre. Récemment, Bernard et Salomon (1) ont confirmé expérimentalement nos constatations anatomiques. Ils ont obtenu, par l'injection intracar- diaque d'une émulsion de bacilles de Koch, des lésions granuleuses de par leur apparence macroscopique, bacillaires de par l'examen bactério- logique, purement inflammatoires de par leur structure histologique. Nous venons d'observer à l’'Hôtel-Dieu d'Amiens un cas où la présence sur les valvules cardiaques de granulations miliaires paraissait très nette. Un individu jeune, de 35 ans, soigné quelques mois auparavant dans le service du D' Huber pour une pleurésie aiguë séro-fibrineuse, est pris d’une dyspnée intense, sans phénomènes stéthoscopiques appré- ciables, et succombe en deux jours. À l’autopsie nous trouvons une sym- physe pleurale totale du côté gauche et une éruption granulique extrê- mement confluente dans les poumons, beaucoup plus discrète dans les autres organes. À l'ouverture du cœur, la petite valve de la mitrale pré- sente sur la face auriculaire, à quelques millimètres du dessus du bord libre, deux granulations n’atteignant pas le volume d’une petite tête d'épingle. L'une de ces granulations est sessile; l’autre, nettement pédi- culée, est située à 1 mill. environ en dehors de la première et légère- ment au-dessus. Elles sont toutes deux arrondies, d'aspect blanc gri- sâtre, adhérant au tissu fibreux de la valvule, et leur surface est lisse. Il existe sur la grande valve une granulation de même aspect el de même situation, mais plus sessile et atteignant le volume d’une tête d’épingle. Ces lésions sont absolument caractérisées, nettement isolées, elles sont indépendantes des épaississements fibreux correspondant à l'inser- tion des cordages tendineux, elles ne rappellent par leur situation, par leur morphologie, rien de ce que l’on constate sur les valvules normales, et le diagnostic de granulation tuberculeuse récente de l’endocarde parait s'imposer à l'esprit. — A l’examen histologique cependant les (4) Société de Biologie et Revue de médecine, décembre 1904. LÉ ñ 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE granulations sont formées par des cellules et des fibres de tissu conjonc- tif se continuant avec le tissu de la valvule, et recouvertes par l’endo- thélium et la couche élastique de la séreuse. Il existe à leur intérieur des vaisseaux et quelques trainées de cellules embryonnaires, en aucun point on ne voit rien qui rappelle la structure du follicule tuberculeux. Ni leur structure ni leur âge ne décèlent donc des lésions récentes contemporaines de l’éruption granulique et constituant une de ses loca- lisalions. Leur signification nous semble particulièrement nelte. L'exa- men anatomique comparatif des granulations endo-cardiques et de la symphyse pleurale paraît démontrer que les lésions des deux séreuses, ayant la même structure, ont subi une évolution identique, sont de même nature et sont consécutives à une tuberculose pleurale atténuée et à une endocardite simple légère et partielle à bacilles de Koch, affec- tions dont nous avons établi l'identité anatomique et pathogénique. Le cas que nous venons de rapporter nous confirme donc dans cette idée qu'il n'existe pas, malgré les lésions qui peuvent les simuler de très près, de granulations miliaires de l'endocarde, et que toute la tuberculose de cet organe se résume dans les lésions inflammatoires et curables à bacilles de Koch que nous avons décrites et pour lesquelles nous avons proposé la dénomination d’endocardité tuberculeuse simple. Elles font ressortir la distinction absolue que nous avons établie pour la première fois entre la granulie généralisée et l'infection locale de l’endocarde par le bacille de Koch. UN PROCÉDÉ D'APPLICATION DE L'AMYLASE A L'ALIMENTATION DU NOURRISSON, par M. Euc. TERRIEN. Lorsque le lait n'est pas toléré il arrive souvent que l'emploi des fa- rineux rend de réels services. Mais la difficulté consiste à en faire tolé- rer une quantité suffisante. Pour rendre ce mode d'alimentation vérita- blement possible et pratique, il était nécessaire de faire subir à ces farines des modifications telles, que, devenues particulièrement aptes à subir l’action des sucs digestifs, elles pussent être tolérées en quan- tités assez considérables. Il était donc légitime alors de mettre à profit les propriétés de la diastase du malt, et les avantages d'une saccharification préalable paraissaient évidents. L’amidon, en effet, pour être digéré et absorbé, doit subir d’abord dans l'intestin l’action des sucs digestifs qui succes- sivement le liquéfient et le transforment en maltose, puis en glucose. Il devait donc sembler très avantageux de pouvoir réaliser in vitro les deux premiers temps de ce cycle digestif; le travail de l'intestin devait 1 RDS de 42 se ES" D né Je Des + È « SÉANCE DU À NOVEMBRE 397 se trouver soulagé d'autant. Et l'on pouvait supposer, à priori, qu'une saccharification très complète devait singulièrement faciliter la digestion de l’amidon. On sait, en effet, quelles analogies existent entre les diastases du mali, du suc pancréatique et du suc salivaire ; en présence de la dias- tase l’amidon est hydraté, saccharifié, et il devient directement assimi- lable par les cellules vivantes; l’amylase pourrait donc agir sur les bouil- lies de farines comme, dans d’autres cas, la trypsine ou la pepsine dans certains laits peptonisés (lait de Backhaus ete.) ; elle en ferait un aliment déjà partiellement digéré, et en faciliterait ainsi l'absorption. Cette analogie devait naturellement tenter les expérimentateurs ; aussi, quelques tentatives furent-elles faites dans ce sens, en France et en Allemagae (1). Toutes ont pour but ou pour résultat cette saccharifi- cation. Mais ces tentatives reprises par moi, ne me donnèrent d’abord que des résultats inconstants et très peu encourageants. Dans mes pre- mières recherches je cherchais à dessein une saccharification aussi par- faite que possible; en opérant aux températures optima j'obtenais des quantités appréciables de maltose; ce furent aussi mes plus mauvais résultats : la plupart des enfants avaient la diarrhée. Dans tous les cas, au contraire, où je parvenais à éviter la saccharification, la tolérance était parfaite. Il semble, en effet, que le double processus de transformation et d'absorption de l'amidon doive être simultané dans l'intestin; sil'amidon y arrive tout transformé, l'absorption n’a pas le temps de s’opérer; par suite des différences d'isotonie entre le sérum sanguin et la solution maltosée ingérée, la dialyse se produit rapidement; et la bouillie saccharifiée agit alors dans l'intestin comme le ferait une solution saline concentrée. La liquéfaction exclusive, au contraire, évite ces inconvénients; elle ne fait qu'amorcer la digestion, en quelque sorte, et rendre l'empois d'amidon plus apte à subir l’action des sucs digestifs et des diastases. Cette action favorisante de la liquéfaction est manifeste ; elle est utilisée dans la distillerie de grains. Les substances amylacées, on le sail, ne subissent pas directement l’action de la levure, et il est indispensable de les soumettre à une saccharification préalable aussi parfaite que pos- sible; dans ce but, et pour rendre plus efficace l'action de l'amylase, on s'efforce par différents procédés (hautes températures, fortes pressions) d'obtenir tout d'abord la dissolution de l'anidon. (1) Keller. Malzsuppe, eine Nahrung für Magendarmkranksaüglinge. Deutsch2 med, Woch, 1898, n° 39. Gregor. lahrb. f. Kinderh., 1898, t. XLVIIT, p. 4. Zur Therapie der chro- - nischen Ernährungstürungen im Sauglingsalter. Demarque, dans sa thèse, rapporte une tentative de bouillie maltée de Sevestre : L'alimentation par les féculents au cours des gastro-entérites, th., Paris, Steinheil 1904. Biocoare. Coupres RENDUS. — 1905. T. LIX. 29 il 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'intolérance gastrique et surtout intestinale assez souvent observée, en effet, m'a paru tenir exclusivement aux produits de saccharification formés pendant le maltosage; pour éviter à coup sûr ces inconvénients il suffisait de suivre une technique constante permettant d'obtenir uni- quement la liquéfaction de l'amidon et pas du tout de saccharification. La technique suivante m'a semblé répondre à ce desideratum, par le but poursuivi comme par le résultat obtenu, elle diffère donc complète- ment des tentatives signalées plus haut, qui toutes aboutissent à un degré plus ou moins prononcé de saccharification. Et depuis que j'y ai recours je n’ai plus observé jamais, pour ainsi dire, le moindre accident consécutif à l'emploi de la bouillie diastasée. Technique. — D'une part, pour isoler la diastase, on fait d’abord infuser 20 grammes de malt (1) concassé dans une petite quantité d’eau à 60 degrés; on doit maintenir cette température pendant une demi-heure. De l’autre on prépare une bouillie de la façon suivante : 70 grammes de crème de riz sont délayés à froid dans un litre d’eau et de lait mélangés en proportion variable suivant les cas. Cuire cette bouillie à 100 degrés refroidir à 80 degrés, et maintenir exactement à celte température; ajouter alors 50 grammes de sucre ordi- naire. Après dissolution du sucre, et toujours à la température de 80 degrés, ajouter l’infusion de malt qu’on aura passée sur un linge ou une passoire, et laisser agir pendant dix minutes. Porter à 100 degrés une deuxième fois, pour stériliser. Cette bouillie liquide, rappelant le lait par son aspect, doit être donnée aux mêmes doses que le lait, ou même en quantités un peu supérieures. NOUVEAU CAS DE PSEUDO-PARASITISME D'UN (Gordius DANS LE TUBE DIGESTIF DE L'HOMME, par M. F. GuÉGuEN. Bien qu'il soit de notion vulgaire, dans certains pays, que les Gordius peuvent pénétrer avec l’eau de boisson dans le tube digestif de l’homme et y vivre quelque temps, on ne connaît encore qu'un petit nombre de cas dans lesquels le pseudo-parasitisme de ces Vers ait été signalé; (1) On éprouve souvent une certaine difficulté à se procurer du bon malt; il ne doit pas être ancien, car il s’altère vite à l'humidité; de plus, suivant la durée de la période de germination, et suivant la température du touraillage on obtient des malts d'actions un peu différentes. Pour obvier à ces inconvé- nients, M. Billon, pharmacien, a bien voulu se charger de me préparer un malt concassé, d'action constante. SÉANCE DU # NOVEMBRE 399 celui qui fait l'objet de cette note est seulement le huitième authenti- quement observé. Un ouvrier de {rente-quatre ans, occupé à l'exploitation de carrières à Cha- banais (Charente), avait coutume de se désaltérer à la pompe d’épuisement employée à l’asséchement des chantiers. Au commencement du mois de juillet, après avoir bu de ce liquide croupi, provenant à la fois de sources et de pluies, cet homme fut pris de coliques qui durèrent deux jours et cessèrent ensuite pendant environ deux mois. Après ce temps survinrent de l'inappé- ‘tence et des vomissements après les repas; cet état de malaise dura cinq jours et fut, pendant les deux derniers, accompagné de nouvelles coliques. Le cin- quième jour, vers quatre heures du soir, à la suite d’une légère collation arrosée d'une gorgée d'eau pure, un vomissement eul lieu, qui amena l’ex- pulsion d’un Gordius de grande taille. Le Ver dont il s’agit a une longueur de 34 cent. 4 et un diamètre moyen d'environ un demi-millimètre. Il va s’effilant régulièrement du milieu aux extrémités. Son diamètre, mesuré successivement de quart en quart à partir de la tête (0 millim. 37) jusqu à l’autre bout, donne les chiffres suivants : 0,56; 0,62; 0,62; 0.58 (calotte terminale). La teinte générale est d’un brun jaunâtre (melleus 30 de la Chromotaxie saccar- dienne), sauf à l’extrémité céphalique, qui sur une longueur de 2 millim. 5 offre une couleur terreuse (umbrinus 9). La tête, arrondie en doigt de gant, est dépourvue de cette zone terminale ou calotle que l’on regarde comme un appareil de vision (Villot); à environ 1 millim. 3 de l’apex, elle est marquée d'une légère constriction annulaire. L’extrémité postérieure, vue de profil, est simple, arrondie en calotte oblique, et de même teinte que le corps. Légèrement déprimée par les deux sillons dorsal et ventral, elle se termine par un orifice sexuel légè- rement excentré; il s'agit par conséquent d’un individu femelle, qui est ägé comme le prouvent sa taille et la coloration de ses téguments. La surface entière de l’animal, vue à la loupe, apparait finement mou- chetée de ponctualions obscurément hexagonales, un peu plus serrées dans la région céphalique. Examiné au microscope, le tégument est marqué d’aréoles hexagonales assez régulières, d'environ 10 à 11 sur 8 à 10 &, dont le fond porte quelques très fines papilles coniques à pointe aiguë. | Les mouchelures sont formées de plages légèrement saillantes de six à douze aréoles (en moyenne sept à huit), dont les côtés sont légère- ment épaissis et dont le fond, légèrement bombé en dôme, porte un « bouquet ou couronne de dix à dix-huit papilles coniques acérées, un peu recourbées en dehors et divergentes. Il s'agit donc d’un Gordius de la section Chordodes de Creplin (G. Chor- dodes Camerano). L'aspect de son extrémité céphalique, ainsi que là - nature et les dimensions de ses aréolesle rapprochent du Gordius alpes- MERS a PRE ST MEN ER 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tris Villot (Revision des Gordiens, in Ann. Sc. Nat. 1886, p. 294, pl. x, fig. 1-3). Il en diffère, il est vrai, par la présence des groupes de papilles qui manquent sur les téguments de cette dernière espèce. Mais comme Villot n'a décrit que des mäles jeunes et encore complè- tement blancs à l'exception de la tête (c’est-à-dire à téguments non chi- tinisés), il est vraisemblable d'attribuer à l'âge avancé de notre échantil- lon l’état plus différencié de son ornementation épidermique. Tous les auteurs qui se sont occupés des Gordius s'accordent en effet à recon- naitre l'excessive variabilité que les téguments présentent avec l'âge de l'animal. La taille considérable de ce Ver et la durée de son séjour dansle tube digestif de son porteur ne permettent guère de supposer qu’il y ait été introduit à l’état adulte. Il paraît plus rationnel d'admettre que cet Helminthe a été ingéré à l’état de jeune spécimen. L'hypothèse du développement dans l'intestin de l'homme n'a rien d’invraisemblable, si l'on songe que des Gordius relativement longs ont été trouvés quelquefois dans le corps de divers Insectes à vie très active ou des contrées chaudes (HMantis et autres Orthoptères). Dans le cas qui nous occupe, la nature de l'habitat suffi- rait peut-être à expliquer la structure un peu particulière du tégument, et l'absence, chez notre échantillon, de la calotte hyaline que l'on consi- dère comme organe visuel. EXPÉRIENCES SUR LA TOXICITÉ DES OŒUFS DE CANARDS, par M. GusTave LoiIsEL. Continuant les recherches que nous avons entreprises depuis trois ans sur l’élude des substances loxiques contenues dans les glandes et dans les produits génitaux (1), nous présentons ici le résumé de nou- velles expériences, failes en juillet dernier, sur la toxicité des œufs de Canards. À. — Jnjeclions veineuses de jaunes décorliqués el émulsionnés dans l'eau distillée. — Sept lapins adultes : cinq femelles pesant en moyenne 2 262 TITReS et deux mäles pesant en moyenne 3.246 grammes sont. tués par 8 à 10 centimètres cubes de jaune d'œuf. Tous meurent | en un temps variable de quelques minutes à deux heures, présen- A tant d'abord de fortes contractures de tout le corps, puis de la dyspnée 2 et de ia paralysie des membres. 2 PEUR 4 RE ou (1) Gustave Loisel. Les phénomènes de sécrétion dans les glandes géni=M ;| tales, Journal de l’Analomie et de la Physiologie, 1904, p. 536-562, et 1905, 4 p- 8-93, avec figures. & | SÉANCE DU # NOVEMBRE A01 Ce sont bien là des phénomènes d'’intoxicalion. Je n'insiste pas cependant sur cette première série d'expériences, car le liquide injecté ici renfermait nécessairement des globules de graisse relativement volumineux et auxquels on pourrait attribuer la formation d’embolies. B. — /njections veineuses d'extraits salés. — Vingt et un jaunes d’œufs desséchés donnent 265 grammes de poudre qui sont mis à macérer, pendant quatorze heures, dans 500 centimètres cubes d’eau salée au cen- ième. Je filtre trois fois de suite à travers de la tarlatane très fine, à . doubles de plus en plus nombreux; j'obtiens un liquide jaune sirupeux, que je dilue encore dans quatre fois son volume de la même eau salée; je filtre d’abord sur six doubles de tarlatane, puis sur ouate, et enfin sur filtre de papier Laurent; c’est le filtrat obtenu en dernier lieu que j'injecte dans l'oreille d’un certain nombre de lapins. Un premier lapin mâle de 615 grammes reçoit 50 centimètres cubes de l’'émulsion (soit 10 centimètres cubes du premier liquide sirupeux); résultat : dyspnée et aspect maladif qui durent pendant plusieurs heures, mais survie. Un deuxième lapin femelle de 1.170 grammes recoit 90 centimètres cubes de l’'émulsion, sans présenter d’autres phénomènes qu’une mixtion abondante (urine blanchâtre) ; cependant, je trouve cette femelle morte dans sa cage, deux heures après la fin de l'injection. Un troisième lapin femelle de 535 grammes reçoit 40 centimètres cubes de l’émulsion sans paraître d’abord malade; elle urine et se met à marcher, mais, trois quarts d’heure après, cette femelle présente de la dyspnée, de la diarrhée et meurt dans la nuit. Un quatrième lapin femelle de 1.005 grammes reçoit 80 centimètres cubes de l’émulsion (soit 20 centimètres cubes de liquide sirupeux), en ne manifestant d’abord qu’un peu de dyspnée; mais une demi-heure après la fin de l'injection, les quatre membres paraissent paralysés, la tête tombe sur le côté, la lapine lance quinze à vingt ruades successives du train de derrière et meurt; pas de cris ni de mixtion. En somme, ces expériences montrent que 80 centimètres cubes d’une solution de poudre de jaune d'œuf de canard, dans les proportions de 10 grammes de poudre pour 100 centimètres cubes d’eau salée au cen- tième, tuent plus ou moins promptement trois lapins. C. — Æxpérience de contrôle. — La solution ci-dessus examinée au microscope se montrait en réalité sous la forme d’une très fine émul- sion renfermant de petits granules albuminoïdes dont le volume n'atteignait pas celui d’une hématie de lapin ; de place en place cepen- dant, flotlaient quelques rares globules de graisse d'une taille double ou triple des hématies. Bien que mes lapins n'aient présenté que des phénomènes d'intoxication et aucun symptôme d’embolie, j'ai voulu cependant instituer trois sortes d'expériences de contrôle. Dans une première expérience, je fais une émulsion d'huile blanche 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE alimentaire dans de l’eau salée à 10 p. 1.000. Cette émulsion, faite très grossièrement, renferme une très grande quantité de globules d'huile dont beaucoup ont un diamètre de 1/100 de millimètre. J'injecte 60 centimètres cubes de cette grossière émulsion dans l'oreille d'un lapin mâle de 610 grammes, qui n’en paraît nullement gêné; aussitôt détaché, il urine et se met à faire la toilette de ses pattes. Dans une autre série d'expériences, certaines quantités du liquide sirupeux obtenu ci-dessus par la macération de 265 grammes de poudre dans 500 centimètres cubes d’eau salée, dans l'intérieur du cœlome de quatre jeunes lapins d'une même portée âgés de dix-sept jours (4): a, un lapin mâle de 251 grammes recoit 15 centimètres cubes du liquide ; b, un lapin mâle de 238 grammes en reçoit également 15 centimètres cubes; c, un lapin mâle de 263 grammes recoit 10 centimètres cubes; d, un lapin femelle de 211 grammes reçoit 15 centimètres cubes. Tous ces lapins se mettent à uriner quelques minutes après l'injection; ils paraissent d'abord un peu endoloris, mais ils se remettent prompte - ment et, quatre heures après, ils paraissent tous bien portants. Je vais les revoir six heures après l'injection : à est mort; c et d sont mou- rants ; d meurt seulement une où deux heures après. L’autopsie ne montre rien de particulier. Dans une troisième série d'expériences de contrôle, j'injecte de jaunes d'œuf émulsionnés dans de l'eau distillée sous la peau ou dans le cæœlome de quatre cobayes et de quatre lapins adultes. Un cobaye femelle de 512 grammes meurt le troisième Jour, après avoir reçu sous la peau la moitié d’un jaune d'œuf, pesant 26 grammes, et l’autre moitié dans le cœlome. Un autre cobaye femelle pesant 365 grammes meurt le quatrième jour, après avoir reçu dans le cœlome un jaune pesant 19 grammes. Un lapin mäle de 1.717 grammes est seulement malade à la suite d’une injection dans le cœlome d’un jaune d’œuf pesant 23 grammes. Les deux autres cobayes (deux mâles pesant 7190 grammes et 772 grammes) et les trois autres lapins (deux femelles, 1.080 grammes et 1.135 grammes, et un mâle de 1.265 grammes) ne paraissent pas influencés par l'injection sous-cutanée ou intracælo - mique de jaunés d’œufs entiers. | En résumé, ces expériences nous montrent que la poudre de jaune d'œuf de Canard, traitée par de l’eau salée au centième et injectée dans les veines, tue 1 kilogramme de lapin à la dose de 7 à 8 grammes, et à celle de 20 à 30 grammes quand on l’injecte dans le cœlome. Les phé- nomènes qui ont précédé la mort sont ceux d’une intoxication aiguë du système nerveux central. (1) Ce liquide, vu au microscope, montre un grand nombre de globules de graisse nageant au milieu de fins globules albuminoïdes. RES SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 403 TOoxICITÉ DES ŒUFS DE POULE ET DE TORTUE, par M. GUSTAVE LoisEL. Nous avons entrepris des expériences analogues à celles que nous avons faites précédemment sur les œufs de canards pour étudier la toxicité des œufs de poule et de tortue mauritanique. Tous ces œufs, de même que ceux de canard, ont été pondus au laboratoire et expéri- mentés huit jours au plus après la ponte; ces expériences ont été faites dans des condilions parfaitement aseptiques. A.— Nous ne nous arrêterons pas ici sur les œufs de poule qui montrent une toxicité analogue, quoique un peu moindre, à celle des œufs de canard; de plus, leur action sur les reins déterminait dans nos expé- riences des sécrétions abondantes des reins que nous n'avions pas obser- vées avec les œufs de canard. B. — Les œufs de tortue nous ont montré également une toxicité des plus nettes pour le lapin. Quatre jaunes d'œufs, pesant ensemble 25 grammes, mis à macérer pendant six heures dans 50 centimètres cubes d’eau salée au centième, filtrés comme précédemment, et injectés dans l'oreille d'un lapin mâle de 582 grammes, déterminent d'abord une forte dyspnée, puis une paralysie et enfin la mort une heure et demie après l'injection. Un jaune d'œuf de tortue pesant 6 gr. 30, battu et mélangé à 5 centi- mètres cubes d’eau salée au centième, est injecté dans le cælome d’une lapine de 497 grammes ; il détermine seulement un état maladif qui dis- paraît au bout de deux jours. Par contre, 18 centimètres cubes d’albu- mine d'œuf de tortue battus avec 5 centimètres cubes d’eau salée au centième et injectés dans le cœlome d’un lapin mâle frère de la précé- _ dente et pesant 485 grammes amènent la mort le troisième jour. Dix-huit ovules de tortue pris directement à l'ovaire et prêts à être pon- dus donnent 55 centimètres cubes de vitellus qui sont dilués dans 150 cen- timèlres cubes d’eau salée à 5 p. 1000. Soixante centimètres cubes de cette dilution, représentant 15 centimètres cubes de vitellus sont injectés dans le cœlome d'un lapin mâle pesant 2475 grammes. Ce lapin reste d'abord sans présenter aucun symptôme maladif, quand tout à coup, dix-sept heures après l'injection, on le voit s’élirer des quatre membres, puis faire Lrois tours complets sur lui-même en se roulant sur le côté; une dyspnée assez forte s'établit alors, des contractures des membres et du cou apparaissent, la tête se renverse fortement en arrière et il meurt au bout d’une demi-heure. L’autopsie nous montre qu'une partie du liquide injecté était restée dans le tissu conjonctif sous-cutané, le cœlome renfermait une petite quantité de liquide et les reins étaient fortement congestionnés; il n°y avait aucune trace de péritonite. 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En somme cette dernière expérience, touten nous démontrant de la facon la plus nette la grande toxicité des ovules de tortue, semble nous indiquer également que cette loxicité est plus grande pour les ovules pris dans l'ovaire que pour les œufs pondus. Il a suffi, en effet, de 5 à 6 centimètres cubes de ce vitellus injectés dans le cœlome pour tuer un kilogramme de lapin. Là encore, comme précédemment, la mort de nos lapins injectés avec des œufs de poule ou de tortue semble être due à une intoxication aiguë du système nerveux central. (Travaux du laboratoire d'embryologie générale à l'École pratique des Hautes-Etudes.) ANÉMIE PERNICIEUSE TRAITÉE PAR LA RADIOTHÉRAPIE. ACCENTUATION TRÈS MARQUÉE DE LA RÉACTION MYÉLOIDE DU SANG, par MM. L. RÉNoN et LÉON TixIER. La radiothérapie a été employée pendant ces dernières années comme mode de traitement d’un certain nombre d'affections des organes hémoto-poiétiques. M. Baujard (1) a montré tout le parti qu'on pouvait tirer de cette médication dans le traitement de certaines formes de leu- cémies ; quelques variétés de tumeurs ganglionnaires entrent rapidement en voie de régression sous l'influence des rayons X. Celte médication n'est pas sans avoir une action favorable sur le sang des anémies graves, puisque M. Vaquez (2), grâce à cette “thérapeutique, a obtenu dans un cas une augmentation rapide du nombre des hématies. Les modifications que subit la formule sanguine des anémies graves, à la suite des séances de radiothérapie, sont actuellement peu connues; aussi nous a-t-il paru intéressant de rapporter l’accenluation très mar- quée de la réaction myéloide (hématies nucléées et myclocytes) que nous avons constatée chez une malade atteinte d’anémie pernicieuse, dont la moelle osseuse (1/3 sup. du fémur) a été soumise à l’irradiation. OBsERVATION. —- J. B..., trente-huit ans, femme de chambre, entre le 4 juil- à d'elle" Sac let 1905, salle Lorrain, pour des palpitations et un état anémique très accusé. M, Elle fut la dernière de sept enfants ; la malade ne donne aucun renseigne- | ment intéressant sur ses antécédents héréditaires. Elle fut réglée à treize ans, régulièrement jusqu’à dix-sept ans, puis pendaut une année durant laquelle survinrent de fréquentes épistaxis, les règles furent suspendues; il n'existait cependant aucun signe clinique de chloro-\ (1) Beaujard. Thèse de Paris, 1905. (2) Vaquez. Archives générales de Médecine, 18 avril 1905. Lee ème “ - - SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 405 anémie, au dire de la malade. Les règles furent ensuite toujours régulières jusqu’à ces derniers temps. Première attaque de rhumatisme à vingt-six ans. A trente-deux ans fausse couche spontanée, sans métrorragie à la suite. L'année suivante, grossesse et accouchement normaux. Deuxième crise de rhumatisme à trente-six ans. Maladie actuelle : Depuis deux ans, la malade a pâli insensiblement, elle a graduellement perdu ses forces. Elle accuse des vertiges, des bourdonnements d'oreilles, des envies de dormir irrésistibles, son caractère est devenu impul- sif. L'appétit est notablement diminué, il ;existe depuis trois mois une ._ diarrhée assez abondante. d A l'examen, on est en présence d’une malade assez amaigrie, d’une pâleur de cire, présentant un léger subictère des conjonctives. Le cœur est rapide, on entend un souffle d'insuffisance mitrale, ainsi qu'un souffle d'insuffisance tricuspidienne ; il existe d’ailleurs du pouls veineux vrai au niveau de la jugulaire, ainsi que des battements hépatiques synchrones à la systole cardiaque. Le foie et la rate sont un peu augmentés de volume. Congestion des deux bases, pas de tuberculose pulmonaire cliniquement. Les selles sont actuellement normales et ne renferment pas d'œufs de para- sites. Le pouls est petit, rapide. La température est à 38, la tension artérielle est normale. Les urines sont peu abondantes. L'examen du sang démontre que l’on est en présence d’une anémie, sinon extrême, du moins très accusée. Devant l’état stationnaire de la formule sanguine, on essaie d'obtenir une stimulation des organes hématopoïétiques, en faisant agir les rayons X sur la moelle osseuse. Le D' Delherm fait une première séance le 19 juillet, et une seconde le 28 juillet; la quantité de rayons absorbée correspond environ à 8 H. Au commencement d'août, la faiblesse s'accuse de plus en plus, la tempéra- ture baisse graduellement à 36 degrés, le pouls devient rapide, presque incomptable, et la mort survient après quarante-huit heures de coma le 9 août 1905. Comme on peut s’en rendre compte par le tableau des examens suc- cessifs du sang, la partie la plus intéressante de notre observation con- cerne l’accentuation très marquée de la réaction myéloïde à la suite des séances de radiothérapie. Nous voyons en' effet des hématies nucléées augmenter cinq heures après la première séance de 4 p. 100 leucocytes à 18 p. 100; elles passent après la seconde séance de 5 à 9 p. 100. Cette augmentation porte principalement sur les normoblastes; les noyaux de nomoblastes expulsés ou en voie d'expulsion sont également très abondants. Ces faits ont été signalés par M. Aubertin dans le sang d’anémies perni- cieuses en voie d'amélioration sous l'influence de l'opothérapie médul- laire. 306 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous notons une augmentalion parallèle du nombre des myéloeyles neutrophiles qui passent de 6 à 14 p. 100 après la première séance, de 2 à 7 p. 100 après la seconde. \ 172 il IE | $| [8 |2|e = © ua E 0 ï a |: Co n ni u1 CR 5 CA A a 5 Ur. © 7 En Æ E @ a 4 3 = < E Ex un 2 |En|E BR » EDS SE © © = 7 |A 13| < 4 +, [Ans n © A 6 [O4 = = e. = |20|22<| à ‘ = <|r< D &p NE IEAN ETES [ 1 © n |5% .| a n o à] © A à ae, le. 5 | à Mn), © EI Sr MAN Ru IIS SISo SMS Se SIDENR EE tNENINENISS MEISNS | On ME SRE de fNaLe Un rs 7 < = = ui A & EE 2) = HE ICE 5 SNS | le N COST NS Sos LE MEMENONErS É= CNED EAINS Ar REP REA TS À © 5 = Z & F4 9 | 1010 “ Ge à 6 750.000! 6.000! 70 » » » » » | » » » » » | » » 9 750.000! 5.000! 70 | 57 | 15 3 S 1be|}ny A % » » | 3 » 14 530.000! 6.000! 70 | 72 2 8 | 13 LL» " n » » | 3 » 17 700.000! 6.000! 65 | 78 | .3 3 M1 GS 1 j » PME » 19 | 870.000! 4.000! 65 | 75 | 3 | 5|140 | 41 |» 4 3 » 416 » 19 870.000! 4.000! 65 | 68 2 441 2 | » |48 4! 9! 5 4 » 20 830.000! 3.000! 65 | 82 1 2 6 ASIE! 9 Gil DIRE » 22 160.000! 4.000! 3 73 2 4 | 45 Al» 8 2 3 BL » 25 190.000! 2.000! 35 | 77 (à AMI U 0 | » 6 2 3 : LR » 28 650.000! 4.000! 45 | 75 0 3 | 25 0 | 1 5 2 21 CAN 02 » 28 550.000! 4.000! 40 | 72 1 2120 410,59 1 2 6 | 6 1 29 620. 000 4.000 40 T8 3 3 13 À » 4 » » » 2 » 30 » » » NS 2 % | 47 3 | » A » » AIN » 4 Août ; il al 330.000! 5.000! 40 | 65 3 2h25 0 | » 2 » » Do » % 2 450.006! 2.000! 60 | 82 | 3 7 0 | » 25)" » » | À » n. 3 » » 30 | 82 0 3 | 14 0 | » 0,5| » » » |A » à 4 » » 20 | S0 | 0 (Do eex r 0 | » Dole » » 02 1 É ) 230.000! 3.000! 30 | 78 2 2 | 17 0 » 3 » » HRK | » 6 260.000! 4.000! 50 | 83 () RORAAEecAE E) 3 » » ph IN OPE Ep} 1 350.000! 4.500! 40 74 0 0 24 0 » 1 » » 0) » 9 360.000! 2.000! 30 | 85 0 0 | 143 0!» 1 » » 536 |) » Les polynucléaires présentent des formes de transition plus nom- breuses. L'anisocytose et la poïkilocytose, déjà très accentuées, ne paraissent pas subir de modifications bien notables. La polychromato- philie est par contre plus marquée après chaque irradiation. Le nombre des hématoblastes demeure très réduit. Quant au caillot, il ne se rétracte pas le 20 juillet et le 5 août, alors qu'il se rétracte légèrement le 1% et le 6 août. En résumé, cette accentualion de la réaction myéloïde est la traduc- tion d’un surcroît d'effort de la moelle osseuse pour réparer la destruc- tion globulaire. Nous ferons remarquer que le rayon X détermina une reaction myéloïde d'autant plus franche que l’anémie était moins pro- noncée (870.000 globules avant la première séance, 650.000 avant la seconde). Il nous semble logique de penser que la radiothérapie don- nerait des résultats d'autant meilleurs qu’elle serait prolongée chez des sujets n'étant pas arrivés, comme notre malade, au dernier terme dela cachexie. ce 7 Je Co ne En ET Lt Qi 5 mn DEA M0 SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 407 SUR LA MÉTAMORPHOSE DE Salamandra maculosa, LAUR. DANS LES RÉGIONS PRIVÉES DU SYSTÈME NERVEUX MÉDULLAIRE, par M. P. WINTREBERT. L'influence du système nerveux sur la métamorphose a été éludiée par Lœb (1) sur Amblysioma; cet auteur seclionna la moelle cervicale chez des larves peu avant l'époque de la transformation, et constata que celle-ci s’effectuait, avec ses caractères habituels, en arrière comme en avant de la section; mais cette expérience démontre seule- ment l'indépendance des deux parties du corps vis-à-vis l’une de l’autre, et non pas l'indépendance de chacune d'elles vis-à-vis de son système nerveux particulier. J'ai tenté une démonstration plus précise en enle- vant à des larves de Salamandra maculosa, Laur. un ruban de la moelle caudale au niveau de la base de la queue, et j'ai cherché, pendant la transformation, si cette ablation entraïnait à sa suite, dans eette même région, l'absence des phénomènes externes ordinaires de la métamorphose. Ceux-ci sont très apparents; ils consistent surtout en la disparition des limbes dorsal et ventral, et en l'apparition, sur un fond de peau d’un beau noir bleu, de larges taches jaune brillant. L’amblys- toma punclatum, L. est un matériel moins favorable; ses changements de coloration sont moins apparents: cependant, sa larve, plus volumi- neuse, offre un champ opératoire plus étendu qui rend l’opération plus facile; mais un obstacle s'oppose à la réussite de l'expérience dans nos régions, c'est la rareté, l'incertitude de la métamorphose; à moins d’avoir des larves provenant directement d'œufs d'Amblystome, on ne peut espérer un résultat positif; c’est ainsi qu'aucune des cinq larves d’Axolotl (Siredon pisciformis) que j'ai opérées à l’âge de cinq mois n’a Jaigné se transformer, cet été, malgré des sollicitations réitérées; j'ajou- terai qu'aucune des larves normales témoins (dix âgées de sept mois, dix âgées de quatre mois), placées pendant les chaleurs dans les meil- leures conditions requises pour obtenir une métamorphose, ne m'a montré non plus de transformation. Opération. — Le 16 juillet, 10 larves de Salamandra maculosa, Laur., longues de 35 à 48 millimètres et dont la queue mesure 16 à 23 millimètres, sont optrées; leurs houppes branchiales sont bien développées; elles présentent au niveau de la face dorsale sur la racine des membres des taches jaunâtres allongées, qui indiquent une métamorphose prochaine. M. Chatton, à qui je dois ces animaux, les avait jusqu'alors conservés à l’état larvaire grâce à la tempéra- ture froide d’une glacière où il les avait placés, J'enlevai 8 à 10 millimètres de la moelle, juste en arrière des membres, à la base de la queue. Suites. — Résultats. — Trois larves moururent les jours suivants sans se (4) Arch, f. Entwicklgsmech., 4, Bd. 3, Hft. 1896. 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE transformer ; les 3 plus robustes sortirent de l’eau dans la huilaine après l'in- tervention et se réfugièrent sur le tertre obscur ménagé dans l'aquarium; les 4 dernières, après un séjour plus prolongé dans l’eau, se transformèrent à leur tour. Le premier phénomène de la métamorphose fut la perte des branchies; elle survint presque brusquement chez les premières larves transformées ; puis les limbes disparurent, les orbites devinrent saillants, les flancs amaigris montrèrent la saillie de chaque métamère, la pigmentation caractéristique se précisa de plus en plus. Dans la région paralysée, les modifications normales de la métamorphose, pigmentation spécifique, perte des limbes, se manifes- tèrent, sans qu'aucun retard, ni aucune différence de coloration aient été observés par comparaison avec les territoires voisins. Le 15 septembre, deux salamarñdres survivaient. L'une volumineuse et très vive mesurait 52 millimètres de longueur; la zone insensible persistait nette- ment à la base de la queue sous forme d'une ceinture ayant de 4 à 6 milli- mètres de largeur suivant les régions; la partie postérieure de la queue, avec ses réflexes propres, restait physiologiquement isolée. L'autre animal, plus chétif, présentait des signes manifestes d'une régénération nerveuse : une piqüre-profonde de la queue était sentie par le tronc. Examen histologique. — La première de ces deux salamandres, fixée le 29 septembre 1905, deux mois et demi après l'opération, coupée et débi- tée en série, montre dans la région de l’ablation médullaire une régénération du canal de l’épendyme, recouvert d'une mince couche de fibres; la régéné- ration vient de l'avant; elle est fusiforme, très réduite à l'arrière; mais le raccord épendymaire avec le troncon postérieur existe. La régénération est plus avancée dans la seconde, fixée le 16 octobre 1905, et le fourreau de substance blanche qui entoure le nouveau canal de l’'épendyme a plus d'épaisseur. Conclusion. — La métamorphose de Salamandra maculosa, Laur. s’effec- tue dans les régions privées de moelle avec les mêmes caractères que dans les autres territoires normaux non soustraits à l'influence nerveuse. La régénération médullaire ne s'effectue pas seulement par la croissance des fibres nerveuses, mais aussi par un véritable bourgeonnement du canal épendymaire, dont la continuité anatomique entre les tronçons séparés est rétablie avant le raccordement céphalique de l'extrémité caudale, et sans que la sensibilité soit revenue dans la zone paralysée. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée à la Sorbonne.) ERRATUM Séance du 14 octobre, p 300, 23e ligne, au lieu de : et à un envahissement rétro-. grade des voies lymphatiques intestinales, lire : des voies lymphatiques trachéo- bronchiques. Le (rérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. Lu A g : S SÉANCE DU CAJAL (S. R.) : Mécanisme de la régénération des nerfs. . . . . . .. CasAL (S. R.) : Critiques de la théorie de l'autorégénération des LEP A 6 APÉSEU EMENARERREETEAe CaRREL (ALEXxIS) et GUTHRIE (C.-C.) : Transplantation biterminale com- plète d'un sègment de veine sur une CARREL (A.) et GurTariE (C-C.) : Extirpation et replantation de la _ glande thyroïde avec reversion de circulation 4. XL: RS pee C\rLsON (A.-J.) : Conductivité du cœur à l’état de « waler-rigor »... . .. Duuissox : Formation du vitellus - dans l'œuf des Tortues et des Batra- OS A AN RAI EN tn Le Ar FAURÉ-FREMIET (EMMANUEL) : Sur une variation expérimentale de la Vorticella microstoma. . . .. :.. From (G.) et Ramoxn (Louis) : Evolution des réactions cellulaires et séro-fibrineuses daus le liquide céphalo-rachidien, retiré par ponc- tiou lombaire des méningites tuber- BHIEDSES A mie PANNE cie ae Laverax : Discussion à propos de la communication de M. Netter . . MEsxi (F.) et CauLLERY (M.) : Sur le développement des ovules et des larves ciliées d’un Orthonectide her- maphrodite (Rhopalura pelseneeri Mnuet Mesn). 24/2, "€ Mesxis (F.) et Caurcery (M.) Comparaison des cycles évolutifs NOVEMBRE 1905 SOMMAIRE 420 ES 1 Lo] 412 428 des Orthonectidesetdes Dicyémides. Moussu (G.) : Cultures de tuber- culoee” MIO TS MINENRARNE NETTER (ARNOLD) et Risabe in. Du- mas : Nouveau cas d'infections para- typhoïdes (14). Présence constante du même type de bacilles chez tous les membres de Ia même famille atteints de l’une de ces infections. . NerTER (ARNOLD) et RiBanEau-Du- MAS : Intervention fréquente du ba- cille paratyphique A. de Brion et Kayser dans l'étiologie des ictères SÉDOHES MANUEL PES DE RE NETTER : Réponse à M. Lémene. Rocer (H.) : La coagulation de la SPIESS (CAMILLE) : La question du foie chez la sangsue médicinale. Re- cherches des sels et des pigments DITES MAR PANNE EEX LA 431 409 Réunion biologique de Bordeaux: AuCHÉ (B.) et Campana (Mile R.) : Le bacille dysentérique, type Flex- ver, dans la dysenterie des enfants. GAUTRELET (JEAN) et Souré (Es.) : L'oxygène et l’aciile carbonique res- piratoires sous l'influence îles injec- honsidieauidemer Pen SABRAZÈS (J.) et Ne (MA)E Fréquence des Trypanosomes chez Mus rattus. Rareté chez Mus decu- manus et chez Mus musculus. Résis- tance du decumanus et du rat blanc à l'infestation naturelle . . .. ... Présidence de M. A. Giard, président. CULTURES DE TUBERCULOSE « IN VIVO », par M. G. Moussu. cles poursuivies parallèlemen vaches tuberculeuses. Biococire. ComPrEs RENDUS. — 1905. 4 - a 4 Messieurs, je désirerais présenter à la Société le résultat de recher- t à celles que j'ai eu l'honneur d'exposer “ici sur l’évolution des mammites tuberculeuses et les dangers du lait des RÉSL IR : “(30 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ces recherches concernent des cultures de tuberculose pratiquées in vivo. Le principe général des cultures in vivo est connu, je n'ai donc pas à m'y arrêter. J'indiquerai toutefois que, pour ce qui concerne la tuber- culose, le gros écueil est représenté à mon avis par la difficulté d'obtenir des cultures homogènes en milieu liquide, que l’on s'adresse à la méthode Arloing ou à la méthode avec sérum de veau. Comme, d'autre part ces cultures homogènes sont ordinairement peu virulentes, j'ai cru ne pas devoir m'en servir. Mes premières lentatives ont élé réalisées avec des sacs en collodion, protégés en tubes perforés, et quelques-unes avec des sacs doubles. Les accidents ultérieurs survenus, accidents dus à la rupture des sacs, ont été si nombreux que j'ai dû abandonner complètement cette mé- thode. C’est alors que j'ai utilisé des filtres (à filtration sans pression) qui m'ont mis à l'abri de tous les inconvénients enregistrés. Il y avait d’ail- leurs, je crois, un avantage très réel à agir ainsi pour mes recherches, car s’il est démontré qu'avec les sacs de collodion ou de roseau les phé- nomènes d’osmose peuvent être très actifs, il est difficile de savoir ce qui passe ou ce qui ne passe pas; tandis qu'avec les filtres rien, théori- quement, n'empêche le double courant des échanges. Il y aurait done. en principe, je crois, plus d'avantages à se servir de filtres déterminés qu'à se servir des sacs. Lorsque l’opération est faite bien aseptiquement, les filtres s'enkys- tent tout aussi facilement que les sacs, la pièce que je mets sous vos yeux en est une démonstration indiscutable. J'ai pu m'assurer, d'autre part, que ces filtres n’étaient pas notablement attaqués par les liquides organiques, même après de longs mois, et que si leur friabilité était augmentée, cela n'avait d'inconvénient que pour le jour où l’on avait l'intention de les retirer. J'ai opéré depuis 1903 sur des vaches, des moutons, des chèvres, des chiens et des lapins, et dans tous les cas je me suis servi seulement de cultures sur pommes de terre, cultures qui sont les plus simples à réaliser et les plus commodes à manipuler. Je tiens d'autant moins à donner en détail toutes ces expériences, que j'ai eu, je le répète, de nombreux insuccès au début; et comme je provo- quais des enkystements dans la cavité abdominale, j'avais à regretter, pour les petits animaux surtout, des complications de péritonite tuber- culeuse par rupture des sacs. L'idée poursuivie était de voir si avec celte méthode le sang ou le sérum des animaux en expérience acquerrait des propriétés Fées 14 au bout d’un certain temps. Théoriquement il semblait logique de penser que, en réalisant une culture in vivo sans infecter l'organisme, les produits solubles vaccinants DURS. PL SÉANCE DU 11 NOVEMBRE AL (s'il y en avait) pourraient pénétrer dans cet organisme et lui faire acquérir des propriétés nouvelles. Il y avait donc à démontrer tout d’abord que le tube de culture intro- duit dans l'organisme vivant ne s’y trouvait pas comme un simple corps inerte, qui aurait seulement pris une température favorable à la culture. Sous ce rapport, et sans en fournir les détails, je dois dire que les cultures en sacs de collodion et les cullures en filtres ont donné des résultats en apparence comparables; les échanges entre l'organisme vivant et lè milieu de culture ne peuvent faire de doutes. Pour en donner une preuve, je me conlenterai aujourd’hui de fournir les résultals acquis sur des animaux déjà sûrement tuberculeux, me réservant d'indiquer dans une prochaine communication ce que l’on obtient sur les animaux sains : 1° Lorsqu'on introduit dans un organisme tuberculeux une culture virulente de tuberculose, hermétiquement close et préparée comme il est indiqué ci-dessus, on provoque une réaction thermique compa - rable à celle déterminée par une injection de tuberculine; 2° La température revient ensuite plus ou moins rapidement à la nor- male et oscille ultérieurement autour de cette normale, sans écarts mar- qués tant qu’une cause secondaire n'intervient pas; 3° L'état général des animaux tuberculeux ne semble pas sensible- ment modifié par la présence de la culture étrangère dans leur cavité abdominale. Eu voici un exemple parmi les plus récents : Le 20 octobre 1904 je luberculine une vache flamande qui offre quelques signes douteux. La-réaction est positive. Température iniliale 38°8, maximum après injection 41°2. Réaction — 2°4. Le 1% novembre 1904, c'est-à-dire approximativement après le minimum de temps exigé pour obtenir une seconde réaction typique, je fais une laparotomie et j'introduis une culture dans la cavité abdomi- nale. La température est alors de 385; le 15 au matin la température P f n LA EL, est de 40°2, c'est-à-dire qu'elle accuse une réaction positive de 1°7; le 16, le 17 et 18 novembre la température oscille autour de 39%5, elle ne revient à la normale que le cinquième jour et durant cette période la malade n’a pas paru aulrement indisposée. La réaction thermique ne peut être mise sur le compte du trauma- tisme ; l'opération faite aseptiquement ne donne jamais de fièvre. Cetle observation peul être considérée comme type. IL semble que l'introduction d’une culture virulente dans un organisme luberculeux donne lieu à une réaction comparable à celle que l’on oblient en injec- tant de la tuberculine ou une émulsion de bacilles vivants. Il en est tout autrement sur les sujets sains. Quant aux modifications produites sur l'organisme tuberculisé mis en expérience, je les considère comme insignifiantes ou nulles après un DD MNT SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . +773 temps de quatre à six mois. Je n'ai constaté ni amélioration ni aggra- vation des signes clinique présentés par mes malades, et sous ce rap- port je ne suis pas en communauté d'idées avec M. Heymans qui d'expé- riences comparables a cru pouvoir en déduire qu'il y avait peut-être 1à possibilité d’une aclion curative chez les bovidés tuberculeux. Chez mes malades, les lésions étaient restées virulentes, ainsi que j'ai pu m'en assurer. : TRANSPLANTATION BITERMINALE COMPLÈTE D'UN SEGMENT DE VEINE SUR UNE ARTÈRE, par MM. ALexIS Carrez et C.-C. CURE Nous pratiquons deux sortes de transplantations de veines, la trans- plantation uniterminale et la transplantalion biterminale. La transplantation uniterminale consiste à disséquer une veine et à greffer l'une de ses extrémités seulement sur. un autre point de l'appa- “reil circulatoire. ” La transplantation biterminale consiste à couper les du bouts d’un segment veineux et à les greffer sur d’autres points de l'appareil circu- latoire. Elle est dite incomplète, quand la partie moyenne du.segment veineux conserve ses rapports normaux et ses collatérales. Elle est dite complète, quand le segment veineux est simon extirpé, avant d'être transplanté. Voici le résumé d’une observation de transplantation biterminale - complète d'une veine sur une artère. Un jeune chien de taille moyenne est éthérisé. Une incision découvre: la veine jugulaire externe gauche qui est disséquée sur une étendue de 6 centimètres et réséquée. Le segment veineux extirpé est alors soi- gneusement lavé et placé dans une solulion isotonique de chlorure de sodium à la température du laboratoire. Après quelques minutes, l’ar- É tère carotide primitive est découverte, et un pelit segment de sa partie M moyenne, réséqué. Le segment veineux est alors interposé entre les bouts sectionnés de l'artère, et la circulation immédiatement rétabiie. La paroi veineuse résiste très facilement à la pression artérielle. Les pulsations de la partie périphérique de l’arlère sont plus faibles que + celles de la partie.centrale, sans doute parce que le segment veineux joue le rôle d'un sac élastique où s'épuise l'onde systolique. La ne esta fermée et un pansement occlusif appliqué. _: © + Le cinquième jour après l'opération, l'état des pulsations. n’a pas. À changé. Mais le treizième jour on lrouve que les pulsations du bout périphérique sont aussi fortes que celles du bout central. On pense alors que des modificalions importantes sont survenues dans la constitution. | de la paroi du segment veineux. Le quatorzième jour, après éthérisa lion, l’exameu direct t et les tracés coufirment l'examen clinique: Lex L # LL SÉANCE DU Àl NOVEMBRE 413 vaisseau est alors extirpé. Les anastomoses sont excellentes, l’endothé- lium sain, et la paroi veineuse reste béante à la coupe, comme une ar- tère. Elle s’est adaptée à ses nouvelles fonctions, en s épaississant beau- coup. L'épaisseur de la paroi veineuse est actuellement 2"#88 à 4755, suivant les régions (l'épaisseur de la paroi de l'artère carotide étant. 12295). L'examen histologique montre que l'hypertrophie porte surtout sur les éléments conjonctifs de la paroi. Le but de ces expériences est un nouveau traitement des anévrysmes et des plaies par écrasement des grosses artères, qui consisterait à substituer à la partie malade un segment de veine. (From the Hull physiological laboratory, University of Chicago.) EXTIRPATION ET REPLANTATION DE LA GLANDE THYROIDE AVEC REVERSION DE LA CIRCULATION, par MM. Azexis CARREL et C.-C. GUTHRIE. Nous avons pratiqué l’extirpation de la glande thyroïde et nous l'avons replantée en inversant le sens de la circulation à travers ses vaisseaux. La transplantation de la glande thyroïde avec anastomose de ses vais- seaux à une artère et à une veine convenablement choisies, a été tentée par l’un de nous en 1902, dans le laboratoire du professeur Soulier, à l'Université de Lyon (France). À cause de l’imperfection de la technique opéraloire, l’oblitération des vaisseaux se produisit, et aucun résultat ne put être observé. La présente observation est le premier exemple de replantation d'une glande avec reversion de la circulation. La glande thyroïde droite d’un chien d'environ 20 kilogrammes ayant été disséquée, ses vaisseaux, à l'exception de l'artère et de la veine thy- roïdiennes supérieures, furent liés et coupés. L’artère et la veine thy- roïdiennes supérieures furent soigneusement isolées et sectionnées tout près de l'artère carotide et de la veine jugulaire. Deux pinces assuraient lhémostase provisoire du bout central de chacun des vaisseäux. La glande fut alors extirpée et placée dans un verre de solution isotonique de chlorure de sodium. Quelques minutes après, la glande fut replacée dans la plaie cervi- cale. Le bout central de l'artère thyroïdienne fut uni au bout périphé- rique de la veine thyroïdienne, et le bout central de la veine thyroï- dienne au bout périphérique de l'artère thyroïdienne. La circulation fut rétablie environ une demi-heure après l'exlirpation. Le sang rouge, venant de l'artère carotide, distendait la veine thyroïdienne, qui battait comme une artère, landis que le sang noir revenait à la veine jugulaire 414 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par l'intermédiaire de l'artère thyroïdienne. Cette circulation était « extrêmement active. Le sang traversait donc les réseaux vasculaires de | la glande dans une direction opposée à la direction normale. La plaie fut fermée et un pansement occlusif appliqué. Onze jours après l'opération, la plaie cervicale fut ouverte et la face antérieure de la glande mise à nu. L’inspection et la palpation directes, montrèrent que sa couleur et sa consistance étaient normales et son volume un peu augmenté. La plaie fut laissée ouverte sous un panse- ment aseptique. Le vingt-cinquième jour après l'opération, la glande fut de nouveau examinée. Son état était le même. Le trente-deuxième jour après l'opé- ration, la plaie étant presque fermée, il était impossible d'examiner di- rectement la glande, mais en la saisissant entre les doigts à HÉNETE la: peau, son expansion systolique était facilement perçue. A l'heure actuelle, cinquante-huit jours après l'opération, l'animal est vivant et en bonne santé. La glande paraît normale, quoique son volume soit un peu augmenté, et sa circulation exagérée. (From the Hull physiological laboratory, University of Chicago.) CONDUCTIVITÉ DU CŒUR A L'ÉTAT DE « WATER-RIGOR », par M. A. J. CARLSON. Les expériences de Fredericq, Waller et Reid, Bayliss et Starling, Schlüter, Engelmann, Hofmann, Bethe, ont montré que la paroi car- diaque peut conduire l'impulsion motrice, même lorsqu'elle ne se con- tracte pas ou qu'elle n’est pas capable de se contracter. Ce phénomène peut être interprété de deux manières différentes : 1° le courant moteur se propage par les nerfs et non par les muscles ; 2° le courant se pro- page par les muscles, mais la conductivité et la contractilité sont des processus si différents l’un de l’autre, que le muscle peut jouer le rôle de conducteur sans se contracter. Cette dernière explication, générale- ment adoptée, est basée sur les expériences de Biedermann et d’Engel- mann sur la conductivité du muscle dans l’état de « water-rigor ». À l’aide du cœur de Limulus, les deux précédentes hypothèses peu- vent être soumises à une épreuve expérimentale. Au niveau du second M et du quatrième segment, une bande transversale du muscle cardiaque haute d'environ 1/2 centimètre est disséquée et réséquée. Le cœur est donc divisé en trois portions, qui demeurent unies seulement par le plexus nerveux, nerfs central et latéraux. Les impulsions motrices, par- ties du ganglion qui se trouve dans la portion postérieure, atteignent Qt SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 41 par l'intermédiaire du plexus nerveux intact les portions antérieure et moyenne qui continuent à battre. Quand le plexus nerveux est coupé au niveau du quatrième segment, la région du cœur, antérieure par rap- port à la section, cesse de battre. Par conséquent, la portion antérieure du cœur ainsi préparé bat sous l'influence des excitations qui l’attei- gnent par l'intermédiaire du plexus nerveux de la partie moyenne, Si alors la portion moyenne est placée dans l'eau, le muscle absorbe de l'eau et cesse de battre et de répondre aux excitations artificielles, tandis que la portion antérieure bat encore synchroniquement avec la portion poslé- rieure. Les nerfs perdent aussi leur conductivité s’ils sont laissés dans l'eau un temps suffisant. Si on remplace l’eau par du sérum ou par de l'eau de mer, la conductivité des nerfs se rélablit rapidement. Les fonc- tions du muscle se rétablissent très lentement et quelquefois pas du tout. Le plexus nerveux du cœur de Limulus est composé de fibres sans myéline, comme celles du plexus intra-musculaire du cœur des Verté- brés. Comme le cœur de Limulus et le cœur des Vertébrés se compor- tent de même dans l'état de « water-rigor » et que les conditions anato- miques de ces cœurs (plexus nerveux et cellules musculaires) sont iden- tiques, il semble probable que le tissu qui conduil l'impulsion motrice dans l'état de « water-rigor » est le méme. I est démontré que, chez le Limulus, ce tissu est le plexus nerveux et non le muscle. Il n’est pas démontré que, dans le cœur des Verlébrés, ce soit le muscle. Les récentes expériences de Humblet, de Hering et Erlanger, qui ont coupé ou comprimé le fais- ceau auriculo-ventriculaire du septum du cœur des Mammifères, ne dé- cident rien, relativement à la nature myogène ou neurogène de la conductivité et de la coordination. En effet, il a été démontré par Ta- wara que ce faisceau est accompagné et entouré d’un plexus nerveux semblable à celui des oreillettes et des ventricules eux-mêmes. (From the Hull physiological laboratory, University of Chicago.) LA QUESTION DU FOIE CHEZ LA SANGSUE MÉDICINALE. d RECHERCUES DES SELS ET DES PIGMENTS BILIAIRES, par M. CAMILLE SPIESS. Dans une première série d'expériences (1), j'ai montré que le prétendu foie de la Sangsue médicinale représente un rein, au point de vue mor- . (4) C. Spiess. La question du foie chez la Sangsue médicinale. Recherches expérimentales sur l’excrétion. Comptes rendus de la Société de Biologie, t, LV, 4° avril 1905. 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE phologique, et qu'il élimine les matières colorantes (indigo-carmin) introduites dans le tube digestif, ou à la suite d’injections physio- logiques sous-cutanées, comme le fait le foie des Vertébrés. Outre les fonctions d’excrétion qu'elles remplissent, les cellules péritonéales de la Sangsue médicinale accumulent un pigment, sous . forme de sphérules brun verdâtre, qui est en partie éliminé par voie intestinale, avec les fèces de l’animal. J'ai entrepris comme suit l'ana- lyse chimique du produit excrémentlitiel d’un grand nombre de Sangsues, afin de déterminer si la sécrélion colorée, d’abord localisée dans les cellules périlonéales (fissu hépatique de Moquin-Tandon), est un produit biliaire, renfermant les éléments spécifiques (sels et pigments) de la bile des Vertébrés. Nous savons que les fonctions du foie sont multiples et que sa pro- priété caractéristique de fabriquer des matières colorantes excrétrices, d'origine hématique, ne paraît pas être exclusivement l'apanage des Vertébrés, dont le sang est porteur d’hémoglobine (1). Dans le cas qui nous occupe, il faut lenir compte du fait que, se nourrissant exclusive- ment de sang humain, le tube digestif de la Sangsue médicinale renferme de l’hémoglobine. | En 1859, dans ses Lecons sur la physiologie et l'anatomie comparée des animaux, Milne-Edwards admet que la matière verte sécrétée par les cellules péritonéales est un produit biliaire et, plus récemment, Mar- chesini (2) (1884) analyse, du reste sommairement, le même produit de sécrétion et arrive à une conclusion identique. Dans la recherche des pigments et des sels biliaires, à côté de l'analyse chimique, j'ai utilisé la méthode de l'analyse capillaire (3), qui permet non seulement de reconnaitre des traces de la substance à analyser, mais encore de retirer de leurs solutions, sur les bandes d’absorption, les substances qui - doivent être soumises à l’analyse chimique. Cette méthode d'analyse évite en outre les chances d’erreur, dues souvent à la faible quantité de substances à analyser, et facilite, en les rendant plus sensibles, les réactions chromatiques ultérieures. Le produit excrémentitiel des Sangsues, qui m'a servi à la recherche des sels et des pigments biliaires, a été obtenu de la façon suivante : J'ai évaporé au baïin-marie, jusqu'à les réduire à 100 centimètres cubess 50 litres d’eau, daus lequels ont séjourné normalement pendant plusieurs semaines de 1.400 à 1.500 Sangsues. Après filtration du liquide, j'ai obtenu environ 9 grammes d’un résidu olivâtre, qui est repris par l'alcool à 90 p. 100 (1) Sur la présence de pigments biliaires chez les Invertébrés, voir : Article Foie, par Dastre. Dict. de physiol. de Ch. Richet, — Fürth (von) Vergl. chem. Physiol. d. niederen Tiere, 1903. — Schulz. Zeit. f. allg. Physiol., Bd III. (2) Marchesini. Lo Spallanzani, Anno 17, p. 138-142. ; (3) Voir à ce sujet : Verh. d. naturf. Ges. Basel., Bd XIV et XVII. | | 2 à SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 417 bouillant, jusqu'à épuisement complet. Le résidu insoluble dans l'alcool est repris successivement par le chloroforme et par une solution étendue de soude. Les différents extraits ainsi oblenus ont été soumis à un grand nombre d'analyses capillaires et chimiques, afin d'y déceler, par leurs réac- tions caractéristiques, la présence des sels et des pigments biliaires. Dans ces conditions, j’ai obtenu les résultats suivants : Extrait aqueux. — Coloration brune avec une légère fluorescence verte. Ni la solution, ni les zones des bandes d'absorption ne donnent la réaction de Pettenkofer et de Gmelin. Par contre, l'extrait présente la réaction caracté- ristique de l’hydrobilirubine, fluorescence verte avec ZnCl?—+ AzHf, qui disparaît er milieu acide; il réduit en outre Az0*Ag, par addition de Co’Na* (réaction de l’acide urique). Extrait alcoolique. — Coloration jaune avec fluorescence verte. Il ne donne pas la réaction de Pettenkofer, mais avec l'acide azotique nitreux. il donne, par oxydation, la coloration verte caractéristique des pigments biliaires. Avec le même extrait j'ai obtenu la réaction de l’urobiline. Extrait chloroformique. — Coloration brune. Il renferme des traces de bilirubine. Extrait aqueux X NaOH. — Coloration jaune verdätre. Il donne les mêmes réactions que l'extrait aqueux. Le produit de sécrétion des cellules péritonéales renferme donc un des éléments spécifiques de la bile, car, contrairement à l’assertion de Marchesini, je n'ai, dans aucun cas, pu constater la présence de sels biliaires. Elles accumulent, à la facon des cellules hépatiques, un pigment analogue sinon identique aux pigments biliaires des Vertébrés (fonction pigmentaire). £ Les cellules du prétendu foie de la Sangsue médicinale représentent un rein au point de vue morphologique; elles remplissent une partie des fonctions qui, chez les Vertébrés, sont dévolues aux cellules de l'épithélium intestinal, différenciées en cellules hépatiques. (Travail du laboratoire de M. le professeur Goppelsroeder, à Bâle). EVOLUTION DES RÉACTIONS CELLULAIRES ET SÉRO-FIBRINEUSES DANS LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN, RETIRÉ PAR PONCTION LOMBAIRE, DES MÉNINGITES TUBERCULEUSES, par MM. G. Froin et Louis Ramonn. Nous avons rapporté à la dernière séance de la Société de biologie les résultats que nous a fournis, au point de vue de l'évolution comparée … des réactions cellulaires et séro-fibrineuses, l'étude de 21 pleurésies tuberculeuses dites primitives ;nous communiquons aujourd'hui les >, = 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘ faits que nous ont révélés l’examen de 24 liquides céphalo-rachidiens de 12 malades atteints de méningite tuberculeuse. Ces liquides, prove- nant de la région lombo-dorsale, contenaient le bacille de Koch dans 19 cas sur 21. Outre cette recherche très attentive du bacille, nous avons noté : 1° la réaction séreuse ; 2 la réaction fibrineuse ; 3° les réactions cellulaires, au point de yue qualitatif et quantitatif. 1° Réaction séreuse. — Le liquide céphalo-rachidien a présenté ordi- . nairement le même aspect qu’à l’état normal, il était incolore et limpide, quelquefois trouble. Trois fois seulement l’apport de sérosité dans la cavité arachnoïdo-pie-mérienne a été suffisant pour teinter le liquide et lui donner un aspectlégérement ambré, fait déjà signalé par MM. Net- ter, Widal et Bard. 20 Réaction fibrineuse. — Très peu none ce elle a consisté seule- ment dans la production lente en un temps variable, d'un léger coagu- lum. Nous avons recherché ce coagulum dans 21 de nos liquides et il n’a manqué que 2 fois. 3° Réactions cellulaires. — Elles se caractérisent par leur extrême variabililé. Nos numérations ont montré que, dans les cas où le liquide conser- vait une limpidité et une transparence parfaites, on ne comptait pas . i plus de 4 à 500 éléments blancs par millimètre cube ; au-dessus de ce chiffre, le liquide présente un aspect trouble dû uniquement à la quan- tité des éléments blancs; la formule leucocytaire, ainsi que l'a remarqué Lutier, n’influe pas sur l'aspect du liquide : nous avons vu des liquides clairs avec polynucléose prédominante, et des liquides troubles avec lymphocytose presque pure. Le chiffre des globules blancs au niveau de la région lombaire, où a été trouvé le bacille de Koch, varie selon les cas de 5, 16, 20, 80 par millimètre cube à 800, 1.000 et 1.200. Si les cellules blanches étaient uniformément distribuées dans le liquide céphalo-rachidien, en évaluant à 70 centimètres cubes le volume total de ce liquide(Magendie, Luschka), leur nombre varierait de 1 à 86 millions. Dans les cinq cas où nous avons pu, chez le même malade, pratiquer plusieurs ponctions, nous avons vu 2 fois le nombre de leucocytes augmenter jusqu'à la mort, 1 fois il est resté stationnaire, 1 foisila diminué ; enfin dans un cas, après avoir augmenté progressivement jus- qu'au quatorzième jour, les éléments blancs ont ensuite diminué jus- qu’à la fin de la maladie. 4 ” À Formule leucocytaire. — Nos examens confirment les travaux de MM. Widal, Sicard et Ravaut au point de vue de l’importanee et de la constance de la lymphocytose, exceptionnelle dans les méningites non tuberculeuses. Nous avons rencontré dans 11 cas sur 23, une polynu- cléose prédominante, signalée déjà par ces auteurs : dans 7 liquides il Pr 2e Di. CAES PS AD TE *4 # SÉANCE DU A1 NOVEMBRE 419 y avait plus de 70 polynucléaires pour 100, et dans 1 cas 90 polvnu- cléaires pour 100 éléments blancs. Il n’y a pas de rapport entre la qualité et la quantité des réactions cel- lulaires dans le liquide de la région lombaire et Le stade ou le type de la maladie ou la présence de germes d'infection secondaire. Quant à l’évolu- tion cellulaire, nous avons montré que, dans la plèvre la polynucléose coincidail avec une phase de raréfaction des éléments, la lymphocytose au contraire avec l'augmentation de leur nombre : ces faits ne se vérifient pas dans la méninge. Les deux liquides dans lesquels on n’a pas vu le bacille de Koch, pré- sentaient une Ilymphocytose presque pure ; l’un contenait 1 p. 100, l’au- tre 1,6 p. 100 de polynucléaires. Dans un autre cas, nous avons vu le nombre de bacilles, visibles après centrifugation, augmenter progressi- ment en même temps que les polynucléaires devenaient plus nombreux; ces constatations confirment l'hypothèse de Concetti pour qui la pré- sence de polynucléaires est en rapport avec une exode de bacilles de Koch dans la méninge et sont d’accord avec les expériences de MM. Wi- dal, Sicard et Ravaut montrant que l’inoculation d'une émulsion bacil- laire dans la cavité arachnoïdo-pie-mérienne du chien détermine un afflux de leucocytes polynucléaires. Signalons enfin la rareté et la pauvreté de la réaction eosinophilique dans le liquide céphalo-rachidien des méningites tuberculeuses : dans deux de nos cas, nous avons compté 0,3 eosinophiles pour 100. Il s'agissait dans l'un d'une méningite à forme céphalalgique au quator- zième jour, dans l’autre d'un malade amené dans le coma, sans aucun renseignement. Les deux liquides contenaient du bacille de Koch : ils présentaient une polynucléose prédominante (68 et 86 p. 100); l’un était trouble, l’autre limpide, mais jaune ambré. Geci s'oppose à ce qui se passe dans le liquide pleural des pleurésies tuberculeuses au cours de l'évolution desquelles on voit assez souvent une légère eosinophilie. A ce point de vue, nous ferons remarquer que l'un de nous a examiné en dehors des cas rapportés, 16 méningites tuberculeuses et 19 pleuré- sies de même nature et qu'il n’a jamais constaté une réaction éosinophi- lique dans le liquide céphalo-rachidien, tandis que dans le liquide pleural il a constaté trois fois 4 à 5 éosinophiles pour 100. (Travail des services de MM. Widal et Chauffard.) 420 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . MÉCANISME DE LA RÉGÉNÉRATION DES NERFS, par $. R. Cagaz (de Madrid). J'ai exécuté cette année un grand nombre de recherches sur ce sujet, en me servant de préférence, comme moyen de coloration des fibres ner- veuses, du procédé au nitrate d'argent réduit après fixation par l’al- cool. Voici les principales conclusions auxquelles je suis parvenu (1) : 1° Lorsque, chezles animaux jeunes : chat, chien, lapin, etc., on coupe transversalement un nerf, on voit de façon très nette et dès le début de la deuxième semaine que les cylindraxes du bout central s’accroissent en formant des fibres dépourvues de myéline. Ces dernières traversent la cicatrice et pénètrent en définitive dans le bout périphérique. Ce pro- cessus s’accomplit malgré tous les obstacles opposés à la réunion :. résection, écartement des segments nerveux, suture des bouts écartés avec la peau, avec la partie interne des muscles, arrachement du seg- ment proximal, etc. Lorsque la réunion est immédiate la névrotisation du bout périphérique s’effectue très rapidement. Lorsque les difficultés à la marche des fibres néoformées sont presque insurmontables, il faut au contraire trois ou quatre mois et davantage pour que le phénomène se réalise. 2 Les fibres qui sortent du bout central sont dans la très grande majorité des cas, la simple continuation des tubes anciens. Ce fait avait été déjà observé par cerlains auteurs et notamment par Strœbe. Les divisions collatérales ou terminales sont très rares lorsque la réunion se fait sans obstacle. Si les difficultés à la névrotisation s’accumulent, on peut aussi observer les processus de division découverts par Ranvier et bien décrits par Vanlair et Strœbe. 3° L'augmentation du nombre des fibres jeunes par division en Y avec branches égales ou inégales a lieu d'ordinaire et presque uniquement dans l'épaisseur de la cicatrice et surtout au voisivage du bout distal (hileum de ce dernier). Dans l'intérieur du segment périphérique les divisions existent également, ainsi que Ranvier l'avait montré; mais elles sont très peu nombreuses et manquent presque complètement à quelques millimètres au delà de l’hileum du nerf. 4° L'abondance des fibres nouvelles dans le bout périphérique est en raison inverse des difficultés opposées à la marche des conducteurs émanées du bout central. Lorsque les obstacles sont considérables, il arrive souvent que même trois mois après l'opération le bout périphé- (1) Un compte rendu très incomplet de ces recherches a paru dans le Bolle- tino del Instituto Sueroterapia etc., n° 2, 3 septembre 1905. Le travail détaillé paraîtra prochainement. + “à SÉANCE DU 11- NOVEMBRE 421 rique ne contient pas encore de cylindraxes ou n’en contient que très peu : Irois ou quatre dans quelques faisceaux. 5° L'apparition des conducteurs jeunes dans le bout périphérique se produit d'emblée et sans aucune transition morphologique qui per- mettrait de supposer une origine par différenciation intraprotoplas- mique des cellules de Schwann. En outre, ces fibres nouvelles se montrent tantôt en dedans des gaines anciennes, tantôt en dehors et ‘ dans leurs intervalles. Elles ne sont jamais discontinues, comme l’admettent Bungner et les partisans de l’autorégénération, mais au con- traire parfaitement continues et faisant suite aux conducteurs du tissu cicatriciel intercalaire. 6° L'extrémilé libre de toutes les fibres nerveuses en voie d’accroisse- ment et de progression vers la périphérie possède un appareil terminal singulier que nous appellerons massue ou olive terminale. C'est un gros renflement rond, piriforme, plus communément olivaire, petit ou grand suivant le calibre des cylindraxes et entouré d’une capsule nucléaire en continuité avec la membrane qui recouvre le cylindraxe. Dans les imprégnations fines, le protoplasma des massues montre ur réseau de neuro-fibrilles faisant suite à celles de l’axone. La massue terminale per- met de reconnaître avec la plus grande facilité, le sens de l'accroisse- ment des fibres. Elle n’est qu’une variété très intéressante du cône d’ac-. croissement décrit par nous il y a longtemps, dans les cylindraxes de la moelle embryonnaire. T° Toutes les massues terminales qui apparaissent dans la cicatrice ou à l'intérieur du bout périphérique sont orientées sans exception aucune vers la périphérie. Ce fait, des plus faciles à observer dans nos prépa- rations, comprometsingulièrement la théorie autogénétique. Il démontre de facon péremptoire que les conducteurs du bout périphérique pro- viennent de la région connective intermédiaire ou cicatricielle. 8° Outre les massues de petite et moyenne taille, on trouve fréquem- ment dans le bout central des massues colossales. Celles-ci, dont le nombre varie avec l’époque de l'examen sont plus ou moins altérées et en continuité avec des fibres égarées ou récurrentes. L'hypertrophie de ces renflements tient selon toute probabilité à ce que, enclavés et défi- nitivement fixés dans quelque interstice sans issue, ils ont accumulé en eux tout le protoplasma cylindrique qui aurait dû se dépenser en accroissement et en étirement de l’axone. Du reste, ces massues colos- sales égarées et arrêtées correspondent {rès vraisemblablement aux prétendues cellules nerveuses de S. Meyer ou aux corps sphéroïdaux sans noyau de Ranvier. 9 En plus des massues terminales qui constituent par leur progression le procédé normal de croissance et de cheminement des fibres jeunes, on trouve aussi parfois dans la cicatrice, et même dans le bout périphé- ‘ rique, des arborisations terminales très riches et libres, à l'extrémité de rs L© 19 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fibres très embryonnaires. Cette phrase d'aceroissement rapide que nous M appellerons état d'amæboïdisme divisé se montre surtout dans les avan- cées nerveuses de la région cicatricielle, lorsque les jeunes conducteurs insinués dans le tissu conjonctif embryonnaire doivent se ramifier et se frayer à travers les obstacles une route vers le bout périphérique. Il est probable que les routes une fois trouvées, les branches persistantes ou non résorbées de ces arborisations se munissent à nouveau de massues terminales. 10° Toutes les branches de division qui se montrent dans l'épaisseur du bout distal ainsi que dans les faisceaux de la cicatrice, surtout au voisinage de l'hileum ont une. lige ou axone générateur venant du bout central. C’est là un fait de grande importance qui milite en faveur de la doctrine de la continuité de Wailer et de Ranvier. Les branches issues d’un même cylindraxe pénètrent souvent dans des gaines de Schwann différentes et parfois très éloignées. Ea résumé, il résulte de nos recherches que rien de bien nou- veau n’a été produit par les travaux modernes, sur la régénération des nerfs. Nos observations exécutées avec le plus grand soin et à l’aide d'une méthode qui permet de suivre très facilement la marche des. fibres myélinisées de Waller, Ranvier, Vanlair, E. Ziegler, Münzer, Lugaro, ete., vont par conséquent à l'encontre des travaux des parti- sans de ao CRITIQUES DE LA THÉORIE DE L'AUTORÉGÉNÉRATION DES NERFS, par M. S. R. Cayaz (de Madrid). Les recherches dont j'ai donné les résultats dans la précédente note montrent dans quelles erreurs sont tombés les partisans de lautorégé- nération, erreurs que, malgré l'imperfection de leurs techniques, me ler et ses adhérents avaient su éviter. Parmi les illusions fâcheuses auxquelles l'hypothèse D de Bungner, Wieting, Bethe, Ballance, Levi Modene, ete., doit sa naissance, je citerai seulement les suivantes : 4° de l'interruption macroscopique À des bouts nerveux, les autogénistes ont conclu à la réalité d’une inter- ruption microscopique, sans tenir compte de l’examen histologique de la cicatrice dans laquelle ils avaient pourtant surpris, comme l’avait fait Vanlair, l'existence d’un nombre incalculable de faisceaux nerveux disséminés, traversant les muscles, les aponévroses, les interstices conjonclifs et réunissant enfin les deux bouts; 2° ils ont considéré, par erreur, le processus prolifératif des cellules de Schwann, qui aboutit M à la production de gaines protoplasmiques (bandes cellulaires de Bun-. SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 4923 gner) comme la preuve de la création de fibrilles nerveuses par diffé- renciation protoplasmique; 3° ils ont eru confirmer, a posteriori, cette supposition par le fait de l'apparition ultérieure dans ces bandes de striations longitudinales, comparables à des neurofibrilles. Ainsi, ils n’ont pas soupçonné que ces raies parallèles ne sont rien d’autres que les très fines fibrilles venant du bout central, fibrilles incolorables ou à peine visibles au moyen des techniques imparfaites employées par eux. En réalité, la prolifération des cellules de Schwann qui a tant intrigué les polygénistes s'expliquerait simplement. Il suffit de supposer : 1° que ces cellules, comme Stroebe l’a démontré, jouent le rôle de phagocytes en détruisant et écartant le caput mortuum des fibres nerveuses anciennes; 2° qu'elles fabriquent des gaines orientatrices dont la mis- sion principale serait de séeréter et mettre en liberté une substance chimiotactique capable d'attirer les jeunes axones errants; 3° enfin, qu'elles pourraient, comme les cellules à pied de Sertoli des tubes sémi- nifères, servir aussi à la nutrition et à l'accroissement des fibrilles ner- veuses parvenues dans lès éluis protoplasmiques. LA COAGULATION DE LA MUCINE, par M. H. Rocer. Il est d'observalion courante que le mucus intestinal affecte dans les matières fécales deux aspects différents : tantôt il est glaireux et mérite le nom qu'il porte, tantôt il est concrété et ressemble à des fausses membranes; l'expression d'entérite muco-membraneuse consacre cet aspect. Le mucus concrété a subi une transformation identique à la coagula- tion des colloïdes. Cette coagulation se produit sous l'influence d’un ferment dont on peut facilement démontrer la présence. Je sacrifie un animal, chien ou lapin. J’enlève l'intestin grêle et je détache la muqueuse. Une partie de cette muqueuse est épuisée par l'eau bouillante qui dissout la mucine sans la coaguler. Le liquide obtenu est filtré et traité, à froid, par l'acide acétique. On obtient un précipité qu'on reprend par l’eau de chaux. Les substances dissoutes sont de nou- veau précipilées par l'acide acétique, reprises par l’eau de chaux, préci- pitées par l'alcool et finalement dissoutes dans l’eau stérilisée. On obtient ainsi de la mucine presque pure. Une autre porlion de la muqueuse intestinale a été plongée dans la glycérine. L’extrait glycériné est traité par l'alcool fort et le précipité est redissous dans l’eau. À quelques centimètres cubes de la solulion de mucine, j'ajoute 0,5 à 424 UE | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE À ou 2 centimèlres cubes de l'extrait glycériné. Suivant la concentration des liquides, on voit plus ou moins rapidement le mélange se troubler; parfois, c'est presque aussitôt; dans d'autres cas, c'est au bout de quelques minutes ou même de quelques heures. Puis, le précipité s'ac- centue et bientôt, après un séjour de douze à vingt-qualre heures à l'étuve, un amas de grumeaux se dépose au fond du tube, tandis que le liquide surnageant redevient clair. Si on reprend ce liquide, on constale que l'acide acélique ne produit ni précipité, ni trouble. C'est donc bien la mucine qui s'est coagulée et le ferment qui a produit cette transfor- mation mérite le nom de mucinase. | Au lieu de préparer de là mucine, il semblerait plus simple de faire agir directement la mucinase intestinale sur un liquide riche en mucus, comme la bile. Contrairement à toute prévision, la bile, même après addition d'une forte dose de ferment, reste limpide. La mucine biliaire diffère-t-elle donc de la mucine intestinale? Nullement. Si on la précipite par l’acide acétique et si on la reprend par l’eau de chaux, elle sera facilement coagulée par la mucinase. Cette conslatation m'a conduit à « supposer que la bile contient des substances s’opposant à l’action du ferment. C'est ce qui a lieu en effet. Je fais un mélange de bile et de mucine intestinale, j'ajoute du ferment et je place à l’étuve. Suivant la quantité de bile introduite, la coagulation de la mucine est fortement retardée ou complètement supprimée. J'ai pu garder des mélanges pen- dant plusieurs jours : ils sont restés clairs et transparents. L'action anticoagulante de la bile n’est pas abolie par l’ébullition ou le chauffage à l'autoclave. Elle est due à des substances que l’alcoel dissout et qui se retrouvent dans l'extrait hydro-alcoolique. . Ces divers résultats nous expliquent pourquoi le mucus reste liquide dans la partie supérieure de l'intestin grêle; pourquoi il se coagule dans le gros intestin et, sous cette forme nouvelle, fait partie intégrante du bol fécal; pourquoi enfin, dans certaines entérites, il peut être expulsé à l’état de petites masses concrètes, ou de longs filaments rubanés, SUR UNE VARIATION EXPÉRIMENTALE DE LA Vorticella microstoma par M. EMMANUEL FAURÉ-FREMIET. La Vorticella microstoma (Ehrenberg) se présente souvent sous divers aspects. J'ai obtenu par une simple variation du milieu la transfor- 1 mation expérimentale de la V. microstoma ordinaire en V. hians (0.-F. Müller), et vice versa, ce qui démontre la parenté étroite qui - existe entre la première espèce et sa variété. Tete +55 Condilions de l'expérience. — Je conservais dans un cristallisoir un : 2e : * ä # SÉANCE DU Â1 NOVEMBRE 495 peu d’eau de mare contenant des débris végétaux et une grosse Limnée morte, reposant sur sa face dorsale, l’ouverture de la coquille étant tournée vers le haut. Ayant oublié ce cristallisoir, l'eau s'évapora rapi- dement, et son niveau s’abaissa au-dessous du bord de la coquille : celle-ci constitua dès lors une petite cuvette, isolée du reste du vase et dans laquelle le corps de la Limnée, entré en décomposition, constitua rapidement une infusion animale extrêmement riche en Bactéries et en Flagellés. L'eau du cristallisoir, au contraire, constituait une infusion végétale assez pauvre. C’est dans ces conditions que j’eus la surprise d'observer dans l’eau contenue dans la coquille une Vorlicelle de taille moyenne et d'aspect bien particulier, qui, je crois, correspond à la V. hians de Müller, tandis que l’eau du cristallisoir ne contenait que des V. microsloma ordinaires, presque toutes enkystées. De deux choses l'une : ou ces deux Vorticelles existaient dans l’eau avant que l'état précédemment décrit ne fût réalisé, ou elles avaient été apportées sous forme de kyste par la voie aérienne; dans les deux cas, leur localisation rigoureuse (aucune V. hians n'existait hors de la coquille, aucune V. microstoma n'existait dedans) était assez curieuse. J'eus alors l’idée d'isoler quelques V. hians sur une lame et de remplacer progressivement l’infusion animale dans laquelle elles bai- gnaient par l’infusion végétale que contenait le cristallisoir. Le résullat de cette expérience ne se fit pas attendre : le lendemain les VW. hians isolées avaient déjà changé d'aspect, et deux jours après elles étaient transformées en V. microstoma typiques, qui ne tardèrent pas à s’'en- kyster comme leurs congénères du cristallisoir. L'action du milieu était ici incontestable. Comparaison des deux variétés. Forme du corps. — Le corps de la V. micre- stoma mesurait en moyenne 65 de hauteur sur 40 de largeur; il était à peu près ovoide, mais un peu renflé dans sa partie supérieure ; il était absolu- ment incolore et transparent. Le corps de la V. hians mesurait 904 de hau- teur sur 53 à 60 de largeur ; il élait ovoïde et plus souvent pyriforme, étant renflé à la base et très mince au sommet; il présentait une coloration jau-. nâtre et une cerlaine opacité. Le volume de cette Vorticelle était environ deux fois et demie plus fort que celui de la précédente. 4 Chez la V. microstoma le péristome était assez large (27 p) et le disque portait des membranelles bien développées; le vestibule était plutôt transversal. Chez la V. hians le péristome était rétréci (largeur 22 4), le disque était-étroit et portait de courtes membranelles, la collerette était réduite à une mince lèvre circulaire recouvrant incomplètement le disque; enfin, le vestibule élait plutôt transversal, et présentait un lobe anal bien développé dans lequel se voyaient souvent un ou deux bols alimentaires prêts à être expulsés. Noyau. — Chez la Vorlicella microstoma le macronuc'eus était normal et contenait de petits nucléoles. Chez la V. hians, il était plus volumineux et contenait d'énormes nucléoles très vacuolaires, atteignant jusqu’à 8x de large sur 50 de long. Bi0oLoG1E. Courres RENDUS. — 1905. T. LIX. 31 à D © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Vésicule eæcrétrice. — Chez la Vorticella microstoma, la vésicule excrétriee - avait un diamètre moyen de 10y, ce qui représente un volume de 502p* environ; les pulsations, régulières, duraient 40 secondes; le débit : Vt (t = secondë) était donc de 12,5 p° environ. Chez la V. hians la vésicule excrétrice atteignait 26 y. de diamètre, c 'est-à- dire 9128 h° en volume; les pulsations, irrégulières, duraient de 120 à 240 secondes ; le débit variait donc de 76 à 38°, ce qui donne en moyenne : Vt — 57 p?. Le débit de la vésicule excrétrice était donc beaucoup plus consi- dérable chez Ha V, hians que chez la V. microstoma, mais, pour avoir des valeurs réellement comparables, il faut introduire un nouveau facteur : le volume du corps, €e qui donne les chiffres suivants : 100 volumes de Ja Vorticella microstoma expulsaient 0,02 volumes d’eau en une seconde, tandis que 100 volumes de la V. hians expulsaient en moyenne 0,05 volumes d'eau dans le même temps ; le débit absolu de la vésicule excrétrice, et par consé- uent les phénomènes d’excrétion, étaient donc deux fois et demie plus consi- ! q P dérables chez la variété hians que chez la Vorticella microstoma normale. Conclusion. — Le milieu (infusion animale) dans lequel se trouvaient les V. hians était caractérisé par une grande richesse alimentaire (Bacilles et Flagellés), par une quantité de substances dissoutes et par une certaine pauvreté en oxygène. Ce milieu a transformé la V. micro- stoma en V. hians par un processus surtout physiologique : 1° en déter- minant une sorte d'asphyxie, qui se manifestait par le régime anormal très caractéristique de la vésicule excrétrice ; 2 en augmentant de plus du double les échanges avec le milieu, et 3° en déterminant par une -abondante nourriture une suractivité assimilatrice, bien mise en évi- dence par le volume des nucléoles. Peut-être faut-il attribuer directe- ment à cette suractivité l'augmentation de volume du corps chez la . V. hians, ainsi que le développement remarquable d’un lobe anal ser- vant à l'expulsion des résidus alimentaires. Il semble plus diflicile d'expliquer la réduction du péristome et de l'appareil d'alimentation (disque et frange adorale); on entrevoit une corrélation entre la dimi- nution de cet appareil et l'augmentation des échanges liquides, qui constituent une nouvelle forme d'alimentation, mais on conçoit difficile- ment le mécanisme intime d'un tel balancement des organes dans une masse protoplasmique relativement peu différenciée. | La transformation de la V. microstoma en V, hians el vice versa, sous la seule action du milieu, constitue un cas d'adaptation physiologique. a * + Fr SÉANCE DU Â1 NOVEMBRE 497 FORMATION DU VITELLUS DANS L'OŒUF DES TORTUES ET DES. BATRAGIENS, par M. DuBuisson. L'ovule de Tortue grandit. Il ne présente guère d'autres phénomènes remarquables que des changements nucléaires. Les nucléoles crois- sent et se multiplient. Le réseau chromatique primitif se déroule et. se fragmente en filaments granuleux, qui semblent devenir plus courts et plus minces par la suite. Au moment de l'apparition des plaquettes vitellines, le cytoplasme est formé de trois couches. La première «est périphérique, formée d'un protoplasma granuleux homogène. La troisième y est centrale et vacuolaire. La seconde f est intermédiaire entre « et y; elle est formée d'un pro- toplasma homogène comme + mais elle est nettement plus claire. Les plaquettes vitellines se trouvent à la limite de 8 et y; celles qui se trouvent dans y sont dans les vacuoles de cette région; celles dans 8 sont entourées par une zone claire. Le noyau se trouve dans la région $. A un stade plus avancé, on distingue deux zones de plaquettes vitel- lines. La première entre & et $ : les sphères vitellines forment là plusieurs rangées, les plus grandes étant les plus internes. Elles sont toutes con- tenues dans des vacuoles creusées dans la couche protoplasmique homogène. La seconde se trouve dans et s'étend de la périphérie de cette région, vers le centre de l’ovule qui en est cependant encore dépourvu. Les plus grandes plaquettes sont ici périphériques. Le vitellus continuant à se déposer l’ovule s’en trouve bientôt rempli. Les plus petites plaquettes vitellines forment une mince couche périphé- rique qui s'épaissit au niveau du noyau, de sorte que celui-ci en est entouré; elles s'étendent dans la région centrale de l’ovule qui en est remplie. Les autres régions de l'ovule sont remplies de grandes sphères dont la laille est loin d’être constante. On reconnaît assez facilement les deux zones formatives signalées plus haut à la grandeur de leurs pla- quettes vitellines. Plus tard a lieu un remaniement qui consiste en un accroissement _ des petites plaquettes, sauf de celles de la couche périphérique et de la zone périnucléaire. Chez les Batraciens, le noyau est presque central, le vitellus se forme à partir d'une zone subpériphérique et s'étend graduellement de la péri- phérie au centre. Plus tard Ja zone protoplasmique subpériphérique qui élait restée libre de plaquettes est envahie à son tour. 428 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES OVULES ET LES LARVES CILIÉES: D'UN ORTHONECTIDE HERMAPHRODITE (Æhopalura pelseneeri Caull. et Mesn |}, par MM. F. MEesniz et M. CAULLERY. Nous avons trouvé et étudié (1) il y a quelques années des Orthonec- tides parasites dans un Némertien (7'etrastemma flavidum) des sables de l’anse de Vauville (Manche). Nous y avons distingué deux espèces : l’une Rhopalura metchnikovi C. et M.; représentée par des individus uni- sexués, mâles ou femelles, les uns et les autres naissant dans les mêmes plasmodes; — l’autre /. pelseneeri CG. et M., à individus hermaphrodites, nous a offert une série de particularités que nous n'avons pu alors éclaircir entièrement. Des recherches nouvelles, faites cette année, sur cette dernière espèce, nous ont permis de confirmer en les précisant les points restés douteux il y a quatre ans, et en particulier le déve- loppement vivipare des ovules en embryons que nous soupçonnions (v. page 410). Rhopalura pelseneeri est localisé dans Top He lie Hs teel el le parenchyme du Némertlien. Les plasmodes y sont extrêmement réduits ou même complètement dissociés (contrairement à /h. metchnikowi où ils sont massifs). On trouve, en abondance, des cellules-germes isolées ou à des stades précoces du développement, dans l'épithélium inteslinal A et vraisemblablement à l’intérieur des cellules mêmes de cet épithélium vers sa surface périphérique. Chaque individu se développe donc, en général, isolément, contrairement à ce qu'offrent les autres. Orthonec- ; tides. La propagation de l'infection se fait par la multiplication et l'indi- M vidualisation des cellules-germes. Le développement des formes sexuées est très semblable à celui des autres espèces. Il aboutit à une seule catégorie d'individus, que nous avons désignés par 0" dans notre mémoire auquel nous renvoyons pour . une description plus détaillée. Disons seulement que, par leur morpho- 4 logie externe (nombre et disposilion des bandes transversales), ils l rappellent de très près les femelles de 24. metchnikovi. Ils en diffèrent par le nombre plus grand des ovules (qui est 20-95) disposés sur deux M à trois rangs et par l'existence d’une plage de spermatogénèse siluée. $ latéralement à la partie antérieure amincie de la colonne ovulaire. Les è spermalozoïdes à maturilé sont mobiles (nous l'avons constaté in vivo): | ils s'insinuent entre les ovules et se dispersent. È Contrairement à ce qui se passe chez les autres types, l’évolution de l'Orthonectide, dans le corps du Némertien, ne s'arrête pas à la matura- £ : PE 7 | L1 (4) Caullery (M.) et Mesnil (F.). Recherches sur les Orthonectides. Arch. d'anat. Microse., t. IV, 1901 (voir pp. 405-411, fig. 29-34). | MR 1.4 SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 499 tion des ovules. Ceux-ci, évidemment après fécondation, se développent dans le corps de la mère et y aboutissent, comme chez Rhopalura ophio- comæ (1), à des larves ciliées (formes 0" de notre mémoire : voir fig. 31, 33 et 34) que nous avons étudiées en détail. | A. Observations in vivo. — Lorsqu'on place un Némertien parasité entre lame et lamelle, on en voit sortir un certain nombre d'Orthonectides chez lesquels les ovules sont à divers états de développement. On distingue ceux qui renferment des larves ciliées à l'appareil réfringent spécial de ces larves et aussi à leur mobilité à l'intérieur de l'Orthonec- tide. Bientôt, on les voit sortir une à une par une ouverture qui nous a paru constante. Elles se présentent sous l'aspect de corps ovoïdes de 16 w de long sur 12 uw de large, avec, à l’extrémité qui se dirige en avant pendant le mouvement, un corps réfringent et résistant (r, Larve ciliée de Rhopalura pelseneeri (G — 1450 D). F16. 1. In vivo. — Fic. 2. Fixée et colorée. — r, appareil réfringent ; il est repré- senté à part dans la figure 2. fig. 1) de 7 y sur 4 y, formé de trois parties et terminé en avant par une pointe qui fait saillie hors du corps; ce doit être un appareil de pénétration. La larve porte un certain nombre de longs cils, surtout nombreux dans la moilié antérieure où, pendant le mouvement, ils sont dirigés en avant et entourent l'appareil réfringent comme le montre la figure 1. Le contenu du corps est granuleux; des parties superficielles plus claires indiquent les cellules épidermiques disposées en rangées transversales. Certaines larves, à peine sorties du corps de la mère, cessent de se mouvoir; elles se distinguent à l'aspect clair de toute la partie anté- rieure du corps qui entoure l'appareil réfringent. D'autres, évidemment (1) Caullery et Mesnil, L. c., post-scriptum, p. 46%, et Caullery et Lavallée, Comytes rendus de la Soc. de Biologie, t. LIX, 29 juillet 1905, p. 265. 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE celles arrivées à leur complet développement, se meuvent très long- temps avec la plus grande aisance, l'appareil réfringent toujours en avant; elles décrivent des lignes sinueuses, tournentsurelles-mêmes, ete. En comparant leur grande mobilité à la quasi-immobilité des individus qui leur ont donné naissance, on reste convaincu que, chez ÀRh. pelse- neeri tout au moins, la forme sexuée survit peu à sa sortie de l'hôte et : que c’est la larve ciliée, qui en dérive, qui est la véritable forme de propagation du parasite d'un animal à l’autre. B. £iude des matériaux fixés et colorés. — Nous avons fait d'abord quelques observations sur la fin de l’ovogénèse. Le karyosome de l’ovule grossit, devient excentrique et est finalement rejeté dans le cytoplasme, sous forme d’un gros corps chromatique homogène. En même temps, la paroi de la vésicule germinative devient de moins en moins nette. Elle disparaît finalement et l’on observe une très belle karyokinèse avec corps centraux volumineux. Comme à ce moment les spermatozoïdes ont essaimé entre les ovules, et finalement disparu, nous pensons qu'il y a là une fécondation que nous n'avons pu jusqu'ici étudier avec précision. Les préparations montrent les divers stades du développement des ovules. Nous noterons seulement que les noyaux augmentent rapidement de nombre et se présentent comme de très petites masses homogènes de chromatine (au contraire, chez Ah. ophiocomæ, on a de beaux noyaux vésiculeux). Les éléments cellulaires sont difficiles à délimiter. Aux stades moyens, les embryons dans l'organisme maternel forment des masses granuleuses riches en points chromatiques (roses et serrées les unes contre les autres. Vers la fin du développement, se différencie le corps RD qui est pluricellulaire et a la forme indiquée par les figures 2 et 2’. Les noyaux des cellules ectodermiques sont par rangées transversales très: régulières. Dans la partie postérieure de la larve, on apercoit une aceu- mulation particulière de cellules constituant un organe de fonction encore indéterminée, peut-être le rudiment du futur plasmode. La description précédente montre donc que, chez Rh. pelseneeri, comme chez Ah. ophiocomæ, les ovules se développent dans l'organisme maternel en larves ciliées, mais celles-ci sont plus hautement diffé- renciées que dans la seconde espèce. Grâce sans doute à l'hermaphro- disme, le développement des ovules a lieu à l’intérieur de l'hôte lui- même et non quand l'Orthonectide a gagné le milieu extérieur; il y & très vraisemblablement auto-fécondation. he -« SÉANCE DU- 11 NOVEMBRE 431 COMPARAISON DES CYCLES ÉVOLUTIFS DES ORTHONECTIDES - ET DES DICYÉMIDES, par MM. F. MEsniz et M. CAULLERY. L'étude in vivo de la larve ciliée des ARhopalura pelseneeri, et en particulier son aptitude très nette à la vie libre, ont éveïllé en notre esprit un parallélisme frappant avec l’infusoriforme des Dicyémides sur la nature duquel on est, somme toute, loin d’être fixé, et nous nous sommes demandés si ce dernier organisme ne jouerait pas, dans le cycle évolutif des Dicyémides, un rôle exactement homologue à celui de la larve ciliée des Orthonectides. Nous allons montrer, d’une facon plus générale, comment nos connaissances aetuelles sur le cycle évo-. lutif des Orthonectides nous paraissent de nature à éclairer celui des Dicyémides. re Nos recherches (1) nous ont amenés à concevoir le cycle évolulif des Orthôneclides de la façon suivante : 1° Une phase de multiplication asexuée dans l'hôte, à l’état de plasmodes, où des individus sexués naissent aux dépens de cellules-germes; 2° une phase de propaga- tion d’un hôte à l’autre, assurée par les individus sexués qui sont eiliés et dont les ovules se développent,.sans doute après fécondation, à l’intérieur du corps de la mère, en larves ciliées, connues jusqu'iei seulement chez Rhopalura ophiocomæ Giard (2) et Rhopalura pelseneeri C. et M. (3), mais certainement générales; ces larves sont évidemment - es agents d'infection d'hôtes nouveaux où elles donnent naissance aux plasmodes. La pullulation chez l'hôte se fait par voie asexuée; l'infection d’un hôte nouveau à la suite d’un processus sexué. Examinons maintenant ce que l’on sait de l’évolution des Dicyémides. Des recherches récentes, notamment celles de Wheeler (4) et de Hartmann (5), il résulte que l'infection des Céphalopodes (qui doit se produire très peu après l’éclosion) par les Dicyémides comprend une première phase où les parasites se multiplient dans les reins unique- ment à l'élat d'individus allongés dits vermiformes (appelés fort juste- ment par Hartmann agamontes, car ce ne sont pas des femelles, maïs des asexués). Jusqu'à une certaine taille du Céphalopode, ils pro- duisent, dans leur cellule axiale, uniquement des individus semblables (1) Archives d'Anatomie Microsc., t. IV, 4901. , (2) Caullery et Mesnil, loc. cit.; Caullery et Lavallée, Comptes rendus de la Soc. de Biol., 29 juillet 4905. (3) Caullery et Mesnil, Comptes rendus de la Soe. de Biol., 11 nevembre 1908, (4) Zool. Anz., 1. XXII, 1899. (5) Biolog. Centralbl., t. XXIV, 1904. 432 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE à eux. À partir d’un certain moment, apparaissent, dans la cellule axiale des agamontes, des appareils nouveaux, dits in/fusorigènes, dont les cellules s’isolent et donnent naissance chacune à un individu du second type, un infusoriforme. Chez les Céphalopodes arrivés à un cerlain âge, on ne trouve plus guère, dans les agamontes, que des infusoriformes. Ed. Van Beneden, dans ses recherches fondamentales sur les Dicyé- mides (1), avait d'abord considéré les infusoriformes comme les agents probables de propagation d’un hôte à l’autre; en faveur de cette opi- nion., milite le-fait que seul l'infusoriforme supporte l'eau de mer, alors que les individus vermiformes s'y désagrègent rapidement. Plus tard, sous l'influence de la découverte du dimorphisme sexuel et des mâles chez les Orthonectides, van Beneden s’est demandé si l’infusoriforme ne serait pas le mäle des Dicyémides. Cette seconde opinion prévaut actuellement. Mais il faut remarquer qu'aucune description satisfai- sante n'a pu être donnée d'un lesticule, d’une spermatogenèse ni de spermatozoïdes. Nous-mêmes, sur les matériaux, d’ailleurs restreints, dont nous disposons en ce moment, malgré des colorations très réussies, n'avons rien pu déceler de ce genre. D'autre part, Wheeler, puis Hartmann, ont annoncé que les cellules des infusorigènes qui donnent naissance aux infusoriformes sont de véritables ovules qui sont fécondés par des spermatozoïdes. Par contre, on n’a pu jusqu ici mettre en évidence aucune trace de fécondation à la base de la formation des individus vermiformes. On arrive ainsi (en supposant exactes les connaissances actuelles) au résultat paradoxal que les mâles, résullant seuls d'une fécondation, celle-ci ne joue aucun rôle dans la perpétuité de l'espèce. Il est aussi bien difficile, dans cette hypothèse, d'expliquer le début de la phase sexuée de l'infection chez un Céphalopode déterminé. En l'absence de faits bien établis prouvant la nature mâle de l’infu- soriforme, et en tenant compte à la fois des considérations précédentes et de ce que nous savons sur la larve ciliée des Orthonectides, nous sommes tentés de revenir à l'interprétation première qu'Ed. van Beneden a donnée de l’infusoriforme, et à y voir la forme de PrOPASAOS des Dicyémides d’un hôte à l’autre. Dès lors, le cycle évolutif des Dicyémides ob parfaitement clair et tout à fait parallèle à celui que nous avons reconnu chez les Ortho- nectides. Les individus vermiformes (agamontes) assurent la pullu- lation dans l'hôte par voie asexuée. Ils correspondent aux plasmodes des Orthonectides. Les infusorigènes qui apparaissent à un certain moment dans les agamontes sont des individus sexués. On les con- _Sidère généralement déjà comme ayant la valeur morphologique de (1) Bull. Acad. roy. Belgique, t. XLII, 1856. { 1 Se SÉANCE DU 11 NOVEMBRE 433 femelles. Quelques faits, sur lesquels nous nous proposons d'instituer des recherches étendues, nous font penser que ce sont des hermaphro- dites, et qu'ils sont le siège de la production des spermatozoïdes vus par Wheeler et Hartmann. Ils seraient les équivalents des individus sexués des Orthonectides. Leurs œufs fécondés, comme chez les Ortho- nectides, se développent en les infusoriformes qui équivaudraient ainsi aux larves ciliées des Orthonectides, et, comme elles, propageraient l'infection d'un hôte à l’autre. Le processus sexué aurait, dans le cycle évolutif des deux groupes, la même place : il serait le point de départ des formes de propagation d’un hôle à l’autre. Les deux cycles évolutifs seraient exactement superpo- sables, leur différence essentielle consistant en ce que, chez les Dicyé- mides, les agamontes sont très hautement organisés par rapport aux individus sexués (infusorigènes), alors que chez les Orthonectides, ce sont les individus sexués qui présentent le maximum de complication. Nous ne nous dissimulons pas que ces conclusions, que nous ont suggérées nos observations sur les Orthonectides, réclament, pour être définitives, la vérification incontestable de la nature non testicu- laire de l’urne des infusoriformes, de l'hermaphrodisme des infusori- gènes, et enfin, si possible, l'observation des débuts de l'infection chez les jeunes Céphalopodes. Nous comptons prochainement tenter des recherches dans ces directions. NOUVEAUX CAS D’INFECTIONS PARATYPHOÏDIQUES (14). PRÉSENCE CONSTANTE DU MÊME TYPE DE BACILLES CHEZ TOUS LES MEMBRES DE LA MÊME FAMILLE ATTEINTS DE L'UNE DE CES INFECTIONS, par MM. ArNozp NETTER et RIBADEAU-DUMAS. Depuis notre communication du 4 novembre, nous avons pratiqué le séro-diagnostic dans 21 cas nouveaux, sur lesquels nous avons reconnu 14 paratyphoïdes, dont 10 relevant du bacille de Brion et Kayser et 4 dues au bacillus enteritidis de Gærtner. Deux nouvelles localités viennent se joindre aussi aux 14 signalées précédemment, comme ayant fourni des cas de paratyphoïdes. Le nombre des cas dus au bacille d'Eberth est plus élevé que dans la - première série, sans doute parce que quelques-uns de nos examens ont porlé sur le sang de convalescents dont la maladie a débuté en juillet et août, époque à laquelle les infections paratyphoïdiques élaient moins répandues. Le sang d’une de nos paratyphoïdes a été recueilli chez une malade . soignée par l’un de nous, il y a près de six ans. 134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En joignant ces cas nouveaux à ceux de la communication précé-. dente, nous arrivons à 43 paratvphoïdes sur 58 cas examinés (1}: TABLEAU CLINIQUE SYMPTOMATOLOGIE | TOTAL. de la fièvre typhoïde. différente de la typhoïde: Bacille À de Brion et Kayser. 21 al 32 Bacille de Conradi . . . . . 1 » “Es Bacille de Gærtner : : … . … 3 ou # 7 ou 6 10 Bacilerd ED Er ti en 15 » : 45 39 ou 40 19 ou (8 . 58 Un de nos cas à paratyphique À nous a été communiqué par M. Rist, « qui en avait reconnu la nature. M. Pater nous a signalé un eas causé . par le bacille de Gærtner, dont nous n'avons pas fait état ici. A. — Cas où domine l'agglutination par le Brion-Kayser A. BRION-KAYSER EBERTH GÆRTNER CONRABI . DONNER ARE 1/60 0 0 0 RS RETENU AT 400 1/40 0 0: PAS RM Er 2 1/80 1 /20 0 0 PAPA AUOT 1 /400 1/20 1 /20 0 RTS AR LA 1/500 1/20 1/20 0. AAC ERTS 1 /40 1/10 0 0 20 AU 1 100 4/20 0 0 JU PAPE 1/300 4 40° 0 0° JAUNE NES TE 1/80 1/20 0 1/10 DD 13002 0 0 0 C. — Cas où domine l’agglutination par le bacillus enteritidis de Gærtner. BRION-K A YSER EBERTH GÆR'FNER CONRAD ÿl, 1200 4/100 1/40 (ES 8. 1/150 0 1 /20. 0 DRAM 1/100 0 1/20 0 OS PERTE 1/200 1/20 0 0 (1) Nous avons examiné parallèlement le sang de 4 sujets sains (enfants et adultes), de 6 pneumonies lobaires, 1 bronchopneumonie, 1 splénopneumonie,* 2 tuberculoses pulmonaires aiguës, 1 pleurésie ancienne, 1 rougeole. Dans, aucun de ces cas il n’y a eu trace d’agglutination, même au dixième des, bacilles utilisés. | (2) La maladie remonte à janvier, février et mars 1900. De. SÉANCE DU À1 NOVEMBRE 4 D. — Cas où domine l'agglutination par le bacille d’Eberth. BRION-KRAYSER EBERTH GÆRTNER CONRADI PA enr 1/200 1/100 0 0 ADS ar 1/600 1/20 0 (en 1 AMEN 1/200 1/100 0 0 LT AR RTE 4/20 (1) 0 0 0 LE ACTE 1/40 (2) 1/20 0 0 LENS VIP OE Set PR UE 1/20 0 0 LORS 1/100 Del/20 1/20 » On sait que certains auteurs, appartenant en particulier à lécole lyonnaise, ont soutenu que le bacille d’Eberth dérivait du colibacille, et avaient invoqué en faveur de leur thèse l’existence de formes bacté- riennes intermédiaires. Les caractères bactériologiques et cliniques des infections para- typhoïdiques pourraient paraître leur apporter de nouveaux et sérieux arguments. Nous n’avons aucunement l'intention de prendre parti dans ce débat. La pathologie et la bactériologie doivent trop à la notion maïtresse de la spécificité pour que celle-ci soit abandonnée aussi longtemps qu'elle n'aura pas fait preuve d'insuffisance, et ce n’est pas encore le cas. Les faits recueillis par nous fournissent, d'autre part, une constata- tion qui plaide en faveur de la spécificité. Sept fois, la séro-réaction a été pratiquée par nous chez plusieurs membres d'une même famille, ayant été pris simultanément ou successivement. Toujours, en pareil cas, tous les sujets du même groupe présentaient une agglutinabilité prédominante vis-à-vis du même bacille (Brion, Gærtner ou Eberth). Il n’en aurait sans doute pas été de même si les bacilles étaient susceptibles si aisément de transformation. À. — Cas à prédominance du bacille À de Brion et Kayser. BRION EBERTH GÆRTNER CONRADI 1, Famille G. W. te 54-221 2/200 1 /20 1/20 0 La: ÉONER Re HA] 1 /20 1100 0 EN en 1/500 1/40 1/20 0 2, Famille E.. W. oi OR PT 1/10 0 0 D CAR NS ALT A 400 1/20 0 0 &. ..: « 4/400 1/10 () 0 &, J. 1/100 0 1/20 0 (1) La fièvre typhoïde remonte au mois d'août, (2) La fièvre typhoïde remonte au mois de juillet. 436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE BRION-KAYSER EBERTH GÆRTNER CONRADI 3. Famille M. HR Ve 1/40 1/20 0 0 PEN MESA 1/300 1/30 1/200 0 4, Famille N. 4 mari. 1/500 1/20 1/20 » 2. femme. 1/400 1/20 1/20 » B. — Cas à prédominance du bacille de Gærtner. BRION-KAYSER EBERTH GÆRTNER CONRADI Famille B. 1. femme. 1/200 0 0 0° NAT 1/100 0 0 0 C. — Cas à prédominance du bacille d'Eberth. BRION-KAYSER EBERTH GÆRTNER CONRADI ‘La Varenne. A TER 1/200 1/100 0 (0) ou] Dot 1/100 1/20 0 (Ù Famille R. A ONE IRE à 1/100 1/20 Ha) 0 DAME M 4200 1/20 0 0 INTERVENTION FRÉQUENTE DU BACILLE PARATYPHIQUE À DE BRION ET KAYSER DANS L'ÉTIOLOGIE DES ICTÈRES FÉBRILES, par MM. ArNorb NeTrer et RIBADEAU-DUMAS. Les recherches que nous poursuivons sur les affections paratyphoï- diques nous ont amenés à une constalation intéressante, qui ne met pas LS on DT à bent CR de OS Éd de dc dé es SD Sd SR GS es nt il seulement en lumière une particularité fréquente de l'infection causée M par la bacille paratyphique À de Brion et Kayser, mais qui parait, de È plus, fournir un éclaircissement fort important sur la cause habituelle de l’ictère catarrhal fébrile. La recherche de l’agglutination vis-à-vis de divers microbes nous am à. + fait reconnaître une agglutinabilité prédominante vis-à-vis du bacillem À de Brion et Kayser, chez 10 malades atteints d’ictère. Voici le tableau de ces agglutinations : SEANCE DU ÎL NOVEMBRE 437 X. & Cas avec ictère franc agglutinant le bacille de Brion-Kayser. BRION-K A YSER EBERTH GÆRTNER: CONRADI 15 1/200 1/20 1/100: 0 ART 1/200 1/20 1/100 0 3. 1/100 1/20 1/20 0 4. 1/40 41/20 0 0 - 5} 1 /400 1/20 1/200 0 6. 1/800 1/20 0 0 E 1/400 1/40 0 0 8, 1/80 1/20 0 0 Ju -sL See 1/60 0 0 0 lente" sa; 1/40 1/10 0 0 Dans ces cas, il s'est agi d’ictères infectieux fébriles avec augmenta- tion de volume de la rate et souvent du foie. La présence du pigment biliaire dans l'urine précédait ordinairement d’un à trois jours l’appa- rilion de l’ictère. Celui-ci, d'intensité variable, est survenu, le plus ordinairement, du troisième au cinquième jour. Dans trois cas, 1l s’est fait attendre six jours et une fois douze jours. La décoloralion des matières n'a généralement pas été complète et, dans ces cas même, a peu duré. La dernière de nos observations à trait à une malade soignée par l’un de nous, il y a près de six ans, pour fièvre {yphoïde anormale prolongée, avec tuméfaction du foie et de la vésicule biliaire, sans Jère. | Il est intéressant de rapprocher nos résultats de ceux qui ont été publiés de divers côlés, notamment en Allemagne et en Autriche, ainsi que par notre collègue Gilbert en collaboration avec M. Lippmann (1). En recherchant lagglutinabililé du sang des ictériques vis-à-vis du bacille d'Eberth, ces auteurs ont constaté assez souvent une séro-réac- lion positive, comme l'avait déjà indiqué Grünbaum en 1896. H est aujourd'hui bien établi que certains ictères peuvent être la con- séquence d’une cholécystite et d’une angiocholite éberthiennes, qui semblent pouvoir être la manifestation primilive et parfois exclusive de l'infection typhoïdique. La preuve en est fournie, sans aucun doute pos- sible, dans les cas relativement nombreux déjà où le bacille d'Eberth a élé isolé du contenu de la vésicule biliaire ou du sang des malades. On peut arriver à la même conclusion quand le sang de ces derniers agglu- tine le bacille d'Eberth à une forte dilution : 1/1000 chez plusieurs malades d'Eckhart, 1/1000 dans deux cas de Rostocki, 1/1800 dans un cas de Rudolf Müller, 41/1000 dans un cas de Zevi, ele. 1) Sociélé de Biclogie, 26 décembre 1903. y Aclihnsà s AL 2. hès: 438 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mais, dans les cas où l’agglutination est beaucoup plus faible, 1/40, 1/20, 1/30 et même 1/100, on ne saurait conclure aussi rapidement. Il y a lieu de tenir compte du fait déjà indiqué par Grünbaum en 1896, et ultérieurement par Kœnigstein et Joachim en 1903, de l'agglutinabilité de plusieurs espèces microbiennes par un même sérum. Si certains sérums d'ictériques agglutinent des espèces aussi différentes que le bacille d'Eberth, le bacille de la dysenterie, le colibacille et le bacille virgule, il y a lieu de prévoir une agglutinabilité plus manifeste encore vis-à-vis des bacilles paratyphiques, et l'on ne saurait donc affirmer l'intervention du bacille d'Eberth que si ces bacilles paratyphiques ont. élé mis à l'épreuve dans la recherche de la séro-réaction. Joachim, Pratt, Blumenthal, Kayser et Forster ont prouvé, par la culture, la possibilité d’angiocholites causées par les bacilles Pare PDU À et B. Dans neuf de nos observations personnelles, le sang des ictériques agglutinait le bacille d'Eberth. Mais cette agglutination avait lieu seu- lement à une faible dilution, très inférieure à celle qui produisait encoré l’agglutination des bacilles paratyphiques. | On est donc en droit de supposer que, dans la plupart des dbse rte tions antérieures où l’on a cru pouvoir conclure à l'intervention du ba- cille d’Eberth en raison d’agglutinations faibles sans contrôle des para- typhiques, ce microorganisme était peut-être sans influence sur là production de l'ictère, et qu'il s'agissait en réalité d'une infection paratyphique. is Les 40 observations dans lesquelles nous avons, sans exception, trouvé une agglutination maxima du bacille paratyphique À noûs amènent à admettre que celui-ci a joué un rôle prédominant dans la production de nos ictères infectieux fébriles. L'avenir établira s'il con- vient de généraliser cette pathogénie à la majorité des ictères de cette nature. Ce que nous pouvons certifier dans tous les cas, d’après nos observa-« tions, c’est que l'ictère est incomparablement plus fréquent dans les infections provoquées par le bacille paratyphique A. Nous l’avons ren- contré 10 fois sur 32 de ces dernières, tandis qu'il n’a existé dans aucune de nos 10 infections par le bacille de Gärtner, ni de nos 15 infections par le bacille d'Eberth, pas plus que dans notre DÉPCRERE Hans FJ relevant du bacille de Conradi et Drigalski. Nous n’avons tenu compte, pour établir cette relation du baciile par | typhique avec les ictères fébriles, que des cas dans lesquels la conslain lation du pigment biliaire dans l'urine a été démontrée par la recherche de la réaction de Gmelin. En dehors de ces cas, il est habituel de trouver; « chez les sujets atteints de ces paratyphoïdes, une teinte jaunâtre des. téguments. Nous trouvons cette teinte relevée dans 9 de nos observa- tions, dont nous plaçons ci-dessous l'étude séro-diagnostique. … SÉANCE DU À1 NOVEMBRE .. i 439 En joignant ces cas aux 40 autres, nous relèverions une participation manifeste de l'appareil biliaire dans 49 sur 32 HT soit 39,37 p. 400. B. — Gas à teinte jaunâtre dans lesquels la recherche du pigment biliaire n’a pas été pratiquée. BRION-KAYSER EBERTH GÆRTNER CONRADI ALU APETE 1 /400 4/20 1/100 0 nine Le 1/409 1/100 0 0 JE PAST (00 1/200 1/100 0 ET CRIE 1/200 1/20 1/100 0 DRE NS de. 1/300 1/20 1 /200 0 Dis 4400 0 1/20 0 HAN NA 1300 1/30 1/200 0 BA US. 1400 1/20 0 0 CORNE 1/80 1/20 0 0 M. Laveran. — Je prie M. Netter de nous dire si, dans les cas de fièvre paratyphoïde qui se terminent par la mort, on trouve, à l'au- topsie, des lésions des plaques de Peyer. M. Nerter. — L'un des caractères essentiels et le plus important pour le médecin des infections parathyphoïdiques est leur bénignité rela- tive. Pratt qui a rassemblé 86 observations n’a relevé qu'une mortalité de 3,6 p. 400. Sur cinq autopsies publiées, on a noté deux fois des ulcérations des plaques de Peyer. Dans les autres, les follicules clos isolés et aguinés étaient seulement tuméfiés. M. LAvERAN. — Dans des cas typiques de fièvre typhoïde, on peut observer de l’ictère et de la cholécystite. En 1876, j'ai fait faire à un de mes élèves une thèse sur la cholécystite dans la fièvre typhoïde et, depuis lors, on a publié des faits de cholécystite typhoïdique bien caractérisés, non seulement au point de vue clinique, mais au point de vue bactériologique. L'existence d'ictère, plus commune dans certaines épidémies que dans d’autres, me paraît être un critérium insuffisant pour distinguer, cliniquement, les fièvres paratyphoïdes des typhoïdes vraies. D'autre part, M. Netter nous dit que les fièvres paratyphoïdes s'accompagnent, au moins dans uu certain nombre de cas, d'éruption de taches rosées lenticulaires et de lésions des plaques de Peyer abou- tissant à l'ulcération. Je ne crois pas qu'on puisse dénier le nom de fièvres typhoïdes à des fièvres continues ainsi caractérisées. 410 SOCIÊTÉ DE BIOLOGIE La he RER nie 4 à out ee unie PRIE LA EEE SES Se É © M. Nerrer. — Je ne conteste pas l'existence des cholécystites éber- thiennes. Nous en citons au contraire, dans notre petite note, des exemples probants, cela ne nous empêche pas de penser et de fournir des preuves à l’appui que, dans un nombre plus considérable encore de cas, les cholécystiles et SE VOS sont provoquées par les bacilles paratyphiques. M. Laveran me permettra, d'autre part, de lui faire observer qu'en 1876 et même beaucoup plus tard on ne pouvait rechercher le bacille d'Eberth et a fortiori les bacilles paratyphiques dont l’apparilion dans a bactériologie ne remonte pas encore à dix ans. Les | à za SÉANCE DU NOVEMBRE 1905 SOMMAIRE AUCHÉ (B.) et Campana (Mlle R.) : SABRAZES (J.) et Murarer (L.) : Le bacille dysentérique, type Flex- Fréquence des Trypanosomes chez ner, dans la dysenterie des enfants. 82 | Mus ratlus. Rareté chez Mus decu- GAUTRELET (JEAN) et SOULÉ (Eo.) : manus et Mus musculus. Résistance L'oxygène et l'acide carbonique res- du decumanus et du rat blanc à piratoires sous l'influence des in- l’infestation naturelle . ...... Se) jections d'eau de mer. ....... 85 Présidence de M. Jolyet, président. FRÉQUENCE DES TRYPANOSOMES GHEz Mus rattus. RARETÉ CHEZ X 4 4 Mus decumanus ET cnez Mus musculus. ri RÉSISTANCE DU DECUMANUS ET DU RAT BLANC A L'INFESTATION NATURELLE, par MM. J. SaBrazës et L. MuRATET (Bordeaux). On n’est pas encore définitivement fixé sur les espèces de rats qui hébergent des trypanosomes. Nous avons, depuis deux ans, examiné à ce point de vue tous les rats vivants qui nous ont été apportés, et qui, pour la plupart, avaient été capturés dans le quartier avoisinant la place d'Aquitaine, à Bordeaux ; un de ces rats a été pris à Tours (près de l’abattoir). Voici, sous forme de tableau, le résullat de ces recherches ; le signe + indique la présence de trypanosomes, le signe — leur absence. Biozocre. Comrres RenDus, — 1905, T, LIX. 32 s* a ?t 442 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX DATES MUS MUS MUS de la capture. rattus. decumanus. musculus. 1903. 19 décembre. » 1 — D — 1904. 11 janvier ENS 1 — 6 — » EE OEM PARU 1 + » 1 — D in: à + » » 1904. 14 février . . » = 4 — (albinos.) = 1675 2 + » » EUR (0 res » 2 — » — 9% — A » ») RE OUAIS » À — 1 — M ” 4 — (dont un jeune.) » ANA ne) ere » 1 — » ee ME MEL EME 2 + » » — 20 — ae . 1 + » » 1904. 23 “rie ri » % = 2 — Ed A ie Le » 46 — (rue Millière.) 4 — 190% MES doût ME UE 1 — 32 a Elo » 4 — » 1904. 27 septembre. » À — 3 — 1904 Aerkoctobre : 1 + 1 — 1 — 190%. 10 novembre. » 3 — 6 — 100 MAMA, » » f 2 NAGER » » 2 — — 117 — ,.. 1» 2 — 2 — = De 0e » » 1 — — 20 — 5 3 + 3 — 2 — 4905. 25 oüibre. $ Due 1 + (Tours.) » Dot 14 + 49 — et 1 + 36 — Ainsi parmi les rats capturés à Bordeaux (au nombre de 99), du 19 dé- cembre 1903 au 20 mai 1905, seul le Mus rattus nous montre toujours des trypanosomes 14/14. Un seul Mus decumanus énorme, provenant -de Tours, en a présenté 1/50 ; jamais nous n’en avons rencontré chez Mus musculus (sur 36). Nous avons mis dans une même cage, un Mus rattus infesté et un Mus decumanus, tous deux de forte taille. Le decumanus n'a pas été infesté, bien que l'expérience ait duré plus de trois mois. Ces deux rats avaient de nombreuses plaies. Celles du Mus rattus éliminaient de nom-« breux trypanosomes. De même les rats blancs mis dans le voisinage immédiat des Mus rattus parasités ne se contaminent pas (même re | plus d’un an). Nous concluons de ces recherches que, à Bordeaux, le Trypanosomam Lewisi est surtout l'hôte de Mus rattus. Un seul decumanus sur cent animaux examinés a présenté des trypanosomes, et encore ce rat fut=il (82) SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 443 capturé à Tours. Peut-être existe-t-il pour chaque espèce de rat une espèce particulière de trypanosome; c’est ainsi que, récemment Dutton et Todd, dans la région africaine du fleuve Gambie, et Thiroux, à Saint- Louis (Sénégal), ont observé un Trypanosome spécial à Mus musculus (souris). Il est indispensable, pour les études de ce genre, d’avoir bien présents à l'esprit les caractères de classification du genre rat. En effet, la dési- gnation de l'habitat n’est pas suffisante pour caractériser ces animaux excessivement aclifs et voyageurs. De plus, le rat dit de maison (Mus rattus), adulte, peut être de grande taille et être confondu avec le rat dit d'égout (Mus decumanus). Inversement, les individus jeunes de cette dernière espèce peuvent être confondus avec les adultes de la première. Il faudra donc toujours spécifier dans ces recherches de quels rats il s'agit. Rappelons ici les caractères différenliels de ces deux espèces, d’après R. Martin et R. Rollinat : Rat surmulot. — Mus decumanus Pallas, vulgairement rat gris, rat d'égout : pelage blanc roussâtre ou gris noirâtre en dessus, blanchâtre ou cendré clair en dessous. Tête et corps : 0 m. 25; queue (d'un brun roussâtre) : 0 m. 18, soit un peu moins longue que le corps. Beaucoup de sujets atteignent une plus forte taille. Rat noir. — Mus ratius Linné. Parties supérieures noirâtres, sans mélange de roussätre; parties inférieures d’un gris noiràtre (cendré foncé). Tête et corps : Om.20; queue : 0 m.22, c’est-à-dire plus longue que le corps. LE BACILLE DYSENTÉRIQUE, TYPE FLEXNER, DANS LA DYSENTERIE DES ENFANTS, par M. B. AucHé et M'° R. CamPpana. Dans la séance du 17 janvier 1905 de la Réunion biologique de Bordeaux, l’un de nous décrivit un bacille qu'il avait trouvé chez quelques malades atteints de dysenterie, et établit son identilé parfaite avec le bacille dysentérique type Chantemesse-Shiga-Kruse. Depuis cette époque nous avons étudié au point de vue bactériologique un très grand nombre de cas de diarrhée muqueuse et muco-sanguinolente de l’en- fance. À côté du type bacillaire précédent, souvent rencontré, nous avons trouvé d’autres types de bacilles dysentériques. Celui dont nous désirons vous entretenir dans cette séance correspond exactement au type Flexner. En voici les principaux caractères : C'est un bacille court, gros, trapu, qui mesure de 1 à 3 millièmes de milli- mètre de long et qui est un peu plus gros que le bacille d'Eberth. Il est 444 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (83) arrondi à ses extrémités. Il se colore bien par les couleurs d’aniline; mais il ne conserve pas le Gram. Il est immobile. Il pousse bien sur tous les milieux. Bien que se développant à la tempéra- ture du laboratoire, son développement est surtout intense à 37 degrés. Le bouillon se trouble rapidement, en quelques heures, et d’une facon uni- forme. Par l'agitation il donne des reflets moirés faciles à voir. Il n’y a pas de voile à la surface. Le trouble persiste au même degré pendant plus de vingt-quatre heures, bien qu’au fond du tube il se forme un léger dépôt blanc qui s’accentue plus rapidement dans la suite. Ce caractère a son importance, puisqu'il permet d'employer, sans causes d'erreur possible, les cultures en bouillon de vingt à vingt-quatre heures pour l'épreuve de l’agglutination. Dans l’eau peptonée, les cultures, au bout de quatre à six jours d’étuve à 37 degrés, donnent la réaction de l'indol, contrairement aux cultures des bacilles du type Shiga-Kruse qui ne nous ont jamais donné cette réaction. Il ne détermine pas de fermentation dans les bouillons glycosé, lactosé, mal- tosé, mannité ou saccharosé. Sur gélose inclinée, les cultures sont blanchâtres; leur surface est humide, luisante ; les bords sont semi-transparents, plus minces que le centre. Elles rappellent assez bien les cultures du bacille d'Eberth et n’ont en somme rien de caractéristique. Elles sont un peu plus abondantes que celles du bacille type Shiga. Elles dégagent une odeur spermatique assez nette. Par piqûre profonde, on obtient une colonie blanchâtre le long de la strie, et, à la sur- face une pellicule blanche qui s'étend généralement peu autour de la piqüre. On n'observe de production de gaz ni dans la gélose glycosée, ni dans la gélose lactosée, ni dans la gélose mannitée, maltosée, ou saccharosée. Les ensemencements sur milieux colorés donnent des cultures beaucoup plus caractéristiques. Sur l’agar Drigalski les colonies sont petites, transpa- rentes et bleues, contrairement aux colonies de colibacilles qui sont rouges. Aussi ce milieu est-il recommandé pour l'isolement des agents de la dysenterie. Les géloses sucrées et tournesolées, après ensemencement par piqüre pro- fonde, fournissent les caractères suivants : La gélose mannitée et tournesolée, vire au rouge dans sa totalité. La gélose lactosée et tournesolée se décolore légèrement dans les couches profondes, mais elle ne change pas dans les couches supérieures. Elle se comporte donc ici comme après ensemencement avec le bacille dysentérique du type Shiga. La gélose maltosée et lournesolée rougit dans son ensemble. La gélose colorée par le rouge neutre n’est pas modifiée. Les milieux de Barsiekow sont modifiés de la facon suivante : Les tubes à la mannite rougissent légèrement et se troublent. Les tubes au lactose restent bleus et clairs. Les tubes à la maltose rougissent et se troublent. Les tubes au glycose rougissent et se troublent. Le lait n’est pas coagulé. Sur la pomme de terre au bout de vingt-quatre heures, la culture se pré sente sous l'aspect d’une glaçure peu visible, luisante, sans saillie, de colora- 3 tion blanchâtre ou blanc jaunâtre, rappelant tout à fait l’aspect des cultures du bacille d'Éberth. Plus tard, la culture s’épaissit un peu et devient un peu plus jaunâtre tout en conservant son aspect de glaçure. L'aspect des cultures est d’ailleurs un peu diflérent suivant la nature des pommes de terre. 1 A 1 Æ “ 1 (84) SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 445 Les cultures en strie sur gélatine inclinée sont minces, opalines et ressemblent à celles de la fièvre typhoïde. En boîte de Pétri, les colonies de surface sont un peu plus grandes que les colonies lyphiques et plus petites que les colonies colibacillaires. Elles sont minces, transparentes et traversées par des stries qui leur donnent l'aspect des feuilles de vigne. Sous le micros- cope, elles sont jaunâtres; leur centre est jaune brun; la périphérie est plus claire. La gélatine n’est pas liquéfiée. En résumé, il s’agit d'un bacille petit, immobile, qui ne prend pas le gram, qui ne fait pas fermenter les sucres et qui ne coagule pas le lait. Il diffère du bacille dysentérique type Shiga par sa propriété de former de l’indol dans l'eau peptonée après cinq à six jours de culture, et par son action sur les milieux sucrés et tournesolés. Tandis que le bacille du type Shiga-Kruse ne modifie ni la gélose mannitée tournesolée, ni la gélose maltosée tournesolée, le bacille étudié dans cette note les fait nettement virer au rouge. Les différences sont les mêmes après ensemen- cement dans les milieux de Barsiekow. En réalité, il y a là deux types de bacilles dysentériques : le premier est le type Chantemesse-Shiga- Kruse ; le deuxième est le type Flexner (Manille). Les différences entre ces deux types d'agents microbiens sont encore confirmées par la séro-réaction. Le sérum des malades atteints de dysenterie type Chantemesse-Shiga n'a jamais agglutiné notre second type de bacilles. Les malades chez lesquels nous avons isolé les bacilles du type Flexner, nous ont fourni un sérum qui, à la solution 1/50 à 1/100, agglutinait les bacilles du type Flexner et n’agglutinait pas les bacilles du type Shiga. Le sérum d’un chien, inoculé depuis longtemps avec le bacille du type shiga, agglutine au 1/800 les bacilles homologues; il n’agglutine pas les bacilles du second groupe. Le sérum d’un läpin trailé avec un de nos échantillons de bacilles du type Flexner agglutine au 1/1000 tous les bacilles du même type et un bacille type de Flexner. Un autre lapin traité par ce bacille type de Flexner (Manille) agglutine au même titre (14/1000) ce dernier bacille et nos différents échantillons. Pour conclure, nous dirons donc que les caractères des cultures aussi bien que les résultats fournis par l'épreuve de l’agglutination nous per- mettent d'affirmer l'identité de notre microbe avec le bacille dysenté- rique lype Flexner (Manille). 446 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX L'OXYGÈNE ET L'ACIDE CARBONIQUE RESPIRATOIRES SOUS L'INFLUENCE DES INJECTIONS D EAU DE MER. par MM. JEAN GAUTRELEr et EDOUARD Souré. L'un de nous, en collaboration avec M. Montéli, a déjà publié les résultats obtenus par la méthode de Gréhant, quant aux variations de CO* respiratoire sous l'influence des injections d’eau de mer iso- tonique. Avec une instrumentation nouvelle à l’aide du nouvel appareil si précis du professeur Jolyet nous avons repris et amplifié ces expé- riences. Notons en passant qu'à la polasse des pipettes nous avons substitué de la baryte, d’où le titrage chimique de l’acide carbonique fixé. Après chaque expérience, nous avons analysé l'air contenu dans l'enceinte où avait respiré l'animal; sa composition était normale. Comme dans les expériences déjà relatées, la quantité d’eau de mer isotonique injectée était de 10 centimètres cubes par kilogramme. | Chez le lapin n° 24, avant les injections, les mesures de gaz ont donné : pour l'oxygène 0'820 par kilogramme par heure; pour l'acide carbonique 6659 fes kilogramme par heure. Soit comme quotient res- piratoire : 0,659 0,820 — 0,80. Après trois injections d’eau de mer, pratiquées à trois jours d’inter- valle, l'oxygène n'était plus que de 01500 par kilogramme par heure, l’acide carbonique 0'483. CO” 0,483 0° 0,500 La conclusion qui s'impose des diverses expériences pratiquées avec différentes méthodes est que les injections d'eau de mer abaissent dans de fortes proportions les chiffres de l'oxygène et de l'acide carbo- nique respiratoires ; les injections de sérum de Quinton diminuent les échanges. — 0,96. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Bordeaux.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MArETHEUx, imprimeur, 1, rue Cassette, : SPACE. PA ho TRE a pe inde nt 7m d mE ÉERaR e SE et M Less Le pe 4 Es ASE F Lt 4A4T SÉANCE DU 18 NOVEMBRE [905 SOMMAIRE BLARINGHEN (L.) : À propos d’un mémoire de G. Klebs sur la varia- Mes Heure en. BLArINGHE (L.) : Action des trau- matismes sur la Variation et l'Héré- dité. BRISSEMORET et COMBEs (R.) : quinones chez les êtres vivants. . . Burxer (Er.) et Vincenr (C.) : To- pographie du Spirochele pallida Schaudinn dans les coupes de chan- PS YDRIITIQUe RE 7. DezezEenNE (C.) : Sur le rôle des sels dans l'activation du suc pan- créatique. Spécificité du calcium. . : DeLezENNE (C.) : Activation du suc pancréatique par les sels de cal- cium | DELEZENNE (C.) : Réponse à M. Vic- nine) eo nier una eo) tetle\ "se sujette 27 MGR SR RE RP CE Dusuissox : Dégénérescence des ovules chez le Moineau, la Poule et + HESDMENOPRAMNEEE Dueuissox : Dégénérescence des ovules chez les Reptiles . . . . . .. Ducroux (E.) : Sur une piroplas- mose bacilliforme du bœuf en Tu- TS Re En E Face (Louis) : Les organes seg- mentaires des Spionidiens et la ma- Mn sexuelle ee sua - Guerger et Hexry : Notes sur un bacille paratyphique Jouaaup (L.) : Procédés pour éva- luer la fixation suffisante du sang humain dans les ARR aqueuses LIT CERN PRE LawBerT (M.) : Rôle Rat de J'urée ajoutée aux liquides de cir- Culation artificielle du cœur de la Mnouille . .. . . . .. . .. . . .. — Lécaizcon (A.) : Sur l'influence de Palimentation dans l'ovogenèse des Araigoées M re tar cet Pete Ne NEMERRS CD LAON CS La 0 DE BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 414 470 460 #67 1905. de syphilis héréditaire Te LIX: LevapiTtt et SALMON (PAUL) : Loca- lisations du spirochète dans un cas Moussu (G.) : Cultures de tuber- culose « in vivo » chez des animaux SUR a TE re NATTAN-LARRIER (L.) et BRINDEAU : Conditions histologiques du pla- centa dans l'hérédo-contagion . . NETTER (ARNOLD) et RIBADEAU-Du- MAS (L.) : Troisième série d'infec- tions paratyphoïdiques (17 cas nou- veaux) NETTER (ARNOLD) et RiBApEAU-Du- MAS (L.) : Remarques sur la date d'apparition de l’agglutination et sur la persistance plusieurs années après l'infection. Nouveaux cas d’ictère dus à des infections para- DYDROITES EST EVE UE NU EN Vicror (HENRI) : Note se ratta- chant à la communication de M. De- lezenne sur l’action du suc pancréa- tique sale; Le le, Let SUN ER ESS 7e et | alte) La Réunion biologique de Nancy. Coin (R.) : De l'emploi du sili- cate de potasse comme milieu solide transparent pour la conservation de piécestanafomiques RAR Le, Gurczoz (Ta ) : Procédé ‘pour atté- nuer ou éliminer les reflets des sur- faces daus l'observation et la photo: graphie endoscopiques. ...,.... GuicLoz (Tu.) : Le champ dans l'observation microscopique déduit des numéros dioptriques de l’objec- tihet de locülairé et nee SIMON (P.) et HocxE (L.) : Les gan- glions nerveux des racines posté- rieures appartiennent-ils au système du grand sympathique? Autopsie d'un cas de neurofibromatose. . 489 490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eS = (o +] Présidence de M. A. Giard, président. OUVRAGE OFFERT PRÉSENTATION DU PREMIER FASCICULE DU COURS DE CHIMIE PHYSIQUE DE M Victror HENRI. J'ai l'honneur de présenter le premier fascicule du Cours de chimie physique suivi d'applications à la Chimie et à la Biologie qui vient de paraître (1). Ce cours contient un exposé élémentaire de la chimie physique; il est écrit dans un esprit pratique; trois chapitres sont consacrés aux applications de la chimie physique à la biologie. Le premier fascicule comprend l'étude des solutions (conductivité élec- trique, osmose, diffusion, cryoscopie, tonométrie, ébullioscopie, viscosité, propriétés optiques et forces électro-motrices). Le deuxième fascicule (colloïdes, équilibres chimiques, vitesses des réactions chimiques, actions catalytiques, diastases, toxines, etc.) paraîtra au mois de janvier prochain. TROISIÈME SÉRIE D'INFECTIONS PARATYPHOÏDIQUES (17 CAS NOUVEAUX), par MM. ArNozp NETTER et L. RIBADEAT-DumASs. Depuis notre communication du 11 novembre (2), nous avons exa- miné le sang de 23 typhoïdiques et paratyphoïdiques, et nous avons, par l’agglutination, réussi à déceler 17 cas nouveaux d'infections para- typhoïdiques, dont 12 par le bacille paratyphique A de Brion et Kayser, 4 par le bacille de Gærtner, et 1 par le bacille paratyphique B de Con- radi, Drigalsky et Jürgens. La liste de nos cas présents se trouve ainsi arrêtée de la façon sui- vante (3) : (1) Paris, Hermann, 1906, 1 vol. in-8°, 336 pages. | (2) Erratum à la note du 11 novembre. Prière de lire, page 434, la table OC dans l’ordre suivant : Gærtner, Eberth, Brion-Kayser. Page 435. Table D. Eberth, Brion-Kayser, Gærtner. Page 436. Table B. Gærtner, Eberth, Brion-Kayser. — — Table C. Eberth, Brion-Kayser-Gærtner. (3) Aux 16 cas négatifs signalés le 11 novembre, nous ajoutons 4 nouveaux cas négatifs; il s'agissait une fois d’angine, et, les autres fois, de péricardite, d’embarras gastrique et de pleurésie avec épanchement. SÉANCE DU 18. NOVEMBRE TABLEAU CLINIQUE d : e fièvre typhoïde. Bacille paratyph. A Brion-Kayser . 31 Bacille B de Conradi. . . . .. 1 Bacille de Gærtner. . . . . . . . 6 Bacille d'Eberth. 20 58 SYMPTOMATOLOGIE différente de la fièvre typhoïde. 13 l 23 449 TOTAL Comme précédemment, nous plaçons ici la liste des agglutinations respectives dans les nouveaux cas. Cas où l’'agglutination par le bacille de Brion-Kayser est prédominante. BRION-KAYSER EBERTH CONRADI GÆRTNER. 33. 1/40 0 0 0 34. 1/100 4/20 0 1/20 DO 1/40 0 1/20 0 36. 1/200 0 0 0 31. 1/600 0 0 1/20 38. 1/100 0 0 1/20 39. 1/40 0 0 0 40. 1/200 4/20 0 0 41. ; 1/100 4/20 0 0 42, 1 /40 1/20 0 0 43. 1/40 0 1/20 0 44, 1/100 1/20 1/10 1/20 Cas où l'agglutination par le bacille de Gærtner est prédominante. GÆRTNER EBERTH BRION-K A YSER CONRADI 11. 1/500 1 /40 0 0 RE ele = 1/200 0 1/10 0 ef A ARE 1/50 0 0 0 AC ASE Ste a 1/10 1/10 0 0 as où l'agglutination par le bacille de Conradi est prédominante. CONRADI EBERTH AS Vo de Ps 1/20 0 BRION-K A YSER 1/40 0 GÆRTNER Cas où l'agglutination par le bacille d'Eberth est prédominante. EBERTH BRION-KAYSER CONRADI GÆRTNER 16. 1/40 0 0 0 47% 1/80 0 0 (( 18. 1/100 (] 41/25 () 19. 1/200 1/100 0 4/20 20. 1/60 1/20 0 0 24. 1/100 0 0 0 450 . | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Depuis nos précédentes communicalions, nous avons pu prendre connaissance d’un article de Zupnik et Posner, publié en 1903, dans le Prager medizinische Wochenschrift. Comme nous et avant nous, ces auteurs ont examiné comparativement l’agglutinabilité de divers microbes par rapport au sang de leurs malades. Sur 64 cas causés par le bacille d'Eberth, 57 agglutinaient faiblement | le bacille paratyphique B; soit 89 fois pour 100. Le bacille paratyphique A était agglutiné 39,6 fois pour 100. En même temps que ces 64 cas à bacille d'Eberth, les mêmes auteurs ont décelé par la même méthode 9 infections paratyphoïdes (7 à bacille B, 1 à bacille À, 1 à bacille différent). On voit que ko proportion des paratyphoïdes aux typhoïdes était sen- siblement inférieure à celle que nous relevons en ce moment. REMARQUES SUR LA DATE D'APPARITION DE L'AGGLUTINATION ET SUR SA PER- SISTANCE PLUSIEURS ANNÉES APRÈS L'INFECTION. NOUVEAUX CAS D'ICTÈRE | DUS A DES INFECTIONS PARATYPHOÏDES, par MM. ARNoLD NETTER et L. RIBADEAU-Dumas. Nous avons pu examiner le sang d’un certain nombre de malades à une période très rapprochée du début, et il semble que, dans l'infection causée par le paratyphique A, les résultats positifs apparaïssent souvent . de bonne heure. Chez 9 malades, l'examen a été pratiqué avant la fin du premier septénaire; huit fois, l'examen nous a donné les chiffres respectifs de 1/100 et de 1/400 dès le deuxième jour. L’agglutination a atteint le chiffre de 1/300 chez un malade vu le troisième jour, de 1/80 chez un malade examiné le quatrième jour. Un malade examiné le cin- M quième jour a donné une agglutination à 1/100, tandis que, chez un autre, l'agglutination, négative le troisième jour, atteignait 1/40 Ie cin- . quième; nous trouvons une agglutination à 1/100 dans un cas examiné le sixième jour. Enfin, chez un dernier malade, l’agglutination n’attei- gnait que 4/10 le septième jour et s'élevait à 4/400 le quinzième. Le sang des sujets atteints par l'infection due au bacille de Gærtner a été généralement examiné à une date éloignée du début ; une fois cependant, l'examen au seplième jour donnait une agglutination au 1/600. Le pouvoir agglutinant persiste longtemps dans le sang des para typhoïdiques convalescents et permet ainsi d'établir le diagnostic rétro= spectif à longue distance. Nous reviendrons sur ce point dans un ne oeil ultérieur, dont l'objet sera de rechercher la proportion relative des typhoïdes et des para- à PT de = A nt nee Ou fe SO PT nr né à SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 451 typhoïdes avant l'épidémie actuelle. Nous voulons seulement citer quelques exemples. L’un des plus remarquables est celui d'une infirmière de l'hôpital Trousseau, chez laquelle, le 28 mars 1903, nous avons isolé des déjec- tions un bacille paratyphique en employant la méthode de Drigalsky et Conradi. Cette malade, dont l'affection avait débuté le 19 mars, avait eu une fièvre continue grave avec plusieurs hémorragies intestinales. Son sang, qui n'agglutinait pas le bacille d'Eberth, agglutinait les bacilles paratyphiques. Le 14 novembre 1905, soit trente mois plus tard, le sang de cette infirmière agglutinait encore le bacille para- typhique A de Brion et Käyser, à 1 p. 40. Pendant l'hiver 1900, soit il y a près de six ans, j’ai soigné la femme d'un confrère pour une fièvre continue de longue durée, avec douleurs épigastriques violentes, intolérance gastrique. L'examen du ventre révé- lait un développement considérable du foie, avec tuméfaction doulou- reuse de la vésicule biliaire. Je portai le diagnostic de fièvre typhoïde anormale avec cholécystite, sans coïncidence d'ictère. Nous avons examiné, le 10 novembre, le sang de cette malade, et trouvé encore une agglutination à 1 p. 30 vis-à-vis du paraty- phique A. Chez une autre malade de la ville qui avait soigné en 1902, à Cher- bourg, un fils atteint de fièvre typhoïde, nous avons vu, à cette époque, une fièvre prolongée, ayant débuté par des vomissements, de la consti- pation et une tuméfaction avec sensibilité du foie. Nous avons examiné le sang de cette malade et retrouvé une agglutination à 1 p. 100 vis-à-vis du bacille de Gærtner. Cette même agglutination a été obtenue à ce taux et des taux plus élevés, avec le sang de trois malades ayant contracté, il y a dix-neuf mois, une infection paratyphoïdique. Nous avions signalé, dans la dernière séance, la fréquence de l’ictère chez les sujets dont le sang agglutine le bacille paratyphique A, et émis l’idée que cet agent pathogène doit jouer un rôle considérable dans Ja pathologie des ictères infectieux. Depuis cette communication, nous avons examiné le sang de 6 nou- veaux malades atteints d'ictère aigu, et nous avons trouvé 4 fois l’agglu- tination du bacille paratyphique À, 1 fois du bacille paratyphique B, et 1 fois le bacillus enteritidis de Gærtner. Les sujets dont le sang agglu- tinait le bacille paratyphique A étaient atteints : 1 fois d’ictère infectieux, avec tuméfaction aiguë du foie et de la rate (1 p. 40). 2 fois d’ictère accompagnant une fièvre continue de durée moyenne, et pour laquelle on avait porté le diagnostic de fièvre typhoïde (1 p. 100 et { p. 200). Une malade avait eu, il y a deux ans, un ictère au cours d’une colique 1e: 6h 4592 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x hépatique franche, et avait été alteinte, il y a un mois, d’une colique hépatique franche sans ictère (1 p. 40). Le malade dont le sang agglutinait à 1 p. 20 le bacille paraty- phique B de Conradi, Drigalsky et Jürgens est atteint d’ictère fébrile avec accès intermittents. Enfin, la malade dont le sang agglutinait le bacille de Gærtner à 4 p. 100 avait été atteinte de fièvre continue avec détermination hépa- tique. On voit que ces chiffres justifient nos propositions du 11 novembre. LES ORGANES SEGMENTAIRES DES SPIONIDIENS ET LA MATURITÉ SEXUELLE, (Note préliminaire) par M. Louis FAGE, Chez un grand nombre d’Annélides polychètes, on sait (4) que la néphridie, soit qu'elle s'ouvre dans le cœlome par un simple néphros- tome, soit qu’elle se termine par une extrémité aveugle, recouverte de solénocytes, subit d'importantes modifications au moment de la repro- duction. Il en est de même lorsqu'elle possède déjà chez les formes immatures un pavillon génital, signe d’une adaptation précoce au rôle de conduit vecteur. Des transformations ultérieures peuvent encore se produire, en rapport avec l'apparition des cellules sexuelles. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivé, après avoir étudié, à ce point de vue, sur les conseils de M. Mesnil, quelques types de EN mis obligeamment par ce savant à ma disposition. Une coupe longitudinale, pratiquée dans un exemplaire mâle, com- plètement mûr, du Spio Martinensis Mesnil, montre les particularités suivantes : Le pavillon génital, bien développé, est rattaché par sa lèvre supé- rieure, à la membrane peritonéale qui tapisse la face antérieure du dis- sépiment et dont il n’est, en quelque sorte, que le prolongement. Il est formé de cellules ciliées nettement limitées. Le pavillon se continue par une énorme ampoule, à paroi très épaisse (53 u), constituée par de petites cellules (10 &), extrêmement nom- breuses et disposées sans aucun ordre. Leur protoplasme, finement sranuleux, a des contours indécis. Puis, le canal néphridial diminue de diamètre et change de structure; il se transforme en un épithélium columnaire composé d’une seule rangée de cellules étroites, très rap- (1) Pour les indications bibliographiques, voir Le travail in extenso à paraître ultérieurement. PT D UE TS en vert SÉANCE DU 48 NOVEMBRE 453 prochées, de 20 y de hauteur, possédant un noyau central. Bientôt, sans augmenter l'épaisseur de sa paroi, il se renfle en une seconde ampoule, moins volumineuse que la première, mais dont la cavité interne est plus spacieuse. Finalement, il revient sur lui-même, et, après avoir décrit une boucle complète, gagne le pore externe situé ventralement à la limite du segment qui contient la néphridie et de celui qui le précède. Dans la dernière partie de son parcours, le tube excréteur offre encore un aspect différent : les limites intercellulaires ne sont plus visibles et les noyaux deviennent rares. Des cils vibratiles, disposés uniformément sur le pourtour de la lumière, déterminent par leur ponveent un courant dirigé vers l'extérieur. Chez les exemplaires femelles, l'organe segmentaire conserve la forme beaucoup plus simple qu’il à chez le jeune. Au pavillon, norma- lement constitué, fait suite un canal néphridial étroit, recourbé en U, qui, sans aucune différenciation, va s'ouvrir à l'extérieur par un pore, placé comme il a été dit plus haut. La Scololepis ciliata Kef. (et probablement, la majorité des Spioni- diens) possède une néphridie semblable à celle du Spio Martinensis Mesnil jeune, et qui, ni chez le mâle, ni chez la femelle, ne se modifie, même à maturité complète. D'autre part, Claparède et Metchnikof ont figuré l’organe segmentaire du Spio Mecznikowianus Clp. ”*, et ont vu, à son intérieur, se former des spermalophores. Il est intéressant de rapprocher ces observations des faits signalés par Pruvot dans la famille des Syllidiens, où seuls les individus mâles (1) montrent des transformations de l'organe segmentaire, coïncidant avec l'apparition des spermatozoïdes. Cet auteur insiste notamment sur le cas de la Syllis vittata & dont la néphridie est entièrement remplie d’ « organites singuliers », offrant la plus grande ressemblance avec les spermatophores du Spio Meczniko- wianus, CIp. Nous voyons donc qu'entre des genres voisins de la même famille, l'organe segmentaire peut se comporter différemment au moment de la reproduction, et que, de plus, les modifications dont il est le siège peuvent intéresser uniquement les individus du sexe mâle. Les causes de ce dimorphisme sexuel nous échappent, et je me borne, quant à pré- sent, à le signaler. Néanmoins, on doit remarquer que les deux seules Pulles (Spionidiens et Syllidiens), où ce fait a été constaté jusqu'ici, sont aussi les seules renfermant des types dont la népbridie est capable (1) Cependant, cette particularité ne s'étend pas à toute la famille des Sylli- diens. J'ai constaté des transformations analogues de l'organe segmentaire, également chez des individus femelles de l'Odontosyllis ctenostoma Clp., la Pterosyllis spectabilis Johnst, et la Myrianida fasciata Miine Edw. 1454 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de donner naissance à des formations spéciales au sexe mâle : les sper- « matophores. Des variations de structure de Danone excréteur, affectant un seul M sexe, ont été signalées récemment par de Sinéty dans les tubes de Mal- pighi des Phasmes, et par Regaud et Policard dans le tube urinifère " de quelques Ophidiens. Mais, chez les Annélides, les modifications sont . beaucoup plus importantes, on observe une transformation complète de l'organe segmentaire, corrélative à l'apparition des cellules sexuelles, et à l’'accomplissement d’une nouvelle fonction par la néphridie, celle de 4 conduit vecteur. À PROPOS D'UN MÉMOIRE DE G. KLEBS SUR LA VARIATION DES FLEURS, par M. L. BLARINGHEN. Klebs (1) vient de publier un mémoire très important sur la variation de fleurs de plantes soumises à l’action multiple des agents extérieurs. L'intérêt de ce travail porte sur ce fait qu'un individu de Sempervivum Funkii présente des variations dans le nombre et la forme des pièces florales lorsqu'on en soumet les diverses parties à des traitements variés, M tels que la culture à l’obscurité, à diverses lumières colorées, à la Û sécheresse, etc. Le phénomène est plus accusé sur les inflorescences latérales dont on provoque l'apparition par un excès de nutrition com- M biné ou non à la section partielle ou complète de la tige principale. Il « consiste principalement en des modifications de couleur, de nombre et M de disposition des organes de la fleur, et plus rarement en des méta- morphoses des étamines en pétales, des carpelles en étamines. Klebs conclut de ses expériences (p. 288) : PR EN PTE « Tous les caractères d’une plante telle que le S. Funkii varient sous l'action du milieu extérieur, même en dehors de la reproduction sexuelle. Les carac- tères qui sont considérés comme les plus constants, dans les conditions nor- Ë males de vie, soit dans la nature, soit dans les jardins, les Organisations M merkmale de Naegeli, obéissent à la règle, à la condition que les agents exté- M rieurs interviennent au moment convenable. » 3 ; Or, les caractères que Klebs a étudiés sont précisément soumis à la ; variation individuelle. La culture du S. Funkii dans les conditions nor- « males a permis l'examen de 530 fleurs dont 58 (10,9 p.400) montrent des « variations dans le nombre des étamines et des carpelles. La bonne (1) Georg Klebs. Ueber Variationen der Blüten (Jahrb. für wissensch. Botanik, Bd. XLIT, pages 155-320, octobre 1905). S an © SÉANCE DU 18 NOVEMBRE nutrition fournit par contre un individu pourvu d'inflorescences laté- rales dont 21 fleurs sur 70 (30 p. 100) s'écartent de la moyenne. Enfin l'examen de 100 fleurs développées après la suppression de l’inflores- cence terminale ne donne pas une moyenne de trois fleurs appartenant au type moyen primitif. Quoique ce dernier fait n'ait pas été mis en évi- dence par Klebs qui attribue cette variation excessive à l’ensemble de facteurs combinés (substratum, lumière, sections, etc.), je puis affirmer, après les nombreuses observations que j'ai faites depuis quatre ans sur d'autres plantes, que la suppression voulue ou accidentelle de l'inflo- rescence terminale est une cause capitale de la déviation du nombre des pièces florales. D'autre part, Klebs signale quelques cas de métamorphose de sexe et en particulier la transformation de carpelles en étamines. Dans les expériences faites avec le S. Funkii on la rencontre seulement, comme le montre l'examen des tableaux de culture, sur les inflorescences laté- rales développées après la suppression partielle ou totale de l'inflores- cence principale. Dans l'esprit de l'auteur, il semble au contraire que ces anomalies soient produites par un mélange complexe de conditions particulières, comme il résulte de la conclusion qu'il donne à son étude (p. 344). « Les méthodes employées font reconnaitre des mélanges extrêmement variés de deux ensembles de conditions qui provoquent le développement des rosettes et des fleurs, et expliquent la grande richesse des variations si diverses qui ont été décrites plus haut. Tout est modifié, le type, la forme moyenne déviée de la forme normale; la plante tout entière est projetée hors _des voies suivies depuis des siècles et n’est plus que le jouet des conditions nouvelles qui se saisissent d'elle et l’emportent. « Tout cela ne suffit pas, il faut de nouvelles recherches. Car ce qui manque c’est l'élaboration exacte des méthodes et il n’est pas possible jusqu'ici de provoquer avec Sûreté la métamorphose des élamines en pétales, celle des - carpelles en étamines. On est encore trop dans la dépendance du hasard et l’on ne peut encore compter sur leur apparition avec certitude. Les difficultés sont très grandes et elles ne permettent pas de prévoir quand et comment elles seront surmontées. Mais la tâche qui s'impose évidemment est de mettre . en lumière par des méthodes plus compliquées et plus raffinées, à l’aide des agents extérieurs, la richesse infinie des formes possibles. » Mes recherches sur la production expérimentale des anomalies me permettent de déceler dans les expériences de Klebs une cause cons- tante de la métamorphose de carpelles en étamines, cause que l’auteur tant par l'exposition des résultats qu'il énonce que par la conclusion qu'il nous donne, avoue n’avoir pas mise en évidence. En effet, Klebs semble ignorer les expériences précises que j'ai entre- prises depuis quatre ans et qui m'ont donné des résultats positifs déjà 456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE en partie publiés (1). Je ne rappellerai ici que mes travaux sur la pro- duction expérimentale d'anomalies dans les inflorescences de maïs. Za section de la tige principale faite peu de temps avant l'apparition de la panicule terminale estune opération qui provoque avec sûreté la métamor- phose de fleurs mâles en fleurs hermaphrodites et femelles. ACTION DES TRAUMATISMES SUR LA VARIATION ET L'HÉRÉDITÉ, par M. L. BLARINGHEM. L'importance de l'action des traumatismes sur la variabilité des caractères des végétaux m'apparut comme un fait évident à la suite de recherches que j'ai déjà communiquées à la Société de Biologie le 20 décembre 1902(2). J'avais obtenu par la section de la tige principale « du maïs trois rejets présentant des fleurs femelles dans la panicule terminale et l'examen, fait en 1901 et en 1902, de nombreux cas analogues produits dans différentes cultures confirmait les résultats d'une expérience encore incomplète. En 1903, je précisai la méthode en graduant la violence des mutilations et en indiquant l’époque conve-…« nable pour la meilleure réussite de l'expérience (3). Depuis cette époque, J'ai examiné avec soin les anomalies multiples que provoquent les sec- tions de tiges sur des plantes annuelles, vivaces et même ligneuses (4). x Enlin les succès obtenus cette année en appliquant la méthode à la déformalion de Polygonum Fagopyrum, Sinapis alba, Heracleum Spon- dylium, etc., me permettent d'affirmer que les plantes les plus diverses présentent, à la suite de mutilations violentes, les anomalies Les plus variées, dans le port, les feuilles et les fleurs. En fait, je possédais déjà en 1902 les jalons qui me conduisent à énoncer aujourd’hui la loi biolo- gique très générale qui suit : « Les traumatismes violents, qui parfois détruisent l'individu, pro-\ voquent souvent le développement surabondant de rejets dont tous les organes, tiges, feuilles, fleurs et fruits, montrent des déviations considé= rables du type spécifique et constituent de véritables monstruosités. Grâce aux mutilations, on peut mettre la plupart des végétaux dans l'état d « affo-« (4) Comptes rendus de la Société de. Biologie, 20 décembre 1902 et 10 dé- cembre 1904. Bull. du Muséum d'histoire naturelle, 28 juin 1904. Comptes rendus Académie des Sciences, 6 février 1905. (2) Remarques sur du maïs tératologique dit « Maïs dégénéré ». (3) Production par traumatisme d'anomalies florales dont certaines sont héréditaires (Bulletin du Muséum d'Histoire naturelle, 28 juin 1904). (4) Anomalies héréditaires provoquées par des traumatismes (Comptes rendus de l’Académie des sciences, 6 février 1905). — Voir aussi Comptes rendus de la Société de Biologie des 10 et 17 décembre 1904, et 3 juin 1905. SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 457 lement » qui est, pour les horticulteurs, la période de la vie de l'espèce qui fournit les nouvelles variétés ». En effet, la lecture des travaux remarquables de Hugo de Vries m'avait fait connaître l'hérédilé partielle des fascies, des torsions de tiges, etc., et, dès. 1902, je récoltais avec soin les graines développées sur les panicules des trois rejets de maïs déformés obtenus expérimen- talement. Cette même année j'avais eu soin d'isoler autant que possible la descendance des plantes anormales pour en faire l'étude approfondie. J'ai signalé déjà l'hérédité partielle d'un certain nombre d'anomalies et j'aurai l’occasion d'y revenir ailleurs. Le but de cette note est d'annoncer que par ce procédé j'ai obtenu une variété nouvelle et stable. Le maïs qui m'a servi pour ces recherches sur l'hérédité est une variété à gros grains jaunes, très tardive, cultivée dans le nord de la France pour la nourriture du bétail. On réussit rarement à en récolter les graines mûres, et seulement à la fin d'octobre. Or, les rejets qui se développent après la section de la tige faite dans le cours du mois de juillet, poussent très vite et fournissent des graines müres à la fin de septembre. En particulier un rejet anormal obtenu en 1903, par hérédité d'une anomalie provoquée expérimentalement en 1902, m'a donné un lot de plantes d’une précocité exceptionnelle, que j'ai pu récolter à la fin d'août 1904. Seuls les individus de celte origine présentent des carac- tères uniformes de levée rapide, de floraison avancée de trois semaines, de port plus grêle, de panicules moins fournis, d'épis courts portant un nombre moyen plus élevé de rangées de grains. La plupart de ces carac- tères nouveaux ont été appréciés à l’aide de courbes de variation indi- viduelle. Des cultures faites en 1905, en terrains variés, m'ont montré la constance remarquable des caractères apparus brusquement en même temps qu'une tendance légère à la production d'anomalies que je m'efforce à présent d'éliminer. De l’ensemble de ces faits et d’autres particularités observées sur plusieurs milliers d'individus soumis à un examen minutieux résulte la conclusion suivante : Parmi les plantes que des mutilalions ont mises dans l'état d’« affole- ment », élut qui correspond à un déséquilibre du type moyen, un cerlain nombre présentent des anomalies partiellement héréditaires. Dans leur descendance, celles-ci fournissent, en outre, des anomalies graves, des plantes normales ayant repris l'équilibre ancestral et de très rares indi- vidus présentant des anomalies légères. Ces dernières sont totalement héré- ditaires et constituent des vuriétés (1) complètement nouvelles et stables. (Laboratoire de Botanique de l'Ecole normale supérieure.) (4) Au sens attribué à ce mot par Moquin-Tandon, Tératologie végétale, p. 28. Voir aussi : L. Blaringhem, L'origine des espèces, Revue des Idées du 15 novembre 1905, p. 840 et suiv. . 458 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTES SUR UN BACILLE PARATYPHIQUE, par MM. Guerger (de Rouen) et HENRY. Le soldat C... meurt le 30 mai 1904 après deux jours de maladie ayant évolué avec un tableau cholériforme. L'autopsie décèle les lésions caractéristiques de la fièvre typhoïde, en particulier ulcérations des plaques de Peyer et congestion intense de tout le tractus intestinal. | . L’ensemencement du contenu de l'intestin ne permet de déceler He coli bacille banal; par contre, le suc de la rate retiré par ponction nousM donne après ensemencement sur gélose une culture pure d’un bacillem présentant les caractères des paratyphiques. C'est ce bacille qui fait l’objet de cette note. Ses caractères sont les suivants : en bouillon après quelques heures d'étuve à 37 degrés (temps optimum), bâton- nets fins de 2 à 3 4, très mobiles, à mouvements de translation très rapides. j Sur vieilles cultures formes filamenteuses. 1 Sur gélose, bacille court, souvent. cocciforme, se colore bien par les cou- ‘ leurs d’aniline, ne prend pas le gram. i Ne produit pas de spores, pas de capsules, ni d’auréole, dans le sang ou les « sérosités de l’animal infecté. + Aérobie, cultive faiblement en aérobie. La culture sur bouillon donne en quelques heures un trouble homogène démontrant des ondes soyeuses par l’agitation. Au bout de vingt-quatre heures « apparaît un voile irisé, qui épaissit dans la suite; puis un dépôt pulvérulent se forme dans la culture vieille qui devient alcaline; l'odeur des cultures n'est jamais désagréable. à La gélatine n’est pas liquifiée; en piqure, colonies brillantes granuleuses L apparaissant en trois jours, sur plaques, colonies montrant à la loupe des zones concentriques. : Sur gélose, caractères des cultures du coli-bacille. L Sur pomme de terre, culture à peine visible, luisante, pendant quelques & jours, devenant brunâtre par la suite (de l’Eberth ensemencé sur la même j pomme de terre n’a jamais donné de culture brunâtre). # Dans le bouillon au neuthral Roth virage jaune avec fluorescence verte, analogue à celle que produit le coli. . En milieu de Drigalski-Conradi, colonies semblables à celles de l’Eberth; ; mais à auréoles bleuâtres très marquées. Les colonies apparaissent plus tard” que celles du coli, plus tôt que celles de l’Eberth, et conservent leur Co ESS bleuâtre nine k Caractères biochimiques : Eau de peptone (de Witte). pas d’indol. Albumine cuite . . . . . . pas de trypsine. LOUE SRE EN ARE . pas de coagulation ni de peptonification. SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 459 Au bout d’un mois le lait est devenu très alcalin et translucide. Nitrates. — En eau de peptone simple et en eau de peptone + extrait de vainde, réduction en nitrites sans dégagement gazeux apparent. . Action sur les hydrates de carbone. — La glycérine, la mannite, la dulcite, le glucose, la lévulose, la galactose, la maltose, l’arabinose, le ie. fermen- tent. - Le glycol, l'érythrite, la saccharose, la lactose, l’amidon soluble, ne fermen- . tent pas. | La fermentation du glucose donne de l’alcool, de l’aldéhyde, de l'acide acé- tique, de l'acide lactique, de l’acide succinique; ce dernier en abondance. Agglutination. — Le bacille agglutine 1/500 avec le sérum d’un lapin im- munisé. Ce même sérum n'agglutine ni le coli-bacille, ni Le bacille d'Eberth, _niles paratyphiques A et B. Le bacille n’agglutine pas même 1/20 avec le sérum anlityphique de Ghan; temesse (pouvoir agglutinant vis-à-vis de l’'Eberth — 1/40000). Notre bacille n’agglutine pas au 1/10 avec les sérums divers. [noculaiion aux animaux. — Notre bacille s’est d’abord montré extrême- ment virulent vis-à-vis de la souris, du lapin, du cobaye. La souris, inoculée sous la peau avec une goutte de culture de vingt-quatre heures, meurt en six heures de septicémie. Le cobaye, avec la même quantité de culture dans le péritoine, meurt en cinq heures de péritonite généralisée. Le lapin, après injection sous-cutanée de 5 gouttes de culture, présente de la diarrhée après douze heures et meurt dix-sept heures après l’inoculation. A l’autopsie, congestion de tous les organes, rate farcie de microbes; le sang du cœur ensemencé sur gélose donne une culture du bacille. La virulence du bacille, intense au début de nos expériences, n’a pas Brde à diminuer; cependant, Ée essais d’immunisation par faibles doses de culture ou de cultures atténuées par le chauffage ont échoué : l'animal a toujours de la diarrhée, maigrit, et meurt en un temps plus ou moins long d'infection généralisée. Une toxine préparée par filtration des cultures est peu active, et cesse bientôt de l'être totalement; cependant, à l’état frais, elle nous a permis d'immuniser un lapin, qui a pu ensuite recevoir de fortes doses de culture pure et nous donner un sérum agglutinant à 1/500. En résumé, notre bacille peut être rangé parmi les divers bacilles paralyphiques. Nous ne pouvons l'identifier avec les espèces À et B; ses caractères appartiennent à la fois à l'un et à l’autre de ces bacilles; d’autre part, nous terminons l'étude approfondie des produits formés dans ses fer- mentations avec les sucres comparativement avec les divers paraty- phiques connus. (T'ravail du laboratoire de bactériologie de l'E'cole de médecine de louer.) 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÔLE FAVORABLE DE L'URÉE AJOUTÉE AUX LIQUIDES DE CIRCULATION ARTIFICIELLE DU CŒUR DE LA GRENOUILLE, par M. M. LamBerr. 133 Les expériences de circulation artificielle sur les organes isolés ont appris que les phénomènes de la vie peuvent se produire pendant un certain temps dans un milieu simple, relativement à celui dont sont normalement imprégnées les cellules. Ce milieu artificiel, ordinaire- ment une solution de sels divers, n’est certainement qu'une copie très imparfaite, et se borne à altérer le moins possible les tissus qui s’y trouvent plongés. Il a donc surtout, sauf peut-être en ce qui concerne les échanges respiratoires, un rôle de conservation physique. Les nombreux travaux suscités par cette question ne permettent pas de décider si l'addition de certaines substances peut avoir une influence favorable de nature nutritive. Pour ce qui a trait aux sels, la compréhension du mécanisme de leur action a été facilitée par les travaux de J. Lœb qui a montré l’impor- tance de la valence et de la charge électrique de leurs cathions. Un cer- tain nombre de métaux est indispensable à la vie de la cellule, et les phénomènes osmotiques qui l’en dépouilleraient doivent être soigneuse- ment évilés. Des considérations de cet ordre ont fait qu’à part l’examen de la valeur alimentaire de certains corps, l’atiention s’est surtout portée sur les électrolytes. Cependant récemment Baglioni a signalé le fait que le cœur des Sélaciens, dont le sang est riche en urée, ne bat pas avec du liquide de Ringer, mais bien avec le même liquide additionné d’urée. 11 y a là influence favorable d’une substance dont le rôle ne parait bee de même ordre que celui des sels. Je me suis demandé si l’urée n'avait pas d'influence sur la composi- lion des liquides de circulation artificielle pour le cœur de grenouille. On sait qu'à elle seule en solution isotonique elle est impropre à entre- tenir les battements de ce cœur. Ajoutée en petite quantité à du liquide de Ringer non seulement elle n'empêche pas le fonctionnement du cœur, mais encore elle paraît lui donner une survie notable. J'ai pu observer pendant plus de quarante-huit heures les battements de cœurs où circulait un semblable liquide. D'autre part, des cœurs arrêtés à la suite d’une circulation de longue durée avec liquide incessamment renouvelé, soit Ringer, soit solution physiologique, peuvent reprendre quand on substitue à ces liquides du liquide de Ringer contenant de l’urée. Dans un cas le cœur s’est rétabli après quatre heures d'arrêt complet, alors qu'il ne réagissait plus à de fortes excilations faradiques. Les systoles s'effectuent avec énergie et le SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 461 débit a un volume sensiblement supérieur à celui qu'il possède après un certain temps de cireulation du liquide de Ringer seul. La durée de la reprise lorsqu'on opère dans ces conditions n’est toutefois pas très considérable. On peut plus simplement constater que des cœurs détachés et immergés dans le liquide de Ringer jusqu'à épuisement se contractent de nouveau lorsqu'on les place dans la même solution additionnée d'urée. L’urée parait agir comme un excitant du muscle cardiaque. Indis- pensable chez certaines espèces, elle peut être utile chez d’autres au même titre que les sels dont les actions toxiques diverses se contre- balancent mutuellement. SUR UNE PIROPLASMOSE BACILLIFORME DU BŒUF EN TUNISIE, par M. E. Ducroux (de Tunis). En 1901, nous avons fait connaître qu'une affection du gros bétail désignée, dans la Régence de Tunis, sous les noms vulgaires de jJaunisse ou de Bou-Séfir, était due au Piroplasma bigeminum (1). Cette année nous avons reconnu, également sur les animaux de l'espèce bovine, l'existence de Piroplasmes annulaires ou bacilliformes, agent d'une maladie qui a occasionné dans l'élevage des pertes élevées, particulièrement dans la région du Cap Bon. Si, au cours des années suivantes, cette maladie doit sévir avec autant d'intensité, elle est capable de compromettre, dans certaines localités, la production du bétail. Dans ces condilions, nous nous demandons s’il ne conviendrait pas d'apporter des modifications dans l'élevage des bovins et d’intro- duire, dans les zones éprouvées, des races offrant une résistance natu- relle à ces parasites intragiobulaires. Les constatations que nous avons pu faire cet été nous démontrent que les races bovines tunisiennes sont très sensibles à la piroplasmose, Mais, au récent congrès international de Budapest, Lignières a signalé que les zébus résistent très bien à la maladie. Une telle constatation peut offrir pour la Tunisie un côté pratique intéressant. Au surplus, nous réclamons depuis plusieurs années l'introduction de quelques couples de zébus. Les bovins atteints présentent au début des hyperthermies plus ou moins accusées; il n’est pas rare d’observer alors des contractures musculaires avec troubles cérébraux; puis la température redevient normale; l’appétit reste assez bon : nous avons vu des sujets chercher encore à manger quelques (1) Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire (Séance du 25 juillet 1901, p. 340). 462 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE heures avant leur mort. L'urine est presque toujours d'aspect normal; quel- quefois seulement elle présente une teinte rosée ou rouge. La diarrhée est fréquente et finit par devenir sanguinolente. Vers la dernière période de la maladie, les animaux restent couchés; l'abattement est très grand et ils suc- combent très rapidement après de grandes souffrances. On peut observer en outre un type cachectique qui s’annonce par un mou- vement fébrile, suivi d'un retour à la température normale; l’hémoglobinurie fait défaut. L'état cachectique s’accuse rapidement en quelques jours, et il va toujours en s’accentuant; on remarque des infiltrations dans le tissu sous- cutané, de véritables œdèmes sur différentes régions du corps, en particulier dans l’espace intermaxillaire. Cette maladie frappe de préférence les jeunes sujets et cause une mortalité élevée. La guérison, quand elle doit survenir, s’opère très lentement. A l’autopsie, on rencontre des infiltrations gélatineuses dans les tissus, des points hémorragiques dans les viscères ; les ganglions sont hypertrophiés, la rate reste généralement normale, ou diminue de volume. Koch, Robertson, Dschunkowsky et Luhs, etc., ont signalé des congestions et des ulcérations sur la caillette et l'intestin grêle. Nous avons déjà fait connaître ces lésions en 1901. Un examen attentif nous a permis de recon- naître dans la couche sous-muqueuse de la caillette des embryons de Néma- todes indéterminés. Dans la cavité de cet organe existaient des Nématodes adultes dans lesquels M. le professeur Railliet, d’Alfort, à reconnu deux espèces de Strongylidés : 1° le Sirongylés contortus, 2° le Bunostomum phle- botomum. Dans la couche musculeuse de l'intestin grêle, nous avons égale- ment trouvé, au centre des points hémorragiques, d’autres parasites que M. Railliet a reconnus pour des Linguatula serrata. On peut se demander si ces parasites ne jouent pas un rôle actif dans l'in- fection et s'ils ne viennent pas compliquer l’état des malades. Dans tous les cas, ils peuvent être la cause d'infections microbiennes capables d’aggraver la piroplasmose. En effet, les quelques autopsies faites ont montré qu'ils avaient provoqué des hémorragies telles, que la caillette et l'intestin grêle étaient entièrement remplis de sang plus ou moins coagulé. Il conviendrait alors d'instituer un traitement anthelminthique. Fréquemment on observe, avec la piroplasmose à type bacilliforme, la piro- plasmose à type normal ou bigéminé. Nous n'avons pu transmettre la maladie d’un A OIE à l’autre par inocula- tion du sang : un sujet d'expérience a recu dans le tissu conjonctif sous- cutané jusqu'à 80 centimètres cubes de liquide sanguin, sans que son état général fût modifié; toutefois les hématies, quelques jours après l’injéction, renfermaient plusieurs piroplasmes à forme bacillaire. — La contagion natu- relle doit s'effectuer par les Tiques, qui sont très nombreuses en Tunisie. La piroplasmose bovine bacilliforme a été vue au Transvaal, en 1902, par Koch, puis par Theiler (1), Gray et Robertson. En Égypte, Koch aurait otre une piroplasmose bacilliforme intermédiaire entre celle du AUS africain et. celle décrite en Russie par Dschunkowsky et J. Luhs. (4) Laveran. Sur la Doonaries bacilliforme. Comptes rendus de l'Académie des sciences, année 1903, p. 648. SÉANCE DU À8 NOVEMBRE | 463 L'examen du sang fait voir divers types de parasites de très faibles dimen- sions. Les hématies dans les cas aigus el graves sont envahies souvent dans la proportion de 80 à 90 p.100; on en recontre qui sont pour ainsi diré farcies de ces hématozoaires. Ces Piroplasmes de type annulaire ou bacillaire présentent un point chro- matique très net entouré d’une zone protoplasmique. Les karyosomes n’ont pas de siège fixe. Il n’est pas rare de rencontrer dans la même hématie ces différents types et des formes en poire tout à fait caractéristiques. D'autres fois on aperçoit des éléments punctiformes intraglobulaires ou libres qui ne semblent constitués que par un amas de chromatine. Dans les formes en bagues, le karyosome se trouve le plus souvent placé sur le pourtour du parasite. Il nous a été possible d'observer le phénomène de la bipartition. Parfois il arrive que, pendant plusieurs jours, on ne peut rencontrer de Piroplasmes dans le sang; ils apparaissent ensuite très nombreux. D'après nos constatations, le parasite trouvé en Tunisie sur les bêtes bovines se rapproche donc de celui qui a été rencontré en Transcau- caäsie par E. Dschunkowky et J. Luhs. CULTURES DE TUBERCULOSE & IN VIVO » CHEZ DES ANIMAUX SAINS, par M. G. Moussu. Messieurs, comme suite aux faits que j'ai eu l'honneur de vous faire connaitre il y a huit jours, je désirerais vous exposer quelques-uns des résultats obtenus en faisant des cultures in vivo chez des animaux sains appartenant à l'espèce bovine. Les animaux dont je me suis servi ont au préalable été soumis tous sans exception à l'épreuve de la tuberculine avec résultat négatif. Contrairement à ce que l’on obtient chez des animaux déjà tubercu- leux, la mise en culture in vivo chez des sujets sains ne provoque pas, à “moins de faute opératoire, de réaction fébrile notable consécutive. L'appétit n’est pas diminué, l'élévation thermique est insignifiante, tout au plus peut-il y avoir un peu de {ympanisme. - Si chez l'animal mis en expérience dans ces conditions et depuis peu, en moyenne depuis moins de dix à quinze jours, on fait une seconde “injection de tuberculine (la première ayant été pratiquée au moins trois “semaines avant la mise en expérience), celle seconde injection ne donne “que des résultats négalifs, c'est-à-dire que l'organisme se comporte “exactement comme si rien ne s'élait passé depuis la première injection -révélatrice. —…._ Si au contraire chez ce même animal on attend un mois, üun mois el demi, deux mois, trois mois, avant de faire une troisième injection, ou ; Biococie. Comptes nenDus. — 1905. T, LIX. 34 #4 h s ci DE FN PRES 464 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE si chez un sujet mis en expérience on attend d'emblée ce même temps avant de faire la seconde injection révélatrice, cette injection au bout de « ce temps donne un résultat positif. Dans mes expériences la réaction a toujours été positive et l’orga- nisme s'est comporté comme s’il était réellement tuberculeux. Il réagit M comme s'il était tuberculisé normalement, la culture enkystée et enfer- mée se comporte comme un véritable foyer tuberculeux naturel. Il y a là une nouvelle preuve du fait que j’avançais il y a huit jours, à savoir que la culture mise dans l'organisme ne bénéficie pas seule- ment de la régulation thermique naturelle qui lui est offerte, mais envoie bien à cet organisme les produits élaborés par lagent microbien, ou tout au moins certains de ces produits. Ces constatations montrent d'autre part que l'organisme de la bête mise en expérience se comporte exactement vis-à-vis de la tuberculine comme sil avait été soumis à une véritable inoculation bacillaire, ino- eulation intra-veineuse ou sous-cutanée, puisque là encore l’expérimen- tation nous a montré que les animaux ne réagissaient à la tuberculine” qu'un certain nombre de jours après l'inoculation (en moyenne une“ quinzaine). Elles montrent enfin, ét cela je crois d’une façon très nette, que la réaction à la tuberculine est une réaction qui ne tient pas à la présence même des bacilles dans l'organisme qui réagit, mais bien à certaine imprégnation par un ou plusieurs. produits toxiques élaborés par le bacille de Koch. À Il est vrai que l’on pourrait peut-être objecter à ce que j'avance, qu'il a pu se produire des fuites dans mes interventions, et que j'ai tuber-« culisé mes animaux sans le vouloir! Je n’ai pas manqué de faire la contre-épreuve, c'est-à-dire d'enlever mes cultures après plusieurs mois de séjour in vivo, de laisser mes animaux reposer pendant au moins un mois et de tuberculiner à nouveau. — Or, dans ces conditions, un animal sain, qui avait réagi positivement alors qu'il était porteur de la culture, ne réagit plus quand la culture est enlevée depuis longtemps; Ia démonstration me semble done complète. | Si cependant il s'agit de cultures in vivo datant de longtemps, six à huit mois par exemple, il se peut que l'injection de tuberculine ne donne | plus de résultat précis. Cette réaction peut être insuffisante, ou même négative. È Je me propose d'exposer prochainement de quelle facon se comportent. dans des circonstances semblables des organismes autres que ceux des animaux de l’espèce bovine, et de préciser les résultats éloignés des« expériences dont il s’agit. 4 SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 465 LOCALISATIONS DU SPIROCHÈTE DANS UN CAS DE SYPHILIS HÉRÉDITAIRE, par MM. LEvapiTi ET PAUL SALMON. Nous avons pratiqué l'examen microbiolcgique des organes d’un enfant provenant du service de MM. Porak et Macé, enfant qui suc- comba seize heures après la naissance à une infection syphilitique suraiguë. L'autopsie fut pratiquée vingt-quatre heures après la mort; le cadavre ayant été conservé à une température de 8 à 10 degrés, les organes ne paralssaient pas altérés par un début de putréfaction. Les spirilles étaient encore parfaitement décelables. La recherche du spirille est faite sur frottis et d'autre part sur coupes des organes par la méthode de l’imprégnation à l'argent (1). Foie. — Il n'existe pas de sclérose, mais une infiltration diffuse et peu prononcée par des leucocytes mononucléaires. Les cellules hépatiques paraissent saines. Nombre de ces éléments cellulaires renferment des grains foncés de pigment. Sur certaines coupes histologiques on retrouve les spirilles disposés de façon irrégulière. On distingue ces microorganismes renfermés net- tement dans l'intérieur du protoplasma des cellules hépatiques, et d'autres fois dans les espaces intercellulaires. En certaines régions du foie, auprès des espaces portes par exemple, les spirochètes sont rares. C'est autour des veines sus-hépatiques que se groupent les spirilles. Ainsi au point de terminaison d’une veine sus-hépatique, on voit d’énor- mes masses de spirilles, analogues aux amas de spirilles observés chez la poule atteinte de la septicémie de Marchoux et Salimbeni. C'est de ce foyer microbien, véritable colonie de spirilles, que partent et irradient dans le foie les parasites. La disposition péri-vasculaire des spirilles dans le foie est, par place, très nette. Les microbes ne se trouvent pas dans la lumière du vaisseau; on les voit dans l’endothélium et la paroi vasculaire, ainsi que le long des espaces qui séparent les fibrilles con- jonctives, autour du vaisseau sanguin. Les spirilles constituent au vaisseau une sorte de gaine microbienne; plus l'on s'écarte de la région péri-vasculaire, plus les microorganismes deviennent rares. C'apsules surrénales. — Ces organes sont trois fois plus grands qu'à l'état normal. Les spirilles sont, en grand nombre, disposés dans la substance corticale, le long des fentes lymphatiques qui séparent les fibrilles conjonctives du stroma, et, d’autre part, disposés dans la sub- stance médullaire, à l’intérieur des cellules capsulaires. La situation intra-cellulaire des spirilles est très nette. Poumon. — Les lésions se caractérisent par une faible infiltration (1) Levaditi., Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 octobre 1905. A66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE polynucléaire, par la desquamation de l'épithélium des bronches et de l'endothélium des alvéoles pulmonaires, ces cellules confondues dans une sorte de masse albumineuse. Les spirilles sont en quantité extrême. On les suit le long des capillaires pulmonaires, probablement dans les espaces lymphatiques péri-vasculaires; mais il ne semble pas que les parasites soient situés dans la lumière des vaisseaux sanguins. On reconnait des spirochètes renfermés dans les cellules endothéliales des- quamées. On trouve ces parasites en quantité maxima le long des parois des bronches, disposés parallèlement entre les fibrilles conjonc- tives, et d'autre part contenus dans les cellules épithéliales bronchi- ques. La présence du spirille à l’intérieur des cellules de revêtement des alvéoles et des bronches permet de penser que, dans certains cas, l'ex- pectoration des malades syphilitiques pourrait contenir le spirochète de Schaudinn et Hoffmann. Rein. — Dans cet organe, les spirilles sont très rares ; un de ces ob nismes siège dans la cellule épithéliale d’un tube contourné. Peau. — Diverses bulles de pemphigus, d’âge différent, sont exami- nées. Sur une bulle à peine formée, les spirilles sont rares. Ils sont en quantité relativement grande dans une bulle très développée, où ils # apparaissent disposés par groupes, ou entremêlés en faisceaux (1). « Dans les papilles, où les lésions vasculaires ont peu d'importance, on trouve les spirilles en petite quantité, de même, au niveau des cellules altérées de l’épithélium. Les spirilles SISBERE à l'intérieur des ÉPUR liums des glandes sudoripares. s On n’a pu déceler la présence des spirilles, ni dans les ganglions lymphatiques correspondant aux lésions cutanées, ni dans la rate, ni dans l'ovaire. En résumé : 4° Chez un fœtus mort de syphilis peu après la naissance, les organes les plus infestés par le spirille sont : le poumon, les capsules: surrénales, le foie et la peau ; 2° Le spirille siège à l’intérieur des cellu- les : cellule surrénale et cellule hépatique, cellule épithéliale des bron- ches et endothéliale du poumon, cellule des glandes sudoripares; 3° Dans le foie, la disposition des spirochètes, groupés autour des. vaisseaux, plaide en faveur de la pénétration de ces microorganismes par la voie vasculaire; 4° Le nombre considérable et la localisation des spirochètes dans le protoplasme des éléments nobles de certains orga-M nes, expliquent, chez l'enfant infecté héréditairement, l'extrême pie 1 vité de cette forme de syphilis, véritable spirillose aiguë. PEUT DPNTTRPERES Te ï oh < (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l'Institut Pasteur.) (4) L'un de nous a‘insisté ailleurs (Bulletin de la Société d'obstétrique de Paris EL novembre 1905) sur les dangers de contagion dus à la présence en abondance des spirochètes dans le pus du pemphigus syphilitique. SÉANCE DU 18 NOVEMBRE Les 467 SUR L'INFLUENCE DE L'ALIMENTATION DANS L'OVOGENÈSE DES ARAIGNÉES, par M. A.-LÉCAILLON. Il est facile de constater, chez les Araignées, que le nombre d'œufs contenus dans différents cocons provenant de femelles de même espèce peut varier dans d'assez fortes proportions. Cette variation s’observe non seulement pour des individus pris en des points très éloignés les. uns des autres, mais aussi pour ceux qui habitent en un même lieu. Parfois la variation individuelle dont il s'agit va même beaucoup plus loin, car on constate qu'il y a une seule ponte chez certaines femelles, tandis qu'il y en a deux chez d’autres. Tel est, par exemple, le cas pour _Agelena labyrinthica CI. Parmi les raisons que l’on peut invoquer pour expliquer ces faits, il en est une liée à l’alimentalion irrégulière et inégale à laquelle sont nécessairement soumis les divers individus de l'espèce. On admet avec raison, en biologie générale, que les êtres vivants placés dans de bonnes conditions de nutrition se trouvent par là même favorisés au - point de vue de la reproduction. Or le hasard joue un grand rôle, chez les Araignées, au point de vue de la quantité et de la qualité des ali- ments rencontrés; la reproduction elle-même doit donc en être influencée. J'ai d'ailleurs trouvé une confirmation très nette des vues précé- dentes dans les résultats d’une expérience faite sur Chiracanthium carnifez Faäbr. Dans les conditions normales, la femelle de cette espèce pond ses œufs au début ou vers le milieu de juillet. Ensuite, sans prendre de nourriture, elle reste renfermée dans son nid, avec ses œufs puis avec ses petits, jusqu’en septembre au moins. À l'automne elle meurt sans jamais, semble-t-il, passer la saison d'hiver. Il n'y à donc ici, normalement, qu'une seule ponte. Or, en modifiant complète- ment les conditions d'existence d’une femelle de cette espèce, et sur- tout en la plaçant dans des conditions d'alimentation extrêmement favorables, j'ai pu obtenir une deuxième ponte un mois el demi après la ponte normale. L'expérience dont il s’agit fut faite de la manière sui- vante : Une femelle ayant fait sa ponte habituelle fut enlevée de son nid le 45 juillet et placée en observation dans un bocal de verre; elle recut comme nourriture, jusqu'au 20 août, des Insectes vivants. Le 20 août, elle recut un cocon de Chiracanthium punctorium Villers contenant des œufs nouvellement pondus. Elle mangea immédiatement un assez grand nombre de ceux-ci, ce qui produisit chez elle un accroissement subit et considérable d'embonpoint. Le 29 août, l'Araignée pondil près d'une centaine d'œufs (dans la ponte normale le nombre s'élève à en- 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE viron 150) et construisit un cocon et un nid disposés comme d’habi- tude. J’ajouterai que l’Araignée soigna son cocon et son nid comme dans les conditions normales et que les œufs, n’ayant pas été fécondés, demeurèrent tous stériles. Il n’est pas difficile de comprendre comment la ponte supplémentaire obtenue dans les conditions que je viens d’indiquer à pu se produire. Chez Ch. carnifex, comme chez les autres Araignées, les œufs sont pondus en une seule masse. Mais, après la ponte, il reste dans l'ovaire un certain nombre d'œufs à différentes stades de formation. Häbituelle- ment ces œufs s'arrêtent dans leur évolution ou même entrent en régression, surtout si l’Araignée est privée d'aliments. Dans le cas de l'expérience rapportée ici, au contraire, sous l'influence d’une alimen- tation éminemment favorable à leur développement, ces œufs ovariens purent atteindre leur état de complète formation et ensuite être pondus. Il importe de remarquer tout particulièrement que, dans le cas pré- sent, la qualité de l'aliment (œufs d’une espèce voisine de celle soumise à l'expérience) a surtout produit un effet décisit. CONDITIONS HISTOLOGIQUES DU PLACENTA DANS L'HÉRÉDO-CONTAGION, par MM. L. NarTran-LaRRieR et A. BRINDEAU. Les capillaires sanguins du fœtus dessinent, à la surface de la villo- sité placentaire, un abondant réseau qui n’est séparé des lacs sanguins maternels que par une ou deux couches épithéliales, — plasmodium et cellules de Langhans. A l'état normal, cette mince bordure cellulaire est intacte, et elle forme une barrière infranchissable. Mais en est-il de même à l’état pathologique ; peut-il y avoir, alors, libre communication entre le sang fœtal et les milieux maternels? L’effraction placentaire chez le fœtus humain peut se faire par deux processus différents : a) par la rupture des capillaires sanguins; 6) par la pénétration des leucocytes dans la villosité. a) La rupture des capillaires de la villosité s’observe fréquemment; nous l’avons très souvent notée dans l’albuminurie et dans l’éclampsie ; nous l’avons vue dans quelques infections et intoxications, telles que les pyélonéphrites gravidiques et l’empoisonnement par l’oxyde de car- bone. Dans ces cas, les villosités présentent un aspect angiomateux; leurs capillaires, distendus et énormes, atteignent deux cents fois leur diamètre normal. Le plasmode qui les recouvre s’étire; ses noyaux deviennent plus petits, puis disparaissent; son protoplasme prend une réfringence | 4 : US DU LS RSS RE NS | N, SÉANCE DU ÂS NOVEMBRE 469 spéciale, puis se rompt, après avoir, parfois, subi une nécrose fibrinoïde. Un stomate se forme, par lequel le sang fœtal peut s’épancher. Deux lésions ont conditionné la rupture vasculaire : l’une est fondamentale, c'est l'ectasie des capillaires de la villosité; l’autre nous paraît secon- daire, c’est l’altération du plasmode. Si le sang fœtal s'écoule en quantité notable dans les lacs sanguins maternels, 1l se coagule et un noyau rouge se forme. Si le processus est moins brutal, aucun coagulum appréciable ne se produit, et les éléments du sang fœtal peuvent librement pénétrer dans les espaces maternels. b) L'effraction leucocytaire de la villosité n’est pas moins importante. Dans les placentas très jeunes, alors que le plasmode est tout à faitnormal, on peut voir çà et là quelques polynucléaires franchir le revêtement villositaire; mais il est difficile de savoir si ces effractions, si discrètes, correspondent à un processus physiologique ou à un fait pathologique. Dans les placentas plus âgés, la pénétration des leucocytes maternels s’observe souvent; mais elle ne se produit que si le plasmode est déjà altéré. Dans les noyaux gris placentaires — nécrose lobulaire du placenta — toutes les villosités d’un territoire placentaire sont altérées, leur plas- mode est détruit. Les leucocytes maternels peuvent alors pénétrer libre- ment dans le tissu de la villosité, qui présente parfois une infiltration diffuse. Dans le placenta syphilitique, qui offre si souvent des lésions plasmo- diales, la pénétration des leucocytes dans la villosité s’observe très fré- quemment. Tantôt les polynucléaires franchissent, un à un, la barrière plasmodiale de la villosité, tantôt ils la traversent en masse et viennent former des nodules dans son tissu conjonctif. Le même processus s'observe dans le placenta des sujets qui ont subi une infection à pneumocoques. Enfin, lorsque, par suite d'une lésion du plasmode, un coagulum fibri- neux se forme à la surface d’une villosité, on peut voir des leucocytes se glisser dans les strates de la fibrine, arriver au tissu conjonctif de Ia villosité et y pénétrer. Ce dernier fait possède une grande importance, car, même dans les placentas que l’on considère comme normaux, les infarctus villositaires sont très fréquents, Les conditions, qui facilitent le passage des éléments figurés du sang maternel jusqu’ au sang fœtal sont donc de deux ordres : les lésions plasmodiales, dues aux plasmolysines, qui permettent aux leucocytes d'envahir la villosité; les lésions des capillaires fwlaux, dues aux substances vasodilatatrices, qui provoquent l’ectasie des vaisseaux et en amènent la rupture. 470 ae ù SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PROGÉDÉS POUR. ÉVALUER LA FIXATION SUFFISANTE DU SANG HUMAIN DANS LES SOLUTIONS AQUEUSES DE SUBLIMÉ, par M. L. Jounaur (de . Limoges). Le sang mélangé avec une solution de sublimé dans l’eau distillée subit deux actions : 4° celle de l’eau qui tend à produire l’hémolyse; 2 celle du sublimé qui fixe les globules. Quelle est la quantité de sublimé nécessaire et suffisante à AL Euer à l’eau distillée, pour que . l’hémolyse ne se produise pas? Première méthode. — Nous avons préparé d'avance un certain nombre de solutions de sublimé dans l’eau distillée, aux titres suivants : 1/25, 4/50, 1/%5, 1/100, 1/150, 1/200, 1/250, 1/300, 1/400, 1/600, 1/800, 1/1000. Puis au moyen d’une pipette mélangeur, nous avons pris un millimètre cube de sang (recueilli par piqûre du ne et 299 millimètres cubes de la solution à 1/1000. Après M avoir agité le mélange nous l'avons mis dans un petit tube à essai. Après avoir rincé la pipette avec la solution à 1/1000 puis avec la solution à 1/800, nous avons recommencé l'opération avec cette dernière solution, et _ de même avec les autres. s Trois heures après cette opération, les mélanges avaient déposé; il y avait d’une part un culot, d'autre part un liquide qui surnageait. Nous nous sommes. - surtout occupé de ce dernier, dont la teinte variait suivant les tubes, depuis la limpidité parfaite des solutions fortes, jusqu'à la couleur rougeûtre des solutions faibles; et nous avons noté le titre de la solution la plüs me où la coloration n’était pas encore perceptible. . Deuxième méthode. — Cette méthode nous avait fait voir que le mélange de sang et de solution de sublimé pouvait varier dans de grandes proportions (1/50, 1/100) sans que le résultat fût modifié; elle nous avait permis égale- « ment de constater que les écarts de température dans le laboratoire étaient sans influence. Pensant que l'évaluation nous serait plus facile, en considérant, non plus le liquide, mais bien les hématies, nous avons imaginé la méthode suivante. Une gouttelette de sang est élalée sur une lamelle couvre-objet, et des- séchée ; une goutte de la solution de sublimé à essayer est déposée sur une lame, et la lamelle est renversée sur la lame, de façon à ce que le sang étalé baigne dans le sublimé. On examine avec l'objectif à immersion et on cons- tate que : 1° dans les solutions fortes les globules parfaitement nets ont leurs bords bien tranchés, leur cupule nettement déprimée, leur protoplasma bien coloré et leur surface lisse. Les globules voisins sont nettement séparés les uns des aütres; 2° dans les solutions moyennes, les globules sont pkus plats, ils ont perdu leur aspect concave, leurs bords sont flous, incertains; les globules voisins sont reliés les uns aux autres par des (ractus d’une subs= tance amorphe, qui semble émanée de chaque globule; 3° dans les solutions faibles, les hématies sont devenues irrégulières, leur surface est granuleuse; chaque globule est entouré par une sorte d’aréole de”substance amorphe fai- Msl SÉANCE DU 18 NOVEMBRE - 471 blement colorée, manifestement émanée du-globule. Lorsque, dans ces solu” _ tions très faibles, une hématie est bien isolée et que son aréole est nette, elle représente assez bien l'aspect d'une cellule épithéliale, dont elle figurerait le noyau. Par cette méthode, nous avons constaté que les altérations des hématies com- mencçaient à paraître précisément dans les solutions de sublimé où le liquide com- mencait à se teinter.. Troisième méthode. — Ces procédés sont minutieux. Nous étant assuré que la température, la quantité de sang, la dessiccation du sang n’influaient pas sur les résultats, que d'autre part l'évaluation de la teinte des tubes était malaisée, si on n'avait pas soin de les appliquer, en série, contre un écran blanc, nous avons imaginé et adopté la méthode suivante, extrêmement simple et rapide, qui nous donne des résultats au moins aussi précis que les précédentes, et peut être mise en pratique sans le secours d’un microscope- La goutte de sang est absorbée par une feuille de papier buvard détachée : du carnet de Tallqwist, ou par du papier filtre ordinaire. On laisse dessécher le temps qu'on veut (un quart d'heure ou dix jours; les résultats sont les mêmes); puis le papier imbibé de sang est débité en petits carrés de 5 ou 6 millimètres de côté. Chaque carré est déposé dans un godet de porcelaine, qui contient 4 ou 2? centimètres cubes de solution de sublimé à titre variable; tous ces godets sont creusés dans une même plaque (en usage chez les peintres); il y à ainsi dix godets pour les solutions à 1/75, 1/100, 1/150, 1/200, 1/250, 1/300, 1/400, 1/600, 1/800 et 1/1000 que l'expérience nous a permis de préférer. Le petit carré de papier buvard flottant au-dessus du liquide, on l’enfonce d'un coup d’aiguille dès qu’il est imbibé. On attend un quart d'heure, et au moyen de l'aiguille on agite un peu le carré de papier sanglant. Aussitôt cer- tains godets se teintent, d’autres restent incolores, et la moindre nuance est facilement percue (1). 11 ne reste plus qu’à noter le titre de la solution la plus faible, qui est restée incolore. Dans cette solution, l'hémolyse ne s'est pas pro- duite; nous considérons que la fixation par le sublimé y a été suffisante. Ces trois méthodes nous ont donné des résultats sensiblement iden- tiques et tels, que nous pouvons dire, que chez l’homme sain ayant un nombre de globules normal, avec leur richesse en hémoglobine normale, la fixation suffisante est ohlenue presque toujours dans la solution de sublimé à A/100, sans que jamais elle soit obtenue dans une solution inférieure à 4/150. Nous vérrons qu'il n’en est pas de même dans les états pathologiques. (4) Si on doute, il suffit de retirer les carrés de papier de tous les godets, et aussitôt les nuances douteuses s'accusent ou disparaissent par comparaison, 472 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DÉGÉNÉRESCENCE DES OVULES CHEZ LE MoINEAU, LA POULE ET LE PIGEON, par M. Duguissox. Comme Brünn l'avait constaté en étudiant la dégénérescence des ovules du Moineau les cellules folliculaires se multiplient, formant ainsi autour de l’ovule un épithélium. Nous avons constaté que celui-ci était inégalement épais et que quelques cellules s’en étaient détachées, mais elles présentent des signes manifestes de dégénérescence, indice de la résistance de l'ovule. D'ailleurs ces dégénérescences chromatolytiques se présentent également dans certaines cellules de l’épithélium follicu- laire. Déjà à ce stade on trouve des polynucléaires, peu nombreux il est vrai, soit à l’intérieur de l’épithélium folliculaire, soit dans le cyto- plasme ovulaire. L'épaisseur de l’épithélium folliculaire augmente, le nombre des cel- lules émigrées à l'intérieur du vitellus aussi. Il y a encore des phéno- mènes de chromatolyse manifestes. À l'extérieur du follicule on trouve dans les lacunes qui l’environnent des éléments cellulaires qui rap- pellent ceux qui ont émigré à l'intérieur du cytoplasme ovulaire. On doit done admettre que ces éléments peuvent traverser la thèca con- jonctive, et de fait on constate que certains d’entre eux pénètrent à tra- vers les fibrilles conjonctives les plus internes de la thèque en les dis- sociant. | Plus tard l'accroissement de l’épithélium folliculaire continuant la gaine conjonctive se rompt en un ou plusieurs points et des amas de cellules folliculaires s'’échappent à l'extérieur; ils forment alors de vastes symplastes dont les éléments se détachent un à un et émigrent à l’intérieur des vaisseaux sanguins. La cavité du follicule diminue ainsi de plus en plus et la thèque conjonctive augmente considérablement d'épaisseur. Ge fait peut être dû à deux causes, au ratatinement de la gaine conjouctive autour de la cavité et à la transformation de certaines cellules de l'épithélium folli= culaire en cellules conjonctives. Henneguy avait constaté aussi le rôle des cellules de l'épithélium folliculaire chez la Cigogne. Nous avons retrouvé des faits analogues chez la Poule et le Pigeon; toutefois chez la Poule les cellules ne restent pas attachées en un si grand nombre à la périphérie de l'ovule, elles forment souvent des amas à l’intérieur de l’ovule. | La dissociation de la thèque conjonctive dans ses couches les plus internes a également lieu ici. La sortie des cellules se produit par rupture de la gaine conjonctive. | Chez le Pigeon nous avons pu assister à la phagocytose d'éléments TEE alert Ci POULE PEN ON SS SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 473 vitellins bien formés; souvent une seule cellule émigrée suffit à cet effet. On trouve alors des inclusions très nettes dans ses vacuoles. DÉGÉNÉRESCENCE DES OVULES CHEZ LES REPTILES, par M. DuBuissox. Étudiée par Strahl, Mengazzini, Henneguy et Wetzel, celte dégéné- rescence se produit toujours sous l'influence de la prolifération des cellules folliculaires. Nous avons repris cette étude chez la Tortue, le Lézard vert et l’Orvet. Quelques faits nouveaux que nous avons obtenus nous paraissent mériter d'être signalés. Tout d'abord, chez la Tortue, nous avons constalé que les noyaux des cellules de l’épithélium folliculaire présentaient un dimorphisme remarquable au point de vue de la taille. Un grand nombre avaient dépassé d'une façon considérable la taille des noyaux des cellules folliculaires primitives. Ce fait nous semble devoir être rapproché de ceux signalés par R. Hertwig sur l’Actinosphærium Eichorni, ef par tous les auteurs qui ont signalé la présence de noyaux géants dans l’endothélium du sac vitellin. On doit attribuer cet accroissement à un excès de nutrition de la cellule. Il ne faut pas confondre ce dimorphisme avec celui que l’on trouve dans la dégénérescence des ovules d'Orvet, car, dans ce cas, l’épithé- lium folliculaire renferme deux sortes de noyaux. Chose curieuse, nous ne l’avons pas retrouvé chez le Lézard vert däns un cas de dégé- nérescence que nous avons étudié, bien que, comme chez l'Orvet, la gaine épithéliale renferme deux types de noyaux. Le dimorphisme nucléaire persiste très longtemps chez la Tortue, même lorsque l’ovule a complètement disparu; il disparaît cependant plus tard. Henneguy avait constaté autrefois la présence de fibrilles conjonc- tives dans les zones les plus externes de l’épithélium folliculaire, mais cela à un stade avancé. Nous les avons retrouvées presque au début de la dégénérescence. Chez la Tortue, elles étaient souvent accompagnées de -vaisseaux sanguins provenant de la thèque. Tout en admettant l'hypo- thèse de cet auteur que les fibrilles proviennent d'une transformation de certaines cellules de l’épithélium folliculaire, nous croyons cepen- dant que le tissu conjonctif de la thèque intervient dans cette formalion. Nous avons pu assister à l'englobement des plaquettes vitellines par les cellules de l'épithélium folliculaire les pius internes, et par celles qui élaient émigrées de cette couche ; nous avons constaté que ces cellules s'unissaient parfois pour donner naissance à des espèces de cellules 2/17 2.1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE conjonctives. La digestion des plaquettes vitellines consiste en une frag- mentation de celles-ci qui se résolvent en petites sphérules qui perdent peu à peu de leur affinité colorante pour les colorants plasmatiques. ToPoGrAPnIE pu Spirochæle pallida SGHAUDINN DANS LES COUPES DE CHANCRE SYPHILITIQUE, par MM Er. Burner et C,. ViNcENT. Bertarelli, Volpino et Bovero ont proposé une méthode de coloration. du spirochète de Schaudinn dans les coupes, fondée sur l’imprégnation au nitrate d'argent suivie de l'action d'un réducteur approprié. Leur méthode a été perfectionnée par Levadili, qui a appliqué à l’étude des organes syphilitiques le procédé de Ramon y Cajal pour la coloration des \ fibrilles nerveuses. Nous avons eu l’occasion d'étudier par la méthode de Levaditi un chancre syphilitique ieune. Ce chancre ne datait que de cinq jours, selon l'affirmation très nette du porteur. L'ulcéralion mesu- . rait à pere 4 millimètres de diamètre, On voit au centre du chancre une portion ulcérée qui occupe la place de | plusieurs papilles et perce jusqu’au derme; autour, des papilles infiltrées, envahies par des polynucléaires, mais encore très reconnaissables; au fond, le tissu conjonctif dermique, considérablement épaissi. Cette dernière doc i correspond à l’induration que l’on sent au palper du chancre et justifielenom ) d’Initialsklerose donné à l'accident primaire par les anatomistes allemands. | Ces spirochètes sont rares dans l’ulcère central proprement dit; ils four- M millent dans les papilles épidermiques de l’ulcère; ils sont en très grand nombre dans la couche conjonctive hypertrophiée ik derme, où ils habitent à l’intérieur méme des fuisceaux conjonctifs ; on les trouve dans tous les espaces lymphatiques et dans les parois vasculaires épaissies. ; Dans le centre ulcéré, les cellules épithéliales et les vaisseaux des Rp déchiquetées sont noyés dans un flot de polynucléaires, lesquels sont de moins en moins nombreux à mesure qu’on s'enfonce de la surface, qui est une mince couche de pus, vers la profondeur, où il n'y a plus de polynu-M cléaires que dans l’intérieur des vaisseaux, et où les cellules qui infiltrent les tissus sont des mononucléaires. Les polynucléairés de la surface répondent à l'infection banale secondaire qui ne manque pas de s'établir de très bonne heure. Les spirochètes, assez rares, qu'on rencontre dans l’ulcère, occupent les À interslices des cellules. Le processus de l'infection est facile à reconstituer. Au niveau de quelque éraillure, les spirochètes se sont insinués entre Îles cellules épidermiques, et les leucocytes leur ont frayé les voies de pénétra- tion en clivant sur leur passage le tissu malpighien. : À L'invasion s'est faite de même dans les papilles voisines, infiltrées, déjà dissociées, mais non encore détruites. C'est [à, a la pointe de ces papilles 4 Er à nr cd à SÉANCE DU À8 NOVEMBRE 475 “près de la couche profonde des cellules pigmentaires, que se trouvent les amas les plus denses de spirochètes; dans un champ de l'objectif à immer- sion, on en voit plus de cent qui se sont faufilés ei les interstices cellu- laires. On peut noter à la périphérie du chancre, au niveau de la couche basale de l'épithélium malpighien, un magnifique développement des cellules pigmen- _ taires, qui envoient des prolongements dans tout le tissu malpighien. Ce fait nous paraît important au point de vue de la théorie de la pigmentation dans . les lésions syphilitiques : nous nous proposons d’y revenir. Le caractère le plus saillant et qu’on n'avait pu observer jusqu'ici, c'est Ja présence des spirochètes dans l'épaisseur même des faisceaux hypertrophiés de la couche conjonctive profonde. Les faisceaux sont trois et quatre fois plus épais que ceux du derme sain. Pas un seul qui ne contienne plusieurs microbes. Les faisceaux, onduleux et repliés sur eux-mêmes, forment comme des vagues de tissu scléreux qui enserrent les vaisseaux et projettent leurs fibres jusque dans l’ulcère et les papilles voisines. Entre les faisceaux sont des espaces clairs parsemés de cellules : cellules conjonctives, grands et petits mononucléaires; pas de polynucléaires, si ce . n’est dans l'intérieur des vaisseaux. Ces espaces correspondent aux fentes lymphatiques dilatées ; c’est par ces fentes que les spirochètes ont envahi les tissus et les vaisseaux. De place en place, on voit de larges îlots d'éléments lymphatiques accumulés autour d’un vaisseau : début de la périartérite. On voit des spirochètes dans ces enveloppes fibrocellulaires. Nous n’en avons pas vu dans les vaisseaux sanguins; il y en a dans les vaisseaux lym- _phatiques. Nous en avons vu dans un mononucléaire isolé. Mais la presque totalité sont extracellulaires. Y en a-t-il dans les cellules endothéliales des lymphatiques ? Bien que certaines figures parlent en faveur de leur présence, il est jusqu'ici impossible de l'affirmer. On prend en quelque sorte les spirochètes sur le fait, en train de déterminer les lésions caractéristiques de l’artérite syphilitique, C’est par les voies lym- : phatiques qu'ils atteignent la paroi des vaisseaux. L’artérite sypbilitique est, dans le chancre, une périartérite. L'examen du chancre confirme les observa- tions faites par Thibierge et Ravaut (1} sur Les coupes des lésions expérimen- tales de la paupière des macaques, alors que la méthode d’imprégnalion à l'argent n'avait pas encore permis de situer les spirochètes dans les tissus, En somme, ces constatations expliquent le processus de selérose et lartérite qui caractérisent la syphilis. Les spirochètes sont évidemment capables de s'insinuer entre les fibrilles conjonctives et d’envahir les faisceaux. La sclérose spécifique est due à leur présence même dans les fibres du tissu en voie de sclérose. C'est selon nous le fait essentiel. (Laboratoire du D' Borrel à l'Institut Pasteur et service du D' Queyrat à l'hôpital Cochin-Ricord.) (1) Annales de dermutologie et de syphiligraphie, 1905, p. 581. 476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ACTIVATION DU SUC PANCRÉATIQUE PAR LES SELS DE CALCIUM, par M. C. DELEZENNE. J'ai montré (1) précédemment que l'on peut obtenir des macérations pancréatiques tout à fait inactives sur l’ovalbumine coagulée en ayant recours au fluorure de sodium. Le pancréas d'un chien, prélevé aussitôt après la mort de l'animal, ou mieux encore sur le vivant, est introduit. rapidement dans une solution de fluorure de sodium à 1 ou 2 pour 100 et haché finement dans le liquide. La macération, filtrée après douze à vingt-quatre heures d’étuve,ne montre aucune action digestive sur l’'al=M bumine, mais il suffit de l’additionner d’une faible quantité de suc intestinal pour lui conférer un pouvoir protéolytique des plus nets. Lam macération fluorée de pancréas se comporte donc comme la sécrétion physiologique de la glande que nous avons montrée (2) par ailleurs être dépourvue également de tout pouvoir digestif propre. | J'ai observé, depuis lors, qu'il est possible d'obtenir, par le même pro- cédé, des macérations intestinales dépourvues d'action kinasique. Un segment d'intestin lavé, chez l'animal vivant, par un courant d’eau salée physiologique, de facon à le débarrasser aussi complètement que pos- sible de la kinase préalablement sécrétée et de tout débris cellulaire, est excisé rapidement et introduit dans une solution de fluorure de sodium, où il est finement haché. La macération filtrée, après douze heures d'éluve, est incapable d'activer un suc pancréatique, alors que le Hautes provenant d'une macération témoin, où le fluorure a été remplacé par un mélange de chloroformeet de toluol, se montre très nettement kinasique. \ Il est indispensable, pour obtenir ce résultat, que l'intestin soit mis. immédiatement en contact avec le fluorure. Les macérations faites avec. des fragments d’intestin abandonnés pendant un certain temps à lam température du laboratoire présentent toujours, en effet, une plus ou 5 moins grande activité (3). Ces faits nous ont ainené à supposer que les sels de calcium jouaient peut-être un rôle dans la formation dela kinase, sinon de la trypsine, etm ARE Re hotes tn Erich (1) G. Delezenne, Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 décembre 1904, p. 1164. (2) C. Delezenne et A. Frouin, Comptes rendus de la Société de Biologie 4% juin 1902, p. 691. ; (3) On obtient les mêmes résultats en remplaçant le fluorure de sodium par l’oxalate de soude ou de potasse. Mais il est nécessaire, lorsqu'on opère dans ces conditions, que les macérations soient additionnées de toluol et" abandonnées (de même que la macération toujours bien entendu) à une tem pérature peu élevée, les oxalates n'ayant nullement les propriétés antisep= tiques du fluorure. nt nnesédlésies ie Pi SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 4717 que le rôle du fluorure de sodium se bornait à les rendre inutilisables, en les précipitant à l’état de fluorure de calcium insoluble. Pour répondre à cette question, nous avons institué une série d'expé- riences dont nous nous proposons de publier successivement le détail. Nous nous bornerons dans cette note à étudier l’action exercée par les sels de calcium sur le suc pancréatique inactif. Si l’on ajoute à des quantités égales de suc pancréatique inactif (suc de sécrétine\ des doses croissantes d’un sel soluble de calcium, en ayant soin de ramener tous les tubes au même volume, et si l’on introduit dans le mélange un cube d'albumine, on constate qu'après douze à qua- torze heures d’étuve, les cubes sont totalement digérés dans toute une série de tubes où le sel a élé ajouté en porportion optimum. Quand la digestion est complète, on peut ajouter un second puis un troisième cube d'albumine qui sont digérés rapidement à leur tour. On peut mème obtenir la digestion d’un cube d’albumine, en trois ou quatre heures, quand on ajoute ce dernier à un suc préalablement activé par un séjour de huit à dix heures à l'étuve. L'activation du suc par le sel de calcium se réalise donc après un temps perdu, à partir duquel elle augmente progressivement jusqu'à un maximum. On peut se rendre compte très aisément de ce fait, en opérant dans le mélange des prises successives que l’on fait agir sur une subs- lance facilement digestible comme la gélatine. Quand le suc a été activé, on peut le débarrasser par dialyse (en pré- sence de NaCl) du sel soluble de calcium, sans lui faire perdre son acti- vité. L'additior d'un excès de fluorure de sodium au suc dialysé ne modifie d’ailleurs en aucune facon les propriétés nouvelles qu'il a acquises. Les résultats que nous venons de signaler ont été obtenus en utilisant tour à tour le chlorure, l’iodure, l’azolate et l’acétate de calcium. Nous relatons ci-dessous deux expériences dans lesquelles nous avons employé le chlorure et l'iodure de calcium. DIGESTION DIGESTION NATURE DES MÉLANGES. après NATURE DES MÉLANGES après 14 heures. 14 heures. SP 200 + H?0 . . . . . Occi 0 SPACE ATOME ER AO CSS (1 — + CaCl à 20 0/0 Occ5 () — + Cal à 30 0/0 oc complète. — — " Occx complète. —— — Occ4 complète. — — 03 complète. — — 0cc3 complète. — — Occ2 complète. — — Ooc2 complète. — — Occ{ 2/3 digéré. — — Occl 0 -— — Occo5 0 — — OccQ5 0 Tous les sucs ne sont pas également activables et les doses de sel, qui conviennent le mieux, ne sont pas nécessairement les mêmes pour cha- eun d’eux. Cela tient surtout à leur richesse variable en sels alcalins, 210 0 | SOCIÉTÉ DÉ BIOLOGIE - particulièrement en carbonate de soude. La plus grande partie du cal= #4 cium ajouté esten effet utilisée pour former du carbonate et du phosphate * de calcium insolubles qui se précipitent rapidement et dont on peut se débarrasser sans inconvénient, par filtration, quand le suc est activé. Les sels de calcium agissent-ils comme la kinase et leur action est- elle en tout comparable à celle du suc intestinal ? Evidemment non. Le suc intestinal, contenant de la kinase toute faite, active parfaitement, en effet, le suc pancréatique, quand il est ajouté à ce dernier en présence d'un excès de fluorure ou d’oxalate de sodium, par conséquent dans un milieu ne contenant pas ou ne contenant que des traces de sel de chaux dissous. Nous avons observé, d'autre part, que le suc pancréatique, préa= lablement filtré sur paroi de collodion, n’est plus activable par les sels de calcium alors que la kinase du suc intestinal active, sensiblement de la même facon, un suc filtré ou non filtré. La paroi de collodion sépare donc du suc pancréatique une substance qui, sous l'influence du cal cium, paraît se transformer en un agent doué des mêmes propriéls que la kinase du suc intestinal. On peut se demander si cette substance, qui se trouve en anni plus 4 ou moins grande dans tous les sucs inactifs, n’est pas une véritable 4 substance mère de la kinase et si les sels de chaux n'interviennent pas pour la transformer en ferment définitif suivant un processus plus ou moins analogue à celui de la formation du fibrinferment. C’est là une hypothèse que nous formulons d’ailleurs sous toutes réserves et sur laquelle nous aurons à revenir prochainement. Dans la note suivante … nous examinerons si les sels solubles d’autres métaux bivalents sont substituables aux sels de calcium et dans quelle mesure et dans quelles conditions particulières ils sont capables d'intervenir. SUR LE ROLE DES SELS DANS L'ACTIVATION DU SUC PANCRÉATIQUE. - SPÉCIFICITÉ DU CALCIUM, par M. C. DELEZENNE. L'examen méthodique des conditions dans lesquelles se produit ac tivation du suc pancréatique par les sels de calcium montre, tout d'abord, que les doses minima dont l'addition est nécessaire pour obtenir la digestion sont en apparence très considérables. Si l'O emploie le CaCl°, par exemple, il faut atteindre, pour la plupart des sucs, des doses comprises entre 0 c. c. 08 et 0 c. c. 12 d’une solution à 20 p. 100 pour obtenir la digestion rapide d’un cube d’ albumine; eu … égard aux quantités de suc pancréatique que nous employons (2 cent: 5\ cub.).et au volume total du liquide (2 c. €. 5), ces quantités correspon- , mu « Fe à SÉANCE DU 18 NOVEMBRE . 479 - dent à une proportion de CaC}° variant entre 6 et9 p. 1000. Mais, comme nous l'avons déjà fait remarquer, la plus grande partie du sel de calcium employé est utilisée pour neutraliser les carbonates et les phosphates “alcalins contenus dans le-suc, et ce n’est que l'excédent du sel soluble “de calcium ajouté qui paraît intervenir dans le phénomène de l'activa- ; lion. On peut se rendre compte de ce fait, en filtrant, quand l'activation à “est maximale, des mélanges de suc et de CaCF, préparés en série, et en “leur ajoutant alors un excès d'oxalate d’ammoniaque. Un précipité “d'oxalate de calcium ne se produit nettement que dans les tubes où l'ac- -livation s’est opérée, c’est-à-dire dans ceux qui renfermaient, outre la “quantité de CaCF suffisante pour saturer les sels alcalins, un excédent de -sel de chaux soluble. ; La différence entre les quantités de CaCF ajoutées à deux tubes immé- “diatement voisins, dont l’un a été le siège d'une digestion et dont l’autre L n a subi aucune modification, doit donc correspondre sensiblement aux “doses limites de sel soluble de calcium qui interviennent réellement dans le phénomène de l'activation. On voit ainsi que la quantité de CaCF directement efficace est souvent inférieure à 1 p. 1000. “— Si on augmente progressivement la quantité de sel de calcium ajouté au suc, on constate que, dans de certaines limites, la digestion s'effectue d'autant plus rapidement que la concentration réelle en sel dissous est plus élevée. Dans nos expériences, la digestion la plus rapide a été ob- tenue quand le milieu contenait environ 5 p. 1000 de CaCF. Si les ‘concentrations sont plus fortes, la digestion se ralentit pour cesser com- plètement quand on atteint une concentration de 10 à 20 p. 100. I1se passe ici un phénomène très analogue, semble-t-il, à celui qu’on observe quand on étudie l’action des sels de calcium sur la coagulation du sang. On sait, en effet, que si les faibles doses de Ca sont néces- Saires à la formation du fibrinferment, l’activité de celui-ci est en outre favorisée par les doses moyennes et entravée par les doses fortes. 11 était intéressant de rechercher si les sels solubles d’autres métaux bivalents étaient capables de jouer le même rôle que les sels de cal- cium. Lorsqu'on substitue au CaCl? du SrCF, du BaC}°, ou du MgCP, on mobserve jamais, quelle que soit d’ailleurs la dose ajoutée, de digestion en l’espace de douze à quatorze heures, alors que la digestion est tou- jours complète, dans le même temps, lorsqu'on emploie une proportion Optimum de CaCl?. Quand l'expérience est prolongée pendant un temps beaucoup plus considérable, on observe quelquefois cependant une diges- tion tardive et partielle; mais celle-ci se produit trop irrégulièrement Pour que nous nous croyions autorisé, d'ores et déjà, à rapporter avec certitude à ces sels eux-mêmes la faible action dont il s'agit. Quoi qu'il en Soit, le pouvoir activant des sels de strontium, de baryum et de magné- sium ne peut, en aucune façon, si tant est qu'il existe, être mis en parallèle avec celui des sels de calcium, qui jouent dans ce phénomène, Biozocre. Compres RENDUS. — 1905. T, LIX. 35 180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comme dans la coagulation du sang, un rôle véritablement spécifiqueM On peut encore mettre en lumière l’action énergique du calcium en ajoutant ce dernier, à dose très faible, à un suc déjà additionné d’une” proportion de SrCF, BaCF, etc., plus que suffisante pour saturer la: totalité des carbonates et des phosphates alcalins du suc pancréatique. On observe, dans ces conditions, que la digestion est déjà terminée dans. les tubes contenant la petite quantité de calcium, alors qu elle est com- plètement nulle dans les tubes témoins. L'introduction accidentelle d’une trace d'un sel soluble de calcium dans un suc, dontles carbonates et les phosphates sont déjà totalement préci= pités, pourra évidemment donner les mêmes résultats. J'aurai d’ailleurs: l'occasion d'insister davantage sur ces faits quand j'étudiérai l'influence qu’exerce parfois, dans le phénomène de l'activation, le GANT apportés par la substance à digérer (1). NOTE RELATIVE A LA COMMUNICATION DE M. DELEZENNE SUR L'ACTION DU SUC PANCRÉATIQUE, par M. Vrcror HENRI. M. Delezenne vient de nous présenter des-résultats très importants sur l'activation du sue pancréatique de sécrétine par l'addition des sels (1) M. Larguier des Bancels à annoncé (Société de Biologie, 8 juillet 1905, qu’il était possible d’activer un suc pancréatique pur, à l’aide de colloïdes ef, d'électrolytes convenablement choisis. Un cube d’albumine plongé pendant vingl-quatre heures dans une solution de bleu de toluidine (colloïde positif) lavé à l’eau distillée et porté dans un suc pancréatique additionné d’une cer” taine quantité d’azotate de baryum, de calcium ou de magnésium, peut étre digéré plus ou moins complètement en l’espace de dix-huit heures. D’après, l’auteur, « l'addition de l'électrolyte au suc pancréatique et le traitement préd lable de l'albumine par le colloïide paraissent être les conditions nécessaires eb| suffisantes de la digestion ». L'action propre du métal et tout ne ment l’action spécifique du calcium a donc complètement échappé à M. Lar- guier des Bancels. En répétant soigneusement ses expériences, j'ai constaté que, si l’on emploi À les sels de calcium, on n'observe aucune différence dans les digestions, qua s'agisse de cubes plongés préalablement dans la solution de bleu de toluidi 1e ou de cubes simplement immergés, pendant le même temps, dans un él volume d’eau distillée. Avec les sels de baryum ou de magnésium, les résulta ont été également négatifs, c'est-à-dire que les cubes sensibilisés par la cou leur n’ont subi aucune digestion, quand les cubes témoins n'étaient pas e mêmes modifiés. La digestion tardive et partielle, qu'on observe quelquefo lorsqu'on utilise ces sels, n’a été nullement favorisée d’ autre part par la colo ration préalable des ctbes d'albumine. SÉANCE DU 18 NOVEMBRE AS de calcium. Ces expériences constituent une suite directe des expé- riences de Larguier des Bancels, publiées ici le 8 juillet 1905. Personne ne pourra contester que c'est bien Larguier des Bancels qui, le premier, a montré que l'on peut acliver le suc pancréatique par des produits non empruntés à l'organisme, c'est-à-dire sans avoir recours à la kinase. Ce résultat important avait été obtenu par Larguier des Bancels, tout à la fin de son séjour à Paris; pressé par le départ, il n’a pas eu le temps de faire l'étude systématique de l'influence des différentes quan- tités de sels et des différents degrés de coloration des cubes. A la suite de ses expériences, il me disait que peut-être les sels de Ca, Mg, Ba, seuls, ont une faible action sur le suc pancréatique, vis-à-vis des cubes d’albumine blancs; mais, avec les concentrations employées par Lar- guier, il y avait une différence très grande entre les cubes blancs et les cubes colorés. Il avait donc été convenu, avec Larguier des Bancels, que ses expériences seraient reprises au laboratoire de physiologie de la Sorbonne, dans lesquelles on devait étudier, d’une facon complète, l'influence des différentes quantités de différents sels et l'influence des degrés de coloration des cubes. Aussi, dès la rentrée, des expériences systématiques ont été commencées par M. Gompel et moi. Nous avons déjà un certain nombre de résultats qui nous montrent qu'en effet les sels de Ca, Ba, Mg, rendent quelquefois le suc pancréatique actif vis-à- vis des cubes d’albumine blancs, sans que l’on ait besoin de les colorer. Je suis très content de voir que M. Delezenne est arrivé, de son côté aussi, à rendre actif le suc pancréatique par les sels de Ca. J'ai fait cette note uniquement pour avoir le droit de continuer les recherches sur ce sujet; nous publierons nos expériences quand elles seront terminées, et on ne pourra pas nous reprocher à ce moment d’avoir entrepris des expériences qui appartiennent au plan de M. Delezenne. ! La théorie que présente M. Delezenne me parait trop prématurée et je ne puis pas du tout l’admettre pour le moment; il est, je crois, utile pour l'étude de l’action du suc pancréatique que cette étude soit faile parallèlement par M. Delezenne et par nous, étant donné que les points de vue auxquels nous nous plaçons sont différents, M. DELEZENNE. — La note de M. V. Henri tend à considérer mes expériences comme procédant directement des recherches par lesquelles M. Larguier des Bancels a prétendu établir le pouvoir activant des col- loïdes sur le suc pancréatique, en présence des électrolytes. 1 n’en est rien. Mes expériences actuelles sont, comme je l'ai déjà indiqué, la suite logique d'observations, déjà anciennes, sur l’inactivité des macé- rations pancréatiques fluorées. Loin de me conduire à la notion de la 482 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE spécificité des sels de calcium, les faits et conclusions énoncés, avec une netteté singulière, par M. Larguier des Bancels et par M. V. Henri lui- même, étaient plutôt de nalure, — cela est de toute évidence, — à m'éloigner de cette conception. Il suffit, pour s'en convaincre, de relire la note de M. Larguier des Bancels, datée du 8 juillet. die et dont voici textuellement la conclusion, « En résumé, le suc pancréatique inactif devient, après addition d'un électrolyte convenable, capable de digérer l’albumine imprégnée d’un colloïde convenable. L’addition de l’électrolyte au suc pancréatique et le traitement préalable de l’albumine par le colloïde paraissent être les conditions nécessaires et suffisantes de la digestion. » M. V. Henri déclare aujourd’hui que M. Larguier des Bancels « à la suite de ses expériences, lui disait que peut-être les sels de Ca, Mg, Ba seuls ont une faible action sur le suc pancréatique vis-à-vis des cubes d’albumine blancs ». Il devient alors surprenant que M. V. Henri ait pu écrire quelques jours plus tard (voir Aevue générale des sciences, 30 juil- let) : « Les expériences de contrôle montrent que ni le colloïde positif seul ni l'électrolyte seul ne suffisent pour cela, i{ faut leur action simul- -tanée ». « Nous pouvons donc dire, conclut-il, que le colloïde positif fixé sur l'albumine joue le rôle de kinase et l’électrolyte le rôle de mordant. » J'ajouterai, par surcroît, que les réserves de M. Larguier des Bancels, eussent-elles été énoncées de prime abord, étaient propres, non pas à me guider, mais bien à m'égarer, puisque le « colloïde artificiel » ie toujours un rôle capital et que d'autre part « le Ca, le Ba, le Mg, etc. étaient encore replacés exactement sur le même rang. En réalité, hormis le fait d’une activation, dont il a complètement méconnu la cause, il n’y a absolument que désaccord entre M. Larguier des Bancels et moi, non seulement en matière d'interprétation, mais même sur le terrain des faits. On s’explique donc assez mal l'allure tendancieuse de la note par laquelle M. V. Henri vient de répondre à la mienne. | 2 Ne serais-je pas bien mieux fondé moi-même, à considérer comme un acheminement vers mes propres conclusions, déjà formulées ailleurs (1), les résultats que M. V. Henri annonce aujourd'hui, assez vaguement du reste, quand il écrit que « les sels de Ca, Ba et Mg [entre lesquels il n’élablit pas encore, il est vrai, de différence] rendent quelquefois [dans des conditions qu'il lui reste à préciser] le suc pancréatique actif vis-à-vis des cubes d'albumine. blancs, sans-que l’on ait besoin de les colorer ». Il est clair, en effet, que ceci est en ie discordance | avec l'opinion antérieure de M. Henri et commence à se rapprocher dem | mes propres conclusions. J'aurais bien mauvaise grâce, cela étant, à. contester à M. V. Henri « le droit de continuer ses recherches sur ceM (1) Académie des Sciences, 13 novembre 1905. Le PET se ON US NES : SÉANCE DU 18 NOVEMBRE 483 N sujet ». Je souhaite, au surplus, que ces recherches ne soient pas reprises par lui seul, mais par tous les physiologistes que celte question intéresse. Il importe d’ailleurs en cette matière, comme en toute autre, de con- trôler d’abord les faits auxquels « la théorie », dont l'intérêt n'est jamais que provisoire, doit avant tout se subordonner. LES QUINONES CHEZ LES ÊTRES VIVANTS, par MM. BRISSEMORET et R. COMBES. Les quinones autres que les anthraquinones sont peu répandues chez les êtres vivants. La benzoquinone C'H*— 0” à été isolée (Behal et Phisalix) du venin de Julus terrestris (Myriapodes) : parmi ses dérivés le perezon (Mylius) se rencontre chez plusieurs plantes de la famille des composées, Acourtia formosa, À. rigida, Perezia oxylepis; l'acide embelianique (Hefter et Feuerstein) existe dans les fruits d’Æmbelia ribes (Myrsinées). Quelques naphtoquinones ont été signalées dans le règne végétal. Thôürner a retiré une méthyldioxynaphtoquinone du Paxillus atrotomen- _losus (Agaricinées); le lapachol (Paterno) a été extrait de T'ecoma spe- ciosa (Bignoniacées); enfin le lomatiol (E.-H. Rennie) se trouve dans quelques Proteacées australiennes, Zomatia ilicifolia, L. longifolia. Nous avons constaté qu’un des termes les plus simples de cette série le juglon VAE c'0x° Non existe, contrairement à l'opinion de Mylius (Deuts, Ch. Gesell. t. XVII, p. 2411), de Bernthsen et de Semper (ibid. t. XVIII, p. 280) dans Juglans regia, (racine, tige, feuille, fruit). Gettte naphtoquinone a été éga- lement isolée par nous de J. nigra, J. cinerea, Pterocarya caucasica et Carya olivæformis (Juglandées). Elle est rapidement enlevée à l'organe végétal qui la contient par le chloroforme : il suffit d'immerger pendant quelques heures dans ce liquide, l'organe végétal frais et non dilacéré : la solution étendue de son volume d'éther de pétrole est abandonnée au repos pendant vingt- quatre heures, filtrée et évaporée à cristallisation : le juglon se dépose sous forme d’aiguilles rougeätres. Nous l'avons caractérisé : 1° Par son entrainement par la vapeur de chloroforme. 2° Par le point de fusion de son dérivé diméthylaminé, + 149 degrés. 3° Par la formation d’oxyjuglon se décomposant vers 220 degrés. 484 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le juglon disparaît, probablement en se volatilisant, des feuilles pendant leur dessiccation; on le trouve, par contre dans les écorces sèches. Cette quinone possède des propriétés physiologiques énergiques : elle peut en effet dans ses réactions chimiques se conduire comme mne dicétone ou comme un peroxyde. Comme beaucoup de dicétones quinoniques, elle irrilte les muqueuses et produit per os les effets d’un éméto-cathartique (Brissemoret) ; A0 cen- tigrammes chez le chien (9 kilos) provoquent : des vomissements, des selles diarrhéiques accompagnées de coliques. Comme peroxyde le juglon exerce sur l’épiderme une action irritante qui se traduit sur la peau de lapin à la dose de 20 centigrammes, en pommade, par une coloration noire du tégument, l’apparition de quelques vésicules, la formation d’un léger œdème, un épaississement et une hypertrophie de l’épiderme qui présente alors de larges sillons; l'action kératolytique intense qu'exerce cette quinone aboutit, une huitaine de jours après son application, à l’exfoliation de l'épiderme. Le rôle du groupement fonctionnel peroxyde est prépondérant dans cette action topique, car du naphtol « appliqué à la même dose, en pom- made, sur la peau de lapin ne produit qu'une très légère irritation. On peut donc regarder le juglon comme l'élément actif de l'écorce sèche de J. cinerea et de l'écorce fraîche de racine de J. regia utilisées autrefois comme rubéfiantes. Nous avons également isolé de plusieurs Droseracées, plantes employées comme épispastiques, Dionæa muscipula, Drosera Capensis, D. rotundifolia, D. binala, et d’urnes de Vepenthès une quinone qui possède les propriétés et les caractères du juglon; nous en poursuivons actuellement l'étude au point de vue chimique et au point de vue de son rôle dans la digestion de la proie capturée par ces plantes insectivores. Notre attention a été attirée sur ce point particulier parce que cette quinone possède des propriétés oxydantes énergiques et parce que sa localisation est très spéciale. Dans Droseru rotundifolia, Dionæa muscipula et les Nepenthès on la | trouve; 1° Dans leliber des nervures ; 2° danslescellules des parenchymes foliaires; qui se trouvent immédiatement au-dessous des épidermes etsurtout, 3° dans des organes dont la forme warie chez les troisplantes étudiées mais dont la signification morphologique «st identique. !Chez Drosera rotundifolia ce sont les amas cellulaires qui terminent les tenta- cules. Chez Mionæa muscipula se sont des groupes de cellules formant de petits mamelons à la surface supérieure de laïfeuilleet des tentacules. Chez les Vepenthès ce sont d'énormes amas ‘de cellules formant à la surface interne des urnesdes points moirs visibles à l’œilmu. Ce sont précisément ces mêmes organes dans lesquels nous avons trouvé celte quinone qui, d’après Darwin, jouent chez les Droseras «et F1 - sÉaNcE pu 18 NOVEMBRE Ja Dionée le principal rôle dans la digestion des insectes capturés. D'autre part, le D' Hovker a constaté que le liquide sécrété dans les urnes de Nepenthès possédait un. pouvoir digestif considérable : or, parmi les plantes insectivores précédentes, ce sont précisément les Nepenthès qui renferment, comme nous l'avons constaté, le plus de principe oxydant. , RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 1905 Cozun (R.) : De l'emploi du sili- cate de potasse comme milieu solide transparent pour la conservation de pièces anatomiques. . ...... Guizzoz (Tx.) : Procédé pour atté- nuer ou éliminer les reflets des sur- faces dans l'observation et la photo- SOMMAIRE 101 l'observation microscopique déduit des numéros dioptriques de l'objec- tiiebde l'oculaire Tree Ut Simon (P.) et Hocue (L.) : Les gan- glions nerveux des racines posté- rieuresappartiennent-ils au système du grand sympathique? Autopsie 487 102 graphie endoscopiques. . . . . . .. 104 | d’un cas de neurofibromatose. . .. 99 Guizzoz (Ta.) : Le champ dans Présidence de M. Haushalter, vice-président. LES GANGLIONS NERVEUX DES RACINES POSTÉRIEURES APPARTIENNENT-ILS AU SYSTÈME DU GRAND SYMPATHIQUE? AUTOPSIE D'UN CAS DE NEUROFIBROMA- TOSE, par MM. P. Simon et L. Hocue. À l’autopsie d'un malade atteint de neurofibromatose généralisée, nous avons trouvé les nerfs périphériques inégalement augmentés d'épaisseur, et en outre porteurs de tumeurs fibreuses de divers volumes atleignant parfois celui d’une noix. Les nerfs du plexus brachial, les nerfs intercostaux, ceux émanant des plexus lombaire et sacré ont été suivis par dissection ct trouvés atteints de telles lésions. Fait remarquable, la neurofibromatose intéressait ces différents nerfs depuis leurs plus fines ramifications jusqu'à leurs troncs originels, mais respectait leurs racines cérébrales ou médullaires. Ni le cerveau, ni la moelle n'étaient atteints. Sur les racines postérieures, le ganglion rachi- dien était très augmenté de volume, fibromateux ; entre lui et la moelle, la racine postérieure était indemne. RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (100) En outre, le svstème nerveux sympathique était le siège de lésions très considérables; dans l’abdomen, l'attention fut vite attirée par l'aspect néoplasique du mésentère, qui constituait une masse épaisse résultant de l'aggloméralion de petits nodules blanchâtres analogues aux épaississements nerveux. Au voisinage du tronc cœliaque, on trou- vait également de nombreux nodules d'aspect identique (plexus solaire ou mésentérique), d'où s’irradiaient dans le mésentère des filets nerveux épaissis auxquels étaient appendus ou accolés de petites masses blan- châtres, nodulaires ou fusiformes. Dans le thorax, la chaîne des ganglions prévertébraux apparaît très nettement; ces ganglions sont doublés ou triplés de volume. Au cou, le sympathique possède des renflements ovalaires de 3 centi- mètres sur 2 centimètres d'épaisseur. En résumé, la neurofibromalose dans ce cas est prédominante sur les nerfs du système sympathique, mais généralisée à tout le système ner- veux périphérique. Les centres nerveux, encéphale et moelle, sont indemnes ; les diverses racines des nerfs craniens et des nerfs rachi- diens sont également saines, à l'exclusion des ganglions des racines postérieures de la moelle. En présence de ce tableau anatomique, nous nous sommes demandé si l’on ne devait pas songer ici à une lésion primitive du système ner- veux sympathique, qui s'était étendue au système nerveux périphérique à la faveur des filets nombreux d'origine sympathique qui se mêlent aux nerfs de la vie de relation. Nous nous étonnions toutefois de l’arrêt de la progression extensive des lésions aux trous de conjugaison, et plus particulièrement au gan- glion rachidien, quand nous avons eu connaissance des idées de M. À. Barbieri, communiquées à l’Académie des sciences (1). Dans deux notes assez courtes, l'une histologique, l’autre physiologique, M. Bar- bieri résume des travaux qu'il promet de publier et par lesquels il veut démontrer que « les ganglions nerveux des racines postérieures appar- tiennent au système du grand sympathique ». Nous avons été très frappés de la concordance des idées qu'avait éveillées en nous l'observation anatomique d’un fait pathologique, et de celles de M. Barbieri, et c'est pour la signaler que nous avons rédigé cette note préliminaire, avant la publication d'un travail plus docu- menté sur cette observation. (1) Comptes rendus, 9 avril 1900 et 2 mars 1903. SR, it (401) : __ SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 489 DE L'EMPLOI DU SILICATE DE POTASSE COMME MILIEU SOLIDE TRANSPARENT POUR LA CONSERVATION DE PIÈCES ANATOMIQUES, par M. R. Cozrix. On se sert souvent de gélatine glycérinée pour conserver en milieu solide transparent de petites pièces anatomiques. On peut employer dans le même but une solution aqueuse de silicate de potasse, en ayant recours à la technique suivante : Les objets fixés et durcis par les réactifs usités habituellement pour cet usage (une solution forte de formol ordinaire donne de très bons résultats) sont lavés soigneusement à l’eau courante pendant plusieurs heures, les traces d'acide ou d’alcool des liquides fixateurs pouvant précipiter le silicate. On place ensuite les pièces dans un mélange à parties égales d’eau et de la solution usuelle de silicate de potasse. Ce mélange pénètre peu à peu les objets qui tombent au fond du réci- pient. C'est le moment qu'on choisit pour l'inclusion. On emploie pour cette opération du silicate de potasse que l’on fait bouillir quelques minutes pour chasser l’air et qu’on laisse ensuite refroidir. L'inclusion se fait dans des récipients en verre de forme quelconque; les plus pra- tiques sont les petites cuvettes à fond plat qui servent en ophtalmologie à la préparation des hémiglobes par la méthode à la gélatine. Il faut d’abord coller l’objet au fond du récipient pour l'empêcher de se déplacer dans la masse d'inclusion, et l'on y parvient en versant une mince couche de silicate qui durcit rapidement et maintient l’objet dans la position qu'il doit définitivement conserver. S'il s’agit d’un hémi- globe, il faut éviter d'emprisonner une bulle d'air volumineuse dans sa concavité. Pour cela, on.commence par verser dans la cuvette de verre une épaisse couche de silicate qui permet de placer la pièce dans une position convenable sans interposition d'air. Ce résullat obtenu, on diminue la quantité de silicate pour obtenir une solidification rapide. On achève l'inclusion en versant dans le récipient des couches succes- sives de silicate de potasse; il faut attendre que l’une soit complète- ment solidifiée pour en ajouter une seconde, et ainsi de suite. Il est bon de ne pas remplir complètement le récipient. Quand toute la masse est solide, il faut fermer le récipient à l'aide d'un couvercle de verre soigneusement luté, car, la déshydratation se continuant, le milieu silicaté finirait par se troubler et par devenir opaque. La transparence remarquable du silicate de potasse est liée à la présence d’un certain nombre de molécules d’eau qui ne nuisent pas, du reste, à l’état solide de la masse. L'inclusion au silicate de potasse a sur celle à la gélatine glycérinée l'avantage de se faire à froid, d'être plus rapide et de ne pas s’altérer à 490 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY - (102) la longue. Elle semble cependant contre-indiquée lorsqu'il s'agit de la conservation d'un objet très fortement pigmenté. Le pigment diffuse dans le silicate de potasse et.la masse finit par prendre une coloration foncée peu favorable à l'emploi de la pièce conservée comme objet de démonstration. : (Travail du laboratoire d'anatomie.) LE CHAMP DANS L'OBSERVATION MICROSCOPIQUE DÉDUIT DES NUMÉROS DIOPTRIQUES DE L OBJECTIF ET DE LA OCULAIRE, par M. Tu. GuiLLoz. J'ai déjà indiqué quelques-uns des avantages qu’apporterait dans la pratique micrographique la nolation des objectifs et des oculaires par leur pouvoir dioptrique (1). On sait ainsi immédiatement quelle est la puissance de l'instrument, on évalue facilement le grossissement dans l'examen microscopique (2), la grandeur réelle des objets dans les micro- photographies (3). On peut décider de la combinaison d’oculaires qui avec un objectif d'ouverture numérique déterminée permet de bénéficier dans l'observation microscopique de tout le pouvoir FARATA EE du système optique (4). Dans cette notation le champ s'évalue aussi avec la plus grande simplicité. Le champ est la région dont tous les points peuvent être vus à la fois. Si sa détermination rigoureuse ne semble pas en général utile au micrographe, il n’en est pas de même de sa connaissance approximative. Elle permettra de voir à quel grossissement maximum il conviendra d'avoir recours pour qu’une étendue déterminée de la preparation puisse être vue dans le champ. La connaissance du champ présente, il me semble, une plus grande utilité pratique : elle permet au cours d’une observation microscopique l'évaluation rapide de la dimension des objets observés dans la préparation. Si l’on sait par exemple que la région vue correspond à un cercle dont le diamètre est de 1 millimètre, on se rendra immédiatement un compte approximatif non seulement des dimensions relatives mais des dimensions absolues des objets par la place qu'ils occupent dans la surface de dimensions connues sur laquelle ils s’étalent. ) Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LVIIT, p. 139. 2) Ibid., t. LVIII, p. 146. ) Ibid. t. LVIIT, p. 343. ) 1, t. LVIIT, p. 730. pr CSL EE Ta Tr ae” 4 ah ° (103) ; SÉANGE DU 13 NOVEMBRE -491 Le champ du microscope s'obtient en traçant le cône qui a pour sommet le second point nodal de l'objectif et dont la génératrice s'appuie sur le pourtour de la première lentille de l’oculaire, puis en menant par le premier point nodal un second cône parallèle au premier, ‘ de direction opposée et ayant ce point pour sommet. Ce cône délimitera le champ d'observation (champ moyen) par sa section avec la prépa- ration car les points pris dans son intérieur et ces points seulement sont sur des axes secondaires rencontrant l’oculaire, c'est-à-dire envoient .des rayons contribuant à la formation de l'image microscopique. En désignant par R le rayon de la première lentille de l’oculaire, ] la distance du point nodal supérieur de l'objectif à cette lentille, D le . diamètre du champ mesuré sur la préparation, f la distance focale de l'objectif, l'on à, en remarquant que la préparation se trouve au voisinage du plan focal antérieur de l'objectif : D=FX Or, pour un oculaire composé d'un même type, la puissance est toujours proportionnelle à celle de-la première lentille qui le compose, et en particulier pour les oculaires d’Huyghens la puissance-de l’oculaire est double de celle du verre de champ. Si donc on représente par K le rapport que les opticiens fixent en pratique entre le rayon d'une lentille et sa distance focale, on aura : R—92KF, ; nl F étant la distance focale de l’oculaire, c'est-à-dire > E2 étant la distance focale du verre de champ. D'où : K D—4fFXT Or 1 — 0160; la valeur général t adopté K HART a. ne ; la valeur généralement adoptée pour K est =; No Fr N ocul. l'unité : + On a donc en remarquant que 0,16 X 6 est presque égal à }, D = Kb. KN ocul. Rien ne semble essentiellement s'opposer à ce que dans la construc- tion des divers oculaires les considérations précédentes soient observées. Les diaphragmes intérieurs peuvent ne pas nuire au champ car il suffit qu'ils en suppriment les portions périphériques, celles d'inégale clarté. 492 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ï (104) Le changement du type d’oculaire, le léger changement du symbole d’un oculaire de type déterminé, adopté pour une meilleure correction des aberrations laissées par l'objectif, le changement de la longueur optique du microscope, ne feraient, une fois ces données fixées, que faire varier le coefficient (4) par lequel il faut multiplier l'inverse du produit du No de l'oculaire par le No de l'objectif pour avoir la valeur du champ du microscope. PROCÉDÉ POUR ATTÉNUER OÙ ÉLIMINER LES REFLETS DES SURFACES DANS L'OBSERVATION KT LA PHOTOGRAPHIE ENDOSCOPIQUES, par M. Tu. GuizLoz. Dans l'observation ou la photographie endoscopique, on est très sou- vent gêné par les reflets des surfaces, par exemple par les reflets cor- néens dans l'examen ophtalmoscopique. Le procédé que j'indique pour les éviter est d’une application qui me semble assez générale. Il consiste à obtenir de la région intéressante une image ayant très peu de profon- deur, sur laquelle par conséquent les plans antérieurs el postérieurs n’amèneront pas de troubles notables dans l'aspect. On produira donc, dans la méthode d'observation que Je vais indi- quer, quelque chose d’analogue à ce qui se passe dans l'examen au microscope d’une coupe épaisse. L'aspect de l’image, pour un réglage déterminé du microscope, correspond à une coupe idéale très mince, de la préparation nommée coupe optique, et les portions de la prépara- tion, soit supérieures, soit inférieures au plan de mise au point, ne sont pas visibles. Ce serait trop s’avancer de dire que ces parties ne peuvent nullement contribuer à donner certaines modifications à l'image qui correspondrait à une coupe réellement pratiquée au niveau de la coupe optique, mais, pratiquement, les caractères ainsi surajoutés dans l’image n’ont en général pas grande importance. Il en est de même dans le procédé d'observation en question, où l’on peut faire disparaitre les reflets par ce fait que les images de la source lumineuse données par la surface et qui produisent les reflets ne sont pas dans le plan de cette surface. À fortiori, le résultat sera plus faei- lement obtenu si les reflets sont donnés par une surface antérieure « transparente (examen ophtalmoscopique). De la même facon, dispa- raitra, dans l'observation, l’image des bords d’une cavité profonde dont on examinerait le fond, ainsi que l’image de tout objet de petites dimen- sions qui serait disposé notablement en avant du fond de la cavité. Le procédé consiste à produire, au moyen d’une lentille ou d'un autre 2 ’ : PER RC ? ct PES AD LIN 5h dispositif optique, une image réelle de la surface observée, et à recevoir cette image réelle sur le premier plan principal d'une lentille de très forte (405) SÉANCE DU 13 NOVEMBRE 493 courbure. L'observateur, ou l'objectif de l'appareil photographique, est placé de l'autre côté de la lentille. L'observation de l'image de la sur- face se fait dans les mêmes conditions que si la lentille très forte n'existait pas, car l’image se reforme identique à elle-même dans le deuxième plan principal, qui en est peu distant. Par contre, les rayons émis par les parties antérieures ou postérieures à celles formant leur image dans le premier plan principal subissent de puissantes réfrac- tions, qui font que de très petites portions seulement des cônes réfractés correspondants pénètrent dans la pupille ou dans l'objectif. Il en résulte une atténuation considérable de la vision des reflets, dont les rayons peuvent être ainsi énormément dispersés. Quand l’image diffuse qui correspond aux reflets, aux bords de la cavité dont on examine le fond, est égale ou supérieure à l'image nette de la surface du plan principal sur lequel on a reçu l’image, la faible lumière pénétrant dans l'œil ou l'objectif se répartit uniformément sur toute l’image observée. Le reflet n'est donc plus visible sur l'image qu'il peut voiler très faiblement, mais en tout cas uniformément. Je ne fais dans cette note qu'indiquer le principe : le choix des len- tilles nécessite une discussion dans chaque cas particulier pour fixer les meilleures conditions d'observation. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette, V2 Sr à anhee durant 2 nu | trot LH | .' (de Res hd ARTS, 6 OO ba RARES: an (LE: tra ke 48 se fk î Pi a Fat de EU rs (de) © SÉANCE DU 25 NOVEMBRE AgEeLous (G.-E.), Saucré (A.) et Tousan (G.) : Sur l'identité d'action des extraits des substances corti- cale et médullaire des capsules surrénales BarTrTeLLt (F.) et Srerx (Mille L.) : Analogie entre l’action de l'antica- talase et l’action du sulfate ferreux. - BERNARD ‘(LÉON) et Bicart : Les processus sécrétoires dans la subs- tance corticale de la glande surré- TRES RE CRUE LE some Bonn (GEORGES) : Des tropismes et des états physiologiques Boux (GEORGES) : Mouvements ro- tatoires chez les larves de crustacés. _ Cauus (L.) et GouLpen (J.) : Nou- veaux appareils pour l'étude du cœur isolé. 1. Appareil pour la cir- culation artificielle dans le cœur de la tortue ; — II. Appareils conjugués pour l'étude comparative de la cir- culation dans le cœur isolé . .:.. CaRREL (ALEXIS) ét GUTHRIE (C.-C.) : La reversion de la circulation dans es veines valvulées. . . . . ... . .. Deezenne (C.) : Action des sels de calcium sur le suc pancréatique préalablement dialysé Duguissox : Sur les débuts de la dégénérescence dans les ovules de BATACIEN SAN CEE AE ET Jounaup (L.) : Variations du titre des solutions aqueuses de sublimé employées pour fixer le sang dans les états pathologiques. , . . . . .. Levanrrs: et ManouéLran : Histo- logie pathologique des accidents syphilitiques primaires et secon- daires chez l'homme, dans ses rap- ports avec le Spirochele pallida. Levaorrz et ManouéLian : Histo- logie pathologique du chancre sy- philitique du singe, dans ses rapports hot leaf tohienmetie jejfe, sas B10:061Er. COMPTES RENDUS. — 1 (905 SOMMAIRE 520 521 515 517 496 905. TALLS, avec le Spirochæle pallida . . ... LoisEL (GUSTAVE) : Croissance de cobayes normaux ou soumis à l’action du sel marin ou du sperme TETCODAVERA ER PT ee ie Loisez (Gusrave) : Toxicité du liquide séminal de cobaye, de chien (EL LE MN AATENENES 2e, PME MERE PERTE Loisez (Gustave) : Considérations générales sur la toxicité des produits DÉTLI AU N 2 PA MPAR EME NA TAERT NETTER (ARNOLD) et RIBADEAU-Du- MAS (L.) : Quatrième série d’infec- tions paratyphoïdiques (23 cas nou- veaux) NErTER (ARNOLD) et RiBAprau-Du- MAS (L.) : Apparition des agglutina- tions spécifiques et des agglutina- tions de famille au cours des affec- tions typhoïdes et paratyphoiïdes. . RIEUX et SACQUÉPÉE : Action des sensibilisatrices typhiques et para- typhiques sur les bacilles PRE TON dants Rieux et SACQUÉPÉE : Agglutination et coagglutination des bacilles para- typhique et typhique. . . . . . .. SACQUÉPÉE (E.) et Fras (S.) : Note sur la pathogénie de l’ictère ca- tarrhal. Rôle des bacilles typhiques, paratyphiques et du coli-bacille. : SACQUÉPÉE (E.) et CHEevRELz (K.) : Activn des bacilles typhiques, para- typhiques et du colibacille sur quel- ques sels métalliques ‘SERGENT (EDMOND) et SERGENT (Er.) : Anopheles algeriensis et Myzomyix hispaniola convoient le paludisme. sys lee lestare his elles d'u /ee: sole 500 502 D33 239 499 Réunion biologique de Marseille. BILLET (A.) Examen de qua- rante-trois cas de paludisme prove- venant de régions tropicales . , . 36 539 196 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d Présidence de M. A. Giard, président. NOUVEAUX APPAREILS POUR L’ÉTUDE DU COEUR ISOLÉ, par MM. L. Camus ET J. GOouLDEN. I. — Appareil pour la circulation artificielle dans le cœur de la tortue Ce dispositif imaginé à l’occasion d’une étude spéciale sur Je cœur isolé de la tortue diffère sur plusieurs points de celui publié récemment, ici même par l'un de nous (1). Comme précédemment, nous nous sommes attachés à faire circuler une quantité de liquide toujours la même en présence d’un volume déterminé de gaz. Les conditions du travail du cœur sont obtenues comme dans l'appareil précédent en faisant varier sur une tige graduée la hauteur du réservoir veineux et celle de l'extrémité supérieure du tube artériel. L'inscription des changements de volume de cœur peut se faire aussi dans les mêmes condi- } tions que précédemment en enfermant l'organe dans une ampoule de verre, mais le plus souvent nous avons renoncé à ce mode d'inscription, parce que nous avions avantage à laisser le cœur in situ. Le cœur de la tortue étant plus volumineux que celui de la grenouille, son poids peut avoir une influence à fâcheuse sur le passage du liquide aux orifices des canules. Les vaisseaux qui sont fixés aux canulés sont en effet plus ou moins aplatis par le poids dem l'organe et la circulation se fait mal. Au contraire si le cœur est laissé en place $ après ligature des vaisseaux, la circulation se fait beaucoup mieux. Pour sous- traire le cœur à l'influence de l’atmosphère extérieur, quand'il en est besoin ,\ on peut le recouvrir d’un liquide isolant, d'huile bien neutre par exemple. Le débit du cœur de la tortue étant difficilement appréciable à l’aide du rhéographe électrique à cause de l'écoulement qui se fait souvent sous forme de jet, nous avons modifié complètement le mode d'inscription antérieure ment employé. Nous avons réussi à inscrire le volume de l’ondée ventricu-« laire en recevant le liquide dans un espace clos mis en rapport avec un tambour de Marey. Le tube d'écoulement artériel de notre nouveau dispositif se trouve donc terminé par un réservoir que nous appelons réservoir artériel.M Entre deux pulsations, une quantité de liquide égale à celle de la pulsation s'écoule du réservoir artériel par un tube situé à sa partie inférieure. Le tube“ d'écoulement ramène le liquide au réservoir veineux. Un autre tambour inseripteur mis en relation avec le réservoir veineux donne l'indication des pulsations auriculaires. La figure suivante fera comprendre l’ensemble dem l'appareil. a | (1) L. Camus. Appareil pour l'étude du cœur isolé, Comptes rendus de la So ciété de Biologie, LVIL, p. 86; 9 juillet 1904. SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 497 É ie ee PE Re Per Ë Les tubes BCD et O0 G sont deux fois recourbés et leur dernière portion ‘horizontale est graduée. Une goutte d'eau placée dans la portion horizontale * du tube fait une fermeture hydraulique mobile, et son déplacement mesure - la grandeur des pulsations. IL est ivutile d'insister sur l'interprétation des graphiques ; on comprend que l'écoule- - ment régulier et continu qui se fait entre les - deux réservoirs n'empêche pas les brusque * changements dus aux pulsations ventriculaire et auriculaires de se faire sentir sur les tam- - bours et l'on voit que la valeur de cet écoule- * ment permet encore d'apprécier le volume de - la pulsation cardiaque. - Nous avons donc réalisé avec ce dispo- sitif, dans des conditions déterminées de pression, la circulation d'une quantité constante de liquide en présence d'un vo- lume limité de gaz, et les graphiques per- mettent de conserver l'indication de la valeur du fonctionnement cardiaque (1) et de ses variations. IL. — Appareils conjugués -pour l'étude. comparative de la circulalion dans le cœur isolé. On avait jusqu'ici, dans l'étude du cœur isolé, négligé quelque peu la méthode - comparative si habituellement en usage “ dans les sciences biologiques. C'est pour - combler cette lacune, ou plus exactement pour faciliter l'emploi de cetle méthode, que nous avons imaginé le dispositif sui- vant. (Voir fig. 2.) — Deux appareils semblables à celui que nous -venons de décrire sont supportés par un pied - à Lige fourchue et sont placés dans les mêmes conditions. TIM #i HIER Sy SR Figure 1, schématique. Réservoir inférieur, réservoir vei- neux ; réservoir supérieur, réservoir artériel ; f, tige oeraduée le long de laquelle peuvent glisser les sup- ports des réservoirs ; À, tube artériel faisant suite à l'aorte; T, tube vei- neux qui amène le liquide aux oreil- lettes; ER, tube de communication entre les deux réservoirs: R, robinet qui permet de maintenir constant les niveaux des liquides; BCD et 0G, tubes reliés aux tambours qui enre- gistrent les changements de pres- sion dans les réservoirs, - Les tubes artériels sont réunis par un tube en Y, et de même les tubes - veineux. Deux pinces placées au-dessus des bifurcations isolent complèlement (1) On trouvera dans la thèse que soutiendra prochainement M. J. Goulden … devant la Faculté de médecine de Paris avec de nombreux graphiques tous les détails relatifs à la description de l'appareil et à son fonctionnement. 498 | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la circulation Fun des appareils. Dans l'appareil isolé, on ajoute la subs- tance toxique ou le gaz toxique que l’on veut étudier, et après avoir recueilli. un tracé normal avec l'appareil normal, on fait fonctionner le cœur avec l'appareil qui renferme le produit à étudier. Pour changer le cœur d’appa- reil, il suffit de déplacer les pinces des tubes, de les reporter toutes deux à droite si elles étaient à gauche, ou inversement. Sans rien changer aux con- ditions physiques extérieures de la circulation, on obtient ainsi de nouveaux tracés dont les différences sont uniquement attribuables à la substance ou er © ee FR V 34-60 1f Fc. 2. toxique. Si l’intoxication du myocarde n’a pas été trop profonde, on peut revenir au tracé normal en changeant de nouveau le sens de la circulation | dans les appareils. C’est, par exemple, ce que nous avons obtenu en étudiant l'influence de CO? sur le cœur. # Quand les deux appareils renferment le même liquide et les mêmes gaz, on peut utiliser encore le dispositif pour étudier l'influence de conditions physiques différentes sur le fonctionnement du cœur. On pourra ainsi rechercher l'influence d’une pression différente dans les oreillettes ou dans j l'aorte, ou bien encore l'influence de pressions différentes à la fois ta l'aorte et dans les oreillettes. Ici mieux que dans le cas de l’intoxication, on peut aisément revenir au tracé primitif en rétablissant la circulation au travers de ‘’appareil employé au début de l'expérience. -.. SÉANCE DU 25 NOVEMBRE | 499 Ces deux appareils conjugués (1) permettent d'appliquer facilement, - dans un certain nombre de cas, la méthode comparalive à l'étude de la circulalion dans le cœur isolé. » Anopheles algeriensis ET Myzomyia hispaniola GONYOIENT LE PALUDISME, - par MM. EnMonD SERGENT ET ÉTIENNE SERGENT. On sait que si la loi de Grassi: « Pas de paludisme sans Anopheles » a toujours été vérifiée jusqu ici, lorsque les observations ont été bien faites, il n'en est pas de même de la proposition inverse. On rencontre - souvent des Anopheles là où il n’y a pas de paludisme. On sait même - qu'il y a des Anophélines, tel le Myzomyia rossii, qui ne sont jamais trouvés infectés dans la nature, et ne peuvent le devenir que malaisé- ment, et en faible proporlion, dans les conditions expérimentales. ll ne suffit donc pas de trouver des Anophélines dans un pays pour affirmer leur rôle dans la propagation du paludisme, il faut encore s’as- surer s'ils sont aptes à jouer ce rôle, c'est-à-dire à être infectés par les Hémamibes. Les Anophélines reconnus capables de transmettre le paludisme sont : Europe : Anopheles maculipennis (presque partout); À. bifurcatus (à un faible degré); Pyretophorus suprrpiclus et Myzomyia pseudopicta (dans certaines contrées spécialement). Afrique : Myzomyia funesla, Pyretophorus costalis. Amérique du Nord : Anopheles maculipennis. Indes-Occidentales : Cellia albipes (d’après Pajos). Inde : Myzomyia l'istoni, Myzomyia culicifacies, Nyssorhynchus macu- latus (?). Dans nos études sur le paludisme en Algérie, nous avons cherché à délimiter le pouvoir infectant des différents Anophélines de ce pays. » Dans l'Algérie proprement dite, exclusion faite du Sahara, nous .n’avons jamais trouvé, depuis quatre ans, que trois espèces : Anoy heles maculipennis Meigen, Anopheles algeriensis Theobald, Myzomyia hispa- niola Theobald. - A. maculipennis est le plus répandu; on le trouve dans les plaines et sur les montagnes, dans le Tell et dans le steppe. Nous avons constaté, en 1904, qu'il pouvait être parasité, comme ses congénères d'Europe et : d'Amérique, par l'Hématozoaire du paludisme. Le pourcentage des (1) Une description plus complète de l'appareil avec application à quelques cas d'intoxication est dounée dans la thèse inaugurale de J, Goulden. nn a fthiite 500 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE maculipennis trouvés infectés a été, en 1904, pour l'Algérie entière, de 5 p. 100, en 1905 de 2 p. 100 environ. À. algeriensis hante les collines sahéliennes et les plaines du littoral. C'est une espèce sauvage, que l’on ne trouve que rarement dans les habitations pendant la journée. Aussi est-il très difficile d'en capturer des adultes. En 1904, une violente épidémie de paludisme qui sévit sur le village de Thiers n’a pu être rapportée par nous qu'à la présence de cet Anophéline qui est la seule espèce existant dans cette localité. La” preuve décisive manquait pourtant, nous pouvons l’apporter cette année : la dissection des glandes salivaires de deux A. algeriensis nous a permis de constater leur infection à tous deux (l'un provenait de Mirabeau, dans la Kabylie, l’autre d’Adelia, sur les contreforts du Zac- car). M. hispaniola habite surtout les vallées des régions accidentées, et'on le trouve encore à quelques kilomètres dans les plaines au débouché de ces vallées. Cet Anophéline est, comme le précédent, peu domestique; ilne fréquente les maisons que durant la nuit, et ne s’y attarde guère après avoir piqué ses victimes. Il en résulte que nous n'avons pu en disséquer que 14 en 1904, sans résultat. En 1905, nous en avons dis- séqué trois. L'un d’entre eux, provenant de Fortassa (département d'Oran) possédait des sporozoïtes dans ses glandes salivaires. Le fait est intéressant à constater, car au même genre Myzomyia appartient un … Anophéline des Indes : 7. rossü, qui, malgré de nombreuses recherches, n’a jamais été trouvé infecté dans la nature, et ne s’infecte qu'avec dif- M ficulté dans les conditions artificielles. Une autre espèce de Myzomyiam vivant aux Indes, A]. turkhudi, est très proche morphologiquement deM M. hispaniola. Aucun auteur ne rapporte l'avoir trouvé infecté dans la nalure, et Stephens et Christophers n’ont pu l’infecter expérimentale- ment que dans les mêmes proportions que 7. rossui. | Les trois Anophélines de l'Algérie non saharienne sont donc suscep- tibles d’être infectés par les Hémamibes, et, par suite, de transmettre le paludisme. QUATRIÈME SÉRIE D'INFECTIONS PARATYPHOÏDIQUES (23 GAS NOUVEAUX), par MM. Arnozn Nerter et L, RIBADEAU-Dumas. Depuis notre communication du 18 novembre, nous avons examiné le. sang de 23 paratyphoïdes et de 7 fièvres typhoïdes nouvelles. Beaucoup t de ces cas portent sur des sujets convalescents ou guéris depuis plusieurs À mois ou années. Les 23 paratyphoïdes se décomposent en 13 cas dus au“ À bacille paratyphique À, 3 au bacille Bet 5 au bacille de Gærtner. 4 SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 501 - La liste de nos cas à la date présente se trouve donc arrêtée ainsi. TABLEAU CLINIQUE SYMPTOMATOLOGIE TOTAL de la fièvre typhoïde. différente de la typhoïde. B. paratyph. A de Brion-Kayser. 43 14 57 — B. paratyph. B de Conradi . . 2 3 5 de Gæriher LM. . 9 10 19 D dEbert ee NL 21 l 28 À 81 28 109(4) Voici les nouveaux tableaux correspondants : Cas où l’'agglutination par le bacille de Brion-Kayser est prédominante. BRION-KAYSER A EBERTH CONRADI GÆRTNER ; PC ED 0 0 0 ra as pe ET 0 0 0 DR TR RATS 0 0 0 Sr Ne) 120 0 0 0 PA AT 45 0 0 0 HE ser 0 0 0 S aetonl a li EC 0 0 0 SOIENT RARE 0 0 0 BEN À PMR SUP 17160 0 0 0 PIRE OUPEOREEE DE 0 0 0 Cu RAA 0 0 0 0 FE TN AE 0 0 0 ONE ANNE 0 0 0 Cas où l’agglutination par le bacille de Conradi-Drigalski-Jürgens est prédominante. CONRADI B EBERTH BRION-KAYSER A GÆRTNER daitatis ab od/5 ; 0 0 0 AU AN A HO 0 0 0 AE er 04/30 1/5 0 0 Cas où l'agglutination par le bacille de Gærtner est prédominante. GÆRTNER EBERTH BRION-KAYSER A CONRADI Sata h (40 0 0 0 AGE D Es 100 0 0 0 A NE | tr 0 0 0 FN 0 0 0 D ES DD 0 1/10 0 (4) Nous avons obtenu en outre des résultats constamment négatifs de 28 sujets dont 5 sains et 23 atteints d’affections diverses, 502: : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cas où l'agglutination par le bacille d'Eberth est prédominante. EBERTH BRION-KAYSER CONRADI GÆRTNER 22. à 1/5 0 0 0 23, 4/5 (ÿ) 0 0 24, Le Ô 0 û 25. . 1/5 0 0 0 26, 1/20 0 0 0. 21. 1/5 0 0 0 28. 1/5 0 0 0 Les taux d’agglutination dans cette nouvelle série sont sensiblement plus faibles que dans les séries précédentes. Cela tient à ce que beaucoup des sujets examinés étaient guéris depuis un temps plus ou moins long. APPARITION DES AGGLUTINATIONS SPÉCIFIQUES ET DES AGGLUTINATIONS DE FAMILLE AU COURS DES AFFECTIONS TYPHOÏDES ET PARATYPHOÏDES, par MM. ARrNocD NETTER et RIBADEAU-DuMaASs. Dans nos précédentes communications sur les infeclions paraty- phoïdes nous avons mis en relief les résullats des recherches de l'agglu- tinabilité des divers microbes. Ce n’est pas à dire que nous n’ayons pas fait des cullures du sang, des selles, des urines. Ces recherches ont élé entreprises avec succès par l’un de nous au printemps de 1903 sur un nombre considérable de cas. Elles sont poursuivies à l'heure actuelle et: nous en exposerons ultérieurement les résultats. Si elles apportent plus de précision sur certains points, il n’en est pas moins évident que l’agglutination comparée comme celle à laquelle nous avons recours donne des résultats déjà fort précis et ces résultats ont le grand avantage d’être obtenus avec plus de promptitude el per- mettent de multiplier les investigations, ce qui nous importe beaucoup: à l'heure présente. Dans les tableaux que nous avons fournis, on voit combien il est fréquent de voir le même sang agglutiner simultanément plusieurs espèces voisines et cependant les différences entre les taux relevés Lo mettent des précisions très grandes. Il est un nombre assez grand de cas, 37, où nous voyons le ae n'agglutiner qu'une seule espèce microbienne. En recherchant ces cas, nous reconnaissons que le plus grand nombre, 31, ont été relevés sur des sujets guéris depuis un temps plus ou moins long ; qu’un certain nombre, 6, appartiennent à des malades observés au début de leur maladie. : Il semble donc bien établi qu'au début de l'infection, l'agglutinabilité, Le SÉANCE DU 25 NOVEMBRE . 503 faible d'abord, est rigoureusement spécifique et limilée au microbe en - cause ; qu'au cours de l'affection, il se forme des agqlulinines agissant sur des espèces voisines; qu'après la guérison, ces agglutinines de familles disparaissent et laissent encore assez longtemps la place à la seule agglutine . spécifique. Ce fait qui semble déjà se dégager de certaines observations publiées, ressort à notre sens bien nettement de l'étude de nos cas, etil nous- parait avoir une assez grande importance. Les 48 cas observés après guérison dont nous disposons se composent. de trois catégories différentes. Nous placerons d'abord ceux des convalescents de notre service ou. de la ville examinés 1 à 6 mois après la guérison. Ces cas sont au nombre de 28 dont 13 dus au paratyphique À, 2 au paratyphique B, ‘43 au bacille d’Eberth. La comparaison de ces chiffres peut être utilisée avec une certaine précision pour établir la fréquence relative des affec- > tions typhoïdes et paratyphoïdes. Notre second groupe comprend des malades observés pendant le prin- temps de 1903 et chez lesquels la nature typhoïde ou paratyphoïde avail été établie toutes les fois par la culture des matières fécales et la recherche de l’agglutination. Nous y lrouvons 8 cas. Enfin le troisième groupe comprend des sujets ayant eu manifes- tement une typhoïde ou une paratyphoïde depuis un an au moins, et chez lesquels il n’a pas été fait de cultures au cours de la maladie. On y . trouve 12 sujets. | On ne saurait tirer de ces deux derniers groupes des données précises sur la proportion relative des typhoïdes et des paratyphoïdes à ces dates, par cette raison que nous avons en effet recherché de préférence le : - sang de sujets dont l’histoire clinique nous avait paru difiérer du tableau classique de la dothiénenterie. Notre premier groupe comprend 28 sujets. Leur affection remontait dans un cas à juin, dans un autre à juillet, dans 12 au mois d'août, dans 1% au mois de septembre. Il s'est agi 13 fois du bacille d'Eberth, 13 fois _du paratyphique À, 2 fois du bacille paratyphique B. Le bacille d'Eberth a été plus souvent en cause en août, 7 fois sur 12; » ja paratyphique À en septembre, 8 fois sur 14. Sur ces 28 sujets guéris depuis plus d’un mois et moins de 6 mois, - 14, soit la moitié, ‘'n’agglutinaient qu'une seule espèce microbienne, - 5 l'Eberth, 4 le paratyphique A, 2 le paratyphique B. Sur les 12 cas ayant débuté en août 9, soit 75 p. 100, n’agglutinaient qu'une espèce microbienne. Le taux de l'agglutination était 3 fois de 200; 1 fois de 100, 1 de 80, 3 de 40, 1 de 20. Sur les 44 cas ayant débuté en septembre, nous ne trouvons l'aggluti- nation unique que 5 fois aux taux respectifs de 400, 80, 40 et 20 pour le bacille d'Eberth et 10 pour le bacille paratyphique B. an dE ht CE dE ES dd 504 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans le cas de juin l’agglutination limitée au paratyphique B était tombée à 1 p. 5. On voit donc que sur les cas observés l’agglulination tend à se circons- crire à mesure que l’on s'éloigne du début de la convalescence, et que quand celle-ci remonte à près de 2 mois, l'agglutinabilité vis-à-vis d’un seul microbe est la règle. Que cette règle souffre quelques exceptions, nous n y Contredirons pas et nous avons relevé à la fois l’agglutination principale pour l'Eberth et accessoire pour le paratyphique A dans un cas du mois de juillet. Nos cas remontant à plus d'un an sont au nombre de 20, dont 13 à bacille paratyphique A, 1 à bacille de Gærtner, 6 à bacille d’Eberth. Ils se répartissent de la façon suivante : 1896. 1 cas. 1/5 paratyphique A. 1898. 4 =" 1/5--paratyphique 4° 1900. 4 — 1/30 paratyphique A. 1902. 4 — 1/5 Eberth. il 1903. 1i — 9 paratyphiques À 41 Eberth 1/5 1 Gærtner. 1904. 5 — 4 Eberth1/5ou1/6 1 paratyphique A 1/20. Un seul de ces cas n’agglutinait plus le microbe en cause (vraisem- blablement le paratyphique À, qui existait chez deux frères et chez une personne contagionnée par eux). Sur ces 19 cas, deux seulement agglutinaient un autre bacille que l'agent en cause. Il s'agissait d'un cas dû au bacille paratyphique À, qui agglu- tinait ce dernier à 1/40 en même temps que le paratyphique B à 1/20. Dans un autre cas, également observé en 1903, le sang agglutine encore le Gærtner à 1 p. 109 en même temps que le bacille d’'Eberth à 1p 410; On voit que, presque toujours, un an après la maladie typhoïde ou paratyphoïde le sang du sujet n’agglutine plus que le bacille en cause. Cette agglutination semble se maintenir plus longtemps à un taux élevé dans les infections dues au bacille paratyphique A et au bacille de Gærtner, que dans celles qu'a produite le bacille d'Eberth. Ces constatations ont une importance sérieuse pour les diagnostics M rétrospectifs. LES PROCESSUS SÉCRÉTOIRES DANS LA SUBSTANCE CORTICALE DE LA GLANDE SURRÉNALE, par MM. LÉON BERNARD et BicaRr. La substance corticale de la glande surrénale, chez l’homme et le cobaye, est le siège de deux processus sécrétoires distincts. dont l’un À a boutit à la formation de la graisse labile (lécithine), l’autre à la for- SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 50 ©t malion de pigments. Ces deux processus ont pour point de départ des cellules qu'on y rencontre à l'état indifférent, et qui, à partir de cet état, évoluent soit vers la formation de graisse labile, soit vers la for- mation de pigments. Nous étudierons d’abord l’état indifférent, puis les phases successives des deux processus sécréloires. A l’état indifférent, les cellules apparaissent constituées par un pro- toplasma homogène, plus dense dans certaines cellules (cellules sombres), moins dense dans d’autres (cellules claires). La juxtaposition de ces deux variétés de cellules donne un aspect dichroïque très remar- quable, On peut penser que ces deux aspects correspondent, soil à deux stades successifs de l'évolution d’une même cellule, soit à deux variétés spécifiquement distinctes de cellules. Mais nous n'avons pu démêler, ni quel est le premier stade, s'il y à succession, ni quelle est la différence spécifique, s'il y en a une, car ces deux variétés paraissent se com- porter identiquement au cours des processus sécrétoires ultérieurs. Quand ces cellules évoluent vers la sécrétion de graisse labile, elles commencent par se charger de graisse indélébile en fines gouttelettes, puis les gouttelettes les plus périphériques grossissent et se iransfor- ment en graisse labile; puis cette transformation en graisse labile envahit toute la cellule, qui devient un spongiocyte. Chez le cobaye, chacun de ces temps se produit assise cellulaire par assise cellulaire. On trouve ainsi, en partant du centre de la glande et en suivant vers la périphérie, des cellules claires et sombres indifférentes, puis une assise de ces cellules pleines de graisse indélébile, puis une assise de cellules dont le pôle central est plein de cette graisse et le pôle périphé- rique plein de graisse labile, puis les assises de cellules pleines de graisse labile (spongiocytes). Chez l’homme les cellules, aux divers stades, sont mêlées sans ordre, mais toujours la partie de la cellule qui touche le capillaire sanguin voisin est à un stade plus avancé. Quand, au contraire, les cellules évoluent vers la sécrélion de pig- ments, une partie de leur protoplasma commence par se vacuoliser, s'infiltrer d'un liquide. On trouve ainsi au centre de la cellule un disque de protoplasma vacuolisé ; autour de ce disque, une couronne ou un croissant de protoplasma indifférent, clair ou sombre, selon que la cellule était claire ou sombre. Dans cette couronne ou ce croissant est le noyau. À un stade ultérieur le pigment apparaît sous la forme de grains dans li zone du protoplasma indifférent qui touche le disque central de protoplasma vacuolisé. On trouve ainsi, du centre à la périphérie : le disque de protoplasma vacuolisé, une couronne de protoplasma indifférent chargé de pigment, une couronne du même protoplasma sans pigment. Plus tard le pigment remplit toute la couronne de protoplasma indifférent, puis toute la cellule. Quant au contenu des vacuoles, nous ignorons quelle est sa nature ; on y trouve parfois des gouttelettes d’une substance teinte en gris indélébile par 506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'acide osmique. Les cellules qui sont le siège de cette évolulion sont, chez l'homme comme chez le cobaye, les cellules de la réticulée ; on y observe la sécrétion à un stade d'autant plus avancé qu'on examine des cellules plus profondément situées. CROISSANCE DE COBAYES NORMAUX OU SOUMIS A L'ACTION DU SEL MARIN OU DU SPERME DE COBAYE, par M. GUSTAVE Loisez. Poursuivant l'étude de la toxicité des produits génitaux, nous avons été amenés à expérimenter l’action du sperme testiculaire de cobaye, dilué dans une solution physiologique de sel marin et injecté sous la peau de jeunes cobayes pris aussitôt après la naissance. Pour juger du résultat de nos expériences, il nous fallait avant tout étudier la croissance de cobayes élevés et nourris dans nolre laboratoire et pesés exactement dans les mêmes conditions que nos sujets en expérience. Des chiffres que nous ont fournis trois jeunes cobayes pesés chaque - Jour à partir du jour même de leur naissance, nous ne pouvous donner. ici que la série de l'un d'eux : CRT RTE EL REC EEE Gi — :: 9% — 100 — 103 — 109 — 113 — 114 — 122 — 113 — 12 - 138 — 147 — 153 — 163 — 164 — 173 — 111 — 171 — 175 — 118 — 193 — 198 201 — 218 — 203 — 225 — 233 — 233 — 225 — 238 — 253 — 245 — 943 — 252 252 — 248 — 9256 — 271 — 212 — 211 — 271 — 2718 — 293 — 292 — 9288 — 297 299 — 301. Ces données concordent en général avec les résultats obtenus par Ch. Livon dans son étude sur la croissance des cobayes. Nous voyons que ces animaux subissent une diminution marquée de poids pendant les trois premiers jours qui suivent la naissance. La courbe de erois- sance s'élève ensuite régulièrement jusque vers-le quinzième ou le dix-septième jour où elle présente un abaissement momentané de poids; la courbe reprend ensuite sa régularité jusqu'à la fin du premier mois où l’on voit réapparaitre des oscillations périodiques qui vont durer pendant toute la durée du second mois pour devenir encore “re accentuées à l'approche de la puberté. Nous nous sommes demandé ensuite si la petite plaie de la peau et l'injection de la solution physiologique salée ne pouvaient point agir déjà sur la croissance de nos jeunes animaux. Nous avons donc suivi la . croissance de trois autres cobayes frères, nés le 19 mai et pris seule- ment douze heures après leur naissance. Voici les pesées que nous SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 507 avons obtenues chaque jour; les chiffres en caractère gras a les jours où les individus recevaient sous la peau l'injection d’eau salée à 8 p. 1000. N° 1 qui reçoit à chaque injection 2? centimètres cubes d’eau salée : TH — T0 — 71 — 715— 80 — 84 — 90 — 90 — 101 — 410 — 4107 — 107 443 — 125 — 1426 — 130 — 126 — 135 — 130 — 147 — 143 — 145 — 151 — 455 164 — 185 — 182 — 193 — 187 — 180 — 183 — 193 — 208 — 208 — » — 9232 230 — DO D) = 0 =D TU =D 00) DNS NE 299 — où — » — » -— 322 — » — »,. — 317 — 287. N° 2 qui recoit à chaque injection 1 centimètre cube d’eau salée : 68 — 68 — 80 — 75 — 80 — 84 — 91 — O1 — 103 — 109 — ALL — 111 449 — 126 — 1432 — 145 — 137 — 148 — 138 — 150 — 151 — 153 — 159 — 457 170 — 190 — 490 — 195 — 200 — 490 — 192 — 195 — 207 — 217 — » — 242 AVE RD M RE ME D ED GS OT RENE, 285 — » — » — » — 312 — » — » — 303 — 276. N° 3 qui ne recoit également qu'un centimètre cube d’eau salée à chaque injection : 54 — 54 — 55 — 59 — 63 — 69 — 74 — 716 — 871 — 96 — 94 — 95 404 — 118 — 1140 — 421 — 114 — 125 — 117 — 129 — 198 — 135 — 149 — 435 147 — 159 — 162 — 171 — 169 — 167 — 168 — 168 — 183 — 188 — 215 — 216 D D CO) D) 4 D nl Nr LE PR NE PRE | Les résultals donnés par cette expérience, présentés surtout sous la forme d'un graphique, nous montrent que l’injection d’eau salée, sous la peau, ne paraît guère gêner la croissance des cobayes. Les courbes obtenues sont directemsnt superposables aux courbes données par la première expérience. On trouve également un ralentissement de crois- sance pendant les trois premiers jours; puis, à partir du quinzième jour, on conslate des oscillations comparables à celles que nous avons signalées plus haut, à la même époque, mais beaucoup plus accentuées. Il en est de même pour le ralentissement et pour la chute de croissance qui se produit vers la fin du second mois. C'est alors seulement que nous commençons nos recherches concernant l'action du sperme de cobaye adulte sur la croissance de cobayes pris à la naissance. Nous expérimentons tout d'abord l'action de l'extrait salé des testicules, privés de leurs épididymes, mais renfermant du sperme, sur deux jeunes freres nés 1e 18 mai et pris trois heures après leur naissance. Voici les poids que nous avons obtenus chaque jour. Les chiffres soulignés indiquent les jours d'expérience; ‘ce jour-là nous enlevions un testicule à un mâle adulte, nous le lavions dans de l’eau salée pour enlever le sang; nous sépa- rions l'épididyme que nous metftions de côté pour l'expérience suivante; puis nous coupions et broyions le testicule dans 3 centimètres cubes d’eau salée à 8 p. 1000; le tout était filtré sur plusieurs doubles de toile ayant bouilli et injecté sous la peau avec une seringue préalablemenl stérilisée. 508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE N° 1 qui recoit chaque fois un seul centimètre cube d'injection : 77 73— 7T1— 71 — 712 — 78 — 82 — 81 — 81— 93 —.9 — 98 — 106 — 115 — 1445 — 419 — 123 — 117 — 110 — 122 — 138 — 143 — 420 — 149 — 156 — 158 — 170 — 172 —- 176 — 116 — 187 — 161 — 191— 20% — 206 — D — D — D — D — D — » 9245 D'ReE a — 271 — 05 1 p .—0n 0801 —1 » —1» — 295 —n974. N° 2 qui recoit chaque fois 2 centimètres cubes : T4 — 7T2— T1 T1 — 73 — 81 — 81 — 85 — 83 — 81— 93 — 89 — 91 — 9% — 97 — 95 — 96 — 89 — 85 — 92 — 100 — 98 — 95 — 115 — 119 — 120 — 130 — 128 — 135 — 139 — 136 — 135 — 155 — 169 LS 273 = » = » = » = » = » 2 » LE — 205 — N 198 = » = » — 233 — » — » — » — 248 — » — » — 239 — 224, L'étude de ces chiffres montre que, dans les deux cas, la croissance est fortement troublée, surtout dans la deuxième expérience qui met en jeu une dose double de principe actif. Les troubles apparaissent surtout à partir du huitième jour et la croissance devient tout à fait désordonnée quand on entre dans la deuxième semaine. Nous recherchons ensuite quelle est l’action du sperme seul, pris dans les épididymes, dilué et injecté comme précédemment. Nous prenons deux jeunes cobayes frères des deux précédents, mais l’un d'eux meurt après la première injection ; le seul qui nous reste donne les poids suivants : 76 — 72 — 70 — 69 — 713 — 79 — 82 — 86 — 85 — 88 — 94 — 9 94 — 96 — 105 — 444 — 413 — 113 — 115 — 117 — 429 — 125 — 195 — 190 420 — 195 — 415 — 442 — 115 — 115 — 448 — 116 — 120 — 444 — 15%» TA REX CE En M RS = où» — » D DD 255 Ge Les résultats que nous obtenons sont encore un trouble profond dans le processus de la croissance avec un abaissement générai du poids plus marqué. Les cobayes auxquels nous avions pris les testicules et les épididymes pour les dernières expériences étaient tous adultes et en pleine spermatogenèse ; nous avons ainsi utilisé seize individus qui pesaient respectivement en grammes : | 629 — 610 — 859 — 873 — 555 — 580 — 605 — 637 — 875 — 720 — 530 — 625 650 — 748 — 61ù et 1.012. Tous les jeunes cobayes que nous avons expérimentés ici étaient placés dans des conditions normales, c’est-à-dire laissés dans la même cage que leurs mères. Ils étaient toujours pesés à la même heure, à la fin de l’après- midi, à jeun ; on ne donnait la nourriture qu’une seule fois par jour et tou- jours après que les pesées avaient été faites. En résumé la courbe de croissance des cobayes normaux présente d’abord une chute pendant les trois premiers jours qui suivent la naïs- sance ; la courbe reprend ensuite une marche régulièrement ascendante 1 ù N'RPN PT ou 'É Dé | j 1 SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 509 jusqu’à la fin du premier mois, en présentant constamment une chute plus ou moins accentuée vers le quinzième ou dix-septième jour; pen- dant le second mois, la courbe de croissance présente des oscillations périodiques qui vont s’accentuer surtout aux approches de la puberté. L'injection périodique d'eau salée exagère les périodes d'oscillation constatée dans les courbes normales; à la période prépubertaire, par exemple, on constate une grande chute de poids, qui ramène le cobaye de cinquante jours au poids d’un cobaye de quarante-trois jours. L'injection périodique de 1 ou 2 centimètres cubes de sperme exagère encore davantage les oscillations, de sorte que la courbe de croissance devient tout à fait désordonnée. De plus, on constate un ralentissement et même une diminution de croissance du dix-neuvième au trente et unième jour. L’extrait testiculaire présente une influence moins grande sur la croissance que l'extrait de sperme. TOXICITÉ DU LIQUIDE SÉMINAL DE COBAYE, DE CHIEN ET DE TORTUE, par M. Gusrave Loisez. Après avoir montré, dans des notes précédentes (Biologie, 1905, p. 400), que les produits rejetés par les ovaires, les œufs, renfermaient des substances solubles toxiques, il était nécessaire, pour avoir une idée générale sur la toxicité des sécrétions génitales, de rechercher si les produits rejetés par les testicules étaient également toxiques. Nous avons d'abord expérimenté avec le sperme en entier, c'est-à- dire avec les spermatozoïdes et les produits liquides accumulés avec eux dans les épididymes. Dans une première expérience, nous avons pris 12 épididymes de chien gorgés de sperme pesant à l'état frais 108 grammes. Après un séjour de trois mois dans l'alcool à 90 degrés, ces épididymes ont été réduits en une poudre qui fut traitée par 300 centimètres cubes d’eau salée à 50 p. 1000; nous obtinmes ainsi une solution blanchàtre qui fut ramenée au degré cryoscopique 1°60. Injectés dans la veine marginale d’un lapin mâle de 1.590 grammes, 120 centimètres cubes de cette solution firent apparaitre une forte dys- pnée, quelques convulsions générales, des mictions fréquentes el enfin la mort qui arriva après avoir injecté 370 centimètres cubes de la solu- tion. L'action toxique du sperme tesliculaire du chien est donc évidente; elle apparait faible ici, mais il ne faut pas oublier que les épididymes, qui avaient fourni ce sperme avaient préalablement séjourné longtemps dans l'alcool à 90 degrés, ce qui avait coagulé, tout au moins, les subs- tances albuminoïdes. 510 SOCIÉTÉ UE BIOLOGIE Dans une seconde série d'expériences, nous avons expérimenté avec le sperme épididymaire du cobaye que nous avons fait agir celte fois: lentement, à l'état frais, dilué dans de l'eau salée à 8 p. 1000 et injecté périodiquement sous la peau de jeunes cobayes pris aussitôt après la M naissance. Le résultat de ces expériences que nous avons relaté dans notre précédente communication, montre que les sécrétions testiculaires exercent une action nocive sur l'organisme, se traduisant par une dimi- nution de croissance et par une grande irrégularité dans le processus normal de ce phénomène. Les sécrétions tesliculaires se composent de spermatozoïdes et d’une cerlaine quantité de substances liquides. Il nous fallait donc voir quelle était la part, dans cette nocivité, de l'élément mâle lui-même ou de son substratum liquide; pour cela, nous devions éliminer les spermatozoïdes sans le tuer, mais, comme ces expériences étaient difficilement réali- sables sur un animal à sang chaud, nous nous sommes adressés à la tortue mauresque que l'on se procure facilement à Paris. Nous avons tout d'abord expérimenté avec l’extrait de testicules en pleine spermatogenèse. Nous prenons donc, en juillet dernier, 20 testi- cules de tortue mauritanique gorgés de sperme et donnant un poids total de 14 gr. 60. Ces testicules sont coupés en morceaux et mis à M macérer pendant six heures dans 15 centimètres cubes d'eau salée au « centième; écrasés ensuite au mortier et desséchés, ils donnent 9 gr. DO d'une poudre de couleur ocre jaune dout une petite partie seule est soluble. Traitée à froid, pendant six autres heures, par 140 centimètres cubes d’eau salée au centième, cette poudre donne un liquide jaune - demi transparent. 130 centimètres cubes de ce liquide injectés dans la . veine d'un lapin mâle de 775 grammes déterminent la mort dans les conditions suivantes : vers la fin de l'injection, on voit se produire quatre « pelites contractures des membres, puis une très forte dyspnée s'établit; détaché, le lapin ne présente aucune trace de paralysie; au bout de quelque temps, mictions et défécations en diarrhée; une heure et demie après la fin de l'injection, la dyspnée est toujours très forte, la tête du lapin tombe sur le côté et une parésie très nette se manifeste, unes demi-heure après, le lapin fait trois bonds en avant, roule une ou deux fois sur lui-même puis retombe flasque, paralysé complètement des quatre membres; enfin la respiration devient plus courte; quelques” contractures des membres et du cou; disparition des réflexes et mort en dix minutes soit exactement deux heures cinq minutes après la fin de l'injection. Nous trouvons donc ici une toxicité très grande: cependant il ne faut pas oublier que notre liquide injecté renfermait, non seulement les extraits du sperme, mais encore ceux du tissu testiculaire lui-même. Dans un quatrième ordre d'expériences, nous avons agi avec la parlie liquide du sperme frais seul, débarrassé des spermatozoïdes. DE RE Bt I EI RENE SÉANCE DU 25 NOVEMBRE . . 511 Pour cela, nous coupons en petits morceaux 20 épididymes de tortues mauritaniques, entièrement remplis de sperme et nous les mettons à macérer pendant cinq heures dans 80 centimètres cubes d’eau salée au centième. (Au bout de ce temps les spermatozoïdes présentent tous la même activité qu'ils avaient au début de l'expérience, et ils pourront encore la conserver pendant cinq autres heures.) Nous décantons, lavons plusieurs fois de suite les morceaux d’épididyme dans de nou- velles quantités d’eau salée au centième ; nous filtrons à travers la ouate et le papier Laurent, et nous obtenons finalement 120 centimètres cubes d'un liquide lactescent, demi-transparent, dans lequel le microscope ne montre plus aucun élément figuré, et qui ne contient, pas conséquent, ‘que les parties liquides et solubles du sperme. Nous injectons ces 120 centimètres cubes dans la veine marginale d'une lapine âgéé de trois mois et pesant 775 grammes. Nous n’obser- vons qu’une légère contracture de tout le corps, mais une forte dyspnée s'établit et cette dyspnée va se continuer jusqu'au lendemain pour ne disparaitre entièrement que vingt-quatre heures après; à ce moment, elle a perdu en poids 134 grammes, bien qu'elle ait mangé la nourriture qu'on lui a donnée. En résumé, nous voyons que le sperme testiculaire de cobaye, de chien et de tortue, renferme, dans ses parties solubles, une toxicité qui est indépendante de la toxicité propre au tissu testiculaire lui-même. Ces produits solubles du sperme présentent une toxicité moins grande que celle des produits solubles des œufs des animaux de même espèce, du moins pour ce qui concerne la tortue mauritanique. CUONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA TOXICITÉ DES PRODUITS GÉNITAUX, par M. GUSTAVE LoIsEL. Les recherches que nous avons entreprises depuis deux ans nous ont permis de mettre en relief la présence de substances toxiques dans les glandes-et dans les produits génitaux mâles et femelles de divers ani- maux (1). Cette toxicité semble bien être une caractéristique générale des organes et des produits sexuels, puisque nous avons pu la constater chez des types d'animaux appartenant à des groupes très différents du règne - animal : oursin, grenouille, tortue, poule, canard, chien, cobaye. D'un autre côté Voinow, tout en employant une technique différente, est venu r (4) Voir Comptes rendus Soc. Biol. 1903, p. 1329; 1904, t. I, p. 50%, 883; L. IT, p. 77, 80, 133; 1905, t. I, p. 463;t. II, p. 400, 403. Biouoozæ. Comrres RenDus. — 1905. T. LIX. 31 512 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE cette année même confirmer nos premiers résultats en les étendantau « coq et Phisalix a trouvé également que les œufs de crapaud, de vipère et d'abeille étaient éminemment toxiques. La loxicité des sécrétions génitales, doit être distinguée de la toxicité des tissus des glandes génilales car nous la retrouvons dans les parties liquides ou solubles du sperme et des œufs. Elle doit être dis- tinguée de la substance sexuelle vivante elle-même, en particulier de la chromatine, puisque nos expériences avec le sperme laissaient de côté les spermatozoïdes parfaitement vivants. Quelle est maintenant la nature de la substance toxique contenue dans les œufs? te te sont ste cn intl JL d é Se Nos extraits ayant été obtenus avec de l’eau salée, il nous fallait tout d’abord penser au chlorure de sodium qui est toxique à une certaine dose. Nous avons d'abord répondu à cette objection en n'injectant dans les veines, au cours de nos expériences, que des solutions isotoniques ou très voisines de l’isotonie. Mais nous avons vu, de plus, que l’intoxication par le chlorure de sodium ne détermine pas les iies convulsions tétaniques que nous avions observées avec nos extraits d'œufs; d’un autre côté, il faut beaucoup plus de liquide pour amener la mort. Ainsi un lapin mâle de 913 grammes meurt quelques minutes après avoir recu, dans les veines, 123 centimètres cubes d’eau salée à 50 p. 1000; or, il ne se produit que deux convulsions de tout le corps très faibles et passagères; puis une forte dyspnée s'établit, le lapin pousse quelques petits cris, la respiration cesse et reprend deux ou trois fois de suite, puis s'arrête définitivement. Dans une autre expérience, il faut 164 centimètres cubes de la même solution pour tuer un lapin mâle de 1.167 grammes; là on n’observe aucune convul- sion mais un tremblement périodique de tout le corps, une forte dyspnée, puis une torsion lente du corps qui précède immédiatement la mort. Les phénomènes toxiques que nous obtenions ne peuvent donc être attri- buables qu’à des substances contenues normalement dans les tissus sexuels expérimentés à l’état frais. De ces substances, deux devaient attirer tout d'abord notre attention surtout pour ce qui concerne les œufs; ces deux substances sont la lécithine qui constitue une majeure partie des substances : grasses de l'œuf et la névrine, substance toxique qui résulte probablement du dédoublement des lécithines et que l'on a rencontrée en particulier dans le jaune d'œuf. | Portant tout d’abord notre attention sur la névrine qui est soluble dans l’eau pure et par conséquent facile à enlever des œufs, nous traitons six œufs de canard par 180 centimètres cubes d’eau distillée pendant une demi-heure ; nous filtrons, ajoutons la quantité nécessaire de sel pour ramener à l’iso- tonie et nous injectons ce liquide dans la veine d’une lapine de 1830 grammes ; nous observons des contractions tétaniques fréquentes, puis une forte dysp- née, mais la lapine survit et ne paraît pas nullement malade le lendemain. Dans une autre expérience, nous injectons l’extrait aqueux de vingt œufs de | canards dans la veine d’un lapin mâle de 1017 grammes en obtenant les À mêmes résultats, c'est-à-dire un commencement d'intoxication manifeste ; mais avec la même survie. Par contre l'extrait salé des œufs ainsi privés mn. Le, à. pt. De-ndée t nt 2m de on Se it fée > DT de 16 à SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 513 de leur névrine amenait toujours promptement la mort dans les deux cas. Désirant pousser l'analyse encore plus loin, nous avons enlevé à vingt-deux œufs de canards d'abord la névrine par des lavages à l'eau, ensuite la léci- thine et les graisses neutres par des épuisements successifs à l'alcool et à l’éther, et nous avons traité le résidu formé presque exclusivement de ma- tières albuminoïdes en parties coagulées, par de l’eau salée à 50 p. 1000. Or ces extraits salés, ramenés à l’isotonie, ont toujours amené la mort de nos lapins avec les mêmes phénomènes d'intoxication du système nerveux central. En résumé, ces phénomènes d'intoxication doivent être ramenés à la présence, dans les œufs, de névrine pour une faible part et de toxalbu- mines pour la plus grande part. Il faut peut-être y ajouter encore des alcaloïdes toxiques dont nous avons reconnu la présence dans les œufs de grenouille, mais nous n'avons pas recherché spécialement ces subs- tances dans les œufs de canard, ni de tortue. Nous avons vu, d'autre part, que la toxicité de nos extraits variait d’abord avec la nature des espèces : très grande chez la grenouille et la tortue, moins grande chez la poule, très faible chez les oursins. Cette totalité varie en outre avec le sexe, étant de beaucoup plus grande dans l’ovaire que dans le testicule, dans l'œuf que dans le sperme. Elle varie sans doute encore avec beaucoup d’autres conditions qu'il serait à déterminer d’une facon plus précise : avec l'ali nentation et l’époque de la vie des aliments, avec l’âge de l’œuf après la ponte et aussi avec l’état plus ou moins avancé de l’incubation, comme Phisalix l’a déjà montré pour les œufs de crapauds et comme l'expérience suivante tend à le prouver également. Un jaune d'œuf en incubation depuis vingt- quatre heures, et montrant une gouttière neurale bien formée, est injecté en entier dans la veine marginale d'un lapin mâle de 787 grammes, sans occasion- ner autre chose que deux soubresauts de l’animal et une miction abondante. Enfin nous avons fait encore quelques expériences qui semblent nous mon- trer les lapins s’accoutumant à l’action des extraits toxiques retirés des œufs de canard. Ainsi il nous a fallu une plus grande quantité de ces extraits pour amener la mort chez deux lapins qui avaient reçu un mois auparavant des dose non mortelles. L'intérêt des résultats que nous venons de résumer ici peut s'adresser, croyons-nous, au médecin, au physiologiste et au biologiste. Le médecin y verra une nouvelle raison d'alimenter ses convalescents avec des jaunes d'œufs, car les toxines ovulaires, absorbées lentement ou modifiées par les sucs digestifs, agissent sans doute comme un stimulant du système nerveux central et par suite de la nutrition en général. Mais il verra aussi le danger possible de prescrire cette alimen- talion aux personnes dont l'épithélium digestif, en mauvais état, permet une absorption plus rapide des toxines ovulaires. Nos recherches expliquent enfin certains phénomènes d'intoxication accidentelle, tels que ceux dus aux gâteaux à la crème dont on a tant parlé ces derniers 14 É . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . temps, et font comprendre comment quelques personnes, plus spéciale- ment sensibles aux toxines, ont pu être intoxiquées par des œufs crus ou peu cuits. | Au point de vué physiologique, nos recherches montrent que les glandes génitales élaborent des substances excitatrices du système ner- veux central et même toxiques à une faible dose, qu’elles rejettent une partie de ces substances avec les œufs ou avec le sperme, qu'elles doivent donc être considérées, à ce point de vue, comme des glandes excrétrices. Par contre, ces substances toxiques rentrant lentement: dans l'organisme lors des résorptions ovulaires, nos recherches font mieux comprendre ainsi certains phénomènes de la vie, comme l’exci- tation particulière des femelles qu’on empêche de pondre. Gette excita- tion peut amener la mort chez des types, telle que la grenouille ou, au contraire, une survie de quelques jours chez d’autres types, telles que les femelles d'insectes qui gardent leurs œufs. "43 eu Elles doivent enfin attirer l'attention du biologiste, au moment où la théorie de la mutation vient montrer de plus en plus l’importance des éléments sexuels dans la transmission des caractères héréditaires. Nos expériences montrent qu'il faut tenir compte, dans la fécondation, non seulement de la chromatine des éléments sexuels, comme on l’a fait jusqu'ici, mais encore des substances solubles toxiques qui les imprè- : gnent. En effet, le sperme testiculaire étant toxique, il est probable que le spermatozoïde est porteur lui-même d’une certaine quantité de toxalbumine, qui doit venir exciter la matière vivante de l'œuf comme : nous avons vu, dans nos expériences, cette toxalbumine venir exciter si puissamment les centres nerveux; de leur côté, les substances toxiques solubles contenues dans l'œuf viendraient à leur tour réagir sur la tête du spermatozoïde et ainsi seraient déterminés les phé- nomènes de cinèses successives qui suivent la fécondation. Mais, dans ces actions et réactions, une partie des substances toxiques contenues-dans les blastomères doivent se neutraliser ou se détruire, puisque Phisalix, dans l'embryon de crapaud, et nous-même, dans l'œuf de canard en incubation, avons vu la toxicité diminuer ou même disparaître entièrement. Corrélativement à cette disparition progressive j des toxines, nous voyons les cinèses embryonnaires se faire de plus en plus lentement, ce qui vient encore plaider en faveur de l'opinion que nous venons d'émettre. (Travaux du laboratoire d'embryologie générale de l'École pratique des Hautes-Etudes.) SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 545 DES TROPISMES ET DES ÉTATS PHYSIOLOGIQUES, - par M. GEORGES Bonn. Dans un mémoire récent (A féraclions et oscillations des animaux marins sous l'influence de la lumière. Mémoires de l'Institut général psycho- logique I, avril 1905), que j'ai l'honneur d'offrir à la Société de Biologie, jai montré que les {ropismes sont des phénomènes beaucoup plus complexes qu'on ne pensait jusqu'ici : 1° qu'ils résultent d'une série de mouvements rolatoires; 2° que ces mouvements ont très souvent (photo- tropismes) leur point de départ dans les éclairements de la surface des yeux; 3° que ces éclairements dépendent de la distribution des surfaces d'ombre et de lumière dans le voisinage des animaux. Tout se passe en réalité comme si les surfaces d'ombre et de lumière (écrans noirs et blancs) exerçaient des attractions et des répulsions sur les animaux étudiés ; ce n’est pas à dire qu'il faille considérer ces animaux comme des machines; loin de là. Les réactions déterminées par la lumière sont loin d'être constantes et adaptatives, elles sont sous la dépendance d'états internes, qu'on désigne sous la dénomination vague d'états physiologiques. ; Jennings, dans un travail très important (Behavior of lower organisms, Carnegie Institution, 1904), fait intervenir les états physiologiques dans l'étude des tropismes chez les protozoaires. J'ai fait de même pour ce qui concerne les annélides etes gastéropodes, mais ici encore j'ai essayé de substituer à des mots, des faits. Il était difficile de définir chimique- ment les états physiologiques; j'ai bien essayé de montrer que certains d'entre eux étaient en relation avec le phénomène d’anhydrobiose (dont Giard a montré l'importance), mais je n’ai pas pu aller bien loin dans cette voie. Aussi me suis-je efforcé de caractériser les états phy- siologiques par les réactions motrices correspondantes, et en particulier par les réactions déterminées par les écrans noirs et blancs. Pour cette caractéristique, ce qui intervient, c’est non seulement l’éclairement des écrans, mais encore et surtout leur étendue. Suivant les cas, les écrans noirs exercent, ou des attractions, ou des répulsions (c'est l'inverse pour les écrans blancs). Les écrans de grande taille ont un champ d'action très étendue; plus la taille est petite, plus le champ d'action est limilé; or, dans certains élals physiologiques les écrans de grande taille seuls ont une influence manifeste sur les mouvements des animaux; dans d'autres élats physiologiques, au contraire, ces écrans n’ont plus aucune influence, et les animaux réagissent seulement dans le voisinage . des écrans de pelile taille. nié Er Dans l’un et l’autre cas, les manifestations motrices des animaux sont bien différentes. Premier cas : écrans de grande taille agissant seuls. 516 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE Chacun de ces écrans exerce en quelque sorte une attraction ou une répulsion sur l'animal; celui-ci s'oriente suivant la résultante de toutes les attractions et répulsions (direction du champ lumineux) et suit un chemin qu’on peut tracer à l'avance en appliquant les règles de la com- position des forces en mécanique; l’annélide, le mollusque, au voisinage d'un abri, d'un aliment, continue son chemin comme s’il était attiré par une force fatale, comme s’il ne voyait pas, ne sentait pas. — Deuxième cas : écrans de grande taille n'agissant plus. L'animal semble se dégager pour ainsi dire de l'influence des forces extérieures, semble ne plus se comporter comme une pure machine : il gagne les pierres, les algues, où il peut trouver un abri, de la nourriture, comme s'il les voyait, comme s'illes sentait. Il est en effet affranchi des actions puissantes des écrans de grande taille, il peut subir des impulsions sensorielles d'une autre nature, ou des impulsions ayant leur origine dans le système ner- veux central; mais fréquemment il est attiré ou repoussé encore par les écrans plus ou moins éclairés, mais de petite taille, par les petits objets près desquels il passe. Chez les Æediste, chez les littorines, le deuxième cas est réalisé pour un état intermédiaire entre l’état d’hydradation des tissus et l’état de dessiccation ; les manifestations « psychologiques » de l'être semblent étre sous la dépendance d'un état chimique. Depuis la publication de mon mémoire, j'ai étendu mes recherches aux arthropodes, et je vais publier prochainement un second mémoire relatif aux crustacés (/mpulsions motrices d’origine oculaire, pour paraitre dans le Bulletin de l'Institut psychologique, 1905). J'ai vérifié sur ces animaux toutes les conclusions de mon premier mémoire. J'ai retrouvé les états physiologiques et la réalisation du deuxième cas. C'est ce qui arrive pour les larves de homard le lendemain de leur émission (1) ou, quelques jours après, si on les garde à l'obscurité : les larves effectuent alors un va-et-vient continu entre les écrans de petite taille qu’on à placés autour d’elles, tandis qu’au moment de l'éclosion elles gagnent instantanément les sources lumineuses, tandis que plus tard elles se déplaceront uniquement, invariablement, suivant la direction du champ lumineux (définie plus haut), vers les surfaces d'ombre de grande étendue (opposées à la fenêtre). Chez les copépodes supra-littoraux, on observe des faits analogues, mais ici les états physiologiques, très nombreux, dépendent d'une foule de facteurs (durée du séjour à la lumière, degré de pureté de l’eau... heure de la marée), ce qui complète l’analogie avec les littorines. (1) M. Fabre-Domergue m'a fait vérifier que celle-ci a lieu vers 9 heures du soir, et ensemble nous avons remarqué que la femelle se met à dévorer ses petits immédiatement après. SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 547 MOUVEMENTS ROTATOIRES CHEZ LES LARVES DE CRUSIACÉS, par M. GEoRCEs Boux. J'ai consacré aux mouvements rotatoires d’origine oculaire une note préliminaire dans la séance du 15 avril dernier. Ces mouvements sont tout à fait remarquables chez les larves de crustacés, el en particulier chez les larves de homard. Ces larves présentent les trois variétés de mouvements rotatoires. 1° Le mouvement de rotation autour de l'axe longitudinal du corps est très fréquent. Toutefois, très rarement il se fait d’une facon continue. En général, ce n’est point un roulement, mais une série d’oscillations de chaque côté d’une position d'équilibre. Cette position est celle que présente l'animal lorsque le plan sagittal est disposé verlicalement et que le dos est dirigé vers le haut. Les oscillations les plus rapides ont une très faible amplitude; les oscillations les plus lentes, — elles sont parfois très lentes, — ont une amplitude de 180 degrés ; le plan sagit- tal est presque constamment horizontal, mais le dos est tourné, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Quand la rotation à partir de la position d'équilibre dépasse 90 degrés, elle se continue et la larve tombe au fond sur le dos. Dans certaines circonstances, et en particulier lorsque l'animal vient butter contre une paroi, le mouvement se modifie : pendant le roule- ment ou les oscillalions, l’axe du corps, au lieu de rester en coïncidence avec lui-même, se déplace sur une surface conique ayant pour sommet la tête de la larve. 2° Ce mouvement peut se modifier encore : si l'ouverture du cône augmente progressivement, le déplacement finit par avoir lieu dans un plan; le corps se meut alors comme le rayon d’une roue qui tournerait, la tête se trouvant au centre de la circonférence décrite par l'extrémité postérieure du corps; c’est un mouvement de rotation en rayon de roue. 3° En nageant, la larve peut décrire une circonférence d’une autre façon : le corps étant courbé en arc, et faisant partie constamment de la circonférence ; c’est un mouvement de manège. Tout en tourbillonnant constamment, les larves tendent à s'orienter suivant une direction déterminée, et à se déplacer suivant celte direc- tion dans un sens ou dans l’autre. Cette direction est la « direction du champ lumineux » telle que je l'ai définie dans mes travaux antérieurs (voir en particulier Comptes rendus de la Société de Biologie, 29 oc- tobre 1904, p. 315). Dans un champ lumineux, elles suivent la direction générale de certaines lignes, « lignes de force du champ lumineux », mais en même temps elles effectuent des rotations autour de ces lignes, des oscillations de part et d’autre, 518 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les trajectoires tracées par les larves qui nagent, surtout lorsque celles-ci sont dans l'état particulier décrit dans la note précédente, pré- sentent des sinuosités latérales, et peuvent monter ou descendre. Pour comprendre les diverses formes des trajectoires, il faut avoir présent à l'esprit une particularité de la locomotion des larves de homard : le déplacement se fait non seulement suivant la direction de l'axe longilunal du corps, dans le sens de la tête, mais il se fait en même temps suivant une direction perpendiculaire, dans le sens du dos: si le dos est en haut, la larve avance et monte en même temps dans le: plan vertical qui passe par la direction du champ lumineux; si le dos s'incline à 90 degrés, la larve, tout en avancant encore, s'écarte de ce plan, pour y revenir d’ailleurs lorsque le dos, par une nouvelle rotation, de 180 degrés, est venu se placer du côté opposé, les sinuosités laté- rales sont alors maxima; pour des rotations moindres, les oscillations sont plus faibles; si Le dos vient en-dessous du corps, il se produit une - descente et finalement une chute. Ë Ea natation oscillante suivant une tragectoire sinueuse est très caracté- ristique des larves de homard. On voit que les sinuosités de la trajectoire sont liées aux mouvements de roulement autour de l'axe longitudinal du corps, qui sont si fréquents; plus les roulements sont prononcés plus les sinuosités le sont. Or, les roulements, comme, d’ailleurs, les autres mouvements rota- ee peuvent être provoqués très aisément par l’approche d'écrans noirs, et paraissent être d'origine oculaire (1). Étudiées à ce point de vue, les rotations paraissent jouer un rôle important dans le mécanisme du phototropisme des larves de crustacés, : comme je le montrerai prochainement. (Travail du laboratoire de Concarneau.) LA REVERSION DE LA CIRCULATION DANS LES VEINES VALVULÉES, par MM. ALexiS CaRREL et C.-C. GUTHRIE. Il est connu depuis longtemps que la reversion de la circulation dans uue veine dépourvue de valvules s'obtient facilement (2). Les animaux (1) Ils ne dépendraient plus de l’inégal éclairement des deux yeux, mais de la distribution topographique des taches d'ombre et de la lumière à la surface des yeux. | (2) Carrel et Morel. Anastomose bout à bout de la jugulaire et de la caro- tide. Lyvn médical, 1902. - SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 519. actuellement vivants dans ce laboratoire montrent que les veines peu- vent jouer le rôle d’artères pendant plusieurs mois. Mais la reversion de la circulation dans une veine pourvue de val- vules est considérée comme impossible (1). L'expérience suivante a été instituée afin d'étudier la valeur de cette opinion. Une jeune chienne, de taille moyenne, ayant été éthérisée, les vais- seaux fémoraux furent coupés au-dessous du ligament de Poupart, et le bout central de l'artère fut uni au bout périphérique de la veine. Les vaisseaux de la cuisse, de la jambe et du pied furent alors fréquem- ment examinés à l'aide d’incisions convenables. Voici le résumé de ces observations (2). | Immédiatement après l'opération, le sang artériel distendit la veine fémorale, mais fut arrêté par les valvules. Quinze minutes après l'opération, la veine poplitée devint rouge, tandis que la saphène, les veines superficielles de la cuisse, de la - jambe et du pied restaient noires. Puis le sang artériel pénétra dans Fembouchure de la saphène et repoussa le sang noir jusqu'au niveau de l'embouchure de la veine des adducteurs qui se remplit de sang rouge et se mit à battre comme une artère. Trente minutes environ après l’opération, la portion inférieure de la saphène devint brusquement rouge, puis toute la veine se remplit de sang artériel. Une heure après l'opération, une petite incision ayant été faite sur le bout périphérique de l’artère fémorale, il s'écoula du sang rouge où on pouvait distinguer quelques filets de sang noir. Deux heures après l'opération, une nouvelle incision de l'artère pro- -duisit une hémorragie composé en parties à peu près égales de sang ; + 2 ; a ct tnt à DE ES noir et de sang rouge. _ Trois heures après l'opération, les veines fémorale, saphène et la plupart de leurs branches, les veines de la jambe et du pied étaient rouges et battaient comme des artères. L’artère fémorale présentait une coloration sombre. L'hémorragie produite par une incision élait com- posée de sang noir où on voyait quelques filets rouges. Quatre heures après l'opération, la reversion de la circulation dans le membre était pratiquement oblenue. (From the Hull physiological laboratory, University of Chicago.) (4) Gallois et Pinatelle. Un cas d'anastomose artério-veineuse longitudinale pour artérite oblitéraute. Revue de chirurgie, 1903. (2) Les détails de cette expérience seront publiés dans l’article suivant : The reversal of the circulation in a limb. Annals of surgery, February 1906. pe ©Ot LO © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR L'IDENTITÉ D'ACTION DES EXTRAITS DES SUBSTANCES CORTICALE ET MÉDULLAIRE DES CAPSULES SURRÉNALES, par MM. G.-E. ABELOUS, A. SouLié et G. TouJan. D'après Salvioli et Pezzolini, l'injection des extraits de substance corticale et médullaire produirait les résultats suivants : l'élévation de pression sanguine provoquée par l'extrait médullaire est plus grande et plus durable que celle produite par l'extrait cortical. L’extrait cortical ralentit et renforce les systoles cardiaques, l'extrait médullaire, au contraire, les accélère et les affaiblit. Nous nous sommes proposés de reproduire ces expériences en tenant compte de la quantité d'adrénaline contenue dans chaque extrait. Dans ce but nous avons, sur des capsules surrénales de mouton, isolé la substance corticale de la substance médullaire. La chose est assez facile par suite des différences de coloration. Au cas où il se ren- contrait un fragment de médullaire inclus dans la corticale, toute la région était éliminée. Dans nos expériences nous avons recueilli en moyenne 13 grammes de corticale et 7 grammes de médullaire. Ces substances sont pulpées et placées dans un flacon contenant de la solution physiologique bouillie et 5 grammes de chloroforme. Les flacons sont complètement « remplis et soigneusement bouchés pour éviter l'oxydation de l’adré- « naline. On met à l’étuve à 40 degrés pendant vingt-quatre heures. En: traitant ensuite par ébullition et filtration, on obtient deux extraits lim- pides qu'on ramène au même volume, 50 centimètres cubes. La teneur en adrénaline de chaque extrait était évaluée au moyen du dosage colorimétrique par l'iode, décrit dans une note antérieure. Dans l'expérience relatée ci-dessous, les résultats obtenus étaient les sui- vanis : COTACAIE AE APE CM SR ETS Et nee Médullaire : ME Corticale Médullaire 3,16. L'action sur la pression a été étudiée chez un chien anesthésié au chlo- # ralose et dont on enregistrait la pression carotidienne au moyen d’un manomètre à mercure. A) Injection de 1 centimètre cube d'extrait cortical, dilué au 1/100,, équivalant à 0 milligr. 0017 d’adrénaline. La pression s'élève d'environ 16 millimètres, présente un sommet, et sur la courbe de descente, qui fait immédiatement suite, s'inscrivent quelques oscillations un peu plus amples. La courbe présente ensuite une réaction d’'hypotension presque SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 5921 égale à l'élévation de pression et reprend sa valeur primitive. Le tout a duré quarante secondes. B) Injection de 1 centimètre cube d'extrait médullaire dilué au 1/100, équivalant à O0 milligr. 0064 d’adrénaline. (L'injection est faite sept mi- nutes après la cessation des effets précédents; il en sera de même pour les injections suivantes.) La pression s'élève de 30 millimètres, pré- sente un plateau où apparaissent de grandes oscillations cardiaques ralenties, qui, au bout d’une minute, diminuent d'amplitude, cependant que la pression décroit lentement et revient à la valeur normale, 2 m. 30 après l'injection. La teneur différente de ces extraits en adrénaline peut-elle expliquer ces différences d'action ? Pour résoudre celte question, nous avons dilué l'extrait médullaire de facon qu'il contint par centimètre cube la même quantité d’adré- naline que l'extrait cortical, soit 1/376 pour l'extrait médullaire, l'extrait cortical restant à 1/100. A') Injection de 1 centimètre cube d’extrait cortical à 1/100. Adré- naline — 0 milligr. 0017. La pression s'élève de 15 à 18 millimètres et fournit un tracé identique au tracé A et de même durée (40 secondes). B') Injection de 1 centimètre cube d'extrait médullaire à 1/376. Adré- naline — 0 milligr. 0017. Le tracé est identique au tracé précédent et de même durée. Il présente la même réaction d'hypotension. Nous pouvons donc conclure que : Si l'extrait médullaire provoque une élévation de pression plus considérable que l'extrait cortical et un ralentissement cardiaque que ne présente pas celui-ci, celte différence n'est qu'apparente. Elle est due à une différence de teneur des deux extraits en adrénaline, puisque l'injection des deux extraits ramenés au même titre de cette substance donne des effets identiques. Il n’y a donc pas de différence qualitative essentielle entre les deux extraits. (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Toulouse.) ANALOGIE ENTRE L'ACTION DE L'ANTICATALASE ET L'ACTION DU SULFATE FERREUX, par M. F. Barreccr et M'° L. STERN. On a déjà étudié l'action des différentes substances, telles que les cyanures, les alcalis, les acides, etc., sur la catalase. À notre connais sance, on n'a pas encore examiné l'influence des sels ferreux. Or, l'action 522 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE des sels ferreux parait présenter une importance toute particulière, comme nous allons l’exposer. Comme type des sels ferreux, nous avons employé le sulfate ferreux. Le sulfate ferreux présente la propriété d’agir sur la catalase d’une manière tout à fait analogue à l’anticatalase. Ainsi le sulfate ferreux rend l'hépatocatalase inactive, si on agit à la température de 37 degrés. Il n’attaque pas au con- traire la catalase à une basse température. L'action du sulfate ferreux sur la catalase est très rapide; au bout de cinq minutes, une grande partie de la catalase a été déjà rendue inactive. Le sulfate ferreux n'attaque pas la cata- lase en l'absence d'oxygène. La catalase n’est jamais rendue inactive dans sa totalité, quelle que soit la dose du sulfate ferreux. La philocatalase empêche l’action du sulfate ferreux et en outre elle régénère la catalase rendue inac- tive par le sulfate. L’alcoo!, l’aldéhyde, etc., à très faibles doses, protègent aussi la catalase contre l’action destructive du sulfate ferreux. Toutes ces réactions sont communes à l’anticatalase et au sulfate ferreux, de manière qu'on peut s'adresser à ce sulfate pour étudier d'une manière beaucoup plus commode et exacte l’action de l’anticatalase sur la catalase. Le sulfate ferreux agit encore en solution extrêmement faible (1 p. 500.000 par exemple). - tant donnée cette analogie entre l’action de l’anticatalase et celle du sul- fate ferreux, on peut supposer que ces deux substances se comportent de la même manière dans d’autres réactions. Or le sulfate ferreux possède la pro- priété d’être un oxydant extrêmement énergique en présence de H°0?. Ce pouvoir oxydant du sulfate ferreux est déjà connu depuis Schônbein. On a étudié l'oxydation de l’iodure de K, des hydrates de carbone, de l'acide tar- trique, etc. Nous pouvons ajouter que, d’après nos expériences, le sulfate fer- reux décompose très rapidement les acides lactique, formique et acétique, ce qui. à notre connaissance, n'avait pas encore été démontré. La décomposi- | tion de ces acides paraît être complète, car on obtient un dégagement consi- dérable de CO®. | On connait la difficulté d’oxyder l’acide acélique. Or le sulfate ferreux en solution à 2 p. 100, en présence de H?0? à 1 p. 100 et d’acétate de Na à 1 p. 100, décompose au contraire rapidement l’acétate à la température de 31 degrés avec dégagement de CO°.i 7 On sait d’autre part que la réaction du sulfate ferreux en présence du peroxyde d'hydrogène est de nature catalytique. Si dans l’organisme animal on pouvait démontrer l'existence du sul- fate ferreux ou d’une substance analogue et la présence d’un péroxyde, on pourrait admettre, avec une certaine probabilité que les oxydations dans les tissus sont produites par l’action combinée du sulfate ferreux et du peroxyde. Or, l’anticatalase se comporte d’une manière tout à fait analogue au sulfate ferreux. On peut donc supposer qu’elle est une peroxydase, qui en présence d’un peroxyde produit des oxydations énergiques. - La présence des peroxydes dans l'organisme animal a été admise par SÉANCE DU 23 NOVEMBRE | 5923 plusieurs auteurs, mais jusqu'ici elle est restée à l'état d'hypothèse. Nos recherches viendraient à l'appui de-cette hypothèse. En effet, nous avons trouvé que le sulfate ferreux en présence des extraits frais de tissus animaux, tels que les museles de cheval ou de chien, décompose rapidement l'acide lactique avec dégagement de CO”, si on soumet le mélange à un courant d'air. Si le rôle de l’antiealalase dans l'organisme est celui d'agir comme une peroxydase, son action vis-à-vis de la catalase n’aurait plus qu'une _ importance secondaire. Mais la connaissance de cette influence destruc- $ tive sur la catalase serait toujours très utile pour déceler la présence de très petites quantités d° aps pour la doser, en suivre la prépara- tion, etc. Étant donnée la richesse de la rate en anticatalase, l’analogie entre laction du sulfate ferreux et l’anticatalase, etc., on peut aussi supposer que l’anticatalase est une combinaison organique du fer, mais nous n'avons jusqu'ici aucune preuve expérimentale directe pour le démon- trer. L'hémoglobine n’a aucun pouvoir AE elle est donc bien -distincte de l’anticatalase. Conclusions. — 1° Le sulfate ferreux se comporte vis-à-vis de la cata- lase d’une manière tout à fait analogue à l’anticatalase. 2° Le sulfate ferreux en présence du peroxyde d'hydrogène décompose énergiquement les acides lactique, acétique et formique avec dégage- ment de CO*. 3° Le sulfate ferreux en présence de l'extrait des tissus animaux, et sous l’action d’un courant d’air, décompose l'acide lactique avec déga- gement de CO*, Cette réaction est favorable à l'hypothèse de la forma- tion de peroxydes dans l'organisme animal. 4 On peut supposer que le rôle de l’anticatalase dans l'organisme animal est celui d'agir comme une peroxydase. (Travail du laboratoire de Physiologie de l'Université de Genève.) ACTION DES SELS DE CALCIUM. SUR LE SUC PANCRÉATIQUE PRÉALABLEMENT DIALYSÉ par M. C. DELEZENNE. J'ai montré, dans les notes précédentes (1), que les quantités de CaCF (ou de tout autre sel soluble de Ca) qui interviennent réellement (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 18 novembre 1905, p. 476 et 478. 524 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans le phénomène de l'activalion du suc pancréatique sont extrême- ment faibles. Si l’on ajoute, en effet, un sel soluble de calcium à du sue pancréatique naturel, liquide très riche en carbonates el en phos- phates alcalins, la plus grande partie de la chaux est utilisée pour former aux dépens de ces derniers, du carbonate et du phosphate de calcium insolubles, et ce n’est que l’excédent du sel de chaux, resté dissous, qui est véritablement efficace. ( Les nouvelles recherches que je me propose de rapporter brièvement aujourd'hui, outre qu'elles fournissent la preuve directe de l'exactitude de ces données, mettent particulièrement bien en lumière l’action extraordinairement énergique des doses infinitésimales de calcium. Du suc pancréatique de sécrétine, recueilli aseptiquement chez le chien, est mis à dialyser, en présence de la solution physiologique de NaCI. La dialyse est réalisée dans des conditions qui empêchent com- plètement l’ingérence des germes, ainsi que l’atténuation de la diastage inactive du suc (1). Quand celui-ci est devenu franchement neutre à la phtaléine et que l'addition de CaCF ne donne plus trace de précipité, on le distribue par portion de 2 centimètres cubes dans des tubes à essai, contenant un cube d’albumine. On ajoute alors des doses progressive- ment décroissantes de CaCl°, en ou soin de ramener exactement tous les tubes au volume total de 2 c. c. 5, et on porte à l’étuve à 40 degrés. L'expérience suivante montre que, si l’on a complètement éliminé du suc pancréatique les sels capables de précipiter le CaCl et de rendre inutilisable, par le fait, la plus grande partie de la chaux ajoutée, il suffit d'une quantité réellement infime de CaCl pour obtenir la diges- tion complète d’un cube d’albumine en moins de douze heures. Expérience du 20 novembre. — Suc pancréatique de sécrétine, dialysé en présence de NaCI à 8,5 p. 1000, pendant quarante-huit heures. Le suc, neutre à la phtaléine, est distribué, par portions de 2 centimètres cubes, dans une série de tubes à essai, contenant un cube d’albumine de 0 gr. 2 environ. En partant d’une solution à 1 p. 100, dont on fait des dilutions convenables, on ajoute aux différents tubes des doses de CaG® variant entre 0 gr. 002 et 0 gr. 0001, on ramène tous les tubes à 2 c. c. 5 en complétant avec H°0. Un tube ne renfermant que le suc dialysé est conservé comme témoin. (1) Pour réaliser la dialyse aseptique des liquides organiques nous nous servons habituellement de sacs de collodion stérilisés à 115 degrés. Les sacs ainsi préparés constituent d'excellents dialyseurs, tant au point de vue de la rapidité de la dialyse qu’au point de vue de la facilité avec laquelle on peut < se mettre à l’abri de toute contamination microbienne. Lorsqu'il s’agit de liquides organiques renfermant des diastases susceptibles de s’atténuer, nous avons toujours soin, pour limiter le plus possible cette atténuation, d'opérer à une température n lexcédant ne 10 à 15 degrés et à l’abri de la Mundi D at St Gt bts three de :-Hét dt Gé ah dis TNT et PR CS RE Se A TE ga Le EM] LR RTE UT SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 525 NATURE DES MÉLANGES DIGESTION APRÈS 12 HEURES SP 2 cent. cubes + H°0 0,5 . . . . . . . . . O (encore nulle après 48 heures), — — + CaCP 05002 Complète. — — 0 0015 Complète. — — 0 001 Complète. — — 0 0007 Complète. — — 0 0005 Complète. — — . 0 0004 2/3 digéré. _ — 0 0003 0° — — 0 0002 O — — 0 0001 O Ainsi, alors que le cube d’albumine du tube témoin est encore intact après quarante-huit heures d’étuve, les cubes soumis à l’action d’un suc contenant moins de 1/5000 de CaCF sont totalement ou presque totalement digérés en l’espace de douze heures. On peut même obte- nir, avec de semblables doses, la digestion complète d'un cube d’albu- mine en trois ou quatre heures, si l’on attend, pour ajouter ce dernier au suc pancréatique, que l'activation soit maximale. Nous avons déjà fait remarquer, en effet, que l'activation du suc par les sels de calcium n’est pas immédiate; alors même que le mélange est porté à l’étuve, activation ne se réalise qu'après un temps perdu plus ou moins consi- dérable. Cette particularité n'est certainement pas une des moins inté- ressantes de l'étude du rôle du calcium. Nous aurons d’ailleurs, à nous y arrêter plus longuement, quand nous ferons l'analyse détaillée du mode d'action de ce métal. VARIATIONS DU TITRE DES SOLUTIONS DE SUBLIMÉ EMPLOYÉES POUR FIXER LE SANG DANS LES ÉTATS PATHOLOGIQUES, par M. L. Jounaun (de Limoges). Le sang de l'homme sain étant fixé par une solution de sublimé à 4/100, quelquefois même par une solution à 1/150, le sang de sujets malades est-il fixé par des solutions de sublimé au même titre? Nous avons réuni à cet égard, cinquante et une observations hémato- logiques que nous grouperons en quatre séries : Série À. — La fivation suffisante du sang que nous désignons par F. S. est réa- lisée par les solutions de sublimé à 1/100 ou à 1/150. Cette série comporte vingl- huit cas. La règle générale est la suivante ; le nombre des globules rouges N est toujours supérieur à 4.000.000, souvent supérieur à 5 et même à 6.000.000, Dans un seul cas seulement, N est inférieur à 4.000.000. La richesse globulaire (quantité d'hémoglobine évaluée en nombre de globules normaux) est égale- 526 ‘ : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment supérieure à 4.000.000, sauf dans deux cas où elle est inférieure. La valeur globulaire G est égale ou inférieure à 1 dans tous les cas. Quant au nombre des leucocytes et à la formule leucocytaire, elle est extrêmement variable. | : : Série B. — La fixation suffisante par le sublimé F. S. est comprise entre 1/200 inclus et 1/300 inclus. Dans cette série qui comporte douze cas, nous avons constaté la grande variabilité du nombre des hématies et de la valeur globu- laire; une seule évaluation subit. peu de différence, c’est la richesse globu- | laire R qui varie de 3.500.000 à 4.000.000 dans neuf des cas. Dans les trois cas dissidents, elle est, supérieure à 4.000.000 dans un cas, et inférieure à 3.500.000 dans deux cas. Cette série est celle où les oscillations sont le plus marquées. F. S. s’y est montrée égale à 1/200 dans quatre cas, égale à 1/250 dans deux cas, égale à 1/300 dans six cas. Série C. — La fixation suffisante F. S. est égale ou inférieure à 1/400. Sur dix . cas que comporte cette série, nous trouvons qu'elle a été égale à 1/400 dans six cas, égale à 1/600 dans deux cas, égale à 1/700 dans un cas, égale à 1/800 dans un cas. Sauf une fois où ils étaient supérieurs, la richesse globulaire a été toujours au-dessous de 3.000.000 et le nombre des hématies au-dessous de 3.500.000. Mais la valeur globulaire G est excessivement variable. Série Z.— Cette série ne comporte qu'un seul cas. La fivation suffisante F5 était supérieure à la normale et égale à 1/75. Le nombre -des hématies était . supérieur à 4.500.000, la richesse globulaire égale à 4.500.000, et la valeur globulaire inférieure à 1. De ces quatre séries, éliminons la dernière représentée par un seul cas : dans les trois autres nous voyons qu’en règle générale, la fixation suffisante du sang est en rapport avec.la quantité d'hémoglobine con- tenue dans ce sang, et nous pouvons établir les trois règles suivantes qui, pensons-nous, ne sont pas dénnitiyes et ne sont là que pour on l'esprit el grouper les cas. 1°. — Quand la fixation suffisante F. S. est égale à 1/100 ou 1 150, la richesse globulaire et le nombre des hématies sont égaux ou supé- rieurs à 4.000.000 et la valeur globulaire est égale ou inférieure à 1. 20, — (Juand la fixation suffisante F. S. est comprise entre 1/200 inclus et 1/300 inclus, la richesse globulaire est comprise entre 3.500.000 di A. de 000. Cette règle comporte de nombreuses exceptions. 0, — Quand la fixation suffisante F. S. est égale ou inférieure à 1/400, la —. globulaire est égale ou inférieure à 3.000.000 ; le nombre des hématies est égal ou inférieur à 3.500.000. Nous-ne voulons pas actuellement entrer dans le détail de nos obser- * vations, dont les séries ne sont pas assez nombreuses pour que nous puissions en tirer autre chose que des considérations générales. . . Constatons tout d’abord les variations de F. S. pour les différents cas étudiés. Notons que dans chaque série des variations importantes de la formule sanguine n’influent pas sur la valeur de F. $. ; que, par consé- Fans Si rqe rréeics LA er( ds SR QE DLL © SÉANCE DU 25 NOVEMBRE ‘ 527 quent, F.S. est une valeur indépendante des autres valeurs de la for- mule hématologique. Sans trop nous avancer nous pouvons donc conclure que la recherche de la fixation suffisante par les solutions de sublimé constitue une méthode nouvelle pour apprécier un état particulier du sang dont on ne s'était pas encore préoccupé. HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DES ACCIDENTS SYPHILITIQUES PRIMAIRES ET /SECONDAIRES CIEZ L'HOMME, DANS SES RAPPORTS AVEC LE Spirochaete pallida, | par MM. Levapiri et MANOUÉLIAN. L'un de nous (1), dans une note ayant trait à la méthode de colora- tion des spirochètes de Schaudinn et Hoffmann sur les coupes, annon-- çait l’entreprise d'une série de recherches concernant l'étude anatomo- pathologique des lésions syphilitiques primaires, dans leurs rapports avec ces spirochètes. Ccs recherches ont été suivies systématiquement depuis; nous apportons aujourd’hui les résultats auxquels elles ont abouti. Dans l'intervalle, MM. Burnet et Vincent (2) ont fait une com- * munication d'où il résulte que dans le chancre excisé au début de son évolution, lés spirilles colorables par le procédé à l'argent existent soit ‘entre les cellules épidermiques, au voisinage de l’ulcération chancreuse, soit dans la profondeur, parmi les fibrilles conjonctives. -Nos observations sont au nombre de six, dont deux accidents pri- milifs et quatre manifestations secondaires. En voici les détails : Chancre I (Service de M. Queyrat). Ce chancre, qui provient d’un malade âgé de vingt-deux ans, intéresse le côté droit du fourreau et date de huit jours. Un second chancre plus petit et situé sur le raphé a été examiné par MM. Burnet et Vincent. Chancre IL (Service de M. Lermoyez). Ce chancre est placé sur l'amygdale droite d’un malade porteur d'une éruption papuleuse. Papule I (Service de M. Queyrat), excisée sur la peau du bras d’un malade qui offre un chancre induré du pénis. Papule II (Même service), provient d'un malade dont l’accident primaire a - débuté il y a environ deux mois sur la face interne du prépuce. L’éruption ’papuleuse date de trois semaines. La papule excisée intéresse la peau de la … face antérieure de l'abdomen et a la grandeur d’une pièce de 50 centimes. Papule III. Pas d'indications précises, sauf la syphilis avérée du malade. Plaque muqueuse (Service de M. Charrin), située sur la petite lèvre gauche “d'une malade enceinte de six mois; éruption roséolique caractéristique. La M) Levaditi. C.R. de la Soc. de Biologie, vol. 49, p. 326, 1905. (2) Burnet et Vincent. C. R. de la Soc. de Biologie, vol. XLIX, p. 474. Biozocre. Compres RENDUS. — 1905, T, LIX. 38 mer 528 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lésion primaire ayant apparu sur une des grandes lèvres est complètement guérie actuellement. De ces six lésions syphililiques non douteuses, trois seulement ont fourni des résultats posilifs en ce qui concerne la présence du Spiro- chæle pallida sur les coupes, cela malgré l’imprégnalion intense à laquelle nous avons soumis nos pièces. Ce sont les chancres I et IT, et la papule II. Les autres accidents spécifiques, malgré les altérations carac- téristiques de la syphilis, se sont montrés dépourvus de spirilles. Voici les détails de l’étude histologique à laquelle ont été soumis ces cas positifs. Chancre I. — La zone ulcérée, assez étendue, est constituée à la surface par des polynucléaires et dans la profondeur par un tissu où les mononucléaires prédominent. Les vaisseaux dermiques sont atteints d’endartérite et de périar- térite, celle-ci formée par des lymphocytes et des plasmazellen. Les vaisseaux lymphatiques sont dilatés, et il en est de même de certains capillaires san- guins. Parmi ces derniers, il y en a qui sont remplis par une masse albumi- neuse homogène, colorable en vert par le bleu de toluidine. — Les spiro- chètes existent en assez grand nombre au fond de l’ulcération, en plein tissu granulaire, ainsi que dans les organes qui séparent certaines fibrilles conjonc- tives. Particulièrement intéressante est la présence de spirilles libres à l’intérieur des capillaires sanguins dilatés, èn pleine masse albumineuse coagulée. Chancre 11. — Les lésions consistent en une nécrose du revêtement épithé- lial de l’amygdale, en une infiltration de la zone ulcérée par des cellules polynucléaires plus ou moins détruites, et surtout en une endo-périartérite généralisée. Ces lésions existent assez loin dans la profondeur de l’amygdale, Le tissu nécrosé qui forme la surface ulcérée ne renferme pas de spirochètes pâles, mais un grand nombre de gros spirilles à larges ondulations et qui retiennent fortement l'argent. Par contre, les spirochètes pâles pénètrent seuls dans la profondeur du chancre amygdalien, où on les trouve soit le long des fibrilles conjonctives du stroma, soit à l’intérieur et autour des vaisseaux san- guins. Dans ces vaisseaux, les spirilles flottent librement au milieu du plasma coagulé, ou bien ils sont logés contre la paroi, parmi les hématies et les leucocyles qui s’y accumulent (1). Il n'est pas rare de trouver, au milieu d’une artériole ou d’une veinule obstruées, des spirochètes disposés en amas (2), d'où partent des individus isolés qui S'infiltrent entre les cellules endothéliales gon- flées et qui ont proliféré. Papule II, — Les spirochètes, assez rares, n'existent qu’au bord de la lésion, soit en plein tissu épidermique, soit dans les papilles avoisinantes. Dans® l'épiderme, les microorganismes sont logés dans de vrais nids intercellulaires ; les vaisseaux papillaires contiennent également quelques rares éléments spinil- laires, à une distance assez éloignée de la région épidermique. LA (1) Certains : vaisseaux, contenant des spirochètes, Fier dans la région musculaire de l’amygdale. | (2) Certains de ces spirilles sont en état de transformation granulaire. RÉ 6 EL mo Em RD ON EE Es 4 SÉANCE DU 25 NOVEMRRE 529 Conclusions : 1° Ze Spirochæte pallida est le seul parasite spirillien qui pénètre dans l'intimité des tissus altérés par les processus syphilitiques primaire et secondaire; le spirille réfringent pullule seulement à la surface des lésions. 2° Le Spirochæle pallida prolifère entre les cellules épidermiques de la couche profonde, au voisinage immédiat des lésions syphilitiques pri- maires et secondaires. 3° La voie suivie par les spirochètes pour envahir les régions profondes de ces lésions est celle du système lymphatique et aussi celle du système vasculaire sanguin. La présence des spirilles dans la lumière des vaisseaux hématiques et autour de ces vaisseaux explique la raison d’être de l’endo- périartérite syphilitique. (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff, à l’Institut Pasteur.) HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DU CHANCRE SYPHILITIQUE DU SINGE, DANS SES RAPPORTS AVEC LE Spirochæte pallida, par MM. Levapiti et MANOUÉLIAN. Nous avons entrepris, à l’aide de la méthode à l’imprégnation par l’argent, l'étude histologique des chancres syphilitiques du singe, afin de préciser les rapports qui existent entre le Spirochæte pallida d'une part et les altérations spécifiques de ces lésions primaires d'autre part (1). Notre matériel se compose de six chancres, dont l’histoire est résumée dans le tableau suivant : = Le 5 4 SOURCE AGE SR PRESS Z ESPÈCE DE SINGE | INCU BATION sur frottis = du virus du chancre et coupes = Macacus rhesus n° 39. .| humain. 28 jours. 5 jours. négatif. à 22 » DA 3 — » M.rhesus (Landsteiner)|Mac. rhesus. ë 1% —(?)] négatif. M.cynomolqus n° X. .| humain. £ 2 .— posilif. Cynocephalus sphynx .| humain. ? négatif. Chimpanzé n°9 43 . . .|Mac.sinicus. 2. 44 — posilif. Ce tableau montre que parmi ces six lésions primaires, toutes situées (4) Ces résultats, ainsi que ceux fournis par l’étude du sort du spirochète pendant la période d’incubation, seront exposés en détail dans les Annales de l'Institut Pasteur. 330 “a SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE au voisinage de l’arcade sourcilière, deux seulement se sont montrées riches en spirochètes pâles, capables d’être mis en évidence sur les coupes histologiques. Ceux des accidents primitifs qui étaient dépour- vus de ces spirochètes n'offraient pas moins les altérations patholo- giques caractéristiques des chancres syphilitiques. Le même tableau montre également que l’âge de l'affection primaire ne semble pas être en rapport avec la présence ou l'absence des spirilles dans cette affection, puisque, des deux cas positifs examinés par nous, un datait de deux jours (M. cynomolqus X) et l’autre était âgé de quarante-quatre jours (chimpanzé 43). Des recherches ultérieures montreront jusqu'à quel point l'infection secondaire des accidents primitifs par des microorga- nismes banaux, imprime des variations appréciables à la quantité des spirochètes qui existent dans ces-accidents. Voici les constatations fournies par l'examen histologique des cas positifs étudiés par nous : 4° Macacus cynomolgus X. Les lésions consistent en une ulcération assez profonde intéressant l’épiderme et une partie du derme, ulcération dont le fond est constitué par des détritus de leucocytes polynucléaires. Certains des vaisseaux du derme sont atteints de périartérite formée en grande partie par des petits mononucléaires, emprisonnés dans un stroma de fibrilles impré- \ gnées par le nitrate d'argent. Les spirochètes sont absents dans la zone der- mique sous-jacente à l’ulcération et n'existent que dans l’épiderme qui forme. le bord de cette ulcération. Là, ces microorganismes sont logés dans les espaces interépithéliaux et semblent parfois exister au sein même du proto- plasma cellulaire. Les parasites quittent en certains endroits l’épiderme pour | envahir la région papillaire avoisinante. Digne d'intérêt est le fait que les spirochètes sont localisés dans un endroit bien limité, ce qui fait que l’examen d’un bon nombre de coupes du même chancre a donné un résultat négatif (1). 20 Chimpanzé 43. Le chancre, gros environ comme une pièce d’un franc, x montre une vaste ulcération, dont le fond est constitué par le derme une ; ment infiltré de mononucléaires et de leucocytes polymorphes. En dehors de certains vaisseaux sanguins atteints d’endo et de périartérite, on en voit d’autres qui sont atteints de thrombose et remplis par des polynucléaires en voie de dégénérescence. Comme dans le cas précédent, les spirilles montrent ici une disposition en foyer. Ils sont logés soit entre les fentes épi- théliales de l’épiderme, au voisinage immédiat de l’ulcération, soït dans la » lumière des capillaires superficiels des papilles dermiques de la méme région. L'existence intravasculaire est, dans ce chancre, des plus netles. Ajoutons qu'il nous a été impossible de déceler des spirochètes dans leszones profondes du derme, là ou l’épaississement du tissu conjonctif est des plus accentués. (1) Cette disposition en foyer des spirilles explique pourquoi, sur un certain nombre de frottis provenant d'un même chancre, tugnics uns seulement … renferment ces parasites. SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 531 Conclusions. — 1°) Il existe une grande analogie au point de vue de la RAGposiion par foyers el de l'existence intravasculaire et interépithéliale . des spirochètes, entre les lésions syphilitiques primaires de l IUT el du | singe. 2°) L'absence de Spir ochètes dans les régions du chancre les plus atteintes | par le processus scléreux permet de supposer que la réaclion mononu- » cléaire périvasculaire et la transformation scléreuse vers laquelle tend cette réaction, jouent un rôle actif dans la destruction de ces microorga- nismes. and AN GS bis: “4 ÈS (Travail du laboratoire de M. Metchnikoff à l'Institut Pasteur.) « SUR LES DÉBUTS DE LA DÉGÉNÉRESCENCE DANS LES OVULES DE BATRACIENS, | par M. DuBuissox. L'étude de nombreux ovules de Batraciens nous à permis de saisir les phases fugitives qui précèdent la prolifération des cellules folliculaires. On sait que lorsque celles-ci ont commencé à phagocyter l’ovule, la vési- cule germinative a complètement disparu. Avant cette période, on rencontre chez la grenouille rousse et diverses espèces de Tritons, dans le voisinage de la périphérie de l’ovule, des noyaux possédant, à côté de nucléoles normaux, des nucléoles géants à nombreuses vacuoles. Parfois ils se présentent sous forme de couronne à vacuole centrale très étendue, remplie d’une substance présentant les mêmes réactions que le suc nucléaire. Les autres vacuoles plus petites ne sont pas comparables à la précédente, au point de vue des réactions de leur contenu. Celui-ci est légèrement basophile. La présence de ces nu- - cléoles géants permet de comprendre les particularités que l’on observe - dans les noyaux de certains ovules.Chez ceux-ci les vésicules germinatives - sont centrales, mais Les taches germinatives sont plus grandes que d’habi- tude, elles sont en outre très vacuolaires. Je crois qu'on peut considérer - de tels ovules comme devant dégénérer dans l'avenir. Un autre fait sur lequel je désire attirer l'attention est la migration du noyau vers la Dphérie Dans les ovules normaux, on sait que ce phénomène pré- °° l'expulsion des globules polaires et Van der Stricht a signalé ice de divisions aboutissant à la formation de pelites morulas ver des ovules en dégénérescence. C'est le souvenir de ce fait qui m'incite à parler des résultats d’une expérience que j'avais entreprise l’année précédente dans le but de déterminer les causes qui président à la régression des ovules. Une 4 grenouille avait été plongée dans un bocal plein d’eau recouvert d'une à 532 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lame de verre, elle recevait deux à quatre fois par jour un courant de gaz carbonique débarrassé de l'acide chlorhydrique qu'il avait pu“ entrainer par barbotage dans du bicarbonate de soude. On faisait" passer le courant assez longtemps pour que le gaz remplit tout le vase. J'en chassais une partie pour que la grenouille pût venir respirer à la surface et recouvrais le tout. Elle manifestait son état asphyxique par des mouvements désordonnés qui, d’ailleurs, cessaient bientôt; elle demeurait alors immobile. L'expérience dura du 20 juin au 25 juillet, puis la grenouille fut sacrifiée le 8 août, en même temps qu'une autre qui avait jeüné du 20 juin à la même époque. Dans la première les ovules dégénéraient, pas un des ovules à plaquettes vitellines n'était intact. Dans l’autre, deux ovules commencaient à dégénérer. Si on a rapproché souvent, peut-être à tort, le mode de segmentation des ovules en dégénérescence de celui des œufs fécondés, il nous paraît intéressant de rapprocher cette expérience de celle de M. Delage sur la fécondation au moyen de l'acide carbonique. D'étroites analogies existent aussi entre cette expérience et celles de Matchinsky, elle montre la sensibilité des ovules aux toxines. Elle prouve en outre Lam justesse de l'opinion de Geoffroy-Saint-Hilaire qui attribuait une impor-« tance considérable aux fonctions respiratoires. « Par l'intervention de la respiration, tout se règle. Qu’il soit admis que le cours lent et progressif des siècles donne successivement lieu à des changements de proportion des divers éléments de l'atmosphère; c’en est une conséquence rigoureusement nécessaire, l’organisation les a proportionnellement éprouvées. » ACTION DES SENSIBILISATRICES TYPHIQUES ET PARATYPHIQUES: SUR LES BACILLES CORRESPONDANTS, par MM. RIEux et SACQUÉPÉE. Les sensibilisatrices ont été recherchées par le procédé de MM. Bordet et Gengou. On a utilisé le bacille typhique (6 échantillons), les bacilles paratyphiques type À (3 échantillons) et type B (13 échantillons). Les sérums expérimentaux provenaient du lapin; l’alexine était empras au cobaye (1) / A l'égard de la sensibilisatrice typhique : 4 1° Les bacilles typhiques fixent la sensibilisatrice typhique, aussi bien dans les sérums humains que dans les sérums expérimentaux. Pour les (1) Nous disons que la fixation est complète quand l’hémolyse indicatricen est nulle; fixation nulle, quand l’hémolyse est complète; fixation partielle 0! o incomplète, quand l’hémolyse reste incomplète. RQ . SÉANCE DU 25 NOVEMBRE 533 sérums humains, la réaction est souvent partielle dans le premier septé- naire de la fièvre typhoïde, pour devenir complète dans la suite; 2° Les bacilles paratyphiques des deux types ne fixent pas la sensibi- lisatrice typhique expérimentale. Cette formule toutefois comporte de rares exceptions, certains échantillons (un de chaque type) étant suscep- tibles de fixer partiellement la sensibilisatrice typhique. — Le résultat est différent pour les sérums humains. Ces derniers, inactifs au début et pendant la période d'état, présentent au contraire des propriétés fixatrices énergiques pendant la convalescence. A l'égard des sensibilisatrices paratyphiques : 1° Le bacille typhique absorbe complètement les sensibilisatrices du type B, et incomplètement les sensibilisatrices du type A; 2° La sensibilisatrice paratyphique type À, provenant d'animaux peu immunisés, est fixée par les trois échantillons de ce type; la fixation est partielle pour un des représentants du type B, nulle pour les douze autres; — la même sensibilisatrice, fournie par des animaux fortement immunisés, toujours active sur les bacilles type À, l’est également, à des degrés variables, sur tous les bacilles du type B ; 3° Les sensibilisatrices expérimentales faibles, de type B, sont fixées _ complètement par les échantillons de même type, et partiellement par les bacilles type A; — les sensibilisatrices expérimentales fortes, de même que les sensibilisatrices humaines, type B, sont fixées complète- ment par les bacilles paratyphiques des deux groupes. En résumé : la sensibilisatrice typhique est plus étroitement spécifique que les sensibilisatrices paratyphiques, et celles du type A le sont plus que celles du type B ; Les sensibilisatrices paratyphiques faibles sont plus étroitement spécifiques que les sensibilisatrices fortes; L'extension du champ d’action des sérums forts doit être attribuée à l'existence des co-sensibilisatrices ; Les résultats précédents montrent que les bacilles typhiques et para- typhiques, bien que très voisins, doivent cependant être différenciés les uns des autres. (Travail du laboratoire militaire de bactériologie de Rennes.) NOTE SUR LA PATHOGÉNIE DE L'ICTÈRE CATARRHAL : RÔLE DES BACILLES TYPHIQUE, PARATYPUIQUES ET DU COLI-BACILLE, par MM. E. SacQuÉPÉE et S. FRas. Les études de M. Chauffard et de M. Kelsch ont définitivement établi que tous les ictères essentiels, y compris l'ictère catarrhal, sont de = 534 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE nature infectieuse. Restait à déterminer la nature de cette infection. Des recherches récentes de MM. Gilbert et Lippmann, Zeir, Netter et Ribadeau-Dumas ont incriminé le bacille d’Eberth et les paies para- typhiques. De notre côté, depuis deux ans, nous avons cherché à élucider la pathogénie de tous les ictères essentiels bénins soumis à notre observa- tion. 11 s'agit toujours de sujets n'accusant pas de maladie typhique dans leurs antécédents. Les procédés utilisés sont la culture des selles, la recherche dans les sérums des sensibilisatrices, et des agglutinines spécifiques; des recherches de contrôle nous ont montré que, même dans l'ictère, la . présence des agglutinines garde toute sa valeur RENÉE male les infirmations de l’école allemande. Les propriétés des sérums ont été étudiées à la fois sur le bacille d’Eberth, sur divers échantillons de bacilles paratyphiques et sur des races coli-bacillaires provenant des sujets en expérience. Nos résultals sont brièvement résumés dans le tableau ci-dessous (1). TAUX-LIMITE Et. : CULTURE SENSIBILISATRICES d’agglutination des selles spécifiques pour sur l'espèce pathogène Bacille d'Eberth , » — d'Eberth. — Parat. A. » % 0 » Coli I. Coli IV. Entérocoque. Bacille Eberth. Colibacille. — Eberth. — Colibacille. B. Parat. A. Entérocoque. B. Parat. B. Coli I, Il, IE. Coli 1e — IV, , VIe — IV. — VII, VII, IX. — — X, XI, XII. — — XHIL, XL, XV. — Entérocoque. SDODAISI Re TDTTTTSTTT TT TT D ibaeile: Tableau qu'on peut traduire de la manière suivante : 1° Il-exisle un ictère calarrhal de nature éberthienne, auquel se rattachent nos trois premières observations; | 2 L'iclère catarrhal peut être provoqué par les bacilles paratyphiques (4) Dans ce tableau, sauf indication contraire, on ne tient pas compte de la présence du B. coli dans les selles. Pour les sensibilisatrices, le signe © indique qu’on n’a trouvé aucune sensibilisatrice; le signe » indique que la: recherche n’a pas été faite. etennban À". - ES PT bé Cat ER y ne CSA ie 7: SÉANCE DU 25 NOVEMBRE . dei . des deux types, plus souvent par le type A (obs 4, 5 et peut-être 6) que par le Lype B (obs. 7); c 3° Dans plus du quart des cas (obs. 8 à 12) on doit incriminer le coli- . bacille. Les recherches pour cette espèce ne sont toutefois valables que -si elles portent sur des échantillons coli-bacillaires provenant du malade : même qui a fourni le sérum; % Il est vraisemblable que l’entérocoque est également capable de fomenter l’ictère. Pour le moment, nous ne pouvons cependant affirmer . sa valeur pathogène; | 5° Dans quelques cas, la-nature intime de la maladie nous échappe complètement. (Travail du laboratoire militaire de bactériologie de Rennes.) ACTION DES BACILLES TYPHIQUES, PARATYPHIQUES ET DU COLIBACILLE SUR QUELQUES SELS MÉTALLIQUES, par MM. E. SacouÉPéEe et F. CHEVREL. Orlowski à montré que les milieux à base de plomb, de fer ou de nitroprussiate de soude peuvent servir au diagnostic différentiel du bacille d'Eberth et du colibacille. Nous avons également cherché dans cette voie des moyens de différenciation pour les bacilles paratyphiques. Sur gélaline en piqüre additionnée de tartrate double de fer et de potasse (3 p. 100), les bacilles paratyphiques B donnent une coloration noire, en un à trois jours; le bacille typhique, en cinq à six jours: le colibacille et le bacile paratyphique A ne noircissent pas le milieu, ou ne le font que beaucoup plus tard. Les résultats sont identiques avec la gélose additionnée de sous- -acétate de plomb (3, 5 p. 1000). Ils sont de même ordre, mais moins régulière- ment distribués, sur gélatine au sulfate de nickel (2 p. 1000). En présence du nilroprussiate de soude (milieu gélosé, 1, 5 p. 1000), tous les échantillons donnent une coloration verte; mais ils diffèrent entre eux par la précocité et l'intensité de la réaction. La leinte verte est intense et précoce (2 à 4 jours) dans les tubes ensemencés du bacille coli ou paratyphiqué B; elle est discrète et tardive (6 jours au moins) - pour les bacilles typhique et paratyphique A. Ces réactions sont assez constantes pour servir au diagnostic diffé- - rentiel des différents groupes. Il y a lieu de remarquer que, dans les … trois premières, les bacilles paratyphiques B se comportent comme le bacille d'Eberth, et les bacilles type À comme le colibacille. La dernière, « au contraire, rapproche le bacille type À du bacille d'Eberth, et le bacille - Lype B du colibacille; c'est ce dernier ordre de parenté que l'étude de 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE leurs fonctions biologiques assigne généralement aux divers microbes étudiés. Toutefois ces réactions n’ont rien d’absolu ; elles présentent la contin- ‘ gence de tous les phénomènes biologiques. En variant les doses, les milieux et la durée d'expérience, on arrive avec presque tous les échan- tillons à produire les virages étudiés plus haut. Les réactions ne sont valables que dans des conditions expérimentales assez étroitement pré- cisées. (Travail du laboratoire militaire de bactériologie de Rennes.) AGGLUTINATION ET COAGGLUTINATION DES BACILLES PARATYPHIQUE ET TYPHIQUE, par MM. RïtEux et SACQUÉPÉE. L'étude de l’agglutination 2onstitue une base importante dans l'étude « des rapports réciproques du bacille typhique et des bacilles paraty-« phiques, comme de la fièvre typhoïde et des infections paratyphoïdes. Elle a déjà été faite en partie par divers auteurs, entre autres Achard, Bensaude, Schootmüller, Brion-Kayser, etc. Nos recherches ont porté sur vingt-sept sérums paratyphiques ou typhiques, humains ou expérimentaux; sur six bacilles typhiques, vingt-deux bacilles paratyphiques (3 du type A, 19 du type B). Pour les sérums d’origine humaine, le diagnostic exact de l'infection était tou- jours établi au préalable par lhémoculture. À I. Aptitude agglutinative. — Tous les bacilles paratyphiques, prove nant du sang de sujets atteints de fièvre paratyphoïde, sont aggluti-« nables d'emblée, et le demeurent ultérieurement. Les races provenant des selles humaines sont souvent peu agglutinables. : IT. Pouvoir agglutinant des sérums. — En ce qui concerne les sérums typhiques : En dehors de l’agglutination spécifique bien connue pour le bacille« d'Eberth, la coagglutination existe, à des degrés divers, pour nombre de bacilles paratyphiques A ou B; elle est beaucoup plus marquée pour les sérums humains que pour les sérums expérimentaux; son taux dépasse parfois le taux de l’agglutination spécifique. | TAUX LIMITE D'AGGLUTINATION POUR DIVERS ÉCHANTILLONS DE Bacille d'Eberth. B. parat. A. B. parat. B, Ex. I. Sérum typhique humain . . 1.500 » 150 à 400 0 Ex TEE SÉCNAEVD TIQUE EE 120 ° 10 10 à 140 Ex. IIL. Sérum expérimental... . . . 400 50 à 100 20 à 100 SÉANCE DU 25 NOVEMBRE ; 537 En ce qui concerne les sérums paratyphiques type À, expérimentaux : Les bacilles paratyphiques type A sont agglutinés à un taux assez uniforme; la coagglutination est faible, tant pour le bacille d’Eberth que pour les bacilles paratyphiques lype B. TAUX LIMITE D'AGGLUTINATION POUR DIVERS ÉCHANTILLONS DE A Bacille d'Eberth. B. parat. A. B parat. B. Ex. IV. Sérum parat. A. expérim.. . 50 800 à 2.000 50 à 250 En ce qui concerne les sérums paratyphiques type B, humains ou expérimentaux : 1° Leur activité est généralement plus grande pour l'échantillon infec- tant que pour tout autre échantiilon (autoagglutination) ; 2° Pour les autres représentants du type B, l'index agglutinatif est très variable : certains index sont presque égaux à celui du bacille infec- tant, d’autres sont quinze, vingt, même deux cents fois moindres; 3° La coagglutination, nette sur les bacilles paratyphiques type À, est souvent moins prononcée pour le bacille d'Eberth. En raison même de l'inégalité de réaction des divers bacilles paratyphiques B, les bacilles typhique et paratyphique À peuvent être plus sensibles aux sérums B que divers bacilles paratyphiques B. TAUX LIMITE D'AGGLUTINATION POUR DIVERS ÉCHANTILLONS DE A B. typh. B.parat. A. B. parat. homol. B. non homol. Ex. V. S. parat. B. humain , 40 100 2.000 100 à 500 Ex. VI. Sérum expérimental . 225 250 1.800 200 à 800. Sérum expérimental. 225 100 10.000 50 à 500 En résumé : La coagglutination, manifeste dans tous les faits étudiés, présente une intensité très variable suivant les cas ; L'existence de la coagglutination doit inspirer des réserves sur les résultats fournis par l’agglutination, au moins en ce qui concerne les sérums de provenance humaine, et quand les taux limites pour les dif- férentes espèces ne sont pas très éloignés ; Vis-à-vis des agglutinines, les bacilles paratyphiques type A présentent une sensibilité assez uniforme; au contraire, les réactions des bacilles type B sont très dissemblables. Nous reviendrons plus tard sur le diagnostic des coagglutinines par la saturation. (Travail du laboratoire militaire de bactériologie de Rennes.) ÉLECTION D'UN MEMBRE TIJULAIRE. Liste de présentation. _ Première ligne : : M. Tissot. - Deuxième ligne : M. Portier. _ Troisième ligne : MM. Courtade, Lécaillon, Nageotte, v Nombre de volants : Ont obtenu: \ MM. Tissot. . Portier . _ Courtade . _ Lécaillon . Vallée. TEA Nageotte . . . - Bulletin blanc + ; = = + 19 19 % © ® éd tsar fé RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 1905 SOMMAIRE Bizet (A.) : Examen de quarante- régions tropicales _ trois cas de paludisme provenant de Présidence de M. Livon. EXAMEN DE QUARANTE-TROIS CAS DE PALUDISME PROVENANT DE RÉGIONS TROPICALES, par M. A. BILier. Dans l'espace d’une année (1904-1905), j'ai recueilli, à l'hôpital mili- taire de Marseille, tant au point de vue clinique qu’au point de vue hématologique et parasitaire, quarante-trois observations de paludisme de formes variées, chez des malades provenant de régions tropicales, telles que : Madagascar, Tonkin, Sénégal, Côte d'Ivoire et Soudan. Ces observations se répartissent de la façon suivante : 1° Paludisme tierce primaire ou de première invasion, c’est-à-dire dont l'invasion récente n'excède guère quatre à cinq mois, de type fébrile tierce simple ou double-tierce (type quotidien des auteurs) (1), carac- (4) L'étude attentive des divers types fébriles intermittents m'a amené à considérer le type quotidien comme un type fébrile composé, dérivé du type tierce simple, autrement dit comme une double-tierce, suivant la conception des anciens auteurs, et cela aussi bien dans le paludisme primaire que dans le paludisme secondaire. En effet, si l’on suit pendant quelque temps la 540 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE térisé, dans tous les cas, au point de vue parasitaire, par des schizontes petits, annulaires, peu ou point pigmentés, et des gamètes semilunaires (croissants). Formes de multiplication endogènes rares, ou même absentes, dans le sang de la circulation générale. Hématies D à granulations de Schüffner discrètes. . . . . . . . AS 20 20 Paludisme tierce secondaire ou d’invasion ancienne, c de PA con- sécutif à de multiples rechutes, et dont l'infection date de plusieurs mois à plusieurs années, de type fébrile tierce simple ou double-tierce, carac- térisé par des schizontes volumineux, amiboïdes, à pigment mélanique abondant, et par des gamètes arrondis. Formes de multiplication endo- gène (rosaces), à 16 ou 20 mérozoïtes. Hématies parasitées à granulations de Schüffner nombreuses et confluentes "MN CE 3° Paludisme quarte, caractérisé par des schizontes pigmentés, un peu plus petits que ceux de la tierce secondaire, et par des gamètes égale- mentarrondis mais moins volumineux. Formes de segmentation à 8 méro- zoites au plus. Pas de granulations de Schüffner apparentes dans les héma- fes parasitées, ER Eire Me Poe RP CE EE ° © En ce qui concerne la question toujours si controversée de l'unité de l’hématozoaire, ou au contraire de la pluralité des espèces parasitaires, je me rallie à l'opinion de M. Laveran, d’après laquelle « il ne saurait exister un hématozoaire spécial des fièvres tropicales » (1), comme le prétendent certains auteurs. M. Laveran se base précisément sur ce fait observé par lui que, dans le sang des paludéens provenant des pays tropicaux, où cependant les petites formes parasitaires du prétendu paludisme tropical dominent (témoin nos 20 premières observations précitées), on ne trouve, le plus souvent, lors des rechutes qu’ils présentent à leur retour en Europe, que des grandes formes amiboïdes. « Les infections à petites formes et les infections à grandes ‘formes, en déduit M. Laveran, relèvent évidemment du même agent patho- gène (2). 5 Pour ma part, j'ai pu vérifier cette assertion, (out au moins en ce qui con- cerne l'unité du parasite du type fébrile tierce, qui domine de beaucoup la pathogénie palustre de nos colonies tropicales, comme il domine celle de courbe thermique d'un paludéen, on peut facilement se convaincre que les accès de-type tierce simple et les accès de type quotidien peuvent se succéder et alterner les uns avec les autres, dans le cours des nombreuses rechutes de l'infection palustre chez un même malade. Dans le cas de fièvre tierce simple, on n’a affaire qu'à une génération de parasites, et, dans le cas de fièvre quo- tidienne, à deux générations de parasites. Dans l’un et l’autre cas, du reste, le parasite est identique au point de vue morphologique. (4) A. Laveran. Existe-t-il une variété d’hématozoaire particulière au palu- disme intertropical? Archives de parasitologie, 1, 1898, p. 44. (2) A. Laveran. Paludisme et trypanosomiase, Nouveau traité de médecine de Brouardel et Gilbert. Paris, 1905, p. 22 TT NE Le ES ES PE INSEE MEET # TR OR NS te a 2e SÉANCE DU 21 NOVEMBRE 541 l’Algérie. En effet, je puis citer quatre observations parmi celles que je viens d'énumérer, où j'ai pu assister, grâce à un examen quotidien du sang de ces malades, à la transformation des petits parasites annulaires du paludisme tierce primaire en gros parasiles pigmentés du paludisme de même type fébrile tierce, mais d’invasion ancienne, que j'ai désigné sous le nom de palu- disme secondaire (1). Il s'agit donc bien, comme je l’ai démontré en Algérie, chez un eer- tain nombre de paludéens, d’un seul et même hématozoaire, évoluant chez le même individu, pendant toute la durée de l'infection palustre, de type fébrile tierce, mais ayant deux cycles bien distincts, l'un, de durée relativement courte, avec formes parasitaires petites, peu ou point pigmentées, qui caractérisent la période d'invasion récente ou primaire, et l’autre, définitif, succédant au premier, avec gros parasites amiboïdes et fortement pigmentés, caractérisant la période de rechutes parfois indéfinies du paludisme invétéré ou secondaire. Quant au parasite de la fièvre quarte, j'incline à le considérer comme une espèce spéciale et autonome, bien distincte du parasite de la fièvre tierce, non seulement en raison du type fébrile tout particulier qu'il détermine, mais encore de ses caractères morphologiques également particuliers et constants, que j'ai signalés plus haut. Ces divers caractères que j'ai vérifiés dans le parasile de la quarte, en Algérie, je les ai retrouvés dans les cinq cas de fièvre quarte relatés ci-dessus (dont 4 provenant du Haut-Tonkin, en particulier de Ha-Giang, et 1 de Madagascar). Ils contribuent à faire de cette forme parasitaire une espèce bien originale, dont l'unité et l'ubiquité sont comparables à l'unité et à l’ubiquité du parasite de la tierce (2). (4) A. Billet. Contribution à l’étude du paludisme et de son hématozoaire, Annales de l’Institut Pasteur, XVI, 1903, p. 198. (2) Il est'à remarquer, toutefois, que le parasite de la quarte ne présente que rarement un cycle primaire à petits parasites et gamètes semilunaires, analogue à celui du parasite de la tierce. En tout cas, ce cycle primaire serait singulièrement écourté. Je n'ai observé, en Algérie, que deux cas authentiques de fièvre quarte, avec gamètes semilunaires (croissants) pouvant être considérés comme les témoins de ce cycle primaire fugitif. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette ET t'a SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1905 BaTTELLI (F.) et Srern (Mlle L.) : Oxydations produites par l’antica- talase en présence du peroxyde de MAANETO SERRE DIEM SUR, Boux (GEORGES) : L'éclairement des yeux et les mouvements rota- Boxx (GEORGES) : Essais et erreurs danses -tropismes, :.. ..:... ... CARLSON (A.-J.) : La vitesse du courant moteur du cœur ...... DARIER (A.) : Note sur le myxome PRES phantiasis trier MX rs François-Franck-: Réponse à la _ lettre de rectification de M. Onimue. FÉRÉ (Cu.) : Deuxième note sur l'influence de l'orientation sur l’ac- tivité (Observations sur l'obscurité Detourle rythme)... :...". . .. GARD (A.) : Notices nécrologiques. HaranG (P.) : Emploi de la tréha- lase dans la recherche et le do- sage du tréhalose chez les végétaux. . Hénissey (H.) : Sur la « prulaura- sine », glucoside cyanhydrique cris- tallisé retiré des feuilles de Laurier- Etage de OS a RE Jouaup (L.) : Action des solutions aqueuses de sublimé sur le sang... LAURENT (J.) Observations au sujet des recherches de G. Klebs et BAR Barinohens Hi MANTILE Leven (G.) et Barrer (G.) : Ulcère SOMMAIRE 998 de l'estomac et pansement au bis- muth, critique radioscopique . . .. Linossier (G.) : Remarques sur la toxicité des œufs. À propos de la note deMAGALOISel ME RE MARCANO (G.) : Recherches sur l’histologie pathologique des poly- pes muqueux du méat moyen des FOSSES RNAS Ale EEE ERA er Oximvs : Lettre au secrétaire gé- néral, au sujet du Mémoire de M. Francois-Franck sur la vie et les DAVAURATEAMEAFE VER PRE Pozrcarp (A.) : Sur la striation basale des cellules du canalicule contourné du rein dès Mammifères. Roper (A.) et GALAVIELLE : Sur le pouvoir pathogène de certains ba- cilles acido-résistants. Essais de modifications par les passages dans l'organisme animal "HN nn Roper (A.) et LAcrirrouz : Quel- ques faits relatifs à la virulence du bacille d'Eberth. Exsudats de pas- sages et bacilles de passages . . .. WinTREBERT (P.) : Sur la régres- sion de la queue en l'absence des centres médullaires chez Rana vi- HIS ES ETES Tu RER g Ur WIiNtREBERT (P.) : Sur l’ordre d'ap- parition des orteils et le premier développement du membre posté- rieur chez les Anoures. . . . . . .. Présidence de M. A. Giard, président. 0 En ouvrant la séance, le Président s'exprime ainsi : MES CHERS COLLÈGUES, 269 5520 La Société de Biologie a fait, dans ces dernières semaines, des pertes bien regrettables. Nous avons vu disparaître successivement deux de nos membres d'honneur, les illustres Professeurs A. von Keælliker et Burdon-Sanderson et deux de nos correspondants les plus anciens - MM. Lennier et Gimbert. BioLocie. Compres RENDUS. — 1905. T, LIX. 39 DA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Rudolph Albert von Kælliker, né à Zurich en 1817, s’est éteint dou- cement en pleine activité scientitique, le 3 novembre, à Wurzbourg, où depuis près de soixante ans il professa successivement la physiologie et l'anatomie (1847), puis l'anatomie microscopique, science bien neuve alors (1848) et dont il devait prodigieusement étendre les limites par ses recherches d’histologie humaine, d’histologie zoologique et d’em- bryogénie comparée. Avec son premier prosecteur, G. von Siebold, il fonda le périodique Zeitschrift für wissenschaftliche Zoologie qui exerça et qui exerce encore aujourd'hui une action si considérable sur le déve- loppement des sciences biologiques. Toutes les Académies étrangères s'empressèrent d'appeler Kælliker dans leur sein. En France, notre Société, soucieuse de rendre hommage à une des grandes figures de la Biologie moderne, s'était depuis long- temps honorée elle-même en le comptant parmi ses Membres d’hon- neur. Sir J. Scott Burdon-Sanderson, Professeur honoraire à l'Université d'Oxford, était un vétéran de la physiologie et son nom demeurera attaché à l’histoire de toutes les grandes découvertes qui ont renouvelé cette science dans la seconde moitié du siècle dernier. Malgré son âge avancé, il avait conservé une remarquable activité et une vivacité d'esprit que j'admirais encore il y a quelques mois (mai 1904) lors de la réunion en Angleterre de l'Association internationale des Académies. A peine de retour d'Algérie, où il était allé se remettre des suites d'une pneumonie grave, il nous faisait visiter avec un entrain juvénile les « beaux laboratoires et les collections de l’université d'Oxford, s'enquérant avec le plus vif intérêt des membres de notre Société avec lesquels'il était en relations et dont il se plaisait à suivre les travaux. Lennier, Directeur du Musée d'histoire naturelle du Havre, appartenait à cette phalange, malheureusement bien réduite aujourd'hui, de natura- listes attachés à leur province et qui par leur entrain communicatif déterminent autour d’eux de nouvelles vocations scientifiques, réalisant ainsi la meilleure décentralisation. C'est au Sénégal, en contact avec le général Faidherbe, qu’il avait pris le goût des sciences naturelles. Le musée de Saint-Louis organisé par ses soins était une œuvre remar- quable qu'on laissa péricliter, puis disparaître après son départ. De retour au Havre, il se fit connaître par de belles recherches zoologiques et géo- logiques sur l’estuaire de la Seine. Il sauva des collections de Lesueur tout ce qu'on pouvait en sauver encore, et, grâce à lui, une partie des récoltes de l’infatigable voyageur aux terres australes peuvent encore être utilement étudiées par les spécialistes compétents. Gimbert, praticien distingué, habitait Cannes depuis longtemps. Aussi les obligations de sa profession l'empêchant de voyager, il assis= | 5: RTS (br CN (rs SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE tait rarement à nos travaux, auxquels il continuait cependant à s’inlé- resser. La Société s’associera, j'en suis sûr, aux regrets que nous avons exprimés aux familles des savants collègues dont nous déplorons la perte. CORRESPONDANCE Monaco, le 29 novembre 1905. MON CHER COLLÈGUE, Je viens de lire, dans le dernier numéro des Comptes rendus de la Société de Biologie, le Mémoire si remarquable du professeur François- Franck sur la vie et les travaux de Marey; je voudrais y ajouter un document important, au moins pour moi. Je suis le premier qui ait eu l’idée d'appliquer là photographie à l’élude des mouvements physiologiques. Mes premiers essais datent de 1865 et, au mois de janvier 1866, Marey m'écrivait (je cite textuelle- ment) : « Vous avez enrichi la physiologie d'une méthode précieuse et je vous en félicite bien sincèrement. » M. Louis Olivier, dans un article publié dans la Aevue scientifique sur la photographie des mouvements (23 décembre 1882), dans lequel il ré- sume les travaux sur ce sujet, déclare que, d’après Marey lui-même, c'est bien le D' Onimus qui, le premier, appliqua la photographie à l'analyse des mouvements physiologiques. Parler en public a toujours été pour moi un supplice; c’est pour cela que j'ai renoncé de tout temps à toute espèce de concours; occuper les autres de ma personne et de mes travaux m'a toujours été très désa- gréable et c'est pour cela sans doute que nul, parmi ceux qui étudient la biologie, excepté M. Louis Olivier, ne sait même que j'ai eu l’idée de cette application de la photographie. Il est un titre cependant dont je suis fier, c’est celui de membre de la Société de Biologie; mais trop éloigné de Paris pour venir à une des prochaines séances faire ma rec- tification, je vous serais reconnaissant, mon cher collègue, de vouloir bien insérer cette lettre dans un de vos prochains comptes rendus. Avec tous mes remerciements, je vous prie d'agréer, etc. D' OniImus. RÉPONSE A LA LETTRE DE RECTIFICATION DE M. OnImus, par M. FRANÇOIS-FRANCK. J'ai donné à la Société de Biologie une Biographie générale de Marey, et non une Bibliographie relative à ses travaux photographiques et autres ; j'ai donc dû laisser de côté nombre de cilalions relatives aux applica- DR ne # pe 5 - C1 x . . 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tions de la photographie à l'étude du mouvement. Il eût fallu parler de Czermak qui photographia, en 1860, les mouvements des cordes vocales, de Duchenne (de Boulogne), qui recueillit, de 1860 à 1862, l'image des effets produits sur les muscles du visage par les applications de courants localisés; j'aurais ensuite rappelé, à mon tour, ce que Marey lui-même a fait tant de fois, les expériences de M. Onimus, sans oublier celles de . son collaborateur, M. Martin, dont le nom doit rester associé au sien (1865); j'aurais aussi fait mention des inscriptions sphygmophotogra- phiques de Ozanam (1869), de Stein, qui mit à exécution l’idée énoncée en 1863 par Czermak, et photographia à son tour les courbes du pouls. J'en passe, et non des moindres, n'ayant ni l'intention ni le temps de reconstituer ici un historique des applications successives de la photo- graphie à l'analyse des mouvements, depuis Czermale jusqu'à Muy- bridge et Marey. Les documents relatifs à celte question se trouvent dans l'ouvrage Stein, Das Licht (1877), dans celui de Gastinne (La chronophotographie, Encyclopédie Léauté) et dans maints autres travaux critiques. Il suffit de rappeler que Marey lui-même, dans son supplément à la Méthode graphique en 1884, dans son livre sur le mouvement en 1894, dans son rapport à l'Exposition de 4900, a largement rendu justice à MM. Onimus et Martin en citant avec détail leurs expériences de 1865 sur la photographie du cœur de la grenouille, de la torlue et du lapin. M. Onimus, en se reportunt à ces diverses sources, aura donc toute satisfaclion. 6 ; Il pourra aussi lire la note de la page 48 de ma Lecon d'ouverture au Collège de France qui vient de paraître chez O. Doin, travail beaucoup plus documenté que l’Eloge de Marey lu à la Société de Biologie "il y verra que jai tenu le plus grand compte des essais si méritoires faits par lui et son collaborateur en 1865, à une époque où la photographie ne disposait pas des procédés rapides que nous possédons aujourd'hui. Le nom de M. Onimus et celui de M. Martin resteront donc inscrits dans l'histoire, grâce surtout aux citations multiples de Marey qui, sur ce point comme sur les autres, s’est fait un devoir de rappeler les tra- vaux de ses devanciers (1). (1) Je profite de l’occasion qui m'est offerte pour corriger une erreur de: chiffre, une faute d'impression qui m'a échappé, dans ma biographie de Marey et qui dénature un point historique. Il est écrit (page 21) à propos du zootrope que Marey « avait déjà en 1887 utilisé le zootrope pour représenter les mouvements du cheval à différents allures, fort habilement secondé plus tard dans ses démonstrations ré M. Mathias Duval. » Or c'est de 1867 qu'il s'agit : avec cette rectification, tout ce Da LE redevient clair. Cette correclion m'a été suggérée par M. Athanasiu (de Bucarest) que je remercie de sa juste observation. ; . 14 Pl SÉANCE DU ? DÉCEMBRE | 547 REMARQUES SUR LA TOXICITÉ DES ŒUFS. À PROPOS DE LA NOTE DE M. G. LoIsEL, par M. G. Linossrer. _ Les recherches de M: Loisel attirent l'attention sur l'action toxique des œufs de canard, de poule, de tortue introduits dans l’organisme du lapin par voie sous-cutanée ou intra-périlonéale. Cette toxicité peut s’observer très neltement chez l'homme non seu- lement à la suite de l’ingestion d'œufs plus ou moins allérés, auquel cas l'intoxicalion est attribuable aux ptomaïnes de la putréfaction, mais à la suile de la simple ingestion d'œufs de poule parfaitement frais. Elle ne semble guère avoir atliré l'attention des divers auteurs qui ont écrit sur les régimes. Je l'ai signalée, il y a cinq ans, dans mon /ygiène du dys- peplique. L'intoxication par les œufs se manifeste par des symptômes analogues à ceux du botulisme, mais limités à l'appareil gastro-intestinal. Je n'ai jamais observé l’action sur le système nerveux central que décrit M. Loisel, peut-êlre parce que les vomissements et la diarrhée empêchent l'absorption d'une quantité suffisante de poison. Peu de personnes sont sensibles à cette intoxication. En général, les œufs sont bien tolérés à dose très élevée. Certains tuberculeux, soumis à la suralimentation, en ingèrent quotidiennement, sans qu il apparaisse des phénomènes toxiques, un grand nombre. Par contre, il est des dys- pepliques qui ne peuvent en ingérer la plus petite quantité sans res- sentir des malaises. Il y a donc ceci de particulier, dans la toxité des œufs, qu'elle ne se manifeste que chez des sujets prédisposés; mais, chez ceux-ci, elle se produit d'une manière constante et pour les moindres doses. L'apparition des symptômes toxiques dépend bien moins de la toxicité plus ou moins variable de l'œuf ingéré que de la sensibilité plus ou moins grande du sujet à l’intoxication. Il faut noter que cette sensi- bilité n'est pas, comme le suppose M. Loisel, une sensibilité générale aux toxines, mais une sensibililé très spéciale à Ia toxine des œufs. Comme les personnes sensibles à l’intoxication par les œufs sont en général des dyspeptiques nerveux, on pourrait penser que l’autosug- gestion joue un rôle dans l'apparition des phénomènes toxiques. Cela me parait incontestable; mais j'ai pu m'assurer que, si la suggestion peut exagérer les symptômes de lintoxication, ceux-ci se produisent très nettement en dehors d'elle. Je les ai constatés plusieurs fois à la suite de l'ingestion de petites quantités d'œuf assez bien dissimulées dans une préparation culinaire complexes pour que le sujet soit resté ignorant de l'expérience qu'on faisait sur lui. Il s'agit, on le voit, d'une action loxique toute spéciale, dont la mani- 5.18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE festation est subordonnée à une prédisposilion particulière et assez exceptionnelle du sujet intoxiqué. L'ovotoxine serait un type de ce que, dans un travail antérieur, j'ai appelé des toxines relatives, parmi lesquelles se rangent la plupart des poisons élaboré dans le tube digestif. Elle serait comparable aux subs- tances qui, dans les fraises, les écrevisses, le poisson de mer, provo- quent des poussées d’urticaire. On sait que vis-à-vis de ces substances il existe des sensibilités individuelles très curieuses. Ne fait pas de l’urticaire qui veut : tel redoute les fraises qui pourra impunément manger des écrevisses, tandis que pour tel autre, la sensibilité sera inverse. La comparaison des œufs avec les substances urticariantes est d'autant plus légitime que, d’après Brocq, le blanc d'œuf serait capable de produire de l’urticaire. ULCÈRE DE L'ESTOMAC ET PANSEMENT AU BISMUTH, CRITIQUE RADIOSCOPIQUE, par MM. G. LEVEN et G. BARRET. Le pansement au sous-nitrate de bismuth est un des traitements classiques de l’ulcère de l'estomac. Fleiner et tous les auteurs qui ont adopté sa méthode recommandent la technique suivante : on introduit par la sonde, après lavage de l’es- tomac, 200 centimètres cubes d’eau tiède tenant en suspension 10 à 20 grammes de sous-nitrate de bismuth. On répartit ce lait de bismuth sur toute la muqueuse en faisant coucher le malade quelques minutes, successivement, sur le ventre, sur le dos et les côtés. Ce traitement de l’ulcère repose donc sur la possibilité d'obtenir l’adhérence du bismuth à une portion ou à la totalité de la paroi gas- trique. La muqueuse imprégnée de bismuth serait moins sensible, d’où diminution des douleurs ; l’ulcère recouvert de bismuth se cicatriserait plus facilement. Nous ne pensons pas que, dans la pratique, ce pansement soit jamais réalisé, quelle que soit la technique adoptée, si longue qu'ait été l’immo- bilisation du malade dans l'attitude la plus favorable pour amener le bismuth au contact de l’ulcère. i Notre opinion s'appuie sur de très nombreuses constatations faites au cours d'examens radioscopiques d’estomacs. Les malades étaient exami- nés après pansement au bismuth, fait en suivant rigoureusement la technique classique. Nous avons toujours vu la masse de bismuth occuper exclusivement le point le plus déclive de la cavité gastrique, sa situation variant avec : À ; éd. scott “me. sde ie (6 < SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 549 l'attitude du malade, aussi bien lorsque l'estomac renferme quelques grammes de liquide que dans les cas où il en contient 50 à 100 grammes ou plus. Un fait important à souligner est le suivant : le bismuth s’accumule toujours sur une surface de très faible étendue, s’entassant si bien que la surface en contact avec le bismuth n'est guère plus considérable avec 10 grammes qu'avec 20 grammes de ce corps. Ces remarques s'adressent aussi bien au lait de bismuth qu'au lait préparé avec de l'huile où de Feau gommée. Cependant, le bismuth se maintient un peu plus longtemps en suspension dans l’eau gommée que dans l’eau pure. Nous avons vérifié sur le chien, dans le laboratoire de M. le professeur Bouchard, ces données fournies par la radioscopie, car on pouvait nous objecter que la couche de bismuth était peut-être trop faible pour for- mer image sur l'écran. Le chien reçut 5 grammes de bismuth et 100 grammes d’eau; il fut mis successivement dans différentes attitudes pour suivre la même technique que chez l’homme et il fut tué quarante-cinq minutes après avoir avalé le lait de bismuth. L'expérimentation a donné les mêmes résultats que la radioscopie. La totalité du bismuth était accumulée au point le plus déclive, corres- pondant à la dernière attitude. Le reste de la muqueuse n’en était pas imprégné. En résumé, le pansement de l’ulcère avec le bismuth ne nous parait pas réalisable pour plusieurs raisons : 1° L'imprégnation totale, même légère, de la muqueuse gastrique n'est pas obtenue, avec la technique classique: 2° La surface de contact du bismuth et de la paroi est trop restreinte, pour que, même dans le cas où le diagnostic exact de l’ulcération esl fait, l’on puisse espérer amener le bismuth au niveau de l’ulcère; 3° En supposant que, par hasard, l'ulcère ait été recouvert par le bismuth, les contractions constantes de l'estomac, même vide, contrac- tions si facilement appréciables à l’examer radioscopique, feront cesser ce contact après un temps très court. Faut-il donc abandonner le pansement au bismuth dont tous les auteurs reconnaissent l'influence heureuse sur les douleurs ? Si nous estimons que l'on peut renoncer à l'emploi des doses massives dont nous croyons avoir démontré l'inulilité, il nous semble cependant que l’on doit conserver l'emploi du bismuth qui, à petites doses, permet de calmer aussi bien les douleurs de l’ulcère que celles des dyspepsies. 550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EMPLOI DE LA TRÉHALASE DANS LA RECHERCHE ET LE DOSAGE DU TRÉHALOSE CHEZ LES VÉGÉTAUX, par M. P. HaRanG. Dans une longue série de recherches, M. Bourquelot (1)a mis en évi- dence la présence générale du tréhalose chez les Champignons. Dans . ses expériences, le tréhalose a été caractérisé et dosé par extraction directe; il est évident qu'on ne saurait pousser plus loin la caractéri- sation du corps cherché qui est ainsi isolé en nature; mais les quantités de tréhalose trouvées par ce mode opératoire représentent nécessaire- ment des rendements inférieurs à la teneur réelle. Il était donc intéres- sant de s'efforcer de trouver une méthode plus rapide qui permit en même temps un dosage exact. Déjà MM. Bourquelot et Hérissey (2) ont fait entrevoir la possibilité d'une méthode biologique calquée sur celles de la recherche du saccharose par l’invertine et des glucosides par l'émulsiue (3). Sur les conseils de M. Bourquelot, j'ai entrepris l’étude. d'une telle méthode, et ce sont les résultats dès maintenant obtenus que je vais exposer. : Tout d’abord, il était nécessaire de se procurer une tréhalase capable # de conserver longtemps son pouvoir hydrolysant. Je me suis adressé à M l'Aspergillus niger. V. Tgh., et, après de nombreux essais, j'ai adopté M le procédé suivant qui m’a permis d'obtenir une poudre très active sur | le tréhalose : On ensemence du liquide de Raulin que l’on porte à l’étuve à 33 degrés; dès l’apparition des premières fructifications, on le retire de l’étuve, on décante le liquide nutritif que l’on remplace cinq ou six fois par de l’eau distillée, puis on laisse jeûner pendant trois jours en ayant soin de remplacer l’eau sous-jacente toutes les vingt-quatre heures. Le Champignon est alors pressé entre deux feuilles de buvard, broyé finement, mis en contact pendant « trois heures avec quatre fois son poids d'alcool à 95 degrés, puis essoré à la trompe, séché à l’étuve à 33 degrés, et pulvérisé. On obtient ainsi une poudre riche en tréhalase, dont 0 gr. 50 peut dédoubler à coup sûr 1 gramme de « tréhalose. Pour rechercher, à l'aide de ce ferment, le tréhalose dans les Champi- gnons, je me suis arrêlé, après quelques opérations préalables, au mode opératoire suivant : ÿ Les Champignons sont, tout de suite après la récolte, découpés et projetés dans leur poids d'alcool à 90 degrés bouillant; on maintient l'ébullition pendant (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, CVIIT, 568, 1889; CXI, 578, 1890: Bull. Soc. mycol. de France, V, VI, VIE, VIII et IX, 1889-1893. ; (2) Sur la tréhalase, sa présence générale dans les Champignons. Bull. Soc. mycol. de France, XXI, p. 54, 1905. (3) Voir Bourquelot, Société de Biologie, 1901, p. 909. SÉANCE DU ® DÉCEMBRE à 551 dix minutes; on laisse refroidir et on exprime ; on traite le résidu par une nouvelle quantité d'alcool. à 80 degrés bouillant, on exprime de nouveau, on réunit les liquides alcooliques et on filtre. Le liquide filtré est distillé sous pression réduite jusqu’à obtention d’un résidu correspondant, en volume, au dixième du poids des Champignons frais. On ajoute quatre volumes d'alcool à 80 degrés : il se forme un précipité qu'on laisse déposer jusqu’au lendemain. Le liquide clair est alors décanté, et le résidu, délayé dans quelques centimètres cubes d’eau, est repris par quatre volumes d'alcool à 80 degrés; on fait bouillir au bain-marie pendant . vingt minutes dans un ballon muni d’un réfrigérant à reflux. On laisse refroidir et déposer, on décante. Les liqueurs claires sont réunies, évaporées à siccité dans le vide, puis reprises par de l’eau thymolée. On s'arrange pour que 100 centimètres cubes de solution thymolée correspondent, par exemple, à 200 grammes de Champignons. C’est sur cette solution qu'on fait agir le ferment. L'action de ce dernier terminée, on examine les pouvoirs rotatoire et réducteur des liquides et l’on vérifie la concordance entre la rotation observée et celle qui résulte des calculs effectués d’après la quantité de sucre réducteur, celui-ci étant considéré comme du glucose provenant du dédoublement du tréhalose. Voici, comme exemple, en détail, un des nombreux essais que j'ai effectués : : 260 grammes de Clitocybe nebularis Batsch ont été traités, trois heures après leur récolte, de la manière ci-dessus indiquée. Les 130 centimètres cubes de liqueur thymolée ont été divisés en deux parts : l’une de 100 centimètres cubes (B) a été additionnée de 1 gramme de poudre d’Aspergillus; l’autre de 30 centimètres cubes (A) à été gardée comme témoin. Dans un troisième flacon (C) on a mis 1 gramme de poudre d’Aspergillus et 100 centimètres cubes d'eau thymolée. Ces trois flacons ont été placés dans une étuve à 33 degrés, le liquide B étant analysé chaque jour. Après 10 jours, l’action du ferment élait terminée. Les résultats obtenus après défécation (100 centimètres cubes étant après défécation amenés à 150 c. c.) étaient les suivants : Liquide A. Déviation de la liqueur déféquée (1—2) . . . .. re Sucre réducteur pour 1450 centimètres cubes. . . gr. 120 Liquide! B. Déviation de la liqueur déféquée (1—2) . . . . . + pas Sucre réducteur pour 150 centimètres cubes. . . 2 gr. 343 Liquide C. Déviation de la liqueur déféquée (CE PEER PET ENS A NN Sucre réducteur pour 150 centimètres cubes, . . 0 gr. 234 On a donc 1 gr. 989 de sucre réducteur provenant du dédoublement d’un sucre qui ne peut être que du tréhalose. En effet, le calcul établit que 4 gr. 989 de glucose (as — 5205) ont une dévialion Leu 1°23'; ils résultent du dédoublement de 1,889 de tréhalose anhydre dont la dés ation élait de 4958" (an — 19793). Si donc nous sommes en présence de tréhalose, la déviation primitive a dû revenir vers la gauche de la différence de ces deux déviations, 'soit 3°35'; on a trouvé 3°36/, soit un écart de O1’. Les Champi- gnons examinés renfermaient bien du tréhalose, et la quantité de ce dernier s'élevait à 9 gr. #43 par kilogramme de Champignons frais. 552 SOCIETE DE BIOLOGIE A ———— D’autres essais ont conduit à des résultats aussi satisfaisants que ceux de l'expérience relatée ci-dessus. Cette méthode nous paraît donc susceptible de conduire sûrement à la recherche et au dosage du tréhalose dans les végétaux. (Travail effectué dans le laboratoire de M. Bourquelot.) SUR LE POUVOIR PATHOGÈNE DE CERTAINS BACILLES ACIDO-RÉSISTANIS. ESSAIS DE MODIFICATIONS PAR LES PASSAGES DANS L'ORGANISME ANIMAL, par MM. A. RoneT et GALAvIELLE (de Montpellier). Nos expériences ont été faites avec le bacille de la phléole ou « Timo- thée-bacillus » de Mæller. Nous l'avons injecté à des cobayes, à des la- pins, à des sujets d'espèce bovine et caprine. À.— Expériences sur le cobaye et le lapin. — Injectées dans les veines du cobaye et du lapin, les cultures de ce bacille, sans autre artifice, déterminent très régulièrement des lésions viscérales. Dès les premiers jours, l'animal est malade, il perd du poids. Si la dose est suffisante, il meurt; nous avons eu des morts de six à dix-neuf jours après l’injec- tion. Ou bien, après une maladie passagère, l’animal se rétablit. Chez les sujets morts ou sacrifiés dans les délais ci-dessus, très régu- lièrement on trouve des lésions viscérales. L’organe le plus constam- ment envahi et le plus gravement atteint est le rein, qui renferme en nombre plus ou moins considérable, des nodules tuberculiformes ré- partis dans les substances corticale et médullaire. Le foie et le poumon peuvent aussi présenter des lésions ; plus encore que dans le rein, elles sont ici semblables à des formations tubercu- leuses au début. Dans le poumon particulièrement, ce sont des granu- lations, le plus souvent extrêmement petites, pouvant cependant attein- dre jusqu’à un millimètre environ, demi-transparentes, simulant absolu- ment le premier stade des granulations grises dues au bacille de Koch. L'examen microscopique (coloration au Ziehl) et la culture montrent que le bacille est présent et vivant dans ces lésions. Lorsque les animaux survivent, les lésions ne s’accroissent pas. Les nodules tuberculiformes, loin de se développer davantage et de se mul- tiplier, régressent. Chez des sujets sacrifiés de deux à quatre mois après l'injection, nous avons constaté dans les reins des dépressions cicatri- cielles de la surface, très vraisemblablement au niveau d'anciens no- dules; en d’autres points, si le temps écoulé depuis l'injection n’est pas trop long, et surtout à la coupe de l'organe, de petits territoires grisätres représentant un stade moins avancé de réparation. Les pou- “ds matin où étions bete pt PT EE. à SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 553 mons sont alors sains ou ne présentent que de rares petits Lerritoires de rétraction cicatricielle, sans doute au niveau des anciennes lésions les plus volumineuses. D'après un petit nombre d'essais sur le lapin, les lésions sont du même ordre que chez le cobaye, également très précoces; chez un sujet sacrifié au bout de six jours, le poumon présentait des granulations, le rein était sain. En injectant le bacille sous la peau, nous avons obtenu, comme bien d’autres, des abcès. Ceux-ci ne prennent jamais un grand développe- ment; ils s'ouvrent, se vident et se réparent. Dans le stade d’accroisse- ment de cette lésion locale, les animaux sont malades, maigrissent. La lésion locale peut même être suivie de généralisation. B. — Bovidés. — Nous avons expérimenté sur trois sujets. Soumis préalablement à l'épreuve de la tuberculine, aucun n'avait réagi. Les injections sous-cutanées déterminent une lésion locale : c’est un placard d’induration dû à une infiltration qui, livrée à elle-même, peut suppurer,mais tend néanmoins à la résolution. Nous n'avons pas observé d'extension aux lymphatiques voisins. Nous avons fait à une génisse des injections intra-veineuses réitérées. La première injection détermina immédiatement de la toux, et les jours suivants de l’hyperthermie (jusqu'à 41,5). La deuxième injection, quatre jours après la première, n'éleva guère la température; il y eul de la diarrhée. Les injections ultérieures, à intervalles plus longs, furent bien supportées. Éprouvée par la tuberculine après la troisième injection, la bête ne réagit pas. Nous avons conservé l'animal. Un second sujet reçut les bacilles dans la cavité péritonéale. Il pré- senta, pendant plusieurs jours, un état fébrile intense, la température s’éleva jusqu'à 4,4; l'animal était abattu, ne mangeait pas. Cependant, la plaie était en bon état; il n’y avait aucune trace d'infection banale, pas de lymphangite; les ganglions de la région n'étaient pas luméfiés ; l'abdomen n'était ni tympanisé, ni sensible à la pression. Les troubles morbides devaient être indubitablement attribués à la culture intro- duite. La température revenue à la normale, le sujet ne présenta plus de troubles morbides notables; cependant, tout en augmentant de poids, il resta maigre. On le sacrifia deux mois après l'opération. Le sac fut retrouvé ouvert, mais entouré d’une épaisse coque fibreuse, et renfermant encore des bacilles vivants. Dans son voisinage, se trouvait un ganglion hypertrophié, d'aspect tuberculeux à la coupe. Plusieurs autres ganglions abdominaux et thoraciques étaient hypertrophiés, un peu plus durs qu'à l’état normal, sans lésions manifestes. Dans l’épais- .seur de la coque fibreuse se voyaient des nodules grisätres ayant tout -à fait l'aspect de pelits tubercules. Des cultures faites avec les gan- - glions furent stériles. Un autre sujet de l'espèce bovine reçut des bacilles en ingestion avec 551 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ses aliments, presque quotidiennement et en grande quantité, pendant plusieurs semaines. En fait de troubles morbides, on ne nota que l& présence de mucosités sanguinolentes en petite quantité dans les dé- jections. Le poids s’accrut régalièrement. Deux épreuves à la tubercu- line furent négatives. Chez l'animal sacrifié, nous avons constaté des lésions intestinales et ganglionnaires. Sur une longueur de 20 centi= mètres environ, la muqueuse de l'intestin grêle présentait un état in- flammaloire avec piqueté hémorragique; sur les confins de cetle région faisaient saillie plusieurs nodules grisàtres. Dans le mésentère de ces même territoire, un ganglion était congestionné, avec des extravasions sanguines et des parties opaques simulant tout à fait une altéralion luberculeuse. Deux autres ganglions abdominaux présentaient des altés rations analogues. É les veines. La première injection a déterminé une fièvre très modérée et passagère. La deuxième injection, pratiquée trois jours après la pre= mière, a provoqué des accidents immédiats (dyspnée, abattement), pen“ dant quelques minutes ; les jours suivants, état fébrile intense (41°8). La troisième injection, sept jours après la précédente, produisit des trous bles immédiats du même ordre et de l’hyperthermie les jours suivants À mais d’une façon moins intense. La quatrième injection, sept jours plus ï lard, fut beaucoup mieux tolérée. ; Conclusions. — Le bacille de la phléole ou « Timothée-bacillus » del Mæœller est très nettement doué d'un pouvoir pathogène. Introduit dans« l'organisme à l’état de culture pure, surtout par injections intra- vei= neuses, il est susceptible de déterminer des lésions viscérales qui pré=« sentent des analogies manifestes avec les lésions tuberculeuses. É Notre objectif principal, en entreprenant ces expériences, était la re. cherche des modifications que pouvait subir le bacille par suite des“ passages dans l'organisme animal, et comme conséquence méme de l'exercice de son pouvoir pathogène. Nous avons donc cultivé les bacilles« retirés de nos sujets d'expérience, et les avons inoculés en série. ; Soit par le séjour dans l'organisme du veau, soit par une série de. passages (jusqu’à six) dans l'organisme du cobaye (avec cultures inter calaires), nous n’avons pas réussi jusqu'ici à imprimer à ce bacille des. 4 modifications tendant à le rapprocher davantage du bacille de Koch, nix en ce qui concerne les caractères des cultures, ni au point de vue 4 pouvoir pathogène. Il serait néanmoins prématuré de conclure de nos expériences que la transformation n’est pas possible. Il y a lieu de varier ies conditions des passages ; et, plus que jamais, d’après les effets pathogènes que nous avons observés, nous croyons qu'il est indiqué de poursuivre des essais dans cetle voie. À De Li SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE © © QUELQUES FAITS RELATIFS A LA VIRULENCE DU BACILLE D-EBERTH. EXSUDATS DE PASSAGES ET BACILLES DE PASSAGES, par MM. A. Roper et LaGrirrour (de Montpellier). Maintes fois, pour rehausser la virulence des bacilles d’Eberth employés dans nos expériences, nous avons eu recours à la méthode des passages. Pour ne parler que des passages dans le péritoine du cobaye, c'est en faisant des « passages directs », c'est-à-dire en injectant direc- tement à un nouveau sujet l’exsudat du sujet antécédent que nous obte- nons les meilleurs résultats. En opérant ainsi, on voit graduellement s'élever le pouvoir infectant des exsudats successifs; par exemple, tandis qu'au début d’une série: il faut 1 centimètre cube ou même 1 c. c. à d'exsudat péritonéal pour tuer un cobaye, après un nombre de passages variable, parfois très petit, la dose mortelle tombe à 1/10, 1/20, 1/60, quelquefois 1/80 de centimètre cube. A première vue, on pourrait croire avoir réalisé une très grande exaltation mesurée précisément par l’abais- sement de la dose mortelle; il n’en est pas ainsi. Avec ces exsudats de passages, faisons des cultures en bouillon. Com- parées à des cultures du même bacille entretenu simplement en bouillon, ces cultures de « bacilles de passages » sont plus actives; leur dose mortelle minima est plus faible, mais elle est loin d’être aussi faible que - celle des exsudats d’où elles proviennent : par exemple, étant donné un exsudat dont la dose mortelle minima est cinquante fois plus faible que celle de l’exsudat du premier passage, la culture qui en proviendra sera seulement quatre à six fois plus active que la culture du bacille originel. Le pouvoir infectant des cultures faites avec les exsudats de passages directs ne s’accroit donc pas parallèlement à celui des exsudats eux- mêmes, il s'accroît beaucoup moins rapidement et d’une façon non pro- portionnelle. Donc, les passages directs ne fournissent pas, en cultures, . des bacilles aussi exaltés que le fait espérer l’épreuve directe des exsu- dats. Toutefois, la culture prouve que l'accroissement du pouvoir infec- tant des exsudats de passages est vraiment dû pour une part à l’exal- tation des bacilles. Si nous comparons l’exsudat péritonéal d’un cobaye tué par un bacille - de passages avec celui d’un sujet qui a succombé à l'injection, à dose suffisante, d’un bacille très peu virulent, nous constatons qu'ils diffèrent par plus d'un point. Dans les deux cas, l'exsudat plus ou moins abon- dant est trouble, et l'on observe des amas leucocytaires en flocons libres dans la séreuse et unis à une trame fibrineuse, en pseudo-membranes adhérentes à l'épiploon, au foie, à la rate. Mais, dans le premier cas .(exsudat de passages), le liquide, plus fluide, montre au microscope * presque exclusivement des bacilles libres, en nombre prodigieux, tandis 556 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que, dans l’autre cas, avec des leucocyles nombreux, les bacilles libres. peuvent être rares, tous ou presque tous se voyant dans l’intérieur des phagocytes. Le mécanisme de la mort dans les deux cas n’est donc pas le même : avec les bacilles de passages (injectés sous la forme d’exsudat ou sous la forme de culture), l'infection est caractérisée par une pullu= lation abondante avec réaction phagocytaire réduite et avortée; avec less bacilles peu virulents donnés à dose suffisante, la mort se produit avec et malgré une grande activité phagocytaire supprimant ou limitant con= sidérablement la pullulation bacillaire. On comprend que des exsudats si différents, injectés eux-mêmes à de nouveaux sujets, ne doivent pas leur pouvoir infectant exclusivement à la qualité des bacilles qu’ils ren= ferment ; à la virulence des bacilles se joint certainement une influence considérable du nombre des bacilles libres; on peut se demander s'ilne s’y Joint pas aussi une influence de la qualité du liquide dans lequel ils baignent et qui pourrait jouer un rôle dans l'infection du sujet auquel on l’injecte. Du côté des cultures des bacilles de passages, l'influence du nombres des bacilles intervient aussi, mais en sens inverse. Tout d’abord, ces cultures sont moins riches que les exsudats qui leur ont fourni la semence; et il nous paraît que leur richesse peut être dans le même rapport que leur pouvoir infectant, ou dans un rapport lrès voisin, c'est-à-dire que, si un exsudat est mortel à dose dix fois moindre que la culture correspondante, il peut être aussi dix fois plus riche. Le nombre des bacilles n’est peut-être pas la cause unique de la diffé= rence dans le pouvoir infectant des exsudats et des cultures correspon- dantes ; il en est certainement la cause principale. | Les cultures de bacilles de passages sont souvent moins riches aussi que les cultures similaires du bacille n’ayant jamais fait de passages par le cobaye ou n’en ayant pas fait depuis longtemps. Ce caractère ne s'observe pas seulement dans une culture primaire, ensemencée avec un exsudat, mais aussi dans les cultures-filles qui en proviennent. Hi tient donc à une qualité particulière des bacilles qui arrêtent plus tôt leur pullulation, par suite d'une moindre végétabilité ou par suite de la nature différente des produits qu'ils élaborent. Ce caractère est variable suivant les échantillons bacillaires : une de nos races de bacilles d'Eberth« nous a donné des bacilles de passages dont les cultures en bouillon étaient très pauvres et qui poussaient si mal en gélatine que les boites de Petri ne fournissaient que des colonies imperceptibles; il y avait dans ce cas nettement opposition entre la virulence et la végétabilité: Voilà done une condition qui influence le pouvoir infectant des cultures de passages en sens inverse de celle qui concerne les exsudats; tandis que l'accroissement du pouvoir infectant des exsudats successifs est plus grand que n’est l’exaltation des bacilles, inversement l’aceroisse ment du pouvoir infectant des cultures correspondantes est souvent PART OU TT Mes 0 SR TS Veste + Fe SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 557 moindre que n’est l’exaltation (à un degré divers suivant les échantil- lons bacillaires). On pourrait supposer l'intervention d’un autre phénomène. On pour- rait penser que les bacilles exaltés des exsudats, portés dans le bouillon, y subissent, dès la première culture, une perte de virulence, un déficit dans leur exaltation. Il est certain que le changement de milieu doit leur être défavorable, étant donné que, dans une suite de cultures en bouillon, il se produit, quoi qu'on fasse, une atténuation graduelle; mais rien ne prouve que l'influence atténuante soit particulièrement marquée dès le premier passage en bouillon. Si, pour effectuer les passages, on injecte non plus l’exsudat lui- même, mais la culture en bouillon de l’exsudat du cobaye précédent, si en d’autres termes on emploie la méthode des passages avec cullures intercalaires, il peut arriver qu'une culture d’un terme de la série ne soit pas plus infectante, le soit même moins, que celle du passage pré- - cédent, et cela conformément à ce qui vient d’être dit, par suite d’une moindre richesse. En présence de ce phénomène, on pourrait douter de l'influence exaltante des passages. En tout cas, ce peut être un écueil dans l'emploi de cette méthode; l’exallation est plus facilement, plus sûrement, en même temps que beaucoup plus vite, obtenue par les pas- sages directs. Lorsque, par une série de passages directs, on a déjà réalisé une cer- laine exaltation, lorsque par exemple la dose mortelle de l’exsudat est tombée à 1/20, 1/10 ou même seulement à 1/5 de centimètre cube, un nouvel accroissement du pouvoir infectant devient plus difficile, plus incertain qu'au début des passages; la moindre réduction de la dose injectée peut laisser survivre l'animal. Le Lerme qu’on ne peut dépasser nous parait d’ailleurs variable suivant les échantillons bacillaires et dépendant de la qualité propre des bacilles, plus ou moins aptes à s’exalter; un bacille récemment retiré de l'organisme humain se prête particulièrement à l’exaltation, tandis qu’on à plus de peine à l’obtenir avec des bacilles depuis longtemps entretenus en cultures. Conclusion$. — Pour l’exaltation du bacille d'Eberth par la méthode des passages, les « passages directs », utilisant comme matière infec- tante les exsudats péritonéaux eux-mêmes, constituent la méthode de choix. L'exaltation vraie du bacille n’est pas proportionnelle à l’accrois- sement du pouvoir: infectant des exsudats. L’exaltalion coïncide avec - une élévation de la richesse des exsudats en bacilles libres et avec une . réduction de la réaction phagocytaire. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE O4 Cr CO LA VITESSE DU COURANT MOTEUR DU CŒUR, par M. A.-J. CARLSON. D'après plusieurs auteurs, et en particulier Engelmann, l'impulsion motrice se propage trop lentement à travers le cœur pour qu'elle puisse suivre les voies nerveuses. La lente conductivité du cœur est un ar-. gument en faveur de la théorie myogénique. Mais cette opinion repose sur une erreur, à savoir que les voies nerveuses d’un même animal conduisent les impulsions motrices avec une rapidité pratiquement identique. J’ai montré qu'il n’en est pas ainsi, même pour les nerfs moteurs des muscles slriés. Au contraire, la vitesse de la conductivité d'un nerf se trouve en rapport direct avec la rapidité de contraction du. muscle qu’il innerve. La vitesse de l’onde motrice à travers les nerfs intrinsèques du cœur des Vertébrés n’a pas encore été déterminée. Dans le cœur de Limulus, elle peut être mesurée par la méthode graphique ordinaire. J'ai montré que, chez cet animal, le rythme est neurogénique et non myogénique, et que la conductivité et la coordination sont l’œuvre du tissu nerveux et non du tissu musculaire. J’ai mesuré aussi la vitesse de propagation de l'onde motrice à travers les nerfs intrinsèques du cœur de cet animal et trouvé qu'elle est de 40 centimètres par seconde. Cette vitesse est dans les nerfs moteurs des membres de 325 à 350 centimètres par se- conde, c'est-à-dire que le courant moteur passe huit à dix fois plus len- tement à travers les plexus nerveux du cœur qu'à travers les nerfs des muscles périphériques. (The Hull Physiological Laboratory, University of Chicago.) OBSERVATIONS AU SUJET DES RECHERCHES DE G. KLEBS ET DE L. BLARINGHEM, par M. J. LAURENT (de Reims). Dans les deux intéressantes communications qu’il a faites récemment à la Société de Biologie (1), Blaringhem attribue aux traumatismes une influence prépondérante dans les varialions provoquées expérimentale-M ment par Klebs chez Sempervivum Funki, alors que ce dernier auteur en recherche la cause dans « l’ensemble des facteurs combinés : subs- tratum, lumière, sections, etc. » qu'il fait varier tour à tour. (1) Séance du 18 novembre 1905. EDR RP I EEE RO POINT er Ce PUS SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 559 J'insiste dans un travail récent (1) sur ce prineipe trop souvent mé- connu dans les recherches d'anatomie expérimentale que les facteurs externes capables de modifier la forme ou la structure du végétal n'agissent pas par eux-mêmes; ls n’interviennent que dans la mesure où ils modifient le milieu intérieur de la plante. Si donc il était possible de montrer que dans les expériences des deux auteurs précités le milieu intérieur varie dans le même sens, il serait facile de concilier l'opinion de Klebs avec celle de Blaringhem. Or, le milieu intérieur peut être modifié : 1° dans ses caractères phy- _siques par des changements de pression osmotique;2° dans sa compo- sition chimique, et j'ai montré antérieurement (2) quelle peut être l’in- fluence de la pression osmotique sur la structure, comme j'ai mis en évidence le rôle de la nature spécifique de certaines substances chi- -miques. Si mes recherches ont porté uniquement sur les caractères ‘anatomiques de la tige et de la racine, il ne me semble guère douteux que les mêmes facteurs n’interviennent également pour déterminer des “anomalies florales chez certaines espèces, à la condition tout au moins de soumettre la plante à des variations suffisamment étendues. - Or, dans les expériences de Blaringhem, les traumatismes détermi- “nent nécessairement un plus grand apport de sève dans les bourgeons -ou les rameaux situés au-dessous de la section; cet apport plus consi- dérable d'eau augmente tout d’abord la turgescence, puis, par les sels - minéraux que la sève tient en dissolution, la fonction chlorophyllienne - se trouve activée. Je montre en effet, en m'appuyant sur les résultats - obtenus par les agronomes dans l'emploi des engrais chimiques, que “les nitrates, les phosphates, les sels de potassium, en général les sels “ minéraux utiles à la plante activent la fonction chlorophyllienne et “par suite la production de matière organique. — On peut donc dire que par la section de la tige principale Blaringhem “détermine, chez la plante soumise aux expériences, des troubles osmo- “tiques d'autant plus intenses que les mutilations sont plus violentes; et les résultats expérimentaux que j'ai obtenus dans mes cultures sur so- utions concentrées (cloisonnement du péricycle et du conjonctif du “cylindre central) autorisent à penser que ces troubles osmotiques peu-- “vent êlre considérés comme la cause véritable des anomalies observées. —. De même les variations de l’éclairement dans les expériences de lebs retentissent directement sur les échanges gazeux et par suite sur l'élaboration des hydrates de carbone, et Stange a montré par exemple “qué la pression osmotique interne est moindre chez les plantes éliolées que chez les plantes vertes; d'autre part, d’après la remarque faite plus (4) J. Laurent. Les facteurs de la structure chez les végétaux. Reims, 1905, - (2) J. Laurent. Recherches sur la nutrition carbonée des plantes vertes à laide de matières organiques. Thèse de Paris, 1903. Biozoaie. Compres RENDUS. — 1905. T, LIX. #0 560 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE haut, une alimentation plus ou moins abondante en sels minéraux dé- termine une production plus ou moins grande de composés carbonés; d'une manière générale, la plupart des facteurs externes vont réagir sur les échanges gazeux et sur la pression osmotique interne, de telle sorte que Klebs arrive, comme Blaringhem, à modifier la plante en détermi- nant des changements osmotiques. Mais les procédés de taille et de pincement appliqués à la Vigne et aux arbres fruitiers en améliorant la qualité des fruits indiquent suffi- samment que les mutilations permettent, plus facilement que les chan- gements dans l’éclairement ou dans l’alimentation, de déterminer un accroissement osmotique; et cette remarque suffit à faire ressortir l’in- térêt des recherches de Blaringhem qui seraient très heureusement complétées par la détermination de la pression osmotique interne à l’aide de la cryoscopie ou des essàis de plasmolyse. | Enfin, si les considérations précédentes sont justifiées, on peut pres- sentir que la transformation des carpelles en étamines, chez le Maïs ou les Sempervivum, autrement dit le déterminisme du sexe, se trouve peut être sous la dépendance directe de la pression osmotique; et il serait facile de s’en assurer par des mesures cryoscopiques pratiquées chez les es- pèces dioïques au moment même où les organes floraux vont se différen- cie”. D'ailleurs la concentration osmotique pour une plante donnée ne dépend pas seulement des conditions extérieures; elle est encore fonc- tion des caractères osmoliques de la graine ensemencée, et c'est vrai-M semblablement pour avoir négligé ces derniers que les divers expéri-« mentateurs (Mechan, Molliard, etc.) qui ont tenté de déterminer le sexe par les variations de l’éclairement ou de l'alimentation n’ont obtenu que des résultats incomplets. On comprendrait ainsi comment, dans certains cas, le sexe peut paraître déjà fixé dans la graine, alors que dans d’autres cas il semble sous la dépendance des conditions de mi-« lieu. DEUXIÈME NOTE SUR L'INFLUENCE DE L' ORIENTATION SUR L'ACTIVITÉ. (OBSERVATIONS SUR L'OBSCURITÉ ET SUR LE RYTHME.) par M. Ch. FÉRÉ. 1 J'ai rapporté quelques expériences relatives à l'influence de l’orien- | c : c ; Ent 1 tation sur le travail (1) qui m'ont laissé assez de scrupules pour les | répéter et les varier. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 190%, t. LXII, p. 244. CR SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 561 J'ai repris l’'expérimentation d’abord avec la main gauche qui avait été moins exercée. Toutes les expériences se font à la même heure à quelques minutes près; on se sert toujours de l’ergographe de Mosso et on travaille avec le poids de 3 kilogrammes, soulevé chaque seconde jusqu’à l'incapacité absolue. On répète l'effort vingt fois avec des inter- valles de repos de une minute. Le tableau I résume les expériences du médius gauche dont le tra- vail est exprimé en kilogrammètres. On retrouve des résultats analogues aux anciens, obtenus un an plus tôt. Dans les expériences de l’année dernière la main gauche ne fournis- sant que 10 ergogrammes réalisait les proportions : ouest — 100: est — 92,82; nord — À8,10:et Sud — 25:92: I. — Travail du médius gauche en kilogrammètres, suivant l'orientation. ERGO- ExepP.I Exe.Il ExP.III Exe.IV Exe. V Exp.VI Exp.VII Exp.VIlIl GRAMMES Sud. Sud-est. Est. Nord-est. Nord. Nord-ouest. Ouest. Sud-ouest. BE SAS D TOP D: 00 NE 208 40 0e 6 30800 15 D 018 1,53 I EME A VON EU ARTE 1,65 1,59 LAO 91 1,68 1,41 1,38 1,26 1 4 1,59 1,56 " 0,84 41,62 1,35 1,62 4,4% 1,02 1559 1732 5 0,66 1,32 1,47 1,20 1,20 1,59 1,44 1,44 HA D 6200-90 1 24,26 2 1:90 21,08 710 LA 680: 127 1,41 4 OPEN RT EAAE aLEB NE 0 Jr) 1 APP ar NTM D UD SC 1-08) DA 600 A 08 A 22 AL DU UT DUO 280 0,5 ALAN 1,080,ÈL 1,20 LE 1,098 0 0, 7810 1 O8 HI 4 88 10025 à 1048 1,41 LT 08 RE 081 ANR OS Re OO CT SOUS (0 06e 0:90! L® 423 1,41 1,20 RO UE TA PAUL CL ORNE 0.84 01e AN NOO Se ON AU D D AU Le ANT 1 600 0106 1,66 1,74 1,47 PDT ND 6 TE OUR D'ONENO STE 104 te ET 1,35 SO SO 6 MN GS EE Fo 0504000100 1144 807." AUS 1,35 167048 76 0330 4180 100,90 20:84 1,59 1,65 0,96 A TL DL 910436 1583 200 0,93 1 20569 ur dla! 145687 10,72 1800 A2401100:27 1:62, 120,96: 11::0,93 Lo4 4 1,41 0,81 19: 0,12 0,2% |. 4,59 1,08 0,36 0e 530 20:78 20 0,12 C,24 1,68 0,84 0,33 1599 1,32 0,87 Travail total : 40,68 16,44 33,69,, 28,38: 23,04 32,20. 36,72. 26,18 Dans une autre série d’éxpériences, on travaillait avec le médius droit de la même manière que précédemment, mais les yeux clos pendant kilogrammètres. 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE II. — Travail du médius droit en kilogrammètres suivant l'orientation les yeux clos. ERGO- HExp.l Exe.Il Exe.IIl Exp.IV Exp. V Exp. VI Exe.VII Exe.VLlIl GRAMMES Sud. sud-est. Est. Nord-esl. Nord. Nord-ouest. Ouest. Sud-ouest. 1 4,95 1,62 8,25 8,43 7,68 9,60 8,55 3,36 2 2,70 3,18 5190 3,60 2,82 3,18 3,45 2,91 3 2,34 4,02 So 4,80 3,48 Do 2198 3,18 4 1,56 3,54 4,38 k,23 4,56 br 4,08 2,82 5 4,14 2,34 4,41 3,00 4,14 1,20 3,96 255 6 0,96 1,83 3,36 1,20 3,39 2,6% 3,84 SLA HO DIS 1,92 : 3,30 186.0 30780 D'OR 1,14 8 0,51 1,44 3,45 3,93 2,43 2,10 3,30. 1,08 9 0,66 O7 3,12 3,60 2,10 2,10 2292 lil 10 0,51 D:2D 2,34 252 1,59 3,5% 4,20 1,23 11 0,81 1,44 2,07 1,86 1,62 2,34 4,02 1,35 12 0,57 1,78 2,58 3,04 1558 2,13 3,00 0,96 13 0,33 2,31 4547 2,01 1,44 1,4% 252 0,63 14 . 0,15 1,56 1,77 3,18 084 19,04 oo 15 0,24 1,65 1,89 1,92 0,39 1,32 2,43 0,66 16 0,33 1,71 1,62 1,02 0,27 1,44 3,15 0,42 17 0,66 0,81 2,34 1,05 0,30 1,38 DA 0,69 18 0,63 1,08 1,17 1002 A D SD D IE 1,11 0,51 - 19 0,12 0,33 1,95 0,75 0,18 0,57 0,63 0,45 20 0,18 0,30 1,95 0,42 1,14 0,90 1:53 ),39 Travail total : 19,98 43,78 98,86 53,94 43,95 45,78 62,68 30,42 Dans cette série d'expériences on remarque que l'influence de la pri- vation de lumière se manifeste par la diminution du travail initial qui n arrive qu'une seule fois à la normale (9,60), et par son irrégularité de la décroissance : on peut l’attribuer à la fréquence du bâillement(1). Cependant les résultats sont assez conformes en général aux précédents : c'est-à-dire que le travail vers le sud est plus faible, le travail vers le nord est plus grand, et que l’activité est encore plus intense vers l’est ou vers l'ouest surtout. Dans l'obscurité le travail au sud-ouest a nota- blement changé de valeur relativement à celui des autres orientations intermédiaires : si le travail à l'ouest — 100, le travail à l’est — 93,90, tandis que le travail au nord n’est que de 70,08 et au sud de 32,19. Dans les expériences de l’année précédente, la main droite, travaillant au grand jour, donnait une proportion de travail un peu différente : ouest = 100; est — 90,76; nord — 57,80; et sud — 56,85. (1) Note sur le bâillement, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1905, ; LAVE pe 4e B ST CT A VE rh Ph MEN Arr EE \ SÉANCE DU ® DÉCEMBRE 563 L'influence de la lumière qui s'est montrée assez nettement dans ces expériences m'a invité à rechercher l'effet sur l'activité volontaire. de …— l'éclipse partielle. J'ai travaillé le 28 août, après un repos lotal de - près de quatre heures, dans les conditions ordinaires avec le médius - droit soulevant le poids de 3 kilos chaque seconde; et après un repos de . dix-huit minutes que nous avons vu depuis plusieurs mois suffire à » procurer la capacité de travail après le repos de la nuit, j'ai fait un deuxième ergogramme normal. C'est la même expérience qui a été faite le 30 août, le jour de l’éclipse de soleil, à la même heure. Voici les chiffres relatifs aux deux expériences (orientation à l’est). D. »* HAUTEUR NOMBRE HAUTEUR CREER DATES t total S- otale des moyenne lo en mètres soulèvements en centimètres Éd grammètres 28 (1°" ergogram.) 3,18 60 5,30 9,5% — (2° ergogram. 3,24 61 5,26 9,63 D ? ) , 30 (1°" ergogram.) 3,241 63 5,09 9,63 n_ — (2° ergogram.) 3,20 60 5,33 9,60 La différence de travail est insiguifiante. Depuis celte époque j'ai fait une autre série d'expériences consliluées. par un travail exécuté à l'ergographe avec le même poids, mais avee un rythme lent à chaque dixième de seconde, avec des orientations diffé- rentes (médius droit). NOMBRE HAUTEUR TRAVAIL : . HAUTEUR ë PROPORTION Re PRRTeR fétale des GE moyenne total + ace à nee soulève- en en kilo- traail à ments centimètres grammètres < 7 4 Ouest. 33,04 520 86407 6,35 99,12 100 » 2 Est. 32,75 500 8320" 6,55 98,25 99,12 3 Sud. 23,85 490 ‘T0’: 5,67 71,55 12,18 4 Nord. 23,21 318 63/ 6,14 69,63 10,24 Ces ergogrammes, par leur régularité, donnent la confirmation d’ex- périences précédentes (1) qui montrent qu’en général, comme avec des poids légers, la fatigue lentement acquise se manifeste brusquement. Dans tous les quatre, quelle que soit l'orientation, les soulèvements conservent leur hauteur presque jusqu’à la fin : Celui de l'ouest s’est terminé par des dscillations qui ont duré 5 minutes 50 secondes; ceux des autres orientalions se sont abaissés sans oscillalions, plus brus- quement, celui de l’est en 2 minutes 10 secondes, celui du sud en 4 mi- nutes, celui du nord en 1 minute 10 secondes seulement. Ces dernières expériences ne concordent pas complètement avec les (4) Quelques illusions de repos dans le travail. ergographique (Comptes . rendus de la Société de Biologie, 1905, t. LIX, p. 286). 564 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE précédentes; elles montrent pourtant que l'orientation nord-sud est moins favorable au travail. Il ne s’agit que d’une observation. indivi- duelle, je ne peux tirer d'autre conclusion générale que dans des expé- riences comparatives ; il faut autant que possible ne changer aucune disposition, si négligeable en apparence qu’elle paraisse. L'ÉCLAIREMENT DES YEUX ET LES MOUVEMENTS ROTATOIRES, par M. GEORGES Bonn. Les mouvements rotatoires présentés par les animaux inférieurs (an- nélides, gastéropodes, crustacés, insectes) ont très souvent leur point de départ dans l’éclairement de la surface des yeux. Certaines rotations semblent résulter d’un inégal éclairement des deux yeux, comme je l’ai montré dans ma note sur les mouvements rotatoires d’origine oculaire (Comptes rendus Société de Biologie, 15 avril 1905, p. 714), complétant les observations de Bethe, Holmes, Axenfeld et Rädi. C'est par des mouvements de cette origine que j'ai tenté d'expli- quer l'orientation des animaux qui rampent (annélides, gastéropodes) par rapport aux écrans noirs et blancs (Comptes rendus Société de Bio- logie, 22 octobre 1904, p. 297). Mais si les mouvements de manège qui s'accomplissent vis-à-vis des sur fa- ces d'ombre et de lumière pendant la reptation des annélides et des mollus- ques sont en relation avec un inégal éclairement des deux yeux, il ne paraît pas en être de même pour les rotations qui ont lieu pendant la natation des crustacés. Voici en particulier quelques faits que j'ai observés sur les larves de homard. Une larve nage suivant la direction du champ lumineux, p. c. le dos en haut, et dans le sens négatif; dans ces conditions, le dos est tourné vers une vaste surface de lumière Se, la surface de l’eau éclairée par le ciel, et la tête fait face à des surfaces d'ombre étendues So, celles des rochers par exemple. Tout est symétrique par rapport au plan sagittal, et les deux yeux présentent sensiblement le même éclairement, mais cet éclairement n’est pas uniforme dans toute l’étendue de la surface d’un. œil : au point le plus élevé, s, qui est situé vis-à-vis d’une surface éclairée Se, se trouve une tache de lumière; au point le plus antérieur, a, qui est dirigé vers des surfaces sombres So, se trouve une tache d'ombre. Lorsqu'il y a des oscillations, ces taches se déplacent à la surface de l'œil, mais, une fois que l'équilibre est rétabli, elles reviennent en s et en a; s et « sont comme des points de repère dans le mou- vement de rotation qui est la résultante de deux mouvements : un mou- Of © O6 SÉANCE DU ® DÉCEMBRE vement ascensionnel qui rapproche le dos de la surface éclairée Se, et un mouvement de propulsion en avant qui rapproche la tête de la sur- face sombre, So. Or, si, dans ces conditions, on approche par en-dessus un écran noir parallèle à l’axe du corps, on ne trouble pas sensiblement la symétrie de l’éclairement des deux yeux, mais on supprime les taches de lumière en s. Malgré cela, en général le corps effectue un roulement de 180 degrés sur lui-même, le dos venant se placer à l'opposé de l'écran. Pour prouver que le mouvement n’est pas provoqué par une inégalité des éclairements des deux yeux peu appréciable, il suffit de faire remarquer que, quand on approche l'écran par le côté, bien que l'éclai- rement d'un des deux yeux diminue d’une façon notable, le roulement n'est plus en général que de 90 degrés. Si la cause de la rotation était l'inégal éclairement des deux yeux, la rotation serait au contraire plus prononcée dans le second cas que dans le premier. On obtient des résultats analogues quand, approchant par l'arrière un écran noir perpendiculaire à l’axe du corps, on provoque d’autres rotations. Les rotations des larves de homard sous l'influence d'écrans noirs ne peuvent étre expliquées par un inéqal éclairement des deux yeux ; une rotation peut commencer lorsque les deux yeux sont également éclairés ; une rotation peut s'arrêter les deux yeux étant inégalement éclairés. Dans quelle condition s'effectue donc l'arrêt de la rotation? Précisé- ment quand s est à l'opposé de l'écran, c’est-à-dire vis-à-vis de la lumière, quand a est vis-à-vis de l'écran, c’est-à-dire vis-à-vis de l’ombre. Ce seraient donc bien là des repères. Chez les divers crustacés, les points de repère peuvent être différents : cela dépend du genre de vie, par suite des espèces et des périodes du développement. Beaucoup de crabes littoraux se placent dans les fentes des rochers, sous les pierres... le dos contre une paroi obscure, les yeux dirigés vers la lumière; sur l'œil, en 4, se trouve par conséquent une tache de lumière. Or, il suffit de placer une surface noire devant les yeux, pour provoquer une rotation en rayon de cercle de 180 degrés, amenant les yeux à l’opposé de cette surface noire; souvent, d'ailleurs, la rotation se fait en plusieurs temps. À la suite de nombreuses recherches, en partie encore inédites, je suis arrivé à cette conclusion que très fréquemment les arthropodes s'orientent par rapport à la distribution topographique des taches d'ombre et de lumière à la surface de leurs yeux. Plus la surface de l'œil est étendue et immobile, plus les rotations s'accomplissent avec rapidité et sureté; les lygies sont remarquables à cet égard. Déjà Axenfeld avait obtenu des rotations en noircissant les parties homonymes des deux yeux, mais ce fait, intéressant par lui-même, ne pouvait conduire à aucune explication du phototropisme, avant l’aban- dis 566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE don de cette idée fausse que le phototropisme résulte d’une orientation par rapport aux rayons lumineux; en réalité, l'orientation se fait, comme je l'ai montré, par rapport aux parois d'ombre et de lumière qui environnent Bol et qui déterminent des taches d'ombre et de, lumière sur la surface des yeux. (Laboratoires de Wimereux et de Concarneau.) ESSAIS ET ERREURS DANS LES TROPISMES, par M. GeorGEes Bonn. F5 46 En terminant mon mémoire sur les altractions et oscillations sous l'influence de la lumière (p. 89), je concluais à la multiplicité des modes « d'orientation chez les divers animaux et chez un même animal suivant les divers systèmes de muscles en action, et je montrais que, chez les litto- rines, « l'orientation peut résulter de deux sortes de mouvements : 1° mouvements de manège déterminés par un inégal éclairement des deux yeux, survenant lorsque l'animal est en marche; 2 rotations en diamètre de cercle effectuées par l'animal qui se met en marche, qui se font indépendamment du sens du champ lumineux, et qui résultent de È rotations partielles successives », d'essais au sens de Jennings. D'après Jennings, en effet, un infusoire disposé perpendiculairement à la direction suivant laquelle s'exerce le stimulus, au lieu de se placer directement suivant cette direction, arrive à s'orienter par une série de rotations, d’amplitudes variables, mais se faisant toujours dans le même sens (imposées par la structure du corps), séparées par des mouvements d’avancée et de recul, série d'essais infructueux dans diverses directions. Or, en étudiant les rotations en rayon de roue chez les crustacés, j'ai. son cet que, par exemple, les palémons s'orientent par ju aux écrans noirs en suivant la méthode des infusoires. En général, dès qu’on approche un écran noir d’une crevette, celle-ci M recule brusquement : la direction du déplacement est en grande partie indépendante de la position de l'écran; que celui-ci arrive par l'avant, par le côté où même parfois par l'arrière, le recul se fait suivant la direction de l’axe longitudinal du corps; quelquefois cependant il se produit en même temps une légère déviation de la tête vers l'écran; si l'écran revient plusieurs fois de suite à la même place, la déviation s’accentue chaque fois, en même temps qu'il se produit une série de reculs de plus en plus atténués. IL suffit de planter verticalement une baguette noire dans l'eau d’un cristallisoir pour voir les crevettes qui sont dans le voisinage venir 24 1 æ SÉANCE DU ® DÉCEMBRE : 567 butter contre elle après quelques tälonnements; le mécanisme de l'orientation -est essentiellement le même que dans le cas précédent. Le crustacé .arrive à la direction définitive qui passe par la baguette, par une série de rotations d'amplitudes plus ou moins considérables se faisant toutes dans le même sens, séparées par des mouvements d'avancée et de recul. C'est bien là la répétition de ce qui se passe chez les infusoires Au moment d'atteindre la baguelte, il peut passer un peu à droite ou à gauche, et de nouveaux Q essais » sont nécessaires pour rectifier l’« erreur ». Je me sers des mots de Jennings, n’en déplaise à Nuel. Certes, tout mot qui comporte une interprétation, ou psychologique, ou mécaniste, est dangereux à employer par ceux qui, comme R. Dubois, ne se demandent pas si l'inlerprélation peut être fautive. Mais il suffit de prévoir le danger, et le mot peut être employé avec profit. Une inter- prétation, c’est alors une hypothèse; en cherchant si elle est bonne ou mauvaise, on peut découvrir des faits nouveaux. J’en ai découvert en cherchant à démontrer que les littorines qui subissent l’ «attraction des écrans noirs » (langage mécaniste) ne sont pas de pures machines; j'en ai découvert en partant des mots « essai » et « erreur » (langage psy- chologique). Or, Nuel crée des mots qu'on ne comprend pas et qui ne conduiront personne, voire lui-même, à découvrir des faits nouveaux. Partant des mols « essai », « erreur », j'ai cherché à suivre l’évolution des manifestations du homard depuis l’éclosion jusqu'à l’état adulte. Tandis que chez les larves, les mouvements de rotation se présentent avec le caractère de mouvements irrésistibles, chez l'adulte on les retrouve avec le caractère de mouvements d'essai, et ce caractère nouveau ne s'acquiert que progressivement. Or, il semble que si ces termes : . (essai », « erreur », élaient bons, ce devrait être le contraire qui devrait se passer : avec l’âge, les essais, les erreurs diminueraient. Tout s'explique au contraire aisément en faisant intervenir le conflit des impulsions d’origine oculaire, prédominantes chez les larves, et des impulsions d'autre origine. L'observation suivante est assez sugges- Live à cet égard : deux Porcellana platycheles sont soumises à une même variation d'éclairement, mais l’une est adossée contre une paroi verti- cale et l’autre ne l’est pas; tandis que la première n'effectue qu'une rotation passagère'de 30 degrés, la seconde effectue instantanément une rotation durable de 180 degrés. (Laboratoire de Concarneau.) / 568 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA STRIATION BASALE DES CELLULES DU CANALICULE CONTOURNÉ DU REIN DES MAMMIFÈRES, par M. A. Poricarp. On a formulé une série d'opinions différentes au sujet de la striation 4 basale décrite par R. Heidenhain dans les cellules épithéliales du M canicule contourné du rein. Nous énumérerons d’abord ces opinions : 1° La striation est un aspect dû à l'allongement, dans le sens du grand axe de la cellule, des mailles du réticulum protoplasmique. Cest l'opinion émise en dernier lieu par Théohari. 2° La striation est due à l'alignement en séries, le long des travées du réticulum cellulaire, de microsomes ou granulations protoplas- miques. C’est là une opinion très répandue, depuis les travaux de Sauer. : 3° La striation est due à l'existence de filaments, tous parallèles entre eux (R. Heidenhain, Rothstein, Sjôbring). Benda assimile ces filaments à des chondriomites et leur attribue un rôle moteur. Avant lui, le professeur Renaut (1) avait admis la possibilité d'un tel rôle en comparant les filaments aux fibrilles des asters d’une figure karyokiné- tique. Ce faisant, il les assimilait à de l’ergastoplasma (2). Nous considérons comme définitivement périmée l'opinion de Bôhm et Davidoff et de Landauer, qui altribuaïent la striation du cytoplasme cellulaire à l'existence des cannelures régnant sur toute la hauteur des plans-côtés de la cellule. Sur des coupes de reins de Rats blancs, fixés par les vapeurs osmiques après coloration à l’'hématoxyline ferrique, on peut constater d'une façon formelle que la striation de la cellule rénale est due à l'existence de filaments basophiles, individualisés dans le cytoplasme et tous parallèles entre eux. Il s’agit bien là de filaments et non de feuillets; car, sur une coupe transversale et oblique d’une cellule, ces filaments apparaissent comme des points distancés plus ou moins entre eux, et non pas reliés par un système de lames. Les filaments basaux sont des formations d’une grande vulnérabi- lité. Une fixation excellente et pour ainsi dire instantanée est nécessaire pour les mettre en évidence. Les agents de fixation liquides, habituelle- ment employés en technique, les fixent très mal, même le liquide de Carnoy-Saüer pourtant si vanté. Les vapeurs osmiques employées en chambre humide donnent seules un bon résultat. (1) J. Renaut. Traité d'histologie pratique, t. II, 1899. (2) J. Renaut. Sur quelques phénomènes intimes de la nutrition et des sécrétions. — Conférence faite au Congrès d’hydrologie de Grenoble, Île 30 septembre 1902. — Bulletin général de thérapeutique, n°5 5, 6 et 7, t, CXLV. US OS + à , s x SÉANCE DU ? DÉCEMBRE 569 Ces filaments se présentent dans une même cellule sous trois * “aspects : 4° Filament continu ; 2 Filament formé de quatre à huit articles bacilliformes. C'est le type le plus fréquent ; 3° Filament granuliforme, c’est-à-dire constitué par des grains “rangés en série. Il est souvent difficile de distinguer ce type des grains de sécrétion disposés quelquefois, eux aussi, en séries plus ou moins _ neltes. En général, dans les cellules d’un même tube contourné, les filaments “sont de nombre et d'aspect semblables. Il n'y a pas de variations de cellule à cellule. En revanche, les divers canalicules homologues d'une “mème coupe diffèrent entre eux au point de vue de leur teneur en “filaments. IL y a là des variations de canalicule à canalicule. Il est … |ogique d'attribuer ces modifications à des différences d’attitude fonc- “ tionnelle des cellules respectives de ces tubes. La constatation de ce fait - prouve le bien fondé de l'opinion qui fait des filaments cyloplasmiques une formation ergastoplasmique. La question se pose de savoir quelles sont les relations de ces trois - types de filaments entre eux. Il est bien probable qu'on n’a pas affaire ici à des formations indépendantes les unes des autres, mais bien au contraire à trois formes d’un même élément. L'étude analytique attentive des filaments discontinus montre que les différents segments (bacilliformes ou granuliformes) dont ils sont composés ne sont pas indépendants les uns des autres, mais reliés par une substance réfringente non basophile. De telle sorte qu’on pourrait . concevoir comme ceci leur structure. Le bâtonnet serait composé d'une - substance faiblement acidophile, au sein de laquelle se trouveraient incluses des différencialions en forme de bâtonnets ou de grains. La raison d’être de l'aspect du bâtonnet (filament basophile continu ou - variqueux) relèverait en ce cas soit de questions de différencialions plus ou moins poussées, soit de stades variables de fonctionnalité. Cette question importante n’a pu être encore résolue. . (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) n f RECHERCHES SUR L'HISTOLOGIE PATHOLOGIQUE DES POLYPES MUQUEUX DU MÉAT MOYEN DES FOSSES NASALES, par M. G. MARcANo. Les polypes muqueux sont des tumeurs molles, pédiculées, d'aspect — gélatineux et généralement considérées comme des myxomes. Nom- a 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - breuses sont cependant les opinions émises sur leur structure. Pour 3 Lebert elles étaient caractérisées par la transformation gélatiniformêém des éléments cellulaires (tumeurs colloïdes). Classées depuis les travaux de Virchow dans les myxomes, on conservait des doutes sur leur nature puisqu'on les a décrites comme des fibromes, des sarcomes, des adé nomes, des angiomes, et, plus récemment, comme une hypertrophie dem la pituitaire. Hopmann, se basant sur la présence de l’albumine dans lew liquide qu’elles contiennent, les rattache aux œdèmes mécaniques Quoiqu’on n’ait pas pu découvrir un agent d'irritation initiale, on n'en est pas moins d'accord pour les considérer avee Zuckerkandl comme un ædème inflammatoire. Nos recherches faites sur trente-sept polypes s'insérant tous au cornet moyen nous ont donné les résultats suivants : Les lésions épithéliales (villosités, métaplasie des cellules et épaississement de la basale) sont rares et non constantes. Le chorion est presque toujours totalement ; remplacé par une charpente fibreuse composée de faisceaux entre croisés et circonscrivant des espaces remplis de sérosité albumineuse. Plus tard les cloisons se déchirent par l'excès de tension du liquide, lequel se trouve alors contenu dans une cavité cloisonnée mais unique. Les vaisseaux, très abondants, se dilatent et s'accumulent par places pour former un véritable tissu caverneux. Dans d’autres endroits leur couche externe est épaissie. Autour d'eux on voit de nombreux groupes de cellules provenant de diapédèses. En outre des leucocytes migra- teurs, on rencontre des cellules plasmatiques d'Unna, qui sont les élé- ments les plus constants et les plus abondants. On les trouve isolées accouplées, ou formant des accumulations libres ou périvasculairesM Souvent elles apparaissent gonflées, perdent leur granoplasma et leur noyau se porte à la périphérie. Ces modifications qu'Unna attribue à« l’action de la sérosité constituent la cellule spumeuse {Schaumzelle). On constate de plus la présence de cellules conjonctives ieunes à longs prolongements protoplasmiques, soit isolées, soit agglomérées. Parfois elles sont si nombreuses que si on bornait l'examen aux points de la préparation où elles se trouvent groupées on croirait avoir affaire à un sarcome fusocellulaire. Leur fine fibrillation prouve cependant quil s'agit d’une néoformalion analogue aux bourgeons charnus à la période” d'organisation. Quelquefois on rencontre une hyperplasie glandulaire« Les glandes peuvent occuper toutel’étendue de la coupe, maisles inters= . lices périlobulaires sont toujours infiltrés par les cellules plasmatiques et fusiformes. Le plus souvent on observe un plasmome, dans le sein # duquel quelques acini se trouvent comme perdus. Ces lésions expliquent les diverses opinions émises sur les polypes muqueux mais nous per-« mettent aussi de préciser le processus histologique qui les caractérise. Il s’agit d'un œdème iuflammatoire, ainsi qu’en témoignent les lésions du chorion, les migrations leucocytaires, la nature de la séro-w EE EE POS SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE ou ….sité, etles cellules plasmatiques, lesquelles, quoique pouvant exister dans le tissu conjonctif normal, ainsi que M. Jolly l'a démontré sur le * grand épiploon des mammifères (1), n'en constituent pas moins le plus « souvent, et surtout quand elles prolifèrent si abondamment, un élé- ment d'origine inflammatoire. … La présence des fibroblastes indique l'existence d'un autre stade Fa du processus, lequel lient sous sa Een ines l’épaississement des gaines vasculaires, et qui est le même qu'on observe dans certaines dermato-scléroses. Cette hyperplasie intersiilielle a été décrite par … M. J. Darier (2) qui la considère comme la lésion commune des œædèmes “ durs ou éléphantiasiques. Si l’on admet cette conception, nos recher- … ches prouvent que les polypes muqueux sont des productions patholo- - giques du type éléphantiasis. Dans trois cas nous avons observé une autre disposition. Les cavités du chorion, formées par un tissu fibrillaire très délié, contiennent de « la mucine. Les cellules plasmatiques abondent mais les fibroblastes … sont remplacées par des cellules muqueuses à plusieurs prolongements « et contenant de un à cinq noyaux. Pour rattacher cette forme myxoma- teuse à la précédente, on peut admettre que nous avons affaire à une formation fibreuse qui aboutit dans un cas au stade fibroblastique, et dans l’autre au stade muqueux. Nous sommes ainsi conduit à considérer les lésions des polypes mu- queux des fosses nasales comme déterminées par un processus unique d'æœdème inflammatoire, quelquefois accompagné d’hyperplasie glan- dulaire et se terminant par une sclérose interstitielle éléphantiasique, rarement par une formation myxomateuse. ; + % (Travail du laboratoire d'histologie du Collège de France.) NOTE SUR LE MYXOME ET L'ÉLÉPHANTIASIS, par M. J. DARIER. - Il ressort des recherches que vient de nous communiquer M. Marcano - que la très grande ‘majorité des polypes muqueux des fosses nasales, - dont on fait, dans tous les traités classiques de chirurgie et d'anatomie pathologique, le prototype du myxome, sont en réalilé des productions éléphantiasiques. Depuis Virchow on appelle « myxomes » en clinique des tumeurs (1) 3. Jolly. Soc. de Biologie, 22 décembre 1900. | (2) J. Darier. La Pratique dermalologique, Vol. I et IV. 572 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE molles, d'apparence gélatineuse ; on admet qu'elles sont constituées par du tissu muqueux de nouvelle formation ; on les classe à côté dés" fibromes et des sarcomes. - | Au cours des nombreux examens de tumeurs de la peau que j'ai Eux l’occasion de faire depuis vingt-cinq ans, toutes les fois que j'ai exa= miné histologiquement des tumeurs diagnostiquées « myxomes » par les chirurgiens, ou que j'ai moi-même fait extirper comme telles, ce n’est pas du tissu myxomateux que j'ai rencontré, mais bien un œdèmeh interstitiel inflammatoire, avec lésions vasculaires et lymphatiques et néoformation diffuse de tissu conjonctif plus ou moins œdémateux lui= même, — c'est-à-dire précisément les altérations qui constituent Pélé= phantiasis. Je ferai remarquer que c’est surtout aux organes génilaux des deux, sexes et aux paupières, où le tissu cellulaire est lâche et extensible, ques siégeaient ces prétendus myxomes. J'ai donc cru pouvoir conclure, dans mon article sur les Tumeurs cutanées cité par M. Marcano, que l'existence du myxome vrai es très discutable à la peau, et que les tumeurs molles et gélatineusess qu'on y rencontre sont d'ordinaire des éléphantiasis partiels. Je faisais toutes mes réserves au sujet des polypes des fosses nasales D'après le travail de M. Marcano ils rentrent dans ce qui m'a paru être la règle pour la peau. ACTION DES SOLUTIONS AQUEUSES DE SUBLIMÉ SUR LE SANG, par M. L. Jouxaup (de Limoges). La fixation suffisante du sang par le sublimé (F. S.) telle que nous l'avons étudiée dans nos précédentes communications (1) varie suivant les sujets, d’une facon sensiblement indépendante des autres facteurs de la formule hématologique. Seuls, parmi ces derniers, la richesse du sang en hémoglobine semble être en rapport étroit avec la fixation suf=« fisante. Nous avons constaté en effet que plus un sang était riche en hémoglo bline, plus il fallait augmenter le titre de la solution aqueuse de sublimé,« pour s'opposer à la coloration du liquide fixateur. Ce fait pourraitM semble-t-il, s'expliquer de la façon suivante, à savoir qu'une substance À colorante peu soluble dans un liquide colorera plus fortement le liquides si elle y est en grande quantité que si elle y est en quantité minime. Nous n’acceplons pas cette explication, et nous ne pensons pas que (1) Sociélé de Biologie, séances du 18 et du 25 novembre 1905. SÉANCE DU ® DÉCEMBRE 573 les variations de la fixation suffisante F. S. soient absolument sous la dépendance de la quantité de l’hémoglobine que contient le sang à exa- miner. Tout d’abord, l’absence de coloration des solutions fortes de sublimé ue tient pas à l'insolubilité de l'hémoglobine dans ces liquides. Prenons en effet 1 centimètre cube de sang, ajoutons-y 2 centimètres cubes d'eau distillée; l’'hémolyse une fois produite et l’eau étant uniformé- ment teintée par l’hémoglobine, ajoutons encore 1 centimètre cube de solution aqueuse de sublimé à 1/25 de façon à ce que tout le mélange contienne 1 p. 100 de son poids de sublimé. Or, nous savons qu'au titre de 1/100 la solution de sublimé ne se colore pas au contact du sang; si donc cette absence de coloration tenait à l’insolubilisation de l’hémo- globine, le mélange sus-indiqué devrait s’éclaircir, l’hémoglobine qu'il contient devenant insoluble. Or il n’en est rien et le mélange reste coloré; ce n’est donc pas à l’insolubilisalion plus ou moins parfaite de l’'hémoglobine par des solutions de sublimé plus ou moins fortes qu'est dû le phénomène étudié sous le nom de fixation suffisante. Si les variations de F. S. étaient sous la dépendance exclusive de la quantité d’hémoglobine contenue dans le sang, il devrait suffire, pour obtenir des résultats identiques à ceux obtenus avec un sang à richesse globulaire normale, de mettre dans la solution de sublimé une quantité double d’un sang dont la richesse globulaire est moitié de la normale. La quantilé d’hémoglobine en contact avec le sublimé serait alors égale dans les deux cas, et le sublimé devrait être également teinté par les deux échantillons de sang. Or, tel n’est pas le résultat de l'expérience. Qu’on double ou qu'on tripie la quantité du sang, ou qu’au contraire on double ou triple la quan- tité de la solution de sublimé, la fixation suffisante se produira invaria- blement dans la même solution de sublimé pour un échantillon de sang donné. Nous concluons donc que les variations de F. S. dans les divers échantillons de sang ne sont pas sous la dépendance de la quantité d'hémoglobine contenue dans le sang considéré. Quant à dire que ces variations indiquent une modification de la qualité (solubilité) de l’hémoglobine, c’est une pure hypothèse, que rien ne confirme. Du moment que l’action du sublimé en solution aqueuse ne porte pas sur l’hémoglobine, elle doit porter sur le stroma globulaire. La solution de sublimé ne se colore pas quand la fixation est suffisante, non pas parce que l’hémoglobine est insolubilisée, mais bien parce qu'elle est retenue emprisonnée dans les mailles du stroma. Rechercher la fixation suffisante du sang par le sublimé, c'est donc étudier la résistance globulaire à l'hémolyse. Mais cette réaction est bien différente de celle étudiée par J. Duncan, Malassez, Chanel, Hamburger, Viola, Mosso, Vaquez et Ribierre etc... 574 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les méthodes de ces auteurs se bornent simplement à évaluer la résis- lance qu'oppose le stroma globulaire pour se dépouiller de son hémo- globine dans une solution hypotonique de chlorure de sodium, sel indifférent sans action sur le protoplasma; tout dépend donc dans ces méthodes de l’hyper ou de l'hypotonicité du liquide employé. Dans la réaction de fixation suffisante par le sublimé, la tonicité des solutions joue un rôle secondaire; l’action du sublimé prime celle de l'eau, c’est elle qui se fait sentir la première sur le globule. Si la fixation du globule par le sublimé est suffisante, si la membrane coagulée par le réactif est assez épaisse et résistante, tout se borne à un léger gonflement de l’hématie. Mais si, au contraire, la fixation est insuffisante et la membrane coagulée trop mince et trop fragile, le glo- bule éclate, l’'hémoglobine dissoute s'échappe au dehors et le liquide, fixateur insuffisant, se colore. 44 Les variations du titre du liquide fixateur seront donc sous la dépen- dance de la susceptibilité plus ou moins grande du stroma vis-à-vis de l’action coagulante du sublimé. La réaction que nous avons étudiée sous le nom de fixation suffisante porte donc sur la qualité chimique du stroma globulaire. À ce litre ses variations présentent un intérêt dans le domaine expérimental et däns le domaine pathologique, intérêt que nous avons l'espoir de préciser par nos recherches ultérieures. é où PRE PAUL NE er M \ SUR LA « PRULAURASINE », GLUCOSIDE CYANHYDRIQUE CRISTALLISÉ RETIRÉ DES FEUILLES DE LAURIER-CERISE, par M. H. HÉRISSEY. | < De nombreux auteurs se sont efforcés d'obtenir à l’état pur le prin- cipe générateur de l'acide cyanhydrique, contenu dans les feuilles de dia: AE cristallisé nouveau, générateur d’acide cyanhydrique, auquel j'ai donné le nom de prulaurasine. Je me bornerai d’ailleurs à ne donner ici qu'un résumé de mes expériences, dont le détail trouvera place dans un mémoire plus étendu. Préparation de la prulaurasine. — On utilise les feuilles fraîches de Laurier-cerise. 5.000 grammes de feuilles entières sont immergés pen- dant dix minutes, par fra:tions de 300 grammes, dans 15 litres d’eau maintenue à l’'ébullition, contenant un peu de carbonate de calcium en suspension. Les feuilles, dont on a ainsi sûrement détruit l’émulsine, sont broyées à la machine, et la totalité du produit estplongée à nouveau k _ Laurier-cerise; on peut citer entre autres noms ceux de Winckler, de Simon, de Lehmann, de Fouck. Tous ces auteurs n'ont oblenu que à des principes amorphes. Au cours de nouvelles recherches sur cette M question, j'ai pu extraire, des feuilles de Laurier-cerise, un glucoside À Li chiob cie SÉANCE DU 2 DÉCEMRRE 515 _ dans le liquide primitif qu’on fait bouillir quelques instants. On laisse refroidir presque complètement, on exprime; on clarifie à l’albumine de l'œuf la liqueur obtenue et on filtre; on obtient ainsi 7 à 8 litres de liqueur. Dans ce premier traitement, on peut remplacer l’eau par l'alcool comme liquide extracteur, mais l'alcool doit être également utilisé bouillant ; j'ai constaté en effet que la décomposition du glucoside à extraire se faisait rapidement dans les feuilles placées directement au contact d’alcoo!l froid ou légèrement chauffé, à la suite sans doute du passage d'une cellule à l’autre des principes générateurs de l'acide cyanhydrique. Quoi qu'il en soit, qu’on utilise l’eau ou l'alcool, les liqueurs d'extraction sont distillées à basse température, sous FAR réduite, jusqu à un résidu de 1.200 centimètres cubes environ qu'on -additionne de quatre volumes d'alcool à 85 degrés. Il se produit un volumineux précipité qu’on laisse déposer vingt-quatre heures et qu’on rejette. La liqueur surnageante est alors distiilée à fond, d'abord à l'alambie, puis, sous pression réduite, dans un’ ballon; le résidu est “épuisé à chaud et à reflux, à cinq reprises différentes, par de l’éther acétique saturé d’eau, en employant chaque fois 200 centimètres cubes -d'éther acétique. Les liqueurs éthérées sont évaporées à fond et le résidu est repris par 250 centimètres cubes d’eau froide. On filtre et on agite la liqueur avec environ deux volumes d’éther ordinaire, en répétant l'opération quatre ou cinq fois; on élimine ainsi des impuretés dont la présence gênerait l'obtention du glucoside. La solution aqueuse, décantée, est distillée à basse température, en présence de carbonate de calcium, et le résidu est repris à l’ébullition à reflux par 250 centi- «mètres cubes d’éther acétique anhydre. Il importe, dès ce moment dela préparation, de ne plus utiliser que des dissolvants organiques bien purs et complètement déshydratés; c'est ainsi que l’éther acétique doit être “bien lavé à l’eau et redistillé sur du carbonate de potasse sec. La der- nière solution obtenue avec l’éther acétique, évaporée en consistance d'extrait, fournit 40 à 45 grammes de résidu susceptible de cristalliser facilement en totalité, surtout si on l’amorce avec un cristal antérieu- rement préparé. Mais comme la cristallisation se fait alors en masse et que le glucoside se redissout aussitôt qu'on veut le délayer soit avec de J'éther acétique, soit avec de l'alcool, en vue de l’essorage, il est de beaucoup préférable de redissoudre le glucoside, en opérant à chaud, dans de l’éther acétique anhydre additionné soit de toluène, soit de “chloroforme, et de déterminer la cristallisation par addition très ménagée d’éther anhydre à une telle solution. Le glucoside qui se dépose peu à peu en fines aiguilles est essoré à la trompe, lavé avec un mélange d'éther acétique et d'éther, puis séché dans le vide sulfurique. La grande solubilité du glucoside, qui paraît d’ailleurs susceptible de cris- talliser sous plusieurs formes, rend très délicates toutes ces dernières Manipulations. Biozoc1£. COMPTES RENDUS. — 1905. T. LIX. A En 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . Propriétés. — La prulaurasine ainsi obtenue est cristallisée en fines aiguilles incolores, flexibles, très déliées, pouvant atteindre plusieurs centimètres de longueur; sa saveur est légèrement amère; elle fond à 120-122 degrés en un liquide épais, incolore. Elle est très soluble dans l'eau, l'alcool, l’éther acétique, à peu près complètement insoluble dans Ë l’éther. Elle a un pouvoir rotatoire gauche; on a trouvé, dans deux opérations, an ——52°63 et an —— 5275. 11% L'émulsine dédouble la prulaurasine en acide cyanhydrique, en glu- cose cristallisant sur amorce de glucose-d, et en aldéhyde benzoïque;" caractérisé par sa phénylhydrazone fondant à 151 degrés. . 4 La cryoscopie et l'analyse élémentaire ont été faites. Le tableau sui= vant résume les résultats obtenus : | Calcul pour C4#H17Az06. Trouvé pour la prulaurasine. Poids moléculaire. 295 298,8 HOAZ Es 9,15 p. 400 8,89 p. 100 GIUCOSe 2 ES 61,01 — 61,2% — CESSE TT RE 56,9% — 56,14 — HR re Sa | DU — L’équation du dédoublement de la prulaurasine par l'émulsine s'écrira :«« CHA 205 L H°0 — G°H20° + HCAz + C'H°O La prulaurasine doit donc être considérée comme un isomère de È l'amygdonitrile glucoside de Fischer et de la sambunigrine de Bour-« quelot et Danjou. Elle diffère de ces deux principes par ses solubilités,« son point de fusion et son pouvoir rotatoire. (Travail fait au laboratoire de M. le professeur Bourquelot.) SUR L'ORDRE D'APPARITION DES ORTÉILS ET LE PREMIER DÉVELOPPEMENI DES MEMBRES CHEZ LES ANOURES. 1 Note de M. P. WINTREBERT. Les travaux concernant l’ontogenèse des membres chez les UrodèlesM sont nombreux. Chez les Anoures les premiers aspects du membre antérieur ont seuls été bien étudiés (Jordan, 1888; Lignitz, 1897); 1e“ | mode d’apparilion des membres postérieurs n’a fait TObier d'aucun tra | vail d'ensemble ; il est seulement établi, d’après l'exposé synthétique de H. Braus (1), que la pointe du bourgeon naissant est constituée par le | 1. Handbuch der vergleichenden und experimentellen Entvickelungslehré) der Wirbeltiere, 19. Pic 1904, S. 238. | 1 | SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE | - 3e orteil. Cette constatation recoit Loute sa valeur du contraste frappant qui existe à ce sujet entre les Urodèles et les Anoures. Aux deux extré- mités des premiers, ce sont les doigts internes, qui apparaissent d'abord, tandis que chez les autres ce sont les doigts externes. Les recherches que j'ai effectuées sur Rana temporaria et Rana viridis me permettent d'affirmer que c’est le 4° orteil et non le 3° qui forme au pied, comme à la main, la pointe du bourgeon, de sorte qu’aux deux extré- mités des Anoures l’avant-dernière digitation se montre la première. Voici comment on peut décrire au membre postérieur de Rana tempo- raria les cinq premiers stades du développement : Premier stade. — Il apparaît un bouton transparent blanchâtre; il s’ailonge bientôt en un bâton cylindroconique portant déjà à sa partie supéro-externe une petite tache pigmentée noirâtre. Deuxième stade. — Le bourgeon s’aplatit, il devient quadrangulaire; un rétrécissement de sa partie moyenne plus accusé sur Le bord inférieur (tibial) le sépare en deux régions : celle de la racine qui porte une tache pigmentée, celle de l'extrémité qui pointe au niveau du bord supérieur (fibulaire). Troisième stade. — La palette terminale montre la saillie accusée du 4° doigt; au-dessus de lui le 5° doigt bourgeonne; la large bosselure sous-jacente est indivise. Le pigment s’avance jusque sur la racine des 4 et 5° doigts. La région moyenne rétrécie s’allonge pour constituer le segment moyen. Quatrième stade. — Les trois segments cuisse, jambe, pied, sont distincts ; la région tibiale de la palette, sous-jacente au 4° doigt, présente sur son pourtour les ondulations successives des 3°, 2° et 1 doigts; la tache pigmentaire dorsale envahit le 4 doigt presque jusqu'à sa pointe; quelques points noirâtres parsèment le 5° et le ‘3° doigt. ; Cinquième stade. — La distinction entre les doigts s'accentue; le 4 doigt est le plus long et forme la pointe du pied; puis viennent, dans un ordre décroissant, le 5°, le 3°, le 2°, le 1 doigts; les bosselures des extrémités digilales sur le profil terminal sont peu accusées; seuls les 4° et 5° doigts sont séparés par un vallonnement important. La distinc- tion entre les doigts s'effectue surtout, même entre le 4° et le 5°, par le: creusement sur place de sillons interdigitaux. La tache pigmentaire reste localisée à la face supéro-externe des trois segments et des 4°, 5°, 3° et 2° doigts; elle se répartit sur chacun de ces doigts en lignes lon- gitudinales. -Le 4° orteil apparait donc le premier. Il garde son avance pendant le cours du développement, et conserve sa prépondérance chez Fadulte. Le 5° orteil se différencie après lui par bourgeonnement au bord fibu- laire du pied ; mais ce processus de bourgeonnement esl très limité, et les orteils acquièrent surtout leur individualité par fissuration interdigitale, 578 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si l'on accorde quelque valeur à l'ordre d'apparition des digitations dans le développement des membres, il semblera légitime d’en tirer parti pour éclairer la question controversée de la désignation effective des doigts. À la main comme au pied la prévalence des 2 doigts ulnaires, surtout de l’avant-dernier, est un fait acquis dès la division de la palette embryonnaire. La torsion de la première rangée du carpe qui s’effectue, d’après Jordan, dans les derniers stades qui précèdent l'émergence du membre, a pour effet d'amener en avantle bord externe de la main et de tourner en arrière et en dedans le bord interne; celui-ci, physiolo- giquement, est atrophié, tandis qu’au contraire les doigts externes peuvent se développer et grandir; et en effet ces doigts sont les plus grands. Il convient donc d'apporter quelques réserves aux théories qui concluent à une réduction des digitations externes (disparition du M 5° doigt : Emery, 1890-1894; fusion des 4° et 5° doigts : Perrin, 1895). On remarquera qu’en admettant l'existence d’un premier doigt à la main (pouce d’après Gegenbaur, 1864; Hoffman, 1878; Wieders- heim, 1880; præpollex pour Emery et Perrin), ce n'est pas le 3° doigt (Jordan, Braus), mais bien le 4°, qui a, dès le début, comme au pied le % orteil, la prévalence sur tous les autres. Je conclurai donc qu'aux deux extrémités, chez les Anoures, la prévalence, dans l’ontogenèse comme pendant la vie, appartient à la quatrième digitation. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée, à la Sorbonne.) SUR LA RÉGRESSION DE LA QUEUE EN L'ABSENCE DES CENTRES MÉDULLAIRES CHEZ /iana viridis, par M. P. WINTREBERT. Les centres nerveux médullaires de la queue chez les tétards d'Anoures sont réunis en un centre commun, placé à la base de la queue, derrière ceux des membres postérieurs (1). Grâce à cette coalescence, leur ablation est facile ; pratiquée à l'époque de la métamorphose, elle permet d'examiner comment, sur des queues insensibles et paralysées, s'effectue la régression. Je me suis servi de larves de Rana viridis : sur sept d’entre elles, prises au moment où les coudes saillaient forte- ment dans la chambre operculaire, j’ai enlevé un lambeau de moelle caudale et lombo-sacrée, dont la longueur varia de 7 à 12 millimètres ; l'extrémité postérieure de l'ablation fut invariablement placée à 3 mil: limètres derrière l'axe transversal des cavités cotyloïdes. Après :'opéra- . (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, mars 1904. Sox F 4 4 * 2: SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 519 tion, toutes les larves commencèrent bientôt à se métamorphoser. Je pris comme point de départ de la métamorphose le moment où le coude gauche, passant par le spiraculum, déchire l’opercule et met le membre à découvert; des témoins au même stade, placés dans des conditions de milieu identiques, servirent de terme de comparaison. Je notai périodiquement les longueurs précises du tronc, de la queue _et de l’animal entier. Parmi les 7 larves opérées trois moururent acei- dentellement; quatre complétèrent leur métamorphose et furent ensuite fixées pour l'étude histologique. L'observation montra que la durée de la métamorphose et tous les phénomènes de régression étaient les mêmes chez les opérés que chez les témoins. La queue mit de quinze à vingt jours à disparaitre com- plètement. Je pus faire les remarques suivantes; elles s'appliquent à toute métamorphose d’anoures en général, et ne sont pas spéciales aux opérés; cependant leur constatation chez ceux-ci contribue à démontrer la marche régulière du processus accompli en dehors des centres ner- veux. 1° À ne considérer que la diminution de longueur de l'animal, il semble que la régression caudale se fasse en trois temps de rapidité inégale; dans les six à dix premiers jours, la résorption est lente, puis vient une phase de racourcissement très accéléré, et enfin les derniers millimètres de queue sont lents à disparaître. En réalité, la résorption marche régulièrement, mais elle se fait d’abord en largeur et en épaisseur; elle attaque en premier lieu les parties molles; la chorde au contraire, tissu de soutien, partie squelettique que nous voyons formée la première dans la régénération (1), est ici l’ulti- mum moriens de la dégénérescence. Pendant qu’autour d’elle les tissus sont résorbés, elle maintient d’abord la longueur de la queue, puis elle décroit à son tour rapidement. 2° Les têétards examinés ne recurent aucune nourriture. Certains furent plu- sieurs jours à jeun avant de se transformer; dans ces conditions l'inanition détermine un véritable raccourcissement, mais ne provoque aucun début de métamorphose. 3° La longueur du tronc après la métamorphose est toujours diminuée de 1/2 à 2 millimètres; ce raccourcissement porte réellement sur le squelette; il tient probablement aux modifications de la bouche d’une part et d'autre part à la courbure anguleuse du pygostyle et du sacrum. L’ablation réelle des centres nerveux médullaires a été vérifiée par l'étude physiologique et histologique. Pendant la vie, la queue resta chez tous les opérés absolument inerte et insensible. Chez deux larves qui parvinrent au terme de la transfor- mation, les deux membres postérieurs furent gravement atteints ; le membre postérieur gauche resta paralysé et insensible; le membre (1) Comptes rendus de l’Académie des Sciences, août 1904. NS . GED: | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE droit sensible présenta des mouvements spasmodiques ; dix jours ‘environ après l'opération, au moment de la mue, qui s'accompagne « parfois d'œdèmes même chez les témoins, une aggravation de contrac= ture se produisit dans ce membre; elle céda ensuite, en même temps que disparaissait l'œdème localisé du ventre et des cuisses. #4 L'étude histologique montre que l'ablation de la moelle fut effective jusque dans la région du pygostyle et de la vertèbre < sacrée, . qu'aucune régénération nerveuse ne se produisit. (Travail du Laboratoire d'Anatomie comparée à la Sorbonne.) OXYDATIONS PRODUITES PAR L'ANTICATALASE EN PRÉSENCE DU PEROXYDE DE L'HYDROGÈNE, par M. F. Bartezu et M'° L. STERN. Dans une nole précédente nous avons démontré que le sulfate ferreux M se comporte vis-à-vis de . catalase: d’une manière tout à fait semblable à l’anticatalase. à On sait que le sulfate ferreux active avec une grande énergie le « peroxyde d'hydrogène, en produisant l'oxydation d’une foule de substances organiques qui sont décomposées avec dégagement de CO*. Le sulfate ferreux, comme d’autres sels de fer, se comporte donc comme ‘une peroxydase extrêmement énergique. ï Etant donnée l’analogie entre l’action de M ae et celle du sulfate ferreux vis-à-vis de la catalase, nous avons recherché si l’anti- M catalase est capable d’ activer le peroxyde d'hydrogène. Les résultats ont été affirmatifs. Nous avons constaté une oxydation des substances suivantes : l'alcool et l’aldéhyde acétique, les acides formique et lactique. L'énergie de l'oxydation dépend en grande partie de la concentration de l'anticatalase. Il est indispensable d'employer des solutions con- « centrées de cette substance pour obtenir des effets bien nets. Nous avons décrit ailleurs la manière d'obtenir des préparations concentrées { d’anticatalase. . . | Dans les expériences dont nous donnons i ici les résultats nous avons employé des solutions d’anticatalase possédant, pour chaque centimètre cube, un pouvoir anticatalasique au moins dix fois supérieur à M d’un gramme de rate de bœuf ou de cheval. On fait un mélange de 30 centimètres cubes d’anticatalase bien. neutralisée, de 4 ne de H°0? pur et de O0 gr. 30 de la substance à oxyder. sr eur _ Re re US EN 2 < 28 L & . SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 623 = = Fr LE DIGASTRIQUE DU CHIMPANZÉ ET L'ORIGINE PHYLOGÉNIQUE DE CE MUSCLE, par M. J. CHAINE. M. Paul Dupuy a récemment publié une très intéressante étude sur le digastrique du Chimpanzé (1). La description qu'il en donne con- corde entièrement avec celles que- nous avons déjà publiées du digas- trique-de la Guenon callitriche, Callithrix personata Geoffr., et du Cyno- céphale.tschakma, Cynocephalus porcarius Schreb. Ce nl montre donc que la disposition que nous avions déjà indiquée est assez répandue et qu'elle peut même étre considérée comme un type spécial de la constitution de ce muscle. M. Dupuy fait très justement remarquer que cet état explique fort bien certaines anomalies observées chez l'Homme ; entre autres faits, parmi les nombreux Chimpanzés qu'il a disséqués, il a trouvé quelques aspects qui rappellent ceux décrits par Morestin et qui jusqu'ici n'avaient guère pu être homologués, d'une facon certaine, à des formations existant chez d’autres Vertébrés. Le travail de M. Dupuy est donc fort important par suite des éclaircissements qu'il apporte et, à ce point de vue, nous sommes en complet accord avec lui; mais, nous nous séparons entièrement de cet auteur lorsque, de ses observations sur le Chimpanzé, il conclut à la dualité primi- tive des deux ventres du digastrique. Contrairement. à la manière de voir généralement admise, nous avons montré que les deux ventres du digastrique ne se formaient pas aux dépens de deux muscles originellement distincts; autrement dit, nous avons établi l'unité primitive des deux ventres du digastrique. Nos recherches ont porté sur plus de deux cent cinquante espèces différentes et nous devons ajouter que les résultats qui nous étaient fournis par l'anatomie comparée ont été contrôlés par nos travaux embryogéniques. Parmi les Vertébrés que nous avons étudiés, nous avons observé cer- taines dispositions spéciales qui sont des états intermédiaires entre le digastrique des Mammifères supérieurs et la constitution initiale de ce muscle que nous avons signalée chez les Reptiles : citons, par exemple, certains Cétacés, “certains Edentés, quelques Crocodiliens, etc. L'étude des Mammifères supérieurs seuls aurait été impuissante à nous con- duire aux conclusions que nous avons formulées, D'autre part, nous avons complété cette première série d’études par des recherches portant sur un muscle spécial, le dépresseur de la mandi- bule des Vertébrés inférieurs, que bien des auteurs ont considéré comme: (4) Paul Dupuy. Note sur le ventre antérieur du digastrique du Chimpanzé. Bulletins et mémoires de la Société anatomique de Paris, 1905. 624 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (91) l’origine phylogénique du ventre postérieur du digastrique (1). Dans ce travail, nous montrons que ce muscle au lieu de contribuer à former le ventre postérieur du digastrique tend à disparaître à mesure que ce dernier prend une plus grande importance, tout en laissant, chez de nombreuses espèces, des preuves de son existence antérieure, soit sous forme d'un muscle rudimentaire sans aucune fonction, soit encore sous celle d’une formation tendineuse. Ici encore, nous avons pu observer certaines dispositions intermédiaires de la plus haute importance, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer l'Oryctérope du Cap (Orycteropus capensis Geoff.), où il existe à la fois un digastrique parfai- tement constitué et un dépresseur de la mâchoire inférieure, plus ou moins rudimentaire (2). En résumé, notre manière de voir a pour base l'étude d’un très me nombre d'espèces distinctes, recherches d'anatomie comparative qui ont été vérifiées par des observations embryogéniques et contrôlées . par de nouvelles études portant sur une autre formation musculaire. DE L'ÉLIMINATION DE L'URÉE CHEZ LE LAPIN NORMAL SOUS L'INFLUENCE DES INJECTIONS SOUS-CUTANÉES DE BLEU DE MÉTHYLÈNE, par MM. JEAN GAUTRELET et HENRY GRAVELLAT. Un certain nombre d’expériences nous ont démontré que le lapin normal soumis à un régime toujours le même excrétait des quantités d’urée dont les variations étaient peu considérables eine] jour et aux différentes heures. Disons tout d’abord que grâce à l'introduction dans le canal de l’urètre de lapin mâle d'une sonde molle, n°‘ 7 et 8 de la filière Char- rière, nous avons pu à notre gré retirer facilement de l'urine de la vessie de l'animal. Jamais nous n'avons obtenu, pour ce qui est des lapins 29 et 57 en particulier, de variation quotidienne de l’urée excédant 1 gr. 50 par litre d'urine. Les sondages, pratiqués à quinze minutes d'intervalle, nous ont permis de constater des chiffres constants d’urée à quelques centigrammes près. Dans les expériences qui suivent nous avons pratiqué des injections (1) J. Chaïne. Le dépresseur de la mâchoire inférieure,56 pages, 2 planches. Bulletin scientifique de la France et de la Belgique, 1905, tome XXXIX. (2) J. Chaine. Nouvelles recherches sur le développement phylogénique du digastrique. Comptes rendus de l'Association des anatomistes, congrès de Tou- louse, 1904. (92) SÉANCE DU 5 DÉCEMBRE 625 sous-cutanées de 1 centimètre cube de bleu de méthylène en solution à 5 p. 100 (solution employée en clinique). Nos dosages d'urée ont été faits à l'uréomètre de Denigès avec la correction de température indiquée par l’auteur. {re Expérience. — Lapin n° 57. — L'animal en état d'équilibre nutritif a donné les cinq jours précédents une moyenne de 7 grammes d’urée par litre. Le 28 novembre 1905 : RER PT USA Ur TEE ee 6 gr. 93 p. 1000 Aussitôt, à 9 h. 30, injection de 1 centimètre cube de bleu de méthylène. Urée. A 10 h. ». Urine incolore. Chromogène révélé par acide acétique CRTC ER A PMR UPS MIROIR RUN RS RER 2 gr. 02 p. 1000 A 10 h. 30. Urines vert très clair. Chromogène par la réact. habit. 3 gr. 03 p. 1000 À 11 h. ». Urines plus vertes. Chromogène plus abondant .. . 4 gr. 05 p. 1000 A 11 h. 30. Urines presque incolores. Chromogène moins abondant. 3 gr. 61 p. 1000 A midi. Urines légèrement vertes. Chromogène abondant à DB D RAEG EPR RR RE ERE oen dr re o . 5 grammes. Jusqu'alors l'animal était fixé sur une planche avec une sonde à demeure ; à ce moment il est remis en cage avec de la nourriture. Urée. A 2 h. 30. Urines vert d’eau. Chromogène par la réaction habit. 3 gr. » p. 1000 BSD. » : — — — — 4 gr. » p. 1000 A3h.30. — — — — 4 gr. » p. 1000 Axh. ». — — — — 3 gr. 50 p. 1000 A 4 h. 30. Ur. plus colorées. — — 6 gr. » p. 1000 A 5h. ». Ur.tr. col. en vert. — _ 7 gr. » p. 1000 Le lendemain 29 novembre 1905, à 9 heures du matin, le chromogène est retrouvé encore dans l'urine en petite quantité. Le soir, les urines ont repris leur coloration normale et le chromogène a disparu. 2e Expérience. — Lapin 29. — 29 novembre 1905. Animal en état d'équilibre nutritif. 6 grammes d’urée environ par litre les jours précédents. Injection de 1 centimètre cube de bleu de méthylène à 9 h. 20. Urée. A 9h. 38. Ur. absolument incol. Chrom. net par la réact. habit. 2 gr. 02 p. 1000 A 9h. 45. Ur. franch. vert d’eau, — — 2 gr. » p. 1000 A 10 h. ». Ur. - — — 3 gr. #4 p. 1000 A 10 h. 14. Ur. limp. et vert d'eau. — — 3 gr. 8 p. 1000 A 10 h. 22. Ur. _ — — 2 gr. » p. 1000 A 10 h. 30. Ur. — — — 2 gr. » p. 1000 A 11 h. 20. Ur. vertes plus color. — — 5 gr. » p. 1000 Jusqu'alors l'animal est resté fixé sur la planche avec une sonde à demeure. Il est à ce moment remis en cage avec de la nourriture. 626 © RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX (93) Urée. - A 2 h. 30. Urines verdàtres. Chromogène révélé par la réaction habit. 6 grammes L'animal est remis en cage. À 4h. ». Ur. limpides vert d'eau. Chrom. révélé par la réact. habit. 7 gr. 5. Le 30 novembre 1905, à 9 h. 30 du matin, chromogène de l'urine; à 2 heures.« les urines ont repris leur teinte ROSE le chromogène a disparu à l’acides acétique à 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE seule inoculation suffisait à protéger contre l'infection rabique ocu- laire. Depuis, de nombreux travaux ont permis de juger de la méthode, en particulier ceux de M. Remlinger. Cet auteur a montré (1) qu'une dose de 60 centimètres cubes du mélange virus-sérum pouvait pré- server le mouton de la rage, trois jours encore après l'infection ocu- laire. L'intérêt pratique qui s'altache à la préservation du chien contre la rage nous a engagé dans les expériences que nous allons résumer. Une première série comprend trois chiens qui, après avoir reçu sous la peau, chacun un mélange de 3 c. c. 5 de sérum antirabique de mouton pour 2 gr. 5 de virus fixe, sont éprouvés par l’inoculation de ce virus dans la chambre antérieure. Ils résistent tous à ce mode d'infec- tion, qui donne la rage paralytique : à un premier témoin en vingt et un jours, à deux autres chiens préalablement inoculés, l'un avec du sérum antirabique seul, l’autre avec un mélange de ce liquide et de cerveau. neuf de lapin. Enfin, un troisième chien succombe à la rage, dix-sept jours après une injection sous-cutanée de virus fixe et de sérum de mouton normal. Mais l'inoculation du virus des rues est pour le chien l'épreuve de choix, puisque la plus sévère, ainsi que le prouve la mort de nos témoins; aussi avons-nous employé ce virus dans les expériences ultérieures. La quantité de la préparation immunisante variait entre 10 et 60 cen- timètres cubes, suivant l'animal; elle était composée d'environ 1/3 d'émulsion virulente, pour 2/3 d’un sérum antirabique, capable de neutraliser in vitro la moitié de son volume d'une émulsion centési- male de virus fixe. L'injection, faite en une seule fois sous la peau du ventre, n’a Jamais donné la rage aux animaux; car un tel mélange, au tiers, de virus- sérum, s'il n'est pas neutre en inoculation intracérébrale, se montre inoffensif en injection sous-cutanée. On sait qu’il en va autrement avec le virus fixe introduit seul sous la peau du chien : dans ce cas, les ani- maux prennent la rage avec une fréquence variable, et, lorsqu'ils résistent, on peut s'assurer qu'ils n'ont pas acquis l'immunité contre le virus des rues. Cette unique injection d'un mélange virus-sérum a loujours permis d'immuniser le chien, pour une durée de plusieurs semaines, contre l’action d’un virus des rues, mortel pour les animaux témoins, éprouvés aussi dans l'œil. Combien de temps dure celte immunité? Deux chiens, inoculés en février 1904, résistent encore, un an après, (4) Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 29 octobre 1904, p. 310: SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 639 à l'infection oculaire, répétée deux fois, en février et mai 1905, et à laquelle succombent les témoins. Sur un deuxième lot de 6 chiens, immunisés en avril 1904, 2 suc- combent accidentellement, en novembre, sans que le cerveau soit virulent; les 4 autres résistent à l’épreuve oculaire faite dix mois plus tard. Enfin, dans une dernière série de 13 chiens, inoculés avec un sérum sensiblement moins actif que dans les mélanges précédents, nous en relevons 5 qui prennent la rage, à la suite de l'infection oculaire prati- quée un an plus tard. Un des caractères de ce procédé d'’immunisation antirabique est la rapidité qu'elle met à s'établir. Tandis que dans la vaccination pasto- rienne on doit attendre une quinzaine de jours après une très longue série d'injections avant d'éprouver la résistance des animaux, nous voyons ce nouveau traitement leur conférer une immunité extrêmement rapide puisqu'elle les préserve de la rage trois jours encore après une injection virulente aussi sévère que celle dans la chambre antérieure. ‘Fait intéressant, le sérum des animaux ainsi immunisés ne présente jamais de propriétés antirabiques, contrairement à l'organisme qui a subi une longue série de vaccinations pastoriennes, et semble, de ce fait, avoir acquis une immunisation active, plus durable en certains cas. Mais, si nous faisons remarquer la sévérité de l'infection oculaire, à laquelle on ne saurait comparer la morsure la plus grave, nous conclurons de nos recherches qu’il est maintenant possible de préserver, par une seule injection el pour une durée d'une année, le chien contre la rage des rues. L'APPAREIL CHROMIDIAL DES CYANOPHYCÉES ET SA DIVISION, par M. A. GUILLIERMOND. Dans une précédente note (1), nous avons montré que, conformément à l'opinion de Bütschli, Wager et Olive, le réseau du corps central des Cyanophycées présente tous les caractères d'un réseau chromatique et que, à notre avis, il doit être assimilé à ce que certains cytologistes ont désigné chez les animaux sous le nom d'appareil chromidial. L'existence du réseau chromidial étant établie, nous examinerons cer- tains détails de la structure des Cyanophycées et plus particulièrement du Phormidium favosum. Dans cette Algue, la couche corticale des cellules parait contenir le pigment à l'élat de dissolulion et non sous forme de granulalions (1) Comptes rendus de l'Académie des sciences, août 1905. 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE comme le pense Wager; mais on ne doit pas, selon nous, assimiler cette zone corticale à un chromatophore, comme l'a fait A. Fischer. Elle est, en effet, constiluée par un eytoplasme qui présente une structure variable, souvent alvéolaire, et elle ne constitue pas un organe défini, formé de cytoplasme condensé, comme un chromatophore. D'ailleurs, dans les cellules âgées, le réseau chromidial se condense en une petite masse nucléiforme, tandis que le cytoplasme de la zone corlicale envahit la cellule tout entière, en se creusant de grosses vacuoles. Cela s'observe surtout dans Æivularia bullata. Le corps central comprend toute la partie médiane, incolore, de la : cellule ; il paraît constitué par un hyaloplasme dans lequel se trouve le réseau chromatique. Ge dernier montre des granulations chromatiques (visibles surtout après fixation au Flemming) réunies par une substance achromatique. Le réseau présente des arrangements variables suivant les cellules : tantôt épais et formé de quelques gros cordons longitudi- naux, tantôt fin et très ramifié. Dans le premier cas, il paraît présenter l'aspect d'un filament pelotonné dont les cordons sont généralement accolés deux à deux et réunis souvent par des anastomoses latérales. En coupe transversale, les cordons offrent parfois une section ayant la. forme de V ou d’X qui pourraient provenir de l’accolement ou de l’entre-croisement des deux cordons voisins. Dans notre précédente Note, nous avions considéré la division de l’appareil chromidial comme une fämitose. Un examen plus attentif de nos préparations a un peu modifié notre opinion. Hégler et Kohl admettent au contraire une mitose avec soudure des granulations chro- matiques du réseau à la prophase et tronçconnement de ce dernier don- nant naissance à un nombre déterminé de chromosomes. Olive se range à cet avis, mais, selon lui, les chromosomes correspondent aux granula- tions du réseau, lesquelles se partagent chacune et se portent en nom- bre égal aux deux pôles. Pour Wager, la division du corps central est une amitose avec toutefois des stades dispirèmes. Les conclusions d'Hégler, Kohl et Olive sont très exagérées ; cependant il semble exister, lors de la division, un certain alignement des cordons chromatiques du peloton, qui deviennent ordinairement parallèles les uns aux autres sans toutefois que leurs anastomoses disparaissent : mais on n’observe ni spirème, ni partage des granulations chromatiques. Le faisceau formé par les cordons chromatiques s’étrangle dans sa partie médiane, puis se coupe en deux, formant ainsi deux réseaux distincls. Les cordons chromatiques de ces derniers se ressoudent alors à l'endroit où ils s'étaient coupés et l’on observe des figures qui présentent une res- semblance évidente avec des stades de dispirèmes. En somme, cette division ne parait pas pouvoir être assimilée entièrement à une amitose; elle présente une certaine ressemblance avec une mitose : alignement des cordons chromatiques, leur partage médian, stades dispirèmes. On ME al LR Sn en SC mit SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE G4L pourrait la considérer à certains égards comme intermédiaire entre la division directe et la mitose, bien que l’enchevêtrement des cordons chromatiques ne permette pas de savoir si leur nombre est constant. En somme, les Cyanophycées n'ont pas un véritable noyau : le corps central, à l'encontre de l'opinion d'Olive, n'est jamais limité par une membrane et ne peut par conséquent être défini comme un noyau. Ge n'est pas non plus un noyau très amiboïde, comme en ont observé Caullery et Mesnil dans Fættingeria actinarium. Il représente un noyau réduit à l’état de réseau chromidial. Cet appareil chromidial est toute- fois plus différencié que la plupart de ceux qui ont été décrits jusqu'ici ; il n'est pas formé de granulations éparses dans le cytoplasme, ni de filaments discontinus comme dans Oprlinopsis sepiolæ, d’après Gonder ; c'est, en réalité, un noyau sans membrane. Peut-être cette organisation trouve-t-elle sa raison d’être dans ce fait que les Cyancphycées sont presque continuellement en voie de cloisonnement, et l’on pourrait la rapprocher de certaines particularités offertes par la membrane de ces Algues. Dans P. favosum, par exemple, presque toutes les cel- lules ont, en effet, dans leur partie médianëé, un rudiment de cloison latérale, délimitant l’ébauche de deux cellules filles, lesquelles possèdent également chacune dans leur partie médiane un rudiment de cloison latérale moins développé que le précédent. SUR LES GRAINS DE SÉCRÉTION DES CYANOPHYCÉES, par M. A. GUILLIERMOND. En outre de l’appareil chromidial, on rencontre dans les Cyanophy- cées, et entre autres dans Phormidium favosum, des granulations colo- rables qui doivent être considérées comme des grains de sécrétion. Ces granulations sont disposées soit dans le corps central, soit dans le cyto- plasme cortical; celles du corps central ont été confondues par Massart et A. Fischer avec le réseau chromidial. Pour ce dernier (1), en effet, toutes les parties colorables du corps central sont des produits de réserve, des hydrates de carbone, qui proviendraient d’une condensa- lion du glycogène : il les désigne sous le nom de « grains d’anabénine ». Ces produits sont à l’état de granules, correspondant aux « grains rouges » de Bütschli, ou sous forme de filaments ressemblant, par leur ensemble, à un réseau chromatique. 11 n’y aurait donc pas de noyau. Lors de la division cellulaire, les grains d’anabénine se répartissent à peu près également dans les cellules filles par un processus qui res- (1) Botanische Zeitung, mai 1905. 642 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE semble à une mitose (Xolhydratemilose), mais, dans la pensée de l’auteur, ce n’est là qu'une ressemblance superficielle. Nous avons rencontré, dans ?. favosum, plusieurs catégories de grains de sécrétions, que nous avions simplement mentionnées dans notre première note (1). Ce sont : 1° Les « cyanophycinkürper » des auteurs, presque toujours disposés dans le cytoplasme cortical : les uns sont très petits et placés unique- ment au voisinage des cloisons transversales des cellules; d’autres ont des dimensions variables parfois assez considérables, et sont répartis dans tout le cytoplasme cortical. Ces derniers sont généralement de forme sphérique et montrent une partie périphérique plus chromophile que le centre; on les rencontre quelquefois dans le corps central. Ces deux sortes de cyanophycinkürper sont caractérisées par la coloration bleue qu’elles prennent avec l'hémalun; elles se colorent également par l’hématoxyline ferrique. Elles sont peut-être de nature identique. Les cyanophycinkürper ne sont pas des productions constantes; ils n’appa- raissent que dans certaines conditions difficiles à déterminer ; 2° Les corpuscules métaehromatiques, dont la présence est beaucoup plus constante et qui ont les mêmes propriétés que ceux des levures. Dans les jeunes filaments, ils sont très nombreux, très petits et comme à l’état de poussière; dans les cellules plus âgées, ils deviennent moins abondants, mais plus gros. Ils disparaissent complètement ou subsistent à l’état de grosses sphérules dans les cellules très âgées. Ils sont tou- jours disposés soit dans le réseau chromidial, soit dans l'hyaloplasme du corps central : ils apparaissent donc nettement comme des produc- tions nucléaires. Dans le cas où l'appareil chromidial est condensé en une petite masse nucléiforme, comme cela arrive surtout dans Æivu- laria bullata, les corpuscules métachromatiques sont généralement placés autour de la masse nucléaire ; 3 De grosses sphères réfringentes, disposées dans l’hyaloplasme du corps central, au nombre d’une ou de deux, rarement plus, qui fixent difficilement les colorants : elles se colorent en bleu pâle par le bleu polychrome. Elles paraissent correspondre à ce qu'Arthur Meyer a décrit dans Oscillaloria simplicissima, sous le nom de « nucleolusähnlicher Kürper ». Ces corps ne s’observent que dans certaines condilions spé- ciales. (1) Comptes rendus de l'Aadémie des sciences, août 1905. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 643 INFLUENCE DE CERTAINES CONDITIONS DE MILIEU SUR LE POUVOIR INFECTANT DES CULTURES DU BACILLE D ÉBERTH, NOTAMMENT DES BACILLES DE PASSAGES, per MM. A. Roper et Lacrirrouz (de Montpellier). Parmi les conditions de milieu qui importent pour la culture du ba- cille d'Eberth exalté par des passages répélés dans le péritoine du co- baye, nous devons signaler en premier lieu l’alcalinité forte. C’est à la fois un moyen d'obtenir d'eux des cultures plus riches et de conserver leur virulence. Rien n'est préjudiciable à la virulence et à l'abondante végétation du bacille d'Éberth comme l'acidité du bouillon. Même dans un bouillon neutre au tournesol |acide à la phtaléine), le bacille souffre, les cultures sont pauvres (plus ou moins suivant Ja qualité de l'échantillon bacil- laire) et la virulence est rapidement atteinte: On sait que le bacille d’Eberth, dans le bouillon peptoné, élabore des produits acides d’abord dans une première phase de la culture, alcalins dans la phase terminale. À plusieurs reprises, nous avons suivi alten- livement les variations de la réaction dans des cultures en bouillon de réaclions initiales diverses; nous avons très nettement constaté que, pendant les premières vingt-quatre heures, l’alcalinité diminue, tom- bant plus ou moins bas selon son degré initial, puis, suivant une marche inverse, subit une ascension lente et longtemps prolongée, pour arriver à s'élever au-dessus du point de départ.La phase première d’aci- dité relative est courte, mais importante; le bacille doit souffrir de ses produits acides, car, lorsque la réaction initiale du bouillon n’est pas assez élevée, la pullulation s'arrête plus tôt et la culture est peu ac- tive. Nous avons dit dans notre précédente note que les bacilles de pas- sages se faisaient d'ordinaire remarquer par la moindre richesse de leurs callures en bouillon, comparativement avec les bacilles simple- ment entretenus in vitro, ce qui constitue une des difficultés de leur utilisation. Or, ces bacilles de passages nous paraissent plus acidogènes : peut-être l'élaboration de produits particulièrement acides est-elle res- ponsable de la limitation de ieur végélation, peut-être aussi s'ensui- vrait-il une perte relative de virulence, un déficit de l’exaltation pour les bacilles de passages portés d'un exsudat dans le bouillon. En tout cas, les bacilles de passages sont particulièrement exigeants pour l’alca- linilé, et l'on a dans l'emploi de bouillons très alcalins un moyen de favoriser leur culture; ce moyen correctif ne suffit pas toujours : en possession de l'échantillon de bacilles de passages, dont nous avons parlé dans notre première nole, qui se faisait remarquer par un amoin- 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE drissement considérable de sa végélabilité surtout en gélatine, l’alcali- nité forte ne suffisait pas à procurer de riches cultures. Pour la bonne activité des cultures du bacille d’Eberth en général et pour la conservation de sa virulence, mais plus particulièrement lors- qu'il s'agit des bacilles de passages, il importe donc d'employer des milieux très alcalins. I faut que l’alcalinité du bouillon soit assez forte pour que les produits acides élaborés au début de la pullulation ne suf- fisent pas à la neutraliser ; il faut que la réaction soit constamment no- tablement au-dessus du point de neutralité au tournesol. La présence de carbonate de soude en poudre, susceptible d'empêcher la réaction de tomber au-dessous de la neutralité, ne suffit pas; nous nous trouvons bien d'un bouillon (de bœuf, peptoné à 2/100) dont nous poussons l’al- calinisation par l'addition de soude jusqu’à ce qu’il donne avec la phta- léine une teinte rose, légère, mais très nette (1). Les bacilles typhiques, les bacilles de passages en particulier, ne sont pas seulement très sensibles au degré d’alcalinité du milieu de culture, ils sont également fort sensibles à la qualité de la viande em- ployée pour la fabrication du bouillon : pour lui, la meilleure viande est la viande très fraiche; nous avons plusieurs fois essayé des bouillons préparés avec des macérations de viande soumises à des degrés divers de putréfaction commençante, nous n'avons jamais obtenu que de _ mauvais résultats, du moins en ce qui concerne l'abondance de la pul- lulation et le pouvoir infectant des cultures vivantes. Nous rappelant l’'heureux résultat obtenu par M. Chauveau, pour l’exaltation du Bacillus anthracis, par l’addition d’une trace de sang de cobaye au bouillon, nous avons cherché si la présence d'une petite quantité de sang dans le bouillon ne serait pas favorable à la conserva- tion de la virulence du bacille d'Eberth ou même ne pourrait pas pro- curer par elle-même l’exaltation ou y concourir. Cultivant donc les ba- cilles dans du bouillon alcalin additionné de sang frais de cobaye à la dose de 2 à 8 gouttes pour 10 centimèlres cubes environ de bouillon, nous avons en effet très neltement constaté que les cullures en ce mi- lieu étaient plus infectantes que des cultures dans le même boullon pur; la dose mortelle était moindre. Le résultat est sensiblement le même, si le bouillon, après addition de sang, est porté à 55 degrés pen- dant une heure pour détruire l’alexine, ce qui se conçoit, l’alexine se trouvant dans le mélange en quantilé trop faible pour agir. L'activité de ces cultures en « bouillon-sang » n’est pas due à l’exaltation, à une qualilé particulière des bacilles : elle a sa cause _en partie dans la ri- chesse de la culture, la présence d’une trace de sang favorisant la pul- (1) Ce degré d’alcalinité ne persiste d’ailleurs pas dans le bouillon stérilisé; régulièrement, après le passage à l’autoclave, le bouillon ne donne plus de teinte rose avec la phlaléine. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 645 lulation bacillaire, en partie sans doute aussi dans une influence favori- sante, in vivo, de la matière sanguine (débris globulaires, particules de fibrine) qui peut favoriser l'infection en occupant les phagocytes. Quoi qu'il en soit, il ne parait pas y avoir d'exaltalion : nous avons en effet constaté que les bacilles repris dans une telle culture en bouillon-sang et transportés dans du bouillon pur ne se montrent pas particulièrement actifs; et, lorsque nous avons essayé de faire une série de cultures dans .ce milieu, nous n'avons pas conslalé que le pouvoir infectant allât en croissant. On a donc là un bon milieu pour obtenir des cultures particu- lièrement actives, mais non un moyen d’exaltation. UNE VARIÉTÉ NOUVELLE DE MYOCLONIE CONGÉNITALE POUVANT ÊTRE HÉRÉDITAIRE ET FAMILIALE, A NYSTAGMUS CONSTANT (NYSTAGMUS-MYOCLONIE), par MM. E. LenogLe et E. AUBINEAU (de Brest). Depuis 1898, nous observons dans la région bretonne une variété spéciale de maladie nerveuse qui se caractérise par un nystagmus constant et congénital et qui peut rester unique. Celte affection peut être familiale el héréditaire, et paraît devoir persister toute la vie sans modification; elle est persistante et invariable. Nous en avons observé à l'heure actuelle 58 cas. Voici quels en sont les grands signes : 1° Le nystagmus : il n'est pas toujours évident et demande parfois à être décelé avec patience. Il est essentiel. 2° À côté de ce signe prend place un {remblement, ou mieux une série de secousses plus ou moins étendues, variables, susceptibles d’être maitrisées par la volonté, pouvant à la tête être rythmiques et oscilla- toires (mouvements pendulaires), ou au contraire irrégulières ; gagnant les membres supérieurs et le corps, affectant alors plus ou moins les allures de la sclérose en plaques, ou de la main qui plane au-dessus d’un objet avant de s’en saisir. Elles rappellent encore le myxædème, ou bien les muscles sont agités de secousses cloniques. 3° Il existe lrès souvent de l’exagéralion des réflexes tendineux et cutanés. Le phénomène du pied ou le signe de Babinski ne s'observent qu'à titre exceptionnel. Au contraire, la sensibilité a toujours été trouvée normale dans tous ses modes. Le signe de Romberg y est très rare. 4 Des /roubles vaso-moteurs divers peuvent être signalés, allant depuis la simple rougeur jusqu’à la production de sueurs ou d'ædèmes circonscrits et une fois du syndrome de Weir-Mitchel]. 5° Les troubles trophiques et les anomalies de développement peuvent occuper une place considérable dans le syndrome; c'est ainsi que cer- 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lains sujets présentent le type infantile ou myxædémateux. On constate parfois une laxité particulière des articulations des doigts; ailleurs : des dents striées, crénelées, avec des incisures; le crâne peut être naliforme, le pavillon de l'oreille mal formé ; l’asymétrie faciale et les ptoses palpébrales sont fréquentes, ainsi que l'inégalité pupillaire. La main peut rappeler l'aspect succulent. L’anomalie peut frapper les organes génitaux; on constate alors de l'hypospade, une verge minus- cule ou des testicules extrêmement réduits. Signalons des variétés de pied bot avec pied creux et orteils en marteau s'accompagnant d'alté- rations unguéales. 6° L'intelligence peut être frappée, et ses troubles peuvent aller depuis les phobies variables à une profonde débilité intellectuelle. 1° Il n'y a pas de réaction de dégénérescence ; on peut constater de l'hyperexcitabilité faradique et galvanique des nerfs et des muscles. Comme dans les formes déjà connues, nous avons vu des complica- tions survenir et entrainer la mort : une affection cardiaque, une népbrite avec urémie ; des troubles de la miction et de la défécation que l’au- topsie nous permet de considérer comme résultant de secousses clo- niques des fibres musculaires reclales et vésicales. La maladie peut enfin s'associer à une autre névrose, l’hyslérie, mais jamais à l'épilepsie. On peut lui reconnaitre différents types : 1 type. — Nystagmus essentiel. Manifestation isolée. 2e type. — Nystaginus essentiel avec symptômes variables surajoutés, trem- blement de la tête, asymétrie faciale, inégalité pupillaire. 3° type. — Nystagmus essentiel avec symptômes nerveux spéciaux, exagé- ration des réflexes, trépidation épileptoïde. 4° type. — Forme complexe avec, en outre des signes précédents, des troubles trophiques, vaso-moteurs, intellectuels. 5° type. — Manifestation familiale et héréditaire de ce même symptôme (nystagmus), isolé ou associé à plus ou moins d’autres signes surajoutés. Nous avons constaté : le nystagmus isolé, 16 fois ; Le 2° type, 23 fois ; le nystagmus avec exagération des réflexes, 15 fois ; la forme complexe, 4 fois : la forme familiale et hérédilaire, 13 fois. Si l'affection présente se rattache aux myoclonies déjà connues par certains de ces signes, en parliculier les secousses musculaires, elle s’en distingue par la constance du nystagmus, la fréquence de l'exagé- ration des réflexes, les nombreux {roubles trophiques qu’elle peut pré- senter, et surtout par ce caractère qu’elle est congénitale et qu'elle peut ètre familiale et héréditaire. . Nous ne lui reconnaissons aucune cause précise. L'influence du sexe masculin y est cependant prépondérante. L'influence de la race bre- tonne nous paraît capitale, parce que cette affection est le produit de la dégénérescence. | SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 647 Nous proposons de la désigner sous le nom de Nystagmus-Myo- clonie. Nous avons eu l'occasion de pratiquer l’autopsie d’une des variétés complexes : macroscopiquement, on n'y reconnaissait aucune lésion. L'examen microscopique pourra peut-être y déceler des altérations qui ont échappé à des examens antérieurs. En tout cas, la forme nouvelle que nous venons de décrire nous parait relier entre elles les diverses formes de myoclonies déjà connues. : CARACTÈRE CUIMIQUE DISTINCTIF ENTRE LA SÉRUM-ALBUMINE ET LA MYO-ALBUMINE. UNE LOI GÉNÉRALE DU MÉCANISME VITAL, par M. J. DE REY-PAILHADE. J'ai montré à la Société chimique de Paris (3° série, t. XXXIII, p. 850, 1905) que dans la elasse des albumines vraies, c’est-à-dire solubles dans l’eau distillée pure, il faut distinguer deux variétés : 1° l’albumine « n’altaquant pas le soufre libre à la température de 40-45 degrés : . M. Heffter a prouvé que la sérum-albumineest de l’albumine &; — 2° l’al- bumine 6 donnant de l'hydrogène sulfuré avec le soufre à 40-45 degrés: — l'ovalbumine est de l’albumine £. J'ai appelé, en 1888, philothion toute matière d’origine vivante, pro- duisant cette réaction du soufre. La différence d’action des albumines t 6 provient, sans doute, de l'existence dans 8 d'un hydrogène labile que je désigne par hydrogène philothionique. Ces deux variétés d’albumine chauffées en liqueur très peu acide four- nissent des dérivés coagulés agissant comme les albumines solubles : ainsi l’albumine z donne un coagulum inactif sur le soufre à 45 degrés, tandis qu'avec le coagulum de 6 on obtient de l'hydrogène sulfuré; je distingue le coagulum actif sous le nom de pseudo-philothion, matière albuminoïde insoluble dans l'eau. La propriété hydrogénante du pseudo-philothion est lrès précieuse pour la recherche du philothion ou albumine f. La science ne possédait encore qu'un signe physique pour PER la sérum-albumine de la myo-albumine (albumine musculaire soluble dans l’eau après la mort). La myo-albumine se coagule à 73 degrés et la sérum-albumine à 76 degrés. Mes recherches montrent que la myo- albumine est de la variété 6. — On hache finement du muscle de dindon, puis on traite par deux fois son poids d’eau; on agite une demi-heure ; on filtré deux fois et on coagule par la chaleur. Le précipité recueilli est desséché entre deux feuilles de papier buvard, broyé avec du soufre, puis enfermé dans un pelit tube avec du papier à l'acétate de plomb; il Brocosire. Comptes RENDUS. — 1905. T. L,IX. 46 648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ne faut pas que le papier touche le mélange; au bout de trente minutes d'étuve à 45 degrés, le papier réactif est devenu noir. Un essai sans soufre ne donne que des traces de H°S. Les muscles de cheval, de veau, de poisson (gros merlan) donnent le même résultat. M. Heffter a montré que le plasma sanguin est sans action sur le soufre; j'avais prouvé dès 1890 que les tissus entiers agissent sur le soufre. Aujourd'hui, l’action hydrogénante du pseudo-philothion, en classant la myo-albumine dans la variété $, démontre aussi que la cel- lule animale en s’incorporant de l’albumine du plasma sanguin lui donne une énergie chimique plus forte vis-à-vis du soufre. C’est à l’aide de cette supériorité d'énergie chimique sur celle des éléments au sein des- quels elle vit qu’elle les attaque etles faconne pour subvenir aux besoins de sa nutrition. On peut dès lors énoncer la loi générale suivante : Toutes les cellules vivantes possèdent la propriété biologique d'accroître l'énergie chimique de certains éléments au sein desquels elles vivent; elles emploient ensuile cette nouvelle énergie à la continuation de leur eæis- tence, à leur développement et à leur reproduction. Cette loi évidente chez la plante est plus cachée chez l'animal qui s'alimente de substances douées déjà de beaucoup d'énergie chimique. On peut transformer l’albumine $ en + par divers procédés : 1° en traitant à froid de l’ovalbumine par du soufre pendant trois ou quatre. jours; 2° en faisant agir de l'acide azoteux sur de l’ovalbumine étendue. DE LA FORMATION « IN SITU » DES POLYNUCLÉAIRES ÉOSINOPHILES DE LA MUQUEUSE INTESTINALE, par M. L.-G. Simon. Nous avons déjà signalé à la Société la présence constante de polynu- cléaires éosinophiles dans la muqueuse intestinale chez tous les ani- maux que nous avions examinés. — Nous voulons maintenant préciser l'origine et le mode de formation de ces polynucléaires. 4° Pour une part, ce sont des éléments d'importation venus de la moelle osseuse par la circulation sanguine. Dans une note ultérieure, nous préciserons les conditions de cet apport. 90 Un certain nombre sont formés sur place, et c'est cette production locale que nous étudierons ici. Chez un chien à jeun depuis un ou plusieurs jours, les cellules éosi- nophiles sont rares. Ce sont presque toujours des polynucléaires. Néan- moins, on peut, même dans ces conditions, trouver, de loin en loin, dans le derme sous-glandulaire, des cellules spéciales : leur proto- plasma a sensiblement les mêmes dimensions que celui des polynu- SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 649 cléaires ; comme lui, il est plus ou moins infiltré de granulations éosi- nophiles ; mais le noyau n'est pas bilobé ou mullilobëé; il est exactement arrondi et présente une structure dense; on le trouve au milieu de la cellule ou légèrement excentrique et il ne représente guère que le tiers du volume total de la cellule. Par ses dimensions et son aspect, il s’identifie donc au noyau du lymphocyte. Ce stade représente une étape de la transformation directe d’un lym- phocyte en polynucléaire éosinophile |évolution lymphocytaire), telle qu'elle a été vue par Dominiei et par Delamarre dans le tissu du gan- glion, et comparable à celle qui a été décrile par Ouskow, Everard, Demoor, Massart, etc., pour le polynucléaire neutrophile (1). Malgré tout, chez le chien à jeun, ces cellules sont rares, et leur re- cherche nécessite des examens longs et minutieux. Chez les chiens en pleine digestion intestinale, au contraire, on trouve dans la muqueuse, à côté de polynucléaires abondants, ces mêmes figures d'évolution lymphocytaire du polynucléaire éosinophile extrême- ment nombreuses. On en compte en moyenne deux ou trois dans un seul champ microscopique (obj. 1/15 Homog. Stiassnie, ocul. 6. Coupe de 1/150 de millimètre d'épaisseur). Mais ce ne sont pas, dans ce cas, les seuls éléments indiquant une formation locale d’éosinophiles. Il existe aussi quelques cellules dont le protoplasma est large et étalé, souvent deux fois plus volumineux que celui des polynueléaires; il con- tient des granulations tantôt clairsemées, tantôt nombreuses et ser- rées. Le noyau, légèrement excentrique, est volumineux, arrondi, clair, très peu chargé en chromatine. Ces cellules ont donc les caractères des myélocytes éosinophiles. Ainsi, on retrouve dans la muqueuse de l'intestin, en pleine diges- tion, les deux modes de formation elassiques des polynucléaires éosino- philes, connus sous le nom d'évolution lymphocytaire et d'évolution myélocytaire. Ces phénomènes sont encore plus marqués chez les animaux placés dans des conditions expérimentales qui s’accompagnent de sécrétion du suc entérique : «) Après injection sous-cutanée de pilocarpine. 6) Après introduction dans le duodénum de suc pancréatique de se- crétine. 7) Après injection intraverneuse de sécrétine (injections isolées ou ré- pélées une ou deux fois par semaine pendant plusieurs mois). Dans tous ces cas, la prolifération est si abondante qu'on trouve dans un seul champ microscopique de sept à treize formes intermédiaires (4) M. Dominici a déjà noté cette évolution dans l'int:stin du cobaye normal. 650 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (myélocytes éosinophiles ; formes lymphocytaires), à côté de nombreux polynucléaires adultes. Ces cellules se rencontrent dans tout le derme : A les villosilés, entre les glandes, sous leurs culs-de-sac. On les voit même, dans les cas extrèmes, passer entre les cellules du fond des glandes et déverser leurs granulations dans la lumière du tube, comme les polynueléaires. Elles sont particulièrement abondantes dans la muqueuse duodé- nale; elles sont plus rares mais se voient « encore au niveau du gros in- . testin. É Nous insistons enfin sur ce fait, que dans le sang des animaux en expérience, nous n'avons trouvé aucune de ces formes d'évolution, et qu'on ne saurait pas conséquent admettre leur origine médullaire et leur apport secondaire dans l'intestin par la circulation sanguine. Il s’agit donc bien d'une formalion locale de cellules éosinophiles aux dé- pens de lymphocytes de la muqueuse normale. Mais il nous a semblé qu'une fois formées, ces cellules ne proliféraient pas, car nous n'avons pas vu de figures de caryokinèse. Ces faits sont importants au point de vue de Te . de l'intestin ; nous reviendrons plus tard sur ce point; mais ils présentent également un certain intérêt en histologie générale. Ils viennent à l’en- contre de la thèse de M. Levaditi qui conditionne toute éosinophilie locale à une éosinophilie sanguine, consécutive elle-même à une proli- fération médullaire. Ils confirment les idées générales de M. Dominici sur la dissémination dans l’organisme de toutes les Qui leuco- poiétiques. (Travail du laboratoire de M. le professeur G.-H. Roger, à la Faculté de médecine.) L'INFLUENCE DES VARIATIONS DU DEGRÉ DE PURETÉ DE L'EAU SUR LE PHOTOTROPISME, par M. GEORGES Bonn. À Concarneau, près la halle aux poissons, dans les mares supra-litto- rales, se trouve vers la fin de l'été en extrême abondance un pelit copépode, l’Æarpacticus fulvus Fischer (1). Pendant les. périodes de morle-eau, la mer n’atleint pas ces mares où s'accumulent des débris de poissons et des matières organiques diverses en voie de putréfac- (1)Je remercie M. Cligny, qui à déterminé cet animal et m'a donné des détails sir son mode de vie. SÉANCE DU 46 DÉCEMBRE 651 tion : petit à petit, l'eau devient excessivement impure. Pendant les périodes de grande marée, les vagues viennent balayer toutes ces or - retés, et l’eau redevient pure. - Or, ces variations périodiques du degré de pureté de l'eau ont une influence très grande sur les mouvements du copépode. Ces mouvements sont la résultante des attractions plus ou moins prononcées exercées par les surfaces d'ombre sur le crustacé, ef ces attractions atteignent leur maximum d'intensité après le passage de l'eau impure. dans l'eau pure; peu après, l’eau restant encore pure, elles s'affaiblissent beaucoup. Dans une cuvetle circulaire contenant de l’eau impure, les Aarpac- ticus effectuent un mouvement de va-et-vient entre les deux extrémités a et b du diamètre perpendiculaire à la principale surface éclairante (fenêtre); ils vont de «a en b attirés par les surfaces d'ombre opposées à la fenêtre, en longeant les parois du vase qui les attirent également; ils reviennent de b vers «a directement, comme s'ils ‘étaient repoussés par toutes les surfaces sombres; ainsi ils effectuent de très grands cercles. Mais si on remplace l’eau impure par de l’eau pure, le va-et- vient cesse : les copépodes sont attirés en b avec une très grande force, ils ne peuvent plus nager en faisant face à la fenêtre, et ils tourbil- lonnent aux 2, CES de à, formant un rassemblement très considé- rable. Ainsi, immédiatement après la purificalion de l'eau, les Harpacticus viennent s'assembler en tourbillonnant dans les régions opposées aux surfaces de lumière, et aussi dans les ombres portées, c'est-à-dire que le phototropisme devient très fortement négatif. H y a plus : le phénomène que je viens de signaler est en relation avec la périodicité vitale déterminée par les oscillations de la marée. Le 29 août 1905, au commencement d'une graude marée, des copépodes se trouvaient dans un cristallisoir au milieu de l’eau impure des périodes de morte-eau; à 3 h. 1/2, les flaques d'eau où on les avait recueillis quelques jours auparavant furent recouvertes par les vagues, et bien que l’eau et l’éclairement du cristallisoir n'aient pas changé, les crus- lacés se mirent à tourbillonner du côté de l'ombre, comme ils l’auraient fait dans leur habitat d'origine à la même heure. Tous ces faits sont à rapprocher de ceux que j'ai observés précédem- ment sur d’autres animaux supra-littoraux, les littorines et les Æediste; au moment du retour de la mer, même si ces animaux sont soustrails à l'influence des vagues, le phototropisme devient très fortement négatif. Tandis que la mer reste aux bas niveaux, les litlorines subissent sur les rochers une dessiccation physique, les Æediste éprouvent dans les estuaires des variations de salure, les Æarpacticus sont intoxiqués dans les mares par CO* et d'autres impuretés d'origine organique. Pour Giard, ces mollusques, annélides et crustacés entreraient en un élat d'anhydro 652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE biose, car le sel et CO” sont des déshydratants. Mais l’eau revient et détermine une excilation qui se manifeste par l'intensité des réactions phototropiques. De même, après une dessiccation physique ou une déshydratation chimique (sel, CO?), l'œuf mis eu présence de l’eau peut se développer sans fécondation. Les vues de Giard sur l’anhydrobiose, si fécondes en biologie, permettent donc d'établir un parallélisme complet entre le phototropisme et la parthénogenèse artificielle. Et il est bon de rappeler ici que les Æarpacticus fulous réalisent dans la nature une expérience faite par Lœb l’an dernier : celle du changement de signe de l’héliotro- pisme sous l'influence de l’alcool et de CO?. Spirochæte pallida SCHAUDINN, DANS LA ROSÉOLE SYPHILITIQUE, par MM. A. VEIzLon et J. GirARD. Dans une communication récente (Comptes rendus de la Sociélé de Biologie, 18 novembre 1905) MM. Burnet et C. Vincent ont bien montré la distribution topographique et le rôle du spirochæte de Schaudinn dans l’évolution du chancre syphilitique. Nous avons étudié des taches de roséole, en employant la même méthode. Il s’agit d’un malade porteur d’un chancre sous-préputial, venu en consultalion à l'hôpital de l’Institut Pasteur. À l'apparition de la roséole, nous avons prélevé, avec les précautions aseptiques d'usage, un petit fragment de peau, au niveau d’une tache rosée datant de trois à quatre jours au plus. Ce fragment a été traité suivant la méthode d'imprégnation argen- tique déjà employée par Levaditi, Burnet et C. Vincent. Les coupes de ce fragment, examinées à un faible grossissement, montrent des lésions très localisées mais très nettes. La coupe porte sur une trentaine de papilles ; les lésions ne s'étendent que dans la zone répondant à huit ou dix d’entre elles. À ce niveau, dans les papilles et la zone sous-papil- laire du derme, les capillaires sont dilatés, gorgés de sang, et par places on trouve autour d’eux une infiltration commençante de cellules rondes mononucléaires. La couche profonde du derme et l’épiderme parais- saient normaux. Ë A un fort grossissement (Zeiss. immersion apochrom. 1.30) on peut reconnaitre la présence de spirochètes, dont la distribution topogra- phique fait l'intérêt de cette note. On les rencontre dans les capillaires terminaux des papilles et dans quelques vaisseaux sous-papillaires. Les spirochètes sont très nettement constitués par un filament fin, teinté en noir par le précipité d'argent et enroulé en spires, comme dans un ressort à boudin. Bien qu'il n'y ait pas d’hémorragies, quelques spiro- SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 653 chètes sont déjà hors des vaisseaux et se retrouvent dans les nodules périvasculaires. L'étude de ces coupes est intéressante à divers points de vue. 1° Elle montre — si cela était encore nécessaire — la valeur patho- gène de l'organisme décrit par Schaudinn, dont nous constatons la pré- sence dans une lésion fermée, à l'abri de toute infection secondaire. 2% Les lésions de la roséole syphilitique, même au début, sont déjà nettement accusées et consistent en une congestion intense des capil- laires et une ébauche d'infiltration périvasculaire. 3° La distribution topographique du spirochète dans la macule de roséole en explique la pathogénie : la tache éruptive n'est pas une lésion d'origine simplement toxique, elle est causée par une véritable embolie du parasite qui, transporté par le sang, vient se fixer dans les capillaires terminaux des papilles en provoquant à ce niveau des lésions congestives et une infiltration périvasculaire. La présence de spirochètes hors des vaisseaux, dans les nodules périvasculaires, nous fait soupconner le déterminisme de lésions plus profondes, telles que la papule, VALEUR DE LA SATURATION DANS LE DIAGNOSTIC DES AGGLUTININES TYPHIQUES ET PARATYPHIQUES, par MM. Rieux et SACQUÉPÉE. Il arrive assez souvent qu'un même sérum agglutine deux microbes différents, par exemple le bacille d'Eberth et un bacille paratyphique; dans les cas de ce genre, il y a lieu de se demander si l’on est en pré- sence d’une infection mixte, c'est-à-dire d’une infection par chacun des microbes agglutinés, ou d'un phénomène de coagqlutinalion : ce terme de coagglutination exprime l’agglutination d'une espèce microbienne différente de l'espèce infectante, par exemple l’agglutination d'un bacille paratyphique par un Eberth-sérum. Dans ce but, on a utilisé le procédé de la saturation des agglutinines. On en connait le principe : si, à un Eberth-sérum agglutinant à la fois le bacille d'Eberth et un colibacille, on ajoute à plusieurs reprises une grande quantité de cullure de bacille typhique, on constate qu'après décantation le sérum ainsi traité est devenu inactif et beaucoup moins actif sur chacun des deux microbes. Si au contraire au même Eberth-sérum on ajoute une culture de coli- bacille, on abaisse le titre de la coliagglutination, sans toucher sensi- blement au titre de Pagglutination éherthienne, spécifique. S'agit-il au contraire d'un sérum mixte, c’est-à-dire provenant d'un animal traité par injections de chacun des deux microbes précédents, 654 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'addition de bacille typhique abaisse l’index-Eberth exclusivement (ou presque), et inversement l'addition de colibacille abaisse exclusivement le coli-index, sans toucher à l’agglutination éberthienne. Autrement dit, en cas d'infection simple avec coagglutination, la satu- ration est totale pour le bacille spécifique infectant, et reste seulement homologue pour le bacille coagglutiné; en cas d'infection mixte, la satu- ralion est touiours serlement homologue. En est-il de même dans émuler e n l'histoire des rapports du bacille d'Eberth avec les bacilles paraty- - phiques ? | Ï. — Expérimentalement, un Eberth-sérum expérimental coagglutine- t-il nettement un bacille paratyphique, l'épreuve de la saturation montre que le bacille d'Eberth absorbe toutes les agglutinines, alors que les bacilles paratyphiques absorbent seulement les agglutinines _ homologues, à l'exclusion des agglutinines spécifiques. Ù Exp. I. — Eberth. Sérum expérimental : INDEX AGGLUTINATIF om Avant Après saturation par A — toute saturation. b. d'Eberth. b. parat. B. Bac: diEberlhe te" 1500 300 -800 Bac parait NB 000 800 100 100 Il en est exactement de même des sérums paratyphiques coagglu- tinant le bacille d'Eberth. La règle de Castellani s'applique également aux sérums mixtes, prove- nant d'animaux inoculés à l’aide de deux microbes différents. Ainsi : Exe. II. — Sérum expérimental mixte (Eberth. Parat. B. Sérum) : INDEX AGGLUTINATIF 0 Avant Après saturation par ÉRR 1: toute saturation. b. d'Eberth. b. parat. B. Bac. d'Eberth . . . . 1000 300 © 600 Bacrparat-1B MA HER 800 . 800 46400 Dans les sérums mixtes, chacun des microbes infectants absorbe presque exclusivement des agglutinines homologues. En est-il de même des agglutinines humaines ? Les sérums humains pathologiques agglutinent assez souvent deux microbes, sinon plus; en particulier les sérums typhiques coagglutinent souvent les bacilles paratyphiques; l’action inverse des sérums paraty- phiques sur le bacille d’Eberth parait plus rare. | En ce qui concerne les sérums typhiques coagglutinant un ou plusieurs | SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE . 655 bacilles paratyphiques, nous avons généralement constaté jusqu'ici que l’épreuve de la saturation se traduit ainsi : Absorption de toutes les agglutinines par le bacille d'Eberth; Absorption des agglutinines paratyphiques seules par le bacille paratyphique. Autrement dit, cetle expérience nous invite à conclure : infection _éberthienne avec coagglutination paratyphique. La conclusion est d’ailleurs exacte, comme le démontrent d'autres procédés bactério- logiques. Il n'en est malheureusement pas toujours ainsi. Tel l'exemple suivant: - Exp. IL. — Sérum humain : INDEX AGGLUTINATIF oo Avant Après saturation par PS RTS toute saturation. b. d'Eberth. b. parat. A. Bac: d'Eberth . ... . 50 15 30 Baemparal A: 200 25 25 A s’en tenir aux renseignements fournis par la saturation, on devrait conclure à une infection éberthienne pure ; or l'étude bactériologique plus complète montre qu'il s’agit d’une infection exclusivement pro- voquée par le bacille paratyphique A. Il convient donc de faire des réserves sur la valeur du procédé dans les recherches cliniques. ' SATURATION DES AGGLUTININES PARATYPHIQUES, par MM. Rieux et SACQUÉPÉE. Il a paru intéressant d'appliquer expérimentalement l'épreuve de là saturation à l'étude des rapports des bac. paratyphiques entre eux. I. — Etant donné un sérum de type A, également actif sur la plupart des bae. type À, on constate que la saturation par un des représentants du groupe abaisse le laux d’agglutination de tous les autres bacilles type À ; mais la chute est inégale pour chacun d'eux. Exp. I. — Sérum parat. A 18 : INDEX AGGLUTINATIF "mn, Avant Après saturation par On 7 saturalion. b. para. A 18. b. para. À 17. Bac. parat. À 18. . . 2000 << 20 << 20 Bac. pardt. 417.4, 750 120 << 20 Bac. parat, À 20, . . 1000 150 150 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IL. — Pour les sérums de type B, inégalement actifs sur les bacilles type B, la saluration par un des bacilles du groupe correspondant. est à peu près complète pour certains échantillons, moins prononcée pour d’autres, parfois à peu près nulle. Ainsi : Exr. II. — Sérum paratl. B 24 : INDEX AGGLUTINATIF A Avant Après saturation par A saluralion. b. para. B 24. b. para. B 32. Bac. parat. B 24, . . 2000 50 100 Bac. parat. B 32. . . 1000 100 50 Bac. parat. B 21. , . 1000 50 100 Dac. parateBa92,...4 1000 750 1000 Devant la saturation, les bac. paratyphiques de type B se com- portent donc de manière très disparate. IT. — L'épreuve est tout aussi incertaine dans l'étude des sérums mixtes. La saturalion par l’un des microbes infectants absorbe toutes les agglulinines, fait qui semble montrer l’étroite parenté des agglu- tines paratyphiques À et B. Exp. IT. — Sérum mixte para À et para B : INDEX AGGLUTINATIF A "—— Avant Après saturation par A saturation. b. para A. b. para. B. Bac. para. A 16... 500 30 100 Bac. païa. B 24 + | 350 10 > 30 IV. — L'étude expérimentale de l'absorption des agglutinines para- typhiques fait ressortir à la fois le peu d'homogénéité des deux groupes, Surtout du groupe B, et les ressemblances biologiques dés deux types. PROPRIÉTÉS DES POISONS LOCAUX DU BACILLE TUBERCULEUX, par MM. P. Armano-DeztiLe et HuEr. On sait que le bacille tuberculeux possède une action anaphylactisante caractéristique vis-à-vis de lui-même et de la tuberculine, en ce sens que, chez l'animal tuberculeux, une injection de bacilles vivants ou morts, ou de tuberculine brute, provoque une vive réaction thermique, suivie de réaction locale intense autour des foyers tuberculeux, et peut même, dans certaines conditions, déterminer la mort. | SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 657 Nous avons recherché (1) si les poisons à action locale qui dans les tissus reproduisent d'une façon si typique le tubercule ne possédaient pas eux aussi une aclion anaphylactisavte analogue. Nous avons expé- rimenté avec l'éthéro-bacilline d'Auclair, ainsi qu'avec l'extrait xylolé de bacilles tuberculeux humain ou bovin (doses de 2 à 5 centigrammes), sur le cobaye el le lapin, le premier pouvant être considéré comme le réactif le plus sensible de la tuberculose, le second comme relativement plus résistant. Nous avons étudié successivement les réactions thermiques, les modi- fications de l'état général et du poids, et les foyers d'inoculation chez l'animal tuberculeux et l'animal préalablement inoculé de poisons locaux. Voici les résultats obtenus : 1° En ce qui concerne la température (prise toutes les trois heures, la veille, le jour et le lendemain de l’inoculation) : a) Chez l'animal tuberculeux, il ne se fait pas d’élévation thermique nolable, elle est nulle où ne dépasse pas 0°5 chez le lapin, 0°1 chez le cobaye; b) Chez l'animal préalablement inoculé de poison local et portant un foyer caséeux ainsi produit, l'élévation thermique a été insensible ou n'a jamais dépassé 0°9 chez le lapin, 0°7 chez le cobaye, six heures après l'inoculation, pour retomber à la normale le lendemain. Ajoutons que, chez l'animal neuf, l'injection de poisons locaux ne provoque pas non plus de réactions thermiques supérieures a 0°5); c) Chez l'animal préalablement inoculé de poison local, l'inoculation de tuberculine ne provoque pas non plus de réaction thermique appré- ciable. 2° Il ne se fait dans tous ces cas aucune réaction notable de l'état général; en ce qui concerne le poids, l'inoculation de poison local détermine toujours chez le cobaye, en même temps que se développe le foyer caséeux, une diminution de poids de 1/10 à 1/5. Chez le lapin, au contraire, avec la même réaction locale, le poids ne se modifie pas ou même s'accroit. 3° Il ne se produit jamais, à la suite de l’inoculation de poison local, aucune réaction au niveau du foyer tuberculeux antérieur, ow du foyer caséeux provoqué par poison local; l'injection de tuberculine dans ce dernier cas ne produit non plus aucune réaction locale, _ I faut signaler cependant que la chloroformo-bacilline produit parfois de légères réactions thermiques chez l'animal tuberculeux, comme si le chloroforme dissolvail un peu de tuberculine. Des résultats précédents, nous croyons être autorisés à conclure que (4) Voir aussi : Armand-Delille et Huet, Comptes rendus du Congrès de la tuberculose, 1905, 1*e section : Action respective et réciproque des différents poisons du bacille tuberculeux humain. 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les poisons à action locale du bacille tuberculeux, tels que l’éthéro- bacilline d’Auclair et-l’extrait sylolé, n’ont aucune action générale sur l'organisme et qu'ils ne sont anaphylactisants ni vis-à-vis d'eux-mêmes, ni vis-à-vis du bacille tuberculeux vivant, ni vis-à-vis de la tuberetliees CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DU MÉLANGE DE SÉRUM ANTIRABIQUE ET DE VIRUS FIXE (1), par M. P. REMLINGER. Pour l'obtention d'un sérum antirabique, nous nous sommes adressé exclusivement au moulon, animal facile à manier et susceptible de four- nir une grande quantité de sang. L’immunisation est commencée par … voie jugulaire en ayant soin d'injecter au début une dose de virus très faible et très diluée. Après trois ou quatre inoculations intra-veineuses, l’immunisation est poursuivie par voie sous-culanée. On arrive très vite à injecter en une fois un cerveau entier de lapin émulsionné dans 400 centimètres ‘cubes d’eau. Lorsque le mouton a reçu trente à qua- rante cerveaux, son sérum neutralise généralement un volume égal d'émulsion virulente centésimale. Il faut alors l'utiliser et entretenir l'animal en lui inoculant tous les dix jours un cerveau sous la peau. Les saignées sont faites chaque mois, dix jours après une inoculalion. Il n'y à aucun avantage à obtenir un sérum plus actif que celui qui neultralise son volume d'émulsion à 1/100. Ainsi que l'a vu M. Marie et que nous l'avons vérifié à différentes reprises, le sérum antirabique n'agit en général que dans des limites assez étroites, un centimètre cube de sérum neutralisant par exemple 1 centimètre cube d'émulsion viru- lente à 1/100 et ne neutralisant pas un demi-centimètre cube. Le sérum antirabique paraît rigoureusement spécifique. Le sérum du lapin ou du mouton sains, les sérums antidiphtérique, antitétanique, antistreptococcique n’exercent aucune action rabicide.M. Marie a vu que le sérum de certains oiseaux pouvait neutraliser une émulsion rabique et que cette neutralisation s’observait même chez des individus parfaite- ment réceptifs. Nous avons vu pour notre part que le sang de la Tortue (Testudo Græca) complètement réfractaire à la rage, ainsi que nons l'avons démontré (2), n’exerçait pas la moindre action antirabique. Il (1) Voyez Marie : Société de Biologie, 29 novembre 1902, 7 novembre 1903, 18 juin 1904, 26 mars 1904, et Annales de l'Institut Pasteur, 25 janvier 1905. (2) P. Remlinger. La tortue terrestre est réfractaire à la rage. Société de Biologie, T janvier 1905. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 659 n'existe done aucun rapport entre les propriétés antirabiques du sang et la résistance d'un animal à la rage. : L'inoculation sous la peau d’une émulsion de virus fixe et de sérum antirabique en quantité soit insuffisante, soit trop considérable, est par- faitement capable de déterminer l'apparition de la maladie. Ce fait doit imposer une certaine circonspection dans l'application du mélange V.S. à la vaccination antirabique et un dosage très minutieux du sérum doit être praliqué à chaque saignée. L'émulsion de virus fixe exactement neutralisée se montre par contre tout à fait inoffensive. Nous nous sommes injecté 30 centimètres cubes de V. S. sans autre accident qu'un léger urticaire. Un lapin de 1600 grammes a reçu en une fois 80 centi- mètres eubes de V. S; un lapin de 2400 grammes, 300 centimètres cubes en quatre fois, sans inconvénient. Contrairement à ce que la théorie faisait prévoir, il n’a jamais élé noté avec ces doses élevées le moindre effet névrotoxique. Inoculé au lapin par voie sous-dure-mérienne ou inlra-cérébrale, le mélange de virus fixe et de sérum antirabique demeure absolument sans action. Les lapins qui recoivent ainsi 1/2 ou 1 centimètre cube de V.S. la veille ou le lendemain de la trépanation avec le virus fixe suc- combent sans aucun retard sur les témoins. Il en est de même si l’injec- tion de V. S. est faite en même temps que l’inoculation de virus fixe, en un point du cerveau ou de la dure-mère légèrement distant. Le mélange V. S. agit très activement, au contraire, lorsqu'il est injecté sous la peau ou dans le péritoine et il arrive quil préserve contre l'épreuve sévère de l'inoculation sous-dure-mérienne. Un lapin de 2350 grammes recoit sous la peau, du 3 au 13 février 1905, 240 centi- mètres cubes de méjange V.S. Il est trépané le 27 avec du virus fixe et échappe à la rage. L'immunité se maintint du reste pendant fort peu de temps. Le 17 mars, le lapin est trépané à nouveau. II meurt de rage le 28, au 11° jour. Si les injections de V. S. au lieu d'être faites avant la trépanation sont pratiquées après celle-ci,elles échouent toujours, quelle que soit la dose employée (300 centimètres cubes pour un lapin d'un kilogramme dans une observation), et alorsmême qu'elles sont com- mencées aussitôt après l’inoculation. On sait que Tizzoni et Centani puis Babès ont étudié chez les animaux et appliqué au traitement prophylactique chez l'homme le sérum de .moulons immunisés contre la rage. Il était intéressant de comparer l'ac- tion de ce sérum et celle du mélange V. S. À plusieurs reprises nous avons inoculé dans les muscles de la cuisse, avec une forte dose de virus fixe, deux lots de cobayes de poids identique. Ces animaux rece- vaient ensuile sous la peau, les uns des doses variables de sérum anti- rabique, les autres des doses égales de mélange V. S. Contrairement à notre attente, les résultats ont été dans les deux cas à peu près iden- tiques. Le mélange V. S. n'a pas paru avoir de supériorité marquée sur 660 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le sérum antirabique employé seul. Il faut toutefois faire remarquer que l'inoculation intra-musculaire d’une dose même élevée de virus fixe dans les muscles du cobaye n’est pas absolument fatale. Les expériences précédentes se trouvent ainsi grevées d’une cause d'erreur assez impor- tante. Il importerait de les répéter sur une très vaste échelle. ({nstitut impérial de bactérioloqie à Constantinople.) VARIABILITÉ ET DISSOCIATION DES RÉACTIONS CLINIQUES, CYTOLOGIQUES, BACG- TÉRIOLOGIQUES ET ANATOMO-PATHOLOGIQUES DANS CERTAINS FORMES DE MÉNINGITES TUBERCULEUSES, par MM. MauRIcE VicLaRET et LÉON TixtER. Nous avons eu l'occasion d'observer pendant ces derniers mois plu- sieurs cas de méningites, dont les caractères soit cliniques, soit cytolo- giques, soit anatomo-pathologiques, permettaient de porter le diagnostic de méningite tuberculeuse. Nous avons remarqué qu'il existait chez nos malades une telle disso- ciation et une telle variabilité entre les données fournies par la clinique et le laboratoire, que nous nous sommes demandés si, d’une part, l'ino- culation au cobaye n’était pas le seul moyen certain d'affirmer la nature d’une méningite tuberculeuse aiguë, et si, d'autre part, les cas cliniques de méningite tuberculeuse, d’origine toxique, n'étaient pas plus fré- quents qu'on ne l’a dit jusqu'ici. Nous résumons ici les principaux points de nos observations : PREMIER CAS. — Cliniquement : Méningite aiguë à évolution rapide (13 jours), ayant les allures classiques de la méningite tuberculeuse, survenue chez un garcon de seize ans, tuberculeux cavitaire. Examen cytologique : Polynucléose prédominante, dans les différents liquides prélevés par la ponction lombaire (4°-11° jour et post mortem); liquide clair. Examens bactériologiques : Quelques rares acido-résistants(?) Pas de bacilles de Koch résistant à la décoloration par l'acide nitrique au 1/3. Pas d’autres microbes (examen direct et ensemencements). Inoculation au cobaye; deux mois après l’inoculation de 10 centimètres cubes dans le péritoine, tubercu- « lose viscérale et séreuse généralisée. 4 Examen anatomo-pathologique : Tuberculose pulmonaire très étendue; quelques granulations dans les reins; granulations peu nettes le long de la sylvienne; congestion intense des méninges. Après examen microscopique el bactériologique des plexus choroïdes, on ne trouve pas de bacilles de Koch et seulement une réaction inflammatoire non spécifique, surtout prédominante autour des vaisseaux. SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 661 DEUxIÈME cas. — Cliniquement : Méningite cérébro-spinale, de nature indé- terminée chez un individu de dix-huit ans. Malade depuis une quinzaine de jours. Examen cytologique : Polynucléose presque pure (98 p. 100) dans le liquide des trois ponctions faites pendant les six derniers jours de la maladie. Liquide légèrement trouble. Examens bactériologiques : Pas de bacilles de Koch, pas de bacilles acido- résistants, pas d’autres microorganismes (examen direct et ensemencements). L'inoculation au cobaye ne-put être faite; nous pensions d’ailleurs qu'il s'agissait d’une méningite cérébro-spinale non tuberculeuse. Examen anatomo-pathologique : Granulie ; poumons farcis de tubercules dans toute leur étendue. Granulations dans le foie, la rate, les reins, sur le péri- toine, la plèvre, etc. Pas de granulations bien nettes le long des vaisseaux pie-mériens; congestion peu marquée, pas d’œdème; examen microscopique et bactériologique de la pie-mère : pas de bacilles de Koch; réaction inflam- matoire non spécifique périvasculaire, comme dans Le cas précédent. TROISIÈME cas. — Cliniquement : Méningite tuberculeuse à évolution rapide (20 jours), chez une jeune fille de vingt-trois ans. Examen cytologique : Lymphocytose pure, extrêmement abondante dans les liquides céphalo-rachidiens retirés Le 13°, Le 14° et le 20° jour de la maladie, quelques heures avant la mort. Liquide clair. Examen bactériologique : Pas de bacilles de Koch; pas d’autres microorga- nismes (examen direct et ensemencements). L’inoculation au même cobaye de 25 centimètres cubes dans le péritoine et de 10 centimètres cubes dans la mamelle en état de lactation ne donne aucun amaigrissement, ni de lésions tuberculeuses à l’autopsie pratiquée deux mois après. L'examen anatomo-pathologique ne put être fait. Ces observations sont confirmées par d’autres cas dont nous poursui- vons actuellement l’élude, et que nous donnerons prochainement plus détaillés. Nous pouvons dès maintenant en tirer les conclusions suivantes : 1° Il peut exister des méningites aiguës dont les allures cliniques et l'examen cytologique font porter le diagnostic de méningite tubercu- leuse, et qui donnent néanmoins des résultats bactériologiques négatifs, soit à l'examen direct, soit par les cultures, soit surtout par l’inoculation pratiquée au cobaye (péritoine, mamelle en lactation) ; 2° Les observations de méningite tuberculeuse avec polynucléose prédominante ou presque pure ne sont pas exceptionnelles. Certains auteurs pensent que cette réaction est la conséquence d’une infection secondaire et surajoutée; d’autres, qu’elle est intimement liée au ramol- lissement de foyers caséeux et à la présence, dans le liquide, du bacille de Koch; d’autres enfin voient dans la polynucléose une réaction tran- sitoire de début ou de processus aigu. Ces différentes pathogénies ne nous semblent pas pouvoir s'appliquer à nos observations. L'absence 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de bacilles de Koch et de foyers caséeux méningés, l'absence de micro- organismes d'infection secondaire, l'examen du liquide céphalo-rachi- dien, praliqué plusieurs jours après le début de la maladie, écartent ces différentes hypothèses. Il ne peut être non plus question d’une ménin-: gite aiguë au cours d’une infection autre que la tuberculose, puisque nous n’en avons retrouvé ni les signes, ni les reliquats chez nos « malades. Peut-être s'agit-il, dans certains cas, de méningites tuberculeuses non provoquées par les corps bacillaires eux-mêmes, mais par des toxines déterminant des réactions cellulaires variables. NOUVEAU PROCÉDÉ D'ISOLEMENT GASTRIQUE POUR L'OBTENTION ET L'ÉTUDE DE LA SÉCRÉTION GASTRIQUE PURE DU PORC, par M. Maurice HEpr. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie du suc gastrique rigoureusement pur que j'ai prélevé de l’estomac du porc, grâce à une: nouvelle méthode opératoire d'isolement gastrique. Voici comment je procède : Je commence comme dans mon procédé nt à sectionner l’æsophage parfaitement isolé des nerfs pneumogastriques au-dessus du cardia; je l'im- plante ensuite par une anastomose termino-latérale sur le duodénum, puis ayant rélabli ainsi la continuité du trajet digestif, j'amène l'estomac dans la plaie de laparotomie, j'effondre en un point le petit épiploon au contact de la petite courbure et je saisis l'organe transversalement entre deux clamps. Je le sectionne alors franchement en deux poches que je ferme respectivement, l’une pylorique qui demeure la propriété de l'animal, l’autre cardiaque conservant, tous ses vaisseaux et tous ses nerfs, que je fistulise à la peau et qui me fournit le suc gastrique. J'ajoute que la poche pylorique que garde l'animal conserve également ses vaisseaux et la plus grande partie de son innervation, en ce sens que tous les filets nerveux, et ce sont les plus nombreux, qui lui viennent du pneumogas- trique droit sont respectés. Ce nerf en effet, chez le porc, longe de loin la petite courbure entre les deux feuillets de l’épiploon gastrohépatique, donnant à l'estomac dans ce trajet une série de branches parallèles, descendantes, que ma section stomacale faite dans leur direction ne peut pas léser, pas plus qu'elle ne lèse le tronc du nerf très distant de la petite courbure à l’état de vacuité de l'organe. Les raisons qui m'ont induit à cette facon d'opérer sont les suivantes : Par l'exclusion gastrique simple, sans oblitération pylorique, que je pratique depuis beaucoup d'années et dont j'ai communiqué les Den sus, à SÉANCE Dbu.16 DÉCEMBRE . 663 résultats à la Société de Biologie en février 1902, on ne peut recueillir qu’un suc mélangé d'une certaine quantité de bile et de suc pancréatico- duodénal thérapeutiquement actif, mais impropre à l'étude physio- logique rigoureuse. Par la séquestration totale de l'estomac on obtient un suc pur, mais la quantité de la sécrétion diminue rapidement et la santé de l’animal s'altère: | | J'ai donc pensé qu’il convenait de laisser à l'animal une partie de son estomac, tant dans l'intérêt de sa santé que pour lui permettre d’entre- tenir la sécrétion de la poche séquestrée en déversant dans son intestin une certaine quantité de substance exeito-sécrétoire dont Frouin à démontré l'existence dans le suc gastrique et dont j'avais signalé l'exis- tence à la Société de Biologie en janvier 1903 dans une note sur l’action excito-sécrétoire du suc gastrique sur la muqueuse gastrique malade. Mon procédé réalise ces desiderata beaucoup mieux que celui du petit estomac de Pavlov dont la création est si difficile, l’äutonomie si précaire, l'innervation si discutable et la sécrétion si parcimonieuse. s . -L'’estomac séquestré par ma méthode sécrète en effet une quantité quotidienne de 600 à 700 centimètres cubes, la santé du producteur restant bonne et la sécrétion orthodoxe. Je ne puis savoir encore si je pourrai conserver les animaux ainsi opérés en bonne santé pendant trois et quatre ans, comme je l'ai fait pour ceux dont l'estomac est unilatéralement exelu. Pour réaliser une opération plus physiologique encore, je me réserve d'ailleurs d’implanter leur œsophage sur leur nouvel estomac et non sur leur duodénum. Mais de toute manière, la méthode opératoire nouvelle que j'ai mise en œuvre avec succès, va me permettre d'étudier avec la plus grande rigueur divers problèmes de physiologie gastrique dont j’entretiendrai ultérieurement la Société, car je n’encourrai plus le reproche d'étudier un suc gastrique impur, ni d'agir avec lui. Dès aujourd’hui, les analyses que j'ai pu faire pratiquer avec ce suc gastrique me permettent d'établir une comparaison très exacte entre - les sucs gastriques humain, canin et porcin. J'en donne ci-après dans un tableau comparatif les trois analyses. On y remarquera d'emblée ce fait que le suc gastrique de porc est . franchement le plus riche de ces trois sucs, qu'il a une chlorhydrie sensiblement égale à celle du chien et qu'il l'emporte de beaucoup sur le suc du chien en ce qui concerne l’HCI combiné organique, qui suivant Hayem et Winter est l’étalon de la valeur d’un suc gastrique. On remarquera de plus que l'HCI libre du suc canin est beaucoup plus abondant et nullement comparable à sa proportion normale dans le suc humain. | Et en effet, si nous éxaminons les rapports des différents éléments suivant la méthode de Winter, nous remarquons que le coefficient BroLocie, COMPTES RENDUS. — 1905. T. LIX. . 4T 664 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à = B est beaucoup plus faible chez le chien etle rapport = beaucoup plus élevé pour le suc canin que pour le suc humain ; au contraire coefficient et rapport du suc de porc sont exactement superposables à ceux de l’homme. Le suc gastrique canin est en un mot un suc gastrique de carnivore M hyperchlorhydrique. | Le suc gastrique de porc, au contraire est certainement celui qui se rapproche le plus du suc humain et c’est celui qu'il importe le plus d'étudier au point de vue physiologique en vue de la médecine humaine. Tableau comparatif des sucs gastriques : humain, canin et porcin. Homme. Chien. Porc. (Acidité totale) . . . . . 189 310 290 HAUHCIPNbTe) ER 44 200 102 C (HCI combiné organique) . 168 130 219 H + C (chlorhydrie) . . . . 2412 330 321 CHIOTS 2 321 450 474,5 HAChlonires fixes) POUPEE 109 120 453,5 à Æ h (cæfficient) #40 86 84,6 85,8 T REDON 3 3,15 3 HÉMOLYSE PAR DES COMPLEXES DE COLLOÏDES, LA SAPONINE ET LE TAUROCHOLATE DE SOUDE, par M. ZANGGER. La saponine et le taurocholate de soude sont des substances hémoly- santes ayant des propriétés colloïdales ; toutes les deux sont de signe négatif. . Résultats des tableaux : 1° Ces agents hémolytiques n’additionnent pas leurs actions hémoly- tiques. 2 Si l’on mélange des doses de ces deux substances, qui prises sépa- rément ne sont pas suffisamment grandes pour hémolyser complètement dix à quinze minutes, on empêche ou on diminue l’action de l’une et de l’autre. 3° Pour des quantités d’une substance qui hémolysent complètement en moins de dix minutes, je ne pouvais pas trouver de concentrations de l’autre empêchant très sensiblement cette hémolyse. 4° La proportion quantitative du mélange de ces deux substances . SÉANCE DU À6 DÉCEMBRE 665 qui est la moins active est de 1 saponine pour 40 à 50 de taurocholate de soude. 5° L'action empêchante n’est pas produite par tous les colloïdes néga- tifs; par exemple, la gomme arabique n'empêche que peu l’hémolyse par la saponine grâce à son pouvoir agglulinant, DURÉE CR LE 45 m. 40 m. J p.100 p.100 %0 03 + tauroch. de soude 20cc 10 % gl. de chev. + Sap. 1 1 % Occ 49,1 71,1 fee — CEE + Sap. À %9 0c03 + == — 10/0 CONS 53 9JPce — = + Sap. 1 So 0cc3 + — — 1 % Occz 18,4 26,5 90060 — == + Sap. À %o 03 + — — AN SOCC SANS ST 6 71! TES — == + Sap. 1 % 0cc3 + — — AN ELECES 8,1 1451 20ce — — + Sap. 1 %o 0cc6 + : — — 1 9% Occ2 100 100 9Qce — = + Sap. 1 %0 0cc6 + — — 1 9% Occs 93 100 DPce — te + Sap. 1 %o 0c06 + = — 4 % 1cc6 88 100 20cc — — + Sap. 1 %o 06 + — — 1, 02004 00 12 24,4 Les solutions de saponine et de taurocholate de soude ont été mé- langées vingt-cinq minutes avant l'usage. 20cc 10 % gl. de chien + mélange sap. + tauroch. de soude (1). A1ccÿ 9,6 10,9 9pce — EL _ 2 e == 2cc0 12,5 17,5 fee — Die + — È = 2cc5 23,8 SOA Dpce — ma 22 _ i- — 3cc0 62,5 90,9 . 20cc — — + taurocholate de soude. . . . . 2% Occÿ 0 traces. po — de DE A A ee GET. 2 % Acco 21 3,2 DOcce — — 5 Sd EEE EN ne 2,00 2cc0 33,3 43,0 JDE — — —— EE para AU TE MONO cl OUR 200043000100 100 20cc — — A SADOUINES se SIN ae 10 ot A0CTS MN; 2 16,9 20ce — — + A OS EP ns Om Le, cé No DCE 520) 26,6 9pec — = + RÉ TR 20e Pt fnèniles BUS À » fa OR NES ME 40,6 20e — Es A RENON BOL TAAMIUEE ER UO 4 0/50 006 50,0 55,3 (Travail du laboratoire de physiologie de la Sorbonne.) (4) Le mélange saponine + taurocholate de soude à été fait avec les mêmes solutions et contient saponine 1 et 52 de taurocholate de soude. 666 ee SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Élections du Bureau, du Conseil et de la Commission de contrôle pour l'année 1906, Vice-présidents. — MM. LANGLOIS et TROUESSART. Secrétaires. — MM. Csnuimne. V. HENRI, TEISSIER, Tissor. Trésorier. — M. G. Weiss. Ahioile — M. À. Perrir. Membres du Conseil. — MM. BounquELon, DARIER, KUNc KEL D 'HERGULAIS, LARCHER, MALASSEZ, NETTER. Membres de la Commission de contrôle. — MM. HANRIOT, LAVERAN, P'RICHER ONE E : “ES Élections. MM. 0. HérrWiG et MauPas, membres associés, sontélus membres hono- raires. MM. Ramon y Cagar, JoLyer et Huco DE VRIES, membres rater __ dants, sont élus membres associés. MM. Boverr(de Würzburg), CuéÉnor (de Nancy), Hénon (de Montpellier), Hugrecar (d'Utrecht), Lucrant (de Rome), SHERRINGTON, F. R. S. (de Liverpool) et Vesnowsxr (de Prague) sont élus membres correspondants. | Le Pa . OCTAVE PORÉE. Paris. — [L. MARETHEUXx, imprimeur, 1, rue Cassette. ! 067 SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 1905 ALQUIER (L.) et Toucaaro : Les lé- sions périvasculaires de la scléro- dermie généralisée Camus (JEAN) et PAGnIEz (PH.) : Propriétés acido-résistantes des aci- des gras du bacille tuberculeux . . Cauus (JEAN) et PAGnIEz (PH.) : Propriétés acido-résistantes des aci- HESROTAS ANA MA EAN ET ER CARREL (ALExIS) et GUTHRIE (C.) : Circulation et sécrétion d’un rein (Ro ONE dde ten lo nee REED HE Cour (Henri) : Sur l'orientation des faisceaux dans les folioles invo- lucrales de l’artichaut Dor (L.), MaISonNaAvE (J.) et Mox- ZioLs (R.) : Ralentissement expéri- mental de la croissance par l'opo- ÉRÉRAPIE I ONChITIQUe ME NN. FAURÉ-FRÉMIET (EMMANUEL) : Sur la structure du protoplasma chez les PROIDZOAITES. Aer ET os ce FAURÉ-FRÉMIET (EMMANUEL) théorie sphérulaire et la structure CT ONE OR TE ET FÉRÉ (Cu.) : L'influence variable du ralentissement du rythme sur TOTALE ES A RETARD Froin (G.) : Evolution générale des actes hématolytiques . . . . .. GARRELON (L.) et LancLois (J.-P.) : Les gaz du sang dans la polypnée ÉDÉDELQUE Re cure dure Lace (lon G.) : Pénétrations de substance chromatophile dans le noyau de la cellule nerveuse . .., LEGENDRE (R.) : De la nature pathologique des canalicules de Holmgren des cellules nerveuses. . Lixpex (Marta von) : L'assimila- tion de l'acide carbonique par les chrysalides de Lépidoptères. . . . . LixDEN (MarrA von) : Comparaison entre les phénomènes d'assimilation du carbone chez les chrysalides et chez'les végétaux Mer Lit. On. Lixpex (Maria von) : L’augmenta- tion de poids des chrysalides n’est pas due à l’absorption d’eau . .. NATTAN-LAnRier (L.) et RIBADEAU- DAS VOOR OT IORETEES EAO Brococie. Comptes RENDUS. — 1905. T. SOMMAIRE 7411 103 101 669 108 673 697 696 Dumas : Activité nucléaire des cel- lules rénales, à l'état normal et patholo ie EE Eee Perir (HENRI) : Variations de la pression artérielle et du nombre des pulsations dans les marches en plaine et en montagne. . ...... Perresco (Z.) : Imprégnation au nitrate d'argent des Spirochæte dans les coupes Pozicarp (P.) et GARNIER (MARCEL) : Altérations cadavériques des épi- théliumsMÉNAUS RME EE REuLINGER (P.) : Sur la destruction du virus rabique dans la cavité pé- HITORÉAILE OM EE PR EERARE MER IE Riva : Note sur la présence de mucinase dans les matières fécales. RoGEr (H.) et GARNIER (M.) : In- fluence du régime lacté sur la toxi- cité du contenu intestinal . , 614, WERTHEIMER (E.) : Sur les modi- fications de la respiration produites par les injections intraveineuses de soude chez les animaux à moelle cervicale SECUONNCE SERIE WiNTREBERT (P.) : Essai de séria- tion en stades successifs des der- niers temps de la vie larvaire chez les anoures, d'après les caractères morphologiques des membres pos- CÉDIÉULS ISERE RS Pme Réunion biologique de Nancy. CozziN (R.) et Luoren (M.) : Nou- veaux documents relatifs à l’évolu- tion pondérale du thymus chez le fœtus et chez l'enfant . ....... Hocue (L.) : Sur l'existence de territoires distincts dans le domaine de la veine porte hépatique. . . .. Jacques : Deux cas d'ectopie thy- TOidenne 2 N'AUENNN SM 109 107 680 6178 689 711 690 Réunion biologique de Marseille. Livon (Cu.) : Note de technique pour la pression sanguine. , , ... Ovvo et Acxarp : Sur la tension artérielle chez les convalescents. . LIX. 48 719 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. A. Giard, président. SUR LES MODIFICATIONS DE LA RESPIRATION PRODUITES PAR LES INJECTIONS INTRAVEINEUSES DE SOUDE CHEZ LES, ANIMAUX A MOELLE CERVICALE SECTIONNÉE, par M. E. WERTREIMER. Hougardy a montré récemment que l'injection intraveineuse d’une certaine quantité de soude, qui fixe l’acide carbonique du sang, a pour conséquence une suspension momentanée des mouvements respira- toires (1). Cette expérience tend à prouver que c'est la diminution de tension de l'acide carbonique qui est la cause de l’apnée, que l'acide carbonique est le véritable excitant respiratoire. J'ai voulu voir si on obtiendrait les mêmes résultats chez un animal dont les mouvements respiratoires sont revenus à la suite de la section de la moelle cervicale. J'ai pu, en effet, enregistrer, dans ces condi- tions, des tracés en tout semblables à ceux qu'a publiés Hougardy : une apnée de courte durée s'établit quelques instants après l'injection, soit d'emblée, soit après une ou deux inspirations plus profondes, et en même temps, le plus souvent, la pression artérielle baisse. Dans d’autres cas, la diminution d’excitabilité des centres médullaires se manifeste sous une autre forme, également caractéristique, dont Hougardy n’a pas fait mention : l'amplitude des mouvements respiratoires décroit pro- gressivement et régulièrement pendant plus d’une minute, par exemple, pour revenir ensuite à la normale ou augmenter. Dans un cas aussi, la respiration a pris, immédiatement après l'injection, un type de Cheyne- Stokes des plus nets. Cette dernière observation est à rapprocher de celles de Mosso (2), qui, en répétant l’expérience de Hougardy sur des chiens anesthésiés par un mélange de chloral et morphine, a vu souvent s'inscrire la respiration périodique. Par conséquent, toutes les modifications de la respiration provoquées par les injections de soude chez l’animal intact peuvent se rencontrer chez celui dont le bulbe a été séparé de la moelle. L'intérêt de ces faits est de montrer que les centres respiratoires spinaux sont sensibles aux mêmes influences que l'appareil central pris dans son entier, et en particulier qu'ils réagissent dans le même sens que lui aux variations (1) Arch. intern. de physiologie, 1904, I, p. 17. (2) Travaux du laboratoire du Mont Rosa, 1904, p. 282. sut dl SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 669 de l’acide carbonique du sang, qui parait être le principal régulateur des échanges gazeux de l'organisme. Ce qui permet d'admettre que l’excitant physiologique ne s'adresse pas à un point eirconscrit du bulbe, d’où l'impulsion serait ensuite transmise aux centres médullaires, mais bien à toute la colonne de substance grise qui gouverne le mécanisme respiratoire. En ce qui concerne la technique de ces expériences j'ai employé la même solution que Fredericq (1) et Hougardy, c’est-à-dire une solution de soude normale diluée au cinquième par addition de 4 volumes d'une solution de NaCl à 1 p. 100. Seulement je dois faire remarquer que les animaux à moelle sectionnée ne supportent pas aussi bien que les animaux intacts de fortes doses de ce mélange, sans doute parce que la pression artérielle qui est déjà basse, subit encore, par suite de l'injection, un nouvel et fort abaissement. On ne peut pas, en règle générale, dépasser 20 à 30 centimètres cubes de liquide par injection. J’ajouterai encore que les chiens recevaient, après la section de la moelle, une faible dose de strychnine pour faciliter le retour des mouve- ments respiratoires. CIRCULATION ET SÉCRÉTION D'UN REIN TRANSPLANTÉ, par MM. Arexis CARREL et C. C. GuTurig. Nous avons pu étudier la circulation et la sécrétion d’un rein trans- planté dans la région cervicale. Le rein gauche d’un petit chien fut extirpé avec des précautions asep- tiques minutieuses et placé dans la région droite du cou du même animal. L’arlère rénale fut anastomosée au bout central de l'artère ca- rotide, et la veine rénale au bout central de la veine jugulaire externe. La circulation une fois rétablie, le rein se gonfla, prit une belle couleur rose, sans la moindre tache bleue, et un liquide commenca immédiate- ment à s'écouler de l’uretère. Une petite incision ayant élé pratiquée dans la paroi œsophagienne, l'extrémité de l'uretère y fut introduite et fixée par une couronne de points de suture. L’urine s'écoulait dès lors dans l'œsophage. Le rein ‘fut alors suspendu au bout supérieur du muscle sterno-maStoïdien sectionné, et la plaie fut fermée. Le troisième jour après l'opération, l'animal fut éthérisé. Le cou et l'abdomen furent ouverts, afin que les fonctions du rein transplanté et du rein normal puissent être étudiées comparativement. Nous trouvames le rein transplanté adhérent aux muscles, Il fut libéré par une dissec- tion rapide et soigneusement examiné. ’ (4) Travaux du laboratoire de Léon Fredericq, 1901, p. 109. 670 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Son volume était plus considérable que celui du rein normal, et sa coloration plus rouge. La consistance était normale. Les pulsations de . l'artère du rein transplanté étaient aussi fortes que celles du rein normal. Des tracés montrèrent que l'expansion systolique du rein tran- splanté était pratiquement identique à celle du rein normal. Des inci- sions superficielles pratiquées sur chacun des reins produisirent une hémorrhagie beaucoup plus abondante sur le rein transplanté que sur le rein normal. La sécrétion des deux reins fut alors examinée. Deux canules de verre, de diamètre identique, furent placées l’une dans l’uretère normal, l’autre dans l’uretère transplanté. En voyant l'urine progresser dans ces tubes semblables, il était facile d'apprécier la rapidité relative de la sé- crélion des reins. La sécrétion de l’urine par le rein transplanté était de quatre à cinq fois plus rapide que la sécrétion par le rein normal. Une injection de sérum artificiel fut pratiquée dans la veine fémorale. Il n’y eut pas de changement appréciable dans la rapidité de sécrétion du rein normal. Mais la sécrétion du rein transplanté fut largement aug- mentée. La composition de l'urine du rein transplanté différait de celle du rein normal. L’urine du rein normal était de couleur brune, de réaction neutre et contenait des traces de chlorures, des sulfates, des pig- ments, de l’urée (3 gr. 10 p. 100 centimètres cubes), pas d'albumine ni de sucre. L'urine du rein transplanté était de couleur jaune clair, de réac- tion neutre et contenait des traces de sulfales, des chlorures, de l’albu- mine, de l’urée (0 gr. 49 p. 100 centimètres cubes), pas de pigments ni de sucre. Pour apprécier la valeur exacte de l’urée, il faut tenir compte du fait que la sécrétion du rein transplanté était de quatre à cinq fois plus considérable que celle du rein normal. (From the Hull physiological laboratory, University of Chicago.) L'INFLUENCE VARIABLE DU RALENTISSEMENT DU RYTHME SUR LE TRAVAIL, par M. Cu. FÉRÉ. On admet en général que le ralentissement du rythme du travail pro- longe sa durée et augmente son rendement. Des expériences person- nelles m'ont montré qu’un effort à un rythme de plus en plus lent donne un travail de plus en plus considérable, jusqu'au rythme de dix secondes (1). On a même admis qu'avec ce rythme on pouvait travailler (1) Travail et plaisir. Nouvelles études expérimentales de psycho-mécanique, in-8°, 1904, p. 20. et in a à dt À dr Pr En Etes TC dSe SE 0x SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 671 indéfiniment, même après un travail préalable à un rythme plus rapide. J'ai déjà remarqué que l’uniformité durable de la hauteur de soulèvement ne donne qu'une illusion de la durée indétfinie de l'effort (1), et j'ai ajouté que lorsque la fatigue était plus lente à se manifester, elle survenait plus rapidement; la fatigue se montre plus brusquement avec un rythme plus lent, comme avec un poids plus léger. Dans certaines conditions pourtant, l'accélération du rythme peut relever le travail comme je l'ai observé (2). Je désirais étudier cette brusquerie de la fatigue sous l'influence du ralentissement du rythme, sans douter de l'augmentation progressive du travail. J'ai travaillé constamment dans la même attitude et dans la même position à l'ergographe de Mosso, avec le médius droit soulevant le poids de 3 kiliogrammes toutes les quinze secondes, c’est-à-dire en ralentissant de moitié le rythme utilisé dans les expériences récentes (3). L'expérience m'a détrompé de la réalité supposée de la règle de la crois- sance du travail sous l’influence du ralentissement des mouvements. Il suffit de comparer le travail au rythme de 10 secondes et le travail au rythme de 15 secondes aux mêmes orientations : (Le rythme était guidé par une montre, dont le cadran à secondes _ était marqué par des divisions plus saillantes de 5en5.) ORIEN- HAUTEUR NOMBRE DURÉE HAUTEUR TRAVAIL PROPORTION es TATION totale des totale moyenne total(en da DEL T face (en soulève- de (en kilogram- . mètres) ments l'expérience centimètres) mètres) - travail 19 Travail au rythme à 40”. | 1 Ouest 33,04 520 86/40" 6,33 99,12 100 2 Est 32,79 200 83/20/ 6,5ù 98,25 CRE 1 3 Sud 23,85 420 10! 5,67 71,55 12,18 4 Nord 223,21 … date 63! 6,14 69,63 70,24 20 Travail au rythme à 15”. 1 Ouest 30 ,14 424 106! 1,10 90 ,42 94,22 2 Est 28,16 422 10615" 6,61 84,48 . 5,23 3 Sud 21,30 305 71! 6,98 63,90 64,46 4 Nord 21,2 302 HR. 7,14. 64,71 65,24 Les expériences comparées dans la même orientation donnent des. résultats analogues : avec le ralentissement du rythme, on constate constamment que le nombre des soulèvements s’abaisse, leur hauteur (4) Deuxième note sur l'influence de l'orientation sur l’activité, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1905, t. IN, p. 563. (2) L'influence du changement de rythme sur le travail suivant l’état de fatigue, Comptes rendus de la Société de Biologie, 190%, t. I, p. 597. (3) Deuxième note sur l'orientation, etc. © —1 RO SOCIËTÉ DE BIOLOGIE totale et le travail diminuent; aussi constamment, au contraire, la hauteur moyenne augmente. Au rythme le plus lent, les mouvements sont plus amples, c’est le seul avantage. On peut comparer la durée (en secondes) de l'expérience et le travail dans le tableau suivant : Rapport de la durée et du travail suivant le rythme (Rapport du rythme à 45” au rythme à 10" — 100.) ORIENTATION DURÉE TRAVAIL LT, ut EEE | 157) 6360 100 90.42 100 | Ouest or Æ 122,30 Re = 922 | ? | ] 15) 6375 100 84,48 100 | Est D MC OT TP re == 127,50 En = 85,98 1 (15) 4605 X 100 63.90 X 100 SU —— — 89,30 2200 71,55 15”) 4560 100 64,1 Nord . . Een EE — 120,89 ee — 93,02 Ces chiffres nous montrent que la durée augmente avec le rythme Jent, c’est-à-dire qu'il y à un temps perdu qui varie de 9,64 à 27,50 p. 100; et à la perte du temps s'ajoute une diminution de travail de 6,08 à 14,02 p. 100. Ce déficit ne représente pas la totalité des pertes avec le rythme à 15 secondes. Les ergogrammes à 10 secondes n'ont présenté qu’une seule erreur par omission d'un soulèvement; tandis que les trois derniers ergogrammes à 15 secondes ont présenté au moins trois erreurs, l’'ergogramme à l’ouest n’en a eu qu'une. Ces ‘expériences, qui montrent que le ralentissement du rythme n'augmente pas indéfiniment le travail, font comprendre que des pro- fessions qui ne nécessitent que de rares mouvements (aiguilleurs des chemins de fer), nécessitant une attention continue, peuvent obtenir une fatigue aussi légitime que celles qui paraissent plus actives. Quant aux tracés, ils montrent que la hauteur maxima des soulève- ments persiste pendant presque toute la durée de l'expérience; ils ne font soupconner la fatigue qu’à l’avant-dernière minute, l’abaissement ne se manifeste que du huitième au cinquième derniers soulève- ments (1). La brusquerie de la fatigue s’accentue avec le ralentissement du rythme (2). (1) Quelques illusions de repos dans le travail ergographique, Comptes rendus de la Société de Biologie, 1905, t. IL, p. 285. (2) Comptes rendus de la Société de Biologie, 1905, t. IT, p. 563. SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE , 673 RALENTISSEMENT EXPÉRIMENTAL DE LA CROISSANCE PAR L'OPOTHÉRAPIE ORCHITIQUE, par MM. L. Don, J. MaIsonnavE et R. Moxziots. La castration pratiquée chez l'enfant étant suivie d'un hyper-accrois- sement du squelette (Godard, Poncet, Pirsche, Launois, ete.), il était intéressant de savoir si l'injection sous-cutanée de liquide orchitique pratiquée pendant la croissance pouvait inversement ralentir le déve- loppement du squelette. | Nous avons en conséquence pris quatre lapins jeunes qui pesaient 995, 650, 700 et 810 grammes et qui provenaient d’une même portée. Nous avons gardé comme témoin celui qui pesait 650 grammes. Les trois autres ont été traités du 24 janvier au 19 mai, recevant à peu près tous les cinq jours de 2 à 3 centimètres cubes de liquide orchitique gly- cériné préparé par L. Jacquet, d’après la méthode de d'Arsonval, au moyen de testicules de taureaux. Or, à la fin de l'expérience, le lapin témoin pesait 3355 grammes, alors que deux d’entre les animaux traités pesaient 2900 et 2700 grammes. Le troisième était une femelle et elle était pleine; son poids était de 3400 grammes, mais, d'après une courbe dressée pendant la durée de l'expérience, on pouvait se rendre compte que le poids de cette femelle avait toujours été un peu inférieur à celui du témoin. En ne tenant compte que des résultats observés chez les mäles, on notait donc une différence très grande entre le témoin et les deux autres mâles traités. A cette différence de poids correspondait une différence de dimen- sions des principaux os du squelette, différence portant à la fois sur la longueur et sur l'épaisseur. Alors que l’humérus des lapins traités me- surait 4.5, 5 et 4.5, celui du témoin mesurait 6 centimètres, et alors que le fémur des animaux traités mesurail chez tous les trois 9 centimètres, celui du lapin témoin mesurait 11 centimètres. En additionnant la longueur de l’omoplate, de l’humérus et des os de l'avant-bras, on obtenait les chiffres 9.5, 10.5 et 9.5 pour les animaux traités et 13 pour le témoin. En additionnant la longueur du fémur et celle du tibia, on obtenait 17 centimètres pour les trois traités et 20 centimètres pour le témoin. Nous avons cherché à savoir quel pouvait être le principe du liquide orchitique qui jouissait de cette propriété de ralentir le développement du squelette et nous avons recommencé deux séries d'expériences, l’une avec de l'huile lécithinée, l’autre avec de la spermine qui nous avait été gracieusement envoyée par M. le professeur de Poehl. Nous avons éonstalé que ni la lécithine ni la spermine ne ralentissaient la crois- sance, ce qui nous a amenés à penser que le principe actif ne devait pas 674 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE être un principe contenu dans la sécrétion externe du testicule, mais plutôt un principe émané de la glande interstitielle si bien étudiée par MM. Bouin et Ancel. Peut-être parviendrons-nous à démontrer l’exac- titude de cette hypothèse ultérieurement. | Les expériences que nous venons de relater comportent une consé- quence pratique. Lorsque certains enfants dont les testicules ou les ovaires ne sont pas encore bien développés, se mettent à grandir rapi- dement et qu'ils éprouvent de ce fait une fatigue anormale, il nous a paru indiqué de leur pratiquer des injections de liquide orchitique et les résultats cliniques que nous avons observés ont absolument con- firmé nos recherches expérimentales. Certainement, avant la puberté, il nous parait plus rationnel de conseiller l'usage de thymus, mais, au mo- ment de la puberté, c'est aux injections de liquide orchitiqué que nous conseillons d’avoir recours. Nous ne savons pas encore si chez les pe- tites filles on peut employer indifféremment le liquide ovarien ou le li- quide testiculaire. Au point de vue du squelette, la lapine que nous avions injectée était semblable aux deux lapins mâles injectés comme elle. Mais au point de vue du poids total, le fait de la grossesse rendait toute conclusion diffi- cile. Cependant il nous a semblé qu’à ce point de vue il n’y avait peut- être pas eu une similitude absolue entre les mâles et la femelle, et que celle-ci avait été moins influencée que les mâles par le liquide orchi- tique. Notre expérience clinique ne concerne pour le moment que des en- fants du sexe masculin. Nous employons chez eux une dose quotidienne, qui correspond à 3 grammes de glande fraîche. (Travail du laboratoire de M. le professeur A. Poncet.) DEUXIÈME NOTE SUR LA TOXICITÉ DU CONTENU INTESTINAL, par MM. H. RoGer et M. GARNIER. Après avoir étudié le pouvoir toxique des matières contenues dans l'intestin grêle du lapin (Société de Biologie, 4 novembre 1905), nous avons été conduits à rechercher la toxicité des extraits préparés avec le contenu de l'intestin grêle du chien. Huit animaux ont été mis en expé- rience. Après un jeûne de quarante-huit heures, ils ont recu un repas composé de 500 à 1.000 grammes de viande, additionnée ou non de soupe. Au bout de quelques heures, les animaux ont été sacrifiés et le contenu de l'intestin grêle a été recueilli et mesuré. La quantité a varié de 65 à 95 centimètres cubes. Une fois, chez un chien qui avait peu sata osé Ga. pce OP PT PRE CDN SOC SOS ET sn RE Lt din n à % Re LE se. SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 675 mangé, nous n'avons trouvé que 46 centimètres cubes; chez un autre animal, particulièrement vorace, la masse alimentaire atteignait 190 cen- timètres cubes. Le contenu intestinal est épais, gluant, jaune grisätre dans le duo- dénum, brunâtre ou presque noir à la fin de l'iléon. Les matières étant trop épaisses pour être filtrées, nous leur ajoutons un tiers de leur volume d’eau salée à 7 p. 1.000, puis nous passons sur un linge, nous centrifugeons et nous filtrons sur du papier. Nous obtenons ainsi un liquide brunâtre, opaque, que nous injectons à des lapins par une veine périphérique à raison de 1 centimètre cube par minute. Les manifesta- tions toxiques ne tardent pas à apparaitre : la respiration devient rapide, superticielle, puis se produisent quelques petits mouvements convulsifs. On arrête aussitôt l'injection. L'animal, qui était simplement maintenu par un aide, est replacé sur le sol. Après être resté quelques instants immobile, comme anéanti, il est pris de secousses convulsives et succombe en quelques minutes. Un calcul très simple établit que, pour amener la mort, il faut injecter par kilogramme d’animal une quantité de liquide correspondant en moyenne à 0 ec. 87. Les doses extrêmes ont été 0,41 et 1,34. Il résulte de ces chiffres que l'intestin du chien . contient de quoi tuer 96 à 190 kilos; il renferme vingt fois plus d'enté- rotoxies que l'intestin du lapin. L'autopsie, pratiquée aussitôt après la mort, permet de constater que le sang est liquide; on ne trouve de caillots ni dans les veines périphé- riques, ni dans les branches de la veine porte. Cependant les extraits organiques déterminent si souvent des thromboses, que nous avons cru intéressant de répéter nos expériences sur des lapins dont le sang était rendu incoagulable par une injection préalable d'extraits de têtes de _sangsues. Dans ces conditions, la résistance de l'animal est augmentée. Chez un lapin, il fallut pour amener la mort injecter 2,46 au lieu de 1,17. La modification est très sensible, mais insuffisante pour nous RENTE de rattacher la mort à une coagulation sanguine. Les matières contenues dans les différentes portions de l'intestin .grêle ne sont pas également toxiques. C’est dans le duodénum que se trouvent les substances les plus actives. Les différences sont assez con- sidérables. Ainsi, dans un cas, les doses mortelles étaient de 0,518 avec le contenu du duodénum et 1,76 avec le contenu de l'iléon, dans un autre cas elles étaient respectivement de 0,71 et 1,91. Ce n'est pas seulement pour le lapin que le contenu intestinal du chien esttoxique. Il se montre également nocif pour le chien. Seulement la dose mortelle est plus élevée. Un extrait, dont il fallait 0,56 pour tuer un lapin, fut injecté dans les veines périphériques d’un petit chien, à jeun depuis quarante-huit heures, à la dose de 1 ec. 3 par kilogramme. Détaché, l'animal semblait fort malade : il restait affaissé sur le sol, avec une respiration rapide et haletante et succomba en quelques heures. L’au- 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE topsie montra des suffusions hémorragiques sur la muqueuse de l'in- testin grêle. Les urines étaient albumineuses, mais ne contenaient ni sucre, ni acide éthyldiacétique. Le poison qui se forme dans le tube digestif est arrêté et en partie. neutralisé par le foie. Pour mettre cette aclion en évidence, il suffit u d'injecter comparativement par une veine périphérique et un rameau de la veine porte l'extrait intestinal étendu de 5 à 9 volumes d’eau. Dans trois expériences de ce genre, nous trouvons que les doses mortelles ont été, par les veines périphériques 0 ce. 53 — 0,56 — 1,14 et par la « veine porte 1,14 — 1,9 — 3,63, soit en moyenne 0,74 dans le premier cas et 2,22 dans le second. En ajoutant à l'extrait intestinal une grande quantité d'alcool, on. obtient un abondant précipité. Les matières insolubles dans l'alcool, reprises dans l’eau, sont peu toxiques, mais déterminent des troubles. analogues à ceux que produisent les extraits préparés de la même façon avec le contenu intestinal du lapin. Quelques heures après l'injection, les animaux sont atteints d’une diarrhée abondante et rendent des quantités énormes d’un liquide brunâtre. Un des animaux qui avait reçu l’exlrait correspondant à 8 ce. 62 de matières finit par se rétablir après avoir considérablement maigri. Les autres suecombèrent quelques heures ou quelques jours après l'injection. Ils avaient recu des doses variables, représentant les extraits de 6,9 à 24 centimètres cubes. Chez tous l’autopsie révéla d'abondantes hémorragies sur la muqueuse du tube digestif. La même lésion s’observe quand on emploie des extraits préparés avec le contenu intestinal du lapin. Les matières solubles dans l'alcool se comportent de facon toute différente, suivant qu'elles proviennent du lapin ou du chien. Dans le premier cas, leur toxicité est nulle; dans le second elle est très élevée : la dose mortelle correspond à un extrait de 2 centimètres cubes à 7,47 du contenu intestinal. La mort survient quelques secondes ou quelques minutes après l'introduction du poison, au milieu de crises convulsives. Un seul animal survécut; c'est justement celui qui avait recu la plus forte dose, c’est-à-dire l'extrait de A1 cc. 11. Tous ces faits démontrent la pluralité des poisons intestinaux : les uns, précipités par l'alcool, provoquent la diarrhée et amènent la mort par paralysie progressive sans convulsion. Les autres, solubles dans l'alcool, sont convulsivants. Enfin certains poisons sont coagulés ou détruits par la chaleur : les extraits aqueux, après avoir été portés à 100 degrés deviennent cinq fois moins toxiques et perdent leurs pro- priétés convulsivantes. SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 677 INFLUENCE DU RÉGIME LACTÉ SUR LA TOXICITÉ DU CONTENU INTESTINAL, par MM. H. Rocer et M. GARNIER. ns, ER, oi La toxicité du contenu intestinal dépend, en grande partie, de l’ali- - mentation. Elle diminue considérablement sous l'influence du régime “lacté. C'est: ce qui ressort nettement des deux expériences suivantes : “ Pendant trois jours consécutifs, deux chiens n'ont reçu que du lait. Le quatrième jour ils ont pris 1 litre de lait à 9 heures du matin et un - second litre à midi. Ils ont été sacrifiés, l’un à 2 heures et demie, l’autre à 3 heures et demie. Les matières intestinales n'ont pas le même aspectque chez les chiens nourris de viande. La quantité en est considérable : elle atteint 190 à 275 centimètres cubes. C'est une masse liquide, transparente, d'un - jaune doré, tenant en suspension de nombreux grumeaux. Pour rechercher la toxicité de ce liquide, nous le pressons sur un linge, nous le centrifugeons et nous le filtrons sans l’additionner d’eau. Injecté dans les veines périphériques du lapin, l'extrait ainsi préparé a tué, dans un cas, à la dose de 4 c. c. 28, dans l’autre cas à la dose de + 8,23. Par suite de cette toxicité relativement faible, le chiffre des entéro- toxies est peu élevé : malgré l'abondance du contenu intestinal, il n’atteint pas 39; chez les animaux nourris à la viande, il dépasse 144. Mieux que toule description, le tableau ci-joint permettra de saisir Les variations de la toxicité intestinale dans les diverses conditions où nous nous sommes placés, RE VUS RATE d TEMPS QUANTITÉ DOSE TOXICITÉ ; NATLRE DU REPAS en ts mortelle totale et la mort. l'intestin grêle. par kilogr. (entérotoxies). 4. 500 gr. viande. 31/2 » Acc13 » 2. 1000 gr. viande. 5h1/2 » Acc3% » 3. 1000 gr. viande, 6h 65cc Occ95 68,42 avec soupe. 4. Id. oh gcc 0cc56 169,64 5 Id. 5h1 /2 95ce Oce53 182,69 6, 500 gr. viande, 6h12 86cc Occ89) 96,62 avec soupe. 5 Id. : 7h41 /2 4600 Occx1 ATEN 8. 1000 gr. viande, 5h42 190cc 1ce17 222,3 500 gr. soupe. Moy. : 144,57 9. Régime lacté. 5h1/2 190cc 4cc28 44,39 10. Id. 6h{/2 275cc 8cc23 33,41 Moy.: 38,9 En traitant par l'alcool l'extrait intestinal, on obtient un précipité qui se redissout partiellement dans l’eau. Les effets produits par les matières SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE insolubles dans l'alcool n'ont pas été semblables dans nos deux expé- riences. L'intestin du premier chien a fourni un extrait aqueux qui à tué à une dose correspondant à 11 c. c. 66. Contrairement à ce qu'on ob= serve d'habitude, la mort est survenue rapidement, en quelques minutes, au milieu de crises convulsives. Avec le deuxième extrait, une dose cor“ respondant à 15,55 du contenu intestinal amena de la diarrhée, de l’'amaigrissement, mais l’animal finit par se remetlre. Les matières solubles dans l'alcool, reprises par l’eau, se sont mon- trées fort toxiques, plus toxiques même que le liquide primitif. Elles ont tué aux doses de 4,09 et de 6,21 ; le résultat tient peut-être à ce que“ l'extrait était concentré, peut-être à l'absence de substances antagonistes qui se trouveraient dans le précipité ou à des modifications chimiques, provoquées par l'alcool. Pour se rendre compte du pouvoir toxique que de le contenu. intestinal, il est indispensable de doser la quantité d’eau qu'ikrenferme C'est ce que nous avons fait dans cinq cas (les cinq dernières expéM riences de notre tableau). Nous avons déterminé le poids des matières : solides, d’une part dans le contenu de l'intestin, d autre part sas n0S extraits. Voici les résultats : 4 MATIÈRES SOLIDES SE MATIÈRES SOLIDES. 4 RÉGIME NT er mOn < dans la dans le contenu dans l'extrait = AL intestinal. mortelle. dose morselle. # 6. Viande … . :,... 19,6 p. 400 3,14 p. 400 Occ89 0:063 ï Tlouc 1io LAPS 158,6 — 4,98 — Occ4l 08017: 5 8. Id. NAN AE 15h — 10,83 — EMA CCS 08126 Moy. : 06069 4 DEN B EME PRE IE QU GONE 6,9 — 4cc28 0838 à à USA RER EEE 10,4 — 92 — 80023 08757 ; Moy. : 08569 F Ainsi, on peut évaluer à 0,07 la toxicité des matières contenues dans l'intestin d’un chien nourri à la viande. Sous l influence du régime lacté,\ la toxicité est neuf fois moindre. | ALTÉRATIONS CADAVÉRIQUES DES ÉPITHÉLIUMS RÉNAUX, : par MM. A. Poricarp et MARCEL GARNIER. Les modifications anatomo- -pathologiques, relevées sur des prépara- tions d'organes pris dans une autopsie, sont fonctions de trois facteurs : Ë 1° Altérations pathologiques dues à la maladie; 2° Altérations cadavériques ; TER 3° Altérations imputables aux diverses techniques (fixation). SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE : 679 4 ; Pour déterminer le premier facteur, qui constitue l’inconnue cher- … chée, il faut connaître la valeur des deux autres. L'emploi de méthodes. LE « convergentes » (professeur Renaut) permet de déterminer, .. d'éliminer, les altérations d'ordre technique. En ce qui concerne : les altérations d'ordre cadavérique, une détermination préalable est nécessaire. Toute recherche anatomo-pathologique qui n’en tient pas “compte est, par cela même et dès la base, imparfaite et sans valeur. Nons avons essayé de déterminer la nature de ces lésions en ce qui concerne le rein. A des intervalles de temps déterminés, des fragments de rein étaient prélevés sur des Rats blancs tués par traumatisme bul- baire. Les autres modes de sacrifice (intoxication chloroformique, sai- gnée) ont été rejetés, car ils pouvaient déterminer des lésions rénales à eux propres et dont certaines sont bien connues. Les pièces étaient fixées par les vapeurs osmiques en chambre humide; les coupes étaient * colorées à l’hématoxyline ferrique et au rouge de Bordeaux. « Les lésions cadavériques du rein commencent à se manifester au bout » de quinze minutes et se produisent surtout dans les quatre heures qui - suivent la mort. Conséquence pratique : ne pas attendre plus de quinze F minutes après la mort avant de fixer un fragment de rein chez le Rat. - Contrairement aux lésions pathologiques, les altérations cadavé- riques sont toujours semblables et de même degré dans les divers cana- licules urinaires. 1° Les altérations des corpuscules de Malpighi sont relativement tardives . (entre la 2° et la 4° heure). Elles consistent en une transformation granu- leuse des endothéliums capsulaires et vasculaires. L'emploi même de la . méthode élective du picro-bleu (Dubreuil) ne permet de mettre en évidence - aucune modification du squelette conjonctif du glomérule; - 2° Les altérations de l’épithélium des fubuli sont particulièrement remar- . quables. Vingt à trente minutes après la mort, les bdtonnets ergastoplasmiques (1) » (bätonnets d'Heidenhain) commencent à devenir granuleux. Au bout d’une heure, ils sont remplacés par de gros grains, présentant les mêmes réactions - chromatiques et répandus dans toute la cellule. Ils peuvent être entraînés - dans la lumière par des vésicules sarcodiques. Ces gros grains, issus des bâtonnets, sont très résistants d’ailleurs, et ne subissent plus de modifications morphologiques sensibles. . Le protoplasma, au dieu d'être finement granuleux et acidophile, colorable par le rouge de Bordeaux, devient grossièrement grenu et basophile; il prend une teinte noirâtre par l'hématoxyline ferrique. Le noyau ne subit pas de modifications de forme, mais, à partir de la tren- + tième minute, il commence à devenir acidophile; le nucléole et la membrane - nucléaire conservent seuls leur basicité. La bordure striée (bordure en brosse) ne disparaît pas; on la retrouve con- 41) Cf. À, Policard, Comptes rendus de la Société de Biologie, 2? décembre 1905. FE 680 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE stamment. Nous sommes, à ce point de vue, en contradiction formelle avec MM. Castaigne et Rathery (1). Nous avons même pu faire une constatation intéressante que nous nous bornons pour le moment à signaler sans com- mentaires. La bordure striée présente son aspect le plus classique sur des coupes de reins prélevés quatre heures après la mort. Au niveau de canali- cules contournés présentant manifestement de nombreux signes d’altérations cadavériques, on peut voir des bordures en brosse à ciliation admirablement nette et avec des granulations basales parfaites. En traitant exactement de la même facon des coupes de reins fixés immédiatement après la mort, la cuti- cule apicale paraît toujours homogène ou à peine striée, sans ligne de cor- puscules basaux. La lumière des canalicules est remplie de détritus protoplasmiques prove- nant de boules sarcodiques; celles-ci sont d'apparition très précoce (15 minutes post mortem). Elles ont pour effet d'entraîner mécaniquement dans la lumière M un certain nombre de grains issus des bâtonnets et de disloquer la cuticule striée; ke : 3° Les altérations de l’anse de Henle sont beaucoup moins précoces. Vers la quatrième heure seulement, on peut observer une émission de boules sarco- diques dans la lumière; 4° Le segment intermédiaire de Schweigger-Seidel est beaucoup moïns altéré que le tube contourné. Si l'émission de boules sarcodiques paraît y être aussi précoce, les bâtonnets ergastoplasmiques ne subissent que plus tardivement M leur transformation en grains. En somme, il est bien certain que le segment | intermédiaire est infiniment moins vulnérable que le tube contourné (fait déjà indiqué par le professeur Renaut dans son Traité d’histologie pratique). (Travail du laboratoire d'histologie de la Faculté de médecine de Lyon.) IMPRÉGNATION AU NITRATE D'ARGENT DES SPIROCHÆTE DANS LES COUPES. Note de M. G. Z. Perresco (de Bucarest), présentée par M. DrsERINE. Nous avons eu dès le mois d'août dernier l'idée de rechercher les Spirochæte pallida dans les coupes de tissus syphilitiques en employant la méthode de Golgi. Ce qui nous y a amenés, c'est surtout l’analogie plus ou moins grande qu'il est permis d'établir entre les cils, les flagella et les spirochæte et qui ressortait encore à la suite de la méthode imaginée par Proca en modifiant le procédé de Gino de Rossi pour la coloration des cils, puis la nécessité, vu la ténuité des organismes à découvrir, d'obtenir une différenciation des plus tranchées. | | (1) Castaigne et Rathery, Comptes rendus de la Société de Biologie, 21 dé- cembre 1902. —Il est bon de noter que c’est sur des coupes de reins humains pris à l’autopsie que Cornil a, le premier, en 1879, découvert la brosse chez M les Mammifères. ï | SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 681 Nous avons à ladite époque fait part de notre idée à Levaditi qui l'a peu après mise en pratique avec succès, en employant du reste une technique toute personnelle. Mais nous croyons avoir trouvé en fin de compte une méthode bien plus simple que celles de Golgi et de Ramon y Cajal et supérieure à notre point de vue à ces méthodes qui, bonnes pour les coupes de système nerveux à examiner à un grossissement moyen, sont beaucoup moins applicables en l'espèce où l'emploi de l'immersion est indispensable. Il s’agit, en effet, d'obtenir une distribu- tion aussi égale que possible de l’argent réduit et cela à un degré de division extrême. Or, avec les substances réductrices ordinaires, il est presque impossible d'éviter d'assez gros précipités, qui peuvent mas- quer ou tout au moins obscurcir les préparations dans leur plus grande partie. Nous avons donc, pour la réduction, renoncé tout à fait aux pro- duits chimiques, jusque même au sulfure de sodium sur lequel notre choix s'était fixé en dernier. Voici la méthode à laquelle nous nous sommes arrêtés et qui nous a donné des préparations aussi claires que démonstratives. Les pièces, de dimensions extrêmement petites, sont fixées et durcies simultanément dans l'alcool absolu (48 heures); elles sont ensuite portées successive- ment dans des solutions progressivement renforcées de nitrate d’argent (0,25 p. 100, 0,65 p. 100 et 1 p. 109) et séjournent pendant deux jours dans chacune d'elles, entièrement à l'abri de la lumière. Au bout de ce temps nous les repassons très rapidement par l'alcool absolu puis le xylol et nous faisons l'inclusion dans la parafine dans le vide. Les coupes une fois faites et collées sur lames gommées ne craignent plus trop la manipulation au jour. La réduction que la lumière diffuse y opère à partir de ce moment est très uniforme et de plus tout à fait suffisante. Montage dans le baume, sans surcoloration, avec lamelle bien entendu. Au moyen de cette mélhode on obtient des spirochæte d’un noir intense sur fond assez clair allant du jaune (tissu conjonctif, proto- plasma des cellules épineuses) à l’acajou plus ou moins foncé (mem- brane basale, couche cornée, noyaux). En outre toute la préparation est couverte d'un semis assez dense de grains noirs très fins, régulière- ment distribués, mais qui ne gênent en aucune facon l'examen. Les moindres détails gardent toute leur précision. Il n’y à ni taches ni pré- cipités. En ce qui concerne la distribution et les particularités des parasites, nous ne les avons vus que par groupes serrés, quelquefois en amas con- sidérables, occupant les fentes Iymphatiques du stroma papillaire ou s'insinuant entre les cellules des couches les plus profondes du corps muqueux; mais il importe de dire que nous n'avons examiné que des productions secondaires fermées. Les Spirochæle pallida sont sensible- ment grossis par l'imprégnation, mais ne se distinguent pas moins lrès 682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE J bien des gros spirochæte (comme nous avons pu nous convaincre en faisant l'imprégnation de frottis de raclage); ils sont disposés dans tous les sens, quelquefois enchevêtrés de façon à ne pouvoir être distingués les uns des autres. Il s’agit donc de’ne pas exagérer la finesse des coupes. Pour notre compte nous préférons à celles de 2-3 w., dans lesquelles on risque de ne voir que des tas de fragments, pour la plupart d'une à deux spires, les coupes de 5-6 y dans lesquelles on peut, en faisant varier la mise au point, suivre de l'œil dans leur longueur ceux des spirochæte dont la position n’est pas tout à fait de champ. Il va sans dire que l'exposition au jour des coupes mn 05 LES sera limitée au temps strictement nécessaire pour leur examen. (Travail du laboratoire de médecine expérimentale du professeur J. Cantacuzène, Bucarest.) PÉNÉTRATIONS DE SUBSTANCE CHROMATOPHILE DANS LE NOYAU DE LA CELLULE NERVEUSE, par M. [on. G. Lace (de Bucarest). La substance chromatophile ou tigroïde qui forme les corps anilino- 1 philes de Nissl disparaît souvent des neurones malades par des méca- nismes variés. L'un des plus fréquents est sa désagrégation ou dissolution rapide, qui commence au pourtour du noyau en s'étendant ensuite vers la périphérie du corps cellulaire. La matière disparait ordinairement sans laisser de trace ou seulement une poussière très fine, derniers restes des molécules colorables. Cependant quelquefois on peut observer, dans les mêmes cellules alterées, un phénomène tout contraire. Il consiste dans la condensation autour du noyau d'une petite partie de la substance tigroïde, sous la forme d’amas com- pacts et fortement colorés. La forme de ces derniers varie ; ainsi on peut voir des capuchons qui coif- fent une partie de la périphérie du noyau ou des blocstrès irréguliers attachés à la membrane, comme on peut avoir sous les yeux, d'autres fois, des petits grains sériés le long de l’enveloppe nucléaire ou seulement une bordure bien sombre qui double la face externe de celle-ci. Ces petites masses surcolorées de matière chromatophile ne sont pas « des raretés, et je crois que tout bon connaisseur de la méthode de Nissl les a peut-être observées, s’il ne leur a pas donné assez d'importance. 2 SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE | 683 . - Leur examen soutenu nous montre que la matière condensée autour du noyau — comme autour d'un organe qui a tant d'influence sur la cellule — dépasse parfois la membrane et pénètre dans le noyau. Les dépôts qu'elle forme sur sa face interne ressemblent assez souvent à ceux de la face opposée, mais en général ils sont beaucoup plus fins. Tantôt il s’agit de pelits grains ronds ou allongés situés de distance en distance sur la face interne de l’enve- loppe, tantôt d une simple ligne très colorée, qui la borde de son côté interne. Il n’est pas rare de rencontrer des dépôts tigroïdiques qui alternent irrégu- lièrement sur ses deux faces ou même l’infiltrent par places (4). A ce dernier . niveau la membrane nucléaire est alors parfois épaissie ou légèrement bos- selée. D'autres fois la pérégrination ue procède d’une autre ma- nière. Elle se diffuse insensiblement dans le caryoplasma, ou se fixe sur un ou plusieurs filaments du réseau nucléaire, si peu apparent à l'état normal {par le procédé de Nissl). Dans ce dernier cas on voit habituellement à l’inté- rieur du noyau un ou deux bâtonnets qui par leur fortie coloration attirent souvent le regard. Ces bâtonnets intranucléaires de la cellule ont été déjà vus par Mann, Babes, Lenhossek, Renaut, Obersteiner, Holmgren et Cajal. Considérés tour à tour comme des cristalloïdes ou des plis de la mem- brane, comme des centrosomes ou des filaments quelconques à origine inconnue, ils sont en réalité des portions du réseau de linine, qui par l'infiltration avec la substance chromatophile deviennent plus colorables et même un peu plus gonflées. , En faveur de cette manière de penser il y a une quantité de preuves. D'abord l'opinion dernière à laquelle se sont arrêtés les chercheurs, c'est qu’il s’agit de filaments; or, quels peuvent être ceux-ci dans l'intérieur du noyau, où il n'y a qu'un seul appareil fibrillaire, disposé très probablement sous la forme d’un réseau ? Ensuite, dans la grande majorité des cellules où il existe de pareils bâtonnets, ces derniers adhèrent par une de leurs extrémités (2) à la membrane; et celle-ci dans ce cas porte assez souvent sur une de ses faces des dépôts tigroïdiques. Bien plus même : les bâtonnets intranucléaires abou- tissent parfois-à ces dépôts. D'autre part, la forme de ces éléments colorés varie considérablement. Ce ne sont pas seulement des bâtonnets, comme on l’a trop dit; car à leur place on percoit parfois des étoiles plus ou moins irré- gulières, c'est-à-dire des groupes de filaments courbés (3), ou en d’autres cas (1) La membrane nucléaire, malgré son exiguité, a pourtant ses.altérations. : En outre de celles mentionnées plus haut, elle a ses amincissements suivis ou non de disparitions, comme aussi ses dilacérations. (2) Tandis que l'autre est (ou mieux paraît étre, car on ne peut voir tou- - jours le reste du réseau) libre. Parfois toutes les deux extrémités du filament . aboutissent à la membrane en passant par le milieu du noyau ou en restant toujours accolées à l'enveloppe. Plus rarement l’un des bouts se termine à la surface du nucléole. (3) Le nombre de ceux-ci peut s'élever jusqu’à 8 ou même plus. __— Biococre. Comptes RENDUS. — 1905, T, LIX. 49 684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE i à U des filaments parallèles et anastomosés transversalement, ou même, ce qu. est plus important, de vraies portions réticulaires. Et ce qui m'affermit encore dans cette conception, c'est que souvent j'ai pum voir à de forts grossissements des liaisons entre ces filaments tigroïdisés (4) et le reste du réseau de linine. Enfin, une dernière preuve, c’est que j'ai pu récemment observer différentes formes de passage entre les peu colorables trabécules du réseau et les gros bâtonnets intra-nucléaires. Quand la matière chromatophile diffuse d'une manière homogène dans le caryoplasma, elle produit alors cet état sombre du noyau connu sous le nom d'homogénéisation (Sarbo). Enfin cette lésion même que j'ai décrite 'au commencement de cette année, en roumain (2), — et sur laquelle je faisais alors seulement des hypothèses, — trouve son explication dans la même pérégrination de la substance chromo- phile. Toutes ces altérations (3) (condensations tigroïdiques sur ou dans la membrane, opposition de bâtonnets intra-nucléaires ou homogénéi- sation et surcoloration nucléaires) ont donc quelque parenté entre elles, étant produites par la même cause; c’est cette affinité qui éclaire les formes de transition ou de légère combinaison qui se trouvent quel- quefois parmi ces variétés de lésions. Malgré mes recherches réitérées sur le noyau de la cellule nerveuse.(4), l'explication de ce genre d’altérations a toujours échappé à ma pensée (5): Mais, de même que dans l'organe d’un animal (malade à cause des modifications que provoque la maladie) on ne peut reconnaître quelque- F fois les éléments propres de son parenchyme, de même dans le petit organisme cellulaire on distingue à peine parfois pendant ses souf-M (1) Il ne faut pas croire que tous les animaux de laboratoire aient les | cellules nerveuses tout à fait saines. l’ai trouvé quelquefois, même chez des individus qui extérieurement ne paraissaient pas malades, des petites altéra= tions des éléments chromatophiles, du noyau et des neurofibrilles. (2) Hyperchromatose totale du noyau neuronique, Spitalul, 1905. (3) Elles peuvent être observées dans différentes maladies qui s’accompagnent\ de lésions tigrolytiques. Les bâtonnets intra-nucléaires étaient particulière ment visibles dans la moelle d'un cas de delirium aigu et la surcoloration, | totale du noyau dans les cellules pyramidales d’un épileptique. | (4) Dont une partie publiée en roumain. (5) Un auteur américain, Scott (de Toronto), a soutenu l'opinion que Ra substance chromatophile provient par émigration de la nucléine du noyaux ‘pendant son développement (cité d'après A. Gurwitsch, Morphologie und Biologie der Zelle, léna, 1904). Je ne saurais préciser quelle part de vérité peut contenir cette idée, puisque tout ce que j'ai vu Jusqu'ici en fait de développe=M ment du noyau nerveux me dit le contraire. Et, d’autre part, la nucléine du neurone, comme on peut le lire dans une autre note, se concentre en bonne À partie dans la nucléole. SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 68 oc frances, ce qui appartient en propre à ces organes de ce qui leur vient du dehors. (Travail du laboratoire de la clinique neuro-psychiatrique de Berlin.) ÉVOLUTION GÉNÉRALE DES ACTES HÉMATOLYTIQUES, par M. G. FRoinx. J'ai étudié 178 liquides hémorragiques retirés de séreuses humaines ._ (méninges, plèvres, péritoine). Aucun de ces hématomes liquides n’a présenté le même nombre de globules rouges et la dilution globulaire a varié depuis 1000 jusqu'à . 3 millions d'hématies par milllimètre cube. Dans les liquides ayant présenté une constitution chimique à peu près . normale, l’hématolyse n'a jamais entraîné un aspect laqué du liquide | eéphalo-rachidien, mais une teinte jaune, plus ou moins marquée, selon l'intensité de l’hématolyse. Or, si le liquide céphalo-rachidien normal dissout, après action prolongée in vitro, l'hémoglobine des globules rouges (Sicard) (1), il ne la transforme jamais en pigment jaune. Quand une hémorragie méningée vient de se produire, si l’on conserve asepti- quement le liquide sanglant ponctionné et porté à l’étuve à 37 degrés, il reste incolore ou dissout très lentement et très irrégulièrement l’hé- moglobine sans la modifier, pendant que celle des globules demeurés : dans la cavité arachnoïdo-pie-mérienne se transforme rapidement en pigment jaune au fur et à mesure qu'elle abandonne les stromas héma- tiques. La coloration jaune maxima correspond au moment de la plus » grande destruction des globules rouges. Or, les seuls éléments étrangers au liquide normal qui n’ont jamais manqué dans les 478 liquides, y variant dans de grandes proportions, en même temps que les modifications globulaires et pigmentaires, sont » des leucocytes, comprenant, avec des éléments venus par diapédèse, des - cellules endothéliales. L’urée, le sucre, l’albumine contenus dans le liquide, ainsi que sa tension osmotique, ne montrent pas, dans chaque . cas, des variations susceptibles d'influencer la destruction hématique et » surtout hémoglobinique. ) ù Chaque, liquide nouveau que j'ai examiné m'a engagé de plus en plus incriminer, dans l'hématolyse, l’action des leucocytes telle que je l'ai exposée (1). J'ai recherché la présence de cytases dans huit liquides, : (4) Sicard, Thèse de Paris, 1901, p, 51. « (2) G. Froin. Société de Biologie, uovembre 1904, et Thèse de Paris, 1904. : £ 686 SOCIÉTÉ DE BIOLGGIE sans résullat précis. Si ces liquides hémorragiques contiennent des” cytases, leur quantité est très minime et.elles sont très diluées, d'où . J'évolution générale lente de l'hématolyse qui dure plusieurs jours et souvent plusieurs semaines. De plus, il existe alors in vivo une substance qu'on ne révèle pas, par exemple, in vitro, avec les sérums hémoly- tiques habituels : c'est celle qui transforme l'hémogiopes en Rise | jaune. Le phénomène primordial débutant quelques heures après la produc- tion de l’hémorragie, consiste dans la diminution rapide et considérable du nombre des globules rouges constituant l'hématome; on voit, en vingt-quatre heures, un abaissement de 500, 300, 200 mille, etc, glo- bules rouges par millimètre cube. Ce n'est pas le résultat d'une destruc- tion complète in situ, ni d’un englobement par des macrophages ; ceux= ci n'existent pas dans le foyer hémorragique à ce stade de l'hématolyse.M Il se produit donc une résorption spontanée des hématies, entraînées | peut-être vers les lymphatiques par une force telle que celle désignée sous le nom de vis a tergo. L'hématophagie apparaît touiours comme une phase secondaire à cette résorption massive, lorsque le nombre des globules rouges a con- « sidérablement diminué. | La leucocytose est très variable. au niveau de l'hématome. De plus, si on examine à plusieurs reprises un liquide sanglant, on constate que l'abondance maxima de pigment jaune ne coïncide pas toujours avec le moment de la plus forte leucocytose, mais avec celui où il y a présence simultanée du plus grand nombre de polynucléaires neutrophiles et de mononucléaires. Ainsi, si ces éléments cellulaires, malgré une leucocy-« tose très légère, sont comparativement les uns aux autres dans.une” proportion se rapprochant de celle trouvée normalement dans le sang circulant, c'est-à-dire s’il existe environ 60 ou 70 polynucléaires neutro- | philes et 20 ou 30 mononucléaires p. 100, il se produit une coloration très jaune. Inversement, que la leucocytose locale soit considérable, 4 atteigne même le chiffre de 1 globule blanc pour 20, 10, 5 globules rouges, si cette leucocytose est presque entièrement représentée par le même élément cellulaire, lymphocyte, neutrophile ou mononucléaire, l'hématome présente le minimum de rendement en pigment jaune. Avec la présence simultanée de neutrophiles et de mononucléaires, si l’héma=« tome est peu dilué, on constate la réaction de Gmelin. J'ai trouvé dix sept fois cette réaction dans le liquide céphalo-rachidien hémorragique: dans deux cas, j'ai vu cette réaction négative devenir positive après lan concentration du liquide. Tant que les globules rouges abandonnent par grandes masses le foyer hémorragique, le rapport entre le chiffre des hématies et celui: ae \ leucocyles conserve un taux assez élevé : 1 leucocyte pour 1000, 800, 600, 400, 200, 100 hématies. À ce stade, les polynucléaires neutrophiles se. : SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 687 . maintiennent, en général, au-dessus du chiffre de 30 p. 100 des leuco- cvtes. Mais dès que la grande irruption hématique se ralentit, il existe en général 1 leucocyte pour un chiffre de globules rouges inférieur à 100 et la formule leucocytaire se modifie rapidement : les polynucléaires disparaissent et il reste seulement des lymphocytes ainsi que des macro- phages. On constate alors de la fragmentation globulaire, mais il se produit peu ou pas du tout de pigment jaune. Tandis qu'on aura compté 1 polynucléaire neutrophile au milieu de 571 globules rouges, destinés d'ailleurs à être en majeure partie résorbés, on verra à la fin 1 lympho- cyte pour 3 et même pour 2 globules rouges qui stagnent et se détruisent sur place. La leucocytose locale diminue donc en même temps que l’élé- ment irritant, mais lorsqu'elle change de nature, elle se maintient à un taux très élevé comparativement au nombre restreint des agents chi- miotacliques. DE LA NATURE PATHOLOGIQUE DES CANALICULES DE HOLMGREN DES CELLULES NERVEUSES, par M. R. LEGENDRE. Dans une précédente note (1), j'ai établi que les structures intra- protoplasmiques des cellules nerveuses, décrites’comme canalicules par Holmgren et divers autres auteurs, sont en réalité de deux sortes : 1° des vacuoles probablement formées par accumulation des substances de déchet de l’activité cellulaire; 2° des filaments et parfois même des noyaux névrogliques pénétrant de l'extérieur, que je supposais avoir une fonclion de soutien. Je n'avais pas alors fait d'expériences sur les variations de ces structures dans les divers états fonctionnels et patho- logiques. Avant depuis étudié les effets de l’asphyxie chez Æelix pomatia, j'ai remarqué que les noyaux et les filaments de névroglie intracellulaires, très rares chez les animaux sains, deviennent alors beaucoup plus fré- quents. On voit autour de la cellule nerveuse une accumulation de- cellules névrogliques; certaines envoient des prolongements dans le corps cellulaire; parfois même des noyaux des celiules interstilielles pénètrent dans le, protoplasma nerveux. Dans la cellule nerveuse, autour des filaments névrogliques est un espace clair semblable à un canalicule qui s'agrandit en vacuole autour du noyau névroglique; il (1) R. Legendre. Sur la nature du Trophospongium des cellules nerveuses d'Helix. C. R. Soc. Biol., 20 mai 1905, p. 841. — Note sur la nature des cana- licules de Holmgren des cellules nerveuses d’Heliæ. Bull. Soc. Philomathique, 1905, p. 260. 688 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE semble que le protoplasma nerveux est désagrégé autour de cette cellule interstitielle. Tout autour, sur une grande étendue, le proto=M plasma nerveux a souvent un aspect hyalin. La méthode de Nissl montre une chromatolyse intense simultanément à cette pénétration de névroglie. Holmgren a d’ailleurs déjà signalé la multiplication des cana- . licules pendant la tigrolyse. J'ai vérifié ces résultats chez Acera bullata, Philine aperta, Bulla hydatis. Là aussi, la pénétration intracellulaire de névroglie a lieu pendant l’asphyxie par immersion dans l'eau douce non aérée. La cel- lule nerveuse peut même êlre finalement détruite. | Cette pénétration de la névroglie est semblable à celle que les histo- pathologistes ont décrits sous le nom de neuronophagie. Elle a été signalée par divers auteurs dans un grand nombre d'infections et d’intoxications du système nerveux : rage, tétanos, myélile aiguë, para= lysie générale, diabète insipide, botulisme, anémie Cp par ligature de l'aorte abdominale, ete. L'hypothèse de Holmgren que les canalicules intraprotoplasmiques sont des Saftkanälchen, un Trophospongium servant à la nourriture de la cellule nerveuse, est donc l'inverse de la réalité, puisque les cellules névrogliques ont, quand la cellule nerveuse est dans un état patho- - logique, un rôle phagocytaire et qu’elles détruisent alors la cellule ner- veuse. % De plus, le fait que les canalicules de Holmgren ne sont pas morpho- logiques, enlève à la théorie de Fragnito sur l’origine pluricellulaire de la cellule nerveuse un important argument. Ce fait montre aussi l'importance qu’il y a de n’étudier que des ani- « P I y q maux non seulement vivants, mais encore parfaitement sains, les très rares canalicules que j'avais précédemment observés provenant vrai- semblablement d'animaux déjà malades par le fait de la as ou de l'inanition. Le diagnostic histologique de la rage n’est donc pas spécifique, comme l'ont d’ailleurs déjà montré Marinesco, Crocq, Debuck et Demoor. k La neuronophagie est un phénomène très général, puisqu'on la ren- * contre dans les états pathologiques ies plus variés et chez des animaux très différents. Si des expériences ultérieures montrent que les canali- cules décrits par Holmgren dans d’autres sortes de cellules (cellules M glandulaires, etc.) sont également pathologiques, on ne pourra plus considérer les Saftkanälchen que comme un processus de phagocytose. (Travail du laboratoire d'Embryogénie comparée du Collège de France). SÉANCE DU 23 DÉCEMRRE 689 SUR LA DESTRUCTION DU VIRUS RABIQUE DANS LA CAVITÉ PÉRITONÉALE, par M. P. RENLINGER. Les passages par les animaux et les cultures en sac constituent, comme on sait, les deux moyens principaux dont on dispose pour augmenter la virulence des microorganismes. Alors que le virus rabique s’exalte faci- lement — tout au moins chez le lapin, le chat, le renard, etc. -— à l’aide du premier de ces procédés, la mise en œuvre du second aboutit à un résultat diamétralement opposé. Non seulement les tentatives pour cul- tiver le virus rabique en sac dans le péritoine échouent, mais encore des émulsions épaisses de substance nerveuse — voire des cerveaux entiers — perdent avec une très grande rapidité tout pouvoir pathogène. Nos expériences ont porté sur des chiens et des lapins et ont été faites avec des sacs de viscose. Ceux-ci étaient remplis d'une émulsion épaisse de virus fixe et étaient enfouis dans le péritoine d'un certain nombre d'animaux. Ils étaient retirés chaque jour et leur contenu servait à inoculer des lapins par trépanation. Au bout de vingt-quatre heures, le virus rabique était complètement détruit. Aucun des animaux trépanés n’a succombé. La même expérience a été répétée en retirant non plus chaque jour mais chaque heure les sacs du péritoine. Déjà au bout d'une heure, l’atténuation du virus est sensible. Les lapins inoculés prennent la rage avec une incubation de dix jours. Ils succombent le douzième ou le trei- zième jour. Au bout de six heures, la moitié des animaux inoculés demeure indemne ; après neuf heures, il est exceptionnel de voir un lapin succomber à la rage. Après douze heures, la perte de la virulence est complète. Un tel résultat a lieu de surprendre. Le virus rabique offre une résis- tance considérable aux divers agents d'atténuation. Injecté à l’intérieur d’un œuf de poule, le virus rabique est encore capable après dix jours de tuer un lapin par trépanation. Pour ce qui est de son sort dans l'or- ganisrae animal, M. Rabieaux (1) a vu que chez le lapin et chez le chien auxquels on injecte une émulsion virulente dans la chambre antérieure de l'œil, la virulence de l'humeur aqueuse disparait seulement du qua- trième au huitième jour. Nous avons vu de même (2) que, si on inocule une pelite quantité de virus fixe sous la dure-mère d’un lapin, ce virus ne se retrouve plus après quarante-huil heures. Après vingt-quatre (4) Rabieaux. Contribution à l’étiologie de la rage, Société de Biologie, 17 janvier 1903. (2) P. Remlinger, A quel moment le bulbe des lapins rabiques de passage devient-il virulent ? Société de Biologie, 13 mai 1905. 690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE heures, il adhère encore non modifié à la surface du bulbe, à tel point que les animaux trépanés avec une parcelle de ce bulhe contractent la M rage. 1 La destruction du virus rabique est donc bien spéciale au péritoine. Mais quelles peuvent en êlre les causes ? La température à laquelle le virus rabique est plus sensible qu'aux autres facteurs d'atténuation ne parait jouer aucun rôle. Une émulsion de virus fixe maintenue vingt- quatre et même quarante-huit heures dans une étuve réglée à 39,5 s’est encore montrée virulente. Même résultat — malgré l'évaporation très active — avec une émulsion enfermée dans un sac de viscose, iden- tique à ceux dont on se servait pour le péritoine et mis à l'étuve à 39 degrés. La phagocytose ne saurait être invoquée davantage. Nous avons même observé à plusieurs reprises ce fait paradoxal que la des- truction du virus s'opère plus rapidement lorsque l’'émulsion est en- fermée dans un sac que lorsqu'elle est injectée directement dans le péritoine. Il reste donc à incriminer un pouvoir rabicide spécial et‘sin- gulièrement énergique du liquide péritonéal. Des expériences ulté- rieures nous fixeront vraisemblablement sur ce point. Nous ferons remarquer en terminant que malgré la rapidité de cette destruction, il est possible de donner la rage au chien ou au lapin par voie péritonéale, à condition d'injecter une quantité très élevée de virus. ({nstitut Impérial de bactériologie à Constantinople) ESSAI DE SÉRIATION EN STADES SUCCESSIFS DES DERNIERS TEMPS DE LA VIE LARVAIRE CHEZ LES ANOURES, D'APRÈS LES CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES DES MEMBRES POSTÉRIEURS, Par M. P. WINTREBERT. Dans une précédente communication (1), j'ai montré le premier développement des membres postérieurs chez Rana temporaria. Rana viridis qui m’a servi de type pour l’étude des stades suivants présente avec les mêmes caractères (sauf la pigmentation) les cinq premiers stades déjà décrits. Je me suis proposé pour but de classer les larves en séries distinctes au moyen de signes objectifs faciles à reconnaître à première vue, M grâce à eux, un simple numérotage effectué périodiquement, permet M de constater les progrès réalisés dans l’ontogenèse par tout un lot de (1) Comptes rendus de la Société de Biologie, 2 Décembre 1905. L SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 694 tétards d'âge différent, soumis à l'influence de facteurs SRE TRE expérimentaux. J'ai laissé de côté les considérations relatives au volume, au poids et toute mensuration, pour m'attacher à des caractères anatomiques plus en rapport avec l’évolution embryonnaire. Les membres postérieurs | | > . De" m'ont fourni les points de repère les plus précis ; la distinction des : stades est en grande partie marquée par le degré de leur développement, leur attitude au repos, la gradation physiologique de leurs mouve- _ ments. + Je renvoie pour les cinq premiers stades à la description de Rana tem- poraria (1); je signalerai seulement que le pigment apparaît chez Rana viridis plus tardivement (stade IIT, au niveau du genou) et qu’il est dans la suite plus parcimonieusement distribué. Les cinq premiers stades réclament pour leur distinction une observation attentive des membres, et nécessitent l'examen latéral des larves, cependant on peut reconnaître déjà le stade V, ainsi que les stades suivants, à la simple inspection de dos. Srane V. — Le têtard vu par-dessus, montre au repos, à la racine de la queue, sous la saillie des myotomes, une frès légère pointe des genoux ; la jambe et le pied en direction générale rectiligne restent appliqués contre le limbe ventral et ne peuvent être vus que latéralement. La membrane interdigitale existe entre le 4° et le 5° doigts. Trois régions sont pigmentées : racine de cuisse, partie supérieure de la jambe, 4° et 5e doigts. Mouvements très légers. STADE VI. — Le membre, ondulé au repos, se caractérise à l'inspection dor- sale par une saillie nette des genoux et l'écartement en dehors des orteils; celui-ci tient à l’accentuation de l'angle du talon; mais le tarse et les doigts sont en continuité. Les mouvements synergiques s’accentuent ; les pieds en flexion se mettent en position transversale, perpendiculaire à l'axe de la queue. La ligne pigmentée de la jambe se continue avec celle du 5° doigt. STaDE VII. — Désormais la direction des cuisses dans l'attitude normale au repos va nous servir de critérium pour la diagnose ; ici les cuisses sont manifestement encore dirigées en arrière. Les tarses commencent à se distinguer de l’avant-pied par l'apparition d’un angle plantaire. Dans le mouvement de flexion encore incomplet, la face dorsale des orteils n'arrive pas au contact des genoux. La longueur du pied (tarse et orteils) est inférieure ou égale à la distance des orbites (bord externe). StapE VIII — Au repos, les cuisses sont en position transversale ; la jambe est bien fléchie sur la cuisse, mais les orteils restent écartés de la jambe. Le tétard est moins globuleux ; la limitation des plans latéraux, par rapport au plan dorsal, commence à se montrer ; on assiste à la production d’une arète latérale qui va des yeux à la racine de la queue. Légère saillie des coudes. STADE IX, — Au repos, l'attitude en flexion est plus complète ; les genoux sont dirigés en avant et les orteils appliqués contre les jambes fléchies. Les arêtes latérales du tronc, plus anguleuses, sont soulignées par une coloration plus claire. Saillie des coudes accentuée. Srane X. — Ce stade est celui de la métamorphose ; il débute généralement par la saillie du coude gauche à travers le spiraculum; puis l'émergence totaté 2 692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du membre antérieur gauche s'effectue, bientôt suivie de l’effraction de la chambre operculaire par le membre antérieur droit. Cette période dure jus- qu'à résorption totale de la queue et peut se diviser en plusieurs étapes : queue entière, trois quarts, elc., queue ras. Nous assistons dans ces stades au grandissement progressif des « - membres postérieurs ; à mesure que les fibres musculaires se déve- loppent, leur tonicité acquiert une force plus grande, et détermine, dans l'attitude du repos, une flexion de plus en plus prononcée. Les stades indiqués ne sont pas équivalents au point de vue de la durée ; les premiers stades sont les plus courts, le septième est le plus long ; celui-ci est donc aussi le plus vaguemeut déterminé ; pour le pré- ciser davantage, il suffit de noter chez les larves de ce stade le rapport de la longueur du pied (tarse et orteils) avec l'écartement des rebords orbitaires externes. Malgré le caractère conventionnel inhérent à une sériation de ce genre, qui analyse en stades séparés une évolution continue, la for- mation de ces étapes successives pourra servir à préciser l’âge des larves et à comparer plus aisément l'influence de divers facteurs sur leur développement et leur croissance. (Travail du laboratoire d'anatomie comparée à, la Sorbonne.) L’ASSIMILATION DE L'ACIDE CARBONIQUE PAR LES CHRYSALIDES DE LÉPIDOPTÈRES, par M'° ia comtesse MARIA VON LINDEN. En 1883, Engelmann trouva une Vorticelle diffusément colorée en vert qui avait la faculté d’absorber et de décomposer l’acide carbonique contenu dans l’eau, et qui dégageait de l'oxygène sous l'influence de la lumière. Pour la première fois on voyait une cellule animale assimilant l’acide carbonique de la même manière que les plantes, et sans être aidée de cellules végétales, comme dans nombreux cas de Fu des Protozaires avec des Algues. Un hasard m'a poussée à des recherches sur ce sujel. J'avais trouyé que les chrysalides de Lépidoptères ( Vanessa) supportaient facilement un séjour dans une atmosphère d'acide carbonique même concentrée, qu'elles y perdaient moins de leur poids que sous les conditions nor- males, qu’elles devenaient même plus lourdes, tandis que l'acide carbo= nique diminuait de volume. Je me demandai si les chrysalides pouvaient profiter de l'acide carbonique à la manière des végétaux. De nombreuses analyses (environ 400) des produits respiratoires de chrysalides et de LR de. à dde ss SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 693 chenilles de divers Lépidoptères m'ont amenée à la solution de cetle question. J'ai expérimenté sur les chrysalides de Papilio podalirius, de Sphinx euphorbiæ, de Lasio campapini et sur les chenilles de Botys urticata de Vanessa urticæ. La respiration de ces insectes a été étudiée dans des pipettes de forme cylindrique, de différentes grandeurs; les pipettes étaient allongées en tube aux deux bouts et portaient des robinets en verre qui fermaient hermétique- ment. Les insectes furent introduits dans la pipette par une ouverture à la partie cylindrique de l'appareil qui se fermait hermétiquement par un bou- chon en verre. Les chrysalides ou chenilles passées dans la pipette, celle-ci fut mise en communication avec le gazomètre contenant le mélange de gaz désiré. Aussitôt que l’air dans la pipette‘fut déplacé par le mélange de gaz entré sous pression, une pipette graduée de Hempel fut mise en communica- tion avec l’autre bout de la pipette contenant l'insecte. Après avoir recueilli - 100 centimètres du mélange de gaz contenu dans cette dernière, je fermai les deux robinets, je supprimai la communication avec le gazomètre et avec la pipette graduée, et j'abandonnai les chrysalides à l'expérience, ayant aupara- vant établi dans la pipette respiratoire la pression barométrique normale, en rouvrant pour un instant un des robinets. L'analyse du gaz recueilli dans fa pipette graduée donnait la composition de l'atmosphère où se trouvaient les chrysalides. En rapportant les résultats obtenus sur 100 centimètres au volume entier dans la pipette respiratoire et à la température et pression nor- male, il était possible de dire combien l'atmosphère dans la pipette respira- toire continuait de O, de Az et de CO? au commencement de l'expérience. La différence de ces résultats avec ceux obtenus de la même manière à la fin de l’éxpérience indiquait le changement que l’atmosphère dans la pipette avait subi par la respiration des chrysalides. | Pour la plupart des expériences je me servais d’un mélange d'air atmos- phérique et d'acide carbonique de 5-30 p. 100. Les chrysalides restaient enfermées pendant 2-24 heures dans la pipette. Le volume de gaz à leur dispo- sition avait presque toujours diminué à la fin de l'expérience et les change- ments dans la composition de l’atmosphère respiréeétaient les suivants. Lors- qu'on se servait de l'air atmosphérique pur j'ai trouvé que la production d'acide carbonique par des chrysalides était plus grande la nuit que le jour. Le rapport entre l'oxygène consommé et l’acide carbonique exhalé était pen- 2 “Ie CO LS dant la respiration de jour = — 0,664 en moyenne, 0,561 au minimum et 02 0,730 au maximum ; pendant la nuit TT de 0,76 en moyenne, 0,644 au mini- mum et 0,844 au maximum. Pendant l'hiver j'ai même trouvé pour la respi- HQE Fr: CO ration journalière le rapport HE 0, 6-0,0 (chrysalides de P. podalirius), ce qui veut dire qu’en hiver la production de CO? peut complètement faire défaut. Quand l'atmosphère contenait de l'acide carbonique on observait souvent une absorption de ce gaz, accompagnée, au printemps surtout, d'une exhalation d'oxy- gène. En hiver en 113 expériences CO? a été absorbé 37 fois, mais il n'y eut que 694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 fois un dégagement d'oxygène. En 116 expériences au printemps (mars-juin) il yavait 63 fois absorption de CO0* et 60 fois exhalation de O. Ce procédé d'as- similation eut plus souvent lieu le jour que la nuit. En 17 expériences de jour les chrysalides de P. podalirius (2° série) absorbèrent 5,36 centimètres de CO*; en 18 expériences de nuilelles absorbèrent 2,50 centimètres de Co*. L'exhala- tion d'oxygène était en même temps: AE JOUR = Fais SR ARTE AR ee EM ER ER 40,7 cent. La, DIE: 5 2e us de Me NT ER A EC RE Ce RS 1,41 La respiration était au contraire plus forte la nuit que le jour. Les chrysa- lides avaient consommé en oxygène : En Afexpériences de 7ouri-ne te Ve TE TOC EIRE 0,20 cent. EnMélexpéniencestder y EAN PRE av Elles avaient exhalé de l’acide carbonique : énonrtiiont Obama 1,31 cent. PaRQUILE ERREe US D ET RE EN TRE IR RTE 11,46 Pour une seconde série, j'eus les données suivantes : Absorption de CO? en 13 expériences de jour. . . . . . . . . 10,34 cent. = de CO en 8 — dENNUITA SN NET 1,24 Exhalation de O en 13 expériences de jour. + : : «+ . . . . "8;56 cent. — de: 0 “enrs — denuit-M05 ea ID Absorption de O en 13 expériences de jour. . . . . . . . . 9,41 cent. — denOMen is — GENE Cho ce 0 0 0 . 21,34 Exhalation de CO? en 13 expériences de jour. . . . . . . . » 9,50,cent. — de CO? en 8 — dennuit-ete in CRUE Le rapport entre l’acide carbonique absorbé et l'oxygène exhalé était pour » la II° série . _— — 0,872: Pour la ILE série : = — 1,028. Le rapport entre l'oxygène absorbé et l'acide carbonique dégagé, était pour la II° série : 0,598; pour la III: série : 0,986. COMPARAISON ENTRE LES PHÉNOMÈNES D ASSIMILATION DU CARBONE CHEZ LES CHRYSALIDES ET CHEZ LES VÉGÉTAUX, fpar Mi la comtesse M. von LiNDEN. Il était intéressant de comparer les résultats observés chez les chry- salidesi avec ceux fournis par les végétaux. Chez DE par exemple, nous obtenons les résultats suivants : SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE Absorption de C0° en 9 expériences de jour . . . . . 21,59 cent — de CQ® en 8 — deNUILE AR D Exhalation de O en 9 expériences de jour . . . . . 16,96 cent. — de O ens8 — TRUITE ER EE 1,29 Absorption de O en 9 expériences de jour . 11,17 cent. — de O en8 — depui AE 19,56 Exhalation de C0? en 9 expériences de jour . . . . . 8,64 cent. — de CO*° en 8 — dent 25,16 | Nu - x é "C0: . Rapport entre l'acide carbonique absorbé et l'oxygène exhalé Tr = 1,036; | rapport entre l'oxygène absorbé et l'acide carbonique exhalé — 1,t59. Nous voyons donc que les phénomènes assimilatoires et ‘respiratoires varient … seulement au point de vue de l'intensité, qu'ils sont plus intenses chez la plante » que chez les chrysalides. à >. Pour encore mieux accentuer l'influence de la lumière sur les phénomènes | P _ de la respiration, j'ajoute Les résultats d’une expérience de jour et de nuit. - Expérience de nuit avec les chrysalides du P. podalirius série III. ANALYSE PETICITEE ANALYSE II RAPPORTÉE 2 de 100 cent. et OS CR HU He 100 cent. etc. DIENERENCE N. 13,8 SHOT ETS 12,0 94,54 GE be 15,4 20:65 12,6 610) — 4,46 CO® . 10.8 14,48 15,4 118). 7) + 5,31 Expérience de jour : NS Ets 60.8 228,4 70,0. 228,0 0 "1 TRES 15,0 44,04 15,4 50,07 + 1,03 CORTE 15,2 49,74 14,6 47,47 — 2,21 Pendant là journée ce sont les produits du processus assimilation qui pré- valent dans l'atmosphère ; pendant la nuit, ce sont au contraire les phénomènes respiratoires qui laissent lèurs traces. Nous savons que chez les plantes l'assimilation de l’acide carbonique se fait de préférence sous l'influence des rayons rouges et jaunes. Une relation toute semblable existe pour les chrysalides comme le nous font voir les ana- lyses suivantes : 1° Chrysalides exposées à la lumière rouge-jaune : ANALYSE I RABPORTÉE, ANALYSE Il RAPPORTÉE : de100cent. + te Res 100 cent. etc: PAS RENUE NS, 73,4 75,11 69,00 71,55 — 3,56 0, 15,0 16,00 16,40 17,01 + 1.01 CO? 14,6 15,58 14,60 15,17 — 0,41 N 65,6 70,68 65,00 68,63 — 2,05 (02 13,8 14,87 15,00 15,84 + 0,97 CO? 20,6 22,20 20,00 21,42 — 1,08 29 Chrysalides exposées à la lumière bleue : NE 63,4 67,65 64,00 65,32 os GET 14,6 15,58 13,80 14,08 . — 1,50 COS 21,8 23,26 21,80 22,25 — 0,98 CRE 51,2 60,90 55,40 d5,15 — 5,15 - On > 9,2 9,80 9,80 9,86 + 0,06 COL: 33,2 33,60 35,00 35,22 + 1,62 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE k Comme sur les plantes, ce sont les rayons rouges-jaunes qui exercent aussi une influence favorable sur les chrysalides de Lépidoptères lorsqu'il s'agit de faire la synthèse de l'acide carbonique. F Les expériences avec les chrysalides du Sphinx euphorbiæ dant des résultats semblables. Les chrysalides de Lasiocampa pini étaient moins dispo- sées à l'assimilation, car leurs mouvements étaient si forts que les pro- duits de la respiration prévalaient aussi pendant la journée. Pour consta- ter qu’elles aussi assimilaient, il fallait les endormir par un contient de CO* dans l'atmosphère très considérable. J'ai eu un même résultat pour les che de Botys urticata et de Vanessa urlicæ. Cependant les chrysalides du P. podalirius n'ont pas seulement la faculté de décomposer l'acide carbonique, elles savent aussi fixer le carbone dans leur organisme : un séjour d'environ trois mois dans une atsmosphère riche en acide carbonique fit augmenter les poids des chrysalides. Ses chrysalides pesaient au commencement de l'expérience 10 gr. 585 (le 19 mars 1904). Au 19 mars 1905, elles pesaient : 48 gr. 084. Elles avaient augmenté de 2499 grammes, soit à peu près de 25 p. 100, au lieu de perdre du poids comme je l'ai constaté pour une seconde série exposée à des conditions normales. Cette seconde série qui se trouvait dans la même température que la première avait perdu jusqu’au 23 janvier 10 p. 100 de son .4 poids initial. L'AUGMENTATION DE POIDS DES CHRYSALIDES [N'EST PAS DUE A L'ABSORPTION D'EAU, par M'® La comTEssE M. von LINDEN. Pour savoir si du carbone avait vraiment été fixé dans l'organisme des chry- salides ou si l’augmentation du poids provenait d'une absorption d’eau j'ai fait faire l'analyse élémentaire des chrysalides qui avaient servi à l’expé- M rience et d'une autre série de la même espèce qui avaient passé l’hiver à la cave et qui étaient encore tout au commencement de leur développement. ‘ Quoique peu développées, les chrysalides de la seconde série étaient moins lourdes que celles qui avaient servi à l'expérience. Elles différaient de : O gr. 17433, soit 27 p.100. Après avoir séché les deux séries de chrysalides, on M put constater que l'excédent de poïds provenait d’un surplus d’eau de 0 gr. 15294 et d'un surplus de substance (substance sèche)de 0 gr. 02143 relative à une chry- salide. Les onze chrysalides de l'expérience s'étaient donc enrichies de 1 gr. 6819 d'eau et de 0 gr. 23573 de substance organique. D’après les résultats des ana- lyses, les chrysalides devaient avoir assimilé du carbone et de l'azote. L'analyse élémentaire confirme ce que l'analyse gazométrique avait établi en nous donnant les résultats suivants : SÉRIE DE CONTRÔLE SÉRIE D'EXPÉRIENCE DIFFÉRENCE C9 0 ND AU C5 0 1 D AU C = + 0,60 p. 100 H = 9,61 — Hi MU H——018 — AMONT Az = 10,62 — Az. =+ 1,08 — Az — 10,54 — Az = +1,00 — Los = ‘out cer To dé D ne ds ét SR SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 697 Cela fait un surplus pour une chrysalide de la série qui était dans une atmosphère riche en acide carbonique. PaGarboner:de- tite SUPER Cut EN She ue 0e: su 0OM6E En Hydrogène des CUT EN Det 1 0 … + «+ + 0,00185 bnrArote de et er ee mu c PEN EU REA UNDUESS ROME TETE CS ce ONE se les ete, eee. 000301 L'analyse gazométrique des produits de la respiration et l'analyse élémen- taire des chrysalides nous montrent donc également que les chrysalides de Lépidoptères ont la faculté d'assimiler l'acide carbonique et l'azote contenus dans l'atmosphère. Cette faculté qu’on croyait réservée aux végétaux doit être de grande importance pour les chrysalides ayant une longue période chrysa- lidaire et il faudra rechercher si les traces de ces phénomènes se retrouvent aussi parmi les représentants des autres classes du règne animal, ou si ces procédés d’assimilation sont restreints aux animaux dont les pigments tégu- mentaires se rapprochent de la substance colorante des végétaux, la chloro- phylle. SUR LA STRUCTURE DU PROTOPLASMA CHEZ LES PROTOZAIRES, par M. EMMANUEL FAURÉ-FREMIET. Le protoplasma des Protozoaires renferme au moins deux sortes de sphéroplastes ; j'ai décrit dans une note précédente ceux de ces éléments qui sont de véritables sphérules trophoplasmiques, et j'examinerai ici les sphéroplastes proprement dits. Les sphéroplastes proprement dits, que l’on pourrait presque nommer sph. à sécrétion externe, se présentent sous l'aspect de sphérules régu- lières, dont les dimensions oscillent généralement aux environs de 1 y. Je ne reviendrai pas sur leurs caractères généraux que j'ai déjà exposés daus quelques publications. Chez Arcella, on lrouve au sein du cytosome de nombreux sphéroplastes mesurant 4,5 & de diamètre, constitués par une fine paroi portant en un point une sorte de Calotte plus épaisse. Ces sphéroplastes se colorent in vivo - par le Brillantkresylblau, la calotte épaisse prenant une teinte très foncée. Il s’agit vraisemblablement ici d’un produit d'élaboration qui se dépose à la surface de la sphérule. Je n'ai pas observé chez Arcella la bipartition des sphé- roplastes, mais il existe des transitions ininterrompues entre les sphérules ordinaires, d'autres un peu plus volumineuses, et d’autres encore, plus grosses, qui semblent entrer en segmentation et donner naissance à une . blastula de sphérules qui se désagrégerait ensuite (1). Chez Carchesium et chez les Vorticellidæ, en général, les sphéroplastes (41) Kunstler a déjà décrit des blastula de sphérules. ALES 698 © SOCIÉTÉ:DE BIOLOGIE s'observent très bien in vivo, et chez quelques individus, on peut voir, dans ces conditions, un corpuscule à l'intérieur de ces éléments, mais ce corpus-= cule est trés inconstant. Ces sphéroplastes se multiplient par bipartition. _ Chez Paramæcium, les sphéroplastes proprement dits sont très nombreux et peuvent être étudiés sur les coupes de l’Infusoire, convenablement fixé. Ce. sont des éléments de dimensions très régulières, qui peuvent se gonfler sous . diverses influences ; cet état anormal est Énscement interprété par l'école de Heidelberg comme une structure mousseuse. : Isolés de la Paramæcie par diffluence du cytosome, ces sphéroplastes se montrent constitués par une très fine membrane qui présente quelquefois des épaississements internes auxquels-aboutissent les trabécules d’un réseau extrèmement délicat: sur les mailles de ce réseau se trouvent quelques épaississements et une ou plusieurs granulations centrales érès inconstantes. L'affinité de ces sphéroplastes pour les colorants est très faible; dans les colorations combinées, la membrane semble plutôt basophile, le contenu - plutôt acidophile. Suivant M. le professeur Kunstler, les. sphérules de ans seraient des . éléments élaborateurs, le réseau fonctionnant comme un appareil de sécré- 1 tion ; je suis arrivé à la même conclusion, mais, chez Paramæcium en parti- « culier, le schéma est différent. Il faut, je crois, distinguer, dans l’évolution d'un sphéroplaste, deux états: activité élaboratrice et activité cinétique. Pendant l’état cinétique, c'est-à-dire au moment de la division, la colorabilité, du sphéroplaste est très faible, mais j'ai constaté l'existence d’un corpuscule « pariétal extrêmement petit, fortement sidérophile, qui semble jouer un rôle directeur dans la division sphérulaire, car je l’ai vu simple ou double, et, dans ce dernier ‘cas, les deux corpuscules se trouvaient aux deux pôles du « sphéroplaste, qui, le plus souvent, était allongé. L'existence de ce. kinosome demande encore une sérieuse confirmation que son extrême petitesse et Ia rareté relative des sphéroplastes en voie de division rendent très difficile. q Pendant l’activité élaboratrice, on voit se former à la surface externe du À | sphéroplaste une sorte de calotte assez épaisse, d'aspect homogène, retenant énergiquement la fuchsine et l’hématoxyline ferrique; cette coque peut envelopper entièrement le sphéroplaste qui apparaît alors sur les coupes comme un corpuscule entièrement noir; je ne sais ce que CAES ce produit - d'élaboration. Le rôle des on est, sans doute, complexe ; c’est ainsi que, pla- L cant des Paramæcies dans une solution de saccharate de fer, puis les tuant par l'acide pyrogallique, j'ai vu chez quelques individus les corpuscules cen- traux des sphéroplastes fortement colorés en noir, ce qui indiquait la pie sence du sel. Les sphéroplastes ont une grande importance dans l’organisation des . | Protozoaires ; ils peuvent former de véritables tissus (couche alvéolaire de Butschli, réservoir de la vésicule excrétrice et cordon plasmatique chez les Vorticellides, etc.). Mais quelle est leur valeur morphologique ? Font-ils partie, comme le veut Kunstler, de la structure même du pro-" toplasma? Je ne puis admettre cette conception; toutes réserves étant faites quant aux différences chimiques et physiologiques qui séparéntss si BE Le # SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 699 tous ces éléments, je crois que l'on peut établir un parallèle entre les leucites, les sphéroplastes et le noyau cellulaire (1). Au point de vue morphologique, ces organites sont correspondants, car ils ont tous une certaine individualité ; tous se multiplient par division, tous ont une organisation qui se ramène souvent à ce schéma général : membrane, réticulum avec nodosité (pseudo-nucléoles) et grains d'élaboration (nucléoles), liquide interstitiel; tous, enfin, ont pour rôle de produire des substances nécessaires à la vie cellulaire : pouvoir synthétique et rôle du noyau dans les sécrétions; pouvoir élaborateur des leucites et des sphéroplastes. Or, qui voudrait admettre que les chloroleucites d'un végétal ou le noyau d’une cellule représentent la structure du protoplasma ? | _Ce sont là des organites complexes dont l'origine est encore inconnue, _ éléments structurés qui n’ont rien de commun avec les structures D . Ÿ à Le essentiellement multiples et variables du protoplasma proprement dit. (Travail du laboratoire de cytologie de l'Ecole des Hautes-Études, Collège de France.) LA THÉORIE SPHÉRULAIRE ET LA STRUCTURE DU NOYAU par M. EMMANUEL FAURÉ-FREMIET. J'ai montré dans la précédente séance que les sphéroplastes des Proto- zoaires sont des organites physiologiquement actifs que l’on peut com- parer aux leucites et même au noyau cellulaire, la seule différence importante entre ces éléments, portant sur les produits et les rôles divers de leur activité. Je crois utile de préciser quelques points relatifs aux rapports morphologiques que l'on peut établir entre les sphéro- plastes et les noyaux; a ce point de vue, je crois qu'il faut distinguer des noyaux mono et polysphérulaires. Je prendrai comme exemple deux noyaux que j'ai pu étudier à loisir, celui du Ceratium hirundinella et celui du Cochliopodium pellucidum. Noyau polysphérulaire (Ceratium hirundinella). Lauterborn a très complètement étudié en 1895 la structure et la division du noyau chez C. hirundinella; il a décrit un réseau achromatique typique avec des grains de chromatine aux points nodaux; ce réseau s'oriente en filaments parallèles au moment de la division, qui détermine une scission transversale de ce faisceau de chromosomes (?) (1) Le macronucleus des Infusoires et quelques noyaux à structure sphéru- laire exceptés. Bi0LOGIE, CompTESs RENDUS. — 1905, T. LIX. 50 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE :_ D'après mes observations faites in vivo, sur des noyaux isolés, ou encore sur des coupes, le noyau de ce Péridinien est un amas, on pourrait dire un tissu. d'éléments sphérulaires : les sphéroplastes chromatogènes. Ces éléments, de très petites dimensions (0,5 4), sont constitués par une sphérule de subtance acidophile au sein de laquelle se forme une substance basophile colorable par le vert de méthyle et l'hématoxyline ferrique, et qui n’est autre chose que la chromatine. Au moment de la division du noyau, les sphéroplastes s’allongent et s’étranglent au milieu, les extrémités sont très fortement colorées; il se produit ensuite une sorte d'orientation parallèle de ces microsomes en voie de division qui semblent se souder bout à bout, en constituant des filaments que l'hématoxyline colore uniformément avec une grande intensité; ce sont les chromosomes de Lauterborn. Je n'ai pu définir la structure de la substance intersphérulaire décrite par Lauterborn comme formant un réseau achroma- tique; quant à la membrane du noyau, je la crois simplement constituée par une condensation des substances nucléaires. Il existe dans ces noyaux un - nombre variable de nucléoles résultant de l'hypértrophie et de la #40 rescence d’un ou plusieurs microsomes. J'insisterai sur un point important, à savoir l'individualité des imicro- somes du noyau, notion qui se dégage facilement de leurs variations de colo- rabilité ; sur une même coupe colorée par l’hématoxyline au fer et la fuch- sine acide, les sphéroplastes nucléaires de deux Ceratium situés à côté l’un de l’autre peuvent être chez l’un entièrement noirs, chez l’autre entièrement rouges ; souvent, dans un même noyau, il existe à la fois des microsomes noirs et d’autres rouges ; il en faut conclure que ces éléments sont, non pas comme on l’a cru, de simples granulations chromatiques occupant les nœuds d’un réseau de linine, mais bien des éléments fonctionnels, sphéroplastes chro- matogènes, capables comme les sphéroplastes à sécrétion externe de traverser des périodes d'activité et de repos physiologique ou cinétique, et ayant. comme ces organites une évolution propre qui se termine par Ja division. Noyau monosphérulaire (Cochliopodium pellucidum. J'ai déjà décrit longuement | la structure du noyau chez C. pellucidum ; je m'abstiendrai donc d'v revenir en détail. Il est constitué par une membrane enveloppant une masse de M substance achromatique, de structure très variable, vacuolaire ou réticulée,; au milieu se trouve le corps central. La colorabilité de ce noyau est très variable ; pendant l’activité trophique, la chromatine est précipitée sous forme de sante one irrégulières au sein de la substance achromatique ; pendant l’activité cinétique, au contraire, elle est diffuse et semble imbiber tout le noyau qui se colore avec intensité. Dans un tel noyau, et c'’esl ici le point important, les granulations chromatiques n’ont aucune individualité, et il est impossible d'attribuer aux nombreuses vacuoles variables et irrégulières qui creusent la substance nucléaire la valeur d'éléments morphologiques. D'ail- leurs, c’est sur le noyau tout entier et non sur quelques-uns de ses éléments. que portent les variations de chromaticité ; c'est le noyau tout entier qui pro- duit la chromatine et est le siège de son activité ; il se comporte donc en un mot comme un des Sphéroplastes rome tonènes du tissu nucléaire de Cera-w .tium hirundinella à ceci près qu'il. est DÉRRSONT plus volumineux et. surtout | plus hautement différencié. . 5 : nn date doit mn he jéippduT ét de dé Se ST te do id fé sn nt À Gif hd rl tien) lu tédins ER SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 701 La distinction des Die cellulaires en mono et polysphérulaires, telle qu’elle ressort de ces deux exemples, peut déjà être généralisée; chez les Infusoires ciliés, le macronucleus, que j'ai eu l'occasion de décrire ici même, est nettement polysphérulaire (1). Chez les Méta- zoaires, on a décrit des noyaux qui sont peut-être polysphérulaires ; ceux des glandes salivaires de la Vantonecta, par exemple. Les noyaux monosphérulaires se rencontrent chez un grand nombre d'Amæbiens et de Flagellés; ce sont les noyaux à corps central, qui, surtout chez les très petites formes, ont une structure identique à celle de certains sphéroplastes. Chez les Métazoaires, j'ai pu étudier des noyaux très bien fixés dans lesquels il m'a été impossible de déceler le moindre sphéroplaste; on pourrait donc admettre, comme pour le noyau du Cochliopodium, que ceux-ci ont une structure mono-sphérulaire, et sont l'homologue d’un sphéroplaste chromatogène. e Pourlant, malgré la clarté de ces faits, il ne faut pas dés al ce trop vite : le micronucleus des Infasoires, qui semble être monosphérulaire, - peut se transformer en un macronucleus polysphérulaire; quel est le mécanisme de cette formation de nouveaux sphéroplastes? Y a-t-il un bourgeonnement interne? Ce. simple fait montre la nécessité de : recherches nouvelles et précises. (Travail du laboratoire de cytologie de l’École des hautes études. au Collège de France.) PROPRIÉTÉS ACIDO-RÉSISTANTES DES ACIDES GRAS par MM. JEAN Camus et PH. PAGNIEZ, Parmi les substances extraites du bacille tuberculeux on trouve » signalée la présence de cire, de graisse, d'acide gras (2). Nous avons montré dans une note précédente les lésions importantes que ces derniers sont capables de déterminer dans les tissus, en particulier dans (1) A ce propos, la figure bien connue publiée par Künstler, et représentant le noyau de Sfylonichia mytilus, est une mauvaise interprétation ; les globules sombres ne sont autres que des nucléoles vrais contenus, non dans des avéoles, mais dans les espaces intersphérulaires; quant aux prétendues parois de ces alvéoles qui montrent une structure vacuolaire à un « examen très attentif », elles ne sont’ autre chose que des séries de sphéroplastes chromatogènes disposés en réseau. (2) De Schweinitz et M. Dorset. Centr f. Bakter., XIX, p. 707. Id, The composition of the tubercle Bacilli FR from various animal, Journ. ji the Amer. Chem. Soc.,-1903, f. 25, P. 354-359. 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le poumon. Depuis nous avons étudié la manière dont se comportent les « acides gras vis-à-vis des colorants et des décolorants habituellement employés en bactériologie. Nous avons opéré d'abord sur les acides gras du lin et du coton qui nous avaient servi dans nos précédentes recherches. Nous avons constaté que traités par les méthodes d’Ehrlich et de Ziehl ils jouissent « des mêmes propriétés que les bacilles tuberculeux. Nous avons opéré de “ la manière suivante : au centre de petits carrés de papier filtre on dé-… pose une goutte soit d'acides gras purs (demi-liquides), soit d'acides gras dissous dans l’éther (acides gras solides). On obtient ainsi une pénétration du papier par les acides gras dans la zone centrale. Ces carrés de papier sont ensuite traités par la méthode d'Erlich ou par celle de Ziehl, d'une facon identique à des préparations de bacilles tuberculeux. Quand les manipulations sont terminées et que la décoloration par l’acide nitriqueM au tiers a été poussée très loin, le centre seul des fragments de papier reste coloré d’une facon intense (violet foncé par l’Ehrlich ; rouge foncé par le Ziehl). La partie périphérique entourant la tache d'acide gras est entièrement décolorée. Nous avons obtenu ces réactions non seulement avec les acides gras de l'huile de coton et de l'huile de lin, mais encore avec ceux de l'huile d’arachide et avec des acides gras isolés (acides laurique, palmitique, stéarique). Cette acido-résistance est loin d’être aussi nette pour tous les acides gras : l'acide butyrique par exemple nous a donné un résultat négatif. En comparant entre eux les différents acides gras isolés, nous … avons vu que ceux qui présentent le pouvoir acido-résistant le plus marqué sont ceux qui ont le poids moléculaire le plus élevé (les acides en C*, C par exemple). Au contraire ceux qui ont le poids moléculaire le plus faible (G, acide butyrique) ne sont pas acido-résistants. Mais peut-être n’y a-t-il là qu'une apparence, car précisément ces derniers sont les plus solubles dans l’eau, les autres l’étant peu ou pas du tout, si bien qu'ils ne laissent pas de traces sur le papier, probablement M dissous par les liquides colorants. La même technique appliquée aux graisses rances, c’est-à-dire acides, donne des résultats positifs. Mais si l’on a soin d'employer des graisses rigoureusement neutres comme nous l'avons fait avec l’huile de coton, l'huile de lin, l'huile d’arachide, l’axonge, on obtient des résultatsM entièrement négatifs : absence complète d’acido-résistance. On voit, par ce rapide exposé, qu'il est non seulement possible d'établir des rapprochements entre les acides gras et le bacille tuberculeux au point de vue des lésions qu'ils déterminent, mais encore au point des vue de leur acido-résistance. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physiologie - de la Faculté de médecine.) RENE Dies = de jam si s tatin ser s | SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 103 PROPRIÉTÉS ACIDO-RÉSISTANTES DES ACIDES GRAS DU BACILLE TUBERCULEUX, par MM. JEAN Camus et PH. PAGNIEZ. £ + : .__ Nous avons recherché, d'une part, si les acides gras, dont nous avons montré l'existence en grande proportion dans l’éthérine et la chlorofor- mine d'Auclair, peuvent être décelés histo-chimiquement soit au niveau - du bacille tuberculeux provenant des cultures, soit au niveau du bacille + provenant de l'organisme humain; nous avons voulu voir, d'autre part, | quel rôle jouent ces acides gras dans l’acido-résistance des bacilles. | Nous avons tenté d'appliquer aux bacilles tuberculeux une méthode qui, » théoriquement, devait déceler rigoureusement la présence d'acides gras; elle consiste à faire un savon métallique, et à mettre en évidence le métal de ce savon par sa transformation en sulfure. En effet, si l’on traite suivant la technique que nous avons indiquée ci-dessus (carrés de papier filtre) des acides gras d'huile végétale par une solution de sous-acétate de plomb, on obtient, après lavage à l’eau et action du sulfhydrate d’ammoniaque, une colo- ration noire. Même expérience faite avec des bacilles provenant d’une culture donne des résultats qui ne sont pas aussi satisfaisants; les agglomérations de bacilles dans ces conditions se teintent en noir, mais les bacilles isolés ne montrent aucune coloration; il est vraisemblable que ce procédé n’est pas assez sensible pour constituer une réaction appréciable à leur niveau. On a là un phéno- mène analogue à celui du globule rouge qui, isolé, paraît à peine teinté ou incolore. En remplacant dans ces réactions le sous-acétate de plomb par le sous-acétate de cuivre, l’acétate de fer à chaud, on obtient pas de meilleurs résul{ats. AUTE Cette méthode, chimiquement bien définie dans tous ses termes, n'ayant pu nous permettre des conclusions nettes, nous nous sommes adressés à un procédé donné par Benda comme spécifique des acides gras et dont nous devions l'indication à notre ami Mulon. Après quelques tâtonnements et plusieurs modifications, nous avons adopté la technique suivante : 1° Bacilles fixés sur lame par la chaleur; 2° Traiter quelques minutes à chauu (production de vapeurs) par une solu- tion de sous-acétate de cuivre à saturation; 3° Laver à grandé eau; 4° Traiter à chaud quelques minutes par une solution d’hématoxyline à 1 p. 100. Toute la préparation se colore intensément; 5 Décoloration par une solution très étendue de ferricyanure de potassium et borax. Les bacilles apparaissent colorés en bleu plus ou moins intense pouvant aller du bleu pâle au noir. » La même technique appliquée à des crachats bacillifères permet éga- ’ 704 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lement de mettre en évidence des bacilles de Koch. Il est à remarquer que tous les bacilles d’une même préparation ne prennent pas la colo- « ration avec la même intensité. Cette méthode est-elle spécifique des. acides gras? nous ne saurions l’affirmer. En tout cas, si elle est positive pour le bacille tuberculeux, elle ne lui est pas spéciale. Nous possédons heureusement un autre moyen beaucoup plus . démonstratif mettant en évidence le rôle des acides gras dans les pro- : _priélés acido-résistantes du bacille tuberculeux. Les bacilles dégraissés, on le sait, ont perdu leur no acido= résistante et celle-ci se retrouve dans les substances extraites en bloc par les solvants, tels que éther, chloroforme. L’éthéro-bacilline, la chlo- . roformo-bacilline donnent la réaction de Ziehl (Auclair). 4 En employant le procédé que nous avons indiqué plus haut avec l'héthéro-baciline et la chloroformo-bacilline, nous avons eu des résultats entièrement démonstratifs tant avec le Ziebl, l'Ebrlich, qu’ avec le sous- acétate de pb. et le sulfhydrate d’ammoniaque. ; : "111 Il était indispensable de voir quelles étaient, parmi les substances contenues dans l’éthéro-bacilline, celles qui possèdent l’acido-résistance. Grâce à notre ami Nicloux nous avons pu obtenir d’une part les acides gras libres, d'autre part les graisses neutres de l’éthéro-bacilline. En opé- -rant avec les premiers, nous avons constaté, comme nous le pensions, M qu'ils possèdent, traités par les méthodes de Ziehl et d'Ehrlich, la pro- « priété acido-résistante, tandis que les graisses neutres en sont dépour- vues. 4 Du rapprochement de tous ces faits expérimentaux, nous concluerons ! ‘que les acides gras libres existent au niveau du bacille tuberculeux vivant dans l’organisme et que les propriétés acido-résistantes qui. servent à le différencier lui sont données par ces mêmes acides gras. (Travail du laboratoire des travaux pratiques de physiologie de la Faculté de médecine.) LES GAZ DU SANG DANS LA POLYPNÉE THERMIQUE, : Note de MM. L. GARRELON et J.-P. LANGLOIS, La polypnée thermique d’origine centrale présente une intensité telle, qu'elle se distingue nettement des hyperpnées toxiques que l’on peut” observer sous diverses influences. Dans un travail récent (1), nous avons | $ - (1) Garrelon et J.-P. Langlois. Polypnée thermique et pneumogastrique, ” ventilations et échanges pendant la polypnée thermique. Société de Biologie, k P- 81-83, 1905. : 5 SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 105 montré que chez un animal à 415 présentant un rythme de 300 respira- tions par minute, la section des vagues provoque une accélération du rythme énorme, près de 600 par minute (575). Dans ces conditions la ventilation peut être quintuplée. Richet avait insisté sur l'impossibilité de maintenir la polypnée quand l'animal respire en milieu confiné. es Dans le cours de nos études sur la polypnée thermique, nous avons été conduits à chercher quelles étaient les variations de l'air er et des gaz du sang au moment où le rythme se modifie. Nous n'insisterons dans cette première note que sur les variations des gaz dn sang chez un animal : 1° anesthésié par injection intraveineuse de chloralose; 2 chauffé pour provoquer une hyperthermie de 415; 3° ayant un rythme respiratoire oscillant entre 300 et 600. L'anesthésie par le chloralose présente des avantages multiples : pres- sion conservée, tonicité musculaire intacte ou très peu modifiée ; par contre, elle offre l'inconvénient d'exiger l'injection d’une assez forte quantité d’eau dans le système sanguin. - Mais dans des recherches antérieures sur les gaz du sang de la veine capsulaire par la méthode de Schützenberger; sur la densité du sang pendant la polypnée; sur le dosage des chlorures dans le sang, nous avions pu constater qu'après un laps de temps de vingt minutes au plus le sang avait rétabli son équilibre et éliminé l’eau injectée. Les chiffres suivants obtenus sur nos chiens chloralosés concordent avec ceux pris sur des chiens normaux par les différents auteurs : DR ATEN TE OO ASS M0 0 2, 0210 220 CO... 45,5 ANT 40,5 425 5051 51,20 » ; Sur un chien qui avant l'injection donnait 16,16 d'oxygène, et 14,8 quinze minutes après, nous trouvons 18,9 une heures après. Technique. — Les dosages des gaz du sang ont été faits exclusive- ment par la méthode de Haldane et Barcroft (Journ.of physiology, XXVII, 1902, p. 232) permettant de ne prendre qu’un centimètre cube de sang pour chaque dosage. Malgré les critiquesfaites contre cette méthode, nous croyons qu'elle présente des garanties au moins égales à celle de l’extrac- tion par la pompe et elle offre ce grand avantage de permettre de mul- tiplier les dosages sans provoquer une altération du sang par des saignéés successives. Comme règle ‘générale, les chiffres que nous donnons représentent la moyenne de deux dosages faits presque simultanément, les prises élant espacées de moins d’une minute. Le sang était pris dans la carotide à l’aide d'une seringue spéciale d'un calibre de 1,25 centimètre cubes, graduée en vingtième de centi- mètre cube et chargée de 0,25 centimètre cube d’une solution d'oxalate de potasse. 706 SUCIÉIÉ DE BIOLOGIE Chien de 14 kil. 500 : Col. 1. Col. 2. Col. 3. Col. 4. Rythme respiratoire. . . . 30 215 454% | Température rectale. . . . 3608 40010 4105 Oxypène A MONPPE AE ° 47,6 24,9 24 Acide carbonique . . . . . 45,1 40 30,9 OS PACONER RTE TS 62,7 61,9 54,9 Chien de 10 kil. 200 : Rythme respiratoire. . . . 35 390-300 (1) 420-180 (4\ 570 (2). Température rectale. . . . 3707 4009 4104 440% Oxypene td ie me 19,1 29,7 23,10 20,25 Acide carbonique . . . . . 50,8 35,8 40,23 35,00 D'ERICOMMUERE TENUE 69,9 58,7 65,33 53,25 Sur le dernier chien une saignée de 5 centimètres cubes avait permis de déterminer la capacité respiratoire. Le sang défibriné, pris avec la même seringue chargée de 0,25 d’oxalate a donné : OxVE NEURONES RTE Ie PE D ME Sc 20,57 Acide }CarbDnIQqUes, «Meme ile loi te. de Lo RENE PIRE 25,28 ONICON SERRE PAR RENAN RM Elo oo et 0 45,8 Les chiffres des colonnes 2 et 3 de la seconde expérience ont été relevés dans des conditions particulières. L'animal respirait dans un sac de caoutchouc de dix litres et la prise de sang n'a été faite que lorsque le. rythme polypnéique diminuait d'intensité. Au moment de la prise du sang, l’air du sac présentait la composition suivante : ndlr rames rite Sté Pc EE AIS By ÉTÉ Col. 2. Col. 3. Durée du confinement. - . : .. .. 2 à 4130" 85" OxyLÈNE ST A MERE PRES TAN TR re 14,5 6,1 Acide Carboniques RU ee Cr Ce 4 8,3 En laissant de côté ces derniers chiffres sur lesquels nous aurons à revenir, On voit : Que sur un chien chloralosé, ayant 41°5, en pleine polypnée centrale, avec rythme de 400 à 600 respirations par minute, le sang est saturé d'oxygène et renferme une faible proportion d'acide carbonique. (1) Le premier chiffre correspond au rythme pendant la première période du confinement, le second au moment de la prise du sang, quand le rythme se modifie brusquement. (2) Le rythme passe de 420 à 570 immédiatement après la section des deux pneumogastriques, il se maintient à ce chiffre, ou y revient, quand on a ê provoqué un ralentissement par respiration en milieu confiné. 4 (Travail du laboratoire de physiologie de la Faculté de médecine de Paris). SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 707 VARIATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE ET DU NOMBRE DES PULSATIONS DANS LES MARCHES EN PLAINE ET EN MONTAGNE, par M. HENRI PETIT. Appelé à passer comme étudiant en médecine quelques mois dans un bataillon de chasseurs alpins, j'ai eu l'occasion de faire un grand nombre de mesures de la pression artérielle et du nombre des pulsations pendant les marches en plaine et en montagne. Nous avons fait les mesures de la pression artérielle avec le sphyg- momètre du D° Bloch modifié par Verdin. Les chiffres que nous avons obtenus nous paraissent présenter plu- sieurs points intéressants à dégager. tions augmentent, et de telle façon que le rapport Dans les marches en plaine, la pression et le nombre des pulsa- n à — où n désigne le nombre des pulsations, H la pression, reste sensiblement constant, - jusqu'à l'apparition de la fatigue. À ce moment le nombre des pulsations Re mt let di augmente plus rapidement qu’il n’avait fait jusqu'alors ; la pression baisse et redescend, quelquefois au-dessous de la valeur qu'elle avait n H que la fatigue est plus grande. Nous donnons les chiffres de deux observations : La première est celle d’un sujet que la marche a beau- coup fatigué, la seconde, celle d’un ancien moniteur de l'École de Join- ville qui n’a ressenti aucune fatigue. au départ ; par suite le rapport augmente de valeur, et d’autant plus SUJET P. SUJET T EEE a — A —" —— Au qre 2e 3° 4e 5° Au dre 20 32 4e J Æ départ halte halte halte halte halte départ halte halte halte halte: 58 60 70 7% A 00 DOME ONCE UMTS ñn il ibn aumA LAS tT-120 18 16 16 AT 18 19 2 ï 2 2 DURE a PRES D: M EME 2 D Pi SLA À BA Mg Aa ET oh AE 2 Dans les marches en montagne, il faut tenir compte de l'influence de l'altitude sur la pression artérielle. On sait par les expériences de Potain (1) que l'élévation de l'altitude sollicite une élévation de la pression, l’abaissement de l'altitude un abaissement de la pression. Il en résulte pour les marches en mon- tagne : 4° Dans les ascensions un retard de l’abaissement de la pression par (1) Potain. La pression artérielle à l’état normal et pathologique, p. 68 et 78, 08 7 SOCIÉTÉ DÉ BIOLOGIE la fatigue. Ce phénomène rca d’ailleurs malgré l'altitude si la fatigue est trop grande. ap +: Sur C. "* RASE PR $ Au jre 29 3° 4e 54 6° Au do 28 3°, départ halte halte halte halte halte halte départ halte halte halte Indic. — — — — — — — — — — — barom.: 710 708 694 615 657 635 638 650 636 625. 598 ñ 68 82 94 104 110 120 128 68 76 84 92 A M MIT ADR EI En in A7 19.120,54 1488 ï 19.8 . 4 AB uo8iSnuneR NON AS SINISTRES 4,9 2 Dans les descentes, un abaissement de la pression précédant la fatigue ; abaissement plus ou moins compensé par # marche modes exagéré au contraire par la fatigue. ù Quant au nombre des pulsations, il augmente à la montée comme à Ja Hagen En sorte que le rapports augmiente dans les deux cas, ‘avec la fatigue, mais cette augmentation est retardée dans les ascen-. sions, et au contraire précède la fatigue dans les descentes. | SUR L'ORIENTATION DES FAISCEAUX. DANS LES FOLIOLES INVOLUCRALES DE L'ARTICHAUT, par M. Henri Coupin. Lorsqu'on fait une coupe transversale dans une foliole de Lino le | du capitule de l’Artichaut, on remarque de dehors en dedans : 1° un épiderme inférieur; 2° une double assise de cellules palissadiques;« 3 une zone sclérenchymateuse; 4° une couche de tissu lacuneux; 5° un épiderme supérieur. Comme l'a montré M. Daniel, c'est là une disposition inverse de ce qui se passe dans les feuilles normales, et qui est liée à l’orientation des folioles. Quant aux faisceaux sur lesquels on n’a pas encore appelé l'attention, ils sont de deux sortes. Les uns, … placés dans la couche lacuneuse, sont volumineux et orientés normale= ment, c’est-à-dire avec le liber en bas et le bois en haut. Les autres, placés dans la couche sclérenchymateuse, sont de petite taille et de plusieurs sortes, notamment : 1° des faisceaux orientés normalement» 2 des faisceaux dont le liber est situé sur le côté du boïs, tantôt an droite, tantôt à gauche; 3° des faisceaux réduits les uns à leur bois, les autres à leur liber; 4° des faisceaux orientés en sens contraire de leur position normale, c’est-à-dire avec leur bois en bas et leur liber en baut. Il semble, en résumé, que ces petits faisceaux, par suite du changement. _ 1 mas à De, LS SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE 709 de position de l'assise en palissade, se soient, pour la plupart, tordus sur eux-mêmes, soit de 90° degrés, soit même de 180 degrés. Certains, en outre, perdent tantôt leur bois, tantôt leur liber à leur extrémité, contrairement à ce qui se passe généralement dans les feuilles normales où le bois continue.son trajet dans les nervures, en abandonnant leur . liber avant d'arriver jusqu’à leur terminaison. ACTIVITÉ NUCLÉAIRE DES CELLULES RÉNALES, A L'ÉTAT NORMAL ET PATHOLOGIQUE, Eve par MM. L. NAïTAN-LARRIER et RIBADEAU-DUMAS. Dans une note déjà ancienne (1) sur la cytologie de la cellule rénale “en cours de sécrétion, nous avons cherché à établir, par les méthodes appropriées, qu'il était possible de déceler dans cet élément l’existence de filaments basaux assimilables, suivant nous, à ce que MM. Bouin et Ch. Garnier ont appelé ergastoplasma. Sur le rein de cobaye fixé au liquide de Zenker, employé suivant la méthode de M.Retterer ou au Flemming fort soigneusement préparé, et . après coloration des coupes fines à l’hématoxyline de Heidenhain, au violet de gentiane, à la safranine, on peut mettre en évidence, au ni- veau des cellules du tube contourné, des formations basophiles d'aspect -très différent, mais qui, toutefois, ne nous paraissent pas SoRpIADER indépendantes les unes des autres. Dans le rein normal, ces formations sont peu abondantes. Elles sont surtout représentées par quelques granulations, groupées autour du noyau ou dans le segment libre de la cellule et, dans quelques éléments, par des filaments basaux d’ailleurs assez rares. Aussi, avons-nous cherché à provoquer l’activité cellulaire par des injections de pilocar- pine. Par ce procédé, on provoque l'apparition des filaments amincis du côté du noyau, avec lequel ils sont en rapport intime, et assez épais vers la base de la cellule ; jamais, on neles trouve dans la portion supra- nucléaire du eytoplasma. D'autres fois, on trouve dans le protoplasma des granulations arrondies, fines et peu nombreuses du côté de Ja lu- mière du tube, plus grosses vers la basale, où elles se disposent en séries linéaires paraissant continuer les bâtonnets fortement diminués de longueur. Enfin, ces dispositions peuvent manquer, les granulations semblent s'accumuler dans la partie libre de la cellule. En ce point, si l'on emploie l'hématoxyline usuelle et l’éosine, il n'est pas rare d'ob- tenir une teinte violette diffuse. (4) Société de Biologie, 2 mai 1902. 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Si la dose de pilocarpine injectée est forte, l'élargissement de la lu- - mière des tubes contournés devient considérable; les cellutes rénales - sont très rétractées ; les noyaux clairs se vident de chromatine, par contre, les protoplasmas prennent fortement les colorants : les filaments sont nombreux, minces, le plus souvent fragmentés, les granulations « arrondies rares ou très fines, quelquefois pulvérulentes. Il semble qu'ici, on soit en présence de figures pathologiques, permettant d'inter- préter, en d’autres circonstances, certaines altérations fines de la cellule rénale. À ce point de vue, nous avons eu l’occasion d'étudier, dans de bonnes conditions, deux cas de néphrite appendiculaire toxique (rein appendi-" culaire du professeur Dieulafoy). Dans les deux cas, il s’est agi d'une“ néphrite dégénérative aiguë, à lésions localisées au niveau des tubes contournés et de la branche large de Henle, c'est-à-dire à tout l’appareil sécréteur. De points en points et surtout à la base de la cellule, s'amas- 1 sent de fines granulations graisseuses; beaucoup de ces cellules sont en état de dégénérescence granulo-graisseuse. Mais toutes ne sont pas prises au même degré. Dans le noyau, réduit à une sorte d’utricule réfringent ou grisâätre, les colorants ne réussissent, parfois, qu'à mettre en évidence le nucléole ou quelques grains très fins; le protoplasma est diffusément coloré par l’éosine ou la fuchsine; les granulations acidophiles ne sont pas isolables. En d’autres points, au contraire, les noyaux prennent in- tensément la couleur,et au milieu d’un vague réticulum protoplasmique se déposent de nombreux grains grisâtres très fins. Enfin, dans quel- ques cellules très rares, on relève la présence de filaments paraissant rattacher le noyau à la base de la cellule. Exceptionnellement, ces fila- ments, partis d’un noyau clair, sont gros, irréguliers, variqueux; plus souvent, ils se présentent comme de fins tractus granuliformes, irrégu- liers, rompus par places ou renflés. Les granula basophiles peuvent manquer ; ordinairement on les retrouve, maïs plus rares qu'à l’état M normal, grosses ou petites, disposées sans ordre à la base de la cellule. « Ces formations, comparées aux images normales de la sécrétion ré- nale, paraissent les produits pathologiques d'un noyau qui ne reste pas étranger aux transformations morbides subies par le cytoplasma. Pour le rein comme pour le foie ou le pancréas (Ch. Garnier) il fau- drait donc accorder une part importante à l’activité nucléaire, non seu- lement dans la sécrétion normale, mais aussi dans la sécrétion patholo- gique, son intervention étant représentée par la production de filaments basaux à affinités tinctoriales spéciales. le né dde dé ts TE Sd. x AVR SR A) SEANCE DU 23 DÉCEMBRE 711 LES LÉSIONS PÉRIVASCULAIRES DE LA SCLÉRODERMIE GÉNÉRALISÉE, par MM. L. ALQUIER ET ToUcHARD. Deux aulopsies de sclérodermie généralisée et intense (sclérodactylie), dont les résultats ont été publiés l’an dernier (Raymond et Alquier, Soc. Méd. des Hôpitaux 1904), nous avaient montré sur des points où le processus morbide était encore peu intense, des lésions de sclérose périvasculaire, contrastant avec l'intégrité du tissu connectif plus éloigné des vaisseaux. Nous avons recherché ces lésions par des biopsies faites sur deux malades atteints de sclérodermie généralisée avec sclérodactylie, mais beaucoup moins intense que dans les deux cas précédents. Ces biopsies portant pour les deux sujets sur un point encore peu touché, et d'autre part sur l'endroit le plus atteint, mon- trent la présence, autour des capillaires sanguins, d'assez nombreuses cellules allongées, du type connectif et de type Mastzelle. En comparant les résultats fournis par ces biopsies et par nos autopsies antérieures, nous croyons pouvoir formuler la conclusion suivante : | Dans la sclérodermie généralisée à un stade peu avancé, on constate, autour des petits vaisseaux sanguins, un manchon de cellules allongées du type connectif et du type Mastzelle dont le nombre semble être, en général, en raison inverse du degré de la sclérose et va en diminuant à mesure que celle-ci progresse. Il semble donc que, dans la scléro- dermie généralisée la sclérose du tissu conjonctif débute par une irri- tation périvasculaire; cette constatation jointe à celle de lésions pré- coces dans les petits vaisseaux sanguins (tuméfaction de l’endothélium, épaississement et lésions dégénératives de la paroi), nous paraît justi- fier l'hypothèse qui rapporte la maladie à une intoxication sanguine. NOTE SUR LA PRÉSENCE DE MUCINASE DANS LES MATIÈRES FÉCALES, par M. le D Riva. Sur le conseil de M. Mathieu et d'après les recherches et les décou- vertes très intéressantes de M. Roger sur la mucinase, ferment intes- tinal coagulant le mucus, j'ai entrepris une série de recherches expéri- mentales pour voir s’il m'était possible de déceler la mucinase dans les matières et de voir comment elle variait dans les différents troubles fonctionnels de l'intestin. Pour rechercher la mucinase dans les matières, j'ai fait un extrait aqueux obtenu en traitant les fèces par de l'eau distillée tiède et les filtrant au bout de vingt-quatre heures. . 712 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ‘ L'eau entraine les ferments contenus dans les matières, et aussi les” mucines solubles que l'on peut précipiter par l'acide acétique; il est. parfaitement inutile, d'ailleurs, d'isoler ces dernières et de les séparer + car elles n’entravent point l’action de la mucinase; je m'en suis assuré » en contrôlant chaque série d'expériences de la manière suivante : j'ai opéré tantôt avec, Lantôt sans séparation de la mucine, et les résultats | ont été identiques, s ; J'ai voulu m'assurer aussi que les coagulations obtenues élaient bien | dues à la mucinase. À cet effet les extraits coagulants ont été chauftés préalablement à 60 degrés pendant une heure; la coagulation ne S’opé- rait plus, le ferment ayant été détruit. En même temps, j'exécutai pour chaque série une épreuve de contrôle, mettant en contact de la mucine et de la mucinase active provenant de muqueuse de bœuf. J'ai utilisé des petits tubes de 1/2 centimètre dedia- M mètre sur 5 centimètres de hauteur. Je mélangeai par moitié l'extrait et M fa mucine extractive et j’abandonnaiï à l’étuve, lisant les résultats après … trois, six, douze, vingt-quatre, trente-six heures. Au bout d’un temps variable, vingt-quatre à trente-six heures en moyenne, un trouble se « produit toujours même dans un tube ne contenant qu’une solution de mucine pure ; aussi n’ai-je altaché de valeur qu'aux premières léctures. M Sur trente malades examinés j'ai eu treize fois une réaction positive, … c’est-à-dire une précipitation de la mucine. De ces réactions : - 7 étaient légères. — nettes. — fortement positives. - CG I..— Des sept premiers malades, six présentaient de la constipation durant de deux à six jours, suivie de débâcle diarrhéique. Les trois premiers étaient atteints de colites plus ou moins légères; trois autres étaient constipés par le séjour au lit et l'immobilisation; ils étaient atteints d’affections plus ou moins graves. Le dernier avait une diarrhée durant depuis un an par insuffisance de la digestion de la viande et spécialement du tissu conjonctif. . Cinq de ces selles contenaient du mucus en quantité variable; une n’en ; contena't que très peu, une pas du tout. Ces deux dernières provenaient des malades obligés de garder le lit. Cinq selles ne contenaient pas de mem- branes et les deux autres peu. 5 : II. — Des trois autres dont les selles présentaient une réaction nette, l'un des malades était fortement constipé, atteint d’une sténose pylorique, soumis. à un régime sévère, un autre était au régime mixte, atteint d’une constipa- . tion légère mais opiniâtre. Le troisième était atteint d’un néoplasme rectal avec vingt, trente selles par jour, constipation, fausse diarrhée, ténesme, etc. Ces selles présentaient toutes trois le même caractère ; elle se composaient d’un liquide plus ou moins coloré avec des scibales et des boudins plus où 1 _Æ ,; E SÉANCE DU 23 DÉCEMBRE ; ÉRES | moins durs. Toutes contenaient du mucus en grande quantité et des mem- branes mêlées aux scibales. II. — Enfin les trois dernières selles examinées présentaient Ja réaction la plus nette. Deux des malades étaient depuis longtemps atteints de constipa- :tioh opiniâtre et au moment de l'examen en proie à des phénomènes de colite muco-membraneuse avec constipation interrompue de temps à autre par des débâcles diarrhéiques accompagnées d'émission très abondante de mucus en gros flocons présentant parfois l'empreinte de la muqueuse et de grosses membranes complètement fumées ou simplement en voie de concré- _ tion et striées de blanc. Un des deux constipés, depuis longtemps tuberculeux, présentait une enté- rite probablement de même nature. - Le troisième depuis quinze ans était atteint de ao d’ origine tropi- cale avec périodes de bien-être consécutives à un traitement suivi à l'hôpital et de rechutes accompagnées de débâcles diarrhéiques avec dix à quinze selles par jour presque entièrement constituées par du mucus et des inembranes. En résumé, de ces observations, je puis dès maintenant tirer les con- clusions suivantes : 4° Dans certains cas, la mucinase existe dans les fèces et. on peut l \ déceler. Je l'ai rencontrée dans mes expériences dans la proportion de 40 p.100. Je me réserve dans des communications ultérieures de définir le mode d'action et la formation de la mucinase, les expériences en cours. n'étant pas encore au point; 2° La présence de mucinase ne semble pas influencée par l’état phy- sique des selles au moment de l’examen, ni par la durée de la traversée digestive; 3° La constipation habituelle existant depuis un certain temps, ou des altérations anciennes de la muqueuse intestinale même sans cons- Lipation, comme une dysenterie chronique des pays chauds par exemple, influent nettement sur la présence de la mucinase en l'exagérant ; 4° La quantité de mucus ou de muco-membranes dans les selles, dans les cas de diarrhée, fausse diarrhée, et spécialement de constipation, semble augmenter proportionnellement à la mucinase. (Travail du laboratoire de M. le D' Mathieu.) ! En raison des vacances du Nouvel An, la Société ne tiendra pas séance le samedi 30 décembre. ma D un REUNION BIOLOGIQUE DE NANCY. SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 1905 SOMMAIRE Cozuin (R.) et Lucren (M.) : Nou- ritoires distincts dans le domaine | veaux documents relatifs à l’évolu- de la veine porte hépatique. . . .. 110 - tion pondérale du thymus chez le Jacques : Deux cas d’ectopie thy- ! fœtus et chez l'enfant . . . . . . . . 409: | roïdienne .)... : LCOPRETETEE 107 Hocxe (L.) : Sur l'existence de ter- Présidence de M. L. Garnier, président. DEUX CAS D’ECTOPIE THYROÏDIENNE, par M. JACQUES. J'ai eu tout récemment l’occasion d'observer presque simultanément et d'opérer deux cas d’ectopie linguale du corps thyroïde. Il s'agissait de deux jeunes filles âgées respectivement de seize et vingt-deux ans. Chez toutes deux la palpation la plus minutieuse n'a permis de découvrir aucune trace de glande thyroïde, tant au devant de la trachée que sur les côtés du larynx. En revanche l’une et l’autre portaient sur la base de la langue une tumeur de forme hémisphérique, du volume d'une petite mandarine, insérée sur la presque totalité dé la « largeur de l’organe depuis le sommet du V jusqu’à l’épiglotte, qu’elle refoulait en arrière. Cette tumeur était revêtue dans son ensemble d'une M muqueuse normale, sauf des varicosités assez développées, muqueuse M dépourvue d’ailleurs des follicules clos caractéristiques de la région de la langue où elle s'était développée. La consistance, molle et pseudo-. 1 fluctuante chez la plus jeune des deux malades, était plus ferme chez l’autre ; il existait en outre chez celle-ci une ulcération de décubitus super- ficielle du diamètre d’une pièce de 1 franc et correspondant à l’amyg- TT Ca Pr VD TC UE EC à DRE TRS 5 E ef NE és | PCI (108) SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 715 dale gauche. Les troubles fonctionnels étaient modérés et n'avaient . acquis un caractère gênant que depuis peu de mois. Il est intéressant de rechercher chez les sujets porteurs de cette ano- malie thyroïdienne les stigmates de l'hypothyroïdie. A cet égard les photographies que je soumets à votre examen méritent l'attention. Vous remarquerez chez la plus jeune de mes malades un habitus rappelant de Join celui du myxædème : réduction de la taille (la jeune fille paraît à . peine treize ou quatorze ans), retard des facultés intellectuelles, progna- - tisme supérieur et inférieur, lèvres épaisses, téguments faciaux infiltrés, * cheveux assez rares, jointures épaisses, etc. Une étude plus attentive révèle pourtant des faits défavorables à cette hypothèse : appareil . sexuel normalement développé, absence d’épaississement et de racour- -cissement des segments terminaux des membres, par exemple, en même temps qu’elle permet d'éliminer le rachitisme et l'hérédo-syphilis. - J'estime avec M. Jeandelize, qui a vu avec moi la malade, qu'il s’agit d'une dégénérée sans stigmates caractéristiques ; le prognatisme pou- -vant relever d’ailleurs de la présence dans l’oropharynx d’une tumeur relativement volumineuse au cours de l’évolution du squelette facial. A noter encore chez celte patiente l'aspect masculin du cou, dù à l'absence . de la glande thyroïde normale. La seconde malade n’a rien dans son extérieur qui attire l'attention, encore qu'au point de vue thyroïdien elle se trouve dans des condilions identiques à la première. J’ai, chez la plus jeune, extirpé la totalité de la tumeur en l’abrasant au niveau général de la langue, puis en suturant les bords de la région . cruentée. Je doute qu'il reste chez elle des vestiges appréciables de la thy- - roïde ectopique. « Chez l’autre, j'ai délibérément conservé une notable portion de la “tumeur linguale représentant environ un tiers de son volume total, dans «le but d'éviter les accidents parfois signalés après l'éradication complète - de tels néoplasmes, coïncidant avec l'absence de la glande cervicale. Je -puis ajouter qu'aucun accident ne s’est encore produit chez la première, opérée maintenant depuis plus de trois semaines. - L'examen histologique fournit dans les deux cas des résultats iden- tiques : la tumeur n'offre nullement la texture vésiculaire typique de EL. thyroïde normale, mais présente à la coupe de nombreux amas épi- : sans lumière ou à lumière rudimentaire et informe, séparés VU RT par de délicates cloisons connectives, et la matière colloïde semble y faire entièrement défaut. Peut-être s'agit-il d’un état embryonnaire de la glande? Je me réserve d’ailleurs d'approfondir cette étude histolo- gique et de vous soumettre des préparations à notre prochaine réunion. | Biozocre. Compres RENDUS. — 1905, T. LIX. DA ù | k 716 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (109 NOUVEAUX DOCUMENTS RELATIFS A L'ÉVOLUTION PONDÉRALE DU THYMUS CHEZ LE FOETUS ET CHEZ L'ENFANT. par MM. R. Cozun et M. Lucie. Les auteurs classiques ne sont pas d'accord sur l’époque à laquelle le. thymus atteint son poids maximum. Pour Hyrtl (1889) et Farret (1896), l'organe serait achevé et fonctionnerait le plus activement au moment. de la naissance. Pour Friedleben (1858), Dahms (1877), Merkel (1899); Cruchet (1901), etc., il atteindrait son apogée vers deux ou trois ans: Pour Hammar (1905), qui a soigneusement éliminé toutes les causes d'erreur, le sommet de la courbe d’accroissement pondéral du thymus coïnciderait avec la puberté. : Nous avons étudié à ce point de vue 101 thymus de fœtus ou d'en fants; nous avons joint à ces données personnelles celles de Katz (1900) (61 cas), celles de Farret (27 cas), celles de Legou (1903), relatives à des fœtus de quatre, cinq, six, sept mois. 4 Pendant la vie inlra-utérine, les influences ss de troubler. les résultats des pesées s’éliminent facilement. Les chiffres de Legou et les nôtres concernent des fœtus non macérés et pouvant être considérés comme normaux. La courbe construite avec la moyenne des poids absolus donne pour la période fœtale les résultats suivants : De la fin du quatrième mois à la fin du cinquième, le poids absolu du thymuss passe de 0 gr. 17 à 0 gr. 40. Pendant les trente jours qui suivent, à quadruple et atteint 1 gr. 66. A la fin du septième mois, il est de 3 gr. 23, c'est-à-dire qu'il a doublé. A huit mois, il augmente dans la même pro portion (6 gr. 55) et également pendant le dernier mois. À la naissancem il pèse en moyenne 12 gr. 88. En somme, il subit une progression con tinue et régulière à partir du sixième mois. À partir de la naissance, on éprouve de plus grandes difficultés à éta® blir rigoureusement la courbe pondérale du thymus comme en témoin gnant les résultats contradictoires des auteurs. Ces difficultés viennent d'éliminer par le fait même un grand nombre d'observations qui n@ ressortissent pas à des cas normaux. Cependant nous avons cru bon 1 préalable d'établir une courbe avec l’ensemble des cas afin d'acquéri® une idée de l’évolution générale du thymus indépendamment des causes qui peuvent retentir ‘sur sa masse. Disons immédiatement que le (110) _ SÉANCE DU 12 DÉCEMBRE 717 nombre important de nos observations diminue dans une certaine mesure l'influence de ces causes. Le premier fait qui frappe quand on étudie comparativement la moyenne des pesées aux différents âges, c'est qu'à aucun moment, jusqu’à treize ans tout au moins, le chiffre moyen du poids absolu ne s'élève aussi haut qu'au terme de la vie intra-utérine. Dans les jours qui suivent l’accouchement, il s’abaisse brusquement et dans le courant du premier mois, par exemple, il est quatre fois moins élevé qu'à la naissance. Jusqu'à deux ans, le poids absolu du thymus reste constamment inférieur à 5 grammes. C'est du réste dans cette période que les mala- -dies de la nutrition sont le plus fréquentes chez les enfants et sont susceptibles d’abaisser dans une certaine mesure le poids de la glande. Au delà de cette époque, le poids moyen s'élève un peu puis reste sensi- blement stalionnaire jusqu’à l’âge de treize ans. Il semble ressortir des données précédentes que le thymus attein- ‘drait, sinon son maximum pondéral, du moins passerait par un maxi- mum pondéral au moment de la naissance. Ces résultats ne sont pas très éloignés de ceux auxquels conduisent des recherches anatomiques analogues entreprises chez certains mammifères : chez le chien, notamment, Baum (1890) a vu le thymus acquérir son poids maximum quelques jours après la naissance. Nos conclusions concordent égale- ment avec certains faits expérimentaux : l'ablation du thymus chez des ‘animaux très jeunes produit des effets beaucoup plus marqués que chez des sujets âgés seulement de quelques mois. Nos documents ne s'étendant pas jusqu’à la période de la puberté, nous ne pouvons nous prononcer sur la question de savoir si le thymus augmente de poids à cette époque. SUR L'EXISTENCE DE TERRITOIRES DISTINCTS . js DANS LE DOMAINE DE LA VEINE PORTE HÉPATIQUE, par M. L,. Hocne. Il est classique de considérer que le sang amené au foie par la veine porte est de composilion uniforme, Il est cependant des faits qui sont n. en faveur de l'existence de territoires distincts dans la circulation porte intrahépatique. Il y a quelque temps, à l’autopsie d’un homme mort à la suite d’une obstruction inflammatoire du gros intestin, je trouvai un foie présen- tant extérieurement deux zones de coloration très différente, une zone droite jaunâtre, une zone gauche rouge foncé; la limite de démar- calion se trouvait à 2 centimètres à droite du ligament suspenseur, et 718 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY (444) se continuait dans l’intérieur du foie en se dirigeant vers le hile, divi- sant ainsi l'organe en deux territoires d’aspect différent, et correspon- dant, le rouge au lobe gauche plus une partie du lobe droit, le jaune à. un peu moins que le lobe droit. À J'interprétais le phénomène en supposant que le sang de toutes les parties de l'intestin situées en amont de l'obstacle arrivait au foie et au. foie droit seulement, vecteur de matériaux de décomposition, de putré- faction susceptible d'amener une dégénérescence rapide de la cellule hépatique, tandis que le sang de la rate et de l'estomac irriguant le lobe gauche était indemne de ces substances. Des coupes microscopiques me montrèrent en effet que dans la zone jaunâtre droite, les cellules hépatiques étaient tuméfiées, mal déli=n mitées, Lire granuleuses, que leur noyau prenait mal les colora-… tions, qu'aucune des cellules ne contenait de pigment biliaire, et que par le fait de la tuméfaction des cellules, les capillaires intra-lobulaires… étaient effacés. Dans la zone rouge, au contraire, les cellules étaient nettement délimitées, contenant pour la plupart des granulations pig- mentaires biliaires; leurs noyaux se coloraient énergiquement, et beau- … coup de cellules en possédaient deux et même trois; entre les trabé- cules cellulaires, les capillaires étaient facilement visibles, contenant « des globules rouges. | La différenciation si nette du territoire gauche du foie était done bien M due à une dégénérescence limitée au lobe droit ; et il était rationnel de rattacher cette dégénérescence à la stase intestinale provoquée par. l’obstruction, en supposant qu'il existe dans la veine porte deux cou- rants sanguins distincts, ou tout au moins en grande partie distincts : l'un venant de la grande veine mésentérique vers le lobe droit, l’autre de la veine splénique vers le lobe gauche. Et Cette opinion a été brillamment soutenue par M. Sérégé (Journal de médecine de Bordeaux, 1901) et étayés sur de nombreux faits cliniques, anatomiques et expérimentaux. ( | sictiaih (67) 719 REUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1905 SOMMAIRE Livox (Cu.) : Note de technique OpDo et AcHaARD : Sur la tension pour la pression sanguine . ..... 10 | artérielle chez les convalescents. .. 617 Présidence de M. Livon. SUR LA TENSION ARTÉRIELLE CHEZ LES CONVALESCENTS, par MM. Oppo et Acuarp (de Marseille). L'un de nous a dans diverses publications (1) étudié certaines particu- larités de la tension artérielle dans la convalescence. Nous avons depuis poursuivi et complété cette étude sur une cinquantaine de sujets. Nos observations peuvent être rangées en trois groupes (tension artérielle inférieure, égale ou supérieure à la normale.) L'hypotension artérielle a été moins fréquente et moins accentuée en raison des conditions particulières de notre service qui ne nous ont permis d'observer les convalescents qu’à une période assez avancée. Au repos le sphygmomanomètre de Potain marquait 13 ou 14. Sous l'in- fluence de la descente et de la montée rapides des deux étages elle s'abaissait à 11 et même à 10 1/2 et 10. Cette hypotension d'effort n’est pas constante cependant, malgré la faiblesse de la tension initiale. En suivant ces malades à huit jours d'intervalle on voit la tension se relever (1) Sur un signe d'hyposthénie cardiovasculaire chez les convalescents. L'hypotension d'effort. Oddo, Bulletin de la Société médicale des hôpitaux, 5 mai 1905. — Sur le mécanisme de l’hypotension d'effort. Oddo. Réunion biolo- gique de Marseille, 20 juin 1905. 720 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (68) au repos, mais à ce moment l’hypotension d'effort est plus constante et « plus accentuée, la tension est instable; enfin plus tard l’hypotension ne se produit plus ni au repos, ni après l'effort. La tension artérielle des . convalescents passe donc par trois phases successives : tension faible, tension moyenne instable, tension moyenne et stable. D'autres signes d'hyposthénie cardiovasculaire existaient en même temps : assourdissement du premier bruit du cœur, éclat du deuxième ton pulmonaire, dédoublement intermittent du deuxième temps, tachy- cardie, arythmie, vasodilatation hypostatique des membres inférieurs dans la station debout, dermographisme. Nous n'avons pas retrouvé le phénomène de la tache blanche de Sergent. Sous l'influence de l'effort la fréquence du pouls suit souvent une marche parallèle à celle de la ten- sion. Parfois le pouls, après s'être accéléré, se ralentit. ne _ Lorsque le malade présentait à son entrée une {ension moyenne allant de 15 à 18, le phénomène de l'hypotension d'effort était très net et souvent même il était plus accentué que lorsque la tension était faible . au repos. Il semble bien qu’à une certaine période de la convalescence la tension artérielle arrive à se régler pour le repos, mais l'effort détruit aisément l'équilibre. Plus tard l’hypotension d'effort se produit à un moindre degré et on peut voir sur les tracés recueillis chez le même malade la courbe fléchir de moins en moins. Sans doute ces convales- cents entrés en tension moyenne instable dans notre service avaient dû passer antérieurement par la phase d’ hypotension au repos. Il est assez surprenant de constater chez les convalescents l'hyperten- sion artérielle. Elle peut cependant s’observer dans deux conditions différentes. Quelques sujets présentaient une tension de 20 et au-dessus, et cette hypertension qu'on pourrait appeler organique relève de condi- tions antérieures : ce sont des sujets ayant atteint la maturité, artério- ._ scléreux, arthritiques, néphrétiques, alcooliques. Chez eux la maladie n’a guère modifié la tension ou d’une manière un peu durable. On observe en même temps l'éclat diastolique du deuxième ton aortique, le pouls est lent ou arythmique, l'hypotension d'effort ne se produit pas. M 0 Ex D’autres sujets, au contraire, plus jeunes en général, souvent névro- pathes, se plaignant de palpitations, ont une tension de 48 à 19. Mais cette tension est encore instable, et le phénomène de l’hypotension d'effort montre que l’hypertension est toute de façade, elle est liée à l’éréthisme cardiaque : l'impulsion du cœur est brusque el violente, les bruits du cœur sont éclatants, surtout le deuxième bruit pulmonaire, le pouls est ample, rapide, assez souvent arythmique. C’est dans ces con- ditions qu'on peut rencontrer le dicrotisme exceptionnel chez les conva- lescents. Il se produit chez les malades un fait assez paradoxal : on peut voir Sur les tracés la iemsion au repos s'abaisser à mesure que la conva- lescence suit son cours à l'inverse de ce que se à d’ habitude. Par Lt nt de (69) SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 7 1Q je contre l'hypotension d'effort va en diminuant d'étendue. Dans ces cas la tension s’'abaisse et devient plus stable en même temps. Certains incidents de convalescence peuvent modifier la tension arté- rielle ; c'est ainsi que nous avons vu chez un pleurétique la tension arté- rielle s'abaisser après s'être relevée et cela sous l’influence de la tuber- culose commençante. Chez une rhumatisante, par contre, nous avons vu la tension se relever en même temps que se produisait une lésion aortique. C'est encore une lésion cardiaque qui peut seule expliquer une tension - élevée chez une convalescente de fièvre typhoïde que nous observons en ce moment. C'est donc l'instabilité qui est le grand caractère de la tension artérielle comme elle est celui du rythme cardiaque chez les convalescents. Ce n'est pas seulement l'effort, c est aussi la station debout qui abaisse la tension, ainsi que nous avons pu le vérifier. Quel est le mécanisme de cette instabilité de la tension artérielle chez les convalescents ? Nous nous sommes déjà expliqués sur ce point dans une communication précédente. Sa plus grande part revient à l'hyposthésie car- diaque, ainsi qu'en témoignent les signes d’auscultation, l’assourdissement-du premier bruit du cœur, la faiblesse de l'impulsion de la pointe. Nous avonspu contrôler la chose par les modifications que nous avons obtenue à l’aide de tonicardiaque. Après l'administration de la spartéine nous avons vu la tension artérielle se relever et l’hypotension d’effort s’atténuer très notablement. Une part revient aussi à la musculature artérielle dont l’hypotonie s’accuse parla vasodilatation orthostatique des extrémités inférieures, par le dermographisme, le refroidissement périphérique avec cyanose, etc. Nous avons pu contrôler le fait avecl’anneau de Gärtner, et nous avons pu voir sous l'influence de l'effort la tension artéro-capillaire baisser en même temps que la tension ar- térielle. Enfin nous pensons que les troubles d'innervation peuvent intervenir aussi, et c'est surtout dans l'hypertension transitoire liée à l’éréthisme cardiaque que l’action du système nerveux se manifeste. De ces études peuvent aisément se tirer des indications pratiques : la néces- sité de graduer très prudemment la reprise de la fatigue musculaire et de l'effort chez les convalescents, et d'autre part l'avantage à tirer de l’adminis- tration des toniques cardiaques et vasculaires, dans certains cas, des sédatifs et régulateurs de l’innervation dans d’autres. 122 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE (70). NOTE DE TECHNIQUE POUR LA PRESSION SANGUINE, par M. Cg. Livon. Depuis déjà longtemps j'ai fait connaître la canule modifiée sur mes indications, qui permet pendant les expériences sur la pression sanguine de ne pas interrompre le courant circulatoire, grâce à la partie qui s'introduit dans le bout inférieur et le bout supérieur du vaisseau, Mais ilest un point sur lequel je tiens à appeler l'attention des expé- rimentateurs, relativement à l'exactitude de la lecture des tracés obtenus. Au point de vue mathématique, il y a une différence suivant que l’on expérimente sur la pression avec une canule quelconque qui interrompt le courant ou avec une canule qui permet de respecter ce courant. Comme l'indiquent les tracés obtenus avec ces différentes canules, lorsque le courant est interrompu, le graphique accuse une pression supérieure à la pression que l’on obtient, le courant n'étant pas inter- rompu. Cette différence de pression est de 2 à 3 centimètres; on l’obtient de même lorsque la canule à courant ininterrompu étant en place, on ferme le bout périphérique de l’artère. Ce point de technique me parait intéressant et montre combien il est important d'indiquer toujours les instruments dont on s’est servi dans le cours des recher- ches expérimentales. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. PL ET OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PENDANT LES MOIS D'OCTOBRE, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 1905. J. FenRan. — Études sur le saprophytisme des bacilles tuberculogènes et sur à vaccination antitubereuleuse, brochure in-8° de 40 p., Barcelone, 1905. M. »'HazLuIN. — Contribution à l'étude du massage du cœur (suite). Les trémnt- lations fibrillaires, brochure in-8° de 65 p., Paris, Vigot frères, et Lille, veuve A. Masson, 1905. ts ire ES CNT PURE PPS PEN SES Victor HENRI. — Cours de chimie physique (1°" fascicule), 1 vol. in-8° de 336 p., Paris, A. Hermann, 1906. C. CHaBRié. — Traité de chimie appliquée, t. 1er, in-8° de xxxix-876 p., Paris, Masson et Cie, 1905. G. Box. — Attractions et oscillations des animaux marins sous l'influence de la lumière, in-4° de 111 p., Paris, Institut général psychologique, 1905. A. Mossé et J. CLARENS. — Contribution à l'étude de la valeur séméiotique du rapport azolurique, brochure in-8° de 7 p., Paris, 1905, extrait des Bull. et Mémoires de la Soc. méd. des hôpitaux de Paris. Cu.-A. François-Franok. — L'œuvre de E.-J. Marey (Lecon d'ouverture du Collège de France), brochure in-8° de 56 p., Paris, O. Doin, 1905. Cosranrtin et Lucer, — Recherches sur quelques Aspergillus pathogènes, extrait des Annales des sciences naturelles, 1905. BioLocre. — TaBLes. NE HA à 1: He fa RARROEAT Ü DURE À OPA ETER LE CAUSHTNE 19 ARTE RME MEN EL 1aù TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LES COMPTES RENDUS DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE | DE L'ANNÉE 1905, SECOND SEMESTRE (1) 4 . | c. t | | | - A R Pages Acanthocéphale, parasite des poissons, par NEVEU-LEMAIRE . . . . .. . . 31 Acide carbonique. — Assimilation par les larves de Lépidoptères, par Maria MONMINDEN TEE Pen seat AE EE ESP A TR sq 692 - — Assimilation du carbone chez les chrysalides et chez les végétaux, com- | Paradis on pariMARTA VON LIRDENS 0 AE TE ON MARNE Re 694 E — gras. — Lésions pulmonaires, par J. Camus et PAGNIEZ. . . . . . . . . 386 — Propriétés acido-résistantes, par J. Camus et PAGNIEZ. . . . . . . . . . . 101 . — du bacille tuberculeux, leurs propriétés acido-résistantes, par J. Cauvus et LENS LA NAT 0 oo nee Mer ETES à Eire c RS tn En nee 103 - — sulfureux. — Action toxique, par BLaREz et GAUTRELER NL UNE 154 — Action toxique des combinaisons avec l’aldéhyde, par BLarez et Gau- RARE NE EE A NL PEN ame el eau de Let ren ct cite ein ce 157 Acromégalie. — Hyperfonctionnement des glandes vasculaires sanguines, PATAMHENRACIAUDEN EME RE UMR enelleenliedieiue le ee DR ee 362 drénaline. — Action sur la réaction du sang, par CarLo Fo4 et Mme Ga- DEN CORAN SAN A Eee 2 DPI U en) aile ie 2 210 où clone ie net Ce 145 — Action sur le glycogène hépatique ct sur le sucre du sang, par Dovon, DAMOREIMEPAINEIVARERE US NE NS MR RUN Rte lle 202 - — Pression artérielle chez le lapin à la suite d’injections d'adrénaline dans les veines, par O. Josué. . . . . . ROME Ab doi AO POS fe CA GTA 319 — Autolyse des organes et tissus et formation par les surrénales, par J.-E. BE VOUS AS 0 DNS CD CA LOUTANT PSM ae ere PU © cdot Ci PA Gui 589 gglutinines typhiques et paratyphiques, par Rieux el SAcQuéPÉE . . . . . 653 | — Saturation des agglutinines paratyphiques, par Rieux et SACQUÉPÉE . . . 655 Idéhyde. — Action toxique, par BLAREZ et GAUTRELET . . , . . . . . . . . 156 — Voir Acide sulfureux. (4) Les chiffres gras indiquent les pages des Memoires. AIDE. fe af doi 1} @) 1200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Allocution, par L. O. Howaup . Amylase dans l'alimentation, par TERRIEN . . . . : . . . | — Voir Glycogène. Anémie. — Oxyde de carbone dans le sang des SÉGRnNqnes, Das Lébine et BOUTUD COPA — pernicieuse traitée ne la Oo Et Lee RE ct Dan : Anopheles. — Voir Paludisme. , Auophelinæ. — Nouveau moustique de cette famille, par NEVEU-LEMAIRE. . Anoures. — Voir Membres postérieurs. Anticatalase et sulfate ferreux, par BaTtezt et Mie STERN. 000 al ee :— Oxydation en présence du peroxyde Fee HIER par BATTELLI et MIIE STERN. . . . . ee - re tr. Araignées. — Manière des filles 2 Rene lee cocon, Da h, on. — Manière de porter leur cocun, par A. LÉCAILLON . — Influence de l'alimentation dans l’ovogenèse, par A. Dee. AN Arsenic colloïdal et catalase, par H. Iscovesco. ë e .Artichaut. — Orientation des faisceaux dans les does Holnennes. un CoOUrIN 2. Ha RE RU oc Le 0 Asphyxie par DAC On par \. Cane ses Automatisme et liberté chez les êtres unicellulaires, cer Rue ‘Anne B Bacilles acido-résistants. — Pouvoir pathogène, par Roner et GALAVIELLE. — charbonneux. — Pouvoir protéolytique, par G. MarriTaxo et F. SrRaDA. 118, — Activité protéolytique, par G. MALrITANo et F. STRADA. — Influence de l’aération sur le pouvoir protéolytique, par G. Mae et STRADA. - - — d'Éberth. — ee Ée ons à Ro — Le milieu et le pouvoir infectant des cullures, par Roper di nn — Voir Bacille typhique. — dysentérique dans une épidémie en Seine-Inférieure, par GUERBET . . —“iype Hlexner, par Auch et MIUEACAMPANA MEN CRC CRE — fourmi. — Propriétés, par RAmonp . ae ï 5 — paratuberculeux. — Réaclions cellulaires par no Se ou TACUZÉNE Se PES TAN RE CRE : — Acido-résistance is Guitares jeunes, par Cnam. RD — paratyphique, par GUERBET et IIENRY. . . . AS — Pouvoir pathogèné, par ingestion, par E. Santa e F. D — Remarque, par A. NETTER. . — Voir Bacille typhique. — tuberculeux. — Absorption par la peau, par Nouri. : — Intoxication par injection intrapéritonéale de bacilles tubes ete . dégraissés, par J. CANTACUZÈNE . . . . 2 ste tel — Immunisation contre l’action toxique des Heoiles Miérelene dégraissés, PATIO ANDACUZENE NME CPAS CR RP — Propriétés des poisons locaux, par Re DELILLE # as Acte — Voir Acides gras. — typhique et paratyphique. — Vaccinations actives croisées, par E. Sac QUÉPÉE OL Fe CHEVRELE 0 Co EN NE ON CR RER TABLE DES MATIÈRES 727 Pages Bacille typhique. — Réponse, par A.-NETTER. . . . ... . . . . : . . . . 600 Voir Paratyphoïde. 4 ; . % DEEE ÉD DAnaC RER MER et nan CU ee He s ce ete Au IPARENE 11 Bile. — Voir Urine. Bilirubine. — Teneur en bilirubine du sérum sanguin dans l'ictère du nou- veau-né, par À. GILBERT et P. LEREBQULLET. : . . . +... . . . HrReS . — Teneur en bilirubine du sérum sanguin dans la pneumonie, par A. GtL- BER DEL IMAERSCHERS ME US me ME DIE SEM au Va 2e te ut 109 - — Teneur en bilirubine du sérum sanguin dans la REDNS interstitielle, Pan GnBenr etMe HERSOHERE ST Re aug SN NE Lans va 178 : Bronchite rhino- spasmodique. PETER, -par Bizcarp et Mann AR eN 218 C “Cadavre. — Identification du cadavre de l'amiral Paul Jones, par Cu et | CROIS NS RM RE 2 ee RS EUR RARE TOR NOR TN a 214 Calcium (Chlorure de). pe Pouvoir antihémolysant, par Vincenr et Doprer. 635 3 — Voir Fièvre bilieuse. ; ‘Capsules surrénales. — Evolution de la couche corticale, par MuLON . . . 331 1 — Processus sécrétoires dans la substance corticale, DER L. BERNARD et D. TO RS EU Ne UE Eee eue ne en pu Et vie On aibe alt Lan. (Ole 50% » — Substances corticale et médullaire, identité d'action, par ABeLous, SOULIÉ | AGE CT OUTA NT ee cane De un one mue ego else s code D NE CU PO EE OI 12 520 - — Couche germinative de la corticale chez le cobaye, par P. Mucox. 592 — Voir Adrénaline, Rage. Carbone (Oxyde de). — Voir Anémie. Catalase dans les tissus, par BATTELLI. . . . . . . . . Rs Te EE 300 — Voir Anticatalase, Arsenic, Pancréas. Cellule nerveuse, — Substance chromatophile dans le noyau, par SouLié. 682 — Nature des canalicules de jones DATE ONEGENDRE ML UT ee 687 — Voir Sympathique. — phagocytaires chez les Phylopodes, par BRUNTZ . . . . . ROUE MTS 229 Céphalo-rachidien (Liquide). — Eléments clairs, par Viccarer et TixiEr. 115 dons Lure, Dar CARRIMRE Te. PR ne ie Lis nie ee eue ee see Et — Réactions cellulaires et séro-fibrineuses dans les méningites tubercu- IEUSES PAR EROIN EL RAMONDI MERE LE NO CONCN ET REP 417 “Cerveau. — Cellules de l'écorce dans la paraplégie spasmodique congénitale, PAT AUS ALTER ER AOÉ EU ENS Es Le Le ed Mahler de e LN d 223 ÉrCérébration inconsciente, DALLACHE NN UE CO US 7e 354 Cervelet. — Malformation, par NAGEOTTE. . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 Cestodes. — Spécificité des hôtes des Cestodes, par L. Jammes et H. Mannour. 104 Champignon pathogène chez l’homme, par Marrucuor et Ramonn : . . . . 379 Chlorure d'or. — Méthode de coloration, par B. De NABIARS den 27e lol A2 Chrysalides. — Augmentation de poids, par M. vON LINDEN . . . . . . . . 696 — Voir Acide carbonique. occidiose intestinale du bœuf en Tunisie, par E. Duccoux. . . . . . . . . 352 occo-bacille de Pfeiffer. L'endotoxine, par SLATINEANO. . . . . . . . . . . 339 Pr = Comines par CARLEON. 2 20. US CAIRN it auto 2.70 15 eR 414 — isolé. Appareils nouveaux pour l'étude, par L. Camus et GOULDEN . 496 — Vitesse du courant moteur, par CARLSON . . . . . . . . . . . b58 — Appareil pour l'étude du cœur isolé, par M, LAMBERT , . . . , . , . "1001010 798 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Colibacille. — Voir Paralyphoïide. 10 Colloïdes. — Influence des électrolytes, par V. Herr et LARGUIER DES BAN- CDS EN OM SET ER eRe PORTE DE MORE Can à à | fes. UNIES — Précipitabilité par l’eau oxygénée, par H. Iscovesco. . . . . . . =. #1. 7 NE — Colloïdes stables. Action de l’eau oxygénée, par H. Iscovesco. . . . © , ou Croissance chez les bovidés, par ANDRÉ Gouin et P. ANDOUARD . . . : . . . — Action du sel et dussperme, par LOrSELe OP RE 506 — Ralentissement pair l’opothérapie orchitique, par Dor, Maisonneuve et 4 MONZIOESE RS NII AUIRE MONNAIE MEME NES 673 Cyanophycées. — Appareil chromidial, par GUILLIERMOND . . . . . . . . | 639 — Grains de sécrétion, par GUILLIERMOND + Lost -641 Cytolyse dans les séreuses humaines pathologiques, par G. FRoIN D Décès de A. von Kælliker, de Burdon-Sanderson, de Lennier, de Gimbert, par | GARD MER RE RU RE A TP Te ete lle Es SUASE NCIS 54% Dicyémides. — Voir Orthonectide. 4 Digastrique du chimpanzé. Origine phylogénique, par J. CHAINE. . . . . . 623 Digestion. — Modifications de l'acidité ‘du suc gastrique, par Augaup et C. Foa. _ÿ Digitale "Leucocytose Dar BARD PE CE EC CRT CEE 636 Douleur. — Voir Fatigue. ‘4 Dravidiens. — Ethnogénie, par L. LAPICQUE . . 0 123 E Eau de mer.— Action sur les échanges respiratoires, par GAUTRELET et SOULÉ. : us Echinococcose humaine. — Prolifération vésiculaire exogène, par F. DÉvÉ. = par DÉVÉ SELS EEE UT DRAM IR RE ER RSR 295 — des ganglions lymphatiques, par DÉVÉ . . 0 0 0 2. 4 à à | 299 Edüucabilité;-par FÉRÉ). 3.02 pre NO MNT RES EE Élection de M} TISSOLE MN SAR TARDE PTE — du Bureau et du Conseil pour 1906 Eléphantiasis. — Voir Myxome. Endocarde. — Lésions dans la granulie, par BRAILLON et HAUTEFEUILLE. . . Eosinophilie. — Voir Kystes hydaliques. Epiploon. — Rôle, par Doyon et PETITIEAN. . . . © Escargot. — Propriétés diastasiques de la salive de l'escargot, par MAURICE TN ne lo te co © © € Estomac. — Pansement de l'ulcère par le bise, par G. LEVEN et Banner. Excitation électrique. — Loi, par M. et Mme LAPICQuE CROSS AORO AOC PO ON © © Fatigue et douleur, par C. FÉRÉ . . . . . D Le AN TeNNEe) A Fèces. — Voir Mucinase. Fibrinogène. — Voir Foie. Fibro-cartilages interarticulaires du genou, par RETTERER. . . . . ABÈEC "a TABLE DES MATIÈRES . 729 Pages. - Fièvre. — Mouvements fébriles nocturnes méconnus, par E. MAUREL . . . . 47 — bilieuse hémoglobinurique. — Traitement par le chlorure de cal- È CHE par VINCENT DE ane ce LT ET AD Lt PER VS ORNE 633 EE QQUES DA AVRR ANNEE AE nn di ue du et. << el 634 — jaune. — Transmission du virus chez S{egomya fasciala, par Marcaoux CSM ONDES EE ML Le Ne Di ME a Ne en sf A dv à à 5. eU de UN ei 259 — méditerranéenne. — Sérodiagnostic, par NGDRE AT ne er CE AU *— Idem, par Nicozce et HAYAT. . . . . 3 To et M RIREen 243 oopéciticité dela séroréaction, par NICOLE . 0. - 1. . . .. . 949 — typhoïde. — Voir Urine. … Fleur. — Variation des fleurs, par L. BLARINGHEM. . . . . . . . . . . . ND TADE Foie. — Hyperleucocytose du sang dans les abcès, par Knourr . . . . . . . 302 Le ctionsdela slycérine, par Cu: ADUBOIS #4... ee 316 ES SU ODA TS RIE SSD RAD Lee 9 ec ele co UM 415 — Oblitération des artères et incoagulabilité du sang par disparition du fibrinogène, par Dovon, MoreL et KAREFF. . . . . . . . . . . . . .. 632 — Voir Pancréas, Veine porte. Formiates. — Mécanisme de l’action, par L. GARRIGUE. . . . . . . . . . . 25 | G - . Gastrique (Suc). — Réaction étudiée par la méthode électrométrique, par À CARÉONE OA PU MMANE Be à Sert Ra NE à SR NS PE NT al 2 A GIUeS OT SANIQUES DATEROUINE- 0e AD eee I US ee 300) — Nouveau procédé pour la récolte du suc pur, par HEPPp . . . . . . Mit t 1602 | — Voir Digestion. - Génito-urinaires (Organes). — Développement et structure des raphés, 1 DARIEPARERTERER SEE Me Me RON D DTA ES AR EN Ne ER ET 21 » Gestation. — Nutrition azolée pendant la gestation chez la chienne, Que — BARME LAID AUN AT MOI ARRET ENTRE SORTE Rene 138, 140 - Glandes génitales. — Substances grasses ne les glandes nes HOUrS IN par A OIS EL NS RM MEN SRE Ce ar LE TC dose Men à 586 3 — salivaires d’Helix pomatia ; présence de cellules à ferment, par P. Ven CMP A CAT re EU re Ce a ou ane Um ET IN NIUE 21 Glandes vasculaires sanguines. — Voir Acromégalie. … Glucoside cyanhydrique dans les feuilles du sureau, par Eu. BourQueLor . CRIME ANS OUR MEME ME Et NOR CE SEE ARTE ERA ONU RS ET 18 . Glycérine. — Voir Foie. Glycogène. — Hydrolyse par l’amylase du malt, par Mlle PaiLoCiE . . . . . 260 — Action comparée de l’amylase et du suc pancréatique, par Mlie Purocue, 263 — Voir Adrénaline. Gordius dans le tube digestif de l'homme, par GUÉGUEN. . . . . . . . . . . 398 - Granulomes. — Aclion de l'iodure de potassium et histogenèse, par | C'AGORESOD NN Pratt, Sr PME ND Ne Sp Tee D nca E H ; > Hémamibe de Testudo pardalis. . . , . . .... .. . .......... 176 … Hématie. — Forme globuleuse, par L. GAnRIGUE. . . . .. . . . . . . . . . 324 — Remarque, par J. JoLLY . , 730 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIK Hématozoaires du paludisme. Unité, par H, Gros. . . . . . . . . LEE — nouveaux, parasites de la barbue, par LEBAILLY. . . . . . . . RATE: Hémogrégarines des grenouilles, par A. LAVERAN. . . . . . RTE — de Varanus niloticus, Dar A NLAVERAN Rene 147 cc TR RCE Hémolyse aiguë. — Réactions du tissu lymphoïde, par Risr et RiB\nau Dumas. — par saponine et taurocholate de soude, par ZANGGER. . . + . . . . . . . — Évolution des phénomènes: par FROIN - 0. ONE ; Hérédité. — Action des traumatismes, par L. BLARINGHEM . . . . . . . . . Hérédo-syphilis et Spirochæte pallida, par Levaniri . . . . . SAUT MAN — Idem; par EevaApirr et SAUVAGE 0. M MC EC NE REEE Humeur aqueuse. — Reine étudiée par la méthode électrométrique, PAT CARLO" FOA RUE EME EN CRE EPP Hybridité. — OEufs de canards domestiqres et de canards hybrides, par CAPOISER ER ESS RME A EANE EAN E Tee ere ire 1 4 4e Are TR IErEss Ictère catarrhal et bacilles typhique et paratyphiques, par SAcQuéPéE et FRas, — Voir Bilirubine, Intestin. — Mouvements inteslinaux, par H. ROGER . . . . . . . . . . . - — Mouvements dans l’occlusion, par H. RoGEr. . . . . . . . . . . . . . . — Toxicité du contenu, par H. RocEer et M. GARNIER. — Formation de polynucléaires -éosinophiles dans la re. D je Fe SIMON, 21 AL PAM OR MORE RAR DRE ARRET SRI PET A — Toxicité du contenu, par RoGer el GARNIER. , : . . . . . . . : . . . — Toxicité du contenu dans le régime lacté, par Rocer et GAKNIERL \étes ._ — Voir Lymphagogues. Inuline, — Digestion par-BIERRY. 0 SUR N NARNENP PEN he J Jumeaux. — Psychologie, par FÉRÉ . . . . . . . . .. ENS = K - Kystes hydatiques. — Eosinophilie locale, par F. DÉVÉ. . . . . 5.308 L Lait. — Réaction étudiée par la méthode électrométrique, par CanLo Fo . . Larves de Phyllodromia germanica; changement- de coloration, par 2 CNPHISALIS 2 EE RENE ET CE EN EEE Lernæenicus parasite du Sprat, par A. CLIGNY. . . . . . . . . . . .. . Leucémie.— Leucémie myélogène chez le chien, par Ewire- Wir et À, CrErc, — Leucémie myélaïde du chien, par EuiLe-Weu. et A. CLERG , , . , . . . — Traitement par les rayons X, par P.-Eu. Weïx et BEAUJARD . . . . , . à NOT TT | | l 3 | < TABLE DES MATIÈRES Leucocytose. — Voir Digitale. ? Liquides de l'organisme. — SBLINIT étudiée par la méthode électrochi- MAC DAT CARGOPRON ERNST RENE EE RS PPS NRA ERA NES Lymphagogues.— Action sur les RARES sal ns intestinaux, par P. CARNOT CLP. ART EN JL RES De due Ut où a Te TO ee M Maladie du sommeil. — Traitement, par E, Bauurr et AVUREZSMME SC DCI eMENTt RAD IAVER ANS EC UC. MAN SL ÉRERIP MENT PAR PS BAUME AU PR EN fe LU Ua ei nent pe sHéponse 20M-PBEUMDÉ PALIEAVERAN. XP Re LT TNA Page — et mouches tsétsé au Congo français, par LAVERAN. . . . . . LE PS RE Marey. — Biographie, par FRrancoIs-FRANCK . . . +. . . . . . SI ER - — Observation sur la biographie, par OnImuS : . . . , . . . . A PE Lt — Remarques sur la note de M. Onimus, par FRANCOIS-FRANCK . . . . . . %e Matières minérales — Action sur les échanges et la résistance de l’orga- | ASE AREAS CHAR RENE ee os NU ES DCI REPORT AT AM AE : Membres. — Untogenèse chez les Anoures, par WINTREBERT , . . . . o - — postérieurs. — Développement et sériation des stades de la vie ae cheztles PAnOUrES par: WINDREBER TE ARR ET EN ORNE Méningite cérébro-spinale. — Agents pathogènes, par LAFFORGUE. . . . — tuberculeuse. — Réactions cliniques, cytologiques, bactériologiques et anatomo-pathologiques, par M. VicLarer et TIXIER . . , . , . , . , - Méningite. — Voir Céphalo-rachidien (Liquide). Métamorphose. — Voir Moelle. Microscope. — Champ déduit des numéros dioptriques de l'objectif et de Voea are pare GUITEOPEL ES ie NOR TANT ER NU AR ENS ER RATE Moelle caudale chez les larves d'Anoures, par P. WINTREBERT. . . . + . . — Métamorphose des Salamandres dans les régions privées de none merveux médullaire/ PAL WINTREBERT Le UMR EN. ee eue Ne — Régression de la queue après ablation des centres chez Rana viridis, par RRQ ES PA RP ne VOST Te dose — Influence sur la respiration, par NVÉREHENNER ER MES REC PRISE Mort Lesrétanes par MAD HAL RUN CAR AMENER TS Moustiques. — Influence attractive du pétrole, par CHARLES et GasTon Das- BONNE RONA OUEN NME ARS SP EE RU eee Mouvement. — Représentation mentale, par FÉRÉ. . . ... . . . . . . . £ Mouvements rotatoires chez les larves de Crustacés, par Bou. . — cncciurement des yeux; PArLBOBN. Are MR, CN, Mes Lure Muciraso dans les écesripar RIVAS APM EME er. INR A NAN me Mneite——Coapnlation par HUROGERT-O 00210 EN CNE Muguet. — Formes microbiennes, par M. et Mme BOURGUIGNON . . . . . . . Muscles. — Excitation électrique, par Weiss. . : . . . . . . . . AO ETAIENT ANArI ET AILAPICOUE NE NET NOEL à SN — Strie sarcoplasimique, par J. Rexaur et G. DuBreuiL. . . . MR RNEUT ET Myoclonie. — Voir \yslagmus. Myotomes. — Développement de la contractilité, par P, WinrreBenr , , .: , Myotonie. — Syniirome myotonique, par LÉoPoLo-LÉvr, , : , , . . . . ., Myxome et éléphantiasis, par Darien, , , , , , , , , , , , , , .. a NUS 185 61 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. N Néphrite. — Voir Bilirubine. Néphrotoxines.— Voir Rein. Nerfs. —‘Excitation électrique, par WEISS . NOM ONE 126 dem, par /L-OLAPICOUE EN AT RER ON CEE 128 — Loi d’excitation des nerfs par décharges de condensateurs, par J. Cuuzer. 161 —HRÉLÉNÉNAULON DA RAICATAESE RE PR TT NC RN R ET SIRET 420 —tAUtorégénéra TION par MR MCATALI MEN NEC SN EE PRE 4922 Noyau. — Structure et théorie sphérulaire, par FAURÉ-FRÉMIET . . . . . . . 699. Nucléole neuronique. — Sa résistance, par LAGHE. . . . . . . . . ., . . 90 Nutrition. — Bilan azoté chez les orales par ANDRÉ Gouin et P. ANDOUARD. 95 Nystagmus-myoclonie, par LENOBLE et oi ROME MER ES 00 0 + LUI 0 AD Œui. — Toxicité Par LOISEL TE N EE RC RATE CCR 400, 403 — Formation du vitellus, par DuBuisson. . . . . . . . . à... . . . . 427 — Sur la toxicité, par LINOSSIER. . . . . . . PR TE TE ions © - d47 — Voir Venin. Orientation. — Influence sur l’activité, par FÉRÉ. . . . . . . . . . . . . . 560 Orthonectide. — Larves ciliées, par CauLLERY et LAVALLÉE. . . . : ere a 6 — hermaphrodite. Développem:nt des ovules et des larves, par MEsniz et. 1 2 CAUELER VS nee tie ANCIEN ORPI 428 — Cycles évolutifs comparés à ceux des Dicyémides, par Mesniz et CaAuLLERY. 431 Os des Mammifères. Technique et structure, par E. RETTERER.. . . . . noue e AU — des Téléostéens, par RETTERERE ET RS SR 0 — Capsules osseuses, par RETTERER . . . . . . . . RP Same NOEL Ostéogenèse. — Action des rayons X, par D. Récamer et L. TRIBONDEAU. . 621 Ouvrages offerts, par L. SÉMICHON : . . . . . . . EE 0 D os | à or —recus par 13 Société. te ES MA RE PE M o ote doi QUE — Offert parMe D HADEUINS D PU Re eee IEEE PS Lt con eee 06 13051 Offert; par VMHENRES NE er NME ES ES A NRA SN LE AEES Ovalbumine. — Action de l’eau oxygénée, par ISCOVESCO. . : . . . . . . 255 Ovules. — Dégénérescence chez le moineau, la poule et le pigeon, p5s D'UBUISSON EE Re te EN CS SSSR 472 — Dégénérescence chez les reptiles. par Dos D A Son 473 —n Décénérescence par -DUBUISSON CEE EN EP 531 Ozone. Le Rien de l’air, par D. DABBE due pa Se te SE OO P Paludisme. — Corps en anneau dans le sang, par Ep. et Er. SERGENT. . . . 252 —TIdem Mpar JAVERAN CREME ER NE ERREUR RAM EEE 253 — Marie de M. Montoya y Flores, Par MARCANO NME RENAN 329 ee REMATAUE, PAL JTE EVE MAIN ARENA OPA CRE A ee 330 HRemarque par LAVERAN Ne PRESSURE PARA : TASER —cHANnopheles partED EtNED SERGENT EN IN CECI CNT PRE 499 — des régions tropicales, par BILLET, . 5. 0 NON EPS TABLE DÉS MATIÈRES 133 Pages Pancréas et catalase hépatique, par HENRI ISCOVESCO. . . . . . . . . . . . 4h — Influence de la macération de pancréas sur le pouvoir Sarre du SODSMDALIDEPINE CDD OUTUDE EP N ECRee CURE RER I6 0 — Dégénérescence des ilols de Langerhans, par P. Carnor et P. Amer. . . . 359 — Sécrétion interne et ilots de Langerhans, par LAGUESSE . . . . . . . . . 367 Pancréatique (Suc). — Activation sous l'influence combinée des colloïdes et des électrolytes, par LARGUIER DES BANCELS. . ... . . . . . . . . . 130 — Amylase et maltase du suc de sécrétine, par Bierry et TnRnne) ae 2 D — Activation par les sels de calcium, par C. DELKZENNE . . . . . . . . . . 416 — Rôle des sels dans l'activation du suc pancréatique, par C. DELFZENNE . . 418 — Remarque à propos de la communication de C. Delezenne, par V. HENRI. 480 HR EpDOnSe PARC M DELEZENNES OR RL CS CR EEE (een JA 481 — Action des sels de calcium, par DELEZENNE . . . . 523 — Activation par les sels de calcium. Action niecnie ê6e il del aires | SU DEAD DEP EZENNE ER A Se ETS" CRC 614 — Voir Glycogène. Parathyroïdite tuberculeuse, par P. CarNor et DELION. . . . . . . . MEN URS D Paratuberculines. — Action comparée, par IRIMESCU . . . . . . . . . . . 385 Paratyphoïde. — Séro-réaction, par NertEeR et RIBADEAU- Da Er re ER EU O I S) — Agglutination, par Nerrer et RiBADEAUu-Dumas. . . . . . . . . . . . . . 314 ; — Infection familiale, par Nerter et RiBapeau-Dumas. . . . . . . . PEN ETS) 2 — et étiologie des ictères fébriles, par Nerrer et RiBADEAU-DUMAS. . . . . . 436 — Remarques, par LAVERAN. . . . . . . . . RE RE I En TA A Een SAS HR CpDonsSe a MALAVer AN DarNEtRTER EM EN 0 Ur UC HAE EE 0) L — Infections paratyphoïdiques, par Nerrer et RIBADEAU-DUMAS . . . . . . — Persistance de l’agglutination après l'infection, par Nerrer et RiBa- D'EAU UMA SCT APTE ET ARS rs Se 450 — Nouveaux cas d'infection, par Len Ê Romaine re) NET Met LORRE La EN) | — Agglutinations spécifiques, par NErTEeR et RIBADEAU-DEmAS. . . . . . . 00502 3 — Sensibilisatrices typhiques et paralyphiques, par Rieux et SACQUÉPÉE . . 532 — Action des bacilles paratyphiques, du typhique et du colibacille sur quelques sels, par SACQUÉPÉE et CHEVREL . . . . . . . . . . . . . ROSES — Agglutination des bacilles PRE et typhique, par Rieux ct | SACOUETÉES SPAS EME AT NUE er M RUNNE ns 536 L — Voir Agglulinines. Pentastomum constrictum, par THIROUX . . . . . . Me TEE Le 18 | Photographie endoscopique, par GUILLOZ . . . . HN ent A0 717402 Phototropisme.— lufluence de la pureté de He par Bin HÉPONT. 650 { Physopus rubrocincta Giard, insecte nuisible du Cacaoyer, par A. Dr 100 | Piqüre diabétique. — Influence sur la réaction du sang, par CanLo Foa et | Mo Gars GEUZE NS te te ati STE NEUTRE | Piroplasmose bacilliforme du bœuf en Tunisie, par E. Duccoux . . : . . . 461 Pituitaire (Muqueuse). — Appareil érectile, par Covne et CAVALIÉ . . . 619 Placenta. — Conditions histologiques dans l'hérédo-contagion, par À NAN: | Lane et Beipeausthr Dir sd made lin tree 245 sue PO 468 - Plaques motrices chez les reptiles, Structure, par F.-A. GEMELLI . , . . … 309 | Pleurotuberculose. — Réactions cellulaires, par Froin et Ramon. . . . . 391 | Pneumocoque. — Septicémie pneumococcique, par LAFFORGUE. . . . . . . 114 Pneumonie. — Voir Bilirubine. 1 Poils urticants, par BELLE. . . . mnale au ri ts dd MAC T te Den de 149 Poisons pruritants dans les végétaux; par Ava: -H. Done A APM 602 F Polypes muqueux des fosses nasales. Histologie pathologique, par r Manc ANO. 569 | sv béatsis ET v. | SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. - Polypnée. — Échanges respiratoires den la polypnée, par L. GARRELON ef J.-P LANGLOIS., 24 00 OU EM RU EN NS RES — Polypnée thermique et pneumogastrique, par L. GARRELON et J.-P. LAnGLois. — à type périodique, par L. GARRELON et J.-P. LANGLOIS . à 4 . . . . . . . — thermique. Gaz du sang, par GARRELON et LANGLOIS . . . . . . . . . RNCS Pomme de terre violette comme milieu de culture, par D. RODRIGUEZ. . Poumon. — Blocs graisseux coalescents GELEAN les capillaires sanguins, par A: Gixsent ét J. JoMER. 5,7. 4 . 20e 20 LT ON NENNENNESSS — Cellules à graisse et à poussières du poumon, par À. Gicserr et J. Jon. — Graisse du poumon, par À. GILBERT et J. JOMIER . . . . . . . . e — Voir Acides gras. ; $ Pouvoir réducteur des tissus, par ISCOvEsCO. . . . . . . . . . AARONUE < Précipitines spécifiques dans le sérum, par CH. DOPTER . . . . . . . . .. Pression artérielle. — Variations done les marches en plaine et en mon- bagne; par H.-PETIT à 4 ter. 21 dde le Vale CL LUI EEE — chez les convalescents, par Opno et AcHARD. . . . . . . etre — Technique, par Livon. . + mn, ge 3 je. ele, 127 ee, le 1 6), pjest ee de Re SORA Prix Laborde. — Rapport, par jee PU Le ARE ni er CCS LAUE SR AR Produits génitaux. — Toxicité, par LoISEL. ; . . . . . . . . . . , . . . i Protozoaires. — Structure intime du protoplasma, par E. FauRé-FRÉMIET. . — Structure du protoplasma, par FAURÉ-FRÉMIET. . . . . : . . . . . . Sn Prulaurasine. — Glucoside cyanhydrique du Laurier-cerise, par HÉRISSEY, Psychologie zoologique. — Nouveau procédé expérimental, par PA HACHET- SOUPLET SLT ES A PR NERO ET SENS LOS CO na De à eo SERRE Q Quinones chez les êtres vivants, par Brissemorer et R. ComBEs . . . . . . . R Re cines postérieures. — Dégénérescences des nerfs cutanés après seen. par d-CHLROUX 'e MHAELRZA MIE MINE ASE AE RE SRE NES — Nature des ganglions, par Simon et Hoche. . . . . . . SA SE TAMENRE no Rage après morsure de souris, far P. REMLINGER. . . . . « . . . . . . .. — Karyokinèse dans la surrénale du Lapin rabique, par J. ANUS et S. BONNAMOUR . . . + . . : SIA EN RIRE ET M SRMRENE DEEE — Absorption du virus rabique par la pers Font rasée, par P. REu- LINGER 4 #4 ee 0 RE LT PO PRISES HS PS URREN ANT EU INRP — Préservation par mélanges de virus fixe et de sérum HAS par AC TMARTE NE. ENONCE RENE SERRE SERRES ER — Action du mélange de sérum antirabique et de virus fixe, par REMLINGER. Æ — Destruction du virus dans la cavité péritonéale, par REMLINGER STE Rayons X. — Voir Anémie, Leucémie, Ostéogenèse. Réaction des mélanges de soude et d'acide chlorhydrique avec l’albumine et la peptone, par AmuBarD et Foa. . . . . + . . . . . a Dee DÉÉOR Rein. — Sélection rénale, par Henri Lauy et A. MAYER . . .. . . . . . — Modifications de l'épithélium par les néphrotoxines, par PRENANT et ANTo- NIOU RENE RLEUrC QT ee ee ON ee REMONTER Re REC _8i 83 483 133 487 « bi: 0) D ei. de. TABLE DES MATIÈRES Rein. — Action antitoxique du suc rénal, par A. Pr Y SUNER . . Fe era — Influence des troubles de l'élimination rénale sur la régulation osmo- tue par CHA ERARDE CERTES GATERARD ES eee lee ne UC _— Formations mitochondriales, par PoLicanD . . . . . . . . . . . . .. k — Cellules‘ du canalisule contourné, par POLICARD . . . . . . ‘. . à . : . — Circulation et sécrétion après transplantalion, par CARREL et GUTURIE. . — Activité nucléaire des cellules, par Narran-LarRier et RiBADEAU-Dumas. . Respiration. — Voir Eau de mer, Moelle, Polypnée. S Salive. — Voir Escargot. Sambunigrine, glucoside nouveau, par BOURQUELOT CLADANTOU RER - Sang. — Modifications après hémorragies, par JoLLY et STINL. . . . . . . . — Formule leucocytaire dans la tuberculose, par Simon et SPILLMANN. . — Procédés pour évaluer la fixation suffisante du sang humain dans les solutions aqueuses de sublimé, par L. Jouaup. . . . . . . . . . . . — Fixation par le sublimé, par Jounaun. . . . . . . . . . . TARN T EE PA CUIONMAUES UD IN E SDATÉJOUHAUD EME eee lee leu Cie lc — Voir Adrénaline, Anémie, Foie, Paludisme, Pancréas, Piqüre diabétique. Saponine. — Voir Hémolyse. Sclérodermie. — Lésions périvasculaires, par ALQuiER et TOUCHARD. . . . . Sécrétine. — Voir Pancréatique (Suc). Séléniate €e soude. — Lésions par l’ingeslion, par Norécourr et PAISsEAU. Sensibilité primitive des batraciens, par P. WiINTREBERT . . . . . . . . . . Sérothérapie. — Voir Bronchile. Sérums. — Action trypanolytique, par SEVIN. . . . . . . . . . . . . . . . — Action antiprotéolytique du sérum des animaux inférieurs, par J. SELLIER. — Voir Bilirubine, Précipitines, Thyroïde. — antityphique. — Propriétés, par Roner et LAGrIrrouz. . . . . . 261, — Pouvoirs antiinfectieux et bactéricide, par Roper et LAGRIFFOUL. . . . . Sérumalbumine et myoalbumine, par J. pe REY-PAILHADE. . . . . . ; Silicate de potasse pour la conservation des pièces Ho oree . RÉACDLLINN SSSR ME PNEU LR RER PROG OO DV TE EMI rs Solutions acides. — Modifications subies dans Festomae et l'intestin, par P. Carnor et A. CHASSEVANT. . . . . . . HE UQ ES SUr dde NU Souris. — Voir Rage. Sperme:— Toxicité; par LOISEES.2,7,0 4 mArLebatie 1ald a , iolbre STATUT Spionidiens. — Organes segmentaires, par Louis FAGE. . . . . . . . EUR Spirillose. — Sur une nouvelle spirillose, par G. Nicozse et C. ComTE . . . . Spirochæte pallida. — Coloration dans les coupes, par Levanirr . . , . . — Topographie dans les coupes de chancres RAA par E. Burner et VU RO ENT A em Tale CDs ee 2 letras tone ed A CSS — Localisation dans un cas de sypHilie héréditaire, par Levapirr et PAUL SALON ARMES ARRET OR RE TOP ARS PT RER NEC PE PTE FAP — dans la roséole syphilitique, par Verzcon et GirarD . . . , . . . . , . . — [mprégnation dans les coupes, par PETResco . . . . , . . 4 . . . , .. — Voir Hérédo-syphilis, Syphilis. Stegomia. — Voir lièvre jaune. Stenus. — Locomotion, par G. Bizzaro et CG. BRuyANT, . . . . . . . . . . . Surra du chien. — Coutagion, par J, RoGen . . . . , , . , . . , . .. 292 207 221 410 520 912 1 Co © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sympathique. — Formation de nouvelles cellules nerveuses dans le sympa- thiquerdes Oiseaux, par CARMELOICIAGGIO RE SR ES Syphilis ©DLésStons IS ol PIQUE DAMBOSCR EN PE — Microbe de la syphilis, par JUSTIN DEISLE 0 — Histologie des accidents et rapports avec le Srirochæte pallida, par LEva- DLTIÉE ,MANOUÉLIAN,, 24 20 2210 dede def Le Le Ponte Ne. VU DIE SENSENESESES — Histologie du chancre et Spirochæte, par “Levanrmi et MANOUÉLIAN . Syphilome initial. “par PAUL SALMONS-2. ENT D CEE NERER T Tabes à systématisation exceptionnelle, par BAgiNsk1 et NAGEOTTE. . . . . . Température chez le nouveau-né, par E. MAUREL. . . . . . . . . . . . . . Chez lesAprématurés para AMEACREDER NE ER CCR PE Tensiôn superficielle. — Vitesse d'écoulement des liquides à tension faible Dar BILLABDA SL RU id ie Aie esp e dolce UN PRESSE — Voir Urine. Testicule. — Abouchement direct du canal déférent, dans l'épididymite double par HUMBERTIEIBALZERC EN NUE POUPEE — Graisses et lécithines dans les testicules de cobayes en évolution, par ! Gusrave Lorseta ui SR ue ee AS RSR 584 | Thymus. — Evolution pondérale, par CozriN et LUCIEN. . . . . . . . . . . 118 "4 Thyroïde. — Sérum thyrotoxique, par SLATINEANO . . . . . . . . . . . . . 16 4 — Lransplantation par CARREL EL GUIHRIE 0 CU CU OCR 413 4 — Deux cas d’ectopie, par JAGQUES . . . . . . . . . . La D ane Ve PP 714 | Tragus. — Rides préauriculaires et poils, par A.-M. BLOCH . . . . . . . . . 291 ÆEravail.—=!Influence du bouillon par FÉRÉ MN NON NE NER RER 233 ; — lMusions de rEPOS Dar RERE MNT Ne CPE EE 285 { — Travail ergographique dans la station, par FÉRÉ . . . . . . . . . . . . 604 L — Influence de l’immobilité, par FÉRÉ. . . + . . . Re tn de lot Ce 607 | — L'économie de l'effort et le travail attrayant, par FÉRÉ. . . . . . . . . . 609 — Influence du ralentissement du rythme, par FÉRÉ . . . . . . . . . . .. 670 Tréhalose. — Recherche et dosage, par HARANG. . . . . . . . . . . . . . . 590 Trophospongium des cellules testiculaires interstilielles, par Bouin et ANCEL. 221 Tropismes et états physiologiques par BonN. . . . . . . . . . . . . . . . 515 r PSSAISTOLIERTEUTS, DAT BORN. CN 0e NME NE NN EEE 566 Trypanosome du blaireau, par BerreNcourT et FRANÇA 7 CNT 305 — Fréquence chez Mus rattus, par SABRAzÈs et MuRATET . . . . . . . . . . 441 — Voir Sérum. Trypanosomiases chez les Gerboiïises, par LAVERAN. . . . . . . . . . . . 250 Trypsinogène, par L. LAGUESSE ef À. DEBEYRE. . . . . - . . . . . . . . | 163 Tuberculose. — Pseudo-tuberculose caséeuse chez les agneaux, par J.Bripré, 117 — CUILUTES 2 VLONpDALMOUSS TERME ANR RE 409, 463 — Virulence et toxicité des liquides pleural et céphalo-rachidien tubercu- leu par GAEROINNE LOUIS AR AMOND NAME EN 594 — Voir Céphalo-rachidien (Liquide). Typhoide. — Voir Agglulinine, Paratyphoïdes, Urine. TABLE DES MATIÈRES 7131 Pages. U Urine. — Tension superficielle et balnéothérapie dans la fièvre typhoïde, par BIREARDAG GE MORNA CI De ne die note Pelle Len Poi el Mie teen ET 295 — Pigments biliaires dans l'urine, par L. GRIMBERT . . . . . . . . . . . . 346 Urée. — Rôle de l’urée ajoutée aux liquides de circulation artificielle du cœur dedarcrenotile 2parMÉRIÉAMBER TC RE ENS ME MEN CARRE 460 — Elimination sous l'influence des injections sous-cutanées de bleu de méthylène, par J. GAUTRELET et HENRY GRAVELLAT . . . . . . . . 624, 626 Urodèles. — Fonctions nerveuses, par P. WINTREBERT . . . . . . . . . . . 168 V Variation. — Action des traumatismes, par L. BLARINGHEM . . . . . . . . . 456 — Influence des facteurs externes, par J. LAURENT. . . . . . . . . . . . . 558 — Voir Fleur. Veine. — Transplantation sur uve artère, par CARREL et GUTHRIE . . . . . . 412 — Réversion de la circulation, par CARREL et GUTHRIE . . . . . . . . . . . 518 — Transplantation sur les artères, par CARREL et GUTHRIE . . . . . . . . . 596 VWenin dans les œufside vipère, par G:-PHISALIX.. 1... - . .-. © 15 Veine porte hépatique. Territoires distincts, par HocHE. . . . . . . . . . . 717 Vorticella microstoma. Variation expérimentale, par FAURÉ-FRÉMIET. . . . . 42% X : Xylanase chez différents Mollusques gastéropodes, par GASTON SEILLIÈRE . . 20 TABLE DES. MATIÈRES Os PAR NOMS D'AUTEURS “ : 2 ANNÉE 1905. — SECOND SEMESTRE À Pages. … ABELOUS (G.-E.), SouLié (A.) et Tousan (G.). Sur l'identité d'action des extrai!s des substances corticale et médullaire des capsules sur- rénales 2 5er he PAU ErREONERS MECS 520. — Influence des extraits et des produits de l’autolyse des orgaves et tissus sur la formation de l’adrénaline par les j glandes surrénales: +72", HORMONE ABric (Paul) . . . Automatisme et liberté chez les êtres unicellulaires. . . . 181. \ AcnarD (Ch.) et GaizcarD (L.). Influence des troubles de l'élimiuation rénale sur la régulation osmotique . . . . . . . . . . . . . . 313 ACGHARDE Ne ere Voir Oopo. ; AzqQuIER (L.\ et Toucnarp. Les lésions périvasculaires de la sclérodermie SÉNÉTANSÉ EAU TI RE EE RER er CE à 711 AmBarD et Foa (C.). Les modifications de l'acidité d'un mélange suc gas- trique-albumine au cours de la digestion. . . . . . . . D — Recherches sur la réaction des mélanges de soude et d'acide chlorhydrique avec l'albumine et la peptone. . . 71 AMET (P.).. . . . Voir Carwor (P.). ANCEL (P.) . . . . Voir Bouin (P.). ANDOUARD (P.).. . Voir Gouin. ANTONIOU (A.). . . Voir PRENANT. culeux NS) EPA NE SN 656 AUBINEAU (E.). . . Voir LENOBLE. AUCHÉ (B.) et CampanaA (Mile R.). Le bacille dysentérique type Flexner, dans la dysentérie des enfants. 16 ON CNP EE B Baginski (J.) et Naceoïte (J.). Note sur un cas de tabes à systématisation | à exceptionnelle +7,22 2 UN SEINE - 480 24 (1) Les chiffres gras indiquent les pages des Mémoires. Bar et DAUNay . Banpe(l.)-.. BARRET (G.). . Barrezzt (F.) TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Voir HuMBERT. . Variations de la nutrition azotée pendant la gestation chez la CHENE NE ES Pre suauetie 0 clunlenta tu fe We POSE Balance de la nutrition azotée pendant la gestation chez la CHIEDTR ER Side in ele M UE Es és Pere Volt . Mécanisme et signification de la leucocytose digitalique. . . Voir LEvEn. . La présence de la catalase dans les tissus animaux. . . . . Barreuzt (F.) et STERN Mlle (L.). Analogie entre l’action de l’anticatalase et | BEAUJARD (Se Bercce (L.) . : Ractiontdursulfate lenreux eee EM CT Oxydations produites par l'anticatalase en présence du peroxyde de l'hydrogène. CLEO 4 ON CL SR ON ND MCE: CON OM . Voir Weiz (P.-Émile). HOURIE DONS URETCRNTS ee ue Eee APN at Es BerNarD (Léon) et Bicarr. Les processus sécrétoires dans la substance corti- BETTENCOURT et FRancA (C.). Sur un trypanosome du blaireau (Meles tazus Brerry (H.). . . H BierRy ( BILLARD (G.) . BILLARD (G. BILLARD (G.) et MALLer, . . Recherches sur la digestion de l'inuline .) et TERROINE (E.-F.). Sur l’amylase et la oies du suc pancréa- caletdenlatelande/surnrénale RASE RE EE DORPEID)E MEN Pat DOUTE etre Men ane ne MN Fee Sur un trypanosome de la (CHEUVE=-SOUTIS HA CNE ai Natt ie Mo ïle Jeptaniale bianeldetsécrétine rs tenons LARMES LES ARE . | Vitesse d'étalement, à la surface de l’eau pure, des liquides dtension supenñerelle, Farhle ie AE En ) et Brüyanr (C.). Sur un mode particulier de locomotion de cer- Han SENS unes et de) AU ee de LUS ER), Essai de sérothérapie contre la bronchite rhino- spasmodique. BizcarD (G.) et Morxac (G.). Indications Bree par les variations de Ja MPDIGART . : ...!. BintEn (AS) ER . BLARINGUEM (L.). . BLocu (A.-M.).. Bonn (Georges). Boxxamour (S.). BIOLOGIE, — tension superficielle des urines sur l'opportunité de la balnécthérapie dans la fièvre typhoïde . . . . . . . .. Voir BERNARD (L.). . Examen de quarante- -trois cas de Selnérene RU de PÉPIONANIFOPLCHIES A AAA DATE ANT AU en TEE BLarez (Ch.) et GaurreLer (Jean). Action physiologique. et toxique des solu- lions d’acide sulfureux en injections sous-cutanées. . Action physiologique et toxique des solutions d’aldéhyde ordinaire ou éthanal en injections sous-cutanées , . . . Action physiologique et toxique des combinaisons d’acide sulfureux et d’éthanal en injections sous-cutanées . . . . À propos d'un mémoire de G. Klebs sur la variation des FEULSLEN SCC ETES UE LDC TL de ALU UE PME oi Don Action des traumatismes sur la variation et l'hérédité. . . . Recherches sur la présence des rides pré-auriculaires et des en CCE CP CT MP NC RE EE UE . Des tropismes et des états physiologiques. . . . , . . . . Mouvements rotatoires chez les larves de crustacés. . L’éclairement des yeux et les mouvements rotatoires. . Essais et erreurs dans les-tropismes . . . , . . . . . . . L'influence des variations du degré de pureté de l'eau sur LÉ pu CAR PANNE EE RE REP EL . Voir Nicoras (J.). TABLES, 53 Pages. 295 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. Bosc (F.-J.). . . . A propos des lésions histologiques et de la classification 4 dela maladie syphilitique 4 2° MMM RENE “o#il Boux- (P.} et Axcez (P.). À propos du « trophospongium » et de canalieules ‘4 & cauisue HAN SION BONE EL NME 221 BouLuD: … «+ + + : Voir. LÉPINE (R.). ; . RourGuIGNoN (M. et Mme). Forme microbienne du muguet. . . : . . + : . . 187 Bourquecor (Em.) et Daxsou (Em.). Sur la présence d’un glucoside cyanbydrique | dans les feuilles du sureau (Sambucus nigra Li): +. . -— Sur la « sambuunigrine », glucoside cyanhydrique nouveau, ET aUUT retiré des feuilles de sureau noir. . . . . . . . . . 292 Braizzon (L.) et Hawrereurzee. Des lésions de l’endocarde dans la granulie . . 394 BRiDRÉ (J.) : . . . Pseudo-tuberculose caséeuse chez les agneaux . . . . . 117 BRINDEAUE EN - Voir NATTAN-LARRIER. ? 11408 Brissemorer et Comses (R.). Les quinones chez les êtres vivants : : : : . 48 Bruupr (E.). . . - Au sujet du traitement de la maladie du sommeil, ere FOSSES a Mlle professeur baveran NN EEE 316 Bruwpr (E.) et Wurrz. Note sur le traitement de la maladie du sommeil expé- rimentale par l'acide arsénieux et le Trypauroth . BrunTz (L.). . . . Sur l'existence de cellules phagocytaires chez les Poe el _ podes brancipodes CNE PARMI PRETE M cite 229 BruyanT (C.) . | Voir BILLARD. ae ie ; Burner (Et.) et Dao (C:). Topographie : du Spirochæte ne Shaun : dans les coupes de chancre syphilitique . . . . . . .. 414 C Casar SR.) VMécanisme dela régénérationtdesmerts "MP 420 — Critiques de la théorie de l’autorégénération des nerfs. . . 492 CampAnA (Mile) . . Voir AUCxÉ. Camus (Jean) et Poe (Ph.). Recherches sur les acides gras. Lésions expé- AL rimentales. es 00e RATE ENnSee USE = LL Propriétés acido-résistantes des acides Cras CN MO 101. — Propriétés acido-résistantes des acides gras du bacille tu bérculeuxe rer rente M D D: à - 103 Camus (L.) et GouLoen (J.). Nouveaux appareils pour l'étude du cœur isolé. I. Appareil pour la circulation artificielle dans le cœur de la tortue; — Ii. Appareils conjugués pour l'étude com- parative de la circulation dans le cœurisolé. . . : . - 496 CANTACUZÈNE (J.). . Phénomènes d'intoxication produits chez le cobaye par. ot . l'injéction intrapéritonéale de bacilles tuberculeux dé- à DTAÏSSÉS 2e lues ed one eee Pr CNP NN 314 — Essais d'immunisation contre l'action toxique des Mécile 2 TEE tuberculeux dégraissés. . . . . s 2 4x IN OUNNNENNS 344 — ‘ De certaines réactions cellulaires provoquées par l'inocu- "à lation expérimentale des bacilles paratuberculeux (bacille % du Timothée) 20) + Aer ANRT MEN 383 — Sur l’acido résistance des cultures jeunes des bacilles du n | Timothée "ra tn es PEL OS SAR EE 384 CaprrAn et PapizLauT. Identification du cadavre de l'amiral Paul Jones cent s treize ans apres SAMMOPEMENCN CCC EN PRE 2120 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS Canusox (A.-J.). . Conductivité du cœur à l'état de « water-rigor ». . . . . . à — La vitesse du courant moteur du cœur. . . . . . . . . . Bannor (P.) et Amer (P.). Action des lymphagogues sur les échanges salins in- CES TOURNENT ACT NT NL ER EE RQ — De la dégénérescence des îlots de Langerhans en dehors dundiahéte A SENS Cane came Une = Carnot (P.) et Cnassevant (A.). Des modifications subies dans l'estomac Fe 1e ) duodénum par les solutions acides ingérées . . . . . . Canxor (P.) et DeL10N. Parathyroïdite tuberculeuse. Crises convulsives ayant duré huit heures et terminées par la mort . . . . . . . Caruez (Alexis) et GuruRiE (C.-C.). Transplantation biterminale complète d'un segment de veine sur une artère. . . . . . . . . . . . — Extirpation et replantation de la glande thyroïde avec reversiontdeManCiTCula tion NME MAR ER NE CNET — La reversion de la circulation dans les veines valvulées. . — De la transplantation uniterminale des veines sur les ARLOTÉS SU PER TR EE SAC ee ETS PR — Circulation et sécrétion d'un rein transplanté . . . . . . Carrièke (G.). . . Études sur le liquide céphalo-rachidien dans l'urémie ner- MÉMOIRE ANS SH ACT dB ire LEE SUN PAR SE RUES uzLERy (Maurice) et LAvaLLéE (Alphonse). Sur les larves ciliées produites | par la femelle d'un Orthonectide (Rh. ophiocomæ). . . MUBLERV. à Voir Mssniz. dercenmuscle one lE re lee Set ME een DAS Cnarrin (A.) . . . Action des matières minérales sur les échanges et la résis- É fancerde/lorcanismes 4134 ae out Det DHAssEvANT (A.). . Voir CARNOT. Guevrec (E.) . . . Voir SACQUÉPÉE. Accro (Carmelo). Sur la formation de nouvelles cellules nerveuses dans le sympathique de NOlS CUS EE RL C0 LAULE (Henri) . . Syndrome d'hyperfonctionnement des glandes vasculaires sanguines chez les acromégaliques. . : . . . . . . . . ERC (A.} . . . . Voir EmiLe-WEIL (P.). BIGNY (A.). . : . Surun Lernæenicus- parasite du Sprat. . «+ . . . . . .°... CLuzer (J.). . . . Sur la loi d’excitation des nerfs par décharges de conden- SALCUTA EN PAT Re Ne EE TAN RENE le Coizin (R.). . . . De l'emploi du silicate de potasse comme milieu solide transparent pour la conservation de pièces anatomiques. — Voir HAUSHALTER. Cozui (R.) et Lucrex (M.) Nouveaux documents relatifs à l'évolution pondé- rale du thymus chez le fœtus et chez l'enfant. . . . . Cowses (R.). . . . Voir BRISSEMORET. Coure (C.) . . . . Voir NicoLe. Courix (Henri) . . Sur l'orientation des faisceaux dans les folioles involucrales delANTICOANE AMENER Re RE lt CC Re Covne et Cavarté. Note préliminaire sur l'appareil érectile de la queue du commet iniémieurcenez LOMME EC nn 399 623 112 489 118 742 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Daniou (Em.). . . Voir BOURQUELOT. Darter (A.). . . . Note sur le myxome et l’éléphantiasis : = DassonviLce (Charles et Gaston). Le pétrole n’exercerait-il pas une influence attractive sur les Moustiques et sur d'autres Mipiénesss . DAUNAY RE SPC VOIRE AR) DEBEYRE (A.) . Voir LAGUESSE. DeLezenne (C.) . . Activation du suc pancréatique par les sels de calcium. RUE Sur le rôle des sels dans l'activation du suc pancréatique. Spéeiticité AU Calc MEME EE ENNEE — Réponse à M. Henri (Victor). . . . . AT D — Action des sels de calcium sur le suc pancréatique préala- brement dialysé 1 eM EEE — Sur l'activation du suc pancréatique par les sels de cal- cium. Action antagoniste des sels de potassium. . . . . Dévé (F.). . . . . L'éosinophilie locale des kystes hydatiques. . . : -: 55 — La prolifération vésiculaire exogène dans l’échinococcose D TN M ES Li dou © © © = Échinococcose multiloculaire du bœuf et échinococcose alvéolaire humaine (bavaro-tyrolienne). . . . . . . . . Échinococcose des ganglions lymphatiques chez un mouton. DorrerR (Ch) OPrécipitinesispéciiquestdans ileNSÉTumeeEERER — Voir Vincent (H.). ’ Dor (L.), MAISONNAVE (J.) et Mowzrocs (R.). Ralentissement expérimental de la croissance par l’opothérapie orchitique. . . . . . . . . Doyon, More (A.) et Karerr (N.). Action de l’adrénaline sur le glycogène hépa- si tique et sur le sucre dussang. AO — Incoagulabilité du sang et disparition du fibrinogène con- sécutives à l'oblitération des artères du foie . . . . . . Doyon et PETITIEAN. Mae concernant le rôle de l'épiploon . . . . . dé Dugois (Ch.) . . . De l'action de la glycérine sur les fonctions du foie. . . . Dusreuiz (G.). . . Voir RENAUT. Duguisson . . . . Formation du vitellus dans l'œuf des mortes dt des Ba- HHABIENS 3 oo 0 où 0% SO EE D do 0 — Dégénérescence des ovules chez le Moineau, la Poule et le Pigeon. 0 SRE NE — Dégénérescence des ovules chez les Reptiles. . . : . : : — Sur les débuts de la NU dans les ovules de Batraciens: 1.162060 UNE EN eREeReE se Duccoux (E.). . . Sur une coccidiose intestinale du bœut en Tunisie — Sur une piroplasmose bacilliforme du bœuf en Tunisie. . Ecor (4.). . . . . Note sur le Physopus rubrocincta Giard, insecte nuisible du Cacaoyer) a la Guadeloupe." MON TABLE PAR NOMS D'AUTEURS . 143 Le Pages, F Face (Louis) . . . Les organes SAS Tee des retiens et la maturité - ; SENS RER RE SEE EE 452 FAURÉ- -FRÉMIET (Emmanuel). Sur une variation expérimentale de la Vorticella TRÉC OS LOI NC NS INR Ir REA ER DE e 1i 0 424 — La structure intime du protoplasma chez les protozoaires. - 612 — . Sur la structure du protoplasma chez les Protozoaires , . 697 A — La théorie sphérulaire et la structure du noyau. . . , . . 6y9 ÉRÉ (Ch.) . , . - Note sur le bâillement . . . . . AA EM A AE 11 — Douleurietifatiene 0 Lt RNA MT RE LUE 12 — Nouvelles expériences sur 'iqenes du bouillon sur le DTAM ATLAS Re a SITE RARE SR 233 — Contribution à la psychologie des uen : mutations croisées pubérales. . . . . . . .. . . . . . : . . .. 235 ie > Quelques illusions de repos dans le travail ergographique. 285. — Note sur la valeur mécanique de la représentation mentale | À du mouvement et la représentation du poids. . . . . . 281 — Note sur la durée de l'éducabilité . . . . . . . . RON UN O0 — Deuxième note sur l'influence de l'orientation sur l'activité (Observations sur l’obscurité et sur le rythme) . ... . . 560 _— Le travail ergographique.dans la station . . . . . . . . . 604 . — _ L'influence de l'immobilité préalable sur le travail . 607 — L'économie de l'effort et le travail attrayant . . . . 2 PEVG O9 —- L'influence variable du ralentissement du rythme sur le ÉTAPE ER NAN RME RD PE le Mis Me Malte DV 670 A (Carlo). , : , La réaction du suc HUE étudiée par la méthode élec- : | tronc trique PA ea EUR ER RTE ee, 2 — La réaction du lait et de l'humeur es étudiée par la MÉTRDUeÉlECITOMÉMIQUE MEN CR 2 51 = Quelques corrections à mes notes D Enentes sur la réac- tion des liquides de l'organisme, étudiée _ la méthode . ÉleCIPOE TIQUE PR Me eme eee Leeuitel Letlle ie 185. Foa (Carlo) et Garin-Gruzewska (Mme Z.). Influence de la piqûre diabétique : SUD IA TÉACHOMIUL SBN Ge a à. SN vaiter nee (eee à 144% | — Action de l'adrénaline pure sur la réaction du SEC D ARUES Fo (C.).. . . . . Voir AMBaro. BRANGA (C.). . . . Voir BETTENCOURT. Pnancois-Fraxcx . Biographie du professeur E. J. Marey. . . . . . . . . . 2 (| 4 — Réponse à la lettre de rectification de M. Onimus. . . . . 546 (9). Voir SACQUÉPÉE. ROIN (G.) . . . . De la cytolyse dans les séreuses humaines pathologiques. 54 : — Évolution générale des actes hématolytiques . . . . . . . 685 ROIN (G.) et Ramoxo (Louis). Évolution des réactions cellulaires et séro- fibrineuses au cours de la pleuro- “tuberculose dite primi- OVER MS PSE Me PANNES RE Le ee neue 391 — Évolution des réactions cellulaires et séro-fibrineuses dans le liquide céphalo-rachidien, retiré par ponction lombaire des méningites tuberculeuses . , . . . . . . . . . . . 417 » — Virulence et toxicité comparées .des liquides pleural et C<éphalo-rachidien tuberculeux . . . . . . . . . . . . . 094 744 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Froumx (Albert). . Sur la présence et l’origine d'acides organiques dans le suc cas(riqUe UT PR Ur re RP eos 0 GaïLLARD (L.) . . Voir ACharp. GALAVIELLLE. . . . Voir RODEr. GARNIER (M.) . . . Voir RoGer. . — Voir PoLicarp. | - GaRRELON (L.) et LanGLois (J.-P.). Ventilation et échanges respiratoires, pendant | la polypnée . . . . . ls QUEUE FAURE RARE 124 — Polypnée thermique et pneumogastrique . . . . . . . pre _ Polypnée à type périodique . . . See _ Les gaz du sang dans la polypnée nn EU GarriGuE (L.). . . Mécanisme de l'action des formiates. : : : . . . . . — Preuves de la forme globuleuse de l’hématie . . . GarIN-GrRuzEwsKkA (Mme). Voir Foa. | 5e GaurReLer (Jean) et GRAvELLAT (Henri). De l'élimination de l’urée chez le lapin _ normal sous l'influence des Po. sous-cutanées de blen de méthylène. . . . . Se me .. De l'élimination de l’urée chez 1 bre en état does sous l'influence des injections sous- “cutanées de bleu de | méthylène. se NUE Sale te LME + #0 ECTS GAUTRELET (Jean) et SOULÉ (Éd.). L’oxygène et l'acide carbonique eue sous l'influence des injections d'eau. ; . . . . . . . . . GauTReLET (J.). . . Voir BLAREz. É GEeuELL1 (F.-A.). . Contribution à l'étude de la structure des plaques motrices nn. : HRRMERENE chez lestmepliles PE CREME SRE 2 00 MS UT GrarD (A.) . . . : Notices nécrologiques. si eee Gizserr (A.) et Co (UT .). Sur la teneur en bilirubine du Sérum sanguin dans la pneumonie + ep 5 ER CEENE ue — Sur la teneur en bilirubine du sérum sanguin dans Ja néphrite interstitielle. . . . . - te 10 TND Gieert |A.) et Jomrer (J.). Sur la présence de gros aus graisseux coalescents ne dans les capillaires sanguins du poumon normal . ! — Note sur les cellules à graisse et à poussières du GE. — Etude histologique générale de la graisse du poumon. Gizeert (A.) et Leresour.er (P.). Sur la teneur en bilirubine du sérum san- guin dans l’ictère simple du nouveau-né. . : . . GrrarD (J.) . . . . Voir VErcLon. ) ‘0 Goresou (C.) . . . Action de l’iodure de ee sur l'histogenèse des gra- % nulomes provoqués par l'inoculation de poudres inertes. k Gouin (André) et Anpouarp (P.). Lebilan azoté de la nutrition chez les bovidés. — La dépense de la croissance chez les bovidés. . . . , . . GouLpen (J.).. . . Voir Camus (L.). 5 GRAVELLAT (H.) . . Voir GAUTRELET (J.). GRéaanr (Nestor). Sur la rapidité de l'asphyxie par submersion. . . . . . GRIMBERT (L.) . . . Recherche des pigments biliaires dans l'urine. . . . . . . Gros (H.).. . . . Sur l'unité des hématozoaires du paludisme. . . . . . . . Guécuex (F.) . . . Nouveau cas de pseudo-parasitisme d'un Gordius dans le tube digestif de l'homme. . Man ere + SCENE TABLE PAR NOMS D'AUTEURS "74 Pages GUERBET. . ,.. . . Le bacille dysentérique dans une épidémie en Seine-Infé- k DIONEE Le be RE une a SE MS AMERIQUE 350 Guerser et Henry. Notes sur un bacille paratyphique . . . . . . . . . . . . 4718 . GUILHIERMOND (A.). L'appareil chromidial des Cyanophycées et sa division . . 639 | — Sur les grains de sécrétion des Cyanophycées. . . . 641 . Guizcoz (Ta.). . . Le champ dans l'observation microscopique déduit dan nu- méros dioptriques de l'objectif et de l’oculaire . . . . . 490 — Procédé pour atténuer ou éliminer les reflets des surfaces dans l’observation et la photographie endoscopiques . . 492 GUTRRIE. 0 +4 : Voir CARREL. H Hacaer-SouPet (P.). Un nouveau procédé expérimental en psychologie zoolo- DIU RU MEN IAE CRUE MEME CUT ES a 62 TRUE QUE Le 103 Hägrum (Maurice D’). Les étapes de la:mort ::: + : 22140404, à. 310 HarawG (P., . . . Emploi de la tréhalase dans la recherche et le dosage du tréhalosetchezNesSINÉ2ÉtauUxE M MMM, EURE 550 Hausaazter (P.) et Corin (R.). Modifications structurales de cellules pyrami- dales de l'écorce rolandique dans un cas de paraplégie spasmodique congénitale chez un enfant de trois mois RÉRANCETNE. RAM PRET ARTE ARRETE RENE en nr 223 HAUTEFEUILLE . . . Voir BRAILLON. HAvAT 2... minor NICOLÉE- He (Je) "Voir Roux-(J- Cr): en Victor)" MPrésentationtdiun livres A EMA PU SEE UT 448 — Note se rattachant à la communication de M. Delezenne sur faction tdusucipancréatique OMAN PE UC CE 480 Hexri (Victor) et LaRGureR DES BanceLs (J.). Influence des électrolytes sur l'ac- tion mutuelle des colloïdes de même signe électrique . . 132 MPHENRY. - . ". - : Voir GUERBET. Hspp (Maurice) . . Nouveau procédé d'isolement gastrique pour l'obtention et l'étude de la sécrétion gastrique pure du porc. . . . . . 662 Hérissey (H.). . . Sur la « prulaurasine », glucoside cyanhydrique cristallisé , UN de Mrétire dessiemlles 0e-ldurier-cerise 0.4.4 Ce 574 HerscHER (M.). . . Voir GILBERT. Hocne (L] . . . . Sur l'existence de territoires distincts dans le domaine de MEME DONLEMREDALIQUE SC REC AC CC CU 717 - — Voir Simon. HowanD L.-0.) . . A l'occasion de la communication de M. Capitan SR OR EPA NI Huer. . : . .: . . Voir ARMAND-DELILLE. Humeenr et Bazzer. Essai d'abouchement direct du canal déférent avec le testi- Ve NÉ cule pour remédier à la stérilité consécutive à à lépididy- mite Re MAS 0 GR EN En rs PRE ei eg ee | IRIMESCU (S.). -.. Action comparée des paratuberculines . . . : . . . . . . 38b Iscovesco (Henri). Pancréas et catalase hépatique. . . . . . . . . . . . . . 44 — Andeurcolloidal eticatalaso es MR niche 45 — ,. . De la précipitabilité de certains ES instables par l'eau GE Cf PR M M NET PRE Et ONU. D à Ur 209 ? ide SE 746 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages À Iscovesco (Henri). Colloïdes stables, oxygène RSA et formation de mem- 4 *brônes. | 4.604 01 0 MINOURRS PA CRÉES 211. — ., _ Action de l’eau oxygénée sur l’ovalbumine . . . . . . PORENE = Sur le pouvoir réducteur des tissus. . . . . . . , , . . . 253 ‘J ° 2 LA , “ * LA 4 JAGQUES. . . - . “ben cas d’ectopie moe 184 REZ ER TER CNE ! James (L.) et MA en (H.). Sur la spécificité des hôtes des Gestodes NES "40408 JOLIE) Ce A propos de la communication de M. L: Garrigue. . . . . 325. — Remarque à l'occasion de la communication de M. Montoya yaRlores/ftaite parsM Marc an PEER 330 — - Rapport sur le prix de la fondation Laborde, en 1903. , . 23 Jozey (J. ) et Sri (J,). Sur les modifications histologiques du ne après les 5 hémorragies, #60 et CRC RENE ‘ «1500102070 JomiEr (J.). , . , . Voir GILBERT. JOSDEO) ANNE La pression artérielle chez le lapin à la suite d’ injections i répétées d’adrénaline dans les veines. . . : . .. 319224 Jouxaun (L.). . . . Procédés pour évaluer la fixation suffisante du de L humain dans les solutions aqueuses du sublimé . . . : 410 Le Variations du titre des solutions aqueuses de sublimé em- ployées pour fixer le sang dans les états pathologiques. 525 — Action des solutions aqueuses de sublimé sur le sang. . .” Ba K KAREFF (N.). . . . Voir Dovyon. Kuouri (Joseph). . Valeur diagnostique de l’hyperleucocytose polyaucl‘aire du . sang dans les ahcès du foie des pays chauds . . , . . , 302 L Lampé (D.), :, . . Stérilisation de l'air per l'ozone. . . , CRTC Lacar-(Ion. G.). . Sur la résistance du nucléole neuronique (intra vitam el DOS URONLEN) NOM RER UNE “+ + - 00 — Sur.la célébration inconsciente NN CONNUE — Pénétrations de substance chromatophile dans le noyau de .. Ë ° la cellule nerveuse SR Re 20 pre 682 =. LAFFORGUE, . . . . Seplicémie pneumococcique et MetenRe chez ls : 4 ENT OS Ne Toma IN OO Ceoo D © : 114 — Sur les agents pathogènes de . méningite cérébro- nn. 199 LAGRIFFoUL . . . . Voir Roper. Laouesse (E.) . . . [lots de Langerhans et sécrétion interne . . . . . 7. 1.007360 Laçuesse (L.) et Desevre (A.). Grains de CI. Bernard et trypsinogène . . . . 1630 À LauBerr (M.) . . . Rôle favorable de l’urée ajoutée aux liquides de circulation LT artificiellefdu cœur dela grenouille." “0 NEO dé. — Appareil pour l'étude du cœur isolé. . . . . . . . : 2 200 Lany (Henri) et Maven (André). Expériences sur la sélection rénale. Sélection négative du chlorure de sodium. Sélection positive du BTUCOSEN A NU MARNE NERO O2 LanGLors (J.-P) , , Voir GARRELON. : nee TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 141 Pages. Lapicque (Louis). . Ethnogénie des Dravidiens. Conclusion : Prédravidien de : type nègre et protodravidien de type blanc. . . : . . . 123 — Observation à propos de la communication de M. Weiss. 128 TANT (M. ct Mme L.). Sur la loi d’excitation électrique en fonction de la dûrée utile des décharges des condensateurs . . . . . . 63 FES pes BanceLs. Activation du suc pancréatique-pur sous l'influence : combinée des colloïdes et des électrolytes . . . . . . . 130 — Voir HENRI. É s LauRENT (J.). . . . Observations au Set des recherches de G. Klebs et de NBTRRINEREI EeSe NS AUR t ME UME ne ee 558 MAVERAND. 0: 22: A propos de la note de MM. Brumpt (E.) et Wurtz sur le trai- ‘tement de la maladie du sommeil expérimentale par l'acide arsénieux etle Trypanroth : . . . . : . . . . 16 — Contribution à l'étude des pianues hémogrégarines des : GTBNOUILIES RE EE SE nee eee eme peine 172 — Sur une hémogrégarine de Varanus nilolicus. . . . . . . 175 — Sur une hémamibe de Testudo pardalis, . , . . . Rte T0 - — Sensibilité des gerboises aux trypanosomiases. . , . . ... 250 : — £ A propos de la communication de MM. Ed. et Et. Sergent. 253 — Réponse a /MABEUMPEET. CE ete db. Mr ee Ur O1 — À propos de la communication de M. Montoya y Flores. . 331 — Malädie du sommeil et mouches tsétsé au Congo français. 332 — Discussion à propos de la communication de M. Netter ... 439 — Remarque à propos de la communication de M.H. Vincent. 634 LAvALLÉE (A.). Voir CAULLERY. | LegaiLLy (C.).. . . . Sur des hématozouires nouveaux parasites de la barbue (Bothus rhombus L). . . . . . . .. D MR RENE 304 -LécaizLon (A). . . , Sur l’origine de l'habitude qu'ont les femelles de cer- taines Araignées de porter leur cocon ovigère avec leurs RÉCENT ENT NE rt ONE TI EL D ee 33 = Sur l'origine de l'habitude qu'ont les oraaete de porter leur cocon ovigère attaché aux filières . . . . ... . . « 136 — Sur l'influence de l'alimentation dans l’ovogenèse des Arai- É NE ENT Oe VAr a ef ne On TO ME 0 ONE Re Lecenpre (R).. . . De la nature pathologique des canalicules de Holmgren desfcelnies nervensess. 200. sl Men CNT 0 As : 687 LenogLe (E.) et AusiNEAU (E.). Une variété nouvelle de myoclonie nie $ pouvant être héréditaire et familiale, à nystagmus cons- tant (nystagmus-MyOCIOonie) LE UE Un. Le, 645 Léorozo-Lévi. . . A propos du syndrome myotonique.. . . . , . . . . .. 53 Lépine (R.) et Bouzur. Sur l'existence d'oxyde de carbone dans le sang des , ÉDÉDTANE RTS A NT ET no Re ele RRA et — Influence de la macération de pancréas sur la glycémie et sur le pouvoir glycolytique du sang . . . . . . . ... OUtE0 Lergsouzet (P.) . Voir GILBERT. , MBVADIFT Ja e Sur la coloration du Spirochæle pallida Schaudinn dans À TES POMPES Mae te ce ve, 326 — L'histologie pathologique de l'hérédo- -syphilis dans ses rapports avec le Spirochæle pallida Schaudinn. . . . . . 342 * Levaorri et ManovéLraAx. Histologie pathologique des accidents syphiliques pri- maires et secondaires chez l'homme, dans ses rapports avec le Spirochæle pallida, , , ., 6e) diva . ° b27 748 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LEVADITI et ManouéLran. Histologie pathologique du chancre syphilitique du singe, dans ses rapports avec le Spirochæle pallida. Levaprri et SALmON (Paul). Localisatiors du spirochète dans un cas de syphilis : héréditaires "9 4 tn EE AN ER MEURT Levaorni et SauvAGE. Sur un cas de syphilis héréditaire tardive, avec présente du Spirochæte pallida dans les viscères. . . : . . . . . ; LEVEN (G.) et Barret (G.). Ulcère de l'estomac et PRRAREN au bismuth, cri- tique radios COpIQUuE Le NN ORNE NERO Live (Maria von). L'assimilation de l'acide carbonique par les chrysalides de Lépidepteres 106% 00e RENE EEE — Comparaison entre les phénomènes d’assimilation du car- | bone chez les chrysalides et chez les végétaux . . . . . — - - L'augmentation de poids des Rs n’est pas due à LaDSOLp OL d'Eau AAA EEE ER EUR NES Dar Linossier (G.): : . Remarques sur la toxicité des us. A propos de la note : ide MC PÉGISEE "1 SE EVEREST PE Lisce (Justin pe) . Nouvelles recherches sur le microbe de la syphilis . . . . Livon (Ch.): . . . Note de technique pour la pression sanguine. . . . . #. Loisez (Gustave). Expériences sur la toxicité «les œufs de Canards. . . . . . — + : - Toxicité -des-œufs de. Poule et de Tortüe. : : — Croissance de cobayes normaux ou soumis à l’action du sel marin ou du sperme de cobaye. : . . . . . . . . . — - - Toxicité du liquide sémi ral de cobaye, de chien et de tortue. —_ |. Considérations générales sur la toxicité des Frog SET TAUX 0/27 ME NN AN AE ELA REP EN AN RES — Recherches des graisses et des lécithines dans ee testi- cules de cobayes en EVOlUIONN VPE E = Les substances grasses dans les sisness génitales d’oursin AUS Jentactivité sexuelle ES MASSE EN EEE — : . . . Contribution à l'étude de l'Hybridité. OEufs de Canards : s domestiques et de Canards hybrides. : . : . . . . . : ve Lucien (M.) .. .-.-Voir Coëuin (R.). FE MarsonnAve (J.) . Voir Dor (L.). MauriraNo (G.) et Srrana (F.). Évaluation du pouvoir protéolytique des bacté- oi ridies dû CharbONA MAIN AMENER UE RSS RER FE — __ Des influences qui peuvent faire varier le pouvoir protéoly- - tique des liquides en coutact avec des bactéridies du — - Des variations dans l'activité protéolÿtique de bacténidies Dee VTe - : avec l’âge dés cUlTuUrESN Lo TE M AR REC NC — Influence de l’aération des c:.ltures sur le pouvoir-protéo- cu lytique des bactéridies charbonneuses . : . + + : + +. Es MABLET.- . . . . .- Voir BILLARD: Manvocz (H.). . . Voir JAmMESs. Manovécian.- . .« . Voir Levapiri. Mancaxo . . . . . Sur le microbe du paludisme de M. Monloya y Flores . . = Recherches sur l'histologie pathologique des polypes mu- . queux du méat moyen des fosses nasales. . . . . . . . TABLE PAR NOMS D'AUTEURS 749 . Pages. Pre ) et Simon (P. A ). La transmission héréditaire du virus de la £ fièvre jaune chez le S{egomya fasciala . . . . . . . . . 259 Mare (A.) : . . . Préservalion du chien contre la rage par les mélanges de virus fixe et de sérum-antirabique. . . . . . . . . . . NC Marrucaot et Rimonp. Un type nouveau de champignon eos ne chez ENT DL traite Me ei AS OR Ce 51 O1É MaureL-(E.). : : . Mouvements fébriles nocturnes méconnus. . . . . . . . . 41 — - Températures sous- NS RE et rupleise chez les nouveau- L'INES CNUDPNNE OL ER Er SEE OR EN Rte a nn VE 92 — Températures sous vestiales et cubilialLs chez les préma- CUDÉSPNERENNES MNT Ne ee Fr Déc roles 183 Mayer (A:): . . . Voir Lamy. MESNIL G }et Doi (M.). Sur le développement des ovules et des larves - ciliées d’un Orthonectide ‘hermaphrodite Pa ner 3 : Senéeir Caul ebMeSn:) Mer RE EME TU 428 — Comparaison des cycles évolutifs des Orthonectides et fee RC PEN DIE VE MIE SR SE ENQUETE SENRR LU Are ire PURE MES EME 431 MoxzioLs (R.). . . Voir Dor (L.). CAE ; More (A.). : . . Voir DoYon. Mornac (G.) . .: . Voir BiLLanp. : Müussu (G.), . :!. Culturés dé tubéreulose fn bio. ? 1.7 2, 0. 409 HIS 21 - Cultures de tuberculose ?n vivo chez des animaux sains. . 463 = Muron {P.). . . . Évolution de la corticale surrénale ti cobaye avec l’âge de : LENUMAL EAU AMEN NME MEME a ST TR 331 a Sur la couche DS rminatise a la corticale des surrénales chez le.cobaye. À propos d'une note de MM. Bernard et DIR AR 2. DANSE EME SE TE OT CRE RRQ ER OS EEE Am 592 MURÂTET. … … … . . Voir SABRAZÈS.. Nagias (B. px). , . Méthode de coloration au chlorure d’or. Action réductrice OP TerE Tel de ACIdES TASSE UE PE MEN EC AN 151 — Les anilines substituées et les composés phénoliques comme agents de virage de l'or dans lex tissus . . . . . 152 NaAGgOTTE (J.). . . Malformation h‘térotopique partielle du cervelet en forme Nha de tumeur rachidienne cervico-dorsale . . . . . TRS MORT ES — Voir BABINSKI. | NArran-LarRier (L.) et BriNpeau. Conditions histologiques du placenta dans LHÉTÉLO-CONLASION ET, 6,000 RER PIE RAA RTE AE 468 NATTAN-LARRIER (L.) et Risaprau-Dumas. Activité Hate des cellules rénales ALÉAITONMalelpAtRUlOsiquenN. 00. LME NELUS 109 DRE , e AREDONEE LM EAVErANR UNE) ER ROUES, 440 — Réponse à la communication de MM. E. Sacquépée et PICRON EE ant 2 0 ann et AMP UM aie tait 600 —= A propos de la deuxième communication de MM. E. Sac- quépéeiel PA 0neVrel CN PRE RENAN SN TON 602 Nerrer (Arnold; et Ripapeau-Dumas. Note préliminaire sur un certain nombre d'infections paratyphoïdiques (29) observées à Paris et dans des localités très diverses. Résultats de la séroréaction . 373 750 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nerrer (Arnold) et Risaprau-Dumas. Détails sur l’agglutination dans trente-sept cas de typhoïdes et paratyphoïdes . . . . SN MERE — Nouveaux cas d'infections paratyphoïdes (14). Présence constante du même type de bacilles chez tous les membres de la même famille atteints de l’une de ces infections. . —. Intervention fréquente du bacille paratyphique A de Brion et Kayser dans l'étiologie des ictères fébriles - . . . . . — Troisième série d'infections paratyphoïdiques (11 cas nou- 2h veaux) ineeue u me AO ANR MERE — Remarques sur la date d'apparition de non et sur la persistance plusieurs années après l'infection. Nou- veaux cas d’ictère dus à des infections paratyphoïdes , . _— Quatrième série d'infections paratyphoïdes (23 cas nou- VAUX) AN So At aaoume, Dani te ee 080 DEN) NES — Apparition des conémafions spécifiques et des aggluti- | nations de famille au cours des affections typhoïdes et DALAYPROIMES NES ENE É Oo e ce: o -Neveu-LemaIRE . . Sur un nouvel acanthocéphale (Echinorhynchus Orestiæ nov. sp.) parasite des poissons dn genre Orestias . . = . Sur un nouveau Moustique appartenant à la sous- -famille des Anophelinæ (Nyssorynchus Bozasi nov. sp.). . . . . NicoLas (J.) et Bonxamour (S.). Karyokinèse dans la surrénale du lapin rabique.… NIcOLLE (C.). . . . Le sérodiagnostic de la fièvre méditerranéenne. . . . . . — . Spécificité de la séroréaction dans la fièvre méditerra- - néennenin era ANNE Ts DR CE NN Ro = * Nicozce (C.) et Come (C.). Sur une nouvelle spirillose. . . . . . . . . . Nicoze (C.) et HAvAT. Application du sérodiagnostic à l'étude de la fièvre | méditerranéennetentiunisie PNEU RES NoBÉCOURT et PAISSEAU (G.). Lésions de l’intestin, du foie et des reins provo- quées chez le lapin par le séléniate de soude en inges- tionisastrique SÉNN rmeSER EPS PRET EE Nourt (Osman) . . Absorption du bacille tuberculeux par la peau fraîchement TA SCO Re PRE ele te einen DD Ca. O10: 0 O Opvo et Acuarp. . Sur la tension artérielle chez les convalescents . . . . . 719 RS ONIMUSS 1 Ce Lettre au secrétaire général, au sujet du Mémoire de ; M. François-Franck sur la vie et les no de Marey. . 545 Pie 3 : e * 3 Le: Pacaur (Maurice\. Sur deux propriétés diastasiques de la salive de PEscargot (Helic pomatio LA) NERO pe AE LE Lu € 29 — Voir ViGter (P.). : 34 PAGnez (Ph.). . . Voir Camus (J.). É £ PAISSEAU (G.). . . Voir NoBécOouRT, Ÿ | ÿ; PAPIÉLAUT EN Voir Caprran. Pernet (Aug.-H.) . Recherches des poisons pruritants dans les végétaux. . . -602 TABLE PAR NOMS D AUTEURS Perir (Henri). . . Variations de la pression artérielle et du nombre des pul- sations dans les marches en plaine et en montagne . PETITJEAN. .-. . . Voir: Doxon. PETREsCO (Z.). . . Imprégnation au nitrate d’argent des Spirochæte dans les COUDES ARRETE LS RE QE LR PEN AT Parzocme (M1!e Ch.). Etude de l’hydrolyse du glycogène par l’amylase du malt. Le Comparaison de l’action de l’amylase et du suc pancréa- tique sur le glycogène de l’amidon . . . . . . . . ES Paisauix (C.) . . . Sur la présence du venin dans les œufs de vipère . . . . . — Sur le changement de coloration des. larves de Phyllo- 1 ROLE TENTE NOR M Te ; PoLrcaxD (A.). . . Sur les formations mitochondriales du rein des ere. — Sur la striation basale des cellules du canalicule contourné duxrein des Mammilérese & A0 MMMNE" EVE Re Pages. PoztcarD (P.) et Garnier (Marcel). Altérations cadavériques des épithéliums RÉ AU NA ES IA EUR ANSE CES CNRS PRENANT (A.) et Anronrou (A.). Observalions comparatives sur les modifica- tions produites dans les cellules épithéliales du rein par les néphrotoxines et par d’autres liquides actifs. . . . . R Ramown (Félix) . . Propriétés biologiques du bacille-fourmi . . . . . . . . . Ramon (L.) . . . Voir FRoIn. R'AMOND HE NME Voir MATRUCHOT. RécauIer (D.) et TrIBONDEAU (L.). À propos de l’action des rayons X sur l'os- ÉéOTeneSCR NT ml ALT Enorme au REMLINGER (P.) , . Un cas de rage consécutif à une morsure de souris. . — Absorption du virus rabique par la peau fraîchement SCO Le Code pe CAR RME RS OMS EEE — Contribution à l'élude du mélange de sérum antirabique CATOMVIEUS EX D Se ee ME IN nr = Sur la destruction du virus rabique dans la cavité périlo- INCEND e Q ECÉC ELE SEEN CNE TT Ce ON LE RexaurT (J.) et Dusreuiz (C.). Sur la cloison, ou strie sarcoplasmique ordonna- trice transversale de la substance contractile des muscles SOLE SR RAP TE Re Eire a allant Cle verte RÉwon (L.) et Tixrer (Léon). Anémie pernicieuse traitée par la radiothérapie. Accentuation très marquée de la réaction ne du BAD DT ue Mr TS TRS ne PART EN EED 2IVe A RerTERER (Ed.) . . Du développement et de la structure des raphésdes Me DÉMO AUDITIITESE RPM Re ci eee ee de ee — Technique et structure de l'os des Mammifères . . . . , . — Du tissu osseux des Poissons téléostéens , . . . . . . .. — Des fibro-cartilages inter-articulaires du genou de quelques SinseNede ECUTEULE EE Me MER ete Den enr — D'ERRGADEUIESAONSEUSOS TE MINE ENT EE RT NEEPN APEMREMANTERS REeY-Paicnane (J. de). Caractère chimique distinctif entre la sérumalbumine et la myoalbumine. Une loi générale du mécanisme 218 232 189 Ha? SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pages. RisADnEAu-Dumas. . Voir NETTER. — Voir NATTAN-LARRIER. RiBAnEeAU-Dumas. . Voir Risr. Rieux et aan Action des sensibilisatrices typhiques et baratr dites sur les bacilles Correspondants CERN EE 532 — Agglutination et coagglutination des bacilles paratyphique : etityphiquess 9 NI LE PAIE IERAL EOEPRNERE D36 —: Valeur de la saturation dans le diagnostic des aggluti- nines typhiques et paratyphiques. . . , . . . . EI RME — Saturation des agglutinines paratyphiques : . . . . . . . 655 Risr (E.) et RiBapeau-Dumas (L.). Réactions du tissu lymphoïde au cours de l'hémelyse:-aienés ous ANR POESIE 135 RIVAN SI EMA Note sur la présence de mucinase dans les matières LÉCAIES US OF MATE AP ETAT Fe nèTe de es -111 Rover (A.) et GALAVIELLE. Sur le pouvoir pathogène de certains bacilles acido= : résistants. Essais de modifications par les passages dans lorganisme:animal.i11 ES I URI 552 Roper (A.) et Lacrirrouz. Sérums antityphiques; leurs propriétés es à l'égard de l'infection expérimentale. 261 — Sérums antityphiques; leur propriété favorisante, antago- niste de la propriété DrépeItés possibilité d'y remé- Mel US 2 here PAUL NS PORN NS RE 270 — Sérum antityphique. Pouvoir antiinfectieux et pouvoir bac- TÉDICIAe EE ee 2 Ne ER RE 273 — Quelques faits relatifs à la virulence du bacille d'Eberth. Lu | Exsudats de passages et bacilles de passages . . . . . . 555 — Influence de certaines conditions de milieu sur le pouvoir infectant des cultures du bacille d’Eberth, notamment des bacilles de passages APE 643 RopriGuez (D.) . . De l'emploi de la pomme de terre violette comme milieu ; de cuure is Re neue Ne nantes RE LOTIR 56 RoGer (H.) . . . . Note sur les mouvements intestinaux à l’état normal.. . . 311 — Les mouvements de l’intestin dans l’occlusion expérimen- ae PART A ER ER AN ete Go oo .. 348 = 0, Lacoagulationdela mucines 0 423 Rocer (H.) et Garnier (M.). Première note sur la toxicité du contenu intes- ! DE SE ANNE RAR OR CAN EST EEE SE PR 388 — Influence du régime lacté sur la toxicité du contenu in- téstinalh ee TEEN ER pe ES D lo oc . 674, 611 RoGer (J.) . . . . Un cas de contagion par cohabitation du Surra Nord- . Africain du chien... ............. Ro nerfs cutanée rs chez le chat à la suite de la sec- : tion des racines postérieures correspondantes. . . . . . 133 SA | ° SABRAZÈS (J.) et Murarer (L.). Fréquence des Trypanosomes chez Mus rattus. Rareté chez Mus decumanus et chez Mus musculus. Résis- tance du decumanus et du rat blanc à l'infestation natu- | 1 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS SAcQUÉPÉE (E.) et CHEVREL (F.). Action des bacilles typhiques, paratyphiques et du colibacille sur quelques sels métalliques . . . . . — Vaccinations actives croisées des bacilles typhique et para- EYDRIQUE SRE PETER ES AUS MATE CT Le — Pouvoir pathogène des bacilles Dom ses un inges- OR Eee TR Re es UN cou nero NM Re SacquéPéE (E.) et Fuas (S.). Note sur la pathogénie de l’ictère catarrhal. Rôle des bacilles typhiques, paratyphiques et du coli-bacille . SACQUÉPÉE . . . . Voir Rieux. SAPMON (Paul) HR tDébursdussyphHlonre tneliale#t Av US EN SAT MA ANT. SALomon (P.). . .. Voir LEvaADImI. SAUVAGE. .. . 4. Voir LEevanirI. SELLIER (J,). . . . Action antiproléolytique du sérum sanguin des animaux inférieurs (poissons et quelques lypes d’invertébrés). SEILLIÈRE (Gaston). Sur la présence de la xylanase chez différents Mollusques GESÉTOPOdES DE MANTIMIR SITE A RNNREENT NN EN. Er SERGENT (Edmond et Etienne). Sur les corps en anneau et en deui-lune du sansides paludéenste, 4 A7 -nan ANRT APE SerGentr (Edmond) et SerGEnt (Et.). Anopheles algeriensis et HU RUE convoienhilespaludiS METTM EMNTEN ANRT 87 SEVINa ER nos Sur l'action trypanolytique du sérum re rat . . . . . . . ‘Simon (L.-G.). . . De la formation in situ des polynucléaires éosinophiles de latmuqueusesntiestinelenp ere TE Simon (P.) et Hocue (L.). Les ganglions nerveux des racines postérieures appartiennent-ils au système du grand sympathique? Autopsie d’un cas de neurofibromatose. . . . . . . . . Simon (P.) et Sprzzuann (Louis). Analyse quantitative et qualitative du sang, au point de vue leucocytaire, dans deux cas de tubercu- : ; losepulmonaire es PE RE ME CE CE ee SIMOND fs 1 ut Voir MARCHOUXx. SLATINEANO (A.). . Recherches sur le sérum thyrotoxique . . . . . . . . . . — De l’endo-toxine du cocco-bacille de Pfeiffer . . . . . . . MOULE, aile a Voir GAUTRELET (J.) SOULIÉ (A.). . . . Voir ABeLous. Spiess (Camiile). . RE question du foie chez la sangsue médicinale: Rechers ches des sels et des pigments biliaires ... . . . . . . . SPILLMANN (L.). . . Voir Simon. STERN Mile L.), . , Voir BATTrELLr. CHAN) MERE Voir JoLLy. STRADA (F.). . . . Voir MALrITANO. SUNER (A. Pr x) . . Sur l’action antitoxique des sucs de rein contre l'inhibition glandulaire réna!e par le sang urémique . . . . . . . . T Tenniex (Eug.) . . Un procédé d'application de l'amylase à l'alimentation du DOUTE SORA Se Ne NT TON TA Mt mea tatin de les Le A TERROINE . . . . . Voir Brerrvy. Tumoux . . . . . Un cas de Pentastomum conslrictum observé au Sénégal. TixieR (L.). . . . Voir RÉNON. — Voir Viccaret (M.) 153 Pages 2714 396 754 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÿ MOUCHARD-1 RUE Voir ALQUIER. Tousan (G.).-. . . Voir ABELOUS. TriBoNDEAU (L.). . Voir RÉCAMIER. V VerLLox (V.) et Girarp (J.). Spirochæle pallida Schaudinn, dans la roséole Syphilitiquers 7 NE RRT TIME .. ViGier (P.) et Pacaur (M.). Sur la présence de cellules à ferment davs Îles glandes salivaires d’Helix pomatia . . . . . . . ViLARET (Maurice) et TixtEr (L.). Sur la nature de certains éléments Dane An CR RO TC liquide céphalo-rachidien pathologique ° Pages. 652 . 115 — Variabilité et dissociation des réactions cliniques, cytolo- giques, bactériologiques et anatomo-pathologiques dans certaines formes de méningites tuberculeuses Vincent (C.). . . . Voir BURNET. Vincent (H.). . . . Pathogénie de la fièvre bilieuse hémoglobinurique, son traitement par le chlorure de calcium. . . . . . . . Vincent (H.) et Doprer. Pouvoir antihémolysant in vitro du chlorure de calcium et des chlorures de quelques métaux appartenant à Ja MÉTMEN ANNE NME AR DER RPNEUUSS Fe Ce WEBER A AS) NAT orientation des ailes des MpouEyees ptér Yeoi les sie les Primates: 52e ets NEC TONREN SEP Wars (P.-Éwile) et Beausarp (E.). Leucolyse et réaction macrophagique dans un lymphome leucémique du chien traité par les rayons X. Werz (P.-Émile) et CLerc (A.). Un cas de leucémie myélogène chez le chien. . — Contribution à l’étude de la leucémie myéloïde du chien. . Weiss (G.) . . . . À propos de l'excitation électrique des nerfs et des muscles. 660 633. 635 126 WERTHEIMER (P.) .. Sur les modifications de la respiration produites par les : injections intraveineuses de soude chez les animaux à moelle cervicale sectionnée PANNES RCE WinTReBerT (P.). . Nouvelles recherches sur la sensibilité primitive des batra- Ciens MU TU NAN et RS PRE EEE DERNIERS 668 — Sur le développement de la contractilité musculaire dans les myotomes encore dépourvus de liaison nerveuse . TÉDEXE: US LAETITIA Re — Sur l'établissement des fonctions nerveuses cer les Uro- (AE RSR ER A Me Co © © _ Sur le développement de la moelle caudale chez les larves d'AMOUTES LE ATP er SE MES VAR ER Fute — Sur la métamorphose de Salamanitra maculosa dans les régions privées du système nerveux médullaire. . . . . — Sur l'ordre d'apparition des orteils et le premier dévelop- pement du membre postérieur chez les Anoures. . — Sur la régression de la queue en l'absence des centres médullaires chez Rand vindis ER NRENNPRRE 21: : (4 sr de la vie larvaire chez les Anoures, d'après les caractères : : morphologiques des membres POSTÉNEUTS MN ENG OD + MU. +0 NOT BRGMPE: S » 23 3 ) : - ‘% _ ZaANGGER . . . . . Hémolyse par des complexes de colloïdes. La saponine et EYE : % Fe RS lrnhuracholate de soude RME TE. Ce: Le (66e AS Le « 2 L À . = B g + Ê $ , ° 5 M Et E. SAR Ur | A = ES Ê . 4 & f e « st 1e F =. Er | à = 5 : i ti ‘3 wd 2 rs = à n + - . ; * g £ at = % - 5 j * Pr L ù _ % 4 _— T1 —————_—_— Ta É % Et % s 230 " 4 s F4 Ÿ : “HE D ‘# v? ; $ ‘ ‘44 e * Es : : : ÿ Æ R.: D: ; : 1 "1 * A . C3 à — 110 ) ' Lans € Ds » st À Nr s € Ré. à + He | AS ‘ "+ * 2: <È B10LOGIE. — TABLES. 54 ERRATA Séance du 8 juillet, p. 93, dans la colonne 350 à 3509, au lieu de : 11, lire : 15 et dans la colonne 370 à 3109, au lieu de : 61, Lire : 6; P. 125, à la fin de la ligne 25, ajouter : Indice Indice : nasal. céphalique. Ta DZ BEBE S 6 o ce 00 0 84 74 154 333 OMS MONET 68 12,1 169 Séance du 14 octobre, p. 290, ligne 17, au lieu de : dixième, lire : centième; ligne 20, au lieu de : gauche, lire : droite; î P. 300, ligne 23, au lieu de : et à un envahissement rétrograde des voies lympha- tiques intestinales, lire : des voies lymphatiques trachéo-bronchiques. Séance du 16 décembre, p. 660, ligne 13, après : soit cytologiques, ajouter : soit bactériologiques ; ligne 18-19, au lieu de : la nature d’une méningite tuberculeuse aiguë, lire : la nature tuberculeuse d'une méningite aiguë. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel. L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. L | e | : E.-J. MAREY MEMBRE DE L'INSTITUT ET DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE PROFESSEUR AU COLLÈGE DE FRANCE PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AY BIOGRAPHIE DÜ PROFESSEUR E.-J. MAREY ANCIEN PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PAR M. FRANÇOIS-FRANCK (Mémoire lu dans la séance du 17 juin 1905.) Marey (1), né à Beaune en 1830, fit toutes ses études au Collège de sa ville natale, subit à Dijon son baccalauréat en 1849 et vint à Paris à la fin de la même année. Son père voulait faire de lui un médecin praticien; Marey, que ses tendances portaient plutôt vers la physique et la mécanique, s’inclina devant la volonté paternelle et prit ses inscriptions à la Faculté de médecine de Paris, en 1850. Quatre ans après il était interne, et à l'hôpital Cochin, il entra dans le service de Beau dont il eut bientôt à combattre, au nom de la Physio- logie, les idées sur la mécanique du cœur. Dès 1857, il entreprenait des recherches expérimentales sur l’élasti- cité artérielle, sur le transport des ondes liquides et, en 1858, dotail la (1) Marey (Étienne-Jules), né à Beaune (Côte-d'Or), le 5 mars 1830, mort à Paris le 15 mai 1904, docteur en médecine (1859), professeur au Collège de France (1869), membre de l’Académie de médecine (1867), membre de l’ins- titut (Académie des sciences, 1878), directeur du Laboratoire de physiologie de l'École des Hautes Études (1871), directeur de la station physiologique du Parc des Princes (annexe du Collège de France, 1880), Directeur de l’Institut . international de Contrôle (1502), Commandeur de la Légion d'honneur (1900). Une biographie plus détaillée de Marey a été publiée par M. François-Franck dans sa Leçon d'ouverture au Collège de France (Paris, O. Doin, 1905). Biococi£. MÉMOIRES. — 1905, T,. LIX, 1 2 ù MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 3 physiologie et la médecine du sphygmographe qui le rendit rapidement. célèbre en France et à l'étranger. En 1859, sa thèse de doctorat sur la circulation du sang à l'état phy= siologique et dans les maladies résume ses recherches sur les lois méca= niques de la circulation, sur la contractilité vasculaire et sur la chaleur | animale et le classe d’emblée au rang des maîtres. L'année suivante, il entame, avec M. Chauveau, l'étude graphique de“ _la fonction du cœur, et les deux collaborateurs ne lardent pas à édifier la cardiographie physiologique, ce monument qui, comme on la ditM constitue la base la plus solide de nos connaissances sur la physiologie el | la pathologie de la mécanique cardiaque. Un livre original et d’une lecture attrayante sur la Physiologie mé= dicale de la circulation du sang établit définitivement la notoriété des Marey, en 1863, et fixe la science médicale sur les pos les plus con-. troversés de la fonction circulatoire. À Marey, après quelques tentatives, heureusement infructueuses, de con cours ou de pratique médicale, s'adonne exclusivement à la physiologie et fonde, en 1864, dans les combles de l’ancienne maison de Molière, SOnM premier laboratoire de physiologie. Il y poursuit quelques années avec ses amis de la première tou oi Lorain, Milne-Edwards (A.), Potain, Brouardel, Labbé, des recherches | sur les mouvements simples, sur l’action neuro-motrice des poisons,… sur l'électricité animale; il y aborde, avec Carlet, l'étude de Ia locomo-m tion, et, en 1867, se trouve appelé à à suppléer Flourens au Collège de France; il lui succède tout naturellement comme titulaire en 1869, à l’âge de trente-neuf ans, après avoir publié un ouvrage d’ensemble,M tout personnel, sur Le mouvement dans les Fonctions de la Vie (4). Trois ans plus tard, ayant activement poussé ses études sur la loco- motion humaine et quadrupède, sur le vol des oiseaux et des insectes, il publie, en 1872 (2), son livre de la HWachine animale qui contient, à" côté de l'exposé lumineux de ses travaux, l'énoncé si élevé de ses vues sur la doctrine du Transformisme. : 78 Cette infatigable activité se manifeste, de 1872 à 1878, par la publica-« tion de quatre volumes de travaux de Laboratoire et d’une œuvre magis=« trale sur la Méthode graphique dans les Sciences expérimentales (3), ouvrage qui résume toutes les applications de la méthode graphique= envisagée comme moyen d'exposition el comme procédé de recherche Quatre autres années ne se sont pas écoulées, que Marey publie, en (4) Le Mouvement dans les fonctions de la vie (cours du Collège de France), Paris, G. Baillière, 1868, (2) La machine animale. Biblioth. scientif. internationale. G. Baillière, panel 1872. (3) La méthode graphique. Paris, G. Masson, 1878. BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY 3 1881, un nouveau livre, une nouvelle œuvre de grande valeur, sur la Circulation du sang à l'état physiologique et dans les maladies. Ce n’est pas une seconde édition du livre de 1863, c’est un ouvrage d'ensemble, conçu sur un plan tout différent et dans lequel la critique tient une large place. À cette époque, apparaissent les premières études de Muybridge sur la photographie instantanée du mouvement et sont publiées les pre- mières images du cheval en action. Marey, avec son esprit si pénétrant, saisit sans retard l'immense porlée de celte forme nouvelle de la méthode graphique : il y voit le moyen assuré de contrôler les résul- tats de ses recherches poursuivies avec les appareils enregistreurs, sur les différents modes de locomotion et la certitude d’aborder nombre de problèmes qui forcément échappaient à la méthode graphi- que ordinaire. C'est par l'étude du vol des oiseaux qu’il commence, soumettant ainsi d'emblée la méthode photographique à l'épreuve la plus décisive, lui demandant de fixer les images successives de ces mouvements si rapides. Le succès répond à son attente, et après avoir condensé en un seul les appareils multiples de Muydbridge sous la forme du fusil à plaque mobile, il reprend ses études sur la locomotion humaine avec des appareils stables à plaque fixe avec éclairements discontinus, puis, en 1887, construit le premier cinématographe à pellicule mobile. Cette seconde période de la vie scientifique de Marey, celle dans laquelle les appareils enregistreurs ont été remplacés par les appareils photographiques, n’a pas été moins féconde que la première : non seu- lement le contrôle des résullats fournis par la méthode graphique a pu être réalisé, mais des faits nouveaux, de la plus grande importance ont été acquis; nous verrons bientôt la synthèse de ces deux séries de tra- vaux. Toutes ces études ne pouvaient être poursuivies dans les limites étroites de nos laboratoires ; il fallait de l’espace pour faire courir des chevaux et voler des oiseaux, pour étudier le travail de l’homme et des animaux. Grâce au concours de l'Etat et de la Ville de Paris, Marey obtint, en 1880, le laboratoire idéal, avec le grand espace et la lumière ; il fit construire la Station physiologique du Parc des Princes, où il trouva toutes les ressources désirables, Son ouvrage sur le vol des oiseaux, paru en 1890 (4), montre quel parti Marey a su tirer de son organisation nouvelle au point de vue de cette forme spéciale de locomotion, tandis que de nombreuses notes à l’Académie des sciences, des articles condensés dans nos grandes revues, exposent, de 14882 à 1890, le résullat de ses recherches sur la cinématique et la dynamique de la locomotion humaine ou quadrupède. (4) Le vol des Oiseaux. Paris, G: Masson, 1890. RCE MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— —_—_—— Toutes ces études sont résumées enfin dans un petit volume, nourri | de faits, présentant la synthèse du mouvement et publié en 1894 (1). La physiologie avait élé dotée par Marey de méthodes précises, mais dont la souplesse même impliquait la multiplicité des procédés, chacun " pouvant construire des appareils s’adaptant à ses propres recherches et. plus ou moins déviés des types primitifs; si bien qu’en peu d'années les physiologistes qui, tous cependant se servaient d’appareils enregis- … treurs, semblaient ne plus parler la même langue. Marey très préoccupé de cette diversité d'expression, pensant qu’il y avait nécessité d’unifor- miser les procédés et de les soumettre en quelque sorte à une commune mesure, poursuivit, avec une inlassable persévérance, pendant plusieurs années, la réalisation du contrôle des appareils enregistreurs en physio- logie. Son programme, soumis au Congrès international des physiolo- gistes, à Cambridge, en 1898, recut la chaude approbation des savants, … conquit le patronage de l'Association des Académies et fut sanctionné par un vote de la Chambre qui reconnut d'utilité publique, en 1902, . 1 l'Institut de Contrôle, baptisé Institut Marey au Congrès international. des physiologistes, à Turin, en 1901. < Un important bâliment put être construit au Parc des Princes, sur 4 le même terrain que la Station physiologique, grâce au concours de M l'État, de la Ville de Paris et de l'iniliative privée; Marey y organisa, M avec quelques collaborateurs dévoués à son œuvre, le contrôle des appa- reils enregistreurs et obtint d'importants résultats qui ont été réunis cette année même en un volume sur les Travaux de l'Institut Marey (2). La mort est venue interrompre, le 45 mai 1904, cette troisième période de l’évolution si brillante de Marey, après une longue et dou- loureuse maladie au cours de laquelle, sans se faire un instant illusion sur la gravité de son état, cet homme énergique et convaineu n’a pas cessé un instant de s'intéresser activement aux travaux de l’Institut qui porte son nom. Dans le monde entier, les travaux de Marey ont conquis les suffrages des savants : à l’étranger son nom symbolise la Physiologie française à l’égal de celui de Claude Bernard; en France, les traités de Physio- logie consacrent des chapitres ee à l'exposé des méthodes et des résultats dus à Marey, dont les recherches passent ainsi dans l'ensei-. gnement classique. . Cette notoriété a été d’autre part affirmée par les honneurs que lui ont. décernés les grandes académies dont il faisait partie : B présidence (1) Le Mouvement. Paris, Masson, 18 94. (2) Travaux de DR in de l'Institut Marey. Paris, Masson et ce, 1905. Re BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR EI. MAREY 9 _de l'Académie des sciences et celle de l'Académie de médecine (1900) ont attesté sa légitime renommée : la Société de Biologie, de‘son côté, ‘a tenu à honneur de lui attribuer la présidence quinquennale (1902). Marey s'est montré justement fier de ces hautes distinctions, et tout particulièrement sensible à la dernière qui le ramenait, comme prési- dent, au sein de cette Société jeune et active, à laquelle il appartenait depuis quarante ans comme membre titulaire. Une médaille commémorative de son Cinquantenaire, due au talent de notre collègue le professeur Paul Richer, lui fut remise par le ministre de l’Instruction publique, le 19 janvier 1902, au Collège de France, en présence de ses confrères, collègues, élèves et amis. ÿ L'avers reproduit le profil du maître avec cette inscription sugges- tive : Vivunt arte tua script vestigia motus. C'est, en effet, la caractéristique des travaux de Marey, d’avoir fixé, à l’aide des méthodes graphique et chrono-photographique, la trace écrite du mouvement. kr | Au revers, on voit Marey accoudé à une table de travail, entouré de ses instruments familiers et prenant au compas la mesure de quelque phénomène moteur, heureuse allégorie qui rappelle sa tendance à la représentation précise des actes de la machine vivante; le savant se détache sur un fond où courent des hommes et des chevaux, où volent des oiseaux, emblèmes de ses principaux travaux sur la locomotion. J’eus l'honneur d’être désigné pour apporter à Marey, dans cette céré- monie à la fois solennelle et familiale, le tribut de l'admiration de ses élèves et de notre chère Société de Biologie; je ne me doutais guère alors que, trois ans plus tard, la Société me confierait à nouveau la mis- sion de parler en son nom du maître aujourd’hui disparu auquel j'avais adressé son hommage en ce jour de fête du 19 janvier 1902, LES VUES GÉNÉRALES DE MAREY MAREY, HISTORIEN, PHILOSOPHE, MÉDECIN, HYGIÉNISTE, PASTORIEN, ARTISTE On connait surtout Marey comme un physiologiste mécanicien; c'est en effet l'impression qui se dégage de la lecture de son œuvre : ses grands travaux, poursuivis à l’aide de la méthode graphique sur la machine animale (circulation du sang, mouvement et locomotion), sont tous d'ordre mécanique. On le connait aussi comme physicien : son étude sur la résistance de 6 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'air, sur les ondes liquides, sur l’élasticité, sur les applications de la photographie à la physiologie, sont autant de chapitres importants de physique expérimentale. Mais Marey avait, en outre, une culture générale, bien rare chez les savants spécialisés, et dont témoignent les préfaces de ses ouvrages, qu'attestent également ses nombreuses conférences dans les congrès français et internationaux, ainsi que ses discours académiques. Ses lectures, ses réflexions en présence de la nature dont les spec- tacles l’'impressionnaient si fortement, son amour des beaux-arts, sa fréquentation d'hommes éminents dans les sciences et dans les lettres, avaient fait de Marey un homme des plus intéressants à écouter et à lire. Dans tous ses écrits apparait la connaissance approfondie de l'Histoire des sciences, des rapports que doivent affecter entre elles les sciences positives et naturelles : ce sont des pages du plus haut intérêt qui révè- lent l'esprit philosophique de Marey et sa vaste érudition. Il faut lire le chapitre du « Mouvement dans les fonctions de la wie » écrit en 1868, et dans lequel il a si largement exposé les phases de l’évolution des Sciences biologiques : on y retrouvera la qualité mai- tresse de Marey, la clarté, avec une conception large de l’enchaînement des sciences. Ce fragment de l'Histoire des sciences naturelles révélait en Mare. un érudit de premier ordre. Il va se montrer maintenant à nous sous un autre jour, celui du Philosophe positiviste. Dans son beau livre sur la circulation du sang publié en 1863, à l'à âge de trente-trois ans, Marey traçait sa profession de foi avec un enthou- siasme tout nie et dans des termes que je me pie à repre- duire. « Si les progrès accomplis dans le passé, dit-il (1), nous montrent qu’à toute époque ce que nous appelons aujourd’hui la philosophie positive a eu ses adeptes, il appartient à notre siècle d’avoir définitivement érigé en corps de doctrine ce qui n'élait qu’à l’état de tendance instinctive chez quelques hommes. La philosophie positive a fait plus : retraçant l'historique de toutes les sciences humaines, elle les a montrées marchant à travers des phases successives et partout les mêmes, vers un état de perfectionnement dans lequel elles sont toutes liées d’une manière intime... « Aujourd'hui la science est franchement engagée dans la voie que nous sommes fier de suivre nous-mêmes; il suffit d'entendre les lecons des physio- logistes modernes, de lire leurs professions de foi dans les préfaces de leurs livres, fpour s'assurer que le vitalisme systématique a fait son temps. La science moderne ne croirait pas expliquer un fait, si elle se bornait à dire qu'il tient à une propriété vitale inexplicable elle-même. » (4) La Physiologie médicale de la circulation du sang. 1863, p. 5, 6, 7. d 3 Le Ste none. un D fs dé x ba =] " BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY Quelques années plus tard, en 1866 (1) et en 1868, Marey développait les mêmes idées, « L'homme, disait-il (2), devenu assez sage pour résister aux entrainements de l'imagination, à l'autorité des anciens et à la routine, a pris le parti de n’accepter comme vrai dans les sciences que ce qui lui paraît susceptible d'être démontré; de renoncer à la recherche des causes premières, de borner enfin son ambition à constater des faits et à en déduire les lois que l’expé- -rience coatrôle. » Déjà müri par le travail, Marey affirmait ainsi les tendances que tra- duisait quelque dix ans plus tôt la devise empruntée à Aristote (3) et ins- crite en tête de sa Thèse de doctorat, en 1859, « Entia non mulliplicanda sine necessitate » « Dans toutes les sciences, disait-il alors (4), les simplifications sont les conséquences du progrès, et l’histoire de toutes les découvertes vient confir- mer la vérité de ce principe de logique bien ancien que nous avons pris pour épigraphe : « Qu'il ne faut pas multiplier sans nécessité les êtres de raison. » La tournure philosophique de son esprit apparaît sous une autre forme, dans sa contribution si originale à la doctrine du 7Yransfor- misme. En 1873 (5), Marey exposait avec une grande ampleur l'hypothèse du Transformisme, discutait les attaques dont elle était l’objet et lui apportait son adhésion motivée. Partant de la formule d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, rendue clas- sique par Jules Guérin « la fonction fait l'organe », montrant par maints exemples la variabilité du squelette et des muscles sous l'influence des changements apportés à la fonction, il concluait : « Saisir sur le fait une de ces transformations, montrer qu'elle se produit toujours d’une certaine manière, dans une circonstance déterminée, telle est la première démonstration à fournir. « Et si, dans une seconde phase de l’expérimentation, on constate que (4) La Physiologie dans ses rapports avec la science moderne (Annuaire scientifique de Dehérain, 4866). (2) Le mouvement dans les fonctions de la vie, p. 15, 1868. (3) Cette formule, en germe dans Aristote, serait en réalité du moyen-àge. C’est à Guillaume d'Occam que la rapportent Leibnitz, Ueberweg, Cousin, Tennemann, etc. (Entia non sunt multiplicanda prœter necessitatem) [Note communiquée par M. F. Picavet|. (4) Thèse de doctorat, 1859. Introd., p. xvr. (5) La machine animale, 1873, pp. 60 à 99. Revue scientifique, 1°* mars 1873. 8 © MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - J'hérédité transmet même la moindre partie de la modification ainsi acquise, la théorie du tons ioEmene sera en possession d'un solide point de dé- part. » Une exception assez troublante à la Loi d'Harmonie énoncée par Marey … se présentait toutefois : la différence entre le mollet aplati et haut placé du nègre et le mollet saillant du blanc. Marey pressentit que cette diffé-. rence devait tenir à une saillie plus grande du calcanéum du nègre, et. sa prévision fut aussitôt confirmée par les mensurations qu il fit à > 4 l'École d'anthropologie (1). La loi d'harmonie venait d’être confirmée à propos d’une exception apparente. Mais ce n'était ue: à l'expérience décisive, rêvée par Marey en 1873, et qu'il a réalisée avec un plein succès en 1886. « Dans l'expérience que nous proposons, dit Marey (2), il s’agit de troubler l'harmonie qui existe entre l'organe et sa fonction, et de voir se produire une harmonie nouvelle. « Nous pouvons prévoir que si nous réséquons une partie du calcanéum pour en diminuer la longueur, il devra s’ensuivre un raccourcissement de la substance rouge du muscle dont les proportions deviendront pareilles à celles qu'on voit chez l'Homme blanc ». L'expérience vint encore confirmer cette vue et fut répétée, avec un plein succès, par nombre de savants qui lui attribuèrent l'importance qu'elle méritait. | La seconde question, celle de la transmission héréditaire des Carac- tères acquis, dernier desideratum de la doctrine de la descendance, ne pouvait être tranchée expérimentalement avec la même simplicité que la première. : « Le temps seul, dit Marey, peut apporter cette preuve, car il faudra suivre pendant de longues années les animaux en expérience ». Dans une publication antérieure (3) Marey concluait ainsi : « Le champ de ces expériences est pour ainsi dire infini, et si j'appelle sur ce sujet l’altention des chercheurs, c'est qu'il appartient à la jeune génération de (1) Comptes rendus Acad. des sciences, 12 septembre 1887; Arch. de Physiol., 1889; Rev. Scintif., 1883. Marey ignorait alors que la différence entre le cal- canéum du nègre et celui du blanc était déjà connue : Francis Galton le lui apprit en 1889 (Arch. de Phys., 1889, p. 93). (2) Rev. scientif., 10 janv. 1903, pp. 36-37. (3) Arch. de Physiol. 1889, p. 100. »: Labs est a ble oi BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J: MAREY 9: développer cette branche nouvelle de la science, la morphogénie expéri- mentale (4). L'appel de Marey n’est pas resté sans écho : un jeune médecin müi- taire, déjà connu par ses travaux anatomiques, le D' Anthony, introduit auprès de Marey par M. Manouvrier, le Professeur d’Anthropologie, a entrepris, en 1899, de poursuivre, dans cette même stalion physiolo- gique où avaient été exécutées les expériences de Marey, le programme tracé par le maître. Il a déjà publié d'importants travaux et continue ses recherches de morphogénie. Dans cette série des vues générales énoncées par Marey, sa conception du rôle de la synthèse et de son importance dans les sciences expéri- _ mentales ne saurait être négligée. « Aujourd'hui, disait-il (2), c’est la recherche des faits qui nous occupe : . nous travaillons pour des successeurs bien éloignés peut-être; nous accumu- lons pour eux les matériaux d’une vaste synthèse qui leur permettra d’embrasser tous ces faits dans un point de vue général et d’en faire sortir des lois simples. « Dès aujourd’hui, toutefois, la lumière semble se faire sur certains points des sciences naturelles et certaines lois commencent à se dégager. » La synthèse, si brillamment introduite en chimie par Berthelot, n'avait pas encore droit de cilé dans les sciences biologiques, au point de vue du moins qui intéressait surtout Marey : elle devait intervenir utile- ment, « soit pour contrôler les résulluts obtenus par l'analyse, soit pour fournir une démonstration claire et saisissante des phénomènes. » Sur ce terrain, Marey était passé maître ; suivant en cela la méthode des physiciens, il réalisait des schémas du mouvement, à l’aide desquels il reconstituait les phénomènes les plus complexes qu'il avait préalable- ment dissociés par l’analyse graphique. Dans un autre ordre d'idées, Marey a réalisé des synthèses du mouve- ment plus satisfaisantes encore : quand il eut repris avec la chronopho- tographie l'étude cinématique de la locomotion terrestre et aérienne, il a construit des figures en relief d’après les données photographiques; il a moulé lui-même, par exemple, des oiseaux en plein vol, et, à l’aide du phénakisticope, il a pu faire suivre, en ralentissant le mouvement, des changements d’attitude que l’œil est incapable d'apprécier. (4) Dans son allocution à la Société de Biologie, en prenant possession du fauteuil présidentiel laissé libre par la mort de Marey, M. le professeur Giard, faisant allusion à ces recherches proclamait Marey : « le précurseur de l'École moderne d'Embryogénie morphodynamique si florissante en Allemagne » (Comptes rendus Soc. Biol., 7 janvier 1905). (2) Du mouvement dans les fonctions de la vie. 1888, p. 66. 10 MÉMOIRES DE LA SOCIËTÉ DE BIOLOGIE Un mois à peine avant sa mort, Marey présidait à la construction d’un appareil schématique destiné à montrer les conditions mécaniques. dans lesquelles s'ajoutent les secousses musculaires suivant leur force et leur fréquence. On retrouve dans le matériel de ses laboratoires les débris d’innom- brables schémas qui tous ont autrefois servi à ses études de contrôle ou à ses démonstrations : Marey en usait largement, en verlu de cette idée « qu'un phénomène n'est bien connu que quand on a pu le reproduire schématiquement ». Marey a toujours envisagé l'application pratique des données physio- logiques, tout particulièrement à la médecine. Il se défendra lui-même d’avoir affecté pour la médecine le dédain qu'on lui à prêté : « La physiologie est une science, disait Claude Ber- nard, la médecine est un art. » Mais cet art, Marey l’associait étroite- ment à la physiologie qui doit en être l’inspiratrice, et il prenait la peine de tirer les applications des données scientifiques qu'établis- saient ses expériences. « Assurément, disait-il (1), toute recherche scientifique offre par elle-même un puissant attrait ; l'espérance d'atteindre la vérité suflit à soutenir les efforts de ceux qui la poursuivent; la contemplation des lois de la nature a été pour . ceux qui les ont découvertes une grande et noble jouissance. Mais, pour l'humanité, la science n’est que le moyen; le progrès est le but. Montrer qu'une étude peut conduire à quelque application utile, c’est entraîner ayec soi, dans la recherche, bien des gens qui se seraient bornés à la suivre de loin, avec le seul intérêt de la curiosité. » Telle est son idée générale. Tous ses travaux sont orientés dans le sens de l’application pra- tique. Les convictions de Marey au sujet des applications médicales de la physiologie, étaient si bien établies qu'à une époque de sa carrière où la discussion des travaux des maîtres pouvait paraître bien audacieuse de la part d'un jeune savant, il n’hésitait pas à émettre librement son opinion, son culte pour John Hunter et son admiration pour Claude Bernard ne l’empêchaient pas d'écrire, en 1863 : « Il semble qu’en France la médecine accepte moins facilement que partout ailleurs les découvertes de la physiologie, et, tandis que chez nos voisins l’'expérimentation est prise pour guide dans les études médicales, il se fait chez nous un retour à des doctrines métaphysiques qui ont pourtant bien prouvé leur stérilité. (1)ÏMachine animale, 1873. Introd., Pp. vi. ; BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR £.-J. MAREY 41 « Peut-être les physiologistes ont-ils, par un excès de réserve, arrêté F les applications de leurs découvertes (1). * « On a vu J. Hunter reculer devant les conséquences de ses propres expé- riences sur la contractilité des artères, et se ranger aux opinions médicales » anciennes relativement à la nature de l'inflammalion. « De nos jours, CI. Bernard (2), par un respect semblable de la tradition, a combattu les théories qui se basaient en partie sur ses propres expériences, et qui, suivant les idées de Henle, expliquaient la congestion par la paralysie - des vaisseaux. C’est à peine si notre savant physiologiste se laisse entraîner aujourd'hui par le courant d'idées qu'il a provoquées. « Qu'on accepte donc franchement les conséquences qui découlent des - expériences physiologiques, et que l’on ne croie pas manquer de respect aux - anciens en faisant sortir un progrès des découvertes modernes. » Claude Bernard ne lui sut pas mauvais gré de cette boutade juvénile . et s’associa de grand cœur à ses collègues pour ouvrir à Marey les . portes du Collège de France. Marey se montrait, du reste, plein de confiance dans l'avenir, et l’on - peut dire aujourd'hui, à quarante ans de distance, que beaucoup de ses heureuses prévisions se montrent justifiées : : « Un jour viendra, sans doute, disait-il (3), où la physiologie pourra rendre un cempte exact de ces altérations de la nutrition, qui, du simple trouble fonc- tioune), conduisent, par gradations insensibles, jusqu'à la lésion anato- mique. » (Sur ce point, une éclatante démonstration a été fournie par la clinique, quand Potain a montré la filiation des accidents conduisant, d'une simple affection douloureuse gastro-hépatique, à la dilatation aiguë du cœur et à l'insuffisance auriculo-ventriculaire). « Ce serait pour la médecine dit-il encore (4) une infériorité réelle que de ne pas profiter de ces découvertes, de n'avoir pas, elle aussi, le moyen de reconnaitre, avec une précision très grande, les variations que peuvent subir dans les maladies certains mouvements que nos sens perçoivent mal. Les médecins l'ont bien compris, et, en Allemagne surtout, où les études physio- logiques sont plus intimement unies à celles de la médecine, l'introduction de moyens exacts d'analyse est un fait accompli. » Près de vingt ans après avoir développé ces idées, Marey, dans son second ouvrage sur la circulation du sang, se montrait tout aussi sou- (4) Physiologie médicale de la circulation du sang, p. 395, 396. (2) Leçons sur la physiologie patholhogique du système nerveux, 1858, t. SAT p. 507. AS: RRN nt 3086 NS (3) Physiologie médicale de la circulation du sang, 1863, p. 326. SG Co a, (4) Physiologie médicale de la circulation du sang, 1863. Introd., p. 1 Fi ss ‘€ LIGRAR Yi 12 __ MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cieux des applications pratiques de ses travaux et de l'introduction en « clinique de ses appareils enregistreurs : « Sans négliger, dit-il (1), les questions purement scientifiques, j'ai essayé . de dévélopper ce qu'on pourrait appeler la physiologie du médecin, en recher- chant les applications que l'on peut faire de la physiologie à la médecine pra- tique. Je me suis efforcé, en outre, d'effacer les différences qui existaient entre les procédés expérimentaux applicables seulement dans les laboratoires et les moyens d'investigation que les médecins peuvent employer. » Il est inutile d’insister : en ce qui concerne la fonction circulatoire, Marey vient de nous montrer surabondamment sa préoccupation cons- tante d'appliquer les découvertes de la physiologie à la pratique médicale. | | Voulons-nous maintenant rechercher en Marey l'hygiéniste que bien peu connaissent, même parmi les médecins ? L'étude si remarquable « qu’il donna, en 1884 et 1885, à l'Académie de médecine sur les conditions de la propagation du choléra va nous révéler un hygiéniste rompu à toutes les difficultés de la statistique ; dans ce travail d’un genre tout nouveau, nous voyons Marey exercer son sens critique affiné d’expéri- mentateur. À l’occasion-de l'épidémie de choléra de 1884, il prend, à l'Académie de médecine, l'initiative d'une enquête approfondie sur le mode le plus habituel de transmission du choléra par les eaux contaminées : « En Angleterre, le Dr Snow avait déjà relaté l'observation mémorable d'un quartier tout entier de Londres, dans lequel le choléra avait été intro-. duit, distribué en quelque sorte dans chaque maison, avec les eaux potables contaminées à leur source. L'histoire de la pompe de Broad-Street est pour les médecins anglais un enseignement inoubliable et dont le monde entier doit profiter. Rien ne manque à cette observation pour la rendre terriblement instructive. » Marey entreprend d’abord une enquête personnelle : «En cherchant, dit-il, comment la mortalité s’est répartie dans un pays dont la topographie m'est familière, j'ai eu la bonne fortune de trouver, relative- ment à ma ville natale, des renseignements statistiques assez complets. » Dans ses observations, on rélève des formes variées de contamination des eaux potables, et, en correspondance avec ces formes, des foyers épidémiques de caractères différents : (1) La circulation, 1881. Avant-propos, p. 1-11. ‘ : BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY ‘13 « Vastes surfaces jonchées de morts quand une canalisation y distribue des eaux souillées par les déjections cholériques; enclaves de faible morta- lité pour les quartiers alimentés d’eau pure; épidémies de rues le long . d'égouts dont le contenu infect s'infiltre dans les eaux potables; groupes de maisons atteintes autour d’un puits contaminé, ou le long d'un cours d’eau dort on peul suivre l'influence dangereuse tout le long de son parcours. » Enfin, la conclusion pratique destinée à franchir les limites de l'enceinte académique : « En attendant que les documents topographiques sur le mode de propaga- tion du choléra puissent être recueillis dans des conditions favorables, on a le droit, dès maintenant, d'affirmer que, parmi les influences multiples - qui. peuvent transmettre la maladie, il en est une qui, par son intensité, domine toutes les autres, c'est la souillure des eaux livrées à l’alimentalion publique. Assurer, dans chaque localité, la pureté des eaux potables devra être la pre- mière préoccupation des hygiénistes, le premier fear de l'administration ». "A la suite et comme res de cette étude personnelle, un queslion- naire fut rédigé par l’Académie de médecine et adressé à tous les méde- cins : les réponses formèrent un volumineux dossier que Marey étudia avec l’aide du D' Thoinot, alors interne des hôpitaux, et qui fournit, selon Fa manière habituelle de Marey,un tableau graphique des plus instructifs d'où il tira des conclusions, encore utiles à rappeler à vingt ans de distance. | Si l’on connait peu chez nous, bien qu'ilait été écrit en français et publié dans les mémoires de l'Académie de médecine, ce travail si déei-- sif de Marey qui nous révèle un hygiéniste de premier ordre, sait-on mieux que le même savant s’est affirmé, il y a vingt-cinq ans, dans une étude publiée en anglais, comme un fervent disciple de Pasteur? Cela est peu probable, et je demande à y insister un instant. Marey avait assurément, comme tous les géns de science et comme tous les médecins éclairés, témoigné de son admiration pour la grande doctrine ; mais il a cru devoir faire plus et publier sa profession de foi : dans un article condensé, d’une vingtaine de pages, écrit en manière de délassement à Naples, il a donné, en 1880, à la revue anglaise Minerva (1), dans la langue de Lister, un large exposé des vues-de Pasteur, de leur portée pratique, des espérances qu’elle faisait concevoir et qui se sont réalisées depuis. C'était bien, comme le dit le-titre de cet article : « Une révululion en médecine », et personne ne pouvait l’'exposer avec plus d'autorité qu'un savant, physiologiste el médecin,-ayant, pour l'appré- (1) Marey. A Revolution in medicine : Minerva. A Monthly Review, 3 Ap.1880, (Je ne connais pas de traduction française de ce travail.) A4 ñ MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cier le recul nécessaire, puisqu'il en suivait les progrès en speclateur indépendant. Marey terminait cette étude, plus profonde dans le fond que dans la forme, par cette assurance donnée au lecteur convaincu, à celui qui. observerait les règles d'hygiène déduites de la donnée pastorienne : « Le : terme normal de la vie humaine sera plus fréquemment reculé jusqu’à un âge avancé, jusqu à l'heure où le corps épuisé par les fatigues d'une longue carrière, mais le cœur satisfait de la vie, nous aurons acquis le droit au repos. » N’est-il pas opportun d'appliquer à Marey lui-même la dernière partie de ces mots écrits par lui? Mais, quittons le domaine de la médecine, où Marey vient d'affirmer ses tendances pratiques, pour rappeler brièvement l'utihisation qu'il entrevoyait de ses études de mécanique animale. Dans ses travaux sur la locomotion de l'homme et des animaux, à côté des déterminations purement scientifiques, apparaît toujours la recherche des applications; Marey répondait en cela au programme qui devait diriger les études poursuivies à la Station physiologique avec le | concours de-la ville de Paris : « La connaissance de la locomotion terrestre mettra fin, disait-il, à bien des discussions et des tâtonnements; on pourra préciser. les conditions dans lesquelles s'obtient ie maximum de vitesse, de force et de travail du moteur À vivant; on ne verra plus imposer des exercices militaires rejetés plus tard. comme inutiles et ridicules; on n'’assistera plus à ce spectacle anormal de soldats écrasés sous d'énormes charges dans un pays, n'ayant rien à porter dans un autre; la méthode d'entrainement et l’enseignement de la gymnas- tique auront enfin des bases scientifiques. » Pa L'étude du vol des oiseaux, à son tour, tendait à fournir des données précises aux recherches sur la navigation aérienne. Marey croyait fer- mement au succès des machines volantes conçues sur le plan de oiseau. « Nous essaierons, écrivait-il, d'imiter la nature et nous verrons une fois de plus que c’est en s'inspirant d’elle qu’on a le plus de chance de résoudre les problèmes qu’elle a résolus (1). » 6 Telle à été la tendance bien nettement affirmée des expériences pour- suivies si longtemps par Marey sur le fonctionnement de la machine animale. L’économie du travail moteur y tenait la première place. On peut. dire que, toute sa vie, Marey s’est employé à rechercher la meilleure uti= lisation des forces de l’homme et des animaux, en faisant ressortir le (4) La Machine animale, 1873, Introd., p. IX. BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY 45 rôle bienfaisant de l’élasticité qui amortit les chocs destructeurs du tra- vail : ses études sur cette grande question datent, en effet, de 1858; il n’a cessé de les poursuivre depuis cette époque, et son dernier travail, paru le 15 mars 1904, dans la Æevue des Idées, deux mois avant sa mort, en a donné une brillante synthèse (1). Cette revue d'ensemble, péniblement rédigée pendant sa dernière maladie et qu'il a prié son assistant dévoué, le D° Manouvrier, de mettre au point, a été écrite à l’occasion de l'adoption par l'artillerie du trac- teur élastique préconisé par lui en 7874. « L'application de la traction élastique, disait-il, vient d’être adoptée par l'artillerie française. Elle aura donc mis trente ans pour revenir dans son pays d’origine; ce qui prouve une fois de plus (ajoutait-il avec une aimable philosophie) que tout vient à point à qui sait attendre. » Ce même homme si nettement utilitaire, Marey, que les médecins revendiquent à juste titre pour un des leurs, n’était pas, comme on l’a dit, artiste à ses heures. Il était artiste né, impressionné à l'extrême par la contemplation de la nature, impressionné à l'excès, si j'osais dire, par les auditions musicales, artiste dans ses procédés d'étude, dans la création des appa- reils où il réalisait des solutions mécaniques élégantes qui faisaient l’'étonnement des professionnels, artiste quand il exécutait de ses propres mains des moulages de toute sorte, des bustes de famille, des représentations en relief de l'oiseau en plein vol. Son sens artistique se révélait encore dans sa facon d'écrire, de pré- senter ses travaux, d'organiser une conférence comme celle où j'ai eu le plaisir de l’assister en 1875 à Bruxelles et qui est restée célèbre chez nos voisins ; pas une exposition de peinture ou de sculpture où il n’al- lât étudier les rapports de l’art et de la science. Et quand il écrivait, avec son sens critique si cultivé, des chapitres sur le rôle que pouvait jouer la vérité photographique dans la représen- lalion artistique des attitudes de l’homme ou des allures des animaux ne se révélait-il pas un artiste consommé ? Il dit modestement (2) que : « Dans l'infinie variété des attitudes que montre la chronophotographie, il en est certainement plusieurs que les artistes pourraient accepter sans enfreindre les lois de l'esthétique ; cela donnerait à la représentation de ces mouvements une variété intéressante ». « Sur ces documents, les artistes trouveraient aussi l'expression fidèle de (4) Marey. L'économie de travail et l’élasticité. Revue des Idées, T. I, n° 3, 15 mars 1904. (2) Le Mouvement, p. 168, 1894. 16% MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'action des muscles dont les reliefs, visibles sous la peau, traduisent l’état de contraction ou de relâchement, » LES MÉTHODES I. — LA MÉTHODE GRAPHIQUE. $ , ét italie hrieats ai es és dé ét, dun, de D Sd 0 GS OS Tout au début de sa carrière scientifique, en 1863, Marey, déjà célèbre par ses études sphygmographiques chez l'homme et par les expériences de cardiographie exécutées avec M. Chauveau sur les animaux, indiquait, avec un véritable enthousiasme que les années n’ont pas refroidi, lerôle capital de la méthode graphique. Il écrivait en 1863, dans l'introduction de son livre. sur la Circulation, du sang (1) : | | ECS PR EE | « Quand un mouvement change à chaque instant, quand, prenant à chaque fraction de seconde une allure différente, il défie l’œil de le suivre, la pensée de l’analyser, va-t-il échapper au physicien ? Nullement. Le voici enregistré par un appareil et fixé sur le papier. Il vient alors se soumettre à l’équerre et au compas. Il volait tout à l'heure, et maintenant captif, il explique dé lui- même les lois qui le gouvernent. Il est compris. » Quinze ans plus tard, en 1878, ayant multiplié les applications de la méthode et mené à bonne fin, grâce aux plus ingénieux appareils, ses études sur la locomotion humaine et animale, Marey publiait son ouvrage d'ensemble sur la Méthode Là aphique dans les sciences expéri- mentales: Il développait, dans cette œuvre magistrale, les applications de la méthode et faisait pressentir les développements qu'elle péut prendre, « sans quon puisse, disait-il, assigner de limites à sa bienfaisante exlension ». Elle supplée à l insuffisance de nos sens, elle ne les oies de mouvement sous une forme saisissante « que l’on pourrail appeler le- langage des phénomènes eux-mêmes, tant elle es supérieure à loules les . aulres formes d'expression ». Cette méthode, que Marey a Eto sienne par les Mona s su ALL (1) on Phys. m. Cire. du sang, 1863. Re 12-13. BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY 17 lui a donnés pendant près de cinquante années (1), répond à deux besoins. C’est un mode d'expression et un procédé de recherches. 4° Comme mode d'expression, « la courbe exprime les phénomènes les plus variés, transforme d'obscures stalistiques en une exposition lumi- neuse, condense sous le regard et fait embrasser d'un coup d'œil une quan- tité énorme de documents (2) ». 2° Comme mode de recherches, la méthode graphique Use et pré- cise le travail de l'expérimentateur. Les appareils inscripteurs tracent d'eux-mêmes la courbe des phéno- mènes dont ils sont chargés de suivre les phases; ils fournissent des documents d’une fidélité irrécusable si l'exploration initiale et l’ins-- _cription sont correctes, et permettent de saisir des relations qui eussent forcément échappé aux yeux les plus exercés et les plus attentifs. Ils tracent d’une manière continue le rapport de l'espace au temps qui est l'essence du mouvement. Si rapide ou si lent qu'il soit, le déplacement d’un corps peut être inscrit, qu'il s'agisse de l’énorme vitesse des pro- jectiles de guerre ou de l'extrême lenteur de l'accroissement d'un végé- tal. La méthode ne se borne pas à fournir la connaissance d’un mouve- ment, notion essentiellement incomplète : elle permet la véritable détermination d’une force, c’est-à-dire celle du travail mécanique pro- duit. | _Marey a introduit dans la pratique de la Physiologie en France, la méthode graphique, née dans notre pays en 1734 (3) et déjà employée en Allemagne par Ludwig, qui l'avait inaugurée par la transformation du manomètre à mercure en manomètre enregistreur, par Vierordt qui inventa le sphygmographe. Marey a modifié, en le perfectionnant de la Ein la plus heureuse, le sphygmographe de Vierordt : ilen a fait un appareil enregistreur du pouls artériel qui, aujourd’hui encore, à près de cinquante ans de distance, est le plus précis des instruments de ce genre. Cet appareil est le type des inscripteurs directs avec levier amplifica- teur : les contrôles auxquels il a été soumis depuis Ch. Buisson (1859), jusqu’à la Commission internationale de l’Institut Marey (1902-1904) (4), ‘ont montré la valeur des documents qu’il fournit, quand les conditions (1) Marey. Cinquante ans de méthode BpRpAIaRe (Cinquantenaire Soc. de Biol.,1900, Masson et Ge) (2) La Méthode graphique dans les sciences expérimentales , Paris, G. Mas- son, 1878. (3) Anémométrographe du marquis d'Ons-en-Bray, 1734; V. Radau, Histo- rique météorologique. (4) Rapport de M.-Athanasiu au Congrès des Physiologistes de Bruxelles, septembre 1904, et Travaux de l'association de l’Institut Marey (ue Athanasiu et Cellériér), Paris, Masson, 1905. Biozoëre. Mémoires. — 1905, T, LIX. 2 18 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du levier type sont réalisées et quand l’amplification qu'on lui demande ne dépasse pas le rapport de 10/1. Mais si ce type d’inscripteur direct était suffisant pour les mouvements exécutés par un mobile qu'il est facile de mettre pour ainsi dire au contact de la surface sur laquelle le graphique est recueilli, il devenait impossible à appliquer quand le mouvement devait être transmis à distance. “4 Marey, dès ses premières expériences de 1857, s’est heurté à cette difficulté; et quand, peu après, il a voulu transmettre à un appareil inscripteur les mouvements du cœur par exemple, il a essayé de la transmission par l’eau : il n’eut que des insuccès. C'est alors qu'apparut la méthode de Ch. Buisson, jeune savant con- temporain de Marey et son compagnon d’études dans le laboratoire de Martin Magron : Buisson imagina la transmission par l'air, et Marey, en maintes circonstances, s’est fait un devoir de lui en rapporter tout l'honneur. Il put, à l’aide de cette ingénieuse méthode qui remplissait toutes les conditions de sécurité et de commodité, exécuter avec M. Chauveau ses expériences célèbres de cardiographie chez les grands | animaux. 4 Marey ne tarda pas à appliquer cette méthode à l'étude des phéno- mènes les plus variés (mouvement des ondes liquides, secousses et contraction musculaires, mouvements de la locomotion de l’homme, du | cheval, de l'oiseau, cardiographie et pneumographie chez l’homme). Il perfectionna l'outillage et dota la technique physiologique d’innom- brables appareils explorateurs variant avec la nature du mouvement à explorer. Il ne s’agit ici que de l’exposé général de la méthode : ce que nous en avons dit suffit à en établir la valeur et à faire pressentir la multiplicité des conditions dans lesquelles elle est applicable. L À ces procédés d'inscription des mouvements eux-mêmes, Marey M joignit plus tard l'inscription des divisions du temps avec des chrono- graphes réglés à des vitesses différentes, avec les signaux magnéto- M électriques de Marcel Deprez. C'est à cette méthode que M. Chauveau a justement done dans ces dernières années le nom de chronostylographie. Des recherches récentes exécutées à l'Institut Marey ont précisé les meilleures conditions à réaliser dans la construction de ces appareils « explorateurs et enregistreurs, et ont établi la supériorité de la méthode de transmission par l'air sur les divers procédés de transmission par M les liquides (1). | (1) Travaux de l'Association de l’Institut Marey. BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY 19 IT. — LA CHRONOPHOTOGRAPHIE (1). La méthode graphique, malgré son immense portée, ne pouvait prétendre à fixer tous les phénomènes de mouvement; elle restait, d'autre part, conventionnelle en ce sens qu'elle n’exprimait les mouve- ments que par des signes et ne faisait pas assister aux changements de situation, de forme, de volume, subis par le sujet ou par l’organe en fonction : la photographie instantanée, sous ses formes si variées, est venue combler ces lacunes. Une autre limite s’imposait naturellement aussi à la méthode gra- phique, l'insuffisance fréquente de Ia force motrice pour surmonter la moindre résistance (tel est le cas de l’électromètre de Lippmann, de celui de Thomson, du galvanomètre) : on pouvait facilement obtenir la silhouette des mouvements de la colonne de mercure ou de l'aiguille sur une plaque sensible animée d’un mouvement de translation dans la chambre noire. Mais la photographie n’est encore ici qu'un succédané de la méthode graphique : elle ne traduit que les phases d’un mouvement rectiligne en fonction du temps. La méthode était appelée à jouer un plus large rôle; elle permettait d'aborder des problèmes d’une grande complexité et en donnait la solution concrète avec une facilité singulière. Le prises de vues successives sur plaque fixe ou mobile ou sur pelli- cule devaient réaliser le grand progrès de déterminer les changements de position et la vitesse d'un mobile avec une scrupuleuse fidélité. Déjà, en 1874, M. Janssen avait obtenu, avec son revolver astrono- mique, sur une plaque mobile, les images du passage de Vénus au-devant du disque du Soleil. Ce savant traçait même, en 1876, tout un pro- gramme d'études de la locomotion terrestre et aérienne. Mais il appartenait à Muybridge, de San Francisco, d'exécuter, avec des procédés tout différents, les premières expériences de photographie instantanée sur la locomolion animale. Muybridge faisait circuler un cheval, à des allures variées, au-devant d’un écran blanc quadrillé; sur sa route, l'animal rencontrait et brisait des fils électriques, dont les ruptures successives ouvraient l'objectif d’une série d'appareils photographiques braqués en face de la piste sur les différents points du parcours. Il a obtenu ainsi des images précises déterminant les positions des membres et du corps à des instants successifs. C'est alors que Marey concut le projet de construire un appareil en (1) Documents empruntés : Au Supplément à la méthode graphique, Paris, G. Masson, 1884; au Mouvement, Paris, G. Masson, 1894. 20 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE forme de fusil permettant de viser et de suivre dans l’espace un oiseau qui vole, pendant qu'une plaque impressionnable recevrait une série d'images montrant les attitudes successives des ailes; avec ce dispositif, Marey revenait à l’idée de M. Janssen et transformait, en le perfection- nant, le revolver astronomique en fusil photographique. Il réussit à imprimer à la glace sensible des alternatives de mouvements et d’arrêts assez brefs pour recueillir douze images par seconde, le temps de pose pour chacune d’elles ne dépassant pas 1/720 de seconde, se réduisant M même, dans certains cas, à 41/1440 (1). Les figures qu'il a ainsi obtenues, plus nettes que celles de Muybridge et complétées par une mesure exacte des temps, lui ont fourni la confirmation la plus rigoureuse des principaux points établis par lui dans ses anciennes expériences gra- u phiques, tout en lui révélant des faits nouveaux sur l'inclinaison du plan de l’aile, l'inflexion des rémiges.. Tel a été le point de départ de la chronophotographie, aux développe- M ments de laquelle Marey a consacré ses efforts à partir de 1882; ses tra- vaux ont été résumés dans le volume qu'il a publié, en 1894, sur le Mouvement (2), et, en 1900, dans son Rapport de l'Exposition univer- selle (3); nous essaierons d’en donner une idée, sans nous dissimuler | l'insuffisance d’un exposé forcément aussi sommaire. Marey a recueilli d'abord, en 1882, les images successives de sujets en mouvement sur une plaque fixe au-devant de laquelle tournait un disque fenêtré animé d’une certaine vitesse, et qui permeltait l’admis- sion de la lumière à des intervalles connus. L'un de ses premiers appareils était contenu dans une cabine rou- lante qui s'approchait ou s’éloignait du champ obscur, au-devant duquel se déplaçait le mobile, homme ou animal. Plus tard, en 1887, après l'introduction dans la pratique photogra- phique des pellicules du kodak, Marey réalisa successivement trois appareils à bande pelliculaire dans le dernier modèle desquels les mouvements de la pellicule n'étaient plus confiés à un rouage indépen- dant, mais étaient solidaires des mouvements du disque. C’est à l’aide de ce dernier appareil, perfectionné encore les années suivantes, que Marey a réalisé ces belles expériences chronophotogra- phiques bien connues, sur les allures de l’homme, celles du cheval, sur le vol des oiseaux et des insectes. De ces images successives, on a tiré les plus importantes synthèses du mouvement. | Chacun connait la synthèse par projection d’une bande positive, qui. reconstitue le mouvement dans le célèbre cinématographe. (1) Le mouvement. Masson, 1894. (2) Ibidem. (3) Rapport. Classe XIT, Photographie, Exposition universelle de 14900. BIOGRAPHIE DU PROFESSEUR E.-J. MAREY 91 Mais c’est là simple affaire de curiosilé; en réalité, la projection cinématographique, à moins qu’elle ne soit très ralentie, ne fait que rendre à la vue les images du sujet en mouvement qu on peut voir sans” projection, à l’état de nature. Une utilisation, beaucoup plus un déjà, des prises de vues chronophotographiques, consiste dans la reconstitution du mouvement avec des appareils dérivant du Phénakisticope de Plateau, les divers stroboscopes. Déjà, (en 1889, Marey, ayant rappelé que Muybridge avait utilisé le Phénakisticope de Plateau pour donner à la vue l'apparence d'un homme ou d’un animal en mouvement, avait insisté sur les conditions à réaliser pour obtenir des vues correcles avec l'appareil de Plateau plus ou moins modifié. Lui-même avait, en 1887, utilisé le zootrope pour représenter les mouvements du cheval à différentes allures, fort habilement secondé plus tard dans ces démonstrations par M. Mathias Duval. Mais il ne s'agissait alors que de dessins reconstitués d’après les notations graphiques. Quand intervint la chronophotographie, Marey, reprenant l’idée de Muybridge, de Anschütz et de Demenÿ, montra, dans le zootrope, les mouvements de l’aile de l'oiseau, en introduisant dans l’appareil des figurines en relief : « L’illusion, dit-il, était complète ». Avec cet instrument, on peut voir ralenti, à un degré quelconque, un mouvement trop rapide pour être observé directement, ou, au con- traire, présenter en succession rapide des mouvements trop lents, recueillis à de longs intervalles. Le même principe a présidé à la construction du projecteur de M. Démeny, le Photophone, à l’aide duquel son auteur a pu montrer les mouvements des lèvres dans l’émission des sons et instituer une méthode d'éducation des sourds-muets. Le principal intérêt des prises de vues successives est de fournir des fragments qui, rapprochés les uns des autres et agrandis, donnent des renseignements précis se pliant à l'analyse, et surtout permettent la construction d'épures des plus instructives. On peut s’en faire une idée en examinant les figures d'ensemble présentées par Marey, et dans lesquelles l'analyse des actions musculaires est poussée aussi loin que possible; dans des épures comparatives, on a pu déterminer, non seulement les attitudes d’un membre, mais les positions du squelette à son intérieur avec les phases d’allongement ou de raccourcissement des muscles dont on connaît les insertions sur le squelette. J'ai essayé de montrer, dans l'étude générale qui précède, Marey sous ses divers aspects, les uns peu connus, les autres familiers à tous, et de 29 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le suivre dans son évolution depuis son entrée dans la carrière scienti- fique en 1857, jusqu’à l'heure de sa mort, en 1904. Pendant ces cinquante années de labeur ininterrompu, Marey a ac- compli l'œuvre si originale dont j'ai esquissé les côtés les plus saillants et qui lui vaudra une si belle page dans l’histoire ; il a créé et perfec- tionné de grandes méthodes : tout en en tirant lui-même le plus beau parti, il a semé largement, laissant à ses successeurs une ample moisson à récolter ; il a comme en se jouant, avec une facilité de travail incom- parable, abordé et résolu des questions mécaniques el physiques de l'ordre le plus élevé ; les grands problèmes philosophiques l'ont quelque temps fixé, la doctrine de la descendance tout particulièrement ; comme couronnement à son œuvre, il a voulu introduire en physiologie la pré- cision instrumentale qui, seule, peut hausser notre science au niveau des sciences mécanique et physique : cela a été le rêve de ses dernières années ; on à vu avec quelle ardeur il en a, jusque sur son lit de mort, poursuivi la réalisation. Malgré l'insuffisance de cet exposé qu'a dû nécessairement rendre un peu aride la multiplicité des sujets qu'il fallait aborder, j'espère avoir donné une idée générale de la physionomie, intéressante au plus haut point, du savant, qui a pris une si grande part à l’évolution de la science française dans la seconde moitié du xix° siècle, et que la Société de Biologie s’honore d’avoir compté parmi ses présidents les plus illustres. Paris. — L. MARETHEUX, imprimeur, 1, rue Cassette. V7 . RAPPORT LE PRIX DE LA FONDATION LABORDE | en 1905 (1) Commission : MM. DASTRE, LINOSSIER et JOLLYŸ, RAPPORTEUR. MESSIEURS, Votre commission vous propose d'attribuer le prix Laborde à M. FrouIN. Aux termes de la fondation du prix Laborde, ce prix est surtout destiné à récompenser les travaux originaux d’un jeune physio- iogiste. M. Frouin n'est pas un inconnu pour vous, puisque tous ses travaux ont été présentés à la Société de Biologie et publiés dans les comptes rendus de ses séances. Voici ses principaux tilres scientifiques : 1° Après avoir perfectionné le procédé d'isolement de l'estomac (Fré- mont), M. Frouin a pu étudier, dans des conditions meilleures que ses devanciers, la sécrétion et la composition du suc gastrique pur. On admettait que l'acide chlorhydrique du suc gastrique était en partie à l'état libre, en partie combiné aux matières organiques. M. Frouin montre que l’acide chlorhydrique du suc gastrique est tout entier à l’état libre. Celte conclusion a été confirmée par Friedenthal. M. Frouin a montré que les résultats contradictoires de Schoumow-Simanowska, Nencki et Sieber étaient dus à des causes d’erreur expérimentales. Au point de vue des conditions de la sécrétion gastrique, M. Frouin a montré que la sécrétion se produisait en dehors des excitations alimentaires et qu'elle est constante. L'alcool augmente la sécrétion gastrique en dehors de toute action sur les voies gustatives et de toute action directe sur la muqueuse gastrique. 2° M. Frouin a montré que la pepsine urinaire, au sujet de laquelle (4) Rapport lu dans la séance du 16 décembre 1905. BioLocie, Mémoires. — 1905. T. LIX. 3 24 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on n’émettait que des hypothèses, est d’origine stomacale. Elle fait défaut dans l'urine des animaux auxquels on a enlevé l’estomac. Elle est résorbée au niveau de l'estomac, puisqu'elle se rencontre dans l'urine d'un chien à estomac séquestré, dont la sécrétion est déversée en tola-. lité au dehors. Elle n’est pas résorbée au niveau de l'intestin, car elle, n'apparaît pas dans l'urine d'un animal privé d'estomac et auquel on fait ingérer du suc gastrique. | 3° En collaboration avec notre collègue M. Delezenne, M. Fo al montré que le suc pancréatique pur, recueilli par Caé du canal de Wirsung, est tout à fait inactif sur l’albumine coagulée, quel quew soit le régime auquel l'animal soit soumis. Cette découverte importante, ‘ déjà confirmée de différents côtés, a pour conséquence de modifier les notions classiques sur la transformation du zymogène en trypsine active, É et prouve que, dans les conditions physiologiques, la présence du suc. intestinal est nécessaire, et non pas seulement adjuvante, comme l'avaient, dit Pavlov et ses élèves, pour l’action protéolytique du suc pancréatique . 4 Certains auteurs admettaient que l'intestin isolé par la méthode de Thiry fournit spontanément du suc entérique ; d’autres, aussi nombreux, | ont nié cette sécrétion spontanée. En expérimentant sur des animaux \ munis de plusieurs fistules de Thiry, l’une intéressant la portion duodé=\ nale, l’autre le jéjunum ou l’iléon, M. Frouin a vu que la sécrétion diminue chez le même animal à mesure que l’on s'éloigne du duodénum. En collaboration avec M. Delezenne, il a montré que la sécrétion spon=M tanée est en rapport avec la période digestive et que l'introduction d'acide chlorhydrique dans l'estomac provoque la sécrétion. 4 Les acides, les sérums, l'éther, le chloral introduits directement dans l'intestin provoquent la sécrétion dans l’anse directement excitée, el. aussi une sécrétion à distance dans une autre anse. La substance sécré-" toire contenue dans le suc intestinal est différente de la sécrétine, elle a une action spécifique sur l'intestin, et, contrairement à la sécrétine, elle | n’agit pas sur les sécrétions gastrique, pancréatique et biliaire. Tels sont les titres scientifiques qui nous ont fait désigner M. Frouin | à votre choix. PRES + nr El in QUI , rà NAT s î GE A faites 4" U DU MNT j À tnt JUNX 4 an ts TETE HN CRNE NE AIN TN EE Apte ‘4 À Q RAIN bise NNenrl : RARE in ait 7 4 ÿ ; Ü à | ! d F One K d'e \AOUU ( CON PRAUIUT HAL RUE Pt ni hipitel RAM PEN ne 2 Han) 1 ve tint CON ts 1e . 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