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Andral. Becquerel. Bernard (Claude). Bouillaud. Chevreul. Coste. MM. Dumas. Littré. Milne Edwards. De Quatrefages. N... N... a VI MEMBRES TITULAIRES-HONORAIRES (1870). MM. Balbiani. Bastien. Bernard (Charles). Berlhelot. Blot. Bouchut. Bouley (Henri). Bourguignon. Broca. Brown-Séquard. Charcot, Chatin. Davaine. Depaul. Fournier (Eug.). Giraldès. Goubaux. Guillemin. Hillairet. Houel. MM. Jacquart (Henri). Laboulbène. Leblanc (C). Le Bret. Leconte. Le Gendre. Liégeois. Lorain. Luys. Marey. Martin-Magron. Michon. Moreau (Armand). Regnauld. Sappey. Soubeiran (J. L.j. Verneuil. Vidai. Vulpian. MEMBRES TITULAIRES. MM. Bail. Bergeron. Bert (Paul). Bouchard. Carville. Chalvet. Cornil. Cotard. Duguet. Dumontpallier. Gallois. Gréhant. Gubler. Hardy. Hayem. Isambert. Jolyet. MM. Krishaber. Laborde. Lancereaux. Legros. Lépine. Leven. Liouville. Magitot. Magnan. Milne Edwards (Alphonse). Ollivier. Rabuteau. Ranvier. Raymond. Robin (Charles). Trasbot. Vaillant. vu MEMBRES ASSOCIÉS. MM. Agassiz. MM. Owen (Richard) Baer (de). Paget (James). Bennett (Hughes). Pouchet père. Ehrenberg. Purkinje. Gurlt (Ernst-Friedrich). Queteley. Huss (Magnus). Schwann. Jones (Bence). Siebold. Lebert(H.). Sédillot. Liebig (Justus). Valentin. Mohl (Hugo von). MEMBRES CORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. Beylard à Paris. Blondlot à Nancy. Chaussât à Aubusson. Chauveau à Lyon. Courty à Montpellier. Dareste à Lille. Desgranges à Lyon. Dufour vGustave) à Rome. Dugès aîné au Mexique. Duplay à Paris. Ebrard à Bourg. Ester à Montpellier. Faivre (E.j. à Lyon. Germain de Saint-Pierre., à Nice. Gosselin à Paris. Guérin (Jules; à Paris. Ehrmann à Strasbourg. Huette à Montargis. Lecadre au Havre. Leroy de Méricourt à Brest. Lespès à Marseille. Leudet (Emile) à Rouen. Martins (Charles) à Montpellier. Ollier à Lyon. Pelvel à Dives. Rouget à Montpellier. Saint -Pierre à Montpellier. Stoltz à Strasbourg, VIII MEMBRES CORRESPONDANTS ÉTRANGERS. Grande Bretagne. MM. Beale - à Londres. Berkeley (M. .1.) à Kings-Cliff. Bowman (W.) à Londres. Carpenter (W. B.) à Londres. Grant (R. E.) à Londres, Jacob (A.) à Dublin. Jones (Wharton) à Londres. Maclise à Londres. Marcel à Londres. Nunneley à Leeds. Redfern à Aberdeen. Sharpey à Londres. Simon (John) à Londres. Simpson à Edimbourg. Thomson (Allen) à Glasgow. Toynbee à Londres. Waller à Londres. Williamson à Londres. Allemagne. MM. Bischoff à Munich. Briicke (Ernst) à Vienne. Carus (V.) à Leipzig. Dubois-Reymond à Berlin. Helmollz à Leipzig. Henle à Gœttingen. Hering à Stuttgardt. Hirschfeld (Ludovic) à Varsovie. Hoffmeister à Leipzig. Hyrtl à Vienne. Kœlliker à Wiirzburg. Leuckart à Munich. Ludwig à Vienne. Luschka à Tubinge. Mayer à Bonn. Meckel (Albert). à Halle. Rokitansky à Vienne. Schaltze. à Bonn. IX MM. Stannius à Rostock. Stilling à Cassel. Virchow à Berlin. Weber (Wilhelm-Eduard). . à Leipzig. Weber (Ernst-Heinrich). . . à Leipzig. Belgique. MM. Gluge à Bruxelles. Spring à Liège. Tliiernesse à Bruxelles. Van-Beneden à Louvain. Danemark. M. Hannover à Copenhague. Suède. M. Santesson à Stockholm. Hollande. MM. Donders à Utrecht. Hartig à Utrecht. Van der Hœven à Leyde. Suisse. MM. Duby à Genève. Frey à Zurich. De la Harpe à Lausanne. Miescher à Bâle. Odier à Genève. Prévost à Genève. Vogt à Genève. Italie. MM. Lusana à Palerme. Martini à Naples. Moleschott à Turin. Vella à Turin. Portugal. M. De Mello à Lisbonne. /Û^^ ^ "^^:: X E(ats>tJnis. MM. Bigelow (Henry J.) à Boston. Draper à New-York, Leidy (Joseph) à Philadelphie. Brésil. M. Abbott à Bahia. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE BJOLOGIE PENDANT L'ANNKR 1870. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE PENDANT LE MOIS DE JANVIER 1870; Par m. HAYEM, secrétaire. niÈSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 8 janvier. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Section et enlèvement dune portion de l'hémispoère cérébral cdez un cocaoN d'Inde; lésions et phénomènes consécutifs a cette opération; par MM. Laborde et Leven. Le !"■ juillet 1869, après avoir préalablement dénudé le crâne, du côté droit, chez un coclion d'Inde très-vigoureux, et mis également à nu, dans toute son étendue, l'hémisphère cérébral du même côté, nous avons enlevé, d'avant en arrière, une portion considérable de ce> hémisphères dans sa partie superficielle, évitant autant que possible de léser les parties profondes du cerveau et le cervelet; les symptô- mes consécutifs ont montré que ce but avait été parfaitement atteint; c. R. 1870. 1 il y a eu aussi très-pou de sang versé, et les téguments ont été infimé- diatemcnt réunis à l'aide d'une suture. L'opération à peine terminée, l'animal tomba sur le côté gauche, et ses pattes refusèrent tout mouvement, en môme temps que la sensibi- lité au pincement y parut très-affaiblie. La température, prise sous l'ais- selle avant l'opération, était de 38 degrés centigrades; immédiatement après elle était de 38°, 7. Lorsqu'on stimulait avec instance l'animal, il opérait un léger mou- vement de manège à droite. Toute la journée il resta blotti dans un coin, comme absorbé et som- nolent, couché sur le côté gauche, ne prenant pas de nourriture, ne se mouvant que lorsqu'on l'y excitait fortement, et alors chancelant sur ses pattes et tombant invinciblement sur les pattes antérieure et pos- térieure gauches. Cependant la sensibilité était moins obtuse. Le lendemain rnatin, un mieux très-appréciable s'était opéré dans l'état de l'animal : il mange du pain que nous lui offrons et il se meut spontanément, mais avec un dandinement particulier et tout penché sur le côté gauche. Les jours suivants, cet état dé parésie diminue progressivement, et trois semaines environ après l'opération qu'il a subie, il faut un exa- men attentif pour constater l'existence de la paralysie, laquelle semble prédominer dans la palle antérieure gauche. Une particularité qu'il importe dès à présent de signaler, c'est que cette même patte est le siège d'une atropine de volume manifeste, et nous verrons plus tard que cette atrophie coïncidait avec une réelle altération du tissu musculaire. Quoi qu'il en soit, et à cela près de quelques phénomènes que nous venons de mentionner, l'animal avait complètement repris en appa- rence son état normal, les fonctions cérébrales ne paraissaient pas no- tamment troublées, lorsque vers les derniers jours du mois de septem- bre dernier, nous nous aperçûmes, à la suite d'un examen attentif, d'une manifestation nouvelle dont lun des yeux était le siège : c'était Vœil droit, il y existait une opacité déjà très-accusée de la cornée transparente, et il était facile de se convaincre par un essai approprié que la vue de ce côté était très-imparfaite. Cette opacité alla croissant jusqu'au mois de novembre, époque à laquelle la vision ne s'exerçait plus : l'animal nous fut montré en ce moment et nous pûmes constater que l'œil droit était complètement perdu, qu'il était flétri et comme rentré dans l'orbite, et que sa partie antérieure et cornéenne présen- tait une surface opaline blanchâtre et comme ridée. L'animal étant mort accidentellement (étranglé par un chien) le 24 novembre dernier, nous en avons soigneusement l'ait l'autopsie et 3 nous vous en apportons les résultats, surtout en ce qui concerne Tor- gane expérimentalement affecté. Voici d'abord les deux yeux extraits de Torbite : on voit combien le globe oculaire droit diffère du gauche et par son volume et par son aspect. Ce volume est, en effet, réduit plus que de moitié, et tandis que l'œil gauche a conservé tous les attributs physiques et anatomiques normaux, le droit est comme flétri, ratatiné et entièrement opaque. Toutefois il est à remarquer qu'il s'agit là d'une simple altération de nutrition, sans processus aigu irritatif ou d'autre nature, puisque tout produit d'un pareil travail morbide fait défaut, notamment le pus ou l'ulcération. Quant à l'altération intime des membranes en particulier, le désir de vous soumettre les pièces intactes nous a empêché de les étudier jusqu'à présent; mais nous y reviendrons, convaincus que la rétine doit avoir sa participation à cet état pathologique. Ce qui semble le prouver à priori, c'est que le tronc du nerf optique droit est visiblement atrophié relativement au nerf optique gauche. Nous arrivons au cerveau lui-même, que nous avons dû, pour bien l'étudier, faire suffisamment macérer dans une solution d'acide chro- mique; cette circonstance ne permet pas de constater aussi facilement aujourd'hui les particularités qui s'offraient à l'état frais. La plaie faite à la voûte crânienne, singulièrement rétrécie d'ailleurs, était fermée par un pont fibreux peu résistant, auquel adhèrent inlé- rieurement quelques parcelles d'une substance molle, pulpeuse, (jue nous avons bientôt reconnue pour être du tissu cérébral altéré. L'hé- misphère cérébral droit mis à nu présentait, d'avant en arrière, vers son milieu, une cicatrice blanche nacrée, comme rubanée, s'étendant de la corne antérieure du lobule postérieur en traversant la scissure sylvienne, mais très-superficiellement; toutefois la continuité de la ci- catrice n'était pas absolument complète; elle était interrompue vers son tiers postérieur, et là le tissu cérébral semble se jomdrc à lui-même d'un côté à l'autre ; le tissu lui-même est comme froncé tout autour de la cicatrice, effet de la rétraction de celle-ci. La perte de substance qui répond à la cicatrice représente environ le tiers de 1 hémisphère cérébral. Le tissu cicatriciel lui-même est essentiellement constitué par des éléments cellulo-fibreux contenant des noyaux et quelques cellules disséminées embryo-plastiques. Nulle part au sein même de la cicatrice nous n'avons rencontré d'éléments nerveux proprement dits; mais au niveau de la courte interruption il y en a en grand nombre, mêlés à de? fibrilles de tissu conjonclif qui semble prédominer, des tubes nerveux interrompus, mais parfaitement constitués, et des cellules nucléolées, qui pourraient bien être l'effet d'une régénération. 4 Dans toute la sphère de la lésion, les vaisseaux capillaires abondent et leurs parois sont manifestement granuleuses. Les autres parties de l'encéphale nous ont paru être saines. Nous avons le regret de n'avoir pu examiner suffisamment la moelle allongée, à raison des grandes difficultés que présente son extraction du canal vertébral ; mais les phénomènes déjà signalés du côté de l'un des membres supérieurs, et les altérations de structure que nous allons signaler dans les muscles de cette patte, nous portent à croire que des lésions secondaires descendantes existaient très-probablement dans les jiarties supérieures de l'axe spinal. En effet, les muscles de la patte antérieure droite ne présentaient pas seulement une atrophie généralisée; les faisceaux primitifs eux- mêmes étaient atrophiés et altérés, comme ils le sont habituellement sous l'influence des lésions médullaires, c'est-à-dire qu'ils offraient la dégénérescence granuleuse très-appréciable, la striation restant in- tacte en elle-même. Telles sont les principales particularités que ce fait expérimental a présentées ; elles sont assez remarquables pour que nous les résumions en quelques mots afin de les faire ressortir : 1° Atrophie totale de l'œil correspondant à l'hémisphère cérébral lésé ; atrophie paraissant résulter d'une altération de nutrition pure, sans autre processus appréciable : cette altération ne démontre-t-elle pas une véritable influence trophique exercée par le cerveau? A cette atrophie de l'œil se rattache évidemment celle du nerf optique cor- respondant. 2" Phénomènes de paralysie de la motilité et de la sensibilité bien prononcés, au début, dans les membres du côté opposé à celui de la lésion cérébrale; préexistence de ces phénomènes avec atténuation de plus en plus marquée jusqu'au moment de la mort de l'animal. 3° Atrophie consécutive des muscles de la patte antérieure droite (côté de la lésion cérébrale), et de dégénération granuleuse' commen- çante des faisceaux primitifs de ces mêmes muscles; lésions de nature à révéler une altération secondaire et descendante de la moelle épi- nière, bien que cette altération n'ait pu être constatée directement. Faisons remarquer, à ce sujet, que les observations négatives ré^cem- ment publiées, touchant à la production expérimentale des lésions se- condaires de la moelle, sont tous relatifs à de simples incisions faites dans la substance cérébrale; or le fait que nous venons de relater, et d'autres qui sont en cours d'observation, nous portent à penser qu'il ne suffit pas d'une simple piqûre ou incision, mais que l'enlèvement d'une certaine portion de matière cérébrale est nécessaire pour réa- liser l'une des conditions essentielles du résultat dont il s'agit; c'est 5 d'ailleurs ce que montre plus amplement la suite de ces recherches. M. Brown-Séquard dit qu'il y a déjà près de vingt ans, il a ob- servé l'atrophie du bout central des nerfs après leur section. Lors- que M. Waller a fait connaître son importante théorie des centres trophiques, M. Brown Séquard a signalé, entre autres objpclions, !o fait que le bout central des nerfs périphériques sectionnés n'est pas sans altération comme le voudrait cette théorie. Les mêmes causes, selon toutes les probabilités, déterminent les altérations soit dans le bout central, soit dans le bout périphérique d'un nerf coupé ; mais il est tout naturel que celles-ci soient plus prononcées dans le bout in- férieur. Il s'est assuré que l'atrophie du bout central n'est pas seule- ment due à un arrêt de développement, cette altération se produisant (à un moindre degré il est vrai) chez les animaux adultes, comme chez les jeunes. — M. Laborde fait une communication relative àun fait de dégénéra- tion secondaire probable de la moelle survenue chez un cochon d'Inde consécutivement à l'ablation du tiers d'un hémisphère cérébral prati- quée au mois de juillet. M. Charcot dit que c'est un sujet à reprendre; il rappelle que ré- cemment M. Westphal a obtenu des résultats positifs. M. BkowvSéquard fait remarquer que le développement de ces dé- générations secondaires présente bien des inconnues. MM. Vulpian et Dickinson ont vu qu'après les amputations c'est tantôt le cordon posté- rieur, tantôt le cordon antérieur de la moelle qui est atteint. 11 croit que l'irritation primitive se transmet par l'intermédiaire du tissu con- jonctif et que ce sont les altérations de ce tissu qui produisent celles des tissus nerveux. — M. Laborde signale, à propos du fait qu'il a rapporté, que l'animal qui était devenu épileptique a guéri par l'administration du bromure de potassium. — M. Brown-Séquard fait voir des animaux chez lesquels, selon toute apparence, il y a eu transmission par hérédité d'une altération ac- quise accidentellement par leur père. Il fait observer aussi que la femelle, mère de ces animaux, présente une déformation semblable, mais moindre. M. Brown-Séquard rappelant les observations d'un observateur an- glais de notre temps, M. Harvey, qui démontrent que les caractères physiques û'un père peuvent se transmettre par l'intermédiaire des petits à leur mère, dit qu'il y a lieu de croire que cette femelle a été influencée de cette manière. — M. Ranvier expose à la Société les résultats (qu'il a déjà com- 6 muniqués à l'Académie des sciences) sur la production de l'œdème sur des chiens; la ligature de la veine cave n'a pas produit d'oedème, tandis qu'il se produisit dans l'une des pattes après que sur le même animal le nerf scialique a été sectionné. M. Ranvier a étudié les lésions du tissu conjonctif œdématié : le nombre des globules blancs normaux augmente considérablement. Les cellules plates, au bout de vingt heures, sont devenues globuleuses; elles ont toutes subi la dégénération granulo-graisseuse; on les pren- drait pour des cellules des glandes sébacées. Le noyau, visible après coloration, se trouve dans le milieu de la masse granuleuse. M. Ranvier insiste sur la différence que présente cet œdème d'avec le gonflement phlegmoneux sous le rapport de la mobilité du liquide. — M. Carville présente un chien sur lequel il a répété avec succès l'expérience de M. Ranvier. — MM, CnARcoTetJoFFROY communiquent un cas d'ataxie locomotrice avec arthropathie de l'épaule droite. Ils ont observé que la moelle, indépendamment des lésions de l'ataxie (sclérose des cordons posté- rieurs), présentait une déformation de la corne antérieure droite limitée à rétendue du renflement cervical. M. Charcot ne pense pas que la sclérose des cordons postérieurs puisse à elle seule expliquer le développement des arthropathies spéciales de l'ataxie, parce que la sclérose des cordons postérieurs est constante dans cette maladie, tandis que les arthropathies y sont relativement rares. Répondant à quelques questions qui lui sont adressées, M. Charcot expose les caractères cliniques de l'arthropathie de l'ataxie; quant à l'anatomie pathologique de cette arthrite, elle n'est encore fondée que sur une seule nécropsie que M. Charcot a communiquée l'an dernier à la Société ! Ce qu'au point de vue anatomique cette arthrite offre de particulier, c'est l'atrophie très-rapide des têtes osseuses qui est carac- téristique à la première période de l'affection. Plus tard, une hypertro- phie osseuse peut survenir. M. Ranvier remarque à ce propos que c'est au début seulement que les diverses arthrites ont des caractères anatomiques bien tranchés (arthrites goutteuse, rhumatismale, tumeur blanche, arthrite sèche); qu'à une période un peu avancée des altérations identiques peuvent se montrer dans les différentes arthrites. La séance est levée à cinq heures. Séance du 15 janvier, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. VuLPiAN, à propos du procès-verbal, donne quelques détails sur l'examen des membres du chien qui avait été opéré par M. Carville et présenté dans la dernière séance. Du côté de la section du nerf scia- tiatique il existait une coagulation dans les vaisseaux plus étendue et plus manifeste que du côté opposé. Les veines surtout contenaient des thromboses qui siégeaient dans des troncs assez volumineux. M. Ranvier a trouvé des thromboses veineuses une fois sur cinq ; dans les autres cas, il existait des dilatations des capillaires et des accumu- lations de globules blancs; mais M. Ranvier n"a pas encore terminé ses études sur ce sujet. IM. Laborde a vu se former des thromboses veineuses dans les cas de section simple du nerf sciatique. Dans ces cas, les animaux meurent avec des infarctus pulmonaires. Sur des lapins et des cochons d'Inde auxquels MM. Leven et Laborde avaient fait la section du nerf sciatique, il s'est produit dans quelques cas un peu d'œdème dans le membre correspondant; mais il était moins développé que dans les expériences de M. Ranvier. M. Ranvier a fait un grand nombre de fois des sections du sciatique chez le chien sans jamais produire de l'œdème. Dans ces sortes de re- cherches, il y a une erreur à éviter, c'est de prendre pour un œdème formé pendant la vie l'infdtration plus ou moins grande qui survient lorsque le cadavre de l'animal est resté pendant quelque temps sur un plan incliné. M. Brown-Séquard n'a jamais observé d'œdème à la suite de la sec- tion simple du nerf sciatique. M. Hayem a profité de l'expérience faite par M. Carville et conGr- mative de celles de M. Ranvier pour étudier au microscope l'état des vaisseaux du membre œdématié. Il a vu qu'il existait une stase san- guine étendue aux capillaires et aux veines avec des dilatations irrégu- lières de ces vaisseaux, et que de plus un assez grand nombre de glo- bules rouges s'étaient extravasés. D'ailleurs, on reconnaissait déjà à l'œil nu de petits points ecchymotiques dans le tissu œdématié. Il y a donc ici des phénomènes de stase et d'issue des globules comparables à ceux qui ont été décrits par Cohnheim dans la membrane natatoire de la grenouille. De plus, M. Hayem a voulu voir sur cet animal si les phénomènes de la stase étaient modifiés par la section du sciatique. 8 En coupant le sciatique d'un côté sur une grenouille curarisée, on constate un élargissement des artérioles et une dilatation consécutive des capillaires. Si l'on fuit alors au niveau de chaque cuisse la ligature do la veine principale, on se met chez la grenouille dans des conditions fort ana- logues à celles de l'expérience de M. Ranvier. On voit alors que du côté non sectionné les phénomènes de stase se développent peu à peu et assez rapidement d'abord dans les capillaires, puis dans les veines, et plus tard enfm dans les artérioles de la membrane interdigitale. Du côté de la section du nerf sciatique les mômes phénomènes se produisent, mais plus lentement, et la circulation est déjà arrêtée com- plètement depuis plus de vingt-quatre heures du côté Opposé, que l'on peut encore voir ici une circulation irès-fuible et très-gônée dans les artérioles. De plus, les vaisseaux restent plus dilatés, et la patte offre une coloration plus rouge. On peut donc penser que dans l'expérience de M. Ranvier la production de l'œdème se trouve facilitée par la dila- tation des artérioles qui permet l'abord d'une plus grande quantité de sang, et cela pendant plus de temps que du côté opposé. M. Ranvier étudie encore actuellement le mécanisme de la produc- tion de l'œdème, et il ne fera connaître que plus tard sa conclusion; mais il ne croit pas à la valeur des expériences faites sur la grenouille. D'après lui, il y a trop de causes d'erreur à éviter. D'abord, il n'est pas certain que le sciatique contienne des vaso-moteurs; la paralysie de la patte qui résulte de la section du sciatique sufnt à expliquer les changements de circulation. D'autre part, il n'est pas certain qu'il y ait dans ce cas une dilatation des vaisseaux; car on observe chez la gre- nouille des variations très-grandes dans le diamètre des vaisseaux sans que l'on fasse intervenir une cause extérieure. Enfin, il n'y a pas d''œ- dème chez la grenouille à cause du peu d'abondance du tissu conjonc- tif. Ces considérations ont engagé M, Ranvier à laisser de côté complète- ment les grenouilles pour ce genre d'expériences. M. Leve.n a souvent vu de l'œdème chez la grenouille, et il croit que cet animal a suffisamment de tissu conjonctif pour en avoir. M. Ranvier pense que le boursouflement que présentent les grenouilles dans certaines conditions ne constitue pas un véritable œdème. Il change rapidement, suivant le milieu et la position dans lesquels on observe l'animal. iM. Hayem croit à la réalité de la dilatation des petites artères après ia ëecliun au sciatique chez la grenouille, et il rappelle à M. Ranvier qu'il a fait ses études sur des individus curarisés. D'ailleurs tous les observateurs ont admis la présence de nerfs vaso-moteurs dans le scia- tique de la grenouille. 9 M. Vllpiax demande à M. Ranvier si dans ses expériences il n'a ja- mais vu d'œdème des deux côtés. M. Philipeaux, en répétant l'expé- rience en question, vient d'observer dernièrement un œdème bilatéral. M. Ranvier a toujours vu jusqu'ici l'œdème se produire uniquement du cô'é de la section du nerf sciatique. M. Brown-Séquap.d a déjà annoncé à la Société qu'une simple section de la peau faite au niveau de la région épileptogène guérit souvent les animaux rendus épileptiques par section de la moelle ou du nerf scia- tique. Aujourd'hui M. Brown-Séquard désire attirer l'attention sur un de ces faits plus remarquable que les autres, à cause de cette particu- larité que la guérison a été immédiate. Dès le moment où la section de la peau a été faite, les propriétés de la zone épileptogène ont été modifiées. L'anesthésie qui existe toujours à un certain degré a disparu et la zone a perdu complètement sa fa- culté épileptogène. ' M. Charcot, à propos des faits énoncés par M. Brown-Séquard, ra- conte brièvement l'histoire d'une malade qu'il observe en ce moment à la Salpêtrière. Elle est atteinte d'un mal de Pott situé très-bas, avec compression de la queue de cheval ou des nerfs qui forment le plexus lombaire. Il existe un affaiblissement des membres inférieurs et de l'hy- peresthésie dans quelques groupes nerveux, particulièrement sur le trajet du crural gauche. Les moindres attouchements à ce niveau sont très-douloureux. De temps en temps il y a des accès douloureux très- intenses. Un mois après un de ces accès, la malade a été prise tout à coup d'une attaque épilepliforme avec morsure de la langue, pâleur do la face, écume sanguinolente. Depuis cette époque, il y a eu deux nou- velles attaques du même genre. Doit-on voir dans ce fait une simple coïncidence ou bien un certain rapport entre les phénomènes d'excita- tion de quelques troncs nerveux et des attaques épileptiformes? M. Charcot pense que celte dernière supposition est d'autant plus ac- ceptable que la malade n'a jamais eu antérieurement d'affection ner- veuse. M. Charcot a cherché en vain chez celte femme une zone capable de produire des attaques. M. Leven demande à M. Brown-Séquard s'il existe dans la science un grand nombre de faits démontrant la guérison de l'épilepsie à la suite de sections faites au niveau du point de départ de l'aura. M. Brown-Séquard rappelle qu'il a mentionné dans son livre et dans ses cours un nombre considérable de faits qui démontrent qu'une irri- tation quelconque produite sur le siège de l'aura peut guérir l'épi- lepsie. D'autre part, le fait expérimental sur lequel M. Brown-Séquard 10 vient de faire une nouvelle communication à la Société, ne peut laisser aucun doute dans l'esprit sur la valeur du caractère, de l'irritation de la zone épileptogène. Il est clair, en effet, que chez les animaux c'est bien certainement la section qui produit la guérison, tandis que chez l'homme on peut toujours se demander si celle-ci n'a pas été spon- tanée. — M.Hayeh communique à la Société les résultats complètement né- gatifs de recherches entreprises dans le but de voir si le sang ne con- tient pas dans quelques maladies aiguës ou chroniques un excès d'a- cide urique. On sait que Garrod et depuis plusieurs observateurs, parmi lesquels il faut citer M. Charcot, ont trouvé dans la sérosité des vésicatoires appliqués chez les goutteux une certaine quantité d'acide urique. Des recherches du même genre entreprises dans le rhumatisme aigu ou chronique ont donné des résultats négatifs; mais on pouvait se de- mander si la présence de l'acide urique était un fait tout à fait spécial à la goutte. M. Hayem a examiné, sous ce rapport, par le procédé du fil, la séro- sité d'un grand nombre de vésicatoires appliqués dans un service d'a- dultes des deux sexes atteints d'affections très-diverses, et il n'a jamais trouvé de cristaux d'acide urique. Il fait de plus remarquer que la sérosité du vésicatoire recueillie dans un verre se coagule constamment au bout de quelques minutes, résultat identique à celui que RI. Vulpian a fait connaître à la Société à propos des expériences entreprises par iSlM. Legros et Onimus sur la genèse des leucocytes. M. Charcot fait observer que dans certains cas indépendants de la goutte, on trouve des cristaux d'acide urique : c'est lorsqu'il existe des troubles de la sécrétion urinaire, comme dans les néphrites anciennes. Il en a trouvé récemment dans un cas d'anurie de cause inconnue, chez une malade qui n'avait aucune affection des jointures. On n'en rencontre jamais dans le rhumatisme, même dans les cas chroniques que beaucoup de médecins confondent encore avec la goutte. Dans cette dernière maladie, pour trouver l'acide urique, il convient d'appliquer le vésicatoire loin du siège de l'inflammation. Dans la goutte aiguë légère, il existe de l'acide urique au moment où l'accès va se développer, mais non en général pendant l'accès môme. Lorsque la maladie est chronique, on trouve toujours de l'acide urique dans le sang, mais peu ou même pas du tout dans l'urine. M. Bert demande si l'on a fait l'examen de la sérosité des vésica- 11 toires sur 1 homme sain et aux diverses périodes de la formation des ampoules. Dans un cas où il avait fait placer un vésicatoire pour une simple névralgie, il n'a pas observé la coagulation sig'nalée par MM. Vul- pian et ïlayem. M. Hayem a toujours observé cette coagulation, et cela à tous les degrés d'évolution des ampoules et souvent chez des individus atteints d'affections très-bénignes. M. VuLPiAN a fait un grand nombre de recherches de ce genre, et il a toujours trouvé un petit caillot fibrineux au bout de vingt à trente minuies. Lorsqu'on enlève cette première coagulation, il n'est pas rare d'en voir se former successivement plusieurs autres. M. CnARcoT attire l'attention, de la Société sur l'état de la moelle dans deux cas de paraplégie suivis de guérison. Le premier fait est re- latif à un mal de Pott qui avait produit une paralysie par compression de la moelle et dans lequel la paraplégie a disparu après plusieurs ap- plications de pointes de fer au niveau de la déformation. Il est pro- bable que dans ce cas, comme M. Charcot l'a vu plusieurs fois, la com- pression est due, non pas aux fragments osseux, mais à la matière ca- séeuse qui vient presser directement sur la dure-mère rachidienne. La malade, après être restée quelque temps guérie de sa paralysie des membres inférieurs, a été prise de coxalgie et a succombé. A l'autopsie on a trouvé les lésions ordinaires de la compression de la moelle : aplatissement de la moelle et léger ramollissement à ce ni- veau; sclérose ascendante des faisceaux postérieurs et altération des- cendante dans les cordons antéro-latéraux. Il n'y avait aucune diffé- rence entre cette moelle et celle des individus qui meurent paralysés. Le deuxième fait se rapporte à une malade atteinte de paraplégie qui avait été considérée comme incurable. Il n'y avait pas de mal de Pott. La guérison semble avoir été produite par un traitement au nitrate d'argent. La malade marchait bien et n'avait conservé qu'un peu de rigidité dans le membre inférieur droit lorsqu'elle a été prise d'a- dénie. A l'autopsie on a trouvé dans un point de la région dorsale de la moelle une sorte de gonflement grisâtre, d'aspect gélatineux, sorte de sclérose partielle occupant environ 2 centimètres de longueur. Il s'é- tait produit encore ici une altération secondaire ascendante et descen- dante. Dans ces deux faits la disparition des signes fonctionnels de la paraplégie a donc été obtenue sans changement appréciable dans la lésion médullaire. M. Charcot reviendra d'ailleurs sur l'examen histo- logique de ces deux moelles. M. Laborde demande à M. Charcot s'il croit véritablement à l'effica- cité des pointes' de fer dans le traitement du mal de Pott. 12 M. Charcot possède des observations qui ne peuvent laisser aucun doule sur la valeur réelle de cette méthode. M. DuMONTPALLiER fait obscrver que Pott déjà avait préconisé l'em- ploi des cautères et de la potasse caustique. M. Charcot est persuadé que les pointes de feu réussissent mieux que les caustiques: M. Laborde montre des pièces analomiques qui se rapportent à un cas de ligature du nerf sciatique chez un cochon d'Inde. L'animal est mort rapidement à la suite d'infarctus des poumons. Le nerf a subi sa régénération aulogénique et les lésions qui s'étaient produites à l'ex- trémité de la patte sont complètement cicatrisées. Le bout périphéri- que du nerf est plus gonflé que dans les expériences du môme genre. Il existe au niveau de la ligature une névrite évidente. La séance est levée à cinq heures et demie. Séance du 22 janvier. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Dumontpallier, à propos de la communication faite par M. Charcot dans la dernière séance sur le traitement de la paralysie dans le mal de Polt par les pointes de feu, rappelle le mémoire de Pott lui-même qui employait une méthode très-analogue. En effet, il appliquait sur la gibbosilé des cautères, des sétons, et M. Dumontpallier ne comprend pas bien comment des pointes de feu peuvent déterminer un effet plus puissant que ces derniers moyens. M. Coarcot a fondé son opinion sur des observations prises à la Sal- pétrière et qui paraissent très-concluantes. Les malades qu'il a obser- vées étaient dans des conditions particulières. On envoie en effet dans cet établissement les malades qui survivent et sont considérés comme incurables. Elles n'ont pas d'abcès, pas de complications graves; pres- que toutes ont été traitées sans succès par la méthode de Pott, et ce- pendant les pointes de feu produisent une amélioration considérable et souvent des guérisons au point de vue des troubles fonctionnels. Toutefois M. Charcot ne sait pas pourquoi les pointes de feu réussis- sent mieux que tout autre traitement. M. Brown-Séquard rappelle que M. Bouvier a préconisé les cautéri- sations avec la pointe d'une allumette et qu'il les regarde comme plus utiles que les cautères. M. Laboude a vu un très-grand nombre de malades atteints de mal de Pott, et il a suivi longtemps la pratique de M. BouvieV. Il aurait donc 13 beaucoup de choses à dire à ce propos; mais il désire faire remarquer que la question la plus importante au point de vue de la marche et du traitement est sans contredit celle du siège. On remarque, en effet, que lorsque le mal de Poit est situé très-haut, ce sont les symptômes de paralysie qui dominent, qu'au contraire les abcès deviennent plus fréquents lorsque l'affection est placée très-bas. Dans ce dernier cas, le traitement de M. Charcot peut et doit avoir de l'impor- tance. Mais il n'en est pas de même dans le cas contraire, parce qu'a- lors l'abcès ne se porte pas à l'extérieur et produit par compression des phénomènes de paralysie. On voit souvent, ajoute M. Laborde, des paralysies qui disparaissent tout à coup pour se répéter chaque fois qu'il y a un nouvel abcès. Il faut donc savoir tenir compte de ces variétés dans la marche de la maladie pour apprécier la valeur d'un traitement. M. Bouvier a depuis longtemps abandonné les fortes cautérisations; il emploie seulement les applications de teinture d'iode. D'ailleurs, certaines malades ont présenté des alternatives de guérison et de paralysie sans suivre au- cun traitement. C'est donc là, comme on le voit, une question très- complexe. M. Charcot ne veut pas entrer dans des développements qui lui pa- raissent inutiles sur les différentes variétés du mal de Pott. Il n'a parlé du traitement par les pointes de feu que d'unemanière incidente, et les observations qu'il a recueillies à la Salpêtrière lui paraissent extrêmement probantes. M. LEVEt* fait une nouvelle communication sur les expériences de ligature de la trachée. Il a cru d'abord que lorsqu'on faisait cetteopé- ration le^^ animaux mouraient tout à coup, comme foudroyés. Depuis, il a vu que ce résultat n'est pas constant, el que souvent les animaux meurent asphyxiés. M. Leven ne s'est pas encore rendu un compte exact de ces différences. M. Grécant fait remarquer qu'en liant la trachée on peut irriter soit le pneumo-gastrique, soit le laryngé supérieur et produire ainsi un arrêt des mouvements respiratoires. M. Buown-Séquard demande à M. Leven comment il opérait dans les cas où il a vu survenir une mort subite. M. Leven a obtenu ce résultat en cherchant à introduire dans la tra- chée une canule qui quelquefois déchirait ce conduit. M. Brown-Séquard fait remarquer qu''il né faut pas confondre les effets d'une déchirure avec ceux de la simple ligature. M. Leven a vu la ligature produire le même résultat; mais il ne sait pas encore, comme il vient de le dire, quelles sont les conditions né- cessaires pour obtenir une mort aussi prompte. 14 3M. Brown-Séquard a fait un très-grand nombre de fois la ligature de la trachée sans obtenir le résultat annoncé par M. Leven. De même pour les faits relatifs à l'asphyxie par l'acide carbonique, M. Brown-Séquard a toujours vu, contrairement à M. Leven, survenir des convulsions ; mais il faut pour cela que l'acide carbonique respiré soit pur. Lorqu'il renferme une certaine quantité d'air, l'animal peut vivre assez longtemps s;ins présenter de convulsions. Il serait impor- tant de savoir quelles sont les conditions dans lesquelles M. Leven a obtenu les résultats qu'il avait annoncés. M. Leven a fait les expériences d'une manière très-simple. Il plaçait les animaux dans une cloche qui recevait un courant d'acide carbo- nique à la partie inférieure et se remplissait ainsi de bas en haut. De cette manière les animaux plongés au sein d'une atmosphère d'acide carbonique meurent sans passer par une période d'excitation, sans avoir un seul mouvement convulsif. D'ailleurs M. Leven rappelle que d'autres physiologistes soutiennent en Allemagne la même théorie et considèrent l'acide carbonique comme un gaz stupéfiant et non con- vulsivant. M. Laborde a vu plusieurs fois, notamment dans un cas de déchirure de la trachée, des faits de mort subite rapportés par M. Leven, en as- sistant ce dernier dans ses expériences. M. LiouviLLE présente plusieurs pièces anatomiques recueillies chez un malade qui a succombé à la fièvre typhoïde. Elles sont relatives à diverses altérations musculaires avec abcès d'un des grands droits, et plusieurs infarctus viscéraux. (Il remettra une note.) M. CnARcoT demande à M. Liouville si le caillot situé dans l'auricule n'a pas pu être le point de départ d'embolies. M. Liouville fait observer que le caillot siégeait dans l'auricule droite et que les infarctus dépendent d'oblitérations artérielles. Il pense que les dernières devaient être sous Tinfluence soit de throm- boses artérielles, soit d'embolies parties des caillots veineux. C'est là un fait assez complexe. M. Bouchard a observé dernièrement deux cas de fièvre typho'ide avec thromboses, et en réunissant les particularités qu'ils présentent, ils pourraient former un ensemble comparable au fait dont vient de parler M. Liouville. Dans un cas il y avait, en effet, des thromboses veineuses ; dans l'autre, au contraire, une thrombose de l'artère splé- nique avec infarctus de la rate, et dans ce dernier fait rien ne pouvait faire songer à la possibilité d'une embolie. M. CnARcoT rappelle qu'il a fait connaître, pour le cancer, les throm- boses artérielles par inopexie; le fait do M. Bouchard serait donc très- 15 intéressant au point de vue de l'histoire générale des coagulations ar- térielles spontanées. M. LANCEREAuxfait observer que les thromboses artérielles sans alté- ration de la paroi du vaisseau sont au moins très-rares. Il a cru pen- dant quelque temps à leur existence, à cause du travail de M. Charcot; mais aujourd'hui il a complètement abandonné cette opinion. D'après les faits d'artérite observés par M. Hayem dans la fièvre typhoïde, il est probable que la coagulation de l'artère splénique trouvée par M. Bouchard était due à une lésion de la paroi du vaisseau. M. Bouchard n'a pas fait l'examen de l'artère oblitérée; mais rien ne prouve encore, d'après lui, que les ihrombosesartérielles soient incapa- bles de se produire sans altération vasculaire, La séance est levée à cinq heures et demie. Séance du 29 janvier. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Gréhaxt présente à la Société la thèse qu'il a soutenue récem- ment pour le doctorat es sciences naturelles, sur l'excrétion de l'urée par les reins. Il rappelle à ce propos ses précédentes communications et attire spécialement l'attention de la Société sur la dernière conclu- sion de son travail, qui est en contradiction avec les faits énoncés par Zalesky : « La ligature des uretères et la néphrotomie sont deux opérations identiques quant à leurs résultats; elles suppriment toutes deux la l'onction éliminatrice des reins et n'apportent aucun obstacle à la for- mation de l'urée qui a lieu en dehors des reins. » M. VuLPiAN demande à M. Gréhants'il a cherché à se rendre compte des causes qui peuvent avoir induit les autres observateurs en erreur. M. Gréoant attribue ces différences d'abord à l'exactitude plus grande avec laquelle il a dosé l'urée dans le sang et à certaines condi- tions de l'expérience, comme l'élimination de l'urée par l'intestin, question qui n'a pas encore été sufBsamment élucidée. M. Bert fait remarquer que Zalesky s'est trop pressé de conclure que les observateurs qui l'ont précédé s'étaient trompés. Les faits sur lesquels s'appuie cet auteur ne sont pas effectivement assez con- cluants. Sur ses trois expériences d'ablation des reins chez le chien, une seule peut être regardée comme véritablement bonne. Dans ces condi- tions, on peut se demander si M. Zalesky n'a pas observé un fait ex- ceptionnel. Il n'a pas retrouvé d'urée dans l'estomac, mais il pouvait y 16 ' en avoir dans la sueur; en tout cas, il fallait rechercber avec plus de soin ce que l'urée pouvait être devenue. Toutefois, M. Zalesky a mon- tré que les conditions indiquées par M. Cl. Bernard comme devant produire un excès d'urée dans le sang, ne suffisent pas toujours à amener ce résultat. Le môme reproche s'applique aux expériences faites sur les oiseaux et les serpent?. On doit encore se demander si le défaut d'accumula- tion d'acide urique dans ces cas n'est pas due à l'élimination de cette substance par diverses sécrétions. M. VuLPiAN, pour appuyer les observations de M. Bert, fait observer que l'urée peut être éliminée en nature par l'intestin. Chez un malade atteint d'albuminurie brightique, M. Vulpian a fait analyser les selles par M. Guyochin, interne en pharmacie, et l'on y a trouvé de l'urée. Si M. Zalesky ne s'est pas mis à l'abri de celte cause d'erreur, on doit considérer ses expériences comme peu concluantes (!). M. CuALvET croit aussi à Télimmation de l'urée en nature par l'in- testin. Il en a trouvé plusieurs fois dans les selles de malades atteints de fièvre typhoïde. M. Brown-Séquard fait observer que l'urée peut s'accumuler aussi dans les articulations et que ses voies d'élimination sont multiples. M. CnALVET : L'urée peut s'éliminer abondamment chez l'homme par la peau; mais nous ne savons pas ce qui se passe, sous ce rapport, chez les animaux. On en trouve dans la sueur des individus atteints de fiè- vre intermittente, par exemple, et, chose remarquable, il n'en existe pas dans la sueur des rhumatisants. i\l. Brovvn-Séquard a déjà montré à la Société des cochons d'Inde qui offraient une altération de l'oreille transmise par hérédité. Un fait ana- logue s'observe pour les lésions de la putte consécutives à la section du nerf sciatique. Ainsi trois jeunes cochons d'Inde nés de parents ayant eu le nerf sciatique coupé ont les doigts d'une patte altérés comme ceux de leurs parents, et comme tous les autres cochons d'Inde provenant de parents tout à fait sains n'ont rien de semblable, il y a quelque probabilité que cette altération est due à l'influence de l'hé- rédité. M. Bert rapporte qu'il avait essayé en vain de faire reproduire par hérédité certaines lésions chirurgicales. C'est ainsi qu'après avoir enlevé les yeux successivement à quatre générations de rats, il a con- staté que les enfants naissaient toujours avec des yeux parfaitement normaux. 11 existait cependant chez eux une légère atrophie des lobes (1) Voir, pages suivantes, même séance, l'analyse des matières intes- tinales par M. Guyochin. 17 optiques. Ces expériences montrent donc que ce n"est guère qu'à partir de la quatrième génération que l'on pourrait obtenir- un résultat. D'ailleurs certaines pratiques très-anciennes, comme celle de la circoncision, par exemple, prouvent que les lésions chirurgicales n'ont pas de ten- dance à se transmettre par hérédité ! M. VuLPiAN rappelle que M. Philipeaux, dans de nombreuses expé- riences d'ablation, soit de la rate, soit du testicule, a toujours obtenu également des résultats négatifs. Il serait facile, d'ailleurs, de recueil- lir un grand nombre de faits de ce genre; ce qui prouve l'intervention d'une cause accidentelle lorsque les faits paraissent positifs. M. Laborde demande à M. Brown-Séquard si l'hérédité agit directe- ment pour produire les troubles de la nutrition de la patte, ou bien si elle exerce son influence en déterminant d'abord l'épilepsie. M. Brown-Séquard fait observer que l'hérédité de l'épilepsie provo- quée est parfaitement établie par les faits qu'il a constatés depuis long- temps. 11 ajoute que certaines déformations de l'oreille paraissent aussi se transmettre directement par hérédité; mais que pour le troisième fait, celui qui est relatif aux altérations de la patte l'influence directe de l'hérédité ne lui semble encore que probable. En tout cas, M. Brown-Séquard pense que certaines lésions provoquées chezles pa- rents par la section des nerfs peuvent se transmettre directement aux petits. — M. VuLPiAN présente au nom de M. J. M. Philipeaux un cas de transplantation de Cergot d'un jeune coq dans la crête du même animal. L'expérience a été faite le 20 juin 1850. L'ergot extirpé sur la patte gauche d'un jeune coq, âgé de 40 jours, avait été introduit dans la crête de ce même animal, et l'incision pratifjuée sur la crête pour permettre cette insertion avait été réunie à l'aide d'un pain à cacheter, imbibé de gomme. Deux ans après, l'animal ayant été sacrifié pour dautres expériences, on put examiner avec soin l'ergot transplanté, lequel depuis longtemps faisait une saillie considérable hors de la crête. Lorsque l'ergot a été introduit dans la crête, il avait l'aspect et les dimensions de celui qui est mis sous les yeux de la Société et qui a été enlevé sur un jeune coq d'environ 40 jours. On sait qu'à cet âge l'ergot n'adhère pas à l'os du tarse, mais qu'il fait corps avec la peau et qu'il est formé exclusivement, comme les ongles, d'une substance cornée au-dessous de laquelle existe une mince couche de Malpighi et le derme. U n'y a alors ni cellules cartilagineuses ni cellules os- c. R. 1869. . 2 18 seuses. Peu à peu l'ergot se développe, s'ossifie et se soude à l'os du larso d'une manière complète. L'ergot transplanté n'avait contracté aucune adhérence avec les os du crâne. Il s'était accru de la môme façon que l'ergot resté en place sur le tarse du côté droit; il avait acquis la même configuration, et, à cause sans doute de la vascularité plus grande de la crôte, sa lon- gueur est devenue un peu plus grande que celle de l'ergot non extirpé (ce dernier ergot a en effet 0'°,040 de longueur, tandis que l'ergot trans- planté a 0"°, 045 de longueur). La structure de l'ergot transplanté a aussi la même structure que l'ergot resté en place : c'est un tissu osseux creusé de canaux de Ha- vers plus larges que ceux du tissu osseux du tarse, comme il est facile de s'en convaincre par l'examen microscopique de coupes minces faites sur ces diverses parties. Les cavités osseuses (ostéoplastes) sont aussi plus grandes dans les ergots (l'ergot transplanté et l'ergot non extirpé) que dans les os du squelette du coq qui a subi l'expérience. Les deux ergots sont, l'un et l'autre, recouverts de lames épidermi- quos cornées. Bien qu'il s'agisse là d'une expérience déjà bien connue et faite par plusieurs physiologistes, M. Phiiipoaux a cru devoir présenter ces pièces à la Société de biologie, non-seulement à cause de l'étude dé- taillée qu'il a faite de l'ergot transplanté, mais encore parce que l'ab- sence de régénération sur place de l'ergot enlevé sur la patte gauche est un nouvel exemple à ajouter à ceux que cet expérimentateur a déjà publiés et qui prouvent que les parties complètement enlevées ne sont pas reproduites par régénération. — M. CnALVET montre à la Société une famille de jeunes chiens sur laquelle il a entrepris une série d'expériences sur l'allaitement. Deux de ces jeunes'animaux ont été élevés au biberon, et tandis que le chien laissé à la mère pesait 1,100 grammes, ces deux chiens pesaient chacun 800 grammes. Us ne sont pas devenus malades, l'élevage au bibe- ron n'a pas été pernicieux; mais, rendus à la mère, ils sont restés beau- coup moins développés, et leur dentition se fait tardivement. M. Chalvel fait observer qu'il y a une grande différence entre le lait vivant et le lait mort. Il appelle laitvivant'celui qui vient d'être extrait de l'animal; c'est le seul à l'aide duquel on puisse élever les animaux sans les rendre malades. Toutefois, pendant les premières semaines, il est complètement impossible de remplacer le lait de la mère. De plus, dans ces recherches, il faut tenir compte très-exactement de la manière dont les animaux sont protégés contre la température extérieure. Aussi c'est en été que les expériences doivent être failes 19 de préférence. M. Chalvet reviendra prochainement sur ce sujet. — M. Charcot raconte brièvement l'histoire clinique d'une malade atteinte de paralysie progressive de la langue et des lèvres, etc. (labio- glosso-pharyngée de quelques auteurs), et désire faire connaître dès maintenant le résultat de ses recherches nécroscopiques. La maladie était très-bien caractérisée ; la langue était paralysée, mais n'offrait pas d'atrophie apparente. Toutefois il existait dans cer- tains groupes musculaires une atrophie évidente. Cette combinaison existe dans plusieurs autres observations. Vers la fin de la maladie l'alimentation était devenue très-difficile et se faisait à l'aide d'une sonde œsophagienne. Tout à coup, sans qu'il y eût de la fièvre, le pouls s'éleva à 200 pulsations par minute et resta ainsi pendant deux ou trois jours; puis la mort survint par syncope. A l'autopsie on a trouvé plusieurs muscles atrophiés : trapèzes, del- toïdes, plusieurs muscles du bras et de l'avant-bras. Us étaient déco- lorés, jaunes et graisseux. La langue, non altérée à l'œil nu, était éga- lement un peu atrophiée et contenait des fibres granuleuses analogues à celles que l'on trouve après les sections de nerfs. On sait que pour M. Duchenne il y a une distinction complète entre la paralysie et l'atrophie. Certes, ce n'est pas là ce que montrent les faits. Le système ner- veux a été étudié au microscope avec soin. Les nerfs criàniens n'étaient pas lésés. Le bulbe, qui paraissait parfaitement intact àlœil nu, n'of- frait d'altération que dans les noyaux de Thypoglosse. 11 n'existait pas trace de la prétendue sclérose du bulbe. Les foyers gris seuls étaient malades, et laltération paraissait avoir pour siège primitif les cellules nerveuses elles-mêmes. A l'état normal on sait que d'après L. Clarke on trouve dans le noyau de l'hypoglosse de grandes cellules multipolaires non fortement pig- mentées. Dans le bulbe malade, les cellules ne se coloraient pas par le carmin comme à l'état normal; elles étaient petites et sans pôles. En les étudiant par comparaison avec un bulbe sain, leur altération devenait plus évidente. MM. Charcot et Joffroy ont présenté dernièrement à la Société une altération analogue observée dans un cas^d'atrophie musculaire pro- gressive qui atteignait également la langue, mais ici les lésions étaient portés à l'extrême. M. Charcot rapproche ces altérations des centres nerveux avec atro- phie des muscles des faits de paralysie infantile dont il a été question dernièrement à la Société. M. Dusîo.NTPALLiER rappelle à ne propos que Trousseau a publié dans 20 sa clinique (1) une observation analogue, dans laquelle la mort avait eu lieu, non par syncope, mais par asphyxie. Dans le bulbe examiné par MM. Dumonlpallier etLuys, il existait une altération qui certainement n'a pas été aussi bien délimitée que celle décrite par M. Charcot, mais qui paraissait cependant très-importante. M. Brown-Séquard signale une observation analogue dans les j\Ie- Dico-ciuRURGiCAL TRANSACTIONS. M. Browu-Séquard a vu le malade; il était atteint d'une atrophie musculaire généralisée. M. Hayem fait observer que dans un assez grand nombre de cas d'a- trophie musculaire progressive, il existe à côté de l'atrophie une pa- ralysie de quelques muscles encore intacts ou à peine altérés, et il demande à M. Charcot si dans les faits qu'il a observés les lésions ana- tomiques peuvent rendre compte de ces différences. M. Charcot pense que la distinction établie entre la paralysie et l'a- trophie est surtout théorique. Dans la majorité des cas ces deux symp- tômes sont mélangés; mais jusqu'ici on ne sait pas encore comment les lésions que l'on a trouvées agissent pour produire les phénomènes cliniques. M. IsAMBERT demande si M. Charcot a trouvé une altération du muscle - crico-aryténoïdien postérieur. L'atrophie de ce muscle a été niée par M. Duchenne, et il serait important de savoir si elle existe alors que la dilatation de la glotte peut encore avoir lieu. M. CnARcoT a trouvé les deux crico-aryténoïdiens postérieurs ma- lades, mais inégalement atrophiés. Examen de matières liquides diarrhéiques provenant d'un malade at- teint DE maladie de BrIGHT ; PRÉSENCE d'aLBUMINE ET d'uRÉE DANS CES matières; recherche faite par M. Guyochin, interne en pharmacie à la Pitié. Constant (Antoine) 39 ans, terrassier, né à Langres (Haute-Loire), entre à la Pitié, salle Raphaël, n° 16, le 17 août 1869. Interrogé sur l'état antérieur de sa santé, il dit être entré, il y a un an et demi, dans le service de M. Gubler, à Beaujou, pour la même maladie dont il est atteint aujourd'hui. A sa sortie de l'hôpital Beaujon, son état était considérablement amélioré. L'urine du malade au moment de son entrée à la Pitié contenait beaucoup d'albumine. Examinée plusieurs fois depuis, de distance en distance, elle a toujours contenu de l'albu- mine. Mais les recherches s'étaient bornées à ce point. État actuel, 7 janvier 1870. — L'urine est peu abondante; (1) T. II, p. 282 (2« édition, 1865;. 21 500 grammes au plus i)ar vingt-quatre heures, c'est-à-dire le tiers à peine de la quantité normale. Le malade se plaint de cette miction difficile et douloureuse; il demande des tisanes diurétiques ; il croit qu'il serait guéri s'il pouvait, selon sa propre expression, « uriner comme tout le monde et non par le derrière. » En effet la sécrétion urinaire si imparfaite est en partie suppléée chez le malade par une diarrhée très-liquide. M. le professeur Vulpian, pensant qu'il serait intéressant de rechercher si les éléments de l'urine ou du moins son principe essentiel, l'urée, se retrouveraient dans les matières liquides éliminées par l'anus, me demanda de faire celte recherche. 100 gram- mes d'urine et 100 grammes de ce flux diarrhéique ont été séparé- ment analysés pour y rechercher et y doser spécialement l'urée. L'urine légèrement acide marque 1,020 à l'uromètre. Sa couleur et l'odeur ne présentent rien de particulier. Sa consistance est considé- rablement augmentée ; le liquide semble filant comme une solution de gélatine ou de blanc d'œuf, phénomène dû sans doute à la pré- sence d'une assez grande quantité de mucus dans l'urine. Il y a aussi une grande quantité d'albumine que précipitent facilement l'acide nitrique ou la chaleur seule. L'urine pesée avec soin a été évaporée à une basse température en consistance sirupeuse et reprise par l'al- cool absolu. La solution alcoolique décolorée et fillrée a été évaporée à siccité au bain-marie et après refroidissement complet traitée par une petite quantité d'acide azotique dilué et complètement exempt de gaz nitreux. Il s'est formé ainsi un précipité d'azotate d'urée qui, desséché, a pesé 1 gramme 15 centigrammes, quantité qui correspond à 55 centigrammes d'urée pure. L'urine du malade contenait donc 55 centigrammes d'urée pour 100 ou 5 grammes 50 centigrammes par litre. Cette quantité, bien inférieure à la moyenne normale (25 à 30 grammes pour 1,000), paraîtra plus faible encore si l'on réfléchit au peu d'urine sécrétée. Mais nous trouvons une compensation partielle dans le liquide qui constitue les selles du malade. A l'aspect physique, c'est un liquide filant dans lequel nagent des grumeaux analogues à du lait caillé. Soumis au même traitement chi- mique que l'urine, il a laissé précipiter par l'ébullition et l'alcool concentré une quantité considérable d'albumine. L'urée y était aussi contenue dans la proportion de 32 centigrammes pour 100, soit 3 gram- mes 20 centigrammes pour 1,000. La présence de l'albumine et de l'urée est ici d'autant plus remarquable que ces deux corps et sur- tout l'urée n'entrent point ordinairement dans la composition des ma- tières fécales. En résumé, la somme d'urée dans les deux liquides n'est que de 8 grammes 70 centigrammes, chitîre inférieur à la quantité normale. V.-: 00 L'urée est donc produite chez le raalade en quantité peu considérable ou plus probablement elle est incomplètement éliminée. Elle doit s'ac- cumuler dans les autres liquides de l'économie et principalement dans le sang. 20 janvier. Lexamen des matières fécales a donné les résultats suivants : Le diarrhée est beaucoup moins liquide. Il serait impossible aujour- d'hui d'en prendre la densité, ce qui aurait pu se faire facilement au moment de la première analyse. Les grumeaux blanchâtres ont pres- que entièrement disparu. L'odeur est celle des matières fécales, tandis que la première fois elles étaient presque inodores. A l'examen chi- mique l'albumine a été trouvée moins abondante et l'urée ne s'y trou- vait que dans la proportion de 23 centigrammes pour 100, c'est-à-dire 2 grammes 30 centigrammes pour 1,000. Le malade est mort le 1" février 1870. Les reins sont tous les deux très-altérés. Leur surface est couverte de petites granulations blan- châtres. La substance corticale présente un aspect et une coloration qui indiquent l'existence d'une altération graisseuse. La paroi des calices et du bassinet est épaissie et la membrane muqueuse est in- jectée. La séance est levée à cinq heures et demie. Le secrétaire, Hayem. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE ^ p- LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1870; Par m. R. LEPINE, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 5 février. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. CoRNiL communique à la Société la relation abrégée d'un cas d'arthrite tuberculeuse. Cette lésion a été trouvée chez un homme de 50 ans, au niveau du coude. Le début de la lésion a pu être bien précisé et datait d'environ vingt mois. A l'autopsie, tuberculose presque généralisée. Il existait des granu- lations dans la plupart des organes; en arrière de la trachée siégeait un abcès puriforme dû è\ une transformation caséeuse très-avancée des ganglions bronchiques. Il y avait, de plus, un mal de Pott, qui avait détruit un disque intervertébral et produit plusieurs foyers purulents autour de la moelle. Malgré la compression évidente de celle-ci, il n'y a pas eu de paralysie. 24 Le point sur lequel M. Cornil attire spécialement l'attention est rela- tif aux alléralions de la jointure. La synoviale était rcmpiie de pus, la surface était tomenteuse, très- épaisse dans toute la masse. A l'oeil nu on y apercevait déjà un grand nombre de granulations tuberculeuses miliaires. Au microscope on voyait une sorte de tissu embryonnaire au sein duquel on pouvait assez bien délimiter les granulations tuberculeuses. Les os étaient parfaite- ment sains. C'est donc là une synovite tuberculeuse bien caractérisée, qui est très-différente des tumeurs blanches ordinaires. — M. Hayem présente à la Société des pièces relatives à deux cas de purpura hemorrliagica avec lésions des artères correspondant aux foyers hemorrhagiques. Le premier cas est relatif à une femme phthisique morte d'hémor- rhagies multiples. M. Labadie-Lagrave, qui a pris l'observation de la malade, se propose de la publier plus tard. Les organes soumis à Tétude par M. Hayem sont la peau et l'intestin. Dans le fragment cutané on observe une ecchymose qui porte sur toute l'épaisseur du derme et du tissu cellulo-adipeux sous-cutané. La teinte ecchymotique, violacée, est plus étendue dans le derme que (kins ce dernier tissu. Au microscope, sur des sections faites perpen- diculairement à la surface et comprenant toute l'épaisseur de la pièce, on trouve les particularités suivantes : 1° une infiltration de globules rouges pressés les uns contre les autres entre les éléments de tous les tissus de la peau et du tissu cellulo-adipeux; 2" un grand nombre de petits vaisseaux, veinules surtout, remplis par des globules rouges; 3° des vaisseaux vides, aplatis, probablement comprimés par l'épan- chement du sang avoisinant; 4° un certain nombre d'artérioles obli- térées offrant un épaississement plus ou moins marqué de Tendartère qui efface presque complètement leur calibre et contenant soit des globules rouges, soit des masses fibrineuses, finement granuleuses. Ces vaisseaux irrités et oblitérés sont assez nombreux ; ils siègent presque exclusivement dans les cloisons les plus volumineuses du tissu cellulo-adipeux au pourtour de la tache ecchymotique. Dans l'intestin on voit une infiltration sanguine diffuse et assez étendue de la muqueuse. Sous la séreuse on aperçoit des traînées rouges dues à la présence des vaisseaux remplis de sang coagulé. Ces vaisseaux se poursuivent assez loin dans le fragment de mésentère enlevé avec Tinteslin. Au microscope la muqueuse et le tissu sous-muqueus ne sont pas altérés. On y voit seulement quelques globules rouges plus ou moins déformés. 25 Sur les coupes qui comprennent le tissu sous-péritonéal on voit que les vaisseaux visibles à l'œil nu sont des branches artérielles remplies plus ou moins complètement par des caillots sanguins. La paroi de ces vaisseaux est saine. Dans le mésentère, en pratiquant des coupes perpendiculaires à la surface et au niveau des troncs vasculaires, on trouve un grand nombre de vaisseaux artériels remplis de sang coagulé, les uns aplatis, les autres distendus par des caillots sanguins. Dans quelques troncs obli- térés il existe comme dans la peau une endartérite hyperplastique plus ou moins marquée qui rétrécit ou efface presque le calibre de l'artère. Cette lésion consiste en une sorte d'hypertrophie des élé- ments de l'endartère dans laquelle on voit un tissu fibrillaire irrégulier et une grande quantité de petits éléments arrondis ou un peu angu- leux. Dans quelques points on trouve également un épaississement notable de la tunique externe qui renferme aussi des amas d'éléments analogues à ceux de la tunique interne. Les parties les plus altérées sont éloignées d'abord de l'intestin d'une distance de 4 à 8 centi- mètres. La pièce relative au second cas de purpura hemorrhagica a été éga- lement remise au présentateur par M. Labadie-Lagrave. Elle a été re- cueillie chez un adulte et consiste en un lambeau de peau enlevé dans la région deltoïdienne au niveau d'une large ecchymose. Sur une coupe perpendiculaire à la surface, on voit que la teinte hémorrhagique s'enfonce dans l'épaisseur du derme et du tissu cellulo- adipeux en présentant une forme conique bierfmanifeste à base très- large tournée du côté de l'épiderme. Vers la pointe de cône on trouve à l'œil nu, au milieu du tissu adipeux sain, une artère assez volumi- neuse de 2 à 3 millimètres de diamètre. Sa paroi est très-épaissie, blanchâtre, et sa lumière à peine visible est représentée par une tache rouge centrale. Au microscope on constate que l'épaississement de ces vaisseaux est dû à une endartérite hyperplastique très-prononcée et que la lumière vasculaire est complètement oblitérée à ce niveau par un caillot formé de fibrine et de globules rouges. En suivant les branches de cette ar- tère qui pénètre dans le foyer hémorrhagique, on voit que l'endarlérite et les coagulations sanguines s'étendent sur une assez grande étendue. D'après les faits constatés, tant à l'œil nu qu'au microscope, dans les deux cas précédents, M. Hayem pense que les hémorrhagies de la peau et de l'intestin sont la conséquence d'une artérite diffuse des troncs sous-cutanés et des artères du mésentère. Les foyers hémor- rhagiques doivent être regardés comme des infarctus de la peau et de l'intestin. 26 Mais le présentateur observe que jusqu'ici ces lésions sont excep- tionnelles dans l'histoire anafomique du purpura, et il ajoute que ré- cemment chez un sujet cachectique qui avait présenté pendant la vie tous les symptômes de la maladie de Werlhoff, les parois des vaisseaux qui environnaient les foyers hémorrhagiques n'offraient aucune lésion appréciable. Ce dernier fait a été publié par M. Rue dans I'Union mé- dicale, 1870. D'ailleurs l'anatomie pathologique du purpura n'est pas encore faite. Il est permis de supposer que ce phénomène symptomatique peut être dû à des lésions variables nées sous l'influence de maladies diverses. Cependant il est utile de rapprocher dès maintenant ces exemples d'endartérite des thromboses et embolies cutanées signalées chez les vieillards comme causes du purpura sénile et des altérations hémor- rhagiques de la peau et des muqueuses qui ont été observées dans plusieurs cas d'endodardite ulcéreuse. M. Charcot fait observer que le purpura est un symptôme qui peut être lié à des états morbides très-différents. D'autres altérations vas- culaires que celles indiquées par M. Hayem peuvent se rencontrer dans certains cas, et à ce propos on peut citer une observation de Fox, dans laquelle il existait une dégénérescence amyloïde des vaisseaux de la peau. Relativement à Thémorrhagie cérébrale, M, Charcot fait remar- quer que lorsque cette lésion se rencontre dans le purpura elle ne pro- duit que peu ou pas de phénomènes cliniques, et constitue ainsi une trouvaille d'amphithéâtre. C'est ce qui a lieu aussi pour les hémorrha- gies liées à la leucocythémie et signalées par MM. Ranvier et Ollivier. Dans ces divers cas on ne trouve pas, en effet, de véritables foyers hémorrhagiques, mais de simples hémorrhagies capillaires ou des •ecchymoses. MM. Charcot et Bouchard ont donc eu raison de dire que la véritable hémorrhagie cérébrale, telle qu'on la connaît en clinique, est toujours liée à la lésion spéciale des artérioles qu'ils ont décrite sous le nom d'anévrysraes miliaires, M. Hayem est également persuadé que le purpura ne peut être con- sidéré que comme un symptôme et qu'à ce titre il peut être sous la dépendance do lésions variées. Mais la plupart de ces altérations sont encore inconnues, et il lui a paru très-intéressant de pouvoir démon- trer que dans certains cas, peut être exceptionnels, le phénomène hé- morrhagie était lié à une artérite oblitérante. 11 resterait maintenant à rechercher quelles sont les conditions dans lesquelles cette altéra- tion vasculaire prend naissance. M. Lecros demande à M. Hayem si l'oblitération des artères ne. pour- rait pas être consécutive à Thémorrhagie. L'infiltration sanguine pour- 27 rait à elle seule déterminer une compression des vaisseaux et une coagulation du sang dans leur intérieur. M. Hayem fait observer que les artères dans lesquelles il existait de l'endartériiene siégeaient pas dans les foyers mêmes d'infiltration san- guine» Ainsi pour Ihémorrhagie intestinale c'est dans les artères du mésentère à plusieurs centimètres de l'intestin que l'on trouve la throm- bose par endartérite, et dans la peau on voit les artérioles malades et oblitérées dans le tissu cellulo-adipeux à une certaine distance de l'ecchymose. Au sein de cette dernière il existe plusieurs vaisseaux comprimés par le sang; mais ils sont faciles à distinguer de ceux dans lesquels la paroi altérée a été le point de départ de la coagulation. M. BoucnARD pense aussi que le purpura peut être dû à des causes très-variées, et il signale parmi celles-ci l'influence de l'élévation de la température. Dans une expérience faite avec M. Blache, il a main- tenu un chien dans un bain d'eau tiède de manière a élever la tem- pérature de l'animal jusqu'à 44°, et ces observateurs ont produit ainsi des ecchymoses du tissu du cœur. M. CoRNiL n'a examiné qu'un seul cas de purpura et il na pas trouvé de lésions vasculaires. Le malade avait eu de lastomatorrhagie, et il exis- tait sur la muqueuse buccale de petites élevures fongueuses très- molles et un peu papillaires. — M. Brown-Séqoard fait voir à la Société un cochon d'Inde qui est devenu cpileptique à la suite d'une fracture de la jambe. Il montre ensuite une capsule surrénale très-hypertrophiée, d'une coloration chocolat chez un cochon d'Inde mort à la suite d'une lésion de la moelle épinière. Pour M. Brown-Séquard, il est très-probable qu'il existe une relation évidente entre l'état morbide des capsules sur- rénales et la terminaison fatale des lésions médullaires. Dans les cas de fracture de la colonne vertébrale observés chez l'homme, l'hyper- trophie des capsules surrénales n'a été encore notée qu'une seule fois. Il serait intéressant de rechercher s'il n'existe pas dans ces cas des symptômes que l'on pourrait rattacher aux lésions des capsules sur- rénales. — M. Brown-Séquard a fait depuis l'année 1862 le relevé des prin- cipaux symptômes indiqués dans la plupart des observations de mala- dies de l'encéphale. Il est arrivé ainsi à établir qu'il existe des diffé- rences très-tranchées entre les symptômes des lésions traumatiques et des affections organiques de la moitié droite et ceux des mêmes altéra- tions de la moitié gauche du cerveau. C'est ainsi par exemple que les lésions du côté droit produisent plus fréquemment des troubles variés de la nutrition [escharre, œdème, etc.) 28 et des évacuations involontaires. Ainsi sur à peu près le même nombre de faits relatifs au côté gauche de l'encéphale, ou trouve pour les lé- sions de l'hémisphère droit : 49 fois des évacuations involontaires doubles (urine et matières fécales); 19 fois des évacuations involontaires simples (urines ou matières fécales). Et pour l'hémisphère gauche : 24 fois des évacuations involontaires doubles; H fois des évacuations involontaires simples. Dans cette statistique il n'a pas compté les cas dans lesquels l'éva- cuation involontaire a existé lorsqu'il y avait une perte complète de connaissance. — M. JoFFRQ-ï fait une communication sur le mécanisme du tremble- ment dans la sclérose en plaques de la moelle épinière. M. CiiARcoT fait observer à M. Joffroy que dans la sclérose en pla- ques le tremblement n'est pas modifié lorsque les malades ont les yeux fermés, ce qui paraît peu en rapport avec sa manière de comprendre ce phénomène. M. Joffroy répond à cette objection que l'incoordination de l'ataxique qui augmente lorsqu'on ferme les yeux au malade, diffère complète- ment du tremblement. Lorsque l'ataxique veut faire un mouvement il s'éloigne beaucoup de son chemin, et ne peut le retrouver qu'à l'aide de la vue. Dans la sclérose en plaques, le malade qui veut exécuter un mouvement s'éloigne peu de son chemin, il conserve la notion de l'en- droit où se trouve sa main par exemple, et le mouvement d'ensemble reste coordonné. M. Charcot n'a pas cherché jusqu'à présent à édifier une théorie des symptômes de la sclérose en plaques. Il a rencontré dans ce sujet des difficultés qui lui paraissent encore insurmontables. Toutefois relative- ment au tremblement il avait songé à une autre hypothèse que celle dé- veloppée par M. Joffroy. Le tissu nerveux dans la sclérose en plaques n'est pas modifié comme dans les autres variétés de sclérose. On retrouve toujours les cylindres d'axe et par conséquent la lésion n'est pas aussi profonde qu'elle pourrait le paraître. Ces cylindres d'axe conservent très-probablement leurs propriétés comme conducteurs, non pas à un degré normal, mais suf- lisant encore à la transmission. Il en résulte que dans la sclérose en plaques les malades peuvent mouvoir leurs membres; mais la transmission se fait lentement, d'une manière saccadce, et le mouvement est tremblé. 29 M. BoDCHARD fait observer que lorsque les fils électriques présentent une certaine longueur, le passage de l'électricité ne se fait plus que d'une manière saccadée. Il pourrait donc y avoir, non pas élongation des tubes nerveux, mais par altération de la myéline, des sortes de sac- cades dans la transmission de Tinflux nerveux. M. Brown-Séquard pense que la perle de la myéline permet une trans- mission par voisinage de fibres à fibres, d'où il résulte que les ataxiques font agir plus de parties qu'ils n'en veulent mouvoir. M. Balbiani fait observer que la myéline n'est pas indispensable puis- que chez les insectes et les mollusques les tubes nerveux sont dépourvus d'enveloppe de myéline. M. Brow\-Séquard rappelle que lorsque la myéline est coagulée dans les nerfs, !a propriété des nerfs moteurs persiste encore un cer- tain temps. M. JoFFROY fait remarquer que dans la sclérose rubanée des cordons latéraux, la lésion anatomique est analogue à celle de la sclérose en plaques. Les tubes nerveux deviennent plus petits, la myéline disparaît, et malgré cette disposition on n'observe pas de tremblement dans cette première affection. — M. Rabcteau communique le résultat de ses recherches sur un nouveau groupe de sels, les sulfovinates. Si l'on prend par exem- ple le sulfovinate de soude, sa formule peut être représentée par 8Na(C2H^jSO\ Il y a donc un radical éthyle, et il était intéressant de rechercher s'il est brûlé dans l'économie. Les expériences de M. Rabuteau prou- vent que le sel introduit dans l'organisme s'élimine en nature. Si le métal est inoffensif, le sel l'est également. Le sulfovinate de soude injecté dans les veines produit de la consti- pation. L'observateur en a conclu alors, d'après des expériences anté- rieures, qu'il devait être purgatif. Et en effet, c'est peut-être le meil- leur de tous les purgatifs connus jusqu'à ce jour. Sa saveur est presque nulle et il laisse dans la bouche un arrière-goût sucré. Employé à la dose de 10 à 1 5 grammes, il produit de trois à quatre selles chez l'homme et sans aucune sensation de colique. La séance est levée à cinq heures et demie. Séance du 12 février. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. CuARcoT donne quelques nouveaux détails sur les lésions anato- . 30 miques des noyaux de l'hypoglosse dans le cas de paralysie glosso- labio-pharyngée dont il a entretenu dernièrement la Société. Les cellules nerveuses en sont très-iUrophiécs et l'allération princi- pale porte sur le corps même de la cellule. Les noyaux et le nucléole sont relativement bien conservés. Un grand nombre des cellules atro- phiées contiennent du pigment jaune. M.-Charcot montre les préparations et les dessins relatifs à ces lésions. M. VuLPiAN demande à M. Charcot si toutes les cellules offraient cette sorte d'atrophie pigmentaire. Dans les faits d"atrophie des cellules de la moelle que M. Yulpian a eu l'occasion d'examiner, le corps des cel- lules devenu très-pâle ne se colorait plus par le carmin comme à l'état normal, et le noyau et le nucléole étaient tout à fait pâles et atro- phiés. M. Charcot n'a pas trouvé d'autre altération que celle qu'il vient de décrire. Ainsi RJ. Balbiani pensait que Talléralion devait dahord por- ter sur le nucléole et le noyau avant d'atteindre le corps de la cellule, il ne paraît pas en être ainsi. De plus, dans ce cas, la névroglie n'est pas altérée primitivement, il ne s'y produit pas d'irritation analogue à celle que l'on observe dans la sclérose. Ce sont les cellules nerveuses qui sont primitivement affectées; mais elles ne prolifèrent pas comme celles du tissu interstitiel. M. Charcot fait en outre remarquer que dans le fait qu'il a observé les racines nerveuses étaient moins altérées que les cellules, ce qui prouve que les lésions ne marchent pas de la pé- riphérie au centre comme quelques auteurs l'ont pensé. M. Hayem fait observer que les altérations des cellules nerveuses peuvent être de diverses espèces. Dans le cas d'atrophie musculaire progressive qu'il a publié dans les Auch. de puys., mars-avril 1869, les cellules étaient pâles, le noyau et le nucléole à peine apparents ; elles ressemblaient à de petites cellules étoilées du tissu interstitiel. Dans ce cas la lésion était donc tout à fait analogue à celle des observations de M. Vulpian. Au contraire, les altérations décrites par M. Charcot ont quelque analogie avec celles qui ont été signalées par F. Meschede et par Meynert dans les cellules des couches corticales chez les para- lytiques généraux. Relativement à la prolifération des cellules ner- veuses, M. Hayem rappelle que Tigges, puis Meynert, prétendent l'a- voir observée dans quelques cas. Tous ces faits démontrent donc l'im- portance et la variété des altérations des cellules nerveuses. M. Charcot rappelle que L. Clarke a déjà décrit avec beaucoup de soin les lésions pigmentaires des cellules dans la moelle, et que From- mann les a également indiquées dans la sclérose en plaques; mais il ne 31 sait pas si ces altérations sont les mêmes que celles qui ont été obser- vées dans les couches corticales. M. Charcot aborde ensuite une autre question relative au même fait. M. Duménil a déjà montré la coïncidence de l'atrophie musculaire et de la paralysie glosso-labio-pharyngée et dans le cas qu'il a observé comme dans celui de M. Charcot la langue était altérée ; mais il n'y avait pas d'altération granulo-graisseuse. Cette altération peut manquer dans l'atrophie musculaire ordinaire, et ou voit alors une atrophie sim- ple avec prolifération des noyaux musculaires. Ces particularités font croire à M. Charcot que dans le cas où l'on a dit que la langue n'était pas altérée, c'est que l'on recherchait exclu- sivement la dégénérescence granulo-graisseuse. En lisant les observa- tions on voit, en effet, que la langue était toujours un peu atrophiée. Elle ne contenait pas de graisse; mais peut-être aurait-on pu y trouver l'atrophie simple telle qu'elle se montre quelquefois dans les autres muscles. -Ce point a une grande importance, parce qu'il a servi en par- tie de base à la théorie qui place le point de départ des lésions dans le grand sympathique. On a dit, en effet, que la langue n'était pas alté- rée parce que le grand sympathique était sain et que l'hypoglosse seul était malade, et c'est ainsi qu'on a voulu séparer la paralysie glosso- labio-pharyngée de l'atrophie musculaire progressive. M. Hayem fait remarquer à M. Charcot que dans cette dernière ma- ladie on voit quelquefois des muscles paralysés sans atrophie. Ainsi, dans l'observation citée plus haut, il y avait une paralysie complète du diaphragme qui avait été parfaitement reconnue par M. Duchenne lui-même, et cependant à l'autopsie le diaphragme a été trouvé com- plètement sain. Ce point était d'autant plus important que les muscles véritablement atrophiés n étaient pas graisseux ; ils offraient cette atro- phie simple avec multiplication des corpuscules musculaires que M. Charcot vient de rappeler. On pourrait donc peut-être voir dans quelques cas une paralysie do la langue sans atrophie, comme on observe une paralysie d'autres muscles et du diaphragme en particulier. M. CnARCoT est parfaitement convaincu que dans la plupart des cas d'atrophie musculaire progressive, il n'y a pas de distinction bien nette entre la paralysie et l'atrophie. On trouve toujours des muscles qui ne fonctionnent pas, sans qu'on puisse expliquer cette paralysie par l'atrophie des fibres. Mais il est encore Irès-difSciie de savoir comment se produisent ces deux phénomènes différents. Ainsi, dans la paralysie infantile qui s'accompagne également de lésions des cellules nerveuses, on voit la paralysie survenir brusquement, puis celle-ci disparaît, et les muscles qui restent paralysés s'atrophient. Pour la 32 lan.que, il osl certain que la paralysie reconnaît pour cause l'altération des noyaux de l'hypoglosse, et comme cette lésion est la seule qui soit primitive, c'est à elle aussi que Ion doit rapporter l'atrophie. M. Laborde pense, d'après quelques-unes de ses expériences, qu'il existe une différence réelle entre les lésions des muscles de la vie de relation et celles de certains muscles, comme la langue, par exemple. Il croit que Tatrophie moins rapide de ces derniers serait capable d'ex- pliquer les différences signalées par M. Charcot. M. VuLPiAN a fait un grand nombre de fois l'examen de la langue après des sections expérimentales des nerfs hypoglosses, et il a tou- jours observé des altérations très-rapides et très-profondes. Celles-ci sont môme plus marquées que dans les autres muscles, mais elles sont du môme genre. (Voir Arcu. de phys., septembre-octobre 1869.) M. Vulpian a vu en outre qu'à la suite de ces sections les noyaux de l'hypoglosse ne sont pas altérés. Les cellules restent tout à fait nor- males, tant sous le rapport du nombre que sous celui des dimensions. Ce résultat est conforme à la conclusion que le môme observateur a tirée de ses études sur l'état des centres nerveux après les sections de nerfs périphériques (ÂRcn. de pqys., novembre et décembre 1869). Enfin, d'après M. Vulpian, lorsque la section des nerfs porte sur un point très-rapproché de leur sortie des centres (nerf facial dans le bulbe, par exemple), l'atrophie musculaire consécutive est la même que lorsqu'on a coupé le tronc nerveux. M. Charcot fait observer que l'intégrité des cellules de l'hypoglosse signalée par M. Vulpian après la section du nerf, confirme pleinement l'hypothèse qu'il a émise sur le point de départ de la maladie dans les cellules elles-mêmes. M. Laborde n'a pas voulu précédemment faire allusion à la rapidité de Tatrophie, mais bien à la variété de cette lésion. Les recherches qu'il a entreprises ne l'ont pas conduit, sous ce rapport, aux mêmes résultats que ceux énoncés par M. Vulpian. — M. Lancereaux montre à la Société les pièces anatomiques rela- tives à un cas de cachexie saturnine avec goutte. — M. Carville communique les premiers résultats d'expériences entreprises avec M.Hayem, sur les variations de la tension artérielle. — M. Brown-Séquard rapporte qu'à la suite d'une section d'une moitié latérale de la moelle épinière chez un chien, il a observé une anssthésie complète de tout le corps. Puis au bout de six jours la sensibilité est re- venue. M. le docteur Séguin, présent à l'expérience, a constaté que les oreilles et le côté droit du corps étaient sensibles, mais qu'il y avait 33 un retard très-grand dans la perception. M. Brown-Séquard dit qu'il regrette beaucoup de n'avoir pas examiné létat de la sensibilité avant l'opération. En effet, l'animal était peut-être déjà anesthésique avant la lésion. On sait que l'hystérie existe chez les chiens et que chez eux comme chez Thomme cette affection produit de l'anesthésie. Chez une chienne mise en expérience au Collège de France, en 1855, en présence d'une commission de l'Institut, il a constaté une analgésie absolue de la peau et des troncs nerveux, avec persistance de. la sensibilité aux racines postérieures des nerfs. M. Brown-Séquard montre ensuite un cochon d'Inde qui, étant guéri d'une épilepsie consécutive à la section du nerf sciatique, est redevenu épileptique à la suite dune fracture de jambe. Tous les animaux qui ont subi la section du nerf sciatique, et sont devenus épileptiques, guérissent de l'épilepsie. La guérison se fait at- tendre un temps qui varie de vingt-six jours à trois mois et douze jours. Les animaux sont alors redevenus parfaitement sensibles. — M. Ménard montre les pièces anatomiques recueillies chez un chien mort probablement de cancer. La séance est levée à cinq heures et demie. Le secrétaire, M. Hayem. Séance du 19 février. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Laborde, à l'occasion du procès-verbal et à propos delà commu- nication de M. Charcot, dit que d'après Guislain des corps de Gluge pourraient être formés aux dépens du noyau de cellules nerveuses. M. MoREAu fait une communication sur les variations de la pression artérielle. Le fait principal qui sert de base à la communication de 1\1. Moreau est que l'énervation d'une artère mésentérique y supprime, les pulsations pendant la demi-heure qui suit l'opération. M. Moreau dépose une note détaillée sur le bureau. M. Ranvier demande à M. Moreau si pendant ce temps l'artère est contractée ou bien si elle est dilatée, l'absence de pulsation s'expli- quant dans ce cas par l'hypothèse que la limite d'élasticité de la paroi artérielle se trouverait dépassée. M. Moreau ne peut répondre d'une manière catégorique à la question de M. Ranvier. L'excès de sécrétion intestinale qui se produit dans ce cas semble impliquer une dilatation , mais il ne l'a pas constatée aus- sitôt après l'énervation. C. R. 1870. 3 34 M, Legros croit que l'absence de pulsation peut s'expliquer par la suppression des contractions artérielles péristaltiques qui est la con- séquence de rénervation. A ce sujet une courte discussion s'engage entre MM. Ranvier et Legros; M. Ranvier soutient que la théorie de M. Legros n'est pas appuyée par les faits. — M. MicHAL'D communique un cas de tumeur hétéradénique du rachis. • M. Ranvieu considère la tumeur présentée par M. Michaud comme un épithélioma cylindrique; il pense qu'il devait exister une tumeur primitive dans l'estomac ou dans Tinteslin, l'absence de symptômes ne suffisant pas pour exclure la possibilité d'un épithélioma étalé plus ou moins en nappe. — M. YuLPiAN présente, au nom de M. Philipeaux, la note suivante : Expériences montrant que des rondelles enlevées a l'aide d'une cou- ronne DE TRÉPAN SUR UN ANIMAL, PEUVENT ÊTRE TRANSPLANTÉES DANS l'ouverture au CRANE DUN ANIMAL DUNE MÊME ESPÈCE ET SE SOUDER AUX. BORDS DE CETTE OUVERTURE; par M. J.-M, PniLIPEAUX. M. Vulpian présente à la Société de biologie, de la part de M. J.-M. Philipeaux, des pièces montrant les résultats d'expériences relatives à la transplantation du tissu osseux. Il s'agit, dans ces cas, de trans- plantation de rondelles enlevées sur le crâne de cochons d'Inde, et réimplantées dans des ouvertures faites au crâne d'autres cochons d'Inde. Voici le procédé opératoire employé par M. Philipeaux. Sur quatre cochons d'Inde âgés de 40 jours, il a enlevé, le 5 août 18G0, avec {une couronne de trépan d'un diamètre de 9 millimè- tres, un disque osseux sur le côté gauche du crâne. Sur d'autres cochons dinde du même âge, avec une couronne de trépan de 11 mil- limètres de diamètre, il a retiré du môme côté du crâne une rondelle osseuse qui avait 9 millimètres de diamètre, c'est-à-dire juste le dia- mètre de l'ouverture pratiquée sur les premiers animaux. Cette ron- delle a été immédiatement placée dans l'ouverture susdite; la plaie des cochons d'Inde ainsi opérés a été fermée à l'aide d'un point de su- ture. Les cochons d'Inde qui ont successivement fourni les disques osseux transplantés ont été rais hors de cause et utilisés pour d'autres expériences. Aucun accident appréciable ne vint troubler la guérison des ani- maux sur lesquels avait été faite la transplantation. Un d'eux a été tué au bout de quinze jours, la soudure de l'os transplanté et du pour- tour de l'ouverture crânienne n'avait pas eu lieu. Les trois autres ont 35 été tues, l'an au bout de vingt j ours, le second au bout de vingt-cinq jours, le dernier au bout de trente jours. Ce sont les crânes de ces trois animaux qui sont soumis à l'examen de la Société. Sur la pièce provenant de l'animal qui a survécu vingt jours à l'opé- ration, on reconnaît facilement que la rondelle transplantée s'est sou- dée dans une grande partie de son pourtour au bord de Touverture du crâne ; dans le quart environ de sa circonférence, elle est séparée de ce pourtour par une membrane d'aspect fibreux ; à ce niveau, le bord de l'ouverture crânienne est un peu érodé et devenu irrégulier. D'ail- leurs la soudure paraît avoir eu lieu surtout au niveau de la face pro- fonde du crâne, car du côté de la surface extérieure, on reconnaît encore très-bien la circonférence de la rondelle, circonférence qui, en certains points, fait une légère saillie au-dessus de l'os environnant. De plus, le disque osseux transplanté a subi manifestement une exfo- liation superficielle dans presque toute son étendue. C'est au niveau de la surface interne du crâne qu'a eu lieu le travail de soudure, qui a consisté surtout en une production osseuse, partie de la lame interne du crâne, et qui s'est avancée au-dessous de la rondelle transplantée en y adhérant et de façon à en revêtir une petite portion. L'ouverture médiane faite sur la rondelle transplantée par le perforateur du trépan paraît s'être un peu agrandie. , On peut faire à peu près les mêmes remarques à propos de la pièce n" 2 (-animal mort vingt-cinq jours après l'opération). Seulement ici il n'y a pas eu d'exfoliation de la lame externe de la rondelle crânienne transplantée. Il s'est fait, du côté de la surface interne du crâne, un travail analogue à celui qui vient d'être indiqué pour la pièce précédente. De plus, il y a soudure évidente des bords de la rondelle à presque toute l'étendue du bord de l'ouverture; cette soudure peut facilement être reconnue par l'examen de la face externe du crâne. Le trou médian de la rondelle transplantée s'est aussi un peu agrandi. Enfin, sur la pièce n° 3 (cochon d'Inde mort trente jours après l'o- pération), on voit que la moitié au moins de la rondelle transplantée a été détruite, soit par résorption, soit par nécrose. Au niveau de cette partie détruite, l'ouverture du crâne est fermée par une membrane d'apparence fibreuse. Ce qui reste de la rondelle transplantée paraît avoir subi une exfoliation superficielle, mais est adhérent au bord correspondant de l'ouverture. A sa région profonde, ce débris de ron- delle est recouvert par du tissu osseux de nouvelle formation, né de la lame interne de la portion du crâne contiguë, et ayant tout à fait l'aspect de cette lame interne. Des essais ont déjà été faits de greffe de rondelles osseuses enlevées 30 au moyen tlu trépan; M. Ollier, qui lui-môme a fait avec succès une (cnlative de ce genre, donne un aperçu de ces essais. Mais il s'agissait dans tous les cas de réimplanlation de rondelles osseuses dans les ou- vertures qu'on avait pratiquées pour les enlever; c'étaient, en un mot^ des grefles d'os d'un individu sur lui-même. Dans les expériences dont il est rendu compte ici, il s'agit au contraire de transplantatmi de rondelles crâniennes d'animaux sur d'autres animaux de la môme es- pèce. 11 y a d'ailleurs là peut-être une condition de succès en ce que c'est ainsi seulement que l'on peut placer dans des ouvertures faites avec un trépan des disques osseux les obturant exactement. Ainsi, l'on peut considérer comme un fait prouvé expérimentalement que des rondelles transportées au crâne d'un animal, dans une ouver- ture faite au crâne d'un autre animal de la même espèce, peut se sou- der aux bords de celte ouverture de façon à la fermer plus ou moins complètement. Et cette soudure osseuse a lieu, bien que les disques osseux transplantés soient dépouillés de pé?icrdnc et de dure-mère. M. LiouviLLE dit qu'un crâne a été présenté récemment à la Société anatomique sur lequel on pouvait constater que la reproduction osseuse était restée très-imparfaite. W. 'VuLPiAN dit que l'âge est une condition importante. — M. Laboude expose devant la Société une théorie plujsiologiquc de ta résorption des liquides morbides épanchés dans les tissus de Céco- nomie ; théorie fondée sur l'influence de la contraction musculaire provoquée par un courant électrique d'une intensité suffisante et d'une graduation progressivement insensible. Sur des animaux chez lesquels des petites collections purulentes s'étaient formées au sein des masses musculaires des pattes posté- rieures, à la suite de sections profondes des nerfs, j'ai vu, dit M. La- borde, les collections se résorber rapidement lorsque, dans le but d'interroger l'état de la conlractilité des muscles, je faisais poser à travers ceux-ci un courant graduellement renforcé à l'aide d'aiguilles implantées dans le tissu musculaire. Faisant application de ces donnés à un cas d'hydrocèle de la tu- jiique vaginale, datant de quatre mois et d'un volume assez considé- rable, j'ai obtenu, dans une première séance de vingt minutes, la ré- sorption immédiate d'un tiers au moins du liquide, et dès le lendemain matin il avait entièrement disparu. Je me suis servi d'aiguilles d'un nouveau modèle pourvues d'une tête appropriée à l'adaptation des fils isolants qui font partie du petit appa- reil do M. G. Trouvé {trousse électrique)^ appareil qui, par sa commo- dité et par sa parfaite graduation, est éminemment approprié lui-même 37 au but dont il s'agit. Les aiguilles ont été implantées jusque dans Id poche liquide, de manière à creuser complètement les enveloppes scrotales, et le plus loin possible l'une de l'autre, en ayant en outre le soin de ne pas laisser converger leurs pointes. Le quatrième jour après l'opération une petite quantité de liquide s'était reproduite, pouvant être évaluée auquartde la quantité première. Une nouvelle application de vingt minutes a amené la disparition du liquide, séance tenante. Un bandage légèrement compressif a été placé sur le scrotum, et quinze jours après le liquide ne s'était pas encore reproduit. Ce qu'il importe de remarquer, c'est que nous avons usé graduellement de toute l'intensité du courant fourni par l'appareil, de façon à provoquer la contraction musculaire la plus forte et la plus continue possible. Cette contraction a, d'ailleurs, été telle que \e tes- ticule a été chassé par le crémaster dans l'anneau inguinal à une assez grande hauteur, et qu'il y est demeuré près de vingt-quatre heures; tout cela sans douleur bien appréciable ni durant ni après l'opération. Je n'ignore pas que cette méthode thérapeutique n'est pas nouvelle, en principe; mais si elle a si peu de crédit aujourd'hui, n'est-ce pas à cause de l'insufîisance des procédés et surtout à cause du mode d'ac- tion ou moyen mis en usage ? Selon moi, l'adjonction des aiguilles est nécessaire pour obtenir un résultat certain; et, de plus, il importe de déterminer les contractions les plus énergiques possibles, sans passer par de brusques secousses. Dans ces conditions, l'intervention des contractions musculaires provoquées et l'influence de ces contractions sur la circiUalion vei- neuse, en particulier, et par suite sur les phénomènes de résorption, ne saurait être mise en doute. Et s'il en est, en réalité, ainsi, il y a, dans le fait, le point de départ d'une méthode thérapeutique qui peut être généralisée. Je poursuis, à cet égard, des essais dont je ferai connaître ultérieu- rement les résultats, s'il y a lieu. M. Ranvier combat l'interprétation de M. Laborde; il pense qu'on agit sur les nerfs vaso-moteurs de la séreuse. La séance est levée à cinq heures et demie. Le secrétaire, M. R. Lépi.ne. Séance du 26 février, Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Ranvier, à propos de la communication faite dans la séance pré- cédente par M. Moreau, avait dit qvie la théorie proposée par W. Le 38 gros, et qui est relative à l'influence des contractions rhylhmiques des artères sur la progression du sang, ne lui paraissait pas fondée. A l'appui de l'exactitude des propositions qu'il a émises dans la séance précédente, il apporte l'expérience suivante dont il rend témoins les membres de la Société. La membrane interdigitale d'une grenouille étant convenablement placée sous le champ du microscope, M. Ranvier paralyse le cœur de l'animal au moyen de la méthode employée parLudwig, c'est-à-dire à l'aide d'un fort courant d'induction. Or on constate que la circulation s'arrête presque en môme temps que le cœur. M. Ranvier insiste sur la portée de cette expérience qui, selon lui, montre péremptoirement l'influence du cœur sur la progression du sang. L'expérience de Be- zold (ligature de l'aorte à son origine), faite d'ailleurs dans un autre but, excellente pour démontrer ce que Bezold se proposait de prouver, ne serait pas dans l'espèce aussi probante, à cause du barrage constitué par la ligature qui empêche l'arrivée du sang pulmonaire dans le système artériel. Dans l'expérience de M. Ranvier, au con- traire, il n'y a pas de barrage. Relativement au fait de M. Moreau , M. Ranvier répèle ce qu'il a dit dans la dernière séance , à savoir que le pouls est suspendu dans les deux conditions opposées de dilatation et de rétrécissement extrêmes de l'artère. C'est ce dont on peut s'assurer par l'examen de la mem- brane interdigitale de la grenouille. M. Laborde objecte à M. Ranvier que le courant interrompu ne se limite pas au cœur, qu'il peut agir sur les nerfs, de telle sorte que l'expérience de M. Ranvier n'aurait pas la valeur, qu'il lui attribue. Mieux vaudrait paralyser le cœur par une compression exercée à l'aide des doigts. M. Ranvier dit qu'il n'est pas sûr en comprimant le cœur de ne pas effacer plus ou moins ses cavités. Dans ce cas on retomberait dans les conditions de l'expérience de Bezold , qu'il a précédemment criti- quées. — M. JoFFROY, au nom de M. Parrot et au sien , fait une communica- tion sur un cas de paralysie infantile. — M. Lépîne met sous les yeux de la Société l'estomac d'un cochon d'Inde dont la muqueuse présente de petites taches ecchymotiques très-nombreuses. Le 10 février (il y a quinze jours), on a enfoncé une pointe de trépan à la partie antérieure du pariétal, droit de cet animal, et, avec une lame tranchante, on a fait une petite ponction dans l'hémisphère céré- bral. L'animal pesait 888 grammes. — Avant l'opération la tempéra- 39 ture du rectum était 39", 4 C. — Aussitôt après elle s'était abaissée à 38°. (La respiration avait été notablement gênée pendant qu'on le maintenait.) Deux heures après la température était à 39°,6. Pas de paralysie appréciable , pas d'hyperesthésie, pas de mouvements de rotation. Le lendemain, la température était 39°, 8. Ou répète l'expérience de la veille en enfonçant l'instrument plus profondément. 11 y a une hémor- rhagie assez abondante, cris et mouvements de roulement; tempéra- ture, 39°, 7; poids, 860 grammes. L'animal a dépéri progressivement les jours suivants. Examiné avec soin le 23 février, il présente un amaigrissement considérable (560 grammes); il marche difficilement, le museau appuie sur le sol ; pas de paralysie nette, mais faiblesse générale. Température, 33°, 5. Mort le lendemain matin. A l'autopsie , cicatrice ocreuse peu étendue à la partie la plus antérieure du lobe cérébral droit. A l'examen microscopique, corps granuleux, grains d'héraatosine et cristaux d'hematoïdine. Les poumons sont sains. Le foie , examiné comparativement avec le foie d'un animal de môme grosseur, présente des cellules très-grais- seuses. Les reins paraissent sains. Les capsules surrénales sont rouges et très'friables. Les muscles (examinés au microscope) paraissent sains. L'estomac est de volume ordinaire ; la muqueuse est couverte de petites taches rouge brunâtre, très-régulièrement arrondies et fai- sant un léger relief; leur diamètre moyen est de 2 à 3 millimètres. A l'examen microscopique, on constate que les cellules des glandes stomacales sont fortement colorées en jaune ; elles ont la couleur que présentent les grains d'hématosine. Dans quelques glandes on recon- naît les globules sanguins. Il ne paraît pas y avoir d'hémorrhagie en dehors des glandes. La muqueuse intestinale est saine. En résumé il s'agit d'ecchymoses stomacales qui paraissent dé- pendre de la lésion cérébrale produite chez cet animal. On sait que Schiff a insisté sur les ecchymoses stomacales qui se produisent chez les animaux à la suite de l'extirpation du plexus solaire. M. Charcot rappelle qu'il a fréquemment observé à la Salpètrière ces ecchymoses stomacales chez des apoplectiques. M. Andral en a observé dans l'intestin. On connaît aussi celles du péricrâne, de l'endocarde dans les mêmes conditions. Relativement à la production de ces ecchymoses qui ont un siège si différent, M. Charcot croit qu'elles doivent être rapportées à ia paralysie vaso-motrice. Elles ne sont pas un phénomène précoce, contemporain de l'attaque, mais leur époque d'apparition est tardive; elles manquent quand la mort sur- vient très-rapidement. Tout récemment M. Charcot a observé deux cas do de vastes foyers hémorrhagiquesavec rupture des ventricules du cerveau et mort rapide ; il n'y avait nulle part d'ecchymoses. M. Hayen demande à M. Charcot si l'on observe des ecchymoses dans l'apoplexie qui est due à un ramollissement cérébral. M. CnARcoT répond affirmativement et cite à ce sujet une observation publiée par M. Lépine dans le numéro de septembre 1869 des Aucuives DE PHYSIOLOGIE. M. Brown-Séquard n'a vu que très-rarement des ecchymoses stoma- cales; ce qu''il a observé fréquemment chez divers animaux, ce sont des ramollissements delà muqueuse gastrique à la suite de lésions de l'en- céphale. Section transversale complète de la rate en deux parties sur un uat ALBINOS ; GUÉRISON ; ÉTAT DE l'oRGANE SPLÉNIQUE AU MOMENT DE LA MORT, SIX MOIS APRÈS l'opération; par J. M. Piiilipeaux. Le 15 août 1869, M. Philipeaux, sur un très-jeune rat albinos, après avoir fait sortir la rate au travers de la paroi abdominale, la divise transversalement, d'un coup de ciseaux, en deux moitiés inégale?. L'épiploon splénique a été respecté. La rate est réintégrée dans la ca- vité abdominale, la plaie abdominale est rapprochée par des points de suture; l'animal guérit, et l'on n'observe aucune modification fonc- tionnelle à partir du moment de la guérison de la plaie. On examine l'élatde la rate chez cet animal, mort le 25 février 1S70. Comme les mem.bres de la Société peuvent le voir, on reconnaît bien le lieu de la section : les deux segments de la rate sont accolés et pa- raissent même soudés intimement dans une partie de l'étendue des surfaces de section en contact. Au niveau du point de la coalescence, la rate a contracté des adhérences avec les parois abdominales, et l'on voit des vaisseaux, relativement assez larges, qui vont de ces parois à la face convexe de Torgane, à l'endroit où a eu lieu la réunion. La rate a augmenté considérablement de volume depuis le jour de l'opération. Elle avait alors 17 millimètres de largeur; elle a actuelle- ment 42 millimètres de longueur, qui se décomposent ainsi : 10 milli- jnèlres pour un des segments et 26 pour l'autre. M. Brown-Séquard a détruit sur un pigeon la portion inférieure de Ta moelle depuis le milieu de la région dorsale; or, bien que la destruc- tion ait été à peu près complète, on peut observer chez cet animal que le pincement de l'une des pattes détermine de légers mouvements ré- flexes dans l'autre patte. Mais ce n'est pas sur ce fait, qu'il avait déjà signalé en 18i9 à la Société, que M. Brown-Soquard veut insister au- 41 jourdhui ; c'est sur cet autre fait que les plumes arrachées au niveau de la plaie faite au dos n'ont pas repoussé, tandis que la cicatrisation de la plaie s'est faite avec une très-grande rapidité. Chez un autre pigeon, au contraire, dont la moelle a été simple- ment sectionnée, la cicatrisation de la plaie a été plus lente, mais les plumes ont repoussé avec une énergie tout à fait insolite, et il s'est montré une poussée de petites plumes sur les pattes de cet animal. M. Vblpian demandée M. Brown-Séquard s'il rapproche le fait de la cicatrisation rapide chez le premier animal du fait de cicatrisation, également plus énergique des plaies de l'oreille d'un lapin auquel le grand sympathique a été sectionné au cou. M. Brown-Sé«uard répond affirmativement. Il résulte d'expériences qu'il a faites que la cicatrisation de toute espèce de plaies, brûlu- res, etc., se fait plus vite dans les membres dont les nerfs ont été sec- tionnés. M. Laborde rappelle qu'il a antérieurement soutenu devant la Société une opinion opposée. Contrairement à M. Brown-Séquard, il rapporte les altérations de nutrition qui peuvent se produire à la suite de la section des nerfs, du sciatique par exemple, à un défaut de nutrition. M. Brown-Séquard répond que Schrœder Van der Kolk avait déjà sou- tenu la même manière de voir que M. Laborde , mais que la justesse de son interprétation lui est démontrée par le fait qu'il suffit, pour empêcher les altérations de nutrition de se développer, de donner certains soins à l'animal en expérience. Ces lésions ne se produisent jamais d'ailleurs quand la sensibilité a reparu, parce qu'alors l'animal cesse de se mordre. Chez le chien et chez le chat on n'observe pas de ces altérations dénutrition. Chez l'homme il en est de même. Jamais la section d'un nerf (sans irritation) n'en détermine. La séance est levée à cinq heures et demie. Le secrétaire, R. Lépine. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE pendant le mois de mars 1870; Par m. GRÉHANT, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 5 mars. M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde chez lequel tous les nerfs du bras furent coupés il y a plus d'un an, et bien que l'animal, en marchant, appuyait sur le sol le dos du poignet, cette partie n'a pré- senté aucune altération de nutrition. M. Brown-Séquard a montré un chat dont le nerf scialique a été coupé en mars, et l'on n'a observé que les premiers symptômes de l'épilepsie, chez ce chat et chez un autre, tous deux opérés il y a près d'un an. M. Brown-Séquard n'a vu, après la section du nerf sciatique, qu'un amaigrissement peu considérable du côté de la section. Il n'y a eu aucune autre altération de nutrition. M. Brown-Séquard présente aussi un pigeon dont la moelle épinière fut coupée dans la région lombaire, et chez lequel la faculté du vol se montre affaiblie. 44 M. Scliiff a signalé depuis longtemps déjà celle diminulion de puis- sance après la seclion de la moelle épinière. Les parlicularités nou- velles sur lesquelles M. Brown-Séquard veut appeler rallenlion sont : l" que ce n'est pas à. une paralysie des muscles sternaux qu'est due cette influence ; 2° que rexlirpalion d'une petite partie de la substance grise du renflement lombaire suflit pour diminuer la puissance du vol. 11 ajoute que plus la moelle est coupée haut, ou, en d'autres termes, plus on se rapproche de la naissance des nerfs de l'aile, plus le vol devient difficile. — M. Bouchard communique l'observation d'un homme qui, après une chute sur le siège, fut pris de paralysie des muscles et de la sensi- bilité des membres inférieurs. La paralysie a fait des progrès ascen- dants, et le malade est mort asphyxié; à l'autopsie, on a trouvé une myélite des plus intenses, non accompagnée d'hémorrhagie. Mais il y avait une hémorrhagie dans chacune des capsules surrénales. — M. MoREAO présente une tumeur des parois de l'estomac d'un chien : c'était un kyste fermé rempli d'entozoaires vivants. M. Vaillant de- mande à M. Moreau si l'examen attentif de l'animal a été fait ; chez le cheval on trouve très-fréquemment des tumeurs de l'estomac qui communiquent avec l'intérieur de cet organe, et qui contiennent or- dinairement des filaires ou des spiroplères ; les entozoaires trouvés par M. Moreau seront examinés avec soin. — M. Babuteau présente un échantillon de bromal pur; par des expé- riences faites avec M. Goujon sur des lapins et des chiens, M. Babu- teau a reconnu que le bromal injecté en solution aqueuse sous la peau est irritant et tonique, mais jamais les animaux n'ont présenté une anesthésie complète, bien que le bromal traité par les alcalis donne du bromoforme. M. Legros, sur un chien qui avait succombé à l'action du bromal et qui avait cessé de respirer, vit revenir les mouvements respiratoires pendant deux ou trois minutes après l'application d'un courant con- tinu. M. Charcot parle des symptômes ascendants de la moelle qui se présentent quelquefois dans les lésions des parties inférieures de la moelle; dans le mal de Pott, par exemple, lorsqu'il y a compression de la région lombaire, on peut observer quelquefois des troubles de la coordination des mouvements du bras; M. Charcot pense que ces troubles, qui n'arrivent pas à une véritable paralysie des membres su- périeurs, tiennent à une extension de la sclérose des cordons posté- rieurs. M. Bkown Séquard, dans diverses affections de la partie inférieure de la moelle, a observé de même des picotements, des fourmillements dans le bras, signes de congestion de la moelle au niveau du plexus brachial; mais dans certains cas, on nobservait aucun symptôme au niveau du tronc ; on ne pouvait donc admettre alors une propagation continue de la maladie de la moelle de bas en haut. M. Brown-Séquard pense qu'on pourrait expliquer les symptômes par ce fait que souvent l'irritation d'un nerf sensitif détermine de la congestion dans d'autres parties du système nerveux. M. LiouviLLE demande s'il ne faudrait pas dans ces cas tenir compte de Tinflammation des méninges. M. Charcot répond que dans les cas qu'il a observés, on n'a pas noté de méningite. M. Brown-Séquard fait observer qu'une méningite qui se serait pro- pagée de bas en haut aurait été reconnue par des symptômes à la ré- gion dorsale, et d'ailleurs une méningite siégeant au voisinage de l'ori- gine des nerfs du bras aurait été manifestée par des symptômes beaucoup plus accusés et, en outre, par une affection herpétique très" douloureuse que M. Brown-Séquard a observée au bras dans plusieurs cas d'inflammation des méninges de la région indiquée. Le secrétaire, Gréhant. Séance du 12 mars. M. MoREAU a examiné avec M. Vaillant le ver que renfermait la tumeur de l'estomac du chien présentée dans la dernière séance : c'est un spiroplera sanguinolenta, fréquent chez le loup et le chien. L'es- jiècc du cheval est beaucoup plus petite. M. Legros a trouvé dans l'es- tomac d'un coq le spiroplera nasiUa. — M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde dont l'oreille est dé- formée et qui provient d'un mâle dont l'oreille offrit la même défor- mation à la suite de la section du grand sympathique au cou. D'autres cochons d'Inde provenant de mères ayant les pattes altérées à la suite de sections des nerfs sciatique et crural présentent aussi les mêmes altérations des pattes. M. GiRALDÈs pense que, pour établir si l'hérédité est en cause, il faut multiplier la même lésion sur vingt femelles, par exemple, puis voir combien de fois elle se transmettra. M. Brown-Séquard répond que la question n'est pas aussi facile. J'aj, dit-il, quarante femelles présentant des altérations des doigts et dont, les petits ne sont pas modifiés; le fait de la transmission est donc ex- ceptionnel et ne s'est montré plus fréquent qu'à la suite de la section des deux nerfs de la patte chez la mère. 46 M. Grédant propose comme moyen simple d'analyse du sang appli- cable à l'étude de ce liquide dans les maladies et dans diverses con- ditions établies expérimentalement chez les animaux, le mode de traitement qu'il a employé pour la recherche de l'urée du sang. La détermination de l'eau contenue dans le sang présente déjà des difficultés : si l'on abandonne le sang à la coagulation, le caillot placé dans une étuve à 100° est difficile à dessécher complètement, les cou- ches superficielles forment un vernis sec qui empêche la dessiccation de la partie centrale. Mais si on recueille le sang non coagulé et après l'avoir agité dans un flacon pour le défibriner, si on le traite par le double de son volume d'alcool, on obtient une bouillie qui, soumise le lendemain à la presse, laisse un tourteau facile à^pulvériser. Cette pou- dre se dessèche bien dans l'étuve. D'une autre part, on déterminera le poids du résidu de l'extrait al- coolique, et dans ce résidu l'urée et quelques sels solubles dans l'al- cool. Le tourteau pesé après dessiccation renfermant les substances albu- minoïdes, que l'alcool a coagulées et toute l'hémoglobine, pourra en- suite être soumis à quelques autres recherches. M. BoucnARD pense aussi que l'emploi de l'alcool est utile dans une analyse de sang rendue pratique, mais il préfère, au lieu de défibriner le sang, l'injecter d'abord dans un flacon renfermant un certain vo- lume d'alcool. HÉMICnORKE DROITE DE DATE RÉCENTE CHEZ UN VIEILLARD DE 73 ANS. A l'autopsie, nÉMOKRnAGlE SUR LE TRAJET DU PÉDONCULE CÉRÉBRAL GAIICnE, AU NIVEAU DE SON INSERTION SUR LA COUCDE OPTIQUE; par M. MaGNAN. Chev... Joseph, 73 ans, lapidaire, entre au bureau d'admission (Sainte-Anne), le 7 mars 1870. Ce malade, dont les antécédents sont inconnus, présente, au moment de son arrivée, des mouvements cho- réiques dans le bras et la jambe du côté droit. Il est loquace incohé- rent, répond très-incomplétement aux questions. C'est avec la plus grande peine que l'on parvient à savoir que cet état remonte à trois ou quatre jours seulement. On ne peut avoir sur la sensibilité de ré- sultats précis, toutefois, le malade paraît sentir quand on le pince ; il retire un peu le membre. Dans la journée du 8, les convulsions sont incessantes pendant le réveil; elles gagnent le cou et la face, mais restent limitées au côté droit; elles augmentent avec rémotion, diminuent quand lesujet acca- blé de fatigue tend à s'assoupir et s'arrêtent presque entièrement lorsque le sommeil est complet. 47 Le 9 mars, les mouvements choréiques ont augmenté d'intensité, la face est grimaçante à droite, le bras et la jambe sont constamment agiles. Vers une heure de l'après-midi, le malade devient pâle, puis cyanose à deux reprises différentes; les convulsions diminuent, se suMendent, et la mort survient brusquement comme par syncope. AcTOPsiE le 1 1 mars. — Les méninges épaissies, opalines par places, s'enlèvent avec facilité dans toute l'étendue du cerveau'; les circon- volutions d'une teinte jaunâtre, d'un volume moindre, sont étroites, saillantes, séparées par des anfractuosités profondes. Les vaisseaux sont athéromateux, et par places on peut, en pressant, avec lesdoigts faire sortir des cylindres assez épais d'une substance jaunâtre ne lais- sant qu'une faible portion au centre. La surface des ventricules laté- raux, déprimée en quelques points, présente un épaississement de l'épendyme. Des coupes pratiquées de la superficie vers le centre, dans toute l'étendue du cerveau, font voir des lacunes dans la sub- stance blanche, mais surtout dans le corps strié et la couche optique, qui en sont criblés des deux côtés. Une incision pratiquée sur le pédoncule cérébral gauche à son inser- tion sur la couche optique, met à découvert un foyer hémorrhagique du volume d'une petite noisette, composé de caillots mous, rougeâ- tres, de date récente; le tissu du voisinage, déchiré, est infiltré de sang. La protubérance, le bulbe n'offrent point d'altération apprécia- ble. Le lobe gauche du cervelet présente à sa face inférieure et sous- jacente à la pie-mère une plaque jaunâtre de ramollissement ancien, de l'étendue d'une pièce de 20 centimes. Les méninges rachidiennes sont injectées dans toute leur étendue ; les coupes de la moelle ne montrent qu'une faible injection de la substance grise. Le cœur, fortement contracté, est dur, rigide; ses cavités sont vides de sang. L'aorte athéromateuse présente des plaques jaunâtres, surtout vers les valvules sigmo'ides. Le foie paraît normal. Les reins ont une teinte légèrement jaunâtre dans leur couche cor- ticale. La mort survenue brusquement semble avoir été produite par syn- cope, ainsi que le fait supposer l'état dans lequel le cœur a été trouvé à l'autopsie. En négligeant les lésions multiples des deux hémisphères cérébraux qui se rattachent à la démence sénile, et qui ne sauraient être invoquées pour expliquer les convulsions choréiques, nous res- tons en présence de ce double fait: d'une part, une hémorrhagie ré- cente sur le trajet du pédoncule cérébral gauche ;_^d'aulre part, une 48 bi-michorùc droite récente. V a-t-il une relation continue entre ces tloux faits? C'est probable, mais les données de pliysiologie patholo- gique ne nous paraissent pas permettre une affirmation positive. M. Charcot fait remarquer qu'il est singulier de voir une hémorrha- gie ayant ce siège produire, au lieu de paralysie, des mouvements a^- réiformes. M. Brown-Séquard cite l'opinion de son ami M. Jackson, qui croit que des embolies du corps strié peuvent être en rapport avec la cho- rée; M. Brown-Séquard a observé lui-même trois cas d'hémiplégie par lésion cérébrale, dans lesquels les malades tournaient le bras en mouvement de tire-bouchon; ce mouvement choréique augmentait quand on voulait l'arrêter. M. Brown-Séquard croit que des phéno- mènes très-variés peuvent être produits par des hémorrhagies céré- brales, bien que, dans beaucoup de cas de chorée, on ne trouve pas de lésions. M. Bert a fait installer ses appareils, qui serviront à étudier l'in- fluence des diminutions ou des augmentations de pression sur l'orga- nisme. Plusieurs expériences ont été faites d'abord pour rechercher quelles altérations éprouve l'air lorsqu'un animal est placé dans une cloche et soumis à une forte diminution de pression. Dans un cou- rant d'air continu dont la pression est de 16 à 18 centimètres de mer~ cure, les animaux meurent asphyxiés, le sang est noir dans les cavités du cœur. L'analyse a montré dans l'air de faibles altérations, 18 p. 100 d'oxygène et 2 p. 100 d'acide carbonique; dans ces conditions, l'oxy- gène n'entre pas dans le sang. Un chat est mort très-rapidement dans une atmosphère dont la pres- sion était de 18 centimètres. Un autre chat est mort au bout de sept minutes dans une atmosphère pareille. Un cochon d'Inde a séjourné quatre heures dans une atmosphère dont la pression a varié de 16 centimètres à 10 centimètres et demi. Par la rentrée subite de l'air, l'animal parut plus malade; sa tempé- rature était de 20 degrés. Par une raréfaction soudaine, les gaz intestinaux se dilatent et peu- vent asphyxier l'animal par l'obstacle apporté au jeu des poumons. Le secrétaire, Grédant. Séance du 19 mars. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Lj correspondance imprimée comprend un mémoire de M. Liouville, 49 intitulé : Note sur la coexistence d'altérations anévrysmales dans la rétine avec des anévrysmes des 'petites artères dans l'encéphale. — M. Gréhant publie un fait qu'il a observé en pratiquant la respi- ration artificielle chez un chien curare; un manomètre à mercure in- diquait dans Tarière fémorale une pression de 15 centimètres. On donna beaucoup d amplitude et de fréquence aux mouvements du soufflet, et l'on vit la pression tomber à 5 centimètres; on souffla ensuite dans la trachée de l'air soumis à la pression de 6 centimètres de mercure, la même dépression fut observée ; en même temps les veines se gonflaient et les artères se vidaient. Ainsi une augmentation de pression s'exer- çant seulement dans les bronches produit une compression des vais- seaux des poumons, et diminue la quantité du sang qui traverse ces organes. Cet effet mécanique a été vérifié de même chez un chien normal, puis sur lespounions détachés. On fit circuler artificiellement du sang défibriné par l'artère pulmonaire ; dès qu'on insuffla fortement les poumons, la quantité de sang qui revenait par les veines pulmo- naires diminua beaucoup. M. Bert fait remarquer que déjà autrefois des physiologistes ont pu tuer des animaux en insufflant fortement les poumons. M. Carville cite, à propos du fait observé par M. Gréhant, les obser- vations qu'il a faites sur lui-même pendant un traitement à l'air com- primé. L'eff'et de cette compression de l'air a été de diminuer le nombre des pulsations et des respirations, et de provoquer l'appétit; de plus, avant le traitement, M. Carville ne pouvait expulser des poumons, par une expiration aussi forte que possible que 1100 centimètres cubes d'air, et après deux mois de traitement, ce volume est devenu égal à 2 litres. M. Bert dit que la communication de M. Carville n'est pas compa- rable avec celle de M. Gréhant, qui est relative à une insufflation li- mitée au poumon, tandis que dans l'air comprimé les pressions se transmettent dans tous les sens et se font équilibre. M. Gréhant a vu se produire l'apnée signalée par M. Rosenthal en exagérant beaucoup les mouvements de la respiration artificielle. Ce phénomène pourrait être expliqué par la diminution de la circulation. Il n'est pas essentiel, dit i\l. Brown-Séquard , d'injecter beaucoup d'air pour voir l'apnée ; quelquefois, au bout de huit à dix minutes d'in- sufflation, l'animal fait à peine des mouvements respiratoires, et au bout d'une demi-heure la température peut être abaissée de 8 degrés. M. Bert communique les résultats de plusieurs expériences faites sur des lapins placés dans des cloches dont l'air était d'abord lentement raréfié et renouvelé; puis quand la pression était arrivée à un certain point, 1(BS cloches étaient fermées. L'asphyxie se montra d'autant plus c. R. 1870. 4 50 vite que la pression de l'air était plus petite et sous une pression de 18 centimètres; l'air avait reçu beaucoup moins d'acide carbonique et perdu beaucoup moins d'oxygène que sous une pression plus élevée. — M. Brown-Spquard rappelle (lu'il a montré, il y a deux mois, des cochons d"Inde offrant une altération de l'oreille que le père avait présentée à la suite de la section du sympathique au cou ; quatre petits sur cinq ont présenté cette altération, qui paraît donc se transmettre par hérédité. M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde dont les poils tom- bent dans la zone épileptogène, après la section de la moelle; ces ani- maux ont des convulsions fréquentes, mais ils ne se frottent pas ; il y a eu probablement chute de poils par influence nerveuse. M. Laborde demande s'il ne faut pas invoquer le grattage pour expli- quer la chute des poils. M. Brown-Séquard répond que chez les cochons d'Inde ayant des' altérations considérables de la patte, avec perte des ongles, la chute des poils s'est montrée cependant et quelquefois en vingt-quatre heures. De plus, c'est juste au moment où ces animaux cessent d'avoir des atta- ques et lorsque le grattage diminue, s'il ne cesse pas, que les poils tom- bent. M. Vaillant n'est pas persuadé que le frottage puisse faire tomber les poils. Remarques a l'occasion d'une observation de taenia multiple CHEZ l'homme; par M. Léon Vaillant. L'observation que j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui à la So- ciété n'est pas nouvelle en elle-même, mais les conclusions auxquelles elle peut conduire me paraissent de nature à jeter quelque jour sur certains faits rapportés par d'anciens auteurs et sur lesquels il n'est pas inutile d'attirer un instant Tattention dos helminthologistes. Au commencement du mois de janvier dernier, M Donnadieu, pro- fesseur à 1 École normale spéciale de Cluny, me communiqua 1 obser- vation prise sur une femme qui avait rendu en une seule fois un paquet de taenias. En examinant avec soin ces vers, il reconnut la présence de cinq têtes; la longueur de tous les strobiles réunis était de IG mè- tres. Les têtes étaient armées de crochets, le pore génital était latéral. A ces carjctères, M. Donnadieu reconnut le isenia solium ; \\ a d'ailleurs bien voulu m'envoyer une portion d'une chaîne, et la forme de l'utérus à branches peu nombreuses et ramifiées confirme pleinement cette détermination. La présence de plusieurs vers solitaires sur un même individu est 51 un fait bien établi aujoura'hui, et je renverrai pour plus de détails à l'excellent traité de M. Davaine, où se trouvent rassemblées d'assez nombreuses observations qui ne peuvent laisser aucun doute à ce su- jet [l]. Mais on trouve cité dans tous les traités d'helminihologie des cas de cestoïdes d'une longueur prodigieuse, faits sur lesquels des ob- servations, analogues à celles que je rapporte ici, peuvent faire naître des doutes légitimes. En effet, dans tous les cas bien observés, la longueur du tœnia so- lium ne paraît pas excéder 8 mètres, et le plus souvent même reste bien au-dessous. D'un autre côté, dans les espèces du même groupe observées sur les différents animaux sauvages ou domestiques, la taille ne varie que dans des limites relativement restreintes, comme, par exemple, du simple au triple. Il peut donc paraître admissible que ces longueurs extraordinaires, 40 mètres par exemple, chiffre cité par Du- jardin, ont été obtenues en prenant pour un seul et même individu plusieurs animaux dont on a additionné les différents strobiles; ce qui aurait pu avoir lieu dans le cas rapporté par M. Donnadieu, si ce zoo- logiste n'avait eu l'attention de rechercher soigneusement les por- tions céphaliques. Si le tEBnia se rangeait parmi ce que j'appellerais volontiers les ani- maux ordinaires, les raisons que je viens d'énoncer pourraient faire regarder la question comme définitivement tranchée; nous savons, en effet, que chez ces derniers les limites extrêmes que peut atteindre la taille, surtout lorsqu'il s'agit des animaux sauvages, ne dépassent guère celles dont je parlais tout à l'heure à propos de la taille des vers cesto'ïdes autres que le (œnia solium. INlais aujourd'hui les naturalistes sont d'accord pour regarder ces helminthes comme une réunion d'animaux distincts naissant successivement comme des bourgeons à la partie postérieure du scolex ou tête; en un mot, il faut y voir une colonie comparable à celle que forment certains zoophytes, tels que le corail et autres êtres analogues, désignés vulgairement sous le nom de polypes. Suivant cette manière de voir, on serait en droit de se demander si dans de^ circonstances favorables ces colonies ne pourraient pas prendre un accroissement excessif sous linflence d'une nourriture plus abondante ou toute autre cause analogue. C'est là un fait qui mé- riterait d'être étudié, ou tout au moins sur lequel l'esprit doit être tenu en éveil; les régimes si différents de l'espèce humaine, les con- ditions si variées de son existence, pourraient donner quelque poids à cette manière de voir. (1) Traité des enlozoaires^ p. 96, note 2. Paris, 1860. 52 Toutefois, en attendant des observations à l'abri de toute objection, il est non-seulement prudent de suspendre son jugement, mais je di- rais même que tout porte à supposer que les faits auxquels je fais al- lusion résultent d'une erreur et que la taille du tœnia solium, comme celle des autres espèces animales, ne peut être regardée comme va- riant dans deslimites très-étendues. M. MoREAu dit que les observations relatives à la longueur des taenias se feraient mieux chez le chien. M. DuMONTPALLiER fait remarquer que rarement le médecin diagnos- tique le taenia avant la sortie spontanée ou accidentellement provoquée du cestoïde. — La Société nomme M. Rabuteau membre titulaire. Le Secrétaire, M. Gréhant. Séance du 26 mars, Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. — M. Bouchard communique un procédé d'analyse chimique du sang qui permet de déterminer le poids exact du sérum et celui des globules frais par différence. On fait une première saignée de 10 grammes de sang que l'on reçoit dans une capsule où le sang se coagule. Un deuxième poids de sang de 10 grammes est reçu et additionné aussitôt d'un cer- tain poids de solution saline neutre ou de solution de sucre; le sang étant coagulé dans les deux capsules et le caillot bien séparé du sérum, on recherche le poids d'albumine contenue dans 1 gramme de sérum pur et de sérum étendu. Pour cela, on ajoute au sérum quelques gouttes d'acide nitrique, on porte à l'ébullition; l'albumine coagulée est lavée sur un filtre avec de l'acide nitrique au vingtième, puis le filtre est des- séché, et l'on obtient le poids d'albumine contenu dans chaque échan- tillon de sérum. Supposons que 1 gramme du sérum pur contient un poids p d'albumine, le poids inconnu x du sérum séparé du caillot et retenu encore dans celui-ci contient px d'albumine. 1 gramme de sé- rum étendu renferme-t-il p' d'albumine, le poids du sérum étendu, qui est a; + / {t étant le poids de liquide salin ou sucré surajouté) renfer- mera un poids d'albumine égal à [_x + i) p'; or dans les doux cas, puis- qu'on a pris le même poids de sang, la quantité d'albumine contenue dans chaque échantillon est la même; on aura donc px= {x + l] p'. D'où a; =-^,. 53 Connaissant le poids du sang et le poids du sérum, on obtiendra par différence le poids de la fibrine et des globules, et pour obtenir le poids de la fibrine, il suffira de laver le caillot dans un nouet de linge qui retient la fibrine. Ce procédé suppose que le liquide surajouté ne modifie pas la com- position des globules; une solution aqueuse de sucre de canne d'une densité de 1,024 satisfait à cette condition. L'emploi de ce mode d'analyse a donné à M. Bouchard des résultats concordants: ijOOO parties de sang de lapin contenaient: 605 de sérum, 392 de globules frais, 3 de fibrine. Chez deux malades atteints de rhumatisme, l'analyse a donné dos nombres très-voisins : »"■ malade. 2* malade. Sérum 640,61 .... 638 Fibrine. ... 5 .... 6,9 Globules.. . . 354,37 .... 354,3 M. Bouchard conseille d'employer le môme procédé pour la re- cherche de la quantité totale du sang. M. Chalvet fait remarquer combien le dosage de l'albumine par la chaleur est difficile; certaines variétés d'albumine se congèlent à 65*, d'autres à 75" ou à 95°; il y a des urines qui précipitent ainsi à des températures diverses. M. Bouchard fait remarquer que dans ses expériences il agit sur le même sang et coagule toute l'albumine. M. Chalvf.t pense que les globules étant pesées à l'état frais, on pourrait avoir le fer et constater si le rapport du poids du fer au poids des globules est constant; s'il en est ainsi du dosage des globules, on pourrait substituer celui du fer, qui est très-faible. M. Bouchard pense qu'on ne peut pas déduire le poids des globules de celui du fer, parce que dans diverses conditions les globules peuvent être plus ou moins gonflés et contenir plus ou moins d'eau. — M. Hayem présente à la Société le résultat d'une de ses expériences sur la cicatrisation des muscles à la suite des sections sous-cutanées. Le 5 mars 1870, on a fait sur un cochon d'Inde adulte et bien por- tant la section sous-cutanée, à l'aide d'un ténotome, des muscles de u la patte antérieure droite, en coupant jusqu'à l'os. Le 14 mars la même opération a été pratiquée sur la patte antérieure gauche, mais la section a été moins profonde. Lailinial est sacrifié le 26 mars, soit vingt et un jours après la pre- mière section et àoute après la seconde. A l'autopsie on voit que, du côté droit, la section a porté sur le triceps brachial , en intéressant la plus i:rande partie de l'épaisseur du musc'e. Le nerf et les vaisseaux correspondants ont été divisés. Il en résulte une déformation de la région qui consiste surtout en une sorte d'enfoncement ou vide au niveau du point où devrait exister le ventre même du muscle. Ce creux est occupé par une bride flbreuse qui adhère aux aponévroses et au tissu cellulaire voisins. Les deux moi- gnons musculaires sont écartés dun centimètre et demi environ ; ils se sont cicatrisés isolément, et, de chaque côté, cette cicatrice, par ses adhérences aux parties voisines, forme cette bride fibreuse indiquée plus haut. Sur une coupe longitudinale du moignon supérieur, le tissu musculaire paraît sain, rosé, et offre absolument le même aspect que celui des muscles non lésés. LVxirémité du moignon est d'un blanc rosé, nacré et d'aspect com- plètement fibreux. Le moignon inférieur, celui qui adhère à l'olécrâne, présente de même une cicatrice flbreuse à son extrémité. La partie musculaire se compose de deux portions distinctes : l'une périphérique, rosée, plus pâle que les muscles sains, mais d'une apparence à peu près normale ; la seconde, centrale, forme un noyau bien circonscrit, jaunâtre, qui fait saillie sur la surface de corps et ressemble aux infarctus dits flbri- neux. A ce niveau, la consistance du tissu musculaire est caséeuse. Du côté gauche, le triceps n'a éié coupé que dans une partie de son épaisseur, et les deux moignons rétractés sont reliés entre eux par une cicatrice fibreuse. L'examen microscopique révèle les particularités suivantes. Dans le voisinage des cicatrices, le tissu musculaire présente les caractères de la myosite subaiguë. Les ûbres sont en dégi^nérescence vitreuse ou granuleuse, les noyaux sont multiples, quelques-uns vésiculeux. Les parties les plus voisines de la cicatrice sont riches eh fibres atrophiées, qui se terminent en pointes souvent bifurquées remplies de noyaux et de fines granulations. En pénétrant dans l'épaisseur du moignon musculaire, le tissu ne tarde pas à reprendre ses caractères normaux, excepté au niveau du foyer caséeux décrit plus haut. Celui-ci est constitué, en effet, par des fibres désagrégées, en dégé- nérescence vitreuse ou granulo-vitreuse, et dans la préparation on 5g trouve des corps myo-plastiques libres, composés d'un corps de cel- lule fusiforme à prolopla?ma finement granuleux, et d'un noyau avec nucléole complètement semblable aux noyaux musculaires. Dans le tissu des diverses cicatrices on constate au milieu des élé» menls conjonctifs des traînées plus ou moins riches en corpuscules ou plaques granuleuses contenant un ou plusieurs noyaux musculairesi Ces éléments abondent surtout dans la partie de la cicatrice qui tou- che le tissu niusculaire; plus on s'éloigne de ce point, plus le tissu cicatriciel prend les apparences du tissu conjonctif fibreux; çà et là on voit encore des noyaux d'origine musculaire entourés de granula- tions granulo-graisseuses. Cette expérience démontre que dans les sections musculaires les moignons, après s'être rétractés, s'enflamment à leur suiface libre et sont le siège d'une myosile subaiguë néoplastique dans laquelle les éléments anciens donnent naissance, par prolifération des cellules mus- culaires, à des corps myoplastiques abondants; que ce travail inflam- matoire, loin de produire une restitution complète de la forme et du volume du muscle, ne donne lieu, en détinitive, qu'à des brides ou ci- catrices fibreuses dans lesquelles on ne retrouve plus au bout de quel- que temps que des vestiges des éléments musculaires multipliés. Dans toutes les expériences analogues, M. Hayem a obtenu le même résultat, et il a remarqué que les corps myoplastiques fusiformes qui apparaissent très-rapidement à la surface des sections ont dès l'abord un noyau tout à fait semblable aux noyaux musculaires. 11 admet que ces éléments doivent leur apparition à la multiplication des cellules musculaires des fibres sectionnées. En tout cas, il n'a jamais pu véri- fier l'opinion de Waldeyer, qui fait provenir ces éléments du tissu in- terstitiel. Cette expérience offre encore une particularité importante, c'est la présence de ce foyer caséeux dans l'épaisseur du moignon inférieur du côté droit. Le fait de la section des vaisseaux qui se rendaient à cette partie doit. le faire considérer comme une lésion anémique, un véritable infarctus, et U. Hayem, en présentant cette pièce à la Société, fait remarquer son analogie avec les foyers décolorés caséeux que l'on trouve autour des hémorrhagies musculaires symptomatiques et qui sont liés, ainsi que le présentateur l'a montré antérieurement, à des obstructions vasculaires. (Consulter à ce sujet : Études sur les myosites symptomatiques. (Akch. de phys. normale et path,, p. 480 et suiv. et p. 429.) — M. Rabuteau propose d'employer l'acide phospho-molybdique pour déceler les alcaloïdes végétaux, qu'il précipite ; ce réactif est très- 56 sensible et permet de reconnaître de la nicotine dans la fumée du cigare. — M. Laborde présente un œuf de poule sans coquille dont l'albumen est peu abondant et dont le jaune, très-développé, offre un prolonge- ment caudiforme. D'autres œufs de la même poule, pondus ensuite, ne contiennent que l'albumen et sont pourvus de coquille. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r F LA SOCIETE DE BIOLOG PENDANT LE MOIS D' AVRIL 1870; Par m. GRÉHANT, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 2 avril. Le procès-verbal de la dernière séance esl lu et adopté. On a parlé dans la dernière séance des variétés de matières albumi- noïdes qui existent dans le sang; M. Brown-Séquard rappelle à ce sujet que son ami M. Donnel a trouvé dans le sang une certaine quantité de substance analogue à la caséine, non coagulable par la chaleur et dont la proportion varie beaucoup suivant l'état de jeûne ou de di- gestion. Cette substance se convertit probablement en albumine par la suite. — M. Rabuteau, par des expériences qu'il a faites sur lui-môme, a reconnu que sous l'influence d'une ingestion de 5 grammes de bicarbo- nate de potasse par jour, le chiffre de l'urée a baissé de 30 grammes à 25 grammes. Ainsi les alcalins paraissent diminuer les combustions et M. Rabuteau les croit peu utiles dans la glycosurie; à cette dose de #f^fc (tlBRARY r 58 5 grammes les alcalins ont augmenté l'appétit; mais à cette dose ils n'ont pas produit d'effet diurétique. Le traitement par l'eau de Vichy, dit M. Brown-Séquard, augmente l'appéiit au début, puis, loPï^qu'il est trop prolongé, produit souvent un clat de faiblesse presque immédiate. — M. Legkos a étudié la terminaison des conduits biliaires dans les lobules du foie. Comme on le sait, celte terminaison se fait par un ré" seau très-fin dont les mailles entourent les cellules hépatiques. (Ir- minger, Fiey, Kolliker). Par des injections au nitrate d'argent faites sur des foies de lapins, M. Legros a reconnu sur les derniers canali- cules qui ont 3 millièmes de millimètre de diamètre un épithélium aplati, mince et pavimenleux, tandis que les conduits plus gros sont pourvus d'un épithélium prismatique. M. Legros appuie sur celle ob- servation la distinction des deux fonctions glycogénique et biliaire; l'épithélmm du réseau intralobulaire sécréterait la bile et les cellules du foie formeraient la matière glycogène. — M. CoKNiL fait une communication relative à la structure du foie. Sur un foie d'ictère grave très-mou, les cellules de la périphérie des lobules étaient atrophiées et le réseau des canalicules biliaires était bien visible; ces canalicules étaient dilatés et offraient Un épithélium pavimenleux semblable à celui dont M. Legros a parlé. M. Cornil ne croit pas fondée la distinction analomique des deux sécrétion^; les cellules hépatiques qui contiennent du pigment biliaire doivent, dit-il, contribuer à la sécrétion de la bile. J\L Legros répond qu'il a examiné l'épilhélium du réseau biliaire et qu'il ne croit pas que cet épithélium si mince, si altérable, ait été ob- servé à l'élat normal; relativement au rôle de cet épithélium, M. Le- gros ajoute que dans les glandes salivaires on ne dit pas que la salive est sécrétée en dehors de Tépithélium, mais par l'épilhélium lui-même. M. Chaucot fait remarquer que dans les rétentions anciennes débile des concrétions biliaires dilatent les canalicules môme les plus fins, et que l'abcès est produit probablement par rupture des canalicules et effusion de bile en nature. M. Ranvier est de l'avis de M. Cornil. On sait, dit-il, que le pancréas est consLilué d'une manière analogue à un acinusdu foie; on trouve de fins canaux qui pénètrent entre les cellules, mais les acini des glandes salivaires sont entièrement remplis de cellules; il ne reste qu'une lu- mière très-peiite au centre, et jusqu'ici M. Ranvier n'a pas réussi à in- jecter un réseau entre les cellules salivaires au delà de la lumière cen- trale. 59 M. Legros rappelle qu'il a parlé d'un réseau intralobulalre avec paroi etépithélium. — M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde auquel manquent plusieurs phalanges et qui provient d'un père offrant la même altéra- tion; c'est le septième exemple observé par M. Brown-Séquard d'une transmission pareille par hérédité. M. Brown-Séquard montre un cochon d'Inde qui, après des lésions compliquées, section du sciatique, fracture du fémur, présente une perte de poils dans la zone épileptogène. Chez cet animal la patte ma- lade ne pouvait être portée au cou, et conséquemment ce n'est pas parce qu'il s'est gratté que les poils sont tombés. ~ M. VuLPiAN présente, au nom de M. Philipeaux, plusieurs observa- tions relatives à la possibilité de transmettre par voie de génération, chez les animaux, des mutilations produites artiflciellement. Les petits nés d'animaux auxquels on avait enlevé la rate ont toujours présenté une rate normale, tandis qu'un rat auquel on avait extirpé le testicule droit a donné trois petits mâles; deux présentaient une atrophie très- prononcée du testicule droit; chez le troisième on ne put reconnaître, par la palpation, la présence de ce testicule. M. Philipeaux se propose de continuer ces expériences. — M. PoucBET a étudié le développement des leucocytes ou globules blancs et des hématies ou globules rouges chez les embryons d'axo- lotls. D'après JM. Pouchet, à une certaine époque on ne voit aucun globule blanc dans lo sang, mais on trouve des globules blancs doués de mouvement amibo'ide dans le tissu conjonctif. En comparant les globules blancs et les globules rouges, M. Pouchet a reconnu la pré- sence de granulations analogues dans ces deux éléments, et il pense que les globules rouges sortent des vaisseaux, se décolorent dans le tissu conjonctif et deviennent des globules blancs; mais le passage des globules rouges à travers les parois n'a pu être suivi complètement. — M Bouchard, en appliquant le procédé de détermination de la quan- tité du sang qu'il a fait connaître, a trouvé chez un chien pesant l^y'i.bO, 752 grammes de sang, ou un peu plus de 1/10° du poids de l'animal. — M, Leteinturier communique une observation d'hémiplégie à gauche, accompagnée d'une paralysie du nerf moteur oculaire commun du côté droit; il y avait du côté paralysé un abaissement de température de Û%4. L'autopsie a montré une hémorrhagie localisée dans le pédoncule cérébral droit. 60 M, Leven avait diagnostiqué une hémorrhagie au niveau de lorigine du moteur oculaire commun. M. Brown-Séquard fait remarquer qu'il a déjà signalé, en 1858, qu'un abaissement de température limité à une moitié du corps est un impor- tant symptôme des lésions de la protubérance. Ce phénomène dépend sans doute de l'excitation des nerfs vaso-moteurs, bientôt suivie d'une paralysie de ces nerfs et d'une élévation consécutive de la tempéra- ture. Séance du 9 avril. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Lépine communique un fait qu'il a observé chez le cochon d'Inde. Si l'on pratique la trachéotomie et qu'on injecte dans une bronche un liquide irritant, de l'alcool, par exemple, l'œil se ferme à moitié de ce côté et se remplit de larmes. Ce phénomène est persis- tant, et ce n'est point une irritation transmise exclusivement à l'ori- gine du facial par le pneumo-gastrique, car il a lieu même après la section de ce dernier nerf. Sur des grenouilles j'ai également réussi , dit-il , à obtenir par l'irri- tation du poumon une action réflexe du côté de l'œil. On met à nu l'un des poumons, et l'on y injecte, au moyen du trocart creux d'une seringue de Pravaz, une ou deux gouttes d'ammoniaque. Au bout de quelques instants on observe un retrait momentané de l'œil du côté correspondant, puis souvent, quelques secondes plus tard, de l'œil du côté opposé. Par de nombreuses expériences de contrôle, je me suis assuré qu'il faut une forte excitation des nerfs sensitifs pour pro- duire un effet semblable. La section seule du nerf sciatique ou du nerf lombaire n'amène pas le retrait de l'œil du côté correspondant. Je me borne aujourd'hui à ces indications sommaires, espérant faire pro- chainement de ces phénomènes l'objet d'une communication plus dé- taillée. M. Brown-Séquard a vu avec la section d'une moitié latérale de la moelle, et après la section de certains nerfs, de la congestion et du larmoiement de l'œil de ce côté, mais les phénomènes ne furent pas durables, tandis qu'ils sont persistants dans l'expérience de M, Lé- pine ; il est probable qu'il s'agit ici d'une influence des nerfs vaso- moteurs. M. Brown-Séquard a signalé chez l'homme la dilatation et la con- striction des vaisseaux après le pincement de la jambe ; la température 61 s'élevait à l'oreille et s'abaissait au cou; après la section du sciatique chez les animaux, il en est de même. M. Ranvier demande quel était l'état du poumon après les injections irritantes. L'injection a pénétré dans quelques lobules, ditM. Lépine, le sang s'est coagulé dans les vaisseaux, mais il n'y eut point de pleurésie. — M. Brown-Séql'ard expose les résultats de l'autopsie d'un cochon d'Inde qui après section du sciatique avait guéri, mais qui après une deuxième section faite plus haut présente des tubercules dans les poumons, dans la rate. Il est probable que tous ces accidents se sont produits en trois semaines. M. LiouviLLE, à propos de ce fait, parle d'une inoculation de pro- duits de méningite tuberculeuse qu'il fit chez un cochon d'Inde; l'a- nimal est mort seulement au bout de deux mois. M. Ranvier demande à M. Brown-Séquard si les expériences non suivies de tuberculisation n'ont pas été faites à la campagne et si, au contraire , les plaies suivies de tuberculisation ont été faites chez des animaux placés dans de moins bonnes conditions hygiéniques et dans un lieu où se peut faire l'inoculation. C'est à peu près ce que j'ai dit, répond M. Brown-Séquard : Dans mon laboratoire, situé rue Gay-Lussac , 28, jamais je n'ai vu de tu- berculisation soit après des plaies, soit même après des inoculations artificielles ; sur trente-six cochons d'Inde, pas un seul n'est devenu tuberculeux. Un trente-septième, qui avait reçu sous la peau un gan- glion tuberculeux, est devenu tuberculeux après quatre ou cinq mois. Tandis que dans le laboratoire de l'École pratique j'ai observé trois cas de tubercules. Relativement à la vitesse de production des tubercules, M. Brown-Séquard rappelle un fait qu'il a signalé à la Société en 1850. Un lapin, après la section du sympathique au cou, était devenu tuber- culeux quatorze jours après l'opération. J'avais trouvé avant M. Wille- min , dit j\I. Brown-Séquard, que fréquemment les plaies du cou ren- dent les viscères abdominaux tuberculeux en quinze jours à quatre semaines. — M. Brown-Séqu.\rd communique des observations qu'il a faites sur la distance à laquelle les deux pointes d'un compas appliqué sur la peau donnent la sensation d'une seule pointe; si l'on applique les pointes sur deux branches nerveuses différentes, lune venant du tri- jumeau , l'autre d'une paire cervicale, par exemple, il peut y avoir sensation d'une seule pointe. Au cou , à la face, à l'oreille, au menton, il faut pour cela que la dislance soit inférieure à 2 centimètres. M. Brown-Séquard a fait souvent l'application du compas chez les ma- 62 ladfi?; en règle générale, c'est la pointe supérieure, la plus voisine de l'orbitp, qui est perçue lorsqu'il y a sensation d'une seule pointe; dans des cas pathologiques, quand en appliquant le compas sur la face et l'épaule une seule pointe est sentie, c'est celle de la face. Chez cer- tains malades qui présentaient une anesthésie absolue pour d'autres excitants, les pointes étaient senties cependant; la sensation du lieu touché paraît donc tenir à une faculté spéciale. M. Bert, à l'occasion de cette communication de M. Brown-Séquard, rapporto un fait qu'il a observé sur lui-même. Atteint d'une inflamma- tion très-douloureuse de la conque auditive, il s'aperçut, en employant le compas, que la distance minimum à laquelle étaient perçues los deux pointes était environ le double de la distance normale. Cepen- dant le contact des pointes était douloureux. Or l'oreille n'avait pas sensiblement grandi ; on ne peut objecter, comme on pouvait le faire aux observations semblables qu'a faites M. Bert sur des abcès volumi- neux ou sur l'abdomen des femmes enceintes, que les extrémités ner- veuses ont été écartées les unes des autres par la distension générale de la région. Ce fait a un intérêt d'un autre ordre. L'oreille malade paraissait à M. Bert beaucoup plus grande que dans l'état normal. C'est là une illusion ordinaire pour toutes les parties enflammées : or elle n'avait pas réellement grossi, et la distinction des pointes y était plus obtuse; ceci est contraire à un principe généralement admis. Si l'on porte en divers points de son corps une même ouverture de compas, on n'a pas partout une même sensation de distance. A la cuisse, par exemple, la distance des pointes paraîtra très-faible, plus grande à la face, énorme sur les lèvres. En d'autres termes, la distance des pointes paraîtra d'autant plas gramie que sur les régions interrogées la distance minimum perceptible de ces pointes sera plus petite; d'après cette rè- gle, l'oreille malade où la distance minimum perceptible des pointes avait augmenté aurait dû paraître plus petite, et le contraire arrivait. Ceci montre qu'il faut faire intervenir, dans l'origine de la notion de l'étendue des régions de notre corps, d'autres éléments que celui de la distance perceptible des pointes. — M. MoNOD communique l'observation d'un vieillard de 75 ans mort à la suite de fracture du col du fémur, chez lequel on a trouvé les poumons remplis d'abcès métastatiques, sans que l'autopsie ait montré de plaie en aucune région du corps. M. Monod se demande s'il y a eu une influence générale dépendant de la salle qui présente beaucoup de cas d'jnfections purulentes. En 1867, à la Charité, M. Liouville a vu chez M. "Velpeau un cas analogue d'infection purulente sans aucune plaie. 63 M. MoREAu, à la Maternité, pendant une épidémie de fièvre puerpé- rale, a vu une élève sage-femme non enceinte prise de fièvre puerpérale. M. DuMONTPALLiER rïippelle que dans la discussion qui a eu lieu à l'Académie de médecine, en 1858, on a communiqué deux observations de fièvre puerpérale chez deux élèves sages-femmes pendant la période menstruelle. Dans ces deux cas n'éiait-on pas autorisé à supposer que Tinfection générale avait eu son origine dans l'exfoliation suppurante de la muqueuse utérine? Quant aux observations d'infection purulente sans plaie extérieure, comme dans le cas rapporté par M. Monod, on doit rechercher d'abord si le foyer de la fracture n'est pas le siège d'une phlébite suppurative; et, si l'examen était négatif, il faudrait de plus rechercher avec soin si quelque organe, riche en vaisseaux vei- neux, n'est point affecté de phlébite. Chez les vieillards, il n'est pas rare de trouver à l'autopsie des abcès de la prostate dont l'existence n'avait point été soupçonnée pendant la vie. Dans une observation, re- cueillie par M. Gubler dans le service de Lenoir, à l'hôpital Necker, il fut permis de constater qu'un abcès de la prostate, qui communiquait librement avec les tissus veineux de cet organe, avait été la source d'une infection purulente dont le point de départ n'avait pas été soup- çonné pendant la vie du malade. M. Dumontpallier ajoute que l'exa- men, fait par M. Monod, n'établissant pas la non-exislence d'une phlé- bite suppurative dans le foyer de la fracture ou en tout autre endroit où la phlébite peut être constatée chez les vieillards, il n'est pas permis à M. Monod d'afQrmer, dans le cas qu'il nous communique, l'existence d'une infection purulente sans phlébite. — Les conditions de l'air am- biant et l'état général du malade peuvent avoir une importance étiolo- gique majeure dans la fièvre puerpér.de ou dans l'infection purulente ; mais l'expérience clinique a établi que les états morbides ne s'observent en général que dans les cas de plaie, de phlébite ou d'abcès commu- niquant avec les veines. — M. Laborde parle de recherches qu'il a faites pour distinguer la mort apparente et la mort réelle. Une aiguille d'acier enfoncée dans les tissus de l'homme vivant se rouille, et ne se rouille pas quand elle est introduite dans les tissus d'un cadavre. C'est en se fondant sur ce fait pour distinguer la mort réelle de la mort apparente que M. La- borde a reconnu un état de mort apparente chez un homme que l'on croyait mort et que des soins assidus ont rappelé à la vie. — M. Carville arépété avecM.Lépine l'expérience d'injection de li- quides irritants dans l'une des bronches; chez le lapin et le chien le phénomène de constriction de la paupière s'est montré le môme; M. Carville a déterminé l'influence exercée sur la tension du sang par cette expérience. 64 Séance du 23 avril, M. GouBAux présente une portion sternale de la colonne vertébrale d'un cheval ayant huit côtes du côté droit et sept côtes du côté gauche. La côte surnuméraire se trouve articulée sur une vertèbre rudimentaire ; l'apophyse épineuse de cette vertèbre est soudée à l'apophyse épineuse située au-dessus. — M. BrownSéquard a remarqué chez des cochons d'Inde latransmis- sion par hérédité des altérations des membres , et chez quelques-uns de ces animaux l'existence de la zone épileptogène. On provoque chez ces animaux l'attaque en pinçant doucement la zone épileptogène. Chez l'un d'eux l'attaque est incomplète. Sur un jeune cochon dinde il existe un doigt surnuméraire ; le père, au contraire, avait perdu une portion de doigt à la suite de la section du sciaiique. Chez un autre cochon d'Inde, qui se trouvait dans des conditions analogues d'hérédité , il existe aussi une portion de doigt surnumé- raire. A propos de la présentation de M. Lépine à la dernière séance, M. Brown-Séquard a remarqué aussi une diminution dans l'ouverture palpébrale, une élévation de la température, une augmentation de la sensibilité de l'oreille du même côté et un redressement du pavillon de l'oreille. On peut mesurer l'orifice palpébral à l'aide d'un compas à divisions millimétriques que M. Brown-Séquard met sous les yeux de la Société. M. Laborde fait remarquer qu'il a vu lui-même la diminution de l'o- rifice pal[)ébral et de l'ouverture pupillaire à la suite de l'hémisection de la moelle. M. Bro\v>-Séquar0 avait noté ces faits en 1848, 1849 et 18bî, tandis que plus tard il n'a pas observé les altérations des yeux toutes les fois que les animaux se sont trouvés dans de bonnes conditions hygiéni- ques. La cause de ces différences tient aux conditions hygiéniques où se trouvaient les animaux en expérience. Les altérations sont des con- jonctivites, des cataractes. Sur des cochons dinde opérés en juillet 1868, la pupille et l'orifice palpébral sont rétrécis. FxPÉRIENCES MONTRANT QUE LE CRISTALLIN PEUT SE RÉGÉNÉRER CHEZ LES MAMMIFÈRES , PAR UNE FORMATION NOUVELLE DANS LA CAPSULE CRISTAL- linienne; par M. J. M. Philipeaux. M. J. M. Philipeaux met sous les yeux de la Société de biologie des pièces qui montrent les résultats d'expériences récentes qu'il a faites sur la régénération du cristallin. Bien que plusieurs auteurs aient déjà prouvé la possibilité de cette régénération chez les mammi- fères, c'est un fait qui ne paraît pas encore admis définitivement. Bur- dach (1) et Henle (2) citent Cocteau et Leroy (d'ÉtioUes), Middlemore, comme ayant vu quelquefois le cristallin se reproduire chez des mam- mifères auxquels on l'avait enlevé. C. Mayer aurait constaté cette re- production chez un lapin sur lequel il avait pratiqué l'extraction du cristallin quatre mois auparavant. Chez l'homme, Vrolik aurait vu une régénération incomplète du cristallin après l'opération de la cataracte par abaissement, condition qui, à la vérité, rend cette assertion fort contestable. D'autres expérimentateurs sont arrivés aux mêmes résul- tats, en ce qui concerne les mammifères, et l'on peut en trouver l'é- numération dans la note que M. Milliot a insérée dans les Comptes rendus de l'Académie des scIE^CEs (3). Dans cette note, qui contient le résumé de nombreuses expériences sur le sujet en question, M. Milliot a donné une nouvelle et complète démonstration de la régénération du cristallin. Et cependant, malgré toutes ces preuves concordantes, le fait de la régénération du cristallin est considéré encore aujourd'hui comme douteux par certains auteurs, surtout par les ophthalmologis- tes. « On ne saurait admettre, dit M. Wecker (4), que la capsule, a privée de son contenu, mais laissée en rapport avec ses annexes, soit « propre à fournir les éléments d'une lentille de nouvelle formation. » M. Philipeaux a obtenu aussi des résultats tout à fait décisifs et qui confirment entièrement les conclusions de M. Milliot et des expérimen- tateurs plus anciens. Sur six jeunes lapins âgés de 3 mois, il a pratiqué l'extraction du cristallin en laissant la capsule en place. L'opération a été des plus simples. Après avoir ouvert la cornée par kératotomie inférieure, à l'aide dun couteau à cataracte, sur les animaux non chloroformés et (i) Traité de phijsiologie, t. VIII, \\ 288. (2) Encyclopédie anatomique. Anatomie générale, t. I, p. 368. (3) Mémoirce sur la génération du cristallin (Comptes rendus de l'Aca- démie DES sciences, 28 janvier 1867). (4) Traité tUéorique et pratique des maladies des yeux, deuxième édition, 1868, t. II, p. 12. C. R. 1870. 5 66 maintenus par un aide, il a incisé la capsule antérieure avec une ai- guille à cataracte, puis, au moyen d'une légère pression faite sur le globe oculaire avec le manche de l'aiguille, au-dessous de la cornée, il a fait sortir le cristallin au dehors. Aucun pansement n'a été fait, et l'on s'est contenté de faire soigner très-attentivement les animaux, au point de vue de l'hygiène. Un de ces lapins a été examiné quinze jours après Topération : la capsule était tuméfiée, épaissie, et elle paraissait contenir déjà un ru- diment de tissu cristallinien. Un second lapin a été examiné vingt-cinq jours après l'expérience. La capsule était beaucoup plus épaissie que chez l'animal précédent; l'épaississement siégeait surtout au voisinage du bord adhérent de la capsule. Chez le troisième lapin, sacrifié quarante jours après l'expérience, l'épaississement était encore plus prononcé; le tissu de cet épaississe- ment, semblable à celui du cristallin, formait un anneau complet en dedans de la circonférence de la capsule. Les trois autres lapins ont été examinés : l'un au bout de soixante jours après l'opération, un autre au bout de quatre mois, et le dernier au bout de cinq mois et vingt jours. La régénération était de plus en plus avancée ; et, chez les deux derniers, elle était complète ou à peu près : le cristallin avait recouvré sa forme lenticulaire, et, chez le dernier, il avait presque son volume normal. Ce sont les diverses phases de ce travail de régénération que l'on peut voir sur les pièces présentées à la Société : on y voit, en effet, l'état du cristallin de l'œil opéré chez les six animaux dont il vient d'être parlé. On peut constater le début du travail, c'est-à-dire l'é- paississement de la capsule sur la pièce n° 1. La pièce n" 6 montre la régénération achevée, et les quatre pièces intermédiaires font suivre les progrès de cette regénération. Il ne suffisait pas d'iiilleurs de reconnaître que la capsule cristalli- nienne s'était remplie peu à peu d'une matière offrant la consistance et la transparence normales du cristallin ; il fallait de plus trouver dans le corps régénéré la structure de cette lentille. M. Philipeaux a vu, comme M. Milliot, et comme Yalentin (cité par M. Milliot) l'avait vu aussi dès 1842, que le cristallin régénéré est formé de tubes tout à fait semblables à ceux du cristallin normal. Ces tubes existent déjà lors des premières phases du travail de régénération; ils sont alors un peu plus larges que lorsque ce travail est terminé. Ces expériences de M. Philipeaux, qui viennent confirmer d'une façon si nette celles de ses prédécesseurs, ne peuvent laisser aucun doute sur la question dont il s'agit; et l'on doit admettre au nombre 67 des régénérations incontestables, celle du cristallin chez les jeunes mammifères. Pour que cette régénération ait lieu, il faut que la cap- sule soit laissée en place et n'ait pas été trop dilacérée; il faut encore qu'il n'y ait eu issue que d'une très-faible quantité d'humeur vitrée. Hémiplégie gaucbe avec paralysie alterne de la troisième paire droite, résultant • dun ramollissement du pédoncule cérébral droit; par M. Oyon. Le 27 mars 1870, entre dans le service de M. Vulpian à la Pitié la nommée Ducroquet (Geneviève), âgée de 78 ans : elle présente une légère hémiplégie à gauche, peut encore serrer légèrement avec la main gauche et soulever la jambe au-dessus du plan du lit, mais ne peut marcher ni se tenir debout sans être soutenue; légère paralysie faciale du même côté ; rien d'appréciable du côté des yeux. L'intelligence est très-obscurcie ; on ne peut avoir aucun renseigne- ment précis sur les antécédents. Le lendemain 28 mars, on constate une aggravation de l'hémiplégie, surtout marquée au membre supérieur qui est inerte; les doigts seuls exécutent de petits mouvements de flexion; le membre supérieur peut encore être soulevé au-dessus du plan du lit, La sensibilité est intacte des deux côtés. On note un phénomène nouveau, la paralysie de la troisième paire droite; l'œil est complètement fermé, et quand on sou- lève la paupière, on constate que les mouvements du globe oculaire en dedans, en haut et en bas, sont impossibles, ceux en dehors res- tant seuls possibles. L'iris ne participe pas à la paralysie; la pupille est contractée, et même plus étroite qu'à gauche. L'intelligence est plus nette; la malade se plaint de douleurs de tête dans le côté droit, existant depuis un certain temps; elle raconte que la veille elle est tombée en sortant de son lit sans pouvoir se relever. Le même accident lui serait arrivé huit jours auparavant sans qu'il en soit résulté de paralysie. Les jours suivants la paralysie devient complète à gauche ; la malade gâte, et il y a tendance aux eschares des fesses, surtout à gauche. Môme éiat de l'œil : strabisme externe. Mort le 10 avril, sans qu'on ait rien constaté d'anormal dans les différents appareils. A l'autopsie faite le 11 avril, on trouve les artères de la base plus ou moins scléro-athéromatheuses sans rétrécissement notable de leur ca- libre, sauf la cérébrale postérieure droite qui est presque oblitérée. Dans la partie du pédoncule cérébral droit contiguë à la couche op- tique, un foyer de ramollissement rouge paraissant de date récente et 68 du volume d'une petite noisette de forme irrégulière; rien dans les au- tres parties de l'encéphale ni de la moelle. Le nerf moteur oculaire cornéen droit, pendant l'extraction de l'en- céphale, a été arraché de ses insertions pédonculaires : examiné au microscope, il présente des points altérés (état segmenté de la myé- line) et d'autres où les tubes étaient sains. Rien de spécial dans les autres organes. Ce fait présente de l'intérêt à ce point de vue qu'on a pu faire pen- dant la vie le diagnostic du siège et même de la nature de la lésion en se fondant sur l'aggravation progressive de l'hémiplégie et l'appari- tion secondaire de la paralysie alterne de la troisième paire. Il y a de plus à noter que le nerf moteur oculaire commun était al- téré comme après une section expérimentale, ainsi que le fait remar quer M. Vulpian, mais non dans son entier, ce qui peut expliquer l'ab- sence de paralysie de l'iris et la contraction de la pupille. Séance du 30 avril. M. Raymond présente la deuxième partie du Traité cTanatomie vété- rinaire de M. Leyh, professeur à TÉcole vétérinaire de Sluttgard, ouvrage traduit par M. Zundel et annoté par M. Ménard. — M. JoFFROY communique des faits relatifs à l'atrophie aiguë ou chro- nique des cellules nerveuses de la moelle et du bulbe, à propos d'une observation de paralysie labio-glosso-laryngée qu'il a faite avec M. Duchenne (de Boulogne). M, Charcot appelle l'attention de la Société sur cette communica- tion, qui paraît établir d'une manière certaine que les cellules mo- trices de la moelle peuvent s'altérer primitivement; mais M. Charcot n'adopte pas encore Thypothèse de M. Joffroy, qui dislingue dans les cornes antérieures de la moelle des cellules motrices présidant au mouvement et des cellules trophiques présidant à la nutrition, cel- lules dont la lésion produirait dans les muscles la paralysie ou des troubles de nutrition. M. Vulpian n'accepte pas non plus cette distinction des cellules, et l'on pourrait recourir à l'hypothèse plus simple de deux sortes de lé- sions des cellules; par exemple on peut, comme l'a dit M. Brown- Séquard, admettre une atrophie rapide dépendant d'une irritation, et une atrophie lente et passive. M. Vulpian a remarqué que le muscle affecté perd en même temps sa contractilité et sa sensibilité dans des cas où les cellules des cornes antérieures étaient seules atteintes. 69 M. Vulpian a trouvé une altération de la substance grise dans la moelle de Lecomte, qui avait une atrophie musculaire. Dans un cas d'atro- phie et de paralysie des deltoïdes, à la suite d'une variole, M. Vulpian croit à une lésion de la moelle. M. Charcot fait remarquer qu'on observe quelquefois à côté de l'a- trophie musculaire progressive des cas d'atrophie musculaire sympto- matique consécutive soit à une extension en avant de la sclérose des cordons postérieurs, soit à une compression de la moelle par les fausses membranes d'une méningite. M, LiouviLLE observa aussi une atrophie et une paralysie des muscles de l'épaule à la suite de la variole. M. Laborde, à propos delà communication de M. Joffroy.fait remar- quer qu'il est difficile d'admettre que dans la paralysie infantile, toutes les cellules des cornes antérieures soient prises, quand quarante-huit heures après tous les symptômes peuvent avoir disparu. M. Charcot maintient cette opinion que la paralysie infantile est due à l'atrophie aiguë des cellules des cornes antérieures. — M. Bert communique les expériences relatives au tic des chiens. Ainsi que l'a reconnu M. Chauveau, la section de la moelle cervicale n'a point fait disparaître le tic. Les opiacés à haute dose, le bromure de potassium, l'éther donné jusqu'à insensibilité de la cornée n'ont point arrêté le tic. Tandis que le chloroforme le supprime, probablement en portant son action sur les cellules sensibles de la moelle, la strychine, au contraire, réveille le tic. Dans un cas de tic des membres anté- rieurs, M. Bert a découvert la moelle, l'a sectionnée au-dessus et au-des- sous de la naissance des nerfs des membres antérieurs, puis a sectionné la moelle dans le sens antéro-postérieur. Les racines postérieures furent coupées et le cordon postérieur delà moelle fut enlevé; malgré toutes ces lésions le tic persista. La section des racines antérieures l'arrêta aussitôt. M. Bert croit que le point de départ de la maladie réside dans la substance grise et particulièrement dans les cellules sensibles. M. Vulpian demande à M. Bert quelles sont les raisons qui lui font placer le siège de la maladie dans les cellules sensibles. M. Bert ré- pond que le chloroforme et la strychine agissent sur les cellules sensi- bles ou sur les points de la moelle qui reçoivent les impressions. M. Legros a fait des recherches analogues avec M. Onimus ; sur des chiens choréiques, la moelle fut séparée de l'encéphale et l'animal fut conservé par la respiration artificielle. Les racines postérieures furent sectionnées, puis avec des ciseaux courbes la partie postérieure de la moelle fut enlevée; l'ablation des cordons postérieurs fit disparaître le tic ; un tendon de muscle choréique traçait les mouvements. 70 Sur la moelle mise à nu, MM. Legros et Onimus ont reconnu que le courant continu ascendant augmente les mouvements choréiques, tan- dis que le courant descendant les diminue. Quand les mouvements choréiques sont arrêtés, le courant ascendant même, appliqué de l'anus à la gueule, les fait reparaître. L'excitation d'une racine posté- rieure a produit de la contracture dans le membre, puis une augmen- tation des mouvements choréiques ; la peur arrête ces mouvements. M. Brown-Séquard fait remarquer que la chorée chez l'homme peut dépendre d'une irritation de siège très-variable. Ainsi un névrôme dans un cas observé par Borelli, un ongle incarné dans un autre cas, ont été le point de départ de la maladie. La chorée doit être considérée comme une manifestation réflexe dont la cause peut être très-ré- pandue. M. Bert ajoute qu'il n'a pas fait l'ablation des cornes postérieures de la moelle, et qu'il faut se défier quand à la suite d'une lésion les mouvements du tic disparaissent. M. VuLPiAN regarde comme très-difficile l'ablation des cordons pos- térieurs de la moelle sans lésion des cornes postérieures. M. Trasbot fait remarquer que le tic du chien paraît identique avec la chorée; cette maladie chez le chien est souvent suivie de lésions diverses, par exemple d'atrophie des muscles antérieurs. Le tic des chiens est une maladie qui ne guérit pas, dit M. Brown- Séquard, tandis que la chorée de l'homme guérit en général, et que les tics chez l'homme sont incurables. M. Trasbot répond qu'on a réussi quelquefois à guérir la chorée du chien à l'aide de la strychnine. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE pendant le mois de mai 1870; Par m. HAYEM, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 7 mai. DES DIFFÉRENCES DE CONTRACTILITÊ SOUS l'iNFLUENCE DES COURANTS INDUITS ET DES COURANTS CONTINUS; par M. Onimus. , Lorsque les muscles sont sains, les contractions les plus fortes ont lieu avec les courants induits ; les courants continus au contraire ne déterminent que des contractions très-faibles, et pour les obtenir, il faut surtout agir sur le trajet des nerfs. Dans beaucoup de cas, et presque dans tous les états pathologiques, la proposition précédente est renversée, c'est-à-dire que la contractilité électro-musculaire devient plus marquée pour les courants continus que pour les courants induits. On peut sous ce rapport distinguer trois cas : 1° celui où la contrac- tilité existe pour les deux sortes de courants, mais où elle est plus pro- noncée pour les courants continus; 2° celui où la contractilité a dis- paru pour les courants induits, mais existe encore, quoique faiblement, pour les courants continus; 3° celui où la contractilité a disparu pour 72 les courants induits et persiste pour les courants continus, même plus forte que pour les muscles sains. 1° Dans la première série, nous pouvons ranger tous les cas où la nutrition du muscle a été modifiée. Ainsi, cela s'observe lorsque les muscles ont été très-fatigués et à la suite d'affections générales comme la fièvre typhoïde. Il en est de même dans l'atrophie musculaire progressive. Dans tous ces cas, avec les courants continus, on obtient des contractions aussi énergiques et même souvent plus énergiques en électrisant directement les muscles qu'en agissant sur les nerfs, ce qui n'a jamais lieu à l'état normal. Après la mort d'un animal, on rencontre des phénomènes du même genre. A mesure que Tirritabililé musculaire s'affaiblit, on voit que les cournnts continus déterminent des contractions plus fortes que les cou- rants induits. 11 arrive un moment où les courants induits ne détermi- nent plus de contractions, tandis que les courants continus en provo- quent même de très-manifestes. Nous avons eu l'occasion d'observer ces phénomènes chez l'homme. La même différence d'action des courants électriques a lieu pour les muscles des embryons. 2° Dans les cas de dégénérescence granuleuse des muscles avant l'altération complète ou lorsque celle-ci vient à s'amender et que la fibre musculaire recouvre peu à peu sa structure, on obtient encore les courants continus des contractions, tandis qu'on n'en obtient plus avec les courants induits. Lorsque la guérison a lieu, le retour des contractions volontaires, et de celles produites par les courants induits, est presque toujours pré- cédé du rétablissement de la contractilité pour les courants continus. Dans la paralysie infantile, dans les paralysies saturnines, dans des atrophies consécutives à des sciatiques, on observe également que la contractilité abolie pour les' courants induits persiste pour les courants continus. 3" Dans certains cas de paralysie rhumatismale et de paralysie trau- matique, la contractilité abolie pour les courants induits, non-seulement existe pour les courants continus, mais est plus grande que pour les muscles homologues sains. L'époque de la maladie influe beaucoup sur les phénomènes obser- vés. C'est ainsi que dans un cas de paralysie rhumatismale du nerf facial, nous avons observé : Sous le rapport des interruptions des courants, qu'au début de la paralysie et jusqu'au moment où les mouvements volontaires sont re- venus, les courants induits, même en employant des interruptions très- lentes, n'ont pas d'action sur les fibres musculaires paralysées. 73 Que pour les courants continus, en dehors de la paralysie, on ob- tient encore des contractions en faisant 50 à 60 interruptions par seconde. Un mois après, les contractions par ces mêmes courants dis- paraissent si on dépasse 4 à 8 interruptions par seconde. Lorsque les contractions volontaires réapparaissent, les interruptions peuvent de même être plus rapides, elles peuvent être de 40 à 50 par seconde, ei devenir encore plus fréquentes à mesure que la pression devient de plus en plus complète. Sous le rapport de Vinfluence des pôles, le pôle positif qui, sur les muscles sains donne des contractions moins fortes que le pôle négatif, agit au contraire plus énergiquement sur les muscles paralysés, au moins pendant un certain temps. Sous le rapport de C intensité du courant, il faut toujours un cou- rant moins fort pour les muscles paralysés que pour les muscles ho- mologues sains. Tandis qu'il faut dix-huit éléments pour déterminer la contraction de ces derniers, il ne faut employer pour les muscles pa- ralysés que douze, huit et même quatre éléments. Plus la paralysie est complète, moins le courant a besoin d'être intense. La forme de la contraction diffère à ces différentes périodes; elle s'éloigne peu à peu de la forme de la coatraction des muscles striés pour se rapprocher de celle des muscles lisses; elle devient lente et progressive. De plus, la fibre musculaire qui se contracte ainsi sous l'influence des courants continus reste en partie contractée pendant tout le temps que le courant est appliqué. M. Charcot fait observer que plusieurs des points qui sont mis en lumière dans le travail de M. Onimus, ont été déjà énoncés par divers auteurs allemands, et que rien n'est mieux démontré actuellement que le fait de contractions musculaires obtenues par les courants continus, alors que les courants interrompus ne donnent plus rien. M. Brown-Séquard rappelle, relativement à l'influence des divers ex- citants musculaires, que, en 1849 et 1851, il a établi, par des expé- riences faites sur des suppliciés et de grands animaux, qu'au moment où la rigidité cadavérique va se montrer, les courants indirects les plus forts ne produisent aucun effet, alors que le choc des muscles dé- termine encore une contraction. Ce fait a été depuis vérifié par.un grand nombre d'expérimentateurs, et en supposant même, comme M. Chauveau a cherché à le démontrer, que le galvanisme agisse mécaniquement comme un choc, il existe des différences importantes entre les résultats obtenus par les diverses es- pèces d'excitants. Chez l'homme vivant, dans certains cas pathologi- ques où l'irritabilité musculaire est altérée (dans la phthisie, la pleu- résie chronique, etc.) un choc léger sur les muscles du thorax peut luulLiBRARr '^ 5^'/S5' A S©i '^ ^ 74 produire un état de contraction locale analogue à celle qui se produit après la mort lorsque la rigidité cadavérique s'approche. Ce phéno- mène, qui a de l'analogie avec ce que Trousseau a décrit sous le nom de tétanie, s'observe particulièrement sous l'influence d'un état ané- mique. A propos de cette question, le même observateur déclare qu'il ne s'explique pas comment la volonté peut faire contracter des muscles qui refusent de réagir sous l'influence des courants induits, ainsi que M. DuGhennedit l'avoir observé dans certaines paralysies faciales par exemple. Il est probable que ces faits n'ont pas été l'objet d'une étude assez attentive. D'autre part, M. Brown-Séquard a vu également des muscles atrophiés se contracter sous l'influence de courants faibles et incapables d'agir sur des muscles sains, fait qui démontre que l'excita- bilité peut être plus grande dans un muscle faible que dans un muscle fort. M. Onimus a constamment vu les muscles qui se contractent sous l'empire de la volonté entrer aussi en contraction lorsqu'on emploie des courants suffisamment forts. D'une manière générale, la force du courant est en rapport avec le nombre des fibres qui se contractent. M. "VcLPiAN, à l'appui des propositions énoncées par M. Brown-Sé- quard, dit qu'il a eu l'occasion, et cela un grand nombre de fois, de constater que l'action mécanique possède encore un certain eff"et, alors que les courants induits ou continus n'en ont plus. Il ajoute qu'après les lésions des nerfs, contrairement à ce que plu- sieurs auteurs ont avancé, la contractilité ne se perd pas. Cependant on sait que dans ces cas les muscles s'altèrent; mais si, au lieu d'agir à travers les téguments, on met les fibres musculaires à nu, on peut se convaincre de la persistance de la contractilité sous l'influence des courants continus (pinces de Pulvermacher). Dans les conditions où l'on se trouve pour juger la question chez l'homme^ on peut dire que l'électricité n'agit plus. La contractilité électrique n'est pas perdue, mais elle est effectivement amoindrie. M. Laborde fait remarquer que, ainsi qu'il l'a déjà démontré avec M. Leven, le chlorure de codéine est un excitant très-précieux de la contractilité musculaire, et dont l'action se produit même dans les cas où des courants électriques induits ne paraissent plus avoir d'effet. Ce réactif peut montrer, par exemple, que dans des cas d'atrophie et d'al- tération de structure des muscles, à la suite de section de nerfs mixtes, notamment du sciatique, la contractilité musculaire est en réalité abolie partiellement dans ces muscles qui semblent cependant, sous l'in- fluence d'un excitant général comme l'électricité, avoir conservé leur .X vj--. 75 propriété physiologique entière; résultat, d'ailleurs en harmonie avec celui de l'examen histologique, qui révèle des altérations de structure plus ou moins avancées d'un plus ou moins grand nombre de fibres musculaires, tandis que d'autres restent à peu près saines : ces der- nières seules sont eontraclUes. Note sur l'influence de la menstruation sur la nutrition, le pouls ET LA TEMPERATURE, par le docteur Rabuteau, Lorsque l'homme est soumis à un régime identique, il élimine, à l'état normal, par les urines une quantité d'urée qui est sensiblement constante. Ayant exécuté dans ces trois dernières années plus de 800 dosages d'urée, j'ai pu constater sur une vaste échelle ce fait qui est devenu pour moi un axiome. Aussi peut-on faire sur l'homme des expériences prolongées dans le but de reconnaître l'action d'un médi- cament sur la nutrition. Il n'en est pas de même chez la femme. Bien que soumise à un ré- gime identique, elle n'élimine pas constamment la même quantité d'urée. Ce fait même m'avait embarrassé d'abord, mais j'en ai bientôt découvert la cause dans la menstruation. Dans ces derniers temps, une jeune femme a bien voulu m'aider dans mes recherches, en essayant sur elle-même deux médicaments. Les expériences faites à ce sujet ont été divisées en trois périodes, pendant lesquelles elle a suivi le même régime. Elle n'a pas pris de médicaments pendant la première période, afin qu'il me fût possible de déterminer la quantité normale d'urée rendue chaque jour, et de re- connaître les changements qu'apporteraient ces agents dans les com- bustions pendant la seconde période ; enfin, pendant la dernière, elle n'a pas pris non plus de médicament. Je rapporterai ailleurs les expériences dont il est question dans cette note. Je me bornerai pour le moment à insister sur les résultats acquis pendant les périodes où l'organisme n'était sous l'influence d'aucune substance étrangère. Les températures ont été prises dans le vagin. Urée des 24 heures. Pouls Température Grammes. à 8 h. du matin. à 8 h. du matin. Le 20 mars .. 70 37°,50 21 » 67 37%50 22 » ...o. 68 37°,60 23 23,77 68 37°,50 24 23,50 67 37°, 40 25 23,00 65 37",35 26 18,38 63 37",30 76 Les règles commencent le 26 mars et cessent le 31. Pendant ce temps les urines ne sont pas recueillies à cause du sang qu'elles con- tiennent. Urée. Pouls. Température. Grammes. Le 27 mars » » 37%28 28 » » 37°,10 29 » » » 30 » 60 37%05 31 » » » Le 1" avril » » 37°,i8 2 « » 37%20 3 » » 37M5 4 17,14 63 37%15 5 17,21 65 37-',15 6 18,32 71 3T°,30 7 17,75 70 37%26 8 18,02 68 37%45 9 20,08 70 37°,30 10 20,00 69 37% 40 Je me dispenserai de citer les chiffrés trouvés du M au 21 avril, période au commencement de laquelle l'ingestion d'un sel dont je re- cherche l'action avait modifié la nutrition. Mais le 21 l'urée s'est élevée au chiffre ordinaire. Il en a été de même le lendemain et il en aurait été sans doute de même aussi les jours suivants si l'influence des règles ne s'était déjà fait sentir deux jours avant leur apparition qui a eu' lieu le 24. Urée. Pouls. Température. Grammes. Le 21 avril 19,02 68 37%50 22 19,05 55 37°,40 23 16,73 64 37%25 24 15,28 ..... 62 37%20 25 » 59 Tels sont les premiers faits que j'ai à signaler. J'aurais désiré suivre avec plus de soin la dernière observation où l'on voit d'une manière nette la diminution de l'urée, du pouls et de la température. Mais je me propose de continuer mes recherches malgré les difficulté qu'elles présentent. En résumé : 1° Sous l'influence de la menstruation la nutrition se ralentit; le pouls s'abaisse, et la température diminue chez la femme. D'après les ÎV 77 chiffres indiqués plus haut, l'urée a diminué de plus de 20 pour 100, le nombre des pulsations de plus de 10, et enfin la température s'est abaissée d'un demi-degré. 2° Ces effets physiologiques se manifestent même avant l'apparition des règles et persistent quelques jours après leur cessation. Recherches sur l'action des caféiques sur la nutrition, par le docteur Rabuteau. Le groupe des caféiques, créé par M. Bouchardat, comprend le café, le thé proprement dit, le thé du Paraguay et le guarana, qui renfer- ment un même alcaloïde, la caféine. Toutes ces substances paraissent posséder les mêmes propriétés physiologiques, mais une seule d'entre elles, le café, a attiré l'attention des expérimentateurs. Toutefois, les recherches faites sur cette dernière substance sont encore peu nom- breuses, et la caféine a été étudiée plutôt au point de vue toxique qu'au point de vue physiologique. Dans des expériences inédites auxquelles j'ai pris part, l'un de mes élèves et ami, M. Eustratiade, a étudié sur lui-même l'action du café torréfié et de la caféine, au point de vue de la nutrition. Il a trouvé une diminution très-notable de l'urée après avoir pris des doses assez fortes de. ces agents. C'est pour compléter son travail que j'ai entrepris des recherches dont j'offre aujourd'hui les prémices. Je me suis pro- posé en effet d'étudier tous les caféiques, et j'ai commencé par le thé et par le café vert pris en infusion à des doses faibles. L'expérience que j'ai faite sur moi-même a été divisée en cinq pé- riodes, durant lesquelles j'ai suivi un régime identique. Pendant la première, la troisième et la cinquième période, j'ai suivi mon régime ordinaire , mais pendant la deuxième j'ai pris trois fois par jour, le matin, à midi, et le soir, une infusion de 5 grammes de thé hyson, et, pendant le quatrième, j'ai pris de même une infusion de 5 grammes de café vert. Par ce moyen il m'a été facile de déterminer les effets de ces deux agents sur les combustions et sur la circulation. Le tableau suivant contient les résultats auxquels je suis arrivé. 1" période. — Régime ordinaire. Dates. Urines des 24 heures. Urée totale. Pouls. Du 4 au 5 avril 1175 24,12 » 5-6 — 1231 23,93 73 6 — 7 - 1150 25,83 » 7 — 8 — 1030 2û,36 75 8 — 9 - 1045 26,66 75 moyenne 1126 24,98 74 78 2* période. — 15 grammes de thé par jour. Dates. Urines des 24 heures. Urée totale. Pouls. 9 - 10 - . . . . . •1200 .... . 26,32 67 10 - 11 - . . • . . 1227 .... .. 25,20 63 11 - 12 — . • . . . 1055 .... ,. 23,26 64 12 - 13 - . • • . . 1045 .... .. 20,27 63 13 — 14 — . . . • 0 1196 .... ,. 23,16 63 moyenne. . . . . 1145 .... ,. 23,64 64 3* péi ■iode. — Régime ordinaire. 14 — 15 - . 1080 ..., ,. 25,49 67 15 - 16 — . • • • • 1180 ..., .. 25,94 69 16 — 17 — . • • • • 961 .... .. 24,52 » 17 — 18 - . • • • • 1078 ..., .. 24,54 68 18 — 19 — . < • • • 930 ... .. 24,49 , . 25,00 ...,. 67 moyenne. 1046 .... 68 4' période. — 15 grammes de café vert. 19 — 20 - . • « • ■ 1430 ... . . 22,23 60 20 — 21 — . • • • • 1152 ... .. 23,00 62 21 — 22 - . • • • • 1098 ... .. 22,02 60 22 — 23 - . • • • • 1500 ... .. 20,16 ..... 65 23 — 24 - . • • • • 1114 ... .. 21,59 . 21,80 64 moyenne. 1259 .... 62 5° péi riode. . — Eégime ordinaire. Du 24 au 25 — . • . * > 1350 ... .. 26,01 » 25 _ 26 - . .... 1247 ... .. 28,15 71 26 — 27 — . . . • . 1082 ... .. 26,50 64 27 - 28 - . . . . . 1242 . . . , .. 26,33 71 28 — 29 — . . . . . 1290 ... ,. 23,90 .. 26,18 71 moyenne. 1242 ..., 69 La comparaison des moyennes inscrites dans la deuxième colonne de ce tableau nous apprend que le thé et le café vert, pris aux doses indiquées, ont agi comme de faibles diurétiques. Cependant il ne fau- drait pas croire que ces deux substances fussent complètement dénuées du pouvoir d'activer la fonction rénale. Afin de mieux mettre en évi- dence leurs propriétés diurétiques, j'ai suivi une méthode que j'ai adoptée dans une étude de tous les agents réputés diurétiques, étude qui sera publiée plus tard. On dit souvent, et je suis parfois de cet avis, que les diurétiques 79 n'agissent que par l'eau qui leur sert de véhicule, qu'en d'autres termes l'eau seule est un véritable diurétique. Cette proposition est évidem- ment exagérée dans la plupart des cas. Pour dégager la vérité, il faut suivre une certaine méthode; voici celle que j'ai adoptée dans un grand nombre de cas. Je prends le matin à jeun une certaine quantité d'eau, 200 grammes par exemple, après avoir eu soin d'uriner. Puis, trois heures après, je recueille mes urines. D'autres fois je bois de même le matin et à jeun 200 grammes d'eau contenant la substance dont, j'étudie les propriétés diurétiques et je recueille les urines éliminées pendant les trois heures suivantes. Il est évident que si j'obtiens dans ce dernier cas une plus grande quantité d'urine, la substance ingérée a agi comme diurétique. En procédant de cette manière dans l'étude du thé et du café vert, je suis arrivé aux résultats suivants : 1° Du 4 au 8 avril inclusivement ayantbu chaque matin, à huitheures, 200 grammes d'eau ordinaire, la moyenne des urines éliminées de huit heures à onze heures a été de 113 grammes. 2° Du 8 au 13, c'est-à-dire pendant la deuxième période, la quantité moyenne des urines éliminées pendant le même temps a été de 129 grammes après avoir pris 200 grammes d'une infusion préparée avec 5 grammes de thé. 3" Du 13 au 18, j'ai bu de l'eau, et la moyenne a été de 127 grammes. Du 18 au 23 j'ai bu 200 grammes d'une infusion faite avec 5 grammes de café vert, et la moyenne obtenue a été de 137 grammes. Enfin, du 23 au 28, sous l'influence de 200 grammes d'eau, la moyenne des urines éliminées de même pendant trois heures a été de 111 grammes. On voit d'après ces chiffres que le thé et le café en infusion, à la dose de 5 grammes , n'ont encore exercé qu'une faible action diurétique. Si après l'ingestion d'une tasse de café on ressent davantage le besoin d'uriner, ce besoin est moins produit par la répléiion de la vessie que par une excitation des fibres de cet organe, excitation produite par la caféine, qui a la propriété de faire contracter les fibres musculaires et de produire même du tétanos lorsqu'elle a été ingérée à dose toxi- que. Je ferai la même observation au sujet du thé. Le thé elle café vert ont diminué l'urée. Toutefois, l'action de cette dernière substance a été beaucoup plus marquée que celle de la première. En prenant la moyenne des nombres 24,98, 25,00 et 26,18, on trouve le nombre 25,38 qui indique la quantité moyenne de l'urée éliminée pendant le régime ordinaire. Or, en comparant ce dernier nombre et les chiffres 23,64 et 21,80 trouvés pendant la troisième et la quatrième 80 période de l'expérience, on trouve que le thé pris en infusion à la dose de 15 grammes n'a diminué Curée que de 6,85 pour 100, tandis que le café vert, pris à la même dose, a diminué ce principe de 14,11 pour 100. Le pouls a subi des variations correspondantes à celles de l'urée, et c'est le café qui a produit encore ici le maximum d'effet. Il est infini- ment probable que si j'avais dosé l'acide carbonique éliminé par les voies respiratoires, j'aurais trouvé des variations analogues; c'est ce que je ferai bientôt. Enfin, je ferai remarquer que les effets observés se sont manifestés dès le jour où j'ai pris ces deux substances, et qu'ils ont disparu dès le moment que j'ai cessé d'en faire usage. Le thé et le café, diminuant l'urée, ralentissent les combustions, étant de véritables médicaments d'épargne, suivant l'expression de M. Sée. Ils sont utiles aux gens dont l'alimentation est insuffisante, aux travailleurs exposés à de grandes fatigues. On s'explique ainsi comment les mineurs belges, avec une ration alimentaire très-inférieure à la ration ordinaire, peuvent conserver la santé et une grande vigueur de forces musculaires. Tandis que les religieux de la Trappe absorbent 15 grammes d'azote chaque jour par les aliments, les mineurs belges n'absorbent que 14^'',80 de ce principe, mais ils prennent chaque jour deux litres d'une infusion de café. — M. Brown-Séquard fait voir à la Société un cochon d'Inde sur le- quel il a pratiqué la section de quelques-unes des racines du sciatique et la compression de la moelle épinière. L'opération a eu pour résultat une paralysie des deux membres inférieurs, de la vessie et du rectum. Le fait important sur lequel l'expérimentateur appelle l'attention est celui-ci : on peut voir à la partie postérieure des pattes de petites eschares recouvertes de croûtes sanguinolentes. Ces lésions de nutri- tion ont présenté d'abord l'apparence de petites vésicules et elles ont pris naissance dans l'espace de quarante-huit heures dans des points qui n'ont subi aucune compression; il faut donc admettre qu'elles sont dues à l'influence du système nerveux; et il est probable, vu les phé- nomènes qui ont été observés, qu'elles sont la conséquence d'une irritation de la moelle épinière et de ses nerfs. Il y a eu en effet dans les membres malades avec une augmentation de température, une atrophie excessivement rapide, des soubresauts convulsifs et des roi- deurs (1). Ce fait est extrêmement important quand on le met en re- (1) Cet animal a été tué quelque temps après, et M. Pierret a constaté l'existence d'une myélite. 81 gard des cas de simple paralysie à la suite de la section de la moelle épinière ou de ses nerfs. Dans le cas de paralysie sans irritation il y a atrophie musculaire lente, sans autre altération de nutrition; dans les cas d'irritation de la moelle ou de ses nerfs, il y a, au contraire, une atrophie musculaire excessivement rapide avec ulcérations, hémor- rhagies et d'autres altérations de nutrition. M. Laborde fait observer que dans tous ces cas on trouve une élé- vation de la température dans les membres; mais bientôt après ce premier effet, il survient une diminution de température, qui une fois déclarée persiste pendant très-longtemps. — M. MuRON présente des pièces anatomiques relatives à un cas de suppuration du liquide encéphalo-rachidien surveuue chez un individu cachectique. La séance est levée à cincj heures et demie. Séance du 14 mai. M. Buown-Séquard, à propos du procès-verbal de la dernière séance, signale une cicatrisation rapide d'une plaie siégeant chez un cochon d'Inde au voisinage de l'urètre; malgré le contact de l'urine; cette plaie n'avait pas été produite par pression. — M. Legros a reçu du Gabon deux poisons différents : l'un sert à prendre les éléphants ; c'est une écorce que l'on jette dans les mares où boivent ces animaux, et qui produit leur engourdissement. M. Legros, avec l'extrait de cette écorce, a pu aussi endormir des animaux. Le second poison se trouve sur des flèches; il s'appelle Inné; en- foncée dans la cuisse d'un chien, une flèche l'a tué en huit minutes. Quand on place ce poison sous la peau d'une grenouille, on voit bien- tôt le cœur s'arrêter en systole, et l'animal continue à sauter; pour M. Legros, la cause de la mort qui survient bientôt c'est l'arrêt du cœur. M. Brown-Séquard trouve étonnant que le poison produise des cram- pes sur le cœur et n'agisse pas sur les autres muscles. L'explication de l'arrêt du cœur ne pourrait être donnée, dit M. Brown-Séquard, que si le poison produit d'abord des mouvements très-violents du cœur, car on sait que des excitations galvaniques répétées font apparaître dans le cœur la rigidité cadavérique au bout de huit à dix minutes. M. Leven dit qu'on ne connaît pas de substance toxique qui tue par contracture du cœur. c. R. 1870. 6 82 M. Bert, eu examinant les deux grenouilles présentées par M. Le- gros à l'appui de son opinion, voit disparaître très-vite les mauvements réflexes et les mouvements volontaires, puis les mouvements respira- toires s'arrêtent; le nerf sciatique perd la motricité et les muscles leur contractilité, et cependant le cœur continue à battre; ainsi le poison ne paraît pas agir primitivement sur le cœur. M. Legros répond que les grenouilles ont été empoisonnées inégale- ment par une môme flèche, et qu'il a vu chez d'autres animaux le cœur s'arrêter définitivement. Les expériences seront répétées. M. Brown-Séquard a vu en 1858 que la piqûre du bulbe rachidien au voisinage du nœud vital peut être suivie d'une aff"ection convulsive. Récemment, M. Brown-Séquard a vu survenir des signes d'épilepsie, chez le cochon d'Inde, douze jours après la lésion dundes cordons pos- térieurs de la moelle épinière,juste au-dessus de Torigine de la seconde paire cervicale, c'est-à-dire au milieu de la partie du centre nerveux donnant origine aux nerfs de la zone épileptogène. Le fait remarquable chez cet animal est que la peau de la face, de même que celle du cou et de l'épaule animée par la troisième et la quatrième paire cer- vicale possèdent la faculté épileptogène. L'irritation du cordon posté- rieur s'est transmise au siège de l'épilepsie, qui, chez les cobayes, est situé dans la moelle épinière près du bulbe, et de là s'est transmise à la peau de la face et du cou y produisant la faculté épileptogène. M. Brown-Séquard n'admet pas, avec Nothnagel, que la lésion du pont de Varole produise l'épilepsie. Quand on coupe le nerf sciatique, une irritation est transmise vers le siège central de l'épilepsie et de là une autre irriiatton est envoyée à la zone épileptogène où elle modifie la nutrition. M. Brown-Séquard rappelle les faits de M. Moreau et de M. Prompt, démontrant que la ligature de certaines artères a été suivie de con- gestion des viscères ; après la ligature de l'artère splénique, M. Moreau a vu la rate se congestionner. M. Prompt, après la ligature de l'artère rénale, a observé une congestion du rein. M, Brown-Séquard a ob- servé une congestion du foie après la ligature de la veine-porte; dans ces phénomènes, M. Brown-Séquard fait jouer un rôle aux nerfs vaso-moteurs et au reflux du sang par les veines. Pour expliquer l'élévation de température dans un membre après la ligature de l'ar- tère principale, M. Brown-Séquard remarque que la ligature paralyse les nerfs vaso-moteurs qui se distribuent à toutes les branches. Si au contraire l'artère est oblitérée, sans que les nerfs soient atteints, la congestion et l'élévation de la température n'ont pas lieu. C'est ce que M. Brown-Séquard et M. Charcot ont observé chez un malade de M. OUivier; un caillot avait oblitéré l'artère fémorale, le membre pré- sentait une diminution de tempéiatiire, ici les nerfs vaso-moteurs étaient restes intacts. Si l'on pouvait lier une artère rénale et oblitérer l'autre par un bou- chon, il est probable, dit M. Brown-Séquard que le premier rein serait seul congestionné. M. VuLPiAN croit que M. Brown-Séquard se rattache à cette opinion, qu'après la ligature des artères le sang retourne par les veines; c'est ainsi que M. Vulpian a expliqué ce fait de MM. Prévost et Cotard, dans lequel une portion de la rate s'est congestionnée immédiatement a la suite d'une embolie par l'artère; M. Vulpian a parlé aussi de l'ir- ritation qui se fait par suite de l'anémie locale, et qui pourrait être une cause d'appel de sang et une cause de dilatation des vaisseaux par action réflexe. M. Brown-Séquard répond que les faits dont il a parlé sont tout à fait différents de ceux de MM. Prévost et Cotard, dans lesquels il ne s'agit que d'une partie d'un viscère. Quant à l'appel du sang, qui le fait affluer dans les parties irritées, il est incontestable, et c'est en grande partie à cause de cette attraction du sang qu'est due l'hyperémie à l'entour des infarctus viscéraux dans les expériences de MM. Prévost et Cotard. Dans l'expérience célèbre de M. A. Bernard sur les glandes salivaires, il est évident que les échanges entre le sang et les tissus sont activés et qu'il y a une attraction du sang dans les tissus. A pro- pos du rôle important que M. Brown-Séquard fait jouer aux nerfs vaso- moteurs, M. Bert rappelle qu'il a enlevé tous les nerfs des reins, qu'il a même gratté l'artère et qu'il n'y a eu aucune altération des reins. M. Brown-Séquard a constaté le même fait, et les animaux ont sur- vécu à la section des nerfs des reins; mais la section des nerfs n'est pas la même opération que la ligature de l'artère. M. Brown-Séquard a toujours observé une légère congestion du rein à la suite de la sec- lion des nerfs. M. Ranvier a répété aussi l'expérience de Mûller et n'a point obtenu la destruction du rein à la suite de la section des nerfs. M. Legros dit que dans les faits de ligature des artères on ne tient pas assez compte des circulations collatérales; quand on lie la veine- porte, le sang arrive par l'artère hépatique. Pour M. Brown-Séquard, il y a deux causes d'augmentation du sang après la ligature des artères, il y a reflux du sang par les veines et afflux de ce liquide par les voies collatérales. M. MuRON mentionne l'observation d'un cas de suppuration du li- quide céphalo-rachidien chez un individu atteint de rétention d'urine. 84 Séance du 21 mai. M. Legros, à l'occasion du procès-verbal do la dernière séance, an- nonce qu'il a repris ses expériences avec le poison des flèches du Gabon, et qu'il a obtenu constamment l'arrêt du cœur en systole; M. Legros montre ce résultat à la Société. M. Bert a essayé le même poison sur deux chats; le premier est mort au bout de vingt minutes; le cœur était arrêté en contraction complète; les nerfs et les muscles possédaient encore leurs propriétés. Chez le second animal, la mort survint au bout d'une heure; à l'ouver- ture de la poitrine, on vit les ventricules arrêtés, le droit en diastole, le gauche en demi-systole; très-rapidement les ventricules devinrent contractés et rigides. Les faits observés par M. Bert à la dernière séance sur les deux grenouilles présentées par M. Legros étaient donc exceptionnels. M. Legbos. m. Bert considère la systole du cœur comme un phéno- mène de rigidité cadavérique, mais je persiste à croire que c'est un phénomène actif, et que le cœur s'arrête en systole. Relativement à la rapidité de l'apparition de la rigidité cadavérique, M. Carville parle d'une expérience qui consiste à faire tourner rapi- dement un lapin tenu par les mem.bres postérieurs ; la mort survient au bout de cinq minutes ; il y a des hémorrhagies cérébrales, et la rigidité cadavérique se produit dans les membres postérieurs au bout de trois minutes. — M. Hayem communique le résultat de ses études sur les premières phases des abcès métastatiques du foie. Ces recherches ont été faites sur des foies d'individus morts d'infec- tion ou fièvre purulente à une période plus ou moins avancée, et pré- sentant presque toujours des abcès métastatiques dans divers organes. Parmi les pièces que M. Hayem a examinées, les unes provenaient du service de M. Yerneuil, les autres lui ont été communiquées par M. Trersier, interne dans le service de M. Guérin à l'hôpital Saint- Louis. Les lésions métastatiques débutent par des taches pâles, d'un blanc grisâtre ou jaunâtre. Ces taches, constituées par des acini décolorés, dispersées çà et là dans un tissu plus ou moins congestionné, sont en général groupées autour des ramifications secondaires de la veine- porte, dans lesquelles on aperçoit à l'œil nu ou avec la loupe des coa- gulations sanguines. Dans quelques cas les foyers anémiques occupent une étendue assez considérable, et roblitération porte sur des bran- 85 ches veineuses de moyen calibre. Ils forment alors des taches d'un blanc jaunâtre en nombre variable, occupant souvent la surface de l'organe et présentant l'aspect d'infarctus décolorés. Leur forme est irrégulière, feslonnée sur les bords, mais toujours plus large à la péri- phérie que dans la profondeur de l'organe. Autour des acini décolorés ou de ces infarctus, il y a quelquefois un peu d'extravasation sanguine; mais le plus souvent le tissu hépati- que paraît tout à fait normal, et l'oi^ passe brusquement de la partie saine à celle qui est malade. Dans un cas, le foie contenait une quantité innombrable de petits foyers d'un blanc jaunâtre ressemblant à de très-fines granulations mi- liaires, mais ne faisant aucune saillie à la surface des coupes. Les altérations microscopiques étaient les mêmes dans tous les faits; elles peuvent se résumer ainsi : Tous les vaisseaux capillaires des parties décolorées sont remplis de globules blancs du sang, de telle sorte que, dans l'épaisseur des aci- ni, les trabécules de cellules hépatiques sont aussi nettement séparées que dans un foie parfaitement injecté, tant sont nombreux les globules blancs pressés entre ces cellules. En même temps on trouve dans les veines qui accompagnent les ramifications de la capsule de Glisson (extra-lobulaires), des caillots composés surtout de fibrine et de quel- ques globules blancs et rouges. Les veines sus-hépatiques (intra-lobulaires) sont libres ou bien rem- plies également de sang coagulé; quelques-unes de globules blancs. Il existe aussi dans certains points, autour des petits vaisseaux et entre les éléments de la capsule de Glisson, une infiltration de leucocytes. Les gros caillots visibles à l'œil nu, occupant de grosses branches vei- neuses, siègent presque tous dans les rameaux de la veine-porte ; quelquefois cependant dans les veines sus-hépatiques; mais M. Hayem n'en a pas encore vu dans les artères. Lorsque les altérations sont plus avancées, on trouve alors, surtout à la périphérie des lobules, des amas plus ou moins considérables de leucocytes qui remplissent complètement le tissu du foie. Ces amas constituent d'abord une sorte d'infiltration purulente, au niveau de la- quelle les cellules disparaissent peu à peu par atrophie granuleuse; plus tard on voit apparaître dans les points qui répondent aux petits abcès miliaires visibles à l'œil nu, des espaces parfaitement réguliers, arrondis, composés uniquement de leucocytes pressés les uns contre les autres. Les cellules hépatiques qui sont directement en rapport avec ces foyers sont atrophiées ; mais dans une étendue qui ne dépasse pas l'épaisseur d'une à deux cellules. Les autres éléments du foie sont parfaitement sains, de sorte que les abcès paraissent être creusés 86 comme à 1 emporte-pièce, au milieu d'un tissu tout à fait normal. Sur des coupes fines, après le durcissement du foie dans l'alcool, il est fa- cile de remarquer que les abcès proviennent de l'accumulation, à la périphérie des lobules, des leucocytes qui sont passés en si grand nombre dans les réseaux capillaires, et qui, à mesure qu'ils s'extrava- senl, forment des amas d'abord diffus, puis réguliers, au niveau des- quels les cellules du foie sont complètement détruites. Pendant que M. Hayem faisait «es études, M. Vulpian a recueilli de son côté, à la Pitié, plusieurs foies d'individus morts d'infection puru- lente, et il y a trouvé des altérations complètement semblables, et sur- tout des foyers anémiques dus à des coagulations du sang dans les vei- nes, et au sein desquels les trabécules cellulaires étaient séparées par des traînées de leucocytes. Ces résultats anatomiques paraissent donc toujours être les mêm(.'s, toutes les fois que l'abcès métastatique n'est pas encore complètement constitué. Il serait facile de faire voir combien ils viennent à rencon- tre des théories les plus récentes émises sur le mode de formation des abcès métastaliques. Mais sans entrer pour le moment dans la discus- sion de ces théories, M. Hayem insiste sur la nouveauté des détails anatomiques que révèlent ces faits, et particulièrement sur la coagula- tion précoce du sang dans les veines, et, d'autre part, l'accumulation des globules blancs dans les capillaires et entre les trabécules. Ce der- nier phénomène est en rapport avec la théorie de la suppuration par émigration des globules blancs. M. Hayem, en continuant cette étude sur le foie et d'autres organes, espère pouvoir indiquer plus tard le point de départ exact de ces lé- sions. — M. Brown-Séquard présente sept cochons d'Inde qui sont morts très- rapidement à la suite de lésions de la base de l'encéphale; chez tous ces animaux on trouve des hémorrhagies des poumons, et chez quel- ques-uns de l'emphysème. Cependant, chez six d'entre eux, les mou- vements volontaires et les mouvements de la respiration se sont arrê- tés immédiatement. M. Charcot a observé dans certains cas d'hémorrhagie cérébrale des ecchymoses à la face interne du cœur et dans l'estomac. M. Bro\v\-Séquard ne croit pas qu'une paralysie vasculaire puisse produire des hémorrhagies. M. LiouviLLE, chez des malades morts à la suite d'attaques violentes d épilepsie, a constaté des ecchymoses et des hémorrhagies dans les poumons et le cœur ; dans certains cas de variole grave, IM. Liouville a vu des hémorrhagies dans le corps thyroïde. 87 M. BrowN'Séquard trouve les faits relatifs à l'épilepsie différents de ceux qu'il a observés; car les convulsions, l'asphyxie, la compres- sion des poumons peuvent servir à expliquer les lésions observées à la suite de l'épilepsie. M. Ranvier rappelle que Troja, à la suite de l'asphyxie par le charbon , a trouvé des ecchymoses et des perforations du poumon; lorsqu'on produit lentement l'asphyxie chez les animaux, on obtient ces ecchy- moses et ces perforations dont le mécanisme est encore inconnu. M. Brown-Séquard fait remarquer que chez les animaux qu'il montre et qui succombent sans convulsions à la suite de lésion de la protu- bérance ou d'ablation du cervelet, la rigidité cadavérique n'existe pas encore, bien que leur mort date déjà de plusieurs heures. M. Brown-Séquard, en vue de produire l'épilepsie, a pratiqué chez des cochons d'Inde des ligatures des membres inférieurs qui ont été suivies de gangrène ; ceux qui ont perdu entièrement le pied présentent des attaques convulsives comme après la section du sciatique. Ceux chez lesquels seulement un ou deux doigts ont été enlevés ne sont pas devenus épileptiques. Le même expérimentateur annonce que si, chez des cochons d'Inde épileptiques par section du nerf sciatique, on passe la pointe d'une aiguille sur la peau du cou, dans la zone épileptogène, les animaux secouent brusquement la tête à droite et à gauche. Rien de pareil ne s'observe chez un animal sain. M. Brown-Séquard, après avoir rappelé qu'il a démontré que le phé- nomène singulier qu'on appelle douleur ou constriction en ceinture peut exister non-seulement autour du tronc, mais encore aux mem- bres, et même aux pieds et aux orteils, indiquant le siège d'une lésion de la moelle épinière ou de ses méninges, communique le fait suivant : Chez une dame non hystérique, une aiguille à acupuncture fut enfoncée au niveau de l'extrémité supérieure du tibia; deux heures après, une douleur en ceinture se produisit autour du membre et persista tant que l'aiguille ne fut pas enlevée (c'est-à-dire pendant plusieurs heures). Quelques jours après, l'application d'une aiguille à acupuncture fut suivie d'une douleur de constriction circulaire (en ceinture) au-dessus des malléoles; ce fait que l'irritation d'un seul ramuscule nerveux éveille une douleur aussi étendue, renverse les diverses théories émises pour expliquer les sensations douloureuses en ceinture. — M. Rabuteau présente un autre poison végétal du Gabon, rapporté par M. Peyri; l'extrait des racines agit comme la strychnine et tue une grenouille en dix minutes. M. RdbuLeau regarda l'alcool comme nn excellent diurétique. Si à 88 sept heures du matin on prend 100 grammes d'eau, de sept heures à dix heures on rend 120 grammes d'urine. Si l'on prend 100 grammes d'eau- de-vie, on rend dans le même laps de temps 600 grammes d'urine. — M.LiouviLLEa observé un fait de méningite cérébro-spinale tubercu- leuse chez un homme de 58 ans. Des adhérences se sont établies entre les deux faces de l'arachnoïde, et dans ces adhérences se trouvent des tubercules, quoique le siège le plus fréquent soit dans le tissu sous- arachnoïdien. M. Charcot fait remarquer que dans un dernier numéro du Médical Times (12 février 1870), on trouve, publié par M. le docteur Moxon, un cas de tuberculisation des méninges spinales, en même temps que des méninges cérébrales. M. Hayem ne croit pas, comme M. Liouville, que la maladie s'étende du cerveau à la moelle, mais il pense qu'il y a plutôt coexistence des deux affections. M. Liouville dit qu'il peut y avoir extension ou coexistence, et que pour le moment, il n'affirme rien à ce sujet. M. Brown-Séquard fait remarquer qu'il y a deux extensions : l'une par contiguïté, l'autre faite à distance par le système nerveux. A la suite de certaines plaies, on a signalé de la névrite siégeant en des points différents du système nerveux. M. Hayem admet la propagation par contiguïté dans les maladies in- flammatoires, mais dans une maladie générale qai se manifeste par des lésions dans la moelle, dans les poumons et dans différents viscères, la localisation sur la moelle est reliée au fait de la tuberculose géné- ralisée. Pour M. Brown-Séquard, là où se trouve un foyer d'inflammation, là se développeront les tubercules; des dépôts de tubercules peuvent se former à la suite d'une influence nerveuse, parce que cette influence peut causer des inflammations. Vaisseaux capillaires dans la tunique musculaire des veines ; par M. Muron. La présence des vaisseaux capillaires dans la tunique externe des vaisseaux a été établie depuis bien longtemps, et personne ne s'avise- serait de les nier dans celte tunique. Il n'en est plus de môme pour la tunique moyenne des vaisseaux, qui est constituée par des faisceaux de fibres musculaires et des lames élastiques. Si Kœlliker croit pou- voir avancer que les auteurs admettent des vaisseaux capillaires dans a tunique moyenne, il est loin, quanta lui, de pousser aussi loin l'af- 89 firmation. Son opinion se résume dans le doute suivant : s'il y a des vaso-vasorum dans la tunique rausculeuse des vaisseaux, ils n'exis- tent qu'à la périphérie de cette tunique, et en tout cas ils ne dépas- sent pas sa partie moyenne. Gimbert les a cherchés vainement, dit-il ; ses essais ont toujours été infructueux. Il a tout fait pour les voir, injections, variations dans les moyens de préparation. Aussi n'hésite-t-il pas à nier leur présence. Il est vrai que les injections qui rendent tant de services pour arri- ver à la structure des tissus ne peuvent être utiles pour des tissus aussi élastiques. Du moment où un liquide vient à distendre ces lames élastiques, la réaction se manifeste tout aussitôt, et le fait refluer par action mécanique. Une injection, faite sous une certaine pression, et longtemps prolongée, pourrait certainement triompher de ces résis- tances; mais ces conditions sont toujours difTiciles à réaliser, et c'est pour cela que tous les histologistes se trouvent à peu près d'accord sur ce point, que les vaisseaux capillaires ne se trouvent pas dans la tunique musculo-élastique des vaisseaux. Je m'arrête à une opinion directement opposée, et je dis : Il existe des vaisseaux capillaires dans la tunique musculo-élastique des veines, et de plus, ces vaisseaux y sont nombreux. Le procédé dont il faut se servir pour leur démonstration est des plus simples. Il faut profiter des hasards que nous fournit la clinique. Nous avons pris un tronçon de veine enflammée depuis trente-six heures seulement. Cette veine se faisait remarquer par une extrême vascularisation dans ses parties extérieures, et probablement aussi dans ses parties intérieures. Nous avons placé ce tronçon immédiate- ment dans du liquide de Miiller, et achevé son durcissement dans l'alcool . Les conditions que nous demandions tout à l'henre pour espérer la pénétration de l'injection se trouvaient réalisées dans leur complet : nous avions une injection naturelle. Rien de plus facile dès lors que de démontrer la présence des capillaires. A un faible grossissement (60 diamètres), on voit d'abord un grand nombre de vaisseaux gorgés de sang. Ces vaisseaux se montrent sous deux aspects. Quelques-uns se voient dans le sens longitudinal, et se bifurquent. Pour le plus grand nombre, on ne voit que la section trans- versale. Il ne faudrait pas croire qu'ils soient isolés à une certaine distance les uns des autres; ils sont, au contraire, nombreux, et en quantité aussi grande que dans la tunique externe. On constate leur existence, non-seulement vers les limites externes de cette tunique moyenne ; on les voit dans toute son épaisseur, et aussi jusqu'à la tunique interne. Ce qui établit une différence entre les vaisseaux de la tunique ex- terne et ceux de la tunique moyenne, c'est leur structure. Tandis qu'on voit dans le première quelques vaisseaux entourés de fibres mus- culaires, on ne distingue dans la seconde que des vaisseaux capillaires à proprement parler. Une membrane amorphe, parsemée çà et là de noyaux, les constitue tout entiers. Peut-être y a-t-il pour les vaisseaux plus volumineux une substance connective striée, qui double la mem- brane amorphe ; mais nulle part nous n'avons vu de fibres musculaires les envelopper. Us siègent principalement entre les faisceaux de fibres musculaires, et ont une direction longitudinale, dans le sens môme de l'axe du vais- seau, reliés entre eux par quelques branches horizontales. Le réseau qu'ils forment ressemble en tous points au réseau vasculaire du tissu osseux. Quant à leur diamètre, nous ne donnerons pas des limites absolu- ment précises. Ces vaisseaux distendus par le sang avaient un volume un peu exagéré. Tels qu'ils se présentaient, ils offraient un diamètre variable entre 0°"°,015 et 0°"",030. Mais nous le répétons, ce volume nous paraît un peu trop considérable. Malgré le soin avec lequel nous les avons recherchés dans la tunique interne, nous n'avons pas réussi à les voir. Ce n'est pas à dire qu'ils n'existent pas. En variant les modes de préparation, peut-être arrive- ra-t-on à les démontrer. Toutefois nous ne croyons pas leur pré- sence aussi indispensable que dans la tunique moyenne. Baignée con- tinuellement par du sang, cette tunique interne peut aspirer faci- lement par endosmose tous les matériaux nécessaires à sa nutrition, tandis que pour la tunique moyenne, la partie la plus importante de tout le vaisseau, il était absolument indispensable que des moyens de réparation existassent. Sans cesse en action par son élasticité et par sa contractilité, cette tunique devait posséder des vaisseaux pour opé- rer ces échanges moléculaires. L'anatomie vient donc de démontrer encore une fois ce que l'induction physiologique pouvait faire pres- sentir. Séance du 28 mai. M. BROWit-SÉQUARD, à loccasion du procès-verbal de la dernière séance, annonce que les trois cochons d'Inde qu'il a soumis à l'ampu- tation des membres inférieurs sont devenus complètement épilepti- ques. Relativement aux sept cochons d'Inde qui ont succombé à la suite de lésions des centres nerveux, M. Brown-Séquard fait remar- 91 quer qu'il importe, en répétant des expériences de cette espèce, de se mettre à l'abri d'une cause d'erreur : c'est que les poumons des co- bayes étant très-délicats, des pressions mêmes assez légères faites sur le thorax peuvent y produire des ecchymoses. — M. LiocviLLE,à propos du procès-verbal, présente une pièce offrant une hémorrhagie considérable du corps thyroïde survenue chez un varioleux, dans un cas de variole hémorrhagique. M. Liouville montre de plus une série de corps thyroïdes, recueillis également chez des varioleux (hommes et femmes), qui ont succombé assez rapidement, et dans lesquels il fait remarquer des congestions, une hyperémie notable, une arborisation très-considérable de vais- seaux gorgés de sang, et parfois de petites ecchymoses et des hémor- rhagies avec infiltration hématique. Or, dans ces cas, les malades n'ont pas paru avoir succombé à ce qu'on appelle la forme hémorrhagique de la variole. Toutefois, il y avait le plus souvent des ulcérations, des pustules, de véritables altérations varioliques des conduits aériens (épiglotte, larynx, trachée et bron- ches). Un premier examen micrographique a montré à M. Liouville, dans tous les cas, des modifications pathologiques dans la glande thyroïde elle-même, modifications qui indiquent une véritable thyroïdjte aiguë. M. Ranvier dit qu'il ne faudrait pas attribuer cette hémorrhagie à des symptômes asphyxiques, car elle peut être déterminée par une lésion du larynx. — M. Brown-Séquard montre à la Société un chien qui, après la sec- lion des cordons postérieurs de la moelle devient épileptique. Chez l'homme l'épilepsie a lieu très-souvent à la suite de lésions du cerveau ou plutôt de ses membranes. Chez un cochon d'Inde, après la section dutuberculequadrijumeauantérieuretdu pédoncule cérébral, M. Brown- Séquard observa le mouvement de rotation en manège des mouve- ments convulsifs irréguliers, et en outre des attaques d'épilepsie fran- ches. Seulement, il faut remarquer que la zone épileptogène était si- tuée à gauche, c'est-à-dire du côté opposé à la lésion cérébrale, tandis que lorsqu'on coupe une moitié latérale de la moelle ou le nerf scia- tique, la zone épileptogène est située du même côté. M. Brown-Séquard, chez doux malades atteints d'épilepsie, a obtenu un commencement d'attaque convulsive, par irritation de la zone épi- leptogène avec l'aiguille à acupuncture. 92 CONCLUSIONS d'un TRAVAIL SUR LE SULFOVI.NATE DE SOUDE; par le docteur Rabuteau. Au mois de décembre dernier, j'ai fait connaître à la Société les ré- sultats de quelques recherches que j'avais faites sur les sulfovinates et, en particulier, sur le sulfovinate de soude. Depuis, j'ai multiplié mes expériences, j'ai administré moi-même et fait administrer ce nou- veau purgatif dans divers hôpitaux. Bien que les observations soient déjà assez nombreuses pour permettre de poser des conclusions, je n'insisterai pour le moment que sur les points suivants : 1° Le sulfovinate de soude purge à des doses relativement faibles; la dose de 25 grammes est toujours suffisante; 10 grammes suffisent chez les enfants et parfois chez les adultes. 2° Le nombre des selles varie suivant la quantité ingérée. A la dose de 20 grammes dans trois verres d'eau, il produit en gênerai quatre à cinq selles et cinq à huit à la dose de 25 grammes. Les effets commen- cent à se manifester en général au bout d'une heure. 3° Le sulfovinate de soude est le plus doux des purgatifs salins. Il ne produit aucune fatigue, aucune douleur; il fait môme disparaître les coliques qui pouvaient exister avant son administration, par exemple dans certaines diarrhées qu'il peut arrêter rapidement. 4° Ce médicament ne produisant aucune douleur, aucune contraction intestinale anormale, agissant en un mot comme type des purgatifs dyalitiques, peut être prescrit même pendant la menstruation et pen- dant la grossesse. 5° A cause de sa saveur très-faible d'abord, puis sucrée, il est pris sans répugnance par les personnes les plus difficiles et par les en- fants. 6° Le sulfovinate de soude doit être préféré au citrate de magnésie, attendu qu'il présente les avantages de ce dernier sel et non ses incon- vénients. D'abord il est plus agréable à prendre que le citrate de ma- gnésie, lorsqu'il est dissous dans Teau de seltz; en second lieu, il ne peut déterminer la formation d'aucun calcul. On sait au contraire qu'il est dangereux de recourir trop longtemps à l'usage des sels magné- siens, et aucun médecin judicieux ne prescrira ces sels, même le ci- trate, aux vieillards et surtout à ceux qui sont atteints d'un catarrhe de la vessie, afin de ne pas déterminer la formation de calculs de phos- phate ammoniaco-magnésien. M. Charcot par l'emploi du carbonate de soude et du carbonate de potasse à haute dose, dans le rhumatisme articulaire aigu, a obtenu la diminution de la température, et à la dose de 30 grammes par jour, M. Charcot n'a observé aucun symptôme hémorrhagique. 93 — M. Waller, membre correspondant de la Société, qui assiste à la séance, communique des observations sur la compression du vago- sympathique au cou, chez l'homme^ compression faite dans un but thé- rapeutique. Dès 1846, M. Waller a proposé l'emploi de l'irritation mé- canique des nerfs comme moyen de diagnostic des maladies du système nerveux; par exemple, l'irritation du nerf cubital au coude produit des phénomènes moteurs et de sensibilité, et cette sensibilité peut va- rier dans les limites étendues que parfois la compression de ce nerf peut amener une syncope. En 1849, M. Waller a publié des fats sur l'irritation de l'œil, et a démontré que la production des phosphènes peut servir à diagnosti- quer des maladies de la rétine et du nerf optique. Les opérations de M. Waller sur le vago-sympathique remontent à l'année 1861; la compression de ce nerf produit des effets que l'on rapportait à tort à la compression de la carotide. La compression de ce nerf, dit M. Waller, nous fournit un moyen excellent pour arrêter les convulsions hystériques. A la suite d'une compression faite sur lui-même, dans la région cer- vicale, M. Waller a constaté une diminution d'anxiété précordiale; une sensation de nausée, qui peut aller au vomissement. La pupille sou- vent est dilatée complètement; dans certains cas on observa du côté comprimé une diminution de température de 1%5 à 2" centigrades (par irritation des nerfs vaso-moteurs). Chez des lapins dont on a lié les quatre artères de la tête, sans pro- duire d'accidents, si Ion galvanise le sympathique, on obtient immé- diatement les convulsions par anémie. Ce qui démontre que la compression agit bien sur le nerf vago-sym- pathique, c'est qu'au bout d'une minute, en voit le rhythme respira- toire changer d'allure, on observe des inspirations plus longues et ra- lenties; on observe quelquefois des phénomènes de collapsus nerveux ou de surélévation comme ceux que M. Bert a observés. Des phéno- mènes analogues ont déjà été décrits, par Aristote, qui, après la com- pression des veines du cou, a vu l'homme fermer les yeux et tomber insensible comme s'il était étranglé. Dans plusieurs cas, M. Waller a vu la compression déterminer la syncope. Dans un cas d'hémicranie intermittente rebelle contre laquelle tout avait échoué, la compression du vago-sympathique amena une guérison définitive. M. Brown-Séquahd, au nom de la Société, remercie M. Waller de sa communication ; M. Brown-Séquard est d'avis qu'il est très-utile d'in- troduire dans la thérapeutique des procédés simples; mais chez les hystériques qui sont exposées à la syncope, la compression pourrait 94 être dangereuse. M. Brown-Séquard, dans un cas de migraine (chez un de nos plus distingués collègues) a essayé de galvaniser le sympathique au cou, sans galvaniser le vague; au bout de quelques secondes, le pa- tient tomba sidéré et fut quelque temps à revenir de sa syncope. La compression peut être plus facilement graduée que la galvanisation, etje crois, dit M. Brown-Séquard, que la méthode de compression des nerfs , due à M. Waller, rendra de grands services à la thérapeu- tique. — M. JoFFROY fait une communication relative au tétanos. Dans un cas de tétanos traumatique, suivi de mort au bout de quatre jours, la moelle durcie dans l'acide chromique a présenté, au niveau du bulbe, une congestion, et même une rupture des vaisseaux avec sortie des globules rouges. M. VuLPiAN, dans un cas de tétanos spontané, a trouvé à l'œil nu de la congestion de la substance grise et une dilatation de certains espaces périvasculaires. M. Vulpian croit que ces congestions ne sont pas pa- thogéniques, mais secondaires ; la lésion primitive est évidemment celle des éléments de la moelle. M. Hayem dit qu'il est fréquent dans les maladies de la moelle d'ob- server des globules rouges dans les gaines, même lorsque la paroi des capillaires est saine; cependant dans un cas d'hémorrhagie cérébrale, avec héraorrhagies dans les gaines, M. Hayem a trouvé une rupture de vaisseau. M. JoFFRoy a vu l'issue des globules rouges, mais n'a point vu de rup- ture. M. Legros dit que les tétaniques meurent par asphyxie, et l'asphyxie peut produire la congestion de la moelle. M. LiouviLLE demande si les lésions de la moelle étaient plus grandes à l'origine des nerfs lésés, qui ont été le point de départ du tétanos. M. JoFFROv répond qu'il n'a rien vu de spécial. M. LiouviLLE, dans deux cas, a trouvé une vascularisation plus in- tense, à l'état frais, à l'origine médullaire des nerfs dont la lésion avait produit le tétanos. M. Lépine, dans un cas de tétanos, a trouvé une augmentation des noyaux dans la région lombaire. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r F LA SOCIETE DE BIOLOGIE pendant le mois de juin 1870; Par m. HAYEM, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 4 juin, M. MuRON présente un kyste qui s'est développé dans un ganglion lymphatique du cou ; la paroi de ce kyste offre exactement la struc- ture d'un ganglion. — M. Hayem complète une observation qu'il présenta à la Société au mois de juillet 1869; il s'agissait d'un malade qui fut pris de convul- sions à l'âge de 2 ans; des contractures survinrent dans les membres inférieurs, et la marche ne put jamais avoir lieu sans béquilles. A l'âge de 24 ans, le malade est mort de phthisie pulmonaire. L'examen de la moelle montra les cellules nerveuses intactes; il n'y avait aucune lésion pouvant être attribuée à la paralysie infantile; mais, dans les coupes, M. Hayem trouva de l'hypertrophie des gaines vasculaires, et plusieurs foyers hémorrhagiques dont les plus volumi- neux avaient 1/10* de millimètre de diamètre. 96 Il est impossible, dit M. Hayem, de dénommer actuellement ce fait, qui ne se rattache pas à la paralysie infantile. M. Brown-Séquard présente deux cochons d'Inde femelles qui, à la suite de la lésion du corps resliforme, ont offert une gangrène de l'oreille. Tous les petits nés de ces femelles présentent la même alté- ration. M. Brown-Séquard a reconnu par beaucoup d'expériences compara- tives que les lésions de la moitié droite de l'encéphale ne produisent pas les mêmes effets que les lésions de la moitié gauche. Sur 47 ani- maux opérés du côté droit, 11 seulement survivent; sur 27 animaux opérés du côté gauche, 16 survivent. Ainsi les lésions à droite sont plus souvent fatales, et les faits montrent aussi quelles le sont plus rapidement. Il en est de même chez l'homme; dans les cas de paralysie à gauche chez l'homme, dépendant de lésion cérébrale droite, les pa- ralysies sont en général beaucoup plus considérables. M. Brown-Séquard a remarqué qu'il y a, en général, une élévation de température plus grande après la lésion à droite qu'après la lésion à gauche. M. Leven demande à M. Brown-Séquard si les causes de la mort sont bien dues à des désordres du côté du système vaso-moteur. M. Leven a fait aussi des expériences sur les centres nerveux, et dans certains cas, la mort eut lieu par hérnorrhagie à la base de l'encéphale. Il sem- ble, dit M. Leven, que le système vaso-moteur est distribué d'une ma- nière uniforme. M. Brown-Séquard répond qu'il a fait des lésions semblables à gauche et à droite, et qu'il a évité autant que possible la lésion des vaisseaux pouvant produire des hémorrhagies considérables; d'ailleurs, les co- chons d'Inde résistent bien à l'hémorrhagie, et dans beaucoup de cas la mort est surtout causée par des altérations produites dans les pou- mons, et en particulier des ecchymoses, de l'œdème, de l'inflamma- tion et de l'emphysème. Je crois, dit M. Brown-Séquard, que lés deux côtés du cerveau sont semblables l'un à l'autre quant à leurs propriétés et à leurs fonctions à l'époque de la naissance, mais que l'une des moitiés de l'encéphale suffisant seule pour l'exercice de nombre de fonctions des deux moi- tiés, il en résulte que l'une de ces parties est employée seule pour cer- tains actes et l'autre pour d'autres actes. De là un développement plus considérable des propriétés afférentes aux diverses fonctions, le cerveau gauche se développant davantage que le droit pour certaines de ses propriétés, et le' droit, de son côté, se développant davantage aussi pour d'autres propriétés. Quoi qu'il en soit, il est certain que chez l'homme, ce sont les lésions du côté droit de l'encéphale qui dé- 97 terminent surtout les altérations dénutrition (eschares, œdème, etc.), ainsi que la paralysie des sphincters. Ce n'est pas seulement, comme on le croit, l'aphasie qui est liée aux lésions du cerveau gauche ; c'est aussi la perte de la parole, dépendant de la paralysie de la langue ou du larynx, avec ou sans aphasie. Ces paralysies sont bien plus rares dans les lésions du cerveau droit. Enfin on peut dire, ajoute M. Brown- Séquard, que le cerveau gauche se développe comme centre de la vie intellectuelle et animale, et que le cerveau droit se développe comme centre de la vie organique. A la suite de la piqûre d'un des poumons avec une aiguille à acu- puncture, M. Brown-Séquard a vu survenir l'occlusion partielle des paupières, que M. Lépine a obtenue par des injections irritantes dans le poumon. Il signale aussi ce fait singulier que l'introduction d'une aiguille dans le poumon produit, chez un animal, le mouvement de manège. M. Brown-Séquard a observé la chute des poils dans la zone épilep- togène chez plusieurs cochons d'Inde qu'il montre, et dont la patte n'a point d'ongles. Il est évident, dans ces cas, qu'on ne peut attribuer au grattement la chute des poils. — M. Gréhant rapporte des expériences qu'il fit pour déterminer exactement avec quelle rapidité l'oxyde de carbone introduit dans les poumons se combine avec les globules du sang. Chez un chien, on découvrit la carotide, puis on mit par une muse- lière les poumons de l'animal en communication avec une cloche ren- fermant de l'air mélangé de 1/10° d'oxyde de carbone; puis on fit plu- sieurs prises de sang. Entre la dixième et la vingt-cinquième seconde après le début de l'inhalation du gaz toxique, le sang artériel renfer- mait 14,6 p. 100 d'oxygène et 4,3 p. 100 d'oxyde de carbone. Entre 1 minute 15 secondes et 1 minute 30 secondes, le sang renfermait 4 p. 100 d'oxygène, et 18,4 p. 100 d'oxyde de carbone. On voit donc que si l'homme pénètre dans un milieu toxique, dès la première mi- nute le gaz délétère peut être absorbé et produire des accidents. M. Gréhant pense qu'il serait très-utile de conseiller aux ouvriers qui descendent dans des puits ou dans des fosses dont l'air peut être toxique, de se faire toujours précéder d'une cage contenant un petit mammifère, un rat ou un cochon d'Inde. Pour dégager complètement l'oxyde de carbone combiné à l'hémo- globine, M. Gréhant emploie le procédé suivant : après qu'on a extrait les gaz du sang à 40 degrés dans le vide, on fait arriver dans le sang le double de son volume d'acide sulfurique, et l'on porte le bain d'eau à 100 degrés; l'oxyde de carbone combiné à l'hémoglobine est alors C. R. 1870. 7 98 dégagé et recueilli; placé dans les mêmes conditions, le sang normal ne fournit jamais d'oxyde de carbone. M. CoALVET demande si quelque temps après l'intoxication par l'oxyde de carbone, le sang est capable de reprendre do l'oxygène en aussi grande quantité qu'auparavant. M. Gréhant répond que M. Claude Bernard a établi dans son cours du collège de France, que l'oxyde de carbone disparaît assez rapide- ment chez l'animal intoxiqué, et que le sang reprend toutes ses pro- priétés. M. Brown-Séquard dit que l'oxyde de carbone n'est pas aussi toxique qu'on pourrait le penser, puisque des personnes, par leur métier, en respirent constamment. M. Cualvet fait observer que les cuisiniers sont souvent anémiques, et que l'anémie ne guérit point par une bonne alimentation; mais si les malades sont envoyés dans des pays de montagne, ils guérissent facilement. M. Carville demande ce que sont devenus les animaux après l'in- toxication. M. Gréhant a vu que les animaux se rétablissaient, mais dans les heures qui suivent l'empoisonnement par l'acide de carbone, les ani- maux ont paru incapables de faire un travail mécanique, ce qui s'ex- plique par la diminution de l'oxygène dans le sang. ~ M. Laborde présente un thermomètre dont le réservoir est en- châssé dans une aiguille d'acier, et qui est destiné à prendre la tem- pérature des muscles, pour juger de la mort apparente. M. Laborde affirme que si l'on trouve dans les muscles une température de 20 à 25 degrés, la mort est certaine. Chez un animal tué par submersion dans l'eau, dans la cavité thora- cique explorée par ce thermomètre, la température était 34 degrés; dans les muscles de la cuisse elle était de 30 degrés. Une heure plus tard, dans la cavité thoracique, on trouva 31 degrés et dans la cuisse 26°, 5. M. LiouviLLE dit que dans beaucoup de cas de mort, la température des tissus reste élevée pendant longtemps. La température extérieure du cadavre, dit M. Laborde, peut être difTérente de celle des parties profondes. — M.PiERRET communique une observation d'ataxie locomotrice pro- gressive; l'examen de la moelle a fait reconnaître des altérations de la substance grise. 99 Saturnisme chronique avec accès de goutte et arthrites URATiQUEs; par le docteur E. Lancereaux. COLIQDES, SATURNISME ET PARALYSIE DES MUSCLES EXTENSEURS DES AVANT- BRAS ; ACCÈS DE GOUTTE, ALBUMINURIE ET URÉMIE; ATROPHIE DES EXTEN- SEURS. INFILTRATION CRATIQUE DES CARTILAGES ARTICULAIRES DES ORTEILS; NÉPHRITE INTERSTITIELLE. L..., âgé de 43 ans, exerce depuis l'âge de 11 ans la profession de peintre en bâtiments. A 15 ans, il fut pris d'une première attaque de colique saturnine, et depuis lors il en a eu quatre ou cinq autres. Il y a quatre ans, il a été atteint pour la première fois d'une paralysie des extenseurs des avant-bras qui n'a jamais complètement disparu. A 37 ans, il est pris tout à coup d'un gonflement articulaire douloureux du gros orteil gauche qui, après huit ou dix jours, disparaît et se trouve remplacé par un gonflement analogue de l'orteil opposé. Ces affections des orteils sont accompagnées de douleurs tellement vives qu'il en ré- sulte une insomnie absolue pour le malade. Trois attaques semblables ont eu lieu depuis lors ; la dernière, survenue au mois d'août 1869, ne s'est pas limitée aux pouces des pieds, elle a gagné l'articulation tibio-tar- sienne, les talons, et même les articulations métacarpo-phalangiennes des doigts. L'attaque tout entière ne dura pas moins d'un mois. Les pieds surtout ont été le siège d'un gonflement considérable; plusieurs bains de vapeur furent administrés, et le malade put reprendre son travail. Il fut obligé de le quitter de nouveau en novembre, à cause des palpitations et de l'oppression vive qu'il éprouvait, principalement s'il venait à monter un escalier. Dans ces conditions, il se décida à venir à l'hôpital , et, le 5 janvier 1 870, je l'admettais à la Charité (salle Saint- Michel, n" 2). La peau offre une teinte jaunâtre assez marquée; les lèvres sont cyanosées, la face est peut-être un peu bouffie, mais il n'y a pas en ce moment, et jamais, au dire du malade, il n'y a eu d'œdème aux jambes. Les muscles extenseurs de l'avant-bras sont paralysés des deux côtés, car si le malade relève ses poignets, il parvient difficile- ment à étendre ses doigts. Malgré une oppression assez vive, la respi- ration est partout pure, les battements du cœur sont énergiques, les bruits sont normaux. Les viscères de l'abdomen ne sont pas altérés, à part les reins. Pâles et décolorées, les urines se troublent par l'acide nitrique et la chaleur; elles sont manifestement albumineuses. Le ma- lade ne se souvient pas d'y avoir jamais vu de dépôts d'acide urique. Son père est mort asthmatique et catarrheux, à l'âge de 56 ans ; sa mère a été victime d'un accident, et une de ses sœurs paraît avoir succombé à une affection chronique de la poitrine. (Bromure de potassium, 3 gr.; 100 bain sulfureux.) Le lendemain, la peau n'est pas colorée en noir, ainsi qu'il arrive à la suite d'un bain sulfureux, quand le tégument est re- couvert de molécules de plomb. Le 10 janvier, vomissements pituiteux dans le courant de la journée, saveur de la bouche extrêmement désagréable; la veille au soir, vo- missement alimentaire, constipation, céphalalgie, tendance, à la som- nolence, vue un peu brouillée. La quantité d'urine rendue est d'un litre et demi, la densité de 1,010. (Huile de ricin, 30 grammes). Du 10 au 22, persistance des vomissements biliaires et alimentaires. Le 24 janvier, au matin, à la suite d'un vomissement , perte subite de connaissance, accès convulsifs des muscles de la face et des membres avec écume à la bouche; terminaison de ces accès par gonflement et congestion de la face. A la visite, le faciès est étonné, la face est bouf- fie, la parole est gênée, la tête est lourde. Le malade accuse dans les bras des secousses qu'il compare à des décharges électriques, il se plaint d'une céphalalgie qu'il fait remonter à un an et qu'il caractérise par la dénomination de migraine; hier, il a saigné quelques gouttes de sang par le nez; 104 pulsations, pouls ample et vibrant, impulsion cardiaque énergique; vomissements, constipation opiniâtre; je diag- nostique : accidents urémiques. (Tartre stibié en lavage, 10 centigr.) Les urines, toujours pâles et décolorées, prennent sous l'action de la chaleur et de l'acide nitrique une teinte laiteuse sans qu'il soit possi- ble d'y voir des flocons'; un excès d'acide dissout presque totalement le précité et détermine une coloration rosée ; absence de sucre dans l'urine. 25 janvier, garde-robe unique; vomissements abondants, saveur dés- agréable de la bouche; intelligence nette, parole embarrassée. Les urines, examinées au microscope, renferment quelques cylindres hya- lins granuleux et des phosphates de chaux. Les jours suivants, amélio- ration notable; le malade urine chaque jour plus d'un litre de liquide. Le 27, il a une nouvelle attaque convulsive en déjeunant; il pâlit tout à coup, la tête se renverse en arrière, les yeux se tournent en haut, le faciès se tuméfie, la connaissance se perd, les muscles de la face et les bras sont agités par intervalles de secousses violentes; l'at- taque dure en tout dix minutes. (Tartre stibié, 10 centigrammes.) Le 30 janvier, céphalalgie, oppression, saveur fétide de la bouche, léger embarras de la parole, intelligence lourde. Les poignets peu- vent être étendus, mais il est impossible au malade de relever les doigts ; les extenseurs des avant-bras sont paralysés. La face est un peu tumé- fiée à gauche, sans doute parce qu'il y a décubitus de ce côté; 92 pul- sations, 16 respirations, (15 grammes d'eau-de-vie allemande.) La visite était à peine terminée, que le malade fut pris sous nos yeux d'un nou 101 vel accès convulsif; comme toujours, il perd connaissance en même temps que sa tête se renverse en arrière et que ses yeux regardent en haut; les convulsions sont, à la face, prédominantes à gauche; aux membres, ce sont des secousses rapprochées s'exéculant dans le sens de la flexion. Au bout d'une minute, ces secousses cessent, la face est cyanosée, un liquide écumeux s'écoule de la bouche. Le malade se met à ronfler, et, pendant ce temps, le pouls, qui était à 92, devient oscil- lant et tombe à 36, puis tout à coup la face revêt une teinte cadavé- reuse et la respiration s'arrête. Cet état dure pendant près d'une mi- nute, le pouls continuant à baisser sans disparaître complètement. Alors, sous l'influence de la flagellation et de l'excitation produite sur la mu- queuse des fosses nasales par des vapeurs ammoniacales, survient une première inspiration, puis une seconde assez longtemps après; enfin le malade fait entendre un ronflement considérable, et deux minutes plus tard les yeux commencent à se rouvrir, le ronflement persiste encore, puis la respiration se rétablit. Le lendemain, l'eau-de-vie allemande avait amené sept ou huit garde-robes; la nuit avait été bonne, la tête était lourde; pouls, 84; température, 36,2. (Lavement purgatif.) 2 février, légère dyspnée; les urines rendues dépassent toujours un litre, elles continuent à être transparentes; densité, 1,009; réaction acide. Secousses convulsives dans la nuit, épistaxis vers deux heures du matin. 4 et 5 février, nouvelles épistaxis peu abondantes. Bouffissure de la face sans œdème des jambes. Sensation d'anéantissement; surdité de- puis quelques jours, affaiblissement notable de la mémoire. (15 grammes d'eau-de-vie allemande.) 6 février, le malade a peine à rassembler ses idées, sa parole est embarrassée, il a l'apparence d'un homme à moitié éveillé. Nous ap- prenons, par le voisin, qu'il sommeille et qu'il ronfle presque constam- ment. La quantité d'urine rendue ne dépasse pas un demi-litre; 84 pul- sations; température, 35,4 dans l'aisselle. 7 février, même état; nuit agitée, le malade s'est levé et s'est pro- mené; à la visite, respiration ronflante, faciès hagard, carphologie, le malade ramasse et retourne les objets sur son lit, inconscient de ses actes, mais conscient de son état, car il se dit toqué. Les urines ren- dues dans les vingt-quatre heures ne dépassent pas un demi-litre. Deux selles peu abondantes, malgré un lavement des peintres. Léger écou- lement coloré par le conduit auditif droit. Le 9, état plus sérieux, hyperesthésie marquée de la peau de la face, point douloureux à l'émergence des filets de la cinquième paire. Agi- tation dans la nuit, une faible quantité d'urine a été rendue dans le lit. Le 10 février, épistaxis, selles involontaires, urine toujours album i 102 neuse, non floconneuse; le malade se lève sans savoir ce qu'il fait, cherche quelqu'un, et le reste du temps il est somnolent. Le 11 février, somnolence et coma pendant toute la nuit; la mort a lieu tout à coup, à six heures du matin, sans le moindre mouvement. Autopsie le 12. — Absence d'anasarque ou d'œdème. Les articula- tions des pieds sont examinées avec soin, et l'on constate que les car- tilages des articulations métatarso-phalangiennes sont affectés de dé- pôts blanchâtres multiples d'urates de soude. Les articulations des deux gros orteils, dont l'une est représentée fig. I, ont leur carti- Fig. 1. — Infiltration uratique des cartilages articulaires (saturnisme). lage d'incrustation et leurs ligaments infiltrés des mômes sels, qui y forment des dépôts abondants. Les articulations tibio-tarsiennes, celles des genoux ne paraissent pas modifiées à l'œil nu. Les articula- tions du poignet offrent des dépôts très-fins à peine visibles. A l'avant- bras droit, les muscles extenseurs des doigts, extenseurs propres du petit doigt et de l'index, long abducteur et court extenseur du pouce, sont pâlf's, jaunâtres et manifestement atrophiés. Le cubital postérieur et le second radial externe sont simplement un peu décolorés. Le pre- mier radial est intact. L'avant-bras gauche présente le môme état, sauf que le premier radial, de teinte jaunâtre, est un peu atrophié. Quant aux autres muscles, ils sont complètement sains; les tendons ne sont pas altérés. L'examen microscopique des muscles atrophiés nous apprend qu'un grand nombre de faisceaux primitifs, notablement dimi- nués de volume, conservent néanmoins leur striation. La réduction éprouvée par ces faisceaux varie de la moitié au quart du volume nor- mal. Elle est moindre sur certains points, et il semble qu'un certain nombre de fibres musculaires ne se révèlent que par le sarcolemme présentant dans son épaisseur des noyaux d'autant plus nombreux que l'atrophie est plus marquée. Les nerfs qui se rendent aux muscles ainsi 103 modifiés, c'est-à-dire les branches des nerfs radiaux, se font remar- quer par l'altération de leur myéline qui est finement granuleuse. La moelle épinière est de consistance et de coloration normales, excepté à la partie antérieure du renflement cervical, où la coloration devient grisâtre. A ce niveau, les racines antérieures nous paraissent un peu atrophiées. Pourtant l'examen de ces racines et des racines postérieu- res, après macération dans l'acide chromique, ne dévoile aucune trace d'ulcération. De même, la moelle cervicale, examinée à l'aide de coupes fines, n'a donné d'autre résultat que la constatation d'une anomalie dans la forme de la substance grise des cornes antérieures, au nivean de la deuxième paire cervicale. Cette anomalie, probablement congé- nitale, consistait en un développement anormal de substance grise et de cellules dans la région postéro-externe de la corne gauche. Il ré- sultait de là une disproportion considérable entre les deux moitiés de la substance grise; toutefois la partie surajoutée différait de la substance grise normale. La substance blanche du cerveau est ferme, les ventri- cules sont normaux, mais dans la corne sphénoïdale du côté gauche existe une fausse membrane rouillée, colorée par la présence de grains d'hématine et de cristaux d'hématoïdine. Ce produit membraneux est l'indice d'un foyer hémorrhagique de petit volume remontant à plu- sieurs mois. Semblable altération, moins étendue, se rencontre dans le point opposé de l'hémisphère droit. La surface du quatrième ventri- cule est lisse, pâle et opaline; les barbes du calamus scriptorius font défaut. Les poumons sont le siège d'adhérences lâches et anciennes, ils présentent d'abondantes taches pigmentaires et un petit foyer de pneumonie caséeuse devenue calcaire. Les ganglions bronchiques sont volumineux. La muqueuse laryngée est normale. Le cœur, chargé de pelotons graisseux à sa base, sur sa face antérieure et sur ses bords , présente de larges plaques laiteuses à l'origine de l'aorte et à la face antérieure des oreillettes. Le ventricule gauche est ferme, rouge, con- sidérablement hypertrophié, et de là résulte pour tout l'organe une forme conoïde bien marquée (cœur de bœuf). L'orifice mitral est nor- mal, mais l'orifice aortique est un peu insuffisant par suite de l'épais- sissement du bord adhérent des valvules et de l'adhérence, sur leurs bords, de deux d'entre elles. L'aorte, un peu large, offre à sa faceln- terne des plaques saillantes, semi- transparentes ou jaunâtres, située^ principalement dans le voisinage des orifices des branches collatérales. Les carotides sont modifiées, et quelques-unes des artères cérébrales sont athéromateuses. Les artères rénales, dilatées, sinueuses, ont leurs parois hypertrophiées. Les reins, petits et atrophiés, sont réduits de plue de moitié de leur volume; leur surface extérieure , inégale, est parsa 104 mée de fines granulations grisâtres ou jaunâtres, dans les intervalles desquelles rampentdes vaisseaux variqueux injectés. Leurs capsules fi- breuses sont opalines, peu épaissies, difficiles à décoller. La substance du rein est ferme, indurée, pigmentée dans ses parties déclives. A la coupe, elle est lisse, un peu brillante ; sous le microscope, elle présente un épaississement notable du stroma conjonctif, qui est infiltré de jeu- nes éléments nucléaires, et une diminution très-marquée du calibre des tubes urinifères t et des glomérules de Malpighi g, fig. 2. Toute- Fig. 2. — iVèphrite interstitielle (ceupe microscopique). fois, au niveau des granulations de la surface, la trame conjonctive n'est pas modifiée, et les tubes urinifères T ont conservé des dimensions assez normales. Les cellules épithéliales de ces tubes n'offrent rien de particulier; celles des tubuli, plongées au sein du stroma altéré, sont un peu granuleuses, et quelques-unes renferment une substance col- loïde c. La vessie est dilatée par l'urine, ses parois sont hypertrophiées. Le foie est simplement hyperémié, le pancréas est normal, la rate est grosse. L'estomac, rétréci, offre des replis saillants et nombreux sur sa face interne. Sa muqueuse, épaissie, recouverte par un mucus épais et visqueux, difficile à détacher, est pigmentée dans la région pylorique, injectée dans celle du cardia; ses glandules sont saillantes (gastrite urémique). La muqueuse intestinale, recouverte d'un mucus visqueux, de teinte grisâtre ardoisée, est beaucoup moins altérée que celle de l'estomac. Le testicule gauche est affecté d'hydrocèle et atrophié. 105 Dès l'âge de 11 ans, un homme exerce la profession de peintre en bâtiments; de 15 à 30 ans, il a plusieurs accès de colique saturnine; vers l'âge de 37 ans, il éprouve une première attaque de goutte aux pieds, et depuis lors il subit trois attaques semblables; à 39 ans, il est pris de paralysie des avant-bras; à 43 ans, il perd ses forces, éprouve de l'oppression, de l'insomnie, de l'inappétence; en un mot, il est al- buminurique. Bientôt surviennent des accès éclamptiques qui mettent son existence en danger, et cette série d'accidents morbides se termine enfin par le coma et la mort. Les muscles extenseurs des avant-bras sont décolorés, atrophiés; leurs faisceaux primitifs conservent la stria- tion normale, mais ils sont réduits au tiers ou au quart de leur volume, un certain nombre ont même complètement disparu; les nerfs qui se rendent à ces muscles ont leur myéline granuleuse. La moelle épinière, malgré les recherches attentives faites par M. Pierret et par moi, ne paraît pas altérée. Les cartilages diarthrodiaux des articulations méta- tarso-phalangiennes sont incrustés d'urates alcalins. Les reins sont atrophiés, granuleux (néphrite interstitielle); il existe une endocardite légère, et le cœur gauche est le siège d'une hypertrophie notable, l'estomac présente les lésions de la gastrite urémique. Cet ensemble symptomalique si complexe et tout à fait propre à jeter le trouble dans l'esprit pourrait bien faire croire que plusieurs maladies sont ici en pré- sence. Il n'en est rien ; ces différents accidents s'enchaînent entre eux ; et, en définitive, il s'agit simplement ici d'un cas d'intoxication satur- nine chronique. Personne, en effet, ne doute que les coliques et la pa- ralysie des extenseurs ne soient causées par le plomb. Après les re- cherches de Garrod et celles de Charcot, auxquelles ce fait vient don- ner une confirmation anatomique, il est incontestable que l'intoxication saturnine a dû jouer un rôle dans l'infiltration uratique des cartilages articulaires. On peut admettre aussi, comme je me suis appliqué à le démontrer dans d'autres circonstances, que c'est au plomb que doi- vent être rapportées l'altération des reins et celle de l'aorte. D'un autre côté, l'hypertrophie du cœur et l'affection gastrique sont des lésions subordonnées, la première aux altérations rénales et aortique, la se- conde à l'excrétion de quelques-uns des principes de l'urine par la mu- queuse stomacale. Ainsi, lésions musculaires, articulaires, rénales et aortique produites par le plomb; lésions de l'estomac dues à une in- toxication urémique, telle est l'interprétation des désordres constatés dans ce fait morbide qui a pour origine un métal dangereux et dont l'emploi devrait être rigoureusement défendu. C'est là une réunion d'altérations pour lesquelles l'appellation de saturnisme viscéral pa- raît très-appropriée. Quant à l'atrophie musculaire localisée dans les muscles extenseurs des avant-bras, elle consiste, non dan» un état gra- 106 nuleux avec perle de la strialion du faisceau musculaire primitif, mais dans la diminution du diamètre transversal de ce faisceau, sans aug- mentation appréciable des noyaux, et dans sa disparition plus ou moins complète (I), Observation d'une inégale production et d'une différence de composi- tion DU LAIT pour les DEUX SEINS DE LA MÊME FEMME; par LoUIS SOUR- DAT, préparateur de chimie au laboratoire de M. de Romilly, rue des Petits-Hôtels, 20. Ayant remarqué la préférence très-visible qu'un enfant manifestait pour le sein droit de sa mère, préférence déjà manifestée par deux en- fants précédents, et ayant fait en même temps la remarque que le sein préféré était plus volumineux que l'autre, fournissant environ le dou- ble de lait, j'ai pensé qu'il serait intéressant d'examiner séparément chacun de ces deux laits. Je m'étais d'abord borné à prendre la den- sité et le poids du résidu sec; puis j'ai dosé le beurre. Enfln, voulant voir comment les autres éléments étaient répartis, j'en ai fait l'analyse complète. Les résultats de cet examen sont consignés dans le tableau que je joins à cette communication. Des nombres de ce tableau il ressort les faits suivants : 1° La composition du lait de la même femme (pour les deux seins pris ensemble) comparée d'un jour à l'autre est très-variable sans qu'il y ail des changements appréciables dans l'état de sa santé. Il suffit d'une fatigue momentanée, d'un petit changement de régime, d'un sé- jour du lait plus ou moins prolongé dans les mamelles, etc., pour ame- ner ces variations de composition. Ainsi, dans huit analyses, portant sur l'ensemble du lait des deux seins, le poids du résidu sec a varié depuis 10,10jusqu'à 13,70 p. 100 ou :: 1 : 1,35. La densité a été aussi très-variable. J'ai obtenu pour la moyenne des deux seins depuis 0,980 jusqu'à 1,031. 2° La composition du lait varie encore d'un sein à l'autre et cela dans le même temps. C'est là le fait qui est l'objet principal de ma com- munication. Ainsi, le lait du sein droit, qui est de beaucoup le plus abondant, est aussi le plus riche en matières fixes, dans des rapports qui sont :; 1,20 : 1 pour le minimum et :r 1,74 : 1 pour le maximum. 3° Dans ces conditions, le beurre est ordinairement sécrété en bien plus grande quantité par le sein droit que par le sein gauche ; ; 1,50 : 1 pour le minimum et ;: 9 : 1 pour le maximum. J'ajoute ici que le seul (1) Voyez, sur le môme sujet, un cas de paralysie saturnine, etc., Gaz. méd. 1862, p. 709, et Umon médicale, 15 septembre 1863, p, 13. 107 aspect de ces deux derniers laits aurait suffi pour amener la constata- tion d'une différence si considérable. 4" Les matières azotées, caséum et albumine sont, de même que le beurre, sécrétés par le sein droit en plus grande quantité que par le sein gauche X 1,90: 1 pour le maximum, 5° Il est un fait digne de remarque : c'est que les principes solubles, lactose et sels, dosés dans cinq analyses, se sont trouvés répartis d'une manière à peu près égale dans les deux seins. Cependant, dans les deux analyses où il y a eu une petite différence, cette différence s'est trou- vée en faveur du côté le plus faible en beurre. Pour les sels, cette différence est aussi dans le même sens. De sorte qu'il semblerait, d'après ces quelques analyses, qu'il y ait quelque corrélation entre les matières grasses et azotées d'une part et les ma- tières solubles, d'autre part. La dernière analyse a donné par exception des nombres plus forts pour le sein gauche, La raison de ce renversement paraît être dans ce fait : que le lait, 'pour cette fois, n'a pu qu'être extrait à grand'peine pour les 9/10, le dernier 1/10 étant venu très-facilement. Ce lait pour- rait donc être considéré comme une réserve plus complètement éla- borée, le lait nouveau n'étant pas encore monté, et l'on sait que les dernières parties du lait sont bien plus crémeuses que les premières. Cette raison expliquerait cette anomalie. Observations générales. — L'enfait allaité jusqu'à ce jour presque ex- clusivement avec ces deux laits, se porte bien. Il est du sexe féminin, âgé de 7 mois, pesant 7''S830. Ses deux frères aînés, nourris du môme lait, s'en sont aussi bien tro,uvés. Il est à noter qu'il s'agit là d'un cas héréditaire, car la mère de la femme, dont le lait est l'objet de ce travail, avait elle-même le sein droit plus développé que le gauche et de même encore pendant le temps de la lactation seulement. Elle a néanmoins élevé huit enfants, dont cinq filles. Parmi celles-ci, trois se sont mariées et ont eu des enfants, mais il n'y en eut qu'une seule qui hérita de cette particularité, sans que rien la favorisât, ni dans ses habitudes, ni dans ses travaux ordi- naires qui sont ceux du ménage. Pensant que des faits de cette nature n'avaient pas été signalés jus- qu'ici, j'ai cru qu'il serait intéressant d'appeler sur eux l'attention des observateurs. Il est en effet probable que ce cas n'est pas unique et que l'on pourra en découvrir d'analogues. Il serait aussi curieux de constater si, dans d'autres glandes paires, il y a identité dans la quan- tité et dans la composition de leurs sécrétions. Il y a là un côté physio- logique que mes études purement chimiques ne me permettent pas d'aborder et que je ne puis qu'indiquer à de plus habiles. f- z cd S o s u > CJ hJ ce -a: PS -< o u en u ...* m -^ ■"* 1 prendre la densité, 10 était montée. U y en 1 côté droit. t droit est blanc, épaiSj 1 du côté gauche est liquide. W3 3 -a c-g 3 o o p n 3 '« j^ «3 ^ te _o ■^ 2 S e i~ tij .5 3 o -oj 3« o W3 O a, £ t« _ a" en _fe 3 'S a O ce et les ï es volun t ces noi uisque 1 e double lins diflerent, l plus fort. CQ s ^ 3 S S C oT P pu crèn ledi u lai celui )lus O nj 2 o -eu ." rt-S^^ S 2 Sa»- .i= -i^ ^ — 3 ^ ..N-^ es a) o cj i,. » O .. .2 o s -^ T3 es m ndus , ma ppro nit e n n e qu i le d aspe sseu âtre CJ ^^ 5^ -= Lj 3 3 _2 ai o ko 10 oc o to Si © © © I.Ï »> o 00 © tc te (M vn 00 « -« oc i-Tm' » .S TU oo Ci oc GC GO 00 oc © 00 Total u résidu sec. Ï-. l- fM ■^ «+ t- © — = -H © — Srt S5 — . . 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"i tn t« w O • Si 3 • . 1870. 1. \h avrJ 1 trois heur près avoir iné le sein (9 f3 t. «S "S ..ri es ■> 2. 8 m deux he près avoi éle sein, lessuivai a à .22 "* 2 » H u. 3-3 o © 'S* o a c *-| "S C3 «^^ S o o «a o o s I o S ® o ^ tfi (fi en a:» S ■" a -Q ■« en -3 a -3 rt =-£ , . £ •— S C3 ..^ " -3 *, O) 3 C — _, <« — rt p ^-«^ " s •-/: -3 2 ^ ■3" .2*= =-« ^ o^ S o -^ o G =3 -3 -^ g ^^ g » CS.-3 tn rt (S a a a «s -3 =3 0 © Ift 0 © © © © tn © lO «M © © © (M •<- ^ © s 10 © 00 kC •^ in kO (M © © .\ .> 0 00 0 es 1-5 s: © © © 00 -* 00 © 00 in © 00 «■ OC QO 00 00 ce GO 00 ce X oc 00 00 GO 00 >o ■-< © © © — ■ © © lf> -^ © m t-- ^ © ® in © 00 05 00 •• © >* t^ •• •.-9» © • • 0 "* © . . © © ^* (N ^ .> — C5 0 . l- © W iO 10 © —(ï, m « ic J^ — in 10 — ^H ^N ^.H ^"^ «M ^4 VN ^N ■ ■ ^-< ^ ^-1 00 in — S <=> © — © © © — c © © — © © m ■?! e-. 0 '^ • • © >* ï- .. ^ 1- C-. . . lo m ~* •• 91 m IN © /> .^ - 1<Î ^-^ ^.^ ^i^ .s (N — *" ■.* .- ©"^«•^ ©'i: ^N ^M ^H ^^ © © © — © © © © © •^ •-" '^ — y^ « 00 (ïl 0 l<î ^^ , ^H © . . •^ 10 . . ■-- © 00 © 91 lO 00 t- 0 (M -3 -3 • • tO-o -3 •• ©—J .3 •• t- 00 t^ © ^ ^^ '^M-H MH ^.^ » « « ^ t-"~ 0 — < '- © © © — ^.^ '- oo o-< © ® Uî ^ © l-n •^ © in »^ ■^ © © © 00 10 0 «0 • • — 00 C5 •• m 9» • • © •<-« if> • ■ © »* © © ©1 0 -* 91 »l kO "" 0 0 © >« (n V* t/5 ® © Ift k<5 00 © '"-i (M »C »l 00 00 00 (N K5 (M 00 t^ 00 ©-3 ©© © © © © © © © .\ 0 .^ .s ^H ^-4 ^-^ © © © TH ^^ ^^ ® cT © Droit. Gauche. Moyenne. Rapport. . CD 3 0 it. he. nne. ort. .^1 is Droit. Gauche. Moyenne. Rapport. £3 0 O. 0 rt Dro auc oye app ^3 ^ &. 0 S03 « sec ^ So= 1 - — -»■ — ' —1. — - ■ ■ _ ^ . ^P tn KTo b. 17 mai. Fatigue par in somnie, causée p maladie d'un fré du nourrisson. ..4 a S 00 0 3 22 mai. rature à 50 degré *»4 es g "S .a c 'S 0 Cl. a> os 0 110 Séance du 11 juin. DE l'influence de LA MENSTRUATION SUR LA NUTRITION; par le dOCleUT Rabuteau. Dans une note communiquée naguère à la Société de biologie j'ai établi les deux points suivants : 1° Sous Cinfluence des règles, Curée diminue de plus de 20 p. 100 dans les urines, le pouls se ralentit et la température s'abaisse d'au moins un demi-degré. 2° Ces variations commencent à se manifester un ou deux jours avant l'apparition des règles et disparaissent quelques jours après. J'ai pu depuis continuer mes recherches malgré les difficultés qu'elles présentaient, et l'observation suivante ne renferme pas de lacunes comme les premières que j'ai communiquées. La femme à la- quelle je suis redevable de ces nouvelles recherches est la même que celle qui m'a fourni les premières données à ce sujet; elle est âgée de 28 ans, elle jouit d'une bonne santé et est régulièrement menstruée. Les résultats de mes analyses sont consignés dans les tableaux sui- vants. Je les considère comme d'autant plus importants que la femme a suivi un régime identique pendant toute la durée de mes recherches et que les températures ont été prises dans le vagin. Les règles ont commencé dans la journée du 22 mai et ont cessé le 26. J'ai d'ailleurs marqué d'un astérisque les jours pendant lesquels elles ont eu lieu. Dates. Urine des Urée Urée totale. 24 heures. pour 1000. mai 990 20,32 20,12 — 757 25,30 19,15 Du 19 au 20 20 - 21 21 — 22 * 22 — 23 * 23 — 24 * 24 — 25 ♦ 25 — 26 26 — 27 27 — 28 28 29 29 — 30 30 — 31 1000 20,00 20,00 1020 18,23 18,59 1285 13,10 16,83 995 14,75 14.66 776 21,76 16,89 846 19,00 16,07 950 » » 1362 12,15 16,55 1218 13,23 16,13 1085 16,12 17,50 111 Dates. Urine des Urée Urée totale. 24 keures. pour 1000. juin 1233 14,41 17,77 — 715 24,41 i7,4b — 1250 14,85 18,56 — 1175 16,18 19,01 — 1324 14,41 ..... 19,08 — 1305 15,36 20,05 — 1200 16,79 20,15 Du 31 au 1' 1 — 2 2 — 3 3 — 4 4 — 5 5 — 6 6 — 7 Dates. Pouls Température à 8 h. du matin. à 8 h. du matin. 19 mai 67 37%45 20 - 68 37°,40 21 — 65 37°,40 * 22 — 60 37°,25 * 23 — 57 37%20 * 24 — 54 37M0 * 25 - 56 37%15 * 26 — 53 37M5 27 — 55 37°,00 28 — 52 37°,05 29 — 60 37M0 30 — 61 37°,10 31 — 61 37°,20 l"juin 61 37°, 10 2 — 64 37°;15 3 — 70 37°,25 4 - 72 37°,35 5 — 67 37%50 6 — 64 7 — 68 37°,45 L'examen de ces chiffres vient prouver de nouveau les propositions que j'ai énoncées. Dès la veille du jour où les règles ont apparu, le pouls a diminué, et cette diminution, ainsi que l'abaissement de la température, a été notable le matin du 22 mai. bien que la femme ne se soit aperçue du retour de ses règles que deux heures plus tard. Mais lemolimen hémorrhagique s'était déjà opéré. La diminution de l'urée a été une fois de plus de 25 pour 100 (voyez le chiffre 14,75 correspon- dant au 24-25 mai), l'abaissement de la température a été de un demi- degré; enfin le pouls a oscillé entre les termes extrêmes 52 et 72, c'est-à-dire que le nombre des pulsations a varié de 28 pour 100, 112 Les variations concomitantes dans l'élimination de l'urée, dans le pouls et la température, impliquent nécessairement des variations ana- logues dans l'exhalation de Tacide carbonique. Oa sait en effet que lorsque l'urée diminue l'acide carbonique diminue également: Il ne peut d'ailleurs en être autrement ici, puisque toutes les combustions orga- niques sont diminuées à cause de la perte d'un certain nombre de glo- bules qui sont les vecteurs de l'oxygène. C'est pourquoi j'espère avoir bientôt l'occasion de réfuter une erreur grave commise par MM. Andral et Gavarret (1), Ces expérimentateurs, après avoir établi que la combustion du car- bone augmente chez l'homme depuis l'enfance jusqu'à une certaine époque pour diminuer ensuite et retomber chez le vieillard à un chiffre très-bas, ont avancé que chez la femme non enceinte cette progres- sion ascendante puis décroissante n'avait pas lieu de la même manière. Pour eux, depuis l'époque où s'établissent les règles jusqu'à celle de la ménopause, la femme n'exhalerait pas plus d'acide carbonique que la jeune fille de douze à quinze ans; puis, à l'époque de la ménopause, la combustion du carbone s'accroîtrait brusquement pour décroître en- suite avec l'âge. Je démontrerai prochainement que la première partie de cette der- nière proposition est entachée d'erreur; que sur les trente ans pendant lesquels la femme est réglée, il y en a vingt pendant lesquels les choses se passent chez elle comme chez l'homme. Je démontrerai que pendant l'intervalle compris entre les cinq ou six jours qui suivent la cessation des règles et un jour ou deux avant leur retour, la femme élimine non- seulement plus d'urée, mais plus d'acide carbonique que la jeune fille, de même que l'homme adulte exhale plus d'acide carbonique que l'en- fant (2). Les auteurs que j'ai cités ont pris pour règle générale ce qui n'est qu'une exception dépendant de l'influence immédiate des règles et temporaire comme elles. — M. Vaillant expose des faits relatifs à l'étude anatomique du genre Pontobdelle, qui appartient au groupe des vers; ces faits sont publiés dans les Annales des sciences naturelles (février 1870). Le genre des Pontobdelles est caractérisé par la présence de deux ventouses termi- nales, l'absence d'yeux et de prolongements branchiaux; la bouche (1) Annales de chimie et de physique, 1843, 3« série, t. VIII, p. 129 et suivantes. (2) La femme, dont il est question dans cette note, et moi, nous éli- minons sensiblement la même quantité d'urée et d'acide carbonique lorsqu'elle n'a pas ses règles et lorsque nous suivons un régime iden- tique. Elle ne pèse pas plus que moi, 60 kilogrammes environ. 113 présente une trompe protactile ; elle n'est point armée de mâchoires. Ces animaux sont ordinairement fixés sur le corps des raies. — M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde chez lequel il a pra- tiqué une section entre le cervelet et les tubercules quadrijumeaux du côté gauche; le nerf trijumeau a été coupé. Il y a dix-huit jours que cet animal a subi l'opération; pendant les dix premiers jours, l'animal a présenté le mouvement de roulement. La même opération faite trois fois du côté droit a produit constamment la mort. Le même expérimentateur dit que lorsque, chez un cochon d'Inde, après avoir fait la section du nerf sciatique et avoir constaté que l'ani- mal s'est guéri après être devenu épileptique, si l'on pratique une deuxième section du nerf au-dessus de la réunion, l'épilepsie apparaît de nouveau. Mais si la deuxième section est faite au-dessous de la ré- union, jamais on ne produit l'épilepsie; ainsi le lieu de réunion des nerfs paraît être un obstacle à la propagation des irritations que l'on provoque au-dessous. M. Brown-Séquard a remarqué que la deuxième section faite au-dessus de la réunion des nerfs est plus promplement efficace pour provoquer l'épilepsie que la première. M. Brown-Séquard montre les capsules surrénales d'animaux morts à la suite d'opérations sur la moitié droite OU gauche de l'encéphale, pour faire constater qu'elles sont congestionnées. Il a toujours trouvé des congestions des capsules surrénales dans ces circonstances. M. LioDviLLE et M.Hayem coupèrent chez un cobaye la moelle épinière dans le tiers inférieur; l'animal vécut douze jours ; on trouva le rectum distendu par des masses dures qui avaient en plusieurs points ulcéré, de dedans en dehors, et môme perforé l'intestin, et causé une périto- nite qui a dû être la cause de la mort. M. Liouville rapproche de ce fait l'observation qu'il fit en 1868, à la Salpêlrière, sur une femme, d'une distension considérable du gros intestin causée par une tumeur qui comprimait le rectum -, au niveau de la partie distendue se trouvaient des ulcérations. — M. MicHAUD communique les résultats de l'examen de la moelle épi- nière qu'il fit chez deux individus qui offraient des cas de pied bot. Chez le premier, il y avait un pied bot équin, qui était survenu à la suite de paralysie; l'autopsie a montré une atrophie graisseuse des muscles du mollet. Dans la moelle, dans les cornes antérieures, il y avait atrophie et même disparition des cellules nerveuses ; les lésions étaient surtout prononcées dans les régions cervicale et lombaire. Dans le se- cond cas, on avait affaire à un pied bot congénital, c'était un double pied bot varus équin. La moelle fraîche paraissait normale, mais après durcissement et coloration par le carmin, on trouva une myélite limitée c. K. 1870. 8 114 à la partie inférieure de la région cervicale; des amas de substance blanche pénétraient dans la substance grise et disloquaient les cornes antérieures. M. VuLPiAN a parlé dans son cours des altérations des muscles dans le pied bot; il a dit qu'il était probable qu'il y avait des lésions de la moelle; les observations de M. Michaud confirment ces présomptions. Chez une femme qui avait une luxation congénitale de la hanche avec atrophie des muscles, M. Vulpian trouva la moelle altérée; aux envi- rons du canal central, il existait une multiplication d'éléments du tissu conjonctif se colorant par le carmin. Cette partie s'étendait et inter- rompait les cornes. Dans les relations d'autopsie de pied bot publiées par M. Broca, on voit des atrophies musculaires disséminées qui pa- raissent dues à des lésions de la moelle. La pièce présentée par M. Mi- chaud a été recueillie dans mon service, dit M. Charcot : il y avait des traces d'une myélite, et je suppose que cette myélite existait chez le fœtus et a été la cause d'une attitude vicieuse. Il faut distinguer en général le pied bot paralytique causé par la paralysie de certains mus- cles et le pied bot spasmodique qui est la conséquence d'une attitude vicieuse. M. Laborde dit que dans tous les faits de M. Broca il y avait de l'al- tération graisseuse et de l'atrophie dans certains muscles; ces faits ne doivent pas être confondus avec ceux de la paralysie infantile. M. La- borde ajoute qu'il faut distinguer le pied bot héréditaire et le spontané : dans le premier, il n'y a point sans doute d'altération de la moelle; dans les altérations non transmises il peut en être autrement. M. La- borde croit que le pied bot se transmet fatalement. — M. Trouvé présente à la Société une série d'instruments qui permet- tent de rechercher les projectiles dans les tissus; l'un d'eux consiste en un petit électro-aimant qui fait vibrer un trembleur lorsque deux fils métalliques isolés viennent parleurs extrémités rencontrer une sur- face métallique qui forme le circuit d'une pile. Séance du 18 juin. M. Rutherford, professeur de physiologie à King's Collège, assiste à la séance. — M. Rabuteau propose pour le dosage des sels ammoniacaux le pro- cédé de Lecomte, qui s'applique au dosage de l'urée. Les hypochlorites décomposent l'ammoniaque, et l'azote qui se dégage est recueilli. Il y a dans l'organisme des sels ammoniacaux, et il est probable, dit M. Ra- 115 buteau, qu'ils sont éliminés par les poumons sous forme de carbonate d'ammoniaque. M. Rabuteau, ayant examiné différentes eaux-de-vie, n"a trouvé dans l'eau-de-vie de vin ni alcool butylique, ni alcool amylique; tan- dis que l'eau-de-vie de betterave contient ces alcools qui, probable- ment, produisent les accidents d''alcoolisme. L'alcool amylique, dit M. Rabuteau, est toxique pour les grenouilles à la dose de 1 pour 1000 ; taudis que 15 pour 100 d'alcool éthylique ne tuent pas ces animaux. — M. Hayem a injecté sous la peau du dos, chez des chiens, une cer- taine quantité de cinabre, et a obtenu des abcès, puis l'infection puru- lente; le but de M. Hayem était de suivre les globules blancs impré- gnés de la matière colorante dans leurs migrations. A l'autopsie on trouva dans les abcès des globules de pus qui étaient colorés; mais le plus grand nombre de ces corpuscules était incolore. Dans les gan- glions lymphatiques, il y avait des cellules contenant du cinabre; M. Hayem en trouva aussi dans les artères pulmonaires et dans les al- véoles. Ainsi un liquide dune plaie peut entrer par les veines et par les lymphatiques, et des corpuscules blancs colorés, qui sont entrés dans la circulation, peuvent en sortir et se retrouver dans les abcès métastatiques. M. Ranvier fait remarquer qu'il n'y a point que les globules blancs qui absorbent le cinabre, mais que cette propriété d'imprégnation ap- partient à une foule d'éléments cellulaires, tels que les cellules du tissu conjonctif, de la moelle des os, comme l'ont démontré les travaux de Poniick et de Langerhans. De plus, ces auteurs ont montré, dit M. Ranvier, que si les matières colorantes sont injectées dans le sang, les ganglions lymphatiques ne sont pas infiltrés de matière colorante, tandis que si l'injection est faite dans le tissu cellulaire, les ganglions lymphatiques sont infiltrés primitivement. M. Hayem croit volontiers que des particules colorées peuvent péné- trer dans l'organisme par d'autres éléments que les globules blancs, mais il pense que son expérience est intéressante au point de vue du transport des particules colorées d'une plaie dans le poumon. — M. Bert présente un animal qui a été placé dans un grand appareil, à raréfaction de l'air, une sonde avait été fixée dans l'artère carotide et pouvait communiquer avec l'extérieur. Lorsqu'on eut diminué consi- dérablement la pression autour de l'animal, on ouvrit la sonde, et l'air extérieur se précipita dans les artères, l'animal fut tué : dans ces con- ditions, on trouve de l'air partout, dans le système circulatoire, dans le tissu cellulaire, et même dans les séreuses. M. Bert a remarqué que 116 l'air ainsi injecté tue les nerfs moteurs, tandis que la contractilité mus- culaire persiste. — M. Gréhant ajoute à la communication qu'il a déjà faite sur les effets d'une forte insufflation des poumons, quelques résultats d'expériences qui montrent par quel mécanisme la circulation est diminuée ou ar- rêtée. Chez un chien, on a introduit une sonde de plomb remplie d'une so- lution de carbonate de soude, par la veine jugulaire, presque dans la veine cave inférieure, dans le thorax, et l'on réunit cette sonde avec un manomètre; dès qu'on insuffle les poumons par l'air comprimé sous une pression constante de 6 centim. de mercure, on voit le mercure monter dans le manomètre jusqu'à 5 ou 6 centimètres, et la pression dans les veines devient à peu près égale à celle qui existe alors dans les artères. Pour mieux démontrer ce fait, M, Grehant emploie le ma- nomètre différentiel de M. Claude Bernard; l'une des branches commu- nique par la sonde avec la veine cave, l'autre avec l'artère carotide; dès qu'on insuffle les poumons, on voit les deux niveaux, d'abord dis- tants de 14 centimètres, se rapprocher peu à peu jusqu'à l'égalité, et le mercure rester immobile. Ainsi la circulation est arrêtée par compres- sion des vaisseaux dans les poumons, et le sang reste en repos dans tous les vaisseaux de la grande circulation. Cette conclusion est en- core confirmée par l'expérience suivante : on fait sur le poumon de la vache une injection de sang défibriné par l'artère pulmonaire, pression de 5 centim. de mercure, et on recueille le sang qui revient réguliè- rement par les veines pulmonaires ; l'insufflation des poumons arrête immédiatement l'écoulement du sang. M. Brown-Séquard demande à M. Gréhant, si dans son expérience, le cœur continue à battre; il faut remarquer, dit M. Brown-Séquard, qu'une forte injection de sang dans la veine jugulaire arrête le cœur. M. Gréhant a reconnu que, dans le tracé des indications du manomè- tre placé dans une artère, on observe quelques secondes après l'insuf- flation, une ligne horizontale parallèle à la ligne des abscisses qui ne présente aucune ondulation; M. Gréhant se propose devoir directe- ment si le cœur continue à battre. — M. Laborde présente les ovaires d'une poule qui produit des œufs incomplets dépourvus de coquille, et dans les ovaires il y a une réten- tion évidente des jaunes, — M. Brown-Séquard a montré à la Société une série de poumons offrant des hémorrhagies à la suite de lésions de l'encéphale; le cer- velet, les lobes cérébraux et une partie du corps strié sont incapables 117 de produire ces lésions, mais toutes les autres parties de la base sont capables de les développer; cependant, lorsqu'on a coupé les lobes cérébraux et même les lobes olfactifs, il peut arriver que du sang s'é- panche et aille irriter les parties qui peuvent déterminer ces ecchymo- ses dans les poumons. La portion de protubérance qui est la plus voi- sine du pédoncule cérébelleux moyen est la plus efficace pour produire ces lésions. Les nerfs qui conduisent cette irritation naissent de la moelle épinière au-dessous de l'origine des nerfs phréniques, de la partie située entre la quatrième cervicale et la quatrième dorsale; la section des sympathiques et des nerfs vagues n'empêche en rien les lé- sions pulmonaires. La transmission se fait en partie d'une manière croi- sée en partie directement, car l'irritation d'une moitié de l'encéphale fait apparaître les hémorrhagies surtout de l'autre côté du poumon, et aussi mais à un moindre degré du même côté. Si l'on coupe une moitié latérale du bulbe et qu'on irrite une moitié de la base de l'en- céphale, on constate que les deux poumons contiennent des foyers hé- morrhagiques. — M. Brown-Séquard a fait avec M. Lombard plusieurs expériences : après la ligature de la trachée et une forte insufflation des poumons, on a obtenu des ecchymoses pulmonaires à la suite de l'irritation de la base de l'encéphale; puis laissant s'affaisser les poumons, on a vu des foyers hémorrhagiques. Dans certains cas, les hémorrhagies se sont produites sous les yeux. En ouvrant le thorax on a vu les poumons s'affaisser, l'asphyxie se produisait chez l'animal; on lésa le cerveau à la base, puis par l'in- sufflation artificielle on conserva l'animal, et l'on vit les hémorrhagies se produire sous les yeux. M. Brown-Séquard a remarqué que lors des lésions de la base de l'encéphale, il y a une cause de mort qui résulte d'une production énorme de mucus bronchique. J'ai vu, dit M. Brown-Séquard, un malade atteint de méningite as- phyxié, par une production pareille de mucus dans les poumons. M. LiouviLLE rappelle que M. Cruveilhier a vu des malades succomber à des lésions des poumons à la suite d'hémorrhagies cérébrales. Dans les cas d'hémorrhagie cérébrale, dit M. Charcot, on trouve tantôt des ecchymoses pulmonaires, tantôt des pneumonies lobaires ou lobulaires. Les ecchymoses péricrâniennes sont toujours consécutives. L'hémor- rhagie cérébrale commence, puis les hémorrhagies externes appa- raissent. M. Charcot n'a jamais vu d'ecchymoses péricrâniennes dans les cas d'apoplexie foudroyante. M. Brown-Séquard explique la production d'hémorrhagies dans le 118 poumon, par la théorie suivante; L'irritation du centre nerveux dé- termine une contraction fixe des veines, l'artère se contracte d'une manière péristaltique vers la périphérie, et le sang comprimé déchire les petits vaisseaux. Séance du 25 juin. M. Gréhant a recommencé chez un chien l'expérience d'insufflation pul- monaire, après avoir introduit une aiguille dans le cœur; la pression dans le gazomètre et dans les poumons étant égale à 6 centimètres de mercure, le cœur s'arrêta complètement au bout de quelques se- condes. M. Bert a soumis dans cet appareil plusieurs animaux à une diminu- tion considérable de pression, puis a recherché la composition des gaz du sang dans l'état normal et dans ces conditions nouvelles : un chien, placé dans l'appareil, se trouva, au bout d'une demi-heure, dans une atmosphère dont la pression était seulement égale à 31 centimètres de mercure; on prit alors du sang à l'aide d'une sonde et d"une seringue dans l'artère fémorale et les gaz du sang furent extraits; on obtint les résultats suivants : Sang normal. Sang pris dans les conditions de l'eipérience. iOO cent, cubes de sang contenaient : 100 cent, cubes de sang contenaient : 39" acide carbonique 31" 17,5 oxygène 12 Les gaz étant secs à 0° et à la pression de 76 centimètres, dans l'ap- pareil à extraction des gaz du sang, M. Bert introduit d'abord un cer- tain volume d'eau distillée qu'il prive de gaz, afin d'étendre le sang et de diminuer la mousse. — M.Ranvier fait connaître des expériences qu'ila faites avecM.Cor- nil pour rechercher ce que devient le sang consécutivement aux hé- morrhagies produites dans les séreuses et dans le tissu conjonctif. Quand on injecte du vermillon très-fin dans la cavité péritonéale chez le rat, les cellules épithéliales de l'épiploon se gonflent et absorbent la matière granuleuse, en même temps les globules de pus qui apparais- sent s'imprègnent aussi. On a dit que la pénétration des granulations dans les globules blancs a lieu par des mouvements amyboïdes ; pour les cellules épithéliales, il n'est pas certain qu'elle ait lieu par ce méca- nisme, car lorsque les cellules ont encore une cuticule, les granulations pénètrent encore; mais sous l'influence de l'irriiation, les cellules se 119 gonflent perdent leur cuticule, et les granulations pénètrent plus facile- ment. Lorsqu'on injecte du vermillon ou du bleu d'aniline dans le tissu cellulaire d'un chien, on voit les cellules du tissu conjonclif se pig- menter comme celle de l'épiploon. Dans le tissu conjonctif comme dans le péritoine, on voit survenir une inflammation, les cellules plates se gon- flent, se pigmentent; un grand nombre de globules blancs apparais- sent. Longtemps après, cinq mois après, M. Ranvier a trouvé chez le rat une quantité considérable de granulations dans les cellules. Si l'on injecte avec une seringue de Pravaz 2" de sang défibriné dans le péritoine d'un rat, on obtient des phénomènes analogues à ceux qui sont produits par le vermillon ; les cellules endothéliales se gonflent, des globules de pus se forment, les uns sortent des vaisseaux, proba- blement d'autres viennent des cellules épithéliales. Les globules du sang se modifient, deviennent plus petits, plus rouges. Ces change- ments ont été décrits par Rindfbisch, qui injectait du sang dans les sacs lymphatiques de la grenouille. Des granulations de globules rouges réfringentes et colorées sont absorbées comme l'était le cinabre. La matière colorante du sang se modifie peu à peu, se convertit en hé- maline, et ainsi se produisent les changemeuts de couleur des ecchy- moses; la disparition définitive de l'ecchymose peut être attribuée au transport de la matière colorante par les globules blancs. — M. Troové présente un appareil électro-médical très-portatif, qu'il construit, et qui permet de graduer à volonté les courants induits, soit en recouvrant plus ou moins d'un cylindre de cuivre le cylindre de fer qui est placé au centre de la bobine inductrice, soit en retirant ce cy- lindre de fer. M. Carvîlle demande si cet instrument permet d'obtenir toujours un courant de même intensité. M. TuouvÉ répond que pour atteindre ce but il faut employer une pile qui reste constante. M. Laborde, quia employé l'appareil de M. Trouvé, est convaincu que la graduation des courants induits est parfaite. — M. Brown-Séquard montre un cochon d'Jnde qui, après la section du trijumeau, a off"ert une suppuration de la surface de la cornée; au- jourd'hui, trente-trois jours après l'opération, un travail de réparation a eu lieu et le pourtour de la cornée est à peine opaque. Chez un cochon d'Inde dont la moelle fut coupée au-dessous de l'ori- gine du nerf sciatique, M. Brown-Séquard a observé seulement une lé- gère paralysie de la vessie. Six mois après l'opération, l'animal est de- venu tout à fait épileptique. Dans l'articulation du coude-pied, il s'est fait un gonflement très-considérable, qui a été précédé de la gangrène 120 d'un doigt. M. Brown-Séquard se demande si cette lésion s'est pro- duite sous l'influence du système nerveux. On sait que M. Charcot a signalé des cas d'arthropathie dépendant d'affections du système ner- veux. Relativement à la production des attaques chez les animaux rendus épileptiques, M. Brown-Séquard fait remarquer qu'il ne faut pas pincer avec violence la peau de la zone épileptogène, car les douleurs vives arrêtent l'attaque au lieu de la provoquer. Récemment, M. Brown-Sé- quard faisait une expérience avec M. Lépine, et produisait des lésions de la base de l'encéphale; l'animal fut pris de convulsions à plusieurs reprises. On constata que de fortes douleurs arrêtaient les convul- sions. — M. Brown-Séquard a constaté chez un malade de M. Ollivier l'ar- rêt des convulsions par la production de douleurs très-vives. Il serait important de répéter ces expériences chez l'homme. Mais quand la connaissance est perdue chez l'homme, onn'essaye plus aucune action. Mais je suis convaincu, dit M. Brown-Séquard, que si l'on tiraillait les membres avec violence pour provoquer de la douleur, on pourrait ar- rêter l'attaque. M. Carville demande si ce n'est pas pour produire de la douleur qu'on a proposé l'emploi de l'électricité dans ces cas. Si l'on produit une douleur très-vive, à l'aide de l'électricité, chez un cochon d'Inde en attaque, dit M. Carville, arrêterait-on ^'attaque? Il est très-possible, répond M. Brown-Séquard, que la douleur arrête l'attaque. M. Onimus a fait cesser des attaques par des courants conti- nus qui n'étaient pas très-intenses. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIËTË DE BIOLOGIE pendant le mois de juillet 1870; Par m. HAYEM, secrétaire. PRÉSILENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 2 juillet. M. Leven communique à la Société le résultat des recherches qu'il a commencées sur l'action de Vaconitine. Ce poison, rangé à tort parmi les narcotico-âcres, puisqu'il n'a ja- mais produit de narcotisme, est un poison musculaire au même titre que la digitaline et la vératrine. A la dose de un dixième de milligramme introduit sous la peau, un oiseau est foudroyé sans convulsions; son action se porte sur toute l'é- tendue de la moelle, et il produit la mort par arrêt du cœur et des pou- mons. A l'autopsie, ces derniers sont gorgés de sang, ainsi que le cœur; quant à la contractilité des nerfs, au bout de dix minutes elle se trouve épuisée, plus vite même que dans l'empoisonnement par la digitaline. M. Leven reproduit son expérience sur un cochon d'Inde, devant la Société. M. Brown-Sequard, à propos de la communication de M. Leven, 122 rappelle un fait depuis longtemps signalé par Waller. Ce fait est le suivant : Si l'on mélange l'aconitine avec le chloroforme, l'alcool et l'axonge, l'absorption de l'aconitine est considérable; si le chloroforme manque à ce mélange, l'aconitine s'absorbe beaucoup moins. — M. Brown-Séquard donne le résultat de ses recherches sur le siège central de l'épilepsie. Si l'on devait se rapporter aux premiers mouvements réQexes de l'attaque d'épilepsie pour déterminer ce siège central, sa localisation varierait beaucoup, puisque ces mouvements réflexes peuvent se mon- trer du côté des muscles de la vessie, du pénis, de l'œil, de la langue, du cou et souvent même sur les fibres musculaires des vaisseaux cé- rébraux seulement, ainsi que le démontrent un grand nombre d'at- taques consistant seulement en une perte de connaissances. D'autre part il est difficile de s'appuyer sur autre chose que ces mouvements réflexes pour établir le siège central de l'épilepsie. En Allemagne, Kusmalil et Tenner, Schrœder van der Kolk l'avaient placé dans le bulbe; mais on sait que les lésions du bulbe manquent souvent dans l'épilepsie, et que certaines lésions du bulbe peuvent ne pas donner lieu à des phénomènes convulsifs, tandis que des convul- sions énormes peuvent tenir au contraire à des lésions de parties bien différentes. Selon Nothnagel, ce siège central serait la protubérance. Cette opi- nion avait déjà été mise en avant, puis réfutée. Nothnagel s'appuie sur des expériences nombreuses, dans lesquelles il démontre qu'en effet une piqûre ou une section de la protubérance amène des convulsions qui ressemblent à la chorée électrique, mais ces convulsions n'ont rien de l'attaque d'épilepsie véritable, soit chez l'homme, soit chez les animaux. En effet, l'épilepsie est une affection qui se manifeste par des atta- ques revenant à des époques plus ou moins éloignées et caractérisées par quatre grands signes, qui sont : 1° Des mouvements convulsifs, toniques et cloniques; 2° La perte de connaissance; 3° L'altération de l'intelligence après les attaques; 4° Quelquefois un sommeil plus ou moms durable après des atta- ques d'une grande intensité. (Un sommeil de trois ou quatre mmutes a été observé par M. Brown-Séquard sur un animal après une attaque.) Or M. Brown-Séquard est parvenu à reproduire ces attaques com- plètes d'épilepsie un grand nombre de fois, en blessant un point quel- conque de la région du pont de Varole, comprise entre les tubercules nates et le bulbe, à la hauteur de la troisième vertèbre cervicale. 123 Avec une section plus ou moins complète de la moelle au voisinage du bulbe, on donne naissance à des attaques d'épilepsie qui durent deux à trois minutes. L'attaque commence par un mouvement de grat- tement de la face opérée par la patte postérieure; puis les convulsions commencent de ce côté du corps ; la même chose se manifeste alors de l'autre côté, et l'attaque devient complète, avec insensibilité de la face. Sur dix expériences de ce genre, on peut voir se produire une syn- cope respiratoire et cardiaque, et alors l'épilepsie manque. Dans d'autres circonstances, la section n'est pas assez étendue pour amener l'épilepsie, ou bien celle-ci peut ne se produire qu"un certain temps après qu'on a opéré la section de la moelle; mais il faut toujours que le cœur n'ait point cessé de battre. A ce sujet, M. Brown-Séquard rappelle les différences qu'il a signa- lées, en 1855, dans des leçons faites à Dublin, entre Véiat syncopal et et Vétat asphyxique. Dans l'état syncopal, l'animal est refroidi comme un cadavre; il y a cessation de tous les actes vitaux en apparence, avec pâleur et livi- dité, mais le cœur bat encore faiblement. Dans l'état asphyxique, au contraire, on voit de violents mouve- ments convulsifs, des attaques d'épilepsie, avec un pouls très-fort et une chaleur extrême, qui se conserve encore quelque temps après la mort. M. CnARcoT : Dans les apoplexies, dans les grandes lésions centrales du cerveau, il se fait en quelques heures un abaissement de plusieurs degrés dans la température centrale, et l'explication à en donner est difficile. Au dernier congrès, à Inspriick, Haydenhaën a rendu compte d'expériences dans lesquelles il arrive à conclure à une sorte de trans- formation des forces, en dehors d'une simple déperdition; la chaleur deviendrait alors latente. M. Brown-Séquard fait remarquer qu'après la section de la moelle au-dessous du siège central de l'épilepsie, chez un animal insufflé, on peut provoquer une attaque épileptiforme complète. En irritant la zone épileptogène du côté opposé, on produit une sorte d'attaque, mais moins violente. Après avoir coupé la moelle au voisinage du bulbe, on détermine dans la peau du cou un certain degré de la faculté épileptogène. Mais dans ces cas on ne produit pas des attaques aussi intenses que par la section du nerf sciatique. Donc : 1* La moelle épinière seule peut donner des attaques épi- leptiques; 124 2» Et la production de la zone épileptique peut se fajre rapidement après la section de la moelle, mais à un faible degré. — M. Brown-Séquard rappelle que dans les lésions de l'encéphale, on constate souvent des plaques écchymotiques du côté des poumons. Il a obtenu une sorte d'oedème de ces mêmes organes dans les sections transversales du bulbe, de la protubérance ou de la moelle. Cette sorte d'œdème pulmonaire se produit immédiatement dans les expériences qu'il a faites; mais le microscope n'a pas encore prononcé sur la natura de cette lésion pulmonaire. — M. Brown-Séquard présente un cochon d'Inde issu d'une mère qui a déjà produit deux petits nés avec l'absence de plusieurs doigts. Ce dernier, auquel il manque une phalange, commence à devenir épilep- tique, probablement par suite de l'altération du nerf sciatique de ce côté. — M. JoBERT expose les recherches qu'il vient de faire sur l'organe sciatiforme des poissons. Selon lui, cet organe existerait, quoi qu'on en ait dit, chez tous les poissons, même à l'état embryonnaire. Les cellules supérieures de cet organe sont aplaties, et polygonales par pression réciproque, et elles sont perforées au centre au niveau de l'organe sciatiforme. M. CoRNiL demande si toutes les cellules épithéliales, comme chez l'homme, reçoivent un filet nerveux, ou s'il y en a simplement quelques- unes. M. JoBERT croit qu'un certain nombre seulement de ces cellules sont perforées pour correspondre à ces filets nerveux. D'ailleurs il doit re- mettre une note complète à ce sujet. Contributions a l étude des effets physiologiques et thérapeutiqukb de l'alcool, par le docteur Rabuteau. Dans une communication faite récemment à la Société de biologie, j'ai avancé que l'alcool était sinon le meilleur, du moins l'un des plus excellents diurétiques. Ainsi, tandis qu'après avoir bu 100 centimè- tres cubes d'eau le matin, à sept heures par exemple, on ne rend en moyenne qne 100 à 150 centimètres cubes d'urine pendant les trois heures suivantes, on en rend 500 à 800 centimètres cubes après avoir bu 100 centimètres cubes d'un cognac ordinaire. Ce fait intéressant m'a servi à expliquer : 1' L'apparition de la polyurie succédant witiiédiatement à des excès alcooliques, ce qui a été observé maintes fois sans que l'on 125 connût la liaison de cet état morbide avec l'ingestion exagérée de l'alcool. 2" La gnérison par l'alcool, d'hydropisies survenues chez les bu- veurs après la privation des liqueurs alcooliques, et qui ne pouvaient disparaître que par le retour à la cause qui les avait déterminées, comme l'a observé M. Brierre de Boismont. 3° L'absence des sueurs nocturnes après Tingestion de l'alcool. J'ai proposé à ce sujet l'emploi de ce médicament si simple à la place de l'acétate de plomb qu'on a prescrit d'une manière fâcheuse aux phthisiques. J'appellerai aujourd'hui l'attention de la Société sur une interpréta- tion nouvelle des effets de l'alcool considéré comme cause de la goutte et de la diathèse urique. On a admis que l'alcool ralentissait les combustions organiques, parce qu'il diminue la température. J'ai contribué de mon côté à éta- blir cette action modératrice de l'alcool sur la nutrition, eu démontrant que, sous l'influence de 200 grammes de cognac pris chaque jour, l'urée totale de la journée diminuait de plus de 20 p. 100. Ce fait semblerait confirmer les opinions de la plupart des hygiénistes, relati- vement à l'étiologie de la goutte. En effet, pour eux, les combustions étant diminuées, il se forme dans l'organisme un excès d'acide urique, corps moins oxydé que l'urée, et qui se transformerait en celle-ci lorsque les oxydations sont plus actives dans l'économie. Il me semble que cette théorie ne peut être admise complètement aujourd'hui. En effet, s'il est vrai que lorsque les oxydations sont activées par l'exercice, l'acide urique se transforme en urée, il est certain que toutes les fois qu'un agent introduit dans l'organisme diminue l'urée, il diminue également l'acide urique. C'est ainsi qu'agissent les iodures, le café, le thé et la caféine, d'après des recherches déjà publiées par moi ou qui le seront bientôt. Ayant eu l'occasion de faire déjà près de huit à neuf cents dosages d'urée dans l'urine, j'ai pu maintes fois observer cette relation entre l'urée et l'acide urique à l'état normal. Quand lun de ces principes varie dans un sens, l'autre varie dans le même sens. L'alcool ne fait pas exception à cette règle générale. Loin d'aug- menter l'acide urique, il le diminue. Et augmenterait-il d'ailleurs cet acide qu'il en favoriserait l'élimination, ainsi que celle des urates, par suite de ses effets diurétiques si remarquables. L'interprétation que l'on a donnée relativement à l'étiologie de la goutte et de la diathèse urique chez les gens qui font bonne chère, et qui usent largement des liqueurs alcooliques, ne repose donc sur aucun fait scientifique. C'est pourquoi je propose l'explication suivante. L'acide urique est insoluble dans l'alcool et l'urate de soude est très- 126 peu soluble dans ce même liquide. Ces deux composés sont par suite rendus moins solubles dans l'économie sous rinlluence des liqueurs al- cooliques. Ils se déposent en certains points, là où la circulation est moins active, mais où l'alcool peut pénétrer facilement, comme par- tout, à cause de son pouvoir difFusible, ou, d'une manière plus exacte, à cause de sa volatilité. Arrivé là, il précipite peu à peu, et molécule à molécule, l'acide urique et l'urate de soude. Je ne veux point dire toutefois que l'alcool soit la seule cause de la goutte et de la diathèse urique. Le défaut d'exercice, chez les indi- vidus qui font bonne chère et ne boivent que peu ou même pas de li- queurs alcooliques, est certainement l'une des causes de ces maladies. L'acide urique peut se trouver alors augmenté, et l'état normal, auquel je faisais allusion plus haut, peut ne plus exister. J'ai seulement tenu à préciser le rôle de l'alcool que je considère comme n'augmentant pas par lui- même la production de Cacide urique et des urates, mais comme précipitant ces principes dans ^économie. La séance est levée à cinq heures et demie. Séance du 9 juillet. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. ÉTDDES BE TUERMOMÉTRIE DANS LA SYNCOPE PROVOQUÉE ET DANS LES HÉMORRHA- GIES artificielles; TEMPÉRATURE COMPARÉE DES CAVITÉS CENTRALES ET DES TISSUS PROFONDS PÉRIPHÉRIQUES ; par le docteur Laborde. Dans une des dernières séances, j'ai donné uh aperçu des modifica- tions parallèles de la température des cavités centrales (thorax) et des tissus profonds périphériques (muscles), dans la syncope expérimentale par compression directe du cœur. Ces résultats ne diffèrent pas sensiblement de ceux que l'on obtient en produisant la syncope par la section instantanée de la moelle épi- nière tout au voisinage de la région bulbaire. Voici les chiffres obtenus dans une de nos expériences, pouvant ser- vir de type : chez un jeune cochon dinde, dont la température nor- male, avant l'expérience, était : Dans la cavité thoracique, 38° Dans les muscles de la cuisse, 37°,4 Après avoir dénudé très-rapidement et dans une petite étendue la région cervicale supérieure et postérieure, nous incisons, à l'aide d'un 127 bistouri insinué entre les lacunes vertébrales, la moelle aussi complè- tement que possible : l'animal tombe immédiatement sur le flanc, sans respiration, le cœur arrêté dans ses battements, les yeux révulsés, les membres un peu roides; mais sans convulsions appréciables ; A ce moment : A 5 heures 20 minutes du soir : température dans le thorax, 38', id. dans les muscles, 36° A 5 heures 40 minutes du soir : id. dans le thorax, 37° id. dans les muscles, 34* A 6 heures 10 minutes du soir : id. dans le thorax, 34° id. dans les muscles, 30<» A 7 heures un quart du soir : id. dans le thorax, 28° id. dans les muscles, 24° A 9 heures un quart du soir : id. dans le thorax, 22° id. dans les muscles, 19° La rigidité cadavérique s'établit. Il importe surtout de noter à part la décroissance parallèle des deux températures, la disproportion entre la modification subie au début par la température centrale, qui est presque nulle, malgré la syncope con- firmée, et l'abaissement presque immédiat, au contraire, de la tempé- rature périphérique. Dans cet ordre de faits, il nous a paru intéressant d'étudier l'in- fluence exercée par les hémorrhagies artificielles, et de comparer ces divers cas d'hémorrhagies. Voici un exemple relatif à l'/iemorrAagie veineuse et à Vhémorrliagie artérielle. Sur un jeune cochon d'Inde très-vigoureux, la température dans les muscles de la cuisse droite étant 32°,5 (l'animal est tout tremblant de peur). A 10 heures et demie du matin, par une température ambiante de 20 degrés, je sectionne rapidement la veine jugulaire droite; le sang coule noir et en nappe comme dans une saignée. Après une diminution successive, l'hémorrhagie s'arrête à 10 heures 40 minutes. 10 minutes après l'opération, la température des muscles de la cuisse est alors à 32 degrés. A 10 heures 45 minutes elle n'a pas changé. Je fais alors une section rapide de la carotide du même côté : le sang jaillit rapidement et abondamment. L'animal tombe sur le flanc. A 10 heures 48 minutes, c'est-à-dire trois minutes après la section du vaisseau, convulsions terminales. La température de la cuisse est tombée à 31 degrés. 128 Dans la cavité thoracique, où nous avons établi à demeure un de nos thermomètres, la température est à ce moment 32°, 5. A 10 heures 50 minutes, l'animal est mort. La décroissance de la température se fait alors dans la proportion suivante : »A 11 heures 25 minutes cuisse, 27° thorax, 30° A 1 heure (2 heures et demie après l'opération), cuisse, 22° thorax, 25°, 5 A 1 heure 35 minutes cuisse, 21°, 9 thorax, 24°, 5 A 8 heures du soir cuisse, 20* thorax, 22» Le résultat des faits expérimentaux de cette nature, c'est la diffé- rence d'influence de Vliémorrhagie veineuse et de Vhémorrhagie arté- rielle sur les modifications de la température profonde; presque nulle dans l'hémorrhagie veineuse, cqHq modification est très-rapide et très- marquée dans l'hémorrhagie artérielle. M. Charcot fait remarquer qu'en Allemagne la plupart de ces obser- vations ont été faites, et, relativement à la saignée ordinaire, on sait qu'il existe à la suite, d'abord un léger abaissement de la température centrale, puis une sorte de réaction, que les sujets observés soient avec ou sans fièvre. Plusieurs théories ont été données pour expliquer ces faits. D'après celle de Fels, en particulier, lorsqu'on soustrait une certaine quantité de sang, les liquides interstitiels des tissus entreraient en circulation, et ces liquides seraient doués de qualités pyrétogènes. La chose n'est pas impossible; ce qui expliquerait cet abaissement de la tempéra- ture, suivi de son élévation. On sait d'ailleurs, et Wunderlich l'a parfaitement démontré, qu'il y a réfrigération dans la saignée. M. Charcot rappelle ensuite, à propos de la température centrale, l'effet de l'arrêt du cœur sur cette température. Il a pu l'observer chez une^femme atteinte de rupture du cœur avec hémorrhagie dans le péri- carde, et qui n'est morte qu'une dizaine d'heures après cette rupture, à la suite de trois ou quatre syncopes. Une heure après la première syn- cope, la température du rectum était à 36 degrés, température relati- vement basse. Ce même effet s'observe encore dans le cours des maladies aiguës; dans un cas de pneumonie, par exemple, où Ion rencontre d'ordinaire 129 une courbe régulière, M. Charcot a vu une chute de la température établissant une courbe irrégulière et répondant à une complication inflammatoire du côté du péricarde. On observe encore un abaissement très-rapide de la température centrale dans le développement de la péritonite par rupture intesti- nale, dans l'apoplexie foudroyante par rupture des anévrysmes mi- liaires. D'ailleurs le phénomène du choc, quel qu'il soit, amène tou- jours après l'attaque, mais surtout un peu après, cet état de collapsus avec refroidissement, état qui était connu déjà des anciens auteurs. M. Laborde insiste pour qu'on fasse une distinction profonde entre les températures selon qu'elles sont prises dans tel ou tel organe. Le mot température centrale ne suffit pas; il faut y ajouter un mot qui rap- pelle l'organe où elle est prise. — M. Renadt communique à la Société le résultat de ses recher- ches sur la structure du cordon ombilical. Il est amené par ces re- cherches à se trouver en désaccord avec Recklinhausen sur les stomata et les canalicules du cordon. Ces stomata et ces canalicules n'existe- raient pas selon lui ; le tissu du cordon charrierait simplement une ma- tière muqueuse et non de la lymphe. —M. Bert rapporte qu'il a fait il y a deux ans, avec M. Jolyet, des ex- périences au sujet d'injections de diverses substances dans la vessie, d'où il concluait que la vessie absorbe. M. AUing, interne des hôpitaux, vient de reprendre ces expériences, et il est arrivé à des résultats très- significatifs. Si, après avoir introduit une sonde dans la vessie, on ouvre le ventre en même temps qu'on met une ligature sur l'urèthre, et qu'on injecte une solution de strychnine dans la vessie, l'animal ne meurt pas. Mais si l'on refait l'expérience en injectant la solution dans l'urèthre seulement, qu'on a séparé de la vessie par une ligature, l'animal meurt. D'où il suit que la vessie n'absorbe pas, et que le canal seul absorbe : c'est là une solution importante qu'il faut appliquer aux résultats si contradictoires des nombreuses expériences faites à ce sujet de- puis 1824. — M. Chouppe présente deux pièces d'anatomie comparée. La première a trait à un poulet qui était animé de mouvements de rotation pendant la vie, et chez lequel on trouva après la mort : Les lésions de la pneumonie dans le poumon droit- Des lésions qui se rapprochent de celles de l'infection purulente dans le foie; Une endocardite végétante très-nette à la valvule mitrale, et dans l'aorte un caillot récent non adhérent. C. R. 1870. 9 i30 La seconde se rapporte à un poisson trouvé mort le 4 juillet avec un ventre très-dislendu, contenant 150 grammes de liquide citrin et filant. Les deux feuillets péritonéaux étaient couverts de fausses mem- branes, et l'ovaire était le siège d'une sorte de kyste avec nodosités formées par des amas de cellules purulentes ou granuleuses. Les parois étaient composées de quelques fibres conjonctives. En un mot, cette tumeur, placée au voisinage des parois de l'oviducte, ressemble à un sarcome encéphaloïde. M. Bert : Ce. dernier cas démontre une fois de plus que les inflam- mations des séreuses existent chez les animaux à sang froid, comme les reptiles, les poissons, etc. Le fait a été démontré de la façon la plus péremptoire; mais le pus est plus rare que les fausses membranes. La séance est levée à six heures. Séance du 16 juillet. M. Laborde continue l'exposé de ses recherches sur les variations de température selon les diverses parties du corps. (V. la séance du Qjuillet, p. 126.) 1° Dans l'état normal ou physiologique, la température ce«0'a/e chez les animaux mammifères, représentée par la température de la cavité thoracique, ne coïncide pas avec la température du rectum, ni même avec elle des muscles des membres. Trois de mes thermomètres étant plongés, l'un dans la cavité thora- cique, au voisinage du cœur, l'autre dans les muscles de la cuisse, le troisième dans le rectum d'un cochon d'Inde vigoureux, voici ce que l'on observe, lorsque la colonne mercurielle s'est fixée dans les trois instruments, c'est-à-dire au bout de trois à cinq minutes ; (Température extérieure à l'air libre- 25°.) Thermomètre dans le thorax (région diaphragraatique). 37° centig. Thermomètre dans le rectum 36" — Thermom. dans les muscles de la cuisse (éiatstatique). 34°, 5 — Différence de 1 degré centig. environ entre les trois régions. C'est là une donnée dont il importera de tenir compte dans les fu- tures observations de thermoraétrie sur les animaux ei sur l'homme, soit, à l'état physiologique, soit à l'état pathologique, — et qui est, peut- être, de nature à atténuer l'exactitude des observations faites jusqu'ici avec la désignation de température centrale appliquée à la tempéra- ture rectale. 2° Après la mort, quelle qu'en soit la cause, le refroidissement pro- 131 gressif du cadavre subit, dans son p'us ou moins de rapidité, l'influence des conditions ambiantes de température; mais le chifiFre par lequel est exprimé le refroidissement est toujours inférieur d'au moins un degré, à celui de la température ambiante actuelle. Voici deux exemples pris dans deux conditions opposées : une tem- pérature extérieure très-élevée etune température 1res- basse. Premier cas. —Un cochon d'Inde mort à la suite d'une hémorrhagie artérielle, — et ayant après la mort une température de 32°5 centig. dans la cavité thoracique, 31° centig. dans les muscles de la cuisse, reste placé, durant vingt-quatre heures, dans un milieu dont la tempé- rature diurne varie de 24° à 24°,5. Au bout de ces vingt-quatre heures, la température du cadavre est tombée à 22°, 5 centig. dans le thorax, 22° centig. dans les muscles. A ce moment, les deux thermomètres enlevés de leur place respec- tive remontent presque immédiatement à 24° et 24°, 5. La température du cadavre était donc inférieure de 2 degrés à la température ambiante. Deuxième cas. — Le 16 janvier 1870, à l'École pratique (pavillon de M. Ledentu), la température extérieure était 1 degré, la température du pavillon, fortement chauffé par un poêle rougi, de 5 à6 degrés centig., sur un cadavre nouveau, complètement refroidi à la surface. Le thermomètre, enfoncé dans les muscles de la cuisse gauche (ré- gion antérieure), marque 0 degré et s'y maintient. Dans les muscles de l'avant-bras du même côté, même température 0 degré. Ainsi la température du cadavre dans les muscles est inférieure de 5 degrés à celle de la température ambiante artificielle. M. CoRNiL demande s'il ne faudrait pas tenir compte, pour les cada- vres, de Tévaporation qui se produit à la surface et qui est capable de le refroidir. M. Rabcteau pense qu'il a pu se glisser quelques erreurs dans des recherches aussi délicates : pour sa part, il a peine à comprendre qu'un corps puisse avoir une température plus faible au bout d'un certain temps que celle du milieu ambiant. M. Laborde insiste sur la réalité des phénomènes qu'il a observés. M. Rabutead rapporte que Liebrich n'a pas trouvé avec le chloral les mêmes effets sur les grenouilles que sur les lapins; il a repris ces expériences avec M. Napierolski, et ses résultats sont contraires à ceux 132 de M. Liebrich. En été, les grenouilles sont anesthésiées parle chloral, comme les animaux à sang chaud. M. Laborde rappelle que les grenouilles sont anesthésiées dans l'eau chaude, ce qui infirmerait les conclusions de M. Rabuteau. M. Rabuteau fait remarquer qu'il ne s'est pas placé dans les mêmes conditions. — M. Leven rapporte des expériences d'après lesquelles le strych- nisme n'existe pas si l'on donne en même temps aux animaux l'aconi- tine et la strychnine dans certaines proportions. D'oia il résulte qu'on peut opposer la paralysie à l'excitabilité de la moelle. M. Leven démontre ensuite, par d'autres expériences, comment le curare paralyse la moelle, contrairement à l'opinion de M. Vulpian. Pour faire ces expériences avec le curare, comme avec l'aconitine, il faut que la circulation soit respectée dans les membres, et alors on voit que la moelle est atteinte par l'aconitine comme elle l'est par le curare. D'ailleurs, si l'on donne le curare à un animal, on voit cesser la res- piration; la sensibilité et la motilité se perdent. Donc il meurt par les centres nerveux. Donc les poisons tuent le système nerveux du centre à la périphérie, et non de la périphérie au centre. Deux observations d'oblitération de l'artère vertébrale du côté gauche ; recueillies par M. Luneau, externe dans le service de M. Proust, à la Charité. Deux malades ont succombé dernièrement et à quelques jours de distance, dans le service de M. Proust, à la Charité, à une affection que nous croyons très-rare, et les lésions que nous avons trouvées à l'au- topsie sont de nature à éclairer en quelques points la pathologie du bulbe rachidien. I. La première de ces malades était une femme âgée de 68 ans, qui entra, le 29 mai 1870, dans la salle Sainte-Madeleine, Celte femme, qui exerçait la profession de femme de ménage, avait joui, jusqu'au commencement de cette année, d'une bonne santé habi- tuelle. Elle n'avait jamais eu de rhumatisme, de palpitations, ni d'œdème des membres inférieurs. Au mois de janvier de cette année, elle a été prise d'une attaque apoplecliforme qui lui a laissé une hémiplégie dont elle a mis trois mois à se relever complètement. Le 29 mai, jour de son entrée, à huit heures du matin, pendan 133 qu'elle était occupée à faire un ménage, elle sentit tout à coup le côté gauche du corps subir un engourdissement tel qu'elle s'affaissa sur elle- même. La parole lui manqua complètement, et elle s'efforça en vain d'ap- peler du secours, car elle avait conservé toute sa connaissance. On l'apporta à l'hôpital, et le lendemain nous constatons l'état suivant : La malade est couchée dans le décubitus dorsal avec l'apparence de la plus grande faiblesse. Les traits sont déviés et la commissure de la bouche légèrement tirée du côté droit. L'orbiculaire des paupières du côté gauche n'est point paralysé. Les pupilles sont normales. L'hémiplégie faciale est donc fort incomplète. L'hémiplégie du côté gauche du corps est également plus apparente que réelle, car la main gauche peut serrer avec assez d'énergie. La sen- sibilité cutanée, loin d'être anéantie, est peut-être un peu augmentée au bras et à la jambe. Mais les symptômes qui dominent tous les autres sont une aphonie et une dysphagie complètes. Le malade parle à voix basse, mais répond parfaitement à toutes les questions qu'on lui pose, et son intelligence est si nette quelle a con- servé toute sa gaieté et qu'elle répond en souriant. La langue est déviée du côté gauche, ses mouvements sont embar- rassés; l'expuilion est impossible. Le voile du palais est complètement insensible. Les muscles du pha- rynx sont également paralysés. Dans l'arrière-gorge, des mucosités abondantes et épaisses se sont accumulées, et l'on est obligé de les re- tirer artificiellement. L'air qui passe à travers ces mucosités pendant la respiration produit des râles bruyants, et il survient de temps en temps des accès de suffocation provoqués par le passage de ces muco- sités dans les voies aériennes. La langue, les muscles du pharynx et du larynx sont donc manifes- tement paralysés. Au cœur on entend des bruits tumultueux, sans qu'on puisse distin- guer de souffle. Les artères sont athéromateuses. Le pouls est à 72, large, irrégulier et mou. La température du creux axillaireestde 36°, 6. Dans toute l'étendue de la poitrine il existe des râles sibilants et ronflants, mais pas de râles humides. Les trois jours suivants, les choses sont restées dans le même état ; cependant il y a eu une légère amélioration dans tous les symptômes. La malade, qui jusque-là avait pris des aliments à l'aide de la sonde œsophagienne, a pu le 2 juin, veille de sa mort, avaler seule quelques 134 cuillerées de bouillon sans avoir à redouter d'accès de suffocation comme les jours précédents. Le même jour, la voix est un peu revenue. La température et le pouls se sont relevés. De plus, il est facile d'analyser ce même jour les troubles de la mo- tilité du côté gauche; les forces, en effet, sont bien revenues. Quand on commande à la malade de prendre de la main gauche un objet quelconque placé sur sa table de nuit, elle lance le bras dans cette di- rection, heurte et renverse l'objet qu'elle veut prendre, le roule en tous sens avant de pouvoir le saisir, et le laisse tomber quand elle veut l'approcher de sa bouche. Toute précision lui manque dans les mouvements, et quand on lui dit de porter le doigt au bout de son nez, elle vient, après des mouvements irréguliers, choréiformes, le placer brusquement sur l'œil ou sur la bouche. La miction involontaire persiste depuis le commencement de la ma- ladie; il n'y a pas eu d'évacuations alvines. Le 3 juin, le pouls s'élève tout à coup à 112; le hoquet survient et la malade succombe le lendemain matin. A I'autopsie, la moelle a été enlevée avec les plus grandes précau- tions; des coupes pratiquées à différentes hauteurs ont démontré qu'elle n'avait pas subi de lésion. Les artères vertébrales ont été divisées un peu au-dessous de l'en- droit où elles pénètrent dans la diire-mère rachidienne. Le tronc basi- laire et la vertébrale du côté droit ont un canal parfaitement libre; quelques plaques d'athérome existent sur leurs parois. Les sylviennes ne sont pas obstruées. Mais l'extrémité supérieure de l'artère vertébrale du côté gauche est oblitérée par un caillot sanguin dont le sommet coniiiue est dirigé du côté de l'encéphale, et qui se continue en bas dans les sinuosités que décrit l'artère avant de pénétrer dans le canal rachidien. La coloration du caillot, vu à travers les parois de l'artère, est noi- râtre. L'extrémité du cône paraît un peu décolorée. Le caillot remplit et distend l'artère où il semble enfoncé comme un coin. Il est distant d'environ 1 centimètre et demi du tronc basilaire. L'artère cérébelleuse postérieure et inférieure est oblitérée dans toute son étendue; les rameaux qui en parient pour pénétrer dans le bulbe sont également remplis. M. Charcot, qui a bien voulu examiner cette pièce, a cherché si la substance médullaire n'était pas altérée au niveau de ces artères obli- térées qui sont les artères nourricières du bulbe. Des fragments pris au niveau du plancher du quatrième ventricule, non loin des noyaux d'o- rigine de l'hypoglosse, du spinal et du facial ont laissé voir au micros- 135 cope des corps granuleux et des altérations semblables à celles qu'on trouve dans le ramollissement cérébral ischémique. Le lobe gauche du cervelet présentait aussi des points ramollis. Ce travail de ramollissement s'était évidemment accompli depuis que l'oblitération artérielle s'était faite, et il n'y a rien là qui nous étonne si nous nous rappelons que la malade n'est morte qu'au septième jour. Persuadé que nous avions sous les yeux une embolie de l'artère ver- tébrale, nous en avons cherché l'origine dans les cavités gauches. Les valvules étaient athéromateuses, surtout la valvule mitrale, mais il n'y avait aucune trace d'érosion à leur surface. L'aorte, au contraire, pos- sédait de nombreuses plaques d'athérome ulcérées. Enfin, pour avoir une probabilité de plus en faveur de l'embolie, nous avons recherché avec grand soin s'il n'y avait pas d'infarctus dans les organes abdominaux qui en sont le plus habitHellement le siège. Le foie et la rate n'en portaient pas de traces, mais le rein gauche avait sur son bord convexe une cicatrice profonde, non douteuse, d'infarc- tus ancien. Aussi, en raison de la brusquerie de l'attaque, en raison de la forme du caillot, en raison des lésions de l'aorte et enfin de la présence d'un infarctus ancien du rein gauche, nous pensons qu'il faut rapporter à une embolie l'oblitération de l'artère vertébrale qui a été le point de départ des accidents que nous avons observés ici. Ce premier point établi, nous ne saurions trop mettre en relief les altérations du bulbe que le microscope a démontrées à M. Charcot. Elles viennent confirmer par un fait pathologique les expériences mo- dernes qui ont été entreprises pour démontrer avec quelle rapidité la substance des centres nerveux se désorganise quand elle est privée des matériaux de nutrition que le sang lui fournit. IL Le second fait, que nous avons observé quelques jours après, se rapproche beaucoup du premier. 11 s'agit cette fois d'un cocher de 63 ans, qui entra le 6 juillet dans la salle Saint-Jeau-de-Dieu. Quoique ce malade ail fait des abus considérables de boissons al- cooliques, il n'accuse aucune maladie grave dans ses antécédents. La veille de son entrée, après son repas du soir, il a été pris de mal- aise. Pendant la nuit des vomissements survinrent, et il remarqua à ce moment, qu'il lui était impossible davaler des liquides. En même temps il essaya en vain de se lever et de se tenir debout, celle difficulté de se tenir debout était survenue brusquement. Les jours précédents encore, le malade avait pu faire 14 kilomètres sans se fatiguer. 136 A son entrée à l'hôpital on constate une grande faiblesse musculaire ei une sorte de résolution générale. Malgré cela le malade conserve toute son intelligence et toute sa gaieté. Il y a une impossibilité complète d'avaler, et cependant le voile du palais se contracte bien et les liquides rejetés ne passent ni dans le larynx, ni dans les fosses nasales. Les membres supérieurs ne semblent pas paralysés, et la pression de la main est assez énergique. Le tremblement des mains est très-marqué. Le malade peut cependant très-bien porter à sa bouche la cuiller ou le verre qu'on lui commande de prendre sur sa table de nuit. Le tremble- ment des mains communique à ces objets un léger mouvement, mais il n'y a pas de phénomènes ataxiques. Il existe un peu d'hypereslhésie aux membres inférieurs, mais ce qu'il y a de remarquable de ce côté, c'est que lorsqu'on fait lever le malade on le voit tituber, chanceler comme un homme paralysé, avec une grande tendance à se laisser tomber du côté gauche; il a même fait des chutes de ce côté, et il porte au coude une plaie qui l'atteste. Aucune tendance au recul ou à la progression en avant; aucun phé- nomène d'incordination, et s'il restait couché on ne s'apercevait cer- tainement pas des signes de faiblesse que nous venons d'indiquer aux membres inférieurs. Nous ne constatons rien du côté des yeux, sinon une ophthalmie an- cienne de l'œil gauche. Les artères sont athéromateuses. Dans la nuit qui suivit son entrée, il y eut un peu d'agitation; le ma- lade se leva; on put le ramener assez facilement à son lit. Le lendemain matin il nous annonça qu'il se trouvait beaucoup mieux et qu'il avait pu avaler quelques cuillerées de liquide. On vint l'examiner à deux heures; il répondit avec sa parfaite con- naissance, put s'asseoir sur son lit, et à peine venait-on de le quitter qu'il retomba à la renverse et mourut aussitôt. Nous trouvons à I'adtopsie les valvules du cœur épaissies et recou- vertes de plaques athéromateuses. La paroi interne de l'aorte est cou- verte également de concrétions calcaires, et plusieurs plaques sont manifestement érodées et ulcérées. Les artères de la base de l'encéphale sont également envahies par l'athéromp. Le tronc basilaire ressemble à un tube rigide dont on dé- prime difficilement les parois. L'artère vertébrale du côté gauche est absolument dans le même état que la basilaire. A 1 centimètre de son abouchement dans l'artère basilaire, elle est complètement obstruée par un caillot sanguin déco- 137 loré, jaunâtre. Ce caillot n'a guère plus de 1 centimètre de longueur, et la cérébelleuse postérieure et inférieure qui sur cette pièce naît au- dessous du point où elle naît habituellement est parfaitement libre et n'est nullement obstruée. Nous n'avons pas trouvé de traces d'infarctus dans les organes abdo- minaux. En résumé, les symptômes qui nous ont frappé chez ce malade sont d'abord un début brusque, quoique moins caractérisé que chez notre premier malade, puis cette paralysie de la partie supérieure de l'œso- phage. Ni les lèvres, ni la langue, ni le voile du palais, ni le pharynx, ni le larynx n'étaient ici en cause. Le malade pouvait opérer les pre- miers temps de la déglutition, il conservait un instant les liquides in- gérés, puis il était forcé de les rejeter un instant après par une sorte de régurgitation, absolument comme s'il avait eu un rétrécissement de la partie supérieure de l'œsophage. Nous ne craignons pas de dire que si, dans notre premier cas, le groupe des symptômes que nous observions pouvait faire supposer à peu près la lésion qui les provoquait, le début insidieux chez notre second ma- lade, l'absence presque complète de signes sur lesquels on pût baser un diagnostic rendait ce diagnostic extrêmement difficile. C'est pour- quoi il nous paraît bon que ces faits soient connus, car en pareille oc- casion le pronostic étant très-grave, il faut savoir se tenir prêt à toute éventualité. M. CflARcoT fait remarquer tout l'intérêt qui s'attache à ces deux communications dans lesquelles il a été permis d'obtenir les phéno- mènes d'ischémie bulbaire avec ramollissement circonscrit du bulbe. Les phénomènes qu'on a constatés se rapprochent sensiblement de ceux qui s'observent dans la paralysie labio-glosso-pharyngée. La séance est levée à cinq heures et demie. Séance du 23 juillet. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté M. Rabuteau, à propos du procès-verbal, revient sur ce qu'il a dit dans la dernière séance, au sujet du chloral. M. Liebrich a constaté l'anesthésie par le chloral chez les grenouilles. M. Gubler expérimentant en hiver, n'a point constaté cette anesthésie. La vérité se trouve du côté de M. Liebrich; l'interprétation à donner consiste dans la métamorphose du chloral qui n'a pas lieu en hiver, tandis qu elle a lieu en été. 138 M. Ranvier : J'ai expérimenté également le chloral sur les grenouilles, par une température atmosphérique élevée. La solution saturée de chlo- ral dont je me servais était au centième: c'est celle qui m'a semblé la meilleure pour obtenir des résultats assez rapides ; en y ajoutant une partie d'eau et en y plongeant une grenouille, on observe un empoi- sonnement lent et progressif. Tout d'abord l'animal n'est pas anesthésié, mais hypnotisé. La gre- nouille étant retournée et mise sur le dos, reste immobile; si on la touche, elle éprouve une secousse et se replace sur le ventre. Ce n'est que plus tard, la grenouille étant sortie de la solution, un quart d'heure après environ que l'aneslhésie a lieu. Avec une solution au deux-centième, si l'on fait une injection hy- podermique, les mêmes effets se produisent, mais avec un intervalle moindre entre les deux périodes. M. Rabuteau : J'ai constaté en effet que d'abord les grenouilles sont excitées, puis qu'elles deviennent immobiles; si alors on les pique elles ne sentent pas, mais si on les pince, elles se retirent, et plus tard elles ne sentent plus rien ; le cœur ne cesse pas de battre. M. Ranvier : Le fait important est de savoir que l'hypnotisme précède l'anesthésie. M. Laborde: Les grenouilles employées par M. Ranvier meurent-elles après l'anesthésie? M. Ranvier : Je ne les ai pas vues mourir. M. Laborde : J'ai observé les mêmes phénomènes d'hypnotisme suivi d'aiiesthésie même en ne plongeant dans la solution de chloral que les pattes des grenouilles. Mais quant à moi, toutes les fois que les gre- nouilles ont présenté une anesthésié complète, elles sont mortes en- suite. Il y a là probablement aussi une question de dose. M. Carville : En janvier dernier, j'ai fait de mon côté des recherches sur le chloral, pour savoir sur quel organe il portait son action. J'ai toujours vu que les grenouilles anesthésiées mouraient. J'ai vu ensuite qu'à l'aide d'injections hypodermiques faites dans la patte de la gre- nouille, la tête étant enlevée, le chloral produisait son action : il le produisait encore après l'ablation du bulbe, mais une fois la moelle détruite, toute action du chloral était également anéantie, de sorte qu'il m'a été possible de conclure à l'action du chloral sur la moelle. Le chloral agit donc sur la moelle avant d'agir sur le cerveau : car si la moelle est détruite, la mort a lieu rapidement, avec ralentissement des battements du cœur. M. Legros : J'appuie la manière de voir de M. Carville ; la moelle est touchée avant le cerveau, et le chloral fait cesser les mouvements cho- réiques sur le chien avant les mouvements volontaires. 139 M. Carville : Je rapporterai à ce propos le fait d'un jeune chien pris de tétanos probablement spontané, dans une écurie de Clamart où se trouvait un cheval atteint de tétanos et deux autres jeunes chiens également tétanisés. Tons ces aniniaux sont morts, sauf le premier au- quel on administra du chloral, et qui en une demi-minute s'endormit. On ne sait pas malheureusement ce qu'il est devenu. Tous ces ehieris tétaient à la même mère sans que celle-ci fût atteinte de tétanos. — A propos du procès-verbal, M. "Vulpian fait remarquer que la ma- nière de voir de M. Leven est contraire aux idées généralement reçues en physiologie. On admet les effets de paralysie sur les nerfs d'abord, sans nier absolument l'action des poisons sur la moelle. — M. Ranvier, inscrit depuis deux séances pour répondre à M. Le- gros au sujet de la communication de M, Renaud sur la structure du cordon ombilical, prend la parole. En parlant des cellules des tendons. M. Legros a dit qu'on trouvait les extrémités des cellules s'efïilant, et que les fibres des tendons naissent aux dépens de ces cellules. C'est là une opinion ancienne, mise en avant par Schwan, admise d'abord par Henle, mais qu'on est surpris de voir accepter encore aujourd'hui. Henle lui-même a changé d'opinion à ce sujet, et avec de bonnes préparations l'idée ancienne n'est plus souténable. Il est impossible de saisir en effet une relation directe'entre les fibres tubulées et les fibres des tendons. Ces der- nières ne se développent donc pas aux dépens des cellules tubulaires. M. Legros a nié ces cellules tubulaires. MM. Kœlliker, Ludwig et Schweigger-Seydel, qui ont vu mes préparations, les admettent. Dans le fait de M. Renaud, M. Legros objecte que les cellules du cordon ne sont pas des cellules plates. C'est là un fait qu'il sufiit de regarder pour constater sa réalité. Pour le mot endotliélium admis par His, il ne signifie rien ici et n'a par conséquent aucune importance. M. Legros : C'est précisément au sujet de ce mot endothélium que j'ai été amené à faire quelques observations. M. Rantier : J'ajouterai que les cellules du tissu conjonctif ne sont jamais dans l'intérieur des faisceaux connectifs. Les auteurs qui les ont décrites au centre de ces faisceaux se sont laissé prendre à des illusions d'optique. Kœlliker a supprimé dans sa deuxième édition les figures qu'il en avait données dans sa première. Frey persiste à les représenter ; mais il faut bien savoir que chaque faisceau représente une individualité bien distincte, à la surface duquel on trouve accolés les éléments cellulaires. L'acide acétique, en individualisant les fais- 140 ceaux, rend cette distinction très- évidente. Toujours, en un mot, les cellule* sont à la surface, ce qui rend impossible toute idée de forma- tion des faisceaux de tissu conjonctif par ces cellules. Schweigger-Seydel a émis l'opinion d'une sécrétion extérieure aux cellules pour la formation de ces faisceaux conjonctifs dans la cornée. M. Brown-Séquard : Dès l'annnée 1865 j'avais été à même d'observer, après la section des racines des nerfs dorsaux d'un côté, une hyper- eslhésie avec paralysie du mouvement dans le côté correspondant, et de plus anesthésie dans le membre postérieur du côté opposé. C'é- taient là les mêmes phénomènes qu'on obtient par la section d'une moitié latérale de la moelle épinière au cou, au-dessus de l'origine du nerf phrénique. Toujours ces phénomènes ont lieu à des degrés plus ou moins ac- cusés. Si l'on a mis à nu le diaphragme et qu'on enlève une épaule, on voit la moitié du diaphragme et les muscles intercostaux du côlé où l'on a pratiqué cette mutilation, agir avec plus d'énergie. Si l'on vient à lier le paquet vasculo-nerveux qui répond aux membres supérieurs, et qu'on ouvre le thorax, on voit alors s'augmenter l'exagération des mou- vements de la moitié correspondante du diaphragme et des muscles intercostaux de ce côlé. Si on lie simplement les vaisseaux, il ne se produit rien ; si au contraire la ligature porte sur les nerfs, ces phé- nomènes se montrent. On ne peut guère les expliquer que par une irritation des nerfs du bras; agissant sur la moelle par anémie reproduisant une paralysie vaso-motrice de ce même côlé du corps. Ces mêmes phénomènes augmentent par l'ablation du ganglion Iho- racique supérieur correspondant. Dans quatre cas de lésions du ganglion thoracique supérieur gauche, il s'est produit un œdème considérable du poumon correspondant sans hémorrhagie. Dans l'un de ces cas les deux ganglions thoraciques supérieurs ont été intéressés, et l'œdème s'est montré des deux côtés. Dans un cinquième cas, semblable au précédent, il s'est encore montré un peu d'œdème. Dans vingt-deux cas où le ganglion toutentier a été enlevé, l'œdème n'a pas eu lieu. Dans quelques cas les ganglions ont été lésés légèrement, et on a vu paraître seulement un peu d'œdème. Dans beaucoup d'autres cas le ganglion n'a pas été touché, et il ne s'est produit aucun phénomène particulier du côté des poumons. 141 Il y a donc là une série de faits positifs et négatifs qui ont tous un très-grand intérêt. Dans un cas de destruction du ganglion, on a observé un mouve- ment de manège du côté opposé. Notons aussi que l'œil se ferme à moitié du côté correspondant. Quant à la pupille, je l'ai vue deux fois contractée, deux fois resser- rée, sans qu'il me soit possible de savoir pourquoi. Dans un cas de destruction des deux grands sympathiques, j'ai pu observer chez un cochon dinde, après trois ou quatre mois, que le cerveau était et plus petit et plus congestionné que chez un animal du même âge n'ayant pas subi cette opération. M. Carville : Cette exagération de mouvement dans la moitié du diaphragme et les muscles intercostaux du côté où l'épaule a été en- levée n'était-elle pas précisément la conséquence de cette ablation, uniquement dans le but physiologique de suppléer les mouvements de l'épaule qui manque? M. Brown-Séquard : Je croirais plus volontiers l'inverse; et si cette suppléance devait avoir lieu, ne serait-ce pas plutôt du côté sain? M. Carville: J'ai souvent, sur des lapins, enlevé le ganglion thora- cique supérieur et cela sans tournoiement. Il est vrai que chez les lapins c'est une opération difficile. M. Brown-Séquard : Je n'ai opéré que sur des cochons d'Inde, et toujours à gauche, où l'opération est plus facile. Or, sur quatre cas, j'ai observé quatre fois ce tournoiement. C'est une sorte de roulement du côté opposé, qu'on observe aussi, à un moment rapproché de la mort, chez les animaux auxquels on a en- levé une capsule surrénale. Ce mouvement se rapporte probablement à une irritation des nerfs du grand sympathique. Terminaisons nerveuses chez les poissons; par M. Jobert, docteur en médecine, licencié es sciences naturelles, et M. Grandeï (de Liège), docteur en médecine. Nous avons l'honneur de communiquer à la Société de biologie le résultat de recherches entreprises sur les terminaisons nerveuses chez les poissons. Nos travaux communs ont été surtout dirigés sur les poissons d'eau douce, et comme exemple nous avons choisi le cyprinus carpio. C'est dans la lèvre que nous avons recherché les organes terminaux nerveux pour en faire l'anatomie. Rappelons en quelques mots la disposition de l'épiderme. Celui-ci se compose de plusieurs couches de cellules; les plus profondes, qui 142 sont implantées directement sur le derme, ont la forme de longs bâ- tonnets disposés en palissade et serrés les uns contre les autres. Les cellules situées au-dessus sont presque lozangiques; celles qui leur sont superposées, presque rondes et peu serrées. Enfin la couche tout à fait superficielle de l'épiderme offre des cellules irrégulièrement aplaties et polygonales par pression réciproque. C'est profondément dans l'épiderme que se trouvent ces cellules en forme d'amphores à aspect spécial, à noyaux granuleux réfractant for- tement la lumière, qui ont reçu le nom de cellules muqueuses et qui viennent s'ouvrir par déhiscence (Leydig) à la surface de l'épiderme, produisant ainsi ce mucus abondant qui constitue pour l'animal un vé- ritable enduit protecteur. Si l'on examine une coupe convenablement faite de la lèvre de la carpe, on voit au milieu de cet épiderme décrit plus haut s'élever de hautes papilles du derme. Celles-ci, simples ou composées, se terminent par une extrémité creusée en forme de coupe, et sur le fond de cette coupe repose un organe ovoïde d'aspect particulier que Leydig, qui a signalé le premier son caractère, nomme organe cyathiforme. Disons de suite que la papille dermique présente une boucle vascu- laire, et qu'à côté des vaisseaux enroulés irrégulièrement on voit monter directement deux faisceaux nerveux vers le sommet de la papille. Au niveau du fond de la coupe, le tube nerveux disparaît. Ces nerfs sont des nerfs à myéline; l'emploi de l'acide osmique le dénote absolument. Si l'on examine une coupe obtenue sur une lèvre de carpe ayant macéré pendant vingt-quatre heures environ dans une solution d'acide chromique très-faible (teinte 1/35 p. 100 de baume de Canada), on voit que le fond de la coupe terminale de la papille contient une matière granuleuse parsemée de noyaux réfractant fortement la lumière. Presque toujours après cette macération, une partie de l'épiderme et du corps cyathiforme a disparu, ce qui permet de constater que cet organe est formé de deux sortes d'éléments bien distincts. Ceux de la périphérie, figurés déjà par Leydig, ont la forme de lon- gues cellules renflées dans leur milieu, et à leur extrémité supérieure présentant un noyau brillant; l'analomiste allemand leur suppose la propriété dêlre rétracliles. Nous ne saurions adopter cet avis. Ces cellules sont insérées au bord de la coupe papillaire; souvent une seule insertion se bifurque et donne ainsi naissance à deux cel- lules. Le bord papillaire est finement dentelé; l'extrémité d'insertiou des éléments cellulaires l'est également. Nous disions plus haut que le fond de la coupe papillaire était rempli par une masse granuleuse formée de noyaux. Cette masse se réduit en 143 fibrilles, et l'on voit s'en élever verticalement des filaments très-fins réfractant fortement la lumière et offrant une ou plusieurs variétés caractéristiques. Les bâtonnets forment le deuxième élément, l'élé- ment central du corps cyathiforme. Nous fondant sur l'aspect caractéristique de la masse granuleuse et de ses filaments , nous avons considéré ceux-ci comme la vraie termi- naison du nerf papillaire. Les éléments périphériques du corps cyathiforme ne seraient plus alors que les organes protecteurs appartenant à l'épithélium. Un fait important à constater est celui-ci : la partie supérieure du corps cyathiforme traverse l'épiderme et se trouve immédiatement en contact avec le liquide ambiant. En effet, en examinant l'épiderme par sa face supérieure, on le voit percé de trous qui donnaient passage aux corps spéciaux que nous ve- nons de décrire. En dilacérant avec précaution, on obtient même des cellules épi- théliales superficielles perforées qui se trouvaient placées immédiate- ment au-dessus de l'extrémité de l'organe nerveux. Il est facile, sur une coupe fraîche, de s'apercevoir que l'on n'est pas victime d'une illusion. Une légère pression exercée sur le verre à couvrir fait immédiate- ment faire saillie aux filaments du centre, et aucune cellule épidermi- que n'est entraînée. Nos recherches communes faites sur la carpe nous ayant amené à cfes conclusions, M. Jobert se trouvant à Arcachon, a pu les poursuivre sur un poisson à organe tactile spécial, le muUus barbalus (mulet des an- ciens Romains qu'ils employaient pour faire le garum, et dont l'agonie réjouissait les convives à cause des couleurs brillantes et changeantes que l'on observe chez ce poisson au moment de la mort). Chez le pois- son et dans son organe tactile, les corps cyalhiformes atteignent jusqu'à 0°"",1 de hauteur. Les papilles du derme ne sont plus capuliformes, mais bien arron- dies, et de leur sommet on voit émerger un pinceau de fibrilles bril- lantes faisant suite au nerf dont le trajet est très-facile à suivre dans la papille. Ces fibrilles brillantes s'étalent en éventail à peu de distance du som- met de la papille et forment là un amas de matière granuleuse sembla- ble à celui observé chez la carpe. Sur cette masse repose le corps cyathiforme. Du centre s'élèvent les filaments ayant les mêmes caractères opti- ques, réfraction puissante de la lumière et le même aspect variqueux. 144 L'acide osmique, le chlorure d'or colorent vivement celte masse gra- nuleuse. Si l'on emploie la soude étendue et que l'on suive attentivement son action, on voit peu à peu disparaître les éléments périphériques des corps cyalhiformes, les filaments du centre résistent à l'aclion du ré- actif; mais après un jour ou deux, malgré toutes les précautions, les préparations sont perdues. La section du nerf operculaire qui innerve l'organe tactile du rouget produit une altération dans les organes terminaux. Après un mois, la matière granuleuse avait disparu presque entièrement à la base du corps nerveux, l'action du chlorure et de l'acide osmique le prouvaient nettement. Les nerfs des papilles étaient, eux aussi, fortement altérés. Séance du 30 juillet. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. — M. DupuY communique, au nom de M. Brown-Séquard, le résul- tat d'expériences faites au sujet de la reproduction de parties d'os en- levées. a. Sur un jeune chien auquel M. Brown-Séquard a enlevé les lames la- térales de deux vertèbres, au mois de décembre dernier, on trouve une reproduction parfaite de ces lames, avec intégrité complète de la moelle, qui cependant est adhérente au tissu fibreux qui recouvre la portion d'os nouvelle. Cette adhérence de la moelle est constante dans tous les cas. Du côté du crâne, une portion d'os enlevée s'est égalemeat repro- duite: on remarque seulement un développement moindre du crâne du côté gauche, celui où une portion d"os a été enlevée. b. Sur un chien adulte opéré en janvier dernier de la même façon, on a vu se reproduire, du côté des vertèbres, une portion d'os plus épaisse que celle qui avait été enlevée. Notons que dans ces cas le canal spinal nest jamais rétréci; le con- traire s'observe plus souvent, et le pont osseux de nouvelle formation présente une forte concavité à sa face interne. Dans l'un de ces cas, on observe une ulcération de la fesse avec une sorte d'escharre. Ces faits démontrent donc, contrairement à ce que l'on avait avancé récemment, que la substance osseuse enlevée peut se reproduire; M. Brown-Séquard l'avait déjà signalé à la Société de biologie dès l'année 1849. 140 — M. Leve.n revient sur ce qu'il a dit dans les séances précédentes, et il persiste à considérer l'expérience de M. Cl. Bernard comme non con- cluante. Pour lui, les divers poisons, comme le curare, comme l'aco- nitine, n'agissent que sur la moelle d'abord, et secondairement sur les nerfs. M. Ranvier : Je persiste à considérer comme extrêmement con- cluante l'expérience de M, Cl. Bernard : elle démontre que le chloro- forme, par exemple, atteint d'abord la sensibilité par les nerfs sensi- bles, tandis que le curare atteint d'abord la motilité par les nerfs moteurs. Il y a là deux poisons qui agissent en sens inverse. Peut-être aussi faut-il tenir compte des doses employées par M. Leven. M. Leven : Les doses ne font rien à la chose. W. Laborde : Je crois de mon côté que l'on peut tenir compte des doses employées. Je crois de plus que JNl. Leven va trop loin, quand il rapporte tout, uniquement, à l'action sur^la moelle. Que cette action sur la moelle soit réelle, je n'en doute pas ; mais nous devons aussi admettre, et les faits le démontrent, que tels poisons agissent plus par- ticulièrement et primitivement sur les nerfs moteurs, comme le cu- rare par exemple, tandis qu'il en est d'autres qui agissent plus parti- culièrement et primitivement sur les nerfs sensitifs, le chloroforme par exemple. C'est en cela que se révèle l'action élective des poisons; c'est donc là une question de subordination des phénomènes que l'on observe, et rien autre chose. M. Leven : Je persiste à croire que l'expérience de M. Cl. Bernard ne prouve rien, et que l'action primitive de ces poisons est sur la moelle. M. LE Président demande à M. Leven, qui accepte, de vouloir bien, pour abréger la discussion, reproduire devant la Société quelques-unes de ses expériences. — M. Ollivier rapporte devant la Société les principaux traits d'une observation de claudication intermittente. Il s'agit d'un malade qui se trouve en ce moment dans son service de la Charité annexe. (Voy. Mé- moires, p. 89.) M. Carville : Comment expliquer l'intermittence des accidents? M. Charcot : Ce fait a été observé d'abord chez le cheval, où la clau- dication inlermillente est plutôt un symptôme qu'une maladie. Chez le cheval, en effet, on observe cette même claudication intermittente : s'il va doucement, il ne boite pas, s'il se met à aller vite, il boite. Si la lésion frappe l'aorte, il boite des membres postérieurs; si elle atteint seulement une de ses branches, il boite d'un seul membre. Il y a donc C. R. 1870. 10 146 one lésion permanente et un phénomène qui s'y rapporte, mais qui est intermillent. Voici l'explication que j'en donnais à l'époque où j'ai publié ma pre- mière observation, explication que je donne encore aujourd'hui pour ce qu'elle vaut et faute de mieux. Les contractions musculaires s'accompagnent d'actes chimiques, pour lesquels un afilux de sang plus considérable est nécessaire. Or cetafflux de sang doit être plus grand dans la marche que dans l'inaction ; mais il faut que cet afflux soit possible. Sinon, il survient une sorte de rigi- dité cadavérique des muscles, avec crampes; ce qui tient alors à l'in- sufSsance de la circulation. Les cas de ce genre sont rares chez l'homme. Je n'en connais qu'un, se rapportant à un membre supérieur ; il a été observé par Eulenibourg (de Berlin). (Il s'agit d'une femme qui a vu tout à toup son membre su- périeur pâlir et s'engourdir; elle peut faire de petits ouvrages; mais si elle se livre à de grands mouvements, elle est prise aussitôt de crampes, de convulsions de ce bras, et ne peut plus pendant un certain temps en faire usage.) M. Carville ; En chirurgie, a-t-il été possible d'observer la même chose? M. GiRALDÈs : Chez les animaux la ligature de l'aorte amène une pa- ralysie des deux membres postérieurs immédiatement. Chez l'homme, non. D'un autre côté, on cite beaucoup de cas, chez l'homme, de liga- ture des iliaques dans lesquels la circulation s'est parfaitement rétablie sans amener à la suite d'accidents semblables à ceux dont on vient de parler. M. Charcot : En consultant les auteurs au sujet de ces résultats de ligature, on remarque que leurs observations sont très-laconiques, et surtout qu'ils n'ont point recherché quelles ont pu être les conséquen- ces de ces ligatures; ils se contentent de dire, le plus souvent : le malade a guéri. Mais pouvait-il marcher? Or il faut savoir qu'il existe trois catégories de faits. Tantôt les malades ont guéri parla formation d'une circulation collatérale suffisante et assez rapide ; tantôt la gan- grène est survenue; tantôt, enfin, sans qu'il y ait eu gangrène, la circu- lation ne s'est pas rétablie d'une façon parfaite. C'est dans cette der- nière catégorie intermédiaire de faits que je serais tenté de placer ceux dont nous parlons en ce moment. L'attention des chirurgiens n'a pas été fixée particulièrement sur ce sujet, et les détails d'une claudica- tion intermittente légère ont pu passer inaperçus. Le cas bien connu de M. Barth ne serait-il pas, pour ainsi dire, une ébauche de ces faits : l'oblitération de l'aorte avait amené une para- plégie incomplète chez son malade. 147 M. GiRALDÈs : On ne saurait assimiler tous ces faits. M. Charcot : Sans doute, et je crois qu'il faut distinguer entre les ligatures chirurgicales et les oblitérations spontanées. On a vu beau- coup de choses jusqu'ici; mais on n'a pas tout vu. Connaissait-on, jusqu'à il y a vingt ans, la relation des affections de la moelle avec le cancer du sein? Nullement, c'est à Haushipp et à Cazalis qu'on doit la con- naissance de ces faits. M. Laborde : On pourrait voir ce que dit l'observation d'un malade de M. Velpeau auquel on avait lié l'iliaque primitive et dont on a fait plus tard l'autopsie. — M. LiouviLLE fait voir un cochon d'Inde devenu tuberculeux après une section de la moelle. On remarque du côté des fesses une ulcération de la peau. Tous les organes, poumons, rate, foie, péritoine, etc., sont le siège d'une grande quantité de granulations qui paraissent être de nature tuberculeuse. COMPTE RENDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE m BIOLOGIE PENDANT LE MOIS d'aOUT 1870 (I); Par m. HAYEM, secrétaire. PRK SILENCE DE M. CL. BERNARD. Séance du 4 août. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Carville présente à la Société une réduction du troquarl à pas de vis employé dans la ponction des kystes de l'ovaire. Cet instrument est destiné à expérimenter sur les veines, pour en étudier la tension, sans interrompre le cours du sang. M. Ranvier doute que cet appareil soit sans inconvénients dans les expériences que M. Carville a l'intention de faire. Kyste simple GA^GLlONNAIRE; par M. Muron. Nous donnons ici l'examen microscopique d'une paroi de kyste dé- veloppé dans la région du cou. K notre connaissance, il n'existe aucun fait certain de kyste simple ganglionnaire. Le fait que M. Richard a présenté à la Société de chi- rurgie a semblé être un kyste ganglionnaire. Les preuves qui ont été (1) Vacances du 8 août au 15 octobie 1670. 150 données ont incontestablement une certaine valeur, mais elles ne sont pas absolues, et je n'en veux pour preuve que l'opinion opposée de quelques membres de cette Société. Les ganglions ont une structure tellement différente des autres tis- sus, qu'il est impossible de les confondre. Si donc la paroi d'un kyste, situé dans une région où existent de nombreux ganglions, est repré- sentée par le tissu même des ganglions, la preuve directe sera donnée du siège de ce kyste dans un ganglion lymphatique. Voici d'abord quelques mots relatifs à la pièce anatomique que M. Verneuil a eu l'obligeance de nous remettre. La tumeur enlevée par M. Verneuil avait son siège dans la région sus-claviculaire; elle présentait des adhérences profondes assez in- times qui nécessitèrent quelques tractions légères. Son volume était celui d'un œuf de dinde. L'incision laissa écouler une quantité assez grande de liquide rougeâtre; ce liquide n'a pas été examiné. Il restait donc une poche kystique entourée de toutes parts par une paroi. La surface interne de la poche présentait une rougeur assez uni- orme; on y voyait des inégalités, des saillies en forme de brides ou de colonnes assez analogues à celles du cœur, et l'aspect général était en tous points ressemblant à la face interne d'une oreillette cardiaque. 11 y avait, en etlet, des colonnes adhérentes dans toute leur étendue, tandis que d'autres se trouvaient libres à leur partie moyenne. L'épaisseur de cette paroi était à peu près égale dans tous ses points et variait entre 3 et 6 millimètres. Les parties les plus épaisses cor- respondaient aux saillies intérieures. En faisant une coupe fraîche, on voyait à l'œil nu que le tissu même de la paroi avait un aspect grisâtre et ressemblait à celui des gan- glions. Le raclage pratiqué à la face interne et placé sous le champ du mi- croscope ne montrait nulle part des plaques de cellules épithéliales; on n'y voyait que quelques cellules fusiformes ou quelques noyaux isolés. Le raclage pratiqué sur le tissu grisâtre de la paroi montrait un grand nombre de globules lymphatiques. Nous avons fait des coupes sur cette pièce, durcie dans l'alcool, et alors il nous a été facile de voir que le tissu était celui des ganglions. On y trouvait, en effet, un tissu réticulé, c'est-à-dire une série de fila- ments s'anastomosant les uns avec Tes autres et circonscrivant des aréoles dans lesquelles étaient logés les globules lymphatiques. Il s'agissait bien évidemment d'un tissu ganglionnaire, mais ce tissu 151 avait subi quelques modifications de structure qui étaient dues à la compression excentrique du liquide. Ce tissu était devenu un peu fibreux; des faisceaux assez nombreux de tissu connectif se voyaient disséminés autour des aréoles et leur donnaient une épaisseur plus grande. C'était là la seule modification de structure. Il n'y avait, en aucun point, de dégénérescence muqueuse ou colloïde, ce qui nous aurait permis, s'il y en avait eu, d'expliquer la formation de ce kyste. Nous ne sommes donc, relativement à ce point de pathologie, pas plus avancés que pour les kystes développés dans le tissu cellulaire. Sur les cellules sécrétoires du rei.n; par M. A. Muron. Le rein est un organe physiologique double, tout à la fois organe éliminateur et organe sécréteur. Il nous paraît inutile de citer les divers auteurs qui ont défendu telle ou telle hypothèse. Le fait physiologique que nous venons d ex- primer représente aujourd'hui l'opinion générale; et la preuve princi- pale en est tirée de l'absence de certains principes dans le sang, tels par exemple l'acide urique, l'acide hippurique, et aussi de la quantité très-faible d'urée dans le sang, tandis que ce produit se trouve repré- senté par un chiffre énorme dans l'urine. Si maintenant nous cherchons à déterminer le siège de la sécrétion à proprement parler, nous voyons que Bowmann (1), dans son travail, est arrivé à formuler l'opinion suivante : les glomérules ne sécrètent que l'eau de l'urine, et les autres éléments de ce liquide ne se sépa- rent du sang que dans les canalicules, par l'action des cellules épithé- liales. Ainsi, voilà nettementexprimée cette distinctionjde la sécrétion et de l'excrétion des principes constituants de l'urine; celle-ci étant pure- ment et simplement un phénomène d'exosmose, celle-là représentant un véritable travail organique. El tandis que l'excrétion urinaire se trouve principalement liée aux conditions de la circulation, à la vitesse du sang, à la tension du sang dans ses canaux, au contraire, !a sécrétion des principes propres de l'urine est sous la dépendance directe des éléments anatomiques des tubes rénaux. Cela est tellement vrai qu'on n'a qu'à comparer le rein avec les autres organes glandulaires pour arriver à la démonstration de celte conclusion. Prenons pour exemple la glande sous-maxillaire, et nion- (1) De la structure et des fonctions des glomérules de Malpighi (Philos, transact., 1842.) 152 Irons la ressemblance complète, soit au point de vue des sécrétions, soit au point de vue des caractères microscopiques représentés par l'élément sécréteur lui-même. Sans rappeler toutes les différences chimiques qui existent pour le liquide salivaire, lorsque la glande sous-maxillaire sécrète abondam- ment, comme cela a lieu lors de l'excitation de la corde du tympan, ou au contraire lorsque la sécrétion se produit lentement et d'une ma- nière insensible, je dois indiquer cependant (]ue le liquide dans le premier cas est limpide, fluide, à peine visqueux, tandis que dans le second cas ses caractères sont absolument inverses. L'un contient beaucoup d'eau et une faible quantité de substances propres au liquide salivaire, l'autre renferme ces substances en quantité considérable. De même pour le liquide urinaire. L'urine de la boisson est limpide, presque incolore, contient à peine d'urée; l'urine de la nuit est jau- nâtre, riche en urée et acide urique. La différence du produit sécrété qui existe pour ces deux espèces de glandes tient à la même cause. Dans la glande sous-maxillaire, tout comme dans l'organe rénal, le li- quide limpide, incolore, provient surtout de l'excrétion; c'est à peine s'il y a sécrétion. Et pour retrouver les produits propres de ces li- quides il faudrait agir sur de grandes quantités. Le sang affluant en abondance dans les capillaires de ces organes voit sa leni^ion s'aug- menter, d'où exosmose beaucoup plus grande, d'où absence d'arrêt dans les conduits excréteurs; ce liquide d'excrétion se trouve ainsi éliminé sans qu'il ait eu le temps de se modifier par la sécrétion cellulaire. La deuxième variété du liquide de la glande sous-maxillaire est le résultat d'une véritable sécrétion. Ce liquida provient d'une part de l'exosmose sanguine, d'autre part de la rupture des éléments cellu- laires épilliéliaux. C'est en effet un des faits physiologiques les mieux démontrés aujourd'hui que, là où se produisent des phénomènes de sé- crétion, il existe des cellules, véritables corps vivants, qui élaborent dans leur intérieur les matières caractéristiques de l'humeur sécrétée, et qui, parvenues à un certain degré de maturité, éclatent et laissent échapper ces substances. Ces éléments cellulaires qui fonctionnent ainsi subissent à coup sûr des modifications, lesquelles ont été parfai- tement décrites par plusieurs auteurs, et en particulier par Ranvier. Les cellules deviennent vésiculeuses; elles sont infiltrées par une ma tière transparente, laquelle les convertit en une sorte d'ampoule; lo protoplasma est refoulé à la périphérie avec le noyau, et tout le reste de la cellule se trouve rempli, distendu par cette matière. Ce sont là les cellules sécrctoir'es qu'on rencontre partout où il y a une sécrétion quelconque, dans les glandes salivaires. fifins l'intcsiin à l;i •="rfcice des villosités. Cellules sécré- toires isolées. 153 Si donc il y a sécrétion de la part du rein , ces êmes éléments avec des caractères analognes doivent se rencontrer. Or c'est préci- sément ce qui a lieu, au moins chez le lapin. Lorsqu'on examine les tubuli du rein de cet animal, on est frappé immédiatement de la dif- férence d'aspect que présentent les cellules épithéliales, suivant qu'on les considère dans la substance corticale ou dans la substance médul- laire. Dans la première, les cellules sont granuleuses et ressemblent plus ou moins à celles qu'on rencontre chez l'homme. Dans la sub- stance médullaire, au contraire, les cellules sont plus volumineuses ; beaucoup (Ventre elles sont infiltrées 2. Tube rénal ren- ^., fermant des cel- pur unc matière transparente tout Iules séciétoires. ^^ |^^^^^ analogue à celle que Con ren- contre dans les cellules des glandes salivuires. Le protoplasma est éga- lement refoulé à la périphérie avec le noyau , et toute la cellule se trouve convertie en une véritable ampoule vésiculuire. Chacune de ces cellules, examinée isolément, res- semble en tous points aux cellules qu'on trouve da7is les culs-de-sac glandulaires : ce sont de véritables cellules secrétaires. Il existerait ainsi dans le rein une portion à laquelle serait dévolue tout spécialement la fonction de l'excrétion pure et simple, et elle serait représentée anatomiquement par les glomérules de Malpighi. A cette fonction première viendrait s'en ajouter une deuxième, la sé- crétion à proprement parler, et cette élaboration de certains produits se ferait aux dépens des cellules épithéliales des tubuli, principalement dans la substance médullaire. La démonstration de cette double fonction de l'organe rénal se trouve par cela même produite au point de vue anatomique. Mais à ces deux preuves, physiologique et anatomique, nous en ajouterons volontiers une troisième tirée de la pathologie expérimentale. Il existe une sorte de balancement entre les deux organes rénaux. Si l'un d'eux se trouve affecté d'une lésion, les actes physiologiques ne se font qu'incomplètement, et il doit en résulter pour l'autre une suractivité de fonctionnement. Cela se rencontre constamment dans les autopsies. Un rein est af- fecté de suppuration par une cause quelconque; le rein opposé aug- mente de volume, et à la coupe on constate une congestion intense, pouvant même aller jusqu'à la suppuration dans quelques points. Une congestion se produit; c'est là le fait que nous prenons, et qui 154 importe seul pour le moment. Cette congestion indique naturellement une exagération dans ses actes physiologiques, l'excrétion et la sécré- tion. Or si notre hypothèse est vraie, les phénomènes de congestion, qui se développent secondairement dans le rein, vont porter plus spé- cialement sur la partie la plus importante de l'organe, celle qui est chargée d'opérer les actes de sécrétion. La raison à donner en est bien simple. Les actes d'élimination peuvent se produire partout ailleurs que dans le rein, par l'intermédiaire des glandes sudoripares et des di- verses muqueuses bronchique et intestinale. Mais pour ce qui est d'une fonction propre, la formation d'acide urique, d'acide hippurique, l'or- gane seul qui en est chargé peut le faire. Voyons ce que va nous donner l'expérimentation. Nous avons déter- miné des contusions rénales chez un certain nombre de lapins, et produit par conséquent des lésions rénales dans ce rein. Le rein opposé se trou- vait entièrement congestionné, et cela dans toutes nos expériences, au deuxième jour, au dixième jour, au vingtième jour. Cette congestion est plus intense dans la portion médullaire, dans la partie rénale qui recèle les cellules sécrétoires. Rien de plus facile du reste que de le con- stater : à l'état normal, cette portion de l'organe est blanche; on la dirait invasculaire; lorsqu'on vient à examiner le rein du côté opposé à la contusion, cette substance médullaire a pris une teinte rosée. Sur la surface de la coupe on voit se dessiner une série de lignes rouges, qui ne sont autre chose que des vaisseaux gorgés de sang. Ue plus, nous avons vu qu'à l'état normal les cellules de cette sub- stance étaient pou7' un cerlain nombre remplies d'une matière trans- parente. A la suite de cette congestion intense, la plupart des cellules ont subi cette modification. Que conclure de cette congestion générale de l'organe, plus intense dans sa portion médullaire? Que conclure de ce,t autre fait, l'abondance plus grande des cellules sécrétoires, sinon que le rein a une suractivité fonctionnelle pour ses actes, l'excrétion et la sécrétion, et que cette suractivité a lieu surtout pour son acte principal, la sécrétion. Les cellules vésiculeuses, dites cellules sécrétoires, que nous ve- nons de découvrir chez les lapins, se voient-elles chez l'homme? On peut répondre hardiment par la négative. Dans tous les examens, nous n'en avons jamais rencontré. Ce qui n'empêche pas que des cellules préposées à la sécrétion doivent exister, seulement, ne se présentant pas sous cet aspect de cellules vésiculeuses, les moyens que nous avons à noire disposition ne sont pas suffisants pour les reconnaître. Nous poursuivons du reste cette étude, et nous espérons pouvoir ap- porter des renseignements plus étendus sur ce sujet si intéressant. 155 HéiMORRHAgie de la moelle épinière; par Bourneville. PARALYSIE SUBITE t)D BRAS GAUCHE; DOULEURS VIVES A LA NUQUE ET DANS LE CÔTÉ GAUCHE DU COU ; PAS DE PARALYSIE DE LA FACE NI DES MEMBRES IN- FÉRIEURS; ACCÈS DE suffocation; mort; DESCRIPTION NÉCROSCOPIQUE DES FOYERS HÉMORRHAGIQUES DE LA MOELLE. Obs. — Grandj... (Françoise), 58 ans, est entrée le 10 octobre 1870 à l'hôpital de la Pitié, salle du Rosaire, n" 29 (service de M. Marotte.) Elle serait malade depuis cinq jours. Le 6 octobre, elle s'est réveillée avec une douleur siégeant à la nuque et dans le côLé du cou. Le muscle sterno-mastoïdien droit était contracture; la face était déviée vers l'é- paule droite, mais il n'y avait pas de rotation des yeux. La parole est libre. Il n'y a aucune trace de paralysie faciale; les plis du front, des paupières, les sillons naso-labiaux ne présentent pas de différence. Le bi'as gauche est paralysé : soulevé, il retombe inerte. Toutefois, la paralysie n'est pas absolue, car la malade parvient à fléchir un peu les doigts. La sensibilité, de ce côté, est obtuse. Les membres infé- rieurs sont normaux. Gr... assure ne pas avoir eu d'attaque apoplectique et ne pas être sujette à des étourdissements. Elle dit aussi avoir éprouvé, il y a deux ans, des accidents tout à fait semblables à ceux dont nous sommes té- moin. Ils se seraient dissipés au bout de quelque temps, et depuis lors elle n'aurait rien ressenti. 11 octobre. L'état de la malade est le même : ni paralysie de la face, ni paralysie des membres inférieurs. Huile de ricin, 15 gr. ; huile de croton, deux gouttes. 12 octobre. La langue est un peu plus humide ; la soif est modérée ; la déglutition n'est pas gênée; il n'y a pas eu de vomissements, mais des selles abondantes. Il semble qu'il existe à gauche des vertèbres du cou, surtout vers la partie moyenne de la région, un empâtement des parties molles. La pression est difficilement supportée à gauche des apophyses épineuses des quatrième et cinquième vertèbres cervicales. Toutefois, c'est en- core la nuque qui est le siège des plus vives souffrances. En présence de ces symptômes et en l'absence de phénomènes mor- bides du côlé de la face, de l'intelligence et des membres inférieurs, nous crûmes à une affection des vertèbres du cou, comprimant la moelle ou les troncs nerveux qui concourent à la formation du plexus bra- chial. 13 octobre. La paralysie est la même au bras gauche. La tête est por- tée à droite et en arrière. La malade retire sa jambe gauche du lit, l'ai- 156 longe, la fléchit et la remet en place. Cependant elle paraît un peu moins forte que la droite. La sensibilité est conservée. G... répond moins bien aux questions; on dirait qu'il y a de l'incertitude dans ses idées. La parole n'est pas embarrassée. Langue très-sèche, brunâtre; pas de dysphagie ; selles et urines in- volontaires. Pas d'érythème, ni d'eschare, etc. Soir. La malade a pris, sans peine, du potage à onze heures. Jusqu'à trois heures elle n'avait rien offert de spécial. Voyant que l'heure de la clôture des visites du dehors allait sonner et (|u'on ne venait pas la voir, elle a été contrariée, et à quatre heures elle a été prise d'un accès (rétouffemcnt : les lèvres étaient pâles, la face et les doigts bleuâtres, violacés; la malade se plaignait d'une grande oppression. On la fit asseoir, mais avec difficulté, parce que, dit-on, le corps et particuliè- rement le tronc étaient roides et qu'elle ne s'aidait pas. La dyspnée est allée en augmentant; la respiration est devenue de plus en plus rare et G... est morte à cinq heures. Autopsie faite le ib octobre. — Tête. — Péricrâne,os, etc., sains. Les artères de la base oiïrent çà et là quelques plaques athéromateuses. La pie-mère est normale et se détache sans peine. Les circonvolutions cérébrales sont d'une intégrité parfaite. Il en est de même des hémis- phères eux-mêmes. L'incision des pédoncules cérébraux ne montre rien de particulier. — Cervelet sain de même que la protubérance : différentes coupes pratiquées soit sur les hémisphères cérébelleux , soit sur la partie moyenne de \à protubérance^ soit enfin sur les pédon- cules cérébelleux y noni fait découvrir aucune lésion, aucun point ané- vrismatique. Bulbe. — Sur une coupe du bulbe, à 1 centim. 1/2 au-dessous des olives, on aperçoit trois foyers hémorrliagiques : le premier siège sur la partie antérieure de la moitié gauche du bulbe (cordon antéro-latéral^^; il a 2 à 3 millimètres de longueur sur 1 à 2 de largeur ; le second oc- cupe en partie la corne antérieure gauche de la substance grise et le faisceau latéral; il a les mêmes dimensions que le précédent; — le dernier est situé sur la partie postérieure de la moitié droite du bulbe, entre le sillon médian postérieur et la corne postérieure droite ; il me- sure 2 millim. 1/2 sur 1 u\illim. Ces trois foyers ont une couleur noire, foncée, et le tissu nerveux qui les environne a une coloration brunâtre, ce qui fait paraître encore les foyers plus larges qu'ils ne le sont en réalité. Aspect extérieur de la moelle. — A 4 ou 5 millim. au-dessous de la coupe qui sépare le bulbe de la moelle, on voit, à gauche du sillon mé- dian antérieur, une tache rouge d'environ 4 millim., due à un caillot i57 qui n'estséparé de l'extérieur que par une membiane très-mince et qui a dévié le sillon médian à droite. Au-dessous de cette taclie existe une saillie semi-ovoïde, ayant 1 centim. de hauteur sur 8 millim. de largeur, répondant aux tiers an- térieur et latéral de la moitié gauche de la moelle : on dirait que, à ce niveau, la moelle fait hernie Sur la moitié supérieure de cette sorte de tumeur, le sang est pour ainsi dire à nu, tandis que dans la moitié inférieure le sang est encore retenu par une couche si peu épaisse de tissu nerveux qu'elle laisse voir la coloration violacée du caillot. De l'extrémité inférieure de cette saillie descend une traînée noirâ- tre de 1 à 2 millim. de largeur et de 3 centim. de longueur. La racine antérieure correspondante est distendue et les filets nerveux qui la composent sont écartés. Coupes horizontales. — 1° Une coupe tr nsversale pratiquée à 17 millim. au-dessous du sillon qui sépare le bulbe de la protubérance, met à découvert un caillot noir, ovcïde, ayant 4 millim. sur 3 et sié- geant au niveau de la corne antérieure gauche et de la partie anté- rieure du cordon antérieur correspondant. Le foyer hémonhagique ar- rive presque jusqu'à la périphérie de la moelle, d'une part, et, de l'autre, à 2 millim. de la commissure antérieure. 2° Sur une coupe faite à 25 millim. du bord inférieur de la protubé- rance, on découvre, sur une coupe transversale, le prolongement du caillot précédent qui, à cette hauteur, mesure 2 millim. sur 1 1/2; il est encore ovuïde et intéresse surtout le cordon antérieur gauche. 3° Vient ensuite la coupe oblique de la moelle, faite pour la séparer du bulbe; nous avons décrit l'aspect qu'elle offrait : nous n'y revien- drons donc pas. 4° A 4 centim. du sillon précité, c'est-à-dire au niveau de la partie moyenne de la saillie ovoïde que nous avons décrite, une coupe hori- zontale montre : 1° un caillot brun noirâtre, grenu, occupant le centre môme de la section et débordant vers le sillon latéral gauche; 2" un caillot d'un rouge assez clair avec deux points plus foncés, ayant, d'une façon générale, un aspect lisse; ce caillot occupe la corne anté- rieure gauche et presque tout le cordon antérieur. En effet, sur la li- gne qui répond au sillon d'origine des racines antérieures, il n'est sé- paré du dehors que par la pie-mère spinale. Ces deux caillots se tou- chent suivant leur plus grand diamètre et ont à peu près les mêmes dimensions (4 millim. sur 2 1/2 à 3). A l'œil nu, ils paraissent être de deux âges différents. 5» A 8 centim. au-dessous du bord inférieur de la protubérance, on voit un caillot de 4 millim. de largeur, aboutissant extérieurement à la ;-^if 158 traînée noirâtre que nous avons signalée sur la face antérieure de la moelle. Sur une coupe pratiquée 2 centim. plus bas, on ne trouve rien d'anormal. De nombreuses sections faites sur la région lombaire de la moelle n'ont fait découvrir aucun anévrisme. (Nous avons conservé la moelle pour un examen plus approfondi qui sera fait sous la direction de M. Charcot.) COMPTE IIRNDU DES SÉANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS d'OCTOBRE 1870; Par m. HAYEM, secrétaire. PRÉSIDENCE DE M. CHARCOT, Séance du 22 octobre. M. Laborde présente au nom de M. Gubler de l'ouate imbibée de glycérine puis exprimée, qui forme un tissu légèrement onctueux, suffisamment absorbant, qui constitue un excellent moyen de panse- ment. A l'occasion de cette communication, M. Leven appelle l'attention de la Société sur les avantages de la dissémination des blessés dans les petites ambulances. Il résume son opinion en ces termes : Mieux vaut une petite ambulance sans médecin qu'un grand médecin dans une grande ambulance. M. Ranvier appuie l'opinion de M. Leven et déplore les accumu- lations de blessés dans les ambulances de l'Intendance et de la So- ciété internationale, où l'infection purulente fait de nombreuses vic- times. M. HouEL accepte en partie ces critiques, mais il pense qu'il ne faut pas faire fi de l'intervention chirurgicale autant que M. Leven. Dans les fractures comminulives par armes à feu, elle est absolument indis- pensable. 160 —M. Hayem communique une observation de fracture comminutive du crâne avec issue d'un champignon de matière cérébrale. Le malade est mort d'infection purulente au bout de huit jours seulement. Les deux lobes frontaux, surtout le droit, étaient détruits, substance grise et substance blanche; l'arachnoïde avait suppuré, mais la pie -mère n'était pas enflammée. Malgré des lésions énormes, il n'y avait eu ni commotion ni collapsus; l'intelligence était conservée, la sensibilité et la motilité étaient intactes, la parole était conservée ainsi que le sens du goût. — M. BoucnABD signale à la Société un fait qu'il n'a trouvé signalé ni dans les traités qui s'occupent de la variole ni dans les ouvrages d'ophthalmologie ; c'est une iritis survenant le plus souvent à un seul œil chez les malades convalescents de variole ou de varioloïde quand la période de dessiccation est terminée et que la desquammation s'opère déjà. Cette iritis, dont M. Bouchard a recueilli le premierexemple en 1858, à Lyon, et qu'il a retrouvée depuis, chaque année, notamment à l'Hôtel-Dieu de Paris en 1869 et 1870, où il a plusieurs fois appelé l'attention des élèves de la clinique sur ce fait, se présente en ce mo- ment à son observation chez huit malades dans une ambulance mili- taire de vario'eux. La maladie, qui apparaît tardivement, n'a été pré- cédée ni de pustules des paupières ou de la conjonctive, ni de kératite. Elle se traduit par une douleur orbitaire avec retentissement à la tempe et à la racine du sourcil, par de la gêne de la vue, un arc grisâtre péri- kératique avec vascularisation radiée très-fine de la sclérotique au voisinage, (|uelquefois modification de la couleur et de la contractilité de l'iris. L'action locale de l'atropine amène un soulagement et une guérison rapides. Mais dans le premier cas, où le traitement ne fut pas administré, les douleurs devinrent intolérables et il resta un état de synéchie antérieure. Dans un autre cas il se développa une kératite secondaire. D'une façon générale, la maladie est donc bénigne. Un fait qui mérite d'être signalé, c'est que chez plusieurs des ma- lades on constate en même temps des douleurs articulaires, quelque- fois de la péricardite, dans un cas même il y eut endocardite. M. Bou- chard compare cette iritis secondaire à celle de la blennorrhagie, et signale les rapprochements qu'on pourrait établir entre ces manifesta- tions de la variole sur les séreuses et ce qu on a appelé le rhumatisme blennorrhagique, le rhumatisme scarlatineux. M. Leven a eu l'occasion d'observer un cas de ce genre ; il a été plus grave, et l'iritis s'est terminée par un phlegmon de l'œil. , M. Ollivier a remarqué aussi dans ([uelques cas l'iritis chez des va- 161 rioleux qui paraissaient n'avoir pas de pustules de la conjonctive; mais en retournant les paupières, il a découvert des pustules. M. Laborde dit qu'on peut en ce moment observer quelques cas d'iritis chez des varioleux à l'hôpital Beaujon, dans le service de M. Gubler, mais ce sont des irilis qui compliquent les pustules de la conjonctive ou de la cornée. La séance est levée à cinq heures un quart. Séance du 29 octobre. M. Hayem présente à la Société les pièces anatomiques relatives au fait suivant : AU MOMENT DE LA CONVALESCENCE d'uNE PNEUMONIE FRANCHE , MORT SUBITE DUE A DES EMBOLIES PULMONAIRES QUI AVAIENT POUR POINT DE DÉPART DES VEINES VARIQUEUSES NON ENFLAMMÉES DES MEMBRES INFÉRIEURS. C..., âgée de 49 ans, domestique, entre le 9 octobre 1870 à la Cha- rité (salle Saint-Joseph, n» 9) dans le service de M. Bernutz. C'est une femme. robuste, habituellement bien portante. Elle est tom- bée malade brusquement cinq jours auparavant et offre tous les signes d'une pneumonie franche du côté droit. Cette pneumonie marche de bas en haut, de la base au sommet, et s'accompagne de symptômes adynamiques qui font redouter une terminaison fâcheuse. Cependant le 20, la maladie entre nettement en résolution : la fièvre tombe, la langue se nettoie et redevient humide. On entend dans le thorax des râles de retour, l'appétit renaît. Le 25, la malade demande la permis- sion de se lever; elle se sent très-bien. Dans la journée, elle marche seule jusqu'aux commodités; puis là appelle du secours, et au moment où l'on s'approche, on la trouve étendue à terre dans une sorte d'état syncopal. On va quérir avec empressement l'interne de garde; mais lorsqu'il arrive, soit un quart d'heure à peine après le début des accidents, la malade est morte. Les personnes du service qui l'ont entourée pendant ces quelques mi- nutes font le récit suivant : Remise au lit elle était d'une pâleur extrême, ses extrémités étaient froides, comme privées de sang, sa respiration était anxieuse, et ce- pendant la connaissance n'était pas abolie. Cette femme n'a jamais présenté d'œdème des jambes; elle n'avait pas de cicatrices d'ulcères variqueux, et les varices trouvées sur le ca- davre n'avaient pas attiré notre attention avant la mort. C. R. 1870. 11 102 Autopsie le 27 octobre. — Cadavre parfaitemenl conservé; lenipéra- tiire basse. Cavité thoracique. —Adhérences anciennes à droite au niveau du lobe supérieur. Celle parlie du poumon esl lourde el offre Tempreinle des côtes. Le tissu esl encore hépalisé, elsur des coupes on peut étu- dier les caractères très-intéressants de la pneumonie lobaire en voie de résolution. Dans les parties inférieures du poumon : engouement avec crépita- tion normale ; tout à fait à la base, légère suffusion sanguine diffuse. Poumon gauche: emphysème vésiculaire peu intense; congestion légère avec un peu d'infiltration sanguine diffuse à la base. Cœur : Infiltration sanguine peu abondante dans le tissu cellulaire du médiastin près du péricarde. Le cœur a un volume normal ; léger épaississement du bord libre de la mitrale; pas de lésions d"oriûce, pas de caillots. En ouvrant Varlère pulmonaire, on rencontre dès sa bifurcation un grand nombre de caillots de la grosseur d'une plume d'oie environ, au nombre de iO à 12 de chaque côté. Ces caillots, dont la grosseur et la longueur sont très-variables, sont bloqués dans toutes les branches qui parlent de l'artère pulmonaire. Ils sont tous parfaitemenl libres, sans aucune espèce d'adhérence, et n'offrent pas le moindre rapport ;de forme ou de calibre avec l'artère dans laquelle ils sont arrêtés. Leur aspect est assez uniforme : ils sont tous foncés dans leur partie prin- ci[)ale el rosés blanchâtres en quelques points peu étendus; ils se ter- minent en pointe mousse et, retirés des vaisseaux, ils sont sinueux et offrent des renflements ou de petits mamelons arrondis qui se sont cer- tainement moulés sur des dilatations ou des valvules veineuses. Le plus long de ces caillots n'a pas moins de 15 centimètres; il présente une branche ou diverticule de 1 centimètre. Ce long tube cruorique, facile à enlever, est engagé à gauche dans deux des premières bifurcations de l'artère pulmonaire, de telle manière qu'il esl à cheval sur un épe- ron vasculaire el forme une anse tournée vers l'orifice de l'artère pul- monaire. Dans les petites branches de l'artère pulmonaire, les caillots embo- liques sont prolongés par de petites coagulations récentes, d'une cou- leur gelée de groseille, qui occupent les quatrième et cinquième bran- ches de bifurcation, les trois ou quatre premières étant remplies par les caillots emboliques. La crosse aortique est un peu large el contient quelques plaques calcaires. La raie est très-grosse, molle avec hypertrophie des corpuscules blancs. 163 Les reins, le foie, les intestins, l'estomac, les organes génitaux et les annexes sont parfaitement sains. L'encéphale est également irréprochable à l'œil nu; il n'est même pas d'une pâleur bien manifeste. Les gros vaisseaux que l'on met habituellement à découvert dans une autopsie ne présentent rien de particulier; il en est de même des veines crurales. Quelle peut donc être l'origine des embolies pulmonaires? M. Hayem l'a trouvée en explorant avec soin les veines des membres inférieurs. En effet, il existe des varices superficielles des deux côtés, surtout à droite, au niveau des mollets. Ces dilatations veineuses intéressent surtout la saphène externe jusqu'à son embouchure dans la poplitée. A gauche les varices contiennent deux ou trois caillots non adhérents complètement semblables à ceux trouvés dans les artères pulmonaires. A droite ces caillots sont bien plus nombreux et plus volumineux et ils sont, sous le rapport du volume, de l'aspect, de la forme, etc., complètement analogues aux caillots emboliques. Tous ces caillots d'origine veineuse se sont formés en même temps, et comme ils sont à peine décolorés en quelques points limités , peu durs et très-foncés, ils ne paraissent pas remonter à plus de quelques jours (huit à quinze au plus). La paroi des veines variqueuses est saine, sauf les altérations com- munes aux varices ordinaires de développement moyen. Les caillots sont tous faciles à détacher^ sauf ceux qui sont comme intriqués en certains points dans les valvules et les bosselures. Les veines poplitées et crurales des deux côtés sont larges et contiennent du sang fluide, non coagulé. Les caillots des veines variqueuses étaient disposés de manière à être soumis, de la part de ces grosses veines, à une sorte d'aspiration. M. Hayem résume et interprète ces faits de la manière suivante : Pendant le cours de la pneumonie il s'est produit dans les veines variqueuses une coagulation du sang, et cela sans phlébite; puis, au moment même où la malade se levait pour la première fois, sous l'in- fluence d'efforts musculaires et d'un surcroît d'activité dans la circu- lation, les caillots des veines variqueuses se sont détachés, ont été lan- cés en grand nombre dans les branches de l'artère pulmonaire, et la mort a eu lieu en quelques minutes sous Tinfluence de ces embolies multiples et volumineuses. M. Hayem fait remarquer les points les plus importants de cette ob- servation. Déjà en 1868, dans le service de M. Tardieu à l'Hôtel-Dieu, il a ob- servé un cas de mort subite par embolies pulmonaires chez une femme 164 variqueuse. Mais dans ce dernier fait les varices étaient enflammées, on sentait des cordons durs, la phlébite non douteuse donnait une ex- plication facile de la coagulation du sang et pouvait faire redouter la fatale complication qui est survenue brusquement. Dans le cas actuel, la cause de la coagulation dans les veines vari- queuses est plus insolite, moins bien connue. Il y a eu dans le cours de la pneumonie qui, en somme, a été grave, quelque chose d'analogue à ce qui se passe dans la phlegmatia alba dolens; c'est-à-dire que l'al- tération du sang dans la pneumonie et peut-être aussi le ralentisse- ment, l'affaiblissement de la circulation sont les seules causes qui puis- sent, comme dans les cachexies, être invoquées pour expliquer la coa- gulation du sang. Toutefois, celle-ci a eu lieu exclusivement dans les veines variqueuses. Aussi ce fait prouve-t-il que les varices offrent du danger non-seulement dans les cas où elles sont le siège de phénomè- nes inflammatoires, mais encore, ce qui paraît beaucoup moins connu, alors qu'elles sont simples. Cette observation établit, en effet, que dans le cours d'une phlegmasie aiguë, peut-être faudrait-il dire seulement d'une pneumonie, les veines variqueuses peuvent devenir le siège de coagulations spontanées. Ce point paraît avoir une grande importance à M. Hayem relati- vement à la question si souvent discutée et encore mal définie des morts subites dans les maladies aiguës et à l'époque de leur conva- lescence. Note sur la présence des bactéries dans le sang des érysipélateux; par le docteur Nepveu, ancien interne des hôpitaux. Cherchant un jour à constater le fait annoncé par M. Vulpian, la mul- tiplication des globules blancs dans le sang pris sur une plaque d'érysi- pèle, je fus amené à y reconnaître aussi l'existence de bactéries. !.. Désirant faire quelques recherches sur ce sujet, voici les précautions que je crus devoir prendre par la suite. Il fallait opérer avec la plus grande rapidité possible pour éviter l'action prolongée de l'air sur le sang à examiner; aussi installai-jemon microscope à côté môme, de mes malades. Il fallait en outre que les plaques de verre fussent parfaite- ment nettes; je les nettoyais dans de l'alcool, et je les faisais passer pendant quelques secondes dans la flamme d'une lampe à esprit-de-vin ; puis, afin d'être bien sûr de n'introduire dans le sang à observer aucun élément étranger, je l'ai toujours examiné dans son propre sérum. J'ai pu rassembler dix observations sur ce point : dans tous les cas, moins un, j'ai trouvé des bactéries dans le sang, et encore, dans ce der- nier fait, l'érysipèle à son déclin disparaissait complètement le lende- 165 main. De ces dix observations, je ne rapporterai que les quatre pre- mières. Obs. I. — Madame Camusard, 59 ans, entre à Lariboisière , salle Sainte-Jeanne, pour une tumeur du sein. La tumeur est enlevée le 24 février 1868; c'était un sarcome muqueux. Cette femme, excessive- ment nerveuse et très-affaiblie par de nombreuses privations, était per- suadée que tout irait mal; elle est prise en effet d'érysipèle ambulant quelques jours après, et au bout d'une quinzaine de jours elle succom- bait avec un eschare au sacrum. Au moment où le sang fut examiné, l'eschare ne s'était pas encore produite. Dans une piqûre faite à un doigt, je trouvai un ou deux bac- téries dans le champ du microscope; c'était le bacteriiim pîinctum d'Ehrenberg. Dans ce premier fait, la malade était tellement impressionnable, que je ne pus obtenir d'elle d'examiner le sang pris dans une plaque érysi- pélateuse par une piqûre d'épingle. Obs. II. — Jacquemin (Apolline), 52 ans, entre salle Sainte-Jeanne le 18 mai, pour un cancer du sein; opérée le 24 mai, elle est atteinte de trois érysipèles successifs ; elle guérit. Dans le sang pris sur une piqûre faite sur une plaque érysipélateuse, je trouve une multiplication assez notable des globules blancs; il y en avait 7-8 sur le champ du microscope, à un fort grossissement, le n» 9, immersion d'Hartnack. Les globules rouges sont accolés les uns aux autres en piles très-élégantes. Au bout de 4 à 5 minutes, il se produit sur tout le champ de la préparation une foule de fins cristaux en ai- guilles d'une grande longueur. Enfin, à côté de granulations élémen- taires immobiles à reflet jaunâtre, on aperçoit de petits corpuscules ovoïdes animés de mouvements assez vifs et très-variés, indépendants de toute espèce de courants et très-capricieux: ce sont des bactéries, ils vont et viennent à droite, à gauche, s'approchent un instant des glo- bules rouges, puis disparaissent entre deux piles pour reparaître de Douveau; ils sont au nombre de trois, quatre, quelquefois cinq par champ de microscope. Ces corpuscules sont en tout semblables à ceux qu'Ehrenberg et Dujardin ont décrits sous le nom de bacterium punc- tum. Le sang extrait d'une piqûre faite à un doigt présente les mêmes par- ticularités : les bactéries y sont en moins grand nombre; il faut même parcourir toute la gouttelette de sang avec le microscope pour en dé- couvrir quelques-uns. Obs. III, — Bertoud entre le 9 juillet pour une plaie de la région mé- tacarpienne. On le traite par l'irrigation continue; il se produit néan- 166 moins une plaque érysipélateuse deux jours après, qui s'étend sur tout l'avant-bras. Des bactéries, mais en moins grand nombre que dans les faits précé- dents, existent dans le sang pris aux points malades. Obs. IV. — Amédée Appert entre à Lariboisière le deuxième jour d'un érysipèle de la face. Au moment de l'examen, la fièvre a en partie dis- paru; l'érysipèle disparaît complètement le lendemain; c'est le qua- trième érysipèle de la face en trois ans. Le sang pris dans une piqûre faite à un doigt présente tout d'abord, avant que le microscope soit au point, une zone finement granuleuse con- nuedepuisFeltzsouslenomde zone immobile, et (]ueLûders(l} regarde comme formée de vibrions immobiles, « ruende Fibrionen. » Une fois le microscope au point, on voit se mouvoir dans le sérum sanguin des corpuscules un peu plus gros que ceux qu'on observe dans la zone immo- bile, les uns lentement, d'autres avec une assez grande vivacité dans le liquide ; ils s'unissent parfois deux à deux ; leur mouvement ne con- siste pas dans un mouvement d'oscillation, c'est un mouvement de trans- lation bien net. A côté de ces corpuscules on distingue très-nettement des granulations immobiles et de longs cristaux très-fins, très-grêles et très-longs qui s'enchevêtrent dans le liquide et ressemblent à ceux que l'on trouve dans la septicémie et que Feltz a le premier signalés dans cette maladie. De l'ensemble de ces observations et d'autres faits que nous avons examinés depuis, il me semble permis de tirer les conclusions sui- vantes : 1° Il existe des bactéries dans le sang extrait d'une piqûre faite sur une plaque d'érysipèle; ces bactériessont en assez grand nombre: trois, quatre, cinq, quelquefois six, sept dans le champ du microscope (im- mersion n" 9, d'Hartnack), 2° Les bactéries existent aussi dans le sang pris en tout autre point que sur la plaque d'érysipèle, au bout du doigt, par exemple, pour un érysipèle du tronc; leur nombre est moins considérable : un, deux, trois, rarement davantage dans toute la gouttelette de sang qu'on exa- mine. 3° Dans tous les cas observés, la variété de bactérie trouvée a toujours été le bacterium punclum d'Ehrenberg. 4° Si les bactéries existent dans VértjsipèLe tranniatique^ comme le font voir quelques-uns des faits précédents, ils paraissent exister aussi (1) Liiders, Archives de Max. Schultze, 1867, tome III, page 318. 167 dans les érysipèles dits spontanés (voy. plus haut l'obs. IV); il resterait à déterminer si le fait est constant. La présence des bactéries dans le sang des érysipélateux n'a été iOMpfonnee jusqu'ici que par Volkmann. Dans l'article Érysipèle qu'il a écrit dans le Traité de chirurgie générale et spéciale de Pilha et Biiroih (1), il dit, page 158 : « Peut-être des microphytes jouent-ils dans la production de l'érysipèle un grand rôle comme ferment. » Plus loin encore il ajoute : « L'origine de la propagation sur place de l'érysipèle est peut-être dans les mouvements de cellules voyageuses {wanderude Zelien) ou de microphytes, » Pour lui donc l'existence de ces faits est encore problématique, c'est une pure hypothèse. Aussi se demande-t-il en terminant si, dans son principe, l'érysipèle est un poison ou un fer- ment, « ist es ein Gift ? ein Ferment? » Les hypothèses de Volkmann sur la propagation de l'érysipèle ne doivent pas, ce nous semble, rester dans l'ombre. Certainement, à côté du mouvement circulatoire, les mouvements amiboïdes des globules blancs, d'une part, les mouvements des bactéries, d'autre part, doi- vent être des facteurs importants dans la propagation de l'érysipèle; encore faut-il remarquer que la vivacité des mouvements des bacté- ries est bien autrement grande que celle des leucocytes. Certains faits (ïinoculaiion pourraient peut-être trouver quelque explication dans les données précédentes. Dœpp (de Saint-Péters- bourg) (2) rapporte le fait suivant : Un médecin vaccine neuf enfants avec du vaccin pris sur un enfant atteint d'érysipèle, et les neuf en- fants sont aussi pris d'érysipèle.— Un autre fait bien connu est encore celui de ce barbier anglais qui rase un érysipélateux; le client qui vint après fut pris d'érysipèle de la face. Comment, dans cet ordre d'idées, expliquer l'apparition des épidé- mies (3) dont fourmille l'histoire de cette affection? Sont-elles dues à une prolifération, sous certaines conditions encore indéterminées, de ces organismes inférieurs répandus dans l'atmosphère, de ces germes dont Pasteur a démontré l'existence qui parviendraient à entrer dans le sang à la faveur de solutions de continuité des téguments internes et externes, si minimes qu'elles fussent ? Sont-elles dues à des altérations primitives des liquides qui se trouvent à leur surface, altérations qui (1) Handbuch der allgemeinen u>d SPECIELLEX CHIRURGIE (Bd I, II Thcil, article Érysipèle, par Volkmann). (2) Schmidt's Jahrbucher, Bd XXX, page 184. (3) Épidémies diverses : américaine, rapportée par Hirsch; — ita- lienne, 1700, parTozzi; — françaises, parDarluc, 1750, par Fenestre, 1861, etc. ; — anglaises^ par Gibsou et Mac Dowell. 168 serviraient de milieu, de point de ralliement au développement ulté- rieur de ces organismes toujours présents dans les fluides ambiants? Faut-il encore, comme Liiders (1) le suppose, admettre dans le sang à l'état normal des vibrions immobiles [rufiende Vibrionen) qui seraient prêts à prendre des développements ultérieurs, lorsque le milieu dans lequel ils se trouvent commence à s'altérer, en un mot des vibrions immobiles qui deviendraient mobiles lorsque le sang serait contaminé par une substance septique ? Voilà des hypothèses qu'il est tout aussi difficile d'attaquer qu'il a été facile de les édifier. Pour le présent, contentons-nous de les men- tionner et de faire pressentir le rôle que peut jouer dans l'explication de ces épidémies la présence des bactéries dans le sang. Quoi qu'il en soit, au point de vue anatomo -pathologique , d'une part, l'existence des altérations viscérales dans l'érysipèle (tuméfac- tion trouble et dégénérescence granulo-graisseuse des principaux vis- cères) (2), d'autre part, l'existence de bactéridies dans le sang, rappro- chent l'érysipèle du grand groupe des septicémies. A ce sujet, il n'est peut-être pas inutile de rappeler que Piorry, en 1843, désignait déjà dans son Traité de médecine pratique l'érysipèle sous le nom de sep- tico-dermite. (1) Liiders (voy. Archives de Max. Schullze, 1867, tome III, p. 318); sur le même point, consulter Bettelheim Cari (Wiener Presse, 1867), et Richardson (American journal of médecine, 1867). (2) Emil Ponfick, Dissertation inaugurale, Heidelberg. Veber diepa- thologiscli anatomisclien veraederungen der inneren organe bei loed- licfi verlanfenden erysipelcn. FIN DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES. MÉMOIRES LUS A LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNÉE 1870. MÉM. 1870, MÉMOIRE SUR UNE NOUVELLE ANOMALIE DE LA COLONNE VERTÉBRALE CARACTÉRISÉE PAR LA PRÉSENCE D'UNE VERTÈBRE DORSALE SURNUMÉRAIRE ENCLAVÉE ET PAR UN NOMBRE DE CÔTES DIFFÉRENT DANS CHACUNE DES PAROIS THORACIQUES Observation recuillie sur un cbeval Par M. ARMAND GOUBAUX, Professeur d'auatumie et de physiologie à l'Ecole vétérinaire d'AIfort, membre titulaire de la Société de Biologie. Dans un Mémoire Sît7' les anomalies de la colonne vertébrale chez les animaux domestiques, que j'ai communiqué à l'Académie des sciences dans la séance du 23 septembre 1867, et qui a été imprimé dans le Journal de l'anatomie et de la physiologie de l'homme et DES animaux (numéros de novennbre 1 867 et de janvier 1868), j'ai fait connaître toutes les anomalies que j'avais eu l'occasion de constater sur les nombreux cadavres qui ont été utilisés pour les études anato- miques, depuis le jour oii j'ai été chargé de cette partie de l'ensei- gnement à l'École d'Ali'ort jusqu'à celui de la publication de ce tra- vail. Les observations que renferme ce mémoire sont assez nombreuses, et elles sont plus ou moins intéressantes. Je n'ai pas l'intention de revenir aujourd'hui sur toutes ces di- 4 verses anomalies; cependant je puis obligé de dire que toutes celles que j'ai observées depuis l'époque sus-indiquée n'ont fait que me lortifier dans les opinions que jai émises, à la fin de ce mémoire, sous la forme de conclusions. Une nouvelle observation, que je viens de faire tout récemment, m'a déterminé à rédiger ce nouveau mémoire, tout à la fois comme une suite et un complément de mon premier travail. Voici celte ob- servation : Obs.— Un cheval hongre, sous poil bai, d'une taille un peu au-dessus de la moyenne, très-vieux, qui est resté quinze jours daus l'écurie au service d'anatomie, et sur lequel on n'a remarqué aucune déviation de la colonne vertébrale, a été sacrifié pour les dissections le lundi 31 janvier 1870. Le jeudi 3 février, la dissection du cadavre était déjà assez avancée, lorsque les élèves eurent l'idée de compter les côtes : ils reconnurent qu'il y avait 18 côtes du côté droit et seulement 17 du côté gauche, et ils me firent part de la remarque qu'ils venaient de faire. J'examinai le cadavre immédiatement; je comptai les côtes moi- même, et je reconnus l'exactitude de l'observation des élèves. Était-ce là un fait semblable à d'autres que j'avais constatés antérieurement? Le nombre difierent des côtes, à droite et à gauche, était-il le résultat de la transformation en une sorte de côte de l'apophyse transverse du côté droit de la première vertèbre lombaire? Je constatai tout de suite que, d'une part, les deux premières côtes étaient sur le même plan, et. d'autre part, que les deux dernières côtes étaient aussi sur la même ligne transversale. Je ne tirai aucune conclusion quelconque immé- diatement après avoir fait les constatations dont je viens de parler, et je recommandai aux élèves qui disséquaient ce cadavre de ne pas diviser la colonne vertébrale, afin que je pusse l'étudier lorsqu'ils auraient terminé leurs dissections. Le cadavre fut à ma disposition le samedi 5 février, et voici ce que je notai tout d'abord. Il y a : 7 vertèbres cervicales; 6 vertèbres lombaires; 5 vertèbres sacrées; 7 côtes sternales du côté gauche; 8 côtes sternales du côté droit. Une anomalie me parut devoir exister dans la partie antérieure de la région dorsale du rachis. En conséquence, je fis diviser lu colonne ver- tébrale en avant, entre la 6"= et la 7* vertèbre cervicale, et en arrière 5 entre la 7' et la 8' côte du côté gauche et la 8" et la 9^ côte du côté droit. Le même jour, je m'occupai de préparer en squelette naturel la pièce anatomique pour en faire l'examen ultérieurement. Voici la description de cette pièce anatomique (1) ; A. Face inférieure de la région dorsale du rachis. La ligne médiane, représentée par la crôte inférieure ou médiane du corps des vertèbres dorsales, se dévie, à partir de la première ver- tèbre dorsale jusqu'à la partie postérieure de la troisième, graduelle- ment, mais très-fortement d'avant en arrière, de dedans en dehors et de gauche à droite ; puis, à partir du dernier point sus-indiqué, elle se dévie de nouveau, dans les mêmes proportions, mais en sens inverse, c'est-à-dire de dehors en dedans, d'avant en arrière et de droite à gau- che, jusqu'à la partie antérieure de la septième vertèbre dorsale dont la diversion est à peu près normale. Une règle posée sur le milieu de la face inférieure de la septième vertèbre cervicale et sur le milieu de la face inférieure du corps de la septième vertèbre dorsale permet de mesurer la déviation latérale : le sommet de l'angle que forme cette déviation correspond à la partie pos- térieure de la troisième avec la partie antérieure de la quatrième ver- tèbre dorsalOj et à la partie inférieure de l'articulation de la tête de la quatrième côte du côté gauche. En examinant comparativement le volume de chacune des moitiés latérales du corps des vertèbres, on arrive aux conclusions suivantes: 1" La moitié gauche du corps des 2% 3% 4" et 5^ vertèbres dorsales est plus large que la moitié droite du corps de ces mêmes vertèbres. 2° Dans les 6^ et 7" vertèbres dorsales, les deux moitiés latérales du corps sont de même volume. La particularité la plus remarquable qu'on constate sur cette face de la région dorsale est la suivante : Il existe une vertèbre ou portion de vertèbre enclavée : elle est si- tuée au sommet de l'angle de la déviation générale dont il a été ques- tion, c'est-à-dire du côté droit, et c'est évidemment à cause de sa pré- sence que le nombre des côtes est différent dans chacune des parois thoraciques. Cette vertèbre ou portion de vertèbre porte la quatrième côte du côté droit. En examinant avec attention, on reconnaît que la troisième vertèbre dorsale répond, par sa moitié droite ou la plus petite d'après ce qui a été exposé plus haut, à la partie antérieure de la vertèbre surnumé- raire ou enclavée, tandis que par sa moitié gauche, qui est très-dévc- (1) Nota. La pièce anatomique est présentée à la Société. 6 loppce, ainsi qu'il a été dit aussi plus haut, répond à la moitié corres- pondante delà quatrième. 11 s'ensuit nécessairement que la quatrième vertèbre dorsale répond à droite à la partie postérieure de la vertèbre dorsale surnuméraire ou enclavée. On comprend maintenant que : 1° La vertèbre dorsale surnuméraire ou enclavée, entre la partie postérieure de la troisième et la partie antérieure de la quatrième, a rendu la direction de la région dorsale vicieuse; 2° Que cette vertèbre a donné à la région dorsale une longueur plus grande du côté droit que du côté gauche; 3° Que les côtes du côté droit doivent être plus nombreuses que du côté gauche. En effet, elles sont au nombre de dix-huit du côté droit, et seulement de dix-sept du côté gauche ; 4" Que les côtes sont plus rapprochées les unes des autres (les troi- sième, quatrième et cinquième) du côté gauche que les côtes corres- pondantes du côté droit. B. Partie supérieure des vertèbres dorsales ou région spinale. Elle doit être examinée du côté droit et du côté gauche. 1° Côté droit. — On compte huit apophyses épineuses, et l'on re- marque cette particularité que la troisième est soudée à la quatrième dans les quatre cinquièmes environ de sa longueur. De plus, l'ensem- ble des apophyses épineuses décrit une courbure convexe dont la partie la plus saillante répond à la quatrième. Ce sont, du reste, les apophyses épineuses troisième et quatrième qui doivent être examinées en par- ticulier, car toutes les autres sont bien distinctes les unes des autres et ont leurs dimensions normales. Examen des troisième et quatrième apophyses épineuses. Je dois tout d'abord rappeler que la troisième apophyse épineuse appartient à la troisième vertèbre dorsale, et que la quatrième appar- tient à la vertèbre dorsale que j'ai appelée surnuméraire ou enclavée. Chacune de ces apophyses est, à la base ou à la partie inférieure, ré- trécie d'avant en arrière, et a près de moitié moins de développement que celle qui les précède (la deuxième) ou que celle qui les suit (la cinquième). Ces deux apophyses sont d'abord distinctes, et elles sont unies par ua ligament interépineux, puis elles se soudent et demeurent soudées dans tout le reste de leur longueur, jusques et y compris leur extré- mité supérieure. Dans leur ensemble, elles forment une apophyse épi- neuse unique, qui est très-large d'avant en arrière, mais qui n'a cer- tainement pas la largeur qu'auraient les deux apophyses normales si elles étaient soudées. En considérant la direction de l'apophyse épineuse de la troisième vertèbre dorsale, on acquiert la certitude que la portion annulaire ou spinale de cette vertèbre est dirigée obliquement d'avant en arrière et de gauche à droite. En ce qui concerne les apophyses articulaires situées l'une à la partie antérieure et l'autre à la partie postérieure de chaque vertèbre, voici ce que l'on remarque : i" Celle de la partie antérieure de la troisième vertèbre dorsale est distincte, et recouverte, comme à l'ordinaire, par l'apophyse articu- laire postérieure de la deuxième. 2° Celle de la partie postérieure de la troisième vertèbre dorsale est soudée à la correspondante ou à l'antérieure de la vertèbre surnumé- raire ou enclavée, mais cependant on voit encore un peu la trace de la séparation primitive de ces apophyses. Il en est de même pour les rapports de l'apophyse articulaire posté- rieure de la vertèbre dorsale surnuméraire ou enclavée avec l'apophyse articulaire de la vertèbre suivante : elles sont soudées. J'ajoute, pour terminer l'examen de la face droite de la partie annu- laire ou spinale de cette région dorsale, que : a. Toutes les apophyses transverses des vertèbres dorsales sont bien distinctes les unes des autres ; b. La tubérosité de chacune des côtes s'articule avec la facette arti- culaire que porte chacune des apophyses transverses; c. Enfin, que chaque côte, par sa tête, s'articule à la fois avec deux vertèbres, au moyen de la cavité de conjugaison dont la moitié anté- rieure appartient à la partie postérieure du corps de la vertèbre anté- rieure, tandis que la moitié postérieure appartient à la partie du corps de la vertèbre postérieure. La dernière particularité qu'il y ait à noter, c'est que, à l'exception de la quatrième côte, toutes les côtes sont espacées comme dans les conditions ordinaires. Mais la quatrième côte a son extrémité supé- rieure plus rapprochée de celle de la troisième et plus éloignée de celle de la cinquième, à cause de la déviation de la ligne médiane, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer précédemment. 2° Côté gauche. — L'ensemble des apophyses épineuses est dévié en sens inverse de ce qui a été indiqué pour le côté droit, c'est-à-dire qu'il décrit une concavité dont la partie moyenne répond à la qua- trième. Les troisième et quatrième apophyses épineuses sont les seules qui soient à examiner en particulier. Elles sont plus complètement soudées du côté gauche que du côté droit ; c'est à peine si, tout à fait à la partie inférieure, on voit le tiers .1 1 L I B R A r- V >■, .9"» 8 de la largeur de la quatrième, mais elle augmente graduellement do largeur de bas en haut. En examinant avec attention, on arrive à conclure que la partie in- férieure de l'apophyse épineuse de la vertèbre dorsale surnuméraire ou enclavée est plus complète du côté droit que du côté gauche, et cela résulte de ce qu'elle est dirigée obliquement d'avant en arrière et de gauche à droite. Si l'on tient compte dans cet examen du mode sui- vant lequel se développe l'apophyse épineuse des vertèbres dorsales (deux noyaux d'ossification latéraux qui s'opposent l'un à l'autre par leurs faces correspondantes au-dessus de la portion annulaire), le noyau d'ossification du côté gauche de l'apophyse épineuse de ila quatrième vertèbre dorsale est avorté, relativement au moyen d'ossification ho- mologue ou du côté droit. Pour moi, il n'y a aucun doute à cet égard. D'un autre côté, les apophyses épineuses sont soudées, et il en est de même des apophyses articulaires, ainsi qu'on le voit à la base des apophyses épineuses des troisième, quatrième et cinquième vertèbres dorsales. Enfin, il me paraît évident que l'apophyse transverse de la troisième vertèbre dorsale s'est soudée, confondue avec celle de la vertèbre surnuméraire ou enclavée. C'est pour cette raison qu'il y a, du côté gauche, une côte de moins que du côté droit. Enfin, je termine en faisant remarquer que l'extrémité supérieure des deuxième, troisième, quatrième et cinquième côtes est plus rapprochée que dans les condi- tions ordinaires, et que leur rapprochement est dû à deux causes : la concavité de la région dorsale du côté gauche et la présence d'une ver- tèbre enclavée ou surnuméraire du côté droit. En résumé, chez le cheval qui est le sujet de cette observation : Le nombre des vertèbres cervicales, des lombaires et des sacrées était normal. Le nombre des côtes était de dix-sept à gauche et de dix-huit à droite. Ordinairement le nombre des côtes sternales est de huit et celui des côtes asternales est de dix, mais il y a quelquefois des anomalies à cet égard. Chez le sujet de cette observation, il y avait sept côtes sternales à gauche et huit à droite. Le nombre différent des côtes dans chacune des parois thoraciques est en rapport avec une anomalie qui existe dans la région dorsale du rachis, à savoir qu'une vertèbre dorsale surnuméraire ou encla- vée se fait remarquer entre la troisième et la quatrième qui ont leur développement normal. 9 Cette vertèbre surnuméraire ou enclavée se fait remarquer sur- tout du côté droit, et elle est peu visible, dans sa partie spinale seu- lement, du côté gauche. C'est la présence de cette vertèbre qui a été la cause de la déviation qu'on observe dans la partie antérieure de la région dorsale. La situation de cette vertèbre est telle que la déviation du rarhis a pu passer inaperçue sur le cheval vivant, attendu qu'elle répon- dait à la région du garrot, ou entre les deux épaules. Telles sont les faits principaux qui ressortent de cette observa- tion. Maintenant, laissons de côté les détails qui ressortent de cette ob- servation pour n'en considérer que le fait principal. J'ai dit qu'il y avait, chez le sujet de cette observation, une ver- tèbre surnuméraire ou enclavée dans la région dorsale, et j'en ai fait connaître la situation et les connexions. Est-ce bien là une ver- tèbre surnuméraire, et doit-elle être considérée comme enclavée entre les voisines? Ce sont là deux points qu'il faut examiner succes- sivement, et à l'occasion de l'examen desquels il faut produire toutes les preuves nécessaires pour qu'il ne reste de doute dans l'esprit de personne. Mais avant d'aborder la discussion, il importe d'expo- ser en peu de mots ce que l'on constate dans les conditions ordi- naires. Chez le cheval, les vertèbres dorsales sont ordinairement au nom- bre de dix-huit, et par conséquent il y a dix-huit côtes de chaque côté. Je dis que ce sont là les nombres normaux, et j'insiste sur ce fait, bien qu'il ne soit pas absolument rare de rencontrer des ano- malies qui consistent soit dans une diminution, soit dans une aug- mentation. Ainsi, abstraction faite de la taille des individus, il y a des chevaux qui ont : Dix-sept vertèbres dorsales et dix-sept paires de côtes; et il en est d'autres qui ont : Dix-neuf vertèbres dorsales et dix-neuf paires de côtes. J'ai fait connaître tous ces faits, d'après mes observations person- nelles, dans mon premier mémoire, et ce sont les seuls qu'il était nécessaire de remettre ici sous les yeux du lecteur. Nous avons vu, chez le cheval qui fait le sujet de la présente ob- servation, que les côtes étaient au nombre de dix-huit du côté droit, et seulement au nombre de dix-sept du côté gauche. Ghacun de ces tn nombres peut se faire remarquer, — nous l'avons dit plus haut, — mais alors il est le même du côté gauche et du côl6 droit, ou bien, dans quelques cas exceptionnels, ainsi que Daubeuton et d'autres en ont lait la remarque, la difrérence du nombre des côtes est apparente seulement et non réelle, et elle tient au développement anormal de l'apophyse transverse de la première vertèbre lombaire qui a acquis un développement analogue à celui des côtes. Tous ces faits sont bien différents de celui que présentait le sujet de cette observation. Pour lui, il est certain que le nombre des côtes est naturellement différent dans chacune des parois thoraciques, et il est non moins certain que le nombre des côtes, plus élevé du côté droit que du côté gauche, est lié à la présence d'une vertèbre qui existe en plus du côté droit, car du côté gauche on n'en voit qu'une faible portion re- présentée par la partie annulaire ou spinale qui est soudée à la partie correspondante de la vertèbre voisine. C'est là le fait dominant dans l'anomalie que présentait le sujet de cette observation, Peut -on considérer cette vertèbre que j'ai appelée surnuméraire et enclavée comme une vertèbre normale, dont le développement serait moindre que dans les conditions ordinaires à cause de la déviation qu'avait éprouvée la colonne vertébrale dans la partie antérieure de la région dorsale du rachis? On ne saurait soutenir cette opinion. En effet, si, primitivement, cette vertèbre avait eu son volume, sa forme et ses connexions ordinaires, il est certain qu'elle eût été en rapport avec une côte, du côté gauche et du côté droit. On voit bien la côte du côté droit, mais il n'y a aucun vestige de celle du côté gauche, et on ne voit pas davantage les surfaces articulaires qui de- vaient servir à établir les connexions de cette vertèbre avec cette côte. Donc, la côte du côté gauche, qui devait correspondre à la qua- trième du côté droit, n'a jamais existé. Par les mêmes raisons, cette vertèbre doit être considérée comme surnuméraire (du côté droit, relativement au côté gauche), et si l'on ne tient aucun compte de la déviation vertébrale qui doit être attri- buée, sinon exclusivement, du moins à peu près exclusivement à sa présence, elle doit être considérée comme enclavée, et dans tous les cas comme une vertèbre incomplète ou imparfaite, placée entre des vertèbres dont le développement est normal : c'est cette particula- rité qui caractérise essentiellement celte nouvelle anomalie. Dans mon premier mémoire, je nai pas cru devoir adopter la clas- 11 sificalion proposée par M. Isidore Geotlroy-Sainl-Hilaire, en ce qui concerne les anomalies de la colonne vertébrale. M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire a pensé que « les divers cas, soit d'augmentation, soit de diminution du nombre des vertèbres se rapportent très-naturellement à trois genres, » et il les a étudiés « sous les noms de changements apparent, compensé et réel. » Cette division n'embrassait pas toutes les observations que j'avais faites, et c'est pour cette raison que j'ai établi la suivante : A. Anomalies par transposition des caractères des vertèbres. B. Anomalies du nombre des vertèbres composant chacune des régions du rachis, comprenant : 1° L'augmentation du nombre; 2° La diminution du nombre. Ces deux dernières anomalies embrassent celles que M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire a appelées changements apparent, compensé et réel. Toutes les observations que j ai publiées dans mon premier mé- moire ont été facilement rangées sous ces différents chefs ; mais sous lequel devra se trouver ma dernière observation? J'avoue que cette question m'embarrasse, car si l'on examine la pièce anatoraique, il y a évidemment du côté gauche une diminution du nombre des ver- tèbres dorsales et une diminution du nombre des côtes, relativement au nombre normal. Si, au contraire, on l'examine du côté droit, il y a le nombre norraaUles vertèbres dorsales, et aussi le nombre nor- mal des côtes. Mais dans tous les cas, et c'est ma conclusion finale, il y a une différence entre le côté droit et le côté gauche. C'est pour cette raison que je considère cette anomalie comme essentiellement caractérisée par une vertèbre surnuméraire enclavée. (Dans la série, elle correspondrait à la quatrième.) L'observation que je viens de présenter m'a remis en mémoire un fait que j'ai communiqué à la Société nationale et centrale de méde- cine vétérinaire dans la séance du 2? avril 1858, sous le titre de : Description anatoviique dhin chien bossu. Réflexions sur les lésions que présente le squelette de cet animal. Jusqu'à un certain point, ces deux observations peuvent fournir matière à des rapprochements (1). (1) Voyez Recueil de médecine vétérinaire, tome XXXV, ou 5*^ de la i" série. Année 1858 page 758, 12 Sans reproduire ici tous les détails qui ont 6té notés lors de la dissection de ce chien, et en me bornant à rappeler les particulari- tés principales de la région dorsale, il y a, comme on va le voir, quelques traits qui sont communs dans les deux observations. En effet: 1" La région dorsale de ce chien ne portait que onze apophyses épineuses, au lieu de treize qui est le nombre normal. En exami- nant la face inférieure de la région, on y reconnaissait treize vertè- bres. Donc, il y avait eu disparition de deux apophyses épineuses. 2° Le nombre des côtes n'était pas en rapport avec celui des ver- tèbres dorsales, car il y en avait dix du côté droit, et seulement neuf du côté gauche, au lieu de treize de chaque côté qui est le nombre normal. Je ne rappelle que ces faits, car il faudrait reproduire l'observa- tion dans toute son étendue; ce serait hors de propos, je le crois, mais il est certain qu'elle est très-intéressante dans tous ses dé- tails. Gomme conclusion, je citerai seulement la phrase par laquelle se termine cette observation, en l'appliquant aussi à la dernière. Ces deux observations seront peut-être de celles, si nombreuses, que l'on trouve dans la science, qui, à l'époque de leur publication, semblent n'avoir pas d'importance, mais qui en acquièrent plus tard, lorsque des faits nouveaux, plus complètement observés, permettent de faire des généralisations en réunissant tous les matériaux épars qui se rattachent à l'étude d'une même question. Alfort, le 17 mars 1870. NOTE S«K UN CAS DE TÉTANOS TRAUMATIQUE AUTOPSIE : EXAMEN MICROSCOPIQUE DE LA MOELLE, DU BULBE ET DE LA PROTUBÉRANCE, DES MUSCLES ET DES NERFS; lue à la Société de Biologie Par M. ALIX JOFFROY. Eugène Lançon, âgé de 12 ans et demi, est entré à l'hôpital de Sainte-Eugénie, dans le service de M. Marjolin, le 8 décembre 1869. Je remercie M. Marjolin et son interne, M. Debove, d'avoir bien voulu me communiquer les détails de l'observation et me confier le soin de l'autopsie. Les premiers symptômes observés par les parents, et pouvant être rapportés au tétanos, se sont montrés dans la journée du 9 décembre 1869, c'est-à-dire la veille de son entrée à Sainte-Eugénie. Le trau- matisme, cause de ces accidents, datait de huit jours, et consistait dans l'écrasement, produit par un engrenage, des trois derniers doigts de la main droite. Le petit doigt était écrasé dans toute sa longueur. L'annu- laire présentait une lésion analogue des deux dernières phalanges, le médian n'était atteint qu'à la dernière. A son entrée à l'hôpital, la plaie présentait un mauvais aspect, sup- purait mal, tandis que les parties voisines étaient infiltrées de pus. Les premiers symptômes caractéristiques, observés la veille, con- sistaient en roideur des muscles du cou et en difficulté d'écarter les arcades dentaires. Lorsque nous vîmes le malade le 8 au soir, on notait, outre ces signes, une roideur tétanique très-marquée dans 14 les membres supérieurs et inférieurs, et dans les muscles respira- teurs. De là, une gêne de la respiration, se traduisant par la rapi- dité et le peu d'amplitude des mouvements respiratoires. En même temps le pouls était très-rapide. Tous ces symptômes redoublaient d'intensité par moments. Enfin, l'enfant succomba le 10 décembre; la mort sembla causée par l'asphyxie. L'autopsie fut pratiquée vingt-trois heures après la mort, par une température froide, le cadavre étant dans un bon état de conservation. Il n'y avait rien à noter dans les viscères, sauf une congestion assez vive des poumons, des reins et du foie. L'en- céphale était complètement sain à Toeil nu, et l'on ne peut signaler au- tre chose qu'un léger degré de congestion des méninges. La moelle présente, à l'œil nu, les mêmes troubles de la circulation, mais à un plus haut degré. Le canal vertébral étant ouvert, on trouve dans toute sa longueur, entre la dure-mère et le canal osseux, un épanchement séro- sanguinolent en partie coagulé. La moelle enlevée, et la dure- mère ou- verte sur la ligne médiane, en avant et en arrière, la pie-mère apparaît fortement congestionné dans toute sa longueur. Faisant alors des cou- pes transversales, un examen très-attentif, à l'œil nu, de la substance nerveuse, ne nous permet de voir qu'une particularité ayant quelque importance, c'est la dilatation des vaisseaux qui se trouvent dans la commissure grise, au voisinage du canal central. Nulle part, on ne re- marque d'altération de la substance grise ou blanche, soit pour la con- sistance, soit pour la couleur. Le renflement cervical est particulière- ment examiné à ce point de vue, et l'on peut affirmer que dans ce cas i! ne présentait aucune modification notable. Examen microscopique. 1" Muscles. On trouve les caractères normaux de la fibre musculaire dans toutes les préparations des muscles sui- vants, examinés à l'état frais, savoir : muscles du mollet, des parois thoraciques, du bras et de l'avant-bras droit et de la nuque. 2° Nerfs. Le nerf cubital seul a été examiné. Les tubes nerveux ne présentaient aucune altération. Nous n'avons pas noté non plus la moindre lésion du tissu conjonctif des nerfs. 3° Protubérance^ bulbe el moelle. Des coupes minces, transversales, pratiquées dans ces parties du système nerveux central, après durcis- sement dans l'acide chromique, nous ont montré des particularités intéressantes. Dans la protubérance, on remarque sur toutes les coupes une disten- s'on notable de tous les vaisseaux sanguins, plus remarquable dans la substance grise, c'est-à-dire là où la vascularité est plus grande. Çà et là, on trouve sur les coupes, et surtout sur celles plus voisines des pé- doncules cérébraux, des globules sanguins sortis des vaisseaux et rem- plissant plus ou moins le canal périvasculaire. Enfin, en certains points, 15 irrégulièrement disséminés, mais principalement au niveau des fais- ceaux qui constituent les pyramides antérieures, on note de véritables hémorrhagies, visibles à l'œil nu sur les coupes minces. Au microscope on voit les globules sanguins sortis des vaisseaux et de la gaîne péri- vasculaire, et répandus dans la substance nerveuse, former ainsi un petit foyer plus ou moins arrondi, dont le diamètre est parfois de huit à dix fois celui du vaisseau qui a produit l'hémorrhagie. La pie-mère de la protubérance présente des traces de congestion non moins vive. Dans le bulbe, on note les mêmes phénomènes. Seulement, les hé- morrhagies sont plus rares et moins considérables. La réplétion des vaisseaux est ici le fait dominant. C'est surtout au voisinage du qua- trième ventricule qu'on remarque la congestion, c'est-à-dire, comme nous l'avons déjà fait remarquer, là où il y a plus de vaisseaux. Enfin, le canal central présente à sa surface, sur la couche épithéliale qui le tapisse, un exsudât fibrineux assez abondant. La pie-mère, au bulbe, offre les mêmes caractères qu'à la protubérance. Dans la moelle, on trouve encore la congestion, mais elle n'a, presque nulle part, produit ces petits foyers d'hémorrhagie qui viennent d'être décrits. On apercevait généralement quelques globules sanguins dans le canal périvasculaire. Au voisinage du canal central, tous ces espaces p'riartériels sont dilatés et remplis par un exsudât fibrineux. Cette exsu- dation se retrouve dans le canal central de la moelle, mais, de même qu'au bulbe, l'exsudat n'est pas assez abondant pour le remplir. L'examen microscopique ne montre rien de spécial, au niveau du renflement cervical. Dans les coupes faites à ce niveau, la comparaison de la moitié droite et de la moitié gauche ne montre aucune différence. En résumé, l'examen microscopique montre ici : 1° une congestion considérable de la pie-mère dans toute la hauteur de la moelle, du bulbe et de la protubérance, avec issue des globules sanguins formant par places de véritables petits foyers d'hémorrhagie ; 2" une conges- tion de la substance grise et de la substance blanche de la moelle, du bulbe, et de la protubérance. Dans le bulbe, et surtout dans la protubé- rance, cette réplétion a donné lieu à de petits foyers hémorrhagiques. 3° Le canal central, dans toute la longueur de la moelle et du bulbe, a été le siège d'un exsudât fibrineux peu abondant. 4° Nous ferons re- marquer que, nulle part, il n'y avait trace de multiplication des éléments conjonctifs ni d'altération des éléments nerveux. Avant de rechercher quelle est la valeur de cette observation et des détails d'anatomie pathologique qu'elle renferme, il importe de faire remarquer qu'il s'agit ici du tétanos à forme aiguë, c'est-à- dire de cette forme de la maladie, contre laquelle presque toujours, 16 siuon toujours, ont échoué jusqu'ici toutes les médications. Notre vénéré maître M. Giraldès, chirurgien à l'hôpital des Enfants-Ma- lades, a parfaitement établi, dansune de ses leçons cUniques, ladis- tinction qui doit être faite, entre cette forme aiguë et presque fa- talement mortelle, et une autre forme moins rapide dans son développement, généralement rémittente, et favorable à tous les moyens thérapeutiques, y compris l'expectation. Cette distinction entre le tétanos aigu et le tétanos subaigu ou chronique, très-im- portante au point de vue clinique, ne l'est pas moins au point de vue physiologique. Puisque certains cas de tétanos guérissent sans laisser de traces durables de leur existence antérieure, on est porté à supposer que les lésions des centres nerveux ne consistaient alors qu'en modifica- tions transitoires, et non en lésions irrémédiables (1). Quelles peu- vent être ces modifications, sinon des troubles de la circulation, entraînant à leur suite, des changements dans les propriétés des éléments nerveux qu'ils sont chargés de nourrir, et, par consé- quent, dans les fonctions qui sont sous la dépendance des centres nerveux. 11 n'est guère permis de s'arrêter à une autre hypothèse, quand on voit la rapidité, avec laquelle les accidents se succè- dent, et leur peu de durée, soit que la maladie se termine par la mort, ou même par la guérison. Cette manière de voir, à laquelle on est amené par l'observation des malades, trouve son entière justification dans l'examen anatomique qu'on vient de lire. On a vu que les lésions consistaient en congestion. Par places, il s'est bien produit de petites hémorrhagies , mais ce n'est là qu'une exagération de la congestion, et il ne serait pas permis de conclure (l) Nous ne voulons pas aflSrmer, que les lésions des centres nerveux qui existent dans le tétanos, soient forcément transitoires, d'après ce seul fait, que l'affection guérit sans laisser de troubles persistants de la motilité ou de la nutrition des muscles. Nous avons, en effet, déjà fait remarquer dans une Note sur un cas de sclérose en plaques disséminées (Société de biologie, 1869) que certaines paraplégies complètes pou- vaient guérir, alors que persistaient les lésions de la moelle auxquelles on attribue habituellement la paralysie des membres inférieurs. Plu- sieurs observations ont été faites dans ce sens par notre maître M. Charcot, à qui nous devons la notion de ces particularités. 17 de ce fait, que ces hémorrhagies existent nécessairemeat dans le téta- nos. De même qu'on comprend facilementque les petites hémorrhagies qui se sont produites dans ce cas, auraient pu être plus considéra- bles, on comprendra également, qu'elles auraient pu ne pas exister. Une légère variation, en plus ou en moins, dans le degré de la con- gestion, suffisait pour produire l'un ou l'autre de ces changements. Nous eu arrivons donc à trouver que, dans les centres nerveux, la congestion est la seule lésion qui existe à coup sûr dans le tétanos D'autres lésions peuvent se produire, telles que des hémorrhagies, mais elles sont accidentelles, ne sont pas primitives, et tiennent à une exagération de la lésion véritable dont il vient d'être question : la congestion. Nous ajouterons de suite, pour bien expliquer notre façon de comprendre la production des accidents tétaniques, qu'eu disant que la congestion est la lésion véritable, nous ne voulons nullement dire qu'elle est la cause des convulsions et des au- tres accidents de la maladie. Nous sommes, au contraire, porté à croire, que la congestion n'est qu'un phénomène secondaire, une conséquence du tétanos; mais elle n'en a pas pour cela moins d'im- portance, car on ne peut nier que ces troubles profonds do la circu- lation dans les centres nerveux, une fois produits, n'exercent une intluence considérable sur l'intensité des symptômes. Afin donc d'éviter tout malentendu, nous dirons simplement que la congestion est la seule lésion consianic ; ce mot ne préjugeant rien sur le mode pathogénique de la lésion, et son rôle dans la maladie. Quant à cette congestion, qui peut, comme on vient de le voir, être le point de départ d'autres lésions, telles qu'hémorrhagies in- terstitielles, et peut-être même, dans certains cas, daltéraiions des éléments nerveux eux-mêmes, quelle est son origine, quel est son mode de production? Nous avouerons que nous ne pouvons nous l'expliquer. Peut-être s'agit-il là d'une action réflexe, dont le point de départ est la plaie, et dont le résultat serait la paralysie des vais- seaux des centres nerveux. Mais quelle est l'excitation qui donne lieu à ce phénomène réflexe? Pourquoi cette excitation agit-elle, non pas sur une région donnée et limitée de la moelle, mais bien sur toute la moelle, sur le bulbe et la protubérance? Voilà l'inconnu. Ce sont bien les plaies par écrasement, par déchirures, etc., qui se compliquent le plus fréquemment de tétanos, mais il n'y a pas là ia cause du tétanos, il n'y a ià qu'une circonstance favorable à son dé- MÉM. 1870. 2 18 veloppement. On peut en dire autant du froid humide lui-même, dont l'intluence est cependant bien reconnue. Peut-être serait-il plus rationnel de croire à une sorte d'empoisonnement, analogue à celui produit par la strychnine. Les premiers symptômes sont en effet toujours les mêmes, quelle que soit la lésion primitive; leur dé- veloppement, leur marche présentent toujours le môme tableau: ce sont bien là des considérations propres à faire songer à une altéra- tion du sang. Mais encore dans cette hypothèse on arrive à un in- connu: quelle est la cause, quelle est la nature de cet empoison- nement? Nous ne poursuivrons pas cette recherche sur la manière dont se produit la congestion. Nous ajouterons que les deux mêmes hypothèses, de l'action réflexe et de l'empoisonnement, ont été pro- posées pour expliquer, non plus seulement la congestion, mais tous les symptômes caractéristiques du tétanos. Ici encore on peut faire à chacune de ces théories les mêmes objections que plus haut. Peut- être serait-il préférable d'invoquer les deux théories à la fois pour l'explication que l'ori veut donner. En eflet, l'hypothèse de l'action réflexe est entièrement satisfaisa-ite, si l'on suppose que précédem- ment le pouvoir réflexe de la muelle, ait été considérablement ac- cru, comme dans le strychnisme. Or l'empoisonnement, de nature in- connue il est vrai, dont il est question dans la seconde hypothèse, pourrait fort bien produire cette augmentation de l'action réflexe. Cet empoisonnement produirait une modification, non pas dans la forme, mais dans les propriétés des éléments nerveux (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de lésions de ces éléments, qu'il n'y ait pas, par exemple, de modifications chimiques dans leur subtance) ; là serait la cause de l'augmentation excessive du pouvoir réflexe de la moelle. C'est alors seulement que la plaie, ainsi que d'autres causes mécaniques extérieures, joueraient le rôle d'excitant, mettraient en jeu ce pouvoir réflexe si considérable, et donneraient lieu aux acci- dents convulsifs si terribles qu'on observe dans cette maladie. En résumé, on voit que l'étude anatomo-pathologique, à laquelle nous nous sommes livrés, ne nous fournit aucune donnée, ni sur l'étio- logie ni sur la nature de l'afl'ection ; elle ne nous montre que les con- séquences du tétanos, des lésions qui sont le résultat et non la cause de la maladie. Toutefois on a vu que parmi ces lésions secondaires il (Ml est une que nous regardons connue tonstunte et que nous 19 croyons ne devoir varier que par son déliré dïntensité. C'est la con- gestion de la moelle, du bulbe, de la protubérance et des méninges. Et à ce propos nous ne pouvons passer sous silence les considéra- tions thérapeutiques qui suivent. Parmi les remèdes administrés aux tétaniques, on est frappé de voir donner des agents qui produisent sur la moelle les modifications de la circulation les plus opposées. On sait, en effet, que la strych- nine a été employée pour combattre l'affection dont il est ici ques- tion. On aurait pu être porté à renoncer à cette idée, en songeant à l'analogie qui existe entre les accidents dus au tétanos et ceux dus à l'empoisonnement par la strychnine. L'examen nécroscopique de la moelle, même sans le secours du microscope, démontre qu'il y a congestion des plus vives dans les deux cas; il est donc évident qu'on n'est pas en droit d'attendre de l'administration de la strych- nine aux tétaniques autre chose qu'une aggravation des accidents. Cette remarque relative à la strychnine n'a que peu d'importance, parce qu'aujourd'hui on ne songe plus guère à employer cet agent thérapeutique contre le tétanos; mais en revanche on emploie sou- vent des poisons qui produisent sur la circulation de la moelle des modifications analogues à celles déterminées parla strychnine. Nous citerons plus particulièrement les sels de fopium ( 1 ) , dont f emploi doit être absolument repoussé. Par contre, fétude qui vient d'être faite semble devoir engager les chirurgiens à recourir aux préparations qui diminuent la quantité du sang dans les centres nerveux, tels que la belladone et l'ergot de seigle (2), ainsi qu'aux révulsifs violents ap-» (1) M. le docteur Frédéric Bonnefm a démontré dans sa thèse {Rc- clierches sur l'action convulsivante des poisons, Paris, 1851), que cer- tains poisons agissent sur la moelle, comme la strychnine; il cite en particulier la morphine. M. Brown-Séquard s'est assuré de la réalité du fait par un grand nombre d'expériences. Nous ajouterons que les tétaniques sont généralement constipés; que la constipation favorise singulièrement la congestion de la moelle, et que c'est encore là un motif pour ne pas administrer l'opium. (2) Brelonneau, Payan, Barbier et Trousseau ont traité avec succès des paraplégiques au moyen de la belladone et de l'ergot de seigle. M. Brown-Séquard a le premier précisé les cas où l'on doit administrer ces médicaments, véritables antidotes de la congestion de la moelle, en les séparant de toute une classe de paralysies que Ion doit traiter 20 pliqués sur la nuque et la colonne vertébrale. De plus, le bromure de potassium, à causes de ses propriétés bien connues, serait ad- ministré dans le but de diminuer l'excitabilité de la moelle. parla strychnine, dont les propriétés sont inverses, à ce point de vue. (Voir, sur ce point, le livre de M. Brown-Séquard intitulé: Leçons sur le diagnostic et le traitement des principales formes de paralysie de5mem6re3in/'tfrteM?'5, Paris, 1864.) Dans ce même ouvrage, M. Brown- Séquard dit : « Non-seulement j'ai vu diminuer le calibre des vaisseaux sanguins de la pie-mère médullaire chez des chiens qui avaient pris de fortes doses de belladone ou d'ergot de seigle, mais je me suis as- suré aussi que le pouvoir réflexe de la moelle épinière (très-probable- ment comme conséquence de la contraction des vaisseaux) diminue beaucoup sous l'influence de ces deux remèdes, qui agissent, dans ce cas, en s^ens inverse de la strychnine. » NOTE SUR LE TISSU MUQUEUX DU CORDON OMBILICAL Communiquée à la Société de Biologie, dans sa séance du 9 juillet 1370, Par M. J. RENAUT, Interne des bôpitaux de Parï». Les recherches récentes de M. Ranvier sur la structure lutime des lendons et du tissu conjonctif lâche ont démontré la nécessité de soumettre de nouveau à l'analyse un certain nombre d'autres tissus, parmi lesquels le tissii muqueux, origine de tous les autres chez Tembryon, m'a semblé occuper le premier rang. Je n'exposerai ici que les résultats de mes études sur la substance propre du cordon ombilical (gélatine de Warthon), de la nature de laquelle on a sur- tout discuté dans ces dernières années, et qui paraît aussi la plus parfaite des substances muqueuses, c'est-à-dire la mieux développée au point de vue morphologique. Schwaon est le premier qui, au milieu de la gelée qui entoure les vaisseaux ombilicaux, découvrit des cellules munies de prolonge- ments ramifiés; plus tard, Virchow démontra que cette gelée avait tous les caractères d'un tissu et possédait une forme typique. Il la considéra comme composée d'un tissu aréolaire contenant de la mu- cine dans «es intervalles. Une substance fibreuse et striée formerait 22 le stronia des aréoles et contiendrait des éléments étoiles, véritables cellules plasmatiques canaliculées anastomosées, et charriant les sucs dans toutes les parties du tissu privé de vaisseaux (1). Frey considéra ensuite le tissu propre du cordon ombilical comme <;onstituô par un réseau cellulaire à branches anastomosées, sur le- quel viendrait se condenser, en l'enveloppant, un système de travées résultant de la solidification de la substance muqueuse. De cette façon, chaque cellule ou prolontjement de cellule occuperait Taxe d'une fibre de tissu conjonclif qui l'envelopperait de toutes parts; les mailles de ce tissu seraient remplies de matières muqueuses contenant çà et là quelques cellules embryonnaires non modifiées destinées à former plus tard des vésicules adipeuses (2). On ne tarda pas à reconnaître que les figures étoilées qu'on ob- serve sur les préparations obtenues par la méthode de Gerlach ne sauraient être considérées comme de véritables cellules, mais bien comme des espaces stellaires, limités par une membrane analogue à la capsule du cartilage et contenant des cellules plus ou moins libres dans leur cavité (3). Plus récemment, en 1868, Koster (4), appli- quant au cordon ombilical les idées de Recklinghausen, admit dans le tissu muqueux un système de canaux noueux, tapissés par un endothélium discontinu, cheminant au milieu des mailles de la gé- latine de Warthon, et contenant des cellules probablement mobiles. Cependant Koster ne put arriver à voir une membrane propre à ces canaux qu'il différenciait totalement du réseau plus grossier injecté autrefois par Fohmann à l'aide du mercure (5). Par contre, il semble se rapprocher de l'opinion de "Wissmaun, qui voyait dans les ré- seaux étoiles de la gélatine de Warthon des capillaires embryon- naires; mais pour Koster, ces réseaux seraient des capillaires lymphatiques, des canaux du suc, s'ouvrant peut-être à la surface du cordon par des stomata ou bouches, et non des capillaires san- guins, dont le cordon de l'homme est dépourvu. Tel était l'état de la question lorsque j'entrepris dernièrement, (1) Patli. cclhil., trad. française, page 85. 1866. (2) Frey, Trailé d'Inslot.et d'Iiistliock., page 222. (3) Ibid^ Note de M. Ranvier. (4) Koster, Dissert, inaug. WurUbourg. 1868. (5) Fohiniinn. Journ. de Ticdmann cl Trcveranus, foinc IV, 1832^ 23 dans le laboratoke de médecine expérimentale au Collège de France, une série de recherches dont je vais ici exposer le résultat. J'ai surtout étudié les rapports des éléments cellulaires du cordon avec les fibres connectives, et l'observation m'a amené à considérer d'une façon très-simple la structure du tissu muqueux. La substance muqueuse qui entoure les vaisseaux du cordon et le pédicule plus ou moins atrophié de la vésicule ombilicale est limitée elle-même en dehors par le prolongement de la membrane amnios. Au-dessous du revêtement amniotique, existe du tissu muqueux lâche; autour des vaisseaux on voit une couche plus ou moins épaisse de fibres longitudinales, blanches, plus opaques que le reste (lu tissu et se tordant en spirales comme les vaisseaux quelles en- globent. Dans la portion périphérique du cordon, la substance muqueuse proprement dite est plus abondante que partout ailleurs. Ordinaire- ment, dans les cordons adultes, c'est-à-dire recueillis sur des fœtus à terme, elle se répartit irrégulièrement. 11 en résulte de petites masses globuleuses, translucides, improprement appelées myxômes du cordon, qui donnent à celui-ci un aspect noueux. Si la disposi- tion noueuse existe sur la pièce que Ton veut examiner, on peut en profiter pour retrancher, à l'aide de ciseaux courbes sur le plat, de minces lamelles de tissu muqueux, sinon on détermine arti- ficiellement des nodosités en produisant par une injection de sérum iodé ou de nitrate d'argent en solution au millième de l'œdème artificiel au niveau du point que l'on veut examiner. Les portions ainsi retranchées s'étalent régulièrement sur la lame de verre, et (surtout si l'on a opéré sur un myxôme, auquel cas les éléments restent contenus dans leur milieu gélatineux normal), montrent une structure très-régulière. On voit alors des fibres con- jonctives finement striées ou ondulées, anastomosées les unes avec les autres et formant des alvéoles de dimension variable. Outre ces fibres qui, semblables aux mailles d'un filet, englobent la substance muqueuse dans un réticulum assez persistant, on en voit d'autres plus minces qui traversent çà et la, comme des cordelettes très- grêles, le champ de chaque alvéole. Les rapports des éléments cellulaires avec les fibres que nous ve- nons de décrire sont très-simples. Sur des préparations provenant d'un myxôme ou d'un œdème artificiellement proiiuit par lirijoctiou u de sérum iodé ou de nitr^ite d'argent au millième, traitées par le picro-carmiiiate d'ammoniaque et conservées dans la glycérine aci- difiée, on voit, au bout de quelque> jour?, la mucine former un préci- pité granuleux qui fixe absolument les éléments cellulaires dans leur position. On peut alors reconnaître que les fibres du tissu muqueux sont recouvertes de cellules plates constituées par une large plaque de protoplasma et par un noyau vésiculeux. Le revêtement ainsi formé par ces cellules est discontinu, et les éléments eux-mêmes sont peu adhérents aux fibres, le long desquelles on les voit souvent glisser avant de devenir libres. Souvent aussi on voit, le long des travées conjonctives, les éléments cellulaires[plats qui, se présentant par leur tranche, semblent des traînées granuleuses et offrent, seu- lement au niveau de leur noyau, un point plus rouge en forme de bâtonnet. Les fibres conjonctives elles-mêmes, soumises à l'action de la gly- cérine acidifiée, se gonflent en se tordant sur leur axe; il eu résulte un aspect nioniloforme de la fibre qui, au niveau de chaque étran- glement, présente un petit collier très-mince se colorant forte- ment en rouge par le carmiii ou le picro-carminale d'ammo- niaque. On voit que cette disposition du tissu aréolaire du cordon situé sous le revêtement fourni par l'amnios rappelle d'une manière frap- pante la structure du tissu cellulaire lâche sous-cutané dont cette couche pourrait être, d'après Wircbow, considérée comme le prolon- gement. La seule différence consiste en ce fait que les mailles du tissu muqueux de Warthon sont très-régulièrement aréolaires et qu'elles contiennent, au lieu de lymphe, de la mucine, coagulabie par l'acide acétique sous forme de précipité trouble et granuleux. On trouve du reste au milieu des tissus muqueux et plongés dans la mucine elle-même des cellules embryonnaires très-semblables aux cellules du corps vitré ou aux globules blancs du sang. C'est dans cette couche périphérique que Koster a découvert et injecté, dit-il, un système particulier de canaux du suc. D'après lui, ces canaux renflés au niveau des espèces alvéolaires se resserrent pour passer d'un alvéole à l'autre: de là leur vient l'aspect noueux qu'ils possèdent. Ils suivraient également la direction des fibres conjonctives qui, tendues comme des sortes de cordelettes, leur ser- viraient ainsi do soutiens. J'ai fait, en me conformant à la technique 25 indiquée par Koster, des injections de bleu de Prusse dans les cou- ches les plus superficielles du tissu muqueux du cordon sans obte- nir autre chose qu'une extravasation de liquides et une coloration assez intense de tissu aréolaire. Il est vrai que j'ai fait usage d'une solution aqueuse de bleu de Prusse très-pénétrante, et qui ne difl'use pas, tandis que Koster a sans doute employé la solution oxalique. Mais cette modification du procédé opératoire n'aurait pu que favo- riser l'injection des canaux propres du suc. Du reste, les injections qui déterminent dans les cordons une apparence de réseau canaliculé ne sauraient réussir, de l'aveu de Koster, que sur des cordons macé- rés, et dont la matière muqueuse est très- modifiée. Celle-ci se déplace alors facilement, et le liquide pénétrant dans les mailles du tissu muqueux se répand en formant un réseau noueux. Sur un cordon frais, la piqûre la plus superficielle ne peut déterminer l'apparition du réseau; il se forme une boule bleue, et en écrasant cette boule on ne peut jamais obtenir à sa périphérie aucune apparence de ré- seau. Ce fait semble démontrer non-seulement l'absence de canaux du suc, mais même de capillaires lymphatiques, car on sait avec quelle facilité on peut injecter les lymphatiques du pli de l'aine en écrasant une boule formée dans le tissu lâche de la région par l'in- jection rapide d'une solution de bleu de Prusse (Ranvier). Il ressort de ces premiers faits une forte présomption contre l'exis- tence dun réseau canaliculé dans les mailles du tissu muqueux aréolaire : ce tissu parait au contraire constitué par des fibres entre lacées formant des alvéoles remplis de matière muqueuse, fibres sur lesquelles sont disposées des cellules plates qui leur forment un re- vêtement discontinu, qui parfois sont formées de plaques étroites et très-longues d'un protoplasma contenant un ou plusieurs noyaux vésiculaires, mais sont toujours appliquées à plat sur une fibre le long de laquelle elles s'étendent souvent très-loin. Cette présomption continue à s'aflirmer lorsqu'on pratique sur des fragments de cordon conservés dans le liquide de Millier, puis immergés dans de la gomme et dans l'alcool, des coupes minces, que l'on examine ensuite dans la glycérine acidifiée par l'acide formique après coloration dans le picro-carminate d'ammoniaque. On ne retrouve plus, sur de pareilles préparations, les figures étol- lées qu'on observe si nettement sur les pièces desséchées, colorées au carmin et traitées par l'acide acétique, mais bien des fibres en- MÉM. 1870. 3 26 trelacées formant à la périphérie des alvéoles et tapissées de grandes cellules plates, quelquefois anastomosées par le fusionnement de leur protoplasma et ne présentant jamais l'apparence d'un tissu ré- gulier. Si, sur des coupes longitudinales, c'est-à-dire parallèles à l'axe du cordon, on étudie très-complôtement le tissu plus dense qui entoure les vaisseaux ombilicaux, on voit alors qu'en ce point le tissu mu- queux, pauvre en substance colloïde, est composé de fibres longitu- dinales entre lesquelles on distingue de grandes cellules plate s qui tapissent la périphérie, mais ne sont jamais contenues, comme l'a- vait pensé Frey, dans l'axe même des fibres conjonctives. Ces cellules, dont on voit surtout bien les rappoi'ts après une lé- gère dissociation de la coupe mince, constituent également aux fibres longitudinales du tissu muqueux un revêtement discontinu; souvent elles s'anastomosent par leurs prolongements protoplasmi- ques à la surface de la fibre, mais sans former autour d'elle un ré- seau régulier; bien plus souvent elles restent isolées sous forme de plaques irrégulières et sans longs prolongements. La dénomination de cojys fusiformes, usitée par quelques histologistes, ne saurait non plus leur convenir, car lien n'est plus variable que la forme de ces plaques, qui n'offrent le plus souvent l'aspect d'un fuseau que lorsqu'on les voit de profil. Dans ce cas, on comprend facilement que la présence seule d'un noyau vésiculeux renflé au milieu d'une cellule plate détermine une semblable apparence. De ce qui précède, nous nous croyons autorisé à aflirmer, dès à présent, que le tissu muqueux du cordon est, dans les parties riches en mucine, formé par un réseau de fibres conjonctives tapissé de cellules plates ne différant guère du tissu conjonctif lâche que par la présence de la mucine qui distend ses mailles. Quant au tissu périvasculaire du cordon, il n'est pas sans présenter quelque ana- logie avec le tissu de la cornée transparente. Dans tous les cas, il n'existe dans le cordon ni réseau plasmaliqce constitué, comme le prétendait Wirchow, par un réseau cellulaire canaliculé, ni système particulier de canaux vecteurs du suc, comme Koster a cru pouvoir dernièrement l'établir. A cette dernière théorie se rattachent quelques considérations sur l'épithéhum qui recouvre la surface libre du cordon. Cet épithélium, prolongement de celui qui recouvre famnios, est formé de deux 27 couches, l'une superficielle, l'autre profonde. Au-dessous de ces deux lames épithéliales existe une couche de cellules plates qui les sépare du tissu muqueux proprement dit, et sur laquelle je reviendrai tout à l'heure. Lorsqu'on examine avec un objectif à grand angle d'ouverture une mince lamelle détachée de la surface d'un cordon immergé pen- dant quelque temps dans le liquide de Millier, ou mieux, quand après argentation dans une solution au trois-centième et coloration dans le picro-carminate d'ammoniaque, on transporte sur une lame de verre les couches épithéliales du cordon, on voit que la couche profonde est constituée par des cellules pavimenteuses contenant chacune un noyau central. La couche superficielle est formée par de larges plaques irréguhères à bords crénelés, dans lesquelles Ta- cide oxalique décèle un noyau bien distinct de celui de la couche profonde. Cette sorte de cuticule superficielle, pas plus que la cou- che épithéliale profonde ne présente jamais de lacunes ou stomates analogues à ceux qui ont été décrits ou figurés par Koster; toutes les cellules se rejoignent au contraire par leurs bords dentelés, sans laisser le moindre interstice. Mais on observe souvent autour du noyau d'une cellule épithé- liale, dans la couche profonde, de nombreuses gouttes de matière réfringente, probablement colloïde, qui sur certains points se réu- nissent pour former un globe unique très-volumineux, et qui sem- ble, quand on abaisse l'objectif, présenter un double contour. A un faible grossissement, de pareilles figures peuvent facilement en imposer pour un orifice ou stomate; mais avec un objectif puissant, on remarque que toujours la cuticule épithéliale superficielle passe au-dessus de ces globes muqueux et les recouvre complètement. Quelquefois deux masses colloïdes superposées simulent grossière- ment l'aspect présenté par les cellules caliciformes de l'intestin, destinées, comme l'a fait voir M. Ranvier, à la sécrétion du mucus. Mais toujours la lame épithéliale passe au-dessus d'elles, et la disso- ciation permet de voir qu'il s'agit là, non d'une cellule ouverte, mais bien d'une cellule épithéliale devenue vésiculeuse présentant un noyau refoulé à la périphérie, toujours absolument fermée, et qu'on n'ouvre qu'en rompant sa p'aroi. A la suite de la description très-détaillée que donne Koster des prétendus stomates, souvent, dit-il, remplis de matière muqueuse qui semble refluer des canaux du suc. ou trouve, exposée avec quel- ques réticences, celte opinion que de pareils orifices pourraient bien communiquer avec un réseau superficiel des Safikanalchen, situé au-dessous de l'épithélium. J'ai en effet, en employant des so- lutious assez fortes de nitrate d'argent, déterminé à la surface du cordon l'apparition d'un réseau de figures étoilées, tout à fait iden- tiques à celles dessinées par Koster, mais l'interprétation que je donne à ces figures est très-différente. Sur une préparation prise à la surface du cordon et montrant l'é- pithélium, ou voit au-dessous de celui-ci, eu abaissant l'objectif, une couche de cellules plates analogues à celles de la couche conjonctive qui revêt la surface des tendons. J'ai pu me convaincre directement que c'est cette cocuhe qui donne par l'argentatiou un réseau étoile; elle semble destinée à limiter extérieurement le tissu muqueux et à servir de soutien aux couches épithéliales. La présence de cette couche de revêtement, pas plus que celles de masses colloïdes déve- loppées dans le protoplasma qui entoure le noyau des cellules épi- théliales, ne saurait donc venir à l'appui des idées de Koster sur la structure du tissu muqueux du cordon ombilical. DÉTERMINATION DES INSECTES NUISIBLES AUX FRUITS DU NOYER (JUGLANS REGIA) Communication faite à la Société PAR M. LE Docteur A. LABOULBÈNE Membre honoraire delà Société de Biologie, etc. La connaissance exacte des insectes nuisibles importe à la fois au naturaliste et à l'agriculteur; aussi le professeur Charles Robin m'ayant envoyé, pendant l'automne de l'année 1868, des noix véreu- ses, je me suis attaché à connaître les insectes qui les habitaient. Ces noix ont été trouvées dans le département de l'Ain, sur les co- teaux de Revermont; les noyers, pendant les mois de septembre et d'octobre, avaient la moitié, au moins, de leurs fruits tombés à terre et dans un état anormal. La coque des noix, dépouillée de l'enveloppe verte, offrait souvent au point d'attache un trou noirâtre. Les deux valves séparées lais- saient apercevoir l'amande rongée et une grande quantité de grains brunâtres formés par les déjections d'une larve. De plus, la sub- stance même de la noix, ou l'amande, avait par places une teinte fon- 30 cée, et parfois le tissu propre en était gâté, ratatiné ou couvert de moisissure. Enfin, dans plusieurs fruits, j'ai remarqué, en exami- nant avec soin, des filaments soyeux réunissant entre eux les grains excrémentiels et brunâtres déjà signalés. Je trouvai deux vers blanchâtres, de taille moyenne, à tète écail- leuse et pourvus de seize pattes, qui étaient certainement des Che- nilles. Je leur attribuai les fils de soie et les déjections, sous forme de grains, qui remplissaient les noix attaquées. Le trou du liile de la uoix était aussi produit par ces chenilles au moment où elles sor- taient du fruit pour se métamorphoser au dehors. Mais il y avait aussi, indépendamment des deux chenilles, un grand nombre de pupes d'un roux marron et qui ne pouvaient ap- partenir qu'à un insecte diptère. Ces pupes se trouvaient partout dans la cavité de la noix gâlée. Au bout d'une à deux semaines, il en est sorti une quantité de petites mouches noires ; celles-ci se rappor- taient toutes à la même espèce, la Siphonella nucis, qu'Edouard Per- ris a fait connaître pour la première fois (i), il y a plus de trente ans, en accompagnant son travail de figures nombreuses. Je n'ai pas vu les larves de la Siphonella, mais Charles Robin les a remarquées dans les noix véreuses ; ces larves s'étaient transfor- mées en pupes pendant le trajet du département de l'Ain jusqu'à Paris. Quant aux deux chenilles dont j'ai parlé. Tune d'elles, après s'être chrysalidée, a produit la Carpocapsa pomonana. g II. .. L'éclosion fort nombreuse de la Siphonella, en me faisant revoir lÉb^ryvail si estimable d'Edouard Perris, m'a permis de compléter ges'iQlJBe^rvations. J'ai pu envoyer les mouches en Allemagne, à Schi- n«iî'tit)';Wihnerlz, et obtenir de leur part une détermination précise qui me permet d'établir sûrement la synonymie de la Siphonella nucis. Edouard Perris décrit successivement la larve, la nymphe et l'in- îeolye'ijmi^fai'fl ■JgJnJîiii"riier-à ajouter d'une manière générale à ses de8Giii^tic>w$'^^tôuVéfois>jié'fera'i'Temarquer, pour ce qui a rapport à tiMWi'j 'i!) 'JJiKmap 'ihatir^ ùnu 3o ^ — -(l(iJ) È'à.,^tàqisÇ\Pf0tiâè 'sur'hW'abtmlle esf.èce de Siphonella (Xti- [lAi^iî^ j9Bii4 -Si<î>fiiKïiÉiïlw[r;i(nf !FBAMqBJ'1839i !p!j.39, pi. IV, fîg. 1-8). 31 la larve, que l'organe situé sur le premier segment du corps, après le pseudocéphale, est positivement un stigmate antérieur à six divi- sions. Je regrette de n'avoirpu, par l'observation directe, contrôler les digitations de ce stigmate. La pupe représente en raccourci, et sous une forme ramassée, la larve d'où elle provient. A ce titre, je puis dire que cette pupe est formée de onze segments, la tête, ou mieux le pseudocéphale, étant cachée et non comprise. Perris a représenté un très-grand nombre de divisions sur la figure qu'il a donnée de la pupe, environ dix- huit {loc. cit., pi. IV, fig. 3). En faisant varier l'éclairage sous une forte loupe, j'ai reconnu des divisions segmentaires plus épaisses, allant jusqu'aux bords latéraux, puis des sillons transversaux très- fins et intermédiaires; il y a trois divisions au thorax, avec un re- bord épais, et huit à l'abdomen, ce qui fait onze en tout. A la partie postérieure se trouvent les deux petites cornes, aboutissant des stig- mates postérieurs de la larve et en dessous Torifice anal ; enlin j'ai remarqué en arrière et de chaque côté, sur cette pupe, de petites dentelures latérales, dont Perris n'a point fait mention. La dessoudure des trois premiers segments thoraciques a été dé- crite, et sur la partie inférieure restent accolées les mandibules de la larve. Sur la pupe de la Siplionella on trouve donc, comme sur la plupart des muscides, une image de la larve, et je répète ici ce que j'ai déjà dit dans un autre travail : l'étude des pupes ne doit pas être négligée (1). La description donnée par Ed. Perris de la Siplionella nucis (loc. cit., p. 45-46) concorde de tous points avec lea insectes parfaits que j'ai eus en très-grand nombre sous les yeux et que j'ai envoyés en Allemagne. Il n'y a par conséquent aucun doute à avoir sur la légiti- mité de l'espèce. Ces insectes ont été soumis à Schiner et Winnertz, et ils ont séparément reconnu tous les deux la Siphonella nucis E. Perris. Léon Dufour avait eu dans sa collection ce diptère donné par Perris, et il l'avait communiqué à Macquart. Malheureusement l'in- secte a disparu, détruit par les authrènes ; mais dans les manuscrits (1) Mélaniorphoses d'une mouche parasite [Tachina villica) (Anna- les DE LA Société ent. de France, 1861, p. 2411. — Observations sur les Insectes iubérivores, etc. (idem, 1864, p. 77-79, pi. II, fig. 7 et 8). 32 je trouve l'indication suivante delà main de Léon Dufour : " Sipho- nella wmc«5 Perrisest la 5. oscinina Marquant ex ipso^=Chlorops ni- tida Meig., diffère du ruficornî, ex Macquart. Or, Macquart a décrit cette Mouche dans son Histoire naturelle des diptères, t. II, p. 585, et, comme le fait remarquer Edouard Perris à la fin de son mémoire, cette description de Macquart ne cadre pas avec la SiphoncUa nucis. D'autre part, le consciencieux Schiner, auteur des Z)jp?e?'a aus- triaca, dislingue la S. nucis de la Madiza {Siphonella) oscinina de Fallen, qui n'est point celle de Zeltcrstedl (1). Enfin, J. Winnertz, qui a eu sous les yeux la véritable Siphonella nucis de Perris que je lui ai communiquée, avait pris aux environs de Gréfeld la Sii,konella oscinina de Fallen, qu'il avait envoyée à Schiner (2). D'où, en définitive, il résulte que la Siphonella nucis de Percls est une espèce distincte, que Macquart confondait à tort avec la •S, oscinina de Fallen. Mais la Siphonella oscinina de Macquart et de Fallen est dif- férente de la Siphonella ou Madiza oscinina de Zelterstedt ; dès lors le nom d'ÉJouard Perris doit prévaloir, comme l'a établi Schiner dans ses Diptères d'Autriche, et, en fin de compte, la syno- nymie de la Mouche qui fait le sujet de ce travail, doit être établie et délimitée de la manière suivante : Siphonella nucis Éd. Perris. — non oscinina Macquart. Madiza (Siphonella) oscinina Fallen. ^ — — non Zetterstedt. Chlorops nitida Meigen. Madiza laevigata Fallen. — oscinina Zetterstedt. Je terminerai par une dernière remarque, et elle n'est pns la moins importante. Éd. Perris pensait que les excréments et le? filaments (1) Schiner, Fauna austriaca^ Die Fliegen, Theil II, p. 229-231, 1864. (2) Schiner, Ioc. cit., p. 231 : Deutschen Arten. Siphonella osci- nina. 33 soyeux qu'il avait observés dans les noix véreuses à Mont-de-Marsan, à la fin de septembre 1838, étaient produits par la larve d'un Gurcu- lionite et que celle-ci était sortie par le trou du bile de la noix. Je ne crois pas cette opinion vraie. Je m'appuie, pour repousser l'idée d'une larve de Curculionite, sur l'absence de filière buccale chez les larves de cette famille, entre autres, et plus particulièrement, celles des Balaninus. J'ai positivement vu deux chenilles dans les noix que j'ai observées, et enfin l'éclosion de la Carpocapsa prouve sans ré- plique l'existence de cet insecte lépidoptère et non celle d'un Co- léoptère à son premier état de larve. Dès lors le rapprochement fait par Schiner dans la note des mœurs ajoutée à la caractéristique du genre Siphonella {Die Fliegen, Theil II, p. 228) est erroné. Schiner dit, en effet, que Egger et Fraueufeld ont observé la larve de la S. nucis dans les capitules d'un Cirsium avec les larves du RhinoajUus latiroiris,eX « qu'il est très-intéressant de trouver que Perris l'avait vue en compagnie d'un Gurculionide. » A mon avis, la larve de la Siphonella nucis vit de matières gâtées , peut-être des excréments d'autres larves, et elle n'est pas redoutable au même titre que la Carpocapsa pour les dégâts qu'elle cause. Perris a parfaitement dit qu'elle n'est point parasite : elle vit des dégâts de la Cavpocapsa, qui est, en définitive, l'auteur principal du dégât et qui rend les noix véreuses. NOTE SDR UN CAS D'UTÉRUS ET DE VAGIN DOUBLES Communiquée à la Société de Biologie en janvier 1870 Par le Docteur Auguste OLLIVIER. (Voy. planche I.) I Dans le courant du mois d'août 1869, est morte à l'hôpital Lariboi- sière une femme âgée de 42 ans, qui a présenté à l'autopsie une ano- malie remarquable des organes internes de la génération. Mariée à 25 ans, cette femme a eu cinq enfants dont deux sont morts en bas âge. Les quatre premiers accouchements furent très-ré- guliers, mais au cinquième on dut appliquer le forceps. Au moment de son admission à l'hôpital (17 avril), elle prétendait être enceinte de huit mois. Le2 mai elle accouchait sans difficulté après avoir eu trois attaques d'éclampsie. A la première attaque, la langue violemment serrée entre les arcades dentaires, avait été déchirée en plusieurs endroits. Les ulcérations ainsi développées donnèrent lieu aune très-abondante suppuration. Bientôt apparurent tous les symp- tômes d'une septicémie commençante. Ces accidents persistèrent tant que durèrent les ulcérations de la langue, cest-à-dire jusqu'à la fin de mai. A ce moment la malade entra dans une phase nouvelle, ou plutôt des phénomènes demeurés jusqu'alors inaperçus devinrent de plus en plus évidents. L'abdomen se développa peu à peu, et il fut aisé de recon- 36 naître l'existence d'une ascite. Un examen très-minutieux n'ayant fait découvrir aucune tumeur intrapéritoncale, on s'arrêta, par exclusion, à l'idée d'une cirrhose. Trois mois après, la malade succombait aux progrès de cette affection. Quoique le toucher vaginal eût été pratiqué, on n'eut aucune notion sur l'existence de dispositions anormales du vagin et de l'utérus. , A l'autopsie, en examinant les organes contenus dans le bassin, on fut surpris de constater la présence de deux utérus. Ces organes, comme vous le voyez, sont séparés l'un de l'autre, par un intervalle assez considérable dans lequel pouvaient s'insinuer les anses intestinales. Le corps de l'utérus gauche est plus volumineux que celui du côté droit. Il a atteint un développement considérable, tel qu'on le rencon- tre chez les femmes qui ont eu plusieurs enfants. Il offre une différence frappante avec le corps de l'utérus droit qui est beaucoup plus petit. Déplus, celui-ci a conservé l'aspect que l'utérus présente lorsqu'il n'a jamais subi le développement qu'amène la présence d'un embryon. ("Voy. planche 1, EE.) La différence entre les deux cols utérins n'est pas moins remarqua- ble. Celui de gauche est déchiqueté : l'orifice externe est déformé, ainsi que cela arrive normalement après plusieurs grossesses, tandis que le col utérin du côté droit présente tous les caractères du col vierge. (DD.) Les annexes de l'utérus n'ont pas subi de modifications notables : seulement, au lieu de se fixer aux deux angles du fond de l'organe, ils s'attachent à l'angle externe de chacun des deux utérus. Us ont, au reste, conservé des deux côtés leurs rapports réciproques. On trouve successivement d'avant en arrière le ligament rond (GG), puis la trompe (HH) et l'ovaire avec son ligament (L). Le ligament large pos- sède tous ses caractères normaux (FF). Le vagin est aussi divisé en deux parties (B et C) par une cloison médiane complète : il n'existe aucune espèce de communication entre le vagin droit et le vagin gauche. En avant, la cloison médiane se termine par une extrémité triangu - laire qui a le même aspect que celui des petites lèvres, et qui proé- mine légèrement au niveau des parties génitales externes : celles-ci ne présentent aucune anomalie. II. Les annales de la science renferment un très-peiit nombre de cas dans lesquels on a observé un utérus double, accompagné de deux 37 vagius. Il est à remarquer, en outre, que, dans la plupart de ces cas, une telle anomalie coïncidait avec d'autres lésions congénitales, et généralement la mort suivit la naissance de près. M. Léon Le Fort (1), dans sa thèse d'agrégation, signale sept exem- ples d'utérus double. Ce sont les faits de Palfyn (2), Saviard (3)j Frankel (4), Depaul (5), Mayer (6), Puech (7) et Wasseige (8). Dans tous ces cas, il s'agit d'enfants qui sont morts peu de temps après la naissance. M. Le Fort cite un seul exemple de deux utérus tout à fait séparés et indépendants l'un de l'autre, observé chez une adulte par Bon- net (9). C'était chez une femme âgée de 25 ans, au moment où elle fut examinée. La description de Bonnet laisse supposer qu'il existait aussi un vagin divisé dans toute sa longueur en deux par^ies par une cloison médiane. Le cas dont nous venons de donner la description présente des particularités encore plus remarquables. La femme était âgée de- 42 ans au moment où elle s'est présentée à notre observation : elle avait eu cinq enfants, qui tous ont vécu. La mort, chez elle, a été le résultat d'une maladie accidentelle, sans relation aucune avec la disposition singulière des organes génitaux (10). (1) Léon Le Fort, Des vices de conformation de l'utérus et du vagin, et des moyens d'y remédier. Paris, 1863, p. 47. (2) Palfyn, Description anatomique de deux evfanls. Leyde, 1708, p. 20. (3) Saviard, ISouveau recueil d'observations chirurgicales. Paris, 1702, p. 397, obs. 94. (4) Fraenkel, Diss. deorganor. gen. defonnit. Berlin, 1825. (5) Depaul, Bull, de la Soc. anat., 1853, t. XXVIII, p. 353. (6) Mayer, Jourîjal de Graefe et Walther. 1829, t. XIII, p. 546. (7) Puech. Comptes relndus de l'Acad. des sciences. 1857, t. XLV, p. 687. (8) Waisseige. Bull, de l'Acad. roy. de Belgique. 1852-1853, vol. XII, p. 701. (9) Bonnet. Pliilosopli. transact. 1725, p. 142. (10) Il s'agit très-vraisemblablement ici d'une cirrhose d'origine puerpérale. Il nous fut impossible, en effet, de retrouver chez notre malade aucune des causes habituelles de la cirrhose, et comme dans les faits que nous avons publiés dans un autre travail (Nouvelle note sur C endocardite et C liémiplégie puerpérale ; in iMémoires de la Société 38 La manière dont ces anooaalies se produisent est bien connue au- jourd'hui. On sait que, depuis le lieu d'insertion des ligaments ronds jusqu'au point où ils viennent s'ouvrir dans le cloaque, les deux conduits de MûUer restent séparés au lieu de s'adosser, 11 en résulte qu'ils subissent séparément les phases successives du déve- loppement qui doit amener la formation de l'utérus ; ainsi s'explique l'existence de l'utérus double {utérus duplex, diductus, didelphis des auteurs). Les annexes de l'utérus ont habituellement une évolution normale. Le cloaque qui, chez l'emhryon, est le point de dùpart du vagin, présente, comme on sait, une cloison médiane. Oi-, s'il arrive que cette cloison persiste au lieu de se résorber, elle divise le vagin en deux parties distinctes. DE BIOLOGIE, 1869, 5^ série, t. I, p. 128), il nous semble rationnel d'ad- mettre l'influence de la grossesse sur le développement de l'affection hépatique. DESCRIPTION ET FIGURE DE LA LARVE DE L'ELUS MEUS Communication faite à la Société PAR M. LE Docteur A. LABOULBÈNE Membre honoraire de la Société de Biologie, etc. (Voyei planche II.) Des savants d'un grand mérite, tels que Westwood, Kolenati et Erichson, ont connu et signalé tour à tour les larves de coléoptères du genre Elmis, mais ils ne paraissent les avoir décrites que sur des exemplaires desséchés. Leurs travaux ne donnent qu'une idée superficielle et incomplète de ces animaux articulés; beaucoup de faits importants leur ont nécessairement échappé, car ces faits sont faciles à observer pendant la vie, tandis qu'une dépouille sèche ne peut les offrir. Les larves des Elmis vivent constamment immergées dans les ruisseaux d'eau courante, et accrochées sous les pierres au moyen d'ongles robustes. Leur démarche est très-lente, et elles ressemblent beaucoup à de petits Crustacés. J'ai trouvé en abondance à Santigny, dans le département de l'Yonne, les larves des Elmis œneus et Wolk- 40 wan, et j'ai pu les étudier vivantes pendant plusieurs jours. La des- cription qui suit est relative à la première de ces deux larves, beau- coup plus commune que sa congénère. Larve de l'Elmis .eneus (Voyez les figures de la planche II). hAî{\A.oblonga, antice latior, posiice aitenuata, lateribus corporis dilaiatis, nec non fimhriatis ; supra convexiuscula subtus plana; capitaia, antennata, ocellata; cinerea lutescens aut virescens; sub- coriacea, punctata. Caput parvulum ; thorax latum, abdomen cau- daium, marginalum, branchiis prœditum; stiginaia novem utrinque. Pedes breviores, tarsorum wigue valido. Longitudo lineam sequat vel paulo excedit (2 à 3 millim.). Habitat sub lapidibus aâfixa, in aqua iorrentiori. In Gallia haud in/reçuen* (Paris, Santigny (Yonne), Âgen, Saint-Sever, etc.). Larve oblongue, ayant l'apparence d'un petit Crustacé; d'un gris jaunâtre et un peu verdâtre en dessus; jaunâtre ou livide en des- sous, avec les côtés du corps d'une couleur plus claire, dilatés et frangés sur tous les segments, sauf le dernier. Têle petite, mais bien visible, un peu triangulaire, avec deux li- gnes pâles et réunies en V en arrière. Antennes courtes, jaunâtres, composées de trois articles, le premier transversal, rétraclile, le deuxième le plus allongé, surmonté de deux petits articles de moi • tié moins longs que lui et superposés dans un plan vertical; l'un d'eux, placé plus en haut, est terminé par un petit poil (fig. 2). Ocelles au nombre de cinq de chaque côté, situés derrière les an- tennes et sur deux rangées, la première de trois, la deuxième de deux stemmates. Bouclie formée par un labre transversal, faiblement sinué sur les côtés, muni de poils à base très-large, ayant la forme d'écaillcs laci- niées et au nombre de dix en tout (fig. 3). Mandibules triangulaires, élargies à la base et terminées en haut par deux fortes dents bifides (fig. 4) ; à la partie interne se trouve un appendice eu forme de cirrhe, velu en dessus. Mâchoires à lobe fendu, garni de poils formant brosse à l'extrémité, avec un palpe de deux articles, le second plus petit et terminé par deux appendices minuscules (fig. 5). Lèvre in- férieure trapézoïde, velue en avant, portant deux petits palpes biar- ticulés, dont le second article est très-petit (fig. 6). 41 Thorax plus élargi que le reste du corps. Protliorax grand, aussi long que les deux segments qui le suivent, échancré en avant, arrondi sur les côtés. Méso — et métathorax transversaux, arrondis pareille- ment sur les côtés. Abdomen formant un triangle isocèle à base antérieure, régulière- ment atténué, composé de neuf segments, qui diminuent insensible- ment de largeur ; les bords sont amincis et élargis comme au thorax, mais non arrondis, car ils sont prolongés en arrière (fig. 1 et 8). Le dernier segment est triangulaire, légèrement tronqué et entaillé; il diffère en dessus et eu dessous : en dessus il est formé par une pla- que uniforme (fig. 11); en dessous il offre d'abord une première par- tie qui est la face ventrale du segment, puis un opercule terminal (fig. 12). L'opercule est petit, recouvrant une cavité branchiale, et muni à l'extrémité de deux crochets recourbés en dessous (fig, 12 et 13). Sur la larve vivante on voit sortir fréquemment de l'extrémité du corps quand l'opercule s'abaisse, trois faisceaux de branchies d'un blanc satiné ou argenté, fort éclatant; il y en a un de chaque côté du corps et le troisième est terminal. Chaque faisceau part d'une tige com- mune, puis se divise en deux ou trois pinceaux de filaments (fig. Il, 12, 13), et enfin chaque filament, terminé par une extrémité arron- die, se compose d'un tube cylindrique pourvu d'une fine paroi à tra- vers laquelle s'opère la respiration de la larve (fig. 14). Le bord de tous les segments, à part le dernier, est dilaté, aminci, demi-transparent et garni d'une frange ciliée (fig. 1). Examinée à un léger grossissement, cette frange se trouve formée de poils écailleux et découpés sur les bords comme certaines plumes d'oiseaux (fig. 8); à un plus fort grossissement, Tapparence est celle de folioles à limbe plus ou moins allongé ou arrondi, à bordure pectinée ou laciniée (fig. 8 et 9). Le nombre de ces poils squamiformes n'est pas constant; ils varient sur les segments d'un côté à l'autre et sur les divers an- neaux qui se suivent. Le dessus du corps est ponctué sur la partie dorsale ainsi que dans les deux tiers postérieurs des rebords latéraux. On trouve environ huit à dix rangées alternes de points sur les segments thoraciques et abdominaux ; les points sont varioliformes, avec un petit poil cen- tral. Plusieurs de ces poils sont élargis. Du reste cet élargissement des poils peut être observé sur plusieurs endroits du corps, dans la MÉM. 1870. 4 42 Ijouche, par exemple, sur la mâchoire (voy. lig. 5) où les poils sont tantôt bitldes, tantôt simples. La ponctuation du dessous du corps est plus faible et plus ôparse. Sur la ligne médiane du corps en dessus, une fine impression lon- gitudinale s'étend depuis le milieu du prolliorax jusquen haut du dernier segment. Les pattes sont courtes, mais fortes et robustes, composées d'une hanche, d'un trochanter, d'un fémur ou cuisse, d'un tibia ou jambe, enfin d'un tarse ayant l'ongle terminal robuste et portant en dessous un poil roide (lig. 7). Les stigmates, au nombre de neuf paires, sont situés : le premier , qui est thoracique, au bord antérieur du métathorax, au point où commencent l'amincissement et la transparence du rebord du seg- ment; les huit autres qui sont abdominaux, sur les 4% 5% 6% 1% 8% 9* 10* et 11" segments, d'autant plus près du bord antérieur qu'ils sont plus voisins du thorax, le dernier au milieu du 1 1= segment. A part une taille plus grande, la larve de ÏElmis Wolkîuari ressem- ble tout à fait à celle de YEhnis seneus. La coloration est la même; les allures roides et le genre de vie sont Identiques. La Mg. 1 de la planche II présente une coloration moins prononcée au milieu du premier segment abdominal ou quatrième segment du corps; beaucoup de larves, mais non point toutes, offrent cette par- ticularité, très-visible chez la larve placée dans l'eau et allongeant son corps pendant la marche. L'appareil respiratoire est projeté au dehors sans rhythme précis, à intervalles irréguliers; on dirait un éventail resplendissant qui sort au gré de l'animal immergé, s'étale et puis rentre brusquement dans le corps de la larve de VElmis seneus. Cette larve est fort curieuse. J'appelle l'attention sur les poils dilatés et abords pluraeux placés comme des folioles pectinées, ou des écailies élégantes, sur presque toutes les parties du corps. H en est de môme des poils du labre (dg. 3), de ceux de la mâchoire, tantôt bifides, tantôt péniciUés (lig. 5), et surtout de ceux qui for- ment une frange continue sur les bords latéraux des segments. Les pattes courtes ont uu ongle robuste, pourvu en dessous d'un poil très-fort, destiné évidemment à maintenir la larve bien accrochée (lig-'i')- Les antennes offrent au bout du second article deux petits cylin- 43 drcs supGrpo3(js (ng.2). J'avais cru d'aborJ à un seul arliclft canncl(5, mais il yen a deux, placés dans un même plan vertical, dont le su- périeur porte un appendice; cette disposition est nettement perçue sur l'antenne ayant déjà macéré et qu'on a renversée surle côté après une préparation heureuse. J'ai dit dans la diagnose de la larve « occllata, » mais je n'ai point, alors, signalé le nombre des ocelles. Ceux-ci, en effet, sont trés-dif- liciles, sinon à reconnaître, du moins à compter : je crois en avoir aperçu cinq sur deux rangées, mais je ne les ai pas assez bien vus pour les représenter par une figure. En comparant maintenant cette larve à colles déjà connues dos Potamophiius (I) et du Macromjc.lms (2), décrites par Léon Dufour et J.-iM. Pérez, je trouve que la larve du Potamophile est grande, coriacée, ayant en dessus quatre rangs de cannelures. L'extrémité du corps otrre deux pointes sur le douzième segment. L'appareil branchial est pourvu de trois faisceaux de chaque côté et d'un faisceau médian. La disposition anatomique de l'appareil respira- toire a été élucidée par le savant anatomiste; il existe des sacs aérifères dans l'intérieur du corps, venant des stigmates abdomi- naux. Chaque tronc stigmatique aboutit à quatre trachées dilatées, ou cylindres trachéens, qui remplissent la fonction de réservoir pour l'air puisé par les branchies ou bien les stigmates, et qui, dans les naufrages auxquels sont exposées ces larves, leur servent de vessie de sauvetage. L'antenne a deux appendices sur le second article et les ocelles sont au nombre de cinq placés sur deux rangés, la première de trois, la seconde de deux seulement, dans une petite excavation oculaire. Léon Dufour n'a pas figuré les parties de la bouche. Il résulte de cette conformation que la larve du Potamophile est (1) Léon Dufour, Éludes sur la larve du Potamophiius (Annaî.es des SCIRNCES NATURELLES, ZoOL., 4^ Sério, t. XYH, p. 1G2, pi. ], fl". 1 à 9, 1862). (2) .L-M. Ferez, Histoire des métamorphoses du Macronychiis 4-tu- berculatus et de son ■parasite (Annales de la Sodfêté ent. de France ISG3, p. G2I, pi. 14). 44 trùs-voisinc de rello de ÏFAinis, mais moins encore que celle du Macronyque. J.-M. Péroz a complètement observé la larve et la nymphe du Macronyque, et il a très-lidùlement représenté l'insecte dans ces deux états. La larve est ponctuée, sans côtes, mais avec une fine ligne médiane; le dernier segnnent est fendu. Les antennes ressem- blent extrêmement à celles de l'Elmis. Le mandibule est identique et pourvue du cirrhe que j'ai signalé; cependant je suis en désac- cord avec Pérez sur les palpes maxillaires, auxquels il donne au moins quatre articles. Enfln l'opercule du dernier segment ainsi que l'appareil branchial se ressemblent beaucoup dans les deux larves. Mais ce qui distingue au premier coup d'œil la larve d'Elmis de ses voisines génériques, c'est la forme élargie du thorax, les franges foliacées du rebord aplati des segments : là est le trait caractéristique. Les poils élargis du corps paraissent exister dans quelques endroits chez la larve du Potomaphilus, car Pérez dit, en parlant du labre: « Les soies ou épines sont rameuses et d'une rare élégance. - (ânn. Soc. ENï. France, 18G7, p. 623). ANALYSE DES TRAVAUX DÉJÀ PUBLIÉS SUR LES LARVES DES ELMIS. Cliapuis et Candèze (1), ont reproduit, d'après Erirhson, la des- cription d'une larve d'Elmis déjà donnée dans les Archives de WiEGMANN, puis daus la Faune des Insectes d'Allemagne, et depuis répétée par Sturm. La planche 111, fig. 7, 7 a et 7 6 représente une larve d'Elmis sans nom d'espèce, avec la tète grossie, en dessus et en dessous; mais ces figures laissent à désirer. En remontant aux sources, on trouve que P.-J.-W. Millier, dans le Magasin d'Illiger, t. V, p. 194, avait, en 1824, parlé d'une larve d'Elmis indéterminée. Westwood (2) le premier a décrit et repré- (1) Cbapuis et E. Candèze, Catalogue dcslarves deColêopières, etc. (MÉMOIRES DE la SOCIÉTÉ ROYALE DES SCIENCES DE LiÉGE, t. VIII, tirage à paît, p. 109-110, j)!. III, fig. 7, 7a, 7 b, 1853). (2) J.-O, Westwood, An introduction to the modem Classification ■of Insects, etc., vol. I, p. 113 et 118, fig. 7, n"jl6etl7, 1839. Lalarve représentée fig. 7, n" 18, ne paraît pas voisine des Elinis, comme le disent Chapuis et Candèze: c'est plutôt une larve de Névroptère, ainsi que le pense Westwood. 45 sentô une larve présumée QVElmis œneus; mais la description est presque nulle et la ligure incomplète, quoique mieux saisie que celle de Ghapuis et Gandèze. Le dernier segment de la larve est très-for- tement bilobé. Westwood a évidemment observé une larve morte et contractée, et peut-être n'a-t-il pas eu sous les yeux une larve identique avec celle que j'ai dessinée, mais d'espèce voisine. La même remarque peut s'appliquer à la figure donnée par les auteurs du Catalogue des larves des Coléoptères. Du reste, dans les manuscrits de Léon Du- fourj'ai trouvé une figure rappelant celle de Westwood, représen- tant une larve d'ECî/iù contractée; mais les fraiiges étaient simple- ment indiquées. Léon Dufour n'avait dû observer l'insecte qu'à la loupe. Dans la collection de Léon Dufour, qui est en ma possession, il y a, collée sur papier-carte, une larve d'Elmis, peut-être celle (lui a servi à faire la figure dont je viens de parler. Aube avait aussi dans sa collection, à côté de l'insecte parfait, une larve (VElmis œneus. Erichson, dans les Akchives de Wiegmann de 1841, t. I, p. 107, parle encore de la larve à'Elmis lithophilus Germar. Kolenati (1) a décrit et figuré la larve de VElmis Maugetii, prise dans le Tess, sous des pierres, à plus de quatre mille pieds d'éléva- tion; mais la description est confuse, incomplète, et la ligure très- mauvaise. Si l'on compare le dessin de Kolenati avec la figure 1" de la planche 11, on verra que ce dessin est à peine esquissé, et le seul détail donné pour la disposition des poils squameux est, je le crain.s, fort infidèle; ce poil serait découpé seulement en dessous. Enfin Ko- lenati a compté les écailles bordant les segments : 30 au prothorax , 15 au mésotborax, 13 aumétalhorax, 8 à chaque segment abdominal, de chaque côté, puis il a calculé leur nombre total. J'aurais, je l'avoue, préféré à cette apparence d'exactitude si minutieuse, une description soignée et uu dessin meilleur. Enfin John Le Gonle (2) a rapporté au premier état de VEurypal- (1) Kolenati, Die larve vonElmis Maugetii Latreille fWiener entom. Munatschrift, IV'Band, s. 88, 89, taf. V, Gg. 2 a, larve; b un appen- dice, 1860). (2) Joni\-L. Le CoiMe, Synopsis of llic ParnidcO of Ihc UnUcd Stades 40 pus Le Coniei (insecte voisin des Elmis] un pelit animal des ruis- seaux (l.e New-York et de la Pensylvanie, qui ressemble à une Tri- lobite, et qui avait été décrit comme une espèce de Crustacé par de Kay sous le nom de Fluvicola Ilerrickii. Le Conte a parfaitement reconnu chez cette larve les plus grands rapports avec celle des Elmis qu'a fait connaître Ericlison {Naturges- chichte der Insect. Deutschlands, t. III, p. 525). 11 n'existait à la place où j'ai récolté les larves qui font le sujet de ce travail que les Elmis œneus et Wolkmari à l'état parfait : donc la larve figurée et décrite est Lien celle de Vœneus. Aucun doute n'est possible sur la légitimié de Tespèce. J'avais heureusement récolté un grand nombre de spécimens, et Aube, qui avait d'abord pensé à la possibilité d'une espèce nouvelle, s'est assuré comme moi qu'il n'y avait pas de caractères distinctifs pour les séparer de VElmis œneus. On a vu après la diagnose de la larve que je l'avais trouvée sur divers points de la France. Elle est commune, facile à saisir et à observer. Je fais un appel à de nouvelles observations et surtout à la recherche de la nymphe qui compléterait le cycle d'évolutions de VElmis œneus. (Procedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, vol. VI, n° 1, p. 41, 1852. — The Transactions of the cnlomological Society of London, new séries, vol. II, Proceedings january, 1853, p. 65). RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DES ORGANES TACTILES DES INSECTES Communiquées à la Société de Biologie Par M. le Docteur JOBERT Licencié es sciences naturelles. Depuis Leydig, peu de recherches hislologiques ont été faites sur ce sujet. Cet anatomiste, le premier, a décrit les terminaisons ner- veuses en rapport avec les poils de la peau chez la larve de la Core- tlira 'plumicornis (i). Des investigations du même gence ont porté sur d'autres invertébrés; des rotateurs de petits crustacés ont présenté des dispositions analogues. Citons encore, comme s'étant occupés de sujets aOerents, Schodler (5), Meissner (3), MuUer (4), Gegenbaur (5), Semper. En 1858, en France, M. Lespès (6) étudiait les organes an- (1) Leydig, Hist. comp., 6, 239, 240 et 241, cIZeits. f. W.Z., a. 1851. (2) Schoedler, Arch. f. Naturg., 1856. (3) Meissner, Zeits. f. W. Z. Mermis, albicains et nigreacens. (4) Sennper, Reisc berickt. Terin. nerv. des Ascidies (Zeits, f. W. Z., t. XV. (5) Lespès, Ann. des sciences nat. t., avec l'indication des travaux anlérieurs de Dufour, J. Muller, Siebold, Erichson; Diigès et Lacordaire. (6) Ciaparède, Ann. des scIE^'GES nat., t. XI. 48 tpnnaires chez un certain nombre d'insectes, et quelque temps aprô?, M. Claparède, dans le même recueil, publiait une réfutation de ces recherches. Ilyks (l),en Angleterre, a étudié le même sujet etconclut à la présence des saccules nerveux à la base des canaux cliitineux observés dans les antennes. Plus récemment, M. le docteur Landois (2) a publié un travail sur les organes de l'audition du Cervus Lucocniis. Nous avons recherché quelle était la disposition des nerfs dans di- vers organes des insectes, tels que la trompe des diptères, les palpes de ces mêmes diptères, de quelques orthoptères et de quelques hy- ménoptères. Nous avons observé les animaux vivants, et si nous avons donné le nom d'organes du tact aux diverses parties du corps qui ont été l'objet de nos investigations, c'est qu'en effet les animaux les em- ploient à cet usage. Cependant il nous semble que la question ne doit pas être résolue dans ce sens seulement. La trompe des mouches pourrait être à la fois organe du toucher et le siège de la gestation. Dans les antennes les auteurs jusqu'alors ont exclusivement placé le siège de l'audition, et cependant il suffit d'examiner un longicorne en marche pour supposer que ces organes sont destinés à apprécier la nature des obstacles. En explorant la route, le chemin, le longicorne avance lentement, portant ses an- tennes en avant, touchant alternativement le sol avec chacune d'elles, comme un aveugle le fait avec son bâton. Un bruit léger se fait-il en- tendre, lïnsecte s'arrête soudain, relève ses antennes et les agite en tous sens; peut-être alors écoute-t-il? Les antennes ne serviraient- elles qu'à cet usage? Cependant si l'on observe des Lamellicornes co- prophages vivants, on pourrait conclure que les antennes peuvent être aussi chez eux le siège de l'olfaction. En effet, si des fèces vien- nent d'être rejetées par des animaux domestiques, bientôt on voit arriver à tire-d'ailes et remontant dans le vent un nombre consi- dérable de Lamellicornes, portés jusqu'à eux par le courant d'air. L'odeur spéciale de la proie a été perçue, et ils sont accourus eu foule. A quelque distance, ils s'arrêtent, se dressent, écartent les loc- melles de leurs antennes, les agitent, et seulement après cette ma- il) Ilyks, Transactions. (>') Landois, Arcuiv. anat. microscop., II. Schulze, 1868. 49 nœuvre, fondent d'un vol sur les débris qui doivent leur servir d'ali- ments. Si je relate ici ces divers faits,c'est uniquement dans le butde mon- trer qu'il est imprudent de vouloir, ainsi qu'on l'a fait, localiser des fonctions; la structure anatomique de ces terminaisons nerveuses, comme on le verra plus loin, est pour ainsi dire identique dans les organes très-différents que nous avons observés. Aussi on compren- dra notre réserve dans l'appréciation des divers usages auxquels ils sont destinés. ANATOMIE. Trompe des diptères. — Chez ces animaux on sait que l'appareil buccal consiste en une grosse trompe coutlée dont l'extrémité libre s'élargit en un disque (l)qui n'est autre chose que la lèvre inférieure qui se renverse en bas et en dehors. Cette trompe, outre un certain nombre de pièces qui représentent les diverses parties de l'appareil buccal des insectes, porte deux palpes qui sont les palpes maxillaires claviformes et garnies de poils plus ou moins longs. Dans les muscidés, la lèvre inférieure forme un disque à peu près circulaire dans les syrpheset les tabaniens; elle est formée de deux grands lobes ovalaires séparés. Nous reviendrons plus loiu sur l;i structure de la lèvre inférieure des hyménoptères que nous avons étudiés. Les palpes, suivant les genres, sont plus ou moins développées. La structure du disque terminal de la trompe des diptères offre une disposition extrêmement élégante. Du milieu du disque partent de? prolongements qui vont rayonner dans tous les sens. Ces sortes de rayons ont l'apparence spiraléedes trachées et paraissent former de véritables cylindres creux. Mais un examen attentif montre qu'il n'existe pas de spirale conaplète, et que, de plus, ce sont de simples replis de la membrane chitineuse. Le cylindre est incomplet à la partie profonde. Entre ces colonnes trachéiformes se trouvent de petites cupules (1) Voir Milne-Edwards, Leçons de physiologie, t. V, p. 533 et suiv. et Blanchard, Allas, Règne animal, Insectes, pi. 178, et Comptes ren- dus DE l'Académie des sciences, 18l>0, t. XXXI, p. 424. s 50 sur lesquelles reposent de petits poils dont quelques-uns dans la iiiouche domestique ne mesurent pas plus de 'i à 5 ceulièmes de mil- limètre. Sur la face postérieure du disque et presque au bord sont implan- tés de grands poils non pennés s'élargissant à leur base. Ces poils sont unis par une membrane mince hyaline avec la membrane cliiti- neuse; ils sont très-mobiles. Leur direction est d'abord de bas en haut et d'arrière en avant; mais ils se recourbent et viennent faire saillie en avant de la face antérieure de la trompe, si bien que Tinsecte, quand il projette cet organe, doit effleurer avant tout les objets avec l'extrémité de ces longs poils. La lèvre des diptères est, comme nous l'avons dit, constituée par un disque ovalaire plus ou moins complet. En réalité ce disque est formé par deux parties symétriques qui se reploient quand le veut l'animal et s'appliquent Tune sur l'autre comme les deux feuillets d'un livre. Deux gros nerfs qui viennent des ganglions cérébroïdes sont des- tinés à se distribuer dans le disque terminal. Ces deux troncs ner- veux marchent parallèlement, escortés de grosses trachées qui vont se divisant à mesure que le nerf se divise lui-même. Ces nerfs sont recouverts d'une couche de grosses cellules d'épi- thélium pavimeuteux qui, le plus souvent chez les grandes mouches [vomitoria sarcophaga^ sont infiltrés de pigment jaune bistre qui rend l'étude du trajet du nerf très-facile. Cet épithôlium se retrouve sur l'organe terminal que nous décrirous plus loin. Ce disque terminal de la trompe forme une sorte de grande cavité close dans laquelle arrivent de chaque côté les gros nerfs. A leur entrée ils se divisent immédiatement en une multitude de branches. Dans cette cavité se trouvent également des organes qui paraissent importants : ce sont quatre glandes ayant la forme de petits disques de 0,1 de millimètre de diamètre. Ces glandes sont formées de cel- lules ayant une membrane enveloppante hyaline et possédant cha- cune leur conduit excréteur propre. Ces glandes jouent-elles un certain rôle dans Pacte de la digestion à la façon de la salive? Le liquide que l'on voit poindre à l'ouverture (lu conduit quand on excite la trompe provient-il de ces organes? Nous ne saurions faire sur ce point que des hypothèses. Les nerfs, nous l'avons dit, se divisent en plusieurs branches qui vont elles-mêmes se ramifiant. Les unes et les autres se dirigent vers les cupules qui se trouvent à la base des poils. Rappelons en quelques mois la disposition du tégument chez les insectes. On sait que la peau des insectes est formée de deux couches : Tune externe, formée de chitine, solide, résistante ; l'autre profonde, molle, formée de cellules trôs-visibles non colorées. « La couche externe se continue avec les parties internes con ■ jonctives chitinisées. » (1) Le squelette chitinisé est percé de canaux traversant perpendicu- lairement les lamelles. A la surface extérieure ils s'élargissent en cupules à la face profonde également; ils sont quelquefois ramifiés. Suivant Leydig, dans quelques-uns de ces canaux monteraient des prolongements papillaires délicats. Sur le fond des cupules extérieures repose la base des poils; ceux-ci peuvent quelquefois manquer; souvent aussi ils sont rudi- niontaires, et leur existence a été démontrée par M. Claparùde dans les cupules des antennes du hanneton. Nous avons vu plus haut qu'ils existent sur la surface extérieure de la trompe des diptères et qu'ils y sont extrêmement peu développés. C'est vers la base des poils qui surmontent ces canaux chitinisés que se dirigent les branches nerveuses à cellules molles pour s'y perdre après avoir auparavant donné naissance à des organes par- ticuliers. Au-dessous de la couche des cellules sous-chitineuses la branche nerveuse se renfle tout à coup et l'on se trouve en présence d'un organe piriforme très-nettement délimité. La paroi est hyaline; on n'y distingue pas de noyaux; souvent, comme nous l'avons observé, ce renflement est recouvert par une couche de cellules pigmentées de jaune; les renflements qui corres- pondent aux grands poils qui sont implantés au pourtour du disque de la trompe afl^ectent une forme presque sphérique. Ceux qui, au contraire, se trouvent à la base des poils rudimentaires implantés — ■ ■ ■ ■ - I I ■ I .. 1,111 , ^ii..i>mmij_i .i.jj.j.i.,,! (1) Leydig, Hist. comp., p. 119. (2j Loc> cit. 52 sur la face antérieure du disque de la trompe sont plus alloniït'?, fusiformes et, rappellent par leur forme et leur apparence les tubes muqueux des sélaciens. Ces renflements vont bientôt en diminuant de volume à mesure qu'ils se rapprochent de la couche chitineuse; ils traversent la cou- che de cellules molles et vont se loger dans les cupules dont nous parlons plus haut et au sommet de laquelle s'ouvre le canal qui tra- verse les lames chitineuses. Arrivé eu ce point, leur trajet devient invisible. Nous verrons plus loin ce qui se passe. L'intérieur de ce renflement sacciforme contient une matière très- finement granuleuse et l'on y aperçoit des cellules à contour très- (lélimité contenant un grand noyau granuleux. L'imbibition de ces noyaux se fait rapidement par le carmin soit sur les préparations exlemporanées, soit sur celles que l'on obtient après macération dans la liqueur de Muller très-étendue ou l'acide chromique très-faible. Nous avons également fait usage de l'acide osmique Irès-ôtendu; mais sous l'influence du réactif, le centre de Forgane se teint très-rapidement en noir; les contours des cel- lules disparaissent et l'on n'a plus sous les yeux qu'un aspect gra- nuleux. Dans ces organes j'ai pu compter jusqu'à sept ou huit de ces cel- lules très-facilement observables. Il existe donc au centre une cavité contenant des éléments et une substance différente de celle de l'enveloppe, car celle-ci se colore à peine. Du sommet de cette cavité part un filament à double contour ré- fractant très-facilement la lumière cheminant vers l'extrémité ex- térieure du renflement. Au premier abord on pourrait croire que c'est un canal creusé dans le centre, mais c'est bien uu tube cylindrique offrant même une certaine résistance. Il arrive que dans la dilacération les nerfs et leurs extrémités ren- flées sont violemment arrachées et séparées de la couche de chitine. C'est par la dilacération qu'ont été obtenues les préparations qui ont été mises sous les yeux de la Société. Tout le monde a pu constater qu'à rextrémltc du renflement les parois étaient brisées, arrachées; mais le Olament central résiste le 53 plus souvent et il émerge de l'organe dans une longueur de O^^jOOS ouû""",U04. Isolé ainsi, on peut l'observer, constater son indice de réfraction, mais l'observation peut ^ire poussée plus loin. A la suite de l'action de l'acide osmique, il arrive que la couche de cellules molles sous-chitineuses se détache pour la dilacération par lambeaux, comme le fait, par exemple, l'épiderme des vertébrés après macération dans Tacide acétique sur des préparations heureu- ses, et j'ai pu en exposer sous les yeux des membres de la Société. On peut voir les organes terminaux nerveux cheminer au milieu de «•es cellules et dépasser la limite qui les séparait de la couche de chi- tine. En effet, nous avons dit que ces organes allaient se mettre en contact avec les cupules qui sont surmontés des canaux. De plus, à cette limite extrême on peut constater que le filament central émerge et monte. Il se met donc en rapport avec le canal chitineux dans le- quel il s'engage; mais nous ne le suivons pas au delà; il apparaît sous un fort grossissement comme brisé en bec de flûte. Mais on le retrouve flottant dans la préparation des poiLs de la cavité desquels sort un prolongement d'aspect semblable et paraissant lui aussi brisé violemment. La couleur noire des poils empêche l'explo- riition de la cavité des poils. Des trachées très-fines se ramifientsur le renflement et s'y perdent. Si maintenant nous cherchons à nous rendre compte de la vérita- ble nature de ce filament, il ne nous parait pas probable qu'il soit de nature nerveuse. Il n'est pas possible qu'il soit de nature tra- chéenne, car son diamètre est quatre fois au moins celui des troncs les plus ténus qui l'entourent; il est vrai que souvent les trachées of- frentdes renflements nombreux ; le filament central a partout laméme dimension, et du reste on peut le suivre jusqu'aux cellules centrales. Il est plus probable qu'il est de nature cbitineuse. Sur les poils arrachés, il nous apparaît comme un tube creux qui continuerait la cavité centrale du poil. Il est probable que les parois tapissent le ca- nal chitineux, et se mettent en contact avec la face profonde des parois de l'organe nerveux, constituant ainsi une sorte de mem- brane externe de sa cavité. De même que la couche de pigment qui tapisse sa paroi externe est formée par la couche de cellules colorées qui séparent la couche molle du tégument. Les branches nerveuses dans leur trajet offrent souvent des ren- lloments remplis do cellules et dans la trompn dos éryslalos et des synphes. Leur portion tout à fait terminale ne se compose guùre que de ces renflements placés bout à bout. Nous avons recherchi'; les organes que nous venons de décrire dans la trompe des muscidés de quelques syrphydes, Térystale, le pynphe du iiroseillier, chez le taon des bœufs, et toujours nous les avons rencontrés avec les mê- mes caractères. C'est dans la mouche de viande que nous les avons trouvés à leur dimension maximum. Chez les sarcophages, ils sont également très-volumineux. Les palpes maxillaires clarviformes, implantés sur la trompe, oiïren t également chez les mouches une disposition semblable. Ils sont hé- rissés de poils à la base des plus grands. J"ai pu, sur plusieurs pré- parations, constater la présence de ces renllements. Pulpes viaxUUiires des or tlwjUères. — On. sait que les palpes maxil- laires des orthoptères se terminent par un article claviforme. La con- sistance de sa paroi est peu résistante, et à l'œil nu on aperçoit que sa cavité est remplie d'une pulpe molle, facilement dissociable. Si l'on examine de plus près, on reconnaît chez les locustes, les rourlillières, les grillons, que celte pulpe est composée par une série d'organes analogues à ceux qui existent dans la trompe de la mouche. Tous sont fortement pressés les uns contre les autres, et leur ex- trémité externe vient se mettre en rapport avec la face profonde de la paroi percée de canaux, surmontés chacun d'un petit poil. Chez la courtillière, l'organe est fortement pigmenté de noir à son extrémité périphérique. Tous ces renllements fusiformes sont les terminaisons de deux gros troncs nerveux qui viennent se ramifier dans l'article terminal du palpe maxillaire. Entre les deux chemine un tronc trachéen qui aussitôt entre dans la cavité de l'article, se recourbe en crosse, et de la courbure partent les troncs trachéens, qui se ramifient à l'infini et forment autour des rendements nerveux un véritable lacis. Ces renflements nerveux contiennent, comme chez la mouche, de grandes cellules à noyaux volumineux très-apparents. On retrouve des dispositions à peu près semblables dans la langue des orthoptères. De gros troncs nerveux s'y ramifient et olTrent des amas de cellules a leurs extrémités. Il en est de même dans ces rennements qui exis- tent aux tarses, et qui ont été décrits comme des organes d'audition. Nous avons retrouvé dans les antennes de la guêpe commune do 55 semblables organes en rapport avec l'ouverture inférieure des ca- naux de la chitine, ainsi que dans les antennes de la locuste viri- dissima. Nous avons plus haut fait mention d'une disposition spéciale que nous avions observée dans la lèvre inférieure d'un hyinénoptère. L'eumône pomatine nous a fournicet exemple. On saitque cet insecte, commun dans le midi, se fait des nids de terre pétrie fort intéres- sants. Une planche de l'ouvrage tle M. Blanchard fl) représente ces nids tels qu'on les rencontre le long des murailles oîi ils sont appli- ques. Cet insecte a été retrouvé aux environs de Paris. Ea Lorraine, nous l'avons rencontré. Il construit son nid particulièrement sur les pierres sèches dont les murs de clôture des vignobles sont formés. Chez ces insectes comme chez les autres hyménoptères, et les guê- piaires en particulier, la lèvre inférieure est formée d'une partie mé- diane s'élaigissant et formant des lobes terminés en fuseau. A son extrémité libre, de chaque côté s'observent les lobes latéraux ou paraglosses, qui ont la forme de petites languettes qui se terminent aussi en pointe de fuseau. Les palpes labiaux ont quati'e articles e'- sont garnis de poils. La lèvre inférieure et ses paraglosses otfrent une structure très- élégante. A l'extrémité des deux points de la languette et à celle des para- glosses se trouvent deux corps sphériques jaunâtres, dont la teinte foncée tranche vivement sur celle de l'appareil. Des poils courts co- niques sont implantés sur la surface externe de cette sphérule qui à sa base est percée. Par cette ouverture pénètrent dans la sphérule deux troncs ner- veux accompagnés de trachées. Des faisceaux musculaires de fibres striées viennent s'insérer au bord de l'ouverture et à la partie pro- fonde de la sphère. Les nerfs, une. fois entrés dans l'organe, se divisent, se renflent suivant la disposition observée et décrite dans les muscidés. On peut voir par transparence qu'à chacun de ces poils que nous avons raen- (I) Blanchard, Métamorphoses des insectes. In-8". G. Baillière. 56 tioiinés correspond un rcnnpment avec cellules nerveuses, llislolo- giquemeiit, il n'y a là rien de nouveau. Mais les renflements nerveux ainsi localisés aux pointes de la lan- guette et des paraglosses doivent donner à l'organe une très-grande sensibilité; peut-être même sont-ils le siège de la gestation. Chaque renflement sphérique contient environ de douze à vingt de ces renflements terminaux. En terminant, je signalerai une disposition spéciale observée dans les palpes des carabriques. J'ai eu à ma disposition plusieurs insectes de ce genre. Correspon- dant à des cupules surmontées des canaux qui traversent la chitine, se trouvent profondément des organes ayant la forme de petits hari- cots. Ils ont une apparence granuleuse et sont enveloppés d'une membrane mince hyaline. De Tinlérieur sort un canal à parois minces. On ne voit dans l'intérieur de cet organe aucune cellule. Du reste, il n'existe aucune connexion avec les nerfs. Ces petits organes sont des glandes. Leurs canaux sont tout à fait semblables à ceux des glandes salivaires. NOTE SUR LES CORPUSCULES CALCAIRES DES ÉGHINOGOQUES Communiquée à la Société de Biologie PAR M. LE Docteur A. LABOULBÈNE Membre honoraire de la Société de Biologie, etc. (Voyez planche III.) Les petits corps qui font l'objet de ce travail ont été signalés par un grand nombre d'auteurs et vus par tous ceux qui ont regardé des Échinocoques k un grossissement convenable. Néanmoins leur étude n'est pas complète, et c'est pour remplir cette lacune que j'offre à Ja Société les descriptions et les figures qui suivent. J'ai pu à plu- sieurs reprises me procurer des Échinocoques dans un état complet de conservation et d'autres plus ou moins altérés. La plupart de ces observations ont été faites avec un de mes internes M. Quinquaud. Quand on examine au microscope un Échinocoque avec un faible grossissement, on voit des granulations dans l'épaisseur de sa mem- brane enveloppante. A un plus fort grossissement, on aperçoit une ligne sombre, d'une certaine épaisseur, qui délimite ces grosses granulations dont le MÉM, 1870. 5 58 centre est transparent: ce sont les corpuscules calcaires des Échino- coque?. Si l'on consulte les ouvrages traitant de cette question, on reste convaincu que l'étude de ces corpuscules a été négligée. En effet, Le- bert (1), Gervais et Van Beneden, Davaine, etc., ne font que les si- gnaler. Il en est de même de Steenstrup, de Siebold et de Kiichenmeis- teir (2), qui les nomme Kalkkoerperchen; il est probable que tous ces observateurs les ont ainsi désignés sous le nom de corps calcaires, à cause de l'effervescence qui se produit lorsqu'on traite ces corpus- cules par les acides. Le professeur Gh. Robin est celui qui les a mieux étudiés, et voici ce qu'il en dit (3) : « Elle (la membrane externe des Échinocoques) renferme toujours, dans l'animal complètement développé, des cor- puscules de carbonate calcaire, arrondis ou ovoïdes, foncés à la cir- conférence (qui quelquefois semble comme limitée par deux lignes excentriques), brillants au centre, dissous avec effervescence par les acides, et dont le diamètre varie de 0,10 à 0,15. Ils laissent après eux une légère trame organique. » Les corpuscules subissent des altérations consécutives. En effet, à mesure que lÉchinocoque se flétrit, les corpuscules s'altèrent égale- ment : tantôt on les voit former de petites agglomérations centrales, tantôt on les trouve dispersés à la circonférence, ou bien ils sont très-éloignés les uns des autres. Plus tard apparaissent des granula- tions fines, qui se développent assez souvent vers le centre, et llna- iement on peut voir deux, trois noyaux brillants au centre, qui se résolvent en granulations calcaire?. (1) H. Lebert, Physiologie pathologique, l. II, p. 500, 1845. « Ces globules sont probablement de nature albumineuse ou graisseuse. » — P. Gervais et P. J. Van Beneden, Zoologie médicale, t. II, p. 271, 1859, représentent des Échinocoques à corpuscules, mais ne les décrivent pas._C. Davaine, Traité des entozoaires, etc., p. viii et xiii, Synopsis, 1860. —V. Cornil et L. Ranvier, Manuel d'histologie pathologique, repartie, p. 336, 1869. <« Le corps de l'animal est parsemé de disques calcaires. » (2) F. Kiichenmeister, Die in nnd an dem Korrper des Lebenden Menschen Varasiicn, Seiten 1-55 et 146. Leipzig, 1855. (3) P. II. Nysten, Dictionnaire, \-:' édition, par E. Litlré et CI.'. Ry- biB,p. 48'!, 1865. 59 Tous les corpuscules subissent cette modification , de telle sorte qu'à un certain raomentils ressemblentàdes corps granuleux ; mais ils font effervescence sous l'influence des acides, etalorsils disparaissent presque complètement. Dans l'épaisseur de la membrane externe de l'Échinocoque on peut reconnaître ces granules, qui sont mélangés soit à des granulations graisseuses et protéiques, soit quelquefois pigmentaires, granulations qui se reconnaissent à leurs réactifs spé- ciaux. Enfin, tous ces grains calcaires se désagrègent et se désunissent pour se disséminer dans la bouillie kystique de l'Acéphalocyste. g II. Ln. forme des corpuscules calcaires est très-variable, ainsi qu'on peut le voir d'après la planche 111. Ordinairement arrondis ou ellip- tiques, tantôt ils sont munis d'un noyau central on latéral, tantôt ces noyaux sont au nombre de deux et de trois ; déjà les corpuscules, représentés par e,/, g, r, s, f, x, y, commencent à s'allérei'. Les corpuscules g, h, i sont limités par deux lignes très-accusées. Ce fait avait été signalé par Charles Robin. D'autres fois ils ont la forme ovoïde, ou celle d'un sablier (voy. la planche III, m, p), et dans ce cas, ou bien ils sont entourés par une seule ligne de contour limitant un espace transparent, ou bieu il existe plusieurs lignes parallèles (p). Ils peuvent également être arrondis, sphériques, et avec des cou- ches concentriques (n, o). Dans ce dernier cas, ils ont subi déjà uu début d'altération, car on ne les rencontre pas avec celte forme dans la période d'état de l'Échinocoque. ^ Quel est exactement le nombre de ces corpuscules calcaires? — Voici quatre moyennes obtenues en comptant les corpuscules de 250 Échinocoques (les chiffres indiquent le nombre de petits corps calcaires observés sur un premier plan); il faudrait donc doubler les nombres obtenus pour avoir, approximativement, la somme to- tale des corpuscules de l'Échinocoque. \C/ A GO 1" série. . . . ... 50 Oc . . . 42 3« - . . . . . . . 41 4* - . . . . . . . 40 Le nombre des corpuscules a été compté sur des Echinocoques qui étaient au summum de leur développement. § IV. Pour apprécier la composition organique, ou chimique des corpus- cules des Echinocoques, on s'est jusqu'ici contenté de produire Tef- lervesceuce à l'aide de la plupart des acides; ce qui est facile à ob- tenir (acides acétique, azotique, chlorbydrique, sulfurique, etc.). 11 convient cependant de prendre une petite précaution pour ne pas croire à un dégagement d'acide carbonique, lorsqu'il s'agit sim- plement d'un dégagement de bulles d'air : il faut mouiller complè- tement avec de l'eau distillée le dépôt du kyste. Avec l'acide oxalique, je suis arrivé à voir les cristaux caractéris- tiques de l'oxalate de chaux. Le carbonate de chaux se présente dans certains cas sous la forme cristalline telle qu'on l'observe dans l'urine des herbivores, c'est- à-dire en forme de sablier, ou parfois en forme de sphère avec des couches concentriques. Après l'action des divers acides, il reste encore une trame, qui ne disparait pas, mais qui peut pâlir beaucoup, et cette trame se colore un peu en jaune au contact de l'acide chlorbydrique. Mais ce que l'on n'a point encore indiqué, c'est qu'il y a autre chose que du carbonate de chaux; déjà, après l'observation de l'effervescence, on pouvait prévoir qu'il y avait un autre élément chimique; en effet, quand on fait agir un acide faible sur ces corps, l'effervescence est légère et le corps reste parfois intact. Si l'on fait passer sous la préparation renfermant les corpuscules d'Échinocoque quelques gouttes d'oxalate d'ammoniaque, on voit au bout d'un certain temps se former des cristaux d'oxalate de chaux aux dépens du phosphate de chaux. Et si alors on ajoute un sel de magnésie et au besoin un excès d ammoniaque, il se forme des cristaux si caractéristiques de phos- 61 phate ainmoniaco-magnésiea; parfois la cristallisation se fait atten- dre assez longtemps. CONCLUSIONS. En résumé, il existe dans les corpuscules calcaires des Echinoco- ques dont je viens de donner la description : r Une matière organique ; 2* Du carbonate de chaux ; 3» Du phosphate de chaux. ^^^. rvî»"^ ERRATUM Le Mémoire ci-contre, Sur l'action toxique de V acide phénigue, a été présenté à la Société de Biologie par MM. Bert et Jolyet. A placer en regard de la page 63 des Mémoires. RECHERCHES SUR L'ACTION TOXIQUE »s L'ACIDE PHENIQUE MÉMOIRE PRÉSENTÉ A LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EN 1869 (1) PAR M. PAUL BERT. On peut dire que l'acide phéiiique doit au docteur Jules Lemaire(2) son droit de cité daos les sciences biologiques. Les travaux remar- quables de cet expérimentateur ont montré tout ce que peuvent attendre la physiologie expérimentale, la pathologie interne et ex- terne, d'un agent dont la puissance s'étend sur tous les êtres vi- vants. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner que, par un de ces engoue- ments enthousiastes habituels chez les médecins praticiens, on ait employé à l'aventure l'acide phénique dans toutes les maladies où il pouvait être question d'infection ou de parasitisme. L'expérience a déjà fait justice de la plupart de ces tentatives, dont un certain nombre doivent être reléguées hors du domaine scientifique. 11 nous a semblé qu'il était bon, avant de s'engager davantage, (1) Voir Comptes rendus de la Société de Biologie, Paris, 1869, p. 194. (.2) De V acide phéniqtie; 1^« édit., 1383; 2» édit., 1365. 04 d'étudier, par voie d'analyse physiologique, l'action de cette remar- quable substance sur les organismes supérieurs. Le travail de M. Lemaire fournit déjà sur ce point des renseigne- ments importants. L'attaque phénique y est parfaitement décrite. L'élimination par le poumon d'une grande partie de l'acide injecté dans l'estomac, s'y trouve relatée. M. Lemaire a également constaté une action sur la sensibilité et une congestion des centres nerveux qui lui fait dire que « c'est sur le système nerveux que l'acide phé- « nique agit principalement (1). » Mais la physiologie moderne exige une localisation plus précise et des démonstrations plus rigoureuses. L'animal empoisonné par l'a- cide phénique périt avec des convulsions : celles-ci sont-elles dues à des troubles circulatoires, à une altération du sang, à une excita- talion des fibres musculaires, des fibres nerveuses motrices, des ex- trémités terminales des fibres sensitives? ou encore faut-il les attri- buer à une action exagérée des centres nerveux réceptifs ou moteurs? Telles sont les questions qui se posent naturellement à l'esprit et auxquelles nous avons essayé de répondre dans le présent travail. Nous étudierons successivement : 1° Les effets de l'intoxication par l'acide phénique à dose immé- diatement toxique. 2° Les effets de l'intoxication chronique par l'acide phénique, et l'accoutumance à cette substance. , Enfin, nous appellerons l'attention sur certaines lésions d'organes q-ui se produisent consécutivement à l'administration de l'acide phé- nique. I Nos expériences ont porté particulièrement sur des chiens et des lapins. Nous avons injecté dans l'estomac 3 à 4 grammes d'acide phé- nique cristallisé en solution au 30" ou au 100^ pour des chiens de moyenne taille; environ 1 gramme pour des lapins. Voici quels ont été, dans ces conditions, les phénomènes qui ont suivi l'ingestion du poison : Presque immédiatement après l'introduction de la substance dans l'estomac, l'animal éprouve une sorte de frissonnement et d'inquié- tude particuliers, et, s'il est livré à lui-même, il change continuel- (l) Dciixiômo iViition. p. 10'2. 65 lement de place. Mais bientôt il s'affaiblit, d'abord du train posté- rieur, puis des membres antérieurs; il titube et trébuche à chaque pas, puis il tombe sur le flanc sans pouvoir plus se relever. Ces phénomènes initiaux de l'empoisonnement se montrent dans les deux à cinq premières minutes qui suivent l'administration du poison. Alors au frissonnement ont succédé des secousses convulsives cloniques qui occupent les divers muscles des membres, du tronc, de la face, des yeux; les muscles du larynx participent à cet état, et il y a des cris convulsifs incessants. Chose curieuse, dans le rhytlime successif de ces convulsions qui agitent les quatre mem-bres, il se trouve comme l'indication d'une marche continuelle, et de fait, avant de tom- ber, l'animal semblait en proie à un besoin de locomotion auquel ses forces n'ont bientôt plus répondu. Si la dose du poison est faible, on s'assure aisément que les con- vulsions s'exagèrent lorsqu'on pince ou qu'on excite l'animai, comme il advient pour la strychnine. Une salivation exagérée se produit, excitée qu'elle est par les mouvements de mastication continus qu'entraînent les convul.-ions des muscles des mâchoires; les yeux restent ouverts, les pupilles légèrement dilatées. Cet état de convulsions cloniques dure deux, trois, quatre heures. Alors, si la dose d'acide pliénique n'est pas mortelle, les convulsions diminuent peu à peu d'intensité et de fré- quence; les muscles se soumettent de nouveau à la volonté et repren- nent leur force graduellement; l'animal soulève d'abord la tète, puis les mouvements volontaires apparaissent dans les membres anté- rieurs, et enfin dans le train postérieur; l'animal se soutient sur les pattes, faible d'abord ; mais il reprend rapidement sa force et revient bientôt à son état normal. Si la dose du poison est mortelle, les convulsions deviennent de moins en moins fréquentes et font place à une sorte de paralysie des muscles de la vie de relation, qui gagne les muscles respira- toires; les mouvements de la respiration s'alfaiblissent peu à peu, ainsi que les battements du cœur, qui deviennent en même temps irréguliers ; la température s'abaisse et l'animal meurt. Nous n'insisterons pas davantage sur la description de ces phéno- mènes de l'empoisonnement ordinaire par l'acide phénique. Le lec- teur désireux d'avoir des détails plus nombreux se reportera avec fruit à la première partie du livre de M. Lemaire. MÊM. 1870 6 66 Tel n'est pas toujours, cependant, le mode de terminaison funeste. Dans quelques cas rares, surtout quand lu dose du poison est forte, la mort a lieu presque subitement dès le début de la phénicatiou. Elle semble avoir alors, pour mécanisme prochain, un arrêt des ven- tricules du cœur; et en effet, dans ce cas, on trouve le sang rouge dans les cavités gauches du cœur, et noir dans les cavités droites. Nous rapportons, comme exemples de ce mode de terminaison, les deux expériences suivantes : EXP. I. — Chien mâtiné du poids de 14 livres. Administration de 3 grammes d'acide phénique dans l'estomac. L'animai est pris de tremblement convulsif après trois minutes. On a quitté des yeux un instant l'animal ; on le revoit les pattes raides et étendues et la tête rejetée en arrière, expirant. On ne sent plus les battements du cœur. Le dernier mouvement de l'animal a lieu six minutes après l'in- jection. On fait aussitôt l'autopsie : Contractions rhythmiques des oreil- lettes, contractions fibrillaires des ventricules. Les cavités du cœur sont dilatées et remplies de sang. Le sang est noir dans le ventricule droit, rouge dans le gauche : Le sang recueilli dans des soucoupes se coagule bien. Il n'y a rien dans la trachée, ni dans les poumons. Ceux-ci sont violacés et revenus sur eux-mêmes, ne crépitant pas sous la pres- sion; les petites bronches paraissent aplaties. Après l'insufflation, le poumon devient blanc et crépitant. Il n'y a pas de caillots dans les artères pulmonaires. Les organes abdominaux sont sains, l'estomac contient du pain et une partie du iiquide de l'injection. Le bulbe rachidien est pâle, en apparence anémié. 45 minutes après la mort, le nerf sciatique est encore un peu ex- citable ; après 2 heures 45 minutes, la galvanisation des muscles pro- duit encore une contraction faible qui se manifeste par un sillon li- néaire au point d'application des pôles. 2 heures 40 minutes après la mort la rigidité musculaire est com- mençante. Exp. II. — Chienne jeune, ayant eu antérieurement les deux nerfs récurrents coupés (poids 3 kilog.). Le 26 mai 1870, à 3 heures 2 minutes, on lui injecte dans l'esto- mac 2 grammes d'acide phénique dissout dans 60 grammes d'eau. Aussitôt après, l'animal rendu libre, fait deux à trois fois le tour du laboratoire en courant; puis, il fait quelques efforts de vomissements ; 67 comme on soulève ranimai poui* rempécher de vomir, il semble qu'il va mourir. Posé à terre, il fait encore quelques mouvements respiratoires dont le dernier a lieu à 3 heures 5 minutes. A ce moment, on implante une aiguille au travers du thorax, dans le coeur; on observe des mouvements rhythmiques de l'aiguille 4 minutes après la dernière respiration. On fait aussitôt l'autopsie : Les oreillettes se contractent encore d'une façon rhythmique, les ventricules sont arrêtés et remplis de sang. Le cœur ouvert, on trouve le sang rouge dans les cavités gau- ches, et noir dans les cavités droites. On galvanise le nerf pneumo- gastrique gauche, et l'on produit l'arrêt des contractions des oreil- lettes, puis celles-ci repartent malgi'é la galvanisation. On répète plusieurs fois. A 3 heures 45 minutes, les nerfs ne sont plus excitables, les mus- cles sont contractiles. A 4 heures 15 minutes, les muscles offrent encore delà contractilité. Les poumons, à la coupe, laissent suinter du sang rouge, ne cré- pitent pas quand on les presse entre les doigts. Rien de particulier dans les bronches. Le sang normalement coagulable. Mais, ainsi que nous le disions tout à l'heure, ce mode de termi- naison soudaine de l'empoisonnement par l'acide phénique est l'ex- ception. Le plus souvent, les accidents durent pendant un certain temps, alors même qu'ils sont susceptibles de se terminer par la mort. Ils présentent alors la physionomie que nous avons, en commen- çant, succinctement décrite. A considérer ces convulsions singuliè- res, dans lesquelles les muscles en trépidation continuelle semblent se contracter individuellement, sans nulle synergie, et qui rappel- lent l'aspect d'un membre dans lequel on fait, par l'artère, une in- jection d'eau, la première question qui se pose est de savoir si ces convulsions sont en réalité idio-musculaires ou si elles sont sous la dépendance du système nerveux central. Une expérience bien sim- ple sullii pour résoudre la question. Si, en effet, en pleine phase convulsive, on tranche le nerf moteur d'un membre, on voit tous les muscles animés par ce nerf se mettre en résolution complète. Si, de plus, on lie chess une grenouille tout un membre postérieur, en respectant seulement le nerf sciatique, ou voit que ce membre, dans lequel ne pénètre pas le poison, est pris de convulsions en 68 même temps que celui du côté opposé. Il est donc bien évident que les convulsions dépendent d'une excitation des centres nerveux. La même conséquence se tire des expériences dans lesquelles on emploie le curare ou le chloroforme pour calmer les accès convul- sifs. Nous en rapportons ici deux : ExP. III. —'Lapin phéniqué la veille, le 17 novembre, et sur le- quel on a coupé le nerf sciatiquc droit. Phéniqué à nouveau à 3 heures 25 minutes en injectant dans l'es- tomac 40 grammes de la solution au 100«. Les convulsions se mon- trent très-rapidement. On constate de nouveau qu'il n'y a aucune convulsion dans les doigts de la patte dont le sciatique a été coupé, tandis que les doigts de l'autre patte sont continuellement agités par des mouvements alternatifs de flexion et d'extension. 3 heures 30 minutes. On injecte sous la peau de l'aisselle, 2 cent, cubes de la solution de curare. Les convulsions diminuent peu à peu d'intensité. 3 heures 40 minutes. On doit faire la respiration artificielle, 3 heures 50 minutes. Cessation des convulsions cloniques. 4 heures 10 minutes. Galvanisation des nerfs sciatiques de l'un et 'lautre côté. Aucun mouvement du membre. 4 heures 20 minutes. Réinjection dans l'estomac de 40 cent, cubes de la solution acide phéniqué. 4 heures 30 minutes. Galvanisation des sciatiques. Rien dans les pattes. Le cœur ausculté bat l'égulièrement. 6 heures. Respiration abdominale qui, spontanée, devient peu à peu plus forte. Petits mouvements convulsifs dans la face, le nez. Ces mouvements augmentent d'intensité, se montrent plus tard dans les muscles du cou, de l'épaule et du thorax. On cesse la respiration .irtiûcielle, l'animal respire seul d'une façon suffisante. Abandonné ;\ 6 heures 30 minutes. 18 novembre. Le lapin est trouvé mort. ExP. IV. — Grenouille curarée. Empoisonnement par le curare à 10 heures 15 minutes, le 27 no- vembre. Bien empoisonnée à 10 heures 25 minutes. On place sous la peau de la patte gauche des cristaux d'acide phé- niqué. La grenouUIe, observée jusqu'à minuit, ne présente aucune con- vulsion. 28 novembre, Morte, C9 Exp, V. — Chien du poids de 15 livres. Le 1er avril 1870, à midi 35 minutes, on injecte dans l'estomac de l'animal 60 grammes d'une solution d'acide phénique au 30». Après deux minutes, l'animal est pris de tremblement; il va et vient sans cesse dans le laboratoire; après cinq minutes, l'animal est sur le flanc en proie aux convulsions cloniqucs. Après dix minutes, les convulsions sont plus marquées encore, et il y a des cris convulsifs très-fréquents, de la salivation. Signes très- nets de sensibilité; les convulsions sont exagérées, et l'animal pousse un cri à chaque pincement, même léger, de la patte ou de la queue. On soumet alors l'animal à l'action du chloroforme. Pendant deux à (rois minutes, les convulsions sont nettement exagérées par les respirations de chloroforme. Après cinq minutes, elles se ralentis- sent, et, après dix minutes, elles ont complètement cessé : l'animal est calme et parfaitement endormi. On cesse alors les inhalations de chloi'oforme. A peine sont-elles supprimées depuis une minute, que les convulsions réapparaissaient. Les pupilles sont légèrement di- latées, les pattes sont chaudes à la main. Après trente-cinq minutes à partir du début de l'expérience, on constate des signes très-nets de sensibilité, par le pincement des pattes et l'attouchement de la cornée. A 1 heure lî minutes, on soumet de nouveau l'animal aux inhala- tions de chloroforme, et l'on observe les mômes phénomènes que précédemment ; les convulsions sont d'abord augmentées ; elles sont complètement abolies huit minutes plus tard. Les respirations de l'animal sont alors très-calmes, les battements du cœur rapides et réguliers. Pas de signes manifestes de sensibilité. A 1 heure 22 mi- nutes, on suspend les inhalations de chloroforme. Une heure dix minutes après le début de l'expérience, les convulsions cloniques commencent à s'apaiser; les mouvements de l'animal de- viennent volontaires et moins incoordonnés, et vingt minutes plus lard l'animal est sur les pattes, allant et venant dans le laboratoii'e. Il tremble encore un peu et sa démarche et mal assurée. 11 reste à se demander si les centres nerveux supérieurs sont seuls excités par le poison, ou si la moelle épinière tout entière est in- toxiquée. Les expériences suivantes résolvent la question dans ce dernier sens. Exp. VI. — Chien terrier vigoureux. On a mis la partie supérieure de la région lombaire de la moelle à nu, et opéré deux sections transversales de la moelle. On donne à ce 70 chien, paralysé du train postérieur, à 4 heures 35 minutes, 100 gram- mes de la solution d'acide phéniquc au 30^. Apres dix minutes, on trouve l'animal en état de convulsions cloniques. Ces convulsions occupent les membres postérieurs paralysés, aussi bien que les membres antérieurs, et s'y montrent avec la même intensité. A 6 heures 30 minutes l'animal est dans le même état. On le trouve mort le lendemain matin. ExP. VII, 3 décembre. — Chien; section de la moelle. Petit chien de cinq jours. Injection dans l'estomac de 6 grammes de la solution. 10 grammes pour 200 , à 4 heures. — 4 heures 5 minutes, état convulsif bien développé. Section de la moelle au niveau des pattes antérieures. 4 heures 10 minutes, convulsions cloniques dans le train antérieur, face et pattes antérieures, et dans le train postérieur, mais moins marquées. Les pattes postérieures sont prises de mouvements d'ex- tension et de retrait alternatifs ; mouvement de la queue. 4 heures 30 minutes. Idem. 4 heures 40 minutes. On ouvre l'abdomen et on fait sortir par la plaie la masse intestinale. Quelques anses intestinales, observées à plusieurs reprises pendant quelques minutes, ne paraissent pas éprouver de mouvements péristaltiques. Exp. VIII. — Sur un autre petit chien, on sectionne d'aboi'd la moelle, et on injecte ensuite la solution d'acide phénique à 4 heures 10 minutes. 4 heures 15 minutes. Commencement des convulsions dans le train postérieur. 5 heures. Encore convulsions, mais très-afifaiblies. Les convul- sions spontanées sont rares, mais on les rend fréquentes et fortes par des excitations périphériques. Exp. IX, 27 novembre. — Grenouille; section de la moelle. Sur une grenouille verte, on met à nu la moelle au-dessous du bulbe. L'animal perd un peu de sang. Onze heures. L'animal est remis, les mouvements réflexes du train postérieur sont bien nets. On l'empoisonne par l'acide phénique sous la peau de la patte gauche. Minuit. Il n'y a pas encore de convulsions. 28 noveail)re, huit heures. Les membres postérieurs sont agités de convulsions cloniques spontanées. 29. Idem 71 30. Idem. 1er décembre. Encore convulsions à, la suite d'excitations péri- phériques. Nous avon?, une seule fois, injecté directement l'acide phénique dans le sang. La mort est survenue avec une grande rapidité, et par arrêt du cœur. Exp. X. — Chien. Dans la veine fémorale injecté lentement 21 centimètres cubes d'eau contenant 0 gr. 63 centigr. d'acide phénique. Le cardiomètre marquait une pression de 13 à 17 centimètres. Immédiatement après l'injection, surviennent les tremblements : le cardiomètre monte jusqu'à 20 centimètres. Presque aussitôt, il retombe à 12-, après quelques minutes, la respiration s'arrête, la pression cardiaque s'abaisse à, 4 centimètres ; puis surviennent deux ou trois soupirs, et le cœur s'arrête. La langue est noire, le sang noir partout. Tiré des vaisseaux, il rougit et se coagule. Les nerfs moteurs agissent sur les muscles, le nerf pneumogastrique fait contracter les fibres musculaires du poumon. II Les deux expériences qui suivent ont été instituées dans le but de rechercher s'il existe une accoutumance à l'action de i'acide phé- nique, comme cela a lieu pour certaines substances. Nous avons voulu voir si, en donnant tous les jours des doses croissantes d'acide phénique, on peut ainsi arriver à dépasser la dose toxique mortelle, et si alors suspendant l'administration des doses d'acide phénique, pendant un temps sufhsant pour que l'animal perde son accoutu- mance à la substance, on peut le tuer par une dose toxique limitée. Exp. XI. — Chien du poids de 21 livres. Le 20 mai, on injecte dans l'estomac 1 gramme d'acide phénique dissout dans 30 grammes d'eau. Ce chien offrait un tremblement très-fort avant l'administration de la substance, de sorte qu'il est dif- ficile de faire la part du tremblement causé par l'acide phénique. L'animal va et vient continuellement dans le laboratoire , sans pré- senter de faiblesse bien marquée. Le 21 mai, on donne 1 gr. 50 cent, d'acide phénique : mômes efiets que la veille, tremblement un peu plus marqué. Le 22 mai, on donne 2 grammes de la substance : après quinze 72 minutes, tremblement assez marqué, accompagné de faiblesse. L'ani- mal va et vient sans cesse. Après trente minutes, Tanimal est remis. Le 23 mai, on ne donne pas l'acide phénique. Le 24 mai, on porte la dose à 3 grammes. Huit minutes après son administration, l'animal est couché sur le flanc en proie aux convul- sions cloniques générales. — Mouvements continuels des mâchoires, cris convulsifs, salivation assez marquée. Après une heure, même état. Après deux heures, les convulsions diminuent, l'animal est toujours sur le flanc, flasque. Sensibilité au pincement de la queue. Après 2 heures 30 minutes, l'animal se remet et soulève la tête, mais demeure toujours sur le flanc. Après trois heures, il est debout et tremble peu. Le 25 mai, on donne 3 gr. 50 cent, d'acide phénique. Après dix minutes, tremblement et faiblesse. Après quinze minutes, il tombi' presque sur le train postérieur. Néanmoins , l'animal va et vient sans cesse dans le laboratoire. Après vingt-cinq minutes, l'animal est plus faible encore, il tombe au moindre choc ; il s'accule pour boire, tremble peu. Après quarante minutes, l'animal se remet. Le 26 mai, 3 gr. 50 centig. Après huit minutes, le chien est sur le flanc dans une agitation convulsive clonique générale. Après 1 heure 40 minutes, il se replace sur les pattes , mais il est faible et tombe facilement. Après deux heures, il est plus fort et ne tremble plus. Le 27 mai, 3 gr. 50 cent. Après cinq minutes, tremblement et fai- blesse. Après quinze minutes , il est couché sur le flanc, dans les convulsions ; mouvements des pattes comme de marche. Convulsions des yeux qui sont tournés en bas et en avant. Après vingt-cinq minutes, les convulsions sont faibles , l'animal, fait effort pour se relever. Après une heure, il est mieux et se remet, mais il offre encore après deux heures de petites convulsions dans divers muscles des membres et de la face. Le 28 mai, on porte à 4 grammes la dose d'acide phénique. Après dix minutes, l'animal est sur le flanc, dans les convulsions. Après 1 heures 20 minutes, il se replace sur les pattes , mais il retombe aussitôt ; il n'est bien remis qu'après deux heures. 29 juin. Dans l'intervalle de l'administration des doses quotidien- nes d'acide phénique, l'animal est bien gai, vif, et ne paraît jjresquc nullement influencé. Appétit vorace. On donne 4 grammes d'acide phénique. Après deux minutes , se montrent les convulsions cloniques générales ; l'animal est couché sur le flanc, flasque , et ne fait aucun effort pour se soutenir sur les pattes quand on cherche à l'y placer. 73 Après une heure, même état , mais les convulsions s'épuisent et sont moins fortes ; larmoiement et salivation. A ce moment, l'animal ne paraît pas sentir de forts pincements des pattes et de la queue, ou du moins il ne le manifeste pas. A deux heures, l'état de l'ani- mal est à peu près le même. Après deux heures trente minutes, il est amélioré. — L'animal sent nettement le pincement de la queue ou des pattes , les convulsions sont faibles. L'animal revu trois heures après est trouvé parfaitement remis. Le 30 mai, 4 grammes. Tremblement après cinq minutes. Après dix minutes, faiblesse, tombe, mai'i peut se relever. Après vingt minutes, idem. Après une heure , le tremblement est moindre , l'animal est plus fort et se remet. Le 31 mai, 4 grammes. Après cinq minutes, l'animal est sur le flanc, en état de convulsions. Après deux heures trente minutes l'animal revient à lui. Le l^r juin, 4 grammes. Mêmes effets que la veille. Le 2 juin, 4 grammes. Sur le flanc après cinq minutes dans les convulsions. Après deux heures, on retrouve l'animal debout et i-emis. Le 3 juin, 4 grammes. Après cinq minutes il tombe sur le côté. — tremblements. Après deux heures, il cherche à se relever. Après trois heures il est remis. Le 4 juin. On donne 4 grammes d'acide phénique dans deux blancs (l'œuf. Après cinquante minutes, l'animal est toujours debout, mais très- faible du train postérieur. Les tremblements ne sont pas très-mar- qués . Après une heure trente minutes, l'animal arepris sa force en partie . Le 5 juin, 4 grammes. Après sept minutes , l'animal est sur le flanc dans les convulsions. Après deux heures, il est dans le même état. Après quatre heures, il est remis. Le 6, l'injection n'est pas faite. Le 7, on donne 4 grammes. — 120 pulsations, 14 respirations, tem- pérature, 40". Après cinq minutes, l'animal tremble et faiblit du train postérieur. Après huit minutes, il est couché sur le côté, dans les convulsions. Après une heure, même état. — 160 pulsations faibles, 18-20 res- pirations, température, 39*. Après 1 heure 40 minutes , l'animal soulève la tête ; il est sur les pattes après 2 heures 20 minutes 74 Le 8 juin, on porto à 4 gr. 50 cent, la dose d'acide phonique. Après cinq minutes, l'animal est sur le flanc, dans les convulsions. Après deux heures, l'état est le même. Après trois heures, il est sur ses pattes, mais faible. Le 9, on donne 4 gr. 50 cent. Après trois minutes, l'animal est sur le flanc en proie aux convulsions cloniques. Quatre heures après, l'état est encore le même. Le 10 juin, on porte la dose à 5 grammes. Mêmes résultats que la veille. L'animal a uriné : ni sucre, ni albumine dans l'urine. Le il, 5 grammes. L'animal revient après 2 heures 30 minutes. Le 12, 5 grammes. Convulsions après cinq minutes; se remet après 3 heures 30 minutes. Le 13 et le 14 juin, on ne fait pas d'injection. Le 15, on baisse la dose d'acide phénique à 4 grammes. Après deux minutes, l'animal tremble et faiblit ; après quatre mi- nutes, il est sur le flanc, ses muscles agités par des convulsions clo- niques énergiques. x\près 2 heures 30 minutes, il soulève la tête et cherche à se relever. Après trois heures, il est sur ses pattes, et va et vient dans le laboratoire, mais il est faible surtout du train posté- rieur. Les jours suivants, on suspend l'administration des doses d'acide phénique. Le 16 juin, respirations, 14; pulsations, 144. Le 17, respirations, 12; pulsations, 136. Le 19, respirations, 10-11 pulsations, 110; température, 39°. L'animal mange toujours avec la même avidité, paraît un peu fai- ble du train postérieur. Ses yeux sont sains. Le 21 juin, on trouve l'animal à l'agonie, et cependant le 20 rien ne semblait annoncer une fin si prochaine. Le chien est couché sur le côté et ne peut se tenir sur les pattes. Les battements du cœur sont lents, irréguliers et faibles. Le thermomètre marque 33° dans le rec- tum. Une heure plus tard, 31°. L'animal s'éteint lentement et meurt trois heures après. Une heure et demie après la mort, le cœur se contractait encore. Deux heures après la mort, les nerfs offraient pour la dernière fois des traces d'e.xcitabilité. Les poumons sont sains, ainsi que le foie. Les reins offrent un as- pect graisseux très-prononcé. Beaucoup de muscles du train posté- rieur et des gouttières vertébrales offrent une altération graisseuse très-avancée. Les muscles du train antérieur sont à peu près sains. Exp. XIL — Chien épagneul adulte, du poids de 14 kilog. et demi. On injecte dans l'estomac 1 gramme d'acjde phénique cristallisé. 75 dissout dans 30 gi-ammes d'eau. La môme dose est répétée les jours suivants, du 24 mars jusqu'au 17 avril. L'animil après chaque dose d'acide phéaique ne parait éprouver d'autres effets qu'un léger tremblement, surtout marqué dans le train postérieur, tremblement du reste très-passager. Le 17 avril on porte à 1 gr. 50 cent, la dose d'acide phénique et on la continue jusqu'au l*""" mai. On observe les mêmes effets, un peu plus accentués que précédemment. Le 1"" mai, 2 grammes d'acide phénique. — Tremblement pas- sager dans les muscles du train postérieur, de la face, accompagné d'une légère faiblesse dans les pattes postérieui*es. Le 6 mai, l'injection n'est pas faite. Le 7 mai, on donne les deux grammes d'acide phénique à 10 heu- res du matin. Après vingt minutes, l'animal est pris de convulsions cloniques ou tremblement général, assez marqué, surtout si on le compare au tremblement qui a suivi l'administration des doses précé- dentes. L'animal est en môme temps plus faible sur ses pattes, mais ne tombe pas. Il va et vient incessamment dans le laboratoire. Il mange avidemment le pain qu'on lui donne, mais il a quelque peine à le prendre à terre, et ses pattes faiblissent sous lui. Il y a une cer- taine raideur dans les pattes. — A onze heures, l'animal est à peu près complètement remis. « Le 8 mai, la dose de 2 grammes occasionne le même tremblement que la veille, mais la faiblesse de l'animal est beaucoup moins marquée. Le 10 mai, l'animal est toujours bien portant, et ne présente rien de particulier dans l'intervalle ' des prises d'acide phénique. Yeux parfaitement sains. On porte alors à 2 gr. 50 cent, la dose d'acide phénique. Mêmes effets qu'avec 2 grammes : tremblement, faiblesse et surtout rai- deur des pattes. Le 17 mai, on donne 3 grammes. Effets très-marqués . Une heure après l'animal ne se tient qu'avec beaucoup de peine sur ses pattes, et ne peut ramasser un morceau de pain qu'on lui jette ; il fombe de temps en temps sur le train postérieur, pour peu qu'il s'embarrasse dans sa corde : mouvements convulsifs généralisés, convulsions des yeux. Le 18 mai, on donne 3 grammes à une heure. Effets habituels après vingt minutes : faiblesse moindre que la veille ; l'animal ne tombe pas, môme quand on le pousse légèrement. Deux heures plus tard, l'animal est complètement remis ; il y a en- 7fi core quelques petites contractions dans les muscles de la face, les paupières, les cuisses. Le 26 mai, à 4 heures 30 minutes, on donne 3 grammes 50 centi- grammes d'acide phénique cristallisé. Après dix minutes, tremble- ment et faiblesse, surtout, dans le train postérieur. Après trente mi- nutes, l'animal est très-faible, tombe plusieurs fois. Les battements du cœur sont faibles, on les compte avec peine ; 172 pulsations (130 avant l'expérience). Après trois quai-ts d'heure, la faiblesse est plus grande encore. L'animal tombe et ne peut plus se relever. Après 1 heure 30 minutes, l'animal se remet, se tient assez bien sur ses pattes ; il y a encore un tremblement léger. 27 mai. Depuis quelques jours, on remarque que les yeux sont notablement injectés et un peu œdématiés ; il n'y a rien à la cornée. On donne les 3 gr. 50 cent, de la substance. Tremblement et fai- blesse après dix minutes ; l'animal se tient encore assez bien sur les pattes. Après une heure, tremblement et faiblesse plus marqués; l'animal écarte les pattes pour ne point tomber, s'appuie contre la table. 2 heures 30 minutes après, le chien est en partie revenu à son état normal, sauf quelques contractions des muscles de la face et des paupières et un reste de faiblesse. Le 28 mai, 3 gr. 50 cent. Après quinze minutes, tremblement et faiblesse. Après vingt-cinq minutes, l'animal tombe presque. Après quarante-cinq minutes, même état. Deux heures après, l'animal est remis. Le 29 mai, on administre 4 grammes d'acide phénique. On compte 136 pulsations et 20 respirations. Après quinze minutes, tremblement, faiblesse, raideur dans les pattes. Après trente minu- tes, l'animal est sur le flanc, sans pouvoir plus se soutenir sur les pattes. L'état convulsif des muscles n'est pas très-marqué, comme on l'observe chez les chiens auxquels on donne pour la première fois une forte dose d'acide phénique. Après une heure, même état (170 pulsations, 20 à 24 respirations inégales, les unes larges, les autres petites et brusques). Deux heures après le début, l'animal s'est replacé sur les pattes, mais il offre encore du tremblement et de la faiblesse. 30 mai. Les 4 grammes d'acide phénique offrent sensiblement les mêmes effets que la veille, et durant le même temps. 31 mai, 4 grammes. Tremblement après cinq minutes. Après 1 heure 30 minutes, l'animal est couché et très-faible. Après 2 heures 30 minutes, l'animal est remis, et ses forces sont revenues. Le l»"" jtiin, il y a toujours de l'injection des conjonctives; les cornées sont saines. Ecoulement de mucosités purulentes par la narine droite. Température rectale 400,2. Respirations 16, pulsa- tions 120. On donne les 4 grammes d'acide phénique, qui produisent les phénomènes ordinaires. Après une heure, l'animal tombe et se tient à peine. Après deux heures, il est moins faible, mais sa marche est toujours mal assui'ée ; il ne reprend sa force que 3 heures 30 mi- nutes après le début de l'expérience. La température est alors do 39" 4, -les respirations de 16 à 18, les pulsations 128. Le 2 juin, 4 grammes. L'animal est remis après 2 heures 30 minutes. Le 3 juin, 4 grammes. Température 40 degrés, respirations 20, pulsations 148. Après dix minutes, tremblement et grande faiblesse après qua- rante-cinq minutes. Température 40 degrés, respirations 30, pulsa- tions 160. Après trois heures, l'animal se remet, mais tremble toujours. Quatre heures après il y a encore un léger tremblement, Le 4 juin, 4 grarnmes. Respirations, 15, pulsations 120. Après trente minutes, tremblement et grande faiblesse ; l'animal ne tombe pas. Après une heure, même état. Après deux heures, l'animal tremble toujours, reste couché, mais il se soutient assez bien sur ses pattes. Respirations 20, pulsations 136. 5 juin, 4 grammes. Pulsations 160, respirations 16. Après cinq minutes, tremblement et faiblesse, et après trente minutes, sur le flanc. Respirations 40, inégales d'amplitude, le cœur ne peut qu'avec peine être senti. Après 2 heures 30 minutes, l'ani- mal est en partie revenu à son état normal. Pulsations 160, respira- tions, 24. 6 juin. Même dose, mômes effets. 7 juin, 4 grammes. Température 39°,8, respirations 26, pul- sations 144. Après cinq minutes, tremblement et faiblesse. Après vingt-cinq minutes, l'animal est sur le flanc. Après une heure, idem. Respirations 30, pulsations 156. Après deux heures, Fanimal se remet. 8 juin. On porte cà 4 gr. 50 cent, l'acide phénique. Après dix minutes, l'animal se tient à peine sur les pattes ; tombe, mais peut se relever. Après quarante-cinq minutes, l'animal est couché et tremble. Après deux heures, l'animal se tient debout, mais toujours faible. Les yeux ne sont plus injectés depuis quelques jours, mais plu- 78 tôt anémiés ; on constate aussi que les conjonctives offi-ent une teinte ictérique très-prononcée, ainsi que la muqueuse buccale. Le 9 juin, 4 gr. 50 cent. Pulsations 100, respirations 30. Après trente minutes, l'animal qui tremble se tient à peine. Après trois heures, l'emis. 10 juin. Pulsations 136, respirations 20. Toujours ictère. L'animal est triste, abattu, restant pi'csque constammeit couché et refusant toute nourriture depuis hier. Aussi on suspend l'administration des doses d'acide phénique. Le 15 juin, l'ictère est moins prononcé, les sclérotiques sont moins jaunes, l'animal est, du reste, plus gai, mange mieu.x. Pulsa- tions 152. Le 16. Pulsations 112, respirations 16. 39o,2 dans le rectum. Le 19. Pulsations 100, respirations 15 à 16. Le 22. Le chien est revenu sensiblement à son état antérieur, les conjonctives n'offrent plus la teinte ictérique. Le 23. Pulsations 110, respirations 14 à 16, 39 degrés dans le rec- tum. Le 6 juillet. Le chien paraît entièrement remis de tous ces acci- dents qu'il a présentés antérieurement. On lui injecte dans l'estomac 4 gr. 50 cent, d'acide phénique cris- tallisé dissout dans 120 grammes d'eau. (On a compté 120 pulsations, 18 respirations, 38°, 4 dans le rectum. Après trois minutes, l'animal tremble et est faible. Après cinq minutes, il tombe sans pouvoir se relever. Après quinze minutes, le tremblement est très-fort et continu et on observe comme antérieurement, outre ce tremblement, des secousses convulsives très-fréquentes des muscles des membres, de la tête, du cou et des mâchoires. Après trois heures, l'animal commence à soulever la tête, et essaye de se soulever sur les pattes de devant, mais il ne peut encore se soutenir. Après quatre heures, l'animal se relève, ne tremble presque plus. Pulsations 176. Le 7 juillet. Pulsations 144, respirations 32. L'animal refuse de manger, mais il reste gai et caressant. La relation des expériences précédentes montre qu'il existe une accoutumance à raclion de l'acide phénique, (jui, sans être bien mar- quée, est cependant réelle. Chez les deux chiens qui font le sujet des expériences, nous avons pu, par le moyen de doses ruolidiennes croissantes d'acide phénique, parvenir à leur administrer des quan- 79 tités de cette substance {1 et 3 gr.) qui ne faisaient que les impres- sionner faiblement et passagèrement, alors que ces mêmes doses, données à des chiens de même taille, mais d'emblée, eussent produit des accidents relativement intenses et prolongés. Ces expériences montrent aussi que cette accoutumance des ani- maux à l'action de l'acide phénique diminue très-rapidement, puis- (lu'il suffit de suspendre un jour l'administration d'une tlose donnée 2 gram.) pour que celle-ci, donnée le jour d'après, impressionne l'animal à un degré plus élevé qu'elle ne l'avait impressionné la veille, et qu'elle ne l'impressionne le jour suivant. Enfin, dans une des deux expériences, nous avons pu porter à 5 grammes, progressivement, la dose d'acide phénique; et suspendant alors pendant cinq jours l'administration de la substance, une dose de 4 granjmes (ra( ide phénique, donnée le quatrième jour, a pu ame- ner la mort de l'animal. m Nous avons montré, par les expériences consignées au jJ l^', que la mort consécutive à l'empoisonnement par l'acide phénique peut survenir dans deux conditions difi"érenles : brusquement ei presque instantanément par ariêt du cœur; ou plus lentement, à la suite d'excitations convulsives prolongées. Mais il peut arriver, en outre, que l'animal qui a reçu une dose d'acide phénique assez forte pour le jeter à terre avec convulsions, se remette sur ses pattes et revienne à une apparence de santé, pour périr quelques jours après. Ici le mécanisme de la mort est tout différent. Elle est évidemment produitepar une maladie pulmonaire. L'expérience suivante peut éire considérée comme un type qui s'est fréquemment reproduit. Exp. XIII. — Chien adulte du poids de 13 livres. Injection dans l'estomac de 3 grammes d'acide phénique cristal- lisé dans 90 grammes d'eau. Après cinq minutes, l'animal est couché sur le flanc en proie aux convulsions. Après trois heures 30 minutes, l'animal se remet, se place sur ses pattes de devant, mais ne peut encore se tenir debout. Vingt minutes plus tard, l'animal va et vient, mais faible. Il a un vomissement; il est agité d'un tremblement général. Le lendemain 15, Tanimal reste, couché et ne mange pas. 80 16, même état. Mort le 17-18. A l'autopsie, on constate dans les deux poumons des noyaux de pneumonie commençante. Les autres viscères sont sains. On peut obtenir un résultat analogue en fragmentant la dose mor- telle d'aride phénique. C'est ce que nous avons fait dans l'expé- rience suivante : ExP. XIV, 28 mai 1869. — Chien pesant 21 livres. Administration dans l'estomac de 1 gramme d'acide phénique. A 10 heures 15 minutes on compte 124 pulsations, 40 respirations; température, 380,8. Les yeux sont examinés et trouvés sains. A 10 heures 45 minutes, idem. Le chien ne paraît pas plus faible. A onze heures, on donne de nouveau 1 gramme de la substance (168 pulsations, 20 respirations). On observe les mêmes secousses, mais plus fortes qu'à la suite de la pi-emière dose. Faiblesse peu marquée. A midi, l'animal est toujours sous l'influence de l'acide phénique, et offre de petites contractions librillaires dans divers muscles. On administre un troisième gramme. A 1 heure 10 minutes un quatrième grannne. Après trente-cinq minutes, le pouls marque 132, la respiration, 32, la température, 38°, G. A 2 heures 5 minutes on donne le cinquième gramaie. Api'ès 10 minutes, secousses musculaires fortes et plus fréquentes. Après trente minutes, l'animal est ndeux, et n'a presque plus de treiiible- ment quarante-cinq minutes après. A 3 heures 25, un gramme; après cinq minutes, tremblement plus fort qu'il n'a encore été. A 4 heures 15 minutes on administre le septième gramme. (On constate qu'il y a une injection très-forte de la conjonctive oculo- palpébrale et de la membrane clignotante, qui sont très-tuméfîôes. L'animal reste couché, mais il peut parfaitement se tenir sur les pattes.) Après dix minutes, l'animal est sur le flanc, dans les con- vulsions. Sa respiration est très-embarrassée. A sept heures, toujours même état de convulsions cloniques; l'a- nimal peut se tenir sur les pattes, mais il se recouche aussitôt. Mort dans la nuit du 28 au 29 ; l'animal est froid et en rigidité cadavérique. A l'autopsie, on constate des caillots récents dans la cavité du cœur. Poumons : congestion très-forte du lobe inférieur droit ; plaques ecchymotiques disséminées, sous-plcuralcs, œdème du tissu pulmo- 81 naire ; nscères abdominaux sains. Reins et loie cungestionnés. Cer- veau et moelle : congestion des méninges. Au niveau du bulbe et moelle cervicale, œdème considérable du tissu cellulaire sous-cu- tané qui environne l'orbite, et de l'orbite des paupières ; cornées iiaines. Oq voit qtie, dans cette expérience, aux altérations pulmonaires se sont jointes des altérations curieuses du côté des yeux. Celles-ci ont parfois acquis une beaucoup plus grande intensité. Exp. XV. — Chien du poids de 17 livres. Température, 38", 8. Injection dans l'estomac de 3 grammes d'acide phénique dans 90 grammes d'eau, le 27 mai, 4 heures 40 minutes. Après trois minutes, tremblement; après cinq minutes, le chien tombe sur le train postérieur, et ne peut bientôt plus se relever. Après dix minut<^s, il est couché sur le flanc; ses muscles sont agités de convulsions cloniques générales. Après trois heures, il est dans le même état. Après quatre heures, les convulsions diminuent d'intensité, la respiration est plus facile; il revient manifestement. Un peu plus tard, il soulève la tète, se soutient sur le train antérieui' un instant, mais retombe aussitôt. L'animal est revu le lendemain : il est abattu et triste. 40 respirations, 144 pulsations à la minute ; température, 39°, 05. 11 y a une injection très-forte de la conjonctive oculo-palpébralc, et un fcdème des paupières des deux côtés; les cornées sont ternes. Le 29 mai, il y a 50 respirations, 180 pulsations et 39", 2 dans le rectum. Même état des yeux, mais plus avancé; cornées opaques. Mort dans la nuit du 30 mai. A l'autopsie, on constate que la plèvre est le siège d'une inflammation avec pseudo-membrane, et que le lobe postérieur du poumon gauche correspondant est hépatisé. Exp. XVL — Chien d'un an. du poids de 15 livres. Le 30 avril 1869, onze heures, on injecte dans l'estomac 3 gram- mes d'acide phénique cristallisé, dans 90 grammes d'eau. Quelques minutes après l'injection, les convulsions cloniques gé- nérales commencent, et, après huit minutes, l'animal est couché sur le flanc sans pouvoir plus se relever. Il est en proie à des secousses musculaires incessantes, occupant les divers muscles de la face, des yeux, du tronc, des membres et du larynx (cris convulsifs). Pupilles moyennement dilatées. Après une heure, les convulsions cloniques sont toujours aussi violentes. La température rectale e^t de 3C°,1 i^SOo avant l'expérience) . On constate, d'une façon tres-nette, la per- MÉM. 1870 7 S2 sistunce de la scnsibilitù au pincement de la patte ou de la queue, chaque pincement exagérant l'état convulsif, et arrachant souvent un cri à l'animal. Pupilles très-légèrement dilatées après deux heures. Les convulsions cloniques existent toujours; cependant l'a- nimal reprend de la force; il peut se tenir sur les pattes. Après trois heures, il est remis. Il a un vomissement bientôt suivi de deux autres. Les jours suivants l'animal refuse la nourriture, il reste presque constamment couché. Le 4 mai, il est toujours malade, triste, abattu. Il y a de la fièvre; la respiration est très-fréquente. Le 5 mai, les yeux qui étaient déjà chassieux, sont pris d'ophthalmie purulente : la vue est perdue, il y a une fonte purulente des deux cornées; lu sensibilité de la cornée est néanmoins conservée des deux côtés. Il y a toujours beaucoup de fièvre. On compte 80 respirations à la minute. On entend, à l'auscultation, des râles fins des deux côtés de la poitrine. Le 6 mai au soir, l'animal est presque mourant. On le trouve mort le 7. On fait l'autopsie à 8 heures du matin. Il n'y a pas de rigidité cadavérique. Les viscères sont encore chauds. Foie, sain; pas de sucre. Reins, sains. Estomac, sain; pas d'injection vasculaire ni d'ulcération. Cœur, caillots récents dans les cavités. Poumons, hépatisation des deux poumons, à part un lobe supérieur du poumon droit, lequel est très-congestionné. Dans les expériences que nous venons de citer, nous voyons les animaux mourir du troisième au quatrième jour après la phénica- tion, après avoir présenté des ophthalmies purulentes; et à l'au- topsie nous trouvons des lésions plus ou moins avancées de la pneu- monie. Quels rapports y a-t-il entre ces lésions et l'intoxication par l'a- cide phénique ? Doit-on voir là une simple coïncidence, ou bien au contraire doit-on regarder ces lésions comme une suite plus ou moins rare de l'empoisonnement par l'acide phénique? C'est la dernière hypothèse que nous adoptons. Ces lésions pul- monaires se sont, en effet, présentées plusieurs fois à notre obser- vation, et les animaux qui les ont offertes étaient parfaitement bien portants avant le jour de laphénication. Dans tous les cas, l'injection de l'acide phénique dans l'estomac n'a présenté aucune difficulté, et l'on ne peut pas dire qu'une partie de la solution, ayant été in- troduite dans les voies aériennes, aurait amené consécutivement 83 ces lésions puliiiùiiaires. Nous admettons donc, comme une ?uite assez fréquente de l'empoisonnement par l'acide phénique, l'inflam- mation du poumon, et comme une suite assez rare la kérato-cou- jonctivite purulente, sans pouvoir expliquer le mode de génération de cette dernière lésion. Quant aux pneumonies, la première idée qui se présente est qu'elles sont dues à l'élimination par les poumons de l'acide phé- nique. Si telle en était la cause, il semblerait qu'on dût la produire presque infailliblement en faisant respirer à des animaux de l'air chargé de vapeurs d'acide phénique. Or, en plaçant des rats sous des cloches que traversait un courant d'air qui avait barboté dans de l'acide phénique pur et liquide, nous n'avons jamais pu les re- produire, ni même amener l'intoxication phénique. Malgré ces résultats négatifs, nous croyons que l'explication qui précède doit être considérée comme satisfaisante. IV L'un de nous (1) a montré,' il y a quelques années, que l'acide phé- nique, lorsqu'il est agité en très-petite proportion avec une solution de curare et de chlorhydrate de strychnine, sépare de ces solutions la matière toxique; celle-ci se met en granulations très-finos que l'on peut séparer par le filtre. Le même effet se produit avec la di- gitaline et le chlorhydrate de codéine, mais non avec les sels sem- blables de morphine et de narcéine. On obtient encore le même résultat lorsque le poison est mélangé à du sang ou même à des matières en putréfaction. Citons, comme exemple, l'expérience suivante : Exp. XVir. — Dans 100 grammes de sang poum, puis additionné d'eau, cuit et filtré, on fait dissoudre 3 grammes de strychnine à l'aide d'une goutte d'acide nitrique. Quelques gouttes de ce mélange tuent rapidement une grenouille. On agite après avoir ajouté trois gouttes d'acide phénique : il se produit aussitôt une émulsion qui ne peut, malgré de nombreux fil- trages, devenir tout à fait transparente. Cependant, après une dizaine de filtrages, on agite le liquide avec de l'éther, à trois i-eprises pour dissoudre l'acide phénique ; puis on décante et fait bouillir pour chasser tout l'éther. (I) V. Compte RENDU boc. di.-; biologie, pour l'année 1865, p. 155. 84 Une grande quantité (2 grammes au moins) de ce liquide nocca- sionnc aucun accident à une forte grenouille. On lave le premier filtre dans l'eau bouillante ; on agite à deux fois avec de l'éther et on décante. Quatre heui'es après la tentative inutile d'empoisonnement, on in- jecte sous la peau de la grenouille quelques gouttes du liquide dé- cante : convulsions après trois minutes, mort en sept ou huit. Tout le poison était donc resté sur le filtre. Il y a évidemment là pour la médecine légale, et peut-être même pour l'industrie, un procédé de recherches de certains poisons qui mériterait d'être étudié par les hommes compétents. Mais ces faits intéressent d'une autre manière les physiologistes. En effet, la solution toxique ainsi additionnée d'un peu d'acide phonique peut être à peu près impunément injectée sous la peau ■k'S animaux ; cette absence d'action est due à la présence de l'acide, qui ralentit l'absorption en coagulant les matières albuminoï les environnantes. Si, en effet, on l'enlève en employant Féther, la li- i[ueur reprend toute sa puissance toxique. On pouvait se demander si, en faisant arriver simultanément dans le sang, mais par des voies différentes, le poison et l'acide phénique, celui-ci, agissant sur celui-là, en empOcherait l'action. Nous avons fait sur ce sujet un assez grand nombre d'expériences qui nous ont montré que les choses ne se passent pas ainsi; l'empoisonnement, a la suite d injections sous-cutanées, a lieu aux doses liabiluelles, malgré remploi de l'acide phénique en solution dans l'estomac. Il est probable que la dose qui devrait pénétrer dans le sang pour annihiler l'effet du poison (en admettant que ceci puisse avoir lieu), serait plus que suflisante pour tuer elle-même l'animal. Nous croyons enfin devoir rapporter ici le récit d'expériences que lit autrefois l'un de nous, dans le laboratoire de M. Cl. Bernard, à L'époque oîi M. Davaiiie découvrit dans le sang de rate la présence des nactéiidies. L'idée d'employer contre cette maladie l'acide phé- nique, ce poison si redouté des organismes inférieurs, devait venir naiurelleaieui à l'esprit. L'expérience fut faite de la manière sui- vante (1) : (l) Voy. Compte be^du Soc. de Biologie pour 1869, p. 61 85^ Exp. XVIII. — Du sang de rate sec, lourni par M. Davaiue, fut inoculé à un cochon d'Inde. Quarante-huit heures après , l'animal étant mourant, on inocula à douze lapins, sous la peau du dos, quel- ques gouttes de son sang, qui fourmillait de bactéridies. Six de ces lapins avaient absorbé, quelque temps avant l'inoculation, 30 ou 40 centigrammes d'acide phéniquc en dissolution ; trois autres furent soumis à cette médication aussitôt après l'inoculation. Enfin, les trois lapins restant no piùrent pas d'acide phonique. Or, les douze animaux moururent à peu près eu même temps. Nous ne prétendons pas révoquer eu doute les résultats que disent avoir obtenu de l'emploi de l'acide phénique dans le traitement des maladies charbonneuses, des vétérinaires distingués. Nous avons voulu seulement faire sentir, par le récit d'une expérience que nous déclarons Bous-mêmes être incomplète et insuffisante, combien il serait utile de ne pas se contenter d'observations qui prêtent toujours à la controverse, mais d'instituer dans le laboratoire des expériences comparatives, qui seules pourraient décider la question. Le temps nous a manqué jusqu'ici pour réaliser le programme bien simple que voici : ' Prendre un certain nombre (douze par exemple) de lapins aussi semblables que possible : 1° En mettre trois pendant quelques jours dans l'état d'intoxication chronique par de faibles doses d'acide phénique (30 ou 40 centigi-am- mes) administrées par l'estomac. 2" Donner, une heure avant l'inoculation, à trois autres lapins, une dose énergique (75 centigrammes) d'acide phénique. Inoculer alors aux douze lapins du sang charbonneux pris sur un animal mourant de la maladie (et non du sang desséché, dont l'action est très-peu sûre). 3° Six heures après, donner aux animaux 2° une forte dose ( 50 centigrammes) d'acide, et ainsi de suite de six en six heures, 4° Toutes les deux heures , donner aux animaux 1° et à trois de ceux qui n'ont encore rien pris, de petites doses, 10 à 20 centigram- mes d'acide. , 5» Laisser intacts les trois derniers lapins , et voir ce qu'il ad- viendra. RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS. La conséquence la plus importante en pratique qui se puisse tirer des expériences précédentes, c'est la grande puissance toxique de 86 l'acide phonique. 3 ou 4 grammes suffisent, en effet, pour tuer ra- pidement un chien de grande taille. Il ne faudrait pas en tirer la conséquence que l'homme ne périrait qu'avec une dose proportionnée à son poids, c'est-à-dire cinq ou six fois plus forte. L'un de nous a pu autrefois injecter d'un coup, sans parvenir à le tuer, 2 grammes de chlorhydrate de morphine dans la veine jugulaire d'un chien, et le quart de cette dose suffit pour tuer un homme. L'acide phénique est donc un poison des plus redoutables, et qu'on laisse fort inconsidérément entre les mains de tous, à l'état pur où à l'état de solution. C'est cette dernière forme qui nous parait la plus dangereuse, parce qu'on délivre également des solutions faibles pour usage interne, desquelles il n'y a rien à craindre, et des solu- tions pour usage externe, assez fortes pour qu'une méprise entraîne de funestes conséquences. Ou peut prédire que la première grande épidémie qui nous frappera sera signalée par des erreurs de ce genre. Mais il doit nous suffire d'avoir indiqué ce danger. Que si maintenant nous cherchons à nous rendre compte, avec la précision qu'exige la physiologie moderne, du mode d'action de l'acide phénique sur les animaux vertébrés, nous trouvons qu'il agit comme la strychnine, sur l'excitabilité de la moelle épinière. Comme la strychnine, l'acide phénique augmente, au début de l'empoisonnement, la sensibilité de l'animal, pour la diminuer, l'a- bolir même, lorsque la période convulsive a épuisé la moelle épi- nière. Comme elle, il amène des convulsions dans tout le corps, alors même que la moelle épinière a été séparée en deux dans la région dorsale. Ces convulsions, comme celles de la strychnine, apparaissent spon- tanément, s'exagèrent à chaque mouvement respiratoire et peuvent être suscitées par les excitations extérieures. Comme celles de la strychnine encore, elles sont arrêtées par le chloroforme, le chloral, Téther, par le curare, par la section d'un nerf muteur dans la région animée par ce nerf. Comme elles, elles laissent intactes la contractilité musculaire ei l'excitabilité nerveuse, surtout dans les parties où la section du nerf moteur a empêché l'épuisement. 87 Gomme elles, elles apparaissent dans le membre lié d'une gre- nouille, où le poison n'a pu pénétrer, parce que le nerf moteur est resté en rapport avec la moelle épinière. Gomme la strychnine, l'acide phénique à très-hautes doses tue instantanément, presque sans convulsions; ou trouve dans ces cas les ventricules du cœur arrêtés en diastole. Dans l'empoisonnement ordinaire, la mort a lieu, par l'acide phé- nique comme par la strychnine, par épuisement de la puissance excito-motrice de la moelle épinière. La force des convulsions va en diminuant, les mouvements respiratoires, les battements du cœur se ralentissent, la pression cardiaque s'abaisse jusqu'à zéro, et la scène se termine par un dernier soupir (1). Mais les convulsions de l'acide phénique diffèrent considérable- ment d'apparence d'avec celles de la strychnine. Gelles-ci sont, en effet, comme chacun sait, toniques, régulières, c'est-à-dire surve- nant d'ensemble dans le corps tout entier; celles de l'acide phénique sont au contraire essentiellement cloniques et irrégulières : ce sont des trépidations qui affectent successivement même les différentes parties d'un muscle. La différence la plus remarquable entre la strychnine et l'acide phénique est présentée par les accidents qui suivent l'administra- tion de celui-ci et peuvent entraîner la mort. Nous voulons parler des inflammations pulmonaires et de ces singulières altérations de l'œil qui les accompagnent souvent. Les accidents pulmonaires sont-ils dus à l'irritation causée par l'élimination de l'acide phénique, élimination qui se fait certaine- ment par cette voie, et y a-t-il là quelque chose de comparable aux néphrites consécutives à tant d'empoisonnements? Ou bien sont- ils le résultat d'une action sur lès extrémités soit périphériques, soit centrales, des nerfs pneumogastriques ? La première hypothèse nous paraît beaucoup plus vraisemblabe, mais nous avons indiqué I)lus haut les raisons qui nous forcent à suspendre encore notre jugement. Nous signalons aux expérimentateurs et aux pathologistes cette (1) Voir pour la question du dernier soupir : Leçons sur la physio- logie de la respiration; par P. Bert, p. 431. 88 relation singulière entre les altérations du pouiuoa et celles des yeux. Il y a là une sympathie jusqu'ici inexplicable et dont ou doit pouvoir trouver la trace dans d'autres circonstances. Disons enfin que l'usage de l'acide phéiiique à dose a??pz forte pour donner des convulsions a pu être prolongé pendant trois mois (Exp. X), sans troubles graves, et qu'une certaine accoutumance à ce poi?on a pu être remarquée : accoutumance bien légèie, puis- qu'elle ne dépasse pas le double de la dose mortelle, et qu'elle dis- paraît par une interruption d'un seul jour. OBSERVATION POUR SERVIR A L'HISTOIKE de la CLAUDICATION INTERMITTENTE CHEZ L'HOMME Par le docteur Auguste OLLIVIEK (Communiffiiée à la Soc. de Biologie le 30 juillet) 1 Les médecins vétérinaires ont signalé depuis longtemps chez le cheval l'existence d'une maladie qu'ils désignent sous le nom de boiterie ou de claudication inlermitlente. Cette affection est produite par une oblitération artérielle qui reconnaît pour cause soit une oblitération directe de la lumière du vaisseau, soit une compression extérieure. Les premiers faits de cette nature ont été rapportés par Bouley jeune (1) en 1831 et par Goubaux (2) en 1846. Douze ans plus tard, M. Charcot (3), dans une communication faite à la Société de Biolo- gie, donna, pour la première fois, une description étendue des si- (1) Bouley jeune. Académie de médecine, séance du 18 octobre 1831, et Archivks de médecine, 1831. 1'" série, t. XXVII, p. 425. (2) Goubaux. Mémoires sur les paralysies rfu cheval causées par Voblitération de r aorte postérieure et de ses division Aux avant-bras, la coloration bleue n'a pas les mêmes caractères qu'à la face : elle se présente sous forme de petites taches, extrême- ment nombreuses, dont quelques-unes atteignent un à deux millimè- tres de diamètre. Elle est bien plus prononcée sur l'avant-bras gauche, surtout vers son bord interne. (Voy. pi. IV, fig. 1.) C'est en effet ce bord qui repose sur la table recouverte de poussière métal- lique pendant l'opération du polissage. Sur la face antérieure de l'avant-bras droit, non loin de l'articulation radio-carpienne, il existe, indépendamment d'an pointillé très-fin, quatre ou cinq taches bleuâ- tres d'une largeur de deux millimètres, (Voy. pi. IV, fig, 2.) L'intérieur de la bouche n'offre rien de particulier à signaler : il n'y a point de liseré gingival au niveau des dents qui subsistent en- core. Des lavages faits à diverses reprises, tant sur la face qu'aux avant-bras, d'abord avec du savon, puis avec de l'acide azotique étendu d'eau, n'amenèrent aucun changement dans la coloration bleue des téguments. Il est à noter, d'après les renseignements fournis par notre ma- lade, que plusieurs ouvrières, qui travaillaient depuis longtemps dans le même atelier, présentaient cette même coloration de la face, des mains et des avant-bras. III Il était bien difficile de confondre cette coloration bleuâtre de la peau avec celle que l'on observe quelquefois chez les personnes qui ont absorbé une certaine quantité de sels d'argent. Et cependant on devait se demander si l'on n'avait pas affaire à un cas de ce genre, parce que la malade, constamment exposée aux poussières d'argent, pouvait en absorber par la bouche. Mais si, à la face, la coloration bleuâtre était uniformément répandue, elle y était plus accusée au niveau des rides, des dépressions, c'est-à-dire dans les points où les poussières se fixaient le plus facilement. D'un autre côté, on ne re- trouvait ni les taches brunâtres de la muqueuse buccale, ni le liseré gingival, si communs dans l'argyrie. Enfin, le siège particulier de la coloration aux avant-bras, la forme que celle-ci présentait, indi- quaient nettement son origine et son mode de production. 100 En recherchant ce qui a été écrit sur la coloration de la peau chez les ouvriers occupés au polissage ou au brunissage des métaux, nous n'avons rien trouvé qui ressemblât à ce que nous avons ob- servé chez notre malade. Les brunisseuses en cuivre, dit M. Tardieu (1), ont à la main droite toute la face palmaire calleuse et noircie. M. Vernois (2) donne pour ce métier les signes suivants : « callosités de moyenne intensité à la face interne de la main droite, dans tous les points devenus sail- lants pendant la flexion totale, avec apparence noirâtre de ces par- ties; état sain, lisse et blanc des points placés entre les plis pen- dant l'extension de la main. » Il n'y a là, comme on le voit, rien de semblable à la coloration d'un bleu sale que nous avons constatée chez la femme qui fait l'objet de cette communication. Cette incrustation de la poussière d'argent dans l'épaisseur de la peau, à la suite d'un contact longtemps répété, peut donc constituer un signe important d'identité et permettre au médecin légiste d'ar- river, dans certains cas, à la découverte de la vérité. (1) Tardieu. Mémoire cité (Ann. d'hyg. et de méd. lég,, 1849, t. XLII, p. 399). (2) Vernois. Loc. cit., p. 116. NOTE SUR LA PATHOGENIE DE L'ALBUMINURIE PUERPÉRALE Communiquée à la Société de Biologie, le 34 décembre <870, PAR LE D' Auguste OLLIVIER. I L'époque précise du début de l'albuminurie dans le cours de la grossesse est difficile à détermwier ; on comprend sans peine, du reste, qu'il en soit ainsi. D'un côté, les femmes enceintes ne sont généralement admises dans les services hospitaliers qu'au moment du travail ou peu de temps auparavant; d'un autre côté, lorsque la marche de la grossesse est régulière, s'il ne survient aucun symp- tôme particulier, [capable d'éveiller l'attention, l'examen des urines n'est ordinairement pratiqué qu'à des intervalles assez éloignés; de telle sorte que le début de l'albuminurie peut facilement échap- per à l'attention des observateurs. Le passage de l'aUbumine dans les urines est cependant un acci- 102 dent assez fréquent de la grossesse, puisque, sur 205 femmes en- ceintes, M. Blot l'a observé 41 fois (1). L'examen suivi des urines a pu cependant être fait dans un cer- tain nombre de cas. Il a permis de constater que l'albuminurie des femmes enceintes peut parfois apparaître de très-bonne heure. Il existe déjà dans la science plusieurs observations d'albuminu- rie puerpérale précoce. D'après Cazeaux (2), M. Bach (de Strasbourg) l'aurait observée six semaines après le début de la grossesse. Cet auteur dit l'avoir vue lui-même à quatre mois chez une primipare qui accoucha deux mois plus tard d'un enfant mort-né, et qui, dix- huit mois après sa délivrance, présentait encore des traces d'albu- mine dans son urine, bien que tout œdème ait disparu depuis six mois. M. Cahen (3) rapporte dans sa thèse une observation dans la- quelle l'albuminurie a débuté au cinquième mois. En 1865, j'eus l'occasion d'observer, à l'Hôtel-Dieu, le passage de l'albumine dans les urines, dès le troisième mois de la grossesse chez une primipare, âgée de 27 ans. Il ne survint aucun accident et l'accouchement fut régulier et facile, malgré la persistance de l'al- bum.inurie. Mais la délivrance n'amena point la guérison de cette femme; il se déclara plus tard de la bouffissure de la face, puis un œdème généralisé, et vingt mois après son accouchement, elle suc- combait avec tous les symptômes de la maladie de Bright arrivée à sa dernière période. L'autopsie n'a pu être faite. Néanmoins, il ne saurait s'élever aucun doute sur l'exactitude du diagnostic, en rai- son des phénomènes observés durant la vie et de l'état des urines (1) Blot (Hippolytc). De l'albuminurie chez les femmes enceintes; ses rapports avec V èclampsie, son influence sur l'hémorrhagie utérine après l'accouchement. Th. de doct. Paris, 1849, p. 22. Les chiffres donnés par M. Blot ont été contestés plus tard (Wic- gor, Recherches sur réclampsie uroémiqiie .ïn Gaz.méd. de Strasbourg, 1854, t. XIV, p. 292. Je dois cependant ajouter que, d'après mes propres recherches sur ce sujet, les chiffres de M. Blot ne me pa- l'aissent pas exagérés. (2) Cazeaux. Ti-aité théorique et pratique de Vart des accouchements. 7e édition, revue et annotée par Tarnier. Paris, 18G7, p. 491. (3) Calicn (]Maycr). De lu néphrite ulbumimuse chez les femmes en- ceintes.Th.. de doct. Paris, 184G, p. 15. 103 qui nous présentèrent constamment au microscope des cylindres hyalins en assez grand nombre. 11 n'entre point dans mes intentions de retracer ici l'histoire de l'albuminurie puerpérale qui a déjà fait l'objet de si nombreux tra- vaux. Je désire seulement présenter quelques observations sur les caractères spéciaux que peut revêtir cette albuminurie dans un cer- tain nombre de cas. Habituellement l'albuminurie, après avoir ac- compagné la grossesse jusqu'à la délivrance, disparaît peu de temps après sans laisser de traces; dans ces conditions, il ne s'agit évi- demment que d'une albuminurie passagère, accidentelle. Mais il n'en est pas toujours ainsi : l'albuminurie peut persister, passer à l'état chronique et constituer la véritable maladie deBright. L'observation que je viens de rapporter en est une preuve évidente. Cette opinion, combattue par plusieurs auteurs, a été défendue, à peu près en même temps, par MM. Leudet (1) et Imbert-Gourbeyre (2), qui ont apporté à son appui des faits parfaitement concluants. D'après Roberts (3), sur 6,220 personnes qui ont succombé à la maladie de Brigbt, en Angleterre, de 1857 à 1861, il y avait 3,699 hommes et 2,521 femmes. La proportion relative entre les deux sexes, pour tous les âges, était donc de 60 femmes pour 100 hommes. Mais, dans la période de la vie où la grossesse est possible (de 20 à 45 ans), la mortalité des femmes était bien supérieure à cette pro- portion : elle était de 80 femmes pour 100 hommes. La seule conclu- sioD, ajoute Roberts, que l'on puisse tirer d'une telle statistique, c'est que l'état puerpéral est une cause puissante — a py-olific cause — de maladie deBright. On doit donc, aujourd'hui, faire entrer en ligne l'état puerpéral dans l'étiologie de cette affection. II 11 est un autre point très-important sur lequel je désire appeler l'attention : je veux parler de la pathogénie de l'albuminurie puer- pérale. (1) Leudet. Mémoire sur la néphrite albumineuse consécutive à l'al- buminurie des femmes grosses. In Gaz. hebd., 1854, t. I^r, p. 456 et 504- (2) Tmbert. Gourbeyre. De l'albuminurie puerpérale et de ses rapports avec l'éclampsie. In Mém. DE l'Acâd. de méd., 1856, t. XX, p. 1. (3) Roberts. A practical treatise on nrinary and rénal disease, etc., 1865, p. 289. 104 Cette question si controversée peut, à mon avis, être élucidée par les faits que j'ai mentionnés quelques lignes plus haut. Diverses théories, comme on sait, ont été proposées pour expli- quer l'albuminurie des femmes enceintes (1). Toutes peuvent, en somme, se résumer en deux principales. Dans la première, on a admis que la gêne apportée par le dévelop- pement du fœtus à la circulation veineuse des reins amenait une augmentation de tension, et, par suite, à travers ces organes, une filtration exagérée du sérum du sang, entraînant l'albumine. L'al- buminurie serait donc la conséquence d'une hypérémie rénale pas- sive (Lever (2), etc.) . Mais la possibilité d'une compression quelconque exercée par l'utérus gravide tombe nécessairement dans les cas dont il vient d'être question. L'albumine apparut dans les urines dès les premiers mois de la grossesse. — Du reste cette théorie, si plausible à première vue, ne soutient pas l'examen, même quand il s'agit d'une grossesse de sept à huit mois ; en effet, si l'hypothèse de la compression était fondée, on devrait très-fréquemment, sinon toujours, constater de l'albuminurie dès cette époque. D'un autre côté, comment se fait-il qu'on n'observe pas le même phénomène avec ces tumeurs abdominales énormes qui sont capables d'exercer une action mécanique tout au moins égale à celle de l'utérus gravide ? M. le professeur Gubler (3) a victorieusement réfuté la théorie de la compression mécanique. Aussi ue saurions-nous mieux faire que de citer le passage suivant, pour en finir avec cette théorie : « Quant au refoulement excentrique exercé par le globe utérin, je remarque que portant à la fois sur tous les points de la paroi du ventre et des coussins élastiques, représentés par la masse intesti- nale, cette pression se ferait obstacle à elle-même en réduisant les (1) Litzmann, Die Krankheit vnd die Eclampsie der ScJnvangeren, Gebœrenden und Wœclmerinnen, in Deutsche Klinick, 1852, t. IV, p. 209, a signalé une variété d'albuminurie puerpérale qui n'a rien de commun avec celle que nous étudions et qui reconnaît pour cause ime irritation catarrhale ou blennhorrcc de la vessie. Cet auteur ne l'a guère observée que chez les femmes en couches. (2) Lever. Case of puerpéral convulsions with remarks. Li Guy's HOS- riTAL REPORTS, 1843, p. 405. (3) A. Gubler. Article albuminurie in DlCT. ENCYCLOP. DES SC. MÉD., 1865, t. II, p. 472-473. 105 parenchymes en même temps que le calibre des canaux veineux. De plus, ceux-ci, placés en arrière, dans un enfoncement, et proté- gés par la saillie de la colonne vertébrale, ressentiraient moins que d'autres organes les effets de cette compression. « D'ailleurs si le refoulement des intestins par la tumeur hypo- gastrique, en déterminant un obstacle à la circulation en retour, devient cause d'albuminurie, ce trouble fonctionnel doit être pro- portionnel au développement de l'utérus, et doit se produire de même par le fait de la présence d'un kyste ovarique ayant atteint, en quelques mois, des dimensions comparables à celles de l'utérus gravide. Or, d'une part, les femmes affectées d'bydramnios, ne sont pas plus exposées que d'autres à l'albuminurie et à ses consé- quences ; d'autre part, les ascites et les hydropisies enkystées de l'ovaire ne déterminent pas le passage de l'albumine dans l'urine. » Une autre théorie, plus généralement acceptée, est celle qui fait dépendre l'albuminurie d'une altération dans la composition du sang. La grossesse est en effet l'un des états dans lesquels ce liquide subit les modifications les plus importantes. Parmi ces modifications, il en est une, la diminution de l'albumine, à laquelle on a fait jouer un grand rôle. Cette diminution de l'albumine, signalée pour la pre- mière fois par Becquerel et Rodier (I), a été bien étudiée, quelques années plus tard, par MM. Devilliers et J. Regnauld (2). On sait que pour 1,000 parties de sang la quantité normale de l'albumine est en moyenne de 70. Ces observateurs ont trouvé que, pour les sept premiers mois de la grossesse, la moyenne donne 68,6 pour le chiffre de l'albumine ; mais, dans les derniers mois, la diminution est bien plus frappante, puisque ce chiffre tomba dans dix analyses à 66,4. Comme on le voit, la décroissance de l'albumine est surtout appa- rente dans les derniers mois de la grossesse. Il est donc difficile d'expliquer par là les albuminuries précoces, survenant dès les pre« miers mois de la grossesse. (1) Becquerel et Rodier. Recherches sur les altérations du sang. Paris, 1844. (2) Jules Pv,egnauld. Des modifications de quelques fluides de Vêcono- mie 'pendant la grossesse. Th. de doct. Paris, 1847. — Devilliers fils et J. Ptegnauld. Recherches sur les hydropisies des femmes enceintes. In Argh. gén. de MéD-, 1848, 1« série, t. XVII, p. 312. ^*V "*'•'*' /-v/ 106 M. Gubler, s'appuyant C-galement sur les changements que subit la composition du liquide sanguin, a proposé une autre explication de l'albuminurie puerpérale : « Pendant la grossesse, dit le savant professeur, le sang de la mère doit fournir au fœtus les matériaux de sa nutrition, mais seulement sous une forme soluble et diffusible, puisqu'il n'y a pas d'inosculation entre les vaisseaux des cotylédons fœtaux et maternels. Ce sont, en conséquence, les diverses modifi- cations de l'albumine qui sont appelées à nourrir le nouvel être, et pendant ce temps-là l'organisme maternel doit pourvoir à une double dépense. Par une ingestion plus copieuse, par une économie plus stricte des éléments protéiques, ou bien par ces deux causes réunies, il faut qu'une plus grande quantité de ces matériaux se trouve à chaque instant disponible. « Il suffit, par exemple, qu'en vertu d'un simple changement dans le mode de combustion respiratoire les substances ternaires, venues du dehors, soient seules brûlées, et que les matières albuminoïdes, échappant à Faction catalytique du foie comme à la combustion di- recte dans les capillaires artériels, soient complètement réservées pour le rôle d'aliment plastique. Or, dans ce mode nouveau de fonc- tionnement, une économie mal réglée ou novice et s'essayant pour la première fois, peut aller au delà du but, et l'albumine devenir ex- cessive relativement aux besoins des deux organismes greffés l'un sur l'autre. La chose est même d'autant plus facile, que l'albumine qui a traversé le corps du fœtus, sans être employée à son dévelop- pement, revient incomburée, puisque la respiration n'est pas encore établie chez ce dernier, dont l'urine contient normalement de l'albu- mine, comme celle des batraciens, et ne renferme jamais d'urée. De plus cette albumine intacte, rentrée en presque totalité dans la cir- culation de la mère, attendu que la sécrétion rénale, sans issue au dehors, est presque nulle durant la vie intra-utérine. « L'albuminurie chez la femme enceinte implique, d'après cette manière de voir, une production excessive des substances albumi- noïdes eu égard aux besoins des deux organismes. Mais tantôt c'est la mère qui fabrique trop, tantôt c'est le fœtus qui ne consomme pas assez; d'autres fois les deux circonstances concourent au résultat. Si les produits naissent avec les dimensions et le poids ordinaires, on doit eu conclure que l'albuminurie provenait du désordre de l'organisme maternel. Si une mère albuminurique donne le jour à 107 un enfant exigu et malingre, il y a lieu d'accuser l'insuffisance de ce dernier d'avoir occasionné la superalbuminose sanguine et la filtra- tion albumineuse par les urines (1). » Si cette manière de voir répondait réellement aux faits, l'albumi- nurie devrait être un épipbénomône fréquent, sinon presque con- stant, de la grossesse. Mais on sait qu'il n'en est pas tout à fait ainsi. On ne pourrait non plus expliquer le passage de l'albumine dans les urines dès les premiers mois de la grossesse, alors que les dépenses occasionnées par la nutrition du fœtus sont encore peu considéra- bles. Enfin — et cette objection s'applique également à l'hypothèse de l'hypoalbuminose — comment se rendre compte de la cesssation, quelquefois si rapide, de l'albuminurie après l'accouchement? Il fau- drait, dans ce cas, admettre qu'une aussi profonde altération du sang peut disparaître presque instantanément. Or cela ne parait guère vraisemblable. Aussi quelque séduisante, quelque ingénieuse que soit la théorie de l'albuminurie puerpérale donnée par M. Gubler, croyons-nous de- voir lui préférer une autre explication, basée sur des faits physiolo- giques bien connus, et pouvant s'appliquer à beaucoup d'autres états pathologiques développés également sous l'influence de la grossesse. On sait combien sont fréquents les phénomènes sympathiques ou réflexes qu'on observe chez les femmes enceintes. La présence du fœtus dans la cavité utérine détermine, par action réflexe, des trou- bles de circulation, de nutrition, des modifications de structure dans un grand nombre d'organes. De là des états pathologiques variés, dont les uns apparaissent très-fréquemment, d'une manière régu- lière pour ainsi dire, tandis que d'autres ne se montrent que d'une façon presque exceptionnelle. Parmi ces derniers, nous citerons l'augmentation de volume du corps thyroïde, l'hypertrophie du cœur, etc., etc. Les reins n'échappent pas à cette remarquable action exercée, sur la plupart des organes, par le produit de la conception. Sous l'influence de l'irritation que celui-ci détermine à distance, il se produit dans les reins une suractivité de nutrition, une congestion plus ou moins intense qui peut donner naissance à une néphrite catarrhale, décelée par la présence de l'albumine dans les urines. (1) A. Gubler. Loc. cit., p. 473. 108 Le processus peut s'arrêter là et disparaître après l'accouchement. L'altération passagère du rein ne laisse dans ce cas aucune trace après elle. Dans certaines circonstances, au contraire, l'altération persiste après la délivrance, devient permanente et passe à l'état chronique. On observe alors une véritable néphrite parenchymateuse, une ma- ladie de Bright qui pourra plus tard amener à sa suite tous les acci- dents que comporte cette redoutable maladie. On peut donc dire que l'albuminurie puerpérale n'est pas un fait particulier, mais qu'elle reconnaît une cause plus générale, qui em- brasse une grande partie de la pathologie de la grossesse. OBSERVATIONS PHYSIOLOGIQUES SUR LE TŒNIA SOLIUM PAR M. LE nocTEUR A. LABOULBÈNE, Membre honoraire de la Société de Biologie, professeur agrégé à la Faculté, médecin de l'hôpital Nerl^er. Tous ceux qui ont pratiqué des vivisections et qui ont vu dans les intestins des animaux des helminthes cestoïdes vivants, connais- sent les mouvements très-lents qu'ils présentent. Les anneaux du corps de ces vers se resserrent en prenant une forme allongée, ou au contraire ils s'élargissent dans le sens transversal. Les ventouses de la tête s'allongent ou se raccourcissent lentement, sous l'œil de l'observateur comme les tentacules de certains mollusques, mais avec une grande lenteur. Ces ventouses s'étant flxées sur un point de l'intestin y adhèrent avec énergie. Les cucurbitains, ou, en d'autres termes, les fragments de Tœnia que rendeat la plupart des personnes atteintes du ver solitaire sont, à leur sortie du corps humain, pourvus de mouvements. Plusieurs fois, les malades m'ont signalé et montré ces contractions remar- quées par eux, lorsqu'ils mettaient ces fragments dans l'eau tiède, et même lorsqu'ils regardaient attentivement ces anneaux du ver, placés sur leur main ou au bout de leur doigt. Les changements de forme varient de l'allongement produisant un rectangle à bords la- téraux rapprochés, et puis arrivent jusqu'au carré transversal, ou très- élargi. Ces mouvements sont, par conséquent, de la plus grande netteté. 110 ^11. Quand on fait rendre à un malade un Tœnia solium par un pro- cédé méthodique, par exemple avec la racine de grenadier et l'huile de ricin, presque toujours le ver n'est point mort au moment de son expulsion. Si ou le recouvre d'eau tiôde, il exécute bientôt des mou- vements appréciables qu'on pourrait comparer à une très-lente rep- tation, ou plus exactement à des mouvements périslal tiques et an- tipéristaltiques. Dans les conditions précitées, le ver atteint par la substance an- thelminthique est faible et dépourvu de sa complète motilité, néan- moins on le voit remuer et changer de forme pendant un quart d'heure et jusqu'à une demi-heure, à une heure environ. On peut observer la protraction des ventouses, mais elle n'est pas très-forte et ces mêmes ventouses ne peuvent faire adhérer la tête, ainsi qu'il est facile de s'en assurer en plaçant celle-ci sur divers corps mous et sur les anneaux mêmes du ver. 'à m. Si le Tœnia a été rendu en entier après avoir été expulsé au moyen d'un purgatif léger, tel que l'huile de ricin, ce qui est rare ; ou peut- être s'il est sorti spontanément, ce qui est plus rare encore, on com- prend que les mouvements du ver doivent être très-énergiques. Ils sont alors à leur état normal, ce qui n'a pas lieu avec un antliel- minthique puissant qui les diminue toujours et qui parfois les abolit en tuant l'helminthe. J'ai pu observer un fait de ce genre et j"en ai rendu témoin mon ami M. le docteur Davaine, si compétent en hel- minthologie. C'est d'après ses conseils que j'ai présenté à la Société de biologie l'exposé suivant : Obs. — Un homme de 35 ans, ouvrier dans une usine, se présente un lundi, vers deux heures de l'après-midi, à la consultation du Bu- reau central, place du Parvis-Noti-e-Dame. Il demande avec anima- tion à parler de suite au médecin parce qu'il vient de rendre quel- que chose d'extraordinaire. En examinant cet homme, il était facile de s'apercevoir qu'il avait un degré assez prononcé d'ivresse. Il tenait à la main un de ces verres épais, avec lesquels les marchands de vin servent leurs habi- tués. Dans le verre se trouvait un corps rubanné, blanchâtre, que cet homme alBrmait avoir rendu et qui remuait lentement. 1!1 Il me fut facile de reconnaître un Tœnia solium exécutant en effet des mouvements bien nets; je n'en avais encore point vu de si pro- noncés. Cet homme disait n'avoir jamais eu de maladies graves, ni d'acci- dents épileptiformes ; il ne sut pas me renseigner sur le fait d'avoir encore rendu jusqu'à ce jour des fragments de tœnia. Du reste, son état d'ébriété nuisait beaucoup à la compréhension de mes de- mandes. Tout en interrogeant cet homme et en lui faisant répéter à plu- sieurs reprises comment il avait rendu ce ver et dans quelles cir- constances, j'observai le Tœnia avec une loupe. Je pus très-bien voir la partie amincie du col et la tète qui la terminait. J'essayai de soulever avec le manche arrondi d'un porte-plume la tête, et je vis qu'elle adhérait fortement à un gros anneau du corps sur lequel elle était posée. Après avoir plusieurs fois cherché à la détacher, les ten- tatives réussirent et la tête fut enlevée et reportée sur un autre an- neau. Peu de temps après, l'adhérence de la tête était devenue si grande que j'aurais certainement rompu le cou du ver plutôt que de le déta- cher. Le malade m'apprit qu'il ne s'était point purgé, qu'il avait pris a seulement le matin plusieurs gouttes d'eau-de-vie « et qu'il venait de déjeuner avec des camarades, chez un marchand de vin, dans une des ruelles voisines du Parvis. Il avait eu, vers la fin du repas, des coliques auxquelles il avait d'abord résisté, puis il avait été obligé de sortir de table. Pressé par le besoin d'aller à la garde-robe et pour ne pas monter aux lieux d'aisance situés à un étage supérieur, il avait pris un vase de nuit sous un lit de la chambre voisine et il avait rendu, avec des matières diarrhéiques jaunâtres, « un paquet blanc ». Il était formé par ce ver, qu'il avait de suite ramassé avec un morceau de bois et placé dans un verre du comptoir. Ce récit fut répété sans variantes, à plusieurs reprises. Je voulais rendre témoin de l'adhérence de la tête du Tœnia SO' hum humain, le docteur Davaine, et je prévins de la rareté du fait et de son intérêt, Gastebois, chef du Bm-eau central, dont l'o- bligeance était extrême. Loin de m'empêcher d'accomplir mon désir, il m'engagea à partir de suite, et j'allai montrer à mon savant ami le Tœnia que je venais d'observer d'une manière si inattendue. M. Davaine constata de nouveau, comme je l'avais fait, les mou- vements du tœnia ; il put aussi se convaincre de la très-forte adhé- rence de la tête, et, en voulant savoir jusqu'à quel degré elle s'exer- çait, il tira sur le cou du ver, et la tête, résistant toujours, le cou se 112 rompit. Le ver était, comme je l'ai déjà dit, un Tcmia solium armé, nettement caractérisé. En rentrant au Bureau central, je trouvai l'ouvrier qui avait dormi en m'attendant. Il se souciait peu du ver qui l'intéressait médiocre- ment, depuis qu'il savait ce que c'était et dont il était content d'être débarrassé, mais il réclamait le verre à boire du marchand de vins. Le verre était reslé chez M. Davaine, et je donnai à cet homme une pièce d'argent avec laquelle il revint probablement chez le mar- chand de vins. En résumé, on vient de voir par ce fait que le Tœnia solium a une puissance de fixation extrême au moyen de ses ventouses, et que le cou se rompt avant que la tête lâche prise. Le ver étant ordinairement fixé sur la muqueuse intestinale, la tête reste dans le corps quand l'expulsion des anneaux rubannôs a lieu. Ce n'est que très-rarement que le ver ayant fixé sa tête sur un anneau de son propre corps, il a pu sortir parfaitement vivant et en entier. Il résulte de ces données physiologiques les indications les plus précises pour l'expulsion du Tœnia soimjn et des autres vers cestoïdes de l'homme. Quand le tœnia est tourmenté, quand une substance anthelmin- thique arrive dans l'intestin, le tœnia cherche à s'accrocher par ses ventouses; si la dose est trop faible ou s'il s'écoule trop de temps avant lexpulsion, le ver a le temps de se rétablir et il se fixe trùs- fort ; alors si l'expulsion a lieu, la tête ne sort pas avec les an- neaux rubannés du ver. Il faut donner un anthelminthique ou une substance engourdis- dissant le tœnia et puis, peu de temps après, l'expulser rapidement au moyen d'un purgatif. Le ver n'a pas la possibilité de se fixer et il sort complètement avec la tête. Certains anthelminthiques, tels que le kousso et le kamala, ont à la fois une action sur le ver et une propriété purgative. Néanmoins, si lever ne sortait point assez rapidement après l'ingestion de ces mé- dicaments, il serait utile de ne pas trop attendre et de donner un purgatif léger. De cette manière, ou arriverait à faire rendre le tœnia pendant qu'il est sous l'action de la substance anthelminthique, et qu'il n'est pas fixé sur la muqueuse intestinale. FIN DES MÉMOIRES. PLANGHES, MÉW. ISTO EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE I. LIEHfS ET VAGIN DOUBLES. (Mémoires, page 35.) A. A. Cloison de séparation des denx vagins. B, G. Les denx vagins. D. D. Les deux cols utérins. E. E. Le corps des deux utérus. P. F, Les ligaments larges. 6. 6. Les ligaments ronds. U. H. Les trompes. I. L'ovaire gancbe. L'ovaire droit existait qiK>iiu'iI n'ait pas été reproduit sur kl planche. PL. 1. ■.ir «'•ucradnal.lilli. Jiiip E eccpiet a. Paris . N PLANCHE II. L.SilVE DE L'eLMIS ^NELS. (Mémoires, page 59.) Fis. 1. Larve de VElmis œneus, grossie, et, à côté d'elle, mesure de sa grandeur natu- relle. 2. Antenne gmelie de cette larve, très-grossie, ainsi que les fi^jures suivantes. S. Labre, ou liivre supérieure, avec les poils laciuiés qui eu garnissent le bord anté- rieur. 4. Mandilmle droite fortement deuléf, et munie en derlans d'un appendice cilié. 5. Mâchoire du roté giuche de la bouche, pourvue d'un pilpe biarticulé. 6. Lèvre inféri'nire munie de deui palpes biarticulés, 7. Oigle tciininant le tarse d'une patte, mon'rant en dessous un poil épais et mobile. 8. Bord de^- ■ ipyfe» i3 6 0^ IKA. Lahoiiihriu- tM . I*if4trl Larve de Cachet., avec l'oculaire n" 3.) PL, m •r o C SftlLû o u rs ^^ Ce v^" -'J ^j ^ (&) / ^.. ^ ^. r^ \ 9J /T o"- r" PLANCHE IV. COLOUATION PARTICULIÈRE DE LA PRAU CHEZ LES POLISSEUSES SLR ARGENT. (Mémoires, page S7.) Fn. 1. Bord interne de l'avant-brasganche, parsemé do petites taches Llci'.àlres eîtrd-memcnt nombreuses. FiG. 2. FacH aritérip\ire de l'avant bras drpit. sur hiqrelle on voit, ;ndr;^'i:d;imn'C!:t d'u pointillé tfès-fln, quatre ou cinq taulic.^ bler.â'.ics plus larges. # PL, 4. X / j#- #:.'■■•' Imu .E ecquet , Paris . TABLE DES MÉMOIRES DE l\ SOCIETE DE îiîULOGIE. Pages 1. Mémoire sur une tiouveilo anomalie de laToloiine Teriébrale, caraclérisée par la présence d'une veriébre (iorsale surnuméraire enclavée et par un nombre de côles dilTerent dans cliacune dos parois iboraciques ; obser- vation recueillie sur un cheval; par M. Arinand Goubaux s 2. Note sur un cas de lélanos trauraatique; par M. Alix JofTroy 13 3. Noie sur le tissu muijueux du cordon ombilical (gélatine de Warlhon); par M. J. Renaul 21 4. Détermination des insectes nuisibles auï fruits du nojer [Junlans regia) ; par M. A. Laboulbène 29 5. Noie sur »» cas d'utérus et de vagin doubles; par il. Augusie Ollivitr (Yoy. plancli» !) 3S 6. Description et fl;;ure de la larve de l'Elmis .£neus; par W. A. Laboulbène (Yoy. planche II) S9 7. Recherches pour servir à l'Iiistoire des organes tactiles des insectes; par M. Jobert il 8. Note sur les corpuscules calcaires des ccbinocoques; pjr M. A. Labouîbcno (Voy. planche 111} ST 9. Recherches sur l'action toxique de l'acide phonique; par M. Paul Rert. . 63 10. Observation pour servir à i'tiistoire de la claudication intermittente chez l'homme; par M. Augusie OUivier 8a 11. Noie sur une coloration particnliére de la peau chez les polisseuses sur argent, pouvant consliluer un signe d'identité; par M. Auguste Ollivier (Voy. planche IVj 07 12. Noie sur la paihogénie de ralbumintiriL" puerpérale ; par 5Î. Au};. Ollivii-r. nu 13. Obsi'ivalions pii^siolu^iqucs sur le Tcrnia Kiiium; par .M. A. I.aboulbètK'. ' U9 MN !>!•: I,A iAIli.K lîE? MFMOHIKS. TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES COXTENUKS DANS LES COMPTES KENDUS ET LES MEMOllIES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGiE pour, l'année 1870 (1). A C. K. M. Abcès iiiélaslaliques dit fiiic; par M. Haycin >si • Acunitine ^Poison inusculuire ; par M. Leveii l'-i » Air comprimé (Action de V] sur la respiration et lu circulation; par M. Carville. 4y Air (Injection d'i dans les artères ; |)ar >5. licrt ii5 » Albuminurie puerpérale (Noie sur la pullioiiénie (!e l'); par .M. Augusie Ollivier " lot Alcool (Effets physiologiques et tliérapeiJti(|ues de 1'; ; par M. Rabufeau. . i."i » Allaitement (Conse(|uences de I') ariiliciol et naturel; par M. Clialvcl. )s » Anesthésie de tout le corps dans un cas de lésion d'une moitié latérale de la moelle épiniére; par .M. 15ro\vn-Sé(iuard :i2 " Artère vertébrale (Oblitération de 1") du cùte gauciie; parM.Luneau. iy2 » Artères (Lésions des) dans deux cas de purpura lieiiiurrhaj;ica ; par .M. Hayem '^i " Artérielle (Variations de la pression); par M. î.loreau S:4 i> — Discussion; par M. Ranvier. 3H " Arthrite tuberculeuse; par Î\I. Cornil ^j " Arthropathie consécutive à une lésion de la moelle épiniére; par AL Urown-Séquard Jif » Arthropathie de l'cpaule dans ra'axie locoiiiotrice ; par M>,]. Cliarcot ei-loffroy ti » Atrophie a i;jiie ou (■liroiii(iue des cellules ne.'veuses de la nioeile; par M. Joil'roy 63 » (1) Les l'.'-^oa iii(l.irinet's a la liiarg'j stuil celles dos coi^iptos rei;(lus(C'..ri.) et dc>- mi''HiO!r?b {}[}. lujlLIBRARYl::cj '^Z 1t!l C H. H. Atrophie musculaire loiite ou rapide sulv.iiu le degré d'irrilalion de I.i luoelle ou des nerfs; par M. Browii-Sé(|uard f.o » B Bactéries dans le sani; dos crysipélateux; par M. Nepveu I6i » Biliaires (Terminaison des conduits) dans les lobules du foie; par M. Le-ros 58 » Brumal (Action du); par ?.î. Rabuteau 44 » C Caféiques (Action des) sur la nutriiion ; p.ir M. Habuteau 77 » Capsules surrénales (Hypertrophie des) à Ja suite de lésions de la moelle épinicre; par M. Browri-Sequard -21 » Cérébral (Lésion du pédoncule) du côlé droit; par il. Leicinturier. . . S9 » Cerveau (Knlèvemeni d'un hémisphère du). LiTets consécutifs; par MM. Laborde et Leven 1 » Chloral (Action du) ; par M. Rabuteau 137 » Ciaiïdicatioia interniitienle; par M. Oliivier (-15 sa —par M. Cliarcol i Grâne (Transplantation d'une couronne de trépan sur le) d'un animal de même espèce; par M. Philipeaux Tii » Cristallin (lU'sénération du) chez les tuamniiféres; par M. Philipeaux. . 65 •< D JSiurétique (Action) de l'alcool ; par M. îîabutoa» 87 » Douleur (De la) dite en ceinture; par M. Brown-Sétiuard 87 » E Ecchymoses et emphysème des poumons à la suite de lésions de b basa de l'encéphale; par M Brown-Scquard 8G » Schînocoques (Corpuscules calcaires dos) (avec planche); par 51. La- boulbéne » 57 Sjlectriclîé. Influence différente des courants iiiduits et di's couranis continus sur la contractililé; par M. Oninius 71 » Encéphale (Lésion morlelîe de 1') sans troubles de l'intelligence, de la parole, du mouvement et de la sensibilité; par M. Ilajcm 160 » Encéphale (Symptômes variables suivant le cô:é de 1") ()ui est le siépe des lésions; par M. Brown-Sé((uard -.^7 cl Os « îJpiîepsie (Siège centra! de 1'); par iM. IJrown-Scquard 122 » Épilepsie par lésion des cordons postérieurs de la ir.oellc immédiate- ment au-dessous du bulbe; par M. lîrown-Séijuard fc2 > Epilepsie consécutive à la ligature des membres inférieurs; par M. Rrown-Sequard 87 ■ «îpiîepsie consécutive à l'amputation des membres; par M. IJrown- Séquard . 90 » Épilepsie (De l'action des sections successives d'un même nerf sur la production de 1'); par M. [irown-Scquard iiS » Epilepsie ;Une viûleiila douleur peiil-el!e arriMer une allaque d')? par M. BrownSéquard ^.^^ Spileptogène iZone) située sur le corps du côte oppose aux lésions cé- rébrales, par M. Brown-Séquard g. Epileptogène (L'irritation de la r.one) peut guérir l'épilepsie; par M. Brown-Séquard g Estomac i.Taches ecchymotiques de T) après lésion de l'encéphale; par M. Lépine 3g — par M. Ctiarcot -.y V Foie (Structure du); par 11. Cornil j3 H Sémichorée droite; par M. Magnan ^g Sérédité des lésions acquises ; par M. Brown-Séquard 5 — parM.Bert 1 6. 4 j, 50, 59, 64 et ûîi Héréditaires (Mutilations); par M. Philipeaus 5a hypoglosse (Lésions du nojau de I' dans la paralysie labio-glosso- larynyée; par M. Ciiarco' .^9 I Inné (Action sur le cœur du poison appelé;; par M. Legros . . Si et a —par M. Berl. 34 Insectes nuisibles aux fruits du noyer; par M. Laboulbéne îa Insufflation pulmonaire (Effets de 1') ; par M. Gréhant. . 49, iiG et liS Iritis après la variole; par M. Bouchard uo K Ityste ganglionnaire: par M. Muron il9 L ^ait (Différences dans la quantité el la composition du; pour les deux seins de la même femme; par M. de Romiily 105 Siarve de l'EIrais .ffineus (avec planche); par M. Laboulbéne » ïieucocytes (Circulation des) et dépôts dans les viscères à la suite d'une injection sous-cutanée de cifiabre; par M. Hayem tn Zieacocytes ^Développement des',; par .M. Pouchel ;,9 M ]^al de Pott [Discussion sur le traitement du) par ilM. Charcol, Dunionl- paliier et LaLorde i^ ISenstruation (Induenfc de la) sur la nutrition, le pouls el la tempé- rature: par M. Rabuteau "j ^Menstruation (De l'influence de la) sur la nutrition; par M. Babuleau. no SSoeJîe cpiniére (Hcmorrhsgie de la); par -M. Bourneville i:.5 3C£oelîe (Action primilive des poisons sur la); par M. Leven «•ii Rîcelle (Altérations des cornes anlérieures de la) dans deu.t observations de pied boî; par M. -Michaud !13 Moelle I Lésions de la") dans le mal de Polt, après disparition de la para- plégie; par M. Cliarrot n Bîort subiiu par embolies pulmonaires; par \l. I!a\em loi t.. H. ». MortMiliile par l.iZAtiire de la iracln'e ; par M. l.oven 13 • Mort (Moyen de con^later la morl appaienle et la mort réelle); par I\i. Laliordc fi"! >■ Muscles (Cicaliisalion des) à la suiie de sections sons-cutanées; par I\!. Hayem 53 • lyîyélite conséciilive à une cliule sur le sic?e: par .AT. Bouchard. ... <4 » NerFs dorsaux (lifTels de la section des); par M. Drown-Séquard. . . un • Kerveuses(Tcrniinaisons; cbez les poissons; par MM. JoberletGrandey. i-ii O Œdème du membre inférieur et lésions du lissu conjonctif après lipa- lure de la veine cave et section du nerf scialique ; par M. Ranvier. . g " (Edènie du membre inférieur après ligature de la veine cave et section du nerf sciatique (Discussion sur \'); par MM. Vulpian, Ranvier, I. aborde et Hayem 7 • Ombilical (Slruclure du cordon): par M. Renaul fit -.'t Organes tactiles des insectes; par M. Jobert 47 • Osseux (Reproduction du lissu) du crâne et du canal rachidien; par MM. BrownSéfjuard et TJupuy ii4 » Oxyde de carbone rapidité de la combinaison de l'j avec les globules du sang. ; par M. Grébant y* >• P Paralysie alterne par lésion d'nn pédoncule cérébral; par M. Oyon. . ci » Péritoine (Inllammalion du) chez un poisson .-par M. Crouppe. . . . in.i » Phénique (Action toxi(|ue de l'acide); par M. Bert o:i » Polisseuses sur argent (Coloration de la peau chez les) (avec planche); par M. Auguste Ollivier » ;.7 Puerpérale (Noie sur la paihogénie de l'albuminurie) ; par M. Auguste Ollivier. • » k'i Purulente (Infection) sans plaie apparente; par M. Duraonlpallier. . . fiî " Purulente (Infeclion) sans plaie extérieure; par M. Monod 6i R Rate (Lésions de la) suivies de cicatrisation; par M. Philipeaux. . . . » S San» ("Analyse du) chez des animaux soumis à dilTérenles pressions aimospbériques; par M. Bert ''.8 » Sang (Analyse du); par M. Gréhant ACy >■ Sang (Procédé d'analyse du); par M. Bouchard 5i » Sang: (Examen de la serosilédes vésicaloircsdu) paraissant démontrer que le sang ne renferme pas d'acide uricjue dans quelques maladies aiguës ou chroniques; par M. Hayem lo Sang des érysipélaleux renfermant des bactéries; par M. Kepveu. . . Iti4 • Sang Modifications du) épanché dans les séreuses et dans le tissu con- jonctif: par MM Ranvier et Cornil ns i 127 C. R. SI. SaturnUme chronique et gouUe; par M. I.ancereaui yy Sensibilité cutanée 'Mesure de la); par M. Brown-Séquanl 6i • Strychnine et aconiline (Action opposée de la — et de 1'); par M. Levcn 132 • Sulfovinates r Action expérimentale des); par M. Rabuteau. . . 29 et 9i • T Température des muscles dans la mort réelle et dans la mort appa- rente; par M. Laborde S8 • Température dans les syncopes et les hémorrhagies; par M. Laborde. fis » Température dans les diverses parties du corps; par M. Laborde. . . 130 m Tendons et tissu conjonclif (Structure des — et du); par M. Ranvier. . 1S9 >< Tétanos traumatique; par M. Jolîroy. . « •^ Tétanos (Congestion et hémorrhagie du bulbe dans le); par M. JofTroy. . 94 >■ Thromboses et embolies dans la (ièvre typhoïde; par M.M. Liouville et Bouchard H » Thyroïdite aiguë dans la variole; par -M. Liouville m . Tic (Du) chez le chien et de la choree chez l'hoinme; par M. Bert. . . G9 >• Tœnia multiple chez l'botnme; par M. Vaillant ;")0 >• — «o/ium Observations physiologiques sur le ; par M. A. LabouU>ène. . » ii>9 Transplantation de l'ereol d'un jeune coq dans la croie du même animal; par M. Philipeaux i7 » Tremblement dans la sclérose en placjues de la moelle epiniére; par M. JofTroy '.8 . u Ulcérations intestinales consécutives à la section de la moelle éptniére; par M.M. Liouville et Hayem nî « Urée (Action du bicarbonate de potasse sur l'excrétion de 1'); par M. Rabuleau Ii7 ■ Urée (Élimination de l' ) par l'intestin; par MM. Vulpian et Guyochin 20 » Utérus et vagin doubles (avec planche); par M. Auguste Ollivier 3.''> V Vago-sympathique (Expériences physiologiques et thérapeutiques par compression du ; par M. W'aller 93 » Vaso-moteurs (Action des nerfs) sur la circulation et la température après arrêt de la circulation ou oblitération artérielle; par M. Brown-Séquard Sj » Vaisseaux capillaires dans la tunique musculaire des veines; par M. Muron f^ » Vertèbre dorsale surnuméraire enclavée sur un cheval; par M. Gou- baux 3 » Vessie (La muqueuse de la) absorbe-t-ellc.' par MM. Bert et Jolyct. • . i'.'9 » Y TTeux (Action sur les) de l'irritation de la muqueuse bronchique; par M. Lépine 6') • — Id.;parMM. Lépine et Carville 63 » VrS DE LA TABLE ANALYTIQUE. TABLE DES MATIERES PAR NOMS D'AUTEURS. B C R. M. Dert Air (Injection d') dans les arlùres ii5 » — Hérédité des lésions acquises IG « — Phénique (Action t-oxique de l'acide) » G3 — Sang (Analyse du) chez des animaux soumis à dif- férentes pressions atmosphériques 48 » — Tic chez les chiens et chorée chez les hommes. . . 69 « — et JoL\ET. . . . Vessie (La muqueuse de la) absorbe-t-elle? . . . . 129 >• Bouchard Iritis après la variole 160 » — Myélite consécutive à une chute sur le siège. . . . 44 » — Sang (Procédé d'analyse du) 52 » UoURNEViLtE. . . . Moelle épinière (Hémorrhagie de la) 155 » Brown-Séquaud. . Capsules surrénales (Hypertrophie des) à la suite des lésions de la moelle épinière 27 » — De la douleur dite en ceinture 87 » — Anesthésie de tout le corps après la section d'une • moitié latérale de la moelle épinière 32 « — Arthropatbie consécutive à une lésion de la moelle épinière 119 » — Atrophie musculaire lente ou rapide, suivant le de- gré d'irritation de la moelle ou de ses nerfs. . . 80 » — Epilcpsie (Siège central de 1') 122 » — Epilepsie par lésion des cordons -postérieurs de la moelle, immédiatement au-dessous du bulbe. . . 82 » — Epilepsie consécutive è l'amputation des membres. 90 » — Epilepsie consécutive à la ligature des membres infé- rieurs 87 » — Epilepsie (De l'action des sections successives d'un même nerf sur la production de 1') HZ » — Epilepsie (Une violente douleur peut-elle arrêter une attaque d') 120 » ' - — L'irritation de la zone èpileptogène peut guérir l'é- pilepsie 9 » — Epileptogène (Zone) située sur le corps du côté op- posé à la lésion cérébrale 9i » MÉM. 1S7U. 10 130 C R. lluowN-SugLAiiD. . Nerfs dorsaux (Effets de la section des) i40 — Encéptiale (Symptômes variables suivant le côté de l'encéphale qui a été lésé) 27, 9G, no — Mouvement (Affaiblissement du) dans les parties cor- respondantes aux lésions guéries du système ner- veux 43 — Emphysème et ecchymoses des poumons à la suite de lésions de la base de l'encéphale .... 8g, 116 — Hérédité des lésions acquises. . . 5, 16, 45, 50, 59, 64, 9(5 — Sensibilité cutanùe (Mesure de la) 6i — Vaso-moteurs (Action des nerfs) sur la circulation et la température après arrêt de la circulation arté- rielle 82 — et DuPL'Y Osseux (Reproduction du tissu) du crâne et du canal rachidien i44 Carville Air comprimé (Action de 1) 49 Charcot Estomac (Ecchymoses de 1') après lésions de l'encé- phale 39 — Claudication intermittente 146 — Hypoglosse (Lésions du noyau de l'j dans la paraly- sie labio-glosso-laryngée 29 — Moelle (Lésions de la) dans le mal de Pott, après disparition de la paraplégie u — et JoFFROY. . . . Arthropathie de l'épaule dans l'ataxie locomotrice. . 6 Chalvet Allaitement naturel et artificiel (Conséquences de l'j. i8 — Elimination de l'urée par l'intestin et par la peau. . 16 CORNML Arthrite tuberculeuse 23 — Foie (Structure du) 58 CuOLPPE Rotation (Mouvements de) chez un poulet atteint de pneumonie, etc 129 — Séreuses (Inflammation des) chez les poissons. . . 130 D DuMONTPALLiER. . . Purulentc (Infection) sans plaie apparente. ... 63 GouBAUx Côle surnuméraire chez un cheval 64 — Vertèbre dorsale surnuméraire enclavée sur un che- val 3 Gréhant Insuniation pulmonaire (Effets de 1'). ... 49, 116, 118 — Oxyde de carbone (Rapidité de la combinaison de I') avec les globules du sang 97 — Reins (Du rôle des) dans l'excrétion de l'urée. . . i5 — Sang (Analyse du) 46 GuYOcniN Exame.n des matières liquides de l'intestin chez un malade atteint de la maladie de Rright. . . • . 20 H Uavem , Abcès métaslatiiiues du foie S4 131 c n- u. Uayeh Artères (Lésions des) dans deux cas de purpura- hemorrhagica 24 » — Encéphale (Lésion inorlelle de 1') sans troubles de l'intelligence, de la parole, du mouvement et de la sensibilité. 160 » — Leucocytes (Circulation des) et dépôts dans les vis- cères à la suite d'une injection sous-cutanée de cinabre H5 » — Muscles (Cicatrisation des) à la suite des sections sous-cutanées 53 » — CEdèmo du membre inférieur (Anatomie et physio- logie pathologiques de 1') après ligature de la veine cave et section du nerf scialique 7 " — Sang (L'examen de la sérosité des vésicatoires parait démontrer que le) ne renferme pas d'excès d'acide urique dans quelques maladies aiguës ou chro- niques 10 » — Mort subite par embolies pulmonaires i6i » J JoBEKT Organes tactiles des insectes » 4 7 — et Grandey. . . Nerveuses (Terminaisons) chez les poissons. ... i4l » JoiFROY Atrophie aiguë ou chronique des cellules nerveuses de la moelle 68 » — Tétanos (Congestion et hémorrhagie du bulbe dans lo). si » — Tétanos traumati<|ue » i3 — Tremblement dans la sclérose en plaques de la moelle épiniére 28 " Labordk Résorption des liquides morbides (Théorie physiolo- gi(|uedela). . . . , 36 — Température dans les diverses parties du corps. . . 130 — Température dans la syncope et dans les hèmorrha- gies 120 — Température des muscles dans la mort réelle et dans la mort apparente si — Mort apparente ou réelle (Procédé pour reconnaître la) 63 — et Leven Cerveau (Lésions et phénomènes consécutifs à l'en- lèvement d'un hémisphère du) — Codéine (Aciion du chlorure de) sur la coniractililé.. Laboulbène Echinocoques (Corpuscules calcaires des) (avec pi.) — Insectes nuisibles aux fruits du noyer — Larve de l'Elniis Jîneus (avec planches) — Observations physiologiques sur le Tœnia solium. Lancereaux Saturnisme chronique et goutte £9 Legkos Biliaires (Terminaisons des conduits) dans les lobu- les du foie 58 — Inné (Action sur le cœur du poison appelé). . . Si et 84 Lépine Action sur les yeux de lirriialicn de la muqueuse bronchi(|ue, 60 1 n 74 i> ^ 57 n •i9 )> 39 V 109 132 C. H. LÉPiNE Eslomac (Taches eccliymoiiques de 1') après lésion de l'encéphale 38 Leteinturier. . . . Cérébral (Lésion du pédoncule) du côté droit. ... 59 Leven Aconiline (Poison musculaire) iJi — Moelle (Action primitive des poisons sur la). . . . I45 — Strychnine et aconitine (Action opposée de la et de 1') 132 — Trachée (ElTels de la ligature de la) 13 LiouviLLE Tromboses, embolies et infarctus dans la fièvre ty- phoïde 14 — Thyroïdite aiguë dans la variole 91 — et Hayeu. . . . Ulcérations intestinales consécutives à la section de la moelle épinière 113 LuNEAu Artère vertébrale (Oblitération de l) du côté gauche. 132 M Magnan Ilémichorée droite . 46 MicBAUD Moelle (Altérations des cornes antérieures de la) dans deux observations de pied bot 113 MoNOD Purulente (Infection) sans plaie extérieure. ... 62 MoREAU Artérielle (Variations de la pression) 33 — Kyste de l'estomac rempli d'entozoaires chez un chien. 44 MuRON Kyste simple ganglionnaire 149 * — Rein (Cellules sécrétoires du). . ' 151 — Vaisseaux capillaires dans la tunique musculaire des veines 88 N Nepveu Bactéries dans le sang des érysipélatcux ie4 O Ollivier Claudication intermittente ; . . . — Claudication intermittente chez l'homme — Polisseuses sur argent (Coloration de la peau chez les) (avec planches) — Albuminurie puerpérale (Sur la pathogénie de 1'). . — Utérus et vagin doubles (avec planches) Onimus Electricité. Inlluence différente des courants conti- nus et des courants induits sur la contraclilité. . Oïos Paralysie alterne par lésion d'un pédoncule cérébral. P PiiiLiPEAUx Cristallin (Régénération du) chez les mammifères. . . — Héréditaires (Mutilations) — Transplantation de l'ergot d'un jeune coq dans la crêle du même animal 17 — Crâne (Transplantation d'une couronne de trépan sur le) d'un animal de même espèce 34 — Lésions do la rate (Cicatrisation des) 40 Poi'cuET Leucocytes (Développement des) 59 ,45 89 )) 89 n 97 i> 101 1) 35 71 n 67 » 64 D 59 » Rabuteau. Ranvier. — et COKNIL. Renaut. . . . ROMILLY (De). Vaillant. Waller, 133 R C. R. Alcool (Effets physiologiques et thérapeutiques de !')• 124 Diurétique (Action) de l'alcool 87 ■ Bromal (Action du) 44 Chioral (Action du) i37 ■ Caféiques (Action des) (Café et tbé) sur la nutrition. . 77 Menstruation (Influence de la) sur la nutrition, le pouls et la température 75 Menstruation (De l'influence de la) sur la nutrition, iio Sulfovinates (Action expérimentale des). ... 29, 92 Urée (Action du bicarbonate de potasse sur l'excré- tion de 1') , . 57 Artérielle (Variation de la pression) 33 CEdème du membre inférieur et lésion du tissu con- jonctif après ligature de la veine cave et section du nerf sciatique 6 Tendons et tissu conjonctif (Structure des — et du). 139 Sang (Modifications du) épanché dans les séreuses et dans le tissu conjonctif li8 . Cordon ombilical (Structure du) , . 129 . Lait(Différence dans la quantité et la composiliondu) pour les deux seins de la même femme lOS V Txnia multiple chez l'homme. 50 W Vago-sympatliique (Expériences physiologiques et thérapeutiques par compression du) 93 2t FIN DES TABLES.