COMPTES RENDeS DES STANCES ET mEmoires DE LA SOCIETE DE BIOLOCjIE. TOME V ET DERJVIER DE L4 PREMIERE SERiE. ANNEE 1853. PARIS. J. HAMEL, LIBRAIRE, 10, BUB RA.CINE (bUREATJ DH LA GAZETTE MEDICALE), J.-B, BAILLIERE, LIBRAIRE, 19, rue Hauiefeuille. 1854 i I k^nivrni^ ET mMoires DE LA SOCI£t£ DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1883. ^^qifi^. l-AHlj. — IMPRniE PAR H. THINOT ET Ce , RLE RACISK, 26, PRES DE L'ODEON. COMPTES REIDS DES SEANCES ET mEmoires DE LA SOCIETE DE BIOLOCtIE. TOME V ET DERNIER DE U PREMIERE SERIE. ANNEE 1853. PARIS. J. HAMEL, LIBRAIRE, 10, RTJE RACINE (BUREAU DE I.A GAZETTE MEDICALE) ET J.-B. BAILLIERE, LIBRAIRE, 19, rue Hautefeuille. 1854 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIETE LE BIOLOGIE. (1853.) COMPOSITION DU BUREAU. President perp^tuel. Vlce-presldenta. . . . Secretaires. Tr^Borier-arctaiviste. M. Rayer. M. Bouley. M. Segond. M. Charcot M. Laboulbfene. M. Lebret. M. Verneuil. M. Davaine. MEMBRES HONORAIRES. ;M. Aiidral. MM. Lallemaud. Bouillaud Littre. Dumas. Magendie. Dum^ril. Montagne. .Milne-Edwards. Serres. Flourcns. Valenciennes fiaudichaud. Velpeau . Geoffroy-Saint-Hilai re (Isidore), VI MEMBRES ASSOGIES. MM. Agassiz. Baer(de). Beanett (Hughes). Bright. Duf our (Leon). Dujardin. Duvernoy. Gurlt (Ernest-Frederici. Liebig (Justus). Mohl (Hugo). MM. Mueller (J.). Owen (Richard. Panizza (Bartolomeo). Mayor. Pouchel. Kathke. Retzius. Sedillot. Valentin. Wagner (Rodolphei- MEMBRES TITULAIRES. MM. Beraud. MM. Laboulb^ne. Bernard (Claude). Laurent. Bernard (Charlesi. Leblanc [O. Blot. Lebret. Bouchut. Leconte. Bouley (H.). Leudet. Bourguignon. Livois. Broca. Morel-Lavall^e. Cazeaux. Porchat. Charcot. Qualrefages (de). Davaine. Racle (V.). Depaul. Rayer. FoUin. Robin (Charlesi. Germain (de Saint-Pierre). Rouget. Girald^s. Segond. Goubaux. Soubeiran (.l.-L.) Gubler. Tholozan. Hiffelsheim. Verdeil. Hirschfeld (Ludovic). Verneuil. Houel. N Vll MEMBRES GORRESPONDANTS NATIONAUX. MM. Blondlot. . a Nancy. Brown-S6c[uard a I'lle Maurice. Chaussat a Aubusson. Coquerel a Toulon. Desgranges a Lyon. Deslongchamps a Caen. Dufour (Gustave) a Bordeau.v. Duplay a Paris. Ebrard a Bourg. Gosselin. a Paris. Gu6rin (Jules) a Paris. Hermann a Strasbourg. Huette a Montargis. Jobert (deLamballe) a Paris. Lecadre au Havre. Martins a Montpellier. De M^ricourt a Brest. Souleyet a Toulon. MEMBRES GORRESPONDANTS ETRANGERS. Grande-Bretagne. MM. Bedlem a Aberdeen. Bence (Jones) a Londres. Berkeley (M.-J.) a Kings-Cliff. Bird (Golding) a Londres. Bowman (W.) a Londres. Carpenter (W.-B) a Londres. Goodsir(John) a Edimboiirg. Grant (R.-E.) a Londres. Jacob (A.) a Dublin. Maclise a Londres. Marcet a Londres. Montgomery a Dublin. Nunneley a Leeds. Owen (R.) a Londres. Paget (,!amesi a Londres. VIII Quekett a Loudres. Sharpey a Londres. Simon (John) a Londres. Simpson a Edimbourg. Thompson (Allen) a Glasgow. Todd iR.-B.) a Loudres. Toynbee a Londres. Warton (Jones) a Londres. WiUiamson a Londres. Allemagne. MM. Brucke (Ernest) a Vienne. Carus ^V.) a Leipsick. Dubois-Reymond a Berlin. Henle a Goettingue. Bering a Stuttgardt. Hoffmeister a Leipsick. Hyrtl a Vienne. Koelliker a Wiirzbourg. Lehmann a Leipsick. Mayer a Bonn. Meckel (Albert) a Halle. Reinhardt a Berlin. Rokitansky a Vienne. Siebold (C. Th. de) a Munich. Slannius a Rostock. Virchow a Wiirzbourg. Weber (Guillaume-Edouard). . a Goettingue. Weber (Ernest- Henri) a Leipzig. Belgique. MM. Glugc a Bruxelles. Schwann a Li^ge. Spring a Li^ge. Thiernesse a Bruxelles. Daneniark. M. Hannover a Copenhague. M. Santesson a Stockliolm IX Hollande. MM. bonders a Utrecht. Harting a Utrecht. Schroeder van der Kolk a Utrecht. Van der Hoeden a Leyde. Vrolik a Amsterdam. Suisse. MM. Duby a Geneve. Ludwig a Zurich. Miescler a Bale. Italic. MM. Martini a Naples. Vella a Turin. .%ni6rlqiie. MM. Abbott a Bahia. Beylard a Philadelphie. Bigelow a Boston. Draper a New-York. Dugfes a Guatimala. Leidy a Philadelphie. COMPTES RENDUS DES SEANCES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT L'ANNEE 1853. COMl'TE UENDl DES SEANCES DE r r LA SOCTETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MO)S DE JANVIER 1853; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. Presidence de M. RAYER. I. — Anatomie. S13R QUELQUES PARTICULARIT^S RELATIVES A L'ORGANISATrON DES MORMYRES ; par le docteur Jean Marcusen (de Saint-Petersbouig). Ce n'est que depuis la publication de I'ouvrage qui donne la description de rfigjpte, ouvrage qui contient de precieux details sur les poissons du Nil , que I'on a une connaissance un peu exacte de la famille des mormyres. Malgve la bonte de ce travail, plusieurs particularites dignes de Uxer I'alten- tion des anatomistes el des physiologistes restaient inconnues. M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire parle de glandes qui se trouvent dans la queue ? lies mormjTis, el qui la ifmient plus epaisse : cVst tout ce qu'il dit des orgunes electriques ile ces poisson;:. C'est M. Kuppeli (de Francforl-sur-Mein) qui, le premier, en 1829, a donne une description de ces organes; pourtant il ignorait leur usage. MM. Erdl el Jemminger les decrivent el leur donnent un nom, ce sont eux qui les appel- lent organes electriques. Ces auteurs n'ont trouve ces organes que dans le mormyrus oxyrynchus et dans le mormyrus longipinnis ; je puis ajouter, d'a- presmes rccherches, qu'on les trouve encore dans It mormyrus labiatus, dans le mormyrus dorsalis et dans le mormyrus hane. II est meme tres-vraisembla- ble, comme le presumait deja M. Kuppeli, que ces organes electriques existent dans toutes les esp6ces de la famille des mormyres. On sail ce que sonl ces organes, analogues, du reste, a ceux que poss^dent les gymnotes : ils sont au nombre de quatre, deux de chaque cote, etsont composes de feuillets paralleles disposes perpendiculairement les uns a cote des autres. Cette famille des mormyres est curieuse a plus d'un litre. On est elonnc deja de trouver la plupart et probablement )a totalite des esp6ces d'une famille de poissons pourvues d'organes electriques , de voir que cette famille enti^re pos- sede des ecailles ; mais I'interet et la surprise augmentent en etudiant le systfeme nerveux de cette singuliere famille. Lee mormyres ont le cerveau beaucoup plus developpe que les poissons en general, que les amphibies, que les oiseaux, el meme que plusieurs mammiferes. MM. Erdl et Kud. Wagner ont mentionne la grandeur de ce cerveau : ils n'en ont pas donne la description. Le cerveau des mormyres offre du reste une granue ressemblance avec celui des rongeurs : il est grand et remplit toute la cavite osseuse. II est compose de trois lobes, I'un anterieur, I'autre median, le Iroisieme posterieur. Ces Irois lobes montrent a leur surface des circonvoluiions tres-prononcees : seulement, pour voir les circonvoluiions du lobe anterieur el du lobe median, il faut enlever une legere couche de matiere grise qui les recouvre. Ces lobes ne sont pas aussi bien separes dans toutes les esp^ces des mormyres ; chez le mormyrus bane, par exem- ple, les lobes anterieur el median sonl reunis:un sillon profond qui se trouve au milieu de ce lobe unique indique pourtant, en quelque sorte, la division en deux lobes. Dans cette meme esp^ce, les lobes recouvrent moins completemenl que dans les autres les parties du cerveau sous-jacentes : on peul apercevoir dans la ligne mediane les corps quadrijumeaux et le cervelet. Les lobes du cerveau sont creux, mais ils ne conliennent pas de corps gan- glionnaires comme les corps strics; ils ne communiquent pas avec le troisi6me venlricule. Le cervelet est aussi tr^s-developpc, il est forme de Uois lobes, I'un median, les autres lateraux ; il envoie en avanl un prolongement assez considerable qui couvre les corps quadrijumeaux. La lasc du cerveau olVre, d'avanl en arri^re, les tuhercules olfactifs, places 3 sous les lobes anleiieurs, mais completement separes d'eux ; les lobes opUques qui prcsentent dans leur base deux corps ganglionnaires et qui contiennent 1p troisi^me ventiicule. Ce ventricule communique avec le quatrieme situe derriere lui et avec I'hypophyse du cerveau qui sc irouve entre le lobe optique et la moelle aliongee. Au-dessus des lobes optiques, et un peu en ariiere, se trouvent les corps qua- drijumeaux, dont les deus anterieurs sont plus developpes. Dans son ensemble, le cerveau offre I'aspect d'une masse triangulaire a base postcrieuie. Je me reserve, du reste, d'en donner une description detailiee avec figures, dans un memoire que je presenterai proehainement a I'Academie des sciences de Saint-Petersbourg. Je puis dire des maintenant que si dans le cerveau des poissons en general une partie peul etre regardee conime equivalant aux grands hemispheres, ce ne peut etre ni les lobes olfactit's ni les lobes optiques en totalite, mais seulement la partie superieure des lobes optiques. Dans ce memoire je m'occuperai en outre des consequencee du lait qu'on a rapporte dans I'appreciation des diverses parties du cerveau dans les poissons en general. Je donnerai aussi tous les details que je possede sur les organes electri- ques : je veux seulement signaler, avant de finir cette note, un fait interessant, touchant la distribution et la terminaison des nerfs dans ces curieux organes. Chacun des feuillets dont sont composes les organes electriques rei^oit son nerf separement. Ce nerf se dislribue d'une maniere dendroide. On voit pourtant deux ou trois rameaux principaux qui ollVent des divisions et des subdivisions. Regar- dez ces feuillets avec une loupe ou un grossissement peu fort, vous vcrrez que les subdivisions se terminent par des renflements; de ces renflements partent de nouveaux filaments nerveux qui gagnent la peripheric. Examines au microscope, ces rentlements ne presentenl pas de corpuscules ganglionnaires; ils sont formes par la division des fibres primitives, division qui, du reste, commence d^s I'en- tree du nerf dans le feuillet electrique. Les filaments nerveux, qui sont des ren- flements a la peripherie, n'oifrent plus la meme constitution que les fibres primi- tives; ce qui les lorme est une matiere grise entouree d'une gaine tiansparente, laissant voir un assez grand nombre de noyaux a des distances egales et r^gu- lieres. lis sont plus gros que les fibres primitives, mais ils n'oifrent plus de doubles contours. A mesure qu'ils gagnent le bord de I'organe, ces filaments de- viennent plus minces, mais ils ont toujours des noyaux dans leur gaine, et eux aussi presentent des petits rentlements au niveau des nombreuses divisions et subdivisions qu'ils forment. Les derniers filets se divisent en plusieurs digitations que lermine une extremite en forme de massue. C'esl au moins ce que montre le microscope. Mais comme avant les digitations on voit des filets ofl'rir I'apparence d'une terminaison libie, apparence qui disparait, il est vrai, en changeant le foyer, on ne saurait decider d'une mani6re positive si la trrminaison des filaments est en massue ou en atises. J" Sl'R LA CONSTITUTION DE LA COQIJE DANS LE D^VELOPPEMENT EMBHYONNAIHE DES FLixi'DiNEEs; [lUT M. Cn. Robin. M. Ch. Robin adeja commimiciui; un travail comprenant I'evolulion embryoii- naiie des sanijsues tlepuis la ponle jusqu'a la soi lie de rceiif. Aniene it examinr r la constitution de I'eiiveloppe et du eontenu du rocon, il etablit : 1» que I'ovule y est tout a fait scnibhible aux ovules ordinaires; 2° que les observateurs qui I'ont precede auraient du arriver a celle conclusion , cn voyant que I'enveloppe exterieure ou protectrice est sccretee par la peau. Ainsi I'fEuf des sangsues n'est pas un ceuf k vitellus multiples. Ce sont des ovules composes d'une membrane vitelline et d'nn vitellus conttitne comme lout vitellus de? oeufs des vers. Seule- menl res ovules sont deposes par I'animal en plus ou moins grand nombre dans une enveloppe protectrice commune de nature corn^e, au milieu d'une masse albumineuse assez dense qui lemplit celle-ci. C'est cette enveloppe du cocon qui a ele prise pour I'analogue de la coque d'un ceuf ordinaire des ovipares, mais k tort, et ce sont les ovules eux-memes, constitues comme il est dit plus haul, qu'on prenait pour des vitellus seulement. II. — Anatojiie pathologique et Patiiologie. 1° NOUVELLES BECHERCHES SUB LES OBLITERATIONS DES VOIES SPERMATIQUES; par M. GossELiN. M. Gosselin communique k la Societe le resultal de ses nouvelles recherches sur les obliterations des voies speiniatiques. Ces recherches ontete faites surdes maladesquiavaienteu une epididymite k droite et a gauche, etchez lesquelsun noyau d'induration lestait a la queue de chacun des epidldymes. Les resultats obtenus confirment lespiesomp'.ions auxquelles M. Gosselin etait arrive en iSit, a la suite de ses investigations anatomo-pathologiqnes, c'est-4-dire que le plus souvent ces individus ejaculent un sperme depourvu de spermatozoides, qui vient exclusiveraent des vesicules seminales, les epididymes etant oblitercs au niveau des indurations. Les investigations ont ete faites sur sepl makdes de I'liopital du Midi, dont plusieurs ont fourni deux fois du sperme. Sur six d'entre eux, I'examen micro- scopique, fait avec la plus grande attention, n'a permis de reconnaitre aucun spermatozoide, et cependant le sperme ressemblail au sperme ordinaire par sa quanlite, sa consislance, son odeur ctses caracleres chimiques.Sur un septifeme, on a trouve des spermatozoides; mais I'induration ctait k peine piononcee du c6te gauche. Tous ces iudividus n'avaienl, d'ailleurs, vu sur\enir aucun dian- gement dans leurs facultes viriles. Ces recherches, qui ne sont pas encore terminees et que M. Gosselin se propose de poursuivre, sufTisent dejA pour lui permettre d'etablir : 5 1" Que repididymite double peut entrainer a ga suite la gterilite sans impuia- sance ; 2» Que le liquide spermatique est loime en giande proportion par les vesieules semina'es, et que le testicule n'ajoute gu6re autre chose, dans I'etat normal, que les spermatozoides ou la substance aux depens de laquelle ils se pro- duisent; 3o Qu'ii importe de trailer uncc plus d'allention qu'on ne le fait habituelle- ment repididymite, k ce point do \ue de ['obliteration possible, surtout lorsque la m.iladie se montresuccessivement k droite et S gauche. M. Gosselin propose de donner a la fin du traitement,et h I'epoque ou la sub- stance plastique epanchee au milieu des circonvolutlons del'epididyme est encore susceptible de resorption, I'iodure de potassium a haute dose. 2' OBSERVATIONS DE CONCRETIONS OSTEO-CALCAIRES DE LA PLEVRE ; par MM. Charles Bernard et LABOULBfeNE. M. Ch. Bernard met sous les yeux de la Societe une pi^ce anatomique qui provientd'un ihdividu mort, quelques jours auparavant, a la prison de la Ro- (juette. Cel htmme, sur lequtl on a fort pen de renseigncments, etait age de 62 ans; il toussait et se plaignait depuis fori longtemps d'une douleur dans le cote droit de la poitrine, ce qui ne I'empechail pas de vaguer dans la prison. II n'est enire i I'infirmerie que la veiUe de sa mort; ii n'a pu etre exiimine et a succombe presque tout k coup, en vomissant du pus. L'autopsie a fait deeouvrir, dans la cavite droite de la plevre, un epanchement purulent excessivcment considerable, et qui ne peut etre evalue h moins de C ou 8 litres. Le cote se trouvait dilate, le diaphrat:me refoule en bas et le iJOumon,i€- duit k un trfis-petit volume, ne crepitant plus, paraissant impermeable, etait ap- plique contre la colonne vertebrale. Apres avoir completement vide la poche, on put conslalerdes alterations tres- remarquables de la membrane sereuse. Dans presque toute son etendue, elle avail subi un epaississement trfes-considerable, etqui, en quelques points, etait au moins de 4 a 5 millimetres ; elle (itait devenue blanche, opaque et d'une ap- parence fibreuse et cartilagineuse. Onparvenait, du reste, a I'enlever assez faci- lement au niveau des cotes. Mais la lesion la plus importante, par le degre auquel elle etait airivec, c'etait, a la surface interne de la meme plevre, I'existence de plaques, les unes d'appa- rence cretacee, les autres otl'rant 1« double aspect calcaire et osteiforme. Ces plaques, comme nousvenons do le dire, occupaient la face interne de la sereuse, dont presque partout il (ilait assez facile de les detacher ; elles olfraient des di- mensions, en superficie et en epaisseur, trfes-variables; generalement toutefois ellps claicnl fort epaisscs (•'! n i millimetres au moins) el de forme iMPgnlirre, 6 el avaienl 3 ou 4 ccntimiHres dans les ditterents sens. Deux plaques, plus t-pajs- ses et plus etendues que les autres, occupaient, I'une la partie inferieure de la parol mediastine, I'aulre la portion moyenne de cette meme reaion. Celts der- nieie surtout avuit en quelques points tout k fait I'aspect du tissu osseux; niais encore une fois,et c'est ce qui donne a ce fait quelque importance, presque toule la surface de la plevre se trouvait revetue par ces concretions, dont ii nous reste a indiquer les caract^res microscopiques. M. LalioulLene a liien voulu se charger de eettc derniere partie de I'examen : 1° La mati^re, ressemblant ii de la boue jaunatre obtenue en raclant la face interne de la plevre, est constiluce: Par des granulations moleculairesgrises, tres-flnes pour la plupart; Par des globules de pus, flnement granuleux, de 0°"",01 de diamMre, mon- trant, h I'aide de I'acide acetique, trois ou quatre noyaux tres-distincts ; Par une trds-grande quantile de globules exactement pareils aux prece- dents, mais sans noyaux apr6s Taction de I'acide acetique (globules pyoides). 2° Les plaques pseudomcmbraneuses ofTrent k I'examen microscopique : Une immense quantile de granulations moleculaires grises, de 0,001 i 0,01 , agitces d'un vif mouvement brownien; Quelques rares fibres de tissu cellutaire ; De la manure amorphe; 3° Les plaques, d'apparence cartilagineuse, ont la meme composition; mais la quantitc relative des elements anatomiques y presenteun rapport inverse. 11 y a une tres-grande quantitc de fibres de tissu cellulaire, unies par la ma- liere amorphe. II y a tres-peu de granulations moleculaires. 40 Les plaques osteiformes sont constituees en majeure partie par des sels calcaires ne prcsentant pas de Firiicture bien appreciable; mais en ex;iminant un grand nombre de preparations provenant surtout des plaques les plus dures et les plus grandes, ils'est trouve deux endroils oii les vesicules osseuses, leso»- Uoplasles (anciens corpuscules calcaires) etaient incontestables, evidents. Ce dernier fait de structure osseuse a de I'importance et nous parait digne d'etre note. II est evident que loutes les alterations precedentes doivenl elre rapportees a une cause unique, rinflammalion chronique de la plevre. Nous n'insisterons pas a cet egard non plus qu'a I'egard des fails analogues indiques par les au- leurs et principalement par ceux qui de nos jours et dans le siecle dernier se sont occupes d'auatomie pathologique, Morgagni,Bayle,Laennec,MM. Andral,Bouillaud,Chomel,etc.,ont lous men- lionne I'existence de concretions osteo-calcaires des plevres parmi les lesions qu'enlraine la pblegmasie chronique de celie membrane. Notre observation se disliiigue de la plupart des autres par I'eiendue des alterations. Nous rappelleron.s a cetlo occasion Ic travail tres remarquable, public iiy.-^ 7 quelques aniiees daiisles archives de medecine, par M. Parise sur Vosieophyte vostal pleurelique. Ceiie lesion des cotes avSit et6 observee dans les cas de pleuresie chronique ; elle conslituait, selon I'auteur, un des produits de I'inQam- inalion de la sereuse ihoracique. Chez iiotre malade la phlegmasie a concentre tous ses effets sur la membrane eile-merae. III. — Anatomie pathologique et pathologie. 3"* OBSERVATION d'uN ANEVRISME DU VENTRICULE GAUCHE, SITUE AU-DESSOUS DES VALVULES STGMOiDES, AVEC SAILLIE DANS l'OREILLETXE DROITE,; par M. CaRON. M. Caron expose les details d'une observation concernant une femme de 29 ans, qui a succombe en quelques jours k I'hopital Sainte-Marguerite, sans autres symptomes qu'une tievre intense, de I'oppression croissante, de I'oedeme des jambes et un peu de diarrhee. Point de matite a la region precordiale; les battements du coeur etaient reguliers, les bruits paraissaient un peu clairs et commeargentins; au deuxi^me temps, on constatait un souffle doux, ayant son maximum a la pointe et se protongeant dans les grosses art^res. M. Caron a mis sous les yeux de la Societe la principale piece provenant de I'autopsie, dont nous donnons ici la relation. L'autopsie a ete faite trente heures apr6s la mort. L'abdomen contenait une quantile de serosite que Ton peut evaluera un litre. Les principaux organes conservaientleurs rapports normaux, excepte le foiequi presentait des dimensions considerables; il remonlait jusque sous les fausses cotes comme d'ordinaire et il descendait jusqu'au niveau de I'epine iliaque infc- rieure. La coupe de cet organe n'y presenta aucune alteration de structure; il n'y avait pas de pus. La rate etait considerable; elle presentait a ses deux extremi- tes sa structure, sa couleur etsa consistance normale, mais k sa partie moyenne et dans I'etendue de 2 a 3 pouces, elle ofTrait un tissu beaucoup plus resistant, d'une coloration jaunatre, limite h la circonference par une ligne d'uiie forme bien plus intense, et n'ayant ni I'aspect du pus ni du cancer. Le peritoine ne prfeentait pas de traces d'inflammation. L'uterus et ses annexes etaient a I'etat normal ; I'uterus seul avait un volume encore un peu plus gros que d'habitude. Les deux plevres contenaient une quantite notable de serosite citrine, nulle part de fausses membranes. Les deux poumons etaient sains, nulle part ils n'offraient d'abces ni d'induralion. Le pericarde etait un peu adherent au cccur; il contenait un peu de serosite* sans fausses membranes. Le cQ3Ur etait volumineux, couveit de plaques blanches anciennes, decrites sous lenom deplaques laiteuses. Ses cavlles,qui etaientdilatees, etaient remplies decaillots de sang noir. L'orilice mitral etait completemenl sain. L'orifice aor- tiquc presentait I'alteration snivante : des trois valvules sygmoidcs, une seule 8 ctait sereuse, c'est celle qui correspond a I'oriUee mitral; ellc cache I'oriDce d'une arl^re coronaire qui ne parait pasdilalee. Les deux autres valvules sont profondement alterees dans leur structure ; elles sont considerablement epaissies, nieconnaissables et transformees en une matiSre analogue^ celle quiconstitue lesvegetationsqu'onoliservehabituellement au niveau des orifices du coeur; de plus toutesdeux sont completement decol- lees a leur bord adherent de la parol arlerielle; elles adherent par leurs deux extremites; I'une d'elles correspond k la deuxieme art^re coronaire qui ne parait pas dilatee. Ces deux valvules ferment la partie superieure d'une excavation capable de loger une pomme d'apis, siluee dans le ventricule gauche, immediatement au- dessous de I'origine de I'artfire et reposant, ou mieux paraissant creusee sur la parol interventriculaire. Les bords de cetle cavile sont tres-irreguliers, saillants dans le ventricule et formes de la meme matiere que les valvules de I'aorte. La tumeur contient un liquide sanieux, qu'a roeil nu on aurait pris pour du pus, mais que le microscope a demontre n'etre qu'un amas de globules blancs et de globules rouges du sang alleres. Le fond de la tumeur est tapiss6 par une esp6ce de fausse membrane ; il est tres-irregulier et prfoente trois culs-de-sac, desquelson exprime en abondance le liquide sanieux dont j'ai parle. Le reste du ventricule gauche ne presente rien a noter. Le ventricule droit n'offre rien de particulier ; les valvules de I'orifice tricus- pide etaient saines ; mais immediatement au-dessus d'elles on trouvait une tu- meur grosse comme une petite noisette, faisant sailliede 5 ouG lignesdans I'oreil- lette et correspondant au fond de la tumeur du ventricule gauche. Le doigt introduit par le ventricule n'est separe de I'oreiUette que par une mince epais- seur de tissu. Du sommet de celte petite tumeur partait un court pedicule au- quel etait appendue une petite tumeur noiratre tout a fait semblable k un grain de raisin, contenant dans sou interieur un liquide semblable k celui du ventri- cule et examine au microscope par M. Robin, il ne contcnait rien autre chose que des globules blancs et des globules rouges. On n'a pas pu saisir de commu- nication entre cette petite tumeur et la cavite du ventricule. Dans aucun de ces deux liquides on n'a trouvede globules de pus. Le cerveau n'a pas cte examine. 4° HEMATOCELE DE LA TUNIQUE VAGINALE AVEC VEGETATIONS FIliRINEUSES ; communication de M. Broca. M. Broca presente unepi6ce relative a une hematocele de la luniquevaginale, dont I'interieur est tapisse de vegetations flbrineuses, et qui communique avec une seconde poche contenant, ainsi que la premiere, un liquide scro-.«anguino- lent. (;elte lesion remoritc a une dale anciemie cl se rapporte a certains ca& d'hemorrhagie dc hi liiniiinr vagiiiale determincH sons ({inlii-ion pipalaMc. 5° COXALGIE ; RAMOLLISSEMENT DES OS PLACES AU-DESSOUS DE l'aRTICULATION MALADE ; communication flu merae. M. Bioca met sous les yeux de la Societe un exemple de coxalgie Irouve sur le cadavre d'un enfant a I'lilcole pratique. II raontre Ic tissu osseux erode sur la surface delatete femorale; le cartilage epiphysaire n'a pas ete une barriers pour le travail inflammatoire. 11 rappelle cequ'il u etabli, a savoir que lorsqu'une tu- meur blanche a existe, les os places au-dessous de I'articulation malade sont ra- moUis. Les pieces presentees en fontfoi; cet etat de ramollisseraent est visible dans tons les os inferieurs a la coxalgie, excepte cependant dans les phalanges. Cette exception a toujours ete conslatee par M, Broca, En presence de la largeur des mailles du tissu ramolli, de la rosea sanguine qu'on en exprime, il avait cru aux traces d'une inflammation, mais c'est evidemment I'efTet de I'immobilite du membra; les phalanges, qui agissent encore, echappent seules au ramollisse- menl. 5" EXTRAIT d'un TRAVAIL SUR LA DISSOLUTION DES CALCULS URINAIRES ; par M. BeNCE- JoNES ; communication de M. Charcot. En 1848, pour la premiere fois, I'auteur essaya de dissoudre, h I'aide d'une batterie galvanique, les calculs urinaires prealablement plonges dans une solu- tion de nitrate de polasse; son but etait de decomposer le sel de potasse, au contact du calcul, sous I'influence de la pile, et de permettre ainsi Taction chi- mique des agents mis en liberie. Quelques resultats furent obtenus avec I'acide urique, au contact du pole negatif, mais ils furent peu decisifs. Pendant I'ele de 1852, les circonstances etant plus favorables, les memes ex- periences furent reprises. Un fragment tres-volumineax d'un calcul d'acide urique put elre dissous dans une forte solution de nitre, alors que ce sel eut ete decompose i la surface de ce calcul par Taction de 5 paires de plaques ; on es- saya ensuite, sur de plus grandes quantites, Taction combinee de solutions plus faibles portees a la temperature du corps humain, et de piles electriques de pou- voirs divers. Les resultats obtenus dans les experiences sur les calculs d'acide urique sont indiques dans le tableau suivant : Degre de concentration et lemperatare Puissance Quantity Duree. de la solution. de la pile. dissoute. r'exp. 4 h. Solut. sat 212° 10 pair. de plaq. 1/2 grain. 2" — (; h. 5 m. Id. 1/4 ; eau 3/4. 109° 5 — 1 1 grains. 3' — 6 h. 10 m. Solut. sat 101° 10 — 14 — 4' — 6 h. 20 m. Id. 100" 10 — 16 — b' — 6 h. 45 m. Id. 106° 10 — 12 — <;• — 3 h. n m. Id. 98° 20 — 27 1/2 gr. 7' — C h. 30 m. Sol. sal. 1/8 J pau 7/8. OS" 20 — 22 grains. Dnrte. i"exp. 7 h. 2* — 7 h. 3* — 6 h. 15 m. 4« _ 5 h. 45 n). 5« — 6 h. 10 m. 6« — 3 h. 19 m. ■;• — 3 h. 15 m. 8* — 3 h. 17 m. 9» — 2 h. 50 ro. 10' — 3 h. 10 La perte fut determinee en dessechant les calculs, au bain-marie, avant et apres chaque experience. Le diametre des electrodes employes etait beaucoup nioindre que celui des calculs. Des electrodes d'un diametre bien plus conside- rable pourraient etre introduits dans la vessie. Les experiences sur les calculs d'oxalate de chaux places dans diverses solu- tions donn^rent les resultats suivants : Degr6 de concentration et temperature Palssance Quantity de la solntion. de la pile, dissoate. Sol.nit. pot. sat. l/4;eau 3/4. 90° &paires. 1/2 grain. Id. lOi" 10 ~ 2 grains. 15 m. Sulfate de soude 101° 10 — 2 — Sel commun 102° 10 — l grain. Sol. sat. nit. pot. 1/4 ;eau 3/4. 108° 20 — 6 grains. Nit. sol. 1/4 ;eau et phosphate de soude 3/4 llC 20 — 1 grain. Id.avecbichromatedepotasse. 111° 20 — 2 grains. Solut. satur. de nit. pot. 1/2; eau 1/2 110» 20—2 1/2 gr. Sol. sat. nit. pot. 1/4; eau 3/4. 91° 20 — 2 1/2 Id. 100" 40—5 grains. Les calculs d'oxalale de chaux ne peuvent done etre attaques que tres-difficile- ment par la solution de nitrate de polasse, qui agit energiquement sur les calculs d'acide urique; Taction de cette solution est, dans ce cas, au moins quatre fois plus lente. Dans d'autres experiences oCi les calculs consistaient en un melange d'oxaiates et d'urates, d'oxaiates et de phosphates, on trouva que la dissolution s'operait avec bien plus de rapidite que dans les cas ou il s'agissait d'oxalale de chaux pur. Voici les resultats obtenus dans les experiences sur les calculs phospha- tiques : l"exp. Un fragment de phosphate dechauxdui. 7 h. 2* exp. Id. fusible. l h. 3* — Id. id. 3 h. 4* — Pliosp.de chaux. G h. L'aciion s'exergait ici presque exclusivemcnl au pole negatif. On experimenla aussi sur des billes de carbonate do chaux. ree. Degre de concentration et temperalore de la solution. Puissance Quantity de la pile, dissoote. 15 m. Sol. av. nit. 1/4 ; eau 3/4. . . . 102° 10 paires. 15 gr. )3 m. Id. 90° 20 — 31 23 ni. Solut. saturee de nit. 1/8; eau 1/7. 98» 20 — 67 30 m. Id. 98« 10 — 20 11 Degre de coDcentradoD et temperature fuissance Quanllle Durie. de la solution. de la pile. dissoute. l"exp. 5 h. 30 in. Sol. snt. nil pot i/i; eau 3/i. 104° 10 paires. 27 1/2 gr. 2' — 6 h. 30 m. Sulfate de soude 101" 10-4 1/2 On \oit done, en resume, iiu'en operant la decomposition de solutions eten- dues de nitrate de potasse a la surface des calculs, on oljtient en une lieure la dissolution de 2 ^ 9 grains d'acide urique; tandis que, dans le meme laps de temps, on pent dissoudre de 2 a 25 grains d'un calcul phosphatique. Avec I'oxa- late de chaux, la decomposition de la solution etant plus rapide que dans les cas precedents, la dissolution de 1/4 de grain a l grain par heure est une limite qu'on ne pent depasser. MM. Dumas et d'autres chimistes ont essaye d'agir sur les calculs au moyen de I'electricite ; mais le principe dont ces auleurs sont partis, differe essentielle- ment de celui qui a servi de guide dans les experiences relatees dans cette note. Ici Taction galvanique est employee tout simplement pour mettre en liberie des agents chimiques a la surface des calculs. Au lieu d'appliijuer les forces meca- niques ou les puissances electriques h la destruction de ces corps, c'est la force chimique qui est mise en usage; mais cette force est alors dirigce, gouverneepar Taction galvanique. II est done certain que, par lesmoyens indiques plus haut, des calculs alcalins ou acides peuvent etre dissous avec une grande rapidite, soit en dehors de la ves- sie, soit meme dans Tinterieur de cet organe. II ne reste plus, pour obtenir ce dernier resultat, qu'a surmonter des difflculles d'execution, en imaginant un in- strument qui rempliralcs conditions suivantes : !• Conduire I'electricite a la surface du culcul renferme dans la vessie; 2°N'exercer aucune action chimique sur la membrane muqueuse urinaire; 3° Permettre enfm Tinjection d'un courant d'une solution de nitrate de potasse. IV. — Pathologie vegetale. SUR LES ALTERATIONS DU CHOU POTAGER PAR DIVERS INSECTES; par M. RayER. On sait que plusieurs chenilles, celles du papillon du chou, du papillon de la rave, de la noctuelle du chou, que le puceron du chou (aphis brassiccB) et di- verses especes d'altises causent des dommages plus ou moins considerables aux semis et aux plants des choux, dont elles mangent les tiges et les feuilles. Les larves de quelques autres insectes altaquent et alterent les tiges et la racine du chou potager. La larve du charangon chlore vit dans la tige des choux et la perfore; la larve d'un autre insecte (la mouche brassicaire) y fait naitre des tubercules dont le nombre ct le volume sont variables. M. Rayer met sous les yeux des membres de la Societe plusieurs jeunes pieds du chou potager (6ra.v- licaoleracea I.inn.) pri'sentant de ces tubci cities, dont Tinterieur conticnt .le? 12 larves nirrunt pliisieurs points de ressemblance avec les larves ilu baris picinus el cupriruslris, decrits par M. Leon Dufour (Annales ue la Soci^t^ entomologi- ODE, 2*serie, t. IV, p. 453). Ce savant entomologiste a rencontre ces larves k la partie inferieure et dans le collet de vieilles tiaes des clioux de nos jardins ; c'est dans de jeunes plants, au contraire, que M. Rayer les a observees. V. — TiRATOLOGIE VEGETALE. NATURE DE l'EXCROISSANCE FIBRO-SPONGIEUSE QUI SE DEVELOPPE ACCIDENTELLEMENT SCR LES NOEUDS DE LA TIGE DU PDA NEMORALIS ; NATURE u'UNE GALLE GLOBULEUSE OBSERVEE SUR DIFFERENTS CHENES DANS LE SUD-EST DE LA FRANCE; par M. IC dOC- teur E. Germain (de Saint-Pierre). Parrni les excroissances vegetales designees sous le nom de ga/Ze», une des plus curieuses et des plus communes a jusqu'a ce jour ete raeconnue et conside- ree par les botanistes comme une production normale, bien qu'accidentelle, de la plante. Je veux parler de la pelote tibro-spongieuse qui se developpe frequemment 6ur les noEuds de la tige du poa nemoralis. Depuis Scheuchzer, qui a mentionne et bien figure celte forme accidentelle, les auleurs ont decrit dans les flores cette pelote libreuse, i^ituee aux articulations de la tiae comme con^tituee par des fibres radicales advenlives. Elle occupe en effet la place qu'occupent les fibres radicales adventives lorsqu'il s'en developpe sur les tiges des graminees, et pre- sented meine apparence; mais il suIDt de pratiquer une cou.'ie transversale de la tige au niveau de cette production anormale, pour en decouvrir I'origine et la veiitable nature. Cette pelote spongieuse est une galle presentant quelque analogic avec le be- (!eguar du rosier. Dans une loge uniloculaire developpee sur une des parois de la tige, on trouve deux ou trois larves d'insectes qui s'ysont developpees. Je les ai rencontrees a I'etat de nyrophe,et remplissant exactement toute la cavite de la loge. La loge qui renferme ces insectes est lisse A I'exterieur comme a I'interieur; ses parois sont assez minces. II est remarquable que les excroi=sances radiciror- mes de la tige se developpent seulement sur la parol du la tige opposee k celle ou la loge se trouve situee ; c'est en se recouvbant en dedans que ces excroissan- ces radiciformesentourent la loge insectilere. L'excitation determinee soil par la tariere de I'insecte mere, lors du depot des ujufs, soit par la presence et le developpemenl des insectes sortis de ces ojuls, ii'agit done pus, dans ce cas, d'une manieie locale, niais sur une partie de la tige situee en dehors de la loge insectifere. II est k rcmarquer que cette galle n'a cle renconlree sur aucune autre esp6ce du genre pna, bien (jiic ces especps soient assez voisines ciitie clle.-. (I'esl I'es- 13 p^ce, et non I'habitatde I'esp^ce dans les bois liumides, qui determine le (•hoi\ de I'insecle; car j'ai rencontre accidenlellement le poa nemoralis croissant suv un mur expose au soleil et presentant des galles nombreuses. Je n'ai pu me pro- curer rinsecle parfait ; mais il est de ceux qui eclosent dans la galle, et dont ]a larve s'enfonce dans le sol pour y subir ses transformations. 11 sera done fa- cile de recueiUir rinsecte parfait. J'ai parlc, dans une communication recente, d'une galle globuleuse commune dans la region meridionals de la France, sur le chene commun et sur le quercus toza. Cette galle, decrite ou flguree par plusieurs auteurs, me semblc differer essenliellement, par sa structure, de la galle globuleuse, commune aux environs de Paris, et qui se developpe k la surface des feuilles du chene. Si cette galle me- ridionale est , comme je suis porte a I'admettre , le resultat de la piqure d'un bourgeon entier et non d'une feuille isolee, la couronne de tubercules qui sur- monle cette galle globuleuse, represents peut-etre un verticille ou une spirale (le feuilles a un etat rudimentaire. VI. — Chimie. NOTE SUR LA PROPORTION DE L'DREE EXISTANT DANS LE SANG D'UN ALBUMINURIQCE COMPARE AU SANG D'UN HOMME SAIN ; par M. VERDEIL. Les accidents generaux qui accompagnent si souvent la presence de I'albu- mine dans les urines cut ete de la part de M. Freirichs I'objet de recberches inleressautes. Ainsi ce savant a observe que du carbonate d'animoniaque in- jecte dans le sang de chiens auxquels on a enleve les reins, produisait des symptomes tout a fait semblables a ceux que I'on observe dans I'anemie. M. Frei- richs a injecte de I'uree dans le sang de chiens auxquels on avail egalement enleve les reins; mais les symptomes observes lors derinjection du carbonate d'ammumaque ne se sont pas manil'esies, el les chiens sonl morls nalurelle- menl des suites de roperaiion qu'ils avaienl subie. Le sang des chiens dans lequel de I'uree avail ete injectee, a laisse voir les quantite assez notables de carbonate d'animoniaque. M. Fceirichs se fonde sur ses observations pour conclure a ce que Puree qui sejourne dans le sang des albuminuriques se iransfoime en carl)onale d'am- moniaque, et peul causer ainsi les accidents qui accompagnent les afTections des reins. M. Rayer nous a engage a rechercher dans une saignee provenant d'un albu- minurique quelle pouvait etre la quanlite d'uree exislant dans ce sang, com- paree a la quanlite d'uree qui existe dans la meme masse d'un sang normal. Nous avons obtenu I'uree par le procede suivanl. Le sang est coagule au bain-marie apres {'avoir acidilie legeremenl au moyeii de quelques gouttes d'acide acetique. La liqueur claire separee par la filtration ilucoaguluni esl cvaporee au bain-marie dans unc capsule. Lorsque \o. liquide a etiireduil au dixieine de son volume, on lu melange avec del'alcool a 36° jus- qu'a ce qu'une nouvelie addition de celui-ci ne trouble plus la liqueur. Au bout de vinfji-quatre heures le liquide est tiilre, puis evapore de nouveau jusqu'5 concentration ; on ajoute alors un peu d'eau acidulee d'acide suifurique. Les graisses, qui etaient en dissolution a I'etat de savons, sont decomposees par I'acide et deviennent insolubles ; on iiltre de nouveau, on neutralise le liquide avec du carbonate de baryte, puis on evapore et desseebe conipleiement dans le vide. La masse seche est traltee par de I'alcool absolu froid qui dissout I'uree. Enajoutant a la dissolution alcoolique le double de sa masse d'ether, il se formera un precipite et I'uree parfaitement pure restera seule en dissolution dans le melange d'alcool et d'elber et pourra etre obtenue a I'elat crislallise en I'evaporant sur un verre de montre. Au moyen de ce precede, nous avons ex trait d'une saignee une grande quan- tite d'uree qu'il ne nous a pas eie possible de doser exactemenl. La saignee provenant d'un malade non albuminurique renfermait aussi de I'uree que nous sommes parvenu a isoler par le meme proccde d'extraction. La quaniite d'uree que nous avons obtenue dans cette saignee etait exlremement petite, et la proponion de cette substance dans les deux sangs peutetre expri- mee par les nombre de l : 20. Ces resultats, parfaitement prevus et qui ne font que contirmer les observa- tions anterieures, viennent ils a I'appui de I'opinion de M. Freirichs? 1! nous sembie qu'ils demontreraient que la transformation de I'uree en carbonate d'ammoniaquen'est pas aussi rapide qu'on le penserait d'apres les experiences de ce savant, puisqu'on trouve de I'uree en si grande proportion dans le sang des albuminuriques. Quant a la decomposition de I'uree en carbonate d'am- moniaque; les experiences de M. Freirichs qui a constate la presence dece compose dans le sang de chiens auxquels il avait injecte de l'ur6e, mettent le phenomene hors de doute. Nous meme nous avons pu constater que le sang de I'albuminurique ne pouvait pas se coaguler a cause de sa grande alcalinite, et que la coagulation n'a pu s'effectuer qu'apres I'addilion de quelques gouttes d'acide acetique, et cette alcalinite, nous avons tout lieu de le croire, provenait de la presence du carbonate d'ammoniaque. Par I'extraction de l'ur6e dans une saign6e provenant d'un sang normal, nous avons repete I'experience laite precedemment dans notre laboratoire par M. le docteur Hervier qui, le premier, est parvenu a isoler I'uree eta determi- ner sa presence dans la petite quantitede sang que comporte une saignee. COMPTE RENDU DES SEANCES UE LA SOClfiTE DE BIOLOGIE PENDAM LES MOIS DE hEVRIEK ET MARS 1853; Par M. le Docleur E. LE BRET, secretaire. Pr^sidence de M. BAYER. I. — I'HYSIOLOGIE. SDR I.A FECONDATION DE l'uYDRE VULGAIRE ;, par M. I Ab'RENT. M. Launnl communique verbalement a la Societe les re.ullalssuivanls dc scs observations faites celle annee(l852 d 1853) sur I'hydre vulgaire (Ayt/ra^ri- Sffl, I,.) I" (;etlo espcce scmbic >e dislingiicr dps deux autres. I'liydie verte et I'hydre orangce, non-spulcment par la forme el la couleur de ses ccufs, mais encore en raison de ce que les indlvidiis sont ou males ou fcmelles et non d'apparencp hermapliroditr, c'cst-a-dire qii'on ne voit jamHi;: sur un mcme individu les pro- 2 16 duits des deux sexes en meme temps, comme dans les deux esptecs cit^s ci- dessus. 2°Cette annee, en raison de la temperature douce des mois de novembre et dfcembre 1852, Janvier et una partie de fevrier 1853, tous les oeufs prodults, quoique soumis a I'influence des corpuscules zoospermoides, onl ete infeconds et se sont desaaregres malgre tous les soins hygieniques pris pour preyenir ce resultat negatif. La fecondation des ceufs des trois espficps d'hydres bien connues est un phe- nomfene physiologique dont les conditions experimentales sont indeterminees et inconnues. Quelques fails bien constates me semblent prouver que les oeufs des hydres, comme ceux de quelques autres especes animales, sont feconds par eux-memes et sans la participation plus apparente que reelle des filaments zoospermoides contenus dans les tumeurs tesliculiformes. 3o Aussitot que le froid s'est fait sentir, et alors meme qu'on ne voyait que tr^s-peu ou point d'individus males, tous les oeufs de I'hydre vulgaire observes dans mes vases se circonscrivent tres-bien, ne se desagregent plus et se conser- vent de manifire a mefaire esperer qu'ils sont feconds. II. — Anatomie. 1* SDR UN OS SVRNDMERAIRE DE LA CAVITE COTTLOiDE ; par M. LUD. HiRSCBFELD. M. Lud. Hirschfeld demontre sur le bassin d'un jeune enfant Texistence d'un OS surnumeraire au fond de la cavlte cotyloide. M. Serres avail dej^ decrit un OS en Y au meme point, et M. Goubaux I'a constate chez piusieurs animaux. Ce fait, exceptionnel d'ailleurs, s'est rencontre deux ou trois fois dans I'esp^ce hu- maine h I'examen de M. Hirschfeld, qui continuera cette recherche. 2° ANOMALIE DANS LA DISTRIBCTION DD NERF RADIAL A LA MAIN; par le meme. M. Hirschfeld communique un exemple d'anomalie dans la distribution du nerf radial k la face dorsale de la main ; toutes les branches coUaterales sont fournies par ce nerf lui-meme, moins la collalerale interne de I'auriculaire ema- nantde la branche posterieure du cubital, qui n'a, dans ce cas, que le tiers de volume de I'etat normal. Deja uue anomalie presque analogue avail ete con- statue et presentee k la Societe par M. Hirschfeld. 3" OBSERVATIONS RELATIVES AU SQUELETTE DES MULETS SOLIPEDES; par M. A. Goubaux. M. Goubaux communique les observations suivantes, apres avoir signale que, dans le cheval, il y a quatre chataignes et six vertebres lombaires, tandis que, dans I'ane, il y a deux chataignes seulenienl aux membres anlerieurs, el cinq aux verlebres lombaires. 17 i" Quaiid on accouple le cheval avec I'aiiesse, on oblieiil un produil connu sous le nom de bardeau Get animal a quaire cliataignes, six vertebres loiubaires el i'arcade sourciliere du cbeval. 2" Quand on accouple I'ane avec la jumeiit, on oblient un produit connu sous !e nom de mulet. Get animal a deux chaiaignes seulement, cinq vertebres lom- baires et i'arcade sourciliere de I'ane. M. Goubaux conlinuera ses recherches et en rendra compte ulterieurement a la Societe; elles pourront sans doule servir un jour i faire connaiire iiuelle est la part de I'influence de chacun des ascendants sur le produit. a" SUP. LES nippoMANES DE LA JUME.NT; par le meuie. A I'appui d'une comniunication qu'il a faile dans une seance precedente, M. Goubaux monlre a la Societe de biologie des enveloppes foetales de jument sur lesquelles on voit a la face interne du feuillet externe de rallantoi'de une as- sez grande quaniite d'hippomanes pedicules. II existait un hippomane libre, flotiant, dans le liquide allanloidien. Les pedicules des hippomanes adherents sont plus ou moins longs ; plusieurs ont plus de 15 centimetres de longueur, d'aulres sont excessivenient courts; tous sont creux, etune pression exercee a ieur extrenilte libre peul faire reDuer la maliere qu'ils renferment du cote du placenta, entre celui-ci et la membrane interne de la mairice. Suivant M. le professeur Lassaigne, qui a fait connaitre ieur composition, les bippomanes sont formes par du mucus et de I'oxalate de cbaux. M. Gh Robin a examine au microscope les hippomanes provenant de la piece que montre M. Goubaux. Voici le resultat de son examen. A. Les hippomanes les plus petits sont composes : 1° En grande parlie de cristaux lamelleux ressemblant a la cholest^rine, mais qui n'en sont pas ; on ne voit pas de cristaux d'oxalate de cbaux ; 2" De matiere amorphe granuleuse etde peu de cellules epitheliales. B. Les hippomanes les plus gros sont composes : l" De peu de cristaux lamelleux (ut supra); 2° De beaucoup de cellules epitheliales et de matiere amorphe. 5° SUR LE FOIE DES INSECTES; par M. ALEXANDRE LaBOULBENE. Les fails anatomiques relalifs k I'appaieil hepalique des insectes sont recueil- lis ct resumes dans le beau niemoiie public en 1843 par M. Leon Dufour (Ann. so. NAT., XIX, 145). J'ai I'lionncur de presenter a la Societe quelques renseigne- nients nouveaux sur le menie sujet. L Le foie des grytlus campestris L. est reniarquable cnlre lous ceux des autres insectes. II a ele decrit par M. Leon Dufour dans ses recherches sur les orlbop- Icres (Mem. des sav. etrang. de t'lNSTiTtr, VII, o3(!) ct figure (Ann. sc. nat., J843, XIX, pi. ti). Celorgane est compose d'unc grande quantitc de lubes biliaiics aboulissant lous a un petit calicc commim el .suivi lui-mcme d'un canal chole- 18 deque. J'ai conslale que le grylltis domeslicus L. a un foie exactement pareil a celui de son congenere, le gryllus campestris. Les bourses, ou plul6t les dilatations que presente le ventricule chyliOque tki meme insecte, sent au nombre de deux ; elles sent latcrales et assez doveloppees. En les ouvrant, on les tiouve plissees a leur surface interne, ainsi que M. Leon Dufour i'a indique pour la cour<(7?erc. J'ai decouveri, en outre, qu'elles pre- sentent des endroits ele\es, ovaiaires et bordes par des asperites brunatres. Ces petits organes sont tres-probablement destines k achever la trituration des aliments, dej4 faite en prande partie par le gesier; car il est impossible d'ad- mettre la un appareil secretoire. On ne trouve, du reste, jamais des vaisseaux biliaires couronnant les pochesdu ventricule chyliDquedesj/ryWu*, comme cela a lieu dans les locusta. II. J'aireconnu dans la locusta {meconema) varia F. que rinserlion des vais- seaux biliaires 4 I'extremite inferieure du ventricule clivlifique n'est point exac- tement verticillee, mais a lieu par deux houppes latcrales. C'est un fait nouveau d'insertion liliaire qui doit prendre place a cote de celui que M. L. Dufour a Bignale et figure pour Vephippigera, donl le foie s'abouciie dans le canal intes- tinal par cinq faisceaux distincts (voy. ouv. cite, 350, et Ann. sc. nat., 184.3, XIX, 147, pi. 6, Qg. 1). J'ai constamment rencontre dans les locusta I'extre- mite des tubes hepatiques accolce aux dilatations superieures du ventricule ; mais ces extremites m'ont toujours paru y adherer sans s'y ouvrir en aucunc fBQOD. III. J'ai signale k la Societe (Compte rendu et Memoires, I, 97) que dans Vano- bium abietis F., je n'avaissu trouver queiio; vaisseaux biliaires au lieu de huil qui leur avaient ele assignes. Depuis ces premieres reeherches, j'ai disseque un grand nombre d'individus du genre anobium, et j'ai maintenant acquis la cer- titude que ces coleopleres n'ont reellement que six vaisseaux hepatiques. Le mode de terminaison de ces vaisseaux biliaires m'a bien longtemps echap- pe. £luient-ils librcs k leur exlremite et en coecum floitant, ou bien se n'unis- saiert-ils pour se porter dans la partie inferieure du tube digeslif? J'ai trouve, k ma vive satisfaction, la solution du probleme. II m'a cte possible de constater, de la maniere la plus evidente, que les vaisseaux biliaires se portent prte du renfle- ment ccecal de I'intestin, et que la ils ne s'ouvreni pas dans ce meme intestin. mais seulement soulevent sa tunique externe, formant d'abord lin bourreletet se tcrminaiit insensiblement en coecum. Quandj'avais signale « Texistcnce d'un corps ovoide oii les vai.-seaux biliaires semblent se rendre... corps place a la partie inferieure de I'intestin, » il s'agissait tres-probablement d'une fausse inseitiou de ces vaisseaux. Le fait de la terminaison des tubes hepatiques en vaisseaux aveugles ou on coecum se confirme done de plus en plus, lors meme que ces lubes paraissent s'onvrir dans Tinleslin d'une maniere evidente. Vovcz (Ann, sc. nat., 1828, XIV, 231) la decouvertc de cefait important par M. L. Dufour. 19 III. — ANAT05IIE PATHOLOGIQUE ET PATHOLOGIE. i' CONCRETIONS TROUVEES DANS LA POCHE GUTTURALE D'UN CHEVAL ; par M. GouBAUX. On designe sous le nom de poche guUurale uue dilatatioa formee par la mem- brane muqueuse de la tronipe d'Eustachi qui, chez les solipedes, au lieu de former un canal coniplet comme chez les autres animaux, est fendue longilu- dinalement. Ces poches sont situees au-dessus du pharynx et au-dessous de la •base du crane. L'inflarnmation des poches gulturales n'est pas une maladie tres-commune; cependaut les ouvrages velerinaires en renferment un assez grand nombre d'exemples. Lafosse fils est le premier qui a decrit cette maladie sous le nom de morve super-pharyngienne. Outre les lesions que presenle la muqueuse dans ceite circonstance, il existe une collection purulenle dans I'interieur de la poche ou des deux poches gulturales, suivanlque la maladie aflecte une seule ou les deux poches a la fois. Dans tous les cas, il y a un jetage par les deux naseaux. On pent experimentalement s'en assurer, ainsi que je I'ai fait, en in- jectant du plalre delaye dans I'eau par une ouverture pratiquee a la partie su- perieure de I'une des poches. Ces collections purulentes, sans doute par la com- pression qu'elles exercent sur les organes situes au-dessous des poches gultu- rales, occasionnent quelquefois le carnage, Chez un cheval qui fut abattu pour les travaux anatomiques, M. Goubaux a renconlre, dans la poche gutturale gauche, une collection de petits corps ayaut k peu pres la forme et le volume d'une amande. Ces corps, en nombre conside- rable, etaient noyes au milieu d'une masse de matiere mucoso-purulente. La membrane muqueuse etait rouge et sa surface elait granuleuse. M. Lassaigne a eu I'occasion de faire I'analyse de semblables corps en 1818, sur la demande de M. Barlhelemy aine, et il les a irouves composes de mucus desseche. Quand on les chauffe, ils prennent I'aspect de I'agale. Un exaraen de ces corps, fait par M. Lassaigne, a demonlre qu'ils etaient semblables a <;eux qu'il avail analyses anterieurement. L'analyse microscopique de ces memes corps, faite par M. Ch. Robin, a de- montre qu'ils etaient entierement formes de cellules epitheliales. '2° CORPS LIBRES TROUVES DANS L'ARTICULATION FEMORO-TIBIALE D'DN CUEVAI- ; par le meme. M Goubaux presente a la Societe de biologic une piece qu'il a recueillie sur UB cheval qui a ete sacrifie [lOur les travaux anatomiques. II existe dans I'articulation feraoro-tibiale, du cote gauche, cinq corps libres, plus ou moins volumincux, dans le cul de-sac dela membrane synoviale que 20 recouvre le tendon common au tlechisseur du m^tatarse el a I'extenseur ante- rieur des phalanges. Ce tenseur porta lui-nieme sur son cole interne, au moment oil il passe sur la coulisse de I'extr^mite superieure du tibia, una concretion volumineuse, tandis que sa face profonde laisse voir des fibres dilacerees qui pourraient faire croire a une dechirure ancienne. Telle n'elait cependant pas la nature de cette lesion qui doit etre rapportee a celle de Varthrite siche, maladie que notre collegue M. Broca a si bien decrite dans le Compte rendu des travaux de la Societe ANATOSiiyoE de Paris pour l'annee 1850. Voici, en eflet, ce qu'un examen approfondi a permis de reconuaitre : lo Non loin de la concretion pediculee du tendon conimun au fl6chisseur du melatarse et a I'extenseur anterieur des phalanges, des fVanges sjnoviales ex- iremement vasculaires, minces et Dottantes, appartenant en propre a Varthrite seche. 2" Le tendon est divise a sa face profonde en colonnes inegales etirregulieres, et ce phenomene se produit souvenl dans Tarthrite seche, ainsi que dans I'in- Daramalion seche des synoviales tendlneuses. 3" Une section longitudinale pratiquee sur la tendon a fait reconnaitre qu'il n'y avail la aucune cicatrice, et par consequent que ce tendon n'avait jamais el6 rompu. li° Le corps osseux pedicule aurait pu donner lieu plus tard a un corps etran- ger arliculaira parfailement libre. Les corps eirangers libres, contenus dans la meme ariiculation, ont tres-certainement commence par elre adherents, et sa sont formes primitivement en dehors de la cavile arliculaire, oil ils n'onl pene- ire que plus tard. 5° Parmi les cinq corps libres, il en est irois qui sont constilues a peu pr6s exclusivement par du lissu osseux. Les deux aulres otfreut una structure Ires- exceplionnelle; ils se coraposent de trois couches : 1° une couche externe, libro-cartilagineuse; 2° une concha moyenne, tres-epaisse, enlierement os- seuse; 3" enfin, une troisieme couclie, on noyau central exclusivement cartila- gineux. En marchant, I'animal qui pr6sentait les lesions qui vienuont d'etre rappor- lees, flechissait subitement et d'une maniere saccadee I'articulation tibio-astra- galienne. (On dit, en veterinaira, des chevaux chez lesquels on observe ce symptome, qu'ils ont uu dparvin sec ou qu'iis harpent.) Rigot, dans son Traite DES ARTiCDLATiONs, a attribue ce symptome a des rayures des surfaces arlicu- laires de I'articulation libio-astragalienne ou a celles de I'articulation femoro- tibiale. M. Goubaux a observe aussi ces lesions dans les niemes cirtonslances. Tons ces faits prouvent done que I'aciion de harper est un symptome commun a des lesions dent le siege est variable, mais dont la nature est toujours la meme [Varthrite seche), quelle que soit la forme qu'elles revetent. M. Goubaux dit, en terniinant, qu'il connait depuis quatre ans un cheval qui 21 harpe du membre anl^rieur droit. II a trouve plusieurs fois des lesions de I'ar- ihrite seche dans I'arliculation humero-ratlio-cubiiale, et il en a depose des €xemples au cabinet des collections de I'ficole imperiale veterinaire d'Alfort, mais il n'a pas observe les animaux pendant la vie. II est probable qu'on trou- verait de semblabies lesions dans I'articuJaiion humero-radiale du chevaldont M. Goubaux a parle en dernier lieu. ■3° SDR UNE MALAME DES GLANDES DE LA MEJIBRANE DES SINUS CHEZ LE CHEVAL ET l'ane; par le nieme. A la suite de la communication faite par M. Giraldes dans le courant de I'annee derniere, relativement a la decouverte de glandes particulieres dans I'e- paisseur de la membrane des sinus, M. Goubaux a deja montre h la Society de biologie des exemples de maladie de ces glandes chez les animaux de I'espece bovine, oii il n'est pas rare d'en rencontrer. Aujourd'hui, M. Goubaux presenle une portion de la lete d'un cheval qui a eie sacrifie pour les travaux analomiques, sur laquelle on voit, dans I'interieur des sinus maxillaire superieur et inferieur, plusieurs petites masses sphe- roidales, de volume varie, semblables h celles qu'il a montrees precedemment. C'est la seconde fois que M. Goubaux observe cette maladie des glandes de la membrane des sinus chez le cheval ; il I'a aussi observee deux fois chez l'ane : elle est beaucoup plus rare chez ces animaux que chez ceux de I'espece bovine. h° EVOLUTION DE TOMEURS MULTIPLES SE MANIFESTANT PENDANT LE CODRS D'UNE GROS- SESSE; TUMECRS ENORMES DEVELOPPEES dans l'ePIPLOON ET DANS LE CUL-DE-SAC recto-vaginal; accouchement premature ; presentation de l'epaule ; evolu- tion SPONTANEE ; PERITONITE CHRONIQUE ; MORT AU liOUT DE TRENTE JOURS. — AU- TOPSIE : TUMEURS DC PERITOINE, DU DIAPHRAGME, DES POUMONS, DES PLfeVRES, DES COTES ET DES MAMELLES. M. Paul Loirain fait a la Societe la communication sulvante accompagnee des pieces k I'appui. I.a femme qui fait le sujet de cette observation etait agee de 20 ans, primipare. Elle habitait Auteuil oil elle exer^ait la profession de blanchisseuse. Elle elait bien conformee, d'une stature moyenne, d'une sante habituellement bonne. Ses parents sont bien portants. Nos renseignements quant k I'heredite des maladies dans cette famille sont imparfaits. Notre malade a, dit-elle, commence a mar- cher k I'age de 18 mois. A 15 ans, elle a ete reglde pour la premiere fois, et la menstruation a toujours cte chez elle reguliere depuis cette epoque. Cette femine devint enceinte vers la fin du mois de juin 1852. Le debut de sa grossesse fut marque par des nausees et des vomissements frequents qui persis- t^rent jusqu'au quatrieme mois. Vers cette epoque, elle ressentil des douleiirs '22 40862 vlves ^ la paitie inferieure de I'abdomen; elle coosulta un m^decin qui lui fit une saign6e et lui ordonna des bains. La grossesse se continua ensuite sans accidents, et celte femme ne cessa de se livrer a son travail habituel que la veille du jour ou elle se pvesenta k la maison d'accouchemement. Elle fut rcQue dans cet etablissement le 14 Janvier 1853. Elle avait depuis la veille des douleurs lom- baires et abdominales qui semblaient annoncer un accouchement prochain. On constata tout d'abord un volume considerable et une extreme sensibilite du ventre. On reconnut que le developpement de I'ulerus n'etait pas la seule cause de ce volume enormedu ventre; I'uterus etait tr6s-eieve et dejet6 ^ droits; il etait entoure en haut, en arriere et sur les coles et comme coiffe par une tumeur (Snormequi se cachait sous les cotes. Par le toucher vaginal, on reconnaissait en arri6re une enorme tumeur solide, inegale, qui occupait toule la partie poste- rieure et laterale gauche de I'excavation pelvienne et sur laquelle on distinguait une partie anguleuse. Le col de I'ulerus etait repousse en avant derriere le pu- bis. On put s'assurer qu'il etait ouvert, tr6s-etroit et qu'il avait conserve toute sa longueur. Si Ton soul6ve avec I'exlremite du doigt la tumeur situee en arriere du col, on voit qu'elle est mobile; en meme temps la tumeur situee au-dessus de I'uterus subit un mouvement ascensionnel. L'auscultation fait reconnaitre le bruit du coeur du fetus dont le maximum d'intensite est a droite et en avant, un pen au-dessous del'ombilic; les battements sont reguliers et normaux. Cetle femme a la face coloree, les yeux cernes, les traits profondement alte- res, le pouls petit et frequent, la peau s6che, I'excretion de I'urine et des malifires se fait reguli^rement. Interrogee sur ses antecedents, ellerepond qu'elle se por- tait bien avant sa grossesse, qu'elle n'eprouvait avant cette epoque aucune dou- leur dans le ventre et qu'elle n'a ressenli de la gene el de la douleur dans I'ab- domen que depuis qu'elle est enceinte. Le 18 Janvier, k huit heures du matin, les membranes se romplrent; le col 6tait Icgferement entr'ouvert; par le toucher on reconnut qu'une partie angu- leuse se presentait; le cordon ombilical avait glissejusqu'au col; on n'y sentait pas de pulsations ; l'auscultation de I'abdomen ne flt entendre aucun battement du cceur du foetus ; le travail marcha assez reguli6remenl, et Ton reconnut bien- tot une presentation de I'epaule (premiere position de I'epaule gauche). En raison du petit volume du foetus qui, en outre, avait cesse de vivre et des tjrconstances exceptionnelles dans lesquelles se trouvait I'uterus, on resolut d'attendre. On prescrivit un grand bain. Vers minuit les douleurs devinrent plus fortes et plus rapprochees. Le lendemnin, k cinq heures et demie, la dilatation etait faile et la partie fcetale s'engageait fortement, la main faisant saillie k tra- vers I'orillce vulvaire ; k six heures et quart du matin I'accouchement s'etait termine par revolution spontanee du fcetus; le bras droit sortit avec la tete san» aucune difiiculte. L'enfant, du sexe feminin, 6tait mort; il pesait 1,100 gr. II etait done d'ure irte-pelit volume et paraissail avoir environ 6 mois et demi. 23 Apr6s la delivranoe qui ne presmta aucune difficulte, I'uUtus se retracta ; il n''y eut pas d'hcmorrhagie. Le fffitus examine ne piesentait aucune lesion ni aucune difformite digne de Temarque. Nous ne donnons pas I'observallon detaillee de la maladie qui a suivi i'ac- couchement, et i laquelle cetle femme a succombc un mois plus lard. Nous dirons seulement qu'elle piesenta tous les signes de la peritonite chronique : ventre douloureux, tendu non pas seulement par les tumeurs, mais aussi par des gaz developpes dans les intestins, vomissements, lievre continue, ma- rasme, etc. AuTOPsiE le IG fevrier 1853. Cavile pMtoneale et epiploons. Amaigrissement considerable; volume enorme du venire. On fait deux incisions laterales qui passant de la clavicule se terminent k I'eminence iieo-pectinee ; on delache la partie anterieure du thorax et la parol abdominale, en laissant en place le peritoine qui adh6re fortement aux visc^res abdominaux. On detache avec les doigts le periloine dont I'adherence aux organes intra- abdominauxs'est faite non-seulemeni par rintermediaire d'une substance.albu- mino-fibrineuse moUe, mais surlout par la continuite qu'etablit entre le pe- riloine et les visceres un tissu resistant, dur, criant sous le couteau ; le peri- toine est epaissi, resistant, parseme de noyaux d'une substance solide, dure, comme libreuse. Le peritoine etant enleve, on aper^oit une tumeur considerable conslituee par le grand epiploon qui se presente sous la forme d'un corps dur ayant de ft a 5 centim. d'epaisseur, criant sous le couteau, Cette masse enorme remplit presque toute la partie anterieure de I'abdomen ; en arriere et au-dessous se Irouvent les intestins qui sout agglutines ensemble par un produit de secre- tion de nature inflaramatoire; le mesentere est infllire de la meme matiere dure et resistante qui forme la tumeur epiploique. Au point oil se termine I'epiploon inferieureraent est un epanchement de serosite purulente a laquelle le p6ritoine adh^rant circulairement aux parties voisines, et les tumeurs siluees profondement d'une autre pari ont forme comme un kysle. Tumeur collo'ide de V excavation pelvienne. L'excavalion pelvienne est pres- que enlierement remplie par une tumeur dont le diamelre anlero-poslerieur estde 0,09. Cetle tumeur a pris naissance dans ie cul-de-sac redo- vaginal, Sa base est elroile, dure, resistante, formee d'un lissu analogue par ses appa- rences a celui qu'on retrouve dans les tumeurs prec6dentes ; de cette base dont I'epaisseur et de 2 centim. environ s'eleve une tumeur arrondie, globr- leuse, du volume de la tele d'un fceius a terme et qui differe completement des tumeurs siluees plus haul ; elle est molle, d^pressible, 61aslique, d'une apparence gelatineuse, tremblotlante (coUoide). Grace aux caracteres de celie 24 Jomeur, raccoucbement qui aurait et6 rendu impossible par une lumeur solide d'un serablable volume, a pu s'effecluer sponlanement. Partout le peritoineest seme de petites tumeurs dures, blanches, resistantes. L'enveloppe sereusedu foie et la veine ombilicale sont infiltrees decette maliere. L'estomacet les inteslins serres el englobes dans les tumeurs de Tepiploonet du mesentere sont sains; on Irouve la meme substance anormale de I'epiploon. Gastro-colique et splenique. Diavhragme. Le diaphragme a pris Yaspect du tissu dur des tumeurs epi- ploiques ; il a perdu son apparence propre ; son epaisseur est de 2 a scenlim.; il est blanc, dur, ferme, etc. Les plevres sont remplies de petits noyaux de la meme substance, ainsi que la base des pouraons. Quatriime cdte droite. Cette cote est a son articulation vertebrale d'un Tolume plus considerable. Les areoles du tissu spongieux sont remplies par une raaliere gelatiuiforme (colloi'de) d'oii resulte pour cette partie de I'os une iresgrande triabilite. Mamelles. Enlin on trouve dans les deux mamelles des noyaux arrondis d'une substance dure, blanche, analogue a celle des tumeurs abdominales. Vlirus. L'uterus a repris son volume ordinaire; il est petit, retenu tres- haut par I'adherence de sa sereuse au peritoine parietal et a la tumeur epi- ploique. Les ligaments ronds et larges sont infiltres de la maliere dure qui consiitue les tumeurs epiploiques. Le col est tres-allonge, sain. Le tissu ulerin lui-meme nous parait sain. Considerations. — Cette observation nous a para remarquable : I" An point de vue pathologique, par le developpement d'une diathfese de na- ture peu connue, colloi'de ? a I'occasion d'une grossesse. 2* Au point de vue obstetrical, par la presence de ces tumeurs qui onl gene le developpement de l'uterus et onl pu provoquer raccoucbement premature, et par la presence dans I'excavation pelvienne d'une tumeur 6norme qui n'a pas empeche I'accouchement spontane. 3" Au point de vue de I'analomie pathologique, par la rarete du fait que nous avons I'honneur de signaler i la Societe. 5' OBSERVATION DE CYSTICERQUES DD CERVEAU ET DES MOSCLES CHEZ L'HOMME ; par M. E. Leudet. Dufour (Clarisse), agee de 28 ans, journaliere, d'une laille moyenne, yeux bruns, cheveux bruns, embonpoint mediocre, entre le 10 fevrier 1852, a I'ho- pital de la Charite, salle Saint-Basile, n* 31, service de M. Rayer. Habituellement d'une bonne sante, elle vit sa menstruation s'etablir a i'5ge ie 21 ans et demi. Elle vivait alors a la campagne ; ^ I'epoque de I'elablissement 25 de la menstruation , elle eprouva pendant quelque temps des malaises generaux, sans avoir fait de maladie grave qui la format a garder le lit, elie soutTrait dans les reins. Depuis cette epoque, les menstrues out toujours reparu reguliere- ment; elles durent d'habitude trois a quatie jours, sent peu abondantes; leur apparition est souvent precedee, pendant deux ou trois jours, de quelques douleurs vagues dans I'bypogastre, jamais dans les reins. Accouchee heureuse- ment a terme, 11 y a un an, d'un enfant qui mourut trois semaines apres sa naissance,la grossesse fut heureuse ; cependant, pendant sa duree, elle eprouva souvent des malaises, des douleurs dans I'bypogastre, n'eut que peu de vorais- sements, deux ou trois, dit-elle, seulement, pendant les premiers temps de la geslatioD. II y a sept ans, cetle femme fut atteinte d'une maladie grave qui la for^a a garder le lit pendant pres d'un mois ; pendant plus de deux septenaires, elle eut, dit-elle, une perte de la voix presque complete; elle eiait si enrouee qu'elle ne pouvait parler, cejjendant elle ne toussait pas. Pendant cette maladie, dont elle ne se rappelle pas uetlement les principaux symptomes, elle u'eut jamais de perte de connaissauce ou de memoire. Dans I'hiver de 1850, sans cependaal avoir fait de maladie reelle a cette epoque, elle eut un rhume de quelque se- mjiines seulement de dur^e, pendant lequel elle expectora un peu de sangmele aux crachats, jamais de sang pur. Depuis sept ans elle babite constammenl Paris, excepte une courte absence qu'elle tit il y a vingt-deux mois pour se rendredans son pays natal. Son pere et sa mere jouisseul d'une bonne sante ; elle n'a jamais entendu dire que personne, dans sa famille, fut atteint du ver solitaire ou soufTrit d'at- taques d'epilepsie. La malade fait remonter le debut de la maladie actuelle a vingt-deux mois, Epoque a laquelie elle etait momentanement dans son pays natal. Sans aucun symptome prodromique notable, elle vit survenir des attaques qui se sont repe- tees plusieurs fois depuis vingt-deux mois, la derniere elant survenue il y a six semaines. La malade peut prevoir en general I'attaque qui va se manifester ; dans la derniere, elle eprouva d'abord la sensation d'un corps roulant dans I'abdomen, pais elle perdit tout a coup connaissance. Jamais elle n'a ete at- teinte de ces attaques pendant ses occupations, ni dans la rue. Un malaise marque, des sensations insolites dans I'bypogastre indlquent en general le debut de la convulsion. Une fois elle fut atteinte de convulsions pendant la null ; elle etait coucbee a cote de son mari, ne s'aper^ut de rien et aurait ignor6 I'existence de cette altaque si elle n'en avail ete informee par ce dernier. Pen- dant I'attaque, la malade perd toute sa connaissance; les niouvements qu'elle execute sont, dit-elle, assez intenses; cependant une seule personne suflit pour la maintenir en place ; elle ne saurait dire si sa face, pendant I'attaque, devient lurgide et bleuatre, si les muscles se contractent convulsivement a la face ou aux niembres, ni meme si elle a de la mousse a la bouche; dans la der- 26 niere attaque , dit-elle , sa boucbe a ete device ; une seule fois , et cela daD& ravant-derniere altaque, elle s'est mordu la langue. La duree des atiaques varie beaucoup; la premiere s'est prolongee, suivanl elle, pendant qualre heures, une autre six beures, la derniere n'aurait dure que dix minutes. La premiere attaque a ete separee de la deuxierae par un intervalle de trois mois; depuis, elles s'eloignent plulot qu'elles ne se rapprochent. Apres chaque at- taque, la malade eprouve une cephalalhie gravative Ires-penible, elle demeure courbaturee pendant cinq a six jours ; sa memoire est completement perdue, sa vue tres-aflaiblie ; ces accidents diminuent graduellement apres chaque at- taque, sans neanmoins laisser jamais a la malade le libre exercice des sens comma avanl la manifestation des attaques epileptirormes. Depuis le debut de la maladie, la fenime Dufour eprouve constamment une cephalalgie generale gravative, principalement sus-orbitaire, s'exasperant par moment sous forme d'elancements, qui jamais n'ont eux-memes de siege bien limite. La vue est oonsiderablement affaiblie depuis la meme epoqne, au point qu'elle a maintenaut de la peine a eniiler des aiguilles fines, ce qu'elle faisait aupara- Tant facilement; frequerament elle eprouve, meme pendant la jonrnee, des sen- sations lumineuses dans les yeux, comme des etoiles qui passent. L'ouie est souvent obtuse, et souvent elle eprouve des bourdonnements dans les oreilles. La memoire, excepte a la suite des attaques epileptiformes, est toujours bonne, seulement la malade a remarque un changement marque dans son ca- ractere ; ainsi elle se met actuellement en colere pour un motif souvent insigni- fiant, ce qu'elle ne faisait pas auparavant. Les forces ont diminue d'une maniere marquee depuis vingl-deux mois, epoque du debut de la maladie; elle reste difficilement deboul un temps pro- longe, a cause de la fatigue generale qu'elle eprouve rapidement ; elle ne ressenl pas d'babitude de douleurs dans les membres, seulement elle eprouve parfois des fourmillements dans les jambes. L'appetit, depuis le debut de la maladie, est tres-variabie , souvent tres- peu marqu6, et d'autres fois au contraire exagere; jamais elle ne vomit; elle n'eprouve pas d'babitude de gotit desagreable dans la boucbe; souvent la ma- lade a la sensation de quelque cbose qui I'etrangle et qui remonte de I'estomac, dit- elle. Apres I'alimentation, qu'elle mange peu ou beaucoup, la ferame Dufour ressent souvent des frissons vaguesqui durent dix minutes ou un quart d'beure^ elle assure que ce meme phenomene ne se produisait pas avant le debut de la maladie qui I'amene ?i Phopital. Jamais elle n'accuse de demangeaison k roritice ant^rieur du nez. Coliques frequentes se localisant principalement dans le cote gauche du ventre, jamais assez fortes pour constiluer autre chose qu'unegene passagere. Constipation habituelle, selles souvent sc'parees par un intervalle de vingt-qualre heures, jamais accompagnees d'aucune expulsion de sang par 27 I'anus; frequemment elle rend, dit-elle, surtout quand elle est conslipee, des inalieres glaireuses. Pas de batiements de coeur hnbituels ; pas de douleurs d'aucune espece dans la region du coeur. La nialade, sur i'avis de plusieurs medecins, a pris plusieurs fois de la racine de grenadier, puis du kousso. Une seule fois elle rendit, dit-elle, un ver soli- taire ; c'etalt apres la premiere dose de racine de grenadier, qui lui occasionna de violentes coliques. Nous n'avons pas vu nous-meme ce ver, cependant nous devons ajouter que I'anuee suivante, apres la mort de la femme Dufour, son mari nous assura avoir vu egalement ce ver, qui avail ete conserve et qu'il croyaitnous avoir ete apporle a I'hopital. Entree a I'hopital de la Charite, le 10 fevrier, la femme Dufour ne presentait que I'aspect de la sanle ; seulenient sa vue etail toujours faible, elle se plaignait d'une c6phalalgie constante et de coliques dans I'abdomen. L'examen du tho- rax, de la region precordiale, ne revelent aucun symplome morbide. M. Rayer voulut administrer a cette malade un medicament qui lui avait ete envoye d'Abyssinie, et qui, dans ce pays, oil les entozoaires intestinaux sont endemiques, jouit d'une grande reputation. Se conformant au mode d'administration employe dans ce pays, M. Rayer donna, pendant les vingl-qualre heures qui precederent I'administration du medicament seulement, une petite quantity d'aliments. Le 13 fevrier, la malade mangea seulement deux bouillons et deux potages. Le 14 au matin, on donne 15 grammes de poudre de Musannah, incorpor6s dans une quantite sufflsante de miel. Ce melange a un gout nullement des- agreable, combinaison de la saveur du miel auquel on aurait ajoute un peu de tannin. Dans la journee, la malade n'eprouve aucune pesanteur 6pigastrique, pas de nausees, de vomissements; pas de selles; aucune sensation penible anormale B'est peiQue dans I'abdomen. Les troubles de la vue demeurent les memes que les jours precedents. Aucune evacuation alvine n'a lieu dans la journee du 14 ou dans la nuit du 1/1 au 15. Le 15, on administre, iucorpores a du miel, 30 grammes de poudre de Mu- sannah. Aucun efl'et physiologique. Pas de selles dans la journee ou dans la nuit suivante. Meme etat general, appetit developp^ ; la malade mange deux portions. 16. Nouvelle administration de 60 grammes de Musannah; deux portions, Une selle diarrhei(]ue dans la matinee; les n)atieres alvines, examinees avec soin, sont diarrheiques jaunatres; elles oniete rendues sans borborygmes nl coliques, et ne contiennent aucun fragment de ver. Dans la nuit suivante, trois nouvelles selles diarrheiques ne contenant aucune trace de tenia. 17. 15 grammes d'buile de ricin; deux portions; quatre selles dans la jour- 28 oee; pas de traces de tenia dans les mati^res alvines. Menies sensations mor- bides accusees dans la vue; nicme cephalalgia, el douleurs abdominales vagues. Le 18, on administre egalement, sans obtenir aucune expulsion de tenia, 60 grammes d'huile de ricin; le purgatif provoque quaire selles, mais n'amene aucune modification dans les douleurs accusees par la malade. Le 20, 1'ecoulemenl mensiruel apparail a son epoque ordinaire, sans s'ac- compagner d'aucun autre phenomene que quelques douleurs gravatives dans la region lombaire; il se supprima aprfes irois jours de duree. Les 24 et 25, la malade prend un bain simple. Le 26, voulant essayer dun autre medicament, M. Rayer fait adminislrer I'huile elbereide de fougere male; 72 gouttes sont divisees dans 18 pilules; 12 sent donnees le 26 au soir a sent heures, et 6 le 27 au matin, a cinq heures , puis deux heures apres I'administration des pilules, la malade prend 15 grammes d'huile de ricin. La dieteabsolue est observee pendant toute lajourneedu 25 et I'apres-midi du 2lt, Ce jour, la malade a cinq evacuations alvines rendues sans traces de fragments de ver. Quelques coliques peu douloureuses precedent chaque garde-robe. Les malieres, encore un peu liquides, rendues le 26 et le 27, sont examinees sans plus de resullat. Les jours suivants, la malade accuse les memes phenomenes exposes au de- but de I'observation. Le 2 mars 1852, elle quilte I'hopital de la Charlie. Le 10 fevrier 1853, dans I'apres-midi, la femme Dufour etail de nouveau ad- mise a la Charile, el coucbee au meme lit de la salle Saint-Basile, dans le ser- vice de M. Rayer. Nous nereconnumes pas immediatement la malade, mais elle nous assura avoir ele soignee pour le ver solitaire dans la meme salle, I'annee precedente, et en effet, nous relrouvaraes, dans nos notes de 1852, les rensei- gnemenls qu'on vienl de lire. Suivanl le dire de la malade, les attaques epileptiformes se seraient repetees encore plusieurs fois apres son sejour a I'hopital de la Charile, puis auraient compleiement disparu depuis huit mois. Pendant celle periode, elle aurail joui d'une bonne same, eprouvant encore n6anmoins par moments de la cephalalgie et des troubles de la vue. Elle est actuellement enceinte de cinq mois ; les regies se sont supprimees au debut de la grossesse et n'ont pas reparu depuis ; le venire est volumineux et I'ulerus depasse de deux travers de doigt les pubis. Pendant la grossesse, les attaques epileptiformes n'ont pas reparu, et I'elat de la femme Dufour elait tellemenl saiisfaisant, que son mart, comme il nous I'a lui-meme assure, I'aurait consideree comme guerie. Le 8 fevrier, apparition nouvelle d'altaques epileptiformes, analogues h celles qu'cUe avail eprouvees autrefois. Depuis, ces attaques sesonl renouvelccs cha- que jour, meme encore ce matin, peu de temps avanl I'admission do la malade^- I'hopital, ayant les nienies caracti-res que celles dc I'an dernier, (k's dernicFes 29 altaques cpileplifurmes ont eti; suivies d'une faiblesse beaucoup plus marquee, si Lien que, dans leur intervallc, la vue elait piesque completement perdue ; da moius les objets etaient diflicilement reconnu-. La cephalalgie persistait gene- rale, gravative et tres-incommode. Le 10 fevrier au soir, nous trouvons la malade dans I'etat suivant : face colo- ree ; pupilles dilatees, peu mobiles, mais egalement des deux cotes ; vue peu dis- tincte : ainsi la malade reconnait didicilement une plume; aucune roideur des membres; pas d'anesthesie. La malade a ete constamment mainlenue dans son lit arec des liens, s'agitant beaucoup au moment oii elle fut admise a I'hopital, Suivant le rapport des personnes du service, la malade s'agitait convulsivemenl; sa face etait agitee de mouvements marques, la peau du visage fortement con- gestionnee, les 16vres convenes d'^cume. Lesoir, lepoulsest a 92, a peu de vo- lume et est peu large. Rien d'anormal a I'auscultation du poumon en avant. Les battements du cceur du fcetus et le souffle placeniaire ne sont pas entendus.Mais cet examen n'est fait que tres-incompletement, la malade s'agitant continuelle- ment quand on ausculte I'abdomen. La connaissance est revenue, assez incom- plete, depuis une heure environ; cependant la memoire est tres-allaiblie, et ce n'est qu'avec beaucoup de peine que la malade pent donner quelques renseigne- ments sur son etat de sante depuis son precedent sejour k la Charile. Pendant la nuit du 10 au 11 fevrier, la malade demeure dans I'etat ou nous I'avious trouvee. Le 11 fevrier, dans la matinee, vers huit heures, D. fut prise tout k coup d'uno nouvelle attaque, avec mouvements convulsifs assez violents, suivis d'un coma profond. Nous la vimes dans cet etat. Absence complete de connaissance ; immo- bilite ; decubitus dorsal ; teinte leg6rement violacee de la face ; pupilles immo- biles, largement dilatees ; ouverture buccale couverte de mousse. En irritant les fosses inasales au moyen de I'ammoniaque, on ne provoque aucun mouvement. Pouls frequent, a 130, peu developpe, peu fort; respiration stertoreuse. Une pe- tite quantite d'urine extraite au moyen de la sonde, donnepar la chaleur et I'acide nitrique un legerprecipite d'albumine. (Saignee du bras de 600 grammes.) La saignee coule bien , mais n'amene aucun changement dans I'etat co- mateux. Morte le 11 fevrier, k onze heures du matin. OirvEnTDRE DU CADAVRE viugt-ciuq heures apres la mort. Temps froid et sec. Roideur cadaverique marquee ; aucune trace de putrefaction. Tete. — Rien d'anormal dans les teguments du crane ou dans la boite osseuse. Injection considerable des vaisseaux de la pie-mere, surtout k la convexity. A Iravers la transparence des enveloppes cerebrales, on conslate, situees au-des- sous d'elles, de petites masses blanchatres, opaques, du volume d'un petit pois, entourees d'un petit semis blanchatre de fibrine. A ce niveau les membranes s'enlevent diflicilement de la surface de la pulpe cerebrale. Pas de traces de de- pot purulent dans I'epaisseuv des membranes; pas d'epanchement sous-arach- 30 noiilien anormal en quantite ou en qualite. Les peliles masses indiquees plus haul, comme visibles k li avers les membranes, sont placees ou dans I'epaisseur de la pie-m^re elle-meme , ou dans le parenchyma du cerveau ; quelques-unes meme sont complelement entourees par la pulpe nerveuse. On en eompte dix- sept k la conTexite du cerveau ou dans I'epaisseur de la substance cerebrale avoisinant la convexite, une dans le corps strie et une autre dans la couche op- tique gauche, trois dans la partie superieure du cervelet, aucune dans le bulbe, la protuberance ou les pedoncules, ou bien k la base libre de I'organe. Ces pe- tites masses sont formees par une coque membraneuse jauualre, assez ferme, que I'on peut ecarter pour apercevoir dans I'interieur un corps membraniforme un peu plisse sur lui-meme. En I'etalant dans I'eau, on constate qu'il est forme par un cysticerque parfaitement reconnaissable a sa vesicule caudale volumineuse et k sa t6te, qui Test beaucoup moins. La plupart des cysticerques que I'on exa- mine offrent une retraction de la tete, si bien que la couronne de crochets se voit mal ; cependant sur quelques-uns on parvient k la faire sortir, et Ton recon- nait alors la couronne de crochets double. Quelques-uns de ces crochets man- quent, et sur aucun cysticerque nous n'avons pu rencontrer une couronne parfai- tement intacte. Aucun ramollissemenl de la pulpe cerebrale k sa circonference ou dans son 6paisseur, meme au voisinage des cysticerques. Tout I'organe est congestionne, presentant un leger piquete rougeatre qui ne s'enleve pas par le lavage. Une cuil- leree environ de serositc limpide dans les deux ventricules. La moelle, dans sa moitie inferieure, offre un depot d'ossifications susjacen- tes au feuillet visceral de I'arachnoide, allant en diminuant a mesure qu'on approche du bulbe. Ces plaques apparaissent, quand on a ouvert la dure-m6re, comme des ecailles fines saillantes dans la cavite meme de I'araehnoide, separees par des espaces libres, ou on reconnait la transparence normale de I'arachnoide sans adherences avec la pie-mere ou la dure-m6re, et dans lesquelles le micro- scope fait reconnaitre du tissu osseux avec des corpuscules peu volumineux. Le tissu de la moelle est sain. Thorax. — Larynx sain, contenant une petite quantite d'un liquide spumeux clair. Adherences intimes anciennes de tout le poumon gauche k la plevre parie- tale ; poumon droit libre. Aucun epanchement dans la plevre de ce cote. Les deux poumons sont assez pesants, grisatres et crepitants en avant, d'un rouge brunatre, un peu fonce en arri^re, et laissant ccouler a la coupe, dans ce dernier point, une grande quantite de liquide sero-sanguin aere. Pas de friabi- lite anormale. Les bronclies, d'une couleur rouge lie-de-vin uniforme k leur sur- face interne, offrent une muqueuse un peu ramollie et contiennent un liquide spumeux 16g6rement rose assez abondant. Pas de tubercules ou de traces de vers. P^ricarde sain ; pas d'^panchement dans son inlerieur. 31 i:oeur d'un volume normal ; quanlile aboiiilante de serosile i sa surface ex- terne, nedissociant pas les elements musculaires, sans degenerescence grais- seuse aucune des parois. OriQces et valvules sains. Caillots recents jaunatres, mous, dans le ventricule droit, noiratres et mous dans le gauche. Pas de traces de cysticerques dans les parois du coeur. Abdomen. — Peritoine sain. Estomac d'un volume normal ; muqueuse d'nne coloration brundlre par places dans le grand cul-de-sac. Aucun ramollissement de la membrane interne. Intestin sain. Foie d'un volume normal. Hauteur : lobe droit (maximum), 0'n,23; lobe gau- che, 0'",13; epaisseur : lobe droit, ^".OT ; lobe gauche, O'",025; largeur, 0'",246, d'une bonne consislance, non congestlonnee. Bile abondante, nolratre, assez vis- queusp. Tissu sain, sans aucun depot etranger. Rate.— Hauteur : 0°", 10 ; largeur, O^.OGS ; epaisseur, O'",02, un peu flasque, non congestionnee. Parenchymesain. Reins peu volumineux. Relo droit. Rein gauche. Hauteur O"",!! ^"jlOa Largeur O^.OS 0'",045 fipaisseur 0'°,02 0'",015 Aucune adherence anormale de la fibreuse d'enveloppe au parenchyme du rein. Surface exterieure des deux reins d'une couleur rosee peu foncee, parse- mee de riches reseaux vasculaires apparaissant par places comme des polygones d'un rose vif ; ailleurs comma un veritable pointille rougeStre legerement h6- iiiorrhagique. A la coupe, rapport normal des deux substances, injectees, sans aucun corpuscule jaunStre. Membranes des calices et des bassinets non epaissies. Vessie saine. Uterus volumineux . hauteur, 0"M6; circonference du corps (maximum), 0'",30. Foetus de 5 mois environ, contenu dans I'interieur de la matrice. Rien d'a- normal dans sa disposition ou dans ses annexes. L'ovaire droit contenait un corps jaune volumineux ayant 2 centimetres de long, forme par une substance membraniforme grisatre centrale, entouree jiar un bord jaunatre frange. Plusieurs petits corps jaunes anciens, en partie atro- phies, dans le reste du parenchyme de I'organe. L'ovaire gauche presentait plusieurs cicatrices de corps jaunes anciens. Les muscles des membres superieurs et inf^rieurs et les pectoraux contenaient de nombreux cysticerques, de forme plus allongee exterieurement qu3 ceux du cerveau. L'animal lui-meme, plisse, offrait la meme conformation que ceux que Ton trouvait dans I'appareil central de la circulation. Dans les muscles des membres, nous avons pu rencontrer plus d'une vingtaine de cysticerques, tous 32 situes dans les muscles, Ceux-ci ne presentaicnt aucune alteration de structure. Pas de cyslicerques dans le tissu cellulaire. 6» AN^VRISME PARTIEL DU VENTRICDLE GACCHE DU COECR ; CAILLOT VOLVMINECX DANS LE VENTRICULE; par M. E. LeUDET. Un vieillard age de 79 ans, maigre, affaibli, entre, en mars 1853, a I'hopital de la Charite, dans !e service de M. Rayer. L'intelligence affaiblie du malade ne permettait de recueillir aucun renseignement sar son etat de sante anterieure et sur le debut de la maladie qui I'am^ne k I'liopital : seulement on apprend que depuis plusieurs jours, quoique souffrant dpji anterieurement de dyspnee, il avail remarque une aggravation de son etat valetudinaiie anterieur. Le malade toussait peu, n'expectorail point, n'accusait pas de point de c6te. Son pouls etait a 112, peu developpe, pea fort, regulier. L'examen du coeur permettait de constater une augmentation de volume de I'organe; les battements etaientsourds, tumultueux, sans aucun bruit de souHle appreciable. Le pouinon droit etait mat a la percussion dans son quart infe- rieur;^ ce niveau on constiitait un aEfaiblissement du murmure respiratoire, avecquelques rales crepitants mediocrement fins.Un peu deretentissementbron- chophonique dela voix. Rien d'anorroal dans le reste de I'appareil circulatoire ou respiratoire. Pas d'oedemeaux membres inferieurs. Le malade succomba trois jours apr^s son admission k la Charite. A I'ouverture du cadavre, on constate dans le tiers inferieur du poumon droit une pneumonie caracterisee par une couleur rouge brunatre de I'organe, une friabilite marquee, I'absence de crepitation. Un fragment mis dans I'eau gagnait le fond du liquide. Le reste du poumon et la base de I'organe respiratoire du cote oppose etaient uniquement engoues, pesants, laissant ecouler a la coupe une grande quantite de serosite sero-sanguinolente aeree. Les bronches etaient rou- ges, leur membrane muqueuse epaissie, ramollie; elles conlenaient un liquide un peu jaunatre, aere en petite quantite. Le pericarde ne contenait pas de liquide. Le coeur, volumineux, repoussait en dehors la lame du poumon gauche. Un peu de surcharge graisseuse. Aupres de la polnle, le venlricule gauche empietait un peu sur le droit ; pr^s de la pointe, le ventricule etait deforme, offrant dans ce point une saillie hcmispherique a faible courbure, se continuant graduellement avec la courbe normale anterienre de la parol gauche, mais neanmoins parfaite- ment appreciable. Cette tumeur etait ferme et resistante, ne cedant pas sous la pression du doigt. En ouvrant le ventricule gauche, on y remarquaitun caillot volumineux ayant ©■".OGen hauteur sur 0"°,0i en largeur; il etait coucheun peu obliquement.libre dans scs trols quarts anterieurs, ayant son plus grand diamAtre dirige dans le wns d'une ligne allant de la pointe du coeur k I'oriflce aortique. Ce caillot est 33 ferine, resistant, assez regulier. Sa surface, forniee par une scrie de membianes iisses, qui n'cst qu'une couciie plus petite et plus condensee de fibrine, d'une epaisseur tres-niinlme, recouvrant une masse flbrineuse k couleur d'un blanc tirisatre, legerement circulaire et nullement stratiflee. Cette masse flbrineuse ovoide se termine a son sommet par un appendice allonge, forme de fibrine molle et facile a ecraser, et se continue avec du sang nouvellement coagule, noiralre, se prolongeant dans I'lnterieur de I'artere de I'aorte.Ce caillot est situe k environ O^.OOS de la pointe da cceur gauche, qu'il ne recouvre pas immediatement. Un prolongement feime et de forme triangulaire, tendu transversalement, enloure une des colonnes dedeuxiemeordre. Son adherence avec la parol meme du co3ur est intime. Au-dessous de ces ad- herences pseudo-membraneuses un peu blanchatres, on irouve la membrane interne du cceur. Le caillot s'implante en bas sur une cavite en forme de cupule, une dilata- tion partielle du ventricule gauche ayant une forme reguliereet O^.OS transver- salement sur 0", 025 en hauteur, le tissu du cceur se deprime graduellement pour le former. Situee dans cette partie du ventricule gauche correspondant k I'aorte et moins pourvue de colonnes charnues, cette cavite est eioignee de 0'",04 de I'oiiDce aortique. Aucun autre caillot ancien n'existait dans I'interieur du ventricule gauche Ce caillot blanchatreetait entoure de quelques eaiilots noiratres recents. La mem- brane interne du coeur gauche offrait par places des changements de couleur notables. D'une coloration un peu rosee, uniforme, sans aucime trace de vas- cularisation dans I'epaisseur ou au-dessous de la sereuse, elle etait,dans certains points, un peu blaiichatre, epaissie, et piincipalement au niveau de la pointe de la grosse colonne charnue anteiieure de la valvule mitrale, au niveau de la pointe du ventricule gauche et surtout autour de la dilatation partielle du ven- tricule. La membrane interne , dans ces endroits, avait 2 a 3 millimetres d'epais- seur, et etail plus adherente qu'ailleurs au tisu musculaire mcme du coeur. Au niveau de la cavite anevrismale , se continuait encore avec I'endo- carde environnant , la parol du coeur eprouvant une depression subite, pres- que annulaire. Duns cette cavite, la membrane du cceur etait encore plus epais- sie qu'ailleurs, recouverte de petits debris pseudo-membraneux qui y lixaient la face profonde du gros coagulum flbrineux. Dans le fond meme de la cavite, I'en- docarde etait un peu blanchatre et comme cartilagineux, sans que le micro- scope fit decouvrir dans ce tissu autre chose que du tissu cellulaire condense. Au niveau des valvules aortiques et principalement k leur base, existaient ties cpaississements blanchatre?, de petits lambeaux pseudo-memhraneux, au-des- sous desquels se retrouvait la sereuse. Pres de leur bord libre, on rencontrait de petits depots flbrineux flnement franges, et comparables pour leur aspect k des cretes de coq. Ces valvules avaient du reste conserve leur flexibilite ; elles avaient. 3& c«mme le reste ile la surface interne du ccBur, une rouleur leyerement rosee, uniforme. La valvule mltrale etait clle-meme iegferement epaissie, par plaques, blanchatrcs, desquelles on ne pouvail detacher I'endocarde, qu'on ne pouvait non plus demontrer leur etre sous-jacent. Letissu du coeur etait epaissi. Ce tissu etait un peu flasque et pale, d'une teinte legerement feuille morte, sans aucun depot anormal dans son interieur. L'aorte etait, au niveau de sa naissance au coeur, d'une couleur un peu rose, uniforme, parsemee de rugosites un peu saillantes et ayant detruil la membrane interne, formant un anneau irregulier i sa partie interne, et un peu plus epais au niveau de la naissance des arteres coronaires. On retrouvait, dans Taorte thoracique principalement, un certain nombre de ces plaques d'un blanc jaunatre, au-dessus desquelles la membrane interne du coeur n'etait pas detruite. Les organes de I'abdomen, foie, rate, reins, etc., etaient sains. IV. — BOTANIQUE. i" SUR LA PROPRIETE QUE POSSEDENT CERTAINS BULBES DE S'ENFO.NCER SPONTANE- UENT A UNE CERTAINE PROFONDEUR DANS LE SOL; par M. E. GERMAIN (dC Saiol- Pierre). On a remarqu6 depuis longtemps que certains bulbes tendent a s'enfoncer presque indellniment dans la terre, tandis que des bulbes appartenant a d'au- tres especes se maintiennenl presque uniformeraent a une tres-faible profon- deur au-dessous de la surface du sol. fivideniment il se passe chez les premiers un pbenomene pbysiologique qui n'a pas lieu chez les seconds. La nature de ce pbenomene me semble avoir completemenl echappe jusqu'a ce jour a la cu- riosite des naturalistes. Appele par mes etudes sur les liges souterraines a es- sayer de ra'en rendre compte, j'ai, pendant plusieurs annees, epie attentive- ment ce qui se passe pendant les diverses saisons de I'annee chez des especes de structure differente. Chez les bulbes pedicell6s que Ton observe dans le genre tulipa, par exem- ple, le mode de transport d'un bulbe a une plus grande profondeur est facile a saisir; ce n'est pas un bulbe qui s'enfonce lui-meme dans le sol, et pendant plusieurs annees consecutives, c'est un rameau qui est emis par un bulbe plus ancien, el qui s'accroit en s'enfon?ant dans le sol de haul en bas; mais I'anuee suivanle ce rameau, devenu plantemereason tour, ne s'enfonce pas plus avant, seulement il peut emetiredes rameaux (bulbes ou cayeux pedicelles) qui s'en- foncent plus bas h leur tour. II s'agissait de trouver en vertu de quel ph6nomene des bulbes qui ne pre- senient jamais d'organes analogues a ces cayeux pedicelles, les bulbes de cer- tains muscari, hyacinthus et scilla^ par exemple, peuvent se trouver situes i 35 une profoiideur de plus d'un denii-nietre, lorsque les graines qui les produisent lombent a la surface du sol; ces bulbes sont d'ailleurs situes d'autant plus pr&- fond6nienl dans le sol qu'iis sont plus ages. Dans le seul genre muscari, les nioeurs des diverses especes sont tres-dilK- rentes a ce point de vue. Le bulbe du muscari comosum qui se rencontre dans les champs cultives des terrains calcaires argileuxou sablonneux, vegete a une profondeur relative considerable, tandis que le bulbe du muscari racemosum qui habite les memes terrains est a peine enfonce de quelques centimetres au- dessous de la surface du sol. Les travaux du labourage, la nature et les qua- lites du sol ne sont done pour rien dans le phenomene en question, et la cause de ce phenomene devail etre cberchee exclusivement dans le mode de vegeta- tion des especes. J'eus I'idee de semer ces planles bulbeuses dans des vases de verre et le long des parois de ces vases etdesuivre a la faveur des parol s transparentes du vase ce qui se passerait chez les bulbes pendant une periode de plusieurs annees. Ce mode d'experimentaiion m'a donne les resuliats les plus satisfaisants et les plus complets, et le procede que la nature met en oeuvre pour donner a ces bulbes une marche descendanle m'a ete devoiie. Le phenomene qui a lieu, principaiement pendant les premieres annees de I'existence du bulbe chez le muscari comosum, est le meme que eelui que Ton pent observer pendant la germination d'un grand nombre de monocotjledones, bulbeuses ou non bulbeuses du daltier, par exemple. Le bourgeon primordial s'accroit par tous les points de son etendue a la fois, dans le seas vertical et de haut enbas, et par consequent s'enl'once dans la terre. Chez le muscari comosum (et autres bulbes qui presentent une structure analogue), ce mode de vegetation qui, chez le daltier, ne caracterise que I'epoque de la germination, est le mode normal pendant plusieurs annees. Le bulbe s'al- longe chaque anneede haut en bas en s'accroissant avec plus d'iniensite dans sa nioitie inferieure que dans sa moitie superieure, et s'enfonce par consequent de plus en plus profondement dans le sol. Ces tuniques apres avoir ete le siege de cet accroissement sont rejetees successivement en dehors, comme des corps etrangers et restent suspendues au-dessus du bulbe dans le sol oiielles se de- truisent. Je nio cfittp, prior:ne e!!e n'a pas eu nnc s?r,l^ auESi llorissantc que lorsqa'ells 58 liabilail la province. La mcnstrualion, qui a toujours ete tres-rcguli6ie, s'est etablie facilement k I'age de 12 ans et dcmi. Enceinte pour la seconde fois, elle »e trouve arrives au neuvi^me mois de sa grossesse, dent elle desire ardemment Ja fin ; car elle voudrait deji savoir si son enfant n'aura pas une figure verte, ce qui la preoccupe constamment, el voici pourquoi. fitant enceinte de trois se- maines environ et I'ignorant, elle entra en passant, et k la sollicitation de son niari qui I'accompagnait, ci la Morgue, oCi elle n'avait jamais ose penetrer. A I'aspect d'un cadavre en voie de putrefaction, dont le visage etaitd'un bleu ver- datre et hideux k voir, elle eprouva un tre^^saillement dans tout le corps et tomba a la renverse. Son mari, qui la retint, la porta immediatement dans la rue, ou elle reprit bienlot connaissance et se remit de sa peur. Mais depuis elle eut tou- jours devant les yeux I'image du visage verddtre, et quand, aprfis la premiere epoque menstruelle, elle put se croire enceinte, k cause de I'absence du flux ca- tamenial, elle fut beaucoup plus effrayee, et craignit de faire un enfant sembiable k ce qu'elle avail vu. Son imagination en ful fiappee pendant tout le temps de sa grossesse, et immediatement apr6s I'accouchement, qui se fit naturellement le 9 mars au soir, elle s'empressa de demander si son enfant n'avait rien de laid. Celui-ci offrait les particulariles suivantes : ExAMEN EXTERiECR DE l'enfant. — Entrc I'ombilic et le pubis existe une tu- meur du volume d'une noix a peu pr6s, d'un rouge vif, in6gale, et ressemblant assez k un fongus au premier aspect. A 6 ou 6 millimetres au-dessous de i'om- bilic, qui est normal, la peau s'amincit, puis cesse enti^rement dans une etendue en rapport avee le volume indique. Cette tumeur fait saillie par les cris de l'en- fant ou quand on comprime le ventre avec la main, et se trouve divisee par une depression transversale tr6s-marquee en deux masses, I'une sup6rieure, I'autre inferieure. La superieure est constituee par quatre mamelons, superposes deux k deux etrappelant assez bien, quant a leur disposition, I'aspect des tubercules quadrijumeaux. Ceux qui sont situes le plus pris de I'ombilic sont plus saillants et plus volumineux que les deux autres, places respectivement au-dessous. La masse inferieure estformee par la verge, longuede 16 k 16 millimetres, aplatie de haut en bas et parcourue, dans sa parlie superieure, par une goulti6re qui pa- rait etre la paroi inferieure de I'urdtre. Le scrotum a une conformation ordinaire et contient les deux testicules. Au-dessous du gland, confondu avec les corps cavcrneux, se trouve un repli cutane reprcsentant le prepuce fendu dans sa parlie superieure. Au fond de la depression transversale, on voit, en ecartant les deux masses dcjk decrites, deux petits reliefs en cul de poule, places horizontalement k une distance de 7 S 8 millimetres et laissaut conlinuellcment suinter I'urine. Ces parties saigncnt facilement, s'irritcnt et s'enOamment les jours suivants. L'enfant telle bien d'abord; mais il maigril rapidement et mcurt le 15 mars, a six heures du soir, apt^s quelqucs convulsions legdrcs. A'JTorsiE. —Apres avoir renverse de liaut en bas sur les cuisscs, au moyen 59 d'une incision courbe, la paroi anterieure de I'abdomcn, on voit sur la face pos- lerieure les deux arl6rcs et la veine ombilicaies aboutissant k i'ombilic, par le- quel ellcs sorteni pour former le cordon, comme cela a lieu d'ordinaire. Apres avoir enieve les organes digestifs, qui ne presentent rien de parliculier, a I'ex- ception du foie, qui est tres-voluniineux, les reins et les uretferes sont mis k nu et disseques avee soin. Les glandes urinaires, el surtout les capsules surrenales, n'offrent rien autre chose qu'un volume plus considerable qu'k I'elat normal. Ces dernieres ont 23 millimetres de hauteur sur 30 millimetres de largeur a la base. Les ureteres, du volume d'une petite plume d'oie, suivent leur trajet ordi- naire et ont conserve leurs rapports anatomiques; seulement, au lieu de s'en- foDcer dans la cavite pelvienne, ils vont directement derriere les pubis, ou ils convergent I'un vers I'autre en decrivanl une courbe pour s'ouvrir a I'exterieur par les deux culs de poule qui donnaient issue k I'urine pendant la vie. Les OS pubis sont ecartes I'un de I'antre de 22 millimetres. Dans la depression transversale siunalee, au point de jonction des deux corps caverneux qui s'attachent aux os ischions et pubis, au milieu et au-dessous de I'ouverture des uretfires, s'eleve une crete qui semble etre le verumontanum, sur les cotes duquel on voit les orifices des deux canaux ejaculateurs; car en y introduisant un stylet tr6s-fin , on pen^lie dans les vesicules seminales. Une legfere incision, praliquee sur cette crete, montre en effet un tissu analogue k ce- lui de la prostate. Des testicules descendus, comme il a ete dit, a la partie inferieure du scrotum, portent les conduits deferents qui s'enfoncent dans le canal inguinal avec les autres elements du cordon. Arrives dans I'abdomen, ils se dirigent transversalement et horizontalement en dedans, en avant des ureteres, puis un peu en bus pour aller s'ouvrir dans les vesicules seminales, placees en arriere et un peu au-dessous de la depression de la face anterieure. Ainsi le reservoir urinaire n'ctait represente ciiez ce sujel que par le trigone vesical. IVota. Les quatre mamelons consiituant la masse superieure sont formes par une sorte de tissu erectile. II. — Physiologie. SECHERCHES SUR LA PHVSIOLOGIE DU DIABETE SUCRE. — NOUVELLE METHODE POUR. PRODUIRE ARTIFICIELLEMEM LE DIABETE CHEZ LES AMMAUX ; par M. IC dOC- tcur Harley. II est generalcment admis par les physiologistes que les secretions des glandes ont lieu sous rintluence d'une action nerveuse. Les belles experiences de M. Bernard ont demontre que la production du Sucre dans le foie depend d'une action nerveuse, et en outre que c'est une action re- 00 flexe qui est Iransmise au centre nerveux par le pneumogastrique, et rcflechie ile 1^ au foie par un autre filet nerveux. J'ai I'honneur de soumettre h la Sociele des experiences qui tendraient a prou- ver que cette action rcflexe tire son origine du foie iui-meme, et d('pend de i'effet stimulant du sang de la veine porle sur les branches heputiques du uerf pneumo- gastrique lorsqu'il arrive dans le foie. En effet, si Ton imite autant que possible I'action stimulante du sang de la veine porte en injeclant dans ce vaisseau des substances telles que I'alcool, I'ether sulfurique, le cliloroforme el i'ammoniaque liquide, leur action puissamment stimulante dcterminera au cerveau, sous I'in- fluence nerveuse directe, une impression exageree, devanl occasionner une ac- tion reflexe qui se traduira par un execs de secretion de sucre dans le foie. Je n'ai pas cte trompe dans mon attente, car j'ai trouve du sucre dans I'urine des animaux sur lesquels j'ai experimente, deux ou trois heures apres les avoir soumis a ces experiences, et leur diabete a dure de deux ou trois heures a deux ou trois jours, comme le prouveront les excmples suivanls, queje choisis parmi plusieurs experiences : 1"> J'ai injectc dix grammes d'ether sulfurique meles avec (rente grammes d'eau dans la veine porle d'un chien de Terre-Neuve adulte, une demi-heure apres son repas. Apres I'operation, quand I'animal se leva el se tint debout, il parut comme ivre, mais eel effet disparut bientot. Je sondai sa vessie environ deux heures apris, mais je n'obtins pas assez d'urine pour m'assurer si elle conlenait du sucre. Plus lard, quand j'en eus oblenu sufTisamment, cette urine reduisit le cuivre du liquide tie Bareswill, ce qui y prouva la presence du sucie. Puis, pour m'assurer quecet effet n'etait dii ^ auiune autre substance, je fisbouillir I'urine pour coa< guler les matieres albumineuses, et je la lis evaporer presque jusqu'a siccite; le residu ful dissous dans I'alcool bouillanl et fillre. Le liquide filtre fut de nouveau soumis k I'evaporation ; je fis une solution aqueuse, laquetle fut alors eprouvee avec du sel de cuivre, et de cette fa^on la presence du sucre fut demontree avec plus d'exactitude. Je fis fermenter I'urine qu'il rendit le jour suivant, et j'oblins de I'alcool et du gaz acide carbonique, preuve evidentc de la presence de la ma- ti^re saccharine. Comme ce chien s'echappa, je ne puis dire pendant combien dc temps il demeura diabetique; mais il I'etail cerlainement quarante-huil heures apr6s I'operalion. 2° Le cas suivant, dont je parlerai tr6s-bri6vemenl, prouve la presence du sucre dans Purine jusqu'au troisiime jour apres I'operation. Un tres-gros chien ful traitc de la mcme faQon que le precedent, mais il semblait souffrir beaucoup plus de I'operation. Son urine ctait chargee de bile, si bien que je dus la dccolorer avant de la trailer par le tartrate de potasse et de cuivre qu'elle reduisit promplement. Je la fis aussi fermenter avec la levuie de bi6re. Je pus me convaincrc del'exis- tence du sucre dans I'urine de ce rhien jusqu'au tioisicme jour apres I'operation. .3° Dans une autre experience, un chien dc bcrgcr, dans la veine porle duquel i'lnjeclai un melange de irois grammes de chloroforme, dix grammes d'ether sul- 61 furique ct quatorze f^rnmmes il'eau, niouiut liois lieures apr^s roperation, et je trouvai du Sucre daTisl'urinc desa vessie, par ]e pror^de quo j'avais employe dans les autres cas. 4" Dans una autre experience, j'injectai dans la veine porta d'un petit chien 4 jeun, douze gouttes d'ammoniaque liquide, melees avec quarante grammes d'eau. Je trouvai, en examinant I'urine prise de sa vessie douze heures apres I'opera- tion, qu'elle reduisait !e sel de cuivre trfis-facilement; et comme avec la levure de biere e!le a fermente rapidement, j'ai conclu que les matieres saccharines y existalent en quantite considerable. Cette urine etait aussi chargee de bile. 5» Dans une autre experience encore, j'injectai dans la veine porte d'un petit chien adultedix grammes d'un liquide compose de parties egalesd'alcoolet d'eau. Deux heures apr6s j'examinai I'urine de ce chien, et je trouvai qu'elle contenait du Sucre, mais en petite quantite. Comme j'eprouvai une grande difflculte pour obtenir I'urine de cet animal, je cessai de I'examiner. 6° Dans une autre experience avec I'ammoniaque liquide, je pris un chien- loup a jeun, et j'injeclai dans la veine porte dix gouttes d'ammoniaque liquide avec quarante grammes d'eau. II parut souffrir tr6s-peu de I'operation. Comme je ne pus parvenir A sonder la vessie, quinze heures apres I'operation le chien tut sacrifie par la section du bulbe rachidien. Son urine reduisit le tartrate de potasse et de cuivre tres-facilement. La presence du sucre fut aussi demontree par la fermentation de la meme mani^re que dans les autres experiences. D'apr^s les resultats de ces experiences et de plusieurs autres, j'ai pu prou- ver : 1" que le diab^te peut eire produit arliQciellement au moyen de stimulants introduits dans la veine porte ; 2° je crois que ces stimulants agissent en irritant les branches hepalhiques du nerf pneumogastrique, qui transmettent une im- pression au centre nerveux; de la une reaction sur le foie portant eel organe i secreter la matifere saccharine ; 3° je pense que la secretion normale du sucre est augmentee par I'effet stimulant de materiaux nutrilifs portes au foie par la veine porte. Les fails suivants viennent encore appuyer cette Iheorle. Le sang de la veine porte a la plus grande action stimulante pendant la digestion, alors qu'il est charge de materiaux nutrilifs, ce qui coincide exactement avec les observa- tions de M. Bernard, qui prouvent que c'est pendant la digestion quele foie ren- ferme le plus de sucre. Au contraire, le sang de la veine porte d'un animal k jeun, contenant pen de mati-riaux nutrilifs, n'a qu'un faible pouvoir stimulant, et la secretion du sucre doit etre ralentie. En effet, pendant I'abslinence, la secretion saccharine est au minimum. L'alimentation agit aussi sur la propor- tion de sucre secrete; M. Bernard a parfaitement montie que le foie d'un chien nourri exclusivement de matieres grasses ne Fecr^te pas plus de sucre que si I'animal n'avait pris aucune nourrilure, ce que nous altendions d'apres la iheo- rie susdite. En effet , les matiferes grasses absorbees par les lymphatiques entrent dans la circulation gdnerale par le canal thoracique sans passer par la veine 62 porte et le foie; ainsi le sang de la veine porte d'un animal soumis & cetle nour- ritare ne contient pas plus de principes nulritifs que celui d'un chienAjeun, et il n'est pns plus stimulant dans un cas que dans I'autre, par consequent il ne doit pas y avoir alors plus de sucre s6crete par I'organe hepatique, ce qui s'accorde parfaitement avec les fails dcja cites. III. — Anatomie pathologiqde et Pathologie. 1" SUR UN ENFANT QUI PRESENTAIT, AU MOMENT DE LA NAISSANCE , DES KYSTES MULTIPLES DU COU ; PAR M. LORAIN. — EXAMEN MICROSCOPIQUE 1)U CONTEND DE CEs KYSTES; par M. Robin. Eugenie Constance, ag6e de 22 ans, s'est piesentee a la Mateinite, le 13 mat 1853, etant enceinte pour la seconde fois. Elle est accouchee pour la premiere fois, il y a dix-huit mois, un peu avant le terme, d'un enfant qui etait, dit-elle, bien conforme et qui n'a vecu que huit jours. Celte femme est habituellement d'une bonne sante. Sa grossesse n'a ete mar- quee par aucun accident notable; elle n'a pas cesse de Iravalller; la gestation a ete, en un mot, regulifere, et n'a ete troublee par aucune maladie, par aucune violence. 11 n'y a dans la famille de cette femme aucun antecedent connu qui puisse eclaircir, quant au fait qui nous occupe, la question d'hercdite. L'accouchement s'est effectue spontanement, peu de temps apres I'entree de la malade k I'hospice; il a ete naturel el rapide, le foetus presentant le sommet de la tete en premiere position. Lorsque I'enfant vint au moniic, il cria immediatement ; il otait vivace, quoi- qu'a son volume peu considerable et k la pelitesse de ses mains et de sa tete, on ful en droit de conclure qu'il etait ne prematurement et h peu prfes k la fin du huitieme ou au commencement du neuvi^me mois. II pesait 3,000 grammes et avail 49 centimetres de long. On s'aper^ut immediatement que eel enfant portait au-dessous de la face une tumeur d'un volume tr6s-considerable, qui donnait une apparence insolite et vraiment monstrueuse k sa physionomie. Cette tumeur, dont nous donnons plus loin la description detaillee, descendait jusqu'a la partie moyenne du sternum, au niveau des mamelles; elle s'implantait au-dessous de la face, pffaQant la sailliedu menton, remontant de chaque cote jusqu'aux apophyses mastoides; de telle sorte que les contours de la face n'etaient pas dessines, et que le visage semblait comnie sculpte, avec un faible relief, au milieu de cette masse. Lacou- leur de la tumeur etait celle des lissus environnants ; elle ^tait moUe, fluctuanle, fremissante, non depressible, non pateuse. Elle etait plus developp^e du cole droit que du cote gauche; on pouvait facilement la soulever, la deplacer. Entre elle et la partie inferieure du cou,on pouvait passer la main, etc... No3 prcmifcres prcoccupalions durent etre de nous assurer que cette tumeur ne nuisaitpas aux fonclions immediatement indispensables i la vie. La respira- 63 tion se faisait bien; I'enfant criait avec force ; la face n'etait point eongestionnee; la tumeur ne se re?sentait pas des mouvemenls respiratoiies. L'alimentation semblait devoir elre possible, car le plancher de la bouclie n'etait pas notable- ment altere, quoique la langue fut un pen soulevee; mais Tos maxillaire infe- rieur presentait ses conditions ordinaires de solidite et de mobilile. D'ailleurs, I'enfant exer^ait la succion sur ledoigt qu'on lui presentait. Quant au diagnostic de la tumeur, nous diimes le suspendre, apres nous etre convaincu que cette tumeur n'etait pas accidentelle et passagere, mais qu'ellc etait durable. Etait-eile susceptible d'un accroissement rapide et funeste? C'est ce que I'avenir devait nous apprendre. D'ailleurs, I'enfant etait petit, ne avant terme ; on avail du provisoirement le soustraire aux regards et aux soins de sa mere, qui paraissait fort elfrayee. II avait contre lui beaucoup de chances de mort. Get enfant fut observe avec soin pendant les jours suivants. Le lendemaln et le surlendemain , la tumeur prit une teinte rouge vineuse ecchymotique, que nous attribuames a la contusion qu'avait subie cette partie pendant le dernier temps de I'accouchement. Cette tumeur paraissait aussi s'elre un peu inGtree depuis le moment de la naissance. Voici les mesures de la tu- meur, prises tr6s-exactement le troisieme jour : Diametre transversal au niveau de la bouche 0,25 Diametre vertical, allant de la fossette susmentionnee au bas de la tumeur 0,07 Perimetre d'une oreille k I'autre, en passant sous la tumeur. 0,27 La presence d'un liquide etait ^vidente dans cette tumeur, et cependant elle n'etait pas transparente comme une hydrocele ; elle semblait cloisonnee, si Ton en jugeait par la resistance qu'eile oilVait en beaucoup de points et par la pre- sence d'un grand nombre d'espaces ou Ton percevait une fluctuation isolce. La respiration n'avait aucune influence sur la forme et la densite de cette tumeur; elle n'etait point, comme les tumeurs ereciiles, susceptible de diminution ou d'augmentation, suivant certaines manceuvres. Elle n'etait point pulsatile; on pouvait la presser assez fortement sans que I'enfant parut eprouver de la dou- leur. On hesitait entre un kjste multiloculaire, dont le siege etait indetermine, et une alleiation (hypertrophique) du tissu cellulaire; mais I'apparence inusitee de cette tumeur devait faire suspendre le diagnostic. L'enfant s'affaiblissait de jour en jour. La respiration se ia\sa\t facilement; elle etait large, r^guliere; lecri etait fort. Quant a V alimentation, on se contenta pendant les deux premiers jours de faire boire a I'enfant, a I'aide d'une cuiller d'abord, puis d'un mameion artiOciel, un peu de lait coup6. On essaya de lui faire prendre le mameion d'une nour- lice qui eprouvait a I'allaiter une grande repugnance; mais le troisieme jour, il ne pouvait plus teter, a cause d'un oedcme considerable qui etait survenu k la 64 l^vre inferieure. La deglutition Be faisait encore assez bien, mais la succion etait impossible. L'alimentation devint d6s lors insuflisante. Dans les jours qui suivirent, il refusa ou rejeta en partie le lait qu'on lui introduisait dans ia bouche. MoTiLiTE. — Get enfant etait couche sur le dos; il etait a peu prfes immobile. Lorsqu'on le soulevait, il n'imprimait point k sa lete les mouvements de latera- lite habituels aux enfants nouveau-nes, surtout lorsqu'on les approche du sein et qu'ils cherchent le mamelon. II n'y avait pas de roideur des muscles de la region posterieure du cou. Aucun traitement ne fut entrepris pour la cure de cette tumeur ; on ne fit meme pas de ponction exploratrice. Cette abstention etait legitimee par I'etat general de I'enfant, qui succomba le neuvieme jour apres la naissance, k la suite d'une agonie assez longue, dans laquelle la face se congestionna et la langue devint d'une couleur bleuatre. Get enfant avait un ictere peu prononce; sea membres n'etaient pas inflltres. Sa mort fut lente et pour ainsi dire progressive. AuTOPSiE pratiquee vingt-quatre heures apres la mort. Le desir de voir ce que conlenait la tumeur fit qu'avant de proceder regulie- rement a I'autopsie, on pratiqua sur la tumeur elle-meme une large incision qui donna lieu a un ecoulement assez considerable de liquidesero-sanguinolent. On vit alors qii'elie etait composee d'un nombre considerable de kystes, dontquel- ques-uns avaient cteouverts par le fait de cette premiere incision. Le cadavre fntsoumis alors a une dissection attentive, dont nous allons donner les resultats. Gavites splanchniques. — Les visc6res abdominaux sont sains. Lefoie, la rate, ont le volume, la couleur, la consistance ordinaires. Les intes- tins contiennent un peu de lait mal digere. L'eslomac est petit. La vessie est vide. Les reins n'olTrent aucune lesion. Le cerveau ne presente aucune alteration appreciable; il y a une quantite peu considerable de serosite limpide epanehee sous les meninges et dans les ventri- cules. Get epanchement ne depasse pas les limitesphysiologiques. Les poumons sont roses, aeres, crepitants. Le coeur droit contient quel- ques caillots noirs peu consistants. Le trou de Dotal est presque completement ferme. Nous n'avons trouve dans les organes essentiels aucune lesion qui put expli- quer la mort. La conformation de tons les organes est regulifere et normale. II n'y a en au- cun point, ni dans les visceres ni sous la peau, de tumeurs analogues a celle que que nous presente la region cervicale anterieure. La tumeur ne s'est pas affaissee ; elle a, k peu de chose pr6s, le volume que nous avons indique plus haut. La coloration de la peau n'est plus rouge vi- neuse; elle a suivi les phases ordinaires de I'ecchymose : elle est devenue jaun« ; 65 ccpenJant on y remarque ijualqiics petecliies. En saisissunt la tunieur avec la main, on voit qu'clle est mobile dans tons les sens, qu'elle pend au bas de la i'ace et qu'elle ne s'implante pas a la partie iiiterieure du cou. La face est un peu congestionnee. Si Ton abaisse le inaxMiaire infeiieur, on voit que la languc est bleuatre, et qu'elle est soulevee comme si les elements de la turoeur s'etendaient au-dessous d'elle. Une premiere incision, pratiquee au-dessous du menton, a mis k nu une quan- tite considciable de petits kystes, qui ont en moyenne le volume d'une grosse noisette. Leurs parois sont minces, transparentes. Les uns sont reniplis d'un liquide seieux limpide leg6rement jaunatre; les autres contiennent un liquide rose; d'autres sont noirs et remplis de sang liquide, au milieu duquel, dans quclques-uns, on trouve des caillots. Nous dissequons la tumeur avec precau- tion, et non sans rompre un trfis-grand nombre de ces vdsicules aux parois minces, l.a peau est immediatement accolee k ces kystes; elle est si mince eten meme temps si intimcment unie aux kystes sous-jacents, qu'elle n'en peut etre separee qu'avec une trfis-jrande difficulte. Ainsi les kystes sont tellement super- iiciels qu'ils ont aminci la peau; ils paraissent formes aux depens du tissu cel- lulaire sous-cutane; mais 11 est probable qu'ils sont venus primitivement des parties profondes du cou. En effet, on voit, alors que la peau est enlevee, des fibres musculaires eparses, ccartees, etalees k la surface anterieure de la tumeur : ce sont les fibres du peaucier, formant comme un filet au-dessous duquel on aperqoit un tr6s-grand nombre de kystes. II en est de meme sur les regions la- tcrales des muscles sterno-mastoidiens ; leurs fibres sont etalees k la surface de la tumeur. Comme les coides d'un violon sur le chevalet, ces fibres sont pales ; on ne retrouve pas I'aponevrose qui doit li s mainlenir reunies en un faisceau. Entre ces fibres et au-dessous d'elles, se voient des kystes plus profondement silues. Si Ton considere les muscles sterno-mastoidiens dans leur trajet et k leurs exlre- mites, voici ce qu'on voit. Dans leur trajet, leurs fibres sont eparses, ainsi que nous venons de le dire. Leur bord externe marque ties-exactement les limites de la tumeur ; au dela il n'y a plus de kystes. Les regions posterieures et postero-laterales du col sont done parfaitement saines. A leur insertion superieure, on voit des kystes limpides, clairs, transparents, d'un petit volume, qui sont interposes entre les tendons d'attache. A leur insertion superieure , cinq ou six petits kystes de la meme nature se voient dans I'intervalle qui separe les insertions sternales des insertions clavicu- laires du muscle- Ces fibres musculaires ayant ^te rejetees de cote, nous avons continue la dis- section de la tumeur. Entre les kystes, se voient la veine jugulaire externe, qui est vide, et les nerfs superflciels de la region cei vicale anterieure. 66 Les limites de la tumeur sont Ics suivantes : en haut, Ics regions mastoidiennea et parotidiennes et tout le bord du inaxillaire inferieur; sur Ics coles, les muscles sterno-masloidiens ; en bas, la region thyroidienne. Jusqu'i quelle profondeur penetraient ces kystes? On en trouve 'entre les deux muscles sterno-hyoidiens, entre les muscles hyoglosses et geniohyoidiens etsur les cotes du digastrique. Quant aux muscles sterno-thyroidiens, thyro- hyoidiens, ils sont completement en dehors de la tumeur. La trachee, le la- rynx, les vaisseaux et nerfs profonds du cou n'ont point ete envahis par ces tu- meurs. II aurait ete interessant de savoir quel role ont joue les aponevroses du cou dans la delimitation de ces tumeurs; mais elles ont ete completement modi- fiees, et ont pour ainsi dire disparu au milieu de ces kysles si nombreux. II etait important de savoir quel avait ete le si6ge primitif de ces kystes et s'ils ne s'etaient pas developpes dans un organe ; aussi avons-nous examine avec soin tons les organes de cette region. Les glandcs parotides sont petites, pour ainsi dire atrophiees ; on les retrouve entieres et intactes. Les glandes sous-maxillaircs n'ont pas tout a fait leur siege habituel : elles sont descendues plus bas que d'ordinaire; elles n'offient ancune lesion essentielle. Le corps thyroide est sain; il a le volume, la couleur et la consistance ordi- naires. II en est dememe du thymus, qui, du reste, est tout k fait en dehors des limites de la tumeur. La situation de ces kystes, leur developpement le long et entre les fibres des muscles, nous ont fait penser que leur siege avait ete, dte I'originp, dans le tissu cellulaire intermusculaire. Cette maniere de voir est pour ainsi dire confirmee par le resultat de I'examen microscopique dont a bien voulu se charger M. Ro- bin. On trouvera plus loin le resultat de cet examen. Quant k la forme et au nombre des kystes, voici ce que nous avons observe. Ces kystes sont au nombre de quatre-vingts ou cent. Les plus gros n'attei- gnent pas le volume d'une petite noix ; les plus petits ont le volume d'un gros pois. lis sont isoles, generalement uniloculaires, bien que quelques-uns soient cloisonnes. La meilleure preuve qu'on puisse donner de leur isolement et de leur independance reciproque, c'est que les uns contiennent un liquide sereux lim- pide, tandis que les autres contiennent du sang et des caillots. Le nombre des kystes contenant du serum est de beaucoup le plus considerable. 11 nous semble qu'on pent expliquer la presence du sang dans quelques-uns de ces kystes, par des hemorrhagies survenues k la suite de la compression subie par ces parties pen- dant raccouchement. Nous ferons remarquer un cote interessant de la question, et que nous n'avons pas le loisir de developper : c'est I'etat de certains muscles et I'inertie d laquelle ils devaient etre condamn^s, et par suite I'infirmite qui en devait resulter pouir cet enfant, en admettant qu'il eut pu vivre. 67 ExAMEN MiCROscopiQUE DES KYSTES ; par M, RoBiN. — Lcs kystes dont le liquide i'lait transparent, incolore, ne conlenaient que queiques rares globules sanguins et queiques globules grariuleux pales, inoins granuleux que ceux qu'on trouve dans beaucoup de kystes, ceux de la tliyroide en particulier. Les kystes k liquide colore olTreni ces memes globules granuleux tres-rares et une grande quantite de globules sanguins. De ces derniers, les uns sont intacts, les autres presentent des dentelures k leur surface qui leur donnent I'aspect framboise, dentelures plusnettes et plus prononcees qu'elles ne le sont sur les globules, qui s'alt6rent dans une preparation faite avec une goulte de sang prise dans le liquide d'une saignee. C'etaient 1^ les seuls elements analomiques en suspension dans le liquide des kystes. 2° PARALYSIE DES MUSCLES GRAND DENTELfi, RHOMBOiDE, TRAPfeZE, SUS-EPINEUX ET S0C3-EPINEIIX, GUERIE PAR l'EMPLOI DE L'ELECTR1C1T£ ; par M. BONNEFIN. Au n° 20 de la salle Saint-Kazile, hopital de la Charite, service de M. Rayer, est une malade, mademoiselle D..., domestitiue, agee de 2i ans, d'une bonne constitution, bien reglee, et qui n'a jamais eu d'accidenls hysteriques. Elle entre k I'hopital pour se faire trailer d'une paralysie qui porte sur queiques muscles qui fuent I'omoplate et rend impossible I'elevation du bras en avant et en liaut. Cette malade fut traitee en aout 1852 a Thopital de I'Hotel-Dieu, salle Sainte- Anne, n" 3l, service de M. Guerurd, pour une varioloide dont elle guerit bien. Elle soi tit de I'hopital le 5 octobre, le trente-septifeme jour apres son entree; mais des le 14 septembre elle avait dcji ressenti une douleur rhumatismale vive dans les deux epaules et la masse deltoidienne, plus inlense i droite qu'a gauche; elle dura trois semaines environ. Depuis quinze jours, la malade s'etait aperqiie que I'epaule droite etait plus abaissee que la gauche et qu'il lui etait Impossible de la relever meme dans les instants ou les douleurs disparaissaient ; c'est k ce moment que, voulant se peignc-r, la malade ne put, k son grand etonnement, lever le bras droit. Depuis un mois les douleurs ont disparu totalement; lama- lade piesente actuellement, 30 octobre 1862, 1'elat suivant: Le moignon de I'epaule droite est abaisse de 2 a 3 centim., legferement porte en avant. La malade assise dans son lit ne pent ccarter le bras que jusqu'a faire avec I'axe du tronc ou sa parallele un angle de G5 a 70 degres ; porte en avant^ ce bras ne peut arriver qu'a peine a faire avec le meme axe un angle droit, tan- dis que les mouvemi nis de I'avant-bras sur le bras n'ont point subi d'alteration. Dans I'eft'ort que fait la malade pour porter en liaut le bras ctendu en avant, on voit les deux angles spinaux de I'omoplate faire saillie en arriere et depasser les muscles de la region de 6 centimetres tout en s'eloignant de la colonne epiniere, par un mouvement du scapulum autour de son extremite cxterne fixee ct la cla- vicule ; cet os se place en forme d'aile sur le thorax, et le bras dirige en avant ae peut arriver a la position horizontaie ; la mobilite de I'imoplate sur le thorax 68 est tenement grandc que, sans la moindre contracture des muscles dumoignon de I'epaule, ni la plus leg^re rugosite des surfaces de I'articulation scapulo- humerale, I'omoplate pent etre entrainepar les mouvempnts iraprimes au bras, fixe qu'il est ci I'humerus par la simple tonicite des muscles qui recouvrent I'arti- culation. Quand le bras est tire en avant, le scapulum s'applique fort bien contre le thorax; seulement son angle inferieur est alors porte en dehors et en avant, et I'obliquite de son bord interne par rapport 4 I'epine dorsale est plus grande. Le bras pousse en arriere fait saillir ce bord, comme nous I'avons vu dans le mou- vement d'elevation volontaire du bras etendu en avant, c'est-idire jusqu'S elon- gation possible des fibres paralysees, tandis qu'avant tout efTet d'elevation dans I'etat normal, I'omoplate est fixe dans la position que lui donne le bras, les muscles elevateurs de celui-ci agissent ensuite ; c'est done I'inverse qui a lieu dans la paralysie. II est tres-appr6ciable que les muscles sus-epineux et sous-epineux ont un vo- lume notablement moindre que les memes muscles du cote gauche qui ne pre- sentent aucune alteration. Le muscle deltoide n'a point diminue de volume; nous ferons voir qu'il n'a pas ete frappe dans la paralysie qui nous occope, malgre la perte apparente d'une partie de ses fonctions. Nous diagnostiquons done une paralysie complete : l' du muscle grand den- tele qui, avec le rhomboide egalemcnt paralyse, fixe I'omoplate par son bord interne, lequel semble interpose entre ces deux muscles et se porte en dedans et en haut par la contraction du rhomboide, en dehors par Taction des deux portions superieures du grand dentele, en dehors et en bas par celle de sa por- tion plus longue et inferieure. 2° Du muscle trapeze, excepte dans sa portion superieure. La malade a tou- jours conserve le mouvement volontaire d'elevation de I'epaule. La portion moyenne du trapeze n'empeclie pas I'omoplate de se porter en dehors, et sa por- tion inferieure n'empeche pas non plus le mouv?ment de cet os en haut, quand la malade faitun effort pour lever le bras. 3° Des muscles sus-epineux et sous-epineux , attendu la grande diminution de leur volume et leur peu de contractilite sous I'influencedu galvanisme. Le grand dorsal qui peut fixer le plan dans lequel doit se mouvoir Tangle in- ferieur du scapulum, ne nous a pas semble altere ; la malade pouvait porter tr6s- cnergiquement le bras en arri6re et en dedans. M. Rayer ayant eu occasion d'appr6cier nombre de fois les traitements em- ployes contre des paralysies analogues, ordonna Temploi de Telectricite conjoin- tement avec les bains sulfureux. Nous nous servimes de Tappareil electro-medi- cal de MM. Breton frferes, et les excitations furcnt portees sur les nerfs du plexus cervical, sur quelques branches da plexus brachial ct sur la portion externedu nerf spinal, moinsla portion de ce ncrf qui animc le muscle sterno-mastoidien restc inlact. L'excitation diiecte et encrgii^uo dos muscles f aralyses nr produisit d'abord 69 que de faibles contractions; aprfis la vingtieme application de I'electricite, eiles devinrent plus appreciables, el Ics mouvcmenls volontaires d'elcvation du bras prirent plus de certitude. Le 20 novembre, nous remaiquons 'lue la malade peut elever le moignon de I'epaule droite aussi facilement que du cole oppose. Les jours suivanis le bras se souieve inieux en arrivant k la position liori- zontale. Le 9 decembre la malade peut porter le bras en avant et en haut, de maniere a faire avec I'axe du tronc un angle a sinus superieur de 60 a 66 degres. A ce moment nous reniarquons que les muscles paralyses se contractnt infiniment mieux sous I'excitation galvanique. I.e 14 decembre, le bras seleve un peu pluset avec plus de facilile. Le 18 decembre, ramelicration se maintient, la malade peut lenir le bras eleve plus longtemps. Le 3 Janvier, Tangle n'est p!us que de 43 3 IS degres, A ce moment nous avons fixe avec les mains Tomoplate par ses angles et par scs bords, son angle inferiiur 6tant ramene en avant, sans pour cela exercer de pression de cet os contre le thorax ; la malade a pu 4 Tinstant meme porter le bras directemeiit en haut, par Taction du muscle deltoide dont la contraction devint possible et effli-ace par le nouveau rapport de Tiiumerus avec les apophyses coracoide el acromion, qui avant cette manceuvre s'avanqaient contre cetos, de maniere k empecher T61e- vation complete du bras. Nous remarquons que i'angle superieur et interne de Tomoplate s'eloigne encore de 4 centim. 1/2 du thorax, son angle inferieur ne s'en eloignanl que de 2 centim. 1/2. Le 8 Janvier, le bras fait avec le corps un angle de 20 k 23 degres. Le 1 a Janvier, le bras peut faire avec une ligne horizontale un angle de 80 de- gres; il peut meme arriver k I'angle droit, qiiand Toperateur a le ?oin de porter Tangle inferieur de i'omoplateun peu en avant, demani6rea I'appiiquer contre le thorax; Tangle superieur fait encore une saillie de 4 centim. Tour les muscles paralyses se contractent bien sous Tinfluence de I'electricite, ce qui pourtant n'a pas pu etre verilie pour la partic superieure du grand den- tele. A cette epoque Tepidemie typhoide qui a sevi, ayantexige la sortie de la ma- lade de Thopital, M. Rayer a bien voulu Tenvoyer a noire consuTation. L'ame- lioralion a continue, mais il nous a fallu insister extremement pendant vingt- cinq applications de I'electricite ^ur la g.ilvanisation des portions niusculaires qui fixent Tangle superieur et interne de Tomoplate. Le 1"^ ou le 2 avril nous avons pu montrer la malade tout a fait guerie k M. Rayer. Deja depuis douze jour.s, un de nos confreres de la ville n'avait pu decouvrir, dans les muscles de la region malade, Tindicede Taffection dont nous rapportons Tobservation. Le resultat que nous avons obtenu k Taide du galvanisms, concurremment 70 avec trente Bains sulfureiix, esl done une guerison complete, en tiois mois d'clectrisation reguli^re (chaque seance durant un quart d'heure), d'une para- lysis rhumatismale des muscles trapeze, rhomboide, grand dentele, susepineux et sous-epineux. 3°PBTHISIE TUBERCULCUSE ; HEHORRHAGIE MENINGEE; DEGENERESCENCEPARTICtLI^RE DES GLANDES BRONCHIQUES ; par MM. DuPLAY et ROBIN. Le nomme Damann, age de 76 an?, d'une bonne sante pendant sa jeunesse, fut atteint en juillet 1851 d'une hemorrliagie cerebrale legdre, avec licmiplegie incomplete du cole gauche. 11 soilit de I'infirmerie, au bout d'un mois, entiere- ment retabli de cet accident. Je ne revis plus cet liomme qu'a de iongs inter- valles. II se plaignait de toux et de temps en temps d'acces d'oppression, comme les vieillards atteints de catarrhe chronique et d'emphyseme pulmonaire. Du resle, ces accidents etaient assez legers pour qu'il ne demandat pas a entrer a I'infirmerJe, et qu'il put sorlir tous les jours. Au commencement de I'automne de 1862, la toux piit plus d'intensiie, la respiration devint plus embarrassee, la voix s'altera,el le malade rentra i I'infirmerie le 21 decembre. A ce:te epoiiue, il y avait de I'amaigrissement et delapaleur de la face, aphonic complete, dou- leur a la region du larynx, sentiment de chatouillement qui dcterminait une toux frequente et sans timbre. Dyspnee legere, matite tres-grande dans tout le sommet du poumon droit en avant et en arriere, resonnance tres-grande au sommet du poumon gauche, absence de murmure vesiculaire dans tout le som- met droit; souffle, pectoriloquie evidente dans la meme legion ; gargouillement dans les efforts de toux. Pas de flevre, pas de sueurs nocturnes. Rien de notable du cote des autres organes. On donne au malade I'huile de foie de morue, des boissons aromatiques ; on determine des eruptions artificiellesi la region du la- rynx 4 I'aide de la pommade stibiee; on applique meme a plusieurs reprises la pSte de Vienne pour determiner une suppuration plus profonde et plus longue. Ces moyens n'amenent aucun changement. L'etat general reste assez bon. L'amaigrissement fait des progres, mais tr6s-lents. L'expectoration devient de plus en plus abondante. Quant aux symptomes locaux, ils restent les memes. Vers la fin du mois de mars, il survient quelques troubles du cote du canal intestinal ; on observe des retours frequents de diarrhce. Le malade est pris d'une repugnance invincible pour I'huile de foie de morue. On en suspend I'usageet on la rcmplace par les Eaux-Bonnes coupees avec du lalt. Le malade est en meme temps mis h I'usage de fumigations pour lesquelles on emploie I'in- fusion de bourgeons de sapin. Vers le milieu d'avril la voix reprcnd un peu de timbre ; elle etait presque entiereracnf revenue vers la fin du meme mois, Le 2 mai, sans que le malade ait eprouve rien de particulier la veille, je le trouve k la visite sans connaissance ; il ne repond pas aux questions; il y a re- solution des membres un peu plus marquee a droite qu'^ gauche. Malgr6 les 71 moyens mis en usage centre ces nouveaux accidents, le maiade nieurl le 3, avant la visite. AuTOPSiE tiente tieures apies la mort. Lorsqu'on ouvre la grande cavite de I'arachnoide du cote gauche, il s'echappe un jet de sang llquide. En agrandissant I'incision, on apeiQoit un epancbement sanguin qui recouvre tout riiemisphere gauche. Une partie de ce sang est ties- liquide, I'autre, plus dense et prise en caillots, recouvre d'une couche d'une ligne d'epaisseur la plus grande partie de I'hemisplifere; dans certains points ces caillots sont deja adherents a raraclinoide cerebrale et nes'en detaclient pas par le lavage. Malgre des recheicbes minutieuses et attentives, on ne pent decouvrir I'origine de cette hemorrhagie considerable. Le tissu du cerveau est sain dans loute son etendue. Le poumon droit est indure dans toute son etendue. II presente partout de la matiere tubeiculeuse soit InQltree, soit a I'etiit de tubercules iniliaires, soil k I'etat de petites masses agglomerees. Le sommet presente trois cavernes anfrac- tueuses qui communiquent les unes avec les autres etqui sont remplies dema- tifere purulenle. Le poumon droit, legerenient emphysemateux, sain dans toute son etendue, ne presente que deux petites masses tuberculeuses isolees. A I'endroit oii la trachee-artere se divise pour donner naissance aux bronches, on aper^oit au-dessous de la bifurcation une tumeur volumineuse,ayant presque la grosseur du poiiig, cotoyant la bronche droite et adheiente au cote interne du poumon, Cette masse, recouverte d'une cnveloppe comme fibreuse, est fnrmee de plusieurs lobules reunis; sa teinte est d'un noir tirant un peu sur le rouge; son tissu tres-dur se separe en petites masses rougeatres qui s'isolenl toutes les unes des autres avec la plus grande facilite, Le nerf pneumogas-tri lue est accole a sa partie posterieure et comme aplati. Cette alteration singuliere envoie un [iro- iongement dans I'epaisseur du poumon autour de la bronche droite, et a pour siege les ganglions bronchiques. Le larynx presente au niveau des cordes vocales supirleures une ulceration de 10 millim. environ qui parait etre en voie de cicatrisation. La fm de I'intestin grele et le colon presentent q^ et la quelques ulcerations analogues a celles que I'on observe chez les phthisiques. M. Robin dccrit ainsi qu'il suit le tissu friable de la tumeur adherente a la trachce etau poumon droit, dont elle avait envahi une portion du tissu dans une etendue egalant a peu pr6s le volume d'un cjuf. Ce tissu friable se reduisant en une sorte de puipe granuleuse, peu hiimide el ne donnant pas de sue, presente la composition suivante ; il se compose: i" d'une substance amorphe particuliere tres-abondante; 2° de globules spheriques tinement granuleux oiTrant les carac- teres exterieurs des globules blancs du sang, mais n'ayant pas leurs reactions au contact de I'acide acetique. Ce tissu ne renferme pas de trace de vaisseaux, ni capillaires, ni visibles k I'cEil nu. On n'en trouve que dans les cloisons ou faisceaux trfes-petits de tissu 72 cellulaire qui tiaversi'ul ga et la le pioiiuii, ou suparent fa surface en lobes pUis ou moins volumineux. La substance auiorphe dont il vienl d'etre question mi- rite une mention speciale EUe est hnmogene, sans granulations molcrulaires, incolore lorsqu'elle estvup par transparence, etelle rel'raetefortemenl la lumii're. Elle est disposee en petits corpuscules dont quelques-uns ont seulement 5 a 10 milliemesde millimetre de diametre, maisdont la plupart ont 14 k 25milliemes de millimetre et quelques-uns jusqu'a 50 milliemes. Leur forme n'a rien <\e fixe; elle est irreguliercment spheroidale, leur surface est bosselee, quelques- uns meme sont diversement polyedriqutv a faces convexos o i concaves, k angles arrondis. Leurs contours sont nets, fonces, tioiralres, oonimc ceux de tous les corps qui retractent fortement la lumiere. L'alcool et i'ether sont sans action sur eux. L'acide aciitique et la potasse les gouflent et lesramollissent, surtout le dernier de ces reactifs. Aucun d'eux ne renferme de granulations rnoleculaires dans son epaisseur, et il taut se garder de (jrendre pour telles les petites rugo- sites de leur surl'ace. Ce sunt ces corps p,u\, reuiiis par simple contiguite, les uns coDlre les autres, ferment le lissu de la lumeur, el leur disposition rend ires- bien comple de la t'riabilite louie particuliere du produii morbide. Dans le champ du microscope, on veil beaucoup ile ces peliis cor|)S iso!es; mais on en voilbeaucoup aussi qui soul reuuis et qui, grossis, reproduisent en quelque sorie par leur ensemble Taspecl exlerieur grossierement granuleux du tissu morbide. Quant aux globules spberiques, tres-tinemeni granuleux, ressemblant un peu aux globules blancs du saug, mais n'offrant pas leur reaction au contact de l'acide acetique, il suffira de dire qu'ils sonl tres-rares ; car dans chaque pre- paration on n'en Irouve que cinq a six; il.s sont plus pales aussi et plus petits que les globules blancs du sang ; car ils n'ont que 0""",007. 4"" COLLECTION PURULEME ENKYSTEE DANS LA DDRE-MfeKE; par M. TiTON. EXAMEN MICKOSCOPIQUE DO CONTENU DU KYSTE ; par M. ROBIN. LenommeReveillac Antoine, age de ^2 ans, cocher de fiacre, demeurant rue Charlemagne, n" 10, est apporte k THotel-Dieu, le 2 mai 1853, el couche au n" 17 de la salle Sainte-Madeleine (service de M. Piedagnel). 11 est d'un temperament sanguin et d'une constitution robuste. Ses jambes ont beaucoup de peine k le soutenir ; il eprouve une faiblesse generale et ne pent meme rester assis sur son lit sans le secours d'un aide. Quand on cesse de le mainlenir, il tend k retom- ber en arri6re. L'intclligence est obtuse et semble avoir subi la meme decrois- sancc. — Le malade est dans un elat d'hebetude tr^s-marque ; son regard est presquc stupide. Si on I'interroge, il nerepond pas immediatement aux questions qu'on lui adresse ; il a besoin d'un certain temps pour fixer son attention et rap- peler scs souvenirs. Puis il repond comme une personne qu'on viendrait de re- veillcr et qui n'aurait pa.' encore rr.pris I'usage de ses faculles. Neanmoins il a 73 foute sa raison, ctses paroles ne revelent aucune perversion de I'intelligencc qui paralt seulement ralentie et pour ainsi dire comprimee. L'articulation des mots se fait sans ditliculte, et il dil lui-nieme que « sa langue tourne bien. » Voici les renseignements qu'il donne : II y a cinq ans, au milieu d'une sante qui n'a- vait jamais etetroublee par la plus legere indisposition, ilregut, dans iine rise, des coups si violenls sur la tete, qu'il en fut, dit-il, « assomme. » 1! garda le lit pen- dant deux ans; il ne se rappelle ni du traitement auquel il fut soumis, ni de I'epoque k laquelle il recouvra ses facultes, etc. ; tout ce dont il se souvient c'est d'avoirete aMommd. Apres ces deux annees il reprit sa profession, mais il n'etalt pas aussi fort qu'avant sa maladie et se trouvait » mains a son aise. » Au bout de dix-hult mois ses forces avaient diminue i un tel point qu'il fut force de quitter son travail. Depuis, la faiblesse s'accrutconstamment et aujourd'hui, bien qu'il n'y ait pas de paralysie, cette faiblesse, ainsi que je I'ai dit plus liaut, est extreme et generale. La sensibiiile, parfaitemet conservee sur tous les points du corps, existe au meme degrc des deux cotes. La vue, I'ouie, le gout et I'odorat font intacts. Le malade accuse dans la moitie gauche de ia tete des douleurs excessive* qu'il a presque toujours eprouvees depuis cinq ans; c'est IS surtout ce qui I'oc- cupe. II n'y a pas de fievre ; le pouls est regulier, la respiration se fait bien , les fonctions nutritives s'accomplissent regulierement. 3 mai. Prendre tisane d'arnica, deux pots ; un seton a la nuque. Le lendemain, dans la soiree, il survient du delire et de I'agitation ; le malade est tombe de son lit ; on lui a mis la camisole. Le 5 au matin il y a un tremble- ment general tres-leger avec un peu de contracture des membres; sueurs; la face est congeslionnee, les yeux sont fermes. II y a un peu d'ecume a la bouclie ; la respiration est stertoreuse. On n'obtient plus aucune reponse. La camisole est enlevee. Le coma devientde plus en plus profond, malgre les moyens employes, et la mort arrive le 6 mai a deux heures du soir, sans avoir ete precedee ni ac- compagnee d'autres phenonii^nes queceuxdu coma. AuTOPSiE quarante-deux heures apr6s la mort. Rien a noter dans la cavite thoracico-abdominale, a I'exception des poumons qui sontcongestionn^s. Crane. — En enlevant la calotte osseuse, unebouillieconsistante, couleur cafe au lait, sort du c6te gauche par une perforation resultant d'une perte de sub- stance de la dure-m6re. L'issue de cette mati^re est determinee par la pression qu'on exerce necessairement sur I'encephale pour I'exiraire avec ses membranes hors de la cavite cranienne. La surface externe dela dure-mere offre une vascu- larlsation trfis-prononcee dans sa moitie gauche, et est detruite dans une etcndue d'une piece de 2 fr. au moins a la partic moyenne et latiirale de I'hemisphfire gauche. L'ouverture k bords iricguliers laisse echapper, par la pression, la ma- tiere signalee ci-dessus et qui remplit une cavite ayanl en ce point pour parol la surface osseuse corrcspondante. Celle-ci fait une saillie de 12 a 15 millimetres 7/1 creusee a sa surface d'une foule de pelils sillons vasculaiies formant un rcscao tres-serre. Cette hyperostose se prolonge en diminuant d'epaisseur jusque pres de la suture sagiltale et otTre une surface de C 4 8 centimetres carres. La parol exlerne du crane est uormale el son examen ne peul nullement faire presager la saillie qui dimiuue la capacite encephalique. La dure-mere qui recouvre I'hemisphere cerebral gauche est epaissie et ren- ferme des plaques cartilagineuses et calcaires dans toute son etendue, meme dans le tiers anterieur,c'est4-dire dans la portion situee en avantde latumeur. Celle- ci, qui recouvre les deux tiers posterieurs de ('hemisphere gauche, a la forme d'une ovuide aplatie, dont le grand diam^tre, qui est antero-posterieur, mesure 12 centimetres, le petit ou transversal 0,10. Le point central, qui est le plus epais, a environ 0,05. Cette tumeur etant enkystee, preseote a etudier : 1° une enveloppe ou partie contenantc, 2° lecontenu. 1" Enveloppe. — Elle est formee par la dure-mere qui se trouve ainsl divisee en deux fcuillets, ayant tous les deux les memes caract6res. Aux limites pcri- pheriques on voit tres-bien le dedoublement des deux lames periostique et t- tsc^- rale que Massa a decrites le premier en 1660. Leur cpaisseur est de 1 ^ 2 milli- metres. Le feuillet de la face interne ou ptufonde de la tumeur est tapisse par le feuillet parietal de I'arachnoidequi n'offre aucune alteration, si ce n'est en avant et en arriere oii les ileux feuillets sereux adherent par une tres-petite surface. Vis-^-vis la partie la plus saillante de la tumeur se trouve une collection puru- lente du volume d'une aveline, entre I'arachnoide viscerale et la pie-mere; cette collection n'a aucune communication avec I'autre. L'examen microscopique fait par M. Robin a donne les resultats suivants : Dans les points ossifies on trouve du tissu fibreux dans les mailles liuquel est depose du carbonate de chaux. Ce sont done des plaques fibro-calcaires et non pas des parties otsifiees, pulsqu'elles ne renferment aucun des elements du tissu osseux. Les points ou la dure-mfere est simplement epaissie, sont formes par ce meme tissu Qbreux dans les mailles duquel le carbonate de chaux est remplace par des globules graisseux. 2° CoNTENu. — C'est, je le repete, une bouillie consislante, completement inodore, d'une belle couleur cafe au lait un peu fonce d'un aspect melicerique avec des reflets chatoyants produits par des points ressemblant k des paillettes mica- cees excessivement fines. Ce sont des cristaux de cholesterine. Pr6s de la paroi externe existe un noyau de 2 centimetres cubes au moins, de pus franchement phlegmoneux s'irradiant dans le voisinage avec la matifire indiquee qui est homo- gene dans tous les autres points. Sur les parois horissccs de fragments calcaires, on voit des laches ecchymoliques. Au microscope, on constate dans la matiere cafe au lait : 1° beaucoup de cristaux de cholesterine; 2° des globules purulents ou plulot pyoides, bcauconp plus granulcux que les globules de pus ordinaire. L'hemisphcre cerebral correspondant est comprime dans une etendue en rap- 75 port avec la lamcur ; les circonvolutions sont aplaties et il n'existe d'autre alte- ration qu'un peu de raniollissement de la substance blanche. La fauU du cer- veau et le resle de la durc-mere ne presentent rien de pathologique. ExAMEN DU coNTENU DU KYSTE; par M. RoBiN. — Examine au microscope, ie liquide consittant de couleur cafe au lait se montre compose : 1° de cristaux de cholesteiine en petite quantite; 2° de granules moleculaires grii^atres et graisseux moyennement abondants; 3" de corpuscules de pus extremement abondants, offrant les particularites suivantes : lis sont un peu polyedriques et non regulierement spheriques, cette forme les rapprocherait des corpuscules du lubercule; mais au lieu de 9 milliemes de millimetres au plus, ils ont tous de 11 4 13 milliemes; de plus leurs bords sont plus fences, nettement arretes, et le globule refracte plus fortement la lumiere que les globules nor- maux. En un mot ces globules oflVent les caracteres des globules du pus con- cret. Au contact de I'eau ils ne changent pas, mais Taction de Tacide acetique est sur eux la meme que sur les corpuscules du pus normal ; c'est-S-dire que ce reactif les gonfle, les rend aussitot spheriques et plus transparents. Les granula- tion?, nombreuses avant Taction de I'acide, sont dissoutes presque en totalite. On constate alors que les globules sent pour la pluparl depourvus de noyaux (globules pyoides) comme les globules de pus des sereuses ; plusieurs pourtant ofTrent 9^12 noyaux semblables k ceux du pus ordinaire. 5" OBSERVATION DE TRACHEOTOMIE FAITE AVEC SUCCES POUR l'EXTRACTION d'UN HA- RICOT ; par le docteur Albert Dufoub , de Saint-Sever (Landes). (Communi- cation faite par M Laboulbene.) Le 3 mars, dans la soiree , je fus appele aupr6s d'une petite fiUe de la cam- pagne , agee de deux ans et demi qui , en jouant dans un lieu oii avaient ete de- pouilles des haricots, venait d'etre prise subitement de menaces d'asphyxie. C'est par des efforts de vomissement que les symptomes de suffocation ont commence. L'enfant ctait auparavant en parfaite sante. Comme elle jouait seule et ne salt point encore parler, on ne pouvait que presumer qu'elle avait avale un des haricots que Ton trouvait epars sur le sol. A mon arrivee, la petite flile tenue sur les bras de son pere, la tete penchee en avant et appuyee, faisait de vains efforts pour respirer et crier ; sa face etait con- gestionnee , ses yeux larmoyants, sa respiration manifestement embarrassee. En vain, par Tintroduction reiteree de Tindicateur et la titillation de la luette , je provoquais des efforts d'expulsion et des vomlssements , la gene res- piratoire, loin de cesser, parut s'accroitre. A la premiere introduction du doigt, j'avais cru sentir k Torifice sus-glottique du larynx la saillie d'un corps lisse f omme un haricot qui y etait h moitie engage : j'essayai de le saisir avec une pince a pansement guidee par Tindicateur, mais il avait disparu : c'est alors que la respiration devint plus genee, les matieres rendues etaient purement mu- queuses. On posa la pauvre enfant sur un lit ; elle etait comme asphyxiee. La 76 ihjt'ompusKion tnpide Ju facies, I'absence eomitlete dc la respiration , le refroi- dissement general, la resolution musculaire, la disparition du pouls, toul an- nonqait que la vie allait s'eteindre. Vainement mon doigt explorateur profondement introduit dans le pliarynx , cherchail a senlir dans quel point siegeait robstacle. Une sonde d'homme en ar- gent se trouvant sous ma main, jel'introduisls dans le larynx esperant a peine en oLlenir quelque resullat ; mais a I'instant une loufTee d'air fut expiree par son canal ; aussitot j'aidai par des moaveraents de soufllet sur le thorax , ce faible espoir de rctour k la vie ; pen ci pen la respiration se retablit et se main- tint quoique la sonde eut ele retiree; la face violacee reprlt son teint rose , les \eux se rouvrirent ; un sommeil calnie et reparateur succeda presque aussitot k tous les symptomes efTrayants qui venaient de se manifester. Apres une demi- lieure environ, comme I'enfant, eveillee , mais toujours couchee, continuait a respirer sans la moindre gene , je comnienQai a douter de mon diagnostic. Le docteur Leon Dufour, mon pere, que j'avais fait appeler, arriva sur ces entrefailesj il heslta plus que moi encore ^ croire a la presence d'un corps I'tranger dans le canal aerien et nous nous demandions si le haricot , apr^s les efforts violents d'expulsion ou pendant la resolution musculaire qui avail eu lieu durant I'asphyxie momentanee, n'aurait point passe du larynx dans I'oeso- phage, lorsque, la petite fille s'etant dressee pour embrasser sa mere, les em- barras de la respiration se remontrerent : la dyspnee ctait moins prononcee , mais il s'y joignit deux phenomenes que nous n'avions pas encore constates a certains moments de I'expiration , on entendait, k ToreiUe nue, un bruit non doutcux de soupape qu'accompagnait unecertaine raucite de la respiration. De plus, en posanl la main au-dessus de la fourchette sternale et en pressant moderement , on percevait dans la trachee la sensation legere mais positive , d'un corps qui allait ct venait , sensation qui se manifestait surtout dans les mouvements respiratoires actifs. Ces deux signes de la presence certaine d'un haricot dans les voles de la respiration furent constates , non-seulement par mon pere et par moi , mais aussi par notre confrere le docteur Dubedout qui vint nous assisler. Le diagnostic n'etait plus douteux , I'indication devenait formelle : la tra- cheotomie etait le seal moyen d'extraire le corps etranger, et pour mieux en as- surer le succcs, c'etait immedialemcnt qu'il fallait la pratiquer : le consente- ment des parents obtenu el fort de I'assistance de mes deux honorables con- freres, je pus agir sans autre preoccupation que celle que fait nalurellement naltre, chezun jeune debutant surtout, la responsabilite d'une operation aussi delicate; elle n'avait point encore ele pratiquee dans ce pays-ci. La manoeuvre operatoire ne fut signalce p;ir aucun incident digne d'etre note : il y eut, i la section de la glande Ihyroide qui couvrait une certaine portion de la trachee, une assez abondanle elTusion de sang veineux qui fit tomber la pauvre enfant en syncope, mais , des que la trachee eut ele ouverte, et la petite 77 operee lanimee par une Ieg6re aspersion dVau froide, I'ecoulement s'arrela par le retour de la respiration. Le dilataleur tracheen introduit, j'y clierchai avec des pinces k pansement h saisir le corps etranger; mais je fis longtenips d'inu- tilesessais. La pertedes forces de I'enfant ne lui permettant plus de reagir utile- ment, la respiration etant tr6s-faible, et enfin le jour tombant, je me decidai k introduire provisoirement une canule qui permettait k la respiration de fonc- tionner sans trop de difiiculte. — Apr6s deux heures, je revins pour constater I'elat de la petite malade qui avail dormi avec calme pendant tout ee temps : j'enlevai la canule et fis de nouvelles tentatives pour saisir le haricot ; je provo- quai des efforts de toux , des mouvements actifs de respiration , des cris , mais sans resultal : je repla^ai la canule mais sans I'introduire profondement, la respiration s'operant sans peine par le larvnx , et voulaiit seulement ainsi main- tenir beante laplaiedela trachee. Je venais k peine de quitter ma malade, preoc- cupe du precede que jedevrais employer pourextraire I'insaisissable corps etran- ger lorsqu'une des personnesqui m'avaient assiste dans ces derni^res tentatives m'apporta le haricot qu'elle venait de trouver i I'orifice exterieur de la plaie , I'enfant s'etant rcendormie. J'enlevai aussitot la canule et fis un pansement simple. Le lendemain la pe- tite operee qui avait parfaitement repose toute la nuit, prit sans difliculte un peu de lait. — II y eut pendant quelques jours un peu d'irritation laryngee qui , par la toux qu'elle provoquait, retarda la cicatrisation. Du reste, pas la moindre reaction febrile; un pansement simple suflitpour ameneren 26 jours la cicatrisation complete de la plaie : I'enfant est aujourd'hui en parfaite sante. Celte observation, quoiqiie ne portant pas sur un fait rare, offie cependant, ce me sembie , mati^re k quelques reflexions interessantes pour la pratique. — Et d'abord dans les divers incidents qui ont precede le moment de I'operation nous pouvons remarquer que le haricot donl la presence k I'orifice sus-glottique du larynx avait ete constatee, loin d'etre expulse par les manceuvres tentees dans ce but, penetra au contraire plus profondement dans la cavite laryngienne au point d'amener I'asphyxie complete. Ce resultat qu'on pourrait peut-etre at- tribuera ce que le doigt aurait involontairement enfonce le corps etranger en en reconnaissant la presence, ne doit-il pas plutot etre explique par celte iispira- tion energique qui precede tout effort de vomissement et qui favorise au lieu de I'empecher la penetration des corps elrangers dans le canal aerien? Si cette der- niere explication est ici la veritable, comme je le crois, ne doit-on pas en con- clure qu'il faut , dans les cas de corps Strangers dans les voies de la respiration, insister le moins possible sur les manoeuvres lendant k provoquer de violents ef- forts d'expulsion? Mais un fait plus important et qui merite surtout de fixer I'attention, c'est le resultat obtenu par I'introduction de la sonde d'homme dans le larynx lors de I'asphyxie complete. Attire, comme nous venous de le dire, dans la cavite laryn- gienne, le haricot, en metlanten jeu Ips puissances actives de I'organe qu'irri- 78 laii sa presence, amena I'obstruclion complete du canal aerien et rendit la mort iniminente : le calli6ter, en deplaqant I'obstacle et le precipitant du larynx dans la tracliee, non-seulement ranima la vie qui s'eteignait, mais encore, en procu- rant un repit dans les accidents, permit de reflechir et de preparer tout le monde d la grave operation qui est, dans ces cas desesper^s, I'heroique et unique moyen de salut : il se pent, il est vral, que la rfcolution musculaire generate qui survient pendant I'asphyxie momentanee, eulamen6 le meme resultat, en permeltani au haricot d'olieir h son propre poids qui le portait vers la trachea ; mais I'indication n'en 6tait pas moins formelle. On peutdonc, dans les cas de corps ctrangers dans le larynx, etahlir, comme rc^gle, d'introduire une sonde qui, lorsqu'on n'a pu par la bouche saisir le corps, le precipite dans la trachee .- la sensibilite pent etre moins exquise et la contractilile certainement moindre de la trachee par rapport au larynx, son plus grand calibre, sa lon- gueur, sa bifurcation inferieure, toule sa conformation, en un mot, sonl au- tant de conditions qui expliquent comment les accidents provoques par les corps Strangers sent bien moins rapidement funestes dans la trachee que dans la caviie laryngienne. Un troisieme incident, quMl est bon de noter encore, quoiqu'il porte sur un phenomene signale par tous les auteurs, c'est la remission complete des acci- dents de suffocation, qui succeda a la chute du haricot dans le tube trach^en; elle fut telle que le diagnostic en devint douteux, et que Ton put croire au pas- sage du haricot du larynx dans I'oesophage. Ce calme trompeur etail 6videm- menl dii soit a ce que le corps etranger, occupant I'oritice d'une des bronches , permeltaita I'autrede fonclionner librement, soit ace que ce corps gisant, par suite du decubitus dorsal, sur la parol post6rieure ou oesophagienue de la tra- chee, y restait immobile et n'opposait qu'un faible obstacle a une respiration iranquille. Et en effet, des que la fonclion devint plus active et que I'enfant quitta le decubitus dorsal, la dyspnee reparut, et les signes de la presence du haricot ne purent plus etre mis en doute. '■' Pour I'operation , je crois utile de dire combien on doit s'estimer favorise quand la volonte des parents ne vient point s'opposer k sa pratique immediate et combien elle a pour elle toutes les chances de reussite quand on pent ainsi I'executer avanl que le corps etranger ait amcne de desordre dans les voies respiratoires. lei , comme on a pu en juger, les suites ont ete celles d'une plaie simple de la trachee : je n'eusse point hesite k tenter la reunion par pre- miere intention, si la petite operee.m'en eut laisse maltre. Pendant la manoeu- vre je ne me suis point effraye de I'abondante effusion de sang qui a suivi la section des tissus sous-cutanes; j'avais dejA pu verifier, pendant mon sejour comme interne dans les hopitaux de Paris, combien est juste Tobservation de M. le professeur Trousseau, quand il dit que, lorsqu'il n'y a point d'art^re alleinle, I'hemorrhagie s'arrete aussitot api6s I'ouverture de la trachee et le rdour dc la respiration, ('.'est rn effet re qui est arrive ici. ?9 EnOii pour rextraction du corps etranger la maniere dont ii a ete rejete iei d I'oriflce externe de la plaie, nous demontre qu'apr6s les premiers essais infruc- tueux pour saisir le corps, on doit cesser tout ce qui pounait irriter la muqueuse tracheenne, s'attacher seulement a maintenir beants les orifices de la plaie et provoquer des mouvements expiratoires actifs. Si le cas se representait, au lieu decanule, qui n'a reellement d'utilite que lorsque I'obstacle siege dans le larynx, j'emploierai de petits hamegons, ou, comme on I'a propose, des epin- gles courbees en crochets qui , alta. hes h deux liens qu'on nouerait sur les cotes du cou, maintiendraient ccartes les bords de la plaie tracheenne et donneraient ainsi sortie facile et a i'air et au corps etranger. IV. — Pathologie des animacx. DE LA TORSION DE LA MATRICE CHEZ LA VACHE ; par M. Arm. GoUBAUX. Depuis quelques annees, I'attention des veterinaires a ete attiree sur un acci- dent qui se remarque assez frequeniment chez les femelles de I'espece bovine. Get accident, qui consiste dans une torsion simple ou multiple de la matrice, ne sr fait remarquer que chez les vaches pleines, el met un obstacle complet A la par- turition. Si la torsion de la matrice est reconnue, il faut avoir recours i differents moyens, dont je n'ai pas I'intention d'etudier iei la valeur relative pour remettre la ma- trice dans sa position normale; si elleest meconnue,elle entraine necessairement la mort des animaux. Dans la communication que j'ai I'honneur de faire aujourd'hui a la Society de biologie, je m'occuperai seulement de faire connailre les raisons de la production decel accident, et, pour qu'on puissebiencomprendre,jeriippellerai d'abord ra- pidement la disposition de la matrice chez la vache. Get organe a une forme generale qui est h peu pr^s la meme que chez la ju- ment; il en difTere cependant par quelques caractfiresparticuliers. Je n'insislerai iei que sur deux de ces caracteres differenliels, & savoir : 1° le sens dans lequel les comes sont contournees, et 2° le mode suivant lequel I'organe est suspendu par ses ligaments larges. 1° Les cornes de la matrice sont coniques et se continuenf, en s'efTilant, avec les trompes de Fallope ou les oviductes; elles sont divergentes en avant, en bas el en dehors, d.> sorte que leur bord superieur est eonvexe, tandis que leur bord inferieur est concave. Mais comme chacune des cornes est contournee sur elle- meme, ainsi que je I'ai dit prwedemment, il est evident que le bord concave est d'abord inferieur, puis posterieuF; tandis que le bord eonvexe, examine dans le meme ordre, ou d'arriere en avant, est d'abord superieur, puis antericur. 2" Les ligaments larges ou suspenseurs de la matrice, assez gentiralement, ne presentent pas la meme largeur d'avant en ai riere du cole gauche et du cote droit L'un vient, par (semple, de la face interne du lliuic, tandis que relui du role op- 80 pos^prend nai.=sanre au-dessous ou plulol en regard de la face interne de Tangle externe de I'ileum. Quelquefois ils prennent naissance dans le meme point, ^ ilroite et 4 gauche. Quel que soit, du reste, leur point de depart, il est constant que ces ligaments ne presenlent dans leur ensemble, ainsi que I'a dit M. Chau- veau, une soite de soupente triani;ulaiie, dont les deux angles anterieurs sont attaches I'un h gauche et ['autre k droite, aux endroits que j'ai indiques prece- demment, tandis que Tangle poslcrieur rcpond ci la cavile pelvienne. Chacun de ces ligaments se porte done de haul en has, de dehors en dedans, pour venir se terminer sur le bord inferieur ou concave de chacune des cornes de la matrice. Comme on le voii, les cornes de la matrice de la vache sont suspendues d'unc maniere completement dilTerente de ceiles de la jument. On observe la meme disposition chez les betes dans les diverges conditions physiologicjues, c'est-a-dire rhez ceiles qui sont pleines comme chez ceiles qui ne le sont pas ; mais je revien- drai tout k Theure sur une particuiaritc qiTil est important de signaler, relati- vement au betes pleines. J'aborde maintenant I'explication anatomique de la torsion de la matrice. Si nous admeltons d priori, ce qui n'est pas toujours fondc, ainsi que je le dirai lout a Theure, que, pendant la gestation, les cornes de la matrice etles li- gaments larges de eel organe se developpenl dans les memes rapports, il est evi- dent que Tuterus, lendu ou suspendu enlre deux forces egales el opposecs, res- tera en equilibre, et qu'il ne pourra y avoir de torsion qu'autant que Tune des forces sera delruite, ou que Tun des deux ligaments aura ete dechire. Voil^ une premiere explication qui n'est pas aussi theorique qu'on pourrait le croire tout d'abord, il y a pea de fails qui viennent la corroborer; mais nous avons observe, de concert avec M. H. Bouley, un exemple de decbirure d'avant en arriere du li- gament suspenseur de la matrice du cole gauche, chez une vache qui succomba des suites de la torsion du corps de la matrice, au mois de scptcmbre 1845. C'esl le seul fail dans lequel on ait observe la dechirure d'un des ligaments suspen- seurs de la malrice; je suis doncautorise k dire que ce nVsl pas dans de telles conditions que cet accident se manifesle. (Le fail dont je viens de parler est inedil.) II ne m'apparlient pas de faire connaitre dans quelles conditions la torsion de la matrice se manifesle; je ne sais si c'esl lorsque les animaux, glissant des deux pieds de derrifere, s'accumuient sur le sol, ou bien si c'esl lorsque, etanl couches, ils se retournenl d'un cole ou de Tautre; il n'y a rien de bien certain encore au- jourd'hui a cetegard, J'arrive a I'explication de cet accident, basee sur I'examen des pieces analo- miques. Avant de faire connaitre mon opinion, je rappellerai celle de M. Chau- veau qui s'appuie sur la meme observation, el Ton pourra alors juger de leur difference. M. Chauveau, dans un travail sur la Disposition anatomique, dans la vache, DE L'CT^RL'S et des LIGAMENTS SOUS-LOMBAIRES, CONSID^RF.S SOL'S LE RAPPORT CHI- 81 RURGiCAL (castration et TORSION Du COL DE LA matrice), inscie dans le Recueil DE MEDE'ciNE v^T^RiNAiRE (anncB 1848, p. 434), a 6crit ce qui suit ; « Si mainttnaiil I'on consid^re que les ligaments sous-ldniiiaires ont, pendant » la gestation, acquis un tr^s-grand developpement; que la corne opposee k celle » dans laquelle est contenu le foetus a tres-peu augments de volume, on com- » prendra Tenroulement de celte demifire autour du ligament qui le soutient, et • la torsion complete du col de Vutirus. n De cette explication, il suit que I'inversion de la matrice doit toujours avoir » lieu de dedans en dehors etde bas en haut. » L'explication de M. Chauveau n'est pas tout k faitexacle, et jesuis convaincu que si celauteur avail eu observd un plus grand nombre d'animaux, k I'epoque oiiil ecrivait son travail, son explication n'cut pas ete la meme. En effet, voici ce qui resulle pour moi de I'examen des cadavres d'un certain nombre de vaches mortes avec des torsions de la matrice, et d'experiences faites directement sur d'autres cadavres de vaches pleines que j'ai coupees en travers, au niveau de la partie anterieure de la region lombaire, et que j'ai suspendus pour mettre les parties k peu pr6s dans leur position normale. II resulte pour moi, dis-je, que c'est k cause du developpement considerable qu'acquierent les cornes de la matrice dans le sens de leur longueur, relativement k celui des ligaments suspenseurs de la matrice, qui augmentent bien aussi de longueur, mais qui n'augraentent pas de largeurd'avanten arrifere, leurs points d'attaciie k la face interne du flanc et k la face interne de I'ileum etant invariablc- ment les memes, que la matrice de la vache peut se tordre sur elle-meme. Je me resume : Ce n'est pas parce qu'une corne de I'uterus, eelle qui conticnt le foetus, se developpe plus que I'autre; ce n'est pas parce que I'un des deux ligaments est, pendant la gestation, plus long que celui du cote oppose, puisque la torsion a lieu aussi bien de droile k gauche que de gauche k droite, et que le foetuses! situe le plus ordinairement dans la corne droite : c'est parce que, par suite du developpement des cornes de la matrice pendant la gestation, les cornes de la matrice debordent beaucoup en avant leui' moycn de suspension ou d'atlache, et que les ligaments suspenseurs sont rejetes tout k fait en arricre, que la tor- sion de la matrice est possible chez la vache. II sulTit, pour avoir la preuve que ce que j'avance repose sur I'observation, de faire une experience que j'ai faile plusieurs fois, et que j'ai taite cette annee encore k ma legon, de couper un ca- davre en travers, au niveau de la partie anterieure de la region lombaire, et dr le suspendrc, afiu de mcltre les parties dans leur position normale. Dans cette position, il est extrememenl facile de faire operer a la matrice un mouvcment de rotation sur elle-meme, soil de gauche k droite, soil de droite a gauche, et plu- sieurs fois de suite, de maniere k produire une torsion compliquee, analogue a celle que j'ai observee une fois avec M. H. Bouley, ou la matrice avait dicrit troi$ tours et demi de torsion. ^ 82 J'ajouterai encore quelqucs mots lelalivement k la lorsion du col de la ma- Irice : c'est que rexpression dont on s'est servi jusqu'4 present n'est paa exacte. Cctle torsion n'a pas lieu sur le col de cet organe ; elle commence toujours sur le corps. Elle est plus ou moins etendue; elle se compose d'un ou de plusieurs tours : de \k vient qu'en introduisant la main dans le vagin, on sent un repli dirige soit dans un sens, soit dans I'autre, qui sert h faire reconnaitre de quel cote la torsion a eu lieu. II serait done plus exact de dire lorsion de la matrice seulement, ou du corps de la matrice, que torsion du col de la matrice, cet accident n'etant jamais limite au col, ainsi que je I'ai vu k I'ouverture de quel- ques cadavres, et aussi dans les experiences que j'ai faites sur des vaches pleines. (16 avril.) V. — BOTANIQUE. NOTE SUR CNE GALLE TEGETALE AFRICAINE ; par MM. LABOCLBENE et AmBLARD. : M. Laboulbene, au nom de M. Amblard et au sien, met sous les yeux de la Societe une galle vegetale developpee sur une branche de quercus numida, Lin., var. mirbecki (Borj Saint-Vincent] de nos possessions franQaises d'Afrique (Rabylie). Cette galle, sciee en long et en travers, est formee par un lissu extre- mement compacte, tres-dur. Elle provient manifestement d'une feuille modi- flee, ainsi que le prouvent son insertion sur la tige et les fibres ligneuses qui se repandent dans son interieur. En dessechant la plante, cette galle a et6 un peu aplatie dans I'herbier; elle parait toutefois avoir ete globuleuse et couronnee par une rangee circulaire dc mamelons assez gros et peu saillants. Le diametre estde2 centimetres environ, Le tissu est brun cbocolat, tres-dur, comme 11 a ete dit, et vers le centre on trouve les traces jaunatres d'une cavite oblit6ree par la compression, ne renfer- mant aucun debris d'insecte. Ces renseignements, encore bien incomplets, pourront aider h des recherches ulterieures, qui mettront sur la voie de I'insecte produisant cette galle. COMPTE RENDU DES SEANCES DB r F LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE JUIN 1853; Par M. le Docteur CHARCOT, secretaire. Presidence de M. RAYER. I. — Anatomie normale. NOTE SCR LES GANGLIONS ET LES VAISSEAUX fVMPHATIQUES DU DROMADAIRE (CAMELtS DROMEDARius); par M. Arm. Goubaux. Nous avons fait quelques vemarques sur les ganglions et les vaisseaux lym- phatiques du dromadaire que nous croyons devoir signaler ; car elles peuvent avoir quelque importance au point de vue de I'application des connaissances ana- tomiques. Les vais?eaux lymphatiques sont en general tr^s-visibles. Dans plusieurs en- droits, ils avaient un volume considerable, et nous avons pu les dissequer faci- ment d'un groupe a un autre groupe de ganglions. Ceux de I'entrne de la poitrine des deux c6les, les inguinaux ou du fourreau et les lombaires des deux cfttes, etaient malades dans quelques endroits et ron- tenaienl des vers nombreux [filaires). Nous avons trouve des vers semblables dans la glande lacrymale du cote gauche, dans le poumon, dans le sang, etc. 8/i MM. Gruby et Delafond nous ont demande a s'ascOvier d nous pour faire une etude complete de ces hematozoaires. De meme que chez le boeuf, les ganglions lymphatiques sublinguaux n'exis- tent pas. Les ganglions qui peuvent elre facilement explores sont : l" ceux de I'entree de la poitrine qui sont compris dans I'angle forme par le sterno-humeral et le mastoido-humeral, 2» ceux du fourreau. 2* OBSERVATIONS RELATIVES A LA SIEMBRANE ALLANTOIDE CHEZ LA VACHE ; par le meme. oans une brochure publiee en 1845 sur les Annexes du fietus bans les pbin- ciPALES ESPECEs DOHESTiQUES, M. Lecoq a inscnt les lignes suivantes : <■ Dans les » enveloppes d'un fcctus de vache disseque le 21 octobre 1843, il exislait, outre » I'allantoide developpee comme a I'ordinaire, un aulve sac membraneux, ad- >> herant k la face interne de la portion du chorion correspondant au corps du » foetus, et figurant une seconde allantotde avortee. » Ce sac supplemenlaire, a parois absolument analogues a celles de I'allan- » toide, prcsentait, comme celle-ci, deux cornes inegales en longueur, irregu- i> lierement bosselees, et partant d'un point de reunion qui, au lieu de se con- » tinuer par un ouraque, formait une petite bosse, adherant d'une mani^re in- » time au chorion, duquel le reste de ce sac seseparait facilement. 11 Cette allantoide supplemenlaire renfermait quelques gouttes d'un liquide un » peu trouble et jaunatre. Sa longueur totale etait de 46 ccntim6lres, et son 11 diametre le plus large de 35 millimetres. » Au mois de fevrier 1842 , sur une pi^ce qui servit pour une lecjon, Rigot el moi nous avions fail une observation a peu pr^s semblable k celle de M. Lecoq. Le 4 mars 1843, j'ai trouve encore une piece analogue. L'une des branches de rallanloide elait beaucoup plus courte que I'autre, el k une certaine distance de I'extremite de la corne la plub courte, il existalt un sac de forme ovoide, con- tenant environ 5 decilitres de liquide jaunatre, en tout semblable, par ses pro- prieles physiques, a celui de Tallantoide qui communiquait avec I'ouraque. Ce sac supplemenlaire adherail seulement, au moyen du tissu cellulaire, k la face interne du chorion. Les extremites correspondantes de Tallantoide et de ce sac etaient blanches et avaienl une certaine epaisseur qui les rendait opaques. Je lus porte k croire que ce sae supplemenlaire n'elait que l'une des cornes de I'al- lantoide, qui, par une cause quelconque, aurait ete divisee. M. Lecoq avail fait deji une supposition relalivement k cette anomalie, el il disait : « Cette anomalie ne pourrait-elle pas conlribuer k faire regarder le de- » veloppemenl de Tailantoide comme precedantccluldu fa?lus,etpar consequent » le liquide de ce reservoir comme pouvant conlribuer i la nutrition du jeune » sujet, dans les premiers temps i!e son existence? » 85 Je ne cliercheiai pas i lesoudie la question posee par M. Lecoq; je ferai seu- lement connailre a la Societe un fait que j'ai observe le 10 mars 1853, et qui, suivant moi, donne I'explication des anomalies dont je viens de rapporter plu- sieurs exemples. J'ai trouve une allantoide dont une des cornes etait le siege, vers le milieu de sa longueur, d'un retrecissement considerable, sorte d'etran- glement avec epaississement de la membrane qui permeltait a peine le passage d'un tuyau de plume de volume ordinaire de I'allantoide principale dans le reste de cette come. II est probable que si cette piece avait ele examinee k une epoque plus avancee de la gestation, j'aurais trouve une allantoide suppl6mentaire, une sorte d'allantoide libre n'ayantplus aucune communication avec I'ouraque. II reslera k savoir maintenant quelle est la cause de ce retrecissement de I'al- lantoide, et je termine en disant que ces anomalies ne doivent etre considerees aulrement que comme le resultat d'une division de I'allantoide elle-meme. II. — Physiologie. 1" EXPERIENCES INSTITUEES POUR DETERMINER UANS QUELLES CONDITIONS CERTAINES SUBSTANCES, QUI SONT HABITUELLEMENT GARDEES PAR LE SANG, PASSENT DANS l'urine ; par M. Cl. Bernard. M. Bernard donne I'analyse de quelques experiences qu'il a entreprises pour rechercher quelles sont les conditions dans lesquelles certaines substances, qui Eont babituellement gardees parle sang, passent dans l'urine. On sail quelors- qu'un animal est en pleine digestion, son sang contient une certaine quantite de Sucre, et cependant ce Sucre ne passe pas alois dans l'urine ; niais si I'on vient a diminuer, par une evacuation sanguine, la masse du sang de ce meme animal, son urine sera bientot sucree. On peul remplacer I'ellet de la digestion, quant a la production du Sucre, par une injection directe d'une certaine q,uantite de cette substance dans le sang des animaux ; on pent meme calculer a I'avance la quantite de matiere sucree qu'il faudra injecter a un animal d'un f oids determine, pour que le sucre ne passe pas dans l'urine. M. Bernard a remarque que cette quantite est d'un demi- gramme pour un lapin du poids de 2 kilogrammes. M. Bernard a done pris deux lapins a jeun, du poids de 2 kilogrammes chacun; a I'un de ces lapins, qui n'avait ete soumis k aucune Evacuation sanguine, il a injecte 1 demi-gramme de Sucre. II n'a pu con-tater dans l'urine de cet animal I'existence de la moin- dre quantite de sucre. L'autre lapin, apres avoir ete saign6, a ete soumis k la meme experience que dans le cas precedent ; mais cette fois une certaine quan- tite de sucre a rapidement passe avec l'urine. L'explication de ces phenomenes paralt assez simple : en soustrayant du sang a un animal, on le rend pour ainsi dire moins volumineux. Or on sail qu'un petit animal est empoisonne par des doses de substances toxiques qui sont aise- ment supportees par de grands animaux dela memcespece; on sailaussi qu'un 86 animal qui a Hi saigne ne eupporte plus la meme duse de poison qu'll pourait supporter avant revacuation sanguine. Jusqu'ici ces fails avaient cte interpreles de la maniere suivante : la saignee, disait-on, en soustrayant une certaiue quan- tity du sangcontenu dansles vaisseaux, diniinue la pression que le sang exerce sur les parois de ces vaisseaux, et rend par consequent plus facile I'absorption des substances toxiques. On peut admettre que cetle explication est au moins incomplete, puisque, chez les animaux qui ontetesoumis aux experiences de M. Bernard, la substance d eludier a ete directement introduite dans le torrent circulatoire. 2° SUR Li PNECMONIE QDI SURVIENT CHEZ LES ANIMADX AUXQLELS ON A COOPE LES NEBFS PNEDMOGASTRiQCES A l'origine DO cou ; par le meme. M. Bernard a institue quelques nouvelles expeiiences pour rechercher par quel mecanisme se produit la pneumonie qui survient chez les animaux auxquels on a coupe les nerfs pneumogastriques au cou. M. Bernard a reconnu que, con- trairement a Topinion generalement admise, les poumons de ces animaux re- solvent beaucoup plus d'air qu'ils n'en recevaient avant la mutilation. Ainsi, tandis qu'un lapin sur lequel on n'a pas opere absorbera 20 centimetres cubes d'air, un autre lapin de meme taille, auquel on aura coupe les deux nerfs pneu- mogastriques, en absorbera, dans le meme espace de temps, 32 centimetres cubes. CVst dans cette inspiration exageree d'air atmospheriqueque git la cause de la pneumonie qui survient en pareil cas. L'inflammation du poumon parait alors inevitable. En effet, les cellules puimonaires, distendues h I'exces , se Tompent; un emphys^me extravesiculaire sucxede i I'emphyseme vesiculaire; les vaisseaux sanguins ruptures versentdu sang dans le parenchyme. L'inflam- mation survient alors. M. Bernard a remarque que plus les animaux sur lesquels on op6re sont ages, plus les vesicules puimonaires resistent 5 la distension cau- see par I'inspiration excessive d'air atmospherique. Aussi, chez ces derniers ani- maux, la pneumonie consecutive a la section des nerfs pneumogastriques est-elle plus rare. III. — PATHOLOGIE et ANATOMIE PATHOLOGIQUE DE L'HOMME. 1* JiOtVELLE APPLICATION DE L'ADSCULTATIOS AU DIAGNOSTIC DE I.'HYDROC^PHALE PENDANT LE TRAVAIL ; par M. BlOT. J'ai eu deux fois occasion, pendant mon internat k la Maternile de Paris, de faire une nouvelle application de I'duscullation obstetricale au diagnostic de I'hydroccphale pendant le tra\ail. Voici en quoi consiste le fait en question. Deux fois, dans des cas d'liydiocephales as.-ez volumineuses pour meltre ob- stacle i I'engagcmenl de la tele au detroil supi-rieur, j'ai constate que le maxi- mum d'intensile des bruits du cceur foetal repondait a un point tr6s-eleve de I'ubdomen : une I'uis uu niveau de I'ombilic, une autre fois un peu au-dessous de «e point, c'est-Jedite i la liauttur 4 laquelle on le per?.oit d'ordinaire dans le* 87 presentations de rextiemile pelvienne. Kn meme temps le toucher faisait re- connaitre les signes d'une presentation de I'extremite cephalique. Ces fails m'ont paiu interessants, et j'ai ciu devoir les rapporter ici ; car ils ne sont signales nulie part, pas meme dans I'exeellent Traite d' auscultation OBSTETRiCALE de Holre savant collogue M. Depaul. Si Ton ne pouvait en tirer rien d'utile pour la pratique, je n'en aurais pas tenu compte; mais de cette no- tion nouvelle decouient, ce me sembie, deux consequences qu'il est bon de ne pas ignorer : i." Cela peut devenirune cause d'erreur dans le diagnostic des presentations, alors que ce diagnostic ne peut etre porte qu'au moyen de I'auscultalion seule. On pourrait alors, en elTet, croire, dans ces cas, k une presentation du siege, landis que c'est la tete qui s'offre la premiere au detroit superieur. 2° Et, c'est le point le plus important, on pourra, par la reunion des donnees que je viens d'indiqiier (presentation du sommet reconnue par le toucher, coin- cidant avec le maximum des bruits du coaur au niveau ou meme au-dessous de rombilic), on pourra, dis-je, etre [resque certain qu'on a affaire h une tete vo- Inmineuse et tr^s-probablement h une hydrocephale. L'hydroccphalic est , en effet, la cause de beaucoup la plus frequente de I'augmentation de volume de la tete foetale. Pour que ce signe ait toute sa valeur, il faut prealablement s'etre assure de la bonne conformation du bassin. I.edefaut d'engagement de la tete peut, en effet, dependre aussi hicn de I'etroitesse du bassin que du volume trop conside- rable de la tetp. En resume, le principal but de cette communication est de fournir un nou- veau moycn de reconnaftrerhydroctphale au debut du travail, cliose en gene- ral difTicile, comme le prouve I'observation clinique. Ceux qui suivent assidii- ment des services d'accouchement out pu se convaincre comme moi de la verite. de cette proposition. M. P. Dubois ne manque Jamais de le dire chaque fois qu'il en trouve I'occasion. Qu'en resulte-t-il ? C'est que cette cause de dystocie reste meconnue fortlongtemps,et qu'on laisse marcherle travail, dans I'espoir de voir I'accouchement se terminer spontanement. Or, cliacun le salt, il n'cst pas indif- ferent de laisser le travail se prolonger inutilement. Tout le monde connait Irs accidents qui peuvent en resuller pour la femme, et je n'ai pas besoin de les rappeler ici. Ainsi done, au point de vue purement pratique, la nouvelle appli- cation de I'aufcultation obstetricale que je viens de signaler a une importance reelle,puisqu'elle permettra k I'accoucheur de diagnostiquer, en temps opportun, Hue cause de dystocie contre laquelle il pourra diriger k temps des moyens qui cviteront a la femme confiee a ses soins des doulcurs inutiles, quelquefois meme des dangers tr^s-grands. Je sais bien que les signes que je viens d'indiqner pourraient se retrouver dans certains cas de grossesses doubles ; mais alors de deux choses Tune : ou bien les deux foetus scront vivants, ct oh aura deux maximum des bruits du coeur, oiii 58 bien Tun des foetus aura cesse de vivre, et I'erreur sera possible, pourvu loute- fois que ce soil celui des deux loetus qui so presente le premier qui ait succombe, et encore le plus souvent sa tete sera trop engagee dans I'excavation pelvienne pour qu'on puisse rapporter les battements qu'on perroit au niveau ou au-des- sous de I'ombilic k autre chose qu'^ un second fetus place au-dessus de celui doDt on sent la tete par le vagin. 2" ERUPTION VARIOLIQDE CONFLUENTE ; GROSSESSE DE SIX MOIS ; ACCOUCHEMENT PRE- MATURE A SIX MOIS ET DEMI DE LA GROSSESSE, LONGTEMPS APRES LA CONVALES- CENCE DE LA MERE; FOETUS PRESENTANT DE NOMBREUSES PUSTULES VARIOLIQUES AVEC ULCERATION DU DERME, ET DEUX PETITS ULCERES DE LA MEMBRANE MU- OUEUSE DE l'estomac ; par M. Charcot. La nommee Sarah Doolen, agee de 25 ans,nee en Irlande, femme de chambret entre i I'hopital de la Charite le I6avril 1853, salle Sainte-Anne, n" 19, service de la cllnique. Cette fenime parait robuste ; elle assure jouir habituellement d'une bonne sante. Elle n'a jamais ete vaccinee; elle assure avoir eu, vers I'age de 11 ans, le chicken-pox; mais cela parait pen probable, car, d'apres son recit, les pus- tules auraient alors occupeexclusivement le front et le cuirchevelu et leur de- ■veloppement n'aurait pas ele accompagne de fievre. Elle n'a jamais ete alteinte Hi de la rougeole, ni de la scarlatine. El'e n'a ete reglee qu'a 18 ans; depuis cette 6poque, les regies paraissent habituellement d'une maniere reguliere et durent cinq jours, en moyenne. Sarah Doolen habite la France depuis deux ans et demi ; elle devint enceinte il y a six mois et demi environ. Elle etait i cinq mois et demi de sa grossesse lorsqu'elle fut prise tout k coup de frissons, de courbature, de vomissements. Elle dut s'aliter le 19 mars dernier, et bienlot une eruption variolique con- fluente reguliere se manifesta. Tout poite a croire que cette affection a ete assez grave. La figure a ete extreraement tumeflee ; les paupieres ont ete complete- ment closes pendant plusieurs jours, et pendant trois jours il s'est declare de I'aphonie et une grande gene de la respiration. Vers la fin de la maladle, il s'esl manifeste une salivation abondante. L'alTeclion variolique parait avoir dure en tout dix-sept jours. L'6ruption est apparue au bout do trois jours. La malade as- sure que pendant son couts elle n'a jamais eprouve de delire. Dix jours apr^s le debut, I'enfant, qui avait commence a remuer vers le qua- trieme mois de la grossesse, se livra a des mouvements beaucoup plus energiques que d'habitude; puis ces mouvements se ralentirent de jour en jour, et vers le lOavril, c'est-a-dire vingt-deux jours environ apres le debut de la variole, ils cesserent completement. A cette epoqui}, les pustules etaient, depuis plusieurs jours deja, en pleine dessiccation, ct la ma!ade coramengait k prendre quelque& aliments. La malade cntic ii I'liopital de la Charite, le IG avril, pour y etrc traitee d'uno 89 opiillialinic, reliquat de I'afl'eclion variolique el sicgeanta I'ceil gauche. La face est encoie couverte ile croules epaisses. Mais il n'existe pas la moindie fievre, et la malade mange d'un bon appetit. L'uterus remonte k trois travers de doigt environ au-dessus de I'ombilic; il est fiasque, et I'on sent k travers ses parois des parlies du foetus qui se presentent toujours les memes aux examens ult6- rieurs. La malade ne peri^oit aucun mouvemeiit de I'enfant; elle n'eprouve meme aucune sensation de choc lorsqu'elle se couche soit sur le cote droit, soil sur lecole gauche. Elle reconnail que son ventre est plus plat qu'il ne I'etait avant le debut de sa maladie. Elle n'eprouve aucune incommodite; elle digere bien et n'eprouve pas de fi6vre le soir. L'auscultation abdominale, repetee k plusieurs reprises, n'a jamais permis d'entendie soit les batteraents du coeur du foetus, soit meme le souffle placenlaire. Le 4 mai au matin, la malade, qui jusqu'ici n'a jamais souiTert du ventre, eprouve quelques douleurs dans les reins et danslebas-ventre. A celte epoque dej^, lecol uterin est dilate et permet facilement I'introduction du doigt. Le4. pendant la nuit, les douleurs deviennent plus vives et plus rapprochees. Le 5 au matin, vers dix heures, I'accouchement s'opfiie spontanement et sans acci- dent; maisa la suite de douleurs assez vives, vingt-quatre jours environ apres Tepoque presumee de la mort du foetus. II s'est ecoule pendant I'accouchement des eaux teintes en brun roux, mclangees de meconium, mais ne presentant pas de fetidite notable. ExAMEM DU FOETUS. — Le foEtus cst du sexe male et presente 35 c. de long. II n'exhale pas d'odeur fetide. Mais en raison de la maceration prolongee k laquelle il parait avoir ete soumis, son epiderme s'enleve avec une grande facilite. Toule- fois les alterations qu'il presente ne sont pas telles que nous ne puissions re- cueillir les details qui suivent : Thorax. Les deux plevres sont remplies de serosite sanguinolente. Les pou- mons sont parlaitement sains; il en est de meme du thymus. Le coeur est sain ; ses ventricules vides de sang. Foie a I'etat normal, ainsi que la rate et les reins. La cavite peritoneale est remplie d'une serosite brune. Les inteslins ne pre- sentent a leur face interne rien qui soit digne d'etre note; mais nous trouvons a la face interne de I'estomac, dans I'epaisseur de la membrane muqueuse, deux ulcerations du diametre d'une tete d'epingle et parfaitement arrondies ; I'une d'elles siege dans le grand cul-de-sac de I'estomac ; I'autre au voisinage de la region pylorique. L'ocsophage, le pharynx, le larynx, la trachee, ne presentent pas traces de pustules ou d'ulcerations. Tegument externe. On y rencontre des pustules de diverses grandeurs, d'aspect divers ct qui sont groupees de la maniere suivante : huit pustules peu volumineuses se renconlrent sur le cuir chevelu, douze k quinze pustules sur la face, dont quatre au pourtour de I'ccil droit, six au pourtour des levres, au voisi- nage des narines, et deux a la partie anterieure de I'oreille gauche. Le cou ne presente pas dc pustules aux regions anterieure cl postcricure ; mais on en voii^ 90 de nombreuses et de volumineuses sur ses regions laterales, suitoul au niveaE du pavilion de I'oreille. Elles sont disposees de la manifire suivante : groupe arrondi de sept pustules au-dessous de I'oreille droite ; groupe egalement arrondi de huit pustules, dont deux tr6s-volumineuses et les autres pelites au-dessous de I'oreille gauche; ces groupes occupent presque toute I'etendue des regions laterales du cou ; mais ils sont plus rapproches du pavilion de I'oreille que du moignon de I'epaule. Region thoracique anlerieure : deux volumineuses pustules sym^triquement disposees au centre des regions pectorales de chaque cote. Region abdominale anlerieure : dix pustules disseminees irreguli^rement, dont trois tr^s-volumi- neuses. Regions thoracique et abdominale posterieures : cinq pustules volumi- neuses disseminees; une de ces pustules, trfes-large (7 millim. en diametre), parait formde par la reunion de plusieurs pustules secondaires, et occupe la par- tie centrale de la region lomhaire. Trois petites pustules existent sur la region ant^rieure du scrotum. Cinq grandes pustules sont disseminees sur les fesses. Le membre superieur gauche presente douze pustules volumineuses, dont deux seulement occupent la face interne du membre. Membre thoracique droit: quatre petites pustules seulement, dont trois sur le moignon de I'epaule, et une sur la partie externe et superieure de I'avant-bras. Membres abdominaux : cote droit, cinq pustules disseminees, dont deux a la partie interne et anlerieure. Membre gauche : sept pustules, dont trois forment un groupe qui siege au tiers inferieur de la partie posterieure et externe de la jambe. 11 n'existait pas de pustules aux extremites superieures ou inferieuies. Les pustules, avant I'ablation de I'epiderme, etaient presque toutes ombi- liquees, bien dessinees et d'une couleur d'un blanc mat. En detachant I'epi- derme, on enlevait avec lui le disque pseudomembraneux, et Ton trouvait tou- jours, dans I'epaisseur du derme, une ulceration arrondie, taillee k pic, plus ou moins profonde et plus ou moins elendue en surface. Les plus grandes de ces ulcerations avaient environ de 4a 3 millim. de diam^lre; les plus petites, 1 ou 2 millim. seulement ; quelques-unes interessaient toute I'epaisseur du derme^ ct Ton voyait dans leur fond le tissu graisseux sous-cutane ou meme les muscles superficiels ; dans d'autres le tissu graisseux etaitseparedel'ulceration par une line membrane transparente qui en formait le fond. Dans la plupart des cas, au voisinage des ulcerations, les foUicules pileux etaient hypertrophies. Dans aucune des ulcerations on n'a remarque I'existence d'un travail de cicatrisation commen(jant. Mais quelques-unes d'entre ellcs etaient remplies par une sorte de bourbillon jaunalre, de consistance caseeuse, moule sur la cavite de I'ulcere, et s'enlevant toujours avec la plus grande faci- lite. En regie generale, I'uleeration du derme avait une forme legerement co- Hique, le fond de I'uleeration etanl plus petit que sa surface exterieure. J'ai I'honncur de rappeler k la Sociele que, dans une autre circonstance, j'ai 9u roccasion de donner quelques details sur la btructure des pustules varie- »1 liques d'un foetus. (Voir Comftk rendu de la SociETii de biolocie, pour avrit 18SI.] 3* SCR UN FOETUS AGE DE 6 MOIS ET DEMI, QUI PRESENTAIT DES CICATRICES DE PUSTULES VARIOLIQUES; par M. DePAUL. La nommfie Macloumi Hubert, kgee de 26 ans, couturiere, entre a la clinique de la Faculte le 30 novembre 1840. Cette femme, qui paralt d'une bonne con- stitution, assure qu'elle n'a pas cesse d'etre reglee tres-regulierement depuis I'age de 14 ans. Un premier accouchement s'est fait spontanement et a terme, apres une gros- sesse rendue penible par de la gaslraigie, des vomissements et des syncopes frequentes. Pendant la grossesse actuelle, cette femme n'avait pas eprouve d'accidents analogues, lorsque, vers le cinquieme mois et demi environ, elle contracte la variole. Au debut de I'eruption, les seins se seraient gonfles et quelques pico- tements s'y seraient fait senlir; les mouvements actifs du foetus auraient ete percjus jusqu'au 27 novembre, environ sept jours apres la cessation de la fievre Eruptive; maisces mouvements etaient alors beauconp plus faibies qu'avant le debut de cette afl'eclion. Le 30 novembre, k trois heures du soir, I'accouchement se fait spontanement, par les pieds, imm6diatement apres la rupture des membranes et apres uu tra- vail de douze heures. La position etait calcaneo-iliaque gauche. L'enfant mort-ne offrait un developpement de 6 mois environ. La surface de son corps presentait un certain nomb^e de taches jaunatres, ayant la forme et la dimension d'une petite lentille. Les points du derme correspondant a ces cicatrices paraissaient indures et epaissis. Les cicatrices etaient assez nom- breuses; ainsi on en comptait, au c6te gauche da dos, 0; au cote droit, 4 ; a la face anterieure du thorax, 5 ; dans I'aisselle gauche, l ; dans I'aisselle droite, 2; sur le front, 15 ; on en observait en outre unetres grande sur le nez, au-des- sous de I'aile gauche. II n'en existait ni dans le pharynx, ni dans le larynx, ni dans I'cesophage. Aucune lesion intestinale n'a ele remarqute. Le 1" decembre, vingt-quatre heures apres I'accouchement, calme general, pouls normal ; rebord de I'uterns a un pouce au-dessus de Pombilic, peu dur, non sensible k la pression ; pas de tranchees uterines. La face, et le reste de la surface du corps de cette femme presenlaient de nombreuses cicatrices, inegales, enfoncees, traces de I'eruption variolique, qui paralt avoir ete conQuente. La malade sorlit de I'hopital le 14 decembre. Elle etait alors parfuilcmenl re- lablie. 92 IV. — PATHOLOGIE ET ANATOMIE PATUOLOGIQUE DES ABIMAUX. 1° LESIONS TROUVEES A L'ADTOPSIE D'UN CHEVAL AFFECTE D'ON EPARVIN SEC ; par M. Arm. Godbadx. Dans deux communications faites anterieurement, a la Sociele de biologic, j'ai eu ['occasion de niontrer des pieces que j'avais recueillies sur des chevaus afTectes d'eparvin sec; les lesions que j'ai consiatees dans chacune de ces cir- constances se rapportent a celles de I'arlhrite seche ou a i'arlhriie rhumalismale chronique. Depuis, j'ai observe encore un cheval qui presentait les memes symplomes, c'est-5-dire une flexion brusque et saccudee du pied eutier sur la jambe, mouveraent de flexion qu'on designe sous le uom de harper. Voici cette observation : Le jeudi 26 mai 1853, un petit cheval tres-vieux fut amene a I'ecole d'Alfort, pour servir au cours pratique des operations cbirurgicales; il hurpait du mem- bve posterieur gauche d'une maniere remarquable. Get animal ne presentait aucune lesion ajiparente autour des articulations. A I'auiopsie, qui fut I'aite immedialemenl apres la inort, voici les lesions que j'ai renconirees dans les articulations du membre posterieur gauche. Les articulations coxo femorale etfeinorotuliehne etaient saines. Articulation femoro-tibiale. — La surface articulaire superieure et interne du tibia, dans la portion oil elle repond a I'extremile inferieure du femur par I'ouverture du menisque, esttres-legerement alteree; la surface cartilagineuse est tomenteuse, et, dans quelques autres endroits, elle est comme rongee dans sa partie la plus superlicielle. Le femur, dans la partie correspondante, ne presenle aucune alteration, et il n'y a rien autre chose a noter dans cette articulation. Articulatiom TiBio-ASTRAGALiENNE. — Sur le tibia, il exisle, vers la partie moyeune du relief autero-poslerieur qui separe les deux gorges I'une de I'au- ire, une absence complete de cartilage diarihrodial dans une etendue d'un cen- timetre el demi d'avant en arriere, sur un demi-centimetre de large. Cetie alte- ration constitue une sorted'ulceration doiitle fond est assez vasculaire. Dans le fond de la gorge de I'astragale, on remarque une lesion semblable a celle de I'extremite inferieure du tibia, mais ses dimensions ne sont pas les memes : elle a environ u centimetres d'avant en arriere, et sa largeur, tres-ir- reguliere, est d'un demi-centimetre dans reudroit le plus large. Du reste, cette ulceration presenle les memes caracteres. Articulations inter-tarsiennes. — Les faces par lesquelles le scaphoide el le grand os cuneiforme se correspondent presentent aussi des alterations. Le cartilage diarihrodial n'a plus sa couleur normale; il est jaunatre, comme ronge il sa circonference et dans quelques points de sa surface. Ce sonl la, avec moius de dcveloppemenis, les lesions qu'a indiquees M. H. Doulcy pour I'eparvin; seu- 93 lemenl ici il n'y a aucune I6sion apparente au pourlour ou a I'exterieur du iarret. Articulation metatarso-phalangienne. — Aucune lesion. Articulation de la premiere avec la deuxi^me phalange. — L'exlremile in- ferieure de la premiere phalange presenie une pelite alleralion de sa surface articulaiie : elle est situee vers la partie posterieure de sa gorge mediane, et presente les memes caracteres que celle de rexlremiie inferieure du tibia. La face superieure de la deusieme phalange ne presente aucune alteration. Articulation dela deuxieme avec la troisiMe phalange. — L'extremite inferieure de la deuxieme phalange porte une petite ulceration de sa surface carlilagineuse au meme point que la premiere phalange. Cette alteration est seulement un peu plus etendue. Au point correspondant, la troisieme phalange presente une semblable lesion, mais elle est un peu plus petite. La face anterieure ou superieure du petit sesamoide est tres-irreguliere ; la couche carlilagineuse est complelement detruilc; le tissu de I'os est a nu : c'est une veritable ulceration de toute cette surface arlicuiaire. Le bord infe- rieur du meme os est encore plus altere, il parait avoir ete rugine profonde- ment, mais d'une maniere tres-irreguliere. Ces lesions, qui appartiennent toutes, quelles que soient leur etendue et leur profondeur, a I'arthrite seche ou a I'arthrite rhumatismale chronique, m'ont paru assez remarquables pour que j'en fasse I'objet d'une communication a la Societe de biologie, et cette observation, jointe a d'autres, me permettra de faire un jour un travail special snr une nialadie qui est extremement commune Chez le cheval, mais qui jusqu'a present n'a ete constatee qu'a I'autopsie des aniniaux, dans la plupart des circonstances. 2" OBSERVATION DE RUPTURE DU TENDON COMMUN AUX MUSCLES FLECHISSEUR DU ' METATARSE ET EXTENSEUR ANTERIEUR DES PHALANGES, CHEZ UN CHEVAL; par le meme. Un cheval de reforme, assez vigoureux, est amene pour le service des ope- rations cbirurgicales, a I'ficole veterinaire d'Alfort, le 1" juin 1853. Ce cheval presente une flaccidile remarquable de la corde du jarret du membre posterieur droit. L'appui du membre sur le sol est franc. L'angle form6 par la face ante- rieure de la jambe et du canon est un peu plus ouvert que sur le membre pos- terieur gauche. Pendant la marche, la corde du jarrel, au lieu d'etre tendue, decrit des ondulations, en raison de sa flaccidite. En definitive, cet animal pre- sente tons les symptomes d'une rupture de la corde teudineuse du muscle fle- chisseur du metatarse [tibio-pri-metatarsien). A I'aulopsie de cet animal, voici ce que j'ai constate, et Ton pent voir encore aujourd'hui, sur la piece que j'ai I'honncur de presenter a la Societe de biologie^ la plupart des lesions que je vais decrire. Au-dessous de la peau, au-dessous de I'aponeviose jambiere, et enlie les- 94 muscles tibiaux anterieurs, il exislait une iotillraliOD serease jaunalre assez abondanie. Dans I'interieur de Tariiculation femoro-libiale, il exisle un caillot sanguin deja en partie decolore, qui occupe le cul-de-sac dela membrane sy- noviale desline a facililer le glissement da tendon commun aux muscles flechis- seur du metalarse et extenseur anterieur des phalanges. Le tendon commun a ces deux muscles esl rompu au niveau de son origine, dans I'excavation de I'exlremile inferieure du femur. L'exlremile de ce tendon, qui lienl aux mus- cles, est disposee a la maniere d'un pinceau, les tibres qui la composent sout disjoinles et separees par un tissu celluhire rouge et inliltre. Cette meme ex- tremite du tendon pone plusieurs pelits fragments osseux qui ont ete detaches du femur. Quelques Ubres sont resides implanteesdans I'excavation de I'extre- mite inferieure du femur. II y a aujourd'hui, dans les journaux veterinaires, un certain nombre de faits de rupture du tendon du flechisseur du meiatarse, mais les animaux ayant ele gueris apres un temps variable, il n'y en a qu'un seul dans lequel on ait pu s'assurer de la lesion par I'examen du cadavre. {V. Bclleti\ de la Societe cev- TRALE de medecine veterinaire, scaucc du 5 mars 1846. Communication de M. Bouley jeune.) Dans cette observation de M. Bouley jeune, la corde tendineuse du flechis- seur du metatarse etail seule rupturee, vers le milieu de la longueur du tibia. Celle que je communique a la Societe differe done de la precedenie en ce sens que la rupture tendineuse avail eu lieu au niveau de I'origine commune a I'ex- tenseur anterieur des phalanges et au flechisseur du metatarse. Quoi qu'il eu soit, les symptomes de cette rupture sont loujours absolument les memes. 3° rupture de L'UTERUS CHEZ CNE CHATTE DANS LES DERNIERS MOMENTS DE LA GESTATION. (Observation et pieces anatoraiques presentees a la Societe de biologic, par M. P. Lorain, interne de la Maternite.) Une chalte multipare, agee de 3 ans, succomba le 2 avril 1853, cinq jours apres avoir mis bas. Nous en fimes I'autopsie, et nous trouvames les lesions suivantes : La parol abdominale anterieure ayant ete incis^e, on voit I'uterus, dont la c»rne gauche, retractee, est revenue S un petit volume, tandis (|ue la corne droite est tres-developpee et parait disteudue par un corps dur. Nous reniar- quons en meme temps qu'en plusieurs points de la caviie peritoneale, sont de- posees soit sur les iulestins, soit sur le foie, de petites masses albuniino-libri- neuses, molles, pen adherentes, que nous considerons couime etant la preuve d'une peritonite, quoiqu'il n'y ait pas, du reste, de liquide epanche dans la ca- viteduperiloine. Si Ton vent soulever I'uterus, on voit que la corne droite, qui remonte jus- qu'au colon transverse, esl adherente a eel inleslin ainsi qu'au mesocolon, par 95 rinlermediaire d'un caillol sanguin qui fail hernie a travers une ouverture ou dechirure exislant a ia partie superleure de la come uterine, Cette dechirure a 1 centimetre de diamelre; elle est irregulierement circulaire, situ6e a la partie superieure et convexe de la corne uterine. Elle est entierement bouchee par un caillot qui parait se prolonger dans la cavite uleriue. L'uterus ayant ete incise, on trouve la corne gauche vide ; la corne droile est distendue et remplie par un caillot sanguin solide, resistant, elastique, adherent, lequel parait avoir plusieurs jours d'existence. Uue partie de ce caillot a pass6 dans la cavite abdominale par la dechirure de l'uterus, Ce caillot est done une sorte de bouchon obturateur; il avait,ainsi que nous I'avons dit, contracte ad- herence avec le peritoine. La dechirure de l'uterus, dont nous avons indiqu6 les dimensions, est complete ; elle s'est faile aux dcpens des trois tuniques.Tout autour de cette dechirure, dans une etendue dun centimetre, l'uterus est aminci et conime desorganise, Les autres visceres n'ont presente aucune lesion. Voici les details que nous avons pu recueillir sur les antecedents morbides de cet animal. Enfermee pendant trois jours dans une chambre oil elle etait privee de nour- riture, cette chatte dut faire les plus grands efforts pour s'echapper. Elle put enfin sortir, la porte lui ayant ete ouverte, et le meme jour, irfis-peu de temps apres, elle mit bas. On n'avait jusque-la remarque aucun signe qui indiquat que cette bete fut malade. La portee secomposa de quatre petits. La delivrance tut suivie d'une hemorrhagic ires-abondante. La chatte parut souffrir beau- coup. Cette hemorrhagie s'arreta auboutde quelquesheures, Le lendemain et pendant les trois premiers jours, on laissa a la mere un petit ; mais la secretion laiteuse s'etablit mat. La chatte, d ailleurs, paraissait en proie a de vives dou- leurs. Elle vom/waj7; elle avait une soif ardente; sa langue etait seche, son ventre tumeGe. Elle mourut le cinquieme jour apres avoir mis bas, (2 juin 1853.) 4* SDB LES ACCIDENTS OBSERVES CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES ALIMENTES AVEC CERTAINS REGAINS DE LUZERNE, DE TREFLE ET DE SAINFOIN ; par M. MaTTHIEU, secretaire du cornice asricole d'Aney-le-Franc. EXAMEN MICROSCOPIQUE DE CES REGAINS ; par M. C, MONTAGNE. M, Montagne donne lecture d'une lettre qui lui a ete adressee par M. Matthieu, veterinaire, secretaire du cornice agricole d'Aney-le-Franc (Yonne), et qui conlient des details fort interessanls sur les accidents oceasionncs chez les ani- maux domesliques, au commencement de I'automne derniei', par I'usage de pe- tilfs quanlites de regains verts de trifle, de luzerne et de sainfoin. Les memes accidents se sent reproduits, dans le courant de cet hiver, sous I'influence d'une ration de ce meme regain qui a toujours dij etre d'autant plus forte que ce four- rage etait plus sec. 96 Immddiatement apr^s I'ingeslion de moins d'un kilogramme de regain vert, leschevaux etaient pris d'une ^norme salivation; ils rendaient de 15 i 18 litres de salive d'abord fllante, puis mousseuse, dans I'espace de cinq ou six heures. En mtoe temps la temperature de la bouche etait abaissee, la membrane mu- queuse buccale tres-pale; cependant les glandes salivaires n'etaientle sifge ni de chaleur, ni de tumefaction, ni de douleur. Quelques troubles legers de I'es- tomac s'observaient k peine chez les animaux malades. Le pharynx elait insen- sible a la pression, le pouls petit, lent, presque insensible. Cinq k six heures aprfes le debut du ptyalisme, I'emaciation du corps de I'animal etait devenue ex- cessive ; en mcme temps la soil se montrait inexlinguible. Des symptomes iden- tiques se sent montres chez les boeufs et chez les moutons alimentes avec les memes regains. Apres la lecture de la lettre de M. Matthieu, M. Montagne continue sa com- munication dans les termes suivants : n A la lettre que je viens de lire etaient joints des echantillons de luzerne, de sainfoin et de trefle, provenant des regains dont I'usage avait determine les ac- cidents fort graves dont M. Matthieu a trace I'historique avec tant de clarte. Je les mets sous les yeux de la Societe. » J'avais done k rechercher si ces accidents etaient dus a la presence de quel- que champignon parasite. Apres avoir ramolli les feuilles de ces trois plantes en les exposant k la vapeur de I'eau bouillante, je parvins a les etaler pour en enlever des branches tres-minces au moyen d'un bon rasoir. Ces branches, mises a plat entre les deux lames du compresseur de Schieke, me montrerent sous le microscope une alteration remarquable de la chlorophylle. Non-seule- ment elle elait devenue brune, mais elle etait boursouflee au point que I'epi- derme finissait par se rompre pour lui donner issue. C'est k cette maladie des cellules et de la chlorophylle qu'il taut done attribuer ces taches nombreuses et brunes dont les feuilles sont maculees ouseulement corame pointillces. Toutes raes recheiches pour trouver une muccdinee quelcoiique, ou meme un conio- mycele, ont ete completement infructueuses. h II parail done que c'est a la saison chaude ethumide pendant laquelle on a fait le regain qu'il faut rapporterralteration des feuilles, et k celle-ci la salivation excessive observ^e sur tous les ruminants auxquels ce regain a ele donne comme unique aliment. )) Peut-etre I'analyse chimique arriverait-elle k expliquer la cause prochaine des accidents en question, mais c'est un soin que je laisse k mes honorables confreres pour lesquels la chimie n'a plus de secrets. Si le nom de rouille n'e- taitdeja consacrepour designer les cereales attaquees par les uredo, on pourrait dire aussi que ces fourrages sont rouilles. Je ne sache pas qu'on leur donne un nom parliculier. » 97 V. — Pathologie v^getale. REAPPARITIOX DE L'OIDICM TUCKERI SUR LA VIGNE DES ENVIRONS DB PARIS ; par M. MONTAGNE. M. Montagne annonce a la Societe que Voidium Tuckeri recommence a pa- raiire sur la vigne des environs de Paris. Un rameau de vigne, sur le point de tleurir, lui ayant ele adresse avanl-hier par la Societe iraperiale d'borticullure, qui desirait avoir son avis, 11 a constate la presence d'un champignon parasite sur ies feuilles, les rameaux, les pedoncules et les fleurs encore en boulon. M. Montagne fait remarquer que meme il I'a observe, dans son developpe- nient le plus luxuriant, sur deux parties de la plante oil il nait plus rarementet ou il ne I'avait jamais rencontre, c'est-a-dire la page inlerieure des feuilles et les fleurs non encore epanouies. Cetle derniere observation lui parait meme nouvelle et d'un assez sinistra augure. Il n'en est fait mention dans aucune des nombreuses descriptions qui onl ete donnees de la maladie, Le seul compte rendu de la Societe linneenne de Bordeaux en parle comme d'un cas fort rare, et encore il parait que c'est sur les fleurs epanouies et non encore en bouton que le champignon a ete observe. On a beaucoup parle de taches brunes precedant I'invasion de Voidium; elles existent le plus souvent, mais elles peuvent aussi faire defaut, sans que pour cela le parasite vienne a manquer. Ainsi M. Montagne a bien remarque quelques points bruns le long des rameaux et des pedoncules reconverts du champignon ; mais il aflirme que le dessous des feuilles, pas plus du reste que lescalices, n'en oflraient, dans le cas present, la moindre trace. 11 n'a pas ete nonplus assez heureux pour constaterla presence d'un seul acarus; mais il I'a ete davantage sur un autre point, en s'assurant que, comme I'ont avance et soutenu avec raison MM. Decaisne et Leveille, le mycelium ou les filaments rampants de Voidium sont tout a fait superficiels et ne rampent pas primili- vement entre les cellules du parenchyme des feuilles pour sortir ensuile par les stomates, ainsi qu'il I'a observe dans Voidium erysiphoides.M. Montagne avail d'autant plus a coeur de verilier le fait que, dans sa premiere communication a la Societe de biologie, en mai 1850, il avait, sur la foi du Gardner's Cbronicle, avance une opinion contraire. (4 juin 1853.) VI. — Botakiqde. NOTE SUR l'aloes soccotrin ; par M. Leon Solbeiran. Quand on coupe une feuille d'aloes soccotrin, il en sort un sucjauneverdatre qui, au contact de I'air, prend une couleur rouge carminee tres- belle. Le sue qui s'ecoule de la section des feuilles des autres aloes ne presente pas les memes changements de coloration. En mellanl au contact de divers corps des feuilles 98 •d'uloes soccotrin, j'ai obtenu des colorations varices, que jamais je n'ai vucs lorsque j'ai opere sur d'antres aloes, et en parliculier sur I'aloes spicatilis. Mises au conlacl de I'eau, les feuiiles d'aloes soccotrin donnent sur-le-champ nne coloration vert jaunatre a ce iiquide, et ce n'est qu'apres plusieurs beures que I'on volt apparaitre une teinte rouge carminee, d'abord faible, mais qui va en augmentant d'intensite jusque vers le seplienae ou huitieme jour. A ce mo- ment la leinte rouge disparait et est remplacee par une couleur vert sale. Pres- que toujours les couches superieuresdu Iiquide conservent une teinte rougeaire sale. En meme temps que I'eau presente ces variations de coloration, les frag- ments de feuiiles passent par des phases analogues, et commencent d'abord a se colorer vers la peripheric autour des libres. En examiuant au microscope une coupe de la feuille ainsi traitee par I'eau , on voit que la paroi des cellules est uniformement color6e eu rose, el il semble que le principe,modifi6 dans ces circonstances, soit uniformement repandu dans toule la substance du vegetal. Si Ton emploie de I'alcool les memes phenomenes se manifestent, mais avec one bien plus grande rapidite. La coloration rouge est dejk bien evidente apres quelques minutes ; elle est plus franche et beaucoup plus foncee que quand on a fait usage de I'eau. En ajoutant k I'eau ou a I'alcool une faible proportion d'iode, on oblient pres- que immediatement une magnifique teinte pourpre, qui va se fondant de plus en plus, et qui ne disparait pas au bout de quelque temps, comme le cas se presente quand on n'a pas employe I'iode. Les feuiiles d'aloes soccotrin, mises dans I'ether, ne determinent qu'une co- loration jaune ambree, se rapprochant de celle de I'eau-de-vie. Dans le chlo- roforme , il se developpe une coloration d'un beau violet qui ne teint pas le Iiquide , mais qui vient surnager a sa surface en formant comme des goutte- lettes. L'acide azotique ne determine qu'une coloration jaune paille, lorsqu'on en a verse quelques goutles dans I'eau qui renferme des feuiiles d'aloes. Si Ton a employe de l'acide sulfurique etendu d'eau, le Iiquide prend une teinte verle tres-faible qui rappelle celle que donne la dissolution des grains de cblorophylle dans I'alcool. Avec l'acide acelique etendu d'eau, il se developpe une coloration rougeatre sale et Ires-peu prononcee. Les alcalis, I'ammoniaque et le carbonate de sonde donnent une teinte jaune brun qui est absolument identique a celle de la gomme laque eu morceaux. L'hypochlorite de sonde detruit immediatement les colorations obtenues par I'eau et par I'alcool, ce qui semblerait indiquer que ces phenomenes ne sont pas des phenomenes d'oxygenation. Quand on vient a mellre la resine de I'aloes soccotrin dans les m^mes con- ditions que les feuiiles fraicbes, en n'obtient aucun fait analogue. COMPTE RENDU DES SEANCES DE LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDA>T LE HOIS DE JUILLET 1853; Par M. le Docteiir CHARCOT, secretaire. Pr^sidence de M. RAYER. I. — Anatomie normale. )" SLR l'ORIGINE PROFONDE DES NERFS DE LA SIXIEJIE ET DE LA SEPTIEME PAIRE ; par MM. Vulpian el Philipeaux. Les nerfs moteurs oculaiies externes, ou nerfs de la sixieme paire, naissent au-dessous du boid inferieur de la protuberance nnnuiaire, au niveau du bord externe du collet des pyramides anteiieures, par plusieurs petits filets fascicules. Quelques-uns de ces filets sortent de la face anlerieuredela proluberance, pres do sun Jjord inferieur ; p^.rfois on roit r'.es petits fllarr.pn!s rmers^; i .■: > .•.■ii>cs anterieuies. Tous les auteurs sont a peu pv6s d'accord suv I'origine apparente de ces nerfs-; 100 male il o'eo est pas de meme loi&qu'il g'agit de leur origioe pru/unde. Lieutaud el Sflemmering font tenir les nerfs oculo-moteurs externes des pyramides ante- rieures ; Vieussens, de la protuberance; Morgagni, Santorini et Zinn, k la fois de la protuberance et des pyramides anterieures. Nos dissections nous ont fait voir que les nerfs de la sixi^me paire naissent de la maniere suivante : tous les filets radiculaires de ces nerfs, quel que soil le point d'oii ils se detaclient, se dirigenl k travers les faisceaux inlermediaires du bulbe de dedans en dehors, des pyramides anterieures vers les corps resiiformes. Pendant ce trajet, ils sonl situes plus eu nioins profondement au-dessus desfosses sus-olivaires. Arrives a la face interne des faisceaux restiformes, les Qlets suivent une nou- velle marche d'avant en arrifere, traversent ainsi le bulbe et atteignent le plan- cher du quatri^me ventricule a 1 centimetre environ du sillon median. C'est la que nous les avons toujours perdus de vue. Est-ce 1^ qu'iis s'arretent? Si nous nous laissions entierement guider par I'analogie, nous n'hesiterions pas k aflir- rmer qu'iis parcourent la parol anterieure du quatri^me ventricule , qu'iis ga- gnent le sillon median de cette parol et qu'en cet endroit ils s'entre-eroisent. Les racines nerveuses qui rampent sous la parol anterieure du quatrieme ven- tricule se conduisent en effet de cette manl6re, comme nous le montrerons dans un travail etendu surce sujet. Une experience tres-coiicluante, et que nous rap- porterons tout t I'heure.nous autorise au moins k dire que les filets radiculaires de la sixi^me paire vont trfes-probablement jusqu'i la ligne mediane, et sont si- tues tres-superficiellement sous la lamelle grise du plancher ventriculaire. Her- bert-Mayo est le seul anatomiste qui jusqu'A nous avait pu suivre les racines de la sixifeme paire depuis ieurorigine apparente jusqu'au quatri6me ventricule. Les nerfs de la septieme paire, ou nerfs faciaux, apparaissent au niveau du Lord inferieur de la protuberance, k peu pres au point ou elle forme les pedon- cules cerebelleux moyens. llssemblent emerger des fussettes laterales du bulbe, a la partie la plus externe de ces fossettes , en dedans des corps restiformes. Deux ou Irois filaments radiculaires s'enfoncent entre les arceaux inferieurs de la protuberance. L'origine reelle des nerfs de la septieme paire n'a ete entrevue que par Mala- carne el par M. Cruveilhier. Tous les'filets radiculaires des nerfs faciaux plongent directement d'avant en arriere dans le bulbe, et penfetrent par consequent dans les faisceaux bulbaires, qui forment le fond des fosses des eminences olivaires. lis traversent toute I'e- paisseur du bulbe, en suivanl la meme direction. Les racines des nerfs faciaux atleiiinent le plancher du quatrieme ventricule, au niveau de ses bords externes ; elles deviennent alors superficielles et changent de direction. Elles marchenl de dehors en dedans et un peu de bas en haul. A mesure qu'elles s'approclient du lillon median, elles sont de plus en plus superficielles; elles le sont tout k fall 4 2 ligncs du sillon. La elles ne sont pour ainsi dire rccouverleg que par la 101 membrane qui tapisse le plam.-lier du quatrieme ventricule, el elles s'^largissent cneventail. Lorsqu'on enl^ve avec soin la membrane qui tapisse la paroi anterieure du quatrieme ventricule, on pent suivre facilement les radicules des nerfs faciaux jusqu'a la ligne mediane. A ce niveau, les radicub s des nerfs faciaux s'entre- croisent.en grande partie, d'un cole a I'autre. Get enlre-croisement est des plus evidenls ; nous I'avons toujours trouve.Quelques radicules, moins superQcielles, s'enfoncenl entre les deux faisceaux inlermediaires el s'entre-croisent plus pro- tondement. Immediatement apres avoir franchi la ligne mediane, les fllaments originels des nerfs faciaux disparaissent. II est probable qu'ils s'enfoncent et se recourbent en partie vers le cerveau. II resulle de la disposition des racines de la sixieme paire et de celles de la seplieme qu'une lesion, meme legere et superficielle du planclier du quatrieme ventricule , peut produire des dcsordres dans les fonctions de ces deux paires nerveuses,si elle porle sur le lieu ou les racines rampent au-dessus de cette paroi. L'entre-croisement du nerf facial du cote droit avec le nerf facial du cote gauche sur la ligne mediane explique comment, dans les cas oil il y a en meme temps hemiplegie de la face et hemiplegie du corps, la paialysie de la face af- feete, aiusi que celle du corps, le cole oppose a celui oii existe la lesion dans I'encephalp, Nous avons voulu conlroler par I'expeiience les resultats que I'anatomie nous avail donnes au sujet de I'origine profonde de la sixieme et de la septieme paire. Sur un jeune chien, nous avons mis & nu la face superieure du bulbe rachi- dien, dans I'espare losangique qui separe I'occipital de I'arcposterieur de I'atlas. Nous avions foude une longue epingle a angle droit, et k 1 millimetre de sa pointe. Nous avons inlroduil eel instrument par I'ouvtrture que nous venions de faire entre le cervelet et le plancher du quatrieme ventricule, a plat, de fa§on a ne blesser ni le cervelet ni le plancher ventriculaire. Notre instrument 6tant enfonce a une cerlaine profondeur, ealculee d'avance sur un cerveau de thien, nous lui avons fait sui>ir un mouveraent de rotation qui faisait penetrer sa pointe dans la paroi anterieure du quatrieme ventricule, un peu a droiie du sillon median de cette paroi. Nous avons tire I'epingle, ainsi dirigee, d'avant en arriern, dans I'espace d'un demi-centimetre k peu pres; puis, par une nouvelle rotation, nous avons degage sa pointe el nous I'avons retiree a plat, comme nous I'avions enfoncee. Pendant cette operation, I'animal jeta des cris qui accusaient une a>sez vive soufTrance; il n'en resulta aucune paralysie, soil du sentiment, soil du mouvement, dans le tionc et les membres ; mais aus- sitdt I'animal fut frappi d'ttne himiplegie faciale du cole droit et d'une paralysie de la sixiimc paire du m&me cdU. II ne pouvait plus fermer ses pau- p.i'rcs, et la moilie droite de sa face clail complclemcnt immobile. L'ocil droit 102 avail tourne sur son axe vertical de dehors en dedans ; il regardait le nez, et etait lixe convulsivement dans Tangle interne de I'ouverlure des paupiercs. La langue ne nous a pas paru device. La sensibilite etalt legerement diminuee dans le cote droit de la face; cependant elle etait loin d'etre abolie, car, lorsqu'on serrait la peau entre les mors d'une pince, I'animal s'agitait et criait. Quand on passait une barbe de plume sur les paupieres ou sur la conjonclive de I'oeil droit, ces paupieres ne pouvaient se fermer; mais il se produisait un clignement synergi- que des paupieres de I'oeil gauche. A Tautopsie, on trouva une section antero-posterieure de la paroi anterieure du quatrieme ventricule. Cette section avait d'un denii-niillimetre k un milli- metre de profondeur etc millimetres de longueur. Elle interessait le plancher ventriculaire k droite de la ligne mediane et k 1 millimetre de cette ligne. Elle commenQait ^ 3 millimetres en arriere de la bandelette blanche qui unit les nerfs patlietiques, et se terminait a 4 millimetres du Lee du calamus. 2" sua LES FOILS DE LA TALPA EUROP^A ; pat M. L. SOUBEIRAN. L'6lude des polls des mammiferes m'ayant deja conduit k trouver dans quel- ques especes des formes diflerentes, suivant les diverses parties des corps oCl je les observais, j'ai examine la talpa europwa. Les polls qui se trouvent autour de la bouche sent courts, et examines au mi- croscope, lis presentent une forme allongce, renflee au milieu, et on volt k leur inlerieur une suite de bandes transversales noire.s dont la longueur est en rap- port avcc I'elargissement du poil. La couleur generate est d'un fauve clair. Les polls recueillis sur le dessus des pattes anterieures sent fusiformes , d'un fauve clair, et presentent k I'interieur des granulations foncees s'etendant de la base jusqu'au sommet. Le bulbe en est generalement plus gros que dans les au tres parties du corps. Ceux des pattes poslerieures ont k peu pr^s la meme confi- guration, sauf que les granulations, qui n'existent qu'au sommet, sont remplacees vers la base par des bandes noires longitudinales. Les polls les plus curieux de la talpa europwa sont ceux du ventre. En effet, ils sont fort longs et olfrent dans leur parcours de quatre k six renflements, au centre desquels on aperQoit des bandes noires qui different de celles des polls de la bouche en ce qu'ellessont reunies par leurs extremites,demanierea presenter des anneaux aplatis. Dans les retrecissemenis du poil, la matifere noire inte- rieure se continue sous forme d'une ligne non interrompue. Cette matiere s'ar- rcte a quelque distance de la base du poil. dont le bulbe est ovoidc. Enfin il reste k signaler, comme derniere particularite, que les polls sont, dans presquc toute leur longueur, denies en scic. Les dents, tournces vers la pointe de I'ap- pendicc, sont alternes de chaque cote. Leur couleur est d'un fauve tr6s-clair. Les polls de la base de la queue sont gros, d'un di-imetre presque egal dans toute leur longueur, et se terminent ai;=c7, brusquemeat en pointe. Leur inte- Tieur prppente If^s mrm?s bandes transversales noire? et separecs dont nous 103 avons parUi; leurs bonis sonl t'salemeni Jeiiticiiles. Leur couleiir esl la brun fonc^. Les polls du bout de la queue sent tres-volumineux, couils et pleins, surtout vers leur base, de granulations foncees qui ne se rencontrent plus que par petits amas epars versle haul du poil.De plus, on observe suria surface, au moyen d'uri fort grossissement, des lignes transversales tres-tenues, qui donnent au poil une apparence squammeuse. Les poils du dos sont identiques a ceux du ventre, sauf leur diam^tre, qui est beaucoup moindre. Celte particulariie pourrait servir a difTi'rencier les talpides des desmans, aveclesquels les taupes offrent tant d'analogies. Avant de terminer cetle note, je dois faire savoir a la Soc'ete que j'ai pu obser- ver les poils du migale moscovicus, et que je les ai trouves absolument identi- ques a ceux du migalina pyrenaica. (Juillet.) 3» NOTE SUR UN CINQUIEME OS DE LA CHAINE TYMPANIQPE CHEZ QtJELQUES ANIMAtX ; par M. Paul de Saint-Martin, surveiliant bibliothecaire k I'fii-ole veterinairs de Toulouse. Tous les anatomistes reeonnaissent que la chaine tympanique de roreille est composee de quatre osselets : le martcau, Venclume, le lenticulaire et IV/rier, et si cela ue peut plus aujourd'hui soulever aucun doute, il semble n'avoir ete dit parpersonne que, chez certains animaux, il I'auta ces quatre os ajouier un cinquifime osselet, plHce au milieu du muscle de I'elrier, et que Ton ne peut voir que par une dissection tres-minutieuse de ce muscle. C'est probablement cette particulariie qui fail que cet os ii'a encore ete vu ni decrit par aucun des savants distinguesqui ontecritsur I'analomie des animaux, etje n'ai moi-meme ete appele a en constaier I'exislence que par liasaid, et par suite de quelques u'cherches que je faisais sur I'oreillenioyeone des animaux. Je n'ai encore trouve cet os avec cenituile que chez le bCDuf, le cheval et le mouton ; mais je me propose de recherdier s'll n'exible pas egalement chez la plupail des mammlferes el meme chez I'homine. Je ne parle pas du chien, chez le.quel je crois avoir apeiQU ce cinquieme os; car il mc reste encore quelque doute que je veux levei avant de rien alFirmer a cet egard. Dans le bcEuf, cet osselet esl presque spheioide et de la grosseur d'une tete d'epingle ordinaire. Dans le cheval, il esl elliptque et a une longueur de 2 a 3 millimetres; enfln, dans le niouton, c'tsi nn petit point k peine visible d I'cEil nn, mais qui ne permet ctpeniiani pas de doule. II est phice, coninie je I'ai dit plus Iciut, dans le muscle de IVtiier et en ar- riere de celui-ti. Le umsclu de I'eliier, qui t si en contact avec le nerf facial, passe au-dessous de ce dernier el va se loger dans une fossette qui se trouve au- dessus et en arrieie du promonlone. On pourrait done, d'apres sa position, lui donner le nom de post slapMien, ainsi que me I'a ftiit observer M- A. La- 104 vocal, professeur d'anatomie ii I'fico'e. velt'iinaire de Toulouse, h qui je I'ai montrc. Ii pourrait se faire neanmoins que cet os ne fut quune dependance de I'etrier lui-meme, nne espece d'apophyse placee 1^ pour donner plus de force au muscle de I'etrier dans ses fonctions. En lout cas, os ou apophyse, il n'en a encore ete parle, que je sache, par aucun anatomiste. Je laisse h de plus capables et plus savants que moi le soin de determiner le Tole que ce petit os doit jouer dans le mecanisme de I'audition, reconnaissant en loute humilite mon incapacite en pareiile mati6re, et me bornant h ajouter un fait, qui m'a paru assez curieux, a tons ceux que la science recoite chaque jour el met en reserve, jusqu'^ ce que de plus habiles, coordonnant lous ces mate- riaux, en tirenl des consequences et quelquefois des lois que la science se plait il enregistrer. Pour lever tous les doutes qui pourraient se produire, je dois dire que Ics pie- ces anatomiques que j'ai preparees comme preuves a i'appui sont deposees dans le cabinet d'anatomie de I'ecole veterinaire de Toulouse. (Juillet.j II. — Physiologik. OTR LES PHENOMtNES D'aBSORPTION QUI S'EFFECTDENT A LA SURFACE DES CONDUITS DES G LAN DES SALIVAIRES; par M. BERNARD. M. Bernard est arrive a reconnaitre que I'absorption s'eflectue avec une rapi- dite extreme 4 la surface miiqueuse des conduits salivaires; les bronches seules Temportent sur ces derniers par la rapidite avec laquelle elles effectuent I'ab- sorplion. 5 centigrammes de strychnine, injecles par le conduit de la glande pa- rotide d'un chien,ont ete immediatement absorbes, et I'animal a aussiiot eprouve des convulsions. La surface muqueuse des conduits des ijlandes salivaires jouit de proprietes absoibanles bien plus energiques que la membrane muqueuse buccalej les ani- mauxsont, enefTef, empoisonnes bien moins rapidement par la simple introduc- tion de la strychnine dans la cavite buccale qu'ils ne le sont apres i'injection de la meme substance dans les conduits parotidiens. On sail que les glandes salivaires jouissent dune propriete d'election pour I'excretion des substances qui circuleut avec le sang : c'esl ainsi que ces glandes laissenl passer avec la salive I'loduie de potassium, tandis qu'elles retiennent completement le prussiate de potasse. Ii etait interessanl de rechercher si quel- que chose de seniblable existe relalivement k I'absorption qui s'opere h la sur- face de ces memes glandes; M. Bernard a reconnu que tnutes les substances y gonlindistinctcment absorbces, et avec une rapidite Iresgrande. M. Bernard a enfin recherche si I'absorption et la secretion peuvcnt s'eflectuer en meme temps a la surface des glandes salivaires. 11 a remarjue que, tant que 105 dure la st'cretion, I'absorption ne s'opere pas; :ius8it6t que la secretion cease lie se faire, I'absorption s'opere conime d'habitude. III. — ANATOMIE PATHOLOGIQUE ET PATHOIiOGIE. 1» NOTE SUR UN CAS D'ANEVRISME DE LA CLOISON INTERVfiNTRlCULAIRE DU COECR ; par le docteur E. Leudet. II y a trente ans a peine que les ouvrages qui ont trait aux maladies du cocur font mention des anevrismes partiels de cet organe; depuis cette epoque,cette affeclion, que Ton indiquait comme rare el dont on citait des exemples emprun- tes 4 quelques auteurs, a ete trouvee plus ficquente, et les cas de cette esp6ee se sont multiplies. Ainsi dans l'ouvragedeM.Bouillaud(TRAiTE DES MALADIES DUCCEUR, 2" ed., vol. I, p. 698 et 620), on trouve cites les fails deCorvisart,ceux que conlenait leSmemoire.Breschet, et enfm ceuxdeMM. Reynaud, Peligny. MM. Delaberge et Monnerel{CoMPEND. DEMED. PRAT.,v.II,p. 3C7) ont ajoule quelques fails nouveaux. Enfln, depuis quelques annees, les fails sont devenus plus nombreux encore ; lous les ouvrages de medecine el surtout ceux d'anatomie pathologique, renfer- ment de nombreux cas d'anevrisme partiel du cceur; nous cilerons au premier rang la riche collection des bulletins de la Societe anatomique de Paris. J'ai moi- meme publie, dans le quatrieme volume des Bdlletins de la Societe de biologie, un fait de ce genre. Le travail le plus complet sans aucun doule, sur ces ane- vrismes partiels du cceur, est le memoire de Turnam (London med.-ciiir. Tran- sact., V. XXI, analyse dans Hope, Treatise of thediseasesof the heart, 4' ed., p. 298, et dans les Archiv. g^n. de med., ser. .3, vol. IV, p. 494); nous mention- nerons en outre un memoire poslerieur du docteur Craigie (Edinb. med. and SURG. Journal, avril 1843), et la th^se du docteur Loebl (Comment, anat.-path. de anevrismate cordis sic dicto paktiali); enfin, les ouvrages de M. Cruveilliier (Traite d'anat. path., v. II, p. G71, 1852), et celui de M. Forget (Precis des maladies du cqeur), contiennent un aitirle sur cette variete des affections du cceur. Nous n'avons pas I'intenlion, a propos du fait que nous inserons ici, de donner un expose del'hisloire de I'anevrisme paitiel du coeur; nous n'auiions pourccla qu'a reproduire I'excellent travail de Thurnam; nous nous bornerons a rappro- cher du noire plusieurs aiitres fails d'anevrismes de la cloison. On voit, dans la plupart des travaux que nous venous de citer, et nous pour- rions ajouter a leur autorile celle de nombreuses observations qui leur sont pos- terieures, que I'anevrisme parliel du cceur siege surtout aupr6s de la pointe du ventricule gauche; ainsi Loebl donne I'andlyse suivanle de 72 cas etudies quant au siege. L'anevrisme occupait 39 fois la pointe du cceur, 22 fois la base, et 16 fciis un endroit quelconque des parois lalcrales. Parmi les fails oi"i I'anevrisme occupail exclusivemcnl la cloison inlerventri- culuire du coeur, nous cilerons d'abon! uncnbservalion du docteur Craigie (/oc. 106 cit.). On trouva dans ce cas, chez un homme dc 38 ans, sujet depuis tro:s ans el demi k des palpitations, atteint plusieurs fois de rhumatismes anterieurs et pre- sentant k la region du coeur un bruit de soullle systolique rude, un anevrisme occupant la base de la cloison et saillant dans le ventricule droit. Thurnam (loc. cit.) dit que, sur 67 anevrismes partiels du coeur, 3 fuis on trouva la maladie limitee a la cloison. L'un de ces fails appartient k J. Hope, et est donne en detail dans I'ouvrage de ce pathologiste {loc. cit., p. 5*8,4° ed., 1849). Nous ajouterons unfait observe par le docteur Burci (Gazz. de Milan). Chezun hommede 5C ans, scplaignantdepuisquelque temps de dyspnee el offrant un caract^re rudedu pre- mier temps du cceur a I'auscultation, on trouva un anevrisme situe dans la partie superieure dela cloison. M. Forget (Precis des mal. du coeur, p. 232, 1851) dit avoir rencontre dans un cas une depression profonde occupant I'epaisseur de la cloison interventriculaiie, et qui lui parut etre un anevrisme partiel en yoie de developpement. M. Cruveilhier en a indique un autre fait (Traite d'anat. path., V. II, p. 671, 1852) dans lequel la dilatation partielle etait limitee a la cloison, au voisinage du sommet. Enfin, nous citerons un fait analogue de; Finger (ViERTELjAHRSCHRiFT. Prague, 1850). Des recherehes plus multipliees nous auraient peut-etre permis d'augmenter le nombre de ces fails, dont nous connaissons deux exemples non publies et que leurs auteurs voudront bien sans doute faire connailre. Ceux que nous avons reunis permetlent au moins de montrer que I'anevrisme partiel peut se rencon- trer limile a la cloison ; nous avons donne la description complete de la piece quo nous avons eue sous les yeux ; malheureusement les autres observations sont trop bri^vement rapporlees pour nous permettre d'esquisser meme rapidement I'hisloire anatomique et cliniijue de cette forme d'anevrisme. Quant aux signcs propres k etablir le diagnostic, il est presque inutile dedirc que la lesion n'a jamais ete reconnue ou soupQonnee. Chez notre malade, nous avions diagnostique pendant la vie une insulDsance de i'orifice aortique avec dilatation de la base de I'aorte, el meme aujourd'hui nous croyons nous etre rapproche autant que possible du diagnostic reel. En communiquant le fait isole que nous transcrivons ici, nous n'avons done pour but qued'enrichir la science d'un nouveau fait et d'accrottre les materiaux qu'un medecin pourra peut-eire utiliser plus tard pour des recherehes com- pletes. 20 ANEVRISME DE LA PARTIE SUPERIEURE DE LA CLOISON INTERVENTRICULAIRE DO C(EUR FAISANT SAILLIE DANS l'OREILLETTE DROITE ; MORT ; AUTOPSIE ; par IC dOC- teur Leudet. Huve (Francois-Auguste), age de 16 ans, enlre le 23 juio 1853 k I'hopital de la Charite ; il est couche au n" 1 1 dela salle Saint-Michel, dans le service de M. Raver. 107 D'une taille moyenne, d'un embonpoint mediocre, Huve assure avoir joui fon- stamment d'une bonne sante, jusqu'au debut de la maladie actuelle, qu'il fait remonter k deux mois. II avoue cependant que depuis plusieurs annees il eprou- vait des palpitations quand il niontait un escalier et se livrait k un exercice vio- lent ; jamais ces accidents ne furent portes au point de le forcer 4 inlerrompre ses occupations ou a invoquer les secours de I'art. Jamais, anterieurement, il n'a ete alteint de rhumatismes articulaires ou musculaires. Deux mois avant son admission a I'hopital de la Charitc, Huve commen?a ci eprouver des battements de coeur incommodes, de la dyspnee, principalement dans la station et lorsque sa tete reposait basse dans le decubitus dorsal, puis presque simultanement de I'oed^me se manifesta aux membres inferieurs. Le peu d'intelligence du malade, son peu de memoire et sans doute aussi son etat de souffrance marque ne nous permirent pas de recueillir de details plus precis SUV les antecedents du malade. Nous Irouvames Huve, le soir de son admission k rhopital, dans I'etat suivant : sa face est bouffie, ses l^vres un peu vioiac6es; 0E!d6me considerable, pale, mou, depressible, des deux membres inferieurs, un peu d'epanchement asciliquedans I'abdomen depassant de deux traveis de doigt la partie superieure du pubis et donnant d'une maniere nctte une sensation de fluctuation. Le malade n'accuse aucune douleur dans les deux regions renales, jamais il n'a urine de sang. A I'examen de la poitrine, on ne remarque aucune voussure de la region precor- diale ; la pointe du cceur bat au-dessous de la sixieme cote, un peu en dedans du mamelon ; I'impulsion est plus marquee que dans I'etat normal et se sent k la base comme a la pointe, se propageant lentement du premier point au deuxieme. Pas de fremissement intense. LeIongduborJ gauche du sternum, et pi incipale- raent au niveau des articulations synchondrosternales de la troisieme et qua- trieme c6;e, fremissement marque suivant le trajet d'une ligne verticale et sui- vant la direction de I'aorte non synchrone avec lepouls. Par la percussion, ma- titeprononcee representant exactemcnt la forme du cce.iret s'etendant depuis la troisieme cole jusqu'a la sixieme, atteignant a gauche et en dehors le mamelon de ce cote. A Tauscultation, au niveau de I'articulation synchondrosteinale, bruit de souffle rude un peu musical ; au deuxieme temps, se prolongeant un pen dans le grand silence, un peu musical et a timbre aigu ; ce bruit anormal s'en- tend moins fort sur tout le trajet de I'aorte, meme dans la carotide gauche et un peu moins dans I'aorte. Aucun mouvement d'impul.-ion ou d'extension sous le sternum. Premier bruit du coeur bien frappe, non sourd, sans aucun bruit anormal. Au niveau du bord gauche du coeur et pres de la pointe, on n'enlend aucun bruit anormal. Rien d'anormal percu k I'auscultation ou a la percussion du poumon; partoiit la respiration est douce, egale et vesiculaire. Poulsa 101, peu developpe, peu fort, regulier et egnl aux artcres radiales des deux cotes. 108 Pas de ccphalalgie, sens intact. L'urine examinee est claire, sans donner lieu, par I'emploi de la chaleur ou I'addilion de i'acide nitrique, k aucun pr^cipite quelconque. 2-i. Bourrache ; deux granules de digitaiine de Ogr.,001 chaque ; une portion. Pendant les derniers jours du mois de juin, Have demeure dansleraenaeetat; il se leve chaque jour, maispeut difflcilement marcher, accusant toujour*, k la suite d'un exercice musculaire quelconque, une fatigue marquee et de I'essouf- flement. Les bruits anormaux perqus dans la region du coeur sent toujours les memes. Au commencement de juiliet, les accidents d'hydropisie s'accroissent rapide- ment ; I'oedfeme auamente aux membres inferieurs, de meme que I'epanehement ascitique dans I'abdomen , atteignant I'ombilic a sa partie moyenne. Les batte- menls du coeur deviennenl plus rapides; le deuxi^me temps est toujours accom- pagne d'un bruil de souffle intense a timbre musical ; le premier bruit est lui- mfirae un peu sourd. Diminution marquee des forces. Appetit moindre. Le 14 juiliet, la facedumaladeest plusanxieuse,lepouls4 120, peu developpe, peu fort, les 16vres plus cyanosees. Dans la journee, Huve rejette par la toux quelques filaments de sang pur. Le 16, a sept heures du matin, nous trouvons Huve plus soulTrant que la veille; I'exami'n du thorax nous fait constater un affaiblissement marque de I'intensite du timbre musical qui accompagne le deuxi6me bruit; les battements du coeur sont toujours tres-acceleies. Le malade accuse un besoin de la defeca- tion, se rend seul a la chaise perc^e et revient dans son lit. Eu revenant aupr^s de lui dix minutes plus tard, nous le trouvames mort; il avait saccombe sans agonie. OuvERTURE DU CADAVRE le 10 juillet 1853, vingt-six heures apres la mort : temps chaud et humide. Coloration violacee de la face; vergetures rougeatres nombreuses sur les par- ties declives et au dos; pas de coloration verdatre des teguments de I'abdomen; aucune roideur cadaverique. Tete. — Pas d'alteration des teguments du crane; peu d'epanchement sous-arachnoidien ; une cuilleree a bouche de serosite dans chaque ventricule lateral. Aucune adherence morbide des enveloppes du cerveau k la puipe; celle-ci est d'une bonne consistance, saine, non eongestionnee. Larynx sain; pas de mucus accumule dans son interieur; muqueuse rosee, saine, dans la trachee, d'un rouge plus fonce dans les ramifications bronchiques intrapulmonaires. Thorax. — Les deux poumons, libres d'adherencef, contenus dans la p!6vre qui ne contient aucun epanchement, sont d'un bleu grisatre en avant, partout crepitants, sans traces de lubercules, sans aucune alteration. l.e pericarde contenail im demi-vcrre environ d'un liqnide nitrin clair, trans- 109 parent, sans pseudo-membranes ; aucune production de cc genre ne se Irouve sur les feuillets parietal ou visceral du pericarde. Le coeur etait volumineux, en forme d'utricute ; sa pointe, plus mousse que dans I'etat normal, descendait jusqu'^ la septieme cote et s'etendait k gauche du mamelon ; aucune tumeur ne se remarquait k la surface de Torgane central de la circulation. La hauteur externe des ventricu'es etait de 0",14 ; I'oreillette droile, ofTrant dans son diametre vertical Om,!!, formait une large tumeur plus bleuatre, sur laquelle le coeur paraissait reposer. Le ventricule droit etait considerablement dilate; sa hauteur interne, mesurce de la racine des valvules pulmonaires a la pointe des ventricules, etait de O'n.OQ. Ses parois, ties-epaissies, offraienl une resistance manifeste, ne s'affaissaient pas quand on les divisait. L'orifice et les valvules de I'artere pulmonaireeiaient saines. L'orifice tricuspide permettait d'introduire facilement quatre doists; sa cir- conference etait deO™,l2; sa valvule, saine, sans aucun epaississement, etait insuffisante. L'oreillette droite etait, comme nous I'avons dit plus haul, tres-dilatee, ainsi que les orifices veineux s'ouvrant dans son inttirieur, le tronc principal de la veine coronaire permettant facilement I'introduction du doigt indicateur dans son interieur; la veine cave superieure et inferieure etait egaleinent plus volumi- tieuse que dans I'etat normal. fipaississement des parois de roreillette dtoite offi ant une epai^seur de O^jOO't; membrane interne plus epaisse, un peu blanchatre, opaline. Ventiicule gauche du cojur dilate comme le droit; il mesureen hauteur a son interieur, de la base de Foriflce aortique a la pointe, 0™,07. L'orifice aortique est large, ayant une circonference de Oni,055. Les valvules aortiques saines, souples. Valvule mitrale n'offrant aucune alteration, permettant assez facilement I'in- troduction de trois doigts et mesurant en circonferance 0>n,09. Augmentation considerable de I'epaisseur des parois du ventricule gauche; mesuree en avant, celte epaisseur etait, a ia base, de 0™,012; au miliea, de Om.Ot ; et a la pointe, de 0™,005. Dilatation de l'oreillette gauche; epaississement marque de ses parois; la membiane interne qui les tapisse est blanchatre, olfraiit des stries remarqiiable- ment developpees dans sa tunique mojenne. Le ventricule gauche presentait une dilatation partielle situee dans I'epaisseur de la cloison; celte cavile oliiail, dans le ventricule gauche, un orifice arrondi, mesurant dans son plus grand diametre 0°',02; ses bords sont mousses, lisses, sans aucun depot de matiere crctacee; I'endocarJe A peine opalin, sans fausses membranes susjaccntes, se continue avec rendocarde environnant ; la cavite est profonde et peul admettre presque en entierla denvi^me phalange du ponce ; son no fond estfimiilement membianeux et lepond a I'exlremile gauche de la valvule Iricuspide; dans ce point, la parol qui conslitue le fond de la cavite est Iranspa- rente ; plus haut, elle repond ci la partie inferieure de I'oreillelte droite. Le reste de la cloison interventriculaire ne presente aucune alteration. Pas d'epanchement dans I'abdomen. Aucune alteration du tube digestif. Le foie, d'un volume ordinaire, est un peu congestlonne, sa couleur assez foncee ; leg^rement congestlonne, il laisse ecouler h la coupe une assez grande quantite de sang. Les reins sent dans leur etat normal, de meme que la vessle. IV. — Pathologie des animaux. RI'PTKRE DU TENDON DES DEIX MtSCLES FLECHISSEURS SUPERFICIELS DES PHALANGES DES MEMBRES ANTERIEL'RS CHEZ CN CHEVAL ; par M. GOUBAUX. Un vieux cheval de trait, qui ful I'un des sajets du cours pratique des opera- tions chirurgicales le 30 juin 1853, presentait une deviation tres-remarquable de I'exlremite de chacun des membres anierieurs. Chacun des sabots de ces mem- bres portait bien sur le sol, mais la premiere et la deuxieme phalange avalent une direction presque horizontale, et la face posterieure de chacun des boulets portait presque sur le sol. An niveau de chacune des articulations du genou, il existait un engorgement assez considerable qui, par sa situation et par son ^tendue, caracterlsalt d'une maniere evidente une inflammation de chacune des gaines tendlneuses car- plcnnes. Get engorgement etait un peu plus considerable du cote gauche que du cote droit et s'etendait le long des tendons flechisseurs des phalanges. Quelle etait la cause de la deviation de la legion phalangienne de chacun de ces membres? Deja, plusieurs fois, j'ai disscque des membies poslerieurs qui presentaient dans la direction des phalanges une deviation semblable a celle que j'avals sous les ycux; et dans ces differentes circonstances, j'ai toujours remar- que une dechiruredu tendon du muscle flechisseur profond vers le milieu de la face posteiieure de la premiere ou de la deuxifeme phalange. Gomme j'observais cette deviation diins les membres antcrieurs pour la premiere fois, je m'arretai a I'idee que je rencontrerais les menies lesions que dans les membres poslerieurs que j'ai disseques anterieurement. Le lendemain, je dissequai les membres du cheval qui fait le sujet de cette observation, et voici les lesions que j'eus a noter : 1° Membre anterieur gauche. Au-dessous de la peau et dans toute I'etendue du pied, c'est-a-dire depuis le carpe jusqu'a I'extremlte inferieure du membre, il existe une induration du tissu ccilulaire qui, continue avec le tendon du muscle flechisseur superfieiel des phalanges, s'etend jusqu'au niveau de I'inser- tioii de ce niiipcip. Gette induration augmente beaucoup rppaisseur du tendon, Ill et s'etend sur les parties laterales de la region du metacarpe en conservant les memes earact^res. Ure incision faite sur le milieu du tendon, et dans le sens de sa longueur, permet de reeonnaitre qu'il a ete le siege d'une rupture au ni- veau de I'extremite superieure du metacarpe. Les deux extremites du tendon rompu sent reunies par un tissu de cicatrice dont les proprietes physiques sont absolument les memes que celles du tissu indure qui enveloppe le tendon dans toute sa longueur. La gaine carpienne est le siege d'une inflammation qui parait avoir ete la consequence de la rupture du tendon. Je neglige de signaler les caract6res ana- tomo-pathologiques des lesions que presente cette gaine qui ne me paraissent pas importants. La bride qui se detache du ligament commun posterieur du carpe, le ligament sesamoidien superieur et le tendon du muscle fiechisseur profond des phalanges sont parfaitement sains. 2° Membre ANTERiEUR DROIT. Sur ce membre, je trouve absolument les memes lesions que sur le membre du cote gauche. La rupture du tendon du muscle fli- chisseur superficiel des phalanges a eu lieu au meme endroil. La forme des extremites rompues de chacun de ces tendons, la situation de ces ruptures, I'examen de la surface exterieure de la peau qui ne presentait aucune lesion ; tout, en un mot, exclut I'idee d'une operation chirurgicale que Ton ne pratique jamais a cet endroit, et j'ignore completement quelle pent etre la cause de ce double accident. Je ferai ulterieurement, k la Societe de biologic, d'autres communications sur les deviations des rayons des membres ; je lui presenterai plusieurs pieces que j'ai recueillies, et je ferai connaitre le resultat d'experiences que j'ai commencees et que je me propose de continuer relativement a cette question. V. — Pathologie des vegetaux. NOTE SUR UN NOUVEAU PARASITE QUI ATTAQUE LES FEUILLES DES MURIERS ; par M. le docteur Montagne. M. Montagne met sous les yeuxdes membres de la Societe des leuilles de mu- rier malades provenant des provinces du Midi od cette grave affection a detruit pres du tiers de la recolte, et consequemment occasionne k I'industrie de la sole des pertesqui s'elevent a plusieurs millions. Ces feuilles presenlent des laches de rouille arrondies, contluentes, commen- ^ant d'abord sur le bord de la feuille qui en est comme crispee et recoquiUee. Plus tard, les taches grandissant toujours, celle-cise desseche ettombe. La rouille des miiriers n'est eertainement pas une maladie nouvelle ; tons les ouvragessur la sericiculture en font mention; mais ce qui a echappe jusqu'a present a I'observation de nos devanciers, c'est qu'au centre dc ces taclies cor.- leur de rouille ou brunes se developpa un champignon parasite que M. Montagne 112 regarde eomme nouveau pour la science, bien que peul-elre ausii ancien que I'affection des tnuriers, il ait passe jusqu'Jt ce jour inaper NOTE SDR LE PASSAGE DD SDCRE DANS LES URINES, A PROPOS d'uNE NOTE DU DOCTEUR HARLET SDR LE UtKE SDJET ; par M. AlVARO RetNOSO. Partant des belles experiences de M. Bernard sur la production du sucre dans I'economie animale, et guide par des idees Iheoriques preconques, mais conflr- mees plus tard par de nombreuses experiences, j'ai ete amene k examiner les differents cas de passage du sucre dans les urines. Je commenQai, pour prendre date, par publier dans les Comptes rendds de l'Acadehie des sciences trois notes dans lesquelles je precisai mes idees et mes recherches k ce sujet. Entre autres fails, je citais celui du passage du sucre dans les urines d'un animal etherise. Dcpuis, j'ai continue mes recherches, et j'ai constate la presence du sucre dans les urines des animaux auxquels on faisait respirer du chloroforme , de la li- queur des Hollandais, de I'ether iodhydrique, de I'elher bromhydrique, de la benzine, de I'acetone, de I'elher chloramylique, de I'aldehyde, de I'ether nitri- que, de I'elher acetique. Le meme fait se produit lorsqu'on asphyxie lentement les animaux par rhydrogfene sulfure, I'acide carbonique ou I'acide cynahydrique {k I'elat de vapeur). De toutes ces experiences, j'ai cru pouvoir conclure que toutes ces substances qui causenl Vanesthesie et les gaz irrespirables diterminent le passage du Sucre dans les urines. Quelque explication qu'on donne de ces fails, qu'on disc que, sous ces diverscs iafluences, la force glucogcnique du foie est augmenlee, ou bien qu'on attribue 117 le passage du sucre dans les urines a une combustion incomplete, je crois, dans tous les cas , les avoir le premier signales, et si M. le docteur Harley n'apas cite mon nom, c'est, je le pense, qu'il ne connalssait pas les resultats de mes reclierches. Les experiences de M. Harley et les miennes ne ditT^rent que par un point peu important : il introduit directement les substances dans le torrent circulatoire, au lieu de les falre penetrer par I'acte de la respiration. J'ajouterai que si M. Harley, au lieu de choisir la veine porte pour intro- duire I'ether, etc., avait pris toute autre veine, les resultats eussent ete les memes. Des circonstances particulieresm'ont empeche jusqu'aujourd'hui de mettre au jour I'ensemble de mes recherches ; mais je compte sous peu publier un me- moire detaille sur ce sujel interessanl. II. — Aaatomie anomale. REIN UNIQUE LATERAL CHEZ UN FOETUS HUMAIN ; par M. LORAIH. Sur un foetus male ne au terme de 9 mois, viable, et qui a succombe k une phlegmasie aigue (peritonite), nous avons trouve un rein unique. Ce rein est situe du cote droit, dans sa situation normale. Sa fnrme ne difffere en rien de la forme ordinaire du rein ; son volume est d'un tiers superieur au volume d'un rein de fcetus ayant le meme age et le meme poids. L'art6re renale et la veine renale qui se rendent k ce rein n'offrent aucune anomalie. L'uret^re, volumi- neux, suit le trajet habituel. II est unique; il contient un peu d'urine qu'on peul /aire refluer dans la vessie. La capsule surrenale de ce cote a sa situation et son volume ordinaires; elle recjoit une art^re et une veine dont les dimensions et la direction n'offrent rien d'anormal. De ce cote, les vaisseaux spermatiques sont normaux. A gauche, la capsule surrenale seule eiiste. On ne trouve pas de traces durein. La capsule surrenale a le volume et la situation habituels; elle rcfjoit une veine assez volumineuse piovenant de la veine cave et une artere provenant de Taorte. Decette veine capsulaire naissent les veines spermatiques. II n'y a ni veine ni art^res renales de ce cote. Les deux testicules ont franchi I'anneau et sont contenus dans les bourses; lis n'offrent aucune anomalie. L'examen de la vessie nous a montre qu'on ne trouvait aucun rudiment de I'uretfere gauche. La vessie etait bien conformee et contenait une urine assez abondantc , trde- coloree. 118 A la coupe, ce rein presente tous les caraclires ordinaires... II n'y a pas dila- tation du bassinet. Ce rein est bien unique, et Ton cherche vaioement, soil dans son interieur, .soit i sa surface, un autre rein rudimentaire. III. — Anatomie pathologique de l'homme. SCR LA STBDCTURE DES CONCRETIONS INTRASPLENIQDES; par le dOCteUr VeRNEDIL. Les anciens traites d'anatomie pathologique contiennent de nombreux exem- ples d'ossifications et de concretions calcaires de la rate ; on sait que ces lesions siegent presque exclusivement dans la capsule fibreuse de cet organe, qui est lantot epaissie et hypertrophiee, tanlot de consistance cartilagineuse ou incrus- tee de mati6re calcaire, mais tres-rarement envahie par une veritable ossi- fication. Ces alterations sont disposecs sous forme de plaques plus ou moins epaisses, ou bien meme une veritable coque entoure plus ou moins complelement la rate, dont le parenchyme ofl're des alterations varices ou a conserve son etat normal. Mais on rencontre aussi les depots pierreux sous une autre forme ; ils occu- pent I'interieur de I'organe et s'y montrenl en concretions variables en nombre et en volume, et ils ont ete jadis di signes sous le nom de calculs de la rate. Dans quelques cas, elles paraissent lesulterde I'hypertrophie et de I'incrusta- tion du tissu cellulaire qui accompagne les valsseaux, ou n'etie que I'extension de I'alteration de la capsule du tissu fibreux qui cloisonne la rate; mais d'autres fois elles sont tout k fait isolees, uniques ou multiples, et siegent au milieu du tissu splenique, qui parait tout a fait sain au voisinage. J'ai dej4 rencontre plusieurs fois cette lesion, sur laquelle je vais fournir quel- ques details. Les concretions intraspleniques sont presque toujourstres-regulierement sphe- riques; elles egalent en volume un gniin de cli^nevis, un pois. Je n'en ai gu6re vu de plus grosses; mais je pense qu'elles peuvent acquerir des dimensions plus considerables; car dans un cas rapporte par Morgagni et qui me parait incon- testablement de la meme nature, la production avait les dimensions d'une chataigne. Elles occupent tous les points de la rate, et sont quelquefois assez superfl- cielles pour devenir visibles sous I'cnveloppe fibreuse, ou au moins pour etre senties avec le doigt d une profondeur tres-ininime. Tantot uniques, tantot mul- tiples, elles sont en general eparses et isolees. J'ai pu tout recemment en compter plus de douze sur une rate d'un mediocre volume. Lenr consistance est tr6s-con- siderable et egale J» celle d'un calcul. Elles rebondissont en tombanl sur le sol; il faut une pression violente pour les ccraser. A I'exterieur, elles ont une coloration d'un blanc jaunatre et sont herissees 119 d'une foule de petits prolongements celluleux, ce qui est dii k ce qu'elles adhe- rent fortement au tissu ambiant.qu'onestobligede decliirer pour lesisoler; elles ne sont done ni libres ni enkystecs et enucleables. Elles ne paraissent pas avoir de connexions immediates avec de gros vaisseaux. line coupe, pratiquee avec un fort scalpel, montre que ces concretions sont formees de plusieurs couches concentriques tr6s-denses,tr6s-coherentes, emboi- tees les unes dans Icsautres, d'apparence Qbreusp,et formant une coque solide, eiastique el coriace. Dans I'interipur existe une cavite remplie par un noyau dur de mati^re cal- caire, d'unjaune d'ambre ou d'un blanc sale, qu'on reJuit en fragments par une pression plus ou moins forte. Le depot enlevc, la face interne de la coque est assez lisse, reguliere et concentrique aux tuniques emboitees. La structure des parois de ces petiis corps est assez difficile a etudier, en rai- son de leur cohesion ; cependant on constate qu'elles sont formees par une sub- stance striee et granuleuse, dans laquelle on reconnait qk et ]i des Dbres qui ont quelque analogie avec celles du tissu fibreux,mais qui ne sont point onduleuses et sont empatees par une mati6re unissante tres-cohurente. Aussi est-ce a grand'- peine qu'on peutisoler quelques fibres dans une petite elendue. L'acide acetique rend la preparation un pcu plus claire; mais eile ne montre pas le noyau de ces fibres et ne les dissout pas, non plus que la substance qui les reunit. La masse calcaire qui occupe le centre est formee par des fragments obscurs amorphes, des granulations d'apparence graii^seuse el un assez grand nombre de petits cristaux assez irreguliers, en forme de plaques rectangulaires on en pen- tagone allonge. On rencontre encore des plaques beaucoup plus grandes, dechi- quetees sur les bords, et dont la foime peometrique, assez difTicile k saisir, pa- ralt toutefois se rapprocher du paralle!ipip6de. Ces cristaux ne se dissolvent pas dans I'eau ni dans l'acide acetique; ils ne sont pas ffTcivescents par les acides faibles,et ne se dissolvent pas davantage dans I'elher. Je crois qu'on doit les rapporter au phosphate de chaux. Les caracteres exterieurs, aussi bien que reux qu'on tire de I'examen micro- scopiques, rapproehent les concretions intraspleniques des corps etrangers libres qu'on trouve dans le periloine et des phleholilhes, si communes dans les veines ovariques et dans celles qui, ehcz rhonmie, entourent le col de la vessie. Si Ton compare, en elTet, la description qui precede a celle qui a ete attribuee Ces concretions sont formees de couches concentriques, et renferment dans une cavitH centrale un depot ca'.caire. 3° La structure des parois et du depot pierreux assimile ces productions aux phlebolithes. i' Les phlebolithes de la rale se developpent probablement dans les dilatations arcolaires du reseau veineux de la rate. IV. — Anatomie pathologiqde et pathologie des ammadx. LESIONS TROUVEES DANS LES ARTICULATIONS SCAPULO-HUMERALES D'ON CHEVAL ; par M. Arm. Goubaux. M. Goubaux presente a la Societe de biologie des articulations que M. Broca a bien voulu examiner, et dans lesquelles on remarque des lesions assez inte- ressantes : 1° L'articulatlon scapulo-humerale du cote gauche presente les lesions de I'ar- thiite seche ou de I'arthrite rhumatismale chronique. 2" Articulation scapulo-humirale du cole droit. — Au centre de la cavitc gl^noide, on remarque un ilot de cartilage d'une largcur de 0'",008 et d'une longueur de 0°',0015, detachc de toutes parts du cartilage eavironnant, et limite \ 121 par un sillon tr^s-etroit qui va jusqu'k I'os. II adhere furtement h I'os par sa face profonde. La structure du cartilage autour de I'ilot est normale. II y a absence Male de tissu fibrettx dans la gangue. Les cavites ont en moyenne 0'",02 de largeur; les plus grandes ont jusqu'i O^.OS. La couche la plus superficielle de la parol peripherique du sillon a etc examinee avec soin; il n'y avail rien de par- ticulier. Vilot de cartilage, k I'ceil nu, a une couleur jaunatre, non uniforme, et sa surface libre a un aspect legerement mamelonne. Sa structure fibrillaire est evi- dente; toutes les fibrilles sent dirigees obliquement vers I'os. A I'examen microscopique, cet ilot offre beaucoup de tissu fibreux. Dans quelques endroits, le tissu fibreux manque compldlement, et alors on' trouve la structure du cartilage, niais du cartilage altere. La gangue est grenue; les cavi- tes sent agrandies et a noyaux multiplies. Les cavites ont de 0"',05 a 0",07, et meme davantage.Plusieurs fois on a rencontre des cavites voisines qui entraient en fusion. II y a jusqu'4 vingt noyaux dans certaines d'entre elles. Sur la tete de I'humerus, le cartilage est parfaitement sain; cependant, sur les limites de la surface cartilagineuse, on remarque une depression profonde, reguliere, au niveau de laquelle le cartilage a disparu. Cette cavite loge assez exactement un corps etrangcr entierement libre, aplati, long de 0"',02, large de O^jOlaet epais de 0°',006, d'une figure assez reguliere. La surface de ce corps elranger est recouverte de cartilage vrai. Est-ce un corps detache par Lne fracture? Non, car : 1" la couche cartilagineuse existe sur la surface du corps etranger ; 2° en faisant une coupe, on trouve que ce corps se compose : a, au centre, d'un noyau de cartilage; 6, d'une couche osseuse; c, enfm d'une couche cartilagineuse qui enveloppe la couche osseuse. Ces deux articulations provenaient d'un meme cheval. 2° DEFORMATION DES ANGLES METATARSO-PHALANGIENS CHEZ UN CHEVAL; par le meme. Le jeudi 21 juillet un cheval hongre, de race meridionale, propre k la selle, tr^s-vieux, detaille moyenne, servit au cours pratique des operations chirurgi- cales. Ce cheval avait un renversement en arriere assez prononce des deux bou- lets posterieurs. Les deux piedspoitaient normalement sur le sol; il n'y avait aucune augmentation de volume appreciable dans les canons et dans les pha- langes. Cet animal paraissait beaucoup soufl'rir; il pietinait alternativement des membres posterieurs. La douleur paraissait etre beaucoup plus forte surtout quand on levait les pieds pour ferrer I'animal, etqu'on le forcjait a appuyer seu- lement sur I'un des membres posterieurs. Cette deformation n'etait pas aussi prononcee que celle que j'ai observee, il y a quelque temps, sur les membres anterieurs d'un cheval (voy. But. de la Soc. DE BIOL., annee 1853); mais en rappelant ce que j'avais vu autrefois dans des 122 dissections, je m'allendais a trouTer une rupture du tendon du muscle flechis- seurprofond des phalanges dans !a region phalangienne de chacun de ces mem- bres. Voici ce que j'ai trouve en dissequanl les deux membres de ce cheval peu de temps apr^s la mort. 1» Membre posterieur gacche. — Une infiltration sero-sanguinolente jaunatre, peu abondante, enveloppe les tendons flechisseurs vers le quart inferieur de la longueur du metatarse. Au meme niveau, celte infiltration recouvre aussi la face posterieure du ligament sesamoidien posterieur et un peu ses bords lateraux. A ce meme point, ce ligament ou ligament suspenseur du bouiet est plus volumi- neux que partout ailleurs; sa surface est rouge, recouverte d'une couche plas- tique. Une section praliquee dans son epalsseur, de sa face posterieure h sa face antcrieure, montre que ce ligament a ete rompu dans sa tonllnuite a 3 centim. environ au-dessus de sa bifurcation. Sur la coupe dont il vient d'etre parle, on voit que, entre les extremites rom- pues, se trouve une couche, d'une eiendue d'un centimetre et demi environ de haut en bas, qui reunit ces extremites de la meme maniere qu'on I'observe apr^s la lenotomie. Cette couche de cicatrice n'est pas tres-ancienne, car eile a encore une cou- leur un peu rouge, mais elle ollre deja cependant une certaine resistance a la traction. Toutes les autres parties de ce membre sont saines. 2" Membre posterieur droit. — Je trouve sur ce membre et au meme endroit les memes lesions quesurcelui du cole gauche. De plus, une rupture de la branche de bifurcation interne de ce meme ligament. L'allongement du ligament sesamoidien superieur consecutif 4 sa rupture ex- plii^ue d'une maniere trcs-satisfaisante le renversement en arriere des deux bou- lets que presentait ce cheval pendant la \ie. 3" NOTE SDR UN CHEVAL BOiTEUx ; par le meme. Un cheval hongre, sous poll rouan, age de 10 ans environ, qui servit au cours pratique des operations chirurgicales le 11 juillet 1853, poriait des traces de feu autour de I'articulation melatarso-phalangienne du membre posterieur droit. Au repos, le pied posterieur droit ne posait que sur I'extremite dela pince. Le sabot etait use en pince sur sa face anterieure. Le pied etait bien couforme, ne portait aucune trace d'operation ; toutes les articulationset tous les rayons de ce membre etaient sains. Pendant la marche, le pied portait sur le bout de la pince, comme s'il y eut eu un raccourcissement des tendons flechisseurs des phalanges, et de temps en temps, mais rarement, il portait sur la face anterieure de la p:iroi. Les cleves m'ayant demande mon a vis sur la cause de cette claudication, j'exa- minai ce cheval, j'explorai le trajet du petit sciStique, et comme la pression de- terminait de la douleur au niveau de I'extremite supericure du femur, je conclus. 123 de Tensemble de ces symptomes, k I'exislence d'une lesion de ce nerf, laquelle siegeait probablement k I'endroit oii la compression determinait de la douleur. Pour examiner comparativement, je fis la section du nerf petit sciatique sur un autre cheval, et cet animal bolta immediatement avec tous les caracteres que j'ai indiques dans mon Memoire sur les paralysies locales ou partielles (Rec. DE MED. VETER.) ; I'appui sur le sol etait franc ; mais de temps en temps le sabot venait poser sur le sol par sa face anterieure. En observant comparativement les symptomes de la claudication chez ces deux chevaux, il y avait certainement une difference, mais je m'arretai cepen- dant a I'idee qu'il y avnit chez celui dont je m'occupe specialement une lesion du nerf petit sciatique : il n'en etait pas ainsi. L'eleve qui praiiquait une operation sur la face plantaire de ce pied avait sup- pose qu'un clou avait pen^tre dans la face inferieure ou posterieure du petit sesa- moide. II remarqua en faisant cetle operation qu'il n'existait pas de petite gaine sesamoidienne ; je le conslatai aussi. Al'autopsie qui fut faite immediatement apres la mort de I'animal, nous dis- sequames le ironc sciatique etses divisions, les articulations de tout le membre: toules ces parties elaient seines; mais voici ce qu'il y avait de remarquable : Les tendons des muscles flechisseuis des phalanges, A partir de la face poste- rieure de la premiere phalange, etaient sondes. La grande gaine sesamoiilienne 6tait enflammce; les frangessynoviales elaient Ires-developpees et rouges. II n'y avail pas de petite gaine sesamoidienne, et le tendon du flechisseur profond adh^rait presijue dans toute son elendne a son passage sur la face inferieure ou posterieure du petit sesamoide. Ces lesions m'ont pai u assez interessantes pour que j'en prisse note ; je ne sache pas qu'on les ait jamais constatees. V. — BOTANIQUE. i' NOTE SOR DES SYNANTHIES d'eREMOSTACHYS LACINIATA ; par MM. AlEX- Laboulbene et Leon Socbeiran. L'eremostachys laciniata (Bunge) est une labiee dont les fleurs sont reunies en verticilles assez serres, et qui presente assez souvent des fleurs soudees enlre elles ou synanlhies. Sur un pied de cetle plante cultive au jardin botanique de la Faculty, nous avons trouve dans un meme verticille deux synanlhies, I'une double, I'autre tiiple. La premiere synanthie resultede la soudure de deux fleurs entre elles et nous presente une fusion complete des divers verticilles. A la partie laplusexlerieure est une enveloppe unique, de couleur verte, k huit divisions, caracterisees cha- cune par une epine mediane et qui est le calice des deux fleurs soudees, Le nom- 124 bre des pieces calicinales ne correspond pas ^ celui des pieces des fleurs nor- males, et semble indiquer qu'il y a eu avortement de deux sepales. Les deux corolles, intimement unies, occupent un volume plus considerable que celui d'une fleur simple, mais moindre que celui de deux corolles nor- males. Les parties analogues de chaque fleur se sont soudees ensemble et don- nent une l^vre superieure extremement large formee par I'union des deux Ifivres superieures. A la partie inferieure sont quatre divisions bien distinctes, maisdont les deux medianes sont soudees jusqu'4 lamoiliedeleurlongueur, tan- dis que les deux laterales divergent librement. Les etamines sont au nombre de quatre ; mais on trouve les filets de deux autres etamines avortees, ce qui nous indique la disparition de deux etamines, et nous donne une correlation avec les faits que nous u presentes le calice. Les ovaires intimement sondes ensemble presentent huit carpelles reunia quatre par quatre comme les fleurs normales el tres-peu developpes, mais la soudure des styles n'a pas eu lieu, et ils se dressent parall61ement entre les eta- mines. Dans la seconde synanlhie, nous avons trois fleurs soudees, mais il n'y a pas fusion complete; une des fleurs est simplement accolee aux deux autres par sa corolle. Le calice unique pour les trois fleurs presente dix divisions, et le nombre des epines saillantes sur son bord libra est de dix-huit. Dans I'interieur de ce calice sont trois corolles soudees et presentant I'aspect de deux fleurs accolees, Tune d'elles etant simple et I'autre formee par les soudures de deux corolles. La corolle, simplement accolee, est device vers la droite et soudee k la synan- thie voisine par le bord dorsal de la levre superieure jusqu'au milieu de sa hau- teur. La levre inferieure ne difi'ere pas sensibiement de celle des fleurs nor- males. La corolle de la synanthie offre les deux 16vres superieures soudees et fondues en une seule large, etaiee et renfermanl les etamines. La 16vre inferieure de la corolle mediane est dejetee a droite et placee sur la ligne mediane et parait plulot laterale qu'inferieure. Celle de la fleur de gauche, analogue a celle des fleurs simples, est seulement rejetee sur le cole. Les etamines de la fleur solitaire sont au nombre de quatre, et au centre se trouve le style qui part d'un ovaire normal assez developpe. Dans la fleur double, les etamines sont au nombre de six, par avortement complet de deux d'entre elles. Quant aux ovaires, ils sont simplement juxta- poses, et du centre de chaque tetrak^ne part un style libre qui passe entre les etamines. 2* NOTE SDK DNB GALLE DE L'HIERACIUU UMBELLATCM ; par MM. LEON SOUBEIRAS el E. Mdssat. Le 30 juillel, nous atons recolte dans un« clairi6re de la foret de FoDlaine- 125 bleau un pied tres-rabougri d'hieracium umbellatum (Linn^}, qui presentaii a sa partie superieure une galle terminaie, arrondie, verte et du Tolume d'une grosse aveline. Eile rempiaQait I'inflorescence du rameau principal, et sur sa surface exterieure olTrait de petits organes foliaces qui semblaient elre les ru- diments des involucres et de feuiiles incomplelement developpes. En outre des polls reflechis, blanchatres, etaient accumules surtout sur la moitle superieure. Vers la base elait une fissure de mediocre etendue et paraissant exister enlre deux rameaux floriferes modifies. On pouvait suivre sur la lige la trace des rameaux de I'inflorescence reunis en une seule masse. Les folioles de I'ex- croissance etaient plus abondantes sur une moitie que sur I'autre et ne pr6sen- taient aucune regulariie dans leur disposition. Une coupe transversale praliquee vers la partie moyenne de cette galle a oflert plusieurs leges ovales ou arrondles disposees sans ordre et renfermant chacune dans leur interieur une larve blanchatre, presque transparente. La teinte 6tait verdalre a la peripheric, d'un blanc sale vers le centre. Une mem- brane d'une couleurunpeujaunatre, d'une consistance plus grande que celle de la substance iuierposee, circonscrivait cbacune des cavites. En mettant sous le champ du microscope une tranche mince et egalement transversale, nous avons trouve cinq ordres diflerenls de cellules. 1° A la partie la plus exterieure existait une couche unique d'epiderme, for- mee de cellules quadrilaleres, allongees, a parois epaisses et couipletemenl iransparentes. 2" Au-dessous se trouvaient irois ou qualre rangs de cellules irreguliere- ment allongees, lres-comprim6es, h parois egalement epaisses el renfermant une assez grande proportion de grains de chiorophylle. 3"» Plus au centre nous avons rencontre des cellules de forme semblable aux precedentes, mais de dimensions plus considerables, moins deprim6es, et offrant dans leur interieur une petite quantite de granules incolores, de volume et de forme variables, lesquels trailes par I'iode ont pris une couleur jaune fonce caracteristique des principes azotes. h° Au-dessous et interposes aux cavites des larves existait un tissu peu resis- tant, forme d'utricules polygonales irregulieres, beaucoup plus petites que les precedentes, presentant de nombreux meats intercellulaires et renfermant une petite proportion de granules azotes ; leur diametre eiait sensiblement egal dans tous les sens. 5" Une couche unique de cellules Ires-petites, arroudies, a parois tres- epaisses, a cavile completenient vide, tapissait les loges oil habitait chacune des larves. La larve habitant les loges de cetle galle, examinee a I'oeil nu, presentait une couleur blanche lavee de jaune, el sa forme generate pouvait se rapporter k celle d'un ovoide allonge. Vue sous un grossissement assez considerable elle etail presque transparente, 126 el on conipiaii racilement dans sa longueur treize anneaux. Elle etait apode el preseniait une tele arrondie, ce qui est un caraclere des larves des insectes faymenopteres. De plus, elle elait, comme nous I'avoDS dil, enfermee dans une espece de coque plus consislante que le resle du lissu, et c'est la un fail par- ticulier aux larves du genre cynips. Nous pensons en consequence qu'elle ap- panient a une des especes de ce genre. 3»N0TE SDR CNE GALLE DE l'hieracium sylvatic€M; par MM. LfeoN Sodbeira:< el Emile Mussat. Le 31 juillet, dans une haute fulaie de FontaineMeau, nous avons trouve un echaniillon de Vhieracium sylvaticum (Smith), qui preseniail une hyperlro- phie due a la piqiire d'insecles, Dans cette plante, la galle se trouvail ala base des raraeaux floriferes beaucoup moins developpes qu'a I'etat normal. Les fleurs se presenlaienl egaleraent dans un etat beaucoup moins avance que sur les pieds sains. La forme generale de cette galle elait celle d'un OToide ; sa gros- seur celle d'une belle olive. Sursa surface se voyaienl desnervures paralleles, assez saillanies a la base, se prolongeaot sur la tige renflee. Des polls courts, assez nombreux existaient sur la plus grande partie de la surface, surlout vers le sommet, tandisque la base elait glabre. Du sonimet partail un rameau Dori- fere qui le prolongeait; celui-ci, deja fletri a son extremile libre, presentail a sa base une fleur unique et une bractee a peine developpees. Un peu plus bas et sur la parlie lalerale partail une depression longiludinale assez marquee, un second rameau beaucoup plus petit, egalemenl fane a son sommet et dont la base semblait yelrelogee. Du c6t6 oppose k ce second rameau et plus bas, on voyail une autre depres- sion longiludinale assez profonde, et au centre un rameau florifere presque complelemenl avorte. A la base elait une bractee bieu developp^e. La galle semblait avoir eprouve une sorte de torsion sur la tige qui la portait. Une coupe transversale faile a la partie moyenne a donne une parol assez 6paisse, d'une couleur vert blanchatre d'auiant plus claire qu'on se rapprochait davanlage du centre. Cette parol circonscrivait une cavite unique, assez grande, offrant des anfractuosites manifestes sur toule sa longueur, etdoni la surface etait tapissee par de pelites alveoles d'un jaune sale. Chacuue de ces logettes renfermait une larve. Une coupe longiludinale a montre que les anfracluosilesde la cavite centrale etaienl beaucoup plus manifestes vers la parlie inferieure de la galle, et qu'il y avalt communication avec le canal central de la tige. Les loges qu'habilaient les larves faisant saillie dans cette cavite lui donnaient un aspect rugueux par- liculier. Une tranche mince, faile dans le sens transversal el soumise au microscope, 127 a preseote plusieurs sortes de cellules qui u'^taieDt pas disposees en couches coDcentriques. lo A I'exterieur existait une couche unique de cellules quadrilateres tres- allongees, a parois epaisses, incolores et qui appartenaient a I'epiderme- 2° Des cellules polygonales, d'un diametre sensiblement egal en tous sens, i parois epaisses, renfermant a peine quelques grains de chlorophylle, el oOrant de distance en distance un peiit nombre de meats interceliulaires. Sur quelques points cette couche etait sous-jacente h I'epiderme ; dans d'aulres, au con- traire, elle manquait. 3° Des cellules allongees, de forme assez reguliere, beaucoup pluslongues que larges, a parois tres-epaisses, sans meats interutriculaires, de dimensions tres- variables, renfermaient a peine quelques granules azotes dans leur iuterieur. Sur quelques parlies de la galle, ces cellules se trouvaient separees par la cou- che precedente de I'epiderme; dans d'autres elles se trouvaient immediate- ment au contact de celui-ci. Leur plus grand diametre etait dirige du centre vers la peripheric de la galle. tf On trouvait des ulricules beaucoup plus petites que les precedentes, k pa- rois tres-epaisses, renfermant quelques granules azotes dans les couches les plus rapprochees de la peripheric, et en etant completement privees vers le centre. Leur volume diminuait k mesure que Ton examinait des couches plus rapprochees de la cavite; tantot elles se trouvaient au contact des cellules precedentes; tantot elles elaient directement en rapport avec les cellules a grains de chlorophylle. 5° Une couche d'utricules arrondies, tres-petites, h parois plus Epaisses que pour les cellules precedentes, et vides, tapissait la surface des loges qui ren- fermaient les insectes. Nous croyons pouvoir supposer que lors des premiers temps de sa formation, cette galle ne presentait pas de cavite cenlrale ; mais qu'a mesure qu'elle s'est developpee, il s'est produit un eloignemenl des parties centrales, analogue aux ph^nomenes que nous voyons se manifesier dans certaines tlges qui augmenlent rapidement de diametre. La larve de cette galle 6tait peu volumineuse et de forme ovoide ; elle pre- sentait, du reste, tous les caracteres propres a celles du genre cynips. Nous sommes done portes a croire qu'elle appartient k une espece de ce genre, es- pece qui pourrait bien elre differente de celie que nous avons etudiee prec6- demmeut. COMPTE RENDU DES SEANCES I)E r F LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LES MOIS DE SEPTEMBRE 1853; Par M. le Docteur CHARCOT, secretaire. Pr^sidence de M. RATER. I.— Anatomie kormale. 1° NOTE SCR L' ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE DES SUTURES, ET SDR PLtJSIEURS AUTRES DETAILS ANATOMIQUES CONCERNANT LES OS DU CRANE HUMAIN ; par le dOCteUT ScHOULTz (de Saint-Petersbourg), membre correspondant de la Sociele anato- mique de Paris. On adopte generalement trois esp6ces de sutures vraies : sutura serrata, den- tata et limbosa, et deux sutures nommees fausses : ce sent les squamosa, har- monia. En examinant les sutures plus attentivement, les principes d'apr^s lesquels les OS se rattachent et sc licnt paraissent etre plus nombreux. 130 J'al distingue sept nouveaux principes, dont j'ai I'honneur de vous soumettre un aper^u rapide. 1° La diatrypese. On la trouve entre des os plats : c'est une serie de trous dans I'un des os, par lesquels I'autreos envoiedes apophyses : ce sont comme des boutons qni sont passes dans leurs boutonni^res. Exemples : le frontal et le sphenoidal, le palatin et le maxillaire, I'ethmoidal et le frontal. 2° La prosapolhlipse. Un os se trouve serre entre deux parties de son voisin, dont I'une est elastique et presse I'os contre I'autre partie : ainsi le lacrymal est serre dans une fissure du maxillaire. On peut voir des rapports analogues entre les OS de Bertini et ses voisins. 3° L'ankyrisme. Un os s'accroche par une apophyse i un autre, comme I'an- cre d'un navire s'accroche au sol par son chapon ; exemples : la conque et le palatin avec le maxillaire. ■4° La jonction par superposition {connexus itnhricatus). Trois os sont poses I'un sur I'autre comme des tuiles ou des ecailies. 5° La suture par cellules. Deux os se lient en formant ensemble une serie de cellules ; exemple : I'ethmoideavec tons ses voisins. 6° La scolopise. Des chevilles mobiles joignent deux os ; exemple : entre le frontal et I'apophyse nasale du maxillaire. Les os wormiens el de Cost6se agis- sent k peu pr6s de la meme mani^re. 7° La cylindrose. Une lame osseuse se roule sur elle-meme pour former un canal, et puis une suture (connue des Arabes sous la denomination de men- dose ). Je passe k I'etude des lois generales qui president a la disposition des su- tures : 1° La loi de I'assimilation. Pour se rattacher entre eux, les os prennent la nature de leurs voisins. Un os epais s'amincit par exemple pour se Her a un os mince, et vice versd; ainsi I'ethmoide est celluleux; tous ses voisins, meme les plus compactes, affectenl la meme disposition et presentent des cellules. 2o Chaque os du crane possfcde au moins un canal ou est en rapport avec un canal. Lecerveau, contenu dans la capsule du crane, est mis en rapport aves les autres parlies du corps par des trous, ou mieux par des canaux perces dans le crane. On a tort de dire que les nerfs et les vaisseaux passent par les Irons : ce sont les trous qui se sont formes en second lieu autour des nerfs et vaisseaux primitifs. Ainsi, dans I'espace qui separe deux Irenes nerveux sorlanl du crane, un OS se developpe; cet os, en se developpant, arrive jusqu'au voisinage des nerfs, et let il s'arrete. Une suture s'ensuit qui se ferme peu k peu ; il ne reste en dernier lieu qu'un trou. 3" La troisi^me loi, ou plutot remarque, resulte de la scconde. Chaque trou est situe dans une suture, ou pcrmanente ou embryonnaire. 131 Les OS se ratlaclient entre eux au moins par deux apophyses. II n'y a pas d'exemple qu'un os ne louche son congcn6re que sur un seul point. Ce proc^de se ratlache k une question purement mecanique. Le mecanisme des sutures connues rappelle assez bien le procede par la- quel les menuisiers rapprochent des planches par des languettes etdes rainures ou par des tenons. Dans un memoire d'oii j'exlrais la plupari de ces details, j'ai en outre indique quelques fails nouveaux relatifs k I'anatomie norniaie du crane, et que chacun peutdecouvrir en examinant avec soin uu cianebien deveioppe. Je cite, entie autres, un canal assez remarciuable siegcant dans I'os occipital, et silue entre le Irou dechire poslerieur et le condyle. Ce canal donne, selon moi, pasi-age a uneveine; cepcndant le professeur Scheini (de Berlin), auquel j'ai montre ce canal inconnu jusqu'a present, e^t porle k penser qu'il est tra- verse par un fllet de I'hypoglosse. Parnii les apophyses que j'ai trouvees, il faut en noter deux qui appartiennent a rethmoide: I'une d'elles sedirige vers les anlresdufionlal; I'aiilre vers Tantre du sphenoidal. 2" SUR LA STRUCTURE DES COTYLEDONS DE LA MUQUEUSE UTERINE DES RUMINANTS ; par M. Ch. Robin, professeur agrege k la Faculte de medecine. Les recherches dont les resullats sont exposes sous forme de propositions, daus cetle note, out ete faites a la prieie de M. le professeur Goubaux et sur lies pieces qu'il m'a remises dans le cours de I'annee 1851. Ces resultats ont 6ie communiques k la Societe de bio'ogie pendant les mois d'avril et de mai de cetle mcmeann^e; il les a consignes dans un travail qui luiest propre. Ayanteu occasion de les veriGer depuis a diverscs reprises, je crois utile de les insurer dans le recueil des travaux de la Societe, au seiu de laquelle ils ont ete discu- les en premier lieu. Outre les fails d'auatomie descriptive qui monlrent que les colyledons sont des organes parliculiers annexes a la muqueuse uterine, ilea est plusieurs qui sont tires de leur structure inlime et sont important^. Deja I'exameD a I'oeil nu montre (outre I'existence des colyledons chez des betes n'ayaiit pas porte, etc.) que la muqueuse perd son aspect a la base de ces cotyledons. Cetle parlicularite est due en grande partie i la disposition speciale desvaisseaux dans ces organes , et, en outre, h I'existence dans leur tissu de di- verses dispositions anatoniiques qui seront signalees, lorsque je parlerai de chacun des elements qui enlrent dans leur stiuctuve. Voici quelles sont les cspfices d'elements anatomiques qui constituent ces co- tyledons : 1" Faisseanx. Plus volumineux ciipz les veles que chez les vaches ; plus gros encore el plus nombreux pendant la grossesse (d'ort augmentation de volume du 8 132 cotyledon) que dans I'plat de vacuity de Torfianc. (Is ne pr^sentent rieii de parli- culier. Nous n'y reviendrons plu?; car la difference de Idir disposition dans la muqueuse ei dans Ics colyledons est trop fiappante pour qu'il soil necessaire d'y insisler. 2" Fibres de tissu cellulaire. Ttes-peu aliondanlesdans lea cotyledons , nom- bieuies duns la niuqneuse; d'ou nne dilTtirence de structure tres-importante k prendre en conjidoration. Elles paraissent proportioniK'liement moins nom- breiises pendant la grossesse, vu raugmeniation du nombre des elements dent suit I'cnunieration. I.es fibres dartoiques ou fibres de noyau manquent dans les colyledons tout k fait, sauf a la base, au point de jonciion a la muqueuse; d'oii on doit induire qu'ellesappartiennent k ceite membrane ou que celled en possede, mals cepen- dant ppu , comparalivprnent aiix autres muqueuse?. ■i° Elements fibro-plastiques. lis sont tres-nombreux ; on y trouve les irois varieles : a fibres fusiformes.i cellules spheriques,c noyaux libres. (les elements surlout les cellules, auymentent de volume, et surlout de nombre pendant la grossesse ; c'estla una cause k notcr de I'auiimentation de volume du cotyledon lors de revolution du foetus, lis sont bien plus nombreux dans le tissu des coty- ledons que dans celui de la muqueuse, lequel eu a fort pen. Je crois qu'il faut rapporler aux cellules et aux noyaux libres fibroplastiques des cellules et noyaux libres , extifernement abondants dans les cotyledons pend.mt la gros^sesse , et manquanl lout a fdit dans la muqueuse, nieme voisine des cotyledons; cel- lules qui dilfcrent des cellules fiLiroplastiques ordinaires par des bords souveiit moins reguliers , des granulations moleculaires phis grosses et p'us abondantes , un noyau plus spherique, forme que piesenlent aussi les nnyaux libres qui les accompagnent et que nous venons dementionner. De plus^, elles presentent assez souvent deux noyaux , au lieu d'un seul qu'elles offrent dans la grande maj(.- rite des cas. Ce n'est pas ici le lieu de donner les details descriptifs , minu- lieux , qu'exigent encore ces elements pour etre bien connus : ce sera I'objet d'un autre travail. Je pense que c'est simplement une variele des elements fihroplas- tiques ci-dessus (cellules el noyaux libresj , parce qu'on les relrouve dans les cotyledons pendant I'etat de vacuite de I'uterus, ma;s avec un volume un peu moindie et moins de gianulaiions. Le volume des cellules pendant la grossesse estd'cnviion 0""",030 A 0'""',040. Les remarques relatives aux granulations de ces cellules s'appliquenl aussi aux noyaux libres analogues h ceux qu'elles con- tienent dans leur interieur. U" Matiere amorphe et granulations moMculaires. Peu abondants pendant I'etal de vacuite, ces elements le deviennent beaiicoup pendant la grossesse. A eeile augmentation est due la mollesse des colyledons de I'uterus plein, et en grande partie aussi leur vnlume. Cette matiere amorphe avec des granulations moleculaires est importante k prendre en consideration, va son extreme abondancc dans les cotyledons, 3ur- 133 tout pendant la grossesse, el vn tr^s-petite quantity dans la muqueuse; quantlte qui, Icl, n'augmente pas dune maniere appreciable pendant la gestation. Cette substance est , avec les elements fibroplastiques et la disposition des vaisseaiix, la cause principals de la difference de structure qui exisle entre les cotyledons et la muqueuse, et fait de cts deux organes deux choses distinctes. Ce sont des elements importants a prendre en consideration , en raison de leur abondance et surtout de leur augmentation de quantite au fur et k me- sure que I'utcrus se developpe avec le foetus, et vice versd apres le part. 5° On trouve beaucoup de petits royaux, le plus souvent a peu pres spheri- ques ou un peu ovoides, assez pales, peu granuleux, frequemment ranges les una k cote des autres en plaques epitheiiales. Leur diametre est d'environ ©"""lOOo. Le fail precedent el leur analogie avec ceux qu'on voit dans les glandes ou folli- cules lubuleux de I'uterus humain , ou bien qu'on exlrait de ces glandes et qu'on retrouve aussi dans le mucus uterin, me font penserque c'est(comme pour I'u- terus humain) I'epitheiium nucleairc des follicules des cotyledons el du reste de la muqueuse. Neanmoins, le fait n'est pas directement demontre. lis sont moins nombreux dans Ifs cotyledons de I'ulerus plein que dans ceux de I'uterus vide ; lis sont moins nombreux aussi sur les betes n'ayant pas portc que dans les coty- edons de celles qui ont porte. 6° L'epithelium cylindrique uterin passe de la muqueuse sur les cotyledons : en un mot, l'epithelium cylindrique reeouvre lous ces organes, sans presenter rlen de special k noter, et il ne peut servir ici ni a etablir des analogies ni k in- stituer des dilTerences qui poitent principalement sur la strurture profonde et la disposition anatomique gen^rale. IL — ANATOMIE A>ORMALE. NOTE SDR UN CAS d'iNVERSION COMPLETE DES ORGANES CHEZ UN HOMUE ; par M. le D' Vulpian. M. Vulpian met sous les yeux de la Societe un cceur provetiant d'une honima qui presentail une inversion complete de lous les organes. Get homme est mort d'une phlhisie pulmoiiaire, et pendant le sejour qu'il a fait k I'litipilal avant d'y mourir, il n'avait olfert aucun plienom6ne particulier qui eiit appele I'attention, soil sur le cceur, soil sur le foie ou la rale ; dc telle soi te que cetle inversion avail ete tout k fail meconnue pendant la vie. A I'autopsie, on Irouva le foie dans I'hy- pocondre gauche , sa grosse extremile etait tournee k gauche et sa petite a droite. La grosse luberosite de I'estomac regardait le cote droit , et le pylore le (•6te gauche. La rate etait appliquee contre la grosse luberosile de I'esiomac, el par conpequent occupait une parlie de I'hvpocondre droit. Le coecum etait situe dans la foi-se iliaque gauche, I'lyiliaque etait dans la fosse iliaque droite, et enfin le rectum avail conserve sa position normale, c'est-^-dire qu'il se dirigeail de haul en has et de gauche a droite : cppendant il n'eiait p.is fixe dans cette po- sition ; caril etait muni d'un mesorecium asspz lache qui lui permctlart Jesede- plncer facilement. La direction du mesentere clait completement changee; le hold adherent de ce repli suivait une ligne etendue de la parlie lat^rale droile de la seconde vertebre lombaire a la fosse iiiaque gauche ; la veine cave remontait le long du cote gauche de la colonne vertebrale, et la grande veine azygos du c6le droit. Le poumon droit etait forme de deux lobes seulement , le poumon gauche de trois lobes. Le rceur etait tout a fait renverse. Sa pointe etait situee a droite, sa base k gauche; le ventricule droit et le ventricule gauche avaient reciproquement change leur position normale. L'aorte et Tartere pulmonaires'enlaQaient dans des direc- tions inverses de celles que suivent ordinairement ces vaisseaux ; puis l'aorte gasnait la partie laterale droite de la colonne vertebrale et restait k droile pen- dant tout son trajet. Le tronc brachio-cephalique naissait k gauche de l'aorte , I'art^recarolideet I'artere sous-claviere naissaient isolement k droite. Dans r^tat normal, le coeur est presque couche sur sa face posterieure et sur son bord droit, et la pointe du coeur se trouve a la region du mamelon gauche. Chez cet homme , le coeur etait presque debout sur sa pointe , quoique un peu incline de haut en bas , d'arriere en avant , et de gauche a droite; la pointe du coeur ne depassait pas le bord droit du sternum. Aussi aurait-on eprouve une difflculle rcelie a reconnaitre I'inversion en examinant pendant la vie le cceur seulement. Chez cet homme , le testicule du c6!e gauche descendait plus bas que celui du cote droit, comme chez les sujets conformes de la fagon normale. ]l a ele impossible de savoir si cet individu se servait habituellement de la main droile , ou si , au contraire , il etait plus adroit de la main gauche. III. — Physiologie. NOTE SOB QUELQUES PHENOMfeNES DE DIGESllON SE CONriNUANT APRES LA MORT , ET St'R LEUR INFLUENCE SUR LA REl'SSITE DES INJECTIONS, par M. Ch. RobIN , professeur agrege a la Faculte de medecine de Paris, etc. Lorsqu'on ouvre I'estomac des squales et des raies, on le trouve toujours pleiii d'aliments, Aquelques exceptions pies; la surface des aliments (poissons, cepha- lopodes , crustaces) est lamollle plus ou moins profondement. lis sent fort acides ainsi que le liquide brunatre, ou chyme qui lesulle des aliments dej^ dissous. Si Tanimal est laisse tur le cote pendant vingt-quatre heures par une lempfralurede 10° k »5», ces phenom^nes de di;;estioD 8econtinuent,on trouve les parois de IVslomac ramollles, et non-seulement les parois stomacales, mais les paitiesen contact avtc elles (foie, iniestin grele, etc.), souvent meme I'e- paisseur enti^re des parois abdominales se trouve digeree. C«tte acidite disparait au niveau de I'insertion des canaux biliaires et pan- creatiques Ces animaux ont un pylore qui n'a gu^re plus du diametre du canon 135 d'une plume d'oie , et I'animal avalunt des ciustaccs volumincux , a carapace epaisse, dcs poissons, etc., la colonne verlebrale, la lete des poissons, I'enve- loppe des crustaces nc peuvent traverser cet orifice qu'apr^s avoir ete ramollis par celte action dissolvante energiqu€. Cette obsPFvalion m'avait conduit depuis longlemps k lier les vaisseaux in- teslinaux lorsquej'avais^ faire des injections deces animaux. Lorsquej'omettais de le faire, je voyais I'injection s'epancher dans I'estomac mfime quand il y avail pcu d'aiiments et que I'animal etait mort depuis peu. Si I'estomac etait tres-dif- lendu et que le poisson liit mort depuis vinj^t-quatre A trente-six heures, I'in- jection poussee dans les arteres revenait par les veines ou reciproquement , d6s qu'elle alteignait les vaisseaux de 1/2 millimetre ou 1/4. Ce fait tient sans doute ^ ceque les parois muqueuses et le lissu sons-muqueux etant ramollis, ainsi t|ue les vaisseaux qui les parcourenl, il y a passage facile de I'un dans I'autre par rupture; ruptuie qui du restesurvientet determine des cpaneliements dans tons les organes voisirjs avec lesquels i'estomac a ete longtemps en contact. J'ai vu ce fait se repeier chez I'homme et autres mammiferes toules les fois que Ic tube digestif conlenail des aliments; il avail lieu surtout dans I'estomac et le ccccum , les deux parties du tube qui sont toujours acides. Aussi ai-je ete amene a reconnaiire que pour faire des injections des reseaux muqueux de I'in- testin, il faut choisir des sujeis sur lesquels I'estomac est vide. Autrement le li- quide vient k poindre a la surface, et c'est sans doute ce fait qui se rep6te con- stamment quand on n'a pas pris le? precautions precedentes , qui a conduit quelques auteurs a admettre que les vaisseaux avaient de petits orifices a la sur- face des muqueuses; mais on pent constaler sur les pieces que j'ai montrees et qui sont aussi bien reussies que poss-ible, qu'il n'y a eu aucun epanchementd la surface libre, ceque, du reste, j'ai constate immediatement apres I'injection. Ainsi : 1° grande acidite de I'estomac des squales et rales qui amene la lique- faction de leurs aliments, acidite qui, persistant apies la mort, ramollit k la fois les aliments , Tcslomac el les lissus des organes en contact avec ce dernier viscere. 2° II resulte de la une rupture des capillaires a la surface de la muqueusc ramollie, et une communication rcciproque des injections poussees dans dcs vaisseaux de dilTcrents ordres qui rampent dans les tissus atlaques par contact et imbibition du sue gattriquc. 3" Chez I'homme et autres mammiferes , le nicme fait se presente a la surface de la muqueuse quand I'estomac ou autres parties de I'inlestin contienncnl dea niatieres alimenlaires, il manque dans le cas contraire. Sa Constance a rle cause probablcnient de ce, que quelques analomistes onl cru a dcs orifices absorbants k la sarfaic dcs rcscaux intcslinaux sous-cpith^liaqucs. 136 IV. — Pathologie compar£e. DILATATION DE L'ORIFICE ADRICULO-VENTRICULAIRE DROIT CHEZ UN COQ ; INSUFFI- SANCE DE LA VALVULE TRICUSPIDE ; 100 GRAMMES DE SANG DANS L'OREILLETTK DROiTE; par M. Rayer. M. Rayer, qui a constate plusieurs fois I'existence de maladies du ccsur chei les oiseaux , nolamment chez le coq , en montre un exemple remarquable chez un coq de la varietc connue parmi les oiseliers , sous le nom de coq russe. Ce coq, que M. Rayer avail chez lui depuis deux ans, n'avait paru raalade que depuis quelques semaines; il paraissait avoir la respiration genee, et sa voix, naturellement foite el grave, s'etail considerablement alteree. Un matin on le trouva mort. A I'ouverture du corps, on constata que I'oreil- lelte gauche etail dilatee , et que I'oreillette droite surtout avail eprouvee une dilatation tres-considerable. L'oreilleUe droite contenail 100 grammes de tang; i'oreillette gauche en contenait 16 grammes. Pour appr^cier le degr6 de distension morbide de roreillelte droite, on eiit desire avoir un coq russe bien portant el qui servit de point de compaiaison. A defaul de cette variete , on sa- criQa , par strangulation , un coq orJinaire , et on constata qu'il n'y avail dans leg cavites du coeur que 3 grammes de sang; difif^rence enorme que ne pou- vait expliquer la difference de poids des deux oiseaux, bien qu'elle fiit assex considerable (le coq russe pesail 3 kilog. 60 grammes, le coq ordinaire pesait 2 kiiog. 32 grammes); chez le coq malade, I'oriflce auriculo-ventriculaire droit avail une dimension insolite (2 centimetres dans son plus grand diamStre et 15 millimetres dans son plus petit), tandis que chez le coq ordinaire sain , le grand diam^tre de I'orifice auriculo-ventriculaire droit n'avait que 7 millime- tres el le plus petit 4 millimetres; k la surface interne de I'oreillelte malade et dilatee, le reseau musculaire etail beaucoup moins apparent que dans I'oreil- lette du coq sain. Chez le coq malade, les veines caves pr^s de leur ouverture dans Toreillette n'etaient pas sensiblement dilatees. Le ventricule gauche du coeur malade avail 4 centimetres de longueur, celle du ventricule gauche du coq ordinaire etail de 3 centimetres 15 millimetres, difference peu remarquable si on la compare k I'enorme difference des oreilleltes droites. Les orihces aortique el pulmonaire etaient sains. Le pericarde du coeur malade ne contenait point deserosite; mais il elait epaissi, d'un aspect laiteux, et adherait en quelques points h roreillelte droite. Les glandes vasculaires du col etaient tres-developp6ee chez le coq mort de telle affection remarquable du cceur. 137 V. — BOTANIQDE. R^SUM^ D'UN M^MOIRE SUK LES ANOMALIES DE COMPOSITION DES ORGANES SEXUELS EN GENERAL, ET EN PARTICULIER SUR CELLES DES FLEURS DU MAIS (ZEA MAIS L.); par M. le doclenr Ch. Rorin, professeur agrege k la Faculte de m^decine, etc. Les anomalies les plus intcressantes chez les aniinaux comme sur les plantes soiit celles qui portent sur les organessexuels. Elles nous rendent oompte d'un grand nombre de phenomenes dont ces appareils sont le siege, et qui resteralent obscurs pour nous si nous etions pvives des documents que fournit la lerato!ogie. Des organesd'un iippareil rudinieutaire danscertaines especes, ou chez i'adulle par rapport auxautresorganes du meme appareil , ont souvent embarrasse les anatomistes el les physiologlstes jusqu'a ce que I'etude de I'embryogenie et des anomalies de I'organisation soil venue les eclairer sur leur veritable nature. C'est ce que montrent plusieurs des propositions de ce travail, dont une partie a etc lue k la Sociele de biologic le 10 novembre 1849 et la suite dans le cours dc cette annee-ci. Le sujet de ces lecherches nous oblige a n'en publier que le resume. 1>> Dan.s repilletbitloredesfleursfemellesdumaisexisteunetleursuperieure in- terne, c'est-a-dire plus rapprochee del'axe de I'epi , et une lleur inferieureou externe. Apr6s I'apparition des peiils liourrelels qui sont les pieniicrs rudiments de clia- cune des parties de I'enveloppe tlorale, glume etglumelle, on voitapparaitretrois mamelons, rudiments des etamines : ce fait a lieu aufsi bien dans la fleur supe- neure, qui est fertile, que dans la fleur inferieure ou fleur sterile. Ces mamelons staminaux sont disposes en triangle; celui de la fleur su(jcrieure a son angle obtus tourne vers I'axe de I'epi, el celui de la fleur externe ou inferieure a son sommel tourne en sens inverse; de sorte que dans le diagrammederepillet les grands cotes de ces triangles se regardent el sont paralleles. Entre ces mame- lons, et un peu avant cux, naissenl deux bourrelets , disposes de maniere a representerles pelits cotes du triangle limitant son sommel. Dans la fleur sup^- rieure ou fertile , ils sont repcusses en dehors et disparaissent presque aussit6t par suite du developpemenl du mamelon central ou pisiillaire; mais les mame- lons staminaux continuent a se developper un peu pour disparaitre generalement quand I'ovule a atteinl deux millimetres de diame!re. Cependantil n'est pas rare d'observer alors encore trois petites depressions vers la base de eel organe, au fond desquelles se voit une petite saillie conique ou un peu allongee, rudiment de I'etaminearretSe dans son developpemenl. Ue ces rudiments staminaux, I'un est toujours oppose k I'embryon ; c'est celui qui est le plus rapproche de I'axe dc r^pi, c'est-4-dire qui est place au sommel obtus du triangle represenle par les poiNts d'inserlion de ces corps. II n'est pas rare de voir ces i udiraents d'etamine se developper davantage, st 138 alors etre vi8ibles jusqu'i I'approche de la matuiitc. lis portent, danscecas, quelquefois deux pelits renflements lateraux \ers leur somniet ; ce sont des an- thfires avortees. Bonafous decrit et figu'e ces filaments comma constants ; maia c'est k tort qu'il les regarde comme representant Irois glumellules propres a la fleur femelle (l). Leur situation par rappoii a I'embryon ef a I'axe de I'epi, ainsi que les falts suivants , montrent que ce sont des etamines. Ce sont les deux bourrelets qui ont disparu des rapparition du mamelon pistillaire, ou meme n'apparaissent pas toujours dans la fleur fertile, qui representent les glu- mellules. 2» Dans la fleur inferieure ou sterile, le mamelon pistillaire n'apparalt pas; le centre de la fleur reste nu. Les deux bourrelets representant les glumellules se d^reioppent, ainsi que les trois mamelons siaminaux. II en resulle que cette lleur sterile represente, dans sa consiilution essentielle, une fleur male, mais avec les difl'erences suivantes, qui sont examinees successivement dans les eta- mines, les glumellules et glumelles. a. Les etamines n'acqulerent qu'un d trois millimetres de long, elles portent ii leur sommet, de chaque cote du fliet, un renflement qui est une antli6re avort^e. b. Les glumellules sont representees par deux bourrelets arrondis, concaves en dehors, convexes du cote des etamines, plus gios h. leur extiemite convexe qu'al'autre; collateiaux comme les glumellules de la fleur male; formes de tissu cellulaire dont les cellules superflcielles arrondies donnent un aspect fine- ment bossele & la surface de I'organe vu au microscope ou k une forte loupe. Ces bourrelets ou glumellules de la fleur sterile, et ses etamines, n'ont pas ete decrits. c. Glumelle interieure molle, plissee, rcpliee de maniere k circonscrire les or- ganes precedents presque completement. Glumelle exterieure tres-grande, oppo- see k I'ouverture que laisse la premiere, la circonscrivant, et, avec elle, toute la ttcur sterile ainsi qu'une partiede I'autre. Les fails precedents d'organogiaphie vegetalc et de developpement elant eta- b!i8, suit la description d'anomalies des fleurs du mais dont ils rendent compte. Voici I'enonce explicatif du titre des paragraphes qui en traitent : Les epis ordinairement femellcs de mais peuvent quelquefois etre presque en- tieremenl formes de fleurs hermaphrodites, avec quehjues fleurs males et quel- ques fleurs femelles. II est d'autres cas dans lesqucls les fleurs femelles sont les plus nombreuses, les hermaphrodites ensuite. Les fleurs males restent toujours comme ci-dessus les moins nombreuses. Elles occupent le sommet de I'cpi- (t) Bonafous, Histoibe naturelle agricole et econdmioue du mais. Paris cl Turin, 1836, in-folio, pi. I, fig. 2, ct explication do cettc planchc. 139 d'abord melangees aux autres, puis seules. Quelquefois I'epi se prulonge en une tige ou axe dont les denls portent quelques fleurs males S la base seulement, sup- portanl un nouvcl epi, forme Iui-m6me des trois ordres de fleurs ci-dessus. 1° Fleurs hermaphrodites. Ellas sent representees dans chaque epillel biflore (qui conserve sa conformation exterieure ordinaire), par la fleur orUinairement fertile. Le pistil a la constitution ordinaire dans toutes ses parties, pourtant il ne murit pas. a. fitamines a conformation normale, une ou deux seulement ont leurs an- theres pleines de pollen ; celui-ci ne se developpe pas dans les autres, d'ou un trfis-petit volume de I'anlhere et aussi du filet qui est dresse. b. La fleur hermaphrodite a une glumellule representee par le bourrelet de- crit plus haut. c. Glumelle el autres enveloppes de la fleur a conformation normale des fleurs femelles, mais plus cbarnues, surtout la glume externe qui est profon- d^ment bilobee, a bords replies en dedans, d'oii I'aspect bilobe de I'epillet et le recouvrement complet des parlies de la fleur, moins le style. 2" Fleurs males. Elles soul representees dans les irois quarts int'erieurs de I'epi par la fleur ordinairement avortee de chaque epillet. Meme conformatiou des diverses parlies que ci-dessus, sauf I absence du pistil; il y a rarement plus de deux elamines dont les anlheres soient pourvues de pollen. Quelque- fois, dans chaque epillel, les deux fleurs sent males; dans ce cas, les bourre- lets representant les glumellules, dans la fleur superieure ou interne, au lieu d'etre convexes en dedans, sont concaves , et les elamines loutes pourvues de pollen , saillantes hors des enveloppes, sont inserees vers le centre de I'espace qu'ils limilent. D'aulres fois, c'esl la fleur inferieure qui a trois elamines fertiles, et la fleur superieure a trois elamines a anlheres averiees, sans pistil. Versle sommet de I'epi on trouve des epillets dont la glume interne s'allonge et tend k prendre la forme de celle des epillets males normaux; la glume infe- rieure s'allonge fort pen, mais est de moins en moins bilobee. Les deux fleurs sont males; etamines saillantes au dehors des enveloppes, trois fertiles dans la fleur superieure, une ou deux sont steriles dans la fleur inferieure. lei le filet des etamines n'est plus capillaire et flexucux, il est subule, roide et dresse. Les glumellules ont la forme normale de celles des fleurs dans I'^pi male. Ce qui montre bien que les bourrelets decnis plus haut sont les analogues des glumel- lules, c'esl que leur situation est la meme el que dans les glumellules (ejiaisses et charnues), le bord libre est recouvert de petiles saillies arrondies foimees par de, grosses cellules du tissu cellulaire, comme le sont les bourrelels. Cette dis- position anatomique persiste lors meme que la partie exterieure de ec liniLe s'allonge en une lamelle lanceolce, ce qui est frequent. Le sommet de cette la- mclle est cilie, fail omis par Bonafous qui a figure cc prolongemcnt des glumel- lules (/oc.ciX, pi. I, fig. f> ct explication). Dans un cas j'ai observe un epillel portant une fleur superieure male a cinq elamines Icitiles el trois glumellules. l&O la fleur inf^rieure etalt hermaphrodite, mais ofTrait une seule etamine fertile et deux 8t6riles. A cote des epillets k fleurs males conservant la conformation generate dea fleurs femelles quant aux enveloppes, s'en trouvent qui ont la forme et les fleurs des epillets males. Toutefois, ici la fleur inferieure est souvent presque tout k fait avonee, enveloppes et etamines ; d'autres fois dans les deux fleurs les enveloppes seules existent et il n'y a pas d'etamines ; d'autres fois enfin la fleur inferieure est tout k fait avortee, etamines, glumellules et glumelles ; la fleur supcrieure a dans ce casses trois etamines steriles. Ce travail est termine par la description d'une proliflcation latcrale floripare d'un epi femelle de mais, qui porte vers sa base quatre epis non ramifies tous k fleurs males fertiles. Le tiers inferieur de I'cpi normal porte des gi aines mures 7o!umineuses, les deux tiers superieurs portent des fleurs males tres-serrees, toutes fertiles et constituees comme k {'ordinaire. L'epi male qui termine ordi- nairement la tige etait tr6s-petit. COMPTE RENDU DES SUMES DE LA SOClfiT^ DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS d'OCTOBRE 1853; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. Pr^sidence de M. RATER. I. — MiCROGRAPHIE. SUR UN NOirVEAU MICROSCOPE APPROPRIE AUX BESOINS DES DEMONSTRATIONS ANATOMIQUES, ET PERMETTANT A PLUSIEURS PERSONNES D'OBSERVER EN- SEMBLE; par M. Nachet. (Rapport de M. Charles Robin, au nom d'une com- mission.) On sail combien il est p6nible et difficile de montrer a plusieurs personnes un objet quelconque situe dans le champ d'un microscope, d'abord parce qu'a chaque instant il faut se d^ranger, ensuite parce que le champ 6tant le plus souvent rempli d'objets divers qui se decomposent , voyagent , changent de forme, etc., il devient impossible de donner des details sur sa nature, sa po- sition, etc. On avait essays de rem^dier au premier cas, dans les demonstrations, par lies projections lumineuses, qui auraient I'avantage de montrer a un nombra 1^2 illimite de personnes les objets microscopiques ; mais outre qu'elles ne don- nent jamais lapparence veritablement semblable a celle du microscope, elles ne permettent pas Temploi de tres-forts grossissements. 11 taut done ea reve- uir au microscope ordinaire pour la demonstration. Nous ne decrirons pas ici tons les appareils plus ou moins ing^nieux qui ont 6t6 construits, dans le but de preciser la position d'un objet et de le faire trouver dans le champ de I'instrument : index transparents et mobiles dans I'oculaire, chariots pour ramener les corps flottants, etc., etc. Tons ces appa- reils obligeaient toujours les observateurs a se succeder dans la vision des objets, ce qui produisait une perte de temps considerable, et bien souvent une impossibility d'observer, conmie dans le cas d'^tudes sur les infusoires, dont les fonnes changent si rapidement. Pour les dissections, un inconvt^nient encore plus grand s'attache au micro- scope ordinaire : la 11 est, en effet, impossible de montrer la marche a suivre ; on doit se contenter de presenter le resultat. 11 importerait cependant , dans certains cas, de faire suivre I'operation depuis le commencement et sans avoir besoin pour cela de s'arreter. La question etait done en gt^neral de permettreadeux ouplusieurs personnes de regarder en mime temps le mime objet. Cette question a ^te completement resolue par la construction du microscope represents fig. 1. FIG. 1. StSS Conune on le voit , deux personnes, en regardant par les oculaires CC de cat instrument, observeront le mdme objet. La disposition optique donnant ce r(5sultat est tr6s-simple : au-dessus de I'objectif est plac6 un prisme dont la section verticale est un triangle (Equilateral; on sail que ce prisme jouit de la propri^teE de faire emerger normalement de chaque c6te I'image reflt^chie sur la surface opposee a cellc dY-mergcnce : on aura done avec ce prisme deux images rellechies d'un mcme objet, I'une a droite, I'autre a gauche; mais ces images, puisqu'elles sont rellechies, sent redressees dans un sens. U ne resterait done plus, pour faire un microscope dans le([uel les objets se- raient vns dans leur position naturellc, qu'a redresser I'image dans un plan perpendicuiaire au premier redresscment : ceci est oblenu en placant sur le trajet des rayons les prismes BB', semblables pour la forme au prisme central, et dont les aretes, et consequemmcnt le plan de rellexion, sont pcrpendicu- laires a celui du prisme separatcur. En nieme temps tpi'il y a erection com- plete de I'image , il y a inflechissenient et rapprochement sur le meme plan des oculaires, ce qui permet a deux observateurs placets du mCme c6te d'une table qui portcrait le microscope d'observer un objet dans sa situation natu- relle, de le dissciquer, de le s^parer sans fatigue ni difliculte. Maintenant un inconvenient se pr^senle immediatement : deux observa- teurs, par suite des differences de vucs. n'ont jamais la meme distance locale ; il en resuUe que lorsque I'un des deux serait au foyer, I'aulrc aurait une vi • sion iniparfaite. MM. Nachet onl remedie a cct inconvenient d'une maniere fres-simple. Tons les micrograi)lies savent que lorsqu'on fait varier la distance de I'oculaire a I'objectif, la distance locale totale varie aussi en proportion. 11 est a remarquer que si ce n'etait le changement de grossissement qui en resulte, ce serait certainement le meilleur moyen d'ajnster au foyer. Ce precede est applique ici sans inconvenient, puisqu'il ne sert que de correctif a la vision : ainsi, quand un observateur en C amis I'objet au foyer avec les mouvements rapides et lents, celui en C ajuste en eioignant on rapprochant I'oculaire du prisme , et par consequent des lentilles objectives. Une disposition tres-cui"ieuse de ce prisme est celle oii, au moyen des bou- tons de pression DD', on ramene les oculaires dans une situation verticale et parallele a I'axe du microscope; alors les prismes BB' etant paralieies au prisme central, detruisent le premier redresscment opere par celui-ci, et con- sequemnient produisent I'objet renverse conime il Test habituellemcut dans les microscopes composes. Si, laissant un corps C dans la position oblique ou incline.e et redressant le corps C, on aura en C une image redressee et en C la meme image renversee. Lorsque les corps sont dans le plan vertical et paralieies entre eux , si on les rapproche assez du prisme central pour etre situes a une distance I'un de I'autre egale a Vecartement des yeux. on aura une vision do\ible et super- iUli FIG. 2 posee de I'objet. Cette disposition est representee (fig. 2) ; elle a pour avantage de donner beaucoup plus de relief aux objefs que par la vision simple, et pourra consequemment etre utile dans certains cas d'etudes sur les cristaux ou autres corps trans- parents et epais et sur les couleurs compiementaires des objets vus dans la lumi^re polaris^e. L'ecarte- ment des oculaires peut varier au moyen des vis representees en VV. Une extension du principe de separation est pla- cee sous vos yeux : c'est un autre microscope, dans lequel trois personnes peuvent regarder le mSme objet. L'image est divisee au-dessus de I'objectif par trois prismes places sur le meme plan, et dont les faces retiechissantes et rapprocheesles unes des autres ferment une pyramide triangulaire divisant l'image en trois faisceaux egaux et semblables. Ces images sont aussi redressees d'un c6te , de sorte qu'en placant sur leur trajet un prisme perpendiculaire au premier, on ob- FIG. 3. lient une image redress6e completemenl. Ainsi , dans ce microscope , deiu personnes peuvent assister a une dissection op6r^e par un troisi^me obser- vateur. Cette construction est representee fig. 3. A est I'objectif ; au-dessous, dans la boife B, sont renfermes les trois prismes faisant emerger I'image dans les trois corps C, C, C". U. — Anatomie pathologique et pathologie de l'homme. 1° NOTE suR l'amputation des doigts surnumeraires; par M. le professeur C. Sedillot. II existe deux esptees de doigts surnumeraires : les uns complets et libres, ayant trois pbalanges et un metacarpien distinct; les autres incomplets, of- frant seulement trois pbalanges pour les doigts, deux pour le pouce, dont la premiere est unie par une articulation commune au m(51acarpien correspon- dant. Les doigts sont par consequent doubles et r^unis lateralement par les tegimients. Cette derni^re sorte de difTormite est beaucoup plus frequente que la premiere, et s'observe plus particuliOrement au pouce, a lindicateur et a I'auriculaire. M. le professeur Chclius a propose de conserver les doigts surnumeraires libres et complets et de n'enlever que les doigis doubles, qui constituent une plus notable diflformite. Je crois I'operation applicable aux deux cas; car pen de personnes seraient flattees davoir six doigts distincts, et de devenir ainsi un objet de curiosite. Les conditions sociales qu'occupent les interesses doivent, au reste, etre prises en grande consideration pour la decision a conseiller. Quant aux doigts phalangiens surnumeraires, on parait jusqu'a ce jour les avoir desarticules, et je me suis conduit deux fois de la meme mani^re, sur un enfant de 3 ans et sur un autre de 5 mois , qui avaient un double pouce (phalanges) reuni par un tegument commun. Une seule incision longitudinale exteme , partant de la tete du premier metacarpien , fut continu^e jusqu'au milieu de la derni^re phalange et fut bifurquee en V pour circonscrire Tangle du doigt surnumeraire. La peau diss6quee et renversee de chaque c6te , le doigt fut detache du metacarpien , en ouvrant necessairement I'articulation commune a cet os et aux deux premieres phalanges correspondantes. 11 y eut un assez grand gonflement inflammatoire etendu a Teminence thenar, qui fit echouer la reunion immediate; mais la plaie se cicatrisa par seconde inten- tion , et les malades guerirent en presentant une assez grande tendance au renversement en dehors du pouce conserve, ce qu'explique facilement la dis- position articulaire, puisque I'extn^mitt' supi^rieure de la phalange ne se trou- vait yias au centre du mr'tacarpien et en occupait seulement la moitic'^ interne. IZjG L'n anncau niLHallique assujetti a la main remedia a la difformite, mals dut etre porte plusieurs annecs par Ic plus age de nos malades. MM. Champion, Yelpeau, etc., i)araissent s'fitre conduits d'apres Ics mimes errements, et je me suis convaincu par I'exp^rience et la reflexion que nous avions tous adopte una mauvaise m^thode, a laquelle il fallait completement renoncer. La disarticulation met a nu et divise largement la synoviale de la jointure ra^tacarpo-phalangienne du doigt que Ton conserve, et expose ainsi le malade au danger si grave des plaies pen6trantcs des articulations : inflammations suppuratives diffuses, carie, ankylose, etc. La phalange m^tacarpienne tend forcemeat a s'incliner du cOte oii die n'est plus soutenue et a des mouvements moins r^guliers et moins puissants, sans compter la dilTormitc^ Ce sont la de graves inconvenicnts, qu'il est trt)s-facile de prevcnir en lais- sant I'articulation metacarpo-phalangienne intacte, et en coupant obliquement de haul en has la premiere phalange surnumeraire , a quelque doigt qu'ellc appartienne, au dela de la jointure. On enleverait le doigt surnumeraire le plus faible, le moins developpe, ce- lui dont I'extraction causerait le moins de diirormite,et Ton serait a I'abri des accidents des plaies pc^ndrantes articulaires. L'operation, r^duite a lamputation de la continuity d'une phalange, pour- rait 6tre entreprise des I'age le plus tendre et ex6cut(^e avec de simples pinces incisives, en ayant la precaution de conserver assez de pean pour obtenir une cicatrice r^guli^re. L'os, divis(5 de dehors en dedans et de has en haul pour I'indicateur et le pouce et de dedans en dehors pour I'auriculaire, se conti- nuerait sans saillie apparente avec la phalange juxtaposee, dont la rectitude, la force et la mobility seraient assurees par rint6grit6 de rarticulation meta- carpo-phalangienne. 2° CL\S DE LIG.\TURE DE LAUTERE SOliS-T.LAVIERE ; par M. DOMrMQUE C.\CCI0PP0LI (de Naples). La ligature de I'artere sous-clavi^re a it& pratiquee par M. Dominique Cac- cioppoli, le 13 Kvrier 1853, dans rh6pital des Incurables, sur un chanteur ag6 de 33 ans et afTecte d'un tres-volumlneux et trfes-douloureux an^vrisme spon- tan6 , si^geant dans I'aisselle gauche. Comme tous les moyens ordinaires avaient i^choue, on pratiqua I'electro-puncture a huit reprises, en ernployant successivement chacun des precedes usites en pareil cas ; ce fut sans r6- sultat. L'anevrisme menacait de s'etendre au-dessus de la clavicule.et dans ce mo- ment on consid^ra l'operation comme la seule chance de salut. On pratiqua une incision transversale au-dessus de la clavicule, et apres avoir d(:"Couvert rart^re a sa sortie des muscles scalenes, on passa aii-dessous il'ello nne ai- 147 guille courbe et obtuse, ann^e d'an fll destine a operer la ligature permanente de Scarpa. Toute pulsation cessa aussitM dans la tumeur, comme aussi dans I'art^re radiale ; mais au bout de vingt-quatre heures les pulsations reparurent dans la tumeur. L'op^rateur soupconnant que la ligature ne scrrait plus sufllsamment, eut I'id^e de serrer de nouveau I'art^re sans elargir la plaic et sans appliquer une nouvelle ligature. Pour arriver a ce but , il introduisit prudemment avec le guide du lien une petite canule d'ivoire qui fut poussee jusqu'au-dessus de la ligature. On put alors serrer I'artfere a volenti^. La canule resla en place pendant soixante-dix heures ; apr^s quoi elle fut enlevt^e. Le lien est tombe depuis dLx-neuf jours, et depuisquarante jours, le malade est considered comrae gueri. Le 3 avril, il sortait de rhdpital. Le bras gauche conservait sa sensibilite, sa tenipt^raturc et sa force habituelles. 3« NOTE SUR DES M.\SSES CANCEREtSES ENFL.\MMEES ; GROSSESSE; PERITOMTE ; mort; par .M. Ch. Pern.vrd. M. Ch. Bernard presente Testomac et le diaphragme d'une femme dont I'ob- servation a oflfert , pendant la vie et apres la mort , des particularites int^res- santes. Entree dans le service de M. Legendre (hOpital Sainte-Marguerite, le 22 sep- tembre 1853, cette femme, agec de 42 ans, presentait une tumeur considerable sitaie a la region epigastrique , et qui fut consideree comme form^e par un cancer de I'estomac on du foie. Depuis trois mois , les regies s'^taient arrfe- t6es ; il y avait eu de frequents vomisseraents sanguins, qui cesserent au mo- ment de I'admission de la malade a I'hopital. Dun autre cot^, on constata que I'ut^rus (^tait volumineux et que les seins avaient conserve un d(^veloppement qui contrastait avec I'amaigrissement gen^i'al. On crut a une grossesse que vint confirmer I'expulsion dun fa?tus de trois mois environ, qui eut lieu trois jours avant la mort. Cette demiere fut due a une peritonite. A I'autopsie, on trouva une masse considerable occupant lepigaslre et for- m6e par une reunion de ganglions degen^rcs et par un epaississement et une tumeur siegeant a la surface interne de I'estomac. Cette tumour, qui occupait la parol interieure de I'organe , a deux travers de doigt du pylore , avait la forme d'un champignon, une consistance un pen molle, et renfermait une cer- taine quantity de sang. Les ganglions contenaient une matiere de consistance et daspect differents : ici blanche, laiteuse et infiltree d'un peu de sang, res- semblant assez bien a de Tencephalo'ide ramoUi ; la ayant la consistance et I'aspect du mastic ou mieux de la matiere tuberculeuse. Ces caracteres varies se retrouvaient dans toutes les masses de nouvelle formation, soil qu'elles occupassent I'epaisseur des organes, soil (pi'elles eus- sent envahi les ganglions mesenteriques. Outre I'estomac, le foie, le pancreas 9 148 et la rate renfermaient des tumeurs de m6me nature et dont uous ne dirons rien. Mais nous signalerons dune facon particulifere la presence de masses ana- logues pour la composition et Vapparence , et qui se trouvaient agglom6r(5es sur la face inKrieure du diapliragme dans sa moitie droite. D'autres tumeurs plus consistantcs et plus blanches existaient a la face pos- t^rieure de I'ut^rus, au-dessous de la tunitpie pt'^riton^ale. L'uterus tr6s-d(5veloppe, comme a la suite dun avortement recent, t^tait par- faitement sain , n'offrait aucune trace d'inflammation et ne renfermait aucune tmneur cancereuse. Le peritoiuc prt^sentait une injection g(^'nerale , finement arboris^e et plus marquee vers la region epigastriquc que partout ailleurs. II n'y avail d'ailleurs ni s^rosite ni pus epanch6 dans la cavitd. li'examen microscopique n'a fait decouvrir dans les differentes tumeurs dont nous venons de parlcr que des noyaux cancereux ; on n'y a point apercu de cellules cancereuses, non plus que I't^c^mcnt du tubercule. De ces fails sommairement (^nonces , nous sommes porte a conclure que toutes ces tumeurs, quoique d'aspect different, etaient au fond de meme na- ture , cancereuses , que ces masses se sont enflammees , comme I'a deja si- gnaie M. Ci-uveilhier, et que peut-6tre il faut rapporter a I'avortement la p(?ri- tonite et la mort a I'ouverture dans le peritoine d'une des nombreuses tu- meurs 6pigastriques. III. — Pathologie comparee. TUMEUR DE LOVAIBE CHEZ UNE PERCHE ; par M. FAIVRE. Dans un moment oil on se preoccupe de la fecondation artiflcielle des pois- sons, il n'est peut-6tre pas sans interet de rechercher quelles affections mor- bides peuvent rendre impossible la reproduction de ces animaux. Le hasard nous a fait decouvrir dans la perchc commune une affection des ovaires sur laquelle il nous semble interessant d'appeler I'attention des obser- vateurs. Une rapide description de I'ovalre des perches nous servira a mieux com- prendre la nature de I'alteration qu'a subie I'organe malade. Comme on le salt, les organes de la generation du perchct femelle ont une composition tres-simple. L'ovairc se tcrmine par un oviducte qui recoil le canal urinaire et va s'ouvrir par un orifice tres-r^treci a c6t(5 du rectum. Chez une perchc de 0,18 de long examinee au mois de septembre, c'est-a- dire cinq mois apres I'epoque de la fecondation , l'ovairc so prt^sente sous forme d'un ovoide dont le grand diametre est de 0,034, la cirronference de 0,0'25. Cet organe est sitae au-dessous de la vessie nafatoire, au-dessusdu l/l9 rectum , en arriere du rein , de I'urel^re de la vessie urinaire. 11 est maiiitenu par le pt^ritoine dans une position assez fixe par rapport aux organes qui I'a- voisinent. Sa structure est fort simple : c'est un sac membraneux ouvert a sa partie inferieure et se continuant avec I'oviducte; de sa face interne partent des prolongements qui donnent attache a une multitude de petits oeufs bian- chatrcs , reduits , a I'^poque oil nous les avons examines , a des spheres vi- tellines. L'ovaire malade dont nous aliens raaintenant donner la description pr^sente des caracteres bien differents : il forme dans Tabdomen une vaste tumeur, trfes-dure , se deplacant facilement sous les doigts qui la pressent. En ouvrant I'abdomen, nous avons constate le volume de la tumeur. EUe est ovolde, ar- rondie , dun diametre de 0,34 millim. de long , et d'une circonference de 0,060 millim. L'ovaire a done plus que double de volume. II a conserve ses rapports; seulement la piession constante qu'il exerce sur I'intestin a deter- mine deja dans cet organc un commencement d'atrophie. La structure de l'ovaire offre de i'interet : il se compose de deux mem- branes, dun liquide intermediaire et d'une masse inferieure. La membrane exterieure , epaisse et blanche , s't^nuclec facilement ; elle se compose d'un tissu cellulaire ferme ; au-dessous d'elle, une couche de liquide de 2 centimetres d'epaisscur occupc I'espace qui separe la membrane interne de I'exterieur. Dans le liquide nagenl un grand nombre d'wufs blauchatres composes de v^sicules placees les unes a cote des autres. Le liquide lui-meme , examine au microscope, presente un grand nombre dc globules du sang et deglobules graisseux. La seconde meiTd)rane est mince, villeusc a sa face interne et donnant attachea des opufs colores en jaune. C'est aprt's I'avoir enlevee qu'on trouve la masse centrale de la tumeur. Celle-ci paralt formce d'une multitude d'ceufs transfonmes et durcis, agglutines entre eux par une mati^re grasse. En cou- pant la tumeur, on distingue facilement trois lignes jaunes concentriques qui en divisent la masse en trois zones distinctes. La presence d'une grande quanlite de graisse est facile a constater, par la pression qui fait sourdre des surfaces coup(;'es les (Elements gi'as, par I'eau qui en fait facilement reconnaltre les globules, et surlout par I'examen mi- croscopique. .\ un grossissement de 500 diaraetres, nous avons facilement distingue du tissu ceUulaire, de la graisse et de nombreux cristaux ; ceux-ci affectent des formes divcrses ; les plus froquentes sont des lames rhomboi- dales se rccouvrant I'une et Tautre. Nous pensonsque ces lames ne sont autre chose que la cliolest6rine. Nous devoiis ajoufer que la tumeur est pourvue de vaisseaux qui Tali- mentent, commc nous iavons pu distinguera la coupe. COMPTE RENDU DES STANCES UE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE NOVEMBRE 1853; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. Pr^sidence de M. RAYER. I. — Physiologie. 1 " EXPERIENCES SITR LES RESULT ATS DE LA SECTION DIWE MOITIE LATERALE DE LA MOELLE EPINIEHE, A LA REGION DORSALE ; par M. BrOWN-SeQUARD. M. Brown-Sequard communique de nouvelles recherches sur les r^sultats de la section d'une moitie laterale de lamoelle epinifere a la region dorsale. II a trouve : 1" Que la racine posterieure de la paire de nerfs, situee immediatement en arriere de la section, conserve sa sensibility. S'il y a une difference dans le degr6 de cette sensibility, c'est plut6t en plus qu'en moins. Au contraire la racine posterieure correspondante du c6te oppose perd manifestement de sa 152 sensibilite. Leite expj^rieuce proMve que lenlre-croisement des racines post( - rieuresdans la moelle ^pini^re se fallen grandepartie presque aiissitOt aprt>s Tentree dcs racines dans la moellf. '2° Que les racines anterieiirps, en arrierc ct du c6te de la section, causent beaucoup plus de douleur quand on les irrite que les racines anterieures Chez un animal intact. Eh d'autres ternies, ce qiie.M. Magendie a appel^ sensi- bilM recurrente est de beaucoup plus intense du cOte de la section, et au contraire manifesfement diminue du c6U^ oppos(5. Ceci s'explique aisement par I'augmentation de I'irritabilite musculaire et de I'excitabilit^ des nerfs moteurs et sensitifs du c6t6 coricspondaiit a la section et la diminution des memes propri^tes vitales du c6tu oppose. 3° Que Tiris n'a pas un centre particulier pour la contraction de ses fibres rayonnees. ainsi que I'ont avance MM. Budge et Waller. Une section d'une moiti6 la.t^rale de la moelle dpiniere, au niveau des neuvieme et dixit'-me ver- t6bres dorsales, est suivie de la dilatation de la pupille, ainsi que des divers eflTets de la section du grand sympathique au eon, decouvcrtes par Petit, John Reid et M. Claude Bernard. De plus, la galvanisation de la moiti(5 latcrale de la moelle epiniere, au niveau des cinq dernieres vertebres dorsales, produits des effets inverses a ceux de la section de la m6me motie latcrale. 2° DES EFFETS DE LA SECTION DES NERFS VAGUES SUU LA FORCE DU COEL'R ; par le ra6me. Plusieurs physiologistes et en particulier le professeur Ludwig (de Zurich) ct Jacobson, el^vede Volkmann, ont constats que la force du cocur, mesur^e a I'aide de rh^madynamometre, est augmentc^e apres la section des nerfs vagues. M. CI. Bernard (1), ignorant les resultats obtenus par Jacobson, a faiJ quelques expt^riences dont il a conclu que la force du cocur, mesur^e aussi par I'h^madynamometre, diminue considerablement apres la section des nerfs vagues. J'ai trouvt'' que ces resultats, tout a fait opposc^s en apparence, s'observent constamment cependant apres la section de ces nerfs. lis existent runaprt'sTautre. Quelques minutes apr6s la section, on constate deja une augmentation de force ; une heure apres, cliez les lapins et les chiens, I'ac- croissement est plus marque. Puis vientune pf^riode quivarie excessivement (Guivant I'espt^ce des animaux mis en experience et suivant les individus), dans sa durt^e ct quant au moment oil cllc se montre, et pendant laquelle la force du coeur est redevenue nonnalc. Enfui la force du ca-ur diminue et va sans cesse en diminuant jusqua la mort de I'animal. Plus les animaux men- rent vite aprt'-s la section des nerfs vagues, plus la periode de diminution do force se montre vite : jc I'ai vuc survenir une dizaine de minutes apres I'opcS [i) COMfrTKS REIHDUS DE L* SOCIETE DE BrOLOCIE. t. I, 1849. 153 ration chez un cochon dlnde adulte qui mourut en vingt-deux minutes. Je I'ai vue, au contraire, ne se montrcr que plus de vingt-quatre heures aprfes rop(5ration, sur unchien vigourcux qui a surv(!cu quatre jours. Sipendantque la force du cceur est notablement diminuee on asphyxiel'animal, on voit la force saugmenter en moins dune minute et d'une mani^re tr^s-notable ; c'est la un resultat semblable a celui que John Held a obtenu en asphyxiant des animaux sur lesquels les nerfs vagues n'avaient pas ^16 coupes. Pourquoi la force du coeur augmente-t-elled'abordapr^s la section des nerfs vagues, et diminue-t-elle ensuite? Je ne puis entrer ici dans de tongues ex- plications a cet egard ; je me bornerai a dire qu'apres la section de ces nerfs les vaisseaux du cceur se dilatent et que la quantite de sang qui y circule augmente. D'un autre cote, it devient de plus en plus veineux et charge d'acide carbonique. Or comme, ainsi que je I'ai d^monlre ailleurs (1), plus il y a d'acide carbonique dans le sang des vaisseaux du coeur, plus le coeur est ex- cite a battre, il est tout simple que I'energie du coeur augmente tant que sa contractilite n'a pas ett5 diminuee. Mais la contractility diminue, parce que toute action la fait diminuer, de sorte que plus le coeur agit ^nergiquement, plus il tend a perdi-e de son Anergic. Si la rt^paration 6\iiil suffisantc, il pour- rait continuer a battre avec force ; raais la rt5paration ne peut etre bien faite par un sang insufTisamment charge d'oxyg^ne. II suit de tout cela que le coeur s'epuise parce que, d'une part, il depense plus de force qu'a I'ordi- naire, et d'une autre part en no reparant pas autant qu'a I'ordinaire ce qu'il perd.Ildoit done arrivcr et 11 arrive efl'ectivement un moment oil I'irritabilite est beaucoup trop faible pour obeir meme a une excitation bien plus grande que I'excitation normale des contractions du coeur. .3° NOUVEAU FAIT RELATIF A LARRET PASSIF DU CCKUR PAR LA GALVANISATION DU NERF VAGUE ; par le m^me. J'ai trouve que la section, c'est-a-dire la paralysie des nerfs vagues, est suivie de la dilatation, ou, en d'antres termes, de la paralysie des vaisseaux sanguins du coeur, tandis que la galvanisation, c'est-a-dire I'excitation des nerfs vagues, fait contractor les vaisseaux et surtout les arl^res. J'ai expli- que ailleurs, par cette contraction, I'arret passif du coeur qui a lieu lorsqu'on galvanise les nerfs vagues, pr^s de lamoelle allongee. J'ai trouv6 depuis un fait qui est tout a fait en rapport avec I'explication que j'ai donnee. On sait que si Ton galvanise les nerfs vagues loin de leur extremite cen- trale, on ne voit pas le coeur s'arreter, tandis que si on les galvanise pres de lamoelle allongee, que celle-ci soil detruite ou non, le coeur s'arrete. II semble (1) Voyez mon livre intituk^ : Experimental researches applied to phvs AND P.ATHOL., 1853. t54 done qu'il y ail dans difl'^rentes parties desnerfsvagu(!s des proprietes diffti- rentes. Ce n'est la cependant qu'une trompeuse apparence. Et d'abord j'ai trouv6 et public depuis longtemps que dans TexptTicnco des fr^res Weber, le coeur reste sans contractions, non parce qu'il a pcrdn son irritabilite (si on le tonche, 11 se contracte aussit6tl, mais parce que la cause qui I'excite nor- malement a agir cesse d'exister. Cette cause n'est autre que I'excitation pro- duite sur les tibres du coeur par le sang contenu dans les petits vaisseaux ; eeux-ci 6tant contracti^s, I'excitant en est expulse et il n'y a plus d'cxcitation. Maintenant quand on applique le courant galvanique sur les nerfs a une grande distance du coeur, on excite les nerfs et on fait contracter les vais- seaux et cesser Taction du coeur ; mais quand le courant est appliqu6 aux nerfs pres du coeur, 11 en passe une partie dans cct organe, et si, d'une part, les vaisseaux etant contractes, la cause normale des battements du coeur est supprlm^e, on lui en substitue une autre, qui est I'excitation galvanique. Si j'al raison, on doit voir, pendant le passage du courant, le cceur continuer a battre ; mais d6s cpie le courant est interrompu, il dolt cesser de se mou- voir, et c'est la ce qu'on obserxe en effet. Les vaisseaux restent contractus pendant quelque temps, apr6s que le courant a et(^ ouvert, il y a arrSt du coeur pendant quelque temps. J'airep6t6 cette exp(5rience un nombredefols tres-consid^rablc ; toujours elle m'a donne les memes resulats. Ouand on a separe les nerfs vagues des tissus voisins, on observe en gal- vanisantrextr(5mit^ centrale des deux nerfs les memos faits quelorsqn'on les galvanise pres du cceur; on voit le coeur continuer a battre pendant que le courant passe et s'arrfeter aussit6t qu'il est interrompu. Dans ce cas le courant passe par le coeur, commc dans rexi)6rience prec(5dente. 11 n'y a done pas de proprldti^'s differcntes dans les diverses parties des nerfs vagues. \° NOUVELLES PREUVES DE LENTRE-CROISEMENT DES FIBRES SENSITIVES DANS LA MOELLE EPiNiERE ; par Ic mC'me. Je viens ajouter les preuves suivantes a celles que i'ai dej,a donndes a cet 6gard. 1« Si on coupe transversalcment une moiti6 lat^rale de la moellc epiniere, on trouve, en excitant la surface de section du bout, s^par6 de I'enc^phale en apparence, que la sensibilitu y existc a un degrtS tr6s-prononcc ; si on ex- cite les filets des raclnes post6rieures en arriere et du c6te de la section, on les trouve cxtremement sensibles, tandis qu'au contraire la sensibilite dimi- uue notablement dans les racines poslerieures correspondantes du cOte op- pose. Un fait curieux a noter est que les racines anterieures, du c6t(i et en arriere de la section, acquierent, a un tres-haut degn'', ce que M. Magendie a appel6 sensibilite r^currente. Ceci di^pend de Taugmentation d'irritabiUti; «tans les muscles oil vont se rendre ces racines. 155 Uuand la section d'uue moitit^ lat^rale de la moellc t^piui^re est faite au con, pres de la moelle allongee, chez un lapin, on obtient des r^sultats extrSme- ment tranches. Lesnerfs de ForeiUe, qui viennent de la moelle 6piniere, 6tant mis a nu, on pent les pincer, les bruler du c6te oii la moelle est intacte, sans presque causer de douleur a I'animal. Du cOte de la section, au contraire, I'oreille et surtout les troncs de ses nerfs ont une sensibilite tres-exag^ree. 2° Une douzaine de faits pathologiques que j'ai recueillis et que je publie- rai bient6t montrent qu'une alteration de la moelle allongee ou de la protu- berance s'accompagne d'anesth^sie du c6t6 oppos6 du corps. Si I'entre-croise- ment des fibres sensitives se faisait, comme on le dit, dans la protuberance et dans le bulbe rachidien, on devrait trouver, quand ces organcs sont l^ses d'un c6te, une paralysie incomplete de sensibilite dans les deux c6t6s du corps. Si la paralysie est complete et seulement dans le c6t(5 oppos6 au c6t6 alt6r^, c'est que, ainsi ([ue je le soutiens, Tentre-croisement se fait dans la moelle ^piniere merae. II. — An.\tomie pathologique. 1° KYSTE HVDATIOLTE DU PETIT BASSIN AYAJNT DETERMINE UNE HERNIE DE LA vessie; par M. Perrin. Le hasard des dissections m'a fait rencontrer, chez un sujet d'une soixan- taine dannfes, un ^nonne kyste, aussi remarquable par sa raret^ que par le deplacement organique qu'il avail provoque. Cette tumeur avail son siege en grande partie dans le petit bassin, dont elle rcmplissait presque toute la capacity. L'une des extr^mit^s de son grand dia- metre rcposait sur le rectum, vers le niveau de latroisieme pi6ce du sacrum, et prenait des adh^rences solides sur I'aponevrose pt^rineale superieure, par I'intermediaire d'une bande flbreuse disposee transversalement dans une ^tendue de 8 centimetres. L'autre extremite, dirigee en haut et en avant, avail franchi le detroit superieur du petit bassin, et remontait jusqu'a 5 centime- tres au-dessous de I'ombilic. Par la palpation et la percussion, on pouvait, malgre I'epaisseur des parties, la decouvrir et la limiter dans la region hypo- gastrique avec la plus grande facilite. Ainsi, comme on le volt, sa direction et sa situation etaient tout a fait celles de I'uterus, a cette epoque de la gros- sesse ou, trop a I'^troit dans la cavite du petit bassin, il s'eleve dans la cavitti abdominale. En cherchant a apprecicr les rapports du kyste, j'ai trouve un tres-remar- quable deplacement de la vessie sur lequelj'appelle toute I'attention; car il ne s'est pas encore presente en pareil cas. La moitie antero-superieure de la vessie a abandonn^ le petit bassin pour venir se loger dans la cavity scrotale du C6U- gauche, de telle faron que la forme totale de I'organe est celle d'nm 156 liissac conloiirm- en fer a chevul et embrassant dans sa concavite I'os ties puliis. La portion licrniOe forme une lumeur volumineuse , allongee et parfaite- inent semblable a une liemie inguinale ordinaire. Ea pratiquaut le taxis, I'u- rine s'eooule par le canal ; la tumeur s'affaisse et ne represente plus qu'une masse ovoide, dure et r^nitente au toucher. A la dissection, je la trouve com- posee de la peau du dartos, d'un tissu graisseux trte-abondant, au milieu du- quel se trouve une poche v(5sicale a tuniques hypertrophiees et pouvant con- tenir environ 150 grammes de liquide. Le testicuie. le cordon, reconverts de la tunique vaginale et libreuse, sont rejett^s en arriere et en dehors. La portion non herniee est constitu(5e par le bas-fond de la vessie, soulev(5 et entraine dcrriere la symphyse pubiennc.Enlin la portion retrecie du bissac appule sur la branche horizonlale gauche du pubis, en dehors de I'^pine de cetos, et y prend de nombreuses adh^rences. Les ureteres descendent jus- (pi'au fond du petit bassin, s'accolent sur les faces laterales du kyste, comme on peut le voir sur la pifece, et remontent de bas en haul et d'arri^re en avant pour gagner le bas-fond de la vessie. Le p^rifoine ne pf^nfetre plus dans le petit bassin en arriere. Au niveau de la symphyse sacro-iliaque, il quitte la face anterieure du rectum, se porte sur la tumeur, qui en est coiffee dans toute sa portion abdominale, puis redescend vers les pubis, louche a peine en ce point a la vessie, et se continue avec le peritoine parietal derri^re Tanneau inguinal externe. J'aurais bien d6sir(5 con- server int^gralement cette curieuse disposition ; malheureusement je ne pou- vais pas disposer du sujef. Ayant c'te oblige d'extraire la tumeur sans toucher au bassin, il m'a etd (^galement impossible d'etudier les modifications de forme et de si^ge qu'auraient pu subir les vcsicules scminales. Apres I'ablation de la tumeur, j'ai examine le rectum : je I'ai trouv6 vide, peu developp^ et sans trace de dilatation ni d'hypertrophie de ses tu- niques. Tel est r^tat des organes environnants ; passons mainlenant a I'examen du kyste lui-m6me. C'est une poche qui prosente a peu pr6s le volume et la forme d'une t6te de foetus a terme. Son gTand diam^tre est de 15 centimetres, ses diam^tres transversaux de 9 et 11 centimetres et son poids de 900 grammes. Ses parois, de nature libreuse et inegalement r^sistantes, sont le siege d'une vasculari- sation tres-riche, disposee en houppes on en reseaux a mailles tres-fines. On remarque sur quelques points de sa surface des trainees rougeatres d'appa- rence musculaire, mais qui ne sont sans doute (pie du tissu cellulaire gorge de sang. Vers le sommet de la tunieur et dans une etendue de 5 a G centimetres, le sac s'epaissit et offre une aiipurence carlilaglncuse. A I'aulre extremite, se trouve une bande hbrciise assez large, scu'te de pedicule quiscrvaitscul.de 157 point d'attache solide a la tumeur ; car le resle de sa surface t^tait rev^tu d'un tissu cellulaire laclic. J'ai cherche vainement a obtenir siir le kyste intact le Wmissement hydatique. Voulant m'assurer de la nature de son contenu, j'ai pratique une ponction a travers laquelle sont sortis deux acephalocystes et une petite quantite de serosit6 limpide. En plongeant le doigt dans l'int(5rieur de la poche, on trouve une grande quantity d'acdphalocystes de toutes dimensions et peu de liquide ambiant. A I'examen microscopique , que je dois a I'obligeance de M. Robin , des ^chinocoques ont ete trouvees en tres-grand nombre dans la plupart des poches hydatiques; mais il n'y avail pas de crochets libres. J'ai recherchtj avec soin dans le loie, la rate, le cerveau, le poumon, des lumeurs semblables; mais tons ces organes, qui sont le si(^ge de predilection des kystes bydatiques , etaient parfaitement sains , et , chose bizarre , j'en ai rencontre un, volumineux meme, dans la capsule surrenale droite. Je n'ai point de renseignements directs relativement aux troubles fonc- tionnels qui ont pu exister pendant la vie. Get honime a ^te frappe d'apo- plexie, et a succombe apres un sejour de f i ente-six heures a rinfirmerie. Toujours est-il qu'il t;tait, au moment oil la mort I'a surpris, dans un par- fait etat de sante ; qu'il habitait I'hotel des Invalides depuis longtemps et qu'il n'est jamais venu reclanier Ics secours de la chirurgie ; qu'il a 6t6 sonde plu- sieurs fois pendant sa longue agonic sans aucune dinicult^, et cpie des lave- ments ont pu hii etre administres sans etibrt. J'ai rt^p^t^ aussi le catheterisme siir le cadavre, la tumeur etant en place, sans eprouver de resistance. Enfin, en pressant legerenient sur la cyslocclc, comnie nous I'avons dit, I'urinc s'c'-- coule largement par le canal. C'est en reunissant toutes ces circonstances qu'il mest permis jusqu'a un certain point de suppleerauxcommemoralits,et de dire que les troubles fonc- tionnels n'ont point ete comparables a ce que Inn observe dans des conditions semblables. Je n'ai pu savoir a quelle epocpie remonte la hernie de la vessie, ni si elle a t^te ni6me reconnue pendant la vie ; je le regrette, car cette donn(!'e aurait fourni approximativement I'age de la tumeur. 2" NOTE SUR UNE TUMEUR D'ASPECT FIBUO-CARTILAGINEUX TROUVEE LIBRE DANS LA cAviTE Du PERiToiNE ; prcsentec par le docteur Onesime Lecomte. RECHERCHES SUR LA STRUCTURE DE CE PRODUIT ET AUTRES ANALOGUES ; par M. Cu. Hobin. J'ai I'honneur de presenter a la Soci('t(' une production organique, remar- quable par son siege et ses divers car.iclrres, que jai Irouvee sur le cadavre 158 dun vieillard de 67 ans, mort dune affection organique du coeiir, dans le ser- vice de M. Hutin, chirurgien en chef des Invalides. C'est une luineur qui (^tait contenue dans la cavite mdme du p(5ritoinc, en- tiercment libre, sans adht^rence aucune. EUe reposait dans le bassin, aufond du cul-de-sac pti^ritoneal intermediaire a la vessie et au rectum, un peu a gauche de la ligne mediane. Rien pendant la vie n'avait pu faire soupconncr I'existence de ce corps, et I'autopsie n'a rdveld aucune trace de peritonitc ancienne on recente. Nous re grettons cependant de n'avoir point examine avec une plus minutieuse atten- tion les visc^res abdominaux, et notamment la rate, cpii a pr^sente, dans quel- quos cas a sa surface certaines productions spuciales. Quant a la tumeur, voici en peu de mots sa description : ellc offre le vo- lume d'une bille de billard de petite dimension; sa circonfi^rence mesure 14 centimetres ; elle p6se 55 grammes. Sa forme est Irfes-r^guliferement spherique. Sa surface 6tait, sur la pi6ce fraiche, lubrifiee par une leg^re couche de s^ro- site, lisse, unie, comme sereuse. 11 n'y a pas de membrane enveloppante , et s'il a existe un p^dicule, on ne voit rien du moins qui rappelle I'insertion de ce pedicule. La consistance de cette tumeur est dense , elastique. La pression par deux doigts opposes permet d'appr^cier cette consistance et donne en outre la sensation d'une partie centrale beaucoup plus dure. Si, en effef, on partage la tumeur en deux portions, on la trouve composee d'une partie p(5riph<5rique et d'un noyau. La partie p^ripherique beaucoup plus considf^rable est d'un gris terne ; elle semble formee de couches concen- triques et rappelle assez bien , par son elasticite et son aspect exterieur, les disques intervertebraux. Le noyau est ossiforme. C'est une petite masse calcaire arrondie qu'il serait facile d'6nucl6er. Telle est cette production, assez insolite. M. Cruveilhier, qui I'a examinee, la trouvee digne de tout interet. Ce savant professeur a consacr(5, dans son Anatomie PATHOLOGiQUE GENERALE, t. II, p. 131, uu court cbapitro aux corps ctrangers organiques des sereuses. Ces corps, il les a rencontres, non-seule- ment dans la grande sereuse abdominale , mais encore dans la tunique vagi- nale, simulant alors un troisiSme testicule. Quelle est I'origine de ces produits anatomo-pathologiques? Proviendraient- ils, comme dans Thypothfese que nous avons eutendu emettre a notre savant et excellent maitre M. le professeur Larrey, de I'organisation d'nn caillot? Se- rait-ce d'abord une production adherente de la rate ou de quelque point du peritoine s'en detachant cnsuite pour devenir libre dans la cavit6 sereuse? Nous avons dil invoqucr I'aide du microscope. M. Ch. Robin, professeur agrege de la Faculte a bien voulu etudier cette lumeur et nous faire part de quelcpies recherches nouvelles. Voici ce que noTis avons ("'crit sous sa dictee : 159 « Pour coniprendre I't^tude de la structure de ce produit niorbide, il est ue- cessaire de connaitre d^ja celle de certaines lausses membranes ou produc- tions d'aspect fibro-cartilagineux qu'on observe, soil sur la rate, soit dans la pl6vre, au sommet du poumon, ou dans quelques points du p(5ritoine. Ces productions, qui ont I'aspect exterieur des fibro-cartilages, et qui en ont m6me recu le nom dans la plupart des trait6s d'anatomie pathologique, ont une structure qui en ditT^re beaucoup. Voici quelle est cette structure, d'aprfes les recherches de M. Robin , qui jusqu'ici n'ont pas encore (5te publiees. Le tissu de ces productions est constitu6 par une matiere d'unc grande densite, se presentant generalement sous la foraiede fibres volumineuses(de 5 a 12/1000 de millimeire), soit aphitics, soit prisniatiques. Ces fibres sont surtout remar- (juables par leurs anastomoses frequentes a I'aide de courtes ramifications partant d'une fibre et se jetant apres un court trajet sur la fibre voisine. Leur substance est d'une grande t^nacite. EUe est en outre tres-finement granu- leuse. Les granulations sont pour la plnpart de nature azotee, et tres-peu sont graisseuses. 11 II importe de noter aussi que toute la substance de ces productions d'as- pect fibro-cartilagineux n'olTre pas cette disposition fibrillaire anastomotique. On trouve ca et la des portions qui sont entierement homog^nes et qui seule- ment peuvent se d^chirer en lamelles aplaties, de conformation tres-variable. Ces portions de substance, homogenes au lieu d'etre fibrillaires, ne constituent jamais que de tres-petites parties dans la masse de la pseudo-membrane d'as- pect cartilagineux. Ce n'est que ca et la , dans la preparation microscopique, (lu'on les apercoit intei"posees aux portions fibrillaires, et ne s'en distinguant pas a I'oeil nu, ni par la couleur. Jamais ces productions, qui n'ont du fibro- cartilage que I'aspect, ne renferment de vaisseaux capillaires ou autres, meme lorsqu'elles atteignent une epaisseur de un centimetre. ■1 Tons ces d(5tails de structure rendront maintenant beaucoup plus faciles a saisir ceux que nous allons donner sur le corps stranger du p^ritoine. 1) 1° Portion peripherique. — Le microscope montre que toute la portion elastique qui environnc le noyau calcaire presente absolumcnt la structure des pseudomembi'anes dont nous venons de parler. On y distingue parfaitement les portions fibrillaires. Les fibres sont toutciois uu pen plus volumineuses que dans la majorite des pseudomembranes cartilaginiformes adherentes. Les anastomoses sont aussi un peu moins frequentes; mais, a part ces details se- condaires, la structure est identiquement la meme. On y reconnait aussi des portions homogenes non subdivisees en fibrilles, mais dont les bords se de- chirent en lamelles sous I'inlluence des tractions exercees a I'aide des aiguilles pour faire la preparation. 11 Ici, toutefois, se remarque une particularite qu'on n'observc pas dans les productions d'aspect fibro-cartilagineux adherentes. Ce sont de nombreuses gouttes d'huile distribuees dans I'ppaisseur des fibrilles oudes portions homo- lUO genes de la substance. Elles donnent un aspect tout particulier aux prepara- tions du tissu de ce corps stranger. Leur contour est net et fonc^. Leur cen- tre est brillant et jaunatre. Leur diam^tre varie de 1 a 5/1000 de millimStre. II Leur nature graisseuse est indiqueepar leur aspect physique, et en outre par ce fait qu'elles se dissolvent sous Tinfluence de I'^ther lorsque le tissu du corps stranger a cte ramoUi par I'acide acetique. u Cette structure particuli6re indique done que probablement ce corps stran- ger est une de ces productions d'aspect fibro-cartilagineux de la rate, ou de quelque point du pSritoine visceral ou parietal qui sera devenu libre apr^s avoir 6t6 adherent pendant un temps qu'il est impossible de determiner. )> Inutile d'insister sur le mScanisme d'apros lequel ces corps peuvent deve- nir libres, question qui se rattache a I'histoire des corps des cavites closes en general, et non a la structure dont nous traitons ici. II Indiquons, en terminant, que les goutles graisseuses que Ton trouve ici d'une mani^re exceptionnelle, comparativement aux fausses membranes ad- hSrenfes, se rencontrent dans les cas oil, chez les animaux, on vient a intro- duire dans I'abdomen, soit un ovaire, soit un testiculc qui y sSjourne plus ou moins longtemps. Les gouttes graisseuses, ainsi que le montrent les expe- riences auxquelles il est fait allusion ici se produisent en grande quantite dans ces organes pris sur un animal et introduils dans le pSritoine d'un autre. » 2" Le noyau ossiforme est forme uniquement d'une grande quantite de corbonate et d'un pen de phosphate de chaux. 11 offre I'aspect qu'on retrouve dans toutes les concr(Jtions calcaires, a savoir, celui de corpuscules ou granu- lations poly(5driques irreguli^res et de volume tres-variable. » III. — TOXICOLOGIE. SUR LE FUSEL -oil; par M. Brown-Sbouard. Un liquide, connu aux Etats-Unis sous le nom de fusel-oil, est extrait de I'eau-de-vie de pommes de terre et existe aussi quelquefois dans le chloro- forme. C'est a ce fusel-oil que M. Jackson (de Boston) rapporle les propri6t6s d61et6res queprSsente le chloroformc dans certaines circonstances. L'opinion de M. Jackson n'a pas ete admise par la plupart des autres medecins de Bos- ton qui sont arrives, au contraire, a considcrer le /"wseZ-ot'Z conune un principe tout a fait inerte. M. Brown-Scquard a entrepris, a son tour, des experiences pour chercher a dScouvrir sur quels faits sent basees des opinions aussi contradictoires. ]1 a pu reconnaitre : 1» que le fusel-oil est un des poisons les plus violents, lorsqu'on I'introduit dans rSconomie par inhalation; 2" ([u'introduit par I'es- tomac, a doses considerables, il ne produil aucunc action, pourvu qu'on 161 prenne toutes les mesures necessaires pour emp6cher son passage dans les voies respiratoires. La maniferc de voir contraire, profess^e par M. Jackson d'un c6t6, et de I'autre par les medecins de Boston, trouve une explication dans le mode diffi^Tent d'exp6rimentation dont ils ont fait usage. M. Jackson faisait inhaler le fusel-oil, tandis que les autres exp^rimentateurs ring(5raient par Testomac. D'ailleurs M. Brown-Seqard a vu que, privd du fusel-oil, le chloroforme pent encore excrcer une action toxique et qu'il conserve toutes ses propri^tes aneslh(5siques. 11 termine sa communication en mentionnant que M. le docteur Storer (de Boston) a present le fusel-oil a un bon nombre de phthisiques, et que dans tous les cas la marche de la maladie aurait ete ma- nifestement enray(5e. H COMPTE RENDU DES SEANCES DE r r LA SOCIETE DE BIOLOGIE PENDANT LE MOIS DE DECEMBRE 1853; Par M. le Docteur E. LE BRET, secretaire. Presidence de M. RAYER. 1. — Anatomie. NOTE SUR LES NERFS DES ORGANES DE LA C0PUL.4TI0N CHEZ L'HOMME ; par M. Ch. Rouget, aide d'anatomie de la Faculte. L'excellente monographie de Kobelt, le travail le plus complet que nous ayoDS sur les organes do la copulation, ne renferme que trfes-peu de details relatifs a la description anatomique des nerfs de ces organes. Kobelt ne fait que reproduire ce que Ton trouve dans Cruveilhier, Longet, Muller ct Valentin sur les nerfs dorsaux, le rameau uretro-bulbaire et le plexus caverneux; il y ajoute seulement I'expos^ de la disposition plexiforme des nerfs du gland. 10 164 11 y avail encore a completer utilement, sous ce rapport, les Iravaux de Ko- Lelt : c'est ce que j'ai tentr de faire. Les nerfs des tissus ^rectiles de la verge proviennent de deux sources : du grand sympathique et du nerf honteux interne. \o Du GRAND SYMPATHIQUE : Des filets longs et gr^les du plexus hypogastrique, accoles aux parties lat6- rales de la prostate et de la portion membraneuse de I'urfetre, arrivent sous la symphyse des pubis, et la s'anastomosent entre eux et avec un rameau du nerf honteux qui, distinct du nerf dorsal de la verge, est intimement accol^ a I'artere lionteuse interne jusqu'au moment oil elle se divise en art^re caver- neuse et artere dorsale de la verge. De ces anastomoses multiples resulte un plexus en partie decrit deja sous le nom de plexus cai-erneux. De ce plexus se d6- tachent un ou deux filets tres-greles, decrits et figures deja par Valentin et MuUer, qui p^netrent avec I'artfere caverneuse dans I'intt^rieur du corps ca- verneux. Ces filets, qu"on ne peut guere suivre au dela du tiers posterieur de la verge, accompagnent exactement I'artere caverneuse et ses branches. Mais le plexus caveraeux fournit d'aulres filets, au nombre de quatre ou cinq au moins, qui, indt^pendants de toute branche arterielle, se portent di- rectement en arriere et en bas, vers les racines du corps caverneux, dans I'interieur de laquelle ils se perdent. Je n'ai pas encore rencontre de ganglions nerveux dans le plexus caver- neux ; mais presque tous les filets qui en partent ont les caract^res des nerfs de la vie organicpie. 2" Du NERF HONTEUX INTERNE : Les branches dorsales de la verge, trSs-rapproch^es I'une de I'autre sous la symphyse des pubis, s'6cartent un pen au dela de cette symphyse, et pla- ces sur les c6t6s de la gouttih'e qui loge la veine dorsale, donnent, chemin faisant, de nombreux rameaux a la peau du p^nis et du prepuce et se dirigent vers le gland. Arrives au niveau de la couronne, les filets nerveux, deja iso- l^s, se divisent en deux ordres : les uns paraissent plonger immediatement dans rint^rieurdu gland, mais restent en r(?alit(5 interposc^s au prolongement des corps caverneux et au tissu du gland lui-m6me, dans lequel ils se termi- nent cependant de la facon indiquee par Kobelt. Un ou deux autres fllets, contoumant la couronne du gland, se portent en bas et en dehors sur les c0t6s du frein, et m'ont paru se distribuer en partie a la muqueuse des environs du m^at. Mais outre ces filets terminaux, les nerfs Jorsaux, dans toute la longueur de leur trajet, depuis la racine dela verge jusqu'au gland, fournissent des rameaux grfeles, mais nombreux (rameaux coronaires), dont la disposition ne me paralt pas avoir ^'t^ exactement indi([uee. Ces ramuscules, au nombre de trois a cinq de chaque c6te, grisatres, demi- 165 transparents, se detaeheut en dehors des neiis dorsaux et contournent, con- jointement avec les reinvs en couronne, les corps caverneux sur lesquels ils sont imm^diatement appliques, fournissant des fllets qui traversent presque imm^diatement de petits orifices do I'enveloppe flbreuse ; ils gagnent la gout- tiere que forme dc cliaque cote la rencontre du corps spongieux et des corps caverneux. La ils se terminent par des fllets qui se portent les uns en avanf , les autres en arriere le long de la gouttiere , et vont s'anastomoser avec des filets seniblables des autres ramuscules. Ces anastomoses et la terminaison des ramuscules constituent ime espSce de plexus (plexus latdral dupmiis) etendu de la racine de la verge au voisi- nage du gland, et cache dans la gouttiere urelro-caverneuse. De ce plexus naissent les fllets nerveux qui p(^netrent dans le corps spongieux de I'ur^tre et dans Ic corps caverneux par les oriflccs meincs qui donnent passage a des veinules effiJreates, plexus veineux intermediaire de Kobelt. A la face inferieure du penis, et specialement du corps spongieux de I'ure- tre, existent deux rameaux nerveux dont il n'avait, je crois, 6te fait nuUe mention jusqu'ici. La branche perineale superficielle du ncrf honteux fournit, au niveau de rextreniit(5 posterieure du muscle bull)o-caverncux, plusicurs rameaux desti- nes a ce muscle, et un on deux fllets tres-greles (uretro-bulbaires?) qui pe- n^trent immediatement dans I'extremitd posterieure des renflements lateraux du bulbe. Mais un rameau beaucoup plus considerable, confoudu sans doute jusqu'ici avec les rameaux musculaires , penetre a Textremit^ posterieure du bulbe , dans une esp6ce de canal forme par le raphe median du muscle bulbo-caver- neux. Dans toute I'etendue de ce canal du raphe, les nerfs, semblables des deux c6tes, sont intimement accoles I'un a Tautre ; mais a I'extremite ant6- rieure du muscle bulbo-caverneux, les deux rameaux s'^cartent, et caches dans I'epaisseur de I'enveloppe flbreuse du corps spongieux, ils cheminent parallfelement jusqu'au voisinage du gland, et la se terminent partie par des fllets qui s'anastomosent avec \e plexus latdral de la icrge, partie par des fllets qui penetrent dans le tissu spongienx de I'urttre par la face inferieure. Aucun fllet ne se porte a la peau. Ce rameau [ure'tro-pcnien) est entidrement destiny an corps spongieux de Tur^tre , auquel il fournit de nombreux fllets duran tout son trajet. Un de ccs fllets surtout , qui nait a la hauteur de la partie moyennc du muscle bulbo-cavcrncux, peut etrc suivi assez loin dans I'inte- rieur du tissu spongieux. Dans I'etatdc flaccidite de la verge, les nerfs urelro-pe'niens, dont la lon- gueur egale presque cclle de la portion spougieusc de luretre, pn-sentent, comme les nerfs dorsaux, de nombreuses ondulatious, qui s'elTacent dans I'al- longement de la verge par I'erection. Ces rameaux nerveux, queleur trajet cache d'aborddans le raphe du bulbo- 166 caverneux, puis dans I'epaisseur de la membrane flbreuse de I'urttre, avait jusqu'ici derobes aux recherches, me paraissent importants, non-seulement a cause de I'etendue de leur trajet, de lenr mode de terminaison, mais surtout parcc qu'ils appartiennent en propre au tissu spongieux de I'uretre, et com- pletent I'exacte sjTnetrie des differeutcs parties du penis. Aux deux corps caverneux de la verge correspondent les deux nerfs dor- saux; aux deuxmoities du corps spong-icux, accolees, mais separ^es cepen- dant parune cloison fibreuse, indiquee par Kobelt et demontree recemment par M. Jarjavay, correspondent les deux nerfs re'tro-pe'niens ou nerfs infirieurs de la verge. Les nerfs dorsaux et les nerfs inferiours fournisscnt des filets directs : les premiers aux corps caverneux, les seconds au corps spongieux. Les uns et les autres concourent a la formation des plexus lat^raux de la verge , d'oii partent a la fois des branches destinies au coqis caverneux et a I'urdtre. Si Ton excepte les branches cutanees des nerfs dorsaux et les branches terminales de ces memes nerfs, dostinecs en partie aux papilles du gland, les nerfs de la verge me paraissent presque uniquement destines au tissu rrec" tile de cet organe. Cela est incontestable pour les fllets du plexus caverneux (surtout pour ceux qui se perdcnt dans les racines de ces corps) et pour les filets des rameaux coronaires qui percent directement I'envcloppe fibreuse des corps caverneux. Chez le cheval, j'ai siiivi jusqu'a leur terminaison dans le tissu erectile des rameaux des nerfs dorsaux, qui penetrent dans les corps caverneux, sur les c6tes de la goutti^re qui loge la veine dorsale. Serait-il vrai que le rameau uretro-bulbaire traverserait seulement le tissu spongieux pour se terminer a la muqueuse de I'uretre ? Cette opinion me pa- rait le resultat d'idees preconcues, plutot que de I'observation directe des fails. Les fllets qui penetrent dans le hiilbe dc I'uretre sont extremcmentgrelcs, et le bulbe fait une saillie considerable , tout a fait distinctc du canal mu- queux. J'ai toujours vu ces filets se perdre dans linterieur du bulbe bien avant d'atteindre la muqueuse. J'en dirai autant des fllets du nerf uretro-pe- nien ; j'en ai pu suivre quelques-uns, dans un assez long trajet, dans \"mi6- rieur du tissu spongieux, sans jamais parvenir a conduire aucun filet jusqu'a la muqueuse. Sans nier absolument que quelque portion de ces nerfs soit destinee a la muqueuse, je me crois autorise au moins a afiirmer qu'ils se lerminent en tres-grande partie dans le tissu erectile lui-meme. Le plexus caverneux, que Valentin, MuUer et Kobelt encore regardent pres- que comme I'unique origine des nerfs des tissus ^rectiles de la verge, n'en fournit done qu'une tr6s-faible partie. tandis que les rameaux coronaires des nerfs dorsaux, les plexus laleraux et les nerfs inferieurs dc la verge consti- tuent une source abondante d'innervation pour ce tissu, que I'anatomie com- paree et I'examen microscopique nous monlrentmusculaire on an moins con- tractile. Etc'est la, cc mc semble, un argument puissant en faveur de ceux 167 qui font jouer au tissu caverneux un r61e actif dans le phenomene de I'e- rection. Les recherches dont je viens de consigner les resultats ont ete entreprises a Toccasion d'un concours. Les fails nouveaux qae je signale, je les ai ex- posfe publiquement et d^montres par des pr(^^parations anatomiques deposees au mus^e de laFaculte, dans le courant d'avril 1853. J'insiste sur cette date, une publication r^cente, dans laquelle se trouve une indication incomplete des nerfs ur^tro-p^niens , etant de six mois posterieure aux premieres de- monstrations que j'ai donn^es de ces nerfs. II. — Physiologie. 1° SliR UiN POINT DE PRIORITE DANS LA QUESTION DU TOURNOIEMENT ; par M. Brown-Seqlard. Un physiologiste distingue, M. Moritz Schilf, a adresse a la Societe de bio- logie une rt^clamation de priority a propos de quelques fails que j'ai publics en 1851 : il s'agit d'une esp^ce de tournoiement que je croyais etre le premier a d^crire, et que M. Scliiff avail deja observee en 1845. Je vais dire en quoi ce que j'ai vu concorde avec ce qu'il a vu et en quoi nos observations diflfe- rent. Nous avons tons deux observe qu'apres une certaine lesion de I'ence- phale, les animaux tournenl, non par un mouvement de manege ni par un roulement, mais en se porlant de cote, tout en maintenant Yaxe longitudinal de leur corps dans un des rayons du cerck de tournoiement. II est certain que M. SchilT avail d^crit cetle esp^ce de tournoiement avant moi; mais je dois dire qu'il y a des differences tranch^es entre ce qu'il a vu et ce que j'ai ob- serve comme cause de ce tournoiement, et que de plus quelques circonstan- ces interessantes que j'ai observees paraissent lui avoir echappe. 1° M. Schiff avail ouverl la cavite cranienne, et je ne lai point ouverte. 2° II a coupe une portion de I'encephale, et je n'ai fait que piquer a I'aide d'une epingle ; de sorte cpie la lesion s'est prescpie bornee a recartement des elements d'une partie de cet organe. 3" II a coupe une portion d'un des pedoncules cerebraux en meme temps qu'une petite partie de la protuberance ; je n'ai pas louche aux pedoncules. 4° C'est le bord externe de la protubrrance qui a ete lese dans ses expe- riences : c'est pros de la ligne mediane que j'ai pique cet organe. 5° J'avais aussi pique les tubercules nates et testes d'uncCie, et M.SchifT ne parait pas avoir lose ces parlies. Mon experience ne ressemble done a la sienne que par le resultat obtenu ; ici encore cependant il y a entre nous de grandes differences. Je n'ai pas vu de diminution dans les mouvemenls volontaires d'aucun des quatre membres ; 168 M. Schiff, au conlraire, dit avoir vu le meniljre posterieur du cote oppose au c6t6 16s6 plus ou moins paralyse. J'avais observe ce fait curieux qu'apres I'enfoncement de I'epingle a travers les tubercules, Taniinal tournait par le inouvement de mant'ge ordinaire, mais qu'il y avait changement dans I'esp^ce de tournoiement lorsqu'en continuant de pousser I'epingle, je I'enfoucais a travers une partie de la protuberance. Ainsi la piqilre de la protuberance n'est pas seulement capable de produire I'espfece nouvelle de tournoiement decouverte par M. Scliiff, mais elle pent aussi changer en cette nouvelle esp6ce le mouvement ordinaire de man(5ge. M. SchifF n'a rien vu de semblable a ceci ; de plus , il croit que I'existence dune paralysie dun ou de deux membres est en partie la cause du tournoie- ment. Quand, au lieu d'employer des sections, il aura fait usage des piqiires pour produire le tournoiement , il saura que la paralysie n'est nullement ne- cessaire pour c[ue le tournoiement ait lieu. Dans mes experiences, j'aivu un fait singulier qui n'a pas ete, queje sache, observe par M. ScliilT : c'est que, du cote oil j'avais les:' les tubercules et la protuberance, I'oeil semblait avoir la liberte de ses mouvements, tandis que de I'autre c6t6 I'oeil 6tait convulse. C'est la une action croisee fort bizarre. Les recherches de M. Schiff sont exposees dans une brochure intitul^e : Devi motoria baseos enxeph.\li, in-8°, 1815; les miennes sont rapportees dans le t. Ill des Co.mptes rendus de la Societe, p. 79, 1851, et dans mon livre, Experimental researches applied to physiology and pathology, p. 2'i. ln-8». New-York, 1853. III. — Pathologie. CAS DE M(')LE HYDATIFORME , EXPULSE A PLliSIElTRS REPRISES PENDANT LES DERNIERS TEMPS DE LA VIE; par M. DePAUL. M. Depaul met sous les yeux de la Society des ph^ces qu'il doit a I'obligeance de M. le docteur Pajot, et dont 1' observation presente un cas de m6\e hydati- forme expuls6 a plusieurs reprises, dans les derniers temps de la vie, par une jeune femme d'une vingtaine d'annees , enceinte , pour la seconde fois , de trois mois et demi environ, et chez laquelle le ventre s'etait developp6 coinme dans une grossesse de neuf mois, avec ced6me des extremitcis inf(§rieures, douleurs abdomiuales, dyspnee, emaciation et agitation continuelle.Le ventre donnait une fluctuation nette. On pensa d'abord a I'existence d'mi kyste de I'ovaire; mais le col, modilie comme il Test a huit mois chez une multipare, indiqua bientOt que la collection de liquide titait dans I'utt^rus. Les accidents (le dyspnee augmentant, on lit pen6trcr une sonde de gomme ^lastique dans la nialrice; il en est sorti du sang veineux pur en assez grande quautile. L'ergot de seigle (2 grammes en six paquets) provoqua I'cxpulsion , a pin- 169 sieurs reprises, de plus de trois bocaux semblables de masses hydatiformes. La malade ayant succorabe, I'autopsie n'a pu etre faite. IV. — Teratologie. CAS d'epispadias et d'extropiiie de la vessie, observe par M. le docteur H. Jacquart. La loi de dualite ou de symefrie si difficile a verifier pour certains organes, a cause de la promptitude avec laquelle les deux moities viennent se souder sur la ligne m^diane, se r6v61e a nous avec Evidence dans certains vices de conformation ; on pent citer entre autrcs ccux de la vessie et de I'ur^tre. Nous en rapportons ici un double excmple, observed en 1 840 a I'hfipital Beau- jon pendant le cours de notre internal dans cet bOpital, chez le meme indivi- du, affects a la fois d'extrophie v^sicale et d'epispadias. Au n" 263 de la salle Saint-Edmond entre, pour so reposer quelques jours, unnomme Alexandre Michel, age de 24 ans, mecanicien, ne a Argentan (Orne). Ses cheveux sont blonds, les polls du pubis roux, sa peau est blanche et fine, sataille au-dessus de la moyenne. 11 est d'un temperament l(?g&rement lym- phalique ; son systfeme musculaire est mediocrement d^velopp(5. Sa sante est trfes-bonne ; il ^prouve cependant de temps en temps des coliques qui s'ex- pliquent par la presence des deux tumenrs qu"il porte aux aines. L'ombilic a sa position normale. La partie infih'ieure de la ligne blanche, a quatre travers dc doigt au-dessus du pubis, s'elargit enun triangle dont le sommet est tourn^ en haut etlabase en l)as. Les os pubiens nc se sont pas reunis sur la ligne m(5diane. La sym- physe n'existe pas. Inmiediatement au-dessus du niveau qu'elle devrait occuper, la paroi abdominale aiiterieure manque, dans I'^tendue de 4 cen- timetres, pour former une ouverture arrondie qui se trouve remplie par une membrane de nature muqueuse, mamelonnee, fongueuse, comme frambois^e, et d'un rouge tellement "vif cpi'on croirait qu'elle va laisser exsuder du sang. Son aspect n'est pas constamment le m6me, car les mamelons et les plis qu'elle pr^sente a sa surface changent dc temps en temps, comme par un mouvement vermiculaire produit par la contraction d'une couche musculeuse sous-jacente. Autour de cette timique mufpieuse, a son union avec la peau des parois ab- dominales, se trouvent des cicatrices rayonn(5es d'un blanc lileuatre et de la nature des tissus inodulaires. Cette membrane n'est autre que celle dela sur- face interne dc la vessie dont les deux moities latdrales, s(5par(5es en avant et seulement r^unies en arrierc, forment une demi-bourse concave en arri^re, repoussee qu'elle est par les intestins, et dont la circonference adhere al'ou- verturo de la parol abdominal?. 170 Ainsi la vessie, au lieu d'etre une cavit6 complete, est restee a I'etat de poche retoirnee, ct vient boiicher la solution de continuite de la ligne lilandio. Le volume de la tumeur mamelonnee qu'elle forme augmente quand le su- jet fait des efforts. Des bourses aux regions inguinales s'etendent deux tumeurs. A la partie inferieure de cliacune d'elles, on constate la presence des testicules sensibles a la pression ; au-dessus se trouvent des anses intestinales, et on reconnait que la communication avec I'abdomen est tr6s-large des deux c6t6s. 11 y a, comme nous I'avons dit prec(5denmient, absence de symphyse pu- bienne. La peau des bourses, de la verge et de la partie superieure des cuisses est rouge et excori^e par I'ecouleraent presque incessant de I'urine. U s'exhale de toute sa personne une forte odeur ammoniacale. La verge , dans I'etat de flaccidit6 lorsqu'on I'examine sans la deplacer, est ramass6e sur elle-meme, et n'a pas plus de 3 a 4 centim. de longueur. Le gland parait bilobe. Quand on abaisse la verge vers les bourses on I'allonge, et on reconnait que la paroi superieure du canal de I'uretre manque completement, ou que les deux moili6s droite et gauche ferment en bas oil elles se sent reunies une goutti^re m^diane et ne se sent pas soud6es superieurement. C'est un cas d'epispadias, vice de conformation de I'uretre sur lequel M.Brescheta un des premiers appel6 I'attention, bcaucoup moins frequent que Tabsence de la paroi inferieure en totalite ou en partie qui constitue I'hypo- spadias. Nous ne voyons au-dessus de la gouttiere uretrale, entre elle et la muqueuse vesicate, aucune ouverture appreciable qu'on puisse rapporter a une portion de I'uretre. Si on examine avec soin les diCFerents mamelons de la muqueuse vesicale, on reconnait les deux orifices des ur^lres et on voit I'urine sourdre par ces ouvertures d'une maniere intermitiente. Ayant un jour a la visite brusquement d^couvert le jeune homme qui fait le sujet de cette observation, nous surprlmes les organes g^nitaux dans I'etat d'er^thisme, et sa verge avail alors un deiveloppement notable. Ainsi, surle meme sujet, existent trois vices de conformation ou arrets de developpement qui conlirment la loi d'homoeozygie si bien exposee parM. le professeur Serres : 1° Division de la paroi abdominale a la partie inferieure de la ligne blanche; 2o Absence de reunion ant^rieure des deux moiti^s de la vessie, dont la circonft^rence est sendee a I'ouverture de I'abdomen ; 3° Epispadias ou division de la paroi superieure de I'uretre. 171 V. — TOXICOLOGIE. RESUME DES EXPERIENCES suR l'azotate d'uranium ; par M. Leconte. L'azotate d'uramum en dissolution est un poison assez energicpie; a la dose de 1 gramme et meme de 0,50, il suffit pour tuer des animaux de petite taille. Introdttit dans I'estomac d'un chien de forte taille, il a encore determine la mort, malgre les vomissements survenus deux heures aprfes I'ingestion. Dans les deux ou trois premiers jours qui suivent I'ingestion de la substance toxique, on trouve du sucre en ahondance dans I'urine, quand il est possible de s'en procurer ; la defecation et la s6cr6tion urinaire sont suspendues des le second ou le troisi^me jour, sous I'influence de l'azotate d'uranium. Toujours, ainsi qu'il r^sulte des experiences entreprises par M. Leconte, l'azotate d'uranium produit la mort, vers le sixi^me jour au plus tard, par les doses employees. La premiere action que semble produire l'azotate d'uranium, aprfes son in- troduction dans I'estomac, c'est la suspension de la chymiflcation, puis une ir- ritation sur I'estomac lui-meme. De la des vomissements chez les animaux ou la regurgitation est possible; dans lecas contraire, ce phenomene ne se manifeste pas. Le mucus qui recouvrc la face interne de I'estomac semble retenir une par- tie du poison, puisque, malgr^ I'introduction de grandes quantites dean, et des vomissements r^it^res. Taction toxique n'en persiste pas moins. Ce mucus gastrique pr^sente des propriet^s bien digues d'etre etudi^es. En effet, ainsi que I'a fait voir M. CI. Bernard, ce mucus est impermeable a cer- tains poisons organiques, notamment au curare, qui peut sojourner dans I'es- tomac, sans produire de phenomenes toxiques, tandis qu'introduit dans la cir- culation, il produit la mort a de tres-faibles doses. L'azotate d'uranium, le bichlorure de mercure, I'arsenic, etc., penetrent facilement le mucus gastricpie, bien qu'ils coagulent toutes les substances al- buminoldes. Peu a peu, l'azotate d'uranium absorb^ par les veines gastriques est trans- ports dans la veine porte, et de la dans le foie, ou son rCle est difficile a ap- precier; car, d'apr^s les travaux de M. CI. Bernard, une portion de la veine porte se ramifle dans le foie, tandis qu'une autre va se jeter directement dans la veine cave inferieure. II en resulte qu'une partie du poison va circuler dans le foie, et que I'autre passe directement dans la circulation generate. La premiere, en reagissant sur les capillaires de la veine porte, les contracte sans doute, et peu a peu suspend la communication entre ce vaisseau et les veiues sushepatiques. U 172 Cette partie de I'hypoth^se de M. Leconte ne peut gu^re 6tre d^montrtJe di- rectement ; ce n'est que par analogic qu'il radmet. La partie de poison qui passe dans la veine cave inKrieure traverse le c6t6 droit du coeur, arrive dans les capillaires des art6res pulmonaires , parait les retractor peu a peu, en diminuer le diam^tre interieur, et enfln suspendre presque completement la communicatioa entre les art^res et les veines pul- monaires. De la raccumulation du sang dans les art^res pulmonaires, dans le ventri- cule droit, dans I'oreillette droite, dans les veines caves sup^rieure et in- ferieure, dans loutcs les veines ; le coeur, les art^res, redoublent en quelque sorte d'efforts pour vaincre I'obstacle ; la pression va sans cesse en augmcn- tant dans I'interieur des veines. Si ces vaisseaux peuvent resister, mais que leurs parois soient tr6s-minccs, ils laisseront fdtrer une partie du s6rum et de la fibrine du sang, tout en retenant les globules ; de la les epanchemenfs Irouves chez un animal en experience. Si un des points du systeme circulatoire vient, par une cause quclconque, a ne pouvoir supporter la pression developpee par les contractions sans cesse renaissantes du ventricule gauclie , second^ par les valvules sigmoides de I'aorte, ce point cedera; de la Mmon'hagie interne qui pourra tuer I'animal, ainsi que cela est amve. Quand I'animal est robuste, que les tuniques des vaisseaux de la circulation peuvent ri^sistcr a la pression consid(5rable qu'elles ont a supporter de dedans en dehors, I'animal meurt par asphyxie. La stase du sang dans les capillaires des artferes pulmonaires s'oppose a I'accomplissement des phenomiines les plus importants de la respiration; le sang veineux, ne pouvant arriver au contact de I'air dans les poumons, n'exliale plus son acide carbonique ; les veines pulmonaires et I'aorte, no recevant plus que des quantites desang in- signifiantes, ne transported aux extr6mites que des quantites d'oxyg^ne in- suffisantes a I'accomplissement de la respiration. On ne pourrait objecter que, dans ces experiences, la mort a 6ti le fait de rinauilion. Car, d'apr6s les experiences de Chossat et de M. Magendie, et les fails nom- lireux consign^s par M. Bouchardat (1) dans sa tli^se, les cbiens ne p(5rissent qu'apr^s vingt-deux on vingt-quatre jours d'inanition ; les lapins meurent apr^s dix a douze jours, suivant Icur age et leur embonpoint. 11 reste a expliqucr I'apparition du sucre dans I'urine et sa disparition dans le foie. I)'apr6s les Iravaux nombreux de M. CI. Bernard sur le suci'c du foie, on 1 1) Bouchardat, De l'alimentation insuffisante. Paris, Germer-Bailli6re. 1852. 173 sail qu'il cxiste, dans I'etat normal, un rapport constant cntrela production du Sucre dans I'organe g^n^rateur et sa destruction dans les poumoris ; des quo r^quilibre est rompu, il y a etat pathologique, et le sucre pent appaniitre dans des liquides oil on ne le rencontre pas normalement. D'apr^s les experiences en question, la respiration est profondenient al- t6r6e pendant Taction de I'azotate d'uranium ; si la production du sucre reste la m6me pendant quelque temps, il doit ^videmment passer du sucre dans le sang, et par suite dans rurinc ; c'est ce qui est arrive dans les oxp^^riences 2 et 4 ; et comme la respiration est cliimiquement pen active, il pent encore exister du sucre dans le sang, bien que depuis quelque temps le foio n'en forme plus. C'est ce qui a eu lieu dans toutes ces experiences. Ouant a la disparition de la defecation, elle est due probablemenl a la pa- ralysie des fibres musculaires de I'estomac et de I'intestin; car, chez les la- pins, le gros intestin renfermait une assez grande quantity de matieres fecales qui n'ont pas ete expulsees. La disparition de la secretion urinaire est due sans doute au peu de sang qui traverse les reins, puisque le sang veineux s'y accumule; peut-etre aussi est-ce le resultat de Taction directe de I'azotate d'uranium sur ces or- ganes. FIN DES COMPTES RENDUS DBS SEANCES. MEMOffiE ^i"^ LUS A LA SOClfiTfi BE BTOLOGIE PENDANT L'ANNEE 18S3. I NOTE SUM UN CAS D'HYPERTROPHIE DE LA RATE ET U'AIiTJCRATlOlV Dl^< SAIVG , CON8I8TANT EN UNE AUGMENTATION UE8 GLOBULES BLANCS ; Lue le l«r mai 1853 a la Sociele, Pak i\l. LE DocTEiR LEUDET Eu 18^5, un journ.il allemand nous faisait counailre une nouvelle altera- tion du sang consislanl daus une augmentation considerable de la quantity des globules blancs. Dans ce travail, public par le docteur Virchow (Fro- RiEP's NOTiz., 18i5, n" 780), I'auteur 6tablissail d^ji avec exactitude la nature de ralt^ration du sang, puis sa relation avec les gonflements cliro- niques de la rate. Les ann6es suivantes deux nouveaux m^moiresdu nieme auteur (Medic, vereinszeit, I8Z16, n°' 3Zi et 36, 18Zi7, n<" Set U) firenl connaitre d'autres fails semblables qui provoqu^rent d'abord quelques disseuliments relalivemenl k la nature raeme des globules trouv(5s dans le sang, mais finirent par en trainer la m^me conviction chez la plupart des m^decins qui s'occuperenl du ni6me sujel: tels sont H. Meckel (Zeit- SCHRIFT FUR PSYCHIAT., 18/l7) et J. VOgel (C.ANSTATT JAHRESBERICHT FUR 1846). Nous devons encore a M. Vircliou une publication sur ce sujet (Archiv, FUR PATH. AMAT., M. i, bft. 3, S. 567). I h Peu de temps apr^s la publicalion dii premier m^moire de Virchow, en d^cembre 1845, M. Fuller conslatait, a Phopital Saint-George de Londres, la coiDcidence de Thypertrophie de la rate avec une alteration sp^ciaie du sang dans lequel existaienl un grand nombre de corpuscules blaucs, qu'il decrit sans les assimiler aux globules blancs du sang (Lond. med. gaz., septenibre 1846, analyst in Arch. gen. de m^d., s6r. iv, t. XIII, p. 2il). Les fails de ce genre furenl observes simultan6ment par plusieurs auteurs en Angleterre, i Londres par MM. Parkes, Walslie, a fedimbourg par MM. Bennet, Christison. J'ajouterai oi cette Libliographie un nouveau fait public 4 la fin de I'ann^e 1851 par le professeur J. Vogel, de Giessen (Arch. FUR PATH. ANAT., Bd. 1, hft. 3, s. 567). J'ai vainemenl cherch6 dans les ouvrages de nos corapatriotes une men- tion quelconque de la maladie singuli^re qui nous occupe ici; sans aucun doule on ne peut compter parmi les fails certains que ceux oii ie sang a &1& soumis ci un examen microscopique ; cependanl si I'on admet, comme nous chercherons ^ le prouver ailleurs et comme M. II. Bennel le montrait d^j^ dans une communication qu'il a faite Tan dernier, que ces lesions anato- iniques se traduisenl pendant la vie par un cortege de symptomes tranches, nous pourrons peut-6tre assimiler A ces cas plusieurs fails qui avant Tapplication de la microscopic 4 1'anatomie morbide 6taient demeur^s sans explication. Ainsi, en 1836, dans un m6moire sur I'engorgement el I'hy- pertrophie de la rate (Arch. gen. de med., s6r. hi, t. I, p. 329), on parle d'un homme de 32 ans atleint d'accidenls de suffocation avec cra- chemenlde sang, amaigri el lomb6 dans un affaiblisseraenl marque qui, sans jamais avoir 616 atleint de fi^vres intermittenles, pr^sentaitune tume- faction considerable de la rale. A I'autopsie, on trouva un grand nombre de parties jaunalres dans le sang. Ce n'est qu'avec beaucoup d'hesitation que j'ai iudiquece fait; je dois ajouler immedialemenl que la maladie qui fait Tobjet de ce travail avail 616 observ6e en 18ZiO d6ji par M. Barlb a TllOlel-Dieu (communication orale). C'6tait une femme adulle, malade depuis six mois environ, cbez laquelle existail une surdity des plus marqu6es qui emp6cha de recueillir des ren- seignemenls exacts sur ses anl6c6dents. Cetle femme portail dans Tabdo- men une tumeur apparlenanl 4 la rale et descendant jusqu'au niveau de la cr6te iliaque gauche ; le foie 6tait 6galemenl d6velopp6, la morl survinl •h, la suite d'accidenls d'entdrite. A I'autopsie, on trouva la rate tr6s- volumineuse, ferme et dure ; le sang, d'une couleur chocolal, fut soumis 4 I'examen microscopique par M. Donn6qui en communiqua le r6sultal 4 5 M. Barlli. On y avait constat^ la presence d'un grand nombre de globules blancs grenus qui sp trouvent i lY.lat normal dans le sang. Malheureusement ce fail ne ful pas public et Thonneur revienlaux ana- tomo-palbologisles alleniands li'avoir attird I'aUenlion des m^decins sur ce sujel. M. Bennet (d'fedimbourg) vous a enlretenusran dernier des symptomes principaux de celle all^ralion du sang qu'il nomme leucocyth6mie (Bull. Soc. BiOLOGiE, 1851) ; je ne ferai que rappeler en quelques mols ses prin- cipales conclusions d^velopp^es depuis dans le Jodrnal d'£dimbourg. L'hypertrophie de la rale lui a paru un fait presque constant; cependant elle coincide souvenl avec un d^veloppement anormal du foie, en mSnie temps aussi qu'un developpementmorbide des ganglions lymphatiques En 1847, Virchow, qui avait d^j4 reconnu la liaison de ces diverges alterations, publiait un fail remarquable oii I'hyperlrophie portait uniquemenl sur les ganglions lymphatiques. Depuis ces recherches de Vircbow, Vogel el Bennet, les fails nouveaux n'ont fait que corroborer leurs opinions; toujours la leukaemie ou leucocy- th^'mie se rencontrait sur un sujel offrant simultan^ment ou isol6mentun d^veloppement morbide des glandes suivantes : rate, foie, ganglions lym- phaliques. Parmi les ant6c6dents, on a toujours nol6 I'absence de fi^vres inlermil- tenles. Les sympiomes se diviseut en Irois groupes : ceux du d^but, ceux de la p^riode d'augmenlation , ceux de la maladie conlirm^e. Les premiers sont locaux, le d^veloppement de Torgane glandulaire se fail isoldment, sans troubles sympalhiques dans les autres organes, puis surviennent des ph^nomfenes de cachexie, caract6ris6e par un affaiblissemenl g6n6ral des forces, des accidents de cblorose, bruits de soullle vasculaires hemorrha- gies par les membranes muqueuses, dyspn^e plus ou moins grande, et en- tin la lerminaison falale survient ordinairement par I'intestin. Vouloir retrouver dans chaque cas s6par6menl Tensemble de ces sym- pt6mes morbides serait commeltre un non-sens medical; mais on suit tou- jours les divers ordres de symptomes que nous avons signal6s. Peut-on, dans ce cas, arriver avanl la raorl au diagnostic ? Nous pouvons raffirmer. Vogel {loc. cit.) reconnul pendant la vie la nature de la maladie ; on lira de la veine une petite quantity de sang donl I'examen chimique et microscopique confirma le diagnostic formula sur Pexamen des symptdmes. Dans le cas que nous avons observe, nous 6tions arrives de la mfime ma- 6 ni^re 4 ^meltre I'opinion d'une leucocylh6mie probable ; mallieureusemenJ rextraction du sang ajourn^e plusieurs jours ne fut plus possible ensuile. C'est ce fait que nous communiquons ici ; il nous manque Texamea du sang pendant la vie, puis aussi I'etude chimique de ce liquide apr^s la mort. Obs. — Martin (Catlierine), ag6e de 30 ans, liogere, d'une taille peu 6lev6e, muscles peu developp6s, yeux bruns, cheveux bruns, face pale, maigre, entre le27 fevrier 1852 i I'hopilal de la Charile, salle Saint-Basile, n* 5 (service de M. Rayer). Martin rapporle avoir joui constamnient jusqu'a Page de 22 ans d'une bonne santd; il y a quatre ans elle fut atleinte d'une eruption varioli- forme qui a laiss6 peu de traces ; dans son enfance, elle avail ele vaccinee et en porte aux deux bras des traces raanifesles. Reglee a I'age de 15 ans sans aucun malaise prealable ou concomitant, Martin a toujours vu ses epoques menstruelles revenir k des epoques r6gulieres; I'ecoulement sanguin est peu abondant et ne dure en general que deux jours. II y a deux ans et derai, Martin est accouchee k terme; elle etait primipare. Depuis dix ans Martin habile Paris; cependanl dans eel intervalle elle est allee pendant trois ans dans son pays k Issourii. Les logemenls qu'elle babi- tait a Paris 6taienl toujours salubres; a la campagne oil elle a vecu deux ans (departement de la Coie-d'OrJ, il n'existe que plusieurs petils ruisseaux d'eau courante et deux etangs, jamais a sec et situes a une assez grande distance. Frequemment elle a ele en bulte aux niauvais traitements de son niari; mais elle ne peul dire si les coups ont porte sur I'abdomen, du moins ils n'ont ja- mais occasionne dans cette region ui e douleur qui, par sa continuile ou son intensity, ait tixe I'aitenlion. Sa mere est morte a 55 ans, d'une maladledont elle ne pent definir la nature et qui a dure cinq a six mois ; elle a eu six freres et deux soeurs, dont I'une a succombe a U ans, I'autre k 22 a la suite de couche. Dans sa familie personne, suivant elle, n'aurait eu de iievres iDiermittentes ou d'engorgemf nt des visceres abdominaux ou meme d'eedeme des membres inf6- rieurs. Jamais Martin n'a 6t6 atteinie de fievres intcrmittentes ; jamais elle n'a eu d'hemoptysie, d'ecoulement de sang par les selles ; rarement elle a des epislaxis; sesgencives sonlfermes, non congesiionnees, non saignantes ; ses dents blan- ches, nombreuses et soiidemenl lixees dans les alveoles. Le debut de la maladie remonte a la derniere periode de sa grossesse, c'esl- Jii;Aa J^ 1, 1, suiface libre de la pituitaire. — 2, 2, surface adh6rente de cette mem- brane. — 3, 3, 3, 3, quatre glandes plus tongues et plus composees. — A, hi glandes de dimensions moyennes. — 5, glandede la plus petite dimension. 32 I.e nombre des lobules qui enlrent dans la composition dechacune de ces grappes est tr^s-variable ; sous ce rapport, on peut les diviser en grandes, nioyenneset pelites. Les phis longnes olTientde Irente t. quaranle lobules, les moyennes en pr^sentent quinze i viogl, et les plus peliles une dizaine environ. Tanlot les conduits qui parlent de ces diff^renls lobules viennent s'ouvrir directemenl dans le conduit principal; tanl6t ils s'abouchent les nns dans les autres, et donnent naissance i un troncule qui se jelte dans le tronc commun. C'eslordinairemeut vers Torigineou exir^mit6 profonde de la glande qu'on observe ces goupes de lobules; i mesure qu'on se rap- proche de son extr^mil6 lerminale, ils deviennent de plus en plusrares; aulour de la derni^re moili^ du conduit central, il n'exisle plus en g^n^ral que des lobules Isolds qui lui sonl couligus. Decelte disposition, il r6sulte que les grappes les plus longues et les plus compos6es sont plus larges A leur exlr^mild profonde, tandis que les petites grappes et les grappes de (liuiensious moyennes olTrent une largeur h. peu pr^s uniforme dans toute leur 6tendue. Chacun des lobules qui concourent i former ces grappes se compose d'un nombre variables de granulations ou acinis; sur quelques points, etplus parliculi^rementau voisinagede Tembouchure des conduits excr^teurs, les acinis reposent imm^dialemenl sur ces conduits. Lesgiandes de la pituitairese dirigent perpeodiculairement vers sa sur- face libre. Les plus 6tendues mesurent environ les deux tiers de I'^paisseur de celte membrane ; les autres n'en mesurent que le tiers, le quart ou le cioquifeme seulement. Les orifices par lesquels elles s'ouvrenl sur la mu- queuse olfactive sont tr6s-apparents sur certains points, particulierement a la partie anldrieure de la parol externe des fosses nasales. Tous ces orifices sonl arrondis el non ovalaires ou en forme de fenle, ainsi que Tavait pens6 M. Huschke. Les plus grands ne d^passent pas le diametre d'un grain de millet. Entre ceux-ci, on en trouve de plus petils, mais qu'on peut cepen- danl dislingueri Toeil nu,et d'autres qui oe deviennent visibles qu'ci I'aide d'une loupe. lis sonl assez rapproches pour donner h la pituitaire I'aspect d'un crible d perluis in^gaux el irr6guli6rement r^partis. Les dimensions que Ruysch et Lecat assignent k ces pertuis, dans les figures qu'ils leur ont consacr^es, sont, d'une part, beaucoup exag6r6es, et de I'autre beaucoup Irop uniformes. Le nombre des glandes de la pituilaire est tr^s-considdrable. Sur certains points, on en compte jusqu'i cent, cent vingl et meme cent cinquante, sur un centimetre carr6; sur d'autres, ce nombre se r^duit k quatrc-vingts, a soixante, k cinquante, el descend quelquefoisjusqu'ti Irenle ou quaranle. 33 Ces glaodes sonl plus aboiidamment r^pandues dans la moili^ ioKrieure des fosses nasales que sur la moili6 sup6iieure; ellcs sont exlrememenl mullipli^es sur la parol exlerne de ces caviles, au devani des cornels moyen el inftrieur. Elles formeot aussi une couche continue el lr^s-serr6e sur le Lord iibre de ces cornels. On peut dire d'une mani^re gen^raie que Icur uombre est proporlioonel a T^paisseur de la piluilaire ; partout ou celle membrane pr^senle une grande (^paisseur, ies glandes qu'elle renferme se monlrent a la fois lres-d6velopp6es el tr^s-nombreuses. Sur Ies poinls 06 die devienl plus mince, ces glandes diminuenl de quanlil^, el dans Ies re- gions ou elle acquierl une extreme minceur, comme dans Ies cetlules de I'elhmoule et Ies diflerenls sinus, on n'en Irouve plus aucun veslige. C'est vainemenlque j'ai cherch6 Ies glandes de la muqueuse nasale dans Ies si- ijus fronlaux, dans Ies sinus sph^uoidaux, etc. Je dois dire cependant que t'on rencontre ordinaireuient quelques glandules dans lYpaisseur de la muqueuse qui r^pond a la ba^e du sinus maxillaire, region sur laquelle on (ibserve aussi tres-fr6quemmenl de pelils kysles muqueux du volume d'une lenlille, d'un pois ou d'une noisette, et m6me assez considerables parfois pour remplir la lolalit^ du sinus. Les ai l^res qui se perdenl dans I'^paisseur de la muqueuse olfactive sont surloul destinies i ses glandes, dont le volume el le nombre expliqnenl bien I'exlr^me vascularity de la piluilaire. Sous ce rapport, la membrane qui tapisse les parois des fosses nasales et celle qui revet la cavil6 uterine m^rilent d'etre rapprocWes I'une del'aulre : loules deux sont cssenlielle- menl glanduleuses el essenliellemenl vasculaires. A celle analogie de struc- ture se rallache une analogie non moins remarquable dans les maladies qu'elles nous offrent : toules deux, en effel, sont la source d'li^morragies, lune d'une h6morrhag;e p^riodiqueet mensuelle, I'autre d'une hemorrha- gic accidenlelle, quelquefois aussi perjodique, mais se reproduisant le plus souvent a des intervalles in^gaux el plus ou moins eioign^s. Toules deux sonl le point de depart de polypes et de tumeurs fibreuses, dont elles con- stituent le si^ge le plus habituel ; loules deux sonl frequemmeni alTeciees de deg^nerescence canc^reuse, el on connait la funesle pr6dileclion du cancer pour les organes glanduleux. Celle analogie de structure et de ma- ladie enlre la piluilaire et la muqueuse uterine m6rilail d'aulant plus d'etre siiinaiee qu'nne ligne de demarcation assez Iranchee s'6ieve,sous ce double rapporl, entre les diverses dependances du sysleme muqueux : ainsi la muqueuse linguale est bien differenle de celle du pharynx el de roeso- phagp ; la muqueuse de I'cesophage diffcre beaucoup de celle de I'esloraac ; TOME V. 3 34 la muqueiise de I'estomac ne difTere pas moins de celle de I'inleslin grfile ; celle derni^re se distingue a son lour de la muqueuse du grosinlestin,etc. Ed opposition avec toules ces dilKrenres, il nVlaitdonc pas sans inl^r^t de Doeltre en regard les caracl^res qui rapprocbenl la muqueuse nasale de la muqueuse ul^rine, el de montier que ces membranes, Lien que sllu^es pour ainsi dire aux deux poles du syst6me nuiqueux,sonl siirloul redevables des Hens anatomiques el palhologiques qui ies uuissent A la predominance de leur 416ment glanduleux. COUP D\E1L RAPIDE trDR li'ETAT ACTlTELi DE I^A ^llEf^TlOIV RELATlYil A [.A Hiuiiine LI tim, I'AR IE DOCTEIJR C. M(tNTAG!SE. Dans cet apert^u g^n^ral sur la cause et les progrfes de la funeste maladie qui , depuis plusieurs ann6es, ravage les vignes de I'Europe , mou dessein est d'exposer sommairement et avec m^thode les princi- paux faits 6pars dans i'immense quantity de brochures, de rapports et de documents divers qui se produisent journellement de toutes parts sur un sujet si important. Cette question int^resse k un si haut degr6 I'une des branches les plus productives de notre ^conomie ru- rale , que j'ai pens6 qu'il pourrait ne pas etre sans opportunity et sur- tout sans utility de jeter un coup d'ceil r^trospectif sur son pass6, de ia suivre dans les diverses phases par lesquelles elle a pass6 jusqu'ici , et enfin d'indiquer le point oii elle est arrivee. Je ne me dissimule ni la difficult^ de la tache que je m'impose , ni la faiblesse de mes moyens pour I'accoraplir; mais j'esp6re y suppleer par mon ardent d<5sir d'^tra utile. 36 HISTORIQDE. Tous les auteurs, et le nombre en est considerable, qui ont eu h trailer de la maladie des raisins, ont recherch6 avec raison s'il n'en avait pas d^ji 6t6 fait mention k des ^poques plus ou moins recul6es. Plusieurs meme ont remont^ jusqu'i Th^ophraste , qui a ecrit le plus ancien livre sur la botanique. lis ont trouve dans cet auteur grec, qui vivait trois siecles avant I'^re chr^tienne , deux passages ou ils ont cru reconnaitre que dans ces temps si 61oign6s de nous , les vignes avaient d^jk 6prouv6 les atteintes du mal qui r^gne de nos jours avec tant de fureur. Void ces passages : « Tels sont les accidents et les maladies n auxquels sont sujets les arbres. Ceux des fruits , et en particulier du r> raisin, consistent dans le gresillement (appel6 en grec xpau6o;j, af- » fection assez semblable k la rouille. Cela a lieu dans les temps hu- » mides, lorsque, a la suite d'une ros^e abondante, le soleil darde avec » force ses rayons (sur les grappes) ; il produit le meme eflfet sur les > pampres (1). » 11 est facile de s'apercevoir que cette maladie des grappes , que les Grecs nommaient xpdjigo; et que Th^ophraste comparait k la rouille des c^rdales , ne saurait se rapporter h. roidium. Tout au plus y pourrait- on voir cestaches brunes des grains et des pampres qui en sont la con- sequence ; mais cela meme est trop incertain. (l) TaOxa (ilv ouv tuv SevSicov aCi-wv ejrt voTrJaaTa y.al -aOr). Ti 6k tojv xaprtbv, olov Ttbv piEv poTp'Jojv 6 xaAoJasvo? xpaaSo;. Touto ol Biioiovrp epu5(6:(i. rtvetai yap Brav uiwOtt,; UYpdnrj'to? [JiSTi ti; il/ExiiSai;, InxayTfl aooSpoTspov 6 f,)»io;. Chrsp (juu.6a£vei xat E'n"'. Tujv olvapiov. De cacsis plant., lib. v, cap. 13, p. 338, edente Heinsio, Lugd. Baiav. 1613. Voici comment Tli. Gaza traduit ce passage : « Arborum morbi et \itia haec sunt. Fruciuum autem, ul uvarum crambus vo- citatus, hoc animal est erugini simile ; nascitur cum tempore liumido residente humore sol acrior consecutus inusserit, quod etiam pnnipinis accidere constat. Lutet. 1529, in-12, p. 258. On volt, dans cette traduction, que Gnza donne au mot ipoTtSTi une interpretation qui n'cst pas la veritable, ainsi qu'on peut s'en as- surer dans les lexiques et dans le Thesacrcs lingl'.e gr.ec.€ de Henri Etienoe, qui lui doone sa vraie sistiiflcation. 11 parait que Gaza entend par la le charan- ?OD,insecte trop connu des agriculleurs , tandis que I'auteur grec compare le trambus h la rouille. 37 Le second passage (I) ilu pfere de la botanique est un peu plus expli- cite, sans 6tre beaucoup plus concluant. Le voici : «0n voit paraitre » sur les oliviers une autre maladie que Ton nomme Arachniov. » Celle-ci s'y d^veloppe et consume le fruit. Dans certains cas ( de » brusque transition', les ardeurs (du soleilj brulent les olives, les » raisins et les autres fruits. » Ce sent \k les propres termes de I'auteur cit6 , oii Ton peut se con- vaincre qu'il n'est pas le moins du monde question de la vigne malade, si ce n'estpour nous apprendre que le raisin, comme quelques autres fruits, est susceptible de recevoir une facheuse influence de Taction trop 6nergique des rayons du soleil. Mais Pline (2) le naturaliste, qui a reproduit ce passage, se charge de nous expliquer le mot arachnion , et d'en 6tendre Taction jusque sur les raisins, ce dont il n'est pas dit un mot dansTh^ophraste, ainsi que nous Tavons vu : « Est etiamnum olivis et viiibus (araneum vo- » cant) ciim veluti telse involvunt fructum etabsumunt. » C'est i ces seuls passages que se borne ce que nous ont laiss6 lesan- ciens sur la maladie des raisins. On voit qu"il faut aider un peu k la lettre pour y reconnaitre Taffection dont nous sommes temoins. On peut cependant admettre k la rigueur, sinon une identite parfaite de cet Arachnion avec notre muc^dinee, du moins une tres-grande analogie. Je ferai seulement remarquer que Theophraste et Pline n'insistent pas assez sur son action malfaisante pour nous donner k penser qu'i ces 6poques recul6es, son d^velopperaent ^tait aussi etendu , et cette ac- tion aussi meurtriere que de nos jours ; et comme plusieurs autres mudecin^es , le Trichotheciutn roseuui , \e Polyactis vulgaris, etc., naissent sur les raisins en voie de aecomposition, il reste encore fort douteux pour nous que ces auteurs aient connu ToTdium. Parmi les auteurs plus rapproch^s de nous , on a encore cit6 de Ra- mazzini (3) plusieurs pass-ages qui se rapportent plut6t a la presence ( 1 ) rivETai 6k xal iWo vdir.aa itepX Td; £>.a(a; d;a-/Cv'.ov xaXo-jaEvov. 'j£-at ydp toOto xi\ 6'.a'f Biiset to'v xacxo'v. ETixaliei xal xau'|iaTa Tiva xa\ ^^.aiav xai So-puv xaV 4)iXo'j; xapTou?. Theoph. Hist, i'Lam., lib. iv, cap. xvii, p. -198 ; L'\. Stap., in-l», Amsteloii. 16i4. (2) Plin., Hist. Natur., lib. xvii, cap. xiv, p. 393, 30. E.l. Dalecatnp., f', Au- rfl. Allobrog. 1606. '3) CoNSTiTi'TTONES EPiDFMic.t MCTiNENSE?, p. 115. Copstit. anni 1690. 3< des ur^dos ou du Cladofporium herbaruin. Voici le plus signirioatif : * Sicut enim anno huic praecedenti haec lues (rubigo) rubro colore » fruges infecerat, ita hoc anno, non creta sed carbone notando eas- » dem magna atredine resperserat » U est Evident qu'il ne s'agit point ici de notre o'idium , qui est blanc. Nous trouvons encore dans un botaniste moderne, qui a longtemps ^journe aux Etats-Unis d'Am^rique et en a d^crit les productions raycologiques (1), Tindication d'un 6rysiphe qu'll nomme necalor. Get ^rysiphe , qui envahit les raisins de quolqiies variet^s cultiv6es de la vigne Labrusque et les tue {ubi oinninu ecolula , ditil, hac fpecies destruit ucas) , pourrait bien etre le meme champignon que celui qui attaque aujourd'hui nos vignes ou un autre tres-voisin. l;n(! autre es- pfece, qu'il appelle Erysiphe Mors Uva , parce qu'elle attaque exclusi- vement les fruits des groseilliers k maquereau {/iibes Grossularia L.), constitue une affection grave qui fait perir ces fruits, quelquefois pen- dant plusieurs ann6es consdcutives. M. L.-D. de Schweinitz en parle en ces termes : « Species nostra... v. tarn vulgatissima in I'ensylvania » tam lethalem morbum his ( uvis Grossularise ) infert nt hortulani vix n valeant nisi tempore faustissimo hos fructus deliciosos educarc apud » nos. Antequam maturitatem nempe in illis nascens tomento aut >i hyphasmate sue ita eos circum circa investit atque constringit ut » enecantur nee possunt comedi. Quibusdam equidem pluribus annis » vix singulam invenies illa?sam ab hoc hoste." Je transcris volontiers tout ce passage, parce qu'il me semble propre a expliquer certains faits qui se passent aujourd'hui sous nos yeux. Je ne m'6tendrai pas longuement sur I'histoire de Papparition de Toidium de la vigne , ou , si Ton veut, de sa reapparition parmi nous. II n'est personne qui ne sache qu'il a ^te observe pour la premiere fois dans les serres de Margate, en Angleterre, et dans les vignes cultiv6es en plein air, selon quelques-uns par M. Tucker, jardinier, dont cette d6couveite a rendu le nom si tristement c^lebre, et qu'il a 6te nomme et d^crit alors par mon ami le r6v6rend M. J. Berkeley, dans le n° Zi8 du Gardner's chronicle (17 novembre 1847). Comment s'y est-il pro- drit? C'est ce qu'il est difficile de dire. II est bien plwsais6 d'expliquer comment il en est sorti pour se rt^pandre au loin et infcster, dans son (I) Synopsis of North American Flnci, in Acta of the Aberic. pnii.osopnie. SociCTT. Philaifplphia, 18:)1, p. 270, in-4". 39 incessante propagation, toutes Jes vignes de I'Europe. II sufRt en effet de connaitre qu'il peut se reproduire par la facile dissemination et la prompte germination des propagules qui se ferment en si grand nombre au sommet des tigelles fertiles. La Society de Biologie doit se rappeler que j'ai 6t6 le premier en France, non pas peut-etre a d6noncer la nialadie, mais, en lui impo- sant son vrai nom , k en donner une description , qui fut ins6ree dans son Compte rendu de la stance du 11 mai 1850 et dans le Bulletin de la seance dul^'mai, meme ann^e, de la Societe centrale d'Agricul- ture (1). Depuis cette 6poque, la maladie, sortie des serres de Ver- sailles, s'etendit bientot aux treilles pour de h\ se repandre dans les vignobles voisins et envahir de proche en proche, dans sa marche ra-^ pide, ceux de I'Europe entiere et meme de Mad^re. ETIOLOGIE. A en juger par le grand concours d'efforts qui tendent h jeter quel- que lumifere sur Torigine et la nature du mal, on simaginerait sans doute que rien n'est plus clair aujourd'liui que Tetioiogie de la ma- ladie des raisins, ce fleau universel qui menace Tavenir de nos d6par- tements viticoles et qui y a deji produit de si grands desastres. Eh bien ! on s'abuserait etrangement, car on est loin encore de s'accorder sur ce point. Parmi les savants qui ont entrepris de remonter k la cause essentielle du mal, il r^gne en effet deux opinions principales et dia- m^tralement oppos^es I'une h I'autre. Les uns pr6tendent ou, pour mieux dire , supposent que les ceps sont primitivement et profond^- ment alt^rds dans leurs fonctions pliysiologiques, sans toutefois pr6- ciser de quelle maniere, et que c'est par suite de leur 6tat de fouf- france, attribue tantbt k la plethore, tantfit k un affaiblissement radical, argument k deux fins et, comme on voit, tr^s ^lastique, que le champignon parasite peut s'^tablir et se propager sur des parties d^ji (Ij Dans une reclaniiition adrcssee k celte meme SociPte par M. Di puis, ft inseiee dans son Bulletin n» (!, de lfi5i, cet agiiculteur reveiidique i'honneur d'avoir le premier observe sur les boids du Rhone, en 1834, la maladie qui nous occupe, et d'en avoir rendu compte dans les Annales de ia Societe d'Agricijl- TiiRE DE Lvo.N POUK 18-i9. C'esl possible, mais il re^te k savoir si M. Dupuis con- naissail ou non le champignon qui la cause ou I'acrompagne. ltd maiadesi Les autres au contraire, au nombre desquels on peut mm compter, trouvent dans la presence de roidium la cause essentielle et suffisante de tous les dommages apport^s k la vigne et au raisin (Ij. Parmi les hommes competents qui professent la premiere opinion, il faut citer MM. B6renger, comte Brignoli, baron Cesati, Crocq. De^ caisne, L^on Dufour, Gu6rin-M6nevilie, Heuz6, Charles Laterrade, rapporteur de la Commission de Bordeaux , Letellier, L6veille , Charles desMoulins, rapporteur de la Commission d'Orleans, Oudart, Panizzi, Targioni-Tozzetti , comte de Trevisan. MM. Amici, dans son m^moire, et Victor Rendu, dans son remar- quable rapport -k M. le ministre de I'interieur, de Tagriculture et do commerce, restent dans un doute philosophique , et n'osent se pro- noncer ni pour Tune ni pour Tautre opinion. Les savants qui partagent la seconde , c'est-i dire celle qui attribue ia maladie b. roidium , sont MM. Berkele.y, Berthola (2), rapporteur de la Commission de Turin , Bouchardat, Cuppari, Gaddi, Keller, Louis Leclerc , Hugo Mohl , Morren , Payen , marquis Ridolfi , Savi , Tulasne, de Visiani et Zanardini, rapporteurs de la Commission de Venise. Cette derniere etiologie de la maladie de la vigne trouve una con- firmation 6clatante dans la d^couverte qu'a faite un botaniste de Ve- nise , M. le docteur Zanardini , phycologue tr^s-distingu6 et rappor- teur de la commission nommee par Tlnstitut de Venise pour I'^tude de cette grave affection. Ce savant a effectivement demontr^ sous le mi- croscope que les filaments du mycelium de VOidium Tuckeri ^mettent de distance en distance de leur c6t6 inferieur des esp^ces de crampons (1) Dans son premier Memoire, M. Mohl (voir ina traduciion dans les Me- MOiRES de la Soc. IMP. ET CEMR. d'Agricclt., 1" pari. |8.S2), compare Paction de Voidium sur le raisin, a itlie il'un parasite d'un autre ordre, I'Achlya pro- Hfera Nees, ou Saprolegnia ferox Kc. sur les poissons qui vivent dans les eaux deuces. Consultez I'ouvraiie de M. Ch. Ruliin, Hist, natur. des veget. pa- rasites SUR LES ANIMAUX VIVANTS, nOUV. Bil., 1853, p. 372. (2) Je ne saurais trop rrcnrr^mander am personnes qui dontent encore U fecture du rapport de M. Bertola. *le savant epuise les ariiiiments pour el contrc «t finit par rester convaincu que roidium est la cause freniidre de la maladie i que ce rapport m'avait ^chapp6 lors de mes premieres recherches. » On peut done alors observer ce qui suit. Sous les plus jeunes fila- i> ments du mycelium, qui rayonnent en tous sens vers la p6riph6rie, » r^piderme conserve sa couleur verte normale. Sous les plus an- » ciennes portions de ces filaments, on trouvera au contralre (ja et Ik >i une petite tache brune. On se convaincra promptement que cette (l)*'a'ierc sont beaucoup plus malades que les autres. » 1. c, p. 56, et plus loin, p. 58 : « Les vignes les plus vigoureuses ont et6 les plus malades. » 11 n'est pas inutile de faire remarquer que M. V. Rendu, inspecteur general de Tagriculture, ne professe aucune opinion absolue, et qu'il raconte avec bonne foi ce qu'il a bien observe. On doit done tenir grand compte des faits qu'il rapjwrte, et qui d'ailieurs concordent par- faitement avec les observations de M. Louis Leclerc, dont je ne citerai que le passage suivant. « Cette annee, la vegetation de la vigne, k » I'exception dun tr^s-petit nombre de vignobles, s'est partout mon- I) tree forte et vigoureuse, aux lieux raemes oO elle fut le plus mal - » traitee en 1851. Partout la vigne est gaillarde, comme disent les I) ouvriers. Eh bien ! quelques personnes ont trouve dans cette beaute, » dans cette richessedont s'est revAtu larbuste, une circonstance ag- 45 » gravante, une preuve de plus que sa constitution est profond6raent » alt6r6e. Je dois avouer, ajoute M. L. Leclerc, que ceci d^passe les 1) limites de ma faible raison, et qu'il m'est encore impossible d'ad- » mettre qu'un vegetal soit malade pr6cis4ment parce qu'il se porte » trop bien. » 11 n'en est point ainsi, selon moi, des arguments apport6s par les fauteurs de I'opinion contraire ; ils sont vagues pour la plupart ou s'appuient sur cette foule de cas particuliers qui, en agriculture pas plus qu'en mMecine, ne prouvent absolument rien. Et 5, ce sujet je transcrirai ce nouveau passage du second memoire de M. Mohl : « Mais « loin que la maladie des ceps soit g6n6rale, il n'existe pas meme de n maladie locale chez la vigne. puisque, comme le prouvent les faits » pr6c6demment exposes, le champignon ne se montre pas primitive- » ment sur les parties alter^es de la plante, mais envahit au contraire B les lieux parfaitement sains, et que I'alt^ration des tissus commence » justement aux endroits memes ou s'est fix6 I'oidium par ses cram- » pons. On trouve en effet ici une 6troite correlation entre la cause et » I'effet, entre Taction nuisible du parasite et Taffection morbide de » Tarbuste, et cela saute tellement aux yeux que I'opinion opposee, I) qui ne repose sur aucun fait positif , me semble par 1^ r^futee. » Ainsi s'exprime M. Hugo Mohl. Lorsqu'il sera question de la prophy- lactique et du traitement de la maladie, j'aurai encftre quelques nou- veaux arguments i apporter h Tappui de cette opinion. Puisqu'elle est abandonn^e anjourd'hui par tout le monde, m6me par quelques-uns des auteurs qui s'6taient prononc^s en sa faveur, je laisserai dans le profond oubli, d'ou elle n'aurait pas du sortir, cette opinion qui voulait que tons les ph(^nomfenes si graves qui accompa- gnent la maladie des raisins reconnussent pour cause unique la pre- sence d'un insecte du genre acarus. On ne saurait mentionner, autrement que pour le d^plorer et le fietrir, cepr^juge populaire et absurde qui explique le mal par I'in- fluence del6t^re du gaz d'eclairage et de la vapeur des locomotives. Cette prevention aveugle, que partagent quelques personnes qui n'ap- partiennent pas i la classe inf6rieure de la soci6t6, n'est pas moins vi- vace en Italie que dans plusieurs de nos provinces. Je ne puis pourtant omettre de parler d'une th^orie propos6e par M. Oudart, habile et savant viticulteur, d'apr^s laquelle il explique les faits observes. Il Ta pr6sent6e ^ I'Academie royale d'Agriculture de ^6 Turin, et c'est dans le rapport de M. Bertola que j'en ai pu prendre connaissance. S'appuyant de nonibreuses observations faites pendant une longue peregrination dans les contr^es vilicoles, I'auteur de la th^orie trouve la cause de la maladie en question dans les influences et les vicissitudes atmospheriques. II attribue la fixation ou radh6rence de roidium aux bales, aux pampres et au dessous des feuilles h I'exsu- dation d'une humeur visqueuse qui commence par retenir le parasite, et en se durcissant finit par obstruer les stomates et les pores de la plante. Les variations de la temperature jouent aussi le plus grand r61e dans cette theorie, dont s'eloigne peu, si je ne me trompe, celU'- que vient de nous exposer M. Guerin-M6neville. DE l'OIDIUM TUCKERI (1). La description et les figures de roidium de la vigne ont 6te si sou- vent reproduites qu'il semble hors de propos de s"en occuper davan- tage. Toutefois, comme k I'epoque oii nous donnions le signalement dc I'espece nous ne connaissions, ni M. Berkeley ni moi, I'importante forme de fruit d^couverte par M. le chevalier Amici (de Florence), je crois devoir en dire quelques mots. II parait que les organes que nous avions pris jusqu'ici pour de.** spores, et qui se forment successivement a I'extremite des filaments dresses de I'oidium, ne sont que des sortes de gemmes ou propagules qui, germant comme les vrais spores, sont aptes i propager la plante en I'absence de celles-ci. En effet, le c^lfebre physicien de Florence a trouve sur des courges, i la fin de 1851, une forme de fructification que Ton ne connaissait pas alors (2), meme chez les erysiph6s, oii elle a ete observee depuis. Ce fruit, nomme Sporange par M. Amici, Pyxide par M. Tulasne, d'apres la mani^re diverse dont on le consid^re, s© (I), La maladie dc la vigne est tellemenl connue aujourd'hui sous ce nom, qu'il y aurait peut-etre quelque inconvenient a le chancer, meme pour en adopter un plus conforme aux iilees rccenimenl emises sur sa vraie nature et sur la place que cette production dolt occuper dans un cadre mycologiquc. Je continue- riii done a m'en servii- danscet aperqu,de preference a celui d'Frysipke Tuckeri, (2) M. le docteur Plombcy parait I'avoir observee aussi sur le houblon, en An- gltterre, et a peu prcs 4 la meme epoque. Voyer Gardner's CHnoMctE, tS.Vl, p. M2. 57 forme dans les articles ou cellules en chapelet des filaments fertiles, lesquelles se renflent, deviennent jaunatres, prennent una structure celluleuse, c'est-^-dire cessent d'etre anhisteset continues, et finissent par engendrer dans leurs cavit^s plusieurs centaines de spores exces- sivement petites, ovoi'des, un peu courbees en rein et pourvues d'un petit nucleus k cliaque extremite. On les a vues germer. M. le baron Cesati, qui a aussi retrouv§ ces sporanges en Lombardie , a pens6 qu'ils pouvaient autoriser la creation d'un nouveau genre. Dans une lettre assez r^cente, M. Berkeley m'annonce qu'il a reconnu cette fructification sur des raisins recus de Tile de Madfere. Jusqu'ici les sporanges ou pyxides n'avaient done 6t6 rencontres que dans les contr^es m^ridionales de I'Europe. Dans une communication k I'Aca- d6mie des sciences que vieut de faire M. Tulasne, il affirme les avoir observes aux environs de Paris, oii ils n'avaient point encore 6t6 trouv^s. Avant m6me les recherches de M. Tulasne, dont il me reste k donner connaissance pour completer I'histoire botanique de I'oidium , cette mucedin^e avait d^j^ regu diff^rents noms. M. Crocq , bien qu'il con- fesse ne pas connaitre le Systema mycologicdm de Fries (1 ) , et n'avoir jamais vu aucun autre oidium que celui des raisins (2), le regarde pour- tant, sur des caract^res hasard^s et d'une valeur trfes-contestable, car il n'avait pas vu les sporanges , comme digne d'etre 61ev(^ au rang de genre , sous le nom d'Endogenium. M. le professeur Ehrenberg , de I'Acad^mie de Berlin , auquel on avait communique la fructification trouv^e par M. Amici, crut y voir le type d'un nouveau genre dis- tinct des oidiums , et lui imposa le nom de Circinobolus floreniinus, genre qui , fond6 sur la presence des pyxides, n'aurait pas 6t6 diffe- rent de V^mpelomyces quhqualis ^tabli quelque temps auparavant par le baron Cesati sur ce meme caractfere (3). Je partage I'avis de M. Tu- lasne , qui regarde comme appartenant k cette sorte de fructification de Toidium, le genre Byssocystis Riess, public dans le n- 5, p. 23, t. Ill, fig. 2, d, du journal allemand I'Hedwigia. Jevois enfin dans le rapport (i) Memoire SLR i.A MAi.AniE HE I. A vic.NE , coiitonne pnr rAcndemie de Brmelles, p. la, iii nute. (2) Loe. cit., p. k;, rcmanjuc 1. (3) Mais ccnatuifilieli', qui en a fail tine, pspccc. flilTerentcric rOi(ituw Inckeri. np s'etait pas apf!(;ii, lomnic M, Aniiti, qu't'lle en elait une doprmlance. 48 de M. Victor Rendu que M. le docteur Castagne avait, de son c6t6, pro- pose le nom de Leucostroma hfeslans (non Leucostoma, comme il a 6t6 imprim6 par erreur). Mais il est permis de demander oii est la n^ces- sit6 de surcharger ainsi la nomenclature de nouveaux synonymes qui n'apprennent rien. D^s le mois d'avril de la pr^sente ann6e, M. Tulasne avait fait ini- primer, dans le Journal botanique de Berlin (1) un article ayant pour titre : De Erysiphis aniniadversiones, dans lequel il expose le r(^sultat de ses recherches sur la fructification des firysiph^s. La nouvelle et r^cente communication qu'il vient de faire a I'lnstitut (2) en est en quelque sorte un resume applique sp6cialement a la maladie de la vigne. Voici en peu de mots quelles sont les id6es de notre habile my- cologue sur cet int6ressant sujet. M. Tulasne consid^re les Oidium leucoconium (et non leuco- tiium, comme la plupart I'^crivent vicieusement;, Erysiphoides, Tuc- keri, etc. (3), comme de simples 6tats ou des modes dififerents de fruc- tification du genre Erysiphe , lequel , selon lui , peut en oflfrir jusqu'i irois. Ce sont: 1° des propagules ou semences acrog^nes; 2° des pyxides ou le fruit dont on doit la connaissance au cel^bre physicien de Florence et que j'ai d^crit plus haut ; S'enfin des p6ridions ou fruits ascophores qui renferment des spores contenues elles-memes dans des esp^ces d'utricules transparentes , anhystes , qu'on nomme th6- ques {asci) , c'est-ci-dire dans uue double enveloppe. Ayant constat^ la presence de ces trois sortes d'organes de reproduction dans certains ferysiph^s , il en conclut que ceux qui n'en ofifrent qu'un ou m§me deux , comme les E. Martii L^v., communis Fr , lampronarpa Duby, n'en appartiennent pas moinsa ce genre. A ce compte, il aurait raison de prendre la mucedin6e qui nous occupe pour une de ses esp6ces. Si , comme tout le donne k penser, M. Tulasne est dans le vrai , n'aurais- je pas eu raison, comme j'en avals eu le dessein d'abord, de consi- d6rer mon genre Capnodium , qui attaque les feuilles des Grangers et (1) BoTANiscHE Zeitunc, 1853, n" 15, p. 257 et suiv. (2) Voir COMPTES RENDL'S DES SEANCES DE l'AcADEMIE DES SCIENCES, t. XXVII, n" 16, seance du n oclohre 18.j3. (3) II ne resterait plus, du genre de Link, que les Oidium aureum, frucligena, laxum, concentricum el que'ques autres que Corda, qui rn a Opuie un grand nonibrc dans ses Icones fi'nt.orum, rapporte lous nu genre Torula. 49 de beaucoup d'arbres , oomtne la forme la plus ^lev6e et la plus par- faite , puisqu'elie est ascophore , du genre Antennaria de Link , qui n'en diff^re , en effet, que comme VAmpelomyces de VFrysiphe ? Je crois devoir encore rappeler une observation qui , bien qu'en ap- parence 6trang^re au sujet principal que j'ai en vue, me semble avoir quelque rapport avec ces degr^s ou formes diverses par lesquels passe la fructification dans un meme genre de champignon : je veux parler de cet Eurolium laterithim (1) troLiv6 sur le pain de munition par notre lionora])le president M. le docteur Kayer, de Tlnstitut de France, et dans les p6ridions duquel j'ai reconnu des th^ques contenant des spores, tandis que ce genre avait 6te regard^ auparavant comme ne renfermant que des spores nues. Un botaniste allemand , qui n'a pas lu ou qui a oubli6 men observation , en publie une semblable quatre ans plus tard , et la donne comme un fait nouveau (2) , apr^s avoir cru passer en revue tons les mycologues qui ont parl6 de VEurotium. Les Annales des sciekces katurelles ne sont pourtant pas un recueil si obscur qu'un botaniste, qui se mele d'6crire, puisse s'excuser de ne le pas connaitre. Quelques autres n'auraient , sans doute , pas manqu6 d'^difier la-dessus un nouveau genre; il faut au moins lui savoir gre de sa reserve. Une nouvelle question se pr6sente encore : VOidium ou VFrysiphe Tuckcri , le nom importe peu , est-il une espece autonome et distincte de plusieurs congenf^res voisines et siirtout de VO- Erysiphoides, dont il est le plus rapproch6, ou bien n'en est-il qu'une forme ou vari6t6?L'ha- bjtat de predilection qu'il s'est choisi, et d'oii on ne I'a pas vu 6migrer sur les plantes environnantes, I'observation consignee par M. Mohl dans son premier memoire o) d'une vigne, des rameaux infect^s delaquelle le parasite ne se communiqua pas h d'autres rameaux d'Ampelopsii: quivquefolia entre-crois6s avec eux, enfin, les tentatives infructueuses faites par ce meme savant , et r6p6t(?es par d'autres , pour reproduire sur une autre plante le champignon de la vigne , tout concourt k fairo croire qu'il n'est pas une simple modification de quelque espece d^j.'i connue , mais qu'il consiitue une espfece legitime, dans le sens que les botanistes attachent h ce mot. Mais, me demandera-t-on , comme on (1) Ann. des Sc. nau'r., 3* spiip, t. ii, p. 54 (1849). (■-') BOTANISCHE ZeitCNG, 1S.'i3, 11° 8, p. IZ\, t. -i, lij.'. 4. (3) BOTANISCIIE ZeITING, 185?, p. 12. TOME V. ^0 serait en droit de le faire, oCi se tenait cet oldium avant d'euvahir nos vignes? Est-il done dil a une creation spontan^e ? A ces questions , je r^pondrai avec Montaigne : Que sais-je ? Quant au premier developpenient du parasite, ou pour mieux dire ison invasion au printemps, I'opinion de M. INlolil, que je me plais k citer de pr^f^rence parce qu'il me paralt avoir bien observe, est qu'il commence d'abord k se montrer sur I'entre-nceud ou le mSritlialle inf»5rieur des pousses de I'annee. « On trouvo, dit-il , sur cet entre- » nceud, qui est le plusancien, et plus tard sur les entre-nceuds » moyens des laches deja grandes occupees par le champignon , tandis » que les entre-nceuds superieurs sont encore parfaitement exempts » de toute infection. C'est des pi^doncules que Toidium s'etend le plus » frequemment jusqu'aux ovaires. Ces pedoncules etaient envahis » meme avant I'epanouissement des fleurs ; niais pen de temps aprfes » la chute des corolles, les filaments du mycelium rampent sur le nec- I) taire , et couvrent la bale tout enti^re d'une sorte de toile d'arai- » gn6e (i). » Je ne puis quitter ce malencontreux parasiste sans parler de quel- ques experiences dont il est devenu I'objet et qui ont donne lieu i certaines assertions etranges et , a mon sens . erronees. Un botaniste connu par de bons travaux sur plusieurs points de la science des v6g6taux , a 6te amene par des observations sur la germination artifi- cielle des spores (gemniules) de rol'dium, u avancer que cette muc6- dinee pourrait se transformer indifferemmeot en qnatre autres cham- pignons appartenant i des tribus diverses, a savoir, en PevicUlium candidum , en Tricholhecium roseum, en Alternaria tenuis et enfin en Cladosporium Fumago. Sans 61ever des doutes sur Texactitude des faits observt^s , il est permis d'en contester Tinterpr^tation. Sur des points aussi d61icats et qu'environnent de si nombreuses et de si grandes difficultt^s , les meil- leurs esprits sont souvent exposes k des deceptions. II n'y a pas long- temps encore qu'un autre savant tres-distingu6 , mais qui n'est pas raycologue, et la mycologie est une science plus difficile qu'on ne I'imagine g6n6ralement , a tent6 aussi des experiences sur un sujet analogue , c'est-i-dire en prenant pour point de dispart la curieuse (i; BOTANISCHE Zei-il'NC, 1853, n" .33 , p. 590. 51 observation d'un mycelium trouv6 i)ai' M. Rayer dans un ceuf de poule (1), et dont revolution finale a produit un Dactylinm nouveau , lesquelles experiences I'ont conduit k des consequences pour le moins aussi singulit^res , et auxquelles il doit etre loisible d'opposer, sinon une incredulity absolue, toutau moins un doute prudent. II faut bien se persuader que, dans des tentatives de la nature de celles dont 11 s'agit, rien n'est plus difficile, j'allais dire impossible, que de se soustraire k toutes les causes d'erreur qui environnent Texperimentateur. 11 n'en est point ici comme dans les experiences que Ton tente sur les plantes superieures ou Ton volt ce qu'on fait et k quoi Ton a afl'aire. On croit souvent avoir seme ou place une spore \k oh la nature , k notre insu et sans qu'il soit possible de reviter, en substitue une autre toute differente (2). Dans d'autres cas , I'erreur nait de ce que les spores des diverses esp^ces que Ton croit proceder Tune de I'autre se resement en raeme temps parce quelles habitent ensemble la meme matrice. Je ne sulfirais pas k indiquer seulement toutes les circonstances qui concourent k rendre ces experiences trompeuses et leur resultat errone. On ne se rappelie pas assez que I'atmosphere est un vaste receptacle ou voltigent incessamment, con- fondues et invisibles , d'innombrables semimules de toute espece , qui n'attendent pour se developper qu'un terrain favorable. Quoi qu'on puisse faire , quelque soin , quelque precaution qu'on prenne pour s'en garantir, on ne saurait se soustraire k cette substitution operee par la nature d'une plante imprevue k celle que nous avions le des- sein d'experimenter. Loin done d'y ajouter foi , je me croirais victime de quelque illusion si je voyais moi-meme de mes propres yeux les transformations extraordinaires dont il est question, ou du moins n'essayerais-je pas d'en uonner une explication. II faut bien le dire, nous sommes arrives a une epoque oCi Ton veut k tout prix faire parler de soi , et oil la simple observation des faits ne satisfait plus I'esprit, si on ne la pousse au deli de ses consequences legitimes et admis- (1) Voy. Rayer, Arch, de med. compar., if43, n" ?, p. 175, pi. viii, fis. 15. 18, Pt Ch. Robin, onv. oiip, p. .S4S, pi. ii, fia. h et C. (2) V. Hist, botan. de la muscardine.Comptes rendus del'Acad. des sciences, seance du 18 aout 1836, ft Annales de la Society sericicole pour 1847, t. xi, p. 174 et suiv. —V. en oulre, (;h. RoMn, ouv. cite, p. 560, 603, avec flgurep, pi. VI et VII. 52 sibles, c'est-i-direjusqu'a des hypotheses souventabsurdes. Neserait- ce pas le cas de rappeler ces quatre mots du premier aphorisme de notre maitre k tous : Experientia fallax, judicium difficile? C'est i men grand regret, je dois I'avouer, que je me suis vu dans la necessity de dire toute ma pensee sur ces pretenducs metamor- phoses. On comprendra de reste qu'il ne pent etre question ici de celles que subissent une foule de champignons dans les diverses phases de leur existence souvent 6ph6mere et qui leur donuent tant d'analogie , sous ce rapport du moins , avec les insectes. 11 m'est revenu que des botanistes , par suite de cette propension naturelle qu'ont la plupart des hommes a n'estimer que leurs propres travaux et ii d(!!daigner tout le reste , se sont appuy6s avec une secrete complaisance' sur ces asser- tions plus que hasardees pour nier ou infirmer la solidity des prin- cipes sur lesquels est fondle, en mycologie, la distinction des genres et des especes. Apres cela, il n'y aurait rien de mieux a faire , selon eux , que de bruler tout ce fatras de livres oi'i Ton enseigne une science qu'ils regardent comme futile et vaine , parce qu'ils ne se sentent pas le courage d'en aborder I'^tude. M'6tait-il possible , je le demande . de laisser passer sans reponse des accusations aussi gratuites et, pour tout dire, aussi malveillantes? Ce qui serait un obj'et bien plus important de nouvelles recherches que ces pr^tendues transformations d'un V(^g6tal dans un autre, ce serait de s'assurer de ce que deviennent les gemmes de I'oidium pen- dant I'hiver et sur quelles parties de I'arbuste elles s^journent jus- qu'au printemps suivant. Au reste, vu I'extreme petitesse des gemmules ou spores ovoides et Texiguit^ plus grande encore des spores r6nifor- mes des pyxides, on peut facileraent se convaincre de la difficult^ de ces investigations. DISPOSITIONS A LA MALADIE. Je crois avoir epuis6 tout ce que j'avais a dire de YO'idium Tuckiri, consid6r6 comme cause de la maladie ; il me reste a parler maintenant de la disposition ou de Taplitude plus ou moins grande que presentent certaines especes de vignes h. la contracter. Mais la matiSre est si ample et le champ i parcourir si vaste , qu'on devra m'excuser si je me borne k un simple r6sum6. Le titre de cet ecrit et les limites dans lesquelles il m'oblige i me renfermer n'en comportent pas davantage. 53 Les personnes qui d^sireront les details les plus circonstanci6s sur ce point important ne pourront mieux faireque d'avoir recours k un im- portant travail tout recent de mon confrere et ami i\l. Bouchardat , et que Ton trouvera dans un supplt^ment aux M^moires (pour 1852) de la Soci6t6 imp^riale et centrale d'Agriculture (1). J'en extrais en partie ce qui suit. Toutes Glioses 6gales d'ailleurs, ce sont les raisins a peau fine et tendre et k baie tr^s succulente qui ont 6te le plus profond^ment affect^s et ceux k chair dure et k peau (5paisse et r6sistante que la ma- ladiea le plus ^pargn^s. En tete des premiers, il faut placer le Fran- kenthal , varidte souvent cultiv6e dans les serres et premier berceau de Toidium. Viennent ensuite les diflf(5rentes varietfe de Chasselas, tous les IMuscats, mais surtout le blanc, les Malvoisies, les raisins blancs tardifs, les Tresseaux, la plupart des cepages de Hongrie, les vignes de TErmitage, etc. Les treilles sont aussi plus t6t, plus sou- vent et plus fortement attaqu^es que les vignes basses, et les vignobles des sols bas et humides que ceux des collines elev6es. Les raisins qui ont le mieux resist^ aux attaques de roidium sont malheureusement les moins estim^s , comme, parexemple, tous les plants originaires de I'Amerique septentrionale , le groupe des raisins teinturiers, les cots de Touraine, lesGamays. les Servoniens et les .Melons. Les Pinaux de Bourgogne ont generalement moins souffert que les autres. Les vignes de Mad^re ont tellement 6t6 ravag^es qu'on a mis en question si Ton n'en abandounerait pas la culture pour la remplacer par celle des orangers : fait notoire qui ne doit pas medio- crement embarrasser ceux qui ont etabli pour I'etiologie de la maladie une th^orie oi'i la temperature et Texposition jouent le principal rdle. On concoit bien que sur ce point de I'aptitude on ne saurait donner que des gen^ralites et que celles-ci meme sont sujettes k une foule d'exceptions , variables selon les temps et les lieux, le mode de cul- ture et mille autres circonstances dont il est juste de tenir compte , quand elles sont appr6ciables. (1) On Irouvprn eualfrnpnt, dans ce traite. un catalogue rait-onne el surtout fort exact, quant a I'ordrt clironologiqne, do lou.~ les ouviagrs publics jusqu'a ce jour sur l;i maladie drs vignes. 54 TRAITEMENT. On peut diviser en deux ordres les moycns h opposer k la maladie des raisins; dans le premier se rangent les moyens qui ont pour but de la pr6venir,ou la prophyiactique, et dans le second ceux dont Teffet est d'arreter ses ravages quand elle a envahi les treilles ou les vigno- bles : ce sent les moyens curatifs proprement dits. Moyens prophylactiqaes. Au premier rang de ces moyens il convient sans contredit de placer le provignage, pr^conise avec raison par M. Bouchardat, qui, tout en en ayant6prouv6 les bons elTets, est loin neanmoins de pr6tendre quece soit une pratique infaillible pour conjurer et faire disparaitre le mal. II est un autre moyen qui a quelque analogie avec le precedent, et dont j'ai et6 dansle cas de reconnaitre par moi-meme Tefficacit^ in- contestable : il consiste i coucher sur la terre nue, ou mieux encore recouverte de gazon, les branches ou les ceps que Ton veut preserver des attaques de roidium, M. le docteur Robouam, qui Ta imaging et en a donne connaissance a I'Academie des sciences dans plusieurs notes, dont la dernifere est du 5 septembre de cette ann^e, en a retir6 des avantages marques qui ne se sont point dementis. J'ai vu en effet dans sa propri6te, sise h INIontrouge, des ceps dont toute la partie su- p^rieure 6tait infect^e et les raisins perdus, tandis que les branches couch^es sur le sol gazonn^, sur des gravas ou des pierres, portaient de nombreuses grappes parfaitement saines. Et il ne faudrait pas s'i- maginer que cette preservation fiit exceptionnolle et born^e h quel- ques pieds ; non, partout dans son jardin, qui est d'une assez grande 6tendue, les branches rasant la terre presentaient la plus belle v6g6- tation et les raisins quelles portaient, la plus belle apparence (1). N'est-ce pas 1^, entre mille autres, un nouvel argument propre i combattre victorieusement I'id^e d'une alteration morbide de la vigne, (l)Ceci confirme crlte loi elablie sur les fails, par M. Bouchardat. Toutea ehoses ^gales d'ailleur-, Li vigne a plus de chance d'etre eparjinee de la mala- co dei grappoli, p. Il), a fait la iiicme observation a I'adouc. 55 ant(5rieure et favorable a Tinvasion du parasite? En effet, comment, dans cette hypoth^se, expliquer Ics faits que je viens de rapporter? En vuici un autre qui n'est pas moins concluant, et que j'ai observ6 en octobTe dernier h Beaumont-sur-Oise, c'est celui d'une vigne en espalier, expos^e tout enti^re au levant, dont une moiti6, cruellement atteinte par roidium, est compl^tement perdue, tandis que Tautre, dans le plus vigoureux 6lat de v6g6tation, porte des raisins magnifi- ques parvenus k la maturite. Je passe a quelques pratiques recom- mandees pour pr6venir Texplosion de la maladie: ce sont le rec6page, I'incision au pied de la souche, le lavage et les frictions de celle-ci , enfin la recision des ceps a rase terre. Selon M. Bouchardat, le premier moyen est de nulle valeur. Le second, couseill6 en Italic par M. Guida, et dont M. Victor Rendu a constate Tinefficacite sur les lieux memes, ^ Dulgazo, n'a pas mieux r6ussi,au diredeil. Louis Leclerc, -entre les mains de nos viticul- teurs. La tail le tardive est preferable, selon M. Bouchardat, a la taille au- tomnale. Le lavage des souches, surtout k I'eau de chaux, et les frictions ne sont point a d^daigner dans les petites cultures de la vigne. Je me rappelle h ce sujet que M. le baron Seguier a communique en juillet dernier i la Societi^ d'Agriculture un fait qui lui (^tait propre et qui vient k I'appui de cette pratique. Quant k la taille des ceps rase terre, elle a 6t6 essay^e dans ril^rault par M. Camille Cambon. Voici ce qu'en pense M. Mohl, qui a aussi con- stat6 ret insucces h Venise, et le denonce comme propre a demontrer la fatale influence que peuvent avoir des doctrines precon(;ues sur les causes des maladies des v^getaux en general et de la vigne en particu- lier. « II devenait, dit-il, d'autant plusn^cessaire de donner du crMit &, cette opinion (IVidium consider6 comme cause du mal) que les proprie- taires des vignes avaient cru trouver dans la taille des ceps rase terre et dansle rajeunissement qu'ils imaginaienten obtenir, un moyen excel- lent centre la pr6tendue maladie gdn^rale. quand, par cette operation, ils ne faisaient autre chose que de se priver sans utilit6 de leur re- venu pendant plusieurs ann^es n Cette pratique est heureusement a.bandonn(5p, et c'est aux sages remontrances du meme savant qu'on le doit. 56 MoycDS caratlfs. Passons aux mdthodes curatives employees pour arr^ter les progres du mal et sauver la r<5coUe, et indiquons sommairement celles que I'on a reconnues jusqu'ici les plus eflicaces, renvoyant pour plus de details k Texcellent traite (1) sur la mati^re. publi6 par mon docte confrere M. Payen, membre de I'Acad^mie des sciences et secretaire perp^tuel de la Soci6t6 imperiale et centrale d'Agriculture, et k I'ou- vrage d^j^ cit6 de M. Bouchardat. Un des premiers moyens mis en us^age avec succ^s contre roidium qui avait envahi en 18/i5 les serres de Margate, est un melange de soufre et de chaux, dont il a et6 fait des lotions et des aspersions sur les raisins malades. Depuis cette epoque, le soufre et ses combinaisons ont toujours tenu le premier rang, quand il s'est agi d'arreter les progrfes de la maladie. La chaux a ^galement produit de bons rfeultats, quoiqu'elle ait 6chou6 dans quelques circonstances. On a aussi employ^ avec un succ^s variable d'autres substances soit min^rales, soit v6g6tales. C'est ainsi qu'ont 6t6 pr6conises successivement le sulfure de calcium (M. Turrel), les marcs de sonde brute (M. Payen), le sulfure de cal- cium avec addition d'acide , c'est-i-dire le magistere de soufre (M. Becquerel), lescendres de bois (M. Nadault de Buffon). le sulfhy- drate de chaux associe au nitrate de potasse (M Blain\ le protosul- fure de fer (MM. Heuz6 et Vezu), enfin les decoctions d'euphorbe, de tabac, de feuilles de noyer, etc. Je ne puis ni ne veux entrer dans I'expos^ circonstancie des diff6- rents precedes relatifs k Tapplication de ces nombreux agents, et n'en- treprendrai pas davantaged'en appr^cier la valeur relative. Qu'il me soit permis pourtant de dire quelques mots du plus efficace de tons , c'est- ii-dire du soufre en poudre ou des solutions de ses combinaisons. Ici encore , faute d'exp^rience personnelle , j'emprunterai aux ouvrages cites de MM. Payen et Bouchardat les details dont j'ai besoin , mais en les abr^geant autant qu'il me sera possible. Fleur de soufre. — On commencera par humecter le plus egalement (1) Les maladies des pommes de teure, des bettkraves, des Bits et des vicnes, <1(> 1845 k 18.S3, avec rindication des mpillcurs moyens a employer pour les rombaltre. Paiis, 18.S3. Ce volume fait puitiedcla Rihlioih^que des chemins de ftT, publiee par L. Haclutte et conip. 57 qu'on pourra les feuilles, les grappes et les ceps au moyen d'une pompe ordinaire d'arrosage et par injection en pluie. Puis, d I'aide du soufflet dont on doit I'invention k M. Gontier, horticulteur k Montrouge, on lan- cera un nuage de fine poussi^re, qui, entourant le cep ou recouvrant la treiile d'une sorte de brouillard , laisse d^poser aussit6t les particules de soufre ^ la surface des parties mouill6es ou elles adherent naturel- lement. « Lorsque reparation est soigneusement faite, ajoute M. Payen, » le succ^s est certain , sauf k la renouveler, si Tintervalle de temps , » trop long avant les approches de la maturity et I'etat de secheresse » des grappes, laissait se detacher et disparaitre la plus grande » partie de la poudre de soufre. » Get ing6nieux et economique proced^, surtout applicable aux raisins cultiv^s dans les serres ou en treiile , a donn6 aussi les plus favorables r^sultats dans les vignes basses. M. Louis Leclerc, dans son rapport cit6, mentionne Texemple d'un propri^taire du Medoc, qui a eniploy6 dans son vignoble , d'une grande 6tendue , le proc6d6 Gontier ; mais c'est M. Payen qui nous apprend que I'experience a 6t6 couronn^e d'un plein succfes , et que , repet^e k Bordeaux par M. le comte Duchatel sur un autre vignoble de quarante-cinq k einquante ares , elle n'a pas moins bien reussi. Sulfure de calcium. — L'emploi du sulfure de calcium en aspersion constitue le proc6d6 Grison, du nom d'un jardinier de Versailles, qui en est I'inventeur. M. Turret I'a mis en usage k Toulon sur un vignoble de dix hectares. II avait d'abord enraye le mal comme par enchantement; mais il aurait et6 n^cessaire de r^peter reparation plusieurs fois pour le maitriser tout k fait, parce que, selon I'exp^rimentateur, de nouvelles gemmes d'oi'diuni, 6chapp(§es des vignes voisines, qui n'avaient pas 6t6 d6sinfect6es, ont fait reparaitre le mal dans celles qui I'avaient et6 momentan^ment. Sulfure de potassium. — Dans une des derni^res seances de la Soci(§t6 irap6riale et centrale d'Agriculture, M. Becquerel , de I'lnstitut , a fait connaitre un precede , qui lui a assez bien reussi , pour combattre roidium. Ce proc6d6 consiste dans des lotions sur les grappes malades avec une solution de sulfure de potassium , k laquelle il avait ajout6 une petite quantity d'acide, afin de pr6cipiter le soufre, c'est-i-dire avec un magistferede soufre. II est parvenu, parce moyen fort simple, k faire adherer le soufre aux grains et k agir efficacement contre le parasite. 58 USAGK DES RAISINS MALADES. Les raisins infectes peuvent-ils avoir une influence d616t^re sur la sant6 des personnes qui en feraient usage? Non ; toutes les observa- tions concourent, au contraire, k denoncer leur parfaite innocuite. Et, d'ailleurs, 11 est Evident que qui ce soit, pas lueme un enfant , ne serait tente de manger les grappas tellement attaqu^es par le champi- gnon , que les baies en sont restees ^ I'etat de verjus. Mais le vin, fa- brique avec les raisins provenant d'une vigne qui aurait 6t6 envahie par le parasite, ce vin pourrait 11 causer des accidents? Voici la r6- ponse que fait k cette question la commission institute par la Soci6te Linn^enne de Bordeaux : « Quant au vin , la commission n'h^site pas » k declarer comme priv^e de fondement la crainte trop g6n6ralemeut » r^pandue , et favoris^e par quelques sp6culateurs , que les qualit6s y> nuisibles du raisin en passant dans le vin ne devinssent la cause de » maladies tres-graves. d Tout ce que j'ai recueilli dans les nombreux documents que j'ai lus ou compulses vient confirmer cette declaration. PRONOSTIC. L'avenir de la maladie des vignes est sans doute encore un mystfere impenetrable, car nous avons dans Toidium un ennemi redoutable, dont les allures ne sont pas toutes parfaitement connues, et dont la puissance de dissemination est immense. Sera-t-elle passagfere ou bien est-elle destinee k ravager longtemps encore nos treilles et nos vignes? On comprend qu'il est assez diificile de repondre a ces questions d'une maniere satisfaisante. Toutefois, comme rien de ce qui est violent n'est durable , il est probable que nous en seroos delivres un jour. Nous au- rlons surtout quelque espoir d'en voir cesser ou diminuer les ravages, si un de ces hivers rigoureux et sees, comme nous n'en eprouvons plus maintenant que de loin en loin , avait pour effet de detruire les germes du parasite. Que si , par malheur, il en devait etre autrement, il n'y aurait plus qu'a se r^signer, et , tout en s'ing6niant de son mieux pour en prevenir ou en combattre les effets , k se remettre entre les mains de la divine Providence, qui seule est eternelle, et qui ne pent per- mettre qu'une telle calamite se perpetue et p^se indefiniment sur Tunc des plus utiles conquetes de Findustrie humainc. 59 II en sera, j'aime i le penser, de cette 6pid6mie v6g6tale et de quelques autres dont nous avons d4ji observe des remissions , comme il en est des epid6mies dont rhomme et les animaux ont 6t6 victimes k des 6poques plus ou moins rapprochees : elle finira, n'en doutons pas , par s'^teindre tout k fait. Ce qui s'est passe dans beaucoup de lo- calit^s, et surtout cette ann^e aux environs de Paris, nous confirme dans i'espoir qu'elle s'arretera dans sa marclie , et que nous serons enfin aflVanchis du plus terrible fl^au qui , je le r6p6te , ait jamais pese sur les productions de notre sol. Quoique arriv6 k la fin de ma tache , je suis si eloigne d'avoir ^puise mon sujet qu'i peine I'ai-je effleur^. J'ai dii passer 16g^rement et sans m'y arreter sur une foule de questions qui demandent de nouvelles recherches. J'ai pens6 toutefois que , quelque imparfait qu'il soit , ce resume , qui a pris sous ma plume une extension qu'il n'6tait d'abord pas dans ma pensee de lui donner, serait suffisant pour montrer dans son vrai jour et sous toutes ses faces I'^tat de la question palpitante d'actualite qui se d6bat sous nos yeux , et dont la solution , qui , par son haut int^ret , m^rite notre sollicitude , ne demande pas moins que I'union de tons les efforts et le concours de toutes les intelligences, do toutes les lumi^res. Paris, le 25 novembre 1853, SUR LES TUIURS COLLOIDES ET EPITHELIALES , MSmoire lu i li SocUtS Par M. CHARLES ROBIN , Frofesseur agrege ^ la Faculte de medecine de Paris. Ratlacher les produclions morbides aux ^l^menls analomiques normaux donl elles ddrivenl le plus souveul est le but qu'oo se propose en ana- lomie palliologique, loules les fois qu'il ne s'agil pas du cancer, du lu- bercule ou des collections purulenles. Parlir de la connaissance de lYlat normal pour arriver cl se rendie comple de la nature rtelle d'une alldra- lioD , telle est la vole qui devrail elre toujours suivie, inais qui est loin de r^tre. Ce qui sulTirait pour prouver le lait que je viens d'avancer, c'esl I'^ton- nement constant que manifestent les chlrurgiens, lorsque, voyant r^cidiver line tumeur du rectum ou de la peau, etc., I'anatomie pathologique vient l'!ur apprendre que la nature du produil n'est pas celle du cancer, mais que ses 6l6raents sont ceux des glandes ou de IYpilh61ium de la region. Comment, en effet, aprfes avoir vu les glandes (ou I'^pilh^liumj d'une mem- brane, ne songerail-on pas que si qnelques-unes sonl devenues malades et onl 6l6 enlev6es une premiere fois, on en laisse n^cessairement sur les bords de la cicatrice (glandes) ou k sa surface (epitheliums) qui pourront fitre le si^ge de la m^me alteration que les aulres ? Et c'est ce qui arrive en effet. Des foUicules d'une muqueuse s'^tant bypertrophi^s, par example, 62 line premiere fois, sans qu'on sache pourquoi le plus souvent, on ne saurail dire pourquoi non plus ceux qui restent ne s'hyperlrophieraienl pas k leur lour. Vouloir troiiver dans une recidive de pareilles tumi>urs fel ce sont en elTel celles qui r^cidivenl le plus) un argument en faveur de la nature can- cereuse du produit, c'est la une id^e qui ne pent venir qu'i ceux qui n'au- raienl observe ni les 6l6menls norniaux d'un tissu, ni ceux des productions inoibides dont il est le siege. Les noiioDsqui precedent sont des r^sullats de I'exp^rience qui ppuvenl actuellement servir de regie ou de loi pour guider dans I'^tude des produils niorbides. Les ayant appliqu6es depuis Irois ans k T^tude des tumeurs col- lolJes el ^pidermiques, je suis arrive aux conclusions suivantes, que je donnerai seules ici. Ouanl aux descriptions i Tappui, elles font parlie du lrail6 d'analomie generate que je r^dige et que je crois inutile d'en separer pour le moment. 1" Les productions qui onl 614 decrites sous le nom de cancer colloide, gelatiniforrne, areulaire, etc., ne sont presque jamais canc^reuses. Si je m'en tenaisaceque j'ai pu observer, je diraisja»(a!.'>. .len'ai en elTet j)as encore vu de lumeur ayanl I'aspecl colloide qui renfermat les 6l6m8nts du cancer (cellules el aoyaux caract^iistiques ou 6l4menls sp^cifiques). 2" L'aspeot colloide, gclaliniforme, etc., esl un caract^re d'ordre phy- sique qui est du &. une quanlite plus ou nioins considerable d'une substance amorphc, ros^e, bleuSlre ou jauoepaie, transparenteou demi-transparente, peu ou Ires-graouleuse, interposee k des elements qui ferment la trame de la lumeur, et en constituent meme souvent, bien que pas lonjours, la plus graode parlie quaul A la masse. Cetle substance, tenant ecartes les uns des aulres les (?16ment> fondamen- laux du tissu malade, donne sa demi-lransparence ci lout le produit mor- bide, bien que ces ^l^menls soient opaques ou i peu pres lorsqu'ils se tou- chent en grand nnmbre a T^iat normal. Il se pourrail que cette mati^re amorphe, transparenle comme de la gelatine, se trouvat inlerposee entre des Elements du cancer et donnal a la lumeur I'aspecl g^laliniforme, niais je n'ai encore jamais renconlr6 un cas de ce genre. 3" Toules les tumeurs g^laliniformes, dans une parlie ou dans la tota- lity de leur masse, qui m'ont 616 envoy6es sous le nom de cancer colloide, ou que j'ai observees moi-m6me, se soot trouvees etre tantot : a. Des tumeurs ayant pour trame des fibres ou des faisceauxde fibres des Ussus cellnlaire et ^.laslique, avec des 616ments fibroplastiques en petite 63 quanlil^. Ces lunieurs siegeaienl soil dans le lissu cellulairesous-culan6, inlermusculaire ou sous-s^reux, la peau, dans le p6rioste, dans le poiimon, dansle maxillaire inf^rionr dislendu, le n^vrileme du nerf denlaiie semblant dans ce cas en avoir 6le le point de depart. b. Des lunieurs ayanl pour t51(?ment piincipal des ^16ments fibro-i)lasli- ques, soitsurtout des noyaux, soil en nieme lempsdes fibres fusiformes el des cellules fibro-plasUques ; ces Elements liijro-plasliqnes sent assez com- inun6ment plus granuieux que lorsquil n'y a pas de mali^re amorphe avec eux, el ils sonl accoinpngnt^s d'line pelile quanlii6 de fibres du li.-su cellu- laire. Les lumeurs ainsi conslilu^es, qui sonl assez conrimuoes, onl M Irou- v6es dans les memes regions que les pr^c^denles, moins le lissu cellulaire, sous-?^reux. c. D'aulres fois, et c'esl le plus souvenl, cetle maliere amorphe esl in- lerposee a des Elements glandulaires hypertrophies. Ce. fail s'observe sur- tout au rectum ou dans lereste du grosinleslin ei dans I'eslomac, c.'eA-i- dire dans les portions des lubes digestifs donl la muqueuse est form^e presque uniquemcnl par des follicules presses les uns conire les aulres. Ce sent du moins ces niuqueuses qui sonl le point de depart du mal,ce que prouve Texamen des lumeurs peu volumineuses, compar^esi celles qui le sont beaucoup el qui, en g^ossissanl, vonljusqu'a envahir les muscles voi- sins, le fnie, le pancreas, etc. Toujour?, duns ces tumeiirs, on trouvedes follicules en cu!s-de-sac simples ou lol)6s, ties-hyperlrophi^s ou ayant perdu leur parol propre el r^duits a une gaine epilheliale. Des cellules 6pilheliales libres s'observeDt aussi dans la maliere amorphe, surtout pr^s de la surface ulc^r^e des produits morbides. I.orsqu'il s'agit de follicules tapiss^s d'un epithelium nucleaire, celni-ciesl presque loujours transform^ en epithe- liums pavimenteux, spherique, el meme cylindrique. A plus forle raison en est-il de meme lorsque ces glandes sont pourvues d'un epithelium sphe- rique ou donl le goulol esl tapisse d'epilhe'ium cylindrique. Les cellules d'epilheiium deviennenl souvenl tres-grosses, mais leur noyau s'hypertro- phie rarement, II se pourrait que des observateurs prevenus, ne connais- sant pas suffisammenl les glandes de la region et son epithelium, ou examinanl avec un objeclif Irop faible,aient prisces elements d'epilheiium pour ceux du cancer, bien que, quelle que soil leur hypertrophic, ils conservent loujours Ieuraspecl(''pt7/ie7misansprendrecelui des elements aualomiquesducaucer. La presence des culs-de-sac glandulaires snlfirait i elle seule pour fixer le diagnostic des plus inexperimenies. Ce sont surloul ces lumeurs-la qui, a la coupe, offrenl des areoles, limiiees par des faisceaux de lissu cellulaire, 6Zi enlre lenqiiels se tionvonl la malit'Te aiiioriilie et Ics t'ulf-de-sac qii'on peul faire sorlir par la pression. r.e soiit elles aussi qui renferment des corps volumineux de forme variable, dont il a 616 fait meulion dans le BcLLETm DE LA SociETE ANATOMiQUE, dii mois de fcvrier de I'ann^e 1852, sous le nom de corps colloidaux, a propos d'une lumeur du foie que j'avais exa- minee. Ces corps, qui se Irouvent aussi dan:; des tumeursg61aliniformesdu poumon el dans des tumeurs qui n'onl pas I'aspecl de la colle, sonl des 616menls d'^pilheiium ayant subi un mode d'all^ralioii parliculier fori cu- rieux sur lequel je reviendrai dans un autre travail. Enfin, la mati^re amorphe peut se renconlrer dans des hypertrophies des glandes de la mnqneuse nasale, de la parotide, de la mamelle, et peul- 6lre aussi du foie et du pancreas. Tontes les fois que la mati^re amarplie est abondante, il y a qi el li des foyers h^morrbagiques plus ou moins vo- lumineux. De la mali^re gelaliniforme peut se renconlrer aussi dans des portions d'une sorte de tumeur susceptible de se g6n6raliser, reofermant surtout une espece particuli^re d'616menls analomiques hel^romorphes, diff^rents de ceux du cancer, que j'ai observee depuis la lecture de ce travail sur des tumeurs pr6senl6es par M. Lorrain k la Society de biologie, et dout je donnerai la description et les figures dans le rapporl que je dois faire sur ce travail ou dans Touvrage menlionn6 plus haul.) li° Des diff^renles conclusions de la parlie de ce travail qui concerne les produclions ^pitheliales, je ne donnerai que les deux derniferes, car les autres se trouvent d6ji dans les theses de quelques-uns de mes 616ves (Luna, Toutant, Lev6). Dans les produclioDS 6pidermiqiies de la peau, lorsque les cellules se d6- veloppent dans la profondeur du deime qu'elles envahissent, Ips fibres du tissu cellulaire et beaucoup de capiliaires sont les premiers Elements qui 8'alrophieul et disparaissenl. Les fibres 61asliques, au coulraire, persis- tent tr6s-longtemps el se renconlrent inlacles enlre les cellules 6pilhi'liales et les globes -^pidprmiques, fait qui ne s'observe jamais dans un tissu envahi par les 616menls canc^reux. 5° Le cancer esl, dans le foie comme dans les autres organes, plus rare qn'on ne I'a cru jusqu'i I'epnque oii le microscope a permis de comparer la slructure des prod nils morbides d'un organe k celle de cet organe. On confond ordinairemenl avec le cancer du foie, sons le nom de tubercules caDc6reux du foie, etc., des tumeurs pouvant affecler la lolalild de celle glande, qui ne sont autre qu'une affeclion ^pidernaique, c"esl-&-dire une 65 multiplication (avec deformation de quelques unes) des cellules de I'^pi- ih^iium des tubes s6cr6teurs de la bile. Ces elements 6pith61iaux sont ac- compagn6s constamment de corpuscules jaundtres sph^roidaux, variant entre 12 el 60 milii^mes de millimetre, de formes diverses, plus ou moins granuleux, qui se developpent generaiement entre les cellules epith61iales et quelquefois m6me dans T^paisseur des cellules qu'ils rendent plus vo- lumineuses. Ces corps sont d'autanl plus nombreux que la tumeur est plus grosse, du moins ordinairement. On les trouve du reste plus ou moins abondammenl sur toutes les lumeurs 6pitbeiiales de la peau, de la langue, de la vulve, du cuir chevelu, etc. Toutefois leur volume est li g^n^rale- ment plus grand que dans les lumeurs analogues du foie. TCJIE V: ItfOTE L'HYPERTROPHIE DES ELEMENTS ANATOMIQUES ET SUR CELLE DES TISSDS; Inc. a la Societe de Biologie , le 6 aoflt 1853 , M. CHARLES ROBIN, Professeur agrege i la Faculte de merferine de Paris, etc. Aussilol Oil longleraps apres que le d^veloppement est acheve, il peul d6passer les limiles ordinaires. On dit alors qu'il y a hypertrophie. La pro- pri^l6 de s'hypertrophier qu'ont les 616meals analomiques est une pro- pri6t6 anormale, c'est-&,-dire qui ne se manifeste que dans quelques condi- tions non habiluelles, accidenlelles. Elle prend, en raison de ce fail, ie nom d'anormale ou ieratologique el elle prend ceiui de morbide ou patholo- gique, quand de I'hyperlrophie r6sulle de la gene douloureuse ou non dans raccomplissement des fonclions. L'hyperlrophie comme I'alrophie se rattachent d'une manifere immediate k la propri6l6 de d^veloppement donl I'une et I'aulre sonl un cas parlicu- lier. Ce n'est que par rinlermMiaire de la propriety de developpement qu'elles sont li^es k la nutrition; celte derniere en est une condition d'exis- lence, comme elle en est une de la propri6t6 de se d^vclopper et de toutes les autrespropri6l6s. 68 C'esl parce qu'on ne connaissait pas les ^16ments analomiques et leiirs propri(^l6s i I'^poque de Laennec, que ce palhologisle eminent admit des alterations de nutrition, comme formanl un groups de lesion en analo- mie palhologique, comprenant Talrophie el rhypertrophie. D'abord c'esl commellre une erreur que de prendre pour base g^n^rale d'eludes d'ana- tomie pathologique des notions de physiologie. L'exp^rience monlre, en effel, que parlout c'est la marche inverse qu'il faul suivre, el que, i pari quelques cas parliculiers, les fails statiques doivenl felre connues avant les notions dynamique?. De plus, la nutrition peut bien 6lre modifite en plus et en moins, mais pour cela eile n'est pas 16s^e, elle n'est pas alleree; car la nutrition est ca- ract^ris^e par un double ph^nomene continu de combinaison el de d6com- binaison sans deslruclion de la substance qui en est le si^ge. Or jamais une combinaison prise danschaque cas parliculier en elie-m6me, et non corame un fait general, ne peul elre all6r6e, sans quoi elle n'existe plus. Elle ne peut 6tre faite ni 4 demi ni aux trois quarts ; elle est ou elle n'est pas. Elle se fail vile ou lentement, suivant les conditions ; mais elle ne se fait pas de deux maniferes ; il n'y a pas deux natures de chlorure de sodium, de sulfate de sonde, deux esptees d'acide urique, elc. Quand leurs propriet^s changenl, c'esl qu'on leur a retranch^ou ajoul6 quelque chose, ou qu'a6l6 modifi6 sous quelque rapport I'arrangemenl m^canique de leur particules. Enfin il n'est pas de maladies dans lesquelles la nulrilion des Elements ne soil ou activ^e ou ralenlie, suivant la nature des principes imm^diats qui leur arrivent et diverses autres conditions. Ce n'est par consequent pas sur un ph^Dom^ne tellement g^n^ral et teliement uniforme que parlout il ne pr^sente que des differences de rapidity, selon la nature des mat6- riaux mis en presence, que peuvent 6tre etablies des divisions, non pas dans les differentes esp^ces d'all^rations, mais dans celles des phenom^nes anormaux. Ces divisions ne peuvent fitre 6lablies d'une mani^re naturelle etrationnelle qu'en s'appuyant sur les phenom^nes auxquels se raltachent imro6dialement les actes secondaires qu'il s'agit de faire rentrer dans cha- cune d'elles ; mais ce n'est pas k ceux auxquels on ne peut les Her que mediatement par rinlerraMiaire d'un autre qu'il faut les rapprocher ; c'est i celui-ci m6me. Ce rapprochement conduisant ^ la confusion ne pouvait eire ^viie tant que Ton ne connaissait des phdnomenes vitaux ei^mentaires, que les extremes, la nutrition, le plus simple, le plusgen^ral de tous, et la sensibihld le plus complexe et le plus special. II fallait connailre les pro- pri<^ies interm^diaires parmi lesquelles se trouve celle de se developper, 69 et mainlenant qu'elles sonl connues, il faul 6viter la faute; car quoique re- posant sur des differences d'une appr^cialion en apparence delicate ou mi- nulieuse, celle dislinclion esl inoportanle en fait, et si elle est omise, elle conduit a confondre des choses qui sont diff^rentes, corame la propri6t6 de se d^velopper avec celle de nutrition. Si done, dans un 616ment anatomique auquel des principes imm^diats plus abondants ou d'une autre nature sont fournis, la nutrition devientplus rapide, si le mouvement de composition Temporle sur celui de decompo- sition et qu'il y ail hypertrophie, la propriety de nutrition n'est l^see ni alt6r6e en rien; la nutrition n'en est pas moins parfaile si on la consid^re k part. La propriety qui esl cliaugee est une des propriet^s qui onl pour condition d'existence la nutrition, qui sonl enl^es sur elle sans en d6cou- ler necessairement ; dans le cas dont il s'agit, c'est la propriety de d6velop- pemenl qui e&l niodifiee. Ce changement se raanifeste par la mise en Evi- dence de la propriety qu'onl les eiEmenls de s'hypertropliier; propriety qui esl fondle sur eile, mals ne peul pas en elre consider^e comme une suite nScessaire ; car on pent parfailement concevoir des elements anatomiques qui ne s'hypertrophieraienl pas et n'auraient d'autres propri6t6s que celle de se d6vel'jpper sans d^passer r^tat normal ; mais la propriety de s'hy- perlrophier suppose necessairement celle de se d^velopper. L'apparilion de la propriety de s'hypertropliier qn'onl les elements n'ayant lieu que dans certaines conditions qui ne sont pas habituelles est, ainsi qu'on i'a d^j^ vu, dile anotnale ou teralologique, et elle prend lenom de morbide ou pathologique, quand de riiypertrophie resulte de la gene douloureuseou non dans I'accoraplissement des fonclions. L'eiude de la structure inlime des tissus execulee a I'aide du microscope a montre un fail qui jusqu'a present n'a pas 616 signals ; c'esl que I'aug- mentalion de volume des organes est une cause difTerente, selon le lissu qui la cocstilue ou celui d'enlre eux qui augmente de volume; en un mot les lois de I'hypertrophie varient suivant chaque tissu. En voici des exemples pris sur les tissus les plus simples d'abord pour arriver aux plus complexes ensuile. A. Dans les tissus les plus simples (adipeux, fibreux, cellulaire, os- seux, etc.), I'hypertrophie est due k une augmentation de nombre des fibres des v6sicules ou autres 6l6menls, car aucune d'elles n'a un volume plus grand qu'a. retal normal. 1" Dans les tissus cellulaire et fibreux ou hypertrophies, comme, par exemple, entre les couches musculaires, muqueuses et peritoneales de 70 i'esloniac dans certains cas d'ulceres de la muqueuse, le lissu cellulaire inlerpos^, bien que quintuple, etc., quant k la masse, estform6 de fibres qui onl toules le volume normal, el qui sont seulement plus adh^renles les unes aux autres. Le mfime fait s'observe encore dans les cas d'aug- mentation d'^paisseur du p^riosle, quelque considerable qu'elle soit. Dans les tumeurs fibreuses qui ne sont que des hypertrophies locales et limit^es du tissu cellulo-fibreux port^es jusqu'au point de former un organe mor- bidenouveau, le meme faitpeut filre constats avec autanld'^vidence. 2° Get exemple peut s'appliquer en tout point au tissu adipeux. Que son hypertrophie soit localis6e et porl6e jusqu'a production d'une tumeur (li- porae) ou g6n6ralis6e (polysarcie adipeuse), jamais les v6sicules pleines d'huile ou vesicules adipeuses qui sont l'6i6ment caracteristique du lissu nesont plus grosses qu'4 l'6lat normal; elies onl done certainemenl aug- ment6 de nombre dans ce cas. 3° Dans les cas d'augmentation de volume des os (du tibia, par exem- ple, devenu un quart plus long que du cote oppose et deux ci trois fois plus 6pais), dans le cas de voisinage d'un ulcere, d'une lumeur, etc., les cavil6s caracl^ristiques de I'os, appel^es osteoplastes ou corpuscules osseux, onl constanmient le volume normal, h fort peu de choses pr6s, el sonl seulemeul quelquefois plus ou moins irr^guliers. II en est de m^me dans le cal, dans les stalactites osseuses, les exostoses, ^burn^es ou non. M^me observation pour les cavil^s et les corpuscules caracl^ristiques des cartilages. U° Dans tous les cas d'hypertrophie de I'^piderme cutan6, quelles que soient les conditions dans lesquelles on I'observe, les lamelles ou cellules 6pidermiques conservent le volume normal ; elles ont done augments de nombre. Daus les cas de tumeurs epidermiques, on Irouve, au milieu de cellules ayant le volume normal, une certaiue quantil^ d'aulres qui sont deux i Irois fois plus larges que les cellules normales; mais leur propor- tion n'est jamais assez considerable pour que Ton puisse leur faire jouer un role considerable dans la production de la tumeur. 5" Ayant compare les artferes homologues Ires-hypertrophiees , bran- ches de la carotide externe, dans un cas de tumeur de la region paroli- dienne, i celles du cote oppose qui avaient le volume normal, les elements (de chaque couche tres-epaissis) etaienl restes avec leur volume normal. Meme fait s'est presente pour les vaisseaux arteriels et veineux ovaro-ute- rins dans la grossesse, compares aux vaisseaux correspondanls d'un autre sujet donl I'uierus etait 4 Petal de vacuite. 71 B. Quant aux lissus complexes, tels que muscles, nerls et glaudes, la question oflre plus de difTicull^, sauf toutefois pour ies nerfs. 1° Les muscles hypertrophies offrenl des faisceaux strips (fibres strides, fibres primitives des auteurs) plus larges en moyenne qu'^ r<5tat normal; toutefois cette augmentation de volume est assez peu considerable pour qu'il soil difficile de pouvoir se rendre compte, a son aide seulement, de I'augmenlaliou de volume de I'organe. El pourtanl les couches de tissu cellulaire interposees aux faisceaux musculaires ne sout pas hyperlrophi^es, non plus que celles de tissu adipeux qu'on rencontre quelquefois dans les muscles. Ce qui vient d'etre dit plus haut des faisceaux musculaires s'ap- plique a ceux du cceur comme k tous les autres, et il semble impossible de 66 rendre compte de I'liyperlrnphie de ces organes sans admettre ici la production de fibres strides nouvelles , puisque I'augmentation de volume de celles qui constituent forgaue inalade n'est pas en rapport avec I'hyper- trophie de celui-ci. 2" Les nerfs de I'ulei us pendant la grossesse sont plus gros que dans r^lat physiologique conlraire. L'augmentaliou de volume tienl surtoiit a celle du n^vrilemme; raais on pent constaler aussi que les tubes nerveux sont devenus plus gros dun sixieme environ. 3" Dans Thyperlrophie des glaudes, les culs-de-sac peuvenl alleindre un diam^tre huit a dix fois plus grand qu'a P6tal normal. En meme temps que la gaine des culs-de-sac devient plus large, I'^pilhdlium qui tapisse sa face interne aiigmente d'epaisseur. Ici done, dans la grande majority des cas, cette augmentation de volume rend compte de Phypertrophie de I'or- gane, dont les cloisons cellnlo-adipeuses s'hypertrophient ^galement k leur maniere (voy. plus haut, A). Toutefois, il est des cas ou la masse morbide (mamelle, petiles glandules salivaires sous-niuqueuses hypertrophi^es iso- lement) est si considerable qu'il n'y a plusde rapport entre Taugmentalion de volume des culs-de-sac et celle de I'organe. La disproportion est telle qu'il est difficile alors de ne pas admellre la production de culs-de-sac nou- veaux dans chacun des acinis ou grains glandulaires. Il exisle, du reste, d'aulres varietfe d'hyperlrophies glandulaires dans lesquelles I'augmenta- tion de volume du tissu est due a I'augmentation de nombre et de volume des elem.ents epitheiiaux. Ayant traits de ce cas particulier dans un autre article (Note sur ouelques hypertkophies glandulaires. I*aris, 18.^2 : in-8°), je n'en parlerai pas de nouveau ici. I KYSTES MULTIPLES DUS A LA DILATATION DES GLANDES SUDORIPARES ; NOUVELLE VARIETE DE TUMEIIR SOCS-CUTANEE ; PAR M. LE DocTKUR Ar. VERNEUIL, Agrege de la Faculte. Obs. — Uii homme de 40 ans environ, couehe dans une des salles de I'hfipilal du Midi, porte k la region superieure dii cou une lumeur du Tolume d'une grosse amande. EUe est situ^e au-des30us et un peu en arriere de I'apophyse mastoide, sur la face ixterne du muscle sterno-mastoidien, plus liaut et plus en arriSre que le bord posterieur de la parotide. Peu mobile, quoique indepen- dantedu squelette, cette tumeur est mollasse , sans fluctuation manifeste. Le toucher y reconnait des bosselures, et elle ofTre la consistance decerlaines pro- ductions vasculaires veineuses. La peau qui la recouvre est mobile et peut etre souleveeen pli ; elle n'offre, du reste , aucune alteration de couleur ni de con- sistanee, et on ii'aperQOit h sa surface aucun pertuis. La tumeur n'est point reduclible a la pression et ne prcsente pas de battements; elle s'est developpee leiitement sans cause connue; elle n'a jamais ete douloureuse, mais elle s'ac- croit, et le malade desire en etre debarrassc. Le diagnostic de la nature de cette production est assez obscur. La flxite, le peu de consistance excluent I'idee d'un engorgement ganglionnaire; I'insensi- bilite, I'absence de battements et de changement de coloration de la peau ne permettent pas de songer k une production vasculaire. Restent deux hypotheses : celle d'une tanne, c'esl-a-dired'un kysle forme par un follicule sebace hypertro- phie, et celle d'unlipome. L'^tat de la peau, I'absence du pertuis qu'on retrouye TOME V. 6 n si soiivent sur la surface des loupes d'un petit volume, nous engagenl k penclier Ters la seconde opininn. M. FoUin precede a Pablation : une incision longiludinale divise la peau fui- vant Ic fjrand axe de la tumeur. Le tegument amine! elant ditseque a droite el A gauche, on arrive sur une masse rougeatre molie formce de plusieuisbosselurcs k parois minces etdistendues par du liquide. Les adherences assez fortes de cetle masse rcndent I'enucleation impossible. On est oblige de dissequer toute sa cir- conference, et le hislouri ouvre ainsisuccessiveraent plusieurs poches d'ofi sV- coule un fluide clair, tenu, semblable k reite serosite sangiiinolente qui rcmplit certaines phiyct6nes. L'extirpation est achevue avec les ci-t-aux courbes. Je procede immediatement a I'examen de cette production. Deux petits kystes etaient restes intacls an milieu de la masse; a im faible grossissement, ils se pre- senlent sous la forme de vesicules translucides munis d'une parol bien distincte et assez epaisse. Une piession entre deux plaques de verre fait crever ces poches d'ofi s'ecoule un liquide semblable a celui qui remplissait les poches plus volumi- neuses. Ce liquide, examine h un giossissemenl de 600 diametres environ, ren- ferme une grande quantite de cellules epilheliales libres; ce sont dcs cellules d'epithelium pavimenteuses tr6s-bien conserv6es, a parois claires et munies d'un noyau bien caracteristique. On volt, de plus, nager un grand nombre d'epitheliums iiucleaires pales, reguliers, arrondis ou k peine polygonaux. Ces elements sont melanges d'une assez notable proportion de globules sanguins et dcquelques tares corpuscules granuleux. Independamment de ces elements flollants, on voit : 1" des plaques plus ou moins etendues en forme de membranes el consliiuees, celles-ci, par dcs couches d'epithelium nucleaires d'une paifaite regularite, rendues polygonales par la pression r^ciproque de leurs bords, et en tout semblables aux noyaux flottanis ddcrits plus haut : ces epitheliums ne sont jioint stratifies; ils formcnt une couche unique. 2" Dps plaques tout k fail semblables sont formees par des cellules completes d'epithelium pavimenteuses k bords irreguliers par pression reci- proque, mais qui pouriaient egalement servir de type de cet element anato- mique; ces cellules sont assez variables en volume, presque aucune d'elles n'at- teint le diamfetre des cellules pigmenlaires, et elles ne presentent pas traces de granulations graisseuses. Au resle, I'element graisseux manque absolument dans les diverses parties de cette production. J'examinai Egalement le liquide que je pus exprimer du reste de la masse et qui distendait prealablement lesgrandes vesicules, et j'obiins des resullals lout k fait identiques. La tumeur, apr^sl'evacuation du liquide, se trouvait reduite a un tres-petit volume qui semblail seulement un lambeau dc tissu cellulaire. J'en snumis plu- sieurs echantillons au microscope, et je ne trouvai qu'un tissu cellulaire delicat ; pourtanl, en plusieurs points, je retrouvai des fragments plus ou moins longs. 75 ruais tres-reconnaissables tie glandes sudoripares. Avant et apres I'examen mi- eroscopique, plusieurs hypotheses se presenterenl k mon esprit. Je pensai d'abord, d'apres la tenuite des parois, la multiplicite des loges et I'aspect du liquide, ti la possibilite d'un hygroma; on sail, en tlfet, que les environs de I'oreiile et de rapophyse mastoide presentent quelquelois des bourses sereuses sous-cutanees accidenlelles. Une production de cette nature aurait pu devenir le siege d'un epanchement; mais si !a duree de la maladie ecailait deji cette hypoth*se,Ia presence d'un revelement epithelial la renversaitcompletement, car, jusqu'a ce jour, je n'ai jamais rencontre d'epiihellum ni dans les bourses sereuses sous- culances normales, ni dans celles qui se developpent autour des tumeurs et qui deviennent le siege d'hygromas accidentels. Je pus me demander avcc M. FolUn, en prrsence de ce liquide rougeatre et de la multiplicite des poches, s'ii ne s'agissait point de cette variete de kystes multiloculaires dus ^ une alteration pariiculiere des tumeurs t'rectiles : lesion sur laquelle MM. Holmes Cooteet Bickerstesh ont recenimenlattiie I'attention etqui vient a I'appui d'une Iheorie depuis longtemps lormulee par iM. Cruveilhier, theorie dans laquelle on suppose que des obtileratioi.s partielles dans le systeme vasculaire peuvent donner naissance a des kystes. [.'absence de traces d'une tumeur vasculaire atilecedente, la presence des epi- theliums m'engagereni , nonobslant I'abondance asscz grande des globules san- gums iiieles au liquide, a rejeler cette hypothese. U s'agissait done ^videmmenl dans ce cas d'un kysle ayanl pour point de depart une glande. Les nombreusesrecherches quej'ai faites sur ce genre de 16sions ne laissenl dans mon esprit aucun doule ; mais cela n'esl pas lout, et 11 faut determiner le veritable point de depart. La dilatation kyslique si^ge-t-elle dans quelques granulations ecarl^es de la parotide? Je ne ie pense pas, d'abord, k cause du si^ge et de I'independance de la tumeur, puis par les caracleres de repilWlium nucl^aire, qui differe notablementde celui qui tapisse les culs-de-sacs de la glande salivaire. Avons-nous affaire a une dilatation des follicules s6bac6s de la peau, mais la masse est bien ^videmmenl sous le derme, elle est form^e de plusieurs poches, remplies d'un liquide aqueux enli^remenl d^pourvu de graisse. Par elimination, nous arrivous k une opinion qui est pour nous presque une certitude. Les glandes sudoriferes de la peau sont le si^ge d'une dilata- tion kyslique. Plusieurs glnndes sont envahies par cetle alteration, ou bien le tube qui conslilue I'une de ces glandes presenle des dilatations multi- ples. Au resle, nous ne fondons pas noire assertion seulement sur des ar- guments negalifs; car non-seulement la nature du liquide exclut I'idee du produit d'une glande sebac^e, non-seulement I'epilheiium n'est pas celui 76 de I'une de ces glandes ni d'un lissu parolidien, mais ses caracl^res h rapprochent tout 4 fait de l'6pith6lium nucl6aire qu'on voil chez les foetus, par exerapie, tapisser rinl6rieur des glandes lubuleuses de la peau. M. Ro- bin, avec lequel j'ai r^p6l6 I'exaraen de la pi^ce, s'esl compl^tement ralli6 a mon hypolhese, en se fondant surtout sur la ressemblance analomique. Une seule objection se pr^sente, elle est lir^e de la presence de cellules completes d'6pilh61iums paviraenteux. Les glandes sudoripares, en effet, n'en pr^sentent ordinairement pas ; mais qui ne salt que dans les hypertro- phies glandulaires, les Epitheliums nucieaires passeni facilement i T^tat de cellules completes, comme j'ai eu I'occasion de le dire dans d'autres com- munications. J'attache beaucoup d'importance dans la determination du point de depart des kysles glandulaires aux caracleres fournis par les Epi- theliums, et surtout lorsqu'il s'agit de kystes d'un volume trEs-minime dans lesquels la parol et sa sEcrEtion onl encore presque tous les caracleres anatomiques et physiologiques normaux. J'ai donne beaucoup d'exlension k cetle note, j'ai ete prolixe dans la description et dans la discussion , et c'est k dessein que j'en ai agi ainsi. De- puis longtemps je cherchais 4 observer des kystes des glandes sudoriferes pour completer la sErie de ces alterations, qu'au jour actuel j'ai pu consta- ter direclement ou par les fails publies, dans la pluparl des organes sEcre- teurs. Ces kystes de la peau n'ont pas encore, que je sache, ei6 decrils ni meme soupQonnes parce que, d'abord, les exemples en sont rares, et que, d'ailleurs, personne n'a et6 conduit comme moi i les recherclier par I'in- duclion. L'observation qui precede me paralt done eiablir que certaines lumeurs sous-cutanees sont form6es par des kystes sudoripares. Le volume que peuvent acquErir, dans I'etat morbide, les glandes si tenues de la peau, ne constitue nullement une fin de non-recevoir, quand des corpus- cules de Malpighi acquierenl dans le rein, quand des vEsicules de de Graaf r6veient dans I'ovaire, etc. , elc. , des proportions minimes par rapport it leurs dimensions normales. RECHERCHES EXPERIMENTALES SUR LE GRAND SYIPATHIQUE ET SFECIALEMENl SUR LINFLL'ENCE QUE LA SECTION l)E CE NERF EXEKCE SUR LA CHALEUR ANIMALE; Lues i. la SocifitS de Biolojie, dans les stances des 7 et 21 dicembre 1853 , PAR M. CL\IUE BERNARD. APERCU HISTORIQUE. Je n'ai pas rintention de rapporter ici toutes les hypotheses quon a pu faire sur les foiictious du grand sympathique ; je desire seulement rappeler dans leur ordre chronologique les principales experiences qu on a tent^es sur ce nerf a diverses epoques. Gette indication histo- rique montrera, mieux que loute autre discussion, la part et la succes- sion des elTorts de chacun dans I'etude experinientale , si difficile, de cette partie du systeme nerveux. La premiere experience sur la portion cervicalc du nerf grand sym pathique appartient a Pourfour du Petit. Dans un memoire tres-re- marquable publie dans les Memoires de l'Academie des sciences, pour 78 1727 (1), cet auteur soutient deja que la porliou cervicale du grand sympathique ne nail pas dans la tete (de la cinqiiieme et sixieme paire) pour descendre versle thorax comme I'avaient cruVieussens et Willis, mais qu'elle monte au contraire de la partie posterieure du corps (chez les quadrupedes) vers lat^te, pour se terminer dans les yeux, avec les deux nerfs precites. La preuve que Petit en donne , c'est que quand on coupe le nerf sympathique dans le cou, chez les animaux (chiens) (2), les efTets de sa paralysie se manifcstent au-dessus de la section vers les yeux, qui offrent alors un retr^cissement de la pupille , un affaisse- ment de la cornee , une rongeur et une injection de la conjonctive ; de plus, la troisieme paupiere est saillante et s'avance au devant de I'oeil. Petit ajoute que le sympathique influence les glandcs et les vaisseaux deUoeil qui, apres la section du nerf, perdent leur ressort et s'emplissent de sang ; il explique tres-bien aussi le retrecissement de la pupille par la paralysie des fibres du sympathique qui, apres s'etre unies aux filets ciliaires, doivent aller dilater la pupille. Enfin il signale encore un rapetissement du globe occulaire quand les animaux vivent un cer- tain temps. Tons les phenomenes signales preccdemment se produisent lorsqu'au lieu de couper le filet sympathique au cou , on extirpe le ganglion cervical superieur on I'inferieur. Dupuy en 1816 (3) , Brachet en 1837 (4), John Reid en 1838 (5), n'a- jouterent rien de bien essentiel a I'experience de Pourfour du Petit, lis signalerent tons, comme consequence de la section du filet sympa- thique au cou , on comme resultat de Fextirpation des ganglions cer- vicaux de ce nerf, le retrecissement de la pupille, la rougeur de la (1) M^moire dans lequel 11 est demontre que les nerfs inlercostaux fournis- sent des rameaux qui portent des esprits dans les yeux , p. 1 . (2) Chez les chiens , le cordon sympathique au cou est uni avec le vague , ([u'il est impossible par consequent de menager. Petit , qui n'ignore pas cette disposition, distingue tres-bien dans cette experience complexe les elTets qui dependent de la section du pneumogastrique de ceux qui appartiennent a celle du sympathique. t3) MeMOIRE sir L'EXTIRPATION des ganglions GL'TTURAUX CHEZ LE GHEVAL. (JOURN. DE MED. DE LeROUX , 1816 , t. XXXVII). (4) Systeme GANGLiONNAiRE. Paris, in-8", p. 41-4. (jj Physiological, pathological and anato.mic.4l rese-vrches, p. 96, 79 coajonctive , renfoncenient du globe oculaire dans I'orbite et la pro- jection du cartilage de la troisieme paupiere au devant de I'oeil. Quoi qu'il en soit , c'est ce pheoomene du rctrecissemenl de la pu- pille qui avail attire plus specialement I'atlention des experimenta- teurs, dans ces derniers temps ; c'est a ce fait surtout que se sont adress^es toutes les explications proposees et toutes les experiences nouvelles qui firent faire quelque progres a cette question. En 1846, M. Bilii (de Milan) (1) observa cet autre fait nouveau que lorsque la pupille est retr6cie par suite de la section du nerf sympa- thique , on peut lui rendre son elargissement en galvanisant le bout c6phalique du nerf synipathiquc coupe. A peu pres a la meme epoque , le docteur Ructe(de Vienne) (2)ayant remarque que dans la paralysie de la troisieme paire de nerfs , la pu- pille dilatee et immobile peut encore s'agrandir sous I'influence de la belladone , en conclut que I'iris rccoit deux especes de nerfs moteurs correspondant a scs deux ordres de fibres musculaires, el que le grand sympalhique, en animanl les Jibres musculaires radiees, produil le mouvemenl de dilatation , tandis que le nerf moleur oculaire com- mun, en animant les fibres circulaires, determine au conlraire le mou- vemenl de contraction de I'iris. En 1851 , MM. Budge et Waller (3) reconnurent que, dans son action sur la pupille , le filet cervical du grand sympalhique n'agil que comme un conducleur qui transmet une influence dont le point de depart est dans une region de la moelle ^piniere que preciserenl ces experimen- lateurs el a laquelle ils donnerent le nom de region cilio-spinale. Celte region esl comprise entre la derniere vorlebre cervicale et la sixieme vertebre pectorale inclusivement. Toutefois ces auleurs, en signalanl ce resultal, s'atlacherenl unique- menl a I'explication du retrecissement de la pupille. lis admeltent aussi qu'apres la section du sympalhique , les fibres radiees de I'iris (muscle dilalaleur) sont paraly sees, d'oii il suit que I'aclion des fibres circulaires (muscle conslricleur ) predomine ot retrecit fouverture pu- pillaire. Si, quand on galvanise la region de la moelle a laquelle le (1) InTORNO all' influenza CHE HANNO SULL' OCCHIO I DUE NERVI GRANDE siMPATico E vAGO. Disseft. Inaug. D' Serafino Biffi Milanese. Pavia, 1846. (2) Ruete. Kllmsche Beytr.t,ge, etc. (3) COMPTE RENDi; DE L'AgADEMIE DES SCIENCES, p. 378. 80 sympathique prend naissance, on voit la pupille se dilater, cela vient encore, suivant eux, de ce que, sous Tinfluence galvanique, le nerf sympathique raoteur excite Taction des fibres radices ; leur contraction energique surpasse alors temporairemcnl I'action des fibres circulaires et determine la dilatation de la pupille. Depuis plusieurs anniies, en montrant dans mes cours publics les effets de la section de la portion cephalique du grand sympathique , i'ai insiste sur ce point qu'au lieu de poursuivre une explication ex- clusive pour rendre compte des modifications de la pupille, il faudrait en chercher une pour tous les autres phenomenes qui , survenaut et disparaissant simuUanement, semblent naitre sous rinfluence dune cause commune. Tous ces phenomenes simultanes et connexes sont, ainsi que nous I'avons vu : l" Le retrecissement de la pupille et la rongeur de la conjonctive; 2° La retraction du globe oculaire dans le fond de forbite, ce qui fait saillir le cartilage de la troisieme paupiere et le porte a venir se placer au devant de I'oeil ; 3° Le resserrement de rouverture palpebrale et en raeme temps xme deformation de cetle ouverture qui devient plus elliptique et plus oblongue transversalement ; 4" L'aplatissement de la cornee el le rapetissement consecutif du globe oculaire. Outre les phf^nomenes precedents, j'ai encore signale le retrecisse- ment plus ou moins marque de la narine et de la bouche du c6te cor- respondant ; mais j'ai surtout indique une modification toute speciale de la circulation , coincidant avec une grande augmentation de calo- ricit6 et meme de sensibilte dans les parties. J'6tudiai ces fails, qui n'avaienl ete signales par personne avant moi, comme resultal de la destruction du nerf grand sympathique (1), et le (\) Bien que ce phenomene de calorification et d'augmcntation de sensibilite eiit du sc manifester entrc les mains de tous les experinientateurs , personne nc favait ccpendant remarquc, iii ne hii avail donne sa signification : c'est a peine s'il avail el6 note. Dupuy parle, dans deux de scs experiences sur des rhcvaux, de chaleur passapere ct de sucurs meme survonucs dans quclques parties de la face ou de la ruque. Mais cet observalcur ne peuse pas le moins du monde a caracteriser le phenomene , qu"il confond, du reste , dans la description des symplomcs d'une carie de foccipilal qui cxislail coinci- demment dan? un ras, ct d'unc carie de To? maxillairr qui cxislait dan? 81 29 mars 1852 , je lus a TAcademie des sciences une note sur Cinfluencc du nerf grand sympathique sur la chaleur animale. I'autre. II le signale , au reste, chez d'autres animaux qui n'avaient pas eu les ganglions extirp6s , mais qui prtsentaient des maladies des fosses nasales ou des OS maxillaircs. (Voy. I'ouvrage du meme auteur sur rAFFECTioN tu- BERCULEUSE. Paiis, 1817.) 11 reste done Evident que Dupuy n'a pas distingue ni compris le phenoniene comme resultat physiologique de I'cxtirpation des ganglions sympathiques, ainsi que nous le d^montrent les conclusions de son memoire, que je transcris litteralement et completement (*) : " Des experiences que nous avons rapportees, il resulte : i> 1° Que la situation profonde des ganglions superieurs des nerfs grands )> sympathiques ne s'oppose point a leur excision sur I'animal vivant ; » 2" Que I'operation nccessaire pour enlever ces ganglions est simple , peu » douloureuse, et n'est accompagnee ni suivie d'evenements facheux ; » 3° Que les phd^nomfenes qui se manifestent et qui sont independants de 11 reparation sont le resserrement de la pupille, la rongeur de la conjonctive, » I'amaigrissement g6n6ral accompagne de I'infdtration des membres et de i> I'eruption d'une espece de gale qui flnit par affecter toute la surface cu- » tanee ; » 4° Enfln qu'on est en droit de conclurc (pie ces nerfs exercent une grande « influence sur les fonctions nutritives. « En lisant le memoire de Dupuy avant la publication de mon travail , aucun des nombreux auteurs qui I'ont cite n'a pu y voir et n'y a vu que la calorifica- tion des parties fiit la consecpience de I'cxtirpation des ganglions cervicaux ; car cela n'y est pas dit. Mais aujourd'hui que j'ai caracterise le pheno- m^ne , on trouve , en lisant retrospectivemcnt les experiences du professeur d'Alfort , ou meme cclles d'autres auteurs, qu'il y a dans les descriptions, des mots, des phrases, des passages qui doivent se rapporter a ce que j'ai d^crit, ce n'est pas la question cpie j'examine ; car il est clair, ainsi que je I'ai d^ja dit, que les experiences out dii donner les memos r^sultats entre les mains de tons les experimentateurs qui ont dii, par consequent, avoir tous le phenom^ne en question sous les yeux. Mais il est si facile d'avoir un phenomfene sous les yeux et de ne pas le voir, tant qu'une circonstance quelconque ne vient di- nger I'esprit de ce cot^. En 1842, j'ai faitun grand nombre de sections du sym- pathique et d'ablations des ganglions cervicaux de ce nerf sans me douter que cette operation produislt le rcchaufl"emcnt des parties, bien que je connusse cependant les experiences de Dupuy. Si, dix ans apres , c'est-a-direen 1852, j'ai decouvert le fait, cela tient a ce que je m'etais place a un point de vue dif- ferent pour observer les rcsultats de I'experience. (■) Loco (it. 82 Dans ma note lue a I'Academie des sciences je me bornai a d^crire les ph^nomenes et k signaler leur condition de production sans vouloir entrer aucunement dans leur exjjlication. Gependanl au premier abord il 6tait difficile de ne pas croire que cctte augmentation de caloricit6 et de sensibilite ne fut pascons6cutive auneplus grande activite circu- latoire. Mais comme j'avais observe des cas dans lesquels I'activit^ cir- culatoire semblait etre le phenomcne secondaire au lieu d'etre le fait primitif , je me bornai a indiqucr la possibilit(^ des deux In^potheses , en disant que la caloricit6 n'etail pas toujours en raison directe de la vascularisation des parties. Depuis lors je continual mes recherches et je signalaila raeme anm^e, dans mon cours, que le galvanisme applique sur le bout superieur du sympathique au cou, faisait disparaitre tons les troubles produits par la section du nerf. Ges resultats furent publics plus tard dans les GoMPTES RENDUS DE LA SociETE DE BiOLOGiE (octobre et novembrc 1852). Mais pendant que je poursuivais mes experiences en France , M. Budge en AUemagne, M. Waller en Angleterre, et M. Bro^vn-S6- quard en Amerique, chacun de leur c6te, ^talent k la recherche de I'explication du phtoomene que j'avais d6couvert. M. Budge (1) rattacha cette calorification a la region cilio-spinale de la moelle , ce qui pouvait confirmer sans doute que la partie cervicale du sympathique nait en ce point, mais ce qui n'ajoutait en r(l'alit6 rien au ph^'nomene lui-meme. M. Waller (2) fit pour les arteres le meme raisonnement que pour la pupille. 11 admit que la section du filet cervical du sympathique qui est moteur, amene une paralysie des arteres de la face, qui se rela- chent, se dilatent et se remplissent d'une plus grande quantite de sang. Ainsi s'explique pour lui la calorification des parties. Si Ton galvanise le sympathique , on fait contracter les arteres, le sang en est expuls6 et le refroidissement survient. A son retour en France, M. Brown -S^quard reclama pour lui la theorie de la stase du sang par la paralysie des arteres , et il annonca avoir vu le premier en Amtrique que la galvanisation du sympathique amene le refroidissement des parties et la contraction dos arteres. Jc n'entrerai pas dans des discussions de priority relalivcment ii des fails 1) COMPTE RE.NDU DE L'AcADEMIE DES SCIENCES. 1853. a) Ibid. 83 qui daleat tous de la m6me annee , et qui se sont d6velopp6s imme- diatement comme corroUaires tout naturels de ma premiere expe- rience. Je me ftlicite seulement de I'empressement que les exp^ri- mentateurs citi^'s plus liaut ont mis a me suivre dans I'^tude de ces plienomenes de calorification. Cela me prouve qu'ils les ont trouv^s importants et dignes d'inl^ret. M. R. Wagner (de Goettingue) s'est encore livr6 dans ces derniers temps a des experiences tres-int^ressantes sur le grand sympalhique, mais qui ne se rapportent point directement a la question d' augmentation de caloricite et de sensibility que nous examinons ici. 1)E L INFLUENCE DU NERF GRAND SYMPATHIQUE SUR LA CALORIFICATION. Depuis longtemps j'avais et6 frappe du grand nombre de fails con- Iradictoires qui existent dans la science relativement a I'influence des lesions nerveuses sur la calorification des parties paralysees. On a ob- serve en eflet, dans ces circonstances , tantot la diminution, tant6l I'augmentation de caloricit^. 11 y avait done a rechercher la raison de ces dissidences dans une specialite d'influence des diverses especes denerfs; car quand, en physiologie, un ph^nomene s'offre avec des apparences contradictoires , on pent etre assure que ses ^l^ments sont encore complexes et que ses conditions d' existence n'ont pas 6te suffi- samment analysees. 11 fallait ainsi examiner successivemcnt I'influence sur la calorification dcsnerfs de mouvement, des nerfs de sentiment et de ceux du grand sympathique. Je commencai par ces derniers, et je dois dire qu"6tant sous I'influence de I'idee tres-ancienne que le grand sympathique qui accompagne sp^cialement les vaisseaux sanguins ar- teriels, doit etre le nerf qui preside aux phenomenes des mutations or- ganiques s'accomplissantdans les tissus vivants, j'eus lapcnsee que sa section, en amenant une alonie des vaisseaux et un ralentisscment ou une abolition dans les ph^nom^nes circulatoires et nutritifs , serait probablcment en rapport avec le refroidissement des parties. Je fis done I'exp^ricnce et je choisis le lapin, parce que chez cet animal le filet cervical sympathique, qui monte a la tete en allant d'un ganglion a I'autre, setrouve facile aatteindre et est tres-nettement distinct du nerf pneumo-gastrique. Le resultat fut loin d'etre d'accord avec ma prevision, et au lieu du refroidissement que j'attendais, je constatai une 85 grande ^l^vation de temperature dans tout le c6t6 correspondanl de la t6te. Mon liypoth^se s'6vanouit aussit6t devant la r6alit6; mais elle in'avait mis sur la trace d'un fait nouveau qui devait rester acquis a la science ; il s'agissait de I'etudier, de I'isoler etde lui donner une signi- fication parmi les ph^nomenes qui se rapportent a I'histoire du systeme nerveux sympatliique. § I". Le nerf grand sympathique est-il le sell dont la section PRODUISEDE LA CALORIFICATION. Comme c'etait sur le nerf sympatliique de la face que j'avais d'abord experiments, je pensai qu'il valait mieux agir sur les nerfs de senti- ment et de mouvement de cette meme partie du corps afin d'avoir des plienomenes plus facilement comparables. 1° Experiences sur le nerf de lacinquiemepaire.— Le2l d6cembre 1851 , sur un gros lapin vif et bien portant, j'ai fait la section de la cin- quieme paire a gauche dans le crane par le precede de M. Magendie. L'operation , qui r6ussit parfaitement , fut suivie immMiatement des symptomes d'insensibilite de la face bienconnus. Avant l'operation on ne sentait a la main qui saisissait I'oreille, ou avec le doigt plong6 dans le pavilion auriculaire , aucune difference sensible dans la chaleur d'un c6t6 a I'autre. Environ une demi-heure apres la section de la cinquieme paire, on appreciait au contraire manifestement a la main que I'oreille gauche qui correspondait an cote de la section etait plus froide ; on nc mesura pas la difference a I'aide d'un thermometre. Lelendemain22 decembre, dix-huit heures environ apres l'operation , il existait toujours la meme difference tres-marquSe entre la temperature des deux oreilles; celle ducdte gauche etait plus froide. La chaleur, prise au thermometre, donna 34° G. a droite et 31» C. il gauche, ce qui faisait 3° C. d'abaissement de temperature apres la section de la cinquieme paire. L'animal avail, du reste, con- serve toute sa vigueur. A ce moment, les phenomenes d'alteration de nutrition de I'ceil de- crits par M. Magendie commencaient a se manifester du c6te gauche. La conjonctive etait rouge , les vaisseaux dilates et gorges de sang , I'ceil chassieux, les paupieves collees et la cornee deja alteree; mais, comme je I'ai dit, la temperature de ces parties etait cependant abaissee 86 malgre lexistence de ces troubles circulatoires qu on ratlache genera- lement a ce qu'on appellc des intlammations. Mors je fis la resection du filet sympathiqiie au cou a gauche, du m6me c6t6 oil la temperature des parties avait ete abaissee par la section de la cinquierae paire , et aussit6t la calorification se mani- festa. Apres quelques instants la temperature de I'oreille gauche d(5- passa de beaucoup celle de I'oreille droite , et le thermometre plong6 dans les deux pavilions auriculaires environ trois quarts d'heure apres donna pour I'oreille gauche 37° C. et pour I'oreille droite 31° C. En resumant les variations de temperature observees, voici les chiffres obtenus : A gaucbe. A droile. Wte op6re. Cdlesain. 1° Apres la section de la 6° pairc. . . . 31° cent. 34" cent. 2" Apres la section du sjinpatliique. . 37° cent. 31° cent. U est bon de noter que Televation de temperature a gauche a coin- cide avec un abaissement a droite. Nous retrouverons plus tard des choses semblables dans des experiences analogues. Le 23 decembre , les deux oreilles offraient toujours la meme diffe- rence de temperature que la veille; les pb^nomenes d' alteration de Tccil raarchaient toujours. La conjonctive etait toujours tres-injectee,la cornee etait devenue entierement opaque et ramollie ; il y avait aux le- vres des ulcerations du meme c6te. 11 est inutile de dire que I'insen- sibilite complete de la face persistait toujours a gauche ; cependant il y avait encore dansle pavilion de I'oreille de la sensibilite qui prove- nait des branches auriculaires du plexus cervical. Je fis alors la resec- tion de ces nerfs au cou , a leur emergence sur le bord posterieur du muscle sterno-mastoidien, et imm6diatement I'oreille devint complete- ment insensible ; mais cela ne changea rien dans la temperature de celte oreille qui resta toujours plus (''levee que celle du c6te oppose. Les jours suivants jusqu'au 27 decembre Fanimal fut observe, et il offrit constamment une plus grande elevation de temperature dans le c6le gauche de la tete. .I'ai bien souvent repete la section de la cinqiiieme paire sur des lapins dans le butde verifier I'experience qui precede, et toujours j'ai vu cette operation etre suivie d'un abaissement de temperature dans la partie correspondante de la tete. Mais si alors on fait la section dusym- palhique. les phenomenes de calorification surviennenl de meme el 1 87 independammenl des lesions que produit la paralysie de la cinquieme paire; et g6iieralement on \)e\\l meme dire que chacun de ces pli6no- menes atteint son maximum d'intensite dans des conditions vitales oppos6es, c'est-a-dire que les alterations dues a la section de la cin- quieme paire se manifestent avec d'autant plus de rapidite et d'inten- sit6 que les animaux sont plus faibles et languissants; au contraire le ph6nomene de calorification se produit avec d'autant plus de force et d'instantaneite que les animaux sont plus vigoureux et mieux por- tants. 2" Experiences sur le nerf facial (septieme paire). — Le 21 de- cembre 1851, sur un gros lapin vif et bien portant, j'ai fait du c6t6 gauche la section du nerf facial non loin de sa sortie par le trou stylo- mastoidien, en penetrant avec un stylet aigu dans la caisse auditive. Gette opi^ration fut suivie des ph^nomenes ordinaires de paralysie de mouvement que je n'ai pas a decrire. Mais en examinant I'oreille en- viron demi-lieure apresl'opc^ration, au point de vue dela calorification qui nous occupe , je trouvai a la main I'oreille gauche paralysee, mani- festement plus chaude que celle du c6tc sain. Je laissai I'animal jus- qu'au lendemain, et je trouvai toujours une 616vation de temperature plus considerable du cote ou le facial avail et6 coup6. Le thermometre donnait : Oreille gauche paralysee 33<> cent. Oreille droite saine 30° cent. Mors je coupai le filet cervical du sympathique du c6te gauche. Quelques instants apres, la chaleur avait apparu beaucoup plus predo- minante encore du c6te gauche ; on avait au thermometre : Oreille gauche paralysee 36" cent. Oreille droite saine 310,5 cent. Les jours suivants, I'animal ne presenta rien de particulier; il fut observe jusqu au 26 decembre. Sur un autre lapin adulte et tres-vigoureux , je fis de meme la sec- tion du nerf facial dans la caisse auditive du c6te gauche, en ayant soin d'inclincr I'instrument de maniere a couper le nerf aussi pres que pos- sible de son origine. L'operalion renssit tres-bien ; mais quelques in- 88 Slants apres la section on appieciail a la main une (il6vation nianifeste lie temperatnre du c6te paralysi';. Le thermometre donnait : Oreille gauche paralysee SS" cent. Oreille droite saine 31° cent. Le lendemain , la diffc^rence de temperature 6tait un peu moindre, et on avail : Oreille gauche paralystSe 32°, 5 cent. Oreille droite saine 31°,5 cent. Les jours suivants, I'exces de temperature de I'oreille gauche s'effaca de plus en plus, et six jours apres I'opdration les deux oreilles 6laient a I'unisson de chaleur. Le thermometre donnait: Oreille gauche paralys6e 31° cent. Oreille droite saine 31° cent. Cetle egalite de leniperalure se mainlint pendant les trois jour? durant lesquels I'animal fut encore soumis a Fobscrvalion. 3» AuTRES EXPERIENCES SUR LE NERF FACIAL.— U m'cst souvenl arriv6, en piquant la moelle allong^e des chiens ou des lapins pour faire ap- paraitre le sucre dans leur urine, de blesser invoionlairemenl les ori- gines cachees du nerf de la septieme paire, el de produire une para- lysie simple des mouvemenls de la face, soil a gauche, soil a droite. Dans ces circonstances il y a loujours , an moment meme de la piqiire , une augmentation momentantje de la temperature dans les deux c6l6s de la tele (1). Mais apres quelques instants, lorsque celle chaleur, due a I'emotion , a disparu , la face et les oreilles reprennent leur tempera- ture primitive, quelquefois m^me elle est unpen plus basse ; or jamais, dans ces cas, je n'ai vu que roreille, du c6te oti le facial etait paralyse, fill plus chaude que I'autre ; c'etait souvenl le conlraire, elle thermo- metre indiquait generalemenl 1 degr6 a 1 degre 1/2 d'abaissemenl de temperature relative dans le c6te de la face paralyse du mouvemenl et ayant conserve toute sa sensibilite , ce qui temoignait de rintegrite de la cinquieme paire. (1) Un ph6nom6nc momentane d'el6vation de chaleur des parties p6riph6ri- ques a presque toujours lieu quand on blesse brusqucment , d'une mani^re quelconque , un point des centres nerveux ; mats cela ne peut pas 6trc con- fondn avec les phenomenes durables tpie je decris ici. 89 U se manifeste done, ainsi qu'oii [le voit, des effets calorifiques diff6- rents, suivant que le nerf facial est coup6 dans son trajet extra-crft- nien , ou suivant que ses fibres originaires sont coupt'es dans la sab- stance memo de la nioelle allongiie. Dans ce dernier cas, la paralysie du facial amene, an point de vue de la calorification, des effets qui ne dif- ferent pas notableraent de ceux que produit la section de la cinquieme paire ; et si, pour ce dernier nerf, I'abaissement de tempi^rature est or- dinairement plus considerable , on pourrait I'attribucr aux lesions de nutrition qui surviennent apres la section du trijumeau, lesions qui ne se raanifestent pas apres la section du facial. Quand an contraire on coupe le facial apres qu'il s'est engage dans le canal spiroide du temporal, et surtout apres qu'il en est sorti, les effets de sa section se rapproclient beaucoup de ceux que produit le sym- pathique, ence sens qu'il y a toujours une elevation marquee de tem- perature. Cette opposition entre les experiences preci^demment cities me fit penser qu'en agissant sur la moellc allongee on paralysait uniquement lesorigines sp6cialement motrices musculairesdu facial, car on avait une paralysie complete des muscles de la face sans augmentation de tem- perature ; qu'en coupant, au contraire, le facial dans le canal spiroide, on agissait non-seidemcnt sur les origines motrices musculaires, mais encore sur les fibres sympatbiqucs qui s'y trouvaient adjointes , puis- qu'on observait 1' augmentation de temperature. J'6tais, dureste, ports a cette interpretation des ph^nomenes par d'autres experiences. En effet, s'il est incontestable, en s'appuyant sur I'anatomie comparee et sur la physiologic, que le sympathique en prenant naissance dans les cen- tres nerveux c6r6bro-spinaux a des rapports de contact avec les nerfs raoteurs, il fautneanmoins admettre une origine sp6ciale dans la sub- stance nerveuse pour les nerfs sympathiques a raison d'une sp6cialite tres-nette de leurs proprietes. I'ai vu en particulier que le curare, qui agit d'une maniere si remarquable sur le systeme nerveux, 6teint distinctement les propri^tts nerveuses, d'abord celles des nerfs de sen- timent, puis celles des nerfs de mouvement , et celles des nerfs sympa- thiques, dont I'extinction se manifeste la derniere. J'aurai , du reste, occasion de developpor ailleurs res fails intercssants ; jt veux seule- ment insister ici sur ce point que I'infiuence sur la calorification appar- tient specialement au nerf sympathique , quand on agit sur lui isole- ment. Les nerfs de sentiment . ronimo la rinqnieme paire . ne peuvent TOME V. 7 90 ^tre,8ous ce rapport, conl'ondus avec lui,puisqu'ilsproduisent uurofroi- dissement ; et si maintenant on trouve que le facial coupe dans son tra- jet extracr^nien donne lieuades effets complexes, il est beaucoup plus naturel et plus logique de conclure que ce nerf, qui contracte, comme on salt, tant d'anastomoses dans le canal spiroide, est d6ja compliqu6 dans sa composition. Pour obtenir une solution directe de la question, et pour savoir si les nerfs moteurs purs agissent sur la calorification , je pensai qu'il etait plus convenable d'agir sur les racines rachidiennes , qu'on pent atteindre avant qu'elles aient subi aucun mdange. 4" Experiences sur les nerfs rachidiens. — Sur un chien de forte taille, adulte et vigoureux, j'ouvris la colonne vertt'brale dans la por- tion lombo-sacree , pour atteindre les racines des nerfs qui animent les membres posterieurs. L'animal ne perdit pas beaucoup de sang et supporta bien I'optiration , qui dura environ une domi-heure. Toutes les racines rachidiennes 6tant a decouvert , et convenablement preparees a droite et a gauche , je pris la temperature dans les deux membres en faisant ime ponction eutant^e a la partie interne de chaque cuisse et en introduisant exactement toute la longueur de la cuvette du ther- mometre sous la peau; je pris aussi la temperature du rectum. Void les chiftres que donna le thermometre : Cuisse gauche ,30°, 5 cent. Cuisse droite 35", 5 cent. Ileclum 39",5cent. Les lempt^ratures etant bien constat^es et verifi6es a plusieurs reprises, je fls alors a droite la section des six racines ant6rieures (quatre der- nieres lorabaires et deux sacrees) qui concourent ii la formation des plexus lombaire et sacr6. Ces racines possedaient une sensibility r^cur- rente tres-faible , a cause d'un peu de fatigue de l'animal et du temps un peu considerable depuis lequel la moelle 6tait dt^nud6e. Alors la plaie du dos fut soigneusement I'ecousue , l'animal delie et laiss6 en repos. Frd'quemment le chien se relevait et courail dans le labora- toire, trainant son membre post^rieur droit paralyst^ du mouvement; on constata que la sensibilite etait tres-bien conservt^e dans les deux membres posterieurs. Deux heures et demie apr^s la section des racines anterieures, j'exa- minai l'animal au point de vue de la temperature de sesdeux membres posterieurs. A la main on sentait nianifestement que le membre gauche 91 sain avail une temperature plus elevee (jue le niembre droit paralyse (lu mouvement. La temperature fut reprise avec le thermoraetre, plong6 sous la peau par les memes incisions et de la meme facon que la pre- miere fois. Yoici les nombres qu'on obtint constamment dans un grand nombre de verifications successives : Cuisse gauche saine 36° cent. Cuisse droite paralysee du mouvement. . . 34° cent. Alors la plaie du dos fut d6cousue, la moelle etait cbaude et tres- sensible , ainsi que les racines anterieures qui offrirent alors une sen- sibilite recurrente tres-d6veloppee. Ce rechauffement de la plaie sur- venu pendant le repos de I'animal pent expliquer relevation de tem- perature d'un demi-degre qu'on a trouvee du cote sain ; mais il n'en reste que plus evident que la section des racines anterieures a amene un abaissement de temperature dans le membre correspondant. Alors et pendant que la plaie etait decousue , jc fis du c6te gauche la section de toutes les racines posterieures de sentiment (quatre dernieres lombaires et deux sacrees) qui concourent a la formation des plexus lombaire etsacre. Cette operation flnie, la plaie fut recousue une se- conde fois et Faniraal laisse en repos. Une demi-heure et une lieure apres, on prit a deux reprises la tem- perature sous-cutanee des deux cuisses , comme il a 6te indique , en ayant toujours soin de repeter plusieurs fois les verifications. Void ce que Ton obtint : 1" Observation c Cuisse gauche paralysee du sentiment 35° cent. apres 1/2 heure. ( Cuisse droite paralysee du mouvement 34° cent. 2' Observation i Cuisse gauche paralysee du sentiment 34° cent. apr^s 1 heure. ( Cuisse droite paralysee du mouvement 32" cent. On voit ainsi qu'aussitot apres la section des racines rachidiennes aussi bien apres la section des anterieures qu'apres celle des poste- rieures, la temperature du membre a commence a s'abaisser, tandis que la temperature s' etait tres-bien maintenue dans le membre tant qu'il avait conserve ses deux ordres de nerfs rachidiens. Trois heures s'etaient a peine ecouiees depuis la section des racines anterieures, que la temperature du membre droit s'etait abaissee de quatre degres; et deja une heure apres la section des racines de sen- timent, celle du membre gauche s'etait abaissee d'un degre. L'animal etait reste tres-vigoureux apres son operation, et on ne pou- 9i2 vait pas objecter que son (^tat d'affaiblissement avail empeche les effcts de caloricit6 dese d^velopper.Toutefois, jevoulus levertoute priseal'ob- jection en faisant une contro-eprenve directe : en consequence, sur le chien qui avail subi Ionics ces experiences sur les racines rachidicnncs, je coupai le sympathique au cou, el apres 25 minules il y avail a la main d^ja une tres-grande difference de tempera lure entre les deux oreilles : roreille gauche, oii Ton avail coup61esympalhique, donnail 23 degr^s, landis que celle du c6l6 sain marquail seulcmenl 20 degr^s. II fut done demonlre par la que la calorification se d(iveloppail encore tres-aclivement chez cet animal, el que par consequent ce ph^no- mene aurait dil n6cessairement se produire, si la section des racines ant^rieures eut el6 dans le cas de le determiner. En resume, il me semble r6sulter clairemenl des experiences conte- nues dans ce paragraphe les propositions qui suivent : 1« La section des nerfs du sentiment, outre I'abolition du sentiment, produil la diminution de temperature des parties. 2° Celle des nerfs de mouvemont, outre Tabolition du mouvement, a donne lieu egalemenl a un refroidissement des parlies paralys^es. 3° La destruction du nerf sympathique , qui ne produit ni I'immobi- lite des muscles ni la perte de sensibilite, araene une augmentation de temperature conslante et lrcs-consid6rable. 4' Maintenanl si Ton coupe un Ironc nerveux mixte qui renferme a la fois des nerfs de sentiment, de mouvement et des filets sympathiques on a les Irois effels r^unis, savoir : paralysie de mouvement, paralysie de sentiment el exaltation de caloricite. C'est ce que Ton pent obtenir par la section du nerf sciatique , par exemple ; toutefois, on com- prendra que la calorification doive etre dans ce dernier cas un peu moins prononcte, parce qu'elle est alors contre-balancee par I'abaisse- ment que determine simultanement la paralysie des nerfs de mouve- ment el de sentiment. 5° D'apres cela je crois done avoir eiabli avee raison que cette aug- mentation de caloriciie est le resultat special de la section du nerf sympathique. C'est cet effet isoie qu'il s'agira d'etudier dans lespara- graphes suivants. § II.— DESCRIPTION DES PHEXOMENES DE CALORIFICATION QUI ACCOMPACNENT LA SECTION DE LA PARTIE CERVICALE DU GRAND SYMPATHIQUE. J'ai observe que lorsque sur un animal mammifere , sur un chien , 93 sur un chat, sur un cheval, sur un lapia ou sur un cochon diode , par exemple, on coupe ou on lie dans la region moyenne du cou le filet de communication (1) qui existe entre le ganglion cervical inft^rieur et le ganglion cervical sup6rieur, on constate aussitot que la caloricit6 aug- ments dans tout le c6t(^ correspondant de la tete de 1' animal. Cette 6l6vation de temperature debute d'une maniere instantanee, et elle se d6veloppe si vite qu'en quelques minutes, dans certaines circonstances, on trouve entre les deux c6t6s de la tete une difference de temperature qui pent s' clever quelquefois jusqu'a 4 ou 5 degres centigrades. Cette difference de chaleur s'apprecie parfaitement a I'aide de la main, mais on la determine plus convenablement en introduisant comparative- ment, et avec les precautions convenablcs, un petit thermometre dans la narine ou dans le conduit auditif de I'animal. J'ai souvent extirp^ les ganglions cervicaux superieurs du grand sympathique cliez le chien et chez le lapin; chez ce dernier animal, je les ai trouves insensibles a la pression d'une pince, ainsi que I'avait deja constate M. Flourens; seulement leur arrachement semble tou- jours accompagne d'une douleur plus ou moins vive. Chez le chien, cette sensibilite parait un pen plus grande. L'ablation du ganglion cer- vical superieur est suivie des memes effets caloritiques que la section du filet cervical ; toutefois ces effets sont toujours plus rapides, plus in- tenses et plus durables. II est inutile de citer toutes les experiences ex- cessivement nombreuses que j'ai pratiqu^es •, je dirai seulement qu'a- pres la section du filet sympathique chez les lapins, les phenomenes de I'exces de calorification et de sensibilite ne sont guere evidents au dela de quinze a dix-huit jours, tandis que chez les chiens oela pent durer six semaines a deux mois. Apres l'ablation des ganglions chez ces ani- maux, la persistance dela lesion pent etre consideree comme indefi- nie ; car sur un chien a qui j'avais fait Fextirpation du ganglion cer- vical superieur a gauche , tons les phenomenes d'exces de caloricite et de sensibilite dus a cette extirpation etaient encore tres-intenses un (1) Chez le lapin , le cochon d'Inde, le cheval , ce filet est isole dii pneu- mogastrique, et se trouve place entre ce nerf el I'artere carotide. Chez le chien , le chat , le filet sympathique est confon^lu avec le vague, et 11 devient impossible de couper isolement ces deux nerfs. Le ganglion cervical moyen manque generalement chez ces animaux , excepte chez le cochon d'Inde , oil. je I'ai , a peu pres, toujours rencontre. 94 an el demi apres I'exlirpatiou du ganglion , lois^que I'animal fut sacrilie pour d'autres experiences. Cette difTercnce de 4 a 5 degres est remarquable comme difference de calorification relative entre les deux c6tes de la face. Mais si Ton compare la chaleur de I'oreille et de la narine (ainsi echauffte par suite de la section du uerf ) a la clialeur du rectum ou des parties cen- trales du corps , le thorax ou I'ahdomen, on voit qu'elle est a pen pres la menie. ToutefoisJ'ai constate assez souvent que Fextirpation du nerf sympathique eievait dans Toreille correspondante la chaleur jusqu'a 40 degres, tandis que la temperature normalc dans le rectum, chez cet animal, ne depasse pas generalement 38 a 39 degres centigrades. Toute la partie de la tele qui s'echautre apres la section du nerf de- vient le siege d'une circulation sanguine plus active. Cela se voit tres- distinctement sur les vaisseaux de Toreille chez le lapin. Mais les jours suivants, et quelquefois meme des le lendemain, cette turgescence vas- culaire a considerablement diminue ou meme disparu, bien que la chaleur de la face, de ce cote, continue a etre tres-developpee. On pent conslater, en faisant p6netrer le thermomelre a I'aide d'in- cisions prealables, que cette elevation de temperature qu'on apprecie superficiellement s'etend egalement aux parlies profondes , et meme dans la cavite cranienne et dans la substance cerebrale. Cela se re- marque mieux apres I'extirpation des ganglions sympathiques. Le sang lui-meme qui revient des parties ainsi echaulfces possede une tempera- ture plus elevee, ainsi que je Tai constate plusieurs fois sur des chiens, en introduisant un petit thermomelre dans la veine jugulaire a la re- gion moyenne du cou. 11 est bien entendu que la cuvette du thermo- melre doit etre dirigee en liaut, de maniere a 6tre baignee par le sang ■veineux qui descend de la tele. J'ai voulu rechcrcher comment le cote de la tele echauffe par la sec- lion du nerf sympathique se comporterail comparalivement avec les autres parties du corps , si Ton venait a soumettre les animaux a de grandes variations de temperature ambianle. Je placai done un animal (un lapin auquel j'avais pratique la section du uerf) dans unc^etuve, dans un milieu dont la temperature elait au-dessus de celle de son corps. Le c6ie de la tete qui eiail deja chaud ne le devint pas sensi- blement davantage , tandis que la moitie opposee de la face s'echauffa ; et bient6t il ne fut plus possible de disling-uer le cole de la tele oil le nerf sympathique avail eie coupe, parce que toules les parties dn 95 corps, eu acqu6rant leur summum de caloricile , s'etaieut inises eu harraonie de temperature. Les Glioses se passent tout autrement quand on refroidit I'animal en le plagant dans un milieu ambiant dont la temperature est beaucoup au-dessous de celle de son corps. On voit alors que la partie de la tete correspondante au nerf sympatliique coupe , r^siste beaucoup plus au froid que celle du c6t6 oppose ; c'est-a-dire que le cote normal de la tete se refroidit et perd son calorique beaucoup plus vite que celui du c6te oppose. De telle sorte qu'alors la desliarmonie de temperature entre les deux moitiesde la tete devient de plus en plus evidente , et c'est dans cette circonstance qu'on constate une difference de tempe- rature qui peut s'eiever quelquefois , ainsi que je I'ai dit, jusqu'a 6 ou 7 degres centigrades. J'avais eu I'idee de faire la section du nerf sympatliique sur des ani- maux hibernants , pour savoir si ccla les rendrait moins sensibles ci Taction engourdissante que le froid leur fait eprouver. Je n'ai pas en- core eu I'occasion de realiser cette experience. Ce phenomene singulier d'une plus grande resistance au froid s'ac- compagne aussi d'une sorte d'exaltation de la vitalite des parties , qui devient surtout tres-manifestc quand on fait mourir les animaux d'une maniere Icnte, soit en les empoisonnant d'une certaine facon, soit en leur resequant les nerfs pneumo-gastriques. A mesure que I'animal approche de I'agonie , la temperature baisse progressivement dans toutes les parties exterieures de son corps; mais on constate tou- jours que le c6te de la tete oil le nerf sympatbique a ete coupe , offre une temperature relativement plus eievee , et au moment oii la mort survient, c'est ce cote de la face qui conserve le dernier les caracteres de la vie. Si bien qu'au moment oil I'animal cesse de vivre, il peut arriver un instant oil le cote normal de la tete presente deja le froid et I'immobilite de la mort , tandis que I'autre moitie de la face, du c6t6 du nerf sympatliique a ete coupe, est sensiblement plus chaude et ofFre encore ces especes de mouvements involontaires qui dependent d'une sensibilite sans conscience el auxquels on a donne le noni de- mouvements reilcxcs. En observant pendant longtemps les animaux auxquels j'avais fait la section de la partie cephalique du grand sympatbique , j'ai pu suivre- les phenomenes de calorification ainsi que je I'ai dit jjIuh bant. Si les animaux restaient bien portants , je n'ai jamais vu , apres cette expe- 96 rience, survenir dans les parlies plus chaudes aucuii oedeme ni aucun trouble morbide qu'on puisse rattacher a ce qu'on appelle de rinflam- raation. J'ai dit: si les animaux etaieiit bien portants, car en effet, lorsqu'ils deviennent malades, soil spontanement , soil a la suite d'au- tres operations qu'on leur fail suhir, on voit les membranes mu- queuses oculaire et nasale seulement du c6te ou le nerf sympalhique a ete coupC',devenir Ires-rouges, gonfl^es, et produire du pus en grande abondance. Les paupieres restent habituellement coUees par du mucus purulent, et la narine en est frequemment obstru6e. Si I'animal gu6- rit, ces phenomenes morbides disparaissent avec le retour a la sante. D'apres cela je n'admets pas I' inflammation de la conjonctive signalee par Dupuy, John Reid, etc., comme une consequence normale de la lesion du nerf sympalhique : je considere ce phenomene comme acci- denlel el comme ne survenant qua la suite d'un etat d'affaiblissement consecutifde I'animal. Je signale du reste le fail comme je I'ai observe, sans vouloir essayer d'expliquer pour le moment comment il se fait, que cette augmentation de caloricite et de sensibility des parlies arrive a se changer subitement sous certaincs influences en ce qu'on appelle une inflammation violente avec formation purulente excessivement intense. Les fails de calorification de la tele que j'ai precedemment signales, apres la section, la ligature, la contusion ou la destruction de la partie cervicale du grand sympalhique, sont faciles a reproduire et a veri- fier. Toutefois, comme toujours en physiologic experimentale, il est n6cessaire de prendre quelques precautions pour obtenir des resultals constants et bien tranches. Voici les conditions qui me paraissent les meilleures: 1° II est preferable de faire I'expericnce lorsque la temperature am- bianle est un peu basse, parce qu'alors la diffi^rence de chaleur enlre les deux c6t6s de la face est d'autanl plus facile a saisir qu'elle est plus considerable. 2* 11 faut choisir des animaux vigoureux et plut6t en digestion , I'observalion m'ayanl appris que les phenomenes de calorification se manifeslenl d'autanl plus faiblement el plus tardivement que les ani- maux sont pr^alablement afl'aiblis ou languissants. 3* 11 faut eviter les grandcs douleurs et Tagitation do I'animal pen- dant rop6ration. 11 arrive en effet si celle-ci est labovieuse. que remo- tion et I'excitation generate que I'animal eprouve en se debaltant mas- 97 quent compl6temenller^sultatimm^diat.Bien qu'on nail coup(i le nerf sympathique que d'un seul c6l6, on pourrait trouver les deux oreilles par exemple aussi chaudes I'une que I'autre imni6diatement apres la section. Mais bient6t, si on laisse I'animal en libertti, les choses repren- nent leur 6quilibre et le c6t6 correspondant au nerf coupe reste seul avec une temperature plus elevee. 4° Ainsi qu'il a ^tedit, les phenomenes sont toujours plus marques et plus durables , quand au lieu de couper le filet d'union du sympa- thique au cou , on extirpe le ganglion cervical superieur. 5° Du reste en revenant ailleurs sur les phenomenes de calorification produits par la section du sympathique, nous verrons qu'ils paraissent suivre les variations physiologiques de la chaleur animate. lis sont plus marques g^n^ralement pendant la periode digestive et plus faibles pendant I'abstinence (1). § HI. — Effets de la galvanisation du bout cephalique du nerf grand SYMPATHIQUE SUR LES PHENOMENES DE CALORIFICATION DANS LA TETE. Lorsqu'on galvanise avec une forte machine electro-magn6tique le bout cephalique du nerf sympathique coup6, chez un chien par exem- ple, ce n'est pas seulement la pupille qui reprend son 61argissement , mais tous les autres phenomenes qui avaient suivi la section du nerf disparaissent 6galement et meme s'exagerent en sens inverse ; c'est-a- dire, que sous cette influence galvanique, la pupille r6tr6cie devient plus large que celle du c6te oppose, fceil enfonc6 devient saillant hors de I'orbite, la vascularisation des parties s' efface et leur temperature baisse au-dessous de I'^lat normal. C'est en me fondant sur ces faits que j'ai insiste depuis longtemps sur la connexion 6vidente de tous ces d^sordres et sur la possibility de les ramener tous malgre leur vari6t6 a une explication unique, puisqu'ils apparaissent et disparaissent con- stamment tous sous I'influence des memes causes. J'ai fait connaitre ces r6sultats dans mon cours de I'ann^e 1852, et (1) J'ai pratiqu6 encore I'extirpation des ganglions et la section des filets du sympathique dans le thorax et dans fabdomen. Je ne d^crirai point ici ces experiences, parce qu'elles ont ^te faites a d'autres points de vue. Je dirai seulement qu'elles sont suivies des memes effets vasculaires et calorifiques qu'ala tete. ils onl 6ttJ imprimis aux mois d'octobre et de novembre de la meme annee, dans les comples-rendus de la Soci6t6 de Biologic. Voici uiie partie de I'extrait qui s'y trouve : " Si Ton galvanise le bout sup^rieur » du grand sympatliique divis6, tous les ph6nomenes qu'on avait vu se produire par la destruction de I'influence du grand sympathique changent de face et sont opposc^'s. La pupille s'elargit, I'ouvcrture pal- p^brale s'agrandit ; I'cEil fait saillie hors de I'orbitc. D'active qu'elle 6tait la circulation devient faible; la conjonctive, les narines, les oreilles qui 6taieat rouges piilissent. Si Ton cesse le galvanisme, tous les ph6nomenes primitiveraent produits par la section du grand sym- pathique reparaissent peu a peu pour disparaitre de nouvcau a une seconde application du galvanisme. Ou pent continuer a volenti cette experience, la r6p6ter autant de fois que Ton voudra, toujours les r6- sultats sont les menies. Si Ton applique une goutte d ammoniaque sur la conjonctive d'un cliien du c6te oil le nerf a 6t6 coup6, la dou- leur determine I'animal a teuir son ceil obstinement et constamment ferra(5. Mais a ce moment, si Ton galvanise le bout sup6rieur du sym- pathique coupe, malgre la douleur qu'il (^prouve, le chien ne peut maintenir son oeil ferme ; les paupiercs s'ouvrent largement en meme " temps que la rongeur produitc par le caustique diminue et disparait » presque entierement. " Parmi les experiences tres-nombreuses que j'ai faites relativement a linfluence de la galvanisation sur la calorification, il me suffira de d6crire une de celles qui ont et6 faites avec des mesures therraom6tri- ques pour donner une idee exacte de la nature du phenomene. Les chiffres indiqu6s ci-dessous repr^sentent des nombres arbitraires pris sur des thermomelres metastatiques a d^versement de M. Walferdin qui a bicn voulu me preter son concours dans ces recherches d^licates. Mais la comparaison n'en est que plus facile et plus sure ; du reste on peut avoir les valeurs r^elles par le calcul en se reportant a un thermo- metreetalon (1). (1) 56paf''es,7 (lu thermom^tre metastatiquc mis en usage=l degrc^ centigrade, 1 partie ^ par cons&iuent 0°,0176 ; d'oii il rfeultc que dans cette s^rie d'ex- pt'Tiences on a pulire dircctement des fractions tr6s-faciles a appr^cicr a I'CBil nu, et correspondant a une fraction plus petite que la centi^me partie d'un degr6 centesimal. Cc thcrmom^tre avait 6t6 r^gl^ de 35» a iO". La temperature anibiantc'iO",.'). 99 Ces experiences ont ^te faites pendant I'^le ; la temperature ambiante etait eiev6e et oscillait entre 20 et 22° C. Gela doit 6tre note, parce que la difference de caloricite entre les parties saines et celles oil le sympa- thique avait ete coupe a du se montrer moins grande qu'elle ne I'aurait ete par un temps plus froid. Experience. Sur une chienne de petite taille j'ai fait la section du grand sympathique (1) dans la partie nioyenne du cou, du cOte droit. On prit la temperature dans les deux conduits auditifs , 9 minutes apres la section du nerf. Oreille gauche = 280. Oreille droife = 287. Difference 7. Le thermometre restant place dans I'oreille droite , on galvanise le bout cephalique du sympathique du raeme cote, en alternant a peu pres une minute de galvanisation avec une minute de repos , et on constate, pendant la galvanisation , I'abaissement de temperature dans I'oreille de la maniere suivante : 287 point de depart. 269 apres 7 minutes. 255 apres 11 minutes. 245 apres 15 minutes. 240 apres 16 minutes. On cesse la galvanisation et bientot la temperature s'eieve ainsi qu'il est demontre par les nombres suivants : 240. . . point extreme d'abaissement. Seize minutes apr^s cpi'on avait cesse la galvanisation, on replace le thermometre dans I'oreille, et ildonnelesnom- bres suivants : (1) 11 est impossible, ainsi qu'il a ete dit, de couper le sympathique seul chez le chien , parce qu'il est intimement uni au (rone du nerf vague. Mais ce nerf n'a aucune part dans ces phenomenes de caloriflcation , ainsi que cela se prouve par la mSme experience donnant les memes resultats chez le lapin, oil Ton peut faire la section du sympathique isolement. Si j'ai choisi le chien, c'est parce que le volume plus considerable des nerfs se prcte mieux a la gal- vanisation. 100 245 apr^s 16 minutes de repos. 259 19 iJ. 268 22 id. 273 24 id. 276 25 (la temperature montant tou- jours, oncessel'observation). On voit done que I'oreille droile qui, par la section du sympathique, 6tait montee de 7 parties au-dessus de roreille gauche saine, est descendue par la galvanisation bien au-dessous de la normale 280 , puisqu'elle est arrivee au chifTre 240 , c'est-a-dire a un abaissement de 27 parties. Pendant cette galvanisation 1 oreille gauche normale ne participait en rien a I'abaissement de temperature observee sur I'oreille droite. Au contraire elle ^prouvait une influence inverse ; car en cxaminant la temperature immediatement apres la galvanisation au moment oil I'o- reille droite marquait 240, on trouva dans la gauche 286,5, c'est-a- dire une augmentation de temperature a peu pres egale a celle que la section du nerf sympathique avait produite primitivement dans ro- reille droite. On avait done alors comme r^sultat comparatif les nombres sui- vants : ( OreiUe gauche saine 280 Avant la galvanisation. | OreiUe droile correspondant au sympathi- ' que coup6 287 {OreiUe gauche saine 286,5 OreiUe droite correspondant au sympathi- que coupe 240 Cette espece de rcnversement ou d'antagonisme despbenomenesca- lorifiques d'un c6te a I'autre, est tres-remarquable et nous allons le retrouver encore a I'occasion des effets de la chloroform ation. § IV. Effets de la chloroform ation sur la calorification. Les inspirations d'6ther ou de chloroforme qui ont la propriety d'A- teindre la sensibility, produisent ce meme effet quand le sympathique a et6d6truit; seulement si on fait agirle chloroforme lentementonvoit que ce resultat arrive ordinairement un peu plus lard a cause de Texces dc sensibility qui existe toujours dans les parties. Mais c'est la ca- 101 luiificalion qui nous oflre le plus d'int^ret en ce qu'elle se comporle comme sil s'agissait de rt'lectricittj!. Premiere experience. Une chienne de petite taille et encore jeune, avait sobi la section du filet sympathique dans le ecu du c6te droit, elle avait 6galement ete soumise a la galvanisation du bout peripheri- que de ce nerf , et avait fourni les r6sultats qui ont 6te consign^s dans le paragraplie pr6c6dent. Le quatorzieme jour apres I'operation , la plaie du cou 6tait depuis longtemps cicatrisee; mais les ph6nomenes de calorification persis- taient toujours tres-6videmment ; I'oreille droite ^tait plus injectee et plus cliaude que celle du cote oppose. On chloroforma alors Tanimal a Faide d'un masque de caoutchouc serre autour du museau et com- muniquant avec de I'air charg6 de vapeur de chloroforme : bientot I'insensibilite se manifesta, et au moment oil elle 6tait devenue com- plete au point que I'attouchement des conjonctives ne produisait plus de clignement, I'oreille droite baissa rapidement de temperature, de- vint froide et pale , tandis que celle du cM6 sain a gauche devint plus injectee et plus chaude. On introduisit un Ihermometre dans les oreilles et on trouva : Oreille droite correspondant au nerf sympathique coup6 pendant la chloroformation et I'insensibilite complete 36,8o c. Oreille gauche saine au nieme moment 37,2° c. On cessa alors les inspirations de chloroforme , peu a peu I'animal revint, et une heure et demie apres, lorsqu'il etait a peu pres sorti de son ivresse chloroformique , on trouva : Oreille droite ; c6t6 de I'operation 37,8» c. Oreille gauche ; c6te sain 34,4° c. On soumit de nouveau I'animal a Taction du chloroforme, et au moment oii I'insensibilite devint complete, la temperature des oreilles etait : Oreille droite ; cote de I'operation 37,3° c. Oreille gauche; c6te sain 37,8° c. Deuxieme experience. Sur une chienne de forte taille, adulte, je fis la section a droite du filet cervical du grand sympathique. Quelques instants apres, la temperature fut prise avec un thermometre meta- 102 statique a diHersement de M.Walferdin , a echelle aibitraire, on obtint : Oreille 165 1° C6t6 gauche sain. ..,.,. .j ,. •.•,.» ,cn n Narine au moment de 1 expiration (1) .... 165,5 '2' C6t6 droit correspon- 1 Oreille 177,5 dant au nerf coup6. . . ( Narine (2) 174,2 On soumit alors ranimal a la chloroformation , et aussit6t que I'in- sensibilit6 fut oblenue, on mesura la temperature des oreilles qui fut trouv6e : 1° Oreille droite ; nerf coup6 baiss(5e de 177,5 a 175,3 T Oreille gauche ; c6te sain mont^ede 165,0 a 174,3 Je me borne a citer ces deux experiences; elles demontrent que le chloroforme n'agit pas de meme sur les parties saines et sur celles oil le sympathique a et6 coupe. Plus tard ces faits seront repris a un autre point de vue. RES RAPPORTS QUI EXISTENT ENTRE LA VASCULARISATION ET LA CALORIFI- CATION DES PARTIES APRES LA SECTION DU GRAND SYMPATHIQUE. Ainsi que je I'ai indi(iu6 dans ma note hie a l'Acad6mie en mars 1852, la section du filet cervical du grand sympathique et surtout I'extirpation du ganglion cervical sup6rieur, amenenl immediatement et en meme temps que I'augmentation de chaleur, ime tres-forte tur- gescence vasculaire dans I'oreille et dans tout le c6te correspondant de la tete. Les arteres, plus pleines, semblent battre avec plus de force; la circulation est activ6eet I'absorption des substances toxiques ou autres d6pos6es a quantite egale , dans le tissu cellulaire sous-cutane de la face ou a la base de I'oreille, sont toujours plus vite absorb6es dn cftt^ oil a did op6ree la section du sympathique. U y a, sans aucun doute, des rapports inlimes que personne ne peut m^connaitre , entre les ph^nomenes de calorification et de vascidarisa- (1) On voit, dans la narine, une oscillation d'une demi-division environ pen- dant la respiration ; il y a un abaissement a chaque inspiration par Taction de I'air froid, et elcivation a chaque expiration par sortie de I'air chaud. (2) On n'observait plus alors ces oscillations respiratoires indiqudes pr(5c(5- demment ; il semblait qu'il passait a peine de I'air par cette narine. Cela d^- pendait de la section du v;tgiie qui avail ele op^r^e avec le sympathique. 103 lion des parlies du corps; raais est-ce a dire pour cela que dans le ca? qui nous occupe, on devra atlribuer Taugmentalion de chaleur de Toreille ou de la face puremeut et simplement, a ce que la masse de sang qui y circule, devenue plus considerable, se refroidit moins faci- lement et fait apparaitre les parties plus chaudes? Cette interpretation loute mecanique, qui devait d'abord se presenter a I'esprit, serait insuf- fisante pour expliquer ces differences de 6 a 7° centigrades de tempera- ture qui existent quelquefois entre les deux cot^s de la face. J'ai 616 encore porte a repousser cette explication, parce que Ton voit tres- souvent la vascularisation diminuer consid6rablement des le lende- main de Top^ration , bien que I'oreille ne varie pas sensiblement de temperature. Parmi un trte-grand nombre d'exp6riences de cette na- ture que j'ai pu observer, j'en citerai une seule pour donner une idee plus exacte du fait. Sur un gros lapin , vigoureux et bien nourri , j'ai fait I'extirpation du ganglion cervical supt^rieur du cote droit. L'operation fut faite au mois de d^cembre et la temperature ambiante 6tait basse; avant re- paration la temperature prise dans les deux oreilles 6tait : Pour I'oreille droite 33° cent. Pour roreille gauche 33° cent. Aussit6t apres Textirpation du ganglion Toreille droite devint tres- vascularisee et tres-chaude, tandis que celle du cote oppos6 n'avait pas sensiblement change d'aspect. Un quart d'heure apres renl^veraent du ganglion on reprend la temperature des deux oreilles et on trouve : Pour I'oreille droite 39° cent. Pour I'oreille gauche 33° cent. Ainsi en un quart d'heure la chaleur de I'oreille et de la face avail mont6 de 6° centigrades. Le ph6nomene n'6tait pas encore arriv6 a son summum^ car une heure apres on trouva 40° centigrades dans I'oreille droite. L'animal fut laisse jusqu'au lendemain oii il fut de nouveau soumis a I'observation. I'oreille droite etait alors beaucoup moins turgescente que la veille; les arteres 6taient consid6rablementdirninu6es de calibrCj et il fallait une grande attention pour voir une difference entre les deux oreilles au premier abord. CY'taient seulement les trfes-petites ra- mifications vasculaires ou les capillaires qui etaient restes plus visibles Mil H plus nombreux dans I'oreille droite; mais la main percevait tou- jours tres-manifestement une grande difference de temperature entre les deux cMds de la tete. Le thermometrc plonge dans les deux oreilles donna : Pour I'oreille droite 37° cent. Pour I'oreille gauche. . . . 30°, 5 cent. Onvoitainsi que I'toorme turgescence vasculaire et I'accumulation d'une grande quantite desang quisuivent imm^diatement I'op^ration , peuventdiminuerconsiderablement,sans entrainer un abaissement de temperature notable. Cependant, comme je I'ai dit, la circulation ca- pillaire reste toujours plus visible dans I'oreille plus cliaude. Toutefois il ne faudrait pas encore conclure dela que la temperature sera toujours plus 61ev6e quand les vaisseaux capillaires seront plus visibles. A la suite de la section de la cinquieme paire, comme on sait, la conjonctive devient tres-rouge et les vaisseaux capillaires y sont tres-visibles ainsi que dans d'autres parties de la face , et cependant il y a dans ces cas un abaissement de temperature. Si a cela on objec- tait qu'il y a, apres la section de la cinquieme paire, une obstruction des vaisseaux qui enraye la circulation et produit le refroidissement , je repondrais par Fexperience que j'ai citee ailleurs, a savoir que dans ces cas, la section du sympathique fait apparaitre aussitOt la calorifi- cation dans les tissus oil la turgescence vasculaire exislait deja ce- pendant, mais avec refroidissement. Cette influence calorifiante du sympathique, meme sur les parties oil le cours du sang se trouve g6n6 et diminu6, sera encore rendue plus evidente par rexp6rience suivante : Sur un lapin adulte et bien portant, j'ai fait la ligature des deux troncs vasculaires veineux de chaque oreille. Apres cette operation les veines se dilaterent , devinrent gorg^es par le sang qui stagnait. Apres trois quarts d'heure, les deux oreilles s'etaient manifestement refroidies par suite de cette stase du sang. Alors je fis la section du filet sympathique cervical du c6te droit , et aussitdt I'oreille corres- pondante devint plus chaude; il etait cependant impossible d'expli- quer cette calorification par I'accumulation du sang qui pr6c6dem- ment produisait un phenomene inverse, le refroidissement qui s'observait toujours sur I'oreille du c6t6 oppose. Alors je fis la liga- ture de I'artere de fa^on a emprisonner le sang dans I'oreille. la tem- 105 p6rature diminua un peu, mais elle resta toujours plus 61evee que dans I'oreille oppos6e. Quand , au lieu de la ligature primitive des veines, on pratique celle des arteres, les parties se refroidissent aiissi, mais par un mecanisme inverse. Dans le premier cas, le refroidissement est la consequence de I'impossibilite du renouvellement du sang, et dans le second, le r6- sultat de son absence. Nous avons vu qu'en resequant le sympatliique apres la ligature des veines , la calorification pcut se produire , ce qui n'a pas lieu quand on fait la section de ce nerf apres la ligature exacte des arteres seules; mais tout cela d^montre simplement que si le pli6- nomene de calorification ne pent pas se produire dans des parlies dont les vaisseaux sont completement vidcs de sang, il pent au contraire avoir lieu dans des parties ou le sang stagne et independamment de son renouvellement rapide. Ce qui prouve encore cette proposition, c'est que si chez les cliiens ou les lapins, oil la calorification d"un des c6t6s de la tete se trouve bien developpee, sous rintkience de I'extirpation du sympathique, on vient a diminuer rafOux ou le renouvellement du sang par la ligature de Tartere carotide du cote corresiiondant, on voit neanmoins la chaleur des parties rester toujours plus elevee que celle du c6t6 oppose. D'aprcs ces experiences, il n'est done pas possible d'expliquer le r6- chauffement des parties par une pretendue paralysie des arteres qui, a raison d'un elargissement passif , laisscraieut circuler une plus grande quantite de sang. J'ai dit pretendue paral>-^ie,parce qu'en etfet elle est plutot al'etat de theorie qu"a I'etat de fait demontr6. Si la sec- tion du sympathique paralysait les fibres de contraction des arteres, on devrait voir a I'instant de I'operation un elargissement subit de I'ar- tere, et c'est toujours le contraire qu'on observe. En effet , en faisant sur des lapins la section du filet cervical du sympathique qui avoisine la carotide, j'ai toujours vu cette artere se resserrer considerablement aussitCit apres la section ou le d^chirement du filet. Si plus tard cette artere et ses divisions deviennent plus grosses, c'est qu'elles sont distendues par un afflux de sang qui se fait dans les parties corres- pondantes; mais loin d'etre la cause de la circulation plus active, r^largissenieut des arteres n'en est au contraire que I'effet. De memo quand en galvanisant le bout peripiierique du nerf sympathique coup6 avec une forte machine electi-o-niagnetique , on amene dans les par- ties oil il se distribue une wrie de troubles profonds sur lesquels je TOME V. 8 «))6 »'ai pas a mexpliquer ici mais avec lesquels coincide un arret de la circulation. Si alors les arteres comme les veines se resserrent et re- viennent sur elles-m^mes, cela tient a ce qu'il n'y a plus de sang pour les distendre, mais il nest pas prouv6 que ce soil I'cffet d'un resserrement actif des vaisseaux. Et du reste, si cette paralysie des ar- teres existait r^elleraent, leur dilatation sous I'influence de I'irapul- sion du cceur ne devait-ellc pas aller toujours en augmentant a partir du moment de I'op^ration et finir meme par amener des dilatations ar- t^rielles aneraysmatiques. 11 n'arrive rien de semblable, puisque nous avons vu au contraire que le lendemain de la section du sympathique la vascularisation a ordinairement beaucoup diminu6, les arteres son t revenues sur elles-memes, bien que la chaleur soit toujours tres-nota- blement augmentee. En un mot, le phenomene circulatoire qui succ^de a la section du nerf sympathique est actif et non passif, il est de la m6me nature que la turgescence sanguine qui, ainsi que je I'ai demon tr6 ailleurs, survient dans un organe secreteur qui, dun 6tat de repos ou de fonc- tionnement faible, passe a im ^tat de fonctionnenicnt tres-actif; il se rapproche encore de I'afflux de sang et de I'augmentation de sensi- bility qui surviennent autour d'une plaie recente ou aux environs d'un corps stranger qui s^journe dans les tissus vivants. Je n'ai pas a me preoccuper ici de I'explication de ces phenomenes sur Icsquels i'aurai bientot occasion de revenir. 11 me suffira de dire que, bien que dans tons ces cas on voie les vaisseaux plus gorges de sang et les ar- teres battre avec plus de force, il ne peut venir a I'id^e de personne de les rapporter a une paralysie pure et simple des arteres. CONCLUSION. Je nai voulu dans ce travail 6tablir qu'un seul point de I'histoire si complexe du grand sympathique, a savoir que la section de filets ou de ganglions appartenant a ce nerf a constamment le privilege d'augmen- ter la calorification des parties auxquclles il se distribue. Ces phtoomenes de caloricitL^ qu'on produit en agissant sur le sym- pathique ne sont en realit(!? que Texageration de ce qui se passe dans la production de la chaleur animalo. En donnant les moyens d'accroitre les actes caloriJiques et de les lo- i 107 caliser dans des parties exterieures faciles a observer, j'ai eu lapenstie de rendre plus accessible a nos nioyeus d'investigation, I'etude de cette importante fouction encore si pen connue, mais qui ne saurait toute- fois etre recherchee ailleurs que dans la plus ou moins grande activite des m^tamorpboses chimiques quo Ic sang cprouve dans les tissu? vi- vants sous des influences spcciales du systeme ncrveux. TESTICULE GAUCHE ENGAGE DANS LANNEAU INGUINAL; IlVDlIRATIOnr »E li'EPIDIDYITIE A DROITE HERNIE INGUINALE DU MEME COTE ; ABSENCE d'animalcules spermatiques : Observation commnniquee a la Societe de Biologi* Par M. le Docteub PIOGEY. M. Gosselin a demontre que les voies spermatiques s'obliterent comme les conduits des autres glandes. M. Follin, par des etudes pre- cises et exactes, a confirm^ les opinions de Hunter en prouvant que les testicules engages dans I'anneau inguinal ou rest^s dans la cavit6 ab- dorainale subissaient la d^g^n6rescence graisseuse ou fibreuse et 6taient impropres a la fecondation. L'observation suivante est des plus interessantes ; elle presents la reunion des deux lesions d^crites, I'une par M. Gosselin, I'autre par M. Follin; elle demontre en outre que la compression ^tablie pour s'opposer a Tissue d'une anse intcstinale est la seule cause probable de I'induration de I'epididyme. Fait d'une haute porti^e pratique qui doit engager les chirurgiens a rechercber les modifications presentees par 110 le canal different lorsqu"il a i'te compriin6 par la pelote d'uu liaii- dage pendant plusieurs anneos et surtout pendant I'enfance. Obs. — M. X., age de 30 ans, a 614 constamment maladif, niaigre, ch6tif, sujet a de frequentes diarrli(^es qui survenaient sans cause apprc^ciablc. Les testicules rcstes dans I'ahdomen jusqu'a 15 ans, s'engagcnt, celui de gauche dans I'anncau inguinal, oil d a contracte des adhorences intimes, celui de droite descend dans le scrotum, entrainant avec lui une anse intestinale qui exige I'application d'un bandage pour maintcnir I'intestin dans sa cavite natorclle. Premiers rapports sexuels a 18 on 19 ans , rares jusqu'a 23 , epoque a la- quclle survicnt un ecoulemcnt pen abondant qui cesse en moins d'un mois par radmiuistration de tisanes ct de sirops. On supprime le bandage port(i pendant quatre ans, ct la bernie se reproduit. En 1847, apres des rapports sexuels r^petc^'s deux ou trois fois chaque nuit pendant plusieurs scmaincs , survient une h(''morrbagie qui persiste trois mois a I'elat aigu, et qui, en 1849, existait a I'etat de suintement. M. X. est d'une taille de 1 m&tre 80 centimetres; il est d'une faible consti- tution ; il a la peau blancbe, fine, presque diapbane, la pliysiononue regnlierc, la barbe et les cbeveux noirs soycux, bien plantcs ct abondants ; la poitrine est peu bombee, t'troite, les muscles de la vie de relation peu devcloppes; les formes sont arrondies. Le moindre travail physique determine de la fa- tigue, du malaise; la course est penible, occasionne de I'oppression; pusdla- nime, sans encrgie, il n'a jamais fait de gymnast iquc ; non passionne , il a un caract6re bizarre et manque de spontant^ite dans la pens^e et I'execution de scs projets. Marie dcpuis plus d'une ann^e, M. X . accomplit plusieurs fois par semainc les devoirs conjugaux, sans malaise et sans fatigue. Le 15 scptembre 1853, 1'examcn des organes genilo-urinaires donne les re- sultats suivants : le pubis est convert do pods nombrcux; le penis, regulier, est d'un volume ordinaii'e; le prepuce ne recouvre pas le gland; le jet d'urine est large sans etre vigoureux; la peau du pli del'aine est epaissie al'endroit oil appuie la pelote du bandage. Le testicule droit, seul dcscendu dans le scrotum, souple, regulier, a, dans sa plus grande circonference, 14 a 15 centimetres. L'epididyme, sans presenter d'hypertrophic , est dur, comme fibreux. Le canal deferent, tres-facile apercevoir dans sa portion funiculairc, semble ne pas avoir la fermcte ordinaire lorsqu'il s'engagc dans le canal inguinal. Le testicule gauche fait saillie sous les teguments de la region inguinale, aplati, h'gercment atropine, plus mou qu'a I'etat normal, et il a contracte des adhercnccs intimes qui s'opposent a ccqu'on lui fasse francldr I'orifice interne et I'orifice exteme. A I'^poque de la puberty , cette glandc a et6 le siege de Ill douleurs assez vives qui onl necessity I'appUcatiun de cataplasines pendant quinze jours. Dn c6te droit, il n'y a jamais eu d'cpididymite blennorrhagique ou d'inHanmiation d'unc autre nature pouvant expliquer I'induration consta- t^e. Pendant ou apres Ic rapprochement sexuel, cet organe n'cst le siege d'au- cune tension, d'aucune doulcur. Le 15 scptembre, on examine le sperme recueilli par M. X.; ce liquide a une odour legercment sulfureuse; laitcux et a peine visqueux, il ne pent 6tre reuni en collection. Le microscope y dd-montre la presence de cellules ^pithe- liales en trcs-grand noml)re, de cellules graisseuses jaunatres et de granules molcculaires grisatres, sans un seul spermatozoaire. Le 16 et le 17, meme resultat fourni par I'examen de produits provenant de rapports sexuels difl'c^rents. Le 23 septemlire, apr(>s une continence de si.'c jours, le liquide est plus abondant, plus visqueux ; il a I'odeur sui generis, mais le microscope y d^- montre la presence de cellules epitheliales , de granules molcculaires et pas un seul spermatozoaire. L'observation preccdente a pour sujet un homme de plus de 30 ans, d'une taille au-dessus de la moyenue, bien coiislitue, dont le systeme musculaire est m6diocroment dcveloppe , non passionnc, qui n'a pas fait d'exces prolonges de femme, qui accoinplit sans fatigue, sans mal- aise les fonctions de la copulation. Plusieurs in^decins, l)asant leur opinion sur les caracteresext6neurs de la virilite, sur Taspect des organes de la generation, sur la narra- tion des circonstances qui accompagnent le rapprochement sexuel, ont assure a M. X. qu'il possMait toutes les qualitfe necessaires a la f^con- dation. ConsuUe sur la menie question, nous avons soumis le sperme a I'examen microscopique , alin de decider immediatement a quelle cause apparentela sterilite pouvait etre rapportee. Apres avoir constats I'absence des animalcules sperraatiques dans quatre examens successifs , remontant de I'etTet a la cause , cherchant a decouvrir la relation qui existait entre la perturbation fonctionnelle et les lesions materielles , nous avons reconnu que ce fait , en presen- tant a droite une induration de I'^pididyme et a gauche un testicule engag6 dans I'anneau, confirmait les observations de MM. Gosselin et FoUin. Mais quelles sont les conditions particulieres qui ont favorise le de- veloppement de ces dispositions anormales? L't^pididyme n'ayant jamais ete le siege d'une douleur ou d'une in- flammation, I'induration n'est pas sous la di'penflanco des blennorrha- 112 gies anterieures. La compression etablie sur la longueur tlu canal in- guinal , pour s'opposer a Tissue de I'intestin , est la seule cause que nous pourrions interpreter comme ayant d(5termin6 I'induration de I'epididyme. L'opinion pr^cedente est appuyee par ce qui se passe chez un ani- mal dont on a excise une partie du cordon , excision qui determine rinduration ct I'liypertrophie de I'epididyme. M. Gosselin ayant ren- contre I'atrophie du canal deferent au niveau du canal inguinal et une induration de Tepididyme du meme cote, nous fait regretter qu'il n'ait pas mentionne si ant(!'rieurement il y avail eu un bandage appliqu6 pour maintenir une liernie. Si, comme nous le supposons, I'application du bandage a 6t6 la cause de la retention du sperme dans les conduits de la glande, et si I'atro- phie du canal deferent s'est produite sous la pression de la pelote , I'application des bandages chez les jeunes enfants merite une sc^rieuse attention , a une 6poque ou les organes de la generation ont besoin d'etre places dans les conditions physiologiques les plus favorables pour accomplir les diverses periodes de leur evolution. Telle est la question que nous posons, et qu'on r^soudra par des re- cherches anatomo-pathologiques sur les personnes qui ont port6 des bandages dans leur enfance. OBSERVATION DE CARIE SCROFULEIISE DE I'OS TEMPORAL GAUCHE, ACCOMPAGNEE D'UNE DIMINUTION DE LA SENSIRILITE TACTILE ET GUSTATIVE DE LA MOITIE CORRESPONDANTE DE LA LANGUE ; lue 4 la Societede Biologie, en novembre 1855, PAR M LE DOCTEliR FANO. Obs. — La nominee Pareau , ag^e de 23 ans , exercant la profession de cou- turifere, se trouve, aumoment oil nous rt^digeons cette note, a I'hdpital Saint- Louis, salle Henri IV, n° 74, dans le service do M. Hardy. G'est une femme d'une constitution moyenne , ayant les apparences du temperament lymptiatique ; r^gl^e a 1 6 ans , ayant toujours eu une menstruation reguliere , marii^'C , sans enfants ; elle nous alTirme qu'elle n'a pas ete sujette a cette s^rie d'atTections qui frappent de pr^Krence les sujets scrofuleux; pas de maux d'yeux, pas d'abcfes sur aucune partie du corps, etc., etc. A I'age de 1 i ans, la femme Pareau a fait une chute sur le c6te gauche de la t^te, chute cpii n'a pas et6 accompagnee de perte de connaissance. Dans la nuit qui suivit I'accident, elle eprouva de vives douleurs dansl'oreille du cdt^ nil gauclie i mais ces phenom^nes n'eurent qu'une courle duree, et le r^tablisse- ment fut des plus prompts. Quatre ans apr6s cet accident , consequemment a I'age de 18 ans , la malade se frappe violeinment la tete centre une poutre; qiielques jours apris, une grosseur commence a se d^velopper derri^re I'oreille gauche ; cette tumeur augmente rapidement, bienti^t 11 se forme des abc6s qui s'ouvrent spontane- nient, des ulc6rcs iistuleux s'etablissent, des portions d'os sont eliminees. Tels sont les renseignements fournis par la malade ; quelque incomplets qu'ils puissent paraitre au premier abord, ils donnent cependant une idt^e ge- nerate du mode de developpemcnt de la maladie actuelle sur laquelle nous avons recueilli des docmnentsplus etendus. Etat actuel. — En arri^re du pavilion de roreillc du c6t6 gauche, existe une tumeur ([ui occupe la region masto'idienne , la portion ecailleuse du temporal, et qui s etend juscjuau niveau du plan de reunion de la tete et du cou. Con- fondue de toutes paits avec les os du crane , la tumeur est mal circonscrite , ot il est facile de reconnaitre cpi'elle a son siege dans Fi'paisseur meme des OS, ou plutot quelle est constituee par ces derniers. Ellc est tr6s-dure, tr6s- r^sistante , n'oCfre pas la moindre fluctuation , et pr^sente dans tous les points une consistance egale. A la surface de la timienr existent deux ulceres Iistu- leux , dont Tun en occupe la partie superieure et anterieure, I'autre la partie posterieure et inferieure. lln stylet de troussc, introduit par chacune des ou- vertures, penetreaune profondeur d' environ quatre centimetres; I'extr^mite de I'instrument rencontre une surface osseuse drnudce. Lorsque la malade fcrme I'oriUce anterieur des fosses nasales, en pincant le nez entre les doigts , et qu'elle execute une forte expiration , il sort par les ouvertures fistuleuses un liquide purulent melange de buUes d'air. Cette ex- pulsion s'accomplit avec un bruit tres-appreciable. La tumeur n'est le siege d'aucune douleur, si ce n'est lorsque le pus ne se fraye pas un passage au dehors , ce qui arrive toutes les fois que les ulc6res fistuleuxse cicatrisent momentanement. Dans ces circonsfances , il survient un autre phdnom^ne : I'orifice anterieur des fosses nasales etant ferme, comme dans I'exp^rience pr{?cedente, et la malade executant une forte expiration, du pus secoule dans la gorge. La langue presente une alteration remarquahle de la sensibility tactile et de la sensibilite gustative, que nous avons reconnue a I'aide d'exp^riences variees. Dans toute la moitie droite de la langue, une piqurc superilcielle, pratiqu^c avec une aiguille, est tr^s-bien senile. Dans toute la moitiu gauclie, la sensa- tion de piqiire va en s'afTaiblissant, a mesure que Ton s'doigne de la ligne m^diane et qu'on se rapproche du bord de la langue. En arriere, la sensation est plus directeraent percue qu'en avant. En frottant If^gerement avec un morceau de sncre le bord droit de la langue. 115 la malade percoit nettement ime saveur sucree. En repliant la in^me ma- nGBUvre sur le bord gauche de I'organe , la femme Pareau accuse une sensa- tion de contact, mais elle ne distingue aucune saveur. En serapprochant, tou- jours a gauclie, de la base de la langue, elle percoit falblement la saveur sucree. Un grain de sel est applique sur le c6t6 gauche de la langue , vers la partie ant^rieure ; la malade n"accuse aucune sensation ; en arriSre et du meme c6t^ , c'est-a-dire vers la base de la langue , il n'y a cpi'une sensation vague. Vient-on a faire la meme expc^rience sur la moitie droite de la langue, la sen- sation est tres-bien percue. Les experiences prccedentes ont ete repetees avec du vin de gentiane ; les resultats ont et6 conformes a ceux que nous venons de rapporter. La langue conserve I'int^grite de tons les mouvements ; il n'y a aucun signe de paralysie faciale, c'cst-a-dire de paralysie de la portion dure du nerf de la septieme paire. En effet, les muscles sous-cutanes de la face ont conserve leur contractilite volontaire. Le sommet de la luette est un pen devie a gau- che; mais pendant les mouvements de deglutition, les deux moities du voile du palais s'elevent egalement. La vue est Sgalement bonne des deux cOt6s , I'odorat s'exerce aussi bien par I'une que par I'autre narine. L'(5tat general , enfin, est tres-satisfaisant ; toufcs les grandes fonctions del'^conomie parais- sent ctre dans leur integrite. E etait interessant de recherclier si la membrane du tjTupan est intacte ; rexiimen du fond du conduit auditif cxterne etant rendu impossible par le fait de la deviation ctdc I'aplatissementquelesparois de ce conduit ont subi, ce n'est que par des signes rationnels qu'il est possible de juger cette ques- tion. Lorsque la malade fait une forte expiration ct qu'ou a soin de fermer les ulceres fistulcux qui existent a la surface de la tumeur, on constate la sortie de I'air par le conduit auditif; il faut done admettre que la continuite de la membrane dn tympan est interrompue. Le caractere le plus saillant clc I'observation prec6dente est une diminution de la sensibility tactile ct gustative d'lme des moities de la langue, coincidant avec une carie de I'os temporal. On sail que ce dernier os est parcouru par un canal inflexe que Ton appelle aqueduc de Fallope, canal destin6 a loger le nerf facial. II resulte de cette dis- position que si, par le fait d'une lesion traumatique ou spontanee, la portion dc I'os temporal qui rccele le nerf facial est alteree, cette lesion reteutira sm- le nerf facial lui-memc, ct consequcnmient sur les bran- ches terminales de ce nerf; de la une paralysie de tout un c6t6 de la face dans certains cas de fracture du rocher, etc., etc. L'os temporal n'est pas seuloment en rapport intimeavec le nerf facial ; il a des con- 116 iiexions uon moins importautes avec un filet nerveux qui emane du nerf facial et que I'oQ designe sous le nom de cmde du tympan. On connait le trajet decrit par cette branche nerveuse ; qu'il nous sufBse de rappeler qu'ellc se met en rapport immediat avec la face post6- rieure de la membrane du tympan centre laquelle elle est accol^e, et qu'apres sa sortie du rocher par une rigole speciale, elle se confond avec le nerf lingual pour se distribuer comme cc dernier a la mu- queuse linguale. Les fonctions devoUies a la corde du tympan ont Ote pour les phy- siologistes un sujet fecond de recherches et de discussions. II resulte cependant d' experiences nombreuses que la corde du tympan exerce une certaine influence sur les fonctions gustatives de la langue. Un grand Bombre d'observateurs , et en particulier M. CI. Bernard, ont note chez Thomme la coincidence de I'alteration du gout avec la para- lysie du nerf de la septieme paire. Mais s'il regne aujourd'hui meme un sentiment presque unanime sur le role que la corde du tympan remplit relativenient a la sensibilite gustative dela langue, il n'en est plus de meme quand on cberche a pen6trer le mode d' action de ce filet nerveux. Admettra-t-on, avec Bellingeri, que la corde du txTupan est un rameau sensitif du facial ? ou bien se ralliera-t-on a I'hypothese emise recemment par M. Duchenne, a savoir que la corde du tympan est un nerf de sensibilite, rccevant cette derniere propriete du nerf intermediaire de Wrisberg? Si quelques recherches purement anato raiques semblent favorables a cette maniere de voir, nous devons n^an- moins conveuir que leur exactitude est loin d'etre compl^tement d^- montree. Si done nous reconnaissons que la corde du tympan (^manant du nerf facial partage les proprietes motrices de ce dernier nerf, il reste a se rendre compte de Finfluence exerc^e sur le gout par Tune des deux hypotheses suivantes : ou bien on admettra, avec MM. Longet et Arnold, que la corde du tympan agit sur Vexcretion de la saUve par les fdets nerveux qu'elle envoie au ganglion sous-maxillaire et par rintermediaire de ce dernier au canal de Warthon; ou bien on dira, avecM. CI. Bernard, que la corde du tympan est charg^e par son action sur le tissu papillaire lingual de regulariser et de rendre instantan^ le transport de I'excitant sapide sur le nerf scnsoriol qui I'appr^cie ; que la corde du tympan agit en redressant les papilles de la langue pour la perception des saveurs. Quoi qu'il en soil de ces diverses interpretations, il n'en reste pas 117 moins d^montre que la corde du tympaii exerce une influence sur la sensibility gustalive de la langue. A ce litre, I'observation que nous avons rapportee offre un certain int6ret. Tons les signes not^s plus haut deniontrent qu'il existc chez la malade une alteration de I'os temporal et une extension de cette alteration a I'oreille moyenne. II est done tres-probable que la corde du tympan est comprise dans la 16sion ; ce qu'il y a surtout de remarquable dans ce fait , c'est que le trone raeme du ncrf facial est rcst6 stranger a cette maladie , ainsi ([ue le demontre I'integrite de fonclion des muscles sous-cutanes de la face. Cette observation realiserait done une des provisions emises par M. Gl. Bernard et formulees par lui dans les termes suivants : « Par cela menie que le ramcau tympanique est fibre et isole a son passage dans la caisse du tympan, on con^oit a la rigueur que certaines causes traumatiques ou autres venant a d6truire isol6ment ce filet nerveux . produiraient seulement une perversion gustative, tandis que tous les autres sympt6mes de I'hemiplOgie faciale manqueraient. ■> OBSERVATION PARALYSIE Dl MOIVEME^T ET DE LA SENSIBILITY DANS LE MEMBRE SUPERIEUR DROIT , LA REGION CERVICALE , LA JOUE ET LA PALPIERE SUPERIEURE DL CtTE CORRESPOND ANT, CONSECUTIVE AUX TENTATIVE8 (aites pour riduire iioe loiatioo de I'ipaule ctiei on jeooe sujet ; Lue i la Soci6t5 Par le Docteur E. LE BRET. Obs. — Lenoir, fusilier au 25' leger, age de'22ans, blond, lymphatique, d'une constitution moyenne, a fait, en fevrier 1853, une chute de sa hauteur pendant le maniement des armes, et s'est alors bris6 1'^paule droite. Le m^me jour, pour reduire cette luxation, sur la nature de laquclle il ne nous donne point de renseignements, entre autres dispositions, on attacha fortement un drap nou6 au-dessus du coude et destine a I'cxtension que pratiquaient des homraes vigoureux ; cette constriction aurait et6 assez forte pour que I'im- pression du lien restat longtemps visible sur la peau. A peine la tete de I'hu- m^rus etait-elle ramenee en place, et le membre abandonn6 a lui-m6me, que, sans avoir 6prouv6 de douleur, ce jeune soldat s'apercut de la paralysie occu- pant toute la longueur du bras et de I'avant-bras ; I'incapacit^ des mouvements etait absolue ; en m6me temps il y avail, et nous observons encore cinq mois aprfes I'accident, une anesth^sie complete de la peau, a partir du pli du coude jusques et y compris I'extremite des doigts ; le cOte correspondant du cou et de la plaie avaient perdu toute motilite et etaient devenus insensibles a toute excitation tactile ; enfm , la paupiere supericure de IVeil droit s'est abaiss^e alors, et en la soulevant avec la main gauche, le malade a parfaitement remar- 120 que depuis le m6me moment que savue s'est notablement et progi'essivement affaiblie de ce c6te. Depuis lors, malgr6 I'emploi repete de vesicatoires volants, d'electrisations administrces irrcgulierement, il est vrai, la paralysie a persist^; peu a peu, les muscles de I'^paule, du bras et de I'avant-bras out subi de I'atrophie ; leur texture estmollasse, et au moignon scapulo-humcral particulierement, la sail- lie des OS fait contrastc avec laplatissemeut dcs plaies musculaires. Lcs doigis sent souvent engourdis, refroidis et bleuatres, comme cyanosis, mais surtout avec la sensation constante de founiiillcnients dont ils restcnt le sit^ge, il ar- rive que des douleurs lancinantes, par moment, gaguent de la pulpe des der- ni^res plialanges, rcmontent jusquau creux sus-claviculaire dans la region cervicale, et occasionnent de vives soulTrances au malade. Ces divers details out cte rccueillis et constates par nous pendant le si^jour de cinq scmaines que ce militaire a fait a I'liopital de Balaruc. On le soumit, durant ce laps de temps, chaque jour, a des douches thermales promen^es sur toute I'etendue du membre paralyse, et a des applications prolongees de bones chaudes extraites de la source elle raenie. Ce traitement a (Jte ponc- tuellement suivi, a un repos de cinq jours pr^s necessity par un peu de fati- gue vers le milieu de la saison. Le 25 septembre, a sa sortie, I'elat general de Lenoir est parfail; la face tend a reprendre de la reg-ularite et est redevenue sensible sur tons les points ; la paupi^re sup^rieure est tout a fait relevee cf obeit a la volonte; il y a une l^g^re contraction pcrmanente dans I'iris du cote afTecte, sans deformation, et surtout le rctour des faculties visuclles, est manifeste, sans aucuiie gene ni diminution. Quant au membre superieur, il pend encore inerte au c6t6; tou- tefois, le malade accuse de nombreux fonrmillements dans toute Tetendue du bras et de lavant-bras, jusqu"a I'extremite des doigts. L'aspect de la jieau, particulierement a la main, ofTre une coloration naturelle, et sans aucun doute la circulation capillaire s'y elFectue mieux. Les muscles de I'epaulc etceux du bras ont grossi et sont plus resislants a la pression. Lenoir pent executer qnelques mouvcments d'clevation et d'abduction de I'epaule, et il revet seul lamanclic de sa capote, ce qu'il ne pouvait fairc auparavant. Le rctour de la sensibility^ cutanee est evidente au pli du coude, mais elle n'a pas depass^ cette limite iufth'ieuremeni ; quaiul on passe sur le nerf cubital, dans la gout- ti^re de I'humerus en arriere, Lenoir ressent tres-bien I'engourdissement des doigts auxquels sc distribu(> re nerf; si on comprinie sur le plexus cervical profond, et au niveau de lorigine du plexus brachial, au-dessous et en ar- riere des attaches inf(5rieures du muscle sterno-mastoidien , on determine une sensation tres-vive et tres-doulourcuse dans tout le membre. En resume, sous rinflnencc du traitement thermal, il y a amo'lioration dans la nutrition et la lonicitf' nuisi-ulaire du menilirc prealablcnicnt paraiysi' suivaiit le mode qui a (Me indiiju''. 121 C'est surtout sous le rapport de certains di^tails de I'accident que cette observation nous a scmble devoir presenter quelque int^ret. 11 n'est pas nouveau dans la science que des tentatives plus ou moins heureuses, execut6es pour amener la reduction d'unc luxation de r^paule, aient, entre autres complications, determine une paralysie du cote correspondant. Desault ((Euv. comp., t. 1, p. 355) rapporte deux observations, I'une oil la paralysie complete du bras succeda, le quatrieme jour, a des mancDuvres infructueuses, dans un cas de luxation de I'epauie en bas et du cote droit, et persista sans ressource apres reduction definitive, I'autre qui montre une paralysie des muscles du bras droit survenue apeu pres an moment de la cbute sur I'epauie et en meme temps que la luxation, laquclle disparut, seize jours cnsuite, sous I'influencede frictions irritanles. On trouve egalenient, cit6s par Boyer, des exemples de paralysie du deltoide, observes dans des circonstances analogues, selon un mecanisme bien connu. II est a regretter que I'age des sujets de ces diverses observations n'y soit pas relate. En effet, dans I'annee 1827 du Repehtoike gexeual d'anatomie et de physiologie patholo- GIQUE (t. Ill, p. 55), nous trouvons consignes par M. Flaubert (deRouen) des cas fort int^ressants d'h6mipl(^gie plus ou moins complete, con- secutive a deux tentatives de reduction de luxation de Fepaule. Une femme deG'i ans, portant \me luxation axillaire depuis trois semaines, une femme de 70 ans qui s'etait lux6 I'epauie droite un mois aupara- vant, et un liomme, d'une cinquanlaine d' annexes, ayant une luxation de I'epauie gauche, a quinze jours de date, ont fourni a I'auteur du raemoire les fails sur Icsquels ' il s'appuie pour di^montrer a quelles suites imprevues et facheuses les manojuvres dextension et decontre- extension peuvent donner lieu dans les cas de luxation de I'epauie. Mais on remarquera que, chez tons ces malades, I'age (de 50 a 70 ans) avait pu modifier les conditions anatomiques des nerfs et peut-etre des centres nerveux. D'autre part, le second sujet d'observation de M. Flaubert a succombe avec divers d^sordres fonctionnels, et a I'au- topsie [loc. cit.) on a vu tons !es nerfs du bras reunis au niveau du creux de I'aisselle par du tissu cellulaire depuis longtemps enflamme a un leger degre et aminci, modification due sansdoute a la pression persistante de la tete de I'lumierus; dans les muscles scalenes on de- couvrit les extr^mites rorapues des nerfs appartenant aux quatre der- nieres paires du plexus brachial ; la separation avait eu lieu a I'im- TOME v. 10 122 plantation meiiie de la moelle, ct k'S ganglions dos racines postericiircs flottaient libres au dehors du canal osteo-fibreux ; les oxtri'uiitos pO- ripheriques des nerfs ^taient tout a fait normales. M. Flaubert signale rintegrite du cerveau , mais aussi Finjection des meninges raclu- diennes et un ramollissement du tissu medullaire dans une par tie de la portion cervicale. L'auteur conclut en dernier lieu que rinllamnia- tion antt'rieure a la reduction luiparaitprincipaiement predisposer les parties ix se dechirer, en occasionnant les adlierences des vaisseaux et des nerfs aux parties voisines, du nioins en empechant le deplace- ment et le redressement des courbures que ces organes presenteut au voisinage des articulations. Dans I'observation qui a fait Tobjet decetle communication, le sujet (?tait jeune et plein de sanle ; c'est dans un exercice militaire qu'il a eprouve Taccidentdontils' agit; la reduction de la luxation a ete tentee etop^reepresqueimmediatement. La traction execulee par des hommes "vigoureux dans le sens de I'extension a sans doute depass6 les bornes del'elasticit^destissus etdes cordons nerveux en particulier. La decbi- rui'B a Hd instantamie, comme la paralysiequi en a fait preuve ; cette rupture a-t-elle eu pour siege un ou plusieurs nerfs? IS'ous pouvons presumer que plusieurs branches des plexus brachial et cervical pro- fond et superficiel ont etc lesees, et ([ue parun ebranlement remon- tant de bas en bant, si on pent s'exprimer ainsi, la paralysie a atteint le nerf de laT'paire. Resterait a deteriniiier comment le prolapsus de la paupiere superieure a pu se maintenir, tandis que la pupille etait contractee et legerement mobile, avec alfaiblissement de la vue ; mais le malade n'a ete soumis a mon observation que cinq mois apres les premiers accidents ; et pendant le iraitement thermal memo, les mou- vementsde la paupiere, ainsi que la vue, la sensibilite tactile de la face et du cou, quelques mouvements d'elevation de I'epaule, I'activite de la circulation capillaireetun notable degre de tonicite des muscles du membre superieur out ete recouvres; il y avail jusqu'a un certain point une tendance de reparation et de guerison. Quoiqu'il laisse a d^sirer au point de vue physiologique, ce fait se recommande encore, ce nous semble, sousle rapport pratique, etmerite d'etre mis en regard avecceux du meme genre (|ui ont ele rorneillis. if MEMOIRE SCR LES FISTULES PULMONAIRES CUTANEES, lu a la Soci6t4 Par M. E. BOUCIIUT, Profespeur agr^ge a la Faculte de mcdecine de Paris, medecin de rbflpilal Sainte-Eugenie, chevalier de la Legion d'bonneur, etc. On salt combien sont fr^quentes les perforations du poumon, qui laissent a leur suite des conimunications Gstuleuses avec les bronches ou avec lacavite pleurale. Traiimatiques ou organiques, primitives ou secondaires, ellcs constituent, a divers degres, des accidents redou- tables, souvent mortels, mais quelquefois salutaircs lorsqu'ils sont le moyen employ^ par la nature pour rejeter au dehors un produit etran- ger inclus dans I'organisme. te sont la des fistules pulmonaires pleu- rales et bronckiques , dont la description ne laisse plus rien a desirer aujourd'hui et qu on retrouve jointe, comme un complement neces- saire, a la description de certaines maladies du poumon , notamment de rhydropneumothorax et des vomiques. II est u'ne troisieme variete de perforation pulmonaire beaucoup moins 6tudiee que les deux precedentes, c'est la perforation qui, a raided' un trajet tistuleux, met en communication I'interieur du pou- mon avec le tissu cellulaire sous-cutane du tliorax et avec I'air ext^- rieur lorsque la peau a ete secondairement dc^truite par I'ulceration. 124 Cotte porforation e?l lo point cle drpait des [istules puimonuires nita- nics. J'ai cu Toccasion ileii observer plusicurs siir lo vivaiil ot sur U- cadavre: les unes etaicul ouvortes sous la peau, lus aulrcs a sa sur- face et communiquant avcc I'air exterieur. Comme ces fails sent raros ct qu'il s'y rallaclie des particularitC'S nu'dico-cliirurgicalcs fori iin- portantes, j'ai cru devoir les reuuir a ceux qui existoul deja dans la science pour en faire uae etude attentive, cl je vicns en soumettre Ic r^sullat de mes recherches. J'etudierai dans Tordre suivanl, d'apres I'analyse de 23 fails, les causes, les caraclcrcs exterieurs, le diagnostic et le traitcnient de ces listules. Les fislules cutanees du poumon sont le resultat ordinaire de revo- lution des tubercules duns la phlhisie pulmonaire, du ramollissenient dc ces tubercules, de Fadherence des iwumons aux parois de la poi- Irine, de I'ulceration reguliere de ces ])aroJs, de lamincissement de la peau et de son ouverture exterieure par ulceration. Ainsi en a-t-il ete dans les observations deFouberl (Mem. del Ac. dechir.), de M. Voisin (Rev. MED., 1831), de M. Velpeau (Axatomie chibirgicale, abces de raisselle), de M. Raciborski (Bullet, de l'Acad. de med., 18'jI), de M. Forget (niemc bulletin, 18'k)), de M. Grapin (Arch, de med., octobre 1844), de M. Martin Magron dans une observation qu'il ni'a communi- que, de M. Lebcrt (Physiol. p.\tholog.), de M. Rayer et de M. Fou([uier (communication orale), de M. Andral dans son GorRS de patholocie ; ainsi ai-je vu se former ces fislules cliez deux sujets dont je rapporte ici les observations. FISTCLE MiLMOXAIRE SOUS-CUTA.\KE ; ABCES MULTIPLES DC POUMON \sans doute des cavernes tuber culeuses). Obs. I. — Un homme de 30 ans cut un crachement de sang a la suite d'une lluxion de poitrine, dont il futmal gmc^ri, it y a environ trois ans. Ce cra- clienient de sang etait accompagnt? d'une toux frequentc, d'une flevre plus ou moins forte, selon le regime ou la conduite qu'il observait. Tous ces acci- dents n'ont pu Clre d^truits par tousles reraedes les mieux indiqu^s ; enfin k nialade a crache du pus, et est tonibe dans le marasmc. C'est dan^ cctte situa- tion, environ deux mois avant sa murl, qu'en observant toutcs les parties cx- tt^rLeures de sa poitrine, je rcmarquai ([ue lorsqu'il toussait, il seformait une tumeur grosse comme un petit a-uf de poule entre le cartilage xiphoide et le rebord cartilagincux dc la derniere des vraics coles et des deux premici'cs des fausses. J'olisfrvai (ju'cn comprimant avcc la main cetle tumour, lorsquc 125 le malade loussait , ma main elait [loussee comme elle I'eiit lite par quelque partie qui aurait forme une hernie en cet endroit-la ; ce qui fit croire a quel- ques praticiens qui voyaicnt le malade que c'cHait elTeolivement une liernie dc Festomac. Cependant j'cus de la peine a me persuader que e'en fiit une, parce que j'apercevais constamment une cspece d'ondulation, qui me fit soup- conner que cetait plutot une tumeur liumorale qui pouvait elre produite par la suppuration du pounion. Ce soupnin, qui me paraissait assez bicn fonde, m'aurait engag'6 a fairc rouverlure de cette tumour, s'il n'y avail pas cu sur cette maladie des avis dilTcTents, et si le malade n'avait pas et6 dans un 6tat d'epuiscment qui rendait I'operation Irop doutcuse ; il survint un devoiement qui le fit p(5rir bient6t apres. Je fis rouverture de son cadavre. Jouvris avec precaution le cole droit de la poltrine, en separant quatre ou cinq cotes du sternum sans interesser le diai)hragme et le modiastin ; le poumon etait adherent de ce c6te-la dans toute sa circonfercnce. Je lis plusieurs incisions dans la substance de ce visct^re, oil je trouvai plusieurs endroits en suppuration ; je trouvai entre autres un abces fort considerable, qui repondait prc'ciseuient vis-a-vis du lieu ou se for- mait la tumeur; il etait place surle diapliragme, ct liorne a sa partie gauche |iar le modiastin. Je detruisis toute la substance du pounion, et je nettoyai le diaphragmc ct le mediastin.dans cet cndroit, de toutcs Ics parties du poumon qui avaient contracte des adlierenccs. Je poussai ensuite avec les doigts de la main gauche de la portion du diaphragme enlre le cartilage xiphoide et le rebord cartilagineux dont j'ai parte, ct il parut an dehors une tumeur a I'en- droit oil etait plac(?e celle qu'avait le malade. Je portal la poiute demon bis- touri dans la tumeur que j'avais formee avec mes doigts, precisement entre les cartilages des vraies et des fausses c6tes, observant de conduire mon in- strument le long du cartilage que ferment par leur reunion la derniere des vraies cotes et les deux premieres des fausses. J'entrai avec facilite dans la poitrine; je fismeme une ouverture assez gi'ande pour y porter le doigt. Cette observation m"a rappele quelqucs autres cas oil j'ai vu de semblables tumeurs dans des gens morts de suppuration du poumon; ct comme il pour- rait arriver que les malades se trouvassent en mclUcur i'tat que celui dont je viens de paiier, ne pourrait-on pas ouvrir de pareils abces, et leur sauver la vie? Je crois que rcxcmplc que je rapportc sufiit pour laire comprendre la. possibilite dc foperation et determiner a la faire lorsqu'on pourra se Hatter de quelque succfes. (Mem. de l'Ac. de chirurJ FISTLLE Pl'LMONAmE CUTANEE. M. Voisin a rapporte I'histoire suivanlc oliservce dans le service de M. Lugol, il rii6pilal Saint-Louis, ct publicc dans la Revue mkdicale. Obs. II. ~ Un jeune homme, ne de pere inconnu et d'une m^re bien consti- 126 tu^e, ayantatteint lage de 18 ans malgrti de nombreuses bronchites surve- nant tous les hivers, malade depuis dix-huit mois, est entre a Saint-Louis, salle Saint- Jean, n' 5, le 24 Janvier 1831. II avail pendant cette p(5riode sejourne troismois dans le service deM. Bres- chet, oil il dtait venu pour une tumeur placOe dans le c6te gauche ducou. Ce chirurgien crut devoir I'ouvrir a I'aide du bistouri, d'oii une fistulepulmo- naire cutanee pcrsistante, et trait^e conrnie une plaie simple par du cerat et des cataplasmes emollients. II vint a Saint-Louis avec cette flstule, placee au-dessus de la clavicule gauche, au milieu du triangle form^ par cet os, le sterno-niastoidien et parle scalane antMeur. Au moment de la toux, du pus sorlait melange avec de Fair. Un stylet penetrait par son proprc poids k 4 pouces de profoudeur. D'ailleurs ce malade toussait beaucoup, suaitla nuit et avait de la diarrhee. II n'avait jamais eu dlicmoptysie. II u'y avait pas d'expectoration buccalc ; Ics mati^res sortaient par la listule. La region sous-claviculaire etait obscure et vibrait comme un pot fele. La voix y retentissait avec ce timbre connu sous le nom de pectoriloquie, et du gargouillement s'entendait a distance. Bientdt le pus devint fc-tidc, ainsi que I'haleine ; il sortait de la flstule clia- que jour avec plus d'abondance, de force et de bruit. On cnlcndait I'air s'c- chapper a cinq ou six pas du malade. II eteignait dans son courant la (lanmie d'un papier et n'etaitpas lui-memc inflammable. Les forces s'epuiserent ainsi, et au bout de six mois, le IG juin, cet individu succombait dans un etat de consomption tres-avance. L'autopsie permit de conslater I'adhcrcnce du poumon gauche a la parol thoracique et la pr(5sence d'une enorme cavcrne dans son lobe superieur. Cette caverne enorme, remplie de pus jaune, bien li^, tres-fetide, est tapis- s^epar une membrane grisalre, mollasse, perc^e de trous par les ouvertures de cpielques bronches et pour sa communication avec la flstule cutanee qui est au-dessus du sternum. Sa parol ant(5rieure est formt'e par les parois du thorax alter^es ; la pre miere cOte a perdu par la carie un pouce de son (itendue, et les deuxieme, troisieme et quatrieme c6tes sont superficiellement erodecs. Le lobe infdrieur de ce poumon rcnfermc des granulations luberculeuses miliaires assez multipliees. Dans le poumon droit existaient dautres granulations luberculeuses, un gros tubcrcule superficicl pleural, dit M. Voisin, et comprimant le sommet du poumon ; enfin des abces, remplis de pus compact, le long de la colonne vertebrate, et correspondant a des caries de plusieurs vert^bres dorsalcs. FISTULE PULMO.NAIRE SOUS-CUT ANEE. Obs. III.— M. Vclpcau, dans son A.natomie ciiiuuRGir.ALE, cite a I'occasion des abc^s de I'aisselle Ic fait dun hommc ayant un vaste foyer de la region 127 ax.illaire, qui mourutdans sou service, et cliez lequel on trouva uue conuau- nication eutre ce foyer exlrapectoral et une caverne pulmouaire tubercu- leuse. FISTULE PI LMONAinE SOLS-CUTANEE. Obs. IV. — M. liacijjorski a observe uu phtliisitruc chez lequel se trouvait dans le dos, cu dedaus de la fosse sous-d'pineuse, uuc tunieur luolle soulevee dans les mouYcments d'expiration et de toux. Elle etait en menie temps le siege d'un gargouillement tres-pronouce dans les quintes de toux. iBill. de l'Acad. de MED., 1841, 1" juin.) FISTULE PILMO.NAIRE CITANEE. Obs. V. — M. Forget a rapporle I'observation d'uu phthisique cbez leijuel une tumeur, d'abord indolente et niolle, avait mis deux mois pour acquerir le volume d'un oeuf , rougir, s'amollir et devcnir tres-douloureuse dans les elforts de la toux. Cette tumeur etait placee a la partie moyenne des septieme et huitleme coles; elle ofTrait 6 centimetres en tous sens et elle etait pen saillante, d'un rouge lividc, niolle, fluctuaiite, avcc crepitation empliysL^mateusc. Ueduclible a une pression moderee, elle renfrait dans le thorax avec un bruit de gar- gouillement analogue acelui fiui accompagne la reduction de laliernie ente- rocele. Cette manoeuvre ue provociuait ni toux ni cracliats, mais seulement des eructations. La toux la faisait reparaitre; mais line s'ypassait rien de particulier dans les simples mouvements rcspiratoircs. En palpant a travers ces teguments amincis, on trouvait les deux cdtes SDUs-jaccntes denudees et rugucuses. Le contour do la tumeur etait constitue par un bourrclet de tissu cellulairc indure. La percussion, pratiquee a la pe- ripberie de I'abces, donnait ordinairement un son normal, quelquGfois sen- siblement bumorique ou meme tympanique , mais dans une zone bien ^troite ; I'auscultatiou n'y faisait percevoir que quelqucs rales muqueux sans gargouillement. La tumeur s'ouvrit enfin naturcllement. Du pus mele de bulles d'air sortait parl'oriflcc fistuleux, qui se fermait et s'ouvrait alternativement. C'etait un abces communiquant avcc une caverne pulmonaire; car un stylet peni'lrait a plusienrs centimetres de profondeur dans le poumon. A la mort du malade, on trouva plusienrs cAtes cariees, le poumon, adli(5- rent dans toutc son etenduc, farci de tuberculcs a divers degres, rempli de cavernes, dout I'nne communiquant avec la fistule cutanea par un trajet assez etendu. ^Bull. de i.'Acad. de med., t. 11, p. 46, 1845.1 FISTULE PULMONAIRE CUTANEE. Obs. \1. — Un liommc dc 4^1 ans, cordonnier, depuis longtemps malade, 128 toussant beaucoup,crachantabondammcnldcsmatieres epaisses, puriformes, ayant crach6 du sang a plusieurs reprises, portail plusieurs cavemes tuber- culeuses dissemin(5es dans lepoumon droit. L'une d'elles, fort superficielle, contracta dcs adlierenccs avec la paroi an- t^ricurc du tliorax, entre la sixienie et la scplicme cOitc ; il en resulta un ab- c6s thoracique qui s'ouvrit a I'exterieur, et cons^cutivement une flstule pul- monaire cutancc par oil sortait I'air dans I'cxpiration.Quand on faisaittousscr le malade, le courant etait si violent ([u'il pouvait facilcmcnt ('teindrc la flamme d'une bougie. On pouvait introduire dans cette caverne un stylet jus- qu'a 7 et 8 centimetres de profondeiir. M. Martin Magron donna des soins pen- dant deux ans a cet homme, qui continuait de travailler aux objets de sa pro- fession, et qui traina encore quatrc ou cinq annces avant de mourir. (Commu- niqnee par M. Martin Magron.) FISTULE PNEUMO-PLEURO-SOUS-CITTANEE. Obs. VII. — M. de Castelnau a public dans les Archives, t. XII, p. 330, 1841, Tobservation d'un empyeme vide dans les bronches, et dans lequel on vit I'air traverser la plevre costale pour arriver jusque sous lapeau du mamelon (1). Quelques jours apres, une tumeur d'un pouce de diamelre, un peu rouge, douloureuse , non fluctuant e , se montrait un peu en dedans du mamelon, Bientdt cette tumeur augmenta jusqu'a 2 pouces de diametre, et faisait en- tendre de la crepitation dans les mouvements d'inspiration et de toux, alnsi que par la pression des doigts. Cette tumeur ('tait reductible ; elle dirainua pen a peu, et au bout de quinze jours elle avait disparu, laissant apr^s elle un vague sentiment de doulcur locale. Le malade mourut. II avait un empyeme, et les parois de la pochc etaient tapissees par une fausse membrane couverte de pus. A I'endroit oil existait la petite tumeur observee pendant la vie, les carti- lages des quatri^me, cinqui^me et sixicme cotes sont a nu ; cclui de la cin- qui6meest m6me erode. Une erosion semblable existe cgalement a la dcuxieme c6te. En arriere, dans toute la partie inferieure de la cavite, on voit a nu les nerfs intercostaux, qui sont dissi^ques par I'ulcc^ratiou. Au niveau du point oil etait la tumeur, on ne pent pas rctrouver de conununication avec le tissu cellulaire sous-cutane. Dans toute I'etendue correspondante a cette tu- meur, ce tissu est indure et comme carlilagineux dans I'epaisseur de 2 milli- metres. (1) Dans cc cas, la fistule du poumon (!'taif, chose rare, ouvcrte dans la ca- vite^ pleurale, et consccutivcment sous la peaudu thorax par une seconde ou- verture. 129 FISTULE PULMONAIRE SOUS-CUTANEE, AVEC EMPHVSEME DU TISSII CELLULAIRK. Obs. VIII. — M. Rayer a soignt5 dans la ville, avec M. Fouquier, un homme d'une quarantaine d'aimees, phtliisiquc , et qui mourut de la maiiiere siii- vante : Vers la fin de la maladie, le c6te gauche du cou augmenta insensiblement de volume, et la face cUe-raeme devint bouffie. Ges parties etaient le siego d'un emphyseme sous-cutam, caracterise par uno crepitation fine qui s'cten- dit bientot a toute la partie superieure gauche de la poitrine. Les accidents durerent ainsi pendant cinq jours, et la mort seule les empecha d'augmenter ou de s'accroitre. II eut ete fort avanlageux sans doiite de fairc I'autopsie de ce ma- lade ; mais le diagnostic de la phthisic tuberculeusc etant bien etabli, on ne pent avoir de doutes sur la cause de Femphyseme sous-cutane du col, qui, partant de la re^gion sus-claviculaire, s'etendit a la face el a la parlie superieure de la poitrine. II me parait probable que, chez ce malade , une caverne placee au sommet du poumon gauche aura contracte des adherences avec le sommet de la cavile pleurale ; qu'un travail d'ulceration aura delruit les parlies en creusant ainsi jusqu'a la region sus-claviculaire, et que la, dans le tissu cellulaire sous-cu- tan6. Fair aura trouve un chemin pour s'6tendre au cou et aux par- ties environnantcs. G'est done a une ■perforation pulmonaire lournee du c6te de la peau qu'il faut atlribuer les accidents offerts par ce malade : c'est ce que j'appelle une fistule pulmonaire sous-cutanee. FISTULE PULMONAIRE CUTANEE. Obs IX . — M. Rayer a eu, dans son service a la Charite, un homme phthisifpje qui presenta une tumeur des parois thoraciques ([ui s'ouvrit et doima lieu a une llstule pulmonaire cutanee. La communication avec le poumon otait des plus (5videntes ; I'air qui s'echappait de rouverturc sortait avec assez de violence pour ^teindre la flamme d'une bougie. Ce malade mourut. L'autopsie a ele faite; mais les notes recueiUics a cet (5gard ont tie perdues, et il ne me restc plus que cette communication oralc succiucte de M. Rayer. C'est un fait qu'il faut ajouler aux autres, mais dont on ne pent profiler autrement. FISTULE PULMONAIRE CUTANEE, AVEC EMPHYSEME DU TISSU CELLULAIRE. Obs. X. — M. Andral cite dans son cours robscrvalion d'un homme tuber- culeux chez lequel une perforation pulmonaire, communiquant sous la peau du thorax, avail determine un emphyseme sous-cutanc tres-etendu. 130 FISTULE PULMONAIRE CUTANEE TROUVEE SUR ITJf CADAVRE. Obs. XI. — Je dissi^quais a Claniait en 1838, lorsqu'il mo vint pour sujet d'tHudes le cadavre d'un hommo ayaiit une large plaic sous la clavicule gau- che ; elle me parut elre le resultat dun cauliire. Eu m'excrrant a la percus- sion, jentendis , d&s le premier choc , Fair sortir de cette plaie , entralnant avec bruit quelques parlicules de liquidc. Je rcnouvelai rexpcrience, et tou- jours, a chaque coup donnr sur la poilrinc, du gargonillenient sc faisait en- tendre, et il etait cause par de I'air vcnant des profondcurs du thorax et Ira- versant une couche de mucus. Cc sujet avait, dans le sommet du poumon gauche, une caverne, dont la parol anterieure, ulceree, avail conlnicte des adhi^rences avec le thorax. L'ul- C(5ration avait detruit les parties niollcs cntre la premiere et la deuxi&ne cOte. Cene-ci ^tait eu partie caric^e et separec de son cartilage; puis le Ira- vail ulceratif avait rejoint celui du cauture place sur la peau. Un autre cau- tCire existait sous la clavicule droite. Les deux poumons 6taient, an sommet, remplis de cavernes en rapport les unes avec les autres. Les lobes infcricurs nc rcnfcrmaient que de rares gra- nulations tubercnleuscs. Le sujet etait, d'ailleurs, dans un etat de consomption fort prononce. TUBERCULES DU POl'MON ; TROIS FrSTlILES PULMOXAIRES CITTANEES. Obs. XII. — Une femme de 23 ans, attcinle dc phthisic tuberculeuse, est entree a la Pitie en 1843, dans le service de M. Gendrin. Sur la partie latdrale droite du cou , dans le creux sus-claviculaire, existe une large flstule a travers laqiielle I'air s'^chappe dans les mouvements res- piratoires, assez fortement pour eteindre la flamme d'une bougie. Au niveau de la quatrieme cAte, pres du sternum, dans I'espace inter- costal, je trouve une seconde listule donnant egalemcnt passage a de I'air. II y en a une autre qui traverse le sternum lui-m6me, dont la perte de sub- stance peut avoir 14 millimetres environ. La malade s'est graduellement atraiblie, et elle a succombe le 1 1 mars 1843. iXecropsie. — De larges excavations tuberculeuses existent au sommet des deux poumons. A une petite distance dc la bifurcation des bronches, sur la partie gau(;hc de la trach^e, une ulceration communiciue avec un trajet llstuleux, traversant un ganglion bronchique, conlournant la jjartie post^rieure de la trach^e, et vient s'ouvrir a la partie laterale droite du col. Le poumon droit est adherent avec la plcvre, au niveau des trajets fistu- leux; il renferme des excavations ouvertes a I'extc^rieur au uiveau du ster- num et du quatrieme cspace intercostal. Dans cette caverne s'ouvrcnl un grand nondu'e de gros tuyaux bronchiiiucs. 131 Les deux poumons sont d'ailleurs remplis, du sommet a la base, de luber- cules miliaires. 11 n"y a aucuue trace de pneumothorax. Les ganglions bron- chiques tuberculeux sont (inormes. Les intestins offrent quelques ulcerations tuberculeuses. Plusieurs vertfebres thoraciques etaient attaciuees d"un com- mencement de carie osseusc. (M. Leberl, Physiologie pathologique.) TUBERCULES PULMONAIRES ; FISTULE CUTANEE DU POUMON OUVERTE AU-DESSUS DE LA CLAV1CUI.E. Obs. XIII. — Une jcune fllle de 17 ans entra a la Charit6, dans le service de M. Velpeau, pour des douleurs a la partic sup(5rieure ct latdrale du cou. II se forma dans cctte region un, deux, trois et successivement plusieurs autres abccs, qui s'ouvrirent au dehors et donnerent lieu a un foyer de sup- puration intarissable. Pen a pcu les forces diminu^rent, la malade maigrit et commenca a tousser ; elle avail une diarrhec opiniiitre. L'auscultation mon- tra I'existence de cavernes pulmonaires au niveau des sommets des deux poumons ; puis de Pair s'echappa tout a coup par les flstules sus-clavicu- laires, et a chaque mouvement de toux, 11 en sortait du pus. La necropsie montra une communication directe entre une des cavernes du sommet du poumon gauche et les fistulcs du cou (M. Lebert, loc. cit.) Dans cette observation curieuse, la production de la fistule pulmo- monaire est un pen diPFerenle de ce qu'elle est ordinairement. Des ab- ces du cou ont creusii jusque vers le sommet de la poitrine et du poumon tuberculeux pour aller a la rencontre de la caverne pulmo- naire. On pent se demander si c'est la caverne qui a progresse au de- hors par ulciiration, ou si, au contraire, c'est le foyer purulent du cou qui a pen6tre jusque dans la caverne. J'accepte plus volontiers cette derniere hypothese. TUBERCULES DU POUMON; FISTULE PULMONAIRE SOUS-CUTANEE. Obs. XIV. — M. Lebert a vu a I'hopital de Larey un phthisiquc qui portait entre la qualrii-me et lacinquieme cute du cole droit, pr6s du sternum, une tumeur, sans changement de couleur a la peau, et qui se gonflait dans la toux et dans I'expiration. Le son etait clair au pourtour. Le stethoscope, ap- plique dessus, faisait entendre une respiration tubaire lorsqu'il respirait fai- blement et ua gargouillement lorsqu'il toussait. Ce malade ayant quitte I'ho- pital pour aller mourir chez lui, le cadavre n"a pu el re examine UUIT FISTULES PULMONAIRES CUTANEES. Obs. XV. — M. Saurel a donne en 1852 des soins a un phthisique age de 17 ans, qui presentait, en outre des signes ordinaircs a la phthisic, les parti- cularites snivantes ; 132 Sur le cole droU, en dehors et uii pen au-dessous du mameloii, exislail an empatement assez consid(5rable, d'un diamfitre a peu pres uniforme, embras- sant dans son cHcndue cpiatro ;i cinq c6tos. Dans la partie coiTespondante du poumon droit , so trouvait une vaste caverac. L'ne fistule (init par s'ouvrir dans ce vaste empatement, puis une seconde, puis une Iroisieme, et ainsi de suite jusqu'a liuit. L'air (5tait expire et inspire par ces ouvertures. Durant les expirations, il s'ccliappait avec un bruit rappelant cclui du mirliton. Pen- dant rinspiralion, on n'cntendait qunn bruit dc garf^ouilienicnt. Peu a peu toute la mati^re de la suppuration prit son cours par les ouver- tures fistuleuses; les aliments ne furont plus vomis, niais la diarrlK^e resta la meme ; le sommeil, precedemment inlerrompu souvcnt et longtcmps par les quintes de toux et le besoin d'expectoi'er, revint; I'enl'ant ne toussa plus, no sua plus. Cepcndant il s'ecoulait toujours par les ouvertures tlstulcuses une quantite cnorme de matiere. Ce malade vecut sept a huit scmaincs apres I'ouvcrture de la premiil-re lislule. Sa mort olFrit encore une particularite remarquable : le riile tracheal s'etant etabli , la vie tut encore maintenue quelque temps par facets , dans la poitrine, dc l'air a travcrs les Pustules; elle ne cessa que lorsqu'cllcs furcnt cngorgrcs a leur tour. (Saurel, Revue ther.\peutique i>u Midi). Ailleurs les fistulcs cutanees du poumon existent i^galement chez dcs phthisiques; mais leur origine est dilferente : elles rtsultent d'une blessure ou de I'inlervention volontaire de I'art au moyen de la tho- racontese. De Bligny a, comme on le salt, rapporte somniairement un cas d^sespere de phthisic du poumon observe en 1G70 chez M. de la Genevraye, etdontlaguerisonauraitete (dit-on) obienuealasuite d'un coup d'(3p6e recu dans la poitrine, et qui aurait provoque de copieuses evacuations purulentes. G'est la un fait sur lequel nous n'avons mal- henreusemcnt pas d'autres details , et qui n'a pas pour nous une tres- grande importance. Chez d'autres sujets , la fistule est la const^quence de la llioracen- tese. Mettant en pratique les conseils de Baglivi et de Gilchrist, quel- ques medecins ont cherche, dans des cas parliculiers , a ouvrir les cavernes tuberculeuscs du poumon, a etal)lir une lislule culanee, dans le double but d'evacuer la suppuration pulmonaire el de faciliter la guerison. En 1830, le doctcur Krimer crut trouver un cas de phtliisie favorable a ses projets de thoracentese. 11 fit une incision entre deux cotes , au niveau dc la caverne , et il introduisit une sonde dans son interieur. 11 arriva ce qu'il est facile de prevoir : une pncumonie ai - gue, qui fut aussitdl reprimee par les anliphlogistiqucsi on esperait 133 TiKMiie la ^iKMisoii, lorsqii'au bout de six soinaiaes une seconde pncu- inoiiic, developpce dans le cote oppose, vint cmporter le malade. La caverne deblay^e par Foperation etait, dit-oii,presquc comblee el cou- verte de bourgeons charnus d'une grande 6paisseur. (Journal comple- MENTAIUEDES SCIEN'CES MEDICALES, 1830.) Un medocin de Bruxelles, M. Graux , a pratique trcize fois cette meme operation ; mais il n'a pas eu la chance de voir s'etablir la fis- (ulc qu'il ambitionnait. Tous ses malades ont succombe avant le temps, parce qu'a delaiit d'adlierences suifisantcs , I'air et une partie de la matiere lubcrculeuse renferniee dans les cavernes s"etaient epanches dans la cavite plcurale. A Paris, j'ai vu faire cetlc operalion, mais dune facon plus mC'tlio- dique et plus convenable, de maniere a lui cnlever au moins ses dan- gers imniediats et a obtenir une fistule pulmonaire cutanee. C'est a M. Bricheteau, un des niembres de cette assemblee, que nous dc- vons ce progres. 11 a publie ses observations dans le tome 1" du Jour- nal DE MEDECiNE ct daus SOU ouvrage Sur les maladies chroniques de LA POiTRiNE. M. Bricheteau a la precaution d'etablir au prealable des adherences entre le poumon et la parol thoracique au moyen de cau- teres successifs, et ce n'est qu'a])res avoir etabli ccs adh(?rences qu'il penetre dans Tinti^rieur de la caverne, sans redouter les accidents de riiydrothorax. Le premier malade de M. Bricheteau vecut neuf mois avec sa fistule, et mourut d'une pericardite; le second emporta la fis- tule chez lui au bout de deux mois, et on ignore ce qu'il est devenu. Voici les deux observations recueillies par M. Bricheteau. PHTHISIE PULMONAIRE ; TARTRE STIBIE A PETITES DOSES ; CAUTERES MULTIPLIES SOUS LA CLAVICULE DROITE ; OUVERTURE EXTERIEURE DE LA CAVERNE ; EX- TRACTION DE PUS ET DE MATIERE TUBERCULEUSE ; AFFAISSEMENT ET OBLITE- RATION PARTIELLE DE LEXCAVATION ; AMELIORATION CONSIDERABLE ET GUE- RISON PROBABLE PENDANT QUINZE MOIS ; MOUT DES SUITES DUNE PERICARDITE AU MOMENT OU LA SANTE SEMBLAIT LE PLUS CONSOLIDEE. iBrichCteaU, MALA- DIES CHRONIQUES DE LA POITRINE.) Obs. XVL — Iluard, jotirnalier, age de 20ans, dcmeurant rue do Seine, wlA, dit s'etre loujours bien porte jusqu'au mois do niai 1835, epoque a la- quellc il fut pris, sans cause connue, de toux et d'une legere dyspnee. Au mols de septembre de la meme annee , il commenea u crachcr du sang, ce qui ne I'cmpcclia pas de I'aire pendant qnatre mois le service penible de gar- con d'liOtel garni. Au mois do Janvier 183G. ta toux, la dyspnee, I'inappetencc 13/1 le forcerent d'enlrer a I'hopital Meeker. Pendant ce temps, on lui lit quelques siiffni'os, on lui appliqua des sangsues sur lapoitrine; il alia cnsuito passer deux mois al'liopital de I'icpus comme convalescent. Lorsqu'il sortit de cette maison, il se trouvait beaucoup mieux, quoiqu'il eut cependant toujours de la toux, de la dyspnee et c[uclqucfois des cracliats teints de sang. Sa position se trouva nd-aimioins assez amelioree pour quit put travailler cinq mois con- secutifs dans les ateliers de la manufacture des tabacs an triage des feuilles. Au bout de ce temps-la les symptomes mentionnes plus haul s'aggrav^rent ; Huard entraa I'Hotcl-Dieu, oil il resta pendant vingt-huil jours sans cprouver aucun soulagement. 11 revint alors a I'hopital Necker, dont il sortit apr^s un sejour de trois mois sans presque aucune amelioration dans sa sante. II resta quatre on cinq jours chez lui et ontra ensuite a I'hdpital Cochin. 11 eprouva du micux ct Tattribua a I'cmploi de la digitate pourprec. 11 sortit de cet eta- blissement six semaines apr6s et voulut reprendre son travail ; mais il fut bientrtt oblige de rentrer dans le meme hOpital oil il sejourna de nouveau jus- qu'au 10 mars 1839. Dans ce dernier sejour, I'etat du malade empire manifestement ; il n'a ni app^tit ni sommeil ; toux, oppression, sueurs, chaleurs a la peau vers le soir, diarrhee legere : tels furent les symptomes facheux ([ui vinrent s'ajouter a ceux que nous avons mentionnes plus haul. Le 16 mars 1840, Huard entre de nouveau a I'hdpital Necker oil nous I'ob- servons pour la premiere fois. 11 nous donne les details suivants sur scs ante- cedents : Ses parents so portent parfaitement bien; le pere etla m^re de ceux-ci sont morts, I'un a 78 et I'autre a 80 ans. Jusqu'al'age de 14 ans, le malade a habite un logement sain et bicn expose ; sa nourriturc etait confor- table et suffisante ; mais il convient avoir abuse de la masturbation, mSme avant la puberte, et s'etre plus tard li\Te a des cxc^s avec les femmes Etat actuel : Taille d'environ 5 pieds, membres gr61es, constitution faible et lymphatique, cheveux blond chatain; paleur du visage, amaigrissement, inappetence; pouls petit, faible, sans frequence, sans chaleur a la peau; res- piration frequente, voix rauque avec douleur au larynx et dans divers autres points de lapoitrine; rale miitiie, gargouillement buraide, bourdonnement de la voix sous les deux claviculcs, mais plus etendu et plus considerable du c6te droit que du c6te gauche ; crachats epais, muqueux. Le malade n'eprouve ni sueurs, ni diarrhee, il a de I'appctit, digere assez bicn, a un moral excel- lent, un vif desir do guerir. Nous reconnaissons que Huard est atteint de phthisie pulmonaire, et nous le mettons a I'usagede la potion stibiee, a prendre par cuillereesoir et matin, trois heures avant et apres le rcpas. Le premier jour il y eut des vomisse- menls le matin sculement, etplus tard quelques simples regurgitations. Le 13 avril on suspend cette potion a cause du devoiemeut qui en etait re- sidte: maison la prescrivit l I.MONAIRE SOrS-CCTANEE ; EVACl ATIO.N 1)1' PIS PAH LES UllOXCHES SOI S I'OIt.ME DE VO- .MIQIE; GlERISON. Obs. XX. — ?»loulon (Matliurin) est As6 dc 45 ans, d'un tcmperam(>iit ner- veux, d'une constitution pcu detLTioroo, di- fiiille iiioyenne. .Tiisqu'a son avrivoe dans rcUo niai.clie a tindire nielallique toid particnlier. 11 y a environ trois mois que, pendant une violcnte quinte de toux, il vit apparaitrc subilement au niveau du Lord droit du sternum et du cartilage de la deuxieme cote, entrc celle-ci et la troisiemc, une lumeur du volume d'une mollis d'a^ufde poule, molle, llucluante, renitente, a moiti(5 ivduclible ; il est assez dilTicile de bien s"assurer des caracteres tpii scraient reveles par le palper delu tumeur; car le malade dit qu'on le ferait mourir si Ion appuyait fort dessus, tant elle est douloureuse. Elle se dilate faiblement dans Vinspiration ; elle sc gonllo jjcaii- coiip aucontraire dans rexpiration. La peau a son niveau n'est point alterec. Lasecomle cote est triJ's-mobile vers lapartie moyeune, et parait si^pardede son cartilage sternal. On ne sent aucun Ijatlenient dans la tumeur; elle gar- gouille sous lapression des doigts, et ony entend lesmemes bruits muqueux au moyen de I'oreille ; ce gargouillement est le meme qu'on entend dans la region sous-claviculaire voisinc. Fievre continue, avec exacerbations nocturnes, sueurs pendant la nuit, sommeil interrompu, amaigrissement assez notable, une dyspnee conside^- rable, toux frequcnte, expectoration (['paisse et pu^ifonne; ipiclques sym- ptomes do pleur(''sic se sont manifesli-s a gauclie pendant les jours suivants ; puis les forces ont diminue rapidement, et le malade a ainsi vc'cu dans Ic ma- rasrae pendant deux mois ; il a succombe le '2 1 fevrier, a deux Iieurcs du matin ArxopsiE le ?^ a liuit heures. Le poumon gauclic presente une enorme caverne capable de coutenir le poing; cette caverne principalc communic[ue avec daulres plus petites. Le sommet du poumon droit contient plnsiours cavernes du volume (rune noix. Les deux poumous, dans le resle de lenr elendue, presenlent eu outre des [ilaquesde tubcrculc infiltrd et granuleux, resscmblant anx granulations grises de la pneumonic au troisiemc dcgn''. Avant douvrir lapoitrine, M. Bouclnit avail disseiiue lui-nieme une collec- tion purulente situ(5e au devant de la partie superieure du sternum, et qui elait supposee devoir comnuiniqucr avec le poumon, a cause des mouve- ments d'expansion et de rclrait qu'on observait pendant I'expiration et pen- dant linspiration. U9 M. BoiR'luii met laljci-s ii uu, puis soiilevc \v stermiin, upres avoir desar- ticiili' le? i-lavicules cl coupe a leur inserlioucostale les carlilag'cs coslaux, dans rintention dc Irouvcrla communicalion de labces avec Ic pouraon. II constate que cetle conimuntcalion n'existc pas, ct que labces s'cst form^ sur place. Voici (|ucls sent les caracteres de cet abaci's et les lesions qui I'accompa- gncnt. li a Ic volume d"uncgrosse noix ; il est place a la parlie anterieure et droite du sternum, au niveau dc la reunion de la poignee avec Ic corps dc cot OS, et au niveau dn caitilagc de la seconde c6tc. L'incision de la tumeur donne issue a un pus cremeux, jaune et tr^s-epais. On constate que ce pus, 1" est cpanche dans rcspacc qui s(?paro le corps du sternum de la poignee; 2" qn'il baignc un fragment dc cartilage costal diMacbe et lilire partout, ex- cepte a sa partie posterieure. Ce fragment de cartilage dc forme conique, a sonmiet en dedans, a un diamelre d'environ 0,01. II a perdu toute adherence avec le sternum; en de- hors il presente des inegalites et est separ^ du resfe du cartilage par un es- pacc d'environ 1 centim., espace dans lequel on voit une sorte de detritus grisatre. La face anterieure de ce fragment, triangulaire, est lisse et parfai- fement polie. M. Robin, a qui la piece a etc conllee, n"a trouveriendc particulier sous le rapport microscopique. Le pus trouve dans I'abct^s clait normal et sans mc'"- lange de tubercule. Les caracteres microscopiqnes du cartilage, malgre son erosion, nont pas change. II est probable, dit M. Robin, que la separation dn fragment de cartilage a etc consecutive au soul^vement du pericliondre par le pus; led(Collement du perichondre a etc suivi dc la formation d'une sorte de sequestre cartilagincux. L'obs. 23 de ce racmoire raontre la possibilile d'un autre genre de int''prise avec la hernie dupoumoii. Icirerrcur, tres-excusable et tres- i'acile, a ele cominise a la I'itie par un tres-grantl nombre de ciiirur- giens et de medecins, presque tons chefs de service. Uu [ditbisique tombe la poitrine en avant sur la tige du dossier d'une chaise, et cette chute araena aussilot ii I'endroit contuslonne, sous la I lavicule, une tumeur grosse comnie un a'uf de poule, luolle, ri^ductible, sortant a chaque expiration et environuee LVcmphys^mc sous-cuimie. Elle resta sonore a la percussion, el I'oreille y entendait un nn'iange de souflle et de rale crepitant a grosses bulles. Elle dispa- raissait dans Tinspiration et laissait a la place une excavation tres- prononcee. Peu de jours apres I'einphyseine du tissu collulaire dispa- rut, la tumeur conserva ses aulres caracteres et eu particulier la cre- pitation a grosses bulles doiit j'ai parle plus haul. 150 On rnil a line licniiL' Irauiualique dupoumon, cl an bout do cinq iiioislc uialade dans lo meme i'lat fut renvoyc do rhdpital. Urovinl, un an apros, dans mon sorvice a la Pitie. La tumeur s'otait ouvorte sur nn point ot coinnniniqnait avcc uuo cavcrue ; a c6t6 se Irouvaient deux autres tumours manifestos a ctiaque expiration violonto, et qui aboutissaient do memo, par dos trajets fistuleux distincts, a d'autres excavations puhuonairos. Dans CO cas, on trouvc la plupart des caractercs do la hernie du ponmon, tels quo les a indiques M. Morel-Lavallee dans son memoire ; et on comprend que la formation subito do la tumeur, avec presence d'cmphyseme, ait pu fairo croiro a I'existonce d'nne hernie du pou- nion. Cependant les antecedents du malade, la malitc sous-clavicu- laire et le volume des bullcs du garpouillement auraiont pu du moins faire prcsumer la pril'sence d'une iistide pulmonaire sous-cutanee. Dans la hernie du pcumon, an contraire, la resonnance do lapoitrine reste naturcUe et la crepitation de la tumeur ordinaircment tres- line. Voici cette observation, qui est des plus int^ressantes : FISTULE PULMONAIRE CUTANEE. (Ins. XXllI. — Jules Parent, age dc 25 ans, dorcur, ne a Paris ct dcmcurant nil' (Ic Crussol, 20, est couche salle Saint-Paul, n° b1, a la I'itie. Cct liommccst d"une constitution nioyenne; sa poilrine est ciroite, osseuse ct dccharnee. Bicn que son etat n'ait ricn d'hereditaire, les antecedents qu'il nous ofTrc sont facheux. 11 est sujet a s"enrluinicr ; en 1843 il aeprouv^une alteinte grave du cote de la poltrine, et 11 a eu un fort crachement de sang. Cos hemoptysies se sont plusieurs fois renouvelccs depiiis cctic epoqiic. Parti apres cct accident comnic soldat de marine, il s'etait presque retabll par Ic sejour a la Martinique ; mais revcnu en France a la tin de 1848, U s'cst enrluime de nouveau, sa sante s"est allertc, il cut de InHiuents acccs de lievre, des sueurs nocturnes, de la diarrhce, puis il cut une otite suivie de surdite et dY-coulement par roreille gauclie. 11 etait dans cctte situation lorstpi'au mois de juillet 1850, dans unc partie (\c plaisir, ctant mont(5 sur unc table, 11 tomba la poltrine en avant sur I'ex- tremite saillantc et arrondie du dos d'une chaise. I'lie doulcur violentcfut le resnltat de ccttc chute, et aussitot se manifesta dans la region contuse une petite tumeur grosslssant a chaquc expiration. Dans la nuit eurent lieu qnel- ques acces de toux accompagnes de crachats ensanglantes, et le malade vint a Vhopilal le I" juillet 1850 dans le sorvice deM.Michon a la Pitie, ou I'obscr- valion fut rccueillic par M. Mesnet. 151 M. Michon put consUittT des Ic premier jour, eiilre l;i troisienie ct lu qiia- Irieiiic ccMe gauche, an milieu de la dislancequi separc le sternum de I'epaule, ime surface de 4 centim., moUe, depresslble, elastique. Le doigt s'enfonce dans I'espace intercostal jusquc sur Ic Lord inKrieur de la quatrieme c6te qui a conserve sa conrbure et sa solidile ; le Lord inferieur de la troisieme est moins facilement accessible. La surface contuse de la pcau est If^geremeut eraillee ct oflVe nne legerc tcinte bleue eccliymoti(|ue. A chaque expiration se montreuue tumeur oblongue, lobulde, molle, 61as- lique, du volume d'un ccuf de poule, aug-mentant dc resistance par les efforts de la toux. Cette tumeui' crepite sous les dcigts et au pourtour il existe de Vemphyseme Aous-c»(a»e' qui menace de s'entendre au loin. EUe est sonore a la percussion, el rauscnllation y rcvele un melange de souffle et de rale sous- crepitant a grosses bulles. Elle disparait a chaque inspiration, et on voita sa place une excavation tr^s-prononcee. Le malade lousse, rejette des crachats ensanglantes ; sa respiration est asscz facile ; la chaleur de lapeau est la bonne, la lievre moderee ; la douleur est presque nuUe. (Saignee de deux palettes; compresses d'eau froide sur la tumeur; bandage de corps; di^te.) Le Sjuillet, I'etat de la tumeur est le meme. Vemphyseme s'est etendu a foute la paroi thoracique du ciMe gauche. La lievre resle pen considerable. (Saignee de trois palettes; meme pansement.) Les jours suivanis nul ph(''nomene innammatoire ne se manifeste dans le thorax. La respiration est facile; le malade continue a tousser ; ses crachats sent muqneux et ne renferment plus de sang. On continue la compression iiK'lhodique de la tumeur. Le 10 juillet, renqihyseme a diminue de moitie. L'elat general est satisfai- sant. La tumeur conserve son volume; la compression na encore prodnit au- cune amelioration de ce cotc^ (Meme pansement.) Le 17 juillet, I'emphyseme a complctement disparn. Le 2 aoijt, la tumeur conserve le meme volume, malgre la compresion sup- port^e par elle ; elle se gonfle dans Texpiration pour disparaitre et se creu- ser dans I'inspiration. Elle est le si(^ge de cracjuements et de crepitation a grosses bulks qui eclatent sous les doigts avcc un son clair, scmblable au claquement d"une main etendue frappant sur la surface de I'eau. Elle est dure, elastique, inegale, lobulee a la partic inferieurc, ct la peau qui la recouvre, amiucie, devient bleuatre dans lexpiration forcec. Le malade a dc la Oevrc tous les soirs, avcc des sneurs nocturnes, et de- puis quelques jours il a de la diarrhee. Le ccMe droit de la poitrine est malade. De lamatite existe sous la clavicule, ct rauscnllation y revele des cracpiements huraides, nonibrcux et suspects. M. le professeur Piorry fnt alors prie d'examiner le malade, et il trouva: t" De la f(''s;iiinanre au niv(\Tii dc !a tnnieiir. dc In inatili'' sous la clavi- 152 cule. ft dan? ios losses siis el sous-i'pincuse a gauche de la resistance an doigt ; 1' Dn sou/ne amphori(iue trc^s fort et Ires-marque dSns I'expiration au ni- veau de la tumeur, et dans le sonimet du poumon correspondant des craquc- nients humides mf'lt^s an bruit de rinspiration, et en arrifere le meme bruit ampliorique dans les temps du niouvement respiratoire. Le 7 aoiit, le soufrie ampliorique diminue et se trouve masque par des li- quides produits des ronclius et du gargouillement. Le 30 aout, meme efat de la tumeur dont le volume n'a pas sensiblemcnt diminue. L'etat general est le meme. On continue la compression, Le malade rcste ainsi a I'liOpital pendant cinq mois, et sort le 25 deccmbre 1850, avec sa caverne tuberculeuse, sa poche sous-cutante gazeuse, commu- niquant avec le poumon, a Iravers nn espace intercostal et dans \m etat de plithisie Lien caracterise. In instant on avail cru voir dans cette tumeur une liernie du poumon ; cc fut meme I'idee de MM. Miclion et Piorry. Ce nest pas la mienne. .le croirai plutot que dans ce cas, oil il y avail caverne pulmonaiie, avec adherences pleurales, la contusion recue par le malade a produit une perforation du pou- mon au niveau de la caverne, et la formation d"unc poche sous-cutau6e ga- zeuse avec emphyseme cellulaire. Ce qui m'empeche de croire a I'existencc dune hernie du poumon, c'est ce meme emphyseme qui atteste une perfora- tion, et de plus l'etat organiquc du poumon, adherent, dur, sans souplesse et impossible a deplacer. (Jnoi qu'il en soil, le malade sortil ; cY'tail le 25 deccmbre 1830. 11 resta fort soufTrant tout lliiver, et il lui fut impossible de travaillcr. Sa tumeur, qui n'a- vait jamais complctenient disparu , rongit au sommet et s'ulCf^ra sous I'in- lluence d'un emplatre maluratif dit empMtre dcpauvre Jtomme. II revint a la Piti(5, dans messalles, le 13 juin de I'annec 1851. C'est alors que je le vis pour la premiere fois. Son leint pale, jaunatie, decolore, son vi- sage amaigTi, ses chevenx noirs decolores par m^chcs, sa poitrine osseuse, d^charnce, indiquaient de longucs soufTrances. La respiration etait assez frequente et assez penible,mais non douloureuse ; la toux tres-repclee et I'expecforation cpaisse, puriforme, etc. La tumeur, si- luec au devant de la poitrine, s'est ouverle au dehors, et il sen ecoule du pus a chaque instant. On voil, entre la deiixicme et la troisierae cote gauche, au-dcssus du ma- melon, Texistence dune ulceration large de 2 centimetres, a bords rouges tailles a pic, a fond rougeatre ; a la partic inferieure de rnlceration se trouve im petit pertuis par oil fair s'echappe toutes les fois (jue le malade parle ou lousse. Au-iiessous de cette ouvcrlure, entre la Iroisieme et la quatrieme c6te se trouve une [tetite sailiie recouverle par une peaii molle el amincie, et qui se souleve en formant niic tumeur pendant lexpiration; a droile de cette fu- 153. ineur, au meme niveau du sternuni, on observe une autre fumeur emphyse- inateuse grosse comme une noix, molle et fluctuanle a son centre, recouverte par une peau rouge ct amincie, se soulevant egalement lorsque le malade ex- pire, tousse on parte. Ces deux tunieurs communiquent avec I'Duverture cu- tanee par un trajet etroit que I'on voit se gonfler et se dessiner sous la peau en meme temps que Ics turaeurs. Cliaque fois que le malade respire, I'air sort avec violence et est facilement appreciable par la main appliqu^e a 6 on 8 ponces de la poitrine ; Tissue de I'air est tres-rapide et s'accompagnc dun bruit eclatant et nasillard ; a dix ou douze pas, on rcntendparfaitement. L'exaraen dcs organes contenus dans la poitrine donnelesresultats suivants: sur la clavicule gauche, matite evidcnte ; a droite, 11 y a egalement un pen de matite; en auscultant sous la clavicule, on trouve une inspiration ct ime ex- piration faibles, melees de rales muqueux ; puis, au niveau de I'ouverture, respiration amphorique avec gargouillemcnts. En appliquant le stethoscope sur I'ouverture fistuleuse, on entend a I'oreille une pectoriloquie tres-mar- quee. L'auscultation de la tumeur plac^e au-dessous de I'ulceration fait en- tendre un gargouillement a buUes (ines. La tumeur situ(5e au niveau du ster- num donne le meme phenomenc ; dans les parties voisincs, le poumon est rempli de rales sous-crepitants ; dans I'aisselle gauche, on trouve du souffle et du gargouillement ; en arriere, matite dans la fosse sus et sous-epineuse ; respiration amphorique a timbre metallique; gargouillement dans la fosse sous-epineuse a la ])artie inferieure ; respiration vesiculaire parfaitement pure. Du c6te droit, sous la clavicule, respiration faiblc, expiration prolongde, rale sous-crepitant en arriere, un peu de matite dans la fosse sus-epineuse, rales sous-crepitants profonds. Le cceur est sain, I'impulsion pr^cordiale faible, les battements eloignes un peu deplaces en bas et a gauche, mais its n'olTrent rien d'anormal ; pouls, 100 pulsations. L'estomac est un peu trouble, I'appetit perdu, la langue blanche; aigreurs, digestion ditficile ; diarrhees assez frequentes. Le malade se leve, marche un peu, mais difTicilement. Tons les soirs il a la tievre, avec frisson et exacerba- tion quotidienne irreguUere. (Tisane pectorale ; julep diacode ; pansement simple.! 8 juillet. La tumeur voisine du sternum augmente de volume; la peau qui la recouvre bleuit et s'amincit chaque jour, menacant ainsi de s'ulcerer ; je I'ouvris alors dun coup de lancette ; il en sortit une quantite considerable de pus jaunatre, mat lie et melange d'air. Ce fut une seconde fistule communi- quant avec le poumon ; I'etat general resta le meme, ct chaque soir un acces febrile venait aggraverla situation du malade. Le 12, il s'ecoule encore, par la nouvelle ouvrrUire, une assez grande quan- TOME V. 12 titti d'une serosit6 blanchatre. Chaque I'ois ((uc vient la toux, lo malade est oblige de boucher exactement ses deux fistules. Sans cette prt^caution, lama- ti^re a expectorer sort par les oiivcrlnres ciitan(^cs au milieu d'un fort jrar- gouillement perceptible a dix ou douze pas du malade, et avec projection dii liquide a quelques centimetres de la poitrine. Cette occlusion artiflcielle des fistules n'est pas moins necessaire a la respiration et a la production de la voix. En efTet, la dyspn^e se montre des que les ouvertures fistuleuses sont Hbres, et le malade, qui peut commencer a dire quelques mots, se trouve tout a coup interrompu ; sa voix lui manque, il deviendrait aphone si aussit6t 11 re mettait pas sa pelote compressive au niveau des ouvertures du thorax. Le 16, le malade se plaint dune diarrlit5e assez intense; ila en m(>me temps d€ la boutHssure du visage et de Tcedfeme au scrotum. L-e 17, diarrheeabondante, perte d'app(''til. Le 20, la diarrhee persiste, malgr(5 1'administration dos opiaces, sels astrin- gents. Les bourses ont un volume considerable. Le 21, ponctions avec la lancette dans le scrotum, pour evacuer la se- rositi^. Le 22, m6me etat ; loedSme gague les membres inferieurs. Le 24, dyspnee considerable, g6ne de la parole ; le malade pousse des ge- missements plaintifs ; il n'a point dormi la nuit ; on observe sur la partie late- rale gauche du cou des plaques rougeatres, erythcmateuses, qui remontent jusqu'a I'oreille. L"hydropisie augmente ; elle occupe le membre superieur. Le 25, retat g^n^ral est encore plus alarmant ; le malade, insensible a tout ce qui se passe autour de lui, eprouve une gene de plus en plus considerable de la respiration ; pouls petit, tres-resserre ; refroidissenient des extremites ; sueur froide visqueuse sur tout le corps. Le malade meurt a onze heures du soir. AuTOPSiE trente-six heures apri^s la mort. Le poumon gauche est completemcnt adtn'rent aux parois thoraciques dans toute leur (itendue, et il leur est uni par une fausse membrane cartiiagineuse d'une ^paisseur approchant dun centimetre. Tout le lobe est rempli de ca- vernes et de cavernules communiquant les unes avec les aidres. L'une d'elles a le volume d'une noix, et elle occupe le sonimet en arritre. Le parcnchyme pulmonaire environnant est grisatre, granitique, dur et resistant sous les doigts et sous le scalpel. On y voit ca et la, dans quelques points plus v^sicu- laires, rougeatres et moins indures, des graimlations miliaires tuberculeuses jaunes, opaques. En avant, au niveau du troisiemo espace intercostal, cxiste une cavite dn volume d'un oeuf, formec d'une part par I'cxcavatinn du ])oumon et la porle de substance de cot organe,et de i'autio par la parol du thorax ulceree, dans une etendue do 0 cenlimt>trcs de I'cspace Intercostal et communiquant au de- 155 liors par plusieiirs Irajels sinueiix sous-cutanes, dont je vais parler dans un instant. Cettc pavite est im''giilicrc du cott- du poiimon, et prescnte plusieurs ori- fices broncluques par oil lair s'ecliappe lorsqu'on insuffle Ics bronches. Les parois sont asscz lisses et recouvcrtcs par une membrane moUe peu rcsis- tante, ayant I'aspect d'une muqueuse imparfaile do nouvelle formation. Son orifice est large, sitae entre la deuxleme et la troisii-rae cote. Ses bords arrondis sont ^galement tapisses par la meme membrane molle rougeatre, comme villeuse, et le muscle pectoral sert d'opercule. Cependant, de cette large ouYcrtm-e partent trois trajels qui, a travers le muscle, viennent a sa surface, au-dessous de la peau, former les tumcurs ga- zeuscs observees dans la vie, et dont I'nne s'est ulceree , dont I'autre a ete ouverte, ct la troisiemc restee a I'l'tat de poclie afl'aiss^e en I'absence des gaz. Le premier trajet est court, s'elevc dircctement en liaut et communique avec I'ulcere cutane par un conduit tres-court,gros comme untuyaude plume, le deuxiemc est horizontal, reste sous le pectoral, se prolonge jusqu"au ster- num, oil il dcvient sous-cutane ; il forme une large poche, tapissee par une membrane molle rougeatre, a demi remplie de mucus et ouverte a Texterieur par une incision faite dnrant la vie. Ce trajet sinueux, flstuleux, suitrespace intercostal, et on remar(jne que le cartilage de la trolsieme C(Me a entierement (lisparu ; il n'cn reste plus qu'un petit moignon fixe au sternum ; ni cet os, ni les cAtes elles-memes ne sontaffectes. Le troisieme trajet descend jusqne sur la quatrleme c^te et reste sous-cn- tan(5 ; il forme une petite jioche oblongne fermee a I'exterienr et se dilatant par I'expansion gazeuse. 11 est egalemeul tapisse par une membrane mince do formation nouvelle. De sorfe tjue I'excavation pulnionaire, placcc derriere les C(Mes, s'est eten- due dans le troisieme espace intercostal, et de la, par une triple irradiation, a forme trois trajets flstuleux : un superieur, un inferieur et un autre hori- zontal; un sent est rest(' a r('tat de fistnle borgne, les deux antres out forme des fistnles pulmonaires completes, nne natnrellemcnt et I'autre faite par le bistouri. Le lobe inferieur de ce poimion est rempli de tubercules cms et ramollis, a divers degrcs de transfornialion. Tout le poumon droit est adherent aux c6t(!s, et il est environne par des anciennes fausses membranes, do venues cartilagineuses et d'une epaisseur considerable, offranf un centimetre en quelques points. Ce poumon est rempli de cavernes et de cavernules; son tissu, profonde- ment altere, presente des masses de granulations couQuentes ou dispersi'es. les nncs jaumitres, opaques, les autres blanches, mal formt'-es et environuf'-es 156 lie iiiiiviii-liyiiic iniliiioiiairi' gririatrt' inilurr, iic fn'[iil;inl phis ot toniljuiit an fond de I'eau. Lc prt-icardc renfcrnic un pen d'(''pancliomont scrcux ; Ic cucur n'ost ]ias nialado, scs parois sont molles ot sos cavitc's romplics de sang noir dilTlnciit. Lc foie est l(''2:rrement hyperlrophie et a sulii un coninicnccmcnt de dofie- nercscence gjaisseusc. La rate est fernie, resistanto et diflleile a penetreravee les doigts. L'estomac et I'inlestin givle sont sains. Dans le pros iiiteslin, mais surloiit dans le coecum, se trouvont de pctites ulcf^rations recouvertes de matii'ro piirnlente concrelee. Le cerveaucsJ sain, les vcntriculcs renfermcnt une notable qnantitc^ de li- qnide s^reiix. he rocher est intact, ee qu'on nc poiivait supposer, en raison de la sup- puration de Toreille , et de la surdite existant depuis lonsteinps rliez ec nialade. Les fislules piilinonaire.s cultinees sont boaucoup plus faciles a re- roiinaitre, parce que, dans la plupart des cas, la communicalion de rorifice exltirieur et de la caverne est directe, et ([ue le plicnomene de la brusque sortie de Fair par la plaie nc laisse aucun doule sur sa ve- ritable uature. Cependanl il y a des fistules du thorax conseculives aux abces intrathoraciques et a lenipyeme, qui comnuu)i(iuent avec des foyers oil le pus se trouve melange d'air. 11 arrive alors, dans les secousses de la toux, que le liquide cbasse au dehors avec quelques l)ulles de gaz fait entendre une crepitation tres-prouoncee. M. Reybard en a public deux observations dans son nieuioire sur rempyeme. J'en ai vu un exemplc a la Charite, sur un jeune honune affecte de fistule pleurale, el auquel j'ai donne des soins lorsque je remplacais M. An- dral , en 1850. 11 y en a eu un autre observt^ la meme anni'c dans le service de M. Piorry ; il est relatif a un honinie atteint de listnle pleu- rale dans un hydropneumothorax. Chez ces malades, I'air sortait a des intervalles varite, en petite quantite, et au moment des grandes sc- cousses impriinees au corps par la toux. 11 produisait uu fuible gar- gouillement, sans faire de courant appreciable. Dans la listule pulmonaire cutauee complete, lair s'echappe au con- Iraire a chaque expiration, au moment de la toux , sous forme d'un courant trcs-l'ort, quelquefois capable,' d'eteindre hf llamme d'une bou- gie. J'en ai fait lexpericnce sur nioii niakule de la I'itie, vX M. Voisiu I'avait tenlee sur un nialade de Ihopilal Saint-Louis. Sous ce rapport done, la violence du courant d air et sou intermiltencc regulierc i\ 157 chaque effort expiratcur, indiquent son origiiic el penneUeiil facile- iiient de dislinguer les listules pulmonaires, des fistules pleurales et des autres fislules cons6eiilives h des abres tlioraciques. PRONOSTIC. On ne saiirait apprecier convenablement la gravite des fistules pul- monaires cutanees et sous-cutanees, si Ton ne tenait compte de leur origins et des lesions aiiatomiques iirotbndes qui les accompagnent. Ces fistules ne sonl, il est vrai, que des elements secondaires dans les maladies de poitrine; elles n'en sontque Teffet materiel, mais cet eflet pent avoir de faclieusos consequences. Dans quelques cas, TefTet est salutaire, et chez des sujels affectes d'abces simples ]jroduits par des corps etrangers, d'abces gangrc'-neux, d'bydalides pulmonaires, etc., une flstule exterieure est un des moyensdesalut employes par la nature pour la guerison des malades. A part ces dernieres circonstances, les fistules pulmonaires exte- rieures sont toujours le resultat de revolution des lubercules pulmo- naires, et de la pblliisie qui en resulte. Ajoutent-elles a la gravite de cette terrible affection? En precipitcnt-clles la marclie el la terminaison funeste? G'est ce qu'on ne saurait dire d'une maniere prtose dans I'e- lat actuel de nos connaissances. 11 y a des sujetscliez lesquels ces fis- tules pulmonaires sous-cutanees sont d(!venues le point de depart d'em- pliyseme cellulaire mortel; il en est d'autres oil cette tislule complete a determintl' des accidents aigus qu'on n'observe qu'a la derniere pe- riode de la plithisie. Chez d'autres encore , la fistula n'a paru exercer aucune influence sur V6Xa\, du nialade, puisque, malgrci cette compli- cation, la vie a persiste encore pendant sept ans (obs. de M. Martin Ma- gron). 11 est un dernier cas enfin oil la fislule semble avoir et6 beau- coup plus avantageuse que nuisible au malade; c'est ce que nous avons pu voir dans I'observation de M. Briclieteau. Le sujet a vecu sept mois avec cette fistule, et on le considerait comme etant a pen pres gue-ri de sii caverne tuberculeuse, lorsqu'une affection aigue du pericarde vint Teraporter. S'il y avail beaucoup de faits semblables a celui-la, peut- etre arriverait-on a dire que la flstule pulujonaire cutanee est un moyen de guerison de la phthisic tuberculeuse, et ([u'il faut produire ces fis- tules par une thoracenfese m^'lhodique. J'ai dit plus haut ce qu'il fal- lait penser de ces genereuses esperances, que la realile n'cncourage guerc, et il me parail inutile d'y insister dc nouveau. 158 nUlTEMKNT. All moment de terminer cetle rapide exposition de I'hisloire des fis- liiles pulmonaires cutanoes, telle quederarcs observations me permet- taient de I'entreprendre, qu'il me soil permis d'ajouter quelques con- sideratious relatives a la tlierapeutique de ces iistules. Je serai liref, d'ailleurs, et n'abuserai pas longtemps de votre attention. 11 est Evident qu'on ne pent formuler d'uno maniere generate le trai- tement des fistul(^ pidmonaircscLitanees, puisque ces fistules peuvent depcndre de causes tres-variees et diaraetralement dilTerentes quant a leur nature. On doit done , avant toute chose, remonter a Torigine de la fistule et s'attaquer ii sa cause reelle. S'agit-il dun corps stranger venu du dehors ou forme dans I'interieur de la poitrine, qu'on le fasse sortir, et la fistule, entretenue par une alTcclion locale, disparaitra hien vite. C'est ce qu'on observe dans le cas des projectiles, des abces sim- ples, des escarres de la gangrene pulmonaire et des hydatides du pou- mon. La fistule est-elle au contraire la consequence d'une ulceration produite par I'elimination de tubercules pulmonaires, alors la lesion sera permanente comme sa cause et aura la duree d'une diathese qui ne disparait pas une fois quelle est bien etablicdans I'organisme. La fistule est-elle enfin compliquee d'hydrothorax, d'empyeme ou de carle des cotes, il en resulte des indications speciales et une therapeu- tique particulicre dont !es preceples sont partout repandus et ausquels je n'ai rien a ajouter. En resume : 1" 11 faut admettrc I'existence des fistules pulmonaires cutanees. 2° Lcs unes sont complotcment oiivertcs a la surface de la jK'au en rapport avec le poumon adherent aux pa'rois thoracitiues. 3° Ouelquefois la fistule omerte a I'exterieur communique d'abord avec la cavit6 pleurale remplie d'air et de pus, et consecutivement avec le poumon perfore plus ou moins ^carte des parois thoraciques. 'r D'autrcs fistules pulmonaires cxltrieures sont incompletes, ou- vertes sous la peau et ferment des liimeurs molles, elasliques, fluc- tuantes. Ce sontles fistules pulmonaires sous-cutan6es. ii'Toutes ces fistules sont le r^suUat d'abces determines par des cor[)S etrangers venus de rexterieur, ou d'empyeme, de gangrene pulmo- naire, d'abces, d'hydatides et de tubercules du poumon. e^Les fistules pulmonaires cutanees sont caracterisecs par Touverture 159 fistuleuse de la peau a travers laquelle de I'air s'echappe sans cesse au moment de I'expiration et de la toux. 7" Les fistules piilmonaires sous-cutanees sont caraclerist'es par une tumeur moUe, elastique et tliictuante, plus ou moins reductible, avec gargouillement sous les doigls et a Foreille Cette tumeur, quelquefois dilatee dans Tinspiration, est surtout expansive dans I'expiration et dans les efforts de la toux. 8° Ces fistules sous-cutanees, formant tumeur, peuvent etre facile- ment confondues avec les abces intratlioraciques et la hernie du poumon. 9° Les fistules pulmonaircs cutanees peuvent donner lieu a Feniphy- seme general du tissu cellulaire. 10° Ces fistules forment assez ordinairement une complication fa- cheuse des maladies de poitrine, mais quelquefois elles sont le moycn de salut institue par la nature pour ameuer la guerison des malades. OBSERVATION DE PYELO-NEPHRITE AVEC DISTENSION RE\UE; rcciieillio et liie ;! la SouiiMr de Biologie JIM. CHAIiCUT ET VlLl'lANili. Obs. — La nomnice Mayer (Josephinei, agce de 19 ans, cn(rc a I'hopital de laCliarite, dans lasalle Sainte-Annc, an n" 22, Ic 24 decembre 1852. Cette nialade se rappelle qn'ello a presente, dans sa premiere jcunesse, de nombreuses glandes au con, et qu'clles n'ont disparu qua I'age oil ses .regies se sont e!'tablies ; quelques-unes ont dn snppnrcr, si Ton en juge par nne cica- trice assez etcndue et irregnlieic tpii siege a la partie gauche du con. Elle a eu aussi des croiites snr le cuir cheveln. Son p6re et sa mfere sont moris du cholc^ra en 1849 ; elle aun frere et nne soeur qui sont bien portants. A I'age de 1 1 ans, elle a ressenti des niau.K de tete assez violents ; elle etait sujette a des ctourdissements ; de plus , elle devint tres-pale et tres-faible, mais elle ne tonssait pas. Ses regies parurent a 14 ans et demi pour la premiere fois, et apres un intcrvalle de deux mois, ellcs devinrent iM'gulieres. Uno ameliora- tion tres-sensible de la constitution de la malade coincida avcc I'apparition de la menstruation. A la suite d'une peur, les regies se supprimerent pendant neuf mois, puis se montrerent de nouveau a I'age de 16 ans. Quelques mois i1^ Les pieces ont etc mises sous Ic? ycux de la Societe. 162 api^s, elle venait a Paris, et a peine y elait-elle arrivee que scs regies cess^- rent pour ne plus rcpaiaitre. Dans sou pays, cette malade etait logee dans un endroit sain, elle (5tait bleu nourrie ; a Paris, clle se Irouva dans des condi- tions bien difTt^rentes, et clle se fatiguait beaucoup. De nouveau, clle tut prise de maux de tete, devint triis-pale ; elle s'essouftlait facilement et avait de temps a autre des battements de copur. Vers le mois de fevrier 1852, elle s'apercut pour la premiere fois do dou- leurs assez fortes a la rt'gion lombaire, de picotoments dans les jambes, mais surtout dans la janibe droitc, ct d'une faiblesse tres-grande (lui remp^chait presque de se tenir debout. Ses doulcurs dc larc^gion lombaire (itaient beau- coup plus vives du c6i6 droit epic du c6te gauche ; elle vomissait quelquefois. Ces ditr6rents phenomenes devinrent de plus en plus prononct^s pendant le mois de mars ; la malade fut bient6t obligee de quitter son travail et d'entrer a I'hOpital. C'est a I'hopital de la Cliarite, et dans la meme salle Sainte-Anne, qu'elle entra cette premiere fois, le 8 avril 1S52. A cette (5poque, elle n'avait remarque aucun trouble du cote des voies urinaires : elle urinait tout a fait comme avant sa maladie. Pendant les premieres semaines de son s^jour a Thc^pital, son etat ne s'a- meliora pas; elle etait toujours tourmentee des memes doulcurs a la region lombaire droite, ct ces doulcurs otTraient des exacerbations pendant lesquelles elles se propageaient a la region inguinale droite ; elle vomissait souvent, m6me sans avoir mang^; enfm, elle avait quelquefois le d(5voiement. La malade fut traitc^e par I'iodure de potassium. Elle resta a l'li(3pital jus- qu'au 18 juillet, ct lorsqu'cUc sortit, elle se trouva dans uu etat damclioration assez grande pour pouvoir reprendre son travail. Elle se tenait tr&s-bien sur ses jambes , avait pris un peu d'embonpoint et ne sentait plus aucune douleur. Pendant trois mois, elle put se croire guerie ; mais, au mois de novembre, elle perdit son appeJtit, s'amaigrit ; clle cproma dercchcf des douleurs plus vives que lors dc sa premiere entree a l'h6pital. Ces doulcurs, limitees auc6t6 droit, commencaient a la region lombaire de la colonne vcrt^brale, s'cten- daient de dedans en dehors a la partie ant^rieure du flanc droit ct descen- daient jusqu'a I'ainc ; de la dies gagnaient la partie antth-ieure et interne de la cuisse droite, et etaient accompagnees de crampes et d'engourdissements dans toute la longueur de la Jambe. A cette 6poque, elle soulfrait (piand elle urinait, et (juand elle avait cesse d'urincr, la douleur de Paine clait beaucoup plus vivc ; queleiuefois Ic jet d'urine s'arr^-tait pendant cpielqucs moments. D'apres la malade, dts le debut de cette rechute, Purine contenait un dtipdt purulent. Aprt;s six semaines de soiiflrances elle entre a I'hopital i)oiir la seronde fois, le24 dccenibre 1852. Deux ou Irois jours apr^-s son entree a lliopital, la malade resscntdes dou- 163 leurs beaucoup plus vives, les urines devieiinent franchement puruleiiles, ct en meme temps il sort du sang; meme, pendant quatre jours, la nialade rend des urines sanglantes, trt;s-rougcs. Elle vomit dcs matieres verdiitres, et ccs vomissements se rt^petent freciuemment ; elle est prise aussi de diarrhea. Cast huit a dix jours apres I'entr^e de la malade a I'hfipital qu'on s'apercoit d'une tumeur abdominale, qui n'a jamais disparu depuis cette ^poqiie, et qui, d'aprfes la malade, avait deja alors, a tres-peu de chose pres, le volume, la forme et la situation qu'elle presentait au moment oil nous avons pu I'ob- server. On prescrit a la malade de I'iodure de potassium, qu'elle prend tous les jours tr^s-exactemcnt; mais cette fols le medicament reste impuissaut et la maladie poursuit ses progr^s. Vers la fin du mois d'aoiit 1853, cette malade est extremement amaigrie, ses forces sont completement epulsees ; c'est a peine si elle pcut se lever une haure pendant la journee. Elle a toujours des vomissements, de la diarrhee et des coliques. Ses douleurs sont beaucoup moins intcnses que dans les trois premiers mois de I'annee. Sa tumeur ofTre les caracteres suivants : Par I'inspection , on apeiToit une voussure assez considerable de la parol abdominale du cOte droit, commenrant a la region lombaire, mais ayant son maximum alapartie laterale et antcrieurc a 5 centimetres en dehors de I'om- bilic. Les vaisseaux sous-cutaues abdominaux de ce c6t6 sont beaucoup plus d^veloppes que ceux du c/ite oppose. Ouand on palpc toute la region droite de I'abdomen, on y sent une resis- tance due a la presence d'une tumeur dont on pent meme apprecier assez exactement les limites a travers la parol anterieure. On reconnalt qu'elle oc- cupe tout le flanc droit et la region ombilicale jusqu'a 4 centimetres en de- hors et a gauclie de la lignc mediane. Enfin la percussion confirme les dopn^es pr6c6dentes. Elle montre de plus que la tumeur, dans une assez grande ^tendue, de haut en has, presente una sonorite qui contraste avec la matiti- du reste de la tumeur. Cette sonorite pa- rait due a la presence d'un intestin et probablement du colon entre la tumeur et la parol abdominale. Par la percussion, on reconnait la limite inf^rieure de la tumeur; cette limita se trouve a 2 centimetres au-dessus de I'arcade crurale. La palpation eveille cliez la malade des douleurs vives; ce n'est qu'avec beaucoup de precautions ([u'on peut la praliquer On sent alors une fluctuation non doutcuse dans une grande partie de la tumeur. Cette tumeur presente de singulieres alternatives do gonHemcnfs et d'alTais- sements successifs. Pendant deux jours, elle augmente da volume; la malade souffre beaucoup pluset urine beaucoup moins; puis au bout de deux jours, la miction devient facile et abondanle, I'urine plus chargec de pus, la tumeur s'atTaisse ct les douleurs diminuent. C'est aussi pendant que la tumeur est lo IGlx phis volumiiieuse que la malade a le plus grand iiombrc do sellcs diarrhci- ques el de vomissements. La lualade u"a jamais rendu ni caluul, ni prravier par I'urelrc. EUc a rendu trois ou (pialre Ibis, en urinanl, dcs {xaz ])ar luretrc, el cliaque tois que ce pheuomene s'est monlre, il avail ete precede par des borborygnies dans la lumeur, qui dcvenait plus sonore a la percussion, et donnalt une sen- sation de gargouillement a la palpalion. Cest il y a Irois semaines quelle a ainsi, pour la premiere fois, rendu des gaz par I'urtMre. L'urine a ele examinee au microscope et on y a trouv(' des globules de pus, des cellules t^pilbeliales et des globules de sang decolori's. An commencement du mois d'octobre, la nialade ne peut plus so lever ; sa diarrhec a considerablement angmenle. Elle va jusqu'a vlngt fois a la selle. tandis que jusque-la elle y allait deux ou trois fois sculoment. Quelques pla- (pies denuiguet semontrent dans sa bouclic: son appetit est prcsqne nul. Le 10 du mois d'octobre, elle fait garder ses sclles oil elle a apercu des ma- lieres blanchatres analogues a celles ([ui so deposent dans son urine, et du sang. Ces matieres, examinees au microscope, sont rcconnues pour etrc du pus ; il y a, de plus, de nombreux globules de sang. La malade pcrd l"ai>petit de plus en plus , elle a bcaucoup de fievre, une soif Vive. Elle a des sueuys nocturnes. Le ^4, la tnmcur s'csl lieaucoup alfaissee ; la saillio (iu"elle forniait est efVa- cee. Cependant on sent toujours la lumeur un pen plus profondemeiit. Les plaques de nniguet avaient disparu, mais il s'en forme de nouvelles sur la langue et dans la gorge. La malade mcurt le i novembre, dans le marasme le pluscomplet, sans avoir jamais presente aucun trouble cerebral. L'autopsie est faile le 5 novembre, 27 heures apres la moil de la malade. k I'ouverture de I'abdomen, on constate que la lumeur est formee par le rein droit t^normement distendu. Ce rein ofTrc des dimensions tres-considc- rables. Le foie est deprime a son niveau ; son bord anUrieur est amiuci et re- leve. Le rein descend en bas dans la fosse iliaque droilc interne jusqu'a une petite distance du ligament de Fallope.Enairierc et en dcliors, ilest comple- tementen rapport avec la parol abdominale. En avant, il en est separe dans une petite parlie de sa largeur par le colon ascendant et le ca-ciun qu'il a sou- leves; deux ou trois anses d'intestin grele sont accolees a son bord interne. Sa surface extericure est gris rougeatrc ; elle est tres-leg^rement bosselee , il est facile, en palpant cette surface, de reconnaltre que ces bosselures rc- pondent a des collections liquides, et que la parol dc ces collections est tr6s- mince. L'uretre parait, a premiL^e vue, Ires-court, car il scmblc ne commcn- (cr qua la parlie tout a fait inferieure de la lumeur; mais en le suivant, luir la dissection, on parvient a s'assurer qu'il suit loutc la nioilic inferieure du « 165 bord iiiterni" du rein en y adliLTant, vl qu'il commence reellement a la parlie moyenne du rein. L'nretere est ti'(>s-large. Lorsqu'on cherche a detacher du rein le colon ascendant, on s'apercoit que la separation est facile dans toute la longueur, si ce n'est dans un espace large commeune piece de 1 franc, espace oiile colon ct le rein sontunis parune adlif^rence assezresistante. On ouvre le colon de bas en liaut : au niveau de I'adlierencc que nous venons de sig-naler, on voit deux petits trous ofTrant cliacun 4 a 5 miUim. de diami-tre. Sur le bord de ces trous, I'intestin est trfes-aminci; mais il n'offre point les traces d'une innammaiion suit ancicnne soit recente. Quandon presse le rein, on fait sortirdu pus presquc pur a Iravcrs ces orifices. On ouvre le rein de son bord convexe a son hilc ; il s'6coule aussitot une grande quantite de pus (ipais, cremeux, d'un blanc im pen verdatre. On s'apercoit aussitdt que la substance n-nale a compli'tement disparu et qu'cHc est remplacee par une coque fibrcuse, epaisse de 3 on 4 millini. Mais a I'interieur de cette coque, on ne trouve pas une poche unique, mais bien plusieurs loges ind^pendantes les unes des autres, sans aucune conununication directe ; de telle sortc qu'il faut ouvrir le rein dans toute sa longueur et meme dans plusieurs sens pour parvenir a les vider toutes du liquide purulent, d'ailleurs le meme partout, ([u'clles renferment. Elles sonf separees les unes des autres [lar des cloisons ([ui out absolunient le meme aspect et la meme epaisseur que la parol exte- rieure. Plusieurs d'cntre elles sont encore divisees par des cloisons incom- pletes, qui se dirigent de la surface externe vers le fond de la loge, mais qui n'atteignent pas ce fond. La forme generale de chaque loge est conique a sa J)ase cxterieure et a sommet interieur. Au somniet de cliacunc d'elles (elles sont au moins au nombre de Sa lOi, on voit un orifice tres-resserr6, sem- i)lable a une fcnte ct qui conduit a une cavity commune qui est le bassinet. Cue de ces loges, situee au milieu du rein et a base dirigec vers le bord externe est beaucoup plus grande que les autres. Leurs parois sont recou- vertes d'une legfere couche membraneuse, probablement pyogcnique. Le bas- sinet est tres-petit ; il est rempli enticrement par un calcul de la grosseur d'une noisette, brun, irregulier a la surface, mais non rameux. Ce calcul bouche presque completement I'orifice de l'nretere. Un autre calcul trt's- petit est renferm(5 dans le bassinet avec celuidont nous venons de parler. Nous avons deja dit que les oi'ifices de chaque loge s'ouvraient dans le bas- sinet ; on voit en effet, dans le fond de celui-ci, de petites fentes 6troites, par lesquelles on pen^tre isolement dans chacune des loges. L'nretere ouvert montre des parois tres-epaissies et une membrane nuKiueuse gonllee et congestionn^c. L'enveloppe fibreuse commune, a I'endroit oil elle adhere au colon ascendant, est percee de pertuis nombreux, forme une sortc de crible spongieux a travers lequel sort le pus de la loge principale. La veine renale droitc presente des parois tres-epaissies et un calibre bien re- treci ; elle es! presque obliteree au moment oil elleatteint le rein. Les parois 166 Uc la veine cave ellc-m^mo, uii-drssous dc la aaissancc iles veines renales, sont iudurdes. I.C rein gauche est beaucoup plus vohimineux que dans I'^tat normal. On 1 ouvTe du Lord externe au bord interne, il s'ecoule beaucoup de pus, et I'on voit qu'il offre aussi des lesions profondes. Toutes les pyramides de Malpi- ghi ont a peu pros disparu ; ellcs ont ete refouU'^es exccntriquemcnt par la distension continue des calices et se sont atrophi^es par suite de cette com- pression. La substance corticale qui revetait la base des pyramides, celle qui les SL^parait les unes des autres, a subsistc en tres-grande partie. 11 en resulle des loges coniques, a base tourneea I'exterieur, a sommet dirig(' vers I'inte- rieur, ferrates dans toute leur etendue, si cen'est a Icnr sommet oil setrouve un large orifice qui s'ouvre dans le bassinet. Cost done une sorte de repeti- tion de la lesion de I'autrc rein, mais a un degre beaucoup nioins avance. La disposition de la substance corticate qui a persiste dans le rein gauche ex- plique la conformation et I'aspect intrrieurs du rein droit. II est i)robable que les cloisons, qui dans le rein droit sc^parent les difl'erentes loges les unes des autres, sont resultees de la transformation fibreuse des colonnes de Ber- lin. Les orifices qui faisaient coramuniciuer les loges avec le bassinet etaient d'abord larges, mais ils se sont rt5tr('cis consecntivement. La membrane interne des calices dilates et du bassinet du rein gauche est injectee, epaissie et ramollie; il en est de meme dc la membrane mucpieuse lie luretfire du c6t(5 gauche, qui est aussi vohimineux que celui du c6t6 droit. La vessie est petite, revenue sur elle-meme ; sa membrane muqueuse est gonflee, tres-plissce, violac^e et ramollie. Les orilices des ureteres sont comme dans I'^tat normal. Ces lesions de la vessie sont certainement secon- daircs ; on pourrait meme se demander si cellos du rein gauche ne sont pas secondaires aussi. La maladic, d'abord limitce au rein droit, n'a-t-elle pas pu gagner la vessie par I'uretere droit, puis remonter jusqu'au rein gauche par I'uretere gauche, le bassinet et les calices? Nous croyons aussi que si, pendant un temps, le pus que I'on trouvait dans I'urine pendant la vie de la inalade venait du rein droit, depuis longtemps il devait ctre fourni en grande partie par le rein gauche qui en secretait aussi en grande abondance et dont le bassinet etait libre, ainsi que I'orifice de I'urel^rc. L'intestin grele ne presente aucune lesion. Le gros iiitestin, contrairement a ce qu'on aurait pu penser, n'offre aucune trace d'ulcerations ni meme d'in- llammation. L'estomac est exempt d'alti^ration. Le foie asubila transformation graisseuse sur plusieurs points dissemines. Le coeur est normal. On trouve dans le poumon gauche quatieou cinq petits groupes de tubercules, sijpares les uns des autres par des intervalles assez grands oil le parenchyme est tout a fait sain. Les centres nerveux n'olTrcnt rien a iioler. — I'eiiilant la vie, on a OW- sur ie point de ponctionner la luiiioiir. Apr6s 167 avoir vu I'aulopsie, nous avons reconnu que la ponction n'aurait apporte qu'un bien i'aible soulagement a la malade; car, d'une part, I'autre rein 6tait tr^s-malade, et il est douteux que la maladie y eiit arrets ses progrfes; d'autre part, la ponction n'eiit vide qu'une des loges du rein droit, et plusieurs des loges cpii auraient persists etaient inaccessibles aux instruments chirur- gicaux. OBSERVATION WWm FRACTIRE DE L'APOPHYSE Z\GOMATli}^E (DIREGTE) ET DE L'ARCADE DU TROU SOUS-ORBITAIRE * (INDIRECTE) AVEC COMPRESSION DES NERFS UENTAIRE ANTERIEUR ET SOUS-ORBITAIRE; SUIVIE d'anesthesie PARTIELLE; lue a la Sooiete de Biologie, dans la seance du 51 decembre 1853; Par M. HIFFELSHEIM, Obs. — M... fit line chute en avant, apres avoir gliss6 des deux pieds sur la glace, et tomba d'aplomb sur le c6te gauche, face conire terre. Le malade ressentit a I'instant une douleur assez vive, et apres s'6tre rele - ve sans aucun autre accident, il rentra chez lui. Le lendemain de la chute, voici I'^tat des parties : La joue gauche est leg^rement tumeflee ; au niveau de I'apophyse zygo- raalique existe une depression notable, et les teguments qui la recouvrent sont ecchymoses. Les doigts appliques en avant et en arrifere de la surface contuse ne produisent qu'une tr^s-douteuse crepitation, lorsque Ton essaye de produire un frottement. La machoire inferieure jouit de la liberie de ses raouvements, maisnon sans provoquer quelque douleur. Puis le malade attire I'attention sur une insensibilite de la joue et de la narine, et d'autre part une vague gene au niveau du trou sous-orbitaire. En examinant de plus prSs cette region de la face gauche, on constate avec les doigts une crepitation du pont osseux du trou sous-orbitaire. II n'est pas possible de constater quelle part prend I'os malaire dans ces deux fractures, dont I'une correspond a son angle posterieur, I'autre a I'ante- TOME V. 13 170 rieur. Le nialade se plaint d'ailleurs de ne pas sentir la narine gauche; il lui setnble moucher le ncz d'uii autre, quand il se mouche de ce c6t^, Les dents de la moitit? superieure gauelic ne transmettcnt aucune sensa- tion. 11 ne sent pas les aliments (pii arrivent a leur contact, et ne pouvant par consequent en faire usage, il macbe du c6te oppose. La joue gauche est insensible dans un espace limite par la paupic^re inferieure et la commissure gauche des levres d'une part , le dos du nez et le milieu de la joue de I'autrc. L'ne plume, unc aiguille promen^e sur cette surface, ne sont pas seniles par lemalade. Introduites dans la narine, il ne les percoit pas davantage ; nean- nioins la narine est humide, ainsi que la rauqueuse buccale correspondant aux parties insensiblcs. La paupiere inferieure, peu sensible, n'est ni plus seche ni plus rouge cpie celle du c6t6 oppose. En buvant, le malade sent le verre jusqu'au milieu de la l^vre ; mais la sensation n'est pas brusquement interrompue an niveau de la moitic gauche ; elle se perd peu a peu vers la commissure gauche des levres. La motilite est un peu Icsee dans toute la region insensil)le. Quoique Vaccident remonte a deux mois, une partie des ph^nomSnes per- siste encore. (Nous devons a Tobligeance de M. Pidoux de pouvoir livrer au complet cette observation a la publicite.) Appreciation. — Comme on en pent jugcr d'apres cette description, le malade en question s'etait fracture I'apophyse zygomatique par contusion et directement ; ce qu'attoste au besoin I'ecchymose. Les symptdmcs n'offraieut rien de particulier. Les auteurs out signale le peu de displacement des fragments que I'on a retrouvfeici. Du reste, il ne nous est pas hien prouv^ que la fracture ait ete complete. La fracture au niveau du trou sous-orbilaire etait par contre-coup, probablement. D'abord, a priori, il est asscz difficile de tomber k la lois sur I'arcade laterale et sur la partie anterieure ; cnsuite pas d'ec- cliymose; enflnlepont creus6 dans le maxillaire, en ce point, doit en diminuer la resistance. Si I'ecchymose avail manque on dehors, on enlpu admettre une chute sur le malaire, et une fracture par contre- cou]) de I'arcade zygomatique. La rarete des fractures au niveau du trou sous-orbitaire nous parait incontestable; car nous n'avons dcScou- vert aucun auteur qui Tail signalee. Ce qui donne de I'importance a cette fracture, c'est la perturbation de seusibilite qui la suivie. Et, disons-le de suite, les efl'ets produils par la compression du nerf sous-orbitaire, etc., sont aussi nets qu'uu physiologiste le pent desirer. Los anastomoses vasculaires ont r^pare 171 ^a perturbation circulutoire, comnie d'ordinairo. Mais les anaslomos^C'^. vies nerfs ne peuvent pas produire de semhlal^les effets ; ce qui con- tredit la tlu^orie du fluide, ct TidiJe que Ton se fait en general du mode de transmission de Faction nerveuse. La region auesthesiee comprenait, on le sait, des parties qui recoi- vent des filets de differentes branches du trijumeau. Ccpondant le nerf sous-orbitaire se distribue dans chacune de ces parties, de sorte que sa lesion entrainant une perturbation dans la sensibiliti"-, on ne voit pas trop pourquoi le nasal externe, le nasal interne, le palatin anterieur, le sph^nopalatin qui s'anastomosent cntre eux, n'ont point r^tabli ou conserve les propriet63 sensibles, Le nerf olfactif, qui ne s'anastomose avec aucun d( s nerfs de sensibilitt?, elant intact, I'olfac- tion 6tait conserves. Une circonstance tres-frequente, mais absenteici, pent dans ces cas induire en erreur. Lorsque par suite de la lesion de secretion, la muqueuse est dessechee, I'absence de la principale con- dition de I'olfaction entraine rabolilion de celle-ci. Le nerf alors est in potentia, non in aclu. L'integrit6 des filets paiatins suffit-elle pour expliquer rbumidit6 de la narine? L'insensibilite des dents est un fait d'aiitant plus important a noter qu'elle montre quel genre de vitalite existe dans ces organes, et a quelle fm. La compression du nerf dentaire anterieur, qui se rend aux incisives, canine et premiere molaire correspondante, en rendrait bien raison Mais cette compression suppose la fracture de toute repaisseui- de I'os au niveau du canal. II y aurait a chercher si un violent ebran- lement jwurrait a lui seul produire la paralysie d'une branche sensi- tive, si enfin cet ebranlement peut paralyser les filets moteurs du fa- cial ([ui s'anastomosent largement avec le nerf sous-orbitaire. Ces pa- ralysies p6ripheriques complexes sont bien autrement difllcilesa otu- dier que les paralysies centrales, partant d'une bemorrbagie trauma- tique, comme nous avons vu, entre autres, un cas (5«, 6% 7' paires craniennes) chez M. Rayer, et un autre d'hemorrhagie spontanee (5% 6% 7% W paires) cbez M. Rostan : le premier plus locaUse, le second accompagne d'une b^miplegie complete. Les lesions partielles des branches du trijumeau ne sont pas tres- rares; nous trouvons, signal^s dans Romberg (Path, du syst. nerv., lexte allem.) quelques cas fort remar(iuables, que nous rapprocherons de notre observation, a cause de leur analogic. Obs. 1 — Un liomme expose au I'roid f«t pris de douleurs a la face gaiicJje. 172 Ct'ttc jouc, la fosse niisale gaiiclie ot la peau qui la oouvrent, dcvinrent insen- sibles ; il en fut Jc mC'me de la muqueuse Inicoalc et des gencives de ce c6te. Par moments les douleurs revenaient dans cette partie insensible. L'oeil ^tait larmoyant, la narine seche et dispost'^c a saigner, ainsi que la gencive corres- pondantc. Ce cote blenissait avec uno extreme facilite sous I'inlluence dii froid. Puis sufvint une tumefaction de I'os nasal ganche en meme temps que des douleurs tr^s-aigues. On gu^rit le malade par I'iodnre de potassium a I'exte- rieur. (Romli.l Obs. II. — Ch. Bell vit une dame qui se plaignait d'eprouver en buvant la sen- sation de verre casse. Toute la partie fournie par le nerf mentonnier etait in- sensible. Bell, en remontant avec le doigt la branchc verticale de la ma- ctioire, d^couvrit une tumeur comprimant le nerf maxillaire inf^rieur a son entree dans le conduit. Obs. III. "- Le meme Bell mentionnc aussi un cas d'insensibilite de la levre inferieure aprt^ I'extraction d'une molairc inft'rieure, du c(M corres- pondant. La malade, en buvant, eprouvait la sensation du verre cass(5. L'au- teur pr('sume que le nerf dentaireavait 6te Ic'-se an niveau de cette dent, et de la resulta I'insensibilite du nerf mentonnier. Dans les 16sions de la sensibility de la narine, I'olfaction n'etail ja- mais compl^tement abolie, les parties sup6rieures ctant restees hu- mides sans doute. La rongeur des conjonctives et des miiqueuses en general, leur secheresse, leur tendance a saigner, a s'ulccSrer, tels sont les caracteres que Ton a g^neralement signales dans les cas de lesion de la 5' paire. C'est la aussi ce que Ton observe apres sa section. (Magendie.) Cependant rien de tout cela ici , ni la sensation nette du verre casse : anesthesic pure et simple. On voudra reraarquer avec nous que le premier cas est douteux, quant a la cause de raneslhesie. Ce doute reserve neanmoins I'influence incontestable du froid, qui produit I'hyperesth^sie, raneslhesie, el surtout les paralysies de la 7" paire. Or ce que le froid pent fairc, pourquoi un ebranlement ne le ferail-il pas? Cette reflexion nous est suggeree aussi par lu seconde observation de Bell. Nous nous proposons de rechercher expt^rimen- lalement la solution des difFerentes questions que nous nous sonunes posees, et nous en entretiendrons la Socitit^. MEMOIRE SUR L'ANATOMIE DES TUMEURS ERECTILES, Par M. le Docteur CHARLES ROBIN , Profosseur agrig^ i la FacuU4 de mftdecine, etc. PRELIMINAIRES, Lorsque, dans I'^tat actuel de Tanatouiie et de la physlologie, nous employons Texpression tissu erectile, nous savons d'une manifere pr6- cise quelle est la disposition anatomique, toujours la meme, qui s'y rattache. Nous savons qu'il s'agit d'un tissu pr^sentant une trame ar^olaire form6e de faisceaux de tissu cellulaire, accompagti6s de fibres 61astiques et de fibres rausculaires de la vie organique. Et quelles que soient les vari6t6s qu'il peut offrir dans les corps caverneux, le gland, le bulbe de I'ur^tre, celui du vestibule, la meaie disposition fon- damentale se retrouve partout; comme, quelles que soient les diffe- rences d'aspect du tissu cellulaire ou du tissu musculaire , vers les sphincters et dans les membres, ou d'un animal k I'autre, partout la meme structure fondamentale se retrouve, avec des modifications, niais au fond tr6s-secondaires Wous savons aussi d'une manifere precise , lorsque nous employons I'expression tissu erectile, quel est, au point de vue physiologique, rordred'id6esque nous devonspoursuivrepour voir la propri6t6d'ere<:- tilile se manifester, ou, au contraire, cesser d'etre en jeu. Lorsque, d'autre part, dans I'^tat actuel de I'anatomie et de la phy- siologie pathologiques, nous employons les mots tumeurs fibreuses, I7Zj (ipoinateuses ou adipeuses, glandulaires hypertrophiiiiies, fibro'plasii- qiies, epidermiques ou epilheliales, etc., nous savons tr^suettement qu'il s'agit de productions morbides nettement caract6risees par les elements du tissu cellulaire , de I'adipeux , du glandulalre , d'61e- ments fibro-plastiques, de ceux de I'epiderme; 616ments qui ont augmente de norabre outre mesure dans telles ou telles conditions, en presentant, selon la nature de celles-ci, telle ou telle modification de leur arrangement reciproque ou texture normale , avec ou sans aug- mentation de volume. Nous savons m6me d^jci quelles sont les modifi- cations survenues dans les propri6t6s du tissu. Nous savons 6gale- ment, pour le tubercule et le cancer, qu'il s'agit de la production d'elements anatomiques qui n'existaient pas dans I'etat normal (cor- puscules du tubercule et cellules cancereusesj, et nous savons aussi quelles sont les modifications qu'ils ont entrainees dans les tissus au sein desquels ils se sont produits. L'expression twneiir erectile est inexacte, en ce qu'elle fait croire k tort h. la production accidentelle d'un tissu anatomiquement analo- gue k celui du tissu erectile et jouissant de propri6t6s physiologiques analogues aussi. L'examen anatomique des tumeurs susceptibles de s'^rigey dans quelques circonstances pour revenir ensuite sur elles- memes, montre en effet qu'elles n'ont rien de la structure du tissu erectile normal. Si, d'autre part, on tient i rapprocher les unes des autres toutes ces tumeurs, parce qu'elles deviennent turgescentes lorsqu'on les place dans une situation declive : lorsqu'on vient k comprimer les veines qui en rapportent lesang, parce que celles de la tete se gonflent du- rant la congestion c6phalique amende par la colore, la honte, la dou- leur, etc., I'anatomie viendra montrer que les tumeurs de nature tr6s- diverse sont dans ce cas. La physiologie montrera 6galement qu'il n'y a rien d'uniforme dans ces causes de turgescence, qui puisse etre compare i ce que pr^sente d'uniforme et de constant le m^canisme de I'erection dfes qu'on se reporte k I'examen du tissu Erectile de la verge et de la vulve, ainsi que des vaisseaux qui s'y jettent. Ces faits etant precises, et I'esprit 6tant pr6venu centre la confu- sion qu'entraine uneexpression ing^nieuse et seduisante, mais en dis- accord avec les faits, passons h I'examen anatomo-pathologique des tumeurs qui ont pour caractere phj'siologiquecommun de se gonfler dans certaines circonstances qui sont tres-divcrses. 175 DIVISION DU SUJET. Anatomiquement, on distingue trts-nettement quatre esp^ces de tumeurs sanguines susceptibles de devenir turgescentes , dont j'ai vu quelques exemples de chacune. J'y joindrai aussi une cinquifeme es- pfece form6e par les vaisseaux lymphatiques, tumeurs qui sont sus- ceptibles aussi de se gonfler, de presenter une sorte d'^rection. Ce sont : 1° les tumeurs (dites 6rectiles) fornixes par dilatation des troncs art^riels ; 2° Les tumeurs form^es par dilatation g6n6rale, avec dilatation d'es- pace en espace des vaisseaux capillaires, qui ont pour type les nwvi malerni vasculaires, quel que soit leur volume; Z* Les tumeurs formees par dilatation des veines, dilatation g6n6ra- lement irr^guli^re : tels sont les hemorrhoides, le cirsocfele, le vari- cocele, etc., tumeurs analogues anatomiquement, et dont les symp- t6mes ou ph6nom6nes qu'elles produisent ne variant qu'en raison du si6ge qu'elles occupent ; !x° Les tumeurs formees par rupture des artferes ou des veines, pr6- sentant des cavites plus ou moins grandes, limit6es par des lames de tissu cellulaire ou par celles du tissu spongieux des os, avec ou sans caillots dans les plus grandes cavites. Reprenons actuellement la description anatomique des vari6t6s qui viennent d'etre indiqu6es. I. — TUMEURS CIRSOiDES ARTERIELLES. Dans le premier groupe se rangent les tumeurs dites andcris- mes cirsoides, bien 6tudi6es dans ces derniers temps. II faut en rap- procher certaines tumeurs qu'on observe particuli^rement k la tempe ou dans le reste du cuir chevelu , et qui sont form6es par dilatation des artSres devenues flexueuses, i parois plus 6paisses, et qui sem- blent Stre plus nombreuses qu'i I'^tat normal, sans qu'il y ait pourtant autre chose qu'augmentation de volume des arterioles qui sont deve- nues visibles k I'ceil nu. Le si^ge et le volume des artferes afl"ect6es sont les seules particula- rit6s qui distinguent ces tumeurs des an^vrismes cirsoides; mais ralt6ration des art^res est la meme , ainsi qu'il resulte pour moi de Fexamen d'une tumeur de ce genre si^geant h la tempe droite et oc 176 cupant une surface de la largeur du quart environ de la paume de la; main. II n'y avait pas de coloration de la peau, comme dans les navi materni. Cette membrane 6tait seulement amincie. Les arttjrea tr^s-flexueuses devaient pendant la vie presenter des sortes de pelotons vermiformes et r^nitents ; mais je ne I'ai pu voir que sur le cadavre. Elles avaient un volume variant entre celui d'une plume d'oie et quelques dixifemes de millimetre. 11 y avait S, la fois augmentation de calibre et d'epaisseur des parois. L'augmentation d'^paisseur portait sur la tunique jaune ^lastique, qui etait plus rouge et plus molle qu'elle n'est habituellement dans la temporale. On re- marquait une certaine quantity de granulations graisseuses dans V^- paisseur de cette tunique. La tunique externa ou celluleuse, tr6s-d6- veloppee, etait 6galement evidemment 6paissie, tres-adherente au tissu cellulaire ambiant. Celui-ci 6tait peu abondant, et formait comme de minces cloisons entre les arteres dilatees et flexueuses; on y trou- vait des fibres de tissu cellulaire, des fibres ^lastiques minces, rami- fi^es, presque sans anastomoses, ainsi que des elements fibro-plasti- ques (noyaux et fibres fusiformes). Ce sont les tumeurs de ce genre qui sont designees par divers au- teurs sous les noms de fongus hematode ai'teriel, tumeurs fongueuses sanguines arlerielles acquises (par opposition auxneevi materni), tu- meurs variqueiises arlerielles. Je crois inutile de combattre les ex- pressions de fongus hematode, ou de tumeurs fongueuses sanguines : ce sont des termes trop vagues pour etre employes autrement que comme epithfete, si on ne veut les rejeter tout h fait ; mais ils s'appli- quent a des productions de nature trop diverse pour qu'ils puissent jamais etre employes comme termes generiques , et encore moins comme devant designer des esp6ces d'un meme genre de produits mor- bides. II. — N^VI VASCDLAIRES. Les nsevi materni ou tumeurs fongueuses sanguines arlerielles, ou erectiles congenitales des auteurs, comprennent aussi les tumeurs fongueuses sanguines mixles ou a la fois vcincuscs et arlerielles com- mencanl par les capillaires ; plusieurs auteurs admettent que celles- ci sont differentes des autres neevi materni; mais c'est la une pure by- poth6se que n'a pas v^rifi^e I'observation. Ges diverses tumeurs offrent la structure suivante : 17? Les vaisseaux malades sont les capillaires du derme , surtout les ca- pillaires a deux tuniques ou a deux ordres de noyaux, ainsi que ceux plus gros qu'on peut commencer k voir k Tceil nu. Ce n'est que lorsque la tumeur ne reste pas stationnaire et s'6tend en volume et en epais- seur que les arterioles et veines aboutissantes se dilatent, mais r6gu- lierement, commeellesle font pr6s de toute tumeur quelconque. Elles concourent alors k la production de rh^morrhagie fournie par la tu- meur ulc6r6e ou incis6e, mais ce sont les capillaires dilates et surtout prives de leur contractility normale qui laissent suinter le sang comme d'une 6ponge qu'on exprime. Dans les nsevi et les tumours qu'ils forment en augmentant de vo- lume, on constate facilement au microscope une dilatation des capil- laires, avec amincissement de leur paroi propre; le sang y stationne ou coule plus lentement qu'ailleurs, car toujours ces capillaires sont remplis de globules apr^s la mort ou apres I'ablation, ce qui est meme un obstacle qui rend leur examen difficile. J'ai vu souvent , mais non toujours , ces parois parsem6es de petites granulations jaunatres , graisseuses, g^neralement Isoldes. Un deuxi^me fait qui frappe encore , ce sont les fr^quentes circon- volutions que presentent ces capillaires, soit qu'on observe ceux de deuxifeme ordre ou ceux de troisifeme ordre, c'est-i-dire d6j^ perce- vables h I'oeil nu , mais ne pouvant pourtant etre bien etudi6s qu'au microscope. Ces circonvolutionssont toujours pleinesde globules san- guins, Enfin le fait le plus frappant est caract6ris6 par des dilatations lo- cales, qu'on observe d'espace en espace sur beaucoup de capillaires. J'ai figure les cas les plus tranches, mais qui ne sont pas rares. Un de mes dessins represente les dilatations telles qu'on les voit sur les naevi qui ne sont pas k I'^tat de tumeur, mais detaches seulement. Ce sont, soit des dilatations circulaires, soit des dilatations lat6- rales; elles peuvent aller jusqu'au double du diamfetre du capillaire, d6ji plus large lui-meme qu'i I'etat normal. Au niveau des circonvo- lutions, la dilatation peut d6passer quelquefois de moiti6 celle qui a ete figur^e ici. Dans une tumeur du bras ayanteu pour point de depart un naevus, les dilatations offraient de v^ntables culs-de-sac lat6raux, et sabou- cliaient meme par un orifice r6tr6ci dans le capillaire. On pouvait, par des pressions alternatives sur les bords opposes de la lamellc de 178 verre , faire passer les globules sanguins du capillaire dans le cul-de- sac lateral et vice versa. Je n'ai jamais rencontr6 cette disposition dans les nsevi k I'^tat de taches seulement. II est k noter que jamais je n'ai vu les vaisseaux des papiiles ma- lades, etcelles-ci conservent leur disposition normale i la surface du naevus; c'est tout au plus si elles offrent une 16g6re augmentation de volume k peine notable (1). HI. — TUMECRS DITES ERECTILES VEINEUSES, FONGOEUSES SANGDINES,- VEINEUSES OU VARIQUEUSES. Dans les tumeurs dont il s'agit, ce ne sont plus les capillaires san- guins qui ne sont ni arti^res ni veines , qui sont malades ; ce sont : a. Ou bien les grosses veines, et alors les tumeurs form6es par les vaisseaux malades et susceptibles de se gonfler ou de se vider suivant telles ou telles conditions, s'appellent gen^ralement des varices; b. Ou bien ce sont les petites veines d6ja visibles k Tceil nu, mais faisant suite aux capillaires proprement dits, qui ont eprouv6 une alteration analogue k celle que pr^sentent les prec^dentes; elles donnent ainsi naissance k une tumeur dont la disposition exterieure est diflf^rente , en raison de la dissemblance de distribution des grosses et des petites veines , dont les sympt6mes varient necessairement selon le si6ge du mal. Exemples : a. Les varices sont r^ellement des tumeurs caract6ris6es par des dilatations vasculaires, et susceptibles de se gonfler ou de s'eriger au meme titre que toute autre tumeur dite erectile, mais seulement quand il y a obstacle au retour du sang vers le cceur, tandis que pour celles qui ont les arteres pour si6ge, le gonflement ou erection a lieu dans des conditions inverses. La description-anatomo-pathologique des parois vasculaires ma- ll) Depuis la redaction de ce travail , M. le docteur A. Laboulb^ne a publie une seconde dissertation sin- les n.rri, qui renferrae une lilstoire complete do ces j)roductions congenitalcs ou accidcntellcs. .I.-J.-\. Labonlbone, Shr le N.tVl S EN GENERAL, ET SI R UNE MODIFICATION PARTICVLlIiRE ET NON DECRITE ORSERVEE PANS I'N N^EVl'S DE LA PAl'I'lijRE SUEPRIEIRE. Tht'SC. Paris, 1854, in-i" I pi. 179 lades est toute d'anatomie descriptive ; elle est faite dans les livres, je ne la ferai done pas ici. Des quatre tuniques qui existent dans les veines, les plus hypertrophiees sont la troisieme ou k fibres circulai- res et Vadvcnlice ou a tissu cellulaire; ce sont les Elements du tissu cellulaire qui ont augmente de quantity et non ceux du tissu 61asti- que, ni les fibres muse ulaires de la vie organique; je dis augments, car en meme temps qu'elles se dilatent, les parois des veines vari- queuses conservent leur 6paisseur ou augmentent. La tunique k fibres longitudinales augmente d'6paisseur. b. Des veines du scrotum devenues variqueuses (dilatees, presen- tant ?i et \k des replis , des flexuosit6s , des bosselures ou dilatations lat6rales pleines de sang et quelquefois des caillots fibrineuxjaux veines h^morrhoi'dales qui pr6sentent les memes partlcularites, il n'y a que la difference de siege et de distribution anatomique. 11 faut noter que dans les hemorrhoides le tissu interpose aux veines est du tissu cellulaire accompagn6 d'une certaine quantity d'el6ments fibro- plastiques et de fibres dlastiques peu abondantes. Les dilatations veineuses laterales ou medianes , du volume d'un grain de chenevis h celui d'un pois, ne sont pas rares. II est coramun de les trouver pleines d'un caillot ancien tr^s-noir it la surface et plus ou moins colore au centre. Quelquefois ce caillot est incrust6 de calcaire et forme une veritable phl6bolithe. Les veines dilatees , flexueuses, bosselees, qui normalement formaient un reseau k raailles serrees de petits capillaires, constituent un r6seau de vaisseaux plus ou moins gros , car en se dilatant les vaisseaux ont conserve leurs anastomoses. J'ai observe que le reseau superficiel des hemorrhoides ou muqueux, (lui donne lieu aux h^morragies, est forme de capillaires qui, bien que quelquefois variqueux {k la manifere des plus petits capillaires visibles k I'cfiil nu k la conjonctive, renfles en petites varicosit6s), n'offrent point la disposition d6crite plus haut. lis ne participent pas a la con- stitution du produit morbide persistant ou tumeur liemorrlio'idale ; ce sont les vaisseaux sous-muqueux qui ne sont point des capillaires pro- prementdits, c'est-i-dire ni artferes ni veines. qui sont I'origne del'h^- morrlioide. Quant aux tumeurs fongucuses, sanguines, veineuses, des auteurs et dites par eux etre constitutes par I'agglomeration desradiculosou des origines capillaires des veines, elles sont form6es par dilatation des 180 petites veines dediverses regions. Elles sont plus rares que les autres; on les a vues dans la peau et quelques muqueuses commencer par une tache violette. J'en ai vu une h la Ifevre et une autre sous le p^ritolne , dans la fosse iliaque gauche. L'une et I'autre ^taient constitutes par des veines dilat^es devenues grosses la plupart comme une plume de corbeau, et toutes bosselees qh et \k en chapelet. On voyait de la mani^re laplusevidentede petites veines sous-peri- toneales d'un quart de millimetre de diamfetre etre la continuation et non des subdivisions de veines raoniliformes du volume d'une plume de corbeau, ou de 1 millimetre de diam^tre et au-dessous. Le reste du tissu de ces tumeurs , grosses toutes deux comme une petite noi- sette, ^taitune petite quantite de tissu cellulaire interpose aux veines. Cette tumeur 6tait rest^e pleine de sang noir apr^s la mort; ck et la, dans les bosselures, se voyaient des caillots noirs en partie decolor^s qui etaient certainement anciens, au moins ceux qui ctaient decolores. IV. — TOMEDRS DITES £RECTILES FORMEES PAR EXTRAVASATION DU SANG UORS DES VAISSEADX ROMPUS. La derni^re espece de tumeurs vasculaires susceptibles de se gonfler lorsque la circulation est modifiee ou interceptee momentan^ment, est des plus remarquables, et sa veritable nature n'a pas ete signalee encore. Ce sont des tumeurs caracterisees par une communication acciden- telle (et de cause difficile k determiner, quelquefois une forte contu- sion, ou inconnue) d'un ou plusieurs vaisseaux volumineux avec plu- sieurs cavit6s irr(^gulieres que le sang se creuse aussitot, se fraye entre les faisceaux lamelleux ou non, du tissu oii si(§ge le mal. La premiere de ces tumeurs que j'ai vue et injectee, et qui m'a mon- trti quelle est leur nature, si^geaii dans I'ovaire; elle avait le volume d'une tete d'enfant; une portion etait cancereuse, et I'autre raoiti6 se- paree du cancer par du tissu cellulaire etait form^e par une s^rie de cavit^s irr6gulieres, les unes k peine visibles h I'ceil nu, les autres aplaties ou polyedriques pouvant loger un petit ceuf, et toutes commu- niquant ensemble. Les plus grandes contenaient presque toutes des couches de fibrinc anciennement coagulees et en partie decolorees. L'injection de la veine ovarique remplit la tumeur par plusieurs sub- divisions de la veine , et fit doubler de volume la poition erectile du 181 produit ixioi'bide , au deli duquel Tinjection passa dans les veines du li- gament large et de I'uterus, ainsi que du reste de I'ovaire. Gette tumeur, quiprfeentait plusieurs autres particularites, aete figuree, et le dessin fait partie de I'atlas anatomo-pathologique en vole d'^dition de M. Lebert. L"injection par les artferes vint encore augmenter le vo- lume de la tumeur, ensorte qu'il y avait \k melange pathologique des deux sangs. Je suis reste convaincu, d'aprfes ce fait et la disposition des arterioles rompues s'ouvrant dans les areoles limit^es par des cloisons de tissu cellulaire, que les anevrismes par Erosion ou andvrismes dc Pott sont des turaeurs de ce groupe ayant pour origins les art^res les^es. Une tumeur avec battements de la tete du tibia , et grosse comme une tete de foetus , m'a montre la meme disposition , avec cette particularity que les cavit6s irreguliferes communiquant ensemble etaient limit^es par des lamelles osseuses ou des portions de tissu spongieux, h peine tapissees par un reste de substance m6dullaire, la plupart en partie remplie de caillots anciens disposes par couche. L'examen de cette tumeur m'a convaincu de I'identit^ de ces tumeurs dites anevrismes des OS, tumeurs sanguines de nature douteuse ou fongueuses sanguines des OS, avec celle dont je viens de parler existantdans I'ovaire; seulement tant6telles ont les artferes pour point de depart, tantOt les veines , et alors manquent de battements. Ce sont ces derni^res qui offrent des caillots mous au milieu desquels on trouve plus ou moins de la trame osseuse accompagn6e par des vaisseaux souvent encore assez gros. Quant aux autres particularites de ces tumeurs , elles tiennent k la nature specials du tissu malade ; leur description anatomo-pathologique est faite dans la plupart de nos traites. Mais ce qu'il fallait signaler, c'est ce fait essentiel qu'il s'agit Ik d'une afifection caracterisee par communication de vaisseaux arteriels ou vei- neux avec les interstices normaux, ou accidentellement produits d'un tissu , qui vont s'agrandissant a mesure que le sang presse ; que ces interstices ne sont point une dilatation des vaisseaux ni des sinus acci- dentels tapisses par une tunique vasculaire ; que le sang qui y circule est hors de ses voies naturelles quelconques. Et si le sang ne se coagule pas tout k mesure qu'il y arrive, c'est que dans I'economie au contact de nos tissus (sauf les cas de cachexie) , la fibrine, comme on sait, peut rester longtemps liquide sans se coaguler. Enfin, ces notions etant 182 pr^cis6es , on voii qu'il est impossible de ramener a I'^tat normal uu tissu ainsi 16s6 par les moyens curatifs connus, et que ramputation seule peut dt^barrasser T^conomie de cette production morbide. Dans les tumeursde ce genre, le tissu cellulaire qui forme les cloi- sons separant les areoles est hypertrophic. Les faisceaux adherent plus fortement les uns avec les autres qu'a I'etat normal ; ils renferment aussi un plus grand nombre d'61enients fibro-plastiques, surtout des fibres fusiformes. Une certaine quantite de matiere amorphe nais^nte est interposee a ces Clements, et recouvre quelquefois la surface des cloisons qui est immediatement en contact avec le sang. Cette sub- stance est toujours parsemee de granulations molCculaires souvent graisseuses et de quelques-uns des globules dits grunuteux de Cinflam ■ mation. II y a done hypertrophie des lamelles de tissu cellulaire que le sang a 6cartees les unes des autres par augmentation du nombre de leurs 616ments propres et production de matifere amorphe, etc. Les gros vaisseaux ne sont pas seuls susceptibles de devenir le point de depart de tumeurs de cet ordre par leur rupture ou leur Erosion au milieu d'un tissu qui oifre les conditions favorables k Tinfiltration du sang entre ces faisceaux avec possibility de retour. Au milieu d'une portion dnmuscte vasle interne de lacuisseque j'avais enlevee pour faire une demonstration anatomique , le hasard m'a fait rencontrer une tu- meur du volume d'une cerise, d'un rouge noiratre de sang veineux, ^cartant les fibres musculaires sans les englober, non enkystee,mais i\. contours bien distincts de ceux du tissu voisin. La coupe de la tumeur a un aspect charnu rougeatre, de consistance spongieuse, et la pres- sion en fait suinter le sang d'une manifere uniforme k toute la surface en petites gouttes se reunissant aussitot en nappe, tellement elles sont rapprochees les unes des autres. Un fragment examine k un grossissement de 150 diamfetres raontre un tissu areolaire a mailles ou cavites arrondies, communiquant avec celles qui les avoisinent, et larges de 1 ^ 3 dixi^mes de millimetre. Les faisceaux ou lamelles qui les circonscrivent sont aplatis ou ar- rondis, h peu prfes de meme largeur que les espaces ar6olaires qu'ils limitent, sont unis entre eux par des subdivisions de meme diamt^tre que les faisceaux eux-memes, et c'est ainsi qu'ils circonscrivent les espaces pleins de sang, plus ou moins comparables aux 'cavites ou canaux des Sponges. Lesbordsde ces faisceaux sont pales et transparents; leur tissu est 18o stn6 etfinement granuleux. 11 a I'air fibroide, mais la dilac6ration y montre plus de fibres de tissu cellulaire que de mati^re amorphe, et pas ou presque pas de fibres elastiques flexueuses. Ces fibres de tissu cellulaire sont un tissu de nouvelle production, du moins en partie, car elles ne sont pas aussi nettement isolables, aussi r^gulierement onduleuses que celles du tissu intermusculaire voisin, bien qu'il soit assez facile de dilac^rer les faisceaux de la tumeur (1). On y trouve, en outre, beaucoup d'61ements fibro-plastiques fusi- formes tres- allonges. II importe de noter que les bords de ces fais- ceaux en contact avec le sang des cavltes qu'ils circonscrivent ne sont pas tr^s-nettement limitfo, c'esti-dire ne sont pas tapisses d'une membrane ni partout reconverts par la matifere amorphe granuleuse qui en fait partie; car on voit des elements fibro-plastiques fusiformes, dont une portion fait saillie et flotte dans la cavite des areoles avant qu'on ait execute aucune dilac^ration. Aucune art^re un peu volumineuse n'arrivait k la tumeur; elle ne recevait que des arterioles du tissu musculaire. Elle adherait h un grand nombre de petites veines, dont les plus grosses avaient le vo- lume d'une plume de corbeau, et qui toutes avaient I'aspect variqueux. Elles se perdaient dans le muscle auquel elles appartenaient. Plu- sieurs contenaient des caillots anciens, noirs, encore mous. On pou- vait en pressant la tumeur faire refluer du sang de celle-ci dans ces veines sans qu'il fut possible de voir si les areoles du tissu morbide communiquaient directement par des trous avec ces veines ou avec quelques branches d'un demi-millim^tre, qui s'enfoncaient dans la tumeur. Ayant pu fendre deux de ces veines dilat^es, je n'ai vu k leur face interne que des orifices reguliers, par lesquels refluait le sang lorsqu'on pressait la tumeur. V. — TUMEUnS LYMPHATIQDES. Je signalerai enfin des lumeurs erectiles lymphatiques; je n'en ai ja- il) Depuis la redaction de ce travail, M. Verneuil a presente a la Soci(5t6 de Biologie une tumeur du foie ressemblant a la precedente , mais im peu plus grosse et de structure tr6s-analogue , ainsi que j'ai pu le conslater sur une parlie de la pifece que je dois a son extreme obligeance. Comme ce fait lui appartient, je n'en fais mention que pour montrer que celui dont je parle ne doit pas 6tre considere comme exceptionnel. 18/i mais diss6qu6, mais j'ai vu sur un homme de 50 ans un cas de tumeur des lymphatlques du gland qui , comprimes par le prepuce pendant r^rection, formaient en se dilatant, sur le c6t6 du frein, une tumeur demi-transparente, arrondie, bossel6e,du volume d'un gros pols. II est possible que des tumeurs de ce genre se rencontrent ailleurs. La min- ceur de la muqueuse qui couvre celle-ci porte h, croire qu'elle pour- rait se rompre durant le coit dans certaines conditions de disposition des organes sexuels femelles, ce qui pourtant n'est pas encore arrive au sujet qui porte cette tumeur. MEMOIRE SUR TROIS PRODUCTIONS MOEBIDES %U DEaiTES; Par mm. les docteurs CHARLES ROBIN et LABOULBENE. PRELIMIIVAIRES. Les classifications des produits morbides ^.tablies d'apres la seule connaissance de leurs caracttsres extdsrieurs, conduisent k ranger dans les memes groupes des tissus ou des liquides de natures tr^s-difif^- rentes. La justesse de cette affirmation est demontr^e tous les jours par les progr^s de I'anatomie gen^rale. Par nature des tissus ou des liquides, nous voulons designer seule- ment leur composition elementaire. C'est ainsi, par exemple, qu'un organe sera reconnu de nature nerveuse ou musculaire , selon qu'on aura bien constate qu'il se compose des tubes ou elements nerveux, ou des fibres dites musculaires; que des tumours seront dites de nature 6pidermique, fibreuse, lipomateuse, tuberculeuse ou cancereuse, selon qu'on aura bien vu qu'elles sont principalement constitutes par des cellules 6pitheliales, des fibres du tissu cellulaire, des v6- sicules adipeuses , des corpuscules tuberculeux ou des noyaux et cel- lules h6t6romorphes, dites cellules cancereuses. En un mot, de meme qu'on determine la nature d'un compost chimique par la recherche de ses 616ments , de meme aussi celle des tissus doit etre d^termi- n6e par I'examen et la description des parties ^lementaires qui les TOME V. 14 186 composent. C'est la m6me m^thode appliqu^e i des corps d'ordre dif- ferent, avec les modifications exig6es par la plus grande complica- tion de ces corps. Le nombre des elements anatomiques est conside- rable, mais pourtant moindre que celui des elements chimiques. On pent dire qu'ii peu de choses prfes, le nombre des esp^ces de ceux qui entrent dans la composition des tissus normaux est connu. D'autre part , le nombre des elements, dits heteromorphes parce qu'ils ne se rencontrent nulle part i I'etat normal , mais seulement dans diverses circonstances morbides, est comparativement tres-petit ; le tubercule, le cancer et le pus sent les seuls qu'on ait rencontres et decrits. Cepen- dant il ne faudrait point affirmer que ce soient les seuls qui existent; car il est certain qu'avant d'avoir etudie un nombre fort considerable de produits, il sera impossible de rien preciser i cet egard. Ce nombre ne saurait etre devin^ , et I'experience, I'examen seuls pourront nous guider dans cette appreciation. En un mot, on ne pent ici rien juger A priori, et les faits enonces ne doivent etre et ne sont, dans nos re- cherches, que I'expression de resultats fournis par I'observation exacte. Enfin, quelque rares que soient certaines esp^ces d'eiements anato- miques, heteromorphes ou non , lorsqu'on a bien constate les diffe- rences qui les separent des autres elements anatomiques, il importe de les faire connaitre, car cette rarete pent n'etre que relative aux conditions dans lesquelles setrouvent I'observateur ou les etres aftec- tes par les produits que celui-ci examine. Or les descriptions suivantes ne laissent aucun doute sur la nature toute speciale des corps que nous allons faire connaitre. liien que dif- ferents les uns des autres en plusieurs points, ils offrent un certain noml)re de caracteres communs. Du reste, et c'est li le fait essentiel, ils ne ressemblent en rien aux especes d'eiements normaux ou mor- bides dej^ connus et decrits. i I. Pbemier FAIT. — Le IG decembre 1SJ2, on apporta al'un de nous (M. Ch, llobin) des fragments d'une Uimeur operee par M. le professeur ?ielut()n. Cette tumeur avail son siege dans le sinus de Tos maxillaire superieur ; elle fut en- levt^e par fragments. Ceux qui furent envoyes pour etre soumis a I'examen etaient demi-transparents par places et blancs, demi-opalins, dans d'autres en- droits. Au nombre de quatre, ils ne depassaient pas cliacun le volume d'uii pois ou d'un haTicot; tous etaient friables, bien que de consistance lardacee. 5 87 .\ucuii ne donnait de sue a la pression ; I't^crasement les rt5duisalt en Qe nou- veaux petits fragments pluWt qu'en pulpe. L'examcnde la structure de ces corps est, sansaucundoute, le point le plus interessant de leur histolre. Le tissu pris en masse etait peu vasculaire. 1° Les vaisseaux qu'ils renfermaient etaient tons dcs capillaires de la pre- miere ou de la deuxit;me variete , c'est-a-dire a une ou deux tuniques. lis etaient trfes-transparents, olTrant d'espace en espace des dilatations ampul- laires ovoides, mais ne renfermant pas trace de granulations graisseuses. 2* On rencontrait dans ce tissu et comme partie la plus abondante, sinon quant a la masse, au moins quant au nombre, des noyaux oroides, longs de 0°"",009 aO""",01 de millim., larges de 0,005 a 0,006, a bords nets, a masse assez claire, peu granuleuse. La plupart d'enfrc cux renferment un nucleole (rarement deux) jaunaire, large de 0,001 de millim., fonce (fig. 19). Ces noyaux sont immediatement adherents les uns aux autres , sans interposition de fibres ni d'autres elements. Toutefois par places , surtout dans les parties blanches des fragments, il existe ime grande quantite de granulations grais- seuses intcrposees aux noyat(a;,et les masquant parfois par places plus ou moins completement. Ces noyaux ont d'une mani^re generate I'aspect exterieur des epitheliums nucl(§aires ovoides, sans que pourtant on puisse les rapporter specialement a I'une de leurs varietes, comme, par exemple, a ceux des culs- de-sac mammaires, dont ils se rapprochent plus que de tout autre. lis difTe- rent des c^pith^liums nucleaires des glandes de la niuqueuse pituitaire par leur forme ovoide et non spherique et par plus de transparence. On peut les consid^rer comme composant la partie fondamentale ou essentielle de la tumeur. Dans certains points, ces rioyaux, au lieu d'etre en masses considerables, coherentes , sans forme bien marquee autre que celle cpie determinent les accidents de dilac^ration, sont dispost^s en cylindres, larges deO,04 a 0,08 de millim., d'une longueur considerable et ne pouvant pas etre determinee; peu d'entre eux preseutent une extr^mittJ qui ne soil brisee. Lorsqu'elle est en- ti^re, onreconnait qu'elle estarrondie, un peu rentlee.Cette disposition pour- rait faire croire a I'exislence de tubes glandulaires hypertrophies ; mais ces amas cylindriques de noyaux s'en distinguent en ce qu'ils n'offrent pas de cavite centrale. Ce sont reellement des corps cylindriques, pleins. Quant a I'arrangement de ces cylindres, on trouve que, simplement contigus les uns aux autres ou separes par des noyaux disposes comme ceux dont nous venous de parler, ils sont plus souvent places au centre d'un faisceau de fibres de tissu cellulaire, qui les entoure et les separe les uns des autres. 3" II nous reste maintenant a decrire les corps vraiment nouveaux auxquels nous avons fait allusion au commencement de ce travail, et qui se trouvent ft^pandus dans toutes les parties de la tumeur (surtout dans les points formes par de simples amas des noyaux, que nous venons de signaler). Leur descrip- 188 lion n'a pas encore tile puLliee ; mais les dessins qui en ont 6t^ fails par I'un (le nous (M. Ch. Robin) ont H6 pr^senti^s a la Soci^t6 de biologie, dans sa seance du 18 decembre 1852. Ces corps ont un diamMre qui varie considerablement ; les plus petits ont de 0,010 a 0,040 de millim. lis sont moins abondants que ceux qui depassent ce volume, et dont nous parlerons plus bas. G^n(5ralement spheriques ou de foraie ovoTde, comprim6s (fig. 19), on les trouve rarement libres, presque toujours plonges au milieu de masses de noyaux. Tantot ils sont isoWs ; d'autres fois ils se touchent en s^rie monili- I'orme (fig. 19i. Quelques-uns, niais rarement, coramuniquent ensemble deux a deux ou trois a trois,par une sorte d'etranglement ou de prolongement tr^s- etroit. Ces corps ont un contour net bien tranclie, mais qui parfois pent etre on- duleux; ils sont tout a fait incolores, d'une bomog(''n6ite parfaite, sans stries ni granulations. Quelques-uns presentent a leur pdriph^rie deux lignes con- centriques ccartees I'une de I'autre de 0,001 de millim., qui semblent indiquer I'existence d'une paroi qui aurait cette epaisseur. Cependant 11 est impossi- ble, par la compression, de les rompre. Ces corps sont tres-elastiques , s'a- platissent quaud on les comprime, mais sans se briser ; il est difTicile en const^quence de savoir si leur contenu est tout a fait liquide ou fonne d'une mati^re amorphe, dcmi-solidc. On ne peut meme s'assurer d'une maniere ab- solue s'ils ont une cavite distincte. L'acide acetique est sans action sur eux. L'acide sulfurique ^tendu ne fait que les gonfler un pen, sans les attaquer. Les corps plus voluraineux ont un diametre qui varie de 0,05 de millim. a 0,2 ; ils sont, dans ce dernier cas, visibles a ra}il nu, comme de petits points incolores, transparenls. La forme de ces corps volumineux est gent-ralement sphSrique (fig. 18 et 19); toutefois quelques-tins sont comme bosseles a la surface et onduleux ; plusieurs repr(5sentent meme une masse a trois ou quatre lobes arrondis. Ces corps-la sont ou bien plonges dans la masse des noyaux, ou bien ils s'en separent facilement par la dilaceration. Sur presque la plu- part adhere une couche de noyaux qui leur forme une enveloppe plus ou moins tenace (flg. 19). Ces corps sont tons egalcmcnt incolores, transparenls, 61as- tiques, se laissant aplatir sans se briser et revienncnt ensuite sur eux-m6mes. Us sont complctement bomogfenes; quelques-uns, mais en petit nombre, ofl'rent les deux lignes paralleles qui semblent indiquer I'existence d'une pa- roi propre, existence deja contredile par la resistance a la compression et Faction des rcactifs, qui est ici la meme que dans les plus petits. Quelques- uns ofifrent, dans leur partie centrale, des stries rayonnantes qui, semblant disposcSes en anse au centre de la masse (fig. 18), se dirigent vers la periphe- rie, sans I'atteindre neanmoins. Ce n'est que dans les plus gros que le point central d'oii partem ces stries est tr&s-legerement granuleux. Plusieurs de 189 ces corps sont souvent r^unis les uns aux autres, au nombre de cinq ou six et nieme plus, par des prolongements simples ou ramifies qui s'etendent de I'un a I'autre (lig. 18). Ces prolongements peuvent avoir une ou plusieurs fois la longueur des corps qu'ils reunissent, ou bien etre tenements courts qu'ils repr^sentent un simple ^tranglement interpose entre eux. Ces prolongements sont cylindrirpies , de volume variable , entre 0,01 et 0,04 de millim. 11 n'est pas rare de trouver appendus sur le cote de ces pro- longements de plus petits corps spheriques , supportes eux-memes par un court pedicule ou 6tranglement (fig. 18); d'autrcs fois, de la surface de ces corps de moyenne grosseurou des plus gros, se detachent des prolongements de forme conique ou irr^guliere, se terminant generalcment enpointe (fig. 18). gll. Deuxieme fait. — Le 20 decembre 1853, fut enlevee par M. Velpeau une tumeur siegeant a la region parotidienne d'un homme. Cette tumeur avail le volume du poing. Elle etait imm^diatement sous-cutanee et soulevait la peau, qui n'^tait point ulcc^ree. La coupe de cette, tumeur faisait reconnaitre que le tiers environ de son (Spaisseur, du cote de la peau, ^tait blanc, opaque, com- pacte, homogene, envoyant des irradiations fibreuses dans le reste de son etendue, qui presentait, au contraire, un aspect rose gelatiniforme. Dans cette portion, la tumeur est molle, coraposee d'une matiere d'aspect colloide, con- tenue, dans des areoles, dont les parois sont limitees par les irradiations de la partie dure ou par des faisceaux fibreux. Elle ne donne aucun sue a la pres- sion. Tout ce tissu, aussi bien dans la partie dure que dans la partie molle, quelle esp^ce pr^sente peu de vaisseaux, et tous sont des capillaires. Feu d'heurcs apres I'op^ration, un fragment de cette tumeur fut apport^ a I'un de nous (M. Ch. Robin) par MM. les docteurs Porcher et Vance, qui, y ayant trouve les corps particuliers que nous aliens faire connaltre, ne savaient a quel produit morbide les rapporter. Nous y avons reconnu la structure qui sera dt^crite plus bas, et le meme jour ou les jours suivants, les memes faits furent constates par plusieurs de nos collogues de la Soci6te de biologic, MM. Rouget, Verneuil, etc. Nous noterons de suite, et pour ne plus y revenir, que nous avons conserve des fragments de cette tumeur, qui nous avait ete remise entiere par M. Rou- get , abandonn^s a eux-m6mes pendant quatre semaines , et qu'au bout de ce temps-la le tissu s'etait altere beaucoup moins rapidement et d'une maniere beaucoup moins prononcec que celui de tissus normaux ou morbides de di- verses natures abandonnes dans le meme lieu. A cette epoque , les corps dont nous allons donner la description etaient encore aussi intacts que le premier jour. Voici maintenant ce qu'on observait dans I'epaisseur du tissu : 1" Des faisceaux de tissu cellulaire, dont les fibres assez fortement adhc- 15a renfes, difficiles a isoler, etaieut accompagnees d'une assez grande cpiantiff de matit're granuleuse. Ces faisceaux composent la trame de la portion blan- che, compacte, dela tumeur, et les faisceaux qui limitent les areoles pleines de matiere gelatiniforme. On observait un point du tissu compacte dont nous avons , parle qui etait incrust(5 de sels calcaires dans une elendue de 1 a 2 centimetres. Cette portion n'offre rien autre de particulier. 1° On trouve une portion considerable de tissu composi'e par des noyaux ovo'ides on rarement spheriqucs (fig. 20i, larges de 0,005 a 0,006 de millime- tre, longs de 0,008 a 0,009 de millim., a contours nets,assez fences, plus fen- ces que dans les noyaux fibro-plastiques. Ces noyaux sont tr6s-granuleux a I'interieur; aussi sont-ils peu transpa- rents. On n'observe pas trace de nucleole, ou au moins il n'existe pas dans leur interieur de granulation volumineuse centrale assez constante pour etre determinee comme nucleole. A. part ce caractfere, ces norjaux otTrent une grande analogic avec les epitheliums nucleaires qui tapissent les culs-de-sac glandulaires, ceux de la mamelle en particulier, avant la lactation. Ces noyaux sont abondants, surfout au milieu de la matiere amorphe, ge- latiniforme. On les trouve soit isoles, soitreunis en masses considerables. Du reste, nous I'eviendrons sur leur disposition en decrivant bientot les corps qui font plus specialement I'objet de ce travail. On trouve, surtout dans la partie moUe, uu assez grand nombre de corps cylindi'iques, ramilies ou non, simulant plus ou raoins des culs-de-sac glan- dulaires, ou tout au moins leurs galnes epitheliales. Ces corps ont une struc- ture analogue a celle des filaments cylindriques que nous avons decrits dans legl- Nous n'insisterons pas de nouveau sur cette structure ; seulement nous rap- pellcrons que les noyaux dont ils sont formes dans le fait actuel sont depour- vus de nucleole, tandis qu'ils en possedaient un dans le premier fait. Dans le cas dont nous parlons, on ne rencontre pas seulement des noyaux, mais aussi des cellules epitheiiales, pavimenteuses, polyedriques, larges de 0,020 a 0,025 de millim., toules pourvues d'un noyau semblable aux noyaux libres. Nous aureus a indicpier plus tard d'une maniere plus precise les points oil on trou- vait ces cellules. 3" Les corps dont nous aliens parler se rencontraient plus abondammeni dans la portion de la tumeur qui avail I'aspect colloide que partout ailleurs, mais pourtant on en rencontrait aussi dans tous les points qui offraient I'as- pect blanc et compacte dont il a ete question, Dans bcaucoup d'endroits de la partie gelatiniforme, ils etaient immediate- ment contigus ou separes seulement par une mince couche de noyaux. Par- tout ailleurs ils etaient separes par ces noyaux d'abord, et, de plus, par les faisceaux fibreux dont nous allons parlor. 11 serait impo.';sible de decrire foutes les varietcs de form.c et do volume que presentaient ces corps singulicrs qui 191 n'ont pas la raoindre analogic avec aucune espece d'element anatomiquc connu. Nous allons n^anmoins passer en revue les principaux modes de con- formation qu'ils presentaient. Laplupart de ces corps 6taient spheriques ou legerement polyedriques, par suite de compressions reciproques. Quelques-uns olTraient pourtant una sur- lace bosselee ou mamelonnee comme celle des corps signales dans la pre- miere observation. Le diamelre de ces corps variait considerablement ; on en irouvait quelques-uns qui avaient seulcment 0,03 a 0,04 de millim. D'autres, lien plus nombreux, offraient des dimensions intermediaires entre les pr(^^c^- dentes et 0,2 de millim. ; ceux-ci etaient alors apercevables entre les deux, lames de verre de la prtjparation, sous forme de petits globules Incolores, transparents. Tons les corps sont complelement incolores. Leur contour est net ; leur substance refracte faiblement la lumi^re ; I'acide acetique est sans action sur eux ; I'acide sulfurique les gonUe un peu et les palit considt^rable- ment, sans les dissoudre en entier. La structure de ces corps est surtout fort curieuse. lis se composent ; o d'une enveloppe complttement homogene, incolore, transparente, toujours sans granulations, ordinairement sans stries (fig. 14), mais pourtant quelque- fois pourvue de tr&s-flnes stries concentriques (fig. 12 et 13i. Cette parol ne pent pas serompre par la compression; elle est fort elastique, se laissc de- primer et revient sur elle-meme. b lis se composent en outre d'un conlenu granuleux ou strie toujours grisatre. Ce contenu ne manquait dans le fait donl nous parlous que dans un tres-petit nombre de corps, tandis qu'il n'en etait pas de meme dans le premier fait. Ce contenu est tantot volumineux par rap- port a la totality du corps (fig. 14), tantot tr^s-petit (fig. 13 et 15). Dansle premier cas, la parol est mince. Dans le deuxi^me, elle est au contraii-e plus (jpaisse. Ce contenu ne change pas de place au centre de ces corps lorsqu'on les fait rouler sur eux-memes ; ils remplissent done complttement la cavit(5 a la ma- niere du noyau dans le centre d'un fruit, d'une drupe, par exemple. Cette par- ticularite fait que ces corps-la ont une enveloppe beaucoup plus epaisse que celle des ovules, de quelque espfece animale que ce soil. II faut noter pour- tant que, dans quelques-uns, on observait a la peripherie de la masse enve- loppante deux lignes concentriques ecartees I'une de I'autre de 0,003 ou 0,005 de millimetre, et semblant limitcr les surfaces d'une enveloppe propre qui aurait eu cette ^paisseur, enveloppe qui aurait renferm6 un contenu granu- leux, spherique, plac6 a son centre et tres-(51oigne de sa face interne. Mais cependant dans ces corps peu nombreux, aussi bien que dans les autres, il t'tait impossible de voir le contenu central changer de place, quels que fus- scnt les mouvemcnts de rotation ou les efforts de compression qu'on fit subir au corps entier. -Nous allons actuellement parler de la .structure propre de cc contenu gra 192 /lulen'i. Siir la iilupart des corps, il est parfaitemeiit spherique, a bords peti fences, mais fn'-s-nets (fig. 13), uniform(5ment granuleux, grisatre; e'est dans ceux-ci que Ion observe, au centre du contenu, un noyau qui manque sur un assez grand nombre (fig. 11). Ce noyau, spherique ou ovoide, est large de 0,010 a 0,012 de millim.,incolore, transparent, a bords nets, a contenu homo- gene, sans granulations. Presque toujours ce noyau renfermc un nucleole, a contour assez fence, a centre brillant. II est spherique ou ovoide (fig. 13\ et assez gros par rapport au volume du noyau. Quelques-uns des corps dont nous parlons ^taient ovo'ides , et alors leur contenu ofTrait la meme forme. Celui-ci ofTrait ce fait remarquable qu'il etait divisi' en deux (mais jamais da- vantage) par un siUon plus clair ou plus fence, suivant les cas, et enti^rement semblable au sillon du vitellus en voie de segmentation. La masse envelop- pante presentait quelquefois elle-meme une depression circulaire au niveau de ce sillon; mais le fait n'etait pas commun. Sur quekpies corps, le contenu avail deux ou trois lignes circulaires, con- centriques , plus ou moins ^cartees Tune de I'autre , comme si ce contenu granuleux eut ^te forme de deux ou trois couches s'emboitant Tune dans lautre. Sur quclques corps, le contenu, egalemcnt granuleux, ofTrait une surface herissee dune myriade de petits prolongements termines en pointe, s'avan- rant du cole de la surface de Tenveloppe et dans Tepaisscur de celle-ci, mais sans jamais atteindre cette surface. Cette disposition donnait un aspect des plus curieux aux corps formes de la sorte. D'autres contcnus, sans presenter une surface h6rissee de prolongements, ont un contour mal delimite, comme si les granulations vers la peripherie etaient eparscs et ecartecs les unes des autres. Enlin quelques-uns olTraient un contenu presque nul, reduit a quelques granulations eparscs, a peu pr^s comme nous I'avons indicpie dans quelques corps du premier fait (fig. 18). On rencontrait quelques corps spheriques, avec un contenu beaucoup plus fence que celui des precedents. Ce contenu etait tantot strie , en forme de ligne rayonnante, a partir du centre [Gg. 14\ tantot circulairemeut.demaniere a presenter une serie de stries concentriques (fig. lOi. La plupart des corps qui ofTraient un tel contenu avaient une paroi relativement mince ; on trou- vait meme de ces contcnus fences et stries completement libres, sans enve- loppe, fait que ne nous ont pas presente les corps a contenu simplement gra- nuleux. Tous ces demicrs corps existaient suilout (sinon exclusivementi dans la portion compacte de la tumeur, ou dans les faisceaux fibreux qui circon- scrivaient les areoles pleines de matiere gelatiniforme. N'ous aliens presentement faire connaiire quelques dispositions bien plus singiiliercs encore des corps nouveaux dont nous parlous , et qui les eioi- gnent davantage, s'il est possible, de lout ce que Ion connait aiijuiird"hui. Tous les corjis que nous allons decrire etaient , a pcu de chose pr^s , aussi 193 abondants que ceux plus reguliers dont il a et6 question jusqu'a present. Nous noterons d'abord qu'oa trouvait una assez grande quantity de corps sph^riques enchaint^s les uns aux autres en s^rie moniliforme, et quelquefois d'unc serie principale se delachait lateralement une serie secondaire. Les corps ainsi disposes 6taient au nombre de deux a six ou environ. Tant6t lis etaient immediafemcnt contig-us (fig. 15), tantot ils etaient separes les uns des autres par des prolongements cylindriques trus-courts ou trfes-longs, selon les cas (fig. 8, 9, 10). Toujours ou presque toujours les contenus granuleux ou stries communiquaient Fun avec I'autre par un prolongement granuleux ou strie de ce nieme conlenu (fig. 8, 9, 10, 15). II r^sultait de la des masses ou filaments moliniformes ayant quelquefois plus d"un millimetre. On rencontrait aussi quelques-uns des corps communi- quant entre eux presentant a leur surface un ou plusieurs prolongements co- niques, avec ou sans continuation du contenu dans leur epaisseur (fig. 15). II existait enfln un nombre assez considerable de corps cylindro'ides, longs de quelques centiemes de millimetre a un millimetre ou environ, composes aussi dune enveloppe liomog^ne et dun contenu granuleux ou strie. Ce con- tenu remplissait quelquefois (fig. U), mais pas toujours, I'enveloppe.Ces corps cylindroides ou aplatis, toujours allonges, portaient assez souvent sur leur longueur un ou plusieurs corps spheriques pareils a ceux decrits en premier lieu, soit sessiles, soit pedicules, gencralement de petit volume, a contenu communiquant ou non avec celui du corps cylindroide qui les portait. Ces corps cylindro'ides oflfraient frequemment des expansions ou branches apla- ties, homogenes, sans contenu, quelquefois subdivisees elles-memes un assez grand nombre de fois en minces et etroites lanieres, a la maniere des fibres du tissu elastique. Dans quelques cas , ces expansions ne presentaient que de simples fissures ou boutonnieres dans leur milieu, ou des incisures a leurs bords ou a leurs extremites. Eniin, dans quelques circonstances moins com- munes que les precedentes, ces prolongements cylindro'ides, fusiformes, co- niques ou irreguliers, etaient une simple dependance des corps spheriques isoles ou en chapelet, et alorsleur contenu communiquait par un prolonge- ment etroit avec celui des corps spheriques (fig. 10, 111. Nous terminerons cette longue description par I'examen d'une disposition moins commune offerte par les corps spheriques, et par 1" expose de I'arran- gement des noyaux de repithelium autour de tous ces corps. On trouvait ca et la un certain nombre des corps spheriques que nous avons decrits en premier lieu, reunis au nombre de six a douze dans une seule en- veloppe extremement mince, mais pourtant ditricile a rompre. La face interne de cette enveloppe et les espaces laisses libres entre elle et les corps, et de I)lus entre les difTerents corps eux-memes, etaient completement remplis par des noyaux et par des cellules depitheiium pavimenteux ayaut des noyaux ovo'ides semblahles aux noyaux libres, Ces epitheliums pavimenteux en par- 19/j ticulier etaient r^guli6rement disposes a la surface des corps spberiques,aux- quels ils formaient une sorte d'cnveloppe epilh^liale assez reguliere. Un Ir^s- grand uonibre des corps soit cylindriques, soil cylindroides, dont nous avons parle precedemment oflraienl une couche d'epithelium pavimenteux, ou plus souvent une couche de noyaux seulement qui les recouvrait d'une mani^re complete. Cette couche etait, du reste, facile a enlever, soit completement' soit partiellement, a I'aide de pressious exercees sur les lames de verre du porte-objet. Lorsque M. Rouget et Tun de nous (M. Ch. Robin) eurent pr6sent6 k la Soci6t6 de biologie les dessins de ces corps, quelques membres de la Society les comparerent ^ des ovules d'animaux parasites, par exeniple ; sans aucun doute, dans cette comparaison, ils n'ont tenu compte que des corps les plus r<5guliers , et lors merae que Ton se bornerait h Texamen de ceux-ci, il serait impossible de leur trouver une autre analogie avec les ovules que celle d'etre compost^s d'un con- tenant ou masse enveloppante bomog^ne et d'un contenu. Mais les variations de forme et de volume de la masse totale, les variations du volume du contenu par rapport ^ la masse enveloppante, eloignent completement ces corps de toutes les esp^ces d'ovules connus jusqu'i ce jour. De plus, les variations de forme et de structure granuleuse, stride, fibroide du contenu, Eloignent davantage encore ces produc- tions accidentelles des ovules de quelque esp^ce animale que ce soit. Aussi laissons-nous toute laresponsabiIit6 del'opinionemise^ceux qui s'en sont constitu6s les defenseurs. Pour nous ces corps ainsi que les precedents et ceux dont il nous reste a parler, nesont autre chose que des productions morbides accidentelles, fort singuliferes il est vrai, et qu'on ne peut rattacher i aucune de celles connues jusqu'i pre- sent, mais qui, i part la forme de quelques-unes d'entre elles, s'61oi- gnent pour le moins autant des ovules que des productions morbides connues. g III. TROisiiiME FAIT.— Le 30 Janvier 1854, noscollegues MM. Broca et Verneuil re- mircnt a I'undc nous (M.Ch. Robin) unetumeurenlevee parM.Chassaignac de- puis plusicurs jours. Cette tumeuravait pour point dedt^part les fosses nasales, et faisait sailliesurles cotes de la racinedu nez, pres de I'orbilc. La portion que nous avons examinee etait en fragments dont I'ensemble uvaitle volume d'une noix environ. La couleur elait d'un Wane legirenient tran^parcnt par places, rougeatre dans d'autres points. EUe etait friable, se dechirait en petits 195 fragTiients avec une assez grande faciliti^, ou, suivant les moyens employes, en couches plus ou moins ^paisses. EUe ne donnait point de sue, et par le Hiclage se reduisait en pulpe grisatre, moUe. Les portions rougeatres se composaient exclusivement de noyau* ovoldes ou spheriques, granuleux a I'interieur, fonc^s, sans nucleole proprement dit, a contours reguliers (llg. 7). On trouvait en outre dans cette portion-la une certaine quantite d'elements fibro-plastiques, tant noyaux libres que fibres fusiformes , et une certaine proportion de maticre amorphe unissante. Les portions blanches, plus friables que les preccdentes, sont composees entierement : 1° Paries noyaux que nous venous de decrire, ils sont imm^diatement co- herents les uns centre les autres, et constituent la partie essentielle et fonda- mentale du tissu. Ce tissu etait lui-meme fort pen vasculaire dans toutes ses parties. 2° On y rencontre une grande quantity de corps particuliers, plus ou moins analogues a ceux que nous avons decrits precedemment, mais pourtant beau- coup moins abondants que dans les deux premieres circonstances. Nousallons en donner la description : a. On rencontre en premier lieu des corps spheriques, variant de volume depuis 0,0"5 jusqu'a 0,085 de millim. Deux ou trois nous ontprcsente un dia- metre deO,l de millimetre. La plupart sont spheriques (fig. 13 et 17); d'autres sont ovoides, a surface maraelonnee. Tons presentent une parol et une cavite distincte. L'epaisseur de la parol varie de 0,002 a 0,006 de mill,; elle est transparente, homog^ne, a contours nets et fonres. Quelques-uns pourtant offrent un epaississement sur quelques parties de leurs parois, qui en ce point peut offrir 0,01 et jusqu'a 0,02 de millim. dY'paisseur (fig. 10), et cette portion plus epaisse, au lieu d'etre homogene, est grauuleuse (fig. 16). Le contenu est transparent, semble etre demi-liquide, parseme de gouttelcttes claires, spheriques, pales, ayant de 0,002 a 0,006 de millim. dediametre. Dans quelques-uns, il est seulcment granuleux (fig. 16); sur d'autres, en petit nombre, il est tout a fait homogene. Sur une assez grande proportion enfin, il renfermeun ou deux corpuscules granuleux, spheriques, larges de 0,02 a 0,03 de millim., occupant ou le centre ou bienles cotes de la cavite des corps. h. On rencontre une asscz grande quantity de corps cylindroides, simples ou ramifies, termines par une extremite arroudie ou un peu aiguc (fig. 1 , 2, 4K Le diametre de ces corps varie, pour la largeur. de 0,04 a 0,07 de millim. Quant a la longueur, elle peut alfeindre un demi-millim. et meme plus. Ces corps cylindroides se composent dune enveloppe scmblable a celle des corps spheriques, mais nc depassant pas 0,005 de millim. d'cpaisseur. lis presen- tent en outre une cavite reproduisant la forme que presentele corps, ou in- 196 ierronipue dans les endroits oil les corps sont le plus resserr^s (fig. 2). Cetle cavite est remplie d'un contenu uniform^ment granuleux. Tous les corps ([ue nous venous de decrire (a et b) sont recouverls d'une couche formOe d'une seule ou de plusieurs rangucs des noyaux qui com- posentla tumeur (fig. 1 et4). Sur quelques-uns, ce ne sont point des noyaux qui les entourent, mais blendes cellules d'^pitheliumpavimenteux, rcgulieres, ayant un noyau semblable aux noyaux libres (fig, 2). Cette couche envelop- pante est tres-facile a detacher des corps sphcriques; mais elle adhere bien plus fortement aux corps cylindroides, ce qui rend r6tude de ceux-ci beau- coup plus difficile (fig. 1, 2, 4) et ne permet d'apercevoir facilement I'epais- seur de la parol et la nature du contenu que sur les plus petits d'entre eux. Tous ces corps nous ont offert les m6mes reactions chimiques que ceux ob- serves dans le cas pr6c6dent. c. On rencontrait cnfln, au milieu de cette tumeur, un petit nombre de cor- puscules sphcriques, ovoides ou de forme irrCguli^re (fig. 3 et 6), les uns gri satreset uniformument granuleux (fig. 6), les autres pen granuleux, mais creu- s6s dexcavations an'ondies ou sinueuses, remplies d'un liquide clair, dc teinterosCe (fig. 3). SUR UNE MODIFICATION PARTICULIERE OBSERVEE DANS UN NtEVUS vasculaire PROilitlllfAIVT I>K liA PAlIPli;RE SVPEBIErRE , Par M. le Docteur A. LABOULBENE, inlerne-Iaureat des hopilaui (medaille d'or) , etc. §1. Sous le nom de n^vds, on desigue habituellement une alteration cong^nitale de la couleur ou de la texture de la peau, alteration ordi- nairement permanente et limit^e k une partie du corps. Cette defini- tion, empruntee au Trait£ des maladies de la peau, de M. Rayer (1), nous parait etre la plus simple et la meilleure de toutes celles qui ont ete faites jusqu'a ce jour sur le sujet qui va nous occuper. Les naevi diflferent beaucoup entre eux, et c'est principalement en etudiant leur structure qu'on pent esp^rer de les classer d'une mani^re satisfaisante. Leur anatomie a demontre que les uns r^sultaient sim- plement d'un vice de production congenital de la matiere pigmentaire, tandis que les autres etaient constitues, soit par une augmentation (1) P. Rayer, Traite theorique et pratique des maladies de la peau, t. Ill, p. 594. 198 insolite de nombre ou de volume des vaisseaux capillaires, des arte- rioles ou des veinules des teguments externes, soit par une hypertro- phie des tissus cutan^s et sous-cutanes, par une extravasation san- guine, etc. II r^sulte de ces donnees anatomiques une division naturelle et commode des naevi en I. iiaevi sans hypertrophie , II. naeviavec hy- pertrophic. Les premiers ne renferment que les nazvi pigjncntaires, les seconds ou nocvi avec hypertrophic se sous-divisent en 1° neevi nan vasculaires et en 2" nsevi vasculaires. Cette classification n'est pas irr^prochable , car les nvevi hyper- trophiques sont parfois colores par du pigment, et d'autre part un nwvus qui a d'abord ete vasculaire pent tres-bien plus tard devenir un simple naevus par hypertrophic des tissus sans trame vasculaire anormale bien marquee. Enfin, tout en r&ervant le nom de nsevus k une alteration cutan^e cong6nitale, il ne faut point nous dis- simuler que parfois de trfes-petites tumeurs vasculaires cutatiees apparaissent apr^s la naissance, que des taches color6es vineuscs peuvent se montrer dans les premiers mois ou les premieres ann^es de I'existence d'un enfant. Plus tard, si Ton manque de details precis sur leur apparition, il sera impossible de les distinguer de tumeurs ou de taches absolument pareilles et r6ellement congenitales. N'attachons done aux mots que I'importance qu'ils m^ritent; dans une classifica- tion, ne recherchons qu'un moyen ais^, commode, pour arriver k con- naitre les objets de notre 6tude sans croire k une rigueur qu'elle ne saurait avoir. Disons par avance que rei^ment fondamental, predomi- nant doit servir pour designer un nsevus et pour le placer dans une des categories que nous avons indiqu6es. Le neevus est-il pen, trfes ou extremement vasculaire, qu'il soit peu ou trfes-colore, il n'en sera pas moins un nwviis ou les vaisseaux, c'est-i-dire ou I'element vascu- laire pr6dominera. Qu'un simple nsevus hypertrophique, un signe ( pour nous servir de I'expression vulgaire) soit colore ou non, qu'il s'y developpe ou non des poils, I'dlement hypertrophique sera la fibre de tissu cellulaire et non les vaisseaux suffisants pour nourrir la tumeur sans etre plus nombreux que dans un tissu normal pareil h celui-ci; ce n«uM5 sera done un nsevus hypertrophique. Enfin, pour qu'un naevus soit r^ellement non-hypertrophique et pigmentaire, ii faudra qu'il soit constitu6 uniquement par une coloration anormale, 199 pileuse ou non, sans elevation bien sensible au-dessus de la peau voi- sine. La quantity de la substance pigmentaire, et partant la coloration Claire ou fonc6e, seront en rapport avec I'abondance de I'element fon- damental, le pigmoit. Notre maniere de comprendre les divers nwvi nous paralt la seule admissible ; elle est en rapport avec la maniere actuelle d'envisager les tissus et les organes d'aprfes leur structure intime ; elle est encore en rapport avec les progr^s que I'anatomie generate a faitfaire au diag- nostic des tumeurs. En effet, qu'une hypertrophie glandulaire ne renferme que du tissu normal, et la tumeur sera simplement hyper- trophique; qu'elle contienne, meme en petite quantite, des noyaux ou des cellules caracteristiques, soit de I'epithelium, du cancer ou bien des corpuscules tuberculeux, le chirurgien n'hesitera point h la regarder comme 6tant de nature epitheliale, cancereuse ou tubercu- leuse, sans tenir un tr^s-grand compte du nombre des elements Mt6- rogSnes et des autres elements surajoutes. L'observation clinique a demontr6 en effet que les premiers ont une tendance continuelle a s'augmenter, in s'accroltre sans cesse, et lis sont dans la tumeur i'ele- ment fondamental. D'apr^s notre maniere d'envisager les divers nsevi, ils peuvent 6tre ranges dans I'ordre suivant : I. Nsevi sans hypertroplue , naivi pigmentaires {spili, etc.l. II. Nsevi avec bypertropie (grains de heaute, nxvus pilaris, etc. ). A. Naivi non vasculaires. 1. Naevus forme surtout par des fibres du tissu cellulaire. 2. Naevus lipomatodes (de Fr. von Walther). B. Nsevi vasculaires. a. N;evi vasculaires non saillants au-dessus de la surface de la peau . [nxvi flammei , tacbes vineuses , etc.). b. Neevi vasculaires saillants au-dessus de la surface de la peau. 1. Naevi saillants capillaires. 2. NkvI saillants arteriels (tumeurs erectiles artdrielles ou cutanees, tclangieclasie , etc.). 3. Naevi saillants veineux (tumeurs erectiles veineuses ou sous-cu- tanees ou variqueuses , etc). Nous ne donnerons pas successivement les caracteres propres t\ tons les noevi que nous venous de mentionner , nous insisterons seulement 'iOO sur un fait nouveau , sur un genre d'alteration peu connu qui survient dans les nnevi vasculaires, ix la suite d'un travail inflammatoire. § 11. Ouand on etudie revolution, la marche des naevi vasculaires, on trouve qu'elle est diff^rente dans les naevi non saillants et saillanls, au-dessus de la surface de la peau et dans les nsevi capillaires , arU- ricLs et veinetix. Les n«rj capillaires peuvent disparaitre spontan^ment; M. Depaul nous a assur6 que la plupart des nouveau-n6s {,le tiers au moins) qu'il a observes k la clinique d'accouchements avaient des taciies vineuses, des nxvi non pro6minents ou trfes-legferement saillants. Ces taches, qui ne sont caus6es ni par les manoeuvres de I'accouchement ni par au- cune cause ext6rieure, sont apportees par I'enfant en venant au monde, etla plupart disparaissent dans les premiers jours ou les premiers mois de la vie de ces memes enfants. M. Depaul croit qu'on doit attendre avant de pouvoir decider si un neevus croitra par la suite, et qu'on doit etre tr6s-r6serv6, meme quand il est peu saillant. M. Rayer rapporte deux cas d'inflammation spontan^e de larges neevi vasculaires en nappe, l^gferement saillants, occupant, le premier un bras, et le second la face interne de lacuisse gauche. Sur deux enfants, cette inflammation ulc^reuse superficielle s'est 6tendue de proche en proche et elle a produit une denudation des couches profondes, suivie de cicatrices tout k fait pareilles h celles qui succ^dent aux brulures , int6ressant une large surface du corps. MM. Gauthier, Wardrop, Cos- tilles, etc. , ont observe des faits semblables. Mon amiM. ledocteurMartellifereabienvoulume communiquer une observation analogue. II s'agissaitd'un naevus occupant les c6tes ant6- rieur, externe et posterieur de la jambe doite, chez un enfant de IZi jours, ne le 4 Janvier 1851. La coloration du neevus 6tait rouge, vio- Iac6e , nettement circonscrite au-dessus du creux poplit6. Une ulce- ration s'est produite au niveau de la tete du p6ron6 ; quelques jours aprfes, il s'en est form6 une autre a la partie externe du mollet, puis plusieurs autres au niveau de I'insertion du tendon d'Achille. Le 25 f6- vrier , les ulct^rations se r^unissent en grande partie : vers le 15 mars, les progr^s du travail ulc6ratif s'arretent et la cicatrisation est en bonne voie. Au bout de deux mois elle etait parfaite, et la retraction 201 de la jam be a 6te nioins consid(§rable qu'on n'aurait pu le craindre avec une perte de substance aussi etendue. Parfois des ««yi capillaires bien saillants, apr^s avoir crii pendant un temps variable, peuvent s'affaisser ou diminuer et disparaitre sans laisser meme des traces. MM. Allier, Watson, Baffos et M. le professeur Moreau ont mis ces faits liors de doute. M. Birket en a rapports plu- sieursexemples (Gcy's Hosp. Rep., vol. XII, t. II, p. 291). Mais quand le naevus saillant vasculaire continue 5. croitre ( et il faut soigneusement distinguer I'arteriel du veineux) , voici ce que Ton observe: Le nsevus arteriel semble s'^lever hors du tegument en meme temps qu'il enva- hit r^paisseur du derme. Les vaisseaux art^riels et veineux qui I'a- voisinent s'hypertrophient i leur tour, ainsi que M. Ch. Robin I'a constats anatomiquement plusieurs fois, et il peut resulter de ce double accroissement de la tumeur et des vaisseaux environnants des h^morrhagies qui ont lieu, ou par les vaisseaux du nsevus ou par ceux des vaisseaux environnants dilates qui sontleses. C'est quand la tension des enveloppes de la tumeur qui succfede au nsevus est considerable que I'un des points de la surface commence k s'ulcerer. Cette ulceration a lieu sur des tumeurs d'un volume moyen ou trfes-grand , elle peut rdsulter parfois d'une ecorchure , d'un coup , d'une l^gfere solution de continuite. 11 s'ensuit un ^coulement de sang hors des vaisseaux qui sont envahis par le travail morbide , ecoule- ment de sang en g6n§ral peu inqui^tant. Le fait le plus curieux est la persistance du travail d'ulcdration qui gagne de proche en proche toute la superficie de la tumeur et la d6- truit comme dans les cas de n£Bvi superficiels trfes-etendus que nous avons cites d'apr^s M. Rayer et M. Martellifere. Les points ulc6r6s sup- purent, il s'etablit peu h peu une secretion incessante de lymphe plastique qui fournit les elements d'une cicatrisation solide , et cette cicatrice, tr6s-riche en vaisseaux dansle principe, se resserre de plus en plus, se coarcte, et finit pa." prendre I'aspect inodulaire. La raison de ce phenom^ne remarquable est la disparition des vaisseaux dans le tissu cicatriciel , celui-cl se condense alors pour se nourrir le plus possible sous le moindre volume. Nous lisons dans le Compendium de chirurgie que si on a occasion d'examiner une tumeur erectile qui a subi le travail dont nous venons de parler, « on trouve que les parties qui ont et6 ulc6rees sont blanches , enfonc^es ; autour d'elles existe encore le tissu Erectile qui TOME v. 15 202 entoure la cicatrice, soit en anueau, soit en croissant, soit par points isolt^s, selon que les plaies qui ont suppure sont centrales ou prfes du bord de la tumeur, ou qu'elles Tont sillonn6e dans plusieurs sens, dans toute son etendue. Lorsque Tulceration s'est beaucoup 6tendue en profondeur, le tissu erectile sous-jacent h la cicatrice est enti^re- ment modifie. 11 en est de meme lorsque la tumeur offre peu d'6pais- seur. Dans le cas contraire, la cicatrice repose sur du tissu qui offre encore les caracteres du tissu Erectile et qui se continue avec celui qui est demeur6 superficiel.)) « Quand une tumeur est peu volumineuse, elle peut ainsi 6prouver k plusieurs reprises et dans dilKrents points de sa surface le meme travail d'ulC(5ration , toujours suivi de I'oblit^ration des ar^oles et des vaisseaux correspondants. Ouelques-unes finissent par se fl^trir en- ti^rement, et la peau qui recouvre la region primitivement malade est blanche, 6paisse, dure, comme le sont les cicatrices. D'autres, sans 6prouver une modification aussi complete dans leur organisation, restent pourtant stationnaires et les places qui n'ont point 6t6 alt^r^es par I'ulc^ration, quoique demeurees rouges et encore tr^s-vasculaires, ne font aucun progrSs. Nous connaissons plusieurs enfants qui sont dans ce cas , et chez lesquels la maladie est tout k fait arret^e depuis plusieurs annees. » Les 7ixvi vasculaires veineux sont, d'apr^s les memes auteurs, moins sujets que les nsevi arteriels k s'ulc^rer et h, subir les modifica- tions que nous venons de signaler. lis croient leur gu6rison spontan6e peu fr6quente et leurs h6morrhagies bien moindres et beaucoup plus rares. D'apres ce que nous venons de rapporter , la modification qui sur- viendrait dans le neevus vasculaire serait done une production de tissu cicatriciel, tendant de plus en plus k se condenser, et une obliteration des cavit6s vasculaires (et il fautajouter, d'apres nos connaissances anatomiques actuelles) ainsi que des cavites extravasculaires com- muniquant avec ces vaisseaux, art(5rioles ou veinules. Cast done, un fait g6n6ral en apparence et parfaitement observe, que cette transformation cicatricielle. Le plus grand nombre des m6- thodes op^ratoires employees tendent k imprimer un travail d'ulc6- ration ou bien un travail inflammatoire au nsevus et k le transformer en tissu cicatriciel. On veut, de la sorte, obtenir rimperm6abilit6 de la trame vasculaire et rdduire la tumeur sanguine a un tissu fibreux , 203 (I'autant plus serr6. et produisant une difforniit6 d'autant moindre qu'il est plusancien. Or nous tenons k prouver qu'il faut tenir compte d'une autre mo- dification des nssvi vasculaires, causae par un travail inflammatoire : c'est la production d'une multitude de petits kystes, dans I'int^rieur raeme de la masse transform6e en tissu cicatriciel, kystes nombreux, renfermant une mati^re huileuse, et n'ayant (dans le cas observe par nous ) aucune connexion avec les vaisseaux, dont on ne retrouvait du reste aucune trace. La tumeur qui nous a fourni les caracteres remarquables et tout k fait insolites dont nous venons de parler, 6tait un 7isevus saUlant vas- culaire de la paupiere superieure gauche, trait6 d'abord par la cau- terisation avant I'entree du malade a I'hopital de la Piti6, puis par le s6ton, et enfin enleve avec le bistouri par notre savant maitre, M. le professeur Laugier. Voici I'observation d6taill6e, recueillie par nous-meme. NjCVUS SAILLANT VASCULAIRE DE LA PAUPlijUE SUPERIEURE GAUCHE; CAUTERI- SATION ANTERIEURE ; TRAITEMENT PAR LE SETON ; ABLATION ; GIIERISON. iCU- nique chirurgicale de la Pitie, salle Saint-Gabriel, n» 1.) Obs. —Miclard (Pierre), 11 ans, cloutier, n6 a Chalais (Charente), demeurant a Vaugirard, rueTIomay. Entre le 14 jiiin 1853, sorti le 1" fc^vrier 1854. Ce malade est assez fortement constiluL', brun, d'une taille moyenne. On ne trouve point chez lui d'heredite dela maladie actuelle; ses parents jouissent d'une bonne sant6 etn'ont jamais eu de neexius, ni de tumeur d'aucune sorte ; il a deux frferes et une soeur qui sont pareillement dans le meilleur 6tat de sante. Pendant son enfance, Miclard a 6t^ maladif ; il a « eu trfes-souvent mal aux yeux ; » il a et6 vaccine tres-jeune ; il a eu la rougeole et la scarlatine ; les ganglions sous-maxillaires ont ete engorges pendant longtemps, mais ils n'ont point suppure ; il n'existe aucune trace de cicatrice sous Tangle du maxillaire inferieur ni en aucune autre partie du corps. 11 a eu une gonor- rliee il y a deux ans ; elle a et6 (rait(5e par des doses elevees de cubebe ; il n'y a eu aucune manifeslation ulterieure de la syphilis. Les parents du malade lui ont assure que depuis sa naissance il avail une taclie rouge sur la paupiere, et lui-meme se rappellc qu'il a toujours senii, en y portant la main, une petite tumeur ou « grosseur allongee ayant la forme d'un haricot, s'etendant sur la paupiere superieure et faisant une petite saillie. » La pcau (?lait rougeutre. Par moments il cprouvait des d(5mangeai- sons ou une sorte de chatouillement dans la tumeur. Pendant cpi'il avail mal 204 aux ycux, la petile grosseur est reside a peu pres stationnaire ; niais depuis environ six ans, elle s'est accrue lentement, at depuis cette epoque, il n'a jamais eud'oplithalraie. 11 se preoccupait tres-peu, dans le principe, de la tache rouge et de I'ac- croissement de la paupi^re euperieure; plus tard, quand elle eut accpiis un volume de tnoitie moindre que celui qu'ellc offre aujourd'hui, on essaya quel- ques pommades; enlin, une vieille femme de son pays « lui fit une cauterisa- tion avec de I'eau forte » il y a un an environ. La tuuieur avait presque le vo- lume qu'elle offre actuellement. L'application du caustique a determine une inflammation assez vive, des douleurs lancinantes et la formation d'une petite plaie suivie d'uue cicatrice tres-epaisse. La tumeur avait r^ellement diminue de volume, mais lemalade, fatigue de la persistance dn mal et gen6 surtout par le si^ge qu'il occupe, est entre a I'lic'ipital en reclamant une operation. ExAT ACTUEL. — Paupi^re superieure gauche ^paissie par une tumeur oc- cupant presque toute son ^tendue, et qui la fait paraltre boursoufl^e. Elle est d'une couleur violacee, un pen brunatre, et au-dessous du sourcil, dans une elcndue d'au moins 2 centimetres, on remarque une cicatrice blanchatre ^paisse et resistante. La tumeur a son grand diametre transversal; elle est en outre leg^rcment arqu(5e ; si on la prcsse, on sent qu'cUe est reniteute, dure sous la cicatrice, revenant par la pression du doigt. La portion externe est plus moUe que la portion qui occupe Tangle interne de I'oeil. La paupiere ne pent ctre relevee que triis-incorapletement ; la conjonctive deborde en bas le bord palpebral libre dans une etendue de 4 a 5 millimetres, et elle repousse I6g6rement en avant ce meme bord libre. Les oils sent diri- ges en baut. (Voy. fig. 3.) Le malade voit tres-bien de I'ccil droit; mais I'ocil gaucbe, presque aux trois quarts converts par la paupiere est plus faible, et le malade est myope de ce c6t(i. 11 ne distingue les objets de petite dimension qu'a une distance d'un pied environ, et savueest rendue nette tout aussitdt par I'essai de verres biconcaves du n° 10. II n'existe point de strabismc. Quatre jours apres I'arrivee (le 18 juin), M. le professeurLaugier place deux sctons transvorsaux cntre-crois^s a leur partie interne sur le milieu de la tu- meur, et composes cbacun d'un gros til de sole doubk^.ll s'est (?coult5 a peine quelques gouttelettes de sang, et I'opt^ration a 6te peu douloureusc. Le 19, les douleurs sont vivos, la paupiere est plus tumeflec que de cou- tume ; le malade y ressent des elancements douloureux et continuels. Le 20, les douleurs sont tr6s-vives ; insomnie pendant la miit. Le 21, la tumefaction s'est encore accrue ; pas de rongeur de la conjonctive oculaire ; douleurs toujours tres-vives. (Pediluves sinapises.) Le22, latumc^-faction parait etre a son comble ; I'oeil est compkHement con- 205 vert; la paupi^re est globuleuse, d'un rouge fonce, luisanle, chaude, depri- m^e au point ou siege la cicatrice ; il existe uii peu de suintement purulent aux endroits ou le seton pen^tre dans les tissus. L'ccil est lui-meme rouge dans sa portion conjonctivale. Pas de photophobie. Etat general satisfaisant. (Eau de Sedlitz ; deux p^diluves sinapises.) Le s^ton est enlev^ le matin pen- dant la visite. 23. Les quatre petites ouvertures des deux setons ont legerement suppurt^ ; douleurs toujours tr6s-vives. Les jours suivants, rinflammation a diminue insensiblement et a fini par s'eteindre. Le malade attend patiemment la rc5solution de la tumeur. Apr^s fpiatre mois d'attente, pendant lesquels le malade a 6te atteint d'une variolo'ide legfere, et apr^s une diminution peu considerable suivie d'un 6tat stationnaire persistant, M. Laugier ne croyant plus une diminution possible ayant, en outre, tr6s-souvent constate la duret6 survenue dans les portions molles et depressibles avant I'applicalion du seton, se decide, sur les instances du malade, a I'ablation de la petite masse indurde. L'ablation est pratiqude le samedi 12 novembre, en pri^sence deMM. Broca, Verneuil et de nombreux el6ves. M. Laugier, aprSs avoir place sous la paupiere supL^rieure une plaque d'i- voire legerement convexe, afin d'avoir un point d'appui solide et de menager surement le globe oculaire, pratique une incision transversale un peu au- dessous du sourcil, puis t'carte les bords de la solution de continuity et dis- seque Ics deux faces cutanee et muqueuse de la paupiire au milieu d'un tissu dense, libro'ide, d'un blanc jaunatre, dur a divisor. Cette dissection est lente diflicile; mais la presque totality de la tumeur est enlevee. Nous I'avons re- presentee (Gg. 4). I'endant I'operation, 11 s'ecoule du sang en nappe, et nous remarquons trSs- manifestement des gouttelettes de substance huileuse, bien arrondie, formant des sortes d'yeux jaunatrcs et Iransparents. Une arteriole situee vers Tangle, interne de I'oeil et qui a fourni un jet rutilant et saccade apres avoir etc divi- sce ne donne plus de sang a la fin de I'operation. Aprfes avoir nettoye la plaie, M. Laugier rapproclic les bords de la plaie etles met en contact au moyen de sept serre-flnes. Pour tout pansement, il applique des compresses imbibces d'eau fraiche et recommande de les tenir constamment bumidcs au moyen de quelques gouttes d'eau exprim^es d'une epongeade courts intervalles. (Bouillon.) ExAMEN DE LA PIECE. — La petite tumeur enlevee (voy. tig. 4) ressemble un peu au stroma de I'ovaire. Elle est tibreuse, dense, renfermant une grande quantite de graisse et une foule de petites vesicules, demi-transparentes, rapprochees les unes des aufres, de la grosseur d'une tete d'cpingle a celle d'un tres-petit pois. La couleur du tissu ambiant est d'un blanc jaunatre, celle des vesicules est jaunatre, claire, demi-translucide, comme une lamella 206 d'^caille peu colort'e. Le tissu flbreux entrem61e dans tous les sens constitue manifestement la Irame de la tumeur, et renferme dans ses intervalles, dans ses areoles, le tissu graisseux et les vesicules. On n'apercoit aucune trace des vaisseaux, on ne distingue point la place ou 6taient passes les setons. Les fibres reunies en faisceaux etformantla charpente de la tumeur sont des fibres du tissu cellulaire, l^gferement ondulees, transparentes, larges de 0,001 de millimetre, et devenant g^latineuses et tr6s-transparentes par Taction de Tacide ac^tique. La graisse contenue dans les mailles du tissu flbreux est constitute par des vtisicules adipeuses ayant deO,01 a 0,04 et 0,05 de millimetre. Les parois de la v^sicule sont trfes-minces, amorphes, et en ecrasant celle-ci par la pression, le contenu s'^coule ; il est soluble dans I'^ther. Ces vesicules sont exactement arrondies, r^fractent fortement la lumifere; leurs bords sont fonc6s, noiratres ; leur centre brillant, couleur d'ambre jaune. Quand ces vesicules sont rompues leur contenu prend la forme de plaques irr6guli6res ayant le meme aspect et la meme coloration qu'elles. (Voy. fig. 6.) Les petits kystes sont formes d'une enveloppe bien reconnaissable, a un grossissement faible et d'un contenu qui parait 6tre de nature grasse ou hui- leuse. Avec un grossissement plus considerable, on reconnait que cette enve- loppe est uniquement constitute par des fibres du tissu cellulaire pressees les unes centre les autres. iVoy. fig. 5.) Le contenu des petits kystes est un liquide qui a tout a fait I'aspect des gouttelettes huileuses ; il n'est pas soluble dans I'eau, il est soluble dans rather, il a la forme de globules arrondis, a contours nets, fences, a centre brillant, il s'6tale souvent en plaques comme dans les 616ments graisseux repr^sent^s fig. 6. En outre, avec un trfes-fort grossissement, on trouve en suspension [dans ce liquide des granulations grisdtres, trfes-flnes, tr^s-pales, ayant 0,001 a 0,002 de millimtoe. Elles sont, ou bien libres, isolees, ou agglomer^es, reu- nies sans ordre, n'ayant pas de figure bien determinee. 11 n'existe ni globules sanguins, ni lamelles, ni noyaux d'epith^lium dans ce liquide. (Voy. fig. 7.i 12 novembre. Visite du soir. Journ^e calme. Douleurs tr6s-supportables, pas de mouvement febrile, ecoulement sero-sanguinolent mod^re, gonfle- ment peu considerable des parties divisees. Les serre-flnes ne se sont point d^rangees. 13.1nsomnie pendant la nuit derni^re. Gonflement et ectropion conside- rables. On enleve toutes les serre-fines ; la reunion estparfaite. 80 pulsations, r^gulieres. Languesale. (Huile dc ricin, 30 grammes.) Journee assez calme Douleurs vives ; garde-robes abondantes. 14. 84 pulsations. Douleurs moins vives pendant la nuit. Quelques plaques *o«ges hiisantes sur la joue gauche. (Erysip^Ie?) 207 15. 84 pulsations. Joue rouge par places; menaces d'^rysip^le. Le gonfle- ment de la paupi^re sup6rieure gaucbe fait craindre qu'il se soit form6 du pus et qu'il soit retenu dans I'interieur de la paupi6re a cause de la reunion immediate si parfaitement obtenue. Un peu de suppuration sur deux petits points de la reunion. En pressant sur la tumenr rien ne s'ecoule par ces pe- tits pertuis. 16. Mieux. Les ganglions lymphatiques de ia region parotidienne sont 16- g^rement engorges. Les plaques rouges de la joue gauche sont effac^es. (Eau de Sedlitz.) 17. Le mieux persiste. 18. Legonflement de la paupiere n'apas diminu^, maisl'app^tit est revenu. 21. On observe une diminution 16g6re dans le volume de la paupiere. Depuis cette 6poque jusqu'a la sortie du malade, cette diminution s'est op6r6e lentement, la muqueuse palpebrale est revenue a sa place normale sous la face cutanee et les tissus de la paupiere et la procidence ayant disparu, I'ectropion leger a cesse d'avoir lieu. Pendant ce temps, le malade a fait sou- vent des frictions avec I'onguent napolitain. Cette observation pr6sente plusieurs points dignes d'int6ret. 1* Le si^ge du nsevus. On sait que les paupieres sont un des endroits oCi se rencontre souvent raffection cong^nitale qui nous occupe. Peu d'auteurs cependant ont parl6 avec details de ces tumeurs vasculaires. Mackensie en a cit6 un certain nombre d'exemples, et a signal^ I'in- duration considerable qui pouvait succ^der t, I'op^ration par le s6ton dans un neevus veineux de la moiti6 gauche du front, empi6tant sur la paupifere sup6rieure (Mackensie, trad. Laugier et Richelot, pag. 124 etll9, Obs. 122.). La position de ce naevus sur la paupiere sup6rieure, k la face cutanea et dans sa profondeur au-dessus du cartilage tarse, occasionnait la procidence, le refoulement en bas de la muqueuse palpebrale d^ta- ch6e en quelque sorte de son point d'appui normal. On aurait pu croire, par un examen superficiel, qu'il y avait seulement un ectro- pion , car les oils 6taient l^gferement d^vi^s en haut, et en outre le bord libre de la paupiere sup6rieure 6tait un peu relev6 en avant; mais avec une attention suffisante on reconnaissait que le d6veloppe- ment de la tumeur dans la profondeur de la paupiere avait cause la procidence decelle-ci, procidence considerable, occasionnant I'ectro- pion leger qui existait. 2° Aspect, consistance , diagnostic du neevus. A I'epoque oi le ma- lade est entr6 ^ I'hdpital, 11 avait dej^ subi une cauterisation « avec d^ 208 I'eau forte, » suivant ses propres expressions, et cette cauterisation n'avait pas 6t6 faite par une personne de Tart, mais bien par une vieille femme de son pays. 11 y avalt eu, sous rinfluence de ce traite- ment, une modification, l^g^remais incontestable, suffisante pour pro- duire une cicatrice 6paisse sur le point caut6ris6 et probableinent roblit6ration de quelques vaisseaux. Toutefois il n'etait pas difficile, ce me semble, avant Papplication du seton, de se former une id6e sur la veritable nature de ce neevus. La couleur rougeatre, violac6e des parties non atteintes par le caus- tique, le mode d'accroissement, font plut6t croire k une dilatation des capillaires et des veinules qu'i un neevus vascidaire arteriel. La tumeur etait molle, un peu renitente, au dire de tous ceux qui I'ont palp6e. II n'y avait pas de mouvement d'expansion. L'application du s6ton n'a pas donn6 lieu k un ^coulement de sang tres-abondant ; mais ici rien de caract^ristique, le seton obturant le passage par oii le liquide se serait 6coul6. L'aspect du sang pendant la derni^re operation, pendant I'ablation laborieuse de la petite tumeur, ofi"re plus d'int^ret pour le diagnostic. Or, comme aide de M. Laugier, nous avons vu manifestement du sang noiratre s'ecouler; il n'y a pas eu plusieurs petitsjets, et uneseule arteriole a donn6du sang rutilant pendant assez longtemps, en 6chappant k la compression directe. D'aprfes les raisons que nous venons d'6mettre, ce nsevus nous parait done ne pas avoir et6 arteriel, mais plutdt capillaire, et tr^s-proba- blement veineux. 3° Vexamen de la pii:ce nous a montr6 un tissu comparable au stroma de I'ovaire, une masse graisseuse, dense, entremelee de fais- ceaux de fibres serr6es. D6ji, pendant reparation, nous avions remar- qu6 des gouttelettes graisseuses formant ( qu'on nous permette Tex- pression vulgaire, mais exactejdes especes d'ljeiix sur le sang qui baignait la plaie. En cherchant d'ou elles pouvaient provenir, nous avons trouv6 au milieu du tissu fibreux des petites vesicules jaunatres, assez transparentes, bien visibles k Tceil nu, rapproch^es les unes des autres, de grandeur variable entre une tete d'^pingle et celle du gros plomb de chasse, qui, 6crasees, fournissaient un liquide clair et huileux. MM. Verneuil et Broca, qui assistaient k reparation, ont constats comme nous ce curieux aspect, et dans i'examen minutieux que nous avons fait tour il tour avec MM. Verneuil et ilobin, nous avons at^quis la conviction qu'il existait de pctits kystes tout i fait 209 ind6pendants des vaisseaux de la tumeur, kystes ayant une fine en- veloppe de fibres cellulaires remplies d'une mati^re grasse, hui- leuse, r6fractant fortement la luml^re, et d'une couleur jaunatre quand on la voyait en petites masses. Dans le liquide lui-meme, nous avons recherche avec le plus grand soin s'il n'existait point, soit des lamelles d'6pith61ium, ou des noyaux d'6pithelium nucl6aire, ou des globules de sang, ou un Element anatomique quelconque ayant la forme de cellule. Nous n'avons trouve que des granulations trfes-pales, trfes-petites, nageant dans le liquide huileux , agglomer6es entre elles, sansordre, pr^sentant des figures diverses, sans signification precise. M. Ch. Robin nous a dit qu'il avait souvent vu de ces granulations qui dans les liquides graisseux ou huileux ont un aspect trfes-pale et pr6- sentent des formes variees, sans r^gularit^, sans signification precise. M. Laugier n'ayant jamais observ6 une tumeur semblable et ne con- naissant nous-meme que les modifications r^sumees dans le passage du CoMPENDiCM DE CHiRDRGiE oii 11 est questiou de la transformation des tumeurs erectiles en tissu fibreux, nous avons recueilli avec le plus vif interet les renseignements qui nous ont 6t6 fournis i ce sujet. M. Rayer nous a indiqu6 un travail de M. Costilhes, public dans la Revde medicale de 1851; M. Verneuil, un article de M. Bickersteth , analyse dans le num^ro de septembre 1853 des Archives gexerales de medecine. Dans le compte rendu de I'article publie dans le Monthly JOURNAL, nous avons trouv6 I'indication d'un travail de M. Holmes Coote sur les neevi et les transformations kystiques qui peuvent se de- velopper dans les tumeurs form6es par des veines (1). Apr^s avoir 6tudi6 les travaux de M. Costilhes, de MM. Holmes Coote et Bickersteth, nous croyons que le premier de ces auteurs indique, sous le nom d'hydaticles, la modification dont nous avons parl6, et qu'il n'a pas connu sa veritable nature. Les deux auteurs anglais ont eu sous les yeux des neevi proeminents vasculaires ou des tumeurs qui leur ont succ6d6, renfermant des kystes et jusqu'i uu certain point semblables h. la n6tre ; mais nous ne pouvons encore partager Topinion exclusive quMls 6mettent sur « Toblit^ration des vaisseaux veineux et (1) Nous avons vainement cherche des renseignements sur la modification kystique des nxvi dans les auteurs francais ; nous avons parcom'U sans f'tre plus heureux les Repertoires DANATOMiE rATiioLOGiQi'E do M.Vogel ct dc M.Gottlieb Gluge. 210 sur les kystes resultant de la dilatation partielle des portions non oblit6r6es. « Nous trouvons d'ailleurs dans I'article de M. Bickersteth qu'il n'a pas pu voir la continuite des vaisseaux avec les petits kystes. Or, en anatomie, il faut avoir vu pour etre certain d'un fait. L'hypothese de MM. Holmes Coote et Bickersteth est tr6s-s6duisante, mais il y a loin d'une demonstration anatomique ^i une hypoth^se ing6nieuse. M. Bickersteth dit avoir vu des globules sanguins alt6r6s dans les kystes multiples de la tumeur qu'il a enlevee. Nous n'avons trouvti rien de semblable dans le fait que nous avons observe. Nous n'avons pas eu sous les yeux un liquide s6reux, mais bien un liquide de nature grasse ou huileuse tenant en suspension de fines granulations mol^cu- laires grisatres. II est facile de voir, par consequent, la difference qui existe entre les observations de MM. Holmes Coote et Bickersteth et la ndtre. Aussi pensons-nous, tout en admettant qu'il y a resserablance entre elles, qu'il n'y a point identity, c'est ce qui justlfie le titre plac6 en tete de ce travail. Du reste, nous ne nions point la possibility dela production kystique telle que I'indiquent MM. Holmes Coote et Bickersteth, nous disons seulement qu'elle n'avait pas lieu de cette mani^re dans le cas soumis k notre observation. Nous avons discute, dans notre dissertation inaugurate (V. Xheses DE LA Fag. de Paris, 1854, n" 38) les diverses propositions que nous venonsd'emettre; nous y avons transcrit fidfelement les travaux de M. Costhiles, de MM. Holmes Coote et Bickersteth. Le m^moire de M. Costhiles a 6t6 insere dans la Revde medicale (annee 1851). U est remarquable et sera consulte avec fruit. L'obser- vation de tumeur erectile de la racine du nez enlevee avec le bistouri et remplie de corpuscules hydatiformes se trouve k la page 324. Le travail de M. Holmes Coote presente un resume de certalues idees r6cemment emises en Angleterre sur le sujet qui vient de nous occuper (Medical Gazette, 1852, tome X, Zil2). L'article de M. Bickersteth publie dans le Monthly Journal a ete brievement analyse dans les Archives g^n^rales de h£degine du mois de septembre 1853. OBSERVATIONS DE MONSTRES ECTROMELIENS, M^moire lu k la Soci^t^ Par M. le Docteur HOUEL, Conservaleur du iMusee Dupuytren. Les deux foetus que je presents k la Soci6te , quolque tr6s-dlff6rents I'un del'autre en apparence, appartiennent k la meme famille, aux monstres ectromeliens de M. Is. G. Saint-Hilaire. lis constituent le troisi^me genre de cette grande famille, les ectromfeles, c'est-i-dire des monstres dont les membres thoraclques ou abdominaux sont nuls ou presque nuls. Je vais donner successivement I'observation trfes-compl^te de ces monstres, que je ferai suivre de quelques re- flexions g6n6rales propres k chacun d'eux. Je crois cependant, au point de vue de leur classification, devoir noter un fait assez impor- tant pour le monstre de la premiere observation : c'est que par ses membres sup6rieurs, il offre quelques-uns des caract^res du genre h6mimele, tandis que pour les inf6rieurs il appartient aux ectromfeles; Tectromelie m'a paru dominer chez ce foetus. Obs.I(I).— Ce foetus, qui parait a peu pres a terme, a et6 adress^ au masie Dupuytren par M. le docteur Dupuy (de Festieux), medecin du departement de i'Aisne ; il est du sexe masculin. Je n'ai eu aucun renseignement sur I'his- toire dela grossesse ; c'est une lacune regrettable sans doute, mais qui jus- (1) Voyez planche IV. 212 qu'alors a donn6 peu de renseignements sur les malformations des vices de conformation ou des monstruosites. Je d^crirai d'abord et successivement la conformation ext^rieure de la tete, du tronc, des appendices qui repre- sentent les membres thoraciques et pelviens ; ensuite nous verrons ce que la dissection nous apprendra sur ces vices de conformation. 1° Tete. La voute cranienne a acquis un developpement considerable, par suite d'une hydrocephalie, dont il ma ete impossible de determiner le siege, le cerveau 6tant, lorsqae ce foetus m'a ild apporte, dans un 6tat avance de utrefaction. Les os de la voute cranienne, libres de toute adherence, che- vaucbent largement les uns sur les autres. La face prescnte un double bcc- de-lifevre, et la levre superieure sur ces cotes n'a point son developpement normal, le repli labial manque; la muqueuse de la 16vre, au niveau du rebord alveolaire qui estlui-meme peu accuse, se continue directement etsans lignes de demarcation avec la muqueuse qui tapisse la voute palatine; de sorte que la moitie superieure de la cavite prebuccale manque completement sur les cotes de la face. Au siege ordinaire de I'oreille externe qui est rudimentaire sur ce fcBtus, existe de chaque cote un petit tubercule cutane, aplati, lenti- culaire, un peu plus volumineux a droite qu'a gauche ; ces deux tubercules sont evidemment les rudiments du pavilion de Toreille. Us font perfores de deux orifices dont I'un occupe la partie moyenne de la tumeur, et admet a peine I'introduction d'un stylet de trousse ordinaire, et semble se terminer en cul-de-sac. La seconde ouverture, beaucoup plus large, occupe la partie infericure do cette saillie ; elle est oblong-ue et simule assez bien une dispo- sition identiquea ceque donnerait le rapprochement avec fusion sur les cotes de la partie sup(?rieure de la conque au lobule. A droite on observe meme une disposition qui paralt justifier cette comparaison; on voit en clTet, dans cette fente transversale, un petit opercule cutan6 qui simule exactement par sa forme le tragus. II est impossible de voir au fond de ses orifices la dispo- sition qui existe, la dissection seule pourra nous donner la solution de cette question. 2° Tronc. 11 paralt un peu plus petit que d'ordinaire et se termine inf^- rieurement par une extrt^mite arrondie, comme cela a ete observe dans les monstres de cette espfce. A la partie superieure se trouvent les deux epaules un peu atrophiees, auxquelles fait suite un rudiment de membre, qui ofTre la disposition suivante, et qui est identique pour les deux cdt^s. Sa longueur a partir du bord inf^rieur de I'aisselle est de 4 centimetres; il est conique et se termine inferieurcment par un doigt bien conform^, auqucl on distingue parfaitement I'ongle. Dans la longueur de ce membre rudimentaire, a travers les teguments, on constate trois reliefs legers qui semblent correspondre a I'articulation du coude et dupoignet; au niveau de ces points, onpcut,en effet, determiner au membre des mouvements de flexion et d'cxtcnsion, et cela de chaque cote. 213 Les membres inferieurs sont represent^s de chaque cOt(5, par uu petit rudi- ment cutan6, de volume et de longueur inegale, qui est completement mcmbraneux du ccUe gauche, et dans lequel on ne distingue au toucher que des fragments isoles de tissu osseux ; c'est done I'appendice droit qui est le plus considerable; il a une longueur de 3 centimetre sur un diamfetre d'en- viron 5 millimetres. L'extremite par laquelle il se terminea bien cpielque res- semblance avec un ortcil, mais cette apparence est moins caracteristique que pour le membre superieur. L'onglene peut plus etre distingue ; du c6t(5 gau- che les caract^res sont encore moins evidents. Le cordon ombilical pen volumineux s'insere, comme a eet age de la vie, au-dessous de la partie moyenne du tronc ; seulement, sur ce foetus, il est ins^r6un peu plus has que d'ordinaire; car le tronc ayant une longueur de 13 cent. 1/2, il se trouve implante a 10 cent. 1/2 apartir de la clavicule. Le sexe interieurement est assez bien accuse ; on trouve une verge peu volumiueuse entour^e de son prepuce ; le scrotum est peu d^veloppe, et ne renferme point de testicule. L'anus occupe sa position normale, et donne possage a une espece de con- duit membraneux, long de 18 centim. qui peut 6tre d^plisse en deux pro- longement simulant une anse intestinale. L'origine sup(?rieure de ce conduit membraneux n'a pas lieu au pourtour de I'orifice anale, elle remonte au contraire a I'interieur de cet oriflce; et sa continuitt5 ne peut etre precisee. Le reste du tronc est normal. Dissection. — T^te. Les os de la voiite cranienne, ecartes les uns des autres, prfeentent les caracteres propresa ceux de I'hydrocephalie ; la base du crane est assez bien developpee, ainsi que les trous qui donnent passage aux nerfs. Le temporal seul est atrophic ; c'est a peine si Ton trouve trace de son ecaille. Le rocher est egalement atrophie ; son trou auditif interne est ce- pendant assez bien conforme, et donne passage aux deux branches de la sep- ti^me paire de nerfs ; mais I'oveille interne manque en grande partie, et le conduit auditif externe trfes-petit, tr6s-irr^gulier, ne se continue pas direc- tement avec I'esp^ce de repli cutan6, que j'ai indique reprcsenter la conque auriculaire par laquelle il est en effet constitue. II m'a ^te impossible d'eta- blir une communication entre I'espece de cul-de-sac du pavilion de I'oreille externe et du trou auditif correspondant. B. Tronc. La cavity de la poitrine a son developpement normal ; I'abdo- men a sa partie inferieure est notablement retreci.puisque nous avons dit qu'il se terminait par une extremite arrondie. Cette disposition est due a ce que de chacpie cote les os iliaques manquent ainsi que I'ischion. 11 existe seu- lement des OS qui constituent le bassin, en arriere le sacrum assez bien d6- veloppe, en avant la symphyse pubienne peu developpee, ct sur les c6tes de laquelle on trouve a I'ctat rudimentaire les branches horizontales du pubis. Les autre? parties osseusesde la ceinture pubienne manquent. 2U Les visceres conlenus dans les deux cavit^s splanclmiques, nous offient un exemple de hernie diaphragmatique et de transposition du foie de droite a gauche. C'est la moitie droite du diaphragme qui manque en totalite, de sorte que de ce cote la cavite abdominale est en libre communication avec la cavite thoracique. Le poumon ratatin^, comme cenx appartenant aux foetus qui n'ont point encore respire, etait comprime par I'intestin grele qui en occupait la place. La moiti^ gauche du diaphragme est normale, la poitriue est done compl^te- mcnt cloisonn^e de ce cot^, qui contient le poumon gauche et le coeur. La cavite abdominale est le siege d'un deplacement du foie qui se trouve a droite, mais cette inversion n'est qu'apparente ; c'est un simple deplacement, car c'est le lobe droit qui con'espond a la partie droite du foetus, puisque ce lobe, scpare du precedent par le ligament suspenseur, contient a sa face inf6- rieure la vc^sicule biliaire. L'oesophage, Testomac et la rate sont a gauche, I'intestin grele occupe a la fois la cavity abdominale et thoracique, dans la- quelle il penetre par suite de I'absence de la moitie droite du diaphragme. Le ccEcum pourvu de son m^so-ca?cum est libre dans la moitie droite de I'ab- domen; la vessie occupe sa place ordinaire ; les testicules bien distincts sont retenus au-dessous des reins, dans les fosses iliacpies. Le gros intestin offre une disposition assez remarquable, et qui nous donne la solution de I'espece de prolongement membraneux qui s'^chappe a traversl'anus. llexiste une invagination du rectum; cette invagination apparlient a la vari^ti^ que M. Cruveilhier appelle avec ralnure circulaire, qui ici est profonde, de sorte que dans une partie tres-reslreinte, \m demi-centimetre environ, I'invagi- nation est a trois cylindres, et dans I'autre partie a deux cylindres. Al'endroit oii cesse I'invagination a deux cylindres existe, sur le c6te late- ral droit, une perforation intestinale assez large, a travers laquelle fait her- nie, sous fonne d'anse intestinale, le cylindre moyen. C'est lui qui se pro- longe dans une etendue considerable. Cette anse intestinale, herni^e a tra- vers la d^chirure de I'invagination du rectum, egale en longueur la moiti^ environ dugros intestin, qui, chez ce monstre, paralt avoir des dimensions plus considerables que dans I'etat ordinaire, (tig. 3, i.) Membres. Les deux cOtes etant identiques, le droitseula^te diss6qu^(fig.2). L'epaule est constituee par ccs deux os, qui sont a pen pres normaux ; seule- ment Tangle anti^rieur de I'omoplate, aulieu de presenter une cavity, ofTre an conlraireunesurlaceconvexearrondieB. L'hum^rusrudimentaire, parson extremite superieure D n'est plus en rapport avec la saillie qui representela cavite gl^noide ; il est porte en avant et en dedans, il est maintenu dans cette position par des Elements fibreux, ilse trouve dans la position de I'humerus, dans le cas de luxation sous-coraco'idienne, qui ici est evidemment conge- niale. L'extri'mit(5 infericure de cet os est mal conforme, on ne dislingue plus ni poulie, ni petite t6te humerale ; elle se trouve enveloppee par quelqnes 215 fibres musculaires qui reprcsenteut assezbien le biceps brachial. En dehors de cette extremite humerale infi^rieure exlste un petit prolongementosseuxF, d'une longueur de 5 mOlimelres environ, qui enhaut se rattache a la partie externe de rhumc^rus, par des Elements fibreux, et qui m'a paru devoir se rapporter aux os de I'avant-bras ; puis plus bas, allant en decroissant de lon- gueur, se trouvent quatre os parfaitement articulcs ensemble, le dernier re- couvert d'un ongle et ayant la plus grande ressemblance, comme forme, aux phalanges. II est probable que le premier correspond aux metacarpiens, les trois autres aux phalanges. Ce doigt rudimentaire unique represente assez bien la disposition que Ton observe chez les solipedes. Les muscles ne sont plus reconnaissables, il est impossible de rien delenniner a leur 6gard. Ouant aux membres inferieurs, beaucoup plus rudimentaires que les sup^- rieurs, celui du cote gauche est entierement represents par un repli cutane ; celui de droite contient dans son interieur cpielques rudiments osseux, qui ne sont pas reconnaissables et sans etre segmentes, comme nous I'avons vu pour le membre sup(5rieur. MONSTRE ECTROMELIEN. Obs. II. — Get enfant, qui est a pen pres a terrae et a subi un developpe- ment normal quant a son volume, appartient au sexe masculin ; il m'a cte re- mis pour etred6pos6 au musee Dupuytren, par M. Desruelles fils, il a et6 pr6- sente a la Societe de chirurgie, mais sa description n'a pas ete faite. D'aprt's les renseignements que m'a fouruis M. Desruelles, qui etait alors interne a I'hopital Saint-Louis, I'accouchement aurait eu lieu a Texterieur de cet etablissement. L'enfant, apporte vivant, n'offrait que des mouvements lents et seulement quand on le remuait; la mere, bien conformSe, etait primi- pare, et la presentation de l'enfant aurait eu lieu par le pied. La sage-femme qui a opere I'accouchement avail 616 frappee de I'absence de cris de l'enfant au moment de sa sortie du sein de la mere, et voyant que la vie etait a peine sensible, elle a employe les moyens excitants externes mis en usage dans ces cas. L'alimentalion a I'hopital a et6 efTectuSe par I'introduction du lait dans la bouche a I'aide d'une cuiller ; l'enfant n'a d'abord fait aucun mouvement, a tel point que Ton pouvoit douter qu'il avalat; puis, apres deux a trois mi- nutes, il a fait plusieurs mouvements de deglutition, il a ete nourri ainsi le reste de la journee. Le pouls radial, examine des deux c6tes, etait plus facilement percu a gauche ; encore il etait si lent que Ton pouvait presque douter de son existence. L'enfant se plaignait quand on imprimait quelques mouvements a son corps; mais sa plainte etait faible, il y avail loin de la aux cris ordinaires des en- fants. II se plaignait principalement, lorsqu'on venait a toucher la masse rou- geatre, qui surmontaitla base du crane et qui representait, dit M. Desruelles, la masse cncephalique. Celle-ci, suivant d'ailleurs necessaii'ement tous les 216 mouvemeuts imprimes au corps, paraissait exciter surtout les plaintes de I'enfant quand on cherchait a la placer dans un sens vertical. La chaleur generate de I'enfant etait mcJdiocre, la respiration (?tait lente, mais normale quant au rliythnie ; la secr(;'tion urinaire (5tait peu abondante ; I'enfant n'a urin(5 qu'une fois en vingt-quatre heures. Je suivrai dans I'examen analomique de ce foetus, le meme ordre que dans I'observation precedente; j'examinerai done d'abord la configuration exte- rieure de ce monstre, puis successivement la tele, le tronc et les membres. A. Tete. La face normale, dans sa nioitie infericurc, nous presente de nom- breux vices de conformation a sa partie superieure, ainsi que Ic crane. Le nez, fortement aplati et elargi, est a peine saillant, et I'aile gauche, sur sa surface cutan^e, presente un petit prolongement conoide, d'une longueur d'un centimetre et demi environ, fres-pointu a son extremite libre, et ayant une base d' environ un millimetre et demi de diametre. Du c6i6 de la narine droite s'observe une fissure, qui divise en deux la levre superieure et constitue un bec-de-li^vre deja remarquable par son siege, puisque Ton sail que cctte so- lution de continuit(^ congeniale, s'observe plus souvent a gauche qu'a droile ; I'extremite superieure de la division, au lieu de se prolonger dans la narine correspondante, se porte sur son c6tc externe et s'arrete au niveau de la base du nez, il n'y a point de division de la voute palatine ni du voile du palais. Les deux orbites, par suite de I'aplatissement de I'eminence nasale, sont plus ^cartes que dans I'etat normal et pourvus de leurs globes oculaires ; au ni- veau de Tangle externe de I'oeil droit se rencontre un prolongement conoide d'une longueur de pr6s de 4 centimetres, dont Fextremitc libre est tres-poin- tue, et la base a un diametre d'environ 2 millimetres. Ce prolongement est identique dans son aspect exfdrieur a celui qui existe sur le cote intei'ne de la narine gauche, et parait en grande partie constitue par le tegument ex- terne. C'est le crane qui, dans sa voute, a subi la deformation la plus notable ; il est aplati de haul en bas et d'arriere en avant ; il est surmonte, dans sa par- tie anterieure, d'une tumeur moUasse du volume d'une grosse orange, sans pedicule bien tranche. La peau qui recouvre la partie adherente de cette tumeur au crane est normale et couverte de cpielques cheveux ; mais bien- t6t elle ne tarde pas a pcrdre les caracteres qui lui sont propres pour 6tre remplace par une membrane mince et plus brune, qui parait avoir une grande analogie avec les membranes du cerveau qui la constituent tres-pro- bablcment. Cette membrane se continue sur la ligne mediane, sous la forme de pellicule mince jusqu'a la racine du nez, et meme du c6\6 droit, jusqu'a I'orifice de la narine correspondante, ou elle forme une bandeletfe verticale d'un demi-ccntimetre, d'un aspect parchemine, elle est comme enchassec de chacpie cMv dans la peau normale. Si maintenant Ton cherche a apprecier au- dessous de cette tumeur I'etat desos, on ne tarde pas a reconnaitre que la re- 217 sistance que devraientoccasionner les deux moiti^s de I'^caille sup^rieure du coronal n'existe pas ; il est done probable que ces os manquent, et que nous avons afTaire iciaune variet6 de hernie cerebrale, a laquelle M. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire a donne le noni de proence'phale. B. Tronc. Le tronc est assez bien developpe , et n'offre rien de partlculier ; la verge et le scrotum sont bien conformes ; seulement les testicules ne sont pas descendus, ce qui est un fait assez conimun a cet age de la vie, et parti- culi^rement dans I'ectronielie abdominalo, qui est precisement le cas que nous avons a examiner chez ce foetus. C. Membres. 1» Superieurs. Celui du c6te gauche est reguli^rement con- forme , mais comme c'est principalement a droite qu'ont portd les anoma- lies de ce foetus , la main de ce c6te presente quelques vices de conformation pen importanls en eux-memes ; on ne trouve plus que deux doigts de bien con- formes, le pouce et I'indicateur ; les trois autres doigts manquent en partie, quoique leur m^tacarpiens existent ; ils sont remplac^s par des tubercules pen volumineux pour le medius et le petit doigt, tandis que I'annulaire ofl're un mamelon pisiforme assez volumineiLx, v^ui contient dans son interienr un prolongement dense cvidemment osseux, et constitue tr^s-probablement par une ou plusieurs phalanges. 1° Membres inferieurs. Le membre infcrieur gauche est normal et bien de- veloppe, le droit manque conipletement ; la fesse de ce c6te, assez bien con- formee, arrondie, se termine en avant an pli de Taine, qui est assez bien ac- cuse. Au centre de cette surface lisse arrondie, dans le point qui correspond precisement au centre dinsertion du membre, existe un petit pertuis d'un diametre d'un millimetre et d'une profoiideur de deux environ, se terminant en cul-de-sac, sans qu'il soil possible de trouver dans ce point ae cicatrice. Tels sont les nombreux vices de conformation que nous pr^sente ce fojtns ; pour completer son histoire, il nous reste a examiner ce que nous demon- trera la dissection ; c'est ce que je vais faire, et precisement dans I'ordre que j'ai adopte pour la description de la conliguration exterieure. Dissection. — A. T4te. L'autopsie a confirme la nature dela tumeur, que j'ai indiquee appartenir a la hernie du cerveau, et constituer Isiproence'phalie. Une grande partie du cerveau se trouve renfermee dans cette poche, tandis cpie I'autre est contenue dans le crane, dont la capacite est notablement di- minu^e ; mais I'efat de putrefaction avance dans lequel se Irouvait ce fietus ne m'a pas permis de constater la partie de la masse cerebrale, qui se Irou- vait ainsi faire hernie en dehors de la boite cranienne. Ouant aux parois de la poche, la peau, a une certaine distance du pedicule d'insertion, comme dans les hernies de cette especo, ne tarde pas a diminuer d'epaisseur, et son f'piderme seulement reconvre la tumeur en totalile. J'ai pu le separer dans une grande partie de son etendue des membranes sous-jacentes, qui etaient au nombre de deux, facilemenl separables, el nianifestement constituees p;ir TOME V. 1(> 218 les membranes clu ccrveau, dure-m^reetaraclmoide; on pent voir encore sur la piece leur continuation avec Ics membranes cerd'brales ([ui tapisscnt la cavity cranienne persistante. Cette cavity est surtout comprimee de Laut en bas, elle est normalement constituee a sa base ; seulement I'ossification parait plus avancec qu'on ne la rencontre ordinairement a cct age de la vie. La voiite manque en grande partie dans sa parol anterieure et superieure, elle est constitu6 en arriere, par la portion sup(5rieure de I'occipital, qui est hy- pertrophie et a acquis des diam^tres posterio-anterieur considerables, au point d'arriver jusqu'au niveau de la region frontale. La portion ecailleuse du temporale est normale, mais les deux parictaux sont represent(5s chacun par une petite bandclette d'un millimetre au plus de large , et les deux moi- tic^s verticales du coronal n' existent pas. De I'absence do ccs parties osseuses r(5sulte un trou, de forme assez r^guliercment arrondie, qui siege a ki partie ant(5rieure et superieure du crane, ayant environ 6 centimetres de diam^tre, et par lequel s'ecbappait la hemic du cerveau, qui I'tait entoure de ces enve- loppes ordinaires; le reste de la tele ne nous a olTert vien de particulier a la -dissection. B. Tronc. ^ous avons vu dans I'etude de la configuration exterieure de ce foetus que le tronc ctait normal ; I'etude des visc^res tlioraciques et abdomi- naux ne nous a non plus rien oHert de particulier. C. Memhres. Le membre thoracique droit manrpie bien de quelques doigts, tandis que d'autres sont incomplets ; mais c'est particuliercment I'absence du memlirc pelvicn droit que nous devons etudier. L'espece de depression signa- lee a la surface exterieure de ce qui represente le moignon se termihe bien reellement en cul-dc-sac. Les muscles de la fesse ofTrent unc disposition assez singuliere. Le grand fessier ne trouvant plus le grand trochanter pour venir s'y inserer,les muscles fessiers se tenminent, les uns dans la peau, les autres sur la tuberosite de I'lschion. L'os coxal est bien conforme : seulement au lieu et place de la cavite cntyloide, se trouve une saillie comme cartilagi- neuse, qui ne m'a point parut constituee par la tete femorale. L'ectromeiie est un vice de conformation qui est generalement double , la loi de symetrie peut nieme lui etre avantageusement appli- qu6e; rectrom61ie quadruple, c'est-i-dire portant h la fols sur les quatre membres, est meme plus commune que celle qui porte sur deux ; c'est h cette esp^ce qu'appartlent le fcetus de la premiere ob- servation. L'ectromeiie d'un seul membre est de toutes les varietds la plus rare, surtout quand elle est abdomlnale; c'est ce qui existe pour la seconde observation, et elle est encore h peine constatee, dit M. Is. G. Saint-Hilaire. L'ectromeiie a et6 subdivis6e, par le ceiebre professeur de teratologic, en trois types principaux qu'il caracterise 219 ainsi : 1° membres terminus par un ou plusieurs doigts imparfaits ; 2" moignon sans vestiges de doigts; 3° absence complete de membre, c'est-i-dire qu'en mfime temps que les parties apparentes de ce membre n'existent plus que pour les superieurs, I'omoplate et la clavi- cule doivent manquer, les os coxaux pour les membres inf6rieurs. A ce degr(§, I'ectrom^lie est complete, et M. Is. G. Saint-IIilaire dit ne I'avoir jamais observ6e ni chez Thomme ni chez les animaux; le foetus de notre premiere observation nous oft're un vice de conformation qui se rapproche beaucoup de ce type, car les membres inf6rieurs sent bien repr6sent6s par de petits appendices cutan^s , mais les os coxaux manquent k peu pres coirpl6tement, puisqu'ils ne sent re- pr6sent6s que dans leur portion pubienne. Sousce point de vue done, ce monstre acquiert d^ji une certaine importance t6ratologique. Le fcetus da notre seconde observation pr6sente aussl un assez haut degr6 d'interet, car la monstruosite est complexe: il existe k la fois ectrom61ie et exenc^phalie, et quoique Tectromelie soit assez souvent sans autre vice de conformation, tandis qu'ils sont ordinaires pour I'exenc^phalie, je n'ai pas trouve dans les auteurs d'observation dans laquelle ces deux importantes raonstruosit^s 6taient i'6unies chez le meme individu. Ce fcetus, par ces deux vices de conformation les plus importants, se trouve appartenir k deux families t^ratologiques ; il serait interes- sant de pouvoir 6tablir Tind^pendance de ces deux anomalies, ou d'examiner si I'absence du membre abdominal n'est pas un arret de d6veloppement qui soit cons6cutif a la 16sion cer6brale, th6orie qui a 6t6 soutenue par quelques anatomistes. L'examen des observations d'exenc6phalie que j'ai eu I'occasion de parcourir, m'a bien en eflPet demontr6 que dans la plupart des individus de cette grande famille, il existait g^n^ralement un grand nombre d'autres vices de conforma- tion, tels que la deviation des membres, bec-de-lifevre ; la celosomie meme a 6t6 observ6e ; mais, d'un autre c6t6, on trouve tr^s-souvent I'ectromelie sans 16sion aucune du cerveau ou de la moelle 6pinifere ; de sorte qu'il me parait, dans ce cas particulier, bien difflcile de dire si I'une de ces anomalies est d^pendante de I'autre, ou bien si elles ne reconnaitraient pas plut6t une cause unique, Tarret de d^veloppe- ment; j'avoue que cette dernifere conclusion me satisfait mieux que toute autre. En effet, le membre abdominal droit, que nous voyons manquer en totality chez ce fcBtus, me parait n'avoir jamais exists 220 m6me i I'^tat rudimentaire , car on n'en trouve pas de trace; il n'y a pas de cicatrice , et je ne pense pas que, pour expliquer son absence, on puisse invoquer ici les amputations spontan6es. Si maintenant nous cherchons k 6tablir la place que doit occuper ce fcetus dans la famille des exenct^phaliens, qui sont sans fissure spinale , on voit qu'il appar- tient au deuxi^me genre cr66 par M. Is. G. Saint-llilaire , aux proen- c6phaliens , genre qui est caract6ris6 par Tabsence d'une partie du coronal, d'oCi resulte que le crane 6tant ouvert en avant, donne issue i la plus grande partie de la masse c6r6brale. Ce genre, un des plus rares de la famille, n'6tait connu par M. Is. G. Saint-Hilaire, au mo- ment oil il 6crivait son remarquable ouvrage, que par deux cas : I'un quMl eut I'occasion d'observer, tandis que la description du second remontait k plus d'un demi-sifecle ; cette raret(^ m'a engage k donner k cette observation tons les d^veloppements convenables pour que ce fait put etre interpr6t6 par les t^ratologistes. Ind^pendamment de I'interet t6ratologique que nous pr^sente cha- cun de ces fcetus, celui de la premiere observation doit encore attirer notre attention sur I'esp^ce de prolongement intestinal qui s'^chappe par I'anus, et que j'ai qualifi6 d'invagination intestinale, avec hernie de I'intestin k travers le cylindre externe de I'invagination. J'ai vaine- ment cherch6 dans les auteurs des faits qui puissent etre rapproch6s de celui-li, et je dois dire que la difficult^ de T^tude de ce fait et son interpretation ont 6t6 telles que j'ai dii I'examiner k plusieurs fois, et m'aider du secours de MM. Denuct^ et Boulard, qui ont constats le fait. Le dessin qui est joint k I'observation me permet d'esp^rer que le lecteur pourra se rendre compte du m^canisme d'aprt;s lequel s'est op6ree cette hernie. L'intestin qui a travers6 la d6chirure du feuillet externe invaginant n'est plus renvers6 en lui-meme; c'est sa couche p6riton6ale qui se trouve ext6rieure, tandis que c'est I'inverse pour le feuillet invaginant. Ce meme fcetus, pour son ectromelie bithoracique, offre encore ceci de particulier, qu'il existe une luxation sous-coracoidienne con- g6nia]e des deux humerus, et une luxation lat(5rale externe des deux petits appendices osseux, qui repr6sentent Tavant-bras. Toutes ces parties sont recouvertes de fibres musculaires anormalement dirig6es; on comprend, comme cela a 6t6 plusieurs fois constat^, comment ces raembres peuvent n6anmoins ex6cuter des mouvements. La mal- formation de la cavite glenoide, qui au lieu d'etre concave est convexe. 221 est-elle la consequence de la luxation de riium^rus, ou a-t-elle pro- duit cette luxation? e'est une th6orie qu'il est encore aujourd'hui difficile de r6soudre d'une mani6re precise; mais si Ton se reported une disposition identique qui existe pour la cavit6 cotyloide du foetus de la seconde observation , on pourait admettre que la luxation hu- m6rale est ici consecutive i une mauvaise conformation de la cavit6 gienoide. RICHBRCHES sua LES CORPS ALBUMINOIDES, Par M. le Doctkur LECONTE, Professeur agreg^ a la Faculty de medcciue de Paris, ET M. LE DocTEUR A. DE GOUMOENS. Jusqu'^ ce jour on avait consid6r6 la fibrine , la fibre musculaire pure, la cas6ine , ralbumine, la vitelline et la globuline comme des substances isom^res , ne renfermant dans leur masse qu'un seul et meme corps, identique dans toutes sea parties, pr6sentant toujours, quelle que fut son origine, la propri6t6 de donner une liqueur d'un violet plus ou moins intense avec la solution concentr^e d'acide chlor- hydrique, et de se dissoudre completemcnt dans I'acide acetique. Cependant les observations faites par Lelimann et rapport6es dans son ouvrage (Lehmann, Lehrb. der Physiolog. Chemie., t. I, p. 361) avaient fait penser k ce physiologiste que la fibrine pourrait bien etre une substance complexe. II s'appuie surtout sur ces faits que la fibrine oflre au microscope des globules blancs du sang, des granulations et des corps amorphes, et de plus il ajoute, comms caractfere chimique, que la fibrine n'est pas compl6tement soluble dans la solution de chlo- rurede sodium, qui laisse toujours intacts quelques flocons. Tel etait I'etat de la question, lorsque la nature de nos recherches nousamenai 6tudier les substances albuminoidea au point de vue de I'analvse immMiate. I. — FiBRlNE. Nous avons d'abord soumis k Vexamen microscopique, i I'aide d'un grossissement d'environ 600 diam^tres, de la fibrine tr6s-blanche , provenant du sang de cheval, et il nous a 6t6 facile d'y constater deux espfeces de corps : 1" La trame de la fibrine, qui est form^e par des fibres pr6sentant des caractferes analogues dans la fibrine des diflKrents animaux ; elles sontd'un blanc l^gferement jaunatre, sans structure particuli^re, pa- ranoics les unes aux autres ; leurs bords forment des ondulations plus ou moins fortes ; souvent meme les contours sont uu peu an- guleux ; 1" Des granulations trOs-visibles et nombreuses, qui sont diss6mi- n6es k la surface des fibres et emprisonnees entre elles. Leur volume est trfes-variabie : il en est de fines et de voluminenses ; mais toujours elles conservent un aspect particulier qui ne permet pas de les con- fondre avec les globules blancs du sang. En comparant entre elles la fibrine du sang de cheval et celle du sang de chien , nous y trouvons, il est vrai, un aspect un peu different: les fibres de la fibrine du cheval sont plus larges, les ondulations plus accentu6es et les granulations dispos6es un peu dififOremment que dans la fibrine du chien; mais nous y trouvons cependant toujours bien nettement les fibres et les granulations. (Voir pi. V, fig. 1, 2, 3, !x.) Quant aux globules blancs du sang, on ne pent pas les regarder comme partie constituante de la fibrine, puisqu'il nous a et6 impos- sible d'en d6couvrir dans la fibrine du cheval, qui 6tait d'uneblancheur ^clatante, et que celle du chien ne nous en a offert que quelques-uns 6pars (ja et \h, tandis que le caillot non lave et imbib6 de son s^rum en presentait un grand nombre. Deji, dans le caillot, il est possible d'apercevoir la partie fibreuse et granuleuse de la fibrine dont nous avons parl6. L'exaraen microscopique demontre done qu'il existe dans la fibrine des corps de forme differente; les reactions cliimicjucs prouvent que ces corps possOdent aussi des propri6t6s distinctes. En traitant la fibrine par Tacido ac6tique cristaUisable, on la volt changer d'aspect : de blanche et opaque qu'elle 6tait, elle prend I'as- pect d'une gel^e incolore et transparente. En Texaminantalors au mi croscoi)e , nous avons retrouve les fibres , telles qu'elles se trouvent 225 dans lafibrine. En quelquesheures la transformation est complete; les granulations ont disparu , mais les fibres persistent, bien que pr^sen- tant un volume plus considerable. A cause de leur transparence, il faut alorsquelque attention pour les reconnaitre. Aprfesunmois de contact avec cet acide, les fibres ne se sont pas dissoutes et ont conserve leur forme g^latineuse; k cette^poque elles sontdevenues compl^tement invisibles au microscope ; mais la saturation de I'acide par la potasse leur rend leur premier aspect. En jetant sur un filtre la masse gonflee, baignee du liquide acide, il passe une liqueur incolore et limpide ; en y versant peu k peu de la potasse, elle se trouble, et avant qu'elle soit completement neutrali- s6e, il se depose peu a peu une masse blanchatre floconneuse qui, exa- minee au microscope, pr^sente des granulations semblables k celles que nous avons signal^es dans la fibrine normale. Mais si ces deux elements de la fibrine, isol6s nettement, sont bien caracteris^s par leur forme, ils ne le sont pas moins par leurs reactions chimiques, qui different essentiellement. 1° Acide acetique. Le mode different d'action de cet acide sur ces deux substances constitue d6ji un caractere d'une haute impor- tance. 2° Vacide sulfurique, etendu du tiers de son volume d'eau, dissout, k I'aide de la chaleur, les fibres en donnant une coloration rougeatre ; les granulations se dissolvent egalement, mais en produisant une li- queur jaune. Ce caractere est surtout sensible quand on opfere, com- parativement avec le meme acide, sur les deux substances. 3° Un melange d'azotate de protoxyde el de bioxyde de mercure (1) colore les fibres en beau rouge carmin, tandis que les granulations prennent une teinte legferement rose. h" Vacide tartrique en solution saturee gonfle les granules sans les dissoudre, meme k I'aide de rebullition, tandis qu'^ la meme tempera- ture elle dissout facilement les fibres, bien qu'elles soient en morceaux assez volumineux; seulement, dans ce cas, Taction est un peu plus lente; on voit les fibres se gonfler, devenir transparentes et dispa- raltre peu k peu. ll) On obtient ce reactif en laissant agir a la temperature ordinaire une partie de mercure et d'acideazotique a 1 ,40 dedensite eten etendant de quatre parties d'eau distill^e. 226 5" Le cliromule de potasse additionne d'acide sulfurique dissout tres-facilement les fibres k 100" avec coloration rouge brunetn'at- taque point les granulations i la meme temperature. 6° Acide chlorhydriqiie. En traitant les fibres par Tacide chlorhy- drique , elles se dissolvent en grande quantit(5 ; quand on 61t!ve la tem- perature h rebulition, le liquide est limpide, mais prend une colora- tion violette tres-intense ; la solution satur^e par la potasse se d^colore et donne un pr^cipit^ blanc. Les granules, au contraire, r6sistent en partie k raction de cet acide, et il est impossible de les dissoudre compietement; le liquide prend une teintejaun^trc, qu'on ne saurait confondre avec la liqueur violette produite par les fibres. Tous les faits qui precedent prouvent done que la fibrine est formee d'au moins deux elements heterogfenes , I'un afifectant la forme de fibres , I'autre de granules. L'union de ces deux corps est sans doute indispensable au role physiologique que joue la fibrine dans I'orga- nisme. Rarement, eneffet, les mat^riaux qui servent k I'accomplisse- ment des fonctions de la vie sont constitu^s par des corps homogfenes au point de vue de leur constitution chimique; nous n'en citerons comme exemple que la salive et le sue gastrique , et dans le cas qui nous occupe, la fibrine, loin de faire exception, rentre au contraire dans la regie g^n^rale que nous venons de signaler. Ces r^sultats nous conduisirent k examiner de la meme mani^re les autres corps albuminoides, tels que la fibre musculaire, Talbumine, la cas6me, laglobulineetla vitelline, et comme nous avons trouve dans chacun de ces corps deux substances analogues k celles de la fibrine, nous croyons, pour plus de simplicit6 etpour eviter des periphrases, devoir donner le nom d'oxoliiine (fi^o?, vinaigre; XOu, je dissous) k la partie soluble dans I'acide ac^tique cristallisable, et d'anoxoluinc k la partie insoluble. II. —Fibre musculaire. Au moyen de Facide ac6tique cristallisable, nous sommes parvenus k extraire de la fibre musculaire deux substances analogues k celles que nous avons obtenues de la fibrine extraite du sang. Nous avons agi comparativement sur la fibre musculaire de la vie animale (couturier du chien)etsur celle de la vie organique (couclie musculaire de la partie inferieure de I'cesophage et de Tcstoinac d'un chien sacrifie depuis quelques instants). 227 n. Fibre musculaire de la vie animate. Corame dans nos recherches sur la fibrine , nous avons fait pr6ce- der Taction de I'acide ac6tique ( cristallisable ) de I'examen microsco- pique sur la substance normale; nous y avons trouv6 les fibres strides signal^es par tous les micrograplies et de plus des granulations abon- dantes, mais plus petltes que dans la fibrine. Cette fibre musculaire avait 6t6 lav6e avec soin pour la d6barasser autant que possible du sang et des matiferes solubles qu'elle contenait , et elle ne pr6sentait plus qu'une coloration rose tr6s-16gere. Aprfes lui avoir enlev6 I'eau par la compression, on la mit en contact b. la temperature ordinaire avec de I'acide ac6tique cristallisable : bientOt elle se gonfla , devint translucide et prit une teinte leg^rement brunatre, due sans doute k la petite quantite de sang qui n'avait pu en etre separee. Apres huit jours de contact on filtra la liqueur acide, dans laquelle se trou vait la masse non dissoute, et on la neutralisa par la potasse caus- tique. On obtint de cette manifere des flocons blancs qui se rendirent i la partie inf^rieure du vase et dont on opera le lavage avec facility. Examines au microscope k I'aide du grossissement qui nous servit dans toutes recherches, ils nous ont oflert Faspect des granulations vues dans la fibre musculaire ; seulement leur volume etait un peu plus considerable qu'avant leur dissolution dans I'acide ac6tique. Les fibres musculairesgonflees par ce meme acide ne nous ont plus laiss6 voir de stries transversales, et leur ressemblance avec Yanoxoiuine provenant de la fibrine etait telle qu'il etait facile de les confondre. Une autre portion de fibres musculaires fut abandonn^e au contact de I'acide ac^tique pendant pr^s de deux mois ; au bout de ce temps , s6paree de la liqueur acide qui la baignait, elle nous offrit les memes caract^res que la pr^cedente. On neutralisa I'acide acetique qui im- pr^gnait cette substance a I'aide de la potasse, et de translucide et 16- g^rement jauucitre qu'elle etait , on la vit devenir opaque et blanche. Nous avons examine les deux substances provenant de la fibre mus- culaire i I'aide des raemes reactifs qui nousavaient servi pour Yanoxo- iuine et Yoxoluine de la fibrine. L'acide sulfurique et I'acide tartrique donnent les resultats si- gnal's plus haut avec les parties analogues de la fibrine. L'azotate de protoxyde et de bioxyde de mercure colore de meme I'anoxo- luine de cette fibre musculaire en rouge carmin, tandis qu'il ne colore 2s. Les autres symptomes concordaient parfaitement avec cette induration, a savoir : adenopathie inguinale, multiple et indolente, sy- philide papulo-squammeuse dissc^'minee, plaques griscs sur difTerents points de la cavite buccalo, tumefaction de trois ou quatre ganglions sous-occipitaux et mastoidiens coincidant avec rpielques points rouges et ecaillenx dans le 2/i8 cuir chevelu et uue alopt^cie peu prononcee. Eu m^nie temps, la peau et los sclerotiques ofTraient une coloration jaune trt's-manifeste. Tout cela datait de plus de deux semaines. A partir de ce moment, sans cause occasionnelle apprc^ciable, surtout sans I'lntervention d'une cause mo- rale, le malade avait ressenti un malaise p:(5m''ral ipi'il navait pas bien ana- lyst, mals qui etait accompagne de perte d'appetit ct de douleur de tetc ; la jaunisse se manifesta presque aussitdt et augmenta durant quelqnes jours; elle etait deja en voie de d^croissance, lorsque le malade fut soumis a mon observation et selTaca rapidement pendant I'usagedcs pilules de proto-iodure de mcrcure et de la tisane de (juassia amara. 11 en fiit a peu pres de meme des accidents secondaires proprement dits. Nous n'avons constate aucune augmentation de volimie du foie, aucune sen- sibilite dans I'hypocondre droit, ni dans la region epigastrique ; I'apptmt ^taitrevenu, les fonctions digestives s'ex^cutaientregulierement, et le malade mangea imm^diatement deux portions. Bien que nous n'avons pas assists an debut de I'ictere, en se repor- tant a I'epoque fixee par le malade pour Tapparition de la coloration jaune des teguments, on voit que la suffusion bilieuse a dii se produire en merae temps que I'eruption secondaire, dont nous retrouvons quel- ques Elements d'une forme avancee. Les souvenirs du malade n'etaient pas assez fideles pour qu'il nous rendit parfaitement compte des trou- bles digestifs qui precederent ou accompagneront I'invasion de la jau- nisse et de I'exantheme sypbilitique. II est probable que ces symptOmes gastriques etaient plus prononc^s qu'on ne serait porte a le penser d'apres les renseignements fournis par le malade. Ces symptdmcs out pris une proportion insolite dans le cas dont il nous reste a parler. Obs. VIII.— Clarisse R., agee de 19 ans, domestique, cnire a la Charity, salle Saintc-Madeleine, n° 8, service de M. Bouillaud, le G aont tS50. Cette femme est blonde, bien constituce, et dit avoir toujoursjoui dune bonne sante. Elle est enceinte de quatre mois. Pendant les deux premiers mois environ de sa grossesse, elle a ^te sujette a des vomisseraents, et vers I'epoque oil cet acci- dent s'est dissip(5, elle a remarque I'existence de tlueurs blanches assez abon- dantes. Plus tard I'ecoulement leucorrheique augmenta beaucoup et devint ex- tremement pcniblc. Les demiers rapports sexnels ont eu lieu six semaines avant I'entree a I'liopital. 11 yamaintenant douzea cpiinze jours que, de nouveau, scs digestions se sent dtongees ; en meme temps elle a souffert de maux d'estomac et d'une constiiialion opinialre. 11 se joignait a cela une cephalalgie assez intense. Pas de fievre, [lus do coli(pies ; scidcnieiit ilo> vomissenieiils. les uns a jeiin . le.i 2Z|9 autres provoqu(^s par I'ingestion des boissons ; I'appetit ('■tail compMtement perdu. Ces sympWmes diiraient depuis cinq a six jours, lorsque la malade s'apercut qu'elle 6tait jaune. Etat ACTUEL. —Teinte jaune verdatre fonce de toute I'liabitude du corps, plus intense encore aux sclcroticpies. Sur les membres sup^rieurs, nous re- marquons d"abord une eruption composee en partie de taclies rouges, cui- vr^es, sans elevures et en partie de papules saillantes, dont quelques-unes sont couvertes d'une croute tres-mince. Cette eruption se retrouve avec les m6mes caracteres sur les membres inferieurs et sur le trone, et ne s'accom- pagne d'aucune demangeaison. L'abdomen otTre en outre deux ou trois bou- tons plus larges, avec un centre brun forme par une croute enchass^e dans le derme (ecthyma lenticule). Dcs pustules ectlijTnateuses analogues existent en plus grand nombre autour des parties gdnitales, soit dans la region perineale proprement dite, soit surle voisinage des cuisses. Quelques papules saillantes humides mSritent le nom de papules muqueuses. C routes dans le cuir che- velu, surtout a la region occipitale; plusieurs ganglions cervicaux posterieurs engorges, roulants et un pen douloureux a la pression. Les cheveux tombent en abondancc. Douleur de gorge depuis trois ou quatre jours; difficulte pour avaler. L'inspcctiou r^vele une tumefaction considerable des amygdales avec plaques grisatres. Pas de traces d'ulcerations primitives sur les parties genitales extemes. Le vagin n'est pas explore ; il est le siege d"un ecoulement puriforme abondant. Anorexie ; langue charg^e d'un enduit jaunatre, epais ; douleur a la region epigastrique ; foie debordant les fausses c6tes ; constipation. Pas de fievre, ni cephalalgie; insomnie. (Tisane de quassia araara; deux pi- lules de proto-iodure de mercure a 0,05 centigr.) Au bout de quelques jours, les pilules donnent lieu a des coliques et sont momentan^ment suspendues, puis reprises et continu^es quinze jours envi- ron sans interruption. Mors, la bouche s'etant prise, on a du les cesser defl- nitivement, en raison de la violence de la stomatite. Mais deja la jaunisse et I'eruption syphilitique s'^taient considerablement attenuees. Enlin, le 7 septembre 1850, lorsqu'apres un mois de sejour, Clarisse R. quitta rh6pital, les syphilides avaient enti^rement disparu, ainsi que la colo- ration icterique de la peau ; il ne reslait qu'une nuance jaune assez l^gere aux scleroticpies et quelques ganglions cervicaux engorges. La grossesse marchait avec regularity, et le fcetus remuait energicpjemenf. Cette derniere observation a ete recueillie sous mes yeux par men ami M. le docteur Duroziez. J'ai cru devoir la Iranscrire avec quelques details afin d'6viter une objection qui, sans cela, se serait natiirelle- TOME V, 18 250 lueiit pr^seulee a I'csprit des personnes qui savciit que la grossesse a et6 consid6ree conime une cause d'ictere. A la voritt' cetle opinion, profess^e par un tres-pclit nonilire de mc^- decins (Strangers a la pratique de Tart obstetrical, u'a pas ete sanction- nee par la tres-grande majority de ceux qui, s'etant occupte speciale- raent des accoucliements et des maladies des femmes, etaient mieux que les autres en position de constater les fails de ce genre (I). Le silence des accoucheurs constitue evidemment une presomption defavorable ; mais des raisons valent raieux encore que des autorites. Voyons ce qu'il faut penser de rictere des femmes grosses. A qui doit-on rapporter la premiere id6e de I'influence exerc^e par la grossesse sur la production de Fictere? Sur quels fails cette idee a- t-elle ete appuyee? Nous Fignorons; mais ce que nous savons Lien, c'est que Fopinion dont il s'agit se trouve abritee derriere quelques noms qui font autorile dans la science , et qu'a ce litre elle meriterait une discussion serieuse que nous ne pouvons pas epuiser ici, mais danslaquelle nous poserous au moins quelques jalons. CuUen (2), par exemple, adraet tres-categoriquement la grossesse au nombre des causes d'ictere, et donne a sa quatrieme espece de jaunisse le nom (yicterus gravidarum^ qull fait suivrede cette phrase descrip- tive : Sub (jraviditate oriens et post parlum abiens. Or, en disant que Fictere des femmes enceintes, survenu dans le cours de la grossesse^ ne se dissipe qu'apres Faccouchement, je doute que Cullen ait voulu parler d'une veritable jaunisse. Kous n'observons jamais d'ictere qui affecte une pareille marche et dont la durce ne soit pour ainsi dire li- raitee que par celle de la grossesse elle-meme. En Fabsence de toute explication donnee par cet auteur eminent, il est permis de penser qull avail en vue le pseudo-ictere li6 a la chlorose, si frequente chez les femmes enceintes, comme le professe depuislongtempsM. Bouillaud et comrae I'a demontre M. Cazeaux dans un travail recent. Pierre [[) Voici, par ordrc alpliabctinue , la listc des auteurs dans lesquels on cherche vainenicnt Findication de Fictere pendant la grossesse : Astrac, Bau- delocque, niadame Boivin, Burton, Capuron, Cazeaux, Cliailly-Honortj, Clie- vreul, Dclamottc, Dcleurye, Dcnman, Deventer, Dionis, Gardicn, Jacobs, Le- vret, Mauriceau, Maygrier, Mdnard, Ncegele, Nihell, Peu, P. Portal, Puzos, Rce- derer, Sacombe, Smellie, Stein, Velpeau, Vicrdel, Yitet, White. - (2) First lines of the pract. of the poys., 1. 11, p. 295. 251 Frank (1) est plus explicite encore ; I'ictere gravidique pourrait, selon lui, se raontrer dans deux conditions pendant la grossesse : 1° an de- but, sous I'influence des meraes causes que les nausees et les vomisse- raents ; 2" dans la derniere p6riode de la gestation, par suite de la compression exerc6e par le globe ut^rin sur les voies d'excretion de la bile (2). Mais, chose singuliere, la premiere espece est tellement rare que Frank avoue ne I'avoir jamais observee. Quant a la seconde, I'il- lustre praticien de Yienne est si pen satisfait du mecanisme qu'il vient d'invoquer, que, quelqucs pages plus loin (3), ayant a parler de la jaunisse qui se declare quelquefois dans les efforts memes de I'accou- cheraent, c'est-a-dire an milieu des circonstances les plus favorables a Faction m(^-cani(iue de Futerus, il declare que cette jaunisse est ordi- nairement spasmodique et qu elle disparait bienlot avec les troubles inseparables de I'enfantement. AFepoque oil P.Franck ^crivait souTraite demedecine, la question de I'ictere gravidique 6tail done pleine d'incertitudcs et de contradic- tions; depuis lors elle n'a pas avancii dunpas. Dans les articles les plus r^cents, nous retrouvons les memes vues et la meme penurie de faits, avec cette difft^rence toutefois que sous Fempire de plus en plus ex- clusif des theories m^caniques la premiere espece d'ictere a Fini par etre releguee dans I'ombre pour faire place a I'ictere par obstacle a Fexcr6tion biliaire. Cette preference, a mon avis, est bien mal justi- tiee ; en dehors des preuves tirees de Fobservation directe des fails, Finduction est evidemment favorable a I'ictere sympathique deFranck ; car on doit admettre par analogic que le trouble fonctionnel d'oii r6- sultent les vomissements opiuiiitres de la grossesse pent atteindre le foie et se reveler, entreautres symptdmes, park jaunisse. Quant a celui qu'on suppose etre le r6sultat de la compression exer- cee parle globe ut6rin sur les canaux vecteurs de la bile, sans vouloir en nier absolument Fexistence, j'avoue que sa production me parait a peu pres impossible. MM. Monneretet Fleury se sont exprimes dans le meme sens (4), el mon ami M. le docteur Blot, qui a rempli pendant deux ans les fonctions d'interne a la Maternite, ne se rappelle pas avoir (1) Traite de MED. PRAT., trad, de Goudareau. Paris, 184^, t. II, p. 355. (2) Loc. cil.. p. 334. (3) P. 353. (4) COMPEND. DE MED. PRAT., t. V, p. 113, 252 vu nil seul cas d'ictere, quoiqu'il observal des femmes arrivties en g6- n6ral a la fin de la grossesse. Au reste, quelle que soil I'opinion qu'on se forme a cet ^gard, on deraeurera convaincu apr^s la lecture de robservation precedento que, chcznotre malade, rictere etait rOel- leraent independant de Tetat de gestalion. En elTet, d'une part, les vomissements auxquels on aurait pu le rattacher avaient coniplete- ment cesse depuis six semaines ; d'un autre c6t6, la grossesse n'etait pas encore parvenue a cette periode avaucee oil Ton suppose que le volume enorme de I'uterus pent ontraver I'excretion de la bile. Et comme aucune autre circonstance commune ne pouvait rendre compte, chez cette femme (1), de I'apparition de la jaunisse, il est rationnel de rapporter celle-ci a I'influence de la diathese sypbilitique. Cela ne nous erapechera pas de reconnaitre que I'etat de gestation n'ait pu imprimer un caractere special aux phenomenes gastriques concomitants. En effet, c'est la premiere fois que nous voyons I'ictere presume sypbilitique s'accompagner de vomissements. RESUME SYNTHETIQUE DES FAITS. Apres avoir expose lesfaits dont nous avons et6 temoin on qui sont parvenus a notre connaissance, jetons un coup d'ceil surleur ensemble et cherchons a esquisser les traits communs qui peuvent servir a les rapprocher et a les caracteriser. Dans sept de nos observations, Victere a coincide avec la diathese sypbilitique, manifestee par des accidents cutants qu'on est generale- ment convenu d'appeler secondaires. Dans le cas de Percy, I'infection 6tait probable; mais les Eruptions sypbilitiques ne sont pas signalees. L'ictere s'est montr6 dans tous les cas comme un accident pr^coce, accompagnant les syphilides exanthcmatiques ; il n'a presents sous le rapport de son apparition que de tres-legeres differences qui m^ritent (i) Non-seulement nous avons constat^ I'absence des causes vulgaires de la jaunisse comme chez les autres malades ; mais nous pouvons dire que I'une d'entre elles, les affections de I'ame, ne devait guerc avoir de prise sur cette jeune fille iusouciante et irrellechie, puisqu'ellc apprit de nous sans en res- sentir aucune ^-motion le nom ctla gravitci de samaladie, qu'elle ignorait jus- que-la. 253 n^anmoins de faire Tobjet d'une reraarque Le premier fail de M. Ri- cord nous raontre la jaunisse anterieure, non-seulement a I'eruptioa syphilitique, mais encore aux ph^nomenes precurseurs de cet exan- theme qui sent consideres comme les premiers indices de I'infection : je veux parler de la c6phalalgie et de Tengorgement ganglionnaire cervical. Les choses se sent passees un pen diff^remment chez le jeune 6tudiant trait6 par M. Rames, puisque la coloration jaune de la peau et I'l^ruption paraissent s'etre produites simultan^ment, ou du moins s'etre succ6de a si court intervalle que les deux phenomenes ont et6 apercus a pen pres en meme temps. Au reste s'il y avait doute dans ce cas, I'anteriorit^ devrait etre accord^e plutfit a I'exantheme. On pent dire d'une maniere g6n6rale que ce sont des accidents contemporains. La jaunisse peut rosier legere ou moyenne. Deux Ms (obs. 3 et 6), elle a etc assez forte pour que la s6cr6tion salivaire ail entralne la ma- ti6re colorante de la bile. Ordinairement elle atteint rapidement son maximum d'intensit^. Sa dur^eest tres-variable ; quelquefois tres-courte, elle a pu se prolon- ger quinze jours et davantage, comme le prouvent les obs. Set 7. Cette couleur jaune du tegument externe modifie toujours I'aspect des syphilides exanthematiques qu'elle vient compliquer ; elle peut m6me en voiler compl6tement les premiers etats, particulierement les formes ros(5olique et 6ryth6mateuse. M. Ricord en a le premier fait la remarque a Foccasion de son second malade. « Mais chez celui-ci, dit-il, rintensit6 dans la coloration de I'ictere semblait plutdt avoir masqu6 que retarde I'^ruption syphilitique. » Notre savant maitre n'estraeme pas eloigne de croire que I'ictere peut s'opposer jusqu'a un certain pointal'^ruption des syphilides; car il ajoute : « Chez le malade dont nous avons parle prectjdemment, la coloration moins intense de I'ic- tere avait permis d' observer plus vite I'existence de la syphilide, peut-itre aussi elle en avail moins gdie la manife station. » II me pa- rait peu probable que I'ictere ait cette influence, puisque nous le voyons, dans les cas ordinaires, independamment de toute condition speciale, donner lieu a des Eruptions cutan6es de formes diverses. Le raisonnement ferait admettre, aucontraire, que la jaunisse dut pr^ci- piter I'apparition des syphilides, en appelant a la pcau une certaine irritation qui se traduit souvent par des eruptions prurigineuses. D'ail- leurs le d^veloppement des eruptions speciflques dans le d(^lai de deux mois apres I'infection dans les cas observes par nous, prouve 25i que, dans ces cas du moins, I'ictere n'a en aucuiic facoii entrave la manifestation de Texantheme. Dans les limites de mon observation, j'ai toujours constats au debut des accidents cutanea, des troubles du cote des organesde la digestion, tels qu'anorexie, naus^es, amertume de la bouche, douleur a I'epi- gastre. Ces symptomes ont ete tres-accuses chez le malade qui fait le sujet de I'obs. 4 et chez la jeune femrae (obs. 8) dent I'etat de gros- sesse constituait 6videmment une predisposition aux accidents gas- triques. Cependant, ainsi qu'on I'a vu par I'analyse des fails, ces troubles fonctionnels, nou plus que la jaunisse, ne pouvaient se rattacher soit a des peines morales, soit a des habitudes d'ivrognerie ou meme a des erreurs de regime passageres. Chez le second malade de M. Ricord seulement on a note un mauvais etat des premieres voies, des exces de boissous alcooliques et une emotion morale depressive; c'est assu- r6ment plus qu'iln'en faut pour developper la jaunisse; en sorte que ce fait n'a pas grande valeur au point de vue oii nous sommes places. En ecartant pour un autre motif Tobservation de Percy, oiile diagnos- tic n'est pas suffisamment etabli, ii reste 6 cas (obs. 2, 4, 5, 6, 7 et 8) dans lesquels I'ictere est independant des causes vulgaires qu'on lui a reconnues jusqu'a present. J'ai fait voir, en effet, que pour la femme Clarisse R..., I'etat de gestation n'a pu intervenir comme cause effi- ciente dans la production de I'ictere. II me reste a faire uue deruiere remarque relativement a I'^tiologie; c'est qu'aucun des malades dont I'histoire est consignee dans ce travail n'avait et6 soumis au traitement mercuriel avant I'apparition de la jaunisse. Cette circonstance est importante a uoter, puisque les mede- cins anglais et amC-ricains atlribuent aux preparations liydrargyriques, dont ils abusent plus que nous, un certain nonibre de maladies aigues et chroniques du foie. INDUCTIONS PATHOLOGIQL'ES. En definitive, il ne reste plus que la syphilis constitutionnelle qu'on puisse rationnellement invoquer comme cause de I'ictere dans six des observations qui servent de base a ce memoire. Si Ton parvenait a etablir rigoureusement (jue dans un cas, un seul eas, I'ictere s'est prodiut chez un sy|)hililique d'une maniere absolu- ment independante de toute cause possible autre que la syphilis, 11 255 serait rigoureusement dtimontrt que, dans ce cas, la syphilis a deter- mine I'ictere, et que par consequent elle pent etre cause d'ictere. Mais comme il est impossible de prouver incontestablement qu'au- cune des causes admises, et u plus forte raison qu'aucune des causes possibles du phenomene morbide n'est interveuue pour le produire, il iraporte, a d6faut de cette preuve peremptoirc, irrefragable, absolue, d'accumuler les probabilites ou les demi-preuvespour demontrer qu un rapport de causalite existe reellement entre I'ictere et la syphilis dans les observations cities. Rappelons d'abord quelques regies, qui serviront a nous guider dans cette discussion. En general, la nature specifique d'une affection peut etre deduite de plusieurs ordres de preuves. 1" Cette affection existe en Tabsence des causes vulgaires capables de la determiner ; 2° EUe coincide plus ou moins souvent avec d'autres sympt6mes re- putes speciflques; 3° Son apparition se fait regulierement a une periode determinee de la maladie generale ; 4° Elle revet dans sa forme, sa marche et sa duree, des caracteres tout a fait sp6ciaux ; 5° L'analogie marque sa place a cote d'autres manifestations de la meme diathese, ou en regard de certains phenomenes appartenant a des maladies speciflques voisines; 6° Les medicaments speciflques exercent sur elle mic action favo- rable. Sur le premier point, je n'ai qu'a repeter ce que j'ai dit plus liaut. L'observation attentive des malades m'a convaincu que, dans un cer- tain nombre de cas, les causes connues de I'ictere avaient fait comple- tement defaut. En second lieu, la coincidence avec la diathese syphilitique ressort claireraent des sept dernieres observations qui servent de base a ce travail ; mais pour acquerir une grande valeur, cette coincidence doit etre frequente. Cependant nos rccherchosbibliographiques et cliniques ne nous out pas permis d'en reunir plus de huit observations (1), nom- (1) Dans ce releve, nous ne comprenons ni le fait mentionne par MM. Da- vasse et Deville, sur lequel nous n'avons aucun renseignenient, ni un cas 256 bre tellemenl restreiiit qu'oii pourrait, avcc quelque apparence de rai- son, accuser le hasard dc setre charge tout seul du soin de produire ces coincidences. Quclques remarques sont done necessaires pour jus- tifier une interpretation diff6rente. Sans doute nous aimerions mieux apporter ici un grand nom- bre de fails probants ; mais nous croyons que Ics quelques obser- vations relatees dans ce travail suffisent a etablir le rapport de causalite que nous admettons. Beaucoup d'autres affections incon- testableraent sypbilitiques ne sont guere plus fr6quentes que I'ic- tere secondaire. Qu'on parcoure les salles de rh6pital du Midi, et souvent , sur plusieurs centaines de veroles , on ne decouvrira pas une seule iritis sp^cifique. Les sarcoceles veneriens ne seraient pas plus communs si leur dur6e 6tait aussi courte que celle de I'ophthal- mie. N6anmoins personne aujourd'luii ne songe a leur contester cette origine sypbilitique. qui fut si longtemps ignori^e, en raison de leur rarete meme, que Hunter ne connaissait ni I'un ni I'autre de ces ac- cidents de la v6role. A la verit6, I'ictere speciOque parait plus rare encore. Mais combien de fois n'a-t-il pas ecbappe a I'observation? Tantot il n'existait plus quand les raalades se sont soumis a I'examen, tantotil a ete confondu avec la jaunisse vulgaire lorsqu'il semontrait avec une simple ros6ole. 11 deviendra peut-etre plus frequent lorsqu'on se donnera la peine d'y regarder. En attendant, nous pouvons expli- quer facilement la raret6 relative de ce symptome. Dans notre pens^e, I'ictere n'est pas une consc^quence directe de Faction du virus sypbilitique : e'en est une manifestation mediate et par contre-coup, si Ton pent ainsi dire. La syphilis frappe le foie, et lefoie reagit asa maniere, soitpar de la douleur seuleraent (1), soit d'ict^re qui s'est presente a notre obsei-valion dans le sei'vice de M. le pro- fesseur Bouillaud, cas dans lequel nous n'avons pas d'abord soupconne la possibUite de rinfcction syphiUtique, bien que cette infection existat vrai- semblablement a cette epoque. En effet, cette malade ayant quitte la Charite, le hasard nous la fit rencontrer quelques semaines plus tard a I'hApital de Lourcinc, oil clle ctait traite^'c par M. CuUencr pourdes accidents secondaires d'une forme avanct^c. (1) Si le foie est indolent lorsquc riuflammation est bon»5e a la profondenr du parenchyme de ce visccliro, il n'en est pas moins vrai que la douleur peut accompagnerccrtaines inflammafions periplieriques dcla glandc,ct que cellc- ci peut t'lre affectee ile nOvralgic iliepafalgiei ayant sans doute pUis parlicit- 257 par une suspension ou bieu une interversion de ses acles physiologi- ques, interversion dont la jaunisse n'est qu'un r^sultat. Les choses ne se passent pas autrement dans les maladies ordinaires de la glande li^patique. En dehors des cas d'obstacle mecanique ix I'excretion de la Lile, I'ic- tere n'est qu'un symptdme 6ventuel et fugace. II faudrait n'avoir pas fait d'anatomie pathologique pour ignorer que le foie pent etre le siege des plus graves desordres, par exemplcd'abces vastes et multiplies suites d'hepatite aigue, sans que, pendant la vie, la coloration jaune des teguments ait fixe le diagnostic sur une maladie de I'appareil biliaire. La clinique nous apprend de son c6te que I'ictere se montre capricieusement au debut ou dans le cours d'une alteration organique du foie, pour s'evanouir ensuite sans retour, malgrc les progres inces- sants du mal. Ainsi I'ictere n'accompagnera que le plus petit nombre des lesions hepatiques dependant de la syphilis, et son apparition ex- ceptionnelle n'autorisera en aucune facon a nier qu'il depende reelle- ment de la diathese s^iT^ihilitique. Mais, d'apres ce qui vient d'etre dit, on aurait le droit de se montrer plus exigeant a I'egard de la lesion hepatique dont I'ictere n'est qu'un symptome accidentel. Cette alte- ration a-t-elle 6t6 constatee anatomiquement, ou, si elle consiste en un simple trouble fonctionnel, y a-t-il au moins d'autres signes auxquels on puisse la reconnaitre en I'absence de la jaunisse? C'est ce que nous allons examiner. Sur la lesion anatomique, I'observation directe ne nous a rien ap- pris, et nous ne pouvons faire que des conjectures. Nous sommes un pen plus avanc6s relativement aux troubles fonctionnels. Les medecins places a la tete des services de veneriens savent qu'il est frequent de rencontrer de I'inappttence, de I'amertume de la bou- che, des nausees, de la constipation ou de la diarrh^e chez les sujets, porteurs do chancres indures, en qui s'6tablit la diathese syphilitique. II existe assez souvent aussi de la gastralgie et une douleur plus ou moins marquee a la pression dans la region ^pigastrique. Outre les douleurs rhumato'ides, quelquefois ces symptomes sont accompagn^s d'un mouvement febrile avec abattement, courbature, et meme, comme je I'ai vu, avec rachialgie et nausees, ce qui rapprochc singulierement licrement son si^ge dans les filets emanes du pneumogastrique, qui est, a son origine. un nerf dc sentiment. 258 eel 6lal de celui qui constitueles tievres ^ruplives. On pourrait penser, d'apres cela, que les troubles du cdte des organes digestifs seraient sympathiques et purement nerveux. Quimporte? Ces troubles fonc- tionnels u'en existent pas moins : ils indiquent que I'estoraac et le foie ressentent specialement Faction du poison niorbide, et font comprendre la possibilite de I'ictere corarae expression plus 61ev6e de cette facheuse influence. D'ailleurs, les phenomenes gastriques sont loin d'etre toujours eph6- raeres et de constituer simplemenl un prodrome de I'eruption syphili- tique : ils peuvent persister quand I'eruption est achev6e, on meme ne se manifester qu'apres elle. Leur existence parait done jusqu'a un cer- tain point independante de cet ensemble symptomatologiqiie qu'on a d6sign6 sous le nom de fievre sypbilitique secondaire; est-elle liee, au contraire, a quelque lesion de tissu? C'est ce que nous chercherons dans un autre moment. Actuellement il nous sufRt de savoir que, sui- vant toute vraisemblance, le foie partage les souffrances excitees dans I'appareil digestif par I'intoxication sypbilitique, et que ces troubles hepatiques sont frequents et assez durables dans quelques cas. Nous nous expliquons ainsi comment I'ictere vient s'ajouter parfois a ces phenomenes en vertu d'une action morbide plus intense, d'une pre- disposition individuelle ou d'une cause adjuvante quelconque (1). Au resume , si I'ictere est rare , en revanche les troubles digestifs sont frequents au d(^but des accidents secondaires , et le foie doit y participer aussi bien que I'estomac, comme semble le prouver la colo- ration ict^rique qui survient de temps en temps. L'apparition de celle- ci n'est pas moins inconstante dans cette affection licpatique de cause speciale que dans les cas vulgaires, ce qui ne doit pas empecher de la rattacher a sa veritable cause, la diatheses^Tphilitique. La troisieme circonstance sur laquelle on pent s'appuyer pour (^ta- blir la nature spi^ciOque d'une lesion, a savoir son apparition rc^gu- (1) L'influence des causes adjuvantes se fait sentir a roccasion des acci- dents le plus ^viJemment speciflques, tels que les sitdIiH ides et les exostoses. Tout le monde est d'accord sur ce point. .T'ai essaye ailleurs (Mem. sur une AFFECT. Nouv. DC FOIE, etc, p. 30) d'expllcpjcr liar rintcrvcntion do ces causes la frequence de la lesion du foie chez les tres-jeunes cnfants, opposee a I'ab- sence des exostoses et des affections testiculaires, (luon rencontre, au con- traire, chez les adnlfcs. 259 Here a une epoque d^lermioi^e de la maladie generale, se realise a mei'veille dans nos fails d'ictere, puisque la coloration jaune de la peau s'est toujours montr6e au moment oil le tegument externa se couvrait pour la premiere fois d'un exantheme syphilitique (1). D'un autre cot6, il est impossible de trouver des caracteres particu- liers a I'ictere que nous croyons syphilitique ; mais , ainsi que nous I'avons d^ja dit, I'ictere n'est pas une manifestation directe et imme- diate de la diathese; il ne saurait done etre influence au mcme degr6 que I'iritis ou le sarcocele par la sp^cificite de sa cause. D'ailleurs, est-on bien en droit d'exiger des caracteres speciaux pour admettre un ictere syphilitique? Nous ne le pensons pas. Cette lesion est si elemen- taire , ses conditions d' existence sont tellement simples , qu'il nous parait difficile d'en etablir des especes bien distinctes d'apres les varia- tions peu nombreuses que ces conditions peuvent subir. Tout se reduit a ime question de nuance, d'intensite et de duree. II n'en est pas de meme pour une inflammation, avec ses formes multiples et ses conse- quences variees. Mais si I'ictere que nous decrivons n'a pas une physionomie qui lui soit propre, il se rapproche trop naturellement d'autres alterations du foie reconnues syphilitiques pour que I'analogie ne nous soUicite pas a lui accorder la meme nature. Ainsi, dans notre precedent m6moire, nous avons etabli que la syphilis hereditaire pent donner lieu a une alteration plastique du foie chez les enfants du pre- mier age. Un peu plus tard, M. le docteur Desruelles en a fait autant pour le foetus. Nous avons publie des observations tendanl a d^mon- trer I'influence de la syphilis comme cause productrice de cirrhose; en admettant comme exacte I'interpretation de ces faits, on ne peut se d6fendre d'y rattacher ceux qui font I'objet de ce travail. D'apres cette maniere de voir. Faction morbide exerc6e sur le foie par le virus sy- philitique pourrait y produiro, suivant son intensite et sa modalite, soit un simple derangement fonctionnel , soit une hyperemie passa- gere, ou bien un epanchement de lymphe plastique et diverses d^ge- n^rescences organiques. Dans cette s6rie progressive de d(5sordres, qui aboutit, par exemple, a I'^tat granuleux le plus avance, le premier (1) L'ictere, qu'on a signal^ dans une periode beaucoup plus avancee de la syphilis, a une tout autre signification : il se rattaclie, conune nous le demon- trerons plus tard, a une alteration profonde du foie 260 degr6 serait constitute par les accidents fugaces qui accompagnenl sou- vent rexantheme primordial chez I'adulte, et qui se r^velent quelque- foispar la jaunisse. M. Ricord assimile ce qui a lieu dans I'infection syphilitique a ce qui se passe chez les sujets raordus par un serpent venimeux : I'occa- sion se pr^sentera plus loin de discuter la justesse de cette comparai- son. Arrivons a la sixierae et derniere circonstance, d'apres laquelle on reconnait la veritable nature d'un symptdrao suppos6 specifique : je veux parler de la maniere dont ce symptOme se comporte a I'egard des medicaments sp6cifiques. Dansnotre cas particulier, cette connais- sance ne saurait etrc d'aucune utilite. On le comprendra sans peine, si Ton r611eclut que les preparations hydrargyriques, qui sont le remede par excellence des accidents secondaires, sont aussi un des meilleurs moyens a employer contre differentes affections du foie (1). Les succ6s obtenus a I'aide des mercuriaux laisseraient done encore ind^cise la nature sp6cifique ou vulgaire de I'affection. En somrae, parmi les sources d'indications diagnostiques qui vien- nent d'etre pass6es en revue, la quatrieme ne donne que des resultats negatifs, et la sixieme, bien qu'appelee a fournir des donnees positives et favorables, ne pent etre utilis6e par la raison que venous do dire. Mais, des six ordrcs dc preuves enumeres plus haut, quatre nous res- tent pour etablir la speciQcite del'ictere dans les circonslances oil nous I'avons observe , a savoir : 1° I'absence extrSmement probable de toute cause vulgaire ou commune dans la plupart des cas; 2" la coincidence du phenomene avec revolution de la syphilis constitutionnelle; 3° Tap- parition de la suffusion icterique a une opoque determinee et conslante de la maladic, celle de la flevre exanthematique; 4° enfm les rapports analogiques qui lient la jaunisse, et consequemment I'alteration du foie qu'elle revele a d'autres lesions du meme organe plus manifeste- ment syphilitiqnes. C'en est assez, sans doute, pour legitimcr notre (1) Le calomel est le medicament dont les medecins anglais se servent ha- bituellement dans les Indes contre les maladies du foie, qui y sont endemi- qnes, et il rcussit souvent cntre leurs mains. 11 est vrai que la syphilis est tr^s-repandue dans ces contrees, et que, suivant toute apparence, elle doit, le climat aidant, determiner plus souvent qu'en Europe des accidents hepa- liques. Neanmoins, il est permis dc croire que Ic calomel s'adrcssc plus fre- quemment encore a des affections vulgaires de I'appareil secrcteur de la bile. 261 mani^re de voir. Toutefois, nous insisterons encore sur on point es- sentiei de la discussion. La jaunisse, avons-nous dit, n'esl qu 'una des manifestations de la souffrance du foie; e'en est la plus caract^ristique ; raais il y en a d'autres qui ne sont pas sans valeur. Nous avons signale les douleurs epigastriques etlombaires, ainsi que Ics troubles digestifs concomi- tants. Si les analyses du sung cliez les syphilitiques ctaient plus nom- breuses et moins sommaires, elles fourniraient sans doute un nouvel argument en faveur de I'existence d'une affection hdpatique pendant les accidents secondaires. Bien que certaines personnes doutent encore de la r6alite des altera- tions du sang d^terminees par la syphilis constitutionnelle, nous ad- mettons, comme probants, les resultats positifs auxquels est arrive M. Grassi (1), et cela d'autant plus volontiers qu'ils s'accordent avec I'observation clinique. Par malbeur, les analyses de I'habile chimiste ne portent que sur un petit nombre des elements du sang, et ne ren- ferment pas-assez de details pour nous fixer sur les modifications qu'ils ont offertes. Cependanton voit que la quantity d'albumine est en sens inverse de celle des globules, qui est toujours considerablement diminu6e. Or, si nous connaissons mal la part qui revient au foie dans la formation de la matiere globulaire rouge du sang, nous savons du moins que ce viscereest le siege principal de la transformation des substances pro- ttiques en fibrine. L' augmentation excessive de la proportion d'albu- mine dans le sang ne serait-elle pas, d'apres cela, I'indice d'une action amoindrie de la glande bepatique? G'est ce que des recherchcs ulte- rieures pourront seules nous apprendre ; mais, en attendant, il etait bon de signaler ce rapprochement a I'attention des exp^rimentateurs. En admettant que I'ictere depends r^ellement de la syphilis dans les cas indiqu^s, il nous reste a 6tudier le mecanisme de sa produc- tion. L'ictere syphilitique, comme ceux qui reconnaissentune autre cause, n'implique necessairement que deux pb6nomenes anormaux : 1" re- sorption de la bile form^e par le foie, et passage de ses principes dans le sang, ou clwlemie; 1" suffusion de labile, particuli^rement de sa matiere colorante dans le tissu de la peau comme dans celui des au- (1) Voy. Gaz. Med. 1850, p. 200, compte rendu par M. Dorvault. 262 Ires parties du corps (1). Le probldme consiste done essential I ement a determiner la condition morbide, d'oii resulte la resorption de la bile. Ge trouble fonctionnel du foie, qui est le point de depart de I'ietere, pent dependre de Faction du virus en circulation s'exercant sur la glande, soit directeiuent, soit par rintermediaire des systemes gen6- raux de I'^conomie ; ou bien il pent etre le produit d'un effort de I'or- ganisme au sein duquel le virus a prealablement determine une ma- niere d'etre sp^ciale qui constitue la diathcse. Examinons la premiere supposition. Suivant toute probabilite, le virus n'existe pas dans le sang a I'lStat oil il se rencontre dans I'ulceration primitive •, tout au plus pouvons- nous y admettre la presence d'un nouveau poison qui , pour en etre une simple transformation, est neanmoins tri's-diff6rent du virus chan- creux. Si Ton tient a faire intervenir incessammenl un virus syphili- tique pour expliquer les phenomenes varies de la diathese, c'est done a ce virus attenue qu'il faut s'adresser. Quoi qu'il en soit de cette distinction, qui me semblepeu importante pour la tlieorie de I'ietere, il est commode d'admettre que le poison sy- philitique circule en nature dans toute I'^conomie. C'est aussi I'opi-. nion a laquelle on se rattache gen^ralement (2). Un de nos maitres, (1) Ces deux phenomenes ne sont pas necessairenient conncxes. Dans plu- sieurs cas de coliques iK^'patiques, j'ai vu manquer absolument la coloration des teguments et des scleroticpies, bien que Ics urines, d'unc teinte acajou plus ou moins fonc6e, renfermassent une enorme proportion de materiaux bilialres. L'^limination de la bile par les reins ne pouvant se faire qu'aux de- pens du sang amcne, soit par les arteres renales, soit par les veines emul- gentes, en vertu d'un mouvement retrograde admis par M. le professeur CI. Bernard, 11 s'ensuit que la chol^mie n'est pas toujours suivie d'ictSre. Cette circonstance d(?montre aussi que la suffusion icterique n'est pas le t6- sultat d'une simple transsudation de la matiere colorante et d'une imbibition purement physique des tissus ; elle met hors de doute I'intervention d'une veritable s6cr^tion suppl6mentaire. L'action secr^toire peut etre limit^e a un organe ou meme, dit-on, a une rdgion du corps ; dans ce demier cas, Une se produit qu'une jaunisse partielle, cpiand I'alteration de la masse enti^re du sang paraltrait exiger un ict^re universel. Une consequence pratique d^coule des remarques pr^c^dentes, c'est qu'on doit surveiller tr^s-attentivement I'urine chcz les malades qu'en raison d'autres sympt6mes, on croit afl'ectes d'accidents du c6te du foie. |2) Quelques doutes pourront etre elev^s a cet 6gard, tant rpron n'aura pas 2G3 partant de celte donnee, cioil ineint! que le virus peut vicier primiti- vement le sang, et porter le desordre dans les fonctions du systeme nerveux. 11 se fonde sur ce qui se passe a la suite de I'introduction des venins dans I'^conomie. C'est ainsi que M. Ricord, voulant se rendre corapte de I'ictcre, dit qu'il est du a la perturbation occasionnee par I'intoxication syphilitique et le rapproche de celui qui se manifesto apres la morsure des animaux venimeux. Cette vue est satisfaisante an premier abord ; cependant, en general, le mode d'action des venins est fort dilTerent de celui des virus : il ressemble en quelque sorte davantage a celui de certains poisons organiques, tels que les alca- lo'ides vegetaux ou I'acide cyanhydrique, par exemple. Les effets des venins sent violents, mais instantanes, tandis que ceux des virus sont lents a se produiro, et se developpent avec une gravity progressive- ment croissante. Aussi, quand bien meme les venins produiraient i'ictere par viciation directe de la masse du sang, il ne s'ensuivrait pas que les poisons morbides eussent la meme puissance. D'ailleurs est-il bien d^montre que I'ictere consecutif a la morsure des serpents soit un effet sp^cifiqne du venin de ces animaux? Je ne le pense pas. 11 est plus vraisemblable que ce plitoomene est le resultat de la frayeur. J'en vois une preuve dans ce fail, que la seule maladie viru- lente qui se transraette a I'homme dans des circonstances aussi ef- frayantes, est egalement la seule dont I'inoculation s'accompagne im- mediatement d'ictere. On a signale deux ou trois fois Tictere ala suite de la morsure des animaux enrages. lei la nature semble s'etre elle-meme charg6e d'isoler la cause du pli6nomene, car le virus rabique ne manifeste encore sa presence par aucun symptome qui lui soit propre, tandis qu'apres la morsure des serpents, les suites de I'emotion violente qui bouleverse tout a coup les sujets se confondent avec les elTets sp6ciaux du venin. 11 est Evident que dans ces cas on aurait tort d'invoquer une alteration du sang pour expliquer la jaunisse, puisque les sujets mordus par des chiens enra g6s jouissent ensuite, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, des apparences de la sant6 ; d'un autre c6t6, si ce phenomene morbide d(5montr6 directement la prc^^sence du virus dans le sang par les resultafs po- sitifs de I'inoculation, et tant qu'on n'aiira pas etabli d'une mani^re definitive i'inoculabilitc^, ou du moins la transmisibiiite des accidents secondaires par vole de contagion. 26li depeiidait de Faction du virus rabique aumeme litre qu'ilse rattaclie parfois a la syphilis, il se montrerail seulement au moment des acc6s d hydrophobie, qui sont a la rage ce que les accidents constitutionnels sont a la syphilis elle-meme. On arrive ainsi, par elimination, a faire ressortir Tinfluence de I'^molion morale sur la production de I'ictere Chez les victimes de I'inoculation rabique, et la similitude des faits autorise a tirer la meme conclusion en ce qui regarde la morsure des ophidiens, des scorpions et autres animaux venimeux. Par consequent il ne pent jaillir aucune lumiere de la comparaison de ces faits a ceux qui font I'objet principal de ce memoire. L'hypothese de M. Ricord fait intervenir un trouble general avec retentissement sur le foie; la suivante explique le phenoraenepar une sorte d'action elective surle viscere. Brassavole n'^tailpas embarrass^ pour expliquer Paction de la syphilis sur le foie : il nous montre le virus en nature arrivant par la circulation dans la glande hepatique, et renversant par son contact les lois qui president aux s6cr6tions et aux absorptions dont ce viscere est le siege (1). Cette interpretation, pas plus que la precedente , ne pent evidemment convenir a Pictere secondaire. En effet, le virus existe necessairement dans le sang des le d6but de Finfection; en outre, sa source est promptement epuisee (2) : c'esl done au moment oil il vienl de faire irruption dans le torrent circulatoire que les organes devraient, par des troubles fonctionnels, manifester leur reaction contre Fagent toxique, et non pas deux raois plus tard, alors que Feconomie devrait y etre depuis longtemps habituee. Dira- t-on quel'apparition de Fexantheme syphilitique denote un travail in- terieur par lequel le poison morbide angmente en puissance et en quantite , comme cela se voit dans ce que j'appellerais volon tiers la periode de multiplication des autres maladies virulentes? Soit; mais alors I'eruption syphilitique doit rec61er ime matiere capable de re- produire, sinon le chancre, du moins des accidents semblables a ceux (1) Mon memoire Sur l' infiltration plastique du foie a fourni a M. Diday (de Lyon) roccasion d'^mettre une opinion analogue, mais dans ce cas, plus acceptable. Notre savant confrere pense cjue Ic virus syphilitique est arrele par le foie, agissant a la maniere dun ganglion. (Voy. G.uette Medicale, juin, 1652.) (2) Elle est tarie d6s que le chancre est a la periode de reparation. 265 dont elle provient. Or c'est la une question que beaucoup de syphilio- graphes tranchenl resoliiment par la negative, et sur laquelle, en tout cas, il est permis de conserver un doute tres-l(3gitime. L'histoire des poisons mineraux fourniruit au besoin quelques don- nees en faveur de Topinion de Brassavole ; car ces poisons s'accumu- lent et sejourncnt dans le foie, oil on les decouvre encore lorsqu'ils ont disparu du reste de I'organisme. Un d'entre eux, le plomb, determine m^me quelquefois une veritable jaunisse, qui, par la sp6cialite de sa cause, a nierite le nom d'icteresaturnin. Mais si nous n'acceptons pas Tassimilation des venins aux virus , a plus forte raison scrons-nous dispos6 a faire peu de cas des analogies qu'on croit entrevoir entre deux ordres de faits aussi diiT^rents que ceux qui concernent raction des substances mintralcs toxiques, d'une part, et d'autre part les ef- fets des poisons morbides. La discussion precedente peut se ri^sumer en ces termes : 1" La presence d'un virus sypliilitique circulant dans I'organisme n'est pas rigoureusement dcmontrec. 2° Si ce virus existe, il est fort douteux qu'il puisse alterer directe- ment le sang, a ce point de troubler les principales fonctions de I'eco- nomie. 3" En efFet, les virus n'agissent ni avecla soudainet6 ni avec la vio- lence qui appartient aux venins : c'est done a tort qu'on a voulu comparer entre elles les actions de ces deux genres de poisons. 4° D'ailleurs, il est probable, pour ne rien dire de plus, que les ef- fets de la morsure des serpents venimeux, aussi bien que de celle des chiens enrages, doivent etre rapportes a la commotion morale. 5° Quant a la similitude apparente dos accidents produits par les poisons min6raux, on doit s'en defier ; la ditference de ces agents toxi- ques par rapport aux virus est si profonde que I'analogie semble im- puissante a les rapprocher. B" Enfin, si I'ictere (itait la consequence d'une alteration toxique du sang, d'une perturbation nerveuse de meme nature, ou bien de Tac- tion directe du virus sur le foie , il devrait se produire au debut de I'infection ; car la quantite du poison morbide restant limitce, c'est au moment oii I'teonomie n'est pas encore habiluee a sa presence qu'il devrait avoir son maximum d'action. D'apr^s ces considerations , nous eloignons I'hypolhese qui fait in- tervenir le virus en nature pour expliquer la production de I'ictere TOME V. 19 266 syphilitique secondaire, et nous envisageons<;e pht^nomene comine ua sympt6me du processus morbide, qui, debutant par des troubles de la sant6 souvent inapercus, se riivele ensuite par des (Eruptions cutanees multiformes , et parcourt avec le temps , si Ton n'y met obstacle . toute la s^rie des accidents de ce qu'on nomme la syphilis conslitu- tionnellc. Dans ma pensec, la diathese sypbililique doit se manifester au dedans par des alterations semblables a cellesque nous observons si souvent a I'exterieur du corps. Les travauxles plus recentsjustiiientcette genera- lisation, et Ton pout affirmer que bientfit les lesions des visceres con- stitueront un des cbapitresles plus importants de la syphiliographie. Deja nous voyons les epanchemenls plastiques se repeter sur les or- ganes internes comme dans le tissu cellulaire sous-cutane ou a la sur- face des OS. Je crois done pouvoir admettre qu'au moment oil Texan- theme apparait a la peau , il se fait une pouss^e analogue sur les membranes muqueuses. On objectera, je le prevois, que les eruptions syphilitiques internes 'se bornent a I'entree des cavites tapissees par des membranes mu- queuses et ne d6passant pas le pharynx, par exemple. Sur cefpoint, il faut s'entendrc. Oui , les eruptions caracterisees k la maniere de celles de la peau cessent d'etre observ6es dans la profondeur des cavites muqueuses ; mais il y a de cela une raison anatomique fort simple : c'est que l'^- pithelium y devient si caduc, si delicat, alors meme qu'il serait per- sistant, qu'aucuue des formes elementaircs de la classification de Willan ne saurait y exister avec ses caracteres connus , si la presence de la couche (ipidermique est indispensable a sa constitution. Ainsi on ne peut pas s'atlendre a rencontrer Tlierpes ou I'ecthyma dans la cavite stomaeale : on n'en trouvera que les represcntants, sous forme d'ero- sions circulaires, semblables a ce qu'on designe ailleurs sous le nom d'aphtes; car les aphtes sont des vesicules ou des pustules, raoins I'enveloppe epitheliale. Les papules syphilitiques elles-memes doivent presenter sur les muqueuses tout a fait iuterieures des diflerences fon- damentales par rapport a celles de la peau. Lii il n'y a pas de couche eiulheliale durable ; par consequent il n'y a pas de mode particulier de stratification ni de desquammation epidermiques. Mais ce qui peut exister sur les muqueuses, aussibien que sur let(S gumentexterne, c'est I'injeclion vascuiaire circonscriteet sans (^levure 267 notable, c'est-^-dire la rost^ole ou I'^rytheme, avec^levure, c'est-a-dire la papule ou I'urlicaire; ce sont encore les tTosions diverges de forme, de profondeur et d'aspect, qui, conime je le disais il n'y a qu'un in- stant, correspondent a la sypliilide vfeiculeuse et pustuleuse. Apres I'absence de la couche epitheliale , I'imbibition constante de cette couche et des produits d'exsudation qui recouvrent les lesions tegumentaires internes d'origine sypliilitique, introduirait encore une autre s6rie de differences. Sur les muqueuses accessibles a la vue, dont I'epithelium est assez epais et persistant, les papules^ n^cessairement /n^'^ 0''^ i>- '^P \ ^j: r \.Wf /-J . & I ■ I W) ' f''& J- ^ ^^ k'j 1' ■' U' >^' ;■- \^ V. 5) y ->^ PLANCHE VI. NERFS DES ORGANES DE LA COPULATION CHEZ L' HOMME. (CoMPTEs RENDUs, page 163.) f . Nerf dorsal de la verge. 2. Un des rameaux de ce nerf destines au gland. 3. Rameau qui va se terminer sur les c6t6s de la commissure du gland, au-dessous du meat urinaire. 4. Un des rameaux coronaires qui conlournent le corps caverneux, lui abandonnent quelques filets, et vonl gagner la gouttidre inferieure des corps caverneux, oii lis se lerminent : 5. En partie par des anastomoses conslituant \ei plexus laleraux de la verge, en partie par des filets qui penfetrent dans le corps caverneux et dans le tissu spongieux de I'ur^tre. 6. Anastomose d'un des nerfs coronaires, k I'extr^mite anterieure du plexus latiral, avec un filet du nerf utero-penien. 7,7'. Bronchos musculairesdroiie et gauche du rameau perineal. 8,8'. Les nerfs ur6tro-peniens (nerfs inferieurs de la verge), qui s'en detachent et pe- n6trent dans le canal du raph6 median du muscle bulbo-caverneux. Ces nerfs se degagent au niveau du bord anterieur du muscle, longent la face inferieure de I'urdtredans I'epaisseurdela membrane fibreuse d'enveloppe du corps spongieux. et pcn^trent dans le tissu spongieux au voisinage du meal urinaire. Cans leur tra- jet, ils envoient des filels. 9. Qui p^D^trent egalement dans le corps spongieux, et se terminent en partie dans son tissu propre, en partie dans la muqueusedel'urStre. Ch. Rouoctdir. Imp.de JacommeelC^Pai'ls. PLANCHE VII. SUR UNE MODIFICATION PARTICULIERE ET NON DECRITE DU N-CVUS. (Memoires, page 197.) Fic. 1, Nwvus pilarit, d'une couleur brunStre , couverl de poils soyeux. 2. Nwvus hypertrophique non vasculaire , d'un brun fonc6 avec quelques gros poils. 3. Yeux du malade avani roperalion pratiquee sur I'oBil gauclie (dessin fait lo 3 novembre 1853). Eclropion leger cause par la procidence de la rauqueuso palpebrale refoulee en bas. 4. Petile tumeur enlevee. Tissu fibreux et petlts kystes places dans les inter- valles. 5. Une portion de la tameur pr6cedente vue a un faible grosslsseraent. Les kystes sont entoures d'une parol composee de fibres du lissu cellulaire. Leur conlenu est assez transparent. 6. Contenu graisseux ou buileux de ces petits kystes, et vesieules graisseuses ren- fermees dans le tissu fibreux ambiant de la tumeur tolale. Plaques graisseuses ayant le m^me aspect. 7. Corpuscules tres-tenus, granulations grisdlres et tris-transparcnles, en sus- pension dans le contenu huileux des petits kystes. ■m:M. \ :_:^_. .X^,' ^^"^ -' ' . ••••'Os ^.°'0 ^ 'ff!^ ■^'^=;^ o o -ia~^' C^fi^v ^;^^;^^^fc;. o ■.P o ° o O - " O o o C^ A/o; . Lsbuulbene del'' ELackecbauer kth . Imp Zemercier. Paris ','<■■■-" *^S^ :pr" JL 14 10 1.1 iG , :.. ;:. 20 c- '.';^'*\.'. ■*>'*< ■.ft^*?^''-! -^:s^^-^ 19 18 * •ifc^f^K^J 12 1.) PLachrlaiier H Ch. Robin iinat m lap iel. Jmp Lemercier^ Vans PLANCHE VHI. TROIS PRODUCTIONS MORBIDESNON DECRITES. (Memoires, page 185.) Nous avons figur6 surtout des elemenls de la dernidre tomeur , bien que les va- riet6s de forme fussent plus nombreuses dans la deuxleme que dans les aulres. Mais dans cette deuxifeme, elles se raltachaient plus nettement a un menie type. Seuleraent, tout en offranl le mftme aspect exlerieur, la mSme slructure, elles pouvaient varier de 5 eenti6mes de millimetre a 1/4 de millim^lre ; elles etaient ou non coraprim6es reci - proquement , et par suite, reslees spberiques ou devenues polyedriques ; ce qui, dans ce cas , donnait a I'ensemble de la preparation un aspect des plus remarquables. Beaucoup aussi , dans le cas des corps , avec conlenu granuleux , regulier, etaient nomme dans les deux autres , entoures d'une gaine epitlieliale nucliaire ou pavimen- teuse; quelques-uns roanquaient de conlenu , d'autres I'avaient comme herisse sur toule la surface de fins prolongements tres-nombreux , s'enfongant dans I'epaisseur de la paroi. Quelques-uns, mais en petit nombre, avaient de simples stries au centre, tandis qu'au contraire, c'etait le cas normal dans le premier fait, et dans le troisieme, c'itait la presence d'une cavitd distincle qui s'observait nettement sur la plupart. Fig. 18, 19.— Elles se rapportent au premier fait decrit dans ce niemoire; tumeur du tinus maxillaire , coraposee principalenienl de corps spberiques, libres ou en- toures de noyaux (fig. 19), isoles ou enchaines , ou relies les uns aux autres (Bg. 18), complelement homogenes (fig. 19), ou a peine granuleux avec des stries rayonnees (fig. 18). Fig. 18.— 400 diam^tres. Corps isoles de leursnoyaux, relies les uns aux aulres par des prolongements cylindriques. Fig. 19.— 580 diam^lres. Corps isoles ou contigus entoures de noyaux. Fig. 8 4 15 et 20.— Corps se rapportant au deuxi^me fait dont nous avons donnc la description ; tumeur de la region parolidienne , enlevee comme les autres sur le vivanl. Fig. 8, 9, 10, 11.— 400 diam^lres. Corps spberiques, ovoides ou cylindroides fusi- formes relies enire eux par des prolongements etroils. Paroi homogene , relalive- ment assez mince; conlenu granuleux (Mg. 8), strie longiludinaleraent (fig. n ct 11), ou circulairement (fig. lO). Fig. 12.-400 diam^lres. Corps spberique isole, paroi finement striee circulairemeni ; conlenu granuleux, mal delimile circulairemeni et pdle. Fig. 13.— 300 diam^tres. Paroi epaisse par rapport au conlenu, el telle qu'on la voyait le plus souvent. Elle est ici striee circulairemeni, mais babiluellcment elle elait homogdne; conlenu bien delimite, spberique, renfermant a son centre un noyau transparent avec un nucleole un peu allonge. Fig. 14. — 400 diametres. Paroi bomog^ne; conlenu spberique, fonce , slric, 4 stries Ir6s-marqu6es, rayonnantes. Fig. 15.— 300 diametres. Corps spberiques conligus cl adlierenls les uns aux aulres, 322 paroi bomogSne, conlenu granulcux, communiquant dc I'un i I'aulre par de minces prolongemenls granuleux. L'un de ces corps spheriques est pourvii d'un appendice conoide renferinant un conlenu granuleux Fig. '20.— 600 diam^ires.Noyaux libres qui composaienc principaleraent la lumeurei entouraient un certain nombre des diverses sortesde corps. Fig. I ii 7 et 16 cI 17. — Diverses sortesde corps rencontres dans le troisifime fait(«oie sur un cas d'hyperlrophie de la rat-' pi li'alteration du sang, con.sistant en une augoieiitation des globules hiancs; par .M. Leudet TOME V. 23 330 I Ictere raemoire sur I') qui accotnpagne quelquefois les eruptions syphililiques precoces; par M. A. Gubler. (Memoires, p. -235.) Insectes (sur le foie des\ par M. Laboulbdne '" Sur les alterations du chou polager par divers insectes; par iM. Rayer ii Inversion complete des organes Chez un homnie; par M. Vulpian 133 J Jument. — Productions osseuses anormales trouvees dans les enveloppes foe- tales; par M. Goubaux '•'O K K.yste hydalique du petit bassin ayant determine una hernie de la vessit; par M. Perrin '55 Kysies mtiliiples du cou sur un enfant au moment de la naissance ; examen mi- croscopique; par MM. Lorain el Ch. Robin 6'2 Kystes multiples dus k la dilatation des glandes sudoripares, nouvelle variele de tumeur sous-culanee; par M. A. Vermeil. (Memoires, p. 73. j L Lait. — Sur le serum du lait de vache colore en rouge ; par M. Payen. 44 Xieucocytbemle (observation de); par MM. Charcot etCh. Robin 44 liigature de I'artire sous-claviere; par M. D Cacciopoli." i4a M Mais. — Anomalies de composition des organes sexuels ; par M. Ch. Robin. . . i37 Matrice. — De la torsion de la matrice cliez la vache ; par M. Goubaux 79 SSembraae (des sinus). — Sur une maladie de cette membrane chez le cheval et I'ane; par M. Goubaux 2' IKI^moires. — Memoire sur I'analomie des lumeurs erectiles ; par M. Ch. Robin. (Memoires, p. 173.) Memoire sur les fisiules pulmonaires cutanees; par M. E. Bouchut. (Memoires, p. 123.) Memoire sur trois productions morbides non decrites; par MM. Ch. Robin et Laboulbene. (Memoires, p. iSfi.) (Avec planche.) Memoire sur I'ictere qui accompagne quelquefois les eruptions syphilitiques precoces; par M. A. Gubler. (Memoires, p. 235.) Microscope nouveau permetlant A plusieurs personnes d'observer ensemble ; par M.Nachet. (Rapport par M Ch. Robin ) (Avec figures dans le lexte.. ... U2 Moelle. — Voyez Experiences. Moelle ^piniere. — Nouvclles preuves de I'enlre-croisement des librcs sensiti- ves; par M. Brown-Se<|uard '^S Sur un desordre singulier dans les inouveinents voloniaires, resultant en ap- parence d'une action de I'air iitmospherique sur la substance grise de la moelle epmieie chez les oiieaux, p;ir le ineaie 4i 331 Sur un fait nouveau relaliT k la pliysiologie de la moelle ^pini^ie; par M. Brown-Sequard 4i Moelle allong^e. — Sur la cause de I'arret du coeur sous Tinfluence de I'exci- tation de la inoelle epini6re; par le mSnie 4o Mole hydatlfornie expulse a plusieurs reprises pendant les derniers lemps de la vie ; par M. Depaul 168 Monstres eelromeliens; par M. Houel. (Meinoires, p. 211.) (Avec planche.) Mormyros. — Sur quelques particularites relatives 4 I'organisation des raor- iiiyres; par M. Jean Maicuseii. (Avec planclie.) 1 Mulets (solip^des) — Observations relatives a leur squeletle ; par M, Goubaux. itj MAriers. — Note sur un nouveau parasite qui attaque leurs feuilles ; par M. Montagne in Muscles. — Voyez Paralysie. 3Ieevus. — Sur une modilication particuli6re et non decrite observee dans un nsevus vasculaire proeminent de la paupi^re superieure; par M. Laboulb^ne. (Memoires, p. i97.) (Avec planche.) USerts. — Sur I'origine profonde des nerfs de la 6' el de la T paire ; par MM.Vul- pian et Philippeaux 99 Kerfs vague§. — EfTets de leur action sur la force du coeur; par M. Brown- Sequard Nouvelle application de rauscultatlon au diagnostic de I'bydrocepbale pen- dant le travail ; par M Blot 86 0 Obliterations (des voies spermaliques). — Nouvelles recherches; parM. Gos- selin 4 Observations. — Observation de carie scrofuleuse de I'os temporal gauche, accorapagnied'une diminution de la sensibilite tactile etgustativede la raoitie correspondante de la langue ; par M. Fano. (Memoires, p. 113.) Observations de raonstres ectroraeliens ; par M. Houel. (Memoires, p. 211.I (Avec planche.). Ot)servation dune fracture de I'apophyse zjgomatique (directe) et de I'arcade dutrou sou s-orbitaire I indirecte), avec compression des nerfs dentaires anle- rieur et sous-orbitaire, suivie d'aneslhcsie parlielle ; par M. Hiffelsheim. (Memoires, p. IG9.) Observation d'une paralysie du mouvenient et de la sensibilite dans le membre superieur droit, la region cervicale, la joue et la paupiere superieure du cote correspondant. consecutive aux tentatives faites pour reduire une luxation de I'epaule chez unjeunc sujel; par M. E. Lebicl. ^Memoires, p. 118.) Observations de pyelo-nephrite avec distension renale; par MM. Charcot et Vul- pian. (Memoires, p. 161.) Observations relalives au squelette des mulcts solipedes; par M. Goubaux . . . 16 Oidium Tuckeri. — Sa reapparilion sur la vigne des environs de Paris; par M. Montagne '■>^ Os surnumeraire de la cavilecolyloide: I :;ir A! Hirsrhfeld la Ovaire. — Voyez Tumeurs. 332 Paralysie (ies muscles grand dentele, rbomboide, trapeze, sus-epineui el sous- epineux, puerie par I'emploi dejreleclriciie ; par M. Bonnefin 6- Paraljsie lobfervalion d'une' du moiivemenl el de la sensibilile dans le mem- bre superleur droit, la region cervicale, la joue el la paupiere superieure du c6le correspondanl conseculive aux lenlalives faites pour reduire una luxa- tion de 1 epaule chez un jeune sujel; par M. E. Lebrel. (Memoires, p. ii8.} Paupieres. — Voyez Glandes. Perche. — Tutneur de I'ovaire ; par M. E. Faivre US Phthisie tuberculeuse, hemorrhagie meningee, degenerescence particulieredes glandes bronchiques; par MM. Duplay et Ch. Robin 70 Physiologic. — Des effets de la section des nerfs vagues sur la force du cosur; par M. Brown-Sequard 153 Experiences instiluees pour delerminer dans quelles conditions cerlaines sub- stances qui sonl Labiluellenient gardees par le sang passeiit dans I'lirine, par M. CI. Bernard 8i Influence du Sucre melange au sang sur I'absorplion de I'oxigene; parM. CI. Bernard 40 Note sur quelques phenomenes de digestion se continuant apres la mort et sur leur influence sur la reussite des injections; par M. Cb. Robin 134 Nouvelles preuves de I'entre croiseraent des fibres sensitivesdans laraoelle epi- niere; par M. Brown-Sequard 154 Rapport sur un niemoire de M. Ore de Bordeaux) sur la transmission croisee des impressions sensitives; parM. Brown-Sequard. (Menioires, p. 301. j Recherclies experiraenlales sur le grand sj iiipatbique et specialeiuent sur I'in- (luence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur aniinale; par M. CI. Bernard. Meinoires, p. T7.) Rechercbes sur la pbvsiologie du diabete sucre: nouvelle melhode pour pro- duire artificiellement ledialiele cbez Ies aniniaux; par M. Harley .ig Sur la cause de I'arr^t du co[^ur sous I'influence de I'excitation de la raoelle epiniere; par M. Brown-Sequard 40 Sur la de>truciion des glandes au mo j en d'injections de matieres grasses; par M. CI. Bernard 115 Sur la pneumonie qui survient chez Ies aniroaux auxquels on a coupe Ies nerfs pneumogastriques a I'origine du cou; par .M. CI. Bernard 86 Sur Ies phenomenes d'absorption qui s'efl'ecluent a la surface des conduits des glandes salivaires; par M. CI. Bernard i(U Sur un d^sordre singulier dans Ies mouvements volontaires, resultant en appa- rence dune action de I'air atmospherique sur la surface grise de la raoelle epiniere sur Ies oiseaux; par M. Brown-Sequard -ii Sur un fait nouveau relatif a la physiologic de la moelle epiniere ; par M. Brown- Sequard 4 1 Sur un point de priorite dans la question du tournoiement; par M. Brown- Sequard 167 Pituilaire. — Voyez Glandes. Plevre. — Concretions osteocalcaires; par .M . VI. Ch. Bernard etLaboulbi^ne. . . 5 Pneumonie causec par la section des nerfs pneumogastriques au cou chez Ies animaux: par .M. CI. B.-rnard 86 3;« Poa nemoralis. — Galle observee par M. Germain ,de Saint-Pierre) 12 Poils de la Talpa europma ; par M. Leon Soubeiran 102 B Radial (nerf). — Anomalie dans la dislribalion du nerf radial d la wain: par 11. Lud. Hirschfeld 16 Rapport sur un raemoire de M. Ore (de Bordeaux) sur la transmission croisee des impressions sensitives; par M. Brown-Sequard. Memoires, p. 3ni.) Rate (bypertrophie de la, et alteration du sang, etc.; par M. Lendet. 'Memoires, p. 1.) Recherches nouvelles sur roblileration des Yoies spermaliques; par M. Gos- selln -i Re§;ains de trefle, luzerne et sainfoin. — Voyez Accidents. Rein. Pyelo-nepbrite avec distention renale; par MM. Cbarcot el Vulpian. ..Me- moires, p. 161.) Ruminants. — Structure des cotyledons de la muqueuse uterine; par M. Cb. Robin iJi Rupture de I'uterus dans lesderniers moments de lagestationcbez unecbatle; par M. Lorsin 94 i!u[ilure du tendon des deux muscles flecbisseurs superficiels des pbalanges des niembres anterieurs cbez un cheval ; par M. Goubaux 110 s Sangr (alteration du, consistant en une augmentation des globules blancs avec hvperlrophie de la rate: par M. Leudet Note sur la proportion de luree existant dans le sang d'un albuminurique compare au san? d'un bomme sain ; par M. Verdeil i3 Sang. — Voyez Experiences. Sous-claviere 'arlere). — Voyez Ligature. Spleniques — Structure des concretions intraspleniques; par M. Verneuil . . ii3 Squelette. — Observations relatives au squeletle des mulets solipedes; par .M. Goubaux '6 Succotrin. —Note sur I'aloes succolrin; par M. Leon Soubeiran 97 Sucre. — Voyez Urines. Sutures. — Voyez Anatomie. Sympathique nerf grand). — Rechercbes eiperimenlales sur I'inDuence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur animate : par M. CI. Bernard. (Me- moires, p. 77.) Synantbies d'fremoftacAt/ji /arini'dfa; par MM. Soubeiran cl Labonlbene. . 123 T Tendon — Rupture du tendon commun aux muscles flecbisseur du metatarse et exieiiseur anterieur des pbalanges cbez un cheval ; par M. Goubaux 92 Teratologfie. - Deux observations teratologiques portant sur des exemples re- inarquables de vices de conformation, I'un de 1 uterus el du vagin. Tautre (Ics organes genilo-urinaires : par M. Depaul. Memoires, p 271) (Avec planches.) 334 Teslicule t;auclie engage dans I'anneau inguinal, induration de I'epidid jme, lier- iiie, absence de spermalozoides; par M. Piogey. (Memoires, p. io9.) Toxicologie.— Ufisuaii- des experiences suri'azolale d'uranium; par M. Leeonte. 171 Sur le fusel-oil ; par M. Brown-Sequard 16O Trach^otomie faile avec succ^s pour I'extraction d'un haricot; par M. Albert Dufour ,de Saint-Sever) 75 Tumeurstsur les) colloideset epith^liales; par M. Cli. Robin. (Memoires, p. 61.) Tuiueur d'aspecl libro-cartilagineux Irouvee libre dans la cavile du periloine; par SI. 0. Lecomte 157 Tumeur de I'ovaire cbez une perche; par M. Faivre I48 Analoinie des tumeurs erectiles; par M. Ch. Robin. (Memoires, p. 173.) Tuiiieurs multiples se manifestant pendant le cours d'une grussesse, etc.; par M. Paul Lorain 21 Tuniquevaginale (hematocele de la) avec vegetations flbrineuses; par M.Broca. 8 U Uranium. — Voyez Toxicolo;^ie. Ur^e. — Note sur la proportion de I'uree existanl dans le sang d'un albuminu- rique, compare au sang d'un bomme sain; par M. Verdeil i3 Urines. Note sur le passage du sucre dans les urines, k propos d'une note du docteur Harley sur le mfime sujet; par M. Alvaio Rejiioso lUi Voyez Experiences. Urtication produile par les rameaux de la Vanilla pi ani folia ; par M. Leon Soubeiran 51 Uterus double, etc.— Voyez Teratologic. Vache. — De la torsion de la tnatrice cbez la vacbe; par M. Goubaux 79 Observations relatives a la membrane allantoidc de la vacbe; parM. Goubaux. 81 Vesicule biliaire double cbez une vacbe; par II. Goubaux .'u Vanitla planifolia. — Sur une esp6ce d'urlication produile par les rameaux de cetle plante; par M. L. Soubeiran 5i Varioliques (eruption; cbez uii foetus, etc.; par M. Charcot 88 Variolique. — Sur un fcElus de 6 mois et demi qui presentait des cicatrices va- rioliques; par M. Depaul ui Ventricule gaucbe. — Observations d'un anevrisme de ce vcntricule, silue au- dessous des valvules sigraoTdes, avec saillie dans roreilletle droite ; par M. Ca- ron 7 Vig:ne. — Coup d'oeil rapidc sur I'etat actuel de la question relative a la maladic de la vigne; par M. C. Montague 35 Voyez Oidium. Voies spei-matiques — Nouvelles recberches sur Icur obliteration ; par M Gos seliii - . - " FIN DE l>A TABLi: AN.\LYTIQl'E, TABLE D£S MATl£R£S PAR NOMS D'AUTEL'RS. (Abrfiviations : G. R., Comptes rendus; M., M^moires.) A c R, M. AMBLARoetLABOULBENE.Nole sur une galle africaine st B BeNCE-JoNES .... Extrait d'un Iravail sur la dissolution des nalculs uri- naires. (Ooininunicalion de M.Charcot) 9 » Bernard (Charles). Note sur des masses cancereuses enflammees; gros- sesse; peritonite; mort i47 « — et LABOLLBfiNE. Observations de concretions osteocalcalres de la plevre .i » Bernard (Claude). Experiences instituees pour determiner dans quelles conditions certaines substances, qui sont babiluel- lement gardees par le sang, passent dans I'urine. 8.' » — Influence du sucre melange au sang sur I'absorption de I'oxygene .... -so » — Recherches experimentales sur le grand sympatbi- que, et spccialement sur I'influence que la section de ce nerf exerce sur la chaleur aniraale » 77 — Sur la destruction des glandes au moyen d'injections de mali^res grasses 11.) >. — Sur les phenomenes d'absorption qui s'efTectuent a la surface des conduits des glandes salivaires. . . lO-J » Blot ( HippoL\TF. ). Nouvelle application de I'auscullation au diagnostic de I'hydrocephale pendant le travail 86 » BoNNEFiN Paralysie des muscles grand dentele, rhoraboide, tra- peze, sus-epineux el sous-epineux, guerie par I'emploi de I'electricite 6" » BoccHLT Memoire sur les fisiules pulmonairos ciitanees. ... » 123 BimcA 'Paul^ . . . Coxalgie ; ramollissenient des os places au-dessous de I'articulalion malade 9 » — Hematocele de la tunique vaginale avec vegetations librineuses 7 » 336 C. K. Brown-Sequarb. Des effets de la section des nerfs vagues sur la force du coeur ,52 , — Experiences sur les resullals de la section d'une moitie laterale de la moelle epini^re, d la region dorsale ,3, — Nouveau fait relatif a I'arret passif du coeur par la galvanisation du nerf vague 153 ■> — Nouvelle preuve de lenlre-croisement des fibres sen- sitives dans la moelle epinidre 154 » — Rapport sur un memoire de M. le docteur Ore (de Bor- deaux) sur la transmission croiseedes impressions sensitives » 301 — Sur un desordre singulier dans les raouvements vo- lontaires, resultant en apparence d'une action de I'air almospherique sur la substance grise de la moelle epiniere cliez les oiseaux 4i » — Sur un fait nouveau relatif k la physiologic de la moelle epiniere 4i >. — Sur la cause de I'arret du coeur sous I'influence d'une excitation de la moelle allong^e 40 » •^ Sur le fusel-oil I60 >• c Cacciopoli (de Naples). Cas de ligature de I'art^re sous-claviere »46 » Caron (E.) Observation d'un anevrisme du ventricule gauche, situe au-dessous des valvules sigmoides, avec saillie dans I'oreillette droite 7 » Charcot Eruption variolique conlluenle; grossesse de six mois ; accouchement premature d six mols et demi de la grossesse, longtemps apr^s la convalescence de la mite; foetus presentant de nombreuses pus- tules varioliques avec ulceration du derme, et ileux petits ulc(ires de la membrane muqueuse de I'es- tomac 8g , — Extrait d'un travail de M. Bence-Jones sur la dissolu- tion descalculs urinaires 9 „ — et Robin Observation de leucocjthemie 44 » — etVoLPiAN. . . . Observations depyelo-nephriteavecdistensionrenale. « 161 D Depaul Cas de m6le bydatiforme,e\pulse a plusieurs reprises pendant les derniers temps de la vie 1G8 >- — Deux observations teralologiquos portant , I'une sur des vices de conformation de I'uierus et du va- gin , I'autie des organcs genito-urinaires. (Avec planches.) >. 271 — Sur un foetus age de 6 mois el demi , qui presenlall des cicatrices de pustules varioliques 91 » 337 U. R. U, DuFOUR (Albert). . Observation de Irach^otomie faite avec succ^s pour I'extraclion d'un haricot. (Communication faite par M. Laboulbene.l 75 n DuPLAY et Robin. . Phthisie tuberculeuse; hemorrhagie meningee; de- geiierescence particuliere des glandes bronchi- ques 70 >' F Faivre (Ernest). . Tumeur de I'ovaire chez une perche i48 » Fano Observation de carie scroTuIeuse de I'os temporal gauche, accorapagnee d'une diminution de la sen- sibilite tactile et gustative de la moilie coriespon- dante de la langue » H3 Germain Nature de I'excroissance fibro-spongieuse qui se de- (de Saint-Pierre). veloppe accidenlellement sur les noeuds de la tige du Poa nemoralis ; nature d'une galle globuleuse observee sur dilTerents chines dans le sud-est de la France 12 » — Sur !a propriety que possedent certains bulbes de s'enfoncer spontan^menla une ceriaine profondeur dans le sol , . . 26 » GiRALDES Observations de fracture extracapsulaire du col de I'humerus. (Avec planche.) » 285 — elGouBAL'X. . . Resullats de I'injeclion du perchlorure de fer dans les arteres et les veines des animaux 43 » GossELiN Nouvelles recherches sur les obliterations des voies spermaliques 4 GouBAUD (Ai\M.). . . Anevrisme de I'arldre pulmonaire chez un cheval. . il — Concretions trouvees dans la poche gulturale d'un cheval 19 — Corps libres trouves dans I'articulation femoro-li- biale d'un cheval 19 — Deforinalion des angles metatarso-phalangiens chez un cheval 121 ■ — De la torsion de la matrice chez la vache 79 » — Lesions trouvees dans les articulations scapulo-hu- merales d'un cheval 120 >■ — Note sur les ganglions et les vaisseaux lymphatiques du dromadaire (Camelus dromedarius) 83 » — Note sur un cheval boiteux 122 " — Observation de rupture du tendon coraniun aux muscles llfechisseur du metatarse et extenseur an- lerieur des phalanges, chez un cheval 93 >• — Observations relatives a la membrane allaiitoi'de chez la vache 84 " — Observations relatives au si(uelette des umlets soli- podcs 16 » 338 C. II. H. (ioiDAUD (Arm.'). . . Paralysie des muscles du larynx chez un cheval. . . so » — Rupture du lendon des deux muscles tlcchisseurs su- perficiels des phalanges des membres anl^rieurs cLez un cheval no » — Sur des productions osseuses anorinales Irouvees dans les enveloppes foBlales chez la jument 50 ■> — Sur le canji de I'uretre du belief 38 » ■ — Sur les hippomanes de la jument 17 » — Sur les muscles du pharynx chez le boeuf 37 >• — Sur une maladie des glandes de la membrane des sinus chez le eheval et Vine 2i » — Vesicule biliaire double chez une vache 51 » — etGiRALDEs. . . Resultalsde I'injectiondu perchlorure de fer dans les art^res et dans les veines des animaux 43 » GouMOENS et Leconte. Becherches sur les corps alburainoTdes. ( Avec planche.) " 223 GuELER (A.). . . . M6moire sur I'ictere qui accompagne les eruptions syphilitiques precoces >> 235 H H.MiLEY Recherches sur la physiologic du diabele sucre. — Nouvelle methode pour produire arlificiellement le diabete chez les animaux 59 » HiFFELSHEiH. . . . Observation d'une I'racture de I'apophyse zygomati- tique (directe) et de I'arcade du trou sous-orbl- taire (indirecte), avec compression des nerfs den- laire, anterieur et sous-orbitaire, suivie d'anesthe- sie partielle » l69 HiRscHFELD (LuDovic'). Anomalie dans la distribution du nert radial k la main I6 » — Sur un OS surnumeraire de la cavile cotylo'ide. ... la » HouEL. . Observations de monstres ectromeliens » 211 J Jacquart (H.). . . Cas d'^pispadias el d'ectrophie de la vessie 163 >■ L Laboulbene (Al.). Sur le foie des insectcs n >• — Sur une raodilication parliculi^re et non decrite ob- servee dans un naevus vasculaire preeminent de la paupieresuperieure. (Avec planche ) " 197 — et Amblard. . . Note sur une galle vegelale africaine 82 » — etCn. RoniN. . . Memoire sur trois productions morbides non de- criles. (Avec planche.) " 185 — et SoLBEiUA>. . Note sur des synanthies d'/s>e)nos/oc%j/acinia• 3 — Observation de cysticerques du cerveau el des mus- cles chez rbomme 24 » Livois Maladies des pays cbauds. Du barbiers. (Extrait d'un memoire de M. le docteur Vinson.) " 287 Lorain (Paul'. . . Evolution de lumeurs uiulliples se inanifeslant pen- dant le cours dune grossesse; tunaeurs enormes developpees dans I'epiploon et dans le cul-de-sac recto-vaginal; accouchement premature; presen- tation de I'epaule; evolution spontanee; perito- nite chronique; mort au bout de trente jours. — Aulopsie : lumeurs du peritoine, du diapbragme, des poumons, des plevres, des c6les el des ma- melles 21 » — Rein unique lateral chez un foetus humaiii 117 » — Rupture de I'uterus chez une chatle dans les derniers moments de la gestation 94 » -T^etCu. Robin. . . Sur un enfant qui presentail, au moment de la nais- ife^^ sance, des kysles multiples du cou; examen micro- '■■5 scopique du conlenu de ces kystes 62 •> M Marcusse.n Sur quelques particularites relatives au cerveau des (de St-Pelersbourg). mormyres. (Avec planche.' ' » Paul DE Saint-Martin. Note sur un cinquieme os delachaine tympanique chez quelques aniraaux 103 » Matiheu et Monta(;nk. Sur les accideiiis obsciveschczlesaiiimauxdonies- tiques aliinenles avcc certains regams de luzerne, de trelle el de sainfoin ; examen microscopique de ces regains 9!> " siio O ft. H. MoMTAGJiE Coup d'oeil rapide sur I'elat acluel de la question re- lative d la nialadie de la vigne n a — Note sur un nouveau parasite qui attaque les feuilles des miiriers • ill » — Reappai'ition deVOidium TucAerisurla vigne des en- virons de Paris 97 " MtsSAT etSoi'BEiRAN. Nole sur une gallede VUieracium umbettatum. . . 126 >• — Note sur une galle de r/Zieractum sy/iadcum I24 » Nacbet el Ch. Robin. Sur un nouveau microscope approprie auxbesoins Ann- i-tAinrvnc-ltxilinnf nil -I I /I m I / ■ ■■ nL? til n n r iTt n 1 1 1 n f _ , aur un nouveau microscope approprie aui oesoins des demonstrations anatomiques, et permettant- a plusieurs personnes d'observer ensemble. (Rap- port de M. Charles Robin, au nom d'une com- mission.). (Avec figures dans le teste. ^ 142 Pattes Sur le serum du lait de vache colore en rouge. ... 44 « Ptr.RiN Kyste kydatique du petit bassin ayanl determine une hernie de la vessie t55 » PHiLirEAUx(deLyon\ Sur la dissolution. i raidedel'electricile.descalculs urinaires prealablement plonges dans une solution de nitrate de potasse 1I2 >• — etVoLPiAN. . . . Sur I'origine profonde des nerfs de la sixieme et de la septieme paire 99 » PioGEY Testicule gauche engage dans I'anneau inguinal; in- duration de r^pididyme 4 droite et hernie ingui- nale du mfirae c6le; absence d'animalcules sperma- liques • 109 R Rater (P.) Dilatation de I'orifice auriculo-ventriculaire droit Chez un coq ; insuffisance de !a valvule iricuspide ; 100 grammes de sang dans I'oreillette droite. ... I3S >> — Sur les alterations du chou potager par divers in- sectes I ' " Revnoso (Alvaro . Nole sur le passage du sucre dans les urines, it pro- pos d'une note du docleur Harley sur le m£me sujet 116 ' Robin (Charles). . Note sur quelques phenom^nes de digestion se con- tinuant apres la iiiort, et sur leur influence sur la r6ussite des injections 134 » — Note sur Thypertrophie des elements anatomiques et sur celle des tissus " •>' — Resume d'un memoire sur les anomalies de compo- sition des organes seiuels en general, et en parli- culier sur celles des fleurs du mais i37 C. K. M. — Sur la conslilulion de la roque dans le developpe- ment eiiibryoniiaire des hirudiiiees i » — Sur la slruiuure des cotyledons de la muqiieuse ute- rine des ruminants Ui » — Sur les tumeurs collo'ides et epitheliales » 6i Robin et Charcot. . Observation de leucytliemie -14 >• — etDi'PLAY. . . . Plilhisle tuberculeuse; liemorrhagle mening^e; de- generescence particuli^re des glandes bronclii- ques 70 » — et Laeoulbene. Memoire sur Irois productions morbides non de- crites. (Avec planche.) ■• I8r> — el Lecomte(0.). Note sur une tutneur d'aspect fibro-carlilagineux trouvee libre dans la cavile du peritoine; recher- ches sur la structure de ce produii et autres ana- logues ... 137 » — et Lohain. . . . Sur un enfant qui pr^sentait A lanaissancedeskystes multiples du cou a-i » — et Nacbet. . . . Sur un nouveau microscope, etc. lAvec figures dans le texte.) i42 — et TiTON Collection piirulenie enkysteedans la dure-mere,etc. 72 » R RouGET (Ch.). . . . Note sur les nerfs des organes de la copulation chez I'homme i63 >• Sappey ( I'H.-C.). . Recherches sur les glandes des paupi^res el de la pi- tuitaire » i3 ScHOCLTZ (de Saint-Petersbourg). Note surl'analomie et la physiologiedes sutures, et sur plusieurs autres details analouii- ques concernant les os du crane humain 129 » Seoillot... Note sur I'ampulation des doigts surnumeraires. ... 145 > SouBEiRAi^ LitON). Note sur Taloes succolrin 97 » — Note sur les polls de la Talpa europma 102 » — Note sur une espece d'urticallon produite par les ra- nieaui de la Vanilla planifulia 54 » — et Laboulbene. Note sur des sjnanlhies d'Erti/ioi/nfAi/s/acmiate. . . 123 » — et Mussat. . . . Sur une galle de Vllieracium sylvaticum i'.;6 — Sur une galle de VHieracium umbellatum 124 » TnoN etl.AiiouLBF.M.. Absence congenitaled'unegrandcpartiedu reservoir urinaire chez un enfant du sexe masculin ne a lerme et mort le sixieme jour apr6s la naissance. . — pt Robin Collection purulente enkystee dans la diire-mere; examen niicroscopique du conlcnii du kyste. . . . 342 V Verdeil Note sur la proportion de I'uree existant dans le sang d'un albuminurique compare au sang d'un homme sain I3 » Vekneuil Kysles multiples dus a la dilatation des glandes su- doripares; nouvelle variete de tunaeur sous-cu- tanee » 73 — Sur la structure des concretions intraspleniques. . . 118 » Vdlpian Note sur un cas d'inversion complete des organes Chez un bomme 133 ■. — ei Charcot. . . . Observation de pyelo-nepbrite avec distension re- nale - .. 161 — et Philipeai'x. . Sur I'origine des nerfs de la slxi^me etde la septiime paire 99 > FIN DES TABLES. LISTE DES OUVRAGES OFF£RTS A liA SOCJIETE BE BIOIiOCilE. B Bernard (Claude) Bernard (Charlesi ct Laboulbene. BiGELOW (H. Blot (H.). . Boston medical and BOULI.ARD (C-F.-G.l. Bq-WMAN.N ( W I JAM Idem. Brame (C.l Broca (Paul.). . . . Idem. Brown-Sequard. Brucke (Ernst). Idem. . Reclierches sur une nouvelle fonction du foie, consi- dere commc organe producfeur de matiere sucrce Chez riiomme et les animaux. Paris, 1853. Dialh^se canc^reuse, ulceration de I'ffisophage, masses canct'reuses dans le foie, granulations cancereuses sous la plevre et le peritoine. (Extrait de l'Union me- dicale, 1852.) . Dr. Harlow's Case of recovery from the passage of an iron bar through the head. Philadelphia, 1850. . Des tumours sanguines de la vulve et du vagin pen- dant lagrossesse et I'accouchement. Paris, 1853. surgical Journal, n" 16. 1852. . Quelques mots sur I'uterus. Paris, 1853. ). Observations on artificial pupil. On a new method of treatment applicated to certains cases of epiphora. London, 1851. . (Spongioli). Les phenomenes catalytiques. 1848. . Memoire sur les luxations sous-astragaliennes. Paris , 1852. 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