ES DA) AU COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE _ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES ET MÉMOIRES SOCIÈTE DE BIOLOGIE À ma! # ANNEE 1919 £ 3 / Ë F À , - (QUATRE-VINGT-DEUXIÈME DE LA COLLECTION) 3 - si _ PARIS _ MASSON ET C*, ÉDITEURS _ LIBRATRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, ROULEVARD SAINT-GERMAIN (6°) 1919 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE AU 31 DÉCEMBRE 1919 ABRÉVIATIONS _ A A M, associé de l’Académie de médecine. A A 5, associé de l’Académie des sciences. AE P, agrégé à l'École de pharmacie. A rm, agrégé à la Faculté de médecine. _A1Pp, assistant à l’Institut Pasteur. A M, assistant au Muséum. ‘ec 5, chirurgien des Hôpitaux. c L, chef de laboratoire. c 8, chef de service. c À M, correspondant de l’Académie de médecine. c A s, correspondant de l’Académie des sciences. D, directeur. - D 4, directeur adjoint. Frs, membre de la Société royale de Londres. M A m, membre de l’Académie de médecine. M A s, membre de l’Académie des sciences. mcrs, maître de conférences à la Faculté des sciences. M H, médecin des Hôpitaux. M H H, médecin honoraire des Hôpitaux. P © Fr, professeur au Collège de France. PEM, professeur à l'École de médecine. PE p, professeur à l'École de pharmacie. PE v, professeur à l'École vétérinaire. P F M, professeur à la Faculté de médecine. P Frs, professeur à la Faculté des sciences. P H, pharmacien des Hôpitaux. P HF», professeur honoraire à la Faculté de médecine. PHM, professeur honoraire au Muséum. P1A, professeur à l’Institut agronomique. PIP, professeur à l’Institut Pasteur. : - . PM, professeur au Muséum. Pu, professeur à l’Université. — II —- ANCIENS PRÉSIDENTS Présidents perpétuels. MM. TRayer (1848-1867). Claude Bernard (1868-1878).+Paul Bert (1879-1886. = Présidents quinquennaux. MM. + Brown-Séquard (1887-1892). 7 Chauveau (1892-1896). + Bouchard (1897-1901). + Marey (1902-1904). Albert I (S. À. S.), Prince de Mo- naco, AAS. Arrhenius (Swante), pu, à Stock- bol. Bruce (sir David), Frs, Major gene- ral Royal Army Medical Corps. Cajal (Ramon y),AAM, PU, à Madrid. Delage { Yves), MAS, PFS, à Paris. Golgi (Camillo), AAM, pu, à Pavie. Heger (Paul), Pau, à Bruxelles. Loeb (Jacques), Pp, à l'Institut Rockefeller, à New-York. MM. Tr 1 Giard (1905-1908). T Malassez (1909). - + Dastre (1910-1917). COMPOSITION DU BUREAU (1919). Président: .2222 1:20. M. Ch. Richet. Vice-présidents . . . . . . .. Ne a 2 + Secrétaire général . . . . .. 2 1M"ASPettnt. | MM. Fauré-Fremiet. Secrétaires ordinaires. . . - EUROS : Lecène. \ Schaeffer. ÉPÉSOPIel 2 2 er ee ou M. J. Jolly. : Archivisté-s;.-1 . de M. Mayer. MEMBRES HONORAIRES. MM. MM. Pavloff, cas, AAM, professeur à l'In- stitut de médecine expérimen- - tale, à Pétrograd. G Ray-Lankester (sir), FRS, AAS, à Londres. Roux (É.), Mas, MAM, ptP, 25, rue Datot, Paris (15°). Schafer (sir Edw:A. Sharpey), FRS, pu, à Édimbourg. Vries (H. de), “0, à vArmsiere dam. Wilson (Edm.), ru, à New-York. — II — MEMBRES TITULAIRES HONORAIRES MM. Achard, MAM, PFM, MB, 37, rue Ga- lilée (16°). Arsonval (A. d’), MAS, MAM, PCF, 49 bis, avenue de la Belle-Ga- brielle, Nogent-s.-Marne (Seine). - Babinski, MAM, mn, 170 bis, boule- vard Haussmann (8°). Balzer, MaAM, Mau, 8, rue de l’Ar- cade (8°). - Barrier, MAM, inspecteur général _ des Écoles vétérinaires, 5, rue Bouley, à Alfort (Seine). Bierry (H.),mc à l'École des Hautes Études, 11,avenue de la Grande- Armée (16°). Bloch (A. M.), 9, boulevard Jules- Sandeau (16°). Bonnier (Gaston), mas, Prs, 15, rue …_ de l'Estrapade (5°). Bohn, p à l'École des Hautes _ Études, 49, rue Cuvier (5°, Borrel, PFM, à Slrasbourg; 207, rue de Vaugirard (15°): Bourquelot, MAS, MAM, PEP, PHH, 22, rue de Sèvres (1°). Bouvier, mas, PM, 55, r. de Buffon (5°). Camus (Lucien), man, chef tech- nique de l'Institut supérieur de vaccine à l’Académie de méde- cine, 14, rue Monsieur-le-Prince ne (U) Camus (Jean), AFM, M4, 74, rue de Grenelle (7°). Capitan, maM, chargé de cours cr, _ 5, rue des Ursulines (5°). Carnot (Paul), Pru, mu, 8, avenue Élisée-Reclus (7°). Caullery, Prs, 6, rue Mizon (15°). Chabrié, Prs, 83, rue Denfert-Ro- chereau (14). Claude (H.), Ar“, mn, 62, rue de _ Monceau (8e). ELQ $ 2 a ———————————————— —— —— ————— ——"——"———]] — —— — — — — —— —_—— MM. : Courtade (D.), cLru, 166, rue du _Faubourg-Saint-Honoré (8°). Coutière (H.), PEP, 4, avenue de l'Observatoire (6°). Darier, MAM, Mu, 77, boulevard Malesherbes (8°). Delezenne (C.), mMaAM, piP, 6, rue Mizon (15°). Desgrez, MAM, PFM, 78, boulevard Saint-Germain (5°). Dupuy (E.), 50, rue Saint-Louis, à _ Versailles. Fabre-Domergue, inspecteur géné- ral des pêches maritimes, 65, boulevard Arago (13°). François-Franck, MAM, PCF, 7, rue. Saint-Philippe-du-Roule (8°). Galippe, MaAm, 2, avenue des Til- leuls, villa Montmorency (16°). Gautier (A.), MAS, MAM, PHFM,9,place des Vosges (4°). Gellé, 40, avenue de ia Grande- Armée (17°). : Gilbert, MAM, PrM, Ma, 27, rue de Rome (8°). Gley, mam, pcr, 14, rue Monsieur- le-Prince (6°). . Gravier (Ch.), PM, 55, rue de Buf- fon (5°). Grimbert, MAM, PEP, PH, 47, quai de la Tournelle (5°). Guignard, MAS, MAM, PEP, 6,. rue du Val-de-Grâce (5°). Hallion, pa à l'École des Hautes Études, 54, rue du Faubourg- Saint-Honoré (8°). Hanriot, MaAM, AFM, à la Monnaie (6°). Hayem (G.), MAM, P&eM, mun, 94, avenue Henri-Martin (16°). Heñneguy' MAS, MAM, PCF, 9, rue Thénard (5°). Henri (Victor), 106, rue Denfert- Rochereau (14°). MM. Héricourt, pb à l'École des Hautes Études, 12, rue de Douai (9°). Hérissey, AEP, PH, Hôpital Necker, 151, rue de Sèvres (15°). Jolly, p à l'École des Hautes Études, 56, avenue de Breteuil (7°). Josué, M8,7,avenue deVilliers (17°). Kaufmann, MAM, PEV, à Alfort (Seine). Langlois (J.-P.), MAM, FM, 155, boulevard Saint-Germain (6°). Lapicque, prs,21,boulev. Henri-I[V (4°). Larcher (0.), 97, r. de Passy (16°). Laveran, MAS, MAM, 25, rue du Mont- parnasse (6°). Letulle, MAM, PFM, Mu, 7, rue de Magdebourg (16°). Linossier, cAM, 51, rue de Lille (7°). Loisel, np à l'École des Études, 6, rue de l'École-de-Mé- decine (6°). Maillard, PrM, à Alger. Mangin, MAS, DM, 57,rue Cuvier(5°). Manouvrier, o du Laboratoire d’an- thropologie, 1, rue Clovis (5°). Marchal, Mas, PIA, 45, rue des Ver- rières, Antony (Seine). Marchoux, cstP, 96, rue Falguière (15°). Marie (Pierre), MAM, PFM, Mu, 76, rue de Lille (7°). Martin (Louis), MAM, sous-pIr, 205, rue de Vaugirard (15e). Mayer (André), PrM, à Strasbourg ; 33, faubourg Poissonnière (9°). Meillère, ma, px, 45, rue du Cher- che-Midi (6°). Mesnil (F.), pi, 21, rue Ernest- Renan (15°). _ Moussu, PEv, PIA, à Alfort (Seine). Mulon (P.), arM, 27, avenue Bu- geaud (16°). Hautes MM. Nageotte, pcr, mu, 82, rue Notre- Dame-des-Champs (6°). _Netter, MAM, AFM, ME, 104, boule- vard Saint-Germain (6°). Nicloux, PFM, à Strasbourg; 45, rue Duguay-Trouin (6°). Nicolas (A.),MAm,PrM, 7, rue Nicole prolongée (5°). Pagniez, Mu, 24, r. Jean-Goujon (8°). Perrier (Edmond), MAS, MAM, P, 57, rue Cuvier (5°). -Pettit (Auguste), cziP, Chargé de cours Fs, 28, avenue de Mont- souris (14°). Portier (Paul), mcrs, p à l'Institut océanographique, 195, rueSaint- Jacques (5°). ; NE. Prenant, MAM, PFM, 6, rue Toul- lier (5°). | Rabaud, p adjoint Fs, 3, rue Vau- quelin (5°). Railliet, MAM, PEvV, 9, avenue de l'Asile, à Saint-Maurice. Ranvier, MAS, MAM, PHCF, à Thélys, Cr de Vendrange, par Saint- Symphorien de Lay (Loire). Regnard (Paul), MAM, D de l'Insti- tut océanographique, 195, rue Saint-Jacques (5°). Rénon, AFM, MH, 3, rue de Con- _stantine (7°). Retterer, AFM, 59, boulevard Saint- Marcel (13°). Richer (Paul), MI, mMAm, 30, rue -Guynemer (6°). Richet (Ch.), MAS, MaAM, PFM, 15, rue de l'Université (1°). Robin (Albert), MAM, PFM, MH, 18, rue Beaujon (8°). Roger (H.), MAM, PFM, Mu, 85, bou- levard Saint-Germain (6°). Teissier (P.-J.), MAM, PFM, ME, 142 bis, rue de Grenelle (7°). MM. Thomas (André), 75, rue de Chail- lo (8. : : Tissot (J.), pm, 57, rue Cuvier (5°). Trouessart, pm, 61, rue Cuvier (5°). Vallée, pEv, à Alfort (Seine). Varigny (H. de), 48, rue Lalo (16°). MM. Vaquez, MAM, PFM, MB, 27, rue du Général-Foy (8°). Vincent, Mau, au Val-de-Grâce (5°). Weiss (G.), MA, PFM, à Strasbourg. Widal, MAS, MAM, PFM, M, 155, boulevard Haussmann (8°). MEMBRES TITULAIRES MM. Ambard (Léon), PFM, à Strasbourg (9 mars 1918). André(Gustave), Pia, AFM,120, bou- levard Raspail (5°) (21 décem- bre 1918). Balthazard, PFM, 6, place Saint- Michel (6°) (28 juin 1919). Bezançon (F.),MAM, PFM, Mu, 16, rue de Monceau (172) (6 juillet 1918). Branca (A), AFM, 5, rue Palatine (6°) (28 janvier 1911). Bcumpt, MAM, PFM, 1, rue Dupuy- tren (6°) 24 mai 1919). * Cardot, czrm, 164, rue Jeanne- d'Arc loi (43°) (A1 mai 1918). Chatton (E.), mers, à Strasbourg (16 mai 1914). _ Clerc (A.), mn, 52, avenue de Wa- gram (17°) (3 mar 1913). _ Debré, 8, rue ON °) (98 juin 1919). Dopter(Ch.),mam, pàl École d' appli-. cation de la médecine et de la pharmacie militaires au Val-de- Grâce, 64, rue Claude-Bernard (5°) (18 novembre 1911). Fauré-Fremiet (E.), préparateur au Collège de France, 46, rue des Écoles (5°) (8 juin 1918). … Fiessinger (Noël), ua, 48, avenue de La Bourdonnais (7°) (21 dé- cembre 1918. Garnier (M.), ms, 1, rue d'Argenson (8°) (20 mai 1911). MM. Guieysse-Pellissier (A.), AFM, Di- recteur de section à l'institut de recherchesbiologiquesdeSèvres, 26, rue Vavin (5°) (11 mai 1912). Guillain, MAM, AFM, MH, 215 bis boulevard Saint-Germain (7°) (24 mai 1919). Guïlleminot (Ed.-H.),czrm, 184, rue de Rivoli (4%) (15 novembre 1919). Guyénot, pu, à Genève (11 mai 1918). Kollmann (M.), préparateur rs, 15, rue Nicolas Charlet (15°) _ (22 février 1919). Laugier (Henri), 5, rond-point Bu- geaud (16°) (22 mars 1919). Launoy (L.), AEP, IP, 17, rue de Lorraine, Saint-Germain-en- Laye (Seine-et-Oise) (23 novem- bre 1918). Lecène (P.), cn, AFM,51, boulevard Raspail (6°) (23 novembre 1918). Legendre (R.), préparateur M, 126, rue d'Assas (6°) (44 juin 1913). Levaditi (C.), cziP, 54, rue des Volontaires (156) (29 juin 1912). Matruchot, pres, 45, rue d'Ulm (5°) (26 octobre 1918). Mazé (P.), csrp, 26, rue Dutot (15°) (22 février 1919). : Mawas (J.), répétiteur à l’École des Hautes Etudes, 141, (boulevard Saint-Michel (5°) (15 novembre - 4919). UE — MM. Menegaux, AM, 55, rue de Buffon (5°) (16 décembre 1911). Molliard (M.),Prs, 16, rue Vauque- lin (5°) (22 mars 1919). Morel (L. E.), ccrm, 31, boulevard Raspail (7°) (13 décembre 1919). Pérez (Ch.), P adjoint Fs, 3, rue d'Ulm (5°) (28 avril 1911). Piéron (H.), n à l'École des Hautes Études, 52, route de la Plaine, Le Vésinet (S.-et-O.) (27 décembre 1913). Pinoy (E.), sous-cciP, 25, rue Du- tot (15°) (22 novembre 1913). Pozerski (Ed.), Arr, 16, rue Sauf- froy (17°) (13 décembre 1919). Rathery (F.), arm, mx, 108, boule- vard Saint-Germain (6°) (22 fé- vrier 1913). Regaud (CI.), prP, 12, square De- lambre, (14°) (1Æmars 1914). MM. Roubaud (E.), cri, 96, rue Fal- guière (15°) (8 juin 4918). Roule (L.), Pm, 57, rue Cuvier (5°) (25 janvier 1913). Sacquépée, professeur agrégé au Val-Ge-Grâce (20 juin 1944). Schaefïer (G.), préparateur à l'École des Hautes - Études, 4, rue Linné (5°) (6 juillet 1918). Terroine, PFs, à Strasbourg (14 fé- vrier 1914). Tiffeneau (Marc), AFM,12,rue Rosa- Bonheur (15°) (26 octobre 1918). Weil (P.-Emile), mx, 24bis, avenue du Trocadéro (16°) (23 novembre 1942). Weinberg (M.), ccrp, 159, rue de la Convention (15°) (21 décembre 1912). A Wintrebert(P.), préparateur Fs,41, r.de Jussieu (5°) (17 février 1912). MEMBRES ASSOCIÉS MM. Arthus, cam, pu, Institut de physio- logie, à Lausanne. Bataillon, Pr<, à Strasbourg. Beaunis, PHFM, villa Printemps, Le Cannet, près Cannes. Bergonié, cas, cam, PFM, à Bordeaux. Bordet (J.), cam,"n1p, à Bruxelles. Calmette, cas, MAM, PHFM, otP, 61, boulevard des Invalides (7°). Fano, pu, à Rome. Flexner (S.), «AM, pInstitut Rocke- feller, à New-York. Fredericq (Léon), AAM, pu, à Liége. Hamburger (J.), PU, Prædinius- singel, 2, Groningen. Jolyet, cam, PHFM, à Arcachon. Lambling, cam, PFM, à Lille. Morat, cas, CAM, PHFM, à Lyon. MM. ; Morgan (E.-H.), pu, à Columbia University. ; il ya: 864 X 2—1.728 cellules dans un cent. cube D NSLADCS de liquide, si le coefficient est = — _——. — 1.296. V. REMARQUES. — Il peut sembler a priori que dansles manipulations impliquées par la centrifugation, il y ait impossibilité à se retrouver exactement dans les mêmes conditions, et que cette impossibilité doive nécessairement entraîner des variations sensibles dans les résultats. En réalité, les différences inévitables dans les manipulations sont minimes, et les variations des résultats pratiquement négligeables. Il n’en est pas moins vrai que, pour que la numération par la centri- fugation donne des résultats pratiquement exacts, il faut, comme d’ailleurs pour toute opération de laboratoire, qu'on opère dans des conditions de technique rigoureuse qui ont ici pour but : 1° de rassembler dans le culot de centrifugation la presque totalité des cellules du liquide ; ® de prélever au maximum ce culot de centrifugation; 3° de rendre celui-ci pratiquement homogène par un petit brassage très simple, au moyen de la pipette de prélèvement; 4° d'obtenir, par la manière de déposer sur la lame de verre la gouttelette de culot prélevé des préparations suffisamment circulaires. Nous exposerons dans une étude de détail ces conditions de ue relatives au matériel et au mode opératoire. Elles sont, du reste, des plus simples à réaliser. (Travail du laboratoire de Bactériologie du Centre hospitalier d'Epernay.) EXPLICATION PHYSIOLOGIQUE DE CERTAINS CAS DE CANNIBALISME, par PAUL PORTIER. Au cours de recherches entreprises sur les phénomènes de carence chez les Invertébrés, j'ai été amené à faire les constatations suivantes. Des Carabes dorés, nourris avec des tissus d’Escargots stérilisés à haute température, se dévoraient fréquemment entre eux. J'étais prêt à voir une relation de cause à effet entre la stérilisation de la nourriture et l'apparition du cannibalïisme, lorsque je remarquai que lé même phé- nomène se produisait avec une fréquence au moins aussi grande chez les animaux témoins : Carabes nourris avec les mêmes tissus d'Escargots frais. À D'ailleurs, il est à remarquer que ce sont toujours des mâles qui sont dévorés par les femelles. SÉANCE DU ‘11 JANVIER PA Mon attention a été attirée sur ce point en relisant les livres de Fabre (d'Avignon) sur les Mœurs des Insectes. Cet observateur avait donc, avant moi, parfaitement constaté ce fait de cannibalisme. Sur 25 animaux conservés en captivité, il constate qu'il n’en reste plus, au bout de quelques jours, que 5, appartenant tous au sexe femelle. Fabre a observé le même phénomène chez la Mante religieuse (Mantis religicsa), chez le Dectique, chez l'Ephippigère, parfois aussi chez le. Grillon. Il est donc assez fréquent chez les Orthoptères. Il est connu, d’autre part, depuis longtemps, chez de nombreuses espèces d'AÂraignées et chez le Scorpion länguedocien. Il a été enfin signalé chez les Oiseaux. C’est ainsi qu'il paraît bien établi que la Mésange peut tuer d’autres oiseaux placés dans . même cage qu’elle pour dévorer ensuite leur cervelle. Il est très remarquable que dans tous ces cas, c’est toujours la femelle qui se livre à ces actes de cannibalisme aux dépens du mâle de la même espèce ou comme la Mésange aux dépens d'animaux d'autres espèces. Fabre a même bien remarqué que cette « perversion », c’est en effet l'interprétation qu'il donne de ce fait, ne se manifeste chez la Mante ‘qu'au moment où ses ovait rossissent, rsqu' elle est en pleine qu’ t où ses ovaires grossissent, donc lorsqu'elle est en pl activité générale. Chez cette espèce, la femelle dévore le mäle peu de temps après que l'accouplement a pris fin ; quelquefois même avant qu'il ne soit terminé, le tronçon postérieur du mâle continuant son office alors que la moitié antérieure a déjà été dévorée. Ces faits sont constatés même chez les animaux abondamment nour- ris, et la captivité n’y est pour rien, car Fabre a pu observer le même phénomène dans la nature. Ÿ Interprétation. — Quelle est l'interprétation de ces faits? Il va sans dire que nous ne suivrons pas Fabre dans ses considérations -anthropomorphiques. Une remarque générale doit être faite à propos de ces cas de cannibalisme : c’est que les femelles qui dévorent ainsi les mâles de la même espèce procèdent toujours à plusieurs pontes succes- sives dans la saison. Le cas est bien connu pour le Mante qui fait Jusqu'à trois et quatre nids dans la saison, dont chacun d'eux peut contenir Juequ à quatre cents œufs. La Mésange elle-même pre des œufs très nombreux et fait plusieurs pontes par an. Il semble bien que, de ces faits, on puisse déduire la signification phy- siologique de ces cas de cannibalisme. La femelle qui fournit, dans un espace de temps limité, des pontes abondantes et répétées est incitée par son instinct, à s'emparer de maté- __ riaux alimentaires appropriés à l'édification de ses œufs. 29 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce sont surtout les protéiques qui sont difficiles à rassembler, carda ponte atteint souvent un poids énorme en proportion de celui de la femelle qui lui a donné naissance. Où l’animal trouverait-il ces protéiques plus condensés que dans les tissus de sa propre espèce? Il y a- done avantage pour lui à aller cher- cher là plutôt que dans la nalure où ils sont plus dilués et moins appro- priés les acides aminés indispensables à l'édification des produits sexuels. s. Nous voyons alors la femelle dévorer le mäle dès que celui-ci est devenu inutile pour la propagation de l'espèce. Telle est, à mon avis, l'interprétation de ces cas de cannibalisme femelle. Il existe dans la nature d’ autnes cas de cannibalisme qui relèvent d’un autre mécanisme. M. ÉrT. Rapaun. — En ce qui concerne les Mantes, l'interprétation de M. Porlier ne me paraît pas justifiée. S'il est vrai que les femelles dévorent les mâles, ce n’est pour elle qu'une nourriture occasionnelle pendant ou immédiatement après le coït. Or l'accouplement n’a lieu qu'à une époque assez voisine de la ponte, à un moment où les œufs ont déjà acquis un grand développement. Pendant toute la période qui précède, les femelles capturent des proies extrêmement diverses, parmi lesquelles ne se trouvent presque jamais des mâles de leur espèce. Le rôle de ceux-ci, en outre, n’est pas forcément terminé après un premier accouplement; le même mâle s’accouple pRSque fois à brefs inter- valles, ainsi que je l’ai constaté. à Quant aux Araignées, l'énorme disproportion qui existe ee le volume des deux sexes enlève toute valeur nutritive spéciale à la suh- stance du mâle ; il faudrait plusieurs douzaines d’inäividus pour donner une quantité appréciable d'acides aminés : or. l’accouplement ne se renouvelle que rarement et les pontes successives peuvent avoir lieu, chez T'homisus onustus, par exemple, sans nouvel accouplement et avec un régime limité à une mouche tous les deux jours, ainsi que je 12 récemment observé. + L'interprétation la plus rationnelle des faits de ner me parait tout autre : les insectes cannibales sont, avant tout, des poly- phages. M. PorTiER. — Il est essentiel de faire une distinction entre le besoin qualitatif et le besoin quantitatif d'acides aminés. D'autre part, la poly- phagie existe dans les deux sexes et ce sont, dans les cas envisagés, seulement les femelles qui sont cannibales. ’ SÉANCE DU 11 JANVIER 29 Le Eten nee, Hexamitus intestinalis DUJARDIN, PARASITE HABITUEL DE L'INTESTIN DES BATRACIENS, TROUVÉ DANS LE SANG DE ana esculenta. Note de A. PonSELLE, présentée par F. Mesnii. En examinant, le 6 décembre 1947, au microscope, au condensateur à fond noir, le sang d'une Æ#ana esculenta achetée la veille sur les quais de la Seine et pêchée récemment, au dire du vendeur, nous y avons constaté la présence d'un parasite relativement abondant, que nous avons identifié sans hésitation avec Hexamilus intestinalis si fréquent dans l'intestin des Batraciens et de leurs larves. Cette grenouille de forte taille en très bonne santé apparente et grasse, conservée à jeun au laboratoire, est morte le 1°° mars 19f8 irès anémique, le sang fourmillant d'Aexamitus. Une Rana iemporaria, inoculée le 14 janvier 1918 dans le péritoine avec une goutte du sang de cette grenouille, a présenté le 16 des Hexa- mitus dans le sang, le 24 leur nombre n'avait pas sensiblement aug- menté. Une seconde Rana temporaria inoculée dans les mêmes condi- tions quelques jours après, a présenté également des Hexamitus dans le sang.’ Le 98 janvier, sur un lot d’une vingtaine de grenouilles péchées en Tarn-et-Garonne, à Négrepelisse, du 23 au 24, nous avons trouvé une Rana esculenta dont le sang était parasité par Jexamitus d’une manière presque aussi intense que chez notre première grenouille. Le parasite, qui est très mobile dans le sang, conserve sa mobilité plusieurs jours en préparation lutée à la paraffine. Il est très peu ré- fringent, et, s'il est rare, échappe facilement à l'examen microscopique, surtout si l’on n'utilise pas le condensateur à fond noir (1). Ün parasite analogue avait déjà été observé par Danilewsky, dans le sang de tor- tues Emys lulraria qui étaient restées plusieurs mois sans nourriture, et se trouvaient fort amaigries et chez des grenouilles qui avaient passé l'hiver au laboratoire. Si bien que l’on attribuait la présence de ce parasite à son passage de l'intestin dans le sang, à la faveur de lésions intestinales causées par le jeûne prolongé et l’anémie consécu- tive. ‘ (4) Nous croyons d'ailleurs que ce parasite existe plus fréquemment dans le sang des grenouilles que ne le ferait croire l’examen de la littérature. Nous l’avions apercu plusieurs fois dans le sang de grenouilles pêchées par + nous à Nécrepelisse le jour même de l'étude microscopique de leur sang, mais alors nous avions cru à une contamination accidentelie par un flagellé provenant de l’eau dans laquelle se trouvaient les grenouilles, ou de leur peau, jusqu’au jour où nous étant mis à l'abri de toute cause d'erreur, nous avons reconnu leur origine sanguine certaine. M 24 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Tel n’est pas le cas pour nos deux grenouilles pêchées depuis peu lors de l’examen de leur sang, grasses et ne présentant pas d’anémie. Les préparations fraiches et colorées ne nous ont pas montré d’ailleurs dans le sang, en dehors des Hexumilus, d'autres parasites (microbes) révé- lateurs d’une infection massive d'origine intestinale due à une lésion quelconque. M. Mesnil, qui a bien voulu examiner no$ préparations et nous aider de ses conseils, nous à encouragés à la publication de ces faits qui, rap- prochés de ceux signalés récemment par Chatton (1) et par Léger (2), présentent de l'intérêt au point de vue de l’origine de certains flagellés 1 : CiCONSTAATI | Re 4 PAP RER EE 2e Hexamitus intestinalis dans le sang de ‘Rana esculenta, infection naturelle. Fixation par l'alcool absolu, coloration bleu Borrel-éosine de Laveran. sanguicoles.Ilestremarquable en eifet que Jexamitus rencontré jusqu’iei dans l'intestin des Batraciens était si bien adapté, dans le cas observé par nous, à Ce nouveau milieu, le sang, que nous avons réussi du pre- mier coup et sans aucune difficulté à en infecter expérimentalement et d’une manière durable d’autres grenouilles. (Travail du Laboratoire du D' A. Marie à l'Institut Pasteur.) (4 Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXI, n° 7, 13 avril 1918, 3, dans laquelle se trouve un historique de la question. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXI, n° 7, 28 juillet 1948, LO Os \ SÉANCE DU A1 JANVIBR PROCÉDÉ PRÉCIS DE DOSAGE DE LE URÉE DANS DE FAIBLES QUANTITÉS DE SANG, par A. GRIGAUT et FR. GUÉRIN. La découverte d’une uréase très active dans la farine de soja (1) a été le point de départ de toute une nouvelle série de procédés de dosage de l’urée basés sur cette méthode d'hydrolyse. Le dernier en date, celui de Folin et Denis, apporte une simplification considérable dans les mani- pulations, car il permet de doser l’ammoniaque formée, directement dans la liqueur d’hydrolyse,au moyen d’un réactif de Nessler de formule appropriée. Le procédé que nous indiquons utilise également la nesslé- risation directe. Il diffère de celui de Folin et Dents par un mode d’action plus énergique de l’uréase, par un procédé de défécation plus simple et plus rapide et par l'emploi d'un réactif de Nessler plus concentré en soude. Technique. — Préparer une suspension aqueuse de farine de soja répondant à la formule : Farine de soja tamisée (tamis n° 45) . . . . . . . . : AO T Phosphate acide de sodium pur. . . , . .: . ne M AUREn 0 Eau distillée exempte d’ammoniaque .7. . . . . . . . O0 Sr Dissoudre le phosphate acide de soude dans l’eau distillée; triturer dans un mortier la farine de soja avec un peu de la solution de phos- phate acide, puis ajouter le reste de cette solution. Conserver dans un flacon et agiter au moment du besoin. La suspension de soja perdde son activité par le temps et doit être renouvelée tous les deux jours environ. 1 à 3 c.c. de sérum, de plasma (2), de sang total ou de globules sont placés dans un large tube à essai et additionnés de deux fois leur volume de la suspension de farine de soja agitée. Mélanger et porter à l’étuve ou au bain-marie à 56° pendant 1/4 d'heure, en agitant de temps en temps de manière à maintenir le soja en suspension. On ajoute alors à la mixture hydrolysée son volume d’acide trichlo- racélique à 20 p. 400, on mélange en agitant énergiquement et on filtre. On obtient ainsi un filtrat trichloracétique qui représente une dilution au 1/6 de sérum, de plasma, de sang total ou de globules. (1) T. Takeuchi. Journal de la Société d'Agriculture de Tokio, t. I, p. 1. (2) On peut employer indifféremment le plasma citraté ou le plasma oxa- laté, mais non le plasma fluoré, car, comme nous l’avons remarqué, Le fluo- rure de sodium même à faible dose empéche complètement l’action de l’uréase du soja. 26 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans'un flacon jaugé de 50 c.c. on place de 1 à 6 c.c. de filtrat tri- chloracétique selon sa richesse approximative en ammoniaque d'hy- drolyse, q. s. d’eau distillée pour 40 c.c. environ et 3 c.c. de NaOH à 10 p. 100, exempte de carbonates. On prépare en même temps un étalon colorimétrique correspondant à 0 gr.00025 d’azote et contenant la même proportion d'acide trichlora- cétique et de soude que la solution à doser. On place ainsi dans un second vase jaugé de 60 c.c. un volume d'acide trichloracétique à 20 p. 100 égal à la moitié du volume du Gltrat trichloracétique employé pour le dosage, 25 c.c. de solution étalon type de sulfate d'ammoniaque, q. S. d’eau distillée pour 40 c. ce. environ et 3 c.c. de NaOH à 40 p. 100. Les deux solutions exactement mélangées sont additionnées de5 c.c.de réactif de Nessler (formule spéciale) (1). On complète à 50 c. c. avec de l'eau distillée, on mélange à nouveau et on procède immédiatement à la détermination colorimétrique au moyen du colorimètre de Duboseq (2). Ainsi compris le dosage de l’urée du sang par l’uréase est très précis. Les chiffres obtenus coïncident à moins de 3 p. 100 près avec ceux que donne la méthode de Fosse au xanthydrol comme le montrent les exemples suivants (les résultats exprimés en centigrammes et en azote sont rapportés à 1. 000). PROCÉDÉ PROCÉDÉ FOSSE INDIQUÉ LT Peaur NI At Sang défibriné . . 9,2 9,2 II. — Mouton . . . . . . Sang/total 10-60-2156 15,8 Plasman ten rl 15,6 Hématiess 100 15,2 15,8 LEE ChEDOLS ES RCA Plasma eee 16, 16,4 IV Grippes SN OP e Hématiese 2 12,6 12,7 Va AGMRDDE NE an ee Sang total M MG 16,6 VI Grippe ea ARR Dlasmass te AD 22. MEN Gp De AE 0 San2 total en te 20" . | 28,6 VINS Gppe een S'ÉDUTAEN ES AENERS 291 28,1 NB OLA MEN MITA ST AN ER PEER 150,0, 150,1 Hématies 420-0207 138.4 138,6 X. — BEN TE Ca SÉTUMN EM RAS, 2 158,6 On remarquera en con dé put ce tableau que les chiffres fournis par l'uréase sont dans la règle les plus élevés. Le léger écart entre les deux (4) Cette formule, ainsi que la préparation de tous les réactifs nécessaires out été indiquées à propos du dosage colorimétrique de l’azote non protéique du sang. Voy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1 décembré 1918, p. 1140. (2; La détermination colorimétrique doit être faite ici immédiatement, car au bout d’un certain temps variable, un trouble plus ou moins abondant apparait dans la liqueur, en rapport avec le degré d'impureté de la soude employée et la teneur du milieu en créatinine. 19 | SÉANCE DU 11 JANVIER méthodes s'explique en grande partie par ce fait, qu'en dehors de l'azote de l’urée, le dosage par l'uréase comprend dans ses résultats la petite . quantité d'azote de l'ammoniaque du sang. Ÿ (Tr avail du Laboratoire de Chimie de l’'Ambulance chirurgicale automobile de M. Pierre Duval.) DE L'ÉVOLUTION DES CÔTES, -. par Ép. RETTERER. Les notions que nous possédons sur l’évoluiion des côtes sont clair- semées et contradictoires. Voici les résultats que j'ai obtenus en étu- diant les côtes de l'Homme, du Chien et du Chat : I. Stades embryonnaires. — Après avoir débarrassé la cage thoracique de _la peau et des muscles, je la plie en travers et, après déshydratation et inclu- sion dans la paraffine, je fais des coupes sériées de 10 x, parallèles au grand axe des côtes. 30 millimètres 38 milimètres haute de 12 millimètres, a des côtes d’une longueur moyenne de 10 milli- À.— Sur un embryon long de (62 jours), la cage thoracique, _ mètres. Cesont des tigelles épaisses de 022 dont les extrémités sont formées de cartilage hyalin dit normal et la portion moyenne, longue de 1 millimètre à 4mm5, de cartilage hypertrophié et calcifié. Les cellules du cartilage hyper- he sont arrondies, ou polyédriques, avec un diamètre moyen de 25 met un noyau de 5 s. Du côté vertébral, le cartilage hypertrophié commence à s’hy- perplasier. 45 millimètres 62 millimètres 17 millimètres environ, ont leur portion moyenne constituée par du cartilage hypertrophié sur une longueur de 5 à 8 millimètres. La côte est épaisse en moyenne de 035. De nombreuses cellules possèdent, chacune dans une seule et unique Pt plusieurs novaux et un lon. réticulé. B. — Sur un embryon de (70 jours), les côtes, longues de 6 centimètres RAR ET (80 jours), les côtes sont longues G-— Sur brun long de de 12à18 millimètres, épaisses de 0245 dans les portions cartilagineuses et de 0225 dans les portions osseuses. Les extrémités sternale et vertébrale sont constituées chacune par du cartilage hyalin dit normal. Au niveau de l'angle postérieur de la côte se trouve une zone de cartilage hyperplasié qui est ossifié sur une longueur de 1#%8 à 2 millimètres. Le tissu hyperplasié est séparé de l'extrémité vertébrale de la côte par une zone mince de tissu hypertrophié, tandis que la zone hypertrophiée et calcifiée du corps de la côte atteint une. longueur de 3 millimètres. 28 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'après Kôlliker, Hertwig, etc., les côtes cartilagineuses commencent à s’ossifier au 2° mois. Cette ossification serait, selon Sappey, si rapide qu’elle semble envahir d'emblée toute leur étendue. Ces donnée sont erronées, car au 2° mois il n’y a pas encore de tissu osseux dans les côtes. Les auteurs cités ont pris le cartilage hypertrophié et hyperplasié pour du tissu osseux. Bardeen (1) n’est pas plus précis, quand il parle de la « différenciation » et de l’ossification des côtes. F. Mall (2) aurait vu, sur l'embryon de 55 jours, cinq côtes avec.leur point d’ossification et, sur celui de 56 jours, dix côtes qui en étaient pourvues. Ce que Mall prend pour le point d’ossification est la portion de la côte qui ne s’éclaircit point par un séjour prolongé daus un mélange de potasse et de glycérine ; or, nous avons vu qu'à cet âge il n'existe dans la côte que des zones de cartilage calcifié et hypertrophié, mais il n’y a pas encore du tissu osseux. Ce qui caractérise l’évolution de la côte cärtilagineuse, c’est l'apparition de zones étendues de cartilage hypertrophié et calcifié, puis de tissu hyperplasié ; progressant avec rapidité sur le corps de la côte, ces zones hypeitrophiées et hyperplasiées permettent à ces opanee de s’accroitre vite en fort peu de temps. IL. Évolution de la côte chez le fœtus, l'enfant et l'adulte jeune. — Pendant la vie fœtale, après la naissance et jusqu’à la soudure des épiphyses, la côte s'accroît et s’ossifie d’après le processus que j'ai décrit dans les autres segments squelettiques cartilagineux. Entre le cartilage normal et le tissu osseux se trouvent des zones successives de cartilage hypertrophié, puis hyperplasié, qui se transforment en tissu osseux et médullaire. Pacchioni (3) n’a observé sur des côtes de fœtus humains fraîches ou fixées seulement dans l'alcool, que des cellules « infiltrées » dans la zone calcifiée dont il considère les éléments comme étant en voie de régression. Geddes (4) décrit également un cytoplasma vacuolisé et rétracté à la cellule hypertrophiée qui serait en voie de flétrissement (the cell breaks up). Cette erreur de fait porte Geddes à me prêter une opinion absurde, à savoir que je ferais provenir et descendre les ostéoblastes de débris CHIARREQENNES voués à la dégénérescence (5). Maurer (6) décrit et figure une côte de Chien à la naissance d’une manière tout aussi fautive. IT. £'volution de la côte chez l'adulte jeune, après la soudure des épiphyses. — « Les Chiens prennent en moins d'un an leur accroisse- ment en longueur », dit Buffon. Nous savons que cet arrêt de l’augmen- tation en hauteur ou en longueur est dû à la réunion des os à leur/ (4) American Journal of Anatomy, t. IV, 1905, p. 171. (2) Ibid.,t. V, 1906, p. 448. (3) Jahrbuch f. Kinderheilkunde, t, LNVI, 1902, p. 327. (4) Journal of Anatomy and Physiol., t. XLVIX, 1913, p. 163. (5) « To Retterer the osteoblasts are rejuvenated fragments of the scatte- red cells. » (6) Grundzüge der vergl. Gewebelehre, 1915, p. 299. ATK SÉANCE DU Â1 JANVIER 929 épiphyse, à la disparition, en d’autres termes, des cartilages de con- jugaison. Or, voici ce que j'ai observé sur les côtes des Chiens dont les os des membres ne présentaient plus trace de cartilage de conjugaison, c’est-à-dire sur des Chiens âgés de un an et demi ou deux ans. A l’union du cartilage costal et de la côte, il continue à persister : 1° une zone de cartilage sérié, haute de 020 à 0®#25; 2° une zone de cartilage - hypertrophié et calcifié comprenant cinq à six rangées de cellules (chaque cellule de 20 y à 25 uw); 3° une ou deux rangées complètes de cel/ules hyperplasiées, cellules entourées chacune d'une capsule et contenant un cytoplasma réticulé se colorant en rouge par la safranine, comme le cytoplasma des cellules cartilagineuses, et renfermant 2, 4 ou un plus grand nombre de noyaux de 4à5 x. À qui veut vérifier la vitalité des cellules hypertrophiées et calcifiées et leur transformation en tissu réticulé et hyperplasié, je conseille de choisir les côtes de Chiens de un an et demi ou deux ans : grâce à la lenteur du processus ossificateur, les capsules des cellules hypertrophiées et hyperplasiées persistent plus longtemps que chez les animaux plus jeunes et il est facile d’avoir sous les yeux toutes les images qui démontrent la multiplication des cellules hypertrophiées et leur transformation en tissu hyperplasié el réticulé. Les phénomènes d’accroissement que présentent les côtes après que les membres ont atteint leur longueur définitive expliquent un fait bien connu des anciens, qui‘en ont recherché la cause. Bichat, voyant la poitrine s’élargir transversalement vers l’époque de l'adolescence, a mis ces changements sur le compte des organes génitaux qui exerce- raient une influence indirecte sur le thorax. Quelle est cette influence ? Bichat se le demande « sans chercher à pénétrer les mystères de la nature ». Pourquoi l'ampleur de la poitrine continue-t-elle à s’accroîlre après que les autres parties du squelette ont atteint leur longueur définitive ? Parmi les modernes, les uns attribuent le fait à l'importance de plus en plus grande des mouvements respiratoires, les autres à l’exercice. Il est certain que l’exercice active l’évolution naturelle du poumon et du thorax ; mais, à lui seul, il est insuffisant à augmenter le périmètre du thorax. Si, comme dans le rachitisme, les zones hypertrophiées et hyper- plasiées ne se produisent pas régulièrement, si la métaplasie directe des cellules cartilagineuses en cellules osseuses arrête l'accroissement en longueur des côtes, le sternum ne s'éloigne guère de la colonne verté- brale, les côtes s'allongent peu et s’étranglent en leur milieu. Les mou- vements respiratoires et l'exercice ne sauraient produire le développe- ment de tissu hypertrophié et hyperplasié dans un organisme où les travées osseuses résultent de la métaplasie directe des cellules cartila- gineuses en tissu osseux. Absence de zones régulières de tissu hyper- trophié et hyperplasié, production de travées osseuses par métaplasie directe des cellules cartilagineuses : voilà les causes de l'arrêt de déve- \ É 30 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE loppement du thorax. Dans l’évolution physiologique, au contraire, le cartilage, avant de s’ossifier, produit en abondance du tissu hypertro- phié et hyperplasié qui assure l'accroissement en longueur des segments squelettiques. Dans les membres, la soudure des épiphyses marque la stature définitive ; mais, les côtes continuant encore à fournir, après cette époque, de nouvelles zones de cartilage hypertrophié et hyper- plasié, elles poursuivent leur allongement, de sorte que, chez un animal ayant cessé d'augmenter en hauteur, le thorax prend encore, pendant quelque temps, une ampleur de plus en plus grande. , APPARITION ET PULEULATION DES MICROBES DANS LE TISSU LYMPHOÏDE DE L'APPENDICE CÆCAL DU LAPIN, + AU COURS DU DEVELOPPEMENT, par P. Masson et CL. REGaAuD. Dans une première note, nous avons montré que le tissu lymphoïde de l'intestin du Lapin adulte est normalement habité par de nombreux bacilles, qui, immigrés de la cavité intestinale, vivent et se multiplient dans certaines régions des follicules sans provoquer de réaction inflam- matoire, et y sont finalement phagocytés par des macrophages (1). À quel moment de la vie ces microbes commencent-ils à entrer dans le tissu lymphoïde de l'intestin? Pour répondre à cette question, nous avons examiné les appendices de 3 jeunes Lapins, respectivement âgés de 4, 15 et 35 jours. Préalablement à la description, faisons remarquer que le dévelop- pement n’est pas uniforme dans toute la longueur de lappendice : il progresse de telle facon, que l'extrémité distale de l’organe est à un stade un peu plus avancé que l’extrémité proximale (jonction avec le cæcum). Par conséquent, la désignation des stades par l'âge de l'animal n’a qu'une valeur de moyenne. Lapin de 4 jours. — Les têtes des follicules sont parfaitement diffé- renciées parmi les villosités qui, à ce stade, constituent la future couche glandulaire. Les corps ou panses ne sont pas encore indivi- dualisés, mais forment une couche continue de « tissu lymphoïde embryonnaire ». Les calices sont parfaitement dessinés autour des têtes, qui sont enfouies entre les bases des villosités. L'épithélium des têtes folliculaires diffère beaucoup de celui des villosités environnantes. Il est épais, ne contient que de rares cellules à ss Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 21 décembre 1918, p: 4.256. ' SÉANCE DU 14 JANVIER 31 mucus, et n’absorbe pas de graisse ; les thèques commencent à se déve- lopper, sous la forme de cellules rondes incluses isolément entre les cellules prismatiques. : Le tfssu lymphoïde embryonnaire a partout la même structure. Parmi les cellules à noyau clair, qui représentent la trame, il existe déjà des lymphocytes, dont le noyau est plus chromatique. Les mitoses abondent partout. Dans aucune partie du tissu lymphoïde, nous n’avons vu de microbes à ce stade. Lapin de 15 jours. — Toutes les parties essentielles de la muqueuse sont désormais définitivement caractérisées. Les villosités se sont en partie soudées pour former la couche glandulaire et des glandes sont déjà formées. Les têtes de follicules se sont allongées et leurs sommets affleurent la cavité générale de l'intestin ; les panses, plus grandes que les têtes, sont nettement séparées les unes des autres par des tractus vasculo- -conjonctifs déjà creusés d'espaces lymphatiques. Dans l’épithélium de la tête, on trouve des thèques contenant plusieurs cellules. Le tissu lymphoïde a sensiblement partout la même structure ; il n’y a pas encore de zone centrale différenciée dans la panse; les lym- phocytes sont abondants; les karyokinèses sont nombreuses'et unifor- mément distribuées ; il y a de nombreuses cellules en voie de dégénérescence. IL y à des bacilles dans l’épithélium et dans l’intérieur des têtes folliculaires ; mais ils sont très rares, et, dans une tête coupée en série, il faut parcourir plusieurs coupes pour en voir un. Lapin de 35 jours. — La disposition des diverses parties de la muqueuse est sensiblement la même que chez l'adulte. Les têtes folliculaires affleurent encore la cavité intestinale, dans laquelle elles font même parfois saillie (au lieu que chez l’adulte elles sont entièrement cachées dans les calices). Les panses sont devenues énormes par rapport aux têtes. Les espaces lymphatiques sont très développés. Dans la panse, il s’est ee cie une zone centrale claire, dépourvue de mitoses, entourée par une zone corticale dense, où les mitoses abondent. Le tissu No montre les formes ou les stades cellu- laires nombreux qu'on rencontre chez l'adulte. Les thèques intra- épithéliales ont acquis leur constitution définitive. Les baciiles sont nombreux, mais cependant beaucoup moins que chez l'adulte. On en voit dans l'épithélium de la tête, dans l’intérieur de la tête et dans la moitié environ de la hauteur de la panse. Les uns sont libres, les autres sont pastis ou accumulés dans des macrophages. Faisons remarquer qu'à ce moment le petit Lapin est sevré, et que le sevrage à été précédé par une période d'alimentation mixle. Il est tout à fait vraisemblable que l’infestation microbienne, qui si nettement 32 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE marche avec l'histogénèse du tissu lymphoïde, va aussi de pair avec l'alimentation végétale. Conclusions : À.— Les microbes pénètrent dans le tissu Ilymphoïde appendiculaire du Lapin vers la fin de la deuxième semaine de la vie extra-utérine. B. — A la fin de la cinquième semaine, ils atteignent environ la partie moyenne de la panse des follicules. CG. — L'infestation microbienne semble être en relation avec le déve- loppement histologique du tissu lymphoïde et avec l'introduction du régime alimentaire végétal. (Institut Pasteur, Paris.) M. Pauz Porrier. — MM. P. Masson et Cl. Regaud viennent de pré- senter à la Société de Biologie deux notes qui ont pour moi un très grand intérêt. Je trouve, en effet, dans les travaux de ces savants d'une compétence incontestable, la preuve qu'il existe, à l’état normal, chez un Mammi- fère un phénomène presque identique à celui que j'ai décrit dès 1911 chez certaines larves xylophages. Les auteurs précédents montrent que chez le Lapin, certains micro- organismes qui pullulent dans la lumière de l’appendice pénètrent d'une manière continue à l’intérieur des cellules épithéliales de l'intestin pour passer de là dans le tissu lymphoïde des follicules où, sans produire aucune inflammation, ils sont englobés et digérés par les macrophages. Or, j’ai montré que, chez les chenilles xylophages (Nonagria par exemple), on constate également que de nombreux micro-organismes sont contenus dans la lumière de l'intestin où ils vivent aux dépens des substances ligneuses ingérées. Là aussi, ces micro-organismes envahis- sent les cellules épithéliales voisines; un certain nombre d'entre eux sont digérés à l’intérieur de ces éléments; d’autres pénètrent jusque dans le sang où ils sont iucorporés par les phagocytes; d’autres enfin vont s’enkyster dans divers organes, notamment dans lé tissu adipeux. Ils y resteront en vie latente jusqu’à l’époque de la métamorphose. Un autre fait remarquable mis en évidence par MM. Masson et Regaud est le suivant : Il semble bien qu'il y ait une relation entre l'envahisse- ment microbien du milieu intérieur et le régime de l'animal. Chez le jeune Lapin, la pénétration des microbes à travers l’épithélium intestinal parait être d'autant plus discrète qu'on se rapproche davantage de la naissance. Cetle constatation appelle une comparaison avec un autre insecte. Feytaud (1) a montré que chez le Termite lucifuge, Névroptère qui vit (4) Thèse de la Facullé des Sciences, 1912, Paris. Masson. ef” SÉANCE DU ÂÎ JANVIER 33 de substances telles que le bois, le papier, etc., il existe une poche du tube digestif remplie de micro-organismes mélangés aux fragments de substance ligneuse. Mais, lorsqu'une colonie CIE se fonde, les individus sexués sont nourris par lesouvriers au moyen d’une sécrétion spéciale et deviennent le roi etla reine, Or, et voilà le fait curieux, on voit aussitôt les micro-organismes associés disparaitre complètement. Chez les larves qui, elles aussi, sont nourries par la même sécrétion, les micro- organismes n'existent pas non plus. Ainsi, chez deux animaux aussi éloignés dans la série animale que le Lapin et le Termite lucifuge, il paraît évident que la présence de micro- organismes symbiotiques est conditionnée par la nourrilure cellulo- sique ou ligneuse. Il va sans dire qu'il y aurait grand intérêt à préciser ces faits par des recherches systématiques sur des Lapins recevant une nourriture lactée pure ou au contraire des aliments riches en substances lignifiées. Quoi qu'il en soit, il m'a paru utile de montrer, dès maintenant, que les constatations faites par MM. Masson et Regaud, en dehors de toute idée préconcue, apportent une confirmation très nette à l'opinion que J'ai exposée sur la présence et le rôle des micro-organismes symbio- tiques dans la série des êtres vivants. M. S. Marpais. — L'inléressante communication de MM. Regaud et Masson me rappelle les recherches que j'ai faites à l’Institut Pasteur sur l'état d’immunité des petits Lapins à la mamelle. L'indice opsonique général est plus élevé chez ces animaux que chez les Lapins adultes vis-à-vis du staphylocoque, du typhus murium et surtout du Vibrion cholérique de Bombay (1). La comparaison du pouvoir phagocytaire de ces deux catégories de Lapins a été rendue impossible à cause du très petit nombre des leucocytes du sang des Lapins nourrissons. Tant qu'ils ont les yeux clos il n’y a pas de microbes dans l'intestin de ces nour- rissons ; pourtant ils avalent les quelques, microbes se trouvant dans ‘ leur cavité buccale. Leur asepsie intestinale n'est donc possible qu'en admettant une action destructive exercée sur les microbes par les sécrétions diges- tives et par les digérines leucocytaires (2). Mais si on introduit quelques gouttes deculture de staphyle=oque, decolibacille, detyphusmurium,etc., (1) S. Marbaiïs. Indice opsonique élevé et hypersensihilité générale chezles Lapins à la mamelle. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 18 mai 1912 _{. LXXII, p. 802. (2) S. Marbais. Les Lapins à la mamelle ont très peu de leucocytes, etc. Eire rendus de la Soc. de one 13 le 1942, t. LXXIII, p. 127. Biozocie. Compres RENDuS. — 1919. T. LXXXII. : 3 Ü ©S & SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans la bouche ou dans le rectum des Lapins à la mamelle, ils meurent rapidement par septicémie. Cette hypersensibilité serait due à lexagé- ration du pouvoir opsonique non spécifique héréditaire. Je tiens à remercier les auteurs et M. le Président de la Société de Bio- logie de l'honneur qu'ils m'ont fait en m’autorisant à prendre la parole. \ LE PNEUMOBACILLE RÉVERSIBLE ET LE BACILLE LACTIQUE AÉROGÈNE, par 5. MARBAIS. Pendant les recherches épidémiologiques, que nous avons faites au laboratoire sur la dysenterie bacillaire et sur les caractères des microbes cultivés dans le tube de M. Besson (1), nous avons constaté qu'un échantillon de pneumobacille se comportait comme le bacille de Hiss quant à son action sur ie rouge neutre et sur les sucres: C’est ainsi qu'il renforçait la teinte rouge du milieu de Besson, ne faisait pas virer la gélose tournesolée lactosée el glycérinée et faisait rougir les géloses glucosée, lévulosée, galactosée et mannitée. Bien qu'une confusion ne soit pas possible entre ces deux bacilles, les suites de l'observation nous ont fait voir la différence profonde qui existe dans l’évolution de la teinte de leurs tubes de gélose sucrée ; tandis que les milieux, virés par ie bacille de Hiss, restent constamment rouges, les tubes au pneumo- bacille, devenus rouges le lendemain ‘de l’ensemencement, reviennent à la teinte primitive violette, après d’autres 24 heures d’étuve. } Ce phénomène de réversibilité une fois bien mis en évidence, nous l'avons utilisé dans le but de saisir des différences possibles entre les : espèces bäcillaires du groupe du preumobacille. Nous nous sommes servi d'un bacille lactique aérogène, isolé du pus de cystite chronique, d’un autre échantillon du même microbe, isolé du pus de plaie de guerre, d’un pneumobacille muqueux, isolé d’un exsudat pharyngien et du pneumobacille de l’Institut Pasteur. Nous avons ensemencé ces 4 bacilles respectivement sur 44 tubes de | gélose inclinée, tournesolée et sucrée, sur du lait, pomme de terre, eau peptonée, tube de Besson, gélatine, etc., et nous avons constaté : 1° Le pneumobacille muqueux. — Après 1 jour d’étuve, ce bacille à attaqué les tubes à la maltose, mannite, saccharose, glucose, lévulose, galactose et légèrement la sorbite. Les tubes à la lactose, dulcite, glÿ- cérine et à l’amidon sont restés violets. Ë au (1) Besson. Tube à gaz au rouge neutre glucosé. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 26 octobre 1918. POP M RQ SÉANCE DU Â1 JANVIER 95 Après 2 jours d'étuve les géloses à la mannite, glucose, lévulose, : salactose et sorbite sont redevenues violettes sur toute leur étendue; les tubes à la maltose sont violets dans leur tiers moyen ; ceux à la saccha- rose sont rouges en bas el violets dans les portions supérieures. Après 3 jours d'étuve tous Les tubes sans exception sont violets. Tube Besson : culture abondante, sans gaz, ni collerette; teinte émeraude, Eau peptonée : culture abondante muqueuse, trouble, forte collerette. Absence d'indol ou nitro-prussiate de soude. Pomme de terre ét gélose ordinaire : culture abondante, muqueuse, filante, grisàtre brillante. Gélatine : clou de tapissier brillant comme une perle. Lait : liquide même après 45 jours. Tube Marbais au lactose : liquide, rose. Le pneumobacille classique, de l'Institut Pasteur, s'est comporté de la même facon : seulement ce bacille a attaqué tous les sucres sans excep- tion ; puis dès le lendemain la plupart des tubes commencent à devenir violets, tandis que dans les tubes encore rouges il y a des taches bleues et des zones décolorées. Après 3 ou 4 jours d’étuve tous les tubes sont violets sans exception et sur toute leur surface. Dans le tube Besson ce bacille se comporte comme le colibacille. Tube Marbais : coagulé, ere- vasses, décoloré. 2 Les bacilles lactiques aérogènes. — Après L jour d’étuve les deux échantillons ont fait virer les lactose, maltose, glycérine, mannite, glu- cose, lévulose et la galactose. La dualcite a été décolorée de la moitié infé- rieure par le bacille de plaie uniquement. Les autres tubes ont conservé leur teinte primitive. Les virages ainsi obtenus nese sont plus modifiés pendant 10 jours d'observation. Tube Besson : du gaz, pas de collerette, teinte jaunâtre dans la cloche. Eau peptonée : trouble, voile adhérent. Indol, négatif. Pomme de terre : brunit. Gélose ordinaire : culture grisâtre, à bords festonnés, brillante. Gélatine : clou de tapissier plat, mate. Lait, coagulé-en 24 heures. Tube Marbais : coagulé, crevasses, rose, Le phénomène de réversibilité du paeumobacille n’est possible qu’en présence de l'air. En effet, en pratiquant le vide dans un tube de gélose mannitée, par exemple, virée en 24 heures par ce bacille, nous avons constaté que le rouge disparaît et que la gélose devient incolore. En résumé, les échantillons du pneumobacille attaquent la plupart des sucres el alcools; maïs l’acidité ainsi obtenue est éphémère ; tandis qu'elle . est permanente par l'action du Bacillus lactis aerogenes. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ESSAIS DE BACTÉRIOTHÉRAPIE SPÉCIFIQUE PAR DES AUTO-VACCINS DANS LES AFFECTIONS URINAIRES A (COLIBACILLES ET A STAPHYLOCOQUES, par VÉRRIÈRE, A.-Cu. HoLLANDE et J. GaAïéÉ. Les travaux de Wright et de ses élèves ont, depuis longtemps déjà, entrainé les cliniciens et les expérimentateurs dans la voie très inté- ressante et essentiellement rationnelle de la bactériothérapie spéei- fique. Avant eu l'occasion de suivte 3 cas de colibacillose et 1 cas de ie has iocaccie urinaires et de les traiter par l'auto-vaccinothérapie, nous croyons qu'il y a quelque intérêt à publier notre technique et nos résultats. Pour faire nos ne a nous avons dans chaque cas isolé le microbe en cause ; puis, après l'avoir rigoureuse- ment identifié par les méthodes bactériologiques convenables, nous l'avons cultivé sur gélose ordinaire. Les colonies obtenues en 24 heures furent secondairement émulsionnées dans du sérum physiologique à 9 p. 1.000 stérilisé, jusqu'à obtention d’un louche comparable à celui du Vaccin T.A.B. chauffé. Cette émulsion, répartie aseptiquement en ampoules de 1 c.c., fut ensuite tyndallisée par 3 séjours de 2 heures et demie chacun à 24 heures d'intervalle dans l’étuve à 56°. Un tube de bouillon ensemencé avec le contenu d’une des ampoules ainsi traitées et mis à 37° restait stérile après 48 heures. Nous étions sûrs ainsi d’avoir un vaccin constitué par des bacilles morts. Ce vaccin étais injecté sous la peau aux doses croissantes de : 0 e.c. 5, 1 c.c., 1 c.c. 5,2 c.c.; cette dernière dose ne fut jamais dépassée. Les injections Bite tous les 3 ou À jours pour éviter les accidents anaphylactiques possibles. Pour l’auto-vaccin antistaphylococcique nous avons procédé d’une. manière analogue. Toutefois nous avons cru bon de sensibiliser notre vaccin par un contact prolongé entre l'émulsion microbienne et une quantité égale de sérum de Leclainche et Vallée, qui renferme des anti- corps staphylococciques. Le culot microbien déposé, au fond du tube après 48 heures environ, fut-repris et lavé 3 fois en sérum physiologique à 9 p. 4.000 stérilisé par émulsions et centrifugations successives. L’émulsion terminale fut chauffée pendant 4 heures à l’étuve à 56°, 2 jours de suite. Un tube de bouillon ensemencé avec l’émulsion chauffée et resté stérile nous assura de la mort des microbes. Les injections furent failes sous la peau de 5 en 5 jours aux doses croissantes de : MEGA NEC: CD 2700) Ë Voici les observations très résumées de ces 4 cas : SÉANCE DU À JANVIER 31 1 Ogs. IL. — Ancienne blennorragie. Rétrécissement urétral et prostatite chronique avec poussées fréquentes de cystite. Urines exemptes de gono- coques, riches en colibacilles à l’état de pureté. 21 octobre 197. — O0 c.c..5 d’auto-vaccin : une demi-heure plus lard, poussée de cystite avec dysurie, urines troubles. Température, 37°5. Rougeur et douleur au lieu de l'injection. Disparition de ces phénomènes en quelques jours. 30 octobre, — 1 c.c. de vaccin : Légère douleur locale. : 2 novembre. — 1 c.c. et demi de vaccin : 3 heures après, douleur locale très vive. Température, 39°. Urines troubles, dysurie. … 5 novembre. — 2 c.c. de vaccin : Aucune réaction. 6 novembre. — 2 c.c. de vaccin. , Le traitement n'ayant amené aucune amélioration est abandonné. Ors. IL. — Pyélonéphrite droite ancienne rebelle à tous les traitements. Urines : colibacilles purs. 2 novembre 1917. — 0 c.c. 35 d’auto-vaccin : Congestion et augmentation de - volume du rein malade. Émission d’urines limpides comme si le rein sain fonctionnait seul. Légère élévation thermique. 6 novembre. — 1 c.c. de vaccin : Urines très troubles. Douleur lombaire intensé du côté malade. Température élevée. 10 novembre. — 1 c.c. 5 de vaccin : Délire. Température, 40°. Urines troubles, fétides, couleur bouillon de bœuf. Devant l'intensité de cette réaction, on renonce au traitement. En mars 1918, pyélotomie qui permet de retirer une vingtaine de petits calculs de la gros- seur d’une lentille. Les urines sont toujours restées louches et riches en coli bacilles. Os. III. — Bactériurie consécutive à une fausse couche remontant à quel- ques mois et s'étant accompagnée de salpingite. [Urines troubles, riches en colibacilles. Pas de pyurie. 9 novembre. — 0 c.c. 5 d’auto-vaccin : Urines troubles, sans pus. 12 novembre. — 1 c.c. de vaccin : Urines troubles, sans pus. 16 novembre : 1 c.c. 5 de vaccin : Pertes jéonales blanches, apparence de réveil des. lésions annexielles. Pas d'amélioration du côté de la colibacillose urinaire. Pas de réactions Jeucocytaires au cours du traitement. Examinée trois mois après le traite- ment, la malade présentait la même bactériurie sans leucocytes. Os. IV. — Papillome vésical opéré le 27 mars 1918. Staphylococcie urinaire antérieure à l'intervention et persistant après celle-ci avec phénomènes de cystite rebelle. Stannoxyl, staphylase essayés sans résultat. 25 mai1918.— 1c.c. d’auto-vaccin : Urines plus troubles. Température, 3704. 30 mai. — 1 c.c. et demi d’auto-vaccin : Urines très troubles. On fait dans la suite de 5 en 5 jours 2 c. c. de vaccin sans réaction locale, ni générale. À noter seulement une augmentation du trouble des urines le jour de l'injection. On fait ici 11 injections, soit 20 c. c. 3 de vaccin. Les urines suivies régulièrement n’ont pas montré de diminution nette de la staphylococcie urinaire. Celle-ci a bien montré quelques oscillations ; cer- taines fois la proportion des microbes phagocytés était plus grande ; mais en définitive pas d'amélioration. 33 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE Depuis la cessation du traitement, développement d’une tumeur malizne de la vessie. Infection urinaire à staphyiocoques persistante. Ce dernier cas d’auto-vaccinothérapie fut ‘suivi au point de vue hémato- logique. Le nombre des hématies et des globules blancs ne fut jamais modifié d’une facon sensible. L'étude de la formule sanguine n’a montré qu'une légère éosinophilie, d’ailleurs passagère, après les premières injec- tions. En somme, dans le cas de staphylococcie (obs. IV) et dans 4 cas de colibacillose (obs. III), nous n’avons relevé ni réaction locale au lieu de l'injection, ni réaction générale. Par contre, on a dans les deux cas constaté qu'après l'injection les urines étaient plus troubles et, dans l'observation III, d'anciennes lésions annexielles ont paru se réveiller sous l'influence du traitement. Dans l'observation I on a relevé une réac- tion générale assez nette, mais légère, accompagnée d’une réaction - locale non douteuse. Enfin, dans l'observation Il, en l'absence de toute réaction locale, on a constaté une réaction générale intense, qui à fait suspendre le traitement à la 3° injection. | Le seul cas suivi au point de vue hématologique (auto-vaccinothérapie antistaphylococcique) n’a montré qu’une éosinophilie légère et fugace. Les résultats thérapeutiques ont été nuls. Le processus d'infection locale n’a été modifié dans aucun cas. _ Contrairement aux résultats qui ont été obtenus dans les infections générales, qu'il s ’agisse de la bactériothérapie par la voie hy padermique telle qu'on l’a expérimentée dans la fièvre typhoïde, dans les infections . post- grippales dues aux microbes d'association, dans la mélitococcie ou de la bactériothérapie per os, comme le conseille Besredka dans la dysenterie bacillaire, il semble que dans les infections urinaires locales que nous avons eu à étudier, cette méthode thérapeutique ne nous à pas donné les satisfactions qu'on aurait pu attendre. Bien qu'il soit toujours décevant de publier des résultats négatifs, nous avons jugé utile de les faire connaître. | Conclusions. — 1° Dans 3 cas de colibacillose urinaire et dans 1 cas. de staphylococcie vésicale soumis par nous à l’auto-vaccinothérapie, nous avons constaté une variabilité extrême des réactions générales et locales, qui peuvent manquer, être à peine esquissées où prendre un caractère d'intensité remarquable. 20 Nous n’avons obtenu dans ces 4 cas aucun résultat appréciable au point de vue thérapeutique. (Zravail du Sous-Centre d'Urologie et du Laboratoire militaire régional de Bactériologie de Chambéry.) Le SÉANCE DU A JANVIER 39 LA DÉGÉNÉRESCENCE PECTIQUE. Note de JEAN DUFRENOY, présentée par A. GUILLIERMOND. Les tissus végétaux parasités montrent souvent, avant toute dégéné- rescence cytologique, une profonde allération des membranes, par fonte pectique et gommeuse. 1° La pectocinase ou les acides excrétés par les parasites transforment “en pectine l'acide pectique ou les pectates de la lamelle moyenne : celle-ci devient d’abord fortement bsasophile, gonfle, puis se fond en son-milieu, dissociant les cellules mitoyennes. Observée par Jones (1) pour les tissus infectés par le Bact. Caroto- vorus, cette fonte pectique s'observe bien dans les tumeurs des Résineux (Pinus maritima, P. sylvestris, Picea excelsa (2), dans les galles en cou- ronne des Caryophyllées ‘Dianthus, Lychnis, Saponaria), infectées par le Bact. Caryophyllacearum, dans les vieux chancres caulinaires de Rhododendron ferrugineum, dans le liber des Carottes inoculées par les 2 Bact. Trilici. % Surle bord des lacunes Le. les membranes peuvent conti- nuer de gonfler, montrer des parties internes (amyloïde ?) colorables métachromatiquement en rouge par le violet de gentiane, et des régions _externesamorphes brunes en brun (3). (Phelloderme des galles de Pian- thus, Saponariu.) 3° Les méats (4) s'emplissent de matière interstitielle basophile, fixant le fer, le violet de gentiane, le carmin aluné, colorable en orangé par la teinture d’orcanette. (Sclérenchyme et liber des galles de Sapo- naria.) 4° La lumière des vaisseaux s’emplit de matière gommeuse : {vais- seaux ligneux des feuilles de blé infectées par le Lentospharia herpo- trichoides, bois exposé par les chancres de Rhododendron). 5° Le contenu des cellules vivantes HR entièrement gommeux et . oxalifère (5). 6° La gommose, généralisée, produit au dehors des écoulements muqueux (6) _[4) Cité par Smith. Bacteria in rei. to pl. diseases, v, LL. (2) J. Dufrenoy. Comptes rendus, 25 février 19148. (3) Le même phénomène s’observe physiologiquément lors de la chute des organes caducs (Cf. Lloyd. Abscission, Bot. Gaz., v, LXIII, p. 217, mars 1916). (4) « Cette substance interstitielle est fréquente physiologiquement dans beaucoup de méats libériens, chez les plantes marines, Zostères, » (Sauva- * geau, Thèse, 1891), elle fixe fonte ment les sels de fer. (5) d. Dufrenoy. Rev. gén. sc., v. 29, p. 324, 15 juin 1918. (6) A. Guilliermond. Les Levures, p. 331. 10 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 7° Les produits de dégénérescence pectique se rassemblent dans des espaces intercellulaires définis et spécialisés : (« fibres scléreuses » de Sauvageau, dans le parenchyme sous-épidermique des feuilles de Zostera marina et Z. nana), glandes à mucilages de l’Alaria escu- lenta (4). Conclusions. — Les produits de gonflement de la lamelle pectique des tissus supérieurs, ou de la paroi externe de la membrane des micro- organismes montrent la même basophilie et sont anatomiquement et physiologiquement équivalents. La « matière interstitielle » des méats intercellulaires correspond au « voile » des levures ou des colonies bactériennes, la gomme des « écou- lements muqueux », à la viscose des ferments visqueux, ou à la « baré- gine » des eaux thermales, toutes substances basophiles (2). (Station biologique d'Arcachon.) À \ (1) Sauvageau. Comptes rendus, p. 923, 1946. (2) Les voiles développés sur gélose sucrée par le Bac. aerogenes liquéfiant la Source Tambour (Barèges), les voiles du Bac. Tritici, les produits de la fer- mentation visqueuse du Bac. viscosus de la Source Saint-Roch (Barèges), la Barégine de Tambour, la gélose, la matière interstitielle des méats, fixent le fer avec une égale énergie. Le Gérant : OCTAVE PoRÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, True Cassette. A4 SÉANCE DU 25 JANVIER BESSON (A.),; RANQUE (A.) et SENEZ (CH.) : Sur la vie du Coli-bacille en milieu liquide glucosé .. ... CHEVREL (F.), RANQUE (A.), SENEZ (Cx.) et Gruat (E.) : Note sur une épizootie à Pneumocoque chez le Cobaye, jugulée par l'injection pré- ventive de vaccin pneumococcique. Caevrez (F.), RANQUE (A.), SENEZ (CH.) et GruAT (E.) : Prophylaxie bactériothérapique des complica- tions de la grippe par la vaccination mixte pneumo-streptococcique . . Feurciié (É.) : Médicaments dé- chlorurants. Néphrites par la théo- Dromine ea Rest ec GAUTIER (CL.). : HESAAUSSUTES NE Le ee nie eue à GRIGAUT (A.), GuériN (FkR.) et Mse Pomuuay-Micaaux : Sur la me- sure de la protéolyse microbienne. Launoy (L.) : De l’action antago- niste du sérum sanguin contre les protéases microbiennes ....... Lévy ‘P.-P.) et Guiré : Action de l'urine sur le Tréponème de la Sy- DRE dr A AN TER UE __ Mawas (J.) : Nouveau procédé de coloration du fer dans les tissus. Action de l'alizarine monosulfo- nate de sodium sur le fer inorga- NUS) Gié APE AMAR ANOE EUER EPS NAGEOTTE (J.) : Les greffes mortes BioLocie. CowPr:-$ RENDUS. — 1919. T. L XXXII. (919 SOMMAIRE 76 14 de tissus conjonctifs dans la tech- nique chirurgicale et dans l'investi- gation biologiques: 402710 NAGEoOTrE (J.) et Sencerr (L.) Sur les phénomènes biologiques mis en évidence par les greffes fonctionnelles d'artères mortes. Préron (H.) : De la discrimination spatiale des sensations thermiques. Son importance pour la théorie gé- nérale de la discrimination cutanée. PorTiER (P:.) Développement complet des larves de Tenebrio mo- litor, obtenu au moyen d’une nour- riture stérilisée à haute tempéra- ture GS 00) sn RENE RE EUS REMLINGER (P.) : Immunisation du Lapin contre l’inoculation sous-dure- mérienne de virus rabique fixe au moyen de cerveaux traités par l'éther Rerrerer (Ép.) : Du cartilage ar- ticulaire et costal des individus adulles et vieux PE Ee Ricuer (CH.) : Conclusions rela- tives à la question du ravitaille- ment et du bétail des séances de la Commission d'Alimentation de la Société de Biologie (Mémoires). . . SrEDLECKI (M.) : Quelques remar- ques à propos de çe qu'on appelle «position terrifiante » des’animaux. Æ 45 (oi 29 GE 81 49 42 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Ch. Richet. M. SIELDLECKI, membre correspondant, assiste à la séance. LES GREFFES MORTES DE TISSUS CONJONCTIFS DANS LA TECHNIQUE CHIRURGICALE ET DANS L'INVESTIGATION BIOLOGIQUE, par J. NAGEOTTE. Les greffes mortes de tissus conjonctifs commencent à entrer dans la pralique chirurgicale, grâce surtout aux effets persévérants de L. Sen- cert, professeur à la Faculté de Strasbourg; il ne fallait rien moins que la science, l’habileté audacieuse et l’autorité d’un chirurgien aussi émi- nent pour adapter cette méthode aux besoins de la clinique et pourla faire passer du laboratoire à l'hôpital. Je n’oublierai pas, non plus, l'aide de mon ami A. Long et les travaux de G. Roussy et Reverdin, qui ont pratiqué sur l'homme des greffes nerveuses mortes, dès le début de l’année dernière. Se Avant que la méthode ne quitte mon domaine, au moins en ce qui concerne le nerf et le tendon, il me sup utile de préciser ou de Fappeles certains points de théorie. , Je n'ai pas besoin de revenir, ici, bien a sur l’origine de la méthode, qui a été la conséquence logique de mes études-sur Ja nature des substances conjonctives (1916), ni sur la preuve de la reviviscence des tissus conjonctifs greffés morts, que j'ai faite en mai et complétée en novembre 1917, ni sur les premières applications des greffes ner- veuses mortes chez le chien, qui m'ont donné, en 1917, des résultats fonctionnels excellents. Par contre, il me faut tracer nettement les limites d'efficacité de la greffe morte et insister sur les différentes modalités des résultats que, dans l’intérieur de ces limites, elle permet d'obtenir. Ceci est d'autant plus nécessaire qu'il s’est produit certaines exagérations, partant de milieux non scientifiques, il est vrai, susceptibles néanmoins de dis- créditer une méthode neuve, non encore consacrée par la pratique. Tout d’abord, il est parfaitement évident que la greffe morte ne laisse rien espérer pour la réparation des parenchymes viscéraux. Mais lorsqu'il s’agit simplement de combler une perte de substance d'organes ‘ 3 1 SÉANCE DU 25 JANVIER 43 \ formés de tissu conjonctif, elle se montre supérieure dans ses résultats, même lorsqu'elle est hétéroplastique, à la greffe autoplastique vivante, pour des raisons physiologiques qu'il est facile de comprendre et que j'indiquerai plus loin. Son rôle est donc d'ordre exclusivement méca- nique, et s1 parfois elle provoque certaines métaplasies, cette faculté est restreinte et n’entraine vraisemblablement pas de conséquences notables au point de vue fonctionnel. Néanmoins, les résultats obtenus dans les grelles nerveuses mortes démontrent que, comme conducteur d'éléments nobles, la charpente conjonctive greffée peut, grâce à certaines con- dilions accessoires favorables, constituer un facteur important pour la réparation de certaines fonctions supérieures ; dans cet ordre de faits, il y aura nalurellement, suivant les cas envisagés, de grandes variations dans l'efficacité de la méthode. Même lorsque le greffon mort est destiné à rester confiné dans son rôle mécanique, la modalité et la qualité du résultat varieront singu- lièrement suivant les propriétés spécifiques du tissu auquel il a été emprunté. Ce point est important. Deux grandes catégories de tissus conjonctifs doivent être distinguées à cet égard : les tissus perméables aux migrations cellulaires et les fissus à interstices clos. Les premiers revivent entièrement lorsqu'ils sont greffés morts, et ils redeviennent ce qu'ils étaient avant l'opération ; pour eux, aucun doute ne peut être élevé sur la solidité du résultat obtenu, parce que le tissu greffé devient partie intégrante de son hôte ; il se trouve, à l'égard des vauses de destrucuon, dans des conditions a de à celles des ussus environnants, avec lesquels il s’unit si bien qu'aucune ligne de démar- cation ne permet plus de reconnaitre ses limiles anciennes. Ce fait a été parüculièrement bien mis en évidence par les expériences sur la greffe fonctionnelle des tendons que nous avons réalisée, Sencert et moi : la soudure est si parfaite que sur le tendon, redevenu vivant dans toute son étendue, il est impossible de retrouver les limites du greffon. Les greffons de tissus à interstices clos, au contraire, s'ils. se soudent parfaitement aux tissus de l’hôte, ne peuvent pas être considérés comme reviviscents, parce qu'ils restent indéfiniment déshabités. Leur situation est assez singulière : ils ne se comportent nullement comme des corps étrangers, et ne provoquent aucun trouble autour d'eux; ils peuvent pérsister fort longtemps, et pourtant on ne doit pas se fier entièrement à eux, parce qu'ils sont incapables de résister à certaines causes de des- . truction contre lesquelles un tissu vivant se trouve protégé. Ce sont des édifices non habités, et par conséquent non entretenus. Qu'un fermen vienne à passer, ils peuvent se dissoudre, alors que dans un tissu vivant les éléments protoplasmiques auraient détruit ou neutralisé le poison. . J'ai déjà signalé ces faits, et j'en ai donné un exemple démonstratif pour ide cartilage. Néanmoins cés craintes sont peut-être exagérées; la pra- tique c hirurgicale seule pourrait préciser d’une facon certaine la valeur \ AA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de la greffe cartilagineuse morte hétéroplastique par ADO à ceile de la greffe cartilagineuse morte autoplastique. Quant à l'os, il occupe une place à part: il ne saurait être réhabité (1), mais il se comporte autrement que le cartilage. Les phénomènes qui se passent dans les greffes osseuses mortes sont connus depuis fort longtemps, car le tissu osseux est le seul qui ait été étudié à ce point de vue avant mes recherches; ils sont d'une nature spéciale, et si l’on voulait généraliser aux autres variétés du tissu conjonctif les notions que l’on possède à leur sujet, on commettait une erreur complète. Je laisserai l’os de côté pour l'instant. Il va sans dire qu'entre les tissus complètement perméables aux migrations cellulaires et les tissus complètement imperméables, il ya des intermédiaires. De tout ceci il résulte que les différents organes sur lesquels on pra- tique des greffes mortes présentent, suivant les tissus qu'ils con- tiennent, des modes de réparation différents à tous les points de vue; si l'on veut juger la valeur de ia méthode, chaque catégorie de cire doit donc être envisagée séparément. | : Néanmoins, certaines considérations générales sont valables pour toutes les variétés de greffes mortes, particulièrement en ce qui con- : cerne la facilité avec laquelle la reprise s'opère : jamais, lorsqu'elles sont aseptiques, elles ne déterminent de réactions dans les tissus au contact desquels on les met. Cela tient à ce que le processus mis en œuvre est très simple : la soudure des substances conjonctives, l’inva- sion des macrophages et la phagocytose des protoplasmas morts, enfin le repeuplement se font sans provoquer le moindre phénomène inflam- matoire. Comparé à celui de la greffe vivante ce processus est moins complexe, car il y manque un élément important: la souffrance des protoplasmas vivants pendant toute la période où la circulation n’est pas encore rétablie dans le greffon vivant. Cette souffrance amène l'élaboration de substances nuisibles, très vraisemblablement de la même nature que les ferments autolysants qui, dans les tissus morts lentement et abandonnés à eux-mêmes hors de l'organisme, amènent la dissolution des éléments. Ces poisons, au contact des tissus vivants, (1) Leriche et Policard décrivent comme phénomène de réhabitation de l'os mort l'invasion de certaines portions nécrosées par des vaisseaux vivants qu; viennent réoccuper les anciens canaux de Havers. Cette observation est très intéressante, mais très différente des faits que j'ai décrits, et l’on pourrait discuter dans ce cas la dénomination employée par les auteurs. Si, en effet, les éléments cellulaires peuvent être considérés comme les habitants des tissus — et cette assimilation m’a mis, je crois, dans une voie correcte — par contre les vaisseaux jouent, par rapport aux tissus, un rôle entièrement. différent de celui des habitants à l'égard d’un édifice. SÉANCE DU 25 JANVIER 45 provoquent au contraire des phénomènes de coagulation d'où résulte l'hyperplasie de la substance conjonctive. La conséquence est particu- lièrement facile à constater dans les greffes de tissus riches en proto- plasma : la greffe nerveuse autoplastique vivante est toujours sclérogène, la greffe nerveuse hétéroplastique morte ne l’est jamais. Il s'ensuit qu'il faut toujours fixer brusquement, et le plus tôt pos- sible après la mort de l’animal, les tissus destinés à être greffés morts, et qu'il ne faut pas considérer comme équivalente à une greffe morte la greffe d’un tissu vivant destiné à mourir lentement dans l'organisme de l'hôte, la greffe vivante hétéroplastique par exemple. Quelques mots me suffiront pour marquer la place de la greffe morte dans l’investigation biologique. Par elle-même elle comporte déjà un enseignement d'ordre général et elle modifie dans une certaine mesure notre concept de la vie (1). Dans le détail, beaucoup de problèmes par- ticuliers qu’elle soulève seront étudiés avec fruit, par exemple la cause de l'immigration des cellules et celle des métaplasies qui peuvent se produire dans les cellules immigrées. Mais en outre elle pourra servir à étudier, dans de bonnes conditions, l’action sur les éléments cellulaires de certaines substances introduites dans les greffons. Des expériences, dont j'espère pouvoir communiquer bientôt les premiers résultats, sont en Cours sur ce sujet. SUR LES PHÉNOMÈNES BIOLOGIQUES MIS EN ÉVIDENCE PAR LES GREFFES FONCTIONNELLES D 'ARTÈRES MORTES, par J. NAGEOTTE et L. SENCERT. van réalisé des greffes Lo chonnclies homoplastiques et hétéro- plastiques d’artères mortes, nous avons observé, danses tuniques des segments transplantés, des phénomènes qui, indépendamment du fait même de la reviviscence, déjà étudié, présentent un intérêt d'ordre général. Dans une note à l’Académie des Sciences /2) nous avons insisté surtout sur le côté chirurgical de notre travail et sur l'historique de la question. Nous voulons donner ici quelques détails histologiques et dresser un rapide inventaire des principales données de physiologie tissulaire qui résultent de nos expériences. Nous prendrons comme type l’observation d’un chien qui a subi l'opération suivante : un segment de la carotide, long de 2 cent. et (1) J. Nageotte. La matière organisée et la vie. Scientia, décembre 1918. (2) J.. Nageotte et L. Sencert. Greffes fonctionnelles d’artères mortes. Comptes rendus de l’Académie des Seiences, 25 novembre 1918. A6 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE demi environ, a été remplacé par un segment de carotide emprunté à un autre chien et conservé dans l'alcool. L'animal à été sacrifié au bout de 3 mois. La région carotidienne est redevenue normale; il n’y a aucune sclé- rose autour du greffon, qui ne se distingue du reste de l’artère que par la forme rubannée qu'il a prise après la mort, en raison de l’affais- sement de ses parois privées de contractilité. Les lignes de suture sont très peu visibles. Le calibre de l’artère n’est rétréci en aucun point; il ne semble pas non plus avoir été dilaté; si le périmètre du greffon est, sur les coupes histologiques, plus long d’un tiers que celui de lar- tère, cela tient évidemment à ce que cette dernière a été fixée en systole. Nous étudierons successivement la paroi du greffon et la cicatrice. L'endothélium vasculaire s'est reconstitué sur toute l’étendue du greffon ; 1! repose sur l'élastique interne et ses cellules sont égales entre elles et régulièrement disposées. La média est le siège des phénomènes les plus intéressants. L’appa- reil élastique est conservé; il s’est affaissé purement et simplement après la disparition des fibres lisses qu'il contenait, sans qu'aucune substance conjonctive nouvelle se soit formée dans $es mailles. Ce tissu a donc perdu ses éléments nobles sans sclérose compensatrice. Ceci est d'autant plus intéressant que, dans le média de l'artère vivante, \ s'est produit quelques ilots de sclérose, où la lésion aboutissant à la mort des fibres musculaires lisses a été amenée évidemment par l’action directe de traumatismes exercés sur ces éléments; mais dans ces foyers il n'y a pas eu d’affaissement notable du tissu parce que ia disparition des éléments a été compensée par une formation de substance collagène, suivant la loi de pathologie générale que chacun connaît. Ce fait, joint à d’autres que nous avons observés au cours de nos recherches, contribue donc à montrer que dans la sclérose des tissus ce ne sont ni les phénomènes de phagocytose consécutifs à la mort des proto- plasmas, ni le vide laissé par la disparition des éléments, qui provoquent la formation exubérante de substance conjonctive; le processus scléreux est déclenché par la maladie des cellules vivantes, c'est-à-dire par la per- version de leur activité fonctionnelle, qui a pour conséquence la produc- tion de suhstances anormales. La média affaissée n’est pas réhabitée par des fibroblastes, au moins sous leur forme habituelle. On y trouve quelques cellules migratrices, auciens phagocytes attardés, mais elle contient surtout, irréqulièrement disséminés sur toule sa hauteur, el uniquement dans ses couches les plus externes, des fascicules de fibres musculaires lisses peu nombreuses, à Re transversale. Ces éléments sont caractérisés par leur groupe- ment, leur forme et la présence dans leur protoplasma de fibrilles différenciées, colorées électivement par l’'hématoxyline ferrique et par l'hématoxyline de Mallory. Nous nous sommes assurés que ces fibrilles, SÉANCE DU 25 JANVIER 47 À exclusivement intraprotoplasmiques, ne sont pas des fibroglia-fibrils; elles sont en quantité variable et toujours moins nombreuses que dans les fibres lisses de l'artère normale, ce qui indique une évolution pro- sressive dans la différenciation. Une discussion approfondie nous a conduits à conclure que les éléments dont la métaplasie amène l’apparition sporadique de ces fibres musculaires lisses ‘nouvelles ne sont autres que des fibroblastes 1, SE > Dire SU ARTÈRE GREFFON FrG. 1 (demi-schématique). — Greffe morte homoplastique de carotide sur le chien; trois mois. En haut, coupes transversales de l'artère, de la cicatrice et du greffon. En bas, coupe longitudinale de la paroi comprenant l'artère et une moitié: du greffon. I.M.E.A., tuniques interne, moyenne, externe et adventice. My. pur, My. sclér., portion pure et portion scléreuse du myome de régénération. F,m».{. métap., fibres musculaires lisses apparues par métaplasie. Pn., nerf pneumogastrique. F., fils de suture. vulgaires. Pour comprendre le mécanisme de cette évolution, il faut bien noter que la média ne contient aucune cellule ayant gardé la forme de fibroblastes et que, d'autre part, aucune cellule musculaire lisse ne se trouve en dehors de l'élastique externe. Des fibroblastes peuvent s’accoler à la face externe de l'élastique exterre, des cellules muscu- laires lisses peuvent se trouver appliquées contre sa face interne, mais la membrane elle-même forme une limite absolue entre les territoires de ces deux sortes de cellules. Dès lors, ne semble-t-il pas que les con- m SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ba C2 dilions mécaniques. ne suffisent pas pour expliquer la métaplasie? Ces conditions ne varient guère d’une face à l’autre de l'élastique externe, et c'est uniquement au moment où les éléments arrivent dans l’ancienne demeure des fibres musculaires qu’ils changent de nature. Les choses se passent comme si une influence spécifique était reslée attachée à la substance de l'édifice construit par'les fibres musculaires de l'artère. Néanmoins les facteurs de la métaplasie sont certainement complexes, car dans les fragments d'artères greffés sous la peau de l'oreille du Lapin, non fonctionnels par conséquent, elle ne paraît pas se pro- duire. Ces faits, outre leur intérêt intrinsèque, montrent qu'il est impossible de reconnaitre $i un tissu greffé est simplement vivant, ou s’il est revi- viscent. La base anatomique des travaux fails sur la conservation de la vitalité des greffons par le froid doit donc être entièrement revisée. De la tunique extéèrne et de l'adventice,nous dirons seulement qu'elles ont repris tout l'aspect de tissus vivants normaux et conservé leur structure antérieure, la seconde étant à peine épaissie. Est-il besoin d'insister sur le contraste si frappant qui existe entre la rapidité avec laquelle se fait la réhabitation complète de ces tuniques par les fibro- blastes vulgaires, qui étaient leurs hôtes normaux, et la lenteur avec laquelle pauvrement se reconstitue la population différenciée de la média ? | L'étude des cicatrices nous offre encore un fait intéressant. Les points de suture perforants sont maintenant recouverts par une lame de tissu qui, partant de la cicatrice, s’étend en remontant vers l'artère et en descendant dans l’intérieur du greffon. Le premier prolongement est très court, le second long de plusieurs millimètres ; chacun d’eux est situé entre l’endothélium rénové et la lame élastique interne de l'artère pour le premier, du greffon pour le second. Cette formation n'est pas du tout une plaque d’endartérite, c'est un myome qui naît de la tunique moyenne de l'artère, forme un tube sous-endothélial, à paroi d'épaisseur décroissante dans l’intérieur du greffon, et se termine par un bord tranchant au delà duquel l’endothé- lium se réapplique directement sur l'élastique interne. Ce myome est formé de fibres musculaires lisses aussi parfaitement différenciées que celles de l'artère ; il est pur et muni d'une délicate armature élastique dans le domaine du greffon, très scléreux au contraire au niveau de la ligne de suture. Ses fibres musculaires sont transversales, sauf une très mince couche périphérique, où l'orientation des éléments est longitu- dinale. Nous lui avons donné le nom de myome de régénération, et nous avons supposé que sa croissance n'était pas achevée au moment de l'examen, mais qu'il aurait fini par envahir toute la surface interne du greffon de facon à constituer une tunique musculaire complète de nouvelle formation. D’autres pièces nous ont montré que la première Sociélé de Biologie. as FiG. 2. — Obs. 1. Coupes transversales, À, de l'artère, B et C, du greffon. L'élastique externe est mise au même niveau dans les trois coups A et B, coupes colorées à l’orcéine, C, coupe colorée à l'hémalun éosine. 120 diamètres. F.im.l., fibres musculaires lisses apparues par métaplasie dans les couches externes de la média du grefion. PENSE (Mém. NAGEOTTE et SENCERT). F16. 4. — Obs. II. Greffe morte hétéroplastique de carotide de mouton sur chien ; trois semaines. Coupe longitudinale du greffon. 200 diamètres. : E, tunique externe reviviscente; M, tunique moyenne dans les couches internes de laquelle les fibres musculaires lisses mortes ont été détruites par des macro - phages. La phagocytose n'a pas encore atteint les couches les plus externes, où les fibres musculaires mortes sont restées en place. Fi 3. — Obs. I. Coupe longitudinale du greffon; fibres musculaires lisses, coupées en travers, montrant leurs fibrilles spécifiques. Hématoxyline ferrique. 1.000 diamètres. E. exl., élastique externe. Fi6. 5. — Obs.Il. Même préparation; détails au niveau de la ligne d'attaque des macrophages ; à gauche, on voit une figure typique de diges- tion intracellulaire. 1.000 diamètres. SÉANCE DU 25 JANVIER ' 19 ébauche de ce myome se fait vraisemblablement dans l'épaisseur d’un mince caillot fibrineux pariétal. Nous avons encore peu étudié les premières phases. Néanmoins, une greffe morte de carotide de mouton sur chien, datant de 21 jours, nous a permis de voir comment se fait la phagocytose des éléments morts. Les phagocytes sont exclusivement des mononucléaires (macrophages de Metchnikoff, polyblastes de Maximoff). Fait remarquable, ils pénètrent pour la plupart par la face interne, c’est-à-dire qu'ils viennent directe- ment du sang circulant dans l'artère ; ils détruisent les cellules mortes case par case en allant régulièrement de l’intérieur vers l’extérieur ; les limites de ces cases, c’est-à-dire les lames élastiques, paraissent arrêter les phagocytes pendant un certain temps, mais une fois une case envahie, toutes les cellules mortes qu'elle contient sont détruites presque en même temps. Le réseau de la substance intercellulaire est encore resté béant et ne s’est pas affaissé. Les phagocytes sont peu nombreux, et il est probable qu'ils agissent surtout par leurs sécrétions externes, car les figures de digestion interne, d’ailleurs parfaitement nettes, sont rares malgré la grande activité du processus. Il y a en outre quelques points d'attaque à la face externe de la média par des phagocytes venant des tissus, mais le travail accompli sur cette face est infime relativement à celui qui a pour siège les régions internes. Dans notre cas où l'opération ne remonte qu'à trois semaines, la tunique externe et l’adventice sont déjà complètement revivifiées. QUELQUES REMARQUES A PROPOS DE CE QU'ON APPELLE & POSITION TERRIFIANTE » DES ANIMAUX, par MICHEL SIEDLECKRI. Il est un fait bien connu, que certains animaux, surpris à l’improviste par leurs ennemis ou bien par des passants, qui paraissent dangereux, peuvent prendre une position extraordinaire appelée le plus souvent” position de combat ou bien position terrifiante. Les exemples les mieux connus sont : le chat, poursuivi par un chien, et le cobra se redressant et étalant son cou. Il y a des savants qui ont considéré cette attitude des animaux comme une action réglée, jusqu’à un certain point, par la volonté de l'animal, alors consciente. Le but de cette attitude serait de se protéger. Weismann par exemple, se basant sur les observations faites sur les chenilles de Chærocampa elpenor, conclut que les animaux rapaces ont peur de s'approcher de la proie en position terrifiante. Lors de mon séjour dans le laboratoire 50 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE zoologique du jardin botanique à Buitenzorg (Java), j'ai eu occasion d'observer très souvent et chez différents animaux cette attitude; certains faits que j'ai observés ne me paraissent pas être d'accord avec les idées généralement admises. 1° La première remarque à faire est que, dans beaucoup de css, il y a lieu de faire une distinction entre la position terrifiante et la position de combat. Certains animaux, comme par exemple les grandes araignées- (Selenocosmia javanica) ou bien les scorpions (Heterometrus javanieus), en se mettant en position terrifiante, montrent leurs moyens de défense (c’est-à-dire les chélicères ou bien le crochet venimeux) et les mettent en position facilitant l’attaque définitive, tandis que d’autres se com- portent d’une tout autre manière. Le cobra, en frappant sa proie, n’élargit pas son col et ne se redresse pas. La belle mante brune (Deroplatys desiccata), ayant en vue un lézard, étale les ailes, sur lesquelles apparaissent de brillantes taches bleues, et elle redresse les grandes pattes antérieures; mais quand elle s’ap- proche pour capturer sa proie, ses ailes restent fermées et ses pattes- pinces sont pliées sous le thorax. Les mantes européennes, au moment du combat entre elles-mêmes, souvent ne prennent pas la position terri- fiante (Fabre). : 2° La position terrifiante est très souvent sans aucune valeur comme moyen de défense. Nous avons observé un grand lézard (Gecko verticil- latus), qui a dévoré sans hésitation une mante se tenant dans une posi- tion terrifiante. Nous avons aussi vu une mante, qui attrapait uue che- nille de Papilio demolion, se tenant en position très ressemblanté à celle de la chenille de Chærocampa elpenor, étudiée par Weismann. 3° Souvent l'attitude terrifiante se produit sans que l’animal soit en danger. Nous avons vu une mante (Hantis laticollis) prendre la position terrifiante aussitôt que nous avions légèrement secoué la cage dans laquelle l’animal était enfermé. Au contraire, une mante, placée avec un scorpion dans un grand cristallisoir, s'est défendue er vain avec ses. puissantes pattes FDIANENLES, mais n’a pas pris l’atlitude dite « de combat ». 4° Une chose des plus intéressantes est que l’état dans lequel l'animal eprend sa position terrifiante paraît être en rapport avec la fatigue de l’animal même. Nous avons, pour la première fois, remarqué les rapports entre la fatigue et la position terrifiante sur un grand lézard (Varanus salvator), de 1240 de longueur, qui nous a été apporté dans un panier par des coolie malais. L'animal était déjà très faible et ne fit pas de résistance quand nous l'avons placé dans un bassin. Trois jours il était encore tenu sans manger; il ne bougeait pas de place, même touché avec un bâton. Retiré du bassin, il a dûêtre chloroformé; mais, au moment où un garçon du laboratoire lui mettait un sac sur la tête pour le chloroformer, l'animal, d'un coup, prit une position SÉANCE DU 25 JANVIER 51 terrifiante. Les pattes antérieures redressées, la gorge gonflée, la bouche ouverte et montrant les rangées de dents, la queue rigide et prête à frapper, levée en haut;la position était vraiment imposante. Mais à ce moment même, l'animal était déjà tellement affaibli, qu'il n’y a eu aucune difficulté à s’em- parer de lui. Les mêmes animaux qui, en état de pleine vigueur, ne prennent pas l'attitude terrifiante, se servent d'elle aussitôt qu'ils sont affaiblis. Nous avons observé des femelles des grandes araignées jaunes (flatythomi- sus octomaculatus), qui, après la ponte des œufs et la construction de leurs grands cocons, sont restées sur ceux-ci; il suffisait de s'approcher d’elles pour provoquer immédiatement la position terrifiante. S'appuyant fortement sur le cocon avec les quatre pattes postérieures, l'animal étendait les extrémités antérieures et faisait avec celles-ci un mouve- ment oscillatoire tellement rapide qu'elles devenaient presque invisibles. L'araignée ressemblait un peu à une guêpe énorme; mais loin d'êlre dangereuse, elle était complètement affaiblie et rm ane. Avant la ponte des œufs, ces femelles ne prennent jamais la position terrifiante ; ce n’est qu'après la ponte, quand l'organisme est affaibli par suite de l'immense dépense des matériaux, que cette position bizarre peut se manifester. Dans certains cas, nous somuwues parvenus à provoquer l'apparition de la position lerrifiante en fatiguant les animaux. Une mante (Mantis laticollis) effrayée a l'habitude d’étaler les ailes et les extrémités antérieures et, en s'appuyant sur quatre pattes posté- rieures, de gonfler l'abdomen, duquel font, à ce moment, hernie deux paires de petits sacs, placés entre les deux avant-derniers anneaux abdominaux. Ces sacs sont d’une couleur très vive; la paire antérieure est bleu foncé, la postérieure est rouge. Il n’est pas toujours facile de forcer l'animal à prendre cette position extrémement bizarre ; nous y avors réussi en secouant l'animal, eu le tirant par une patte et en appro- Chant brusquement la main de l’animal placé sur une branche. Cette position dure seulement une trentaine de secondes et semble nécessiter un grand effort. Nous avons fatigué l'animal en le fortant à courir dans une cage, jusqu'à ce qu’il soit tellement faible qu'il ne pouvait se tenir debout. Et c'est alors qu'il prit une position terrifiante:; il a É que l’abdo- men el succomba sans changer de position. Des faits identiqués ont été obsérvés sur les lézards volants (Praco volans et PDraco fimbriatus). Ces animaux pourchassés essayaient de s'enfuir à pied ; forcés à sauter, ils étalaient les membranes parachutes, _ et traversaient une longue distance en vol plané. Mais finalement, forte ment fatigués, ils ne pouvaient plus courir et prenaient alors la position terrifiante en se redressant, en ouvrant la bouche et étalant les mem- _branes latérales. Forcés encore de courir ou de sauter, ils mouraient de fatigue, tout en conservant la position terrifiante. © LS) SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Des observations mentionnées et d’autres, il résulte que : dans la majorité des cas, la position terrifiante n’est rien autre qu'un réflexe provoqué par une irritation générale de l'organisme entier. Il n’est pas exclu que, dans beaucoup de cas. cette irritation est provoquée par les sensations obtenues par l'intermédiaire des sens ; dans ces cas, la posi- tion terrifiante a toute apparence d’être volontaire ; mais, le même effet pouvant être obtenu par l’action d'autres agents engageant l'organisme entier (tels que la fatigue), la position terrifiante, à notre avis, n’est pas une action volontaire et consciente. - IMMUNISATION DU LAPIN CONTRE L'INOCULATION SOUS-DURE-MÉRIENNE DE VIRUS RABIQUE FIXE AU MOYEN DE CERVEAUX TRAITÉS PAR L' ÉTHER, par P. REMLINGER. L'opinion des auteurs parvenus à vacciner le lapin contre l'inocula- tion sous dure-mérienne de virus fixe peut, croyons-nous, être résumée en disant que cette immunisation est difficile à réaliser, qu’elle paraît être plus souvent l’effet d'un hasard heureux que d'une technique bien réglée et, enfin, que sa durée est éphémère. Cette manière de voir était partagée par nous jusqu à ces derniers temps. Elle s’est partiellement modifiée depuis que nous appliquons à la vaccination antirabique l’atté- nuation du virus par l’éther. Ayant établi (1) que si on immerge dans l’éther sulfurique l’encé- phale d'un lapin mort de rage, les couches superficielles sont inoffen- sives pour la dure-mère après 60 heures et les parties centrales après 426, nous avons inoculé, en un certain nombre de fois, sous la peau de 47 lapins, de 100 à 4.000 c.c. d’une émulsion à 1/50 de cerveaux ayant séjourné dans l’éther un nombre d'heures variable. Quinze jours après la dernière inoculation, les animaux étaient éprouvés par voie sous- dure-mérienne (1/4 de c.c. d'une émulsion de virus fixe à 1/50). Lorsque le résultat était négatif, l'opération était répétée tous les mois ou tous les deux mois et avec des doses croissantes de virus. Les résultats obtenus peuvent être résumés de la façon suivante : 1° Au point de vue de l'efficacité de l'immunisation. — Sur ces 47 la- pins, 16 (34 p. 100) n’ont pas réagi à l’inoculation sous-dure-mérienne. 97 fois, la mort, à la suite de l’inoculation, est survenue, avec un retard sur les lémoins de 1 jour (41 fois), de 2 jours (4 fois), de 3 jours (7 fois), (1) P. Remlinger. Action de l’éther sur le virus rabique. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 29 ayril 1918. SÉANCE DU 25 JANVIER 53 pans per de 4 jours (3 fois), de 5 jours (2 fois), de 6, 7, 9, 10 jours (1 fois). Chez ces animaux, partiellement immunisés, les symptômes de la rage se sont, dans la grande majorité des cas et ainsi qu'il est connu, montrés identiques à ceux de la rage des animaux non vaccinés. En particulier, la durée de l’affection a été de 3 jours (8 fois), de 4 jours (13 fois), de 5 jours (4 fois), de 6 jours (3 fois), c’est-à-dire sensiblement identique à la durée de la maladie chezles témoins. A titre exceptionnel (3 obser- vations) et toujours pendant les chaleurs de l'été, nous avons vu la rage revètir une forme lente et n’amener la mort que le 7°, le 10°, le 11° jour. 2% Au point de vue de la durée de l’immunité. — Sur 16 lapins, 10 sont encore vivants et bien portants à l'heure actuelle après avoir subi im- punément 4 trépanations (2 lapins), 5 trépanations (4 lapins), 6 trépa- nations (3 lapins), 7 trépanations (1 lapin). L’immunité se maintient chez tous depuis plus d’un an, chez l’un d’eux depuis près de deux ans. 4 lapins sont morts de maladies autres que la rage ou sans cause appréciable après avoir subi 1 trépanation (2 lapins), 2 trépanations (2 lapins), 4 trépanations (1 lapin). Enfin deux animaux ayant résisté à une première trépanation ont succombé à une deuxième, un mois plus tard. 3: Au point de vue de l'influence des principaux facteurs. — Ainsi qu'on pouvait le prévoir, l’immunité s'obtient d'autant plus sûrement que, toutes choses étant égales d’ailleurs, la quantité d'émulsion injectée est plus considérable et que la durée de l’immersion du cerveau dans l’éther est moins longue, c’est-à-dire que la virulence est mieux con- servée. Néanmoins avec des cerveaux à la limite de la virulence ou ‘ même complètement inoffensifs, on obtient encore une proportion nota- ble de résultats positifs. Exacte dans l’ensemble, cette formule com- porte quelques exceptions et l'établissement de l'immunité contre l’ino- culation sous-dure-mérienne apparait parfois un peu capricieux. Ainsi, 9lapins recoivent sous la peau, du 9 décembre 1917 au 8 février 1918, de 250 à 600 c.c. d'une émulsion à 1/50 de virus rabique ayant séjourné 48 heures dans l’éther. Un lapin ayant reçu 800 c.c. et 2 lapins ayant reçu 500 c.c. résistent à la trépanation, tandis que 2 de leurs congé- nères ayant reçu 600 c. c. succombent à la rage avec respectivement 2 et 4 jours de retard sur les témoins. Dans une autre série, 8 lapins reçoi- vent, du 18 octobre au 30 décembre 1917, de 250 à 500 c. c. d’une émul- sion à 1/50 d'un virus rabique ayant séjourné 24 heures dans l’éther. Un lapin ayant recu 250 c.c. d’émulsion succombe avec 4 jours de retard sur le témoin, tandis qu'un autre qui a reçu 500 c.c. meurt avec un retard d’un jour seulement. Quoi qu'il en soit de ces faits, la relation est étroite, dans la majorité des cas, entre l'établissement de l’immu- nité d’une part, la quantité et la virulence de l'émulsion inoculée d'autre part. . Nous croyons pouvoir conclure que l’immunisation du lapin contre 54 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'inoculation sous-dure-mérienne de virus fixe est plus facile à réaliser quil n’est admis. Elle ne s'obtient certes pas avec une régularité mathé- matique, mais elle s'établit cependant suivant des règles suffisamment fixes. Une fois réalisée, elle est d’une solidité remarquable et, le plus souvent même, d'une force à toute épreuve. DU CARTILAGE ARTICULAIRE ET COSTAL DES INDIVIDUS ADULTES ET VIEUX, par Éo. RETTERER. Dans les membranes légumentaires, la vieillesse s'annonce par le manque de prolifération des cellules épithéliales, qui cessent de plus de se transformer en tissu conjonctif. Comment se manifeste-t-elle: dans les tissus squelettiques ? Dans quelles conditions assurer le renouvel- lement, l'intégrité et la plus longue durée possible du cartilage et de l'os ; je n’entends point par là leur immortalité, car l’immortalité qui nous touche tant nous appartient si peu. Voici les résultats que j'ai obtenus en étudiant le cartilage sur des individus adultes et vieux en comparaison de ceux que j avais constatés sur les Cobayes et les Chiens jeunes (1). I. Méracarpiens. — Le cartilage articulaire qui revêt 1a rête aes metacar- piens ne m'a pas présenté, sur un homme de trente ans et sur les Chiens adultes et vieux, des caractères différents de ceux que j'ai notés dans les notes citées. Il en va autrement sur un vieillard de soixante-dix ans : les séries perpendiculaires de la zone sériée se composent encore chacune de une ou deux files de cellules encapsulées, ces dernières mesurant chacune 15 à 20. La zone sériée est limitée du côté du cartilage calcifié par une ligne ou strie sinueuse, hématoxylinophiie de 2 v. La zone calcifiée est divisée en 2 couches par une 2° strie sinueuse et se trouve enfin séparée de l'os par une 3° strie. Cette dernière strie (intercalcifiée- osseuse) a des contours nets et lisses, tandis que la 1° {intersériée calcifiée) et la 2° (strie intracalcifiée) ont des contours dentelés. Notons que les cellules cartilagineuses de la zone calcifiée sont réunies en groupes de 3 ou 4 entre les 2 stries à contours dentelés, et en groupes de 2 du côté de l'os. Les ceilules cartilagineuses du cartilage calcifié n’ont qu’un diamètre moyen de 10 » et les cellules osseuses de la zone sous-chondrale, de 8 à 9 p..\' Autre modification de structure : la trame réticulée de la zone calcifiée et de l'os sous-chondral se compose de trabécules et de fils hématoxylinophiles plus épais et plus ramifiés que chez les individus plus jeunes; la masse amorphe est moins abondante. Les lignes ou stries hématoxylinophiles plus épaisses et plus nombreuses représentent donc des parties de la substance (1) Comptes rendus de la Soc.de Biologie, 18 janvier 1908 et 18 décembre 1915. © O€ SÉANCE DU 25 JANVIER cartilagineuse qui à cet âge tardent à se différencier en trame hématoxyli- nophile et en masse amorphe, acidophile. II. Tère pe L'aumérus. — Le revêtement cartilagineux de la tête humérale est, chez un vieux Chien, épais de 02®4 et 025 et montre les mêmes zenes que la tête du métacarpien. Les cellules de la zone sériée ont 12 set celles du cartilage calcifié 10 p. Sur uu homme de trente ans etun autre de soixante-dix ans, ce même revé- tement est épais de 1 millimètre en moyenne. La strie sinueuse intersériée- calcifiée est une lamelle épaisse de 022010 à 02015 sur le sujet de trente ans, et atteint, sur celui de soixante-dix ans, une épaisseur de 02203 à Omm04. Chez ces deux sujets, les cellules cartilagineuses de la zone sériée ont un diamètre moyen de 18 y, tandis que celles du cartilage calcifié ne mesurent que 12 à 15 y. III. CaRTILAGE cosraL. — A. Homme de cinquante ans. — Au cartilage dit normal fait suite, du côté de l’os, une zone cartilagineuse où les cellules sont disposées non plus en séries parallèles au grand axe de la côte, mais en séries parallèles à la surface osseuse. Les cellules cartilagineuses, toutes encapsulées, sont entourées d’une couronne ou halo hématoxylinophile, épais de 10 à 12 u. La ligne sinueuse intersériée-calcifiée est épaisse de 6 à 8 y ; la zone calcifiée, de 02208; la ligne sinueuse-intercalcifiée osseuse, de 1 à 2 p, et l'os sous- chondral, de 004 à O®05. Les cellules sériées ont un diamètre de 15 p, les cellules calcifiées, de 12 y et les cellules osseuses, de 10 environ. B. Homme de soitante-dix ans. — Les halos hématoxylinophiles sont plus larges encore ; ils atteignent 13 u; la cellule encapsulée qu'ils entourent a 12 ou 14 u. Il m'a été impossible de distinguer la strie sinueuse intercalcifiée- osseuse. C. Chien vieux. — Les zones de cartilage sérié et calcifié ne sont plus dis- tinctes : les cellules cartilagineuses entourées de halos hématoxylinophiles forment des séries parallèles à la surface de l’os et se continuent insensible- ment avec les lamelles horizontales de l'os sous-chondrai, épais de 0w03 à Omn06. En résumé, les cellules cartilagineuses continuent, dans la zone sériée, à se multiplier chez les individus adultes et vieux; mais les cellules de la zone calcifiée restent moins volumineuses que celles de la zone sériée ; elles ne s'hypertrophient et ne se divisent plus comme dans le jeune âgé. Ensuite la substance intercellulaire change de caractères : la trame figurée et héma- toxylinophile (halos, stries et lamelles hématoxylinophiles) demeurent plus larges, tandis que la masse amorphe, acidophile, se réduit davantage. En un mot, carülage et os prennent une structure et des propriétés identiques à celles du tissu squelettiquée des Vertèbres inférieurs (1). _ Résuliats el crilique. — Aux yeux des classiques, le cartilage se flétrit et disparait, et l'os s’y substitue. Aussi se bornent-ils à décrire dans le - cartilage diarthrodial des zones de cartilage sérié et calcifié et à admettre (1) Retterer. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mars 1908, p. 485. (TA © SOCIÉTÉ .DE BIOLOGIE ‘un plan de soudure du cartilage et de l’os. Quelques-uns assigÿnent au cartilage sérié le rôle de fournir les jeunes cellules destinées à remplacer celles qui s’usent et périssent par le fait du jeu articulaire. N'ayant pas mesuré le volume des cellules sériées et calcifiées, ils n’ont pu voir que la zone calcifiée de l’organisme en voie de croissance possède des cellules 3 ou 4 fois plus volumineuses que la zone calcifiée de l'adulte et de l'indi- vidu vieux. Toutesles autres différences évolutives découlent de ce fait : chez les jeunes individus, les cellules syncytiales du cartilage sérié se transforment en! cellules encapsulées et hypertrophiées qui se divisent et se multiplient pour produire le tissu hyperplasié et ossificateur. Chez l'adulte et l'animal âgé, les cellules du cartilage sérié, loin de s’hyper- trophier, diminuent de volume et se transforment directement en cellules osseuses. Külliker seul, vers le milieu du xix° siècle, a entrevu une partie de la réalité, quand il a décrit sur des fragments squeiettiques enlevés à la scie et polis sur la pierre ponce des cellules à capsule carti- lagineuse dans une substance intercellulaire osseuse, incomplètement développée. C’est là la zone calcifiée dont la substance fondamentale est en voie de transformation osseuse. Quant aux cartilages costaux, Th. Bartholin, Bichat et d’autres ont trouvé qu'ils s’ossifient avec l’âge. Je n'ai jamais trouvé de cartilages costaux véritablement et complètement ossifiés ; ils diminuent de lon- gueur avec l’âge, puisqu'ils continuent à se transformer du côté de l'os, en tissu osseux. Quant au reste du cartilage costal, il est vascularisé et calcifié, de sorte qu'il acquiert l'apparence et la dureté de l'os. Voici comment il convient, à mon avis, d'interpréter la disposition. | différente que prennent les cellules de la zone sériée dans le cartilage articulaire d’une part, dans le cartilage costal, de l’autre : les côtes ne sont soumises qu’à la pression, les cartilages diarthrodiaux, à la pression et aux frottements. La pression seule détermine une excitation moindre que celle qui est accompagnée de frottements : aussi, les cellules se disposent-elles, dans les cartilages diarthrodiaux, en séries linéaires perpendiculaires à la surface du cartilage et, dans les cartilages costaux, en séries horizontales. Si ces actions mécaniques font défaut, le carti- lage régresse. Sur une paraplégique qui était restée pendant les der- nières années de sa vie dans l'immobilité la plus absolue, les jambes fléchies sur le bassin, il s'était produit, selon Cruveilhier, l'usure du cartilage de la tête du fémur : « le cartilage était remplacé par une mem- brane très mince ». Par l’expérimentation sur le cobaye auquel j'avais amputé les deux tiers inférieurs du bras, j'ai (1) pu transformer le car- tilage de la tête humérale en une membrane molle, de structure épithéliale. En supprimant le frottement dans une articulation, nous (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°7 février 1908. SÉANCE DU 25 JANVIER 57 avons vu, M. Voronoff et moi-même (1), le cartilage hyalin devenir fibro-cartilage. D'autre part, la pression et les frottements modifient la vitalité et _ l'évolution non seulement du tissu cartilagineux, mais encore celles du tissu osseux. La zone calcifiée du cartilage et l'os sous-chondral du cartilage articulaire présentent, chez le vieillard, la structure que j'avais provoquée chez le cobaye, en soustrayant l'os à toute excitation méca- nique : la trame réticulée augmente, Ja masse amorphe et les sels calcaires diminuent. C’est là une régression analogue à celle qu’on observe chez les vieillards dans les extrémités articulaires (ostéoporose sénile). Le mouvement, qui augmente la pression et détermine du frotte- ment, est donc l’excitant du qui assure le renouvellement, intégrité de structure et la plus longue durée possible des tissus squelettiques. DE L'ACTION ANTAGONISTE DU SÉRUM SANGUIN CONTRE LES PROTÉASES MICROBIENNES, par L. LAUNoy. Les recherches que nous avons entreprises pour évaluer laction antagoniste exercée par le sérum sanguin sur certaines protéases microbiennes nous permettent de conclure que : 1° En partant des B. pyocyaneus, B. prodigiosus, B. proteus, il est facile d'obtenir sous un volume réduit (0 c.c. 05 — 0 €. c. 7) une masse de protéase suffisante pour liquéfier en une heure, à 41°, notre gélatine- test (2). On détermine ce volume actif de la manière précédemment indiquée pour titrer l'unité tryplique. Dans le cas particulier, celui de protéases microbiennes, on se sert soit d’un filtrat sur bougie d'une culture de huit jours en bouillon- - peptone, soit de la solution aqueuse, filtrée sur bougie, de. la protéase obtenue par précipitation au moyen de l’alcool-éther, soit enfin dans certains cas d’une culture de quatre jours, non filtrée, vivante. La plus petite quantité de l’un des deux liquides au de l'émulsion micro- bienne ci-dessus capable de dissoudre le test habituel en À heure, à 41°, représente pour les conditions expérimentales définies, l« unité gélatino lytique » ‘ la ie use microbienne envisagée. (1) Ibid., 23 rie 1918. @) L. LE Anhales de l'Institut Pasteur, 1919, n° 1, p. 1-26. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 5 58 SOCIÉTÉ ‘DE BIOLOGIE Ainsi, nous faisons donc l’ «unité gélatinolytique » qualitativement égale à notre « unité tryptique ». Les «unités gélatinolytiques » d'origine microbienne réalisées comme nous venons de le dire, qualitativement égales à l’ «unité tryptique » lui restent toutefois quantitativement inférieures. Le tableau ci-dessous . est un exemple de cette conclusion. Dans cette expérience on a fait agir O c.c. 1 d’une solution aqueuse de protéase de B. pyocyanique pour laquelle l'unité gélatinolytique ‘était 0 c.c. 05 sur 2 c.c. de test. Le titrage.de l'acidité libre et celui de l'acidité libérable’par le formol au cours de la digestion prolongée nous donnent les résultats suivants: ACIDITÉ TEMPS ACIDITÉ ACIDITÉ ACIDITÉ ‘TOTANE de LIBRE FORMOL TOTALE ACQUISE DIGESTION en en en en en heures NaOH N/10 NaOH N/10 NaOH N/10 NaOH N7/10 20 0,5 0,8 1,3 0,65 L4 0,55 0,9 1,45 - 0,8 68 0,65 0,9 1,55 0,9 92 0,7 0,9 0,6 0,95 Témoin 0,1 0,5 1° En nous rappelant (1) que l'unité tryptique qualitativement égale à l'unité gélatinolytique détérmine en 18 heures une acidité totale de À c.c. 3, il est facile de se rendre compte par le tableau ci-dessus de l’infériorité de la protéase microbienne. Cette conclusion se renforce du fait que nous avons opéré dans cette expérience avec deux unités géla- tinolytiques sur le test, l'unité gélatinolytique étant 0 c.c. 05. 2 L'observation précédente nous permet donc d'envisager les pro- téases microbiennes, dans l’état où elles se présentent à notre étude, comme des diastases d'activité médiocre. Ceci étant acquis, on pouvait s’attendre à observer au minimum, pour une même quantité de sérum, l'égalité d'action inhibitrice sur l’unité lryptique et sur les unités gélati- nolytiques qualitativement homologues. L'action inhibitrice du sérum (sérum humain, sérum de lapin) s’exer- cant sur les unités gélatinolytiques microbiennes n’est pas nulle, en effet; mais, contrairement aux prévisions elle est relativement faible, éphémère, non comparable en durée et en intensité à l'inhibition réa- lisée par la même quantité de sérum sur is tryptique 1 ment homologue. 3° L'injection au lapin, par voie sous-cutanée, de quantités progres- (1) L. Launoy. Annales de l’Institut Pasteur, 1919, n° 4, pp. 1-26. SÉANCE PU 25 JANVIER © co sivement croissantes d'une protéase microbienne, fait apparaître dans le sérum de cet animal des propriétés inhibitrices énergiques contre la protéase injectée. Le pouvoir inhibiteur apparu est spécifique pour la protéase injectée. 4° Le pouvoir antitryptique d’un sérum de lapin préparé contre une protéase microbienne ne varie pas sensiblement au cours de la prépa- ration. 5° Les faits énoncés dans cette note s'opposent d’une facon absolue à l'interprétation, comme phénomène banal, de l’action antitryptique du Sérum sanguin. - ({nstitut Pasteur de Paris.) DÉVELOPPEMENT COMPLET DES LARVES DE Z'enebrio molitor, OBTENU AU MOYEN D'UNE NOURRITURE STÉRILISÉE A HAUTE TEMPÉRATURE (130°), par P. PORTIER. On sait que les animaux adultes nourris avec des aliments stérilisés par un séjour suffisant au-dessus de 120° s’acheminent vers un état de déchéance qui aboutit à la mort. Les mêmes conditions de nutrition arrêtent le développement des jeunes avant de les faire mourir. À On dit que le chauffage a détruit les vitamines de la nourriture et a , produit le phénomène de carence. J'ai interprété ces faits de la manière suivante : la stérilisation à haute température détruit les symbiotes de la nourriture; dès lors, les _ symbiotes des tissus n'étant plus rajeunis entrent peu à peu en sénes- cence; les synthèses dont ils sont le siège sont troublées et les accidents d’avitaminose éclatent. . J'ai cherché à vérifier cette théorie en rassemblant des types Janimaux vivant dans la nature de substances privées de symbiotes arves xylophages, aphidiens, etc.). J'ai montré qu’en réalité tous ces animaux étaient approvisionnés de s ymbiotes par un mécanisme très spécial. En effet, ou bien ils dévorent un cryptogame porteur de symbiotes développés aux dépens de substances ligneuses, ou bien ils possèdent dans leurs tissus des micro-organismes inclus, une véritable « fabrique de symbiotes » qui se transmet héréditairement par l’œuf (1). Les nombreux exemples signalés forment un faisceau de preuves qui ne me semble pas laisser de place au doute. (1) Les symbiotes, Paris, Masson, p. 158 à 201. 60 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cependant, ces observations dans la nature n’ont jamais la rigueur d’une expérience de laboratoire. C’est cette preuve expérimentale que je viens apporter aujourd'hui. J'ai choisi une larve banale que tout le monde peut se procurer dans le commerce afin que mes expériences puissent être contrôlées facile- ment. C'est la larve du T'enebrio molitor, le ver de farine. :On sait, depuis les recherches de Frenzel et celles de Biedermann, que les cellules épithéliales de l’intestin renferment des corpuscules inelus dont la signification n’a pas toujours été comprise, mais a sont en réalité des micro-organismes symbiotiques. Si la théorie que je propose est exacte, ces larves doivent pouvoir se développer même lorsqu'on ne met à leur disposition que de la nourri- ture stérilisée à haute température. C'est cette vérification, que je considère comme importante, que j'apporte aujourd’hui. J'ai utilisé 580 larves réparties en 4 expériences distinctes. Chaque expérience comprenait deux lots dont l’un recevait comme nourriture un mélange de son et de farine stérilisé pendant 45 minutes à la température de 130° {1}; le second (lot témoin) recevait la même nourriture non stérilisée. Résultats. — Les résultats constants pour les 4 expériences sont les suivants : | Les larves recevant une nourriture stérilisée à 130° croissent au moins aussi vite que les témoins recevant une nourriture identique mais non stérilisée. Dans 3 des expériences qui durent depuis 74 jours, ee larves ont plus que doublé de poids. L'expérience vient de prendre fin pour un des lots, les larves s'étant transformées en nymphes qui donnent de jour en jour des insectes tout à fait normaux. Cette ‘expérience vérifie donc la théorie de la carence que j'ai proposée. C’est, me semble-t-il, la première fois qu’on obtient le développement complet d’un anima! avec une nourriture stérilisée à 130°. ‘1) La stérilisation est faite dans un autoclave Sorel qui permet de sécher la substance après la stérilisation. SÉANCE DU 25 JANVIER GE DE LA DISCRIMINATION SPATIALE DES SENSATIONS THERMIQUES. SON IMPORTANCE POUR LA THÉORIE GÉNÉRALE DE LA DISCRIMINATION CUTANÉE, par HENRI PIÉRON. La discrimination spatiale des sensations cutanées est une notion sensorielle qui est restée particulièrement obscure. Le compas de Weber a longtemps passé pour un instrument propre à mesurer la sensibilité tactile brute, dont l’'émoussement était prouvé par l'élargissement des « cercles de Weber », ces cercles qui en réalité sont généralement des ellipses, et parfois des polygones irréguliers (1). À l'opposé de cette conception s’est fait place, dès le début, la théorie que le compas permettait d'étudier une sensibilité spéciale, celle du lieu de la peau, l’« Ortsinn » de Weber; c’est cette théorie qui se retrouve chez le neurologiste Head, aggravée de ce que, cette fois, la sensibilité au compas aurait des conducteurs distincts dans la moelle : interprétant l’analyse des sensibilités cutanées dans des cas de syndrome de Brown- Séquard, et trouvant que, du côté où les sensibilités superficielles n'étaient pas atteintes, la discrimination était profondément altérée, alors que, du côté opposé, où la sensibilité tactile était très touchée, la diserimi- nation, dans la mesure où elle était encore possible, se montrait assez correcte, Head conclut que la discrimination est conduite par des voies distinctes de celles du tact, et cheminant, dans la moelle, du côté opposé à celles-ci (2). Or, il y a là une interprétation absolument inadmissible des faits (3). La discrimination, qui permet d'affirmer la dualité de deux contacts, est une opération intellectuelle basée sur certaines qualités des sensations, dont l'analyse exacte est encore à faire ; suivant la manière de l’étudier, on peul se rapprocher dela sensation brute ou au contraire du jugement complexe ; mais il n’y a pas là un mode de sensibilité indépendant. La discrimination spatiale est une opération qui peut se faire, non seu- lement pour les sensations visuelles (acuité), — par un processus plus à (4) Cf. A. Toltchinsky. Recherches topographiques sur la discrimination tactile. Année psychologique, XX° année, 1914, p. 160. (2) Head et Thompson. Brain, 1907, 29, p. 537. (3) Des recherches de Spearman (British Journal of Psychology, 1905, I, p. 284) ont seulement montré, dans un cas de Brown-Séquard, une discrimi- nation égale, avec une intensité d’excitation assez-forte (non mesurée), des deux côtés, malgré une diminutien de finesse tactile plus marquée du côté opposé à la lésion médullaire. Le rôle possible des sensations douloureuses dans cette discrimination rend difficile tout essai d'interprétation. 62 SOCIÈTÉ DE BIOLOGIE immédiat d’ailleurs — mais pour toutes les sensations cutanées, celles de froid, de chaud ou de douleur. Malheureusement, ces modes de discrimination sont complètement négligés, en particulier dans les recherches neurologiques, même celles qui visent pourtant à être absolument complètes, comme les recherches de Head. En dehors des travaux de Goldscheider sur l’excitalion mécanique des points de chaud et de froid, il n’y a guère eu que Rauber, Czermak, et Klug qui aient étudié la discrimination spatiale thermique ; ces deux derniers avec des pointes chaudes ou froides, le premier au moyen de la chaleur rayonnée par des sphères métalliques chaudes encastrées dans des cavités d’une plaque de bois posée sur la peau (4) ; par cette méthode, Rauber trouva que les sensations de chaleur se comportaient comme les sensations de pression. Malheureusement il existait encore, dans ces expériences, une sen- sation perturbatrice de la pression exercée par la plaque de bois. J'ai repris la question en utilisant des gouttes d’eau déposées à la surface de la peau, par la méthode de Toulouse, qui permet la mise en jeu de la seule sensibilité one la goutte n’éveillant aucune sen- sation tactile. Deux compte-gouttes normaux, à XX gouttes par c. c. (2), sont fixés chacun sur une branche de compas, et les gouttes sont déposées (chute de la hauteur minima) simultanément sur la surface cutanée choisie (face antérieure de l’avant-bras droit, au-dessus du poignet, sens longitudinal). Les compte-souttes restent plongés dans le récipient à eau chaude ou froide, ils sont retirés et essuyés vivement, en sorte que les gouttes sont déposées au bout de 2 secondes. Aussitôt [a réponse du sujet, qui doit être donnée sans retard, les gouttes sont absorbées et la peau séchée avec du buvard. Une série de températures ont été utilisées, afin de déterminer l'influence de l’intensité d’excitation, mesurée par la différence entre la température superficielle de la peau, chaque fois déterminée, et la température de la goutte : celle-ci représente la température initiale, abaissée par le refroidis- sement au cours des 2 secondes d'intervalle entre l’enlèvement du compte- gouttes et le dépôt des gouttes, d’une valeur proportionnelle à la différence entre la température de la goutte et la température extérieure. Les déter- minations de ce refroidissement n'ayant pas été assez précises, nous indi- querons seulement la température initiale. La surface des gouttes sur la peau était de 5 millimètres; la détermination (1) Ueber den Wärmeortsinn. Zentr. für die med. Wissenschaften, 1869, p. 372. (2) Les gouttes sont plus volumineuses aux températures inférieures à 15e, et moins pour les températures supérieurts, d’où une légère cause d’erreur : Yvon a trouvé qu’une goutte pesait 0 gr. 0520 à #° et 0 gr. 0450 à #19. (Yvon, Du compte-goutte normal, 1905, p. 66.) SÉANCE DU 25 JANVIER 63 du seuil de diserimination fut faite en mesurant la distance entre les. centres des orifices des deux compte-gouttes, et en déduisant la somme des deux demi-diamètres des gouttes, soit 5 millimètres, de manière à représenter la distance entre les bords des surfaces recevant une impression thermique. Le seuil était considéré comme atteint quand les trois quarts des réponses étaient exactes. Voici les résultats obtenus chez 2 sujets, en indiquant la série à laquelle appartiennent les déterminations (série 1 en mai 1918, série 2 en juin, série 3 en juillet). Nous désignons par T, la température extérieure, par T, la température cutanée, par T, la température initiale de la goutte, par D:7,7, la différence entre T, et T,, par S. le seuil mesuré en millimètres d'intervalle entre les bords des gouttes (intervalle entre les centres diminué de 5 milli- mètres) : SUJETS SÉRIE œ, me me Dr,T; SEUIL degrés degrés degrés degrés millim. A... 2 27 34 - 2 — 32 4 — 2 27 34 YO — 24 6 — 2 27 34 45 — 19 û Re 1 24 34 18 — 16 10 _ 2 27 34 ARTE 8 — 1 24 34,5 24,5 — 10 Al 2 24 34 25 — 9 9 = 2 24 34 30 — & 10 —= I 22 34,5 30,5 — À 15 — L 2% 34 38 + 4 19 Gras 2 29 34 35 + 4 19 — 1 24 34 41 SECHT AUS 10 == il 24 34 45 + 11 8 — f 24 3% 55 + 21 6 D 2 27 34 2 — 932 8 — 2 27 34 40 — 24 10 — 2 21 34 15 — 19 LT — 2 © 27 34 20 — 14 +2 — SA 22 32 18,5 — 43,5 13 77 2 27 34 24 — 10 16 Su Î 22 31 24 — 71 15 — ï 2 27 34 28 — 6 20 — 3 27 35 39 + 19 —. 3 27 35 42 = = MR 16 2 3 27 35 46 + 11 44 Eu 3. 21 33 56 + 21. 13 L'influence de l'intensité d’excitation sur le seuil de discrimina- tion apparaît avec une grande netteté, l’abaissement du seuil se fait sui- vant une courbe d’allure hyperbolique, dont la forme exacte ne peut être encore précisée, nos expériences étant insuffisamment nombreuses et insuffisamment précises. En particulier, les intensités d’excitation ne sont pas déterminées, les différences entre T, et T, étant égales à l’inten- / GA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE silé vraie pour T,—T, et supérieures à celle-ci, d'autant plus que T, diffère davantage de T,. D'autre part, pour les intensités les plus petites d’excitation, les valeurs pour le chaud et le froid ne sont pas compa- rables, en ce que, au fur et à mesure que le temps s'écoule, la goutte froide (à.30°5 par exemple) se refroidit, s'éloigne davantage de la tem- pérature de la peau et que, de ce fait, l'intensilé d’excitation augmente, tandis que, la goutte chaude se refroidissant aussi, l'intensité d'exci- tation pour celle-ci diminue, en sorte que la différence — 4° peut repré- senter — 6° et la différence 4° représenter Æ 2 parexemple. De très nombreuses corrections, difficiles à préciser, seraient donc néceésaires. Mais nous avons l'allure générale de la variation, et la valeur moyenne des seuils. Sa Si nous voulons comparer cette valeur moyenne, de 10 millimètres environ chez le sujet À, et de 15 millimètres chez le sujet B, pour des intensités moyennes d’excitation (+ ou —10°), à celle qui correspond au seuil de discrimination tactile, il serait nécessaire de faire cette compa. raison dans des conditions semblables. ‘2 La mesure ordinaire avec le compas haphiesthésimétrique à pointes d'ivoire de Binet m'a donné, dans la même zone cutanée : PRESSION TS 2 grammes 5 grammes Sujet À. . 13 millimètres 10 millimètres (impression de douleur) Sujet B.. 26 millimètres 21 millimètres Ces valeurs sont supérieures à celles qu’on obtient pour la discrimi- nation thermique, mais, dans ce dernier cas, il s’agit de deux surfaces ayant 5 millimètres de diamètre au lieu de 0295 environ. J'ai tenté de faire des délerminations avec 2 surfaces circulaires de liège de 6 millimètres de diamètre et une pression de 20 grammes sur chacune d'elles. Mais, dans ces conditions, on ne peut atteindre le seuil que pour un écart entre les bords d’au moins 50 millimètres; en effet, il se produit une dépression cutanée en gouttière entre les surfaces exci- tatrices, et tout se passe comme si l’on exerçait un contact linéaire continu ; cette dépression cutanée, qui est excitatrice, est un des grands écueils de la discrimination tactile, dont les expérimentateurs ne se sont jamais assez méfiés ; elle empêche la détermination de l'influence de l'intensité d’excitation par pression sur les seuils discriminatifs, même en utilisant les pointes, procédé qui implique en outre l'influence perturbatrice de la douleur aux intensités un peu élevées. Aussi, malgré les difficultés techniques d'examen, c’est par l'emploi des excitations thermiques qu’il sera possible d'aborder avec la plus grande exactitude les problèmes théoriques de la discrimination cutanée, L'existence d’une discrimination spatiale thermique suffit, d'autre part, SÉANCE DU 25 JANVIER 65 pour montrer l'impossibilité d'admettre que la sensation à double contact représente un mode distinct de sensibilité élémentaire avec ses con- ducteurs spéciaux. Les troubles particuliers constatés dans le syndrome de Brown-Séquard sont susceptibles d’une tout autre interprétation. ACTION DE L'URINE SUR LE TRÉPONÈME DE LA SYPHILIS, par PIERRE-PAUL LÉVY et GUILÉ. La recherche des Spirochètes d’Inada et Ido dans l'urine des icté- riques a conduit les observateurs à noter leur faible résistance dans ce liquide. Garnier et Reilly (1) se sont surtout attachés à montrer le rôle des- tructeur des éléments de la bile. | L'urine elle-même, par son acidité (2) et sans doute aussi sous l'influence d’autres facteurs, produit en un temps très court l’histolyse des Spirochètes. Noguchi pense que 24 heures suffisent. Nous sommes certains qu'indépendamment de toute infection du liquide, en quelques heures, dans certaines urines où l’on avait pu déceler des Spirochètes peu après l’émission, leur destruction est complète. Aussi l’un de nous recommandait-il, dans un travail antérieur (3), de formoler l'urine à 5 p. 100 après la miction, pour.assurer la conservation du micro-organisme. Nous préconisons à nouveau très vivement cette pratique. Nous nous sommes demandé si, pour essayer de déceler le 7reponema pallidum dans l'urine des syphilitiques, au cas où l'élimination du parasite pourrait être couramment constatée à un stade donné de la maladie,'il ne serait pas indiqué d'éviter par ce procédé une fragilisa- tion excessive du Tréponème. Celui-ci est-il rapidement lysé par l’im- mersion dans l'urine et la difficulté de l’y trouver tiendrait-elle à l’action dissolvante du liquide? Si nous supposons que le Tréponème franchisse le filtre rénal en restant indemne et qu'il parvienne en cet (1) Garnier et Reiïlly. L'élimination des Spirochètes par l'urine dans la spi- rochétose ictérigène chez l'homme. La Presse Médicale, n° 55, 3 octobre 1918. (2) Noguchi. The survival of Leptospira icterohemorragiæ in Nature ; Obser- vations concerning microchemical Reactions and intermediary Hosts. Journ. of exp. med., t. XXVII, mai 1918. (3)-Pierre-Paul Lévy et J. Léobardy. Un procédé pratique de recherche du Spirochète de l’ictère hémorragique dans les urines. Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXXXI, 9 février 1918. 66 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE état dans la poche vésicale, un séjour de quelques heures dans lurine suffirait-il à assurer sa destruction? Pour résoudre la question, nous avons recherché si des Tréponèmes provenant de la sérosité de chancres syphilitiques disparaissaient après un séjour plus ou moins long dans l'urine. Après décapage soigneux du chancre, on recueillait quelques gouttes de sérosité où l’on vérifiait la présence du Tréponème. Dans 2 tubes à centri- fuger contenant chacun 8 c.c. d’urine, on mettait la même quantité de séro- sité (deux ou trois gouttes), L’un des tubes — témoin — était formolé immé- diatement à 2 p. 100; l’autre était mis à l’étuve pendant un temps variable, puis formolé au même taux. Les deux tubes étaient ensuite centrifugés ensemble et leurs culots fixés et imprégnés à l'argent par la méthode de Fontana-Tribondeau. L'examen microscopique devait donc montrer s’il y avait disparition, déformation ou diminution du nombre des Tréponèmes après séjour dans l'urine à l’étuve. Cinq doubles examens comparatifs ont été ainsi pratiqués avec des urines différentes (1). Ils ont montré qu'après un passage de 3, 5, 7, 15 et 20 heures à l’étuve à 37°, il n'y avait pas de disparition des Trépo- nèmes, pas de diminution appréciable de leur nombre, pas de défor- mation susceptible de gêner leur constatation. Les urines restées 15 et 20 heures à l’étuve s'étaient même infectées et les Tréponèmes n'y avaient pas été lysés. Ainsi, l’action de l’urine semble beaucoup moins destructive pour le Tréponème que pour le Spirochète de l'ictère. Si, au cours de la syphilis, le Tréponème peut franchir le filtre rénal, il doit être possible de le retrouver dans l’urine. {Travail du Laboratoire et du Centre de vénéréologie de la X° armée.) D LT TS eq, SUR LA MESURE DE LA PROTÉOLYSE MICROBIENNE, par A. GRIGAUT, Fr. GUÉRIN et M®° Pommay-MicHaux. Le procédé de nesslérisation qui nous a servi pour les dosages de l'azote uon protéique et de l’urée s'applique au même titre au dosage de l’azole sous ses autres états. La seule condition à observer pour que 4 (4) Tous ces échantillons d'urine présentaient une réaction nettement acide au papier de tournesol. SÉANCE DU 25 JANVIER 67 la technique indiquée soit valable dans tous les cas, c’est que La quantité d'azote prélevée pour l'hydrolyse totale ou la nesslérisation soit inférieure à 1 milligr. Dans le cas particulier de la protéolyse micro- bienne, on trouvera dans ce procédé un moyen à la fois commode et précis d'apprécier la marche du phénomène. Nous avons étudié l’action protéolytique de différents microbes, ensemencés sur Le milieu à l'œuf, en pratiquant en série les dosages suivants : a) Dosage de l'azote total. — Le milieu est dilué au 10°. On prélève 2 c. c. de cette dilution (correspandant à un 5° de c. c. du milieu) qui, additionnés de 4 c. c. de mixture phospho-sulfurique et d'un fragment de pierre ponce, sont hydrolysés et nesslérisés selon la technique suivie pour l'azote non protéique du sang (1). b) Dosage de la somme azote des protéoses + azote non protéique. — Dans une queue aus de 8 c.c., placer 2 c.c. du milieu (mesurés au moyen d'une pipette) et 4 c. c. de hu de NaCI à 20 p. 100. Mélanger, acidifier nettement par quelques gouttes d'acide acétique au 10° et compléter à 8 c.c. avec de l’eau distillée. Mélanger à nouveau, transvaser dans un large tube à essai et porter progressivement à l’ébullition en agitant constamment et en évitant le départ de vapeur d’eau, la partie supérieure du tube à essai ser- vant de condensateur devant rester froide. On jette le mélange coagulé sur un filtre et on poursuit la ce ation jusqu'à obtention d’un liquide parfaite- ment limpide. 2 c.c. de filtrat refroidi (correspondant à 1/2 c.c. du milieu) sont addi- tionnés de 1 ec.c. de mixture phospho-sulfurique et traités ensuite pour Phydrolyse totale et la nesslérisation selon la technique indiquée pour l'azote non protéique du sang (2). c) Dosage de l'azote non protéique. — Même technique que pour le sang (3). d) Dosage de l’ammoniaque. — Quelques centimètres cubes du milieu sont additionnés de leur volume d'acide trichloracétique à 20 p. 100, on mélange et on filtre après quelques minutes de-contact. Dans un flacon jaugé de 50 c. c. on place de 1 à 6 c. c. de filtrat trichlora- cétique (correspondant à la moitié de son volume du milieu) et on procède à la nesslérisation exactement comme dans le cas prévu pour l’urée du sang (4). (1) À. Grigaut et Fr. Guérin. Dosage colorimétrique de l’azote non protéique du sang par le réactif de Nessler. Comptes rendus de la Société de Biologie, 7 décembre 1918, p. 1139. (2) Ibid. (3) Ibid. (4) A. Grigaut et Fr. Guérin. Procédé précis de dosage de l’urée dans de faibles quantités de sang. compies rendus de la Soc. de Biologie, 11 jan- vier 1919, p. 25. 68 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les dosages précédents permettent de se rendre comp.e du dédouble- ment des albuminoïdes dans le milieu étudié par la connaissance de : l’azote total donné par a, l'azote protéique donné par a — c, l'azote des protéoses donné par b— ec, l'azote non protéique donné par c, l'azote de l’ammoniaque donné par d. Nous n'avons jamais trouvé dans nos cultures qu'une proportion minime de protéoses, ces corps étant transformés en azote non pro- téique au fur et à mesure de leur apparition. La production d’ammo- niaque est plus abondante et semble bien en rapport avec l’activité protéolytique globale des espèces étudiées, mais elle est ici limitée (tableau 1). TaBLeau |. — Production d'ammoniaque par différents microbes cultivés sur le milieu à l'œuf (1). (Tous les chiffres sont calculés en azote et en centigr. par litre de culture.) TUBES TÉMOINS 3 AGE DE LA CULTURE EN JOURS : NON ENSEMENCES ESPÈCES MICROBIENNES ee ee : È : s 20 Pas et ee ou ds 50 | 60 MSDOÜTOOENES MEL IE Ne 187 0 . a. a . Le . bifermentans . 190 0 a A D 66 # oroieus ART 475 0 se Fi + e B. anthracoïides . . D 170 0 ss ne “a Fa 16 BAPE TN IENS NEA 470 0 LT st Sa Ale BAEdenmAENnsS EME 480 0 sa sn te 9 RE PEN EE TT ee ee ET + BND OR ER RE (1) Les cultures ont été faites à 37% dans le vide, sauf pour le B. anthracoïdes et le B. proteus où elles ont été faites à 37° en aérobiose. SÉANCE DU 25 JANVIER 69 Au contraire, la courbe de production de l'azote non protéique offre une marche régulièrement ascendante et qui peut aller jusqu'à la trans- formation totale des albuminoïdes du milieu (tableau IT). IR EE EEE EI SI ER RENTE DEEE EEE SENS ER 07 ESPÈCES MICROBIENNES B. sporogenes + B. perfringens. B.: sporogenes . . . B. bifermentans. BÉDROTEUSE RE RENEENES B. anthracoïdes . . B. histolyticus. . . B. perfringens Vibrion septique. . . B. ædemaliens. . . . I COTE RES SA BADUITINEUS NUE Staphylocoque doré . TaBLeau Il. — Production d’azote non protéique par différents microbes cultivés sur le milieu à ji'œuf (1). (Tous les chiffres sont calculés en azote el en centigr. par litre de cullure.) TUBES TÉMOINS non ensemencés N total 490 190 470 N non protéique © (o] (#2) (2) Co AGE DE LA CULTURE EN JOURS : Protéolyse totale. ———_—_—_———_— | ————— | | | | | — S|:411 | 44 | 41 11 11 (1) Toutes les cultures ont été faites à 37° dans le vide, sauf pour le B. proteus, le B. anthra- coides et le staphylocoque doré où elles ont été faites à 37 en aérobiose. EE EE NE EE EE ON DEEE REED EUEEEE E 70 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Sur le milieu à l’œuf, cette protéolyse totale est atteinte en 4 jours pour une association 8. sporogenes + B. perfringens, en 8 jours pourde B. sporogenes seul et en 16 jours pour le 2. bifermentans. Pour les autres microbes étudiés, le dédoublement reste limité en culture pure et la production d’azote non protéique s'arrête à un maximum plus ou élevé. Le dosage de l’azote non protéique permet ainsi d'apprécier le taux de la protéolyse dans un milieu de culture donné et de mesurer l'activité protéolytique comparée des différentes espèces ou associations microbiennes. (Travail des Laboratoires de Chimie et de Bactériologie de l’'Ambulance chirurgicale automobile de M. Pierre Duval.) MÉDICAMENTS DÉCHLORURANTS. NÉPHRITES PAR LA THÉOBROMINE, par Émice FEuILLtÉ. Quand un œdème ou un épanchement commence à se résorber, soit spontanément, soit à la suite d’un régime déchloruré, soit sous l'influence de la digitale ou d'un médicament déchlorurant (la théobromine en particulier), on peut noter une augmentation transitoire de l’albuminurie, alors que vient de s'installer la polyurie avec polychlorurie. J'ai été frappé, surtout à cette période, par des caractères urologiques analogues à ceux qu'on peut observer à la suite de l'injection sous- cutanée de cantharidine ou de nitrate d'urane. Ces deux toxiques donnent en effet très rapidement, chez le Chien, la triade albuminurie, polyurie, polychlorurie. J'ai vu, de plus, que cette triade s'accompagne d'une excrétion considérable d’acide carbonique combiné. L’urine est fortement alca- line : l’'ammoniaque urinaire peut disparaître complètement. Il existe, par contre, des bicarbonates alcalins pouvant atteindre Le taux énorme de 16 grammes parlitre et davantage, malgré la dilution polyurique. J'étudie à ce point de vue tous mes malades dits « rénaux ». Ce que j'ai constaté de plus net, c’est qu'à la suite de rétentions tissulaires de chlorure de sodium (aiguës ou chroniques, pyrétiques ou apyrétiques), lorsque s’installe la polyurie avec polychlorurie, l’urine renferme des carbonates alcalins au taux de 1 à 6 grammes par litre : cette élimination d’alcali dure quelques heures seulement, ou bien persiste pendant des jours ou des semaines. En dehors du dosage avec le petit appareil de Pl lame il existe un signe clinique très facile à mettre en évidence avec l'albuminimètre SÉANCE DU 25 JANVIER 14 d'Esbach : le réactif acide dégage l’acide carbonique qui tend à soulever le pouce obturant le tube, et provoque souvent une violente projection de liquide. L'albumine ne se précipite (comme dans le liquide céphalo- rachidien) que lorsque les carbonates ont été décomposés. De plus, nouveau signe attirant l'attention, l’albumine soulevée par les bulles gazeuses se rassemble d’abord à la partie supérieure du liquide : en provoquant sa descente, le dépôt se tasse difficilement, et c’est là, je crois, l’une des grosses causes d'erreur daus le dosage par le tube d'Esbach. Quand l’albuminurie cesse, la carbonaturie peut persister ; elle s'accompagne alors d’un autre signe urologique trop connu (car il fait croire, bien souvent à tort, à de la phosphaturie), c'est là présence de carbo-phosphates, qui se précipitent à l'ébullition et se dissolvent avec dégagement d'acide carbonique, par l'addition d’une goutte d’acide acétique. Ce signe me paraît important pour déceler des rétentions tissulaires frustes deichlorure de sodium (surtout pour l'étude des varia- tions de l’urine au cours du nycthémère). Chez le Chien normal (comme chez l'Homme sans œdème), la théo- bromine donne difficilement des résultats du même genre : il faut augmenter la dose, et encore ne réussit-on pas toujours. Si l'expérience aboutit à la polyurie avec polychlorurie, on voit apparaître albuminurie et carbonaturie. Le sédiment urinaire renferme de nombreux cylindres granuleux : souvent, il survient de l'hématurie. Sur une coupe, le rein montre des lésions très nettes de cytolyse tubulaire. C’est identiquement ce qui se passe avec de petites doses de cantharidine. \ J'ai repris l'étude des médicaments de l’importante calégorie des diurétiques déchlorurants : le parallélisme est frappant, surtout au point de vue de la carbonaturie. Les ‘plus typiques de ces médicaments sont : 1° la cantharidine; 2° le nitrate d’urane; 3° les xanthiques ; 4° l'extrait de tête de vipère, que Billard (de Clermont-Ferrand) injecte à ses malades avec des résultats surprenants. - Pour la pratique, l’albuminurie, l’hématurie, et la néphrite tubulaire provoquées par la théobromine m'impressionnent moins que tout autre. En effet, je continue à écrire depuis plus de dix ans que les albu- mines ne traversent pas les tubuli même lésés au maximum : que la santé peut être parfaite malgré des lésions tubulaires énormes, et qu’il n'existe aücune relation de cause à effet entre la néphrite tubulaire et l'œdème qui est uneentité tissulaire. Dans ce qu'on appelle eliniquement « néphrite tubulaire », ce e qui est à redouter, c’est l'inconnu tissulaire et humoral : ce qui serait à craindre au niveau du rein, c'est l’infiltration leucopathique intertubulaire pou- vant engendrer la fibrose interstitielle avec toutes ses complications. Du syndrome albuminurie, hématurie, néphrite tubulaire, accom- pagnant la polyurie avec polychlorurie, je retiens simplement que 72 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l’émonctoire rénal est Iésé par une décharge humorale nocive. L'égout rénal subit l’orage diathésique. La carbonaturie surajoutée me confirme dans l’idée qu'il ne s’agit pas seulement, pour la diurèse déchlorurante, d'une excitation rénale sécré- toire. Quelle que soit l'hypothèse invoquée pour l'expliquer (dédou- blement ionique des chlorures alcalins, ou décharge de carbonates préformés), la carbonaturie, dont le début précède souvent les autres signes urologiques, est pour moi l'indice d’un trouble profond diathé- sique, s’accompagnant d’un bouleversement de micelles, avec libération de certains éléments. Je crois que les médicaments déchloruranis agissent surtout dans une phase prérénale de libération micellaire de chlorure de sodium et d’eau. Le travail du rein ne vient qu'en second lieu pour faire passer dans l'urine ce que l'organisme veut bien lui abandonner. : L'œdème diffère par une plus grande quantité d’eau et de sel à libérer de micelles, lipoïdiques en particulier. SUR LES PIGMENTS DES RUSSULES, par CL. GAUTIER. Les russules étant extrêmement abondantes dans les forêts des Vosges, j'ai pu faire sur les pigments de ces champignons quelques observations. Î. — PiGMENT ROUGE (A. emetica, R. rubra). Des fragments bien rouges d’épiderme du chapeau sont chauffés dans de l’eau -ordinaire jusqu'au voisinage de l’ébullition. Le pigment passe abondamment dans l’eau chaude. Il suffit de centrifuger pour avoir une belle solution appropriée aux examens. Les champignons avaient été récoltés le jour même. L'examen spectroscopique est pratiqué dans des tubes à essai ordi- naires de 12 millimètres de diamètre et à la lumière d’une lampe à pétrole. On aperçoit deux plages d'absorption. La première se trouve dans la partie gauche du vert. L'ombre de la deuxième plage s'étend sur la partie droite du vert et jusqu'au violet. Si l’on examine la solu- tion chaude, alors qu'on vient de dissoudre le pigment, la première plage est d’abord plus marquée que la seconde, mais celle-ci ne târde pas à augmenter d'intensité. Le pigment ne passe pas de sa solution aqueuse dans l’éther ni dans le chloroforme. Le spectre de la solution de pigment rouge agitée avec du chloro- forme ne paraît pas modifié. SÉANCE DU 25 JANVIER 13 Dans le spectre de la solution du pigment agitée avec de l’éther, la première plage regagne en intensité et parait plus sombre que la seconde. Si l’on acidifie la solution aqueuse à l’aide d’une goutte d'acide sulfurique concentré ou d'acide acétique la couleur passe à l’orangé ; l'examen spectroscopique montre que la plage de gauche s’est rappro- chée de celle de droite, et que la zone claire de vert, entre les deux, est devenue peu distincte. On peut, par alcalinisation ménagée, restaurer en partie la couleur, qu'une alcalinisation plus prononcée fait passer à un ton orangé jaunâtre. Le spectre d'absorption caractéristique finit alors par disparaître. Si l’on fait agir avec précaution les acides, la cou- leur rouge primitive peut être restituée, mais un peu altérée, le spectre étant de nouveau visible avec une première plage bien marquée. Îl. — PIGMENT vioLEr (À. cyanoxantha). Les fragments d’épiderme du chapeau donnent à chaud, dans l’eau ordinaire, une abondante solution de pigment violet rouge. Il n’a été choisi pour cette préparation que des champignons récoltés le jour même, et dont le chapeau était d'un beau violet sombre. Le spectre du pigment de la cyanoxanthe est analogue à celui du . pigment rouge, la deuxième plage étant peut-être un peu moins sombre que pour ce dernier. SAR Le spectre de la solution aqueuse de pigment violet agitée avec de l’éther est peu modifié. Avec l'acide acétique la coloration devient orangée, il y a lon la cé à la fusion des plages d'absorption, la première se déplaçant vers la droite. Avec les alcalis la coloration passe à l’orangé brun, le spectre est très atténué. IT. — PiGMENT BLEU FLUORESCENT. Si l’on examine par la tranche du tube, ou par réflexion à la lumière du jour, la solution aqueuse de pig- ment de russule cyanoxanthe, on remarque une fluorescence bleuâtre prononcée. En laissant à la lumière du jour la solution aqueuse de pigment de cyanoxanthe, la coloration violet rouge disparaît. Si l’on examine alors la solution en lumière transmise, elle est faiblement verdâtre, presque incolore. En lumière réfléchie la même solution présente une très belle fluorescence bleue. Ce pigment fluorescent paraît beaucoup plus résis- tant que le pigment violet. Il m'a paru exister aussi, à l’état de traces, dans les solutions, décolorées à la lumière du jour, de pigment des russules rouges. Le pigment bleu fluorescent de la Rule cyanoxanthe existe encore après trois mois dans des solutions Pr penent violet rouge qu'on a laissé se décolorer à l'obscurité. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. ® 74 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR UNE ÉPIZOOTIE A PNEUMOCOQUE CHEZ LE COBAYE, JUGULÉE PAR L'INJECTION PRÉVENTIVE DE VACCIN PNEUMOCOCCIQUE, par F. CuEvReL, À. RANQUE, CH. SENEZ et E. GRUuAT. Nous avons observé, dans le courant de juin 1918, que toutes nos femelles cobayes avortaient et succombaient quelques heures après la mise bas. Cet accident se reproduisit une douzaine de fois pendant ce mois, bien que les animaux fussent isolés à temps et placés dans des conditions satisfaisantes de température et de milieu. L’examen bacté- riologique pratiqué dans tous les cas nous permit d'établir que la cause de la mort était une infection pneumococcique. Le pneumocoque fut découvert dans le sang, dans la sérosité péritonéale, dans l’utérus et les trompes, à l’exclusion de tout autre germe. À partir du mois de juillet, on injecta à toutes Les femelles pleines, 15 jours environ avant la mise bas, un vaccin pneumococcique préparé avec les microbes isolés précédemment. Chaque animal recevait, en injection sous-cutanée, À c.c. de vaccin renfermant environ 1 milliard de germes stérilisés à l’iode suivant la technique de MM. Ranque et Senez. Cette mesure paraît avoir été très efficace, car depuis lors nous n'avons plus observé aucun avortement ni aucun décès jusqu'au mois d'octobre suivant. Au début d'octobre, la vaccination ayant été inter- rompue, les accidents reparurent avec la même intensité et le même caractère de régularité que précédemment pour disparaître ensuite vers la fin du mois, dès que la vaccination fut de nouveau instituée. Ces observations nous paraissent intéressantes à un double point de vue. Le fait d’une infection pneumococcique spontanée chez l’animal au cours d’une épidémie de grippe généralement compliquée, du moins dans notre région, par de nombreuses manifestations locales ou géné- rales à pneumocoque, est à noter comme une coïncidence suggestive. Au point de vue pratique, il semble juste d'accorder en outre un sérieux intérêt au résultat prophylactique excellent de nos injections vaccinales préventives. Bien que la vaccination expérimentale contre le pneumo- coque soit un fait depuis longtemps éludié au laboratoire, il n'est pas superflu d'indiquer qu'elle peut être également efficace, surtout chez un animal habituellement réfractaire au pneumocoque, dans le cas d'infections spontanées développées dans les conditions normales. Nous pensons qu'il y a lieu de trouver dans ces résultats une base expérimen- tale justifiant pleinement la vaccination antipneumococcique chez l'homme dans les circonstances actuelles. (Travail du Laboratoire de la l* Armée.) SÉANCE DU 25 JANVIER 75 LD RO à VON ON APTE RU PEN à RON RE EEE PRE CO ER PROPHYLAXIE BACTÉRIOTHÉRAPIQUE DES COMPLICATIONS DE LA GRIPPE PAR LA VACCINATION MIXTE PNEUMO-STREPTOCOCCIQUE par F. CnEvreL, A. RANQUE, Cu. SENEZ et E. Gruar Les succès énoncés dans la précédente note, au sujet de la vaccination expérimentale du cobaye contre le pneumocoque, nous ont conduits à penser que la même prophylaxie était susceptible d'être tentée au cours de l’épidémie de grippe actuelle, remarquable par la fréquence des complications pneumo-streptococciques {1). S'il est difficile de propo- ser, comme une mesure générale, la vaccination de tous les sujets exposés à la contagion grippale, et à ses éventuelles complications, il semble légitime d'essayer de prémunir au moins les grippés contre ces complications en les faisant bénéficier de la vaccination dans le cours de la maladie et le plus tôt possible après son début. Dans ce but, nous avons préparé, dès le mois d’août 1918, un vaccin mixte pneumo-strep- tococcique, stérilisé à l’iode, renfermant 1 milliard de germes par cen- timètre cube. En ce qui concerne les proportions réciproques des deux microbes constituants, nous n'avons pas cru devoir nous tenir à une formule unique pensant qu'il doit être préférable d'adapter le vaccin au milieu épidémique considéré. On sait en effet que la flore en est variable, les complications de la grippe se rattachant avec prédilection, suivant les périodes et les régions, tantôt au pneumocoque, tantôt au streptocoque. Ce vaccin a été inoculé d'abord par voie sous-cutanée, mais il nous a semblé préférable de l'utiliser en injections intravei- neuses. Plus de 100 injections intraveineuses ont été pratiquées d’abord .. dansle service du D" Philippon, qui a déjà fait connaître les résultats obtenus (2), ensuite dans le service du D‘ Le Quere. Nous nous réser- vons de publier ultérieurement les résultats d'ensemble. Dans cette note préliminaire, nous désirons seulement établir quelques points essentiels. Tout d’abord, l’innocuité de l'intervention : l’utilisation de la voie intraveineuse ne semble présenter aucun inconvénient. Nous n'avons jamais observé de réactions sérieuses. Dans quelques cas rares, un léger frisson et quelques vomissements. La plupart du temps une élévation passagère de la température, suivie de défervescence, est le seul témoin de l'intervention. Par contre, la voie intraveineuse a l’avan- tage d’être indolore et confère à la vaccination une efficacité supé- (1) Au moment où nous rédigeons cette note, nous prenons connaissance des communications de MM. Gaté et Dechosal (Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 décembre) et de MM. Bezançon et RésEous (Note à 1 Académie de Médecine du 14 janvier 1919). (2) Soc. médic. des Hôpitaux, ee du 13 décembre 1918. 76 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rieure. Nous pouvons indiquer en outre que la méthode a d'autant plus de chances de succès qu'elle intervient plus près du début, ce qui est d'accord avec l'hypothèse qui lui sert de base. Lorsque des complica- tions pulmonaires graves sont établies et surtout dans le cas d’infec- tions septicémiques, son efficacité, sans être illusoire, est naturellement restreinte. Cependant il faut distinguer entre les septicémies à pneu- mocoque etles septicémies à streptocoque. Dans les premières, elle nous a donné des succès réels. (Observations du D’ Philippon.) Par contre, nous n'avons jamais noté de résultat appréciable au cours d'une septi- cémie streptococcique. Ce fait souligne l'intérêt que présentent les essais de prophylaxie contre cette dernière septicémie. (Travail du Laboratoire de la 1° Armée.) SUR LA VIE DU COLI-BACILLE EN MILIEU LIQUIDE GLUCOSÉ, * par A. BESSON, A. RANQUE et CH. SENEZ. Nous nous sommes proposés de rechercher l’action que pouvait avoir l'addition de glucose sur la modalité du développement d’un germe qui attaque le glucose avec dégagement de gaz (1). Dans cette première note nous étudions le coli-bacille à ce point de vue. : Nous avons utilisé une solution de glucose à 1,5 p. 100 soit dans de l’eau peptonée ordinaire (peptone Billault), soit dans du bouillon Martin : les deux milieux donnent des résultats à peu près identiques, l’acidité totale étant seulement plus élevée dans le bouillon Martin. Un nombre connu de coli-bacilles était ensemencé à une heure déter- minée dans de gros tubes à cloche avec agitateur. Les tubes contenaient 80 c.c. de milieu (acidité, 0 gr. 7 par litre en SO‘H”, à la ph. phtaléine) de façon à permettre des titrages répétés d’acidité. Les numérations de germes étaient faites suivant la technique préco- nisée depuis 1912 par deux d’entre nous (2): dilution dans de l’eau iodo- iodurée et numération à l'hématimètre. Les résultats obtenus ont été les suivants : 1° Action du glucose sur le rythme de la reproduction : a) Le coli-bacille se reproduit d’une façon régulière et constante sui- (1) A. Besson, A. Ranque et Ch. Senez. Action biochimique des microbes sur les sucres et les alcools. Comptes rendus de la Société de Biologie, séance du 26 octobre 1918. | (2) A. Ranque et Ch. Senez. Sur une méthode de stérilisation et de prépara- tion du vaccin antityphique. Marseille médical, 1°* janvier 1913. SÉANCE DU 25 JANVIER [757 ———_—_——@Z vant une progression arithmétique dont la raison est 2, chaque germe se reproduisant par bipartition. Le temps de chaque SP oNReue semble être voisin de 30 minutes. b) Dès qu'une densité déterminée et toujours la même est atteinte (900 à 950 millions par c.c.), brusquement toute reproduction s'arrête et cet arrêt est aussi complet que brusque. c) Dans un tube témoin sans glucose, la multiplication n'est en rien comparable. Le germe se reproduit d’abord presque aussi vite, mais rapidement les multiplications s’espacent, demandant non pas 30 minutes, mais 5, 42, 24 heures. Il n’y a pas d'arrêt brusque, et la den- sité au centimètre cube, d’abord plus faible que dans le tube glucosé, atteint puis dépasse la « densité d'arrêt » que l’on observe pour lemême germe cultivé en milieu glucosé. 20 Modalités de la fermentation : a) Production de gaz : aucun dégagement de gaz ne se produit pen- dant la période de multiplication du germe, mais au moment précis où la reproduction s'arrête, la fermentation avec gaz commence brusque- ment. Cette gazéification dure environ une dizaine d'heures, puis s'arrête d'une facon complète. b) Production d'acide : c'est surtout au moment du début de la pro- duction des gaz que l’acidité se développe, en une heure elle atteint plus de la moitié de sa valeur. Pourtant cette acidification n’est pas superposable à la fermentation gazeuse : elle débute un peu avant la production de gaz et se termine bien longtemps après. Ceci confirme les constatations que nous avons résumées dans une note antérieure déjà citée, à savoir que la fermen- tation avec gaz et la fermentation sans gaz sont en biologie micro- bienne deux processus différents qui se produisent ici conjointement pour le bactérium coli. Cette acidité croît jusqu'à un chiffre fixe, puis s'arrête (acidité d'arrêt de Tissier et Martelly); mais cette acidité d'arrêt n’est pas un taux d'acide qui empêche la reproduction du microbe, car l'arrêt brusque des multiplications mierobiennes se produit dès l’appa- rition des premières bulles gazeuses, et bien avant que cette acidité d'arrêt soit atteinte. 3° Mort du microbe : 30 heures environ après l'ensemencement de deux tubes d'eau pep- toné, l’un glucosé et l’autre non glucosé (ensemencement de 1,4 millions de bacilles par centimètre cube de milieu), la densité microbienne est Ja même (950 millions de bacilles par centimètre cube). Mais si àce moment des dilutions de ces deux tubes sont ensemencées aux mêmes taux dans de la gélose coulée en boîtes de Pétri, les deux ensemencements donnent des résultats complètement différents : le chifire des colonies développées dans les boîtes ensemencées avec les coli-bacilles en glucose j 78 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est 18 à 20 fois moins fort que celui des colonies développées dans les boîtes faites avec le coli cultivé sans glucose. On peut en conclure que la vitalité après 30 heures seulement est 18 à 20 fois moindre pour le bacille cultivé en milieu glucosé. Ce fait se traduit d’ailleurs macroscopiquement par un éclaircissement du tube glucosé avec formation d'un dépôt, tandis que le tube non glu- cosé reste uniformément trouble. (/ravail du Laboratoire de bactériologie du Val-de-Grâce.) NOUVEAU PROCÉDÉ DE COLORATION DU FER DANS LES TISSUS. ACTION DE L’ALIZARINE MONOSULFONATE DE SODIUM SUR LE FER INORGANIQUE, par J. Mawas. Nous disposons présentement en technique histologique d'un certain nombre de procédés pour déceler la présence du fer dans les tissus, Ces procédés microchimiques sont les suivants : 4° réaction du bleu de Prusse préconisée par Perls (1867); 2° réaction par le sulfure d'ammo- nium utilisée par Vogel (1845), répandue par Quincke et tout récemment modifiée par Macallum (1891) ; 5° réaction du sulfocyanure d’ammonium employée en histologie végétale par Molisch (1892). | Ces trois procédés ne sont autre chose que l'application sur les coupes histologiques de réactions caractéristiques des sels de fer en usage dans les laboratoires de chimie. C’est aussi pourquoi ces réactions sont pré- cieuses. Elles présentent un haut degré de certitude lorsqu'elles donnent un résultat positif. En pratique, le procédé au sulfocyanure d’ammonium est souvent en défaut, Il donne des résultats inconstants, à cause de la solubilité du composé obtenu. Il en est de même pour le sulfure d'ammonium. La réaction au bleu de Prusse demeure le procédé de choix, parce que le composé obtenu est insoluble et intensément coloré, d’où son incontestable valeur pour les histologistes. Cette réaction n’est cependant valable que pour les sels ferriques. Partant d’autres principes, Macallum (1897) a utilisé la propriété que possède l’hématoxyline de former avec les sels des métaux lourds, des ox ydes insolubles, de couleur bleu foncé ou noire, qui sont en réalité de véritables laques. L'emploi de l'hématoxyline pure en solution aqueuse nous a donné de très bonnes colorations du fer, dans plusieurs cas de sidérose oculaire, colorations superposables à celles obtenues par le ferrocyanure de potassium et l’acide chlorhydrique. L'élection était toutefois infiniment moins précise que celle du bleu de Prusse, les SÉANCE DU 25 JANVIER 19 noyaux des cellules se colorant en noir, de la même façon que le fer, l’aspect de la préparation était celui d'une coloration par l’hématoxyline au fer. L'emploi de l’alcool-éther ou de l'alcool acidifié, comme diffé- renciateur, n’est pas exempt d’inconvénients pour les coupes à la celloïdine ou pour les colorations ultérieures. Nous avons alors cherché une technique capable de nous donner une coloration élective du fer et en même temps une coloration nucléaire de teinte différente. Nous proposons la technique suivante qui donne des résultats constants et durables. Principe. — Parmi les oxyquinones teignantles mordants métalliques, nous avons choisi l’alizarine-monosulfonate de sodium (C'*HTSOTNa) ou rouge d’alizarine S. Poudre jaune soluble dans l'eau en rouge orangé que des traces de sels de fer colorent instantanément en brun noir (1). Fixation. — Formol à 10 p. 100 ou liquide de Bouin (formol picro- acétique) pendant 24 heures. Démasquage du fer. — Alcool acidifié (SO'H”, 2 à 4 p. 100). Durée variable suivant la fixation, l’état de combinaison du fer, l'épaisseur des coupes, etc. Coloration. — Solution aqueuse d'alizarine monosulfonate de sodium à 0,5 p. 100. Durée 5 à 15 minutes. La coupe se colore faiblement et d’une façon diffuse. Développement. — La coupe est portée dans un baïn d’eau contenant des traces de chlorure de calcium. La coloration se développe et monte en intensité. La coupe devient de plus en plus colorée. (En cas de surco- loration, différencier dans de l'alcool légèrement acidulé par SO'‘H: à 0,5 p. 100. La teinte violet rouge vire au jaune franc. Remettre de nou- veau dans l’eau.) Montage.— Déshydratation par les alcools. Xylol, baume du Canada. Résultats. — Par cette technique, on obtient une coloration poly- chrome : le fer est coloré en brun noir, les noyaux en violet rouge, le fond de la préparation en rose. La laque fer-alizarine obtenue est insoluble. La coloration des coupes est stable. Des préparations datant de 8 à 9 mois n'ont pas varié. (Travail du Laboratoire d'ophtalmologie de la XVIII région.) (1) Certains échantillons de purpurine donnent les mêmes réactions avec le fer que le rouge d’alizarine S. La coloration des coupes se rapproche de celle fournie par l’alizarine. 80 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉLECTIONS DE FIN D'ANNÉE ÉLECTIONS DE 5 MEMBRES HONORAIRES, 8 MEMBRES ASSOCIÉS ET 31 MEMBRES CORRESPONDANTS. 1° MEMBRES HONORAIRES. MM. Y. DELAGE. MM. Ed. B. Wirrsow. A. E. SCHAEFER. D. BRUCE. H. DE VRIES. 20 MEMBRES ASSOCIÉS. MM. E. LamBzinc. MM. J. Borper. Ch. NICOLE. k S. FLEXNER. M. NiIcoLLE. T. H. MorGaw. C. SAUVAGEAU. Er. H. STARLING. 3° MEMBRES CORRESPONDANTS. À. — Membres correspondants nalionaux. MM. ANCEL. MM. M. MaALAQUIN. J. COTTE. MATHIS. H. DELAUNAY. -L. MERCIER. DERRIEN. L.-G. SEURAT. Ch. Dugorts. WEBER. B. — Membres correspondants étrangers. MM. Ch. Jui. MM. Fil. BoTrazzr. DE MEYERr. S. MoNTICELLI. Ed. Zur. G. MARINESCO. W. B. Cannon. J. GEORGEVITCH. LILLIE. GALLARDO. LOMBARD. Swale VINCENT. F. G. Novry. MADSEN. W: T. PORTER. TSCHEMING. BAYLISS. J. OcAKA Gomez. GOO0DRICH. R. TüRrRo. G. Hopkins. - Ces membres sont élus à l'unanimité des suffrages. PRIX DÉCERNÉ EN 1918. Prix Godard : D' Juzren Dumas. MÉMOIRES CONCLUSIONS RELATIVES À LA QUESTION DU RAVITAILLEMENT ET DU BÉTAIL DES SÉANCES DE LA COMMISSION D ALIMENTATION DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TENUES SOUS LA PRÉSIDENCE de M. CHARLES RICHET. 1. — La reconstitution du cheptel, petit et grand, est actuellement une nécessité primordiale du ravitaillement français, moins encore pour la chair des animaux que pour lès produits tels que le lait et les œufs. 2. — La consommation de viande doit être subordonnée à cette nécessité; on ne devra sacrifier des animaux qu’autant qu'ils feront surnombre au point de vue de l'élevage, nullement pour satisfaire la demande en viande de boucherie ou en volaille, qui ne correspond pas à une nécessité réelle. 9 3. — Pour répondre à cette demande, l'importation et la distribution de viande frigorifiée doit être organisée et intensifiée le plus possible, en mettant en première ligne nos ressources coloniales. Les formalités sanitaires doivent être réduites aux mesures réellement utiles et ne plus constituer en fait des procédés prohibitifs. Les entrepôts et moyens de transport frigorifiques doivent être développés comme un outillage permanent, et non simplement provisoire, car une fois la période cri- tique passée, cet outillage sera toujours utile pour régulariser le com- _merce de la production nationale, non seulement de la viande, mais de toutes les denrées périssables en général. 4. — La viande frigorifiée est aussi saine, aussi nutritive et, en prin- _Cipe, aussi savoureuse que la viande fraiche. Il faut combattre les pré- jugés contre la « frigo » tendancieusement répandus dans le public par le commerce de la boucherie. 82 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5. — La plus grande difficulté dans la reconstitution du cheptel con- siste dans la disette de nourriture animale.’Il y a lieu d’accorder les moyens de transport nécessaires aux tourteaux qui peuvent exister dans les ports, mais surtout il y a lieu d’assurer à l’industrie française les matières premières en graines oléagineuses qui fourniront à la fois l'huile pour les hommes et les résidus pour le bétail. Le partage entre l’homme et les animaux des céréales (blé et succé- danés) doit être calculé avec la plus grande prudence, de façon à assurer toujours en première ligne le ravitaillement humain, attendu que la transformation en aliments animaux par le bétail s'accompagne d’une: perte énorme, égale au moins aux trois quarts, et atteignant facilement les neuf dixièmes de la valeur nutritive. Il peut être raisonnable, main- tenant que la guerre est terminée, de faire des sacrifices de cet ordre pour la reconstitution du cheptel, mais les sacrifices doivent au préa- lable être évalués scientifiquement pour être confrontés numériquement avec les ressources et les prévisions. 6. — Dans le bilan à établir ainsi, le taux de blutage des céréales, et principalement du blé, est un des paragraphes les plus importants. Une réduction du taux d'extraction revient à laisser plus de farine dans le son, c'est-à-dire à donner virtuellement une part déterminée de notre pain aux animaux. Avec le taux actuellemént pratiqué, 80 p. 100, on leur abandonne environ 5 p. 100 du pain que l’on pourrait pratique- ment et hygiéniquement tirer du blé disponible. La question est de savoir si les prévisions permettent, avec ce taux, d'atteindre sûrement la prochaine récolte. Sinon, la prudence commanderait de relever le taux d'extraction, car le besoin de pain passe avant toute autre consi- dération. 7. — Il y a lieu d'éviter les à-coups dans la qualité du pain; un pain même très bis, préparé dans de bonnes conditions et maintenu toujours au même taux, constitue une nourriture hygiénique que l’accoutumance rend facilement acceptable. Les alternatives de pain blanc et de pain bis sont déplaisantes et engendrent dans certains cas des troubles AIBES tifs. La soudure doit donc être assurée en qualité constante. Cette règle s'applique au mélange de succédanés, qui d’ailleurs ne doivent jamais entrer dans la farine qu’en PÉOOrDOn assez faible pour ne pas nuire à la panification. Le Gérant : OcrAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 83 SÉANCE DU 8 FEVRIER (919 SOMMAIRE Besson (A.), Raxque (A.) et SE- NEZ (Cn.) : Sur la vie des microbes Marmin (L.) : Remarques à propos de la communication de MM. Bierry dans les milieux liquides sucrés . . TOP Me IPORTLER EAN DEN SR RUES 128 et Brerry (H.) : Réponse aux remar- Mayer (A.) et SCHAEFFER (G.) : ques de MM. Martin, Caullery, Mar- Extension aux cas des microbes de choux et Regaud . . . . . . . . . .. 131 | la notion d'acides aminés indispen- Brerrv) (H.) : Sur le minimum de sables. Rôle de l’arginine et de l'his- sucre et le minimum de graisse . . 124 | tidine dans la culture du Bacille de Berry (H.) et PorrTier (P.) : À Koch sur milieux chimiquement propos de la note de MM. Mayer et dÉNIS ANS AN PARA LEUR A te Schaeffer, sur un point de la bio- NaGeortE (J.) : Remarques à pro- chimie des BVNIDIOLES eee 127 | pos de la communication de M. Bonneron (G.) : « Régénération » BONNEfOME TPE Ten RANRR _ n'égale pas «reviviscence ». . . .. 85 NetTer (A.)et Mozer (M.): Réactions Cauzzery (M.): Remarques à pro- méningées à la suite d'injectious pos de la communication de MM. intrarachidiennes d'auto-sérum. . . Bierryseb Portier :4. 1..." 0 130 PoraKk (R.) : Corrélation de la cho- Imgerr et Jourpan (Ér.) Sur lestérinémie et du pronostic dans l'état d'évolution du tissu osseux cerlaines conditions cliniques et dans les greffes ostéo-périostées . 152) expérimentales RUN. LaçGuesse (E.) : Sur l’histogénèse PorTier : Réponse aux remarques ‘du tissu conjonctif chez l'embryon de MM. Martin, Caullery, Marchoux TOME ANA MEN AE AS NOR SIA etiRegaAnA se ANR eee LarGnec- LavAsTINE : Note hémato- Reeaun : Remarques à propos de logique sur buit périodiques . . . . 109 | lacommunication de MM. Bierry et _ Larrcour (L.): Origines françaises POLE UE Ne) Re EAU du procédé dit de Neumann : inci- RETTERER (Ep.) : Du mode d’ossi- nération par les acides sulfurique fication des cartilages du larynx . . CHAOS NE CES RU 1102 VERNES (A.) : Hyperimmunité fou- LE Morcnic, Sézary et DEMONCHY : WdrOvanter UN ARE Action thérapeutique du lipo-vaccin VERNES (A.) : Séro- “diagnostic de antigonococcique . . . . . ... .: . . 105 | la syphilis. Opalescence et affinité MargBais (S.) : « Le petit Bacille desisSUsSpensions eee ONE rougebet la SriIDpe 2... .10\. 95 Vincent (H.) : Influence de la bile Marcaoux (E.): Remarques à pro- sur le bacille de la dysenterie (A pos de la communication de MM. propos d'une note récente de M. Mar- BiernyaetuPontier He Re ne 199% DAS) ARR RAP RSR A a Marinesco (G.) : Recherches his- Waiz (P.-É.) et Gauin : Recher- tolosiques sur les oxydases. . . .. 98 | ches sur les Onychomycoses . . . . il BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1919. T. EXXXII. 1 113 87 111 121 84 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. M. G. MariNEsco, membre correspondant, assiste à la séance. OUVRAGE OFFERT. M. NoEL FIEssINGER. — J'ai l'honneur de remettre pour la bibliothèque de la Société de Biologie, de la part du professeur Pierre Delbet et de la mienne, un volume intitulé : Za Biologie de la Plaie de querre (4). Dans cet ouvrage nous avons fait une étude des conditions de l'infection et de la défense locale et générale dans la plaie de guerre. Ces notions nous ont conduits à étudier les méthodes de diagnostic biologique et de traite- ment utilisées durant la guerre. L'idée générale qui nous a inspirés dans la rédaction de ce travail est la suivante : l’état des tissus et la résis- tance locale jouent un rôle capital dans l’évolution des plaies. INFLUENCE DE LA BILE SUR LE BACILLE DE LA DYSENTERIE (À PROPOS D'UNE NOTE RÉCENTE DE M. MarBais), par H. VINCENT. Dans une communication faite à notre Société en 1908 (2), j'ai signalé l’absence presque constante du bacille dysentérique dans la vésicule biliaire des animaux inoculés avec ce microbe et ayant suc- combé ou ayant été sacrifiés à des dates variables de leur He expé- rimentale. Recherchant quelle pouvait être la cause de ce ite absence, j'ai étudié l’action de la bile sur les bacilles dysentériques des types Flexner et Shiga-Kruse. (4) Annales de la Clinique chirurgicale du professeur Pierre Delbet, n° 6. — La Biologie de la Piaie de guerre, par le professeur Pierre Delbet et Noël Fiessinger, avec 4 planches en couleurs hors texte et 20 de dans le texte. 4 vol. grand in-8° de 460 pages. Alcan, 19148. (2) H. Vincent. Infection dysentérique expérimentale et voies biliaires. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1908, p. 113. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 85 A cet effet, j’ai montré que si l’on ensemence ces bacilles dans la bile stérilisée de l'homme, du bœuf et du cobaye, il n’y à jamais multiplica- tion de ces bacilles et même qu'après 4, et plus habituéllement 6 et 7 jours, le bacille du type Kruse peut être tué. Ces recherches ont donc établi que la bile n’est pas un milieu favo- rable à la culture in vivo comme in vitro du bacille dysentérique. Elle possède même, à l'égard du bacille du type Shiga-Kruse, un pouvoir microbiecide. M. Marbais a publié récemment des expériences et des résultats sem- blables sur l’action de la bile in vitro (1), mais a omis de signaler ma communication. Je lui ai fait demander de vouloir bien, suivant l'usage, rappeler cette dernière dans une seconde et brève note. Comme il n'en a rien fait, je me trouve obligé de faire moi-même cette rectification. \ L « RÉGÉNÉRATION » N'ÉGALE PAS & REVIVISCENCE », par G. BONNEFON. Au cours de quatre années de recherches expérimentales sur la grerfe de cornée (2), nous avons formulé sur l’évolution des tissus conjonctifs transplantés une série de conclusions biologiques précises qu'il n'esl pas inutile de rappeler ici, à propos des intéressantes recherches de MM. Nageotte et Sencert sur les greffes de tissus conjonctifs morts. Nous écrivions, dès 1913 : « Les éléments conjonctifs de la cornée meurent au cours de là transplantation, tous les éléments cellulaires _ fixes sont tués et rapidement déblayés ; seule la trame conjonctive inerte paraît persister indéfiniment et sert de canevas à la régénéralion émanée du porte-greffe. Ces conclusions formelles, fortifiées dans la suite par nos recherches sur les greffes hétéroplastiques, imposaient ce corollaire : Tous les éléments vivants du greffon étant morts et remplacés par les éléments vivants du porte-grefle, la vitalité du greffon importe peu, il n'y a que celle du porte-greffe qui compte » (3). Ces idées ne nous étaient d'ailleurs pas entièrement personnelles, puisque dix ans auparavant Salzer avait déjà établi la possibilité de la greffe hétéroplas- tique de cornée morte (greffes de cornée de cheval conservées au formol). 1 (1) S. Marbais. Action de la bile sur les bacilles dysentériques. Comptes … rendus de la Soc. de Biologie, 7 décembre 1918, p. 1136. (2) Voy. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, de 1912 à 1918. : (3) Voir les conclusions de nos mémoires des Archives d'ophlalmologie {mars- avril, 1913). 86 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MM. Nageotte el Sencert n’ont donc rien innové en fait, et leurs des- criptions histologiques de greffes tendineuses mortes reproduisent exactement toutes les phases des processus de désintégration et de régé- nération cellulaire, l’inertie de la substance fondamentale, décrits par nous dans l’évolution de plusieurs centaines de greffes de cornée. Mais l'interprétation théorique de ces auteurs diffère de la nôtre : ils n’hési- tent pas en effet à affirmer... que c’est bien leur greffon mort lui-même qui revit. Et ils invoquent pour preuve du miracle la persistance et l’inté- grité apparente de la trame connective du greffon qu'ils qualifient eux- mêmes cependant de « coagulum inerte » ! En bonne logique et en bon francais nous ne pouvons attribuer la propriélé dereviviscence qu’à des éléments qui récupèrent les propriétés vitales qu'ils possédaient avant leur mort apparente ou réelle. Or tous les éléments vivants de nos greffons « cellules fixes » sont bien réellement morts, qu'ils aient été préalablement fixés par l'alcool ou qu’ils soient tués par le mécanisme de la transplantation. Leürs cadavres sont déblayés, et à leur place s'installent de nouveaux éléments vivants, mais qui sont des étrangers, venus du dehors, morphologiquement différents dans l’hétéroplastie, des éléments défunts qu'ils remplacent. Le terme de reviviscence ne trouve donc point son application ici. Quant à la « carcasse conjonctive » au « coagulum inerte », dont le rôle mécanique est indiscutablement de première importance, sa persistance même en apparence indéfinie ne saurait suggérer l'hypothèse de survie ou de reviviscence puisqu'il s’agit de produits d'élaboration cellulaire qui n’ont jamais possédé la moindre propriété vitale. En résumé les nouvelles expériences de grefles de tissus morts n'ap- portent qu'une confirmation nouvelle de nos conclusions expérimentales déjà formulées ici à plusieurs reprises et qui tiennent en deux mots: Régénération cellulaire et assimilalion du greffon par le porte-greffe. Elles nous confirment dans l'opinion déjà ancienne que la vilalité du greffon n’est pas une condition nécessaire de la greffe. Il ne faudrait pas se hâter d’en conclure que la vitalité du greffon est un facteur négli- geable. Seule une étude expérimentale attentive du « coefficient d’assi- milation » permettra de nous fixer sur la valeur respective de chaque greffe et sur la portée de ses applications pratiques. La chirurgie des greffes sera en grand progrès le jour où l'étude combinée des processus de régénération conjonctive (inhibée, ralentie ou excitée suivant les espèces de greffon employées) et des propriétés de survie de certains tissus (épithéliums) permettra à l'opérateur de choisir à coup sûr dans la hiérarchie des greffes, celle qui réunit les conditions optima. Dans cet ordre d’idées, on peut prévoir dès aujourd’hui que la greffe morte, grâce à son faible coefficient d'assimilation, contrariera au minimum la poussée régénératrice du neurite. Excellente greffe dans la réfection d’une perte SÉANCE DU 8 FÉVRIER 87 de substance du nerf; elle sera pratiquement inférieure pour d’autres tissus, où l’autoplastie vivante trouvera son emploi. M. NAGEOTTE. — « Régénération » n'égale pas « reviviscence », c’est pourquoi il faut établir une distinction entre la restauration d’un nerf dégénéré, mais resté vivant, et le processus par lequel certains greffons de tissu conjonctif, fixés par l'alcool ou le formol, récupèrent foutes les propriétés biologiques qu'ils possédaient avant d’avoir été tués (1). Le terme « reviviscence » a été considéré comme choquant; en réalité il est exact et imposé par la nature même des faits. Notre conception de la vie renferme une si grande part de croyances et de sentiments que toute tentative scientifique faite pour la modifier est forcément choquante, d'autant plus choquante ie vise davantage le fond des choses. En fait, rien n’est plus vague que cette conception; si tout le monde se croit qualifié pour discourir sur la « vie », personne ne se risque à la définir. . La « vie » de l'individu est autre chose que la « vie » du tissu ; et à son tour la « vie » du tissu n’est pas du tout la somme algébrique des manifestations de la « vie » individuelle de chacun de ses éléments. Ce sont là des notions devenues courantes. Dans la vie du tissu les propriétés des substances intercellulaires jouent un rôle variable suivant la nature du tissu. Quand il s’agit d’un tissu conjonctif, ce rôle est considérable. Ce qui fait l'individualité d’un tendon, ce n’est pas l'élément cellulaire, banal et remplacable à volonté, c’est la structure intercellulaire, qui ne saurait être refaite de toute pièce sur l'adulte lorsqué le tendon vient à être détruit. Je greffe cet édifice privé de ses habitants ; il persiste, se relie aux restes du tendon lésé, puis la vie s’y réinstalle. J’ai le droit de dire qu'il revit, puisqu'il a gardé son individualité, n’a pas été remplacé par un autre édifice, et que pourtant cette portion de tendon qui manquait et que j'ai restituée ne se différencie plus en rien d’un tendon vivant. Si je passe maintenant du tissu aux éléments, je suis obligé d'établir des distinctions. Les éléments cellulaires sont « vivants » — admettons- le sans pousser plus loin l'analyse. Quant aux substances intercellu- laires, j'ai montré pourquoi il était préférable de dire qu’elles ne sont pas vivantes, prises isolément. Mais n'oublions pas que, en l'absence d'une définition naturelle de la « vie », il ne peut s’agir là que d'une convention, devenue légitime, il est vrai, parce qu’elle a été féconde. (4) Nageotte. Sur la greffe des tissus morts et er particulier sur la réparation : des pertes de substance des nerfs à l'aide de greffons nerveux conservés dans l'alcool. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 mai 1917. — Reviviscence des greffes conjonctives mortes, ibid., 24 novembre 1917. Ss8 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Jusque dans ces derniers temps, les biologistes avaient d'excellentes raisons d'admetire, comme ils le faisaient généralement, la vitalité des substances intercellulaires. Les expériences de M. Bonnefon, d’ailleurs. fort intéressantes, n'y pouvaient rien changer, et c'est pourquoi je n'avais pas à lesciler dans les courtes notes et dans les articles essen- tiellement pratiques que j'ai jusqu'ici, seul ou en COS publiés sur cette question. M. Bonnefon a fait exclusivement des greffes cornéennes vivantes et il a constaté que les cellules conjonctives meurent — ce qui, notonse bien, n’est pas le cas pour les greffons conjonctifs en général — mais que la substance intercellulaire persiste et se réhabite. De là il conclut que cette substance n'est pas vivante. La conclusion est juste, mais le raisonnement est faux, aussi faux que celui qui consisterait à dire : la substance intercellulaire possède une vitalité relativement indépendante des cellules, puisqu'elle peut survivre pendant un certain temps, malgré la disparition de ces dernières, et attendre l’arrivée de nouveaux éléments cellulaires. Que fallait-il donc pour éclairer la question ? Metire préalablement la substance intercellulaire dans des conditions telles que toute idée de survie pouvait être écartée, au moins dans l'état actuel de nos conmais- sances, en un mot il fallait faire des grelfes mortes. C'est ce que n a pas fait M. Bonnefon. J'ajoute que la notion même de la migration des pellules conjonctives n’était pas nouvelle; elle a été établie par Ranvier à propos de l'épiploon enflammé, mais Ranvier s’est bien gardé de conclure de sa découverte que les fibres conjonctives, momentanément abandonnées par les cel- fules, ne vivent pas ; il s’est contenté de montrer que ce fait renversaït la théorie des territoires d'influence cellulaire de Virchow. Pour ce qui concerne l'expérience de Salzer, M. Bonnefon ne l'apas toujours interprétée comme aujourd’hui, car il disait naguère : « Il ne saurait être question de survie dans ce dernier cas, puisqu'il s'agit de tissus fixés, mais simplement d'une inclusion d'un corps étranger toléré » (1). Même lorsque, pour une raison quelconque, un greffon mort n'est pas réhabité, il ne se comporte mullement, s’il est aseptique, comme un « corps étranger toléré ». Entre lui et les tissus de l’hôte, ül s'établit une continuité de substance qui exclut toute comparaison avec un « corps étranger ». Je profiterai de l’occasion, pour dire quelques mots d'un travail imté- ressant, dont je n’ai eu connaissance que tout récemment (2). À lasuite. (4) Bonnefon. Etude des greffes cornéennes; introduction à l'étude expéri- mentale du problème biologique des transplantation de tissus vivants. Lyon chirurgical, septembre-octobre 1917. (2) Villard, Tavernier «et Perrin. Recherches nee sur les Se vasculaires. Lyon chirurgical, août 1914. SÉANCE DU S FÉVRIER 89 d'expériences faites sur la greffe vasculaire à l'aide de greffons vivants, ou toui au mois non expressément tués, MM. E. Villard, L. Tavernier et E. Perrin arrivent à cette conclusion : « les vaisseaux longtemps con- servés au frigorifique ne vivent pas réellement, on ne greffe que leur squelette élastique, susceptible toutefois d’être envahi par des élé- ments cellulaires qui, venus du porte-greffe, lui fournissent une vitalité d'emprunt suffisante pour lui perméttre d'assurer la continuité du vaisseau sur lequel il est implanté. » Les auteurs se rapprochaient cer- tainement de la vérilé, autant au moins que M. Bonnefon. Ils auraient compris exactement la signification des faits observés par eux et seraient arrivés à la méthode des greffes mortes s’ils avaient eu à leur disposi- tion des notions théoriques plus exactes sur la nature et la genèse des substances conjonctives, celles-là mêmes que je crois avoir apportées dans mes notes de 1916. \ SUR L'HISTOGÉNÈSE DU TISSU CONJONCTIF CHEZ L'EMBRYON HUMAIN, è par E. LAGUESSE. Nous avons récemment résumé très brièvement les résultats de nos recherches sur l’histogénèse du tissu conjonctif chez les Mammifères (1), Rentré en possession de nos notes, nous voudrions aujourd’hui entrer dans quelques détails en ce qui concérne l'embryon humain. Un embryon de 15 millimètres, simplement fixé à l'alcool, nous a été extrêmement précieux, parce qu'à cet âge le tissu conjonctif est très inégalement développé selon les points, et qu’on y peut retrouver tous les principaux stades. Par suite du développement particulièrement précoce des annexes chez l'homme, et des nécessités fonctionnelles locales exigeant un lien déjà résis- tant entre ces annexes et l'embryon, c'est dans le cordon ombilical et surtout à son point d'attache sur le chorton, que l’évolution a fait les plus grands progrès. L'architecture du cordon est déjà lamelleuse. On y peut distinguer deux zones mal délimitées et d’égale épaisseur à peu près. L'externe est formée _ d'assez grandes lamelles, généralement continues, fenêtrées pourtant vers la périphérie, constituées par de la substance fondamentale amorphe contenant dans son épaisseur de finés fibrilles collagènes ou précollagènes, et tapissées de trainées irrégulières de cellules fusiformes ou étoilées. Dans l’interne, autour des vaisseaux, les lamelles se continuent, mais deviennent plus petites, plus serrées, plus anastomosées, entre-croisées en toutes directions; elles sont encore largement fenêtrées par places. Ici, outre les fines fibrilles dirigées un peu en tous sens, on trouve à l’état épars, et parallèles à l'axe du cordon, des æ. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 7 décembre 1918. 90 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fibres moyennes (1 à 2 y) souvent en voie de clivage, et même un certain nombre de grosses fibres de 6 à 18 », constituées chacune par un faisceau de 10, 20, parfois plus de 100 fibrilles fines, encore peu serrées et lâchement unies. À l'insertion du cordon sur le corps tous ces éléments, et particulière- ment les gros faisceaux, se continuent dans l’épaisseur de la paroi abdomi- nale. Ils se groupent pour la plupart autour de la veine ombilicale gauche, qui est déjà la plus volumineuse, et principalement à son côté ventral; ils l’accompagnent en remontant vers son embouchure, mais sans l’atteindre et en se perdant peu à peu. Il semble bien qu'il s'agisse ici d’une formation sransitoire représentant dans le cordon une charpente protectrice des vais- seaux, une sorte de ligament d’attache venant du chorion, et destiné à aller prendre des insertions nombreuses et divergentes dans la paroi somatique de l'embryon, et jusque dans le tissu périrachidien, autour de l'embouchure même des vaisseaux ombilicaux. En effet, dès leur arrivée dans le corps et même un peu avant, ces faisceaux abandonnent de nombreuses fibrilles col- latérales divergentes, qui s’en écartent à angle droit ou aigu à la facon de nombreuses radicelles, pour aller se perdre en s’y insérant dans le mésen- chyme voisin. Plus profondément, dans l'épaisseur de la paroi abdominale gauche, les faisceaux achèvent ici de se dissocier en fines radicelles termi- nales. k L'étude de ce point est particulièrement instructive. On voit en effet les fibrilles, de plus en plus lâchement unies, devenir plus fines, se diviser et s’anastomoser finalement, dans l'épaisseur des lamelles, en un réticulum excessivement délicat, à mailles polygonales irrégulières, qui finit par se perdre lui-même, ses trabécules se raréfiant, devenant zigzaguées, granu- leuses, de moins en moins distinctes. Mais les lamelles elles-mêmes, en pas- sant du cordon dans le corps, se montrent de plus en plus fenêtrées, et tendent à se découper en rubans très anastomosés. C’est dans ces rubans que courent les fibrilles, et chacun de ceux où elles abondent représente un fais- ceau très aplati. Le ruban est souvent formé lui-même de plusieurs plans lamellaires;'ét le faisceau contient alors plusieurs plans de fibrilles. Ces plans peuvent être plus ou moins fusionnés (gros faisceaux). Plus loin dans l’inté- rieur du corps, les rubans deviennent plus irréguliers et se résolvent finale- ment en de petits complexus aplatis, feuilletés, de fines et courtes lamelles superposées. Les dernières d’entre elles s’écarlent les unes des autres, et ne représentent plus que les expansions aliformes de cellules du mésenchyme, anastomosées elles-mêmes avec d’autres cellules à prolongements de moins en moins élargis, filiformes par places, tantôt hyalins, tantôt granuleux. La formation ligamenteuse et lamellaire se perd ainsi peu à peu dans le réseau mésenchymateux banal. Dans la majeure partie de l'embryon, celui-ci a conservé ses carac- tères primitifs de simple réticulum cellulaire. Pourtant les prolonge- ments anastomosés des cellules étoilées ont tendance presque partout à perdre leurs granules, à une certaine distance du corps de l'élément tout au moins, à se hyaliniser, à se transformer en un mot en un exo- plasme plus résistant. Un certain nombre d’entre-eux s’aplalissent en outre considérablement pour former de minces expansions rubanées ou SÉANCE DU 8 FÉVRIER 91 aliformes plus ou moins larges. C'est cette tendance qui s'accentue dans la région que nous décrivions tout à l'heure, et en remontant en sens inverse dans la direction du cordon, nous pouvons dire que nous sui- vons toutes les phases du développement. Nous arrivons successivement en des points où les expansions aliformes sont plus nombreuses, plus larges, deviennent déjà de véritables petites lamelles, et tendent, en s'’anastomosant, à convertir le réseau trabéculaire en un réseau alvéo- laire, à alvéoles généralement aplatis, formant un feuilleté. Par adapta- tion fonctionnelle elles tendent plus loin, dans la direction des tractions, à s’aligner en rubans anastomosés, et généralement sur plusieurs plans dans le même ruban. Dans les expansions aliformes hyalines, qui prennent déjà une légère teinte bleutée par le picro-noir après coloration en masse au Carmin boracique, est apparu d'abord un vague réseau, à peine visible, plus colorable que le fond, à trabécules irrégulières, peu serrées, discontinues et finement granuleuses. Ailleurs elles sont plus marquées, de calibre régulier, homogènes, lisses, tendues ou légèrement onduleuses, et prennent Faspect de véritables fibrilles de moins en moins anastomosées. Plus loin ces fibrilles s'engagent dans les rubans, y deviennent à peu près parallèles, de plus en plus nombreuses et serrées, de plus en plus épaisses et colorables, et forment ainsi les faisceaux, les fibres que nous avons tout d’abord décrites, et qui s'engagent dans le cordon pour le parcourir dans toute sa longueur. Il y a là, par conséquent, formation de fibres par groupement, ras- semblement, resserrement de fibrilles. C’est un mode de formation que nous avons admis, mais qui n’exclut aucunement le mode plus fréquent par accroissement considérable de volume puis clivage de fibrilles isolées. Ce processus apparaît ici côte à côte avec le premier dans les fibres moyennes. Que sont devenues, au cours de cette transformation, Les cellules du mésenchyme? Nous les voyions tout à l'heure, au point de l'insertion ligamenteuse, transformer peu à peu la majeure partie de leur cyto- plasme en expansions exoplasmiques hyalines, continuées généralement par une sole de même nature sur une des faces de la cellule aplatie; l’ensemble de ces exoplasmes, étroitement fusionnés, mérite bientôt le nom de substance fondamentale conjonctive des lamelles. Les endo- plasmes granuleux sont restés mal limités pendant toute la phase de transformation. Très aplatis sur les premières lamelles formées, ils ont des contours indécis, se perdent peu à peu à la surface de la substance fondamentale, et semblent s’égrener dans son épaisseur même. Mais plus loin, au niveau des rubans, lorsque la phase de transformation est achevée, pour la plupart d’entre eux lout au moins, chacun d'eux se rétracte, se limite, s'individualise de nouveau pour former le corps cyloplasmique de la cellule restante, et ce cytoplasme, entièrement gTa- nuleux, s'étendant à la surface de la lamelle hyaline avec laquelle il ne | \ 92 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fait plus corps, envoie de nouveaux prolongements également granu- leux, anastomosés, cloisonnant souvent les fenêtres de la membrane, où la cellule tout entière émigre volontiers aussi, pour s’y étaler plus à l’aise. Plus loin dans le cordon, on voit, par places au moins, les pro- longements s’aplatir, se hyaliniser de nouveau pour former une seconde génération de lamelles. En un mot, si quelques-uns des fibroblastes peuvent subir l'hyalinisation complète, comme nous l'avons montré ailleurs, la plupart d'entre eux lraversent alternativement une période de différencialion, au cours de laquelle ils s’épuisent peu à peu, dimi- nuent considérablement de, volume, puis une période de régénération pendant laquelle, après s'être séparés de leur exoplasme devenu sub- stance fondamentale Conjonetive (souvent elle-même en voie de diffé- renciation fibrillaire), ils reconstituent leur provision de cytoplasme granuleux, et se préparent à un nouveau travail de transformation et d'édification lamellaire, souvent précédé d'une caryocinèse. En outre, un certain nombre de cellules mésenchymateuses, même après avoir joué le rôle de fibroblastes, semblent ici comme chez le rat (où nous l'avons vu si nettement) se détacher du réseau pour devenir migratrices. ORIGINES FRANÇAISES DU PROCÉDÉ DIT DE NEUMANN : INCINÉRATION PAR LES ACIDES SULFURIQUE ET AZOTIQUE, par Louis LAPICQUE. La bibliographie allemande en était venue à ignorer les travaux biologiques français. Cédant à la commodité de cette source d'informa- tion, les Français eux-mêmes étaient amenés à citer de préférence les travaux allemands, et la part que notre pays a prise aux progrès de la science restait dans l'ombre. : Je crois qu’il est actuellement nécessaire de réagir. Pour mon compte, je me trouve par les circonstances obligé de rectifier un petit point. En ce moment travaille à mon laboratoire un jeune chimiste améri- cain, mobilisé, mis gracieusement par l’armée américaine à ma dispo- sition pour les recherches sur le ravitaillement. Nous collaborons dans la plus cordiale amitié. Dernièrement, comme nous établissions ensemble notre programme, ce chimiste me proposa, pour réaliser une série d'incinérations, la méthode de Neumann. " La méthode actuellement répandue dans le monde sous ce nom consiste à traiter la matière organique par l'acide sulfurique et l'acide azotique à chaud jusqu’à l'obtention d’une liqueur claire et limpide. Or, c’est un procédé que j'ai imaginé pour mes dosages de fer, et que SÉANCE DU 8 FÉVRIER 93 j'ai fait connaître ici même et à la Société chimique quelque 10 ans avant la première communication de Neumann; je m'en suis servi jour- nellement de 1889 à 1897; j'y suis revenu à plusieurs reprises; Guille- une l'a de nouveau exposé et discuté dans sa thèse. Dastre s’en est servi à son tour; puis Tedeschi, à l'Université de Pise (Italie), la mis à l'essai et choisi pour ses recherches. Bref, il avait été appliqué à plus de mille dosages et sa description reproduite une demi- douzaine de fois, quand Neumann l’a réinventé; je ne puis vraiment le laisser revenir dans mon propre laboratoire sous un nom illégitime. Voici les publications par ordre de dale. 19 L. LAPIOQUE. — Procédé rapide de dosage du fer dans le sang. Société de * Biologie, séance du 2 mars 1889; comptes rendus publiés huit jours plus tard. 2 grammes de sang, par exemple, sont versés ns un ballon d'environ Lu ce. c. et additionnés de 3 c. c. d'acide sulfurique pur; le ballon est chauffé dans une position inclinée, pour éviter les projections. Au bout de quelques minutes, le coagulum formé s'est dissous, et toute l’eau s’est évaporée. On ajoute alcrs, après avoir un peu laissé refroidir, quelques gouties d’äcide azo- tique pur, on chauffe de nouveau, on répète l'opération et l’on obtient bientôt un liquide limpide, légèrement coloré en jaune verdâtre, qui ne brunit plus par le chauffage » /p. 168, t. I de la 9e série). 2° Même note présentée en mon nom par M. Chabrié à la Société chimique - de Paris, séance du_12 juillet 1889, et reproduite au Bulletin de la Société. 30 L. Laprcque. — Sur le dosage du fer däns les recherches physiologiques. Thèse de médecine, Paris, 1895. « .… J'ai imaginé le procédé de destruction (de la matière organique) suivant, qui m’a été inspiré par la méthode de A. Gautier pour la ouuenon du foie en vue du dosage de l’arsenic. » (p. 53). Suit, en deux pages, la description du procédé. 49 A. GUILLEMONAT. — Recherches sur la teneur en fer du foie et de de rale. Thèse de médecine. Paris, 1896. Citation in extenso, pp. 26-28 du passage ci- dessus de ma thèse suivie de remarques personnelles. 5° L. LapicouE. — Observations et expériences sur les mutations du fer chez les vertébrés. Thèse de sciences, Paris, 1897 (soutenue en juin). « Il fallait employer pour l’incinération un autre procédé que la calcina- tion. Indépendamment des conditions spéciales au fer, il est toujours inquiétant de faire passer par une série de manipulations, en vue d’un dosage, une quantité de substance qui peut n'être qu’une fraction de milli- gramme. J'ai imaginé de détruire les matières organiques au sein d’une petite - quantité d'acide sulfurique par l'acide azotique à chaud; on obtient ainsi \ rapidement, sans passer par une dessiccation préalable, dans le récipient même où se fait la pesée du tissu, sans un épuisement ni une chance de perte, la liqueur convenable » (p. 12) et plus loin, pp. 28 et 29, le détail de la technique est reproduit dans un paragraphe intitulé : Destruction de la matière organique. 94 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 6° ALBERT NEUMANN. Ueber eine einfache Methode zur Bestimmung von Phosphorsaüre bei Stoffwechselversuchen. Berlin. physiol. Ges., 23 Juli 1897, in Archiv f. (Anat. u.) Physiologie, 1897, p. 552. (Voir ci-dessous, para- graphe 8, le résumé par l’auteur.) 79 DASTRE ET FLORESCO. — Fonction martiale du foie chez les animaux en général. Archives de physiologie, janvier 1898. « Toutes nos déterminations ont été exécutées au moyen du procédé de Lapicque. Ce procédé est parfaitement adapté aux recherches biologiques. » .… On détruit la matière organique par l’acide azotique au sein d’une petite quantité d'acide sulfurique. » Suit la description du procédé de destruc- tion (p. 180). 8° ALBERT NEUMANN. — Même titre qu’au paragraphe 6. Berlin. physiol. Ges., 10 nov. 1899, in Archiv f. (Anat. u.) Physiologie, 1900, p. 159. « Dans une communication précédente sur le même sujet, j'ai décrit une nouvelle méthode d'incinération des matières organiques qui consiste en ceci : dans un ballon de Kjeldahl, on submerge la substance avec de l'acide sulfurique concentré, puis, en chauffant, on introduit par portions du nitrate d’ammonium jusqu’à ce que la liqueur soit devenue limpide et jaune clair; mais cette façon de faire a plusieurs inconvénients. » Et c’est alors seulement que Neumann, abandonnant le nitrate d'’ammo- niaque, a recours à l'acide nitrique. La seule différence entre son procédé et le mien, c’est qu'il ne croit pas possible d'introduire l'acide nitrique tel quel dans la réaction, il fait un mélange à parties égales d'acide sulfurique et d'acide nitrique concentrés, et c’est ce mélange qu'il laisse tomber goutte à goutte dans le ballon où la matière organique est Dr dissoute dans l’acide sulfurique chaud. Cette différence est d'ordre tout à fait secondaire; d ailleurs il ne me semble pas qu’en général elle constitue un progrès. A la fin de l'opéra- tion ainsi conduite, les substances minérales que l’on veut doser se trouvent noyées dans une masse relativement énorme d’acide sulfu- rique, d’après les chiffres de Neumann, 10 à 20 c. c. pour 1 gramme de la matière première physiologique et une quantité de substance intéres- sante peut-être inférieure à 1 milligramme. L'emploi de l'acide azo- tique sous sa forme ordinaire n'offre aucune difficulté sérieuse. Je le . répète, j'ai effectué des centaines et des centaines de dosage par ce procédé sur toute espèce de tissu et de sécrétion physiologique, d’autres expérimentateurs en ont également, à ma connaissance, effectué des centaines, avant que Neumann n'intervint. Il suffit de laisser refroidir le liquide du ballon jusqu’à une température conve- nable, puis d'ajouter l’acide nitrique goutte à goutte; c'est un tour de main très simple qui s'’acquiert en quelques essais. La quantité d'acide sulfurique restant présente est d'environ 1 c. c. par gramme de matière physiologique, soit dix fois moins que ce qu’indique Neumann. D'autre part Neumann fait du processus d'oxydation une théorie qui SÉANCE DU 8 FÉVRIER 95 ne me semble pas exacte; mais la théorie importe peu pour le moment. On peut arrêter ici cette bibliographie. En 1902, Neumann a publié de nouveau son procédé dans la Zeitsch. f. physiol. Chemie, t. 37, p. 115, mais sans rien apporter de nouveau au point de vue de la destruction de la matière organique. La bonne foi de Neumann, c’est-à-dire son ignorance de mon procédé lors de ses premières publications, me paraît évidente. Mais ce n’est pas une raison pour attacher le nom de cet Allemand à une méthode qui était employée en France depuis 10 ans au moins quand elle lui est venue à l’esprit. Posr-ScRIPTUM. — En présentant la communication ci-dessus j'igno- rais une antériorité qui remonte jusqu'avant ma naissance; notre col- lègue Bierry a bien voulu me faire part d’une réminiscence et m'aider à retrouver la publication que voici. En 1864, E. Millon a brièvement, mais nettement décrit un procédé très analogue, poussant la destruction de la matière organique par les acides sulfurique et azotique, avec additions successives de ce dernier, jusqu’à l'obtention d'une liqueur claire (1). C'est donc à cet auteur qu'il faut en rapporter la paternité. D'ailleurs, ce travail a été dûment men- tionné à l’époque dans le journal de Fresenius (2) (les mœurs scien- tifiques allemandes n'étaient pas en ce temps-là ce que nous venons de connaître) et se retrouve cité dans le Manuel classique; mais dans la partie qualitative, le but de Millon était en effet la recherche des poisons minéraux pour la médecine légale. C'est ainsi que je peux m'’exeuser de ne pas l'avoir cité dès 1889 et de l'avoir ignoré jusqu'aujourd'hui. Les recueils de technique physiologique l’ignorent également; c'était un procédé oublié. Il convient de remettre en lumière cette origine française, établie maintenant sur une priorité éclatante. «& LE PETIT BACILLE ROUGE » ET LA GRIPPE, par S. MarBais. Pendant les recherches épidémiologiques, faites sur la méningite cérébro-spinale contagieuse, nous avons remarqué, sur la gélose-ascite, la présence de colonies pareilles à celles du méningocoque; mais ces colonies étaient composées par la pullulation d'un microbe qui n'avait Fe (1) Comptes rendus de l’Acal. des Sciences, t. LIX, p. 195; 186%. (2) Z. f. analyt. Chemie, t. 1V, p. 208 ; 1865. 96 SOCIÉTÉ BE BIOLOGIE rien de commun avec celui de Weichselbaum. En effet, dans les frottis, colorés par la méthode de Gram et avec le Ziehl dilué, nous trouvions, avec MM. Bezancon, Hébert, Ranque, Besson, Senez, etc., un petit bacille coloré en rouge. Cette surprise se traduisait au laboratoire par l’excla- mation : « Ah! c’est le petit bacille rouge! » Nous avons étudié les caractères culturaux de ce petit bacille sans lui donner un intérêt spé- cial, bien que nous l’ayons trouvé, à plusieurs reprises, dans l'exsudat rhino-pharyngien des méningitiques, des diphtériques, ou des hommes suspects de ces deux affections microbiennes. Au commencement de l'épidémie de grippe, nous avons rencontré ce bacille en culture pure dans l’exsudat pleurétique sanguinolent d'un malade ; puis nous avons pu attacher au même petit bacille rouge un bacille, que notre camarade Braillon a trouvé en culture pure dans un exsudat hémorragique plural d’un grippé. Dès lors, ce microbe prenait à notre avis une importance particulière, parce qu'il s'était révélé comme un agent provoquant à lui seul des troubles pathologiques. CARACTÈRES MORPHOLOGIQUES DU PETIT BACILLE ROUGE. — C’est un bacille court comme le rayon de globule rouge humain; dans les cultures fraiches, on le voit souvent en état de division, et il ressemble dans ce cas au bacille de Pfeiffer. IL est très mobile et se décolore par la méthode de Gram. CuLTures. — Sur gélose inclinée et sur gélose-ascite en plaques, il se développe en colonies rondes, transparentes, lenticulaires, azurées. Bouillon : trouble avec voile et collerette. Eau peplonée : trouble, ondes moirées, sans voile, avec Colleteite Il ne produit pas d'indol. ; , Lait : liquide. Gélatine : culture abondante, irisée, en profondeur et en surface. Pas de liquéfaction. Pomme de terre : culture très abondante, irisée. Sérum coaqulé : culture abondante, pas de AE Le rouge neutre est réduit, jaune canari. Le tube Besson : réduction, fluorescence, gaz dans la moitié de la cloche, tout comme le coli-bacille. Gélose de Liborius : culture aérobie et anaérobie avec produclion de gaz. Gélose au plomb : gaz, pas de noïrcissement. ACTION SUR LES SUCRES. — Gélose inclinée, tournesolée, au saccharose ou au mannile : rouge. Gélose au lactose, galactose, lévulose, dulcite, maltose, glucose et glycérine, restent violets. SÉANCE DU 8 FÉYRIER 97 Les résultats sont différents par l'emploi d'autres milieux sucrés : Dans les tnbes.au sérum dilué (sérum 1 volume et eau distillée 3 volumes) tournesolé et sucré respectivement aux différents sucres, on obtient : la glycérine et la duleite sont liquides et violettes. La lactose estrouge, liquide. La sorbite rouge, coagulée, sans liquide surnageant. La galactose, lévulose, maltose, glucose, mannite et saccharose sont coagulées, rouges, présentant des crevasses et un liquide surnageant, surmonté lui-même d’une collerette de bulles de gaz. Ce bacille est très vivace : nous l'avons trouvé vivant sur gélose incli- née et sur sérum coagulé, conservé 4 mois à la glacière. ACTION PATHOGÈNE. — Un lapin de 3 kilogrammes est mort par septi- cémie 24 heures après l'injection intraveineuse du contenu d’une culture d'une petite boiîle de Petri. L’instillation dans les naseaux de quelques gouttes de culture épaisse ne détermine pas la mort. 20 septembre 1918. — On inovule dans la.veine d’un gros lapin 4 c.c. d'une culture vivante de 24 heures dans l’eau peptonée. 10 octobre. — On injecte sous la peau du même lapin le culot de cen- trifugation d’un tube de culture en eau peptonée. 2 octobre. — Le lendemain, on lui inocule dans la veine le contenu d’une petite boîte de Petri. 4 octobre. — Le lapin est mort. Des naseaux s'écoule une mousse rosâtre. On trouve un épanchement pleural et péritonéal. Poumons gros, congestionnés, avec des foyers plus rouges. A la section, mousse rougeûtre. Dans les frottis de l’épanchement pleural, il y à beaucoup de leucocytes, des hématies et le petit bacilie rouge. Dans l’épanchement péritonéal : beaucoup de cellules endothéliales, rares lewcocytes et peu de bacilles. Le bacille est très abondant dans les frottis faits avec le sang du cœur. Hémoculture positive. EXAMEN HISTOPATHOLOSIQUE. — Foyers de broncho-pneumonie. Cette dernière expérience nous montre que l'épanchement purulent et hémorragique, que nous avons trouvé dans la plèvre de deux soldats grip- pés, est dû en effet à l'infection de la plèvre par « le petit bacille rouge », que nous y avons trouvé en culture pure. (ravail du Laboratoire de Bactériologie du Vai-de-Gräce.) 98 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES HISTOLOGIQUES SUR LES OXYDASES, par G. MARINESCO. C'est l'illustre physiologiste Claude Bernard qui émit très claire- ment l’opinion qu'il y a des ferments oxydants qui interviennent dans les phénomènes de la respiration (1). Mais le mérite d'avoir établi d'une manière péremptoire l'existence d'une diastase oxydante, revient à M. G. Bertrand. Immédiatement après suivirent les recherches de Bour- quelot, Sarthou, Abelous el Biarnès, Jacquet, Schmiedeberg, Portier, Chodat et Bach, Wolff et E. de Stæcklin, Batelli et Stern, etc. La réaction des oxydases dans les études de microchimie est deve- nue accessible aux histologistes depuis que F. Winckler et W. Schultze ont introduit le mélange de Rühmann et Spitzer dans l’étude des tissus animaux. Ce mélange est constitué par une solution de naphtol-v et une autre de diméthylparaphénylendiamine. La concentration de ces solu- tions, leur alcalinisation varient avec les techniques proposées par divers auteurs, et les résultats obtenus dépendent précisément du genre de la technique utilisée. L'expérience nous a montré que les ferments oxydants des divers tissus animaux n’offrent pas le même degré de résistance à l’action des réactifs et des fixateurs employés. Les oxydases des leucocytes et des muscles, par exemple, offrent une stabilité plus grande que les diastases oxydantes des centres nerveux. Les techni- ques de W. Schultre qui emploie des solutions alcalines de naphtol sont surtout applicables à la recherche des oxydases des leucocytes, qui sup- portent la fixation au formol. C'est grâce aux procédés préconisés par W. Schultze que cet auteur a pu constater que les leucocytes de la série myéloïde, en particulier les polynucléaires, donnent la réaction des oxydases; il a pu de cette manière distinguer deux types de leu- cémies : les leucémies lymphoïdes et les leucémies myéloïdes. Dans les premières, la réaction reste toujours négative, les mononucléaires du sang ne donnent pas la réaction des oxydases. En France, MM. Noël Fiessinger et L. Roudouska ont confirmé et étendu ces re- cherches, en pratiquant les réactions d'oxydases dans les tissus et les viscères. Depuis l’année 1916, j'ai entrepris des recherches sur les oxydases dans le système nerveux central et dans les différentes glandes à sécré- tion interne. Ces études interrompues à cause de la guerre ont été. (4) CL Bernard. Leçons sur les phéno nènes de la vie communs aux adimaux el aux végélauæ, t. A, p. 500-501. * SÉANCE DU 8 FEVRIER 99 reprises l’année dernière dans les laboratoires de M. F. W. Mott, à Lon- dres et de M. P. Marie à la Salpétrière, que je remercie beaucoup pour l'hospitalité qu'ils ont bien voulu m’accorder. Malgré l'intérêt qu'on devrait attacher à l’étude des oxydases des cen- tres nerveux et des glandes à sécrétion interme, il n'y a que très peu de travaux sur cette question, ceci dépend évidemment en première ligne des difficultés techniques, car on ne pouvait pas obtenir des prépara- tions permanentes avec les procédés de Schultze et ensuite puisque les oxydases de ces organes sont très sensibles à action des solutions alcalines et du formol. Aussi ai-je eu recours à la technique recom- mandée récemment par S. Gräff et E. v. Gierke qui permettent de mettre en évidence les oxydases dans presque tous les organes. Voici la manière dont je procède : on prépare des solutions très éten- dues de naphtol-x et de diméthylpafaphénylènediamine, 0,19/150-200, sérum physiologique, donc il s’agit pour chacune de ces substances de solutions variant entre : 1.500-2.000 grammes. L'activité de ces réactifs ‘diminue assez rapidement, en sorte que, au bout de 3 semaines, ils deviennent inutilisables ; il est préférable d’avoir des solutions fraiches, le naphtol étant préparé un jour avant de s’en servir. On chauffe la solu- tion de naphtol au bain-marie au moment de l'emploi, on filtre, on mélange 40 c. c. de cette solution avec 40 c.c. de la solution de diméthyl- paraphénylènediamine. Les coupes ayant en moyenne 15 y, pratiquées au microtome -par la congélation à l'acide carbonique, sont transportées directement dans le mélange. Au bout de quelques minutes, la réaction fait son apparition, la coupe entière et la région de celle-ci où se trouvent les oxydases prennent une teinte violette qui s’accuse de plus en plus et finit par devenir bleu foncé. Lorsque la réaction a atteint son maximum, on les lave rapidement dans le sérum physiologique et après on les transporte dans le liquide de Gram 10 e. c. +30 c.c. sel physiologique, où les coupes séjournent 4-10 minutes. On peut ajouter à ce liquide 2 c.c. d'une solu- tion d'acide osmique au centième ; enfin, les coupes sont mises dans 40 grammes de sel physiologique auquel on ajoute 2-3 grammes d'une solution saturée de carbonate de lithine. Les coupes qui étaient devenues brunes dans la solution d'iode iodurée, reprennent leur couleur primi- tive, au bout de quelques minutes, mais elles peuvent rester dans l'eau lithiuée pendant plusieurs heures. Après, on peut colorer le fond de la préparation avec le carmin aluné ou autre couleur: il faut éviter les substances acides. Les résultats obtenus sont vraiment d’une clarté étonnante. Dans le système nerveux central et dans les ganglions périphériques, on peut reconnaître très facilement la topographie de la substance grise; les plus petits foyers cellulaires susceptibles d’être vus à l'œil nu sont colo- rés en bleu : le contour de la corne antérieure, des divers noyaux du Brococs. Cowpres revus. — 1919. T. LXXXIL. 8 , 400 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bulbe des olives et des noyaux juxta-olivaires des noyaux gris de la pro- tubérance, etc., sont nettement délimitées. C’est donc à certains égards une réaction macroscopique. Mais l'étude histologique des coupes trai- tées de la manière précédente nous permet de mieux saisir le mécanisme de la réaction des oxydases. En effet, le cytoplasme des cellules ner- veuses, de même que leurs prolongements contiennent un très grand nombre de granulations colorées en bleu, dont le volume, la dispersion et même la disparition varient avec les espèces cellulaires et leur volume. Les cellules radiculaires, les grosses cellules des cordons et de la substance réticulée du bulbe et de la protubérance contiennent plus de granulations, mais elles sont un peu plus fines; les cellules de volume ,m0yen dans la moelle, comme dans le bulbe ou les ganglions, possèdent moins de granulaticns, mais elles sont un peu plus grossières. Il y a aussi une relation entre le calibre des prolongements, surtout des dendrites et la quantité des granulations, celles-ci étant excessivement nombreuses dans les dendrites et leurs ramifications des cellules de Purkinje (v. fig.). Les granulations sont isolées ou réunies en petites chaînettes, offrant dans ce cas une certaine ressemblance avec les chondriochontes, mais je n'ai jamais rencontré des filaments; parfois elles sont disposées en séries linéaires. D'une manière générale, elles sont distribuées uniformément dans le cytoplasme, mais dans quelques espèces cellulaires elles sont plus denses autour du noyau. Il est remarquable que ce dernier ne contienne pas de trace de granulations, de même que les cylindre axes en sont complètement dépourvus, aussi bien dans les centres nerveux que dans les nerfs périphériques. Or, mes études antérieures d'ultra- microscopie ont montré que l'intérieur du noyau, comme celui du cylindre-axe, offrent un vide absolu. Les cellules du plexus choroïde présentent des granulations clairse- mées dans le cytoplasma avec légère concentration périnucléaire, de même que les cellules de l’épendyme, par contre je n'ai pas pu déceler de pareilles granulations dans les cellules névrogliques. Dans tous les foyers de substance grise de la moelle, du bulbe, du cervelet et du cer- veau, il existe un nombre considérable de granulations situées entre les cellules et leurs prolongements. Il est probable que ces granulations appartiennent aux terminaisons qui élablissent des contacts (synapses) entre les divers neurones. C'est surtout dans les couches plexiforme, comme c’est le cas pour la zone dite granulaire du cervelet et du cerveau, que ces granulations sont très nombreuses. La réaction des oxydases est positive dans toules les glandes que j'ai examinées : hypothèse, thyroïde, foie, pancréas, rate, rein, elc. Dans ce dernier organe les cellules des tubes contournés et des segments de l'anse de Henle sont bourrées de granulations fines ou plus grossières qui se colorent en bleu par le mélange de Rühmann et de Spitzer, SÉANCE DU 8 FÉVRIER : 101 mais les glomérules de Malpighi tranchent par l'absence des oxydases avec le parenchyme rénal. Dans la glande surrénale la réaction parait négative, aussi bien dans la substance corticale que dans la substance médullaire, malgré que l’une et l’autre soient colorées par le mélange, mais la coloration de la substance corticale est due à la réaction des lipoïdes et celle de la substance médullaire, bleu pâle, paraît être sous la dépendance de certaines cellules possédant beaucoup de granulations, tassées les unes sur les autres; les cellules siègent au voisinage des Cellule de Purkinje du cerzelet de poule. vaisseaux ou dans les interstices et altirent notre attention par leur aspect foncé; elles sont donc étrangères à la substance médullaire. Un fait digne de remarque, c'est que les trois segments de la substance corticale prennent des teintes différentes sous l’action du réactif des oxydases : il s’agit là d’un phénomène de métachromasie. L'intensité de la réaction des oxydases, c’est-à-dire la rapidité de la formation du bleu d’'indophénol n’est pas la même dans la série animate. Chez les mammifères et surtout chez les oiseaux la réaction est beaucoup plus manifeste que chez les animaux à sang froid. Chez la grenouille la réaction est très positive dans le muscle cardiaque et faible dans les autres muscles striés pendant la saison froide. Du reste, c’est la graisse 102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE osmio-réduclrice qui prédomine dans les fibres musculaires striées des grenouilles examinées pendant l'hiver. C'est M. G. Barger, l’éminent directeur de l'Institut Lister, de Londres, qui à bien voulu préparer les réactifs nécessaires à mes études sur les oxydases. Je le remercie pour son obligeance. Du MODE D'OSSIFICATION DES CARTILAGES DU LARYNX, par Ép. RETTERER. Pour Colombo, les pièces squelettiques du larynx humain étaient, chez l'adulte, des os ayant même valeur que les autres os. Du Laurens, Riolan, etc. virent le vrai : cartilagineuses chez les jeunes individus, ces pièces s’ossifient plus tard. On regarda pendant longtemps cette ossifi- cation comme une régression sénile ; mais, en réalité, elle est le résultat de l’évolution normale des cartilages laryngés. La pression provoquée par les efforts vocaux, le chant, par exemple, d'après Segond, hâtent cette ossification. À l'œil nu, elle débute à l’état de points rougeâtres qui apparaissent dans le cartilage; c’est la le stade de vascularisation et de _calcification qui précède l’ossification proprement dite. En confondant ces deux stades, les anatomistes n’ont pu s'entendre sur le nombre des points d’ossification propres à chaque cartilage. On ne sait pas davan- tage par quel mode s'édifie le tissu osseux : est-ce par transformation du cartilage en os ou par substitution? : Pour m'éclairer sur ce dernier point qui domine toute la question, j'ai étudié les cartilages du larynx chez l'Homme et le Chien (adultes et vieux). Je choisirai pour type de ma description le thyroïde. Un seul et méme thyroïde permet d’en étudier toutes les phases évolutives. Le thyroïde d’un homme de soixante-neuf ans, par exemple, qui semblait complètement ossifié présentait, dans le quart antérieur (ventral) de ses lames latérales. une portion encore cartilagineuse. Alors que chez l'homme, les lames latérales ont une épaisseur de 4, 5 ou 6 millimètres, celles du Chien adulte ou vieux ne sont épaisses que de 2 millimètres en moyenne. Chez l’un et l’autre, l’ossification débute sur Les bords de la lame latérale; du bord dorsal (postérieur) elle se propage vers le bord inférieur (sternal), puis vers le bord supérieur et l'angle du thyroïde. Le processus de l’ossification est identique chez l'Homme et le Chien. Plus facile à se procurer frais, à fixer et à débiter en coupes sériées, le thyroïde du Chien est un objet de choix. Je décrirai celui d’un vieux Chien dont toutes les parties étaient en voie d’ossification, sauf la portion centrale des lames latérales. ; A. Portion centrale, cartilagineuse, des lames latérales. — Sous le périchondre il y a une couche de cellules cartilagineuses dont le grand axe est parallèle à la surface. Entre les deux couches sous-périchondrales s'étend une lamelle / SÉANCE DU 8 FÉVRIER 103 . moyenne où les cellules sont disposées par familles ou groupes allongés ou arrondis. Chacun de ces groupes provient manifestement de la prolifération d'une seule et même cellule de l’une des couches sous-périchondrales. Les groupes sont séparés les uns des autres par d’épaisses traînées de substance fondamentale, tandis que les cellules d'un même groupe sont seulement entourées d’un halo hématoxylinophile, épais et arrivant au contact des halos des cellules voisines. Les cellules encapsulées de ces groupes ont un diamètre : qui varie entre 15 y et 18 y. En se dirigeant de cette portion centrale vers les portions osseuses, le car- tilage se modifie: certaines cellules prolifèrent, la substance fondamentale du cartilage disparaît et il s’y développe un îlot de tissu rétièuié qui ne tarde pas à se vasculariser (1). L’ossification débute autour de ces canaux vasculaires et s’y fait d’après le processus que je vais décrire. B. Portion en voie d'ossification. — En approchant des bords du thyroïde, on voit apparaître entre les groupes cellulaires, dans la portion moyenne du thyroïde, une lamelle de tissu osseux. En ces points, les couches sous-péri- chondrales ont des cellules larges de 14 v et épaisses de 7 u avec des noyaux longs de 7 u et larges de 3,5 v. ‘Les groupes de cellules à halos hématoxylino- philes possèdent, du côté de la couche sous-périchondrale, des cellules de 22 u avec un noyau de 4 à 5 u, et, le long de la lamelle osseuse des cellules de 45 y seulement avec un noyau de # à 5 uw. Les cellules à halos diminuent donc de volume à mesure qu’elles se rapprochent de l’os. De plus, elles se’ multiplient, car le long -de la lamelle osseuse, elles forment des assises presque contiguës. Pour voir les modifications structurales que subissent ces dernières cellules et les transformations dont elles sont le siège, il faut pra- tiquer des coupes de 8 à 10 v, les colorer à l’hématoxyline et les surcolorer à l’éosine. ne : Les cellules cartilagineuses font, les unes, de l'os, les autres de la moelle osseuse, Pour donner naissance au tissu médullaire, elles se divisent et produisent un tissu réticulé vasculaïre, identique à celui qui se développe dans le cartilage en voie de vascularisation. Les cellules cartilagineuses qui bordent la lamelle osseuse n’ont que 15 y, et montrent un halo qui commence à se teindre faiblement par l’éosine, mais s'élargit notablement. Aussi ces cellules qui étaient à l’origine très rappro- chées, s’écartent les unes des autres. Simultanément la cellule cartilagi- neuse diminue de volume et n’a plus que 10 uv. La substance intercellulaire augmente en masse et se montre composée d’un réseau hématoxylinophile ct d’une partie éosinophile contenue ‘dans les mailles du réticulum. Les cellules arrondies changent de forme : leur noyau prend la figure d’un bâtonnet long de 7 y et large de 3 v environ et s’entoure d’un liséré de cyto- - plasma clair de 1 à 2 x, autour duquel se forme une capsule nouvelle, sinueuse et dentelée, car la capsule de la cellule cartilagineuse s’est trans- formée en substance fondamentale. Ces modifications évolutives et structu- rales se passent selon une ligne de démarcation qui sépare le cartilage et l’os et qui est très festonnée. Elles sont très faciles à suivre sur les festons les, plus longs qui, de distance en distance, se prolongent du cartilage dans l'os. (4) Voir Retterer : Journal de l'Anatomie, etc., 1900, p.517, pl. XV, fig. 18 à 22. 104 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En ün mot, pour se transformer en os, le cartilage se modifie profondément : toutes les portions hématoxylinophiles (substance fondamentale, halos et capsule) s’accroissent et se différencient en trame réticulée et en masse amorphe. Enfin, le noyau de la cellule cartilagineuse s’allonge, s’entoure d'un mince liséré de cytoplasma clair qui se délimite de la substance fondamentale par une fine capsule sinueuse. ; C. Portion complètement ossifiée. — Je n’ai pas observé de portion complète- ment ossifiée sur les Chiens ; toujours la lämelle moyenne osseuse se trou- vait recouverte en dedans et en dehors par une lamelle cartilagineuse. Chez l’homme de soixante-neuf ans dont j'ai parlé, les bords et l’angle du thyroïde étaient, au contraire, constituées par une masse osseuse limitée de part et d’autre par le périoste: Résultats et critique. — Naumann (1851), puis Verson (1868) se pro- noncèrent déjà pour une transformation directe des cellules cartilagi- neuses du larynx en cellules osseuses: Schottelius (1) précisa davantage : autour des lacunes, ou canaux vasculaires, des cartilages laryngés, dans lesquels il observa des hématies extra-vasculaires, il vit deux, quatre, dix et vingt petites cellules dans une seule et même capsule. Ces petites cellules, ajouta-t-il, descendent par division, des grandes cel- lules cartilagineuses; plus tard, les contours deviennent sinueux; les cellules s’éloignent les unes des autres, pendant que la substance fonda- mentale prend la structure lamellaire de l’os. Schottelius nota l’absence de tout ostéoblaste Lors de l’ossification des cartilages laryngés. Quelques années plus tard, Chievitz (2) reprit celte étude sur des pièces fraiches ou fixées dans l'alcool, mais il n’eut pas recours, semble-t-il, aux colo- rants. Il crut voir des signes de flétrissement dans les cellules cartilagi- neuses dont il ne décrivit ni les halos ni les transformations qu'elles subissent vers la ligne où se produit le tissu osseux. N'ayant observé aucun phénomène qui lui permit d'affirmer la vitalité et les modifica- tions progressives de la cellule cartilagineuse, Chievitz se rattacha à la théorie régnante de l’ostéogénèse. Il conclut en effet (p. 336) : le tissu osseux qui se développe dans les cartilages du larynx provient, en partie du moins, des éléments conjonctifs de la moelle vascularisée. Or, celle-ci aurait la même origine que les vaisseaux sanguins qui, éma- nant du périchondre, pénétreraient dans le cartilage et y amèneraient avec eux les matériaux de l’ossification. Les autres pièces laryngées (cricoïde, arytémoïdes) se raies et s'ossifient selon le même mode. Si Legallois a vu survenir l’asphyxie et la mort chez les jeunes Chiens après la section des nerfs laryngés infé- rieurs et, si les Chiens adultes résistent, c’est que, chez ces derniers, les” cartilages aryténoïdes sont calcifiés ou en voie d’ossification, d'où leur (4) Die Kehlkopf-Knorpel, 1879, p. 32. (2) Archiv für Anat. und Physiol. Anat. AbtR., p. 303, 1882. : SÉANCE DU 8 FÉVRIER 405 rigidité et leur solidité prévenant, après la paralysie des muscles crico- aryténoidiens postérieurs, l’oblitération totale de la fente glottique. Jusqu'à présent on s’est contenté de l'examen à l'œil nu pour juger de l’état calcifié ou osseux des cartilages du larynx des divers animaux. Pour ce qui est du Cheval, Chauveau et Arloing n'ont vu qu'un thyroïde « calcifié ». Divers observateürs, cités par H. Milne Edwards, décrivent des thyroïdes ossifiés, chez l'Orang-Outan et l'Ornithorhynque, par exemple. Il est infiniment probable que l’ossification y procède comme chez le Chien et l'Homme. Mais, pour le vérifier, il faut des pièces fraiches et des coupes fines colorées d’une facon précise. La constatation aurait une certaine importance, car elle confirmerait une loi générale, à savoir que la cellule cartilagineuse de l'individu adulte ou vieux prend, pour faire de l'os, un autre chemin que celui qu’elle suit, par exemple, dans les segments squelettiques des membres en voie de croissance. ACTION THÉRAPEUTIQUE DU LIPO-VACCIN ANTIGONOCOCCIQUE, par LE Moicnic, SéÉzary et DEMONCHY. Dans une note antérieure (séance du 23 mars 1918), nous avons donné la formule d’un lipo-vaccin antigonococcique, dont nous voulons aujourd'hui indiquer l’action thérapeutique principalement dans l’uré- thrite biennorragique aiguë et chronique. Nous rappelons que l’origi- nalité de cette préparation consiste dans sa teneur élevée en antigène actif et dans son hypotoxicité manifeste. Dans ces premières recherches, portant sur une centaine de cas, nous avons utilisé un stock-vaccin monovalent, renfermant par centimètre cube 6 milligrammes de microbes (au lieu de 5 précédemment), soit environ 15 milliards de germes. il Après de multiples lâtonnements, nous avons adopté la que suivante, que nous consetllons de suivre strictement si l’on veut obtenir des résultats comparables aux nôtres. Les injections sont pratiquées dans le tissu cellulaire sous-cutané de la région des flancs. On commence par la dose de 1/2 c.c. Selon les cas, celle-ci donne ou ne donne pas de réaction générale. S'il n’y a pas de réaction appréciable, on réinjectera deux ou trois jours après une dose de L c.c. S'il y a une réaction (courbature, état fébrile, insomnie), on attendra que les symptômes aient totalement disparu, et 24 heures après, on répétera la même quantité ; selon que celle-ci provoque ou non une réaction, on se comportera comme dans l’une ou l’autre des alter- natives précédentes. Notre opinion est, en effet, qu'il est nécessaire de rechercher une réaction générale, au moins légère, pour obtenir de bons Le] 4106 SOCIÉTÉ D£ BIOLOGIE AE CLR QU PL LE EEE effets thérapeutiques (le lipo-vaccin détermine une réaction locale insi- gnifiante). On sera ainsi amené à injecter successivement 1 c.c.,1c.c.1/2, quelquefois même 2 c.c., soit de 7 à 30 milliards de gonocoques. La dose initiale et la dose limite susceptibles de déterminer la réaction varient selon les sujets. Il importe, dans tous les cas, avant de procéder à une réinjection, d'attendre que la réaction antérieure ait complète- ment disparu depuis au moins 24 heures; des inoculations, répétées avant ce délai (qui correspond probablement à la phase négative de Wrienb). nous ont paru aggraver la maladie. On pratiquera de la sorte 9, quelquefois 3 injections par semaine, jusqu'à ce que la guérison soit complète. : Il nous semble indispensable d’instituer parallèlement un traitement local. La vaccinothérapie n’a, en effet, d'autre but que d'augmenter la résistance de l'organisme, d’accroitre sa réaction d'immunité. Or, celle- ci est particulièrement lente ou insuffisante dans la blennorragie, comme en témoigne la tendance qu'a cette maladie à passer à la chroni- cité. IL importe donc de ne négliger aucun moyen susceptible de la faci- liter. Dans l’uréthrite gonococcique, la détersion de la muqueuse par des lavages antiseptiques faibles nous semble un élément nécessaire au succès. Si notre expérience nous a prouvé que le traitement mixte par le vaccin et les lavages guérit la blennorragie aiguë plus rapide- ment et plus Complètement que la méthode des lavages seuls, nous avons également constaté que la vaccinothérapie avait une action beau- coup plus lente si on l’'employait seule que si on l’associait au traite- ment local. ‘Dans la grande majorité des cas, l’action du lipo- -vaccin sur la blen- norragie aiguë est indéniable. L'amélioration se manifeste d’abord par la sédation de la douleur, qui survient souvent quelques heures après la première injection ou dès le lendemain. L'écoulement subit parfois (rarement) une recrudescence passagère, puis il diminue rapidement. L'évolution de l’uréthrite est ainsi raccourcie, car la durée de l’écoule- ment n'excède généralement pas 8 à 15 jours. À ce moment, trois éven- tualités peuvent s’observer. Ou bien la guérison est totale et définitive. Ou bien le malade conserve une goutte purulente matinale ou des fila- ments, dans lesquels le gonocoque se trouve à l’état de pureté; il suffit alors d’un traitement local bien conduit, en particulier de deux à quatre lavages au nitrate d'argent à 1 p. 2.000, pour amener leur disparition. Ou bien, fait particulier, il subsiste un minime suintement séreux, contenant des gonocoques avec des cellulès épithéliales et quelques rares leucocytes; cette formule bactério-cytologique est spéciale et montre que le sujet est devenu un simple porteur de germes; appa- remment guéri, il est cependant contagieux; dans ce cas encore, un traitement local amène la stérilisation de la muqueuse uréthrale: Chez les malades que nous avons pu suivre jusqu’au bout, l’uréthrite Late SÉANCE DU 8 FÉVRIER 107 n’est jamais passée à la chronicité. Ce seul résultat, dont l'importance ne saurait échapper, suffirait à consacrer la supériorité de la méthode mixte que nous préconisons. Lorsqu on cesse trop tôt le traitement, on peut voir survenir une recrudescence subite de l'écoulement qui disparait, d’ailleurs, en ! ou 2 jours, sous l’action des lavages et d’une injection de vaccin. Au cours de la période aiguë, alors que l’immunisation n'est pas encore très accentuée, il peut survenir, malgré la vaccinothérapie, des complications, telles que la prostatite ou l’orchite. Ces faits, déjà observés avec d’autres vaccins et d’ailleurs très rares, s'expliquent aisément si Von tient compte du mode d'action des vaccins qui est nécessairement lent et progressif. Notre expérience du traitement des Une de la blennorragie aiguë par le lipo-vaccin est encore très restreinte. Nous avons cependant noté son heureuse action sur l’orchi-épididymite, où la douleur cède souvent en quelques heures et où la diminution de volume est très rapide. Nous connaissons également quelques observations où le lipo- vaccin à amélioré ou guéri des arthropathies gonococciques. Dans la blennorragie chronique, le lipo-vaccin est un adjuvant pré- cieux du traitement local. Plus encore que dans la blennorragie aiguë, celui-ci doit être judicieusement conduit. Dans ces conditions, le vaccin permet souvent alors une guérison qui est si difficile à obtenir sans son intervention. SUR LA VIE DES MICROBES DANS LES MILIEUX LIQUIDES SUCRÉS, par A: Besson, A. RANQUE et CH. SENEZ. Nous ayons moniré dans une note précédente (1) les modifications apportées à la vie du colibacille par l'addition de glucose au milieu _ liquide dans lequel il est cultivé. Lés modifications constatées sont de trois ordres : 1° Multiplication régulière et rapide jusqu'à une densité numérique fixe après laquelle l'arrêt de la culture se fait brusquement; 2 Début de la fermentation avec production de gaz au moment même où la multiplication du germe s’arrêle ; 3° Diminution considérable de la vitalité de la culture dès l'arrêt de sa croissance (95 p. 100 des germestmeurent en 30 heures, en 6 jours le milieu est devenu complètement stérile). . Nous avons voulu rechercher si cette action était spéciales au coli- (1) Sur la vie du Ecibdcille en milieux liquides g PIAURES (C. R. de la Soc. de Eve, 25 janvier 1919). 108 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bacille et au glucose ou si elle s’exerçait pour divers microbes et avec les différents sucres. I. — Étude de différents microbes. Nos expériences ont porté, d'une part, sur des microbes attaquant le glucose avec production de gaz : colibacille, para B, para A, Proteus, d'autre part sur des germes comme le b. de Shiga et le b. typhique qui attaquent le glucose sans production de gaz. Voici le résumé d’une expérience comparative : TABLEAU I. NUMÉRATIONS ACIDITÉ MICROBES ENSEMENCÉS er à À en SO“‘H* 4 L'HÉMATIMÈTRE VITALITÉ : Ge PAR LITRE en (en millions par c. c. m.) È CA MO NRA TE RÉENSEMENCEMENTS EAU PEPTONÉE (3 P. 100) ne : : au 6° Jour ND après après après après 24 heures| 6 jours |24 heures| 6 jours BacillenCo M MITA 96% 940 3,10 3,00 Stérile. Bacille Paratyphique À . . T42 780 2,90 3,00 Stérile. Bacille Paratyphique B .. 644 635 3,30 3,99 Stérile. PrOLEUSN) MENACE e 632 828 3,30 3,45 Stérile. Bacille de Shiga. . . . . . 548 | 544 | 92,65 2,60 Stérile. Bacille/typhique.! 1." _ 530 496 2,90 2595 Stérile. (1) Pour les germes fermentant avec production de gaz, le début du dégagement des gaz a coïncidé exactement avec l'arrêt des multiplications. En fait, à part des variations de la densité numérique ou de l'acidité qui tiennent à leur espèce, tous les microbes que nous avons étudiés se sont comportés comme le colibacille. _Les faits que nous avons constatés avec le bacille coli semblent donc être d'ordre général pour les différents microbes aérobies qui atlaquent le glucose. IL— Étude des différents sucres. Nous avons étudié et suivi par numération et titrage le développement du colibacille dans les milieux additionnés des différents sucres qu'il attaque. a SÉANCE DU 8 FÉVRIER TagLeau If. 109 Eau peptonée à 30/0 ( (acidité! à ’ 0,7), additionnée de : | Glucose Galactose| Maltose | Lactose || Mannite | Dulcite Densité d'arrêt par c.c. ex- primée en millions de mi- 840 916 850 972 2.096 CHODES PE OMAN ANS Acidité terminale, . 9 Q L} (s US ( 3,50 2804 13 0011101388 2,60 1 ,90 Ha À don A Jan A l'arrêt| A l'arrèt||A l'arrêt} nt des des des des l'arrêt Moment où débute la fer- one multipli- | multipli- | multipli-|| multipli- qe mentation gazeuse. cations | cations | cations | cations || cations nee micro- micro- micro- | micro- micro- ARLES re biennes. | biennes. | biennes. || biennes. | à Si nous mettons à part la dulcite qui semble être attaquée d'une façon spéciale actuellement sent se comporter comme le glucose. Il semble done que les phénomènes biologiques spéciaux que nous avons décrits dans notre précédente note soient d'ordre général et qu'on les constate avec les différents sucres et avec les divers microbes qui ont fait l’objet de notre étude. \ à l'étude, tous les sucres attaqués parais- (Travail du Laboratoire de Bactériologie de l'hôpital du Val-de-Grâce.) NOTE HÉMATOLOGIQUE SUR HUIT PÉRIODIQUES, par LAIGNEL-LAVASTINE. Le problème des accès intermittents de manie et de mélancolie reste toujours si obscur que j'ai cru pouvoir communiquer ici, à titre sim- plement documentaire, les résultats de mes examens de sang dans 8 cas. Il s’agit d’intermittents, 5 examinés en état d’excitation, 3 en état de dépression. Le sang a été pris dans les mêmes conditions à la face dorsale de la ulaugetté de l’index gauche, le matin à 10 heures. Les éléments ont été numérés avec l'hématimètre de Malassez, l’hémoglobine dosée avec l'appareil de Gowers, la formule leucocytaire établie après numération de 200 leucocytes. 110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les chiffres obtenus m'ont permis de tracer le tableau suivant. : a él 2 . Z tn er A1 Æ ré = ë Z Z = = 2 ë eee PE NOMS SEXE | AGE |HÉHATIES Z 8 S 0 2 S | ne) she") Lezr”… HE: 19 15.200.000! 100 6.500! 64 13 18 b) 5 Havas H. 30 |3.140.000! 90 7.000! 70 16 8 6 = Dev... H. 46 |3.830.000! 90 6.7100| 60 36 4 0 # ONG RE ,1 |3.690.000! 82 5.100! 80 8 8 4 a Lucie F. 52: |3.540.000! 72 6.000! 66 16 22 6 (| NOZ es... H. 55 13.700.000 95 |t0.400| 85 8 6 SClREEEe 198 68 15.520.000! 102 6.500! 76 18 4 Barr F. 56 |3.900.000! S5 6.400] 86 2 10 Moyennes :|4.313.330| 94 1.430| 82 9,3 6,6 1,6 DD eæ Dépression. C7] Les 5 premiers malades sont des maniaques et les 3 derniers des mé- Jancoliques. Leurs moyennes donnent respectivement : MANIAQUES MÉLANCOLIQUES Hématies | ane ie 3.880.000 4.313.330 Hémoclobine ARE ë 86,8 9% MeUCOCyYLES RENNES EAN 6.260 1.430 Polynucls aires enr 68 82 Mononucléaires,. . . . . so 17,8 95 Lymphocytes127). 100.0 noi 6,6 Éosinophiles A ne 4,2 ÉNUEG Si on les compare à la moyenne normale, elles se caractérisent surtout par un certain degré d’anémie simple. Si on les compare l’une à l'autre, on remarque que l’anémie est plus marquée pour les maniaques. Cette différence s’accroît encore si l'on fait abstraction du 1* cas (Legr.) concernant un jeune débile de dix- neuf ans chez qui j'ai trouvé plus de 5.000.000 d’hématies. Il en était alors à son premier internement, tandis que les autres étaient des réci- divistes. Les périodiques semblent donc, à part quelques exceptions comme Sel..., s’anémier avec l’âge. Nous en avons un exemple très net en Rog... circulaire, chez qui George Dumas compta le 7 juin 1895, quand elle était en dépression, . 5.766.000 hématies et le 1* juillet 1895, quand elle était en excitation, SÉANCE DU 8 FÉVRIER A11 5.117.000 hématies, et chez qui je n'ai plus trouvé en mai 1909 que 3.690.000 hématies. Il s’agit là d’une anémie vraie, diminution réelle du nombre des hématies, tandis que la différence dans le nombre des hématies que j’ai trouvée au millimètre cube de sang digital chez les maniaques et les mélancoliques me paraît avant tout fonction de la dilution plus ou moins grande de la masse sañguine et de la facilité également plus ou moins grande au cours du sang dans les vaisseaux périphériques. On sait, en effet, qu’à l'augmentation de la masse sanguine et à la vaso- dilatation périphérique des maniaques s'oppose la diminution de la masse sanguine et la vaso-constriclion périphérique des mélancoliques. Au point de vue leucocytaire la différence en moins du taux des ma- niaques, relativement au taux des mélancoliques, paraît tenir aux mêmes causes que les différences des hématies. Enfin la formule leucocytaire se caractérise par une augmentation des polynucléaires et une diminution des mononuceléaires chez les mélan- _coliques, une augmentation des éosinophiles chez les maniaques. Étant données les multiples causes, infections antérieures, intoxica- tions, parasites, affections intercurrentes, déviations humorales, per- turbations endocrines, régimes, marginations leucocytaires liées au degré du calibre des vaisseaux périphériques, ete., qui peuvent agir sur celte formule, je ne tire de ces faits, encore trop peu nombreux, aucune conclusion. _Je fais simplement remarquer que chez ces intermittents présentant des syndromes qui peuvent être l'expression d’affections différentes, je n'ai pas trouvé l'augmentation très importante des mononucléaires et la diminution notable des polynucléaires constatées dans 11 cas de psychose maniaco-dépressive par Parhon et Urechie (1). (Clinique des maladies mentales et de l’encéphale.) , RÉACTIONS MÉNINGÉES A LA SUITE D'INJECTIONS INTRARACHIDIENNES D AUTO-SÉRUM, par ArNozp Netrer et Marius Mozer. Nous avons consacré ici même (19 novembre, 47 décembre 1940, 4 mars 1911,21 mars 1914, 9 octobre, 4 décembre 1915) une série de communications à l'étude des modifications cytologiques du liquide (4) Parhon et Urechie. Bull. de la Soc. des sc. méd., Bucarest, 1909-1910. 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE céphalo-rachidien consécutives aux injections intrarachidiennes de sérum sanguin humain. À la suite de ces injections on constate souvent l'apparition de nom- breux polynucléaires dans le liquide. Cette apparition n’est d’ailleurs pas constante, et peut ne survenir qu'après plusieurs injections bien tolérées. La réaction cellulaire est éminemment variable comme inten- sité et il en va de même des troubles ponctionnels (fièvre, douleur, rai- deur), qui manquent habituellement. L'introduction de sérum-homologue n’est donc pas sans inconvénient contrairement à ce que l’on pouvait admettre théoriquement. La note actuelle montre que l’introduction de sérum provenant du sujet auquel on fait l'injection intrarachidienne est elle-même suscep- tible de provoquer des réactions cytologiques. Chez une enfant de dix ans atteinte de chorée grave ayant résisté au trai- tement habituel antipyrine et chloral, nous avons cru devoir recourir à une médication préconisée en 1916, par Goodman (1), et qui, dans deux cas, nous avait déjà donné de bons résultats, l’autosérothérapie. Dans ce but, nous avons recueilli par ponction veineuse 30 c.c. de sang. Le sérum après séparation a été chauffé 3 jours de suite pendant une heure dbO0E Le 24 janvier, nous injections 7 c.c. de cet autosérum dans le canal rachi- dien. Cette injection ne provoque aucune réaction apparente. L'état de l'enfant n’est pas modifié. Le 25, nous pratiquons une nouvelle injection. Alors que le liquide retiré le 24 était clair, non hyperalbumineux et conte- nant 1,6 élément par mm.c. à la cellule de Nageotte, nous retirons le 25 un liquide fortement louche, très albumineux, contenant les éléments leucocy- tiques en proportion telle qu’ils n’ont pu être démontrés. La centrifugation détermine un dépôt abondant constitué en majorité par des polynucléaires plus ou moins altérés et quelques grands mononucléaires. L’ensemencement sur gélose et gélose ascite est négatif. Malgré cette réaction méningitique intense, il n’y à jamais‘eu aucun signe méningé. Un mouvement fébrile qui s'est produit par la suite est dû à une otite qui s’est ouverte spontanément. Le 5 février, la ponction lombaire donne issue à un liquide clair, non hyperalbumineux contenant 3 éléments lymphocytiques parmillimètre cube. L'enfant est soumis au traitement arsenical (liqueur de Boudin). (1) Goodman. The autoserum treatment of chorea. Archives of Pediatri ics, septembre 1916. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 113 EXTENSION AUX CAS DES MICROBES DE LA NOTION D 'ACIDES AMINÉS INDISPEN- SABLES. ROLE DE L'ARGININE ET DE L'HISTIDINE DANS LA CULTURE DU BACILLE DE KOCH SUR MILIEUX CHIMIQUEMENT DÉFINIS, par ANDRÉ MAYER et GEORGES SCHAEFFER. Les recherches faites depuis quelques années sur le besoin minimum d'azote des animaux supérieurs ont conduit les physiologistes à le con- sidérer en dernière analyse comme un besoin quantilalif d'acides aminés qualitativement indispensables. Pour l'intelligence de ce qui va suivre, nous rappellerons que parmi ces amino-acides indispensables ‘ Hopkins et Ackroyd, confirmés par Geiling (1), ont signalé l’arginine et l'histidine. Sans la présence d'au moins l’un des deux dans l'aliment _ azolé, l'équilibre et la croissance sont impossibles. À ne considérer que le rôle joué dans le métabolisme des seuls Mam- mifères, on saisirait mal le caractère de généralité que présente cette ; importante question. Il y a intérêt à savoir si certains acides aminés ne sont pas indispensables pour ceux des êtres vivants qui ne sont pas capables de couvrir entièrement leurs besoins azotés à l’aide d'aliments purement minéraux (NO°K, SO'(NH'}, etc.). C'est ce qui rend si néces- saire l'étude des noyaux azotés indispensables au développement optimal des microbes, dans le bouillon peptoné des bactériologistes. Un travail de ce genre fut tenté il y a quelques années pour le bacille de Koch (2). 11 conduisit aux conclusions suivantes : Une culture abon- dante du bacille de la tuberculose (type humain ou bovin) n’est pos- sible qu'en présence d'azote aminé présenté sous deux formes : 1° un acide mono-aminé à chaine droite (glycocolle, acide aspartique, etc.), et 2° soit un acide diaminé (arginine, histidine); soit, parmi les extrac- tifs du bouillon, un mélange de ceux qui sont quantitativement les plus importants : la carnosine et la créatine. À l’époque où parut notre travail, il était difficile de se représenter clairement pourquoi les extractifs du bouillon de muscle qui nous paraissaient les plus favorables pouvaient jouer le même rôle que les (1) Ackroyd et Hopkins. Feeding experiments with deficiencies in the amino-acid supply, .Arginin and Histidin as precursors of purines. Biochemical Journal, t. X, p. 556-576 (1916). — E. M. K. Geiling. The nutritive value of the diamino-acids occurring in proteins for the maintenance of adult mice. Journal of Biol. Chem,, t. XXXI, p. 173-199 (1915). (2) P. Armand-Delille, A. Mayer, G. Schaeffer, E.-F. Terroine. Contribution à la biochimie des micro-organismes. Le bacille tuberculeux; culture en milieu chimiquement défini; nutrition azotée. Journ. de Physiol. et Pathol. genérale, L. XV, n° 4, p. 197-811 (1913). 114 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE acides diaminés cités plus haut. Il semble qu'il n’en est plus de même aujourd’hui, tout au moins pour une part. ‘ 1° CAS DE LA GARNOSINE. — En effet, à la suite des travaux de Gulewitsch et de ses collaborateurs, de: M. Mauthner, et surtout de L. Baumann et Thorsten Ingwaldsen (1) (1918), la constitution de la carnosine DA être définitivement établie : c’est la 8 alanyl-histidine. CH—N jee: en Gr Gr ) dx CH(NH_-CO_-CH=—CH2-NH:) CooH doom Histidine. Carnosine. Acide I. 8-imidazolamino-propionique. B-alanyl-histidine. Il est facile de concevoir que le -bacille tubereuleux puisse utiliser indifféremment l’histidine soit sous forme libre, soit engagée dans un dipeptide comme la carnosine. _2 CAS DE LA CRÉATINE. — Le cas de la créatine n’est pas encore entiè- rement élucidé ; l'hypothèse resle ouverte de savoir si son action favo- risante sur la prolifération du bacille, comme celle de l’arginine, doit être rapportée au rôle joué dans le métabolisme par le groupement guanidine qu'elles contiennent toutes deux : NH? NH? ;/NH° NH—CC NEC NH SUN N(CH°) NNH He : | | Guanidine. cH2 cH2 | | COOH : CH? Créatine. | CH? | CH—NH° L] | COOH f ; Arginine. Rcide a-méthyl-guanidine Acide +-amino-5-ouanidine acétique. né + valérianique. Le fait que chez les animaux supérieurs, l'arginine et l’histidine (4) L. Baumann et Thorsten Ingwaldsen. Concerning Histidin and Car- nosine. The synthesis of Carnosine. Journ. of Biol. Chem., t. XXXN, p. 263 (1918), — | SÉANCE DU 8 FEVRIER 115 peuvent se remplacer l’une l’autre pour permettre l'équilibre azolté, autorise évidemment d’autres hypothèses (1). Noyaux azotés indispensables. — En résumé, l'expérience montre que dans le métabolisme d'organismes aussi éloignés dans l'échelle des êtres vivants que les mammifères (rat, souris) et un microbe (bacille de Koch) le noyau imidazolique (histidine, carnosine) et celui de la guani- * dine (arginine) jouent un rôle capital. Le fait qu’ils sont indispensables à des [organismes aussi différents montre assez quel caractère de géné- ralité doit présenter la nécessité de ces noyaux. En cataloguant d'autre part les microbes d’après le pouvoir qu'ils ont ou n’ont pas de croître en l’absence de ces noyaux, on aboutirait peut-être à d'excellentes clas: sificalions biochimiques. SUR L'ÉTAT D ÉVOLUTION DU TISSU OSSEUX DANS LES GREFFES OSTÉO-PÉRIOSTÉES. _ Note d'ImBerT et ÉT. JourDAN, présentée par F. HENNEGuY. La chirurgie de guerre de ces dernières années à donné lieu à de nombreuses tentatives de greffes osseuses effectuées dans des condi- tions sans doute très diverses pour ce qui est de l’âge, de l’état général du blessé, de la situation de la greffe et de l'importance du délabre- ment à réparer. Aussi les résultats pratiques ont-il été divergents. Beaucoup de chirurgiens se sont posé la question de savoir ce que devenait la pièce osseuse ainsi greffée, quelles étaient les transforma- tions qu'elle subissait. Nous laisserons de côté les eas dans lesquels l'os étant lransplanté sans son périoste, le tissu osseux est résorbé après une période plus ou moins longue; ceux également dans lésquels la plaie s'étant infectée et le greffon étant devenu séquestre, le tissu osseux perd ses éléments anatomiques vivants pour être réduit à l’osséine et aux sels calcaires qui conservent l'architecture de l'os transformé en simple corps étranger. Le Nous étudierons seulement les cas dans lesquels une pièce osseuse et son périoste, incluse dans le tissu sous-cutané d’un opéré, en a été retirée (4) Hopkins et Ackroyd s'appuient sur cette constatation pour admettre que l'organisme passe probablement avec facilité de l’un à l’autre de ces amino- acides. L'étude du métabolisme de l’allantoïne, chez les rats privés ou non d’arginine et d’histidine, les a conduits à formuler l'hÿpothèse d’une synthèse possible du noyau purique aux dépens des bases hexoniques. (Synthèse de la guanine à partir de l’arginine.) BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, — 1919, T, LXXXII. 9 116 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE : dans le cours d’une opération ultérieure, ce tissu et ce périoste étant restés vivants. Dans les deux pièces que nous avons pu examiner, après un séjour de trente et cinquante jours, nous avons noté les transformations sui- vantes. ; L'aspect de l’ensemble de la coupe transversale de la greffe est plutôt celle que présente le tissu spongieux ou du moins c'est vers cet état Fi. 1. — O0, Tissu osseux en décalcification; — PI, Moelle sous-périostée ; = Po, Polycaryocytes ou Ostéoclastes avec débris de lamelles osseuses et de fibres de Sharpey; — Pe, Périoste fibreux. | que l’on tend à revenir. Les canaux de Havers sont en effet agrandis et sont devenus tout autant de pelites cavités médullaires. Les travées osseuses sont dépourvues le plus souvent de leurs ostéoplastes ; les corpuscules osseux sont vides, excepté dans les régions voisines du périoste. Ces cavités médullaires renferment de nombreux polyearyo- cyles logés dans les sinus qui frangent les coupes des travées osseuses, sinus qui correspondent à de véritables cavités de Howship. Sur certains points on trouve sous le périoste de véritables nids de ces cellules à noyaux [multiples dont quelques-unes contiennent des débris de lamelles osseuses. 11 est évident que, aux processus de digestion extra- SÉANCE DU 8 FÉVRIER 117 cellulaire qui apparaissent lcomme conséquence de l’activité de ces cel- lules, succèdent des actes d’inclusion de débris osseux qui achèvent la destruction du tissu. Il est absolument certain que dans une greffe ostéo-périostée le tissu osseux est en voie de régression. Nous ne pouvons pas cependant nous arrêter à une conclusion aussi radicale. Il est en effet facile de voir que simultanément, sous le périoste, \ Fi. 2. — O, Tissu osseux mort, les corpuscules osseux ont perdu leurs ostéo- plastes; — OS, Couche ostéoïde de nouvelle formation ; — Osf, Ostéoblastes ossifi- cateurs ; — Pi, Moelle sous-périostée. un tissu osseux de nouvelle formation apparaît. L'activité édificative du périosle se révèle par une ligne de tissu ostéoïde de nouvelle formation qui apparaît en bordure des travées osseuses sous-périostées et aussi par les ostéoplastes qui, en rangées serrées, garnissent le bord de ces travées. De Lelle sorte que, tandis que l’ancien tissu osseux tend vers la disparition, le périoste édifie de nouvelles lamelles osseuses. Le périoste et l'os d'une greffe osseuse continuent donc à vivre, mais d'une vie qui n’est pas celle qu'ils avaient avant d’être transplantés. Modifications qui sont liées sans doute aux troubles apportés à l’irriga- tion sanguine du greffon. La vie de la pièce greffée dépendra du 118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE milieu et des conditions dans lesquelles elle se trouvera placée. Nous pouvons penser que, chez les individus jeunes en bon état de nutrition, capables de faire encore de l'os, elle pourra réussir. Dans le cas contraire les chances de succès seront minimes. Peut-être aussi que ces chances de succès seront plus grandes dans le voisinage d’une pièce osseuse là ou l'organisme fait habituellement du tissu osseux. Ces hypothèses indiquent que nous pensons que la solution du pro- blème de la réussite d’une greffe osseuse n’est pas d’ordre simplement morphologique et cellulaire, mais que l’activité des processus d'assimi- lation et de transformation des sels de chaux de l’organisme tout entier intervient pour une large part. Nous savons en effet, depuis Ollier, que les lapins porteurs de greffes osseuses et vivant en liberté avaient une plus grande tendance à donner un résultat positif que ceux qui étaient maintenus en captivité dans un espace confiné. HYPERIMMUNITÉ FOUDROYANTE. Note d'ARTHUR VERNES, présentée par E. GLEY. Chacun sait que le sérum du lapin est légèrement hémolytique pour les globules rouges du mouton et qu'on exagère cette propriété en faisant subir au lapin une série d’injections oi globules rouges de mouton. Qu'on injecte tous le 4 Jours dans une veine de l'oreille du lapin une Suspension de globules de mouton diluée de moitié d’eau chlorurée à 9 p. 1.000, 5c. c. la première fois, puis 8 c.c.5, puis 8 c. c., en diminuant progressivement la dose, et l’on constatera bientôt que le sérum du japin peu actif au début est devenu après 5 ou 6 injections fortement hémolytique pour les globules rouges de mouton. On dit que les globules de mouton introduits dans l'organisme du lapin se comportent comme un poison d'espèce particulière et créent un contre-poison spécifique qui renforce l’habituel pouvoir de destruction du sérum pour les globules d'un autre animal. | Il y a lieu de décrire un phénomène particulier d’ « hyperimmunité foudroyante » que nous n'avons jamais vu inscrit nulle part. Ce phéno- mène présente un double intérêt : un intérêt d'ordre général parce qu’il éclaire certains phénomènes qui tendraient à être confondus ayec ce qu'on appelle l’anaphylaxie, et un intérêt d'ordre particulier parce qu'il faut le connaître pour ne pas avoir de déboire dans la préparation des lapins. Au bout de quelque temps, les injections intraveineuses deviennent très dangereuses pour La vie du lapin et, pour ne pas perdre l'animal, on SÉANCE DU 8 FÉVRIER 119 RS est obligé de réduire la dose de globules. Voici les aceidents qui se pro- duisent si la dose de globules est trop forte : le lapin est frappé de paralysie dans les quelques minutes qui suivent ; il relàche ses sphincters et respire péniblement, et si la dose est suffisante, les choses tournent mal et le drame biologique aboutit en quelques instants à la mort du lapin. C'est à ce moment qu'il faut guetter les événements et avoir tout préparé pour saigner le lapin în extremis si l’on ne veut pas avoir préparé l'animal en pure perte. Mais si la dose de globules de mouton a été un peu moins forte, le lapin, au bout de 3 ou 4 minutes de phénomènes très alarmants, repasse presque instantanément à l’état de santé complète. il remonte sur ses pattes, marche, boit et mange absolument comme s'il ne lui était rien arrivé. Voici les faits qui permettent d'expliquer ce qui s'est passé. Siona pris un peu de sang au lapin avant l'injection fatale et qu’on le compare à celui recueilli après, on constate qu'après l'injection, le sérum est teinté de rouge dans la proportion où la même quantité de globules aurait teinté une quantité d’eau équivalente à la masse sanguine du lapin. De plus, le sérum prélevé ‘après l'injection est un peu moins _ actif que le sérum prélevé avant l'injection et la perte d’activité est en proportion de ce qu’il aurait fallu environ pour détruire la quantité de globules de mouton injectés. La répétition du phénomène, toujours dans les mêmes conditions, permet de conclure que le danger de l'injection des globules de mouton n'existe que pour les lapins dont la préparation a été poussée assez loin pour que leur sérum soit très actif et provient du fait de la destruction brusque dans le sang du lapin des globules de mouton qu'on vient deluiinjecter. Conclusion. — Le lapin vacciné progressivement contre les globules de mouton acquiert une immunité, mais cette immunité dépasse le but. si on injecte à l'animal, dont le sang est fortement hémolytique, une trop forte quantité d'érythrocytes ; il se tue pour ainsi dire lui-même, par la propriété qu'il a acquise de détruire trop rapidement les globules ennemis ; d’où il résulte que la dose de ces globules introduite dans le sang devient alors facilement mortelle. C’est donc une immunité qui dépasse le but en foudroyant l'animal immunisé ou, comme nous le disions en commençant, un phénomène d’hyperimmunité foudroyante. La commotion produite est sensiblement en rapport avec le poids du lapin et la dose de globules injectés, et ce qu'il ya de particulier, c’est que si l'animal a le temps de soutenir le choc, le danger est immédia- tement dissipé. (Travail du Laboratoire de l'Institut prophylactique.) 120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA SYPHILIS. OPALESCENCE ET AFFINITÉ DES SUSPENSIONS. Note d’ARTHUR VERNES, présentée par E. GLEy. Les indications qui ont été données (1) pour le réglage d’une séro- réaction de la syphilis doivent être observées dans leurs plus petits détails, si on veut que le résultat colorimétrique obtenu en fin d'expé- rience ait une valeur d'indice syphilimétrique. On voudrait essayer de faire comprendre quelles étaient les condi- tions délicates de ce réglage. . De tous les sérums envisagés, le sérum d’un individu atteint de syphi- lis est le seul qui, soumis à une séro-réaction {oujours réglée de la même manière, fasse d'une façon importante varier le résultat, suivant l'époque où on l’examine. On dira qu'il est oscillant. Les oscillations auxquelles il donne lieu dans le temps, suivant la phase d'infection ou de traitement dont il traduit l'influence, ont une amplitude considérable, - et dessinent une courbe dont la forme rapportée aux conditions d’exa- mens est rigoureusement spécifique. Le point sur lequel on doit insister, c'est qu'il est très facile, en modi- fiant le réglage de l'expérience, de déplacer ses résultats. Il Ho par exemple, d'augmenter ou de diminuer le degré d’opalescence de la sus- pension de péréthynol (2) sans changer sa concentration, autrement dit, d'introduire une modification purement physique, pour monter ou descendre le degré d'hémolyse (3). On peut ainsi monter,ou descendre à volonté l'indice colorimétrique pour n’importe quel sérum. Or, il y a une zone expérimentale où les sérums normaux peuvent empêcher l’hémolyse, à un degré variable (facteur biologique individuel) ; c’est à partir de ce point de départ variable pour chaque sérum que la syphi- lis vient ajouter son action à celle des sérums normaux. Il faut éviter la zone commune aux sérums normaux el aux sérums syphilitiques, pour rester dans la zone utile des observations colorimélriques qui nous intéresse pour la différenciation des sérums syphilitiques. Une notion lrès générale domine donc toute la {question de la séro- (1) Voir Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 165, 1917, p. 769; £. 166, 1918, p. 576; t. 167, 1918, p. 383; t. 167, 1948, p. 500; t. 167, 19148, p. 738; t. 167, 1918, p. 972 et (. 168, 1919, p. 249. — R. Douris et R. Bricq. Bulletin des Sciences Pharmacologiques, t. XXV, p. 329, 19148. — P. Uffoltz. Le phéno- mène de Vernes et son application au diagnostic et au traitement de la syphilis. Archives de médècine et de pharmacie militaires, décembre 1918. (2) Ou solution alcoolique à 15 grammes d’extrait sec p. 1.000, obtenue par épuisements successifs dans le vide d’une poudre de cœur de cheval, par per- chlorure d’éthylène et alcool. (3) Comptes rendus de l’'Acad. des Sciences, t. 168, 1919, p. 247. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 121 réaction de la syphilis : la différence d'action entre le sérum syphilitique et le sérum normal n’est qu'une question de degré. Quel que soit, en effet, le type de la séro-réaction employée, chaque fois qu’on exagère la sensibilité des expériences, on se trouve dans des conditions où certains sérums normaux peuvent donner le même résultat que les sérums syphilitiques. Mais l'opérateur pourra toujours savoir si le réglage de son expérience lui fait courir ce risque, en vérifiant l’évolution dans le temps des résultats qu'il a obtenus. À condition d’être en état de maintenir d'une expérience à l’autre un rapport précis, il sera toujours à même de diminuer les condilions de sensibilité de l'expérience jusqu'à ce que tous les sérums qui n'oscillent pas viennent inscrire la suite de leurs résultats invariables (plateau caractéristique du sérum normal) sur la ligne 8 (1). C'est dans ces conditions que le retour d’un sérum syphi- litique à la normale sous l'effet d'un traitement approprié ne peut être caractérisé que par la disparition des oscillations, c’est-à-dire par le retour suffisamment prolongé (2) au plateau normal. En définitive, et c'était là le point important que nous avons essayé de faire comprendre, le véritable caractère sérologique pour le sérum d’un individu en puissance d'infection syphilitique est dans l'amplitude des oscillations observées. RECHERCAES SUR LES ONYCHOMYCOSES, par P.-Éuize Weïz et GAUDIN. On ne connaît guère jusqu'ici comme lésions parasitaires des ongles que celles causées par les Trichophytons et les Achorions. Brumpt et Langeron ont cependant signalé dans 2 cas la présence d’un pénicillium, P. brevicaule, dont ils ont fait l'étude. En réalité, les lésions mycotiques des ongles, toul au moins des gros orleils sont fréquentes ; nous avons pu en trouver 13 cas sur quelques centaines d'hommes examinés à ce point de vue. | : Nous ne nous étendrons pas ici sur les aspects des ongles malades. Ceux-ci sont multiples : au début, taches jaunes épaississant l’ongle dans sa partie libre externe; plus tard, l’ongle envahi en totalité, est épais, dur et cassant, en moelle de jonc, comme l’ongle trichophytique; il peut tomber une ou plusieurs fois par an; sa croissance est ralentie. Dans une autre forme, l’ongle hypertrophié, dur, dévié.en dehors, forme une corne; les onychogryphoses sont dues à des lésions mycotiques. (1) Qui correspond à la teinte 8, la plus élevée de l'échelle colorimétrique, (2) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. 167, 4918, p. 502, 122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La constatation des parasites dans des fragments d'ongles enlevés au scalpel est facile. en choisissant de préférence les parties les plus friables et les plus colorées. On les traitera soit par la potasse à 20 p. 100, soit par le bleu Lu à chaud, pour les examiner au microscope. Nous avons trouvé dans les onychomycoses plusieurs sortes de cham- pignons. Des espèces différentes pouvant produire la même lésion cli- nique, une même espèce pouvant causer plusieurs types de lésion, un diagnostic étiologique ne peut être posé en clinique. Seul l’examen microscopique et les cultures peuvent donner des renseignements complets. Sur 13 cas d'onychomycoses, nous avons rencontré six fois (46 p. 100 des cas) le Penicillium brevicaule de Brumpt et Langeron, qui constitue donc une affection fréquente et de ce chef intéressante; une fois un champignon voisin du précédent qui est probablement un Scopula- riopsis;. quatre fois, un champignon du genre Spicaria associé une fois dans une onychogryphose au Penicillium brevicaule, et enfin deux fois * un Sterigmatocystis. Toute l’étude botanique de ces champignons qui se cultivent facile- ment sur milieu de Sabouraud solide ou en gouttes pendantes, sur pomme de terre, sur carotte, sera donnée dans un mémoire d'en- semble. La fréquence de ces mycoses est grande et en constitue l'intérêt. Ces champignons sont certainement causes des lésions ; mais leur pouvoir pathogène n’est pas très grand; car souvent les lésions restent ioca-, lisées pendant 10, 20, 30 ans, aux ongles des deux gros orteils; si elles peuvent gagner les autres ongles des pieds, nous ne les avons jamais vues s'étendre à ceux des mains. D'autre ‘part, il n’est pas rare qu’un conjoint malade ne contagionne pas son conjoint, malgré les contacts du lit. Les conditions de chaleur, d'humidité du soulier ne suffisent pas pour déterminer l'infection; il est probable que des traumatismes adjuvants, des infections banales sont nécessaires. Ce sont là des faits assez habituels d’ailleurs dans l’histoire des mycoses. Quoi qu'il en soit, un chapitre nouveau et important s'ouvre dans le domaine des lésions unguéales; en particulier, les ony hogryphoses qui étaient considérées généralement comme des mou trophiques, semblent surtout dues à l'infection par les parasites que nous décri- vons. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 193 . CORRÉLATION DE LA CHOLESTÉRINÉMIE ET DU PRONOSTIC DANS CERTAINES CONDITIONS CLINIQUES ET EXPÉRIMENTALES, par RENÉ PoRaK. Dans une note précédente, nous avons indiqué le rapport qui nous paraissait exister entre l’abaissement de la cholestérinémie et la gravité du pronostic du paludisme, tel que nous l'avons observé en Macédoine. Dans ce nouveau travail, nous recherchons si nos constatalions ont une portée plus étendue. La cholestérinémie a été étudiée dans trois conditions pathologiques distinctes : L. — Dans la syphilis, que certains caractères nrcohent du palu- disme. Il, — Dans les intoxications (par l’éther et le chloroforme). III. — Dans une maladie infectieuse aiguë (nous avons suivi de près une épidémie de grippe qui nous servira de type). Voici les principaux résultats : Ï, — La cholestérinémie dans la syphilis : a) Dans les accidents initiaux de la syphilis (spécialement lors- qu'ils sont étendus et multiples), la cholestérinémie baisse dans des proportions comparables à celles que nous signalions dans le palu- _disme. Ces faits s'opposent aux résultats classiques de Gaucher et Demoulière qui ont trait aux formes de syphilis anciennes dans les- quelles on peut supposer que l'organisme se défend plus ou moins complètement contre l'infection. b) Au cours d'un traitement d'une syphilis initiäle grave (quatre injections de néo, en un mois), la courbe de la cholestérinémie s’élève rapidement et dépasse quelquefois à la fin de ce traitement le taux normal de la cholestérinémie (1). | IL. — La cholestérinémie dans l'intoxication par le chloroforme et l'éther : a) J'ai recherché la cholestérinémie avant et après les interventions chirurgicales (malades du D’ Rousseau, Centre de neurologie de la XIIS région); le taux de la cholestérinémie a toujours été semblable avant et après l'opération, que l’anesthésie ait été pratiquée à l’éther ou au chloroforme. b) Chez deux chiens soumis à la chloroformisation pendant 3 et 4 heures consécutives, la cholestérinémie a baissé. Dans un cas, diffé- rents sangs ont été examinés. À noter que le sang veineux venant d’une glande surrénale se laquait très vite et contenait beaucoup moins de a a) Travail du Centre de Sphere pie dans la XII® région, dirigé par le D: Bertheran. 124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cholestérine que le sang artériel et que le sang veineux de la veine jugulaire. ITT. — La cholestérinémie dans la grippe : Dans dix cas, nous avons observé : a) Que la cholestérinémie se modifie peu dans des formes très légères: b) Que la cholestérinémie est très abaissée dans les formes graves à l'exception ; c) Des formes suraiguës (déterminant la mort en 12 ou 24 heures par œdème et congestion pulmonaire). Dans ces cas, on peut penser que la défense de l'organisme s'ébauche à peine et la cholestérinémie reste quelquefois normale. Ces derniers faits s'opposent à nos cas de pernicieuses palustres : Ceux-ci, comme chacun sail, surviennent aussi brusquement que la grippe chez des sujets qui avant le début de la maladie paraissaient sains, du moins à l'examen superficiel; mais nous connaissons les stades latents du paludisme et les formes frustes, notamment les poussées de splénomégalie simple, qui prouvent à l'évidence que l'infection palustre existait de longue date. Les relations cliniques qui existent entre la cholestérinémie et le pronostic dans les conditions que nous signalons comporteraient la discussion de nombreuses hypothèses pathogéniques. Mais cette dis- cussion nous paraît stérile avant d’avoir entrepris de nouvelles recherches permettant d'établir, d'une facon sérieuse, la signification de ces faits. SUR LE MINIMUM DE SUCRE ET LE MINIMUM DE GRAISSE, par H. BrERrRY. Tout récemment encore il était admis que, pour assurer l’équilibre de l'adulte ou la croissance du jeune, le minimum d’azote pouvait être emprunté à toute espèce de substance protéique et que les besoins éner- gétiques et calorifiques pouvaient être couverts indifféremment par les graisses ou les hydrates de carbone. Cette manière de voir à été modifiée, en'ce qui concerne les aliments azotés, à la suite de travaux qui ont mis en relief toute l'importance de la constitution moléculaire de ces corps, mais on considère toujours les aliments ternaires comme n'étant pas des substances spécifiquement indispensables. Avec M. Portier (1) nous avons déjà abordé la question d’une ration minimum du sucre. En effet, d’une part, le jeûne total et le jeûne hydro- carboné ont pour conséquence immédiate d’entrainer un trouble du 14 (4) H. Bierry et P. Portier, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 juin 4918, SÉANCE DU 8 FÉVRIER 195 métabolisme à manifestations multiples, trouble qui disparait à la suite d'administration de sucre. À côté de leur rôle énergétique, les hydrates de carbone ont donc un rôle fonctionnel indiscutable. D'autre part, les substances hydrocarbonées entrent en qualité et en quantité différentes : dans la constitution des acides nucléiques (pentoses ou hexoses), des cérébrosides (galactose), des mucoïdes (glucosamine), et même dans la constitution moléculaire des pro- téides (1) du plasma des divers animaux (glucose). Ainsi unis aux purines, aux acides aminés, etc., les hydrates de carbone font partie de. groupements prosthétiques caractéristiques de l'animal, du tissu et du: noyau même de la cellule. De plus, il n’est pas prouvé que les divers sucres soient interchangeables dans la ration d'une manière indéfinie, car le pouvoir d’isomérisation et de synthèse de l'organisme animal paraît être restreint, tout au moins dans certains cas : le lévuluse peut encore être transformé en glycogène par le diabétique alors que le glucose ne l’est plus, les sucres cétoniques se montrent à même dose plus efficaces, dans l’acidose, que les sucres aldéhydiques. Ces arguments liés à d’autres précédemment exposés nous ont fait admettre qu’il y a un minimum de sucre, comme un minimum d'azote. À la suite d'expériences nouvelles nous avons été amené à nous demander si l’on ne devait pas également envisager une ration minimum de graisse. En ce qui concerne ce problème, l'observation des collecti- vités ou d'individus choisissant librement leur nourriture ne peut donner qu'une réponse approchée, elle montre que les deux aliments ternaires : sucres et graisses, peuvent se remplacer mutuellement dans de larges proportions; mais chacun peut-il tenir Gob DIRE la place de l’autre? D'abord les malières grasses ou tout au moins certains de leurs constituants dans des combinaisons les plus variées (éthers d’alcools et d'acides gras, saturés ou non, hydroxylés ; phosphatides, etc.), et à des : taux les plus divers, font partie comme les protéiques et les hydrates de carbone des constituants essentiels de toutes les cellules. C’est dire que toute ration comprend nécessairement des matières grasses et que.par suite le rôle nécessaire de la graisse n'est pas évident. Voici quelques-uns des arguments qui, selon nous, permettent de classer la graisse comme aliment spécifiquement indispensable : 1° Le jeûne graisseux ou même simplement la faible proportion de substances grasses dans un régime par rapport aux protéiques et surtout (1) H. Bierry et L. Fandard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 et 43 juin 1912. — Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 158, p. 61 et p. 516. — H. Bierry et A, Ranc. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 158, p. 278. 126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIÉ ; . aux hydrocarbonés entraine inévitablement des troubles du métabo- lisme ; 29 Line nettement favorable de la graisse (4) à partir d'un certain taux dans les régimes naturels a été nettement constatée par Boussingault et J.-B. Dumas; 3° Dans les régimes synthétiques qui permettent une survie pro- longée ou indéfinie (Hopkins, Osborne et Mendel, etc.), les. graisses entrent au moins pour 13 p. 100; 4° Dans des expériences faites dans un tout autre but, nous avons vu que des rats adultes soumis à un régime d’eau, de sels, d’albumine d'œuf et de saccharose, meurent au bout d’un temps aussi court et par- fois plus court (cela dépend de la dose de saccharose) que les témoins soumis au même régime, mais sans saccharose. Le temps de survie n’est pas comparable quand au régime précédent on ajoute un poids conve- nable de graisse sans vitamines. Maignon avait déjà signalé des faits analogues et C. Funk donnant à des pigeons une nourriture synthé- tique avait vu chez ces animaux les accidents polynévritiques éclater après des temps plus ou moins longs conditionnés par les rapports établis entre les trois aliments : graisse, sucre, albumine, la mort sur- venant plus rapidement quand le taux du sucre se trouvait très élevé par rapport aux graisses et aux protéiques. Si l’on considère que certaines matières grasses fournissent à la fois un apport énergétique et un apport en vitamines et que certaines graisses neutres sont une source de sucre par leur glycérine (2), on voit que le problème des rations ne pourra être résolu qu'avec des régimes établis, d’abord sans vitamines puis avec un choix convenable de vitamines, et comprenant des protéiques, des graisses et des sucres de constitution moléculaire bien déterminée. Il est bien évident, que des rations afro des albuminoïdes, riches en phénylalanine, en l-leucine, etc., corps générateurs d’acide ‘ acétylacétique, et des graisses pouvant donner dés acides gras céto- gènes, réclameront une dose d'hydrate de carbone importante, et qu'au contraire des rations renfermant des protéiques et des graisses suscep- tibles de fournir des sucres, des corps anticétogénétiques ou indiffé- rents, en exigeront beaucoup moins. Il parait évident aussi que si par leur fonction et leur structure chimique les sucres entrent en action pour / (1) Dans certaines expériences la carence de graisse vient s'ajouter à l’avi- tominose, c’est ce qui se produit quand on donne aux animaux du riz décor- tiqué. (2) Les phosphatides eux-mêmes qui renferment dans leur molécule de l'acide +-glycérophosphorique (Bailly) peuvent également donner de la dioxy- acétone. Des glycérophosphatases ont été mises en évidence dans les tissus (Plimmer). SÉANCE DU 8 FÉVRIER 197 bloquer certains restes d'acides aminés ou d'acides gras (1) el que si par l'apport de la nourriture ces combinaisons se trouvent assurées, les réserves auront peu ou n'auront pas à entrer en jeu. C’est seulement lorsque l'équilibre est rompu par suite de l'épuisement d’un des élé- ments de réserve que l'organisme > est obligé de recourir à sa propre substance (2). En résumé, il existe un minimum de graisse et un minimum de sucre, comme il existe un minimum d'azote. Les accidents du métabo- lisme ne sont éliminés que pour un certain cqniore entre les pro- téiques, les graisses et les : sucres de la ration. À PROPOS DE LA NOTE DE MM. MAYER ET SCHAEFFER, SUR UN POINT DE LA BIOCHIMIE DES SYMBIOTES, par H. Bierry et P. PORTIER. La communication de MM. Mayer et Schaeffer nous amène à parler d'expériences encore en cours touchant des questions connexes. D'une part, les belles recherches d'Hopkins et Ackroyd ont montré l'importance, pour la croissance et la vie, des acides diaminés : histidine et arginine, et mis en évidence le rôle joué par ces bases hexoniques dans le métabolisme des purines et par suite dans l'édification de cellules de néoformation. D’autre part, Les travaux des chimistes ont permis l'obtention des glyoxalines au moyen des dialdéhydes, des cétones aldéhydes, ou des dicétones en présence de l’ammoniaque. Plus récemment, Windaus et _Knoop ont pu obtenir le méthylimidazol et le diméthylimidazol en par- tant du méthylgfyoxal et de l’acétaldéhyde. Les symbiotes capables d'actions biochimiques variées peuvent-ils édifier le noyau de l’imidazol à partir de corps appartenant à la série _ grasse et faire ce qu Osborne a appelé d’un mot heureux la cyclopoièse? On pouvait se le demander, car ces microbes opèrent précisément les (1) Ainsi s'expliquent des faits encore obscurs, comme les glycosuries signalées par Bang, beaucoup plus fortes après injection de sucre chez l’ani- mal à jeun que chez l’animal en digestion, et l'importance de la richesse du foie en glycogène dans les processus synthétiques signalés au cours des per- _ fusions hépatiques. La fonction physiologique d’un organe donné est condi- tionnée par les constituants de ce tissu lui-même et n’est pas une constante dépendant seulement de l’activité spécifique de cet organe. (2) Il y a lieu de distinguer parmi les réserves celles qui sont utilisables de suite et celles qui peuvent persister après un jeûne prolongé. 128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE transformations de corps et de milieu nécessaires à une telle synthèse. Des symbiotes, isolés du testicule de chien, ont été ensemencés dans un milieu chimiquement défini ne renfermant comme aliments azotés que de l'asparagine et un nitrate, et comme autres éléments : du saccharose (des sucres cétoniques et d’autres corps ternaires sont à - l’étude) et un B-glycérophosphate. Après un temps de séjour à 37°, variant de 30 à 50 jours, le bouillon de culture a été séparé complète- ment des corps microbiens. Ce liquide qui présentait une alcalinité excessivement marquée a été soumis à la distillation dans le vide, puis à divers traitements qui l'ont débarrassé de l’ammoniaque, des corps cétoniques ou aldéhydiques, des sucres etc., et analysé. Nous avons constaté, dans la liqueur ainsi traitée, la présence de substances qui donnaient très fortement la réaction de Pauly. L'absence de réaction de Millon qui élimine la tyrosine et les corps voisins, et les conditions dans lesquelles nous nous sommes placés pour effectuer la diazoréaction, font penser à l'existence dans le milieu de corps (4) ren- fermant le noyau de l'imidazol. Nous avons également constaté dans cette même liqueur la présence, en assez grande quantité, d’un polysaccharide précipilable par l'alcool et soluble dans l’eau. La solution ainsi obtenue ne réduit pas la liqueur de Febling, mais portée à 100°, avec un acide minéral, elle devient très réductrice et donne avec la phénylhydrazine des cristaux abondants, d’une osazone que ses conslantes physiques permettent d'identifier à la glucosazone. Nous ne croyons pas que l'existence de tels corps ait encore élé signalée dans un bouillon de culture ner défini et entièrement débarrassé de corps microbiens. Les symbiotes sont donc capables non sdulement d'effectuer les trans- formations de corps, mais de créer la réaction convenable du milieu, qui rendent les synthèses possibles. M. Louis MarTix. — M. Bierry parait surpris que nous n'’acceptions pas l'existence des symbiotes des testicules; c’est un point qu’il importe de préciser; on ne trouve pas des microbes dans tous les testicules et suivant les opérateurs on en trouve plus ou moins souvent. Si on voulait accepter les idées de M. Portier on devrait trouver ces microbes dans tous les cas, lorsque les testicules sont en activité. M. Portier, ne partant pas d'un fail constant, est obligé d'émettre immédiatement des hypothèses et, dès lors, nous pouvons en proposer une aussi. Il est possible que les microbes qu'il trouve dans les testi- cules soient simplement des organismes provenant de la circulation (1) Des essais par la méthode de Kossel et Kutscher sont en cours pour l'isolement et la caractérisation de ces corps. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 129 générale qui se développent de préférence au voisinage ou dans le tesli- eule comme le microbe de la morve ou le bacille de Preiz-Nocard, qui, injectés dans le péritoine, acquièrent leur plus grand développement au niveau des testicules. Dans de nombreuses expériences nous avons cherché des micro- organismes dans les organes et, en général, nous n’en avons pas trouvé. Quand on les trouve, leur présence s'explique le plus ordinairement sans faire intervenir les symbioles. M. Marcuoux. — Je désirerais être complètement éclairé sur ce que M. Portier et ses collaborateurs appellent bactéries symbiotes. En 1914, dans mon laboratoire, Javelly (1) a constaté que le Pacillus cuenot cultivé par Mercier et identifié par lui avec les corps bactéroïdes de la blaite était une impureté. Le Bacillus cuenoti a toute espèce de bonnes raisons pour ressembler au Bacillus subtilis. Or, pour élever toute l'ingénieuse hypothèse qu’il développe dans son livre, M. Portier s'appuie sur le fait qu'il isole des organes des verté- brés, et en particulier du testicule, une bactérie symbiote, très pléo- morphe, toujours la même dans toutes les espèces animales et à laquelle il attribue les caractères suivants. C'est un germe, je ne dis pas un bacille, parce que M. Portier connaît le moyen de le transformer en coccus, strictement aérobie, poussant en voile cireux à la surface des milieux liquides, en pellicule sèche plissée, cireuse, grise, blanche ou rosée sur les milieux solides. Jeunes, les bacilles sont très mobiles: ils forment des spores qui résistent à une température de 100° et plus, à l’action de l'alcool et du chloroforme bouillants. En un mot, si l'on en juge par la description de M. Portier, ce microbe, comme celui de Mercier, présente tous les caractères du Bacillus subtilis qui une fois de plus justifie le qualificatif qu'on lui a attribué. Les bactériologistes ont, en effet, quelque raison d'être étonnés du pléomorphisme d’un bacille-de celte espèce. Ils ne le sont pas moins de _ voir devenu si avide d'oxygène libre dans les milieux artificiels, un germe qui, dans la cellule, vivait certainement d'oxygène combiné. Ils n’apprennent pas sans une légitime surprise que des éléments habi- tués par un long atavisme à vivre uniquement dans une celiule et une cellule spéciale, se multiplient si facilement sur les milieux-ordinaires _ de laboratoire. En effet, le bacille de la lèpre, rigoureusement intra- cellulaire aussi, mais qui lui est bien réellement un microbe, puisqu'il est pathogène, n’a pu jusqu'ici être isolé en culture, parce que nous ne Savons pas lui offrir un milieu aussi défini que le protoplasma de la cellule dans laquelle il vit. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 juillet 1914. 130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'impuissance des bactériologistes, en ce cas, doit évidemment les rendre prudents quand il s’agit de dénier aux inclusions cellulaires des invertébrés la qualité de germes, vivant en symbiose avec la cellule-hôte, mais elle doit aussi les rendre très exigeants dans la preuve expérimen- tale lorsqu'on veut leur faire accepter de classer ces éléments parmi les êtres vivants. De tels scrupules se trouvent encore bien plus justifiés en présence dés expériences de M. Portier qui n’a même pas démontré l’existence d’inclusions cellulaires dans les tissus de vertébrés avec lesquels il obtient ses cultures. Pour éclairer ma religion ou la sienne, j’ai déjà demande + à M. Portier de refaire avec lui ses expériences d’ensemencement. J’insiste à nou- veau aujourd'hui pour qu'il me permette de constater avec lui: 1° Que du testicule d'un animal sain on peut retirer dans 50 p. 100 des cas un microbe qui pousse dans les milieux ordinaires de labo- ratoire ; 2° Que ce microbe est toujours pur et toujours le même; 3° Que dans les 50 p. 100 des cas où la culture échoue, il existe réel- lement des germes symbiotes dans les testicules restant stériles. Il appartiendra bien entendu à M. Portier de faire cette dernière preuve, d'indiquer les raisons qui entravent la culture et les moyens à mettre en œuvre pour réussir dans tous les cas. Ë M. CauLLERY.— Sans vouloir entrer dans le fond du débat au point de vue de la technique bactériologique, je désire préciser la position de la question. Je demande donc à M. Portier de prendre ou de donner acte des points suivants qui me paraissent résulter de la discussion : : 1° Les microbes cultivés n’ont pas été constatés dans les cellules du testicule lui-même, mais proviennent du tissu graisseux qui entoure l'organe ; 3% Les microbes n’ont pas été constatés régulièrement dns les cel- lules à l'examen immédiat, 3° Les tissus en question ne donnent des cultures positives, dans les expériences de M. Portier, que dans un certain nombre de cas, mais non d’une facon constante ; %° M. Portier, d'une part, déclare que, même si, comme sa théorie de la symbiose l'exige, les microbes sont toujours présents, ils ne doivent pas cependant donner lieu toujours à culture, mais seulement si les tissus sont dans un état physiologique approprié. MM. Marchoux et Martin, d'autre part, se basant sur les données acquises par la bactériologie, interprètent l’inconstance de la culture, en considérant les organismes cultivés comme pouvant être des microbes d'infection, ayant une localisation élective dans les tissus péritesticu- laires, ainsi que cela arrive pour le bacille de la morve. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 51 re : 7 RTS î ‘ Dans ces conditions, il incombe à M. Portier — qui invoque le point de vue physiologique — pour prouver son hypothèse, de définir et de réaliser le déterminisme physiologique nécessaire à la culture, d’éli- miner d'une facon positive toute explication par l'infection et, cela fait, de montrer que, dans ces conditions, la culture est constante. M. RecauD. — Je demande à MM. Bierry et Portier : 1° de préciser la localisation exacte de la « graisse testiculaire » du chien qui, d’après eux, fournit des cultures de microbes (à ma connaissance, le testicule, l’'épididyme et le cordon spermatique du chien ne contiennent pas de tissu adipeux); — 2° de dire si leurs conclusions relatives à l'existence de microbes dans ce tissu reposent seulement sur le résultat des cul- tures, ou bien s'ils ont vu ces microbes directement dans les frottis ou tire Les coupes du tissu en question. M. H. BierRy. — Je me contente de signaler que les auteurs des remarques précédentes ne LOneS CRI en rien les faits indiqués dans la présente note. me Je pense également que personne ne met en doute que des testicules d'animaux normaux, prélevés aseptiquement, puissent donner des cul- tures microbiennes. À ce propos, je rappellerai que dès 1891, Galippe (Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 9% série, t. III, p. 810), à la suite de nombreuses recherches sur l'existence des micro-organismes dans les tissus vivants normaux, est arrivé à cette conclusion : « L° organe qui s'est montré le plus constamment peuplé de microbes est le testicule. » En 1902, Gabriel Bertrand (Bull. Soc. chimique, 3° série, &. XX VII, p. 79) constate que des testicules de chien, de lapin, de cobaye, de coq, extraits de leurs enveloppes avec tous les soins d’asepsie nécessaire et mis en contact d’une solution aqueuse de glycérine stérilisée à 120°, sont capables de transformer dla glycérine en dioxyacétone. De nombreuses expériences il déduit'que ce n’est point le tissu testiculaire, ni ses pro- duits solubles qui oxydent la glycérine. mais que ce sont des microbes et des microbes différents de la bactérie du sorbose. Ces microbes pré- levés et ensemencés sur de nouveaux’ milieux stériles renfermant de l'eau de levure glycérinée donnent naissance aux mêmes transforma- tions. P. Portier a cenlalise ces recherches et perfectionné la technique, il a lrouvé que parmi les divers tissus Le testicule était celui qui cultivait avec le plus de fréquence (Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 165, p. 196). Enfin, j'ai pu moi-même,avec P. Portier, obtenir, en dehors de toute contamination, des cultures avec des testicules prélevés sur des ani- maux divers : mammifères, - oiseaux, préalablement soumis soit au jeûne, soit à une nourriture stérilisée à 120°. Ces microbes, isolés, puis _Brococre. Coupres RENDUS: — 1919. T. LXXXII. 10 132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ensemencés sur les milieux indiqués par Gabriel Bertrand, ont égale- ment donné lieu à la formation si caractéristique de dioxyacétone en quantité suffisante pour que ce triose puisse être extrait en nature (Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 165, p. 1055). Nous avons signalé, d'autre part, un certain nombre d’autres actions biochimiques, accomplies par ces microbes. En présence de ces faits précis, l'hypothèse a priori d'une contamina- _ tion accidentelle ne peut être soutenue. M. PorTiER. — J'ai écrit le livre des symbiotes pour produire une théorie qui me semble féconde parce qu’elle incite à de nombreuses recherches. J’admets parfaitement que cette théorie rencontre des résistances sur- tout parmi les bactériologistes. 11 me semble inutile de nous livrer à des joutes oratoires passionnées et prolongées pour savoir qui a tort ou raison. Il faut chercher de bonne foi de part et d'autre où est la vérité ; ce sont là deux points de vue différents et l'expérience seule pour- suivie pendant un temps suffisant donnera des résultats scientifiques certains. Je considère comme très solidement établi que Je testicule des divers animaux sains prélevé avec ses annexes donne des cultures fréquentes en dehors de toute contamination accidentelle. Je serai très heureux de répéter ces expériences avec la collaboration de MM. Martin et Marchoux. Dès le début de mes expériences, je me suis fait à moi-même l’objec- tion que produit aujourd'hui M. Martin. Ces microbes ne proviendraient- iis pas de la circulation générale ? Enkystés au niveau du testicule, ils persisteraient là plus ou moins longtemps. A cette époque déjà éloignée, j'avais demandé à M. Paquy, alors chef de clinique de M. le professeur Pinard, de prélever aseptiquement des testicules d’enfants morts pendant le travail et j'avais porté dans ce but un assez grand nombre de flacons stériles à la clinique Baudelocque ; la recherche n’a pu être menée à bien. Je considère qu'il serait intéressant de la reprendre, bien‘que le résultat qu’elle donnera ne puisse fournir une entière éertitude dans un sens ou dans l’autre. Les symbhiotes injectés dans le système circulatoire A pare a rapidement des organes comme nous nous en sommes assurés avec. M. Bierry, mais on peut toujours soutenir qu'ils persistent plus long- temps au niveau du testicule. La question me paraît donc extrêmement difficile à trancher avec certitude. En tout cas, il m'a semblé que les testicules des animaux à jeun ou nourris à la nourrilure stérilisée donnaient des cultures au moins aussi fréquentes que ceux des animaux au régime normal; il serait utile de refaire des expériences en série en se placant à ce point de vue. SÉANCE DU 8 FÉVRIER 133 : Les réactions biochimiques très caractéristiques des micro-orga - nismes isolés, en particulier les remarquables synthèses auxquels ils donnent naissance, semblent bien montrer qu'il ne peut s'agir de bac- téries banales. La présence de micro-organismes cultivables n ‘est pas douteuse chez un grand nombre d’invertébrés, en particulier chez les insectes xylo- phages. Le contenu de la chrysalide est facile à prélever aseptiquement et donne régulièrement des cultures. Mes expériences sont très nom- breuses, mes documents histologiques sont incontestables ét ces micro- organismes sont extrêmement abondants dans la graisse annexée au testicule. Je pense, en effet, comme M. Marchoux que les longs bacilles incurvés contenus dans les cellules adipeuses de la Blatte ne donnent pas de cul- ture, mais il existe çà et là des cellules renfermant des corps arrondis ou ovales que Mercier a pris pour des levures et qui ne sont qu'une forme spéciale du même micro-organisme; cette forme devient extrême- ment abondante au moment de la mue de l’insecte et à deux reprises, j'ai pu obtenir une culture avec le lissu graisseux prélevé à ce moment. M. Caullery à raison de désirer la réalisation du déterminisme physiologique nécessaire à la culture, mais cela exigera pRGapIenent encore de longues études. Il y à pour la confirmation ou l'infirmation de ma théorie une expé- rience beaucoup plus facile à faire et pour laquelle M: Caullery pour- rait nous être utile. Il s'agirait de savoir si les larves aseptiques de Drosophile de M. Guyenot se développent oui ou non avec une culture de levure stérilisée au-dessus de 120°. M. Louis MarTIN. — Nous ne pensons pas que la présente discussion puisse amener un accord, il importe d’abord de connaître la technique de chacun de nous et j’appuie la proposition de M. Marchoux de prati- quer des recherches en commun. Un point paraît déjà établi quand nous parlons de la stérilité des testicules, nous disons que de la pulpe de cet organe puisée aseptiquement ne contient pas de microbes; d’après ce que vient de dire M. Portier, c'est dans les annexes du testicule qu'il trouve des microbes, c'est un fait qu'il faudra fixer et expliquer. — À la suite de cet échange de vue, la Société de Biologie invite MM. L. Martin, E. Marchoux d’une part, P. Portier et H. Bierry d'autre part, à entreprendre des recherches en commun sur le point suivant : le testicuie ou ses annexes renferment-ils à l’état normal des micro- organismes, \ e 134 © SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ERRATUM NOTE DE L.-G. SEuRAT, ” À # T. LXXXI (1918), p. 281, lignes 18 et 31, Au lieu de: Cosmocephalus, lire : Cos- mocerca. ù Le Gérant : OCTAVE PORÉE. nm Païis. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 29 FÉVRIER 1919 AGuLHON (H.) et CHAVANNES (L.) : Différenciation des frottis colorés par la méthode de Romanowsky et en général par les matières colo- rantes du groupe des thiazines. .. Benoit (ALB.) L'alimentation restreinte des prisonniers de guerre en Allemagne, envisagée en parti- culier au point de vue de la ra- tion minima d'azote (16 mois d’ob- SELVATONS) AS Rech ee Besson (A.), RANQUE (A.) et SENEZ (Cx.) : Sur la vie du Coli-bacille en milieu liquide glucosé. Importance des doses de glucose. . . .. . ... Bossan et GUIEYSSE-PELLISSIER : Re- cherches sur la pénétration d'une substance médicamenteuse dans le poumon $ain ou tuberculeux par injection trachéale Bropin (P.), Lorseau (G.) et Sarnr- Gros (FR.) : Pouvoir antitoxique du sérum et du plasma chez des chevaux producteurs de sérum anti- tétanique et de sérum antidiphté- ICO D) a70 0e Ro bo DO GÉRARD (P.) et RomanT : Strepto- coque anaérobie facultatif et anaé- robie strict dans les plaies. de guerre. Action de quelques aati- SEE Se se cure ie HeErLANT (M.) : Variations cycli- ques de la cytolyse produite par la saponine chez l'œuf activé. . . . .. Laroque (M.) et Ver (C.): Action de l’airopine sur le muscle. . ... Margais (S.) : Action de la bite non chauffée sur les bacilles dysen- tériques ee ee + 0 + + + + 0e + 0 + + + + ee + + + + BIOLOGIE. Coupres RENDUS. — 1919. T. LXXXII. SOMMAIRE 164 148 159 161 Masson (P.) et ReGaup (Cr.) : Sur la manière dont pénètrent les mi- crobes, de la cavité intestinale dans l’épithélium de revêtement des fol- licules lymphoïdes, chez le Lapin. . Mawas (J.) : De l'emploi de l'hé- matoxyline pour la recherche du fer dans les tissus Mawas (J.) : La bréziline et ses laques ferriques, leur utilisation en MICrOCHIMIE. . =... Sa ee NEvIN (M.) : Sur la protection offerte par divers sérums préven- tifs seuls ou associés dans la gan- grène gazeuse expérimentale . . . OEcsnirz (M. D’) et CorniL (L.) : Étude oscillométrique des réactions vaso-motrices d'un segment de membre après compression à la bande} d'Esmarche# eh" es PonsELLE (A.) : Sur la culture des TRYPANOSOMeES AN Cure REMLINGER (P.) : Contribution à l'étude de l'immunité héréditaire contre la rage RETTERER (Éb.) : Le processus de l’ostéogénèse varie selon les condi- tions locales et générales Rueix (M.) : Sur la production d’indol par le Bacille de Pfeiffer. . SERGENT (Ev.) et LHÉRITIER (A.) : Note sur la température rectale des drOMAdAITES ee A ee VERNES (A.) et MarcHaDIER (A.-L.) : Identité de l'indice de réfraction du liquide céphalo-rachidien normal et du liquide céphalo-rachidien sy- philitique VERNES (A.) et MArCHADIER (A.-L.) : Sur la séro-réfraction oo de en 0 + + + OP OO CE ERIC TETE + OMG OO ROAD CRT IT AO MI AO AQU + + » + + 11 144 436 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE STREPTOCOQUE" ANAÉROBIE FACULTATIF ET ANAÉROBIE STRICT DANS LES PLAIES DE GUERRE. ACTION DE QUELQUES ANTISEPTIQUES, par P. GÉRARD et RoMaNr. Sur 133 blessés évacués du front entre le 6° etile 30° jour après leur blessure, et hospitalisés à Chaumont, nous avons trouvé M7 plaies infectées dont 49 par le streptocoque anaérobie facultatif. Sur ces A9 cas, nous avons vu 10 fois le streptocoque anaérobie facultatif associé à un streptocoque anaérobie strict, 18 fois associé à du staphy- locoque doré, 16 fois à la flore aérobie banale des plaies (pyocyanique, Coli, Proteus, Friedlander). Cinq fois seulement nous l'avons: trouvé associé à des anaérobies (type perfringens), étant donnée la date recu- lée du prélèvement après la blessure. La méthode bactériologique employée pour l'examen éee en trois ensemencements : 1° On épuise, sur une gélose inclinée, une anse de platine: de 0,002 trempée dans le pus; | 2° Ensemencement sur gélose Veillon ; 3° Ensemencement en bouillon sérum de cheval. Le premier tube donne, en: même temps que les indications qualita- tives, la possibilité d'apprécier approximativement le nombre de colo- nies par anse de pus. Le troisième tube sert de contrôle au cas où des colonies très rares de streptocoque auraient échappé à l’examen du premier tube. Le deuxième tube sert pour la différenciation des anaé- robies. à + ” Plusieurs fois des pus nous ont donné une culture abondante de Streptocoque sur bouillon, cependant que l’on ne pouvait déceler aucune colonie sur la gélose inclinée. Il est à remarquer que, dans ce cas, les pus sont facilement stérilisables par les antiseptiques et ceci définitivement. A. différentes reprises des sutures, secondaires, tentées sur des plaies dont les sérosités ne donnaient du streptocoque que sur bouillon, ont réussi. Le streptocoque anaérobie Stricl, que nous avons trouvé associé au streptocoque anaérobie facultatif, donne de très fines colonies en gélose Veillon, sans caractères macroscopiques nets et différentiels. La zone d'arrêt de culture est nette, à 2 centimètres environ de la surface. Même espacées les unes des autres, ces colonies restent très fines, sans. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 137 atteindre la grosseur d’une tête d'épingle. Ge slreptocoque est formé de cocei ronds, ovalaires ou piriformes, deux fois plus gros que les cocci du streptocoque ordinaire. En gélose Veillon, il se présente en chaïînette de 6 à 12 éléments environ et prend fortement le Gram. Ïl correspond au streptocoque anaérobie décrit par Sternberg. Il nous a été impossible de le repiquer en milieu aérobie (gélose ou bouillon sérum). Nous avons rencontré ce streptocoque anaérobie strict dans les plaies musculaires s'accompagnant d'hématomes, ou ayant nécessité - des ligatures d’artères; dans les plaies ostéomusculaires à foyers esquil- leux, ou sous des mèches tassées. Les plaies à streptocoque anaérobie strict ont toujours mauvais aspect, s’accompagnent souvent d'un état septicémique sans cependant que nous ayons jamais constaté de mort. De plus, cette espèce microbienne montre une grande résistance aux - antiseptiques. ANrISePTIQUES. — Nous avons noté la rapidité avec laqueile le strèp- tocoque disparaissait des cultures du pus ou de la sérosité après l'emploi d'antiseptiques différents. Cette disparition étant confirmée par la réus- site des sutures secondaires. Le liquide de Mencière a été escayé sur 18 plaies à streptocoque. On obtient la stérilisation de 12 plaies en 10 à 15 jours; par contre 6 con- servent leur streptocoque dont quelques-uns associés au streptocoque anaérobie, malgré un traitement de 35 jours. Le nitrate d'argent appliqué en irrigation continue, au titre de 1/10.000, nous donne la stérilisation de 5 plaies en 40 à 15 jours sur 7 plaies graves à streptocoque. Deux fois la stérilisation ne peut être obtenue, avant l'évacuation des malades, dans des plaies à streptocoque anaé- robie, et ceci malgré des traitements d’un mois. Le liquide de Dakin s'est montré tout à fait impuissant contre le strep- tocoque anaérobie facultatif dans 10 cas graves où il a été employé uniquement. Trois cas se sont terminés par streptococcémie et mort. Une seule stérilisation est obtenue en 4 jours. Toutes les autres ne sont obtenues qu'en 30 ou 50 jours. Sérum antistreptococcique. Nous nous sommes servis du sérum délivré par l’Institut Pasteur en l'instillant dans les trajets fistuleux, et en le mettant en compresses à demeure, après avoir décapé la plaie par un traitement au Carrel d’une dizaine de jours. Dans 5 cas à streptocoque anaérobie strict associé au streptocoque ordinaire, nous sommes arri- vés à une stérilisation du pus en 10 à 15 jours. Deux fois au cours du traitement, le streptocoque anaérobie striet est apparu dans les cultures, alors qu'il était absent aux premiers ensemencements, puis a disparu. Cette apparition pourrait être fonction de l'application du sérum anti- streptococcique qui produit toujours, comme tout sérum, une exsuda- tion abondante de la plaie. Cette action physiologique favorisante 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pourrait ainsi s'ajouter à l’action spécifique et expliquerait les bons résultats obtenus. ConcLusions. — 1° Utilité de faire des cultures en milieu solide, et ne pas se contenter du bouillon qui ne donne aucune idée de la quantité d'éléments microbiens contenus dans le pus; 2° Gravité de la présence du streptocoque anaérobie strict qui a une grande résistance aux antiseptiques; 3° Impuissance totale du liquide de Dakin contre le streptocoque; 4° Action antiseptique faible et à peu près égale du nitrate d'argent au 1/10.000 et du Mencière sur les streptocoques; 5° Résultats appréciables obtenus avec le sérum antistreplococeique Pasteur qui a paru être plus actif que les deux autres antiseptiques sur le streptocoque anaérobie strict. (Travail fait au Centre chirurgical de la XXF région el au laboratoire de bactériologie de la place de Chaumont.) SUR LA PRODUCTION D'INDOL PAR LE BACILLE DE PFEIFFER, par MARCEL RHEIN. En examinant des plaques de gélose au sang, sur lesquelles avaient été ensemencées des parcelles de crachats provenant de grippés, j'ai perçu à différentes reprises, en ouvrant les boiles de Petri, une odeur très nette de jasmin, pareille à celle qu’exhalent les cultures du Coli-’ bacille et du Vibrion cholérique. L'odeur était forte au moment où je sortais les plaques de l’étuve. Par contre, elle élait à peine perceptible après un séjour prolongé à la température de la chambre. L’intensité de l'odeur étant en rapport avec le nombre de colonies du bacille de Pfeiffer, j'en ai conclu qu'elle provenait de ces colonies. En effet, en examinant des boîtes de Petri (gélose au sang), sur lesquelles j'avais ensemencé en stries parallèles le bacille de Pfeiffer et quelque mierobe adjuvant (staphylocoque, streptocoque, bacille typhique), j'ai pu consta- ter également, après avoir laissé les plaques pendant 48 heures à l’étuve, la même odeur caractéristique. L'espèce du microbe favorisant n'avait pas d'influence sur le résultat final. Il fallait, avant tout, que les colonies du bacille de Pfeiffer fussent bien développées. En examinant des cultures pures de ce microbe sur gélose au sang je n’ai pas pu percevoir l'odeur avec certitude. On pouvait donc croire que l’odeur en question ‘ était produite par quelque action symbiotique du bacille de Pfeifter et du microbe-nourrice. Ce n’est que plus tard, en employant des milieux l ei 4 L SÉANCE DU 22 FÉVRIER 139 préparés selon la méthode de Levinthal avec du sang cuit, sur lesquelles le bacille de Pfeiffer pousse en colonies géantes, que j'ai pu m'assurer que les cultures pures exhalaient également la même odeur. La ressemblance de l'odeur perçue avec celle des émanations des fleurs de jasmin et des cultures du Coli-bacille indologène et du Vibrion cholérique m'a donné l'idée qu'il pourrait dans le cas présent s'agir également d’indol. Par suite de l’adjonction d'hémoglobine aux milieux de culture, la méthode habituelle de recherche de l’indol n’a pas pu être employée. J'ai cependant réussi à prouver d'une manière simple que le bacille de Pfeiffer produisait de l’indol en procédant de la facon suivante. J'ai placé la coupe inférieure d’une. boîte de Petri dans laquelle se trouvait la gélose ensemencée sur la coupe inférieure d’une autre boîte de Petri, celle-ci sans gélose, de manière à ce que les deux coupes formassent un espace clos dont la hauteur dépassait celle d’une boite ordinaire. Dans la coupe inférieure j'ai placé une autre petite coupe en verre remplie d’eau distillée et stérilisée. Une partie de lPindol volatilisé par la chaleur de l’étuve était absorbée par l’eau et il était facile d’y démontrer sa présence. Avec le diméthylamidobenzal- déhyde et l'acide chlorhydrique j'ai obtenu une coloration mauve, avec l'aldéhyde formique et l’acide sulfurique une teinte violette, et avec le nitroprussiate de soude, la potasse caustique et l'acide acétique une belle coloration bleue. La réaction a été positive dans tous les cas où j'ai percu l'odeur spéciale. Plusieurs plaques non ensemencées et ser- vant de témoins, placées dans les mêmes conditions que les plaques avec cullures, n’ont pas donné la moindre lrace d’indol. Cette méthode de distillation à l'intérieur d’une boite de culture ressemble en principe à la méthode que j'ai préconisée pour le séchage aseptique des plaques par le chlorure de chaux et à celle de Wernicke pour la suppression _éleetive du Coli-bacille par les vapeurs de pentane. Toutes les cultures du bacille de Pfeiffer n’ont pas produit d’indol. Parmi les 5 cultures que j'ai examinées sous ce rapport, lors de l'épi- - démie d'octobre novembre 1918, l’une a été inodore dès le début, une autre a perdu sa fonction indologène après le 4° repiquage, les 3 autres l'ont gardée pendant un mois, jusqu’au moment où j'ai quitté le labo- ratoire. J'ajoute que les premiers ensemencements et repiquages ont été pratiqués sur simple gélose au sang. Plus tard, en janvier 1919, j'ai eu l’occasion d'examiner, au laboratoire de Strasbourg, 3 cultures qui dataient de la même épidémie, mais qui avaient été cultivées dès le début sur le milieu de Levinthal. Elles ont donné toutes trois une réac- tion positive. Le pouvoir indologène du bacille de Pfeiffer ne parait donc se manifester et se conserver que sur les milieux où il pousse en abondance. (Travail de l'Institut d'hygiène de Posen, Pologne.) 140 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA PROTECTION OFFERTE PAR DIVERS SÉRUMS PRÉVENTIFS SEULS OU ASSOCIÉS DANS LA GANGRÈNE GAZEUSE EXPÉRIMENTALE, par Mary NEvin. A la suite d'essais pratiqués en 1916 dans l’armée britannique avec l'antitoxine du major Bull, de l’armée américaine, il nous a paru inté- ressant d’éclaircir le rôle que peuvent jouer divers sérums dans le trai- tement des plaies de guerre. On admet généralement aujourd’hui que ce que éme es nément « gangrène gazeuse » n'est presque jamais uniquement dû à une seule espèce microbienne, mais que c’est, le plus souvent; le résultat de l'action associée de différents anaérobies. On a, de plus, reconnu que la présence du vibrion septique, du B. ædematiens ou du 2. bellonensis rend le diagnostic plus sévère que celle du bacille de Welch. Les expériences suivantes ont été conduites de manière à faire ressortir l'action des divers sérums que nous avons eu à notre disposi- tion, sur les associations microbiennes les plus fréquemmentrencontrées re les plaies de guerre. Exp. I. — a) 12 Cobayes ont recu, en injection sous-cutanée, 0 c.c. 5 d’anti- toxine du major Bull (contre le B. de Welch) pour 100 grammes de leur poids. b) 12 Cobayes ont recu, en injection sous-cutanée, 4 c.c. de sérum antiper- fringens (antimicrobien). on Quatre jours plus tard, ces deux séries de Cobayes ont été incculées par groupes de 3, avec 2 doses mortelles des microbes suivants : perfringens, Lister B, 1877, 779 (races différentes de B. de We!ch). Le résultat a montré que le sérum antiperfringens et l’antitoxine du major Bull donnent une certaine protection contre une infection à B. de Welch pure, avec une différence marquée en faveur du sérum antimicrobien. Exp. Il. — 18 Cobayes, par groupes de 3, ont recu par voie sous-eutanée une injection de 0 c.c. 3 par 100 grammes de poids, un dés sérums ou mélanges suivants : — Antitoxine contre le B. de Welch ; — Sérum antiperfringens ; — Sérum antivibrion septique ; — D'ua mélange par quantités égales d'antitoxine et de sérum anti- vibrion septique; — D'un mélange par quantités égales de sérum antiperfringens et de sérum antivibrion septique; — Sérum normal du cheval. Quatre jours après ces Cuhbayes ont recu dans un muscle de la cuisse deux doses mortelles de 1a sérosité virulente d'un œdème obtenu par l'inoculation Fe SÉANCE DU 22 FÉVRIER * A4l d'un mélange d'anaérobies (B. de Welch, vibrion septique et B. sporogenes, ou-B. de Welch, B. œdematiens et B. histolyticus). Les résultats ont montré que : 40 Ni le sérum antiperfringens, ni l'antitoxine contre le B. de Welch ne donnent de protection quand le B. dè Welch est associé à d'autres germes anaérobies pathogènes communs aux plaies de guerre ; _ 20 Que le sérum antivibrion septique seul donne, malgré la présence du B. de Welch, une protection relative de 62,3 p. 100 et que cette protection relative est encore de 62,3 quaud le sérum antivibrion septique est mélangé à un autre Sérum, la quantité totale injectée restant la même. Exp. Ill. — a) 15 Cobayes, par groupes de 3, ont reçu une injection sous- cutanée, 0 c.c. 5 par 100 grammes de poids, un des sérums ou mélanges sui- vants : — Antitoxine contre le B. de Welch; — Sérum antiperfringens ; — Sérum antivibrion septique; — Mélange par parties égales d’antitoxine contre le B. de Welch et de pe sérum antivibrion septique; > — Mélange par parties égales de sérum antiperfringens et de sérum anti- _ vibrion septique. Quatre jours plus tard ces Cobayes ont reçu d un muscle de la cuisse une inoculation de 2 doses mortelles d’un mélange de culture de B. de Welch, * vibrion septique, B. sporogenes. b) 15 Cobay es par groupes de 3 ont reçu en injection sous-cutanée, 0 c.c. 5 par 100 grammes de poids, un des sérums ou mélanges suivants : — Antitoxine contre le B. de Welch; - — Sérum antiperfringens: — Sérum antiædematiens; —— Mélange par parties égales d’antitoxine contre le B. de Welch et de sérum antiædematiens ; : — Mélange par parties égales de sérum antiperfri Mons et de sérum anti- œuematiens. Quatre jours après ces Cobayes ont recu dans la cuisse (dans le muscle) : une inoculation de 2 doses mortelles d'un mélange de cultures de B. de Welch, B. œdematiens, B. sporogenes. c) 15 Cobayes par groupes de 3 ont recu en injection sous-cutanée 0 c.c. 5 par 400 grammes de poids, un des sérums ou mélanges suivants : — Antitoxine contre le B. de Welch; — Sérum antiperfringens ; — Sérum antibellonensis ; — Mélange par parties ee . d’ antitoxine contre le B. de Welch et de sérum antibellonensis ; — Mélange par parties égales de sérum antiperfringens et de sérum anli- bellonensis. Quatre jours plus tard ces Cobayes ont reçu dans un muscle de la cuisse, une inoculation de 2 doses mortelles d'un mélange de cultures.de B. de Welch, B. bellonensis, B. sporogenes. 142 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le résultat montre que : 1° l’antitoxine contre le B. de Welch et le sérum antiperfringens n'ont donné aucune protection; 2° le sérum anti- vibrion septique, le sérum antiædematiens et le sérum antibellonensis ont donné une protection de 100 p. 100 dans chaque cas, seuls ou mélangés par parties égales à l’antitoxine ou au sérum antiperfringens. En résumé : 1° Le sérum antimicrobien antiperfringens possède une plus grande valeur prophylactique que l’antitoxine contre le B. de Welch, dans le traitement d’une infection due uniquement à ce microbe. 2° Lorsque le vibrion septique, le B. ædematiens ou le B. bellonensis sont présents dans une infeclion mixte, l'emploi d'un sérum spéci- fique contre l’un ou l’autre, même dilué par le mélange à d'autres sérums, est efficace. 3° Ni le sérum antimicrobien contre le perfringens, ni l'antitoxine ne possèdent de valeur protectrice dans la gangrène gazeuse lorsque celle- ci est due à une des infections anaérobies mixtes habituellement cons- tatées dans les plaies de guerre. | (American Red Cross Research Laboratory mn 1 A. R. C. Military Hospital n° 2.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'IMMUNITÉ HÉRÉDITAIRE CONTRE LA RAGE, par P. REMLINGER. Étudiant, il y a une dizaine d'années (1), la transmission héréditaire de l’immunité contre la rage, nôus avions obtenu chez le lapin des résullats presque toujours négatifs qui contrastaient avec les résultats plus encourageants observés chez le chien par Konradi. Même en nous placant dans les conditions les plus favorables (père et mère immunisés ; immunisation poursuivie de facon intensive pendant la gestation), nous avions toujours vu les animaux succomber à l'inoculation sous-dure- mérienne, presque toujours à l'inoculation intra-oculaire, et c’est à titre exceptionnel] que les lapins résistaient aux inoculations intramuseulaire ou sous-cutanée. Des circonstances favorables s'étant présentées, nous avons trouvé intéressant de reprendre l'étude de cette question. Nous disposons, en effet, d’un lapin doué d’une immunité naturelle absolue ; d'un autre ‘ qui, ayant guéri spontanément d’une rage conférée par une inoculation sous-dure-mérienne de virus fixe, s’est trouvé de ce fait (1) Expériences inédites communiquées à M. Babès (La Rage. Paris, 1912, 43). : CS P: : SÉANCE DU 22 FÉVRIER 143 complètement immunisé ; et nous possédons, en outre, 10 lapins &'et © qui, vaccinés au moyen de cerveaux traités par l'éther, ont subi impu- nément de 4 à 7 trépanations. Nos recherches ont porté ainsi sur 38 lapins provenant de 10 portées. Instruit par nos premières expériences qui avaient montré le rôle absolument nul joué par le père seul, nous nous sommes placé d'emblée dans les conditions les plus favorables: père et mère immunisés ou mère immunisée seule. De même nous avons eu recours 3 fois seulement à l'épreuve sous-dure-mérienne trop sévère (3 morts), 4 fois seulement à l'inoculation intra-oculaire (3 morts, 1 survie; résultats identiques chez les témoins). Presque tous les animaux ont été éprouvés dans les muscles de la nuque — comparativement avec des témoins — à l’aide de 2 c.c. d'une émulsion à 1/50 de virus fixe. Lorsque l'animal survivait, il lui était inoculé dans les muscles de la nuque 10 cc. ; lorsqu'il survivait encore, 20 c.c. de la même émulsion à 1/50. IL était soumis finalement à linoculation sous-dure-mérienne. Il va de soi que, dans chaque expé- rience, il était inoculé un nombre égal de témoins, placés dans des _ conditions absolument identiques. Les résultats obtenus paraissent pleinement confirmatifs de ceux de notre première série de recherches. 31 lapins, nés de parents immunisés, ayant recu 2 c.c.d'émulsion dans les muscles de la nuque, ont fourni 21 survies et 10 morts (Témoins : 16 survies et 15 morts). 20 lapins, nés de parents immunisés, ayant recu successivement dans les muscles de la nuque 2, puis 10 c.c. d'émulsion à 1/50 ont fourni 12 survies et 8 morts. 20 lémoins placés dans des conditions identiques ont eu 10 survies et 10 morts. 12 lapins, nés de parents immunisés, ayant recu successivement dans les muscles de la nuque 2 , puis 10, puis 20 c.c. d'émulsion à 1/50, ont donné 8 survies et 4 morts ; 12 témoins, identiquement lraités, 7 survies et 5 morts. Finalement, 8 lapins, nés de parents immunisés, ayant reçu succes- sivement dans les muscles de la nuque, 2, puis 10, puis 20 c.c. d’émul- sion à 1/50, ont été inoculés sous la dure-mère et ont donné 3 survies et > morts, tandis que 8 témoins, placés dans des conditions identiques, ont fourni 2 survies et 6 morts. Les différences au profit des lapins nés de parents vaccinés sont, on le voit, des plus minimes. Nous devons ajouter que les traces d’immunité relevées ne se retrouvent pas chez toutes les portées uniformément, mais se voient seulement chez quelques-unes d’entre elles, sans qu'apparaisse le moins du monde la cause de cette préférence. Dans un certain . nombre d'expériences, le parallélisme est absolu entre les animaux nés _dè parents immunisés et les témoins. On peut, semble-t-il, conclure, des faits qui précèdent, que les lapins même complètement vaccinés contre 144 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE la rage ne transmettent à leurs petits qu’une immunité légère, irrégu- lière et pratiquement négligeable. Il me s'ensuit du restenullement que, chez le chien où la transmission héréditaire de l'immunité antirabi- que serait peut-être susceptible de quelques applications, les choses se passeraien£ de facon identique. : ({nslitut Pasteur du Maroc, Tanger.) SUR LA MANIÈRE DONT PÉNÈTRENT LES MICROBES, DE LA CAVITÉ INTESTI- NALE DANS L'ÉPITHÉLIUM DE REVÊTEMENT DES FOLLICULES LYMPHOÏDES , CHEZ LE LAPIN, ; : par P. Masson et C1. :REGauD (4). Ï. — Chez le lapin sain, il n'y a jamais de leucocytes polynueléaires dans la cavité de l’appendice cæcal, ni dans les calices qui environnent les têtes des follicules lymphoïdes; quant aux lymphocytes et aux mono- nucléaires, ils y sont assez rares; on peut parcourir beaucoup de coupes sans en rencontrer un seul; ceux qu'on y voit sont généralement en état de dégénérescence, et ne contiennent pas de microbes. D'autre part, les polynucléaires éosinophiles et pseudo-éosinophiles (neatrophiles du lapin), présents en petitnombre dans le tissu lymphoïde et jusque dans l’épithélium qui le recouvre, PRn=ISben jamais les microbes chez le lapin normal. En définitive, les globules blancs des diverses variétés : ne jouent aucun rôle dans l'introduction des microbes. Il. — Nous n'avons jamais rencontré de microbes dans l'épithélium de revêtement de la cavité communeide l'intestin, ni dans l’épithélium pariétal des calices, bien que les micro-organismes pullulent dans l’in- testin et dans les calices. Ge Seul l'épithélium viscéral des calices en contient. La capture des microbes est donc une fonction particulière de Péporiélun qui oise les téles des follicules lymphoides. Cet épithélium ne contient ni tellules caliciformes, ni cellules à pla- teau ; il est constitué par des cellules spéciales. IT. — Entre les cellules de l’épithélium des têtes folliculaires, il y a des cavités arrondies, les thèques de Renaut; ces cavités, plus ou moins grandes, sont remplies de cellules rondes, libres, différentes des leuco- cyles, mais analogues à certaines cellules du tissu lymphoïde sous- jacent. Il y a des microbes dans les thèques; les uns sont libres entre ‘1) Suite aux notes apportées aux séances des 21 décembre 1918 (Comptes rendus, p. 1256) et 11 janvier 1919 (Comptes rendus, p. 30). SÉANCE DU 22 FÉVRIER 145 € leurs cellules, les autres sont dans leurs cellules. Les microbes pénètrent-ils dans les thèques par des ouvertures qui les mettraient en communication avec la cavité du calice? Nous ne le pensons pas. Les thèques, en effet, sont toujours séparées de la cavité du calice par une paroi protoplasmique plus ou moins épaisse, dépendant des _cellules épithéliales voisines. Malgré que l'opinion contraire soit clas- sique, nous devons dire que la paroi des thèques est continue, que nous n'avons jamais vu ces cavités s'ouvrir dans le calice par la moindre solution de continuité, et qu’on n’observe pas de thèques vides. Les thèques et les cellules quiles remplissent participent à la migration des macrobes de l’épithélium dans le tissu lymphoïde, mais elles ne jouent aucun rôle dans la capture proprement dile des microbes par l'épithélium. IV. — L'étude attentive de l'épithélium dans les intervalles des thè- ques fournit la solution du problème. : a) La présence de microbes dans le protoplasma des cellules épithé- liales est indiscutable ; on ne peut les confondre ni avec des microbes dela cavité intestinale (ransportés par le couteau du microtome, ni avec des grains de ñature indéterminée colorés par la méthode de Gram. En effet, beaucoup de ces microbes sont obliquement disposés par rap- port au plan de la coupe,.et leur forme allongée {ce sont des bacilles) permet de les suivre dans l'épaisseur de la cellule en élevant et abais- sant l'objectif ; ils sont entourés par un halo clair qui les isole, pour ainsi dire, du protoplasme cellulaire, comme c’est le cas habituel pour les microbes englobés dans une cellule vivante. b) Les microbes de la cavité du calice sont accolés en nombre énorme à la surface des cellules. Très fréquemment ils sont même enrobés dans _ la couche superficielle du protoplasma, dans l'exoplasme mince qui borde les cellules. Ce rapport intime n’est pas fortuit, car il n'existe pas au niveau de la surface pariélale du même calice : àl y a donc un tactisme sy écial entre les microbes et les cellules épithéliales qui revêtent le follicule. La surface de l’épithélium folliculaire n’est pas parfaitement unie; elle présente de petits plis avec des creux et des reliefs, les creux correspondent lantôt à un interstice entre deux cellules, tantôt à l'aire même d’une cellule. Ces petits plis logent souvent des microbes, qu'on voit môme s'insinuer par là assez profondément dans l'épithélium. c) Les follicules Ilymphoïdes et l’épithélium qui les recouvre sont loin _ d’être immobiles et d’avoir une forme fixe. Il s’agit là, au contraire, d’un organe éminemment plastique et soumis à de continuelles déformations passives. Il existe, en effet, dans l’appendice cæcal du lapin, une muscylature formée de fibres lisses, qui, se reliant à la tunique musculaire/propre- ment dite, est remarquablement développée dans la muqueuse, autour même des calices. Grâce à ce dispositif contractile, les organes lym- phoïdes sont soumis à des mouvements d’étalement et de resserrement, 146. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dont on se rend bien compte par les diverses formes que l’action des réactifs fixateurs leur imprime. Les plis de l’épithélium paraissent dus à la contraction musculaire. Vous admettons, à titre d’'hypothèse vraisem- blable, que ces mouvements facilitent indirectement l'introduction et le cheminement des microbes adhérents. En résumé : 1° Les globules blancs ne jouent certainement aucun rôle dans l'in- troduction des microbes, de la cavité intestinale dans l’épithélium de revêtement des follicules lymphoïdes ; 2° Les thèques intra-épithéliales et les cellules qui les remplissent ne nous paraissent pas participer à la capture proprement dite des microbes; ceux-ci n'émigrent dans les thèques, croyons-nous, que secondairement ; 3° La capture des microbes est une fonction spéciale de l’épithélium de revêtement des follicules intestinaux ; 4° Son mécanisme s'explique par les faits suivants et l'hypothèse qui en découle : tactisme faisant adhérer les microbes à la surface des cellules épithéliales, — plicature temporaire de la surface épithéliale, déterminée par le fonctionnement de la musculature lisse périfolli- culaire, — pénétration dans les cellules des microbes enlisés dans la surface ou pincés dans les plis. ({nstitut Pasteur de Paris.) ÉTUDE OSCILLOMÉTRIQUE DES RÉACTIONS VASO-MOTRICES D'UN SEGMENT DE MEMBRE APRÈS COMPRESSION A LA BANDE D ESMARCE, par M. Dp'OELsniTz et LUCIEN CoRNIL. Deux constatalions nous ont conduits à étudier, au moyen de l'appareil du professeur Pachon, les réactions vaso-motrices provoquées par l'application de la bande d'Esmarch. D'une part, nous avons observé le fait suivant : On détermine chez un sujet normal l'indice oscillométrique, ou ampli- tude oscillatoire maxima au niveau des artères de l’avant-bras par exemple. Après avoir noté cet indice, on décomprime le brassard. Une nouvelle recherche immédiate de l'indice montre alors qu'il a augmenté par rapport au chiffre précédemment noté à condition que la première compression du brassard ait duré pendant une à deux minutes au moins. . | D'autre part, les recherches faites antérieurement par l’un de nous 72 SÉANCE BU 22 FÉVRIER 147 en collaboration avec MM. Boisseau et Leroux (1) sur les œdèmes provoqués étaient venues nous apporter la conviction que la constric- lion d’un membre délermine une macrosphygmie persistante dans le segment sous-jacent. Nous avons ainsi pensé qu'il y aurait intérêt à étudier d’abord chez des sujets normaux, ensuite dans des cas d’atteinte nerveuse centrale ou périphérique, puis dans des cas de paralysies pithiatiques, enfin dans les oblitérations artérielles, les réactions oscillométriques d’un segment de membre, immédiatement après compression SR eee au moyen de la bande d'Esmarch. Nous résumerons simplement dans cette note les résultats obtenus chez 20 sujets normaux, nous réservant d'insister ailleurs sur les cas pathologiques. La technique est simple : les sujets ont tous été examinés, dans Ie décubitus dorsal, à la même heure, dans les mêmes conditions de température ambiante. Nous avons noté d’abord chez chacun d'eux l'indice oscillométrique à l’avant-bras; laissant alors le brassard en place, on applique la bande d’Esmarch au tiers inférieur du bras jusqu’à disparition des oscillations. La compression doit être prolongée pendant cinq minutes. On retire alors la bande de caoutchouc très rapidement, tandis qu'on observe ce qui se passe sur le cadran de l’oscillomètre. La main et l’avant-bras, qui élaient devenus blancs ou cyanotiques durant la compression, deviennent rapidement rouge saumon, phénomène bien connu, intéressant toute la région sous- jacente à la bande compressive. Pendant ce temps, dans ce même segment sous-jacent, les oscilla- _tions, ayantréapparu brusquement, augmentent rapidement d'amplitude, Quelques secondes (de quinze à trente environ) après l'enlèvement de la bande, on peut noter que l'indice oscillométrique a très nettement augmenté d'amplitude, cette accentuation variant dans des proportions extrêmes de 1,5 au minimum et 5 au maximum, suivant les cas, comparées aux chiffres notés avant l’application de la bande. Pour une compression de cinq minules, la durée de celle réaction est de deux à trais minutes en moyenne, atteignant parfois cinq minutes. Enfin exceptionnellement (dans deux cas), nous avons observé à l'oscillomèlre l'élévation de la pression diastolique. Nous avons depuis étudié ces deux derniers faits au moyen de la méthode oscillographique et nous en publierons ultérieurement avec Roger Leroux une élude détaillée. Enfin, nous avons remarqué que dans le segment du membre sus- (1) D’OŒlsnitz, Boisseau et Leroux. Un signe de présomption des œdèmes provoqués tiré de l’oscillométrie. Bull. et mém. Soc. méd. des hpitaux de Paris, _n° 11-12, 22 mars 1918, p. 321. 143 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — jacent (tiers moyen du bras), il y avait absence de toute réaction appré- ciable à l'oscillomètre, ou, beaucoup plus rarement, réaction infime comparée à la précédente. En définitive, ainsi que l'épreuve du bain chaud de MM. Babinski et Heitz, nous pensons que l'épreuve de la bande d’Esmarcli constitue un procédé clinique permettant d'apprécier et d'étudier dans un segment de membre les modifications circulatoires sous la dépendance du sympalhique. (Centre neurologique de la VIF région.) PME EE RECHERCHES SUR LA PÉNÉTRATION D'UNE SUBSTANCE MÉDICAMENTEUSE. DANS LE POUMON SAIN OU TUBERCULEUX PAR INJECTION TRACHÉALE, par Bossan et GUIeYssE-PELLISSIER. Au cours de récherches sur un nouveau médicament spécifique de læ tuberculose, l’un de nous, avec le D' Balvay, a été amené à faire agir la substance, dissoute dans l'huile, en injection intratrachéale, chez le lapin. Désirant nous rendre compte jusqu'où un liquide injecté dans la trachée pénétrait dans le parenchyme pulmonaire, nous avons fait une. série d'essais dont nous venons présenter les résultats. Des recherches. de même ordre avaient déjà été faites par MM. Guisez et Stodel (4) qui avaient injecté de l'huile colorée au bleu de toluïdine et du sous-nitrate- de bismuth et vu la pénétration à l’examen direct et par la radiographie. De notre côté, c'est sur des coupes et à l’aide du microscope que nous. avons fait nos recherches. Les animaux en expérience ont été sacrifiés un certain nombre- d'heures après une injection de 1/2 c.c. de la substance, dissoute dans. l'huile d'olive, dans la trachée. Le poumon était fixé in toto dans le formol, puis de petits fragments étaient pris en divers points et placés dans une solution d'acide osmique à 1 p. 100. Les gouttès d'huile devenant d’un noir intense pouvaient être retrouvées facilement, si. petites soient-elles. Les résultats ont été des plus démonstratifs. Au bout de six heures, on retrouve chez le lapin sain l'huile en grosses masses dans les. alvéoles: on n’en retrouve que très peu dans les bronches et l’on a l'impression nette que l’huile, balayée par le courant d'inspiration, est repoussée jusqu'aux dernières extrémités de l'arbre respiratoire. Au bout de vingt-quatre heures, des gouttes d’ huile sont absorbées dans (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologit, 16 mars 1912. SÉANCE DU 22 FÉYRIER 149 les parois où on les retrouve sous forme de masses noires dans le stroma. Chez des animaux tubereuleux, les résultats sont analogues et de plus, dans les parties malades, nous avons toujours retrouvé l'huile en notable quantité. De petites cavernes en renferment une couche con- tinue à leur surface interne ou même peuvent en être remplies totale- ment. Des tubercules en voie de nécrose en présentent dans leur paroi. Il ne peut s'agir là que de l'huile injectée; un animal tuberculeux n’en ayant pas recu n'a présenté aucune trace de graisse décelable par l'acide osmique. L’envahissement du poumon ne présente pas de différences appré- ciables suivant les régions; nous avons trouvé de l’huile aussi bien au sommet qu'à la base. Nous sommes donc en mesure de pouvoir affirmer qu’une substance, injectée par la trachée, pénètre dans un temps relativement court jusqu'aux: dernières ramifications de l’arbre pulmonaire, et peut être rapidement absorbée; chez un animal tuberculeux, elle arrive ainsi jusqu'auniveau des lésions-et-entre en contact intime avec elles, ce qui, dans le cas d'une médication: spécifique, présente un intérêt sur lequel nous ne saurions trop insister. DIFFÉRENCIATION DES FROTTIS COLORÉS PAR LA MÉTHODE DE ROMANOWSKY ET EN GÉNÉRAL PAR LES MATIÈRES COLORANTES DU GROUPE DES THIAZINES, par HENRI AGULHON et ISABELLE CHAVANNES. Dans Ja coloration des frottis par la méthode de Romanowsky (mélanges'de Giemsa, Pappenheim, Laveran, Tribondeau, etc...) on est parfois obligé de surcolorer, en prolongeant le temps de coloration, pour faire apparaître certains détails, en particulier lors de la recherche des Protozoaires. D'autre part une surcoloration intense se produit dès que l’on s'adresse à des frotlis anciens. Les globules rouges et les sérosités prennent alors une teinte bleu gris plus ou moins foncée qui noie les détails et rend, dans le cas des parasites endoglobulaires, la lecture de la préparation difficile ou même impossible. La différenciation par lavages prolongés à l’eau distillée rend service dans le cas des frottis récents. On a aussi recommandé le tanin orange de Unna. L'acide acétique, employé pour la différenciation des coupes (à 0,25 p. 100), est un décolorant trop rapide pour les frottis. Il donne des globules rouges cuivrés et décolore les bleus des protoplasmas et le violet des noyaux. 150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons essayé.systémaliquement l’action de différents acides et sels acides sur les frottis neufs et anciens colorés par la méthode de Romanowsky. Ils peuvent se classer en trois séries : 1° Les acides minéraux forts, l'acide acétique et même l’acide carbo- nique en solutions aqueuses diluées sont des décolorants trop actifs. Ils enlèvent ou atténuent les colorations essentielles. 2° L’acide borique et le phosphate monosodiqueen solution à 4 p.100 présentent par contre les qualités du différenciateur idéal, qui enlève les colorations parasites tout en respectant les colorations spécifiques des éléments cellulaires. 3° Les solutions à 1 p. 100 de bicarbonates alcalins et de phosphate disodique présentent elles aussi une certaine activité comme différen- ciateurs mais beaucoup trop lents à notre avis. Cette classification d’après l’action sur les frottis correspond intégra- lement à la classification de ces substances d’après leur action sur les indicateurs colorés en particulier sur l’alizarine sulfoconjuguée (1) et le rouge neutre. Les acides de la première série donnent une teinte jaune verdâtre avec l’alizarine sulfoconjuguée. L’acide borique et le phosphate monoalcalin sont acides au rouge neutre et ne donnent qu’une teinte bise avec l’alizarine sulfoconjuguée. Le bicarbonate de soude et le phos- phate bisodique sont au contraire alcalins légers vis-à-vis du rouge neutre et donnent une teinte rose avec l’alizarine sulfoconjuguée (2). Pratiquement, après une coloration par un des colorants type Giemsa, Pappenheim, Laveran, Tribondeau, on aura toujours avantage à éclaircir sa préparalion par un passage rapide (quelques secondes à 1 minute) dans l'acide borique à 1 p. 100. On lave ensuite à l'eau cou- rante. Les préparations sont plus nettes. Les globules rouges prennent une teinte rose très pâle qui est tout à fait favorable à l'examen des para- sites endoglobulaires. Cette opération devra être prolongée dans le cas de frottis anciens. Il faudra alors la pousser pendant quelques minutes, jusqu’à ce que la solution boriquée n’entraîne plus de colorant bleu. Le séjour d'une demi-heure dans la solution boriquée n’attaque pas d'une facon notable les colorations essentielles. Nous avons pu ainsi obtenir avec des frottis de paludisme d’un an des colorations remarquables de netteté, avec des globules rouges à peine teintés sur lesquels la teinte bleue des protoplasmas et la teinte pourpre de la chromatine ressortent admirablement. (4) Voir Agulhon. Influence de l'acide borique sur les actions diastasiques. Ann. Inst. Pasteur, t. XXIV, 1910, p. 496. (2) Nous rappelons qu’à la suite des multiples essais sur l’action de la réac- tion du milieu sur les colorations par les colorants du type Romanowsky, nous préconisons la neutralité vis-à-vis du rouge neutre comme la réaction optima à laquelle il faut ramener les eaux distillées employées pour obtenir la métachromasie parfaite. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 151 Avec des préparations très anciennes on pourra employer avec plus de succès le phosphate monosodique en solution à 1 p. 100. Il est légè- rement plus actif que l'acide borique et par ce fait moins à recommander pour les frottis frais. Des préparations de piroplasmose, de kala azar,de trypanosomes, datant de plus de 5 ans, que nous avons ainsi traitées, ont donné des résultats presque impossibles à distinguer de ceux que l’on obtient avec des frottis frais. Ce petit point de technique peut être intéressant pour obtenir d’excel- lentes préparalions de démonstration et d'étude avec du matériel con- servé depuis un certain temps, comme celui que l’on peut rapporter d'expéditions coloniales. La méthode est applicable à la différenciation des frottis colorés sim- plement avec les matières colorantes du groupe des thiazines (bleu de méthylène, bleu de toluidine, azur de méthylène, bleu de Unna). Les globules rouges sont alors teintés en vert clair sur lequel ressort la colo- ration bleue des protoplasmas des protozoaires, des noyaux, des leuco- cytes et des bactéries. Elle peut être aussi appliquée à la différenciation des coupes. (Anstitut Pasteur de Paris.) L'ALIMENTATION RESTREINTE DES PRISONNIERS DE GUERRE EN ALLEMAGNE, ENVISAGÉE EN PARTICULIER AU POINT DE VUE DE LA RATION MINIMA D'AZOTE (16 MOIS D'OBSERVATIONS). Note d'ALB. BENOIT, présentée par L. LapiCQuE. Au cours de deux années de captivité en Allemagne, il m'a été pos- -sible (grâce à la liberté qui me fut donnée d'utiliser les ressources d’un laboratoire de recherches cliniques installé dans le Lazaret du camp) de poursuivre l’étude des échanges nutritifs chez de nombreux prison- niers de guerre soumis à une alimentation particulièrement restreinte. J'ai limité mon observation à celle de 78 officiers russes durant 16 mois consécutifs. (juin 1913 à octobre 1916). Les conditions de l'expérience étaient les suivantes : Les entrées m'étaient exactement connues, en raison du contrôle ofti- ciel que j'étais chargé d'effectuer sur l'alimentation d'ailleurs fort peu variée. L’azote dosé dans chaque or et le poids de chaque ration rigoureusement déterminé. Les sorties étaient établies par le dosage de l'azote fécal et urinaire, La bascule enfin m'était un précieux moven de contrôle de l'entretien de tous ces sujets. BicLocie. CoMprTes RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 12 152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D'autre part, la dépense extérieure d'énergie correspondait à celle du «repos relatif » (menus travaux manuels et promenades circulaires à l’intérieur du camp). La moyenne de l'apport brut, durant les 480 jours d'expérience, fut de 7 gr. 79 -d’azote par sujet et par jour, soit, en protéiques (en ‘utili- sant le coefficient 6,25) de Æ8 ar. 70 par:sujet et de 0 gr. 72 par kilo- gramme et par Jour. Simultänément laration moyenne journalière fournissait 332 grammes d'hydrocarbones et 14 gr. 6 de graisses, soit un apport total de 1.104 calories brutes, correspondant à 27 calories par kilogramme d'individu et par jour (1). Après avoir été soumis durant #6 mois à ce régime (dont la rigueur fut absolue pour ces déshérités, dans la ‘sorte de cage en fil-de fer 'bar- belé où je les ai observés), aucun de ces 78:sujets ne présentait à mon observation le moindre trouble de la nutrition, et leur «examen médical, durant cette longue période, ne permit de déceler la ‘trace d'aucune affection organique. : Leur poids, resté sensiblement constant, se chiffrait par une À enie individuelle moyenne de.140 grammes environ. : Il faut néanmoins ajouter que durant la période de 10 mois qui a précédé mon observation, beaucoup d’entre eux-avaient maigri, tout en conservant le rapport 63 kilogrammes — 1 m. 65. IL m'a paru intéressant d'établir sous quelle forme cette quantité restreinte d'azote était offerte à l'organisme, et j'ai constaté que, sur 100 grammes d’albumine ingérée, il s'en trouvait : 49,0 sous forme de gliadine-gluténine (pain et farine), 23,3 sous forme de caséine et albumines du lait (fromage), 16,3 sous forme d’albumines diverses d’origine animale (viande, pois- son), 11,5 sous forme de produits divers d’origine vêgétale (betteraves, pommes de terre). ne Enfin, examinée au point devue de sa teneur en divers acides aminés, la maigreration protéique de ces prisonniers montre une répartition relativement heureuse au point de vue physiologique de ces divers con- stituants de la molécule protéique. Le glycocolle, absent dans la caséine, rare dans le gluten ,:äbondail par contre dans la substance collagène ‘dont les sceupes à la farine d'os moulus étaient particulièrement riches. La leucine existait dans la caséine, la zéine et la gliadine. L'acide glulamique était abondamment représenté dans le pain. (1) La forme sous laquelle cette ration était fournie et le détail des analyses seront publiés dans le Bulletin de la Société d'Hygiène alimentaire (n°10, 4918). 1 SÉANCE DU 2% FÉVRIER 153 La tyrosine se rencontrait dans la caséine, la pomme de terre et la betterave, qui fournissait aussi de l’arginine. Le tryptophane était fourni par la caséine qui semble être, ainsi que limplique sa destinée physiologique, le protéique complet dont je me suis efforcé de faire apprécier, par mes compagnons de captivité, la valeur toute particulière en la circonstance. Enfin, les divers acides aminés, isolés jusqu'à présent des protéiques, existaient dans les aliments qui nous étaient offerts, de telle sorte que, malgré la faiblesse de l'apport azoté, aucun des acides aminés que l’on a jusqu'ici considérés comme indispensables ne faisait défaut (qualita- tivement du moins) à notre ration. Faut-il y voir, de la part de nos ennemis, l'intervention d’une autorité compétente chargée d’assurer avec la plus stricte économie, grâce à un choix judicieux des divers protéiques disponibles, une alimentation compatible avec la vie de ses prisonniers ? Nos ennemis s'énorgueilliront peut-être un jour d’avoir su maintenir durant plus de quatre années plusieurs centaines de milliers d'individus au seuil de la dénutrition. J'ai voulu seulement les devancer dans cette voie; mes camarades de captivité ont mis leur fierté à goûter, sans se plaindre, au brouet d’in- fortune : j'aille droit d'affirmer qu'il était détestable, ___ ACTION DE L'ATROPINE SUR LE MUSCLE, par M, Laricoue et C. VEIL. Il est admis-que l’atropine paralyse l’action des nerfs se rendant aux muscles lisses, ce qui a fait dire que l’atropine est le curare du muscle lisse, mais le mécanisme de cette action est très diversement interprété. La méthode que L. Lapicque et l’une de nous avaient employée pour étudier l’efet du curare sur des muscles divers (1) nous à servi pour rechercher par quel mécanisme s’effectue l’'empoisonnement. . Elle repose sur la recherche des vitesses d'excitabilité du nerf et du muscle au moyen de la chronaxie avant el après l'empoisonnement. 1° Avec de très fortes doses l’action du poison se porte sur le système musculaire que l’on opère par injection ou par bain sur la grenouille ou la tortue. Comme pour le curare il y a augmentation de chronaxie lorsqu'on excite le muscle directement ; aucun changement sur le nerf (1) Louis:et Marcelle Lapicque. Action du curare suriles muscles de divers animaux. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 juin 1910. 154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE jusqu'à ce qu'il devienne inexcitable lorsque la chronaxie du muscle a doublé ou triplé. ExewpLes : Expérience du 7 mai 1916. — Sciatique et gastro-cnémien de petite grenouille verte mis à nu. Electrodes impolarisables sous le nerf scia- tique, électrodes d'argent dans le muscle gastro-cnémien. Un commutateur permet d’exciter soit le nerf, soit le muscle. Au moyen d’un shunt fonctionnant lorsque l’on fait de l'excitation indirecte, la résistance dans les deux cas est d'environ 10.000 ohms. On se sert pour la détermination de la rhéobase de passages de courants constants : pour la chronaxie, soit de décharges de condensateur, soit de passages de courants réglables au moyen du chronaxi- mètre clinique de Lapicque. Voici les chiffres : EXCITATION PAR NERF EXCITATION PAR MUSCLE Re EE —— RHÉOBASE CHRONAXIE RHÉOBASE CHRONAXIE en volts en microfarads 0,21 0,05 ; 0,38 0,05 [l'y a bien isochronisme entre le nerf et le muscle. Injecté 1 c.c. solution d’atropine à 1 p. 100: = R (a R _@ 1/4 d'heure après. 0,55 . 0,05 0,75 0,07 1/2 heure après . 1,2 0,05 0,85 0,09 3/4 d'heure après. Inexcitable. 0,85 0,20 Expérience du 4 juin 1917. — Sciatique et fléchisseur patte, Emys europæa. EXCITATION INDIRECTE EXCITATION DIRECTE RHÉOBASE CHRONAXIE RHÉOBASE CHRONAXIE 0,80 0,1 0,65 0,1 Versé quelques gouttes de solution d’atropine à 2 p. 100 sur le nerf et le muscle fléchisseur. R C R C 5 minutes après. 1,2 0,1 0,65 0,1 10 minutes après. 3,6 0,1 0,7 0,12 15 minutes après. 5,5 0,1 0,8 0,20 20 minutes après. Inexcitable. ul 0,30 Nôus voyons qu’il faut de fortes doses d’atropine pour que la curari- sation se produise ; à des doses plus faibles, on n'obtient pas de chan- gement de chronaxie ni sur le nerf, ni sur le muscle strié rapide; 2° Nous avons voulu expérimenter aussi sur des muscles plus lents; nous avons disséqué un gastro-cnémien, un droit antérieur, le cœur et l'estomac d’une même grenouille, et nous avons déterminé la chronaxie = SÉANCE DU 22 FÉVRIER 155 2 ue eus Li "Re NT US ee de ces muscles détachés de l’animal ; puis nous avons baigné ces différents museles pendant le même temps (1/2 heure environ) dans une solution de Sydney-Ringer contenant 1 p. 2.000 de sulfate d' ee Voici une expérience (14 juin 1917) : = MUSCLE APRÈS SÉJOUR MES CERENORSEUE DANS BAIN D'ATROPINE en millième de seconde Gastro-cnémien. . 1,1 0,6 1,1 0,6 Droit antérieur. 0,7 15 0,15 225 NIyocarde.;. .:. 3,4 4 DD. 8 Estomac . . ; 49 500 0,95 000 A cette dose faible nous ne constatons donc, après action de l’atropine, aucun changement pour la chronaxie du muscle rapide, tandis que l’augmen- tation de chronaxie se manifeste chez le droit antérieur, muscle plus lent. Enfin sur un muscle lisse comme l'estomac, la chronaxie devient 16 fois plus considérable. En injectant de petites doses de sulfate d’atropine à des grenouilles, nous avons obtenu des résultats analogues. Nous avons trouvé des valeurs normales de chronaxies pour le gastro-cnémien, tandis que pour le cœur et l'estomac les chronaxies dépassaient de beaucoup la normale. Nous pouvons donc conclure de ces expériences que l’atropine tout comme le curare est un poison musculaire, que le mécanisme de la curarisation est le mêine, mais dans le cas de l’atropine, à l’inverse de ce qui se passe sur le curare, l’action du poison est d'autant plus marquée que le muscle a une plus grande chronaxie. (Travail du laboratoire de physiologie générale du Muséum.) DE L'EMPLOI DE L'HÉMATOX YLINE ÿ POUR LA RECHERCHE DU FER DANS LES TISSUS, par J. Mawas. Macallum a proposé l'emploi de l’hématoxyline pure, en solution . aqueuse à 0,5 p. 100, pour la coloration du fer dans les lissus. Son pro- cédé est fondé sur la propriété que possède l'hématoxyline de former avec les sels des métaux lourds des laques foncées, insolubles. Partout où il y a du fer, l’'hémaloxyline devient bleu foncé ou noir, comme si Von avait fait sur la préparation une hématoxyline ferrique suivant la technique de Weïgert ou de Heidenhain. Comment agit le fer sur 156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'hématoxyline? Macallum, de même que Paul Mayer, admetient qu'il s’agit d'une oxydation. En réalité l’hématoxyline agit comme un acide. Nous pensons qu’en . présence des métaux lourds, fer, cuivre, etc., elle forme de véritables sels colorés, généralement insolubles dans l’eau, l'alcool et Le xytol. Elle devient ainsi un réactif précieux pour déceler l'ion Fe, à la condition toutefois que celui-ci ne soit pas masqué et se trouve libre à l’état d’ion ou à l’état de complexe albuminoïde. Le procédé de Macallum est, d’après son auteur, extrêmement sen- sible; il servirait en outre, et surtout, à distinguer le fer inorganique qui se colore, du fer en combinaison albuminoïde ou en combinaison organique, qui ne se colore pas par l’hématoxyline en solution aqueuse. L'opinion de Macallum est par trop absolue; telle qu’elle est for- mulée, elle est même inexacte : « Hæmatoxylin is an extremely sensi- live reagent for deciding whether a given compound of iron is organic or inorganic. If the iron compound is organic hœmatoxylin is unaf- fecled (1). » Nous connaissons des complexes fer-albumine [ovalbu- mine + poudre de fer (Rebello-Alvès et Benedicenti 1914)], dans les- quels l’albumine est dénaturée et le fer en partie masqué, ou plus exactement en état d'équilibre instable décelé par certains réactifs et pas du tout par d’autres. Ces complexes fer + albumine donnent laréac- tion du fer par l'hydrogène sulfuré, par le sulfure d’ammonium et par l’hématoxyline, ils restent sans action sur le ferrocyanure et le ferricya- nure potassique. Ce fait d’ailleurs n'a pas échappé à Macallum, mais il classe de pareils complexes parmi les composés inorganiques, il en serait de même de la ferratine artificielle, de la carniférine, des pepto- nates et albuminates de fer? Fonder uniquement sur une réaction, qui est loin d’être spécifique, une telle classification des composés du fer semble à l'heure actuelle, où nous connaissons si peu les composés ou les complexes protoïques du fer, pour le moins une imprudence. < En ce qui concerne plus particulièrement la recherche du fer dans les tissus, le procédé de Macallum ne donne pas toujours les résullats qu'on est en droit d’en attendre. Le professeur Prenant el son élève M'e Asva- dourova (2) ont employé, pour la recherche du fer dans l’hématolyse et la pigmentogénèse, la réaction du bleu de Prusse, de préférence à celle de l’'hématoxyline, qui ne leur a pas donné des résultats «satisfaisants. Le (1) A. B. Macallum. À new method of distinguishing between organic and inorganic compound of iron, Jour. of. Phys., t. XXII, p. 92-98, 1897. (2) A. Prenant, 1° Observations sur les cellules pigmentaires et sur le pig- ment des amphibiens. C. R. Assoc. des Anatornistes, 1909. — 2° Méthodes et résul= tats de la Microchimie.Journ. de l’'Anatomie et de la phys., vol. XLVI, p. 345-404, 1910. — 3° N. Asvadourova. Sur la microchimie des cellules pigmentaires. C, R. Association des Anatomisles, p. 61-65, 1909, SÉANCE DU 22? FÉVRIER 157 procédé de Perls, au bleu de Prusse, demeure incontestablement le pro- cédé de choix pour la recherche du fer dans:les cellules. Cependant dans certains cas de sidérose oculaire le procédé de Macallum nous à donné de très belles colorations du fer. Voici comment nous l’employons : 1° Coloration pendant cinq à dix minutes, dans une solution d'héma- toxyline pure à 1/2 p. 100 dans de l'eau distillée très pure. 2° Lavage dans l’eau distillée. 3° Différenciation dans l'alcool à 95°, additionné de 10 p. 100 de chloroforme pur, jusqu'à décoloration du fond et des noyaux; ou dans l'alcool à 95° acidulé à 0,5 p. 100 de SO‘H° pur, quelques secondes. 4° Lavage à l'alcool à 95°. Coloration du fond (éosine-orange, etc.). 5° Déshydration par l'alcool absolu.— Chloroforme. Xydol. Baume du Canada. \ : Appliquée à l'étude de la sidéroseoeulaire, suite de blessures de guerre, _l’hématoxyline donne les résultats suivants : les cellules phagocytaires chargées de fer sont intensément colorées en bleu noir. La leinte obtenue tranche nettement sur le fond de là préparation qui est d’un gris très clair, tandis que les noyaux sont un peu plus foncés: Pour que la réaction fer — hématoxyline se produise ou plus exacte- ment pour que cetle réaction soit visible au microscope, une certaine quantité [de fer est.indispensable, au-dessous de laquelle la coloration est franchement insuffisante ou même pratiquement nulle. La loi des masses doit ici intervenir. Et voici pourquoi ce procédé est si souvent en défaut. Il enfest de même, d’ailleurs, de celui que nous avons déerit ici- mêmel y a quelques: jours (1). Sur une coupe d’œil énueléé pour sidé- rose, la réaction au bleu de Prusse montre par ordre d’intensité la pré- sence du fer dans les cellules: phagocytaires mobiles et les fibres de Müller, puis dans l’épithélium pigmentaire de la rétine, dans celui du cristallin dans l’épithélium clair du corps ciliaire et dans: les dérivés musculaires épithéliaux (museles-sphincter et dilatateur de l'iris), enfin dans les cellules fixes de la cornée et les cellules conjonctives. da parenchyme irien. La réaction à l'hématoxyline n’est nettement visible que dans les cellules phagocytaires et dans les pieds des fibres de Muller; elle est à peine sensible au niveau de l’épithélium pigmentaire, et inexistante sur les cellules fixes de la cornée. Le seul inconvénient de l'hématoxyline, et il est majeur, c’est son affinité pour la chromatine des noyaux, qui se colore de la même facon que le fer, quoique moins intensément. Cet inconvénient devient une cause d'erreur, lorsqu'il s'agit de déceler le fer dans les noyaux, ou d'étudier le mélabolisme du fer dans la cellule. [L-est préférable s (1) J. Mawas. Nouveau procédé de coloration du fer dans les tissus. Action - de lalizarine monosulfonate de sodium sur le fer inorganique. Comptes rendus —_ dela Soc. de Biologie, t. LXXXII, p. 78,1919. 158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'employer, dans ces cas, l’alizarine moncsulfenate de la Soc. de Biologie, 1918, n° 22, p. 1136. SÉANCÉE DU 22 RÉVRIER 167 En vue d’une étude, que nous avons préparée avec M. Caussade (1), nous avons repris l'expérience précédente, et, après une légère modification de la technique, nous nous sommes convaincus que cette conclusion est plus relative qu’où ne le croyait de prime abord. En effet, en reense- mençcant sur la même vieille bile, concentrée par évaporation, les 1 souches de bacille de Shiga (dont les germes ont été tués par un séjour de 2 jours dans de la bile chauffée à 120°) et après avoir repiqué une gouttelette seulement de cette bile ensemencée en eau peptonée à 4 p. 100, nous avons constaté que les souches : Adam, Usseglio et Le Pellerinne ont donné üne riche culture de bacilles de Shiga, alors que les 4 autres tubes sont restés stériles. De même, le bacille Shiga, de Gayraud, retiré d’une héimoculture, qui n'avait pas poussé lors de l’ensemencement de la bile avec le sang du malade, a poussé très bien ultérieurement. Ces expériences nous prouvent que la bile à 420° n’est pas un antisep- tique vis-à-vis des bacilles dysentériques ; et si queiques rares échan- tillons de bacilles de Shiga n’y poussent pas, nous devons en chercher la raison dans leur fragilité et dans l'insuffisance nutritive de ce milieu. Mais la bile chauffée à 120° ne peut pas satisfaire un physiologiste. Pour nôusrendre compte de l’action physiologique exercée parla bile sur les bacilles dysentériques, nous avons employé la bile fraiche, telle quelle, non chauffée. Dans ce but nous avons prélevé aseptiquement de la bile de bœuf, nous l'avons distribuée dans des tubes stériles et, après avoir contrôlé de différentes manières l’asepsie du milieu, nous y avons ensemencé respectivement 45 souches de bacilles de Shiga, 5 de Hiss et 1 de Flexner. Disons en passant que ces souches gardées dans les tubes de gélose inclinés et capuchonnés ont été trouvées vivantes après 3 mois et 18 jours de séjour à la glacière. Les biles ensemencées ont été maintenues continuellement à 37° et tous les 2 à 3 jours on les a repiquées sur des tubes d'eau peptonée à 4 p. 100, en vue de contrôler la vitalité des germes. Après 18 jours d'étuve, on constale que les germes sont toujours vivants et qu’ils pous- sent en À jour dans l’eau peptonée, sauf le bacille de Hiss et le bacille de Shiga, de l’Institut Pasteur, qui troublent ce milieu après 2 jours de ther- mostate. : Après un séjour continu de 28 jours d’étuve les souches Hiss et Shiga de l’Institut Pasteur sont seules stérilisées, cependant que les autres Rs: = 19 souches donnent toujours des cultures dans les nouveaux tubes d’eau peptonée. ; (1) Caussade etS. Marbais. Un cas de septicémie à bacille de Shiga. Commu- nication présentée à la séance du 21 février 1919 de la Société médicale des hôpitaux. | BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T, LXXXII 13 168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après 33 jours d’étuve le bacille Shiga CE raud) et 2 Hiss (Camus et Mayence) sont stériles. Le contrôle des frottis et des cultures, sur le tube Besson, nous mon- tre que les cultures obtenues sont réellement dues aux bacilles dysen- tériques et qu'aucune souillure n'est venue troubler la marche de l'expérience. Ces résultats sont à rapprocher de ceux de M. Nicolle et ses collabo- rateurs (1), qui ont constamment trouvé le bacille de Shiga dans le foie des lapins inoculés, et d'une manière inconstante dans leur bile. Par contre, ilgsont à opposer à ceux auxquels est arrivé M. Vincent. En effet, ce savant, après des recherches multiples et variées, est arrivé à la con- clusion suivante : « La bile n’est pas favorable à la cullure du bacille dysentérique. Elle paraït même posséder à l'égard de ce ER un léger pouvoir antiseptique (2). » En résumé : la bile fraiche de bœuf, prélevée aseptiquement, constitue un bon milieu de conservation pour les bacilles de Shiga, de Hiss et de Flexner. = = (Travail du Laboratoire de bactériologie du Val-de-Gräce.) LE PROCESSUS DE L'OSTÉOGÉNÈSE VARIE SELON LES CONDITIONS LOCALES ET GÉNÉRALES, par Éb. RETTERER. Depuis 1884, je n'ai cessé d'étudier l’ostéogénèse dans les conditions les plus diverses (physiologiques, expérimentales et pathologiques). Dans de nombreux mémoires et notes, s’élevant à plus d’une centaine, j'en ai donné les résultats qui, de prime abord, semblent contradic- toires, mais qui en réalité prouvent la variabilité du processus. Il ne suffit pas, en effet, de dire, avec Galien, que les os sont la base de soutien de tout le corps, et, d'ajouter, avec Riolan, qu'ils en règlent les mouve- ments. Il est nécessaire de montrer que les pièces squelettiques se développent sous l'influence des facteurs mécaniques (pression et frotte- ments). De plus, il convient de déterminer les conditions dans lesquelles la cellule conjonclive évolue en cellule osseuse et celles qui la font passer (1) M. Nicolle, E. Debains et G. Loiseau. Etudes sur le bacille de Shiga. Annales de l'Institut Pasteur, 1916, p. 363. (2) H. Vincent. Infection dysentérique expérimentale et voies biliaires. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1918, t. IT, p. 413, te Er ‘ga vs “: L'UmE AA SÉANCE DU 22 FÉVRIER 169 par le stade de cellule cartilagineuse avant qu'elle devienne osseuse. Enfin, il importe de savoir dans quelles circonstances la cellule cartila- gineuse se transforme directement en cellule osseuse ou bien commence par produire un tissu réticulé qui finalement édifie l'os. I. Tissu osseux se développant dans le tissu conjonctif. — Lorsque le tissu con- jonctif produit de l'os (périoste, membranes de la voûte du crâne, tendon, etc.), les cellules conjonctives commencent par proliférer et les nouvelles généra- tions cellulaires s'accroissent pour prendre l'aspect et la disposition d’élé- ments volumineux, polyédriques, s’anastomosant entre eux (ostéoblastes), Ensuite, le cytoplasma se différencie : 1° en une zone périnucléaire consli- tuant avec le noyau la cellule osseuse; 2° en une zone périphérique qui éla- bore la trame réticulée et la masse amorphe de la substance intercellulaire ou osseuse (1). C'est après avoir modifié sa forme et sa structure que la cellule conjonctive est apte à édifier de l'os. Tels sont les Rennes évolutifs qu'on observe dans les conditions phy- siologiques. Mais qu’on résèque l'extrémité supérieure de l’'humérus et qu'on laisse la plaie se guérir sans aucun appareil plâtré, ainsi que nous l’avons fait avec M. Voronoff (2), on verra la cellule conjonctive du périoste non seule- ment s’hypertrophier et s’hyperplasier, mais encore évoluer en cellules carti- lagineuses et produire une substance intercellulaire qui est celle du cartilage hyalin. Plus tard, ce cartilage hyalin s'ossifie comme il sera dit en A I (Voir plus loin). Dans une observation d’ostéophytes multbIés, nous avons observé un processus analogue (3). IL Tissu osseux développé aux dépens du cartilage hyalin. — Le mode d’os- téogénèse diffère selon les conditions locales et générales. À. Accroissement rapide et considérable des segmehts squelettiques. — Pendant la vie fœtale, et jusqu’à l'achèvement de la croissance, les segments cartila- gineux passent par les stades suivants pour faire de l’os (4) : 1° les cellules cartilagineuses se multiplient et forment des colonnes de cartilage sérié; 2° les cellules syncytiales de ce dernier se transforment chacune en une cellule hypertrophiée ; 3° les cellules hypertrophiées prolifèrent et produisent un tissu réticulé et vasculaire; 4° les éléments de ce dernier évoluent en deux sens différents : les uns se changent en tissu méduüllaire, tandis que les autres se transforment en cellules volumineuses constituant un syncylium réticulé (ostéoblastes) et éditiant l'os, comme en I. Ce mode d’ossification se caractérise par le fait suivant : la cellule cartilagineuse, avant de faire de l'os, prolifère, puis s'hypertrophie, et enfin produit un tissu réticulé qui finalement élabore l’os. C’est essentiellement le cartilage hypertrophié qui permet l'allongement - rapide et considérable du segment squelettique. (1) Retterer. Journal de l’Anatomie, etc., 1905, p. 602 et Comptes rendus de la _ Soc. de Biologie, 9 décembre 1911, p. 396 et 16 décembre 1911, p. 633. (2) Ibid., 2 décembre 1916, p. 1042. (3) Retterer et Potocki. Ibid., 1 décembre 1918, p. 1157. (4) Voir Journal de __ etc., 1900, p. 50%, pl. XVI et X VIT el Comptes rendus de la So, de Biologie, ? eue 1918, p. 1248. 170 $ SOCIÉÈTÉ DE BIOLOGIE B. Croissance lente et faible des segments cartilagineux en voie d’ossification. — Dans le rocher des Mammifères, dans Les membres des Tritons (1), l'accroissement se fait avec lenteur : les cellules du cartilage sérié se multiplient : mais, au lieu de s’hypertrophier, les nouvelles générations cellulaires demeurent plus petites que les cellules mères et se transforment directement en cellules osseuses. Les couches de cellules hypertrophiées, puis hyperplasiées, faisant défaut, les segments squelettiques s’allongent fort peu. C. Mauvais état général de l'organisme en voie de développement. — Dans les segments squelettiques des enfants micromèles (2), le cartilage hypertrophié se développe en proportion minime et ne produit pas une couche continue de tissu hyperplasié. Il persiste jusqu'au milieu de la diaphyse des cellules cartilagineuses qui se transforment directement en cellules osseuses. C'est ainsi que s'expliquent le peu d’allongement des membres et leur état micro- mélique. Dans le rachitisme (3), on observe la même déviation évolutive du cartilage ; de plus, la rareté ou le défaut des sels calcaires ne donnent pas la solidité suffisante aux lamelles osseuses qui se ploient par le fait de la pres- sion ou des mouvements. D. La transformation indirecte (A) du cartilage en os fait place, chez l'adulte, à la transformation directe (C).— Quand les épiphyses sont soudées, c’est-à-dire après l'achèvement de la croissance, les couches profondes des cartilages : articulaires continuent à édifier du tissu osseux; mais les cellules du cartilage sérié ne s’hypertrophient ni ne s’hyperplasient plus; elles donnent naissance _à de petites cellules cartilagineuses qui se transforment directement en tissu osseux. Il en va de même dans les cartilages costaux, ainsi que dans les pièces cartilagineuses du larynx des individus adultes et vieux (4). = résullats et critiques. — Si la majorité des histologistes soutiennent que los est toujours produit par le tissu conjonctif, nombre de patho- logistes continuent à affirmer que, dans certains cas, la cellule cartila-- gineuse se transforme directement en cellule osseuse. N'ayant su distinguer les conditions ni locales ni générales du déve- loppement, les auteurs me rangent, par exemple, à la suite de Virchow, qui a étudié les os rachitiques, tandis que mes premières recherches ont porté sur les segments squelettiques d'individus physiologiques : en confondant la métaplasie directe et indirecte, ils finissent'par rejeter l’une et l’autre pour ne plus admettre que la néoplasie. k Ils ne se doutent même pas que certains cartilages (rocher, carti- lages articulaires et costaux de l’adulte et du vieillard, cartilages du (1) Retterer. Comptes rendus «le la Soc. de Biologie, 20 janvier 1917, p. 87 et ibid., 17 mars 1917, p. 291: (2) Retlerer et Kisch. 1bid., 3 février 1917, p.119 ; ibid., 3 mars 1911, p. 203, et 31 mars 1917, p. 240. (3) Retterer et Fisch. 1bid., 17 février 1917, p. 182. ; (4) Retterer, Ibid., 18 décembre 1915, p. 701; 25 janvier et !8 février » 1919. 1 Le SÉANCE DU 22 FÉVRIER à 171 larynx, ele.), s'ossifient par métaplasie directe sur les individus les plus physiologiques possible. C’est le mode d’ossification qu'on observe, d'autre part, dans les segments squelettiques des enfants atteints de rachitisme et de micromélie. Tout autre est le processus qui se déroule dans les segments squelettiques en voie d’accroissement rapide et notable : alors la cellule cartilagineuse s'hypertrophie, puis la celtule hypertrophiée prolifère à son tour pour donner naissance au tissu réti- - culé et ossificateur; le mauvais état général ou misère physiologique due à la micromélie ou au rachitisme modifie le mode d’ostéogénèse, de telle sorte que la métaplasie directe remplace la métaplasie indirecte. Le développement du tissu osseux aux dépens même du tissu conjonctif est une véritable métaplasie et non point une néoplasie, car toujours la cellule conjonctive change, avant de faire de l’os, de forme et de struc- ture: elle commence par devenir vésiculeuse. Si l'excitation mécanique est plus intense, la cellule conjonctive devient nou seulement vésicu- leuse, mais cartilagineuse (résection d’une extrémité de l’humérus ou bien fracture d'un os d’origine membraneuse). Dans ce dernier cas, comme l’ont montré Hanau et Koller, les fragments osseux (de l’apo- physe zygomatlique), au lieu de rester immobiles, continuent à être constamment déplacés et excités par les contractions du masséter. En résumé, selon l'intensité de l’excitant mécanique, la cellule con-: jonetive devient seulement vésiculeuse ou se transforme en cellule carti- lagineuse. D'autre part, les conditions locales ou générales laut le mode d'ostéogénèse. Dans les régions immobiles, le tissu conjonctif produit l'os par développement de cellules vésiculeuses et par la transformation de ces dernières en élément osseux. Si ces mêmes régions deviennent mobiles et que le frottement s'ajoute à la pression, la cellule conjonctive passe par le stade cartilagineux avant de s’ossifier. La cellule cartila- gineuse elle-même prend une voie différente pour devenir osseuse, selon l’état local ou général où elle se trouve placée : tantôt elle se transforme directement en cellule osseuse; tantôt elle s’hypertrophie, puis s’hyper- plasie avant de faire de l'os. La spécificité cellulaire, ainsi que l’évo- lution variable de la même espèce cellulaire, sont constamment liées à certaines circonstances bien déterminées. 17 E SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE NOTE SUR LA TEMPÉRATURE RECTALE DES DROMADAIRES, par EpM. SERGENT et À. LHÉRITIER. La température rectale des dromâdaires est très variable. Pour l’étudier dans le détail, nous avons fait à Alger les PCREE Sui- vantes : J. — Notation, loutes les 2 heures pendant 36 heures, de la tempé- rature rectale d’une chamelle de 10 ans, en bon état de santé, ayant son pelage d'hiver, bien nourrie, au repos et libre dans un paddock protégé en partie par un toit. Le temps est beau el sec, la température de l'air rie de + 5° à + 15° (mois de janvi). er à . a LEGS Mo À BARRE [2 NN be 3 8 7 Fe] 5 4 3 2 Ce L Er ed so JT /a0VIEr, 1919. Heure6 | |8 ho lei TRACÉ N°0 1. La température rectale moyenne de ce dromadaire est de 372. Les variations de la courbe de 24 heures (voir tracé n° 4) sont très étendues : le minimum est de 36° entre 2 et 7 heures du matin (tempé- rature de l’air entre 5°-et 7), le maximum est 37°7 entre 14 et 16 heures (température de l’air entre 10° et 14°). JE amplitude de la variation dans les 24 heures a donc été de 17 dixièmes de degré. IT. — Notation pendant 7 semaines en automne à Alger de la tempé- rature rectale de 11 dromadaires en bon état de santé, de 4 à 13 ans. La température est prise tous les matins entre 8 heures et 10 heures, du 46 septembre au 6 novembre. Les animaux sont au repos dans un paddock dont une partie est souverte. Les minima de la température 4 SÉANCE DU 22 FÉVRIER 173 de l’air ont oscillé entre 8° et 18°, les maxima entre 48° el 30° envi- ron, Chez ces animaux sains {voir tracé n° 2), la lempérature moyenne a été de 37°; le minimum atteint plusieurs fois a été de 3525. On a même noté 35°2. Le maximum à dépassé certains jours 38° et même 38°5. On voit de brusques variations imprimer des crochets à la courbe. Les rai- sons de ces soudains écarts ne peuvent pas être : 4° L'exercice musculaire, car tous les dromadaires sont au repos. SSS 1 ï JU 134 7) = tes: 16 17 DE es 21 22/23 24 25 26 27 28 29 do Le 913415, 61718 4 10 m 12 13 14 15 16 e 18 19 20 2i 2203 2429 5 +8 29 30 5 je 2 3 ra 5 6 L SEPTEMBER CS TOBRENIE VEMBRE TRACÉ N° 2. QPE L'alimentalion, qui est joujours la même. 3° La chaleur extérieure (dont l’action ne se fait sentir que d'une facon générale), car les deux courbes de la température de l'air et de la température des dromadaires ne sont pas parallèles dans leurs détails. | Ces écarts subits et considérables se produisent très visiblement chaque fois que les dromadaires sont exposés à un refroidissement humide. C’est ce qui apparaît si l’on rapproche les courbes de tempéra- ture des dromadaires des données fournies par le pluviomètre. Cha- cune des chutes de pluie, même si l'atmosphère n’est pas rafraîchie, est suivie d’un abaissement marqué de la température des droma- daires. 174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE III. — L'influence de la mouillure par la pluie sur la température des dromadaires est encore plus énergique si les animaux sont galeux. On prend tous les matins, entre 8 heures et 9 heures, à Alger, la tem- pérature de 17 dromadaires galeux, depuis le 8 mai jusqu’au 17 juin. Les animaux sont au repos dans un paddock, sans abri. Ils ont de 2 # 16 ans, la plupart ont 3 ans. Les minima de la température de l'air “varient de 42° à 48°, les maxima de 20° à 30° environ. Les variations sous l'influence de la pluie sont très nettes (voir tracé n° 3); les jours de pluie sont suivis d'une baisse générale des tempéra- S 19 (0 L3 = : PATES JET SA0 1112 13141916 1718 49 20 »1 2£ 9924 2526 27 E8 2930 314% © 3 4 56 7 EÎ9 10141213 1:5 1817 Sat 1918 à SE 33° ; TRACÉ N° 5. - tures rectales. Il n’a pas été rare de constater 35°, 3495, 34° après des nuits de pluie, parfois même des températures inférieures à 34°. On a noté 330, 335 à plusieurs reprises. La température de ces mèmes ani- maux montait d’ailleurs, dans l’intervalle des refroidissements dus à la mouillure, à des températures de 38°5 et 39° et même 40°. Chez ces . galeux, des variations de température de 4° et 4°5 dans l'espace de 2 ou 3 jours ne sont pas rares. IV. — Nous avons voulu suivre expérimentalement l'effet du froid humide chez la chamelle en bonne santé qui a fait l’objet de l’observa- tion I. A. — Dans une première expérience, par temps couvert, mais sans : pluie et sans grand vent, l'animal, qui est habitué à avoir la pleine SÉANCE DU 22 FÉVRIER 175 liberté de ses mouvements, est attaché à un piquet au milieu du pad- dock, de 42 heures à 14 heures (7 janvier) (température de l’air entre 7° et 13°). La température rectale, prise toutes les heures de 6 heures à 18 heures, montre {voir tracé n° 4) que la température de l’animal croît régulièrement de 7 heures à 14 heures et qu'à ce moment, après la fin de l’immobilisation d'une durée de deux heures, la température tombe, en une heure, de 4 dixièmes, pour remonter, deux heures après la relaxation de l'animal, de 3 dixièmes. B. — Dans une deuxième épreuve plus sévère, le lendemain, la tem- pérature: de l'air oscillant de 9°5 à 14°8, par temps sec, mais sous un - 1 A © & 8 GS 1 D'io ss 101 |-1 q 9 1 8 8 L 7 # 6|-l 11 6 [| ü je p° : 4 (EE | JA 3 £ El | 9 1k > Pr jee) Z 1 3 ( D ou 6 2 & 9 10 1119 13 14-1516 17 18 67 8.9101112191419.161.18 Mardi 7Jenvier, 119. Mercredi 8 envier. lot. _| TRACÉ N9 4. TRAGÉ N0 5. grand vent soufflant avec force, l’animal reçoit une douche au seau, de 40 h. 45 à 10 h. 55. Sa température était à ce moment de 37°3. Elle ne s'éleva pas comme la veille et les jours précédents, mais resta à 37°5 trois heures de suite, pour descendre de 2 dixièmes l'heure suivante, et -enfin ne remonter à 37°6 qu'à 15 heures (voir tracé n°5). En résumé, la température rectale des dromadaires est l’une des plus basses parmi celles des mammifères : moyenne 37°. Elle est sujette à des variations notables. Ses baisses les plus brusques et les plus consi- _dérables se produisent quand les dromadaires sont exposés à la pluie. Le refroidissement des dromadaires causé par la pluie ne vient pas du _ rafraîchissement général de l'atmosphère qu'amènent les précipitations atmosphériques, c'est à la mouillure elle-même que les dromadaires paraissent particulièrement sensibles. (Anstitut Pasteur d'Algérie.) 176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA SÉRO-RÉFRACTION. Note d’ARTHUR VERNES et À. L. MARCHADIER, présentée par E. GLey. I. Constance de l'indice de réfraction du sérum sanguin de quelques animaux. — Lorsqu'on examine au réfractomètre de Zeiss (marquant la quatrième décimale), à la température de 37°, le sérum de cobaye, on est frappé par la constance de son indice de réfraction. Cet indice est généralement de 1,3480, avec des variations qui ne descendent pas au-dessous de 1,3415 et ne s'élèvent pas au- dessus de 1,3435. Chez le porc, le mouton, le bœuf, l'amplitude de l’oscillation est même plus faible encore puisqu'elle va seulement de 1,3460 à 1,3475 pour le porc et de 4,3450 à 1,3460 pour le mouton et le bœuf. Les tableaux suivants montrent ces faits : Sérums de cobayes. Indices 1,345 1 ,3420 1 ,3425 1,3430 1,3435 Cobayessre ru 1 JR 6 21 2 albinos à poils frisés Sérums de porcs, moutons, bœufs. Indices tee 1,3450 1,3455 1,3460 1,3465 1,3410 1,3475 POrCS Nr » » 3 A 2 2 Moutons . . . - 10 1 4 » » » PŒntS RME D 3 » » » Le chauffage à 55° pendant 20 minutes, le vieillissement à la glacière pendant 18 jours n'ont apporté aucune modification à l'indice de réfrac- tion des sérums expérimentés. ne On peut donc attribuer sinon une fixité absolue, au moins une cer- taine constance à l'indice de réfraction du sérum sanguin des animaux envisagés. Il. Inconslance de l'indice de réfraction du sérum humain. — Lors- qu'on passe à l’homme, cette constance de l'indice de réfraction du sérum sanguin disparaît, et l’on observe des écarts parfois considérables d'un individu à l’autre, comme permettent de le constater les tableaux suivants, qui résument les résultats obtenus à la suite de l'examen de 139 sérums (1). (1) Sérums provenant de sang obtenu par ponction d’une veine du pli du coude. L'indice réfractométrique du sérum humain (comme celui des ani- maux) n’est pas modifié par le vieillissement de ce sérum, ni par son chauffage À 90. == | =T SÉANCE DU 22 FÉVRIER Indice le 01 DR SS NLEN MA ARS Ar Re 1 sérum Andenne nr DR ee, 6 sérums Dadhos EUR ER PS , 19 sérums EAICeURSAS IR TR RE TS un à % sérums Indice 1:3480 0 07 ASE CT VE ÉANIER 38 sérums MRC CARS ATOS ETES AN ne Sr enr 8 sérums Incendie 4 sérüms IN UIC OS SO ST NE Te CR MEN E 13 sérums nice ESA 00 PES MA RSR ne re 15 sérums Indice ts 2450 mn ARR RS et 1 sérum ROIS EAST 139 sérums Cette inconstance avait d'ailleurs été observée déjà par MM. Widal, René Bénard et Vaucher au cours de leurs importants travaux sur l’hydrémie des brightiques et des cardiaques œdémateux (1). Ils l’expliquaient par les variations du taux de l’albumine dans le sérum sanguin. Opérant à 17°5, à l’aide de l'appareil de Pulfrich modifié par Reiss (qui marque la cinquième décimale), ils avaient con- staté encore que l'indice de réfraction habituel du sérum peut varier entre 1,34873 et 1,35168. IL. Existe-t-il un rapport entre cette inconstance et la syphilis? — On , pouvait se demander s’il n’existe pas un rapport entre les variations observées et la syphilis. Or, la séro-réfraction a donné des résultats communs aux sérums normaux et aux sérums syphilitiques. L'examen des tableaux suivants permet de s’en rendre compte : Sérums normaux. HRUICES SION nn Rs. 1 sérum Neue 240D ee nt een 4 sérums È Indicer1:3490 ee RU 6 sérums Indice 34855 tu, NT opel 4 sérums nice ASUS Cri teate mee 32 sérums Indices 541500. RU re 8 sérums Srindice 13410: en. RDS 38 sérums Andes 1, 2400 ND tu re. 13 sérums Éndicer te s400 nee nee 0e 3#sSérumMs Indices 10450 See IEC enr Re Se 1 sérum Hot tume -.. 120 sérums Sérums syphilitiques Indice 40 ES RE RS ei 2 sérums lndce 12490002 0. RS Not 3 sérums lodice 134800 1 te ee 6 sérums ice 13410 Ge re Ar NUCen Re 6 sérums Indices 153460 22 40 ere PR TN LAS ÉTUMS MOtal ME Rue 19 sérums _ (1) Semaine médicale, 1°" février 1911, et Vaucher, Thèse, Paris, 1911, 178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusion. — Les chiffres des tableaux qui sont l’objet de cette note sont particulièrement suggestifs. Ils révèlent à la fois : a) La constance de l'indice de réfraction du sérum sanguin des animaux soumis à l'expérience ; b). L'inconstance de l'indice de réfraction du SUR sanguin de l’homme ; c) L'impossibilité actuelle de faire état de la séro-réfraction pour élablir le diagnostic de la syphilis puisque aucune corrélation n'apparait entre l'indice syphilimétrique (1) d’un sérum et son indice réfracto- métrique. ; PA IDENTITÉ DE L'INDICE DE RÉFRACTION DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN NORMAL ET DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN SYPHILITIQUE. Note d'Arraur VERNES et A. L. MARCHADIER, présentée par E. GLEry. Dans une précédente note sur la séro-réfraction, nous avons appelé l'attention sur les variations (2) de l'indice de réfraction du sérum san- guin et sur l'impossibilité d'utiliser ces variations dans le diagnostic de la syphilis. Lorsque au lieu d’opérer sur le sérum sanguin, on opère sur le liquide céphalo-rachidien, on est frappé, au contraire, par la remarquable constance (3) de l'indice de réfraction. Cette con- stance ne s'est démentie, en effet, chez aucun des cinquante liquides examinés, et parmi ces cinquante liquides, neuf provenaient de malades atteints de méningopathies syphilitiques avec séro-réaction positive du liquide. On peut dire qu'il y a identité absolue entre l'indice de réfraction du liquide normal et l'indice de réfraction du liquide syphilitique. Et l'indice de réfraction du liquide céphalo-rachidien est, comme l'indice de réfraction du sérum sanguin, sans rapport avec l'indice syphili- métrique. % < (1) A. Vernes. Comptes rendus Îde l'Acad. des Sciences, t. 167, p. 500, 1918. (2) De 1,3450 à 1,3510, en OpÉrARE à 37° avec l’appareil Zeiss marquant la 4° décimale. (3) 1,3320 en opérant à 37° avec l'appareil Zeiss marquant la 4° décimale. SÉANCE DU 22 FÉVRIER ÉLECTION DE DEUX MEMBRES TITULAIRES. Liste de présentation. Première ligne :. MM. M. KoëLmann et P. Maé. - Deuxième ligne : MM. BazruazARb, DEBRÉ, GUILLEMINOT et Vote. Votants : 44. PROMN AE ne oblent,: 4{-voix/Llu. M. ROLLMANN : - . . . . = 3B2 = Élu. SPRALTHAZARD EE — 4 — BAUGLER: 22 2 more — À — DÉBREES Mon ne _ ÉUILLEMINOT 5 PÉDLEGRINR nus, == = > E Bulletins nuls : 2. ee mm jm 1 _ LAUGIER. LeTGérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. e 2 12 GER É R Mr) IA NE NES LENS * )! Mer ga #5 AA: wa ft SÉANCE D ARNAUD (R.) : Nole sur une nou- velle méthode panoptique rapide de coloration du sang et des para- sites dans les frottis . . . . . . . .. CaAyrEz (A.) : Sur l’hémoculture Home la sniper CM Near Cour (H.) : Sur la conservation en préparations microscopiques des Moisissures et des Péronosporées. Durupr : Étude sur la virulence du bacille paratyphique B Joczy (J.) : Sur l'existence, chez les Batraciens, d'organes lymphoïdes pouvant être considérés comme des ébauches de ganglions lymphati- CHULE SAR Rent ART A AE R ete Joczx (J.) : Sur les organes lym- phoïdes céphaliques des Batra- ciens se... + + + + Maosen (Tu.), Wuzrr (0.) et Wa- rABIKI (T.) : Sur la vitesse de réac- tion de la phagocytose.. . . . . .. Mowceor (A.) : Sur l'action anti- anaphylactique des eaux thermales de Royat, injeclées au Lapin . . OLTRAMARE (J.-H.) : Quelques ré- flexions à propos de l'action de l'obscurité sur les êtres vivants. , Pasreur VALLERY-RaDorT et LHÉRI- U {°° MARS 1919 SOMMAIRE TER (A.) : Parallélisme entre la ré- 201 200 199 191 190 sistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques et la dimen- sion de l’hématie chez les Mammi- fères Pasteur VazLerY-RAnorT et LHÉRr- TIER (A.) : Étude comparative de Ja résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques et de la dimen- sion de l’hématie chez les Vertébrés a hématiesnucléées eee Rogin (À.) et BourNIGAULT (A.) : Quelques modifications apportées dans la constitution chimique du foie par l’autolyse cadavérique . . RonCHësE (A.-D.): Procédé de con- servation de: l’activité du complé- EME RAS EN E AS M AU CUI) D ROUE ER QNES WeïLL (E.) et MouriquanD (G.): « Notion de carence » — « sub- stances ferments » et réponse à M: G. Schaeffer EE WEiLL (E.) et Mourrouann (G.) : Sur le moment d'apparition de la substance antiscorbutique et sur les accidents provoqués chez les Cobayes par les grains d'orge aux différents stades de leur proie tion s'Hoiet eee dos Lolo ieile latte del e.ie ds alle lee ee oNe lee te flene Norte nelle Présidence de M. Ch. Achard, Vice-président. € DÉCÈS DE M. CHANTEMESSE. 181 187 193 M. AcuarD. — J'ai le regret de vous faire part de la mort de notre col- lègue M. Chantemesse, survenue le 24 février. Bien que ses multiples fonctions ne lui permissent pas d'assister très fréquemment à nos séances, M. Chantemesse nous adressait souvent des notes signées de lui et de ses élèves. Parmi ses très nombreuses publications, je rappellerai surtout celles qui se rapportent à la fièvre typhoïde : c’est à la bactériologie de cette Brocoare. CompTEs RENDUSs — 1919. T. LXXXII. 4 À 182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE maladie qu’il à consacré, en effet, la majeure partie de ses recherches scientifiques. Il s’est appliqué tout d’abord à démontrer la présence du bacille d'Eberth dans les eaux de boisson et sa relation avec les épidé- mies typhoïdiques. Grâce à ces constatations, l’origine hydrique de la fièvre typhoïde a pu être solidement établie avec toutes les conséquences: de prophylaxie qui en découlent. Dans ces dernières années il s’est attaché à perfectionner la vaccination antityphoïdique, au moyen de laquelle il obtint dans la marine française des résultats extrèmement brillants. Il avait étudié ici même les infections mixtes, typho-para- typhiques, ou fièvres typhoïdes intriquées; il en avait conclu que fièvre éberthienne et fièvres paralyphoïdes sont puisées souvent à la même source, et c'était là une raison pour généraliser l'emploi des vaccina- tions mixtes. Il convient de ls aussi la part qu’il prit à l'application du trai- tement préventif de la rage, avant la création de l'Institut Pasteur et dans les premiers temps de son fonctionnement. : M. Chantemesse eut encore le mérite d’inaugurer en 1887, au labora- toire de Cornil, un enseignement technique de bactériologie à l’usage des médecins. Ce cours eut un succès considérable et contribua puis- samment à répandre dans le public médical les données ot de la bactériologie. La perte de M. Chantemesse sera vivement ressentie par notre Société dont le deuil s'associe à celui de la Faculté de médecine et des nombreuses sociélés de médecine, d'assistance et d'hygiène dont il était un des membres les plus estimés. NOTION DE CARENCE » — « SUBSTANCES FERMENTS » ET RÉPONSE A M. G. SCHAEFFER, par E. Weizz et G. MovurrQuanr. M. Schaeffer nous reproche (1) : Ë 1° D’avoir introduit la notion de carence « d’une ue | {trop vaste et par suite ambigué; » 20 D'avoir employé les expressions « substances ferments », « milieux vivants; » 3° De n'avoir pas fait dans notre dernière note (2) une part suffi- sante à nos devanciers: é 1° Terme el « notion de carence ». — Nous les avons proposés en 4914, ñ 7 o | (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 janvier 1919, (2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 décembre 1918. SÉANCE DU 1° MARS 183 ———_—_—_— ——_—_—_—_—_——————————————— —“—û@““r“_ O'gr. T1 Quantité d'urine (en 24 heures). . . 423 gr. | 216 gr. 280 gr. Dents Nes te 1010 1005 1008 Phosphates (par kil. en 24 heures,. 0 gr. 102 0 gr. 097 0 gr. 3225 Uréeparkilten 2%/heures)}. (©, 70 0%2r.,91 0 gr. 90 0 gr. 69 Comme on le voit par ces chiffres, il faut attribuer une large part à l'influence du réflexe rétinien dans la production de tous ces phé- nomènes. SUR L'ACTION ANTIANAPHYLACTIQUE DES EAUX THERMALES DE ROYAT, INJECTÉES AU LAPIN. Note de À. MoucEorT, présentée par Josué. M. G. Billard (de Clermont-Ferrand) a inauguré ici-même (1) l'étude expérimentale de l’action antianaphylactique des eaux minérales. Il à en même temps créé une excellente méthode de recherche. Ses tra- (1) Billard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 janvier 1913, t. LXXIV, DA09 0 192 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vaux (1) ont entrainé ceux de MM. Chassevant, Galup et Poirot-Del- pech (2), de M. Gobert (3), de M. Ferreyrolles (4), qui ont adopté la même méthode expérimentale. C’est sur les conseils de M. Billard et en suivant sa méthode que nous avons procédé en ma-juin 1914 aux expériences suivantes. | Neuf jeunes lapins de la même portée recoivent une injection pré- parante de 1 c.c. de sérum de cheval; puis une injection quotidienne intrapéritonéale de 2 c.c. d’eau thermale, à son émergence même. 5 sont traités à la source Eugénie (lot A); 4 à la source César (lot R). 3 animaux moururent brusquement le même jour, après la 14° injec- tion, sans que l’autopsie ait révélé une cause : 2 lapins du lot À, 1 du lot B. L’injection déchaînante de 1 c.c. de sérum de cheval est faite intra- veineuse le 19° jour après la préparante et nous observons les phéno- mènes suivants : Lor A. — Source EUGENIE : Sur les 3 lapins, deux ne présentent absolument aucun trouble visible pendant les premières 24 heures; le 3° présente une parésie fugace du train postérieur. Il s’affaissail pen- dant 2 secondes pour se remettre de suite sur ses quatre pattes el marcher. Cet affaissement des membres postérieurs eut lieu 6 fois en 18 minutes. Il y eut de plus une polypnée légère et fugace à 150 R. par minute, de la 8° à la 12° minute. Quant aux accidents tardifs, nous n’avons noté qu'une GeineRr de poids, avec conservation de l'appétit. En somme, l'eau de la source Eugénie a supprimé complètement 2 fois sur 3 le choc anaphylaciique, et l’a considérablement atténué chez le 3° lapin. Elle a toujours supprimé les accidents tardifs graves. Lor B. — Source CÉSAR : Accidents immédiats (absolument identiques chez les 3 animaux) : > minutes après la déchaïnante, paraplégie ane du train posté: rieur; 6 minutes après, 4 à 5 crottes sos abattement léger; (1) Billard et Grellety. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 avril 1943, t. LXXIV, p. 666. — Billard et Dupeyroux. Comptes rendus de la Soc. de Bio- logie, 10 maï 1913, t. LXXIV, p. 1048. (2) Chassevant, Galup et Poirot-Delpech. Comptes rendus de la Soc. de Bio- logie, 11 avril 1913, p. 679. (3) Gobert. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1943, t. LXXIV, 1240. (4) Ferreyrolies. Immunité et eaux minérales : immunité générale acquise par les injections d’eau de La Bourboule. Soc. d'Hydrologie, 3 février 1919. — Gazette des Eaux, février 1919, et in Annales d'Hydrologie. SÉANCE DU, 1° MARS 193 10 minutes après, guérison de la paraplégie; les animaux font quelques pas. 12 minutes après, les animaux sont complètement remis. Ils n’ont,présenté ni polypnée, ni prurit, ni agitation. Accidents lardifs. — Les jours suivants, les animaux sont abaltus, mangent peu et maigrissent. Un meurt au 4° jour; un autre au 8° jour, après avoir présenté à nouveau de la paraplégie au 6° jour. Le 3° avait perdu progressivement 100 grammes au 10° jour. En résumé, l’eau de la source César a sensiblement atténué le choc anaphylactique; mais elle n’a pas empêché les accidents lardifs : dépéris- sement el mort. _Bien que nos expériences, brusquement interrompues par notre mobilisation, n’aient porté que sur un nombre fort restreint d'animaux, les résultats en sont cependant assez nets pour permettre de dire que, chez le lapin, les eaux thermales des sources Eugénie et César, de. Royat, injectées immédiatement à leur issue du griffon, possèdent une : action antianaphylactique. Elles concordent avec ce que M. Billard avait observé chez le cobaye avec l’eau de la source Saint-Mart, alors que l’eau de Royat César était restée inactive. _ Encore faut-il faire une réserve qui s'impose. Si l’action antianaphy- lactique des eaux de Royat s’est montrée nulle pour la source César chez le cobaye (Billard), partielle et incomplète pour la source César chez le lapin (nous-même), ces résultats totalement ou partiellement négalifs ne valent que pour la dose employée. Rien ne s'oppose à ce qu'on puisse s'attendre à obtenir des résultats positifs avec des doses différentes d’eau minérale. PROCÉDÉ DE CONSERVATION DE L'ACTIVITÉ DU COMPLÉMENT, \ par A.-D. RONCRÈSE. L’altérabilité du complément de cobaye a toujours été une cause de complication des méthodes utilisant un complément étranger. Aussi s'est-on depuis longtemps préoccupé du moyen de le conserver actif. En 1907, Noguchi (1) à essayé de dessécher le sérum sur le papier filtre, mais le résultat ne fut pas satisfaisant. En 1914, Austin (2) indiqua de conserver le complément en solution À | (1) Noguchi. J. Exp. Med., 1907, t. IX, p. 455. (2) Austin. J. Am. Med. Assoc., 1914, t. LXII, p. 868. 194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hypertonique. Sur ce principe, Thompson (1) a établi une technique qui peut se résumer ainsi : le sérum de cobaye est dilué à parties égales avec une solution stérile de chlorure de sodium à 81 p. 4.000. Le: mélange est réparti en ampoules scellées. Comme il contient assez de sel pour rendre isotonique quatre fois son volume d’eau distillée, il suffit d'ajouter au moment du besoin 4 c.c. d’eau distillée à 1 c.c. du mélange pour avoir 5 c.c. de sérum de cobaye dilué à 1/10 en solution isotonique. Récemment Rhamy (2) a proposé l’acétate de sodium pour la conser- vation du complément. Le sérum est mélangé à 40 p. 100 avec une solution stérile contenant 0,9 p. 100 de chlorure de sodium et 10 p. 100 d’acétate de sodium. L'emploi du froid constitue un bon moyen de conservation de l'activité du complément. D'après Thompson, le complément peut être maintenu aclif pendant plusieurs mois à la température de — 15°. Mc Meill(3) suggère de placer le sérum de cobaye dans un tube hermétiquement fermé dans une bouteille « Thermos » remplie avec du sel et de la glace. Nous avons essayé les procédés d'Austin- -Thompson et de Rhamy. Tous deux donnent sensiblement les mêmes bons résultats : à la tempé- rature ordinaire, le pouvoir complémentaire des mélanges demeure fixe pendant cinq jours environ, puis baisse progressivement. Après deux semaines, il est le tiers environ de sa valeur primitive. y Dans la pratique cela est suffisant. Il est infiniment phis commode de saigner un cobaye que deux fois par mois seulement qu’à chaque série de réactions de fixation. - Maisles deux procédés présentent à notre avis un inconvénient grave: si le sérum de cobaye n’est pas prélevé dans des conditions rigoureuses d'asepsie — et dans la pratique cela est difficilement réalisable — le mélange est, au bout de quelques jours, absolument altéré par suite du développement de germes. Ayant cherché à surmonter cette difficulté, nous avons constaté que le fluorure de sodium en solution concentrée rend le sérum impropre- aux développements microbiens et stabilise le complément au même titre que les sels employés par Austin et par Rhamy. Au point dé vue pratique, il suffit d'ajouter du fluorure de sodium au sérum actif pur, ou à sa solution, à raison de O gr. 04 par centimètre cube, ou plus simplement d’ajouter un excès de æ pur. Il est indispen- sable que le fluorure employé soit bien neutre, la moindre acidité détrui- sant le complément. Au moment de l'emploi, il suffit d'ajouter à un volume de complé- A e (4) Thompson. J. Am. Med. Assoc., 1916, t. LXVI, p. 652. ) (2) Rhamy. J. Am. Med. Assoc., 1917, t. LXIX, p. 973. (3) Me Neill, cité par Thompson. Am. J. of Syphilis, juillet 19147. SÉANCE DU À‘ MARS 195 2 : —. ment saturé de fluorure cinq volumes d’eau distillée pour avoir du complément dilué à 4/6 en solution isotonique. Il est bon de titrer le complément ainsi conservé. En général, le pouvoir complémentaire initial reste fixe pendant cinq jours; pendant une nouvelle période de cinq jours, le titre en complément est deux fois moindre; puis trois fois moindre pendant cinq autres jours. Pour compenser la diminution du titre du complément, il suffira d'augmenter la dose de sérum hémo- Iytique. PARALLÉLISME ENTRE LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE AUX SOLUTIONS CHLORURÉES SODIQUES ET LA DIMENSION DE L'HÉMATIE CHEZ LES MAMMIFÈRES, par PASTEUR VALLERY-RADOT et A. LHÉRITIER. Des recherches antérieures ont montré que la résistance globulaire diffère suivant les espèces animales (Hamburger, Rywosch, Costa et Fayet, Mayer et Schaeffer, etc.) et que l’ordre dans lequel on peut classer la résistance globulaire des mammifères change suivant l'agent hémolytique (Rywosch, Mayer et Schaeffer, elc.). Ces variations sont dues aux propriétés physico-chimiques du liquide dans lequel sont immergés les globules et à la constitution protoplasmique des globules (Hamburger, Nolf), en particulier à leur teneur en lipoïdes (Mäyer et Schaeffer). Les recherches que nous avons faites nous ont montré qu’à l’état physiologique, dans la série des mammifères dont l’hématie est dis- coïde, existe un parallélisme entre la dimension du globule et la résis- tance globulaire aux solutions chlorurées sodiques : les résistances minima les plus fortes correspondent aux globules les plus gros, les résistances minima les plus faibles aux globules les plus petits. Nous avons expérimenté sur,du sang veineux et avons utilisé la technique des hématies déplasmatisées de Widal, Abrami, Brulé. Les globules étaient laissés au contact des solutions chlorurées sodiques de titres différents à la température du laboratoire (16° à 26°) pendant 12 à 15 heures et la lecture des résultats était faite après ce temps. Nous avons établi les dimensions moyennes des hématies à l'aide de l'oculaire micrométrique. Les globules étaient pris dans leur plasma et étalés sur lame. Les préparations étaient fixées par l'alcool et colorées au Giemsa. (Les dimensions données par les auteurs ne concordent pas parce que les procédés de fixation et de coloration diffèrent et parce que les hématies d'une même espèce animale ont des diamètres qui varient souvent de plusieurs w. Aussi, pour avoir des chiffres au moins comparativement exacts — ce qui importait pour nos recherches — avons-nous fait nous-mêmes les mensurations. 196. ESPÈCES ANIMALES ET DIAMÈTRES MOYENS DES HÉMATIES SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CHIFFRES DES RÉSISTANCES MINIMA (HÉMOLYSE, INITIALE) Homme) 7 y 6|Eutre 0,42 et 0,48 (chiffres admis parles auteurs) Copaye Ver eemmMeEnt .… Tu 510,44 — 0,44 — 0,44 — 0 46 — 0,46. 3 fœtus vivants, extraits par laparotomie quel- ques jours avant terme, avaient chacun uve résistance minima de 0,48; la mère avait une résistance minima de 0,44. Singe (callitriche) . . . . - 7 u 210,44. Singe (Macacus cyno- MOIGUS) EMMA EDEN 1 pu 210,44. Chien PEN 6 pu 610,50 — 0,52 — 0,52 — 0,54 Papinie UNSS 6 p 310.52 — 0,52 — 0,5% 0,54. Che val ee nee 6 p 2 (Inégalité bre marquée).|0,54 — 0,54 — 0,56 — 0,58 — 0,58. Rat (Mus alexandri- US) CE Sr ERA 6 uw 10,54 — 0,54 Rat (Mus decumanus) 6 |0,56. Chat MAN TPE 5 p 610,60 — 0,62 — 0,62 — 0,66 — 0,66 — 0,66. PORC SAT re nl DU 1310 58 00580058 0 CON CEE O RCE (Inégalité globulaire très ac-[0,64 — 0,66 — 0,66 — 0,66 — 0,68. centuée : Les gros globules ont : 6 w 6 Les petits globules ont : 4 w 1) BŒU LRO EE ER SCA 5 p 210,58 — 0,58 — 0,58 — 0,58 — 0,60 0,60 — (Inégalité globulaire très ac-10,60 — 0,60 — 0,62 — 0,62 — 0.62 — 0,62 — centuée : 0620062 © 10 62 ONG ONCE NE Les gros globules ont : 6 à 6 |0,66 — 0,66 — 0,66 0,66 — 0,66 — 0,66 — Les petits globules ont : 4 & 1)10,66 0,6$, MOUtONEe SENS 4 u 210,70 — 0,74 — 0,74 — 0,16 — 0,16 — 0,76. ChéVreNE ANEN A ee SONATA 0 El Le Dromadaire, dont le globule est elliptique (grand diamètre 1 y 5, petit dia- mètre 4 p 5), tient une place à part dans la série. Les résistances minima observées furent : 0,32 — 0,32 — 0,32 — 0,32 — 0,32 — 0,34 — 0,34. Le tableau ci-dessus montre que : Entre 7uw6 et Ty2, Entre 66 et 6 de Entre 5 6 et 5 , Entre 4p2 et Ju 3 On peut done se demander la résistance minima est entre 0,42 et 0,48 “a 0,50 et 0,58 0,58 et 0,68 0,70 et 0,76 si la dimension de l’hématie, en dehors SÉANCE DU 1°" MARS 197 de sa teneur en lipoïdes, ne joue pas un rôle dans les variations de la résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques. La surface de contact entre les globules et le liquide ambiant étant d'autant plus grande que les globules sont plus petits, il se peut que l’'hémolyse soit facilitée par l'étendue de la surface de contact. (Travail de l'Institut Pasteur d'Algérie. ÉTUDE COMPARATIVE DE LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE AUX SOLUTIONS CHLO- RURÉES SODIQUES ET DE LA DIMENSION DE L'HÉMATIE CHEZ LES VER- TÉBRÉS A HÉMATIES NUCLÉÉES, par PASTEUR VALLERY-RaADOT et À. LHÉRITIER. Nous avons montré qu'il existe dans la série des mammifères un parallélisme entre la dimension de l'hématie et la résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques. Cette étude sur la résistance a été poursuivie chez les vertébrés à - hématies nucléées. Nous avons expérimenté ici sur du sang artério- veineux (1). Pour établir les diarnètres moyens des hématies el de leur noyau et pour rechercher la résistance, nous avons utilisé la même technique que précédemment. Conformément à ce que l’on pouvait prévoir, chez les vertébrés à hématies nucléées, on ne constate pas, entre la dimension de l’hématie et la résistance globulaire, un parallélisme semblable à celui qui s’observe chez les vertébrés à hématies anucléées. Les globules à noyau sont, en effet, très variables d’une espèce à l’autre, celte variabilité tenant, en grande partie, à la constitution physico-chimique des plasmas où ils baignent qui diffèrent dans de larges proportions. Nous rapportons seulement, à titre documentaire, les chiffres ci-contre, En les examinant dans leur ensemble, on remarquera que, s’il n'y a pas parallélisme entre la dimension de l’hématie et la résistance glo- bulaire, les résistances minima les plus fortes correspondent cepen- dant, ici aussi, aux globules les plus volumineux (globules de batra- ciens et de reptiles). (1) Seul, le sang d'autruche était du sang veineux. BioLocie. Comptes RENDUS. — 4919. T. LXXXII. 15 ESPÈCES ANIMALES Batraciens : Triton (Molge Poireti Ger- VOLS) EN RS ES ATEN Discoglosse ( Discoglossus protus Oblhi). : + 0 ei Grenouille verte (Rana es- CUTERTE Net oo | Crapaud (Bufo mauritanicus SCHIeSel M Shen Reptiles : Tarente (Tarenlola mauri- di Abe) TE LA NE | Tortue d'eau douce (Clem- mys leprosa Schweigger). Tortue terrestre (Testudo mauritanicæ Guichenot). Vipère (Vipera lebetina : L. RANCE NES tee JAN ee etre Poissons : Rascasse (Scorpænaustulata Barbeau (Bar bus fluvialis) . Cyprin doré (Carassius au- RAIN LOS EN PRES Bogue. commun (Box vul- GUPISACUN-) HEC ete Oiseaux : Autrache d'Afrique (Stru- thio camelas)r 0000. He | Pintade . : . . . . . . . is | Pigeon domestique POULE era te | Moineau commun. . . . - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DIAMÈTRES MOYENS des HÉMATIES en Grand diamètre | diamètre |diamètre | diamètre 13,8 13,7 Petit DIAMÈTRES MOYENS des NOYAUX en Grand a Petit CHIFFRES DES RÉSISTANCES minima (HÉMOLYSE INITIALE) 0,26. 0,28. 0,24 — 0,24 — 0,96 — 0,28 — 0,30. 0,24 — 0,24 — 0,30. 0,26 — 0,30. 0:32 ==0,52 0,38. 0,40. 0,38. 0,42 — 0,42: 0,52. 0,44 — 0,44 — 0,46. 0,46. 0,44. (Travail de l'Institut Pasteur d'Algérie.) SÉANCE DU 1° MARS 199 * SUR LA VITESSE DE RÉACTION DE LA PHAGOCYTOSE, par Ta. MaDsEN, O. Wuzrr et T. WaATABIKI. On mélange dans de petits tubes : 1° Une émulsion des microbes (Staphylocoque « ou Coli-bacille): 2 Des globules blancs ; 3° Un sérum spécifique. On conserve le mélange à une température constante et on examine la marche de la phagocytose à intervalles successifs. On constate que la phagocytose ne commence pas tout de suite, mais seulement après une période d’incubation. Cette période d'incubation s'étend d'autant plus que la température s’abaisse ; les corrélations entre la température et les périodes d’incubation correspondantes suivent la loi de Vant Hoff-Arrhenius; le coefficient y est à peu près égal à 10.000. La courbe de la phagocytose peut être exprimée par la formule, qui vaut pour les processus bimoléculaires. Les relations entre la vitesse de réaction et la température suivent aussi la loi de VantHoff-Arrhenius, avec un coefficient x, oscillant autour de 10.000. Pour chaque température la phagocytose s'élève jusqu'à un maximum final qu’elle ne dépasse pas, même si la réaction dure pendant des semaines. C'est par une élévation de la température seulement qu’on peut modifier ce maximum. C'est là une différence essentielle entre la phagocytose et les réactions chimiques où la température change la vitesse de réaction seulement, mais non point le résultat final, qui sera le même pour toutes températures. En élevant la température jusqu'à un certain point la phagocytose s'achève ; mais si on dépasse la température de l'organisme, d'où pro- viennent les phagocytes, la phagocytose diminue. Pour le Cheval et l'Homme, dont la température est de + 37e environ, on trouve un optimum à + 31°; la courbe phagocytaire de + 39° cor- respond à celle de + 36°, la cons de + 40° à celle de + 35°, ete. Pour le Cobaye (temp. + 39°), l’'optimum est réalisé à + 39°, chez les oiseaux à - 400-410. ; Dans les cas où la température de l'organisme change, l'optimum pha- gocytaire se modifie corrélativement. Chez des fébricitants, dont la température du soir et du matin oscillait entre + 40° et + 36°, l'opti- mum se trouvait à + 40° et + 36° respectivement. D'après des expériences de Miss Hempl, les phagocytes peuvent aussi changer leur optimum en dehors de l'organisme. 200 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES ORGANES LYMPHOÏDES CÉPHALIQUES DES BATRACIENS, par J. Jouy. Malgré un certain nombre de travaux qui concernent, surtout chez les Urodèles, le tissu lymphoïde du foie et du rein, et chez les Anoures, la moelle osseuse, la rate et le thymus, le tissu lymphoïde des Batra- ciens n'est pas encore complètement connu. On admet généralement que des organes comparables aux ganglions manquent absolument chez eux et que le tissu lymphoïde est distribué d’une manière diffuse sur tout le parcours du tube digestif. Chez les Anoures, en particulier chez la Grenouille, en plus de la rate, du thymus, de la moelle osseuse et de l’infiltration lymphoïde du foie, du rein et du tube digestif, il existe cependant quelques autres locali- sations du tissu lymphoïde dont certaines sont fixes et constantes. Elles se trouvent surtout dans la région de la tête. Plusieurs d’entre elles ont déjà été vues ; mais elles ont été oubliées ensuite ou mal interprétées ; d’autres n’ont jamais encore été observées. 1° Dans les fosses nasales, la muqueuse présente une infiltration de cellules lymphoïdes localisée à la partie externe du recessus latéral. Cet amas lympho-épithélial, déjà connu, paraît à peu près constant, au moins chez ana temporaria. : 2 Dans toute la cavité bucco-pharyngée, chez la Grenouille et le Cra- paud, en plus des amas d'infiltration lymphoïde diffuse, on observe des follicules qui sont en rapport avec des cryptes épithéliales. Le tissu lymphoïde est régulièrement aggloméré autour des cryptes; au fond de celles-ci, l'épithélium est complètement infiltré de cellules lympha- tiques. Ce sont là des formations comparables aux follicules linguaux des mammifères; elles sont très répandues chez les vertébrés supé- rieurs. On les rencontre aussi dans l'œsophage, la cavité bucco-pha- ryngée et le cloaque de beaucoup de Sauropsidés. Chez certains Urodèles, cette disposition en forme de crypte est remplacée par des saillies papuleuses dont l’épithélium et le tissu sous-jacent sont infiltrés” de lymphocytes. Ces papilles Ilymphoïdes ressemblent absolument aux fol- licules de la bourse de Fabricius des Rapaces et des Coureurs, du Nan- dou en particulier. Ces différentes formations sont des organes Ilympho- épithéliaux élémentaires. 3° Chez la Grenouille, il existe, de chaque côté de la voûte palatine, en avant de l'articulation mandibulaire, une dépression profonde de la muqueuse, de forme triangulaire, dont la base se continue sans démar- cation avec la muqueuse pharyngo-palatine et dont la pointe, dirigée en avant, s'allonge en forme de court conduit. Chacune de ces fossettes se trouve en dedans du maxillaire supérieur, au niveau de l’angle formé SÉANCE DU 4°" MARS 204 par j’écartement de l'arc jugo-maxillaire et de l'os ptérygoïde, sur un plan intéressant la moitié postérieure du globe oculaire. Ces fosseltes palatines sont constantes, et leur place est fixe; elles existent chez R. lemporaria et chez À. esculenta. On les trouve chez des individus de taille différente (de 18 à 80 millimètres). Sur les coupes transversales de la têle, elles apparaissent entourées complètement par un lissu lym- phoïde qui enveloppe aussi le fond de la crypte et infiltre l’épithélium cylindrique qui la tapisse. On n’y trouve ni follieules secondaires ni centres germinatifs. Sur les pièces injectées, on voit les vaisseaux san- guins s'avancer jusqu'à l’épithélium sans le pénétrer. Ces eryptes sont des formations amygdaliennes élémentaires tout à fait comparables aux follicules linguaux des mammifères; leur situation, leur symétrie, leur constance, leur structure permettent de les dénom- mer : amygdales palatines de la grenouille. À ma connaissance, elles n’ont jamais été vues (1). Je ne les ai pas, jusqu'ici, trouvées chez les Urodèles. Du reste, ces petits organes ne semblent pas exister chez tous les Anoures. Ils paraissent subir une légère régression avec l’inanition. 4 Il existe enfin chez la grenouille, dans la région des sacs lympha- tiques de l'extrémité céphalique, des nodules lymphoïdes constants qui peuvent être regardés comme des ébauches de ganglions lymphatiques. SUR L'EXISTENCE, CHEZ LES BATRACGIENS, D'ORGANES LYMPHOÏDES POUVANT ® ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME DES ÉBAUCHES DE GANGLIONS LYMPHATIQUES, par JAJorLY, On doit réserver le nom de ganglions lymphatiques à des organes Igmphoïdes placés sur le cours de la lymphe. On ne connaît jusqu'ici d'organes répondant à cetle définition que chez les oiseaux ou chez les mammifères. Chez certains oiseaux, ils peuvent, comme je l’ai montré, présenter une disposiliôn élémentaire et schématique : celle d’un tube, (1) Oppel(Lehrbuch der vergl. mikr. Anatomie der Wirbeltiere, II, 1900, p. 78) décrit, chez le Protée, sous le nom de tonsille, un simple amas lymphoiïde de la muqueuse bucco-pharyngée, situé en arrière de l’articulation maxillaire, et très distinct de l'organe que je décris. Oppel assimile aussi aux amygdales la portion de la muqueuse bucco-pharyngée de la Salamandre maculée qui est infiltrée de cellules lymphoïdes. Chez la grenouille, il ne décrit, dans la muqueuse bucco-pharyngée, que des amas lymphoïdes sans situation fixe. Dans son important travail sur le tissu lymphoïde des Ichthyopsidés (Archives de Zoologie exp., 1905, p. 260), Drzewina décrit seulement, dans le tube digestif de la Grenouille, une infiltration leucocytaire diffuse et pense que la présence ou l'absence d’amas folliculaires dépend de l’état général de l'animal et particulièrement de ses conditions de vie. 202 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le tissu lymphoïde s'étant formé tout autour du vaisseau lymphatique et dans sa paroi même. Ces ganglions tubulés des Analidés représen- tent jusqu’iei la forme la plus simple des ganglions lymphatiques que l’on connaisse (1). Chez les embryons des Analidés, le plus souvent, le lymphatique originel se cloisonne par la pénétration de bourgeons mésenchymateux, qui font saillie dans la cavité du vaisseau et arrivent à se rejoindre. Mais, en certains points, on peut voir des follicules isolés faire saillie dans la lumière non cloisonnée du vaisseau. Cette dernière disposition, qu’on peut observer chez des oiseaux adultes, au niveau de l’afférent, peut être considérée comme la plus simple de toutes celles qui répondent à la définition d'un ganglion lymphatique : un bourgeon lymphoïde mésenchymateux faisant saillie dans la lumière d'un vaisseau lympha- tique dont il refoule une des parois. On peut supposer a priori qu'une pareille disposition existe à l’état normal et constant chez certains vertébrés inférieurs. Je l’avais cherchée jusqu'ici sans succès chez les Reptiles. Je l'ai trouvée par hasard chez les Batraciens. En faisant des coupes sériées de têtes de grenouilles de différenis âges pour étudier l’histogénèse et l'involution saisonnière du thymus, je fus tout surpris de rencontrer des organes qui ressemblaient, chez les jeunes individus, aux ganglions iymphatiques embryonnaires des oiseaux. Chez de jeunes individus de Rana fusca de 20 à 30 millimètres, - ces organes présentent, en effet, un aspect caverneux analogue à celui qu’on observe dans les ganglions d’embryons de canard. Mais les larges capillaires qu'ils contiennent sont et restent des vaisseaux sanguins qui, chez l'individu adulte, peuvent être facilement injectés. À ce moment, l’organe a une structure plus compacte parce que, entre les capillaires, le nombre des cellules lymphoïdes a beaucoup augmenté. Chez des grenouilles mesurant 7 à 8 centimètres de l'extrémité du museau à la pointe du coccyx, cet organe lymphoïde pair a Faspect d’un petit corpuscuüle rosé, ovoïde, mesurant environ 2 à 3 millimètres dans son plus grand diamètre. On le trouve dans la région hyoïdienne, à la face ventrale de l’apophyse caudale de l’os hyoïde, en dehors de la thyroïde, dont il est très distinct, et en dedans de la glande carotidienne (1) H est probable qu'il existe des ganglions de ce genre chez les rep- tiles, mais ils sont encore inconnus. Les gros follicules lymphoïdes de l'intestin et de l’appendice des mammifères, ceux du lapin par exemple, malgré l'existence de larges sinus lymphatiques qui entourent leur partie renflée, ne sont pas des ganglions, mais des organes lympho-épithéliaux. Quant à l’organe lymphoïde du cœur de l’Esturgeon, qui a été quelquefois décrit comme une sorte de ganglion, les relations de ses sinus avec les vais- seaux lymphatiques n’ont pas encore été {ous étudiés pour qu’on puisse faire à son sujet des comparaisons précises. SÉANCE DU 1° MARS 203 qui, comme on le. sait, n'est constituée, chez la grenouille, que par un tissu caverneux vasculaire. Sur les coupes transversales de toute la Lète, on peut apercevoir, parfois, sur la même coupe, le ganglion, la thyroïde, la glande carotidienne et un corpuscule épithélial. Ces organes sont formés par un tissu lymphoïde compact, irrigué par de riches vaisseaux sanguins. On y trouve des mitoses disséminées de cellules lymphoïdes, mais pas de follicules secondaires, ni de centres germinatifs. Leur particularité la plus remarquable, c’est de faire saillie dans la cavité d’un sac lymphatique. Comme le montrent les dissections et les coupes d'ensemble, ils sont en effet situés dans la portion la plus externe du sac. lymphatique rétro-sternal dans lequel ils proéminent largement. Bien que la lame de tissu conjonctif qui les sépare de la cavité du sac, et qui représente à la fois la paroi du sac et la capsule du ganglion, soit très mince, aucune communication directe n'existe, à: mon avis, entre les vaisseaux de l'organe ét la cavité du sac lympha- tique. Lorsqu' on injecte les vaisseaux sanguins, on peut retrouver des portions de la masse injectée dans le sac lymphatique, au voisinage du ganglion. Mais comme ces injections sont nécessairement des injec- Lions générales, poussées par l’une des aortes, il est plus que probable que le sac lymphatique a été injecté par les communications naturelles qu'il possède avec le système vasculaire nu au niveau des cœurs iymphatiques. Si l’on considère, avec Ranvier et la plupart des auteurs modernes, les sacs D ue. des Anoures comme représentant de larges vais- seaux lymphaliques sous-cutanés, ce qui, du reste, ne préjuge rien de leur mode de développement, on voit que ces organes lymphoïdes : peuvent être considérés comme représentant le ganglion le plus simple que l’on puisse imaginer : un nodule lymphoïde irrigué par un réseau sanguin propre et situé contre la paroi d’ un vaisseau lymphatique dans laquelle il proémine. Ces ganglions élémentaires ont déjà été vus. Ils semblent avoir été parfois confondus avec la thyroïde par les anciens anatomistes. Ils ont été nettement distingués par Toldt (1868) et par Maurer (1888). Ce der- nier auteur, sous le nom de reste branchial ventral, en a donné une des- cription analomique très exacte, mais, tout en reconnaissant leur structure lymphoïde, il les a considérés comme des dérivés branchiaux. Je n'ai pas eu jusqu'ici, à ma disposition, le matériel suffisant pour vérifier cette opinion. Mes recherches portent surtout sur des gre- nouilles rousses après la métamorphose (15, 48, 20, 938, 30, 40, 50, 60, 10 et 80 millimètres). D'après mes observations chez le Tétard, il est fort possible, confor- -mément à la description de Maurer, que l’amas lymphoïde apparaisse d'abord dans le mésenchyme qui revêt la paroi de la chambre bran- F 204 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chiale ; mais il est peu probable qu’il soit précédé, comme les restes branchiaux véritables, d'une ébauche épithéliale,et rien dans sa structure n'autorise, jusqu'ici, à y voir un organe lympho-épithélial comparable au thymus. Il est très remarquable que ces ganglions élémentaires se trouvent dans la région même où apparaissent, chez les oiseaux et chez les mam- mifères, les premiers ganglions lymphatiques véritables. Ces ganglions cervicaux ou hyoïdiens sont accompagnés d’une deuxième paire située aussi dans un sac lymphatique. Ces derniers ganglions, plus petits et allongés transversalement, se trouvent au voisinage des précédents, mais un peu plus en dehors et un peu plus vers la face ventrale et vers . l'extrémité caudale. Ils sont presque libres dans le sac lymphatique et rattachés seulement à sa paroi par un méso vasculaire. Ces derniers ganglions semblent correspondre à l'organe signalé par Gaupp sous le nom de corps procoracoïdien. Comme les précédents, ces ganglions subissent, avec l’âge, une transformation adipeuse partielle. Ils sem- blent aussi être influencés par l’inanition, mais infiniment moins que le thymus, dans les mêmes conditions. : == SUR L'HÉMOCULTURE DANS LA GRIPPE, par A. CAYREL. La lecture des constatations bactériologiques faites sur le sang des. grippés montre des différences de résultats considérables suivant les auteurs. : Certains germes comme le pneumocoque et le streptocoque sont trouvés dans le sang par la presque totalité des expérimentateurs, quoique avec une fréquence très inégale. Mais, pour ce qui est du bacille de Pfeiffer les écarts sont extrêmes, les uns signalant ce germe plus d’une fois sur deux hémocultures, d'autres ne le trouvant jamais, quelques-uns enfin niant son existence dans le torrent circulatoire. Quelques chiffres, qui pourraient certainement étre grossis de bien d’autres, que les circonstances présentes ne permettent pas de recueillir, feront mieux sentir ces différences. M. Netter décèle le bacille de Pfeiffer en culture pure dans le sang d’un enfant et, avec Mozer, le retrouve 2 fois sur 12 hémocultures. Il rencontre aussi le streptocoque et le pneumocoque. Orticoni et Barbié, dans leur statistique, donnent 38 hémocultures à bacille de Pfeiffer sur 62 examens. Ils signalent les associations avec le pneumocoque el le streptocoque. \ Par contre Le Marc'Hadour et Denier (qui trouvent fréquemment le streptocoque), Rénon et Mignot, Ch. Richet fils et Barbier rencontrent SÉANCE DU 1° MARS 205 le pneumocoque, le streptocoque, parfois le staphylocoque doré, l’enté- rocoque ; dans aucun cas ils n’isolent le bacille de Pfeiffer. P. Courmont, Durand et Dufour déclarent que le bacille de Pfeiffer, constant dans les lésions pulmonaires, fréquent dans la gorge, ne se trouve pas dans le sang. Dans une statistique personnelle de 69 hémocultures, nous n'avons jamais isolé le bacille de Pfeiffer, mais trouvé 13 fois le preumocoque, 2 fois le streptocoque, 1 fois le pneumo-bacille, À fois le staphylocoque doré, 1 fois l’entérocoque. Les 13 pneumococcies nous ont donné 11 morts et 2 formes très graves. L'on doit se demander à qui tiennent de tels écarts dans les résultats obtenus. Trois hypothèses s’offrent à l'esprit pour les expliquer. En pre- mier lieu, l'erreur en trop qui consiste à prendre pour du bacille de Pfeiffer ce qui n’en est pas. Cette erreur ne doit pas exister si on se met dans des conditions scientifiques expérimentales rigoureuses. Elle est diminuée encore par la valeur de ceux qui ont obtenu des résultats positifs. On ne saurait cependant trop recommander dans le diagnostic bactériologique du cocco-bacille de l’influenza la nécessité de la culture- ‘fille sur gélose au sang (préalablement éprouvée par un séjour à l’étuve) et la contre-culture sur gélose ordinaire qui doit rester négative. Divers germes qui paraissent exister dans l’air et sur la peau des grippés peu- vent donner le change, mais seront éliminés par ces épreuves. En second lieu, l'erreur en moins qui, par une insuffisance de moyens ou la négligence de certains détails, peut donner des séries de résultats négalifs. Mais de telles séries blanches ont été enregistrées par des expérimentateurs particulièrement versés dans les pratiques du labo- ratoire. Enfin reste l'hypothèse de la variabilité de la flore microbienne des complications grippales avec les divers foyers épidémiques. \ I ne semble pas impossible que des conditions de climat, de résis- tance de race, de contamination hospitalière ou domestique par les mêmes poussières, de saprophytisme local rendant certaines espèces prédominantes et d’autres très rares, ne puissent expliquer la variabi- lité des germes observés au cours des septicémies de la grippe et le pourcentage de ces germes dans chaque statistique. Il paraît utile, dans les études qui seront faites à l'avenir, de noter scrupuleusement la date de l'hémoculture par rapport au début de la maladie et de mettre soigneusement en relation la forme naue avec les résultats obtenus. L'examen des chiffres fournis par les divers observateurs doit appeler une étude sérieuse des laboratoires permettant d'expliquer par des faits les écarts considérables des statistiques publiées jusqu'ici. (Laboratoire d'Armée des forces francaises en Iialie.) 206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉTUDE SUR LA VIRULENCE DU BACILLE PARATYPHIQUE B, par Durupr. Le bacille paratyphique B est virulent pour le cobaye : l'injection sous-culanée de cultures à cet animal détermine une bactériémie avec lésions hépatiques secondaires, grosse rate, périhépalite et périsplénite, suppuralion biliaire; on trouve toujours des bacilles dans la rate et l’'hémoculture est souvent positive. La localisation intestinale est moins nette que ne le sont les lésions des organes que nous venons de citer. L'infection paratyphique B chez le cobaye est héAucoub plus septicé- mique qu’intestinale. Nous avons fait des injeclions de doses variables de bacilles à ces animaux, et avons ainsi déterminé leur limite de résistance. Le cobaye meurt en 24 ou 48 heures ou quelques jours avec une dose supérieure à 40 millions de bacilles en injection sous-cutanée. Cette quantité se rap- porte à un échantillon que nous avons particulièrement étudié, qui est de vieille souche, sert à préparer du vaccin pour l’armée et possède tous les caractères culturaux classiques. La dose mortelle ne paraît d’ailleurs pas varier avec Les races dans des limites aussi étendues que le signalent les auteurs. M. Besredka, qui a injecté des souris, en a vu mourir avec des doses qui variaient entre 1/100 et 1/8.000 de culture sur gélose. De telles variations dans les résultats peuvent s'expliquer par les variations de virulence d’un échantillon à un autre, mais elles peuvent également dépendre des variations du nombre des microbes injectés. Une culture sur gélose ne représente pas une unité quantitative fixe. Nous avons fait des numérations d’émulsion prove- nant de cultures sur gélose de 24 heures avec le même bacille, la même gélose, le même temps de germination, et nous avons eu des résultats qui variaient de 180 millions à 2 milliards de microbes par cehtimètre cube. À plus forte raison ces résultats peuvent-ils être plus inconstants si on emploie des géloses différentes et des bacilles différents. Avant d'étudier expérimentalement les variations de la virulence, il faut d’abord s’assurer de la constance du nombre de bactéries injectées. MM. Nicolle, Debains, M"° Raphaël ont opéré, dans’ leurs études sur la virulence du para B, avec des doses correspondant à 1 c:e: de culture: en bouillon Martin; les auteurs conviennent d’ailleurs parfaitement que ces doses représentent des quantités très variables de bacilles. Nous croyons que pour être certains d’injecter toujours la même dose de microbes il est nécessaire de les compter. Voici notre technique expérimentale, que nous avons choisie après essai de la plupart de celles qui ont été publiées; méthode des pesées, méthode réfractomé- trique, méthode de Wright par mélange avec des hématies, etc. Celle SÉANCE DU 1° MARS 207 qui nous a paru la plus simple et la plus constante dans ses résultats consiste à préparer une dilution au 1/10 de l’émulsion type avec la solu- tion suivante : RO CIO DURE OA ALU EE RU Re ee NRA LE AIG GUICS Pleu de méthylèneratilD0 MP NE MEN EN ENV Acc. Sérum physiologique... 2 2 Le AA A RE ON CAE On examine la dilution à la cellule de Thoma, en ayant soin d’at- tendre au moins une heure pour que les microbes aient perdu une partie de leur mobilité, pour qu'ils se colorent et se déposent autant que possible au fond de la cellule; on compte alors plan par plan en mettant en œuvre toutes les ressources -optiques de l'éclairage du microscope. Si l'on n’observe pas rigoureusement cette technique, on s'expose à de sérieux mécomptes. Voici maintenant quelques-uns des résultats obtenus avec deux échantillons différents de bacilles : 1° Les microbes provenant d’une culture sur gélose de 24 heures en émulsion dans le sérum physiologique tuent le cobaye en injection sous-cutanée à une dose supérieure à 40 millions de bacilles qui parait être la dose limite. iv 2° Une émulsion dosée à 40 millions de bacilles, mais laissée exposée 2% heures à la température du laboratoire et à la lumière diffuse du jour, tue constamment le cobaye en 24 heures. Voici l'explication de ce fait : une seconde numération nous a montré que l'émulsion vieille de 2% heures contenait 250 millions au lieu de 40 millions de bacilles. Le microbe ayant poussé dans le sérum physiologique, l'énorme différence du pouvoir pathogène /ne peut être imputée exclusivement à une augmentation de la virulence. 3° Si on lave les bacilles émulsionnés et si on n’injecte en dernier lieu que des bacilles bien vivants, les corps morts, étant éliminés par une centrifugation partielle (vaccin Nicolle, Conor et Conseil), la dose com- patible dans ces conditions avec la survie de l'animal est bien supérieure à 40 millions de bacilles. Ce fait peut être interprété comme une dimi- nution de la virulence ou du pouvoir pathogène. 4 Si on prépare une émulsion analogue au vaccin de Besredka en agglutinant les microbes par un sérum spécifique et en les lavant ensuite pour éliminer l'excès de sérum on peut injecter dans ce cas une dose supérieure à 40 millions de bacilles; la virulence parait nettement diminuée, car avec la dose limite ordinaire on ne trouve plus au bout de 15 jours de bacilles dans la rate. 5° Si on change la nature de l’excipientet si on injecte, au lieu d’une émulsion aqueuse, une culture fraiche en bouillon de 24 heures, la dose de 40 millions de bacilles n’est plus compatible avec la vie. Il y a dont augmentation soit de la virulence, soit du pouvoir pathogène. ’ À 208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ajoutons enfin que dans toutes nos expériences nous n'avons jamais observé, à la suite des injections sous-cutanées, d’abcès locaux avec escarre ou nécrose, comme le constatèrent invariablement dans leurs recherches MM. Nicolle, Debaïns et M! Raphaël. (Travail du laboratoire du professeur Dupré.) a NOTE SUR UNE NOUVELLE MÉTHODE PANOPTIQUE RAPIDE DE COLORATION DU SANG ET DES PARASITES DANS LES FROTTIS, par RÔGER ARNAUD. Le gros défaut des colorations panoptiques, à côté des précipités si faciles à former, et qu'une technique impeccable peut seule éviter, est dans le temps que demande leur application. La plus courante de toutes, la technique May-Grünwald-Giemsa, telle qu'elle est pratiquée dans tous les laboratoires, demande au minimum 30 minutes. Nous avons cherché, par un procédé nouveau, à abréger cette durée, sans nuire en rien aux avantages de cette méthode panoptique. Nous croyons y être parvenu, et être utile aux praticiens en leur indiquant notre technique. Faire un frottis par la méthode usuelle. Ne pas fixer. Mettre le Fothes face enduite en dessus, dans une boîte de Laveran-Mesnil. Recouvrir largement de colorant de May-Grünwald. Fermer la boîte pour éviter l’'évaporation de l'alcool méthylique. Laisser colorer 5 minutes. Puis, rejeter l'excès de colorant, et sans laver, recouvrit le frottis d’une solu- tion de bleu boraté de Manson, préparée de la facon suivante : « Prendre dans un tube quelques gouttes de la solution mère. Ajouter de l'eau distillée jusqu’à obtenir un liquide légèrement translucide. » C'est cette solution dont on recouvre le frottis. On laisse colorer 40 à 50 secondes. Puis lavage à l'eau distillée. Différenciation par l'alcool à 90°. Laver à nouveau. Sécher et examiner. Les globules rouges sont violet noir, les granulations éosinophiles fortement colorées en rouge, les fines granulations neutrophiles très visibles, ainsi que les granulations basophiles; quant aux parasites, ils ont leur protoplasma bleu léger et leur noyau fortement rouge, Nous rappelons que le colorant de Manson se prépare ainsi : bipuide méthylène 411) ONE On s'Aate 2 grammes. Solution de borax à 5 p. 100 dans l’eau bouillante . . . 100 c.c On obtient ainsi en 5 minutes une coloration dénuée de tout préci- SÉANCE DU 1° MARS 209 pité et pour le moins comparable, comme finesse et facilité de lecture, au May-Giemsa et l’azéo-biéosinate de Tribondeau. Il n'est pas nécessaire de s'assurer de la neutralité de l’eau distillée. À la rigueur un lavage à l’eau ordinaire suffirait à donner de très bonnes préparations. SUR LA CONSERVATION EN PRÉPARATIONS MICROSCOPIQUES DES MOISISSURES ET DES PÉRONOSPORÉES, par HENRI Coupin. CS Les innombrables espèces de Moisissures ne peuvent guère s’obser- ver au microscope qu'en les mettant, entre lame et lamelle, dans une goutte d'alcool ou d'acide lactique qui ont, tous deux, l'avantage de les « mouiller » et d’en chasser les bulles d’air, véritable peste pour le micrographe. Ces préparations, malheureusement, n'ont qu'une exis- ‘tence éphémère et, généralement, on renonce à en obtenir de défini- tives ; il ne faut pas songer en effet à l'alcool, aucun lut ne pourrait empêcher l'évaporation; à l'acide lactique, qui, à la longue, cristallise ; à la glycérine ou à la gélatine glycérinée, qui plasmolysent les cellules; au baume de Canada, où elles ne pourraient guère arriver que dans un état déplorable, etc. J'ai, cependant, obtenu d'excellents résultats en mettant les Moisissures, au milieu d’une lame, dans une goutte d’alcool (entre 50 et 95°), puis, après «en avoir laissé évaporer à peu près la moitié, en y ajoutant une goutte du liquide ci-dessous, qui s'obtient facilement à froid, et que j'appelle, pour simplifier, Gomme glucosée au sublimé. Solution aqueuse de hbichlorure de mercure à 8 p. 1.000. 35 c.c. Commerarabique tee Net TS Se 00e ramnmrnese GIUCOS EURE NE ANR NE tn MAT AR a eu nr A Ge En tn GG On recouvre d’une lamelle et, quelques heures après (pour laïsser à la gomme le temps de sécher au pourtour), on lute avec un Jut quel- conque, par exemple le bitume de Judée. J'ai préparé ainsi diverses Moisissures (Sterigmatocystis nigra, Asper- gillus repens, Penicillium glaucum, Sporodinia grandis, Mucor Mucedo, Rhizopus nigricans, ete) et, depuis des mois, elles sont exactement dans le même état qu'au début. Le même médium peut être utilisé pour la conservation des Bérono. sporées, comme, par exemple, le Premia Lactucæ, dont les filaments et les bouquets de spores sont, au moins, aussi délicats que ceux des Moi- sissures. Pour elles, cependant, après avoir mis les épidermes ou les 210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE coupes qui les portent dans une goutte d’alcool et avoir laissé évaporer, en partie celui-ci, il convient d’y ajouter une goutte d'eau. On fait écouler, de süite, le surplus de celle-ci et, sur la préparation, on met une goutte de Gomme glucosée au sublimé. Recouvrir d'une lamelle et luter comme précédemment. Si l’on ne met pas la goutte d’eau, il y a souvent, dans la préparation, de fines bulles d’air qui pourraient gêner les observations. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 0 E e Pazis, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 211 SÉANCE DU 8 MARS 1919 ( SOMMAIRE CrespiN et ZaKky (A.): Physiologie tion des Staphylocoques. . . . . . . 220 palhologique de l'accès palustre. Mériver (G.) : Note sur l’utilisa- Courbe de l'hémolyse et de la cho- tion des aliments après l’exclusion lESTÉTINEMIEPS MEME PENSER DA MdurduodÉnun EAP ER EtS 222 Degré (R.) : Une bactérie voisine Quarezit (G.) : Contribution à la des Pasteurellæ, pathogène pour vaccination contre l'influenza . . . 213 ONE RE DEAR RER ERRNO 224 | Vincent (H.) : Bacille dysentéri- Horrañpe (A.-Cn.) : Absence que et bile. Nouvelles remarques, à d’alexine dans le sang des Insectes. 218 | propos d'une communication de MarBais (S.) : Sur la classifica- M. Marbais sur le même sujet. . . 212 Présidence de M. Ch. Achard, Vice-président. PRÉSENTATION D OUVRAGE. M. Aucuste Perrir. — En juillet 1916, la Société de Biologie voulait bien accueillir la première note consacrée en France à la spirochétose ictérohémorragique: depuis, Louis Martin et moi nous n'avons plus cessé de poursuivre l'étude de cette affection, dont M. J. Godart, alors sous-secrétaire d'État au Service de Santé, nous avait chargés. _ Après avoir fait connaitre les travaux de R. Inada et d'Y. Ido, nous insistions sur la nécessité de rechercher la maladie japonaise sur le front français ; notre appel ne resta pas sans réponse et, dès la fin de 1916, nos Comptes rendus enregistraient les communications de E. Re- naux, de R. Legroux, de S. Costa et J. Troisier. Dans la table analytique de 1917, la rubrique « spirochétose » comportait une imposante suite de notes (en particulier celles de M. Garnier et J. Reilly), dont le nom- bre devait s’accroitre encore les années suivantes. Si l’on rapproche ces documents de ceux publiés par la Société médi- cale des, Hôpitaux de Paris, on se convaincra du rôle considérable qu'ont joué les médecins français dans l'étude de la spirochétose ictéro- hémorragique. Ce sont précisément ces (ravaux que nous avons mis en œuvre dans BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, — 1919. T. LXXXIL 16 219 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'ouvrage que nous vous présentons : La spirochétose ictérohémorra- gique, 1 vol. in-8°, 284 pages, 25 figures, 13 planches en noir et en cou- leurs; monographie de l’Institut Pasteur, chez Masson et Cÿ°. La guerre ne nous a pas fait négliger les recherches des auteurs étran- gers et nous nous sommes efforcés de tenir un compte équitable de tous les travaux qui nous ont été accessibles, quelles que soient leurs origines. Notre livre se divise naturellement en trois parties : le parasite; la maladie expérimentale; la maladie humaine; il résume, tant au point de vue biologique que médical, les notions actuellement acquises, rela- tivement à une affection dont l'histoire, pour notre pays, a débuté iei même, il n’y a pas encore trois ans, el qui, néanmoins, s'impose déjà à l'attention par une foule de traits, en particulier par son étiologie, sa physiologie pathologique, son diagnostic el sa thérapeutique. BACILLE DYSENLÉRIQUE ET BILE.” NOUVELLES REMARQUES, A PROPOS D'UNE COMMUNICATION DE M. MARBAIS SUR LE MÈME SUSET, par H. VINCENT. J'ai fait connaître en 4908 (1): 1° qu'à la suite de l'inoculation du bacille dysentérique (races Shiga-Kruse ou Flexner) au lapin et au cobaye, le bacille n’est pas retrouvé, le plus souvent, dans la vésicule biliaire de l'animal sacrifié ou mort. Chez le cobaye, il n’a été isolé que 3 fois sur 17 inoculés : encore les 3 animaux positifs avaient-ils été inoculés dans le péritoine, non sous la peau ou dans la veine. 2° Que les races Shiga-Kruse ou Flexner, ensemencées dans la bile de bœuf, de cobaye où d'homme (cette dernière stérilisée), ne s'y multi- plient pas. Le bacille du type Kruse peut même y périr après 6 ou 1 jours. M. Marbais a observé le même fait (Société de Biologie, 7 dé- cembre 1918), mais sans mentionner, comme il est d'usage, les publi- cations qui l'ont précédé. Je lui ai signalé son oubli. Il n'a pas fait davantage la rectification attendue. J'ai dû, en conséquence et avec regret, la faire moi-même. (Société de Biologie, 8 février 1919.) Une communication plus récente de M. Marbais dénote dans le fond, comme aussi dans la forme, le désir de ne pas situer en leur juste place les travaux antérieurs aux siens; il les déforme, les cite incomplète- ment et donne, de ma publication, une indication de date inexacte, en “«1) H, Vincent. Comptes rendus de lu 500. de Biologie, 1908, t. 11, p. 143. ; SÉANCE DU 8 MARS 913 disant qu'elle est de 1918 — par conséquent postérieure à la publica- tion de Maur-Nicolle et de ses collaborateurs — alors qu'elle est de 1908, soit plus ancienne de dix ans. Je m'excuse d’avoir retenu un instant l'attention de mes collègues sur ces procédés inhabituels. L'absence du bacille dysentérique dans la vésicule biliaire, chez les animaux inoculés et même chez l’homme, s'explique, comme je l'ai montré, parce que la bile est un milieu défavorable à la culture du bacille. Avec les races de bacilles des types Shiga-Kruse et Flexner, cependant très vivaces et expérimentalement très virulentes, que j'ai utilisées, j'ai constaté que celles des races qui se conservent in vitro dans le milieu biliaire ne s'y multiplient cependant pas. Il y a donc, à ce point de vue, deux groupes de bacilles : les uns qui succombent, après un délai parfois tort bref, dans la bile d'homme, de bœuf ou de cobaye; les autres qui subsistent, pendant un temps variable, dans le même milieu, mais sans proliférer (là est le fait essentiel), qu'il s'agisse d’ailleurs de bile (bœuf ou cobaye) stérilisée ou non. M. Marbais n’a pas constaté autre chose. Les conclusions de ma publication initiale : a} la bile n’est pas favo- rable à la culture du bacille dysentérique èn vivo ni in vitro; b) elle possède, pour certaines races du bacille un léger pouvoir antiseptique qui ne permet pas sa survie prolongée — demeurent entières. Ces recherches présentent quelque intérêt pour l'étude pathogénique des porteurs de germes dysentériques. | CONTRIBUTION À LA VAGCINATION CONTRE L'INFLUENZA, par G. QUARELU. Les résultats si différents, et souvent contradictoires, relativement à l'étiologie de l'influenza, obtenus par les auteurs qui ont étudié le pro- blème bactériologique dans des milieux si divers, la différence des divers syndromes de l'influenza qui suivent la première période épidé- mique, dans laquelle dominent, au contraire, des syndromes relative- ment simples et uniformes, expressions, peut-être, de la pure infection - par l’influenza, et de nombreux critériums d'analogie ont donné une grande probabilité au concept suivant lequel l'agent étiologique de _l'influenza demeure jusqu'à présent inconnu et le Bacille de Pfeiffer représente, avec les Pneumocoques, le Streptocoque hémolytique et “avec d’autres germes moins fréquents, non le germe primitif, mais un germe d'association, qui a toutefois une grande importance pour 214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE déterminer, avec d'autres micro-organismes, les nombreuses complica- tions de l'influenza et pour en aggraver le cours. Suivant les idées aujourd’hui dominantes, le virus primitif de l’in- fluenza apparliendrait au groupe des virus filtrants, et quelques don- nées expérimentales viendraient dès maintenant appuyer ce concept (Selter, Nicolle et Lebailly, Dujarric de la Rivière, Gibson, Bowmann et Connor, Micheli et Satta); et ce concept, bien qu'il soit en contraste avec les résultats négatifs obtenus par Keegan, Paraf et Goubaud, n'est pas dénué de valeur suggestive et probante. Le virus filtrant préparerait le terrain à d’autres germes, ou en augmenterait la virulence, ou bien en favoriserait le développement, comme on le sait pour d’autres infections. En conformité avec ces idées étio-pathogénétiques, il est très difficile de préparer un vaccin sûrement immunisant contre l'influenza et ses complications. Les nombreux vaccins proposés et employés, depuis longtemps, spécialement en Amérique, et contenant tous le Bacille de Pfeiffer, associé de diverses manières et en différentes mesures, à d’autres.germes, ne peuvent répondre parfaitement aux exigences de la prophylaxie, si les germes trouvés par les nombreux observateurs pré- sentent une si grande diversité. Un vaccin, pour être rationnel, devrait contenir, outre l'éventuel virus filtrant, tous les germes de l'épidémie en cours. Après avoir essayé, sur quelques individus, l’action de vaceins pré- parés avec des liquides filtrés à travers une bougie de Berkefeld obtenus de crachats d’influenzés du deuxième jour, en solution phé- niquée à 4 p. 100 en partie égale avec le liquide filtré, et avec du vaccin contenant le Bacille de Pfeiffer, le Pneumocoque, le Streptocoque hémo- lytique, j'ai cru plus rationnel d'employer un vaccin, qui, à la facilité de la préparation (puisqu'elle n'exige pas de moyens spéciaux de labo- raloire), joindrait l'avantage de contenir, outre le virus filtrant, tous les germes, lesquels, tout en étant des micro-organismes d’association, ont cependant, sur l'infection, une influence non népleeanie et, avec ces germes, tous les produits d’ ALQNEEe Voici comment le vaccin est préparé : dans des récipients en verre, à large col, fermés à l’émeri, stérilisés, on recueille, dans les sections réservées aux influenzés, les crachats de tous les malades provenant des quartiers les plus divers de la ville et des environs, durant les 4 à 5 premières journées de maladie, afin de pouvoir obtenir, non seulement les germes de la première! infection, contenant le virus filtrant, c’est-à-dire les germes essentiels pour le but de la vaccination, mais encore ceux d'association et des complications: ces crachats sont joints, dans le rapport de 1 : 2, à une solution phéniquée à 0,6 °/,, de manière que les suspensions et solutions obtenues renferment environ 0,5 °/, d'acide phénique. Pendant 24 heures, on secoue fréquemment, dans un agitateur, ou même \ SÉANCE DU 8 MARS 215 seulement à la main, la suspension, qui est ensuite filtrée sur une triple épaisseur de gaze stérilisée. On obtient ainsi une émulsion stable, qui, au bout de quelques jours seulement, donne un léger précipité, qu'on voit disparaître'en agitant un peu et qui contient, outre le virus filtrant, plus ou moins profondément atténué par l’acide phénique (on connaît la résistance relative que la majeure partie des germes filtrants présentent à l’acide phé- nique), ies germes d'association et leurs produits d’autolyse. Le vaccin est enfermé dans de Pete fioles de 2 c.c. et injecté à cette dose à 6 jours de distance, au moins 2 fois. Ce vaccin, injecté sous la peau, ne donne presque aucune réaction, sauf une légère douleur qui disparaît dans la journée, et ce n'est que rarement qu'on observe une faible élévation thermique de quelques dixièmes de degré. Les individus ainsi injectés ne ressentent aucun trouble général soit subjectif, soit objectif. Il n’y a pas encore lieu de parler de l'efficacité préventive de ce vac- cin. Ce ne sera qu'après des recherches largement et diligemment con- duites que la sanction pourra lui être accordée ou non. En attendant je dirai seulement qu'aucun des sujets vaccinés (une centaine environ, qui, durant la période écoulée entre la première et la seconde injection, furent, autant que possible, tenus isolés, particuliè- rement pour éviter les dangers de l'infection dans la période de latence de la vaccination) ne fut atteint d'influenza, bien que plusieurs d’entre eux, non seulement fussent demeurés, comme infirmiers, en contact avec des malades, mais eussent même dormi dans les salles occupées par ces derniers. : Les vaccinalions ne furent pas faites en plus grand nombre, une accalmie s'étant heureusement produite au cours de l'épidémie, et, par conséquent, un plus sérieux contrôle de l’action prophylactique du vaccin n’ayant plus été possible. Aux objections qu’on pourrait soulever au sujet de ce vaccin, et spé- cialement sur le manque d’une fixité qualitative et quantitative des germes qu'il contient, on peut répondre, pour le moins, qu'il corres- pond, avec une grande approximation, à la flore bactérienne de l’in- fection locale et qu'il est préparé avec des germes virulents, ne pro- venant pas des cultures de laboratoire, et que, de plus, on peut l'obtenir avec une technique très simple et tout à fait élémentaire. Ces recherches préliminaires seront continuées sur une vaste échelle, dans le cas où l'épidémie présenterait une nouvelle recru- descence. (Travail de la Clinique médicale de l'Université royale de Turin.) 216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE DE L’ACCÈS PALUSTRE. COURBE DE L'HÉMOLYSE ET DE LA CHOLESTÉRINÉMIE. Note de Crespin et ALt ZaAKky, présentée par À. DESGREz, La méthode qui consiste à étudier les réactions biologiques de l’orga- nisme, dans l'accès palustre envisagé à ses (rois stades, avait déjà donné à l’un de nous quelques résultats (1). Avec Béguet (2) ilavait montré que dans l'accès palustre l’hémolyse suivait une courbe, toujours la même. Comme la plupart des auteurs il avait trouvé la R. G. diminuée en général dans le paludisme; mais, fait singulier et digne d'intérêt, il avait aussi montré que cette R.G. se relevait légèrement et d’une manière constante pendant l’accès, pour atteindre le fastigium au moment de l’acmé thermique, tauxse trouvant alors au voisinage de la normale ou un peu au-dessus, et enfin que la R.G. s’abaissait avec la chute de la température, revenant peu à peu au chiffre normal, si l’apyrexie devenait définitive. J Depuis lors, certains travaux concernant l’hémolyse dans le palu- disme sont venus confirmer ces données, tandis que d’autres les infir- maient. Ainsi Netter (3) trouve une hyperrésistance au cours des accès, alors que Garin et Girard (4) notent une résistance légèrement diminuée pendant les accès et normale pendant la période apyrétique. May (5). trouve, par contre, que l’accès fait remonter la R.G. qui se rapproche de la normale, parfois l’atteint, et exceptionnellement la dépasse. Jean Baur, Bocca et Tulesne (6) confirment ce que Vincent avait établi depuis longtemps, à savoir que la R. G. est diminuée chez les paludéens, qu'il s'agisse d'accès ou d'apyrexie. Ô Il y a là des faits contradictoires, en apparence peut-être seulement, car aucun des auteurs précités n’a cherché comme nous à établir, sur le même malade, la courbe de l'hémolyse, avant, pendant et après l'accès. Cette méthode nous a permis, sur trente nouveaux cas, de confirmer dans leur ensemble les résultats consignés dans la thèse de Béguet. Ce travail indiquait qu'un des facteurs capables d'augmenter la R.G. pouvait bien être l'excès de chotestérine, et il notait effectivement l’aug- mentation relative de celle-ci au cours dé l’accès. C’est la première fois (1) Crespin et Béguet. Bull. de là Soc. de pathologie exotique, 11 décembre 1942. (2, Béguet. Hémolyse dans le paludisme, Thèse d'Alger, 1912-1943. (3) Netter, Presse médicale, 3 décémbre4917. 4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 10 novembre 1917 (5) Soc. méd. des H6p. de Paris, 17 mars 1918. (6) Soc. méd. des Hôp. de Paris, 8 mars 1948, SÉANCE DU & MARS 217 que l’on parlait de cholestérinémie dans le paludisme; mais le fait méri- tait confirmation. René Porai (1), et c’est, eroyons-nous, le seul auteur qui, après nous, ait recherché la cholestérine dans le saug paludéen, sans se préoccuper du reste de faire, comme nous, ses dosages avant, pendant et après l'accès, a trouvé récemment que la cholestérinémie était d'autant plus marquée que le cas était plus grave dans le paludisme primaire, fait que nous ne confirmons pas, puisque chez un malade atteint d'accès per- nicieux, mort une heure après la prise de sang, nous avons trouvé, alors que la température était de 41°6, le chiffre de 1 gr. 92. Aujourd'hui, nos trente observations sont absolument confirmatives, sans une exception, de ce qui avait été annoneé en 1912. (Méthode de Grigaut). La cholestérine diminuée au-dessous de la normale, pendant la période précédant l'accès, augmente légèrement au moment de l'accès, arrivant au voisinage de la normale, la dépassant parfois, et retombant à un chiffre bas, si l'apyrexie n’est pas définitive. Par contre, la choles- térine augmente et atteint la normale, si l'accès ne doit plus revenir qu'à longue échéance. Chez un paludéen en apyrexie, la constatation d’une cholestérinémie normale pendant plusieurs jours est un bon indice de guérison. Un nouveau fléchissement indiquerait que la maladie n’est pas éteinte et qu’un nouvel accès se prépare. _ La cholestérinémie semble donc être un procédé de défense de l'orga- nisme, dans le paludisme comme dans les autres infections, fièvre typhoïde, pneumonie; mais à l'encontre de ce que Chauffard, Grigaut et Guy-Laroche ont démontré pour celles-ci, c’est pendant l'élévation ther- mique que la cholestérinémie s’accuse, ce qui tend à faire considérer l'accès palustre comme une réaction de défense de l'organisme contre l'agression parasitaire. : Nos cas ont tous trait, sauf celui précité, concernant un accès per- picieux, à des malades atteints de paludisme secondaire. Il s'est agi de formes parasitaires diverses, falciparum ou vivax, sans que la variété de l’agent causal ait influé sur la courbe de la cholestérine, qui s’est révélée toujours la même. Il s’est agi de cas graves ou légers, et les mêmes résultats ont été obtenus, sauf que, dans les cas légers, la cho- lestérinémie se normalisait rapidement pendant l'apyrexie. Enfin, nos _ malades, quinisés ou non, ont présenté une courbe cholestérinémique identique. Aucun d'eux n’était ictérique, ni brightique. L'augmentation au cours de l'accès a été légère, mais constante, de 10 à 50 centigrammes. Un malade (pl. falciparum) à, le 8 août 1918, un accès : au début, à 38°, on trouve 0 gr. 94 de cholestérine; à 3925, on trouve 1 gr. 20; le (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 13 avril 1948. Le 918 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lendemain dans l’apyrexie (non détinitive), on trouve 0 gr. 92. Nouveaux accès, avec même courbe. Ce n’est que le 7 septembre qu'on trouve dans l’apyrexie 1 gr. 40. C'est le se de la guérison, qui s'affirme et se maintient. pue autre (pl. vivax), 38°, 1 gr. 09 de cholestérine; à 4095, 1 gr. 16 à 1° (apyrexie non définitive), O gr. 92. route nos observations sont calquées les unes sur les autres. Conclusion. — La courbe de la R. G. et de la cholestérinémie dans l'accès palustre peut éclairer la physiologie pathologique d’une des manifestations les plus caractéristiques du paludisme, l'accès. En particulier, l'augmentation de la cholestérine pendant l'accès peut orienter vers une thérapeutique adjuvante de la médication spécifique, thérapeutique consistant à donner soit de la cholestérine en nature, soit des produits organiques favorisant la formation endogène de la choles- térine, corps jaune, capsules STneR ee par exemple. L’ ST S UIDS relative de la R. G. et de la cholestérine ne représente probablement qu’une partie de la réalité pathogénique, en ce qui con- cerne l'accès palustre; mais les résultats obtenus de ce côté sont encou- rageants pour la généralisation de la méthode qui consiste à étudier d’autres réactions biologiques qui se produisent avant, pendant, après un accès palustre et à en établir la courbe (urée, azote total, bilirubine, glycose, etc.). Il nous semble que le paludisme cessera d’être la maladie décevante | au point de vue pathogénique, décevante au point de vue thérapeutique, décevante au point de vue prophylactique, que l'on connaît, quand, à la lumière des notions physico-chimiques modernes, on s’attachera à rechercher, dans cette pyrexie, toutes les modifications humorales: quand, en un mot, on accordera à l’étude du terrain chez le paludéen, l'attention que cette étude mérite. (Travail de la Clinique médicale infantile de la Facullé d'Alger.) ABSENCE D'ALEXINE DANS LE SANG DES INSECIES., Note de A.-Cn. HOLLANDE, présentée par F. HENNEGUY. Les travaux de Metchnikoff, Erlich, Buchner, Bordet, elc. ont mis en évidence dans le sang des animaux supérieurs la présence d’une sub- stance particulière, l'alexine ou complément. Cette substance, que la plu- part des auteurs considèrent comme un ferment, est détruite par la chaleur à 56°; sa destruction se fait même assez rapidement à cette SÉANCE DU 8 MARS 219 température et un séjour de 10 minutes suffit souvent pour la détruire entièrement. L’alexine joue un rôle important dans les phénomènes de l’immunité. D'origine leucocytaire, elle permet d'obtenir, après sensi- bilisation d’un antigène protéique donné, sa dissolution ou digestion plus où moins complète. J'ai recherché si ce ferment se retrouvait chez les Insectes, animaux invertébrés. La richesse du sang des larves et de divers imagos en leu- cocytes variés (proleucocytes, leucocytes-phagocytes, cellules à sphé- rules, œnocytoïdes, etc.) permettait d'en présumer la présence. Une quantité relativement considérable de sang étant nécessaire pour ces recherches, je n'ai pu expérimenter que sur des Insectes de grande taille. Les observations que je rapporte ici ont porté sur les espèces sui- vantes : Chenilles de Vanessa urticæ L. et lo L., Bombyx rubi L., Che- lonia caja L., Sphinx ligustri L. Larves et imagos de Declicus verruci- vorus L,, Orphania denticaudata Charp., Ephippiger terrestris Yersin. . J'ai procédé de la facon suivante : maintenant l'Insécte entre les doigts, je percais ses téguments au moyen d'une aiguille fine; les gouttes de sang qui s’échappaient dela blessure étaient recueillies dans un verre de montre stérilisé, puis mélangé au sang provenant d’autres individus de même espèce et de même âge, afin d'obtenir une quantité de sang suffisante pour la recherche de l’alexine. Cette recherche à été faite d'une part sur le sang fraichement recueilli (4 à 5 minutes), et, d'autre part, sur du sang prélevé depuis 10, 20 et 30 minutes. Les leucocytes, examinés à ces diverses périodes, se mon- traient déformés, émettant de nombreux pseudopodes filiformes, la plupart des éléments cellulaires étaient même éclatés.Ilest bien certain que, dans ces conditions, les ferments qu'ils contenaient, et en parti- culier l’alexine, si elle y existait, avaient pu se répandre dans le sérum. Pour la mise en évidence de l’alexine, j'ai mis en présence, suivant la technique ordinaire, dans de petits tubes placés à l’étuve à 37°, 0°,1 d’am- bocepteur (titré à 0°,1 d'alexine diluée de moitié pour 1 c.c. de suspen- sion à 5 p. 100 de globules rouges de Mouton lavés), 0‘,1 d’alexine de Cobaye diluée de moitié et 4 c.c. d’une solution de globules rouges de Mouton à 5 p.100, avec 0°,1, 0°,2, 0°,3 et 0°,4 de sang pur de l’Insecte considéré ; après une demi-heure et même une heure de séjour à l’étuve, je n'ai jamais obtenu l'hémolyse des globules rouges avec le sang des Insectes mentionnés plus haut, tandis que le tube témoin renfermant l’alexine hémolysait complètement en une demi-heure. Dans les tubes renfermant le sang des Insectes on notait toutefois que le liquide noircissait fortement, ce qui est dû, comme on le sait, à des phénomènes diastasiques (oxydation) au contact de l'oxygène de l’air. En résumé, le sang des Insectes, malgré sa richesse en leucocytes variés; ne renferme pas d’alexine. Ce ferment n’est donc pas indispen- sable, chez l’Insecte, aux phénomènes de digestion leucocytaire qui 29() SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE A RC accompagne la phagocytose et la métamorphose. L'immunité acquise peut également s’obtenir, chez ces animaux, sans alexine. Il est probable du reste que les Insectes ne sont pas les seuls animaux invertébrés dont le sang soit dépourvu d’alexine ; cela semble devoir exister, en effet, également chez les Mollusques gastéropodes (Helix pomatia) où le sang serait, selon Cantacuzène (1916) (1), « incapable de réaction sur un sys- tème hémolytique sensibilisé ». (Laboratoire de Zoologie. Ecole supérieure de. pharmacie .de Nancy.) SUR LA CLASSIFICATION DES STAPHYLOCOQUES, par S. Marais. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — Nous avons isolé une cinquantaine de souches de Staphylocoques, provenant du pus de plaies de guerre et d’autres produits pathologiques. On peut séparer ces souches en deux groupes : des Staphylocoques liquéfiant la gélatine et des Staphylo- coques qui n’ont montré aucune action sur l'état de consistance de ce milieu de culture. Cette classification est superposable à la classifica- tion des Staphylocoques, groupés d’après l’action qu'ils exercent sur le lait. En effet, le lait est'coagulé par toüs les Staphylocoques qui liqué- fient la gélatine ; il reste liquide après l’ensemencement des souches de Staphylocoques qui n’'attaquent pas la gélatine (observation prolongée pendant 10 mois). De mème, les Staphylocoques du premier groupe cultivent très bien sur toute la haüteur de la gélose de Liborius, tandis que ceux du deuxième sont aérobies. il est à remärquér que les souches de ce dernier groupe proviennent des excrétions pathologiques des malades atteints, en général, d'affec- tions tuberculeuses, comme la pleurésie à épanchement, l’arthrite sup- purée, l’abcès froid, etc. Aucun de ces microbes n’a attaqué le blanc d'œuf cuit, n’a noirei la gélose au plomb, n’a fait virer le rouge neutre et n’a produit de l'indol. Quant au sérum coagulé, il a été rarement liquélié, en 45 ou 20 jours, à la glacière, par quelques échantillons du premier groupe. ACTION SUR LES SUCRES. — En ce qui concerne l’action exercée sur la gélose inclinée, sucrée, nous avons trouvé des caractères d'espèce. Ainsi, la majorité des Staphylocoques dorés et blancs attaquent tous (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1916, t. LXXIX, p. 258. SÉANCE DU à MARS 2921 TT TT RO TT CE PT TR CUT IT ET Ter ST TT TN NON TR les sucres sauf la dulcite ; il y en a qui n'attaquent pas la dulcite et Ha lactose. Les souches du 2° groupe de Staphylocoques, à petites colonies, qui, sur les frottis, se présentent comme des staphylo-stréptocoques, attaquent les géloses inclinées et sucrées au glucose, lévulose, maltose, mannile, saccharose, glycérine et ils se montrent sans action sur les lactose, galactose, dulcite et sorbite. D’autres souches attaquent tous les sucres sauf la dulcite, comme ceux du premier groupe. Enfin, nous avons isolé un Staphylocoque qui a poussé dans le liquide céphalo-rachidien, glycériné, provenant d’un cas de méningite tuberculeuse, à nombreux bacilles de Koch. Ce Staphyiocoque a attaqué tous les sucres énumérés plus haut, sauf la mannite. Il est à remarquer que ce Slaphylocoque a empêché la culture du bacille de Koch; et, ce qui plus est, c’est qu'il a fait disparaître ce microbe, car nous ne l'avons plus trouvé dans le culot de centrifugation du liquide céphalo-rachi- dien, gardé un mois à l’étuve. En tenant compte de caractères présentés par tous ces échantillons, nous pouvons classer les Staphylocoques en 5 groupes, auxquels nous allons donner le nom des savants qui oni, en général, mis les bases de la médecine moderne, après l'étude de ce microbe : l’étiologie des maladies infectieuses humaines (Pasteur), la sérothérapie (Ch. Richet), la vaccinothérapie (Wright). | PREMIER GROUPE : Le Staphylocoque Pasteur. — Il se trouve dans le furoncle, l’ostéomyélite, plaies ; il est doré, citrin ou blanc ; il liquéfie la gélatine, coagule le lait et donne une riche culture dans la gélose sucrée profonde; il ne liquéfie pas le sérum coagulé à la glacière:; il attaque en 1 jour les: lactose, glucose, galactose, glycérine, maltose, mannite, lévulose et saccharose ; il n’attaque pas la dulcite. _ Dans le sérum dilué au 1/4 sucré, il coagule après 1 jour le milieu au glucose, maltose, lévulose, saccharose; en 2,3 jours, le galactose et le lac- tose; en 5 jours la mannite. DEUXIÈME GROUPE : Le Siaphylocoque Ogston présente les caractères du Staphylocoque Pasteur, avec la différence qu’il liquéfie, à la glacière, le sérum coagulé el n'attaque pas le lactose et la dulcite. TRoISIÈME GROUPE : Le Staphylocoque Bonome. — Il se trouve quelque- fois dans l’épanchement tuberculeux de la plèvre; colonies très pelites blanc grisâtre ; sur frottis, grappes minuscules avec des prolongements en ligne brisée; il ne liquéfie pas la gélatine, ne coagule pas le lait et ne pousse qu'en présence de l'air; il attaque en 1 jour la gélose au glucose, maltose, mannite, lévulose, saccharose et glycérine:; ù n'at- taque pas la lactose, galactose, dulcite et sorbite. Dans le sérum dilué au 1/4 sucré, il coagule en 1 jour le A au glucose, maltese et lévulose ; puis le saccharose en 7, 8 ue 9299 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE QUATRIÈME GROUPE : Le Staphylocoque Richet. — Nous l'avons trouvé à plusieurs reprises dans les urines et le pus d’une carie tuberculeuse des vertèbres lombaires; petites colonies, bombées, blanches et ternes comme la craie, non confluentes; grappes énormes, gros cocci; il ne liquéfie pas la gélatine, ne coagule pas le lait et pousse en présence de l'air. Il dépose dans les milieux liquides ; après agitation, il y a comme un ver, qui monte du fond des tubes. Il attaque les sucres comme le Staphylocoque Pasteur, mais il met 2 jours pour virer la gélose glycé- rinée. Dans le sérum dilué au 1/4 sucré, il coagule le milieu comme le Staphylocoque Pasteur, avec la différence qu'il ne coagule pas la man- nite. CINQUIÈME GROUPE : Le Staphylocoque Wright. — Nous l'avons trouvé dans un liquide céphalo-rachidien tuberculeux, que-nous avons glycé- riné et porté à l’étuve; petites colonies blanc grisâtre, et petites grappes avec des prolongements; il ne liquéfie pas la gélatine, ne coagule pas le lait et ne pousse pas en l’absence de l’air; il attaque en 1 jour la gélose sucrée au glucose, galactose, lactose, maltose, lévulose, glycérine, saccharose. Fait caractéristique : il attaque la dulcite et n'at- laque pas la mannite. — (Il est encore à l’étude.) Dans le sérum dilué au 1/4 sucté, il se comporte comme le Staphylocoque de Bonome, mais le milieu au saccharose est coagulé en 1 jour. Le nombre de ces espèces pourrait être augmenté par l’étude du Sta- phylocoque strictement anaérobie, de celui au Gram négatif, du Staphy- locoque à colonies transparentes, ete., mais nous n'avons pas rencontré ces microbes. (Travail du Laboratoire de Bactériologie du Val-de-Grâce.) NOTE SUR L'UTILISATION DES ALIMENTS APRÈS L'EXCLUSION DU DUODÉNUM, par G. MÉriver. Nous poursuivons depuis plusieurs années une série de recherches sur l’utilisation des aliments après l'exclusion du duodénum. A. — Utilisation des graisses. Nous avons administré, à nos malades et à des chiens, des repas d’épreuve un peu variables suivant le poids du sujet. Nous avons pratiqué le dosage des SÉANCE DU SG MARS 293 graisses fécales par le procédé de Rousselet. L'utilisation des graisses EEE a) Chez des malades ayant subi la pylorectomie avec exclusion du duodénum, de : 92,5 p. 100, 96,8 p. 100, 89 p. 100, 93,8 p. 100. b) Chez des malades ayant subi la pylorectomie avec implantation duodéno-gastrique, de : 94,8 p. 100, 95,8 p. 100; c) Chez un malade gastro-entérostomisé pour sténose pylorique, de : 94,6 p. 100; d) Chez deux chiens normaux, de : 93 p. 100, 93,2 p. 100; e) Chez un chien gastro-entérostomisé, de : 95,5 p. 100; f) Chez un chien ayant subi la pylorectomie avec exclusion du duo- dénum, de : 88 p. 100. B. — Utilisation des albuminoïides. Nous avons procédé au dosage de l'azote urinaire chez des chiens à jeun, puis soumis à un régime carné, successivement avant, puis après l'exclusion du duodénum. Voici les résultats obtenus (les chiffres représentent l'élimination urinaire quotidienne moyenne) : Premier chien. — a) Avant l'intervention : «) Pendant le-jeune . . . Quant., 85 c.c.; Az ue 0er Al AT LE 6 6) Avec 400 gr. de viande. Quant., 200 c.c.; Az u., 11 gr. 15; Az t., 13 b) Après l'intervention : “jpbendantle jeune | Quant, 58/'ce. Azu., {gr 67; Azit,, 2 91.25 B) Avec 400 gr. de viande. Quant., 398 c.c.; Az u., 10 gr. 70; Az t., 14 gr. 19 c) Quelques jours plus tard : mibendantierneune = Quant, #3 00 A7Iu.,/ L'or. 70; Azt, 19,07. 48 il B) Avec 400 gr: de viande. Quant., 298 c.c., Az u., 10 gr. 81; Az t:, 41 gr. 93 Deuxième chien. — a) Avant l'intervention : f a) Pendant le jeûne . . . Quant., 142 c.c.; Az u., 2 gr. 87; Az t., 4 gr. 21 Amaigrissement quotidien : 200 grammes. 6) Avec 600 gr. de viande. Quant., 442 c.c.; Az u., 20 gr. 40; Az t., 24 gr. 20 Amaigrissement quotidien : 0. b) Après l'intervention : «) Pendant le jeûne . . . Quant,., 231 C.C., AZ U., 8 gr. 20; Az t., 40 gr. 45 Amaigrissement quotidien : 380 grammes. 6). Avec 600 gr. de viande. Quant., #10 c.c.; Az u., 18 gr. 07; Az t., 24 gr. 70 Augmentalion du poids quotidien : 50 grammes. Chez le premier chien l’utilisation de la viande est aussi bonne après l'intervention qu'avant. Chez le deuxième chien, l’utilisation parait 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moins bonne après l'opération, mais il faut remarquer qu'une partie de l’Az alimentaire a été fixée par l’animal : c'est ce que montre l'étude des variations du poids. EN RÉSUMÉ : L'utilisation des graisses ou, des albuminoïdes ne paraît pas troublée à la suite de l'exclusion du duodénum. (Travail dù service de M. le professeur Hartmann et du Laboratoire de M. le professeur agrégé Langlois.) à UNE BACTÉRIE VOISINE DES PASTEURELLÆ, PATHOGÈNE POUR L'HOMME, par ROBERT DEBRÉ (1). Nous avons isolé, chez un homme, un coccobacille ayant des carac- tères particulièrement intéressants. Le malade, laitier, àgé de vingt- cinq ans, est entré à l'hôpital civil de Strasbourg en pleine épidémie de grippe (en décembre 1918) pour une congestion pulmonaire, compliquée de pleurésie purulente. Il présenta par la suite une hémiplégie, liée à une embolie ou une thrombose de l'artère sylvienne droite. Les mani- festations thoraciques ont actuellement disparu : le malade est en voie de guérison. Le germe que nous étudions a été isolé à deux reprises, en pureté, du . liquide purulent de la plèvre; nous avons pu également déceler sa présence’dans le pharynx du malade, où il végétait plus de deux mois après le début des accidents morbides. Ce germe à les caractères morphologiques suivants : dans le pus ou sur cultures en gélose-ascite ou gélose-sang, la plupart des élé- ments ont l’aspect d’un fin bâtonnet à extrémités arrondies, d'autres réalisent la forme de coccobacilles ou de très petits cocci, souvent asso- ciés en diplocoques. Il rappelle par sa taille minime, sa forme, le grou- pement des germes, le coccobacille de Pfeiffer. Il ne présente que dans des circonstances exceptionnelles, sur lesquelles nous reviendrons, l'aspect streptobacillaire ou les formes d’involution si communes chez le bacille de Pfeiffer. Dans d'autres circonstances, notamment dans le sang des animaux inoculés, il prend une forme ovoïde, avec un espace au centre qui ne prend pas la matière colorante et reste clair, et deux extrémités bien colorées; cet aspect rappelle d’une facon frappante celui des pasteurellæ et du bacille de la peste. Ce coccobacille se teinte aisément par les colorants usuels! Il ne prend ‘1) Avec la collaboration de M. Hundeshagen. SÉANCE DU 8 MARS 2925 pas le Gram. Il est immobile, n’est pas capsulé, ni cilié. Il pousse très aisément sur gélose-ascite, milieu de choix, où ses colonies bien dévelop- pées ont un aspect qui rappelle, à s’y méprendre, celui des cultures de méningocoque. Il pousse également bien sur gélose-sang de lapin (milieu - de Bezançon-Griffon) et sur gélose-sang cuit (milieu de Lewinthal). Il n'a pas d'action visible sur l'hémoglobine. Sur gélose ordinaire, neutre ou faiblement acide il ne pousse pas; il se développe un peu sur la gélose ordinaire, faiblement alcaline. Il pousse sur le bouillon-ascite (léger trouble, puis précipité nuageux, pas de voile), assez mal sur bouillon simple ou eau peptonée (trouble uniforme), plus mal encore sur bouil- lon sucré (sucre 2 p. 100). Il se développe assez bien sur cérum coagulé, à un faible développement sur gélose d'Endo. Ne pousse ni sur gélatine, ni sur pomme de terre, ni dans le lait, ni dans le petit-lait, ni-dans la bile pure ou diluée dans du bouillon. Les cultures sur milieux solides dégagent une odeur assez forte el produisant de l'indol (technique de Rhein). Sa température oplima est 37°-38°. Mais les colonies abandon- nées à la température du laboratoire continuent à croître. Ce germe est strictement aérobie. Il fait fermenter mannite, saccharose, dextrose, lévulose (sans for- mation de gaz), mais ne fait pas fermenter maltose ni lactose. Il n’est - pas lysé par la bile. Il a une grande vitalité (repiquages aisés d’une cul- ture abandonnée plus de six semaines sur la table), résiste à la dessicca- tion (une goutte de culture desséchée, abandonnée à l’étuve à 38° pen- dant 30 heures contient encore des germes vivants), il résiste au froid (24 heures à une température oscillant entre — 3° et— 8°), mais est sen- sible à la chaleur (mort après dix minutes/de séjour au bain-marie à 50°). Ce germe est doué d'une virulence extrème pour les animaux de labo- ratoire (cobaye, souris, lapin, oiseau {[canari|). La virulence est iden- tique que l’on expérimente avec la souche d’origine pharyngée ou la souche d’origine pleurale. Une émulsion très faible, contenant quelques centaines de germes (nous n'avons pas encore établi la dose minima mortelle du virus), tue par inoculation sous-cutanée un cobaye.de 450 à 500 grammes en 3 à 6 jours et une souris en 2 à 3 jours. Le cobaye présente au bout de 24 à 48 heures de la fièvre, de l'inap- pétence, il maigrit et on voit se développer rapidement un volumineux infiltrat au point d'inoculation. À l’autopsie, on constate que cet infiltrat épais, hémorragique et diphtéroïde présente un centre d'aspect caséeux et est entouré d’un œdème inflammatoire, qui s’étend des aisselles aux aines et s'accompagne de gonflement et de congestion des ganglions inguinaux et axillaires. La rate, légèrement augmentée de volume, ainsi que les surrénales sont particulièrement congestionnées. Les reins, l’intestin, le poumon, l'utérus le sont également; on constate parfois des hémorragies utérines et dans un cas nous avons observé un foyer d'hépatisation pulmonaire. Dans quelques cas, ceux où la mort à 226 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE été rapide, il se développe une péritonite séro-fibrineuse. Dans tous les liquides, toutes les humeurs, tous les organes de l’animal, on trouve en très grande abondance le microbe inoculé sous la peau. Le sang, le contenu de l'intestin, les urines, la bile, l'humeur aqueuse, la sérosité pleurale et péritonéale, le cerveau, les méninges contiennent des germes très nombreux. La multiplication de ces germes dans le sang et dans tout l’organisme de l'animal se fait avec une extrème rapidité. Le cobaye peut être infecté par ingestion (mort par septicémie, comme par l’inoculation sous-cutanée), l'instillation nasale ne nous a pas encore donné de résultats positifs. L’instillation sur la conjonctive oculaire (chez le lapin) détermine une septicémie rapidement mortelle. L'inoculation de cultures tuées par la chaleur, ou de bouillon de cul- ture filtré, paraît inoffensive, d'après nos premiers essais. Ce germe est, comme on le voit, très différent du coccobacille de Pfeiffer et des coccobacilles qui en sont plus ou moins voisins (cocco- bacille d'Elmassian, coccus de la méningite septicémique de Cohen, etc.). Il se rapproche singulièrement des pasteurellæ. Mais il paraît bien avoir son individualité propre. Nous le dénommerons provisoirement, en raison du lieu où nous l’avons observé : coccobacille de Strasbourg. Son rôle pathogène pour l’homme n’est pas douteux ; non seulement nous avons constaté sa présence à l’état saprophytique dans le pharynx du malade et aussi à deux reprises et à l'exclusion de tout autre germe dans le liquide purulent de la plèvre, mais en outre le sang de ce malade, et de ce malade seul, agglutine nettement ce bacille au 1/200 et dévie le complément en présence de cet antigène. (Travail de l'Institut de Bactériologie et d'Hygiène de l’Université de. Strasbourg.) ERRATUM Not DE A. PONSELLE. T. LXXXII, p. 163, dans la note (4) ligne 4, œu lieu de : ajoutés comme absor- bants, lire : ajoutés comme adsorbants et même note, ligne 1, au lieu de : inactiver 309 à 55°, lire : inactiver 30 minutes à 550. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. LEE nn Le CORRE TER ENLE OP RE PE EN ne eo DEP ee Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARErHEUX, directeur, 1, rue Cassette, PARLE £ V> pe 2 NE mL. M SEANCE DU 15 MARS 1919 CAS \® 4 À e ñ NI SOMMAIRE rer BroviN (P.), Lesné (Ep.) et SAINT- ManGexot (G.) : Sur la formation Girons (Fr.) : Autoplasmothérapie des asques chez Endomyces lind- DNS OTIPDE Se 2 re ee Do lenene (Sao) eme Re pec 230 DÉvé (F.) : La colique hépatique Marais (S.): Action de la bile hydatique. Sa valeur sémiologique. 232 | sur les Bacilles dysentériques. (A DÉvÉ (F.) : La colique hépatique propos des notes de M. H. Vincent hydatique envisagée au point de vue SUTIe MÉME SUEDE Re. ms 0200 OCÉANS seen 242 PorTiER : Remarques à propos LaGuesse (E.) : Sur l'origine de de la communication de M. CI. Re- lésubstance conjonciive amorphe 227 | /gaud .* . 7... . .. 247 LEMoIGnE (M.): Fermentation buty- ReGarD (CL.) : Mitochondries et lène-glycolique du saccharose parles SYMDIOLeS TRES SR ee 244 bactéries du groupe du Bacillus Recacp (CL.): Réponse aux remar- RO IATOSU SR ei ne ne ur die 284 | ques de.-M: Portier:,..: 1... 230 LestEur (Cx.), JACQuET (P.) et Pix- RENLINGER (P.) : Accidents para- TENET : Sur un procédé simplifié de lytiques étrangers au virus, au cours coloration des crachats tuberculeux. 251 | de l'immunisation antirabique du Linosster (G.) : Sur le développe- | EN QT RE En 254 ment de l'Oidium lactis en milieux Rérir (É.) : Différences dans l'ac- artificiels. Influence de la quantité tion des poisons et des anesthési- de semence sur le poids de la ré- ques sur la Grenouille normale ou Colle tee FRS TETE . + . . . 240 | anesthésiée par la chaleur . . . .. 236 Présidence de M. Charles Richet. SUR L'ORIGINE DE LA SUBSTANCE CONJONCTIVE AMORPHE, par E. LAGUESSE. Retranché pendant quatre longues années de la vie scientifique fran- çaise par l'occupation ennemie, nous n’avons pu que tout récemment parcourir les Comptes rendus de la Soc. de Biologie, parus pendant ce temps, et y lire les intéressantes communications de Nageotte sur l'ori- gine de la substance conjonctive (année 1916, p. 833, 940, 1031 et 1121). Nous tenons à discuter quelques-unes de ses conclusions, qui ne sont _ pas d'accord avec celles auxquelles nous a amené l'étude histogéné- tique. Dans le tissu conjoncuf, dit Nageotte (p. 833), « la substance fondamentale est un coagulum des albuminoïdes contenus dans le milieu intérieur. Elle BIOLOGIE. COMPTES RENDUS, — 1919. T. LXXXIL. 17 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE n’est pas plus vivante que le corail des polypiers.. » et plus loin (p. 836) : dans les cicatrices « il y a une transformation graduelle du réticulum - fibrineux en réticulum de la substance fondamentale. Progressivement la morphologie du réticulum change; les fibrilles (de fibrine) s'arrangent autre- ment; elles perdent graduellement leur aptitude à se colorer par la méthode de Weigert et par l'hématoxyline au fer, et, parallèlement, elles acquièrent de plus en plus la faculté de se teindre en rose pâle par la méthode de van Gieson.. Puis les fibrilles collagènes apparaissent par une nouvelie transfor- mation de la substance albuminoïde... Il est certain que l'évolution se fait par transformation sur place de la matière, et non pas par substitution d’une matière à une autre... » En certains points il y aurait même probablement « transformation directe de la fibrine en substance collagène, sans passer par la substance fondamentale. » Enfin, l’auteur ne croit pas que, chez l'embryon, cette substance puisse avoir une autre origine que dans la cicatrice, et:géné- ralise par conséquent sa conception à toute édification de tissu conjonélif. Or, c’est uniquement le tissu de réparation cicatriciel que Nageotte a étudié, et nous devons faire d'abord une disjonction d'avec les pro- : cessus d'histogénèse embryonnaire. [ls sont souvent les mêmes; mais ils peuvent parfaitedent être différents. La réparation, pour aller, au plus pressé, utilise souvent les moyens de fortune qui sont à sa disposi- tion, tout différents des moyens normaux, ipour l'emploi desquels le : temps etles matériaux nécessaires font défaut. Nageotte l'avoue lui-même (p. 1495) quand il dit : « C’est la raison pour laquelle les cicatrices ne reproduisent jamais exactement les tissus qu’elles remplacent, mais restent toujours des raccommodages ; et c’est pourquoi, en particulier, l'enveloppe fibreuse des portions régénérées d’un nerf ne reprend jamais la structure d’une gaine lamelleuse normale. » Nous pouvons donc admettre que, si intéressants qu'ils soient, les processus décrits par Nageotte, s'ils sont confirmés, ne doivent pas fatalement se retrouver dans l’histogénèse normale. Ajoutons que, même dans les cicatrices, la transformation admise nous paraît loin d’être certaine. Les minces lamelles conjonctives d’origine exoplasmique que nous avons décrites ailleurs sont si ténues, si difficiles à voir, surtout quand elles sont très courtes et intriquées en un fin réseau alvéolaire, qu’elles peuvent très bien s'être développées aux dépens de cellules, et s'être étendues à par- tir de là, au sein du coagulum lymphatique qui les masque facilement, et sans provenir de la transformation de ce coagulum. Les figures 4 et 2 de l’auteur (p. 835 et 837) nous paraissent peu probantes à:ce sujet. La théorie du métamorphisme dans le tissu ciçatriciel nous semble donc très élégante et ‘très séduisante à certains ‘égards. Pourtant nous hési- tons à croire que la fibre synaptique de fibrine puisse se transformer directement en substance précollagène, puis collagène, et, provisoire- ment, nous admettrions encore plus volontiers qu’elle sert simplement x de guide, de tuteur au protoplasme, à l'exoplasme, ou même à la SÉANCE DU 15 MARS 229 fibrille précollagène qui se glisse à sa surface et se nourrit de sa sub- stance. Ce serait de l'assimilation plutôt que du métamorphisme. Il y aurait bien « une transformation sur place de la matière », mais grâce à un apport de cytoplasme granuleux ou d'exoplasme amorphe venus des éléments cellulaires et agissant d’après les lois habituelles de la nutri- lion. Car nous considérons la substance fondamentale comme bien vivante,et avec G. Pouchet notre maitre, avec bien d'autres biologistes, nous ne croyons pas que ce soil un. progrès de surcharger d'un tel poids mort l'organisme vivant. Nous avons déjà eu l'occasion de pro- lester contre les conceptions de Weigert à ce sujet. Tout ce qu’on peut coucéder,-c'est qu'il y a des degrés de vitalité très divers, la fibre étant au plus inférieur, qui relient la substance vivante à la substance morte, et là est probablement le terrain d'entente. Dans une de ses dernières communications (1916, p. 1031), Nageotte modifie d’ailleurs sa manière de voir, et considère les fibres synaptiques au début, non plus comme de la fibrine, mais comme « une sorte de substance fonda- mentale très condensée », qui part des surfaces de section du plan der- mique en union intime avec ses fibres. Il voit d'autre part le tissu conjonctif lâche sous-jacent faire hernie dans la plaie, et ses travées s’assimiler au réseau « qu’elles contribuent ainsi à former et à étendre ». Dès lors qu'est-il besoin de chercher un processus de coagulation des substances albumi- noïdes, et pourquoi ne pas admettre simplement que c’est la substance fon- damentale amorphe restée vivante, quelque peu modifiée peut-être, qui bour- seonne à partir des lèvres de la plaie, soit sous, forme de lamelles épaissies, soit sous forme de filaments analogues à ceux qui constituent les fibres sutu- rales de la cornée des Sélaciens d’après Ranvier. Notons enfin que la variété conjonctive, décrite par Nageotte (p. 941) à la périphérie de certaines masses néoplasiques, existe normalement chez l’homme au contact ou dans l’épais- seur de nombreux îlots adipeux. : Si nous passons maintenant à l'embryon, et à l'édification normale de la substance conjonctive, nous nous trouvons en face de processus où cette substance se dégage nettement, non pas d'un coagulum, mais de la cellule elle-même, par voie de différenciation de son cytoplasme. Nageotte dit (p. 1123) que les substances conjonctives, que « les élé- ments figurés dont elles sont composées, ne résultent pas de la division ou de la transformation d’un élément figuré préexistant et vivant : ce sont des créations, et par. là ces substances diffèrent essentiellement des éléments cellulaires, qui seuls possèdent le mode d'activité physico- chimique caractéristique de la vie ». Or, n’avons-nous pas montré en _ détail chez l'embryon des Sélaciens, et dans de brèves notes prélimi- naires chez le rat et chez l’homme (1), que le cytoplasme de la cellule (1) Archives d'Anatomie microscopique, t. XVI, p. 67. — Comptes reudus de la Soc. de Biologie, 1904, t. LVII, p. 329; — 1918, p. 4126 ; — 1919, p. 89. 230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE primitive du mésenchyme s’aplatit graduellement, se différencie sur une de ses faces en une sole d’exoplasme hyalin, que ses prolongements tendent à subir in toto la même différenciation, tout en devenant rubanés; que rubans et soles exoplasmiques s’élargissent peu à peu de … facon à transformer les différentes assises cellulaires du réseau mésen- chymateux primitif en autant de larges lamelles membraneuses, de moins en moins fenêtrées, et d'où les trous finissent en général par dis- paraître complètement ? N’avons-nous pas montré par places, dans un tissu non plus lamelleux mais réticulé (capsule de la rate), les cellules se transformant parfois en lotalité en exoplasme hyalin, et, dans les deux cas, les fibrilles précollagènes puis collagènes se différenciant à leur tour dans l'épaisseur de cet exoplasme? Ce sont là des transfor- mations partielles ou totales d’un élément figuré préexistant et vivant, et non des créations. Cela n'empêche pas d'ailleurs que cette substance fondamentale continue à croître en assimilant des albuminoïdes dans le milieu liquide interposé, qui est de la lymphe interstitielle banale, ou chargée en quelques points de mucine lui donnant une consistance gélatineuse. Cela n'empêche pas que celte substance puisse se diver- sifier, se modifier, se transformer selon les besoins locaux de Porgaz : nisme et les matériaux qu’elle trouve à sa disposition. SUR LA FORMATION DES ASQUES CHEZ Ændomyces lindneri (Saïro). Note de G. MANGENOT, présentée par A. GUILLIERMOND. L'Endomyces Lindneri a été découvert en 1913 par Saïto. Ce Cham- pignon présente des phénomènes d’anastomose à l'origine des asques comme cela se produit chez l’£ndomyces fibuliger, étudié par M. Guil- liermond. N'y a t-il là qu’un vestige de sexualité, comme c’est le cas pour cette dernière espèce? ou y a-t-il une véritable fusion nucléaire dans lanas- tomose, comme chez l'£remascus fertilis, Eudomycétacée voisine des Endomyces fibuliger et Lindneri? 2 Une étude cytologique est nécessaire pour préciser ce point. C'est cette étude que nous âvons entreprise. Le Champignon a été cultivé sur tranches de carotte; au Pont de 4 à 5 jours, à 20°, les cultures se couvrent d’asques. -— Le meilleur fixaleur semble être le picroformol; les colorations ont été faites à l’'hématoxyline ferrique. Les filaments, très ramifiés, sont constitués de cellules uninucléées. Ces filaments produisent des conidies, semblables à celles de l'Zndo- myces fibuliger, à un seul noyau. SÉANCE DU 15 MARS 231 Les asques seforment selon deux procédés. Beaucoup prennent. nais- sance aux dépens d’une cellule intercalaire quelconque du mycélium, sans phénomènes d’anastomose : le plus souvent, cette cellule émet un diverticule qui se renfle pour former l’asque (fig. 1), ou bien c’est cette cellule intercalaire elle-même qui se gonfle, et les ascospores s’organi- sent à l’intérieur. Très souvent aussi, les asques prennent naissance à la suite de phénomènes d’anastomoses. Deux cellules contiguës d'un 5 _ même filament émettent chacune un prolongement; et alors, plusieurs cas peuvent se produire : les deux prolongements, situés côte à côte, restent courts, et l’asque se forme aux dépens de l’un d’entre eux (fig.5), ou même de tous les deux ; un des prolongements reste court, l’autre s'allonge, le recouvre (fig. 2) et forme par bourgeonnement un ou deux asques (fig. 4); les deux prolongements s’allongent également, se sou- dent et la cloison mitoyenne se résorbe alors souvent (fig.3) ; mais on _ n observe pas de fusion nucléaire dans cette boucle; d’ailleurs, il arrive le plus souvent qu'une des cellules qui prennent part à l'anastomose a déjà formé un asque par simple bourgeonnement ou par simple dilata- tion (fg. 3); son noyau n’est donc plus disponible pour une fécondation qui, répélons-le, ne s’observe jamais. Enfin, les anastomoses peuvent 232 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE se produire entre dés filaments différents, se trouvant rapprochés lun de l’autre, ou entre deux cellules-mères d'asques en voie de développe- ment. Jamais nous n'avons observé de fusion nucléaire, ni rien y ressem- blant, comme des rapprochements de noyaux, par exemple. Cependant, les anastomoses sont en relation constante avec la formation des asques : il n’existe pas d'anastomose qui ne donne naissance à un asque. Aussi faut-il éonclure, comme l’a fait M. Guilliermond pour l’£nd. fibuliger, que ces anaslomoses sont les vestiges d’une sexualité par isogamie, du type de celle de l'£remascus fertilis. Les asques sont de grosses cellules sphériques, à cytoplasme très granuleux ; ces granulations fortement colorées gènent-l’observation du noyau ; on voit que celui-ci subit deux divisions, au cours desquelles il prend la forme d’un fuseau; il n’est pas possible de distinguer alors sa structure ; on a cependant l'impression, parfois très nelte, sinon ia cer- titude, d’une figure de karyokinèse (fig. 1 : l'asque souligné). Il se forme quatre ascospores présentant l'aspect d’un chapeau. Avec ses anastomoses où jamais ne s’observe de fusion nucléaire, l’Endomyces Lindneri, comme l'£nd. fibuliger, représente un type où la sexualité ne montre plus que des vestiges. Il est intéressant à ce propos de souligner la découverte récente par Saïto de l’Znd. hordei, où ces vestiges eux-mêmes ont disparu : tous les caractères morpholo= giques de l’Znd. hordei sont ceux de l’End. Lindneri; mais les asques se forment exclusivement par bourgeonnement des articles mycéliens ; on ne retrouve ici plus trace d’anastomoses. (Laboratoire de Botanique de la Facullé des Sciences de Lyon.) / SES LA COLIQUE HÉPATIQUE HYDATIQUE. SA VALEUR SÉMIOLOGIQUE, * par F. DÉvÉ. Divers ordres de phénomènes douloureux peuvent s’observer au cours de l’évolution des kystes hydatiques du foie. Un type clinique très particulier, déjà anciennement connu, a été rééludié récemment sous le nom de type pseudo-lithiasique. Son syndrome « simule », en elfet, complètement celui de la colique hépatique calculeuse : douleur vio- lente avec irradialions spéciales, survenant par crises, accompagnée ou non de vomissements, de fièvre et de frissons, et suivie d’ ictère avec - décoloration des matières fécales. La pathogénie de ce syndrome pseudo:-lithiasique est, à l'heure actuelle, très discutée. Alors que les anciens cliniciens l’expliquaient invariablement par une migration de vésicules'hydatiques dans les votes SÉANCE DU 15 MARS 233 a biliaires, récemment une série d'auteurs se sont-efforcés d'établir que d'autres processus indépendants de toute ouverture du kyste dans la cana- lisation biliaire pouvaient lui donner lieu. Tuffier (1906) attribue certains faits de cet ordre à la compression des voies biliaires hilaires par un kyste siégeant dans le lobe de Spiegel. Di Giovine (1906) insiste sur le rôle de la péritonite sous-hépatique provoquant une irri- tation intermittente avec spasmes des voies biliaires. Oliver (1907) explique les « pseudo-coliques hépatiques » par une contraction spasmodique de la vésicule biliaire distendue par suite de la compression de l'arbre biliaire extrahépatique. Bérard et Cavaillon (1907) font intervenir, en outre, des phénomènes d'angiocholite catarrhale. Quénu (1910) rapporte à une angio- cholite toxi-hydatique « toutes ces variétés cliniques à forme de coliques hépatiques simulañt la lithiase biliaire, à ictères fugaces ou persistants, en _ dehors de toute irruption des hydatides dans les voies biliaires ». Enfin Chauf- fard (1917) admet l'existence de « crises de biliospasme douloureux provoquées par un réflexe ayant pour point de départ l’action irritante locale exercée par le kyste hydatique ». Lorsqu'on vient à reprendre les observations sur lesquelles ces diffé- rents auteurs basent leur opinion, on constate qu'il s'agit exelusive- ment d'observations cliniques ou opératoires, privées de constatations anatomiques précises : dans aucune d'elles la preuve n'a été faite qu’une déhiscence du kyste dans les voies biliaires ne s'était pas pro- duite. En parcourant la littérature, nous avons pu réunir 140 observations d’échinococcose hépatique dans lesquelles le syndrome de la colique hépatique est noté avec netteté. Sur ce nombre, 407 observalions concer- nent des cas avérés de kystes intra-hépatiques s'étant évacués dans les canaux biliaires. 21 observations opératoires, d’une interprétation très discutable, pourraient fort bien s'expliquer, croyons-nous, par une élimination biliaire méconnue (1). 8 observations purement cliniques sont inutilisables pour cetle discussion pathogénique. Restent 2 cas, avec autopsie, dans lesquels les crisès pseudo-lithiasiques paraissaient attribuables à une angiocholite suppurée, et 2 observations opératoires où les phénomènes douloureux étaient, semble-t-il, en relation avec une compression biliaire. Encore, dans l’une d'elles (obs. IE de Tuffier), ne trouve-t-on mentionnées que de « légères coliques » (?). Aïnsi,en ne tenant compte que des cas où des constatations suffisam- (1) Nous y faisons rentrer, notamment, l'observation princeps du travail de Tuffer. Il est à remarquer que, dans toutes les observations en question, la recherche d’hydatides dans les selles a été négligée et, d'autre part, que l'exploration des voies biliaires, au cours de l'intervention chirurgicale, a LA été tout à fait insuffisante ou n’a pas même été pratiquée. 23/4 :_ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment précises ont pu être faites, on arrive. à cetle conclusion que la colique biliaire hydatique traduit presque toujours — dans plus de 95 p. 100 des cas — l'engagement de vésicules ou de membranes hydatiques dans les conduits biliaires. Pathogéniquement, elle s'explique, avant tout, par des phénomènes mécaniques (rétention, tension et distension biliaires) liés à l’obstruction, plus ou moins complète et prolongée, de la voie biliaire principale par un « bouchon hydatique ». La vésicule biliaire n'intervient que très accessoirement dans la pathogénie du syndrome. Pareille conclusion, qui nous ramène à l'opinion des anciens auteurs, comporte un double corollaire : 4° chez tout malade « hydatique » (ou soupçonné tel) atteint de coliques hépatiques, il importe de pratiquer avec soin la recherche répétée et prolongée des débris hydatiques dans les matières fécales (tamisage des selles, examen microscopique); 2 au cours de l'intervention chirurgicale, l'opérateur ne se contentera pas d'une exploration extérieure des voies biliaires extrahépatiques : il pratiquera l’incision et le drainage systématique de l'hépato-cholédoque. FERMENTATION BUTYLÈNEGLYCOLIQUE DU SACCHAROSE PAR LES BACTÉRIES DU GROUPE DU Bacillus prodigiosus. Note de M. LEMoIGNE, présentée par P. Maé. es On sait depuis longtemps que les bactéries du groupe du 2. prodi- . jiosus altaquent énergiquement les hydrates de carbone, mais on ignore complètement le processus suivant lequel elles en effectuent la dislocation. Les travaux de Liborius (1), de Ritter (2), de Samkow (3), ne donnent, à ce sujet, aucun renseignement. Scheurlen (4) signale la production d'acide formique aux dépens de l’amidon, Gorini (5) celle de l’acide lac- lique. En 1906, Sullivan (6) indique dans les cultures de 2. prodigiosus la présence d'aldéhyde éthylique, d'acide formique, d'acide acétique et d'acide citrique. Franzen (7), dans une série de travaux récents, a étudié la fermentation des sucres par les microbes de ce groupe, mais il ne (1) Liborius. Z. f. Hyg., t. T, p.115, 1886. (2) G. Ritter. Central. f. B., 2* partie, t. VI, p. 206, 4900. (3) S. Samkow. Central. f. B., 2 partie, t. XI, p. 305, 1904. (4) Scheurlen. Arch. Hyg., t: XXVI, p. 28, 1896. (5) Gorini. Rivista d'Igiene e Sanita Publica, vol. IV, 1893. (6) Sullivan. Cité dans Centralb. f. B., 2° partie, t. XV, p. 343, 1906. (7) H. Franzen. Z. f. physiolog. Ch., t. LXIV, 67, 70, 72, SÉANCE DU 15 MARS 235 s'est attaché qu’à des déterminations quantitatives concernant la pro- duction et la consommation de l'acide formique. De toutes ces - recherches, il ne résulle rien qui permette de rapprocher le processus de fermentation du sucre par le Z. prodigiosus d’un type connu de dégradation. __ Pour étudier cette combustion du sucre, je me suis servi de variétés de 2. prodigiosus isolées de la terre, des eaux ou du lait au laboratoire de M. Mazé et d’une autre venant de la collection de l'Institut Pasteur. Les cultures ont été faites à 35°, en flacons Fernbach contenant 500 c. c. de bouillon de haricots additionné de 0,5 p. 100 de peptone, 4 p. 100 de saccharose et environ 1 p. 100 de carbonate de chaux. Malgré le carbonate de chaux, le milieu devient acide. Pour 300 c.c. : ACIDITÉ EXPRIMÉE en ACIDE LACTIQUE Bacille nos pres ESouUrSEr ee ne. c 1 gr. 530 Bacille n° 2 OURS ES neue Pete : 4 gr. 185 Parmi les produits volatils neutres, on peut observer la présence de lraces d’alcoo!l et d’aldéhyde éthyliques. Mais il se forme, en outre, d’autres produits qui caractérisent cette fermentation. Le distillat de la culture neutralisée contient un produit cétonique. Sa courbe de distillation et les caractères de son osazone (point de fusion, 243-244) permettent de l'identifier à l'acétylméthylcarbinol : CH° — CH.OH — CO — CH*. Voici, par exemple, les quantités de ce composé formées dans 500 c.c. - de culture : Pa ct #. cA Bacule ROME apres D jours. 2 de au 0 gr. 260 # DAC ES |OUTSE nn er 0 gr. 220 êG RSCHe RO ET OUPS 2 di de no eu Ogr. 450 À! E Si l’on emploie la méthode de recherche que j'ai décrite antérieure ment (1), on trouve également qu'il y a formation de 2-3 butylèneglycol: CH° — CH.OH — CH.OH — CH*. Pour 500 c.c. de culture : Bac no apré SAC) OURSS re Ce ie _ Plus de 0 gr. 300 Bacille n° 2 D OUT SE ES ne ne er dre st tiue Plus de 0 gr. 400 BAC en DE STE TOUrS ee hui ou e Plus de 0 gr. 600 Toutes les variétés de Z2. FR uS étudiées m'ont donné des résul- tats identiques. On peut conclure de ces faits que les bactéries du groupe du 2. pro- (1) M. Lemoigne. Thèse de doctorat, 1913, Paris. ee 236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE digiosus intervertissent le saccharose et donnent à ses dépens, outre des traces d'alcool et d'aldéhyde éthyliques, du 2-3 butylèneglycol et de l’acétylméthylearbinol. Ces microbes font donc subir au saccharose la fermentation butylèneglycolique comme les bacilles des groupes du B. subtilis, du B. lactis aerogenes et comme les Staphylocoques (4). (Travail effectué au laboratoire de M. Mazé.) DIFFÉRENCES DANS L'ACTION DES POISONS ET DES ANESTHÉSIQUES SUR LA GRENOUILLE NORMALE OU ANESTHÉSIÉE PAR LA CHALEUR. Note d'Énouarp RéÉTIF, présentée par E. GLEY. En étudiant le sommeil thermique observé par Claude Bernard chez la Heu laquelle s'endort lorsqu'on la chauffe en milieu humide de 97° à 38°, j'ai découvert les faits suivants : 1° La grenouille endormie en milieu humide à 38° est très. sensible à l’atropine et surtout à la pilocarpine (2), en ce sens que la durée de l’anesthésie est prolongée. Voici les résultats de quelques expériences : DURÉE ; NATURE. ET QUANTITÉ | DURÉE e ; de de L'HYPERTHERMIE EXPÉRIMINTALE s : Æ TOXIQUE INJECTÉ L'ANESTHÉSIE (380) 40 minutes..." 7 :"NNéant (témoin): 1 heure 50 minutes 10 minutes. : . . . . . . .|Sulfate d’atropine . Ogr. 0! |2% heures. 160 minutes. _ . . : ! :: .|Sulf. depilocarpine. 0 gr. 000124 heures > 10 minutes. . . . . . . . .[Sulf/de pilocarpine. 0 gr. 001 |Variable (mort). 10 minutes. . . . . . . . .|Sulf. depilocarpine. O0gr.01 |Variable (mort). Avec 1 milligramme de pilocarpine, le réveil ne se produit plus : le cœur bat encore pendant quelques heures, puis finit par s'arrêter. F5 > Er Vos On obtient des résultats analogues avec la cocaïne, la strychnine, la mor- : phine, etc... ainsi qu'avec l’adrénaline. Chez la larve, à branchies externes ou internes, j'ai constaté des résultats semblables : anesthésie à 38°, suivie ou non suivie de réveil, suivant que la larve est plongée dans l’eau pure ou (1) M. Lemoigne. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 157, 1913. (2) On sait que la grenouille supporte, sans troubles appréciables de la motricité, des doses massives d'atropine ou de pilocarpine, 0 gr. 041 par exemple, en injection dans un sac lymphatique, à la température du labora- toire. SÉANCE DU 15 MARS 237 dans une solution à 1 p. 100 d’atropine ou de pilocarpine (ces solutions ne sont pas toxiques à froid pour les larves). 29 Si l’on associe l'atropine et la pilocarpine suivant un certain rap- _port, l'anesthésie n’est plus prolongée. Il y a donc, là comme ailleurs, antagonisme entre les deux substances. Voici les résultats d’une expérience que j'ai répétée plusieurs fois : Injection de pilocarpine à une grenouille A (témoin), d’atropine et de pilo- carpine à une grenouille B, anesthésie à 38° des deux grenouilles, dans le même vase, pendant dix minutes : DOSES ET DURÉE DE L’ANESTHÉSIE ATROPINE PILOGARPINE APRÈS REFROIDISSEMENT (sulfate) (sulfate) À DÉore) 0 gr. 01 Indéfinie (mort). B 0 gr. 0015 0 gr. 01 5 minutes (réveil). 5 Le mélange antagoniste atropine + pilocarpine provoque généralement un réveil brusque, accompagné de convulsions dès que l'animal est refroidi; il semble exercer une action empêchante sur le sommeil thermique de la gre- nouille. Ce ne sont pas les valeurs absolues des doses injectées qui ont de l'importance au point de vue de l’antagonisme, mais les rapports de ces valeurs. 3° a) Le chloroforme, administré avant ou après l'échauffement à l’animal refroidi, prolonge, comme l'atropine ou la pilocarpine, la durée du sommeil thermique : deux grenouilles, l'une normale, l'autre endormie par la chaleur et refroidie, sont plongées simultanément dans l’eau chloroformée saturée, jusqu'à résolution musculaire de la première, et retirées en même temps. On obtient les résultats suivants : : DURÉE | nee l L ANESTHESIE Grenouille normale chloroformée . . . . . . . . . . . 1 heure Grenouille chauffée, puis chloroformée . . . . , . . . ‘48 heures b) L’atropine ou la pilocarpine ne prolongent pas la durée de l’anes- th ésie chloroformique, comme elles prolongent celle du sommeil ther- mique de Ja grenouille : deux grenouilles, l’une normale, l’autre ayant reçu 0 gr. O1 de sulfate d’atropine ou de pilocarpine, sont plongées dans i 9238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'eau chloroformée saturée pendant le même temps, jusqu'à résolution musculaire ; les deux grenouilles se réveillent en même temps, après une heure d'anesthésie. Ces faits semblent démontrer la non-identité du sommeil chlorofor- mique et du sommeil thermique de la grenouille, l’atropine et la pilo- carpine agissant d'une manière différente dans les deux cas. D'autre part, l'existence d’un antagonisme entre l’atropine et la pilocarpine. relativement à leur influence sur le sommeil thermique de la grenouille semble favorable, dans une certaine mesure, à la conception de Brown- Séquard, d'après laquelle il y aurait un réflexe inhibiteur des appareils sensori-moteurs, si l’on admet, avec Morat, que l’antagonisme n’est pas entre les substances elles-mêmes, mais entre les deux portions du système nerveux, l’une motrice, j’autre inhibitrice. ACTION DE LA BILE SUR LES BACILLES DYSENTÉRIQUES (À PROPOS DES NOTES DE M. H. VINCENT SUR LE MÊME SUJET), par S. Marpais. Nous avons constaté que la disparition des bacilles dysentériques des selles coïncide avec un afflux de bile dans le canal intestinal (4). Y a-t-il un rapport de cause à effet? Dans une première série d'expériences nous avons ensemencé, dans de la bile à 120°, 17 souches de types dif- férents de bacilles dysentériques et nous avons constaté que tous y ont cultivé, sauf 7 souches de bacilles de Shiga, de 14 mis en expérience (2). En réensemençant ces 7 souches dans la même bile nous avons obtenu des cultures dans 4 cas (3) el nous avons, en outre, constaté que les germes y élaient vivants même après 16 jours de séjour à l’étuve (note inédite). Dans une autre série d'expériences nous avons employé la bile normale (non chauffée) et nous y avons ensemencé 15 souches de bacilles de Shiga, 5 de Hiss et 1 de Flexner. Tous ces germes ont bien cultivé, surtout les B. de Hiss et de Flexner, qui ont troublé le milieu biliaire; puis toùs sont morts après un séjour ininterrompu d'un mois environ à 37°. : (4)-S. Marbais. Vaccinothérapie spécifique dans la dysenterie bacillaire. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1918, t. IF, p. 968. (2) S. Marbais. Action de la bile (chauffée) sur les bacilles. dysentériques. 1d., 4918, t. II, p. 1436. | (3) S. Marbais. Action de la bile non chauffée sur les bacilles dysentériques. Id., 1949, t. I, p. 166. Ag ‘L: SÉANCE DU 15 MARS 239 M. IH. Vincent s'est occupé du même sujet en 1908; mais, dans sa publication, il ne donne aucun détail sur l’état de la bile dont il s’est servi: « J'ai ensemencé directement du bacille du type Flexner ou du type Kruse dans de la bile d'homme, de bœuf ou de cobaye: il n'y a jamais eu de multiplication du microbe (1). » Comme de l’ensemble de son travail il résulte, qu’il s’était occupé de ce sujet au point de vue physiologique, je l'ai cité dans ma note concernant l’action de la bile - physiologique, normale, non chauffée (2); mais je me suis aperçu que je me trompais; car, avant que cette communication paraisse dans le Bulletin, M. H. Vincent fait imprimer, qu’il s’est servi, en 1908, de la. bile stérilisée : «... J’ai montré que si l’on ensemence ces bacilles (Elexner et Shiga-Kruse) dans la bile stérilisée de l’homme, du bœuf et du cobaye, il n’y a jamais multiplication de ces bacilles (3). » Dans cette note M. H. Vincent nous donne, pour la première fois, un détail précieux sur l’état de la bile, dont il s’est servi dans ses expériences in vitro. Il s’est servi, je le répète, de la bile stérilisée d'homme, de bœuf et de cobaye. Dans ces conditions j'aurais dû citer M. Vincent dans ma note concernant la bile stérilisée à 120°. Je ne l'ai pas fait, car j'ignorais ce détail, publié après la communication de ma note. Dans les Comptes rendus de la Sociélé de Biologie parus ce matin, M. Vincent revient sur ce détail (4). Ge n'est plus de la bile stérilisée que l’auteur s’est servi exclusivement en 1908. Il s’est servi de la bile - normale, physiologique et de la bile stérilisée : « 2°... bile de bœuf, de cobaye ou d'homme (cette dernière stérilisée)... »; puis à la fin de l’exposé de sa note : «.., qu'il s'agisse d’ailleurs de bile (bœuf ou cobaye) stérilisée ou non ». | Je suis donc en droit de me demander, vu ces affirmations contra- dictoires, de quelle sorte de bile s’est servi M. H. Vincent dans ses expériences in vuro? ee (1) H. Vincent. Infection dysentérique expérimentale et voies biliaires, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1908, t. IT, p. 113. (2) Dans cette note il y a un fâcheux « erratum » : en bas de la page 168, où est donnée l'indication bibliographique du travail de M. Vincent, au lieu de : 1918, t. II, p. 113, lisez : 1908, t. II, p. 113. — Je demande mes excuses à l’imprimeuür et à l’auteur et je prie ce dernier de croire, que cette faute a été faite en dehors de ma volonté. On peut trouver la preuve de la véracité de mon affirmation en lisant la communication, que nous avons faite anté- reurement avec M. Caussade, où celte indication a été correctement imprimée. Bull. de la Soc. des Médecins des Hôpitaux de Paris, séance du 21 février 1919. (3) H. Vincent. Influence de la bile sur le bacille dysentérique (A propos‘ d’une note récente de M. Marbais). Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1919, t. [, p. 84. : (4) H. Vincent. Bacille dysentérique et bile. Nouvelles remarques, à propos d'une communication de M. Marbais sur le même sujet. Id., t. I, p. 212. 240 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce n’est pas tout. Dans sa dernière note M. Vincent prétend que les races de bacilles types Shiga et Flexner, qui se conservent in vitro dans le milieu biliaire non stérilisé, ne s’y multiplient pas. Ces résultats viennent à l'encontre des résultats de mes recherches. Comme vous le voyez dans les tubes, que je vous présente, les bacilles de Hiss, de Flexner et de Shiga troublent la bile non chauffée, surtout les deux premiers types. Cette constatation est à rapprocher des recherches de Hirokawa ( (4), qui a trouvé que le bacille de Flexner, ensemencé dans de la bile humaine, prélevée stérilement, donne, en 24 heures, une culture très abondante, à colonies innombrables (« œ »); tandis que le bacille de Shiga y pousse également, mais sa culture est moins riche. Il résulte de ces expériences, in vitro, que la bile normale de bœuf u'exerce aucune influence nocive sur la vitalité et sur la multiplication des bacilles dysentériques. (Travail du Laboratoire de bactériologie du Val-de-Gräce.) SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'Oidium lactis EN MILIEUX ARTIFICIELS. INFLUENCE DE LA QUANTITÉ DE SEMENCE SUR LE POIDS DE LA RÉCOLTE, ù par G. LINOSSIER. Quind on ensemence un champignon dans une infusion végétale, ou dans un bouillon de culturé chimiquement défini, l’arrêt de la cul- ture est le plus souvent la conséquence de la destruction ou de la fixation par l'organisme en voie de développement d'un aliment indis- pensable. Quelle que soit la quantité de la semence, le poids de Ia. récolte est le même dans une même quantité d’un même liquide. Seul varie le temps nécessaire pour obtenir ce maximum de récolte. Si le bouillon de culture est assez riche pour que le développement ne soit pas arrêté par une insuffisance alimentaire, on aboutit aussi, quelle que soit la quantité de la semence, à une récolte maximum dont le poids n’augmente plus, et l'hypothèse la plus généralement admise, pour expliquer, dans ce cas, l'arrêt de la culture, est que la végétation a introduit dans le milieu des substances défavorables au dévelop- pement ultérieur de l'organisme. On peut éviter l'intervention de ces deux causes d” arrêt de la culture, en étudiant le développement de l'organisme, dans un liquide très (4) Waichi Hirokawa. Ueber den Keimgehalt der menschlichen Galle und ihre Wirkung auf Bakterien. Centralbl. für Bakter. Originale, 4910, Bd 53, Heft 4, p. 12. ‘ SÉANCE DU 15 MARS 241 riche, et longtemps avant que soit atteint le maximum de poids. Dans ces conditions, il semble que le poids de la récolte doit être propor- tionnel au poids de la semence. En réalité, il n’en est rien, sauf, peut- être, tout au début de la végétation. De très petites quantités d'Oidium lactis À, proportionnelles aux nombres 1,2 et 3, sont ensemencées dans la même quantité (50 c.c.) d'un même liquide nutritif glucosé très riche. Le surlendemain, les liquides sont troubles, et l’estimalion, d’après le simple aspect des cultures, du poids des récoltes permet de sup- poser qu'ils sont à peu près proportionnels aux quantilés de semences. Mais toute évaluation pondérale est encore impossible, et l’Oiïdium lactis, dont les cellules se groupent souvent en bouquets, se prête très mal à une numéralion. À partir du troisième jour, on peut recueillir le champignon, et le peser selon la technique habituelle. Le tableau suivant indique les poids des diverses récoltes en milli- grammes, et les rapports de ces poids. DURÉE DE LA VÉGÉTATION RAPPORTS © des ; 3 jours & jours. 5 jours 6 jours CONTES Rs ‘de POIDS [RAPPORTS \ POIDS RAPPORTS POIDS RAPPORTS POIDS ù RAPPORTS des des des des des des des ; des SEMENCES | RécocTes| poips |JRÉCOLTES| poins |JRÉCOLTES| Pons | RÉCOLTES| PoIDs Le 3° jour, les poids des récoltes sont déjà loin d'être proportionnels aux poids des semences. Le 4° jour, légalisation est presque complète. Le 6° jour, il y a une légère tendance à l'avance de la culture où le poids de semence a été le moindre. Le fait est assez fréquent. J'avais constaté, dans un travail antérieur, que le poids de la récolte croît avec la quantité de l'aliment. Or, aux expériences ci-dessus on pouvait objecter que, dans le flacon 3, une dose triple de semence a à sa disposition la même quan- tité de sucre que dans le flacon 1, soit, pour chaque cellule, une quan- tité trois fois moindre. Quoique l’objection soit peu valable, chaque céllule se trouvant en réalité en présence d’un grand excès alimentaire, on a préparé une série de trois ballons renfermant, dans 50 c. c., des quantités absolues de tous les aliments proportionnelles aux 249 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE # nombres 4, 3, 2, el on lés a ensemencés, le premier avec 4 gouttes, le deuxième avec 3 gouttes, etle troisième avec 2 gouttes d’une suspension très diluée d’oidium lactis. Les récoltes ont élé les suivantes : RAPPORTS RAPPORTS ne RAPPORTS des poids des quantités des poids DES ALIMENTS DE SEMENCE DES RÉCOLTES DES RÉCOLTES L 4 "0,362 3,4 3 3 2 -pea0t AR 2 2 0,206 2 Même dans ces conditions, les récoltes, tout en variant davantage avec les poids des semences, n'arrivent pas à leur être proportionnels. Donc il est possible et même vraisemblable que, tout à fait au début de la végétation, les récoltes, dans des bouillons de culture identiques et inégalement ensemencés, se développent, suivant une-loi loga- rithmique, proportionnellement aux quantités de semence; mais, très rapidement, les poids des récoltes tendent à s’égaliser, et cette tendance à l’égalisation est très manifeste dès que la récoite devient pondérable. Ces expériences étaient nécessaires pour établir la valeur de la méthode pondérale dans l'étude des végétaux inférieurs. Si, en effet, les récoltes eussent été, comme théoriquement on eüt La le des proportionnelles, toutes conditions égales d’ailleurs, aux quantités de semence, les irrégularités inévitables dans l’ensemence- ment eussent pu constituer une cause d’erreur. Il résulte des chiffres ci-dessus qu'il n’y à pas lieu d’en tenir compte. (Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de médecine de Paris.) LA COLIQUE HÉPATIQUE HYDATIQUE ENVISAGÉE AU POINT DE VUE DOCTRINAL, par F. DÉvÉ. Il existe deux grandes « coliques hépatiques » : la calculeuse et l’hyda- tique. D'observation incomparablement plus rare que la première, la seconde n'en possède pas moins un intérêt majeur, en raison des con- ditions qui président à son éclosion et qui sont susceptibles d'éclairer d'arguments nouveaux la pathogénie encore très controversée de la colique hépalique. SÉANCE DU 15 MARS 243 Tout d’abord, il importe de bien établir qu'on n’a pas simplement affaire, comme on le dit souvent, à un complexus douloureux « simu- lant la colique hépatique », à une « pseudo-colique hépatique ». C'est ‘bien d'une colique hépatique véritable qu'il s’agit. Le syndrome est, d’ailleurs, si lypique que médecins et chirurgiens, en pareil cas, dia- gnostiquent invariablement une colique lithiasique, jusqu’au jour où un examen des selles leur révèle la présence d’'hydatides. Envisagée dans ses deux principaux éléments, douleur et ictère, la physiologie pathologique de la ue ‘hydatique présente les particu- larités suivantes : 1° L'intervention de la ile biliaire dans le processus pathogé- nique est tout à fait accessoire. Provenant presque loujours des canaux hépatiques, les corps élrangers parasitaires n’intéressent qu’exception- nellement le diverticule vésiculaire. C'est dans la voie biliaire princi- pale que se localise le processus. Aussi bien, la vésicule se trouve-t-elle assez souvent « exclue » anatomiquement (hydrocholécyste hydatique). La colique biliaire hydatique est, duns la règle, une colique purement hépato-cholédocienne. 2° Non moins secondaire est le rôle des phénomènes inflammatoires péricholécystiques et angiocholitiques, qui peuvent manquer durant des mois, en dépit de crises douloureuses répétées, accompagnées d'élimination vatérienne d’hydatides. 3° Au corps étranger migrateur obstruant la voie biliaire commune revient, sans conteste, le rôle pathogène primordial. Ce rôle est bien mis en évidence par une série d'observations cliniques où chaque accès douloureux se juge par une « hydatidentérie », et par certaines observa- tions chirurgicales dans lesquelles chaque crise est suivie de l’issue de débris hydatiques par la plaie de drainage hépato-cholédocien. Or, on n'a pas affaire, ici, à un corps dur, capable d’excorier la muqueuse de ses aspérités, mais à une substance remarquablement molle et malléable, dépourvue de toute action traumatisante. Nous ajouterons que, ordinairement conslituée de membranes parasitaires mortes, de vésicules flétries, elle est, le plus souvent, à peu près dépourvue d’action irritante d’ordre toxique. Ce qui conditionne la douleur, c’est la brusque mise en tension de l'appareil biliaire qui résulte de la rétention aiguë. Du reste, la clinique révèle le rèle de la disten- sion biliaire, en montrant le gonflement rapide du foie au moment de la crise et, par contre, à l'issue de la crise, son brusque affaissement, coïncidant avec une diarrhée bilieuse, mêlée ou non de débris échino- cocciques, véritable « débâcle biliaire hydatique ». Au. demeurant, le processus en question a pu être démontré, quasi expérimentalement, chez des opérés porteurs d'un drainage biliaire : une injection de sérum physiologique poussée dans la canalisalion hépatique, l'orifice étant BioLocie. Comptes RENDUS. — 14919. T. LXXXII. 18 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 19 ES Fa maintenu fermé, provoque instantanément le syndrome douloureux caractéristique. Quant à la pathogénie de l’ictère accompagnant la colique hydatique, sa nature avant tout mécanique nous paraît établie : 1° par son appari- tion dans les 24 à 36 heures qui suivent le début de la crise, en même temps que les fèces se décolorent; 2° par sa rapide disparition dès la désobstruction biliaire, marquée par l'expulsion d’hydatides fécales ; 3° par sa répétition ou sa recrudescence coïncidant régulièrement avec une crise douloureuse jugée par une débâcle hydatique. Qu'un certain degré d’angiocholite et d'infection biliaire se surajoute très souvent aux phénomènes mécaniques de la colique hydatique, ce n’est pas douteux. Mais nous pensons que ce qui règie le processus pathogène — et ce que le chirurgien doit viser surtout — c’est moins l’angiocholédocite infectieuse, histologique, que le macroscopique « bouchon hydatique » qui, oblitérant le canal excréteur, détermine la rétention d’une bile plus ou moins septique. Loin-de nous l’idée de vouloir faire de ces divers dun une application étroite à la pathogénie de la colique caleuleuse. Nous nous demandons seulement si les auteurs modernes n’ont pas exagéré, aux dépens de la vieille conception mécanique, le rôle des « réactions vési- culaires » dans le déterminisme de la colique hépatique, comme aussi la part de « l'infection biliaire » et de « l’angiocholite » dans le méca- nisme de l'ictère lithiasique ou hydatique. MITOCHONDRIES ET SYMBIOTES, par CL. REGAUD. Dans son livre récent sur les « symbiotes » (1), M. Portier développe une théorie générale, qu’il résume dans les phrases suivantes de la préface : « Chaque cellule vivante renferme dans son protoplasme des formations que les histologistes désignent sous le nom de mitochondries. Ces organites ne seraient pour moi autre chose que des bactéries symbio- tiques, ce que je nomme des symbiotes… La bactérie symbiotique vient du milieu extérieur : ‘elle peut, dans certains cas, y retourneret vivre d'une vie indépendante. Les bactéries seraient donc les seuls êtres simples; tous les autres seraient doubles. » J'ai consacré aux mitochondries des études dont les résullats princi- paux ont été publiés ici même. M. Portier m'a fait l'honneur de les citer, etil en tire appui. Notre collègue ne s’étonnera donc ni que j'aie pris (1) P. Portier. Les Symbiotes. Paris, 14918, Masson, éditeur. “ SÉANCE DU 15 MARS 245 en très sérieuse considération ses travaux, ni que j'exprime librement mon opinion sur une conception. qu'il présente lui-même comme très audacieuse et susceptible d’être considérée au premier abord comme une véritable « hérésie scientifique ». Qu'il y ait des microbes vivant en symbiose avec des plantes el des animaux, cela ne fait aucun doute. Que le nombre des cas connus de symbiose doive aller en augmentant, cela est certain. IL est probable que des exemples authentiques de ce phénomène seront découverts chez les animaux supérieurs, et nous pensons, M. P. Masson el moi, être en présence d'un cas de ce genre (1). Que M. Portier ait vu de véri- tables microbes, non seulement inoffensifs, mais bienfaisants dans des tissus normaux d'animaux divers, je ne mets pas cela en doute; je n'aurais d’ailleurs point pour cela suffisante qualité. Laissant aussi de côté les déductions ingénieuses, grâce auxquelles il fait entrer dans le cadre de sa conception symbiotique des êtres vivants des faits emprun- tés aux parties les plus éloignées de la biologie, je m’en tiendrai à l'examen de cette question précise et fondamentale : /es mitochondries sont-elles des microbes ? ‘ Question fondamentale, car tout l'édifice théorique repose sur elle. Si les mitochondries ne sont point des organismes d'origine extérieure adaptés à la vie symbiotique dans les cellules des animaux et des plantes, il ne reste guère dans plusieurs chapitres importants du livre des Symbiotes que des hypothèses sans base connaïissable, écha- faudées ou appuyées les unes sur les autres pour expliquer des faits disparates auxquels E théorie des mitochondries-symbiotes sert de lien artificiel. Les mitochondries (2) ont une existence objective définitivement établie. On les voit aisément dans les cellules vivantes, animales et végétales, toutes les fois qu'on peut isoler et placer celles-ci dans les conditions requises pour l'observation microscopique à un fort grossis- sement avec un éclairage convenable. Les travaux de ces dernières années les ont élevées légitimement au rang d’organites fondamentaux de la cellule. Elles ont avec les microbes une analogie de formes que tous les observateurs ont remarquée, mais qui n’est pas constante. Ce (1) P. Masson et CI. Regaud. Comples rendus de la Soc. de Biologie, 21 dé- cembre 1918, 11 janvier et 22 février 1919. (2) Benda a donné à la doctrine des mitochondries une terminologie qui a fait fortune, mais qui est mauvaise. Il serait préférable d'y renoncer et de dénommer ces organites polymorphes d’après leurs fonctions physiologiques :- soit éclectosomes (Regaud, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 9 juin 1909); car ils jouent le rôle d'introducteurs, de fixateurs et de concentrateurs élec- tifs des substances nécessaires à l'activité métabolique des cellules, soit plastosomes (Meves, 1910), car ils forment ou élaborent les produits figurés (et aussi vraisemblablement des produits non figurés) de la cellule. 246 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sont des corpuscules liquides, ou tout au moins de consistance très molle, parfaitement limités par rapport au protoplasma ambiant, mais d’une grande malléabilité. La manière dont leur substance se comporte vis-à-vis des acides, des sels métalliques, des solvants, a permis de leur reconnaitre un support albuminoïde auquel sont unis des lipoïdes qu'on en dissocie avec une extrême facilité. Les mitochondries sont extraordinairement altérables : à un point tel, que de petites variations de concentration du milieu intracellulaire ou du milieu ambiant, que l’autolyse, que l'acide acétique très dilué des fixateurs usuels, etc., altèrent rapidement leur forme et les détruisent. Quand on cherche à les extraire de la cellule vivante par des moyens mécaniques, elles se résolvent aussitôt en gouttelettes et en granulations dans le liquide de la préparation. Leur altérabilité par les fixateurs acides et la nécessité de les mordancer par certains sels métalliques dominent entièrement la question de leur coloration : étant réalisée la condition sine qua non d'une bonne préparation préalable, elles se teignent par une foule de procédés dont aucun n’est spécifique. Les microbes, au contraire, sont des organismes consistanis, diffici- lement déformables, dont la vie même est en général relativement très résistante aux agents chimiques et physiques. Rien n’est plus simple que de les extraire mécaniquement des cellules sans les altérer. Leur forme et leur structure, leur colorabilité même sont indifférents aux fixateurs de la technique histologique. Il est vrai que les méthodes de coloration des mitochondries colorent quelquefois certains microbes ; mais cela est sans importance, car elles colorent bien d’autres objets. En définitive, mis à part les ressemblances de forme, la coïncidence exceptionnelle d’une colorabilité semblable, et le commun pee de synthèse chimique qui appartient à toute matière vivante, ü n'y a entre les mitachondries et les microbes que des divergences. L’absolue différence des deux objets typiques, microbeset milochon- dries, n’est pas contestable. Si M. Portier l’admet, il lui restera à démontrer que ces deux objets se transforment l'un dans l’autre. De celte transformation je ne trouve dans ses travaux aucune ébauche de démonstration. Il raisonne copErdans comme si cette démonstration PRE dr an rte md Ï : 4 | a * était faite. M. Portier croit que les « symbiotes » pénètrent par la voie intesti- nale, à l’état de microbes libres, dans le milieu intérieur et les tissus de l'animal dont ils doivent renouveler les mitochondries. Il pense trouver un argument favorable à cette opinion dans un fait que nous avons observé récemment, M. P. Masson et moi, chez le lapin : péné- tration de nombreux microbes de la cavité intestinale dans les follicules lymphoïdes à travers l’épithélium, et pullulation de ces microbes dans le tissu lymphoïde, sans réaction de défense autre que leur phagocytose M lardive par des macrophages. Mais nous nous élevons contre une telle SÉANCE DU 15 MARS 247 interprétation. Il n’y a aucune relation d’un ordre quelconque entre les microbes vus par nous et les mitochondries. Les microbes introduits dans le tissu lymphoïde sont phagocytés après un stade de vie libre, et réellement détruits sur place par digestion intracellulaire. S'ils sont utilisés par l’organisme du lapin, c’est « substantiellement », c'est-à- dire en l’état de substances chimiques, mais non pas « morphologi- quement », c'est-à-dire en l’état d'organites conservant une forme. Nous ne voyons dans le phénomène en question pas le moindre indice d'une transformation de microbes en mitochondries. En définitive, je pense que M. Portier, victime du piège des analogies morphologiques, a confondu indûüment mitochondries et microbes. Reprenant à son compte la théorie des « bioblastes » d’Altmann (qui fut le véritable auteur de la découverte des mitochondries, dont il appela les granules et les filaments « organismes élémentaires »), M. Portier l'a étendue, et j’oserai dire aggravée. Cependant il a écrit : « Rien n'est plus trompeur qu'une apparence morphologique. A elle seule la forme des mitochondries ne peut nous autoriser à conclure que ce sont des micro-organismes. » Me fondant sur ces règles essentielles _ de l’interprélation- scientifique, je suis obligé de conclure que notre collègue me parait les avoir transgressées, à son insu, et peut-être parce qu'il n’a pas suffisamment « vécu » la technique des structures protoplasmiques. M. Porrier. — M. Regaud établit une comparaison entre les mitochon- dries de cellules très différenciées (cellules épithéliales par exemple) et des bactéries. Il est bien évident que, dans ce cas, on apercoit des diffé- rences considérables entre les unes et les autres, notamment sous le rapport de la résistance aux agents physiques et chimiques. Je l’ai dit moi-même dans mon livre, la question, ainsi présentée, donne l'impression d'une véritable hérésie scientifique. Il y a là un phénomène comparable à celui qui résulterait de la con- frontation d’une cellule nerveuse des cornes antérieures de la moelle et d’une cellule de l’épiderme. Il y à entre ces éléments anatomiques des différences considérables qui semblent les séparer définitivement. Cependant lembryologie nous donne la preuve qu’elles sont proches parentes, mais elles ont évolué dans des directions très différentes; elles ont subi des adaptations à des fonctions très dissemblables, ce qui a entrainé une divergence morphologique impressionnante. La mitochondrie incluse dans le cyloplasma de la cellule des Verté- brés supérieurs, donc soumise à des conditions physiques el chimiques très constantes, est devenue d’une extrême fragilité. Mais si on envisage les mitochondries des Protozoaires et surtout celles des éléments sexuels, on arrive à des nolions bien différentes. Les mitochondries du Spermatozoïde sont infiniment plus résistantes que celles des cellules 248 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE parenchymateuses; elles peuvent supporter des variations relalivement importantes dans la composition chimique ou dans la concentration moléculaire des liquides environnant le spermatozoïde. C'est sur ces faits qu'est fondée la conception d’une parthénogénèse spé- ciale chez les Vertébrés supérieurs : le noyau du spermatozoïde, support des caractères héréditaires, peut être tué par certains agents alors queles mitochondries moins vulnérables résistent et peuvent provoquer le déve- loppement de l'œuf dans lequel le spermatozoïde a pénétré. Et d’ailleurs, il est très remarquable de constater que les micro-orga- nismes authentiques et cultivables contenus dans les éléments anato- miques des Invertébrés possèdent eux aussi une très grande sensibilité - aux agents physiques et chimiques. Si on prélève par exemple le contenu d’une chrysalide de chenille xylophage (Sesia), peu de temps après sa transformation, on constate que le liquide laiteux qu’on extrait fourmille de spores d’/saria. Ceiles-ci sont parfaitement conservées dans le chlorure de sodium à 4 p. 100, tandis qu’elles sont profondément altérées et disparaissent rapidement lorsqu'on ies immerge dans l'eau ordinaire ou même dans une solution hypotonique. js Les spores du même champignon, mais provenant d'une culture, résis- tent au contraire parfaitement à l’action de l’eau ordinaire ou même de l’eau distillée. Ainsi, déjà pour les micro“organismes authentiques qui n’ont subi qu'un commencement d'adaptation au milieu intracellulaire et qui peuvent être encore séparées de la cellule, le pouvoir de résistance aux agents physiques, et en particulier aux variations de la pression osmo- tique, est considérablement diminué ; comment s'étonner de la fragilité des mitochondries des cellules parenchymateuses qui, dans ma concep- tion, seraient des bactéries définitivement adaptées au milieu cellulaire, et incapables de mener une vie indépendante? A un autre point de vue, toute discussion sur le sujet qui nous occupe devrait avoir pour base une définition précise de la mitochon- drie. Seule, cette définition permettrait d'identifier ou de différencier une formation intracytoplasmique quelconque d’une mitochondrie. Or, cette définition, je ne la trouve ni dans les traités classiques, ni dans les mémoires originaux qui s'occupent de la question. Elle me semble eneffet (très difficile à donner. Ce ne peut être en effet une définition morphologique, puisque M. Regaud, lui-même, vient de nous rappeler le polymorphisme de ces organites sur lequel il a insisté d'ailleurs dans beaucoup de ses tra- Vaux. Ce nepeut être une définition microchimique, puisque la mitochondrie, se différenciant progressivement en substances de réserve, varie de composition dans le temps à mesure que son évolution se produit. Mb 1 SÉANCE DU 15 MARS 249 D'ailleurs M. Regaud lui-même (1) nous a montré que dans une méme cellule et à un méme instant toutes les mitochondries ne possédaient pas les mêmes réactions linctoriales. Sa note de 1908 que je viens de citer oîfre de nombreux exemples de ce fait. On en trouvera d'autres dans le travail de M. Fauré-Fremiet (2), notamment aux pages 511, 515, 520, 528, etc. On y voit par exemple que chez l’Opisthonecta, au moment de la division @e l'infusoire, les mitochondries « qui sont plus petites que d'habitude sont colorables par l’hématoxyline ferrique, même après une simple fixation au liquide de Bouin, qui ne permet pas de les différencier dans les conditions normales ». M. Regaud paraît, dans son à actuel, incliner vers une défini- tion physiologique de la mitochondrie reposant sur le rôle élaborateur de ces éléments ; il a d’ailleurs antérieurement proposé de désigner ces organites sous le nom d'éclectosomes ou de plastosomes, expressions qui veulent rappeler leur propriété élaboratrice, leur pouvoir de synthèse. En attendant une meilleure définition que nous donneront les histo- logistes, il me semble qu'on pourrait accepter la suivante : les mito- chondries sont des formations intracytoplasmiques se colorant électi- vement par certaines méthodes spéciales (celle de M. Regaud, par exemple) et présentant un pouvoir de synthèse manifeste. Or, les nodosités des racines de Légumineuses traitées par cette méthode histologique présentent dans le cytoplasma des cellules deux formations colorées électivement : les mitochondries classiques et les bactéries symbiotes bien étudiées par nombre d'auteurs et par M. Mazé en particulier qui a donné la preuve que ces micro-organismes sont adaptés à capter l'azote gazeux pour édifier, lorsque le milieu chimique s’y prête, des composés protéiques, c'est-à-dire, en somme, pour pro- céder à une des synthèses les plus remarquables que l'on connaisse. Dès lors, il me semble permis de considérer ces micro-organismes authentiques comme des mitochondries, puisqu'ils en possèdent les deux caractéristiques. Ce sont, pour moi, des mitochondries encore imparfaitement adaptées à la vie coMnaine et capables d’être séparées de l'élément qui les héberge; des promitochondries, si l'on veut, qui, dans la suite des siècles, pourront subir progressivement une adaptation parfaite qui les rendra entièrement semblables aux mitochondries classiques. Pour les différentes raisons que je viens d’exposer, il ne me semble (1) CI. Regaud. Sur les mitochondries de l’épithélium séminal. Technique, variations histochimiques. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXV, 1908, p. 660. (2) E. Fauré-Fremiet. Étude sur les mitochondries des protozoaires et des cellules sexuelles. Archives d'anatomie microscopique, t. XI, 1910. 250 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE donc pas qu’on puisse, a priori et d’une manière définitive, rejeter l’as- similation des mitochondries de la cellule à des bactéries symbiotes. Il est d'ailleurs remarquable que M. Nageotte soit arrivé récemment à une conception très voisine de la mienne par des considérations très diffé- rentes. En terminant, je demande la permission de faire remarquer que la conception que jé propose n'est pas purement théorique, mais qu’elle permet au contraire d'expliquer certains faits connus, d'en prévoir d’autres, d'être, en somme, comme Je l'ai dit, une hypothèse de travail féconde. C'est ainsi que, d'après mes vues, et en tenant compte des Dheue mènes observés par MM. Masson et Regaud au niveau de l’appendice du Lapin, on pouvait prévoir que ce Mammifère pouvait échapper aux phénomènes d’avitaminose. C'est ce que l'expérience semble bien con- firmer. Je reviendrai prochainement sur cette question. M. ReGAUD, pour répondre à M. Poe. ajoute à sa communication les précisions ou les compléments suivants: - 1. Les mitochondries ne sont point une conception vague des histolo- gistes. Ce sont des objets précis que l’on peut aisément définir d'après l'ensemble de leurs propriétés : « Corpuscules de forme. exactement circonscrilte par un contour net, le plus souvent sphérules ou fila- ments ; — de consistance fluide ; — en suspension dans le cytoplasma, où ils occupent une situation tantôt quelconque, tantôt caractéristique de l’espèce cellulaire ou de la phase fonctionnelle considérée ; — consti- tués par un complexe albumino-lipoïde, très fragile, et manifestant des réactions physico-chimiques extrêmement variables dans leurs détails, selon les espèces cellulaires considérées ; — aples, dans certaines conditions de conservation, à fixer fortement des substances fort diffé- rentes (métaux, couleurs, etc.) ; — ayant pour fonctions, certainement d'élaborer les produits de l’activité cellulaire (certains organes perma- nents de la cellule, les produits de sécrétion figurés, graisse, glyco- gène, amidon, pigments, etc.), probablement aussi d'introduire et de concentrer les substances nécessaires à l'activité métabolique de la cellule ». Ce n’est pas seulement une ressemblance de forme, mais l’ensemble de ces propriétés qu'il faut avoir présent à l esprit pour juger la FOUT des mitochondries-microbes. 2, Les mitochondries vraies ont une extrême fragilité. Pour démon- trer qu'elles ont dans certains cas une « solidité », comparable à celle des microbes, M. Portier choisit l'exemple des mitochondries du sper- matozoïde. Or, il me paraît y avoir là une confusion. Il y a, dans les spermatozoïdes, des mitochondries vraies, et aussi, tout au moins dans certains cas, un organe cellulaire d’origine mitochondriale, c’est-à- SÉANCE DU 15 MARS 951 dire construit par les mitochondries de la spermatide. Le filamert spiral des spermatozoïdes des Mammifères, en effet , résistant aux réac- tifs est un organe de ce genre ; mais il ne me paraît pas plus être « des mitochondries » que les disques contractiles des myofibrilles (s'ils ont bien pour matrices des mitochondries), les granulations graisseuses, les grains de sécrétion, etc., ne sont des mitochondries. 3. De ce que dans un tissu, voire dans une cellule, on constate la présence simultanée de mitochondries ou de microbes, on ne doil pas en conclure que les unes se transforment dans les autres ou inverse- ment (ex. : nodosités des racines des Légumineuses). 4. À défaut de preuves morphologiques, ou opliquement consta- tables, de l'acquisition de propriétés mitochondriales par des microbes, ou inversement, il ne me semblerait pas admissible de transporter l'argumentation sur le terrain exclusivement chimique ou physiolo- gique, c’est-à-dire de prétendre que la substance de microbe devient substance de mitochondrie ou inversement : ce serait, je crois, entrer dans le domaine de l'inconnaissable. 5. Je ne puis attribuer aucune valeur de preuve, ni même de com- mencement de preuve, au point de vue de la question qui nous occupe, à l’argument-suivant : « le lapin nourri d'aliments stérilisés ne se « carence » pas, parce que l'introduction permanente de microbes intestinaux dans son tissu lymphoïde rajeunit sans cesse ses sym- biotes ». De ce que deux faits ne sont pas en antagonisme l’un avec l’autre, de ce qu'ils « collent » (si j'ose ainsi parler), il ne s'ensuit nul- lement qu'ils aient une relation quelconque. SUR UN PROCÉDÉ SIMPLIFIÉ DE COLORATION DES CRACHATS TUBERCULEUX, par Cu. LESIEUR, PAUL JACQUET et PiNTENET. Nous avons l'honneur de présenter à la Société une méthode de colo- ration des crachats tuberculeux qui, tout en donnant d'aussi bons résul- tats que la méthode de Ziehl, a l'avantage d'être plus facile, d'exiger moins de tour de main, et d'utiliser une solution colorante que l’on trouve toute préparée dans tous les laboratoires. Nous avons établi ce procédé pour faire face à la pénurie de fuchsine qui a eu lieu à un cer- tain moment pendant la guerre, et nous la préférons à la méthode de _Ziehl pour sa simplicité. La solution colorante est le violet de gentiane phéniqué qui sert à faire le Gram. On doit utiliser dans sa préparation une solution phé- niquée forte, à 5 p. 100, qui donne sensiblement plus de mordant au colorant et ne gêne nullement pour la méthode de Gram. Il est préfé- 259 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L rable, pour éviter les précipitations, de partir du violet en poudre que l'on se procure partout d'excellente qualité, contrairement à la fuchsine qui n’est pas toujours bonne, et non de la solution mère dans l’alcool à saluration. 1 gramme de violet est trilturé au mortier dans 10 c.c. d'alcool fort (90° ou 95°), l'alcool absolu n'est nullernent nécessaire. Après dissolution complète on ajoute l'eau phéniquée à 5 p. 100 jusqu’à concurrence de 100 c.c. Le décolorant le plus favorable, déjà utilisé par l’un de nous avec la fuchsine phéniquée, est l’alcool fort additionné en poids de 3 p. 100, en volume de 2 p. 100 seulement d'acide lactique. La préparation, étalée, séchée et fixée à la flamme, est recouverte de violet phéniqué et exposée à la veilleuse d'un brûleur, avec dégage- ment de vapeurs, pendant 3 minutes. Le chauffage peut être prolongé beaucoup plus longtemps, la préparation peut même se dessécher par inattention de l'opérateur sans pour cela devenir inutilisable comme cela a lieu avec le Ziehl, car le violet s'attache au verre beaucoup moins que la fuchsine et la préparation presque toujours pèut être remise en état. L’excès de colorant est rejeté ensuite, enlevé sous un filet d’eau, et l'on fait intervenir le décolorant, l'acide et l'alcool agissant ensemble. La décoloration est presque immédiate et il ne faut pas craindre de la pousser à fond, à l'excès même, car le mélange est très électif, n’atta- quant seen les bacilles, et puni ent de facon complète le reste de la pop one On n’a plus qu’à colorer le fond, rapidement, avec un rouge queli- conque. Nous utilisons couramment la safranine au 1/500 dans l’eau d’aniline, dont la teinte briquetée s'oppose très bien au violet noir des bacilles. Les bacilles ainsi colorés tranchent vigoureusement sur le fond pâle, au moins aussi bien que les bacilles roses du Ziehl sur un fond bleuté. Cette méthode est plus facile, plus automatique en quelque sorte qu'avec la fuchsine et la double décoloration, elle réduit au minimum le coefficient personnel. Elle nous a paru avantageuse pour les colo- rations nombreuses, en séries, comme on a à les faire dans les labore toires d'armée. < AUTOPLASMOTHÉRAPIE DANS LA GRIPPE, par P. BropiN, En. LEsNÉ et FR. SAINT-GIRONS. On n’a pas encore, à notre connaissance, étudié soit dans la grippe, soit dans d’autres affections morbides, l'autoplasmothérapie, c’est-à- dire l'injection intraveineuse à un malade du plasma sanguin de ce même malade, Nous avons pu dans neuf cas essayer cette action théra- RO De ou SÉANCE DU 15 MARS peutique. Les résultats, intéressants au point de vue thérapeutique même, nous permettent d'affirmer l'innocuité de cette méthode nouvelle, de très facile emploi. MM. Grigaut et Moutier avaient étudié chez les grippés, avec des résultats encourageants, l'effet des injections intraveineuses de plasma de convalescent. Nous avons repris ces recherches, et nous avons con- staté que, chez les grippés et aussi chez les typhiques, les injections intraveineuses de plasma normal donnaient exactement les mêmes résultats que celles du plasma de convalescent, C'est alors que nous avons pensé à injecter à un malade, non plus un hétéro-plasma, mais son propre plasma (autoplasma). Nos recherches à ce point de vue ont porté sur 9 sujets; les prises de sang ont été faites à la veine du pli du coude, avec une aiguille de fort calibre (20 millièmes). Le sang était recueilli dans un ballon contenant 40 c.c. d'une solution de citrate de soude à 200 p. 1.000, et conservé à la température du laboratoire ; le plasma était décanté aseptiquement le lendemain, filtré sur coton stérile, el injecté aussitôt. Nous avons injecté généralement 100 c. c. Dans tous ces cas l'injection a été parfaitement supporlée, et n’a jamais provoqué d'incident immédiat. Elle peut n'être suivie d'aucune réaction, mais, en règle générale, au bout de 15 à 60 minutes, le malade est pris d’un frisson violent, se plaint d’une sensation de froid marquée, de céphalée ; sa température s'élève d’un ou deux degrés, son pouls s'accélère, sa tension artérielle s’abaisse. Au bout de 20 à 40 minutes, des sueurs apparaissent, la température s’abaisse rapidement très au- dessous de son niveau antérieur, autour de 37°, pour s y maintenir ou non suivant les cas. à Qu'elle soit ou non suivie de réaction, l’iajection intraveineuse d’auto- plasma agit de facon variable sur l’évolution de la maladie. 1° Dans 5 cas, la défervescence définitive a été obtenue ; à 2° Dans 2 autres cas, il y a eu baisse de température passagère; mais, dans la suite, la fièvre s'est maintenue à un niveau moins élevé qu'antérieurement, et l’état général a été nellement amélioré; 3° Dans 2 cas enfin, l'effet de l'autoplasma a été nul : il s’agit, pour l’un, d’une grippe légère en défervescence, qui n’a recu que 10 c.c., et pour l'autre d'une grippe très grave terminée 2 jours après par la mort. I semble donc que dans la majorité des cas les injections d’auto- plasma aient produit un effet favorable ; elles n’ont jamais présenté le moindre inconvénient. Ces résultats nous once de préciser le mode d'action du plasma. Les recherches de MM. Grigaut et Moutier donnaient à penser que le plasma agissait d'une facon spécifique : à un malade on fournissait les anticorps élaborés par un autre sujet convalescent de la même maladie. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [NS] Qt men Nos recherches montrent que l’autoplasma agit non pas comme vecteur de subslances immunisantes, mais en tant qu'albumine étrangère envers laquelle l'organisme réagit avec plus ou moins de violence. Ce mode d’aclion permet de rapprocher le plasma de toute une série d’autres substances : peptones, toxines et cultures microbiennes, iso- et autosérum, métaux colloïdaux, qui, selon l'expression de M. Nolf, ont « les qualités d’un antigène ». Comme ces substances, le plasma doit agir en déterminant dens le milieu sanguin une rupture d'équilibre des albumines en présence, en provoquant, suivant l’expression de MM. Widal, Abrami et Brissaud, une « crise hémoclasique ». L’autoplasma nous paraît cependant présenter sur ces différentes substances plusieurs avantages : Il nous a paru toujours bien supporté, même chez les Halde très eravement alteints. Il ne s'accompagne pas d'accidents sériques ultérieurs et, ne sensibi- lisant pas le malade, n’expose pas à des accidents d’anaphylaxie. Moins loxique que le sérum et plus facile à recueillir en quantité suf- fisante, il a sur lé sang total l'avantage considérable de ne pas intro- duire en cireulation des globules qui, modifiés par leur contact avec le citrate de soude, se comportent comme des corps étrangers que l’orga- nisme déjà éprouvé par l'infection doit détruire et éliminer. Pour ces diverses raisons, l’autoplasma nous semble pouvoir rendre quelques services dans la thérapeutique des maladies infectieuses. ACCIDENTS PARALYTIQUES ÉTRANGERS AU VIRUS, AU COURS DE L'IMMUNISATION ANTIRABIQUE DU LaAPIN, par P. REMLINGER. Les paralysies qui, à titre exceptionnel comme on sait, apparaissent chez l’homme au cours du traitemement antirabique ou quelque temps après lui, ont été l’objet de nombreux travaux. Des interprélations très opposées et parfois un peu laborieuses ont été proposées. Il ne nous parait pas inutile de faire remarquer que, chez le lapin, l’émulsion de substance nerveuse rabique homologue, traitée où non par un agent d'atténuation, est susceptible, même à faible dose, de provoquer des troubles paralytiques dans la genèse desquels l’agent pathogène n'est pas en cause et qui rappellent de près les accidents observés chez l’homme. Nous versons au débat, malgré les lacunes anatomo-patho- logiques qu'elles présentent, les quatre observations suivantes qu'il nous serait facile de multiplier. SÉANCE DU 15 MARS 955 — O8s. I. — Un lapin adulte reçoit dans les muscles de la nuque, le 7 sep- tembre 1918, 2 c.c.; le 27 septembre, 10 c.c.; le 8 novembre, 20 c.c. d’une émulsion à 1/50 de cerveau de lapin rabique (virus fixe). Le 14 no- vembre, 6 jours après sa dernière inoculation, il présente brusquement une paralysie complète du train postérieur, assez différente des paralysies rabiques. La jambe est contracturée en extension sur la cuisse et l’animal maintient repliés sous lui les membres inférieurs ainsi étendus. Le train antérieur, les muscles de la nuque sont indemnes. L'animal à son facies habituel et son appétit est conservé. Les jours suivants, l’état demeure sta- tionnaire, sans la moiudre aggravation. Brusquement, le 19 novembre, le lapin est trouvé couché sur le côté, agonisant. Il meurt quelques heures plus tard. L'autopsie ne donne aucun renseignement au sujet des causes de la mort. La moelle est indemne macroscopiquement. Une émulsion du bulbe est inocuiée sous la dure-mère de deux lapins qui n’ont présenté aucun phéno- mène morbide. O8s. IT. — Jeune lapin né le 17 avril 1918 de parents immunisés. Recoit dans les muscles de la nuque le 16 août, 2 c.c. et le 21 septembre 10 c. c. d’une émulsion à 1/50 de cerveau de lapin rabique (virus fixe). Présente brusque- ment le 29 septembre, 8 jours après la dernière inoculation, une paralysie du train postérieur du même type que celle de l’animal précédent et difré- rente de la véritable paralysie rabique. Il s'asseoit en effet sur son train de derrière, contracturé en extension et replié sous l’abdomen. Il a son facies habituel et mange de bon appétit. État stationnaire le lendemain. Les mem- bres antérieurs, la nuque sont indemnes. Trouvé mort le 1° octobre au malin. À l’autopsie, aucune particularité autre qu'un météorisme intestinal considérable. La moelle n’est ni congestionnée, ni ramollie. Un lapin et deux cobayes ont été inoculés avec le bulbe et sont demeurés indemnes. O8s. III. — Jeune lapin né le 26 avril 1918 de parents immunisés. Recoit dans les muscles de la nuque le 25 août 2 c.c., le 23 septembre 10 c. c. d’une émulsion à 1/50 de cerveau de lapin rabique {virus de rue). Le 6 octobre, 13 jours par conséquent après la dernière inoculation, présente brusquement une paralysie localisée au train postérieur et identique aux précédentes. Les membres postérieurs, contracturés en extension, sont repliés sous l'abdomen en sorte que le corps repose sur eux. L'animal a son habitus normal et mange de bon appétit. É'at stationnaire le lendemain et le surlendemain. Mort le 9 octobre au matin. Aucune particularité intéressante à l’autopsie. Un lapin et deux cobayes inoculés sous la dure-mère avec une émulsion du bulbe sout demeurés bien portants. Os. IV. — Lapin adulte ayant recu sous la peau, du 18 octobre 1917 au 22 février 1918, 500 c.c. d'une émulsion à 1/50 de cerveau de lapin rabique (virus de rue), ayant séjourné vingt-quatre heures dans l’éther. Est éprouvé le 6 mars 1918 par inoculation sous dure-mérienne. Présente, 21 jours plus tard, le 27 mars, de la chute de la tête par paralysie des muscles de la nuque. Aucune paralysie des membres. Celle-ci apparaît seulement le 3 avril et porte à la fois sur les membres antérieurs et postérieurs. Eile n’est toutefois pas complète et le lapin, tout en vacillant fréquemment, arrive cependant à se 256 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tenir à peu près d’aplomb sur ses pattes. Les jours suivants, l’état demeure stationnaire. L'animal continue de s’alimenter. Le 8 avril, la parésie paraît localisée au train postérieur et à la nuque. Le train antérieur est redevenu normal. L’appétit est excellent. Tendance à la diarrhée. Le lapin traine sur le sol de sa cage son train postérieur paralysé, toujours souillé ainsi de matières fécales. A partir du 20 avril, on note un peu d’amaigrissemeut, mais la paralysie demeure stationnaire et toujours localisée au train postérieur et à la nuque. Le 26 avril au matin — un mois après le début des phénomènes paralytiques — on est surpris de trouver le lapin mort dans sa cage. La veille, il avait son habitus normal-et avait mangé de bon appétit. Autopsie complètement négative. Tous les organes sont sains. La moelle n’est ni con- gestionnée, ni ramollie. Une émulsion du bulbe est injectée sous la dure-mère de 2 lapins et de Z cobayes. Tous ces animaux sont demeurés parfaitement portants. À la gravité près — les paralysies du traitement sont presque toujours bénignes tandis que nos quatre lapins sont morts au bout d’un temps plus ou moins long — on retrouvera dans -les observations qui pré- cèdent la plupart des caractères de ces paralysies : brusquerie du début, prédilection pour les membres inférieurs, intégrité de l’état général, etc. Il nous paraît bien évident que, dans les cas qui précèdent, il y eut relation de cause à effet entre l’inoculation du virus et l'apparition des phénomènes paralytiques. Nos quatre lapins étaient nés à l'Institut et, ni dans notre élevage, ni parmi nos autres animaux d'expériences, nous n'avons jamais observé d'accidents analogues. Le virus rabique étant mis hors de cause par le résultat négatif des passages, il reste à incriminer soit la toxine, soit un poison de la substance nerveuse normale qui serait susceptible d'agir sur les animaux de même espèce. ; ({nstitut Pasteur du Maroc.) ERRATUM NoTE DE S. Mareaïs. T. LXXXIT, p. 168, dernière ligne de la note 2, au lieu de : 1918, t. II, p. 143, lire : 4908, t. [T, p. 113. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Païis. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Casselte. 257 SÉANCE DU 22 MARS 1919 SOMMAIRE Brécnor (A.) : Note sur la valeur tive du sang paludéen. . ...... 267 comparée de la chloroformisation Marinesco (G.) : Études histolo- et-de l'éthérisation . . : : =. - . . . 272 | giques sur les oxydases et les CHaussiN (J.) : Etude comparée DEL SV TAS ES eu 258 dess Fesnte it Son por eue ne s - MasuontTeiL (F.) : Déplacements Le ne tidé eee ’ h 7 2 de l'humérus dans les mouvements nn npdoneEseectye de pronation et de supination ... 275 tidentérie. Valeur sémiologique de ie (G.) : Not ne ces deux symptômes. . ....... 265 AUBIN (fus) PR ONRE EE Cpite Launoy (L.) : Sur l’antiprotéase tition de er dans le duo- . du Bacille pyocyanique . . . . . .. 263 | dénum et dans le jéjunum . .... 1 - Lesrur (C8.) et Jacouert (P.) : Sur NAGEoTTE (J.) : Sur l’origine de une méthode de coloration élec- la substance conjonctive. . . . . .. 211 Présidence de M. M. Nicloux, Vice-président, puis de M. Ch. Richet. DÉcÈs DE M. HALLOPEAU. M. CHarces RicueT. — Mes chers collègues, La mort vient de frapper un des plus anciens et des plus laborieux membres de notre chère Société. C'est il y à cinquante ans que H. Hallopeau faisait sa première _ communication sur les accidents ischémiques des affections cardiaques et sur l'anatomie pathologique de l'hémorragie cérébrale. Ce travail élait le prélude d’une série de notes importantes sur la physiologie pathologique générale et sur la thérapeutique expérimentale et cli- nique. Vous savez lous qu'il a écrit sur la pathologie générale un livre excellent, où il prouve par de multiples exemples à quel point la cli- nique et-la physiologie doivent être unies pour le plus grand bien de la clinique et de la physiologie. Tous ici, nous avons pu — car il assistait fréquemment à nos séances . BroLoGiE. COMPTES RENDUS, — 1919. T. LXXXIL 19 258 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — apprécier la courtoisie et l’affabilité de cet excellent et savant col- lègue. Pour moi, s'il est permis de mêler un souvenir personnel au deuil qui nous atteint tous, je me rappelle, comme si c'était hier, l'émo- tion que j'ai ressentie, quand Hallopeau, que je ne connaissais pas encore, vint me trouver, en 1879, pour me dire que, sur son initialive, la Société de Biologie m'avait nommé membre titulaire. En mon nom, comme en notre nom à tous, jadresse au fils de notre collègue, au D’ Hallopeau, l'expression de toute notre sympathie pro- fonde. ÉTUDES HISTOLOGIQUES SUR LES OXYDASES ET LES PEROXYDASES, par G. MARINESG0. Dans une note antérieure (1) nous nous sommes appliqué à montrer qu'on peut mettre en évidence, à l’aide de la technique recommandée par M. Grëft et E. v. Gierke, des granulations qui se colorent en bleu, en présence des solulions très étendues de naphtol-« et de diméthylpara- pténylène diamine. Il $’agit là d'une action diastasique exercée par des granules préexistants dans presque toutes les cellules de l'organisme qui président à la formation du bleu d'indophénol, par conséquent d’une phénolose. Certains auteurs ont contesté la nature diastasique de ce processus, et d'autres ont soutenu que la couleur formée dépend d’une réaction des lipoïdes. On s’est demandé même si les granules colorés ne constituent pas un produit de précipitalion. Ces réserves ne nous paraissent pas être justifiées. En effet l'image de ces granulalions obtenues à l’aide de la réaction des oxydases ressemble à celle montrée - par l'ultramicroscopie, et, d'autre part, la chalear à un certain degré, de même les substances toxiques, et surtout le cyanure de potassium suppriment complètement au bout de quelques minutes la réaction des oxydases. Mais le mélange de Rühman et Spitzer n’est pas un réactif spécifique des oxy dases, car il colore d’une manière métachromatique les graisses et certains lipoïdes. Vernon à attiré l’atlention sur I relation qui existe entre les lipoïdes el les oxydases. Il y a une relation intime entre l'intensité des oxydations et la quan- tité d’oxydases révélée par la synthèse du bleu d'indophénol. En effet le cylindre-axe est dépourvu d'oxydases, or Helmholtzet Les expériences plus récentes de Rolleston, Stewart de Bœck ont montré que le nerf excité n’est le siège d'aucun dégagement appréciable de chaleur, lacon- (1) G. Marinesco. Recherches histologiques sur Es oxydases. M. de la Soc. de Biologie, 8 février 1909. ; SÉANCE DU 22 MARS 259 duction du courant nerveux apparait comme un phénomène physique. Par contre au niveau de la plaque motrice et surtout dans le sarco- plasme, il y a une quantité considérable d'oxydases, le muscle étant l'organe le plus riche en oxydases. Cette constatation histologique est à rapprocher des expériences de Heidenhain et de Chauveau qui montrent non seulement que le muscle s’échauffe par le travail, mais que cet échauffement est sensiblement proportionnel à l’activité du muscle. La thermogenèse musculaire du repos représente. environ 40 p. 100 de la thermogenèse totale (Lejeune). Mais pendant le travail intense les mus- cles agissants LEE être le siège d’une combustion dix ou vingt fois plus 8 grande qu’au repos haurenn. _ La quantité relative des oxydases dans les différents organes des ani- maux hétérothermes nous rend compte de leur intensité fonctionnelle. Dans ia torpeur hivernale où il a une dépression considérable du méta- bolisme, le cœur continue son activité, quoique bien ralentie. L’'hématie des espèces animales qui a permis aux physiologistes de classer les animaux en deux catégories, à savoir : animaux à tempéra- ture invariable/et animaux à température variable, suivant la classifica- _ tion de Ch. Richet est l'expression d’une part, de l'action thermorégula- trice du système nerveux central et, d'autre part, de la quantité des oxydases contenues dans les cellules des divers organes. C'est chez les oiseaux, espèce animale possédant une grande quantité d’oxydases dans leurs tissus que la température est la plus élevée. Pour avoir une idée précise de la teneur en, oxydases d’un lissu ou bien d’un organe, il faut faire usage non seulement du réactif de Rôhman et Spilzer, maïs s'adresser également à d’autres réactifs, tels que le soudan, l’acide osmique et le bleu de Nil. De cette façon on est conduit à constater que certaines granulations que l’on était porté à considérer comme des oxydases sontaussi sudanophiles, osmo-réductrices ou bien prennent différentes nuances par le bleu de Nil. J'ai pu établir ce fait pour les cellules nerveuses, le rein, le pancréas, le foie et surtout pour les muscles des batraciens. La réaction des oxydases montre dans tous les muscles striés un assez grand nombre de granulations; mais il ne s'agit pas là de véritables oxydases, car elles sont également osmo- réductrices et se colorent par le bleu de Nil de diverses manières. Les vraies oxydases sont rares dans les muscles des amphibiens et se pré- sentent sous forme de foyers disséminés entre les fibres musculaires _ d’où les granulations colorées en bleu foncé rayonnent dans les fibres musculaires. Il est difficile de dire si ces foyers ou centres d'oxydases sont consti- tués toujours par des éléments cellulaires. Mais de pareils foyers exis- tent dans tous les organes et aussi dans les centres nerveux. Ils sont _ constitués par une masse compacte de granulations colorées en bleu foncé dont il est difficile parfois de distinguer l’individualité. Assez sou- 260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vent on peut deviner ou même reconnaître qu'il s’agit là de cellules. Ces oxydases sont plus résistantes ou stables,elles se colorent rapidement et leur coloration persiste. Il n’en est pas de même des granulalions oxydasiques des cellules nerveuses qui sont plus fragiles et jouissent d’une grande labilité ; ainsi s'explique pourquoi les premiers chercheurs n'ont pas vu d’oxydases dans le système nerveux central: la fixation des pièces dans le formol NET NTPRNETPNE EP TETEE eN T FiG. 1. — Coupe ce d'un faisceau nerveux de la région préterminale d'un névrome d'amputation (nerf médian de l’homme). Au centre de la coupe on voit plusieurs fascicules de régénération, qui n'ont pas donné la réaction du fer (fr, fr’). À la périphérie un grand nombre de fibres à myéline (mm) donnent la réaction de fer : (fixation au formol, coloration de Pers, van Gieson). et le contact de l’eau étant défavorables pour la synthèse du bleu d'indo- phénol. À ce point de vue, nos études confirment les constatations de Katsunuma qui a donné une description exacte de la topographie des oxydases dans le système nerveux. La peroxydase étant l’une des diastases les plus répandues des tissus animaux, nous avons essayé d’en déceler la présence sur des coupes histologiques. Un certain nombre d'auteurs, à la suite de Bach el. Chodat, admettent que les peroxydases ne peuvent agir qu'en présence SÉANCE DU 22 MARS 261 de peroxydes. G. Bertrand s’est élevé contre cette opinion. D’après ce chimiste, ce n’est pas parce que les peroxydases ont la propriété de pro- duire in vitro certaines réactions avec H°0*, qu'elles doivent nécessai- rement se comporter de même in vivo. D'après lui, c’est le fer qui inter- vient dans le système diastasique des peroxydases. ; Nos études montrent que le fer est un élément constitutif de neurose qu'on retrouve dans les diverses phases de la vie, aussi bien dans le noyau que dans le cytoplasma et dans la myéline des fibres nerveuses, _ sa quantité et sa topographie dépendent des rapports nucléo-protoplas- FrG. 2. — Plexus des fibres constitué essentiellement par des fibres sans myéline, traversé par quelques fibres à myéline, mises en évidence par la réaction de Perls. Au niveau des étranglements la réaction est négative. Les nucléoles du syncytium de Schwann offrent la réaction du fer. — /m, fm’, fibres à myéline ; nn, nucléoles, sidérophiles ; v, vaisseau, ques Dans les granules du cerveau, du cervelet et des autres centres nerveux, il est très abondant et localisé exclusivement dans le noyau. À mesure que le cytoplasme se développe, le fer diminue dans le noyau et augmente dans le protoplasma. Dans les cellules dites somatochromes (cellules radiculaires des noyaux médullaires et bulbaires, cellules de Belz, elc.), la quantité de fer est considérable dans les pièces traitées par la méthode de Perls ; sa topographie coïncide avec celle des cor- _puscules chromatophiles. Les images obtenues par la méthode de Nissl. et par celle de Perls se superposent. Lorsque les granulations colloïdales du cytoplasme ne se précipitent plus, pour former ce qu’on appelle les corpuscules de Nissl, les images obtenues ressemblent aux différents types de chromatolyse. Cette fois-ci encore les deux méthodes donnent des images concordantes. Mais le 262 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —- noyau des cellules somatochromes se présente sous un aspect tout différent de celui des cellules caryochromes. Dans les premières le fer est localisé dans le nucléate, dans la basi-chromatine; dans les dernières, il affecte la même topographie que les granulations de nucléine. Le fer paraît donc attaché à la basi-chromatine du noyau, et en ceci je ‘partage l'opinion de Macallum, tandis que dans le cytoplasma il est absorbé par les granulations colloïdales. Du reste, Scott, depuis long- temps, a soutenu que les corpuscules de Nissl contiennent du fer et du phosphore organique. Les variations dans la distribution du fer à l'intérieur du noyau de diverses espèces cellulaires sont gouvernées par la topographie de la chromatine, comme cela se voit bien dans les cellules en karyokinèse. Le pigment jaune, que certains auteurs dési- gnent du nom de lipochrome, ne contient pas de fer; celui-ci offre dans les noyaux des cellules névrogliques et épendymaires une topographie analogue à celle des graisses. Le fer est présent dans la myéline, etla réaction de Perls constitue une méthode de premier ordre pour suivre le trajet des fibres pourvues d’une gaine de myéline, elle-m’a permis de déceler l'existence de ces fibres dans la glande surrénale; le cylindre- axe ne contient pas de fer (fig. 2). Quel est le rôle du fer dans les fonctions du neurone? Depuis long- temps Spitzer et Jacques Loeb ont attribué aux nucléoprotéides un rôle important dans les oxydations des cellules animales, et surtout, en col- laboration avec Floresco, ont insisté sur la fonction martiale du foie, grâce à laquelle a lieu une fixation continuelle d'oxygène sur la matière - organique. Il est permis de conclure à la suite des recherches de Fhunberg, qui a observé que la lécithine en présence du fer consume une forte proportion d’oxygène, que le fer représente dans le système nerveux un catalyseur de premier ordre qui accélère les oxydations de la cellule nerveuse et de la myéline, si riche en lécithine. Nous allons exposer d’une facon sommaire les essais que nous avons … faits pour déceler la présence des oxydases dans les divers organes et dans le système nerveux. La présence d’une peroxydase dans les leuco- cytes a été démontrée par Portier en utilisant l’action de la teinture de gaïac en présence d’eau oxygénée. MM. Marfan, Ménard et Saint-Girons, avec la technique du gaïacol, ont localisé des oxydases indirectes dans les éléments de la sève myéloïde. MM. Noël Fiessinger el Roudowski ont mis en évidence, à l’aide de benzoline et d'eau oxygénée, des réactions d’oxydases indirectes (ou per oxydases) dans le protoplasma des leuco- cytes polynucléaires du sang, du pus ou des vaisseaux. Après la réaction les leucocytes sont bourrés de fines graisses colorées en bleu. Gette réaction se retrouve dans les myélocytes, elle fait défaut dans Les leuco- cytes de la sève lymphatique. En faisant usage du monochlorhydrate de benzine en solution dé Li 2h SÉANCE DU 22 MARS 263 aqueuse, que M. Agulhon de l'Institut Pasteur a bien voulu me préparer et de l'eau oxygénée neutre, j'ai pu constater que les coupes des pièces fraiches non fixées et pratiquées au microtome de congélation à l'acide carbonique, donnent une réaction positive des peroxydases. J'ai con- staté cette réaction dans le cerveau, le cervelet, les muscles, le rein, etc. ; ma myéline ne bleuit pas. Certains organes n’offrent qu'une réaction partielle, comme-c'est le cas pour le rein et les muscles. Les rapports de cette réaction des peroxydases avec celle de Perls feront l'objet d'une note ultérieure. SUR L'ANTIPROTÉASE DU BACILLE PYOCYANIQUE, 2 à par L. Launoy. L'injection au lapin de la protéase extraite du filtrat (sur bougie) _ d’une culture en bouillon de bactéries protéolyliques provoque l’appa- rition d’un anticorps spécifique dans le sérum de l'animal injecté. - Ainsi, l'antiprotéase obtenue avec la protéase du B. pyocyanique n’agit pas sur la pc du M. prodigiosus, ni sur celle du Proteus et vice versa (1). : Quel est dans la même espèce le champ d'action de l’antiprotéase obtenue au moyen d'un germe de cette espèce? L’inhibition réalisée par l’antiprotéase est-elle limitée à la souche antigène, s’exerce-t-elle sur quelques échantillons de l'espèce, ou bien s'étend elle à tous les échan- tillons de cette espèce? Cette question devait être posée. En dehors ‘ d’autres considéralions que nous ferons valoir en leur temps, le fait que, dans une même espèce, on trouve des germes extérieurement différenciés par certaines de leurs propriétés biologiques, comme celle de la production de pigments variés, par exemple, suffit à légitimer Fe recherches entreprises pour résoudre la question ci-dessus. Dans notre étude, nous avons pris comme premier exemple le B. pyocyanique ; la non-identité des germes de cette espèce est indiscu- table ; on sait en effet que, d’après la production des pigments, Gessard a pu définir quatre races : À, P, F, S et trois variétés : pyocyanogène, érylhrogène, mélanogène. À ces races et variétés, des protéases spé- ciales correspondent-elles ? Grâce à la complaisance de M. Gessard à qui nous adressons tous nos remerciements, nous avons pu étudier l’action d'un anticorps obtenu au moyen d’une souche (souche Huv) très fluorescigène et très protéoly- (1) L. Launoy. Comptes rendus de la Société de Biologie, 23 janvier 1919 Po. ; 264 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tique, sur 21 échantillons du 2. pyocyaneus. Dans ces 21 échantillons, les différentes races et variétés de cette bactérie étaient représentées. Notre antiprotéase s'est montrée très inhibitrice pour 19 échantillons; les 2 échantillons réfractaires (S et SS), dégradés au point de ne plus donner de pigments que sur le milieu gélose-peptone glycérinée (Ges- sard), se sont trouvés également dégradés au point de vue protéolytique; dans ces conditions la réaction de l’antiprotéase ne pouvait évidemment avoir lieu. Pour faire la réaction de l’antiprotéase nous procédons comme suit : 1° Ensemencement de 10 c.c. de bouillon-peptone avec la bactérie à différencier ; culture de 4 jours à 37°; toutes les 24 heures rupture du voile par agitation; L 2° Avec le filtrat (sur bougie) de cette culture ou plus simplement avec la culture vivante elle-même, on détermine l'unité gélalinolytique. Cette opération doit être faite très soigneusement, le volume de filtrat ou de culture définissant l’unité gélatinolytique étant notablement variable avec les germes; 3° Établir l'expérience comme nous l'avons dc par ailleurs pour la détermination de « l’optimum approché » (1). Avoir soin, quand on se sert de la culture vivante, de ne pas ajouter au test d’épreuve une unité gélatinolytique trop chargée de germes; 4° Après 18 heures d’étuve à 41°, les tubes sont portés dans un bain à 20°; on note, si l’on veut, le temps de gélification. Au sortir de l’étuve, après séjour dans le bain à 20°, on a les résultats suivants : Avec les essais témoins ayant recu du sérum normal, quelle que soit la quantité de ce sérum et quelle que soit la durée du refroidissement, les essais ne se gélifient plus; c'est donc que pour la protéase du B. pyocya- nique le sérum de lapin (comme celui d'homme et celui de cheval) n'a pas « d'optima » (1). Au contraire, avec les essais ayant recu des doses crois- santes de sérum de lapin préparé, la gélification a lieu dans un temps court, à partir d'un volume de sérum compris entre 0 c.c. 01 et 0 c.c. 03. Ces chiffres marquent pour le sérum préparé l’« optimum approché » de” celui-ci contre la protéase du pyocyanique. Nous donnons ci-dessous un tableau d'expérience qui montre, étudiée sur 6 échantillons de B. pyocyanique, l’action d’un sérum pré- paré : Nous désignons par Sp le sérum préparé (sérum spécifique), par Sn le sérum normal. Les chiffres situés dans la colonne Sp marquent en minutes Je temps de gélification à 20° de l'essai correspondant; le signe placé dans les colonnes Sp et Sn indique que la gélification de la gélatine ne se (1) L. Launoy. Annales de l'Institut Pasteur, janvier 1919, p. 1-26. SÉANCE DU 22 MARS 265 produit pas, quel que soit le temps de refroidissement; l'indication oo veut dire que la gélification est tardive (plus de 10 minutes, moins d’une heure). ÿ É SOUCHE SOUCHE SOUCIIE SOUCHE SOUCHE SOUCHE QUANTITÉ DE SERUM Huv. Hupbl. Mamm. Raph. Toul. A ENG. C: . D on CNE SR ° Sp | Sn | Sp | Sn | Sp | Sn | Sp | Sn | Sp | Sn | Sp | Sn 0 c.c. 01 | co |. co | oc | © | c | © | | œ | | © 0 c.c. 03 6 | GRACE) PRES 6 | © | 10 | 8 » 0NcAc205 5 » 5 » 7 » 6 » 6 » 6 » DOC 107 b » 6) » 7 » 6 » 6 » 6 » 0 ae SSSR ER ES » 5) » 7 » 6 » 6 » 6 » ONCE ES d'A UE » 4 » 5) » 4 » b » 5) » OLCÉC Oran 4 » 4 » 4 » 4 » 4 » 4 » Témoin protéase . .| © » | © » | © » | oo » | cœ » | © » Témoins mer 4 4 4 k " 4 4 4 4 4 4 Conclusion. — L'antiprotéase obtenue par l'injection au lapin de la protéase d'un échantillon très protéolytique de B. pyocyanique exerce son aclion inhibitrice sur les protéases sécrétées par les différentes races et variétés de ce bacille. (Institut Pasteur de Paris.) - HYDATIDÉMÈSE ET HYDATIDENTÉRIE. - VALEUR SÉMIOLOGIQUE DE CES DEUX SYMPTÔMES, : par F. DÉvé. Nous proposons l'expression hydatidémèse pour dénommer, d'un mot, le rejet de membranes ou de vésicules hydatiques par le vomissement, et d'autre part, le terme hydatidentérie pour désigner l'émission de membranes ou de vésicules échinococciques par les selles. Ces deux Sympiômes caractéristiques ne sont pas absolument rares, au cours de l'évolution des kystes hydatiques abdominaux, puisque nous avons pu en rassembler plus de 150 observations authentiques. 266 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Tandis que l'hydatidémèse est constamment en relation avec un kyste hépatique, l'expulsion d'hydatides par l'anus peut traduire l'ou- verture, dans le tractus digestif, de tumeurs échinococciques siégeant dans le foie, la rate, le rein ou le bassin. En fait, l'origine splénique de l’hydatidentérie est exceptionnelle (6 observations) et plus encore son origine rénale (4 observations). Quant à son origine pelvienne, égale- ment rare (8 cas), elle sera habituellement facile à reconnaître par le toucher rectal. Comme l'hydatidémèse, l'hydatidentérie est donc, dans la règle, symplomatique d'un kyste hydatique du foie. Aussi est-ce l'échino- coccose Depote que nous aurons spécialement en vue dans cette étude. A la vérité, la on de notre analyse se trouvera réduite, du fait qu'un contrôle anatomique certain a fait défaut pour un nombre relati- vement important d'observalions dans lesquelles le malade, ou a guéri spontanément ou est mort sans que l'autopsie ait été Dares. Nos chiffres n'auront, par suite, qu'une valeur relative. Ils n’en conserve- ront pas moins, croÿons-nous, un grand intérêt. Nous diviserons les observations en trois groupes, suivant que l’hyda- tidémèse a été constatée isolément, qu'elle s’est accompagnée ou a été suivie d'hydatidentérie, ou enfin que ce dernier symptôme a été observé seul. { Premier groupe : 10 observations, comprenant : 3 cas authentiques (vérifiés à l'autopsie ou à l'opération) de kystes hépatiques ouverts dans l'estomac, et 7 cas cliniques traduisant vraisemblablement une déhiscence gastrique. Deuxième groupe : 21 observations se répartissant ainsi : évacuation è d'un‘kyste hépatique dans les voies biliaires avec élimination hydatique valérienne, 10 cas avérés et 5 probables; ouverture directe dans l'estomac ou ie duodénum, 6 cas cliniques, douteux. à Troisième groupe : 105 observations, comprenant : 49 cas avérés et | 10 cas probables d'élimination vatérienne d’hydatides; 1 observation 4 d'évacuation gastrique (autopsie); 1 observation d'évacuation colique, 3 vérifiée; enfin 44 observations cliniques, incertaines, la plupart très | sommaires, dans lesquelles l'hydatidentérie a été attribuée à une rupture du kysfe dans l'intestin. Nous aboutissons aux chiffres globaux suivants : Ouverture sastriques. 2271 Mx MRC AU Sprl OÙ Ouverture Hntestinale Me Re ER OC ASE 232 D 100 Biinminationthiliairet 1e EN Cas 1105 DD; AU D) La plupart des auteurs ont eu, jusqu'ici, tendance à attribuer à une ouverture directe du kyste hépatique dans l'intestin voisin (duodénum, SÉANCE DU 22 MARS 267 côlon) l'apparition d'hydatides dans les garde-robes. En contradiction avec cette opinion, nos chiffres mettent en relief la part/ prépondérante qui revient à l’hydatilentérie vatérienne. En clinique, la constatation d'une hydatidentérie, accompagnée ou non d'hydatidémèse, fera conclure à l'évacuation d'un kyste hépalique dans les voies biliaires, pour peu que le malade présente (ou ait antérieu- rement présenté) de l’icière ou, a fortiori, des cerises de colique hépatique. Ce diagnostic comporte un corollaire thérapeutique important. Une intervention chirurgicale s'impose, alors, sans retard, qui devra s'efforcer de réaliser un double but : 1° ouverture, désobstruction et drainage systématique de la voie biliaire principale ; ® ouverture et évacuation du kyste originel. En outre, le chirurgien devra s'assurer, par une cholécystotomie, du contenu de la vésicule biliaire : hydro- ou pyocholécyste, envahissement hydatique rétrograde, cholélithiase hydatique. SUR UNE MÉTHODE DE COLORATION ÉLECTIVE DU SANG PALUDÉEN, par Cu. LESIEUR et PAUL JACOLEr. Les procédés de coloration panoptique actuellement en usage dans nos laboratoires donnent d'excellents résultats pour l’hématologie : les colorations sont intenses, fouillées, électives, elles ne le cèdent en rien, bien au contraire, à celles que l’on obtenait avant la guerre avec des produits d'origine allemande. Cependant, pour la recherche des héma- tozoaires, la plupart des méthodes, quelles qu'elles soient, dérivées du Romanowsky, laissent quelque peu à désirer : un fin précipité, un léger voile obscurcissent parfois les préparations; de plus les rouges sont intenses, légèrement empâtés parfois, et pour qui connaît l'extrême ténuité des petites formes d'hématozoaires, souvent à peine visibles dans à masse des globules, une coloration très légère, très transpa- rente, respectant toutefois les oppositions, serait à désirer. Nous avons établi un procédé facile et rapide qui réalise, semble-t-il, les conditions requises. Voici la technique que nous employons : Technique. — Nous préférons partir du colorant en poudre, et nous faisons dissoudre 1 gramme du colorant choisi, à base d'azur et d’éosi- nates (Poulenc) dans 200 c.c. d'un liquide dissolvant constitué en volumes et à volonté soit par : glycérine neutre t, alcoo! éthylique absolu 9 ; soit par : glycérine neutre 1, alcool méthylique 3. La teneur en glycérine est indifférente et peut varier dans de larges limites. La solution ainsi faite doit être mûrie, tout comme une solution d'héma- toxyline; on l’abandonne en flacon bouché pendant six semaines à deux. 268 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mois, en présence de l’excès du colorant qui ne se dissout jamais entiè- rement. Décanter pour s’en servir, et répartir en flacons compte-gouttes après filtration sur ouate. Nous avons reconnu la nécessité, poux obtenir le maximum de trans- parence, de ne faire agir le colorant qu'une fois étendu d’eau. La prépa- ration est fixée pendant 5 minutes à l’alcool absolu, et non par le colorant lui-même, ce qui aurait pour effet de donner des teintes trop opaques. Après fixation, et au moment de l'usage seulement, verser dans un verre de montre ou un godet à colorant de l’eau distillée neutre en quantité juste suffisante pour que le dôme liquide affleure le niveau des bords. Ajouter la solution goutte à goutte en s’abstenant soigneu- sement de remuer pour effectuer le mélange, ce qui ferait précipiter en quelques instants, mais en laissant simplement le nuage coloré diffuser de lui-même dans la masse du liquide. La quantité de solution à ajouter est variable, elle dépend du pouvoir colorant assez variable lui-même de la solution concentrée. Ajouter le colorant à vue d'œil, jusqu’à opa- cilé complète du mélange, et ne pas craindre d’en mettre un léger excès. Egoutter rapidement la lame, et la renverser, face en dessous et toute humide d'alcool sur le godet, où le liquide monte la baigner par . capillarité. Ë La coloration est irès rapide, à minutes suffisent largement; ne pas toucher au godet pendant ce laps de temps. Terminer par un rinçage rapide à l’eau distillée sous le jet d’une pissette, essorer au buvard et sécher sans chauffer, à grande hauteur au-dessus d’une flamme. Si la coloration est insuffisante, c’est que la solution alcoolique est insuffisamment mürie, ou que ie mélange aqueux n’est pas assez con- centré. Il est inutile dans ce cas de prolonger ia coloration au delà de 5 minutes, on ne gagne pas en intensité et on perd en transparence. S'il y a un voile par contre, cela tient au séjour trop prolongé de la lame dans le colorant, à la précipitation prématurée du colorant (par agitation presque toujours) ou à la trop grande concentration du mélange. Ces échecs d’ailleurs sont faciles à éviter. La plupart des ennuis en réalité tiennent à la qualité défectueuse de l’eau employée. On les évitera à coup sür en redistillant simplement l'eau déjà distillée du laboratoire dans une cornue de verre, en ne recueillant que le milieu de la distillation, et en ayant soin de conserver cette eau épurée dans une fiole de verre fin, — genre cristal de Bohême ou verre d'Iéna, — pour éviter le pouvoir alcalinisant souvent très marqué du verre ordinaire. Résultats. — Le frottis bien venu a une teinte saumonnée, d’un rose un peu brun qui atteste l’exacte neutralité de l’eau de dilution. Les hématies sont très pâles, à peine teintées en vieux rose, laissant transpa- raître de facon parfaite les parasites bleu ciel avec leur petit nucléole : | SÉANCE DU 22 MARS 269 grenat ; les granulations neutrophiles se détachent vigoureusement en brun plus ou moins foncé; les éosinophiles sont rouge vif ; les baso- philes violet foncé, les hématoblastes et les noyaux sont mauves.- _ Les préparations dans leur ensemble sont d'une transparence remar- quable, très limpides, exemptes de tout voile et de précipité. La recher- che des hématozoaires en est grandement facilitée, ils ne sauraient échapper à l'œil même dans leurs formes les plus difficilement visibles. ÉTUDE COMPARÉE DE LA DIGESTION DU SON PAR LE LAPIN ET PAR LE CHIEN, par J. CHAUSSIN. Nous avons établi par des expériences antérieures (1), en collabora- tion avec M. L. Lapicque, que le résidu indigestible du blé haché, converti en pain complet et ingéré par le chien, donnait un nombre tout à fait voisin de celui indiqué pour l’homme par Aimé Girard (ce dernier obtenu par ingestion d'enveloppes de blé disséquées mécani- quement). Plusieurs essais consécutifs faits sur des blés différents moulus gros- sièrement de façon à pouvoir servir à la confection d’une pâlée, ont confirmé ce premier résultat et nous ont fait employer, à diverses reprises, l’ingestion par le chien de divers produits de meunerie, le son en particulier, comme un moyen d'analyse physiologique de la valeur alimentaire de ceux-ci. Les fèces sont délayées lavées sur tamis n° 160 et le résidu séché. Nous avons, dans une nouvelle série d’expériences (2), ee la même méthode au lapin et au chien de facon à comparer les résidus indigestibles chez ces deux animaux d’un son fourni par le moulin de l’Assistance publique et provenant de la mouture avec extraction à 80,5 p. 100 d’un blé mélangé. (Deux tiers Plata, un tiers Manitoba don- nant 2 p. 100 de déchets.) [. — L'expérience, qui a duré 10 jours, a été menée parallèlement sur un chien et sur deux lapins qui ont reçu quotidiennement tous trois chacun 50 ns de son. (CUIR ES Lapicque da Chaussin. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t.166, p. 300, 18 février 1918. (2) Cette étude, qui fait partie d’une série dirigée par M. L. Lapicque, a été commencée par le médecin aide-major Quéret, qui a étudié la ration d’en- tretien et la meilleure technique d'alimentation. Je l'ai reprise lors de son rappel aux armées. 270 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour le chien les 50 grammes de son étaient incorporés avec 160 grammes de farine blanche (ne laissant pas de résidu au tamis n° 160 après digestion), 10 grammes de caséine et 10 grammes de graisse en une pâtée très bien acceptée. Pour les läpins, le son mélangé avec 150 grammes de carottes hachées était repassé au hachoir pour obtenir un produit homogène permettant de faire les corrections au cas où toute la ration n'aurait pas été acceptée. Nous avons déterminé, sur chaque lapin par une expérience à blanc, ne comportant que des carottes, et de même durée que l’expé- rience avec son, le résidu cellulosique que laissent au tamis n° 460 les carottes après passage à travers le tube digeslif de facon à faire la correction. Voici les résultats de cette première expérience : CHIEN 1€ LAPIN 2° LAPIN — — x _— Résidu indigestible p. 100 de son sec ingéré. 50,6 25,1 26,3 (Une expérience antérieure faite avec un autre son toujours compa- ralivement sur chien et lapin nous avait donné pour le chien 43,1 et 20,6 pour le lapin.) Il. £'xpériences de bidigestion. — Dans une autre . nous avons fait ingérer au chien le résidu lavé d’un premier passage à (ra- vers son tube digestif d’une pâtée faite avec du blé entier mis à gonfler avec de l’eau, puis simplement écrasé entre deux rouleaux d'acier lisses, pour éviter de fragmenter les enveloppes. Puis au lapin nous avons fail successivement ingérer : 1° Le résidu lavé provenant de la digestion par le chien. du son de l’Assistance publique dans l'expérience I. 20 Celui provenant de la digestion par le lapin de ce même son. (Dans ces expériences, les résidus indigestibles lavés et séchés étaient additionnés de farine blanche avant l'incorporation au hachis de carottes pour maintenir la même appétence chez Le lapin). Voici les nombres donnant les résidus indigestlibles en p. 100 de la matière sèche ingérée : ANIMAL RÉSIDU en SUBSTANCE INGÉRÉE EXPÉRIENCE 5 240 ne | Ckien. Enveloppes de froment Pi (rep EnteeE dés der PRE leschienis ER TR EEE) 86,20 Lapin. Son digéré par le chien dans l'expérience 1 . . : . . . . .| 58,4 Lapin. Son digéré par le Lapin dans l'expérience I. . . . . , . .| 69,5 SÉANCE. DU 22 MARS 971 Critique... — Les nombres relatifs à ces résidus de bidigestion, tout en conservant en lout état de cause leur valeur comparative, sont discu- tables au point de vue absolu de la bidigestion, càr avant la seconde ingestion ils ont subi une dessiccation à 405° qui peut avoir modifié les propriétés de la substance. IT. — Pour compléter ces expériences, nous avons fait ingérer au lapin de la sciure de bois blanc (peuplier) en l'incorporant, bien mélangée avec de la farine qui ÿy adhère, dans le hachis de carottes, et nous avons obtenu un résidu de 93 p. 109 (cette sciure au point de vue finesse passait au tamis n° 15 et était retenue par le tamis n° 30). IV. — Nous avons dosé l'azote total par le procédé HR et les cendres dans tous ces produits. Voici les résultats : : f AZOTE PRODUITS = CENDRES OBSERVATIONS total Son du moulin de l’Assistance (exp. 1).| 2,72 6,8 Son digéré par le chien (exp. 1) . . 0,84 2,8 -Son digéré par le lapin (exp. I) . . 0,72 4,9 Reste très minéralisé. nu An par chien et par lapin KE 1) DS LE See ae AU AE ü,91 3,2 Id. Son: ne par Don et par lapin LE NOR ER RP 0,53 4,3 Id. Son enveloppes peu fragmentées di DÉLÉBSAPATICNRENE een. Le 1,26 2,8 |Reste riche en azote, Le même bidigéré par le chien. . . ie 1,07 DES Conclusions. — Le lapin digère environ 75 p. 100 du son commercial et 40 p. 100 des résidus de la digestion du son par le chien; il digère 30 p. 100 des produits du son ayant subi une première digestion par lui, tandis que le chien ne digère que 13 p. 100 du son (enveloppes enlières) ayant déjà traversé son tube digestif. ; . Les résidus du son ayant traversé le tube digestif sont très déminé- ralisés chez le chien et peu chez le lapin, ce qui fait songer à la diffé- rence d'acidité de leurs sucs digestifs. Nous soulignerons la conclusion suivante au point de vue de son importance pratique : Les matières azotées de l'enveloppe du blé sont beaucoup plus atta- quées par la digestion du chien, dans le son qui a subi toutes les opé- rations de meunerie que dans les enveloppes entières provenant du simple écrasement du blé. (Travail du Laboratoire de physiologie générale du Muséum a’ Histoire naturelle, rattaché à la direction des Inventions.) 2792 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE . NOTE SUR LA VALEUR COMPARÉE DE LA CHLOROFORMISATION _ ET DE L'ÉTHÉRISATION, . par A. BRÉCHOT. Nous avons étudié comparativement, par la méthode graphique, l’action du chloroforme et de l'éther ; le pouls a été enregistré avec le sphygmographe de Marey; la respiration avec le pneumographe; la tension artérielle a été prise au Pachon. Les résultats de nos observations qui portent sur 30 cas sont les suivants : A. — CHLOROFORMISATION (13 anesthésies). À une action manifeste- ment et rapidement dépressive : a) Le pouls est ralenti dans tous les cas, en moyenne de 13 pulsa- tions. Les tracés perdent de leur amplitude; la ligne ascendante de la systole est moins droite, moins haute; le plateau systolique qui la suit disparaît lorsqu'il existe. La ligne descendante de la systole et celle de la diastole se continuent insensiblement, le dicrotisme disparaissant ou s’atténuant. b) La tension artérielle maxima baisse en moyenne de 24 dans 92 p. 100 des cas. — La tension minima baisse en moyenne de /°3, dans 76 p.100. Dans aucun cas elle n'augmente. | à c) L'écart entre les tensions est diminué en moyenne de 1°7 69 p. 100); il est augmenté dans 22 p. 100 ou demeure sans change - ment. d) L'amplitude des . est, dans plus de la moitié des cas, sans changement ou diminuée; dans 44 p.100 des cas elle augmente de 1/2 degré à 2 degrés 1/2. Modifications respiratoires. — Le nombre des respirations augmente ‘ en moyenne de 12; l'amplitude des tracés est diminuée. B. — Éraérisarion. Son action est excitante (10 anesthésies) : a) Pouls : La fréquence du pouls est augmentée, en moyenne, de 12 pulsations. b) L'amplitude des tracés est augmentée. La ligne d’ascension de la systole à son début est plus haute et plus droite ; le plateau systolique qui lui fait suite s'’accentue lorsqu'il existe ou tend à apparaitre lors- qu'il manque. c) La tension maxima augmente en moyenne de 4°4 dans presque tous les cas (90 p. 100). La tension minima augmente en moyenne de 47 dans:40 p. 100. Dans 20 p. 100 elle diminue en moyenne de 1°. SÉANCE DU 22 MARS 273 Dans-le reste des cas DE elle augmente au début aie | E |2SES - SE . ®œ © = 252 de l’anesthésie, puis 8 5 HSE . 0 x a y revient rapidement à = Éru = DE ie ES D re = ee LAT 8 80 S © son taux antérieur. E E a 2,555 = 2 = Œ d) L'écart entre les = : a Fe = ® mn : tensions augmente en 5 Ë LS Sos € = ie. moyenne de 3°3 dans ES pa 5 ar [=] la plupart des cas (80 = = A BDD Le on use e) L'amplitude des os- 4 : I = ; : © © = . cillations est augmen- *#% CA 5 = A CRU Do Re : = ue = 1-0 © tée en moyenne de 3°. 2 2 2 œ pee = = Dans 10 p. 100 des cas % E © 5 no elle est légèrement di- % Fo = +ÉSSsSsSs UE 8 ‘ L 12 be) Ce) Es S2= TS 96 , » a , . 4 TZ minuéeaprèsavoirsubi SE L À L = au début une augmen- © | & Ê£ Ë (ses : ras + + = ETES) tation légère. © = DS FLE _ - . . Ê + © Respiration : Sa fré- = £ 8 ee = Re Aa 3 . ‘A LA à = (=) = n quence est augmentée % || = AS | 5 | Fss et lorsque dans sa dernière note l'éminent histologiste s’appuye sur l'examen de pièces fixées simplement à l'alcool, je ne puis me défendre d’un certain scepticisme. Au contraire dans les objets que j'ai choisis, la part de l’interpré- tation est nulle; dans un même champ microscopique le réseau fbril- laire est continu, mais d’un côté il présente tous les caractères de la fibrine, et de l’autre tous ceux de la substance conjonctive: entre les deux le passage se fait par degrés insensibles. Trois alternatives seule- ment sont possibles : ou bien il s’agit d'une disposition définitive, ou bien il se fait une évolution de la ‘substance conjonctive vers la fibrine, ou bien l’évolution est en sens inverse; personne, je crois, n’hésitera à choisir la dernière. Cela signifie-t-il qu'il faille éliminer complètement tout autre mode de formalion de la substance conjonelive ? Pas le moins du monde: j'ai eu soin de dire que « la substance coagulable vient — ou peut venir — telle quelle de l'extérieur de la cellule, c’est-à-dire du milieu intérieur de l'organisme », voulant bien indiquer par là, et j'en ai donné des exemples, qu'elle pouvait être fournie par la cellule elle-même, sans toutefois qu'il se forme un exoplasme, au sens précis du mot. Rien ne s opposerait même, dans la théorie que j'avance, à ce qu'une partie de cellule, ou une cellule toute entière après disparition de ses granulations, ne fût traitée comme un simple caillot fibrineux et trans- formée par les ferments en substance conjonctive. J'ai montré en effet les parentés d'organisation et les relations morphologiques qui existent entre les colloïdes intra- et extracellulaires (Scientia, décembre 1918). Mais, à mon avis, cette apparition, même accidentelle, de la substance 280 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE conjonctive par transformation partielle ou totale d'éléments cellulaires, reste encore à démontrer. III. — Je n'ai pas hésité à généraliser les résultats obtenus par l'étude des cicatrices parce que j'ai pu constater que les lois de l’histogenèse sont identiques dansla réparalion chez l’adulte et dans le développement chez l'embryon. Si les résultats diffèrent au point de vue de l’anatomie microscopique, cela tient à ce que les conditions dans lesquelles les fac- teurs entrenten jeu sont modifiées, mais la structure élémentaire reste inchangée. Et il y a un grand avantage, j'ai eu l’occasion de le bien voir pour le nerf, à utiliser pour l'étude les cicatrices, où les phénomènes de l'histogenèse sont infiniment plus faciles à observer et à comprendre que chez l’ambryon. à La réparation ne va pas « au plus pressé » et les « moyens de fortune » qu'elle utilise ne font que mieux apparaître le mécanisme de l’histo- genèse. La fibrine, par exemple, ne se forme pas ou n'apparaît pas dans la genèse du tissu conjonctif chez l'embryon, où la substance fonda- mentale se montre d'emblée, aussi les parentés intimes qui existent entre la fibrine et les substances conjonctives ne pourraient pas être démasquées sans ce « moyen de fortune » amené par l'expérimenta- tion. Livrée à ses seules ressources, l'embryologie descriptive serait restée impuissante : elle n'aurait même pas pu poser correctement le problème. Là, comme partout, l'expérience l'emporte sur l'observation pure. : ÉLECTION LE DEUX MEMBRES TITULAIRES. Votants : Al. M. DAuGier - . . . - | obtient: 30 voix blu: M: MorriBD ee — 30 ne MS GUILLAINE Re ee — T — Ma DEBREESE ner — 6: — MS DALLHAZARD, are ee — 5 — M Gorremmnore: 00 = De ;. MÉAYNAUD NE er re — 4 — (ES ME BRUMPT TEEN TRES ER — Le Gérant : OCTAVE PORÉE. ’aris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETUEUX, directeur, 1, ruo Cassette. Æ 281 SÉANCE DU 29 MARS ALBERT (F.) : La coagulation des REMOLROLAX Ce ne ete ce 0 Anpré-Taomas : Déductions cli- niques tirées de l'examen des ré- flexes pilomoteurs dans les bles- Ssurestderlasmoelle# sn Anpré Taomwas : Les réactions pilo- motrices et les réflexes pilomoteurs dans les blessures de la moelle. Réflexe encéphalique et réflexe spi- nal. Centres pilomoteurs ArnauD {R.) : Note au sujet d’une nouvelle méthode de titrage rapide dans la réaction de fixation par les CRIER TANT — sérums non chauffés. . . . : . . . . ARNAUD (R.) : Technique simple de la réaction de Bordet-Wasser- _mann, par l'emploi de sérums non chauffés, et ne nécessitant pe de titrage préalable scielie te nniepees estate BERRY (H.) : Avitaminose et ca- DÉCO De nn nue + in Berry (H.) : Marche de la glyco- _suriechezle Chien dansles premières heures qui suivent l'ablation totale LANCE ASE RE ce a ee Brerey (H.) : Remarques à propos de la communication de M. À. Guil- Hermonde in ee een CAÿYREL (A.), a (Het DESscOrrRE (A.) Diminution des propriétés agg'utinantes du sérum chez les one Caussin (J.) : ral dans . variations du rapport urée chlorures d'urine, situant le jeu compensa- teur entre l’urée et les chlorures. Dévé (F.) : Topographie des kystes hydatiques du foie ouverts dans les NOLES ADI AILES Se te ve a se es des émissions successives - Brococie. ComPTES RENDUS. — 1919. T, LXXXII. [919 SOMMAIRE 283 296 291 299 289 Rythme nycthémé- 321 Du Casrez (J.) et Durour (M.) Le choc consécutif aux injections colloïdales d'or dans les broncho- pneumonies grippales . . . . . . .. 224 Durrenoy (J.) : Les formes de dégénérescence des chenilles de Cnethocampa pilyocampa parasi- ÉD A 0 nn fo OS AU De 288 DusrTin (A.-P.) : À propos d'une note récente de M. J. Jolly sur «les organes lymphoïdes céphaliques des BATRACIERS ED ra eee 282 Feuizcré (Ém.) : Glycosuries et carbonaturie. Glycosurie par la thécbrominmennee ne 320 GRimMBerT (L.) : Sur la détermina- tion du pouvoir amylolytique de la SAVE nee en ar Pen een 312 GuiLLIERMOND (A.) : Mitochondries CLISYMPICIES SR ne ie. 309 Masson (P.) et REGaun (Gr. ): Sur les microbes du tissu lymphoïde de l'intestin du Lapin normal. Recti- fication à propos de leur décou- MORO e de 304 May (Er.) : Note sur la spécificité des hémolysines naturelles. . . .. 315 Ricxer fils (CH.) et GiGon (A.) : Action des « condiments autisepti- ques » sur le pouvoir infectant des HUNTE SE ASSET 322 Vincent (H.) : Bile et Bacille YSENTÉTIQUE EP ee 30% Réunion biologique de Barcelone. Douinco (P.): Origine des éléments sanguins de l'embryon humain . . GuicerA (LLi.): Examen des con- naissances sur l'origine du folli- cule de Graaf 331 +. + + + + + + 21 282 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Charles Richet. É M. A. GUILLIERMOND, membre correspondant, assiste à la séance. À PROPOS D'UNE NOTE RÉCENTE DE M. J. Jorry SUR « LES ORGANES LYMPHOÏDES CÉPHALIQUES DES BATRACIENS », par A.-P. Dusrin. À la séance du 1° mars de cette année, M. J. Jolly a fait part à la Société de Biologie du résultat de ses recherches sur le tissu lym- phoïde des amphibiens. Il décrit chez la grenouille des cryptes, dont la localisation constante et la structure typique justifient la dénomina- tion « d’amygdales palatines. » « A ma connaissance, ajoute Jolly, elles n’ont jamais été vues ». . ne Nous reconnaissons, bien volontiers, à à M. Jolly la priorité en ce qui concerne la découverte d'amygdales Chez la grenouille adulte. En ce qui concerne les amphibiens en général, nous tenons à signaler les faits suivants : Au cours de recherches poursuivies de 1912 à 1914 sur le développe- ment normal et modifié expérimentalement du thymus de la grenouille, nous avons observé, pour la première fois, pensons-nous, les forma- tions amygdaliennes chez les tétards de Aana fusca (4). Nous avons à cette époque confié l'étude de ces structures à M. Goffaux, élève de notre laboratoire. M. Goffaux devait faire une communication sur ce sujet au Congrès des Anatomistes de Eyÿon en 1914. Les événements sont venus entraver nos projets et relarder considérablement toute publication. Toutefois, le texte de la convocation-programme que tous les membres de l’Association des Anatomistes ont reçue vers Juillet 191% porte : « Goffaux. Les formations amygdaliennes chez les amphibiens ». Il ne peut donc subsister aucun doute sur l'antériorité de nos ObserNar tions. Une communication prochaine à la Société belge de Biologie fera connaitre les résultats essentiels de nos recherches. Disons, dès à pré- sent, que les formations amygdaliennes font leur apparition chez les | tétards de 32 à 34 jours. Ces amygdales ont une topographie constante et sont au nombre de cinq, deux ventrales, deux dorsales ou sous-thy- (1) Comptes rendus de l'Association des Anatomistes. Lausanne, 1913. SÉANCE DU 29 MARS 283 miques, et une médiane ou’ préglottique, les deux ventrales étant situées dans un plan un peu plus antérieur. Les amygdales sous-thymiques paraissent être les ébauches des amygdales palatines de Jolly. ; La pénétration des lymphocytes dans l'épithélium amygdalien est très active et facile à observer. L'histogenèse de ces formations lympho- épithéliales diffère totalement, à ce point de vue, de celle du thymus. C'est ce que démontrent des recherches que nous complions publier en 1914 et que deux notes préliminaires ont.fait partiellement con- naître (1). LA COAGULATION DES HÉMOTIORAX, Note de F. ALBERT, présentée par Cu. RICHET. 11 est admis que, d'une facon générale, le liquide d’hémothorax, retiré par ponction quelques heures après la blessure, ne se coagule pas. Abandonné au repos dans un tube à essai, ce liquide sédimente, les globules rouges se déposent au fond du tube et on voit surnager un liquide transparent, dont la teinte varie avec le degré d'hémolyse. D'aueuns ont conclu (Grégoire notamment) que le liquide d’hémo- thorax ne se coagule pas, parce qu'il a acquis des propriétés anticoagu lantes. D'après ces auteurs, l’hémothorax récent et aseptique, en ne fermée, reste incoagulé dans la plèvre et incoagulable à l'extérieur après avoir été retiré per ponction. L'étude que j'ai faite repose sur des. observations cliniques (environ 160 cas) et des recherches de laboratoire à l'hôpital du front de Hoogs- taede. Je suis arrivé de la sorle à une conclusion tout à fait inverse. Tout liquide d'hémothorax, à de très rares exceptions près, coagule dans la plèvre et ce, très rapidement, après la blessure. Il en résulte tout naturellement, qu après ponction ce ue ne coagulera plus, parce que -déjà coagulé. Si on ponclionne un hémothorax, le lendemain de la blessure, le liquide est toujours incoagulable. Si on ponctionne, au contraire, dans les toutes premières heures (4 ou 5 heures) après la blessure, en géné- ral le liquide coagule encore, et nous entendons par coagulation, apparition d'un coaguleux fibrineux, quels qu’en soient le volume et l'importance. Il est dune là un moment dans l’évolution de l’hémothorax où les qualités du liquide, assez brusquement, se modifient. C'est à ce … moment que devraient'apparaiître ses qualités anticoagulantes, si tant est qu’il en existe. (4) Archives de zoologie exp. et gén. Notes et Revues, 1916, t. LV. 284 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE RE ET TEEN TES PESTE TRE AIRE PATRON CINE CIE SET EGP TA EE TT RTE TEST EEE TER Pour élucider la question, au début, lorsque la chirurgie thoracique était encore essentiellement abstentionniste, on n'avait guère à sa dis- position que les observations de laboratoire, ou les constatations nécro- psiques. Dans tous les cas thoraciques graves, rapidement mortels par anémie aiguë, ou par shock, nous avons pu retrouver régulièrement à l’autopsie les preuves directes de la coagulation in vivo. Depuis, la chirurgie thoracique a évolué beaucoup et l'indication opé- ratoire s’est notablement étendue. Au cours de nombreuses thoraco- tomies, il m’a été permis de démontrer d'une façon directe la présence de caiïllots dans les sinus et les dépôts de fibrine sur la plèvre. Ces observations directes, de visu, tendent donc à faire admettre l& coagulation intrapleurale de l An Bien entendu, cette coagula- tion du sang épanché dans la plèvre ne se produit pas comme elle se produirait dans une éprouvette, au laboratoire. Le sang collecté dans la plèvre est constamment remué par les mouvements de va-et-vient de la cage thoracique et par le poumon, qui, plus ou moins revenu sur lui- même, plonge partiellement et s’agite dans le liquide. Parfois un pneu- mothorax s'y ajoute et l'air peut venir constamment barboter dans le liquide d’hémothorax. Le résultat, c’est que nous ne verrons pas se pro- duire ici une coagulation en masse, un volumineux caillot prenant tout l'ensemble et se rétractant secondairement. Ce n’est que dans les parties les plus déclives que ce processus sera possible et qu’on.pourra voir apparaître de véritables caillots. La plus grande partie de la fibrine va se coaguler, au contraire, sans emprisonner les globules et venir adhérer aux parois de son contenant et plus spécialement à la plèvré viscérale. Si nous opérons un blessé quelques heures après sa blessure, nous trouverons, à la thoracotomie, l’hémothorax liquide paraissant ne pas avoir Coagulé. Au fond des sinus pourtant, on pourra retrouver quelques caillots plus ou moins volumineux suivant le cas. Mais sur la plèvre pariétale et surtout sur la partie immergée du pou- mon, on perçoit des dépôts fibrineux adhérents à la plèvre. Si à ce moment on recueille la partie liquide qui, à première vue, a tout à fait l'aspect de sang ordinaire, on constatera que ce liquide ne coagule pas. La coagulation est terminée. On objectera, peut-être, que les cas opérés d'urgence, et a fortiori les cas d’autopsie, sont précisément les plus graves, ceux qui s accompa- gnent de vastes déchirures de la plèvre, de grosses fractures de côtes, ou bien d'éclats inclus, qui eux deviendraient alors la cause de la coagu- lation. Cela peut être exact pour un certain nombre de cas, il est à remarquer que la principale indication à la thoracotomie d'urgence est l'hémorragie grave. Or, celle-ci est possible sans qu’on ait afffaire à de très grosses lésions. Au cours de nos dernières offensives des Flandres, j'ai opéré notamment un cas d'hémorragie suraiguë. Un éclat d’obus avait pénétré au niveau du sinus costo-diaphragmatique gauche, sans SÉANCE DU 29 MARS 285 produire de lésion osseuse, l'éclat avait pénétré dans le poumon et était profondément enfoui dans le parenchyme pulmonaire. Après thoraco- tomie, par costotomie large, j'ai trouvé un gros hémothorax, parfaite- ment coagulé. Cette objection n’est donc pas bien sérieuse. On arrive aux mêmes conclusions d’ailleurs, par des études de labora- toire, en ce qui concerne la coagulation des hémothorax non opérés et retirés par ponction. D’après la théorie de Nolf, la coagulation du sang n’est en réalité qu’une rupture d'équilibre colloïdal. Elle est le résultat de l’union de trois colloïdes que l'on retrouve dans tous les plasmas : fibrinogène, thrombogène et thrombosyme. L'équilibre colloïdal de ces trois éléments peut être rompu par certaines substances dites thromboplastiques (notamment les extraits de tissus.) Le produit de la coagulation est la fibrine. Chez les mammi- fères il est un produit accessoire de la coagulation, c’est la thrombine, résultant de l'union thrombosique X thrombogène, par suite d’un déficit relatif de fibrinogène. Mise au contact de nouveau fibrinogène, la thrombine s’y unit el produit la coagulation. Il s’agit donc de se rendre compte, si l’hémothorax s’est ou non coagulé dans la plèvre; dans la négative le liquide retiré par ponction est un plasma. Or, s’il est plasma, il doit ou bien se coaguler sponta- nément, ou bien se coaguler sous l'influence des agents coagulants tels que le sérum frais et l'extrait de rate. Cet essai a été fait avec tous nos liquides d’hémothorax récents, tous se sont montrés spontanément incoagulables et ne se sont coagulés ni par addition de sérum frais, ni par addition d'extrait de rate. _ On ne peut pas non plus invoquer ici l'existence de substances anti- _ coagulantes. De nombreuses expériences ont été faites à ce sujet. Elles consistent toutes à additionner des quantités progressivement. crois- santes d'hémothorax à du sang frais ou à un liquide spontanément _ coagulable. La coagulation n’est pas du tout ou très peu modifiée, et dans ce dernier cas d’une facon tout à fait irrégulière. _ On en arrive donc à admettre que le liquide retiré n’est plus un plasma. Mais si l’hémothorax a coagulé dans la plèvre, nous devons retrouver dans le liquide de ponction les qualités de sérum frais. Or, le sérum frais, par la présence de thrombine, coagule la fibrinogène en ._ milieu oxalaté, c’est-à-dire en l'absence de sels de calcium. _ Cet essai fait avec un grand nombre de nos liquides d’hémothorax, préalablement oxalaté, nous a donné au début presque régulièrement un résultat négatif. À ce moment, nous faisions en ol nos ponctions après 24 heures. Or, on sait que la thrombine peut disparaître assez rapidement. Nous avons fait alors nos ponctions de plus en plus tôt. Cela nous 2806 SOGCIËÈTÉ DE BIOLOGIE était assez facile, étant donné que la proximité de l'hôpital permettait | aux blessés de nous arriver en une moyenne de 3 à 4 heures. - J'ai pu me rendre compte aussi que le liquide d'hémothorax recueilli très tôt coagule le fibrinogène en milieu oxalaté. Au bout de quelques heures, et généralement dès le lendemain de la blessure, # thrombine disparaît et l'expérience devient négative. Le liquide de ponction est donc bien un sérum, résultant de la COAgU= lation intrapleurale de l'hémothorax. Les faits deviennent dès lors très nets et d'interprétation simple. 4. Immédiatement après la blessure, l'hémothorax n’est que du sang pur, retiré par ponction, se coagule in vitro. 2. En moyenne, dès la 5° ou 6° heure, le liquide retiré par ponclion, devenu sérum par coagulation intrapleurale, est désormais incoagu- lable in vitro. 3. Ce liquide spontanément incoagulable ne se coagule pas non plus par addition de sérum frais et d'extrait de rate. 4. Ce liquide ne possède pas de propriétés anticoagulantes. 5. La thrombine, résultat et preuve de la coagulation intrapleurale, peut être mise en évidence, mais pendant un temps très court : Plasma oxalaté stable + hémothorax oxalaté — coagulation. | 6. La thrombine disparaît cependant très rapidement du liquide d'hémothorax. Il est de toute importance de la rechercher dans les, premières heures. Toutes les observations de laboratoire démontrent ainsi nettement la coagulation constante de l'hémothorax dans la plèvre. Si l'on veut examiner de très près le liquide retiré par ponclion et principalement lorsqu'on fait la ponction très basse, on pourra relrouver en suspension dans le liquide de tous petits caillots, qui sans cela passent très facilement inaperçus. / Malgré la coagulation, l’'hémothorax ponctionné dans les Drome jours après la blessure'et non infecté, présente d'assez près la compo- sition normale du sang. A la centrifugation on trouve un sédiment de globules, représentant environ 50 p. 100 du volume total. Il arrive cependant assez souvent qu'au liquide d'hémothorax pri- mitif vienne s'ajouter un véritable épanchement pleural. Dans ces condi- tions, la proportion de globules diminue rapidement. Au surplus, on peut voir alors l’hémothorax, qui, à la première poñction, se montrait complètement incoagulable, même par’ addition de sérum frais ow. d'extrait de rate, se coaguler spontanément à la 2° ou 3° ponction. C’est que dès Lors les qualités de l’hémothorax sont effacées par les qualités | à de l’épanchement séro-fibrineux surajouté. La proportion d'éléments. Log ff SÉANCE DU 29 MARS 287 figurés pourra nous renseigner, d'une facon approximative du moins, sur l'importance de l’exsudation pleurale. Il faut tenir compte en même temps de la destruction des globules par hémolyse et macro- phagie. Il résulte de ces dernières observations que la coagulation de l'hémothorax in vitro n'est pas une preuve de l’absence de coagulation intrapleurale. Il s'agit à simplement d'un phénomène secondaire sur- ajouté. Cette question de la coagulation des hémothorax, qui paraît, à pré- mière vue, être une discussion purement théorique, a cependant une portée pratique immédiate. J'ai toujours été d’avis qu'on ne doit pas laisser persister un hémo- thorax et quil est de la première importance pour le fonctionnement ultérieur du poumon de vider l'hémothorax le plus rapidement et le plus complètement possible. De même qu’une articulation, un poumon doit être rendu le plus tôt possible à sa fonction intégrale. Or, si ‘l’hémothorax ne se coagule pas dans la plèvre, la simple ponction éva- cuatrice pourrait arriver à un résultat complet. La coagulation intra- pleurale, telle que je viens de la décrire, rend la chose beaucoup plus compliquée. Par la ponction, on n'arrivera plus qu’à extraire la partie _ liquide. Les caillots accumulés dans les culs-de-sac persistent pendant très longtemps et tendent à l’organiser. D'autre part, la fibrine vient se déposer sous forme de fausse membrane sur la plèvre pariétale et surtout sur la plèvre viscérale. Il en résulte la formation d’un revète- ment fibrineux ayant tendance à s'organiser et à former une couenne plus ou moins épaisse bridant le poumon et empêchant son ampliation normale. Bientôt ces revêlements fibrineux s’accolent et donnent lieu à des adhérences qui pourront devenir définitives, et être l’origine d’'en- kystements simples ou interlobaires de l’hémothorax (1). # Pour ques toutes ces complications d’une gravité indiscutable, il - faut arriver à à vider le plus tôt possible lhémothorax complètement, partie liquide et coaguleuse. On ne peut y arriver que par thoracotomie précoce et neltoyage complet et minutieux du foyer d’hémothorax suivis de suture immédiate. La thoracotomie est une opération très bien sup- portée par les blessés de poitrine, à condition de ne pas la pratiquer _ dans les toutes premières heures qui suivent le traumatisme. (4) IL est à . que la persistance des caillots et dépôts fibrineux peut devenir fréquemment une cause irritative des épanchements pleuraux secon- daires. 288 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES FORMES DE DÉGÉNÉRESCENCE DES CHENILLES DE Cnethocampa pityocampa PARASITÉES. Note de JEAN DUFRENOY, présenté par A. GUILLIERMOND. Plusieurs Bactériacées et un Entomophyte peuvent infecter mortelle- ment les chenilles de Cnethocampa pilyocampa, et lyser leurs tissus. Parmi les nombreuses formes filamenteuses (Bacilles allongés ou chaï- nettes) et les formes courtes (Bactéries, Coccus, auxquels peuvent s'ajouter des Levures) nous distinguons 3 groupes particulièrement con- stants dans les chenilles malades ou mortes : ee Bacterium pityocampæ, très volumineux, mobile, ovale, encapsulé, très difficilement colorable (par le violet de gentiane phéniqué), ne pre- nant pas le Gram; colonies très réduites, étroites, sèches, blanches, Je È long des piqûres, sur agar glucosé. Streplococcus pityocampæ «x, formes arrondies ou ovales, associées en longs filaments mobiles chez les chenilles malades; prenant le Gram; colonies blanches, en tête de clou puis étalées, solides puis plissées, sur agar glucosé. S. pityocampæ 6, ne prenant pas le Gram, colonies étendues, ee puis jaunâtres, visqueuses et filantes, à bulles gazeuses, ne liquéfiant pas. Commun même chez les chenilles vigoureuses. Les chenilles inoculées de S. pityocampæ « périssent au 2° ou au 4° jour; les muscles sont infiltrés de Coccus, les fibres perdent leur striation et montrent une dégénérescence pseudo-amyloïde, que le violet de gentiane acétique colore métachromatiquement en rouge, et le lugol en un brun acajou stable, ne virant pas par l’acide sulfurique. Apparaissent ensuite des globules brunissables par le lugol, ou chro- matophiles (fixant le bleu coton et l’éosine), et enfin des globules grais- seux. k La mucine intestinale est fortement acide à la phénolphtaléine. Aug- mentée des produits d’histolyse, elle devient crémeuse, riche en glo- bules graisseux; puis, s’oxydant, elle brunit, devient plus limpide, et se charge de cristaux d’amino-acides (prismes d’acide hippurique, formes maclées en X, tétraèdres, et, rarement, aiguilles de leucine). D’autres chenilles meurent infectées par un champignon qui paraît se rattacher au genre Beauveria, et se reconnaissent d’abord à leur teinte rose, puis au duvet farineux de conidies qui auréole la bouche, puis couvre le corps. L'entomophyte, ingéré avec les aiguilles de pin, développe dans l’es- tomac des articles courts, puis infiltre les tissus de cordons mycéliens. Les massifs glandulaires, après dégénérescence graisseuse, sont rem- placés par un stroma d'articles volumineux callosiques, à contenu suda- SÉANCE DU 29 MARS 9289 nophile, globuleux, puis diffus, d'où naissent des filaments beaucoup plus fins (dont les cellules courtes contiennent un noyau facilement colorable par l’'hématoxyline, et de nombreux corpuscules basophiles colorables en bleu par la thionine). et qui, infiltrant et dissociant les muscles, les lysent jusqu’à la forme de globules basophiles puis suda- nophiles. Ces filaments, par les canaux glandulaires des poils, par les articula- tions des « miroirs » ou à travers la chitine elle-même, sortent de la chenille pour fructifier au dehors. Tandis que les affections bactériennes produisent une liquéfaction généralisée du corps cellulaire, la mycose (1) produit une momification qui conserve remarquablement la topographie des organes. (Station biologique d'Arcachon.) \ DIMINUTION DES PROPRIÉTÉS AGGLUTINANTES DU SÉRUM CIEZ LES GRIPPÉS. Note d'A. CAYREL, H. FONTAINE et À. DESCOFFRE, présentée par E. SACQUÉPÉE. Le virus grippal, en attaquant l'organisme, semble produire une véritable sidération, non seulement du système nerveux, mais proba- blement aussi de toutes les cellules nobles des divers appareils qu'il met ainsi en état de moindre résistance. L’extrême prostration de beaucoup de malades, comme aussi l’asthénie et la faiblesse observées chez les convalescents, témoignent de cette action essentiellement déprimante. | L'habitude que nous avions au Laboratoire, de pratiquer la séro- agglutination des microbes du groupe typhique à l'occasion de chaque hémoculture, nous a fait noter depuis fin août une particularité inté- ressante, à savoir l'absence fréquente de toute réaction agglutinante chez les grippés, même inoculés depuis peu avec les vaccins T A B. Nous avons pensé que ce fait pouvait rentrer dans la catégorie de ceux récemment signalés comme preuve de l’anergie grippale. R. Debré a étudié ce phénomène d’anergie, à propos du vaccin (1) Le contact prolongé avec des cultures de l'Entomophyte infecte les chenilles vivantes, L'inoculation par piqûre peut produire une infection locale. — Pour l'anatomie des Processionnaires, nous avons consulté : F. Lalesque et Mader. Recherches sur le miroir de la Processionnaire du Pin. Bull. Stat. biol. Arc., 12€ année, 1909. 290 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE jennérien et noté l'incapacité temporaire du grippé de produire des anticorps (1). M. Lereboullet a aussi remarqué que la cuti-réaction à la tuberculine restait faible ou nulle chez les grippés sans en faire cependant une loi conslante. : Les faits que nous avons observés peuvent se résumer en quelques chiffres tirés des tableaux que nous avons ont dresser pour contrôler l'impression ressentie au cours des examens. Ces derniers ont été pratiqués toujours dans les mêmes conditions et par les mêmes expérimentateurs pendant la durée des observations. Les prélèvements touchant les sujets non grippés ont eu lieu sur des malades traités pour des maladies fébriles qui pouvaient faire penser à des affections typhoïdes ou que l’on désirait distraire sûrement de ces infections. Nous n'avons pas retenu les examens dans lesquels l'hémoculture était positive. En réalité, beaucoup de ces malades ont eu de courtes courbatures fébriles sans affection typhoïde clinique. Les grippés ont été choisis parmi des sujets atteints d’influenza bien nette avec signes cliniques caractéristiques et souvent complications pulmonaires graves. Sur 48 sujets non grippés, vaccinés à plusieurs reprises entre 1914 et - fin 1917, 30 ont ag gglutiné plus ou moins fortement (1/60 à 1/200) l'un des trois germes — Eberth, para À, para B —, parfois duo eux, même les trois. 18 malades seulement ne montraient aucune espèce d’'agglutinalion pour aucun des germes ci-dessus, soit 37,9 p. 100 de résultats totalement négatifs. 15 autres malades, non grippés aussi, vaceinés plusieurs fois avant fin 1917 et revaccinés en 1918, ont fourni 2 résultats complètement : négatifs, soit 73 p. 100 -de négatifs. : ; Au contraire, sur 59 malades atteinis de grippe vaccinés plusieurs fois entre 1914 et fin ne 50 ont fourni une réaction agglutinante absolument nulle, soit 84,7 p. 100 de résultats négatifs. Enfin Tsujets greppés, vaccinés en 1918 et antérieurement, ont ue 3 positifs et 4 négatifs, soit 57,1 p. 100 de négatifs. En somme, si l’on condor la totalité des non-grippés vatcinés soumis à l'épreuve de l'agglutination de Widal, soit 63 sujets, on remarque que 20 seulement n'agglutinent aucun des microbes typhiques. Par contre, sur 66 sujets grippés, la réaction est fégalive 54 fois. En. d’autres termes, celte absence d’agglutination se manifeste au taux de 81,9 p. 100 chez les grippés et de seulemént 37,7 p. 100 chez les non- grippés. \ Il serait excessif de dire que la grippe fait disparaitre la propriété à Ca (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, octobre 1918. SÉANCE DU 29 MARS 291 agglutinante du sérum chez les sujets atteints, les faits qui précèdent montrent cependant combien fréquente est cette abolition chez les malades de cette catégorie; même quand l'agglutination se manifeste, elle reste faible, comme nous l'avons encore noté. Ces observations nous paraissent s'ajouter aux preuves déjà données de l’anergie grippale et viennent à l’appui de l'opinion exprimée récem- _ ment par M. Violle : « toutes les substances antibactériennes ou anti- toxiques qui existent dans les tissus paraissent saturées, annihilées dans leurs effets protectifs sous linondation massive et brutale du virus grippal ». (Or 6). LES RÉACTIONS PILOMOTRICES ET LES RÉFLEXES PILOMOTEURS DANS LES BLESSURES DE LA MOELLE. RÉFLEXE ENCÉPHALIQUE ET RÉFLEXE SPINAL. CENTRES PILOMOTEURS, par ANDRÉ-Taomas. L'étude des réactions pilomolrices et des réflexes pilomoteurs dans les blessures graves de la moelle peut rendre de grands services au . point de vue clinique et physiologique. 1° TECHNIQUE Pour provoquer les réactions pilomotrices nous avons utilisé les excitations cervicales (pincement et chatouillement de la nuque et du cou, pincement du bord supérieur du trapèze). Chez un sujet normal la réaction produite par ce procédé s'étend successivement à la face, au cou, aux membres supérieurs, au tronc, aux membres inférieurs. Elle reste généralement unilatérale lorsque l'excitation est elle-même unila- térale. Lorsque l'excitation est bilatérale et de même intensité sur les deux côtés, rigoureusement symétrique, la réaction est elle-même bila- térale, symétrique, de même intensité sur les deux côtés. À ce dernier point de vue, elle est sujette à de grandes variations suivant les individus. On peut utiliser d’autres procédés, en particulier le refroi- dissement; l'excitation par la piqüre au-dessus de la ligne d’anesthésie fournit des résultats intéressants. Par l'excitation cervicale qu'on peut encere appeler excitation descendante on excite le segment sus- lésionnel de la colonne sympathique. - Pour provoquer les réflexes de défense pilomoteurs, nous avons utilisé les excitations por!ant sur les membres inférieurs, l'excitation plantaire par exemple, et surtout la mobilisation des membres inférieurs, excita- tions couramment employées pour la recherche et l’étude des mouve- 292 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ments de défense. Des réflexes peuvent être encore obtenus en piquant la peau à des distances variables au-dessous de la ligne d’anesthésie; le réflexe ne peut se produire que si la piqüre est appliquée dans une région, dont les nerfs aboutissent à un segment spinal respecté par la lésion. En procédant ainsi on excite le segment sous-lésionnel de la moelle. : Les réflexes de défense, qui sont ordinairement associés aux mouve- ments de défense et qui n'apparaissent que plusieurs jours ou même plusieurs semaines après le traumatisme, sont plus faciles à étudier, parce qu'ils s’épuisent moins rapidement et sont plus ferts. Ils réappa- raissent encore après des excitations répétées, tandis que la réaction cervicale peut très bien ne plus se reproduire ou s'atténuer, lorsqu'elle a été obtenue une ou deux fois; elle subit en outre, davantage que les réflexes, l'influence du moment et de l'individu : elle est plus occasion= nelle et plus individuelle. Lorsque les réflexes pilomoteurs de défense se déclanchent facilement il n’est pas rare d'observer, par intermittences, une érection spontanée des poils qui apparaît en même temps que les mouvements spontanés des membres inférieurs; l’érection des poils peut même persister très longtemps, le tonus pilomoteur est exalté. Il est impossible, dans une note aussi brève, d'insister davantage sur la technique et de signaler les causes d’erreur qui sont nombreuses ; nous nous bornerons à mentionner les principaux résultats obtenus au cours de nos recherches sur les grands paraplégiques du service de l'Institution nationale des Invalides, dirigé par M"° Déjerine. Quelques- unes de nos observations cliniques ont été suivies d'autopsie, il leur - manque encore le contrôle histologique, mais elles apportent déjà quelques données générales, qu'un examen anatomique plus minutieux rendra sans doute plus précises. Pour simplifier la terminologie et pour les opposer l’une à l’autre, tenant compte de la participation des centres supérieurs dans l'apparition de la réaction par excitation cervicale et de l'origine spinale du réflexe pilomoteur de défense, la première sera appelée réflexe encéphalique, le deuxième réflexe spinal. Ces réflexes se manifestent par le redressement des poils et la chair de poule. 2° RÉFLEXE ENCÉPHALIQUE : O8s. I. — Dans un cas de syndrome d'interruption physiologique avec une ligne d’anesthésie à la piqûre passant entre les territoires de Dr et de Jr, l’autopsie a démontré l'existence d’une lésion destructive du segment Div et de la plus grande partie de Di. Le réflexe encéphalique était limité à la face et au cou (territoires de Cr et en partie de C1). La colonne sympathique s'étendant du I* segment dorsal au Il° seg- ment lombaire, cette observation démontre qu'il existe dans les deux FA LE CR EP El ai NY} + he ehihids ER à SÉANCE DU 29 MARS 293 segments Dt et D ou dans l’un de ces segments des centres pilomo- teurs pour la face et La partie supérieure du cou. Oss. II. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d’anesthésie à la piqüre passant entre D'v et DY avec une bande d’hypoesthésie dans le ter- ritoire de Div. Le réflexe encéphalique occupe la face, toute l'étendue du cou, la partie supérieure du thorax jusqu'à la 2° côte, le moignon de l'épaule et le tiers supérieur du bras. Ors. IT. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d’anesthésie à la piqüre passant par la 5° côte, Le réflexe encéphalique s'étend en avant jusqu'au bord inférieur du thorax et couvre les membres supérieurs. Autop- sie : lésion destructive du VI: segment dorsal avec ramollissement très marqué sur la partie inférieure du segment DY, la consistance de la moelle est encore diminuée sur la partie supérieure de DY, beaucoup moins sur Div. La face postérieure est moins atteinte que la face antérieure. Les racines antérieures de Dy sont détruites des deux côtés. Celles de Dr très atrophiées. Les racines postérieures de D sont grises, englobées dans des adhérences cicatricielles, La moelle est élargie et aplatie, comme œdémateuse de Dvu à Dix, Consi- stance diminuée légèrement de Dx à Li; mais les racines antérieures cor- respondantes sont blanches. La chaine sympathique est intacte, Ces deux observations démontrent qu'il existe au-dessus de DY des centres pour la face, le cou, les membres supérieurs et le thorax. En les comparant entre elles et avec la première observation, on peut en déduire qu’il existe dans D" des centres pilomoteurs pour la partie inférieure du cou et la partie supérieure du thorax (territoire de Cr et en partie de OC“); dans les segments Det D", sans pouvoir préciser davantage, peut-être d’ailleurs dans les deux segments, des centres pour le moignon de l’épaule et le tiers supérieur du bras; dans Dr et vraisemblablement davantage dans sa partieinférieure des centres pour le reste du membre supérieur. > Dans tous les cas où la ligne d’anesthésie à la piqüre passe au-dessous du territoire du III° segment dorsal, on peut obtenir un réflexe encépha- lique sur les membres supérieurs. O8s. IV. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d’anesthésie passant par Dvur, Autopsie : Destruction du sewment D- et de la partie infé- rieure de Dvu, Dx encore très atteint et Dx1 diminué de consistance. Le réflexe encéphalique n’atteint pas tout à fait la ligne ombilicale à droite; il l’atteint à gauche. De O8s. V, — Syndrome d'interruption physiologique, avec ligne d’anesthésie passant entre Dvmt et Dix, Le réflexe encéphalique descend jusqu'à la crête iliaque, descendant apparemment plus bas sur les côtés qu’en avant ou en arrière. : 294 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE O8s. VI. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d’anesthésie passant entre Dix et Dx. Le réliexe encéphalique descend jusque sur la région trochantérienne, plus äpparente sur les côtés qu’en avant ou en arrière. OBs. VIT. — Syndrome d'interruption physiologique, avec ligne d’anesthésie “passant entre Dix et Dx. Le réflexe encéphalique descend jusque sur la région trochantérienne, plus apparente sur les côtés qu'en avant ou en arrière: O8s. VIII. — Syndrome d'interruption physiologique, avec ligne d’anes- thésie passant à droite par Îa partie supérieure du X° segment dorsal, à droite de Dxr à gauche. Autopsie : destruction pour ainsi dire complète du XIIe segm nt dorsal, diminution de consistance du XI°segment et de la partie inférieure du X°. La lésion descend moins bas en avant qu’en arrière où l’on constate une destruction partielle du I°* segment lombaire {côté droit). Ea _ X° racine postérieure droite est détruite, la gauche subsiste. La X°racine anté- rieure droite est grise, la X° racine antérieure gauche est mieux conservée. La chaîne sympathique n’a pas été atteinte. Le réflexe encéphaliquè appa- raissait sur tout le corps, mais sensiblement plus fort sur le membre inférieur gauche que sur le droit, : Dans tous les cas où la ligne d’anesthésie passe au-dessous du terri- toire du X° segment dorsal il existe un réflexe des membres inférieurs ; lorsque la ligne d'anesthésie passe entre les IX°-et le X° segments dor- saux, le réflexe descend jusqu’au trochanter (V[°, VII observations), parfois plus bas. Le IX° segment dorsal de la moelle doit être considéré comme le segment le plus élevé des centres pilomoteurs des membres inférieurs. Dans la série des observations précédentes (III°, IVe, V®°, VE‘, Vite, VIII observations), le réflexe encéphalique descend plus bas que la ligne d’anesthésie. 3° RÉFLEXE SPINAL : La troisième observation est particulièrement instructive à cet égard. Dans ce cas avec une lésion destructive du segment Di, Le réflexe spi- nal remonte sur le tronc jusqu'au-dessus du mamelon et envahit les membres supérieurs, sauf la région scapulaire. On peut en déduire que le VII: segment dorsal contient des centres pilomoteurs pour les territoires cutanés innervés, en ce qui concerne la sensibilité, par les ITI°, IVe, V°, VI° segments dorsaux et pour les membres supérieurs, sauf le moignon de l'épaule. _ Le réflexe spinal se comportait de la même manière dans la deuxième observalion. Ogs. 1x. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d'anesthésie passant par DV, Autopsie : destruction de Dx et-de Dx. Diminution de con- sistance du segment Dxn, Les racines antérieures de Dxrr et L1 sont en assez bon état. Les racines antérieures de Dix sont grises, les racines de Dvi sont » SÉANCE PU 29 MARS 9295 plutôt grises, surtout à droite. Les racines postérieures de Dix sont très dégé- nérées des -deux côtés. La chaîne sympathique n’a pas été examinée. Le réflexe spinal était très intense sur les membres inférieurs et remontait jJus- qu'à la limite de Dxt et Dxxr, Ogs. X. — Syndrome d'interruption physiologique avec ligne d’anesthésie passant entre Dviu et Drx. Autopsie : destruction des segments Dx et Dxt de Dix en partie. Chaine sympathique intacte. Le réflexe spinal était très mar- qué sur les membres inférieurs et remontait en s'atténuant vers la ligne d’anesthésie. On peut conclure de ces deux con qu'il existe au-dessous du X1° seg- ment dorsal des centres pilomoteurs pour les membres inférieurs. Dans la VIII observation, les réflexes de défense existaient, mais très légers sur les membresinférieurs. Les centres pilomoteurs des membres inférieurs descendent par conséquent au-dessous de Dxu, 3° CENTRES PILOMOTEURS : Des observations précédentes, on peut conclure que des centres pilo- moteurs pour les membres supérieurs sont compris dans les IV°, V°, NI, VII segments dorsaux ; des centres pilomoteurs pour les membres inférieurs dans les IX°, X°, XE, XIT° segments dorsaux et vraisemblable- ment le [* segment lombaire. Sans qu'il soit possible d'établir des rap- ports précis entre tel segment de la moelle et tel segment du membre supérieur ou inférieur, on peut néanmoins admettre que le segment proximal des membres est davantage innervé par l'extrémité supérieure des centres spinaux correspondants, le segment distal par leur extré- mité inférieure. - Il existe dans les trois premiers segments dorsaux des centres pour la face et le cou et la partie supérieure du thorax (région innervée par les fibres sensitives du plexus cervical). L'extension du réflexe encéphalique au- -dessous de la ligne d’anes- thésie, parfois sur une étendue de trois territoires sensitifs spinaux, et même davantage, l'extension du réflexe spinal au-dessus de la ligne d'anesthésie, sur une étendue à peu près égale, constatées dans quelques cas, démontrent qu'un segment spinal innerve plusieurs ganglions sym- pathiques vertébraux au-dessus ou au-dessous äu ganglion qui lui correspond, Ainsi se trouve vérifiée chez l’homme la loi établie chez l’animal par les physiologistes et en particulier par Langley. Les limites que nos recherches nous ont permis de fixer aux centres pilomoteurs des membres concordent d’ailleurs sensiblement avec les limites des centres pilomoteurs des membres fixées par le physio- logiste anglais. 296 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DÉDUCTIONS CLINIQUES TIRÉS DE L'EXAMEN DES RÉFLEXES PILOMOTEURS DANS LES BLESSURES DE LA MOELLE, par ANDRÉ-THOMAS. La limite inférieure du réflexe encéphalique et la limite supérieure du réflexe spinal ne se comportent pas toujours de la même manière dans leurs rapports avec la ligne d'’anesthésie. Trois éventualités peuvent se produire : 1° Le réflexe encéphalique descend au-dessous de la ligne d’anesthésie et généralement plus bas sur les côtés qu'en avant ou en arrière (peut-être parce qu'il est plus visible sur les côtés); 90 il ne l'atteint pas; 3° il se confond avec la ligne d’anesthésie. De même la limite supérieure du réflexe spinal peut s'élever au-dessus de la ligne d’anesthésie, se confondre avec elle, ou rester en decà d'elle. Si l'on envisage les rapports du réflexe encéphalique et du réflexe spinal, on remarque que trois éventualités peuvent encore se produire, leurs limites se confondent ou elles s’enjambent, ou bien encore elles restent séparées par une zone d'aréflexie plus ou moins haute. Si l’on lient compte de ce fait que chaque segment spinal innerve plusieurs ganglions sympathiques au-dessus ou au-dessous du ganglion qui lui correspond, on peut à la rigueur supposer qu'une lésion assez étendue en hauteur puisse exister malgré un enjambement du réflexe encéphalique et du réflexe spinal, surtout quand cet enjambement est faible; à plus forte raison quand les limites des deux réflexes se con- fondent et encore davantage quand ces deux limites sont séparées par une zone d'aréflexie. Fe I] faut cependant examiner avec soin comment se comportent le réflexe encéphalique ou le réflexe spinal au voisinage de leur limite; parfois ils vont en dégradant ou bien ils se manifestent par groupes de grains laissant entre eux des espaces aréflexiques, dont les pilo- moteurs sont innervés sans doute par des segments spinaux ou des racines antérieures compris dans la lésion. Il est vraisemblable que chaque segment spinal de la colonne sympathique ne présente pas des relations également intimes avec tous les ganglions sympathiques qu'il innerve et que les ganglions les plus éloignés reçoivent de lui des fibres moins nombreuses que les ganglions plus rapprochés. La limite infé- rieure du réflexe encéphalique paraît souvent plus indécise parce que ce réflexe est habituellement moins intense et s'épuise plus vite que le réflexe spinal et qu'il est souvent impossible de le déclancher plusieurs fois de suite avec la même intensité. On peut se demander encore si le nombre des ganglions sympa- thiques innervés par un segment spinal n’est pas sujet à des variations individuelles, ou s'il ne varie pas lui-même suivant le segment spinal envisagé. SÉANCE DU 29 MARS 297 Peut-être la même loi n’est-elle pas applicable aux segments dorsaux supérieurs qu'aux segments moyens et inférieurs. Ce n'est que par une étude anatomique et histologique minutieuse de la moelle dans un grand nombre de blessures que l’on pourra trancher ces diverses ques- tions et encore faut-il avoir soin de s'assurer de l’état des racines anté- rieures et postérieures ; les racines antérieures d’un segment peuvent être plus ou moins prises que les racines postérieures, de telle sorte que les troubles de la sensibilité n'ont pas les mêmes limites radiculaires que les troubles de la motilité ou les troubles sympathiques ; un seg- ment spinal peut être plus atteint dans son segment postérieur que dans son segment antéro-latéral. En outre dans une étude qui a pour prin- cipal but de délimiter l'étendue des troubles sympathiques, il est indis- pensable d'examiner avec soin la chaîne sympathique et de rechercher si elle n’a pas été seclionnée par le même projectile qui a écrasé ou endommagé la moelle. Toutefois d’après les autopsies que nous avons pratiquées, la section de la chaîne sympathique peut être considérée comme un accident rare. Cliniquement, l'hypothèse d'une section de la chaine sympathique pourra toujours être écartée dans certaines conditions, par exemple lorsque le réflexe spinal remonte au-dessus de la ligne d’anesthésie, lorsque, avec une ligne d’anesthésie passant par les derniers segments dorsaux, le réflexe encéphalique recouvre les membres inférieurs. On observe des cas dans lesquels le réflexe encéphalique et le réflexe spinal se produisent tous deux, soit sur les membres supérieurs, soit sur les membres inférieurs; la lésion interrompt par conséquent les centres pilomoteurs des membres supérieurs ou des membresinférieurs, mais de telle manière qu'un segment de ces centres reste en grande partie intact sur le tronçon supérieur et-sur le tronçon inférieur. Une telle lésion ne peut donc détruire guère plus de deux segments spinaux. L'absence de réflexe spinal sur les membres inférieurs, avec une ligne d'anesthésie passant entre D* et Dx', mdique une lésion grave de Dx Dxr et même de Lr, si on peut ex lure l'hypothèse d’une lésion de la chaîne sympathique. Il est alors habituel que les mouvements de défense fassent défaut dans les segments correspondants de la muscu- lature de la paroi abdominale; l'examen électrique démontrera la pré- sence de la réaction de dégénérescence dans ces muscles. Dans un cas de syndrome d'interruption avec ligne d’anesthésie passant entre D* et Dxr, le réflexe spinal manquait complètement sur les membres inférieurs. La moelle était interrompue au niveau de L®, ramollie au-dessous jusqu'au filum, très malade au niveau de Dx#, Li, Lu, La chaîne sympathique était intacte. L'absence de réflexe spinal dans les membres supérieurs, lorsque la ligne d’anesthésie passe au-dessus de Di, DY, Dvi, Dvn, est en faveur d'une destruction de toute la portion des centres pilomoteurs des B1oLOGIE. COMPTES RENDUS. — 4919. T. LXXXII. 22 298 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE membres supérieurs compris dans le troncon de moelle sous-jacent à la limite supérieure de la lésion. Les mouvements de défense de la parot . abdominale font également défaut dans le segment supérieur et aw moment où ils se produisent l’ombilic est attiré en bas. Dans un cas de syndrome d'interruption avee ligne d’anesthésie passant par le V° espace intercostal, il existait une destruction de D'x, de DYm et D'vrétait ramolli. Le réflexe spinal manquait sur les membres supérieurs, il remontait jusqu’à la ligne d’anesthésie sur le thorax. Si la limite supérieure du réflexe spinal se rapproche si souvent de la ligne d’anesthésie ou se confond avec elle, c'est que les lésions s’étagent fréquemment sur une hauteur de deux ou trois segments. Comme chaque. segment spinal innerve trois où quatre ganglions au-dessus de lui, il en résulte que le réflexe qui prend son point de départ dans le premier segment spinal sain au-dessous de la lésion se rapproche forcément de la ligne d’anesthésie. | Nous avions pensé tout d'abord que l'écart entre la limite supérieure. du réflexe spinal et la ligne d’anesthésie correspond à l’étendue en. hauteur des lésions destructives de la moelle et qu’il apporte des indi- cations comparables à celles qui ont été déduites par Babinski et: Jarkovski de l’écart obsérvé entre la limite supérieure des mouvements de défense et la limite de l’anesthésie, au sujet de l'étendue en hauteur des compressions médullaires, mais nous devons reconnaître aujour- d’hui qu'une telle éonceplion ne peut être maintenue. I serait intéressant de fixer pour chaque cas la limite supérieure de. la zone réflexogène pour le réflexe spinal, mais on ne réussit pas tou- jours à produire le réflexe par les excitations cutanées, tandis que Pon. réussit beaucoup mieux par les excitations profondes, et en particulier: par la mobilisation des membres inférieurs; d’ailleurs les réflexes. pilomoteurs atteignent leur maximum d'intensité lorsque se produisent de forts mouvements de défense. Cependant il nous est arrivé de pro- duire un réflexe sur les membres supérieurs dans deux cas de blessure de la moelle (syndrome d’interruption) avec ligne d’anesthésie passant: au niveau de la 2° et de la 3° côte, en excitant la peau entre la 4° et la 6° côte; l'apparition du réflexe permettait d’aftirmer l'intégrité des. racines postérieures et des segments médullaires correspondants. Dans l’un de ces cas le phénomène ne se produisait que d’un seul côté (voir plus haut la 1'° observation) bien que l'examen de la moelle ne justifiât pas une telle asymétrie. Il est vraisemblable que la chaîne sympathique- avait été intéressée du côté aréflexique ; d’ailleurs le membre supérieur correspondant était beaucoup plus chaud. (L'autopsie n’a pu être faite: complètement et la chaîne sympathique n'a pas été examinée.) L'explo- ration et la délimitation de la zone réflexogène sont donc susceptibles de fournir des renseignements utiles sur l’état anatomique et PISE logique du segment sous-lésionnel de la moelle. SÉANCE DU 29 MARS : 299 NOTE AU SUJET D'UNE NOUVELLE MÉTHODE DE TITRAGE RAPIDE DANS LA RÉACTION DE FIXATION PAR LES SÉRUMS NON GHAUFFÉS, par ROGER ARNAUD. C’est actuellement une notion presque banale que la sensibilité plus grande des sérums non chauffés pour la pratique de la réaction de fixation. Tous les auteurs quise sont occupés de la question — et nous ‘ne citerons que Weinberg, Levaditi, Ronchèse, Chabanier, elc., — sont d'accord sur ce point. D’après R. B. H. Gradwoll (de Saint Louis), cette sensibilité atteindrait jusqu’à 15 p. 100 par rapport à la technique primitive de Wassermann-Citron. À côté de ces avantages incontes- tables, l’absence de titrage enlevait beaucoup de valeur à la réaction, et 3 à 10 p. 100 des sérums examinés pouvaient être considérés comme empêchants, par suite du manque de connaissance de la valeur du sérum en complément et sensibilisatrice. On a essayé de remédier à ces incon- vénients par des procédés de titrage soit de la sensibilisatrice, soit du complément. Les plus intéressants de ces procédés et les plus récents sont ceux de Gradwoll, de Chabanier, Lebert et Betances et A.-D. Ron- chèse, leur gros inconvénient à côté d’avantages-incontestables est de compliquer énormément les simples méthodes de Hecht ou Tscherno- gubow. La quantité d’alexine ou de sensibilisatrice variant considéra- blement (du simple au quadruple pour Le moins d’après nos recherches), les chiffres fournis par chaque titrage sont très différents et leur diver- sité constitue une gêne et une cause d'erreurs possibles quand on pra- tique les réactions en série. Nous avons cherché un procédé qui, tout en étant aussi sensible, évite- rait quelques-uns de ces inconvénients. Voici comment nous procédons : Réaction de titrage. — Nous mettons dans 5 tubes à hémolyse 0 ce.c. du sérum à examiner par tube et ajoutons à chacun de ces tubes 0 c.c. 1, 0 c.c.2, 0 c.c. 4, Oc.c.8, 1 c.c.6 d'une dilution de globules de mouton au 4/10°. Nous complétons le volume à 2 c.c. 1 par de l’eau physiolo- gique, puis nous mettons à l'étuve pendant 30 minutes et pendant ce temps disposons une réaction de Hecht-Bauer type avec 0 c.c.1 de sérum dans 3 tubes 0 c.c.i, Oc.c.2, O0 d’anftigène convenablement dilué et complétons à 1 c.c. par addition d’eau physiologique, Nous mettons à l’étuve pour la fixation pendant 1 heure et demie. Pendant ce temps nous avons sorti notre réaction de titrage de l'étuve, et nous lisons les tubes dans lesquels se produit l'hémolyse. Supposons que l'hémolyse soit totale dans les tubes 1 et 2, incomplète dans le 3 et nulle dans les 4 et 5. Il est évident que la dose optima d’hé- molyse est dans le tube 2, ce qui veut dire que 0 c.c.3 de sérum hémo- (1) Journal of American Medical Association, 68, 17 février 1917. 300 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lysent 0 c.c. 4 d’une dilution d'hématies au 1/10°. Une simple opération arithmétique nous apprend que 0 c.c.6 hémolyseraient 0 c. c.8 de dilu- tion d'hématies. Prenons donc par exemple le tube n° 4 et considé- rons-le. L’hémolyse y est nulle, mais les Oc.c.3 de sérum y ont sensi- bilisé à l'hémolyse 0 c.c.4 de sang. Il reste donc O0 c.c. 4 de sang qu'il faudrait 0 e.c.3 de sérum pour faire hémolyser et si nous divisons la masse en trois, nous voyons que dans chacune des parts, d'un volume de O0 c.c. 7, l’hémolyse pourrait être obtenue en ajoutant 0 e.c.1 de sérum. Or, dans chacun des tubes de la réaction de Bauer, mis à l’étuve, - ilyaO c.c. 1 de sérum. Si au bout d'une heure et demie d’étuve son complément n’est pas fixe il pourra hémolyser le volume de sang en question. Ceci admis, voici comment nous disposons notre réaction. Nous commencons par faire le Hecht-Bauer et pendant qu'il est à l’étuve, nous faisons notre titrage. Nous lisons l’hémolyse complète après 30 minutes d’étuve à 37° et nous prenons le tube contenant la dose. double d’hématies de mouton. Au bout d'une heure et demie d’étuve, nous répartissons dans chacun des trois tubes de la réaction de Bauer le tiers des tubes que la réaction de titrage nous a permis de prendre. Nous remettons à l’étuve et lisons les résultats. Le tableau suivant fera mieux comprendre les choses. I. — Réaction de Bauer. SÉRUM ANTIGÈNE EAU PHYSIOLOGIQUE A 0,8 0,7 0,9 À héure et demie à l’étuve. Pendant ce temps, pratiquer le titrage. : IT. — Titrage. SÉRUM : GLOBULES AU 1/10 EAU PHYSIOLOGIQUE 0,1 1,7 0,2 1,6 0,4 1,4 0,8 1 1,6 Ÿ . 0,2 30 minules à l’étuve. SÉANCE DU 29 MARS 30L Es Supposons que l’hémolyse soil complète dans le tube 2, c’est le tube 4 que nous prendrons et dont nous répartirons un tiers dans chacun des 3 lubes de notre Hecht-Bauer. Nous remettons le tout à l’étuve et, au bout de 20 à 25 minutes, nous lisons les résultats. Les avantages de notre méthode sont les suivants : 1° Suppression des causes d’erreur possible dans la réaction; 2° Suppression d’un temps (mise des globules); 3° Sensibilité plus grande que le Hecht-Bauer et Wassermann. Sur un grand nombre de sérums examinés, un seul n'hémolysait pas parfai- tement les doses choisies. L’adjonction d’une petite quantité de sérum hémolytique dilué le fit hémolvyser. = Par ce procédé, les hémolyses sont nettes, rapides et le départage facile entre les hémolyses et non-hémolyses. Une telle technique simple et sûre nous paraît devoir rendre service aux praticiens. : TECHNIQUE SIMPLE DE LA RÉACTION DE BORDET- WASSERMANN, PAR L'EMPLOI DE SÉRUMS NON CHAUFFÉS, ET NE NÉCESSITANT PAS Les DE TITRAGE PRÉALABLE, “par ROGER ARNAUD. Dans une communication récente (1) nous avons décrit une réaction de titrage simple permettant une sécurité et une sensibilité plus grande dans la X réaction par les sérums non chauffés. Comparativement à ces recherches, nous avons employé une technique plus simple encore, et qui nous a donné des résultats sensiblement équivalents. Nous croyons être utile aux praticiens en la leur indiquant. Pour la pratique de cette réaction, nous prendrons le sérum à exami- ner aussi rapidement que possible. Au bout de 48 heures en effet la quantité de complément et d'hémolysine contenue dans le sérum a diminué dans des proportions considérables. Nous prenons une dose d’antigène moyenne. Nous avons essayé comparativement les antigènes à la cholestérine et l’antigène de l'Institut Pasteur. Convenablement dilué, ce dernier nous paraît offrir le maximum de sécurité. Quant à la quantité de sérum à examiner, nous la faisons varier dans chacun des quatre tubes qui nous servent à lire la réaction, faisant pour chacun de ces tubes un tube témoin sans antigène. Enfin, nous employons une dilu- tion de globules de mouton telle que la réaction soit facilement lisible. En général, le taux de 1/15 de globules lavés satisfait entièrement. . (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1°" mars 1919. 302 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous pouvons donc disposer la réaction de la facon suivante : SÉRUMS : EAU | GLOBUEES LAVÉS TUBES ANTIGÈNE A EXAMINER PHYSIOLOGIQUE AU 1/15 Pour la lecture des résultats, nous ne tenons compte que des tubes dont les témoins ont hémolysé. Supposons, par exemple, que la quantité de complément et d’ambocepteur soit insuffisante dans les lubes 1 et 2. Les témoins 1’ et?’ n’ayant pas hémolysé, nous ne tiendrons pas compte des tubes 1 et 2 et nous lirons le résultat sur les tubes 3 et 4, dont les témoins ont hémolysé. Exceptionnellement, peut se produire le fait au La quantité d'ambocepteur et d’alexine contenue dans le sérum est considérable. Une partie se fixe sur l’alexine, landis qu'il en reste en liberté une quantité suffisante pour hémolyser la dose de globules. Nous avons alors par exemple le schéma suivant : TUBES TÉMOINS 1 non hémolysé. 1. hémolysé. 2 hémolysé. 2! hémolysé. 3 hémolysé. 3! hémolysé. 4 hémolysé. 4! hémolysé. Nous lirons bien entendu le résultat de la réaction sur le tube 4 dans lequel la quantité d'ambocepteur-alexine a été juste suffisante-pour se fixer entière sur l’antigène. Par cette technique, nous n'avons observé que tout à fait exception- nellement l'absence totale de complément ambocepteur dans les sérums à examiner. Cette réaction pratique, concurremmentà notre méthode de titrage, nous a fourni des résultats Érsaue à ceux de Ronchèse, Chabanier et Lebert, etc. Quand le sérum à examiner ne (vonsient absolument pas d'hémoly- sine, cas, nous le répétons, tout à fait exceptionnel, l'addition d’une petite quantité d’un sérum négatif suffit à rendre lisible la réaction. SÉANCE DU 29 MARS. 303 Nous procédons de même pour les liquides céphalo-rachidiens que nous faisons immédiatement après notre réaclion, employant la dose oplima d'hémolysines naturelles fournies par un sérum que nous venons de reconnaître négatif, et disposant pour eux une simple réaction de Hecht- Bauer. Enfin, il peut arriver que la quantité de sérum recueillie soit insuffi- sante pour nous fournir les 2 c.c. nécessaires pour notre réaction. Dans «ce cas-là, nous prenons une quantité fixe de sérum, 0 c.c. 1 par exemple ‘et nous faisons varier la concentration du liquide en globules rouges, faisant alors une dilution moins colorée. Le tableau suivant explique cette manière de faire : s ï EAU GLOBULES SÉRUMS ANTIGÈNE - : PHYSIOLOGIQUE AU 1/30 0,1 0,1 OT. e 0,1 204 0,1 0,6 Da 0,2 0,1 0,1 0,5 8 0,3 0,1 0,1 0,4 ® 0,4 =] D = 0,1 OAEs 0,8 = 0,1 0,1 0 (DÉTÉeS D 0,2 “O1 0 0,6 5 0,3 0,1 0 0,5 fes! 0,4 Nous ne tenons toujours compte, pour la lecture des résultats, que des tubes dont les témoins ont hémolysé. Les deux facons de procéder sont entièrement superposables. Dans les cas où la quantité de sérum le permet, nous donnons la préférence à la première technique, d'une lecture plus facile. En procédant ainsi, on a un procédé facile et sûr de pratique de la réaction par les sérums non chauffés. Une réaction de titrage devient inutile. On peut faire le tout en un seul temps. En une heure un quart, il est loisible de donner des résultats. Et si, comme le recommande Ronchèse, après Busila, on a soin de mettre le sang à l’étuve à 37° en tube incliné, on peut, moins de trois heures après la prise de sang, donner au médecin traitant l'indication qu il demande. 304 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES MICROBES DU TISSU LYMPHOÏDE DE L'INTESTIN DU LAPIN NORMAL. RECTIFICATION A PROPOS DE LEUR DÉCOUVERTE, par P. Masson et CL. REGAUD. Les plus importants des faits que nous avons communiqués à la Société de Biologie (1) ne sont pas, comme nous le pensions, nouveaux. Ils ont été découverts en 1885, presque simultanément et indépendam- ment, par Bizzozero et par Ribbert (2). Plusieurs auteurs les ont ulté- rieurement vérifiés à l’occasion de recherches a sur l'appendicite (3). Les circonstances au milieu desquelles notre travail a été effectué (dans un laboratoire de formation sanitaire aux armées) ne nous avaient pas permis de faire des recherches bibliographiques. Nous nous excu- sons d'une omission involontaire: nous rendons justice à nos devan- ciers ; el nous renvoyons pour un historique complet à un mémoire qui est actuellement en préparation. BILE ET BACILLE DYSENTÉRIQUE, par H. VINCENT. Après trois réclamations successives, M. Marbais a dù reconnaitre qu’il avait, dans sa Note de décembre à la Société de Biologie (4) sur « la culture du bacille dysentérique en bile stérilisée », omis de signaler les travaux qui ont précédé les siens et dont il confirmait, en réalité, purement et simplement les résultats. Antérieure de dix ans, ma note a démontré qu’il existe des races de bacille dysentérique (Kruse et Flexner), cependant virulentes, mais incapables de se multiplier dans la bile in vitro (H. ‘een, in anima vili (idem) et chez l'homme (Amako). J'ai noté (5) qu'avec les races que je possédais, le résultat a été le même avec la bile humaine stérilisée ou bien avec la bile de bœuf ou de cobaye, stérilisée ou non. (4) P. Masson et CI. Regaud. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 dé- cembre 1918, 11 janvier et 22 février 1919. (2) Bizzozero. Acad. roy. de méd. de Turin, 6 mars 1885; Medizin. Centralblatt, 1885. — Ribbert. Deuts. med. no 26 mars 1885. — Voir Oppe Lehrb. d, vergleich. mikr. Anat. d. Wirbelth., 11, p. #40. (3) Voir Ghon et Namba. Ziegter $ que vol. 52, 1912, p. 130. (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1918, t. LXXXI,p, 1136. (5) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 14919, t. LXXXIL, p. 212. SÉANCE DU 29 MARS 305 A lire les deux communications (la première de décembre 1918, la seconde de février 1919) de M. Marbais, on voit qu’à travers la dilution des mots les mêmes résultats de culture négative pour certains échan- tillons de bacille ont été vérifiés. M. Marbaiïis ne peut invoquer un erratum, puisque je l'avais, depuis longtemps, renseigné sur l'historique de la question en lui faisant remettre en mains propres ma publication de 1908; puisque, ainsi informé directement, il n’a pas fait la rectification d'usage; puisque enfin, connaissant cependant l’ordre chronologique des travaux parus sur le même sujet, il n'avait mentionné le mien qu'après le sien et après celui de M. Nicolle. Est-ce le fait de l'ignorance? Ceci est mon dernier mot. Je m'excuse, une fois de plus, auprès de la Société, d'avoir été contraint de relever ces inexactitudes. MARCHE DE LA GLYCOSURIE CHEZ LE CHIEN DANS LES PREMIÈRES HEURES _ QUE SUIVENT L'ABLATION TOTALE DU PANCRÉAS, par H. BIERRY. . Les chiens étaient anesthésiés au chloroforme après avoir reçu une petite dose de chlorhydrate de morphine. L’ablation totale du pancréas était faite en un seul temps et vérifiée à l’autopsie. La technique opératoire suivie dans les cinq deraières expériences est celle indiquée par Witzel et Pflüger. La ligature des vaisseaux importants a été évitée dans la mesure. .du possible. Les expériences 5 et 6 ont été failes aseptiquement. Le chloroforme était donné en quantité juste nécessaire pour provoquer l’anesthésie et suspendu dès que l'opération était terminée. L'urine était recueillie par une sonde à demeure dans des tubes à. essai et le moment d'apparition de la glycosurie soigneusement noté. La marche de la glycosurie était ensuite établie dans l'urine prélevée d'heure en heure et traitée par le nitrate mercurique. Le dosage du glucose était alors effectué par la méthode Mohr-Bertrand. L'examen optique et des essais à la phénylhydrazine pratiqués dans les 5 dernières expériences ont montré qu’il s'agissait bien de la présence de d-glucose dans l’urine. Voici le tableau résumant ces 9 expériences (1) : (1) De ces neuf expériences, les quatre premières ont déjà été relatées dans une note que j'ai faite avec Mme Z. Gruzewska (Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mai 1905) et qui a trait à un travail entrepris dans un tout autre but. . 1 mm, - \ ‘sainou & USE) 06-46 |: 1 6 ‘9 0£°L G1°6 08°6 | | qi: à ‘4 00€ ‘U 6 Une: os Are ‘Sounou 7 | OF ‘4 & | 006 ‘II €7 PURE RD uL'U 9 Ho"u 6 u g-u 7 Ed | À (A 07°S 09°S GRAE OF CU SOU S | 06 ‘4 6-07 4 # | 07 ‘U 7-06 U & ILE AE NS LU G8'cl 016 066 089 EE pe 06 ‘4 9706 CU S | 06 ‘U 6-06 ‘U & | 0€ U 4-0 UE TEE LE = 0c‘0r f 08'L OL a DATE Œ Ha . 0 . na G e « ‘TE G 8 A be “4 9-"u 6 U Su 7 “FU E GT IST ST 2 | ol ; A og 'L 0ÿ°L ‘sainoy Ç ee ne Rae 0H OI € “I &Y Æ y S-u y 7-08 € Ë 59 ‘6 a1‘e 5 ‘saanou & “ -0E Ù € ŒEUEUE saxnou oanoq F | « IET 08 a 60°01 GŒUUT ù U 9-G€ ‘soanou 7 |« ‘A YE ‘SaAN9U 3 ‘sanay ‘949 F |& ‘UN QI 306 oJans09Â[5 e] op NOIELUVAaV A Jueuiour ef jo NOILVHHAO/T Ha ut BI o1ju0 AINODA SANHIL NOLLVUSAO/,T NOILONGAHH AITTIMANHN HANIMA/T SNVGA (SHNMNVHI NH ‘001 HAOd) HSO9N19 aa AUHAHINAUd salod NIA 19 na SÉANCE DU 29 MARS 307 _ Conclusions. — Dans ces 9 expériences la glycosurie est apparue chez le chien dans Les 5 premières heures qui suivent l’ablation totale du pancréas. La glycosurie s’est installée ensuite rapidement à un taux élevé pouvant déjà atteindre 5 à 10 p. 100 au bout de la première heure qui a suivi le moment d'apparition du glucose dans l'urine. AVITAMINOSE ET CARENCE, par H. BiErry. Les recherches d'Eykman (1897), de Gryns (1901), de Stepp (1909) ont ouvert un nouveau et très important chapitre de la physiologie générale qui a pris toute son ampleur à la suite des travaux de Casimir Funk, Hopkins, Osborne et Mendel, etc. Il est admis aujourd’hui que la crois- sance du jeune, l'équilibre de l’adulte exigent, dans la ration, en dehors des aliments, la présence d’éléments de nature encore inconnue, que Mc Collum et ses collaborateurs appellent « facteurs accessoires de la croissance et de l'équilibre » (1), mais que nombre d'auteurs désignent sous le nom de Q vitamines » (2). En soumettant des animaux à des régimes bone. on à vu appa- raître chez ces animaux des troubles physiologiques variés : polynévrite chez l'oiseau, arrêt de croissance chez le jeune, perte de poids ou troubles trophiques chez l'adulte et que certains auteurs désignent indifféremment sous le nom d'accidents d’avitaminose, de sous- nutrition, de carence. M. Schæffer, ici même (3), s'est élevé contre cette facon de faire ; je-erois, comme lui, qu'il faut d’abord définir la notion d’avitaminose et la notion de carence. À la suite de Mc Collum, il est logique d'admettre qu’une expérience d'avitaminose sera réalisée quand on donnera à un animal une ration physiologiquement équilibrée, complète à tous points de vue, sauf en ce qui concerne les facteurs À et B. Deux moyens sont utilisés pour éliminer (1) Ces facteurs accessoires sont représentés par deux substances pré- sentan!, entre autres propriétés, des solubilités différentes : l’une est soluble dans les corps gras et l’autre dans l'eau. Mc Collum et Davis proposent d'appeler facteur À celle des deux substances qui se dissout dans les graisses et facteur B celle qui est soluble à la fois dans l’eau et dans l'alcool. (2) La « vitamine » de Funk extraite de la balle de riz ou de la levure de bière correspond au facteur B. Actuellement, les facteurs À et B représentent les seules vitamines dont l'existence soit indiscutable (Mc Collum, Osborne et Mendel). (3) G. Schæffer. Comptes rendus. de la Soc. de Biologie, 11 janvier 1919. { 308 SOCIÉTÉ -DE BIOLOGIE les vitamines : les vitamines peuvent être enlevées chimiquement par un solvant, méthode dite de « purification », elles peuvent être détruites, in situ, à l’'autoclave, méthode de Re Dans l'application du premier procédé, il y a certaines remarques à faire. Des expériences réalisées par les auteurs anglais et américains, il ressort que le choix des matières grasses pour le régime est lui-même très important. J’ai déjà attiré l'attention sur ce fait que certaines substances grasses fournissent à la fois un apport énergétique et un apport en vitamines et peuvent jouer en outre un rôle fonctionnel. La matière grasse qui sert de véhicule pour l'administration du facteur A peut ainsi avoir une influence due à sa nature même. Dans la seconde facon d'opérer, il est reconnu qu'à l’autoclave, au- dessus de 120°, il existe une température critique à laquelle les vitamines peuvent être détruites, in situ, après un temps plus ou moins long. Je crois que la notion de « carence », introduite par MM. Weill et Mouriquand, de compréhension plus large (1), peut être conservée pro- visoirement tout au moins pour exprimer divers états pathologiques encore mal connus dus à l'absence dans la ration de pus sub- stances restant à déterminer. Il peut y avoir, en effet : carence minérale, carence d'acide aminé indispensable, carence de graisse, ete., carences multiples et super- posées. L’avitaminose rentre dans les carences, c’est une carence de vitamines. Il reste bien entendu à déterminer parmi les troubles variés la symptomatologie spécifique propre à chaque carence en particulier. Les mammifères sont incapables de faire la synthèse des vitamines, ils doivent à tout moment les trouver dans les aliments d'origine végétale ou animale qui composent leur nourriture. Et cela, indépendamment des divers états physiologiques: c’est ainsi que le lait ne renferme des vitamines qu'autant que ces substances sont présentes dans la nourri- ture de la mère. Si la ration ne contient ni facteur À ni facteur B, la nourrice maigrit et la croissance des jeunes ne tarde pas à s'arrêter (Mc Collum et Davis). L'origine des vitamines (2) ne saurait donc être trouvée chez l'animal; faut-il la chercher chez les phanérogames, faut-il la chercher chez les bactéries? LR Les expériences que nous avons faites, P. Portier et moi, et qui consistent à injecter ou à faire ingérer (3) à des animaux, recevant une nourriture stérilisée, des microbes vivants (isolés du testicule del’animal (4) Weill et Mouriquand. Comotes rendus de la Soc. de Biologie, 1°" mars 1949. (2) Voir, à ce sujet, la mise au point et critique de G. Schæffer : Vitamines et auximones, Bulletin de l'Institut Pasteur, t. XVII, 15-30 janvier 1919. (3) J'aurai à revenir sur cette question. SÉANCE DU 29 MARS 309 normal), cultivés sur des milieux chimiquement définis et primitive- ment dépourvus de vilamines, et les expériences de Pacini et Russell établissent que certaines bactéries sont capables de faire la re des vitamines. -Le côté ile du problème est ainsi abordé par une voie toute différente et j'ai cru qu'avant de donner de nouvelles expériences il était tout d’abord nécessaire de bien définir la notion de carence et la notion d’avitaminose. MITOCHONDRIES. ET SYMBIOTES, par À. GUILLIERMOND. Dans son livre, Les Symbiotes, M. Portier vient d'exposer une théorie fort intéressante sur la nécessité de la symbiose dans les phénomènes les plus importants de la physiologie cellulaire. L'auteur, à la suite de longues et consciencieuses recherches, a pu démontrer la présence, dans le cytoplasme de certaines cellules, de bactéries symbiotes jouant un rôle dans les phénomènes chimiques de l'assimilation et dont il a pu dans quelques cas réaliser la culture en milieux artificiels. Or ces sym- biotes ressemblent beaucoup aux mitochondries. Aussi M. Portier est-il amené à considérer les mitochondries comme des bactéries symbiotes et à admettre que toute cellule renferme dans son cytoplasme des symbiotes et que ce sont ces symbiotes qui effectueraient tous les phé- nomènes de l'assimilation. Cette théorie, à la vérité fort séduisante, ne nous paraît cependant reposer sur aucun fait précis. Il est très loin de notre pensée de con- tester que la symbiose joue un rôle beaucoup plus important qu’on ne Va admis jusqu'ici, car les remarquables travaux de M. Portier en apportent la preuve, mais les recherches que nous poursuivons depuis près de dix ans sur les mitochondries de la cellule végétale ne nous permettent pas de suivre M. Portier dans ses généralisations et nous tenons à démontrer dès maintenant, atin de ne pas laisser s’accréditer une théorie que nous croyons inexacte, que les mitochondries ne sont pas des symbiotes et que par conséquent les symbiotes sont loin d’avoir la généralité que leur attribue M. Portier. M. Portier appuie sa théorie sur trois arguments dont nous discu- terons successivement la valeur. 41° Les bactéries symbiotes présentent des formes analogues aux mito- chondries. — Il est incontestable que les mitochondries présentent une grande ressemblance avec les bactéries, ce qui avait frappé Altmann. Elles partagent en outre avec les bactéries la propriété de se diviser et 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’être incapables de se former de novo; mais cette propriété leur est commune avec les chromosomes. D'autre part, lorsqu'on observe, comme nous l'avons fait depuis quelques années, les divers aspects du cytoplasme et de ses constituants, on s'aperçoit bien vite combien sont trompeuses les apparences purement morphologiques. Beaucoup de formations cytoplasmiques très diverses rappellent à la fois lies mito- chondries et les symbiotes: petits granules graisseux, boules sarco- diques, figures myéliniques, corps cristalliss, chromosomes, etc. Une simple analogie de forme n'aurait donc de valeur que si elle se trouvait confirmée par des propriétés physico-chimiques semblables. Or il n’en est rien. Les mitochondries sont parmi les éléments les plus fragiles de la cellule. Le plus léger trouble survenu dans l’équilibre osmotique de’ la cellule suffit à les altérer; c’est ainsi que, dans une cellule placée dans un milieu hypotonique, les mitochondries se gonflent La ieren et se transforment en grosses vésicules. D'autre part, fait plus important, les mitochondries sont peu résis- tantes vis-à-vis des réactifs chimiques et surtout de l'alcool, du chloro- forme et de l’acide acétique, qui les dissolvent partiellement. Enfin les recherches de Policard, R. et H. Lewis, Cowdry démontrent qu’une température de 40° suffit à détruire en quelques instants les mitochon- dries. Jusqu'ici, on ne connaît pas de bactéries qui se montrent aussi . fragiles et cette fragilité ne concorde guère avee l'extrême résistance des bactéries symbiotes que M. Portier aurait isolées el qui se caracté- riseraient précisément par l’extraordinaire maintien de la vie à des températures supérieures à 100°, en présence de l'alcool absolu et du chloroforme. 2° Les bactéries se colorent comme les mitochondries par la méthode de Regaud. — La méthode de Regaud est simplement la méthode de Heidenhain appliquée à des tissus préalablement fixés dans un mélange permettant la conservation du chondriome. Ce serait donc une erreur de croire qu elle donne une coloration spécifique des mitochon- dries. Les éléments les plus divers se colorent par cette méthode comme les mitochondries : nucléoles, chromosomes, corps lipoïdes, grains d'aleurone, grains de sécrétion de natures variées, certaines mem- branes végétales, bactéries parasites ou symbiotiques. Cette analogie de coloration n'aurait de valeur que si elle s'accompagnait d’une ana- logie dans les caractères de fixalion. On sait qu'il est bien établi maintenant que les fixateurs ordinaires employés jusqu'ici, et renfermant une proportion variable d’alcool et d'acide acétique, bouleversent la structure du cytoplasme en dissolvant partiellement le chondriome et en déterminant la production d’une structure granulo-alvéolaire artificielle bien connue. Les fixateurs chromo-osmiques et chromo-formolés, le formol, les SÉANCE DU 29 MARS ati solutions aqueuses de sublimé et d'acide picrique, les solutions et vapeurs d’acide osmique respectent seuls le chondriome. Or les bactéries symbiotes de M. Portier se comportent à. cet égard d'une manière très différeute des mitochondries. Elles résistent à l'alcool et à l’acide acétique et se colorent facilement sans allération après action des fixateurs renfermant ces deux substances, ce qui est un excellent moyen de différencier les Di puis Qui qui, en pareil cas, sont décolorées. "Il est vrai que M. Portier, prévoyant l’objection, fait remarquer que l’on a signalé des variétés de mitochondries plus résistantes à l'action de l'acide acétique et de l'alcool. Cela est exact, mais alors ce ne sont plus de véritables mitochondries, mais des plasies différenciés à partir des mitochondries typiques. Il est d’ailleurs inexact de prétendre que les bactéries symbiotes res- semblent lout à fait, une fois colorées, à des mitochondries. Les mito- chondries apparaissent toujours absolument homogènes et n’offrent l'aspect vésiculeux que lorsqu'elles sont mal fixées et en voie d’éla- boration. C’est ainsi par exemple que les Bactéries figurées par M. Portier diffèrent des mitochondries par leurs plus grandes dimensions et par la présence constante de deux vacuoles polaires. D'ailleurs, les divers micro-organismes symbiotes ne peuvent en aucun cas être confondus avec les mitochondries ; ils présentent toujours une structure diffé- renciée, que ce soient des bactéroïdes de Légumineuses, des levures ou des zoochlorelles. Il n’est point difficile par exemple de distinguer une zoochlorelle d'Hydre d'un chloroplasme de Phanérogame. 3° Les mitochondries sont cultivables dans certains cas. — M. Portier s'appuie pour soutenir cette idée sur le fait que les bactéroïdes des Légumineuses, identiques selon lui aux mitochondries, sont facilement cultivables, et aussi sur les cultures d’autres bactéries symbiotes qu'il a pu réaliser dans certains cas. Or nous avons montré que les Bactéroïdes et les symbiotes de M. Por- lier ne sont pas des mitochondries ; il ne reste donc aucune preuve permettant d'envisager la possibilité de cultiver les mitochondries. D'autre part, dans bien des cas, nous sommes parvenus, en sectionnant des cellules épidermiques vivantes (pétales de Tulipes), à isoler les mito- chondries dans le liquide ambiant de la préparation. Or ces mitochon- dries présentaient une extrême fragilité : au bout de quelques instants, elles se transformaient en énormes vésicules dont Les parois finissaient par éclater et se résolvaient en très fines granulations. Nous ne conce- vons pas que l’on BU arriver à réaliser la culture d'éléments aussi fragiles. On voit donc qu’ aucun rapprochement entre les mitochondries et les bactéries symbiotes n'est justifié et que l’on n’a aucune raison actuelle- 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment de considérer les mitochondries autrement que comme des orga- nites constituants du cytoplasme. M. H. Bierry. — Les cytologistes définissent les mitochondries d'après un ensemble de propriétés. En particulier ils attribuent aux mitochondries les rôles physiologiques les plus divers : « élaboration » de ferments, de pigments, de graisse, de glycogène, d’amidon, etc., etc. Parmi les auleurs qui se sont occupés de cette question, cette manière de voir a des partisans et des adversaires. Les partisans apportent un très grand nombre de constatations morphologiques et passent à l'hypothèse physiologique. Les adversaires, après s'être demandé comment les mitochondries peuvent « former » des substances si différentes, trouvent que les termes « ségrégation, élaboration » sont naturellement trop vagues pour mener à l'expérience. « Du fait que dans les cellules végétales ou dans les glandes, écrivent MM. Mayer et Schaeffer, il apparait dans les mitochondries où à leur voisinage une vésicule dans laquelle on pourra plus tard apercevoir de l'amidon, des pigments ou des produits de sécrétion; ou du fait qu'à un moment donné les mitochondries s'imprègnent visiblement de pigments ; ou du fait encore qu'elles changent de forme dans une cellule glandulaire en activité, s'ensuit-il pour eux (les cytologistes) que la substance mitochondriale se transforme chimiquement en amidon, en pigments, etc... On peut sans doute faire celte hypothèse. Mais alors nous remarquerons tout d’abord qu’elle ne se rattache à rien de ce qu'on connaît sur la substance mitochondriale : on n’a décelé jusqu'ici dans les mitochondries ni les substances diverses aux dépens desquelles naitraient ces corps, ni le noyau protée susceptible de suffire à toutes ces synthèses. Et d’autre part, nous pouvons dire que cette hypothèse est complètement hors de nos prises, qu'elle ne peut éveiller l'imagination expérimentale (1). » = Sans prendre parti, je ne crois pas que cette dernière critique puisse s'appliquer à l’hypothèse de P. Portier. SUR LA DÉTERMINATION DU POUVOIR AMYLOLYTIQUE DE LA SALIVE, par L. GRIMBERT. Quand on consulte les mémoires publiés sur ce sujet, on est frappé de la divergence qui existe entre les méthodes employées par les auteurs (1) A. Mayer et G. Schaeffer: Une hypothèse de travail sur le rôle physiologique des mitochondries. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 28 juin 1913. X SÉANCE DU 29 MARS 313 pour mesurer l’action saccharifiante de la salive sur l’amidon. Les uns font agir 2 c.c. de salive sur de l’eau amidonnée à 1 ou 2 p. 100 pendant 1 heure à 35° et dosent ensuite le sucre formé qu'ils expriment en g'u- cose. D’autres se contentent d’une goutte de salive dans 10 c.c. d’empois à 1,5 p. 100 pendant une demi-heure à 38. Jawein, dont la technique est reproduite dans tous les manuels de laboratoire, adopte un empois de fécule de pomme de terre à 4 p. 100, 4 c.c. de salive et la tempéra- . ture de 40° pendant un quart d'heure seulement ; il amène le volume de l'essai à 200 c. c. et dose par réduction le maltose formé. Il est évident que chacune de ces méthodes prises isolément donnent des résultats qu'il est impossible de comparer entre eux. Pour sortir de cette confasion, il faudrait d'abord se mettre d'accord sur ce qu'on doit entendre par pouvoir amylolytique d’une salive, après quoi on pourra discuter sur la meilleure manière de le mesurer. On ne peut songer à l’exprimer, comme on le fait quelquefois, par le . rapport qui existe entre le volume de salive mis en œuvre et la quantité de sucre formé, ou la quantité d'amidon saccharifié, ce qui revient au même. Il faudrait pour cela qu'il y eùt proportionnalité entre la quan- tité d’amylase et le poids d’amidon qu’elle transforme. Or, il n’en est rien, ainsi que l'ont observé Kjeldhal, Duclaux, Effront et moi-même. Car, lorsque une amylase saccharifie plus de 40 p. 100 de l’amidon qui lui est offert, la quantité d’amidon saccharifié devient pour ainsi dire indépendante de la quantité de diastase employée, elle ne dépend que de la qualité de cette diastase. C'est ainsi que si on fait agir pendant 1 heure à 55° sur un empois de fécule de pomme de terre des doses de diastase officinale de 25, 50 et 100 milligrammes, on obtiendra toujours le même chiffre de maltose pour la même série d'expériences et, par conséquent, le même pourcen- tage en amidon saccharifié. De sorte que, si on voulait exprimer le pou- voir amylolytique de cette diastase par le rapport qui existe entre son poids et le poids d’amidon qu’elle saccharifie, on obtiendrait des valeurs variant du simple au quadruple, suivant la dose de diastase employée (de 31,8 à 123,2), tandis que la quantité pour 100 d’amidon transformé ‘en maltose reste constante (68,7). Mais, pour que cette détermination ait toute sa valeur et que les résul- tats obtenus soient comparables entre eux, il est nécessaire de fixer une fois pour toutes les conditions de l'expérience, c'est-à-dire : 4° la nature de l’amidon; 2° ia concentration de l’empois; 3°son mode de pré- paration; 4 la température à laquelle doit se faire la saccharification; 5° la durée de cette saccharification ; 6° le volume de salive à faire agir; 7° le mode de dosage du maltose formé; 8° l'interprétation des résul- tats. 4° Nature de l'amidon : On adoptera la fécule de pomme de terre à BroLOGIE. COMPTES RENDUS. 1910 M. LXXXII. 23 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cause de la facilité avec laquelle elle se laisse transformer en empois et du peu de résistance que celui-ci offre à l’action de l'amylase. La fécule ayant été lavée soigneusement à l'eau distillée, on la laisse sécher à. l'air libre et on l’enferme dans un flacon bouchant exactement, après avoir déterminé, une fois pour toutes son humidité, laquelle est, en - général, voisine de 20 p. 100; 2° Concentration de l'empois : Il est nécessaire d'adopter une concen- tration uniforme, la quantité d'amidon saccharifié variant, avec la plus ou moins grande dilution de l'empois, el étant d'autant plus grande - que la concentration en amidon est plus faible. Je propose d'adopter le chiffre de 5 p. 100 employé dans l'essai de la diastase officinale; 3° Mode de-préparation de l’empois : La manière de préparer l’empois ayant une influence sur la marche de la saccharification, je propose d'adopter pour sa préparation le mode opératoire décrit Din Je (voir É ei, ° Choix de la température : L'expérience m'ayant montré qu'entre - et 55° l’action de la salive sur l’amidon ne subit pas de variations, je propose d'adopter la température de 37-38°, parce que c’est la tem- pérature courante des étuves à culture et aussi parce que c’est celle à laquelle s'exerce l’action physiologique de la salive dans l'économie; 5° Durée de la saccharification : Très rapide pendantle premier quart d'heure, la saccharification se ralentit ensuite et devient d'une extrême lenteur au bout d’une heure. On adoptera donc la durée d’une heure, parce que à partir de ce moment, les écarts de sue minutes n'ont aucune influence sur les résultats ; 6° Quantité de salive à faire agir : C'est seulement pour des quantités de salive inférieures à 1 c.c. que les quantités de multose formé sont à peu près proportionnelles au volume de salive employée, mais, comme Dous ne pouvons pas savoir quelle est la quantité d’amylase contenue dans un volume donné de salive, il est préférable de mettre en œuvre un volume de salive tel que le poids d’amidon saccharifié soit indépendant de ce volume et dépende seulement de l’activité amylolytique de la salive. C’est ce qu'on obtient en faisant agir 4 c.c. de salive sur un empois à 5 p. 100 de fécule sèche; FRS | 1° Dosage du sucre réducteur : Ce dosage peut se faire soit par la méthode de Bertrand, soit par celle de Lehmann, d'après la méthode - que j'ai donnée (1). Le résultat sera exprimé en mallose ; 8° Interprétlalion des résullals : Connaissant le poids de maltose fourni par la saccharification, on déterminera le poids d’amidon transformé auquel il correspond, en multipliant le chiffre oblenu par le rapport amidon 324 RS ni —0,92719. mallose 343 (1) Journ. de Pharm. et de Chim., (T°), t. VII, p. 105, 1943. SÉANCE DU 29 MARS 315 Il n’y aura plus qu’à rapporter cette valeur au poids d’amidon sec mis en œuvre pour établir le pourcentage de la transformation subie par l’'amidon sous l’action de la salive, pourcentage qui exprimera l’activité amylolytique de cette salive. TECHMQUE PROPOSÉE : Partir d’une fécule de pomme de terre soigneu- sement lavée à l’eau distillée et qu'on a laissée sécher à la température du laboratoire. Déterminer une fois pour toutes la proportion d’eau qu'elle retient et la conserver dans des flacons bien bouchés. Dans un ballon jaugé de 200 c.c., introduire un poids de cette fécule _ correspondant à un poids de fécule sèche, voisin de 5 grammes (soit 6 grammes pour une fécule hydratée à 18 ou 20 p. 100). Ajouter 100 c.c. d’eau distillée et porter le tout dans l'eau bouillante en agitant constam- ment jusqu à ce que la masse se transforme en une gelée homogène, ce qui demande environ 2 minutes. Laisser refroidir l’empois jusqu’à la température de 40°. Ajouter alors dans 4 c.c. de salive fillrée au papier, mélanger et placer le ballon dans une étuve à culture réglée à 37°-38°et l’y laisser pendant une heure, en l’agitant de temps en temps. Porter alors le ballon dans l’eau bouillante pendant 10 minutes, pour détruire le ferment amylolytique. Refroidir sous un courant d’eau el compléter le volume à 200 c.c. avec de l’eau distillée. Mélanger et filtrer. Déterminer la quantité de maltose formé, soit par la méthode de Ber- trand, soit par celle de Lehmann modifiée par Grimbert, en opérant sur --5ic.c. du ülirat: .Soit m le poids de mallose produit par la saccharification d’un poids a de fécule sèche : le poids d’amidon transformé a! correspondant au maltose sera donné par la relation : a = m X 0,9473 et Ia proportion 100 a! » valeur que pour 100 de fécule saccharifié, x, par l'équation x — je propose d'adopter pour exprimer le pouvoir amylolytique d’une salive. Chez un sujet normal, cette valeur est comprise entre 72 et 74. NOTE SUR LA SPÉCIFICITÉ DES HÉMOLYSINES NATURELLES, par ÉTIENNE May. Les expériences que nous rapportons ici ont trait à la spécificité des hémolysines naturelles. Déjà, MM. Mayer et Schaeffer (1) ont montré qu'une telle spécifité était peu vraisemblable : en effet, vis-à-vis de {1} A. Mayer et G. Schaeffer. Journal de Physiologie et de Pathologie génc- rale, t. XITS, n° #, juillet 1911. Z 316 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE différents sérums, les globules des diverses espèces animales se rangent toujours dans le mème ordre de sensibilité; il semble donc qu'on ait affaire non pas à des hémolysines multiples, mais à une seule substance hémolysante qui subit dans les différents sérums des variations quan- titatives et vis-à-vis de laquelle les divers globules sont inégalement sensibles. S'il en est bien ainsi, les hématies de deux espèces animales doivent fixer non pas des hémolysines distinctes, mais des quantités différentes d’une même hémolysine. ë Nous avons fait agir à 0° du sérum de chien sur des globules de cheval d’une part, et de mouton d'autre part; on sait que, dans ces conditions, l’'hémolysine se fixe, sans que l'hémolyse ait lieu. On peut ainsi comparer l’action du sérum avant et après fixation. Si le sérum de chien contient une hémolysine anticheval et une hémolysine anti- mouton, le contact avec les globules de cheval, par exemple, doit amoindrir son pouvoir anticheval et laisser intact son pouvoir anti- mouton (1). Le tableau suivant fait voir qu'il n’en est pas ainsi : HÉMOLYSE HÉMOLYSE > DES GLOBULES DE MOUTON|DES GLOBULES DE CHEVAL 2 c.c. 5 1,96 2,66 Sérum chien. TRACE 0,6 159 4 c.c 0,16 0,86 DNC-C 10 1,63 1,83 Sérum chien-mouton. 1RC:C25 0,4 0,9 Acc 0,03 0,43 : PAUCES Sérum chien-cheval. ACC: il On peut tirer de ces chiffres deux conclusions : nes 1° L'action relative du sérum sur les globules n'est pas modifiée par la fixation; qu'il ait été en contact avec des hématies de cheval ou de mouton, dans les deux cas, le sérum de chien reste plus hémolytique (4) L'hémolyse a été obtenue par contact pendant 30 minutes dans un thermostat à 33° entre des quantités variables de sérum et 5 c.c. d’une émul- sion de globules à 10 p. 100. Les valeurs de l’hémolyse sont comptées en dixièmes d’une solution colorante obtenue par laquage de 5 c.c. de globules dans 50 c.c. d'eau distillée. : Le contact à la glacière entre le sérum et les globules a été maintenu une heure. SÉANCE DU 29 MARS 317 pour le cheval que pour le mouton. Or, s’il y avait des hémolyÿsines spécifiques, le sérum chien-cheval devrait être devenu moins hémoly- tique pour le cheval que pour le mouton; 2 Vis-à-vis des globules de mouton, comme vis-à-vis des globules de cheval, le sérum chien-cheval est moins actif que le sérum chien- mouton. S'il y avait des hémolysines spécifiques, les globules de mou- ton devraient être hémolysés moins énergiquement par le sérum anti- mouton que par le sérum anticheval; c'est le contraire qui a lieu. Nous avons obtenu les mêmes résultats avec d’autres espèces Dose comme en témoignent les tableaux suivants : HÉMOLYSE HÉMOLYSE DES GLOBULES DE MOUTON |DES GLOBULES DE CHEVAL 2 c.c. 4,5 1,6 Sérum poule. dC:C.0 0,7 155 0 c.c. 5 0,2 1 2 c.c: 0,6 1,3 Sérum poule-mouton. AUC-C:25 0,4 1,3 0$c'cr 5 0,1 0,8 ACC 0,4 il Sérum poule-cheval. ACCES 0,265 l | 0 0 25 0 HÉMOLYSE HÉMOLYSE DES GLOBULES DE PORC DES GLOBULES DE LAPIN =C 0,1 4,9 Sérum bœuf. .C. 0,083 4,9 _ 0,083 L,4 5 1C: 0,1 Sérum bœuf-porc. C: 0,033 4,9 Sérum bœuf-lapin. SS© RS © «© © Dans le dernier tableau, on voit que le contact avec les globules de lapin rend le sérum de bœuf tout à fait inactif vis-à-vis des hématies de porc, sans lui faire perdre son pouvoir hémolytique vis-à-vis des 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hématies de lapin. Un tel fait est inconciliable avec l'hypothèse des hémolysines spécifiques. On remarquera, enfin, que le pouvoir hémoly- tique du sérum est toujours plus diminué par le contact des globules fragiles que par celui des globules résistants. : Conclusion. — L’hémolyse par les sérums normaux n’est pas due à des hémolysines spécifiques. Elle dépend, vis-à-vis des diverses espèces d'hématies, d’une seule substance hémolysante, inégalement répartie dans les divers sérums et à laquelle les divérs globules sont inégalement sensibles. Les globules fragiles sont aussi ceux qui sont capables de fixer la plus grande quantité de cette substance. TOPOGRAPHIE DES KYSTES HYDATIQUES DU FOIE OUVERTS DANS LES VOIES BILIAIRES, par F. DÉvé. | Quel est le siège habituel des kystes hydatiques du foie évacués dans les voies biliaires ? Les auteurs s'accordent pour admettre que la déhiscence biliaire est presque exclusivement le fait des kystes de la face inférieure du foie, plus spécialement de ceux qui siègent dans la région hilaire. Lecène, résamant les données clas- siques, écrivait, en juin 1914 : « Ce sont presque exclusivement les kystes hydatiques de la face inférieure du foie qui s'ouvrent dans les voies biliaires principales, et ces kystes sont même, le plus souvent, extra-hépatiques, fai- sant plus ou moins saillie au niveau du hile du foie ». Dans une communica- tion récente (juillet 1918), Gouget disait encore : « Dans presque toutes les observations publiées de rupture d’un kyste hydatique dans les voies biliaires, il s’agit de kystes de la face inférieure ». C'est à une conclusion différente que nous a conduit l'analyse de 80 obser- vations recueillies dans la littérature médicale, observations nécropsiques ou opératoires donnant des indications anatomo-pathologiques suffisamment précises. Les kystes hépatiques ouverts dans les voies biliaires peuvent être classés en quatre groupes bien tranchés, au triple point de vue anato- mique, clinique et chirurgical. Groupe À : Kystes logés dans la région supérieure el latérale du lobe droit, véritable « zone silencieuse du foie ». Ces kystes, ne donnant lieu à aucune déformation extérieure, restent fréquemment méconnus. Leur caractéristique chirurgicale est d’être intra-thoraciques et inabordables par la laparotonue. SÉANCE DU 29 MARS 319 A —_—_— Groupe B : Kystes saillants à la face antérieure, dans les régions chondro-costale ou épigastrique. Aisés à reconnaitre à l'examen clinique, ces kystes sont non moins aisément découverts à la laparotomie, médiane ou latérale (avec ou sans résection chondro-costale). Groupe C : Kystes siégeant à la face inférieure (lobe gauche, lobe carré, lobe droit). Parfois difficiles à reconnaître cliniquement, parce que situés profondément et ne s'accompagnant pas de voussure, ils sont relativement faciles à découvrir au cours de la laparotomie, le foie étant relevé. Groupe D :Kystes du lobe de Spiegel. Logés à la face postérieure du foie, indécelables à l'examen radiologique comme à la palpation, ces kystes situés en arrière du hile et du petit épiploon sont difficilement atteints à la laparotomie, pour peu qu'il existe des adhérences sous-hépatiques. Voyons, maintenant, le nombre des cas ressortissant à chacune de _ces variétés : à CU DE ad ee cu cs due 39 case 4l2 p.100 OU DO Die ne ES Mme name t 20) Cds 225 p.00 CHOU DEC ee. Per A0, Cas 5% 20 p.100 Con AN DÉS AR RS CE ES ee AE Il résulte de ces chiffres que, contrairement à l'opinion courante, ce ne sont pas les kystes saillants à la face inférieure qui s'évacuent le plus fréquemment dans les voies biliaires, mais bien ceux qui affleurent à la face convexe, particulièrement les £ystes de la convexilé supéro- exlerne du lobe droit. Gette- donnée, au premier abord paradoxale, s'explique par le fait que les kystes en question, restés longtemps latents, atteignent ordinairement d'assez grandes dimensions, et qu'ils entrent en rapports avec les grosses ramifications biliaires par leur pôle profond, déclive, Il est à remarquer, en outre, qu'il s’agit presque toujours de kystes multivésiculaires. Quoiqu'il en soit, c’est une notion à retenir. Elle explique certaine- ment une partie des cas dans lesquels le chirurgien, ayant en vain exploré le foie, au cours de la laparotomie qui lui révélait la présence d'hydatides dans le cholédoque, a refermé le ventre, persuadé qu'il avait affaire à un kyste « central », inabordable, ou encore qu'il s’agis- sait d’une « échinococcose intra-biliaire primitive ». Lorsque, parli à la recherche d’une obstruction cholédocienne calcu- leuse, par une laparalomie, l'opéraleur tombera sur un cholédoque obstrué par des hydatides — c’est la circonstance habituelle et qui, sans doute, se présentera maintes fois encore dans la pratique, — si son exploralion méthodique du foie (face antérieure, face inférieure, _ hiatus de Winslow) reste négative, il lui faudra toujours penser à rechercher si le kyste ne siège pas â la partie supéro-cxterne du lobe e 9320 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE droit. Un examen radioscopique, complété à là rigueur par une ponction exploratrice, viendra appuyer ce diagnostie de probabilité. Le kyste en question devra être incisé par la voie trans-costo-dia- phragmatique. GLYCOSURIES ET CARBONATURIE. GLYCOSURIE PAR LA THÉOBROMINE, par ÉMILE FEUILLÉ. Dans une étude d'ensemble des médicaments déchlorurants (1), j'ai montré que la théobromine peut se ranger à côté du nitrate d’urane et de la cantharidine. Nous allons voir de nouveaux points de rapproche- ment. J'ai fait ingérer de la théobromine à des chiens normaux ayant mangé depuis 12 ou 24 heures : le jeùne était maintenu dans la suite, mais l'eau laissée à discrétion. Dose forte, 50 milligrammes par kilo- gramme; dose moyenne, 23 milligrammes par kilogramme ; dose faible, 15 milligrammes par kilogramme. Ces doses étant répétées trois fois. par jour. Les urines doivent être recueillies toutes les deux heures : on dosera dans le sang artériel, acide carbonique, oxygène, urée pure, ammoniaque, chlorures et glucose. Les résultats sont fort variables. Tout d’abord certains chiens exceptionnels (2 cas sur 26) ont pu sup- porter la dose forte pendant 4 à 5 joure sans autre manifestation qu'une acidité urinaire exagérée. Cette réserve étant faite, les constatations peuvent se ranger en deux catégories suivant le tempérament du chien. Première catégorie. — Résultats identiques comme début à ceux que m'ont donnés des femmes dont la leucopathie se manifestait, à part l'étude du sang, par des pochettes sous-oculaires précoces, ou encore cerlains hommes spongieux dont les tissus retiennent l’eau s&ns que le rein soit en cause. Les chiens de cette catégorie, surtout avec la dose forte ou moyenne, donnent au début, après quelques heures, polyurie, polychlorurie, carbonaturie, albuminurie, néphrite tubulaire. Après 8 à 15 heures, l’urine est redevenue acide. Dans le sang artériel les car- bonates ont fortement diminué, la quantité d'oxygène s’est accrue : le taux des chlorures n’a pas changé. De la glycosurie peut survenir au taux de 2 à 15 grammes par litre et persisler pendant quelques heures. Deuxième catégorie. — Il n’y a pas de stade d’alcalinité avec carbona- turie : l’acidité urinaire augmente. On note de la glycosurie spontanée ou une glycosurie alimentaire plus franche : pas de polychlorurie. (1) Comptes rendus de lu Soc. de Biologie, séances des 19 octobre et 9 no- vembre 1918 et 25 janvier 1919. SÉANCE DU 29 MARS 321 Quelle que soit la catégorie, en continuant de donner la théobromine, on voit d'ordinaire survenir la mort subite; après 30 ou 36 heures pour les doses forte et moyenne : après 2 ou 3 jours avec la dose faible. Le chien se rejette brusquement en arrière et meurt après quelques minutes de convulsions cloniques. A l’autopsie, j'ai trouvé : hémorragies ménin- gées, congestion du foie, du péritoine et du pancréas; vastes noyaux pulmonaires hépatisés, œdème pulmonaire, épanchement péritonéal hémorragique. Malgré ces constatations expérimentales, et malgré les accidents cli- niques qui lui sont reprochés, la théobro mine n’en reste pas moins un médicament précieux. Cependant, je continuerai le parallèle avec d’autres déchlorurants en cherchant où est l'avantage. La glycosurie étant survenue après un syndrome urologique variable, j'ai tenu à poursuivre à propos de la carbonaturie, la comparaison des glycosuries avec hyperglycémie ou sans hyperglycémie. J'ai multiplié les expériences du premier groupe : ablation du pancréas, morphine, adrénaline. Quant au second groupe, j'ai injecté, urane, cantharidine, phlorizine. Il m’a semblé que la règle générale est la suivante : les gly- cosuries sans hyperglycémie sont accompagnées au moins au début, ou précédées, par la carbonaturie. Au contraire, en cas d'hyperglycémie, la glycosurie se fait en urine hyperacide. Ces conclusions concorde- raient aussi avec ce qu'on sait des injections de phlorizine au chien _dépancréaté, mais elles ne cadrent pas avec les cas de diminution de la glycosurie (que j'ai vérifiée moi-même) par injection de cantharidine au chien dépancréaté : dans mes expériences j'obtenais une forte carbona- turie bien plus importante, il me semble, que la néphrite : pour Schüpfer il y a augmentation de l’hyperglycémie par « imperméabilité rénale » ; il me reste à préciser ce point. Mais dans toutes les glycosuries, avec ou sans hyperglycémie j’ai noté une diminution souvent considérable des carbonates du sang artériel pendant que le taux d'oxygène augmente sensiblement. S'il n'ya pas carbonaturie, il faut chercher ailleurs la possibilité d'une élimination de carbonates, ou bien se demander si la diminution des carbonates du sang ne provient pas d’une saturation sanguine non carbonatable par anion chlore, avec trouble dans la faculté de liaison de l'acide carbo- nique avec les cathions sodium et potassium des chlorures alcalins. Ces conceptions m'ont amené à constater chez des diabétiques, l’ab- sence ou la diminution de la carbonaturie physiologique. (Je préfère recueillir les urines de la matinée : au réveil, à midi avant le repas, et deux fois dans l'intervalle.) _ C’est aussi par des perturbations dans le dédoublement ionique des chlorures alcalins que je cherche à interpréter l'amorcage possible d'une glycosurie par une dose de glucose. C’est de cette facon que j'aborderai d’autres points de la « diathèse acide ». — 329 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE D Je termine par deux Dunes qui me restent à la suite de ces expériences : 1° Dans des cas bien nets, j'ai vu une soif intense précéder l’élimina- tion polyurique, comme s'il s'était fait dans le sang une décharge de produits tissulaires ; 2° En pathologie, je ne conçois un seuil rénal, pas plus pour le glu- cose que pour les carbonates alcalins. Je crois qu'il faut tenir compte avant tout, des liaisons micellaires sanguines et de libérations ou de doubles décompositions possibles au niveau du rein lui-même. ACTION DES © CONDIMENTS ANTISEPTIQUES » SUR LE POUVOIR INFECTANT DES HUITRES, par CHARLES RicHEr fils et ANDRE G1GoN. Dans un travail antérieur, nous avons moutré (1) après divers auteurs, . en particulier MM. Chantemesse, Mosny, Netter et Ribadeau-Dumas, le= - rôle des huîtres comme facteur étiologique de certaines endémies typhi- ques. En y décelant la présence de bacilles d'Eberth, de Para À et B, nous en avons les premiers donné une démonstration directe. Dans cette présente note nous indiquons l’action (sur les bactéries pathogènes) de cerlains condiments, citron et vinaigre, et de certaines boissons comme le vin blanc. Ces condiments méritent le nom de « condiments antisep- tiques », car ils diminuent dans des proportions considérables le pouvoir ie de l’huitre. Nôs recherches ont été faites sur des Huitrés dites « Portugaises » vendues à Marseille et contaminées soit naturellement, soit artificielle- ment. Parquées à l'embouchure des égouts elles ont en général une den- _sité microbienne'considérable, en moyenne 2.800,000 germes par c. c., et 150.000 bacilles du groupe Coli-Morgan-Eberth par litre. Nous ne pa nerons ici que les résultats obtenus sur les bacilles de ce groupe don le rôle pathogène est considérable. Pour simplifier, nous ramènerons toujours le nombre initial de mi- - crobes colimorphes à 100. L'adjonction de jus de citron diminue considérablement le nombre de bactéries. Quelques gouttes de jus de citron (6 à 14) ou d'acide citrique dilué, laissées en contact 4 à 20 minutes détruisent environ 80 p. 100 des bactéries (moyenne de 14 expériences). Gette action est plus marquée (1) André Gigon et Charles Richet fils. Analyse bactériologique des huitres vendues à Marseille. Revue d'hygiène et de police sanitaire, t. XXXVILI, n° 78, juillet 1916, p. 621. Prix Clarens, 1917. SÉANCE DU 29 MARS 323 pour la partie liquide de l’huitre (92,4 p. 100) que pour la masse intesti- nale (37 p. 100) et pour le pallium (20 p. 100). Rappelons d’ailleurs que les 9/10 des bactéries pathogènes se trouvent dans le liquide interval- vaire. > = Le vinaigre que l’on sert parfois avec les huitres, a une action antisep- tique certaine mais moins marquée. Dans des conditions analogues, le vinaigre ou l’acide acétique dilué, ne détruit que 40 p. 100 des bactéries pathogènes du liquide de l’huitre (moyenne de 5 expériences). Ajoutons que ces condiments antiseptiques ne se comportent pas de facon identique vis-à-vis des différents microbes du groupe Coli-Para- - Eberth. En réunissant les expériences comparables sur des huitres infectées artificiellement, on peut dire qu'il y a destruction de 98 p. 100 pour le groupe Coli, de 69 pour le Para B, de 62 pour l’Eberth et de 55 pour le Para A. Le pouvoir antiseptique du vin blanc est également considérable. Tous ne se comportent pas de façon identique. Nous avons expérimenté - 8 vins blancs différents d’origine, dont lé degré alcoolique était faible, - 6? ou 79, et dont l'acidité était de 1 milligramme à 1,4 milligramme d'HCI par c. c. La dose de vin mise dans chaque huitre était de 1 e.e. Les huitres étaient contaminées artificiellement par du Para B. Cette simple adjonc- tion provoque une destruction de 50 p. 100 (pour le vin de Provence), de 86 p. 100 (pour le Graves), de 99 p. 100 (pour le Barsac). Le pouvoir antiseptique de l'alcool à 50 p. 100 dans des conditions identiques, est par contre nul. On peut résumer ces différents faits sous forme du tableau suivant : POURCENTAGE DES BACTÉRIES . DU GROUPE COLI-EBERTH détruites dans le liquide contenu entre les 2 valves de l'huître |} A Jus de citron =. .[5 minutes en moyenne ... 92 pour 100 SUBSTANCE AJOUTÉE DURÉE DU CONTACT Vinaigre 5 minutes en moyenne . . 40 pour 100 Vin blanc. . 6 min. 30 secondes . . . . 80 pour 100 Alcool SEMINUES SANS Ne de 0 pour 100 À cette action antiseptique du vin blanc et da citron, il conviendrait d'ajouter celle du suc gastrique. Nous avons avec de l'acide chlorhydrique, à titre, il est vrai, un peu fort, 2,3 à 4,5 p. 1.000 pendant 12 à 13 minutes. Dans ces conditions, la us des bac- téries pathogènes est d'environ 75 p. 100 (82 p. 100 dans le liquide, 324 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = 74 p. 100 dans le pallium, 55 p. 100 dans la masse intestinale, moyenne de 4 expériences). ne Ces actions anliseptiques multiples qui se surajoutent les unes aux autres nous paraissent jouer un rôle considérable dans la défense contre les infections d’origine ostréaire, qui, si ces défenses n’existaient pas, seraient encore plus fréquentes qu'elles ne le sont. Il nous a paru IntéTESSant de les signaler en attendant que l'interdic- tion d'établir les parcs à huîtres à l'embouchure des égouts DORE sans danger la consommation des huîtres. LE CHOC CONSÉCUTIF AUX INJECTIONS COLLOÏDALES D'OR DANS LES BRONCHO-PNEUMONIES GRIPPALES, par J. pu CASTEL et MARCEL Durour. Chez 20 malades atteints de broncho-pneumonie grippale grave, nous avons pratiqué 275 piqûres d'or colloïdal bleu; la dose moyenne a varié de 6 à 50 cent. de milligr. Nous n'avons pas hésité, contrairement à la pratique habituelle, à répéter les injections 2,3 et exceptionnellement 4 fois par jour. La température, le pouls, la respiration et les tensions ont été pris toutes les heures, et, après chaque piqüre, tous les quarts d'heure, à trois reprises consécutives. Par les courbes ainsi obtenues (1) on décèle avant le frisson habituel, des phénomènes de choc clinique- ment latenis, avec lesquels on n'a pas le droit de confondre les sym- ptômes ultérieurs même nan qui appartiennent à une période de réaction. : Nous avons étudié cest nentles phénomènes qui accompagnent la première piqûre de la journée et les piqüres suivantes, ensuite l'influence de la dose; ces divers éléments ont été classés suivant que l'injection était faite en température fixe, ascendante ou descendante; nous avons enfin cherché quel pouvait être le rapport de ces divers élé- ments avec l'évolution favorable ou défavorable de la maladie. Nous les avons résumés dans le tableau ci-après. On y voit que : 1° La première piqûre en température fixe-donne des réactions nettes mais de sens variable, impossible à prévoir; seul, le pouls est impres- sionué de façon caractéristique. Nous avons obtenu 20 fois le ralentis- sement; dans 10 autres cas ce ralentissement a été précédé d’une accé- lération. Dans 1 cas, il n’a pas réagi. Enfin, sin 9 cas seulement il ya Em (4) Nous ne pouvons publier dans un cadre aussi restreint le détail de nos observations, nous nous promettons de le faire dès que possible. ‘Tetrur 2447 np UOTJRAI9SUOI —+ ne pu?) — ne JUAU91989] pus] —+ ne pus] + ‘UOI}eST[859 A> — su9ns SV) — ne puo | — ne pus) "apeaau9s 91991 SUVS Fe DE bUS — ne pus} + ne pus] = n0 — ne pus] — ne pu?) 2[|19S0 2111950 — ne pus; — ne puo) — ne pus} UOI}ESI|259 == + (> — | — ne pua 2 aJUEpPU99SO S[9]TOUr ARE ie — ne pus} | aquepuoose HANLVAAINEL | HHNALVHHANGL SV) uo HIOVTIVN V'I 4a NOILA'IOAM/T LNVAINS uo S4SOG S4Œ a[[I9S0 + ne pus] I8G : 10€ oquepueosop | ejuepuoose oquepuoosop | oquepuopse | AHOLVHTANUL |HHOLVATANEL |HHOLVHAINAL |AHALVAHANGL |HUNQLVAAANEL |HHALVAIANAL |AHALVHHANTE NOILVENAMYINVT INVAINS SHALLADHASNON SHHNÔId HANÔIA AUAINA Hd Leu QE) 1Ÿ Où SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE eu accélération. Les oscillations n’en sont d’ailleurs pas très étendues ; habituellement 5, ne dépassant pas 10. Lorsque la piqüre est faite en température ascendante, trois carac- tères apparaissent: a) élévation habituelle de la température; b) le pouls se ralentit mais le phénomène est moins marqué. Au contraire, la respiration s'accélère le plus souvent; c) Mx et Mn divergent presque toujours. Sauf pour la respiration, nous observons le même type en tempéra- ture descendante, et même le ralentissement du pouls devient moins fréquent que son accélération; 2° Au cours des piqüres suivantes, la durée du choc augmente nelte- _ment lorsque les injections sont faites au cours d’une variation ther- mique, presque tous les éléments réagissent dans le sens négatif, notamment la chute habituelle des pressions n’empêche point leur con- vergence : le choc s’accuse ; 3° Les mentions inscrites dans le cadre des doses ne portent que sur des variations de fréquence minimes. Nous les notons par scrupule et à titre documentaire sans croire qu’on puisse en tirer conclusion. Si nous étudions non plus le sens de la réaction, mais son intensité, nous ne voyons pas qu'elle augmente parallèlement à la dose. On peut dire seu- lement que pour les doses minimes de 6 et 12 cent. de milligr., les réac- tions de la température du pouls et de la respiration sont extrêmement faibles. À 25 cent. de milligr. elles atteignent un maximum qui n'est pas dépassé. Chez un malade nous avons lenté une injection de 2 mil- ligr. 50. Le choc fut très modéré. L’examèn comparatif de nos observa- : tions montre qne la réaction est beaucoup plus fonction du malade que de la dose; 4° Au fur et à mesure que la maladie évolue et quelle que soit son issue, la durée du choc tend à s’allonger, sauf parfois à la fin où elle peut diminuer. Les variations thermiques s'effacent dans les cas mortels; le pouls et la respiration accusent le choc par un ralentissement. Max tend également à baisser et P D à diminuer. Les variations de ces éléments sont beaucoup moins nettes lorsque la maladie évolue vers la guérison; seule Mn pour laquelle nous n’avons Êe tiré de règle fixe dans les cas mortels tend à se relever. Nous ajouterons, en terminant que nombre de piqüres ont été faites entre 39°5 et 40° sans le moindre incident. Il ne faudrait donc pas exa- gérer la contre-indication tirée de l'intensité de l'hyperthermie.Dans un cas opposé, où la température était descendue de 39°8 à #8, 5 cent. de milligr. ont été fort bien supportés. Au total, on voit que le choc reste toujours minime, et c'est là peut- être le fait le plus important au point de vue thérapeutique. SÉANCE DU 29 MARS a RYTHME NYCTHÉMÉRAL DANS LES VARIATIONS URÉE ; DU RAPPORT ————— DES ÉMISSIONS SUCCESSIVES D’ URINE, CHLORURES SITUANT LE JEU COMPENSATEUR ENTRE L'URÉE ET LES CHLORURES, par J. CHAUSSiN. Æ Dans une communication antérieure (1), nous avons montré que les éliminations successives d'urine au cours des 24 heures présentent cette propriété remarquable d’avoir, dans les cas où le débit urinaire ne comportait que de faibles variations, des concentrations pour l’urée qui varient dans un sens, alors que les concentrations correspondantes des chlorures varient en sens contraire, en une sorte de jeu compensateur. e : : $ Hlosures VU obtient une donnée, qui peut par ses variations, fournir une représentation de ce phénomène de compen- sation, et permet de l’étudier, même dans le cas où le débit urinaire présente des fluctuations assez importantes, ce qui est le cas général. Nous avons suivi les variations de ce rapport au cours de 30 journées d'expériences réparlies en 5 séries. Si on calcule le rapport Dans chaque série, noûs avons réalisé un régime fixe; la quantité d'azote variait avec chaque série. Au cours de chacune d'elles nous avons fait varier les chlorures de l'alimentation, mais au cours d’un même nycthémère, les repas au nombre de deux seulement (midi et 8 heures du soir) étaient rigoureusement does, même au point de vue addition de chlorures. Les urines étaient recueillies et analysées en 10 à 15 échantillons par 24-heures. Nous avons remarqué d’une façon générale que les variations du rapport urée-chlorures se faisaient selon un rythme nycthéméral tout à fait caractéristique : Deux minima au moment des repas, et deux maxima entre les repas dont les distances à ceux-ci ne sont pas rigou- reusement égales dans tous les régimes, mais sont très fixes dans un même régime. La situation des maxima et des minima, semblant indi- quer une relation avec les phénomènes digestifs, nous avons à plusieurs reprises supprimé le repas du soir, et le phénomène s’est maintenu à peu près le même, malgré cette suppression. Nous donnons ci-contre’une représentation graphique qui permet de suivre les variations du rapport urée-chlorures au cours de 4 journées (1) J. Chaussin. Jeu compensateur des concentrations uréiques et chlorurées dans l'élimination urinaire. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 novembre * 4913, t. LXXV, p. 472. 328 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE choisies comme types (Les temps sont portés en abseisses et les valeurs du rapport urée-chlorures, en ordonnées, la nuit au lit est hachurée en noir). Urée Chlorures Rapport ii. | ÿ, pr 7) 7 Htc 2 15 EIPRT ETS ENT JL. 09 et 0,97 066 o6h 012 0.1] OS _. 0, bé nn 0,68 070 08 CE BsSen SE FES De 25 36 TEA ITU 00 SRE La figure I se rapporte à une journée du régime hyperazoté, les débils urinaire, de l’urée et des chlorures ont été pour les 24 heures : Débit'uriraine "LRO 1.684 c.c. Débitiurée ”, 7 armee ES Re 4% gr. 31 DÉHDITHIGTUTES MERE RE 16 gr. 51 Les échantillons successifs d'urine au point de vue-des proportions respectives d’urée et de chlorures présentent de grandes variations. SÉANCE DU 29 MARS- 329 La figure IT nous donné une représentation ayant trait à une journée où les proportions globales des 24 heures de l’urée et des chlorures sont différentes du type précédent, avec un peu plus de chlorures et un peu moins d’urée. D'éPiieurinaiT ee CNE ee een 2AABNC:C> ; D'ÉDIDRURE ER RE re MR eu me 030 01.65 Débitichlorurese ns." "2 00 pl Les variations du rapport sont beaucoup moins accentuées, la diffé- rence entre le maximum et le minimum s’atténue, les urines successives _ présentant des variations de composition bien moindres que dans le cas précédent, au point de vue urée-chlorures. Dans la figure III les chlorures très abondants prennent nettement le pas sur l’urée, les caractéristiques globales pour cette journée ont été : D ÉRIEU CAN AIT RES A re ne 221 CC: DébitrurnéeRs nr CEST RAI E 32 gr. 84 Débit chlore ee Pr 42 07169 Dans celle-ci nous avons même réalisé un taux très élevé (23 grammes) pour les chlorures, qui se maintient constant dans les émissions suc- cessives, à cette valeur qui est voisine de la concentration limite des chlorures dans l'urine. Par une répercussion remarquable, les taux successifs d’urée, bien que très éloignés de leur concentration limite, présentent également une valeur qui tend à se maintenir sensiblement constante dans les émissions successives de sorte que celles-ci conservent à peu près la même composition (au moins pour les chlorures et l’urée) au cours du nycthémère. Ces formes limites d'élimination physiologique sont très intéressantes, car elles permettent de comprendre ce qui se passe dans les condi- tions pathologiques, où le pouvoir de concentration du rein est très diminué. - La figure IV se rapporte à une journée où le repas du soir a été sup- primé; pour la caractériser nous donnerons les débits des 24 heures de la veille : : Débiturimaire er ee 1" 66610. C: Débitiuréers rie De ne dar pe en Débit-chloruress. 2 Ron tee 0 OT 108 Pour le jour de la suppression du repas : DéDIMRATIMAIT es 2 ed Se ie 982 c.c. DÉDIAURÉE RSR Ur de Re CD OT OE Débit-chlorures mets Tr Te CO OT: O4 BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. EXXXIL. 24 330 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = —— Nous voyons sur le graphique que le rythme est très peu modifié par la suppression du repas. Comme complément à ce travail nous montrerons dans une prochaine note un mécanisme de compensation entre les phosphates et les xantho- uriques. (Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle.) - 931 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1919 SOMMAIRE Domixco (P.): Origine des éléments naissances sur l’origine du folli- sanguins de l'embryon humain. . . 331 | cule de Graaf. . ..... .... LÉ GuiLerA (LL.) : Examen des con- Présidence de M. A. Pi Suñer. ORIGINE DES ÉLÉMENTS SANGUINS DE L'EMBRYON HUMAIN, par PERE DOMINGo. Il existe dans l'embryon humain deux courants nutrilifs importants. Primitivement, les vaisseaux formés dans la vésicule ombilicale portent au reste de l'embryon les éléments nécessaires à la nutrition et à la fonction des cellules. Cette première cireulalion a une importance énorme, car grâce à elle les différents éléments cellulaires restent sen- sibilisés par un type nutrilif identique à celui de la première substance ovulaire, mélange de matériaux procédant des germes fécondants mas- culin et féminin. Les éléments ainsi sensibilisés par cette circulalion primilive n’absorberont et ne modifieront dans la suite que ces sub- stances qui par leur constitution chimique s'adaptent au fonctionnc- ment primitif de ces cellules. Les villosités placentaires sont sensibilisées dans ce sens. Les substances qu'absorbent les couches syncytiales et de Langhans sont très semblables x celles primitivement constituées dans la vésicule ombilicalke. En même temps le tissu conjonctif villeux se modifie grâce à l'immense charge nutritive. Un nombre considérable d'éléments com mencent par se diviser, en division directe et caryocinétique d’une 332 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE manière abondante. Nous savons que la division est une fonction de la nutrition. A cette division se joint une différenciation qui transforme la cellule connective de soutien en cellule sécrétoire. Le type de cette cellule sécrétoire et modificatrice continue son évolulion vers le type sanguin, tout en changeant ses aptitudes pour les colorants histologiques jusqu'à ce que la présence de l’hémoglobine dans son intérieur lui donne le caractère de cellule sanguine embryonnaire typique. Le courant continu liquide, qui va des couches villeuses externes jus- qu'aux grands vaisseaux, entraînera, arrondira cette cellule embryon- naire typique et la Lu à la fin entrer dans le système du canal sanguin de l'embryon. Une fois dans les vaisseaux, cette cellule continue à se diviser et à se modifier. C'est encore un élément avec noyau et une grande quantité de protoplasma. Il est impossible-à cette grande cellule (deux ou trois fois comme l'hématie adulte) de passer dans les petits capillaires. La cellule hématique en arrivant dans ces petits vaisseaux émet des prolongements semblables à ceux de l'Amibe, qui finissent par se sépa- rer du reste du corps cellulaire.et entrent aussi dans le capillaire. Dans ces endroils, où l’on passe brusquement d'un grand vaisseau à un petit capillaire, il est possible de voir un dépôt de noyaux qui ont perdu peu à peu leur substance protoplasmique. Ces masses protoplasmiques, d’abord irrégulières et de grandeurs dif- férentes, finissent par acquérir à la fin une forme identique entre elles et constituent l'hématie typique. Nous ne pouvons rien dire encore au sujet de Done d. Late. (Laboratoire d’Obstétrique de la Faculté de médecine de Barcelone.) EXAMEN DES CONNAISSANCES SUR L'ORIGINE DU FOLLIGULE DE GRAAF, par LLuIS GUILERA. I. Histogenèse du corps jaune. — On doit admettre que dans l'espèce humaine il y a certains éléments mésodermiques migrateurs analogues à ceux que l’on rencontre dans d’autres espèces diverses auxquelles on attribue le caractère d'éléments génitaux primitifs. Ces derniers sont directement dérivés d’une certaine parcelle du proto- plasma ovulaire au niveau de laquelle séraient situés les matériaux déterminants de la génitalité ou localisation génitale. En cherchant à vérifier quels sont ces matériaux et l'endroit où ils sont situés, il nous vint à l'esprit l’idée que le noyau vitellin joue peut-être dans l'espèce SÉANCE DU 10 FÉVRIER 333 humaine un certain rôle pouvant servir à déterminer la localisation génitale et sicette localisation existe réellement. Le fait, qu'une si grande accumulation d’ergastoplasma n'a pas encore terminé le long travail de la constitution nucléaire, nous aulorise à penser ainsi et nous démontre qu'il existe de très bonne heure dans son cytoplasma une capacité spéciale sécrétoire, qui ne se présente que dans la cellule génitale avec un caractère si marqué. Il pourrait bien se faire que ce soit la présence d'un protoplasma spécifique doué d'aptitudes sécrétoires spéciales, qui, complété par quelque autre propriété cytologique, détermine le caractère de génitalité. Dans ce cas nous aurions deux principes fon- damentaux bien établis : 1° Existence dans l’ovule humain d'un plasma sécréteur spécifique, susceptible de passer intégralement dans les cellules génitales primordiales ; 2° Existence de cellules mésodermiques migratrices douées de caractéristiques ergastoplasmiques spéciales qui, à la fin de leur course, se placent au niveau de ce qui doit être la strie _germinative. : Il nous reste maintenant à vérifier si ces caractères sont dus préci- sément à ce que ces éléments sont les hériliers du plasma génital dont nous supposons l'existence comme certaine. Si les cellules cœlomiques de la strie germinative procédaient des éléments mésodermiques migrateurs, la doctrine serait beaucoup plus simple et par conséquent plus vraisemblable. Il y aurait alors une ligne génitale continue qui partant de l’ovule s’étendrait parallèlement et indépendamment de la ligne somatique. Mais les cellules génitales se formant exclusivement aux dépens des cellules cœlomiques au moment où les éléments méso- dermiques migrateurs ont absolument disparu, on ne s'explique pas alors en vertu de quel mécanisme le plasma génital, hérité par ces derniers, passerait aux cellules du cœlome. Notre opinion, comme Prenant, Berenberg-Gossler, etc., est que de tels éléments mésoder- miques, malgré leurs caractères morphologiques et leur migration spéciale, ne possèdent rien de spécifique et ne sont pas les vrais héritiers du plasma génital. Nous croyons que si ce dernier existait, il serait l'héritage non pas des éléments qui disparaissent sans contribuer à la formation de la glande génitale, mais des cellules de la strie germi- native aux dépens desquelles elle se constitue. Les travaux relatifs aux mitochondries (en admettant comme certain que le noyau vitellin est un indicateur de l'existence d'un plasma génital spécifique essentiellement sécréteur) éclaircirait peut-être le problème de la distribution « des déterminants » génitaux dont nous supposons l'existence réelle. En altendant, il y a lieu d'établir les conclusions suivantes : 4° Il est impossible d'admettre pour le moment une différenciation pour certains éléments mésodermiques migrateurs, différenciation qui nous autoriserait à leur attribuer le caractère de cellules génitales primordiales héritières du plasma génital ; 2° La 3934 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE localisation génitale primitive s'établit au niveau de l'épithélium ger- minalif, parce qu'elle est probablement déterminée par un copieux héritage de plasma conditionné et influencé d'une manière décisive par les corrélations de symbiose cellulaire ; 3° Les cellules génitales primi- tives ne sont donc que des cellules cœlomiques transformées et avant elles il n’existe dans l’embryon humain aucune tellule génitale. Il. Examen des connaissances sur la formation et l'évolution du follicule de (rraaf. — I] y a des opinions très diverses sur le processus histogénétique dü follicule. Le plus grand nombre des classiques acceptent l’idée que l'ovule et la granulosa dérivent de l'épithélium cœlomique tandis que les thèques et le stroma proviennent du tissu connectif de Wolf. Quelques rares chercheurs, à la tête desquels se trouve Külliker, acceptent l’origine distincte de l’ovule et de la granulosa et admettent uniquement que l’ovule procède de l’épithélium germinatif. Nous avons été amené à nous occuper de cette question en essayant d'expliquer l'histogenèse du corps jaune. Il est naturel que méconnais- sant l’origine et la nature des couches folliculaires on puisse très difficilement donner une définition exacte de la filiation de celte formation. La lecture des traités et des monographies d'embryologie suffit pour se convaincre que la variabilité dans les résultats obtenus se rapportant à l'étude histogénétique du follicule n'est due qu'aux difficultés techniques de distinguer dans les embryons jeunes la nature épithéliale (cœlomique) ou conjonctive (du stroma wolfien), de quelques-uns des éléments qui constituent ce que l’on appelle les cordons de Pflüger. Ceci posé, nous avons employé la méthode d'Achucarro-del Rio, dans l'étude embryologique des embryons de - vache et d'homme. Celte méthode est de beaucoup supérieure à celles - employées jusqu'à maintenant. Quoique l'application de cette technique soit un peu fatigante pour les études embryologiques, elle nous a permis en revanche, après une longue pralique, de déchiffrer exactement la nature d'un élément donné. Avec cette préparation nous avons suivi en détail l’évolution embryologique de l'ovaire dans diverses espèces, ce qui nous permet de formuler les conclusions suivantes : 1° Dans l’épithélium du cœlome, il n’y a qu'un seul type de cellules quoiqu’elles soient à divers états d'évolution. Certaines cellules munies d'un noyau en forme de bätonnet très chromatique, considérées par Waldeyer comme origine de la granulosa, ne sont que des cellules connectives qui ont pénétré entre les cellules épithéliales ; 2° Dans les cordons de Pflüger il n’existe que deux types de cellules qui, à la longue, se mélangent intimement, éléments originaires du cœlome et éléments connectifs qui se détachent du stroma et pénètrent entre les cellules épithéliales ; SÉANCE DU Â0 FÉVRIER 33) 3° Ces cellules sont isolées une par une par le tissu conjonclif, de sorte que le follicule primordial n’est plus qu’une cellule épithéliale .cœlomique entourée de l'élément connectif du stroma. Ces conclusions établies, on ne peut pas être absolument exclusiviste dans le problème de l'histogenèse du corps jaune et les doctrines de Bischoff et de Baer doivent se compléter au lieu de s'opposer l’une à l’autre. Nous nous occupons depuis plusieurs années de celte question qui a soulevé tant de discussions et, dès le début, nous admettons l’ori- gine théquale du corps jaune, nous appuyant principalement sur l'hyper- trophie théquale dans les follicules sur le point de se rompre et surtout sur une apposition constante pendant les premiers temps du corps jaune de nouvelles cellules théquales et même du stroma à celles qui ont été déjà transformées en cellules lutéiniques. Mais une fois que l'on a admis la participation théquale et accepté le caractère histogénétique divers de la granulosa et de la thèque, il nous en coûtait d'admettre l'intervention de ces deux membranes pour la constitution du corps jaune comme l’affirmèrent Van der Stricht et Les partisans de l’origine mixte. Pour élucider la question, nous entreprimes une étude embryolo- gique. Nous nous sommes convaincus alors qu'un tel contraste histo- génétique n'existe pas entre la granulosa et la thèque mais que toutes _les deux sont de nature connective. De plus parmi le grand nombre d'ovaires recueillis par nous dans la clinique de gynécologie de la Facullé de Madrid il s’en est trouvé deux-avec le follicule récemment rompu et nous trouvons chez eux, en plus d’une parfaite vitalité, la persistance de la granulosa pariétale après la ruplure. Le problème de l’histogenèse du corps jaune est en conséquence résolu pour nous, en admettant donc : 1° Que la granulosa persiste après la rupture folliculaire ; 2° Qu'elle prend DE ainsi que la thèque à la constitution du corps jaune; 3° Que la thèque ainsi que la granulosa étant des couches connectives, le corps jaune, qui procède d'elles, est une formation exclusivement connective. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. PE (RE Es So ga SÉANCE DU 5 AVRIL [919 SOMMAIRE AcxArD (Cu.), RiBorT (A.) et Le- mique à mécanisme neuro-thyroi- -BLANC (A.): Le coefficient lipémique ADS SN ne 346 dans les hydropisies. . . . . . . . . 339 MozcrarD (M.) : Sur la significa- CHaussiN (J.) : Jeu compensateur tion physiologique de l'acide oxa- enire les xantho-uriques etles phos- liqueur 301 phates dans l'élimination urinaire. 359 MoxwzioLs (A.) et DuBourG (E.) : Copier (V.) : La figure du sang Agglutination du Proteus X 19, dans le paludisme secondaire . . . 355 | dans le typhus exanthématique . . 348 DÉVÉ (F.) : État de la vésicule RuBiNSTEIN (M.) et RiApossavLite- dans l'obstruction hydatique des - VITCH (A.) : Sérodiagnostic de la NOTES DINAITES 2 + Le. 0 353 | syphilis. Saturation du pouvoir LaGuesse (E.) : Mitochondries et hémolytique des sérums ....., 361 SYMPDIOLE S.à 337 TEISSIER (I) et Couvreur (E.) : LéoPorn-Lévr : Hyperthermie {hy- Sur la survivance, dans les eaux, - ro-endocrinienne. . . . .: . . . . . . 344 | du Coli- bacille es es 354 LéoPorn- -Lévi : [nstabilité ther- Présidence de M. Charles Richet. ee MITOCHONDHIES ET SYMBIOTES, par E. LAGUESSE. Nous venons de lire la discussion qui s’est élevée dans la séance du 15 mars entre MM. Regaud et Portier, êt nous tenons à ajouter un argu- ment qui vient à l'appui de la thèse du premier. C'est que, dans certaines cellules secrétantes tout au moins, et par exemple dans la cellule pancréatique de la salamandre, que nous avons particulièrement étudiée, une partie des formations mitochondriales naissent dans la cellule à chaque nouveau cycle sécrétoire. Au moment où disparaissent les corpuscules paranucléaires, « on voit apparaitre à leur place de véritables amas en lourbillon de petits vermicules BioLoaïE. COuPTES RENDUs. — 1919. T. LXXXII. 25 338 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE courts (4) » … «ils en dérivent directement ou indirectement, n’appa- raissent en grand nombre qu'après leur disparition (2) ». Nous voyons d'autre part le paranucleus se former aux dépens du noyau, s’en déta- cher, se différencier en strates concentriques, qui finalement s’exfolient dans le cytoplasme en le rénovant par un apport de couches nouvelles. C’est dans ces couches qu'apparaissent les formations mitochondriales sous forme de très courts bâtonnets ou vérmicules, qui s’allongenl de plus en plus en montant vers la zone apicale de la cellule (3). S'ilen est bien ainsi, les formations mitochondriales peuvent bien être considé- rées peut-être comme de petits organiles assez différenciés pour qu'on puisse par hypothèse leur attribmer une certaine autonomie dans le cytoplasme, avec lequel elles resteraient unies par un simple lien sym- biotique, mais il devient impossible de les assimiler à des bactéries. Nous devons ajouter de suite que ceci est un argument tout person- nel, car notre opinion sur le point particulier que nous défendons ici n'a pas été admise en général, mais nous y tenons pourtant jusqu'à plus ample informé. Tout au contraire, depuis que l'on sait que les mito- chondries se transmettent de cellule à cellule, et même d'individu à individu au moment de la fécondation, l’on tend de plus en plus à en faire des organites d’une fixité aussi grande que le noyau, et capables de se reproduire seulement par division. Nous ne croyons pas que ces faits excluent, dans certaines cellules au moins, la possibilité d'une différen- ciation incessante de nouveaux chondriosomes aux dépens d’apports faits par le noyau au cytoplasme pour le rénover, pour rénover surtout son pouvoir accumulateur et élaborateur. On nous objectera peut-être que, dans les descriptions que nous venons de rappeler, nous parlions d’ergastoplasme et non de mito- chondries. Pourtant nous n'avons d’abord emploÿé ni le premier terme, qui était d’ailleurs contemporain de nos recherches, ni le second qui était assez récent et de portée encore très limitée, et nous n’avons parlé que de filaments basaux ou de vermicules, mais en leur attribuant dès le premier jour un rôle élaborateur évident. Aussi, après avoir pris connaissance des travaux de Garnier et Bouin, nous n’avons pas hésité à employer d'après eux le terme ergastoplasme, qui spécifiait ce rôle, bien que notre description, cadrant absolument avec celle qui fut donnée à ce moment et plus tard des formations mitochondriales, dif- férât sensiblement de la leur, et fit de nos filaments quelque chose de plus nettement individualisé. Nos ergastidions, comme nous proposions (1) Volume jabilaire du Cinquañtenaire de la Soc. de Biologie, 1899, p. 309. (2) AIII° Congrès international de Médecine. Paris, 1900. Section d'Histologie, p- (3) Revue générale d'Histologie de Renaut et Regaud, t. I, fasc. 4, 1905 (le Pancréas), p. 665, 670, 678 et suivantes. SÉANCE DU 5 AVRIL 339 de les appeler (1), sont donc bien identiques aux chondriosomes de Meves, aux éclectosomes de Regaud, et nous acceptions Le terme ergas- toplasme en nous plaçant au point de vue physiologique bien plus qu'au point de vue morphologique. Plus tard (2) nous avons consenti à y renoncer, pour éviter toute équivoque. Mais puisqu'il est question de débaptiser, puisque le mot de mitochondrie ne s'applique guère qu'aux formations granuleuses, puisque celui de chondriosome est rejeté par son auteur même, nous ne voyons pas pourquoi, à côté de ceux de plastosomes ou d'éclectosomes, nous ne proposerions pas de nouveau - celui d’ergastidions (petits ouvriers), qui traduit si bien le rôle élabora- teur de plus en plus accepté. Pour en revenir à notre argument, ergastidions et chondriosomes ne sont qu'un seul et même objet, et ce que nous avons dit des uns. s'applique aux autres. LE COEFFICIENT LIPÉMIQUE DANS LES HYDROPISIES, par CH. ACHARD, A. RiBoT et A. LEBLANC. M. Ambard (3) avait tenté de démontrer, chez les sujets atteints d'hy- dropisies rénales, l'existence d’une gêne particulière de l’excrétion chlo- rurée consistant dans l'élévation du seuil chloro-sécrétoire. Il pensait pouvoir expliquer ainsi la rétention du chlorure de sodium dont le sang se débarrasse en le déversant dans les tissus où il fixe de l’eau par un effet de régulation humorale. L'un de nous a montré, avec MM. Ribot et. Feuillié (4), que cette interprétation ne saurait convenir à tous les faits, car souvent dans les néphrites hydropigènes, à une période avancée, on trouve une chlo- rémie basse, parfois inférieure au seuil chloro-sécrétoire normal, et ce seuil lui-même peut être notablement abaissé. Suivant les cas, pour des concentrations égales du milieu intérieur en chlorure de sodium, les tissus retiennent des quantités d’eau salée très variables. Ainsi se trouve mise en évidence une propriélé des tissus dont l'importance parait capitale pour leurs échanges d’eau avec les milieux humoraux. (4) Revue annuelle d'Anatomie en Revue générale des sciences pures et appli- quées, 4901, p. 1025. - __ (2) Bibliographie anatomique, t. XXE, p. 210. (3) L. Ambard. Physiologie normale et pathologique des reins. Paris, 1914. (4) Ch. Achard, A. Ribot et E. Feuillié. Troubles de l’excrétion chlorurique. Rétention chlorurée avec hypochlorémie. Comptes rendus de la Soc. de bio- logie, 21 décembre 1912, p. 708. à 340 2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Or les travaux récents de MM. André Mayer et Schaeffer (1) ont apporté des notions nouvelles sur les lois qui régissent les échanges aqueux. Le degré d’imbibition des tissus et des humeurs est en rapport avec leur teneur en lipoïdes et proportionnel à leur coefficient lipo- : cholestérine guque . gras totaux coefficients lipocytiques des divers tissus et humeurs d’un même indi- vidu varient parallèlement, de sorte que l’un d’eux, celui du sang par exemple (constante lipémique), peut donner des renseignements sur le pouvoir d’imbibition de l’ensemble de l’organisme. M. Terroine (2) a fait ressortir l'intérêt de la constante lipémique et montré qu'elle se modifie dans des conditions d'existence anormales, par le jeûne pro- . longé. Nous fondant sur ces données, nous avons recherché en clinique la constante lipémique en nous servant, pour plus de commodité, du sérum au lieu du sang total(3). Nous diviserons nos faits cliniques en trois groupes. | Il résulte aussi de ces recherches que les I. — Malades sans hydropisies : PAR LITRE DE SÉRUM 7 EXTRAIT ACIDES COEFFICIENT LIPOIDIQUE GRAS Cholestérine total totaux lipémique 1. Sclérose pulmonaire. Néphrite azoté- MIque, aUdéDUb Eee Sn cer Del 2504 0 (W) 0,35. 2 Cancer abdominal . .-. 426. 005 4,09 . 0,38 3. Emphysème. Insuffisance mitrale com- = PENSÉES re 4,15 2,96 1,19 Ç(W, 0,40 4. Varices des membres inférieurs . . . 5,46 3,89 Fes) 0,40 5. Convalescence de fièvre typhoïde. . 7,52 5,36 2,16 0,40 Be Emphyeeme tre ce 4,14 2,99 4,24 0,43 1PEMphYySÈMeE CA ro 6,85 4,15 2,10 0,44 SA EMPIVSEMER SE Ce cc cie 5,18 3,90 1,88 0,48 9. Emphysème. Népbrite azotémique, au déPut Ace re ee re een LUE 2,69 1,35 0,50 (1) A. Mayer et G. Schaeffer. Recherches sur les constantes cellulaires. Teneur des cellules en eau, Journ. de physiol. et de pathol. génér., janvier 1914, t. XVI, p. d et 23. (2 | E. Terroine. De l'existence d’une constante lipémique. Ibid., mars 1914, p.212; — Variations lipocholestérinémiques au cours de Poe en et de l'alimentation. 1bid., mai 1914, p. 386. (3) Le dosage de 1: cholestérine a été fait quelquefois par la méthode de Windaus, mais plus souvent par celle de Kumagawa en raison de la difficulté très grande de se procurer, dans les circonstances actuelles, de la digitonine cristallisée. Les résultats sont, d’ailleurs, sensiblement les mêmes, peut-être un peu plus faibles avec la digitonine. Le signe W indique, dans nos tableaux, que le dosage a été fait par la méthode de Windaus. Le SÉANCE DU D AVRIL 341 Le taux normal de la constante lipémique paraît être compris entre 0,43 et 0,45, d’après les calculs que l’on peut faire en utilisant les . chiffres d'acides gras et de cholestérine relevés par M. Laudat dans le sérum de 4 sujets sains (1). Les malades de ce premier groupe s’en écartent en plus ou en moins, mais leur constante est le plus souvent voisine de 0,40. IT. — Æydropisies de cause circulatoire PAR LITRE DE SÉRUM DR RS SR NE EXTRAIT ACIDES COEFFICIENT = LIPOIDIQUE GRAS Cholestérine ; : total totaux lipémique 1. Insuffisance mitrale. Asystolie, cachexie = cardiaque, gros œdèmes . . . . . 2 1,6% 0,36 0,22 2. Emphysème. Tachyarythmie. inonqe. 21 2,10 U,62 (W) 0,30 3. Cancer gastrique. OEdème des membres inférieurs par compression. . . . . . 2,43 APEUE 0.66 0,37 4. Cirrhose de Laënnec. Ascite lactescente. 4,37 3 , 20 447 0,31 5. Cancer de l'estomac. OEdème des mem- bres inférieurs par compression . . . 3,98 2,66 1522 0,46 6, Néphrite, hypertension, azotémie légère. OBdénmes nr ra. c 3,08 2,08 4 (W) 0,48 7, Cancer de la prostate. OEdème des bourses par compression. . . . . . . 5,85 3,04 2,21 0,60 8. Insuffisance mitrale. Asystolie. Grands MALIRES BA nl 6,55 4,07 2,48 0,61 9, Cardio-rénal. Tachyarythmie, Azotémie, OEdèmes irréductibles. . . . . . . . 3,56 2,18. 1,38 0,63 Dans le second groupe, les variations sont bien plus considérables, Dans 2 cas, le coefficient lipémique est très bas : 0,22 dans la cachexie cardiaque (n° 1) et 0,30 dans le cas d’emphysème; mais nous devons ajouter que chez ce dernier malade, après la disparition de _ 15 kilogrammes d'œdème en 3 jours, le coefficient lipémique est remonté à 0,35. Inversement dans un cas de néphrite hypertensive (n° 6) où le coefficient était assez élevé, à 0,48, nous avons trouvé un chiffre plus voisin de la normale, 0,35, après résorption de 5 kilo- grammes d'œdème en 10 jours. Chez 3 malades le coefficient lipémique était notablement au-dessus de la normale; dans le cas du cancer pros- tatique (n° 7) où il atteignait 0,60, nous en ignorons la cause; dans le cas d’asystolie (n° 8) nous croyons intéressant d'ajouter que 2 mois plus tard, alors que l'æœdème avait disparu, le coefficient était revenu de 0,61 à 0,36, chiffre à peu près normal; quant au dernier cas où il s’éle- (1) M. Laudat. Étude analytique des lipoïdes et des matières grasses du sérum sanguin. Thése de doct. en pharm., Paris, 1913. 342 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vait à 0,63 chez un cardio-rénal, il se comporte comme un véritable ædème brightique du dernier groupe qu’il nous reste à envisager. IT. — Hydropisies néphritiques : - PAR LITRE DE SÉRUM EXTRAIT ACIDES COEFFICIENT LIPOIDIQUE GRAS Cholestérine total : totaux lipémique 1. Néphrite tuberculeuse chronique. . . . 9,41 6,20 3,21 0,51 2. Anurie, anasarque. OEdème suraigu du POUMON PR ET. 0-4. moe 5,0% BTE 1539 + 3, Néphrite chronique mixte. . . . . . . 6,71 4:16 DD 0,61 4. Néphrite chronique mixte avec poussée aiguë et grands œdèmes . . . . . . . 5,27 320 2,03 0.63 5. Tuberculose pulmonaire avec cachexie et œdèmes considérables sans albumi- nurie ni défaillance cardiaque . . … . 3,55 2,16 1:39 0,62 6. Néphrite chronique mixte avec grands £ ŒUMES: Se AR ss A RR E NEe LEURS 2,84 2 0,10 7. Néphrite chronique mixte, œdèmes irré- à ductibles (période terminale). . . . . 3,98 2,29 EE es 0,73 8. Néphrite chronique mixte, æœdèmes irré- : ductibles (période terminale). . . . . 2,40 4,36 1,04 0,76 Dans ce dernier groupe, toutes les valeurs du coefficient lipémique sont supérieures à 0,50. Il y a lieu d'ajouter que chez Le n° 6, au bout d’un mois après disparition des œdèmes, le coefficient était tombé de 0,70 à 0,44 et que chez le n° 4, également après. mois et résorption com-. plète des œdèmes, il s'était aussi abaissé, passant de 0,63 à 0,55. Il existe donc une relation manifeste entre le taux du coefficient lipémique et l'existence des œædèmes de cause néphritique. On doit même remarquer que les taux les plus élevés de ce coefficient ont été notés chez 3 malades très gravement atteints, dont les œdèmes n'étaient plus susceptibles d’être modifiés par la thérapeutique usuelle. Nous avons aussi cherché si le coefficient lipémique présentait quelque relation soit avec les rétentions de cause rénale exprimées par la constante uréo-sécrétoire d'Ambard et l’azotémie, soit avec le seuil rénal du chlore et la chlorémie, soit enfin avec la teneur du sérum en albumines, exprimée par l'indice de réfraction et qui renseigne sur l'hydrémie. Or il est facile de voir sur le tableau ci-joint qu'aucune rela- tion de ce genre n'existe. L'absence de rapport entre l'œdème et la sécrétion uréique est un fait bien connu. C'est aussi un fait bien établi, comme nous l'avons rap- pelé au début, que l'absence de rapport entre l'œdème et le pouvoir d’excrétion chlorurée du rein : nous voyons, en effet, que les seuils chloro-sécrétoires, pour les malades néphritiques œdémateux, oscillent entre 2 gr. 82 et 2 gr. 28, c'est-à-dire qu’ils sont au-dessous du seuil 575) AVRIL 5 SEANCE DU £r‘0 gheG ‘JIn9S np snossap-u® |'Œ419)9pU] 08‘? 9LUU9.10 [41) 0L°Y LO‘0 (ere Lo‘0 GAèT 680 F1 9 &0 ‘0 99°& cts £c'0 80'£ cs‘ Gr ‘0 co‘ £ Gg°q JUS np SHOSSIf-N8 2TU9401q9 | W1919pu; |" GG‘#. 60°0 £4"a 96°& L6°Y \ Gr‘ 0 c0‘£ Gg °c Gr°0 (GG GS 60°0 qG°G G6'y 90°0 06 & 29 ‘6 ÿ1°0 ÿ8'G 0g°g 1 0 Ys'a 06°G 91.0 IL'& 98,8 -90<0 IL'& 98.9 70 0 8L°G 8g°a ‘jlûes np SAOSS3p-ne F8: 09‘ ‘[ines np ShOsSsap-ne ÉJAU CAT) Lo te) Lei pEI 8L‘G 8e°q —- 2 | ImoS ©] Jus SDK 9110491998 | [D SuOr u9 | JDeN uo -010[49 TIAAS om, mt 0001 ‘4 UIN&YOTHO 01£°0 YGE 0 19° 0 6810 108 0 1i1‘0 ‘S0r‘0 &Gr 0 (a) 9600 €07 0 8L0°0 1er ‘0 Lrr‘0 LOT 0 LU0 ‘0 &G0 0 S60 ‘0 G90°0 L£0 ‘0 9110791098 -0g4n HLNVISNON 8% 0 990 000: 7 ‘d AIWILOZV « 66 0007 ‘d wuni9s np SANINAAY'TV Dors a cn 2 © © © —\ © © 20 en os me on ur) [! © HNAÔÜINHAÏT LNHINDIA 4409 elerte ere Me MeN ete. sUietile “IUT 9poriod ‘ayxiwu onbraoigo aJriudonN M 0 A } * pie} Sujd sourmuwues € e 0 L} L e - 0 CL] Ci . 0 . *S9[qr9nparit saw9pao ‘o[euruHa 2porod ‘oyxru enbiuoaqo a)11udoN ©! © © © Saw9p@ $9p uorraedsrp ‘sarde srouwu € ‘Sotu9pao spueis ‘éjxiu onbiuozqgo 914 d9N RÉ POÉSIE D ° ‘UOIJdA0891 9P 910A u9 SoW9pD Sputis ‘orpoqsÂSE ‘opeaqrut oouesJnsuT * 9INIOU99p awISoi ‘oinurtunqe sues saut -2P& Sputis ‘orxou9to ‘exreuound aso{nouoqny, AN EN SRE SO Taporspuers 0 un ‘onbriw9)07e ojuud9N tete te + nqsp ne anbrüu97028 ajuydoû ‘eueuowmind awes£ydy e uorjiedstp soade srouu * SAWI9pEO $9p uornraedsip so1dy . 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Nous voyons, en effet, dans 3 cas, la résorption des œdèmes relever le taux des albumines du sérum de 69,1 à 85 (n° 4), de 79,2 à 85 (n° 10), de 93 à 1233 (n° 15). Mais on concoit qu'il n'y ait pas de rap- port fixe entre l’hydrémie et le coefficient lipémique, parce que l'hy- drémie indique le degré d'imbibition aqueuse du sang, tandis que le coefficient lipémique indique l'aptitude du sang à subir cette imbibilion, quel que soit le degré de l'hydratation déjà réalisée. Il est intéressant, d'autre part, de noter que la résorption des æœdèmes sous l'influence du régime déchloruré peut modifier non seulement la teneur du sérum en eau, mais aussi son coefficient lipémique et tendre à rétablir un taux plus voisin de la normale. HYPERTHERMIE THYRO-ENDOCRINIENNE, par LÉoPozo-Lévi. En 1906, j'ai étudié, devant la Société de Biologie, l’hypothermie par hypothyroïdie. Je me propose d'envisager actuellement l’hyperthermie dans les petits états thyro-endocriniens sous ses diverses formes : 1° Les sujets ont toujours trop chaud. Même l'hiver, ils circulent sans manteau. La nuit, ils se passent de couvertures. Ils recherchent les fenêtres ouvertes, aiment l'eau froide, les boissons glacées. À un degré de plus, ils éprouvent des malaises variés quand ils pénètrent ou séjournent dans une atmosphère chaude. Ils arrivent à présenter parfois une véritable fhermophobie. 2: La sensation de chaleur est localisée, et se manifeste aux exlré- mités : visage, nez, pommeltes, oreilles. Elle est soit continue, soit intermittente (bouffées de chaleur). Fréquemment les mains, le creux de la main, sont chauds, brûlants. Parfois ce sont les pieds. La locali- sation peut être particulière, superficielle ou profonde, siège aux genoux, aux reins, à la fesse, à la poitrine, parfois au niveau d'une muqueuse (conjonctive, bouche, gorge, vagin). Le sujet a l’impression d’un liquide bouillant qui circule dans les veines. Il ressent un feu intérieur. 3° Il n’est pas rare que les sujels aient la sensation de fièvre, soit loca- lisée au nez, à la bouche, aux mains, soit générale. Ts prennent alors leur température centrale. Mais celle-ci est à peine au-dessus de 37°, parfois elle se tient même au-dessous de la normale. 4° La fièvre est toutefois possible dans les petits états endocriniens. LQ SÉANCE DU D AVRIL (2e & QE a) La température est régulièrement de quelques dixièmes au-dessus de la normale. b) Il existe un léger état subfébrile qui n’est pas rare chez les enfants. La lempérature se maintient entre 37° et 38° et s’exagère du fait d’une cause accessoire (faligue, émotions, menstrues). c) L’hv- perthermieaffecte, d'une facon intermittente, l'allure de fièvre : Migraine périodique, dont le seul phénomène concomilant de la céphalée est une température s'élevant à 39°, parfois à 40°, et dispa- _raissant en 24 heures avec la céphalée. Migraine hebdomadaire, accom- pagnée d'état pseudo grippal, et qui comporte, pendant 48 heures, une température ne dépassant pas 38°5. d) Fièvre prolongée avec rémissions : Dame présentant, avec de l'insuffisance des règles, une sorte de Base- dow à symptômes dissociés, et apparaissant par crises. Les accès fé- briles d’abord quotidiens, puis plus espacés, avec température vespérale de 38°3, durèrent de juin à septembre 1906, firent successivement - admettre, puis rejeter la grippe, la fièvre muqueuse, le paludisme. Il s'agissait de fièvre thyroïdienne. L’hyperthermie s'accompagne de troubles qui lui sont étroitement liés [troubles sudoraux, troubles circulatoires (vaso-moteurs, congestifs, fluxionnaires), soif, troubles de sensibililé (démangeaisons, cuissons, brülures)]. Ces phénomènes, souvent associés, peuvent être dissociés. Un nombre considérable d’autres troubles s'associent à l’hyper- thermie et dépendent des états qui conditionnent ce trouble. On le rencontre chez les nerveux, les neuro arthritiques, dans certaines formes de migraine, asthme, rhumatisme chronique, au cours de la croissance, surtout lorsqu'elle est rapide, chez les sujets présen- - tant le syndrome de juvénilité persistante, dans la chlorose, dans le _ cours de l'hyperthyroïdie bénigne chronique, dans les états variés de _ Basedow, fruste et incomplet. Il s'observe chez la femme, à toutes les périodes de la vie génitale (puberté, menstrues, grossesse, ménopause) et dans les états thyro-testiculaires. Eufin on constate les bouffées de chaleur chez les artérioscléreux, hypertendus. Ces divers états comportent des troubles endocriniens oroidient. ovaro-thyroïdiens, surrénaliens. Il convient de préciser les rapports entre ces troubles endocriniens et l’hyperthermie. 1° En ce qui concerne la thyroïde, l’expérimentation chez le chien (Gilbert et Enriquez), chez le mouton (Chantemesse et Marie), a produit l'élévation de température. Chez l'homme, l'injection à doses excessives de substance thyroïdienne (Béclère, Notthaft) a provoqué l'apparition du syndrome de Basedow avec élévation de température. J'ai observé toute une série de cas, au cours desquels des doses, mal appropriées, de substance thyroïdienne ont produit des bouffées de chaleur, une chaleur diffuse, de la thermophobie, une chaleur localisée et mordicante.:J’ai vu, au cours du myxæœdème acquis de l’adalte, un 340 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE refroidissement irréchauffable, être remplacé à la suite de 8 cachets de 0,005 milligr. de poudre thyroïdienne par une sensation trop vive de chaleur, puis de brûlure au pied. J'ai observé une malade atteinte de fibromes avec bouffées de chaleur, chez qui un myxœdème ultérieur produisit le refroidissement habituel. Avec la transformation du myxeæ- dème par la thyroïdothérapie, réapparurent les bouffées de chaleur. Chez une malade atteinte autrefois de Basedow fruste, affectée quelques années plus tard de pelade et de refroidissement, 9 milligr. de poudre thyroïdienne, pris en 9 jours, ont provoqué une chaleur insupportable avec soif inextinguible. | J'ajoute que toutes les variétés d’hyperthermie, y compris la fièvre (Bertoye), ont été notées dans la maladie de Basedow et que l'hyper- thermie hyperthyroïdienne s'oppose, traits par traits, à l’'hypothermie hypothyroïdienne ; 2° En ce qui concerne l'ovaire, il résulte de ses rapports fonctiomiels avec la thyroïde, que son fonctionnement au maximum, au cours des règles, comme son absence de fonctionnement au cours de la méno- pause, entraine une réaction d'hyperthyroïdie, dont les troubles variés d'hyperthermie sont la conséquence ; 3° Pour ce qui est des capsules surrénales, Marañon a montré que l'hyperthermie des RNpEUeReee dépendait de l'hyperthyroïdie conco- milante. Quant au mécanisme de l'hyperthermie par hyperthyroïdie, l'exci- tation des échanges joue un rôle peu important. La fièvre de la maladie de Basedow ne comporte pas de modifications urinaires appréciables (Gilles de la Tourette et Cathelineau). On peut expliquer cette hyper- thermie par une hyperactivité du système musculaire, que manifestent les spasmes, le tremblement, les mouvements nystagmiformes de ces sujets, et surtout par une surexcitation des centres thermiques bulbo- protubérantiels déjà sensibilisés chez ces sujets, nerveux d'autre part, et dont les réactions sont à la fois plus faciles et plus intenses. INSTABILITÉ THERMIQUE A MÉCANISME NEURO-THYROIDIEN, par LéoPporp-LÉvr. À côté de l'hypothermie par hypothyroïdie, de l'hyperthermie par byperthyroïdie, on rencontre, dans les petits états thyro-endocriniens, de nombreux cas d'instabilité thermique. Les troubles d'hypo-et d'hyper- thermie se notent chez le méme sujet. n Les faits se rangent en deux catégories : 4° Dans la première, l'hypo- et l'hyperthermie sont successives. Elles se succèdent, chez le même sujet : EN | SÉANCE DU D AVRIL 34 a) Par phases plus ou moins prolongées : après une période de 4 ans d'extrême frilosité, une demoiselle de 39 ans, en état de ménopause précoce, a toujours trop chaud, éprouve des bouffées de chaleur, ne supporte pas d'être enfermée ; b) Par alternances de courte durée : dame de cinquante-quatre ans à la période de ménopause, très émolive, est successivement brülante, puis glacée, sous l'influence d'une contrariété ; c) Par tntercurrences d'hyperthermie subjective ou objective chez des sujets d'habitude refroidis; ou inversement par des paroxysmes d’hypo- thermie chez des sujels hyperthermisés. 2° Dans la seconde catégorie, l'hypo- et l'hyperthermie sont simul- lanées, homochrones, chez le même individu. On voit coexister : pieds et jambes froids avec visage chaud; pieds froids avec mains brülantes, parfois même une main est glacée, l’autre brülante. Dans d’autres variations, le sujet a les extrémités froides avec une température centrale au-dessus de la moyenne, ou inversement les. extrémités chaudes fiévreuses avec une température au-dessous de 37°. Tels sont les faits. Comment les interpréter? Lorsque l'hypo- et l’hyperthermie se succèdent chez des se th yroï- diens, il est naturel de les rapporter à des phases opposées (hypo-hyper) du fonctionnement thyroïdien. La même interprétation est valable à - propos des sujets d'abord frileux, qui deviennent hyperthermiques, alors qu'ils font une poussée de Basedow, et redeviennent frileux, après la guérison de leur crise. — Le thyroïdisme alimentaire vient à l'appui de cette explication. Voici deux cas que j'ai déjà rapportés. Rhumatisante chronique, habituellement frileuse, qui absorbe, par erreur, la valeur de 2 gr. 50, puis 3 gr. 75, de glande thyroïde fraiche par Jour. Parmi d’autres symptômes, elle éprouva des bouffées de chaleur, _une sensation de chaleur insupportable, de la thermophobie. .. Rhumatisant chronique qui souffrait d’un état glacé des genoux. L'ingestion par jour de 10, 20, 30 centigrammes de poudre thyroïdienne rendit successivement les genoux moins glacés, Les réchauffa, produisit à leur niveau une chaleur mordicante. Fait important : Parfois, il suffit de doses infinilésimales de substance thyroïdienne, pour donner lieu à l'instabilité thermique, comme dans deux cas de ma note précédente : L'hyperthermie remplace l’hypo- thermie à la suite de l’ingestion de 9 milligrammes de poudre thyroï- dienne en 9 jours consécutifs; de 40 milligrammes en 8 prises. Mais l'instabilité thermique n’a été provoquée, dans ces cas, par des doses infimes de thyroïde, que par suite d'une prédisposition au déséquilibre thyroïdien. La première malade avait eu 9 ans auparavant une poussée de Basedow. Ea seconde était atteinte de myxædème acquis de l'adulte avec goilre, spasmes stomacaux, hyperthyroïdie tout au moins latente. / 348 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Lors d’alternances rapides, il faut incriminer les centres thermiques, mais ceux-ci sont souvent sensibilisés du fait de l'instabilité thyroï- dienne, comme le prouve la régulation par le trailement thyroïdien de cas d’instabilité thermique, à alternances rapides. B. — L'intervention du syslème nerveux est indéniable, dans les cas d'instabilité thermique simultanée. C'est lui seul qui peut expliquer la coexistence d’une main glacée et d’une main brülante, par exemple. Toutefois, même dans les cas de ce genre, le mécanisme thyroïdien ne doit pas être rejeté. En effet, si à un sujet à extrémités refroidies on fait ingérer du corps thyroïde, cette ingestion détermine parfois des bouffées de chaleur au visage. La mauvaise répartition du calorique est donc mise en évidence par l'introduction alimentaire d'hormones thyroïdiennes. Ce qui permet de comprendre un résultat analogue, par pénétration dans le sang d'hormones thyroïdiennes, lors d'émotions, de menstrues. À On voit ainsi un enchaînement neuro-thyroïdien, que révèlent les faits pathologiques, et qui joue son rôle dans la re physio- logique. Il y a lieu de se demander si les chaleurs du visage, consécutives au travail normal ou dévié de la digestion, ne s’observent pas, de préférence, chez les sujets à instabililé neuro-thyroïdienne, et, de même, si la fièvre n'est pas plus facile et plus élevée chez ces mêmes sujets. La thyroïdothérapie, à doses régulatrices, donne à ces questions une réponse affirmative. AGGLUTINATION DU Proteus X 19, DANS LE TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, par A. Mowziors et E. DuBourc. Nous avons observé, pendant l’hiver 1918-1919, une épidémie de typhus au cours de laquelle nous avons pu apprécier la valeur diagnos- lLique de l'épreuve de l’agglutination du Proteus X 19 par le sérum des malades. Nous avons utilisé la technique de Weill et Félix (1). La totalité d’une culture de 24 à 48 heures au plus, obtenue en ensemencant très large- ment un tube de gélose, est émulsionnée par raclage dans 2 c.c. d’eau physiologique. On prépare d'autre part des dilutions en série de sérum suspect, à partir de 1/50 et au-dessus et en même temps d'un sérum témoin. À c.c. de ces dilutions est additionné de I goutle de l’émulsion microbienne. Le résultat est ordinairement acquis après 2 heures de séjour à l’étuve à 37°, Si l’agglutination ne s’était pas produite après ce (4) Voir le Bulletin de l'Institut Pasteur, années 1917-1918-1919 (passim). LU SÉANCE DU D AVRIL 349 laps de temps, abandonner les tubes 10 heures à la température du laboratoire avant de lire le résultat, qui, celte fois, est définitif. L'agglu- tination est généralement macroscopique, mais nous l'avons toujours contrôlée au microscope. Elle est considérée comme positive seulement lorsque son taux atteint ou dépasse 1/100. Un sérum non typhique peut en effet agglutiner le Proteus X 19 entre 1/50 et 1/100 (1 fois sur 85 examens). Cette épreuve s'est montrée positive dansles 19 cas de typhus où nous l’avons recherchée (100/100 de résultats positifs). Par contre, elle a élé négative chez 85 sujets normaux ou atteints - d’autres affections que le lyphus, savoir : SUNÉ SO BITES D de io bed nor ei ere 10 DUDHOI TEE ee ee NA noi de 3 = PATALVMAOIe AS Di one iee me voue Cec core 5 ee Paratyphoidesb uso en ne rt en ee 3 HRMDRODAEIOS CRE ER M idee à nas Lea, à ve 1 CLANUER RENE Re ee Ne te al Grippe à forme typhoïde . . . . . . ae ne one 5 Broncho-pneumonie. . . . . . . NÉ a e ee 10 MENÉÉROEOCC TER EM DR NU ee ct dire Re DU: HOUB COTE A nm den a Ne Zi. ua ie A V'ÉTROSRRS D RT D ee 1 D CABIA LIN EE ST ne Nu Net 1 Entérite cholériforme., . . . . : . . . . RE OS 1 D DIAIT Hé DASSADÉTE Re de ee en mare 8 Dysenteriesamibienne. 2-2. 4... 5 a D Dysenterietbacillaire st ess ne. 3 ORCTTONS ER D ne M is 10 Méningite cérébro-spinale à méningocoque . , . . . . 3 Spirochétose ictérohémorragique 5,2... . . 1 PAS Re ne eu As Me oise se A 0 Le pouvoir agglutinant apparaît assez tôt; nous l'avons constaté habi- tuellement entre le quatrième et le sixième jour et une fois le troisième, Il persiste pendant la convalescence et un certain temps après la gué- rison. Chez 3 de nos malades il a disparu au 45° jour: La limite de l'agglulination est ordinairement élevée : 1/1.000 et plus pendant la période d'état. Dans 4 cas elle dépassait 1/10.000. Moins . souvent elle était plus basse : 1/150 et1/400. Elle semblait alors dispa- raître plus rapidement; dans les 2 cas cités, elle ne se produisit plus le 18° jour. ; : L'intensité du taux de l’agglutination n’est nullement fonction de la sravilé ou de la bénignité de l'affection, non plus que de la netteté ou de l’imprécision des symptômes. Elle n’est pas non plus modifiée par la sérothérapie anti-exanthématique, même intraveineuse.. Il est difficile d'expliquer ce pouvoir agglutinant si marqué et si par- 350 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ticulier. Le Proteus À 19 ne saurait être considéré comme l'agent du typhus. En effet, les hémocultures sont toujours négatives, même faites très précocement; la coproculture ne nous a montré aucun germe qui lui soit assimilable et dans les cas terminés par le décès, il nous a tou- jours été impossible de le déceler au niveau des organes (rate, foie, sur- rénales, ganglions) prélevés cependant très près de la mort. Enfin l’agglutination cesse de se produire alors que le sujet est encore pleine- ment immunisé contre le typhus. Certains ont invoqué une exaltation, par le processus exanthématique, d’une agglutinine préexistaänte. On a même signalé, d’une facon générale, l'augmentation de tous les pouvoirs agglutinants du sérum, en particulier vis-à-vis du B. d'Eberth et des Paratyphiques (nous n'avons jamais constaté ce fait pour notre part). En tous cas, si cette hypothèse était fondée, il resteräil à savoir pourquoi cette D le on ne se produit à ce degré que dans le pois et unique- ment vis-à-vis du Proteus X 19. Quoi qu'il en soit de ses causes exactes, la présence de cette action exclusivement au cours dutyphus exanthématique,rend sa constatation . précieuse, d'autant plus qu'en pareil cas, les autresexamens de labora- toire ne fournissent que des résultats négatifs. L'inoculation au cobaye ne saurait donner un diagnostic oide et, d’ailleurs, elle est souvent rendue impossible par les circonstances. La séro-agglutination du Proteus X 19 prend donc une valeur toute particulière dans les cas sporadiques, au débat des épidémies et lorsque la symptomatologie est peu caractérisée, ce qui est loin d'être ‘excep- tionnel (absence d'état typhique,-diarrhée, éruption très discrète). Ce sont précisément ces cas qu’il importe de ne pas méconnaïtre pour éta- blir une prophylaxie qui aura d'autant plus de chance . être efficace qu'elle sera plus précoce. En résumé : Dans tous les cas de. Éyphus exanthématique que nous avons observés, le sérum des malades agglutinait le Proteus X 19 à un taux au moins égal et le plus souvent supérieur à 1/100. Le sérum des sujets normaux ou atteints d'autres affections que le typhus s'est montré constamment dépourvu de cette propriété. Bien qu'il soit difficile de l'expliquer, ce fait, constaté dans les conditions plus haut énoncées, acquiert donc une haute valeur. Il nous 4 permis, dans plusieurs cas douteux, de porter avec certitude un diagnostic que l’évolution ultérieure de la maladie et les résultats négatifs des autres épreuves de laboratoire n’ont fait que confirmer. SÉANCE DU D AVRIL 354 SUR LA SIGMFICATION PHYSIOLOGIQUE DE L’ACIDE OXALIQUE, par M. Mocrrarr. On connaît l'importance que présente l'acide oxalique chez les végé- taux et le peu d'accord qui existe entre les physiologistes sur les con- ditions déterminant sa formation ; d’une série de cultures effectuées sur le Sterigmatocystis nigra j'ai réussi à dégager une loi très simple qui peut se formuler de la manière suivante : - La formation de l'acide oxalique résulte d'une réaction des cellules végétales vis-à-vis d'une tendance à l’alcalinité du milieu nutritif. La démonstration peut en être donnée de facons variées ; je me contenterai de rapporter.ici les résultats d'un certain nombre d’'expé- riences correspondant à deux modes opératoires distincts. 1° Expériences de substitution. — Des cultures de la Mucédinée ont élé effectuées sur un milieu analogue à celui de Raulin et à base d’azo- tate d'ammonium, elles étaient réalisées à 35° dans des fioles coniques de 1 litre contenant 150 c.c. de iiquide; au bout de 2 jours 2/3 le mycélium atleignait son poids sec maximum; c'est à ce moment que le liquide était remplacé aseptiquement, soit par 150 c.c. d’eau distillée stérile, soit par le même volume de solution de carbonate neutre de sodium, à des concentrations telles que l’alcalinité totale ainsi réalisée corresponde à 5 c.c. ou à 9c.c. 5 d’une liqueur normale, soit enfin par de l’eau acidulée par de l'acide chlorhydrique réalisant pour les cultures une acidité correspondant à 13 €. c. de liqueur normale: les quantités d'acide oxalique produites dans ces différents lots sont indi- quées par le tableau suivant : EE I EE EE RE 7° EE ET TETE SI III RE 1 SE ———— POIDS {Mg) D'ACIDE OXALIQUE : : ? PRODUIT EN PRÉSENCE DES DIFFÉRENTS LIQUIDES DURÉE DE CONTACT. avec le CARBONATE DE SODIUM LIQUIDE SUBSTITUÉ ACIDE CHLORHYDRIQUE EAU Po g EI ARNO TE CEE EU SERV OU Sec. N | 9c.c.5N ee GAReLTeSRAe He 0 207 () 0 RAR ONT e 24 318 609 0 MODS 2e eee 93 4 459 875 0 NOUS ES 133 511 1.051 0 4 Jours... - : . | < 154 538 1.442 0 6 jours HE) 169 561 1153 0 8 jours = 27 0 0 1 | 5TS 1.161 0 | Mis en présence d'eau pure, le mycélium produit des quantités d'acide 392 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE oxalique entièrement de même ordre que celles qu’on observe dans le liquide épuisé d'une culture; cet acide neutralise l’ammoniaque résul- tant de l'autolyse du Champignon; avec le carbonate de sodium on assiste à une énorme et rapide production d'acide oxalique provoquée x par l’alcalinité du milieu et proportionnelle à celle-ci; enfin avec le liquide acide on n'observe pas trace d'acide oxalique, ce qui concorde … d’ailleurs avec les résultats d'expériences anlérieures. Cullures effectuées sur des liquides nutritifs de compositions telles qu'ils tendent à devenir neutres, alcalins ou acides par le jeu même des échanges nutritifs. Comparons la production de l’acide oxalique dans des séries de cul- tures de Sterigmatocyslis nigra où l'aliment azoté est constitué soit par de l’azotate d'ammonium, soit par du nitrate de potassium, soit par du chlorure d'ammonium; dans le premier cas, c’est d'abord l'ammoniaque qui est consommée, puis l'acide nitrique est à son tour utilisé, si bien que, pour une dose convenable de ce sel, le liquide devient très sensi- blement neutre au moment où tout le sucre est consommé; dans le second cas, c’est le radical acide qui disparait seul et le liquide a une tendance à acquérir une alcalinité croissante ; enfin, en présence du chlorure d'ammonium, c’est de l'acide chlorhydrique qui s’accumule dans le liquide. Or, dans le premier cas, nous observons une formation d'acide oxa- lique ayant l'importance que nous avons signalée et ne commencant qu'après le 3° jour ; en présence de nitrate de potassium on obtient les quantités suivantes d'acide oxalique . DURÉE DE LA CULTURE ACIDE OXALIQUE ASOUPS SE PEU RER RS 0 mil igramme 1Sjour ee 0-62 millerammieess AJOUT ED IR RS 1 — DAJOUTSÉ Sr in de mel. — = DAOULS AS ne ea 05 — ne DÉJOUTS Dre te 2 01 — SOUS ENS A nn en de — LAOUTS 2 SE EE PDA — 6=jours ee ee 405 — S JOUE ER M EN ee 40) — On voit donc que l'acide oxalique apparait déjà au bout de 1 jour 1/3, c'est-à-dire aussitôt qu'une quantilé appréciable d'acide nitrique a été ulilisée ; les conidies n'apparaissent qu'au bout de 1 jour 2/3, et ce n’est qu'entre le 3° et le 4° jour que le sucre disparaît; la production d’acide oxalique n’est donc pas liée forcément à l'épuisement du milieu en sucre, comme on l'a avancé. On n’observe aucune formation d'acide oxalique lorsque l’aliraent SÉANCE DU D AVRIL 353 azoté est constitué par le chlorure d’ammonium à une concentration qui correspond à la dose optima d'azote pour le sucre fourni. La production de l'acide oxalique par le Sterigmatocystis- nigra est donc bien, pour son intensité comme pour le stade du développement où elle s'effectue, sous la dépendance immédiate de la réaction du milieu de culture; nous nous trouvons en présence d’une sorte de réflexe chimique qui explique le fait banal, mais très remarquable, consistant en ce que le milieu nutritif reste toujours acide, quelle qu’en soit la composition initiale. ÉTAT DE LA VÉSICULE DANS L'OBSTRUCTION HYDATIQUE DES VOIES BILIAIRES, par F. DÉvé. Depuis les mémoires classiques de Bard et Pic, de Courvoisier, de Terrier, l’état de la vésicule biliaire dans les occlusions néoplasiques ou caleuleuses des canaux biliaires a fait l’objet de nombreux travaux. Non moins intéressant à connaître était l’état de la vésicule dans l’obstruc- tion hydatique des voies biliaires. Gependant l'étude de cette question a été négligée jusqu'ici (1). Nous nous efforcerons de combler cette lacune en utilisant, parmi les 168 observations de kystes hydatiques du foie ouverts dans les voies biliaires que nous avons pu recueillir dans la lit- térature, celles qui renferment des indications suffisamment précises à cet égard. D'une façon générale, sur 94 observations de kystes hépatiques éva- cués dans la canalisation biliaire, la vésicule a élé trouvée grosse, dis- tendue, parfois « énorme», dans 54 cas (57,4 p. 100); elle avait une taille sensiblement normale dans 33 cas (35,1 p. 100); elle était petite, affaissée, rétractée, dans 7 cas (7,4 p. 100). Notons immédiatement que ce dernier aspect était, le plus souvent, indépendant de tout processus de cholécystite ou de péricholécystite scléro-atrophiantes. Parmi nos 94 observations, nous en réservérons 38 dans lesquelles la voie biliaire principale, passagèrement obstruée par les hydatides migra- trices, était redevenue perméable au moment où l'examen anatomique avait été pratiqué. Restent 56 observations dans lesquelles une obstruc- tion hydatique du cholédoque, plus ou moins persistante et complète, put être constatée, à l'opération ou à l’autopsie. Envisagée au point de vue de son aspect extérieur, de son volume, la vésicule biliaire était : dilatée dans 37 cas (66 p. 100), normale dans (1) Dans sa thèse (Paris, 1883), qui demeure encore le meilleur travail con- sacré à l'étude de l'élimination des kystes hydatiques du foie à travers les voies biliaires, Berthaut a donné quelques indications à ce sujet. BioLocte. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 26 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DO 16 cas (28,5 p. 100), rétractée dans 3 cas (5,4 p. 100). Quant à son contenu, c'était 7 fois de la bile apparemment normale, 7 fois une bile épaissie, boueuse ou noirâtre, 9 fois une sérosité bilieuse puriforme; enfin, 15 fois, il s'agissait d’un liquide muqueux, filant, exempt de bile (dans 18 observations, la nature du contenu vésiculaire n'est pas pré- cisée). Ajoutons que dans 14 cas la vésicule renfermait des hydatides ayant reflué du cholédoque par le canal cystique, et dans 15 cas un ou plusieurs calculs. L'obstruction hydatique du cholédoque est-elle la seule qui se puisse rencontrer? Si l'envahissement secondaire du canal hépatique et de ses branches s’observe fréquemment, par suite de l'accumulation des débris échinococciques en amont de l’obstacle cholédocien — sans que cette particularité semble, en l'espèce, de nature à modifier l’état de [a vésicule, — par contre, nous ne connaissons pas d’exemple démons- iratif d'obstruction hydatique, tant soit peu persistante, localisée primiti- vement au canal hépatique. Pareille obstruction biliaire « suspendue » se conçoit mal au niveau de la voie biliaire principale, extra-hépatique, libre, facilement et régulièrement dilatable (1); l’occlusion hydatique y devient très rapidement, sinon d'emblée, terminale ou a nale (vatérienne ou rétropancréatique). En revanche, on observe assez souvent l’obstruction hydatique secon- daire du canal cystique.-Nous en avons trouvé 22 exemples. Cette éven- tualité est habituellement associée à l’ebstruction cholédocienne, mais parfois elle s’observe aussi isolément; car elle peut survivre à la désobstruction spontanée du cholédoque. Le mécanisme de l’occlusion du cystique est variable : 13 fois, on avait affaire à une oblitération de: _sa portion terminale ou de son orifice d'abouchement dans le conduit commun, du fait de la compression excentrique exercée par les mem- branes malléables accumulées dans la lumière du carrefour biliaire; 7 fois, l’obstruction était causée par l'engagement rétrograde d'hyda- tides ou de débris de membranes dans la lumière même du canal; 2 fois, il s'agissait, semble-t-il, d'une occlusion scléreuse pariétale, de nature inflammatoire. | Quel était, dans ces 22 cas, l'aspect de la vésicule? La vésicule était dilatée dans 15 cas, de taille normale dans 4, rétractée dans 3. Son contenu était formé : 2 fois, de bile épaissie; 3 fois, de sérosité puru- lente; 13 fois de liquide muqueux blanchâtre ou incolore (dans 4 obser- vations la nature du contenu cholécystique n’était pas indiquée). En outre, dans 6 de ces cas, la vésicule renfermait des hydatides et, dans 4 cas, des calculs. Nous reviendrons prochainement sur l’envahissement hydatique (1) Les conditions sont différentes au niveau des canaux biliaires intra- hépatique:, SÉANCE DU © AVRIL 355 canaliculaire rétrograde et sur la cholélithiase hydatique. Pour aujour- d'hui, nous voudrions insister sur deux notions qui se dégagent des chiffres que nous venons d'exposer : 1° Fréquence de la dilatation vésiculaire dans l'obstruction hydatique du cholédoque. — Elle paraît exister dans les deux tiers des cas. Elle a pu être constatée cliniquement, de facon continue ou intermittente. 20 Nature variable du contenu vésiculaire. — À cet égard, deux cir- constances pathogéniques peuvent se présenter. Ou bien la cavité vési- culaire est restée en libre communication avec la lumière cholédocienne, et alors son contenu est identique à celui du cholédoque ectasié : bile, pus, éventuellement hydatides, concerétions calculeuses. Ou bien la vésicule se trouve exclue, par suite de l’oblitération du cystique. En pareil eas, il peut se former un pyo-cholécyste hydatique (empyème vési- culaire hydatique); mais, ce qui se développe le plus souvent, c’est un hydro-cholécyste hydatique (mucocèle vésiculaire hydatique). L'ocelusion cystique, en elle se prolonge, aboutit, alors, après une phase de dis- tension, à la rétraction vésiculaire. LA FIGURE DU SANG DANS LE PALUDISME SECONDAIRE. Note de V. CorDiEr, présentée par R. Dupors. On connaît l'importance accordée par de nombreux auteurs au nombre de noyaux que présente le polynucléaire du sang circulant chez les tuberculeux. Alors que chez l'individu normal, la majorité des leucocytes polynucléaires renferme un noyau présentant une lobulation avancée, c'est-à-dire 3 ou 4 étranglements, quelquefois davantage; le polynueléaire du tuberculeux est peu lobulé, contenant rarement plus de 2 noyaux, souvent réduit à un seul, à peine échancré. C'est ce que l’on appelle la déviation de la formule vers la gauche, c’est-à-dire vers le chiffre minimum de lobulation. Bien que cette tendance à la moindre lobulation du noyau soit signalée dans les infections en général, elle n’a guère été étudiée com- plètement que dans la tuberculose. Je l'ai recherchée systématiquement chez une centaine de elle se présenta avec une régularité assez grande. 4° Il faut distinguer l'infection d’ancienne date (qu'il s'agisse de paludisme africain ou indo-chinois) qui ne semble pas modifier la for- mule de facon appréciable. La déviation vers la gauche n’est ho que chez les paludéens de Macédoine récemment infectés. 356 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'ancienneté de leur affection entre en ligne de compte; le maximum de la réaction se produit après un délai de trois à cinq mois; dans la première phase la courbe - du nombre de noyaux restait nor- male et ne commencait à s'inflé- le début chir vers la gauche qu'après deux mois. Chez les paludéens para- sités depuis plus d’un an la for- /!l heures mule se redressait vers la droite et redevenait normale. avant dy frisson “ge 2° La gravité du paludisme Je début. influe; les formes graves avec F 4 accès répétés de type tierce ont du frisson NE | une formule très déviée telle : cul Au I IT III IV V début Pa Pas 30 56 + 10 20 du au contraire les malades d'accès Be, espacés n'ont en général qu'une formule normale. RE Comme exception à cette règle, // heures ce a P : $ : F j'ai observé un malade évacué IPTÈS 7 NN pour blessure de Macédoine, pré- be ol sentant des accès pernicieux et é de type algide dont la formule dy frisson est restée stationnaire. Cela d’ail- RER: leurs se rapporte à la question X | heures _ du pronostic. « 3° Les accès font subir une mo- dification rapide et une évolution le début: | | À très nette vers la gauche. La dé- 9 viation vers la gauche commence - du frisson ds | à apparaître trois heures environ avant le début clinique de l’accès ; AAX heures elle atteint son maximum à peu près au moment du frisson, elle diminue progressivement jusqu'à la dixième heure, où elle rejoint la ligne normale. Vers la trentième heure elle est vis déviée vers la droite. £ Après l'effort fourni par les organes hémopoïétiques pour jeter rapi- le debut dy frisson Ï #7 { SÉANCE DU D AVRIL 351 dement dans le sang les éléments polynucléaires jeunes, un vieillisse- ment s'opère et une phase compensatrice de repos s'établit. Le gra- phique ci-contre se rapporte à un accès de paludisme de moyenne intensité. / 4° Le pronostic du paludisme pourrait tirer un appoint de l'examen de la figure du sang. Les formes graves ne semblent pas faire les frais d'une régénération polynucléaire rapide et les leucocytes polynu- cléés sont les plus fréquents, sans que la déviation vers la gauche revête son-intensité habituelle au moment des accès. Les formes qui se prolongent ou qui résistent au traitement suivent la même loi. 5° La thérapeutique quinique ou ferro-arsenicale ne semble pas apporter de modifications appréciables, d'après nos premières recher- ches. En résumé, comme la plupart des infections chroniques (car les infec- tions aiguës ne provoquent qu'exceptionnellement ce phénomène) le paludisme provoque la régénération active des polynucléaires; sans qu'on puisse reconnaître à la figure du sang des palustres une valeur absolue, il est. intéressant de noter que son absence ou sa présence peut donner des renseignements sur la gravité, sur l'intensité de l’affec- tion, sur sa résistance et sa durée. (Travail de la Clinique du professeur Roque.) ——©@ 2 — — ——— SUR LA SURVIVANCE, DANS LES EAUX, DU COLI-BACILLE, par J. Teissier et E. CouvrEüR. L'un d’entre nous ayant eu l'occasion, au cours d'un voyage effectué en Russie, il y a une vingtaine d'années, de recueillir aseptiquement des échantillons d’eau dans certains cours d’eau de ce pays (Volga, Oka), et ayant gardé jusqu’à ce jour ces échantillons dans leurs flacons maintenus soigneusement bouchés et à l'obscurité, il nous a paru inté- ressant de rechercher ce qu'il résulterait de l'examen desdits échan- tillons, au point de vue bactériologique. Voici les principales constatalions qu'il nous:a été donné de faire : I. — £xamen général et préalable par ensemencement, sur bouillon ordinaire, viande, peptone gélatiné, particulière ement au point de vue du nombre et de la nature des colonies. 1° Eau de la Volga : on ensemence des flacons avec 1 c.c. d’eau normale et diluée au 1/10 et au 1/100. Rien ne pousse dans les flacons ensemencés avec l’eau diluée; dans 358 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ceux ensemencés avec l'eau normale on trouve seulement quelques rares moisissures appartenant au genre Penicillium. 2° £'au de l’Oka : résultats analogues. Il. — Examen en milieux spéciaux, pour la recherche des micro-orga- nismes des groupes Urobacilles, Bacilles stercoraires, Colibacille, Bacille d'Eberth, B. subtilis. 1° Eau de la Volga : a) On ensemence du bouillon phéniqué (formule et technique de Péré). Les bouillons se troublent au bout de 24 heures, ce qui comporte la possibilité de la présence des Colibacilles, Bacille d'Eberth, B. subtilis (1). b) On ensemence des tubes de bouillon au rouge neutre (formule et technique de Rochaix) avec 5 c.c., 10 c.c., 15 c.c. de l’eau à examiner. Au bout de 24 heures, D Manifes le dans les tubes à 10 et 15 c.c. Au bout de 36 heures, ces tubes ont viré complètement au jaune canari. Ceci démontre la présence possible des urobacilles, des bacilles stercoraires et du Colibacille. c) On se sert des cultures au bouillon phéniqué pour commencer avec : «) Du lait. Le lait se caille, il s’agit donc du Colibacille et non du Bacille d'Eberth. ‘8) Des pommes de terre. Les cultures sont jaunâtres et crémeuses, ce qui conduit aux mêmes déductions. 2° Eau de l’Gka : cette eau, examinée parallèlement et de la même manière, a donné des résullats analogues. III. — Conclusions. Les conclusions que l’on- pets tirer de cette étude sont les suivantes : Après un séjour prolongé des eaux recueillies dans des flacons stéri- lisés et gardés bien bouchés à l'obscurité : 1° Avaient disparu les microbes banals que l’on rencontre couram- ment dans les eaux pluviales et de rivières; persistaient seules quel- ques moisissures du genre Penicilliuin ; 2° Avait persisté, et c’est là un point important, le dangereux mierobe qu'est le Colibacille (2). Donc, même au bout d’une vinglaine d'années, ce micro-organisme, quand il existe dans une eau mise en bouteille, persiste encore en pleine vitalité, tout prêt à se multiplier abondam- ment quand on le place dans les conditions favorables. (1) Un commencement en bouiilon gélatiné donnant des colonies non liqué- fiantes, cela élimine d'emblée le B, subtilis. = 5 (2) Le fait est absolu, indéniable, établi qu'il est par ces résultats qui tous se corroborent : 1° (rouble du bouillon phéniqué; 2° virage au jaune canari du bouillon au rouge neutre; 3° coagulation du laït; 4° culture jaunätre et crémeuse sur pomme de terre. Ke SÉANCE DU D AVRIL 359 JEU COMPENSATEUR ENTRE LES XANTHO-URIQUES ET LES PHOSPHATES DANS L'ÉLIMINATION URINAIRE, par J. CuAUSSIN. Après avoir étudié, dans une première approximalion, l'élimination simultanée de l’urée et des chlorures (1), abstraction faite des autres substances de l'urine, nous avons dans une nouvelle série d'expériences élargi notre champ d° observation en étudiant dans un ensemble : l’urée, les chlorures, les xantho-uriques et les phosphates. Nous avons associé, dans cette recherche, ces deux dernières substances, en raison des rap- ports qu'elles ont dans les processus du métabolisme. Dans une expérience sur nous-même que nous avons poursuivie pen- dant 8 jours consécutifs, en régimes variés notés seulement qualitative- ment, nous avons recueilli les urines en 7 ou 8 échantillons successifs par 24 heures, et avons pratiqué sur ceux-ci les dosages suivants : l’urée à l’hypobromite, les chlorures par la méthode de Charpentier-Vohlard, les xantho-uriques en bloc par la méthode Haycraft-Denigès, et les phosphales à l’urane. Les résultats complets de ces analyses seront donnés dans un travail d'ensemble, mais nous allons établir, dès à présent, un rapprochement entre l'élimination des xantho-uriques et des phosphates au cours de 3 fractions de journées, choisies dans notre série de 8 jours en raison de ce que le débit urinaire y est resté constant dans les éliminations successives. (Nous insisterons sur ce fait : que c'est dans ces conditions, où nous avons une variable de moins, que notre attention a été attirée sur le mécanisme compensateur entre l’urée et les chlorures masqué dans les débits variables.) Dans la première fraction de journée, le repas du soir qui y est com- pris ayant été très léger, avec peu de liquides ingérés, nous avons dans 5 éliminalions successives allant de 16 heures et demie à 12 heures le lendemain un débit urinaire qui varie peu. Dans la seconde, le repas du soir ayant été supprimé, nous avons dans une partie du nycthémère conséeutive, allant de 21 heures à 12 heures, un débit urinaire sensiblement constant. Dans la troisième, le repas du soir a encore été supprimé, mais nous avons absorbé un litre d'eau de Vittel au moment habituel du repas; il en est résulté un fort débit urinaire jusqu’à 2 heures et demie du matin, mais à partir de ce moment nous avons eu, jusqu'à midi, 3 éliminations successives à débit urinaire constant. Nous sommes donc dans ces trois périodes assez en dehors des phé- (1) J. Chaussin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 novembre 1913, p. 472 et 29 mars 1919. 300 = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nomènes digestifs, condition favorable pour observer des faits cu simples. Nous avons trouvé dans ces conditions un phénomène de compensa- tion qui se manifeste dans les éliminations successives entre les con- Ÿ Jeu compensateur : entre les Xantho-Uriques et les Phosphates. Si a | Se —— L. SES ES EE > <------ IL: = > <- JET. Eur à Cor 2 nlraliond Æ Cd FUIT à: ? none des xantho-uriques et des phosphates, de telle sorte que, lorsque la concentration de l’un augmente dans l'urine, celle de l’autre diminue, et inversement, Dans notre expérience, la compensation présente un caractère alterné qui est manifeste. Nous avons constaté également que, dans ce cas particulier, le mou- vement de compensalion n’est pas parallèle à celui que l’on peut con- slater entre les chlorures et l’urée. SÉANCE DU D AVRIL 361 Pour mieux faire saisir le phénomène que nous venons de décrire de façon tout à fait sommaire, nous en donnons ci-contre une représenla- tion graphique. Nous portons les temps en abscisses; dans une première ligne, nous donnons les débits urinaires; dans la seconde nous figurons les concen- trations de l’urée en ordonnées positives et celles des chlorures en ordonnées négatives; dans la troisième, les concentrations des xantho- uriques sont portées en ordonnées positives et celles des phosphates en ordonnées négatives. On suit facilement sur le diagramme les deux mouvements de com- pensation, urée-chlorures et xantho-uriques phosphates. Pour ces der- niers, notre expérience ne constitue en somme qu'une première indica- tion, qui appelle de nouvelles expériences pour bien montrer que ce phénomène de compensation entre les xantho-uriques et les phosphates est bien général, et n’est point une simple manifestation fortuite obte- nue dans un cas particulier. C’est d’ailleurs la méthode que nous avons employée pour établir et préciser le jeu compensateur entre les chlorures et l’urée. Mais dans ce dernier cas la tâche était beaucoup plus facile, car il s'agissait de substances représentant à elles deux les trois quarts de la concentra- tion globale de l'urine. À Entre les xantho-uriques dont nous éliminons environ 1 gramme et les phosphates de 2 à 3 grammes pour 24 heures, les rapports seront plus délicats à établir. Nous sommes loin d’ailleurs de voir dans ces manifestations compen- satrices, que nous avons cherché à isoler dans des conditions spéciales, des phénomènes indépendants; les chlorures évidemment ne sont pas liés qu’à l’urée, et les phosphates qu'aux seuls xantho-uriques. Nos résultats expérimentaux nous inclinent au contraire à penser à des combinaisons de ces mécanismes élémentaires qui donnent à l’élimina- tion urinaire son apparence complexe. (Travail du Laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'histoire naturelle.) SÉRODIAGNOSTIC DE LA SYPHILIS. SATURATION DU POUVOIR HÉMOLYTIQUE DES SÉRUMS, par M. RuBiNsteIn et A. RADOSSAVLIEVITOR. Les méthodes de sérodiagnostic de la syphilis basées sur lé principe : de la réaction de fixation de Bordet et Gengou peuvent être classées en 362 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE deux groupes suivant que l’on emploie le sérum chauffé (30 minutes à 56°) ou le sérum non chauffé. Dans la réaction de Wassermann on se sert du sérum chauffé : les résultats positifs sont sûrs si l’antigène est bon et le système hémoly- tique bien établi. Dans la réaction de Hecht on emploie le sérum non chauffé : les résultats n’offrent pas autant de garanties de spécificité que les résultats obtenus par la première méthode, mais ils se rapprochent d'autant plus des premiers que l’antigène sensible, à une dilution choisie, laisse intact le pouvoir hémolytique naturel des sérums nor- maux (1). Conformément à ce desideratum la technique de la réaction de Hecht demande l'emploi de doses croissantes en hématies et l’interprélation des résultats par différence des titres hémeolytiques des sérums seuls et des mêmes sérums additionnés d’antigène. L'emploi des doses variables en hématies a été exigé par de nombreux auteurs. On arrive de cette facon à parer à la richesse inégale des sérums humains en substances hémolytiques et des échantillons de sang de mouton en hémalies, comme à la résistance à l'hémelyse de ces dernières. E Malgré tous les ayant pour but d'augmenter la sensibilité des séroréactions, il y a des cas de syphilis sans modifica- tions sériques révélables par la réaction de fixation. En cherchant à rendre la méthode plus sensible certains auteurs arrivent à lui enlever tout caractère de spécificité. C’est le cas de la méthode de « saturation du pouvoir hémolytique des sérums ». Elle emploie la technique de Levaditi et Latapie avec cette modification qu'aux sérums à séroréaction négative avec 0 c.c. 1 de globules de mouton à 5 p. 100, on continue à ajouter par fractionnement des hématies jusqu'à l'épuisement du pouvoir hémolytique de ces sérums. L'état des tubes contenant l’antigène en plus indique la positivité ou la négativité de la séroréaction. Le nombre de réactions non spécifiques que l’on obtient par cette technique est très élevé ainsi que nous l'avons observé en l’appliquant à des sérums de personnes non syphilitiques. Suivant la règle que nous nous sommes imposée dans la vérification des nouvelles méthodes nous avons étudié tout particulièrement celle-ci - à l’aide de 8 sérums de personnes sûrement-non syphilitiques et nous avons obtenu ainsi 5 réactions positives. Nous avons étudié de même 120 sérums à séroréaclion négative par nos méthodes habituelles (Was- sermann et Hecht) et la méthode de « saturation » s’est montrée posi- tive dans 60 p. 400 des cas. Ces recherches ont été effectuées à l’aide des (4) Rubinstein. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, janvier 14917 et avril 1918. _ : L SÉANCE DU 4 AVRIL 363 antigènes (foie hérédo-syphilitique, cœur humain) aux dilutions lais- sant intacts les pouvoirs hémolytiques de ces sérums. Ces derniers ont été examinés 24 heures au plus après le prélèvement des sangs. Au point de vue pratique cette réaction n'offre aucun avantage : il est même impossible de surveiller constamment la marche de l’hémolyse d'un certain nombre de sérums, d'intervenir à temps pour faire une nou- velle addition d'hématies à chaque fois que l’hémolyse ultérieure est accomplie; dans ces conditions on modifie d’ailleurs sans cesse la tem- pérature d'une étuye ordinaire, on ne peut pas non plus séjourner dans une chambre-étuve. A priori même, on voit le dinges des saturations fractionnées qui appauvrissent les sérums en sensibilisatrice hémolytique dont un excès est nécessaire pour une bonne hémolyse et en alexine. En effet, un sérum capable d’hémolyser un certain nombre d'unités d'hématies hémolyse moins d'unités de ces globules ajoutés par frac- tionnement, souvent même la moitié seulement (Loi de Bordet-Danysz). En centrifugeant les sérums traités par voie fractionnée par les hématies on peut facilement se rendre compte (aux sérums centrifugés on ajoute d’une part l’alexine, de l’autre la sensibilisatrice antimouton) que les sérums ont été privés de la sensibilisatrice hémolytique, tout en gardant parfois de l’alexine. L'addition de l’antigène aux sérums suivie d'addition fractionnée d'hématies supprime souvent l'hémolyse pour des doses moindres de celles-ci. En dehors de la sensibilisatrice hémolytique, l’appauvrisse- ment partiel ou total en alexine y joue un rôle que l'expérience démontre; la présence des produits d’hémolyse n’y est peut-être pas non plus étrangère. Conclusion. — La loi des additions fractionnées des antigènes aux anticorps (loi de Bordet-Danysz) est applicable au cas des hémolysines ; la technique de la séroréaction de la syphilis basée sur l'épuisement du pouvoir hémolytique des sérums par addition fractionnée des hématies fournit un nombre très élevé de réactions non spécifiques. (Laboratoire de Sérologie du Val-de-Grüce.) Le Gérant : OCTAVE PORÉE. 2222222200 GET RAS RS TEE 0 Paxis. — Imprimerie dela Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 12 AVRIL 1919 : __ SOMMAIRE AMEUILLE et SOURDEL (M.) : L'éli- Lanreyr (F.) Le chondriome des mination parallèle de l'iodure de cellules adipeuses . . .:.. . . . .. 315 potassium par l'urine et par la sa- Linossier (G.) : Les vitamines et MINOR ee nine nu à cer ne ee 384 les champignons. 2... 381 Broca {P.) et Morez (L.) : Le PASTEUR VALLERY-RADOT et LHÉRI- rôle de la bile dans la reproduc- -TIER (A.) : Etude sur la pathogénie tion expérimentale des pancréa- de la fièvre bilieuse hémoglobinu- tites hémorragiques avec stéato- rique des bovins en Algérie. . . .. 389 MÉCLOS EN Re nr nn eue 371 NÈGRE (L.) : Sur la résistance CARO (P.) Cf GéRaRd (P-) te _ différente au sel marin des groupes tion des injections intraveineuses Gone, DRISRNME ER d'UnéASe . de 394 | typhique B-B. coli. . ........ 387 Ricuer (Cu.) : De la prévision de la température dans les maladies TÉDTTeS RE Cr deu ra 365 - CorniL (L.) : Le liquide céphalo- rachidien dans le syndrome subjec- tifdes blessés du crâne... .:. . . 367 Rover (Cn.) et Gaurier (CL.) : Dévé (F.) : L’envahissement échi- Sur quelques observations de bron- nococcique rétrograde, dans l’ob- chite sanglante à Spirochètes. . . . 368 struction hydatique des voies bi- SkuPIENSKI (F.-X.) : Influence du DORE SR Ne nr mer 317 | milieu nutritif sur le développement LaBBé (M.) et Virry (G.) : Action des Champignons myxomycètes. . 319 du corps thyroïde sur le métabo- VLiès (F.) : Sur la signification -lisme du glucose . : . . . . =. . . 385 | des dosages bactériens. . . . . . .. 313 — Présidence de M. G. Linossier, ancien vice-président. DE LA PRÉVISION DE LA TEMPÉRATURE DANS LES MALADIES FÉBRILES, 2 par CuARLES RICHET. Pendant les loisirs que me fit une affection grippale, fébrile, j'ai observé sur moi-même la marche de la température (rectale) et j'ai pu constater ce fait assez singulier; qu'il m'était facile, sans presque jamais commettre d'erreur, de prévoir la température que j'allais avoir - pendant les deux ou trois heures qui devaient suivre. : BioLoctE. COMPTES ReNDus. — 1919. T. LXXXIL. 27 366 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette prévision est fondée uniquement sur les sensations subjectives de prévision de chaud. Si l’on a un sentiment général de froid, si chaque mouvement qu'on fait se transforme en un demi-frisson, c’est que l’organisme n’est pas arrivé au niveau thermique qui lui convient. Par conséquent, la tempé- rature va s'élever. Même lorsqu'on a 39° ou 39°5, ou même 40°, on peut avoir sentiment de froid dès que le système nerveux exige — par suite de l’intoxication fébrile — que la température soit plus élevée. La sensation de froid est absolument indépendante de la température 6rganique réelle. Parfois, à 38°, on a trop chaud; et à 39° on a froid. Or le système nerveux arrive toujours à ses fins : si, quand on a 39°, on a froid, et très froid, au bout d’une heure ou deux on aura 39°5 ou 39°8. Quand j'avais une sensation générale de froid, je pouvais donc, en toute certitude, prévoir que ma température allait monter, et monter d'autant plus que la sensation de froid était plus forte. D'autre part, si, au lieu d'avoir froid, on a la peau moite, quelle de soit alors notre température, c'est que le système nerveux commande la réfrigération, de sorte qu'alors on peut être sûr que notre tempéra- ture va baisser. S Il suffira donc au médecin d'interroger avec soin ses malades, au sujet du frisson ou de la transpiration. Même si la régulation thermique ne va pas jusqu'au frisson et à la transpiration, le médecin, qui se renseignera sur les sensations subjectives de chaleur ou de froid éprou- . vées par son malade pourra savoir s’il doit avoir élévation ou abais- sement de température. - D'ailleurs, la question n’est pas aussi simple qu’elle le paraît tout d'abord, car, de 8 heures à 15 heures, constamment notre température s'élève, sans que cependant nous ayions jamais la sensation de froid. C’est, qu'en effet, à chaque moment de la journée, quand nous som- mes bien portants, quoique notre température doive monter, nous sommes à la température qui est à ce moment convenable, tandis que, si nous avons de la fièvre, nous pouvons être au-dessous ou au-dessus de la température que nous devrions avoir, de par notre fièvre (1). (1) Voici, à titre d'exemple, parmi beaucoup d’autres, quelques chiffres : 4 heures.: Sensation de froid Hs D del CE ATEN ÉTÉ SNEIRS SIDE (Je prévois l'ascension). 15 heures Sensation inlenseide froid #20 PP Er 3802 (Je prévois une forte ascension). 18h. 30: Encore un peufde fLo1d PR ete 3902 (Je prévois une très légère ascension). 20 h, 45 FÉRIEENEE dé CHa TEE ER NT LUE ES 390% (Je prévois une légère Hs 22 h. 30 : Sueurs abondantes a MD CODE) ee ea NS a 00 EN PARU Po IAE MOUE SÉANGE DU 12 AVRIL | 367 LE LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LE SYNDROME SUBJECTIF DES BLESSÉS DU CRANE, par LUCIEN CORNIL. Nous avons eu l’occasion d'étudier récemment les réactions duliquide céphalo-rachidien chez 20 soldats présentant à un degré accentué le syndrome subjectif (céphalées, vertiges, bourdonnements, insomnies, légers troubles psychiques) consécutif aux blessures cranio-cérébrales et décrit par Pierre Marie. Il s'agissait, dans nos cas, de blessés cra- niens par éclat d’obus sans atteinte dure-mérienne que nous avons observés tardivement (de six mois à un an environ) après la trépanation consécutive à leur blessure. Nous avons noté surtout chez eux la ten- sion, la teneur en sucre-et en albumine, la lymphocytose, enfin la viscosité du liquide céphalo-rachidien. TENSION ALBUMINE LYMPHOCYTOSE | SUCRE VISCOSITÉ 1. Lam....| 141$ Normale. 2-3 0,63 al 2É4Mont-|#0210 Id. 2 0,52 1,05 Sn Cuepr. el à Id 12 0,65 4,05 4 0Goin.::.| 20 14 1-2 0,65 1,08 5. Boiss.….| 12 Id 1-2 0,49 1,05 6. Lomb..| 10 Id 1-2 Normale. 1,05 1. Gauth..| 16 Id. CA SU SE ED 4,09 8 Vile. 17 ‘1: BEEN ee 1,08 9. Perr 10 Id Ce TRE SE 1,05 10: Fern ….| 14 Id. 3-4 0,173 1,1 11. Salom.| 21 0,30 centigr. NomDale Enter AE 12. Chal. | 13 Normale. JS SA EE AE 1,08 13. Moud...| 19 Lég. hyperalbuminose. DES | SES Le 1,09 loacre er 1821? Normale. DR DL An te 1,05 15. Claud..| 15 | Lég. hyperalbuminose. PE el RE 1,05 16. Ross AO Re a D on eds delate) means à ete dci ie eee let 1,09 11. Decel 1% Normale PT Al AE 1,02 ASÉEMÉRoe 28 Id. 2-3 0,35 1,125 19% Guér.: 21 414 Id. 1-2 0,41 1,01 20. Bouv...| 11 Id. Normalement 1,02 On peut donc conclure de ces faits : 1° La tension prise au moyen de l'appareil de Claude dans le décu- bitus latéral, la tête en légère flexion reposant sur le plan du lit (1), après avoir obtenu le relâchement de la musculature abdominale fut donc dans 10 cas égale ou inférieure à 15 cent.; dans 10 cas supé- (1) Nous insistons sur ce fait, car, ainsi que Bard et ses élèves Cotlin et Saloz l'ont montré récemment, il existe de très notables variations suivant que la tête est en flexion ou en extension ur le tronc, qu’elle est surélevée ou repose sur le plan du lit. 36 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rieure à ce chiffre (1 cas à 16, 3 cas à 17, 2 cas à 18; 1 cas à 19; 1 cas à 20 ; 1 cas à 21 et 1 cas à 28). Dans le dernier cas seulement où la tension était égale à 28 il y a hypertension nette. — Dans les 9 autres cas où la tension est supérieure à 15 on peut dire qu'il y a très légère hyper- tension dans 2 cas seulement si l’on admet avec Claude que le chiffre moyen.de la tension prise dans la position couchée oscille de 12 à 15 et parfois atteint jusqu'à 20 cm. en restant dans les limites physio- logiques. 2° Nous avons employé pour la recherche de l’albumine la technique indiquée par Mestrezat. Dans 2 cas seulement il y eut légère hyper- albuminose sur 19 examens. 3° La Ilymphocytose numérée par champ, après centrifugation de 7 cent. cubes suivant le procédé de Ravaut, ne nous a pas donné de réaction appréciable dans 19 de nos cas. .4° Le dosage du sucre pratiqué, suivant la méthode de Bertrand, au Laboratoire central de la VII° région, nous montre dans 4 cas la glycor- rachie égale ou inférieure à la normale (en s’en tenant aux chiffres indiqués par Mestrezat, Bouttier et Logre : 0,50 à 0,60; et dans 4 cas supérieure à la normale variant de 0,63 à 0,73 cent. 5° La viscosité que nous avons étudiée au moyen de l'appareil W. Hess nous a montré dans la moitié des cas une légère élévation au-dessus de la normale si l’on admet que le chiffre moyen de la visco- sité du liquide céphalo-rachidien varie entre 1,01 et 1,05, ainsi que nous l’avons observé d'autre part chez. des sujets normaux en confir- mation des résultats obtenus antérieurement par Borelli et Datta (1,049 à 1,059), par Galleta 1,008 à 1,024. Nous trouvons en effet dans 10 cas une viscosité supérieure à 1,05 et dans les 10 autres cas inférieure ou égale à 1,05, mais ne descendant pas au-dessous de 1,01. En résumé, on voit que les modifications du liquide céphalo-rachidien sont très minimes dans le syndrome subjectif persistant chez les tré- panés anciens, la plupart ont une formule normale (tension, albumine, lymphocytose); seules, l’hyperglycorrachie, l’hyperviscosité sont assez fréquemment notées. (Centre neurologique de la VIF région.) SUR QUELQUES OBSERVATIONS DE BRONCHITE SANGLANTE A SPIROCUÈTES, # par Cu. ROUBIER et CL. GAUTIER. Au Centre de triage de tuberculeux de la ...® armée, nous avons eu l'occasion de découvrir, parmi les malades qui nous étaient adressés comme suspect de bacillose, plusieurs cas de l'affection récemment étu- SÉANCE DU 12 AVRIL 369 diée par H. Violle, de l'Institut Pasteur, sous le nom de « Bronchite - sanglante à Spirochètes ». Nos cas, au nombre de 7, se décomposent ainsi : 3 travailleurs indochinois, et 4 soldats francais. La relation détaillée de leurs observations ne présenterait que peu d'intérêt; chez tous la symptomatologie était sensiblement conforme à la description de Violle (1); nous en rappellerons seulement pour mémoire les élé- . ments principaux. 1° Présence d'une expectoration sanglante, survenant surtout le matin après une quinte de toux, et d’un caractère tout à fait spécial : elle est visqueuse, homogène, de coloration rosée ou rouge franc, res- semble absolument à de la salive sanglante, ou à du jus de groseille, ou à du sirop de grenadine, le plus souvent elle est peu abondante, bien que parfois elle puisse atteindre la contenance d’un plein crachoir. À la surface de ce liquide rosé on voit parfois surnager des stries ou par- celles muco-purulentes. Par ses caractères macroscopiques, une telle expectoralion est bien différente de celle de l'hémoptyse tuberculeuse. Il suffit de l'avoir vue une fois pour la reconnaitre, el dans plusieurs de nos cas sa simple constatation a pu nous faire prédire la présence de Spiro- chètes que confirmait très souvent, mais nou dans tous les cas le mi- croscope. ° : Par son aspect, celte expecloration sanglante homogène rappelle tout à fait l'hémosialémèse, affection qu'avait autrefois décrite le D’ Josse- rand (de Lyon) chez certaines femmes névropathes. 2° Constatation de symptômes physiques broncho-pulmonaires très discrets consistant le plus souvent en quelques râles de bronchite super- ficielle; on note parfois une diminution du murmure à un sommet, mais il y a absence complète de tout symptôme pouvant faire soup- conner une tuberculose en évolution, et l'examen radioscopique est négatif ; 3° Absence de fièvre et conservation d’un bon état général; 4° Absence de toute lésion bucco-pharyngée ou dentaire; il est néces- saire d'insister tout particulièrement sur ce point. L'évolution est variable suivant les cas; le plus souvent la durée de l'affection est très courte et l’expectoration sanglante disparaît en quel-- ques jours ; les rechutes sont toutefois fréquentes, mais également de courte durée. Parfois la maladie est plus tenace; elle à persisté plus d’un mois chez un de nos malades, le seul chez lequel nous ayons tenté un traitement arsenical par le cacodylate de soude à hautes doses, sans grand succès d’ailleurs. La symptomatologie et l’évolution ne nous ont pas paru différentes qu'il s'agisse des Indochinois ou des Européens. Dans tous les cas, les (1) Journal des Praticiens, 9 mars 1918. 310 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE malades nous étaient adressés avec le diagnostic d'hémoptysie tubercu- leuse avec induration des sommets. Chez un Indochinois, l'expectora- tion sanglante était si abondante (plus d’un plein crachoir par jour) que l'on avait tenté préalablement un traitement par des injections intraveineuses d’émétine, lesquelles n'avaient.pas amené d’amélio- ration. Le diagnostic, que le simple aspect du crachoir permet déjà de soupconner, est affirmé par l'examen microscopique des crachats qui révèle, outre l’absence du bacille de Koch, la présence de spirochètes. Ceux-ci sont plus ou moins abondants suivant les cas; chez un de nos sujets, ils étaient très nombreux, au point de constituer par places de véritables feutrages ou touffes. Les formes et les dimensions de ces spirochètes sont très variables, leur longueur va de 5 à 6 4 à une tren- taine de w. Ils se colorent facilement et intensément par le violet de gentiane phéniqué; ils ne restent pas colorés par la méthode de Gram. Les uns sont grèles, les autres beaucoup plus épais à extrémités eftilées. Certains ont de petites ondulations serrées, mais le type général est à ondulations assez grandes; on en peut voir qui sont coudés à angle presque droit. Quelques-uns d’entre eux ont leurs ondulations détendues et apparaissent très longs et plus ou moins rectilignes. Ces spirochètes ressemblant à ceux que lon rencontre dans Ja bouche, nous avons pratiqué chez nos malades des lavages antisep- tiques de la cavité bueco-pharyngée qui n’ont point modifié les résultats de l'examen microscopique. L’enduit gingival, amygdalien ou pharyngé ne contenait pas de spirochèles ou parfois en très petit nombre, contrairement à l'expectoration. À côté des Spirochètes, et d'autres microbes sans intérêt spécial, nous avons noté sur toutes nos préparations la présence en quantités variables de bacilles fusiformes ; le rapport du nombre de ces derniers au nombre des Spirochètes était, il est vrai, bien loin d’égaler le rapport que l’on trouve dans les frottis d’angine de Vincent, et le plus souvent le nombre par champ des bacilles de celte espèce était assez petit. Mais la constance du bacille fusiforme dans nos cas de « bronchite san- glanie » nous a paru digne d’atiention. Nous rappellerons que Jean Paraf a signalé récemment la présence de l’association fuso-spirillaire de Vincent dans un cas de gangrène pulmonaire. Les Spirochètes si polymorphes de la bronchite sanglante appar- tiennent-ils tous à une seule et même espèce ? Cette espèce mérite-t-elle d’être conservée sous le nom de Spirochæte bronchialis Castellani? Les Spirochètes proviennent-ils simplement de l’émigration dans l'arbre bronchique d’espèces ordinairement buccales”? Doivent-ils être identifiés aux Spirochètes de l'association putride fuso-spirillaire de Vincent? Autant de questions auxquelles répondront, dans l'avenir, des recherches SÉANCE DU 12 AVRIL 311 ——— protistologiques précises. Mais dès maintenant le fait:de la coexistence du Spirochète de la bronchite sanglante avec le bacille fusiforme, aussi bien chez les malades indochinoïis que chez les Européens, nous paraît devoir être mentionné. Nous dirons en outre, en terminant, que nos trois malades exotiques atteints de bronchite sanglante à Spirochètes étaient trois Indochinois, mais que nous avons aussi observé 3 autres sujets également exotiques (un Arabe, un Sénégalais, un Martiniquais) qui présentaient tous les symptômes de la bronchite sanglante, avec les mêmes caractères macroscopiques de l’expectoration, et chez lesquels cependant, malgré des examens répétés, nous n'avons pas trouvé de Spirochètes. va LE ROLE DE LA BILE DANS LA REPRODUCTION EXPÉRIMENTALE DES PANCRÉATITES HÉMORRAGIQUES AVEC STÉATO -NÉCROSE, par P. Broco et L. MoreL. Les expériences suivantes font partie d’une suite de recherches sur la pathogénie des pancréatites chirurgicales entreprises sous l'inspira- tion de M. le professeur Delbet, et déjà présentées par nous à l’Académie de Médecine (Prix Amussat, 1914). Toutes ces expériences ont élé faites dans de bonnes conditions d’asepsie sur le chien ; anesthésie : chloroforme, morphine. La ligature du canal pancréatique (3 expériences), la section de ce canal, abandonné béant dans l'abdomen (2 expériences), ne nous ayant pas donné de lésions comparables à la pancréatite hémorragique, nous avons pensé que, pour l'obtenir, il fallait que le suc pancréatique, par lui-même inactif, fût activé par un élément exogène, qui puisse être fréquemment invoqué en pathologie humaine. Nous avons pensé d'abord à la bile à cause de la fréquence des lésions biliaires chez les malades atteints de pancréatites. En conséquence, nous avons procédé à l'injection de bile (2 à 5 centi- mètres cubes), prise aseptiquement par ponction de la vésicule biliaire dans le canal pancréatique du même animal. Ligature du canal en amont de l'injection (3 expériences). Deux résultats négatifs, 1 positif; la seule condition qui ait varié dans ces 3 expériences fut le fait que. les animaux étaient à jeun dans ces deux cas négatifs; le 3° était au contraire en pleine digestion dans le cas positif. Cette expérience renouvelée sur 14 autres chiens en digestion (3 heures après un repas abondant) a toujours donné un-résultat positif. On détermine _ ainsi, soit des formes aiguës, tuant l'animal entre vingt et quarante- huit heures (6 cas), soit des formes subaiguës, permettant la survie 312 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (8 cas). Les premières se traduisent par un gros hématome pancréä- tique avec de très nombreuses taches de stéato-nécrose ; les autres aboutissent à une induration scléreuse de la tête du pancréas ; lous les intermédiaires entre ces deux types extrêmes. Nous reviendrons dans une communication ultérieure sur les formes atténuées. L'intensité du processus semble liée, d'une part, à la quantité de bile injectée; d'autre part, et surtout, à l'intensité de l'état de digestion (repas très riche en viande et graisse). En réalité, la condition nécessaire est bien l’état d'activité sécrétoire du pancréas ; en effet, l'injection de sécrétine agit de la même facon que le repas pré-opératoire ; sur 2 chiens à jeun, même injection de bile dans le Wirsung ; immédiatement après, injection intraveineuse de secrétine et constatation d'une forme aiguë et d’une forme subaiguë de pancréatite hémorragique. On pourrait Dia aux expériences précédentes que la pancréatite n'était obtenue qu'au prix d’un traumatisme de la glande, soit par l'injection forcée de bile dans le Wirsung, soit par la rétention du sue en amont de la ligature. Pour répondre à celle objection nous avons institué une série d'expériences, ayant pour but de déterminer le mélange pathogène de la bile et du suc pancréatique en dehors des voies pancréatiques. Pour réaliser ces conditions nouvelles, il suffisait. de laisser béants dans l'abdomen le canal pancréatique sectionné et la vésicule biliaire ouverte. Nous avons pratiqué 6 expériences de ce type et obtenu chaque fois la mort des animaux avec exsudat hémor- ragique abondant dans le péritoine, larges et nombreuses taches de stéalo-nécrose. La survie a élé respectivement de 22, 24, 30, 36, 36 et 25 heures. Sur ces 6 expériences, 5 chiens étaient en digestion par repas abondant, le sixième était à jeun et avait recu une injection de secrétine. Les expériences précédentes montrent que la pancréatite Four ragique avec stéato-nécrose peut être réalisée aseptiquement par le contact de la bile avec le suc pancréalique et qu'il n’est pas besoin d'invoquer pour cela le contact de ces deux éléments avec le tissu pancréatique lui-même, puisque l'expérience peut être réalisée dans le périloine, en dehors du pancréas. SÉANCE DU 12 AVRIL 313 SUR LA SIGNIFICATION DES DOSAGES BACTÉRIENS, par FRED VLËs. L'évaluation quantitative des bactéries d'une émulsion microbienne est un problème de première importance, base même de toutes les recherches biologiques et thérapeutiques sur les produits bactériens. Diverses solutions de ce problème sont couramment employées : numé- ralion microscopique directe des bactéries renfermées dans un volume connu d’émulsion, numération indirecte par rapport à une émulsion d'hématies connue, poids sec d’un culot de centrifugation, etc. Il sem- blerait que la variable utile à mesurer dans une telle opération doive être la quantité de substance bactérienne totale (en volume ou en poids frais), or celle-ci n’est atteinte par les diverses méthodes qu'au prix d'approximations très inégales. Les dosages par pesée d’un culot de centrifugation lavé et séché sont peut-être les plus proches du but, - malgré l'erreur systématique qu'introduisent les pertes dans les lavages; par contre, les dosages par numéralion des éléments impliquent que, tout au moins au cours d’une série entière d'expériences, le volume ou le poids moyen des bactéries étudiées sont restés constants. Nous avons tenté de nous rendre compte à quel ordre d'écart on peut s’exposer sur les quantités de substance en jeu lorsqu'on dose ainsi des émulsions bactériennes par le nombre de leurs individus. À cet effet nous avons prélevé une dizaine d'échantillons sur des émulsions mixtes de bacilles typhiques et paratyphiques vivants (émulsions polyvalentes TAB destinées à des vaccins), provenant des mêmes souches ini- tiales, cultivées sur gélose et récoltées dans des condilions prati- quement identiques, et réparties sur l'intervalle d’une année entière. Chacune des prises était : 1° soumise à numération microscopique directe, au moyen d'une lame quadrillée Augus; 2° centrifugée un quart d'heure à environ 7.000 tours; le culot repris et lavé une fois à l’eau distillée pour éliminer les substances des liquides interbactériens, séparé à nouveau immédiatement par centrifugation, puis desséché à poids constant à l’étuve à 110° et pesé. Du rapport de ces deux mesures - on évaluait le poids sec de la bactérie moyenne de l’'émulsion considérée; 3° à litre de caractéristique des dimensions des bactéries, on relevait en même temps la longueur moyenne d’un individu (moyenne des lon- gueurs de 20 bactéries prises au hasard dans une préparation colorée au Ziehl); 4 enfin on prélevait diverses données sur les propriétés optiques de l’'émulsion, en particulier on déterminait la concentration en poids sec correspondant à une perle constante d’une radiation traversant l’'émulsion (transmission 1/1, à un facteur constant près, pour une radiation moyenne de X 620 y, mesurée au moyen d'un opacimètre). Les mesures montrent que le chiffre brut du poids sec de la bactérie 27 314 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE moyenne, ainsi obtenu, est susceptible d'assez grosses variations, qui ne paraissent pas relever des erreurs systématiques inhérentes à la méthode, de pesée (lesquelles sont estimées au plus à 20 p. 100) : en effet Les di- mensions des bactéries ont varié sensiblement dans le sens des poids secs. Le tableau ci-dessous résume le protocole de ces mesures: il est inté- ressant de noter que les n° VI et VII correspondent à une légère modi- NOMBRE VOLUME POIDS SEC | Poids sec LONGUEUR 2e 5 ar C.cC.- Te PÉNDEX du d'une moyenne D'ÉMULSION BACTÉRIES employé : 2 pour une par C:c. pour le QOLOT bactérie d'une transmission d'émulsion poids sec total moyenne BACTÉRIE CRE ) £ R1/1—0,0090 ml) 264) 10 DERCICE 08194 |0,28.10 —1? gr. » 7 mgr. 5 ù | [RSR II. 21 13 0,109 ? |0.38 ? » 8 mgr 1? = # 111.| 19,(9) 32 — _ | 0,169 |0,40 1u7 (4) | 6 mer. 8 æ S | IV.| 20,() 14 0,158 (0,54 1,9 (1) [410 mer © V.| 215 5,5 0,054 |0,46 1,8 (2) 1 mgr. 9 mn 5, | vi) 1,9 s0 0,705 |0,74 2,9 (4)? | 7 mgr. 5 ee. VII.| 9,9 80 0,655 |0,82 2,6 (8) | 8 mer. 0 a [VI] 5 35 0240 lo, 1,8 (9). | 7 mgr, 3 = x == 40 MOTS RNCS = 8 mer. 4 B | XI) 49,9 80 0,136 |0,46 1,9 (8) | 7 mer. 2 £ | XIIL.| 14,8 80 0,631 10,33 » 1 mgr. 8 A XIV. 45,3) 4 80 0,662 |0,54 » 8 mer. 2 Staphylocoque blanc . .| 13,8 143 0,295 10,50 0,9 Mycoïdes.| 1,3 22 0,034 M,1 (6)? 12? » fication du milieu de culture (changement d’origine des peptones) laquelle retentit, comme cela est d’ailleurs vraisemblable, sur les pro- priétés des bactéries. Nous avons ajouté à titre comparatif, les valeurs obtenues avec deux autres bactéries très différentes. Lorsqu'on emploie donc, suivant la coutume courante, des émulsions bactériennes dosées en nombre de bactéries par centimètre cube, il sem- blerait que l’on puisse s’exposer à des variations fortuites du simple au double ou même au triple dans le poids sec total correspondant des bactéries utilisées, el à plus forte raison dans les quantités réelles de substance en jeu. # SÉANCE DU 12 AVRIL 31) Il est intéressant de remarquer que la caractéristique optique dont l'expression est représentée dans la dernière colonne a beaucoup moins varié que le poids de la bactérie moyenne; la précision en est d'un ordre à peine inférieur à celui de la mesure du poids sec qui s’y inclut, et elle est vraisemblablement limitée par l'intervention des “erreurs dépendant de celle-ci. Pour le but que nous nous proposons, la mesure optique est donc nettement supérieure à la numéralion simple. Nous avons indiqué dans un travail précédent (1) que dans certaines conditions la transmission optique d’une émulsion bactérienne est élroitement liée à la quantité de substance présente à l’état de bactéries dans l’émulsion (produit nv du nombre des bactéries par leur volume moyen). Les recherches toutes récentes de Cheneveau et Audubert (2), confirmant au point de vue théorique général les notions que nous ‘avions tirées du cas particulier des bactéries, ont.montré que dans une émulsion de grosses particules la variable fondamentale est le pro- duit nd® (n nombre de particules, d leur diamètre), qui est une fonction simple de la quantité de substance nv. Il ne serait donc pas impossible que les propriétés optiques permettent par elles-mêmes d'accéder à une notion de la quantité de substance bactérienne plus complète et d’approximations meilleures que celles des méthodes de numération ou même de pesée actuelles. a: LE CHONDRIOME DES CELLULES ADIPEUSES (3). Note de F. LADREYT, présentée par M. Porrier. Le conjonctif intestinal du Siponcele (S. nudus L.) présente une sorte de pannicule adipeux constitué par des éléments globuleux ou piri- formes dont le volume.est fonction de l’activité sécrétoire des cellules connectives aux dépens desquelles ils se développent. Le chondriome des adipocytes est constitué par de nombreuses mi!o- chondries de taille variable et quelques chondriocontes courts, trapus, nettement bacilliformes, qui paraissent se développer aux dépens des grains mitochondriaux. D'une façon générale, le développement de l'appareil mitochondrial est en raison directe de celui des éléments dans lesquels il évolue : dans la cellule conjonctive sécrétoirement quies- cente, nous n’observons que de très rares mitochondries ; au contraire, les cellules adipeuses jeunes sont littéralement farcies de mitochondries (1) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 11 mars 1919. (2) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 17 mars 1919. (3) Dans cette courte note, je ne donnerai aucune indication bibliogra- phique. J'ai surtout employé les méthodes mitochondriales de Regaud, de Dubreuil, etc. 370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE granuleuses. À côté de ces formations, nous observons des vacuoles tin- gibles par le rouge neutre en coloration post-vitale et des vésieules plus ou moins volumineuses, incolores et très réfringentes. L'évolution de ces éléments dont la morphologie est très variable, parait étroitement liée à celle du chondriome. En effet, dans les cellules connectives sécré- toirement quiescentes, nous n’observons pas de’vacuolés ; les cellules adipeuses jeunes, où l'appareil mitochondrial est bien développé, pré- sentent quelques vacuoles à paroi sidérophile ; à la fin de l'évolution sécrétoire de l’adipocyte, mitochondries et chondriocontes disparaissent à peu près complètement : à leur place, se sont développées de nom- “breuses vacuoles à paroi sidérophile et des vésicules adipeuses. Il paraît exister une relation très étroite entre les mitochondries volumi- neuses et les vacuoles de petite taille. J'ai pu observer maintes fois, au milieu d'une de ces mitochondries, une tache claire; d’abord puneti-: forme, cette tache grandit, envahit progressivement le grain mito- chondrial tout entier qui, à ce stade, n’a de colorable qu'une calotte périphérique d’autant plus mince que l’évolution est plus avancée. Quand l'écorce périphérique ne se colore plus, nous avons une vésicule adi- peuse. Nous croyons pouvoir conclure de ces observations : 1° La vacuole à paroi sidérophile (vacuoles à lipoïdes) est une mitochondrie dans laquelle le complexe albuminoïde-lipoïde s’est plus ou moins tota- lement dissocié excepté, toutefois, à la périphérie de l'élément; 2° La vésicule adipeuse est une vacuole à lipoïdes, où le complexe albumi- noïde-lipoïde s'est complètement transformé (1). Le chondriome des cellules adipeuses, chondriome si abondant pen- . dant la période d’activité sécrétoire de ces éléments qu'il faut avoir suivi son évolution pour pouvoir le rattacher aux rares mitochondries des cellules conjonctives sécrétoirement quiescentes, se développe par la mitose irès active des mitochondries primitives; par contre, je n'ai jamais observé la scissiparité longitudinale ou le sectionnement trans- versal des chondriocontes pas plus, du reste, que la chondriodiérèse ù décrite par Voinow. Les cellules adipeuses peuvent évoluer sur place; toutefois, chez les” animaux inanitiés ou bien encore pendant la période de maturation des éléments reproducteurs, des adipocytes diapédèsent vers la cælome où ils paraissent jouer le rôle de formations vitellogènes (2). Quand l’évo- lution se fait sur place, le chondriome des cellules adipeuses complète- ment développées (cellulés adipeuses quiescentes) se réduit à de très rares mitochondries etchondriocontes; au contraire, dans les adipocytes migrateurs, nous observons toujours de nombreuses mitochondries et (1) CF. Les travaux de Fauré-Frémiet, Mayer et Schæffer, ceux de Dubreuil, Regaud, etc. (2) F, Ladreyt, Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1918, p. 16. SÉANCE DU 12 AVRIL 321 ——— ——————_—_————…——…———_————— — " ————.————————.—.—.—————————————— quelques bâtonnets disséminés dans les traînées cytoplasmiques in'er- vésiculaires. Si l’on admet, avec M. P. Portier, que l’utilisation des réserves graisseuses est la mobilisation non seulement de la matière grasse, mais encore celle des mitochondries non évoluées, ne peut-on pas supposer, avec quelque vraisemblance, que les mitochondries « neuves » de nos adipocytes migrateurs sont destinés à réapprovisionner l'organisme et spécialement les éléments reproducteurs en organites de synthèse (mitochondries-éclectosomes-symbiotes) ? Quelle est la valeur morphologique des éléments qui constituent le chondriome? Répondent-ils à des dérivés nucléaires ? Ne représente- raient-ils que les résidus d’un réticulum cytoplasmique particulière- ment chromophile (Retterer)? Aucun fait ne m'autorise à confirmer l’origine nucléaire; d'autre part, le cytoplasme de nos éléments est très nettement homogène et ne présente (in vivo ou après fixalion) aucune trace de réticulum. Les mitochondries sont-elles des symbiotes? Au point de vue fonctionnel, rien ne paraît s'opposer à cette conception. Les symbiotes de nos adipocytes sont-ils des bactéries (P. Portier, 1918)? Mes observations ne me permettent pas actuellement de prendre position dans le débat. Conclusions. Le chondriome des adipocytes est constitué par des mitochondries et des chondriocontes bacilliformes dont le développe- ment est fonction de l’activité sécrétoire des cellules connectives. Par dissociation probable de leur complexe albuminoïde-lipoïdes, les mito- chondries et les bâtonnets se transforment en vacuoles à lipoïdes qui, à leur tour, évoluent en vésicules adipeuses. Les adipocytes migrateurs présentent des mitochondries « neuves » destinées, vraisemblablement, à réapprovisionner les cellules carencées et, en particulier, lès éléments reproducteurs en organites de synthèse. Le : Travail du Laboratoire de l'Institut océanographique (Musée océanographique de Monaco.) L'ENVAHISSEMENT ÉCHINOCOCCIQUE RÉTROGRADE, DANS L'OBSTRUCTION HYDATIQUE DES VOIES BILIAIRES, par F. DÉvÉ. L'obstruction de la partie terminale du cholédoque par des débris échinococeiques provenant d’un kyste hépatique ouvert dans les voies biliaires s'accompagne souvent, pour peu qu'elle se prolonge, d'une accumulation, au-dessus de l'obstacle, de vésicules ou de membranes que le sac originel continue d’égrener dans la canalisation muqueuse. 318 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - Cet encombrement progressif de la voie biliaire principale, qui s’accom- pagne d’une dilatation habituellement régulière (cylindrique ou piri- forme à sommet duodénal) du cholédoque et de l’hépatique commun, remonte fréquemment jusqu’au niveau de l'ouverture kystique. Rien d’inattendu dans cet engorgement hydatique en aval du kyste. Mais on peut voir aussi un véritable reflux hydatique canaliculaire se produire en amont de la poche jusque dans les régions superficielles du foie, ou envahir de grosses branches biliaires collatérales, ou encore remonter dans le réservoir diverticulaire que constitue la vésicule biliaire. C'est à l’étude de cet envahissement échinococcique rélrograde que sera consa- jrée la présente note. Quel est le mécanisme de la migration hydatique, en pareils cas? : Une condition primordiale réside dans lectasie de la canalisation biliaire, déterminée par l’obstruction cholédocienne prolongée, même en cas d’occlusion incomplète. Il est intéressant de noter ici que, à l'intérieur du foie, la cholangiectasie est ordinairement irrégulière, bri- dée, formant souvent de véritables anévrismes biliaires superposés, séparés par des sortes de diaphragmes. Dans ces dilatations ampullaires les vésicules hydatiques pourront s'accumuler et même s'enclaver plus ou moins. La rétention biliaire chronique provoque, d'autre part, une atrophie scléreuse du territoire parenchymateux correspondant, suivant un processus comparable à celui qui s’observe dans l’hydronéphrose. De la combinaison de ces deux processus pathogéniques résultent des boursouflures biliaires moniliformes, qu'on voit faire saillie à la sur- face du foie. ue Les hydatides et les débris de membranes flottant dans la bile se trouveront facilement refoulés dans les conduits ainsi ectasiés, par toute pression agissant sur le foie et, par son intermédiaire, sur la poche kys- tique : mouvements diaphragmatiques, contractions musculaires parié- tales, compressions dues au décubitus latéral, etc. À ces conditions, s'ajoute un phénomène de sédimentation qui entraîne, dans les points . déclives des canaux biliaires dilatés, les corps étrangers en suspension dans le liquide bilieux. C'est ainsi que nous avons pu trouver, dans un cas personnel, de petits cholélithes spécifiques et des débris cuticulaires feuilletés dans la lumière de canalicules biliaires variqueux saillants à la face convexe du foie, à 10 ou 12 centimètres en amont du kyste ori- ginel. | Le sort des formations échinococciques déversées dans la canalisation biliaire est variable. Généralement les hydatides sont, pour la plupart, déjà flétries. Ces vésicules subiront souvent un encroûütement pigmen- taire. Des débris cuticulaires, servant de centres de précipitation biliaire, formeront le noyau de véritables calculs (cholélithiase hyda- tique). Mais un certain nombre de vésicules parasitaires pourront rester SÉANCE DU 12 AVRIL 319 parfaitement vivantes, en dépit de leurséjour prolongé dans la bile (1). Elles continueront à se développer dans la cavité muqueuse ectasiée, en donnant naissance à une échinococcose hépato-biliaire secondaire, sur laquelle nous avons antérieurement appelé l'attention (2). Nous avons pu réunir 21 observations d'envahissement échinococ- cique biliaire rétrograde compliquant une obstruction hydalique du cholédoque. Dans 13 de ces cas, la vésicule biliaire était seule en cause ; dans 5 cas, c'est la canalisation bilaire intra-hépatique qui était envahie ; dans 3 cas, les deux étaient intéressées parallèlement. La rétention biliaire n'est pas nécessairement généralisée à tout l'arbre biliaire, par suite d’une oblitération hydatique à siège terminal. Il existe des rétentions biliaires partielles, sublobaires, dues à la com- pression, plus ou moins précoce, d’un canal biliaire de second, de troi- sième, de quatrième ordre, par un kyste intra-hépatique en voie d’accroissement. Le territoire parenchymateux périphérique correspon- dant subit une atrophie fibreuse. Ainsi se forment parfois des culs-de- sac ampullaires, moniliformes ou capricieusement contournés, fapissés d'épithélium biliaire, qui s'abouchent dans la cavité kystique à contenu - précocement multivésiculaire. Ces diverticules, qui représentent une _ sorte d « hydrohépatose » partielle, peuvent renfermer des hydatides _ ayant reflué dans leur lumière. Telle nous parait être l'interprétation d'une série de faits qu'on a voulu donner comme preuves d’un prétendu développement primitif du parasite hydatique dans la cavité des voies biliaires. _ Nous nous proposons d’entreprendre-.des recherches expérimentales : à ce sujet. . INFLUENCE DU MILIEU NUTRITIF SUR LE DÉVELOPPEMENT DES CHAMPIGNONS MYXOMYCÈTES. Note de F.-X. SxuPIENSKI, présentée par M. MATRUCHOT. Les Champignons myxomycètes sont très sensibles à l'action des conditions exlérieures. De longues observations faites sur ce groupe, depuis quatre ans, me permettent d'apporter à ce sujet quelques rensei- gnements nouveaux en ce qui concerne l'action des milieux de culture. (1) À vrai dire, on a souvent affaire, en pareille circonstance, à un liquide surtout séro-muqueux, contenant peu de bile, (2) F. Dévé. Échinococcose hépatique secondaire, d’origine biliaire. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 11 février 1905. 380 SOCIÉTÉ DE “BIOLOGIE Les expériences et observations ont porté, en particulier, sur Didymium nigripes Fries. Cette espèce, cultivée artificiellement dans des tubes à essai, peut donner jusqu'à 20 générations par an et par conséquent constitue ur bon matériel d'étude. Le Didymium pousse bien sur le bois pourri, sur une gélose au foin (décoction de foin à 40 p. 1.000), sur des tiges de foin, de fève:"il ne se développe pas sur la carotte, milieu hypertonique, et se développe en un maigre plasmode sur pomme de terre, où la prolifération des bacté- ries nourricières se fait trop vite et gène le développement. Le milieu de choix est constitué par quelques tiges de foin : les plas- modes qui se forment dans le liquide grimpent le long des tiges et évitent ainsi l’attaque des bactéries qui restent presque exclusivement cantonnées dans le fond du tube. : Les sporanges n'ont pas même structure“dans les différents milieux : sur le foin ils sont de taille plus grande et sont portés par des pieds plus longs que sur gélose. Fe Les différences sont encore plus marquées pour les spores. Sur le foin, les spores sont grandes, claires, à membrane mince, et elles germent vite; sur gélose, elles sont plus petites, de couleur sombre, et leur membrane épaisse retarde la germinalion. . Le bouillon de bœuf empêche loute fructification : sur gélose au bouillon, les spores germent, il se forme des plasmodes, mais ceux-ei, arrivés à la partie supérieure de la gélose, arrêtent leur évolution et finalement meurent sans fructifier, tandis que des cultures-témoins sur gélose au foin fructifient à coup sûr. Là encore il faut attribuer l’insuccès au trop grand développement des bactéries : si une quantilé modérée de bactéries favorise la vie des plasmodes, comme l’a montré Pinoy, une quantité excessive l'empêche et provoque la mort. Enfin, l’on peut se demander s’il ne se fait pas une certaine adap- tulion héréditaire du Champignon sur le milieu où il vit. Le phénomène suivant m'a beaucoup frappé. Pour avoir le matériel frais nécessaire à mes expériences, je reproduis le Didymium nigripes, dépuis quatre années, sur la gélose au foin. Le Myxomycète, souche de mes cultures, provenait d'un morceau de bois pourri; or, les cultures que je possède actuellement sont incapables de pousser sur le même bois pourri et je suis amené à conclure à un phénomène d’adaptalion. (Travail du Laboratoire de Botanique de l'Ecole normale supérieure.) SÉANCE DU 12 AVRIL 381 - LES VITAMINES ET LES CHAMPIGNONS, par G. LINOSSIER. J'avais depuis longtemps fait la remarque, que, pour la culture de l'Oidium lactis, le glucose ordinaire du commerce permettait d'obtenir, dans le même temps, des récoltes plus abondantes que le glucose pur. Comme j'avais soin d'introduire, dans le liquide ensemencé, toutes les substances, dont une élude antérieure attentive m'avait démontré l'utilité, il était tout nalurel de considérer les substances favorisantes inconnues du glucose commercial comme des « vitamines » ou, si l'on préfère, comme des « facteurs accessoires de croissance ». J'emploie momentanément ces expressions dans leur sens le plus large, sans rien vouloir préjuger du mécänisme de leur action. Il était intéressant de vérifier cette hypothèse. L’Oïdium lactis est, en effet, parmi les êtres monocellulaires, un de ceux qui semblent a priori pouvoir le mieux se passer de vitamines. Chez les organismes, qui exigent comme aliments des substances organiques naturelles complexes, comme les champignons des teignes, - comme la plupart des microbes pathogènes, on peul présumer que ces substances complexes apportent avec elles des vitamines, et, en effet, plusieurs auteurs, Jordan Lloyd, Cole, Agulhon et Legroux (1), ont constalé l'utilité de ces dernières pour la culture du gonocoque, du méningocoque, du bacille de Pfeiffer. Mais l'Oidium lactis végète très facilement sur des milieux constitués exclusivement par des matières minérales, additionnées des corps organiques les plus simples : alcool, acide acétique, glycérine, glucose. Il ne semblait guère se prêter à la démonstration de la nécessité des vitamines. Et, de fait, mes premières tentatives ne furent pas significatives. Persuadé, d’après les expériences faites sur les vitamines nécessaires aux animaux, quil s’agit de corps ne résistant pas à une température . de 120°, j'ai préparé un milieu présumé riche en vitamines {sels miné- raux, tartrate d’ammonium, glucose massé, infusion de raisins secs), j'en ai stérilisé des fractions à des températures de 70° à 13°, et je les ai ensemencées avec de l'Oïdium lactis provenant d’une culture jeune sur carotte : je n’ai pas constaté de différences bien sensibles dans la crois- sance. J'ai pensé alors que l'influence des facteurs accessoires se ferait mieux sentir, si la semence ne manifestait qu'une vitalité médiocre, et j'ai ensemencé, sur les mêmes liquides, de faibles traces d’une culture _de champignon datant de plusieurs mois. (1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 21 octobre 1918. BioLoG1E. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 15 (w2] DO SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RS Je constatai, dans ces conditions, que la végétation restait à peu près également active dans Lous les ballons dont la température de stérili- sation n'avait pas dépassé 120°. Dans ceux qui avaient été portés entre 130° et 140°, son activité élait nettement diminuée. Cette diminution était surtout marquée au début de la végétation. Quand la culture en retard avait franchi une première période difficile, elle reprenait une activité normale, et ne tardait pas à présenter le même aspect et le même poids que les cultures témoins. Si, au liquide stérilisé au-dessus de 1309, on ajoute une trace de liquide simplement tyndallisé, le végétal s’y développe bien plus facile- ment. Ce fait est important. S'il n'avait pas été constaté, on eût pu attri- buer la difficulté de la végétation dans le liquide chauffé à 130° à l’ac- tion nuisible des substances formées aux dépens du sucre à cette tem- pérature élevée. : Ces premières expériences rendaient très vraisemblable une action des vitamines, mais elles m'avaient appris, en même temps, que ces vitamines étaient plus résistantes à l’action de la chaleur qu'on ne le croit habituellement, et, au lieu de me fier à celle-ci pour les détruire, je m'efforçai de préparer des milieux qui en fussent le plus possible exempts. Je commencçai par des milieux à base de sels minéraux, de tartrate d'ammoniumet de glycérine, stérilisés à 130°, et dont une partie était additionnée d’un liquide présumé riche en vitamines. J'ai ulilisé en particulier une macération de feuilles de chou, et du jus d’oranges. Les résultats furent plus nets, et dans le même sens. Le tableau sui- vant donne une idée de la marche de l'expérience. Les cultures furent faites sur 50 cent. cubes de liquide glycériné. À chaque ballon de la deuxième série on avait ajouté 10 gouttes de macération de chou tyn- dallisée. Les poids des récoltes sont indiqués en milligrammes. 2e jour & jour 6e jour 9e jour Sans VItaMINES 7157.60 5 157 318 365 Avec Vitamines... 0", { 50 218 334 349 Avec l'alcool j'obtins des résultats plus nets. Je présente à la Sociélé des cultures datant actuellement de 6 jours. On voit que, dans les flacons sans vitamines, le développement commence à peine. IL y a un voile épais, représentant une récolte de 25 à 30 centigrammes, dans les flacons qui ont reçu du jus d'orange ou de la macération de chou sté- rilisée soit à 1009, soit à 130° (un exemple en passant de [a grande résis- tance à la chaleur de certaines vitamines). Récolte peu différente de celle du témoin dans les flacons qui ont reçu du sérum de cheval, du lait. Comme il était à prévoir, les liquides animaux semblent peu riches en vitamines actives pour les champignons. SÉANCE DU 12 AVRIL 383 Enfin, instruit par ces diverses expériences, je suis parvenu à consli- tuer un milieu à base de glucose pur, dans lequel une semence conve- nablement affaiblie par un long séjour à l’étuve à 35° ne s'est pas déve- loppée du tout, tandis que, après l'addition de 5 gouttes de macération de chou stérilisée, elle a donné une récolte abondante. Cette expérience est décisive. Je fais remarquer que la quantité de macération de chou ajoutée à une des séries de bouillons de culture ne renfermait que un demi-milligramme de résidu solide. C’est un point à noter, puisque la petitesse des doses actives entre actuellement dans la définition encore vague des vitamines. Je dois ajouter que, si on peut activer une végétation par des doses infinitésimales de vitamines, l'activation est loin d'être indépendante de ces doses ; elle s'accroît nettement avec elles. Je dois attirer aussi l'attention sur la résistance remarquable à la chaleur de ces substances inconnues. J'ai obtenu une activation nette de la végétation avec de la macé- ration de chou portée 20 minutes à 430°. C’est donc une erreur, dans de telles études, que de considérer comme « avitaminés » tous les milieux alimentaires portés à 120°. Je poursuis ces expériences soit sur l'Oidium lactis, qui est l’orga- nisme que je connais le mieux, soit sur d’autres champignons. J'ai eu quelques résultats positifs avec Penicillium glaucum, négatifs avec une levure de bière et Sterygmatocystis nigra; mais je ne puis donner à leur sujet aucune conclusion nette. Il est nécessaire de réaliser par tâätonnement pour ces organismes, comme je l'ai fait pour Oidium lactis, les conditions qui rendent évidentes l'utilité ou la non-utilité des vita- mines. Il résuite de ces expériences que : 1° L’Oidium lactis, bien que capable de se développer sur des milieux exclusivement composés de substances minérales addilionnées d'un aliment hydrocarboné simple, alcool, acide acétique, glycérine, glu- eose, est sensible à l’action des vitamines: 2° Cette sensibilité ne se manifesie que quand l'organisme a été sournis antérieurement à des conditions d'existence capables de porter atteinte à sa vitalité (vieïllissèment des cullures, action ménagée de la chaleur); 3° Si la semence est suffisamment affaiblie, les vitamines sont indis- pensables. L'organisme est devenu incapable de se développer dans un milieu « avitaminé »; 4° À un ‘degré ee bec. la croissance est plus ou moins ralentie par l'absence de vitamines. Dès : que, après un début _ difficile, la végétation est mise en train, elle se poursuit aussi facilement que dans un liquide « vitaminé » ; 384 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° L'Oidium lactis en pleine activité semble donc pouvoir soit se passer de vitamines, soit les fabriquer lui-même. ; Cette différence dans les besoins du végétal, selon son état antérieur, méritait d'être notée. (Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de médecine de Paris.) L'ÉLIMINATION PARALLÈLE DE L'IODURE DE POTASSIUM PAR L'URINE ET PAR LA SALIVE, par AMEUILLE et M. SouRDEL. Nous avons cherché ce que deviennent les éliminations provoquées quand les substances à éliminer sont introduites directement dans le sang par injection intraveineuse. Pour le bleu de méthylène, par exemple, qu'on injecte d'ordinaire sous la peau, il y a lieu de se deman- der si les réactions qui se passent entre la substance injectée et le tissu cellulaire sous-cutané qui la recoit ne retardent pas ou ne modifient pas son élimination. Des expériences multiples nous ont montré : 1° que l'injection intraveineuse de bleu de méthylène est inoffensive à la con- centration ordinairement employée ; 2° que son élimination est sensi- blement la même chez un sujet donné, normal ou pathologique, rénal ou hépatique, après l'introduction par voie sous-cutanée ou endo- veineuse. . Par contre les résultats que nous avons enregistrés après injection : intraveineuse d'iodure de potassium ont été tout à fait inattendus. CI. Simon a bien montré que ces injections sont inoffensives même à doses élevées. Nous sommes arrivés par lâtonnements à choisir la dose de 5 centigrammes qui donne à la fois des résultats très nets et plus nuancés. D'autre part, l'iodure s'élimine, entre autres émonctoires, : par la salive et par l'urine où il est Rue à déceler. C’est ce qui nous a décidés à l’adopter. Chez le sujet normal, après injection intraveineuse de 5 centi- grammes d'iodure de potassium, la réaction de l'iode apparaît nette- ment dans la salive au bout de 5 à 7 minutes, dans l'urine au boul de 8 à 40 minutes. Elle atleint rapidement un maximum dans l’une et l’autre humeur et s’y maintient aussi longtemps. que dure l'élimination, .4 à 5 heures environ. Nous avons établi ces faits en 10 expériences pratiquées sur des sujets normaux, adultes, vigoureux et sans tares organiques appréciables. Le sujet normal élimine l'iodure parallèlement par son urine el par sa salive. Partant de ce fait nous étions fondés à supposer que toute diminu- + SÉANCE DU 12 AVRIL 399 pe tion de perméabilité rénale supprimerait ou atténuerait l'élimination urinaire de l’iode tout en respectant, et en renforcant peut-être, l’élimi- nation salivaire. Dans deux cas, les choses ont paru se passer ainsi. Malheureusement _ils’agit de malades incomplètement étudiés pour des raisons indépen- dantes de notre volonté. Mais chez tous les autres malades atteints d'insuffisance rénale, nous n'avons pas plus observé d'élimination salivaire que d'élimination urinaire, l'une comme l’autre ayant manqué pendant toute la durée de l'expérience. Il est impossible de penser raisonnablement que l'élimination sali- vaire ait pu être influencée par une altération du parenchyme rénal, qu'il y ait une sorte de synergie entre le rein et les glandes salivaires, en un mot que les glandes salivaires deviennent imperméables en même temps que le rein. + Il s’agit sans doute d’une affinité élective des tissus de certains malades pour l'iode ou peut-être même pour l’iodure. Peut-être aussi existe-t-il une affinité de groupe chimique qui pourrait s'étendre aux chlorures. Peut-être enfin pourrons-nous trouver d’autres malades atteints d’affections dans lesquelles la perméabilité rénale ne joue aucun rôle, qui présenteraient ce singulier pouvoir iodo-pexique des tissus. ACTION DU CORPS THYROÏDE SUR LE MÉTABOLISME DU GLUCOSE, par MARCEL LagBé et GEORGES Virey. Parmi les multiples fonctions attribuées au corps thyroïde, on parle souvent du rôle que cette glande peut jouer dans les échanges hydro- carbonés. En clinique, on a noté la coexistence du diabète sucré avec la maladie de Basedow. Expérimentalement les auteurs ont obtenu des résultats discordants : les uns (King) ont constaté que le corps thyroïde retarde la destruction du glucose, les autres (Hirsch), que l'ablation du corps thyroïde favorise : au contraire la glycosurie. : Nous avons repris ces expériences sur 12 lapins; nos animaux étaient divisés en 3 groupes : 1° lapins normaux; 2° lapins hyperthyroïdés, auxquels nous faisions ingérer 0 gr. 05 ou 0 gr. 10 de poudre de corps thyroïde par jour pendant plusieurs jours avant l'expérience ; 3° lapins éthyroïdés, auxquels nous enlevions aussi complètement que possible l'appareil thyroïdien plusieurs jours avant l'expérience. L'expérience consistait à injecter dans la veine marginale de l'oreille 40 à 60 c.c. 386 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’une solution contenant 50 grammes de glucose et 150 grammes d’eau; on recueillait les urines le jour et le lendemain de l'opération et l’on dosait le glucose contenu: Les résultats des 26 expériences faites suivant celte méthode sont relatés dans le tableau ci-dessous : Nes GLUCOSE GpHeOSE | COLCOVE ‘des POIDS =. à : fixé LAPINS DURCRE PURE PAR KILOGR. Lapins normaux. s9 2 kK, 15010415 gr.223 4 gr. 22 4 gr. 00 12 2:k°° 300 15 gr:.923 5 gr. 16 4 or. 31 Id. 2 K: 520 | 15 gr 23 |, %/6r 49 k gr. 5 Moyenne Id. 2 830 21557023 4 gr. 68 3 gr. 12 | des 10 expériences : 100 2,410" 415 0.28 2 gr. 04 5 gr. 47 lapin normal. Id. 2 K. 450 | 12 gr. 46 3 or 12 3 gr. S1 Glucose 3 1 k. 950 | 16 gr. 62 5 gr. 42 5 ST fixé par kilogr. : 33 2 k. 460 | 13 gr. 85 5 gr. 45 3 gr. 41 4 gr. 32 Id. DA TON SRE nn 3 gr. 46 4 gr. 08 20 2 Kk. 700 | 13 gr. 55 2er 36 4 gr. 25 Lapins hyperthyroïidés. - sl 2 K. 410 | 15 gr. 23 1 gr. 85 5 gr. 40 Id. 3 k. 110 | 15 gr. 93 | 2 gr. 28 | 4 gr. 16 s Id. 3 k:220 | 45 er. 23 | Ler 62 ‘4er 2} es : 93 2 k. 250 | 15 gr: 23 | 3 gr. 42 | 5 gr. 2 l Es ee re Id. 9 k. 820 | 15 gr. 23 | 3er 80 | 4er. 05 » lapin ee proie Id. DER (835 der 08) pro) EL ore fixé Ru î Id. 2 K. 910 | AL gr. 08 | 2 gr. 54 | 2 er. 93 . Fe Ge ; 32 2 K. 885 | 13:gr.85 | 3 gr. 91 | 3 gr. 44 ie Id. 201 A3 on 85m 320.163 3 gr. 78 | € Lapins élthyroïdés. 73 25508 bo 223 3 gr. 81 4 gr. 41 M Id. 2 k. 580 | 15 gr. 23 | 2 gr. 83 | 4gr. 81 } nee Id. 2 k. 800 | 15 gr. 23 | 5 ge. 19 | -3,gr. 58 = 0e l'PRDORERCESS Id. 3k. » | 13 er. 23 | gr. 45 | 4 gr. 17 es 25 3 k. 280 | 13 gr.-85: | 3 gr. 40 | 3 gr. 03 Fe are à Id. 3 k. 445 | 13 gr. 85 |. 8 gr. 65 | À gr. 58 REC DARCOS 31 2 k. 865 | 13 gr. 85 | 4 gr. 05 | 3 gr. 42 3 gr., 58 Conclusions. — De l’examen de ce tableau, il ressort que l’ingestion de corps thyroïde ne modifie pas sensiblement la quantité de glucose Le peut fixer le lapin. L’ablation du corps thyroïde, au contraire, diminue légèrement la quantité de glucose fixée et augmente en conséquence la glycosurie. SÉANCE DU 12 AVRIL 381 — — SUR LA RÉSISTANCE DIFFÉRENTE AU SEL MARIN DES GROUPES TYPHIQUE, PARATYPHIQUE À ET PARATYPHIQUE B, 2. coli, par L. NÈGRE. Le groupe du paratyphique B se distingue de celui du paratyphique A par un nombre de caractères culturaux et biochimiques relativement restreint : culture sur pomme de terre, action sur le petit-lait tourne- solé et la gélose au plomb. En étudiant la résistance de différents microbes pathogènes au chlo-. rure de sodium, nous ayons pu nous rendre compte que le paraty- _ phique A et le paratyphique B ne présentaient pas la même résistance à ce sel. Nous croyons donc ulile de signaler ce nouveau caractère dif- férentiel entre ces deux groupes. Karaffa Korbutt (1) avait déjà étudié l'influence du sel marin sur les micro-organismes pathogènes, mais il n'avait pas mentionné la facon différente dont le paratyphique A et le paratyphique B se comportent vis-à-vis de ce corps. Nous avons ensemencé une centaine de races, isolées en Algérie et en France, de bacilles typhiques, paratyphiques À et paratyphiques B sur de la gélose contenant des proportions croissantes de sel marin. Les résultats obtenus ont été les suivants : sur la gélose contenant 3 p. 100 de sel marin, les trois groupes poussent de la même facon en donnant une culture abondante 24 heures après l’ensemencement. Sur la gélose contenant 6 p. 100 de sel marin, le naratyphique B donne en 24 heures une culture aussi abondante que sur gélose ordi- naire, le paratyphique A et le typhique peuvent exceptionnellement n’y donner aucune culture. Dans la majorité des cas, leur développement est retardé et aboutit en 48 heures à une culture moins abondante que celle du paratyphique B. Sur la gélose à 7 p. 100 de sel marin, le paratyphique B donne en 2 heures une culture à peine perceptible: elle peut exceptionnellement rester très grêle, mais le plus souvent elle s'épaissit et s'étend dans les 3 ou 4 jours suivants, tout en restant très peu abondante. Le para- typhique À et le typhique ne se développent pas sur la gélose à 7 p. 100 de sel marin. Sur la gélose à 8 p. 100, le paratyphique B donne encore une culture, mais excessivement grêle. Il ne se développe pas sur la gélose à 9 p. 100 de sel. Lesraces Gärtner, Aerstryck, Schottmüller se comportent comme le paratyphique B. Le 2. coli donne les mêmes cultures que le para- typhique B, mais un peu plus abondantes. (1) K. v. Karaffa Korbutt. À propos de l'influence du sel marin sur la vita- lité des micro-organismes, Zeitsch. f. Hyg., t. LXXI, p.r, 1 mars 1912, p. 161. 388 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE On peut résumer schématiquement ces caractères daus le tableau suivant : GÉLOSE GÉLOSE GÉLOSE GÉLOSE à 6 p. 100 à 7 p. 100 à 8 p. 100 à 9 p. 100 Groupe : Culture Culture Traces Pas parelypnidue B- assez lente et grêle. de de culture. B. coli. abondante en : déconne: Eu 24 heures. ment. a Groupe Culture Pas Pas Pas typhique- moins de culture. de culture: de culture. paratyphique A. abondante en 48 heures. æ En bouillon, la résistance au sel marin du typhique et des para- typhiques À et B est légèrement augmentée. En bouillon contenant 9 p. 100 de sel marin, le ÉÉRRIOENTe B donne une Culture grêle, le typhique et le paratyphique À ne s'y développent pas. Conclusions : Au point de vue de la résistance au sel marin, le para- typhique À se rapproche du typhique et le paratyphique B du Z. cali. La résistance au sel marin du groupe paratyphique B-Z. coli est plus grande que celle du groupe typhique-paratyphique A (1). Le développement sur gélose du typhique et du paratyphique A est gèné par une proportion de 6 p. 100 de sel marin et arrêté par une pro- - portion de 7 p. 100 du même sel. Le développement sur gélose du paratyphique B et du B. coli n’est pas influencé par une proportion de 6 p. 100 de sel marin, il est très fortement entravé par des proportions de 7 p. 100 et8 p. nu et arrêlé par une proportion de 9 p.100. En milieu liquide, la résistance de ces microbes au SE marin est légèrement augmentée. (Institut Pasteur d’A lgérie.) (1) La pratique de la préparation dès vaccins antityphoïdiques nous a montré que la plupart des races de para B n'étaient détruites que par un chauffage à 60° alors que le typhique et le para À ne résistent pas aux tem- pératures dépassant 58°, Cette résistance à la chaleur du para B est à rap- procher de sa résistance au sel marin. Nous avons montré en effet que ces deux caractères se retrouvaient chez des bacilles thermophiles. (Contribution à l'étude des microbes thermophiles, étude biologique de la flore bactérienne thermophile du Sahara. Thèse doctorat ès sciences, Paris, 1918.) SÉANCE DU À2 AVRIL 389 ETUDE SUR LA PATHOGÉNIE DE LA FIÈVRE BILIEUSE HÉMOGLOBINURIQUE DES BOVINS EN ALGÉRIE, par PasrEuR VALLERY-RADOT et A. LHÉRITIER. Les troupeaux de bœufs en Algérie sont parfois décimés par une affection que nous avons proposé avec M. Ed. Sergent d'appeler fièvre bilieuse hémoglobinurique. Elle est caractérisée, dans sa forme la plus commune, par de la fièvre, de l'hémoglobinurie et de l’ictère. Parfois l’'hémoglobinurie est le seul symptôme flagrant. D’autres fois, l’ictère résume toute l'affection. Le piroplasma bigeminum ne peut être invoqué comme agent causal de la maladie qu’exceptionnellement. Dans la grande majorité des cas, les examens de sang sont négatifs ou ne révèlent que des piroplasmes à petites formes, annulaires ou bacilli- formes, qui se voient également chez les bœufs sains ; les inoculations avec le sang des animaux malades restent négatives. A côté de la piro- plasmoseil y a donc lieu d'admettre une fièvre bilieuse hémoglobinurique dont l’agentcausalestencoreinconnu (Ed.etEt. Sergent etA.Lhéritier){1). Nosrecherches ont porté exclusivement surla pathogénie de la maladie. Les observations, prises à des époques différentes de l'affection, nous ont permis de suivre l'évolution de la maladie qui passe par un stade d’hémoglobinémie avec ictère, puis un stade d'’ictère. Les examens hématologiques ont montré qu'à l'origine de l’affection existe un processus hémolytique : au stade d’hémoglobinémie se con- state une fragilité globulaire très accentuée ; dans les deux cas que nous rapportons plus loin, l’'hémolyse avec les solutions chlorurées sodiques débutait à 0,86 [chez les bœufs normaux elle débute entre 0,5 et 0,68 (2j? De ces constatations, il y a lieu de rapprocher celles de MM. Nattan- Larrier et Parvu sur la piroplasmose canine; ces auteurs ont observé, au moment de l'émission des urines sanglantes, une diminution notable de la résistance globulaire (3). À l’hémoglobinémie s'associe une anémie considérable avec réno- (1) Ed. et É'. Sergent et A. Lhéritier. Fièvre bilieuse hémoglobinurique du bœuf d'Algérie, maladie distincte des piroplasmoses. Soc. de Path. exot., séance du 12 février 1919, p. 108. (2) Pasteur lente et A. Lhéritier. Parallélisme entre la résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques et la dimension de l’hématie chez les mammifères. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, : séance du 1°" mars 1919, p. 193. a) Nattan-Larrier et Parvu. Résistanc: globulaire et piroplasmose cauine. Soc. de Path. exot., séance du 11 octobre 1911, p. 520. 390 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vation sanguine nulle ou à peine ébauchée et s’accompagnant parfois d'hématies à granulations basophiles (1). L'ictère est d’un lype spécial, comparable à celui des ictères hémo- lytiques décrits en pathologie humaine : les urines ne contiennent pas ou ne contiennent que des traces de pigments biliaires, les acides biliaires en sont absents, les matières fécales ne sont pas décolorées, enfin les autopsies montrent une forte augmentation du volume de la rate ; cependant il n'existe pas d'hématies granuleuses et l'épreuve de l’auto- agglutinalion des hématies est négative. Les examens histologiques, faits par Me Dejerine, n’ont montré que des lésions banales du foie; il est à remarquer que, contrairement à l'attente, il n'existait pas de pigment ferrique. Voici, entre autres, deux observations résumées : Ogs. I. — Mastoc, bœuf croisé, neuf ans. Le 12 novembre, perte de l’appétit. Le 13 novembre, urines rouges contenant de l’hémoglobine, des traces de pigments biliaires, pas d'acides biliaires, pas d'hématies. Coloration jaune des muqueuses. Matières fécales non décolorées. Inappétence. Température rec- tale 40°, Le sérum contient de l'hémoglobine en abondance et des traces de pigments biliaires. Résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques (technique des hématies déplasmatisées) : H! 0,86, H? 0,78, H° 0,40. Les globules inis en contact de sérums de bœufs normaux sont faiblement hémolysés. Pas d'hémolysine. Epreuve de Donath et Landsteiner négative. Pas d’auto- agglutination des hématies. Pas d’hématies granuleuses. Globules rouges, 1.800.000. Anisocytose. Globules blancs, 4.000. Polynucléaires. amphophiles, 52 p. 100; polynucléaires éosinophiles, 2 p. 100; grands et moyens mono- nucléaires, 40 p. 100; lymphocytes, 2p. 100; formes de transition 4 p. 400. Aucun parasite. Le 13 novembre : forte accentuation de l’ictère. Mort dans la nuit du 14 au 15 novembre. Ogs. II. — Miliani, taureau croisé, trois ans. Le 9 novembre “ét les jours suivants, urines rouges et perte de l'appétit. Le 13 novembre, les urines con- tiennent de l’hémoglobine, de l’urobiline, des tracés de pigments biliaires, pas d’acides biliaires, pas d’hématies. Coloration jaune des muqueuses. Matières fécales non décolorées. Inappétence. Le sérum contient de l’hémo- globine en abondance et des pigments biliaires. Résistance globulaire aux solutions chlorurées sodiques (technique des hématies déplasmatisées) : H! 0,86, H° 0,72, H° 0,40. Les globules, au contact de sérums de bœufs normaux, ne sont pas hémolysés. Pas d’hémolysine. Epreuve de Donath et Lands- teiner négative. Pas d’auto-agglutination des hématies. Pas d’hématies (4) D'après nos recherches sur des bœufs sains, le nombre des hématies oscille à l’état physiologique entre 5.000.000 et 6.000.000; le nombre des glo- bules blancs entre 4.200 et 7.500 ; le nombre des polynucléaires amphophiles entre 26 et 40; les hématies sont de dimension inégale (les moyennes ont 5 y. 2, les petites 4 1 1, les grosses 6 u 6), mais l’anisocytose observée parfois dans la bilieuse hémoglobinurique est beaucoup plus accentuée. SÉANCE DU 12 AVRIL 391 granuleuses. Globules rouges, 2.900.000. Globules blancs, 7.800. Polynu- cléaires amphophiles, 57 p. 100; polynucléaires éosinophiles, 0,25 p. 100; grands et moyens mononucléaires, 35 p. 100 ; lymphocytes, 4 p. 100; formes de transition, 3,75 p. 100. Aucun parasite. Le 19 novembre, les urines rede- viennent claires. L'animal guérit. La fragilité globulaire éclaire la symptomatologie de l'affection et en explique les étapes : l’'hémoglobine est mise en liberté, d’où hémoglo- binémie avec hémoglobinurie; cette hémoglobine se transforme secon- dairement en pigments biliaires. La fragilité globulaire fait comprendre aussi comment la maladie est parfois uniquement hémoglobinurique, d’autres fois uniquementictérique: l'intensité et la rapidité du processus hémolytique règlent la symptomatologie. . Ces faits, du point de vue de la pathologie générale, sont à rapprocher de ceux qui ont été observés en pathologie humaine dans cerlains cas d'hémoglobinurie, dans les ictères hémolytiques, dans la fièvre bilieuse hémoglobinurique chez les paludéens : à l'origine se trouve le même processus hémolytique. Il est, d'autre part, intéressant de constater que la clinique montre ici ce que les expériences de MM. Lapicque et Vast, Lesné et Ravaut, Widal, Abrami et Brulé avaient réalisé dans des recherches d'un autre ordre : soit l’'hémoglobinémie avec ictère, soit l’hémoglobinémie seule, soit l'ictère seul. - L'étude de la fièvre bilieuse hémoglobinurique des bœufs révèle ainsi dans la même affection les différentes conséquences de l’hémolyse : l'hémoglobinémie, l’ictère et l’anémie. (Travail de l'Institut Pasteur d'Algérie.) ACTION DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D URÉASE, par P. CaroT et P. GÉRARD. Nous avons recherché in vivo, sur le chien, l’action physiologique de l’uréase dont on connaît en vitro l'intensité du pouvoir hydrolysant vis- à-vis de l’urée. Nous avons utilisé la farine de Soja, riche en uréase, douée d'un caractère spécifique très net, agissant exclusivement sur l'urée, comme l'ont démontré Takeuchi, Armstrong et Horton; Folin l'a, d'ailleurs, utilisée avec succès pour le dosage de l’urée. Nous nous sommes servis d’une macération à 10 p. 100 de farine de Soja dans l’éau froide pendant une heure. On agite fréquemment et l’on filtre : on obtient une liqueur opalescente qui est additionnée de thymol pour conservation aseptique. Cette émulsion à un pouvoir uro- 392 SOCIÉIÉ DE BIOLOGIE lytique intense : En effet 1 c.c. de cette macération, mis en contact avec 5 c. c. de solution d'urée à 1 p.100 en présence de toluène, donne en une heure d'étuve à 37°, 0 gr. 012 d'azote ammoniacal, ce qui repré- sente le dédoublement d’un peu plus de la moitié de l’urée totale mise en expérience (0 gr. 0233 d'azote). À. — STABILITÉ DE LA DIASTASE DANS L'ORGANISME. Exp. 1. — Un chien de 12 kilogrammes recoit en 2 minutes 30 c.c. de macé- ration en injection intraveineuse (saphène). Le sang, prélevé une heure après, possède, malgré la dilution de la diastase dans le sang, un pouvoir uroly- tique très net : 1 c.c. de sérum donne en 24 heures à l'étuve à 37, en pré- sence de toluène, 0 gr. 007 d'azote ammoniacal aux dépens de 5 c.c. de solu- tion d'urée à 1 p. 100, alors que les tubes témoins contenant 1 c. c. de sérum ne donnent sensiblement aucun dédoublement,; la même expérience faite 5 jours après, montre que le pouvoir urolytique a complètement disparu. Exe. If. — Un chien de 12 kilogrammes environ reçoit en 5 minutes -100 c.c. de macération diastasique (V. saphène). 1 c.c. de sérum, provenant du sang prélevé une heure et demie après l'injection, donne en 24 heures à l’étuve à 37°, 0 gr. 010 d'azote ammoniacal aux dépens de 5 c.c. d'une solution d'urée à 1 p. 100. Le pouvoir urolytique du sérum est, ici, plus fort qu’à la 1"° expérience, la quantité injectée ayant été environ triple par rap- port au poids de l’animal. Au bout de 2% heures, ce même sérum, conservé in vitro, est remis en expérience : son pouvoir urolytique n'avait pas encore baissé. Nous avons recherché ce pouvoir urolytique sur le foie et le rein débar- rassés de leur sang et aussi dans la bile. Seul le foie a paru fixer la diastase et la conserver un certain temps après la mort : 0 gr. 50 de cet organe, pré- levé 20 heures après la mort, pouvaient, en 24 heures à l’étuve à 37°, produire O gr.006 d'azote ammoniacal, aux dépens de 5 c.c. de solution d’urée à 4 p. 100, alors que le rein, la bile et le sang coagulé n'avaient aucun pou- voir urolytique net. Une seconde expérience où le foie fut prélevé et mis en expérience deux heures après la mort, nous montre encore une nette fixation de la diastase (0 gr. 50 de cet organe produisent 0 gr. 008 d’azote ammoniacal). Exe. IL. — Un chien de 14 kilogrammes recoit 60 c.c. de macération : le pouvoir urolytique recherché une demi-heure après l'injection est très net. 1 c.c. de sérum produit 0 gr. 014 d'azote ammoniacal. Ce pouvoir s’abaisse dans le sang prélevé une heure et demie après l'injection : 0 gr. 50 de foie pro luiseut alors 0 gr. 008 d'azote ammoniacal, ce qui est comparable aux résultats précédents. B. — ACTION ANALYTIQUE ET ACTION TOXIQUE in vivo. Exe. I. — Un chien de 12 kilogrammes recoit 30 c.c. de macération dans la siphène. Il ne manifeste aucune gêne au cours de cette injection, ni après. SÉANCE DU 12 AVRIL 393 Son sang, prélevé avant l'injection, puis après, nous donne les résultats sui- vauts, exprimés en grammes par litre: URÉE AZOTE EXPRINÉ EN URÉE (xanthydrol) (uréomètre) Avant l'injection ; 05172 0:285 1 demi-heure après . . . . . . . . 0 172 0 235 1 heure aprés. Stan 0 172 0 260 1 heure et demie après. . . . . . 0 156 0 315 PHPNEUTESSADTE SES ce 0 156 Le léger abaissement du taux de l’urée, cependant que l'Az dosé à l’hypo- bromite ne diminue pas, nous fait penser à une légère action uroiytique, et nous avons recommencé une deuxième expérience en injectant une plus graude quantité de macération. Exp. I. — Un chien de 12 kilogrammes recoit 100 c.c. de macération en 5 minutes. Le chien a une respiration haletante après un quart d'heure, puis est pris dé contractures violentes qui se succèdent à des intervalles de plus en plus courts ; à cet état succède une prostration qui s’accentue progressi- vement. Le chien meurt au bout de trois heures. A l’autopsie on remarque que le sang a perdu, en partie, sa coagulabilité, ce qui correspond à une expérience faile in vitro et qui nous avait montré l’action anticoagulante très nette de la macération diastasique. Les dosages au xanthydrol et à l'uréomètre nous donnent les résultats suivants : URÉE AZOTE EXPRIMÉ EN URÉE (xanthydrol) (uréomètre) Avantilinjection-fs. +4... 05194 05305 à 1 heure et demie après . . . . . . 0 00 0 277 Nous recherchons l’urée dans le foie, et après défécation de la purée d’organe : nous essayons de précipiter l’urée par le xanthydrol dans une partie aliquote de liquide représentant 10 c.c. 33 d'organe frais : nous n’obtenons aucun précipité de Xanthylurée. Le foie parait donc complètement privé de son urée. Exp. III. — Un chien de 14 kilogrammes environ reçoit, dans la saphène, 60 c.c. de macération en 10 minutes. Une dyspnée légère commence pendant l'injection. Puis des vomissements surviennent. 15 minutes après l'injection, le chien est pris de terreur et pousse des aboiements angois:és; 20 minutes après l'injection, on note de légères contractures de la gueule et des pattes, de l’arythmie, de la dilatation pupillaire; le cœur bat à 100. Puis, subitement, très forte contracture généralisée. On prend 60 c.c. de sang à ce moment (une première prise de sang de 60 c.c. avait été faite avant l'injection). 40 minutes après l'injection, se produisent des mouvements de contracture de grande amplitude, des mouvements cloniques.des pattes, puis des mouve- ments latéraux de la tête; le clonus gagne la tête, qui frappe rythmiquement et très rapidement la table. À nouveau, une très forte contracture de tout le corps. Respiration normale. Puis survient une crise tétanique de la mâchoire 394 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avec craquement des dents; le cœur se maintient à 100. Les oscillations laté- rales de la tête sont remplacées par des mouvements de flexion et d'extension; la dilatation pupillaire cède. Une heure après l’injection, on note des mou- vements répétés de flexion de la tête sur le corps du côté gauche, cependant que les yeux dévient complètement à gauche pendant la flexion; le cœur bat arythmiquement à 100. Puis survient de l’abattement : les mouvements de flexion sont de moins en moins fréquents; le cœur bat à 66, la respiration est toujours normale, l’animal est de plus en plus affaissé. Une heure et demie après l'injection, on refait une prise de sang de 60 c.c.; les mouve- ments respiratoires sont ralentis et irréguliers, les réflexes carnéens ont disparu; le cœur est à 84, la respiration à 12 par minute; les convulsions ont totalement disparu. L'animal est progressivement entré dans le coma. Le chien agonisant est alors saigné à blanc. En résumé, ce tableau expéri-. mental paraît être celui d’une intoxication rapide de type cérébral. Les différents dosages nous donnent : URÉE AZOTE EXPRIMÉ EN URÉE - (xanthydrol) (uréomètre) AVant INC HoOne e e 05263 05321 lédemiheure apres ne 0 00 0 266 1 heure et demie après . . . . . . 0 028 0 337 Les dosages furent faits sur l'urine émise immédiatement avant l'injection et sur l’urine recueillie post mortem et donnèrent comme résultats : URÉE AZOTE EXPRIMÉ EN URÉE (anthydrol) (uréomètre) rire avants ee RER 20584 - _ 22x60 : Ürine:4près. Ses ne 1 75 6 50 La recherche de l’urée dans le foie par le xanthydrol nous donna un résultat négatif (1). (1) Si l’urée disparait du sang de facon complète dans notre deuxième expé- rience et dans le sang prélevé une demi-heure après l'injection au cours de la troisième expérience, et si,par contre, on retrouve de l’urée (en très minime quantité il est vrai), dans le sang prélevé une heure et demie après l’injec- tion au cours de cette troisième expérience, c'est que l’action diastasique du sang n’a pas été arrêtée immédiatement. L'hydrolyse de l'urée commencée in vivo a donc continué pendant environ une demi-heure in vitro, ce qui a fait disparaître les moindres traces d'urée. Pour le sang prélevé pendant la troisième expérience, une heure et demie après l'injection nous avons arrêté immédiatement l’action diastasique en déféquant par le Tanret modifié, aussi trouvons-nous encore des traces d’urée, 0,028 par litre. La différence entre les deux chiffres de la troisième expérience (urée avant l'injection 0,263 et urée une heure et demie après 0,028) donne l'expression exacte de l’action urolytique in vivo. | FO SÉANCE DU Â2 AVRIL 395 Exp. IV. — Comme expérience témoin, un chien de 14 kilogrammes recoit _ 65 c.c. de macération passée pendant 5 minutes au bain-marie bouillant. Le chien ne manifeste de gêne à aucun moment. Les dosages faits avant et après l'injection donnent : URÉE AZOTE EXPRIMÉ EN URÉE (xanthydrol) (uréomètre) AV AE SR ee does ne 05152 05295 ARS en RAA ri ie 0 238 0 292 L'injection a modifié le métabolisme de l’urée en l’augmentant légèrement. La Suppression de l’aclivité diastasique paraît avoir supprimé les phénomènes toxiques. CONCLUSIONS : 1° L'uréase n’est pas détruite dans l'organisme et l’on peut la carac- tériser dans le sang circulant, une heure et demie au moins après l'in- jection. /n vitro, l’uréase mêlée au sérum conserve ses propriétés pen- dant vingt-quatre heures au moins sans changement de son pouvoir urolytique. 2° Le foie semble fixer l’uréase : il a un pouvoir urolytique net après l'injection de la macération, et ce pouvoir persiste un certain temps après la mort. 3° La macération de soja introduite dans l'organisme hydrolyse l'urée in vivo comme elle le fait in vèlro, en produisant des phénomènes toxiques qui semblent relever de son action diastasique et ne se pro- duisent pas avec la macération chauffée. 4° L'emploi simultané des méthodes au xanthydrol et à l'hypobro- mite nous a permis, en comparant les chiffres obtenus, de suivre l'hydro- lyse de l’urée et d'apprécier approximativement la formation de l’am- moniaque (1). Dans des notes ultérieures, nous préciserons le mécanisme de l’action toxique consécutive à l'injection d'uréase, les lésions histologiques = (1) Il est évident que la différence des deux dosages (hypobromite et xan- thydrol) ne donne pas V’N ammoniacal, puisque l'hypobromite attaque en dehors de l’urée et des sels ammoniacaux d’autres corps mal définis. Nous ‘n'avons là qu'une approximation et d'autres expériences seront entreprises avec dosage spécial de l’N ammoniacal. Néanmoins les différences trouvées par ces deux dosages chez le chien normal prouvent le grandi danger qu'il y a à s’en tenir aux simples indications de l’uréomètre pour le dosage de l’urée, VPN non uréique soluble, mis en liberté par l’hypobromite, étant parfois en grande proportion dans le sang et comptant de ce fait comme urée, 396 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE observées (au niveau du foie notamment), enfin les effets de l’uréase suivant les diverses voies d'introduction. (Laboratoire de Thérapeutique de la Faculté de médecine.) ERRATUM NOTE D A: GUILLIERMOND. T. LXXXIT, p. 310, ligne 20, au lieu de : température de 400, lire : température de 470. — Page 311, ligne 25, au lieu de : chloroplasme, lire : chloroplaste. 2 Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Pazxis, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 397 SÉANCE DU 3 MAI 1919 SOMMAIRE ARGAUD (R.) : Sur la phase car- cinomatoïde du chordome malin. Arraus (M.) : Anaphylaxie passive GR ILENDIIT 0.6 51010100 60 6 00e 0 ArTHUS (M. L'antithrombine engendrée dans les intoxications - protéiques est-elle exclusivement Artaus (M.) : Recherches expéri- mentales sur le venin des Abeilles. CasreL (J. pu) et Durour (M.) : La réaction aux colloïdes d’or au cours des broncho - pneumonies DDASS ee de eee CHaAussiN (J.) : Jeu compensateur entre les sulfates et les chlorures dans l'élimination urinaire. Inges- tion de sulfate de soude. Répercus- sion urinaire peu marquée . . . .. CnEvrier (L.) : Cholémie post- anesthésique par l’éther. . . . . .. DÉvé (F.) : Kystes hydatiques du foie et lithiase biliaire. . . . . . . . Disraso (A.) : Peut-on créer une fonction nouvelle dans l'organisme DINAN ee eee KumaGat (T.) et Osato (S.) : Sur la sécrétion interne du pancréas. Léororn-Lévi: Glandes endocrines CÉOMROR Melo name Lévy (P.-P.) : Sur la présence, dans l'urine normale, de filaments flexueux, de nature très probable- ment spirochétidienne . . . . . . .. Maranon (F.) : Bases physiolo- giques du rationnement. [mpor- - tance du rapport adipo- -protéique. Minimum de graisse nécessaire . . Marïcxon (F.) : Étude critique de l'influence exercée par la carence sur les expériences d'alimentation à BroLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1949. T. . 428 429 407 401 419 421 425 410 421 .Chats l’aide de produits purs, expériences qui ont permis d'établir le rôle des graisses dans l'utilisation des albu- NOTES a ee ue Men ss Mozrriarp (M.) : Obtention artifi- cielle de pétales panachés chez l’OEil- Jette bDIanche ee ee NICOLLE (C.}) et LeBarcry (C.) : Essai de conservation des virus exanthématique et ictérique chez HSangste vs Leu RaTHERY : Remarques à propos de la communication de M. Che- A RS Et re WazLicx (V.) : Sur la cause de l’hémorragie menstruelle Réunion biologique de Lille. (Séance du 12 avril 1919.) Bozz (L.) : Influence de l'opothé- rapie parathyroïdienne sur la calci- fcaton des os er St Lo ei DEkEuwER (E.) et Lescogur (L.) : Sur le dosage de l’urée par l’hypo- bromite de sodium DouueR (E.) : HO a ae à = LAGUESSE (E.) : Sur la membrane vitrée basale sous-épidermique. . . LaGuesse (E.) : Sur la structure des papilles et de la couche super- ficielle du derme chez l'Homme . . - MaLaAQuIN (A.) : Assimilation de métamères : Étude de métamérie chez les Annélides des genres Filo- GRANT EL SALMACINE EN RC Manet (J.) : Sur la présence de Bacilles paratyphiques sue les cra- DO OL OO ENONCE OM OLA RER AS LXXXII. 29 398 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Charles Richet. ÉTUDE CRITIQUE DE L'INFLUENCE EXERCÉE PAR LA CARENCE SUR LES EXPÉ- RIENCES D'ALIMENTATION A L'AIDE DE PRODUITS PURS, EXPÉRIENCES QUI ONT PERMIS D'ÉTABLIR LE RÔLE DES GRAISSES DANS L'UTILISATION DES ALBUMINOÏDES, par F. MaAïcnon. Dans des recherches entreprises de 1909 à 1914, publiées en juin, juillet, août 1918 et mars 1919 (1), nous avons montré qu'en alimen- tant des animaux (rats blancs, chiens) avec des protéines pures (ovalbu- mine, fibrine, caséine, protéines musculaires) additionnées de sels minéraux et de bicarbonate de soude pour éviter la déminéralisation et l’acidose, les animaux meurent au bout d’un temps variable, d’intoxi- cation ou d’épuisement des réserves. L’addition de substances ternaires, graisses ou hydrates de carbone, est nécessaire chez le rat blanc pour obtenir la fixité prolongée du poids. La nature du principe ternaire ajouté n’est pas indifférente, les graisses ne $e comportent pas comme les hydrates de carbone. 1° Les graisses exercent sur la toxicité des protéines une action atténuante que ne possédent pas les hydrates de carbone. 2° La fixité prolongée du poids est obtenue facilement avec les mélanges ovalbumine-graisse pour des proportions relatives très variables de ces deux substances (graisse variant de 1/4 à 2), tandis qu'avec les mélanges ovalbumine-amidon, seule la ration ovalbumine- amidon parties égales permet d'arriver à ce résultat. 3° La graisse augmente le rendement nutritif de l’albumine. Avec cet aliment, le minimum d’albumine nécessaire est environ trois fois moindre qu'avec l’amidon. D'autre part la ration assurant la fixité du poids est plus élevée lorsqu'elle est composée d’albumine et d'amidon, que lorsqu'il s'agit du mélange albumine-graisse (rapport de 5 à 4, les rations étant exprimées en calories). Dans le premier cas il faut en outre deux fois plus d’albumine que dans le second, pour couvrir les besoins azotés de l’économie. La conclusion est que les graisses jouent dans la nutrition un rôle des plus importants qui est d'intervenir dans l’utilisation des albumi- noïdes en atténuant la toxicité de ces substances et en augmentant leur (1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. 166, p. 919, 1008; 1918; — t. 167, p. 91, 172, 281; 1918; — 1. 168, p. 474; 1919. SÉANCE DU 3 MAI ; 399 Dn—— pouvoir nutritif, rôle que les hydrates de carbone sont Din à remplir. Ces expériences ont été effectuées avec des produits purs, par consé- quent pauvres en vitamines. La carence n'en a-t-elle pas faussé les résultats? Il est facile de démontrer que non. Des deux actions exercées par l’avitaminose sur la nutrition, arrêt de la croissance et mauvaise utilisation des aliments, la seconde seule nous intéresse du moment que nos expériences ont consisté uni- quement à.déterminer la possibilité, de la part de telle ou telle ration, d’équilibrer la nutrition en assurant la fixité prolongée du poids. L’arrêt de la croissance s'est manifestée dès le début des expériences lorsqu'il s'agissait de jeunes rats, mais la fixité du poids a pu être obtenue pendant trois et quatre mois sur le rat blanc avec ces produits purs (ovalbumine, saindoux, graisse de mouton, amidon). La période latente au cours de laquelle les vitamines des tissus suppléent au défaut de vitamines alimentaires, en ce qui con- cerne l’utilisation des principes nutritifs et l'obtention de la fixité du poids, est par conséquent de plusieurs mois pour le rat blanc ainsi alimenté. Or, tous nos résultats ont été recueillis pendant cette période. D'autre part les graisses ajoutées aux protéines (saindoux, graisse de mouton) étaient, au même titre que l’amidon, dépourvues de vitamines. La supériorité des graisses dans l’utilisation des protéines n'est donc pas une question de vitamines. D'ailleurs si l’infériorité de l’amidon tenait à sa pauvreté en ce genre de substances, tous les mélanges ovalbumine- amidon, quelles que fussent les proportions relatives des composants, seraient frappés d'impuissance nutritive et incapables d'assurer la fixité prolongée du poids. Or, il n’en est rien puisque le mélange ovalbumine- amidon, parties égales, nous a permis chez le rat blanc, d’équilibrer la nutrition et de maintenir le poids pendant plus de trois mois. Par contre, si l’on augmente ou diminue la proportion d’amidon, ce résultat ne peut plus être obtenu, et cela pour des raisons que la chimie explique (1). Avec la graisse au contraire, tous les mélanges expérimentés se sont montrés aptes à réaliser l'équilibre nutritif. La conclusion de tout ceci est que nos recherches n’ont pu étre faus- sées par la carence, du moment qu’elles sont relatives à l’utilisation des principes alimentaires et que les résultats sur lesquels elles reposent ont été recueillis au cours de la période latente pendant laquelle cette utilisation n’est pas encore troublée par l’avitaminose. (1) Comptes rendus de l’'Acad. des Sciences, t. 168, p. 474; 1919, ! 400 Ë SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE BASES PHYSIOLOGIQUES DU RATIONNEMENT. IMPORTANCE DU RAPPORT ADIPO- PROTÉIQUE. MINIMUM DE GRAISSE NÉCESSAIRE, par F. MaAIGNon. Nous avons rappelé dans une note précédente les expériences d’ali- mentation à l’aide de produits purs qui nous ont permis de découvrir le rôle des graisses dans l’utilisation des albuminoïdes, et montré que les conclusions de ces travaux n’ont pu être faussées par la carence. Il résulte de ces recherches qu’un minimum de graisse est nécessaire pour l'utilisation économique et non toxique de l’albumine. Pour l’oval- bumine, chez le rat blanc, ce minimum est atteint pour une quantité de saindoux égale à celle de l’albumine (rapport adipo-protéique égal à 1), et cela, que la graisse soit seule ou associée à l’amidon. Si la proportion de matières grasses est moindre, la toxicité de l’albumine se manifeste, et la ration nécessaire pour réaliser la fixité du poids est moins écono- mique, elle renferme un plus grand nombre de calories. . L'augmentation de la graisse, au delà du minimum nécessaire, per- met d’abaisser encore le taux de l’albumine, mais non de diminuer le nombre total de calories contenues dans la ration dont la valeur poten- tielle demeure fixe à partir de ce moment (1). à La notion du minimum de graisse nécessaire à l'utilisation économique el non toxique des protéines se dégage donc très nettement de ces recherches. Le rôle des trois principes nutritifs organiques est maintenant bien défini : celui des albuminoïdes étant d'apporter l'azote nécessaire à la réparation de l’usure, celui des graisses est d'intervenir dans l’utili- sation et l'assimilation de ces albuminoïdes, et celui des hydrates de carbone d'apporter l'énergie nécessaire à l'entretien de l’activité physio- logique. è Bien que les graisses et même les protéines puissent, à défaut d'hydrates de carbone, ou dans le cas d'insuffisance de ces derniers, fonctionner comme aliments d'énergie, il y a un intérêt économique et hygiénique à utiliser ces différents principes, strictement en vue de leur destination normale et essentielle. Autrement dit, une ration doit contenir pour le sujet adulte : 1° La quantité d'albumine nécessaire à la réparation de l'usure des tissus (aliment d'usure), 2° Le minimum de graisse exigé pour l’utilisation économique et non toxique de cette albumine (aliment d'utilisation azotée); 3° Une quantité d'hydrates de carbone correspondant à la dépense d'énergie engagée dans le travail physiologique (aliment d'énergie). (4) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t, 167, p. 172; 1918. SÉANCE DU 3 MAI AU! Le rapport adipo-protéique prend de ce fait une importance de pre- mier ordre dans le rationnement, puisque c’est lui qui règle l’utilisaiion de l’azote. Pour l’ovalbumine et le saindoux chez le rat blanc, nous avons con- slaté qu’il doit être au moins égal à l’unité. Il est intéressant de faire remarquer que dans l'alimentation naturelle des jeunes animaux, mammifères à la mamelle et oiseaux pendant la période fœtale; ainsi que dans l'alimentation carnée des adultes, ce rapport est égal à 1 ou très voisin de l’unité. La moyenne de composition du lait des mammifères domestiques donne, pour 100 : 4,25 de matières azotées; 4,11 de matières grasses et 6,13 de lactose. L'écrémage partiel du lait, pratiqué sur une si grande échelle dans les grandes villes, peut donc avoir pour résultat, non seulement de dimi- nuer le pouvoir nutritif de cet aliment, mais aussi d'entraîner une utili- sation toxique de ses protéines. Dans l'œuf de poule, les proportions pour 100 de principes nutritifs sont de 12,55 pour les matières azotées et de 12,11 pour les matières grasses. Dans les deux cas, le rapport adipo-protéique est donc égal à l'unité. Dans la viande, Mayer et Schaeffer (1913) ont montré l'existence d’une proportion d’acides gras de 14 p. 100 en moyenne pour le muscle couturier du chien, les dosages étant effectués par les méthodes de saponification totale. On arrive, en tenant compte de la glycérine, à 15 ou 16 p. 100 de graisse, alors que la quantité moyenne de protéines oscille autour de 18 p. 100. CHOLÉMIE POST-ANESTHÉSIQUE PAR L'ÉTHER, par L. CHEVRIER. Le 20 novembre 1909, j'ai fait à la Société, avec mes amis Bénard et Sorrel, une communication sur la constance de la cholémie post-anes- thésique par chloroforme. La démonstration de sa constance, qu’on ne soupconnait pas jusqu'alors, était chose nouvelle, mais le fait cadrait parfaitement avec les notions classiques de l'atteinte du foie par le chloroforme. Aujourd'hui je heurte les idées classiques, en vous affirmant l’exis- tence de la cholémie post-anesthésique par l’éther. Si elle ne va jamais jusqu’à l’ictère, l'examen cholémimétrique du sang permet d'établir son existence et, si extraordinaire que cela puisse paraître, sa constance, ses caractéristiques et son évolution. 402 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Mes recherches ont porté sur 38 opérés : je l'ai trouvée 38 fois. Je ne baserai ma des- : cription que sur 7 cas dans lesquels aucun traitement sur- ajouté n'est venu modifier la cholémie. Sa durée est en moyenne un peu inférieure à celle de la cholémie post-chloroformi- que (5 à 8 jours au lieu de 8 à 11). Son début est brus- que, peut-être plus brusque que celui de la cholémie post- chloroformique ; la cholémie d'inhalation semble plus mar- Ge) à quée que la cholémie de réten- . ; tion. ds Le maximum est atteint en ia général le premier jour, excep- Hérbieed ee tionnellement le deuxième, ; EE be alors que la cholémie post- Si d | chloroformique atteint régu- LIEU ajeeelente SAS sSnRe SC EBRADE à = pue EEE EEE lJièrement son maximum le deuxième jour. La diminution est parfois régulière et progressive, mais souvent elle marque une chute brusque du deuxième au qua- trième jour. Ces caractères différentiels des deux cholémies post-anes- thésiques cadrent bien avec ce qu'on sait de l'élimination plus rapide de l’éther. La marche est la même chez les sujets normaux et chez ceux déjà cholémiques avant l’anesthésie. Elle semble indépendante de la durée de l’anesthésie. 1 TE ose pan Penua ee 22 | +— SERRE PTE ponee M. RATBERy. — C'est un dogme admis par beaucoup [ait] SÉANCE DU 3 MAI ï 40 de chirurgiens que le chloroforme lèse Le foie et que l’éther ne pro- voque aucune altération hépatique. Au cours d’expériences que nous avons faites en 1910 avec M. Saison et qui ont été rapportées dans la thèse de ce dernier et dans différents mémoires, nous avons recherché l'influence réciproque du chloroforme et de l'éther, pris en inhalation par l'animal, sur le foie et sur le rein, au point de vue histologique. Nous avons été frappés de la fréquence et de l'intensité des lésions du foie après l’éthérisation; par contre le rein paraît peu altéré. Les lésions ne se retrouvent pas toujours immédiatement après l’éthé- risation; elles demandent un certain temps facts pour se produire ou pour évoluer. Elles sont caractérisées par de la cytolyse protoplasmique et de l'homogénéisation suivant les types individualisés par Mayer, Schaeffer et Rathery. Quant à la dégénérescence graisseuse, notée par différents auteurs, elle n’a été trouvée par nous que très inconstamment, Si on a soin, en effet, de rechercher l’état de la graisse dans le foie avant et après l’anesthésie, on s'aperçoit qu’histologiquement elle varie très peu. Une lésion antérieure du foie est nettement moe par inhalation d’éther. Nous avons essayé de nous rendre compte de he persistance de ces lésions et de leur durée; elles nous ont semblé avoir tendance à régresser. Quelle que soit du reste l’évolution future de ces altérations, un fait subsiste, au point de vue expérimental, c’est la fréquence et l'intensité des lésions hépatiques ; celles-ci nous ont même paru plus fréquentes et plus intenses qu'après la chloroformisation. Ces données expérimentales sont-elles applicables à l’homme ? Nous nous sommes tenus à ce sujet sur la réserve ; mais le dogme de l’inno- cuité de l’éther pour le foie nous paraît, pour le moins, très discutable. On nous objectera que les faits cliniques semblent l’appuyer. Nous répondrons que le chloroforme lèse à la fois et le rein et Le foie, tandis que l’éther laisse le rein relativement indemne. D'autre part, il existe - des faits d'accidents hépatiques graves et même mortels après l'éthéri- sation (Brackett Stones et Low). OBTENTION ARTIFICIELLE DE PÉTALES PANACHÉS CHEZ L'OEILLETTE BLANCHE, par M. Mozrrarr. Au cours d'expériences de cécidogénèse effectuées l'an dernier sur les pistils de l’OEillette, j'ai été amené à observer incidemment un fait 404 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qui me paraît présenter quelque intérêt. Les plantes sur lesquelles j'opérais appartenaient à la race dite OEillette blanche, Papaver somni- ferum album, caractérisée en particulier par ses pétales d’un blanc absolument pur. Pour effectuer mes essais de production de galles consistant à injecter divers liquides dans la cavité ovarienne, j’écartais les sépales et les pétales de boutons floraux n’ayant pas encore atteint leur taille définitive; les fleurs laissées dans cet état continuaient à se développer et, au bout de quelques jours, les pétales apparaissaient avec deux sortes de taches: les unes, brunes, correspondaient nettement à des régions froissées et à une mortification plus ou moins étendue des cellules correspondantes; les autres, de nombre et d’étendue variables, étaient d'un rouge violacé, et de leur fait les pétales se trouvaient devenus panachés, comme le sont ceux de différentes variétés horticoles de l'espèce considérée. Il s’agit dans les deux cas du même pigment anthocyanique, rougissant sous l’action de l'acide acétique, verdissant par la potasse ou par l’acétate de plomb. Quelle est la cause de cette apparition d'anthocyane? Les liquides injectés n’y étaient pour rien, car la même anomalie se produisait lorsqu'on laissait le pistil intact; restent trois facteurs qui pouvaient intervenir : le froissement, le contact prématuré avec l'air libre, la lumière. Il faut tout d'abord écarter la première de ces causes possibles; si en effet on froisse, par des compressions même énergiques, les pétales en les laissant inclus dans les sépales, on n'observe, lors de l’anthèse, aucune formation d’anthocyane, mais seulement des taches brunes semblables à celles que j’ai signalées. L’air seul n’agit pas davantage; des boutons de fleurs ont été débarrassés entièrement de leurs sépales, puis enfermés dans de larges sacs de papier noir; le développement a continué d’une manière absolument normale, avec cette seule différence que les pédoncules etles pistils étaient entièrement jaunes et dépourvus de chlorophylle; les pétales ne présentaient pas trace de rougissement. C’est donc à la lumière qu'il faut rapporter cette apparition d’an- thocyane et cela cadre avec un grand nombre de faits de physiologie normale; l'examen attentif des pétales, qui ont subi la modification signalée, montrait du reste que l’anthocyane apparaissait avec le plus d'intensité dans les parties les plus éclairées; celles qui restaient pro- tégées vis-à-vis de la lumière directe par les sépales restaient blanches; c’est donc dans les régions dépassant le calice ou situées entre les deux sépales écartés que la formation du pigment était surtout accentuée. Nous sommes donc en présence d'organes, les pétales de Papaver somniferum album, qui sont capables, sous l’action d’une lumière suffi- samment intense, de produire une substance anthocyanique ; mais, et c’est ce qu'il importe de retenir, celte faculté n’existe qu’à un stade SÉANCE DU 3 MAI 40 (or — assez jeune, précédant l’anthèse de quelques jours; lorsque la fleur s'ouvre normalement les pétales de la race considérée ont perdu la propriété de se pigmenter. En d’autres termes la race de Papaver somni- ferum à pétales blancs nous apparaît comme se distinguant des races à pétales entièrement violacés ou panachés en ce qu'il n’y a pas con- cordance chez elle entre l'époque où les pétales possèdent la faculté de produire de l’anthocyane et le moment où se trouvent réalisées les conditions extérieures nécessaires à cette production. Il y a lieu de remarquer d’autre part que, dans les races à pétales colorés, ceux-ci acquièrent le pigment à l'intérieur du bouton floral encore fermé; la production d’anthocyane nécessite donc pour eux une intensité lumineuse beaucoup plus faible que celle qui est indispensable dans le cas des pétales de la race blanche; cette différence dans l’inten- sité efficace de la lumière apparaît comme la cause première de la discordance qui s’est produite. Il est peut-être permis de penser que les remarques précédentes ont plus d'importance, pour le problème général de la variation, qu'il n'apparait par l’unique fait dont elles découlent; il n’y a pas de raison de douter qu'il existe toute une série de variations analogues, provenant de la disjonction dans le temps des divers facteurs qui concourent au déterminisme des phénomènes physiologiques. SUR LA CAUSE DE L'HÉMORRAGIE MENSTRUELLE, par V. WALLICH. On sait que l’hémorragie menstruelle caractérisée est chez les femelles des mammifères l'apanage exclusif de l'espèce humaine et des primates. On ignore encore pourquoi les phénomènes congestifs utérins cycliques du rut ou de la menstruation aboutissent chez ces dernières à l’hémor- ragie, et n’y aboutissent pas chez les autres femelles des mammifères. Pour l'explication de ces faits, Johnstone (1) a proposé la seule théo- rie intéressante, parce qu’elle repose sur des données anatomiques. L’utérus, suivant cet auteur, saigne au moment de la congestion mens- truelle chez la femme et la guenon, parce que ces femelles sont bipèdes, et que par suite leur utérus étant vertical, il se vide par le col et le vagin du sang épanché dans sa cavité. Chez les autres mammifères, marchant à quatre pattes, l'utérus étant horizontal, il ne peut se vider des liquides (1) Johnstone. L'anatomie de l’utérus chez les animaux horizontaux montre la nécessité d'une menstruation pour les classes verticales. Congrès de gynéc. et obstét., Rome, 1902. 406 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE épanchés dans sa cavité par le col et le vagin, ces liquides sont alors résorbés par un système lymphatique utérin, notablement plus déve- loppé que chez les bipèdes. Il est facile d’objecter que l'utérus des bipèdes dans la station debout, — qui chez eux est loin d’être constante, — est plus près de l’horizon- tale que de la verticale. D'autre part, en y regardant de près, on se rend compte que l’horizontalité de l’utérus des quadrupèdes n’est pas pro- noncée à un degré tel, qu'il soit impossible de concevoir l'évacuation par le col et le vagin des liquides épanchés dans la cavité utérine. D’après les travaux de Pilliet (4) et ceux de Retterer et Lelièvre (2), l'utérus, étudié dans la série des mammifères, se rapproche dans ses formes les plus simples de la texture de l'intestin, et présente alors : une couche longitudinale musculaire externe et une couche musculaire circulaire interne, située sous la muqueuse. Entre les deux couches musculaires, les vaisseaux se ramifient à l'aise, entourés seulement de quelques fibres musculaires, éparses, dans une couche intermédiaire de tissu cellulaire. Cette texture élémentaire se retrouve dans les cornes utérines de la plupart des mammifères, nous ajoutons qu’on la retrouve chez la femme pendant le développement fœtal et dans l’utérus de l'enfant qui vient de naître, dans la trompe de Fallope de la femme surtout dans la partie où cette trompe approche de l'utérus. Or les cornes utérines des mammifères, l'utérus de l’enfani, la trompe chez la femmé ne présentent pas d'hémorragie menstruelle (3). L'utérus de la femme et celui de la guenon, en d'autres termes, les utérus à hémorragie menstruelle sont des utérus dont les couches muscu- laires se sont fondues, intriquées l’une dans l’autre, englobant et enser- rant les vaisseaux, qui traversent le muscle utérin pour aller se termi- ner en anses capillaires dans la muqueuse utérine. Nous pensons qu'il n’est pas irrationnel d'établir tout d'abord, au moins un rapport de concordance, entre la constitution plexiforme de l'utérus et le phénomène hémorragie. : Quant au lien à établir entre cette disposition plexiforme de l'utérus et l'hémorragie elle-même, il est naturel de se demander si la rupture des capillaires de la muqueuse ne provient pas de ce fait que toute la poussée congestive s'exerce alors sur les fragiles anses terminales de ces fins vaisseaux, pendant que l'expansion des autres vaisseaux utérins se trouve limitée par le lacis musculaire qui les entoure. Il n’en est pas (1) Pilliet. Sur la texture musculaire de l'utérus dans la série des mammi- fères. Bulletin de la Société zoologique de France, 1886, p. 420. (2) Retterer et Lelièvre. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 20 février 1909, p. 282. L'Obstétrique, 1909, p. 693. — L'Obstétrique, février 1911, p. 121. (3) A. Czyzewicz. Sur la menstruation tubaire, Zeitsch, f. Geb. u. Gyn., t. XXXV, 4, p. 196. SÉANCE DU 3 MAI 407 ainsi dans les utérus non plexiformes, où l'expansion congestive s’accomplit sans contrainte et s'atténuant comme par une soupape de sûreté, au milieu du tissu cellulaire lâche de la couche intermédiaire dans les vaisseaux artériels ou veineux plus résistants que de simples capillaires terminaux. Dans un cas la congestion est, en somme, com- pensée par l’élasticité des vaisseaux, dans l’autre cas, l’intrication mus- culaire supprimant l’élasticité, logiquement les vaisseaux ne peuvent que se rompre dans leur point de moindre résistance. En cas de grossesse ou d'allaitement, alors qu’il n’y a pas d’hémorra- gie menstruelle, il est possible que la congestion utérine soit moins considérable et diminuée par le fait d’autres congestions, dont l’une au moins, du côté des seins, est évidente. L'hémorragie ainsi considérée est la résultante d’un état anatomique spécial, et cette explication permet de pousser plus loin l'identification du rut et de la menstruation, c’est-à-dire l'unification des phénomènes observés chez la femme et chez tous les mammifères. JEU COMPENSATEUR ENTRE LES SULFATES ET LES CHLORURES DANS L'ÉLIMINATION URINAÏRE. INGESTION DE SULFATE DE SOUDE. RÉPERCUSSION URINAIRE PEU MARQUÉE, par J. CHAUSSIN. Après avoir étudié Les relations entre l’urée et les chorures puis entre les phosphates et les xantho-uriques (1), nous avons ensuite cherché si l'élimination urinaire des sulfates présentait, dans les variations des concentrations Successives au cours du nycthémère, des caractéristiques permettant des rapprochements avec l'élimination de l’urée, des chlo- rures, des phosphates. - Dans une série de sept jours en régime libre, nous avons recueilli au cours des vingt-quatre heures de 10 à 15 émissions successives d'urine; sur chacune desquelles nous avons dosé : L’urée à l'hypobromite, les chlorures par la méthode de Charpentier- Vohlard, les phosphates à l’urane, et les sulfales par pesée du sulfate de baryte. Au cours de cette série, nous avons ingéré au matin du quatrième jour 10 grammes de sulfate de soude cristallisé en deux prises de 5 grammes * à une demi-heure d'intervalle à 4 heures et à 4 heures et demie, chacune dans 100 c.c. d’eau environ; et au matin du sixième jour 40 grammes de-ce même sulfate en deux prises de 20 grammes dans 150 c.c. d’eau environ à 6 heures et 6 heures et demie. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 29 mars et 19 avril 1919. 408 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La répercussion urinaire de ces deux absorptions de sulfate de soude en solutions hypertoniques a été peu marquée. Nous donnons ci-dessous un tableau donnant les éliminations globales des vingt-quatre heures qui permettra de s'en rendre compte. DÉBIT DÉBIT DÉBIT DÉBIT DÉBIT JOURS de des des des URINATRE L'URÉE CHLORURES | SULFATES |PHOSPHATES 1 1.900 | 26,08 13,61 2,94 2,60 2 1.979 29,95 17,37 2,51 2,19 3 1.985 28,40 14,96 2,06 2,54 4 830 20,39 8,89 3,27 1,96 Absorption de 10 gr. de sulfate de soude 5 4,650 96,45 17,46 2,15 2,49 6 1.045 23: 12,83 3,91 2,47 Absorption de 40 gr. de sulfate de soude. 1 1.996 32,09 15,04 2,06 3,18 Les lendemains des ingestions de sulfate de soude aux doses laxa- tives et purgatives, le débit des sulfates redevient normal. Au point de vue des concentrations en sulfates des éliminations successives nous avons atteint un taux de 6 gr. 32 au quatrième jour quelques heures après l’ingestion des 10 grammes de sulfate de soude; au cours de cette journée les taux des sulfates ont été un peu plus élevés que dans le régime ordinaire, où ils ne dépassent pas beaucoup de 3 grammes, autant du fait de la diminution du débit urinaire, que de l’augmentation du débit des sulfates. Au sixième jour, la répercussion urinaire de l’ingestion de 40 grammes de sulfate n’a pas été beaucoup plus marquée qu’au quatrième jour avec 10 grammes, le taux maximum atteint a même été inférieur à 4 g. 80 au lieu de 6 g. 32, bien que le débit des vingt-quatre heures en sulfates ait été un peu plus fort. Au point de vue des relations avec l’urée, les chlorures et les phos- phates, nous ne pouvons pas suivre ici le détail de ces sept journées, qui sera donné dans un travail d'ensemble; mais nous en conclurons que les concentrations des sulfates et des chlorures dans les élimina- tions successives montrent un jeu compensateur analogue à celui que nous avons constaté entre l’urée et les chlorures. Particulièrement, quand le débit urinaire ne présente pas de notables variations, le mou- vement en sens inverse des concentrations des sulfates et des chlorures est manifeste. Pour mieux faire saisir le phénomène nous donnons une représenta- tion graphique des résultats se rapportant à 3 portions du nycthémère particulièrement apparent. Dans la portion 3, correspondante au SEA) VD | 410 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE rures et les sulfates. Comme nous avons établi précédemment la com- pensation entre les chlorures et l’urée, nous ne sommes pas étonné de constater un parallélisme entre l’urée et les sulfates. (Travæl du Laboratoire de Physiologie générale. Muséum d'Histoire naturelle.) GLANDES ENDOCRINES ET FIÈVRE, par LÉoPorD-LÉvi. Les glandes endocrines prennent une partappréciable à la production et à l'expression de la fièvre. A. — Il existe une fièvre endocrinienne, démontrée : a) En ce qui concerne la thyroïde, par l’expérimentation Si l'injection sous-cutanée ou intraveineuse de suc de goitres basedowiens (Schultze), le thyroïdisme alimentaire chez l'homme, la fièvre du goitre exophtalmique, l'existence au cours de l'instabilité thyroïdienne d’hy- perthermie et de fébricules sur lesquelles le traitement thyroïdien exerce des effets favorables, comme je l’ai signalé récemment. b)\ Pour ce qui est de l'ovaire, l'activité normale ou troublée de la sécrétion interne du corps jaune est-elle responsable de la fièvre qu'on observe fréquemment dans la période prémenstruelle ? En fait, la plu- part des cas de fièvre menstruelle seront envisagés plus loin. Toutefois, certains cas sont explicables par l’hyperthyroïdie compensatrice d’un hypo-ovarisme, devenu extrême à l'approche des règles (Marbé). .c) L'injection de capsule surrénale (Charrin), l'injection intrapérito- néale ou sous-cutanée d'adrénaline (Eppinger, Falta et Rudinger) déter- mine de l'élévation thermique, peut-être par une action sur les hydrates de carbone (Hari). d) Cushing a obtenu une hyperthermie légère et D nl par injec- tion du lobe antérieur de l’hypophyse. En réalité, cette thermoréaction, que Cushing compare à la tuberculino-réaction, ne s’observe que chez des sujets en état d'insuffisance du lobe antérieur de l’hypophyse. Quoi qu’il en soit, diverses hormones possèdent une action « pyro- gène ». À la Gèvre endocrinienne se rattachent la fièvre de dentition, la fièvre de croissance, la fièvre de lait, la fièvre musculaire, la fièvre émotive. Pour ne considérer que la fièvre émotive, on sait que les causes émotives mettent en jeu l’hyperthyroïdie, lhyperadrénalimie et peut-être la sé- crétion interne de la névroglie (admise par Achucarro, Marañon). Toutes ces variétés de fièvre ne se produisent toutefois que chez des sujets pré- SÉANCE DU 3 Mai 411 en sentant un état de surexcitation de leur appareil endocrine et de leur appareil nerveux thermogène. B. — A côté de la fièvre endocrinienne pure, le terrain endocrinien (par troubles des oxydases, des alexines, des opsonines [M'® Massin, Marbé, Stépanoff|), favorise les fièvres d'auto-infection, qui se mani- festent sous forme d’angines herpétiques à répétition, de fièvres catar- rhales répétées, de poussées répétées de rhumatisme. De même les oscillations endocriniennes, liées aux menstrues, par exemple, provo- quent la fièvre prémenstruelle par auto-infection (Riebold, Bezançon) et par auto-exo-infection, comme dans les érysipèles à répétition. Dans ces divers cas, le trouble glandulaire est thyroïdien ou ovaro- thyroïdien, comme je l’ai démontré en fournissant la guérison, par la thyroïdothérapie, des angines herpétiques à répétition, des poussées de rhumatisme, des érysipèles à répétition. La tuberculose est une cause fréquente (Turban, Sabourin) de la fièvre prémensiruelle. Mais celle-ci reconnaît un mécanisme complexe auquel participent les endocrines. De même, les congestions locales, qui accompagnent la fièvre menstruelle, sont facilitées par la tendance congestive, que créent les états ovaro-thyro-surrénaliens. Jacquerod, M. Bezançon ont obtenu de bons effets, sur l’hyperthermie prémens- truelle des tuberculeuses, par l’opothérapie ovarienne. C. — Les troubles des glandes endocrines modifient, en l’exagé- rant, l'apparence de la fièvre, infeclieuse, par exemple. Dans un cas d'instabilité thyroïdienne maxima, une phlébite comporta, pendant une semaine, une température oscillant autour de 41°7. Chez une obèse thyro- hypophyso-ovarienne, à mécanismes régulateurs faussés, une pyélo- néphrite, suite de couches, provoqua une température de 42, D. — La question du rapport des glandes endocrines et de la fièvre prend, d’ailleurs, une portée plus considérable et plus générale, si l’on recherche la part qui revient aux glandes endocrines, dans le processus de toute fièvre. Von Krehl admet que les excitations venues des centres thermiques sont transmises par le grand sympathique à l'appareil endocrine, dont les hormones agissent sur l’ensemble des cellules. Mais inversement, les centres thermiques et le grand sympathique ont leur excitabilité en rapport avec l’état des glandes endocrines. A envisager la thyroïde, on se rend compte, avec Lorand, que les signes concomitants de la fièvre (œil brillant, tachycardie, transpi- rations, angoisse) se superposent aux symptômes du thyroïdisme. Si l'on y joint l’amaigrissement, la toux par trouble congestif de la trachée, on conçoit que le diagnostic entre un début de tuberculose fébrile et de maladie de Basedow est parfois fort délicat. Ce qui peut tenir à ce que, suivant Stanton, la tuberculose pulmonaire, au début, éveille des réactions thyroïdiennes, y compris, chez la femme, l'hypertrophie légère de la glande elle-même. A2 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ainsi donc, et tuberculose mise à part, si la fièvre est parfois à expression thyro-endocrinienne, le thyro-endocrinisme est souvent à expression fébrile. ANAPHYLAXIE PASSIVE DU LAPIN, par MAURICE ARTHUS. On sait par les travaux de Ch. Richet, de Nicolle, de Gay et Sou- thardt, etc., qu'il est possible d’engendrer chez le chien et chez le cobaye un état d’anaphylaxie passive, en injectant sous la peau, dans les veines ou dans la cavité péritonéale d’un animal neuf le sang défibriné ou le sérum sanguin d'un animal activement anaphylactisé. Les premiers essais que j'ai faits pour réaliser une séro-anaphylaxie passive du lapin (1), en injectant dans les veines ou dans le péritoine de lapins neufs du sang défibriné ou du sérum sanguin de lapins fortement ana- phylactisés, ont été vains en général. Briot, comme Nicolle du reste, a au contraire obtenu une anaphylaxie passive du lapin, dont il parle malheureusement en termes très vagues et fort imprécis. La question était assez importante d’ailleurs pour qu'il fût utile d’en trouver une solution définitive. Chez le chien et chez le cobaye, on n'éprouve aucune difficulté à engendrer l’anaphylaxie passive; on en éprouve au contraire chez le lapin et qu’autrefois je n'avais pu écarter. Est-ce là une différence absolue entre les deux états anaphyiactiques du chien et du cobaye d'une part, du lapin d’autre part? Ou bien peut-on obtenir aussi chez le lapin l’anaphylaxie passive, à coup sûr, sous réserve d'observer certaines règles à poser ? J'ai constaté tout d’abord que, si l’on injecte dans les veines ou dans le péritoine de lapins neufs, du sérum sanguin ou du sang défibriné de lapins séro-anaphylactisés par 5 injections sous-cutanées de sérum de cheval pratiquées de semaine en semaine, on ne crée pas chez eux un état de séro-anaphylaxie passive, manifestable par des accidents cireu- latoires, respiratoires, intestinaux et sanguins se produisant à la suite de l'injection de 10 c.c. de sérum de cheval dans les veines, quelle que soit la grandeur de l'intervalle de temps séparant le moment de l'injec- tion du sérum ou du sang de lapin du moment de l'injection révélatrice de sérum de cheval (de quelques minutes à 6 jours). : Exceptionnellement pourtant, — 1 fois sur 8 dans le cas d'injection de sérum d’anaphylactisé et 1 fois sur 7 dans le cas d'injection de sang défibriné d’anaphylactisé, — j'ai reconnu, à la suite de l'injection intra- veineuse de sérum de cheval pratiquée 3 jours après l'injection prépa- (1) Arch, internat. de physiol., vol. IX, p. 73, 25 avril 1910. SÉANCE DU 3 MAI ZA ©Q>2 rante, une très faible réaction anaphylactique, caractérisée par une chute de pression très faible (8 millimètres de mercure) et très peu durable (2 à 3 minutes). J'ai obtenu des résultats un peu plus nets en injectant dans le péri- toine et dans les veines de lapins neufs du sérum sanguin de lapins anaphylactisés par 10 injections sous-cutanées, puis intramusculaires de sérum de cheval fortement dilué, et en soumettant, 30 heures plus tard, ces lapins à l’action du sérum de cheval injecté dans les veines, Il s’est produit ici dans tous les essais une chute de la pression artérielle, atteignant dans un cas 24 millimètres de mercure, une accélération respiratoire au moins une fois, une expulsion de bols fécaux, au moins une fois aussi. Ce sont là manifestations d’anaphylaxie, mais d’ana- phylaxie légère. Si donc on ne peut nier la possibilité de séro-anaphylactiser le lapin passivement, on doit noter que la réaction d'anaphylaxie ne se produit pas toujours, et que, si elle se produit, elle est généralement faible. Nous pourrons donc opposer légitimement les résultats fort médiocres obtenus chez le lapin aux résullats très constants et très manifestes obtenus chez le chien et chez le cobaye, et cette conclusion confirme la proposition sur laquelle j’ai insisté à maintes reprises : les réactions d'anaphylaxie et les lois qui les régissent sont fonclion de l'espèce ani- male sur laquelle on les obtient. On peut manifester plus nettement l’anaphylaxie passive du lapin en employant aux lieu et place du sérum de cheval, comme substance ana- phylactisante et comme substance d'essai, du venin de cobra. Des lapins ont recu en injection sous-cutanée du venin de cobra en solution à 4 p. 10.000 dans l'eau salée à 1 p. 100, à 8 reprises, les injections étant espacées de 7 jours l’une de l’autre. Une semaine après la dernière injection préparatoire, ces lapins ont été saignés, Le sang a été aban- donné à la coagulation spontanée, le sérum en a été séparé après rétrac- tion du caillot. Ce sérum a été Fete dans les veines ou dans le péri- toine de lapins neufs, et ceux-ci, 24 heures plus tard, ont reçu du venin de cobra à la dose de 2 de ee en injection intraveineuse, J'ai recueilli la courbe respiratoire et la courbe de la pression artérielle, et j'ai pu en tirer des renseignements fort exacts sur la grandeur de la chute de pression et de l'accélération respiratoire, consécutives à l’in- jection du venin, et comparer ces résultats à ceux obtenus en injectant la même quantité de venin en solution de même concentration dans les veines de lapins neufs. En prenant la moyenne des résultats obtenus jadis sur 41 lapins neufs ayant reçu 2 milligrammes de venin de cobra dans les veines, j'ai trouvé comme chute de pression 17 millimètres de mercure, et comme accélération respiratoire 15 (pour la minute). En prenant la moyenne des résultats obtenus dans 5 expériences nouvelles, j’ai trouvé comme J BioLoGiE. COMPTES RENDUS. — 1919. T, LXXXII. 30 414 SOCIËTÉ DE BIOLOGIE chute de pression 43 millimètres et demi et comme accélération res- piratoire 12. En prenant la moyenne des résultats obtenus sur 46 lapins trailés préalablement par le sérum de lapins anaphylaetisés activement par le venin de cobra, j'ai trouvé comme chute de pression 49 mälli- mètres et demi et comme accélération respiratoire 32. Notons encore qu'il n’y à point- émission de bols fécaux chez le lapin neuf à la suite d'injections de venin de cobra; j'ai noté, par contre, 5 fois sur 40, Fémis- sion de bols fécaux assez abondants (8, 16, 24, 30, 40; pendant les 10 minutes suivant l'injection intraveineuse du venin chez le lapin préparé. : É ; Cette exagération très notable des accidents protéotoxiques consé- cutifs à l'injection du venin de cobra dans les veines des lapins préparés démontre l’anaphylaxie passive du lapin de façon indiscutable. Le lapin peutdone présenter, comme le chien et comme le cobaye, une anapbylaxie passive, mais les conditions de sa manifestation sont plus stricles qu'elies ne le sont chez ces deux autres espèces. Seb J'ai été aidé dans mes expériences par mes élèves Bachrach et Dolgo- powskr. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LE VENIN DES ABEILLES, - par MAURICE ARTHUS. On trouve dans la littérature scientifique un certain nombre de travaux relatifs à l'action exercée sur l'organisme par le venin des abeilles. Tantôt ce sont des observations cliniques, tantôt ce sont des recherches expérimentales : parmi les plus importantes, on peut citer en particulier celles de Philouze (1860), de P. Bert (1865), de Delpech (48178), de Phisalix (1890), de Morgeuroth (1906). Mais aucun de ces travaux ne conduit à des résultats suffisamment nets pour permettre de fixer la place du venin des abeilles dans la série toxicologique des venins. Les expériences dont le résumé est donné ci-dessous ont éié faites soit avec du venin d’abeilles dilué, soit avec une macération de parties pes- térieures d'abdomens d'abeilles. Le venin était recueilli sur un frag- ment de papier buvard, qu on approchait de l'extrémité de l’aiguillon l'abeille ayant été saisie entre les mors d'une pince), et desséché à l'air, puis redissous, au moment d’en faire l'essai, dans l’eau salée à 1 p. 100. Les extrémités d’abdomens étaient desséchées à l'air, puis broyéesavec de la poudre de verre à 1 p. 100; le liquide était décanté et filtré sur papier. La récolte a élé faite durant l'été, sur les rives du lac de Zug, où l’on rencontre d'innombrables abeilles dans la campagne. Injecté dans les veines du lapin le venin des abeilles produit. une série d'accidents rentrant dans le tableau général des protéotoxies, / , SÉANCE DU 3 MAI 41 Qf c’est-à-dire des intoxications provoquées par les protéines toxiques, accidents qu'on trouve particulièrement bien développés dans la réac- tion générale de séro-anaphylaxie ou de protéo-anaphylaxie. Je rappel- lerai que l'injection intraveineuse de sérum de cheval, pratiquée chez le lapin séro-anaphylactisé, c'est-à-dire ayant recu en injections sous- cutanées préparatoires du sérum de cheval à plusieurs reprises, à plu- sieurs jours d'intervalle, détermine une chuté brusque, importante, maïs généralement temporaire de la pression artérielle, une accélération respiratoire altéignant souvent le rythme polypnéique, une expulsion de nombreux bols fécaux traduisant l’exagération du péristaltisme intestinal, un retard de la coagulation du sang extrait des artères. Ce sont là précisément les accidents consécutifs à l'injection de venin d'abeilles dans les veines du lapin : la chute de pression est en général modérée, l'accélération respiratoire est très nette, le sang subit un retard de coagulation considérable ; mais le fait le plus frappant, à cause de son exagération extrême, c'est l'augmentation du péristaltisme intes- tinal; un nombre considérable de bols fécaux est expulsé en quelques minutes, et les mouvements spontanés du sphincter anal, quand les bols fécaux cessent d'être expulsés, parce qu'il n’y en a plus, traduisent visiblement l'état fonctionnel du rectum. _ Dans tous les graphiques de pression recueillis, on note, presque aussitôt après l'injection, une élévation généralement modérée de la pression artérielle, précédant la chute de celle-ci; exceptionnellement, on a reconnu une hypertension considérable et assez persistante, accom- pagnée parfois d'un ralentissement du cœur. Ce sont là des faits qu'on observe quand on injecte dans les veines du lapin du venin de scorpions ou du venin de cascavel du Brésil. Injecté dans les veines du chien, le venin d’abeilles provoque soit simplement de l'hypertension, soit une hypotension suivie d'une ie tension, comme le fait le venin des scorpions. Tous les phénomènes notés dans l'intoxication par le venin d'abeilles rentrent dans le cadre des phénomènes proléotoxiques, jusques et v compris l'hypertension et la cardio-modération, ainsi que je l’ai anté- rieurement établi. Le venin d’abeilles présente des analogies avec le venin des scorpions, et en particulier il présente comme lui une actior hypertensive parfois assez considérable, mais il en diffère nettement en ce qu il n'a ni son action sialagogue, ni son action mydriatique. Parmi tous les venins que j'ai étudiés et comparés à toutesles protéines dont j’aï noté l’action soit chez l'animal neuf. soit chez l'animal ana- phylactisé, le venin d’abeilles est remarquable par son action considé- rable sur le péristaltisme intestinal chez le lapin. J'ai élé aidé dans mes expériences par Me Lyssy. 416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'ANTITHROMBINE ENGENDRÉE DANS LES INTOXICATIONS PROTÉIQUES EST-ELLE EXCLUSIVEMENT D ORIGINE HÉPATIQUE ? par MAURICE ARTHUS. L'injection intraveineuse de protéoses, pratiquée chez le chien, déter- mine, comme on le sait, l'incoagulabilité du sang. Le sang de peptone, ainsi appelle-t-on ce sang non spontanément coagulable, renferme une . antithrombine, substance antagoniste du fibrine-ferment, dont elle neu- tralise l'effet. De nombreuses et importantes recherches ont été faites dans le but de fixer le lieu de production dans l’organisme de cette antithrombine : citons, parmi les principaux, ceux de Contejean, de Gley, de Gley et Pachon, de Delezenne, d’Athanasiu et Carvallo. Il n'est pas nécessaire de présenter ici une analyse de ces travaux qui sont universellement connus; il suffira d'en rappeler la conclusion : le foie est le véritable et vraisemblablement le seul foyer de formation de l’anüithrombine qui prend naissance dans l'organisme sous l'influence des injections intraveineuses de protéoses pratiquées chez le chien. Je me suis attaché à établir que les intoxications produites, en parti- culier chez le lapin et chez le chien, par les protéines toxiques et par les venins, et que les intoxications anaphylactiques doivent être réunies en un même groupe, auquel j'ai proposé de donner le nom d'intoxications protéiques ou protéotoxies. Toutes ces intoxications comportent, chez le chien, une incoagulabilité du sang et, chez le lapin, une diminution importante de la coagulabilité du sang. Comme l'en- semble des symptômes des protéotoxies les plus diverses est équiva- lent, à très peu de chose près, à l’ensemble des symptômes de l'intoxi. cation protéosique, chez le chien, il est légitime de faire rentrer cette dernière intoxication dans le groupe général des protéotoxies. Et c’est ainsi qu'on est conduit à supposer que le mécanisme de l'in- coagulabilité ou de la diminution de !a coagulabilité du sang des pro- téotoxies doit être le même que celui des phénomènes équivalents, antérieurement étudiés : production d’antithrombine au niveau du foie: Dans le cours de recherches poursuivies sur l’immunité anticoagu- lante qu’on peut facilement réaliser chez le lapin vis-à-vis des venins coagulants, j'ai été amené à étudier cette question expérimentalement. Voici les résullats auxquels je suis arrivé: Chez le lapin neuf, l'injection intraveineuse de 2 milligrammes de venin de Crotalus adamanteus détermine un retard considérable de la corxgulation du sang extrait par ponction artérielle. Chez Le lapin immu- nisé contre les venins coagulants de Crotalus terrificus ou de Vipera Russell, le même résultat est obtenu quand on injecte dans les veines d : l'animal 4 à 2 milligrammes du venin correspondant. Chez le lapin =1 SÉANCE DU 3 MAI 41 séro-anaphylactisé enfin, l'injection intraveineuse de sérum conduit au même retard de coagulation. Or, si chez le lapin neuf, chez le fabien immunisé ou chez le lapin anaphylactisé, on lie l'aorte au niveau des piliers du diaphragme et la veine porte au hile du foie, et si on pose une pince à pression sur la veine sus-hépatique, de façon à pouvoir enlever le foie sans provoquer d'hémorragie, réduisant ainsi la circulation à la partie sus-diaphragma- tique du corps, on constate avec la plus grande netteté que les mêmes injections qui, chez l'animal complet, provoquaient le retard de coagu- lation du sang, le-provoquent encore et au même degré chez l'animal réduit. Le foie n’est donc pas chez le lapin l'organe de la production de l’antithrombine, ou tout au moins l'organe exclusif de la production de l’antithrombine dans-les protéotoxies. J'ai constaté, d'autre part, chez le chien à circulation réduite à la moitié sus-diaphragmatique du corps et privé de son foie par ligatures ou pincements de la veine porte et de la veine sus-hépatique, que l'in- jection intraveineuse de venin de Crotalus adamanteus, faite au niveau de Ja jugulaire externe, provoque, comme chez le chien normal, l’in- coagulabilité du sang. Si l’on tient compte de ce fait que ce venin ajouté au sang extrait des vaisseaux aussitôt après la prise n’en diminue pas la coagulabilité, on pourra conclure que l’antithrombine engendrée dans ces conditions ne saurait être d'origine hépatique. J'ai été aidé dans mes expériences par mes élèves Lekarsky, Ongré- lidzé et Schoulz. ESSAI DE CONSERVATION DES VIRUS EXANTHÉMATIQUE ET ICTÉRIQUE CHEZ LA SANGSUE, par CnARLES NICOLLE et CHARLES LEBAILLY. Nous avons cherché la conservation par la sangsue du virus exan- thématique et celle du virus ictérique (spirochétose ictérohémorragique). 1° ESSAI DE CONSERVATION DU VIRUS EXANTHÉMATIQUE DANS LE SANG INGÉRÉ PAR LA SANGSUE. : Le 29 novembre 1918, une sangsue est posée sur la peau préalablement rasée d’un cobaye atteint de lyphus expérimental au 2° jour de sa fièvre (cet animal représente un 158° passage par cobaye de notre virus marocain). La sangsue se remplit abondamment de sang. Elle est mise ensuite dans de l’eau fraiche qu’on renouvelle tous les jours. Le 1° décembre, soit après un délai de 48 heures, la sangsue est ponctionnée; on extrait de son tube digestif environ 1 c.c. de sang 418 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE poisseux qui, après dilution dans l’eau physiologique, est inoculé par voie péritonéale au cobaye 4. Même opération le 3 décembre, soit 4 jours après le repas et inoculation dans des conditions identiques du cobaye 6. Le cobaye 4 contracle un typhus expérimental net de 7 jours de durée, après une incubation de 9 jours; le cobaye 6 ne s’est pas infecté. La même expérience est répétée avec une autre sangsue, placée sur un cobaye de 35° passage d’un virus tunisien (virus d'Oued Zargua). Le cobaye 81, inoculé avec le sang, contenu dans le tube digestif de la sangsue et extrait après 8 jours, ne s’est pas infecté. Dans ces expériences, il y a eu conservation du virus exanthématique chez la sangsue pendant 2 jours, non pendant 4 et 8. Nous savions déjà, par des expériences antérieures, que le virus exanthématique, enrobé dans une soiution de gélatine, se conservait jusqu'à 4 et 6 jours à la glacière et même qu'un fragment d'organe, immergé dans du sérum inactivé de cheval, gardait sa virulence 2 jours à l'étuve à 37°. L'emploi de la sangsue n'apporte donc aucune commodité nouvelle pour la conser- vation du virus. 20 ESSAI DE CONSERVATION DU VIRUS ICTÉRIQUE DANS LE SANG INGÉRÉ PAR LA SANGSUE. Le 2 décembre 1918, une sangsue est posée sur la peau du ventre, préalablement rasée, du cobaye 68, atteint des symptômes typiques de l'ictère infectieux et dont les organes, inoculés à deux autres cobayes, ont permis de nombreux passages ultérieurs du virus (le cobaye 68 représentait lui-même un 85° passage). La sangsue est ensuite mise dans de l’eau fraîche, qu'on change chaque jour. Au 7° jour de son repas, cette sangsue est ponctionnée. On en extrait à la seringue 1/2 c.c. de sang poisseux, qui est inoculé sous la peau du cobaye 79, après dilution dans 4 e.c. 1/2 d’eau ARBRE 1e Le cobaye 79 est mort ictérique le 21 décembre. Au 19° jour du repas, nous ponclionnons de nouveau la sangsue. Elle fournit encore 1/2 c.c. de sang, plus poisseux cette fois que la première. Ce sang, dilué dans 1 c.c. 1/2 d’eau physiologique; est inoculé sous la peau du cobaye 86, lequel montre une fièvre de 6 jours de durée sans ictère, après 13 jours d’incubation. Une légère bypo- thermie de 2 jours suit la période fébrile. Eprouvé le 1°° mars 1919, soit 99 jours après la première inoculation avec un second virus murin, ce cobaye s'infecte et meurt en présentant les symptômes et lésions de l’ictère infectieux. Dans cetle expérience, il y a eu conservation du virus avec une bonne activilé chez la sangsue pendant 7 jours. Après 49 jours, le virus s'est SÉANCE DU 3 MAI 419 montré encore assez actif pour causer une infeclion fébrile sans ictène; mais la virulence était déjà manifestement amoindrie, puisque l'inocu- lation n’a ni tué, ni immunisé le cobaye inoculé. 1l me semble pas que le virus ictérique se conserve sensiblement mieux chez la sangsue que, plus simplement, à la glacière. ({nstitut Pasteur de Tunis.) KYSTES HYDATIQUES DU FOIE ET LTHIASE BILIAIRE, par F. DÉvé. Moins exceptionnelle que l'ont dit certains auteurs, puisque mous avons pu en rassembler une cinquantaine d'exemples, la coexistence d’un kyste hydatique du foie avec des calculs biliaires soulève un intéres- sant problème de pathogénie. Sa connaissance n’est pas, d'autre part, sans offrir un grand intérêt pour le chirurgien. Les faits en question doivent être immédiatement séparés en deux groupes. Dans un premier groupe, le kyste hépatique, en involution ou vivant, ne présente aucuns rapports avec l'arbre biliaire ; les calculs siègent dans la vésicule, et ce sont presque exclusivement des femmes qui sont en cause. Nul doute qu'il s'agisse, en l'espèce, d'une simple coincidence pathologique. Il est bien inutile d’invoquer, iei, l'hypothèse d’un terrain spécial favorisant l'installation parallèle de l’une et l’autre affections (1). Dans un second groupe de faits, qui paraît intéresser les hommes deux fois moins souvent que les femmes (32 contre 68 p. 100) — particularité intéressante, car, d’une facon générale, la déhiscence biliaire des kystes hépatiques est, à peu près, aussi commune chez l'homme que chez la femme : 48,5 contre 51,5 p. 100, — le kyste hydatique coexistant avec la lithiase affecte des rapports étroits avec les voies biliaires, suivant trois modes : tantôt la poche comprime un gros conduit biliaire, dans la région du hile; tantôt elle communique avec la vésicule biliaire; tantôt enfin, et c’est de beaucoup le cas le plus fréquent, le kyste s’est évacué dans la canalisation biliaire intra- hépatique. è Le siège des calculs différera dans ces trois éventualités. Dans la pre- mière, la cholélithiase affecte le conduit comprimé; dans la seconde, les calculs occupent la vésicule. Dans la dernière alternative, les concré- tions biliaires peuvent siéger : à l’intérieur du kyste lui-même, envahi (1) Nous avons fait, antérieurement, la critique de cette théorie : CF. F. Névé. De l’échinococcose familiale, Archives générales de Médecine, 1907, p. 68#, 490 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par la bile; dans les voies biliaires intra-hépatiques, plus ou moins eclasiées ; dans l'hépato-cholédoque encombré de débris membraneux; dans la vésicule biliaire, renfermant ou non des hydatides. Enfin, on a pu observer, en cas de cholépéritoine hydatique, une cholélithiase hydatique inlrapéritonéale (1). | Parfois uniques, les concrétions sont généralement multiples. Leur taille va du simple gravier à la grosseur d'un pois, d’un haricot, d'une noiselte. De forme allongée, polyédrique, irrégulière, elles se présentent comme des masses noir-verdàtres, généralement friables. Nous avons indiqué naguère (2) la composilion chimique de cholé- lithes de ce genre : elle consiste essentiellement en bilirubinate et bili- verdinate de calcium (86 p. 100) avec une faible quantité de cholestérine (6 p. 100). Il s'agit, en somme, de calculs j'igmentaires. C'est ce que con- firme l'étude microscopique des concrétions, qui les montre formées de stratificalions pigmentaires concentriques. Au milieu de certains de ces calculs on constate la présence de débris réfringents de cuticule feuilletée. = - Plusieurs processus interviennent dans la pathogénie de cette choléli- thiase hydatique : 1° Indépendamment de toute infection, la stase biliaire, — qu'elle résulte d’une compression extérieure ou d’une obstruction endo-canali- culaire. On sait que l’expérimentation (Mocquot, Noël Fiessinger) a établi l'existence d’une lithiase aseptique, de stase ou de sténose. 2° L'angiocholile infectieuse, presque toujours surajoutée, en pareil cas : processus classique du « catarrhe lithogène ». 3° La présence de fragments de corps étrangers parasitaires, servant de noyaux de précipitation biliaire. _ Parmi ces éléments pathogéniques, le rôle principal revient assuré- ment à l’angiocholite. Par elle s'expliquent certains faits dans lesquels on à vu la lithiase biliaire apparaître plus ou moins tardivement après guérison, opératoire ou spontanée, d’un kyste hépatique éliminé dans les voies biliaires (cholélithiase hydatique tardive ou consécutive). Cliniquement, la lithiase biliaire d’origine échinococcique s’accom- pagne ordinairement de crises de colique hépatique. Mais celles-ci sont bien moins liées à la présence et à la migration des concrétions biliaires elles-mêmes qu’à celles des hydatides qu'elles accompagnent. Quoi qu'il en soit, on peut retrouver, dans les selles, des calculs mélangés aux vésicules éliminées par les débâcles biliaires hydatiques. Exceptionnel- lement, les calculs ont été rejetés par vomique hépato-bronehique. Cette cholélithiase compliquant les kystes du foie ouverts dans les voies (1) Cf. F. Dévé. Revue de chirurgie, janvier 1918, p. 134. (2) F. Dévé et M. Guerbet. Cholélithiase d'origine hydatique. Comptes rendus de ta Soc. de Biologie. 41 février 1905. SÉANCE DU 3 MAI 4 Lo — biliaires mérite d’être connue des chirurgiens. Chez un malade ayant présenté des coliques hépatiques franches, l’opérateur ne devra pas se contenter trop facilement, ainsi qu'il est arrivé plus d’une fois, de la découverte d’un ou plusieurs calculs friables dans la vésicule. La cho- lécystotomie, la cholécystostomie, la cholécystectomie, pratiquées en pareille circonstance, sont parfaitement insuffisantes et inopérantes. Le contenu de la voie biliaire commune devra toujours être vérifié par une cholédocotomie exploratrice. Le drainage biliaire permettra souvent l'issue ultérieure de débris hydatiques. L'échinococcose rénale comporte des faits superposables à ceux-que nous venons d'indiquer dans cette note. Nous nous réservons de reprendre, ailleurs, l'étude d'ensemble de la lithiase hydatique. SUR LA PRÉSENCE, DANS L'URINE NORMALE, DE FILAMENTS FLEXUEUX, DE NATURE TRÈS PROBABLEMENT SPIROCHÉTIDIENNE, par PIERRE-PAUL LÉVY. Nous avons relaté récemment les résultats de nos recherches sur la présence du Zreponema pallidum dans l'urine des syphilitiques et montré qu'il était indispensable, pour être affirmatif sur leur existence, de ne retenir que les images spiralées présentant les caractéristiques morphologiques rigoureuses du Tréponème (1). Pour savoir comment se comporterait dans l'urine ce micro-organisme et quelles déformations il y pourrait subir, nous avions fait séjourner, à l’étuve, dans ce liquide, une grande quantité de ces parasites retirés de la sérosité de chancres spécifiques. On verra, sur la figure 4 de la planche annexée à ces notes, qu'après 17 heures de séjour dans l'urine, à 37°, et aussi après la centrifugation violente nécessaire pour les ras- sembler, les tréponèmes sont le plus souvent reconnaissables; d’une manière générale, on peut cependant constater que, sur chacun des éléments que nous avons choisis pour les représenter, quelques spires sont allongées, étirées, effacées. Au Cours de nos examens, nous avons été frappé de la présence, dans les urines de syphilitiques, d'éléments spiralés de forme atypique, sur lesquelles nous désirons attirer l'attention. Ces éléments sont repré- Le sentés sur la figure 5, juxtaposée à la précédente; on notera aisément (4) P.-P. Lévy et Guilé. Action de l'urine sur le tréponème de la syphilis. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 25 janvier 1919. — Recherche du Tre- ponema pallidum dans l’urine des syphilitiques. Bull. Soc. méd. des H6p., 24 jan- vier 1919. | 429 SOCIÉTÉ BE BIOLOGIE les points de ressemblance et surtout de dissemblance des deux images microscopiques. Il est utile de rappeler que nos urines étaient recueillies de Ja façon la plus minutieuse, après imprégnation du gland et du méat urinaire avec une solution forte de permanganate de potassium, pour détruire in situ les spirochétidés saprophytes, et nous ne prélevions que la pre- - mière partie de la deuxième moitié du liquide expulsé, laissant la pre- mière moitié laver et déterger le canal. On sait que l'extrémité antérieure de l’urètre est habitée normale- ment par une flore spirochétienne, sur ne ont porté déjà de nom- breuses investigations. Stoddart (1) ayant mis en garde les auteurs contre l’existence des saprophytes de l’urètre mâle et insisté sur la nécessilé absolue du cathé- térisme pour les éliminer, Netter et Salanier (2), Fiessinger (3) mon- -trèrent qu'avec quelques précautions on évitait la contamination accidentelle de l'urine par les spirochètes du méat; bientôl après, Salomon et Neveu (4), Garnier et Reïlly (5) appuyaient la deuxième opinion. Les parasites saprophytes que l’on peut recueillir accidentellement dans l'urine et que l’on a décrits jusqu'ici sont les hôtes normaux du méat : Noguchi en a donné une remarquable description d'ensemble (6). Il ramène à trois types, le Treponema minutum, le Treponema calli- gyrum, le Spironema refringens, ces parasites inoffensifs de l'extrémité balanique de l’urètre. Nous n'avons pas trouvé, dans les descriptions des auteurs, de figures semblables à celles que nous avons pu déceler sur nos préparations de centrifugats d’urines recueillies avec les précautions habituelles. Les ayant observées d’abord dans les urines de syphilitiques, où nous vou- lions rechercher le tréponème, nous avons ensuite opéré sur des urines (4) J.-L. Stoddart. Occurrence of Spirochetes i in the urine. Brit. med. Journe, 29 septembre 1917, p. 416. (2) A. Netter et M. Salanier. Présence de Spirochètes différents des spiro- chètes d’Ido et Inada dans l'urine de sujets atteints d'une maladie infectieuse nouvelle. Rareté ou absence de ces éléments dans l’urètre et l'urine à l'état normal. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 janvier 1918, p. 36. (3) N. Fiessinger. À propos des Spirochètes du méat et de l'urine de l’homme normal. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 janvier 1918, p. 38. (4) M. Salomon et R. Neveu. Spirochéturie et néphrites de guerre. Bull. Soc. méd: des Hôp., 26 juillet 1918, p. 852. (5) M. Garnier et J. Reilly. L'élimination des Spirochèles par l’urine dans la spirochétose ictérigène chez l'homme. Presse médicale, n° 5, 3 octobre 1918, p. 505. (6) H. Noguchi. The spirochetal flora of the normal male genitalia. Journ. of exper. Med., 1° juin 1918, n° 6, p. 667. SÉANCE DU 3 MAI 493 de sujets sains, pris comme témoins, el nous avons pu y faire les mêmes constatations. Nous avons d'abord vérifié que les soins indiqués plus haut suffi- saient à éliminer les causes d'erreur par contamination venant du Les 3 types de Spirochètes saprophytes du méat urétral, d’après Noguchi : _ 1. Treponema minutum; — 2. Treponema calligyrum; — 3. Spironema refringens 4 D 4. Aspect de quelques tréponèmes pâles, 5. Aspect des filaments ondulés, de déformés par un séjour de 17 heures dans | nature sans doute parasitaire,, trouvés l'urine, à 370. dans l’urine normale. méat et les spirochètes des types minutum, calligyrum et refringens ne se retrouvent pas sur nos lames. Par contre, ces soins n'ont pu éviter que dans une grande quantité d’urines on ne retrouve les éléments qu'il reste à décrire. Ces éléments n'existent jamais en grande abondance sur les prépara- tions. 20 c.c. d'urine étant centrifugés avec énergie dans les gros tubes d'un appareil puissant, on ne trouve guère, dans les cas favorables, que = 19 Le SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 30 à 50 éléments sur une lame où l’on aura étalé une grosse goutte de culot. Par contre, en cherchant avec soin, comme Î’on fait quand on tient à découvrir du bacille de Koch dans un culot de liquide céphalo- rachidien de méningite tuberculeuse, on peut, presque toujours, en découvrir 5 à 10 sur des préparations bien étalées et bien imprégnées. Il s’agit de filaments spiralés, assez irrégulièrement, présentant des flexuosilés plus ou moins serrées plutôt que de véritables spires. L'imprégnation à l'argent suivant la méthode de Fontana-Tribon- deau (1) montre qu'ils ont une taille comparable à celle des trépo- nèmes de la syphilis, leur trait étant un peu plus accentué. Leur lon- gueur varie de 8 à 20 w. Des formes très longues, dépassant 20 y, ne sont pas exceptionnelles. : Le nombre des flexuosités est très variable ; parfois on n’en compte que 4 à 5, le plus souvent on en trouve 6 à 12. Ces flexuosités sont tantôt profondes, tantôt superficielles. Il est assez fréquent de trouver à l’une des extrémités du filament un renflement circulaire, ovalaire ou piri- forme ; plus rarement, on en peut trouver un à chaque extrémité. Quand cet ornement fait défaut, le trait se termine en s’effilant avec netteté. (Nous ne pourrions dire si ces renflements appartiennent en propre au filament spiralé ou s'ils ne proviendraient pas d’un simulacre dü à la centrifugation, celle-ci ayant pu, par la précipitation, au fond du tube, de petits corpuscules en suspension dans l'urine, accoler ceux-ci à l'extrémité effilée et recourbée du filament élastique qui les aurait har- ponnés au passage.) : Comment convient-il d'interpréter ces figures ? S'agit-il de micro-orga- nismes apparentés au groupe des spirochétidés? S'agit-il, au contraire, de formations en provenance de cellules de l’économie, par exemple, de prolongements protoplasmiques de leucocytes excessivement éltirés, de filaments chromatiniens issus de noyaux cellulaires histolysés (2)? Dans un travail antérieur (3), Le Play, Sézary et Pasteur Vallery- Radot, sur des coupes de néphrites non syphilitiques, traitées par l’imprégnation argentique, ont décrit des figures spiralées, à propos desquelles ils posaient les mêmes questions. M. Sézary a bien voulu nous montrer ces coupes : une ressemblance, non douteuse, peut être notée entre l'aspect de la plupart des filaments que nous y avons vus et celui des filaments de nos préparations. : (1) Les circonstances ne nous ont pas permis d'étudier ces éléments à l'ultramicroscope. (2) Les dimensions de ces éléments excluent la possibilité de confusion avec des spermatozoïdes. (3) Le Play, Sézary et Pasteur Vallery-Radot. Sur l’histomicrobiologie des néphrites syphilitiques. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1x décembre 1912, p. 635. SÉANCE DU 3 MAI 495 À la vérité, nous pensons bien qu'il s'agit de micro-organismes spi- ralés ; il suffit d'avoir la pratique du « Tribondeau » pour diagnostiquer d'emblée, à sa teinte uniformément brune, à la netteté et la régularité de son trait en paraphe, le spirochète authentique et à le distinguer sans hésitation des éléments apocryphes. M. Pettit a vu nos lames, a émis la même opinion. Si cette interprétation est exacte, on en déduira qu’il existe à l’état normal des organismes spirochétiens dans l'arbre urinaire, soit qu'on les rencontre seulement dans la vessie, soit au contraire qu'on puisse les capter jusque dans le rein lui-même. Peut-être alors ne les trouverait-on que dans les reins atteints de néphrite chronique, comme sur les coupes étudiées par Le Play, Sézary et Pasteur Vallery-Radot (1); dans ce cas, certaines néphrites chro- niques pourraient être dues à la présence de ces micro-organismes, de même que certaines néphriles aiguës étudiées depuis la guerre. Peut-être, au contraire, les trouverait-on aussi dans les reins sains, où ils vivraient, en nombre très restreint, restant indéfiniment sapro- phytes ou attendant leur heure. Ce point mériterait d’être éclairei; il suffirait, pour commencer, d'imprégner à l'argent des fragments derein sain et d'y rechercher l’existence des filaments précédemment décrits. On comprend l'importance que présenteraient des recherches complètes pour élucider une.question qui met en jeu la pathogénie des néphrites chroniques. : 2 (Travail du Laboratoire de la Æ° armée.) SUR LA SÉCRÉTION INTERNE DU PANCRÉAS, par T. KumaGar et S. OsarTo. Il y a deux opinions parmi les savants au sujet de la voie que prend la pancréashormone pour se répandre dans le sang. Hédon, d’après ses expériences, pense que la pancréashormone est sécrélée dans la veine pancréatique. Lépine et Biedl prétendent, au con- traire, que l'hormone du pancréas qui régularise le métabolisme d’hydrate de carbone, arrive dans la circulation du sang par le canal thoracique. Nous nous sommes efforcés d'éclairer cette question par des expériences. Nous savons, d'après Achard, Clerc, Loeper et Fioaï, que l'amylase du sérum du sang augmente par l'injection sous-cutanée de pilocarpine. Premièrement nous disons que cette augmentalion est produite par le (1) La répartition de ces éléments, qu’on trouve surtout dans les cylindres, pourraît être invoquée comme un argument en faveur de cette hypothèse. ; A C4 426 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE _! pancréas ; car cette augmentation d'amylase n'apparaît pas chez le chien dépancréaté. Pour cette expérience, nous avons praliqué une fistule dans le canal thoracique au moyen d’une canule. Nous avons recueilli la lymphe d'une manière continue pendant toute la durée de l’expé- rience et plusieurs échantillons du sang veineux. Voici quelques résultats de nos expériences : Exe. L — Chien de 10 kilogrammes : 0,1 pilocarpine (hydrochlor.) sous- cutanée. TEMPS EYMPHE SANG AVADESLDeCtION LES 6,016 0,01 Après 15-minutes. 0 ESS 0,01 0,004 APTÉS UT NEUTER CARE Ma ce de 0,000€ 0,004 Aprés 2 Heures il sers tes 0,00006% 0,006; Exe. IL. — Chien de 10 kilogrammes : 0,09 pilocarpine (hydrochlor.) sous- cutanée. TEMPS LYMPRE SANG Avant TinjecHone dr Pre re 0,04 0,025 Apres D iINUteS CN a a 0,025 or (OS (UH ; ADTÉS 20 TMIIULES A CS 0,00% 9,01 Après /B'heureé ro una ee en 0.000064 . 0,01 Xpress 2 HEUTES ER. ee Mi eu men 0,000025 0,004 D’après ces expériences, il est clair que l’amylase augmentée par l'injection de pilocarpine est produite par le pancréas et arrive dans le sang surtout par la voie de la lymphe. On peut donc dire que cette amy- lase augmentée est une sorte de sécrélion interne du pancréas. Pour ce qui est de pouvoir identifier cette amylase avec l'hormone du pancréas qui régularise le métabolisme des hydrates de carbone, c’est une autre question qui demande de nouvelles recherches. La maltose du sang et de la lymphe est déterminée par la méthode de Kusumoto. Ce ferment augmente un peu par la pilocarpine injectée. Cette lymphe du canal thoracique, qui contient à peu près 4100- 1.000 fois de puissance amylolytique, est injectée aux chiens pancréas- diabétiques pour déterminer son influence sur la glycosurie. Chez les chiens dont le pancréas est totalement enlevé, nous ne con- statons aucun effet. Les chiens, auxquels il reste quelque partie: de pan- créas, éprouvent tous sans exception, d’une façon appréciable, une in- fluence antiglycosurique. Une fois même, la glycosurie de 6, 8 p. 100 disparut tout à fait quoiqu'’elle ne fût que temporaire. Les mêmes expé- riences faites avec les lymphes du canal thoracique obtenues par l’injec- tion de peptone ou la décoction du coquillage (Anodonta) sont sans effet notable. e SÉANCE DU 3 MAI 497 D’après ce que nous venons de voir, nous sommes à même de con- clure que la sécrétion interne prend la voie de la lymphe et que l’hor- mon pancréatique qui régularise le métabolisme de l’hydrate de carbone est obtenue à l’état concentré dans la pilocarpine-lymphe du canal tho- racique, PEUT-ON CRÉER UNE FONCTION NOUVELLE DANS L'ORGANISME ANIMAL? par À. Disraso. Dans une note précédente (1) nous avons montré que le rat adulte nourri à la lactose présente une flore intestinale à £. bifidus. Ce phéno- mène est dû au fait que ce sucre passe intégralement dans le gros intestin sans être dédoublé. Ainsi, cet animal ne possède pas de lactase. Nous nous proposons dans cette note de montrer s’il est possible de faire apparaître ce ferment dans l'intestin du rat. Nous nous sommes dit : si la lactase apparaissait, la lactose serait dédoublée, par consé- quent la flore intestinale du rat, dans ce cas, serait pareille à celle que l’on obtient en nourrissant cet animal avec du glucose et du galactose. Si d'autre côté la lactase n'apparaît pas, la flore restera pareille à celle de l’animal témoin. La première série. d'expériences était faite en injectant avant chaque repas dans le périloine du rat de l’eau lactosée à 20 p. 100 2 fois par jour et pendant 2 mois. Après ce temps le repas d’épreuve (2) ne nous a jamais permis dans plusieurs expériences de noter aucune différence avec les animaux témoins. Deuxième série. — Rats adultes nourris pendant six mois au pain et avec de petites quantités croissantes de lactose. Le repas d’épreuve nous a donné la flore caractéristique à B. bifidus. Donc, dans cette expérience aussi, la lactase n'apparaît pas. Troisième série. — Une nichée de 6 petits rats nourris pendant 6 mois dès le sevrage avec du pain et de la lactose en quantité croissante. Après ce temps, repas d’épreuve. La flore s'est présentée toujours com- posée de 2. bifidus comme dans les animaux témoins. Quatrième série. — Une nichée de 5 5 petits rats nourris comme dans la série précédente. Après 9 mois, repas d’épreuve. Les résultats con- firment les expériences de la troisième série. (1) Distaso et Schiller. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, Paris, 1914. (2) Dans toutes les expériences le repas d’épreuve consiste à donner des pâtés de pain mouillé, chacun contenant 4 grammes de lactose. Chaque rat reçoit un pâté à chaque repas (2 fois par jour). 1928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La lactase donc n'apparait pas dans nos expériences ni après injec- tions ni en nourrissant les rats dès le sevrage avec des quantités crois- santes de lactose. La preuve en est que la flore intestinale est compa- rable à celle des animaux témoins. = On n'observe en effet aucun changement ni qualitatif ni quantitatif des microbes qui la composent. ConcLusIONS. — A la lumière des résultats de ces expériences in vivo nous devons dénier qu'il soit possible de créer une nouvelle fonction dans l'organisme animal; c'est un problème bien différent de l’hyper- trophie d’une fonction déjà existante qui serait. bien entendu, toute autre chose que la création d’un ferment de novo. Les faits exposés jettent un nouveau jour sur la production des anti- corps et sur la virulence des microbes dans l'organisme animal. Dans ce cas aussi il est probable que tout anticorps qu’on produit artifi- ciellement et naturellement n’est que l'hypertrophie d’une fonction déjà existante et que rien ne se crée de novo. La virulence d'un microbe vis-à-vis de l'organisme animal doit être probablement envisagée sous le même point de vue. Une conclusion d'ordre général ne nous semble pas déplacée. C’est-à-. dire que comme en morphologie on ne peut pas créer un organe, aussi, en physiologie on ne peut pas créer une fonction, mais tout ce qui nous apparaît nouveau est ou bien une hyperstructure ou bien une hyper- trophie. (Cardiff-University College). SUR LA PHASE CARCINOMATOÏDE DU CHORDOME MALIN, par R. ARGAUD. Les rares descriptions anatomo-pathologiques du chordome malin le représentent comme formé de cellules vésiculeuses, physaliphores, qui, ultérieurement, se flétrissent et donnent, par leurs nombreux pro- longements protoplasmiques périnucléaires, l'impression d'un tissu réticulé. ; Jamais on ne trouve, disent les auteurs, des amas cellulaires sans vacuolisation ou des tractus pouvant justifier la désignation de chordo- sarcomes ou de chordo-carcinomes. Il est à remarquer que, sauf Linck et Feldmann, tous les auteurs qui se sont occupés de la question (Grahl, Fischer et Steiner, Bassa! el Frenkel, Mazzia, Hässner, Wegelin, etc.) ont étudié des pièces nécrop- siques. SÉANCE DU 3 MAI 4929 Or, dans les seules pièces biopsiques de chordome sphéno-occipital qui aient été décrites (par Linck et par moi-même), la disposition cor- donnale est, par endroits, absolument manifeste. À côté des amas de cellules pathognomoniques du chordome, on trouve des tassements et des cordons cellulaires, sans vacuolisation, qui présentent toutes les modifications morphologiques des néopla- sies : héléromorphisme, dégénérescence cireuse ou tuméfaction trouble, mégalométrie nucléaire, caryorrhexie, etc. De nombreux vaisseaux san- guins parcourent les espaces intercordonnaux (1). Il est de toute évidence qu'une pareille disposition répond à des centres de prolifération tumorale. Les formes vacuolaires et physali- phores doivent être, au contraire, envisagées comme des images dégé- nératives dont le dernier terme est la cellule ratatinée, flétrie, à noyau momifié et anguleux. En résumé, il résulte de nos recherches que le chordome malin passe par trois élats successifs qui, d’ailleurs, peuvent se rencontrer sur le même objet : 1° L'état cordonnal où les cellules agencées en tractus sont dépour- vues de vacuoles et peuvent justifier, par leurs caractères néoplasiques, les appellations de chordo-sarcomes ou de chordo carcinomes: 2 L'état vacuolaire caractérisé par les cellules physaliphores et la sécrétion plus ou moins abondante d’un exoplasme; 3° L'état fibreux ou réticulé. Ces trois états correspondent aux trois stades du développement de la chorde ; le stade épithélial, le stade vacuolaire et le stade réticulé. LA RÉACTION AUX COLLOÏDES D'OR AU COURS DES BRONCHO-PNEUMONIES GRIPPALES, par J. pu CasrEez et M, Duürour. Les divers processus qui évoluent au cours des réactions colloïdales (nous ne comprenons pas sous ce terme le choc et la défervescence) ne se déclanchent pas en même temps; de facon très schématique, lé pouls s'accélère le premier, peu avant la respiration, ensuite les pressions et la température se modifient, la minima précédant habituellement la maxima. Avec l'or colloïdal bleu en injections intraveineuses, chez les malades atteints de broncho-pneumonie grippale, alors que la tempéra- ture n'a pas varié de plus de 0°2 depuis deux heures, on observe les résultats suivants : l'élévation moyenne de la température est de 1° à (1) Disposition qui rappelle assez bien celle des paragangliomes. BioLbGrE. Compres RENB&S. — 1919. T. EXXXII. 31 430 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 15, elle peut dépasser 2° et est parfois inférieure à 0°3; le pouls s’accé- lère habituellement de 5 à 20 pulsations, on peut exceptionnellement noter des chiffres de 50 et 60; dans 4 de nos cas nous avons observé des variations inférieures à 5 pulsations. Les mouvements respiratoires s’accélèrent habituellement de 3 ou 4. La maxima a été trouvée augmentée dans 24 cas sur 27, deux fois diminuée, une fois fixe. L’éléva- tion de la minima ne se produit que dans la moitié des cas et est en moyenne de 1, tandis que la maxima s'élève en moyenne de 2 à 2 1/2; la pression différentielle a été trouvée augmentée 22 fois, diminuée 3 fois, fixe 3 fois; l'augmentation moyenne est de 2 et 3. La durée moyenne de la réaction est de deux à trois heures, elle peut se restreindre à une demi-heure, nous l’avons vue atteindre cinq heures. Les doses, dans les limites employées habituellement, n’ont pas d'influence notable sur la durée et l'intensité de la réaction; avec 0 milligr. 75 on observe couramment des réactions de deux heures alors qu'avec 0 milligr. 06 nous en avons vu de cinq heures; dans un cas nous avons injecté 2 milligr. 5, la réaction a duré 2 h. 45. Lorsqu'on répète les piqûres deux ou même trois fois dans la même journée, la-durée de la réaction pour les injections faites en tempéra- ture fixe se raccourcit, elle est en général de 30 minutes à une heure, elle’peut atteindre deux et trois heures; nous étudierons ailleurs dans un travail plus développé les modifications légères qui apparaissent quand la deuxième et {la troisième piqûre sont pratiquées au cours même de la réaction ou de la défervescence de la piqüre précédente. Quand l'injection est faite au cours d’une ascension spontanée de la température on note surtout deux différences : 4° la durée de la période réactionnelle se réduit et dépasse rarement deux heures; 2° le relève- ment de la minima est plus régulier qu'en température fixe (10 cas sur 13, au lieu de 14 sur 28). Quand l'injection est faite au cours d’une chute spontanée de tempé- rature la maxima se relève en moyenne de 1 1/2-au lieu de 2 à2 1/2. en température ascendante. Quand l'injection est faite en forte hyperthermie toutes choses égales d’ailleurs, on seulement la température est peu modifiée, mais le pouls, la respiration et les pressions réagissent faiblement. Lorsque l'injection est faite en hyperthermie modérée ou même en hypothermie, plusieurs cas doivent être distingués : quand en pleine période d’état la piqûre est faite après une chute rapide de température on observe une réaction violente; c'est dans un cas de ce genre que nous avons vu un malade monter en l’espace d’une heure de 34°8 à 40% ; il est probable qu'une recrudescence thermique, imminente, s'est trouvée déclanchée et exagérée par l'injection; il serait curieux d'étu- dier les réactions colloïdales dans les broncho-pneumonies avec hypo- thermie permanente telles que nous en avons publié deux cas; nous SÉANCE DU 3 MAI 431 n’avons pu le faire. Aux approches de la guérison, quand la température revient à la normale, les réactions sont également faibles. C'est qu’en effet dans les cas qui évoluent vers la guérison on voit les réactions colloïdales diminuer peu à peu; le fait est très net pour la température et la respiration; il l’est encore, quoique plus inconstant, pour le pouls; en ce qui concerne Îles pressions nos chiffres sont trop peu nombreux pour que nous puissions tirer à conclusion. Dans les cas mortels on observe des malades qui fouraissent encore le jour de leur mort des réactions franches ; en général elles diminuent d'intensité mais non plus comme dans le cas précédent par diminution de la toxi-infection ; seule la minima conserve partiellement son inten- sité réactionnelle; la maxima, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne subit que des variations de moindre amplitude, il en est de même de la pression différentielle qui continue cependant à augmenter pendant la réaction. Ainsi les injections intraveineuses d'or colloïdal déterminent des réactions physiologiques quelque peu différentes suivant les conditions . mêmes de l'injection, nous en tirerons ailleurs des considérations d'ordre purement clinique qui ne sauraient trouver place ici. 432 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ERRATA NoTE DE G. MARINESCO. T. LXXXII, page 259, 9e ligne, au lieu de : Lejeune, lire : Lefèvre. Même page, 16° ligne, au lieu de : l'hématie, lire : l'hiérarchie. — Page 262, 25e ligne, au lieu de : et surtout, lire : et surtout Dastre. Même page, 38° ligne, au lieu de : benzoline, lire : benzidine. Même page, 43e ligne, au lieu de : sève, lire : série. Même page, 44e ligne, au lieu de : monochlorhydrate de benzoline, lire : chlorhydrate de benzidine. mono- 433 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE SÉANCE DU 12 AVRIL 1919 SOMMAIRE Borz (L.) : Influence de l’opothé- LAGcesse (E.) : Sur la structure rapie parathyroïdienne sur la cal- des papilles et de la couche super- Ciheationtdes ose. 0. 1.0 441 | ficielle du derme chez l'homme .. 435 Dekeuwer (E.) et Lescœur (L.) : MaraQuiIN (A.) : Assimilation de Sur le dosage de l’urée par l’hypo- métamères : Étude de métamérie bromite de sodium. . . .. . . . .. 45 | chez les Annélides des genres Filo- Douuer (E.) : Sur l'amidon paraf- grana et Salmacina . . ... . . . .. 433 HER re en pr 443 Mixer (J.) : Sur la présence de Laquesse (E.) : Sur la membrane Bacilles paratyphiques dans les cra- vitrée basale sous-épidermique. . . 438 | chats. . . . .. ............ zu Présidence de M. Wertheimer, président. ASSIMILATION DE MÉTAMÈRES : ETUDE DE MÉTAMÉRIE CHEZ LES ANNÉLIDES DES GENRES flograna ET Salmacina, par A. MArAQUIN. Un des exemples les plus remarquables d’assimilation métamérique — processus par lequel des segments sont captés au détriment d’une région, pour être transformés au bénéfice d'une autre région afin d’en augmenter l'étendue — est celui du captage de métamères de la région occipitale des Vertébrés par la région céphalique. Le problème de la segmentation de la tête des Vertébrés a été ainsi posé sur de nouvelles bases; toutefois la complexité des constituants organiques qui entrent en jeu est si grande que l’'embryologie est loin d'avoir élucidé les diffi- cultés que cette question soulève. L'assimilation métamérique dont il s’agit ici se produit chez des Annélides tubicoles (Serpulides des g. Filoyrana et Salmacina) dont la simplicité d'organisation est telle, que les constituants organiques 5e 434 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE trouvent en nombre relativement réduit. Il en résulte que les facteurs physiologiques et mécaniques qui déterminent cette assimilation peu- vent y être plus aisément discernables; et, si éloignés que soient les Annélides et les Vertébrés dans l'échelle animale, leur constitûtion métamérique fondamentale permet d'estimer que l’élude de phéno- mènes relativement simples, chez les uns, peut aider à la compréhension des phénomènes plus complexes des autres. Ë! Le corps des Filogranes et Salmacines est principalement constitué de deux groupes de métamères : l’un antérieur céphalo-thoracique, l’autre postérieur ou abdominal, séparés par une courte région inter- médiaire. La constitution primitive du premier groupe chez l'individu jeune ne comprend que trois métamères, en arrière de la tête. Pendant l’accroissement du corps, cette région peut en posséder 8 et jusque 10; l'abdomen peut en acquérir 30 et jusque 50. Or si l'abdomen s'accroît par prolifération de nouveaux segments, grâce à la zone terminale d’accroissement, par contre, le thorax ne possède aucun centre d’accrois- sement qui lui soit propre. __ Le captage et l'assimilation de métamères abdominaux par la région céphalo-thoracique s’effectue en deux phases : Première phase. — Chez l'individu jeune l'intestin endodermique antérieur du thorax qui remplit essentiellement la fonction digestive et qui se trouve à l’étroit dans la cavité cæœlomique de cette région pénètre dans le premier segment abdominal. Il y forme une poche stomacale, remplie par les aliments qui y séjournent, et distend les parois du seg- ment dont l'appareil de locomotion disparait, d’abord par la chute des soies puis du bourrelet saillant qui les supporte. Un deuxième, puis un troisième segment abdominal subissent cette transformation qui peut se poursuivre dans le cours ultérieur du développement (1). Une région intermédiaire se constitue, dont la métamérie externe est effacée, mais où le cœlome cloisonné maintient la métamérie interne. Deuxième phase. — Le centre d’accroissement terminal augmente peu à peu le groupe des métamères abdominaux ; par contre le nombre primitif du thorax est de trois métamères, et ne peut s’augmenter par aucune prolifération d’un centre d’accroissement qui lui soit propre. Il en résullerait, si les choses restaient en l'état, une rupture d'équilibre fonctionnel entre les deux régions dont les appareils de locomotion ont une disposition sétigère inversée, adaptée au déplacement du ver, dans le tube calcaire qu’il habite. En arrière du 3° segment thoracique, sur le 1% segment abdominal qui lui est contigu et qui a perdu son appareil locomoteur, apparaissent un nouveau faisceau de soies longues dorsales et un tore nouveau de soies en crochets. Mais ces productions ont la (4) A. Malaquin. L’accroissement et les phases sexuelles et asexuelles de Salmacina Dysteri Huxley. Zoolog. Anzeiger, Bd XXX VII, 1911, p. 197. SÉANCE DU Â12 AVRIL 435 forme, la disposition et les dimensions des parties similaires d'un seg- ment thoracique. Une membrane spéciale au thorax s’y ajoute, elle se soude à celle déjà existante, et peu à peu le segment abdominal trans- formé, modifié est incorporé et caplé définitivement par la région tho- racique. Ce processus s'étend successivement sur les 5 à 7 métamères suivants ; leur assimilation se poursuit, et elle peut ainsi se résumer : Le premier facteur physiologique qui entre en jeu dans le captage de métamères résulte de l’activité digestive de l'intestin thoracique et de l'insuffisance de l'emplacement qui lui est réservé. Il provoque une dila- tation sacciforme de cet intestin qui envahit l'abdomen et détermine la transformation iniliale du 1°" métamère de cette région, puis successi- vement des suivants. Le deuxième facteur de l'assimilation métamérique provient d'une nécessité d'équilibre des fonctions locomotrices dévolues aux parapodes inversés du thorax et de l'abdomen, équilibre rompu par suite de l’ac- croissement continu du nombre des segments abdominaux sans contre- partie du côté du groupe thoracique. Les métamères abdominaux déjà modifiés acquièrent un appareil locomoteur identique à ceux du thorax. Cette deuxième phase achève le captage des métamères et leur assimi- lation à la région captante. SUR LA STRUCTURE DES PAPILLES ET DE LA COUCHE SUPERFICIELLE DU DERME CHEZ L'HOMME, par E. LAGUESSE. Nous n'avons pas l'intention d'étudier ici en détail la structure des papilles dermiques, mais seulement de rechercher dans quelle mesure la description du tissu conjonctif doit différer ici de celle que nous avons donnée pour le tissu lâche sous-cutané, et si la substance fonda- mentale amorphe y acquiert l’importance considérable et prédominante que lui attribuent un grand nombre d'auteurs. Quelques observations histogénéliques faites chez le rat nous ont fourni la meilleure base pour cette étude. Sur l'embryon du 15° jour (11 4/2 à 12 millimètres) le réseau mésenchymateux primitif des tégu- ments commence à se différencier en deux couches, séparées par an mince feuillet caractérisé par un riche réseau de larges capillaires san- guins, et déjà signalé par S. Minot sous le nom de feuillet panchoroïde. De ces deux couches, la profonde donnera le tissu conjonelif lâche sous-cutané et peut-être une portion du derme, la superficielle devien- dra le tissu dermique caractéristique : elle est formée d’un réseau cellu- laire bien plus serré. 436 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLÉ Sur l'embryon du 17° jour ces deux couches ont déjà une structure absolument différente, et le contraste entre elles est très accusé. Dans le tissu conjonctif lâche sous-cutané, le réseau mésenchymateux s'est complètement modifié; les cellules y sont groupées par plans réguliers, et ont donné naissance, par le procédé que nous avons décrit, à de larges lamelles continues ou à peine fenêtrées de place en place, dans l'épaisseur desquelles les fines fibrilles conjonctives abondent déjà, et entre lesquelles circule la lymphe interstitielle. Le derme est tout dif- férent, actuellement bien moins dense que la couche profonde; ses fibrilles conjonctives sont encore rares et très fines ; et il manque com- plètement de lamelles. Le réseau mésenchymateux y a persisté ; ses élé- ments se sont fortement desserrés et allongés, maïs sans se différencier au même degré. Fusiformes ou étoilés, ils s’anastomosent les uns avec les autres par de fins prolongements terminaux hyalins ou finement granuleux constituant un réticulum à trabécules extrêmement grêles, rappelant le mésostroma décrit par Studnicka. Ces trabécules sont par places aplaties..et les mailles tendent ainsi, en certains points, à devenir des alvéoles limités par des cloisons incomplètes, et plus ou moins lar- gement communicants. Les cellules sont pour la plupart étalées paral- lèlement à la surface, mais beaucoup plongent dans la profondeur sous des angles très divers. Elles ne se groupent pas en plans parallèles réguliers comme dans l'hypoderme. Leurs prolongements restent fili- formes ou rubanés, deviennent aliformes par places seulement, mais sans s’élargir considérablement, ni se fusionner en lamelles. À part l’exoplasme des plus fines cloisons interalvéolaires et de quelques larges expansions hyalines, 1 n’y a donc pas ici de substance fondamen- tale amorphe demi-solide comme en présente déjà abondamment l’hypo- derme en ses lamelles. On ne trouve dans les mailles de ce tissu que de la lymphe interstitielle liquide. : Passons de suite à l’homme adulte, en prenant pour exemple la peau de la face palmaire des doigts, éludiés en coupes faites après inclusion à la paraffine, les unes perpendiculaires à la surface, les autres tan- gentielles. Une grande partie, quelquefois la majeure partie de la papille, est constituée par les vaisseaux et par les expansions nerveuses. Le tissu conjonctif est en petite quantité, et ne joue ici qu'un rôle de remplissage ; il devient plus abondant dans la couche sous-papillaire, mais les fibres conjonclives et élastiques y sont déjà moins fines, plus nombreuses; et tendent à masquer davantage sa structure intime. Néanmoins dans tous ces points, entre les fibres et les vaisseaux, après coloration par la safranine-base suivie de picro noir naphtol (d’après la méthode de Curtis), on met en évidence un tissu caractéristique et d aspect tout spécial. Sur des coupes moyennement épaisses (10 à 15 y) c'est un fond bleu clair, sur lequel se détachent en bleu foncé les fibres, en rouge vif les noyaux entourés d'un corps granuleux rougeâtre plus SÉANCE DU 12 AVRIL 431 — ou moins nettement limité. On a d'abord l'impression d'une substance fondamentale amorphe continue dans laquelle seraient englués les élé- ments anatomiques figurés. Pourtant cette substance apparaît comme tigrée de petites taches arrondies, ovalaires ou polygonales plus claires, et on y constate déjà souvent la présence de quelques trous de même forme, un peu plus larges. Mais sur des coupes plus fines (3 à 6 p), la masse apparalt complètement ajourée, criblée de trous, spumeuse. Chacune des petites taches claires représentait une des cloisons limi- tantes d'un alvéole que le rasoir a largement ouvert. La masse bleutée est bien une substance amorphe, hyaline, mais criblée d’'alvéoles d'un diamètre de 4 à 6 uv en général, limités par des cloisons, les unes vues de face comme des voiles très faiblement bleuâtres, les autres coupées en travers ou obliquement sous l'aspect de trabécules minces ou épaisses, selon les points, lamelleuses puisqu'on peut les suivre fuyant dans la profondeur. Mais ces cloisons peuvent être incomplètes et les alvéoles communiquent fréquemment entre eux. La lymphe intersti- tielle qu’ils contiennent peut y cheminer assez facilement. Les cloisons un peu épaisses sont elles-mêmes souvent creusées d'alvéoles bien plus petits et aplatis. Dans le tissu sous-papillaire les cellules sont assez rares. De place en place (fig. 1) (1) on aperçoit dans le réseau alvéolaire un plus large point nodal, au centre duquel se trouve un noyau, entouré le plus souvent, mais non toujours, d'un petit amas central de cytoplasme granuleux rouge (endoplasme), mais les couches périphériques du nœud prennent généralement la coloration bleue (exoplasme amorphe précollagène). À mesure qu'on s'élève dans le corps des papilles on rencontre un tissu moins différencié, où les cellules sont plus nombreuses, parfois en petits groupes de deux ou trois, réunies par de très courts prolonge- ments formant de simples pointes d'union, et à endoplasme souvent plus développé. Enfin, tout au sommet (fig. 2,5, 6) on trouve presque toujours une sorte de véritable tissu réticulé à alvéoles largement com- municants, limités par les prolongements de cellules étoilées typiques. Corps et prolongements sont parfois encore finement granuleux et colo- rables par la safranine ; le plus souvent les derniers après un court trajet, le premier sur un de ses côtés, deviennent bleus et hyalins. En un mot, nous sommes ici en face d’une variété de lissu conjonctif alvéolaire, spumeux, bulleux, très voisine de celle que nous avons déjà décrite dans les muscles lisses (2), et dans laquelle les prolongements et souvent une grande partie du corps cellulaire se sont différenciés en un exoplasme, qui, fusionné aux voisins, peut être considéré comme (1) Pour cette figure, voir la note suivante. (2) Laguesse et E. Lemoine. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXIT, 1906, p. 75. Voyez encore : E. Lemoine. Thèse de médecine. Lille, 1906. 438 REUNION BIOLOGIQUE DE LILLE constituant une substance fondamentale amorphe précollagène, mais largement vacuolisée, et non un bloc continu. C’est une forme de tran- sition entre le tissu réticulé et le lamelleux, dont il se rapproche beau- coup dans les parties profondes, où les alvéoles tendent à se disposer en plans superposés, déterminant ainsi de érès lamelles, ou à s'élargir peu à peu. Les fibres conjonctives et élastiques, très fines et très rares au som- met des papilles, de plus en plus nombreuses et grosses à mesure qu’on descend, sont noyées dans l'épaisseur même des cloisons interalvéo- laires du tissu bulleux. Vers la base, autour des vaisseaux centraux, et plus encore dans le tissu sous-papillaire, elles tendent à s accumuler en petits faisceaux, et distendent alors Les cloisons, repoussant les bulles, de façon à déterminer de véritables traînées parfois assez épaisses de substance fondamentale en partie amorphe, en partie fibrillée. Plus on s’enfonce dans le derme, plus la seconde prédomine sur la première, ‘de telle sorte que, contrairement à une opinion assez répandue, il existe en somme moins de substance amorphe dans le derme que dans le tissu sous-cutané, où elle forme les larges lamelles que nous avons décrites ailleurs. Dans tous les cas il n'existe pas, même dans les papilles, une masse de substance amorphe continue où la lymphe interstitielle ne circulerait que par imbibition, comme dans le cartilage, mais un {issu conjonclif réticulé aluvéolaire de nature un peu spéciale. SUR LA MEMBRANE VITRÉE BASALE SOUS-ÉPIDERMIQUE, par E. LAGUESSE. Au-dessous de l’épiderme la méthode indiquée dans la communica- tion précédente décèle très nettement partout une membrane vitrée basale continue (m), couche limitante de la substance conjonctive amorphe. Le trait bleu qui la représente en coupe est très mince au sommet des papilles, et ne dépasse guère 1 ou 2 dixièmes de w d’épais- seur; mais il peut s'épaissir considérablement vers la base, et surtout dans les sillons interpapillaires, et atteindre par places jusqu’à 2 & et demi, L’épaississement toutefois est localisé en certains points assez limités, et dû à l'accumulation en nappes de fines et moyennes fibres conjonctives et élasliques qu'héberge la membrane basale. Les cloisons limitantes de la dernière rangée d’alvéoles, souvent très régulière, viennent s'insérer sur cette membrane et se continuer avec elle, Elle ne représente en somme que la dernière assise de ces cloi- sons, juxtaposées bout à bout en un tout continu, qui vient buter SÉANCE DU 12 AVRIL 439 contre l'épiderme (fig. 4 à 4). Elle a la même constitution, la même signification ; elle est également due à la différenciation exoplasmique des cellules conjonctives les plus périphériques, qui se sont aplaties, et qu'on retrouve assez nombreuses incluses dans son épaisseur même. Ces éléments sont transformés presque en totalité, et ne laissent aper- cevoir le plus souvent autour du noyau (fig. 4) qu'un endoplasme gra- nuleux très réduit coloré par la safranine; souvent même il parait manquer. C’est généralement du côté externe que s'est formée la masse principale d’exoplasme amorphe. Sur les coupes langentielles ces cel- lules, vues par la face interne, apparaissent parfois assez voisines, très minces, difficiles à délimiter; leur surface et celle des portions de membrane interposées sont finement gaufrées ; c'est l'empreinte de la dernière rangée de cavités alvéolaires. La membrane est continue, à part quelques rares et très petits orifices de place en place, en face des espaces intercellulaires de l’épiderme. Les fibres conjonctives, venues de la profondeur, montent se perdre peu à peu dans la papille et particulièrement dans sa basale. Dans le tissu sous-papillaire, en effet, on les trouve assez nombreuses, moyennes et fines, isolées où groupées en faisceaux, pour la plupart sensiblement parallèles à la surface. De là partent des fibres ascen- dantes. Les unes, centrales, accompagnent les vaisseaux, encerclés eux aussi d’une vitrée, s’y accolent et les soutiennent ; d'abord moyennes et fines, groupées pour la plupart en faisceaux, puis fines seulement, moins abondantes, bientôt clairsemées ; elles se perdent peu à peu dans les cloisons alvéolaires du sommet, où, sur les coupes tangen- tielles, on ne trouve plus que quelques points bleu foncé représentant leur section transversale. Les autres, périphériques, presque toutes fines et très fines, s’accolent à la membrane basale, y pénètrent, et finissent par s’y perdre avant d'atteindre le sommet. Elles font corps avec la vitrée, y sont comme engluées, et ne s’en détachent pas de facon très nette sur les coupes vivement colorées. Les plus fines sont tout à fait périphériques, et s’enfoncent dans des crêtes superficielles qui s'engrènent avec des cannelures de l’épiderme. Elles sont inégalement disiribuées, rares sur un côté, formant un manteau presque continu sur l’autre ou une portion de l’autre. Entre les deux systèmes central et périphérique, on ne rencontre dans les cloisons alvéolaires qu'un petit nombre de fibres, obliquement ascendantes, éparses ou par très petils groupes. Les fibres élastiques sont abondantes, moyennes et fines, sur les bords des goutlières interpapillaires les plus profondes, en partie noyées dans la basale qu’elles épaississent considérablement, mais inégalement distribuées aussi, formant par places un tapis serré. De là partent des fibres ascendantes papillaires, encore nombreuses vers la base, très inégalement distribuées, groupées surtout vers la face externe des 440 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE papilles composées, s’enlaçant souvent autour des fascicules conjonctifs centraux. Plus haut elles tendent à devenir presque toutes périphé- riques, formant sur les coupes tangentielles de la peau une couronne complète ou incomplète de fines fibres ascendantes onduleuses qui entourent la papille d'une sorte de corbeille (fig. 7). Mais cette corbeïlle Fi6. 1 à 9. Tissu des papilles dermiques de l'homme adulte. Bichromate formoi. — Fic. 1 à 6. Coloration safranine picro-noir naphtol. — Fi. 7 à 9. Résorcine- fuchsine de Weigert. Obj. Zeiss (hom. ap. 1 5. Les quatre premières dessinées à la chambre claire, Oc. 4 pour 1 et 2, Oc. 6 pour 3 et 4). 1 Fi6. 1. Point de transition entre la papille et le tissu sous-papillaire;, », mem- brane basale; al, alvéole; ce, cellule; j, /, fibres conjonctives; o, cloison alvéolaire vue de face. — Fic. 2. Coupe transversale d'une papille au quart supérieur, mon- trant une cellule du réseau, un capillaire sanguin », et quelques fibres. — Frc. 3. Coupe en long, réseau alvéolaire. fin entre un capillaire v, et l'épiderme ep, limité par la basale m. — F16. 4. id.; en, cellule endothéliale du vaisseau; c, cellule de la basale, transformation exoplasmique presque complète. — F1. 5 et 6. Deux cellules du réseau du sommet des papilles fortement grossies, à différenciation exoplas- mique très incomplète. — Fic. 7, 8. Coupe transversale, et 9, coupe longitudinale de papilles montrant les fibres élastiques /'; c, cellule de la basale; M, corpuscule de Meissner. n'a pas de fond, les fibres manquant totalement ou presque totalement vers le sommet, où, très amincies, elles disparaissent dans la basale ou en s’éparpillant dans les cloisons interalvéolaires. Contrairement aux conjonctives, elles cheminent souvent dans la dernière rangée de SÉANCE DU 12 AVRIL 441 cloisons interalvéolaires plutôt que dans la basale, ou, dans celte der- nière, mais, sauf à leurs très fines extrémilés terminales, elles tendent à cheminer en dedans de ses cellules propres, tandis que les conjonctives sont plutôt en dehors. Certaines papilles sont très pauvres en fibres élastiques, qui abondent au contraire en d’autres, particulièrement autour des corpuscules de Meissner. Les membranes propres ne se présentent à nous en général, et ici en particulier, que comme la lamelle la plus superficielle et par cela même limitante du tissu conjonctif. Celle-ci se comporte à peu près comme les larges lamelles constitutives du tissu lâche sous-cutané, c'est-à-dire que les fibres élastiques et conjonctives, et particulièrement les fines et très fines fibres de tramule y pénètrent et s’y perdent en formant des dessins variés. Nous avons pu étudier plus complètement ces dessins dans les lamelles profondes du sous-cutané, chez le chien adulle par exemple, et constater qu'ils se compliquent souvent d’un réseau à mailles polygonales, excessivement délicat et serré, en continuité avec les extré- mités des plus fines fibrilles conjonctives. Les membranes vitrées de tout genre, profondes ou superficielles, nous apparaissent à l’origine à peu près complètement amorphes. Mais, sur ce fond homogène qui per- siste, apparaissent bientôt des épaississements, des différenciations, des réseaux dont les trabécules tendent de plus en plus à s’individue- liser sous forme de fibrilles. Ce sont ces épaississements et ces différen- ciations que mettent en relief certains colorants, et surtout la méthode des digestions artificielles, qui a permis de décrire des structures par- fois compliquées dans les basales. SUR LA PRÉSENCE DE BACILLES PARATYPHIQUES DANS LES CRACHATS, par JEAN MINT. De même que le bacille d'Eberth peut se rencontrer dans les crachats au cours de certaines congeslions pulmonaires compliquant la fièvre typhoïde, de même les divers bacilles paratyphiques peuvent être mis en évidence dans l’expectoration de certains malades atteints de conges- tions pulmonaires au cours des infections paratyphiques. La recherche des bacilles paratyphiques dans les crachals est suscep- tible d’être faite de diverses manières. Je me bornerai à exposer ici la technique qui m'a donné les résultats les plus nets et les plus constants, à une époque où cette recherche n'avait pas encore été pratiquée. 1° Examen dürect des crachats frais. — Dans un crachat fraîchement expectoré, l'examen direct entre lame et lamelle permet, si le crachat renferme des bacilles paratyphiques, d'observer la forme et la mobilité 4249 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE caractéristique du groupe ; souvent les mouvements sont très nets, bien que peu rapides en raison peut-être de la viscosité du milieu. 2 Examen après coloration. — Les bacilles paratyphiques des cra- chats n'offrent aucun caractère saillant ; ils prennent facilement les couleurs usuelles ; le bleu de méthylène y met en évidence assez sou- vent, surtout lorsqu'ils’agit de formes longues, une vacuole médiane qui,au premier abord, donne au bâtonnet l'allure d’un diplocoque, erreur qui ne résiste pas à un examen sérieux; la double coloration met en évidence le caractère Gram-négatif des bâtonnets. 3° Culture. — Mais ces divers caractères n'ont rien d'absolument décisif; aussi est-il nécessaire de cultiver les crachats pour y mettre en évidence les bacilles paratyphiques d’une facon indubitable. Une telle culture n’est guère réalisable sur les milieux usuels, hormis le cas où les crachats renferment les bacilles à l’étal de pureté : le bouillon de bœuf se prête trop bien à la pousse de toutes les infections secondaires ; le bouillon phéniqué, susceptible d'empêcher celle-ci, m’a donné des résultats trop inconslants pour que je puisse en préconiser l'emploi; les milieux complexes, de Drigalski et d'autres, n'étaient pas à la portée du petit laboratoire de campagne où j'ai poursuivi les recher- ches dont j'apporte le résultat dans cette note. Aussi ai-je eu l’idée de m'adresser au milieu sur lequel je faisais habituellement les hémocultures, c’est-à-dire la bile de bœuf peptonée à 4 p. 100. L’action favorisante de la bile peptonée pour le groupe Eberth-coli, et son action empêchante, relative du reste, sur les microbes banaux sont suffisamment marquées toutes deux pour que l’on puisse ensemencer directement une parcelle de crachat, recueillie sans aucune précaulion particulière d’asepsie. Au bout d’un temps qui varie entre quinze et vingt-quatre heures, et qui dépasse rarement ce délai, les bâtonnets mobiles se sont multipliés en abondance ; si quelque mierobe d'infection secondaire, staphylocoque ou autre, s’est développé parallè- lement, il suffiten général d’un ou deux repiquages successifs sur bile peptonée pour obtenir une culture pure du bacille paratyphique isolé. La culture des crachats sur bile peptonée est d’une lecture incompa- rablement plus facile que celle des hémocultures sur le même milieu, et il n’est pas besoin d’un repiquage « de lecture » sur bouillon, repiquage presque toujours obligatoire pour les hémocultures. Dans le cas où l’on n’arriverait pas à isoler le bacille à l’état de pureté, on pourrait, comme je l'ai fait une fois, pratiquer une ponction du poumon avec une aiguille fine, et ensemencer sur bile peptonée les quelques gouttes de liquide hématique ainsi recueillies. Ge procédé reste d'ailleurs un procédé d'exception. Bien entendu, le bâtonnet mobile isolé sur bile doit ensuite être iden- üfié par les réactions usuelles et par le moyen des sérums agglutinants, de manière à être rangé dans la catégorie à laquelle il appartient. SÉANCE DU 12 AVRIL 43 Lors de mes premières recherches (1) j'avais pu isoler 4 fois le para- typhique À, 2 fois le paratyphique B, 1 fois le bacille de Gærtner. Depuis de nombreuses observations sont venues confirmer les premières. Elles me permettent d'affirmer que les diverses variétés de bacilles paraty- phiques sont susceptibles de se localiser dans l'appareil pulmonaire et d’être éliminées par les crachats. Au point de vue clinique, ces bacilles ainsi localisés dans les poumons ydéterminent des phénomènes d’inten- sité variable, bronchite simple, congestion pulmonaire aiguë, conges- tion pulmonaire chronique, congeslion du sommet simulant la phtisie aiguë, congestion du sommet simulant la tuberculose, ete. Le cadre de cette note ne me permet pas de m'étendre autrement sur ce côté de la question. / Les considérations ci-dessus, outre leur intérêt doctrinal, présentent un intérêt pratique, en ce sens qu'elles indiquent un nouveau mode de contagion des paratyphoïdes, la contagion par les crachats, et qu’elles font entrevoir une nouvelle espèce de porteurs de germes paratyphiques, les porteurs de germes pulmonaires. SUR L'AMIDON PARAFFINÉ, par E. DouMERr. Pendant l'occupation de Lille par les Allemands, pour répondre à certaines indications cliniques que le manque de médicaments nous empêchait de remplir, j'ai été conduit à rechercher des moyens de retarder la digestion de l'amidon, de facon qu’une partie suffisamment grande de cet aliment puisse arriver inaltérée jusque dans le gros intestin. On sait, en effet, .que le moyen d'empêcher les fermentations _putrides dans cette partie de l’intestin est d'y favoriser la fermentation lactique de telle sorte qu'elle puisse les dominer et les détruire. On sait, d'autre part, que l'administration, même abondante, du ferment lac- tique est le plus souvent inefficace si l’on n'a pas la précaution de lui fournir en même temps un aliment convenable, de l’amidon dans l'espèce, et encore de l'amidon suffisamm ent protégé par une enveloppe cellulosique contre l'attaque des sécrétions intestinales pour que cet amidon arrive en quantité suffisante dans les parties du tube intestinal où il importe de favoriser la fermentation lactique. Il était donc intéressant à défaut de tels amidors de modifier dans ce sens les amidons existants sans en altérer les propriétés nutritives. (4) Congestions pulmonaires à bacilles paratyphiques, par Jean Minet. Le Presse médicale, n° 19, 3 avril 14916. | 444 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Parmi les moyens qui se sont présentés à mon esprit et que j'ai pu réaliser, celui qui m'a donné les résultats les plus satisfaisants consiste dans l’enrobement des grains d’amidon dans une couche plus ou moins épaisse de paraffine pure. On concoit en effet qu'un amidon enrobé d’une couche très épaisse de paraffine fondant à un degré très élevé (au-dessus de 54° par exemple) puisse passer inaltéré à travers tout le tube intes- tinal et se retrouver intact dans les selles. C'est ce qu'il est aisé de véri- fier et je l’ai vérifié chez divers animaux. Mais si l’on diminue l’épais- seur de cette couche, ou si l’on emploie de la paraffine plus fusible, ou si l'on fait varier à la fois et son épaisseur et sa fusibilité, on peut pré- parer toute une gamme d’amidons plus ou moins attaquables par les sécrétions intestinales. Ainsi de l’amidon préparé avec 1/10 de son poids de paraffine fondant vers 40° est digéré dans les premières par- ties du tube intestinal à peu près avec la même facilité que de l’amidon nen préparé. Avec une telle paraffine il est d’ailleurs difficile, quelle que soit son épaisseur, de le rendre absolumentinattaquable. Par contre, avec une paraffine à 45° on peut préparer des grains d’amidon dont la _digestibilité variera de la digestibilité normale à une digestibilité à peu près nulle, le poids de la paraffine employée variant de 1/20 à 1/3 du poids de l’amidon enrobé. Un amidon préparé au 1/5 avec une telle paraffine se retrouve au bout de plusieurs heures d’ingestion dans la moitié inférieure du tube intestinal du cobaye à des degrés divers d'attaque, notamment dans le gros intestin. C'est avec de l'amidon pré- paré au 1/5 que j'ai fait des recherches cliniques qui seront exposées ailleurs. La préparation de cet amidon très simple en théorie est assez com- pliquée en pratique. Voici le moyen qui m'a donné les résultats les meilleurs. Je dissous la paraffine choisie dans un dissolvant- neutre et volatil approprié; j’humecte avec cette dissolution et en vase clos le poids voulu d’amidon sec préalablement pulvérisé, puis, lorsque le mélange est devenu bien homogène, j'évapore rapidement à froid le dissolvant. Dans ces conditions l'aspect extérieur de l’amidon est à peine modifié, mais il est facile de constater au microscope que chaque grain est entouré d’une couche hyaline qui en pénètre plus ou moins la surface sans presque jamais en atteindre le centre. Il est à peine besoin de faire remarquer que la substance de l don n'est en rien aliérée par une telle préparation. Pour s’en convaincre il suffit de Ja laver à l’eau à 50° ou 55° pendant quelques minutes. On en sépare ainsi complètement la paraffine d’enrobage. Après lavage on retrouve l’amidon avec toutes ses propriétés chimiques. SÉANCE DU Â2 AVRIL Vs) SUR LE DOSAGE DE L'URÉE PAR L'HYPOBROMITE DE SODIUM, par E. DEKREUwER et L. LEscŒur. On sait que l’urée est oxydée par une lessive bromée en donnant de l’azote, de l'acide carbonique et en consommant une certaine quantité de brome. Les auteurs se sont proposés de contrôler cette réaction par la mesure des trois données ci-dessus (1). La détermination de l’azote dégagé est une opération courante d’uro- logie. La détermination de l'acide carbonique peut se faire dans la lessive bromée elle-même, sans qu'il soit nécessaire de dégager ce gaz par un acide. Mais la présence d’alcali libre nécessite une technique spéciale, dont la description ne peut tenir ici. Le carbonate de calcium recueilli, lavé, peut être déterminé par la méthode pondérale ou volumétrique. La détermination du brome usé est une opération bien connue d'analyse volumétrique (chapitre de la chlorométrie\. I. — Les auteurs ont d’abord appliqué la réaction à des solutions d’urée pure. Ils ont observé les faits suivants : 1° Quelles que soient les conditions réalisées, ils n’ont jamais obtenu les chiffres correspondant à la réaction intégrale. Constamment ils - observent un certain déficit dans le volume de l'azote, lé poids de l'acide carbonique obtenu et la perte du titre en brome. Les déficits en urée concernant l’azote et le brome usé sont sensible- ment les mêmes. Le déficit en acide carbonique est à peu près le double des précédents. 2° La dilution, la température, le temps n’influencent pas la réaction ou à peine. C’est la proportion de l’alcali libre et celle de l’urée qui jouent le rôle prépondérant. On peut cipHtLer par un graphique les relations qui existent entre : Le déficit, en milligrammes, pour l’urée. . , , . . . d La quantité, en milligrammes, d’urée réelle . . . . . U La quantité d’alcali libre, exprimée en C.c. = er ANS Sur l'axe des æ nous portons les rapports =. sur l’axe des y les rapports _ On pHent ainsi des courbes se rapprochant de deux hyperboles équi- latères : zy —=0,00417, pour l'azote et le brome usé, æy —0,0082, pour l'acide carbonique. (1) E. Dekeuvwer. Urée et hypobromite. Thèses pour le doctorat (mention pharmacie) de la Faculté de médecine de Lille, 1914-1915. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. j 32 446 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE La discussion de ces courbes explique les contradictions des ehi- mistes qui soutiennent, les uns que la réaction est intégrale, ce qui est sensiblement vrai quand on emploie des proportions de soude très grandes par rapport à l’urée, les autres qu'il y a un déficit sur l’impor- tance duquel ils sont d’ailleurs en désaccord. On voit, en effet, que N d pour de plus faibles valeurs de Tr l’écart Ü s'accroît et donne lieu à de ie : Has Na fortes variations pour des faibles variations de de D << | En prenant pour U la valeur U, approchée donnée par l'expérience, on peut établir une correction approchée d,.. mU,° do —= Na II. — Les auteurs ont appliqué cette méthode à la détermination de l’urée dans l’urine. - à Urines normales. — 14 échantillons. Moyennes : Urée trouvée. . par Az par CO* (1) par brome usé Para re 2 -ae eD ouNe mr DER ANSE € do Urines pathologiques. — Albumine. 4 échantillons. Moyennes : Æ Parditresioner END Re 2 I SANT ane 151 Urines pathologiques. — Glucose. 6 échantillons. Moyennes : Parditreetun. 6,31 20e ANT ENEE Pe PO 9,5 ? _ (4) Pour éliminer CO* préexistant, l'urine est déféquée par addition d’un lait de chaux et filtration. SÉANCE DU 12 AVRIL 447 On obtient : 1° Parle brome usé, un excès constant, surtout pour les urines sucrées. Évidemment une portion de la lessive bromée est usée par l'oxydation de corps organiques différents de l’urée ; 2 Le parallélisme est satisfaisant entre les nombres obtenus par l'azote et l'acide carbonique, ceux-ci en léger excès, sauf pour les urines sucrées où ils sont en déficit. On reviendra sur ce point. e INFLUENCE DE L'OPOTHÉRAPIE PARATIHYROÏDIENNE SUR LA CALCIFICATION DES 05, par L. Borz. Le rôle de la parathyroïde dans la calcification de l'organisme a sur- tout été établi par les constatations faites à la suite de l’ablation de ces glandes chez les animaux (Mac Callum et Vægtlin, Morel, etc.). Conti- nuant des expériences commencées par Leclercq (de Lille), en 1913, nous avons recherché l'influence de la fonction parathyroïdienne sur la calcification des os en soumettant les animaux en voie de croissance au traitement parathyroïdien. Nous avons employé la parathyroïde externe du cheval, desséchée et pulvérisée. Nos recherches ont porté sur des lapins âgés de 3 semaines et provenant d'une même portée. Ces animaux ont été répartis en 3 groupes et soumis à une alimentation semblable. Le premier groupe N comprenait les animaux témoins. Le deuxième groupe C était con- stitué par des lapins qui, en plus du régime commun, ont absorbé cha- cun la dose totale de 4 grammes de phosphate tricalcique répartie en 46 jours de traitement. Le troisième groupe T était composé d'animaux qui ont reçu pendant la même période, en plus d’une quantité égale de phosphate de chaux, une dose totale de 30 milligrammes de parathy- roïde sèche. Tous les animaux ont été sacrifiés le même jour. Le dosage de la chaux a été effectué pour chaque animal sur un segment squelet- tique homologue (fémur gauche). Ce dosage a été exécuté, par M. Mar- query, de Nantes, selon la technique suivante : 1 gramme de cendre d'os est dissout dans 10 c.c. HCI pur; on étend la solution à 100 c.c. avec de l’eau distillée. A 10 c.c. de cette liqueur on ajoute environ 40 c.c. d’eau; après alcalinisation par AZH° on aci- difie fortement par l'acide acétique ; on filtre ; on lave le filtre. On porte à l'ébullition et on ajoute 15 à 20 c.c. de solution d’oxalate d'ammo- niaque saturée à froid et bouillante. On maintient à l’ébullition 5 mi- nutes. On laisse refroidir ; le précipité est recueilli sur un filtre, lavé à l'eau distillée chaude jusqu’à filtrat non acide et ne donnant plus de précipité par CaCF. On perce le filtre et on chasse le précipité dans un matras. On additionne d’environ 50 e.c. d’eau; on lave le filtre avec LS RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Han "16° on porte à 60°. S'il reste de l’oxalate de chaux, on ajoute de Luc L T0 goutte à goutte. La liqueur est placée dans une capsule et étendue de 200 c. c. d’eau. On ajoute 5 c. c. de SO‘ pur et on pi N à 60°. On ajoute MuO'K 10 jusqu'à teinte rose. À c.c. MuO'K À — 0,002 centigramme Ca. La quantité moyenne de Ca exprimée en CaO par 100 grammes d'os frais a été de : 46 gr. 30 p. 100, pour les animaux du groupe N; 15 gr. 72 p. 100, pour ceux du groupe C; 47 gr. 18 p. 100, pour ceux du groupe T Le degré de calcification est donc notablement plus élevé chez les animaux traités par la parathyroïde que chez les témoins qui ont _ absorbé ou non du phosphate de chaux. D'autre part, la richesse de l'organisme en chaux squelettique peut être exprimée par le rapport entre le poids de chaux conterue dans la totalité du squelette et le poids de l'animal, ou plus simplement par le rapport entre le poids de chaux d'un même ro. du squelette (fémur) et Le poids de l'animal. - Ce rapport nous a donné pour 1.000 repas d'animal vivant les chiffres suivants : 0,37 de CaO, pour les animaux témoins N; 0,36, pour ceux du groupe C; et 0,43, pour ceux du groupe T. Au cours d'une deuxième série d'expériences, nous avons utilisé des : doses 10 fois moins élevées d'extrait parathyroïdien ei milligrammes répartis en 60 jours). Les analyses chimiques, effectuées à l'Institut Pasteur sous la direc- tion de M. Rolland, nous ont permis, au point de vue du degré de la calcification de ces os, de confirmer nettement les résultats de nos pre- 4 mières expériences. La dose quotidienne de == 30 de milligramme de parathyroïde sèche par kilogramme d'animal nous a paru être plus agissante. En résumé, l'opothérapie parathyroïdienne appliquée à des animaux en voie de croissance semble donc avoir pour effet d'accroître la fixation du calcium dans le tissu osseux. L'administration de phosphate tricalcique, en plus du régime normal, ne semble pas susceptible à elle seule d’influencer la calcification. “ Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette SÉANCE DU [O0 MAI 1919 SOMMAIRE ALLrorT (H.) : Contribution à l'étude de l’action antityphogène du jus de citron et du vin blanc CHaussiN (J.) : Débits urinaires diurne eb nocturne +... 1. Cocomse (J.) : Troubles vaso-mo- teurs dans la fièvre des tranchées. DELAMAKE (G.) : Sur quelques cas de spirochétose broncho-pulmo- naire _Deraunay (H.) : La zone ausculta- toire des oscillations croissantes; étude physiopathologique de sa sur- face ‘et ide son rapport. . . . . . .. Dusots (R.) : Les vacuolides sont- DLOMT PO TEL EIRE OO RE REC Dugois (R.) : lides, mitochondries et leucites . Escasacs (H.) et Dunor (E.) : Sur la saturation du pouvoir hémoly- tique des sérums frais dans le séro- diagnostic de la syphilis Favre (M.)et Crvarttr (A.) : Les Spi- rilles des végétations vénériennes. Fosse (R.):Oxydation simultanée du sang et du glucose GUILLIERMOND (A.) : Sur une nou- velle levure à copulation hétéroga- mique ManGexoT (G.) : Sur la formation des asques chez Endomyces lindneri (Saïto) eltohe nelle eee stellonie tslSellenrenlei te is lentes el ere e oo o ent ele Ter)e es sre toile BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 33 457 459 A62 RUBINSTEIN (M.) : Réaction de fixa- tion. Sérum de Cobaye anti-mouton. Réunion biologique d'Athènes. (1er février 1919.) Bexsis (W.) : Sur un cas d'éry- thrémie (Polyglobulie essentielle de Vaquez) ser ehoro lentes ere enter ele ete (16 avril 1919.) Paocas (A.) adrénalinique L'hyperglycémie Réunion biologique de Barcelone. _ (mars-avril 1919.) DEcHAMBRE (P.) et Ginteis : Notes sur l'influence du rut sur la teneur du lait en matière grasse Dazmau et BaLTA : Sur l’immu- nité dans la spirochétose ictérohé- MONA CIQUES RE Ce de cer Mario (F.) : De la culture du Bacille du tétanos en présence de lafiuberculinerees ve ex Peyri (J. M.) et BELARMINO- RobrI- GUEZ : Sur la réaction de Mac Don- nagh ee VANRELL (J.) : Contribution à l'étude expérimentale de la gangrène ga- zeuse dite du temps de paix .. eee etre le 2 490 489 IN ©e = SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Charles Richet. SUR QUELQUES CAS DE SPIROCHÉTOSE BRONCHO-PULMONAIRE. Note de GABRIEL DELAMARE, présentée par H. VINCENT. Nous avons trouvé, surtout pendant la saison chaude, des Spirochètes nombreux dans l'expectoration de 35 indigènes (Annamites, Arabes et Malgaches). : Ces Spirochètes sont très polymorphes et généralement assez réfrin- gents; leur longueur varie de 3 à 30 y, leur largeur, de 0u2 à 046. Les spécimens moyens (6 à 45 4) sont plus fréquents que les courts et que les longs, les spécimens grêles ou filiformes sont peu nombreux, les spécimens très épais, exceptionnels. Souvent irrégulières, parfois à peine ébauchées, rarement très serrées, les spires ou mieux les ondula- tions sont d'habitude au nombre de trois ou quatre, mais susceptibles | de variations assez étendues allant de 1 à 9. _ La forme élémentaire rappelle la figure par laquelle Noguchi schéma- tise son genre Spironema. Les formes atypiques (en L, en U,en V,en O, en crochet, en point d'interrogation, en fouet, en boucle, en 8) résultent de la plicature du corps ou des extrémités du parasite. Les aspects aty- piques en O, en Y, en X, en T,en I gigantesque, en S superposées, en trapèze, en chainette, etc., résultent de l’accolement, de la superposi- tion ou du croisement de plusieurs éléments. Les étoiles d'agglutination _ spontanée sont moins habituelles que les amas en « paquets de che- veux » ou en « écheveaux de fils embrouillés ». Presque toujours effi- lées, les extrémités n'ont pas de flagelles décelables par l'encre de Lœffler et le Ziehl. L'absence de membrane ondulante semble la règle. La reproduction se fait par division longitudinale. Après fixation par l'alcool absolu, le bleu de méthylène et la thionine donnent une coloration orthochromatique, très faible, le Giemsa donne une teinte bleue pâle, le Ziehl dilué, une teinte plus accentuée. Le violet de gentiane met en évidence des granulations dans les éléments moyens. Après fixalion par les vapeurs osmiques, il colore, avec préci- sion et sans empâtement, les Spirochètes moyens; la démonstration des Spirochètes filiformes nécessite le mordancage au tannin-fuchsine. Presque tous ces Spirochètes sont très mobiles; ils plongent fréquem- ment et présentent une nage serpentine, rapide, puis des vibrations sur place totales ou partielles ; ils ne traversent généralement pas la bougie Berkefeld. A la température du laboratoire, ils se conservent quatre à SÉANCE DU 10 Mai 451 cinq jours, en boîte de Pétri. — L'inoculation à la poule, dans la crête, de 2 c.c. de crachat spirillifère peut provoquer un état de choc immédiat el une torpeur persistant 3 heures. Le lendemain, il existe, au lieu de l'injection, un œdème dur dont la sérosité ne contient ni spirilles, ni pyogènes; quatre jours plus tard, l'æœdème s'est en partie résorbé et une eschare sèche a fait son apparition; les Spirochètes ne peuvent, avec certitude, être décelés dans le sang. Le septième jour, l’animal est somnolent, apyrétique, cyanosé et meurt. A l’autopsie, foie gros, mou, parsemé de petites taches jaunes; reins gros, rouges et mous. Pas de Spirochètes ni d'infections banales dans les viscères; la mort semble résulter d’une intoxication. Comme infections associées à la Spirochétose humaine, nous avons rencontré 1 fois des amibes, 2 fois le pneumocoque, 2 fois des levures, 5 fois le bacille de Koch, 8 fois le fusiforme de Vincent. Quatre malades, soignés pour grippe, ont eu, pendant quelques jours, une quantité extraordinaire de Spirochètes dans leurs crachats. S’agissait-il d’une « sortie » de Spirochètes déterminée par la grippe ou d’une poussée aiguë de Spirochétose trachéale dont la rhinite, la céphalée et la cour- bature initiales avaient été confondues avec les signes similaires de la grippe régnante? Nous inclinerions plutôt vers la seconde hypothèse à cause de la non-pullulation des germes bucco-pharyngés (streptocoques, diplocoques non gramophiles, etc.). Nos Spirochètes présentent, par quelques-uns de leurs aspécts, d’in- déniables analogies avec le Sp. buccalis et le Sp. dentium. Sans nier la présence fortuite de ces germes, nous pensons qu'il est possible de les distinguer de la majorité des nôtres : le Sp. de Cohn est plus. massif. ses extrémités sont presque toujours arrondies; le Sp. dentium à des spires plus nombreuses, plus serrées et plus régulières; tous deux prennent mieux les couleurs d’aniline. Par contre, nous croyon: que nos Spirochètes sont identiques au Sy. bronchialis de Castellani- Fantham et au Sp. Vincenti qui ne sont qu'un seul et même parasite. L'absence, relativement fréquente dans notre série (1) et, parfois, plus apparente que réelle, du fusiforme (2) ne constitue pas une objectior contre cette identification morphologique et. tinctoriale, car, pour &: fréquente qu’elle soit, l'association fuso-spirillaire n’est pas obligatoire et nexclue pas la prédominance de l’un de ses constituants. En fait, les bacilles fusiformes sont souvent plus nombreux que les spi- rilles dans les déterminations amygdaliennes, tandis que dans les déter- (1) Récemment, dans 7 cas analogues, MM. Roubier et Gautier ont trouvé constamment le baeille fusiforme. Cf. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 avril 1919. (2) Il y a lieu de noter que le fusiforme a surtout échappé aux auteurs qui ont décelé les spirochètes par l'imprégnation argentique. ; 459 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE minations intestinales et pulmonaires, ce sont Les spirilles qui prennent l'avantage. La provenance buccale de l'agent causal ne saurait jeter un doute sur la réalité de la Spirochétose broncho-pulmonaire parce que, dans les cas purs tout au moins, il est relativement aisé de constater que les Spirochètes abondent dans l’expectoration alors qu’ils manquent ou sont rarissimes dans les glaires naso-pharyngo-amygdaliennes. L'ab- sence constante du virus spécifique dans le sang et dans l’urine prouve que, comme dans les manifestations gingivales, amygdaliennes et inteslinales, on'se trouve‘en présence d’une maladie strictement locale, causée fpariun*parasite qui, pendant les poussées, prolifère sur place, - Sans'tendance à essaimer. SUR LA SATURATION DU POUVOIR HÉMOLYTIQUE DES SÉRUMS FRAIS DANS LE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA SYPHILIS, par H. Escapaca et E, Duuxor. La méthode de 'saturation a été soumise, dans une note récente (1), à des objectionsid’ordre théorique et d’ordre pratique qui nous paraissent de voir être discutées. Examinons d’abord les premières. En ce qui concerne la sensibilisatrice, est invoqué l'épuisement de l'hémolysine naturelle par une quantité de globules moindre lorsqu'on emploiesla saturation fractionnée que lorsqu'on ajoute une dose unique en rapport avec le pouvoir hémolytique du sérum. L'expérience de Bor- det rappeléeà l'appui de cette opinion, et d'ailleurs justiciable d’une interprétation tout autre qu'a donnée Mioni, est effectuée dans des conditions bien différentes, son auteur lui-même notant que la réduction de l’hémolyse a lieu « surtout quand les intervalles de temps qu’on ménagefentre les diverses additions sont prolongés ». Lorsque nous l'avons étudié dans les conditions de la réaction, ce phénomène ne nous a pas semblé {intervenir : nous avons constaté que les divers sérums hémolysaient par la saturation une dose égale et même supérieure à la détermination de l'index, en raison sans doute de la prolongation du séjour à l’étuve. L'insuffisance possible des sensibilisatrices naturelles par rapport à l'alexine nous est apparue avec une telle netteté que nous lui avons con- sacré une étude spéciale (2). Mais nous la rattachons au phénomène général qui peut être mis en évidence par l’une ou l’autre méthode d’addition globulaire : entre les sérums totalement dépourvus d’hémo- (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 avril 1919. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 juin 1918. SÉANCE DU 10 MAI 453 lysine antimouton et les sérums très riches en hémolysine, existe toute une échelle de sérums où l’alexine est en quantité plus grande que la quantité nécessaire pour activer la sensibilisatrice. Nos constatations à cet égard sont entièrement d’accord avec les observations précises de Noguchi. Pour remédier à cet inconvénient, aussi réel dans la méthode de Hecht que dans la méthode de saturation, nous avons proposé d'ajouter après la suppression apparente du pouvoir hémolytique une dose de sensibi- lisatrice artificielle permettant à l’alexine qui peut être restée libre de manifester jusqu’au bout son activité; ce contrôle a pour effet de réaliser un titrage non plus seulement du pouvoir hémolytique, mais réellement de la teneur alexique (1). * Ceci posé, il est aisé de voir que, même si l’appauvrissement en hémolysine par la saturation devait être admis ou plutôt si l'insuffisance naturelle de cette hémolysine n’était pas suppléée, il y aurait là une cause d'erreurs en moins et non en plus, comme le reproche la nôte : il resterait en effet une certaine quantité d’alexine inutilisée, échappant à l'étude par l'hémolyse. En ce qui concerne l’alexine, sa diminution attribuée à la saturation n’est pas étayée d'arguments; elle est contredite par nos chiffres d'unités globulaires hémolysées, publiés après étude de 600 sérums. D'ailleurs cet affaiblissement hypothétique, portant uniformément sur le tube témoin et sur les tubes de réaction, ne saurait faire varier le sens du résultat. Voyons maintenant les objections pratiques à la spécificité de la méthode. Sur 120 réactions négativesavec le Wassermann et le Hecht, 60 p. 100 ont été trouvées positives par les auteurs de la note avec la saturation. Nos constatations sont très différentes : non seulement nous n'avons pas trouvé la réaction positive chez les sujets sûrement indemnes de svphilis, mais encore le pourcentage dans les affections sur l’étiolo- gie desquelles l’accord est établi s’est montré conforme à celui des techniques courantes. Pour prendre un exemple dans les affections du système nerveux, Kamal (2) obtient, à côté de 100 p. 100 de résultats positifs dans la paralysie générale (42 cas), 14 p. 100 seulement dans les psychoses aiguës (136 cas), 24 p. 100 dans les états chroniques (233 cas); et nous-mêmes relevons à côté de 10 résultats positifs sur 10 dans la paralysie générale, 2 sur 26 dans les sciatiques de guerre, 1 sur 24 chez _ des commotionnés. Reste à se demander la raison de telles divergences ; nous pensons qu’une fois de plus la question de l’antigène est en cause. Chacune de nos publications indique l'importance primordiale de l'absence absolue (1) Soc. méd. des Hôpitaux de Paris, 19 juillet 1918. (2) Thèse de Bordeaux uillet 1918. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = nes d'action anticomplémentaire propre. Cette cause d'erreur explique la possibilité de fixations non spécifiques dans la méthode de Hecht avec les sérums à index hémolytique faible, notée par Weinberg, Hal- lion et Bauer, de Verbizier et Marchand. Or, par la méthode de satura- tion tous les sérums deviennent nécessairement à la fin de la réaction des sérums à index hémolytique faible. C'est pourquoi cet écueil est particulièrement à éviter. Dès le début (1) nous avons posé comme règle que « chaque antigène doit être titré en présence d’une série de sérums négatifs avec lesquels la saturation minutieusement poussée à son extrême limite ne doit déceler aucune fixation par rapport au tube témoin ». Bien que l’un des auteurs de la note ait de son côté attiré l’atlention sur le même point, et qu'il note ici l’utilisation des antigènes « aux dilutions laissant intacts les pouvoirs hémolytiques des sérums », nous ne pensons ‘pas que pour l'application de notre méthode il ait été procédé au titrage conforme à la technique que nous avons préconisée, puisque d'emblée ont été trouvés sur 8 sujets sains 5 résultats positifs. Il apparaît que l’antigène a été utilisé aux dilutions moyennes où il est d'ordinaire employé pour la méthode de Hecht. La méthode de saturation plus encore que toute autre exige un anti- gène ayant un pouvoir fixateur spécifique élevé par rapport à son pou- voir fixateur banal, ce qui ne nous semble réalisable qu'avec l'extrait de foie hérédo-syphilitique, et une dilution de cet antigène telle qu'elle n'exerce aucune action propre sur la plus minime quantité d’alexine humaine, ce qui nous a conduit à l’employer aux doses habituelles de 1/420 à 4/150 : 0 c-c. 1 et O0 c. c. 2, suffisantes grâce à la sensibilité de la technique. : LES SPIRILLES DES VÉGÉTATIONS VÉNÉRIENNES, par M. FAvrE et A. CIVATTE. On a admis à peu près sans discussion, depuis les premiers travaux de Schaudinn et Hoffmann, que les végétations vénériennes étaient l'un des habitats du Spirochata refringens. Quelques auteurs, en Allemagne surtout, se sont demandé si cet organisme ne serait pas l’agent causal du condylome acuminé, et ont cherché sur frotlis et sur coupes s'ils l'y trouveraient constamment. De son absence fréquente, de sa situation dans les tissus, lorsqu'il y était, presque tous ont conclu que sa valeur étiologique était nulle. Quelques-uns, il est vrai, ont noté qu'on ren- contrait peut-être là diverses espèces de spirochètes, ce que Noguchi vient (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 décembre 1917. L SÉANCE DU 40 MAI 455 de confirmer par la culture. Mais on avait continué à ne parler que des refringens dans les végétations. Dans toutes les recherches histologiques qui ont fourni le principal argument à la discussion, on avait employé les méthodes d'imprégna- tion à l'argent. Nous avons trouvé que la coloration par l’'hématoxyline au fer, après fixation au bichromate-formol de Regaud, fournissait sur les coupes de condylomes acuminés des images de spirilles beaucoup plus démonstratives et beaucoup plus riches que la méthode à l'argent. Nous avons done repris au moyen de ce procédé de coloration, l'étude des spirilles dans les végétations vénériennes. Dans une première série de recherches qui ont porté sur des végéta- tions exubérantes, nous avons trouvé des spirilles dans toutes les pièces examinées. Dans une deuxième série qui a porté sur 25 cas, nous avons examiné parallèlement des végétations en pleine prolifération et des végétations flétries. L’excision a toujours été précédée d’un examen à l’ultra-micro- scope et d'une coloration sur frottis. Cet examen préalable et l'examen des coupes ont loujours donné des résultats concordants : Les végétatiens flétries, qu'elles siègent sur les muqueuses ou sur la peau, ne contiennent pas de spirilles ; Les végétations florides en voie d’accroissement en renferment tou- jours en abondance. Nous nous séparons ainsi de Lœvenberg. Cet auteur avait conelu, d’une série analogue de recherches, que les spirilles se trouvaient seulement dans les végétalions des sujets mal tenus. Certainement, e’est chez ceux- ci qu'on voit les végétations les plus exubérantes. Maïs on observe aussi chez eux des papillomes desséchés ; et ces derniers ne renferment pas de spirilles, alors que, tout à côté, parfois, des végétations en pleine poussée resorgent de parasites. Ce qui importe pour nous, ce n’est pas la propreté de la région, c’est l’état anatomique, c’est-à-dire peut-être le stade de la lésion. Eneffet, dans les végétations flétries, d’une part, la surface est tout entière recouverte d’un épiderme parfaitement kératinisé, et l'on n'y trouve pas de spirilles. Dans les végétations en pleine activité, d'autre part, l’épiderme de revêtement, aussi bien au sommet des digitations que dans le fond des dépressions, achève mal sa kératérisation. Et dans cet épiderme mal kératinisé, les spirilles abondent. Nous allons décrire rapidement l'aspect des lésions : La couche d’éléidine est imparfaite ou manque; les couches superti- cielles sont en parakératose sèche, avec des cellules tassées ; ou en para- kératose humide avec des cellules gonflées et parfois énormes; d’autres fois enfin les couches superficielles ne sont plus composées que de cel- 456 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lules nécrosées. C’est dans ces masses imparfaitement cornées ou entiè- rement mortifiées, adhérentes encore aux plans sous-jacents ou déta- chées, mais emprisonnées entre les digitations de la tumeur, que se trouvent les spirilles. Fe Nous n’en avons jamais vu au-dessous de la granuleuse, lorsque celle-ci est encore reconnaissable; jamais dans les couches malpi- ghiennes”profondes, si le corps muqueux est épais; ni dans le derme ou les vaisseaux. Les parasites sont cependant parfois tout près du corps papillaire, lorsque le corps muqueux est aminci. Notre coloration les montre très nettement, toujours en amas nom- breux, formant un feutrage plus ou moins serré, parfois un chevelu inextricable. Dans les masses nécrosées, ils s'insinuent entre les cadavres des cel- lules sans y pénétrer. Ils s’y accolent pourtant et il est rare d'en trouver de libres dans les interstices. Dans les couches en simple parakératose, au contraire, ils pénètrent dans les cellules, surtout si celles-ci sont très gonflées,'et dans ce cas, ils envahissent parfois le noyau. Si les cellules perdent leur adhérence réciproque, ils s’infiltrent entre elles, en grande abondance, tout en colonisant dans les cellules; et ces coulées intercellulaires arrivent à dessiner un réseau assez serré. Par places, la cellule qui occupe l’une des mailles du réseau est elle-même envahie par un chevelu aussi serré que celui du réseau. Et si ce chevelu est très dense, le réseau et les taches dues à l’envahissement des cellules sont visibles aux faibles grossissements, comme certains réseaux et les grands « globi » de bacilles lépreux. Ajoutons que dans les assises cellulaires supérieures et dans la partie superficielle du détritus cellulaire, on trouve à côté de ces spirilles des bâtonnets courts et des cocci en grande abondance; dans les couches inférieures, au contraire, ou au fond des dépressions interpapillaires, on ne trouve plus que des spirilles. Si l’on compare ces figures avec celles que fournissent les mêmes pièces traitées par la méthode à l'argent, on est frappé de la quantité infiniment moins grande de spirilles que décèle cette dernière. À côté de spirilles bien imprégnés, elle en laisse seulement deviner d’autres qui semblent subir pour la plupart une fréponémolyse; ils se réduisent en effet à une série de granulations mal définies. Il est donc certain que la plupart des spirilles de végétations échappent à l’imprégnation par l'argent. Hecht l'avait soupconné déjà; nous en apportons la preuve. Ce peu d’affinilé de certains spirilles pour l'argent; la possibilité, par contre, de les colorer par l’'hématoxyline au fer, après mordançage; et leur présence constante dans les végétations en activité sont les trois points que nous voulions signaler dans cette note. Nous comparerons dans une prochaine note, à l’aide de cette colora- = ©O& 1 SÉANCE DU 10 MAI tion, la morphologie des spirilles, des végétations et des spirilles que _ l’on irouve dans d'autres lésions, spécialement dans les lésions des muqueuses. (Travail-du Laboratoire de Syphiligraphie du professeur Nicolas, à l’Institut bactériologique de Lyon.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'ACTION ANTITYPHOGÈNE DU JUS DE CITRON ET DU VIN BLANC, par HENRI ALLIOT. Telle était intitulée une communication que nous fimes en juillet 1917, à l'une des réunions médico-chirurgicales militaires bi-mensuelles instituées à l'hôpital Maillot d'Alger par M. le médecin-inspecteur général Nimier. Nous en remimes, à l’époque, un résumé pour le Service de santé, mais nous ne nous étions pas hâté de la publier par ailleurs parce qu’il nous semblait qu'il y aurait intérêt à effectuer des recherches bibliographiques sur ce qui avait pu être fait dans cet ordre d'idées, non seulement en France, mais à l'étranger. Les circonstances ne nous l’ont pas permis en ce qui touche le dernier point, et, devant les résultats publiés par MM. Charles Richet fils et André Gigon (1), nous croyons devoir apporter les nôtres, ces recherches ayant été entreprises avec la même préoccupation, mais en po différemment. L’aclion bactéricide des acides minéraux ou organiques est connue depuis longtemps. Nous ne pouvons nous arrêter sur son historique. En 1907, M. Riegel (2) a exposé Le résultat de recherches sur l'emploi de l'acide citrique (solution à 6 p. 1.000) et des rayons solaires comme moyen de désinfection de l’eau en campagne, soit pour le bacille T des- truction en 1 heure et demie en été, et 2 heures en hiver. Notre propre expérimentation à été entreprise avec des jus de fruits du limon ayant une acidité de 41 à 42 grammes par litre (exprimée en SO'H”). Nous préparâmes des tubes renfermant chacun 10 c.c. de jus passé à l’autoclave à 120° pour nous débarrasser, le cas échéant, des _ spores de moisissures. Groupés par séries de trois, ils reçurent chacun une goutte de culture de 24 heures de l’un des bacilles T, para À ou B. Ceci représente donc 5 c.c. de culture par litre de jus. (1) Copies rendus de ne Soc. de Biologie, 29 mars 1919. (2) Riegel. Bulletin de l’Institut Pasteur. 458 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Après des durées de contact de 5, 10, 15, 20, 30 minutes, avec agitation répétée, des réensemencements ont été opérés avec une ose de platine dans des tubes renfermant 10 c.c. de bouillon. Ces opérations furent effectuées à la température du laboratoire dépassant alors 30°. Les réveils constatés eurent lieu dans les 24 heures. En même temps, désireux de reprendre parallèlement d'anciennes expériences sur la valeur antiseptique du vin, dues à MM. J. Sabrazès et À. Marcandier (1) (qui ne mirent à l'épreuve que le bacille T), nous pré- parâmes des séries de tubes contenant chacun 10 c.c. d’un vin blanc du Sahel présentant les caractéristiques suivantes : alcool 9,7 p. 100, acidité (en SO*H*) 4,2, tanin 2, par litre. Ce dernier élément, par son pouvoir fixateur sur le protoplasma cellulaire, peut jouer un rôle bacté- ricide intéressant. Nous en arrivämes alors aux conclusions suivantes : TEMPS MINIMUM AYANT ASSURÉ LA MORT DU BACILLE TT " ar Para A Para B Jus pur de citron, moyenne .| < 15 minutes ! ° DÉS li e [l ! Bo > | FÉAS TL: VOS SR PET ES EN am angers % 4 6 $ D 4-6. 8 10 1L | 4 & 6 $ 10 14 14 dance aotfique | FT : AS 1 : Î à MIRE D | & 4 6 8 lo m6 16 | & 4 6 8 1e 1 4 18 0 | | | Avenue poule Ce 8 > ï . on e * SE ° | e8 z * ) 18 u e = [ss a me EE { . à ss 1) © La ÉR y F Lt Hi Ë TE A œ| ISè one lb. = AN > — =" 3 {52 Ê u | | 1 SES ER NE2 In - i & Pere: [TT D ÉSESR" io IZ 14 6 18 À | Honoon LE < À 4 6 8 lo I 1m Ie &°| Lu 6 8 nées. La première représente l'amplitude maxima de l'oscillation au cours de l'exploration ou indice oscillométrique de Pachon; la deuxième est élevée de la ligne des abscisses, à la pression correspondant au pre- 479 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a mier bruit auscultatoire, jusqu’à son intersection avec la courbe. Enfin, de ce point d’intersection, une horizontale est tracée, réunissant les deux ordonnées. La zone ainsi limitée a la forme d’un triangle rectan- gle, dont il est aisé de déterminer la surface (S), ainsi que le rapport entre la hauteur et la base (R). 2° Il existe des valeurs normales de S et de R, variant, toutes choses égales, suivant l’âge, le sexe. Chez l'enfant (6 à 10 ans) la valeur de S oscille entre 3 et 6; chez la femme (15 à 25 ans) entre 6 et 10 ; chez l’homme adulte S est en moyenne de 12 variant de 8 à 16. Le rapport R est relativement plus faible chez l'enfant et la femme (1,2) que chez l’homme (1,5). Toutefois, ces valeurs physiologiques peuvent être sou- mises à des variations plus étendues, suivant l’état du cœur et des vaisseaux. Elles augmentent notablement, dans tous les cas d’hyper- tonie cardiaque (émotivité, etc.) et de vasodilatalion périphérique. 3° Au point de vue pathologique, il existe deux sortes d'anomalies de la zone : les anomalies de $S et de celles de R. Anomalies de surface : S 7 8; S => 25. Lorsque, chez l’adulle, la surface est inférieure à 2, il s’agit d'état de choc, d'hémorragie grave, de collapsus cardiaque. S est comprise en 2 et 4 dans l’asystolie et dans la plupart des états infectieux s’accompagnant de vasodilatation abdo- minale (dysentérie, péritonite, intoxication alimentaire, etc.); S est comprise entre 4 et 8 dans un grand nombre de cas très divers (hypo- systolie, asthénie cardiaque, débililé circulatoire constitutionnelle, ete.). La surface est supérieure à 30 et peut atteindre 80, dans l'insuffi- sance aortique. Dans tous les cas d'hypertension de Mn, lorsque le cœur est suffisant, S croit régulièrement en rapport avec Mn, traduisant ainsi objectivement l'augmentation nécessaire de l'effort cardiaque pour assurer l'évacua- 5 Mx tion ventriculaire => (V. Pachon). De même que le rapport de din 9ste constant et voisin de 1,5 (Vérut) le rapport de la hauteur à la base du triangle conserve sa valeur (1,5), quelle que soit la valeur de Mn, lors- que l'évacuation ventriculaire reste normale. En ce qui concerne les anomalies du rapport, deux cas Sont à con- sidérer : Le rapport est égal ou inférieur à À ; la courbe oscillométrique est le plus souvent tendue, aplatie. Le rapport est supérieur à 2,5; la courbe est brusque, en clocher. M: G. Billard (1), qui s’est indirectement occupé de la question, pense que les courbes tendues sont des courbes de scléreux alors que les courbes brusques indiquent un cœur éréthique et des réactions vaso- motrices intenses. | (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 novembre 1918. SÉANCE DU 10 MAI 4173 8 D'une facon plus générale, il m'a semblé que toutes les causes qui favorisent l'écoulement du sang dans les artères (brusquerie et force de la contraction ventriculaire ; diminution des résistances : vasodilata- tion, hypoviscosité) élèvent le rapport alors qu’inversement celles qui relardent la progression du sang (contraction ventriculaire lente et faible ; augmentation des résistances) diminuent le rapport entre la hauteur et la base du triangle rectangle, correspondant à la zone auscul- tatoire des oscillations croissantes. En résumé, il ressort de ces recherches, non seulement que l'emploi combiné de la courbe oscillométrique et de la méthode auscultatoire permet, toutes choses égales, une évaluation comparée précise de a pression artérielle par les deux procédés, mais que la surface de la zone auscultatoire des oscillations croissantes donne une valeur graphique approchée du travail ventriculaire, et que la forme de cette même zone renseigne sur la vitesse de la circulation dans le membre exploré. SYMBIOTES, VACGUOLIDES, MITOCHONDRIES ET LEUCITES, par RaAPnAEL DuBois. Dans son très suggestif ouvrage sur Les symbiotes (1), M. Paul Portier a bien voulu citer, ou faire allusion à plusieurs recherches dont j'ai présenté les résultats à la Société de Biologie à diverses époques. C’est donc à notre Société que je dois certains éclaircissements néces- sités par les citations de M. Portier. À propos de la présence de mitochondries dans les cellules (p. 58), l’auteur dit : « R. Dubois (1896) met de nouveau en évidence ces orga- nites : il les nomme vacuolides. » C’est, en réalité, en 1887 (2) que, pour la première fois, j'ai proposé cette expression pour désigner de très petits corpuscules sur lesquels mon attention avait été attirée depuis longtemps par mes recherches sur les insectes lumineux, mais que je retrouvai plus tard un peu partout dans les cellules. Toujours en 1887, je montrai au laboratoire de Villefranche, à l’'éminent histologiste Lee, ces organites présentant une vacuole très nette, en le priant de me dire si l’on avait décrit quelque chose de semblable : il me répondit négative- ment et c’est ce qui me décida à créer le néologisme « vacuolide » (3). (1) Chez Masson, libr.-éd. Paris, 1918. / (2) Les vacuolides. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8° série, t. IV, 23 mars (Mémoires). (3) Nota. — Si je rappelle ces faits, que l’on trouvera exposés avec plus de détails dans la note citée plus haut et dans une note ultérieure (Les vacuolides, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 17 mars 1906, t. LX, p. 526), 474 __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE C’est l'étude plus approfondie de ces « vacuolides » qui m'avait per- mis de reconnaître que ces organites élaient assimilables aux /eucites que Schimper avait décrits en 1881. Ce n'est pas en yertu de yues théoriques, comme on l’a insinué, que j'ai été conduit à enseigner depuis de nombreuses années que mes vacuolides étaient non seulement iden- tiques morphologiquement aux leucites, ainsi qu'aux granulations élé- mentaires, auxquelles on donnait vers la même époque les noms de plastidules, bioblastes, leucoplastes, etc., etc., mais qu'il en était de même au point de vue du rôle oo. de la fonction d' élection, de la propriété élaboratrice, du pouvoir de synthèse. . Il était dès lors superflu de signaler comme une découverte nouvelle chez les mitochondries ce qui était depuis longtemps admis pour les vacuolides ou les leucites. Les noms d'éclectosomes et de plastosomes proposés par M. Regaud, nous semblent compliquer inutilement la synonymie déjà si touffue des « granulations élémentaires » de Henle et n'indiquent rien de nouveau (1). ce n’est pas en vue d’une réclamation de priorité relative à cette conception fort ancienne que la substance vivante n’est pas, en dernière analyse, repré- sentée par des cellules ou éléments anatomiques, mais que ces derniers sont fondamentalement constitués par l’agglomération de granulations organisées beaucoup plus petites. Cette opinion n'était pas basée seulement sur des hypothèses ou sur des faits simplement entrevus ou mal observés. On peut acquérir la preuve du contraire en se reportant à ce qu'écrivait Henle en 1843 (Encyclopédie de Jourdan, t. IV, chez J.-B. Baïllière, Paris 1843. Traité d'ana- tomie générale de Henle, t. T, p.161-162-163). « C'est par l’agglomération de ces granulations que se forment les cellules... on pourrait les désigner sous le nom de granulations élémentaires... peut-être découvrira-t-on un jour les différences qui obligeront à les diviser en plusieurs espèces. elles sont pour la plupart des yésicules consistant en une gouttelette de graisse qu'enyeloppe une membrane... tout porte à croire que celle-ci consiste en une combi- naison de protéine. En substituant le mot, « lipoïdes » à celui de « graisse » il y aurait identité entre la constitution des granulations élémentaires de Henle et les mitochondries de Benda. Henle rappelle qu'Ascherson a obtenu des organites analogues en mettant en contact de l'huile et de l'albumine. Si, en 1887, j'avais connu l'ouvrage de Henle, je n'aurais pas inventé le mot « vacuolide » et j'aurais signalé la priorité sur beaucoup d'auteurs qui ont cru pouvoir se prévaloir d’une découverte qui ne leur appartenait pas. (1) Voici à l'appui de ce que j'avance la copie textuelle du passageïque l’on trouvera dans mes Leçons de physiologie générale et comparée (Masson, Paris, 1898, p. 74). « De même que les hydroleucites, les leucites qui jouent des rôles si variés dans les végétaux, les uns seryant à fabriquer de la chloro- phylle, les autres de l’aleurone, des graisses, de l’amidon, de l’inuline, etc., ne sont, en définitive, que des plastidules extraordinairement grossies et déve- loppées, en raison même de leur industrie spéciale et des produits eonservés en réserve. Comme les enzymes, les diverses inclusions dérivent de plasti- dules, La structure en courbes concentriquesique présentent la plupart de SÉANCE DU A0 MAI 475 Outre l'opinion de M. Regaud, qui est une excellente confirmation de mon identification des vacuolides avec les mitochondries et les leucites, _au point de vue fonctionnel, je suis heureux de rappeler, encore une fois, que les nombreuses recherches de M. Guilliermond aboutissent au même résultat au point de vue morphologique surtout. Comme je J'ai dit dans ma communication à l’Académie des Sciences sur les « vacuo- lides de la purpurase et la théorie vacuolidaire » et dans mon livre La Vie et la Lumière (4), si les mitochondries et les vacuolides ne sont que de petits leucites, deux quantités égales à une troisième sont égales entre elles. Je suis heureux que ceux qui ont suivi mes lecons à la Faculté des Sciences de Lyon aient pu apporter des précisions impor- tantes à ce que j’enseigne depuis plus d’un quart de siècle, je les en félicite bien sincèrement, mais en faisant observer qu'il n'y a rien été ajouté de fondamental. Dans une prochaine note, j'examinerai s’il y a lieu, comme le pense M. Paul Portier, d'assimiler mes vacuolides à ses symbiotes, et, en outre si c'est là une idée hien nouvelle et qui mérite d'être retenue. LES VACUOLIDES SONT-ELLES DES SYMBIOTES ? par RAPHAEL Dupotis. Les vacuolides sont-elles des symbiotes, comme le pense M. Paul Portier ? ; Dès le début de mes recherches sur les insectes lumineux, vers 1883, je fus frappé des analogies existant entre les granulations arrondies qui . pullulent dans les cellules photogènes et dans certains microorganismes lumineux. Ma perplexité sur la véritable nature de ces organites était dévenue si grande que je fus trouver M. Roux, alors préparateur de Pasteur, pour avoir son avis. Il me dit que cela ressemblait bien à des spores mobiles de microorganismes, mais qu'il ne pouvait se prononcer avec certitude. L'hypothèse que des microorganismes symbiotiques peuvent concourir à l’accomplissement d’une fonction physiologique dans un organisme animal me semblait d'autant plus invraisemblable ces inclusions montre bien qu'elles se sont formées par dépôts successifs dans l'intérieur d'une cavité close. On trouve d’ailleurs des leucites et des inclusions de toutes dimensions. « Ces éléments primaires sont bien identiques, je le répète, à ceux que j'ai depuis longtemps décrits sous le nom de VACUOLIDES. » (1) Comptes rendus de l'Académie des Sciences, t. 153, p. 4507, 1911 et La vie et la lumière (Bibliothèque internationale, chez Alcan, Paris, 1914, p. 7). 476 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qu’il n’était pas encore question des idées d’Allmann à ce sujet. Cepeu- dant, je m'évertuais à faire sur les milieux de culture les plus divers, et même sur des organismes vivants non lumineux, des cultures au moyen des cellules photogènes des Lampyres et des Pyrophores, ainsi que de leurs œufs, sans parvenir à obtenir, dans aucun cas, une culture photo- gène. Cependant, en prenant les précautions aseptiques les plus grandes, j'avais souvent des cultures ; mais on sait que les trachées des insectes, en communication avec l’extérieur par les stigmates, pénètrent jusque dans les interstices des cellules, peut-être même dans leur intérieur (ce dont je doute), au dire de certains auteurs. | Il me semble que les partisans des symbiotes, en particulier le pro- fesseur Piérantoni, de Naples, et même M. Paul Portier, n’ont pas tenu suffisamment compte de cette cause d’erreur dans leurs expériences. M. Piérantoni n’a d'ailleurs pas été plus heureux que moi, en ce qui concerne les insectes, car ce n'est qu'avec des animaux marins qu'il a obtenu des cultures photogènes, ce qui n'autorise nullement l’auteur à prétendre que la biophotogénèse soit un phénomène de symbiose physio- logique, comme je le montrerai bientôt encore une fois (1). Mes échecs successifs me firent alors abandonner l'idée d'une sym- biose végéto-animale et, en 1886 (2), j'écrivis que mes vacuolides se rapprochaient beaucoup des corpuseules que l’on rencontre en grande abondance dans les tissus en histolyse des insectes : granules rosés de Viallanes, globules luisants à mouvements moléculaires de Ganin. Les vacuolides photogènes, elles aussi, présentaient, dans les milieux assez fluides, des mouvements à trajectoire curviligne, ne ressem- blant pas aux oscillations rectilignes browniennes, et que pour ce motif on a nommées mouvement duboisien (Lancien). Il n’est pas sans intérêt de faire remarquer que c’est à la fonte histolytique des tissus, particulièrement dans la période nymphale, que M. Paul Portier (Les symbiotes, p. 91), attribue la mise en liberté des mitochondries neuves, symbiotes de synthèse, de reconstitution, de remplacement, d’origine végétale et extérieure. Ce n’est que plus tard, mais bien des années avant les recherches de Guilliermond et autres (v. ma note précédente) que je fus amené à assimiler les vacuolides, devenues plus tard les mitochondries alle- mandes par æenophilis (de Eévos étranger et oùew aimer), aux leucites végétaux de Schimper, pour la structure et les fonctions. J'en fis des microleucites animaux, de même que je reconnaissais vers la même époque que les prétendues algues symbiotiques de certains animaux verts n'étaient autre chose que des chloroleucites et des chromoleu- (1) Raphaël Dubois. Etude critique de quelques travaux récents relatifs à la biophotogénèse. Annales de la Sociélé Linnéenne de Lyon, t. LXIV, 1917. (2) Les vacuolides, Mémoires de la Société de Biologie, 23 mars 1887. SÉANCE DU 10 MAI 477 cites animaux, opinion définitivement confirmée par des travaux récents (1). MM. Piérantoni et Paul Portier ont cru pouvoir tirer des arguments favorables à la théorie des symbiotes de ce que j'avais découvert des nids de photobactéries situés dans l'épaisseur des parois du siphon de la Pholade dactyle et auxquels j'avais cru pouvoir faire jouer un rôle symbiotique dans Ia fonction photogénique de ce mollusque (2). J'ai dû rectifier depuis cette opinion: il n’y à qu’une coïncidence. La Pholade jouit d'une luminosité qui lui est propre, produite par le conflit de la luciférase et de la luciferine (formée par des vacuolides, mais non par des photobactéries), comme vient de le reconnaitre formellement, dans sa dernière publication sur la bioluminescence (3), M. Newton Harvey, qui avait proposé de remplacer ces deux désignations par les: expressions nouvelles de « photophelein », et de « photogénine » en raison de cer- taines divergences de déterminisme expérimental, aujourd’hui effacées. Tout cela ne signifie nullement, comme l’a imprimé M. Paul Porlier (voy. Les symbiotes, p. 76), que j'’admets, « mais avec beaucoup de réti- cences », que les mitochondries (vacuolides) sont des bactéries, comme l'ont fait Bütschli et Safftigen. IL y a certes de grandes analogies sur lesquelles je compte appeler l'attention dans une note ultérieure et que j'ai déjà en partie signalées dans mon « Étude critique de quelques travaux récents relatifs à la biophotogenèse » (Annales de la Soc. Linn. de Lyon, 1917), dont je prie la Société de Biologie de bien vouloir accepter un exemplaire. “ SUR LA FORMATION DES ASQUES CHEZ Æ£ndomyces Lindneri (Saïro). Note de G. ManGEeNot, présentée par A. GUILLERMOND. Dans une note précédente (4), nous esquissions l'étude cytologique de la formation des asques chez £ndomyces Lindneri. Ici, c'est l'étude vitale qui nous fournira, sur le même sujet, quelques précisions inté- ressantes. Le Champignon est ensemencé sur carotte, puis mis à l’étuve à 25°. Au bout d’un jour, les germinations sont détachées de leur substratum et portées sur le couvre-objet d’une chambre humide de Van Tieghem. En l'absence de substances nutritives, les asques, avec les phénomènes (1) E. Couvreur. Contribution à l'étude de la chlorophylle animale. (Ann. de la Soc. Linn. de Lyon, 1916.) (2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 12 mai 1888. (3) Journal of gen. physiol. nov. I, 1918. (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1919. 418 SOGIÉTÉ DE BIOLOGIE d’anastomose qui les prétèdent, apparaissent sans tarder : aù bout de douze heures environ, à 25°. On suit au microscope les modifications très rapides que subit la culture. Les anastomoses se produisent dans la partie la plus jeune du fila- ment; On en trouve ordinairement une entre la dérnière et l’avant-der- nière cellule (fig. 4), et il en apparait parfois une ou deux autres à quelque distance. Ces anastomoses 5e forment selon les procédés décrits par nous (1): deux cellules voisines émettent chacune ün petit pro- longement contigu; lé plus souvent, ces prolongements se développent inégalement, l'un recouvrant l'autre: — parfois, ils se développent également et se fusionnent; mais la communication ne se maintient pas longtemps : il se produit au milieu de l’anastomosé une petite cellule triangulaire (fig. 10, 10 bis, 41, 12), analogue à celle décrite par Lindner et retrouvée par M. Guilliérmond,/à la même place, chez £ndomyces fibu- liger. — Lorsque l’anastomose est formée, la branche la plus déve- loppée qui la constitue bourgeonne souvent un asque. Parfois même, les deux branches peuvent former chacune ün ou deux asques. Le plus souvent, da dernière cellule du filament s’allonge, se divise en quelques autres qui produisent un ou plusieurs asques sans anastomose, ou qui se transforment directement en asqüe: c’est le début d'une semblable évolution que représentent nos figures 2, 3, 4 et 5. Les figures 6, 7, 8 se rapportent à ün stade un peu plus ägé. Il arrive parfois que l'asque ne naît pas directement sur l’anastomose, mais la branche la plus développée forme une file plüs où moins longue de cellules dont la dernière seule donne un asque (fig. 13 et 1%). Ces dispositifs pourraient faire penser que l’Endomuyces Lindneri dérive d’un ancêtre voisin de l’Eremascus fertilis, mais qui aurait possédé un sporophyte rudimentaire. Une telle conception semble encore appuyée par le fait assez fréquent que les anaslomoses elles-mêmes ne bour- geonnent pas d’asques, tandis que les cellules qui leür ont donné nais- sance produisent, ainsi que leurs bourgéons formés ultérieurement, ün certain nombre d’asques sans anastomose. Cette question n'est pas facile à préciser pour l'instant. Les anastomoses apparaissent aussi à des stades beaucoup Din Jeunes, par exemple entre deux cellules d'un tube germinatif très court (fig, 10, 40 bis) ou entre une conidie et son tube germinatif (fig. 49). On constate égalément que les conidies, gonflées sur un milieu nutritif, sont capables de s’anastomoser entre elles (fig. 13, 16, 17, 20), en for- mant des couples qui rappellent les figures de conjugaison des levures. À des stades aussi jeunes, les ascopores avortent souvent. Nous avons fixé et coloré nos cultures en chambre humide lorsqu'elles arrivaient à un stade intéressant. Noûs avons pu vérifier qu'il n'existait (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 mars 1919. SÉANCE DU 16 MAI Ë 479 pas de fusion nucléaire dans les anastomoses à cloison mitoyenne résorbée; d’ailleurs, répétons-le, la communication s’interrompt vite par cette petite cellule triangulaire dont nous avons parlé, et qui est dépourvue de noyau, comme/l'avait remarqué Guilliermond. 42 Toutefois, nous avons trouvé des cas troublants, par exemple un asque fermé sur une anastomose à cloison mitoyenne résorbée. Une semblable image pourrait faire penser que, dans quelques cas, il existe- rait une véritable fusion nucléaire dans l’anastomose. Mais ces cas sont très rares; ceux que nous avons observés étaient dans une région mal différenciée de la préparation ; aussi n’avons-nous pu rien en tirer de précis. (Laboratoire de Botanique de la Faculté des Sciences de Lyon.) 480 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE OXYDATION SIMULTANÉE DU SANG ET DU GLUCOSE, par R. Fosse. Nous avons établi que les aliments, que l’homme consomme le plus abondamment, les hydrates de carbone, possèdent la faculté d’engen- drer l’urée par oxydation en milieu ammoniacal (1). Lorsqu'on brüle du glucose par voie humide, en présence d'ammo- niaque, celle-ci ne saurait échapper à l'obligation de former de l’urée, même si cette base n'existe qu’à l’état de traces (1 centigr.) ou à la dilu- tion de À centigramme par litre (2). De là résulte l'existence probable d’une relation insoupconnée entre deux importantes fonclions physiologiques, la glycogenèse et l’uréoge- nèse. Les expériences qui suivent confirment encore cette hypothèse. 41. L'aptitude du glucose à produire l’urée n'est pas moins remarquable, lorsqu'on provoque son oxydation en présence de la substance mère de l'ammoniaque dans l'organisme, l’albumine elle-même. Tandis que le rendement en urée dans l'oxydation des aibuminoïdes seuls est assez faible, il s'élève à des valeurs considérables, si, dans des conditions convenables, on oxyde simultanément les protéiques du sang et le glucose. Ici encore, on constate la formation d’un terme inter- médiaire uréogène, l'acide cyanique, découvert par nous dans les pro- duits d’oxydation des substances organiques (3). 2. Le rendement en urée, formé par oxydation du sang additionné de glucose, s'accroît, dans certaines limites, avec la proportion de glucose et d'oxygène consommés. Exe. I. — Dans un vase cylindrique de 1 litre, contenant le sang, le permanganate de potassium pulvérisé et assez d’eau pour rendre le mélange fluide, on laisse écouler, goutte à goutte et en agitant, une solution de glucose à 1/10 jusqu'à destruction complète du per-sel. ED II PE ED I NE URÉE XANTHYLÉE URÉE FILTRAT Dre POUR 10 C.C. DE LIQUEUR PAR LITRE DE SANG : L 2 SANG | GLUCOSE | MnO'K | gaux ue ue de Avant pe e< Avant RES Ë chauffage chauffage lavage | chauffage | 6 Ny:oi | Chaufage | ;56c NH:CI 10 c.c.| 0 gr. 8| 20 gr. |400 c. c.] 0 gr. 028 | 0 gr. 103 | 4 gr. 14 gr. 7 0 gr. 094 3 gr. 4 20 gr. 1 30 gr. |150 c. c.| 0 gr. 016 (1) R. Fosse. Comptes rendus de l’'Acad. des Sciences, 1912, t. 154, p. 1448. (2) R. Fosse. Annales de l'Institut Pasteur, 1916, t. 30, p. 667 et 672. (3) R. Fosse. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 1919, t. 168, p. 320. SÉANCE DU LO MAI A81 Exp. II. — Même mode opératoire. Titres du sang par litre N 31 gr. 78; urée, 0 gr. 307 ; azote de l’urée, 0 gr. 14. è URÉE XANTHYLÉE URÉE FILTRAT pour 10 €.c. pour 1.000 c.c et DE LIQUEUR DE SANG : Néuréer(irs 4 4 SANG | GLUCOSE | Mn0'K | Eaux £ Notre 100 de P Avant |chauffage chauffage avec Ds: avec chauffage NH:CI chauffage NITCI lavage 150 c.c.|0gr.008 |0gr.052 |1 gr. 7 40 c.c. [2 gr. 3130 gr.|150 c.c.|0gr.0146|0gr. 066513 gr. 20 c.c.|3 gr. 2137 gr.|250 c. c.|0gr.021 |Ogr. 107513 gr. (1) Une partie de l’azote de l’urée provient du chlorure d’ammonium ajouté. 3. La quantité d’urée formée s'élève encore pour atteindre 40 grammes par litre de sang, et dépasser singulièrement ainsi le titre des urines humaines les plus riches en urée, si l’on opère ainsi qu'il suit. Proportion des réactifs : Sang de l'expérience précédente, dilué à 1/5. . . 3 c.c. æ MnO'K pulvérisé. . , : RME TN... BLAMIMES: Solution de glucose D 090 a no C:Cr0 Mode opératoire. — Dans un vase conique de 150 c.c. environ, conte- nant le sang et MnO'K, mêlés et préalablement portés, durant quelques minutes à 80°, on introduit, hors du bain, goutte à goutte et en agitant, la solution de glucose. Après destruction complète du per-sel, addition d’eau, de chlorure d’ammonium et chauffage, 1 heure vers 95°, on traite le résidu presque sec par de l’acide acétique à 66 p. 100, essore et lave avec le même réactif, de manière à obtenir environ 50 c.c. de liqueur, à laquelle on ajoute, en deux fois, 4 c.c. de xanthydrol méthylique à 1/10. co | NH | (après 4 — 6h) —0 gr. 283 d’où urée pour 1 litre de sang 40 gr. 4. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. = 4919. T, LXXXII. 35 RES 483 RÉUNION BIOLOGIQUE D'ATHÈNES SÉANCE DU !{* FÉVRIER {919 SOMMAIRE Bensis (W.) : Sur un cas d'éry- NAQUuer Re RS NN 483 thrémie {Polyglobulie essentielle de SUR UN CAS D'ÉRYTHRÉMIE (POLYGLOBULIE ESSENTIELLE DE VAQUEZ), par W. BENSsis. Homme de quarante-sept ans. Pas de syphilis, ni alcool, ni abus d'aucune sorte, tout à fait bien portant jusqu’en 1912. A cette date, à la suite d’un choc moral (frère tué à là guerre), aurait eu une entérite simple qui s’est prolongée pendant 25 jours avec en moyenne dix selles par jour non glaireuses ni sanguinolentes. Très fatigué et amaigri à la suite de cette entérite. Depuis, accuse vertige, parfois céphalalgie, bouffées de chaleur. Petit à petit, coloration anormale du visage et de la peau en général (coloration rouge vineuse), gonflement progressif des veines du visage et hyperémie progressive des conjonctives. Examiné pour la première fois, en juin dernier. À cette date, nutri- tion normale. Masque caractéristique, couleur rouge violacée avec dilata- tion des veines qui sont saillantes. Hyperémie intense des conjonctives. Mains et pieds à apparence érythromélalgique mais sans douleurs . accusées. Cœur légèrement hypertrophié sans souffle. Pouls ample, à 69 pulsations. Splénomégalie nette, mais pas très grande. Rate débor- dant de quatre travers de doigts le rebord costal gauche, sensible à la pression. Foie légèrement hypertrophié. Examen du sang (2 juin 1917). — Globules rouges, 10.500.000; leuco- cytes, 18.000. Hémoglobine, 130 p. 100 (Sahli). Valeur globulaire, 0.812. _ Formule leucocytaire : Polynucléaires neutrophiles, 80 p.100; grands et petits lymphocytes, 12 p. 100; grands mononucléaires, 4 p. 100. Formes de transition, 1 p. 100. Eosinophiles polynucléaires, 2 p. 100. 484 RÉUNION BIOLOGIQUE D 'ATHÈNES Myélocytes neutrophiles, 3 p. 100. Labrocytes, 1 p. 100. Anisocytose. Rares mégaloblastes. Urines. — Urobilinurie assez intense. Légère augmentation de l'acide urique, diminution de l’urée, traces de sucre et d’albumine. Revu pour la deuxième fois le 21 janvier 1918, après sept mois passés à Patras. Masque plus accusé Conjonctives encore plus injectées. Le malade n’a pu se soumettre à un traitement radiothérapique, ses affaires ayant nécessité sa présence à Patras; se fit saigner à deux reprises sur mes conseils, se déclare très soulagé par les saignées dont l'effet ne se prolonge toutefois pas au delà de 20 jours ou un mois. Splénomégalie un peu plus accusée. Foie de même. Pression artérielle 175 (Riva-Rocci). Pouls à 67. Examen de sang (par piqûre digitale et ponction veineuse) (21 jan- vier 1918). — Globules rouges, 9.200.500; leucocytes, 14.000. Hémo- globine, 100 p.100 (Sahli). Valeur globulaire, 0,98. Formule leucocytaire : Polynucléaires neutrophiies, 82 p. 100; lym- phocytes, 11 p. 100; mononucléaires hyalins, 5 p. 100. Formes de tran- sition, 15 p. 100. Dana es 1 p. 100. Pas de ne Pas de glo- bules rouges nucléés. Légère anisocytose. Résistance globulaire (hématies déplasmatisées). Hémolyse lépere 470 ES dt D Un De À à RÉ TO) A en de 2,6 HIS ee ER OU RE en 2,2 HS (CO tale) RSS ER en 2 ce qui dénote une notable augmentation de la résistance globulaire. Examen ophtalmoscopique (Cosmettatos). — Grande hyperémie des conjonctives, globes oculaires et paupières. Fond de l'œil très hyperé- mique. Les veines dilatées à tel point que leur calibre est quatre fois plus gros que celui des artères. Pas d'hémorragies. Papille normale. Nous avons essayé de pratiquer une nouvelle saignée mais la viscosité du sang était telle que, malgré une incision assez étendue de la veine basilique, une petite quantité de sang a coulé, de consistance sirupeuse. Le malade est actuellement soumis à la radiothérapie splénique, avec filtration à travers une plaque de 4 millimètres de plomb. Il en est actuellement à sa huitième séance d’une demi-heure chacune. Déjà la splénomégalie est en régression notable. Nous communiquerons les résultats du nouvel examen hématologique lorsque son traitement radiothérapique sera achevé. SÉANCE DU 16 AVRIL 485 SÉANCE DU (16 AVRIL 1919 SOMMAIRE Puocas (A.) : L'hyperglycémie adrénalinique . . . . . . . . . . . ... 485 L'HYPERGLYCÉMIE ADRÉNALINIQUE, par ALEXANDRE PHOCAS. Dans une première note (1) sur l'hyperglycémie adrénalique, je pré- sentais, à la Réunion biologique d'Athènes, une série d'analyses faites sur des urines de Lapins avant et après l'injection d’adrénaline. D'après ces analyses, les quantités d’urée et de phosphates éliminées, ainsi que le volume des vingt-quatre heures sont très notablement augmentés à partir du deuxième jour après l'injection d’adrénaline et alors que le sucre disparaît des urines. En même temps le rapport entre le phos- phore des phosphates et le phosphore organique, le lendemain de l’in- jection d’adrénaline, s’est trouvé sensiblement diminué et la quantité relative et absolue du phosphore organique augmentée. J'ai depuis, . essayé de déterminer l'influence de l'adrénaline sur le sucre virtuel du sang. Les résultats de mes analyses sont les suivants : 1° Chez des Lapins bien nourris : Lapin A. — Sans injection d’adrénaline : sucre du sanglibre, 0,90 p. 1.000; sucre virtuel, 0,70 p. 1.000. : Lapin B. — Sang pris 3/4 d'heure après injection de 0,002 d’adrénaline : sucre libre, 1,95 p. 1.000 ; sucre virtuel, 0,68 p. 1.000. 2° Lapins après huit jours d’inanition : Lapin À. — Sans injection d'adrénaline : sucre libre, 0,75 p. 1.000; sucre virtuel, 0,51 p. 1.000. Lapin B. — Sang pris 3/4 d'heure après injection de 0,002 d’adrénaline : sucre libre, 1,85 p. 1.000; sucre virtuel, 0,25 p. 4,000. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 décembre 1917. 2486 -__ RÉUNION BIOLOGIQUE D'ATHÈNES Lapin C. — Sans injection d’adrénaline : sucre libre, 0,78 p. 1.000; sucre virtuel, 0,76 p. 1.000. Lapin D. — Après injection de 0,002 d’adrénaline : sucre libre, 2,10 p. 1.000; sucre virtuel, 1,38 p. 1.000. à Sur une troisième série de deux Lapins inanitiés les résultats ont été incerlains et sur une quatrième je n’ai trouvé que des traces de sucre virtuel dans le sang du Lapin qui a subi l'injection d’adrénaline. D'après ces résultats, le sucre virtuel du sang des Lapins bien nourris ne paraît subir aucune influence par l'injection d’adrénaline. Mais chez des Lapins bien nourris les substances qui pourraient libérer du glycose sous l'influence de l’adrénaline peuvent toujours être immé- diatement réformées par du glycose provenant du glycogène hépatique. Par contre, les résultats ont été beaucoup plus nets sur les Lapins tenus à jeun et la diminution du sucre virtuel sous l'influence de l’adrénaline devient chez eux évidente. 487 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE SÉANCES DE MARS-AVRIL 1919 SOMMAIRE DecxauBre (P.) et Ginieis : Notes la tuberculine "crois 487 sur l'influence du rut sur la teneur Pevri (J. M.) et BELARMINO Rooki- du lait en matière grasse . . . . .. 490: | quez : Sur la réaction de Mac Don- Dazmau et BaLra : Sur: l’immu- DADE sr Adi dim eine de 492 nité dans la spirochétose ictérohé- VANRELL(J.) : Contribution à l'étude MOTTE ee eu de aie 489 | expérimentale de la gangrène ga- Marino (F.) : De la culture du zeuse dite du temps de paix . . . . 493 bacille du -tétanos en présence de Présidence de M. A. Pi Suñer. DE LA GULTURE DU BACILLE DU TÉTANOS EN PRÉSENCE DE LA TUBERCULINE, par F. Marino. I. — Depuis longtemps on se demande si le Bacille tuberculeux sécrète de la toxine. Personne, jusqu'à présent, n'a répondu à cette demande. Aujourd'hui, grâce à une méthode biologique très sensible, on arrive à démontrer que, dans tous les liquides provenant des cul- tures tuberculeuses d’uñ certain àge, il existe une substance toxique qui à la propriété de rendre le milieu de culture inapte à la croissance du Bacille tétanique : cette substance toxique est sans doute la foæine _ tuberculeuse, autrement dite tuberculine. _ Voici la méthode permettant de la mettre en évidence : On prend deux cultures du même Bacille tuberculeux, développées dans deux ballons contenant chacun 250 c.c. de bouillon glycériné. L'une des cultures doit être âgée de dix, l’autre de quarante jours. Du premier ballon, on filtre, sur bougie stérile, 10 c.c. de liquide qu’on met dans un tube à essai. On répète l'opération sur le deuxième ballon et on prépare ainsi un deuxième tube. On ensemence dans chaque tube 488 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE 1 à 2 gouttes (1) d’une culture de Bacille tétanique âgée de vingt-quatre à quarante-huit heures, ou même de cinq à six mois; on fait le vide et on porte à l’étuve. Au bout de deux ou trois jours on constate que l’anaérobie se développe seulement dans le premier tube et jamais dans le deuxième. Devant les résultats de cette expérience, on doit se demander : quels sont les changements que subit la molécule albuminoïde du bouillon tuberculeux pour qu’elle empêche, à un moment donné, le développe- ment du Bacille tétanique. La réponse n’est pas facile, car les modifica- tions des matières albuminoïdes sont mal connues et on ne peut pas suivre les dégradations successives. Néanmoins, on peut faire quelques hypothèses : 1° Le Bacille tuberculeux, pour vivre, détruit-il simulta- nément ou successivement tous les groupes atomiques de la molécule albuminoïde; dans ce cas, il ne subsisterait rien pour le Bacille du tétanos; 2° Ou bien en détruit-il une partie seulement, en laissant les restes inaptes à la nutrition du bacille tétanique? Le Bacille tuberculeux, dans ce cas, ferait, parmi les composants de la molécule albuminoïde, une espèce de sélection nutritive rappelant: par analogie et de très loin celle constatée par Pasteur chez le Peni-. cillium glaucum, qui décompose le paratartrate acide d’ammoniaque en ses tartrates droit et gauche constituants, pour détruire le sel droit et isoler le sel gauche (2); 3° Ou bien encore, transforme-t-il tout d’abord la molécule albuminoïde et lui emprunte-t-il ensuite les aliments nécessaires pour en former des matériaux de construction et d’entre- tien pour son organisme et des matériaux toxiques de sécrétion ou d'excrétion pour les déverser au dehors? IT. — Après avoir émis des hypothèses, j'ai tenté de les soumettre à la critique expérimentale : si la première ou la deuxième de ces hypo- thèses est exacte, on doit obtenir la culture du Bacille tétanique en ajoutant du bouillon ordinaire au liquide filtré provenant d’une culture de tuberculose ancienne, le mélange étant riche en matière nutritive; or il n’en est rien. Ilsemble donc que dans les anciennes cultures tuber- culeuses existe une SUDÉRRCE toxique qui s'oppose à k croissance du Bacille tétanique. Quelle est la nature de cette substance? Est-elle de nature diasta- sique? Elle résiste à la température de 100° C, ne subit pas d’altérations (1) 1 goutte de culture de Bacilles correspond à 0,03 c.c. (2) Plus tard, Pasteur a reconnu que le Penicillium glaucum peut détruire à son tour le tartrate gauche qui constituerait pour le Champignon une espèce d’aliment de disette; il a vu encore que les tartrates gauches de chaux et d'ammoniaque peuvent eux, aussi, fermenter quoique beaucoup plus diffi- cilement que les sels droits correspondants. SÉANCES DE MARS-AVRIL 489 appréciables par une longue exposition à l'air, traverse le filtre, préci- pite par l'alcool, tue les aniraaux atteints de tuberculose et ne manifeste aucune propriété immunisante contre cette maladie. Par ses propriétés et par le fait aussi que si on ajoute à 10 c.c. de bouillon ordinaire un milligramme de tuberculine sèche, le bouillon devient impropre au développement du Bacille du tétanos, on peut penser que la substance en question est la tuberculine. En poursuivant mes études sur celte substance on arrive à constater que le plus ou moins d'aptitude à cultiver le Bacille du tétanos d’un liquide filtré provenant d’une culture de Bacilles tuberculeux est en rapport avec la quantité de tuberculine qu'il renferme. Ce sont les Bacilles qui produisent-la plus grande quantité de tuberculine qui ren- dent le plus vite le milieu où ils ont rose inapte à la croissance du Bacille tétanique. De 13 constatation de ce fait se dégage une méthode simple et pra- tique pour le choix de Bacilles bons producteurs de tuberculine. SUR L'IMMUNITÉ DANS LA SPIROCHÉTOSE ICTÉROHÉMORRAGIQUE, _ par DaALMAU et BALTA. La macération de rein de rat ou de cobaye malade ou mort de Ia spirochétose ictérohémorragique des rats de Barcelone (1) est assez nocive pour le cobaye. L’inoculation intrapéritonéale de 1 c.c. d’une macération de deux reins dans 10 c. c. de solution physiologique déter- mina la mort du 5° au 12° jour, et, par passages successifs de cobaye à cobaye, la virulence augmenta jusqu’à tuer régulièrement en 4 ou 5 jours les cobayes de 275 grammes environ. Bien que jusqu'à pré- sent 58 passages par cobaye aient déjà été effectués, nous n’avons pas réussi à observer une plus grande virulence. Au début, nous ignorions quelle était la dose mortelle; parmi les animaux qui ne succombérent pas, un certain nombre présenta cepen- dant des troubles : perte de l'activité, ictère chez quelques-uns. Des animaux inoculés ultérieurement avec des cultures atténuées se com- portèrent de façon analogue. Or, les 17 cobayes qui ont présenté ces troubles avaient acquis l'im- munité : ils résistèrent à une dose de virus sûrement mortelle injectée 12 jours après la première ; quatre mois après, ils étaient encore immu- nisés. (1) Sur 43 rats de Barcelone qué nous avons examinés, 13 étaient infectés, soit 85 p. 100. Parmi ces derniers, 7 avaient été Es aux environs de l'Abattoir général, dont 6 étaient infectés. 490 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE L'injection de 1 ce. c. de macération de rein d’un cobaye ainsi immu- nisé depuis plus de 2 mois ne détermina pas la mort d’un cobaye, mais l’immunisa. On peut en effet lui inoculer une dose mortelle de virus sans le tuer, mais son foie et son rein décelèrent, après nitratation, des Spirochètes. Parmi les cobayes immunisés, il se trouvait trois femelles qui mirent bas, en tout, sept petits ; un seul de ces derniers survécut. Lorsqu'il fut âgé de 3 semaines, ce cobaye fut inoculé en même temps que sa mère et deux nouveaux cobayes, avec une dose mortelle de macé- ration de rein de cobaye ictérique. Six jours après, les deux nouveaux cobayes moururent de spirochétose confirmée, mais la mère et son petit résistèrent. La mère vit encore; le petit sucecomba au bout de 2 mois, sans ictère, sans hémorragies, avec un aspect normal, mais son foie abritait de nombreux spirochètes. Dans ce cas, donc, l'embryon avait acquis, au cours de la vie intra- utérine, une certaine immunité, qui au moins (et nous disons « au moins » parce que nous ne savons pas si la cause véritable de la mort est réellement une spirochétose tardive) lui avait permis de résister 6-7 fois plus longtemps que normalement. Le professeur Auguste Pettitsde l'Institut Pasteur, a bien voulu nous envoyer une culture de Spirochète ictérohémorragique provenant du front français, dont nous inoculâmes 1 c. c. à deux cobayes. Soit par suite de l’atténuation du virus par l'effet du temps, des changements de température pendant le transport ou d'autres circonstances, les cobayes ne moururent pas et présentèrent simplement une maladie légère. Réinoculés 20 jours après, avec une dose mortelle du virus de Barce- lone, ces deux cobayes survivent encore (6 mois) ; les témoins succom- bèrent de spirochétose typique en 5 jours. Il résulte de cette expérience que le Sp. icterohemorragiæ provenant du front français confère au cobaye l’immunité vis-à-vis du virus marin de Catalogne; c’est une preuve de l'identité des deux souches. (Laboratoire bactériologique municipal de Barcelone.) NOTES SUR L'INFLUENCE DU RUT SUR LA TENEUR DU LAIT EN MATIÈRE GRASSE, par P. DECRAMBRE et GINIEIS. La période du rut, ou de l'ovulation produit chez les femelles domes- tiques, des modifications dans la production laitière. On sait que le lait sécrété pendant cette phase se conserve difficilement, qu'il à une odeur SÉANCES DE NARS-AVRIL 491 et une saveur plus marquées et peut déterminer des troubles gastro- intestinaux chez les enfants en bas âge. Ces fails montrent que le lait a éprouvé des changements de eomposition chimique. Il nous a paru utile de rechercher si la matière grasse, très sensible à la plupart des actions modificatrices de la sécrétion mammaire, n'était pas influencée par le rut. Nous avons suivi dans ce but plusieurs vaches appartenant à l’étable de l'École d'Agriculture de Grignon; voici les résultats de nos analyses {exprimés en grammes de matière grasses par litre de lait. IGUBS PRÉCÉDENTS PREMIER JOUR JOURS SUIFANTS CREER RE | Ain Soir A\fstin Soir Matin Soir | = Wachese tk |! 45 22 45 38 42 (Normande). 30 SURRRS ÉRROR RS E E 27 31 28 33 RARE ESS = POS ES à ER Er 32 35 TL —. £0 33 SODOUE RS RER d-e-met | 39 LA PRES RER ESS RS ee 1 1 ÉNaEhe no 2 |. 82 50 26 5S S4 PAPERS ES 0) de | = À |... 32 10 £S 66 59 61 TREND Re | 6& 68 - ! 34 36 10 (Jerseyaise). 60 33 56 58 | 50 | 67 Chez une quatrième femelie, le rut n a semblé provoquer aucune per- turbation sensible: ear le jour du rut elle a fourni 33 grammes de matière grasse, alors que dans les jours précédents elle avait donné 31 et 32 grammes en dehors de toute poussée génitale. Les graphiques fournis par les trois premières vaches montrent rette- ment l'abaissement de la teneur en matière grasse: le cas n° 2 est le plus frappant ; il est fourni par une bête qui possédait la teneur la plus élevée. Les courbes apprennent en outre que le phénomène est brusque et de courte durée, puisque, à la traite suivante, la teneur en matière grasse se relève à son taux primitif. Il est cependant un peu moins rapide dans Sa manifestation, bien que très intense, sur le n° 2 que sur les deux autres. Ici la chute et la reprise se sont faites en deux étapes presque symétriques. Diverses analyses ont montré des écarts individuels : certaines vaches sont assez peu influencées; quelques-unes {comme notre n° 4) ne semblent pas réagir sensiblement. Ces résultats différents s'expliquent L 4992 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE par le degré très variable d’excitation génitale que présentent les femelles; celles qui sont très excitées subissent la plus forte diminution comme en témoignent les analyses suivantes : VACHE VACHE PEU EXCITÉE US TE VACHE MOYENNEMENT FEXCITÉE CR CE EE TRÈS EXCITÉE CPR. CA Matin Soir Matin Soir Matin Soir Jour précédent. 31 34 33 Jour du rut. . 33 10 36 Jour suivant. . CONCLUSIONS. — Le rut délermine chez la majorité des vaches un appauvrissement du lait en matière grasse; le phénomène est brusque, plus ou moins sensible suivant les individus et de courte durée. SUR LA RÉACTION DE Mac DonNaAGu, par J. M. Pevyrr et BELARMINO RODRIGUEZ. Mac Donnagh a concu une réaction se basant sur la précipitation des particules protéiques, solubles ou en état d'émulsion, contenues dans tout sérum sanguin. Cette précipitation variable dépend du nombre et de la grosseur des particules protéiques invisibles; les sérums syphili- tiques présenteraient cette propriété à un degré remarquable. L’acide acétique glacial et un électrolyte (sulfate de lanthanium ou sulfate ou nitrate de thorium) sont les réactifs utilisés par l’auteur pour provoquer la précipitation. La gel-réaction de Mac Donnagh s'effectue de la manière suivante : à2 c.c. d'acide acétique, on ajoute 0 c.c. 5 de sérum sanguin du malade, (une heure après prélèvement du sang); on verse, dans quatre tubes à essai très propres et marqués par les lettres A, B, CG, D, 1 c.c. d'acide acétique et on y ajoute 2, 4, 6, 8 gouttes respectivement du mélange ou sérum acide; les gouttes très petites, seront versées en se servant d’une pipette à pointe assez émoussée; après avoir agité les tubes, on ajoute à chacun d’eux 0 c.c. 2 d’une solution saturée (d'acide acétique) de l’un quelconque des électrolytes cités ci-dessus ; agitez de nouveau les tubes et laissez reposer pendant 24 heures. En cas de réaction positive, ilse forme rapidement un précipité dans » \ SÉANCES DE MARS-AVRIL 493 les tubes D, C, A et B ou C, B et A : au bout d’une demi-heure, le liquide qui surnage est clair dans A et D et, au bout de 24 heures, dans A, D, C et B. Si la réaction doit être négative, le précipité est uniforme et lent dans les 4 tubes; au bout de 24 heures, le liquide qui surnage est éga- lement clair. Les autres détails techniques sont d’un caractère assez secondaire. Mac Donnagh, qui a analysé 250 sérums concurremment avec la réaction de Wassermann, accorde à la gel-réaction une valeur diagnos- tique et pronostique. À notre tour, nous avons éprouvé la réaction en question. Les réactifs, les tubes d’essai et la pipette ne peuvent être la cause d'aucune erreur; les sérums sanguins ont été examinés 1 heure et 2% heures après leur prélèvement; on utilisa toujours deux électrolytes; nous avons observé le résultat de la réaction au bout de 15 el de 30 minutes et de 24 heures. Trois sérums sanguins ont fourni un Was- serman positif et deux Wassermann négatifs. Le précipité ne se forme dans aucune analyse (le liquide total devint légèrement trouble dans deux cas). D - Un essai de réaction avec un liquide céphalo-rachidien provenant d’un paralytique général n’ayant pas suivi de traitement et d'un myéli- tique ayant suivi un bon traitement demeura négatif. La gel-réaction de Mac Donnagh ne paraît donc pas avoir de valeur diagnostique ni pronostique. : CONTRIBUTION À L'ÉTUDE EXPÉRIMENTALE DE LA GANGRÈNE GAZEUSE DITE DU TEMPS DE PAIX, par JoAN VANRELL. La question de la gangrène gazeuse a atteint depuis le commencement de la guerre européenne un intérêt extraordinaire. Les descriptions de nouveaux germes se sont multipliées et de nouvelles théories se rap- portant à cette maladie se sont établies. Nous nous sommes demandé si en réalité les acquisitions et les résultats apportés dans ce sens par la guerre étaient définitifs ou de valeur uniquement transitoire comme étant le produit d’une gamme très variée de causes concomitantes que nous prétendrions ne trouver en temps normal. _ Cela nous a induit à faire l’étude expérimentale de la gangrène gazeuse en nous servant pour son obtention d'échantillons de terre provenant de lieux très éloignés des théâtres de la lutte actuelle. Fe Un lot de petits cobayes servirent de sujets d'expérience. Les échan- tillons de terre, provenant des environs de Barcelone, étaient inoculés 494 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE profondément dans une blessure pratiquée dans la cuisse de l’animal et débridée ensuite. Nous eümes soin de déposer un fragment musculaire dans la cavité de la blessure suivant la technique de Taylor. Quelques points de suture terminèrent l'opération. Les échantillons de terre çal- caire, provenant de la montagne de Sant Pere Martre, de la place de Catalogne et de la terre sablonneuse de la Barceloneta (quartier de Bar- celone), donnèrent comme résultat une infection banale de la blessure. Avec le dernier échantillon, nous pûmes observer des contractions clo- niques de l’extrémité du membre affecté qui nous permirent de soup- conner le tétanos sans que l'affection ait progressé ultérieurement. Les deux échantillons de terre restants, choisis parmi des terrains à humus (terre provenant d'un parterre de jardin et de la fosse commune d’un cimetière), produisirent des infections gazogènes typiques bien que de caractères différents : œdème gélatineux, faible formation de gaz, mort rapide. Pullulation dans les viscères du Vibrion septique qui acquiert dans le foie une forme filamenteuse (cobaye inoculé avec de la terre du parterre d’un jardin). Lésions moins rapidement fatales quoique plus étendues, production extraordinaire de gaz, degré notable de myo- lyse cratériforme au point inoculé. Mort dans les 36 heures pour le cobaye infecté avee l’humus de la fosse du cimetière. À côté des aéro- bies et anaérobies banaux, on observe le 8. perfringens et le B. bello- nensis. D'autre part et dans le but de provoquer des lésions fatales avec des germes ordinairement banaux, nous avons tenté d'obtenir cette exalta- tion au moyen de cultures en série en milieu organique avec le Z. putri- ficus en symbiose avec des germes asporulés ; dans cette voie nous avons obtenu des résullats positifs. Étant donné le nombre restreint d'observations pratiquées, il ne nous est pas permis d'établir des conclusions définitives sur la flore de la gangrène gazeuse dans notre pays. Nous terminerons néanmoins la pré- sente note par les conclusions suivantes : 1° Les germes de la gangrène gazeuse, de préférence anaérobies, sont rares dans les endroits sablonneux, augmentent en nombre dans les terrains riches en humus végétal et montrent leur plus grande virulence dans les lieux où fermentent des matières organiques en Di cimetières, fosses à fumier, etc. 2° Nos investigations ren dans les infections gazogènes expé- rimentales, en même temps que les germes classiques, Vibrion et. B. perfringens, la présence d’un germe de guerre : le Bacille de Sac- quépée; 3° Somme toute, sans nier le rôle efficient de quelques-unes des Bac- téries décrites comme pathogènes durant la période des hostilités, nous SÉANCES DU MARS-AVRIL 495 les considérons en général comme des germes secondaires, destinés à figurer peu souvent dans les infections gazeuses de temps de paix; 4 Nous les renfermons dans le groupe des espèces saprophytes de la putréfaction dont la virulence s’est exaltée, pendant le cours de la lutte, pour baisser rapidement dès que disparut l'influence de facteurs tran- sitoires (misère organique, fatigue, abondance de cadavres en décom- position), qui furent la cause de leur exaltation passagère. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 17 MAI 1919 SOMMAIRE BorRELz, CANTACUZÈNE, JonEsco-Mi- BAESsTI et Nasra : Sur un microbe capsulé, trouvé chez le pou et lhomme atteints de typhus. Cul- PA DPMICRODE PER ie Broca (P.) et Morez (L.): Formes atténuées de pancréatites hémorra- giques expérimentales . . . ... .. Caevrier (L.) : Sur le traitement préventif de la cholémie post-anes- LRÉSIQUER EP SR M ie CIVATTE (A.) et Favre (M.) : morphologie et la signification des Spirilles des végétations vénérien- MES D ire à DEnAUT (E.-G.) : en sens inverse de la coloration verte, chez Lacerta muralis lili- guerta et L. mur, quadrilineata . . ee +» + + + + d01 510 499 506 Desaur (E.-G.) : Interversion d’un caractère cranien dans certaines TACES OU SUS SCO Re a Dunauez (B.-G.) : Une réaction biologique du soufre colloïdal. . . . Dumas (J.) et Perrir (A.): Lym- phadénome de la vaginale et Né- mathelminthe chez un Homme n'ayant pas quitté la France. . . .. Faure (Cx.) : Note sur un cas d'hermaphroditisme rudimentaire Chez eco ere ee Nicoras (J.) et FAvRE (M.) : Notes cytologiques touchant l'histogénèse des néoplasmes cutanés épithé- ARR ne moe RETTERER (En.) Structure de l'ivoire ou dentine : 0 se © 0 + + + Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. NOTES CYTOLOGIQUES TOUCHANT L'HISTOGÉNÈSE DES NÉOPLASMES CUTANÉS ÉPITHÉLIAUX, par J. Nicoras et M. FAvRE. 49 915 508 L'élude des néoplasmes cutanés, dils spino-cellulaires et baso-cellu- laires suivant la conception de M. Darier, par des méthodes cytolo- giques spéciales destinées à mettre en évidence leur chondriome, nous a révélé des faits nouveaux dont la signification, croyons-nous, ne saurait être négligée. BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 36 498 é SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans tous ies épifhéliomas spino-cellulaires que nous avons étudiés, nous avons retrouvé des filaments spiralés qui doivent être identifiés avec ceux qu'a décrits Herxheimer dans l’assise basale de l’épiderme normal, et qui existent, en réalité, comme nous avons pu le constater, dans toute la hauteur du corps muqueux. Ces formations filamenteuses, dont les relations avec les filaments unitifs de Ranvier paraissent à l’un de nous de plus en plus étroites, sont restées jusqu'ici de signification énigmatique. Elles ont été considérées par M. Regaud et l’un de nous comme des formations mitochondriales. Elles représentent la forme la plus typique du chondriome de l’épiderme à évolution cornée (1). Les travaux qui ont paru sur ce sujet, celui de Kollmann et Papin (2) en particulier, confirment entièrement celte manière de voir. | Or, nous n'avons jamais observé ces filaments dans les cellules des épithéliomas dits baso-cellulaires. Dans ces cellules, nous n’avons jamais rencontré que des chondriosomes en forme de grains ou de bâtonnets, courts et trapus, plus nombreux en général dans l’assise des cellules situées à la périphérie des cordons néoplasiques que dans les cellules centrales. Ils sont accolés en grand nombre à la surface du noyau ou bien logés dans la partie de la cellule tournée vers le tissu conjonctif. Ces faits ont été consignés dans une note antérieure (3). Des recherches nouvelles poursuivies depuis lors n’ont fait que confirmer ces premiers résultats. Les épithéliomas spino-cellulaires sont done pourvus d’un dispositif cytoplasmique, filaments spiralés basaux, que l’on retrouve particuliè- rement développés et nets dans l’assise généralrice ou assise malpi- ghienne basale de l’épiderme normal. Les épithéliomas baso-cellulaires, par contre, dont on a soutenu l'origine aux dépens de l’assise épider- mique basale, sont au contraire complèlement et constamment dépour- vus de ces filaments: Pour trouver des éléments cellulaires qui se rap- prochent par leur aspect général et leurs détails de structure des cellules des épithéliomas baso-cellulaires, il faut s'adresser à l'appareil sébacéo-pilaire et particulièrement aux cellules des gaines pilaires. Nous ne voulons pas tirer de ces faits, pour l'instant du moins, des (1) Regaud et Favre. Sur la nature des fibres d’Herxheimer ou filaments basaux de l’épiderme. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. 150, p. 560, 1910. — Nouvelles recherches sur les formations mitochondriales de l'épiderme humain à l’état normal et pathologique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIL p. 382, 1912. 2) Kollmann et Papin. Étude sur la kératinisation. L’épithélium corné de l'æsophage-de quelques mammifères. Arch. d'anat. microscopique, t. XVI, fasc. 2. 3) Favre et Regaud. Sur les formations mitochondriales dans les cellules néoplasiques des épithéliomas de la peau et des muqueuses dermo- papil- laires. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIV, p. 688, 1913. SÉANCE DU 17 MAI . 499 conclusions absolues. Il nous à paru toutefois utile de les sigaaler à l'attention, et de montrer qu'ils constituent un élément nouveau dont il importe de tenir compte dans l’étude de l'histogénèse des néoplasmes épithéliaux de la peau. SUR LE TRAITEMENT PRÉVENTIF DE LA CHOLÉMIE POST-ANESTHÉSIQUE, par L. CHEVRIER. L’'exiguité des Comptes rendus ne permettant de publier nos expé- riences qu’en une poussière de notes dont la succession serait fastidieuse, je publierai, à la Sociélé de Chirurgie et dans un journal chirurgical, le détail de mes observations, mais je tiens à communiquer à la Société mes conclusions provisoires, appuyées de moyennes numériques des examens cholémimétriques de mes 95 observations, procédé imparfait sans doute, mais seul possible pour la comparaison des cas et des séries. # Je crois indispensable de préciser d’abord la valeur des termes employés. J'appelle indice de cholémie primitive ou d'inhalation, la différence entre l'examen sanguin primitif et celui qui suit immédiatement l’anesthésie; indice de cholémie secondaire ou de rétention, la différence entre le maximum de cholémie et la cholémie primitive ; indice de cholémie totale post-anesthésique, la somme des indices des cholémies primitive et secondaire ou d’inhalation et de rétention ; indice de cholémie par traitement, le résultat de la cholémi- métrie après essai thérapeutique et avant anesthésie; indice de cholémie mas- sive, la somme des indices de cholémie de traitement et de cholémie anesthé- sique totale, somme elle-même des indices des cholémies primitive et secon- daire. 1° J'ai essayé de protéger l'organisme au point de vue cholémie, en bourrant le foie de sucre. Chez les malades auxquels j'ai prescrit 150 grammes de sirop de sucre la veille au soir, 150 grammes le matin de l'opération de très bonne heure, le résultat a été le suivant : (chloro- forme) diminution très nette de la cholémie totale 11.800 au lieu de 24.672, diminution surtout très marquée de la cholémie primitive d’inha- lation 4.600 au lieu de 13.610; diminution appréciable quoique moins marquée de la cholémie secondaire de rétention, 7.233 au lieu de 10.562. Si au sucre ainsi donné avant opération, on ajoute un goutte à goutte glucosé post-opératoire, prolongé pendant plusieurs jours, la diminu- tion est ertcore plus nette et on peut avoir une disparition totale de la cholémie secondaire, de rétention. 2° J'ai essayé de protéger l'organisme en injectant des extrails hépa- GIE E BIOLO( DE 2 SOCIÉTÉ 500 OGL'YT ess 99078 997'8T 009'&T Tab b On QU 0S8 YT LSS'eI GST 6 | SLT 20 es | cms JOUA ‘JO4oTu) HAISSVN 4HIN4T0H) HOIANTI tossoreueee OU: 1€6'G 00€ °?r 00° 9 326 ? rouig | ‘Joxotqn es) pe‘ OIG'T £ec'y 0 00%°L, 6 DA RE AGE Eu CGY'T 008'€ 0 OOT' TE SEC'L 0c0°9 G'&19' SI 0C6 7 geg'cr OCL'OT G'&GL'6 688 G G'a96'0F TOUT :J04014) fosses... O0F F QI TE 99L'& OG8"OT GLLVS 0 po? 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Il est à noter que la prolongalion du traitement à l'hépatocrinol donne une cholémie de traitement assez marquée. Un traitement court (une injection la veille et une le matin de l’anesthésie) semble suffisant et non nocif. Ce traitement a donné une diminution notable de la cholémie totaie, 11.576 au lieu de 24.172 pour le chloroforme, 8.362 au lieu de 21.185 pour l’éther, une diminution de moitié de la cholémie primitive, 7.940 au lieu de 13.610 pour le chloro- forme, 6.937 au lieu de 15.900 pour l’éther; une diminution plus marquée encore à la cholémie secondaire, 3.800 au lieu de 10.562 pour le chloroforme, 1.425 au lieu de 5.285 pour l'éther. 3° La combinaison des deux traitements, hépatocrinol et sucre, donne des résultats excellents : la cholémie tolale est de 7.300 au lieu de 24.172 pour le chloroforme, de 3.633 au lieu de 21.185 pour l’éther ; la cholémie primitive est de 2.766 contre 13.610 pour le chloroforme, de 4716 contrée 15.900 pour l’élher; la cholémie secondaire de 4.533 au lieu de 10.512 pour le chloroforme, de 1.916 au lieu de 5.285 pour l’éther. 4° Il est à remarquer que si on ne peut rien dire de net sur l'influence des injections de morphine avant ou après opération en l'absence de tout traitement, les résultats étant assez contradictoires, on peut affirmer que les injections de morphine chez les sujets traités paralysent en partie les effets du traitement, augmentent d’une façon relative la cho- lémie et sont donc à éviter dans la mesure du possible. SUR UN MICROBE CAPSULÉ, TROUVÉ CHEZ LE POU ET L'HOMME ATTEINTS DE TYPHUS. CULTURE DU MICROBE, par BORREL, CANTACUZÈNE, JonEsco-MrnaEsTt et NasTA. Une épidémie récente de typhus exanthématique nous a permis de faire quelques observations que nous désirons relater ici. Notre but a été, d'abord, de voir ce qui se passe chez le pou, nourri sur des sujets atteints de typhus. Nous avons institué notre expérience de la facon suivante. Un lot de poux a été prélevé sur des sujets sûrement indemnes. 30 poux ont été examinés au microscope après écrasement et colora- tion au panchrome; aucune infection microbienne n’a été constatée. Le 21 mars, 35 poux mis en expérience ont piqué un malade en pleine évolution — 5° jour de maladie — et, tous les jours pendant une semaine, ces poux ont été nourris de sang typhique (après 3 jours, un deuxième malade — au 5° jour — a fourni le sang virulent). Pendant toute la durée de l’ expérience, les poux ont été maintenus à une température de 27°. 502 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE « Notre intention était d'abord de chauffer les poux comme les argas dans une expérience ancienne sur la spirillose, à 37°, mais, un essai préalable nous ayant donné une grosse mortalité, nous avons réalisé l'expérience à 27°. » Le tableau suivant donne le résultat : 4 poux ont été sacrifiés après une seule piqüre et après DAhéures-d'étuves rer RL Lin Fe nee 0 LIDICUO)e 3 poux, sacrifiés après 48 heures d’étuve, ont donné. . 2 infections. L'une par un bacille allongé sans capsule, l’autre par un cocco-bacille capsulé. 1 pou, sacrifié après 72 heures. : =. Indemne, = 2 poux, sacrifiés — 96 heures. . . . . 1 infecté cocco-bacille capsulé. 3. POUX-SACTIIES De JOUrS 8e 0 0 ; 4 poux, sacrifiés — 7 jours . . . . . 1 infecté cocco-bacille capsulésert à la culture. k poux, sacrifiés —. 8 Jours . . . . 0 4 poux, sacrifiés — 9 jours . . . . . 1 mort spontanée. Infection mas- sive sert à la culture. 5 poux, sacrifiés —-MO0 jours : . . . . 0 8 poux, sacrifiés — 10 jours . . . . . Ensemencés vivants en gélose Veillon : 0 non infectés. Sur 35 poux en expérience, 5 seulement ont été infectés, l’un avait un microbe de forme cocco-bacillaire allongée et non capsulée, les 4 autres étaient infectés ou sont morts avec un microbe facile à recon- naître. Suivant les points de la préparation faite avec le pou écrasé, et colorée par le Giemsa ou le panchrome, le microbe se présente soit comme un cocco-bacille à coloration bipolaire et très pelit, type choléra des poules, soit comme un gros microbe de la taille d'un Staphylo- coque; diplocoque ou cocco-bacille, la variété des aspects tient à la pré- sence d’une capsule absolument caractéristique — colorée ou non. Les poux morts d’infectiou sont absolument bourrés de microbes. Les poux du 7° jour et du 9° jour ont servi à faire des cultures. « Le pou écrasé entre deux lames stériles; une préparation est faite rapidement pour constater l'infection, landis que le cadavre chilineux est mis dans une goutte de bouillon en verre de montre. Après examen positif, le pou est ensemencé. » Une partie du cadavre broyé a élé ensemencée sur gélose Bordet une autre partie a été ensemencée dans de la gélose Veïllon. Une dernière partie est restée dans un tube à culture avec 1 c.c. de bouillon. Dès le lendemain, des colonies ont apparu sur la gélose Bordet; De même, l'examen du tube bouillon à montré un trouble; La gélose Veillon est restée stérilé. SÉANCE DU 17 MAI ; 503 F2: æ 7. re æ D" A &® è LL. : _æ L3 ; 5 & LS e .e + ee “. s8°-Fate° e° o® € 5 PEL . ” se t5857 5% EE Pan em AP. ( Het mc. sut 1 8 € Fic. 1. — Frottis de pou infecté. Capsule positive. Capsule négative. Z F1G. 3. — Culture du pou. TOUTE 3° jour. Grossissement : 1900. 504 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'examen microscopique des colonies et du bouillon a montré un microbe morphologiquement identique au microbe constaté dans le pou avec la capsule caractéristique et à l’état de pureté. (La pureté bactériologique du pou est remarquable : 5 poux vivants du 10° jour, incorporés dans la gélose Yen. à différents : niveaux du tube, sont restés stériles.) Les colonies sur gélose du microbe qui nous intéresse sont opalines et transparentes, elles ressemblent à la plupart des cultures cocco-bacil- laires ; le caractère filant de la culture prélevée avec le fil de platine est très caractéristique. £ Le microbe pousse bien sur la pomme de terre, Il pousse en gélatine, surtout en clou, ét la culture pénètre peu en profondeur le long de la piqûre. Ce microbe paraît très aérobie. Il ne prend pas le Gram. La coloralion au panchrome donne les différents aspects décrits chez le pou, suivant que la capsule est intensément colorée ou non. Des formes d'involution bacillaires apparaissent déjà au bout de 48 heures. Fermentation des sucres : Les origines L., I[., +, proviennent des poux. Les origines S., R....... proviennent des méninges de l’homme. L'origine M... provient de la sécrétion conjonctivale. Fermentation des sucres. ORIGINE | ORIGINE | ORIGINE | ORIGINE | ORIGINE | ORIGINE IVe M. PASSAGE Glycose +++ +++ ++ Lévulose eee ie ani ut Da Saccharose .. . Ï 0 Û 0 < à 0 Lactose 0 0 0 + + 0 Mannite ( 0 0 0 ÿ Qe Galactose . . . . Sa 45 DURE POP EE ER Maltose . . nee 0 0 0 DES (l Dulcite 0 0 0 Sorbite 0 0 0 0 Arabinose . . . . one co clan GRR Glycérine 0 0 0 0 0. v SÉANCE DU 17 MAI 505 Chez l’homme atteint de typhus dans deux cas de réaction méningée intense, à l’aulopsie faite dans de bonnes conditions, nous avons pu constater la présence d'un microbe morphologiquement semblable au microbe du pou et au microbe de la culture ; les préparations sont caractéristiques. Dans deux cas : autopsie S et autopsie R, l'ensemencement de fragments de méninges sur gélose Bordet a donné une culture filante constituée par des microbes capsulés identiques au microbe du pou. {l.nous paraît démontré que le micro-organisme en question se trouve chez les typhiques, dans les réactions inflammatoires caractéristiques et se trouve aussi chez le pou ayant sucé le sang typhique. Avec À c.c. de culture de 48 heures injecté dans la veine sur 4 lapins, 2 sont morts en moins de 24 heures avec des phénomènes d'intoxication intense ; 2 sont morts après 4 et 5 jours, ayant présenté des phénomènes intéressants du côté des centres nerveux, faiblesse et parésie des membres inférieurs, raideur de la nuque, et à l’autopsie congestion assez marquée des méninges. Une préparation obtenue par raclage des méninges a montré des formes nombreuses du microbe inoculé, avec des formes d’involution semblables à celles que l’on trouve chez l'homme. La maladie expérimentale ne prend pas la forme septicémique, il semble que le microbe se localise en certains point d'élection. Chez l'homme, les localisations pulmonaires et méningées sont de toute évidence. La question de l’étiologie du typhus est très discutée. De nombreux auteurs ont décrit des cocco-bacilles dans les frottis ou les coupes d'organes : Lewaschew, dès 1892, dans les frottis d'organes et la sécrétion con- jonctivale ; Ricketts, en 1909, Gavino et Girard, en 1912, dans le sang ; Topfer, comme Hauser, a décrit des micro-organismes dans les taches exanthématiques ; à Kuczinski, en 1918, dans les cellules de Kupfer et, en 1919, dans les nodules de nécrose des artérioles du cerveau et du cervelet chez le cobaye infecté avec du sang typhique ; Ricketts, Rocha-Lima, Prowazeck, Otto et Dietrich, Sergent, Topfer ont constaté toujours l’infection du pot typhique par un cocco-bacille et l'absence du microbe chez les témoins ; En revanche, Nicolle et Brumpt signalent l'infection des poux en dehors de toute épidémie typhique. Pretjetschensky, en 1910, Gzernel, en 1916, ont obtenu du sang des typhiques la culture d’un microbe qui ie identique à celui que nous décrivons. Czernel a isolé le même microbe dans une expérience chez un pou. . 506 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nos constatations ne nous permettent pas de dire que notre microbe capsulé est l'agent spécifique, mais nous sommes convaincus qu'il joue au moins un rôle important dans les complications de la maladie exan- thématique. LA MORPHOLOGIE ET LA SIGNIFICATION DES SPIRILLES DES VÉGÉTATIONS VÉNÉRIENNES, par À. CIvatTTE et M. Favre. La coloration par l'hématoxyline au fer, sur pièces fixées au bichro- mate formol et longuement chromées, nous a permis de distinguer 3 types de spirilles dans la flore des végétations vénériennes : 1° Un type à extrémités mousses, presque droit; si droit souvent qu'on peut hésiter à y voir un spirille, mais arrivant par des types de transition, légèrement ondulés, jusqu’à des formes en virgules, en points d'interrogation, en S très ouvertes. Sa longueur est de 10 à 15 u, sa minceur extrême; 20 Un type à extrémités effilées, nettement spirillé. Ses ondulations sont à très court rayon, et très peu profondes ; elles sont au nombre de 10 à 12. Dans son ensemble, le corps du parasite décrit une ou plusieurs courbes irrégulières. Il est un peu plus mince que le précédent, et plus long. Il peut atteindre en longueur jusqu à 4 diamètres de globules rouges ; 3° Un type à extrémités effilées et spirillées, mais différent du précédent. Il est plus court et plus épais que celui-ci. Il est plus long que le premier et en diffère aussi par ses extrémités effilées et surtout ses ondulations. Celles-ci sont au nombre de 4 ou 5, plus marquées et plus régulières que celles du type 2. Leur longueur est à peu près le double de leur profondeur. Ce dernier type n’est jamais très abondant, et peut même manquer. On ne le voit jamais à l'intérieur des cellules. Ce sont les deux premiers, toujours associés, qui forment le chevelu intra- et extracellulaire si. caractéristique décrit dans notre première note. L'une ou Pautre des deux formes prédomine toujours dans l'association. Il nous a semblé que la seconde est plus abondante dans les petites végétations; peut- être donc aux premiers stades de la lésion. Si l'on compare une coupe à l'hématoxyline et une coupe à l'argent de la même pièce, on voit que dans la dernière, ce sont les formes spi- rillées qui sont le mieux imprégnées, mais sans l'être toutes; et que les formes droites prenant l'argent sont en nombre infime. À quoi correspondent ces lrois formes? Au refringens ou à d’autres spirilles ? Quel est leur rôle dans la végétation? On peut aisément, parmi les formes comprises dans la catégorie refrin- gens, retrouver des types correspondants à ceux que nous venons de décrire. Mais au début de la discussion, on appelaitrefringens tout ce qui SÉANCE DU 17 MAI 507 nerentrait pas dans le tréponème pallidum. Il est possible qu'ilne s'agisse pas ici de refringens vrai; il est possible que l’une au moins de nos formes corresponde au Calligyrum de Noguchi. Limités à une étude morpholo- gique sur coupes, nous avons cherché d'abord si l'hématoxyline au fer colorait d’autres spirilles que ceux des végétations, et si notre procédé pourrait montrer des différences bien tranchées entre ceux-ei et ceux que l'on a signalés dans d’autres lésions, végétantes ou non. Il se trouve que notre méthode ne colore pas le 7reponema pallidum sur coupes. Nous n'avons pu en déceler ainsi ni dans les chancres, ni dans des accidents secondaires, ni dans des foies de fœtus syphili- tiques. Par contre, nous en avons coloré sur des coupes de pemphigus vege- tans, de lymphangiome papillomateux de la langue, de stomatite ulcéro- membraneuse, de cancer de la verge, et de condylomes plats syphili- tiques anaux et vulvaires. . Mais entre les spirilles de ces diverses lésions, et ceux des végéta- tions vénériennes, il y à des différences très appréciables. Dans un pemphiqus vegelans, nous avons vu entre les famelles cornées 3 formes analogues à celles du papillome vénérien. Mais les formes droites y sont infiniment plus rares ; celles que l’on peut rapprocher de notre 2° type sont sensiblement plus courtes et n’ont que 6 à 8 ondula- tions au maximum. La flore est faite ici surtout de ces spirilles du 3° Lype qui nous ont paru sans importance dans les végétations véné- riennes. Enfin, aucun spirille ne pénètre ici dans les cellules; et de plus tous se colorent à l'argent. Dans un /ymphangiome papillomateux de la langue, ce sont encore des spirilles analogues à ceux de notre 3° type que nous avons trouvés, au milieu de leptothrix très abondants. Mais ils sont plus volumineux, - ont des ondulations moins régulières et des extrémités mousses. Ils se cantonnent à la surface de la muqueuse et ne pénètrent jamais dans les cellules. Dans la s{omatile ulcéro-membraneuse, nous avons coloré, à côté de bacilles fusiformes, des spirilles à 3 ou 4 ondulations aplalies, à extré- mités mousses. Ils ne pénètrent pas dans les cellules. Ils preanent bien l'argent. Ils sont peut-être identiques à ceux que nous avons vus sur le Iymphangiome de la langue. Dans les condylomes plats syphilitiques, on trouve au milieu des débris cellulaires, presque jamais dans les cellules, même si elles sont x très macérées, deux types de spirilles : l’un à ondulations profondes et à extrémités effilées qui rappelle notre {ype 3 et un autre presque droit, à extrémités mousses, qui rappelle notre type 1. Mais ces deux formes sont beaucoup plus volumineuses que celles des végétations, et prennent l’argent beaucoup mieux. On ne voit jamais l’une et l'autre que par amas isolés et en pelit nombre. 508 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Dans un cancer du pénis, enfin, nous avons observé en assez grande quantité une forme absolument semblable à notre type 1, mais qui ne pénètre presque jamais dans les cellules. Elle n’était pas associée à d’autres formes spiralées. Nous n'avons pu faire dans ce.cas la contre- épreuve à l'argent. ; On voit donc qu'en aucun cas nous n'avons retrouvé, en dehors des végétations vérériennes, ni la même association spirillaire, ni la même distribution intracellulaire des parasites, ni leur même prodigieuse abondance. : Ce n’est pas encore suffisant pour affirmer le rôle pathogène de cette association spirillaire. On pourra toujours objecter que ces spirilles sont les hôtes des végétations. Leur situation superficielle serait même un argument en faveur de celte interprétation. Il sera d’ailleurs toujours bien difficile d'établir par une simple étude morphologique d’après des coupes, la valeur étiologique d’un microbe, ou même sa spécificité. Mais s’il se confirme qu'une association spirillaire se trouve dans les , végélations vénériennes, etse trouve seulement dans cette lésion, alors même qu'elle ne s’y trouve pas à tous les stades, la présences de ces parasites acquerra une haute valeur. : Dans cette étude qu'il faudra poursuivre, notre méthode de coloration nous paraît apporter des facilités nouvelles. (Travail du laboratoire de M. le D' J. Darier.) UNE RÉACTION BIOLOGIQUE DU SOUFRE COLLOÏDAL. Note de B.-G. DunHAMEL, présentée par G. Bonn. Les divers auteurs qui ont étudié la toxicité du soufre colloïdal ont abouti à des résultats discordants, surtout en ce qui concerne l’intro- duction de cette préparation dans les veines. Isar, qui a pratiqué chez le rat un grand nombre d’injections endoveineuses de soufre celloïdal, les déclare « inoffensives » (1). Il a pu également, par cette voie, admi- nistrer au lapin jusqu'à 0 gr. 20 centigrammes de soufre. En revanche, Sabbatani n’a pas pu introduire plus de 0 gr. 006 milligrammes de sou- fre colloïdal dans les veines du lapin sans provoquer la mort (2). Les recherches que nous avons poursuivies sur ce sujet nous ont donné des résultats variables avec les échantillons de soufre colloïdal (1) G. Isar. Azione del solfo colloidale su sarcoma del ratto (Nota prelimi- nare). Pathologica, IV,1912, 225-226. (2) Sabbatani. Toxicité du soufre colloïdal. Pathologica, 1% janvier 1943. SÉANCE DU À7 MAI 509 a ———_—_——————— —————————————————— soumis à l'épreuve. Le soufre colloïdal obtenu par la méthode chimi- que (1), purilié par dialyse et présentant une belle coloration jaune, n'est pas dépourvu de toxicité par la voie intraveineuse. Un lapin de 1.500 grammes peut succomber à l'administration de 0 gr. 020 milli- grammes de soufre dans ces conditions. Cette toxicité due, comme nous le verrons, à la formation de H°S, est encore relative à la rapidité de l'injection. Si l'on se maintient au-dessous de la dose immédiatement mortelle, on peut répéter pendant très longtemps les injections avant de déterminer des phénomènes toxiques graves (2). D'autre part, certaines variétés de soufre colloïdal qui ont pour carac- tère distinctif de fournir des solutions non pas jaunes, mais d'un blanc laiteux, présentent une toxicité inférieure à celle du soufre colloïdal jaune. Cette moindre activité biologique, qui est en rapport avec un moindre degré de dispersion du métalloïde, peut être mise en évidence par une expérience simple qui a valeur de réaction caractéristique. Sabbatani a montré (3) que le soufre colloïdal, très dispersé dans les -solutions jaunes, subissait, in vitro et in vivo, au contact des tissus vivants, un certain nombre de modifications physiques et chimiques, ces dernières se traduisant par la mise en liberté de H°S. Lorsqu'on introduit, à dose non toxique, dans les veines d’un lapin, une certaine quantité de soufre colloïdal, une partie du métalloïde est immédiate- ment transformée en hydrogène sulfuré et ce gaz est éliminé par les voies respiratoires. Nous avons essayé comparativement deux solutions, l’une de soufre blanc, l’autre de soufre colloïdal jaune. Ces deux solutions étaient dosées à raison de 1 gramme de soufre par litre. Elles ne contenaient pas trace de H°S. Si deux läpins de même poids (1.500 grammes) reçoivent chacun, dans la veine marginale de l’oreille, 10 c. c. de l’une ou l’autre de ces deux solutions, celui qui a recu le soufre blanc ne présente rien de par- ticulier. Au contraire, celui qui a recu le soufre jaune élimine H°S par les voies respiratoires dès la fin de l'injection intraveineuse. Cette éli- mination ne dure que quelques secondes. Elle est mise en évidence par l'odeur et par le noircissement du papier à l’acétate de plomb. Nous avons répété la même expérience plusieurs fois, avec des résul- tats constants. Elle démontre qu'une vraie solution colloïdale de soufre, * (1) Albert Robin et L.-C. Maillard. La nutrition sulfurée dans la thérapeu- tique. Bull. de l'Académie de médecine, séance du 25 novembre 1913. (2) B.-G. Duhamel, L. Lépinay et E. Lépinay. Le soufre colloïdal. Propriétés biologiques. Société de pathologie comparée, 11 novembre 1912. (3) Sabbatani. Ueber die Wirkung des Kolloidenschwefels je nach dem Wege seiner Einführung in den Organismus. Biochemische Zeitschrift, Bd 59, Heft 5/6, p. 378, 1944. 510 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE c’est-à-dire une solution où le métalloïde figure à un état de grande dis- persion, donne au contact des éléments du sang une réaction biochi- mique immédiate que les suspensions moins fines sont incapables de produire. FORMES ATTÉNUÉES DE PANCRÉATITES HÉMORRAGIQUES EXPÉRIMENTALES, par P. Broco et L. MorEL. Dans une précédente communication à la Société de Biologie sur la reproduction expérimentale des pancréatites hémorragiques avec stéato- nécrose par injection de bile dans ke canal pancréatique, le pancréas étant en pleine activité sécrétoire (expériences faites sur le chien), nous avons fait une brève allusion aux formes atténuées, discrètes, de pan- créatile que nous avons eu l’occasion d’observer. C'est sur ces formes atténuées que portera la présente communi- cation. Sur-un total de 23 expériences faites sur des chiens, en pleine digestion, soit sur des chiens ayant subi à la fin de l’opération une injection intra- veineuse de sécrétine, soit sur des chiens auxquels nous avons laissé béants dans la cavilé péritonéale la vésicule biliaire incisée et le canal de Wirsung sectionné, nous relevons 15 pancréatites aiguës mortelles en 20 à 48 heures et 8 formes atténuées compatibles avec la survie. Sur ces 8 formes atténuées, nous en avons constaté 6 sur des chiens opérés en pleine digestion et 2 sur des chiens chez lesquels on avait substitué à l’abondant repas préopératoire une injection de sécrétine. Les pancréatiles obtenues par le troisième procédé (section du canal pancréatique et incision de la vésicule biliaire laissés béants dans le péritoine) ont toutes été rapidement mortelles. Ayant sacrifié les animaux qui survivaient ainsi, après des laps de temps qui ont été respectivement de 25 jours, 4 jours, 12 jours, 28 jours, 15 jours et 12 jours pour les 6 chiens opérés en digestion, de 5 jours et 29 jours pour ceux ayant subi une injection de sécrétine, nous avons constaté l'existence d’une pancréatite discrète avec stéto-nécrose et foyer hémorragique. Lorsque la période de survie était prolongée, un véritable noyau fibreux, très dur, s'était substitué au foyer hémorra- gique, et les taches de stéato-nécrose étaient en voie de disparition. Ainsi à l’autopsie d’un chien sacrifié après une période d'observation de 42 jours, nous avons constaté l'absence de taches de stéato-nécrose, la présence d’un noyau très dur, d’une dureté ligneuse, représentant la tête du pancréas, et autour d'elle des anses intestinales adhérentes; le cholédoque, dont la partie terminale était englobée dans le noyau dur, était considérablement distendu; à la coupe et après dissection, la tête SÉANCE DU 17 MAI 511 pancréatique apparaissait transformée en un noyau du volume d’une mandarine, gris jaunàtre avec laches hémorragiques ; le tissu criait sous le bistouri comme un tissu de sclérose. L'examen histologique confirme d’ailleurs les résultats de l'examen macroscopique. Nous nous contentons desciter deux examens histologiques faits respectivement par MM. Her- renschmidt et Leblanc ; le premier, de M. Herrenschmiat, portant sur un chien sacrifié après une survie de 29 jours est ainsi concu: « Sclérose diffuse et interlobulaire du pancréas. Les lobules superficiels voisins de la surface péritonéale semblent être étouffés par la sclérose ; il n’y a pas de nécrose à proprement parler à la surface du pancréas; mais la capsule est gonflée et œdémateuse, et peuplée d'éléments migrateurs mononucléés chargés de pigments. » Du second examen très complet de M. Leblanc nous retiendrons les passages suivants: « L'architecture de la glande à été remaniée par un processus de sclérose péri- et intralobulaire, à développement rapide. « Des bandes fibreuses limitent des ilots glandulaires arrondis ou fusiformes de tailles différentes, mais dont la plupart ont 150 à 200 u de diamètre. Ce tissu conjonctif de néo-formation est formé de trousseaux de fibres collagènes... Le tissu collagène périlobulaire envoie des prolon- gements à l’intérieur des lobules.,. Une région de la coupe est occupée . par un vaste placard de sclérose, aboutissant du processus de réparation d'un foyer hémorragique important. » Ceci, d’ailleurs, paraît assez nionne à ce que l’on Dent en clinique, car il est des malades qui résistent à une crise de pancréalite hémorra- gique, et d'autre part, il est probable que certaines pancréatites chro- niques avec sclérose de la tête du pancréas ne sont que l'aboutissant d'un foyer hémorragique qui s’est organisé. On relève en effet quel- quefois des crises aiguës plus ou moins lointaines dans les antécédents de ces malades. M. Quénu a étudié les pancréatites chroniques qui compliquent les lésions des voies biliaires (La clinique, février, mars 1942). La tête du pancréas dans les pancréatites chroniques biliaires est transformée en un gros noyau induré analogue à celui que nous avons observé expérimentalement. Récemment, à la Société de Chirurgie, M. Guibé a montré que chez l’homme, assez fréquemment, la pancréatite hémorragique n'était pas mortelle (Bulletin de la Société de Chirurgie, n° 14, 1919). L'expérimentation ne paraît-elle pas concorder sur ces points avec les données de la clinique? 512 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LYMPHADÉNOME DE LA VAGINALE ET NÉMATHELMINTHE CHEZ UN HOMME N'AYANT PAS QUITTÉ LA FRANCE, par JULtEN Dumas et AUGUSTE PEerrir. œ Au cours du mois d'avril 1914, le D’ R. Bonneau nous a remis, comme il a coutume de le faire pour nombre de ses opérations, une série de fragments tissulaires recueillis dans des conditions a priori banales. —— Il s’agit d'un homme de soixante ans, ancien chef d'équipe à la Compagnie des chemins de fer du Nord, habitant Paris, né en France, n'ayant jamais quitté le pays, même à l’époque de son service mili- taire, et, dans le passé duquel on ne relève ni syphilis, ni blennor- ragie, ni paludisme, non plus qu'aucune autre affection antérieure. Ce malade est adressé par le D° Chauveau au D' Bonneau à fin d'opération; il souffre, en effet, d’un gonflement des bourses ayant débuté ül y a quatre ans environ, surtout manifeste à gauche et assez volumineux pour gêner la marche. La vaginale droite renferme un épanchement transparent ; la ponction de la vaginale gauche donne issue à environ 1.250 c.c. d’un liquide chocolat. L'opération pratiquée par le D’ Bon- neau consiste dans la résection du feuillet pariétal de la vaginale, qui est dur, fibreux et fortement épaissi (4,5 c.c.); le testicule, recouvert de la vaginale viscérale, tomenteuse et rugueuse, est réintégré dans le scrotum. Les suites de l’opération sont celles d’une vaginalite classique et le cas paraît rentrer dans la banalité courante; cependant, l’examen des coupes de la vaginale pariétale met en évidence des faits inattendus: en dehors des fibres lamineuses auxquelles elle doit sa consistance, cette membrane renferme une néoformation nettement caractérisée. Comme le montre la figure ci-contre, des éléments lymphoïdes compris dans les mailles d’une trame réticulée reproduisent les faits essentiels de la structure du ganglion lymphatique ; on y retrouve notamment la cap- sule, la division en follicules (1), les septa interfolliculaires, les sinus sous-corticaux cloisonnés, enfin de vastes espaces lymphaliques. En outre, d’une sorte de hile émanent des filets nerveux, des artères, des veines et des vaisseaux Iymphatiques compris dans une trame conjonc- tivo-adipeuse. Fait à noter, dans la lumière d’un conduit lymphatique, on observe quatre sections d’un même ver, pelotonné sur lui-même. La présence de cet organisme n'ayant pu être constatée que sur 8 coupes, on ne saurait songer à une détermination précise. Tout ce (1) On n’y peut déceler de centres germinatifs. | + - Coupe de la vaginale. 1, éléments lymphoïdes; /, follicules; c, capsule; s, septum; sc, sinus sous- capsulaire; si, sinus interfolliculaire ; v, vaisseaux lymphatiques ; en bas, un de ces vaisseaux renfermant quatre sections d'un Némathelminthe. Ce même vaisseau # est représenté à un plus fort grossissement à gauche. BIOLOGIE. COMP1ES RENDUS. — 1919. T, LXXXII. 31 514 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE qu'on peut dire avec certitude, c'est qu’il s’agit d’un Némathelminthe mâle, dont le testicule est en pleine activité fonctionnelle. M. Raïlliet, dont la compétence est bien connue, a été assez aimable pour examiner nos préparations et nous communiquer le résultat de ses. observations : « L'examen de la préparation montre une coupe de Nématode du diamètre de 125 w ; mais il n'y a pas grande précision à obtenir, car tous les caractères génériques ou spécifiques font défaut. Il s’agit très vraisemblablement d'une Filaire. De ce qui est connu chez l'Homme on pourrait songer, en raison de son diamètre, à un mâle de Filaria bancrofü (1). » En résumé, à s’en tenir aux faits purement objectifs, il ressort de l'observation précédente une constatation nouvelle : là. coexistence, chez un Homme né en France et n'ayant jamais quitté le sol natal (2), d'un Némathelminthe (3) et d’un lymphadénome. DÉVELOPPEMENT EN SENS INVERSE DE LA COLORATION VERTE, chez Lacerta muralis tiliquerta et L. mur. quadrilineata, par E.-G. DEuaur. À Golfo-Aranci (côte N.-E. de la Sardaigne), L. mur. quadrilineala est excessivement abondant, et, parmi les individus de cette race, il y en a dont la coloration fondamentale (4) est toute grise ou toute brune; d’autres qui ont la face dorsale de leur queue d'un beau vert; d’autres encore, la queue, le dos, et le dessus des membres de derrière ; d’autres enfin, la totalité du tégument dorsal à l'exception du dessus de la tête (4) A ce propos, il convient de rappeler que la Filaire de Baneroft a été observée chez des sujets habitant en Amérique sous un climat aussi tempéré que le nôtre et dans certaines régions de l’Europe méridionale [(Observations de Biondi (Sienne-Gibraltar), Font (Barcelone), Solieri (Gibraltar)]. Voir, à ce sujet, R. Penel : Les Filaires du sang de l'homme, 1 vol: in-8°, Paris, 1905 et A. Loos : Würmer und die von ihnen hervorgerufenen Erkran- kungen, 1 fasc., 205 p., du Handbuch der Tropenkrankheiten. (2) Il a été impossible de relever la moindre contradiction dans les réponses faites par le malade aux questions posées à ce sujet par le D' Bonneau, le D: Chauveau et nous-mêmes. Bien qu'aucun fait n'ait éveillé notre méfiance, nous avons néanmoins fait procéder à une double enquête menée par des moyens privés et par les soins de la Compagnie des chemins de fer du Nord, enquête qui a corroboré les affirmations du sujet. (3) Nous n’avons observé de parasites ni dans le liquide de là vaginale, ni ‘ dans le sang prélevé pendant le jour. La mauvaise volonté du malade nous a empêchés de faire tous les examens souhaitables. (4) Je fais ici abstraction des dessins de couleur foncée qui existent chez tous les L, mur. quadrilineata. SÉANCE DU 17 MAI ? 515 qui reste toujours brun. Ainsi, chez Z. mur. quadrilineala, la coloration verte se développe d'arrière en avant. C'est exactement le contraire qui a lieu dans la race tiliguerta, si commune à Cagliari. Dans sa jeunesse, Z. mur. liliquerta a le tégument des parties dorsales fauve, marqué de bandes lransversales foncées, sinueuses et plus ou moins anastomosées. Cette livrée est conservée pendant leur vie entière par certains L. mur. tiliguerta femelles. Maïs, chez d’autres femelles, et chez les mâles parvenus à l’état parfait, la teinte fondamentale des parties dorsales du corps, entre les mailles du réseau foncé, depuis le bord postérieur du bouclier céphalique jusqu’à la base de la queue (qui conservent les teintes du jeune âge), devient un jaune vert très vif. Un mode identique de développement d'avant en arrière de la coloration verte s’observe encore chez les L. mur. serpa de Capri qu'Eimer appelle elegans, et même lé sujet représenté pl. IT, fig. 1, dans son mémoire Lacerta muralis cœrulea, ein Beitrag zur . Darwin'schen Lehre, montre la couleur émeraude s'étendant sur le cou et la partie antérieure du dos sans atteindre la racine de la queue. Cette interversion n’est en aucune facon opposée à l’idée de l’unicité spécifique de tous ies Lézards des murailles (1). Il est vraisemblable que les tons gris ou bruns des jeunes et d’un grand nombre d'animaux adultes représentent la coloration primitive de l'espèce; et sans doute les tons verts se sont développés d’une manière indépendante dans plusieurs des races, sous l’action de la sélection naturelle produisant une adaptation de plus en plus parfaite à la vie dans les herbes ou sous le feuillage des plantes des maquis. INTERVERSION D'UN CARACTÈRE CRANIEN DANS CERTAINES RACES pu. Sus scrofa, par E.-G. DEnaur. En 1912, dans mon étude sur les Suidés de la Corse et de la Sardaigne, j'ai montré, mais sans en donner alors d'interprétation au point de vue des doëtrines de la variabilité des espèces, que chez le Sus scrofa sar- _ (4) Il existe des liens de parenté plus étroits entre la race quadrilineata et la race Brueggemanni, qu'entre celte dernière et la race {iliguerta; cependant un L. mur. Brueggemanni de Gênes, figuré par M. Boulenger dans les Trans- actions de la Soc. zool. de Londres, vol. XVIT, pl. XXI, fig. 1, montre la colo- ration verte limitée au cou et au dos, le bouclier céphalique, la queue et le dessus des membres conservant des tons bruns comme dans la race éili- guerta. D'autre part, L. mur. campestris, qui appartient à un tout autre rameau de l’espèce L. muralis, offre les mêmes particularités que les races tiliguerta et Brueggemanni. ét 516 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dous sauvage, l'angle que fait l’occiput avec le front est aigu, tandis qu'il est obtus chez les Cochons domestiques du continent. Une pareille interversion pourrait paraître spécifique, puisque, dans un autre groupe naturel d'animaux à sabots, dans la famille des Bœufs, des différences tout à fait analogues caractérisent des espèces très dis- tinctes : « Le plan de l’occiput, dit Cuvier (1), fait un angle aigu avec le front dans le Bœuf; cet angle est obtus dans l’Aurochs ». Ce serait là, cependant, une fausse interprétation, car il existe des passages insensibles entre les dispositions propres aux Sangliers et celles qui caractérisent les formes domestiques les plus modifiées : chez les Cochons de Sardaigne et ceux de Corse, qui vivent dans les forêts de chênes, dans un état de liberté presque complet, l’angle'que fait l’occi- putavec le front est sensiblement droit (très légèrement aigu). Par l’ensemble des particularités de sa tête osseuse, dont la région frontale, vue de profil, est à peine plus concave que chezles Sangliers, — et aussi par ses caractères extérieurs, — le Cochon corse est le plus voisin de la souche sauvage. Celui de Sardaigne se rapproche davantage des formes domestiques que nous connaissons sur le continent; le pro- fil de son crâne est déjà plus concave que chez le Cochon corse, et c'est peut-être pourquoi Fitzinger a écrit que le Cochon de Siam, race très modifiée, avait, par croisement, pris part à la formation de la race des Porcs sardes.Quoi qu'il en soit à cet égard,ce qui est bien établi,c’est qu'il n’y a point d'importantes lacunes entre le Sus scrofa sauvage, à occiput oblique en bas et en avant,et les races domestiques à occiput oblique en bas et en arrière, les termes intermédiaires étant réalisés par le Cochon de Corse et celui'de Sardaigne : il serait donc, je crois, contraire aux prin- cipes fondamentaux de l'histoire naturelle, de regarder les termes extrêmes de cette série, malgré l’inlerversion d’un caractère cranien qu’on y remarque, comme étant d'espèces différentes. AU STRUCTURE DE L'IVOIRE OU DENTINE, par Ép. RETTERER. - Si l’on continue à discuter sur la structure de l’ivoire, c’est que les méthodes usuelles sont insuffisantes et incomplètes, L'étude de l’ivoire est fort délicate ; la grande difficulté tient au fait que la partie amorphe possède pour les matières colorantes à peu près les mêmes affinités que la masse ou trame figurée. En appliquant aux dents les procédés qui m’avaient (2) réussi dans l’élude du tissu osseux et, en les modifiant selon les circonstances, j'ai (1) Ossements fossiles, &. VI de l'édition de 1835, p. 221. (2) Voir Journal de l’Anatomie, etc., 1905, p. 564%. [A æ &4 SÉANCE DU 17 MAI 5 observé les images suivantes. Dans celte note, je parlerai exclusivement de celles du Chien que j'ai étudiées sur des coupes épaisses de 5 ou 6 w. A. Hématoxyline à l'alun. — Examinées dans l'eau, les coupes de l'ivoire faites perpendiculairement à la pulpe montrent une substance fondamentaie sous la forme d'une série de cordonnels prismatiques séparés par des espaces plus clairs dont le centre est'occupé par la fibre de Tomes. À la surface des cordonnets se trouve un revêtemeut hématoxylinophile qui a des contours barbelés ainsi que la fibre de Tomes. Les pointes ou prolon- sgements latéraux de cette fibre et du revêtement hématoxylinophile des cordonnets se prolongent aussi bien dans les cordonnets que dans les espaces intercordonnaux et donnent à l’ensemble l'aspect d'une fibre musculaire striée (1). Les espaces intercordonnaux dimiuuent de largeur de la pulpe vers la surface externe de l’ivoire, tandis que l'épaisseur des cordonnets augmente dans le méme sens. B. La fuchsine-résorcine fait apparaître un trait noir dans le revêtement hématoxylinophile de la surface des cordonnets et de leurs branches; ce revêtement est donc en partie élastique (gaine de Neumann). C. Le bleu de toluidine produit dans l’ivoire des images analogues à celles qu’il donne dans l'os (loc. cit., p. 571, fig. 2 et 3). Du revêtement hématoxylino- phile des cordonnets ne qui se colorent enibleu et qui forment, en s’anastomosant avec leurs congénères, un réticulum d’une régule- rité pour aiusi dire mathématique. Ils s'étendent également à travers les espaces intercordonnaux; mais le réticulum de ces derniers contient un hyaloplasma non calcifié. En se prolongeant sur plusieurs cordonnets voisins et les espaces intermédiaires, les rameaux latéraux constituent et figurent de longucs fibres perpendiculaires aux cordonnets. Sur des coupes non colorées, V. v. Ebner a aperçu ces fibres qui seraient de nature collagène; en réalité, ces fibres ou fibrilles sont les rameaux latéraux de la fibre de Tomes, et comme cetite dernière, elles sont granuleuses et hématoxylinophiles. De plus, elles sont anastomosées entre elles,:ce que ne font point les fibres collagènes. Autre fait qui est contraire à l'hypothèse de v. Ebner : chacun sait que les fibres collagènes du tendon ou du derme ne se laissent pas débiter en coupes sériées après éclaircissement dans le xylol et inclusion dans la parafñfine. L'ivoire, au contraire, se coupe très bien, après le même traitement; il ne saurait donc être formé de fibres collagènes. D. Les procédés précédents ne définissent pas suffisamment les connexions des éléments. Voici la technique qui m'a permis de monter dans le baume les préparatious colorées à l’hématoxyline : 1° mordançage des coupes dans une solution aqueuse contenant 3 ou 4 p. 100 de perchlorure de fer; 2° colo- ration pendant 6 à 12 heures par l’hématoxyline dissoute dans l’eau; 3° déco- loration ou différenciation dans de l’eau additionnée d'une douzaine de gouttes d'acide picrochlorhydrique. Après lavage dans l’eau courante, ont dés- hydrate et on éclaircit dans le xylol phéniqué, puis on monte dans le baume. La fibre de Tomes et ses rameaux teints en noir figurent une trame réli- (1) Cette structure explique l'apparence que présente l'ivoire traité par l'eau régale; c’est là un « aspect particulier, dit Choquet, rappelant en tous points l'aspect des fibres des muscles striés ». SAS SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE culée. Les rameaux latéraux, distants les uns des autres de 1 ou 2 y, seg- mentent régulièrement les cordonnets et les espaces intercordonnaux; l'hya- loplasma des cordonnets est calcifié, celui des espaces intercordonnaux ne l’est point. Plus on se rapproche de la surface externe de la denline, plus le cordonnet calcifié s'épaissit aux dépens du tissu réticulé non calcifié qui : entoure là fibre de Tomes. Par la macération, on détruit la fibre de Tomes et le tissu réticulé non cal- cifié qui l'entoure; c’est ainsi qu'on crée les tubes ou canalicules dentaires plus larges du côté de la pulpe que vers la surface externe de l’ivoire. Les vides (tubes ou canalicules de la dentine macérée) correspondent aux portions non calcifiées de la dentine fraîche et fixée. À qui veut vérifier grosso modo l'exactitude de ms description sans passer par les manipulations délicates de coupes et de coloration, je conseille de procéder de la façon suivante. On casse une dent en [long avant de la fixer, puis on la colore au bleu de toluidine et on la lave au tanin; ensuite on lime la surface cassée à aspect rugueux ou soyeux, de telle sorte que les aspérités de la lime entament les cordonnets de l’ivoire parallèlement à leur grand axe. Les fragments qui se détachent sont reçus sur une lame de verre et examinés tels quels, ou bien montés après déshydratation dans le baume, Les cordonnets montrent un réseau coloré en bleu intense. Résultats et critiques. — La dent était, pour Aristote, une « espèce d'os ». Cette opinion fut partagée par la plupart des anatomistes, et, en découvrant les canalicules de l’ivoire, Leeuwenhoek sembla confirmer cette analogie. Cependant Duverney, puis Cuvier, voyant l'ivoire appa- raitre sur une papille molle et vasculaire et se déposer en couches superposées pensèrent qu'il résultait de la transsudation et de la consolidation d'un fluide exhalé par le noyau pulpeux ou papilie. D. de Blainville rapprocha à cet égard les dents des poils, des ongles et des cornes et en fit des phanères. Bien que John Tomes découvrit la fibre qui porte son nom, quoique Neumann eût montré l’existence des gaines élastiques, la structure de la denline a continué à rester obscure. Pour les uns, c’est une masse homogène et calcifiée; pour les autres eile est granuleuse, mais ils oublient de dire si ce sont les grains ou le _ ciment intergranuleux qui sont calcifiés. D'autres encore lui attribuent une structure fibrillaire et les fibres seraient de nature collagène ou conjonctive; mais ils diffèrent sur le siège du dépôt calcaire : certains admettent, avec R. Krauss, que les fibres collagènes sont calcifiées elles- mêmes, tandis que la plupart se rangent à l'avis de V. v. Ebner qui prétend que ce ne sont point les fibrilles colagènes qui sont calcifiées, mais uniquement le ciment interfibrillaire. C’est sur les coupes de dents failes à la scie ou décalcifiées que ce dernier histologiste (1) a vu, en 1875, à l'examen dans l’eau el sans colorer les éléments, des fibres per- (4) Voir l'index bibliographique in Walkhoff. Die nsrmale Histologie mensch. Lühne, 1901. L SÉANCE DU 47 MAI 519 pendiculaires aux canalicules dentaires ets’entre-croisanten divers sens. Les prétendues fibrilles collagènes de V. v. Ebner ne sont que les ramuscules latéraux de la fibre de Tomes ; elles sont granuleuses, anas- tomosées et non enlre-croisées comme le pensait cet histologiste. Andre- sen et Walkhoff les ont entrevues, sans en comprendre, il est vrai, les connexions et la nature. Des coupes de dentine macérée, des coupes de dentine fraîche et non colorée ou des coupes trop épaisses ne donnent que des images trompeuses en ce qui concerne la structure. Pour péné- trer au delà des apparences, il faut des coupes très fines et colorées de facon élective. Au lieu de faire l’analyse histologique, on s’en est tenu jusqu'à présent aux détails descriptifs et aux microphotographies qui ne donnent que des tableaux en trompe-l’œil. Pour faire progresser nos connaissances, il ne suffit pas, en effet, de reproduire un fouillis de fibrilles et de tubes; il est nécessaire de donner une explication ration- nelle des divers éléments qui constituent la dentine. La dent macérée confirme la réalité de la structure que je décris à la dentine fixée et colorée, car les images superposées de l’uneet de l’autre, sont, je le répète, identiques. La trame figurée est représentée par les fibres de Tomes et leurs rameaux latéraux. Quant à l'hyaloplasma qui en remplit les mailles, il est calcifié dans les cordonnets et non calcifié dans les espaces intercordonnaux. Aussi disparaît-il dans ces derniers par la macération; d'où l'apparition des canalicules dentaires. Cet hya- -loplasma intercordonnal continue à se calcifier de la pulpe vers la sur- face externe de l'ivoire; c'est là ce qui explique l’épaississement que subissent les cordonnets dans le même sens. En un mot, la dentine est non seulement structurée, mais elle se modifie en évoluant à partir de la pulpe jusqu’à la surface externe. Tout en possédant un réliculum plus régulier, l'ivoire d’une dent correspond, au point de vue morphologique et structural, à la moitié d’une lamelle osseuse comprise entre deux rangées de cellules osseuses, mais ayant pris un développement gigantesque. NOTE SUR UN CAS D HERMAPHRODITISME RUDIMENTAIRE CHEZ LE COQ. par Cu. FAURE. . Les hormones que sécrète le testicule déterminent dans l'organisme de l’homme et des animaux les caractères secondaires de la sexualité. On sait en effet que l'absence du testicule à la suite d’ablation expé- rimentale, ou son manque de développement, entraîne une série de modifications partant sur l'individu tout entier. Ces modifications sont appréciables au double point de vue morphologique et physiologique. Voici, à ce point de vue, les renseignements qu'a bien voulu nous 520 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE com nuniquer ua éleveur au sujet d'un coq dont l'allure générale avait attiré son attention. Ce coq, âgé de trois ans, dépourvu des grandes plumes de la queue, présentait un aspect extérieur rappelant celui de la femelle, avec cepen- dant un plumage plus riche en couleurs que celui des poules et des ergots légèrement développés. Son chant, fort rare, n’avait pas l'éclat de celui du coq dont il ne rappelait que de très loin quelques intonations. Chassé et poursuivi par Les coqs, méprisé et battu par les poules, il vivait en solitaire et ne recherchaït pas le commerce de ses compagnes. L'animal ayant été sacrifié pour la vente, les organes génitaux internes des deux côtés furent plongés dans l'alcool dénaturé et ce n’est qu'au bout de quelques jours que les pièces nous furent confiées pour l'examen histologique. Les coupes furent pratiquées après inclusion dans la paraffine et trai- tées par la double coloration hématoxyline-éosine que seule la fixation incomplète permettait d'employer utilement. L'examen des coupes à un faible grossissement montre une série de tubes seclionnés en différents sens rappelant par leur aspect les forma- tions testiculaires, mais dépourvues des cellules de la lignée séminale qui font totalement défaut ; leur paroi est, en effet, tapissée par une seule rangée de cellules dont le noyau renferme de fines croûtelles de chroma- tine avec un nucléole volumineux. Le diamètre des tubes ne mesure que de 40 à 50 u au lieu de 150 chez le coq normal. Par places on rencontre de larges cavités kystiques que revêt un épi- thélium simple du type lamelleux et dont la cavité est occupée par un Hquide albumineux. La trame conjonctive interposée aux différents tubes est alien . ment développée et renferme par certains endroits des amas de cellules lymphoïdes simulant de véritables follicules clos. Par places, l'organe génital est décomposé en une série de lobes sépa- rés par d'épaisses travées conjonctives. En aucun point nous n'avons pu observer des figures se rapportant à des formations ovariennes. En résumé, il s’agit dans notre observation d’un coq dont les deux testicules malformés sont caractérisés par l’absence complète des élé- ments séminaux. Cet arrèt de développement a entraîné secondairement l'apparition de certains caractères extérieurs de la femelle. À ce pont de vue il serait possible de ranger ce cas dans le groupe des hermaphro- ditismes rudimentaires ou faux hermaphroditismes. Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 0 SÉANCE DU 24 MAI 1919 ARLOING (F.) et Marcxon : Effets expérimentaux de l'extrait de sa- fran sur l'organisme animal. . . .. 522 Nicozce (C.) et LEparLry Brerry (H.) : Ration Rôle fonctionnel des hydrates de CATHONE SR ee Caussin (J.): Concentration limite des chlorures dans l’urine humaine. 540 | l'ivoire ou dentine Duwas (J.) : Réactions des Vibrions cholériques dans les milieux liquides glycogénés tournesolés . .. .... 547 | tion du pouvoir hémolytique des FtessiNGER (N.) : Nouvelle méthode SÉDUTNE SE A NEED Roque d'étude des peroxydases leucocy- Tupa (A.) : Sur la cytologie du taires : l'indice peroxydasique hé- matimétrique . . . . . . Mercier (L.) : À propos d'un exemplaire macroptère SOMMAIRE Mezwcescu (D.) et Hozran (D.) : Sur la vitalité et la virulence des cultures de Gonocoque. Mezicescu (D.) et Horran (D) : Sur l’ophtalmie expérimentale à Gonocoque chez le lapin. Mowziocs et CASTEL d'une huile dquininisée, lipoidée, camphrée, comme méthode-théra- RASE EU D peutique du paludisme grave.. . . . 550 | naire Mowziozs et CasteLz : Trois cas Douuer (E.) : d'accès pernicieux traités par la du riz ponction lombaire et par l'injection puis de M. Mesnil, ancien vice-président. Présidence de M. Ch. Richet, RUBINSTEIN (M.) : de la syphilis. Méthode de satura- (10 mai 1919.) intraveineuse d'huile quininisée, li- poidée camphrée 0 Nate (CAE d'entretien. Technique de la récolte du sang chez les oiseaux de laboratoire par DR AE a 504 MDoOnCHoN UC EU AAC MERE RerreRer (Éo.) : Histogénèse de Séro-diagnostic liquide céphalo-rachidien dans le EURE 554 | typhus exanthémalique . . . . . .. /ALLICH@(V.) : Lois communes de Velia. . 524 | au rut et à la menstruation Réunion biologique de Lille. Se 536 Borz (L.) et Duxor (E.) : La réac- : De l'emploi tion de fixation avec les antigènes de Calmette et Massol et le pro- nostic de la tuberculose pulmo- DIS RO RO 0 AO UO MT OKON LOUC 0 MAN MM. J. CanTAcuzÈNE, G. MarinNesco et M. MENLELSSONN, membres correspondants, assistent à la séance. BtoLogtE. COMPTES RENDUS. — 1919, T. LXXXII. 38 5992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EFFETS EXPÉRIMENTAUX DE L'EXTRAIT DE SAFRAN SUR L'ORGANISME ANIMAL, par F. ARLOING el MalGNon. Nous avons étudié l'action sur l'organisme animal d’un extrait aqueux de safran préparé à froid et concentré de telle sorte que 12 c. c. d'extrait contiennent les matières extractives de 1 gramme de stigmates de fleurs de safran. L’extrait de safran a été administré par la voie diges- tive à fortes doses pendant quelques jours ou à faibles doses longtemps prolongées chez des chiens et des porcs. Nous avons recherché par injection intraveineuse l'action immédiate de doses massives sur lorga- nisme, en nous aidant de la méthode graphique. I. — Extrait de safran donné par la voie digestive : a) Essais d'intoxicalion aiguë. — Une dose journalière de 24 c.c. d'extrait administrée à l’aide de la sonde gastrique ou mélangée à l’ali- mentation peadant 8, 12, 15 ou 18 jours jusqu’à la dose maxima de 432 c.c., soit l'extrait de 36 grammes de safran, n’a provoqué chez le chien aucun trouble appréciable général ou urinaire en dehors d’un peu de diarrhée passagère, ni aucune lésion visible à l’autopsie. b) Essais d'intoxication chronique. — Une dose quotidienne de 6 c.c. d'extrait de safran donnée pendant trois mois (au total 540 e. e, d'extrait de 45 grammes de safran) est très bien supportée par le chien chez qui l’autopsie ne révèle aucune lésion. Le pore tolère sans aucun inconvé- nient une dose pro die de 12 c.c. d’extrait continuée pendant trois mois. II. — £Z'xtrait de safran donné par voie intraveineuse : L'injection intraveineuse, par dose fractionnée de 100 c.c. d’une dilution de 12 c.c. d'extrait dans 88 c.c. d’eau salée physiologique, de même qu'une dose totale de 200 c.c. d'une même dilution n’ont engendré chez le chien que des troubles cardio-vasculaires insigni- fiants (abaissement léger et transitoire de la pression avec tachycardie simultanée), sans troubles respiratoires ni nerveux. À l’autopsie, les viscères présentent une teinte brune safranée caractéristique de même que l'urine qui parfois est légèrement albumineuse. Nous signalerons qu’à la suite de l'injection dans les veines d’un extrait de safran imparfaitement filtré et contenant de petites granula- tions de matière colorante, nous avons constaté des coagulations intra- vasculaires et une augmentation de la coagulabilité du sang retiré par saignée. Ces phénomènes ne se produisent pas avec les extraits parfaite- ment filtrés. Dans nos expériences, l’extrait aqueux de safran administré par la voie digestive ou par la voie intraveineuse s'est donc montré dépourvu de toxicité notable. SÉANCE DU 24 MAI 593 LOIS COMMUNES AU RUT ET A LA- MENSTRUATION, par V. WaALriCH. J'ai apporté récemment (4) une explication anatomique à la cause de lhémorragie menstruelle, qui s'observe chez la femme ou chez la guenon, et passe pour manquer chez les autres femelles de mammi- fères. La texture plexiforme de l'utérus est la raison de ce fonctionne- ment exceptionnel, dans l'espèce humaine et chez les primates. Comme corollaire à cette théorie, nous pensons qu'il y a lieu d’insister sur le fait que cette distinction est plus apparente que réelle, et qu’en tenant compte des phénomènes hémorragiques internes, interstitiels, observés dans les espèces qui n’ont pas d'hémorragie exlerne apparente, on arrive à poser sur des bases solides l'unification des phénomènes du rut et de la menstruation, dont les caractères communs peuvent être résumés en diverses lois, visant : la congestion hémorragique, la pério- dicité des phénomènes, et leur identité anatomo-physiologique. 1° La congestion hémorragique génitale est constante chez tous les mammifères; elle ne présente dé variabilité qu'au point de vue de l'intensité de l'hémorragie, soit qu'il s'agisse de l'issue du sang hors des vaisseaux, ou d’une simple exhalaison sanguine. Les degrés de lhémorragie sont marqués par les étapes anatomiques suivantes : æ) simple épanchement sanguin dans le tissu muqueux; b) pénétration du sang dans les glandes utérines, et dans la cavité utérine; c) issue du sang hors des voies génitales. L'hémorragie est en somme interne ou externe, suivant deux cond:- tions, l’une individuelle qui est marquée par Le degré de la congestion, l’autre commune à une espèce, dépendant de la texture utérine. Pre- mière loi : Suivant des variations d'espèce et d'individus, toutes les femelles des mammifères présentent des congestions génitales hémorra- giques, d’une façon intermittente. 2 La périodicité des congestions hémorragiques peut être actuelle- ment chez la plupart des mammifères ramenée au type mensuel. Cetie périodicité est facile à établir chez les sujets à hémorragie externe, elle est plus difficile à. mettre en évidence chez les sujets à hémorragie interne, dont le rut est parfois peu apparent. Néanmoins le fait est déjà noté cliniquement et anatomiquement chez un certain nombre d’ani- maux domestiqués : vache, jument, truie, chienne, brebis, en somme chez les animaux classés dans la catégorie à ovulation spontanée, La -recherche de cette périodicité mensuelle sera à poursuivre par l'étude microscopique, en série, de muqueuses utérines de femelles, dites à ovulation non spontanée. (4) V. Wallich, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 3 mai 1919, p. 405. 594 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Cette réserve faite, la deuxième loi peut se formuler ainsi : La pério- dicité des phénomènes congeslifs se montre à peu près mensueile, si on en recherche les manifestations anatomiques dans la muqueuse utérine. 3° Dans les espèces diverses, la congestion périodique se décompose, au point de vue fonctionnel et anatomique, en plusieurs périodes : l’une prémenstruelle ou de « prénidation », aboutissant, soit à la «nidation de l'œuf », c'est-à-dire la grossesse, soit à la « résolution hémorragique », et à la restitulio ad integrum de la muqueuse utérine. Dans ces conditions l'hémorragie n’est plus qu'un incident, un épiphénomène au cours de la congestion menstruelle, unifiée pour toutes les espèces. Et l’on peut, résumant l'expression anatomo-physiologique de ces phénomènes, for- muler ainsi une troisième loi : Les modifications anatomiques du rut et de la menstruation sont : les unes « prémenstruelles ou de prénidation », les autres constituent la « nidation de l'œuf », ou la grossesse. À PROPOS D'UN EXEMPLAIRE MACROPTÈRE DE VELIA, par L. MERCIER. Les Velia (Hémiptères Hétéroptères de la famille des Hydrometridæ) sont des Insectes que l’on voit courir à la surface de l’eau des petites mares, des ruisseaux, dès les premiers jours d'avril. Les auteurs s’ac- cordent pour reconnaître en France l'existence de trois espèces : W. major Put., V. rivulorum Fabr. et V. currens Fabr. V. major est une espèce franchement méridionale, tandis que les aires de distribution géographique des deux autres espèces chevau- chent l’une sur l’autre; mais avec cette remarque que V. rivulorum habite surtout la France méridionale et moyenne (Provence, Langue- doc, Pyrénées, Gers, Yonne, etc.), tandis que V. currens est de la France septentrionale et moyenne (Nord, Vosges, Pyrénées, etc.). D'après Puton (Synopsis des Hémiptères Hétéroptères de France) et Kuhlgatz (Süsswasserfauna), les caractères différentiels de ces deux espèces sont les suivants : 1° L'une et l’autre se présentent sous deux types : uné forme macro- ptère et une forme bachyptère (aptera Fabr.); mais tandis que pour V. rivulorum c'est la première de ces deux formes qui est la plus com- mune (30; macroptères sur 33 exemplaires recueillis aux environs de Montpellier) (1), pour V. currens c’èst la seconde qui se rencontre press, (1) Ces exemplaires ont été mis à ma disposition par M. le professeur Duboscq; je le prie d'accepter mes vifs remerciements. a G ©7 L) à SÉANCE DU 24 MAI que habituellement (Puton n'a vu qu'une fois un exemplaire macro- ptère de V. currens trouvé dans les Hautes- Vosges et Giard (1895) (1) en a capturé une fois un exemplaire femelle dans le ruisseau de la source de la Poterie, entre Wimereux et Boulogne-sur-Mer). 9% Les autres caractères différentiels se rapportent à la taille, à la pigmentation, aux dessins des ailes; ils sont résumés dans le tableau - suivant : Velia LATr. currens FABR. | rivulorum FaBr. L f. macroptère : 1 millimètres. | 8 millimètres. REA ERTS f. brachyptère:| 6"m95 à 6"75, avec une | 1 millimètres. fréquence à 6mm50. | Taches noires contiguës| Taches noires punc- || formant une large bande la-|tiformes non conti- | Pigmentaetion des flancs: |térale, allant sans interrup-|guës; celles de l’ex- || Ition de la base à l’extré-|trémité plus faibles et mité de l'abdomen. souvent nulles. | La 3° tache est ovale, net-| La 3e tacheest ronde. Forme macroptère, tement acuminée à son ex-| taches blanches des élytres :|trémité postérieure (carac- tère de Schummel). l Ces caractères n'ont rien d’absolu et souvent, ainsi que Puton l’a fait remarquer, la forme brachyptère de V. rivulorum est confondue avec V. currens, car on rencontre quelquefois des exemplaires (Toulouse, Sicile, Portugal) chez lesquels les taches ventrales sont plus grandes, presque contiguës et forment une bande presque aussi large et entière que dans la currens. À ma connaissance, pareille confusion n’a pas encore été signalée entre les types macroptères de V. currens et de V. rivulorum. Cependant, comme je vais le montrer, il n’est pas toujours facile de rapporter une forme macroptère à l’une ou à l’autre de ces deux espèces. En effet, sur 337 Velia que j'ai capturées aux environs de Nancy, dans une même station et à des époques différentes de l’année, j'ai compté 336 exemplaires brachyptères qui sont tous des V. currens Fabr. typiques et un exemplaire macroptère femelle se présentant avec les caractères suivants : 1° Longueur 7 millimètres (caractère de V. currens); 2° Ventre présentant sur les flancs une série de taches noires non (1) Giard. Sur la forme macroptère de Velia currens Fabr. Bull. Soc. entom. de France, 8 mai 1895, p. 236. 526 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contiguës, allant en diminuant jusqu'à être nulles à l'extrémité (carac- ‘ère de V. rivulorum) : 3° Tache médiane des élytres ovale, nettement acuminée à son extré- mité postérieure (caractère de V. currens). De ces trois caractères, deux sont propres à V. currens et l’un à V. rtvulorum ; aussi est-il extrêmement difficile de dire à laquelle des deux espèces doit être rapporté cet exemplaire macroptère. La difficulté est ä autant plus grande qu'il est impossible de tirer argument de la dis- tribution géographique et que V. rivulorum a été capturée en Lorraine par Mathieu aux environs de Nancy (catalogue de Godron et collection Mathieu de l'École Nationale des Eaux et Forêts). L'étude des caractères morphologiques de cet exernplaire tendrait même à faire admettre que V. currens et V. rivulorum ne sont pas deux espèces aussi nettement séparées que certains auteurs le pensent. Pour solutionner cette question, il serait à désirer, comme Puton l’a demandé, « que l’on récoltät dans chaque localité de nombreuses séries pour mieux juger de la validité de leur séparation ». C'est ce que, pour ma part, je me propose de faire et en même temps de rechercher si les deux formes sont ou non en amixie et si elles présentent des caractères différentiels d'ordre cytologique. (Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Caen.) SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA SYPHILIS. MÉTHODE DE SATURATION DU POUVOIR HÉMOLYTIQUE DES SÉRUMS, par M. RUBINSTEIN. La méthode de séro-diagnostic de la syphilis, basée sur la saturation du pouvoir hémolytique des sérums frais, ramène tous les sérums à examiner à un index hémolytique faible (ou nul). Sans revenir sur la théorie de cette méthode et ses interprétations, nous abordons ici uniquement le point de vue pratique. De nombreux auleurs ont montré la difficulté d'interprétation des résultats positifs de la séro-réaction dans ie cas de sérums faiblement hémolytiques. MM. Eschbach et Duhot parent à l’inévitable écueil des index faibles qu’ils provoquent par additions fractionnées d'hémates, par une dilution très fofte de l’antigène (1/120 à 1/150, même 1/180); ils limitent leur méthode à l'emploi unique du foie hérédo-syphilitique ayant à cette dilution un pouvoir spécifique très prononcé et un pouvoir banal nul. SÉANCE DU 24 MAI 527 Dans notre note précédente (1) (en collaboration avec M. Radossav- lievitch), nous avons exposé les résultats de nos recherches, obtenus par la méthode de saturation préconisée par MM. Eschbach et Duhot et par M. Marbais, à l’aide d’un « antigène sensible laissant intact le pouvoir hémolytique des sérums ». Cette indication est bien suffisante, car le taux de dilution ne signifie rien par lui-même : tout dépend de la préparation de l’antigène, de la concentration de la solution mère. Nos examens des sérums non chauffés ont élé faits avec deux anti- gènes aux dilutions 1/35 et 1/40 (1 gramme de poudre de cœur humain + 5 c.c. d'alcool; 1 gramme de poudre de foie hérédo-syphi- litique + 10 c.c. d'alcool). Ces mêmes antigènes se sont montrés irré- prochables par nos méthodes habituelles, tandis qu'ils ont donné 60 p. 100 de réactions non spécifiques par la méthode de saturation. Quant à procéder aux dilutions 4/420, 1/150, 1/180 auxquelles les antigènes conservent à titre tout à fait exceptionnel leur sensibilité, c’est vouloir obtenir par une première addition d'hématies des réac- _ tions négatives à partir desquelles on tentera — par une technique non pratique, surveillance constante, changement perpétuel de la tempé- rature de l’étuve, lecture incommode des résultats le liquide se char- geant des produits d'hémolyse — de revenir aux résultats que d’autres méthodes donnent plus aisément et plus sûrement. Nous avons cherché également à nous rendre compte de quelle façon se comporte la méthode de saturation avec le liquide hydatique comme antigène. En ajoutant, à 0 c.c. 4 de sérum —- 0,2 d’eau physiologique, 0,1 c.c. du liquide hydatique (de porc) qui a laissé intact le pouvoir hémolytique des 14 sérums normaux examinés, nous avons obtenu, par addition fractionnée des hématies, 6 réactions positives neltes. (Laboratoire de Sérologie du Val-de-Gräce.) SUR LA CXTOLOGIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LE TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, par AL. Tupa. . MM. Slatineanu et Galasesco en 1906 (2) avaient signalé la présence des polynucléaires et mononucléaires dans le liquide céphalo-rachidien des malades atteints de typhus exanthématique. Lors de la grave épi- démie qui sévit en Roumanie pendant la dernière guerre, M. A. Devaux ( 1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 5 avril 1919. (2) Slatineanu et Galasesco. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1906. 528 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (1) (2) étudia la cytologie de ce liquide, indiqua l'intensité et la constance de la mononucléose et montra que cetie réaction constitue un précieux moyen de diagnostic. La récente épidémie de typhus exanthématique de Marseille nous a permis de compléter et de préciser les notions acquises antérieurement. Nos observations ont porté sur 115 malades légers ou graves. Sur ce nombre 109 fournirent une réaction positive ; 6 seulement donnèrent une réaclion négative, ce qui donne au total 95 p. 100 de cas positifs. Cette réaction existe presque toujours dès le début de la période fébrile ; très rarement elle n'apparaît que vers le milieu de la période d'état; enfin nous l'avons constatée dans 4 cas ponctionnés avant l’ap- parition de l’éruption, ce qui nous a permis d'affirmer le diagnostic avant [a constatation de tout autre symptôme caractéristique. Notons en passant que le liquide céphalo-rachidien des exanthématiques est toujours parfaitement transparent à toutes les périodes de la maladie; parfois, particulièrement dans les formes nerveuses graves, il présente une xanthochromie prononcée. Dans nos expériences, le liquide recueilli directement dans le tube à centrifuger était soumis pendant cinq minutes à une centrifugation puissante (7.000 tours par minute). Après décantation le culot étalé sur lame était coloré par le panchrome après fixation par le May- Grünwald. Au point de vue quantitatif certains cas ne présentent au début qu'un nombre assez restreint de cellules par champ microscopique, ce nombre s’accroissant considérablement pendant la période d'état pour décroître après la défervescence; d’autres, surtout les formes nerveuses graves, présentent une grande intensité dès la phase initiale; d'autres gardent une intensité moyenne pendant tout le cours de la maladie sans qu'il soit possible d'établir un rapport net entre cette intensité et la forme clinique ; dans certains cas enfin, la réaction est tardive et manque les premiers jours. Les numérations faites au moyen de l'immersion 1/12 et de l’oculaire n° 6 de Zeiss ont donné en moyenne 5-6 éléments par. champ pour les réactions légères, 15-20 pour les réactions d'intensité moyenne et ont parfois dépassé 80 dans les réactions fortes. À part Ja constance de cette réaction, son grand intérêt réside sur- tout dans les variations qualitatives des éléments inflammatoires. D'une façen générale le processus varie de la facon suivante : Pendant les premiers jours qui suivent le frisson initial, l'exsudat se compose d’une immense majorité de polynucléaires parmi lesquels on observe la pré- sence d'un bon nombre de cellules de Türk à cytoplasma intensément (4) Devaux, Paulian et Tupa. Société médicale du Front russo-roumain, Jassy, 1917. : (2) Devaux. Bulletin de l’Académie de Médecine. Paris, 28 août 1918. SÉANCE DU 24 MAI 529 basophile. Cette phase initiale dure peu de temps; à mesure que l’on avance dans la période d'état, la proportion des polynucléaires décroïit, leurs granulations neutrophiles disparaissent, leur noyau se vacuolise et entre en karyorhéxie ; vers la défervescence il ne persiste plus qu'un faible nombre de polynucléaires que l’on retrouve encore pendant les premiers jours de la convalescence. Pendant ce temps la proportion des mononucléaires s'accroît rapidement ; la mononucléose est de beaucoup prédominante pendant la péricde d’élat ; à ce moment plus de la moitié des mononucléaires sont représentés par les formes de Türk qui don- nent au tableau microscopique un aspect tout à fait caractéristique. À mesure que l'on approche de la défervescence, les grands mononu- cléaires se vacuolisent et des phénomènes de karyorhéxie apparaissent aussi bien chez ces derniers que dans les formes de Türk. Pendant les derniers jours de la période fébrile des lymphocytes apparaissent; leur nombre s'accroît et devient prédominant dans les deux premières semaines de la convalescence ; ils persistent seuls à une époque plus éloignée, ainsi que l’a signalé M. Devaux. Notons que l’on n’observe guère, à aucun moment, de processus macrophagocytique et que la dégénérescence des polynucléaires s’ac- complit en dehors de toute digestion intracellulaire. Notons également, vers le milieu de la période d'état, la multiplication énergique des élé- ments de Türk par division mitotique et amitotique. Rappelons enfin la forte proportion « d'ombres cellulaires » présentes dans le liquide à toutes les phases du processus et qui proviennent soit des mononu- cléaires, soit des cellules endothéliales dégénérées. Nous avons cherché à nous rendre compte si l’on pouvait établir un rapport entre l'intensité de la réaction cellulaire et celle de l’érup- tion cutanée; il nous à semblé que d’une façon générale il existait un rapport inverse entre les intensités de l’une et de l’autre, mais cette dernière observation demande encore à être confirmée. Dans 3 de nos 115 cas nous avons constaté au microscope la présence de cocco-bacilles libres dans le liquide, appartenant au type décrit dans une note récente par MM. Borrel, Cantacuzène, Jonesco-Mihaesti et Nasta (1). Les essais de culture sont toujours demeurés négatifs. Cette réaction cytologique du liquide céphalo-rachidien avec sa polynueléose initiale et l'énorme prédominance des mononucléaires à cytoplasma basophile de Türk pendant la période d’état est à tel point caractéristique que nous la considérons comme un des plus sûrs moyens que nous possédions aujourd'hui pour diagnostiquer le typhus exan- thématique et le différencier d’autres infections telles que la grippe ou la fièvre typhoïde avec lesquelles on pourrait le confondre. Treize cas (1) Borrel, Cantacuzène, Jonesco-Mihaesti et Nasta. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 10 mai 1919, p. 501. 530 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE douteux rejetés par nous comme n'étant pas du typhus exanthématique sur l'absence de réaction du liquide céphalo-rachidien ont été, en effet, confirmés plus tard comme étant les uns de la grippe, les autres de la typhoïde. Nous insistons encore une fois sur la nécessité qu’il y a, lors- que la réaction cellulaire manque, à répéter la ponction lombaire, cette réaction pouvant êlre tardive ; les 6 cas négatifs que nous avons signalés plus haut n'avaient été ponctionnés qu’une seule fois. La con- statation de la réaction céphalo-rachidienne est parfois la seule méthode qui permette d'affirmer le diagnostic lorsqu'il s’agit de formes frustes à exanthème très léger et surtout lorsqu'il s’agit d'individus à peau for- tement pigmentée, comme, par exemple, les malades de race nègre chez lesquels la constatation de l'éruption cest souvent impossible. RATION D'ENTRETIEN. RÔLE FONCTIONNEL DES HYDRATES DE CARBONE, par H. Brerey. Les progrès récents de la biochimie ont grandement modifié nos cor- naissances sur le métabolisme. Toutes les notions touchant le besoin minimum d'azote, l'efficacité au point de vue alimentaire des différentes albumines suivant la présence, l'absence, l’arrangement de certains aminoacides entrant dans leur constitution moléculaire, le rôle fonc- tionnel des sucres, l'exigence d’un équilibre dans la composition des aliments minéraux et d'un certain rapport des aliments entre eux, la nécessité de la présence dans la ration des facteurs accessoires À et B, ont été établies ou précisées. . Je ne crois pas, qu’en tenant un compte rigoureux de ces données nou- velles, les déductions que M. F. Maïignon (1) tire de ses expériences puissent être admises sans conteste. Toutefois je ne veux faire ici qu’une critique générale de son travail et je ne reliendrai que les trois points suivants : 1° Bibliographie; 2° rôle des graisses et des sucres dans le méla- bolisme des protéiques ; 3° pureté des produits. 1° Bibliographie. — Dans différentes notes publiées de 1912 à 1949, M. Maignon anuonce qu'il reprend les expériences de Magendie touchant le rôle alimentaire des diverses substances albuminoïdes. Ceci laisse supposer qu'entre les expériences de Magendie (1816) et celles de M. Maignon, il existe une lacune-dans la science (2), il n’en est rien 4) F. Maignon. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 3 mai 4919, p.398-401. (2) Cette absence de bibliographie se retrouve dans la thèse de M. Maïgmon : Recherches sur le rôle des-graisses dans l’utilisation des albuminoïdes », Lyon, mai 1919. Il ne semble pas que cet auteur ait eu connaissance des tra- vaux de 190% à 1919 touchant cette question, et en particulier des travaux récents des auteurs anglais et américains. A ( SÉANCE DU 24 MAI 531 toutefois. Des recherches ont été faites dans cette voie par un très grand nombre d'auteurs : les uns ont utilisé la gélatine avec un complément d’acides aminés purs, d’autres ont essayé les albumines animales (caséine, ovalbumine, etc.) ou végétales, d’autres enfin, en ne donnant comme aliments azotés qu'un mélange convenable d'acides aminés purs, ont réussi à faire wivre des souris pendant 70 et 98 jours. Citons les élèves de Bunge, Abderhalden et ses collaborateurs (1904), Henriques et Hansen (1905), Loewi, Kauffmann (1905), Falta et Noeggerath (1905), Lüthje (1908), Hopkins (1912), l'École américaine (1912-1919), etc. 2° Rôle des graisses dans le métabolisme des protéiques. Rôle des sucres. — D'après M. Maignon, les albumines sont « {oxiques » : elles ont besoin, pour être utilisées par les organismes, d’être administrées en même temps que des graisses. Les sucres ne jouent aucun rôle dans le métabolisme des protéiques, et le « rapport adipo-protéique prend de ce fait une importance de premier ordre dans le rationnement, puisque c’est lui qui règle l'utilisation de l'azote ». Voici une notion nouvelle et inattendue, il est en effet admis et c’est un fait bien établi que chez un sujet alimenté à la manière ordinaire, et recevant une ration de protéiques supérieure au minimum indispen- sable, l'apport d’un surplus d'hydrates de carbone a pour résultat d'abaisser la quantité de l'azote urinaire. Rappelons à ce propos les noms des auteurs qui ont établi par des expériences aujourd’hui clas- siques ce qu'on a appelé l'épargne de l’albumine par les sucres : Bi- schoff et Voit, Pettenkofer et Voit, Deiters, Landergreen, von Noorden. Kayser a montré que si dans une ration d'entretien les hydrates de car- bone sont remplacés par la graisse, le déficit d'azote s’installe aussitôt. Lüthje (1908), reprenant l'expérience de Loewi, a vu qu'on obtient de larges bénéfices d'azote quand le mélange d’aminoacides donné comme seul aliment azoté est ingéré en même temps que d'abondantes quantités de sucre, non de graisse. Et enfin Cathcart (1909) a nettement élabli que, pour l'organisme à jeun, la quantité d’'azole urinaire s’abaisse quand on donne des hydrates de carbone, tandis qu’elle ne descend pas — elle s'élève même, — quand on donne des matières grasses. Il est également hors de-conteste, que le jeûne hydrocarboné chez l'homme et les animaux entraîne le passage dans l'urine d'acides acétyl- acétique et 6-oxybutyrique (1) en quantilé qui ne le cède «en rien comme intensité à ce qui se passe chez le diabétique et que parallèle- ment l'ammoniaque urinaire augmente. On le voit, les sucres n’ont pas'seulement un rôle énergétique, comme le veut M. Maignon, mais un « rôle fonctionnel » solidement établi aussi (1) On connaît aujourd'hui les causes de l’acidose qui peut être provoquée aussi bien par le métabolisme intermédiaire de certains acides gras que de certains acides aminés. 532 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bien en ce qui concerne le métabolisme des proenué (1) qu’en ce qui concerne le métabolisme des graisses. Sans faire la critique détaillée des expériences de M. Maignon, je montrerai, plus loin, la raison de l’apparente contradiction entre les faits qu'il apporte et les faits démontrés et admis aujourd'hui. Je veux toute- fois auparavant signaler l'expérience suivante de Mc Collum et Davis qui vient aussi à l’encontre de là théorie de M. Maignon. Ces auteurs soumettent des rats à un régime entièrement dépourvu de graisse (caséine, dextrine, lactose, agar, sels), ils constatent une chute de poids corporel chez leurs animaux; une adjonction importante d'huile d’olive à la ration reste sans effet, mais un relèvement rapide est provoqué par l'addition simple du facteur A. 3° Purelé des produits. — À différentes reprises M. Maignon parle d'’albumines pures, de produits purs. Qu'entend-il par là ? J'ai cherché quels étaient les procédés qu'il employait pour la préparation et la puri- fication de ces albumines, et j'ai vu qu'il utilisait simplement comme albumine soit le blanc d'œuf frais ou l’albumine d'œuf du commerce coa- gulée ou non par la chaleur, soit la caséine du commerce, épuisée ou non par l’éther. J'ai déjà fait remarquer que dans l’albumine d'œuf ainsi préparée il y a des hydrates de carbone présents sous des formes différentes. De même dans la préparation de la caséine, si on ne prend pas certaines précautions, il peut y avoir entraînement de très petites quantités de lactose. Comme matières grasses, M. Maignon emploie le saindoux et la graisse de mouton, ces graisses renferment de la glycérine (2) qui est elle-même une source de sucre (3). Ceci montre clairement comment un régime composé en apparence de protéiques et de graisses apporte en réalité des hydrates de carbone d'origines multiples. Les produits employés par M. Maignon n'apportent (1) Il est admis qu’il y a épargne de l’albumine en présence d’un surplus d’hydrates de carbone, parce qu'avec les acides a-cétoniques, provenant de la dégradation des sucres, et NH°, déchet des protéines, l'organisme peut refaire des acides aminés. Les acides gras des graisses ne peuvent jouer le même rôle, puisque, d’après la théorie solidement établie de Knoop et Dakin, l'oxydation se fait toujours en £. (2) Pour que l’expérience fût démonstrative, il eût fallu employer au lieu d’éthers de la glycérine des éthers d’autres alcools. (3) Ce n’est pas un point de vue de chimie théorique, mais un fait établi par Ja chimie physiologique à la suite d'expériences réalisées in vivo. La gly- cérine donne de la dioxyacétone, et par suite du glucose, processus repro-. duit par voie biochimique et par perfusion d’organe. SÉANCE DU 24 MAI 533 pas que cela, ils apportent aussi en plus ou moins grande quantité des facteurs accessoires À ou B. Les auteurs qui se sont occupés d’avitaminose ont préparé, puis purifié, les albumines et les diverses substances qu'ils utilisaient, avec un luxe de précautions qui n’a pas été vain. À titre documentaire, voici une expérience de Drummond qui démontre la présence du facteur B dans le lactose. Il donne à des rats une nourriture composée d'aliments préparés avec soin, purifiés et débarrassés de vitamines (caséine, dextrine, agar, sels), et du lactose « cristallisé pur » du commerce. Avec un tel régime, les rats continuent à croître pendant 50 jours. Si dans la même ration, donnée à des témoins, on remplace le lactose primitif par ce même lactose ‘purifié à nouveau, on n’observe plus de croissance. En résumé, les produits utilisés par M. Maignon ne sont purs ni au sens chimique ni au sens physiologique du mot, et ainsi s'explique l’apparente contradiction entre ses expériences et les expériences des auteurs précédents. Les hydrates de carbone ont un rôle fonctionnel certain, et la ration d'entretien doit renfermer une certaine quantité de ces substances. Il y a un minimum de sucre, ou plutôt des minima de sucre (1) suivant la structure chimique et la fonction de l'hydrate de carbone considéré et la constitution moléculaire des autres aliments qui entrent dans la compo- sition de la ration... TECHNIQUE DE LA RÉCOLTE DU SANG CHEZ LES OISEAUX DE LABORATOIRE PAR PONCTION DU COEUR, par CHARLES NiCOLLE et CHARLES LEBAILLY. Le sang des oiseaux entre dans la composition de certains milieux. Son emploi est particulièrement utile pour la culture du bacille de Pfeiffer. Il peut être d'autre part intéressant de se procurer une cer- taine quantité de sang aviaire pour des examens, des inoculations ou dans tout autre but expérimental. _ La plupart des auteurs prélèvent ce sang sur les vaisseaux. Nous préférons le récolter dans le cœur même de l’animal, ainsi que nous procédons pour un but analogue chez le cobaye et Le lapin. (1) J'ai déjà eu l’occasion d'insister sur ce « rôle fonctionnel » des sucres, voir Comptes rendus de lu Soc. de Biologie, 8 juin 1918 (avec S. Portier), et _8 février 1919. Je signalerai, pour rapprochement, les expériences faites, in vitro, par M. R. Fosse et publiées, ici même, le 10 mai 1919. 534 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La technique, plus délicate sur l'oiseau, nous semble utile a préciser. Nous avons obtenu d'excellents résultats en observant les précautions suivautes : 1° Fixer l'oiseau (pigeon ou poule) sur un plateau ou de préférence sur un cadre grillagé, le côté gauche du corps contre ce cadre et de manière à obtenir une extension, qui mette le cou allongé et les pattes sur la même ligne droite; 2° Relever les deux ailes et les fixer au grillage; 3° Les plumes du corps, dans la région recouverte par l'aile droite, seront arrachées ; QE & © SÉANCE DU 24 MAI 4 Repérer les points À (articulation scapulo-humérale) et B (pointe du bréchet) ; leur réunion par une ligne idéale fixera le point C, lieu où doit être pratiquée la ponction. Ce point correspond à l’interstice arti- culaire de la portion sternale des 3° et 4° côtes ; 5° Désinfecter la région du point C à la teinture d'iode ; 6° La seringue stérile, munie de son aiguille, qui mesurera 35 milli- mètres pour le pigeon et 45 pour la poule, sera tenue perpendiculaire- ment au cadre. L’aiguille doit être dirigée comme si l'on voulait la faire ressortir par le point symétrique du côté gauche. Enfoncer d'un coup sec et à fond, puis tirer à soi lentement l'aiguille, jusqu’à ce que le sang paraisse à l'intérieur de la seringue. À ce moment, continuer l’aspiration, en ayant soin de ne pas modifier la profondeur à laquelle l'aiguille est enfoncée. Les cavitées ponctionnées sont les ventricules. Cette opération est bien supportée par les oiseaux. Un pigeon donne facilement 8 à 10 c.c. de sang et ne meurt pas à la suite. Il est prudent de ne pas dépasser cette quantité pour une seule ponction, même chez la poule, si le sang est destiné à la préparation de milieux de culture, ear 13 rapide coagulation du sang des oiseaux en rendrait la répartition impossible. Il nous semble même indispensable pour la préparation des _milieux de charger au préalable la seringue de 4 à 2 c.c. d’eau physio- logique stérile, à laquelle le sang aspiré dans le cœur viendra se mélanger. Cette précaution retärde la coagulation. S'il y a lieu de récolter une quantité plus grande de sang, non pour un milieu de culture, mais pour des inoculations, l’eau physiologique sera utilement remplacée par le rinçage préalable de la seringue avec une solution de citrate de soude à 5 ou 10 p. 100. ({nslitut Pasteur de Tunis.) . SUR LA VITALITÉ ET LA VIRULENCE DES CULTURES DE GONOCOQUE, par D. MeziNcescu et D. HoLBan. La faible vitalité des cultures de Gonocoque parait être en relation directe avec la réaction des milieux de culture. Bien qu’on obtienne des cultures de Gonocoque sur gélose-ascite neutre ou légèrement alcaline, il est de toute évidence que les milieux à réaction franchement acide conviennent infiniment mieux à ces mêmes cultures. Surtout quand il s’agit d'isoler ce microbe dans des sécrétions, où il est associé à une riche flore étrangère, comme dans les urétrites chroniques, il est de toute nécessité d'employer la gélose-ascile à réaction acide. D'après nos recherches la réaction optima correspond à une acidité de 536 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE + 1,5 à 2,0 n NaOH p. 100 (indicateur phénolphtaléine). Un très £rand nombre de races examinées par nous poussent mal au-dessous de + 1,0 n NaOH. De même l'acidité au-dessus de + 2,5 nuit sensiblement aux cultures. Mais cette influence de la réaction du milieu de culture, mentionnée aussi par Warden, paraît avoir une importance évidente sur la vitalité des cultures. Ainsi, tandis que les cultures sur gélose-ascite neutre sont assez difficilement repiquables et périssent après quelques semaines au plus tard, ies cultures en milieu acide ont une vitalité tout à fait excep- tionnelle. De pareilles cultures maintenues à 37° C. peuvent être repi- qués même après un an et donnent sur de nouveaux tubes des cultures abondantes. Il est cependant absolument nécessaire que les tubes soient main- tenus à 37° C. À la température de la chambre comme à la glacière, les cultures périssent au bout de quelques jours. Il est intéressant de mentionner que les cultures en milieu acide gar- dent leur virulence pendant très longtemps. Nous avons reproduit des urétrites gonococciques aiguës sérieuses, avec des cultures isolées de 2 à 16 mois auparavant et ayant subi de 5 à 25 passages sur milieux artificiels, tandis que bon nombre d'auteurs ont maintes fois constaté le manque de virulence des cultures de Gonocoque, même après les pre- miers passages sur milieux de culture. C’est surtout pour les recherches de vaccino- et sérothérapie, où il y a intérêt d'employer des cultures particulièrement virulentes, que la réaction du milieu de culture doit jouer un rôle important et on aurait tout intérêt à employer des cultures en milieu acide. (Laboratoire d'hygiène de la Faculté de Médecine de Jassy.) SUR L'OPHTALMIE EXPÉRIMENTALE A (ONOCOQUE CHEZ LE £APIN,. par D. Mezwcescu et D. HoLBan. Toutes les lésions qu’on a réalisées jusqu’à ce jour avec le Gonocoque, chez les animaux de laboratoire, paraissent être d'ordre simplement toxique. Seulement Debré et Paraf (1) croient avoir réalisé une infection expé- rimentale à Gonocoque, chez le Lapin, en injectant ce microbe dans la (1) Robert Debré et Jean Paraf. Bases expérimentales de la sérothérapie anligonococcique, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXV, n° 53, D. 012% SÉANCE DU 24 MAI 531 x chambre antérieure de l'œil. Avec une émulsion représentant 200 à 300 millions de germes, ces auteurs ont réalisé une ophtalmie purulente amenant la fonte suppurative de l’œil entier avee perforation de la cornée, accompagnée parfois d’une conjonctivite purulente. Debré et Paraf considèrent cette ophtalmie comme une infection due au pullule- ment du Gonocoque. - Au cours d'une série de recherches concernant l'immunité dans les affeztions gonoccocciques, nous avons été amenés à essayer aussi l’ino- culation dans la chambre antérieure de l’œil chez le Lapin. Malgré qu'il s'agissait de cultures particulièrement virulentes et qu’au moins, pour une partie de nos expériences, nous ayons employé des eul- tures fraîchement isolées, nous n'avons jamais pu obtenir l’ophtalmie à Gonocoque reproduite par Debré et Paraf. On obtient en effet régulièrement, en injectant une forte émulsion de Gonocoques dans la chambre antérieure de l'œil, une suppuration accompagnée parfois des phénomènes décrits par ces auteurs. Mais tous ces phénomènes sont, d’après nos recherches, comme d’ailleurs toutes les manifestations expérimentales produites par le Gonocoque chez les animaux de laboratoire, d'ordre simplement toxique. Il ne s’agit pas en tout cas du pullulement de Gonocoque injecté, qu'on ne peut plus mettre en évidence soit en culture, soit en frottis. Ces microbes dispa- raissent même dans le liquide de la chambre antérieure au bout de quelques heures. L'affection n’est pas transmissible à d’autres Lapins, tandis qu'on peut reproduire les mêmes lésions en injectant des émul- sions de Gonocoque tués par la chaleur. Nous croyons donc devoir ranger aussi l’ophtalmie obtenue par Debré et Paraf dans la catégorie des phénomènes toxiques et considérer le. Gonocoque comme non pathogène pour les animaux de laboratoire, soit qu'il s'agisse d'inoculations dans la chambre antérieure, soit qu'il s'agisse simplement de l'infection directe des muqueuses conjonctivales ou génitales. | ( Laboratoire d'hygiène de la Faculté de Médecine de Jassy.) = HISTOGÉNÈSE DE L'IVOIRE OU DENMINE, par Ép. RETTERER. Appliquant à la dent la méthode que j'ai décrite dans une note anté- rieure, J'ai obtenu les résultats suivants pour ce qui est du dévelop- pement de l'ivoire ou dentine de Chiens jeunes. Pour cette étude, il est nécessaire, en raison dela petitesse des éléments, de prélever, au rasoir, BioLoGie. Comp1ES RENDUS. — 1919. T..LXXXII. 39 538 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans chacune des couches ou zones, des morceaux d’une étendue de quelques millimètres et de les débiter, en coupes sériées de 4 à 7 U. Je prends pour type la canine d'un chien, âgé d’un an. 1° Pulpe ou papille dentaire. — Le corps de la papille est formé d’un tissu mésodermique réticulé, semblable à celui que j'ai décrit et figuré (1) (com- plexus de cellules étoilées et anastomosées). Les noyaux sont entourés d’un cytoplasma granuleux qui émet nombre de prolongements granuleux et hématoxylinophiles se subdivisant en ramuscules qui s’anastomosent avec - les homologues des cellules voisines pour former un réticulum hématoxyli- nophile et non collagène. Dans les mailles du réticulum se trouve un hyalo- plasma, sans fibres conjonctives. Il s’agit donc d’un tissu conjonctif jeune, dépourvu de fibres conjonctives, ce qui explique les faits signalés par Rôse, puis 0. Zsigmondy qui n’ont pu obtenir . colle ou gélatine avec les papilles dentaires de Veau ou de Cheval. 2° Zone d'odontoblastes. — À la surface de la papille dentaire se trouvent 3 à 4 rangées de cellules allongées et anastomosées entre elles ; leur grand axe est perpendiculaire à la surface de la papille. L’assise la plus externe comprend des cellules longues de 20 à 26 y et larges de 5 à 6 u. La portion axile de ces cellules ou odontoblastes, qui contient le noyau, n’est large que de 2 ou 3 5; elle est sombre, très granuleuse et très hématoxylinophile. Quant à la portion corticale des odontoblastes, elle est formée de protoplasma réticulé comme le tissu de la papille et constitue une traînée commune avec la portion corres- pondante des cellules adjacentes. 3° Plexus hématoxzylinophile. — Les filaments du réliculum cortical et les prolongements hématoxylinophiles de l’extrémité périphérique des odonto- blastes deviennent si serrés et si abondants qu'ils finissent par former une membrane très fine, simulant un plateau ou une cuticule à la limite externe des odontoblastes. Külliker l’a vue et décrite sous le nom de membranule et L. Fleischmann l’a dénommée lamina terminalis interna. ° Zone réticulée à hyaloplasma mou. — Du plexus hématoxilinophile éma- nent de nombreux filaments également hématoxylinophiles qui, à des dis- tances de 2 à 3 ., s'étendent de la zone des odontoblastes jusque dans l'ivoire. Sur les coupes, ces filaments radiés figurent les cordes d’une harpe et déli- mitent des intervalles larges de 2 à 3 y, mais remplis d’un hyaloplasma très mou et peu colorable. Les filaments radiés sont Forigine des fibres de Tomes; la zone que nous décrivons a une épaisseur de 4, 5 ou 6 y seulement. o Zone d'ivoire à hyaloplasma dense, mais non calcifié. — Épaisse de 20 à 25 y, cette zone présente déjà la structure de l’ivoire; mais les sels calcaires y font défaut. Elle se compose, en effet, de filaments hématoxylinophiles à : trajet flexueux, distants de 2 ou 3 et de cordonnets intermédiaires. Ces der- niers montrent déjà des stries transversales, rameaux latéraux des filaments radiés et de l’hyaloplasma dense alternant régulièrement avec les stries. 6° Zone d'ivoire en voie de calcification. — Épaisse de 50 à 60 y, cette zone tranche par sa couleur sombre et son avidité pour les colorants basiques sur la zone précédente et l’ivoire définitif, Les filaments radiés ou fibres de Tomes (1) Journal de l'Anatomie, etc., 1896, p. 267, PI. V, fig. iv We] SÉANCE DU 24 MAI 53 y sont distants les uns des autres de 3 à 4 .. Du côté de l’ivoire non calcifié, elle présente une limite ou surface irrégulière, due à des saillies ou globes arrondis en voie de calcification, comme si la calcification s’avançait de dehors en dedans et d’une facon irrégulière vers la zone non calcifiée. En devenant définitive, la dentine montre moins d’affinité pour les cou- leurs basiques. En résumé, malgré leurs grandes dimensions, les odontoblastes ne sont que des cellules identiques à celles de la papille. Leur extrémité périphérique se munit de filaments hématoxylinophiles multiples et d’une grande longueur, émettant des rameaux latéraux qui s’anastomosent avec leurs congénères. L'hyaloplasma qui remplit les mailles du réticulum est d’abord mou; ensuite il devient plus dense et finalement il se charge de sels calcaires. La trame de la dentine est plus régulière que celle de la papille et son hyaloplasma, plus abondant, finit par se calcifier. Résultats et critique. — KR. Owen, l'un des premiers, a invoqné, vers 1840, l’origine cellulaire de toutes les parties de l'ivoire ou dentine : les parois et les cavités des cellules de la papille se calcifie- raient pour constituer la portion dure, et leurs noyaux se mettraient en série et se conjugueraient pour former les canalicules dentaires (L). Pour Waldeyer (1865), l'odontoblaste se transforme en dentine, tandis que le noyau se résorbe : la fibre de Tomes serait la portion non calcifiée de l’odontoblaste. Disse (2) se rattache à cette manière de voir : de granuleux qu'il élait dans le principe, l'odontoblaste devient hyalin. K. v. Korff (3)-conclut de l'examen de ses préparations colorées à la rubine $ que la dentine est due à l'épanouissement des fibres conjonc- tives ou collagènes de la papille dentaire; les odontoblastes n’auraient qu'un rôle nutritif et calcificateur. La rubine S ne saurait être un colo- rant spécifique de la fibre collagène, car la papille dentaire ne contient pas de fibre collagène bien qu'elle se colore par la rubine S. Les publi- cations plus récentes de K. v. Korff nous rendent compte des causes d'erreur de cet histologiste qui ignore totalement les stades évolutifs du tissu conjonctif. Pas plus que K. v. Korff, V. v. Ebner (4) ne donne l'épaisseur des coupes qu'il a étudiées. V. v. Ebner, tout en ne faisant pas provenir la trame collagène de l’ivoire de la papille dentaire, admet qu’elle est due à l'organisation d'un fluide sécrété par l’odontoblaste. Ainsi, mécon- naissant Ja structure de la papille et employant une technique défec- tueuse, l’un et l’autre sont arrivés à des résultats qui sont erronés, (1) Morgenstern (1895), puis Hoehl (1896) ont reproduit les idées de R. Owen (Théorie de la conjugation). (2) Anatomischer Anzeiger, t. XXXV, p. 305, 1909. (3) Archiv für mik. Anat., t. LXVII, 1905. (4) Sitzungsberichte der Wiener Akademie, t. XV, 1905, jo 540 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Pour voir les détails de structure il faut des coupes minces, ainsi que des colorations électives et définies. Dans ces conditions, on s'assure que la papilie est formée d’un réseau de cellules mésodermiques sans trace de fibres conjonctives ou collagènes. Les odontoblastes sont des cellules identiques, plus volumineuses et très riches en cytoplasma gra- nuleux. Ce dernier se différencie, ensuite, à partir de la couche corticale de chaque odontoblaste, en réticulum et en hyaloplasma, identiques au réticulum et à l'hyaloplasma qui existent déjà entre deux odontoblastes contigus. En se condensant, la zone mitoyenne de tissu réticulé donne naissance à la masse d'un cordonnet qui ne tarde pas à se calcifier. Pareille transformation, qui débute sur la papille, se poursuit dans toute l'épaisseur de la dentine jusqu à sa surface externe. C'est là ce qui explique l'épaississement des cordonnets et le rétrécissement des espaces intercordonnaux à mesure qu'on approche du cément ou de l'émail. À la surface des cordonnets, une partie de la trame devient élastique. La présence des fibres élastiques rend suffisamment compte de l'élasticité de l'ivoire, sans qu'il soit nécessaire d'admettre, avec W. Gebhardt (1900), que cette propriété est due « à l'équilibre qui s’éta- blit entre l’inextensibilité des fibres collagènes et à l'incompressibilité de la masse interfibrillaire ». En ce qui concerne l’évolution spéciale des cellules superficielles de la papille dentaire, nous savons que les odontoblastes ne se produisent que dans les régions ou les points où le tissu mésodermique est entouré d’un revêtement épithélial (bourgeon ou calotte décrite sous le nom d’organe de l’émail). Cette formation épithéliale non seulement délimite l'organe dentaire dont elle représente le moule; mais, enserrant et comprimant les éléments de la papille, elle modifie leur nutrition et leur évolution de telle sorte que leurs cellules superficielles, ou odonto- blasl{ +, réagissent à la pression par l'élaboration d'une trame réticulée et d’un hyaloplasma qui ne tarde pas à se calcifier. | CONCENTRATION LIMITE DES CHLORURES DANS L'URINE HUMAINE, par J. CHAUSSIN. Au sujet de la concentration limite des chlorures dans l'urine, la documentation semblant tout à fait pauvre (1), nous avons entrepris l'étude de cette question : [. — Au cours d’un régime hypoazolé constant (14 grammes d'urée (1) Heïlz-Boyer et Moreno. La Presse Médicale, 29 mars 1911 : « En ce qui concerne le chlorure de sodium, les conditions qu'exigent les expériences risquent d'être nocives pour le parenchyme rénal, nous n’avons donc pu mul- FONCTION TS SÉANCE DU 24 MAI 541 par 24 heures), nous avons ingéré le sel à des doses progressivement croissantes. Nous avons recueilli, ainsi que dans toutes nos expériences, de 11 à 14 émissions successives d'urine par 24 heures, sur chacune des- quelles nous avons dosé, l’urée et les chlorures. Le tableau suivant donne les caractéristiques générales de cette série. Tableau I. Au cours du nycthémère. . [QuANTITÉ | ; : CONCENTRATIONS CONCGENTRATIONS “ de DÉBIT un DÉBIT marima minima a de des DR. AE Se SEL URINAÏRE| ,. . ; ë ‘ L'URÉE | CHLORURES ; î ajouté : URÉE CHLORURES UREÉE CH: ORURES 4 0 84200 17583 6,17 39 14,9 15 275 2 10 552 13,99- 8,08 30 AS 18,75 10,8 3 20 819 14,50 18,56 20%: 22808 ASE 19 020 1763 14.44 | 39,81 13,75 | 93,8 6,25 2 (*) = Ingestion supplémentaire de 650 c.c. d'eau pour calmer la soif intense. Et le détail est fourni par une représentation graphique du jeu des concentrations des chlorures et de l’urée. Les concentrations des chlorures sont portées en ordonnées posilives el celles de l’urée en ordonnées négatives, la partie correspondant à la nuit est teintée en noir. : Dès le second jour, avec une simple addition de 10 grammes de sel, nous atteignons une concentration de 19 gr. 8, au 3° jour avec 20 grammes de sel nous arrivons à 22 gr. 93, et au 4° jour avec 40 grammes nous n’augmentons presque plus en atteignant 23 gr. 8. Et, fait caractéristique, les concentrations restent sensiblement les mêmes au cours des élimi- nations successives. La soif très intense, étant devenue irrésistible, tiplier les observations, mais de celles que nous avons faites, il semble résul- ter que la concentration maxima du chlorure de sodium dans l'urine de l’homme sain ne dépasse guère 20 p. 1.000 environ. » — Ambard. Physiologie normale et pathologique des reins: : « L'étude des concentrations maxima de Nael est difficile, et nous ne sommes pas parvenu à faire, pour cette substance, l'étude systématique que nous avons réalisée aisément pour l’urée. Chez l'homme, nous manquons de documents précis. Disons seulement qu’une concentration de 17 à 18 p. 1.000 s’observe assez fré- quemment en été, et qu’il nous a été donné de trouver une concentration de 22 p. 1.000. 549 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nous ‘avons bu au repas du soir 650 c.c. d’eau en plus de la ration habituelle. Passage du Sel en Régime Hypoazoté. A) us Cneenbtrations Comcentralront Jngcotion. Fans de 6 50 Eau upphmentsis Nous conclurons donc que la concentration maximum des chlorures est d'environ 24 grammes et qu'il nous a été très facile de la réaliser dans ce régime hypoazoté. O% es C2 SÉANCE DU 24 MAI Nous noterons que la concentration moléculaire de l’ensemble (urée + chlorures), mesurée par la somme (u + 5cl) de leurs points 18,5 3 Là cryoscopiques calculés d'après les formules èu — Be pour l'urée 18,5 : s es ne etocl— _— X K pour les chlorures (K étant le coefficient de correction, en raison de la dissociation électrolytique des chlorures, sensiblement égal à 1,8 dans les limites de dilution des urines considé- rées, p, et p, les concentrations p. 100 de l’urée et des chlorures) est restée inférieure à — 1°70. Ambard ayant indiqué (1): que les concentrations mazima des différen- tes substances dans l'urine sont indépendantes et quechacune d'elles s'élimine comme si elle était seule, nous avons cherché à augmenter le taux d’urée resté faible dans l'expérience précédente, en nous adressant à un régime plus azoté (30 grammes d'urée par 24 heures) avec réduction des liquides, au cours duquel nous avons fait croître le sel ainsi que l'in- dique le tableau : Tableau Il. : Au cours du nycthémère. || QUANTITÉ : - CONCENTRATIONS CONCENTRATIONS El de DÉBIT IDE DEBUE maxima | minima | D de des © » SEL TN Fe nue | TRNTRE TEEN IGHLonRUuREs ; ï | ajouté UREÉE CHLORURES | URÈÉE CHLORURES Er | SERRES 1 RE 0) 1153cc| 27811 13,08 sp MED EAST 5,6 2 | 40 937 | 26,68! ‘1516 | 32,5 18,9 602 lle SD 1063 | 29,15 | 91,94 | 32,5 22 25 16,8 ; ( | Dans cette série au 3° jour nous atteignons 22 pour la concentration des chlorures, chiffre voisin de celui que nous avons trouvé comme concentration limite, réalisé en même temps qu'une concentration de 27,5 pour l'urée; aw cours de cette 3° journée, l'élimination tend à se faire en plateau, concentration aussi bien pour les chlorures que pour l’'urée; nous noterons parmi les concentrations peu différentes pour l’urée 32,5, 30, 27,5, les concentrations correspondantes des chlorures étant 19,4, 21,8, 22. Nous avons arrêté la progression du sel en raison des malaises et de la soif. Faisant suivre ce 3° jour par un régime lacté pur (hyperazoté), nous (1) Ambard et Papin. Comptes ‘en dus de la Soc. de Biologie, 9 janvier 1909. 541 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avons obtenu dans ce 4° jour les concentrations suivantes pour l’urée: 36,25, 40, 47,5, 52,5, avec pour les chlorures les chiffres correspon- dants 18,9, 15,9, 12,16 et 9,82. Nous sommes encore loin de la réalisa- tion simultanée, des 2 concentrations maxima. Nous avons entrepris une troisième expérience qui nous donne dans l'urine des taux d’urée qui se rapprochent de la valeur de ia concentration limite de l’urée, et au cours de cette série nous avons cherché à faire croître les doses de sel pour essayer de réaliser les plus fortes concentrations possibles de sel en même temps que les plus fortes concentrations d'urée. Ce régime alimentaire hyperazoté, à 50 grammes d’urée envron par 24 heures, succède à un régime très chloruré. Le tableau suivant donne comme les précédents quelques cazactéristiques de cette série. Tableau III. Au cours du nycthémère. QUANTITÉ Ê CONCENTRATIONS CONCENTRATIONS E DÉBIT De ARR ER DEBIT IAXUMNA Mint des CR A | |. URINAIRE CHLORURES CHLORURES URÉE CHLORURES 1684cc | 448: 6,5. 15,1, 13,12 25 17,19 | 30 16,15 | 28,75 Nous donnons une représentation graphique du jeu des concentra- tions de l’urée et des chlorures des éliminations successives de 192 à 15 au cours du nycthémère pendant ces 4 jours. Au 3° jour nous ingérons 10 grammes de sel, 5 grammes à chaque repas, et au 4° jour nous nous proposions d'ajouter 10 grammes à chaque repas, mais la dose de 10 grammes de sel ingérée à midi a déterminé un ensemble de malaises avec une sensation de soif si vio- lente qu'il nous a été impossible d'y résister, vers 7 heures du soir nous avons bu 300 c.c. d’eau arrêtant là l’expérience au point de vue sel (1). Notons dans l'après-midi qui a suivi l’ingestion de 10 gr. de sel deux des concentrations de l’urée 37,5 et 45, avec les concentrations des chlorures correspondants 16,15 et 13,6. (1) Conséquence importante au point de vue pratique : si l'on peut user avec une certaine marge de sel en régime hypoazoté, on doit en graduér l'usage, en modérant la dose à mesure que le régime devient plus azoté. SÉANCE DU 24 MAI 545: Donc, dans les séries IT et IIT, mêmes sensations de saturation faisant cesser la progression du sel. Passage du Sel en Régime Hyperazoté. Réunissons en un tableau les nombres donnant ces taux d’urée et de chlorures correspondants aux journées limités de nos séries IL et III 546 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE avec en regard le äu + ücl de la somme urée, chlorurées, nous intercale- rons ces nombres pour en faire une suite continue dans la décroissance des taux d'urée. | RÉGIME RÉGIME | RÉGIME | RÉGIME | RÉGIME RÉGIME er : LAUN HE o. Hipave tr DE Lo Série IT (suite) [Série TITI} foire). |SérieITT| syite). Série TI Taux d'urée | 52,5 | 47,5 | 45 40 315 36,20 | 32,5 4|°30 215 Taux des chlorures.| 9,82! 12,16! 13,6 15,9 165457 1850 195%© 0271582229 — (du ôel) | 2018 | 9°45 | 216 | 9044 | 2007 | 2019 | 9014 | 2046 | 2014 Nous voyons que, aussi bien dans la série IT, que dans la série I, nous nous trouvons arrêté dans la progression du sel, sensiblement pour une même valeur de la concentration moléculaire de l’ensemble (urée + chlorures) et nous avons eu dans les deux cas les mêmes malaises et la même sensation de saturation. Nous conclurons donc, sur notre cas particulier, qu’il y a dans l'urine une concentration globale limite, que cette limite est loin de permettre la réalisation simultanée des concentrations limites des chlorures et de l’urée, réalisées isolément dans des conditions favorables. Que nous soyions plus ou moins rapprochés de cette concentration limite globale, nous avons montré qu'il y avait entre les chlorures et l’urée un jeu de compensation dont nous avons précisé le rythme nyc- théméral. Ces conclusions sont le contre-pied de celles d’'Ambard. Dans une publication plus étendue que nous préparons d'autre part, nous espé- rons démontrer par la discussion détaillée que ce sont les nôtres qui sont fondées. (Travail du laboratoire de Physiologie générale du Muséum d'Histoire naturelle.) SÉANCE DU 24 MAI © EC 1 RÉACTIONS DES VIBRIONS CHOLÉRIQUES DANS LES MILIEUX LIQUIDES GLYCOGÉNÉS TOURNESOLÉS, par JULIEN Dumas. _. Dans cette note, nous nous proposons de mettre en évidence l’action hydrolytique quexerce le groupe Vibrion cholérique sur le glyco- gène (1). On peut utiliser le milieu liquide suivant : Peptone Chapotedut 2% nr nr Î gramme Ghlorurerdessodiume peer 0 gr. 5 CCOLÈNE DUR EME ER RS RSS 0 gr. 5 letnturerdestournesol Ar 2 han er DES? RN CHONE SERRE Et Rens SERRE AE 100 grammes. Après avoir fait dissoudre à chaud la peptone, on ajoute le chlorure de sodium. On alcalinise en ramenant d'abord le milieu à la neulralité en se servant de la teinture de tournesol comme indicateur, et en ajou- tant ensuite 5 c.c. de soude normale par litre de milieu pour avoir une alcalinité suffisante. On fait bouillir à petit feu pendant dix minutes, les phosphates alcalino-terreux se précipitent. On filtre sur papier ordi- naire mouillé. On fait ensuite dissoudre le glycogène en agitant pendant quelques minutes; le milieu prend un aspect opalescent. On verse goutte à goutte la quanlité de teinture de tournesol suffisante, on répartit et on stérilise un quart d'heure à 1402. Des tubes de ce milieu tournesolé ensemencés avec II gouttes d’une culture de 24 heures de Vibrions cholériques (origines : Choléra I. P., Japon 10, Saccio, Sloveno, Galicie, Formose, Pottevin, Bologne, Mar- seille, Oxuyana, Corfou 127, Corfou 139, Corfou 158, Corfou 168, Corfou 169, Corfou 586, Koritza Spiro, Koritza Alice, Koritza Parakisi, Koritza Noilet, Koritza Olga, aimablement mis à notre disposition par M. Salimbeni) poussent abondamment après 24 heures d'éluve en formant un voile à la surface ou en troublant uniformément le milieu. Ils déterminent en 24 heures une réaction acide indiquée par la leinte rose du tournesol, sans production de gaz. Cette réaction acide est nette; elle apparaît entre 18 heures et 24 heures quand la culture est déjà abondante. —_ (1) Dans deux publications, des bactériologistes anglais ont étudié l’action du Vibrion cholérique sur l’amidon : M. H. Gordon. Note on the ability of V. cholerae asiatical to decompose starch. Centralbl. für Bakt., I Orig., t. XLII, août 1906. H. Graeme Gibson. À new solid medium for the isolation of the cholera Vibrio, British Med. Journal, 30 septembre 1916, p. 454. r SOCIETE DE BIOLOGIE 2 548 “od)i[ ed apnos 9p 087 ‘45 0 9FLUIBOTV « “adJiy 1ed 2pnos 9p 007 ‘18 0 : 9YTUITEOTV ‘oaqty ded apnos 9p 00% ‘18 0 : 9JLUITEOTV "aaqi| aed apnos 9p 0ÿG 48 0 : 9FEUTIBOTV AINHIODKA1D NON ‘oaqi] Jed :H30S 9P 0Y£ ‘15 0 : 9FIPI9V “edjiy «ed :HyOS 9P 07e ‘418 0 : 9}IPI9V “ox Jed &H3OS 9P 068 ‘15 0 ë,9PI9V ‘adJi] Jed &HyOS 2P 06€ ‘48 0 : 9HPOV “oajty «ed :H:OS 9P 0YY ‘45 0 : 9FIPI9V HNHIODL TI “od]t} aed apuos 9p 008 ‘18 0 9HUTIBITV “ou1i| 4ed apnos 9p 008 ‘15 0 PYUTEIIY ‘aa}i| ed apnos 9p 06€ ‘19 0 DUTY “aa «ed apuos 9p 00€ ‘18 0 9YUITEOTV ‘ad]i] ed apnos 9p O1 ‘15 0 9HUITUOIY JODX'T9 NON “oajt[ 484 6HrOS 9P 06 ‘19 0 : 91IPIOV ‘aa 1ed &Hr0S 2P 066 ‘19 0 : 9HIPIOV “a4qif aed &H:0S 9P O0YE ‘48 0 : 9JIPI9V “aa]if 1e :Hr0S 9P 06€ ‘45 0 : 9HIPIOV ‘oaui| «ed sHrOS 9P 08% ‘49 0 : 9HPIOV ANHIODXTI “axji| aed 2pnos 9p 0 ‘49 0 9SHULIEO TV .. “oaxqiy ard apnos 9p 068 ‘18 0 : QFIUTIBO IV. ‘odji| «ed apnos 9p 078 ‘19 0 9)TUTIBOTV “oaqt| «ed apnos 9p 0YG ‘19 0 : 9JTUTIUOTV “od)t| ed apnos 9p 0e ‘19 0 : 9HTUITEOTV ANH9ONLXIY NON “ei dec 4H:0S 9P 0ÿ£ ‘15 0 : 9JIPIOV “9IT ed :H10S °P 0e ‘48 0 : 9HIPI9V “odjiy 4e d HrOS 2P 06G 415 0 : 9JIPOV ‘a4qt| aed zHx:OS 9P 07£ ‘18 0 : 9JIPI9V "oaxJiy ded :H:0S 9P 068 ‘415 0 : 9HPIOV ANH9 ONLY “aujt| ded 2pPAUE ap 080 ‘45 0 9JEMITBOTY ‘auqty Je apnos 9p : 0£0 ‘49 0 91LUIBOI V “odqt] 424 apnos 9p 070 ‘18 0 ? SHUTIB9 IV *o4}iy ed apnos 9p 070 ‘10 0 * SHUTIEIIV ‘o4qi 184 apuos 9pP 070 “18 0 : 9JIUI[2{V ‘aaqt| dd apnos 9p 080 ‘45 0 9JLUTUOTV “aaJi| 48d apnos 2p 070 ‘48 0 : QYUTBOIV HNHDODLTI NON ‘ai}i] dd apnos 9p° 080 ‘18 0 ITU TE V “aaxJI| ed apnos 9p 070 ‘15 0 2FUUE9] V ‘94171 Jed cHrOS 2P 0ÿ6 410 ( : 8HIPIOV “o4J1] ad &HyOS 9P OYE ‘19 0 : SHPUV “odJif ded &HyOS 9P 0YE ‘25 0 : 9IPOV ‘adqi] 4ed :H:0S 9P 07€ ‘18 0 : JPY “oaJi| dd «HrOS 9P 076 ‘15 0 HP V ANHY9ONATO 9ANI9 p sano( + 9ANY9 P sanof £ aANJ9.p S91n9U 8y OANJ9,P S8INOU YZ ‘UTOU], "2198-1100 ‘(OL 14) “nDnH910g9 uotuqtA ‘(ua70q) ‘UbH9[OU9 UOIUIA ‘({equog) ‘enbua[ouo uouqiA ‘(errresren) ‘anbus|oyo uoliqIA ‘anbg[ouyo uoHqIA SÉANCE DU 24 MAI 549 Après 48 heures, on observe dans un certain nombre de tubes ense- mencés avec des Vibrions ayant attaqué le glycogène (Corfou 127, Corfou 586, Sloveno, Formose) une collerette bleu violette, indice d’une réaclion alealine, à la surface du milieu, sur 0,5 à 1 centimètre de hau- teur, et une coloration rose, indice d’une réaction acide, dans tout le reste du tube. La formation de cette collerette bleu-violelle à la surface du milieu indique que les substances alcalines se sont formées en quan- tité suffisante pour neutraliser l'acidité. Les jours suivants, les cultures ont les mêmes caractères. Après 10 jours d'étuve à 37°, les phénomènes d’acidité s'atténuent, le glycogène ayant été en grande partie absorbé; les Vibrions cholériques élaborent des substances ammoniacales aux dépens des peptones et le milieu prend une coloration lilas. - Les tubes témoins d'eau peptonée tournesolée, non glycogénée, con- servent leur teinte bleue. Seuls les Vibrions origines Corfou 50 et Ham- bourg ne donnent aucune réaction acide : les tubes de milieu peptoné- glycogéné-tournesolé restent colorés en bleu. De même, les Pseudo-vibrions (origines : Massahoua, El Tor, Denecke et Finckler Prior) présentent les mêmes caractères d'acidification des milieux peptonés-glycogénés-tournesolés. : Au contraire, d’autres microbes d’origine intestinale, Bacilles Sapro- phytes, le Coli-bacille, les 2. fecalis alcaligenes, le B. proteus, le Pyo- cyanique, le Staphylocoque, et les Bacilles pathogènes tels que les Bacilles d'Eberth, paratyphique À et B, et l’enterilidis de Gärtner, les dysentériques Shiga, Flexner, Hiss, Strong ne déterminent aucune modification des milieux glycogénés-peptonés-tournesolés. Parmi les principaux microbes pathogènes, la Bactéridie charbonneuse acidifie - nettement les milieux glycogénés-tournesolés. Le Staphylocoque, le Streptocoque, le pyocyanique, le Bacille diphtérique, le Méningocoque, le Friedländer sont sans action sur le glycogène. Comme le montre Le tableau suivant, l'acidité des milieux ensemencés avec des Vibrions cholériques est formée aux dépens du glycogène. Elle atteint son maximum après 24 heures et tend ensuite à diminuer. DOSAGE DE L'ACIDITÉ DANS LES MILIEUX GLYCOGÈNES. Formule du milieu : Peptone Chapoteaut . DE PR nr SET en Le 1 sramme. _NaCI. D AS arte De ne D ie een Ve Ô gr, 5 Gliyeosene eee Re ee UE te 0 gr. 5 BAUER en Se 00 cé Ce milieu a été alcalinisé en se servant de la phénophtaléine comme indicateur. On s’est servi de cet indicateur pour doser l'acidité et l’alca- linité. Le glycogène n’est pas un aliment suffisant permettant d'obtenir de - 550 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE riches cultures de Vibrions cholériques. En effet, un milieu simplement composé d'eau distillée (109), de glycogène (0,5), de chlorure de sodium (0,5) et alcalinisé comme le milieu précédent, permet d'obtenir de maigres cultures, par suite du manque de substances azotées, mais suffisantes cependant pour observer dans les tubes ensemencés avec des Vibrions cholériques une disparition de l’opalescence. Au contraire, les tubes glycogénés ensemencés avec des microbes attaquant peu le glycogène, tels que l’Eberth, les paratyphiques A et B et les Bacilles dysentériques conservent leur opalescence. Il est en outre facile de se rendre compte, en dosant le glycogène avant et après ensemencement, qu'une grande quantité de cet hydrate de carbone a été utilisée et trans- formée par ces Bactéries. Ainsi, des tubes de 40 c. c. d'eau peptonée à 4 p. 100 et contenant O0 gr. 05 de glycogène, ensemencés avec des vibrions cholériques après 4 jours d'étuve à 37°, contiennent entre 0 gr. O014et 0 gr. 006 de cet hydrate de carbone. Au contraire, les mêmes milieux ensemencés avec du Coli-bacille renferment 0 gr. 039 de gly- cogène. En résumé, nous pouvons affirmer que le groupe Vibrion cholérique et Pseudo-vibrion cholérique détermine dans les milieux liquides une hydrolyse du glycogène en le transformant en maltose et en glycose et ensuite en acide lactique. La constance de cette réaction permet d'en faire un caractère du groupe Vibrion cholérique et peut servir en pratique à l'identification de ces microbes. DE L'EMPLOI D'UNE HUILE QUININISÉE, LIPCÏDÉE, CAMPHRÉE, COMME MÉTHODE 6 THÉRAPEUTIQUE DU PALUDISME GRAVE, Note de Mowziors et CasTEL, présentée par M. WEINBERG. Les phénomènes cliniques que l'on observe au cours des accès palu- déens pernicieux nous permettent de penser que, sans en connaître la pathogénie exacte, le syndrome est dû à une intoxication massive de l’organisrhe et des centres nerveux en particulier. Sans que l'on puisse l'affirmer, il est probable que les phénomènes observés sont dus à une éclosion brutale de schizontes provoquant dans le sang des modifica- tions physico-chimiques profondes. Quelle que soit la théorie patho- génique invoquée, il faut attaquer l’hématozoaire dans le plus bref délai pour le détruire et pour éviter l’éclosion de nouvelles générations de parasiles. ? Par la voie gastro-intestinale et par la voie hypodermique, le but poursuivi n’est atteint qu'imparfaitement, car les sels de quinine sont SÉANCE DU 2% MAI 551 résorbés lentement par suite de la diminution des échanges biologiques des cellules et des tissus. La plupart des auteurs qui ont étudié la question ont établi la néces- sité des injections intraveineuses de quinine. Malgré l'efficacité reconnue de cette méthode, on a noté des insuccès qui peuvent être expliqués par le fait suivant : Après une injection de sérum quininisé (1) les dosages de quinine exécutés dans le sang nous ont permis de constater que la quantité de quinine circulante est très minime et que l’alcaloïde disparait très rapidement du milieu sanguin. Nous nous sommes proposé de rechercher une combinaison de qui- nine qui, introduite dans le sang, pouvait constituer un réservoir d’al- caloïde et qui, fixé sur les éléments organiques du sang, en retarderait l'élimination et la fixation sur les organes et sur les tissus. Ayant eu l’occasion de faire une injection intraveineuse d'huile camphrée (méthode de Le Moignic) dans un cas d'accès pernicieux algide, pour essayer de remonter la tension artérielle qui était extré- mement basse, nos nous sommes demandé s’il ne serait pas possible d'ajouter à celte huile camphrée, dont les heureux effets sont incontestés | à l'heure actuelle (2), l’alcaloïde spécifique de l’hématozoaire : la quinine. À celte huile camphrée, quininisée ainsi obtenue, nous avons ajouté des lipoïdes. Nos expériences nous ont, en effet, permis de nous rendre compte que les combinaisons de quinine en circulation dans le sang étaient organiques et que les principaux facteurs qui intervenaient dans leur formation étaient les lipoïdes, les cholestérines, les acides gras, les graisses normalement contenus dans le sang. De plus, nous avons été amenés à supposer que les lipoïdes qui favorisent la perméabilité des cellules pour certains corps pouvaient intervenir heureusement pour permettre l'absorption intraglobulaire de la quinine. Il a été constaté d'autre part (3), que la cholestérine diminue d'autant plus dans le sang des paludéens que l'accès est plus grave. Ces dernières-considéralions @nt servi de base pour la constitution d’une huile contenant par centimètre cube 5 centigrammes de quinine, (1) Le détail de ces expériences sera donné dans une communication ultérieure. (2) a) Le Moignic et Gautrelet. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 18 février 1918; — bd) Heitz-Boyer. Bull. et Mém. de la Soc. de Chir., n° 8, 5 mars 1918; — c) Séance de la Société de Biologie, consacrée au shock. (3) a) René Porak. La cholestérinémie dans le paludisme. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 13 avril 1918; — b) Crespin et Zaky. Physio- logie accès palustre. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 8 mars 1919. + 052 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RS PE ER 10 centigrammes de camphre et 5 cenligrammes dé lipoïdes. Nous l'avons employée dans 3 cas d’accès pernicieux qui feront l’objet d’une prochaine communication. TROIS CAS D'ACCÈS PERNICIEUX TRAITÉS PAR LA PONCTION LOMBAIRE ET PAR L'INJECTION INTRAVEINEUSE D'HUILE QUININISÉE, LIPOÏDÉE, CAMPHRÉE. Note de MowzioLs et CasTEL, présentée par M. WEINBERG. Nousavons exposé dans une précédente communication les idées théo- riques qui nous ont guidés pour obtenir une huile quininisée, lipoïdée, camphrée. À la suite des résultats obtenus par l’expérimentation chez l'animal, nous n’avons pas hésité à tenter cette méthode thérapeutique sur trois de nos malades atteints d'accès pernicieux et entrés dans notre service du 15 au 20 octobre 1918. ° > L'un d’eux avait sur son billet d'hôpital la mention suivante : « Cour- bature fébrile, température 39°%5. Phénomènes nerveux assez prononcés, agitation pendant la nuit ». Le médecin de garde qui l'examine pense à une méningite cérébro-spinale. Le malade est dans le coma, tous les réflexes sont abolis, les pupilles sont très dilatées. Une ponction lom- baire immédiatement pratiquée ramène du liquide eau de roche sous assez forte pression. L'examen microscopique ne décèle qu’une légère lymphocytose. Un frottis de sang prélevé au même moment montre de très nombreux schizontes de PJ. præcox. Une injection d'huile qui- ninisée, lipoïdée, camphrée de 2 c. c. est faite dans une veine du pli du coude. Le pouls qui était très petit, filant, presque incomptable, reprend de l’amplitude et de la force. Une heure après cette injection intravei- neuse, nous faisons au malade une injection de 10 c.c. de la même huile quininisée dans les muscles de la fesse. Le malade reste dans le coma jusqu'à la fin de l’après-midi. À ce moment il semble comprendre ce qu'on lui dit, mais il ne parle pas et il refuse toute alimentation. Dans la soirée une sonde, passée par le nez, permet de lui faire prendre un demi-litre de lait dans lequel on ajoute 80 centigrammes de quinine en solution. La nuit est calme et le lendemain matin le malade a repris toute sa connaissance. Nolre second malade entre à l'hôpital pour une éruption suspecte, polymorphe qui fait penser à une intoxication gastro-inlestinale. Un purgatif salin est administré. Dans la soirée la température monte à 40° et tombe le lendemain matin à 37. L’éruplion a complètement disparu, la température remonte de nouveau; on pense au paludisme, on fait un froltis et on prescrit 1 gr. 50 de quinine à prendre en 3 fois dans la SÉANCE DU 24 Mai 559 journée. Dans la soirée, après l'absorption de 1 gramme de quinine, le ma- lade tombe dans:le coma. Le résultat de l'examen microscopique indique de très nombreux schizontes de PI. præcox. Le diagnostic d'accès per- nicieux comateux s'impose. Une ponction lombaire est pratiquée et une injection intraveineuse et intramusculaire de notre huile est faite aux mêmes doses que pour le cas précédent. Le résultat est aussi favorable : et, à la visite du lendemain, le malade a repris son aspect normal. Notre troisième malade, entré dans le service d’un de nos camarades pour bronchite grippale et mauvais état général, présente à son arrivée à l'hôpital un syndrome méningé si net qu'il est évacué sur notre service. La ponction lombaire donne, comme dans les deux autres cas, du liquide eau de roche, sous forte pression. Après centrifugation quelques lymphocytes seulement sont décelés par l’examen microscopique. Un frottis de sang montre la présence de très nombreux schizontes de PI. præcox. Le pouls, qui était presque incomptable au moment où nous faisions l'injection intraveineuse d'huile, subit au cours de l'injection même des alternatives de force et de défaillance. Le malade présente quelques accès de toux quinteuse et spasmodique. La répétition de ces quintes dans la soirée et dans la nuit permet de rapporter à l’état pul- monaire les phénomènes constatés. Nous injectons dans les muscles de la fesse 10 c. c. d'huile quininisée. À minuit l’état du malade est légère- ment amélioré. Ce dernier n’a pas complèlement repris connaissance, mais 1l ébauche le mouvement de tirer la langue lorsqu'on lui en donne l'ordre. Le lendemain matin l'amélioration est extrêmement sensible, le malade n’a qu’une légère prostration. : De ces trois observations on peut tirer les conclusions suivantes : L'injection intraveineuse de notre huile quininisée est absolument inoffensive chez l'homme. La dose de 2 c.c. que nous avons employée ne contient que 40 centigrammes de quinine; elle a été suffisante cepen- dant pour enrayer la marche foudroyante de l’affection, pour faire cesser le coma dans les 12 heures environ qui suivent la piqüre et pour permettre d’instituer un traitement quinique intensif. La ponction lombaire est un adjuvant extrêmement précieux de l’in- jection d'huile quininisée, comine nous avons pu le constater dans un cas antérieur d'accès pernicieux avec ictère. Nous aurions voulu apporter un plus grand nombre d’observations, mais la saison avancée ne nous a pas permis d’en observer d'autres. BioLociEe. COMPTES RENDUS. — 1919. T, LXXXII, 40 ss A SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [NOUVELLE MÉTHODE D'ÉTUDE DES PEROXYDASES LEUCOCYTAIRES : L'INDICE PEROXYDASIQUE HÉMATIMÉTRIQUE, par NoEL FIESSINGER. Une méthode qui permettrait une évalualion comparative du dyna- misme leucocytaire pourrait apporter de précieux éclaircissements dans l'explication de cerlains processus pathologiques. Les méthodes dont nous disposons acluellement sont insuffisantes. Nous n'insisterons pas sur les expériences de résistance leucocytaire aux solutions leucolysantes, l'étude d’une résistance de cellule morte ne permet aucune conclusion au sujet de l’activité de cette cellule avant sa mort. Les épreuves de phagocytose expérimentale de particules solides microscopiques (charbon, bactéries luées, etc.) sont très déli- cates à instituer et leur difficulté technique s aggrave de nombreuses causes d'erreur. À notre avis, la connaissance des ferments des leucocytes peut offrir une méthode de comparaison. Nous avons espéré obtenir la solution du problème dans l'étude des protéases du leucocyte. Avec René Clogne (1) nous avons tenté de fixer un indice protéolytique leucocytaire. Nousavons cherché en nous aidant des leucocytes du sang à fixer un coefficient de protéolyse apprécié par le taux d’azole-formol produil par 10 millions de polynucléaires. Mais ce coefficient varie sur le même sujet suivant la concentration des solutions en leucocytes. Pour un même nombre de leucocytes, plus la dilution est grande, plus la quantité d'azote formol formée augmente. Or, ce qui est difficile dans les dilutions de ces émulsions leucocytaires, c'est d'obtenir une concentralios, toujours la même, et les difficultés techniques nous ont po abandonner cette méthode. En 1912, nous avons, avec Mi! 1 Roudowska, tenté de comparer les réactions microchimiques obtenues dans la mise en évidence des oxydases directes par la technique de Rôhmann et Spitzer. Mais nous signalions l'importance des causes d'erreur. Récemment nous avons repris cette étude en nous aidant des réactions peroxydasiques à la benzidine suivant la technique que nous avons signalée en 1912 (2) et modifiée par Graham (3). L'évaluation de la réac- (1) Noël Fiessinger et René Clogne. Étude sur le pouvoir protéolytique des leucocytes polynucléaires normaux du sang circulant. Annales «le médecine, juillet-août 1917. (2) Noël Fiessinger et L. Roudowska. La réaction microchimique des oxydases dans les tissus humains. Archives de méd. expér. et anat. path., sep- tembre 1912. (3) G. S. Graham. Benzidine as a peroxidase reagent for blood smears and Tissues. The Journal of Medical Research, September 1918, p. 15-25. Qc SÉANCE DU 24 MAI 55 tion sur lame sèche expose à des erreurs grossières. Chaque jour il faut préparer le réactif et son activité est difficilement constante élant données les quantités minimes de benzidine et d’eau oxygénée employées. Voici la technique nouvelle que nous proposons : elle est basée sur la numération hématimétrique des éléments leucocytaires donnant la réaction des oxydases. 1° Préparer à chaud la solution : AMICODL AS OO SE Rene er en + 0 CaC. Benzidinen ts 4 se + . . + Quelques grains Les meilleures solutions sont celles qui sont suffisamment diluées pour ne pas cristalliser à froid. Refroidir au courant d’eau froide et ajouter une fine goutte d’eau oxygénée; on peut teinter cette solution avec quelques gouttes d’une solution aqueuse de safranine. Cette solution peut être conservée plusieurs jours sans altération. 20 Diluer au mélangeur de Potain le sang dans la solution [précédente au 1/200, 3° Numérer à la chambre de Malassez. Les hématies sont hémolysées et ne laissent subsister que leurs stromas. Les leucocytes peroxydants sont colorés en bleu foncé ou en brun. Les autres sont clairs et leurs noyaux se colorent en rouge par la safranine. La distinction est facile et la numération des uns et des autres est possible. - Normalement, l'indice peroxydasique leucocytaire oscille entre 3.500 et 4.000 pour 1.000 à 2.500 éléments non oxydants par millimèlre cube. La réaction n’est ni constante, ni égale sur les polynucléaires, elle fait presque toujours défaut chez les mononucléaires et les lymphocytes. Nous rapporterons prochainement les résultats Dune par cette technique en clinique médicale. (Travail du Laboratoire du D' Œliinger à l'hôpital Cochin.) Qt SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉLECTION DE DEUX MEMBRES TITULAIRES. Liste de présentation. Première ligne : MM. DEBRÉ et GUIBLAIN. Deuxième ligne se M. . GUILLEMINOT . ES ENS : MM. BALTHAZARD, BRUMPT, GUILLEMINOT et Mawas. Premier tour. — Votants : 39. GUILLAIN 7 2 DEBRÉ . BRUMPT Mawas. BALTHAZARD GUILLEMINOT . , Deuxième tour. BRUMPT. . DEBRÉ . . . Mawas. obtient : 28 voix. Élu. — 16 voix. — 12 voix. — 1 Voix. — G voix. [Q — 5 voix. — Votants : 26. obtient : 1% voix. Élu. —— 9 voix. — 2 Voixe — 1 voix. 1 ©f OC RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE SÉANCE DU 10 MAI i919 SOMMAIRE Bogz (L.) et Duaor (E.) : La réac- DALCE En ee M UN eos eL 559 tion de fixation avec les antigènes Doumer (E.) : Action diurétique de Calmette et Massol et le pro- AUDI ES RE Re en ea 557 nostic de la tuberculose pulmo- Présidence de M. Wertheimer ACTION DIURÉTIQUE DU RIZ, par E. Doumer. Tous ceux d’entre nous qui ont vécu les 50 mois de l'occupation de Lille par les Allemands ont constaté l’amaigrissement parfois très rapide de là population et certainement ont été frappés de son ‘parallélisme avec la polyurie très accusée dont elle était atteinte sans peut-être se rendre toujours un compte très exact de la relation qui existait entre ces deux phénomènes (relation dont je parlerai dans une autre commu- nication). Cherchant à me rendre compte du mécanisme biologique de cette polyurie j'ai d'abord fait une première constatation, à savoir qu'il exis- tait un certain rapport entre elle et le riz qui, on s’en souvient, a été pendant de longs mois la base de l’alimentation des Lillois. On se sou- vient aussi que pendant cette période les besoins d’uriner étaient très fréquents, les mictions abondantes, que les habitants étaient obligés pour la plupart de se lever 3 et même 4 fois par nuit pour satisfaire de pressants besoins. Ge sont là des phénomènes que tous les médecins de Lille ont pu observer très souvent chez des individus, quel que fût leur état de Santé et leur sexe. S'ils étaient moins marqués chez les enfants dont la vessie est plus tolérante, ils se traduisaient chez ceux qui étaient atteints d'incontinence nocturne par une émission plus abondante et par 558 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE un retour de cette infirmité chez ceux qui en avaient élé atteints autre- fois. Pour préciser cette relation j'ai mesuré les volumes d'urine émis dans la nuit chez des personnes bien portantes d’ailleurs, que je soumettais le soir à un repas déterminé. Pendant six jours consécutifs ils prenaient vers 7 heures du soir un repas composé de 150 grammes d'’infusion de chicorée et de 160 grammes de pain ; dans une autre série de mesures, le repas du soir con- sistait en 350 grammes d’infusion de chicorée et de 260 grammes de riz à l’eau contenant 40 grammes de riz sec. Voici (tableau I) les volumes moyens émis par ces personnes entre 19 heures et 8 heures. TABLEAU I. _——— REPAS AU PAIN REPAS AU RIZ SUJETS (MOYENNE DES 6 JOURS) (MOYENNE DES 6 JOURS) J. G., garcon de 14 ans 362 C.c. 505 €.c. (en léger amaigrissement). l(min. 310 e.c. — max. 390 c.c.)| (min. 500 c.c. — max. 51% c.c.) A. D., femme de 48 ans SJ CAC: 1R281%C:C: (amaigrissement tr.rapide).|(min. 705 c.c. — max. 955 e.c.)|(min. 1.160 c.c. — max. 1.345 c.c L. L., homme de 53 ans 130 c.c. 1#308c20c: (amaïgrissement tr. rapide). |(min. 685 c.c. — mar. 850 ce.c.)|(min. 1.205 c.c. — max. 1.450 c.c.) J. R., femme de 32 ans 481 C.c. 652 c.c. (pas d’amaicrissement). |(mün. 495 c.c. — max. 535 c.c.)| (min. 585 c.c. — max. 130 c.c.) Quoi que le pain des boulangers lillois soit irès peu salé, j’ai tenu à me rendre compte dans une expérience de contrôle de l'influence que pourrait avoir sa faible teneur en sel; pour cela, après avoir soumis un sujet pendant deux périodes de six jours au régime précédent, je l'ai tenu encore pendant six autres Jours à un régime ou le pain ordinaire était remplacé par du pain déchloruré. Voici (tableau Il) les résultats de ces recherches. Tagzgau Il. — G. D., homme de 56 ans; bonne santé générale, amaigrissement appréciable. REPAS REPAS à REPAS JOURS AU PAIN ORDINAIRE AU RIZ AU PAIN DÉCILORURI BEPMIEr NAN TU ICHNCACE 4400 CC: 850 c.c. Deuxième . . , . 100 c.c. 1%810°C.C. HOSRCAC: Troisième . . . . 690 c.c. ASC: 830 c.c. Quatrième. . . . 1H0CAC 1PASDICAc: 700 c.c. | Cinquième, . . . AOC 1.310 c.c. 810 c.c. MSIxIème NET ITE 650 c.c. 1.950 c.c. 155 c.c. SÉANCE DU 10 Mai 559 Enfin dans une dernière série de mesures j'ai cherché combien de temps après l’ingestion le riz produisait celte action diurétique ; pour cela je mesurais avec soin le volume de chaque miction. Les résullats sont compris dans le tableau III. TasLeau II. — Méme sujet que pour le tableau précédent. JOURNÉE AU RIZ JOURNÉE AU PAIN 19 heures (repas type) . DÉMEUTES ET. see, 210 c.c. 155 c.c. 2hhelress 0... ; 200 c.c. 1 heure. . . Sn 350 c.c. 2 heures et demie. 1,360 c.c. 250 c.c. 865 C.c. SANEUTES Sn 290 c.c. DANEUTÉS EEE EN 270 c.c. SÉeUTES er set 910 C.C. / 190 c.c. 1Héheures tr se DDC Cr 240 c.c 13# heures 230 cc. 280 c.c JE ANEURÉS EE Le. : 250 c.c. » 1.150 c.c. 190 c.c 4.010 c.c. HÉNEUTESES A 210 c.c. 170 c.c Toheures rie 185 c.c. 130 c.c Totaux : 2.510 c.c. Totaux : 1.875 c.c. 11 semble bien, d’après les faits qui précèdent, que le riz a une action diurétique. Mais cette action est-elle réelle ou apparente? Est-elle directe ou indirecte ? C’est là un point sur lequel je reviendrai ultérieu- rement. LA RÉACTION DE FIXATION AVEC LES ANTIGÈNES DE CALMETTE Er MaAssoL ET LE PRONOSTIC DE LA TUBERCULOSE PULMONAIRE, par L. Bozz et E. Dunor. Au cours de recherches sur la réaction de fixation dans la tuberculose, praliquées avec les antigènes de Calmette et Massol en appréciant sui- vant la technique de ces auteurs la quantité d'anticorps contenue dans chaque sérum par le nombre de doses minima d’alexine déviées, nous nous sommes allachés aux indications que peut apporter cette méthode au point de vue du pronostic. Les conclusions que nous en pouvons tirer à cet égard sont les sui- vantes : 1° La présence des anticorps tuberculeux-est un indice de haute valeur en faveur de l'existence d'une tuberculose pulmonaire en activité : par là son étude est préférable à celle des réactions à la tuberculine, rendues banales chez l’adulle par leur trop grande sensibilité. La réac- 560 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE tion de fixation est plus marquée avec l’antigène A2 (extrait peptoné) qu'avec l’antigène A1 (extrait aqueux), surtout au début de l'affection. Chez les tuberculeux pulmonaires avérés (86), la réaction a été posi- tive dans 77,9 p. 100 des cas. Par contre, les sujets sains (7) n’ont donné aucune réaction positive alors que la cuti-réaction existait, et Les malades porteurs d’affections non cliniquement tuberculeuses ou syphi- litiques (39) ont présenté seulement 8,7 p. 100 de réactions positives; 2 Si l’on considère les divers stades de la tuberculose pulmonaire, la courbe des anticorps d'abord basse s'élève pendant la première et la deuxième période, se maintient ou s’accroit au début de la troisième période; à la phase ultime les anticorps peuvent disparaître d’une façon brusque, en coïncidence avec les progrès de la cachexie prémonitoire de la mort, constatation conforme à celles de R. Letulle et de Besredka. En moyenne, le taux des anticorps dans le sérum des malades a été de 16 unités; Calmette et Massol ont montré que le traitement tubereu- linique pouvait l'augmenter considérablement. 3° Si l’on considère le mode évolutif de la tuberculose pulmonaire, il n'existe pas de parallélisme entre la teneur du sérum en anticorps et la gravité de la maladie. L'absence habituelle de la réaction de fixation dans la tuberculose chirurgicale simple, forme localisée et curable, con- firme également que les anticorps ne sont pas indispensables à la lutte de l’organisme : sur 12 cas de tuberculose chirurgicale, la réaction a été négative 9 fois. Eu un mot, la présence des anticorps semble moins fac- teur d’un processus de défense que témoin d'un processus d'infection ; à ce titre, la réaction présente peu de valeur pronostique, ce qui vient à l’appui de l'opinion antérieurement exprimée par Lüdke, Bezançon et de Serbonnes. 4° Avec la cuti-réaction, la réaction de fixation n'a aucune relation nécessaire de coexistence ou d'intensité, ainsi que l'avaient noté Wolf et Musham, Caulfeild et Beatty, et contrairement à l'opinion d'Armand- Delille. Au premier degré de la tuberculose pulmonaire, la cuti-réaction et la réaction de fixation existent généralement ensemble. La dissocia- tion suivant le type cuti-réaction négative et réaction de fixation positive indique une étape avancée et une évolution défavorable de la maladie. Enfin, la formule se modifie à la phase terminale, faillite de tous les modes réactionnels où la réaction de fixation elle-même disparait. En résumé, l’élude de la réaction de fixation dans la tuberculose pul- monaire fournit des notions très intéressantes sur l’état acluel du malade, mais donne moins d'indications sur l’évolution ultérieure de la maladie, sauf au stade ultime. ({nstilut Pasteur de Lille et Clinique médicale de la Charité.) Le Gérant : OcTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAREeTHEUx, directeur, 1, rue Cassette, A agé |L à rl 2 GES gas a 2 nl SÉANCE DU 31 MAI 1919 SOMMAIRE Cauzrery (M.) et Mesxiz (F.) : Sur l'origine et la différenciation des testicules chez Xenocæloma brumpti C. et M., Copépode parasite des Polycirrus arenivorus Caull. . . .. Costa (A. C. pa) : Sur le proces- sus de formation de l’amnios chez Miniopterus Schreibersii Natterer . Degré (R.}, Letuce (R.) et Ser- Gent (L): Valeur des granulations de Babès pour le diagnostic bacté- riologique des angines diphtériques - et la recherche des porteurs de ger- Dovon (M.) : Antithrombine des organes. Action de la peptone ... Hozcanne (A.-Cu.) : Principe d’une nouvelle méthode de classifica- tion des albumines des urines de lLomme + DR a ne HozLanoe (A.-Cn.): Substances al- buminoïdes précipitées par le sul- fate d'ammoniaque et réactions biochimiques < Kopaczewskr (W.) : Le rôle des phénomènes physiques dans la pro- duction du choc «anaphylatoxique ». Lauxoy (L.) et Mme DeBarT-Pox- eee Lerogre ere) /enetin2re"e 561 590 Présidence de RECHERCHES SUR LA TEMPÉKATURE DES MUSCLES DU SQUELETTE DANS san (S.) : Sur la protéase du Vi- brion cholérique. .. . : . : . . . te LéoPpocn-Lévi Des angio-cri- IE SP re den RU mecs latte LisBoNNE (M.) et CARRÈRE (L.) : Re- cherches sérologiques dans un cas .de typhus exanthématique Marie (A.) : Du mode d'action de l'adrénaline vis-à-vis des toxines SOIURI ESS mens Marinesco (G.) : Recherches sur la température des muscles du sque- lette dans certains états patholo- giques du système nerveux . .. .. Menpez (J.) : Cladothrix et in- fection d'origine dentaire (Clado- CRIILAMAUCRON) RE - Rerrerer (Éo.) : Structure et ori- gine derFémail dentaire. . =... TErROINE (É.-F.) : Sur une nou- velle conception du rôle des divers aliments dans la nutrition. Obser- vations à propos des recherches de M. Maignon . . ... RE TOC Woman (E.) : Elevage asepti- que de larves de la mouche à viande (Calliphora vomiloria), sur milieu stérilisé à haute lempéra- M. Ch. Richet. CERTAINS ÉTATS PATHOLOGIQUES DU SYSTÈME NERVEUX, par G. MARINESCO. D61 581 561 533 511 574 Quelques auteurs ont exploré à l’aide des aiguilles thermo-électriques la température des muscles soit chez les divers animaux, soit chez BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. à 41 562 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE = l’homme, mais nous manquons presque complètement de données sur les modificalions de la température des muscles dans les divers états pathologiques. Il était à prévoir que les lésions du système nerveux, qui . gouverne l’activité des muscles, vont retentir sur la production de cha- leur, car les muscles constituent un foyer principal de la chaleur ani- male. Nous avons examiné la température des muscles à l’aide de l'appareil de M'° Grunspan, dans quinze cas d’hémiplégie organique, dans huit cas de paralysie agitante, dans six cas de paraplégie spasmodique. A ce point de vue, nous avons encore examiné deux cas de maladies de Friedreich, quatre d’ataxie locomotrice, un de paralysie infantile. Puis, des cas de blessure des nerfs périphériques répartis comme il suit : un * cas de paralysie de plexus brachial, un autre de blessure du médian et du radial, un troisième de blessure du nerf radial au bras, deux cas de lésion du médian et du cubital à l’avant-bras, un cas de maladie de Thomsen, quatre cas de myopathie primitive, un cas de maladie de Volkmann, et enfin trois cas de myxœdème. En ce qui concerne l'hémiplégie organique, quel qu’en soit le siège, on peut dire qu'en général les muscles du côté paralysé présentent un abaissement de la température dépendant de deux facteurs, à savoir : durée de la maladie et degré de contracture. Notre examen a porté de préférence sur les muscles biceps, longs supinateurs, fléchisseurs des doigts et parfois l’'éminence thénar et hypothénar (1). : L’abaissement de température s'accentue à mesure que nous appro- chons des extrémités, il est parfois considérable dans les petits muscles de la main : éminences thénar el hypothénar. Les différences de tempé- rature entre les muscles symétriques des deux membres varient entre 1 et 10°, c'est-à-dire que la température des muscles contracturés peut atteindre cet écart. Des variations aussi considérables de température n'existent que dans les hémiplégies complètes accompagnées de con- tracture et datant depuis longtemps. Il y a un rapport inverse entre l’abaissement de température et les mouvements volontaires. La même différence existe pour les membres inférieurs correspondant à l’hémi- plégie, mais elle n’est pas si accusée que dans les muscles des membres supérieurs. En outre, je dois ajouter que dans les hémiplégies accompa- gnées de troubles vaso-moteurs, l’hypothermie de la main est encore plus accentuée et la différence de température entre les petits muscles de la main peut varier entre 3, 6 et 8°. L'hypothermie du muscle en état de contracture ou d'hypertonie con- (1) Brissaud et Regnird ont constaté, au moyen d’aiguilles thermo-élec- triques, que les muscles contracturés ont la même température que les muscles sains et même qu'ils semblent un peu plus froids de quelques dixièmes de degré tout au plus. SÉANCE DU 31 MAI 563 stitue un phénomène important par sa siguification physiologique et les relations du tonus avec la chaleur (1). Certains physiologistes ont admis que le muscle au repos prend une part active à la calorification, c'est-à-dire qu'il ÿy a une chaleur de tonus. Mais ceei ne paraît pas être exact comme nos constatations faites sur la chaleur du musele contracturé le prouvent. On pourrait objecter à notre , manière de voir que ce sont les troubles vaso-moteurs accompagnant l’'hémiplégie qui sont responsables des troubles de ia température des muscles que nous avons décrits. A ceci on pourraitrépondre que cette hypothermie existe à des degrés différents, il est vrai, dans les muscles contracturés de la racine du membre comme dans ceux des extrémités. Je ne veux pas nier par là que les troubles vaso-moteurs ne jouent un certain rôle dans l’hypo- thermie des muscles contracturés des extrémités. Mais c’est là un fac- teur adjuvant. Ce qui paraît bien le prouver, c’est l'hypothermie qui existe fréquemment dans les muscles de sujets atteints de la maladie de Parkinson, dans une maladie par conséquent où il y a surtout de la rigidité musculaire sans tronbles vaso-moteurs. . Or, nous avons trouvé dans la grande majorité des cas de Parkinson, là où il n'y a pas de tremblement, une hypothermie très accusée aussi bien dans les muscles des membres inférieurs que dans ceux des membres supérieurs. Cette hypothermie peut même dépasser celie ._ constatée dans les muscles contracturés des hémiplégiques: C'est ainsi par exemple que chez un Parkinsonien, malade depuis 13 mois, la température des muscles du bras ne dépassait pas 34° et celle des muscles de l’avant-bras était inférieure à 30°. La lempérature des muscles de l'éminence thénar était au-dessous de 25°. Il y a un phéno- mène important à retenir, c’est que l'hypothermie des muscles agités de tremblement n’atteint jamais des proportions si marquées. On a l'im- pression que les contractions cloniques maintiennent au moins la tem- pérature des muscles, tandis-que les hypertonies la font descendre. Enfin, nous pouvons citer d’autres cas en faveur de celte opinion. Ce sont les observations de diplégie cérébrale et de Rene spasmo - dique. Nous avons constamment trouvé une hypothermie plus ou moins accusée des muscles des membres inférieurs chez ces malades. Le degré de l'hypothermie est toujours en rapport avec le degré de contracture et . avec la durée de la maladie. Deux cas de diplégie cérébrale (maladie de eue Physiologie ; _ Little) vont illustrer cette opinion. Une malade atteinte de cette mala- (1) Voir à ce propos, l’article « Chaleur » de Charles Richet, in Dictionnaire — Chaleur animale et Bionergétique, par Jules Lefebvre et RE Piéron; — Du mécanisme de la psychothérapie dans les contractures D oanelles, in Le Progrès médical, n° 45, 1918. w SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE © en & die et qui ne marche plus depuis plusieurs années, présente une hypo- thermie très accusée des muscles des jambes (27 à 28°); tandis que les extenseurs des avant-bras, muscles qui fonctionnent normalement, avaient une température de 38°. Par contre, une autre malade, souffrant de la même affection, mais pouvant marcher et descendre l'escalier ne présentait qu'une différence de 3° entre la température des muscles des jambes contracturés et celle des muscles de l’avant-bras. Ces constata- tions sont en harmonie avec les recherches de Sherrington sur le tonus de posture, avec les analyses.chimiques de Pekelharing qui a montré que l'action tonique prolongée des muscles du squelette, de même que le réflexe de posture du chat décérébré est accompagné d’une augmen- tation sensible de créatine et de créatinine, ce qui veut dire que le sub- stratum chimique d’un muscle à l'état d'activité tonique est différent de celui sous l’activité clonique; ceci devient d'autant plus intelligible que Roaf a trouvé que le dégagement d'acide carbonique et la consomma- tion d'oxygène chez l'animal décérébré ne sont pas plus grands dans l’intoxication par le curare. Ensuite, Frôühlich et Meyer ont vu que dans la rigidité due à la toxine tétanique, non seulement il n’y à pas diminution de glycogène, mais au contraire il y a une de cette substance dans le muscle. À ceci nous pouvons ajouter encore deux one ul, C'est d’une part, les changements de l'onde de négativilé dans les muscles en état de contracture comme le montrent les expériences de Gregoret Paul Schilder, de Samkow et celles que nous avons faites avec le professeur J. Athanasiu. D'autre part, la chronaxie des muscles contracturés est augmentée ainsi que cela résulte de quelques examens que nous avons pratiqués avec MM. Bourguignon et Laugier. Chez des hémiplégiques, blessés de guerre de date récente, dans des recherches en cours, - M. Bourguignon a observé une variation de la chronaxie qui est aug- mentée du côté des extenseurs et normale ou diminuée du côté des fléchisseurs. On sail du reste, depuis les remarquables recherches de M. Lapicque que la chronaxie est une fonction de température. Or, nous venons de montrer que les museles contracturés dans l’hémiplégie organique, la maladie de Parkinson, les paraplégies, la maladie de Little, ete., s'accompagnent d'un abaissement de température. Mais il ny a pas seulement les hypertonies d’origine centrale qui s'accompagnent d’hypothermie, mais également des hypotonies et, ici, nous devons considérer, en première ligne, les différents degrés d’ataxie locomotrice où il y a, comme on le sait, de l’hypotonie. Dans quatre de ces cas, nous avons trouvé dans les muscles de la jambe et de la cuisse une hypothermie très accusée. Voici quelques chiffres à cet égard : qua- driceps crural droit 22°, jambier antérieur 34°, jumeau externe 33° (tabes ataxie durant depuis 15 ans), chez un autre vieil ataxique les myothermies nous ont fourni les données suivantes : quadriceps crural SÉANCE DU 91 MAI 565 34°5, biceps crural 32°5, jumeau interne 31°5, jumeau externe 32°, jambier antérieur 55°. Il était naturel qu'on renconträt également une hypothermie pronon- cée des muscles dans la maladie de Friedreich où il y a participation de plusieurs neurones centripètes et du neurone cortico-spinal. L'hypother- mie est encore plus accusée que dans le tabes, car nous avons trouvé une température inférieure à 29° dans le muscle des membres inférieurs. La diminution de température dans l'ataxie locomotrice et dans la maladie de Friedreich nous fait entrevoir la relation étroite qui existe entre l’hypotonie et l’hypothermie et le rôle du neurone centripète et c'est spécialement du système propriosceplifue des muscles. Les phénomènes d’oxydation qui se déroulent dans le muscle ne conservent leur niveau normal qu'autant que l’influx nerveux parti des terminaisons sensitives des museles entretient l’activité normale du tonus des cellules radi- culaires. Charles Richet a vu très juste lorsqu'il s’est exprimé ainsi : La perfec- tion du mouvement est liée sans doute à une certaine élévation ther: mique nécessaire pour déterminer des aclions chimiques rapides et complète. En outre, par une sorte de cycle admirable cette même inten-, sité dans la réaction chimique entraine une plus active production de chaleur. Chez un enfant ägé de deux ans présentant une paralysie sen- sitive des membres inférieurs accompagnée d’un certain degré d’atrophie avec réaction de dégénérescence et hypolonie très marquée, l’explora- tion des muscles de la jambe nous a montré 32 et 33°. Nous avons eu l’occasion d'examiner un certain nombre de paralysies du plexus brachial, des paralysies du nerf radial, des nerfs médian et cubital dues à des blessures de guerre. Dans tous ces cas nous avons constaté un parallélisme entre les réactions électriques et thermiques pendant les différentes phases de la paralysie. Comme nous n’avons pas pu examiner les malades immédiatement après le traumatisme, nous ne pouvons pas dire si dès les premiers jours il s’est produit des modifica- tions de la température dans le muscle des membres paralysés. Mais dans tous les cas où apparaît la réaction de dégénérescence, nous avons pu observer des modifications de la température. Je peux formuler comme règle générale que toutes les fois que nous avons une contraction manifeste d’un muscle, sa température est dimi- nuée. La diminution s’accentue à mesure que l’excitabilité diminue et l’abaissement devient considérable lorsque les muscles ont perdu leur excitabilité. La corrélation de la contraction lente avec l’abaissement de la température est rendue plus évidente par l’action du refroidissement ou du réchauffement artificiels des muscles qui offrent la réaction de dégénérescence avec contraction lente. En effet, si on regarde la main d’un sujet qui présente la paralysie des nerfs cubital èt médian avec réaction de dégénérescence dans de l’eau chaude à 40° pendant un 566 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mr — quart d'heure, on constate que la contraction devient plus vive et son amplitude diminue. Le refroidissement au contraire exagère la lenteur de la contraction. Il faut tenir compte par conséquent qu’il y a un coef- ficient thermique dans la réaction de dégénérescence, c'est-à-dire que la désorganisation de l'élément contractile des muscles ralentit la contrac- tion et diminue la température et que, d'autre part, la diminution de la température entretient la lenteur de contraction des muscles dégé- nérés. La régénérescence des muscles après la section nerveuse est accom- pagnée non seulement d'un changement de réaction électrique, mais également d’une élévation de température du muscle. Je tiens à faire remarquer que j'ai constaté dans les nerfs en voie de régénérescence l'apparition d’une quantité considérable d’oxydases, ferments qui font complètement défaut dans les fibres nerveuses normales. Il est donc probable que dans les muscles en voie de régénérescence, il se produit également des phénomènes intenses d’oxydation. MM. Bourguignon et Laugier ont étudié l’évolution de la vilesse d’excitabilité des muscles dans 14 réaction de dégénérescence. Ils ont pu suivre l’évolution de ce trouble pathologique en construisant la courbe du rapport en fonction de la durée de la maladie. Dans les myopathies il y a toujours une diminution de la température des muscles qui subissent le processus dégénératif. Ici également, il y a un rapport intimé entre la désorganisation du muscle et l’abaissement de la température. Les muscles les plus dégénérés offrent un abaisse- ment plus prononcé de da chaleur. C’est ainsi que nous avons constaté que la température du deltoïde de deux frères atteints de myopathie primitive était plus basse (34°) chez l'aîné dont la maladie était plus avancée. Même plus, les diverses portions du deltoïde chez ce malade présentaient des différences de température variables suivant le degré de l’atrophie. Nous avons examiné en outre un cas de maladie de Thomsen, acquise chez un sujet adulte. Au membre supérieur, la plupart des muscles offraient une température inférieure à la normale variant entre 33°5 et 37%; or, c’est dans le fléchisseur profond où la réaction myotonique était très accusée que la température était plus basse, 33°5. Pendant la contraction des fléchisseurs de l'articulation radiocarpienne et des doigts, nous n’avons pas pu constater une élévation de température, celte dernière restait constante, ou bien parfois, nous avons constalé un léger abaissement. Enfin, dans un cas de maladie de Volckmann, les muscles du mollet, qui étaient très durs, présentaient une différence de 3 à 4 degrés comparés aux muscles normaux du côté opposé. Avant de terminer, je dois ajouter que les muscles à l’état normal n’ont pas la même température. C’est ainsi que dans ceux de la racine des membres elle est plus élevée que dans les muscles des extrémités. Cette différence SÉANCE DU 31 MAI 567 est surtout très marquée dens les cas de myxœædème où l’on trouve, sur- tout pendant l'hiver, une contraction très lente avec égalité ou même inversion polaire, troubles qui disparaissent par le réchauffement des extrémités des membres. Ce bref exposé de myothermie indique que pour comprendre le mécanisme des phénomènes de contracture d’hypo- tonie et des réflexes, il est nécessaire de prendre en considération les variations de la température du muscle dans les maladies du système nerveux. Qu'il me soit permis d'exprimer mes remerciements à MM. P. Marie, J. Babinski, Souques et Pagniez, qui ont bien voulu m'autoriser à faire mes recherches dans leur service. SUBSTANCES ALBUMINOÏDES PRÉCIPITÉES PAR LE SULFATE D AMMONIAQUE ET RÉACTIONS BIOCHIMIQUES, Note de A.-Cu. HOoLLANDE, présentée par F. HENNEGUY. Lorsqu'on cherche à identifier, par la méthode des précipitines, une substance albuminoïde donnée contenue dans un milieu naturel riche ou non en matières protéiques diverses (albumines pathologiques et ovalbumine dans l’urine, albumines du sang desséchées en présence de la chaux, albumines des graines oléagineuses, des parties de plantes renfermant des huiles essentielles, des sues acides de fruits, etc.), il peut être parfois nécessaire, pour éviter l’action précipitante de cer- tains produits contenus dans le liquide sur les albumines du sérum précipitant, de ne faire agir l’antisérum que sur les substances albumi- noïdes seules. < En saturant le liquide naturel seul qui renferme les matières albu- minoïdes (ou celui qui a servi à dissoudre les matières albuminoïdes desséchées) par du sulfate d'ammoniaque chimiquement pur (1), on détermine la précipitation des substances albuminoïdes, les sels et acides organiques restant en solution, sauf rares exceptions. En redissolvant les albumines précipitées par l'addition de liquide physiologique, j'ai pu obtenir des précipités très nets à leur contact par l’antisérum correspondant; la réaction des précipitines est toutefois alors plus lente à se produire. La facon de procéder est la suivante : - À 25 c.c. de liquide (urine renfermant de l'ovalbumine par exemple), : (4) Eviter l’emploi de sulfate d'ammoniaque du commerce, le filtrat trou- blant fréquemment au contact de l’air, à cause de la présence de sels de calcium. 19 568 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on ajoute du sulfate d'ammoniaque à saturation; on laisse en contact dix minutes, en agitant fréquemment avec une baguette de verre, puis le liquide est versé sur un filtre sans pli; on lave le précipilé avec une solution aqueuse saturée de sulfate d'ammoniaque, et on laisse égoutter, en évitant toutefois de laisser sécher le précipité. On verse alors sur le filtre 5 c.c. d’eau distillée, puis 20 c.c. de liquide physiologique (à 9 grammes de NaCl pour 1.000 c.c. d’eau), pour dissoudre le précipité; on fait passer sur le filtre à nouveau, si besoin, une ou plusieurs fois le filtrat jusqu’à dissolution du précipité. La réaction des précipitines est faite sur ce filtrat. Par comparaison, on opère la même réaction sur un filtrat composé également de 5 c.c. d’eau distillée et de 20 c.c. de liquide physiologique ayant servi à laver un filtre semblable au pre- mier, et imbibé de solution saturée de sulfate d'ammoniaque. Le sérum précipitant ne doit fournir avec ce second Ga aucun précipité, ni aucun louche. Ainsi donc les substances albuminoïdes précipitées par le sulfate d’ammoniaque sont encore décelables par la réaction des précipitines; leurs réactions biochimiques ne paraissent pas en effet être modifiées, et j'ai pu, en les utilisant comme antigènes, obtenir avec elles, après injections sous-cutanées chez les lapins, des sérums de lapin précipi- tants, vis-à-vis des substances albuminoïdes de même nature fraiches, ou traitées par le sulfate d’'ammoniaque. Par le procédé au sulfate d'ammoniaque, l'extraction des substances albuminoïdes d’un milieu toxique (urine, extrait aqueux de plantes renfermant des alcaloïdes vénéneux, etc.) devient ainsi possible; de plus la concentration de ces substances en liquide physiologique permet leur étude biochimique par la formation d'anticorps et leur identification par la méthode des précipitines, comme s'il s'agissait de substances albuminoïdes naturelles. (Laboratoire de Zoologie. Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy.) RECHERCHES SÉROLOGIQUES DANS UN CAS DE TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, par M. LiSBonnE et L. CARRÈRE. Nous avons eu l’occasion, dans un cas fatal, sporadique, de typhus exanthématique de pratiquer l'épreuve d’agglulination de Proteus X,,, connue sous le nom de réaction de Weil-Félix (1). L'expérience donneun résultat positif, avec le sérum du malade, au (4) La souche authentique de Proteus X,,, provenant de Constantinople, nous à été obligeamment procurée par M. le D' Teissonnière. ÿ re SÉANCE DU 31 MAI 569 11° jour de la maladie [épreuve microscopique en 4 heures à 37° au 1/200, épreuve macroscopique en 20 heures à la température du labo- ratoire]. La réaction était strictement négative, dans le même temps, avec 6 sérums témoins (1 typhoïde,2 pneumonies, 1 pleurésie, 2 syphilis). Le sérum du malade agglutine aussi un Proteus isolé par nous d’une urine, au taux maximum de 1/100 en 24% heures. Les sérums témoins n'agglutinent pas ce bacille. Contrairement au fait avancé par plusieurs expérimentateurs, nous avons noté l'absence, dans le sérum du malade, de toute propriété agglutinante pour l’Eberth et le Para À à 1/30 et Le Para B à 1/50. Il est intéressant de rechercher si, dans le sérum du malade, on peut déceler la présence d'anticorps autres que l'agglutinine. Nous avons cher- ché à mettre en évidence l'existence d’une précipiline spécifique vis-à-vis de la culture de Proteus X,.. On filtre, à travers une bougie Berkefeld, une culture de 48 heures, en eau peptonée, de Proteus X,.. Dans 3 tubes à séro-réaction, on ajoute, à L gouttes dé culture filirée, respectivement IV, VIT, XII gouttes de sérum de typhique. Après 4 heures d’étuve à 37°, on note l'existence, dans les 3 essais, d’un précipité foconneux, net, peu abondant, qui, se déposant d'abord le long _des parois, se tasse ensuite lentement au fond du tube. Au bout de 24 heures, à la température du laboratoire, les résultats sont définitivement acquis. L'aspect du précipité est analogue à celui qu’on obtient dans la précipito- réaction de l’échinococcose. La réaction est spécifique pour le sérum du malade. On note l’ab- sence de précipitation dans les tubes préparés avec le sérum d'individus sains ou atteints de maladies autres que le typhus. La proportion de IV à VIII gouttes de sérum pour L de culture fillrée nous à paru la plus propice à l'obtention d'un précipité net. _ Le chauffage, à 56°, pendant 30 minutes, du sérum du malade ne détruit pas la propriété précipitante. Chauffée à 56° 30/, la culture filtrée garde encore son aptitude à la précipitation. Le Shane à 70°, atténue, en grande partie, cette pro- priété. On pourrait être tenté d'attribuer le précipité obtenu à la coagula- tion de la peptone sous l'influence de propriétés diastasiques, encore mal connues, du sérum. Freund (cité par von Fürst) aurait obtenu, dans certaines conditions expérimentales, une coagulation analogue à _ celle des plastéines de Danilewsky. Nous nous sommes assurés que l’eau peptonée, filtrée dans les mêmes conditions, et mise en contact avec des sérums d'individus normaux, ne donne aucun précipité même après 72 heures de séjour à l’étuve à 37°. Le sérum du typhique ne détermine, lui aussi, l'apparition d'aucun précipité avec l’eau peptonée. 570 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La précipitation obtenue dans notre expérience ne relève donc pas d'une action diastasique banale en quelque sorte du sérum, mais est bien due à l'existence, dans le sang du typhique, d’une ne spécifique (1). (Laboratoire de Microbiologie de la Faculté de Médecine de Montpellier.) ANTITHROMBINE DES ORGANES. ACTION DE LA PEPTONE, par M. Doxon. I. — Dans une note, présentée le 3 mai, M. Arthus soutient que le foie n’est pas le seul foyer de formation de l'antithrombine. Je désire rappeler à ce propos les faits suivants : J'ai montré, soit seul, soit avec MM. Policard, Sarvonat et Dubrulle, que tous les organes contiennent une antithrombine. Si on soumet n'importe quel organe, soit à l’auto- digestion, soit à la dialyse chloroformique, soit à l'action de la chaleur à l'auloclave à 110°-120°, le liquide exsudé, dans ces conditions, possède la propriété d'empêcher in vitro le sang de coaguler; la substance active est une nucléoprotéide absolument comparable à l’antithrombine que j'ai extraite avec MM. Morel et Policard du plasma de peptone et du foie du chien. Toutefois seul le foie contient, chez le chien, une sub- stance anticoagulante capable de passer à l’état libre dans le sang sous influence de certains agents (consulter : Piologica, 15 avril 1913). serait intéressant de connaître le mécanisme de l’action des venins employés par M. Arthus. II. — On sait que la peptone détermine chez le chien l’incoagulabilité du sang par l'intermédiaire du foie. L’injection de peptone détermine le passage dans le sang de l’antithrombine hépatique. J’ai cependant constaté que la peptone n’est pas sans influence chez le chien dont la circulation est réduite à la moitié sus-diaphragmatique du corps. Le sang recueilli, dans ces conditions, après l'injection d’une dose élevée de peptone coagule normalement, mais le caillot se dissout générale- ment complètement en quelques heures. J'ai expérimenté dans les conditions suivantes : un chien recoit 0,0% (1) Cette note, destinée à être présentée à la séance du 3 mai de la Société de Biologie n’est pas arrivée à destination. Elle à été égarée en cours de route. Depuis cette époque, nous avons eu l’occasion, d'étudier 7 sérums qui nous ont été obligeamment envoyés de Constantinople. Ils nous ont paru doués de propriétés spéciales que nous ferons connaître ultérieurement, SÉANCE DU 91 MAI 571 de morphine sous la peau. Anesthésie chloroformique. On lie immé- diatement au-dessous du diaphragme : l'aorte abdominale au-dessus de l'artère splanchnique supérieure et du tronc cœliaque, la veine sus- hépatique, la veine cave et l’œsophage, en ayant bien soin de vérilier que tous les lobes du foie soient au-dessous des ligatures. On injecte ensuite dans une jugulaire une forte dose de peptone (8 c.c. à 40 c.c. d'une solution de 5 grammes dans 15 c.c. d'eau pour un chien de 10 kilogrammes). On fait des prises successives de sang carotidien : avant les ligalures, après les ligatures, avant et après l'injection de peptone. Le sang coagule dans tous les cas, mais alors que le caillot reste dur et se rétracte dans les échantillons prélevés avant l'injection de peptone, le caillot se dissout entièrement dans les échantillons prélevés après celte injection. La dissolution du caillot est généralement complète en moins de 12 heures à . la température du laboratoire. STRUCTURE ET ORIGINE DE L'ÉMAIL DENTAIRE, par Éo. RETTERER. Dès 1875, Ch. Tomes s’est appesanti sur les difficultés que présente l'étude de l'émail : sa constitution mal définie, sa minceur, sa dureté et. sa transparence ne permettent pas toujours de le distinguer de l'ivoire. Aussi ai-je dû recourir à la technique que j'ai indiquée dans une note antérieure pour déterminer la structure et les connexions que l'émail -affecte avec les couches sous-jacentes d'ivoire. Voici les ne que j'ai obtenus par l’étude de l'émail des dents de Chiens âgés de un à deux ans. L’émail qui revêt les dents atteint une épaisseur de 60 à 70 y sur les pointes, et de 18 ou 20 y seulement, sur le reste de la couronne. Il se com-. pose de colonnettes prismatiques, épaisses de 5 & et séparées les unes des autres par des filaments hématoxylinophiles de 0 3 y à 1 uv. Sur les coupes perpendiculaires à la surface de la couronne; les prismes de l'émail sont les prolongements directs des cordonnets de l’ivoire, de même que les filaments intermédiaires aux prismes font suite aux espaces intercordonnaux. En étu- diant comparativement les coupes parallèles et perpendiculaires aux prismes adamantins, on se rend compte des changements morphologiques et micro- chimiques que subit l’ivoire quand il se transforme en émail. Les espaces intercordonnaux se rétrécissent à mesure qu’ils approchent de l'émail, parce que le tissu réticulé se transforme, à la périphérie, en une masse calcifiée, et, dans l’axe, en un filament hématoxylinophile faisant suite à la fibre de Tomes de l’ivoire. Outre l’épaississement du cordonnet, c’est-à-dire sa transforma- tion en un prisme, la substance de ce dernier présente une plus grande élec- tion pour l'acide picrique, mais les stries transversales figurant les rameaux Su SCCIÉTÉ DE BIOLOGIE S latéraux du filament interprismatique persistent dans les prismes adaman- tins. La striation transversale de ces prismes, déjà connue d’Owen, est très serrée dans les dents du Chien et, comme dans l’ivoire, elle est plus héma- toxylinophile que l’hyaloplasma intermédiaire, calcifié. Dans l'émail, les espaces intercordonnaux ou le filament hématoxylinophile qui les termine décrivent de légères flexuosités; c’est là ce qui détermine l’aspect variqueux des prismes adamantins. La persistance des espaces intercordonnaux ou des filaments hématoxyli- nophiles entre les prismes de l'émail nous explique leur union intime sans qu'il soit nécessaire d’invoquer la présence d’un ciment particulier: Ces fila- ments hématoxylinophiles, moins riches en sels calcaires que le reste de l'émail figurent, sur les coupes transversales, un réseau à mailles polygonales contenant les prismes eux-mêmes. : En certains points, ces filaments sont, lorsqu'ils pénètrent dans Mere encore entourés d’une gaine réticulée, non calcifiée. Ce fait nous Am compte de la prolongation des canalicules ou tubes de l’ivoire jusque dans l'émail : la macération faisant disparaître toutes les parties organiques non calcifiées, on voit, sur les coupes usées à la meule, le système canaliculaire de l’ivoire s’avancer jusque dans l'émail. John et Charles Tomes qui ont découvert cette disposition chez les Marsu- piaux et d’autres animaux avouent ne pas «concevoir comment un pareil rap- port a pu s'établir entre les deux tissus au cours de leur déveioppement ». A cette difficulté s'ajoute, si l’on admet l’origine différente de l'émail et de la dentine, l'explication de la striation transversale et de l’union de l'émailet de la dentine. La striation transversale est due pour les deux tissus à la pré- sence des rameaux latéraux des filaments intercordonnaux. Quant aux con- nexions de l'émail et de la dentine, les uns pensent que chaque prisme de l'émail se creuse une cupule dans la dentine; d’autres supposent que chaque prisme s'incruste dans l'ivoire. Les coupes minces et les colorations lèvent toutes les difficultés, toutes les contradictions : les cordonnets de l’ivoire se continuent avec les prismes adamantins, mais simultanément les espaces inter- cordonnaux se transforment, d’une part, en substance émailleuse et de l’autre, en un filament hématoxylinophile. C’est ainsi que s'explique le plus grand diamètre des prismes de l’émail et leur union intime par une masse héma- toxylinophile. L’émail, en un mot, n'est que le stade ultime de l'évolution de l’ivoire avec disparition finale des espaces intercordonnaux. Ce n’est point une substance amorphe minéralisée : l'émail est structuré. A’ la surface externe de l'émail existe un revêtement amorphe, très colo- rable à l’hématoxyline et d'une épaisseur moyenne de 2 à 5 u. On lui donne le nom de membrane de Nasmyth. Les uns la considèrent comme un résidu embryonnaire, d’autres la prennent pour du cément, d’autres encqre pour une cuticule spéciale. À mon avis, ce revêtement de l'émail n’est que la couche superficielle de l'émail en voie de destruction ou de desquamation. Résultat général. — L'ivoire est de los, dit Clopton Havers en 1691; mais l'émail serait de nature pierreuse. J. Hunter l'appelait lamina vitrea, tandis que Bichat et Cuvier y découvrirent des fibres. Quant à son mode de développement, Cuvier prétendait s'èlre assuré SÉANCE DU 31 MAI 5173 (an XIV) que « l'émail est déposé par la même membrane et la même face que le cément ». En étudiant au microscope la paroi du follicule ou sac dans lequel apparaît la-dent, on ne tarda pas à découvrir une rangée de cellules cylindriques, auxquelles Schwann et Owen attribuèrent le rôle de former l'émail : chaque cellule se transformerait en un prisme. Le côté faible de cette histogénèse fut mis en lumière par Huxley (1853), car les cellules cylindriques sont toujours séparées de l'émail par une membrane basilaire ou vitrée. Cette constatation n’arrêla pas ceux qui voulaient faire descendre l'émail des cellules épithéliales (adamanto- blastes ou améloblastes) d’un bourgeon de la muqueuse buccale, dit organe de l'émail. Ces améloblastes pousseraient un prolongement à travers la membrane vitrée ou sécréteraient une substance qui, après l’avoir traversée, se concréterait en un prisme. On ne sait comment ces prismes se soudent ni comment procède leur calcification; est-ce de dedans en dehors ou en sens inverse? Ces discussions sont oiseuses, et, pour s’éclairer, il vaut mieux s'adresser au développement comparé. Dès 1874, Ch. Tomes signala un organe dit de l'émail chez un embryon de Tatou, fait des plus étonnants si l'on songe que l'émail n existe pas sur les dents de l'adulte. G. Pouchet et Chabry (1884), puis Ballowitz (1892) confirmèrent le fait sur d’autres espèces d'Edentés. D'autre part, au niveau de la seule moitié supérieure du prétendu organe de l'émail, se produit de l’émail, tandis que les mêmes cellules de la moitié infé- rieure n'élaboreraient point d'émail. Enfin, A. v. Brunn, étudiant, en 1887, les incisives des Rongeurs dont la face postérieure, concave, manque d’émail, y constata la présence du soi-disant organe de l'émail -qui, malgré sa persistance, ne fournit point d’émail. Ces exceptions ou contradictions réelles n’ont porté aucun des obser- valeurs cités à se demander si le prétendu organe de l'émail prend part à la genèse de l'émail. Avouons que les idées qui ont cours sur la nature de cette substance n'’orientent guère les chercheurs dans cette direction. La plupart des histologistes, et Maurer encore en 1915, soutiennent que l'émail n'est pas un tissu; c’est un produit fluide à l’origine, lequel se concrète tout en se différenciant en prismes d’une part, en cément, de l’autre. Et cependant, malgré sa dureté, bien qu'il fasse souvent feu avec le briquet, l'émail se laisse pénétrer par les fibres de Tomes. Au lieu de lever les difficultés par une étude plus approfondie, on s’est borné, à l'exemple de A. v. Brunn, à doter l'organe de l'émail d’une nouvelle fonction qui serait de servir de moule à la dent. Pas plus que ses devanciers, Ballowitz n’a pu s'affranchir de l'erreur classique (origine . épithéliale de l'émail). Quant à l’action que l'organe dit de l'émail exerce sur la papille dentaire, il a raisonné juste. Cet organe provoque sur les 574 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cellules de la papille une excitation fonctionnelle aboutissant au LÉ pement des odontoblastes. Si la morphologie montre qu'il y a D un organe dit de l'émail, sans production d’émail, l’histogenèse prouve que l'émail n'apparaît jamais sans être précédé d'ivoire; ce ne sont nullement les cellules épi- théliales, mais les extrémilés périphériques des cordonnets de l’ivoire qui se transforment en prismes de l'émail. Si l'émail était une transsu- dation, il ne serait point structuré. Si l'émail provenait de l'organe dit de l'émail, il ne saurait contenir des espaces intercordonnaux, c'est-à- dire des tubes de l’ivoire. Cependant la dent n’apparaissant que dans les régions cutanées ou muqueuses où l’épithélium superficiel végète pour donner naissance à un bourgeon devenant une calotte épithéliale, il est évident que la présence de cet organe prédentaire, de nature épi- théliale, imprime aux cellules mésodermiques qu'il coiffe et circonserit une activité, une puissance évolutive telle qu’elles se mettent à édifier une dent. Quoique les cellules épithéliales ne fournissent aucun élément à celle-ci, le développement de l'organe prédentaire est la condition sine qua non de la formation d'une dent. Il crée un milieu propre à Ia modification de la cellule mésodermique et à sa transformation en odontoblaste. De plus, cetle nouvelle espèce cellulaire produit non seu- lement l'ivoire, mais encore l’émail : l’odontoblaste est donc à la fois éburniblaste et adamantoblaste ou améloblaste. SUR UNE NOUVELLE CONCEPTION DU ROLE DES DIVERS ALIMENTS DANS LA NUTRITION. OBSERVATIONS A PROPOS DES RECHERCUES DE M. MAIGNON, par ÉmiLe-F. TERROINE. M. Maignon a récemment présenté à la Société quelques communica- üons faisant suite à une série de notes parues dans les Comptes rendus de l'Académie des Sciences. Dans ces diverses publicalions il expose un ensemble de faits sur lesquels il asseoit une conception nouvelle du rôle des divers aliments dans la nutrition. Cette conception est expri- mée, au cours de la dernière note (Comples rendus de la Soc. de, Bio- logie, 3 mai 1919, t. LXXXII, p. 400-401) dans les termes suivants : « Le rôle des trois principes nutritifs organiques est maintenant bien défini : celui des albuminoïdes élant d'apporter l'azole nécessaire à la réparalion de l'usur», celui des graisses est d'intervenir dans l'utilisa- lion et l'assimilation de ces alhuminoïdes, el celui des hydrates de carbone d'apporter l'énergie nécessaire à l'entretion de l’activité physiologique. » Pour M. Maignon les protéiques seules sont impuissantes à couvrir la \ QE =T (TA SÉANCE DU 31 MAI totalité des besoins d'un organisme parce que, élant loxiques, elles sont mal utilisées. L’adjonction d'aliments ternaires en quantité suf- fisante supprime cette toxicité et les graisses présentent, à cet égard, une efficacité beaucoup plus marquée que les hydrates de carbone. Il en résulte — et c’est là Je point fondamental de la nouvelle doctrine — que l'alimentation grasse permet à l'organisme un entretien azoté beaucoup plus économique que l'alimentation hydrocarbonée. Comme l’a déjà fait remarquer M. Bierry, cette manière de voir est en opposition absolue avec celle généralement admise : les expériences déjà anciennes de Voitet Korkunoff (Zeit. für Biol., 1895, t. XXIT, p. 58), celles plus récentes de Luthje (Pf. Arch., 1906, t. CXIIE, p. 547); de Catheart (Journ. of Physiol., 1909, t. XXXIX, p. 311), de Umeda (Pioch.., 1915, t. IX, 121, etc., etc., s'accordent toutes pour conférer aux hydrates de carbone une supériorité marquée sur les graisses par rapport à la dépense azotée. Il est donc compréhensible qu'elle suscite une discus sion des faits expérimentaux. qui lui ont donné naissance. Pour notre compte, sans vouloir discuter tout le travail de M. Maignon, nous croyons utile de présenter quelques observations’sur les points qui ont attiré le plus vivement notre attention. I. — INSUFFISANCE DE L'ALIMENTATION CONSTITUÉE UNIQUEMENT PAR DES PRO- TÉIQUES. — M. Maignon, ayant constaté que le rat blanc ne peut survivre à une alimentation constituée uniquement par des protéiques, conclut à l’exis- tence d’une action toxique de ces aliments. L'examen des expériences montre que, pour la fibrine, la caséine, la poudre de viande, la mort survient pour une perte de 40 p. 100; il en est de même pour l’ovalbumine lorsque les essais sont poursuivis en été ou en hiver. D'autre part, les rats survivent indéfiniment et maintiennent leur poids constant pour une alimentation mixte. Enfin le chien supporte mieux que le rat l'alimentation protéique pure. Or, aucun de ces faits ne constitue un élément nouveau. « Chez les carni- vores, écrit Lefèvre (CHALEUR ANIMALE ET BIOÉNERGÉTIQUE, p. 896), l’albumine peut à elle seule fournir non seulement toute la matière, mais encore toute l’éner- gie nécessaire à l'entretien. L'expérience montre, en effet, que chez un chien de poids moyen, l'équilibre général se maintient avec 1.100 grammes de viande maigre. Au contraire, chez l'homme, le besoin total d'énergie ne peut jamais être couvert par une ration purement protéique. L'adulte ne tolère pas plus de 300 grammes d'albumine par jour... » Les résuliäts de M. Maignon relèvent de la même explication : impossibilité de couvrir la totalité des besoins chez le rat par les seules protéiques. Et la démonstration complète en est apportée par M. Mai- gnon; la mort survient chez les animaux pour une perte de poids identique (40 p. 100 environ) à celle que provoque l’inanition absolue et « lorsque les réserves de graisses sont à peu près épuisées » (Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1918, t. CLXVI, p. 1008). À la vérité, et c'est Le fait qui a frappé M. Maignon, les rats meurent avec des chutes de poids plus faibles — 20 p. 100 environ — et présentent une 576 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE durée de survie beaucoup plus brève lorsque l'expérience a lieu au printemps ou en automne et cela pour l’ovalbumine seulement. En admettant pour ce. dernier cas l'existence d’une action toxique, a-t-on le droit deconclure d’un fait exceptionnel à un caractère général de toxicité plus ou moins marquée pour toutes les albumines? Nous ne le croyons pas et des faits observés par M. Maignon — en dehors de l'action saisonnière de l’ovalbumine — la seule conclusion qui nous paraît se dégager nettement, c’est qu’il existe des espèces omnivores et des espèces carnivores. IT. — VALEUR INFÉRIEURE DU MINIMUM D'AZOTE POUR UNE ALIMENTATION MIXTE PROTÉIQUE-GRAISSE. — Le rat se maintient en équilibre de poids lors d’une ingestion d’albumine plus faible quand l'aliment ternaire ajouté est [a graisse que lorsque c’est un hydrate de carbone. Cette conclusion repose entière- ment sur le fait suivant : des rats se maintiennent en équilibre de poids pen- dant plus de 72 jours lorsqu'ils reçoivent par 100 grammes d'animal une ration contenant 39 cal. 34 sous forme de graisse et 1 gr. 67 d’ovalbumine; pour obtenir un résultat analogue avec les hydrates de carbone, il faut administrer aux animaux 50 cal. 75 sous forme d’amidon et 4 gr. 47 d’albumine (Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1918, t. CLVII, p. 172). Sans revenir sur les critiques précédemment formulées par Bierry, aux- quelles nous adhérons pleinement, nous avouons comprendre assez mal une conclusion fondée sur des observations de poids alors que varient à la fois la ration en albumines et la valeur énergétique totale de la ration. Au surplus, M. Maignon reconnait lui-même qu'il n’a pas déterminé exactement le mini- mum d'azote (Recherches sur le rôle des graisses dans l'utilisation des albumi- noïdes, p. 196). L'absence complète de tout bilan azoté dans son étude n'est pas, d'ailleurs, sans nous surprendre. rs Pour aboutir à la conclusion que tire M. Maignon, il eût fallu, après cou- verture complète des besoins énergétiques par une quantité suffisante, tantôt de graisses, tantôt d’hydrates de carbone, montrer que le minimum d’azote— pour une albumine donnée — nécessaire pour assurer l'équilibre présente ‘une valeur plus faible lorsque le besoin énergétique est couvert parles graisses. En l'absence d'une telle preuve, établissant l’inexactitude des faits avancés jusqu'ici par ses devanciers, M. Maignon ne peut nous demander d'accepter sans réserve l’idée de la supériorité des graisses sur les hydrates de carbone quant à l'influence de ces aliments sur la valeur du minimum d’azote. III. — LES ALBUMINOÏDES SONT D'AUTANT MIEUX UTILISÉES PAR L'ORGANISME QU'ELLES SE TRANSFORMENT PLUS FACILEMENT EN CORPS GRAS. — Après ingestion de caséine ou de fibrine, substances mieux supportées par le rat que l’oval- bumine, le microscope décèle dans le foie une surcharge graisseuse intense; l’ovalbumine, beaucoup moins bien tolérée ne permet pas la même observa- tion. Après avoir rapporté ces faits, M. Maignon admet qu’ « ÿ existe donc pour l'albumine d'œuf, la fibrine et lu caséine une relation étroite entre la durée de survie et la facilité avec laquelle les albumines ingérées se transforment en graisses »..Constatant en outre que « le siège de cette surcharge est sur le trajet du sang veineux porte », il conclut que « ces faits constituent donc la première preuve irréfutable de la transformation d'une albumine en graisse ». Si M. Maignon a réellement administré cette preuve il a résolu, sans aucun J'EN SÉANCE DU 31 MAI 571 doute, un problème de métabolisme fort important auxquels les physiolo- gistes — Pflüger, Pettenkofer, Voit, Kumagawa pour ne rappeler que les plus éminents — n'avaient pu apporter jusqu'ici de solution incontestée. Malheu- reusement les faits avancés ne nous paraissent pas convaincants. Tout d’abord il est imprudent d'affirmer l'existence d’une surcharge grais- seuse dans un organe par de simples observations microscopiques. Il eût été indispensable de montrer, par des dosages, que la teneur en graisse du foie de rats ayant ingéré de la caséine ou de la fibrine est anormalement élevée et plus que celle d'animaux soumis à l’inanition simple. La réalité même du phénomène n’est donc pas évidente. L’eût-elle été qu'il eût fallu démontrer la formation in situ de cette graisse. On sait, en effet, que toutes les recherches faites sur les surcharges grais- seuses hépatiques [intoxications par le phosphore ou la phlorhizine : Athanasiu, Kraus et Sommer, Polimanti, Shibata, Rosenfeld, etc.; surali- mentation : Rathery, Mayer, Schaeffer et Terroine] tendent de plus en plus à démontrer qu'il ne s’agit pas d’une néoformation, mais d’une accumulation des graisses émigrées de leurs dépôts habituels. M. Maignon tente de parer à cette objection en insistant sur la localisation des graisses sur le trajei du sang veineux porte. La démonstration que la teneur totale de l'organisme en graisse s’est réellement élevée; la mise en évidence de valeurs différentes des indices caractéristiques pour les graisses des dépôts et celles du foie auraient eu à nos yeux une valeur autrement démonstrative. Enfin, une fois acquise la preuve d’une néoformation hépatique, il eût encore _ resté à démontrer que c’est aux dépens des albumines ingérées et non de substances préexistant dans le foié que la graisse s’est formée. Aucune.de ces démonstrations n'ayant été fournie, le problème de la trans- formation des albumines en graisses reste entièrement posé. C'est dire qu'il n'est pas possible d'accepter sans nouvelles preuves expérimentales un clas- sement de la valeur alimentaire des albumines fondé sur leur aptitude plus ou moins marquée à se transformer en graisses. IV. — LE LAIT ET LA VIANDE PRÉSENTENT LE RAPPORT ADIPO-PROTÉIQUE LE PLUS FAVORABLE À LA BONNE UTILISATION DES ALBUMINES. — Pour M. Maignon le rap- port quantitatif entre l’albumine et les graisses de l'alimentation, ce qu'il appelie le rapport adipo-protéique, règle l'utilisation de l'azote. Le rapport le plus favorable est égal à l'unité. M. Maignon est frappé du fait que deux des aliments les plus répandus, le lait et la viande, présentent un rapport adipo- protéique très voisin de l’unité. - Pour le lait, M. Maigaon appuie son opinion sur la composition moyenne du lait de mammifères domestiques : matières grasses, 4,11; matières azotées, 4,25. Mais une moyenne est sans signification. Si le lait doit la bonne utilisa- tion de ses protéiques à la valeur de son rapport adipo-protéique, si l’on risque de provoquer une utilisation toxique en modifiant ce rapport par l’écrémage par exemple, c’est le lait de chaque espèce considéré séparément qui devra présenter un rapport voisin de l’unité, qu'il s'agisse d’ailleurs de mammifères domestiques ou non. Or les valeurs relevées par Grimmer (voir Pincussohn, Medizinich-Chemisches Laboratoriums-Hilfsbuch, p. 384-386), nous montrent, en dehors du lait de vache, un rapport adipo-protéique le plus BioLocie. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 42 578 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE souvent fort éloigné de l’unité : le lait de femme contient 1,8 d’albumines et 3,35 de graisses ; le lait de truie, 7,28 d’albumines et 4,55 de graisses ; le lait de chatte, 9,08 d'albumines et 3,33 de graisses; le lait d’éléphant, 3,31 d’albu- mines et 22,07 de graisses ; le lait de chamelle, 2,93 d’albumines et 5,38 de graisses, etc, etc. Pour la viande, les analyses de Mayer et Schaeffer ont montré l'existence de 14 p. 100 d’acides gras dans le couturier du chien, ce qui fait 45 à 16 p.100 de graisse alors que la quantité moyenne de protéiques oscille autour de 18 p. 100; donc rapport adipo-protéique voisin de 1. Mais ici les bases du rapport sont fausses puisqu'on prend la valeur de l’albumine par rapport au poids frais et la valeur des graisses par rapport au poids sec. Au total les faits principaux sur lesquels s'appuie M. Maignon — toxicité des albumines, valeur du minimum d’azote plus faible lors de l'alimentation adipo-protéique que lors de l'alimentation protéique- hydrates de carbone, transformation des albumines en graisses, exis- tence d’un rapport adipo-protéique voisin de l'unité dans le lait et la viande — ne nous paraissent pas suffisamment établis pour que sa conception de la supériorité des graisses sur les hydrates de carbone pût être acceptée sans nouvel examen. SUR LA PROTÉASE DU VIBRION CHOLÉRIQUE, par L. Launoy et M° S. DEBAT-PonsAN. Nous avons étudié dans une note antérieure (1) l’action exercée par le sérum de l'Homme et par celni du Lapin sur les protéases sécrétées par les B. pyocyaneus, M. prodigiosus, et Proteus mirabilhs. Comparée à l’inhibition réalisée par le sérum de ces animaux sur la trypsine de pancréas de Mammifères, leur action antagoniste contre les protéases des bactéries ci-dessus est pour ainsi dire nulle. Ceci prouve, nous l'avons déjà dit, que l'action antitryptique du sérum sanguin n’est pas une action banale. D'autre part, cette même observation tend à restreindre le rôle — que certains auteurs croient pouvoir élargir — de la propriété antitryptique du sérum sanguin, considérée au point de vue de l'immunité en général. C'est en nous plaçant à ce point de vue que nous avons vouiu com- pléter nos recherches antérieures par l’étude de l’action exercée par le sérum des Mammifères contre la protéase du Vibrion cholérique. Parmi les échantillons de Vibrions cholériques provenant de la col- lection de l’Institut Pasteur, c’est la souche dite « Zarizin » qui a pré- (4) R. Launoy. C. R. Soc. Biol., 1919, no 19, p. 57. F4 a GS SÉANCE DU 31 MAI 579 _senté le plus fort pouvoir protéolytique, c'est de celle-là dont nous nous sommes servis. On emploiera le filtrat sur bougie L3 d'une culture en bouillon-peptone tenue 4 jours à l'étuve à 37° et 4 joùrs à la tempé- rature du laboratoire (21° à 22). L'unité gélatinolytique déterminée de la manière ordinaire nous a donné 0 c.c. 25. En partant de cette unité, les recherches des « seuils » et des « oplima » aboutissent aux résultats suivants : Pour le seuil : Sérum de lapin. . — 0 cc. 002 Sérum de cheval — 01 C. c:002 Sérum humain . . — 0 c.c. 0005 SÉrUMEle CoObaye e- #0 CC 00? Des résultats analogues ont été obtenus avec les protéases micro- biennes antérieurement étudiées. Les chiffres ci-dessus sont en rapport avec ceux qui mesurent le seuil de l'action « antitryptique » des sérums de Mammifères. Par contre, pour la protéase du Vibrion cholérique, ces mêmes sérums n'ont pas d’optima. Donc, quelle que soit la quantité de sérum en présence de l'unité gélatinolytique, l'inhibition de cette unité n’est pas réalisée; on observe toutefois une diminution de l’action de la protéase, mais cette diminution n’est pas fonction de la quantité de sérum. Relalivement à l'action exercée contre elle par les sérums de Mammi- fères, la protéase du Vibrion cholérique rentre dans le cas des pro- téases du Â{. prodigiosus, B. pyocyaneus, Proteus m. déjà étudiées. Les ea 20 c.c. de Streptocoque R 3e cheval — == — 40 c.c. 4e cheval — — — 80 c.c. en 5e cheval — — = 200 c.c. bouillon ascite. 6e cheval — — — 1 litre de culture Aucun cheval n’est mort à la suite de ces injections. Ce fait nous amena au mode rapide d’immunisation. Chaque dose injectée détermina chez le cheval une très forte réaction thermique ; elle est de 4095 après l'injection de 200 c.c., de 39°8 chez le cheval ayant reçu dans la veine 1 litre de culture et de 39°7 pour le cheval qui a recu 80 c.c. La réaction thermique se maintient chez chaque cheval un temps variable : 48 heures pour le cheval ayant recu la plus forte dose, 1 litre de culture et 3 à À jours après une dose de 80 c.c. Les chevaux sont -saignés quinze jours après l'injection. Les dosages ont été faits sur des souris et voici quel était le pouvoir préventif de notre sérum. Nous donnons à litre d'exemple quelques expériences. - Cheval A recoit dans la veine une seule injection de 80 c.c. de culture de 24 heures du streptocoque R en bouillon ascite. 45 jours après, 0 c.c. 1 du sérum de ce cheval injecté sous la peau d’une souris de 16 à 22 grammes la protège {0 jours contre 0 c.c. 1 de culture du streptocoque R (dose 100 fois mortelle) inoculée à la souris 20 à 24 heures après l'injection du sérum. Contre les doses de-9 c.c. O1 et 0 c.c. 001 de culture les 2 gouttes du sérum (0 c.c. 1) donnent aux souris la survie définitive. Les témoins sans sérum sont morts : 0 c.c. 1 après 24 heures, 0 c.c. 01 à 48 heures, 0 c.c. 001 après 3 jours. Cheval B reçoit dans la veine une dose massive de 1 litre de culture de 24 heures en bouillon ascite. 20 jours après l'injection 0 c. c. 1 de son sérum protège la souris 6 jours contre une dose cent fois mortelle (0 c.c. 1) de cul- ture du streptocoque R et donne la survie contre Oc.c. 1 et 0 c.c. 001 de culture. Les trois contrôles sans sérum sont morts après 36 heures, 48 heures et 4 jours. À titre de comparaison nous avons préparé deux chevaux de la facon suivante : l’un recoit des quantités progressivement croissantes du virus vivant, l’autre du virus tué par l'alcool-éther. : Cheval C reçoit dans la veine pendant 10 jours quotidiennement, d’abord 6 centigrammes, ensuite les doses croissantes (en tout 103 centigrammes), d’une culture de streptocoque R tuée par alcool-éther et desséchée (méthode 608 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de M. Nicolle). 11 jours après la dernière injection, 0 c.c. 1 de sérum du cheval C protège une souris 5 jours contre la dose de O0 c.c. 1 de culture du. streptocoque R, 15 jours contre 0 c.c. 01 de culture et définitivement cxntre 0 c.c. 001 de culture. Les témoins sont morts 0 c.c. 1 après 24 heures, 0 c.c. 01 à3 jours c.c.001 après 5 Jours. : Cheval D reçoit dans la veine les quantités progressivement croissantes du virus. L'immunisation dura 3 mois. Le cheval a recu en tout 120 c.c. de culture vivante. 44 jours après la dernière injection 0 c.c. 1 de sérum de ce cheval injecté sous la peau d’une souris la protège 4 jours contre 0 cc. 1 de cul- ture, 5 jours contre 0 c.c. 01 de culture et 16 jours contre 0 c.c. 00! de culture. : Les souris témoins sont mortes après 48 heures, 3 jours et 5 jours. D'autre part le sérum du cheval A (0 c.e. 1) éprouvé vis-à-vis deux streptocoques étrangers, autres que celui qui a servi à l'immunisation de ce cheval, protégea la souris : 1° 6 jours contre 0 c.c. 1 de culture (dose 10 fois mortelle) d’un strepto- coque de provenance humaine (isolé d’un liquide pleural), 10 jours contre 0 c. c. 01 de culture. Les témoins sont morts0 c.c. 1 après 48 heures, 0 c c. 01 après 4 jours. 2° Protégea 8 jours contre 0 c.c. 1 de culture d'un streptocoque provenant d’ostéomyélile (dose 100 fois mortelle), 8 jours contre 0 c.c. 01 de culture et 10 jours contre 0 c.c. 001 de culture. S Les souris témoins sont mortes 0 c.c. 1 après 24 heures, 0 c.c. O1 après 4 jours et 0 c. c. 001 après à jours. - En résumé : De nos recherches faites jusqu'à présent il résulte qu'un peut immuniser le cheval avec une seule dose relativement grande d’un streptocoque humain virulent d'emblée pour la souris. Le cheval vacciné par une seule injection de culture vivante de streplo- coque humain virulent donne un sérum supérieur à celui qu’on obtient: par une immunisation fractionnée et longue de plusieurs mois. Ce sérum après quinze jours déjà montre des propriétés préventives très actives et non seulement contre le streptocoque R qui à servi à l’immunisation du cheval, mais aussi contre des streptoccques étran- gers. L'injection d’une très forte dose telle que 1 litre de culture vivante de streptocoque dans la veine du cheval ne provoque pas une réaction . thermique plus forte qu'une dose inférieure. De même une très grande quantité du virus injectée semble ne pas produire de meilleur résultat qu’une plus faible. (Laboratoire de M. Borrel, Institut Pasteur.) mé D AE ir les # SÉANCE DU 7 JUIN 609 ACTION COMPARATIVE DU SANG HÉMOLYSÉ ET DU SANG AUTOLYSÉ, par H. RoGEr. Des recherches antérieures m'ont permis de constaler que l’autolyse diminue la toxicité des extraits organiques et en modifie les propriétés. Ainsi l'extrait du poumon frais lue le lapin, par injection inlravei- neuse, à la dose de 0,06 par kilogramme. Après 24 heures d’autolyse la dose mortelle est de 0,42. Après 8 jours une quantilé de 3 à 4 grammes n'amène aucun accident. On constate, en même temps, que les effets sur la pression sanguine sont transformés. L’exlrait de tissu frais est hypotenseur : l'extrait de tissu autolysé amène au contraire une élévation de la pression. Les phénomènes observés en injectant des extraits de foie sont semblables. En opérant avec le sang, je suis arrivé à des résultats analogues. Le sang d’un lapin est reçu dans un flacon d'Erlenmeyer stérilisé et contenant des perles de verre. On défibrine par une agitation pro- longée, puis on soumet la masse sanguine à des congélations dans un mélange réfrigérent et à des dégels successifs. En répétant 5 ou 6 fois cetle petile manœuvre, on arrive à briser les globules rouges. On pré- lève alors une certaine quantité de sang; on y ajoute deux fois son volume d’eau distillée et on agite soigneusement. Puis on introduit dans le mélange du chlorure de sodium dans la proportion de 8 p. 1.000 de la quantité d’eau ajoutée. Après quoi, on filtre à plusieurs reprises sur du papier et on injecte le liquide dans les veines d’un lapin dont on enregistre la pression artérielle. L'extrait ainsi préparé est toxique. Injecté dans les veines, il abaisse la pression sanguine. Si l’on introduit une faible dose, l'effet est pas- _ sager et la pression se relève; elle peut même dépasser le point initial. En répétant les injections, l'effet hypotenseur s’accentue. La pression peut tomber à des chiffres fort bas. L'état de l'animal devient très grave, mais la vie se prolonge longtemps. Aussi est-il difficile de déter- miner exactement la dose mortelle; en opérant sur des animaux qui pesaient de 2.200 à 2.500 grammes, j'ai trouvé qu'il faut leur injecter une quantité de liquide contenant de 9 à 17 c.c. de sang, soit par _ kilo de 4 à 6,8. Toutes ces expériences ont été faites lentement et leur durée moyenne a varié de 15 à 20, ou 25 minutes. Si on place le sang hémolysé dans une étuve et si on le reprend au bout d’une dizaine de jours; si, après l'avoir dilué comme dens l’expé- rience précédente, on l'injecte à un lapin par la voie intraveineuse, on pourra introduire de 80 à 100 c.c. de liquide sans amener le moindre accident; on constate simplement une élévation progressive de la pres- sion qui monte de 25 à 30 p. 100 et se maintient fort longtemps à ce 610 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE niveau, tandis que les systoles deviennent de deux à trois fois plus énergiques que normalement. Ainsi, une dose contenant de 33 à 40 c. c. de sang hémolysé et autolysé, même quand on l’injecte rapidement, en une dizaine de minutes, est parfaitement supportée, le liquide est donc de 3 à 4 fois moins toxique. Après ces premières constatalions, si on poursuit l'injection, on pro- voque de grandes oscillations de la pression, puis des abaissements et des irrégularités. L'animal finit par succomber, mais c'est après avoir reçu en moyenne 200 c. c. de liquide contenant 67 c. c. de sang. À l’autopsie on constate une dilatation énorme du cœur et une forte congeslion de la rate; les autres organes paraissent sains : il n’y a pas d'hémorragies viscérales, ni d’ecchymoses et, contrairement à ce qu'on observe quand un animal suecombe après l'injection d’une forte quan-. tité d’un liquide iso-visqueux, il n’y a pas d'œdème pulmonaire. Mes recherches actuelles confirment donc ce que j'avais constaté en opérant avec des extraits d'organes. La toxicité du sang hémolyÿsé diminue, disparail presque sous l'influence de l’autolyse et l’action hypotensive est remplacée par une aclion hypertensive, seulement les courbes ne sont pas semblables. Avec les extraits de foie ou de poumon autolysé, les élévations sont rapides, très marquées, maïs passagères; avec le sang autolysé, elles sont progressives, maïs durables. Les résultats que j'ai obtenus n’intéressent pas seulement la patho- logie expérimentale, ils servent à expliquer certaines constatations cliniques. Les brûlures et surtout les gelures déterminent de profondes altérations des hématies : de nombreux globules sont brisés et leur contenu mis en liberté provoque des accidents toxiques. Au contraire, les épanchements sanguins et les coagulations intravasculaires se résorbent par autolyse et cette résorption se fait sans déterminer la moindre manifestation morbide. LA PYOTHÉRAPIE ASEPTIQUE DANS LE TRAITEMENT DU TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, par J. BribRÉ et G. SENELEr. Däns une précédente note, l’un de nous (1) a montré que les bons résultats fournis par la pyothérapie étaient dus, pour une grande part, aux leucocytes ou à leurs produits, et qu'ils sont aussi satisfaisants lorsqu'on emploie du pus rigoureusement aseptique, tel qu'il est fourni (4) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, séance du 31 décembre 1947,. t. 165, p. 1424. SÉANCE DU 7 JUIN 611 par des abcès dits de fixation. L'auteur concluait que la DyotnEreIe aseptique était susceptible d’un emploi plus général. Nous présentons aujourd'hui une application de la méthode au trai- tement d'une maladie infectieuse de l’homme, Le typhus exanthématique. - Nous avons adopté la technique suivante : ° Un abcès aseptique provoqué chez un cheval par injection sous- cutanée d'essence de térébenthine est ponctionné cinq jours après l'injection. Le pus, recueilli aseptiquement, est dilué dans 95 fois son volume d’eau physiologique phénolée à 5/1.000. On répartit en ampoules de 2 c.c. On injecte à chaque malade le contenu d’une ampoule chaque jour, jusqu’à défervescence complète. Les injections ne sont nullement douloureuses. D'une facon constante, la première injection est suivie le soir même ou le lendemain d'une chute thermique de 3/10 de degré à 1° par rapport au chiffre correspondant de la veille. La défervescence complète — de 39-40° à 37° — est obtenue en des temps variables suivant les malades. 13 malades ont été soumis à ce traitement. Chez 10 d’entre eux la date du début de la maladie n’a pu être fixée d’une façon certaine. Chez deux autres, elle a pu être fixée à un jour près. Chez le dernier, entré en période d’incubation, nous avons pu être certains de cette date. Chez les malades du premier groupe (début incertain), défervescence obtenue : neo ee "en2%ours, nerlois-##""+7en 3 jours, Deux fois. . . . en # jours, Unefois. 7"), en 5 jours, Trois fois . . . . en 6 jours (un cas très grave guéri), Une fois. -:. : . en & jours, Dans un cas, l'apyrexie complète n'était pas atteinte le 11e jour. (temp, g7e). Chez les deux malades du second groupe (début connu, à un jour près) : L'un subit une injection au 9 jour de sa maladie (temp., 37°); le lendemain, température, 3%, maintenue ultérieurement. - L'autre, traitée au 8° jour, voit sa température descendre au- dessous de 37, le soir du 11° jour. Le dernier cas est particulièrement net, le début de la maladie ayant eu lieu sous nos yeux. Au 5° jour, apparition de l'exanthème caractéristique : on commence le traitement. Le 7° jour au soir, la - température est descendue de 40° à 37°5. 612 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ultérieurement un des malades traités (2° groupe), cachectique avancé, est mort après huit jours d'apyrexie. S'il est permis d'établir un pourcentage de mortalité sur des chiffres aussi faibles, on voit qu'il n’atteint que 7,6 p. 100 pour les malades trailés par la pyothérapie aseptique, contre 13,1 p. 100 (16 décès sur 122 cas) chez les malades du même service avant l'emploi de la méthode. En résumé, les malades alteints de typhus exanthématique traités par la méthode que nous venons de décrire ont paru en tirer des bénéfices assez nets pour qu'il y ait intérêt à l'essayer dans un plus grand nombre de cas. Son emploi présente sur celui des abcès de fixation préconisés par plusieurs auteurs (Morsly, de Constantine, entres autres) l'avantage d’avoir une action plus rapide et d'éviter les douleurs violentes et les délabrements étendus causés par l’abcès de fixation. SUR LA TOXICITÉ DE L'OXYHÉMOGLOBINE, par E. CouvrEuR et H. CLÉMENT. I. — Il y a quelque temps déjà, avant que le professeur Richet ait institué ses remarquables et concluantes recherches sur les suites des injections de sérum physiologique, dans le cas d’hémorragies abon- dantes, nous avions pensé à voir comment se comporteraient compara- tivement deux animaux saignés à blanc par section earotidienne {le volume du sang retiré étant mesuré) et auxquels on injecterait : à l’un quantité égale de sang défibriné, à l’autre quantité égale de sérum physiologique. L'expérience fut réalisée sur deux chiens: le premier se remit complètement, le second, après avoir donné de grands espoirs de rétablissement, mourut assez rapidement. II. — Ces recherches étaient faites au cours de l'hiver, et le labora- toire se trouvait à une température assez basse, il était possible que le deuxième animal ne pouvant fixer la quantité d'oxygène nécessaire pour ses combustions fût mort de froid. Sachant que les solutions d’hémoglobine sont susceptibles in vitro de fixer l'oxygène et de se transformer en oxyhémoglobine, nous nous sommes demandé si le sérum additionné d’hémoglobine ne serait pas susceptible d'assurer les” oxydations nécessaires, et nous avons pensé à injecter à des animaux, préalablement saignés, du sérum hémoglobinique. Les expériences furent exécutées sur des lapins, en voici le résumé : 1° On fait, par la carotide, une saignée de 40 c.c. à un lapin a et on lui injecte la même quantité dans la veine jugulaire, d’un sérum hémo- SÉANCE DU 7 JUIN 613 globinique obtenu de la manière suivante : on a saigné un autre lapin b d’une quantité sensiblement égale, on centrifuge le sang, on laque les globules, on ajoute le produit à du sérum physiologique. L'injection est poussée très lentement et avec toutes les précautions pour éviter la pénétration d'air; l'animal meurt, après 3 heures, au milieu de convul- sions en poussant un grand cri. 2° On recommence semblable expérience avec deux lapins a’ et b', le résultat est identique. 3° On se sert d'hémoglobine retirée à l'animal lui-même. Pour cela on a prélevé sur un fort lapin, dans la carotide, 45 c.c. de sang qu’on centrifuge et dont on laque les globules. Le produit du laquage addi- tionné de sérum physiologique est injecté dans la jugulaire à la dose de 45 c.c. Le résultat est encore le même. _ 4° Un nouvel essai fait sur un quatrième lapin avec sa propre hémo- globine donne toujours de semblables résultats. _ IE. — S'agit-il de phénomènes so les globules n'ayant pas été lavés avant le laquage? _ Pour résoudre la question, on saigne un lapin dans la matinée (45 c. c. environ), on laisse coaguler Le sang dont on injecte, durant l'après-midi, le sérum dans la jugulaire. Aucun accident n’a lieu. Il ne saurait donc s'agir de phénomènes produits par les albuminoïdes injectés. IV. — Les accidents sont-ils dus à l’hémoglobine introduite dans le système circulatoire? Pour élucider la question, on injecte à un lapin ayant subi une saignée carotidienne de 45 c.c., 45 c.c. de sérum artificiel renfermant 70 centigrammes d'hémoglobine du com- merce. + L'animal meurt au bout de trois quarts d'heure environ. La conclusion qui s'impose est que : à doses relativement minimes l'hémoglobine est toxique (1). V. — Nous sommes obligés de dire que Paul Bert, il y a longtemps (1870), s'était préoccupé de savoir si une solution d'hémoglobine suffi- samment riche pouvail, au point de vue du rappel à la vie, jouer un rôle identique à celui du sang lui-même. Voici, en effet, l'expérience par lui instituée, signalée dans ses Leçons de physiologie comparée de la respiration. Un chien est saïigné à blanc, quand il est près de la mort, on lui injecte, dans la jugulaire, une solution d’oxyhémoglobine. [l meurt plus vite, semble-t-il, que si aucune injection n'avait été faite. La conclusion de Paul Bert, c'est que : « l'existence de globules sanguins, à l’état figuré, paraît indispensable pour la conservation des propriétés vitales élémentaires ». (1) Nous indiquerons dans une note prochaine la quantité minima d'hémo- globine suffisante pour produire la mort. 614 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Malgré l'importance de cette constatation du grand physiologiste, nous pensons cependant que ies quelques faits par nous sigaalés pré- sentent un certain intérêt. L’EMPLO( DES GREFFES MORTES DANS LE TRAITEMENT DES LÉSIONS DES NERFS, par M. A.-P. Dustin. À la suite des très intéressantes recherches de M. Nageotte sur la tolérance, l'adaptation et la reviviscence des greffes de tissus préala- blement fixés à l'alcool ou au formol, nous avons été amené à appliquer cette méthode dans un assez grand nombre de cas de lésions trauma- tiques des nerfs périphériques. Ge procédé paraît d’ailleurs être entré dans la pratique, et, encore tout récemment (15 avril 4919), M. Walther présentait à la Société de Chirurgie un cas de perte de substance de 17 centimètres du cubital traité par l'interposition d’une greffe morte. - Malheureusement, au moment de la présentation du cas, les signes de réparation observés sont un peu atypiques et pourraient ne pas empor- ter la conviction de ceux qui n’ont pas pratiqué la méthode et constaté ses effets. Nous voulons aujourd'hui apporter une contribution nouvelle à cette question. Au moment où nous rédigeons cette nole, nous avons pratiqué 15 interventions comportant la pose d'un greffon mort. Nous avons employé soit des greffons humains adultes fixés à l'alcool, soit des nerfs de veau mort-nés fixés de la même manière. è Les greffons, dans tous les cas où nous les avons employés, ont toujours été parfaitement tolérés : aucune réaction inflammatäire immédiate, ni réaction scléreuse consécutive. £ En ce qui concerne les résullats fonctionnels, nous pouvons apporter dès aujourd'hui, des arguments anatomiques et physiologiques mon- trant indiscutablement que les greffons restent perméables et servent très efficacement de conducteurs aux axones de néoformation. Chez un blessé de l'offensive du 22 septembre 1918, nous pratiquons le 9 février, le D' Debaisieux et nous, une greffe de nerf de veau de 4 centimètres de long au niveau du tiers moyen du cubital à l’avant-bras. A ce moment : anesthésie au contact et à la température et analgésie dans tout le domaine du nerf cubital. Le 23 avril, soit environ deux mois et demi après l'intervention, on provoque le fourmillement par la pression du nerf au niveau du pli de flexion du poignet; l’anesthésie tactile s’est rétrécie dans le sens longitudinal; l’analgésie a presque complètement disparu el nous ne notons plus qu'un peu d’hypoalgésie à la face palmaire de l’annulaire et à la face dorsale des phalangines et / SÉANCE DU 7 JUIN 615 phalangettes de l’annulaire et de l’auriculaire. Enfin le pincement pro- fond est douloureusement ressenti dans le domaine du nerf cubital. Ces signes, indiscutables, montrent que la régénération du nerf - s’est faite dans d'excellentes conditions et, semble-t-il, avec unerapidité supérieure à celle que l’on observe habituellement après sulure directe. Le second cas dont nous parlerons actuellement nous apporte la preuve anatomique de la perméabilité des greffons morts. Un blessé, de la même offensive, présente des douleurs causalgiques violentes du médian. Ces douleurs allant en augmentant d'intensité, nous décidons d'intervenir. Au mois de février 1919 nous pratiquons un dégagement du nerf, puis, une transsection immédiatement au-dessus -de. la lésion. Afin d'éviter une régénération trop rapide du nerf et le retour de la causalgie nous interposons une greffe morte de veau de 3 centimètres de long. La causalgie cesse complètement. Au début de mai, nous réintervenons à nouveau, afin de réparer une lésion lotale du cubital. À celte occasion nous réséquons notre première greffe et faisons une suture avec affrontement exact du médian. L'étude de la pièce anatomique nous a démontré.les faits suivants : 1° La continuité s'est complètement rétablie entre les deux extrémités du nerfmédian sectionné. 20 Les fascicules nerveux du greffon se retrouvent intacts dans la cicatrice. 3° Les tubes du greffon sont remplis d'axones partis du bout central. On peut facilement observer la pénétration des axones dans le greffon et suivre leur trajet. | Ces constatations préliminaires démontrent que l'emploi des greffes mortes se justifie; que ces greffons sont parfaitement tolérés; que ces greffons restent perméables et servent bien réellement de conducteurs aux jeunes axones. Dans des recherches ultérieures plus détaillées nous étudierons le mécanisme de la régénération à travers de pareils greffons et les résultats cliniques qu'ils permeltent d'obtenir. (Bruxelles, le 25 mai 1919). SUR LA DURÉE DE CONSERVATION DES GREFFONS NERVEUX MORTS, par J. NAGEOTTE _ Lorsqu'il s’agit de greffons morts de tissu fibreux, le temps pendant lequel ces greffons ont séjourné dans l'alcool ne paraît pas avoir d’in- fluence sur le résultat chirurgical. En effet, tant que la substance con- jonctive n’est pas désorganisée, elle est capable de se greffer et il ne 616 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIK semble pas que la désorganisation résulte du contact de l’alcool, si pro- longé qu’on le suppose. - Pour le nerf, la question se pose un peu autrement; les gaines con- jonctives ne sont pas seules à jouer un rôle dans le processus de la répa- ration du nerf lésé. Les substances lipoïdes des fibres nerveuses contenues dans le greffon interviennent aussi, et, comme ces substances sont altérables, on peut se demander si les altérations qui se produisent en elles, avec le temps, ne sont pas nuisibles. L'expérience montre que dans les greffons nerveux morts, après leur mise en place sur l'animal vivant, ilse produit des phénomènes de pha- gocytose qui rappellent de très près ce qui se passe dans la dégénéra- tion wallérienne. Comme dans cette dernière, il se forme des corps granuleux chargés de substances lipoïdes; la seule différence est que, dans la dégénération wallérienne, ces corps granuleux sont contenus dans des gaines vivantes formées par le syncytium de Schwann persis- . tant, landis que dans les greffons morts, ces corps granuleux, qui ont dévoré la névroglie en même temps que les neurites, sont libres à Pinté- rieur de la gaine conjonctive propre de chaque fibre nerveuse et for- ment, au moins au début, une série de files linéaires séparées les unes des autres par les minces lamelles de l'endonèvre. Or, on sait que les corps granuleux, dans la dégénération wallérienne, restent fort longtemps en place lorsqu'ils ne sont pas chassés par l’inva- sion des neurites de régénération. Dans la greffe des nerfs morts il en est de même, et celte circonstance est favorable, car elle contribue à main- tenir béantes les voies par lesquelles passeront ultérieurement les éléments nobles qui eroissent à partir du bout supérieur et qui sont destinées à repeupler les régions dégénérées du nerf lésé. Une modification chimique des substances lipoïdes du greffon peut- elle amener une perturbation dans ce processus? Cette question, qui se posait tout naturellement, et qui ne pouvait être résolue que par une longue expérimentation, m'avait obligé à conseiller, jusqu'à plus ample informé, l’usage de greffons nerveux fraichement préparés. On pouvait chercher à empêcher cette altération, qui-se traduit par un changement de couleur des greffons; on pouvait, par exemple, soustraire les greffons au contact de l'oxygène; mais mes recherches n'ont pas été dirigées de ce côté et je me suis borné à comparer entre eux, sur le même animal, des greffons d’âges différents, conservés sim- plement dans des tubes de verre scellés à moitié remplis d'alcool faible. Ces expériences ont montré que, jusqu’à 4 mois tout au moins, la durée de conservation n'’influe pas sur le résultat fonctionnel. Oes. I. — Le chien LX est opéré le 2 août 1918; on place sur le trajet du sciatique poplité interne droit un greffon de nerf de fœtus de veau, long de SÉANCE DU 7 JUIN 617 32 millimètres, conservé dans l’alcoo! depuis 4 mois; à gauche, on pratique la même opération, mais avec un greffon conservé depuis 7 jours seule- ment. Les sciatiques poplités externes sont laissés intacts. Le 25 septembre, on constate une légère ulcération du talon droit. Le 3 octobre, on note une ulcération plantaire avec petite escarre talonnière à droite. Néanmoins, la guérison s'opère correctement, et lorsque l’on sacrifie l’animal, le 27 mai 1919, soit 10 mois environ après l'opération, la motilité est redevenue entièrement normale des deux côtés. Les seules traces de l’opé- ration sont : {° l’abolition des réflexes achilléens (les réflexes tendineux dans mes expériences n’ont jamais réapparu); 2° une cicatrice cutanée au niveau du talon droit, sans épaississement de l'os. Les poids des muscles sont les suivants : Driceps suralidnoite "0777-22 42 gr. 6 gauche 37 gr. 9 Muscles antéro-externes droits . . . 923 gr. » gauches 22 gr. 2 D'un côté comme de l’autre le résultat est satisfaisant, et il y a même un léger avantage pour le côté où avait été placé le greffon conservé pendant 4 mois. Il faut noter que de ce même côté avaient existé quelques légers troubles trophiques qui avaient complètement guéri. Ce sont là des détails dont le déterminisme exact ne peut être précisé; cette observation prouve simplement qu'un greffon nerveux mort peut être conservé # mois sans inconvénient. Ors. Il. — Le chien LXI subit, le 5 août 1918, la même opération que le - précédent; les greffons, longs de 30 millimètres, sont âgés de 10 jours à gauche et de # mois à droite. Les suites de l'opération sont normales: il n'y a pas eu de troubles trophiques, sauf, au cours de l’hiver, une légère ulcéra- “tion des deux talons qui ont été abaissés vers le sol pendant un certain temps; au moment où le chien a été sacrifié, le 20 mai 1919, la marche est redevenue entièrement normale; la force et l’agilité des deux pattes ne laissent rien à désirer. Poids des muscles : Docepsisuraldroits re 55 gr. 6 gauche 9 gr. Muscles antéro-externes droits . . . 21 gr. 5 gauches 20 gr. DR Ici la restauration des muscles dans le domaine du nerf lésé a dépassé le but et il s’est produit une hypertrophie notable. En effet, le rapport 2,58, entre le poids des muscles antéro-externes, restés intacts, et celui du triceps sural restauré est trop élevé;le rapport entre les poids de ces deux groupes musculaires oscille à l’état normal entre 1,5 et 2,2; sa valeur moyenne est 1,8, suivant les pesées que j'ai faites sur 11 chiens normaux venant de la fourrière. Des hypertrophies analogues ont été observées chez l'homme à la suite de blessures nerveuses; le procédé employé pour la restauration du nerf n’entre pas, ici, en ligne de compte, et ce qu'il faut retenir de cette observation c’est seulement la symétrie parfaite des résultats à droite et à gauche malgré l’âge différent des greffons employés. + Qt BioLoëte. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. l 618 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Du CORTEX CE LA RACINE DES DENTS, par Éb. RETTERER. Les notions que nous possédons sur les couches corticales de la racine des dents se réduisent aux suivantes : la racine est recouverte par le cément comme la couronne l'est par l'émail, et, dans l’une et dans l’autre, les canalicules dentaires se lerminent dans des vacuoles (gra- nular layer de Jones): Voici les faits que j'ai ‘observés dans les racines des dents de Chiens jeunes. A. — Ivoire et émail. La papille et les zones successives de dentine pré- sentent, au niveau de la racine, la même structure que celle décrite antérieurement dans la couronne, avec cette particularité que les cordonnets d'ivoire et les espaces intercordonnaux y affectent une direction horizontale. Comme dans la couronne, les espaces intercordonnaux se rétrécissent à mesure qu'ils s'éloignent de la papille, tandis que les cordonnets s’épaississent, grâce à la transformation du tissu réticulé des premiers en ivoire. À une distance de 30 à 40 y. du cortical osseux ou cément, les espaces intercordon- naux ne contiennent plus qu’un filament hématoxylinophile épais de 2 à 3 y; celui-ci ne tarde pas à se diviser en plusieurs branches d’où partent de fins rameaux, également hématoxylinophiles, qui se dirigent tout droit vers le cortical osseux (1). Les intervalles de ces rameaux sont occupés par des prismes qui ont la forme et la structure des prismes adamantins de la couronne; ils sont larges de 5 à6 set longs de 25 à 30 y. Leursstries transversales se colorent au bleu de toluidine, ainsi qu'à l’'hématoxyline à l’eau. Les filaments radiés qui réunissent et séparent les prismes se terminent en s’âänastomosant entre eux, pour former, à la surface externe de l’émail, un plexus, une sorte de cuticule hématoxylinophile, épaisse de3 à 4. B. — Tissu inter-dento-maxillaire et cortical osseux. Sur les embryons, la racine de la dent est reliée à l’os des maxillaires par un tissu conjonctif riche en cellules, en faisceaux conjonctifs, ainsi qu'en vaisseaux. Les faisceaux conjonctifs, la plupart à direction horizontale, vont de l'os maxillaire à la cuticule qui limite l'émail. Sur des chiens un peu plus âgés, la face interne de la lame conjonctive montre, vers le sommet de la racine, tout contre Ja cuticule de i'émail, une, puis plusieurs assises de cellules vésiculeuses. (1) Sur les dents macérées et desséchées, on voit à la place des filaments hématoxylinophiles et de leurs branches de bifurcation des espaces irrégu- liers, limités par des globules calcifiés. Ce-sont les espaces interglobulaires constituant la couche granuleuse de J. Tomes. C’est à tort qu'on prend, à l'exemple de Walkhoff, les filaments hématoxylinophiles des espaces inter- elobulaires pour de la dentine nou calcifiée; c’est une partie de la trame et non point de la substance fondamentale. SÉANCE DU 7 JUIN 619 Après s'être entourées d’une capsule, ces cellules se munissent de pro- longements ramifiés partant de la capsule et entre lesquels apparaît la substance osseuse; c’est de cette façon que se développe la première lamelle osseuse autour de la racine de la dent (cortical osseux). Pendant quelque temps, on continue à apercevoir entre les territoires osseux des tractus conjonctifs primitifs (fibres de Sharpey}). À mesure que de nouvelles lamelles osseuses se forment en dehors de la première lamelle, celle-ci prend les caractères de l’os définitif, c’est-à-dire que les fibres de Sharpey disparais- sent. Cette transformation du tissu iuter-dento-maxillaire et son épaississe- ment qui avaient débuté du côté de la racine, s'étend peu à peu vers le collet de la dent. C’est ainsi que la racine se munit d’une couche osseuse (cortical osseux ou cément des classiques). Mais ce tissu inter-dento-maxillaire, qui forme une membrane simple et unique, élabore également du tissu osseux le long du maxillaire où il joue le rôle de périoste. Autrement dit, cette membrane se transforme en os sur ses deux faces, interne et externe. _ En un mot, la dentine se développe et évolue dans la racine comme dansla couronne; les extrémités externes ou périphériques des cordonnets de den- tine s’épaississent et prennent la forme et les caractères microchimiques de prismes adamantins. Dans leurs intervalles, les espaces intercordonnaux se rétrécissent grâce à la transformation du tissu réticulé en dentine et à l’ac- croïssement des filaments hématoxylinophiles qui persistent entre les cor- donnets et les prismes de l'émail. Quant au éissu conjonctif inter-dento-maxil- laire, il édifie sur ses deux faces des lamelles osseuses pour produire d’une part, le cortica! osseux de la racine, et, de l’autre, les couches osseuses super- ficielles des maxillaires. Résultats el critique. — La marche qu'a suivie l’odontologie est paral- lèle et semblable à celle des sciences biologiques en général ; il a fallu découvrir des faits nouveaux, séparer ce qui est vrai de ce qui est faux et détruire les erreurs. Bertin (1) observa « une de ou une couche qui revêt la dent taut entière, depuis la racine jusqu'à la couronne inclusivement. Cette croûte est appelée l'émail de la dent ». Bertin vit manifestement le cortical osseux. John Tomes découvrit au xix° siècle une couche spéciale, d’ap- parence granuleuse (granular layer), située entre la dentine de La racine et la zone la plus externe qui confine au cément. Celte dernière zone n’a guère fixé l'attention. B. Noyes (2) est l’un des rares auteurs qui en parle : entre la couche granuleuse et le cortical osseux, dit-il, se trouve une zone de dentine claire el sans structure c'est ainsi qu'il décrit ce qui, pour moi, représente l'émail radiculaire. Quant à la couche granuleuse, Noyes remarque avec raison que ses espaces interglobulaires ne se voient point sur la dent décalcifiée; il pense que les fibres de Tomes viennent s’y lerminer, ce qui est inexact, (1) Traité d’ostéologie, t. IL, p. 201, 1783. (2) À text book of dental Histology, 1912, p. 178. 620 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE car les filaments hématoxylinophiles qui les remplissent se prolongent entre les prismes adamantins. Pour ce qui est du cortex osseux de la racine, Tenon le découvrit et le décrivit en 1767 sur les dents du Cheval et l'appela cortical osseux. Ce terme qui définit sa structure et sa nature ne plut pas à Cuvier qui constata sa présence sur les racines des dents composées des Mammi- fères, [Il préféra le mot vague « cément ». « Dans la plupart des espèces, dit Cuvier (1), le cément n’a point d'organisation apparente et ressemble à une sorte de tartre qui se serait cristallisé sur la dent. » Hâtons-nous de dire que, jusque vers 1840, les anthropotomistes ignorèrent l'exis- tence du cortical osseux; mais, dès qu'ils le connurent, ils s’empres- sèrent d'adopter le mot vide de sens « cément » pour le désigner /2). Connu sous la dénomination de périoste alvéolo-dentaire, le tissu conjonctif inter-dento-maxillaire a recu, dans ces derniers temps, le nom de ligament. En effet, pour certains anatomisles à courte vue, ce tissu n'aurait qu'un rôle mécanique, consistant à rattacher le cortical osseux au maxillaire. Or le tissu conjonctif inter-dento-maxillaire préexiste au cortical osseux qu'il produit; de plus il recouvre le maxillaire d’un véri- table périoste. Ce tissu inter-dento-maxillaire est un autre exemple de l'action exercée par les excitations mécaniques sur le développement du tissu osseux : sous l'influence des pressions répétées que supporte la jeune dent, les cellules conjonctives de ce tissu se modifient et se trans- forment aussi bien au contact de la racine que sur le maxillaire. J'ai observé et décrit ce même processus sur d’autres organes fibreux ou tendineux. Les cellules conjonctives se multiplient et s’accroissent, puis deviennent vésiculeuses, et enfin osseuses; c’est ainsi que se dévelop- pent le cortical osseux, d’une part, les nouvelles lamelles osseuses des maxillaires, de l’autre. Les fonctions primordiales et constantes du lissu inter-dento-maxillaire consistent done à faire de l'os sur ses deux faces ; le reste de cette membrane qui ne se transforme pas en os évolue en faisceaux fibreux qui rattachent le cortical osseux de la dent défini- tive au maxillaire correspondant. ; En résumé, la racine possède des couches d'ivoire ou dentine de structure et d'évolution identiques à celles de la couronne; les dernières zones se transforment en un émail semblable à celui de la couronne. La racine s’entoure, de plus, d’une couche de tissu osseux, qui se développe (1) Anatomie comparée, t. III, an XIV (1805), p. 104. (2) Les auteurs anglais et américains appliquent le mot cément (cement, cementing substance) aussi bien au cortical osseux qu’au prétendu ciment qui relierait et souderait les prismes de l'émail. En Allemagne on se complaît à propager les idées fausses, car, au xx° siècle, encore, on y désigne le cortical , osseux sous le nom de Zahnkitt, de substantia osteoidea, SÉANCE DU 1 JUIN 621 comme celui des maxillaires aux dépens du tissu conjonctif inter-dento- maxillaire. C'est là l'origine du cortical osseux (cément des auteurs), tandis que le reste du tissu inter-dento-maxillaire reliant le cément au maxillaire persiste à l’état fibreux ou ligamenteux. ESSAIS DE BACTÉRIOTHÉRAPIE ANTIDYSENTÉRIQUE, _par G. Banu et W. BaRont. Au cours d'une épidémie de dysenterie bacillaire qui sévit dans l’armée roumaine, pendant la dernière guerre, nous eûmes l’occasion d’ob- server un grand nombre de cas d’entérite chronique succédant à la phase aiguë de la maladie et contre lesquels la sérothérapie spécifique reslait absolument impuissante. Le nombre des cas chroniques observés par nous fut de 164. Le tabieau clinique était le suivant. Après une première période de dysenterie aiguë à caractère classique, que le sérum antidysentérique n'avait pu enrayer, les malades présentaient pendant des mois entiers des poussées d’entérite, à selles muco-sanguinolentes, au nombre de 8 à 10 par jour, s’accompagnant de coliques sans ténesme et sans fièvre, alternant avec des phases de guérison apparente. Au cours de cette. maladie chronique dont la durée variait de 3 à 8 mois, l’état général devenait de plus en plus mauvais, le malade se cachectisant progressivement et présentant vers la fin une intolérance absolue pour les aliments. Dans l'intervalle on observa diverses complications telles que né- pbrites, arthropaties, phlébites, et, dans un cas, péritonite par perfo- ration de l'S iliaque. Tous les traitements thérapeutiques échouèrent et la mortalilé chez ces dysentériques chroniques fut de 78 p.100. On isola constamment dans les selles de ces malades le bacille dysentérique, appartenant dans l’immense majorité des cas au type Flexner, très rarement au type Shiga (toujours très rare en Roumanie), parfois au type Y ou à un type aberrant. À l’autopsie de ces malades, on trouvait la muqueuse du rectum, et souvent celle du côlon descendant, couverte de vastes ulcérations à fond grisâtre, sans hémorragies, comprenant souvent une partie de la couche musculaire. Le reste de l'intestin était indemne. Pas d’amibes. 9 fois sur 56 autopsies, nous pûmes isoler le bacille dysentérique du foie, de la bile, des capsules surrénales (1 cas), du sang, du cœur (4 cas), des ganglions mésentériques et du rein (1 cas). Devant l'insuccès de toute thérapeutique spécitique ou médicamen- teuse, nous eûmes l’idée de nous adresser à la bactériothérapie. 622 __ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le vaccin employé par nous fut préparé au moyen d’un bacille dysen- térique type Flexner, isolé chez l’un de nos malades. Les cultures se faisaient sur gélose ordinaire, et étaient émulsionées dans la solution physiologique de NaCI après 24 heures d’étuve ; nous employâmes comparativement des bacilles tués par la chaleur à 56° et des bacilles vivarits. Les malades recevaient sous la peau à des inter- valles de 4 à 5 jours des doses progressives de 1/400, 1/200, 1/150, 1/100, 1/75, 1/50 d’une culture sur gélose pour les bacilles chauffés, et de 1/200, 1/150, 1/100, 1/50 d'une culture sur gélose pour les bacilles vivants. Il suffisait, pour obtenir la ner de pratiquer 6 injections succes- sives avec le vaccin chauffé ou 4 avec les bacilles vivants. En général, après la 3° injection, le nombre des selles diminuait, le sang disparaissait et le malade recommençait à tolérer les aliments. Sa guérison était complète après la dernière injection; il nv eut pas de récidives. Notons, de suite, que le vaccin vivant n’a jamais donné lieu à réactions plus énergiques que les bacilles morts, et que son action a été incomparablement plus efficace. Ajoutons également que tandis que chez les malades inoculés avec du vacein vivant, les bacilles ont toujours disparu complètement des selles dès la fin du traitement; ils y ont per- sisté dans la moitié des eas chez ceux qui recevaient des microbes. chauffés, alors que les symptômes cliniques étaient Se disparus. Dans nos expériences la réaction nn a toujours été minime se réduisant à un peu de rougeur au point d'inoculation, et ne s’accom- pagnant jamais de manifestations générales, la fièvre ne dépassant 315 et l’injection n'étant suivie d'aucun malaise. Des individus normaux inoculés comme témoins réagirent exactement de la même façon que les malades. Sur 26 malades traités par cette méthode, 10 furent inoculés exclusivement avec des bacilles vivants; 9 exclusivement avec des bacilles morts et 5 inoculés d'abord avec des cultures mortes, ont achevé leur traitement avec du vaccin vivant; enfin 2 traités avec des ie morls succombèrent au cours de la vaccina- tion. Nos essais de bactériothérapie firent donc tomber la mortalité de 18 p. 100 à moins de 8 p. 100. Notons pour finir : a) que les malades ainsi traités étaient tous parvenus à un état avancé de leur maladie et se trouvaient dans un état de cachexie avancée; b) que les deux malades qui n’ont pu bénéficier du traitement avaient été inoculés avec des bacilles morts. Nous insistons, en conséquence, sur l'intérêt qu'il y a à employer, comme vaccin, des doses progressives de bacilles vivants et à commencer le traitement à une périodee aussi rapprochée que pos- sible du début de l'infection. LS Co SÉANCE DU 7 JUIN 6 LE GRAPHIQUE OSCILLOMÉTRIQUE POIGNET-BRAS; RAPPORTS NORMAUX ET PATHOLOGIQUES DES DEUX COURBES, par HENRI DELAUNAY. Lorsque la courbe oscillométrique prise au poignet est de trop faible amplitude pour permettre une détermination facile de la pression arté- rielle, il est nécessaire d'établir comparativement celle du bras. On obtient ainsi le graphique oscillométrique poignet-bras dont j'ai déjà publié quelques types normaux et pathologiques (1). Dans un récent travail sur la microsphygmie, MM. Guy-Laroche et G. Richard ont utilisé la courbe oscillométrique dont ils ont reconnu l'intérêt (2). L'étude analytique des nombreux documents que j'ai recueillis par la double exploration, sur lesquels j'ai déterminé en outre la zone auscultatoire des oscillations croissantes, fera l’objet d’un travail plus étendu, dont voici les principales conclusions : 1° À l’état normal il existe un certain rapport entre les deux courbes, Celle du poignet régulièrement incluse dans celle du bras est sa réduc- tion symétrique assez exacte. La surface oscillométrique de la zone des oscillations croissantes n’atteint pour le poignet que le tiers ou le quart de celle du bras. La maxima au poignet, délerminée par le procédé de l'intersection de la ligne des oscillations supra-maximales avec celle des oscillations les plus croissantes, correspond sensiblement à la Mx aus- cultatoire du bras. 2 L'état de la tonicité artérielle périphérique a une influence marquée sur le rapport des deux courbes. Dans la vaso-dilatation, la courbe du poignet s’amplifie bien plus que celle du bras, de telle sorte que les deux courbes se rapprochent sensiblement. Au contraire la vaso-con- striction diminue surtout l'amplitude de la courbe du poignet qui devient trop petite par rapport à celle du bras. Ces variations, déjà très nettes à l'examen du graphique. peuvent être mesurées par la détermi- nalion de la surface de la zone des oscillations croissantes. 3° Toutes choses égales, chez quelques sujets normaux, le rapport des deux courbes apparait tel qu’il semble, qu’à l'état normal, la vaso-toni- cité périphérique peut varier notablement suivant les individus. (4) H. Delaunay. Courbe oscillométrique et détermination de la pression artérielle maxima. Gaz. hebd. des Sc, méd. de Bordeaux, 24 nov. 1918. (2} Annales de Médecine, t. VI, fasc. 1, 1919. Dans ce travail, les auteurs disent avoir suivi la technique de M. Billard, ce qui n’est qu’en partie exact. Trois auteurs travaillant indépendamment ont déterminé la technique de la courbe qu'ils ont étudiée à divers points de vue. L'ordre chronologique des publications a été le suivant : 4° H. Delaunay. Gaz. hebd. des Sc. méd. de - Bordeaux, 28 octobre 1917; 2° G. Billard. C. R. Soc. de Biol., 24 nov. 1917; 3° J.-A. Barré. Soc. méd. des Hôpitaux, 26 avril 1918. 624 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4° L'augmentation de la masse sanguine (absorption des liquides) ne produit aucune modification sensible de l'amplitude des courbes et de leurs rapports chez les adultes sains. Il n’en est pas de même chez les scléreux. 5° À l’état pathologique la même étude conduit à distinguer trois sortes d'anomalies, qui sont la convergence, la divergence et le déca- lage des courbes. La convergence des courbes a pour cause principale la vaso-dilatation périphérique. Dans les maladies graves avec hyperthermie (grippe, intoxication par l'ypérite, etc.), l'amplitude de la courbe du poignet peut devenir égale à celle du bras (convergence, égalisation des sur- faces, avec ou sans décalage à gauche de la courbe du poignet). La convergence s’observe aussi lorsque l’élasticité du segment arté- riel bras-poignet est diminuée. Mais certaines conditions sont néces- saires pour qu’elle se manifeste. En particulier le segment artériel péri- phérique doit avoir conservé son calibre normal, n’avoir subi aucune oblitération, soit par endartérite, soit par exagération compensatrice de la vaso-tonicité périphérique, très fréquente chez les scléreux. La courbe du poignet se rapproche de celle du bras surtout dans la zone des oscil- lations croissantes (convergence et décalage à droite). La divergence des courbes s'observe inversement dans tous les états de vaso-constriction périphérique. Je l’ai souvent notée dans un grand nombre de cas pathologiques {maladie de Raynaud, algidité, anémie). La vaso-constriction n’est toutefois qu'un des facteurs de cette anomalie. Quel que soit l’état de la vaso-tonicité périphérique, la divergence des courbes existe souvent lorsque le ventricule ne lance dans l’aorte qu'une ondée dont la force vive est faible. Dans ce cas, la courbe du bras est un peu plus basse que normalement, mais, élément de diagnostic plus net, la surface de la zone auscultatoire des oscillations croissantes est très réduite. > La diminution par oblilération du calibre artériel périphérique crée la même divergence, mais la courbe du bras reste normale, ainsi que la zone auscultautoire des oscillations croissantes. Le décalage des courbes peut avoir pour cause la sphygmolabilité du sujet. Des explorations répétées sont nécessaires pour éclaircir ce point. IL s’observe régulièrement lorsque l'élasticité- arlérielle du segment bras-poignet est diminuée. La courbe du poignet dans la première partie de sa phase croissante se rapproche de la courbe du bras (décalage à droite). La Mx oscillométrique au poignet est supérieure à la Mx auscul- tatoire du bras. En résumé le graphique oscillométrique poignet-bras, combiné à la détermination de la zone auscultatoire des oscillations croissantes, per- met le plus souvent une étude précise de la tonicité et de l'élasticité des artères explorées. SÉANCE DU 7 JUIN 625 RADIO-ANTAGONISME ET BALANCEMENT DES IONS, par H. ZWAARDEMARER. Tout être naît et se développe au milieu des forces qui l'entourent et qui sans doute l’influencent toutes sans exception. Parmi ces forces il y en a dont la physiologie classique a déjà tenu compte, mais on en trouve d’autres qui sont passées inaperçues jusqu'ici. C’est le cas pour la radio-activité, d'abord pour la radio- activité exté- rieure, dérivant des rayons 7, naissant dans la croûte terrestre et à un bien plus haut degré pour la radio-activité intérieure, causée par un élément faiblement radio-actif, la potasse, disséminée partout dans les tissus et dans les fluides de l’organisme (1). C’est en 1906 que MM. Campbell et Wood ont découvert la radio-acti- vité de la potasse. Elle répand des rayons 8 très pénétrants, mais en nombre restreint. Vu ce petit nombre, l'énergie lotale disséminée par la polasse est un milliard de fois plus faible que celle du radium en même quantité. Cependant il est facile, quand on dispose d’un électro- mètre à quadrants sensible, de se convaincre qu’une masse de 40 grammes de potasse, représentant la richesse de l'organisme en cet élément, entraîne de la manière la plus manifeste l’ionisation de l’air, tandis que la présence de 1 gramme de potasse, quantité renfermée sous forme ionique par le sang, se manifeste à une observation attentive. La potasse ne fait jamais défaut dans les solutions en usage depuis S. Ringer dans la circulation artificielle des organes survivants. Pour le cœur et pour beaucoup d’autres organes elle se montre même indispen- sable. On peut se demander si la cause de cette nécessité absolue de la présence de la potasse parmi les constituants des solutions physiolo- giques est liée à sa radio-activité. Cette hypothèse offre une certaine probabilité à priori puisque la radio-activité est une propriété spécifique de la potasse. On ne trouve pas d’autres éléments radio-actifs dans l'organisme. Mais pour fonder . cette hypothèse a posteriori, il faut montrer : 1° Qu'on peut remplacer la potasse ionique des fluides par tout autre corps radio-actif pourvu qu'il puisse être maintenu en solution ou en état colloïdal, que la dose soit choisie convenablement et que des pro- _ priétés toxiques ne l’empêchent d'agir; 2° Qu'il n'existe pas de corps non radio-actif pouvant remplacer la potasse physiologique. Dans une série de notes présentées à l'Académie d'Amsterdam (2) depuis 1916, j'ai réussi à démontrer que les sels de rubidium, déjà connus (1) Parmi les physiologistes, seul M. Achalme, dans son électrotonique, a fait allusion à cette propriété de la potasse et du rubidium. (2) Séances du 30 septembre 1916, 24 février, 31 mars, 26 mai, 29 sep- tembre, 27 octobre 1917, 626 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par S. Ringer, ceux d'urane, de thorium, de radium, d'ionium peuvent remplacer le muriale de potasse à des doses équi-radio-actives avec la dose de potasse généralement utilisée dans les solutions de Ringer. Egalement, l'énanation se prête au même effet. Enfin dans ces derniers temps nous avons constaté que même les sels de lanthanium el de cérium, (on soupçonne qu’ils contiennent des traces d’aclinium) rappellent les pulsations disparues par la suppression de la potasse. Il faut seulement prendre d’abord la précaution de passer le lanthanium et le cérium à l’état colloïdal, sinon ils sont insolubles et se précipitent de la solution alcaline. Fe ll est plus difficile d'établir le second point, que les éléments non- radio-actifs sont incapables de remplacer la potasse; on n’a pas de guide. ROUE le choix des doses. Dans nos essais empiriques nous n'avons réussi qu'une fois avec le cæsium (S. Ringer). : Toutes les doses efficaces des éléments radio-actifs doivent être équi-radio-actives entre elles..Il est cependant curieux de signaler qu’en été ces doses peuvent être choisies plus faibles.qu'en hiver. L’addition d'une petite quantité de fluorecéine (100 milligr. par litre) mène aussi au but, même dans l'obscurité. Au contraire, un excès de calcium force à augmenter la dose radio-active. Le strontium et le baryum produisent le même effet. Mais le plus inattendu de tous les phénomènes que nous ayons rencontrés jusqu'ici est l'incompatibilité des élémeuts légers et lourds dans les fluides physiologiques. Si l’on veut faire une solution de S. Ringer appropriée à la fonction de l'organe, il n'est pas possible de mélanger partie égale une solution à la potasse et une solution à l’urane ou au thorium (équi-radio-active). Voici comment, jusqu'à plus ample informée, j'explique ce phéno- mène frappant. Sans doute, le rayonnement des atomes radio-actifs exerce une action mécanique par la force vive des particules & dans le cas de l’urane, du thorium, du radium, de l'ionium, de l’actinium, de l’émanation, et par la force vive des particules 8 dans le cas de la potasse et du rubidium, de plus on areconnu dans l'ionisation de l’air une action électromagaétique s’exercant aux dépens de la force vive qui se perd insensiblement et celte action électromagnétique ne fait pas défaut pen- dant le passage de particules par les tissus. Mais outre cela, on doit encore tenir compte d'une influence statique se révélant au moment où la charge électrique des particules « ou B se transmet aux amicrones du protoplasma cellulaire et détermine un mouvement des ions adhérents. La charge d’une particule « est de signe positif (2 unités électriques), celle d’une particule 8 de signé négatif (1 unité électrique). Si les deux charges sont transmises à la même cellule {sinon au même moment au moins à des temps pas trop éloignés l'un de l’autre) on peut supposer que leurs actions s’anni- hilent. Cette explication est sans doute un peu hasardée, mais elle SÉANCE DU Ÿ JUIN 627 devient vraisemblable quand on considère aussi les résultats obtenus par le rayonnement extérieur. En plaçant une boîte avec fenêtre de mica ou bien une boule en verre, renfermant une petite quantité, soit 3 milligrammes de radium ou de mésothorium, auprès de l’organe dont l’intérieur est irrigué par une solution de Ringer sans potasse, on est frappé du retour de la fonction physiologique disparue auparavant par la suppression de la potasse (1). L'expérience de la réversion réussit avec le cœur de la grenouille quand on ajoute de l’urane à la solution circulante dans l'intérieur de l'organe. À une distance donnée entre la préparation extérieure et le cœur correspond une quantité précise d'urane pour suspendre les pulsations recommencées par le rayonne- ment. Tout cela fait penser que le rayonnement extérieur de $ est équi- libré par ie rayonnement intérieur de caractère «. L'équilibre se mani- feste par le manque de pulsation; le retour de l’action par un rythme régulier persistant un quart d'heure ou même davantage. Nous avons étudié un grand nombre de ces équilibres. Ce sont ou bien des équilibres entre deux éléments radio-actifs légers et lourds entrant dans la même circulation artificielle, ou bien des équilibres entre l’urane et le thorium en circulation artificielle et le rayonnement à l'extérieur. On peut représenter ces équilibres par des graphiques. On obtient alors des courbes qui deviennent des lignes droites quand on mesure les doses par leurs logarithmes. Les courbes des équilibres entre les éléments radio-actifs légers et lourds ne peuvent être continuées très loin dans les deux sens. Dans la région inférieure des combinaisons possibles, il faut parcourir une zone dans laquelle le cœur bat toujours. Cette zone correspond aux cas où un supplément de calcium occasionne un tonus excessif. Ce tonus empêche une circulation suffisante et, dans ces conditions, le cœur bat par sa propre potasse, retenue dans les cellules musculaires, l’urane ou le tho- rium ne peuvent pas arriver jusqu’à celles-ci et annuler l’action de la potasse. Pour la partie supérieure des courbes toute autre cause nous empêche de la tracer. Le cœur est en effet toujours paralysé. Ni l’addi- tion d’un élément léger, ni celle d’un élément lourd ne rappellent les pulsations. Cette paralysie du cœur me semble causée par la trop petite quantité de calcium, comparée à la quantité d'éléments radio-actifs, légers et lourds réunis. Les valeurs extrêmes, petites ou grandes, n’aboutissent pas faute de balancement ionique dans le sens de J. Loeb. Ce balancement est probablement d’origine colloïdale : le calcium fonc- tionne comme astringent sur les gels des tissus, les autres éléments les font s’amollir. Quand on désire que l'organe fonctionne, il faut (1) Zwaardemaker, Benjamins et Feenstra, Ned. Tydschr. V. Geneesk, 1916, IT, p. 1923 (10 nov. 1916), aussi Zwaardemaker et Gryns, Arch. néerlandaises de physiol., t. H, p. 300. 628 SOCIÉTÉ LE BIOLOGIE éviter l’un et l’autre. Néanmoins quand ces conditions sont remplies, Le cœur ne bat pas nécessairement. Pour arriver là il faut une force radio- active agissant comme stimulant. En quantité trop petite elle ne produit pas d'effet, en quantité trop grande elle toxifie. En quantité appropriée, de équi-radio-active avec la potasse normale, elle entretient les mouve- ments automatiques dans le cas du cœur d’une grenouille. Toute une série d’autres organes se comportent d'une manière ana- logue vis-à-vis des éléments radio-actifs des solutions physiologiques. La potasse ou ses remplaçants assurent à l'endothélium des capillaires une perméabilité normale : si la potasse manque, un hydrops énorme apparaît et il disparaît par l'addition d’urane ou de thorium (Gunzburg). L'épithélium d’un glomérule rénal se défend contre la glycosurie aussi longtemps que sont présents la potasse ou les autres atomes radio-actifs en dosage équi-radio-actif. (Hamburger et Brunkman). Les synapses entre les nerfs vaso-moteurs et les couches musculaires des artères entre le nerf vague et le cœur ne fonctionnent pas régulière- ment quand la radio-activité interne fait défaut. Dans tous ces cas l’an- tagonisme se montre de manière la plus concluante. Quand deux agents radio-actifs de signes différents sont présents en même temps, les. actions favorables s’anaulent. Quand on augmente les doses, les actions favorables se changent en actions; toxiques. Heureusement, l’antago- nisme subsiste; ainsi peut-on amasser dans les fluides de grandes quantités de potasse ou d’urane sans entraîner d’inconvénients. Il faut cependant ne pas perdre de vue que seuls les organes, dont les cellules spécifiques baignent dans les fluides circulatoires, peuvent manifester les phénomènes décrits. Chez les autres, il est difficile de rappeler les fonctions disparues par défaut de potasse ou de retrouver l’antagonisme radio-actif, quoique des indications analogues se révèlent. Nous les avons observées dans les fonctions œsophagiennes et intesti- nales, même chez les animaux à sang chaud, où la vie des cellules est tellement intense que. la diffusion n'est pas assez rapide. Les atomes actifs ne sont portés que lentement du sein de la circulation jusqu'aux cellules essentielles. En résumé, le balancement de J. Loeb est un phénomène d'origine colloïdale, l’antagonisme entre les éléments légers et lourds un phéno- mène de radio-activité; telle est la conclusion générale à laquelle les re- cherches de mes collaborateurs et les miennes nous ontconduits jusqu'ici. (Université d'Utrecht.) ERRATUM Note DE M. CauLery et F. Mesnir. T. LXXXIT, p. 598, lignes 19 et 20, au lieu de : l’origine précise de la vésicule séminale, lire : l’origine précise du réceptacle sémiral. Le (Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 14 JUIN (919 PREMIÈRE SÉANCE CONSACRÉE 629 A LA PHYSIOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE DE L’'AVIATEUR _CANTONNET (A.) : Les nécessités visuelles de l’aviateur . . . . . . .. ÉTIENNE (G.) et Lamy : L'hyper- _trophie du cœur des aviateurs . . . FERRY (G.) : Deux cas de luxations du semi-lunaire et du grand os du poignet droit par capotage d'avions. Ferry (G.): Le syndrome, mal des aviateurs, et ses suites éloignées. , Ferry (G.) : Les signes prémoni- toires de l’asthénie des aviateurs. . Ferry (G.) : L'influence du repos sur la tension sanguine de l’avia- CET ARRATMÉES Re ee Ferry (G.) : Mal des altitudes et hygiène de l’aviateur. : . . . . . .. SOMMAIRE Ferry (G.) : Phénomènes nerveux - à prédominance sympathique consé- cutifs aux descentes en parachutes. Recrutement et surveillance des ob- servateurs ten ballon: : . : .. . +, Garsaux (B.) : Essais de résistance à la dépression atmosphérique à Faide d’un mélange respiratoire oxygène et acide carbonique .. .. GarsAUx (P.) : Influence de la dé-. pression atmosphérique sur les ré- flexes poycho-moteurs visuels et AU ATUITS PEAR Ce es de du BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1919. T. 635 GarsaAux (P.) : Influence de la dé- pression atmosphérique sur la ten- Sion artérielle em AE Garsaux (P.) : Le laboratoire à dé- pression atmosphérique de Saint- CYLNES RRRR RN R N eee GarsAUx (P.) : Présentation de l’ap- pareil respiratoire automatique en service dans l'aviation francaise. . GGüILLAIN (G.) : Les examens médi- caux et physiologiques du personnel navigant de l'aviation . . . . . . .. GuiLLaIN (G.) et AuBarD (L.) : L'é- tude des réactions psycho-motrices au point de vue de l'aptitude des pilotes avialeurs Re Josué (0.) : L'asthénie des avia- COURS SR Re ne de Reese Josué (0.) : La pression artérielle des pilotes aviateurs. . . . . ... .. MaraNon (G.) : Les variations de la glycémie chez les aviateurs . . . MavwgLanc et RaTié : L'examen mé- dical des pilotes par la méthode des réactions aux variations d’'équi- HOTEL RENE Mayer (A.) :-A la mémoire d'Henri NEDDE RER ER OPA EXXXII. 46 630 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. P. Carnot, ancien vice-Président, puis de M. Ch. Richet. À LA MÉMOIRE D HENRI NEPPER, par ANDRÉ MAYER. Au moment où la Société de Biologie va discuter la question de l’apti- tude à l'aviation, elle me permettra de rendre un publie hommage à la mémoire de mon ami Henri Nepper. Dès le moment où la guerre fut déclarée, Nepper n’eut qu'une idée : se mettre au service du pays. Il était réformé ; il sollicita immédiatement la cassation de sa réforme et s'engagea. Il songeait déjà, je le sais, à mettre en œuvre ses compétences de physiologiste. Mais il fallait aller au plus pressé. Les blessés affluaient, et dans quel état lamentable ! Les cas de tétanos, de gangrène gazeuse se multipliaient. Nepper veut se nrettre immédiatement au travail. Il organise, à Paris, une ambulance qui a fonctionné jusqu’à l'armistice. Il y commence des recherches sur la gangrène. Hélas! au cours de ces recherches, il s’inocule accidentel- . lement une culture très virulente. Il en résulte un phlegmon et une septi- cémie si grave que pendant un an sa vie est en daager. Sa santé est définilivement ruinée. Cependant dès qu'il est sur pied et officiellement «en convalescence », il veut s’employer. Il va au Grand Palais, dans le service de Jean Camus. C’est là qu’il commence avec lui ses recherches sur l'aptitude à l'aviation, recherches qu'il devait continuer avec M. Mar- choux. Quelle énergie il lui a fallu pour les poursuivre dans l’état de santé où il était, ses amis seuls le savent. Cependant il les a menées à bien, il en a vu le succès. Mais il n’a pu voir la fin victorieuse de la guerre, qu'il n’avait jamais cessé d'espérer de toute son âme. Miné comme il l'était, il était une victime désignée des épidémies. Celle de 1918 l’em- porta : la grippe le tua en moins de huit jours. Au cours de cette guerre, Nepper s’est donné toutentier au service du pays. Il a été l'un des initiateurs des méthodes qui vont faire le sujet de vos discussions. Il m'a paru juste de rappeler aujourd’hui son souvenir. SÉANCE DU 1Â4 JUIN 631 LES VARIATIONS DE LA GLYCÉMIE CHEZ LES AVIATEURS, par G. MaRaAKoN. Tenant compte des recherches réalisées depuis Bühm et Hoffmänn par divers auteurs au sujet de l'influence des états émotifs sur le métabo- lisme des hydrates de carbone, confirmé en ces temps derniers par Cannon et ses collaborateurs, et aussi par nous dans des travaux, non terminés encore,nous avons voulu vérifier si l'émotion du vol détermine des altérations dans la teneur de la glycose du sang. Nous avons effectué nos observations à l’école d’aviation militaire de Madrid, en choisissant pour les réaliser des individus qui volaient pour la première, deuxième ou troisième fois, comme observateurs ou bien comme pilotes récents, ou qui depuis longtemps ne s’élevaient pas. Comme contrôle, nous avons fait la même recherche sur deux pilotes anciens, très entraînés au vol. Il est évident que les premiers vols déterminent un état d’émotivité, paturellement dominé par la volonté, mais qui se révèle par des mani- festations d'intensilés diverses selon le degré d’émotivité du sujet : observé. Avant d'entreprendre le vol, en général, une certaine émotivité se manifeste, qui se révèle par une légère excitation motrice, de la loqua- cité, du tremblement léger des mains en extension, une légère hyper- tension et de l'augmentation du nombre des pulsations. Dans quelques cas, l'émotivité antérieure au vol se manifeste, au contraire, par un état de dépression avec hypotension ; dans l’une de nos observations, ces symptômes (avec pâleur accentuée) étaient très intenses. Après le vol, l’état émotif augmente encore, le tremblement s’accentue ainsi que la légère tachycardie et la tension maxima monte encore. Chez les pilotes entraînés,ces variations motrices et cireulatoires étaient, naturellement, moins marquées. L'observation la plus intéressante que nous avons recueillie est celle qui se rapporte à la glycémie. Elle dépasse le chiffre normal déjà avant le vol et l’hyperglycémie s’accentue ensuite, dans la majorilé des cas. Chez les pilotes entrainés, l'hyperglycémie existait aussi. Bien que s'agissant de vols faciles, ils avouaient l’intense attention à laquelle Les obligeait la compagnie de l'observateur non entraîné. Chez trois individus qui volaient pour la première fois, la glycémie fut de 0,15, 0,16 et 0,19, avant le val, chiffres tous anormalement élevés (la glycémie habituelle, à Madrid, est de 0,09 à 0,12, d'après de nombreux dosages). L'observateur avec hyperglycémie de 0,19, avant le vol, était très émotionné; après le vol Le chiffre descendit à 0,18. Chez un autre, _ aussi, il y eut une légère descente (0,15 à 0,12), homme très froid, avec r e SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 632 ANIN49X19 |SINANATANAUI, TOA AT SHHAV SNOILVS'T{d VNININ NOISNAI. VAIXVN NOISNHL + de 0 + + + + + + + VWNININ ANIHANIATI SLNANAIANAUX | SNOILVS'TNd NOISNAL CiTEx CRAN (CN) HA ITA IA A Hi TNIN) AT A (PRET) IT GMA He) VHIXVN NOISNAL ——— — —"— — — TO AT LNVAV SÉANCE DU 14 JUIN 633 très peu de variations circulatoires et motrices. Chez le troisième, il y eut augmentation de la glycémie pendant le vol : 0,16 et 0,19, avec aug- mentation de la tension et tachycardie. Dans un autre cas, le IV°, le sujet volait pour la deuxième fois : émo- lionné en montant, il l'était moins à la descente. La glycémie, très élevée avant (0,19), descendit après le vol (0,17). Le V° cas volait pour la troisième fois : avant et ensuite peu de réac- tion motrice avec hypertension et tachycardie, qui augmentent après le vol, et légère hyperglycémie assez augmentée par le vol (0,10 à 0,16). La VI° observation se rapporte à un sujet qui a volé, il y a longtemps, comme passager, plusieurs fois et vole aujourd'hui de nouveau. Réac- tion circulatoire nette et hyperglycémie augmentée par le vol (0,13 à 0,15). Dans le VIT: cas, il s’agit d’un pilote récent, il réalise un de ses pre- miers vols, qui est un peu accidenté par avarie de l’appareil. Il descend tranquille sans réaction motrice ni circulatoire, mais avec assez d'hyper- glycémie (0,13 à 0,18). Dans le VIII cas, c’est un pilote ancien qui vole pour la première fois après un long repos. Peu d’émotivité avec légère variation circulatoire; mais il y a hyperglycémie qui s’accentue par le vol (0,15 à 0,16). Dans les observations IX et X, il s'agissait de pilotes entrainés qui volaient plusieurs fois par jour. La variation circulatoire est rare aussi chez eux, mais non la glycémie, qui augmente beaucoup pendant le vol (0,10 à0,15et0,128 0,18) Il ne nous à pas été possible, en rédigeant cette note, de compléler notre étude avec la recherche de la glycosurie, qui probablenement apparaîtra, dans les cas de glycémie la plus haute, comme l'ont démontré W. G. Smillie et C. À. Fiske et Cannon, chez des étudiants et joueurs de football, qui s’émotionnaient beaucoup. Actuellement nous poursuivons ces recherches, tant chez les aviateurs comme chez les sujets soumis à d’autres émotions. De toutes façons, l’étude des varia- tions de la glycémie est beaucoup plus intéressante que celle de la glyco- sur1e. . Les altérations de la tension maxima et minima, celles du nombre de pulsations et les relations de ces variations avec celles de la glycémie : sont des points de vue intéressants que nous ne pouvons discuter dans cette note. Nous avons voulu seulement faire constater les altérations notables que la quantité du sucre du sang éprouve dans l'émotion qui précède le vol, presque toujours augmentée par l'émotion du vol lui- mème. ({nstitut de médecine légale de l'Université, à Madrid.) - 634 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE DEUX CAS DE LUXATIONS DU SEMI-LUNAIRE ET DU GRAND GS DU POIGNET DROIT PAR CAPOTAGE D'AVIONS, par G. FERRY. J'ai observé deux cas identiques, cliniquement et radiologiquement, de lésions du poignet droit chez deux pilotes, ayant capoté à l'atterris- sage, sur des avions dont le manche de direction portait un contact à son extrémité libre (Nieuport, Caudron G, surtout). Il s’agit d’une luxation en avant du semi-lunaire, avec luxation en arrière du grand os et bascule du scaphoïde (radio). ; Toutes deux, malgré les soins hospitaliers recus, ont été suivies d’ankylose partielle du poignet droit avec atrophie des extenseurs de la main et des doigts, de tendance à la soudure des métacarpiens 4 et 5 avec l’os crochu (radio). La position de la main tenant le manche, le pouce sur le contact, le choc et le brusque mouvement du manche lors du capotage, expliquent ces lésions. LE SYNDROME, MAL DES AVIATEURS, ET SES SUITES ÉLOIGNÉES, par G. FERRY. Une ascension en avion laisse : 1° Une accélération du pouls, durant 15 à 30 minutes; 2° Une hypotension constante de la pression moyenne max. nette à l'atterrissage, plus accusée les quelques minutes suivantes, suivie d’un retour à la valeur normale, 15 à 30 minutes après le vol. Sa valeur dépend de facteurs nombreux liés au vol (1) ; 3° Une tendance à de l'hypertension min.après les vols. La pression min. est moins influencée par le vol que la pression max.; 4° Les réactions sont plus brusques, retardées chez les rénaux et les scléreux. (1) G. Ferry. Lemal des aviateurs. Etude de la tension artérielle des sujets sains pendant le vol. Soc.méd. de Nancy, 22 novembre 1915, La Presse médicale, 14 février 4916. G. Ferry. Étude de la tension sanguine d’un pilote albuminurique pendant le vol. Soc. méd. de Nancy, 28 février 1917; Archives des maladies du cœur, mai 1917. G. Ferry. Le mal des aviateurs. L'aptitude à l'aviation, thèse de Nancy, 1917. Édition Baillière, Paris (200 pages). SÉANCE DU 14 JUIN 635 L'expérimentation sur des Lapins enlevés en avion vérifie ces conclu- Sins. A. L'ischémie passagère résultant de cette hypotension au niveau des différents organes, de la sphère cérébrale surtout, peut expliquer les malaises éprouvés pendant et immédiatement après le vol (Mal des aviateurs immédiat). B. Les modifications bien connues apportées par l'altitude à l’élimi- nation rénale interviennent d'autre part efficacement (Mal des avia- teurs immédiat, mais surtout éardaf). Elles permettent : 1° de rapprocher des manifestations azotémiques et urémigènes de la sclérose rénale certains troubles accusés par les -aviateurs; 2° D’attribuer, d'autre part, à de l'insuffisance surrénale _ ceux éprouvés par les aviateurs dits fatigués. Ces raisons. militent en faveur d’une sélection sévère des candidats aviateurs, d’une surveillance périodique de leur tension sanguine qui servira de critérium de persistance d'aptitude au vol (aux armées). Une hygiène convenable, des précautions en vol, du repos, une diurèse et une médication surrénale préviendront et auront raison de ces troubles. PHÉNOMÈNES NERVEUX A PRÉDOMINANCE SYMPATHIQUE CONSÉCUTIFS AUX DESCENTES EN PARACHUTES. RECRUTEMENT ET SURVEILLANCE DES OBSERVATEURS EN BALLON, par G. FERRY. Il s’agit d’un observateur qui, après son deuxième saut en parachute, a présenté une dissociation dans l’antagonisme normal des nerfs pneu- mogastrique et sympathique. L'action prédominante de ce dernier se traduisait : 1° au repos par un type clinique fruste de « maladie de Basedow »; 2° sous l'influence d’une réascension (vers 400 mètres), d’évocation par de la constriction laryngée suivie de perte de connais- sance. ; L’appréhension incontestable du saut, l’émotion vive qui en résulte expliquent cette exhibition immédiate du nerf vague. - L'épuisement émotionnel possible, les altérations des sécrétions internes qui en résultent peuvent expliquer sa persistance atténuée. Un repos complet, la suggestion ont raison de ces troubles. Ces faits justifient la nécessité d'une sélection sévère des candidats observateurs, d'une surveillance du psychisme et de la circulation des _litulaires. 636 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE MAL DES ALTITUDES ET HYGIÈNE DE L'AVIATEUR, par G. FERRY. Les nombreuses théories pathogéniques du mal des altitudes exer- cent leur action simultanée, plus ou moins élective et prépondérante, sur l’aviateur. Elles agissent surtout par les modifications apportées à l'élimination rénale par le séjour aux altitudes (Conclusions de Guil- lemard et Moog : rétention des matières azotées et des alcaloïdes urinaires). Ces faits A prochont les troubles des aviateurs des manifestations azotémiques et urémigènes de la sclérose rénale. Plus accusés, ils entrai- nent de l'insuffisance surrénale. Is dictent un programme d'hygiène. Une auto-observation, au cours de laquelle le D' Ferry perdit connais- sance au-dessus de 6.500 mètres, appuie ces conclusions et rend mani- feste la nécessité des inhalations d'oxygène au-dessus de 3.000 mètres. à L'INFLUENCE DU REPOS SUR LA TENSION SANGUINE DE L'AVIATEUR AUX ARMÉES, par G. FERRY. De l'étude comparée de l’état général et de la tension sanguine d’aviateurs en période active et après un repos, on est amené à conclure qu'il existe deux temps dans le développement du mal des avialeurs : 1° Le premier répond à l'entraînement progressif et ses troubles à des réactions physiologiques simples liées à la recherche de l'équilibre organique aérien, liées aux phénomènes émotifs et aux Ron de l'élimination rénale. Le repos supprime la tendance à FR max. el min. notées dans l'intervalle des vols ; il explique la réduction relative de l'hypo- tension max. consécutive au vol. 2° Le second répond à la période d’un entrainement dont on a dépassé l’acmé et ses troubles à des réactions pathologiques liées à l’auto-intoxi- cation d'origine rénale. De l'insuffisance surrénale en. résulte qui provoque « l’asthénie des aviateurs ». | Le repos simple ou aidé d'une médication appropriée relève les tensions max. et min., l'état général. Ces faits laissent entrevoir l’action à la fois dépressive et sclérosante de l'aviation de guerre sur l’orga- nisme humain. | SÉANCE DU 14 JUIN 637 LES SIGNES PRÉMONITOIRES DE L'ASTHÉNIE DES AVIATEURS, - par G. FERRY. En dehors de la fatique accusée par les aviateurs et des quelques signes extérieurs d'insuffisance surrénale, ces signes sont fournis : 1° Par l'examen des urines et du sang qui révèlent des rétentions azotées et d’alcaloïdes.… 2° Par les tensions sanguines basses ; la faiblesse du pouls, parfois accéléré, plus souvent ralenti avec extra-systoles. 3° Par l'examen du cœur. Pointe déplacée en bas et à gauche: (59, 6° espace). Bruits sourds. Prolongement du premier bruit et tendance au dédoublement du second, parfois soufflé, dans la région sus-xiphoï- - dienne avec propagation xiphoïdienne. : Ces modalités sont dynamiques, fonctionnelles ; le repos les atténue. Leur coexistence avec des manifestations asthéniques d’autres organes, qu’elles précèdent, précise leur pathogénie capsulaire. Ce dédoublement du deuxième bruit très précoce doit être recherché souvent et considéré comme le signe prémonitoire de « l’asthénie des aviateurs ». LES VISUELLES DE L'AVIATEUR 2 par A. CANTONNET. L'examen de l'appareil visuel a été l’un des premiers pratiqués chez le candidat aviateur. Il est évident qu'un pilote doit jouir d’une excel- lente vision, afin d'assurer la sécurité de ses passagers et la sienne propre. : Il lui faut avoir toutes les qualités visuelles : 1° Avoir une acuité visuelle excellente pour la vision à grande distance, puisqu'il doit voir loin devant lui lorsqu'il est à une grande altitude; 2° Voir vile, condition indispensable en cas d’accident imprévu ou lors de l’atterrissage, la non-distinction d'un petit obstacle sur le sol pouvant entraîner le capotage ct ses graves conséquences; 3° Résister facilement à l’éblouissement, lorsqu'il vole dans la direction du soleil; celui brille en effet aux grandes altitudes alors même que la terre est séparée de lui par les nuages ; rien à bord ne protège contre lui le pilote; l'abri offert par l'ombre du plan supérieur, d’un mât, du rebord du casque, etc., est en général insuffisant; 4° Avoir une bonne vision nocturne; cette condition, indispensable chez le pilote de nuit, l’est aussi, quoique à un degré moindre, chez le 638 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pilote de jour, car il peut se trouver par suite des circonstances obligé de terminer de nuit un raid commencé pendant le jour; ° Distinguer sans aucune confusion les couleurs, afin de discerner les signaux placés à terre ou les autres avions volant en même temps que le sien; 6° Posséder un champ visuel étendu, afin d’embrasser à la fois le plus d'espace possible; lors de l’atterrissage, en particulier,.il pourra voir l'ensemble du terrain et néanmoins percevoir en « vision périphérique » la silhouette des plans et du fuselage de son appareil, trouvant dans cette vision d'ensemble la notion objective ou externe de l’équilibre, qui lui est déjà fournie, à l’état subjectif ou interne, par l’organe du labyrinthe ; 1° Jouir de la vision binoculaire; on nomme ainsi la fonction qui lie entre elles la vision de chaque Cie si chaque œil, même bon pris isolé- ment, ne coordonne pas bien les images reçues par lui avec celles reçues par son congénère, le cerveau ne tient compte que des images d’un seul œil et le sujet se trouve dans la situation visuelle d’un borgne (moins grande clarté des images, acuité visuelle moindre, appréciation moins bonne du relief et des différences de position dans l’espace des objets). On conçoit que le pilote soit dans l’obligation de posséder deux yeux normaux; si un accident, si, lorsqu'il relève ses lunettes pour atterrir, une goutte d'huile, une mouche, le privent d'un œil, il faut qu’il possède un autre œil capable de mener à bien la fin de la manœuvre. On cite d'excellents pilotes ne jouissant que d’une vision monoculaire; ces cas particuliers n’enlèvent rien à ce que je viens de dire à ce sujet. On a discuté le port des lunettes par le pilote; sans doute un myope fort ou un astigmate d'un degré élevé ne peuvent porter les gros verres nécessaires; mais un myope faible et qui avec ses verres a de chaque œil une vision normale ne peut-il piloter avec des lunettes ? Certes, il y a un nombre assez important de pilotes portant des verres (de même qu'il y en a aussi des borgnes); le pilotage, dans ces conditions, est possible, mais il est moins prudent. En effet, les verres ont les incon- vénients de diminuer, de par l’épaisseur du verre et les reflets, la lumi- nosité des objets fixés, de pouvoir se couvrir de buée, de rélrécir le champ visuel, enfin de déformer, par effet prismatique de leurs bords, le paysage regardé. On pourrait diminuer certains de ces inconvénients en remplaçant les verres plans des lunettes protectrices par les verres à foyer nécessaires au pilote ; un seul verre aurait à la fois l'effet optique et l'effet protecteur; mais il faudrait un masque tout spécial afin que ce verre soit bien au foyer antérieur de l'œil; une partie des inconvénients signalés ci-dessus persisterait encore. Telles sont les nécessités visuelles de l’aviateur. Quelles épreuves luï SÉANCE DU A4 JUIN 639 ferons-nous subir afin de nous rendre compte que les organes de sa vision possèdent bien les qualités requises ? Voici les épreuves que j'avais instituées au Centre médical de l’Avia- tion, après entente avec le D' Guillain, directeur de ce centre 1° Une épreuve de mensuration de l’acuité visuelle. Si celle-ci est trouvée normale, on présente des tests plus fins afin de se rendre compte si l’acuité ne serait pas «hypernormale », chose excellente pour un pilole ; 2° Une épreuve de « vitesse de l’acuité » : voir un test donné dans un temps limité; | 3° Une épreuve de « vision à contre-soleil ou d'éblouissement » : voir un test donné, les yeux du sujet étant placés dans l'axe de projection d’un phare intense ; 4° Une épreuve dé «vision nocturne » : voir un test donné dans un éclairage extrêmement bas, si bas, qu'un sujet entrant d'emblée dans la chambre noire d'examen ne distingue absolument rien, il faut au préa- lable un séjour de 10 minutes dans une chambre noire d'adepiaton afin de permettre à la rétine de se sensibiliser; b° Une épreuve de « vision chromatique »; 6° La mensuration du « champ visuel »; 1° La recherche de la « vision binoculaire ». Divers tests peuvent être employés à celte recherche, le meilleur est le diploscope de Remy. On peut donc, par cette série d'épreuves, s'assurer que le candidat aviateur possède toutes les qualités visuelles requises (1). Cet examen subjectif doit nécessairement être complété par un exa- men-objectif de l’œil et de ses annexes. LA PRESSION ARTÉRIELLE DES PILOTES AVIATEURS, par 0. Joscé. S Chargé par M. le Sous-Secrétaire d'État du Service de Santé et par M. le Sous-Secrétaire d'État de l’Aéronautique de la mission d'étudier l'aptitude cardiaque des aviateurs, j'ai fait des recherches sur la pres- sion artérielle des aviateurs dès la fin de l’année 1915. J'ai consigné les résultats de ces travaux dans plusieurs rapports non publiés au com- mencement de l’année 1916 et dans un article des Archives de Médecine et de Pharmacie Militaires, de mai 1918. (1) De ces épreuves les unes sout éliminatoires : acuité, couleurs, champ visuel. Les autres épreuves sont seulement à titre documentaire; elles indi- queront les points forts et les points faibles du candidat, qui pourra ainsi être orienté et utilisé au mieux de ses aptitudes. 640 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous nous sommes servi du sphygmomanomètre de Pachon. Nos recherches ont porté sur des pilotes de toutes catégories : élèves pilotes plus ou moins entraïinés, pilotes plus ou moins aguerris, pilotes, enfin, possédant depuis longtemps la maîtrise de l’air. Nous avons exa- miné ces aviateurs après repos ou en plein surmenage. D'une facon générale, la pression artérielle maxima des pilotes avia- teurs est basse. Si l’on constate assez souvent des pressions normales, surtout dans certaines catégories, il est très fréquent aussi de trouver des pressions maxima de 13, 12 et même de 11,5. Par contre les pres- sions supérieures à la normale sont tout à fait exceptionnelles; elles ne sont d’ailleurs pas très élevées; nous n’avons pas constaté de pression supérieure à 19. La pression minima est en général, HODQARE variant entre 8 et 9,5, rarement 10. L’abaissement de la pression maxima n'existe pas seulement après les vols. L’hypotension de la maxima persiste entre les vols. Au con- traire, la pression minima n’est pas modifiée. La pression artérielle n’est pas la même chez les pilotes suivant l'en- trainement et suivant qu’ils volent plus ou moins. Chez les élèves pilotes tout à fait au début de leur entrainement, volant très peu et à la double commande, ou s’exercant simplement à la manœuvre en roulant sur le sol (appareils dits « pingouins »), la pres- sion est normale, avec les variations habituelles. Les élèves pilotes encore au début de l'entraînement, mais qui volent beaucoup jusqu'au moment de l'examen, ont une pression maxima remarquablement basse, la minima se maintenant à son taux nor- mal. Un certain nombre d'élèves, se trouvant à peu près au même degré d'entraînement que les précédents, n'avaient pas volé depuis un certain temps, variant de 3 jours à une semaine et plus. Les uns avaient recommencé, après l'interruption, à voler depuis un ou deux jours, les autres n’avaient pas encore repris leurs vols. Tous ces élèves avaient des pressions maxima normales. Passons aux élèves arrivés à un degré moyen denae Cette catégorie présente forcément des limites un peu imprécises. Nous avons souvent constaté chez ces élèves des pressions normales, plus souvent des pressions franchement basses, Les pressions minima ne sont pas modifiées. | Des élèves de cette catégorie, examinés après une longue période de repos, avaient des pressions normales. Chez les pilotes simplement aquerris, la pression maxima est souvent normale, plus souvent encore légèrement abaissée, ou franchement basse. Elle se montre toujours normale chez les pilotes qui ont été au repos, SÉANCE DU À4 JUIN 641 La pression maxima des pilotes très aquerris.est en général normale, variant entre 14, 15 et 16; cependant la proportion des pressions plus élevées est relativement considérable ; il n’est pas rare de trouver 17 et 18. La pression minima est normale. Il résulte de ces recherches que l'acte de piloter un avion tend. à déterminer un abaissement de la pression maxima, sans modifier la minima. Mais en même temps intervient un autre facteur : l'entrainement du pilote. Un pilote très aguerri gardera une pression à peu près normale après des vols répétés et prolongés; un aviateur moins aguerri aura au contraire une pression basse. Cependant un aviateur, même très aguerri, pourra présenter un abaissement marqué de la pression s'ilest soumis à un travail très prolongé et très SEE s’il est, en un mot, au seuil du surmenage ou surmené. Quand on constate chez un pilote une pression artérielle très basse et qui se maintient telle, il y a lieu de redouter l'apparition de troubles pathologiques spéciaux que nous avons décrits sous le nom d'asthénie des aviateurs. On mettra ces pilotes au repos et on les soumettra à un traitement spécial. On réussira, en procédant de la sorte, à empêcher dans un grand nombre de cas l’évolution d'une maladie qui rend les pilotes indisponibles pendant fort longtemps. Il y a donc lieu d'examiner souvent et avec soin la pression artérielle des élèves pilotes et des pilotes aviateurs. L’ASTHÉNIE DES AVIATEURS, par O. Josué J'ai décrit sous le nom d’asthénie des aviateurs un syndrome particulier que l’on observe chez les pilotes aviateurs surmenés et qui est dû à l'insuffisance surrénale. Cette maladie atteint les aviateurs qui se livrent à des vols répétés et prolongés. Elle n’épargne pas les aviateurs très aguerris lorsque ceux-ci se soumettent à un surmenage intensif. Les émotions vives des vols difficiles, des combats aériens y prédis- posent. Enfin on trouve parfois à l’origine une infection légère. Le début est parfois progressif. Des aviateurs surmenés ont une pression artérielle basse ; puis peu à peu le syndrome se complète. D’autres fois le début est brusque. A l’occasion d’un vol difficile, le sujet estpris d’un malaise à tendance syncopale ou bien il perd brusque- ment la maîtrise de son appareil. 642 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Souvent la brusquerie du début n'est qu'apparente. Déjà, depuis quelque temps, il y avait quelques-prodromes : fatigue, diminution du sang-froid et de la maîtrise de soi, malaises vagues, apathie et tristesse, aspect préoccupé et sombre, pression artérielle basse. Le syndrome constitué, on note trois grands symptômes : l’asthénie, l'hypotension artérielle, la ligne blanche surrénale de Sergent. L’asthénie se traduit pendant les vols par des malaises avec tendance syncopale et éblouissements. Il y a parfois syncope véritable durant quelques instants. Souvent les pilotes se plaignent d’une sensation de faiblesse indéfinissable, d’autres éprouvent une envie de dormir presque irrésistible. Certains ont perdu la maîtrise d'eux-mêmes ; ils se sentent incapables de piloter; ils se résignent quelquefois à atterrir le plus vite possible. Une fois à terre, il reste une grande lassitude. Parfois ils éprouvent après l'atterrissage un malaise extrême avec nausées et vomissements. Ges troubles peuvent persister quelques heures ou même out un jour. En dehors des vols, on note la perte de l'énergie avec abattement el fatigue; quelquefois les sujets se rendent compte que les mouve- ments sont possibles, mais ils éprouvent une sorte de paresse à les exécuter. Il n’est pas rare d'observer quelques troubles psychiques : les malades sont mornes, abattus, découragés, ils se sentent diminués. Ces troubles, seulement ébauchés dans certains cas, peuvent constituer un véritable état neurasthénique. L'hypotension artérielle porte surtout sur la maxima, mais la à minima peut être également abaïssée. La ligne blanche surrénale de Sergent s'observe dans presque tous Les cas, avec les caractères indiqués par Sergent. L'évolution dépend surtout du traitement ; si l’aviateur continue à voler, on verra la situalion s’aggraver pour aboutir au bout d’un temps variable à l'impossibilité de tout travail. Sous l'influence du repos, il se produira une amélioration. Celle-ci n’est durable qu'après un repos prolongé. La ligne blanche persiste souvent longtemps après la disparition des autres signes. & La durée de la maladie est toujours longue. Il faut compter un mais et demi d’indisponibilité dans les cas légers, deux à trois mois et plus dans les cas moyens. Enfin la guérison peut être encore plus tar- dive. | Le traitement préventif consiste à diminuer le travail des pilotes et à ralentir l'entraînement desélèves, dès que l'on constate une chute persis- tante de la pression artérielle maxima. À un degré de plus on mettra les sujets au repos pendant une dizaine de jours; on prescrira en même temps l’opothérapie surrénale. On dépistera facilement les débuts. d'asthénie des aviateurs et on empéchera la maladie de se constituer par SÉANCE DU 14 JUIN 643 un traitement précoce, si l’on prend la précaution de surveiller la pression artérielle chez les pilotes. Contre la maladie constituée on agira par le repos absolu et prolongé et par l’opothérapie surrénale. INFLUENCE DE LA DÉPRESSION ATMOSPHÉRIQUE SUR LES RÉFLEXES PSYCHO-MOTEURS VISUELS ET AUDITIFS, par Pauz Garsaux. Les mesures des réflexes psycho-moteurs ont élé pratiquées sur des sujets placés à l’intérieur du caisson et à des dépressions progressive- ment croissantes de 1.000 en 1.000 mètres jusqu à 6.000 mètres, sans oxygène el avec oxygène. Pour les réflexes visuels, on se servait d’une lampe électrique que le sujet en expérience éteignait, dès qu'il la voyait s'allumer à l’aide d'un manipulateur Morse. La durée pendant laquelle la lampe restait allumée était enregistrée automatiquement à l’exlérieur du caisson. Pour les réflexes auditifs, on se servait d'un casque téléphonique à trembleur, la dépression atmosphérique empêchant la propagation du son. Dès que le sujet en expérience percevait le bruit du trembleur, il l’interrompait à l'aide d’un manipulateur et la durée des vibrations était enregistrée comme dans le cas précédent. RÉSULTATS. — Jusque vers 3.500 mètres, les réflexes ont une durée et une régularité sensiblement égales à celles du sol : que le sujet soit mun ou non d un inhalateur d'oxygène. À partir de 4.000 mètres, les réflexes visuels et auditifs deviennent de plus en plus longs et surtout très irréguliers dans leur durée sur les sujets non munis d’un inhalateur d'oxygène. Au contraire, sur les sujets munis de l’appareil respiratoire, les réflexes restent les mêmes en sol, quelle que soit l'altitude. Ces mesures. n'ont été poursuivies régulièrement que jusqu’à 6.000 mètres. LE LABORATOIRE A DÉPRESSION ATMOSPHÉRIQUE DE SAINT-CYR, par PAUL GARSAUX. Pour la mise au point des appareils respiratoires automatiques de l’aviation, et l'étude de la résistance humaine à la dépression atmo- sphérique, j'ai dû faire exécuter à l'Institut aérotechnique de Saint-Cyr un laboratoire à dépression atmosphérique. 644 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce laboratoire comprend actuellement deux installations différentes : 1° Installation, qui fonctionne depuis deux ans comprend : a) Un grand cylindre en tôle constituant la chambre de dépression ; b) Une pompe aspirante mue par un moteur électrique ; c) Une série d'organes de commande et de signaux, réunis sur un même tableau. 2° Installation qui comprend : a) Un deuxième cylindre en tôle beaucoup plus ne b) Un compresseur-détendeur à air pour obtenir très rapidement des très grandes variations de températures. Cette deuxième installation est actuellement en cours de montage. I. Réservoir. — Chambre à dépression proprement dite. Mesure 3250 de long, et 2 mètres de diamètre, est constituée dans la partie cylin- drique par des plaques de tôle rivées de 5 millimètres d'épaisseur et, aux extrémités, dans les parties planes, par des plaques de tôle rivées de 10 millimètres d'épaisseur. Les tôles sont renforcées intérieurement dans la partie cylindrique et à chaque extrémité par deux fers en I. Une porte d'entrée est aménagée à l’une des extrémités, montée sur des charnières dont les axes pivotent dans des trous ovalisés, afin de lui permettre de reposer plus parfaitement sur ses portées. L'étanchéité de la fermeture est assurée par une bande de caoutchouc faisant tout le tour de la porte et sur laquelle celle-ci vient s'appliquer. : En outre, une fois la porte fermée, quatre traverses en fer sont bou- lonnées sur elle afin d’assurer une fermeture plus étanche. Quatre hublots de 25 centimètres de diamètre sont aménagés de chaque côté à hauteur d'homme afin de permettre de surveiller ce qui se passe à l’intérieur de la chambre. Deux soupapes réglables par des volants à main permettent la rentrée d'air dans la chambre à la vitesse voulue. L'une est commandée de l'intérieur, l’autre de l'extérieur. Ce réservoir repose-horizontalement sur un bâti en bois. La chambre à dépression de la deuxième installation ne diffère de la précédente que par ses plus grandes dimensions (5 mètres de long sur .3 mètres de diamètre), volume — 45 mètres cubes environ, par le plus grand nombre des hublots, 6 au lieu de 4, par le système de ferme- ture. À Isolement thermique des caissons. — Comprend un revêtement complet extérieur, constitué de dedans en dehors, de la facon suivante : 4° Une couche de plâtre de 5 à 6 millimètres d'épaisseur ; 2° Une couche de liège aggloméré au bray de 5 centimètres ; 3° Une couche de plâtre de 5 millimètres; fa 4° Une couche de feuilles de liège ordinaire de 2 centimètres; Une couche de plâtre avec amiante de 5 millimètres ; 6° Une toile recouvrant le tout. ©c SÉANCE DU À4 JUIN (627 L'isolement thermique du deuxième caisson est le même, mais inté- rieur. II. POMPE A VIDE A TIROIR. — (Pouvant alternalivement servir pour les deux chambres en une période). — Système Burchardt et Weiss ; à com- mande par courroie B. G. Grandeurs : Volume d'aspiration par minute . . . . . . . . . .. DD Nombre de tours par minute . . . . . . . . . , Ra 00) COURSE TEA DIS ONE de ae ce 200 IMIIIIM. Le nombre de tours maximum est de 200 à la minute, mais, à l’aide d’un rhéostat, il peut être diminué jusqu’à 80 tours par minute. La pompe absorbe à son régime maximum 4 HP. À La pompe est scellée par un socle en meulières et en ciment. Il en est de même du moteur électrique. Indicateurs de dépression. — Nombreux baromètres et altimètres visibles de l’intérieur et de l'extérieur. III. ORGANES DE COMMANDE. — La pompe est mue par l'intermédiaire d’une courroie et d’un moteur électrique, les variations de régime et la mise en marche du moteur sont assurées par un sysième de rhéostat dont les commandes sont réunies sur un même tableau, au-dessus de ce tableau est aménagé un tableau de signaux lumineux constitué par une série de lampes électriques de couleurs différentes dont l'allumage est commandé de l’intérieur de la chambre. Le double de ce tableau est installé à l’intérieur de la chambre afin de permettre un contrôle du bon fonctionnement de ces signaux. En outre, un téléphone et une double sonnerie permettent de commu- niquer de l’intérieur de la chambre avec le mécanicien chargé de la commande de la pompe. Dans-la deuxième installation, toutes les commandes sont prévues en double, de telle sorte que la manœuvre peut être commandée ou de l'in- térieur ou de l’extérieur du caisson. Organes de secours. — Deux tubes d'oxygène comprimé, de 540 litres chacun, sont en Co municotion directe avec l'intérieur de la chambre et peuvent être ouverts instantanément de l'extérieur au cas où l’une des personnes participant à l'expérience en cours 5e trouverait indisposée. De plus, il y a toujours à l’intérieur de la chambre plusieurs PHHPOrE respiratoires automatiques à la disposition des passagers, ainsi qu’une troisième bouteille de 540 litres d'oxygène pouvant être ouverte instan- tanément. Appareil frigorifique. — La nécessité d’oblenir de très rapides et de très grandes variations de température nous a obligé à à renoncer aux * procédés frigorifiques habituels. BioLouix. COMPTES RENDUS. — 1919, T. LXXXII. 47 646 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous employons de l’air froid à — 100° venant d’un compresseur et détendu ou encore l'air liquide. Cet air est mélangé suivant les besoins à l'air à la température du sol. qui constamment pénètre par une des vannes d'admission d'air. AVANTAGES DE L'INSTALLATION DE SAINT-CyR. — Les grandes dimensions de ces chambres à dépression ont l'avantage de permettre des expé- riences portant sur des appareils de grandes dimensions et pouvant nécessiter la présence de plusieurs personnes simultanément. En outre, le très grand débit de la pompe permet de laisser constam- ment ouverte une des vannes d'admission d'air de telle sorte que celui-ci est constamment renouvelé tout en restant maintenu au degré de raré- faction voulue. La pompe est mise en marche à un régime constant, et l’ouvertuie plus ou moins grande de la vanne d'admission d’air, réglée de l’inté- rieur, permet d'augmenter ou de diminuer la dépression. On peut donc se placer dans toutes les conditions du vol, c'est-à-dire faire varier la vitesse de la montée ou de la descente, ou encore se mettre en palier, sans arrêter la pompe et le Ronan de l'air. On peut aussi faire varier la température. ESSAIS DE RÉSISTANCE A LA DÉPRESSION ATMOSPHÉRIQUE A L'AIDE D'UN MÉLANGE RESPIRATOIRE OXYGÈNE ET ACIDE CARBONIQUE, par PAUL GaRsAUx. Au cours des nombreux essais que j'ai été appelé à faire dans le cais- son à dépression atmosphérique de Saint-Cyr, j'ai constaté sur moi- même et sur un certain nombre de camarades que lorsque j'arrivai à “HÉRRSETS une dépression correspondant à une altitude de 8.000 mètres j'éprouvai une certain gêne, quelle que soit la quantité d'oxygène _inbalée. M'inspirant des travaux de Mosso et d'Aggazzotti, je fis réaliser un appareil dosant automatiquement el proporlionnellement à l'altitude un mélange respiratoire dans la proportion de 13 acide carbonique pour 100 d'oxygène. Dans ces conditions, j'ai vu | constater qu’à 8.000 mètres, avec 160 litres d'oxygène et 21 litres d'acide carbonique à l'heure, je me trouvai incon- testablement dans de meilleures conditions physiques Au ‘avec 320 litres d'oxygène pur. L'expérience a été renouvelée sur un certain nombre de sous- oficiers de l’Institut aérotechnique de Saint-Cyr. Une fois à 8.000 mètres, je leur FERA g SÉANCE DU 14 JUIN 647 faisais alternativement respirer, sans ies prévenir, de l'oxygène pur et du mélange, pendant 5 minutes, et chaque fois ils ont éprouvé une amélioration dans leur état physique lorsqu'ils respiraient le mélange. PRÉSENTATION DE L'APPAREIL RESPIRATOIRE AUTOMATIQUE EN SERVICE DANS L'AVIATION FRANÇAISE, par PAUL GARSAUX. J'ai l'honneur de présenter à la Société de Biologie l'appareil respira- toire automatique que j'ai fait réaliser, il y a deux ans, à la Section technique de l'aéronautique. Cet appareil comprend : 1° un réservoir d'oxygène comprimé; 2° un détenteur très sensible, dont le débit est commandé automatiquement par une capsule barométrique spéciale et qui distribue l'oxygène propor- tionnellement à l'altitude; 3° Une turbine, branchée sur le courant gazeux et qui permet de contrôler le fonctionnement de l’appareil; 4° Un masque respiratoire spécial (voir la notice descriptive). INFLUENCE DE LA DÉPRESSION ATMOSPHÉRIQUE SUR LA TENSION ARTÉRIELLE, par PAUL GARSAUX. Toutes ces mesures ont été pratiquées à l’aide de l'oscillomanomètre de Pachon dans le caisson pneumatique de Saint-Cyr, le sujet examiné et l’expérimentateur lui-même se trouvant dans des conditions phy- siques assez rapprochées de celles qui se passent en vol, l'appareil étant établi de telle sorte que, quel que soit le nombre des sujets en expérience, la composition de l'atmosphère ne soit aucunement modifiée. Toutes les mesures ont été faites avec le même Pachon €e telle sorte que les chiffres obtenus restent tous comparables entre eux. Conditions des expériences. — Dans chacune des expériences, la vitesse de la dépression était de 10 centimètres de mercure en 5 minutes, vitesse correspondant à une élévation de 1.000 mètres en 5 minutes, allure moyenne de la montée d'un biplace. L’altitude maxima atteinte a varié entre 7.000 et 7.800 mètres, 28 centimètres de mercure. Le séjour à cette dépression n’a jamais dépassé 5 minutes. La recompression s’effectuait à la vitesse de 10 centimètres de mer- cure en 2 ou 3 minutes suivant les cas. 648 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La température oscillait entre 12 et 15° centigrades (le disposilif fri- gorifique n'étant pas encore installé à l'époque). À partir d’une dépression de 493 millimètres de mercure, correspon- dant à une altitude de 3.500-mètres, chacun des sujets en expérience inhalait de l'oxygène en proportion croissant automatiquement avec la dépression et proportionnellement à elle : 35 litres à l'heure à 3.500 mètres, 120 litres à l’heure à 6.000 mètres, 150 litres à l'heure à 8.000 mètres. RÉSULTATS. — 1° Sujets au repos. Sur les sujets au repos, la tension artérielle minima et maxima a tendance à s’abaisser rapidement de 2 à 3 centimètres de mercure (Pachon) pendant la dépression jusque vers 597 millimètres de mercure (2.000 mètres), puis, la dépression continuant à la même vitesse, la tension remonte progressivement pour redevenir ce qu'elle était au sol lorsqu'on arrive vers 6.000 mètres (356 millimètres de mercure). Lorsque, arrivé à une dépression correspondant à 2.000 mètres, on arrêle la montée, et qu'on se met en palier, la tension redevient ce qu'elle était au sol au bout de 3 ou 4 minutes. Pendant-la descente, c’est-à-dire pendant la recompression, les résul- tats sont moins constants; on constate cependant un certain abaisse- ment des tensions maxima et minima, abaissement qui persiste pendant une quinzaine de minutes après le retour à la pression DnOST er que normale. 2° Sujeis en mouvement. Sur les sujets en mouvement (gymnastique suédoise) la tension arté- rielle a plutôt tendance à monter, même pendant l'augmentation de la dépression. a) Influence des émotions. Celles-ci déterminent une augmentation de la tension. b) Influence des douleurs. Pendant la recompression, les sujets dont les oreilles sont particu- lièrement sensibles et qui accusent une sensation de tension parfois pénible et douloureuse ont également une augmentation de la tension artérielle. c) Influence de l'oxygène. L'inhalation d'oxygène ne semble avoir aucune influence sur les modifications de la tension artérielle jusqu’à 4.000 mètres. Au-dessus de cette altitude, il semble y avoir un léger abaissement. d) Influence du froid. Le froid semble déterminer un abaissement de la tension, mais le peu de résultats ne nous permet pas de tirer une conclusion définitive. Conczusions. — L'impression qui se dégage est que sur les sujets au repos pendant la dépression, c'est-à dire pendant la montée, et pendant SÉANCE DU L4 JUIN 649 la recompression, c'est-à-dire pendant la descente, il y a un abaisse- ment momentané de la tension artérielle, abaissement qui peut se transformer en augmentation si le sujet en cours d'examen produit un travail quelconque ou est en proie à une émotion. En palier, c’est-à-dire lorsque le sujet examiné est maintenu à une dépression ou à une altitude constante, la tension redevient peu à peu ce qu'elle était au sol, et elle présente une instabilité toute particulière, c’est-à-dire que, pour un travail déterminé qui pratiqué au sol détermi- nerait une augmentation de tension de deux divisions au Pachon, on trouvera en dépression une augmentation de 3 ou 4 divisions, La diversité des résultats obtenus suivant les conditions d'examen de la tension artérielle explique le désaccord fréquent qui existe dans les publications tant françaises qu'alliées faites sur ce sujet. . Malgré les difficultés de pratiquer ces mesures de tension d’une façon précise à bord des avions, en raison des trépidations du moteur, j'ai pu faire quelques-unes de ces mesures et ai toujours trouvé des résultats conformes à ceux du caisson pneumatique. D'autre part, une série de mesures de-tension artérielle a été faite au service des essais à l’aérodrome de Villacoublay. Les tensions maxima et minima étaient prises immédiatement avant le vol et immédiatement après le retour au sol, quelles que soient la durée du vol, son altitude et l'heure de la journée. Les résultats sont très divers : tantôt il y a augmentation de la ten- sion, tantôt abaissement, mais, des observations très nombreuses ainsi réalisées, il résulte que la fatigue imposée au pilote par un vol difficile du fait de remous ou de mauvais temps, qu'une digestion incomplète- ment terminée provoquent une augmentation de tension; au contraire, un vol par temps calme fait le matin ou en fin de journée, quelle que soit sa durée ou son altitude, détermine un abaissement. En somme le facteur mécanique dépression ou recompression n'a qu’une influence passagère sur la tension artérielle pendant les varia- tions de pression. L'EXAMEN MÉDICAL DES PILOTES PAR LA MÉTHODE DES RÉACTIONS AUX VARIATIONS D'ÉQUILIBRE, par MauBLanc et RarTié. Tous les médecins d'aviation ont pu voir pendant la guerre des can- _ didats au pilotage déclarés aptes après examens très sérieux de tous les organes et en particulier du système nerveux, qui n’arrivaient qu'à faire des pilotes détestables ; un certain nombre devaient abandonner le pilotage, d’autres qui voulaient persister brisaient leur appareil de facon ET 650 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE régulière si la chute fatale ne venait pas interrompre le cours de leurs exploits. Est-il donc possible de se rendre compte parmi les candidats déclarés sains de ceux qui pourront devenir des pilotes véritables, de faire, par avance, en somme, une sélection dans le choix des candidats? Telle est la question que nous nous sommes efforcés de résoudre. Voici deux pilotes de constitution normale, n'ayant aucune tare, d'aucune sorte, et cependant extrêmement différents par la qualité de leur pilotage : l’un est réputé excellent, lautre n’est jamais arrivé à « sentir » son appareil. | Vous failes asseoir successivement ces pilotes sur un siège qui a été fixé sur un plan de rocking-chair : le système tout entier doit être en équilibre stable. Vous déplacez lentement le système, sans aucun à- coup, à l’aide de ballons à oxygène par exemple que l’on gonfle d’une facon extrêmement lente et continue. Le déplacement du système peut être fait aussi à l’aide de la main, mais le pilote ne doit percevoir aucune sensation tactile. : : Interrogez d’abord le mauvais pilote sur les sensations qu'il aura ressenties. Il lui sera en général impossible de dire s’il a été déplacé en avant ou en arrière et si par hasard il déclare qu'il a perçu le déplace- ment, il se trompera 8 fois sur 10 sur le sens de ce déplacement. Le pilote confirmé au contraire indiquera immédiatement et sans se tromper le sens dans lequel il a été déplacé. Ces expériences, que nous avons répétées souvent aux groupes des divisions d'entrainement avec le D' André Broca, montrent que le rôle de l’équilibration est des plus importants pour l’aviateur. MM. Camus et Nepper avaient déjà mesuré les lemps de réaction ocu- laire, auditif et laclile chez les aviateurs et avaient tiré de ces méthodes SÉANCE DU 14 JUIN 654 —— ———————— un excellent parti, mais des sujets qui avaient des réactions psycho - motrices normales faisaient cependant parfois des pilotes extrêmement médiocres. Les actes d’équilibration se présentaient cemme un champ d’étude des plus intéressants ; l'expérience n’a pas trompé nos prévisions. Le D’ André Broca à bien voulu nous prêter son concours et nous faire construire des appareils appropriés à la Direction des Inventions des Etudes et Expériences techniques. _ Ges appareils sont décrits dans un petit volume qui va paraître inces- samment chez Baillière. La Direction des inventions en a du reste con- struit plusieurs qui doivent se trouver en ce moment dans les diffé- rents centres d'aviation. Ces appareils ou plutôt cet appareil est basé sur les directions des canaux semi-circulaires qui sont orientés dans trois plans perpendi- culaires : sagittal, transversal et horizontal. Nous pouvons imprimer à l'appareil des oscillations dans les trois directions correspondant aux plans des canaux semi-circulaires de manière à solliciter plus particu- lièrement le fonctionnement de tel ou tel canal. Nous pouvons ainsi enregistrer par la méthode des inseriptions, grâce à un dispositif spécial, le temps que met le sujet à apercevoir l'oscillation et le changement de position dans l’espace et à réagir à cette excitation. Les résultats que nous avons obtenus par celte méthode, sont les sui- vants : 1° Les moyennes normales des temps de réaction aux variations d'équilibre ne sont pas les mêmes pour les candidats pilotes et pour les pilotes en bon état d'entrainement. Moyennes normales, pour les candidats pilotes : Dans le sens sagittal . . . . . 12 centièmes de seconde. Dans le — transversal . . . 12 centièmes de seconde. - Dans le — horizontal . ... . 18 centièmes de seconde. Moyennes normales, pour les pilotes en bon état d'entrainement : Dans le sens sagittal . . . . . 9 centièmes de seconde. Dans le — transversal. . . . 9 centièmes de seconde. Dans le — horizontal . . . . 15 centièmes de seconde. Les temps de réaction aux variations d'équilibre s'améliorent donc par l’entrainement et la pratique de l'aviation. En dehors de la moyenne, il y a lieu d'attacher la plus grande impor- tance à la stabilité des réactions. Moyenne et stabilité varient avec l'entrainement, l’âge, la fatigue, les maladies et les blessures. 652 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons examiné par cette méthode un grand nombre de candi- dats pilotes et de pilotes au groupe des divisions d'entraînement. Nous avons. vu et montré que tel pilote qui donnait de mauvaises réactions aux variations d'équilibre ne faisait dans la pratique qu'un pilote détestable. ‘Nous avons très souvent fait l'expérience suivante : Le lieutenant Plantier, qui commandait la division Salmson et qui est connu de tous pour ses qualités de pilotage, nous envoyait une série de 6 à 8 pilotes qu'il connaissait de longue date et qu'il avait pu apprécier depuis longtemps en bien ou en mal. Les notes médicales données par nous ont toujours correspondu aux appréciations du lieutenant Plantier. Or, dans ces examens de pilotes, il nous est arrivé parfois de rencon- trer des gens robustes, bien constitués, sans aucune tare, avec des réac- tions aux impressions sensorielles normales et qui pourtant ne faisaient que des pilotes très médiocres. Ces pilotes médiocres ne présentaient que des réactions extrêmement médiocres aux variations d'équilibre. Nous estimons donc que tout pilote doit avoir des organes sains (cœur, poumons, système nerveux, yeux, etc.), mais nous croyons qu’un choix doit encore être opéré parmi ces élus; l'expérience, que nous avons acquise pendant la guerre, nous a montré que si les réactions aux impressions sensorielles pouvaient rendre des services certains, c'était en définitive aux réactions aux variations d'équilibre qu’il fallait avoir recours pour opérer l'ultime sélection. L'HYPERTROPHIE DU COUR DES AVIATEURS, par G. ÉTIENNE et Lamy. L'étude en série d’un groupe de jeunes aviateurs nous a permis l'étude d’un type d'hypertrophie cardiaque que nous avons décrit (1). Cette hypertrophie reste de façon générale modérée, au moins dans les limites de notre observation. Nous n'avons pas vu de « gros cœurs ». Aussi peut-elle facilement passer inapercue en dehors d'une étude en série. En effet, l'orthodiagramme du cœur en position frontale est peu modifié dans son ensemble. Les différences d'aspect, qui frappent un (4) G. Étienne et Lamy. Le cœur des aviateurs. Bulletin de l'Académie de Médecine, 6 août 1918. — L'hypertrophie du cœur chez les aviateurs. Archives des maladies du cœur, novembre 1918. — Le cœur des aviateurs : pathogénie et conséquences. Paris médical, 19 octobre 1918. SÉANCE DU 14 JUIN 653 observateur attentif, ne donnent que des modifications à peine mar- quées des diamètres longitudinaux et transversaux habituellement mesurés pour l'étude cœur normal ou pathologique; et si, tenant compte de la taille et du poids des sujets, on se reporte aux tables de Claytor et Merril, par exemple, les diamètres des cœurs trouvés sur nos aviateurs se placent souvent en decà des chiffres donnés comme diamètres maxima chez les sujets sains de taille correspondante. Aussi un bon . radiologue a-t-il pu considérer comme normal le cœur de deux de nos sujets. Chez la moitié seulement de nosaviateurs le diamètre transverse maximum de Glaytor et Merril est dépassé ou atteint. oc © © = © © @œe em — + = © = æ + = æ œ = æe «> ee = + Orthodiagramme d'un cœur normal. rennes Cœur des aviateurs volant à des altitudes moyennes. ------ Cœur des aviateurs volant à des altitudes moyennes. Cependant, l'examen radiologique indique nettement une différence de forme de l'ombre cardiaque, proportionnelle à l’altitude habituelle- ment pratiquée. L’hypertrophie est beaucoup plus considérable chez nos aviateurs de chasse et de bombardement, volant habituellement vers 5.000 et 6.000 mètres, que chez les aviateurs de réglage se tenant au moment de notre observation entre 1.000 et 3.000 mètres, que chez les aviateurs mitraïlleurs volant vers 3.000 mètres. Cette règle est telle, qu’il nous est possible de départager des avia- teurs sans erreur d’après l'aspect radiographique de leur cœur. Chez les premiers, la ligne supérieure de la zone de matité précordiale est nettement plus élevée; à l'examen radioscopique, cette ligne de l’ombre cardiaque est nettement plus convexe que chez les régleurs. La zone de la pointe est sensiblement plus arrondie. La figure ci-jointe, synthèse de 654 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'ensemble de nos orthodiagrammes, montre de facon précise l'aspect moyen du cœur chez les aviateurs de chasse et chez les aviateurs de réglage ou de repérage, en fonctions de celui du cœur normal. Dans un seul cas, chez un aviateur de repérage d’artillerie, volant généralement à des altitudes moyennes, nous avons trouvé un cœur plus volumineux proportionnellement, se rapprochant beaucoup des cœurs des aviateurs de chasse. Mais c'est précisément un cas mal toléré, présentant un certain degré de dilatation du cœur droit, incommodé par des palpitations et par une certaine gène l'ayant amené à se faire examiner. Ces modifications de l’orthodiagramme sont contrôlées par les données précises de la palpation el. de la percussion. Chez tous nos aviateurs, la pointe du cœur est nettement abaïssée vers le 6° espace, souvent légèrement déviée jusqu'à la ligne mamil- laire, parfois restant en dedans de cette ligne. Dans ce dernier cas figurent deux aviateurs de repérage et trois aviateurs de chasse, mais volant depuis peu de temps. A la percussion, la ligne supéro-gauche de matité précordiale compaete est nettement relevée, plus convexe que normalement. Cette hyper- trophie est précoce, déjà nette après 5 mois de vol; 8 mois, per- sistante; encore manifeste chez un aviateur ne volant plus depuis 8 mois; progressive, avec une phase de croissance rapide d’abord, une deuxième phase légèrement croissante. Nous avons constaté cette hypertrophie aussi bien chez de. jeunes hommes ne s'étant jamais livrés au sport avant leur entrée dans l’avia- tion que chez d’autres antérieurement sportifs. Nous avons étudié ailleurs la pathogénie de cette hypertrophie car- diaque. Elle constitue un vrai type de réaction d'adaptation, de compen- sation, le plus souvent très voisin du fonctionnement pleinement phy- cu Au cours du vol, le myocarde a à s'adapter aux conditions physiques de pression, de température notamment, des aires atmosphériques tra- versées au cours de dénivellations fréquentes : l'effort systolique, au cours du vol, est constamment à la recherche d’un équilibre cireula- toire toujours fuyant et toujours poursuivi, d'où la fréquence du syn- drome « mal des aviateurs » très bien étudié par G. Ferry. D'autre part, l’aviateur est, en outre, influencé par les réactions émotives du vol, du combal, etc... Cet ensemble d'éléments aboutit à des modifications des tensions maxima et minima pendant le vol, se maintenant ou s’accen- tuant pendant un temps uotable après l'atterrissage, alternativement hypertensive et hypotensive. Ce fonctionnement intensif da myocarde se traduisant par l'hypertension de la maxima pendant la durée du vol, l'hypertension de la minima succédant à la descente, peuvent constituer des facteurs d'hypertrophie du myocarde. Mais, en outre, les phases SÉANCE DU 14 JUIN 655 répétées d'hypotension peuvent aussi jouer un rôle, puisque l’un de nous a constaté d'énormes hypertensions cardiaques chez des lapins ayant survécu pendant longtemps aux injections répétées d’urohypo- tensine. LES EXAMENS MÉDICAUX ET PHYSIOLOGIQUES DU PERSONNEL :NAVIGANT DE L'AVIATION, par GEORGES GUILLAIN. Au cours de la guerre, dans tous les pays belligérants, l'importance des questions médicales intéressant l'aviation a été reconnue et l’on a été amené à rechercher les méthodes les meilleures pour sélectionner les candidats. On à vu en effet que certains organismes supportaient particulièrement mal l'altitude, que certains sujets en apparence normaux présentaient plus ou moins rapidement des déficits de l’activité psychique et devenaient inaptes à la conduite rationnelle de l'avion, que d'autre part certains accidents paraissaien! dus à des troubles syncopaux subits survenus durant le vol. Pour la sécurité des pilotes et pour celle des passagers qui leur seront confiés dans les transports aériens naticnaux et internationaux en temps de paix, il est utile de poursui- vre, au point de vue scientifique, l'étude des tests physiologiques et des examens médicaux qui doivent permettre d'éliminer du personnel navigant de l'aviation les sujets pouvant, pour des raisons d’ailleurs multiples, être inaptes à la conduite d’un avion. Durant les premières années de la guerre, aussi bien en France que dans les autres nations, des recherches, fort intéressantes d’ailleurs, sur les tests d'aptitude à l'aviation ont été poursuivies par nombre d'auteurs, mais n’ont pas été, semble-t-il, coordonnées, certains pensant que les examens cardiaques étaient les plus utiles, d’autres les examens des réactions psycho-motrices, d'autres les examens oculaires ou auri- culaires. Dans la présente note, je désirerais apporter à la Société de Biologie la méthode d'examen que nous avons adoptée, mes collaborateurs (A) et moi, au Centre médical de l'aviation française qui a été créé à Long vic: par le Sous-Secrétariat de l’Aéronautique militaire et par le Sous- Secrétariat du Service de Santé, Centre où nous devions déterminer l'aptitude à l’aviation, soit des candidats, soit des pilotes en instance de réintégration dans le personnel navigant après blessures, maladies, (1) Au Centre médical de l'aviation de Longvic étaient inevie MM. Ambarli, Battez, Cantonnet, Corneloup, Robert io Maillet. 656 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2 ——_— ———"—_—_— 7 —————— 2 ——— — commotions, états asthéniques, etc... Je pense que, pour déterminer l'aptitude à l'aviation, il ne faut pas se contenter de quelques tests isolés, mais qu’un examen médical et physiologique complet est néces- saire, car seul il permet de reconnaître des troubles latents pouvant éventuellement être la cause de graves dangers. Je crois que, dans un Centre médical d'aviation, six groupes d'examens faits par des spécialistes compétents s'imposent : 1° Æxamen de médecine générale ; 2° Examen radiologique ; 3° Examen de neurologie ; À Examen physiologique ; 5° Examen oto-rhino-laryngologique ; 6° Examen ophtal- mologique. J'ajouterai, pour certains cas, l'utilité d’un examen supplé- mentaire sur la résistance à la dépression dans une cloche pneumatique, telle que celle de la Section technique de l’Aéronautique de Saint-Cyr. L'examen de médecine générale à pour but de faire connaître les antécédents du sujet et l'existence de certaines maladies qui peuvert avoir une influence sur l'aptitude au vol. Il est incontestable, pour prendre quelques exemples, qu'il ne faut pas admettre comme pilote un intoxiqué par la cocaïne ou la morphine, un syphilitique avec lésions vasculaires, un paludéen à accès fréquents et récents, un tuberculeux en apparence guéri ayant eu des hémoptysies, un ancien pleurétique ayant des adhérences, un albuminurique avec hypertension, etc. L’on pourrait aisément multiplier ces exemples. Cet examen de médecine générale portera sur l’ensemble de l'organisme. L'intégrité du cœur doit être absolue et toutes les méthodes classiques d'investigation doivent être employées. La pression artérielle maxima et minima sera notée et il y aurail, nous semble-t-il, une utilité, ainsi que nous l'avons demandé à une réunion interalliée à Rome, que dans les études médico- physiologiques sur l'aviation, où l’on parle si souvent de la pression artérielle, les auteurs fassent usage des mêmes appareils pour que les. résultats puissent être comparés. J'ai noté dans notre fiche une étude d'aptitude cardiaque à l'effort à titre documentaire car, comme MM. Vaquez, Laubry, Josué, je n’altache pas à ces épreuves une très grande valeur. La circulation périphérique et la vaso-motricité des extrémités ont une importance chez les aviateurs, car il est à remarquer que les sujets ayant des troubles vaso-moteurs des extrémités, de l’acrocyanose, supportent mal le froid et peuvent alors, aux hautes altitudes, présenter des phéno- mènes paréliques qui gênent la commande des appareils de sustentation de l'avion. ï ; Le tonus de la musculature abdominale doit être normal pour que soient évitées des stases vasculaires viscérales dans l'air raréfié, des déplacements viscéraux susceptibles d'amener des syncopes lors de mouvements brusques de l'avion et aussi pour que la ventilation pul- monaire soit assurée. L'examen de l'appareil digestif fera éliminer du personnel navigant de Le SÉANCE DU À14 JUIN 657 tout sujet même guéri ayant eu un syndrome d'ulcération gastrique ou duodénale dont le réveil est possible avec des hémorragies graves. De même je considère que tout trouble apparent de la circulation portale est une cause d’inaptitude à l'aviation. Chez tous les candidats à l'aviation un examen radiologique s'impose, il montre en effet le volume des cavités cardiaques et de l'aorte, l’état des poumons, du médiastin, la motilité du diaphragme ; il permet de reconnaitre les symphyses pleurales, un anévrisme thoracique latent, etc. L'examen neurologique est considéré par tous les médecins qui se sont occupés de l'aviation en France et à l'étranger comme un des plus importants. Les antécédents nerveux doivent être recherchés et l’on comprend combien il est utile de déceler les épilepsies dans leurs formes frustes, les intoxications éventuelles du névraxe, les syphilis latentes du système nerveux, les états d’asthénie physique et psychique avant leurs manifestations évidentes. La psychologie générale du candidat à l’aviation, ses coefficients d’émotivité, ses réactions motrices visuelles, auditives, tactiles doivent être étudiées. L'étude des temps de réaction psycho-motrice a été considérée par certains auteurs comme spécialement importante ; cette étude est très intéressante et mérite d’être faite, mais je ne crois pas que l’on puisse avec les chiffres obtenus, sauf dans certains cas particuliers, conclure par ce seul test à l'aptitude ou à l’inaptitude des candidats ou des pilotes. Les réflexes tendineux et cutanés, les réflexes dits de défense, les réflexes pupillaires doivent êlre tous étudiés systématiquement pour déceler toute affection possible du névraxe. J'ai pu éliminer ainsi du personnel navigant de l'aviation des tabétiques dont le labes fruste restait ignoré. Les examens de physiologie respiratoire portaient au Centre médical de Longvic sur l’ampliométrie thoracique en inspiration et en expiralion avec mesure différentielle, la spirométrie, la spiro-manométrie, la durée de la suspension respiratoire au repos et après un exercice modéré, la tenue respiratoire sous la pression de 40 millimètres de mercure. La spirométrie permet de calculer la capacité vitale, maïs il ne serait pas exact de croire que ce sont les sujets qui possèdent la capacité vitale la plus élevée qui sont les meilleurs pilotes. La capacité vitale peut d’ailleurs être modifiée et augmentée par l'exercice et l'entrainement. Toutefois il faudrait être très prudent pour l'acceptation des pilotes dont la capacité vitale serait inférieure à 3.000 c.c. Nous mesurions la pression inspi- ratoire et expiratoire avec le pneumomètre de Pachon ; nous mesurions aussi la pression expiratoire en faisant soulever au sujet par l’air expiré une colonne de mercure à la hauteur la plus élevée qu’il peut atteindre ; on voit facilement par ce test combien est moditiée chez les pilotes fatigués la puissance expiratoire, ils ne peuvent souvent soulever la colonne de mercure à plus de 4 ou 5 centimètres alors que des pilotes entraînés atteignent 10 centimètres. 658 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La durée de la suspension respiratoire après inspiration profonde paraît utile à connaître ; durant la suspension respiratoire, en effet, la quantité d'oxygène intrapulmonaire diminue et le sujet s'élève, pour ainsi dire, dans une atmosphère raréfiée. Le temps moyen de la sus- pension. respiratoire chez de bons pilotes est de 55 à 65 secondes envi- ron, mais il est évident que cette épreuve n’a qu’une valeur indicatrice et que l’on peut parfaitement admettre dans l'aviation des sujets ne pouvant retenir leur respiration que 40 à 45 secondes. Toutefois, je crois qu'un sujet ne pouvant retenir sa respiration que 15 à 20 secondes ferait un très mauvais aviateur. M. Martin Flack a insisté avec raison sur l'intérêt de la recherche de la durée de la suspension respiratoire après un certain effort; l'expérience montre qu'après un exercice modéré, tel que toucher la pointe du pied quatre fois en 30 secondes par flexion du tronc, un sujet normal retient sa respiration 10 à 20 secondes de moins qu'auparavant, mais toujours cependant plus de 30 secondes. J'ai adopté aussi l'épreuve, proposée par M. Martin Flack, de la tenue respiratoire sous pression de 40 millimètres de mercure. Cette épreuve consiste, après expiration et inspiration, à soutenir, le nez élant bouché, une colonne de mercure à 40 millimètres. La moyenne de la tenue res- piratoire chez les bons aviateurs est de 40 à 50 secondes ; chez les pilotes asthéniés la tenue respiratoire est fréquemment de 20 à 25 secondes ou même beaucoup moins. Celte épreuve de la tenue res- piratoire sous pression de 40 millimètres de mercure paraît interroger surtout le tonus général de l'appareil respiratoire. Les examens méthodiques de la résistance à la dépression avec une cloche pneumatique peuvent être très utiles, mais il faut pour celte épreuve une surveillance médicale spéciale en vue d'éviter tout accident. À Les investigations avec l’ergographe peuvent avoir un intérêt scienti- fique chez les aviateurs fatigués en instance de réintégration dans le personnel navigant, mais ce test ne nous a pas semblé obligatoire pour les candidats à l'aviation. | Les examens physiologiques de l'audition et de l’équilibration, des voies cochléaires et vestibulaires sont parmi les plus importants chez les aviateurs. L’intégrité des voies respiratoires supérieures, la perméabi- lité normale de la trompe d’Eustache sont essentielles. L’audilion du pilote doit être normale, car il doit pouvoir se rendre Compte de la. moindre perturbation dans la marche du moteur. M. Robert Foy a con- slruit un inducteur téléphonique très ulile pour la mesure de l’acuité auditive er de l'orientation auditive. Les voies vestibulaires doivent élre interrogées suivant un plan méthodique : 1° Étude de la déséquilibration spontanée : épreuve de Romberg, . PR | _ SL) 7, SÉANCE DU Â4 JUIN 659 pieds joints et pieds l’un devant l’autre; marche sur place; marche aveugle aller et retour de Babinski-Weïll ; 20 Étude de la déséquilibration provoquée : épreuve de Robert Foy; épreuve de Moure; épreuve du vertige galvanique assis, debout pieds joints, debout pieds l’un devant l’autre, dans l’action de marquer le pas; marche aveugle après épreuve thermique ; 3° Étude des mouvements provoqués : épreuve de l’indication après rotation sur soi-même, après épreuve thermique à l'air froid, après épreuve giratoire ; 4° Etude du nystagmus provoqué post-giratoire et post-thermique. Il me paraît très intéressant et utile de mesurer graphiquement la vitesse de la réaction d’équilibration avec l’appareil de M. A. Broca, qui permet de donner au sujet quon fait asseoir un mouvement pendu- laire, soit autour d'un axe vertical, soit autour d’un axe horizontal transverse. L'intégrité des voies vestibulo-cérébelleuses est indispensable chez l'aviateur, et il ne faut pas admettre au pilotage les sujets ayant de l'hyperexcitabilité des voies vestibulo-cérébelleuses ou de l'inégalité réactionnelle des deux labyrinthes. L'examen ophtalmologique des aviateurs doit porter sur les voies lacrymales, les paupières, les conjonctives, sur l'acuité visuelle, le champ visuel, le sens chromatique, la vision binoculaire. Il est important aussi de déterminer, comme l'a proposé M. Cantonnet, la vitesse de l’aeuité visuelle, l’acuité hypernormale, la vision nocturne, la vision d’éblouissement ou à contre-soleil, la vision stéréoscopique. J'ai insisté sur ce fait que les candidats à l'aviation et les pilotes devaient être examinés à tous les points de vue et ce n’est qu’à la suite d'un examen complet que l’on sera en droit, à moins d'une tare organique évidente, d'éliminer un candidat ou de rayer un pilote du personnel navigant. Il faut à mon avis être prudent dans ses décisions et ne pas se lier par une réglementation impérative sur des questions qui, somme toute, sont encore à l'étude. J'ai pensé qu’il pouvait être intéressant d'apporter le schéma des examens médicaux des aviateurs que nous avons établi pour le Centre médical de l'Aviation francaise. Ce schéma d'examen, qui n’a pas encore -été publié, élait destiné à suivre l’aviateur dans les Ecoles et dans les formations successives du territoire et des Armées; il devait être com- plété par des examens similaires périodiques; le pilote avait ainsi un véritable dossier physiologique et médical et nous pensions, qu'au point de vue scientifique et pratique, cette documentation devait être utile. Notre schéma d'examen des candidats à l'aviation n’a nullement la prétention d’être définitif et nous serons heureux de le modifier suivant les suggestions que les physiologistes et les cliniciens voudront bien nous donner. CENTRE MÉDICAL de L'AÉRONAUTIQUE Non :. “PRÉNOMS : GRADE : CLASSE : ÂGE : ÂRME D ORIGINE : Antécédents . . . . Hygiène générale. . Constitution : Appareil circula- DITES . Appareil respira- VOILE nice App areil digestif . Fonctions rénales. . Observations diverses. Conclusions. (1) Par suite de nécessités typographiques les espaces réservés restreints dans la reproduction ci-dessus. { ( \ / ( Appareil tégumentaire : le : 19 FICHE MÉDICALE ÉLÈVE PILOTE ÉLÈVE OBSERVATEUR PROFESSION : : ANTÉCÉDENTS SPORTIFS OU ENTRAÎNEMENT MILITAIRE ANTÉRIEUR : É 1° Examen de Médecine générale. Tabagisme, intoxications : Taille : Poids : Sangle abdominale : Cœur Aorte à = a) Dans le décubitus dorsal : _b) Dans Ja station debout : PoutSEME eReEe . l'inspiration : c) Modifications du pouls à l'expiration : (Uscillomètre de Pacnox) (Sphygmotensiomètre de Vaocrs -LAUBRY) : Épreuve d’ aptitude cardiaque à l'effort : : a) Au repos : = 4 b) Après 3 minutes d'exercice (pas gymnastique cadencé) : or ES c)-Après 3 minutes de repos : a) Dans le décubitus dorsal : b) Après 3 m. d'exercice (pas gym. cadencé) : c) Après 3 minutes de repos : : Circulation périphérique : Vaso-motricité des extrémités : Pression artérielle. Pression artérielle. ) 6 Dentition Ë Estomac intestin : Foie : Volume des urines : À - a) Éléments normaux : b) Éléments anormaux : Albumine : Sucre : Analyse chimique. Rétention chlorurée : Azotémiie : à Constante uréo-sécrétoire : aux réponses ont dû être SÉANCE DU LA JUIN > : 661 2% Examen radiologique. SOMMETS : PLAGE PULMONAIRE : OMBRE HILATRE : MÉDIASTIN : SINUS COSTO-DIAPHRAGMATIQUE : © MOUVEMENTS DU DIAPHRAGME : - T0 PAROI THORACIQUE : - 8° COEUR ET AORTE : - Observations diver- __ ses, Conclusions. EE 3° Examen de neurologie, ANTÉCÉDENTS : PsycuoLocre GÉNÉRALE DU CANDIDAT : CRUE É | Emoriviré : . MomriGiTé GÉNÉRALE ? Ë COORDINATION, TREMBLEMENTS, ASYNERGIE, DYSMÉTRIE : | SENSIBILITÉ SUPERFICIELLE ET PROFONDE, STÉRÉOGNOSIE : _ RÉFLEXES TENDINEUX : RÉFLEXES CUTANÉS !: - RÉFLEXES PUPIELAIRES ë - SPHINCTERS ! _ Observations diver- ses, Conclusions. . 47 Examen physiologique. 4 : Insp. Exp. Différentielle. ee a) Xyphoïdienne É Ampliométrie tho- b) Axillaire : | | racique . . . + » c) Ombilicale : F Spirométrie : … lo Physiologie res- ro manométries a) Pression inspiratoire : » piratoire. . . P b) — expiratoire : Durée de la sus- ) Au repos : pension resp. . b) Après un exercice mod & : Tenue respiratoire sous pression de centin) res de mercure : Résistance à la dépression atmosphérique : 2 Physiologie musculaire. — Ergographie : ss 3e Réactions psy- Auditives : cho-motrices. S Yisuelles . Tactiles s Observations di- verses. Con- _clusions . . . .Biozocie. CoMptEs RENDUS, — 1919. ©. LXXXII. 48 662 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 5° Examen oto-rhino-laryngologique. Fosses nasules : Taches expiratoires : I. — Voies respira- ? pression inspiratrice : toires supérieures. Cavum : : 12 Pharynx : 0. G 0. Dr PA Tympans : / Perméabilité tubaire : Voix chuchotée faible : Voix parlée : Inducteur téléph. si Cu50) Diapason Ut-1 (32 V. D.) : — Ut-1 (4096 V. D.) : Weber : Rinne : Réflexe cochléo-palpébral : Accommodation (Gellé) : Orientation auditive : 1. — Audition . (Voies cochléaires) / Romberg (pieds joints) : 10 Déséquilibration \ — : (pieds l’un devant l’autre) : SPORLANEE. ee se | Marche sur place (marquer le pas) : E — aveugle aller et retour (Babinski- en) : a) Romberg après 3 tours com- plets sur soi-même (noter { Flanc Dr. : en retard de l’équilibration) { Flanc G. CRÉFOY) eV \ b) Epreuve du bâton (Moure) : c) Galvanique . + à G.1 + à Dr. 20 Déséquilibration Vertige assis : de Vertige debout pieds joints : Vertige debout pieds l’un devant l’autre : Épreuve du marquer le pas (R-2FOV) SNS INA : d) Marche aveugle ou Romberg après épreuve thermique (air froid) 22 RER t | a) Indication après 5 tours de ro- Flanc DL provoquée . . . . - . II. — Equilibration. (Voies vestibulaires) tation sur soi-même (Gri- VOLE TE pe mie cs AI ES b) Après épreuve Hémique (air F5 Lab. Dr. 112200 Lab. G. a | Dév. sagit. Dév. let Flanc G. : + 30 Mouvements réact. TOITS AR NAS provoqués (Indic.) 6) Ap. épreuve girat, (fau- } Par flanc Dr. : teuil. -kyné- — G.: métrique). a) Post - gira - ( Par flanc Dr, : toire, .. )1 : — GR _b) Post - he: À A AE Lab. Dr. frofd). , (27 Ge 40 Nystlagmus » +0 , Interprétation . . j Conclusions. . . : SÉANCE DU À14 JUIN 6° Examen ophtalmologique. +10 VOIES LAGRYMALES, PAUPIÈRES, CONJONCTIVES : 20 PUPILLES À L'ÉTAT STATIQUE ET DYNAMIQUE : 30 MEMBRANES PROFONDES : 60 SENS CHROMATIQUE : T9 VISION BINOCULAIRE : 19 Vitesse de l’acuité normale : Eee ; 90 Acuité hypernormale : Epreuves complé- 30 Vision nature : _mentaires . . . .. 4 Vision d'éblouissement ou à contre-soleil : { bo Vision stéréoscopique : +Clusions 2. 0. 40 AGUITÉ VISUBLEE. &) Droite : b) Gauche : 50 CnaMP visuez. - a) Droit : b) Gauche : 663 à PR ë Observations. Con- 7° Observations et Conclusions. L'ÉTUDE DES RÉACTIONS PSYCHO-MOTRICES AU POINT DE VUE DE L'APTITUDE DES PILOTES AVIATEURS, ‘par GEORGES GUILLAIN et L. AMBARD. MM. J. Camus et H. Nepper ont attiré l'attention, en 1916, sur l'uti- lité de la mesure des réactions psycho-motrices élémentaires chez les candidats à l'aviation et chez les pilotes, et ont montré très justement l'intérêt théorique et pratique de ces recherches, Il semble que les conclusions très prudentes de M. J. Camus aient été parfois oubliées, car certains auteurs en France et à l'étranger pensent que la détermina- lion des temps de réactions psycho-motrices élémentaires est spéciale- ment importante pour fixer l'aptitude à l'aviation et que les temps de réaction s’écartant du chiffre dit normal doivent faire exclure Îles candidats ou les pilotes du personnel navigant. Nous croyons que la question est plus complexe, que la mesure des temps de réactions psycho-motrices élémentaires n’est qu'un des éléments de l’examen général de l’aviateur et qu'il ne faut pas tirer des chiffres obtenus des conclusions trop impératives. Il est évident que l'examen psychologique des aviateurs est impor- tant, et qu'il pourrait comporter les tests les plus variés ; dans cette note nous désirons envisager seulement les réactions psycho-motrices élémentaires qui ont été spécialement étudiées durant la guerre et que nous avons recherchées sur plus de 1.000 sujets. Nous avons adopté le principe de l'épreuve et les appareils utilisés 6614 à SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par MM. J. Camus et H. Nepper avec quelques variantes. Nous avons employé le chronomèlre de d’Arsonval, et nous nous sommes assurés préalablement, au moyen d'un signal de Desprez et du diapason donnant 100 vibrations par seconde, que les chronomètres étaient bien réglés, leurs indications coïncidant avec ceux du signal de Desprez à moins de 1 centième de seconde près. Pour la commodité des épreuves, nous avons accouplé deux chronomètres de d'Arsonval, de telle sorte que les indications de leurs aiguilles fussent synchrones; l’un de ces chronomètres était utilisé par le sujet examiné, l’autre par l’observa- teur ; un écran séparait l'observateur et le sujet examiné. Nous avons trouvé des inconvénients à laisser la presselle de l'appareil dans la main du sujet qui, instinctivement, la comprime ; nous avons fixé cette presselle sur une tablette pour que le sujet n'ait qu'à presser comme sur un signal Morse. Il nous a paru aussi nécessaire de déterminer exac- tement et définitivement la position du chronomètre par rapport au- sujel pour l'étude des réactions psycho-motrices visuelles: le chrono- mètre a été mis sur un support pour que le centre du cadran soit à la hauteur des yeux, une barre d’appui contre laquelle le sujet appuyait le | front mettait ses yeux à 0"30 du cadran ; nous avons constaté, en effet, que si à 0"30 du cadran les réponses à l'excitation visuelle étaient obtenues en 17 centièmes de seconde, à une distance de 0"60, les réponses élaient souvent obtenues environ en 19 centièmes de seconde ; le _fait s'explique aisément si l’on remarque que le sujet ne «répond » au mouvement de l'aiguille que pour un certain déplacement angulaire appa- rent. Or le sommet de l’angle étant la rétine et l'ouverture étant mesurée par le déplacement de la pointe de l'aiguille, il est facile de voir sur un schéma qu’à 0"30 le déplacement de l’aiguille paraît plus grand qu'à 0®60. D'ailleurs on peut adopter telle distance voulue de l'œil au chronomètre, pourvu que cette distance soit la même dans toutes les expériences. Pour les réactions auditives, nous frappions avec le marteau rupleur du- courant, non pas sur une table, mais sur un disque de bronze, le son est beaucoup plus net et toujours identique à lui-même. É Le temps normal de réaction visuelle a été discuté ; certains auteurs donnent 19 centièmes de seconde, d’autres 17 centièmes. L'observation nous a montré, en prenant comme sujets d'expériences un grand nombre de sujets normaux au point de vue de la vue et de l’audition, que chez - les deux tiers environ on obtenait un temps de réaction de 17 centièmes de seconde et chez l’autre tiers 19 ou 20 centièmes de seconde. Ce chiffre de 19 ou 20 centièmes de seconde ne peut étre considéré par nous comme défectueux, car si l'on répète les examens, si l’on excite les sujets par des encouragements, on peut voir des réactions dites lentes devenir normales. L'expérience nous à montré souvent que des sujets notoirement intelligents ne donnent d'emblée que des LE SÉANCE DU A4 JUIN 665 réponses lentes alors qu'ultérieurement elles deviennent rapides. Notre conclusion est que, dans cette épreuve des réactions psycho-motrices élémentaires visuelles, il faut répéter les examens, il faut être large dans l'acception du mot normal et considérer comme aptes les sujets ayant des réactions visuelles comprises entre 17 et 20 centièmes de seconde. Un point nous paraît peut-être plus important que la durée de la réaction, c'est sa constance et l'absence de grands écarts dans une série de 15 à 20 réactions successivement prises. Les réactions visuelles anormalement lentes dépassant 25 centièmes de seconde et atteignant des chiffres supérieurs s’observent chez les sujets asthéniés physiquement et psychiquement, chez les anciens commotionnés, chez ceux qui ont fait des chutes ayant déterminé des lésions cérébrales ou méningées, chez ceux qui ont eu des maladies graves. Ces réactions très lentes, comme l'ont signalé MM. Camus et Nepper, sont réellement pathologiques et comportent une contre- indication au vol, mais il convient d'ajouter que, chez tous ces sujets, l'examen clinique neurologique ou somatique montre toujours la contre-indication au pilotage et que, dans ces cas, la recherche des réactions psycho-motrices est un test confirmatif, mais nullement indispensable. Les réactions visuelles comprises entre 20 et 25 centièmes de seconde sont médiocres, mais peut-on avec cette seule donnée éliminer un can- didat ou un pilote ? Nous croyons qu'il faut être très prudent avant de prendre de telles décisions, car nous avons vu des pilotes excellents ayant de telles réactions dites médiocres ; de plus, des réactions dites médiocres peuvent devenir très rapides par l'entrainement. Il convient d'ajouter que, dans le vol, les mouvements que doivent exécuter les pilotes en réponse aux excitations sensorielles comportent souvent un temps préalable de réflexion consciente et que des différences de réac- tion réflexe de quelques centièmes de seconde-ne nous paraissent avoir que peu d'importance. Nous pourrions émettre les mêmes considérations au sujet des temps de réaction à l'excitation auditive (normalement 14 à 15 centièmes de seconde) ou laclile (normalement 13 à 14 centièmes de seconde). Nos examens ont été faits avec le chronomètre de d’Arsonval suivant la méthode employée par MM. Camus et Nepper. Nous croyons que la mesure des temps de réaction par le procédé de MM. Broca, Maublanc ct Ratié avec inscription graphique sur un chronographe de Richard est préférable et à le grand avantage de laisser un document que l’on peut étudier ultérieurement. La détermination des temps de réactions élémentaires chez les candi- dats à l'aviation et chez les pilotes est utile au point de vue documen- laire, mais il ne faut tirer des chiffres obtenus que des conclusions très prudentes, L'examen psycho-physiologique des aviateurs doit com- #4 666 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LE porter, nous semble-t-il, des tests plus complexes, les réactions de discrimination sont plus utiles à préciser, les effets de l’émotion sur le rythme respiratoire cardiaque, sur le tremblement, la vaso-motricité, plus importante à déterminer. MM. J. Camus et H. Nepper ont d’ailleurs insisté avec raison sur l'intérêt et l’étude de l’émotivité chez les avia- teurs. ; il convient de remarquer aussi que, dans les camps d'aviation, la psychologie des élèves, sans tests de laboratoire, est souvent très bien appréciée par les instructeurs. Le Gérant : O. PoRrkE.- Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. 6 an SÉANCE DU 21 JUIN 1919 DEUXIÈME SÉANCE CONSACRÉE A LA PHYSIOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE DE L’AVIATEUR Biner (L.) : Étude des réponses à l'émotion provoquée. . . . . . . .. Camus (J.) : Études des réactions psychomotrices et des réactions émotives des candidats à l’avia- tion. , CRucHEr (R.) et MouLiniEr (R.) : Le mal des aviateurs. . ....... DASTRE : sur la Commission physiologique d'aéronautique et les problèmes qu'elle a étudiés, présenté à la séance de la Commission d’aérosta- tion du 29 juin 1908 (Aéro-Club de Sale elle plelie Ho en ee lie te ee LITANCE) AR NL 0 ee Mere Foy (R.) : De l'examen des voies vestibulo-cérébelleuses chez les AMD LEUTS 0 D a ua Juarros (C.).: Influence de l’avia- tion sur la sensibilité des réflexes tendineux et la force musculaire. Juarros (C.) et PEREZ-NuNEz (A.) : Contribution à l'étude clinique de la névrose des aviateurs. Marcnoux (E.)et NEPPER : Influence de l'intégrité de la muqueuse rhino- pharyngienne sur l'aptitude des AVIATEULTS AUOT US MouLinier (R.) et Crucner (R.) : Fatigue et asthénie cardiaque des AVI TEUES A ANNE ART RS PréRoN : Remarques à l'occasion de lacommunication de M.J.Camus. RENARD (Lieutenant-colonel) marques sur le procédé Rateau . . RENARD (Lieutenant-colonel) : Re- marques sur la sélection des avia- teurs rene real e Deere Net le le neie rente BiocoGi£. COMPTES RENDUS. — 41919. T. LXXXII. 4 Rapport de M. Dastre SOMMAIRE 677 111 681 692 690 : Re- . TarA (S.) : Mesures de pression artérielle effectuées en avion à diffé- rentes altitudes et au cours d’un apprentissage . . . VILLEMIN (F.) : dio-vasculaires passagères et per- manentes dans l'aviation jugées par les critères d'entraînement VizceMiN (F.) : Modifications pas- sagères de la pression artérielle consécutives aux vols chez les avia.- teurs. Recherche de la fatigue . . ViLLEmiN (F.) : Modifications per- manentes de la pression artérielle en aviation. Évolution adaptative . es ele eelneltetese + + Communications diverses. DeBré (R.) et PaRar (J.) : À propos de l’ophtalmie expérimentale à Go- nocoques du Lapin (Réponse à MM. Mezincescu et Holban) Doxon (M. : Action de la peptone chez le Chien après l’exclusion du TOC RO ER RE AREA ER DunAMEL (B.-G.) : Fixation au ni- veau du foie des métaux et métal- loïdes en solutions colloïdales in- troduits dans l’organisme par la voie VEINEUS ER NE ANA AR ESS Escuaïcx (A.) : Procédé de re- cherche du sang dans l'urine, es selles et les liquides pathologiques. Gautier (CL.) : Recherches phy- siologiques et parasitologiques sur les larves de Lépidoptères nuisibles. Remarques sur Apanteles glome- RU SIN É EAN EN AS DAONMONE Les réactions car-- 706 696 668 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RE Te Re NU AE siologiques et parasitologiques sur SÉCSRic ne ie ne 138 les larves de Lépidoptères nuisibles. *OUZAUD : Variations du taux de Sur le sang de quelques chenilles. . 722 | l’urée et dusucre dans le sang Gautier (Cz.) : Recherches phy- veloppement des dents compo- GrayaA (J.) : Emploi des ferments sous l'influence de l'anesthésie | | dans les études de physiologie cel- DÉNÉTAlE ne RE RE 127 lulaire : le globule de levure dé- | pouillé de sa membrane. . . . . ,. 119 | RES ; é = TR Réunion biologique de Lille. logie et la bactériologie du liquide (Se ance du 14 juin 1919.) céphalo-rachidien dans le typhus | exanthématique rer 729 | Boczetr (L.) : Antagonisme du JacoBsox (J.) : Ether-éthylcinna- chloral et du chlorure de baryum. 743 mique comme twmilieu différentiel | Dupois (Cn.) et Bourer (L.) : Ac- entre le Bacille dysentérique du type tion du carbonate de soude sur la Flexner et le Bacille dysentérique VERSIONS Par PNR 745; CHRMDE MAIS SE RNe 126 Duuor (E.): Sur! ïe titrage du pou- Lauxoy (L.) et Fusrmort (Y.) : Do- voir antisène de divers liquides cuments sur quelques anesthésiques hydatiques mes RS AS TOCAURE PNR or de 132 Fosse (R.) : Le mécanisme de Ja , PRoN (L.): La réaction du sang au formation artificielle de l’urée par pyramidon rs... ne 131 | oxydation et la synthèse des prin- RerTerer (Ép.) : Structure et dé- cipes naturels chez les végétaux. ,. 719 Présidence de M. A. Pettit, Secrétaire général, puis de M. Ch. Richet. INFLUENCE DE L'INTÉGRITÉ DE LA MUQUEUSE RHINO-PHARYNGIENNE SUR L'APTITUDE DES AVIATEURS AU VOL, par E. Marcaoux et NEPPER. Si la mort n'avait si brusquement interrompu la belle carrière que se préparait mon regretté collaborateur le D' Nepper, c’est lui qui présen- terait aujourd’hui ce travail. Notre communication y aurait gagné en documentalion, car c’est à lui que revient tout le mérite opératoire et, malheureusement, une partie des notes qu'il avait recueillies s’est trouvée dispersée après sa mort el n'a pu étre retrouvée. Après un certain nombre d'heures de vol dont le chiffre peut être inférieur à 200, il arrive fréquemment que des aviateurs, même parmi les plus dignes, deviennent inaptes au service des escadrilles, sans pourtant que leurs réactions psychomotrices aient fléchi. L'importance continuellement croissante du rôle de lavialion pendant la guerre rendait indispensable l’entreprise de recherches scientifiques propres à décéler les raisons un peu mystérieuses de cette usure rapide d'hommes + pl SÉANCE DU 9 JUIN 669 a —————_—_——— aa si nécessaires. C'est à cette tâche que nous nous sommes employés, M. Nepper et moi. Grâce, d'une part, à l'obligeance de notre regretté président, M. le professeur Dastre, et d'autre part, grâce à la générosité de M. Roux, directeur de l'Institut Pasteur, nous avons pu faire remettre en état et utiliser les cloches qui se trouvent au laboratoire de physiologie de la Sorbonne et qu'avait fait construire Paul Bert pour ses belles expé- riences sur la physiologie de la pression atmosphérique. La cloche de Paul Bert, on le sait, est constituée par un vaste réci- pient hermétiquement clos, dans lequel, tout en entretenant un léger courant d'air, on peut, à l’aide d une puissante pompe à vide, entretenir une atmosphère raréfiée dont la pression est mesurée par un mano- mètre. Ge dispositif permet de placer les aviateurs dans les conditions de décompression et de faible teneur en oxygène qu'ils rencontrent dans les hautes régions de l'atmosphère. L'état des sujets en expérience peul être surveillé par des hublots et un téléphone les mét en communication avec l'opérateur. Un grand nombre d'aviateurs aptes ou inaptes au service et parmi eux quelques- uns des plus nobles chevaliers de cette armée d'élite sont passés par la cloche sous nos yeux. _ Les observations faites comparativement sur les uns et les autres nous ont permis quelques constatations RARE qui font l’objet de cette note. Les aviateurs bien portants ont supporté sans aucun trouble des décompressions correspondant à des altitudes de 6.000 mètres et des récompressions rapides. Il n’en a pas été de même des hommes fati- SUÉs. Beaucoup d'entre eux nous ont accusé à la montée des céphalées, des douleurs dans les oreilles, tous ont très mal supporté la descente surtout des derniers 1.000 mètres et il nous a été nécessaire fréquem- ment de l’interrompre pour leur treune de se remettre de troubles plus où moins accentués. La céphalée s'aggrave toujours, les douleurs du côté des oreilles sont plus marquées et s'accompagnent de névralgies très pénibles le long des sterno-cléido-mastoïdiens. Nous avons noté des bourdonnerents, parfois du verlige et même dans quelques cas, heureusement rares, des nausées et des menaces de syncopes. La première partie de nos recherches a porté sur les varialions de la pression artéfielle qui se produisaient, d'après quelques auteurs, au cours des ascensions. Dans les conditions où nous nous sommes placés, tant sur l'homme avec l’oscillomètre de Pachon, que sur les animaux à l’aide du manomèêtre à mercure, nous avons observé que le système vasculaire s'adapte très vile, que la pression artérielle reste sensible- ment constante quelle que soit l'altitude atteinte et pendant toute la durée de l'ascension ou de la descente. Les aviateurs inaptes se sont comportés à cet égard comme les sujets sains, ce ne sont donc pas des 670 SOCILTÉ UE BIOLOGIE phénomènes de cette nature qui interviennent dans l'étiologie des accidents observés. En deuxième lieu, nous nous sommes préoccupés de déterminer l'influence de l’anoxémie sur les organismes sains et fatigués. Pour dissocier les phénomènes, les sujets en expérience ont été soumis à deux sortes d'épreuves : 1° Munis d'un masque communiquant avec une bouteille d'oxygène, ils ont été enfermés dans la cloche, et soumis à des décompressions correspondant à des altitudes de 5 à 7.000 mètres. Les accidents qui se sont produits sont restés les mêmes que ceux qui avaient préalablement été enregistrés; 2 En dehors de la cloche, nous les avons fait respirer dans une atmosphère artificielle, composée d'azote et d'oxygène mélangés dans des proporlions variables. Ainsi que le montrent les graphiques ci-joints, les inspiraions sans se précipiter deviennent plus profondes, des éblouissements, des ver- tiges peuvent se produire même avec des proportions de 10 p. 100 d'oxygène; quand on descend à la proportion de 5 p. 100, on voit apparaître des phénomènes d'asphyxie. : Aucun de ces accidents ne se manifeste à la montée dans la cloche, quelle que soit l'altitude atteinte, si l'aviateur est muni d'un masque à oxygène. En revanche aucun des phénomènes douloureux constatés à la descente dans la cloche ne s’observe au cours des expériences de respiration en mélange d’azote et d'oxygène raréfié. | De toutes nos observations ce sont celles qui ont trait à l'influence de ja pression atmosphérique qui se sont montrées les plus intéressantes. Elles nous ont instruits de l’importance qu'il fallait attacher à l'intégrité de la muqueuse rhino-pharyngienne. Tout obstacle à l'établissement rapide d'un équilibre de pression entre les cavités craniennes et l’atmo- sphère ambiante entraîne une série d'accidents parmi lesquels Ja douleur est un des moindres et la syncope un des pires, parce que, les uns et les autres, ils sont d'autant plus marqués que l’aviateur approche plus près de terre, et qu'il a besoin de plus d'attention pour assurer son atterrissage. Alors que la pression atmosphérique s’abaisse de 10 centimètres de mercure entre O0 et 1.000 mètres, elle ne flechit plus que de 4 centimètres entre 6 et 7.000 mètres. C’est donc dans les couches inférieures de l’atmosphère que le défaut d'équilibre est le plus sévèrement ressenti. En général la montée s’accomplit ans gros inconvénients: les sinus et l'oreille moyenne se vident avec une relative facilité. mais à la descente les lésions inflammatoires même léyères et a fortiori les lésions chroniques et marquées provoquent l’accolement des parois muqueuses et établissent des sortes de soupapes qui deviennent d'autant plus étanches que la différence de pression est plus grande. eo 7 ee. — (EX — (ex æ] = [2] (es) SÉAN 672 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mm On comprend dans ces conditions comment des aviateurs avertis des accidents auxquels les expose la récompression limitent inconsciemment la hauteur de leur vol, pour diminuer l'action due aux variations de la pression atmosphérique. La plupart, d’ailleurs, ne se rendent pas compte des raisons qui motivent cet abaissement du plafond, ils les attribuent presque toujours à des chutes dont ils ont été les victimes. Le premier sujet que nous ayons eu l'occasion d'examiner était un jeune aviateur A... qui vint nous trouver le 26 avril 1947. Ïl avait pris part à l'attaque du 16 avril au Chemin des Dames, Le 18 il fit une chute de 1.500 mètres provoquée par l'éclatement d'un obus dans la queue de son appareil. Atterrissage normal. Le lendemain il éprouve une grande fatigue, des {roubles respira- toires, resta sourd de l'oreille droite. Pilote depuis 27 mois, il n'a commencé à éprouver de difficulté que depuis un mois et demi. Il se plaint de fatigues et éprouve une sen- sation pénible de pression à la région temporale et au-dessus des yeux. Cette sensation qui est persistante s’accentue après chaque vol. Sa pression artérielle est normale. di) ÊTRE RES AS CE AO MAR EE cet UT 16 MAR NT SN nn ee 13 CAD, Les réactions psychomotrices sont bonnes. Nisnellés rs. Nes nn 19,3 AUS ES ES Dre RE ee Eee HATESS ee de he terne aa El Il est enfermé dans la cloche. En 13 minutes, on le monte à 5.500 mètres sans qu'il accuse de troubles sérieux. A la descente qui est rapide (6 minutes), il en est tout autrement. Les douleurs frontales s'accentuent et il sort de la cloche avec les yeux congestionnés, se plaignant de douleurs violentes dans l'oreille gauche et dans touie la tête. On constate une surdité persistante des deux oreilles. La pression artérielle est de : Max. : 18 Min. : 14 Conduit auprès du D' Lombard, à Laënnec, il est reconnu atleint d’une inflammation de la muqueuse rhino-pharyngienne nécessitant un traitement qu'on lui fait suivre. Le 9 mai, sérieusement amélioré, il est soumis à une deuxième ascension dans la cloche. Montée à 4.000 mètres en 11 minutes sans aucun trouble. Descente d'une pre- mière fraction de 1.000 mètres en 1 minule sans qu'il se produise aucune douleur; simple sensation de bouchon d’ouate dans les oreilies. Deuxième fraction de 1.000 mètres en 1 minute, faible douleur à l'oreille gauche; troisième fraction de 2.000 mètres en 5 minutes. La SÉANCE DU 21 JUIN 673 douleur s’accentue, mais A... sort de la cloche sans présenter les acei- dents observés la première fois. Au bout de trois semaines, tout étant rentré dans l’ordre, les ascen- sions et les descentes ne provoquaient plus aucun phénomène dou- loureux. Getle observation a élé suivie d'un grand nombre d’autres qui nous ont donné des résultats de même sens avec des caractères plus ou moins accentués. C’est ainsi qu'un aviateur, connu déjà avant la guerre, qui avait dû abandonner le front parce qu'il plafonnait à 700 mètres au maximum, est tombé frappé de syncope à la sortie de la cloche. On comprend quel danger courent les aviateurs qui n'ont pas su ménager leur sensibilité, en restant dans les couches inférieures de l'atmosphère, lorsqu'ils approchent du sol où les troubles augmentent d'importance très vite et qu'il leur faut pour l'atterrissage jouir de la plénitude de leurs fonctions. Combien d'accidents inexpliqués n'ont peut-être pas d’autres causes. Il ÿ a donc dans une escadrille intérêt à pouvoir disposer des D d'un oto-laryngologiste qui suspende les ascensions temporairement chaque fois que se montrent des lésions de la muqueuse rhino-pharyn- gienne et qui scigne ces lésions dès qu’elles se manifestent. Nous n'avons pas la prétention d’avoir résolu toute la question de la physiologie pathologique des aviateurs, mais nous croyons y avoir apporté une contribution sérieuse en faisant connaître l'influence si marquée des lésions inflammatoires, même légères de la muqueuse rhino-pharyngienne sur l’aptitude de l'organisme à supporter les varia- tions de la pression atmosphérique auxquelles l’exposent les ascensions rapides et les descentes brusques. ÉTUDES DES RÉACTIONS PSYCHOMOTRICES ET DES RÉACTIONS ÉMOTIVES DES CANDIDATS A L'AVIATION, Ua par JEAN Camus. Il y a environ trois ans et demi j'ai tenté d'établir une méthode de sélection des candidats à l'aviation. Ces recherches ont été poursuivies avec la collaboration du D° Nepper qui malheureusement a succombé au cours de l'épidémie de grippe de l'hiver dernier. C’est à la demande du D" Marchoux, alors médecin-chef de la place de Paris, que ce travail a été entrepris. L'idée directrice qui m'avait guidé était qu'il y avait utilité à con- naître la rapidité des réactions psychomotrices (visuelles, auditives, “ 674 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tactiles) mais que cette mesure était insuffisante et qu’il importait d'autre part de connaître la valeur et la durée des réactions émotives provoquées par une série d'épreuves. La technique comportait donc deux parties : 1° La mesure des réactions psychomotrices à l’aide du chronomètre de d’Arsonval ; 2° L'inscription à l’aide de la méthode graphique de la respiration, du rythme cardiaque, des variations vaso-motrices, du tremblement con- sidérés comme susceptibles de traduire l’émotivité des sujets en expé- rience. Les résultats de nos premières recherches ont été publiés dans le Paris médical du 18 mars 1916. Les deux parties de la technique m’avaient paru nécessaires et j’esti- mais qu'elles devaient se compléter l’une l’autre. En effet un sujet qui a des réactions psychomotrices . peut avoir une émotivité excessive, qu'il est incapable de maîtriser, et par conséquent être un mauvais aviateur. | Un sujet peu émotif peut avoir des réactions psychomotrices très lentes, trop lentes pour être un bon aviateur. Mon collaborateur le D' Nepper a pratiqué seul, ou aidé de inlare médecins (MM. Arrous, Binet, Turlais, Vallée, etc.), un nombre énorme d'examens sur des candidats à l'aviation. Dans la pratique il est arrivé rapidement à supprimer l'inscription des réactions émotives ne conservant de notre méthode primitive que la mesure des réactions psychomotrices à laquelle nous avions ajouté, sur les conseils de mon maître Ch. Richet, la notion de l’écart moyen. Je ne saurais dire si pratiquement cette méthode simplifiée est suffi- sante, mais je ne le crois pas pour les raisons exposées ci-dessus, les deux parties de la technique devant dans mon esprit se compléter. Quant à la valeur de la méthode que j'ai décrite avec le D' Nepper en 1916, voici ce que Le D' Nepper et moi nous avons constaté : 1° les très bons aviateurs, les as connus (et nous en avons examiné plusieurs) ont présenté des réactions psychomotrices excellentes et des réactions émotives faibles ou parfaitement dominées; 2° les sujets souffrants, atteints de blessures de tête, en particulier les trépanés qui, théori- quement, devaient étre peu aptes à l'aviation, ont fourni des réactions psychomotrices mauvaises et des réactions -émotives excessives et prolongées. De ces constatations on peut conclure que la méthode pour les sujets extrêmes donne des résultats très satisfaisants qui sont tout à fait en sa faveur: A à Mais ce que je ne peux dire, car personnellement je n’ai pratiqué qu’un nombre relativement petit d'examens, c’est si la méthode donne dans SÉANCE DU 21 JUIN 675 tous les cas des résultats satisfaisants et si elle permet une sélection rigoureuse ou fournit simplement des indications utiles. Ilme semble d'autre part qu'il serait avantageux d'ajouter à notre méthode primitive des épreuves plus ou moins compliquées de discer- nement en provoquant ou non des émotions au cours de ces épreuves. Depuis 1917, j ai demandé chaque fois que j'en ai eu l’occasion, que des recherches de contrôle soient faites indépendamment des auteurs de la méthode; j'ai demandé au sous-secrétariat du Service de Santé qu'une Commission de médecins physiologistes fût formée pour cette élude, et quand MM. Guillain, Ambard, Battez furent nommés au grand Centre d'aviation de Dijon, je leur fis part des conclusions du rapport que j avais envoyé au sous-secrétariat du Service de Santé. Elles étaient les suivantes : Malgré les très nombreux examens pratiqués par le D' Nepper et les médecins qui l'ont aidé, la méthode, bien que fournissant des données intéressantes, ne me parait pas mûre pour être généralisée, il faudrait auparavant y ajouter des éléments qui manquent ou qui sont incom- plets. “l° Examiner un plus grand nombre de bons pilotes el se rendre compte si cerlains d’entre eux ne donnent pas de réponses faibles ; 2° Rechercher avec soin si des élèves acceptés en dehors de Paris devenus bons pilotes n’ont pas été examinés antérieurement au Grand Palais et reconnus alors mauvais ; 3° Rechercher inversement si des élèves reconnus bons par notre méthode n’ont pas été obligés de renoncer à l’aviation ; 4° Suivre, pendant leur période d'instruction, plusieurs groupes d'élèves qui, les uns, auront donné avec la méthode de bons résultats et les autres des résultats faibles, en se rendant comple dans quelle mesure ils se perfectionnent et quelles sont les variations, s’il en existe dans leur manière de se comporter vis-à-vis des épreuves de sélection au début, au cours, ou à la fin de leur instruction. Je n'ai pu poursuivre moi-même cette étude critique, mais elle me parait toujours indispensable pour hoete la valeur de la méthode que nous avons établie. M. P1£RON. — Je tiens à féliciter M. Camus d’avoir, sous l’heureuse impulsion de M. Marchoux, organisé un examen psycho-physiologique des aviateurs de la région parisienne. Il y a eu ainsi, d'assez bonne heure, quelque chose de fait en France, où l’on n’a malheureusement pas procédé systématiquement comme aux États-Unis qui, dès leur entrée en guerre, ont eu un programme pour l'examen psycho-physiolo- gique des aviateurs grâce à une des douze commissions d’études immé- diatement constituées par l'Association psychologique américaine. Mais, avec quelques différences dues à des nécessités moins sévères, 676 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE les épreuves d’examen des aviateurs devront être organisées au point de vue civil. C'est pourquoi je ferai quelques observations au sujet de la partie psycho-physiologique de cet examen. Pour que les épreuves utiles soient déterminées en toute connaissance de cause, il faudra adopter la méthode empirique, et rechercher les qualités qui appartiennent aux bons aviateurs et font défaut aux mau- vais, et déterminer ainsi la nature des aptitudes nécessaires, celles sans lesquelles un apprentissage même est inutile, et celles qui doivent se rencontrer après l’apprentissage. avant l'autorisation définitive de vol, au cours de l'examen le plus important. Ces qualités devront être cherchées dans les sensibilités mises en jeu, dans la motricité, et dans les capacités mentales d'atlention, de déci: sion, de résistance aux perturbations émotives. Les épreuves de MM. Camus et Nepper sont excellentes, nécessaires je crois, mais non suffisantes. Il faudra examiner la fonction visuelle, en dehors de lexame ophtalmologique clinique, examiner physiologiquement V'acuité visuelle, la rapidité de fixation et d'accommodation à des distances différentes, _comme dans des épreuves de Ferree et Rand, la rapidité de perception de données complexes, épreuve prévue dans le plan américain, ete. Il faudra examiner la fonction auditive, étant donné que le bruit du moteur doit être observé par le pilote comme indice de son plus ou moins bon fonctionnement. Il faudra examiner, avec un appareil du genre de celui qui à été imaginé par M. Broca, ou de celui qu'ont employé les Américains, les perceptions relatives à l’équilibration, perceptions complexes dans lesquelles la part des sensations labyrin- tiques est le plus souvent exagérée, comme l'ont bien montré les expé- riences de Bourdon. Pour les réflexes vestibulaires — à condition qu'il n’y ait pas de troubles graves, pas d’hyperexcitabilité sympathique surtout — ils ne sont pas très importants, car ces réflexes d'équilibration dans la marche ne sont pas utilisés par le pilote qui doit acquérir de nouveaux réflexes. Au point de vue moteur, la rapidité des réactions simples donne une indication intéressante, les sujets trop lents devant être éliminés, la précision des mouvements, des réactions, qui implique une finesse suffisante des sensations kinesthésiques, ne devra pas être négligée. Mais les temps de réaction donnent, non par leur valeur moyenne, mais par leur stabilité plus ou moins grande, leur variation moyenne, un indice capital, celui de la stabilité de l'attention. La capacité de décision exacte et rapide sera étudiée par les temps de réaclion de choix, en se rapprochant le plus possible des conditions ordinaires de l’aviateur au cours du vol; des réactions différentes à des déséquilibrations en sens divers fourniront, par leur vitesse et leur exac- titude, un test excellent. De SÉANCE DU 24 JUIN. 677 Dans quelle mesure cette capacité de décision prompte et correcte peut-elle être affectée par des phénomènes perturbateurs divers, voilà ce qu'il faut absolument savoir. Et M. Camus a eu tout à fait raison d'examiner l’'émotivité des candidats aviateurs, l'émotivité qu'on peut mesurer par quelque réaction physiologique, motrice, respiratoire, cardiaque, vaso-motrice, sécréloire — en y comprenant le réflexe psy- cho-galvanique, — ete., et surtout évaluer dans ses effets perturbateurs sur les réactions. D’autres influences, distractions, fatigue plus ou moins rapide, conditions du vol (dépression, diminution d’oxygène,elc.) pourront être aussi envisagées. Maintenant, pour que cet examen prenne sa pleine signification, en - particulier au point de vue des influences perturbatrices, il est néces- saire qu'il soit fait dans des conditions réellement satisfaisantes, et que soit éliminé tout à fait un facteur qui peut troubler les résultats et les rendre déplorables, la timidité sociale, se traduisant, par Le trac de l’examen : un pilote sur son siège peut avoir, quand sa vie est en danger, Le plus grand sang-froid, et être troublé dans le laboratoire ; des dissociations émotives de ce genre se rencontrent souvent. Il faut donc, tout d’abord habituer le sujet, par des expériences à blanc, et, d'autre part, l'isoler de l’expérimentateur de manière à ce qu'il puisse être observé, mais à son insu, el à ce qu'il se croie livré entièrement à lui-même. = On arrivera ainsi, par des examens répétés d’aviateurs de toute sorte, à déterminer quelques épreuves caractéristiques qui permettront de connaître assez rapidement l'aptitude professionnelle au point de vue psycho-physiologique, et les documents recueillis par nos collègues italiens, américains et anglais nous y aideront beaucoup. Ces épreuves devront être obligatoires pour les pilotes civils. LE MAL DES AVIATEURS, par RENÉ CRucuEr et RENÉ MouLINtER. Le vol nécessite chez l’aviateur un effort physique et intellectuel constant, effectué daus des conditions auxquelles l'organisme n'est pas primitivement adapté. Il s'ensuit, chez certains sujets, des troubles qui, par leur aspect clinique particulier, se groupent en un syndrome que nous avons les premiers décrit en 1911, dans une communication à l’Académie des Sciences, et auquel nous avons donné le nom de « Mal des Aviateurs », aujourd’hui consacré par l'usage. Réactions vaso-motrices avec congestion de la face, bourdonnements d'oreilles et douleurs auriculaires, souvent intolérables, étreinte pré- 678 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE cordiale avec tachycardie, gêne inspiratoire, céphalée, somnolence avec état syncopal parfois —, tels sont les phénomènes qui sont d’autant plus marqués que la chute se fait de plus haut et avec une vitesse de descente plus grande. A l'atterrissage si les douleurs auriculaires s’atlé- nuent, les bourdonnements ainsi que les troubles vaso-moteurs per- sistent tandis que la céphalée et la somnolence s’accusent davantage et qu apparaissent des sensations vertigineuses avec démarche titubante. Ce sont ces divers phénomènes qui caractérisent le mal des Aviateurs dont de nombreuses observations ultérieures sônt venues, surtout depuis la guerre, confirmer la réalité. De la description que nous avions faite de ces phénomènes en 1911, il n’y a rien à changer (1). La cause essentielle de ces troubles est très vraisemblablement la vi- tesse — ascension rapide, descente vertigineuse — aveclaquellel’aviateur se transporte dans l’espace à différentesaltitudes.C’est cefacteur, disions- nous, qui intervient pour rendre pénibles, et même dangereuses des variations de pression atmosphérique dont la grandeur est relativement faible quand on la compare aux variations de pressions auxquelles sont soumis, dans des conditions de travail différentes, d’autres sujets, les scaphandriers par exemple. Le phénomène objectif le plus important qui accompagne le mal des aviateurs est l'hypertension artérielle transitoire caractérisée par une augmentation de la valeur de la pression minima après le vol, au moment de l'atterrissage, par rapport à-la même pression mesurée avant le vol. _ Cette augmentation de la Min. est propre aux aviateurs qui descen- dent d’altitudes élevées. Nous ne l'avons pas observée chez les aviateurs qui se maintiennent à 100-150 mètres. Cette augmentation de la Min. a été constatée même par les auteurs qui, attachés à la conception ancienne de l’importance primordiale de maxima considèrent comme hypotension les états où malgré la plus- value de Min., Max. s'atténue. Cette hypertension est d'une grandeur très appréciable, 1 cent. 1/2, 2, 3 centimètres de Hg qui exclut tout coefficient d'erreur personnelle. Le fait qu’elle inléresse essentiellement Min. la distingue des augmentations passagères de la valeur de Wax. observées après travail 1) Cruchet et Moulinier. Le mal des Aviateurs. Académie des Sciences, 24 avril 19114 et Journal de physiologie et pathologie générale, mai 1911. Les premières notes avaient paru dans le Journal de médecine de Bordeaux, le 16 septembre 1910 et dans la Gazette hebdomauaire des Sciences médicales de Bordeaux, le 25 septembre 1910. : Voir également les articles de Cruchet dans Le Journal (Paris, 25 avril 4914), le Journal médical français (15 août 1911), la Revue scientifique (9 décembre 1911). SÉANCE DU 21 JUIN 679 cérébral (attention, lecture, calcul mental, etc.), la valeur de Min. restant alors sensiblement stationnaire. Ses variations relevées chez les sujets soumis expérimentalement à l’action du froid sont également différentes. On observe, là encore, une nette hypertension de Max. (de 2 à 5 centimètres de Hg), l’augmen- tation de Min. étant infime en comparaison (1/2 à { centimètre de Hg). Or, chez l’aviateur, à mesure que le froid augmente avec la hauteur, la tension Min. diminue et à mesure que la hauteur diminue, et que par conséquent la température s'élève, la valeur de Win. augmente. Ces valeurs exactement inverses de celles obtenues sous l’action du froid seul, montrent que cette hypertension de Win. est bien spéciale à l’avia- teur. À Tout exercice physique — marche, gymnastique suédoise, course à bicyclette, ascension d’escalier avec charge, course à pied, de fond, de vitesse, football, natation — ne provoque pas davantage une hyperten- sion de Min. comparable à celle de l’aviateur à l'atterrissage. L'exercice physique quel qu'il soit a généralement pour effet au con- traire, quand on mesure la pression, dans les instants qui suivent le moment où l'effort vient d’avoir lieu, de provoquer à la moindre ina- daptation, ainsi que l’a démontré Pachon, une hypotension artérielle, notamment de Min., qui s’accentue considérablement dès que cette ina- daptation s’exagère et que la fatigue apparaît. Il n’en est nullement ainsi pour l'aviateur chez lequel l'exercice d’un long vol ne se traduit pas à l'atterrissage par cette hypotension Min. si habituelle chez les autres sportsmen. Pour qu'il y ait chez lui hypotension en Min., il faut que la fatigue soit extrême et que même un accident (défaillance ou syncope) se soit produit au cours de la descente rapide précédant l'atterrissage. Aussi pouvions-nous conclure dès nos premières recherches : « Pra- tiquement, un aviateur désirant prendre part aux épreuves de hauteur. doit être bien doué physiquement, avoir plus particulièrement une bonne vue, une ouïe parfaite; il doit posséder une énergie morale peu commune; il doit s'entraîner méthodiquement et progressivement, non seulement pour habituer son organisme aux variations de la pression atmosphérique, mais aussi pour préparer ses muscles à l'endurance et à la fatigue; il doit se vêtir chaudement de facon à ne pas souffrir du froid; enfin et surtout il doit aller très lentement aussi bien dans la montée que dans la descente el, s’il est possible, dès qu'il dépasse 2.000 à 2.500 mètres d'altitude, faire des inhalations d'oxygène (1) ». L'expérience de la guerre a non seulement confirmé la réalité du mal des aviateurs, tel que nous l’avons décrit, mais encore la justesse de ces conseils admis aujourd’hui sans conteste. (1) Revue scientifique, 9 décembre 1911, loc. cit. &S0 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE FATIGUE ET ASTHÉNIE CARDIAQUE DES AVIATEURS, par RENÉ MOULINIER ET RENÉ CRUCHET. Comme nous l'avons défini dans une note précédente et comme suite à notre communication princeps de l’Académie des Sciences de 14911, le mal des aviateurs évolue concurremment avec une hypertension ne rielle transitoire. Cette réaction vaso-motrice s'éteint chez les sujets affaiblis et fait place, quand la fatigue est prononcée, à une chute de pression plus ou moins accusée. Le premier effet de la fatigue est de rendre peu appa- rente l'hypertension ordinaire des aviateurs : l'élévation de la valeur de Min. n'est plus constatée; il y a quelquefois tachycardie. Puis, si les -ellets de [a fatigue s’accentuent, on observe de l'hypotension. Par exemple : L AVIATEUR AVIATEUR à — : non fatigué fatioué AVANTAeVOl re de Her EE inte er 0 tt 9 AIDES AV OlE LR RER RESEECEE Man. > 12 MAR: 008 Cette hypotension en relalion avec la fatigue n'est pas spéciale aux aviateurs. Elle est d'ordre banal et commune à tous les états de fatigue ainsi que nous avons pu le voir dans une longue série d'expériences: nombreuses dont les premières remontent à 1910 et qui concernent notamment les joueurs de football, les coureurs à-pied (fond et vitesse) et à bicyclette, les nageurs, etc.; la valeur de Min. baisse alors de 1 à 2. et même 3 Centinôties de Hg. Mais chez l'aviateur, cette hypotension revêt une grande importance: parce qu'elle succède aux réactions vaso-motrices spécialés que nous avons décrites et parce qu'elle frappe ainsi’un organisme exposé par son travail à des variations du régime circulatoire. Ses caractères font penser que cette hypotension est en rapport avec une débilité du myocarde fatigué. L'auscultation du cœur fait percevoir queiquefois un dédoublement du premier temps ét très souveñt un souffle doux au premier temps, plus net en dedans et au-dessus de læ pointe, qu’à la pointe, s'irradiant parfois à la base et ayant tous les caractères des souffles d’asthénie cardiaque observés et décrits par Lamacq (4) ; ils donnent, comme notre confrère et ami l’a écrit, l’illu- sion, dans une observation rapide, d'un bruit de galop où d’un souffle présystolique du rétrécissement mitral. Ces désordres sont transitoires. Nous les avons observés fréquemment avec ou sans dilatation du cœur. [ls disparaissent après quelques (1) Gazette hebd. des Sciences médicales de Bordeaux, août 4906 et février 1907. SÉANCE DU 21 JUIN GS+ semaines de repos. Ils s’'accompagnent d’une instabilité de la pression artérielle, expression de cette débilité du myocarde que l’on peut encore mettre en lumière par la méthode que l’un de nous a décrite (1) el qui se caractérise par une hypotension anormale aussi bien de la Max. que de la Min. quand on place le bras en position élevée (baisse de 3,5 à 4 centi- mètres de Hg au lieu de 2 em. chez le sujet sain). C'est ainsi que par comparaison avec un sujet non fatigué, nous avons observé chez À, B, C, D, aviateurs fatigués, les varialions de pression suivantes : SUJET A B e D normal : se (Max "15 16 15 15 16 A 10 Sas A0 10 nn Man 12 10 12 14 A De 6 6,5 $ Mais tous ces symptômes cliniques ne sont que des manifestalions de troubles fonctionnels communs à tous les états de fatigue. Leur appari- tion est plus ou moins précoce chez l’aviateur. Ils peuvent être la cause de défaillances graves. Leur pathogénie est certainement influencée par les réactions circulatoires qui ont fait l’objet de notre étude du mal des aviateurs; mais ils n'ont pas les caractères pathognomoniques suscep- tibles de constituer une entité morbide. DE L'EXAMEN DES VOIES VESIIBULO=-CÉRÉBELLEUSES CHEZ LES AVIATEURS, par ROBERT Foy. Dans cette communication je ne présenterai que quelques procédés personnels d examen ; le principe directeur en est : « Si l’on veut que les candidats pilotes et que les pilotes entraînés se soumettent régulière- ment aux épreuves, il est de toute nécessité que celles-ci soient simples, rapides et surtout absolument indolores. Toute épreuve pénible à sup- porter sera très rapidement refusée par les intéressés. » 1. Épreuve d'équilibration retardée. — Nous considérons cette épreuve comme très sensible, très exacte, sans être brutale : elle permet de plus de donner une valeur numérique à la réaction. Le sujet, yeux bandés, debout, mains derrière le dos, exécute sur place trois girations complètes sur lui-même (pivotement), à une allure (4) René Moulinier. Pressions artérielles et positions données aumembre... Journal de Physiol. et Pathol, générale, t, XVIT, 1917-1918, p. 977-989, Le 682 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE régulière de un tour à la seconde. A l'arrêt, il exécutera l'épreuve de Romberg, sensibilisée : pieds dans le prolongement l’un de l’autre, le talon de l’un touchant la pointe de l’autre. Si la giration se fait par le flanc droit, le sujet à l’arrêt placera son pied droit devant le pied gauche, et inversement si la giration se fait par le flanc gauche. (Important.) Aussitôt la rotation terminée, nous comptons avec un chronomètre à secondes le temps nécessaire au sujet ainsi déséquilibré, pour retrouver son équilibre et pouvoir exécuter correctement l'épreuve de Romberg, pieds l’un devant l’autre; il faut normalement de 10 à 15 secondes pour retrouver cet équilibre ; immédiatement à l'arrêt l'épreuve de Romberg est impossible. Au cours de cette épreuve on rencontrera des sujets normaux (410 secondes), hypoexcitables (2 à 5 secondes), hyperexcitables (30 à 50 secondes), inexcitables (aucune réaction). Les réactions anormales peuvent être bilatérales ou unilatérales, les dernières étant d’un pro- nostic plus sévère. A l'arrêt le sujet s'incline généralement du côté opposé à celui où s’est fait la rotation. En l’absence de toute déséquilibration après trois tours, l'épreuve sera répétée en faisant exécuter au sujet six tours sur lui-même. Un sujet normal après six tours reste déséquilibré (20 secondes). Au point de vue clinique cette épreuve fait, pour l'étude de la désé- quilibration, le pendant de l'épreuve du fauteuil pour l'étude du nys- tagmus. IL Æ'preuve de « Babinski » sensibilisée. — (Rapport 1916). Dans celle épreuve, toutes les réactions normales ou pathologiques sont les mêmes que dans le Babinski classique; mais elles sont obtenues avec des inten- sités de courant beaucoup plus faibles, et partant l’épreuve est infini- ment mieux supportée par le sujet : à l’état permanent du courant le sujet n’éprouve qu’un léger picotement au niveau du pôle —, et la réac- tion apparaît à 2 ou 3 Ma. À la fermeture le sujet ne ressent absolument rien, et la réaction apparaît à 1 ou 2 Ma. Un autre avantage de l'épreuve est de n’exiger qu'un nombre restreint d'éléments de piles, 6 à 8 au lieu de 12 à 24, d'où réduction considé- rable de l'encombrement, les éléments à liquide immobilisé peuvent être utilisés (piles de lampes de poche avec rhéostat). Voici l'épreuve : Sujet debout, yeux bandés, mains derrière le dos, en position de Rom-. berg, pieds l’un devant l’autre, la pointe de l’un au contact du talon de l'autre: le pied avant doit être l’'homologue de l'oreille où se trouve le pôle . Excitateurs olivaires introduits dans les méats et fixés par un ressort SÉANCE DU 21 JUIN 683 embrassant le sommet de la tête, rhéostat, milliampèremètre, clef de Courtade, permettent de graduer, de mesurer et de diriger le courant. Fils conducteurs de 4 mètres de long. C'est, ainsi exécutée, une épreuve essentiellement clinique de cabinet, applicable à tous, femmes et enfants. IIL. Épreuve du « marquer le pas » (fig 1). (Rapport 1918). — Le sujet placé face à l’examinateur, les yeux bandés, talons réunis, mains der- Fic. 1. — Épreuve du marquer le pas. rière le dos, excitateurs olivaires dans les méats. Une croix à la craie sur le parquet indique la position de départ et permet de mesurer les déplacements du sujet. Les deux talons réunis doivent se trouver sur le: point d’entre-croisement des deux lignes. On ordonne au sujet de « mar- quer le pas » (marche sur place) en pliant nettement el rapidement les jarrels. _ A9 Ma le sujet normal s'incline vers le pôle + et se trouve déporté latéralement de ce côté, entrainé malgré lui lorsqu'un des pieds quitte le sol. Dans certains cas le sujet pivote sur place (giration) surtout lorsque la réaction est cherchée à l’état permanent du courant et dans les affections rétro-labyrinthiques. Cette épreuve objective d’une façon remarquable les réactions. Biozocre. COMPTES RENDUS. — 1919, T. LXXXII, 50 684 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE J'ajouterai qu’en mai 191%, MM. Buys et Iennebert, de Bruxelles. ont proposé des épreuves assez analogues pour l'examen galvanique du labyrinthe vestibulaire. Ces expériences qui n’ont été publiées en France que récemment, trouvent leur pleine confirmation dans celles que j ai pu pratiquer sur une vaste échelle pendant la guerre. IV. Épreuve giratoire. — Je rapporterai seulement ici à propos de cette épreuve le procédé de contrôle que j'ai décrit en 1917 et dénommé « Contrôle visio-dactyle du nystagmus ». Le malade ayant les yeux fermés. l'observateur, posant légèrement la face palmaire de son pouce et de son index sur les globes oculaires à travers les paupières, contr- lera facilement le phénomène nystagmique; non seulement il verra, mais il sentira les oscillations, en appréciera l'amplitude, la fréquence ; les pulsations nystagmiques sont d'environ 90 à la minute. J'aiplusieurs .— Pistolet à air comprimé. fois constalé par ce procédé un nys- tagmus normal, alors que par les épreuves classiques (regard en position latérale regard en position directe derrière des lunettes dépolies) on n'oblenait aucune réaction post-giratoire. NV. Epreuve thermique. {Air froid.) — L'étude du nystagmus thermique se fait classiquement sui- NB - vant la méthode de Barany, perfectionnée par Brunnings, à l’eau chaude ou à l’eau froide. Mais l'épreuve à l'eau chaude, peu sensible, exige de multiples préparatifs. L'épreuve à l'eau froide, contre-indiquée en cas de perforation ou de suppuration, est toujours très pénible pour le malade. J'ai depuis longtemps substitué à l'eau froide l'air froid : épreuve rapide, propre, très bien supportée par le malade, précise et applicable dans tous les cas. Dundas-Grant, Rozier, ont récemment préconisé ce procédé et décrit leur technique, l’un par refroidissement au chlorure d’éthyle, l'autre par refroidissement à la glace, d’une masse d'air projetée dans le con- duit auditif externe à l’aide d'une soufflerie à main. Mais le chlorure d'éthyle est coûleux, malodorant, dangereux; la glace fond ou fait défaut au moment opportun. L’instrumentation pour mon procédé comporte (Rapport 1947) : Comme source d’air, en l'absence d'une canalisation urbaine, un obus d'air comprimé de % ou 7 mêtres cubes, avec manomètre détenteur. SÉANCE DU %1 JUIN GS5 (Société de l'Air liquide). On peut au besoin utiliser une petite bouteille d'air pour pneumatique. Une canalisation en caoutchouc entoilé de . 2"50. Un pistolet à air comprimé (Luer, constructeur) (fig. 2). Un petit manomètre à main genre Potain, gradué en centimètres de Hg. Voici la technique opéraloire (Hg. 3) : À l’aide du manomètre détendeur de la bouteille et du petit mano- mètre de Potain, on règle la pression de telle facon qu'elle soit de Fra 3. — Épreuve thermique air froid. 30 centimètres de Hg, pendant l'épreuve (pistolet ouvert). On obtient ainsi un courant d'air de pression, de volume et de vitesse absolument constants. Quant à la température entre l'été et l'hiver, prise à l'extrémité du pistolet, elle n’a jameis varié de plus de 2°, Gette?variation est absolument négligeable; le refroidissement laby- rinthique est d’ailleurs obtenu dans ce procédé, non pas tant par la basse température du courant d'air, qui est à peu de chose près celle de la pièce, que par l'extrême rapidité avec laquelle se trouve renou- velée la couche d’air.en contact avec les parois externes de la caisse ou du vestibule (6 litres en 30 secondes). Le diamètre de la canalisation (2 millimètres), la pression de 30 centi- 686 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mètres de Hg et le volume d'air (6 litres) étant des quantités constantes, la vitesse du courant d'air, et partant l'intensité du refroidissement, peuvent être considérés comme constants (conslance que Brunnings a cherché à obtenir de façon assez compliquée avec son oto-calorimètre). Chez les mêmes sujets normaux examinés par ce procédé en plein été et en plein hiver, avec la même pression de 30 centimètres de Hg, les résultats ont été absolument identiques : nystagmus apparaissant après 30 secondes durant 160 secondes avec une fréquence de 90 pulsations oculaires à la minute en moyenne. L’extrémité du pistolet doit être introduite de 1 centimètre dans le conduit auditif externe et légèrement inclinée en haut et en arrière, le courant d'air devant lécher la paroi tympanique de haut en bas, pu filer par la paroi inférieure. Ce procédé exige un minimum de préparatifs; en quelques minutes un malade est complètement examiné; aucune erreur n’est possible; ni accident, ni traumatisme, ni infection à redouter. : Le réflexe étant déclanché, on peut faire varier la position de la tête du sujet pour interroger plus particulièrement tel ou tel canal semi- circulaire (Lombard). La tête légèrement en arrière paraît une position satisfaisante et suffisante, l'ensemble des canaux étant ainsi interrogé. Pour apprécier la ts. de la réaction nystagmique plusieurs facteurs. entrent en ligne de compte : Le nystagmus durant 160 secondes en moyenne, on a largement le temps au cours de l’épreuve de rechercher les réactions de déséquilibra- tion provoquée du sujet : épreuve de marche aveugle aller et retour, Romberg pieds l’un devant l’autre, mouvements réactionnels du membre supérieur (indication). A l’état normal les déviations se font du côté de l'excitation, c’est-à-dire du côté de l'oreille ventilée, dans le plan du nystagmus et dans la direction de son premier temps lent. De mes nombreux examens, je concluerai que c'est là la seule épreuve latéralisant nettement et sûrement l'excitation, et permettant aussi bien d'interroger le vestibule que les voies de conduction et les centres d’équi- libration (nystagmus, mouvements réactionnels, déséquilibration pro- voquée). L'épreuve po fait entrer en ligne de compte de nombreuses causes d'erreur : excitation du sens nn profond, du sens des. attitudes segmentaires, de la sensibilité cutanée; excitation constante des deux labyrinthes, centrifugation de la moelle, du bulbe, du cervelet et des liquides encéphaliques. Cette épreuve ne donne que des rensei- gnements généraux sur l’équilibration et la stabilité de l'individu; à ce point de vue seul elle est utilisable chez les aviateurs. Quant à l'épreuve galvanique, je m'en tiens à l’ancienne opinion de mon maître Lermovyez; cette épreuve interroge plus les voies centrales ES e u SÉANCE DU 21 JUIN 687 ee et les centres que le vestibule; c’est une épreuve plus neurologique qu'otologique. à An point de vue de l'interprétation des épreuves chez les aviateurs, à l'encontre des théories généralement admises surtout par nos collègues étrangers, me basant sur les examens pratiqués sous le contrôle de M. Guillain chez des as de l’acrobatie et chez des pilotes réputés, je considère qu’une hypoexcilabilité, qu’un retard dans les réactions des mouvements’et des réactions de déséquilibration sont des phénomènes favorables pour l’aptitude à l'aviation sous réserve bien entendu que les réactions soient égales et bilatérales. Par contre, l'hyperexcitabilité doit nous faire faire de grandes réserves pour l'aptitude du candidat et encore plus chez le pilote entrainé, car normalement cette hyperexcitabilité a par l'entrainement tendance à s'atténuer et à devenir de l’hypoexcitabilité. Après une déséquilibration inopinée ou brutale, il est à désirer que le pilote ne réagisse pas bruta- * lement, trop rapidement, mais avec sûreté et précision, c’est-à-dire avec une lenteur relative permettant une adaptation correcte ne dépassant pas le but à atteindre, tous desiderata impossibles à obtenir chez l'hyper-. excitable, L'épreuve galvanique telle que je l’ai décrite et l'épreuve d’équilibration retardée permettront de se faire une idée extrêmement nette du degré de réflectivité des voies et des centres de l’équilibration. Toutes ces conclusions sont le résultat d’investigations faites en grand nombre aussi bien sur des sujets normaux que sur des sujets atteints de lésions ou d’affections du système nerveux (central ou périphérique) et de l’appareil auditif (vestibule ou cochlée). Elles sont basées sur des faits cliniques, sur des applications prati- ques. Sur papier, il est facile d'établir de brillantes et séduisantes théories physiologiques du labyrinthe et des voies vestibulaires. Mais sans un contrôle clinique très étendu ces théories n’ont que la valeur d’une hypothèse. Je puis affirmer avoir fait pendant la guerre près de 3.000 examens de labyrinthe : c'est cette vaste expérimentation con- trôlée par des maîtres comme M. Guillain qui m'a permis de vous présenter les méthodes et les opinions que je vous apporte aujourd'hui. REMARQUES SUR LA SÉLECTION DES AVIATEURS, par le Lieutenant-colonel RENARo. Je remercie la Société de Biologie d’avoir bien voulu m'inviter à cette très intéressante séance. J'y ai déjà appris beaucoup de choses et me réjouis d'en apprendre encore. 68S SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je suis complètement d'accord avec le précédent orateur sur la néces- sité, au point de vue de l’âge des pilotes aviateurs, de faire une distinction entre l'âge où lon commence son RpRenIESRRe et celui où l’on doit cesser de pratiquer le pilotage. Pour les débuts, il est indispensable d’être jeune; 30 ans semble, sauf très rares exceptions, être une limite extrême au delà de laquelle il est inutile de faire son instruction de pilote: 25 ans yaudraient mieux, et ceux qui ont débuté à 20 ou 18 ans ont de ae chances d'être les meilleurs. L'âge où l’on doit cesser de piloter est extrêmement variable: il dépend des aptitudes naturelles du sujet, de sa formation, de son entrainement, de son maintien en bonne forme, Je n'ai pas pratiqué le pilotage d'avion; j'étais trop vieux quand le premier aéroplane a décalé. Par contre, j'ai beaucoup pratiqué le ballon libre, et pendant 25 ans jai constaté sur moi-même qu'en prenant de l’âge je perdais sous le rapport de la rapidité des réflexes, mais que je gagnais au point de vue de l'expérience acquise et de la résistance à l'émotivité. Or, un des précédents orateurs a avec raison signalé l’importanee de ces deux facteurs. Si l’un croit et si l’autre décroit avec l’âge, il y a une époque, probablement vers 30 ou 35 ans, où le sujet donne son maxi- mum; avant, ses qualités globales vont en augmentant, plus tard elles diminuent jusqu’au moment où il faut s'arrêter. C’est une question d'espèces que de déterminer pour chaque pilote l’âge où il doit cesser d'exercer son métier; en général, il en sera meilleur juge que personne. Tout en écoutant avec le plus vif intérêt les communications précé- dentes je n'ai pu m'empêcher de constater d'importantes lacunes et bien des divergences d'opinions. La question de la sélection des avia- teurs par un examen médical n’est donc pas encore au point. Si dans les cas extrêmes (aptitude hors ligne ou inaptitude évidente), il est facile de se prononcer, dans les cas moyens, qui forment la grande majorité, il n'en est pas de même. Que conclure de là? C'est qu’il n’est pas encore temps de formuler des règles détaillées et absolues: Une sélection trop sévère, fondée sur des principes insuffisamment démon- trés, risquerait de faire plus de mal que de bien. Est-ce à dire qu’il n’y a rien à faire? Loin de là. J'ai connu person- nellement des aviateurs notoirement inaptes, dont j'ai prévu la mort pour ce motif, et qui se sont tués en eflet. La sélection s'impose donc. Elle a été utile pendant la guerre; elle le sera plus encore dans l’avia- tion civile. Celle-ci ne se développera que si le public a confiance dans la sécurité de ce nouveau mode de locomotion. La bonne qualité des avialeurs est un des éléments essentiels de cette sécurité. Poursuivons donc nos recherches, donnons des conseils, mais ne nous hâtons pas trop de faire de la réglementation. SÉANCE DU 21 JUIN 689 REMARQUES SUR LE PROCÉDÉ RATEAU, par le Lieutenant-colonel RENARD. Je demande la permission de bien siluer la portée de l'innovation de M. Rateau. Un aéroplane qui parcourt horizontalement et avec une vitesse uni- forme une lrajectoire rectiligne est en équilibre sous l'influence de 4 forces : 2 verticales el 2 horizontales. Les 2 verticales sont le poids de l'appareil qui lend à le faire descendre. et la force sustentatrice des ailes qui tend à le faire monter; lorsqu'elles sont égales, l'avion reste à une hauteur constante. Les 2 nes horizontales sont : la force de traction de l’hélice qui l’entraîne en avant et la résistance de l'air à l'avancement qui s'oppose à ce mouvement; lorsque ces forces sont égales le mouve- ment est uniforme. Or, pour une même vitesse de l’hélice et une même vitesse de l'appa- _reil, 3 de ces forces, la force porteuse des ailes, la traction de l’hélice et la résistance à l'avancement sont proportionnelles à la densité de l'air; la quatrième, le poids de l’aéroplane, en est indépendante, et, 7. l’allégement dû à la consommation de combustible, reste sensiblement constante. è De cette remarque, il résulte que, si un avion passe de la cote 0 à la cote 5.500 où la pression est réduite sensiblement de moitié de sa valeur, et si la vitesse de l'hélice et de l'appareil restent les mêmes, la traction de l’hélice sera réduite de moitié, la résistance à l'avancement aussi, et l'équilibre horizontal ne sera pas rompu; la vitesse de translation restera la mème. Il en sera tout autrement dans la verticale : la force sustentatrice sera réduite de moitié, le poids reste sensiblement le même; l'équilibre s2ra rompu et l'appareil descendra. Pour le maintenir en l'air, il faudra soit augmenter la vitesse, soit augmenter l'angle d'attaque des ailes, soit faire les deux à la fois; dans tous ces cas, il faudra demander au moteur un supplément de dépense d'énergie, ce qui ne sera possible que si au début il était surabondant et non tangeni.. _ D'autre part, à mesure qu'on s'élève, le moteur à explosion fonctionne moins bien, car si à chaque cylindrée il aspire le même volume d'air, la masse est diminuée en raison de la densité plus faible; l'effort de chaque coup de piston est donc moindre. Pour ces deux causes réunies, augmentation de Pise à fournir et diminution de la puissance du moteur, il arrive un moment où l'appareil a atteint une hauteur qu'il ne peut plus dépasser. C'est cette hauteur qu'on à désignée sous l'expression aussi juste qu'imagée de plafond. Cest une des caractéristiques importantes de tout aéroplane. 690 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE L'innovation de M. Rateau consiste à employer les gaz d’échappe- ment, à actionner une turbine. Celle-ci comprime de l'air aspiré à l'extérieur et l'envoie dans une cabine étanche où l'équipage jouira à peu près de la pression normale au niveau du sol. C'est dans cette cabine que le moteur viendra puiser l'air nécessaire à son alimentation. Il se trouvera par suite maintenu dans les mêmes conditions de fonclionne- ment qu'au niveau du sol. Il faudra toujours dépenser plus d'énergie pour se soutenir à mesure qu'on s'élève, mais le moteur continuera à développer la même puissance. Des deux causes qui aujourd’hui limitent la hauteur accessible, l’une d'elles seule subsiste; par conséquent, un avion donné pourra monter plus haut, ou en d’autres termes son pla- fond s'élèvera. Cette élévation du plafond dépassera, en général, la pro- portion du simple au double. Sauf le cas de guerre ou le franchissement de hautes montagnes, cette élévation du plafond ne présente pas en elle-même un grand avantage, mais _elle a une conséquence indirecte fort importante, c’est quen raison de la raréfaction de l'air, pour une même dépense d’énergie on obtiendrä des vitesses plus grandes. Théoriquement, elles croîtront en raison inverse de la racine carrée du poids spécifique de l'air, si bien qu’à 11.000 mètres où la pression n’est que le quart de celle qui règne au niveau de la mer, la vitesse sera le double. C'est là un avantage énorme pour les grands voyages. Ils sont d’ailleurs très réalisables puisque les passagers et le pilote sont maintenus dans un air à sa pression normale. Est-ce à dire que le dispositif Rateau devra toujours être appliqué? Évidemment non, car dans les cas très nombreux où l’on n'aura pas intérêt à dépasser 1 ou 2.000 mètres, on pourra se contenter, comme on l’a fait jusqu'ici, de laisser le moteur aspirer et les voyageurs respirer l'air ambiant dont la pression est sulfisamment voisine de la normale pour ne pas donner lieu à des inconvénients sérieux. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE CLINIQUE DE LA NÉVROSE DES AVIATEURS, par CÉSAR JuARROS et ANTONIO PEREZ-NUNEZ. Des recherches poursuivies à l'École d’aéronautique de Cuatro- Vientos (Madrid) nous ont permis de vérifier les faits suivants : les avialeurs présentent assez fréquemment un syndrome nerveux à base neurasthénique, dont l'éliologie paraît provoquée par l'excès de dépense d'énergie nerveuse que provoque la répétition des ascensions. Le commencement esl insidieux. Les premiers symptômes sont : un plus grand besoin de sommeil, une humeur changeante et l’augmen- SÉANCE DU 21 JUIN 691 talion de l’appétit. Ensuile apparaît, comme signe clinique dominant, une perte, plus où moins grande selon le cas, de la confiance en sa propre habileté. Des aviateurs très habiles, ayant l'habitude de l'aviation et très cou- rageux, éprouvent du découragement, manquent de décision, sont inquiets du résullat de leurs vols et se laissent gagner peu à peu par une vérilable phobie. Ils réussissent à se ressaisir et à voler. Mais, une fois dans l’air, tout constitue pour eux des motifs d'inquiétude. Il leur semble que le moteur perd la régularité de son rythme. Ils se consi- dèrent comme incapables de conserver l'attention qu'impose le manie- ment de l’aéroplane. Quand ils descendent, ou bien ils S’abandonnent à une grande loquacité, ou bien, taciturnes, ils s'empressent d'examiner le moteur, désireux de constater dans son fonctionnement quelque anomalie qui justifie le malaise psychique dont-ils ont souffert durant le vol. L'expérience n’exerce aucune influence calmante sur les ascen- sions postérieures. Celles-ci finissent même par devenir impossibles et l’aviateur est forcé de les interrompre jusqu’à son retour à la santé. Sur lerre, les phénomènes qui prédominent sont la fatigue mentale, la dénutrition, la céphalalgie et un état de préoccupations émotives, avec des paroxysmes d'inquiétude et d’anxiété. Les phobies gardent une relation constante avec les problèmes de l'aviation et surtout avec l’habileté pour le maniement des appareils. : Comme résultat de nos recherches, nous pouvons affirmer qu'il ne s'agit que d’exacerbation d'états nerveux constitutionnels, plus ou moins latents. Ceux qui souffrent de la névrose que nous venons de décrire sommai- rement sont des sujets prédisposés à cette classe de maladies, au point que, chez quelques-uns d’entre eux, l'approche de l'attaque s'annonce même avant que le premier vol soit effectué. Le syndrome pourrait donc trouver place parmi le groupe des syndromes nerveux sans autre particularité que l’exagération de l'appétit et du sommeil avec la nuance dominante de défiance vis-à-vis des qualités personnelles dusujet. Il est hors de doute que cette névrose apparaîtra avec moins de fré- quence dans les pays où les qualités psychologiques des pilotes avia- teurs sont l'objet d'une soigneuse sélection. Le repos, les toniques nerveux, les sports el la vie à la campagne déterminent une prompte guérison, dans la plupart des cas. Pourtant, il y a des sujets qui n'arrivent jamais à recouvrer l’état normal antérieur à l'aviation, sans laisser cependant d'éprouver une amélioration sensible. _ Dans quelques observations il s’agit de sujets présentant la consti- tution émotive individualisée par Dupré. ({nstitut espagnol de criminologie. Service de neurologie de l'Hôpital militaire d'urgence, Madrid.) 692 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_—— ——_—_—_—_—_—_—_— INFLUENCE DE LAVIATION SUR LA SENSIBILITÉ DES RÉFLEXES TENDINEUX ET LA FORCE MUSCULAIRE, S par CÉSAR JUARROS, Nous avons poursuivi l'étude systématique de l’état des réflexes ten- dineux, de la sensibilité cutanée et de la force musculaire avant et après le vol, chez les élèves et les professeurs de l'Ecole d’aéronautique de Cuatro Vientos, où sont instruits les pilotes de l’armée espagnole. Sauf trois observations qui se rapportent à des professeurs ayant déjà une longue expérience de l’avialion, les autres s'appliquent à des élèves au début de leur apprentissage. Plusieurs d’entre eux effectuaient leur premier vol, au moment où nous faisions notre étude. Les résultats furent identiques, dans les lignes générales, pour la totalité des cas. Pour avoir une appréciation plus exacte de ces résultats, il convient de remarquer que la plupart des ascensions furent exécutées sur des biplans Farman avec moteur de 80 HP, à une altitude de 200 à 500 mètres. Force musculaire. — Diminution de la force musculaire après le vol, mème quand ce dernier était de courte durée. La diminution a été observée chez les passagers comme chez le sujet étudié. La dépense d'énergie nerveuse que représente le vol explique bien cet affaiblisse- ment de la force musculaire constaté dans tous les cas. Sensibilité cutanée. -— Avant de commencer le vol, on trouve une hyperesthésie de toutes les modalités de la sensibilité. Elle est plus ou moins grande selon les sujets. Après le vol on a rencontré une hypoes- thésie, qui, chez deux sujets qui faisaient leur première ascension, prit. les caractères d'une véritable anesthésie lotale pendant l’espace de six minutes. Les sujets en question présentaient une émotivité supérieure à la normale, mais ils ne méritaient pas le qualificatif d'hystériques. Le degré d’hypoesthésie parait toujours en raison inverse de l’accoutu- mance à voler. Mais, on la constate toujours même chez les sujets les plus expérimentés. liéflexes tendineux. — À la descente de l'appareil, nous remarquons constamment l’exallation des réflexes tendineux, d'autant moindre que le sujet observé possède une plus grande habitude de l'aviation. Mais elle ne manque jamais. Cette exaltation paraît provoquée par l’émotion qu'entraine toujours l'ascension. | Toutes ces variations sensitives musculaires et des réflexes s’accen- tuent d'autant plus que la descente est plus brusque. Elles sont plus prononcées à la suite des changements que les différentes vitesses impriment à l'appareil. | Dans les phases du début de la névrose des aviateurs, toutes ces allé- SÉANCE DU 21 JUIN 693 rations et spécialement la diminution de la force musculaire sont plus marquées. (Institut espagnol de criminologie. Service de neurologie de l'Hôpital militaire d'urgence, Madrid.) ÉTUDE DES RÉPONSES À L'ÉMOTION PROVOQUÉE, par LÉON BINer. À l'hôpital militaire du Grand Palais nous avons eu l'occasion d’envi- sager de près l'épreuve de l'émotion provoquée, utilisée dans la sélec- tion des pilotes aviateurs. « Avant tout, l'aviateur doit garder le calme, la maitrise de soi, ne pas exagérer ses réflexes, mais savoir les utiliser avec rapidité, décision, conscience de ses mouvements » (Charles Richet, 192). Aussi pour explorer l'émotivité des candidats pilotes, Jean Camus et H. Nepper ont pris simultanément un tracé respiratoire, un tracé du pouls capillaire aux doigts et un tracé du tremblement et ont étudié les modifications de ces tracés que déterminait, au cours de l'exploration sraphique, une émotion provoquée soit par la mise en action d’une sirène, soit encore et plus souvent par un coup de revolver à blanc. En nous basant sur la lecture des nombreux graphiques pris par le regretté H. Nepper et eu utilisant nos documents personnels nous voudrions envisager : 1° la grandeur ; 2° la nature des réactions émo- tives. La grandeur de la réaction à l'émotion provoquée est évidemment variable d’un sujet à un aulre, en rapport avec le coefticient d'émotivité de l'individu examiné, L'observation montre l'intensité des réactions chez les porteurs de goitre exophtalmique ; tel P..., basedowien chez qui, à la suite d’un coup de revolver à blanc tiré à proximité, on enregistre une tachypnée intense, une accélération du rythme cardiaque {de 120 à 172), une vaso- constriction marquée et une augmentation dans l’amplitude du tremble- ment dans le rapport de 1 à 4. Les réponses sont non moins accentuées chez les trépanés et les commotionnés par obus, chez les aviateurs ayant fait une chute sérieuse; le choc a fait naître chez ces individus une intolérance remarquable pour les émotions les plus légères, une sorte d'anaphylaxie aux émotions, à tel point que l'épreuve du coup de revol- ver engendre des réactions extrémement violentes : les tracés publiés ailleurs par Jean Camus et H. Nepper sont particulièrement significatifs. Rapprochées des réactions psycho-motrices (prises à l’aide du chrono- mètre électrique de d’Arsonval), les réactions émotives subissent des variations qui ne se font pas toujours dans le même sens et les obser- (694 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE vations prises au Grand Palais peuvent se grouper en quatre catégories: celle concernant des sujets réagissant rapidement aux impressions des sens et d’une émotivité pratiquement nulle; — celle.où l’on note des réactions psycho-motrices ralenties, mais où les réactions émotives sont restreintes ; — celle opposée à cette dernière (émotion marquée, mais réactions psycho-motrices rapides) et enfin celle comprenant des sujets défectueux au point de vue des réactions émotives et des réactions psycho-motrices. La nature de la réaction émotive est particulièrement intéressante et mérite d’être envisagée du côté dela motricité, de la circulation et de Ia respiration. L’émotion provoquée peut engendrer du tremblement ou plus exacte- ment exagère le tremblement physiologique. En utilisant un appareil suffisamment sensible, on voit que, dans l’attitude du serment, le sujet présente un tremblement léger, normal, constitué par des oscillations de faible amplitude, au nombre de 8 à 9 par seconde. Si on détermine alors une émotion, le tracé montre successivement : une grande oscil- lation en rapport avec le sursaut présenté par le sujet lors du coup de revolver, puis, après un temps perdu de 4, 5, 6, quelquefois jusqu à 20 secondes, les oscillations commencent à augmenter d'amplitude; il existe un véritable démarrage qui va aboutir progressivement au déclanchement d’un tremblement intense (frisson psychique). Mais tou- jours le tremblement émotif a le même rythme que le tremblement phy- siologique (8 à 9 oscillations à la seconde); la différence ne concerne que l’amplitude. Comparée aux réactions circulatoires et respiratoires [a - réaction motrice n’est pas très fréquente ; nous n'avons enregistré des modifications du tremblement que chez un quart des sujets explorés ; pour se manifester, le tremblement émotif nécessite une émotion iatense, tout comme si le centre du frisson psychique était relative- ment peu excitable, comme s’il avait un seuil d’excilation élevé. Les réactions circulatoires déclanchées par l'émotion portent sur le rythme cardiaque et sur le tonus vasculaire. Le cœur se ralentit ou s'ac- célère avec l'émotion, mais la bradycardie émotive nous a paru bien plus fréquente que la tachycardie. Au front, dans la tranchée, lors d’un bom- bardement par obus, nous avons enregistré plus souvent un ralen- tissement qu'une accélération du cœur chez les soldats qui nous entouraient et cela au moment de l'explosion du projectile. La mé- thode graphique nous a permis de vérifier cette donnée d’observa- tion et sur 39 sujets ayant présenté des réactions cardiaques, avéc l'épreuve de l’émotion provoquée, 10 ont eu de la tachycardie et 29 de la bradycardie. Selon la prédominance du système autonome ou du sys- tème sympathique, selon le caractère vagotonique ou sympathicotonique du sujet, la même cause émotionnelle déclanche de la brady- ou de la tachycardie. De même le tonus vasculaire pourra diminuer ou augmen- SÉANCE DU 21 JUIN 695 ter du fait de l'émotion, engendrant de la rougeur ou de la paleur ; mais à ce sujet il est permis de se demander l'étendue de la réaction vascu- Jaire. Avec À. Mosso, on a pensé que la circulation périphérique dimi- nuait avec l'émotion, alors que le cerveau se congestionnait. L'explo- ration simultanée du pouls capillaire et du pouls cérébral, faite chez des sujets trépanés porteurs d’une cicatrice pulsalile, nous à montré que sous l'influence d’une émotion, les variations se faisaient dans le mème sens ; le pouls cérébral diminue d'amplitude lorsque le sujet palit d'émotion. Quant aux réactions respiratoires, elles sont remarquables par leur fréquence ; dans notre statistique, où le tremblement ne s’observe que dans un quart des cas, alors que les réactions circulatoires ne sont déce- lables que chez la moitié des sujets explorés, les réponses respiratoires sont visibles chez les trois quarts des individus. Devant les états émo- tionnels, le centre respiratoire est le plus sensible; son seuil d’excita- tion émotionnelle est particulièrement abaiïssé. Mais dans quel sens se fait la réaction respiratoire ? On peut noter un ralentissement du rythme respiratoire, mais il s’agit en général d'une accélération : sur 45 candidats ayant une réaclion res- piratoire à l'émotion provoquée, 14 ont présenté du ralentissement, 31 de l'accélération. La tachypnée émotive est donc la réaction courante et ces données d'enregistrement sont à rapprocher d'une observation prise au front sur notre chien sanitaire qui, alors qu’il était endormi, fut brusquement réveillé par l'explosion d’un obus et fut pris d'emblée d'une polypnée intense, véritable polypnée psychique. De ces données nous pouvons conclure que l'épreuve de l'émotion provoquée, par l'étude guanlilalive des réactions cireulatoires, respi- ratoires et motrices, peut renseigner utilement sur le coefficient d'émo- tivité d’un sujet. L'étude qualilative de ces réactions montre : que le tremblement émotif est caractérisé uniquement par une augmentalion dans l'amplitude du tremblement physiologique ; — que le cœur réagit plus souvent aux émotions par un ralentissement que par une accéléra- lion et que le cerveau s’anémie ou se congestionne dans le même sens que la circulation périphérique ; — enfin que le rythme respiratoire est particulièrement sensible aux états émotionnels et que la réponse res- piratoire est la plus fréquente de toutes les réactions émotives. 696 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LES RÉACTIONS CARDIO=VASCULAIRES PASSAGÈRES ET PERMANENTES DANS L’AVIATION JUGÉES PAR LES CRITÈRES D'ENTRAINEMENT, par F. VILLEMIN. Méthode employée. J'ai utilisé pour mes recherches la méthode que Pachon désigne sous le nom de « critère oscillométrique » en prenant comme baseles critères d'entrainement donnés par cet auteur (1). Pour pouvoir appliquer le critère oscillométrique à l’avialion, il faHait connaitre des variations concomitantes des valeurs maxima el minima au- cours des vols et suivre ces variations après les vols, en tenant compte de tous les facteurs qui avaient pu modifier les condi- tions du vol (température, altitude, vitesse de montée, de descente, durée). J'ai pratiqué de nombreux vols personnels en tenant compte de ces facteurs et j’ai étudié sur moi-même les variations de la maxima et de la minima et de l'indice oscillométrique. . : J'ai examiné de nombreux pilotes ou observateurs avant et après le vol, tenant compte de l’aliitude à laquelle ils volaient habituellement, Le nombre d'heures de vol et notant Jes conditions dans lesquelles ‘était effectué ke vol. ss par mes vols personnels les modifications aux valeurs maxima et minima de la pression artérielle et à l'indice oscillo- métrique, j'ai pu expliquer les modifications notées chez ies aviateurs et en me basant sur les données fondamentales du critère oscillométrique, discerner l'apparition des premiers symptômes de fatigue. L'étude des nombreuses observations m'a permis de démontrer que les valeurs maxima et minima, pression variable et indice oscillo- métrique subissaient, non seulement des variations passagères, mais encore évoluaient vers un nouveau type. J'admets que cette évolution est une évolution adaptative. Modifications passagères de la pression artérielle au cours de vols personnels. Les modifications sont différentes suivant qu'on envisage des vols à faible altitude (au-dessous de 3.500) et des vols à grande altitude (au- dessus de 3.500). : ‘4) V. Pachon. Critères d'entraînement. Comptes rendus de la Soc. de Biologie; 1910. SÉANCE DU 21 JUIN 697 1, VOLS A FAIBLE ALTITUDE. — Il faut distinguer les vols normaux sans dénivellations brusques, les vols avec dénivellations brusques. a) Vol normal sans dénivellations brusques (descente lente). Pendant la montée. — La maxima et la minima augmentent parallèlement, la pression variable reste normale, l'indice oscillométrique grandit, le pouls s'accélère. Dès que l'appareil se met en vol horizontal, les pressions tendent à revenir à leur valeur du départ, l'indice oscillométrique diminue, le pouls se ralentit. Si l'appareil se met de nouveau en montée, on note une nouvelle élévation de la maxima et de la minima, une nouvelle accélération du pouls et une nouvelle augmentation de l'indice oscillo- métrique. Au tours de la descente lente, les valeurs maxima et minima revien- nent lentement vers leur valeur départ. Le retour à la valeur primitive est surtout rapide à partir de l'altitude de 500 mètres. À l’atlerrissage, la minima est généralement normale la maxima légè- rement augmentée, le pouls accéléré et l'indice oscillométrique plus grand. Au bout d’une demi-heure les pressions sont revenues à leur point de départ. b) Vol à faible altitude avec dénivellations brusques. — Toutes. Les dénivellations brusques (glissades, spirales, etc.) sont marquées par des élévations passagères et parallèles de la maxima et de la minima, avec, le plus souvent, grosse accélération du pouls et augmentation de l'indice à quelque altitude que se passe la dénivellätion. A l'atterrissage, on note momentanément un abaissement de larmaxima et une élévalion de la minima (réduction de la pression variable), une _ accélération du pouls et une diminution de l'indice, puis très rapide- ment, une élévation de la maximä (augmentation de la pression variable et de l'indice avec maintien de l'accélération du pouls). Retour assez rapide à la normale (1 heure 1/2). è 2. VOLS A GRANDE ALTITUDE (au-dessus de 6.000 mètres). — A la montée, à partir de 3.500 à 4.000 mètres réduction de la pression variable par suite du maintien de la pression minima au-dessus de sa valeur normale et de l’abaissement de la pression maxima. Entre 5 et 6.000, cet abaissement de la pression maxima peut aller jusqu’au fléchisse- ment au-dessous de sa valeur du départ, ce qui entraine une réduction considérable de la pression variable, Cet état de la pression artérielle coïncide toujours avec l’apparition des symptômes subjectifs importants (grande sensation de refroidissement, céphalée, gêne respiratoire, bat- _tements cardiaques douloureux, mouvements difficiles). Le pouls est légèrement accéléré. L'indice oscillométrique est petit. La réduction de la pression variable est moins marquée dans les montées avec vitesse ascensionnelle réduite, dans les vols elfec- 698 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tués avec oxygène, au cours des paliers à quelque altitude que ce soit. A 6.000 et à 6.500 mètres, les pressions maxima et minima se main- tiennent au-dessus de leur valeur au départ, la pression variable est réduite par suite de Vélévation relativement plus grande de la minima. Au cours de la descente, les pressions tendent à revenir lentement à leur valeur du départ, néanmoins la minima demeure élevée et ne s’abaisse réellement qu’à partir de l’altilude de 1.500 à 2.000 mètres, restant toujours au-dessus de sa valeur du départ. La maxima varie beaucoup. On note des fléchissements qui entrainent des réductions. parfois considérables de la pression variable, d'autant plus grands quela descente esl rapide, j'ai noté au cours de descente brusque des pressions variables de 1 centimètre. | L'indice oscillométrique est petit, le. pouls est très variable, tantôt accéléré, tantôt ralenti. A l'atterrissage, la pression maxima est abaissée au- dessous de sa valeur du départ. La pression minima est, au contraire élevée, d'où réduction de la pression variable. : Le pouls est ralenti, l'indice oscillométrique est petit. Le retour aux valeurs normales se fait très lentement. J'ai noté le lendemain de vols à 6.000 mètres avec oxygène, un fléchis- sement de la maxima et de la minima qui dura 2 jours. Il fut suivi d’un relèvement des deux pressions, la minima étant plus élevée que primitivement, et la maxima étant légèrement plus basse, l'indice oscit- lométrique plus petit. En résumé, dans les vols à faible altitude les modifications des valeurs de la pression artérielle du pouls et de l'indice sontcomparables à celles qu'on note au cours de n'importe quel exercice. Elles inscrivent d'une facon parfaite les dénivellations de la route aérienne, et sont d'autant plus marquées que les dénivellalions sont plus fortes. Le retour à la normale est rapide. Dans les vols à grande allitude on note des fléchissements de la maxima qui entrainent du fait de l'augmentation de la minima (vaso- constriction) une réduction de la pression variable; cette réduction de la pression variable persiste à l'atterrissage. Le retour aux valeurs nor- males est lent. SÉANCE DU 24 JUIN 69g MODIFICATIONS PASSAGÈRES DE LA PRESSION ARTÉRIELLE CONSÉCUTIVES AUX VOLS CHEZ LES AVIATEURS. RECHERCHE DE LA FATIGUE, = par F. VILLEMIN. À l'examen de nombreux pilotes ou observateurs, on est frappé des divergences dans les modifications de la pression artérielle notées après les vols. Ces divergences sont liées aux variations des facteurs qui om pu influencer les vols (altitude, RENDENT, durée, brusquerie des dénivellations, etc.). J'ai cherché à dégager les types les plus habituels rencontrés dans chaque catégorie de vol. 4. Vol à faible altitude de courte durée, Vol à faible altitude de longue durée, Vol avec acrobaties, Vol à haute altitude sans séjour prolongé, Vol à haute altitude avec séjour prolongé. 4. VoL A FAIBLE ALTITUDE DE COURTE DURÉE, ne dépassant pas l'altitude de 2.500 mètres et d'une durée de trois quarts d'heure. J'ai dégagé six types de modifications des pressions à l’alterrissage. Premier type. — Légère élévation de la pression maxima et de la pression minima, pas de modifications de la pression variable. Accélération du pouis- Augmentalion de l'indice oscillométrique. Retour à la normale au bout d'une demi-heure. Deuxième type. — Élévations de la pression maxima. Pression minime normale. Pression variable plus forte. Accélération du pouls. Augmentation de l'indice oscillométrique. Retour à la normale au bout d'une demi-heure. Troisième type. — Maxima normale. Minima légèrement augmentée. Pression variable légèrement plus faible. Pouls accéléré, indice plus petit. Retour à la normale au bout d’une demi-heure. Quatrième type. — Minima normale, minima diminuée, pression variable plus forte. Pouls accéléré, indice oscillométrique plus grand. Retour à fa normale au bout d'une demi-heure. Cinquième type. — Aucune modification du côté des pressions du pouls ox de l'indice. Sixième type ue — — Maxima augmentée, minima augmentée. Pouls accéléré, indice plus petit. Fléchissement secondaire de la maxima et de la minima. Retour à la normale au bout d’une heure et demie. Conclusions. — a) Les modifications sont fonction de légères réactions vasomotrices plus ou moins précoces suivant la température ambiante au sol ou à l'altitude (la température est parfois plus élevée à 4.000 mètres qu'au sol; - B10LOGIE. CouPiEs RENDUS. — IURE T. LXXXIT. 5L 700 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE b) Elles sont de courte durée ; c) Elles sont d'autant plus marquées que les pressions initiales sont plus élevées ; d) La fatigue se manifesle rarement après des vols à faible altitude, Elle est décelée par un abaïssement précoce de la maxima en dessous de la normale; e) Dans tous les cas, retour rapide à la normale. 2. VoL À FAIBLE ALTITUDE. — Voyages entre Strasbourg et Saint- Dizier, à l'altitude de 1.500 à 2.000 mètres, sauf dans fe dernier type où il a eu lieu au-dessus de 3.000 mètres, durée 2 heures. Premier type. — Maxima normale, minima abaissée. Pression variable plus forte. Pouls tiès accéléré, indice oscillométrique plus grand. Retour au bout de deux heures à la normale. Deuxième type (légère fatigue). — Pression maxima abaissée, pression minima abaissée, pression variable : plus forte. Pouls non accéléré, indice normal. Retour à la normale au bout de deux heures. à Troisième type. — Pression maxima élevée, minima normale, id variable plus forte. Pouls accéléré, indice plus grand. Retour à la normale au bout de deux heures. è Quatrième type (fatigue). — Pression maxima abaissée, minima augmentée, pression variable plus faible, pouls ralenti, indice plus petit. Retour à la normale au bout de trois heures. . ë Conclusions. — a) Réactions précoces, avec le plus souvent augmen- tation de la pression variable, accélération du pouls et agrandissement de l'indice. b) La fatigue est décelée par un fléchissement de h pression maxima. Dans les cas où le voyage s'est effectué au-dessus de 3.000 mètres, réduction momentanée de la pression variable par abaissement de la maxima et élévation de la minima. c) La fatigue est de courte durée et on peut conclure qu'un voyage à. faible altitude est peu fatigant. 3. VOL AVEC ACROBATIES : Premier type. — Pression maxima élevée, pression minima élevée, pression variable plus forte. Pouls accéléré, indice plus grand. Retour à la normale au bout de deux heures. Deuxième type. — Maxima abaissée, minima élevée avec pression variable plus faible. Puis très rapidement pression variable plus forte par élévation de la maxima. Pouls ar-céléré, indice plus grand. Retour à la normale au bout de deux heures. Troisième type (limite). — Maxima élevée, minima très élevée temporaire- SÉANCE DU 21 JUIN 701 ment, pression variable plus faible. Chute des deux pressions et retour lent aux valeurs normales. Pouls accéléré, indice d’abord plus grand et rapidement plus petit. Quatrième type (fatigue). — Fléchissement des pressions maxima et minima, pouls accéléré, indice d’abord plus grand devient plus petit. Retour lent (le lendemain) aux valeurs normales. Conclusions. — a) Grandes modifications primitives de la pression maxima et de la pression minima. avec accélération du pouls et agran- dissement de l'indice. -b) Effort considérable traduit par une élévation des pressions (y compris la pression variable) s’il est bien toléré, et chute progressive de la maxima avec réduction de la pression variable s’il l’est mal. -c) L'indice peut être plus petit dans les cas de fatigue. d) Le retour à la normale est rapide s’il n’y a pas de fatigue, lent s’il ya fatigue. NoL AUX GRANDES ALTITUDES SANS SÉJOUR PROLONGÉ (altitude de 5 à 6.000mètres ; durée totale du vol : une heure et demie à deux heures) : Premier type. — Pression maxima élevée, minima élevée, pression variable normale. Pouls légèrement accéléré, indice plus grand. Retour à la normale quatre heures après. - Deuxième type. — Pression maxima élevée, minima élevée, pression variable plus faible. Pouls normal, indice plus petit. Retour à la normale le lendemain. Troisième type. — Pression maxima abaissée, minima élevée, pression variable plus faible. Pouls accéléré, indice plus petit. Retour à la normale 1e lendemain. Quatrième type. — Pression maxima et pression minima abaissées, Pouls d’abord ralenti, puis accéléré, indice plus petit. Le don. pression variable diminuée par augmentation de pression minima. : : Dans tous les cas, grosses réactions après les repas où l’ingestion de liquides excitants (alcool, café, etc.). Inégalité dans l'amplitude des oscil- lations. Conclusions. — a) Élévation considérable de la minima quelles que soient les modifications survenues à la maxima. b) R-duction de la pression variable. Pouls ralenti ou accéléré, indice plus petit. c) La fatigue est marquée, ou par un fléchissement immédiat des \ deux pressions (maxima et minima) ou par une réduction (le la pression variable. - d) Les modifications à l'atterrissage sont d'autant moins fortes que les pressions iuitiales sont moins élevées. v] 702 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE e) Le retour à la normale est lent, il peut n'avoir lieu que le len- demain. 3. VOL AUX GRANDES ALTITUDES AVEC SÉJOUR PROLONGÉ {vol au-dessus de 6.000 mètres avec séjour de une heure à une heure et demie. Durée totale de trois heures à trois heures et derñie) : Premier type. — Maxima abaissée, minima élevée, pression variable plus faible. Pouls ralenti, indice plus petit. Retour à la normale le lendemain. Deuxième type (fatigue). — Maxima normale, minima très élevée, pression variable plus faible. Pouls légèrement accéléré, indice plus petit. Le lendemain, pression variable plus faible par élévation de la minima et diminution de la maxima, indice plus petit. Grosses réactions passagères au moment des repas. Troisième type (fatigue). — Maxima normale, minima élevée, pression variable plus faible. - Pouls accéléré, indice plus grand. Chute secondaire des pressions maxima et minima le lendemain, indice petit. Quatrième type (fatigue). — Fléchissement immédiat des pressions maxima et minima. Pouls accéléré, in lice petit. Retour très lent à la normale. Conclusions. — Un vol aux grandes altitudes avec séjour prolongé est fatigant dans la majorité des cas. Ilest caractérisé : a) Par une élévation 1. la minima qui entraine, quelle que soit la valeur dela maxima, une réduction plus ou moins grande de la pression variable. : : __ b) Le pouls est à peine accéléré souvent ralenti, l'indice est le aire souvent diminué. c) La fatigue est persistante; elle se manifeste, ou par un fléchisse- ment immédiat de la maxima et de la minima et une diminution de l'indice oscillométrique ou par un fléchissement retardé de ces valeurs, ou enfin par une réduction dela pression variable provenant de l'augmentation de la minima. Inégalité dans l'amplitude des oscil- lations. En résumé, ces données permettent de juger très nettement d'une part des réactions vasomotrices, d'autre part des réactions cardiaques sous l'influence des vols aux diverses altitudes. Aux faibles altitudes. Les réaclions vasomolrices sont peu impor- tantes. C’est ce que démontre la fa:blesse de Ja réaction de la minima. Aux grandes altitudes au contraire, la minima présente toujours à l'atterrissage une notable élévation, lémoignant de réactions vasomo- trices antérieures et encore persistantes. Quant aux réactions car- SÉANCE DU 21 JUIN 103 diaques, elles apparaissent aux faibles altitudes dans des vols normaux, avec toute leur netteté en raison même de l'invariabilité de la minima. L'augmentation de l'énergie cardiaque, en fonction du travail, est repré- sentée par l'élévation de la pression variable de même que par l’augmen- tation de l’indice oscillométrique. Après des vols aux grandes altitudes, il est remarquable que dans de nombreux cas la maxima se retrouve à la valeur normale qu’elle avait au moment du départ; on pourrait croire ainsi au retour rapide de la valeur physiologique de l'énergie cardiaque. En réalité, cette énergie apparait précisément diminuée, car la minima sous l'influence de la vas-oconstriction a subi une hausse et la pression variable est en dimi- nution, marquant que la maxima, d'apparence normale, est en réalité trop basse pour le nouveau régime vasculaire et par conséquent l'énergie cardiaque en fléchissement, ce que démontre de son côté l'abaissement parallèle de l'indice oscillométrique. Le retour à la normale s'effectue très rapidement dans les vols à faible alütude; au contraire dans les vols à grande altitude, il s'effectue très lentement, et la fatigue peut laisser persister des modifications des valeurs de la pression artérielle décelables le lendemain. Il est donc aisé grâce au critère oscillométrique de déceler les symptômes de fatigue ou de non-entraînement chez les aviateurs; mais celte recherche nécessite d’abord une connaissance parfaite du régime de pressions des sujets examinés et ensuite des examens répélés après chaque vol, surtout après les vols à grande altitude avec séjour prolongé. MODIFICATIONS PERMANENTES DE LA PRESSION ARTÉRIELLE EN AVIATION, ÉVOLUTION ADAPTATIVE, par F. VILLEMIN. Quand on examine de nombreux sujets, on est frappé des grandes variations des chiffres des valeurs maxima et minima de la pression artérielle. Chez les uns la maxima atteint difficilement 13, la minima . 8,5 ou 9, la pression variable est réduite; l'indice oscillométrique est petit. Chez les autres, au contraire, les chiffres sont beaucoup plus élevés : la maxima dépasse 14, monte à 15, 16 et même 17; la minima, paifois à 9,et le plus souvent à 10, peut atteindre 11 et quelquefois 12. La pression variable est plus forte, l'indice oscillométrique plus grand. J'étais tout d’abord porté à croire que les sujets à pressions basses élaient des bypotendus, fatigués de l'aviation, mais je m'aperçus bientôt que d'ure feçon générale je rencontrais les chiffres faibles de pression 704 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - chez des sujets volant aux grandes altitudes, et les chiffres plus élevés chez ceux volant aux faibles altitudes. De plus, les sujets qui présentaient des chiffres inférieurs suppor- taient le mieux les vols aux grandes altitudes, et avaient le meilleur rendement. Enfin je remarquai qu'il existait une grande similitude des pressions chez les sujets volant aux faibles allitudes et chez les sujets normaux et jeunes n'ayant jamais volé. Le grand nombre d'observations prises dans les trois catégories (150 de chaque environ) m'a permis de faire les constatations générales suivantes, en ce qui concerne les valeurs maxima et minima de la pres- sion artérielle, la pression variable, l'indice oscillométriqu e. a) PRESSION MAXIMA : Sujets volant aux faibles allitudes et sujeis n ‘ayant jamais volé. Le plus grand nombre a une pression maxima entre 14 et 15. Certains atteignent 16, 17. Très peu descendent en dessous de 13 avec 19,5. Sujets volant aux grandes altitudes. Le plus grand nombre a une pression maxima entre 12,5 et 13,5. Aucun ne dépasse 16. Certains descendent à 11,5. b) PRESSION MINIMA : Sujets volant aux faibles altitudes et sujels n'ayant jamais volé. Le plus grand nombre a une pression minima de 10. Certains atteignent 11 et 12. Aucun ne descend en dessous de 8,5. Sujeis volant aux grandes altitudes. Le plus grand nombre a une pression minima | entre 8 et 9. Aucun ne dépasse 11. Certains descendent à T5 et même 7. c) PRESSION VARIABLE : Le plus grand nombre des sujets dans les 3 catégories a une pression variable entre 4 et 5. Chez les sujets volant aux faibles altitudes el surtout chez ceux n'ayant EP volé on rencontre beaucoup de pressions variables au-dessus de 5 et très peu au-dessous de 4. Au contraire chez ceux volant aux grandes altitudes on n’en trouve pas au-dessus de 5, mais par contre,on en frouve beaucoup à 3 et même au-dessous, 2,5 d) INDICE OSCILLOMÉTRIQUE La majorité des sujels n on jamais volé ou volant aux faibles alii- Ludes ont un indice entre 2 et 3, beaucoup dépassent 3 pour atteindre 4 et mème 5 et 6. Très peu descendent à 1, tandis que la majorité des sujets SÉANCE DU 21 JUIN 705 volant aux hautes alhtudes ont un indice entre À e! 2, très peu dépassent 3 et beaucoup descendent à 1 et même au-dessous. Le pouls esi généralement moins rapide chez les sujets qui font de l’aviation, surtout. aux hautes altitudes. Enfin, on trouve des modifications concernant les oscillations pré- . maximales. Alors que, dans les deux premières catégories, les oscillations pré- maximales constituent dans la majorité des cas une zone très étendue, chez ceux volant aux grandes altitudes, cette zone est très réduite ; et dans certains cas ue ceux où la pression variable est très dimi- nuée), elle est tellement réduite que le simple choc enregistré au début est suivi par la première oscillation croissante. - En somme l'aviation, surtout aux grandes altitudes, entrainerait un abaissement géméral de la pression maxima et de la pression minima, une réduction de la pression variable, une diminution de l'indice oscil- lométrique, un ralentissement du pouls, et une réduction de La zone des oscillations prémaximales. Toutes ces modifications sont la marque d’une évolution de la pres- sion artérielle qui est bien mise en évidence par l'étude prolongée des _ pressions chez des sujets faisant de l'aviation aux grandes altitudes et suivis dès le début. La première modification notée est un abaissement de la pression Maxima qui entraine une réduction de la pression variable. La pression minima peut, rester stationnaire ou s'élever légèrement. Pendant cette première phase de l’évolution, le pouls est générale- ment accéléré et l'indice oscillométrique est diminué d'autant plus que la pression minima est relativement plus élevée. L'élévation passagère de la minima peut être liée à une gène de la circulation veineuse provenant d'une diminution du travail du cœur marqué par labaissement de la pression variable, ou traduire un spasme artériel qui serait mis en évidence par la réduction de l'indice oscillométrique. Quand la minima reste stationnaire, les vols sont assez bien sup- portés. Quand elle s’élève, les vols sont pénibles, les sujets souffrent, présentent un certain état de nervosisme. e Dans une deuxième phase, la minima s’abaisse légèrement, la pression _ variable tend à revenir à sa valeur primitive, l'indice oscillométrique s'élève et le pouls qui s'était accéléré se ralentit dans de nombreux cas. À ce moment la circulation devient meilleure, le nervosisme dispa- rait et les vols sont moins pénibles. Quelle signification faut-il donner à cette évolution de la pression artérielle ? Je pense qu'il s'agit là d'une évolution ro. dont le stade défi- _nitif est marqué par un abaissement de la pression maxima et de la 106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pression minima, une légère réduction de la pression variable, une diminution de l'indice oscillométrique et un ralentissement du pouls. Le cœur est devenu plus ménager de son travail, la résistance qu'il a à vaincre est moindre, l'équilibre cardiovasculaire est plus stable. Les observations que j'ai prises m'ont prouvé que les régimes cardio- vasculaires les plus stables sont ceux où les pressions sont relativement basses. De plus les aviateurs à bon rendement que j'ai examinés ont d'une façon générale des pressions relativement basses. La maxima varie entre 12 et 13,5 La minima entre 8 et 9. La on variable est de 4 ou 4,5. L'indice oscillométrique ne dépasse pas 3. : La durée de cette évolution adaptative est variable suivant les indi- vidus. Les uns s'adaptent très rapidement, d’autres le font plus lente- ment, certains ne s'adaplent jamais; ils restent au premier stade, à l’abaissement de la pression maxima avec élévation de la minima. Il semble que cette évolution est d’autant plus longue que les sujets sont plus âgés et que les pressions initiales sont plus élevées. 11 ne faudrait pas croire que, cette adaptation terminée, les sujets ne soient plus susceptibles d’être atteints par la fatigue. Ils supportent mieux les vols pénibles, ils ont un rendement meilleur, mais, de ce fait, ils doivent être l’objet d’une surveillance attentive. La fatigue se manifestera là, comme ailleurs, par des chutes brusques et passagères des pressions, ou par une réduction de la pression varia- bie avec chute secondaire des pressions. Si un certain degré d'hypotension parait favorable à l’aviation, il ne faut pas néanmoins que les chiffres de pressions puissent dde en dessous de certaines limites, qui sont 12 pour la maxima et 8 pour la minima. On luttera contre une hypotension progressive par des soins d'hygiène générale (alimentation, hydrothérapie), par des exercices phy- siques et rationnels en évitan! tout sport exagéré par des repos fréquents et de courte durée, par un entrainement progressif aux vols à grande altitude. MESURES DE PRESSION ARTÉRIELLE EFFECTUÉES EN AVION A DIFFÉRENTES ALTITUDES ET AU COURS D'UN APPRENTISSAGE, par S. Tara. Appelés en septembre 1918 par M. le Médecin Inspecteur Odile, chef supérieur du Service de Santé de la VIII armée, à occuper le poste de médecin chef du Service médical de l'aéronautique de la VIT° armée, il aous à été donné de prendre une série de mesures de pression artérielle ant sur des pilotes jeunes ou vieux, ayant peu ou beaucoup volé, que SÉANCE DU 21 JUIN PeIO7 sur nous, les résultats de ces dernières mesures sont condensés dans les deux tableaux ci-annexés. Signalons les recherches de Moulinié, Josué, J. Ferry; ce dernier a mesuré la pression au cours des vols. Technique. — Nous nous sommes servi de l'appareil de Pachon; la inéthode auscultatoire est impossible en avion à cause du bruit du moteur et du froid. Nous avons eu recours à un dispositif spécial pour éviler que la vibration de l'avion fût transmise à l’aiguille du Pachon. Fixé sur une planchetle, la planchette suspendue par 4 ressorts à boudin, nous avions le sphygmomanomèlre sous les yeux. Notre poignet gauche entouré du bracelet était posé et maintenu immobile par des courroies peu serrées, sur -une deuxième planchette, elle aussi sus- pendue par des ressorts à boudin. Le tuyau de caoutchouc faisant com- Mmuniquer la manchette à l'appareil avait été réduit à 10 centimètres de longueur, et la pompe de gonflement était solidement fixée à notre droîte, le long de la carlingue au moyen de deux colliers. Nous pouvions - de cette façon gonfler la manchette, faire agir la vis de décompression et leséparateur d’une seule main, les ressorts à boudin assez tendus pour suivre les mouvements d’inclinaison de l’avion compensaient presque complètement les vibrations de l’ap} areil; nous croyons ainsi avoir fait les mesures avec le plus de précision possible. Nous aviors devant nous un allimètre, un thermomètre et une montre ainsi qu’une feuille de papier blanc et un crayon. Pour chaque-mesure nous faisions signe au pilote qui, à ce moment, arrêtait l'ascension et restait à lamême hauteur pendant toute la durée de la mesure. Remarques générales. — Nous avons pris environ 400 mesures de pression sur le personnel navigant de l'aéronautique de la VIII armée, et à part quelques cas pathologiques que le manque de place nous empêche de relater ici, nous pouvons dire que (les mesures étant faites au sol et couché) au repos M = 15 à 16; m — 8 à 9, souvent 7, par contre pour une période d'activité nous avions M— 14 à 15, m = 7 à8. Chez les pilotes de chasse nous avons souvent trouvé m — 6,5. En voici quelques exemples : Comm. D. (volant peu; 36 ans), Anrenos MS 1 Apres un one CNE NN Gen 9 Capit. S. (volant beaucoup, 31 ans), Au ee MC 0 Npreseun lon vole OM 15 me 10 Capit. W. (volant besucoup, 26 ans), repos M "10 m1. "Apres\3 jours de vols, 0. M— 4%, "mn — 158 Lieut. À. (volant beaucoup, 21 ans), Au repos, M — 15, m— 8. Après 8 jours de vol ONE 13527 —}0;Ù Adjud. M. (volant beaucoup, 20 ans), ATOS M6 re 28 Ares un combats 2 M —13.5; m1 Adjud. P. (volant our 20 ans), Au repos, M— 15, m — 17. Après une attaque ce Drachen, M — 14, m — 6 Adjud. B. (volant beaucoup, 20 ans), Au repos, MS em 8 Aprescun combat. 0.0 M — 13, m6 +8 ide) ‘AOÛ 6 ar peds ITA $ (1 re & ‘148 ‘AOU ST GT 87 ot peds JA EN j AUTULHEEUV J4nt2p SN “not ‘09p & JIuBuo M -Jon dpi TIIX “°N InOTT ‘29D «1 009 qineuair-JonSoig IIX AT “nor -AOU 0€ 00€G Jeuo-Jon sou IX “IN ‘(pv "AOÛ FG JNeuoy-Jon8p1g NA “IN [pv ‘AOU CG qneue On TOUT XI “IN [pr *‘AOU & qeuoy-jensolq IIIA ; “47 “os ‘100 OT or JonSpg-urSI0 À A De x op °{ ‘nel | ‘J20 € RE jonSgug-ursioA | AI O0CE ‘4 “HS ‘100 6 ae Jeuoy-Jon Soi III *$ ‘qrden ‘des 0€ pose 01 peds il Q Ide “des 6à op puds Ô ‘UIu ( Ô[ ru 06 ut ALOAId S (S16F) 1° AnOPO4 ND Ju0daop n0 00£5| 0099 0C0510007|0096 | 0086 | 000€! 0002 00GT|1007 | 008 "IoS AV "os nv a 9 SA'TIATHALH V 3 A4 SHNAHLAVH XAV SAVIAIHALUV SNOISSH Hd SNOISSHHd TIAUVdadv SALVa FAIX VIN aaynq ‘OA OT Juepuod Sostrid SUOISSOIX — ‘| AVAUV, SÉANCE DU 2 JUIN 709 Notes. — Au cours de nos ascensions au-dessus de 3.000 mètres voulant rester dans les meilleures conditions pour l'observation nous n'avons jamais pris d'oxygène. Nous n’avons Jamais observé de signes de fatigue avant 3.500-mètres ; à.cette hauteur nous commencions à sentir une gêne respira- toire allant en s’accentuant, mais surtout une fatigue générale très manifeste ; et si petit à petit nous noùs y sommes accoutumés, il nous fallait faire un effort de volonté très net pour manœuvrer pompe, vis de décompression et séparateur, au point qu'au cours de certaines ascensions très pénibles nous voyions avec une véritable angoisse l'aiguille dé l’altimètre arriver au chiffre où él fallait que nous agissions. Nous n'avons jamais eu de bourdonnements d'oreille avant 4.000 mètres ; ceci dû, croYons-nous, à ce que nous surveillions toujours très attentivement l’aération de la caisse tant à la montée qu'à la descente, ces bourdonnements retour au sol ne persistaient jamais plus de six heures ; jamais nous n'avons eu de céphalalgie. Nous devons faire une mention spéciale au sujet des observations VI et VIT. C'était le jour de l'avance de nos troupes en Lorraine reconquise et malgré le danger de ce genre de sport, avec un pilote hors ligue, en qui nous avions to ute confiance, nous avons volé pendant deux heures à une altitude maxima de 25 mètres (pour voir le pays !), très violemment secoués et par instants à demi chavirés par les rafales nous avons ressenti une fatigue physique très marquée à notre retour au sol; et nous croyons pouvoir attribuer à la dépression nerveuse Ja baisse de pression artérielle enregistrée par le Pachon. De même, croyons- nous, c'est à la fatigue (surmenage des élèves pilotes décrit par Josué) et à l'émotion que nous attribuons les baisses de tensions continues que nous avons relevées au cours de notre apprentissage (tableau Il). Si l'avion est plus facile à conduire qu’une auto, quand on apprend, la faute est souvent mortelle, c'est à cet état particulier que nous croyons devoir attribuer les pressions basses notées les jours où nous avons commencé à voler seul. Ces pressions ont été prises au sol 19 minutes avant le départ et 10 minutes après le retour au sol; chaque lecon consistant en 20 minutesde vol entrecoupées de 4 départs et 4 atterrissages; hauteur maxima 400 mètres. TABLEAU IE. Pressions prises au sol pendant l'apprentissage d'élève pilote. DATES 617 |8 | 9 | 10| 11] 13| 14| 16| 18119 Rene 16| 16] 16] 16/ 15] 16| 14) 15! 16| 16/16 avant le départ. (00 M9 EMO))EO 260)2019) 00 0 90) 1079 16| 16! 15] 15! 15] 15] 14] 14} 14] 15116 Au sol, 10 min. après le retour. 710 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Conclusions. — 1° Au fur et à mesure que l'altitude croît, les chiffres des maxima et minima baissent peu au début et lentement à partir de 3.000 mètres; 2* Après les vols aux hautes allitudes il persiste de . surtout aux maxima ; 3° Au cours de oui la poses ae et se maintient basse surtout aux maxima. _RAPPORT DE M. DASTRE SUR LA COMMISSION PHYSIOLOGIQUE D'AÉRONAUTIQUE | ET LES PROBLÈMES QU'ELLE A ÉTUDIÉS RAPPORT PRÉSENTÉ A LA SÉANCE DE LA COMMISSION D AÉROSTATION pu 29 juin 1908 (AÉRO -CLUB DE FRANCE) A l'occasion de la discussion sur l'aptitude à l'aviation, la Société de Biologie rappelle qu'elle s’est toujours intéressée aux questions physiolo- giques nées de l'étude des conditions de la vie aux hautes altitudes, questions que Ja navigation aérienne soulève de nouveau. Dès 1901, elle avait, à la demande de l’Aéro-Club représenté par M. le D' Guglielminetti, mis ces ques- tions à son ordre du jour. Grâce à l'appui financier et à l’aide technique apportés par le Club, quelques membres de la Société avaient exécuté plusieurs séries d'expériences. Les-résultats de ces expériences ont été publiés dans nos Comptes rendus. En1911, la Commission scientifique de l’Aéro-Club a demandé à la Société des indications sur les nouvelles recherches qu'il y aurait profit à. entreprendre. Le président de la Société, M. Dastre, avait remis à la Com- mission le rapport que l'on va lire, et qui a conservé tout son intérêt : _ La COMMISSION SciENTIFIQUE de l’AÉRO-cLuB DE France, fidèle au rôle qu'elle s’est assigné, d'aider à la solution de tous les problèmes qui intéressent les diverses branches des Sciences et qui sont justiciables de l'aéronautique, s’est mise à plusieurs reprises à la disposition des physiologistes expérimentateurs. L’ascension en ballon, comme l’ascen- sion en montagne, amène dans les organismes vivants des modifications qu'il importe de connaître, à la fois dans l'intérêt de la Biologie et dans l'intérêt de l'Aérostation, et sur lesquelles l’attention a été appelée depuis bien longtemps. La bonne volonté de l’Aéro-Club s’est manifestée dans ces dernières années de deux manières: en 1901, en mettant à la disposition des physiologistes une série de ballons conduits par d’habiles pilotes — et les résultats de cette campagne n’ont pas été oubliés. — En second lieu, vous vous êtes adjoint des physiologistes de profession — et je fais allusion à moi-même — en leur demandant d'examiner les questions qui éveillèrent le plus vivement la curiosité des biologistes, et d'en F1 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — dresser un programme. De cette manière, les efforts individuels seraient rendus plus efficaces : l'étude concertée des particularités biologiques aurait chance d’aboutir à des résultats plus fructueux. Pour reconnaître la confiance de la Commission, j'ai songé à grouper, en une sorte de Comité, tous les physiologistes ou médecins qui avaient témoigné de l'intérêt aux problèmes biologiques de l'Aéronautique, soit par des publications, soit par des associations directes, soît par l’exa- men de questions connexes. Ce groupement a compris Îes noms suivants : D'E. CnaBErT; D" Jacques SouBies, D' Crouzow, chef de clinique à l'Hôtel-Dieu ; D' Léon BERNARD, médecin des hôpitaux; J. Trssor, aide naturaliste au Muséum d'Histoire naturelle; D° Kuss, au Sanatorium de Bligny; Jorzy, chef de laboratoire au Collège de France; L. LAPICQUE, maitre de conférences à la Sorbonne, puis professeur au Muséum ; Paul PotTiER, chef des Travaux pratiques, sous-directeur du laboratoire de Physiologie à la Sorbonne ; Victor HENRI ; D’ H. STŒDEL, préparateur à la Sorbonne ; André MAYER, au Collège de France. Plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu, dans lesquelles ona examiné les diverses faces des questions de biologie aéronautique, telles qu'elles peuvent être envisagées à ce jour. Deux ordres de faits ont été retenus : I. — LES FAITS RELATIFS A L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA RARÉFACTION DE L'AIR, ET À L'ADAPTATION DE L'ORGANISME AUX CONDITIONS PAUNERCES CRÉÉES PAR L’ASCENSION. Il. — LES FAITS RELATIFS AUX ASCENSIONS À DE TRÈS GRANDES HAUTEURS. I. — ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA RARÉFACTION DE L'AIR. Il s’agit ici de comparer les résultats obtenus dans Îles ascen- sions en montagne (mal des montagnes), à ceux que permet d'observer l'ascension en ballon, celle-ci plus rapide dans les deux phases, ascendante et descendante, n'imposant-à l'organisme aucune fatigue spéciale et écartant, d'autre part, quelques-unes de- conditions accidentelles (effets de neige) qui peuvent exercer une action accessoire surajoutée à l'influence essentieMe de l'altitude. | A l'égard des conditions de vie à des altitudes élevées, voici les faits qu'il faut considérer comme établis, ceux qui sont annoncé par beau- coup d'experimentateurs, mais sont encore controversés; ceux qui sont controversés. À, — Faits qu'on peut considérer comme établis : 1° Les animaux nés à altitude élevée ou y séjournant depuis long- temps, ne présentent pas les accidents du mal des montagnes ; SÉANCE DU 21 JUIN 713 29 Ces animaux ont un sang dont la capacité respiratoire est accrue (PB. Bert). é 3° Leur sang, puisé dans les artères et veines superficielles, présente un nombre de globules rouges très élevé: L de @Homme 1.5: 6:560:000 à 9.000.000 Par millimètre cube < Jeune chienne . . . 9.000.000 amant 16.000.000 (Viault, C Dipetsee rendus de l'Acad. des Sciences, 15 déc. 1890, 2 févr. 1894 et 27 juin 1892). %° Leur hémoglobine dans un volume donné de sang est accrue. Züntz l'a prouvé en 1891 par les dosages du fer. B. — Faits annoncés par beaucoup de bons expérimentateurs, mais encore controversés : Rupidité de l'augmentation des GiobrIes du sang et de l'hémoglobine par le séjour à l'altitude. Il y a un nombre considérable de travaux sur ce point. D'après ceux de Züntz et de ses élèves, il semble que l'on doive distinguer : a) Les animaux jeunes. Transportés à l'altitude, ils présentent une augmentalion certaine, importante et rapide du nombre des globules et de l’hémoglobine. b) Les animaux adulles et surtout âgés. Ils réagissent bien moins, s'adaptent moins rapidement et d’une manière moins efficace. I y a augmentation moins considérable du nombre des sets et de l'hémo- slobine - î C. — Faits controversés : L'augmentation du nombre des globules et de l'hémoglobine est-elle réelle ou apparente ? En d'autres termes, l'augmentation porte-t-elle sur la quantité totale du nombre des globules contenus dans le système circulatoire, sur la quantité totale d'hémoglobine du même système — ou bien n’y a til qu'une augmentation relative ; par exemple par soustraction d’une por- tion de la partie liquide du sang du plasma? Les recherches nécessaires pour étudier cette question sont très labo- rieuses ; élles n’ont pu être tentées que bien rarement à une altitude un peu considérable. Il semble que l’on puisse DEUST accepter les propositions suivantes : a) À la suite d’un court séjour à l'altitude (un jour, deux jours), l'augmentation des globules et de l'hémoglobine n'est qu'apparente; b) À la suite d’un séjour plus prolongé, l'augmentation serait réelle, totale. 714 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Un tableau de Züntz résume les principales recherches à ce sujet : HÉMO- HÉMO- el de nausl rie ILCLOBINE re GLOBINE |DIFFÉRENCE -par par kilogr. = kilogr. Jacquet et Suter.| Lapins. | Bâle. | 5 gr. 39 Davos. 6 gr. 59 Jacquet lapins Bale tle5por 50 Bâle 6 gr. 13 Diminution de pression correspondant à Davos. Abderhalden. . .| Lapins.| Bâle. | 7 gr. 99} Saint-Moritz. | 9 gr. 32 Abderhalden. . .| Rats. | Bâle. | 8 gr. 92| Saint-Moritz. | 10 gr. 62 Züntz et élèves. .| Chien. | Berne. | 10 gr. 78 Brienz- 130) Rothorn. Il faut cependant remarquer que les conclusions de quelques-uns des auteurs précédents ne sont pas aussi précises que les chiffres du tableau (voir Abderhalden). > Deux arguments viennent plaider en faveur d’une augmentation réelle d'hémoglobine et de globules rouges, à la suile d'un séjour suffi- sant à l'altitude : £ 1° La présence de globules dans le sang et la réaction des organes hématopoïétiques (Züntz et ses élèves) ; 2 Le retour progressif à la normale lorsqu'on 1 redescend de la mon- tagne à la plaine. D. — Questions à étudier actuellement. = Dans les travaux précédents on a envisagé la question de l’adaplation à l'altitude, soit au point de vue anatomique, soit au point de vue physio- logique un peu archaïque. Il importe peu, en effet, au physiologiste que le nombre de globules reste constant dans les gros vaisseaux, s’il augmente dans les capillaires, puisque c'est à leur niveau que les échanges se font. Il est étonnant que des physiologistes déclarent qu’ une augmentation purement périphé- rique n'aurait pas d'intérêt. On peul s'étonner aussi que l’on n'ait pas tenu compte, dans l'étude de cette question, de la notion de {onométrie, introduite par Hufner et Léon Fredericq. On voit, en effet, en scrrant le problème, que l'animal soumis à la dépression ne souffre pas d’anoxyhémie, comme le disait Paul Bert. HI meurt en effet, avant d’avoir épuisé complètement les réserves d'oxy- SÉANCE DU 21 JUIN 715 gène contenues dans son sang. /l succombe quand la tension de cet oxy- gène est tombée à une valeur telle qu'il est devenu inutilisable pour les tissus. Celte valeur est d'ailleurs très différente, suivant les différents seoupes d'animaux. Elle va en décroissant des oiseaux auxmamnmifères, aux reptiles, et aux batraciens. L'animal souffre donc — et il meurt — si la raréfaclion s'accentue — d'hypotonoxyhémie — comme il succomberait à l'hypertonoxyhémie, s’il était dans l'air comprimé. Il y a entre les deux limites une large zone, dans laquelle il peut s'adapter. Pour comprendre cette adaptation, il faut donc l’envisager au point de vue dela tonométrie. En effet, si l'on désigne par: po la tension de l'oxygène dans le sang, no la quantité d’hémoglobine dans l’unité de volume, hr la quantité d'hémoglobine, réduite dans l’unité de volume, k une constante, no Hufner a démoutré que ces quantités sont liées par la relation Po : SVT De plus, le même auleur a montré que : foules les autres conditions restant fixes, quand une solution s'enrichit en hémoglobine, la proportion d’oxyhémoglobine augmente et la proportion d'hémoglobine réduite diminue : - se Exemple : Pour H. : 441,1 en millimètre de mercure. HÉMOGLOBINE OXYHÉMOGLOBINE On a : Solution à #% p. 100. . . . 3,33 96,67 D 226 pl00 DA 97,23 ee WEp 100 2.35 97,65 comme le veut la formule précédente. Il semble done qu'il y aurait intérêt à décider expérimentalement si l'enrichissement du sang en globules produit une augmentation de tension de l'oxygène. Si la réponse est affirmative {comme cela est à peu près certain, pour des raisons théoriques), on aurait pénétré le mécanisme de l’adaptation à la raréfaction de l'oxygène. En résumé, il y aurait lieu : a) De voir si l'augmentation globulaire est capillaire, c’est-à-dire si elle se produit non seulement à la périphérie, mais aussi dans les. capillaires des organes profonds; b) Si, dans le sang enrichi en globules, la tension de l’oxygène BioLocie. Comptes RENDUS. — 1919. T. LXXXIL. 52 716 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est supérieure à celle du même sang, placé dans les mêmes conditions, mais contenant moins de globules dans un volume donné de plasma. Cette mesure pourrait être faite avec le microtonomètre d’Auguste Krogh, dans lequel l'équilibre de tension peut être atteint en 5 à 10 m. _ Il. — FAITS RELATIFS AUX ASCENSIONS À DE TRÈS GRANDES HAUTEURS. Les recherches de Tissot sur les phénomènes de la vie dansles hautes altitudes, et particulièrement sur la consommation d'oxygène, appelle- raient des vérifications intéressantes dans le cas des ascensions à très grandes altitudes. M. J. Tissot a montré, en effet, contrairement à l’opinion commune, que la consommation de l'oxygène dans l'organisme diminue à mesure que l'altitude croît. Jusqu'à 5.000 mètres, la consommation d'oxygène reste-invariable. Cette invariabilité jusqu à 5.000 mètres s'explique parce que la dimi- nution du volume d'air qui entre dans le poumon est compensée par . une altération de l’air expiré qui augmente proportionnellement. Puis, la consommation d'oxygène augmente - progressivement avec l'altitude. : . I en est ainsi jusqu'à 8.309 mètres, à 9.000 mètres. Au delà la con- sommation d'oxygène tombe rapidement: c’est l'anoxyhémie: l'asphyxie. Jusqu'à 9.000 mètres il y a donc augmentation d'oxygène consommé. Cette augmentation résulte de l'accroissement du travail physiologique des muscles et du cœur luttant contre l’anoxyhémie. Toutefois l'accrois- sement de consommation n’est pas parallèle à l'accroissement du travail. IL y a-à partir de 7.000 mètres déficit d'oxygène, déficit qui cause les troubles graves du mal des montagnes. : Des deux facteurs qui influent sur la vie aux grandes altitudes : diminution de la pression barométrique; diminution de la tension de l'oxygène — le premier n'aurait pas d'action propre. M. Tissot a fait vivre des souris à une pression de 0® 50 cent. de Hg correspondant à 18.500 mètres. : La diminution de tension de l'oxygène, seule, aurait de l'influence, Les combustions intra-organiques sont indépendantes de la propoñtion | d'oxygène du sang artériel jusqu'au cas où la diminution est de 1/3. “4 . Quand la proportion de l'oxygène a diminué de plus du tiers, l'orga- : nisme réagit par des procédés qui tendent à assurer aux tissus de plus grandes quantités d'oxygène. Il y a là des points dont la vérification serait intéressante. D'ailleurs, c’est en s'appuyant sur ces résultats d'expériences de dépression exécu- tées au niveau du sol, que M. Tissot à imaginé le dispositif qui permet- trait de parer aux perturbations des échanges matériels de l'erganism e et de s'élever sans inconvénient aux grandes altitudes. / SÉANCE DU 21 JUIN = HET Quelques résultats pourraient être obtenus à cet égard, avec les ballons-sondes et de petits animaux (cobayes). M. Tissot a promis de se mettre en rapport avec M. Teisserenc de Bort, pour réaliser quelques- unes de ces expériences. En résumé, la Commission a retenu deux ordres de problèmes. Le premier concerne l'adaptation de l'organisme aux altitudes élevées. Il est recommandé aux physiologistes qui voudront l’aborder, qui auront à exécuter, dans l'avenir, des ascensions en ballon et qui voudront répéter les expériences d'augmentation des globules du sang : 1° De faire des prélèvements avec des chbres Cor iés dans la masse des organes profonds ; 2 D'exécuter des mesures aérolonométriques avec un aérotonomètre A. Krogh modifié, qui sera mis à leur disposition dans le Laboratoire de physiologie de la Sorbonne. Le second ordre de problèmes est relatif aux ascensions à très grande hauteur. Ces problèmes intéressent le monde sportif au point de vue du record de hauteur qui appartient actuellement à l'Allemagne. Ils intéressent le monde biologique au point de vue des dispositifs qui peuvent être employés pour annihiler les périls de la raréfaction de l'air. M. Tissot a construit des appareils de ce genre. De concert avec M. Teisserenc de. Bort, il-est prêt à les appliquer à de petits animaux (cobayes) emportés dans des ballons-sondes (1). (4) Il y aurait lieu d'étudier des dispositifs permettant d'empêcher ces petits animaux de se refroidir. Il faudrait aussi s'assurer de ce qu’ils vivent encore au moment de la chute. : es SÉANCE DU 24:JUIN 119 COMMUNICATIONS DIVERSES EMPLOI DES FERMENTS DANS LES ÉTUDES DE PHYSIOLOGIE CELLULAIRE : LE GLOBULE DE LEVURE DÉPOUILLÉ DE SA MEMBRANE, par J: GrAJA. On sait avec quel profit on emploie les ferments en chimie, soit comme agents de démembrement, soit comme agents de synthèse. C'est eux qui nous ont éclairés sur la constitution de nombreux composés (hydrates de carbone, glucosides, protéiques); c’est grâce à leur action élective qu'on a obtenu des nouveaux dérivés de substances complexes. Les travaux de Bourquelot sur l'émulsine nous montrent que les fer- ments peuvent être tout aussi précieux comme agents de synthèse. Il y aurait sans doute d’autres avantages à tirer de l’action des fer- ments. Ne pourraient-ils pas donner des renseignements sur la nature chimique de divers éléments cytologiques, en observant ce que deviennent les parties d’une cellule soumise à l’action combinée de divers ferments ? Leur manière discrète d'agir, à des températures compatibles avec la vie, ne pourrait-elle pas être mise à profit dans l'étude de la physiologie cellulaire ? L'exemple suivant, il me semble, justifie cet espoir. Et c’est à ce titre que je le publie, me réservant de revenir sur les résultats obtenus par cetle méthode. La levure possède une membrane hydro- bouée très résistante aux agents chimiques. Cependant, cette membrane est, ainsi que je l'ai montré, dissoute par un ferment ou par plusieurs ferments contenus dans le suc digestif d'Aelix pomatia (ce suc est une source abondante de nombreux ferments des hydrates de carbone et des glucosides, et, d'autre part, il se distingue par l'absence de pouvoir protéolitique): Ayant en vue, d'une part, la rapidité avec laquelle ce suc dépouille le globule de levure de sa membrane, de l’autre, cette absence de pouvoir protéolitique, j'ai songé que la levure, privée par lui de sa membrane, pourrait conserver une certaine vitalité et donner des réponses aux nombreux problèmes qui se rattachent à la présence de la membrane. Ainsi que je l'ai noté ici même (1), la levure dépouillée de membrane perd par toluolisation la majeure partie de son pouvoir fermentalif, (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXVIL,: p. 1913. 720 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PR ——, tout comme la levure vivante normale. Par conséquent, cette action du toluol ne saurait être attribuée à la présence de la membrane, ainsi qu'on l’a fait (Pringsheim). En ce qui concerne les propriétés de la levure sans membrane, je noterai seulement ceci : son pouvoir fermentatif envers le sucre est, au début, très voisin de celui de la levure vivante et normale. Mais ce qui est plus significatif, c’est que la levure dépouillée de mem- brane continue à respirer, à en juger par la brusque réduction d'une solution d’hémoglobine, phénomène qui se répète autant de fois qu'on rend l'oxygène, par agitation, à la solution d’hémoglobine qui est en présence de levure sans membrane. . RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES ET PARASITOLOGIQUES SUR LES LARVES DE LÉPIDOPTÈRES NUISIBLES. : REMARQUES sur Apanteles glomeratus Liné, par CL. GAUTIER. PARASITISME CHEZ Pieris rapæ. — On sait qu'Apanteles glomeratus, Lin., hyménoptère braconide, aréolaire, de la tribu des Microgasté- ridés, parasite interne de Pieris brassicæ, à été également rencontré dans d’autres Piérides, et aussi dans quelques autres larves de Lépi- doptères. Sur une centaine de chenilles de Pieris rapæ, provenant d’un champ de choux sur lesquels de très nombreuses larves de Pieris bras- sicæ étaient parasitées (dans la proportion d’au moins 95 p. 100) par Apanteles glomeratus, deux seulement m'ont fourni cet passe toutes _ les autres ont chrysalidé et ont donné des papillons. La sortie des larves du Braconide se fait de la même façon que chez Pieris brassicæ. Les larves, à la sortie, paraissent un peu verdâtres, ce * qui tient à la présence à leur intérieur d’un tractus d’un vert intense qui n'est autre que le tube digestif (estomac) rempli du sang de la Piéride. À partir de quel moment de la vie larvaire ce tube digestif con- tient-il du sang? Je le rechercherai et rapprocherai mes résultats des constatations anatomiques de M. Seurat. La larve d'Apanteles absorbe donc certainement le sang de l'hôte; s'alimente-t-elle aussi des éléments du corps graisseux, c’est ce que des coupes m’apprendront. Les larves d'Apanteles qglomeratus, et par conséquent les cocons obtenus, étaient, chez ces chenilles de Pieris rapæ .en nombre notable- ment moindre que chez les larves de Pieris brassicæ. Les cocons obtenus étaient d’un jaune soufre. La couleur de ces cocons indique que le pigment jaune des cocons d’Apanteles qlomeratus est fabriqué par la larve même du Braconide. On pouvait se le demander, le sang des che- SÉANCE DU 21 JUIN 721 nilles de Pieris brassicæ étant jaune; mais le sang de Pieris rapæ élant d'un vert intense il n'y a aucun doute sur ce point. Je crois que c’est par une sorte de hasard, et parce qu'elles se trou- vaient à proximité des placards de petites chenilles de Pieris brassicæ, que les petites chenilles de Pieris rapæ ont été piquées par les femelles de l’Apanteles. La minime proportion de chenilles de Pieris rapæ para- sitées par ce braconide est frappante : dans une localité élevée où les - chenilles de Pieris brassicæ étaient extrèment rares, j'ai récolté plusieurs centaines de larves de Püieris rapæ dont aucune ne m'a donné d'Apan- teles ; mais il faut encore multiplier les enquêtes à ce sujet. ERREURS DE PONTE. — Certains auteurs attribuent aux hyménoptères entomophages un prodigieux discernement dans l'appréciation de l'hôte qu’ils vont infester de leurs œufs. Il est loin d’en être toujours ainsi pour Apanteles glomeratus. Après Fabre, j'ai vu les femelles de ce braconide s'acharner sur des œufs de Pieris brassicæ. De plus, si l’on suit avec un peu de patience le manège de ces femelles attaquant les larves de Pieris brassicæ, on les voit parfois se tromper, piquer avec une magnifique énergie de petites nervures de la feuille de chou, au voisi- nages des jeunes chenilles, et y pondre longuement. Parthénogenèse. — Existe-t-elle dans ces hyménoptères? Je le recherche au moyen de femelles d’Apanteles glomeratus. ENNEMIS DES APANTELES. — J'ai déjà mentionné l'homme qui détruit un nombre inouï de ces petits auxiliaires en écrasant les chenilles adultes de Pieris brassicæ. Araignées. — Dans les réduits où les horticulteurs abritent leurs outils on trouve fréquemment des amas de cocons d'Apanteles glome- ratus. Un certain nombre de ces amas sont enveloppés à quelque distance par des toiles d'araignées, et l'on peut apercevoir un grand _ nombre des petits hyménoptères arrêtés dans le réseau. Hyperparasites. — Lorsqu'on attend l’éclosion des Apanteles prove- nant d’amas de cocons récoltés au hasard, on voit trop souvent appa- raitre, au lieu du Braconide attendu, d’autres hyménoptères hyperpara- sites : le plus souvent Pferomalus puparum, très souvent #emiteles fulvipes, assez rarement T'etrastychus rapo et Dibrachys Boucheanus. Le mode de ponte de ces hyperparasites est loin d’être éiucidé : nous le ferons connaître à la Société d’après nos recherches expérimentales. 729 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES ET PARASITOLOGIQUES SUR LES LARYES DE LÉPIDOPTÈRES NUISIBLES. — SUR LE SANG DE QUELQUES CHENILLES, par CL. GAUTIER. Le sang des chenilles de Lépidoptères n’a été l'objet jusqu'ici que de recherches très sommaires. J’en ai repris l'étude pour les espèces où l’on possède quelques documents, et je l’ai commencée pour de nom- breuses autres espèces. SPECTROSCOPIE. — Saturnia pyri (chenilles adultes récoltées sur des cerisiers), a un sang vert clair, qui, sous une épaisseur de 6 millimètres, présente une bande d'absorption assez étroite dans le roues à partir de la fin du vert la droite du spectre est absorbée. Saturnia carpini (chenilles adultes) a un sang d’un beau vert. Sousune épaisseur de 6 millimètres, on voit dans le rouge une intense bande d'absorption ; à partir de la fin du vert la droite du speetre est absorbée. Pieris rapæ possède un sang d’un vert intense. Sous une épaisseur de 6 millimètres on voit une large bande dans le rouge et une absorption de la droite du spectre à partir de la fin du vert. Sous une épaisseur de 12 “millimètres on voit une large bande unique, dans le rouge et le rouge orangé où elle se termine en pénombre. Il y a extinction à partir de la droite du vert; sur toute la partie visible du ee il y à pénombre légère. Mamestra brassicæ. — Le sang est vert clair. Sous une épaisseur de 6 millimètres, il y a une petite bande dans le rouge et absorption ï la droite du spectre à partir du vert bleu. = Papilio machaon. — Le sang est d’un beau vert. Je n'ai pu distinguer de bande d'absorption dans le rouge, mais seulement une petile exten- sion de l'ombre normale à la gauche du rouge, bien loin de couvrir, d’ailleurs, la zone où dans les autres sangs verts se voit la bande d'absorption. À partir de la fin du vertla droite du spectre est absorbée. Sphinx ligustri a un sang d’un beau vert qui sous 6 millimètres et 1 centimètre d'épaisseur présente une bande d'absorption prononcée dans le rouge et une absorption de la droite du spectre à partir de la dernière région du vert. ' Dasychyra pudibonda possède un SRE d’un vert particulièrement intense. N'ayant eu à ma disposition qu’une seule de ces jolies chenilles dont la teinte générale du corps et des brosses dorsales est jaune soufre je n’ai pu examiner le sang au spectroscope que dédoublé. Dans ces conditions, sous 6 millimètres d'épaisseur, il possède une bande très large et très prononcée dans le rouge; à partir de la droite du vert la droite du spectre est absorbée. : > SÉANCE DU 21 JUIN 7193 Cossus cossus à un sang orangé ou jaunâtre (chenilles très grosses, adultes). Au spectroscope on ne note qu'une absorption de lout le spectre à partir du deuxième tiers du vert, et une très légère pénombre sur le rouge, l’orangé et le commencement du jaune. OUxypAsEs. — Dans les tubes débouchés au contact de l’air, le sang de Mamestra brassicæ, Papilio machaon brunit, et tout d’abord à la partie - supérieure du tube. Pour Pieris rayæ, Mamestra brassicæ, le brunisse- ment du sang à l'air se produit malgré la saturation du sang par le sul- fate de magnésium. Je reviendrai d’ailleurs bien plus complètement sur les nl. du sang des larves de Lépidoptères. MATIÈRES PROTÉIQUES DU SANG. — Saturnia pyri. Le sang précipite abondamment par le sulfate de magnésie à saturation : il renferme donc une globuline. Le filtrat précipite abondamment parle sulfate d’'ammo- niaque à saturation : il renferme donc une albumine. On peut encore révéler ces proléiques de la facon suivante : 1° le sang précipite par la solution aqueuse saturée de sulfate d’ammoniaque ajoutée à volume égal : globuline; 2° le filtrat précipite par saturation avec le sulfate d'ammoniaque pulvérisé : albumine. La globuline n’est pas du fibri- nogène : en effet, en ajoutant à un volume de sang un volume de solution saturée de chlorure de sodium on ne voit apparaître dans le tube que quelques flocons filamenteux qui s’agrègent bientôt en un lout petit grumeau. Chauffé, le sang de cette chenille louchit un peu vers 52°, et coagule en flocons vers 65°. Si l’on élève la température vers 68° et qu'après lavoir maintenue un certain temps à ce niveau on filtre, le filtrat louchit vers 70-71° et coagule abondamment entre 73-80°. -COAGULATION, — Chez un certain nombre de chenilles il se forme peu à peu, dans le sang extravasé, de petits flocons qui se déposent. Chez Cossus cossus le sang s’est pris entièrement en gelée, mais il est resté peu de temps à cet état et il s'est séparé d’une part un liquide orangé, d'autre part un amas floconneux filamenteux (a l’œil nu). Chez Sphinx ligustri le sang devint diffluent, en une sorte de gelée, et il se sépara un liquide vert et un dépôt floconneux filamenteux. Les larves de Cossus et de Sphinx étaient adultes, près de la chrysali- dation, et ne mangeaient plus. 1 19 re SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — FIXATION AU-NIVEAU DU FOIE DES MÉTAUX ET MÉTALLOÏDES EN SOLUTIONS COLLOÏDALES INTRODUITS DANS L'ORGANISME PAR LA VOIE VEINFUSE. Note de B.-G. DUHAMEL, présentée par G. Bozn. Pour mettre en évidence les cellules étoilées du foie, Kupffer a ima- giné un procédé qui consiste à introduire dans les veines du lapin une petite quaniité d'encre de Chine en suspension dans le séium physiolo- gique. L'animal est sacrifié quelques heures après l'expérience; son foie | montre les cellules étoilées des parois SCRDUrES gorgées de corpuscules noirs. Cohn (1904) a mis en évidence les cellules de Kupffer en injectant dans les veines du lapin une solution celloïdale d'argent. Nathan (1), dans sa thèse, a repris et modifié légèrement la méthode de Cohn. Nous avons nous-même recommencé maintes fois cette expérience avec l’argent colloïdal électrique, et nous avons été frappé par la rapidité avec laquelle les éléments de Kupffer modifient et fixent la solution colloïdale introduite dans le milieu sanguin. Nous avons ensuite recherché comment les cellules étoilées se com- portaient avec d’autres colloïdes que l'argent. Nous avons injecté à un lapin 50 c.c. de platine colloïdal électrique titré à0 gr. 25 p. 1.000. L'animal a été sacrifié 15 minutes après la fin de l'injection. L'examen histologique du foie a montré les cellules de Kupffer pleines de fines granulations grises. Le palladium colloïdal élec- trique, dans les mêmes conditions, nous a donné de nombreuses enclaves opaques, très visibles dans les cellules étoilées. En revanche, le cuivre colloïdal électrique, le mercure colloïdal élec- trique, le fer colo dal électrique, le sélénium colloïdal’électrique et le soufre colloïdal obtenu par voie chimique ne forment pas de dépôts visibles dans les cellules de Kupffer. Nous avons pensé que l'absence de dépôts visibles ne signifiait pas forcément qu'il n’y a pas arrêt et fixation, dans le foie, des éléments métalliques ou métalloïdiques de ces suspensions. Pour nous éclairer à ce sujet, nous avons eu recours à l’analyse chimique, et nous avons recommencé la série de nos expériences. F Un lapin de 2.900 grammes a recu une injection intraveineuse de 50 c.c. d'argent colloïdal électrique. La solution était exactement dogée à 0 gr. 36 centigrammes d'argent pour 1.000 grammes, ce qui représente 0 gr. 018 milligrañmes d'argent pour la dose injectée. L'injection a été passée, tiède, en 5 minutes. L'animal a été sacrifié 15 minutes après la (4) Nathan. Thèse. Paris, n° 118. Année 1907-1908. SÉANCE DU 21 JUIN 725 fin de l'injection, et les principaux viscères ont été prélevés en vue de Fanalyse chimique. Nous avons trouvé que le foie, d'un poids de 149 grammes, contenait 0 gr. 012 milligrammes d'argent. La rale contenait des traces non dosa- bles. Les reins ne présentaient pas trace de métal. _ Nous avons répété cette expérience avec une solution colloïdale élec- trique de platine titrée à raison de 0 gr. 25 p. 1.000, ce qui porte à 0 gr. 0195 la dose de métal contenue dans les 50 c.c. de l'injection. Le foie, qui pesait 142 grammes, contenait, 15 minutes après l'injection, 0 gr. 0084 de platine (le platine a été précipité à l’état de chloroplati- nate de NH° et, après calcination, pesé à l'état de Pt pur). La rate conte- nait encore des traces non dosables de métal. Nous avons essayé le sélénium colloïdal électrique dans les mêmes conditions. La solution était également titrée à 0 gr. 25 p. 1000, la dose injectée contenait donc 0 gr. 0195 de métalloïde. Nous en avons retrouvé environ les deux tiers dans le foie, soit, exactement, 0 gr. 00768. Il n'y avait rien dans la rate. Dans les reins, des traces non dosables. Pour le mercure, nous avons employé une solution titrée à 0 gr. 20 p. 1.000, ce qui représente, pour 50 c.c., 0 gr. 010 de métal. Toutes les conditions de l'expérience étant celles des expériences précé- dentes, nous avons retrouvé dans le foie 0 gr. 0065 de mercure. Des traces non dosables dans les reins ou dans la rate. Pour le cuivre — solution à 0 gr. 95 p. 4.000, dose injectée 0 gr. 0125 — nous avons saigné à blanc l'animal au moment du sacrifice. Le foie, dans ces conditions, ne contenait que 0 gr. 0053 de métal. Le sang en contenait 0 gr. 006, soit, pour ces deux tissus, la presque totalité de la dose. Traces non dosables dans les reins. Dans la rate : néant. Pour le fer, nous avons dù rechercher, au préalable, la quantité de fer contenue normalement dans le foie d’un lapin de 2.000 grammes. La méthode colorimétrique de G. Rebiere (1) nous a montré quele fer physio- logique représentait 0 gr. 0016 de métal. Un lapin de 2.000 grammes ayant donc été sacrifié 65 minutes après avoir reçu une dose de fer col- loïdal électrique (50 c.c.) représentant O0 gr. 050 de fer, nous avons retrouvé dans le foie O0 gr. 030 milligrammes de métal, dont il faut déduire le fer normal, ce qui fait 0 gr. 028. - De ces diverses recherches, on peut tirer ces conclusions suivantes : Lorsqu'on introduit dans le torrent circulatoire, par la voie veineuse, une cerlaîne quantité d’une solution colloïdale d’un métal ou d’un métalloïde, une forte proportion (environ les deux tiers) du corps injecté est fixée dans le foie quelques minutes après l'injection. Cette fixation, _ pour certains métaux, se fait visiblement au niveau des cellules étoilées (1) Dosage colorimétrique du fer colloïdal électrique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 15 mars 1913. 726 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de Kupffer; mais le siège histologique de la fixation n'esl pas encore précisé pour les autres. Ces expériences attirent l’attention sur le rôle du foie dans le méca- nisme de l’activité biologique des solutions colloïdales métalliques ou mélalloïdiques. ÉTHER-ÉTHYLCINNAMIQUE COMME MILIEU DIFFÉRENTIEL ENTRE LE BACILLE DYSENTÉRIQUE DU TYPE FLEXNER ET LE BACILLE DYSENTÉRIQUE DU TYPE Hiss, par J. JaAcoBson. Le bacille dysentérique du type Flexner se sépare du bacille dysenté- rique du type de Hiss par le fait que ce dernier ne fait pas fermenter la maltose. Aux points de vue morphologique. cultural, do précipita- : tion, fixation du complément, les deux bacilles ne ER Se en aucune différence. 5 En étudiant le développement de ces deux microbes différents sur le milieu gélose peptonée, additionnée d'éther-éthylcinnamique, nous avons constaté que ce milieu peut servir à différencier le bacille dysen- térique du type de Flexner de celui du type de Hiss. Les cultures dont nous nous sommes servi pour nos expériences nous ont été délivrées par l'Institut Pasteur. Dans les tubes à 10 c.c. de gélose peptonée liquéfiée au bain-marie, on fait {tomber avec une pipette fine une goutte d’éther-éthyleinne- mique qui correspond à 0 gr. 025, on agite fortement jusqu à ce que le liquide devienne homogène, on incline les tubes et on les laisse se refroidir. Dans le milieu ainsi préparé et sur les (tubes témoins (gélose peptonée), on ensemence les deux bacilles et on les met à l'étuve à 37°. Au bout de 2% à 48 heures, on constate que dans les tubes addi- lionnés d'éther-éthylcinnamique le bacille dysentérique du type Flexner se développe, et que le bacille dysentérique du type de Hiss ne se déve- loppe pas. Dans le même milieu, le bacille dysentérique du type Shan ne se déve- loppe pas non plus. On ajoute l’éther étylcinnamique chaque fois, avant d’encemencer les bacilles pour les différencier. (Travail du Laboratoire de l’Hospice de Brévannes.) “ÉCRIRE ES = to en | SÉANCE DU 21 JUIN VARIATIONS DU TAUX DE L'URÉE ET DU SUCRE DANS LE SANG SOUS L'INFLUENCE DE L'ANESTHÉSIE GÉNÉRALE. Note de RouzauD, présentée par H. VINCENT. Poursuivant depuis 1913 nos études sur les variations du sucre et de l'urée dans le sang à l’état physiologique (1) et dans différents états pathologiques (2), nous avons eu, pendant la guerre, l’occasion de rechercher dans le service de M. le professeur Aboulker (d'Alger) quelle était l'influence de l’anesthésie générale à l’éther et au chloroforme sur les taux glycémique et azotémique. Celte recherche a porté sur 24 cas d'opérations (dont 10 cures radicales de hernie et 14 sutures ner- veuses) pratiquées chez de jeunes soldats présentant toutes les appa- rences d'une parfaite santé, en dehors de leur affection locale. À tous ces opérés on a fait une prise de sang avant l’anesthésie et une deuxième au bout de 24 heures : leurs urines, avant et après, étaient soigneusement recueillies. Dans chaque cas, on a noté la durée de l'acte opératoire et la quantité d'anesthésique administré. Les examens de sucre et d’urée étaient faits, comme dans nos recherches précédentes, au moyen des méthodes de Bertrand pour l'un et de Moog pour l’autre. Résultats après chloroformisalion. — 12 opérés ont été endormis avec du chloroforme. 11 fois le taux glycémique, 24 heures après l’interven- tion, a été trouvé augmenté : il était passé, en moyenne, de 0 gr. 98 p. 1000 à 1 gr. 20; il ne dépassa jamais 1 gr. 37, chiffre maximum obtenu chez un opéré dont le taux initial était de 1 gr. 12. Une seule fois le taux glycémique est resté stationnaire. Le taux uréique sanguin fut trouvé augmenté dans les {2 cas et celte élévation fut, en moyenne, de O gr. 27: le taux moyen passa de 0 gr. 48 centigr. p. 1000 à 0 gr. 75 centigr. Dans un cas le taux uréique monta même de 0 gr. 68 à À gr. 20 et l'analyse des urines révéla en même temps qu’une oligurie accentuée (250 c.c.) des traces d’albumine. Dans les urines de ces 12 opérés on constata, en même temps qu'une _ oligurie constante déjà signalée par d’autres auteurs, 9 fois de l’urobi- line et 10 fois une concentration uréique très augmentée, allant jusqu à 38 p. 1000, alors que la diète était instituée depuis 2 ou 3 jours. liésultats après l'éthérisation. — 12 opérés ont été endormis au moyen de l'éther. (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 2 mai 1914. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biolo ie, 16 mai 1914. 728 i SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Le taux glycémique augmenta 9 fois, en moyenne de 0 gr. 15 cen- tigr. ; il resta 3 fois sensiblement stationnaire. Le taux uréique s'éleva 9 fois, mais l'élévation ne fut en moyenne que de 0 gr. 12 centigr. ; il resta stationnaire 3 fois. Dans les urines, dont la quantité fut chaque fois un peu diminuée, on nota deux fois la présence d’urobiline et dix fois une augmentation nette _de la concentration uréique. Conclusions. — 1° L’anesthésie générale nous a paru entrainer une modification du taux de l’urée et du sucre dans le sang, qui Se mani- feste, 24 heures après, chez l’homme sain par une hyperglycémie et une azotémie de faible degré. La glycémie est presque également influencée par le chloroforme et par l’éther, du moins pour des doses faibles d'anesthésique. L’azotémie paraît, en vérité, plus nette avec Île chloroforme de même que loligurie est plusaccentuée, comme on le savait déjà, et la concentration uréique plus augmentée. Ces recherches concordent avec celles que M. Chevrier a récemment communiquées sur les troubles cholémiques post-anesthésiques (1). 2° Des variations de taux de 0 gr. 20 centigr. d'urée ou de sucre dans le sang de sujets sains peuvent paraître minimes et sans imporlance, et cependant elles ont, à nos yeux, une véritable signification patholo- gique. Après avoir pratiqué, avant et pendant la guerre, toujours avec la même méthode, de très nombreux dosages d’urée et de sucre dans le sang de sujets sains, nous avons acquis la conviction que l'organisme maintient, à l’état physiologique, le taux de ces substances à un chiffre fixe, peu variable pour chaque individu, grâce à un mécanisme régula- teur dans lequel le foie et le rein constituent les pièces essentielles. Chez des sujets déjà déséquilibrés au point de vue glycémique ou azotémique, ces variations post-anesthésiques peuvent être plus impor- tantes et on comprend la gravité qu'elles Eee prendre chez des diabétiques ou des azotémiques. 3° Ces variations sont comparables à celle que l’on constate au déclin des maladies aiguës, dans la période de défense et d’immunisation, quand l’infection ou l’intoxication sont jugulées par l'organisme. 4° Pour éviter les inconvénients que ces troubles azotémique et glycé- mique post-anesthésiques pourraient présenter, il nous a semblé légi- time de soutenir l'action du foie et de favoriser, après l’anesthésie, l'élimination par le rein : l'administration par la bouche ou par la voie intestinale de liquides diurétiques ou de sucre (goutte à goutte glucosé) nous a paru une bonne méthode de traitement vis-à-vis des opérés et nous partageons enlièremeut les idées que M. Chevrier à récemment exposées à ce sujet à la Société de Chirurgie (7 mai1919). (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 10 mai 1919. 1 19 (ie) SÉANCE DU 21 JUIN . NOTE SUR LA CYTOLOGIE ET LA BACTÉRIOLOGIE DU LIQUIDE CÉPHALO-RACHIDIEN DANS LE TYPHUS EXANTHÉMATIQUE, par G. HEUYER. Depuis la fin de novembre 1917 jusqu'au début d'avril 1918, à l'ambu- lance de Korytza (Albanie), nous avons ew l’occasion d'observer au cours du typhus exanthématique des réactions du liquide céphalo- rachidien sur lesquelles nous avons attiré l'attention dans un travail adressé à la Société médicale de Salonique (3 avril 1918) (1). Déjà Slati- neanu et Galasesco (2) en 1906 avaient indiqué une réaction cellulaire à mono et à polynucléaires dans le liquide céphalo-rachidien du typhus exanthématique. Devaux (3), d'une part, Danielopolou (4), d'autre part, au Cours de l'épidémie de typhus exanthématique en Roumanie, ont étudié la cytologie du liquide céphalo-rachidien et ont montré Dieu sité de la mononucléose. Nos constatations faites en Albanie, sans que nous ayons eu connaissance des travaux faits sur le front Roumain, -s’aecordent avec ceux-ci quant à la fréquence de la réaction cellulaire du liquide céphalo-rachidien dans le typhus. Nous les rappelons telles que nous les avons indiquées déjà : - Au maximum, à la période aiguë et dans les formes délirantes de la maladie, la réaction du liquide céphalo-rachidien se traduit par les faits suivants : : 1. — Aypertension en jet, que nous pouvons assimiler à l'hyperten- sion des méningites confirmées et des tumeurs cérébrales. Au déclin de la maladie et dans les formes légères sans délire, l'hypertension est moins nette, mais suffisante toujours pour qu'on n’obtienne pas le goutte à goutte habituel à l'écoulement du liquide céphalo-rachidien _ normal. Il. — Ziquide . mais qui n'a pas absolument la limpidité « eau de roche » du liquide céphalo-rachidien normal. IL. — Ayperalbuminose, vérifiable à l'acide azotique et qui se mani- feste sous la forme d'un louche abondant ou d’un précipité floconneux. IV. — Leucocytose. Celle-ci est toujours très nette, plus intense que celles qu'on observe quelquefois dans certaines fièvres typhoïdes et (1) Heuyer. Quelques recherches cliniques sur le uns exanthématique. Paris médical, 19 avril 1919. (2) Serie et Galasesco. Comptes rendus de la Soc. de Biptouie. 1906. (3) Devaux. Soc. méd. du front russo-roumain, Ir et-Acad. de médecine, 28 août 1918. - (4) Dauielopolou. Soc. méd. du front 1917, et Annales de médecine, septembre-octobre 1917. 7130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans certains accès palustres à réactions méningées. Il n’est pas rare de trouver, par le procédé de la goutte, 40 ou 50 éléments dans un champ microscopique. À la période aiguë de La maladie et surtout dans les formes déli- rantes, il y a une prédominance nelte des polynucléaires sur les lympho- cytes dans la proportion de 3 à 1 avec quelques grands monucléaires macrophages et des cellules endothéliales. À la fin de la maladie, après la chute de la température et dans les formes très légères, la réaction cellulaire est surtout lymphocytaire, mais toujours nette. Nous insistons sur l'intensité de cette réaction leucocytaire à polynu- cléaires et à grands mononucléaires du liquide céphalo-rachidien dans les formes graves du typhus exanthémalique où se manifestent des symptômes nerveux et mentaux. Une note récente de M. Tupa (1) confirme nos constatations par la description qu'il fait de la polynucléose et de la présence de mononu- cléaires qu'il assimile à des cellules de Turck. Dans certains cas de typhus que nous avons observés, l'abondance: des polynucléaires étail telle que nous avons craint une erreur de diagnostic avec une méningite cérébro-spinale. Dans un rapport sur le fonctionnement de notre laboratoire que nous avons adressé à la Direction du service de santé de l’armée d'Orient le 1° août 1918, en relatant nos recherches sur le liquide céphalo-rachidien du typhus exanthématique, nous ajoutions : - « Notre hésitation en présence de celte réaction à polynucléaires se légitimait d'autant plus que l'examen attentif des lames du liquide céphalo-rachidien nous montra des diplocoques peu abondants, mais nets, surtout intracellulaires, quelques-uns extracellulaires. Ces diplo- coques différaient du méningocoque par leur forme de deux grains arrondis, accolés et prenant le Gram. Au cours de nos examens du liquide céphalo-rachidien nous avons lrouvé cet élément dans la moitié des cas de typhus exanthématique. Une fois nous avons trouvé ce diplo-. coque à l’autopsie sur un frottis de rate coloré au Giemsa. Nous l’avons isolé huit fois. Sur les conseils de notre confrère Lis- bonne, à qui nous avons montré nos préparations, nous avons employé comme milieux iniliaux le bouillon et le bouillon glucosé à 4 p. 100. En faisant la ponction lombaire, nous ensemencions le liquide céphalo- rachidien recueilli dans une quantité égale de milieu. Au bout de 2% et le plus souvent de 48 heures d’étuve à 37°, nous obtenions une culture de ce diplocoque identique à celui que nous avons observé à l'examen direct du liquide céphalo-rachidien. Par repiquage, nous avons pu le cultiver difficilement sur gélose glucosée ; il est d’ailleurs fragile et de conservation difficile. ) Tupa. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 mai 1919. SÉANCE DU 21 JUIN 731 e La pauvreté de notre matériel pendant la période où régnait le typhus exanthématique, l'absence d'animaux nécessaires à l’expérimentation, puis, au mois d'avril, la fin des manifestations du typhus exanthéma- tique, nous empéchèrent de poursuivre nos recherches ». Si incomplètes qu'elles soient, nous croyons devoir rapporter ces recherches sur la bactériologie du liquide céphalo-rachidien dans le typhus exanthématique. Cette étude mériterait d'être poussée davan- tage. MM. Borrel, Cantacuzène, Jonesco-Mihaesti et Nasta (1), dans une note récente, ont décrit des cocco-bacilles trouvés à l’autopsie de sujets qui présentaient une réaction méningée intense. Dans deux cas ils ont pu cultiver ce cocco-bacille qui se présente quelquefois sous la forme de diplocoques. Déjà nous pouvons dire que par les réactions cytologiques du liquide céphalo-rachidien la ponction lombaire dans le typhus exanthématique constitue un élément précieux du diagnostic de la maladie. Nous avons ébauché l'étude bactériologique de ce liquide. Nos résullats, consignés dans notre rapport du mois d'août 1918, ceux obtenus par Borrel et ses collaborateurs, mentrent que cette étude doit être continuée. Cliniquement, par l'intensité et les caractères du délire, par sa céphalée spéeiale, par sa surdité tardive et les signes labyrinthiques qui l’accompagnent, par le syndrome sus-ombilical d'origine sympa- thique que nous avons décrit, par ses manifestations méningées, par la fréquence de ses complications nerveuses et par les caractères du liquide céphalo-rachidien, le typhus exanthématique se comporte comme une maladie nerveuse aiguë à détermination méningo-encéphalique. De l'étude du liquide céphalo-rachidien dans le typhus exanthématique, on tirera des notions importantes et démonstratives de la pathogénie de la maladie. = LA RÉACTION DU SANG AU PYRAMIDON, par L. PRON. MM. Thevenon et Roland ont proposé récemment (2) un procédé de recherche du sang basé sur la réaction que donne le pyramidon en présence des oxydants. En ajoutant, par exemple, à quelques centimètres cubes d'urine - \ (1) Borrel, Cantacuzène, Jonesco-Mihaesti et Nasta. Sur un microbe capsulé trouvé chez le pou et l’homme atteints de typhus exanthématique. Comptes- rendus de la Soc. de Biologie, 17 mai 1917. (2) [yon médical, novembre 1918. Brococre. CoMPpTESs RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 53 732 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Je L2 suspecte, le même volume d’une solution alcoolique de pyramidon à 5 p. 100, puis 6 à 8 gouttes d'acide acétique au tiers, et 5 ou 6 gouttes d’eau oxygénée, on obtient une coloration, allant du mauve tendre au violet bleu, selon la proportion de sang présente. Depuis six mois, j'ai essayé ce nouveau réactif pour la recherche du sang dans les liquides gastriques, concurremment avee celui d’Adler, dont je me sers depuis longtemps. L'un et l’autre se sont montrés parallèles, au point de vue de la fré- quence; ils ont donné, avec un même échantillon à examiner, le même résultat positif ou négatif. Mais lorsque le liquide en expérience ne reuferme qu’une minime quantité de sang, la réaction au pyramidon est beaucoup plus lente à se produire. I faut attendre 10 à 15 minutes, dans certains cas, alors qu'avec la benzidine on obtient une teinte positive en une à deux minutes. Elle est, en même temps, beaucoup moins nette. Alors que;,‘dans les cas faiblement positifs, la réaction d'Adler donne toujours une coloration verte franche, on obtient avec le pyramidon une teinte mauve, si pâle qu'il faut se placer dans certaines conditions d'éclairage pour être sûr de son existence, et qu'il y a lieu dese demander si on est bien en droit de la regarder comme positive. Comme la manipulation est, d'autre part, la même pour les deux réactions, le procédé au pyramidon ne semble avoir aucun avantage, si on l’applique à un liquide riche en sang, c'est-à-dire fournissant une réaction forte; il apparaît comme inférieur si on l’applique à un liquide ne renfermant qu'une minime proportion de sang. DOCUMENTS SUR QUELQUES ANESIHÉSIQUES LOCAUX, par L. Launoy et Y. FusIuort. Nous avons étudié, dans le but de comparer leur toxicité et leur pou- voir anesthésique, un certain nombre de dérivés benzoylés d’amino-. alcools répondant aux formules générales suivantes : R : 7 a) (CH3)? N — CH? — C— 0H. NS CH? b) (CH°}? N — CH? — CH°— CHOH —R (1). 4) Les amino-alcools de cette série ainsi que leurs dérivés ont été récem- ment décrits par E. Fourneau et Me Ramart-Lucas. Soc. Chim. de France, séance du 23 mai 1919. SÉANCE DU 21 JUIN 7133 formules dans lesquelles R peut être un radical apparlenant à la série grasse ou bien à la série aromatique. D'après les formules ci-dessus on _voit que ces deux séries d'amino-alcools différent : 1° par leur fonc- tion alcoolique, celle-ci est une fonction alcoolique tertiaire dans la série a, une fonction alcoolique secondaire dans la série b; 2 la chaine ramifiée dans la série a est normale dans la série b ; 3° les fonctions alcool et amine sont voisines (position 1-2) dans la première série, elles sont séparées l’une de l’auire par un chaïinon carboné (position 1-3) dans la deuxième. La première série est celle de la sfovaine, à la seconde appartient la (ropacocaine. De la première série nous avons étudié les dérivés benzoylés sui- vants : 19 Dérivé benzoylé du 1 diméthylamino 2-méthylpropanol. A D — du 1 — 2-éthylpropanol. ONE — dut — 2-amylpropanol. ARR — du 1 — 2-phénylpropanol. SOS — du 1 — 2-benzsylpropanol. De la deuxième série, nous avons étudié les dérivés suivants : 60 — — du 1 — 3-élhylpropanol. To — .— du 1 — 3-amylpropanol. Les résultats apportés dans cette note concernent : l’action toxique générale pour la grenouille (Rana temporaria var. viridis), l'action globu- licide pour les globules de lapin, l’action anesthésique sur le sciatique de la grenouille. : INDICATIONS TECHNIQUES : : À. — Toxicilé générale. Tous ces produits, injectés à dose équimolé- culaire (1 c.c. d'une solution N/25) dans le sac lymphatique dorsal de grenouilles de poids très voisins, déterminent rapidement de la parésie musculaire, de l'arrêt de la respiration (sauf le dérivé n° 7), de l’anes- thésie et de la paralysie totales en temps variable. On notait d’abord le temps nécessaire à l'obtention de la paralysie et de l’anesthésie abso- lues, puis ultérieurement la survie ou la mort; on a examiné dans quel- ques expériences l'état du cœur. Sauf pour le dérivé n° 1, qui n’a pas d’action toxi-cardiaque véritable, les contractions cardiaques se ralen- tissent rapidement, elles continuent toutefois un certain temps après la mort apparente; le cœur s'arrête habituellement en diastole. B. — Action globulicide. L'action hémolytique du dérivé n° 2 a déjà été étudiée par l’un de nous (1). Nous avons dans ces recherches comparé (1) EL. Launoy. Sur l’action hémolytique du chlorhydrate d’amyléine, €. R. Soc, Biol. 1904. É 734 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'action des solutions : N/25, N/50, N/100. On faisait agir à la tempéra- ture ordinaire (25°) ou à l’étuve (37°) 0 c.c. 1 à O0 c.c. 2 de solutions équimoléculaires sur 1 c.c. d'une émulsion de 1/20 dans l’eau physiolo- gique de globules frais, non lavés. C. — Le pouvoir anesthésique sur le sciatique était déterminé par le temps nécessaire pour obtenir 1: blocage absolu de toute conductibi- lité nerveuse de ce nerf, démontré par la non-contraction du gastro- cnémien. L'application de la solution anesthésique était faite sur une partie de nerf de 1 centimètre de long environ, comprise entre la portion excitée et le muscle. Comme appareil d'excitation, nous avons employé un chariot de Du Bois-Reymond, la source électrique était un accumula- teur de 2 volts. Un signal de Marcel Desprez, intercalé dans le cireuit primaire, donnait pour le courant secondaire le nombre d'oscillations par minute, ce nombre était de facon constante égal à 240. La réponse du musclé était normalement fournie avec un courant secondaire de très faible intensité, la position de la bobine induite étant à 40 centi- mètres environ du zéro de la graduation de l'appareil; on estimait la con- - ductivité du nerf comme bloquée, quand le muscle ne répondait plus à une excitation dont l'intensité correspondait à la position de la bobine induite au 0 de la règle de l'appareil. La multiplicité d'expériences faites dans des conditions semblables sur les sept substances étudiées nous permettent d'apporter les résul- tats suivants : RÉSULTATS. — Toxicité générale. La seconde série est nettement moins toxique pour la grenouille que la première. Cette désintoxication est-elle due au remplacement de la fonction alcool tertiaire par une fonction alcool secondaire ou bien à l'éloignement de la fonction alcool de la fonction aminée? De nouvelles expériences nous fixeront sur ce DOI tb. ; é En ce qui concerne l'influence du poids moléculaire, il est net que les dérivés en C* de la série grasse sont les plus toxiques. S D'autre part dans la série aromatique, le dérivé benzylé est plus toxique que le dérivé phénylé. Le schéma suivant (fig. 1) rend tangibles ces conclusions. Dans ce schéma, les chiffres portés en abscisses représentent en minutes le lemps nécessaire pour obtenir la paralysie et l’anesthésie absolues, les chiffres en ordonnées sont les numéros des substances. Action globulicide. — L'action globulicide, déjà apparente avec le terme en C’, devient particulièrement visible à partir du terme en C'; il est vraisemblable que cette action, comme cela a lieu avec les acides gras, augmente avec le poids moléculaire ; d'autre part, l’action hémo- lytique très nette avec le numéro 3 (1-diméthyl-amino-2-amyl-pro- panol, devient très intense avec le numéro 7 : (1- diméthyl amino-3- amyl-propanol). Dans ce dernier cas, l'éloignement des fonctions - QE) > “9% SÉANCE DU 21 JUIN. 135 semble jouer un certain rôle dans l’augmentation du pouvoir hémoly- tique du terme en C. Dans les conditions exposées ci-dessus, l’action hémolytique de 0 c.c. 1 d'une solution N/100 de chaque substance agissant sur 1 c.c. d'émulsion globulaire pendant 1 heure à 37° est la suivante : NO D PRO RONDE RTE Re Négative. NON SAR TA EE RAR Ta Sn re Hem Presque totale. NOT Tee OR PE DR DE PURE Complète. Lemière WE te TE SErie TT SErie : QO # F16. (il Action anesthésique.— Si l’on excepte les numéros 1 et 5 dans la pre- mière série, dont la puissance d'action est sensiblement égale à celle des corps de la série n° 2, les dérivés des amino-alcools à fonction alcool tertiaire sont doués d'un pouvoir anesthésique supérieur à celui des dérivés de la série à fonction alcool secondaire. Dans la première série, le maximum de l’action anesthésique est dévolue au dérivé en C. Le schéma ci-dessous dans lequel est porté en ordonnée le nombre de minutes nécessaires au blocage de la conductibilité nerveuse, le numéro des substances étant porté en abscisse interprète ce résultat (fig. 2). Conclusion générale. — De ces recherches préliminaires, il résulte que les dérivés benzoylés de la série dont la fonction alcoolique est une fonction alcoo! tertiaire, sont à la fois plus toxiques, mais sensiblement plus actifs que les dérivés benzoylés correspondants SpA ene à la série à fonction alcool secondaire. 736. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les dérivés en C° (alcools amyliques) sont à la fois les plus toxiques et les plus actifs. Ce fait se rattache à l'observation presque générale qur montre que, dans presque toutes les séries thérapeutiques, les dérivés en C' (alcool amylique ; acide valérianique, stovaïné, amylène, sont plus actifs que les autres). (Institut Pasteur de Paris.) ACTION DE LA PEPTONE CHEZ LE CHIEN APRÈS L'EXCLUSION DU FOIE, par M. Doxon. 1. — Dans une note récente j'ai annoncé que la peptone n’est pas entièrement dépourvue d'influence chez le chien dont la circulation est réduite à la moitié sus-diaphragmatique du ‘corps. J'ai rappelé à ce propos que j'ai démontré avec mes collaborateurs l'existence dans tous les organes d'uné substance anticoagulante d’origine nucléaire. J'ai observé dans les conditions précisées F'incoagulabilité complète du sang, mais le fait est très exceptionnel. En général le sang coagule en apparence normalement, mais le caillot est rapidement dissous. Par- fois le caïllot est d'emblée très mou. 4. Chien de 22 kilogrammes âgé de trois à cinq ans; 0,03 morphine anesthésie au chloroforme. 10 h. 20 : prise de deux échantillons de sang e … a) petit échan- tillon de 15 grammes environ, coagulation en 5 minutes, caillot dur, per- sistant ; b) échantillon de 50 grammes en vue du dosage de la fibrine obtenue par battage,; fibrine — 1,7 p. 1.000 grammes de sang. 10 h. 30 : eos de l’aorte au niveau des piliers du diaphragme, à près de 2 centimètres au-dessus de la mésentérique supérieure, ligature du pédi- cule formé par les veines sus-hépatiques et la veine-cave au-dessus du foie, _ ligature de l’œsophage, de la veine-porte et de l’ensemble des vaisseaux qui se rendent du foie à la masse intestinale. La position des ligatures à été vérifiée avec soin à l’autopsie, aucune communication n’était possible entre le foie et la masse intestinale d’une part, la partie sus-diaphragmatique du corps d'autre part. 10 h. 45 : injection dans la veine jugulaire droite de 20 c. e. d'une solution filtrée de peptone contenant 11 grammes de peptone dans 30 c.c. d’eau. 10 h. 55 : prise de deux échantillons de sang carotidien : a) échantillon de i5 grammes, formation en 10-15 minutes d’un caillot mou; ce caillot est presque complètement dissous à 12 h. 30. À 3 heures le sang est complète- ment liquide. Examiné à ce moment au microscope le sang paraît absolu- ment normal, cependant quelques globules rouges sont légèrement crénelés ; le plasma obtenu par centrifugation ne contient pas d’hémoglobine ; b) échan- SÉANCE DU 21 JUIN 7131 tillon de 50 grammes en vue du dosage de la fibrine obtenue par battage; fibrine obtenue par battage après 15 MOUE—; 03 p. 1. 000 grammes de sang. 14 h. 35 : nouvelles prises de sang; a) échantillon de 15 grammes, prise en masse en {15 minutes, caïillot mou en voie de liquéfaction à 2 heures. Le lendemain a d’un petit caillot mou; b) échantillon de 50 gram: mes; fibrine obtenue par battage après 15 minutes — 0,08 p. 1.090 grammes de sang. Le chien est mort à 15 h. 55 après avoir présenté des convulsions dans le train antérieur. Peu d’instants après l'injection de peptone apparition d’une rougeur extrêmement intense de l'ensemble des muqueuses de la bouche et des conjonctives. La rougeur a persisté en s’atténuant graduellement jusqu'à . 11 h. 45. Baisse considérable de la pression artérielle. Le sang recueilli après l'injection de peptone était un peu moins rouge que le sang normal. Un échantillon de sang prélevé après les ligatures, mais avant l'injection de peptone, a donné un caillot dur, persistant. S Il. — Contejean admettait le rôle prépondérant du foie et de la masse intestinale, mais pensait que toutes les cellules de l'organisme contribuent plus ou moins activement à la réaction caractéristique provoquée par la peptone. Dans la suite on a cru le rôle du foie exclusif. - Mes expériences viennent à l'appui de l'opinion de Contejean et donnent l'explication de ses résultats (Consulter : Comptes rendus de la Société de Biologie, 1895-1896). À PROPOS DE L'OPHTALMIE EXPÉRIMENTALE A GONOCOQUES DU LAPIN (Réponse À MM. MEzincescu Er HoLBan), Re. par ROBERT DEBRÉ et JEAN PARAr. MM. Mezincescu et Holban (1) ont consacré une note à l'ophtalmie gonococcique du lapin que neus avons décrite dans une note présentée ici-même en 1913 (2). : Depuis ces premières recherches nous avons au cours de nombreuses expériences reproduit l’ophtalmie gonococcique du lapin qui présente bien les caractères que nous lui avons attribués. Dans un mémoire actuellement à l'impression, nous donnons avec la - collaboration de M. F. Terrien la description clinique et anatomique com- x (1) Mezincescu et Holban. Sur l'ophtalmie à gonocoques chez le lapin. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXX, n° 15, 24 mai 1919, p. 536. -(2) Robert Debré et Jean Paraf. Bases expérimentales de la sérothérapie antigonococcique. Comptes rendus de la Soc: de Biologie, t. LXXV, n° 53, décembre 1917, p. 512. : \ 138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE plète de cetle ophtalmie. Comme le disent MM. Mezincescu et Holban, les lésions sont dues à l’action des endotoxines microbiennes. Il est d’ailleurs possible de les reproduire avec des microbes morts. Le but de nos recherches était de déterminer chez l'animal une lésion à évolu- tion toujours identique, qui nous permit de contrôler l’action théra- peutique du sérum antigonococcique injecté in situ. Les lésions que Flexner a provoquées expérimentalement chez le singe avec le ménin- gocoque (méningite méningococcique) sont aussi dues à l’action des endotoxines microbiennes, elles n’en ont pas moins permis de préciser le mode d'emploi du sérum et de prouver sa haute valeur thérapeu- tique. STRUCTURE ET DÉVELOPPEMENT DES DENTS COMPOSÉES, par Éo. RETTERER. « Les mâchelières du Cochon d'Inde, dit Daubenton (1760), ont de profondes cannelures sur les côtés; leur face supérieure est plate, mais on-y voit des vestiges de petites cannelures qui s'étendent d’un côté à l’autre ». Cuvier (1), parlant de ces dents, écrit : « Les molaires n'ont chacune qu'une lame simple, et une qui est fourchue en dehors dans les dents supérieures, en dedans dans les inférieures... Les échancrures sont presque complètement remplies de cortical. Les molaires d'en baut diffèrent seulement des autres (molaires d'en bas) en ce qu’elles sont dans une position renversée.…. » Telle est la configuration des molaires de Cobaye qui sont des dents composées ; quant à leur structure, elle est la suivante: Une molaire supérieure de cobaye adulte est haute ou longue de 8 milli- mètres; sa couronne est large de 5 millimètres avec un diamètre antéro-pos- térieure de 3mm5. Débitée en coupes transversales, elle montre, sur toute sa hauteur, deux lames éburni-adamantines à direction transversale : l’une, antérieure, en forme de fer à cheval très allongée, présente une échancrure du côté externe, correspondant à la cannelure externe. Cettelame antérieure, simple en dedans, se bifurque ainsi en dehors pour circonscrire et contenir un prolongement du cortical. La lame postérieure est simple. À son extrémité externe, la lame simple, postérieure, se recourbe en avant, suit un court trajet antéro-postérieur et finit par se continuer avec la branche postérieure de la lame antérieure. Le prolongement du cortical qui remplit l’échancrure de la lame antérieure est cunéiforme ; sa base, continue au cortical périphérique, est large de 1mm2, et son sommet, pointu, est éloigné de la base de 1 millimètre. Quant à l’in- tervalle plus profond et plus large qui sépare du côté interne la lame anté- (1) Ossements fossiles, t. V, p. 41, 1823 et Règne animal. t. I, p. 220, 1829. V7 SÉANCE DU 21 JUIN 139 EE — rieure de la postérieure, il est rempli par un prolongement du cortical de la face interne du maxillaire. Ce dernier prolongement cortical a un diamètre latéral ou une longueur de 028 et une épaisseur de 0""145. Les molaires de la mâchoire inférieure ont même conformation si ce n’est que la lame éburno-adamantine simple est antérieure, tandis que la lame bifurquée est postérieure. Il en résulte que la cannelure profonde occupe la face externe, et la cannelure peu profonde la face interne. Donc, la dentine et l'émail sont disposés en une seule lame continue, mais pliée et repliée sur elle-même. Cette lame éburni-adamantine montre du centre à la surface externe : 1° une portion médiane, épaisse de 50 ou 60 v ; c'est la papille dentaire ; 2° sur l’une et l’autre face de celle-ci, une couche d'ivoire épaisse de Omm2 à Onm3, et, 3° à la surface de l’ivoire, un revêtement -d’émail, épais de 02208. Les cordonnets d'ivoire, épais de 4», ont un trajet à peu près horizontal et se continuent au dehors directement avec les prismes adamantins, dont chacun d’un calibre de 5 vw. Le tissu inter-dento-maxillaire se compose de tissu conjonctif à faisceaux transversaux ou horizontaux, sauf à sa face interne qui montre quelques assises de cellules vésiculeuses. De plus, on y voit en de nombreux points des îlots de cartilage hyalin. Les deux prolongements que ce tissu inter-dento- _ maxillaire envoie entre les replis éburni-adamantins sont essentiellement formés de tissu vésiculeux et de cartilage hyalin calcifié. Les cellules vésicu- leuses, de 10 à 12 v, ônt un protoplasma clair, peu colorable et un noyau de 4 à 3 u, très chromatique. C?s cellules anguleuses ou polyédriques sont inti- mement juxtaposées et séparées les unes des autres par une cloison mitoyenne de 1 à 2 y et très hématoxylinophile. Le tissu du cortical rappelle de très près celui que j'ai décrit (1) et figuré dans le squelette embryonnaire et qui repré- sente un stade de transition entre le lissu mésodermique jeune, précurseur du cartilage, et le cartilage hyalin. L'aspect des deux tissus est celui d’un épithélium polyédrique dont les lignes dites intercellulaires représenteraient les premiers indices ou ébauches d’une substance fondamentale. En effet, comme dans le squelette embryonnaire, on voit apparaître en dehors de ces lignes ou capsules, une masse transparente, qui fixe énergi- quernent l’hématoxyline et qui, en augmentant, transforme une partie du tissu vésiculeux en cartilage hyalin. Je répète que l’un et l’autre sont vascu- laires et que les îlots cartilagineux se calcifient. L'étude de l’ébauche dentaire donne la clé de la forme et de la constitu- tion de la dent composée. Avant qu'il existe des tissus durs, la papille dentaire montre une conformation semblable à celle de la future dent: à la face postérieure d'une molaire supérieure, nous voyons la papille dentaire se présenter à la face interne de la mâchoire sous la forme d’une lamelle ver- ticale, aplatie d'avant en arrière. De ce point elle se dirige transversalement vers la face externe de la mâchoire. En cet endroit, la papille, toujourslamel- liforme, se plie à angle droit pour se diriger en avant et parallèlement à la face externe de la mâchoire. Au boutd'un court trajet, la papille lamelliforme se bifurque en une branche interne, plus longue, qui limite en avant la canne- lure interne et en une branche externe plus courte, qui forme la limite anté- (1) Journal de l'Anatomie, etc., 1900, p. 469, fig. 2. 740 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE [l rieure de la cannelure externe. La papille d’une molaire inférieure se comporte de même, mais en sens inverse. Cette papille lamelliforme édifiant de la dentine sur ses deux faces, et la dentine se transformant à la périphérie en émail, les replis éburni-adaman- tins présentent une conformation identique à ceux de la papille. Les inter- valles entre ces replis éburni-adamantins sont comblés par le cortical. , Résultats et critique. La molaire du Cobaye s'éloigne considérable- ment, par l'absence de mamelons libres, de la couronne buncdonte des Poreins, de même que le manque de croissants longitudinaux la dis- tingue de la couronne sélénodonte des Ruminants. Les bandes essen- tiellement transversales qui se trouvent sur la couronne des molaires du Cobaye rappellent celles des Éléphants. Les lames éburni-adaman- tines se relient entre elles et décrivent un trajet serpentin, car elles se plient et se replient d'une facon analogue chez le Cobaye, le Mammouth et l'Éléphant d'Afrique. La molaire du Cobaye est donc non seulement lophodonte ou zygodonte, mais encore herpétodonte. Quant au développement des dents composées, on en est encore aujourd'hui à la conception de Cuvier. « L'émail, dit Cuvier (4), est déposé sur la substance osseuse (ivoire) par la lame interne de la cap- sule par une transsudation inverse de celle qui fait sortir la substanee osseuse du noyau pulpeux (papille).. » « .. Dans les animaux dont les dents doivent avoir une troisième substance ou un cément, quand Ia membrane interne de la capsule a déposé l'émail, elle change de tissu; elle devient épaisse, spongieuse, opaque et rougeâtre, pour donner ce cément. Celui-ci n'est point, en naissant, déposé par filets, mais comme par gouttes qu’on aurait Jetées au hasard. » = Avec un fluide adamantin, il étail aisé de comprendre son dépôt à l'extérieur et à l’intérieur de la dent. C'est moins commode à expliquer, depuis que l’on admet qu'une membrane cellulaire, dite adamantine, doublée d'un revêtement d’émail, préside à l’élaboration de ce dernier. Pour Chauveau et Arloing, les cornets d'émail s’accroissent à l'encontre et en sens opposé des chapeaux de dentine, les uns se modèlent sur les autres, se soudent et finissent par se pénétrer réciproquement. Bonnet (2) a avancé une hypothèse analogue : de l'émail partiraient des replis qui se prolongeraient entre les papilles et segmenteraient l’ivoire qui prendrait ainsi une conformation plissée. Dans la deuxième édition (1907), Bonnet ne parle plus du processus. Ces diverses facons d'expliquer le développement de la dent com- posée sont des imaginations pures. Dans les dents composées, comme dans les simples, l’ivoire est édifié par les cellules superficielles de la papille, par les odontoblastes ; ensuite (1) Anatomie comparée, t. HT au XIV (1805), p. 118. (2) Entwisklungsgeschichte der Haussäüugethiere, 1891, p. 134. SÉANCE DU 21 JUIN TA — — les extrémités exlernes des cordonnets de l’ivoire se transforment en prismes de l'émail. Dans les molaires du Cobaye, cette évolution se fait sur les deux faces des replis de la papille lamelliforme. Quant au corfical du Cobaye, A. v. Brunn (1) montra qu'il reste carti- lagineux (cartilage calcifié avec peu de substance fondamentale). A. v. Brunn ne distingua point le stade qui précède le cartilage calcifié, c'est-à-dire le tissu à cellules vésiculeuses et à aspect épithélioïde ; les deux figures (5a et 5b) qu'il donne du cartilage calcifié sont d'ailleurs un mélange confus de points et de traits sombres sur fond clair. En résumé, la structure et l’histogénèse des molaires du Cobaye (dents composées) soat identiques à celles des dents simples du Chien. Si les lames éburni-adamantines se plient et se replient, c'est que la papille dentaire présente, dès le principe, une forme aplatie et plissée. Les inter- valles de ces replis sont comblés par le tissu inter-dento-maxillaire qui produit-un cortical vésiculeux, devenant partiellement cartilagineux. PROCÉDÉ DE RECHERCHE DU SANG DANS L'URINE, LES SELLES ET LES LIQUIDES PATHOLOGIQUES. Notei de À. Escnaïcu, présentée par L. GRINBERT. Diverses substances ont été proposées dans le but de remplacer la teinture de gaïac pour la recherche du sang dans la réaction classique de Weber : phtaléine réduite, benzidine, pyramidon. Ce dernier réactif offre l'avantage de pouvoir être préparé instantané- ment, mais sa sensibilité vis-à-vis des nitrites, qu’on rencontre souvent dans les liquides pathologiques, peut être une cause d'erreur quand on opère en milieu légèrement acétique, comme l'ont conseillé Thévenon et Rolland (2). - Cette cause d'erreur est écartée par la technique suivante : Dans un tube à essai on verse 1 c.c. d'une solution alcoolique de pyramidon au dixième, 1 c.e. de pyridine et 3 gouttes d'eau oxygénée à 12 volumes, puis on y fait tomber de quelques gouttes à 1 c.c. du liquide à essayer. Si celui-ci contient des pigments sanguins, il se produit une coloration bleue dont la teinte rappelle celle de la liqueur de Fehling. Cette colo- ration est instantanée et de beaucoup plus intense que celle qu'on obtiendrait dans les mêmes conditions sans addition de pyramidon, mais elle s'atténue assez rapidement avec le temps. (4) Anat. Anzeiger, t. HI, p. 506 et Archiv. f. mik. Anat., t. XXXVIIL, p. 150. (2) Journal de Pharm. et de Chimie, t. XVI, p. 18, 1917. « 143 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE SÉANCE DU 14 JUIN 1919 SOMMAIRE -Boucer (L.) : Antagonisme du | voir antigène de divers liquides chloral et du chlorure de baryum. 743 | hydatiques. . . . . . . ... . ..... 146 Dugors (Cu.) et Boucer (L.) : Ac- Fosse (R.) : Le mécanisme de la tion du carbonate de soude sur la formation artificielle de l’urée par MES S TOR RA n sed Le ea aude 145 | oxydation et la synthèse des prin- Dunor (E.) : Sur le titrage du pou- | cipes naturels chez les végétaux . . 7149 Présidence de M. Laguesse, président, ANTAGONISME DU CHLORAL ET DU CHLORURE DE BARYUM, a par L. BOULET. Dans une note précédente (1) nous avons déjà dit que des doses variant de 15 à 60 centigr. de chloral pour 100 c.c. de la solution con- tenant l'uretère en survie, empêchaient lès mouvements rythmiques, même quand &eux-ei avaient été provoqués par l'addition de 1 centigr. de BaC}/, et qu'il suffisait d'ajouter 5 à 10 centigrammes de BaCl? pour voir les mouvements rythmiques se reproduire. Nous avons vu, depuis, que si nous augmentions encore la dose de chloral de 60 centigrammes à ! gramme, l’uretère cesse ses contrac- tions spontanées malgré l'addition, à la solution nourricière, de 10 à 20 centigrammes de chlorure de baryum et cependant conserve toujours son excitabilité. = (1) L. Boulet. Sur les mouvements de l’uretère : action de quelques substances sur leur rythme. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, LA juillet191#, LOEXXVT, D. 350. 1 IC PR RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Il nous a paru intéressant de voir si le chloral n'empécherait pas l'action si curieuse du chlorure de baryum sur la pointe du cœur excisée (1). C’est en effet ce que nous avons constaté. C’est ainsi, par exemple, que chez un chien de 5 kilogramnies, chez lequel on a fait la respiration artificielle, nous avons injecté, par la saphène externe, 5 c.c. d’une solution de chloral à 10/100, puis 15 minutes après, 5 c.c. de chlorure de baryum à 1/100. La pointe excisée, > minutes après, n'a pas eu de mouvements rythmiques spontanés; à une excitation, elle répondait par une contraction. Mise dans le Ringer-Locke à 39°, elle n’y a pas eu non plus de mouvements rythmiques spontanés. Notons encore qu’à la suite de l'injection de BaC}, la pression arté- rielle n’a pas varié. Chez des grenouilles on injecte 1/2 c.c. d’une solution de chloral à 1/10, puis au bout de 5 minutes, 1 c.c. d’ane solution de chlorure de baryum à 1/100 : si, 4 minutes après, on vient à exciser la pointe, celle- ci n'a pas de mouvements rythmiques; à une excitation, elle répond par une contraction. Dans ce cas, le reste du cœur laissé en place continue à baltre, mais si on augmente la dose jusque vers 10 centi- grammes environ, le cœur s'arrête en totalité, tout en restant excitable. Ainsi, après l'emploi d’une dose suffisante de chloral, le cœur, comme d’ailleurs l’uretère, continue à répondre à toutes les exeitations, mais devient incapable d’entrer spontanément en activité, en d'autres termes il conserve son excitabilité et perd son automatisme. Il est donc logique d'admettre que ces deux propriétés sont localisées dans deux éléments différents; l’une dans la fibre musculaire, l’autre dans la cellule nerveuse. Sinon il faudrait supposer que, sous l'influence du chloral, il se fait, dans un seul et même élément, la fibre musculaire, une dissociation de deux propriétés dont l’une serait respectée et l’autre abolie, ce qui paraît peu vraisemblahle. De ces considérations, il résulte que chez l'animal chloralisé, si le baryum n'a plus ses effets habituels, c’est que son action s'exerce, non pas sur la fibre musculaire puisque celle-ci réagit encore aux diverses excilations, mais sur les éléments nerveux. (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Faculté de médecine de Lille.) (1) E, Wertheginer et L. Boulet. Démonstration des propriétés rythmiques de la pointe du cœur au moyen du chlorure de baryum. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 mai 19141, t. LXX, p. 678. SÉANCE DU 14 JUIN 145 ACIION DU CARBONATE DE SOUDE SUR LA VESSIE, par C5. Dugors et L. BouLer. Tous les physiologistes savent que, si à la suite d'une chute de pression, une solution anticoagulante de carbonate de soude pénètre dans les vaisseaux, il en résulte une augmentation considérable de la pression artérielle ; mais il se produit une action semblable sur la contraction de la vessie qui, à notre connaissance, n’a pas encore été signalée. & Nous utilisions dans nos expériences une solution contenant 71,5 de carbonate et 46,5 de bicarbonate de soude pour 1.000 (solution anti- coagulante en usage au laboratoire) ; nous opérions sur des chiens chloralosés, et les contractions vésicales étaient enregistrées par la méthode manométrique. En injection intraveineuse, des quantités relativement élevées (5 à 10 c. ce.) de cette solution ne donnent généralement qu'une contrac tion vésicale faible et de courte durée ; dans le bout central d’une artère (carotide ou fémorale) 2 c.c. suffisent, au contraire, à produire une violente contraction qui se prolonge pendant un certain temps, et est suivie parfois d’oscillations rythmiques de l’organe. Ces effets variables du carbonate de soude sur la vessie, suivant le lieu de l'injection, sont à rapprocher de ceux qu'a observés V. Aducco (1) sur la pression arté- rielle, dont l'augmentation était de médiocre intensité (3 à 5 cent. Hg) quand le carbonate était introduit dans les veines, et au contraire, considérable (7 à 30 cent. Hg), si l'injection était pratiquée dans le bout central des artères (carotide,ou fémorale). __ Dans quelques expériences, où nous avons à la fois recueilli Les tracés des contractions vésicales, de la pression artérielle et de la respiration, nous avons pu vérifier cette variation dans l'intensité des réactions vasculaires signalées par Aducco, et constater des modifications analogues du rythme respiratoire. Le parallélisme entre ces diverses réactions n’est cependant pas absolu : c’est ainsi que, dans plusieurs cas, l’injection de carbonate et bicarbonate de soude dans le bout central de l'artère fémorale est restée sans effet sur la pression, tandis que la vessie répondait par une contraction d’une grande énergie. La vessie est donc bien, suivant l'expression de Mosso (2) « un esthésio- mètre plus sûr que la pression sanguine ». 1 L'action du carbonate de soude s'exerce peut-être, comme le dit _ (4) V. Aducco. Archives italiennes de Biologie, t. XIV, 1891, p. 344. (2) A. Mosso et P, Pellacani. Archives italiennes de Biologie, t. 1, 1882, Der. se : 146 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Aducco, au moins en parlie, par un mécanisme réflexe : elle serait due. dans ce cas, à l’excitation des nerfs sensibles des artères, et elle serait de même ordre que les réactions vasculaires observées par Heger (1) avec le nitrate d'argent, par Spalitta et Consiglio (2) avec le citrate de fer. On pourrait trouver là une explication de la différence d'action du carbonate de soude, suivant qu'il est injecté dans les artères ou dans les veines, l'existence de nerfs sensibles veineux, admise par Welikij (3), restant problématique pour la plupart des physiologistes. ù C'est, d'autre part, à une action centrale, à une excitation directe de la moelle ou du cerveau que seraient dus, selon Aducco, les effets vaso- moteurs particulièrement intenses, que l’on oblient lorsque le carbonate de soude est injecté soit dans le bout central de la fémorale ou de la ‘ carotide, soit dans le bout périphérique de cette dernière. : Mais nos expériences montrent en plus que le carbonate de soude agit aussi sur les appareils nerveux périphériques ou sur la fibre muscu- laire elle-même, car les effets de l'injection de cette substance sur la vessie et sur la pression artérielle sont encore très manifestes après destruction de la moelle. Dans une de nos expériences, la presque totalité de la moelle avait été enlevée, après section entre la IV® et la V° paires cervicales ; on avait de plus sectionné les pneumogastriques : l'injection de carbonate de soude dans le bout central de la earotide n’en a pas moins provoqué une énorme contraction vésicale et une élévation de la pression artérielle : celle-ci qui était tombée à 2 centimètres Hg par suite de la destruction de la moelle s'est élevée à 11 centimètres après l'injection. Après l’ablation du ganglion mésentérique inférieur, prati- quée ensuite chez le même animal, on oblint de nouveau une contraction, moins forte il est vrai, de la vessie, et la pression monta de 3 centi- mètres à 8 centimètres Hg. (Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Lille.) SUR LE TITRAGE DU POUVOIR ANTIGÈNE DE DIVERS. LIQUIDES HYDATIQUES, par E: Dvuor. La méthode générale de Calmette et Massol qui a fait ses preuves pour l’étude de la réaction de fixation dans la tuberculose et dans la (1) Heger. Beiträge zur Physiol. Carl Ludwig zu seinem TOten Gebursttage. Leipzig, 1887, p. 193. (2) Spalitta et Consiglio. I nervi vaso-sensitivi. Archivio di farmacol. e tera- peutica, IV, 1896. | (3) Weliki}, cité par Gley, in Traité de Pathologie générale, de Ch. Beuchard t. [IF (2° partie), p. 202. SÉANCE DU 14 JUIN TA syphilis s'applique également au séro-diagnostic de l'échinococcose. Dans la première phase de la réaction, une dose constante de sérum à étudier chauffé à 56° pendant une demi-heure, soit 0 c.c. 5, plus une dose constante d’antigène constitué par du liquide hydatique fraîiche- ment recueilli, soit 0 c.c. 5, sont mises en présence de doses variables et progressives d’'alexine de cobaye à la dilution indiquée par un dosage préalable : 0 c.c. 1,0 c.c. 2,0 c. ce. 3, 0 c. c. 4,0 c. c. 5 représentant les unités d’alexine correspondantes, le tout étant complété à 2 c.c. 5 par de Feau physiologique; 3 tubes témoins sérum et 3 tubes témoins antigène sont disposés en présence des mêmes doses progressives d’âlexine. Étuve à 37° pendant une heure et demie. Dans la seconde phase de la réaction, les mêmes substances sont additionnées d’un excès de sérum hémolytique antimouton inactivé et de globules de mouton. Étuve à 37° pendant une demi-heure. La réaction est positive si le nombre d'unités d'alexine déviées par le mélange sérum plus antigène est supérieur au nombre d'unités déviées par le sérum et par l’antigène isolément. Le sérum d'un malade présentant, avec une éosinophilie sanguine de 9 p. 400, les signes cliniques d’un kyste hydatique du foie, vérifié ulté- rieurement par l'intervention chirurgicale, nous a donné une fixation totale dans les tubes de réaction avec hémolyse complète dans les témoins au cours de cette épreuve, parallèlement vérifiée négative avec trois sérums normaux, et a élé utilisé pour les recherches suivantes : La teneur en anticorps de ce sérum a été déterminée suivant une technique semblable à celle qu'ont employée Calmetle et Massol pour le titrage des anticorps dans les sérums de tuberculeux : doses variables de sérum plus dose constante d’antigène, en présence d'une dose fixe d’alexine, 3 unités dans le cas présent, la réaction effectuée selon le mode ordinaire permet la lecture des résultats, les témoins sérum et antigène disposés en présence de 1, 2, 3 unitès d’alexine donnant l'hémolyse totale. La quantité minima de sérum à anticorps capable d'empêcher l'hémolyse dans ces conditions put être fixée à 0 c.c. 025. A l’aide de ce sérum à anticorps connu, nous avons déterminé le pouvoir antigène de divers liquides de kyste hydatique suivant une technique analogue à celle que Calmette et Massol ont appliquée aux tuberculines et aux extraits alcooliques de foie de fœtus hérédo-syphili- tique : doses variables du liquide hydatique à étudier plus dose constante du sérum à anticorps, en présence d’une dose fixe d’alexine : 3 unités; témoins antigène et sérum en présence de 1, 2, 3 unités d’alexine, La dose minima d’antigène capable d'empêcher l’hémolyse dans ces condi- tions fut fixée à 0 c.e. 005 pour l’antigène I de porc, à 0,025 pour l'anti- - gène IT de porc et un antigène de mouton, à 0,05 seulement pour l'anti- gène du malade, provenant de vésicules recueillies au cours de l'opération. - Aucune action anticomplémentaire propre n'était exercée par les B1oLOGIE. COMPTES RENDUS. — 4919, T. LXXXII. 04 748 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE divers antigènes animaux alors que l’antigène humain.présentait:cette action jusqu’à la dose minima de 0,1. Ces différences considérables dans l’action anticomplémentaire de divers antigènes sont fréquentes et de la. plus haute importance. D'autre:part, Weinberg, dès.son premier travail d'ensemble, notait que certains liquides hydatiques, surtout humains, pouvaient fixer le complément en présence de sérums nor- maux, surtout lorsque ceux-ci provenaient de sujets ayant une affection hépatique; d'où la nécessité de toujours vérifier l'antigène en: présence de sérums-témoins. De nos expériences, il ressort que le liquide hydatique d’origine humaine ne pouvait donner une réaction valable que dans des limites très restreintes, en raison de l'écart minime entre son pouvoir anticom- plémentaire propre et son pouvoir fixateur spécifique. Par contre; les trois liquides hydatiques d'origine.animale se sont montrés utilisables suivant une large échelle, en raison de l’absence de toute action anti- pes ne et de la valeur antigénique élevée. Même avec ces der- niers il n’en. est pas toujours ainsi : Parvu a signalé le cas où la réaction pratiquée dans le sérum d’un malade porteur d'échinocoques était néga- tive avee deux antigènes de mouton, positive avec un troisième; Thomsen et Magnussen ônt noté que si la plupart des antigènes pouvaient être employés à la dose de 0,1 ou de 0,05, d'autres ne don-. naient la réaction qu'à la dose de 1 ou 2 centimètres cubes, d’autres même étaient inutilisables. En raison de ces variations, le:titrage de:tout liquide hydatique nouveau est à recommander, non seulement aw point de vue du pouvoir anticomplémeataire, mais-encore au, point de vue: du pouvoir antigène vis-à-vis d un sérum à-auticorps connu. Cette étude minutieuse de l’antigène est plus nécessaire encore lorsqu'on veut pratiquer la méthode au sérum frais, où la moindre action anti“omplémentaire peut donner lieu à des fixations non spéci- fiques. Les chiffres trouvés. par nous montrent, qu'un: bon antigène;peut être utilisé à un taux assez minime pour donner toute- sécurité. à cet égard. Cet emploi du sérum frais présente l'avantage. de laisser intacts les anticorps qui diminuent de moilié.ou des deux liers à la suite d'une demi-heure de chauffage à 55° d’après les recherches de Weinberg; mañs la méthode de Calmetie et: Massol, employant une: dose de sérum chauffé qui est de 0 c.c. 5 au lieu de 0 c.c. 1, permet, lors mème que les anti- corps sont moins abondants que dans le cas étudié, de conserver sa snsibilité à la réaction pratiquée dans toute sa rigueur. (Institut Pasteur de Lille.) SÉANCE DU 14 JUIN 749 LE MÉCANISME DE LA FORMATION ARTIFICIELLE DE L'URÉE PAR “OXYDATION ET LA SYNTHÈSE DES PRINCIPES NATURELS CHEZ LES VÉGÉTAUX, par R. Fosse. L'urée prend naissance lorsqu'on oxyde des solutions contenant autant de glucose que le sang (1 gr. 5) et des doses d'ammoniaque, comparables ou inférieures à-celles .de l'organisme (0 gr. 10 à 0 gr. O1 par litre). La-quantité de glucose étant dans ces conditions bien supé- rieure à celle de l'ammoniaque, qu’arrive-t-il lorsqu'on brûle au eon- traire des traces de glucose en milieu fortement ammoniaeal ? Les expériences citées nous ont révélé l'existence probable d’une relation entre la glycogenèse et l’uréogenèse (1); celles qui suivent con- duisent à considérer l'aldéhyde formique et l'acide cyanhydrique comme termes intermédiaires instables, précurseurs de l'urée et, par consé- quent, à rapprocher la formation de ce corps de la synthèse des prin- cipes. naturels chez les végétaux. 1. L'oxydation de très petites quantités de glucose, au-sein d'ammo- niaque concentrée, engendre des proportions considérables d'acide cya- nique et-d'urée. Après tantomérisation par la chaleur de cyanate d'amnio- nium, le rendement en urée peut dépassir 70 p. 100 du glucose mis en expérience. Une molécule de glucose est donc susceptible de donner plus de deux molécules d'urée. 2. Le rendement en urée alteint des valeurs incomparablement plus fortes en oxydant dans les mêmes conditions expérimentales, le plus simple des hydrates de carbone, l'aldéhyde formique ou son dérivé ammoniacal l'urotropire, 100 parties CH?0 peuvent donner 140 parties d'urée. 3. L’extraordinaire aptitude de l’aldéhyde formique à engendrer l'acide cyanique et l’urée, jointe à d’autres observations, nous suggère l'hypothèse que ce corps doit précéder l’urée dans l'oxydation artifi- cielle des hydrates de carbone en présence de l’ammoniaque. Sans préjuger.ce qui se passe dans l’organisme, ilest cependant per- miside coustater combien cette hypothèse s'écarte de la théorie actuelle de l’uréogenèse, qui voit un précurseur de l'urée dans l'acide carbonique substance incombustible, incapable de participer directement sous cet _élatà la synthèse des principes naturels. Les expériences qui précèdent nous amènent au contraire à faire dériver l’urée d'un corps combus- _ tible, dont l’activité chimique et la puissance synthélique sont incom- parables : l'aldéhyde formique, premier terme supposé de l’assimilation chlorophyllienne. (1) R. Fosse. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1912, t. 154, p. 1448. Annales de l’Institut Pasteur, 1916,t. XXX, p.667 et 672. , REUNION BIOLOGIQUE DE LILLEÉ HOVAANAVHI | HO VIAMAVHI SAHAV PINVAV A à À 00 HAOd AAA 3 8 9600 960 ‘0 0600 060°0 &6%0‘0 870: 0 LY0 ‘0 860 ‘0 G60 ‘0 G60°0 GIE: 0 y11°0 FES HOV AN VHO SHHAV 0 GS008 AIO VANAVHO ENVAV ee» 19 20 20 20 29 20 20 2 e = a Bree er ee = CN © CD 209 20 20 20 209 20 29 20 20 a mt c? îc MOUN 20 2 Se NONNNANNNNOAMNMNANANEN 29 20 0) nl D'HN LT À HAÜVINONNV SHILOVAU S4Q CPETTLLLELTLELELCLET ELEC EE EE LEEE ELLE ANIdOHLOHN NOILHO4OUA 10: 0 10°0 1° OcH9 CCS HSONNTI SÉANCE DU 14 JUIN 751 Entre l’aldéhyde formique présumé et l’acide cyanique, découvert et saisi par nous dans les produits d’oxydation des substances orga- niques (1), se place nécessairement une autre substance transitoire, fort répandue chez les végétaux : l'acide cyanhydrique. Tandis que la théorie de l’origine carbonique de l'urée est sans lien chimique visible avec le mécanisme de la nutrilion, l'hypothèse de son origine formaldéhydique établit au contraire une étroite relation entre la genèse de ce corps et celle des principes naturels. Les deux corps qui, isolément ou ensemble, ont permis de réaliser les synthèses des matières sucrées, des acides aminés, des bases xan- thiques et puriques... paraissent être ceux-là même qui précèdent la formation de l’urée dans l'oxydation artificielle des principes naturels. + NAS +O + NHS MÉGNIR LE CONI _ CH°0 2 CONH:) (1) R. Fosse. Comptes ren lus de l’Acal. des Sciences, 1919, t. 168, p. 320. 4?! e Le Gérant : O. PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. Mareraxux, directeur, !, rue Cassette. Le REA SÉANCE DU 28 JUIN 1919 SOMMAIRE Acnarp (Cn.), Risor (A.) et Br RAIDE rende ee Sr e ol 112 NET (L.) : Sur l’utilisation du gly- Lecer (M.) : Contribution à l’étude cose dans les maladies aiguës fé- biologique de Necalor america- DRE ReRE R nrun eue THOSIEN USE ee eh nee. cie he 0) BARDIER (E.) Hémorragie et MozrrarD (M.) : Action des acides adrénaline. Remarques sur la réac- minéraux sur la teneur en cendres tion vasculaire aux doses infinitési- du Sterigmatocystis nigra. . . . .. 15% NE SR na us eee a usnere 158 | = NacGsorre (J.) et Guxox (L.) : Sur _ Barnier (E) : Hémorragie et adré- la décroissance et la disparition de naline. Remarques sur la réaction la substance conjonctive dans l'or- cerdio-vasculaire aux fortes doses. 7160 | ganisme . . . . .. .......... 163 BLARINGHEM (L.) : Polymorphisme NicozLe (Cx.) : Entretien du virus et fécondité du Lin d'Autriche . . 156 | du typhus exanthématique par pas- - Demoxcay (A.) : Contribution à sages sur cobayes pendant cinq an- l'étude de la vaccinothérapie anti- DOCS ne neo Puel ve 767 DOROBOCCIAE RE oise Dee 768 Nicoze (CH.) et LeBAILLY (CH. : DrzewiNa (A.) et Bonn (G.) : Va- A propos de notre note sur la ré- riations de la résistance aux hautes colte du sang chez les oiseaux températures au cours du dévelop-- de laboratoire par ponction du pement de la Grenouille. . . . . .. HO PACOUTE CC ee Pie Re me 161 Larrcque (L. et M.) : Modification PIÉRON A propos du procès- VeTDa ln 153 de l’excitabilité musculaire par la Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. À PROPOS DU PROCÈS-VERBAL. M. PIÉRON. — Je tiens à faire remarquer que la communication de M. Jean Camus, et par conséquent les quelques paroles que j’ai dites à son occasion, doivent se placer au début de la première séance consacrée à l'aviation, le 14 juin, bien qu’elle soit insérée dans les Comptes rendus comme appartenant à la deuxième séance. D'autre part, l'heure tardiveïà laquelle fut faite la communication de M. Foy sur l'examen des voies vestibulo-cérébelleuses chez les aviateurs à cette première séance du 14 juin consacrée à l'aviation, n’a pas _ BioLocre. ComPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 05! A _ 754 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE permis de donner à la discussion le temps qui eût été nécessaire. Mais ilest un point sur lequel je crois utile de faire une remarque : M. Foy déclare que l'épreuve thermique « est la seule épreuve latéralisant nettement et sûrement l’excitation ». Cela est vrai quand on continue à commettre, pour l'épreuve galvanique, l'erreur qui consiste à faire passer le courant à travers les deux labyrinthes, comme, même avec son procédé de sensibilisation, le fait encore M. Foy. Il n'en est pas de même quand on interroge séparément les deux labyrinthes, par excita- tion électrique, comme j'ai montré qu'il était nécessaire de le faire si … l’on voulait interpréter les résultats (Société de Biologie, 25 mai et 22 juin 1918), et comme M. Bard y a été conduit également de son côté. ACTION DES ACIDES MINÉRAUX SUR LA TENEUR EN CENDRES DU Sterigmatocystis nigra, par M. Mozrrarp. Divers travaux de Tanret, Webhmer, Kiesel ont mis en évidence l'influence morphogénique des acides minéraux sur le Sterigmatocystis nigra; en présence d’un milieu nutritif acidifié soit directement, soit par le jeu même de l'élection qualitative que possède la Mucédinée vis-à-vis des divers ions contenus dans le liquide de culture, le mycé- lium prend une allure toute particulière et reste stérile; il est de toute évidence qu'à ces caractères morphologiques spéciaux correspondent des modifications profondes dans le chimisme de la plante; l’objet de cette note est de signaler celles qui sont relatives à la teneur en sub- stances minérales. ES _ L'expérience m'a montré que le mycélium du Sterigmatocystis nigra est loin de présenter un taux de cendres constant; aussi n'est-il pas suffisant de comparer les proportions de substances minérales acquises à un stade déterminé du développement du champignon; la compa- raison doit porter sur les courbes qui représentent les teneurs en cendres aux différentes époques de l’évolution d’une culture; les résultats que je vais relater permettent de tracer ces courbes pour les mycéliums obtenus sur 150 c.c. d’un liquide dont la composition est assez voisine de celle qui a été établie par Raulin et dans lequel l'azote est fourni soit à l’état de fartrate neutre d’ammonium (9,2 p. 1.000), soit à l’état de chlorure d'ammonium (4,77 p. 1.000), le rapport du carbone à l'azote restant le même dans les deux cas. On sait que l’acide chlorhydrique libéré du chlorure d’ammonium n’est pas absorbé par le champignon; lorsque toute l’ammoniaque est utilisée, l'acidité réalisée de-ce fait se trouve être égale à celle d'une solution normale étendue SÉANCE DU 28 JUIN 755 onze fois. Dans les conditions que nous venons d'envisager, et pour des cultures effectuées à 35°, les poids absolus des cendres et leurs rapports aux poids de matière sèche sont donnés par le tableau ci-dessous : TARTRATE D'AMMONIUM CHLORURE. D'AMMONIUM (9,2 p. 1.000) 4,11 p. 1.000) POIBS CENDRES POIDS CENDRES CULTURES de NE ES de È NT — : ” SUBSTANCE SUBSTANCE < (jours) Mens totales p. 100 SRCRS totales p. es (me) (mg) | substance sèche (mg) (mg) substance sèche 1 158 38 8,29 391 33 8.4 US T408 71 5,50 1303 49 3,1 12/3 3155 107 3,40 2162 56 265 2 3595 A1 3,08 2692 57 Dal DANSE 3696 | 112 3,02 2945 57 1508 2 2/3 3497 A12; 3,20 3089 57 1,8 3 3414 110 3,22 3132 48 | 15505 4 2700 08 3,03 É 3116 26 0,83 6 1873 74 SO 2920 8 0,27 8 1700 50 2,9% » » » 1 » » » 2784 1 0,25 On voit que dans la série témoin le poids total des cendres augmente rapidement au. début, reste sensiblement constant de 1 jour 2/3 à 3.jours, puis diminue pendant la période d’autolyse pour ne devenir que la moitié à peine de ee qu'il était lorsque le poids maximum de matière sèche était réalisé; la teneur en cendres, très élevée tout d’abord, diminue ensuite pour atteindre un minimum correspondant au moment où la récolte atteint elle-même son maximum; elle augmente ensuite légèrement jusqu’au sixième jour pour diminuer enfin progres- sivement ; cette allure de la courbe de la teneur en cendres résulte sim- plement de ce que, pendant la période d'autolyse, les substances miné- rales disparaissent d’abord moins rapidement que la matière organique et que l'inverse se produit ensuite. Dans la seconde série de cultures le mycélium contient au début la même quantité absolue et la même proportion de cendres, mais, le liquide s’acidifiant d'une manière progressive par la mise en liberté d'acide chlorhydrique, les matières minérales sont beaucoup moins absorbées et le maximum atteint par le poids des cendres n’est-que la moitié de ce qu'il était dans la première série; puis on assiste à un appauvrissement rapide du mycélium en matières minérales qui ne sont plus, au bout de 10 jours, représentées que par 7 mg. au lieu de 50. La teneur en cendres est ici décroissante d’une manière régulière et on _n'observe plus pouf elle de maximum se réalisant dans la période 06 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d'autodigestion; cela tient à ce que la perte en substances minérales est très rapide pendant cette période et qu'au contraire l’autolyse orga- nique se trouve réduite dans de grandes proportions: vers le dixième jour la teneur en cendres s’abaisse à 0,25 p. 100 ; elle n’est plus que le douzième environ de ce qu'elle était dans la série témoin. Dans le cas que nous venons d'envisager l'acidité réalisée dans la culture est progressive et cela explique que dans les premiers stades le taux des cendres ne se trouve pas modifié; on peut abaisser ce taux dès le début en rendant acide le milieu de culture avant le semis, soit ne l'acide chlorhydrique, soit par de l’acide sulfurique. Les faits que je viens de signaler relativement à l’appauvrissement en cendres de végétaux qui se développent sur un milieu acide sont en parfait accord avec ceux qu'Osterhout (1) a obtenus, par une autre méthode et dans d’autres conditions, touchant l’action des acides sur la perméabilité de la membrane protoplasmique; les résultats de mes expériences montrent que cette action ne s'exerce pas seulement dans un temps très court sur des tissus antérieurement différenciés, mais qu’elle subsiste pendant tout le cours du développement d’un organisme. POLYMORPHISME ET FÉCONDITÉ DU LIN D'AUTRICHE, par L. BLARINGHEM. M. Blaringhem présente dés échantillons frais du Linum austriacum var. pseudo-cleistogamon avec les formes brévistyle et longistyle de l'espèce. Le polymorphisme floral des Lins a été l'objet de nombreuses observations [Keælreuter (1787), Alefeld (1863), Darwin (1864 et 1868), Kirchner (1901)}, qui ont permis de distinguer : a) Les Lins autofertiles (Linum usilatissimum L., L. angustifolium Huds. , etc.), dont les fleurs sont construites sur un ne uniforme, les anthères mûres dépassant l'insertion des stigmates qui s'appliquent sur elles ; = b) Les Lins hétérogames (L. gr ne L.;:L. perenne Lee") otfrant deux formes de fleurs, à longs styles et à en styles, adaptées à la fécondation croisée. Le Lin d'Autriche (Z. austriacum L.), objet de mes observations, appartient à ce groupe. 1° Le polymorphisme floral y est en relation avec des variations mar- quées dans la compacité des grappes : (4) Osterhout. W. J, V. The effect of acid on permeability. Journ. Biol. Chem., 1914, 19, 493. — Antagonism between acid an salts. Loc, cit., 517. SÉANCE DU 28 JUIN 7571 Dans le lot observé de 28 plantes âgées de trois ans, provenant d’un même . semis, 16 sont brévistyles et 12 longistyles. Un examen attentif fait recon- naître des différences dans la distribution des fleurs; les grappes des plantes à courts styles ont, en général, des ramifications plus courtes et des fleurs plus serrées, comme le prouvent les mesures de densité (— nombre de fleurs sur 10 centimètres. — Cf. Blaringhem, Mutation et traumatismes, 1907) : Densité. 2 3 4 5 6 1 Courts styles (16). 0 2 5 g 0 Longs styles (12) . 2 5 > 4 (se [1] Une exception curieuse est fournie par là plante figurée entre | |; elle est la plus compacte de tout le lot, bien qu’à longs styles et, de plus, elle conserve ses pélales adhérents et roulés, après la floraison; les stigmates y sont enrobés avec les étamines, entraînant presque néces- sairement la fécondation à l’intérieur même de chaque fleur (pseudo- cleistogamie). Je lui donne, en raison de ces particularités, le nom de forme L. angustifolium var. pseudo-cleistogamon. 2 La fécondité des fleurs est en rapport avec leur forme. Les mois chauds et très secs de mai et juin 1919 facilitent les observations: il n’y a pas eu de pluies, ni de vents d’orages qui provoquent souvent l’avor- tement accidentel; les fleurs non nouées en fruits correspondent donc à les tendances propres, individuelles et peut-être héréditaires, comme on les à observées chez certaines lignées d’Orges à épis ébréchés. J'ai étudié les grappes des 28 plantes et je donne ici, sous la forme de fractions, le nombre des fleurs avortées en numérateur, le nombre des fleurs épanouies en dénominateur : Plantes à longs styles : ; no to btotetats ET" soit 1 fleur avortée pour 7 à 8 fleurs “ponouée Plantes à courts styles : 10° 0 EEE ke 2 6 y 0 0 0 1 à 0 2 1 0 29 : SF is Da, + 26 DE 39 + 0 + 19 — 509 soit 1 fleur avortée pour 21 La plante à fleurs pseudo cleistogames appartient à la série des ävorte- ments multiples comme l’indiquent les dénombrements faits sur 10 grappes : Ù d) d) 8 432 4 9 8 10 8 pi 84 Ë m0 56 D go 0 6 Dao as Use os À ge 35 549 it 1 fleur avortée pour 6. (1) Entre parenthèses, individus aberrants dans chaque série. 758 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En résumé, Linum austriacum L. présente un dimorphisme floral très marqué, en relation avec la compacité des grappes et avec la fer- tilité. Les fleurs à styles courts sont portées sur des grappes denses offrant trois fois moins d'avortements que les fleurs à longs styles. Une forme spéciale pseudo-cleistogame (L. austriacum var. pseudo-cleisto- gamon) offre, en plus de la persistance des pétales, la curieuse et anormale combinaison de grappes florales très denses avec des Heure à longs styles très sujettes à l'avortement. HÉMORRAGIE ET ADRÉNALINE. s REMARQUES SUR LA RÉACTION VASCULAIRE AUX DOSES INFINITÉSIMALES, par E. BARDIER. L’injection intraveineuse d’adrénaline produit une réaction cardio- vasculaire caractérisée du côté de la pression sanguine par une hyper- tension. Ce phénomène est très net, même avec de petites doses. Toutefois il est susceptible de se présenter, d’après divers auteurs, avec un aspect différent suivant un certain nombre de conditions liées à la dose de la substance active employée, à la vitesse de pénétration intra- veineuse, à l'injection préalable de certaines substances comme le curare, l’ergotoxine, etc., à l’état de fraicheur de la solution utilisée, à l'influence individuelle des sujets d'expérience. La réaction vasculaire peut alors exprimer une vaso-dilatation. L'accord n’est pas établi sur le facteur principal conditionnant le sens du phénomène, bien que d’une manière générale on admette que les fortes doses d’adrénaline pro- duisent de la vaso-constriction et les petites de la vaso-dilatation. C'est d’ailleurs moins la nature de cette réaction que son degré de sensibilité qui nous intéresse pour l'instant. Nous l’avons not d’abord étudiée par rapport à l'influence de l’hémorragie. Des recherches du même ordre ont été entreprises récemment par Peyton Rous et George Wilson (1). Ces deux auteurs ont opéré sur des chiens et des chats anesthésiés soit au chloral, soit à l’éther. Ils ont au préalable déterminé l4 dose minimum d’adrénaline susceptible de pro- voquer une élévation de 410 à 15 millimètres de Hg. et la fixent pour le lapin à 0 c. c. 5 d’une solution à 1/1.000.000. Puis ils observent qu’elle est fonction de la baisse de pression produite par l'hémorragie. (1) Peyton Rous et George Wilson. The influence of ether anesthesia of hemorrhage and of plethora from transfusion on the pressor effect of minutes quantities of epinephrine. The Journal of experimental medicine, 1° février 1919, p. 173-186). SÉANCE DU 28 JUIN 759 Nos expériences ont été conçues sur le même plan, en opérant exclu- sivement sur des chiens. Pour nous placer dans les meilleures conditions possibles vis-à-vis de l'intégrité physiologique du système nerveux vaso- moteur nous avons toujours opéré sur des animanx chloralosés, estimant que l’action vaso-motrice de l’éther, du chloroforme ou du chloral était susceptible de nuire à la précision des résultats. Nos solutions étaient faites extemporanément à l’aide d’une solution mère représentée par la préparation commerciale d’adrénaline Clin au millième. La réaction vasculaire était suivie sur le graphique de la pression carotidienne. Dans ces conditions de technique très simple, on observe que l'injection brusque de 1 c. c. d’une solution dont le titre varie de 1/70.000 à 1/1.000.000 produit une hypertension plus ou moins marquée. Si, pour chaque animal en expérience, on établit la dose minimum nécessaire à la production de ce réflexe par rapport à une même quantité deiliquide injecté (1 c.c.), on constate, comme Rous et Wilson, que la saignée modifie en effet la sensibilité de ce réflexe. Encore celte action de l’hémorragie ne se manifeste-t-elle qu'avec une baisse très considérable de la pression, comme l'indiquent les expériences suivantes : 4° Chien : 22 kilogrammes, chloralosé. Pression carotidienne : 70 millimètres - Hg. Réaction positive très nette d'hypertension à la dose relativement forte de 1 c.c. à 1/70.000. Saignée correspondante à 3 p. 100 du poids du corps. La pression tombe à 20 millimètres Hg. L'injection plusieurs fois repétée d'une même dose au 1/70.000 produit une réaction positive. 20 Mêmes résultats sur un chien de 7 kilogrammes avant et après une sai- gnée de 4,5 p. 100 du poids du corps. Chute de la pression à 5 millimètres Hg. Une première dose de 1 c.c. à 1/70.000 a été inefficace. La pression ayant été relevée à 20 millimètres Hg, la même dose produit une réaction positive. _ 30Chien : 41 kilogrammes, chloralosé. Pression carotidienne : 160 millimètres Hg. Réaction positive à la dose de 1 c.c. à 1/1.000.000. Saignée de 4,8 p. 100 du poids du corps Chute de la pression à 15 millimètres Hg. Une même dose à 1/1.000.000 produit une réaction positive. 4° Chien :8 kilogrammes, chloralosé. Pression carotidienne : 140 millimètres Hg., Réaction très nette à la dose de 1 c.c. à 1/1.000.000.Saignée de3 p.100 du poids du corps. Chute de la pression à 10 millimètres Hg. _ Une dose de 1 c.c. à 1/1.000.000 est inefficace. On relève la pression à 80 millimètres Hg. avec du sérum gommé. De nou- veau, la dose de 1 c.c. au 1/1.000.000 donne une réaction positive. Ainsi la sensibilité du reflexe vasculaire aux doses infinitésimales d’adrénaline disparaît sous l'influence de l’ hémorragie, lorsque la pres- sion tombe aux environs de 10 millimètres de Hg. 760 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ce fait mérite d'être rapproché des résultats publiés par W. P. Porter et H. K. Marks (1) à propos de l'influence de l’hémorragie sur les réflexes vaso-moteurs. Ils ont étudié le réflexe de vaso-constriction consécutif à l’excitation du sciatique et noté que, par rapport à une même excitation, la disparition de ce réflexe commence à se manifester lorsque, par une soustraction sanguine, la pression baisse à 30 milli- mètres Hg. Il est à peine visible à 10 millimètres Hg. Les observations récentes de Peyton Rous et George Wilson sont donc confirmées en tous points. Sans doute, comme le font remarquer ces deux auteurs, la question présente un intérêt pratique vis-à-vis de - l'utilisation de l’adrénaline en clinique thérapeutique et convient-il de tenir compte de l'inefficacité des doses infinitésimales, lorsque, par suite d'une grosse perte de sang, la pression est très basse. Mais il est nécessaire de ne pas perdre de vue qu'avec une pression de 45 à 20 millimètres Hg l’adrénaline à dose très faible (4 c.c. d'une solution variant de 1/70.000 à 1/1.000.000) peut produire un réflexe très net de vaso-constriction. Tout dépend de l'importance de l’hémor- ragie et de la chute consécutive de la pression sanguine. Il s’agit donc, tout au moins, tant que la pression n’est pas tombée aux environs immédiats de zéro, d'une simple inexcitabilité partielle. Telle est la conclusion générale de ces premières recherches que nous : _poursuivons dans le même ordre d'idées avec des doses fortes d’adréna- line. Elle présente à la fois un intérêt théorique et pratique. : (Travail du Laboratoire de Pathologie expérimentale de la Faculté de Médecine de Toulouse.) HÉMORRAGIE ET ADRÉNALINE. REMARQUES SUR LA RÉACTION CARDIO-VASCULAIRE AUX FORTES DOSES, par E. BARDIER. Fredericq (2) distingue trois phases principales dans l’hémorragie, suivant que la perte de sang va de 0 à 2,3 p. 100, de 2,3 p. 100 à 4,5 p. 100 et de 4 à 5 p. 100 du poids du corps. Dans ce dernier cas, la saignée est mortelle. Les phénomènes agoniques apparaissent du côté de la respiration et du cœur, leur succession ayant lieu dans le même ordre qu’au cours de l’asphyxie. (f) W. P. Porter and H. K. Marks. The effect hemorrhage upon the vaso- motor Reflexe. American Journal of Physiology, vol. XXI, 1908, p. 460-465. (2) Fredericq. De l'action physiologique des soustractions sanguines. Mémoires de l’Acad. royale de médecine de Belgique, 1885. SÉANCE DU 28 JUIN 761 La respiration s'arrête d’abord, puis le cœur continue à battre d’un rythme ralenti pendant quelques instants. À ne considérer que le cas relatif à l'asphyxie, cette période de ralentissement cardiaque, ainsi que l’a démontré Ch. Richet, possède une haute signification vis-à-vis de la survie de l’animal, car, pendant sa durée, il est encore possible d'intervenir efficacement pour sauver l'animal. Il nous a paru d'autant plus intéressant de rechercher au cours de l’'hémorragie l’action des fortes doses d'adrénaline que l'utilisation de cette substance a été recommandée en clinique sur des malades atteints de shock (1). Son emploi thérapeutique repose sur un certain nombre de données parfaitement établies par l’expérimentation. En particulier, dans un travail consacré à la reviviscence du cœur, Herlitzka (2) sou- tient, contrairement à Kuliabko (3) et d'Halluin (4), que « l’adrénaline non seulement augmente la fréquence et la force des contractions cardiaques, mais elle détermine, en solution très diluée, la reprise des contractions dans des cœurs complètement épuisés après un long travail-accompli hors de l'organisme ». De même, ?n vivo, l'injection intraveineuse d’une forte dose d’adrénaline produil des efforts sem- blables. L'excitabilité du système cardio-vasculaire vis-à-vis des,petites doses d'adrénaline n’est modifiée par l’hémorragie, comme nous l’avons établi dans une communication antérieure, qu'avec des soustraclions san- guines très importantes et une pression très basse. Nous avons voulu rechercher, au cours de cette condition pathologique, la limite de cette _ excitabilité vis-à-vis des fortes doses. En nous plaçant dans des conditions analogues à celles précédemment, nous avons constaté l'efficacité des fortes doses malgré de très grandes pertes de sang jusqu’au moment de la mort. Exp. |. — Chien, 9 kilogrammes. Perte de sang correspondant à 3,5 p. 100 du poids du corps. Chute de la pression à 5 millimètres Hg. Contractions cardiaques très faibles, à peine indiquées sur le graphique. Respiration très irrégulière et superficielle. Injection de 1/2 c.c. d'adrénaline au 1/1.000, soit 0 milligr. 055 par kilogramme. On observe les effets classiques avec une élévation de la pression à 200 millimètres Hg. Les contractions cardiaques redeviennent meilleures et Le rythme respiratoire se régularise. IT. — Chien, 22 kilogrammes. Perte de sang correspondant à 6,3 p. 100 du (4) M. d'Halluin. Contribution expérimentale à la thérapeutique du shock. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1918, p. 863-867. (2) Herlitzka. Quelques expériences sur la reviviscence. Arch. italiennes de Biol., 1905, p. 93-110. (3) Kuliabko. Note sur la pulsation du cœur fœtal de l’homme. Archivio di Fisiologia, 1904, vol. IE, p. 137. (4) M. d'Halluin. Résurrection du cœur. Thèse de Paris, 1904 (Vigot, édit.). 762 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE poids du corps. Chute de la pression à 10 millimètres Hg. On la relève à 20 millimètres par une injection de sérum physiologique. L'injection de 4 c.c. d’adrénaline au 1/40.000, soit 0 milligr. 0045 par kilogramme, produit une réaction très faible. En poussant la saignée jusqu'à 8 p. 100 du poids du corps, la réaction vasculaire à de plus fortes doses (0 milligr. 009, Omilligr. 050, 4 milligr-et 4 milligr. par kilogramme) disparaît complètement. La mort survient. IT. — Chien, 7 kilogrammes. Perte de sang de 3,5 p. 100 du poids du corps. Chute de la pression à 12 millimètres Hg. Elle remonte ensuite à 20 millimètres. L'injection de 1 c.c. d’adrénaline au 1/4.000, soit 0 milligr. 036. par kilogramme, produit des effets cardio-vasculaires très nets. La saignée est poussée à 5 p. 100 du poids du corps. Chute de la pression à 5 milli- mètres Hg. Arrêt respiratoire et cardiaque. Deux injections successives de 0 milligr. 036 par kilogramme déterminent la reprise des contractions du cœur et des mouvements respiratoires en même temps que la pression s'élève dans de faibles proportions. IV. — Chien, 8 kilogrammes. Saignée de 4 p. 100 du poids du corps. Chüte de ta pression à 10 millimètres Hg. Injection de 1 c.c. d'adrénaline au 1/4.000, soit 0 milligr. 031 par kilogramme. La réaction est classique et intense. On pousse l’hémorragie à 5 p. 100. La pression étant revenue à 40 millimètres, une nouvelle injection de 0 milligr. 031 par kilogramme produit les mêmes effets. Mais l'hypertension obtenue est de 50 millimètres Hg au lieu de 120 comme précédemment. L'hémorragie est encore poussée à 7 p. 100. Uue même dose d’adrénaline engendre une hypertension de 40 millimètres Hg... Même résultat positif après hémorragie à 8 p. 100, alors que la pression est près de 0 et que les mouvements respiratoires sont supprimés. L’hypertension obtenue est de 30 millimètres Hg. Puis l’animal meurt. * Ces résultats témoignent d’une influence certaine de l’hémorragie sur l’excitabilité du système cardio-vasculaire vis-à-vis des doses élevées d’adrénaline injectées par voie veineuse. Ainsi que nous l'avons observé systématiquement, cette excitabilité diminue avec les progrès de l’hé- morragie pour disparaitre très tard au moment où surviennent les phé- nomènes agoniques. En effet, avec des saignées de.6 à 7 p. 100 du poids du corps, la pression étant à peu près à zéro, tout mouvement respira- toire ayant disparu, pendant le ralentissement cardiaque prémortel, il est. possible, si l’on injecte environ O0 milligr. 030 d’adrénaline par kilo- gramme, d'observer une action cardio-vasculaire énergique, qui, en relevant la pression, en renforçant l'énergie cardiaque, favorise la reprise du rythme respiratoire et augmente ainsi les chances de survie de l'animal, lorsque tout de suite après on pratique soit une injection de sérum artificiel, soit une transfusion. Cette dose correspond à 2 milligr. d'adrénaline pour un homme de 70 kilogrammes, soit 2 c.c. d’une solution au millième. ; À Sans entrer dans l'interprétation de ces phénomènes, nous pouvons conclure que l’excitabilité du système cardio-vasculaire du chien vis-à- 1 © C2 SÉANCE DU 28 JUIN vis des fortes doses d'adrénaline décroit avec l'importance de la perte de sang et ne disparait qu’à la période ultime. La persistance de cette excitabilité jusqu'à la phase prémortelle dans les grandes soustractions sanguines parait pouvoir être mise à profit dans le traitement des hémorragies. (Travail du Laboratoire de Pathologie expérimentale de la Faculté de médecine de Toulouse.) SUR LA DÉCROISSANCE ET LA DISPARITION DE LA SUP RANCE CONJONCTIVE DANS L' ORGANISME, - par 1: NAGEOTTE et L. GUYon. La décroissance et la disparition de la substance conjonctive au cours de processus évolutifs normaux ou pathologiques sont des phénomènes encore mal étudiés, bien que fréquemment observés. Chacun sait que des masses fibreuses cicatricielles peuvent « se résorber » et disparaitre plus ou moins complètement, lorsque les facteurs qui leur avaient donné naissance ont cessé d'agir; mais les modalités de la résorption restent obscures. Cette question, pourtant, est importante; sa solution nous permettrait d'achever l’histoire du cycle évolutif de la substance conjonctive, dont nous connaissons déjà les phases ascendantes. L’impossibilité d'établir des repères précis fait que l’investigation des cicatrices scléreuses n’est pas favorable à cette étude. De plus, la persis- tance en pareil cas de reliquats inflammatoires en résolulion, au moment même où la substance conjonctive commence à se détruire, entraine une cause d'erreur qui ne peut être évitée : si la résorption de Ja _ substance collagène est indépendante du processus inflammatoire, il sera impossible de le savoir. Pour ces raisons, nous avons ne une voie indirecte; nous nous sommes adressés à la méthode des greffes, qui échappe aux deux incon- vénients signalés et qui présente des avantages considérables. En effet, on sait que les greffes vivantes ou mortes sont susceptibles de se résorber et de disparaître dans certaines conditions, indépendam- ment de toute lésion inflammatoire; et, d’autre part, en choisissant judicieusement le greffon, on peut introduire dans l'expérience des points de repère extrêmement précis — ainsi, par exemple, un fragment de tunique artérielle, qui contient une charpente élastique très résis- tante, permettra d'apprécier sans difficulté les moindres changements quantitatifs survenus dans les faisceaux collagènes mêlés aux fibres élastiques de la tunique externe. 764 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il nous faut tout d’abord bien préciser les conditions de l’expérience. L'un de nous a montré que lorsque l’on greffe un fragment de tissu conjonctif mort, la substance interstitielle se réhabite, le tissu redevient vivant; mais ce n’est là, bien souvent, qu'une première phase d’une évolution qui commence. Si l'introduction d’un tissu nouveau dans la région n’amène aucun facteur morphogénétique et si Le milieu intérieur local n’a pas d’action sur le greffon introduit, les choses en restent là; ‘ c’est ainsi qu'un fragment de tendon mort greffé dans l'oreille du lapin et reviviscent, garde fort longtemps, et peut-être indéfiniment, les dimensions et la forme qu'il avait au moment de l'opération. Dans d’autres Cas, au contraire, il se produit au voisinage du greffon une évolution de tissus nouveaux qui finissent par intéresser le greffon lui-même, et alors il y a lieu de supposer que l’équilibre de la région a été modifié par l'apparition de facteurs nouveaux d’une nature encore indéterminée, mais qui sont certainement liés à la présence anormale du tissu introduit et à la perturbation produite par ce tissu dans le milieu intérieur local : des rondelles de cartilage ou des fragments de parois artérielles introduites dans l'oreille entraînent la formation de pièces squelettiques surnuméraires, qui, nées en dehors du greffon, envahissent bientôt sa substance (1). Enfin — et c’est l’éventualité qui nous intéresse dans notre étude actuelle — le greffon placé dans certaines régions peut s’atrophier sans qu'à aucun moment une complication inflammatoire, due à une infection, se soit manifestée. On est alors en droit de supposer que le milieu intérieur local de la région exerce une action destructive sur le greffon. Dans cet ordre de faits, nous avons observé que les greffes mortes se comportent exactement comme les greffes vivantes; leur décroissance ne se produit d'ailleurs qu'après la phase de reviviscence. Nous avons constaté que les greffes de parois artérielles dans le tissu _conjonctif lâche qui entoure le sciatique finissent par disparaître; un fragment \d’aorte n’est évidemment pas « à {sa place » dans une région qui ne contient pas normalement de tissu fibreux dense. C'est dans les pièces obtenues par cette méthode qu'on peut le mieux saisir la nature intime du processus de décroissance, qui aboutit à la disparition de la substance conjonctive; il faut, toutefois, avoir soin d'éliminer tous les cas où une infection est venue compliquer les choses. Ceci est un point important, car l'infection des greffons est fréquente, quelques précautions que l’on prenne. Nous ne pouvons ici nous étendre sur cette question, qui mérite d'être étudiée de plus près. Nous dirons seulement que les infections observées présentent des degrés très variables de gravité, depuis la destruction massive du tissu par l'action brutale de macrophages et de cellules géantes, jusqu'à la simple infiltra- (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. XXXI, 9 février 1918. _ © SÉANCE DU 28 JUIN 76 tion de cellules migratrices, qui reste parfois cantonnée dans des points limités du greffon, et qui persiste pendant fort longtemps (1). Nous étudierons seulement ce qui se passe dans la décroissance de greffons complètement aseptiques, c’est-à-dire dans lesquels on n’ob- serve aucun phénomène inflammatoire. La figure ci-contre représente un cas de ce genre. Un segment d’aorte de lapin, fixé au formol et conservé dans l'alcool, a été greffé dans le tissu cellulaire lâche de la cuisse, au voisinage du sciatique. La pièce a été prélevée au bout de 4 mois. NL M - E Aorte de lapin fixée au formol et conservée dans l'alcool, greffée dans le tissu cellulaire lâche de la cuisse d’un lapin au voisinage du sciatique. — Pièce prélevée au bout de # mois. Coupe longitudinale; orcéine. , lumière du vaisseau, oblitérée par des cellules adipeuses. — M M, tunique cn dont les lames élastiques sont intactes. E, tunique externe, dont la substance collagène a disparu en grande partie et a été remplacée par des cilluies adipeuses. Les fibres élastiques conservées permet- tent de no exactement le territoire de la tunique en voie de dissolution. L'appareil élastique du greffon a résisté; seule la bciance collagène s’est atrophiée et, fait très remarquable, à été remplacée par des cellules ip uses. Dans les greffes de cette espèce la lumière du vaisseau est (4) Nous n'avons ici en vue que les greffes non fonctionnelles; pour les greffes fonctionnelles de nerfs et de tendons, la résistance aux infections semble infiniment plus grande; par contre les greffes d’artères, fonctionnelles ou non, y sont excessivement sensibles, qu’elles soient mortes ou vivantes. 766 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE toujours oblitérée, au début, par du tissu fibreux; ici elle ne contient plus que du tissu adipeux qui s'est substitué au tissu fibreux formé primitivement (L). En dehors de la tunique moyenne (M), dont les lames élastiques per- sistent intactes, on voit la place de l’ancienne tunique externe (E), formée à l’état normal par des fibres collagènes au milieu desquelles les fibres élastiques dessinent une charpente de forme déterminée. Ici, la charpente est restée ef sert de point de repère; les fibres du réseau élastique se sont affaissées par suite de la disparition presque complète des fibres collagènes interposées; elles forment maintenant des paquets épars séparés les uns des autres par des cellules adipeuses et par les rares faisceaux collagènes conservés. Ces faisceaux, il faut bien le noter, ne présentent aucun signe de « dégénérescence »; pris individuellement ils sont normalement orga- nisés. Le phénomène de liquéfaction qui intervient dans la décroissance est l'inverse du phénomène de coagulation qui a présidé à la croissance du tissu : la croissance s’est faile par intussusception — la décroissance s'opère par un processus qui n'a pas recu de nom, mais qui est facile à comprendre, parce quil est symétrique de l’intussusception. Et pourtant on ne peut pas dire que la décroissance soit une réver- sion de la croissance; les phases de la première ne se trouvant pas repro- duites dans la seconde : le cycle est en réalité, irréversible. Pendant que la substance conjonctive décroît de cette facon, que se passe-t-il dans les cellules qui l’habitent? Rien que des phénomènes d'atrophie. Les fibroblastes sont peu nombreux dans les plages colla- gènes persistantes; ils sont petitset ne présentent aucun signe d'activité; - certains, même, sont en voie. de disparition, comme le montre l’état pyknotique de leur noyau. Mélangés à ces cellules conjonctives on ne. voit que quelques clasmatocytes, des cellules adipeuses adultes et quelques cellules adipeuses en voie de développement. Il n'y a aucun phénomène inflammatoire, aucune marque d’activité physiologique; tout, dans ce processus, présente un caractère de passivité complète, aussi bien du côté de la substance conjonctive que du côté des éléments protoplasmiques. Nous concluons des faits observés que les greffes conjonctives, placées dans des régions qui ne comportent pas la présence de tissu fibreux dense, se dissolvent par l'action décoagulante du milieu intérieur local de ces régions. L So SÉANCE DU 28 JUIN 767 À PROPOS DE NOTRE NOTE SUR LA RÉCOLTE DU SANG CHEZ LES OISEAUX DE LABORATOIRE PAR PONCTION DU COEUR, par Cu. Nicoze et Cu. LEBAILLY. L'omission, dont nous sommes responsables, d’un membre de phrase, rend imprécise, dans notre précédente communication (1), la notion, au contraire très précise, du point auquel la ponction cardiaque doit être pratiquée sur l'oiseau. ; Il convient de rétablir ainsi le texte de la quatrième condition de l'opération : « Repérer les ni À (articulation scapulo- -humérale) et B (pointe du bréchet); leur réunion, par une ligne idéale fixera le point C, lieu où doit être pratiquée la ponction. Ge point, équidistant des points À et BP, correspond à l'interstice articulaire de la portion sternale des 3° et 4° côtes. C’est donc, l'animal étant fixé Le cou “ous et les pattes sur la même ligne, à égale distance entre l’articulation scapulo-humérale et la pointe du bréchet, qu’il DO eue d'enfoncer l'aiguille. 7 Pasteur de Tunis.) ENTRETIEN DU VIRUS DU TYPHUS EXANTHÉMATIQUE PAR PASSAGES SUR COBAYES PENDANT CINQ ANNÉES, par CHARLES NIcOLLE. Il nous paraît intéressant de signaler, par une note spéciale, qu'un virus exanthématique, prélevé par nous, le 25 mai 1914, sur une malade atteinte de typhus, et inoculé à un singe, a pu, à partir de cet animal, réaliser / 75 passages consécutifs par cobayes, sans se perdre, et qu'il a été conservé ainsi pendant cinq années. - Au cours d’un temps aussi long, nous avons eu à lutter, non seule- ment contre des accidents et l'effet souvent désastreux des chaleurs d'été sur nos animaux d'expérience, mais encore contre le déchaînement d'épizooties naturelles. L’une d'elles a failli amener la disparition du virus. Elle a sévi d'octobre 1948 à mars 1919. Commensale inoffensive de nos cobayes, tant que ceux-ci ne servaient pas à des expériences, la bactérie patho- (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 24 mai 1919, p. 533-535. 7168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gène entrait en jeu chez la plupart d’entre eux, lorsque nous pratiquions le passage. Finalement, nos cobayes présentèrent tous des infections mixtes, ne permetlant plus guère de trouver une signification à nos expériences, que nous dûmes suspendre. Nous n'avons pu sauver notre virus qu'en prenant la précaution de n utiliser que des cobayÿes âgés, moins sensibles, et en pratiquant l’ino- culation du sang virulent dans les muscles, procédé incertain d'infection, au lieu d'employer la voie péritonéale, procédé sür. Il est possible que cette technique n’eût pu suffire à elle seule et que le principal de notre succès soit dû au relèvement de la température. L'épizootie a débuté en effet et pris fin avec la période froide. Notre collaborateur G. Blanc a reconnu, dans l'agent de cette épizoo- tie, un bacille paratyphoïde du type B, dont il pRéseuiee plus tard l'étude. L'activité de notre virus exanthématique est restée la même au cours de si nombreux passages. Au 158°, il était toujours aussi virulent pour le singe. Son entretien n’a pas été cessé. Le cobaye est donc bien l’animal d'excellence à utiliser pour la con- servation du virus exanthématique,; il ne vaut pas le singe, mais celui- ci est trop rare et trop coûteux. Nous nous demandons comment, depuis que la découverte de la sensibilité du cobaye a été signalée et prouvée, des expérimentateurs persistent encore à l’ignorer. L'inconvénient du cobaye est évidemment sa sensibilité aux épizooties naturelles. Éviter celles-ci, réaliser des élevages, desquels elles soient exclues, doit être l’objet de l'attention des expérimentateurs. On s "étonne qu'ils négligent une condition aussi indispensable. ({nstitut Pasteur de Tunis.) CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA VACCINOTHÉRAPIE ANTIGONOCOCCIQUE. * Note p’A. DEmoncuy, présentée par M. WEINBERG. Mes recherches sur la vaccinothérapie, dans les urétrites gonococci- ques aiguës, m'ont permis de constater qu'avec un vaccin-stock (en eau physiologique, non chauffé), l'effet thérapeutique était parfois d'autant plus rapide et plus marqué, que la dose était plus élevée. Ainsi, lorsqu'on arrive à injecter 5 à 10 milliards de gonocoques (soit en poids humide de 0 gr. 0025 à 0 gr. 005), en même temps que la disparition de la douleur, il se produit souvent une légère diminution de l'écoulement, et si l’on a soin de répéter les injections et d’instituer le traitement classique par les grands lavages au permanganate, on SÉANCE DU 28 JUIN 769 obtient une guérison généralement plus rapide qu'avec les lavages seuls. Avec des doses doubles ou triples, l’action est encore plus marquée dans un certain nombre de cas, mais dans d’autres cette augmentation paraît sans influence. Quand on injecte de 80 à 200 milliards (soit 0 gr. 04 à 0 gr. 10). Tantôt, l'écoulement purulent, après une recrudescence passagère, se _ transforme rapidement en un suintement muqueux, abondant; les urines, d’abord très troubles, phosphatiques, s’éclaircissent, et il suffit de 5 à 6 lavages pour obtenir une guérison complète. Tantôt, l'écoulement diminue un peu, mais sans modification d'aspect, et reprend abondant, dès qu'on cesse les lavages, quels qu'aient été la dose et le nombre des injections. à Ainsi, dans certains cas, le vaccin semble avoir une action réellement spécifique, difficile, il est vrai, à distinguer avec des doses faibles, mais très nette, si l’on expérimente, comme je l’ai fait, avec de fortes doses. On voit alors que la guérison ne dépend pas du nombre des injections, MAIS BIEN DE LA QUANTITÉ D'ANTIGÈNE, ef qu’elle ne se produit généralement qu'après avoir atteint ou dépassé 80 nulliards (0 gr. 04) (en moyenne 150 milliards. Dans d’autres cas, l’action favorable du vaccin paraît moins spéci- fique : elle ne dépend plus de la quantité totale injectée, mais seulement de la répétition desinjections,etencore faut-il que celles-ci provoquent une réaction générale. Elle rappelle celle que j'ai pu observer, en trai- tant des urétrites par l’auto-Sérothérapie (méthode de Ravaut), par le sérum antiméningococcique, par des vaccins renfermant d'autres _ germes que le gonocoque, par des substances chimiques (606). Après ces observations, bien que des vaccins polyvalents m'aient donné sensiblement les mêmes effets, et que l'existence de différentes variétés de gonocoques ne soit pas encore démontrée, il était intéressant de rechercher quels seraient les résultats oblenus avec des auto- vaccins. Voici les constatations que j'ai faites, en utilisant des auto-vaccins en eau physiologique, atténués par un séjour de vingt-quatre heures à la glacière : La dose qu'il est nécessaire d'atteindre varie selon les sujets sans qu'il me soit encore possible d’en trouver la raison dans l'étendue ou l’acuité des lésions. En général, après l'injection de 150 milliards, on observe la transformation brusque (48 heures) du pus en sécrétion muqueuse. Cette quantité, qui peut être sans inconvénient injectée d'emblée, doit parfois être portée à 200 milliards. La guérison survient 5 à 6 jours après que la dose suffisante a été atteinte (ce qui se reconnaît aux modifications de l'écoulement indiquées plus haut). BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. = 1919. T. LXXXII. 56 770 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les résultats ontété constants chaque fois qu’il s'est agi d’une première blennorragie. En résumé : il est possible de guérir très rapidement les urétrites gonococciques aiguës primitives par l'association de la vaccinothérapie à la méthode classique des grands lavages. Contrairement à ce qui a été fait jusqu’à ce jour, il_est indispensable d’injecter de fortes doses de vaccin (100 à 200 milliards) et préférable de n’utiliser que des auto- vaccins. En agissant ainsi, on réduira au minimum (une semaine) la durée du traitement et les causes d’insuccès. CONTRIBUTION A L'ÉTUDE BIOLOGIQUE DE /Vecator americanus, par MARCEL LEGER. Les patientes et intéressantes recherches expérimentales de Perron- cito ont établi, depuis déjà près de 40 ans, le cycle évolutif de l'anky- lostome. Opérant sur des matières fécales placées à l’étuve à 25-30°, le savant helminthologiste italien a étudié, jour par jour, les stades sue- cessifs de développement de Ankylostomum duodenale. I] a noté l’appa- rition de larves du type rhabditoïde, au bout de 36 heures environ. Ces larves, qui mesurent d’abord 200 sur 14 4, augmentent ensuite régu- lièrement de taille, pour atteindre 350 H de long sur 20 à 24 y de large, 4 à 8 jours après la sortie de l’œuf. À ce moment-là, subissant une métamorphose, elles deviennent larves strongyloïdes : le bulbe pha- ryngien perd ses dents chitineuses et la dilatation antérieure du conduit digestif s'efface. Puis le tégument sécrète une sorte de capsule chiti- neuse transparente, et, dans cette enveloppe qui devient généralement rigide, l'embryon peut se maintenir en vie plusieurs mois. Les données de Perroncito, qui ont été dans la suite vérifiées par divers expérimentateurs, sont devenues classiques, et tous les traités de Parasitologie sont d'accord pour admettre la transformation de la larve rhabditoïde en larve strongyloïde du 5° au 9° jour après l’émis- sion des matières fécales, lorsque les conditions climatériques sont favorables. = C. W. Stiles a suivi, dans les États-Unis du Sud, en septembre, octo- bre et début de novembre, l’évolution du AVecator americanus. L'œuf donne en 24 heures, ou même moins, une larve rhabditoïde qui mue le 2* ou 3° jour après l’éclosion et donne une lue strongyloïde qui mue du 7° au 9° jour après l’éclosion. La question du développement des œufs de l’ankylostome communé- SÉANCE DU 28 JUIN 7171 ment rencontré en Guyane, Vecator americanus, a retenu notre attention à la suite de l'observation fortuite de larves strongyloïdes de ce néma- tode dans des selles, émises le matin de bonne heure, portées au laboratoire vers 9 heures, et examinées l'après-midi, vers 15 heures; la température était de 28° dans la pièce. Nous avons été ainsi incité à rechercher l’évolution, non plus dans une étuve, maïs à l’air libre, des œufs de Necator americanus. Nous relatons ci-dessous les observations que nous avons faites. Nous avons toujours opéré avec des selles apportées fraîches et dans lesquelles les œufs de ÂVecator americanus étaient nombreux ou très nombreux. Les matières, en quantité variant d’une cuillerée à dessert à une cuil- lerée à bouche, étaient disposées sur une rondelle de toile mouillée, posée au milieu du couvercle d’une petite boîte de Petri; celle-ci reposait à l’intérieur d'une autre boîte de Petri de plus grande dimen- sion, tenue fermée et CONTRER un peu d’eau pour assurer une humidité élevée et constante. Os. I. — Des selles émises le 11 mars contenaient 36 heures après quel- ques larves strongyloïdes de 425 à 440 v sur 23 à 25 . On notait alors : OEufs segmentés, 7 p. 100; œufs embryonnés, 37 p. 100; larves rhabdi- toïdes, 36 p. 100; es strongyloiïides, 20 p. 100. Au bout de 48 heures, la proportion relative des divers stades était la suivante : OEufs segmentés, 10 p. 100; œufs embryonnés, 5 p. 100 ; larves rhabdi- toides, 35 p. 100; larves strongyloïdes, 50 p. 100. Ces dernières se déplacent peu, mais sont très mobiles dans l'intérieur de leurs gaines. Os. IL. — Une larve strongyloïde est vue dès la 10° heure dans des selles émises le 14 mars à 6 heures. Température moyenne de la journée : 2597 (minima, 21°4; maxima, 30°). ; 14 MARS 15 mars |16 mars] 17 mars |Î18 mars|20 mars CR. A D CR. 0 an. 2" 9h. |16h.| 9h. |146h.} 10h. | Th. |16h.| 45h. 8 h. OEufs 2-6 segments .| 9 Î 9 5 » OEufs 8-16 segments.| 10 | 17 | 10 | 19 j 10 6 k 3 Morula er e sel 15 | 10 10 5 6 6 3 4 OUEufs embryonnés. .| 0 AD UD $ S 15 8 10 2 Larves rhabditoïdes. 2 2 2 5 22 34 30 24: 4 Larves strongyloïdes.| 0 il L il (l 1 2 G 20 112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Ogs. III. — Selle émise le 15 mars à 15 heures. Au bout de 48 heures le pourcentage des divers stades de développement était le suivant : OEufs peu segmentés, 3 p. 100; œufs multisegmentés, 3 p. 100; œufs em- bryonnés, 45 p. 100; larves rhabditoïdes, 46 p. 100; larves strongyloïdes, 3 p. 100. Os. IV. — Selle émise le 13 mai à 17 heures. Température moyenne, 28 à 29°; le 46 au matin on ne voit plus, pour ainsi dire, que des larves; plus du quart de celles-ci étaient des strongyloïdes. L'addition d’une goutte de solution de bleu de méthylène à 1 p.500 entre la lame et la lamelle amène un engourdissement immédiat des embryons, permettant une observation beau- coup plus facile. Os. V. — Selle émise le 18 juin au matin. Température moyenne, 27 à 28°. Constatation des larves strongyloïdes à la 72° heure. O8s. VI. — Selle émise le 29 juin dans l’après-midi. Apparition des larves strongyloïdes le 2 juillet au matin, c'est-à-dire au bout de 60 heures. La tem- pérature s’est maintenue entre 26 et 300. O8s. VII. — Selle émise le 3 juillet au matin. Larves honor seule- ment le 5° jour. Température entre 26 et 300 O8s. VIII. — Selle émise le 4 juillet au matin. Larves strongyloides rencon- trées le 9 au matin. O8s. IX. — Selle émise le 12 août à 15 heures. Le 45 août, 15 heures, larves strongyloïdes déjà nombreuses. Température : maxima 33°; minima 220 durant ce laps de temps. Conclusions. — La transformation à l'air libre des larves rhabdi- toïdes en larves strongyloïdes de Vecator americanus se produit géné- ralement, du moins dans les conditions de température et d'humidité de la Guyane française, beaucoup plus rapidement que ne l’indiquent les auteurs classiques. Cette rapidité d'évolution n'est pas sans impor- tance au point de vue de l'infestation parasitaire. On sait que la trans- mission par voie cutanée ou voie digestive ne se produit qu'au stade de larve strongyloïde. L'évolution rapide intervient donc pour rendre infi- niment plus difficile la prophylaxie de la « Maladie du Ver ». (Institut d'Hygiène de Cayenne.) Es MODIFICATION DE L'EXCITABILITÉ MUSCULAIRE PAR LA FATIGUE, par Louis et MARCELLE LAPICQUE. En vue de chercher un nouveau test pour la fatigue industrielle, nous avons examiné ce que donnent les nouvelles méthodes de mesures de Î 5 SÉANCE DU 28 JUIN 773 l’excitabilité sur le muscle de Batracien provoqué à des séries de con- traclions répétées. Le gastrocnémien (grenouille ou crapaud), attelé àun myographe de Marey chargé de 20 ou 25 grammes, recevait environ deuxfois par seconde une exci- tation juste maximale, provenant d’un chariot d'induction avec interrupteur automatique ; les secousses étaient enregistrées sur un cylindre en marche lente, donnant ainsi un ergogramme ; l'excitation était indirecte (par le nerf) mais pouvait aussi être portée directement sur le muscle. _ Deux autres paires d’électrodes (impolarisables) servaient quand on le voulait, les autres excitations étant interrompues, à mesurer l’excitabilité liminaire, soit par le nerf, soit directement sur le muscle; passages de cou- rants constants de durée limitée au moyen du chronaximètre (1); bien que la résistance dans ce cas n’entre pas en ligne de compte, le shunt ordinaire- ment employé avec les condensateurs (2) était placé sur le circuit et manœuvré de la même manière. Le résultat a été simple et net; il peut s’énoncer ainsi: la fatigue augmente la chronaxie du muscle sans changement sensible de la rhéobase. Quand la chronaxie a doublé, l'excitation indirecte devient inefficace (curarisation) ; si on continue le travail par excitation directe, la chronaxie musculaire continue à augmenter (nous n'avons pas poussé l'expérience jusqu’à l'épuisement). En laissant reposer les muscles, on voit la chronaxie diminuer graduellement ; l’excitabilité indirecte réapparaît dès qu on revient au-dessous du double de la valeur normale. Voici les chiffres d’une expérience : les rhéobases sont données en volts - (on obtiendrait sensiblement l'intensité en ampères si on divisait ces chiffres par 10° pour le muscle et 10 pour le nerf) ; les chronaxies sont données en millièmes de seconde, s, telles qu’elles sont lues directement sur le chro- naximètre. 17 juin. Bufo vulgaris. — Moelle détruite. Sciatique et gastrocnémien dissé- qués, mais laissés en place, avec circulation respectée autant que possible. Ne on en NedEs : . . Rhéobase : 0,6. Chronaxie : 1,0 NDS CIE Se Re at, Rhéobase 4 Chronaxie : 1,0 Environ 200 secousses maximales par excitation directe (distance des bobines, 10 cm.). Le nerf est pratiquement inexcitable. MUSCIe nr ee. Rhéobase : 1,2 Chronaxie : 3,5 Dix minutes de repos: Muscler see Rhéobase : 1,5 Chronaxie : 1,8 À (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXX VIII, p. 695, 4945. (2) Journal de Physiologie et de Pathologie générales, 1911, p. #2. 774 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE PR ere Le nerf est excitable pour une distance des bobines de 12 centimètres (au début de l'expérience, le seuil était à 22 centimètres) et par le courant de pile (avec shunt) sous 10 volts (au lieu de 0,6); ne disposant que de 12 volts, nous ne pouvons déterminer la chronaxie. Encore 10 minutes de repos: Muscle mme re Rhéohaset 15 Chronaxie : 1,5 NET A M ee Rneobase 50 Chronaxie : 1,0 Encore 10 minutes de repos: -- Muscle LL RE te Rhéobase:: 4 Chronaxie : 1,0 NET er rx nnhéoDaseste Chronaxie : 1,0 oo & La disparition de l’excitabilité indirecte, dans la fatigue, alors que le muscle est encore excitable, est un fait bien connu; divers auteurs, notamment Waller et Abelous, avaient prononcé à ce sujet le mot de curarisation. On voit qu'il s’agit d'une curarisation vraie, type curare (1). Cet effet de la fatigue nous paraît même constituer une des expériences les plus nettes pour démontrer, et au besoin pour étudier avec précision, l'effet de l’hétérochronisme neuro-musculaire. Pour en revenir au point de départ des présentes recherches, la chronaxie mesurée sur un muscle ou un groupe de muscles spécialement mis en jeu dans le travail doit fournir chez l’homme un test objectif de fatigue locale. Mais il y aura lieu de préciser, suivant une assez fine technique d’électrodiagnostic, les conditions d'application des élec- trodes pour obtenir l'excitation directe; nous avons constaté en effet, qu’au point moteur, on a, comme pour le nerf du batracien évidemment, une élévation de la rhéobase sans changement de la chronaxie. Or, les variations de rhéobase ne peuvent être affirmées que par la comparaison sur le même sujet et dans des conditions identiques, les variations de chronaxie, au contraire, ont un caractère objectif, et les principaux muscles squelettiques de l’homme, quoi qu'on en ait dit, présentent des chronaxies sinon exactement égales, du moins très voisines. L'exercice professionnel, l'entrainement spécial, peut introduire une modification appréciable ; ce sera un premier point intéressant à établir, le début du travail de chaque jour, la mise en train, donne sans doute lieu, de son côté, à une variation qui pourra peut-être être saisie, mais,.en fin de compte, l'allongement de la chronaxie par la fatigue apparaît dans nos expériences comme assez grand et assez constant pour fournir une preuve et une mesure de cette fatigue des muscles dans des conditions industrielles bien étudiées. 2e (Travail du Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne.) (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXIK, p. 283, 1912. SÉANCE DU 28 JUIN 175 SUR L'UTILISATION DU GLYGOSE DANS LES MALADIES AIGUES FÉBRILES, par Ca. AcnARD, À. RiBor et LÉON Biner. L'un de nous, avec M. Loeper (1) et G. Desbouis, a démontré l’exis- tence d’une insuffisance glycolytique générale dans la période d'état des maladies aiguës fébriles. L’injection sous-cutanée de 10 grammes de glycose, qui n’amène pas de glycosurie chez le sujet bien portant, est suivie de glycosurie chez les malades atteints de pneumonie, fièvre typhoïde, rhumatisme articulaire aigu, etc. L’injection intraveineuse de 6 grammes ou l’ingestion de 20 grammes de glycose augmente le taux d'acide carbonique dans l’air expiré chez - un sujet normal, alors que les mêmes épreuves ne provoquent aucun changement dans les échanges respiratoires chez des fébricitants atteints d’affections aiguës. Pour compléter les notions acquises par ces deux procédés, il nous a paru intéressant de rechercher les modifications du sucre sanguin à la suite de l'introduction du glycose dans l’organisme chez cette même * catégorie de malades. On sait, par les travaux de Gilbert et Baudouin, que le taux de la glycémie, augmenté déjà chez un sujet normal après l'ingestion de glycose, augmente beaucoup plus encore chez le diabétique, c’est-à-dire dans la maladie où l'insuffisance glycolytique est à son maximum. Récemment, dans une série de travaux, les auteurs américains ont confirmé les résultats de cette épreuve de la glycémie alimentaire et, d’une facon générale, de la glycémie consécutive à l'introduction de glycose dans l'organisme, en utilisant des techniques très facilement applicables à la clinique. C’est à l’aide de ces techniques que nous avons pratiqué nos explo- _ rations comparatives de la glycémie chez l’homme normal et chez des malades atteints de grippe avec forte fièvre. Sur un point cependant notre technique diffère de celle de nos devanciers : au lieu de doses relativement élevées de glycose (près de 100 grammes), nous n'avons fait ingérer aux sujets examinés que la faible dose de 20 grammes, et elle nous.a suffi pour mettre en lumière des différences appréciables, (4) Ch. Achard et Loeper. L’insuffisance glycolytique étudiée particulière- ment dans les maladies aiguës. Arch. de méd. expérim., janv. 1901, p. 124. — Ch. Achard et G. Desbouis. Recherches sur l'utilisation des sucres à l’état pathologique. 1bid., mars 1914, p. 105. Gilbert et Baudouin. La glycémie alimentaire. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 décembre 1908, p. 710. — Sur la glycémie du dote bumain. Ibid., 6 novembre 1909, p. 458. 776 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à la condition, toutefois, de faire des prélèvements plus rapprochés du moment de l'ingestion. Nos prises de sang étaient faites : 1° avant l'absorption ; 2° trente mi- nutes; 3° une heure -après l’absorption des 20 grammes de glycose et nos dosages dans le sang étaient effectués avec la micro-méthode d'Epstein (1) basée sur le procédé colorimétrique de Lewis et Benedikt, à savoir la réduction à chaud par le glycose en solution alcaline, de l'acide picrique en acide picramique, à belle coloration rouge. En pratique, dans un tube à essai de très petites dimensions, on met " c.c.8 d’une solution de NaF! à 0,20 p. 100 et on ajoute O c.c.2 de sang prélevé avec une pipette graduée, on agite et on ajoute 1 c. c. 5 d’une solution saturée d’acide picrique. Les albumines se précipitent, on filtre et dans un tube à essai on chauffe 1 cent. cube du liquide filtré jusqu'à ce que l’on n'ait plus que 2 ou 3 gouttes; on ajoute alors O c. c. 5 d’une solution de CO*Na? à 10 p. 100, on chauffe et on verse ce contenu dans le tube gradué de l’hémoglobinomètre de Gowers. Dès Lors le procédé est calqué sur le dosage de l’hémoglobine, en comparant la couleur du liquide obtenu avec un tube étalon. : En opérant ainsi, nous avons trouvé chez l’homme normal les chiffres. suivants, répondant au dosage du sucre sanguin pratiqué avant, puis. une demi-heure et une heure après l'absorption de 20 grammes de glucose. AVANT L'ABSORPTION 30 MIN. APRÈS 1 HEURE APRÈS | 1,05- 1,27 1,05 DR A PRES 1,10 1,10 1,40. Op ue Pin et 0,95 0,95 1 Re eur 1,15 1,45. 1,15 SR ia 1,05 1,35 0,9 Gr tes 00 1,50 1,05 É 1,05 1,20 0,75 BE PO Us 0,95 1,4 0,95 De ces chiffres, nous pouvons conclure que chez le sujet normal, aprés l'ab- sorplion de 20 grammes de glycose, le sucre sanguin, en général, subit une légère augmentation (5 fois sur 8), et que cette augmentation s'observe une demi-heure après l'épreuve, mais a disparu une heure après le début de l'épreuve. Comparée avec l'intensité des échanges respiratoires, celte glycémie alimentaire apparaît plus vite que l’augmentation de l’acide carbonique exhalé. C’est ce que montre, en effet, la recherche simultanée du sucre (1) A. Epstein. An accurate Microchemical Method of Estimation of Sugar in the Blood. The Journal of the American Medical Association, T-novembre 1914, vol. LXIIT, p. 1667. Mi M. Mendelssohn : Étude sur la glycémie à l’état normal.et dans le diabète. Thèse de Paris, 1918. 4 SÉANCE DU 928 JUIN HE dans le sang et de l'acide carbonique dans l'air expiré, avant et après l'absorption de 20 grammes de glycose : nos résultats peuvent ainsi se résumer : I. — C.., vingt-cinq ans, normal. : SUCRE SANGUIN CO? EXHALÉ Avant l'injection de 20 gr. de glucose. . O0 gr. 95 2,5 p. 100 SUNTNITIULES ADRESSES ee ee 1 gr. 45 2,5 — HONHHRUTES: APTES ss An 1 gr. 30 3,14 — 60 minutes après . . : . : . . HRNPRRALE 0 gr. 95 2,5 — II. — L..., dix-sept ans, normal. SUCRE SANGUIN CU? EXHALÉ VD een nee cu Ie la el pat, 1 gr, 05 2,5 p. 100 SUSMINULES APRES Le 2. Ci 1Éor35 2,5 — HOMMINULES APFÈS Een eee e ce L gr. 50 2,8 — - GDAminutes apres" 0. FE 4 gr. 05 2,5 — Voyons maintenant ce que devient cette glycémie alimentaire dans des cas de grippe grave, avec température de 40°. 4° Vil... (Joseph), quarante ans. Grippe. Temp., 40°. Dyspnée, congestion pulmonaire gauche. ee Avant Après 30 min. Après 60 min 2 1 gr. 10 1 gr. 30 1 gr. 45 2° M..., trente-cinq ans. Grippé, avec température à 40°, sans signes pul- ones Avant Après 30 min. Après 60 min. 1 gr. 42 A gr. 50 gr. 307 Le même malade examiné cinq jours après, alors que la température est à 37°, donne : = 1 gr. 20 1 gr. 12 1 gr. 12 30 G..., dix-sept ans, pneumonie grippale. Temp., 400. “Avant Après 30 min. Après 60 min. - lor-90 1 gr. 65 1 gr. 57 4° Delb..., dix-neuf ans, grippe. Temp. 40°8. Congestion des deux bases. Avant D :. : — 19 Voix MMANAS Es re = 4 voix M. GCILLEMINOT . . . . — . 3 Voix. Le Gérant : O. PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MaARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. 183 SÉANCE DU 5 JUILLET {919 AcHarD {CH.), RiBort (A:) et BINET SOMMAIRE (L.) : Action des extraits d'organes HozLande (A.-CH.) : Remarques au sujet de la différenciation des sur l'hyperglycémie provoquée . . 788 | albumines de l’urine par la méthode Berry (H.) : Remarques à propos des PÉCIDILINES RE Re AA 183 de lacommunication de M.Maignon. 808 Jozzy (J.) : Sur les modifications BrüLÉ (M.) et May (Er.) : La ré- morphologiques qui se passent sistance globulaire -dans la veine dans le sang des mammifères au et l'artère splénique au cours de moment de la naissance . . ., .. 800 l'ictère par toluylène-diamine. . . . 784 Kozzuanx (M.) : Influence de l'ex- = CrerG (A.) et Roupinrsco (A.) : trait de thyruide sur certains ca- Sur l'albumino-réaction des cra- ractères sexuels secondaires des chats dans les séquelles pulmo- MTITONS ES Es er ee. 193 naires des YPÉTILÉS 4.2... 787 Macon (F.) : A propos de la com- GEssarD (C.) : Classement des munication de M. H. Bierry : « Ra- germes pyocyaniques par les pig- tion d'entretien. Rôle fonctionnel MOIS ee see + 00 | des hydrates de Carbone.» . : : 806 GrAyA (J.) : La levure vivante pro- Mercier (L.) et Leparrry (C.) voque-t-elle la fermentation du Myxosarcome et Acariens chez une sucre uniquement par sa zymase? 804 | Poule. .... ............, 802 Hérissey (H.) : Sur la conserva- SARTORY (A) Onychomycoses tion: du ferment oxydant des Cham- provoquées par un champignon du DISONS rite 198 | genre Scopulariopsis. . . . ..... 808 Présidence de M. Ch. Richet. REMARQUES AU SUJET DE LA DIFFÉRENCIATION DES ALBUMINES DE L’URINE PAR LA MÉTHODE DES PRÉCIPITINES, par A.-CH. HOLLANDE. Dans deux notes publiées le 31 mai dernier à la Société de Biologie, j'ai signalé que les substances albuminoïdes précipitées de leur milieu naturel par le sulfate d'ammoniaque et redissoutes dans l’eau physio- logique à 9 p. 1.000 pouvaient être utilisées comme antigènes et être injectées au Lapin pour préparer un antisérum riche en précipitines. Ce procédé permettait de concentrer les albumines en un volume donné d’eau chlorurée el de les séparer d’un milieu naturel toxique (plantes renfermant des alcaloïdes par exemple). Afin d'éviter La toxicilé des urines albumineuses de l'homme vis-à-vis du lapin, j'avais appliqué le procédé au sulfate d’ammoniaque à BioLocte. CoMPtEs RENDUS. — 19149. TL. LXXXII. 57 s Lo SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE =1 ao ESS l'extraction des matières albuminoïdes de ces urines. Ayant préparé un antisérum avec l’albumine ainsi extraite des urines d’un malade atteint de néphrite chronique, j'avais constaté que « l’antisérum obtenu préci- pitait vis-à-vis des albumines correspondantes de l’urine du malade, mais était sans action sur les substances albuminoïdes de son sérum sanguin dilué ou non ». Inversement, en préparant un sérum de Lapin avec les albuminoïdes du sérum sanguin de ce même malade, je remar- quais que l’antisérum ainsi préparé précipitait bien les substances albuminoïdes du sang du malade, mais qu'il était sans action vis-à-vis des albumines de son urine. J’ajoutais que « les conditions dans les- quelles je m'étais trouvé placé, au moment de ces recherches, ne. m'avaient pas permis de faire un grand nombre d’observations de ce genre et que je ne chercherai pas à généraliser actuellernent ces résul- tats, une étude plus complète me paraissant nécessaire PE cute mais que, néanmoins, je croyais devoir signaler ces faits. » À la suite de ces notes, M.le professeur Vallée a bien a. attirer mon attention sur la publication qu'il avait faite en collaboration avec M. Leclainche, à la Société de Biologie, en janvier 1904, p. 54, et qui a pour titre: « Note sur les anticorps albumineux ». Les auteurs, sans employer le procédé d’extraction des albumines par Le sulfate d’ammo- niaque, signalent des résultats similaires à ceux que je rapporte au sujet des urines albumineuses de l’homme. Le sérum des Lapins prépa- rés par eux au moyen de l'injection directe des urines albumineuses de l'Homme (des accidents immédiats d'intoxication sont parfois constatés, disent-ils) précipite les albumines de ces urines, mais non les albu- mines du sérum humain. Tout en tenant à mentionner la priorité des observations de MM. Leclainche et Vallée, je ferai remarquer que les observations de ces auteurs soulignent le fait que la précipitation des substances albuminoïdes de l’urine par le sulfate d'ammoniaque ne modifie pas leur réaction biochimique et qu'il est ainsi possible d'ob- tenir un antisérum riche en précipitines en injectant au lapin les albu- mines des urines précipitées ou non par le sulfate d’ammoniaque. (Laboratoire de Zoologie. Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy.) LA RÉSISTANCE GLOBULAIRE DANS LA VEINE ET L’ARTÈRE SPLÉNIQUE AU COURS DE LICTÈRE PAR TOLUYLÈNE-DIAMINE, par M. BRüLÉ et ÉnENNe May. Le rôle de la rate dans les phénomènes hémolytiques est extrêmement discuté; nous rappellerons que, ici même, en 1911 et 1949, de nom: breuses notes ont été publiées à ce sujet : Gilbert et Chabrol, Nolf, Po SÉANCE DU 9 JUILLET = (ee) O7 admettent l'existence d’hémolysines spléniques; par contre, Widal, Abrami et Brulé, Achard, Foix et Salin, Iscovesco et Zachiri, Parisot, Léon-Kindberg et Cain nient la présence dans la rate de véritables hémolysines; les extraits de rate ne deviennent hémolytiques qu’en vieillissant; l'action hémolytique est lhermostabile et semble attri- buable, soit aux produits d’autolyse de l'organe (Korchun et Morgenroth, Widal, Abrami et Brulé, Banti), soit à la septicité des extraits (Achard, Foix et Salin). L'étude in vitro du pouvoir hémolytique des extraits spléniques ayant fourni des résultats contradictoires, on pouvait chercher à aborder expérimentalement le problème d’autre facon : il était intéressant d’étu- - dier comparativement la résistance globulaire du sang entrant dans la rate et du sang en sortant et de voir ainsi si la traversée “PIERRE fra- gilisait les hématies. Chalier et Charlet (1), expérimentant sur des animaux sains, trouvent la résistance globulaire légèrement plus forte dans la veine que dans l'artère splénique, avec une différence qui dépasse rarement un tube. Banti (2), qui croit au rôle primordial de la rate dans les phénomènes hémolytiques, a observé que la résistance globulaire dans da veine splénique est beaucoup plus faible que dans la circulation générale chezles chiens auxquels on ainjecté des sérums hémolytiques. Dans une splénomégalie hémolytique, dans une thrombose de la veine splénique, Banti note une résistance globulaire un peu moindre dans la veine que dans l'artère splénique. Dans l’intoxication expérimentale par la toluy- lène-diamine, Banti note que la quantité d’hémoglobine dissoute dans la veine splénique est nettement supérieure à celle de la circulation générale. Nous avons repris en 1914 l'étude comparative de la résistance globu- laire dans l’artère et la veine splénique en employant, pour la mesure de cette résistance, le procédé très sensible que l’un de nous a décrit (3). Nos recherches ont porté sur 4 chiens. 7. — bis 41 kilogrammes. Injection intrapéritonéale le 3 mars 1914 de 4 gr. 50 et Le 4 mars de 2 grammes de toluylène-diamine vieillie. La résistance n'étant pas diminuée, une nouvelle injection de 2 grammes est faite le 10 mars avec de la toluylène-diamine fraîche. — Examen le 11 mars. Il. — Ghienne de 21 kilogrammes. Injection de 1 gramme de toluylène- diamine le 17 mars. — Examen le 18 mars. IT. — Chien de 18 kilogrammes. Injection de 0 gr. 50 de toluylène-diamine le 24 avril 1919, puis de 0 gr. 30 le 25. — Examen le 26 avril. (1) Chalier et Charlet. Journal de Physiologie et de Pathologie dnrales sep- tembre 1911. (2) Bant. Semaine médicale, 2 juillét 1913, n° 27, p. 317. (3) Etienne JS Études sur les résistances do buiaires Thèse de Paris, 19124. 786 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE _— IV. — Chien de 16 kil. 500. Injection de 0 gr. 50 le 12 mai 1919, de 0 gr. 25 le 14, de 0 gr. 30 le 16 et de 0 gr. 70 le 19. — Examen le 21 mai. Le sang du vaisseau était aspiré rapidement dans une seringue contenant déjà la solution anticoagulante d’oxalate de potasse à 2 p. 100. Les hématies étaient lavées trois fois avec la solution de chlorure de sodium à 9 p. 1.000. Pour les deux premiers chiens, nous n'avons pas pris de précaulions spéciales; jour les deux derniers, nous nous sommes astreints à pré- lever la même quantité de sang artériel et de sang veineux dans la - même quantité d'oxalate et à effectuer les centrifugations et Les lavages successifs des hématies dans des conditions absolument identiques. Nos résultats sont consignés dans le tableau suivant : ee CuiEn Il TITRE CHIEN I CHIEN III CHIEN IV de la SOLUTION de NaCl | ARTÈRE | VEINE | ARTÈRE | VEINE | ARTÈRE | veine | ARTÈRE | VEINE pour 10.000/splénique |spléniquelsplénique|splénique|splénique|spléniquelsplénique |splénique 90 1/150 | 1/100 80 1/150 L/100 10 ENS) A OT S IEEE NP Ge lieues Traces | Traces + RE de 1/100 | 1/90 St 1/100 | 1/100 | 1/10 | 4/70 See 150 | 4/70 | 1780 | 1/30 -| 1/30 he. 1/20 | 1/20 1330 | 4/30 | 4745 | 445 1918 | 1718 | 4,5/10 | 1,5/10 18 2,5/10 | 2,5/10 4,5/40 | 4/10 | 2,5/10 | 2710- | 46 »,8/10 | 4/10 3/10 3/10. | 4/10 3,10 RE 1/10 1/10 BAD Aie 4/10 4/40 6/10 6/10 Pro) 8/10 8/10 6/10 6/10 TAD ASE HÉSITER ENS ste ne 8/10 8/10 SYADS ON? 38 : Bo DES eee | RE AN PRES VA RE Din RE Stade Stade | RP] Re RU LS Stade Stade fi es AMIENS: Stade Stade annulaire|annulaire annulaire|annulaire On voit que, chez les deux premiers chiens, la différence entre le sang artériel splénique et le sang veineux est faible et surtout qu'elle est de sens variable, ce qui lui enlève toute signification. Par contre, chez les deux derniers chiens, lorsque nous nous sommes placés dans des - conditions d'expériences rigoureusement identiques, nous avons trouvé la résistance du sang veineux absolument égale à celle du sang arté- riel. Nous nous croyons donc fondés à conclure que dans l’ictère par és ie à SÉANCE DU D JUILLET 181 toluylène-diamine, il n'y a aucune différence de fragilité entre le sang de l’artère et le sang de la veine splénique. Ces expériences ne peuvent prétendre trancher la question si com- plexe du rôle de la rate dans les processus hémolytiques : elles n’abor- dent que la question des ictères par toluylène-diamine et tous les processus hémolytiques ne reconnaissent peut-être pas le même méca- nisme. Telles quelles, ces recherches confirment en tous points les opinions que l’un de nous a toujours soutenues avec MM. Widal et Abrami; elles montrent que, contrairement à l'opinion de Banti, il est impossible d'attribuer à la rate un rôle déterminant daus la production de l'hémo- lyse consécutive aux injections de toluylène-diamine; ce poison doit agir directement sur les hématies in vivo comme in vitro (1). La résistance globulaire dans l'intoxication diaminique restant exactement la même dans la veine et dans l'artère spléniques on ne peut admettre, ni que la rate fragilise les hématies, ni d'autre part que les hématies déjà fragilisées soient arrêtées dans la rate. Ces expériences montrent, en outre, quelles précautions extrêmes il importe-de prendre lorsqu'on veul comparer rigoureusement la résis- tance globulaire de deux échantillons de sang. (Travail du Laboratoire du Professeur Widal.) SUR L'ALBUMINO-RÉACTION DES CRACHATS DANS LES SÉQUELLES PULMONAIRES DES YPÉRITÉS, par A. CLERC et A. ROUDINESCO. Dans son mémoire sur les séquelles des intoxications par les gaz de combat, notre maître le professeur Achard (2) signale que l’albumine, présente dans l’expectoration au cours de la période aiguë, disparaît ensuite pour réapparaître d'une facon transitoire au cours des poussées ultérieures de bronchite. C'est à des conclusions semblables que nous ont conduits nos propres recherches dont nous allons donner le résumé- La méthode employée était celle préconisée par MM. Roger et Valensi (3). En ne considérant que les sujets présentant des séquelles pulmonaires et examinés plusieurs semaines ou même plusieurs mois (1) Widal, Abrami et Brulé. Rapport au XI Congrès français de médecine, Lyon, 1911, et Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 12 mai 1912. (2) G. Achard. Les séquelles des intoxications par les gaz de combat. Bulles tin médical, 1919, n° 6, p. 61. . (3) Roger’et Lévy-Valensi. Soc. méd. des Hôp., 23 juillet 1909. 188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE après l’intoxication, nous avons réuni un total de 53 cas dont 35 néga- tifs et 18 positifs. Ces derniers se décomposent en 9 bronchites diffuses, - 6 œdèmes chroniques récidivants, 3 abcès pulmonaires tardifs dont 2 en période latente et le dernier en période de convalescence (1). Souvert la réaction d'abord positive disparut dans la suite; mais d’autres fois elle se montra d’une remarquable fixité, car elle put être suivie pendant environ trois mois, persistant à la sortie du malade : il s'agissait de deux bronchites diffuses avec œdème récidivant, d’une bronchite compliquée ultérieurement de suppuration et d'un abcès pulmonaire opéré. 2 Nos 35 cas négatifs concernaient, en général, des bronchites légères; cependant l'albumino-réaction fit également défaut chez 2 bronchites diffuses, 6 œdèmes pulmonaires à répétition, À abcès pulmonaire opéré. ÿ On voit que, si l'absence de l'albumine dans les crachats ne corres- pond pas nécessairement, dans les cas ci-dessus mentionnés, à une. bénignité des symptômes, sa présence, en dehors de toute complication aiguë, indique l'existence de séquelles pulmonaires sérieuses et tenaces. Aussi cette méthode, sans avoir de valeur absolue, mériterait-elle d’être utilisée dans les cas litigieux, où il s’agit d'estimer la réalité et l'impor- tance des accidents respiratoires qui peuvent persister si longtemps. chez les sujets antérieurement ypérités. ‘ (Travail de l'hôp. A. 104, Clinique des gazés, dirigée par le Professeur Achard.) ACTION DES EXTRAITS D ORGANES SUR L'HYPERGLYCÉMIE PROVOQUÉE, par Cu. AcHaRp, A. RIBOT et LÉON BINET. Nous avons étudié, chez le chien, les caractères de l'hyperglycémie provoquée par l'injection intraveineuse de glycose et, ces caractères étant connus, les variations de cetle hyperglycémie alors qu'on injecte en même temps que le sucre l'extrait de certains organes. Dans toutes nos expériences, Le glycose était injecté en solution dans l'eau à un taux de 35 grammes par litre et les prises de sang étaient faites avant l’injec- tion d’abord, et ensuite toutes les 10 minutes qui suivaient l’injec- üon. Nos dosages ont été pratiqués par la méthode microchimique d'A. Epstein qui permet des prises nombreuses de sang sans diminuer (1) Nous avons vérifié chez tous nos malades l'absence de tuberculose. SÉANCE DU 5 JUILLET 789 Ca la masse sanguine d'une façon notable et par suité sans troubler le taux du sucre sanguin. La durée de l'hyperglycémie provoquée par l'injec- tion intraveineuse de glycose nous a semblé un point important, susceplible de renseigner avec profit sur l'aptitude de l’organisme à fixer ce sucre. Chez le chien normal nous avons obtenu les résultats suivants : 4° Chien, 12 kilogrammes, recevant 12 grammes de glycose ; 2 minutes après l'injection le sucre sanguin est monté de 1 gramme par litre à 3 gr. 10; la glycémie est revenue au chiffre de départ après 40 minutes. 26 Chien, 19 kilogrammes, recevant 12 grammes de glycose : après 2 mi- nutes le sucre monte de 0 gr. 90 à 2 gr. 65 et est retombé à 0 gr. 90, 30 mi- nutes après. 3° Chien, 19 kilogrammes, recevant 10 ee de glycose : le taux du sacre sanguin s'élève de 1 gr. 05 à 2 gr. 85 après 2 minutes el est revenu au chiffre de départ 20 minutes après. ° Chien, 15 kilogrammes, recevant 3 gr. 5 de glycose : le sucre s'élève après 2 minutes de 0 gr. 95 à 4 gr. 40 et est normal 20 minutes après. 5° Chien, 33 kilogrammes, recevant 7 grammes de glycose : 2 minutes après, le taux du sucre sanguin est monté de 1 gr. 15 à 4 gr. 95; il est normal après _ 10 minutes. De ces expériences, prises parmi beaucoup d’autres, nous pouvons conclure que le taux et la durée- de l'hyperglycémie provoquée ‘par linjection intraveineuse de glycose sont évidemment en rapport avec la quantité de glycose injecté. La durée du phénomène donne, à cet égard, des indications particulièrement nettes et nous pouvons admettre qu'avec 0 gr. 50 de glycose injecté par kilogramme d'animal, l'hyper- glycémie dure une vingtaine de minutes, et qu'avec À gramme par kilo- gramme elle dure 40 minutes environ. On peut se demander ce que devient le glyÿcose injecté ; une partie est éliminée par le rein comme le montre l'existence d’une glycosurie suivant l’hyperglycémie,; le reste est fixé ou brûlé. L'analyse des gaz du sang veineux ou des gaz respi- ratoires montre, en effet, nettement la combustion rapide des sucres assimilables, si l'on se place dans de bonnes conditions (Some insuffi- sance glycolytique). L'étude comparée du sucre réducteur du sang après l'injection de glycose assimilable et, d'autre part, après celle de lactose inassimilable fait bien ressortir, d’ailleurs, le rôle de la destruction et de la fixation du sucre dans la durée du phénomène que nous étudions. Chien, 22 kilogrammes, recoit 15 grammes de glycose : on obtient une _ hyperglycémie qui a disparu 45 minutes après : Quelques jours après il reçoit 15 grammes de lactose : le taux du sucre réducteur du sang est tel qu'après 790 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 45 minutes il est encore plus que doublé par rapport au chiffre de départ : 0 gr. 78 au départ, 1 gr. 95 après 45 minutes. Que devient l’hyperglycémie quand on ajoute au glycose injecté le principe actif de divers organes? Nous avons étudié l’action de l’adré- naline, de l'extrait d'hypophysé et de l'extrait pancréalique sur cette hyperglycémie en envisageant, pour chaque expérience, l'effet du gly- cose seul, du principe actif seul, puis du glycose et du principe actif associés. I. Adrénaline. — À un chien de 15 kilogrammes nous avons injecté, d'abord 3 gr. 5 de glycose, puis 2 jours après 1 milligramme d’adréna- line, et enfin 2 jours plus tard 3 gr. d de glycose + 1 milligramme d'adrénaline (tableau [) : TAUX DU SUCRE SANGUIN A LA SUITE D'UNE INJECTION DE : PRET EEE Se TABLEAU ] RE : Re 3 gr. 5 de glycose 3 gr. 5 de glycose |1 milligr. d'adrénaline| 1 milligr d'adrénaline ÉAWanti. cu 0 gr. 95 0 gr. 95 0 gr. 95 2 minutes après. 1 gr. 40 — 1 gr. 10 | 10 minules. . . 1 gr. 10 1 gr. 40 2 gr. 10 | 20 minutes. . . ASOT AE 1 gr. 20 1 gr. 10 lP20#minutes: 21.7 Nestor 0 ge. 92 1 era Ah 9 0 SE MES AR An NS Re ee 10 4108 sa heures SR A Ce en ed en oi ec 0 gr. 95 | } L'examen des chiffres que nous rapportons montre que l'addition d’adrénaline au sucre injecté amène une augmentation du sucre san- guin plus élevée que la somme des augmentations délerminées par l’adrénaline seule et le glycose seul. De plus, cette hyperglycémie est particulièrement prolongée, puisqu'elle existe encore après 1 h. 10. Tout se passe comme si l'organisme, sous l'influence de l’adrénaline, était devenu incapable de fixer et de brüler le sucre : en d’autres termes il est devenu insuffisant glycolytique et l'examen des échanges respira- toires le prouve nettement, comme l’un de nous l’a montré avec G. Desbouis (1). Il. Extrait d'hypophyse. — L'injection d'extrait hypophysaire déter- mine une légère hyperglycémie ; associé à une injection de glycose, l'extrait d'hypophyse augmente le degré de l'hyperglycémie qui devient (4) Ch. Achard et G. Desbouis. Recherches sur l’utilisalion des sucres à l’état pathologique. Archives de médecine expérimentale et d'anatomie patholo- gique, t. XXVI, n° 2, mars 1914, p. 105. SÉANCE DU D JUILLET 791 plus élevée que la somme des augmentations de sucre déterminées par le glycose seul et l'hypophyse seule (tableau 11). Tout comme l'adrénaline, l'extrait hypophysaire diminue l'aptitude de l'organisme à détruire le sucre, mais à un degré moindre que l'adrénaline ; les modifications que nous avons enregistrées portent sur le Laux, mais non pas sur la durée de l’hyperglycémnie provoquée. a , TAUX DU SUCRE SANGUIN A LA SUITE D'UNE INJECTION DE : ERA A — —— — — TABLEAU IT 3 Sr 060 8 c.c. d'extrait 3 gr. 5 de glycose de “ VS hypophysaire + 3-c.c. 8°y Carrion . d'extrait hypophysaire Avant Oers95 1 gr. 10 1 gr. 20 2 min. après. 1 gr. 40 1520 2 gr. 20 10 minutes. . 1 gr. 10 1 Sr25 à sg ET 20 minutes. . À gr. » 4 gr. 20 1 gr. 30 A0eminutes let. À gr. à 1502025 | Ces données, concernaut le sucre sanguin, sont à rapprocher des expériences de H. Claude et A. Baudouin (1) relatives au passage du sucre dans les urines : la glycosurie, disent-ils, est presque constante quand on fait ingérer 100 grammes de glycose à un homme qui reçoit en même temps une injection d'adrénaline ou d'extrait d'hypophyse. Il. Extrait pancréatique. — Les différents extraits pancréaliques du commerce injectés dans les veines du chien soil seuls, soit associés à une solution de glycose, ont toujours été inefficaces, sans aucun pouvoir glycolytique : par contre la macération aqueuse de pancréas frais à une action indiscutable sur le taux du sucre sanguin. À un chien normal, l'injection d'extrait pancréatique frais fait baisser le sucre sanguin : c’est là une notion classique que nous avons eu l’occasion de vérifier. Mais il nous a semblé intéressant d'envisager la répereussion sur le sucre sanguin de l'addition d'extrait pancréatique à une solution glycosée injectée dans les veines d’un animal. À un chien de 12 kilogrammes, l'injection de 12 grammes de glycose amène une hyperglycémie élevée (de 4 gramme à 3 gr. 10) et prolongée (40 minutes); si à la solution glycosée on ajoute de l'extrait pancréa- tique frais, l’'hyperglycémie est moins élevée (de 1 gr. 30 à 2 gr. 40) et moins durable (disparaissant au bout de 20 minutes) : de plus, à l’aug- mentation du sucre sanguin succède une diminution nette et prolongée (tableau IT). (4) H. Claude et A. Baudouin. Glycosurie hypophysaire et glycosurie adré na'ique. Comptes rendus de la Sor. de Binlogie, 21 décembre 1912, p. 732. 799 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE TAUX DU SUCRE SANGUIN A LA SUITE D'UNE INJECTION DE Te SE TaBLeAU II 12 grammes de glycose 12 grammes de glycose + extrait pancréatique aqueux (10 grammes de pancréas) Avant ser AS0P. 29 1 gr. 30 Après 2 minutes 3 gr. 10 | 327 A0 Après 10 minutes À gr. 80 | 4 gr. 45 Après 20 minutes 1 gr. 5ù | 0 gr. 85 Après 30 minutes 1 gr. 45 | 0 gr. 90 Après 40 minutes Por =) | 0 gr. 85 Après 50 minutes (M0 205 | — Après 60 minutes À gr. » 0 gr. 85 Ces différentes expériences nous montrent que l'hyperglycémie pro- voquée par l'injection directe de glycose dans les veines peut varier dans son taux et dans sa durée selon qu'on injecte en même temps l'extrait de tel ou tél organe : l'adrénaline et l’hypophyse l’exagèrent, l’extrait pancréatique frais la diminue; les deux premières substances engendrent de l'insuffisance glycolytique ; la dernière active, au con- traire, la glycolyse. Que devient maintenant cette hyperglycémie provoquée, quand on ajoute une substance qui favorise la glycolyse et une substance qui la diminue ? L'expérience, résumée dans le tableau ci-joint (tableau IV), nous montre que l'extrait pancréatique inhibe l’action de l’adrénaline. TAUX DU SUCRE SANGUIN APRÈS L'INJECTION DE : EE EEE + TABLEAU IV : 7 gr. de glycose 1 gr. de glycose 1 gr. de glycose| —+ 1 milligramme + 4 milligr. d'adrénaline d'adrénaline + extrait aqueux de pancréas Note Tor 45 2 min. IRC 10 min. der. 4 20 min. RS Ce Une expérience analogue a été faite en injectant à la fois le gly- cose, l'extrait d’hypophyse et la macération fraîche de pancréas (ta- bleau V). On voit que, si l'addition d'hypophyse au glycose injecté augmente la durée de l'hyperglycémie, l'extrait pancréatique frais fait disparaitre ce phénomène et manifeste son action antagoniste, comme pour l’adré- naline. SÉANCE DU D JUILLET 193 TAUX DE SUCRE SANGUIN APRÈS L'INJECTION DE : a TABLEAU V 1 gr. de glycose 1 gr. de glycose 1 grammes À ] : : de elycose +8 cc. d'extrait + 3 c. C. d'extr. hypophysaire hypophysaire + macérat. de 10 gr. de pancréas a Avant. . 0 gr. 95 0 gr. 80 0 gr. 90 Après 2 min. Aro. -907 2 gr. 30 1 gr. 80 Apr. 10 min. 0 gr. 95 ler 95 1Por. 0) Apr. 20 min.|. Sora 0 gr. 10 Apr. 40 min.|. 0 gr. 80 0 gr. 15 Ces résultats tirés de l'étude de l'hyperglycémie provoquée concoï- dent avec ceux qu'on obtient en recherchant l'insuffisance glycolytique au moyen de l'analyse des gaz de la respiration. INFLUENCE DE L'EXTRAIT DE THYROÏDE SUR CERTAINS CARACTÈRES SEXUELS SECONDAIRES DES TRITONS, par Max KOLLMANN. ‘On sait que les Tritons mäles possèdent au moment de la repro- duction une crête dorsale et une large membrane natatoire caudale. Ce sont Jà caractères transitoires qui disparaissent ou au moins s’atténuent dans l'intervalle des périodes sexuelles. Capturé au moment de sa pleine activité génitale et maintenu en cap- tivité, le Triton mâle perd rapidement ses attributs sexuels. Chez Wolge vulgaris la crête et les membranes perdent leur turgescence, se déjettent sur le côté, puis diminuent de largeur jusqu'à disparaître à peu près totalement. Cette régression est corrélative de la résorption des spermatozoïdes et d’une atrophie partielle de l'appareil génital tout entier. Par son processus histologique, la disparition de la crête et des mem- branes natatoires rappelle beaucoup la régression des membranes cau- dales des têtards d’Anoures, première manifestation extérieure de la métamorphose. Des travaux récents ont mis en évidence une influence accélératrice remarquable de la thyroïde ou plutôt d'une alimentation dans laquelle entrent des produits d'origine thyroïdienne sur la méta- morphose (1). J'ai donc naturellement été amené à essayer l'effet de la thyroïdine sur les Tritons mâles. Or, j'ai obtenu l'effet inverse de celui LEE 5 (4) Notamment : J.-F. Gudernatsch, Archive f. Entw. Mech., XXV, 1912; — P. Brendgen, Anat. Anz., XLNI, 1914; — G. Cotronei. Roma Rend. Acc. Lincei, - 1914; —R, H. Kahn, Pflüger's Archiv, CLXII, 1916. 19% -: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que j'attendais. Le {raitement thyroïidien empêche la crête et les membranes de disparaître au lieu d'accélérer leur régression. A. — Un groupe de Molge vulgaris mâles, tous pêchés le même jour, et choisis aussi extérieurement semblables que possible, est divisé en deux lots. Les premiers reçoivent une injection d'extrait de thyroïde à la dose de 0 c. c.03 tous les deux jours, puis tous les trois jours et même vers la fin de l'expérience, tous les cinq jours, et cela pendant trente jours; les seconds servent de témoins et ne subissent aucun traitement. Les uns et les autres sont conservés ensemble dans le même aquarium, ce qui a pour effet d’égaliser sur tous les variations de facteurs externes. Les témoins subissent l'évolution habituelle : leur crête et leurs mem- branes perdent leur turgescence; leur bord déchiqueté se régularise; elles diminuent de largeur; vers le vingtième jour, parfois le quinzième, les animaux sortent de l'eau; crête et membranes (y compris la mem- brane natatoire des membres postérieurs) sont bientôt réduites à un mince liséré à bord un peu irrégulier. | Les individus injectés se comportent tout autrement. Pendant les trois ou quatre premiers jours la crête perd sa turgescence, mais elle la reprend ensuite. Il y a done un temps perdu dans l’action de l'extrait de thyroïde. Dans les jours qui suivent, les membranes et la crête se maintiennent presque intactes ou tout au moins ne diminuent qu'avec une très grande lenteur. En tout cas, il y a toujours un contraste abso- lument frappant entre le Triton thyroïdisé et le Triton témoin comparés du trentième au quarantième jour, pe à laquelle j'ai régulièrement arrêté les expériences. à B. — Dans une seconde série d'essais, j'ai interrompu les injections d'extrait vers le quinzième jour. Les crêtes dorsales et caudales se sont alors maintenues intactes pendant quelques jours, puis elles ont com- mencé à régresser. J’ai alors repris l'administration de thyroïdine. La régression des membranes a cessé, mais elles n’ont repris aucun nouveau développement. C. — Enfin, j'ai injecté mes Tritons témoins, dépourvus de crête et de ne après quarante-cinq jours de captivité; le résultat fut absolument négatif. Crête ni membrane ne réapparurent, ce qui con- firme le résultat de l'expérience précédente. De ces expériences je concluerai : l'extrait thyroiïdien favorise de la facon la plus nette la permanence, même après la fin de la période de reproduction, de certains caractères sexuels secondaires des Tritons, mais il ne suffit pas pour en provoquer le développement. Si done, comme il est probable, cette aclion de la thyroïdine traduit expérimen- talement un fonctionnement périodique de la thyroïde, en corrélation avec l’évolution périodique des membranes natatoires des Tritons, il SÉANCE DU 5 JUILLET 795 faut se garder de considérer cette glande comme constituant le seul facteur capable de déterminer l'apparition ou l’involution des particu- larités qui nous occupent. J'ai utilisé un extrait industriel (thyroïdine Chaix), contenant, selon le fabricant, uniquement de l'extrait de thyroïde de mouton et de l’eau _ physiologique. J’opérais donc avec un produit dont je ne connaissais _pas personnellement les circonstances de préparation. J'ai donc cru indispensable de vérifier que l’extrait en question détermine bien chez lës tétards d’Anoures l'effet connu. J'ai en éffet obtenu avec Rana tem- -poraria une accélération très remarquable, parfois foudroyante, de la métamorphose. Cette vérification était d’ autant plus indispensable que je n'ai obtenu aucun résultat au moyen de thyroïde de grenouille (Rana esculenta). Comme il est invraisemblable que le Triton soit insensible à l'extrait de la thyroïde d'une espèce aussi voisine, alors qu'il réagit à celle du mouton, il faut en conclure que l’état et le fonctionnement de la glande varient et que cet organe n’est pas toujours apte à donner un extrait actif. Je note dans cet ordre d'idées et à titre d'indication que les thy- roïdes avaient été prélevées sur des Rana esculenta mâles et femelles en mai, immédiatement après l’accouplement. L'effet contradictoire d’un même extrait sur les membranes natatoires des Tritons et des têtards d’Anoures reste inexpliqué. La thyroïdine accélère la différenciation chez les Anoures. On pourrait dire que l’exis- tence des membranes natatoires des Tritons caractérise un état diffé- rencié. Mais ce n'est là qu'une solution verbale. Je préfère considérer que la disparition des membranes chez les têtards et chez les Tritons ne sont pas des phénomènes physiologiquement comparables. Par ail- leurs, on connaît les relations fonctionnelles de la thyroïde et de la glande génitale et de certains caractères sexuels, les glandes mammuires par exemple. C'est dans cette voie qu'on trouvera l'explication du cas du Triton. CLASSEMENT DES GERMES PYOCYANIQUES PAR LES PIGMENTS, par C. GESSARD. J'exposerai succinctement le classement des germes pyocyaniques d'après les pigments qu’ils donnent dans certains milieux : j'en pourrai présenter les principaux types à l'appui. C'est d'abord quatre races qui se distinguent par les colorations des cultures en bouillon. En effet, tandis que le bacille normal, type de l'espèce, de la race-type aussi, que je désigne par A, produit dans ce milieu deux pigments : le bleu de la pyocyanine et le vert fluorescent, 796 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE on peut trouver dans la nature et réaliser expérimentalement des germes dérivés de ce bacille, mais à ce point dégradés, eux ét leur descendance, que dans ce même bouillon certains ne font que de la pyocyanine, race P; d’autres, que de la fluorescence, race F; d’autres même s'y dévelôppent sans donner de pigment, race $S. En sorte que, pour ces deux dernières races, on pourrait douter qu'elles fussent pyo- cyaniques, si nous n'avions dans l’eau peptonée, solution de peptone pancréatique à 2 p. 100, un milieu où déjà le vert fluorescent ne se. produit pas, où de plus les germes des quatre races donnent de la Pyo- cyanine uniformément. Voici les quatre races dans le bouillon où elles se distinguent:-les voici dans l’eau peptonée où elles se confondent. = C'est ce qui fut d’abord connu. Par la suite on découvrit que des germes identiques aux précédents, au moins dans la culture en bouillon, quand ils étaient transportés dans l’eau peptonée, y donnaient naissance, au lieu de la pyocyanine des premiers, les uns à un pigment noir, les autres à un rouge (1), d'autres à du gris jaunâtre équivalent à l’absence de pigment. C'est cette fois le pigment spécifique manquant dans le milieu même où nous étions accoutumés de Le rechercher et de le rencontrer sûrement. D'autant mieux douterions-nous qu'il pût s'agir de l'espèce pyocyanique, si cette même eau peptonée, solidifiée à la gélose et additionnée de glycérine pour constituer le milieu-réactif : gélose-peptone glycérinée, n'était sous ce nouvel état propre à mani- fester avec tous les germes la pyocyanine qui peut faire défaut dans tous les autres milieux : pyocyanine perceptible directement, sinon à l'extraction chloroformique dans le cas où le pigment nouveau l’offusque par son abondance ou son éclat. Sur les différents aspects des cultures dans l’eau peptonée sont fondées et dénommées les quatre variétés : pyocyanogène Pe, pour la plus ancienne et la plus commune, au pigment bleu de pÿyocyanine; mélanogène M, érythrogène E, achro- mogène O, pour les autres variétés respectivement GERS ESS par les pigments noir, rouge et par l'absence de pigment. Voici les quatre variétés dans l’eau peptonée où elles se distinguent; les voici sur gélose-peptone glycérinée où toutes quatre font de la pyocyanine : pour la variété E le chloroforme est nécessaire à la révélation de cette pyo- cyanine masquée par le rouge prédominant. En bouillon ces variétés (1) Pratiquement j'appelle « rouge », de son terme d’oxydation, le pigment qui reste, comme je lai justement décrit, le «jaune vefdâtre qui passe au rouge avec le temps ». « Noir », pour l’autre pigment, s'applique mieux à la culture Ha d’autres ailieux, dont il n’est pas question ici, qu'à la peptone qui est rouge brun foncé. SÉANCE DU D JUILLET 797 + n'offrent que des aspects déjà connus des races décrites antérieurement, c'est pour nos échantillons : le vert fluorescent de la race F avec l’éry- throgène, l'absence de pigment de la race $S avec la mélanogène, les deux pigments, race À, avec les variétés pyocyanogène et achromogène. Les germes de variétés, distincts en eau peptonée, ont donc des réac- tions communes en bouillon : les quatre variétés y sont susceptibles des quatre races que nous avons appris à connaître avec la variété pyo- cyanogène. Vôici, par exemple, trois de ces races : A, F,S$S, appartenant à la variété O, comme en témoignent les-cultures correspondantes en eau peptonée (1). - Les races homologues des quatre variétés ne présentent pas de diffé- . rences sensibles. La race À de cette variété achromogène O, son germe OA communique au bouillon le même aspect, fait de pyocyanine et de fluorescence mêlées, que le germe PeA de la variété pyocyanogène : ce n’est que dans Peau peptonée que les deux germes se différencient. = De même la culture en bouillon de la race F de cette même variété achro- mogène se confond presque avec ces deux autres d'égale fluorescence, que les colorations des cultures en eau peptonée, bleue et rouge, rattachent aux variétés pyocyanogène et érythrogène. Et ainsi de la race S, sans pigment dont voici trois cultures sensiblement pareilles, dans l’ensemencement en peptone fait reconnaitre les -germes OS, PeS, MS des variétés achromogène, pyocyanogène, mélanogène. Bouillon et peptone, qui nous ont servi jusqu'ici, sont de composition complexe, variable sinon inconnue, et avec une couleur propre. Un milieu incolore, de composition fixe, définie ne fait que mieux ressortir les colorations dues aux cultures. Telle est la solution saline à propor- tions déterminées de succinate d'’ammoniaque, phosphate, magnésie et _ chaux, correspondant au bouillon puisqu'on y peut retrouver les races ; -telle, la solution de suecinate d'ammoniaque, de tyrosine et des sels susdits, correspondant à la peptone puisane les variétés s'y peuvent reconnaitre, C'est, en résumé, seize types de germes ; pyocyaniques que l'emploi coordonné de trois milieux permet de distinguer et de répartir en races et variétés. S'il ne s’agit que d’authentiquer l'espèce, le bouillon suffit pour huit de ces germes, représentants des races À et P des quatre variétés. Pour le même objet il faut l’eau peptonée avec les races (1) J'ai eu les quatre races de la variété mélanogène (Ann. Inst. Past., t. XV, 19014, p. 826) si je n'ai plus aujourd'hui que la race S pour représenter cette variété. Quant à OP, EP,ES qui manquent encore, on les conçoit réalisables comme j'ai réalisé Ru homologues de la variété Pe (Ann. Inst. Past., {. N, 1891, p. 65) à partir de la race A. noue 798 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE F et S de la variété pyocyanogène. Les races homologues de ces der- nières, appartenant aux autres variétés, soil six échantillons en tout, nécessitent seules de recourir à la gélose-peptone glycérinée. Cette gélose-peptone glycérinée est le milieu spécifique où les seize germes peuvent être d'emblée reconnus pyocyaniques. SUR LA CONSERVATION DU FERMENT OXYDANT DES CHAMPIGNONS, par H. HÉRISSEY. En 1896, Bourquelot (1) a indiqué, comme source avantageuse de fer- ment oxydant, une espèce de Ghampignon très commune sous nos cli- mats pendant l'été et l'automne, le Aussula delica (Vaill.), qu’en certaines années on trouve en grande abondance, même dans les environs immé- diats de Paris. Ce Champignon contient des ferments oxydants directs (aéroxydases) doués d'une remarquable activité; il fournit, par broyage et contact avec de l’eau, un macéré susceptible d'agir sur un grand nombre de composés chimiques, en fixant sur ces derniers l'oxygène de l'air et en donnant lieu ainsi, dans la majorité des cas, à des colorations ou à des précipités tout à fait caractéristiques; la tyrosine, par exemple, est oxydée et transformée en un composé noir insoluble par la tyrosinase, qui est un des enzymes spécifiques dont l'ensemble constitue.le ferment oxydant des Champignons. Le suc de Aussula delica ou les macérés aqueux qu'il fournit présentent le grand avantage de ne pas renfermer, à côté des oxydases, de chromogènes sur lesquels celles-ci agiraient pour donner finalement des liqueurs troubles ou très colorées; il n'en est pas de même de la plupart des autres espèces mycologiques, qu'un tel inconvénient rend très difficilement utilisables pour les recherches expérimentales relatives à l’action des ferments oxydants. Bourquelot a d’abord employé le À. delica sous forme de macérés dans l’eau chloroformée (2), susceptibles de conserver leur pouvoir oxydant pendant au moins plusieurs mois, puis il a montré l'avantage qui résulte de l'emploi de la glycérine (3), en remplacement de l’eau chloroformée. En faisant macérer le champignon broyé dans la glycé- rine, dans la proportion de 2 c.c. de glycérine pour 1 gramme de cham- pignon frais, il obtenait, après filtration, des liquides gardant loutes leurs propriétés de façon à permettre facilement d'altendre, d’une année à l’autre, la poussée du champignon, en vue de renouveler la provision 4) Comptes rendus de la Soc. de Biolcgie, (10), t. IT, p. 825, 1896. 2) Comptes rendus de la Soc. de Biclogie, (10), t. UN, p. 893, 1896. (3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, (10), t. IV, p. 45%, 1897. à 14 Ë SÉANCE DU 5 JUILLET 799 nécessaire de ferment. On a d’ailleurs vite reconnu que la conservation des propriétés oxydantes des macérés glycérinés de X. delica s'étendait bien au-delà d'une année. Dans le présent travail, dont les éléments ont été puisés dans le riche matériel du laboratoire de Bourquelot, je me suis précisément préoc- cupé de fixer quelques données précises, au point de vue de la durée possible de conservation du ferment oxydant des champignons, en fai- sant d'ailleurs varier le mode d'obtention de ce dernier, et aussi les conditions de conservation des produits ainsi diversement préparés. J'ai expérimenté : 1° sur des macérés glycérinés, obtenus comme cela a été indiqué plus haut; 2° sur des sucs de Aussula delica ; 3° sur des produits solides obtenus par dessiccation à basse température. Les macérés glycérinés avaient été préparés par divers travailleurs, un petit nombre seulement par moi-même; ils étaient conservés dans une armoire obscure, en flacons à peu près complètement remplis, bou- chés au liège. J'avais préparé personnellement les sucs, en opérant de la facon suivante : le champignon frais, en bon état de conservation et bien exempt de larves, était découpé en fragments d'environ 1 c.c. qu'on - introduisait dans une ampoule à décanter de capacité convenable ; on versait ensuite dans l'ampoule un volume d’éther égal au cinquième environ du volume occupé par le champignon; on constatait qu'il se faisait rapidement une exsudation de suc, qui venait se rassembler à la partie inférieure de l'ampoule, d'où on pouvait l’extraire par soutirage. Le suc ainsi obtenu était : a) ou bien enfermé dans un tube de verre qu'on scellait après avoir ajouté une petite quantité d’éther bien neutre; b) ou additionné de son volume d’eau et conservé dans les mêmes con- ditions ; c) ou additionné de glycérine et conservé également en tube scellé. Les tubes étaient tous incomplètement remplis ; pour un cerlain nombre, on avait pris soin, avant le scellement, de vider les tubes d'air au moyen de la trompe à eau. Une partie des tubes était conservée à _ l'obscurité, les autres étaient laissés à la lumière diffuse. Le ferment oxydant avait été obtenu sous forme solide (1) en mélangeant du suc de champignon exsudé par l’éther avec deux fois son poids d’une solution stérilisée de gomme arabique dans son poids d’eau et séchant le mélange sur des verres de montre à la température de 30-33°. Le produit avait été conservé tel quel, sans être séparé de son support, à l'obscurité enveloppé dans plusieurs doubles de papier à filtrer. Pour vérifier l'activilé des diverses préparations de ferment oxydant _ qui viennent d'être mentionnées, j'ai employé, comme réactifs, le gaïa= col en solution aqueuse saturée, le pyramidon en solution aqueuse à 2 grammes pour 100 c.c., la tyrosine en solution aqueuse à 0 gr. 50 pour 1.000 c.c. (1) Voir Bourquelot. Journ. de Pharm. et de Chim., (6), XXIV, p. 165, 1906. - BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 58 800 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les macérés glycérinés essayés avaient été préparés avec le À. delica en 1899, 1901, 1902, 1903, 1913 et années suivantes ; il y avait généra- lement plusieurs échantillons pour la même année, le macéré ayant été réparti en plusieurs flacons après sa préparation. Les sucs, conservés en tube scellé, avaient été préparés en 1904 et en 1905. Les propriétés : oxydantes,touchant les trois réactifs utilisés, étaient encore en juin-juillet 1919 rémarquablement conservées dans ces macérés et dans ces sucs, sauf toutefois dans ceux de ces derniers qui avaient été additionnés d’un volume d’eau au moment de leur préparation et dans ceux qui, par bri- sure accidentelle de la pointe du récipient, avaient subi, depuis un temps indéterminé, le contact de l'air incessamment renouvelé. On pouvait encore constater une action nette sur la solution de gaïacol, à la dose de 1 c.c. de macéré où de suc pour 100.000 c.c. de réactif. Au milieu d’un lot de ferment très actif, on a parfois, exceptionnellement, rencontré un échantillon d'activité nulle ou très diminuée ; ïl y a peut- être lieu de chercher l'explication de ce fait dans l'emploi d'un vase où d'un bouchon insuffisamment nettoyés, ayant apporté une impureté nocive pour le ferment. Par contre un macéré glycériné préparé en 1913 à partir d’une espèce différente, le Æ. Queletii Fr., était devenu à peu près complètement inactif. Des échantillons de produits solides obtenus en 1904, comme cela a été indiqué, avec de la gomme et du suc de Russula delica avaient égale- ment perdu leur activité. Conclusion. — On peut facilement conserver pendant un grand nombre d'années, le ferment oxydant des Champignons, sous forme de macérés glycérinés ou de sucs, dont le Aussula delica fournit la matière première. Il est remarquable de constater que les produits fermentaires ainsi obtenus peuvent garder leur activité pendant plus de 20 ans. Au point de vue pratique, on voit combien il est facile d'avoir constamment à-sa disposition un réactif biologique oxydant d'une très grande activité, dont la valeur et l'importance ont été démontrées au cours des rom- breuses recherches publiées A son sujet. SUR LES MODIFICATIONS MORPHOLOGIQUES QUI SE PASSENT DANS LÉ SANG DES MAMMIFÈRES AU MOMENT DE LA NAISSANCE, par J. JOLLy. Le sang des embryons de mammifères, jusque dans la dernière période de la vie intra-utérine, est ordinairement assez pauvre en leuco- , lb: Dash ét Ce | TT % 4 à 4 L0 SÉANCE DU D JUILLET 801 cytes, comme j'ai eu l'occasion de le montrer avec M. Acuna (1). Le fait est surtout frappant chez les petits mammifères, chez le lapin, le cobaye et le rat, chez lesquels il existe des différences très nettes entre le fœtus à terme et l'animal nouveau-né au point de vue du nombre des leuco- cytes dans le sang de la circulation générale. D'après l'examen d’un grand nombre de rats, je trouve, par exemple, comme moyennes : Sang des fœtus à terme . . . 1.366 leucocytes par millim. ec. (sang du cœur). Sang des animaux nouveau- 2.280 leucocytes (sang de la section du cou). nés le jour de la naïssance. / 2.766 leucocytes (sang de la section de la queue). Ii semble donc qu'au moment de la naissance, sous l'influence de l'établissement de la circulation pulmonaire, il se fasse, dans le sang, un appel de globules blancs. J'ai fait, chez le rat, l'expérience très simple qui consiste à extraire d’une femelle pleine les fœtus vivants et . à examiner le sang de ceux-ci immédiatement et au bout de quelques heures. On choisit une femelle pleine prête à faire ses petits. Les fœtus sont extraits par laparotomie de la mère. Au moment où on vient de les extraire, ils sont violacés, mais les mouvements respiratoires ne tardent . pas à se produire, et la peau prend une couleur rosée qui indique que la circulation pulmonaire s’ést bien établie. On examine à ce moment le sang d’un ou plusieurs fœtus et on examine le sang des autres après des intervalles de temps plus ou moins éloignés. On compare les résultats donnés par Les numérations. Les différences sont assez nettes. Exp. I (25 octobre) : Moy. des numérations faites pendant les 5 premières minutes après l'extraction. 1.835.000 hématies, . 600 leucocytes. Moy. des numérations faites de 20 minutes a dheure-après l'extraction. . . : .. 2.238.300 hématies, 1.130 leucocytes. Exp. II (29 Janvier) : Aussitôt après l'extraction . : . . . . . . 2.860.000 hématies| 600 leucocytes. 166 0eminutes apres 2 0 Le .400.(00 hématies, 1.300 leucocytes. ADO MeURES Apres 2.893.000 hématies, 1.600 leucocytes. De 1 heure à Exp. I (31 janvier) : 0] = Ex 30 minutes après l'extraction. -. . . . . . 2.121.500 hématies, 900 leucocytes. CHNEULRESÉADLES SR ANG mA Met 2.655.000 hématies, 1.800 leucocytes. Exp. ÀV (5 février) : 15 minutes à 1 heure aprés l'extraction . 1.938.000 hématies, 800 leucocytes. 1 à:8“heures Après... … . . .. + 2.131.500 hématies, 1.250 leucocytes. (1) . Jolly et M. Acuna. Les leucocytes du sang chez les embryons de mammifères. Congrès de Buenos Aires, 9 avril 1904, et Archives d'anatomie ._ microscopique, t. VII, fase. 2, 30 janvier 1905, p. 257. 802 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il se produit donc, au moment de la naissance, chez ces animaux, une augmentation assez brusque du nombre des leucocyles dans le sang, qui est vraisemblablement en rapport avec l'établissement de la circulation pulmonaire : il se fait un appel de ces cellules soit des tissus, soit simplement de certains territoires où elles étaient accu- mulées. Le nombre des globules rouges augmente aussi, en général, comme cela a été montré depuis longtemps, dans des conditions ana- logues, chez le lapin, par Cohnstein et Zuntz. Cette augmentation du nombre des hématies, chez le rat, continue les jours suivants, et jusqu'à l'époque de la maturité sexuelle, comme j'ai déjà eu l’occasion de le montrer (1). Il en est de même pour les leucocytes. Je trouve, par exemple, comme moyenne d’un nombre considérable d'examens, con- cernant plus de 50 individus : SANG CENTRAL SANG PÉRIPHÉR'QUE ARS TOUT ER ee 2,280 2.166 S9 JOUR et ere 1.950 3.240 AHEjour 2 ee es 5.666 JOEL NES A de ON 1.400 GOÉSJOUL re me » 6.866 DÉS VAN RS OT be PO à » 10.600 Cette augmentation progressive, au cours de la vie, toujours beau- coup plus considérable dans le sang périphérique que dans le sang central, ne peut guère s'expliquer que par un afflux progressif des tissus hémopoïétiques et surtout de la moelle osseuse. | MYXOSARCOME ET ACARIENS CHEZ UNE POULE, par L. MERCYIER et C. LEBAILLY. Les Oiseaux, tout comme les Mammifères, sont sujets au Cancer et on a signalé chez eux des types variés de tumeurs cancéreuses. : La Poule, en particulier, paraît être un matériel de choix tout aussi favorable que la Souris pour l'étude expérimentale du cancer; car, comme Tyzzer et Ordway (1909) (2) l'ont fait remarquer, les tumeurs sont fréquentes chez cet Oiseau et facilement transplantables. En effet, . (4) 3. Jolly. Variations du nombre des globules rouges au cours du déve- loppement. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 mars 1906, t. LX, p. 564, et 23 janvier 1909, t. LX VI, p. 137. (2) E. E. Tyzzer et Ordway. Tumors ‘in the common Fowl. Journ. of Med. Res., t. XXI, 1909, p. 459. ALES ; SÉANCE DU 5 JUILLET 803 indépendamment des cas de myxosarcomes rapportés par ces deux auteurs, nous rappellerons pour mémoire que Pick (1903) et Max Koch (1904) ont signalé des carcinomes du pharynx, que différents types de sarcomes ont été décrits par Tytler (1913), Rous (1911), Fujinami et Inamoto (1914). | Récemment, nous avons eu l’occasion d'observer un nouveau cas de tumeur cancéreuse chez une Poule qui, malade depuis quelques jours, venait d'ètre sacrifiée. L'animal était maigre, son ovaire peu développé pe renfermait pas de gros ovocytes. À l’autopsie, nous avons trouvé dans la cavité abdominale une tumeur du volume d’une noix. La tumeur _ élait située à la base du rein droit, mais nettement séparée de celui-ci; elle adhéraïit à la paroi du sac aérien correspondant. Dans toute son épaisseur, la tumeur présentait une leinte rouge-brique et elle était richement vascularisée. L'étude histologique nous a montré qu'il s'agissait d'un myxosarcome. Cette Poule était parasitée par de nombreux Acariens que nous avons reconnu appartenir à deux espèces différentes de la famille des Sar- coptidæ (1). Dans le tissu conjonctif interfasciculaire des muscles du thorax, et surlout des cuisses, vivaient de nombreux Zaminastoptes cysticola (Viz.); l'appareil respiraloire, y compris les sac aériens, était envahi par de nombreux Cytolichus nudus (Viz.). ’ Or, on sait que Borrel (1907-1908-1909-1910) à émis une hypothèse très séduisante au sujet du rôle possible que certains Acariens pour- raient jouer dans la genèse des tumeurs cancéreuses chez l'Homme et chez les Mammifères. Il suggère que ces Invertébrés pourraient être susceptibles d’inoculer le virus cancéreux, si virus il y a, en bonne place, c’est-à-dire dans des cellules réceptives. Bien que cette hypothèse ait été combattue par certains auteurs (Tsunoda, etc.), nous nous demandons s’il n’y a pas lieu d'envisager, au sujet du cas particulier que nous venons de rapporter ci-dessus, une relation de cause à effet entre l'infection à Cytolichus nudus et l'existence du myxosarcome. Cette hypothèse nous paraît devoir d’autant plus retenir l'attention, qu'un certain nombre d'auteurs (Rous, Tytler, etc.) auraient réussi à provoquer en séries l'apparition de tumeurs chez des Poules en leur inoculant, non plus des cellules cancéreuses intactes, maïs du filtrat de tumeurs. Le Cytolichus nudus n’aurait-il pas joué le même rôle que l'aiguille d’une seringue de Pravaz chargée du produit de filtrat d’une tumeur? (Laboratoire de Zoologie de la Faculté des Sciences de Caen.) (1) Détermination et Nomenclature du « Tierreich », 7. Lieferung: Demo- _ dicidæ and Sarcoptidæ (Canestrini et Kramer). 804 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE LA LEVURE VIVANTE PROVOQUÉ-T-ELLE LA FERMENTATION DU SUCRE UNIQUEMENT PAR SA ZYMASE ? par J. Graga. Pour expliquer l'énorme différence entre les pouvoirs fermentatifs de : la levure vivante el de la zymase qu'on peut en extraire, Buchner (4) admet que la levure en repos ne contient que des traces de réserve de zymase ; comme la levure produit en présence de sucre une fermenta- tion intense, il s'ensuit que la levure produit dans ces conditions de fortes quantités de zymase. Si, d'autre part, en toluénisant la levure en pleine activité on ne trouve pas, ainsi que je l’ai constaté, un pouvoir fermentatif différent de celui trouvé pour la levure toluénisée en repos, cela tient sans doute, d'après les idées de Buchner, à ce que la zymase est dans ce cas détruite par l’endotrypsine, sans qu'il y ait compen- sation comme dans la levure vivante par une nouvelle formation de zymase. ; J'ai entrepris des recherches dans le but de savoir si l'énorme différence qui existe entre le pouvoir fermentatif de la levure vivante, d’une part, et celui de la levure toluénisée en repos ou en pleine activité, de l’autre, pou- vait être expliquée par une différence de la teneur en zymase de la levure dans ces différentes conditions, ainsi que le voudrait la théorie de Buchner. Une levure qui, toluénisée en repos, ne possède qu'un faible pouvoir fer- mentatif lorsqu'on la met en présence de sucre, se montre environ 20 fois plus active sans toluène. La teneur de cette levure en zymase aurait donc augmenté de 20 fois en passant du repos en activité. Il s’agit de savoir en quel espace de temps cette forte augmentation de la teneur en zymase aurait lieu. Pour cela mesurons l’activité fermentative de la levure à partir du moment où on la met au contact du sucre. Dans mes expériences à ce sujet, la levure vivante débute par un haut pouvoir fermentatif qui toutefois n’atteint pas immédiatement son maximum. Celui-ci peut être déjà atteint au bout de 30 minutes environ. Pendant les 10 premières minutes l’activité fermentative est déjà 10 fois plus forte que celle de la levure toluénisée. Le maximum d'activité étant atteint, toluénisons la levure en pleine activité. On constate que, pendant la première demi-heure qui suit la toluénisation, le pouvoir fermentatif tombe à 14 p. 100 environ, et pen- dant la demi-heure suivante à 6 p. 100 pour ne plus s'éloigner que très lentement de celte valeur, suivant l’allure générale des actions fermen- (4) Buchner, H. Buchner und M. Hahn. Die Zymasegärung. München, 1903, p. 86. SÉANCE DU D JUILLET 805 taires. Dans ce cas il y aurait eu en 50 minutes destruction de 86 p. 100 de la teneur en zymase de la levure, et de 94 p. 100 en 1 heure. Mais la majeure parlié de la zymase étant détruite avec une telle rapidité, le reste de zymase resterait longtemps presque intact, et, chose remar- quable, ce faible pouvoir fermentatif qui persiste après la toluénisation en pleine fermentation estpréeisément égal à celui que possède la levure toluénisée en repos. Par conséquent, si on attribuait la diminulion du pouvoir fermentatif de la levure toluénisée en pleine activité à une destruction de la zymase par l’endotrypsine, il faudrait admettre pour ce dernier ferment une. facon d’agir toute particulière (action pour ainsi dire explosive au début qui s’arrêterait presque aussitôt après). Le court espace de temps nécessaire à la levure pour atteindre d’une part son maximum d'intensité fermentative lorsqu'on la met en présence de sucre, et de l’autre son minimum lorsqu'on la toluénise en pleine activité, doit avoir d’autres causes qu'un changement de la teneur de la levure en zymase. Par exemple,'si par toluénisation le pouvoir fermentatif, tout en tombant brusque- ment, n’atteint pas instantanément le niveau à peu près constant, la cause en est non pas qu'il faut un certain temps à l’endotrypsine pour détruire la zymase qui aurait été formée pendant l’activité de la levure, mais qu'il en faut au toluène pour que son actionsur la levure ait atteint son intégrité. En effet, en mettant, en contact la levure au même moment avec le sucre et le toluène on constate, tout comme pour la levure toluénisée en pleine activité, qu'immé- diatement après la toluénisation le pouvoir fermentatif est plus fort qu’à la suite. Or, ici 1l ne peut s’agir de destruction de zymase formée par contact avec le sucre, puisque la levure était en repos au moment où on l’a toluénisée, mais de la destruction de quelque chose que la levure possédait en repos, dépendant probablement de sa joe et exigeant quelques instantspour être Pme aboli. D odant la théorie de Buchner, H. Pringsheim (4) invoque, à côté -des arguments déjà connus, l'hypothèse que la toluénisation entraverait le contact du sucre avec ia zymase. J'ai déjà noté (2) que le suc digestif d'Helix pomatia dissolvait la membrane du globule de levure. Une telle levure est, pour ainsi dire, ouverte au milieu qui l'entoure, à en’ juger par la pénétration presque instantanée à son intérieur des ferments attaquant le glycogène. Or, cette levure perd également la majeure par- _tie de son pouvoir fermentatif par toluénisation. En résumé, les faits mentionnés rendent peu probables les arguments invoqués dans l’hypothèse qui donne à la zymase tout le pouvoir fer- - (1) H. Pringsheim. Zur Theorie der alkoholischen Gärung. Biologisches Zen- tralbl., 33, 501, 1913. (2) j Giaja. Sur l’action de quelques ferments sur les De de carbone de la levure. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXVII, p. 2, 1914. 806 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mentatif de la levure vivante. Le faible pouvoir fermentatif de la levure toluénisée, par rapport au pouvoir fermentatif de la levure vivante, ne peut être attribué à la capacité de la levure d'augmenter ou de dimi- nuer selon les circonstances de 20 fois sa teneur en zymase en de courts espaces de temps, pas plus qu’à un manque de contact du sucre avec la zymase. Ea | état actuel de notre connaissance il n’y a guère que 5 p. 100 eawi- ron de l’activité fermentative de la levure vivante qui peuvent être considérés comme dus à la zymase et rien n'autorise à attribuer à ce .ferment tout le pouvoir fermentatif de la levure vivante. À PROPOS DE LA COMMUNICATION DE M. H. BtERRY : « RATION D'ENTRETIEN. RÔLE FONCTIONNEL DES HYDRATES DE CARBONE » (1), par F. Macon. Dans sa communication du 17 mai 1919, sur la « Ration d'entretien et le rôle fonctionnel des hydrates de carbone », M. H. Bierry a émis des critiques sur mes recherches relatives au rôle des graisses dans l'utilisation des albuminoïdes, et cela sur la simple lecture de mes notes à l'Académie des Sciences et à la Société de Biologie, sans avoir pris conniissance du travail d'ensemble que j'ai publié, en mai 1919, sur cette question (thèse de doctorat ès sciences, Lyon, 1919). Or, il est impossible, dans de courtes notes, d'exposer d'une manière complète des sujets aussi vastes; aussi je prie M. Bierry de bien vouloir lire mon travail dans lequel il trouvera traités les différents points auxquels ila fait allusion dans sa note. Néanmoins, je répondrai ici très brièvement, aux critiques que M. Bierry a formulées sous les trois rubriques: 1° Bibliographie ; 2 Rôle des graisses dans le métabolisme des protéiques, rôle des sucres ; 3° Purelé des produits. 1° Bibliographie. — Le reproche d’une bibliographie incomplèten’est guère fondé, lorsqu'il s'agit de notes à l'Académie des Sciences et à la Société de Biologie. M. Bierry trouvera relatées dans ma thèse les recherches constituant les étapes essentielles des questions traitées. Toutefois, une omission est toujours possible, et elle est excusable lorsqu'il s'agit d'un travail rédigé en période de guerre, sur le front des armées. 2° Rôle des graisses dans le métabolisme des protéiques ; rôle des sucres. — M. Bierry me fait dire que les « sucres ne jouent aucun rôle dans le (4) Séance du 17 mai 1919. SÉANCE DU 5 JUILLET 807 métabolisme des protéiques ». Telle n'a jamais été ma pensée. Qu'il veuille bien relire mes notes, et il verra que les conclusions de mes expériences, exprimées à plusieurs reprises, sont formulées comme suit : L'utilisation des albuminoïdes est meilleure avec les DNS qu'avec les hydrates de carbone. Cette théorie accordant aux graisses, contrairement aux idées de M. Bierry, le rôle essentiel dans l’utilisation des protéines, el aux hydrates de carbone un rôle accessoire, est basée non seulement sur les expériences d'alimentation ovalbumine-graisse, ovalbumine-amidon, mais aussi sur les résultats obtenus dans l’alimentation exclusivement protéinique (ovalbumine, fibrine, caséine). Cette pou, pour être, au dire de M. Bierry, « nouvelle et inat- tendue », n’en est pas nécessairement inexacte. Elle est au contraire tout à fait conforme aux résultats pratiques obtenus par les zootechni- ciens dans les expériences d'alimentation du bétail. Elle explique, en outre, les effets cliniques des corps gras dans les maladies cachecti- _santes accompagnées de dénutrition azotée (diabète, tuberculose). _ Les théories bio-chimiques actuelles sur l’acidose, ainsi que nos con- naissances sur les vitamines et les facteurs À et B de Mc Callum, tout en - présentant le plus grand intérêt, contiennent encore trop d’inconnues, pour que soit justifiée la prétention de M. Bierry d'interpréter des résultats expérimentaux précis à l’aide de ces données incomplètes. De même la question de l’action d'épargne des graisses et des hydrates de carbone vis-à-vis de l’albumine est encore pleine d’obscurité. Pour- quoi ce phénomène est-il prépondérant avec les hydrates de carbone chez les sujets sains, tandis que ce sont les graisses qui combattent le plus efficacement la dénutrition azotée dans le diabète et la tubercu- lose ? - 3° Purelé des produits. —M. on joue sur les mots. Tout le monde sait que lorsqu'il s'agit de matières protéiques, le mot pureté ne saurait être pris au sens absolu. D'ailleurs, comme le fait remarquer mon con- tradicteur, j'ai eu le soin d' indiquer exactement la nalure, l'origine et les conditions d'emploi des substances utilisées. Peu importe que les protéines contiennent, sous des états divers, comme je l’ai d’ailleurs exposé dans l'introduction à mes recherches, une petite quantité d’élé- ments hydrocarbonés, et la caséine, des traces de lactose. Les conclu- sions de mes expériences ne sauraient en être modifiées. De même j'ai montré que l'infériorité de l’amidon vis-à-vis des graisses, dans l’utilisation des albuminoïdes, ne peut être une question de vitamine ou de facteur À et B de Mc Callum. Faute de place, je ren- voie le on pour plus de détails, à mon travail d'ensemble. En conséquence, je me crois autorisé à maintenir toutes mes conclu- sions. 803 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE M. H. BiErRY. — Après lecture de la thèse de M. Maïignon — je remercie M. Maignon d’avoir eu l’amabilité de m'envoyer son travail — je n’ai aucune modification à apporter à ma note du 24 mai 1919: bien plus, j'aurais eu de nouvelles critiques à présenter : concernant, d’abord, l'absence complète, dans l'étude de M. Maignon, de toute ébauche de bilan azoté qui seule eût pu donner un commencement de probabilité à cette affirmation ‘« que c’est le rapport adipoprotéique qui règle l’utilisation de l'azote »; ensuite, le manque absolu de preuves touchant « la transformation d’une albumine en graisse », ete., si ces critiques n'avaient été faites par E.-F. Terroïine (1), ici même, dans la séance du 31 mai 1919. ONYCHOMYCOSES PROVOQUÉES PAR UN CHAMPIGNON DU GENRE SCOPULARIOPSIS, par À. SARTORY. Dans huit cas d'onychomycoses, nous avons pu déceler un cham- pignon du genre Scopulariopsis. Nous résumons ici les principales recherches effectuées par nous depuis plus d’une année. Aspect du parasite dans la lésion. — En pratiquant des coupes dans l’ongle malade, dans des débris d'ongles coupés avec les ciseaux ou détachés par simple raclage avec un scalpel et traités ensuite par la solution de potasse caustique à 40 pour 109, nous constatons en certains points une infiltration de filaments irréguliers, grèles, larges de 245 à 9 et 10 », cloisonnés. En faisant varier le champ microscopique, nous trouvons des formes de souffrance représentées par des chlamydospores de fortes dimensions, le plus souvent terminales, rarement interca- laires, mesurant de 15 à 32 y de diamètre, et quelques conidies. Culture du parasite. — Nous avons obtenu le parasite en culture pure par la méthode des boîtes de Pétri en gélose de Sabouraud. Il était accompagné plusieurs fois de staphylocoques et de streptocoques, une fois d'un bacille ressemblant par ses caractères morphologiques et biologiques au Pneumobacille. Ce champignon pousse bien sur Pomme de terre ordinaire, pomme de terre acide, pomme de terre glycérinée, sur carotte, gélose au salep, milieu de Sabouraud, gélatine liquide de Raulin saccharosé, glucosé, galaclosé, maltosé, sur décoction de pruneaux. I: végète également fort bien sur banane, sur amidon de riz; il pousse mal sur arlichaut, albumine d'œuf et sérum de bœuf coagulé. (1) Émile. F. Terroine. Sur une nouvelle conception du rôle des divers aliments dans la nutrition. Observations à propos des recherches de M. Mai- gnon. Cemptes rendus de la Soc. de Biologie, 31 mai 1919. SÉANCE DU 5 JUILLET ce 809 ee Caractères morphologiques du champignon. — Mycélium clair d’abord blanc, puis conte on jaune tirant sur le brun, mais jamais couleur cacao, de 0 y 5 à 1 5, très ramifié, et ayant des tendances à s’agréger. Sur le mycélium se do des conidiophores, parfois assez différen- ciés pour mériter le nom de phialides; ils se terminent par une pointe effilée sur laquelle naït un chapelet de conidies sphériques yamais ornées, mesurant de 4 à 5 w (température de + 22°). Comme dans l’espèce décrite par Prumpt et Langeron, 1910 (Scopu- lariopsis brevicaulis var. hominis), on observe sur certains milieux et en particulier sur milieu maltosé, gélosé ou glucosé des vésicules volu- mineuses et sériées, intercalaires le plus souvent, quelquefois termi- nales; certains de ces organes peuvent atteindre jusqu'à 130 & de diamètre. Ce caractère n’est d’ailleurs pas spécial à cette espèce, beau- coup de champignons inférieurs présentent cette même anomalie. Caractères biologiques. — Le Scopulariopsis que nous étudions liquéfie la gélatine au bout de 5-6 jours; sur gélose nous ne remarquons aucune dislocation ni liquéfaction. L'albumine d'œuf n’est pas liquéfiée même après un mois et demi, pas plus que le sérum de bœuf n’est coagulé. L'amidon de riz n’est pas attaqué. Le lail est coagulé le dixième jour; le vingtième jour la caséine est complètement précipitée et commence à subir la peptonisation. Le glucose est dédoublé, le saccharose est consommé, mais nous ne con- slatons pas de production d’invertine, le maltose est également dédoublé. . Le lactose, le galactose, ne subissent aucune transformation. Nous poursuivons, à l'heure actuelle, l'étude Se de ce parasite. ‘Ce Scopulariopsis n’est certainement pas le même que celui décrit par Prumpt et Langeron et connu sous le nom de SDUMAONMES brevi- caulis var. hominis. Nous avons pu nous en rendre compte assez facilement, car dans deux cas d'onychomycoses nous avons isolé une espèce correspondant à la diagnose de S. brevicaulis var. hominis. Ge dernier champignon ne liquéfiait pas la gélatine et ne coagulait pas le lait. Ses conidies étaient brun cacao, presque toujours ornées, sphériques et parfois moniliformes. Néanmoins, nous le considérons comme une espèce très voisine. Le Gérant : O. PoRÉE. Paris. — [Imprimerie de la Cour d'appel, L. Mareraeux, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU BerrancourT (N. de): Sérum frais et sérum inactivé dans le séro-dia- onostic de la syphilis 2 OUUPÈE EST ESS) SOMMAIRE 811 Caamry (Cn.) et Cozce (P.) : Sur. une corrélation entre la glande du jabot du pigeon et les glandes géni- tales Gzey (E.) : Sur l’action hémoly- tique du sang des jeunes anguilles encore transparentes. . . . .. . .. Maurrac (P.), GaBouarT (P.) et Mou- REAU (M.) : Recherches expérimen- tales sur la fragilité leucocytaire. . SaarPpey ScHarer (Elw.): Sur le rôle du vago-sympathique chez le chat UP RE Re Ne hate su teetene) te sie te ose eRralre lo rnetrente rtees ce dei ere een 818 817 813 Réunion biologique de Barcelone. (Séance de mai 1919.) Marino (F.) : De la culture du bacille tétanique en présence de la tuberculine. Procédé de dosage de la tuberculine. Mario (F.) : bacilie tétanique en présence de la tuberculine. Détermination du pou- _ 821 De la culture du, voir antitoxique des sérums anti- tuberculeux PF CROOI OO TT ANMIOMENEOSE) ROssENDO CARRASCO 1 FORMIGUERPA : Appareil pour déterminer clinique- ment la tension du CO? de l'air AIMÉ OIAITE RE EN RP EN Ne nent Trias (J.)\ : Modifications de la motilité et de la sensibilité sur un cas de laminectomie exploratrice. (Séance de juin 1919.) Barnizs (P.) : Les éléments héré- ditaires dans le langage Bossan (E. A.) Complications broncho-pulmonaires graves de la grippe, traitées par injections intra- trachéales de sérum antipneumo- et antistreptococcique. . . . . . .. Duran 1 Reinazs (F.) : Anaphy- laxieretoestationt Are Marino (F.) : De la culture du B. tétanique en présence de la tu- bérculiness. Ne eee SALVAT NAvARRO (A.): Bactériothé- rapie préventive contre les com- plications de la grippe épidémique. de. 0e + + Présidence de M. Gh. Achard, vice-président. 811 828 829 830 832 SÉRUM FRAIS ET SÉRUM INACTIVÉ DANS LE SÉRO-DIAGNOSTIC DE LA SYPHILIS, = par NIcOLAU DE BETTANCOURT. D'innombrables modifications ont été proposées à la technique de la réaction de Wassermann, les unes tendant à rendre cette méthode plus sensible, les autres cherchant avant tout à la rendre plus simple. En fin de compile, on peut affirmer d’une manière générale, qu’au point de vue de la sûreté des résullats, aucune de ces modifications ne vaut la BrozouiEe. CoMpTtESs RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 59 812 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE technique classique, perfectionnée comme elle l’est à présent par quel- ques éléments de contrôle. On a cependant constaté dans le cours de ces études que l'emploi du sérum non chauffé — modifications de Hecht et leurs variantes (Benard et Joltrain, Weinberg), Bauer (Latapie), Noguchi (première forme), Stern, Tschernogubow, etc., — augmentait la sensibilité de la réaction, de sorte qu’un certain pourcentage de sérums syphilitiques donnant des résultats douteux ou négatifs quand ils étaient inactivés, réagis- saient positivement par l'emploi de quelques-unes de ces méthodes. Malheureusement, comme j'ai eu l'occasion-de le constater moi-même dans l’étude comparative que j'ai faite, ce que l’on gagnait en sensi- bilité, on le perdait en rigueur, et les réaclions non spécifiques étaient relativement fréquentes. 7 Dernièrement sont apparues de nouvelles variantes qui cherchaient à corriger cet inconvénient des sérums frais, et entre autres les méthodes de Ronchèse et de Gradwohl, basées toutes deux sur la détermination préalable (pendant le premier temps de la réaction) du pouvoir hémoly- tiques du sérum à examiner, sur les globules rouges de mouton. C'est la seconde de ces méthodes, qui peut être considérée comme une variante de la réaction de Hecht déjà modifiée par Weinberg, que j'ai voulu essayer, parce qu'elle me semblait réaliser plus SniEnen le desideratum. Le résultat de cette étude comparative faite sur un oi dé 2e 400 sé- rums peut se résumer comme suit : Réaction Hecht-Weïinberg-Gradwohl. . . Plus sensible dans 18,6 p. 100 des cas. Réaction Wassermanñn . . . . . . . .. . Plus sensible dans 6,5 p. 100 des cas. Résultats Concordants 902220 « - + .! dans 714,8 p. 100 des cas: Dans 4,7 p. 100 des cas, le manque absolu d'hémolysine pour les glo- bules de mouton a rendu impossible la réaction avec le sérum frais. Sans en arriver à affirmer avec Gradwohl que sa mélhode résout tous les cas douteux de la technique classique, je puis cependant cer- tifier que, quelquefois, le résultat franchement positif ou complètement négatif de la réaction Hecht-Weinberg-Gradwohl permet réellement d’éclaircir dans un sens ou dans l'autre les Wassermann douteuses (avec plus de 70 p. 100 d’hémolyse). D'un autre côté, la valeur séméiologique de la réaction de Wasser- manu négative dans le sens d’exclure l'existence de la syphilis, est sen- siblement renforcée par un résultat analogue donné par la H.-W.-G. Pour ces raisons, dans le séro-diagnostic de la syphilis, j'emploie systématiquement ces deux méthodes, dont l’une sert, pour ainsi dire, de contrôle à l’autre. L’excès de travail qui en découle se trouve, à mon avis, largement compensé par le surcroît de rigueur obtenue dans les résultats. SÉANCE DU À JUILLET 813 Le discrédit immérilé du séro-diagnostie de la syphilis, indiscutable- ment la plus brillante conquête de la séméiotique de laboratoire dans le cours de ces vingt dernières années, provient un peu des conclusions erronées que les praticiens en ont quelquefois tirées, mais surtout de l’adoption, par des analystes ignorants ou peu scrupuleux,.de techniques simplifiées, mais imparfaites. (Travail de l'Institut” Camara Pestana, de Lisbonne.) RECHERCHES EXPÉRIMENTALES SUR LA FRAGILITÉ LEUCOCYTAIRE. Note de Pierre Mauriac, P. CaBouarT et M. MouREAU, présentée par M. WEINBERG. Nous nous sommes servis de la technique exposée le 5 avril 1949 à la Société de Biologie : Examen à l'hématimètre du sang dilué avec une solution hypotonique citratée, contenant 0 gr. 2 pour 1.000 de bleu de méthylène ; numération des globules blancs colorés en bleu, au bout d'un temps donné. L'indice de fragilité leucocytaire sera le rapport du nombre des globules blancs détruits (colorés), n, au nombre total des globules blancs, N. n X 100 N Nos numérations ont été faites au bout de 2 minutes de séjour dans la solution suivante : |: Chlorure de sodium . : : : du Lo. 0 gr. 5 Citrate de soude ne ee orne. 1 gr. Bleu de A eo OR SA en 0 gr. 2 TH RE AC EONEeRREUe CAR ARE CA SES SSI UE Chez le cobaye soumis à une alimentalion normale, l'indice de fragi- lité leucocytaire subit peu de variations. Nous avons étudié les varia- tions entraïnées par l'injection de diverses substances médicamen- teuses ; il est alors indispensable de faire des examens fréquemment répétés. : Nous classerons nos expériences en trois groupes. Groupe 1 (voir courbe). — Cobaye ayant recu une injection hypo- - dermique de 1/4 de c.c. de sérum antidiphtérique. Ce type de réaction est sensiblement le même, que l’on injecte du sérum antidiphtérique, du vaccin TAB, de l’essence de térébenthine ou des mélaux colloïdaux (collobiases Dausse, colloïdes Clin). GROUPE 2. — Sujets ayant recu une injection hypodermique (cobaye), intraveineuse (homme) de novarsénobenzol Billon. 814 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Groupe 3. — Cobaye ayant recu 1 c.c. de toxine diphtérique diluée au 1/100°, en injection hypodermique, guérison ; et cobaye ayant recu une injection intrapéritonéale de 3 c.c. de culture associée de staphylo- coque et de coli-bacille, suivie de mort. De l'examen de ces courbes se dégagent quelques conclusions qui confirment en partie et complètent les recherches antérieures sur la fragilité leucocytaire (Manoukhine, J, Carles, Pierre Mauriac, Secousse, M. Condat). I. — Les injections d'essence de térébenthine, de sérum antidiphté- rique, de vaccin TA B, de colloïdes, provoquent chez le cobaye les réa c- tions leucocytaires suivantes : a) Une augmentation fugace de la fragilité avec hypoleucocytose : cette réaction est inconstante et-doit être recherchée dans l'heure qui suit l'injection. b) Dès la 2° heure, une diminution marquée de la fragilité leucocy- taire coïncidant avec une forte hyperleucocytose, et se prolongeant plus ou moins longtemps (40°-25° heure). c) Une augmentation progressive de la fragilité, et retour de la leu- cocytose à la normale vers la 20° heure. Tout se passe comme si, après une leucopénie et une fragilisation très fugaces provoquées par l'injection de substances étrangères, il se produisait un afflux de leucocytes plus nombreux et plus résistants. A la suite de leur destruction en masse, avec mise en liberté de leurs fer- ments, la fragilité et le nombre reviennent à la normale. C'est cette oscillation caractéristique de la fragilité leucocytaire que l’un de nous a appelée « oscillation de défense » (1). La similitude des réactions leucocytaires provoquées par l'injection de substances très diverses, s'accorde avec l'hypothèse de Nolf qui conclut à l’identité d'action des injections de peptone, de métaux colloï- daux, de sérum, etc... Cette concordance n’est d’ailleurs pas exclusive de l’action spécifique des vaccins, ni de l'effet prolongé et tardif des abcès de fixation. IF. — Les injections de novarsénobenzol au cobaye provoquent : a) Une chute brusque et passagère de la fragilité et de la leucocytose (réaction inconstante, mais que nous avons rencontrée régulièrement chez l'homme après une injection intraveineuse). b) La fragilité leucocytaire remonte vite à la normale, le plus souvent même la dépasse et reste élevée jusque vers la dixième heure. En même temps, l'hyperleucocytose se produit et atteint son maximum vers la 5° heure. (4) Pierre Mauriac. Recherches sur les variations de la résistance leucocy- taire et leur pronostic au cours des maladies aiguës. Annales de Médecine, t, III, n° 4, juillet-août 1916. SÉANCE DU Â2 JUILLET 815 c) Les deux courbes de la fragilité et de la leucocytose descendent progressivement et parallèlement à la normale, qu’elles atteignent de la 24° à la 30° heure. Il se produit donc un afflux de leucocytes, mais leur fragilité est aug- mentée ; cet afflux de leucocytes fragiles est-il une réaction favorable, ou faut-il lui attribuer certains accidents du novarsénobenzol? Notons = FAÎTES CARPE He à 46 jo 4 4 | À |? io à ESA] kr 5 | ES —— + ï 1 si Ji # N = LE Cobaye normal ayant recu une injection Do d cique de 1/4 de c.c. de Sérum antidiphlérique. FL=— Fragilité leucocytaire. 0— — — EL — Leucocytose (ces chiffres doivent être X 100). ==, T — Température. que cette réaction fut particulièrement marquée chez un cobaye qui mourut consécutivement à l'injection. III. — Les injections de cultures et de toxines microbiennes au cobaye provoquent : a) Une augmentation progressive de la fragilité leucocytaire, la leu- - cocytose restant stationnaire ou en baisse. b) Si l'animal ne fait pas les frais de sa défense, Les deux courbes évo- _luent de façon divergente jusqu’à la mort. = 816 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE c) Sila guérison doit survenir, on voit peu à peu la fragilité diminuer el la leucocytose augmenter. L'injection d'essence de térébenthine a produit une oscillation de défense, mais qui fut inefficace . Nos expériences montrent que l'injection de substances hétérogènes provoque deux sortes de réactions leucocytaires : Une première réaction fugace, précoce, décrite par MM. Widal , Abrami, Joltrain, Brissaud sous le nom de choc hémoclasique et qui comporte des variations de la fragilité leucocytaire. Une seconde réaction plus tardive et prolongée, dans laquelle la a gilité leucocytaire subit des oscillations très particulières, et dont le sens varie avec le produit injecté. Il ÿy aurait lieu de vérifier en clinique les formules suivantes : a) Diminution de la fragilité — hyperleucocytose, dans les toxi- infections aiguës, indiquant la mise en jeu de réactions de défense. b) Augmentation de la fragilité — hypoleucocytose, défense insuffi- sante, mauvais pronostic. à c) Augmentation de la fragilité — leucocytose normale, insuffisance relative des réactions de défense. d) Fragilité leucocytaire augmentée ou normale, avec de S tose : réaction particulière à certaines intoxications (novarsénobenzol), de signification obscure. SUR LE RÔLE DU VAGO-SYMPATHIQUE CHEZ LE CHAT, par Sir EpwaRD SHABPEY SCHAFER, F. R. S.. Depuis la publication de ma note sur la régénération fonctionnelle du nerf pneumogastrique (1), j'ai réussi à couper les deux pneumogas- triques (vago-sympathiques) cervicaux sur deux chats sans le résultat fatal ordinaire de cette opération, qui se produit généralement en 2 ou 3 jours. Ces deux animaux vivent encore et sont bien ‘portants. On obtient ce résultat en électrocautérisant les ligaments thyro-aryténoïdes, car — comme je l’ai constaté par de nombreuses expériences — la mort est directement causée après la double section par l’asphyxie con- sécutive au rapprochement paralytique de ces ligaments pendant l'ins- piration. Cette paralysie est occasionnée par la section des fibres des nerfs inférieurs laryngïens. Il n’est pas difficile de pratiquer la cauté- risation par la bouche chez le chat et, si l’on fait cette petite opération quelque temps avant la seclion successive des deux nerfs, il ne survient aucune dyspnée, ni aucun autre mauvais effet de la section. Les seuls (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 7 décembre 1918. SÉANCE DU 12 JUILLET 817 symptômes de la vagotomie double sont ceux produits par la section du sympathique cervical, et chez un des deux chats un vomissement de temps en temps. Le caractère et le rythme des mouvements respira- toires sont normaux, Un phénomène remarquable résulte de la section du second sympa- thique cervical; en le coupant un certain temps après le premier, pen- dant que les symptômes produits par la section apparaissent, les symptômes du côté de la première section disparaissent ; la prunelle et l'orifice palpébral deviennent plus grands, la membrane nictitante se rétractie et les vaisseaux de l'oreille se contractent. Je ne saurais expli- quer ce phénomène, qui se montre si le faisceau sympathique seul est coupé, et que je n’ai pas observé du tout si l’intervalle entre la section des deux nerfs était inférieur à 12 jours. SUR L'ACTION HÉMOLYTIQUE DU SANG DES JEUNES ANGUILLES ENCORE TRANSPARENTES, : : par E. GLEYy. Dans le Rapport annuel qui rend sommairement compte des recherches entreprises avec les fonds de la Caisse des recherches scienti- fiques, pour l'année 1914, Rapport qui, en raison des événements de ces années troublées, n’a été publié qu'en 14947 (1), se trouvent, à la page 51, les lignes suivantes, sous mon nom : «Mes recherches ont porté cette année (1914) sur deux questions différentes. « La seconde question éludiée est celle de l'apparition de la pro- priété toxique chez les très jeunes anguilles. Or, lorsque ces animaux remontent le cours des fleuves, leur sang possède déjà son pouvoir hémolytique. ” « Je me propose de poursuivre cette recherche qui n’a pu cette année être achevée. » La continuation de la guerre jusqu à la fin de l’année 1918 m'a empêché de reprendre ces expériences. Celles que j'avais commencées en 1914 ont élé faites à Nantes, au laboratoire de physiologie de l'École de médecine, où j'avais reçu l’hospi- talité du professeur A. Rouxeau. Il est très aisé de se procurer à Nantes, au printemps, une grande quanlité de jeunes anguilles transparentes, ces animaux remontant la Loire à ceite époque en nombre immense. La difficulté est de recueillir du sang, tant l'animal est petit et effilé. Je . (4) Ministère de l’Instruction publique. Caisse des recherches scientifiques, Année 1916. Rapport annuel adressé. Melun, Imprimerie administrative, 1917 818 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE suis parvenu à en obtenir quelques gouttelettes en coupant la tête d'un nombre considérable d'exemplaires. Mais cette faible quantité ne m'a permis que de constater l’action hémolytique in vitro de ce sang, à dose très minime, sur des globules rouges de lapin. La détermination exacile du pouvoir hémolytique, telle que nous l'avons pratiquée, L. Camus et moi dans nos recherches sur le sérum d’anguille (1), n’a pas été possible. C’est justement cette étude que je me propose faire dans un nouveau séjour à Nantes. Dans le dernier numéro paru des Arch. italiennes de Biologie, qui porte la date du 30 avril 1919 (t. LXIX, fase. 11, p. 119-133), G. Buglia a publié un intéressant travail, intitulé : Sur l’action toxique exercée sur le sang par les extraits aqueux du corps des jeunes anquilles encore trans- parentes (cieche). Buglia, comme on le voit par le titre même de son travail, s’est servi d'un extrait aqueux du corps total de ces animaux, frappé sans doute par les grandes difficultés qu’il y &à se procurer du sang en nature en quantité suffisante pour des expériences métho- diques. Ces extraits se sont montrés fortement hémolytiques (2). Je crois intéressant de rappeler ici, comme l’a fait d’ailleurs Buglia, que E. Buffa, en 1900, a trouvé que le sang des larves de lam- proies (Ammocætes branchialis) est aussi toxique que celui des animaux adultes (3). SUR UNE CORRÉLATION ENTRE LA GLANDE DU JABOT DU PIGEON : ET LES GLANDES GÉNITALES, par Cu. Cnampy et P. COLLE. : La sécrélion du jabot à l’aide de laquelle les pigeons nourrissent leurs petits a été étudiée maintes fois, notamment par Lsn Bernard et par Physalix et Charbonnel-Salle (4). C’est pendant l'incubalion que se développe dans le jabot une glande volumineuse qui existe aussi bien chez le mâle que chez la femelle; la muqueuse subit un épaississement dans la proportion de 4 à 20. Cette glande sécrète pendant la quinzaine qui suit l’éclosion (et non seule- ment pendant quelques jours), comme le dit C1. Bernard. (1) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 31 janvier 1918, t. 126, p. 428; Arch. intern. de Pharmacodynamie, 1898, t. V, p. 247-305. (2) Le travail de Buglia contient aussi‘des “Éanies intéressants sur aie action coagulante in vitro de l'extrait aqueux du corps des jeunes anguilles sur le sang du chien. (3) E. Buffa. Recherches expérimentales sur la toxicité du sang de la lam- proie. Arch. ital. de Biol., 1900, t. XXXIIT, p. 177-185. (4) Claude Bernard. Tan sur les liquides de l'organisme; Charbonnel- Salle et Physalix. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, t. 103, 1886. SÉANCE DU 12 JUILLET 819 Comme ces phénomènes paraissent à première vue en relation avec les glandes génitales, nous avons cherché, par une étude sériée, à préciser ces relations. L'exemple nous a de plus paru favorable parce qu'il permet d’ établir un DES précis entre ce qui se passe dans les deux sexes. Chez le mâle, dès le début de l'incubation, le testicule subit une réduction de taille considérable (des 2/3 en longueur, des 9/10 environ en volume). Le maximum de celte réduction coïncide avec le début du développement de la glande du jabot qui correspond histologiquement à la période de multiplication cellulaire. Le testicule recommence à grossir et atteint sa taille normale quelques jours après l’éclosion, sa taille minima correspondant au milieu de la période d’incubation. Histologiquement, la régression est caractérisée par un arrêt de la spermatogénèse et par une véritable fonte d'un grand nombre de tubes séminifères qui paraissent résorbés. Ces tubes présentent une spermato- génèse arrêtée au stade spermatocyte [. Il est certain que bien plus de la moitié des tubes séminifères sont ainsi résorbés. Cette régression du testicule n’est pas du tout de même nature que celle qui se produit normalement en hiver. /l ne se développe notamment pas pendant l’incu- bation le tissu interstiliel qu'on voit ue pendant le repos hivernal. La spermatogénèse se rétablit environ 5 à 6 jours après l’éclosion. Chez la femelle, où nous n'avons pas eu une série aussi serrée que chez le mâle, nous avons constaté cependant, pendant l’incubation, l’atrésie de nombreux ovocytes de grande taille. Comme chez le mâle, le phénomène paraît alteindre son maximum vers le milieu de l’incu- bation. Il n’a non plus rien de commun avec l’arrêt de l'ovogénése de la période d'hiver. Cependant il faut remarquer que l’atrésie d’ovocytes s’observe chez le pigeon en dehors de la période d’incubation et sous des influences que nous n'avons pu déterminer, mais jamais nous n'avons vu un grand nombre d'ovocytes frappés à la fois comme pendant l’incubation. En somme, il y a dans les deux sexes résorption intense des éléments sexuels au moment où la glande du jabot se développe, ce qui établit une corrélation précise entre elle et les glandes génitales. Il ne semble pas s'agir d’un simple balancement nutritif, la régression des cellules génitales ne persistant pas pendant toute la période de sécrétion de la glande, mais semblant seulement déclancher son déve- loppement. L'idée d’une sécrétion interne vient immédiatement à l'esprit et des expériences sont établies pour le démontrer, mais ici il ne saurait s'agir d’une sécrétion d'une glande spécialement différenciée, une telle glande étant inexistante à à ce moment aussi bien dans le testi- cule que dans l'ovaire. EEE tr PT. 821 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE \ SÉANCE DU MOIS DE MAI 1919 SOMMAIRE Marino (F.) : De La culture du ba- AE RACE 0 0 0 07 010 Doro 0 UD 11828 cille tétanique en présence de la RossexDo CARRASCO 1 FORMIGCERA : tuberculine. Procédé de dosage de Appareil pour déterminer clinique- laStuberculine ANNEE ee 821 | ment la tension du C0? de l'air alvéo- Marino (F.) : De la culture du ER Se HS Det Sn D Le 824 bacille tétanique en présence de la Trras (J.) : Modifications de la tuberculine. Détermination du pou- motilité et de la sensibilité sur un voir antitoxique des sérums anti- cas de laminectomie exploratrice. . 826 Présidence de M. F. Margarit. DE LA CULTURE DU BACILLE TÉTANIQUE EN PRÉSENCE DE LA TUBERCULINE. PROCÉDÉ DE DOSAGE DE LA TUBERCULNE, par F. MaRINo. La méthode qu'on a décrite pour mettre en évidence la tuberculin e n’est pas assez sensible pour révéler des quantités de celte substance qui existent, cependant, dans les liquides des jeunes cultures: tubercu - leuses et qui sont suffisantes par elles-mêmes à empêcher le développe - ment du bac. tétanique. On a tâché de perfectionner la méthode, et on s’est apercu tout de suite que la présence des bacilles tuberculeux dans le liquide d'une jeune culture favorisait la vie de la cellule tétanique et nous marquait sa sensibilité à la tuberculine. En effet, il suffit de filtrer sur bougie Chamberland le liquide d’une culture tuberculeuse de 15 jours et d’ensemencer Le bac. du tétanos dans le filtrat auquel on fait Le vide pour voir que l’anaérobie ne pousse pas. Cette recherche démontre que le filtrat contient assez de tubercu- line pour empêcher le développement du bac. du tétanos, qui pousse 822 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE d'ailleurs dans le même filtrat, et au courant de l'air, si on dépose : quelques spatules de bac. tuberculeux vivants provenant soit de cul- tures jeunes, soit de cultures anciennes (1). Après avoir constaté que le bac. du tétanos est très sensible à la tuberculine, on s’est demandé quelle serait la dose minime de cette substance qui pourrait gêner la vie de l’anaérobie ensemencé dans une quantité connue de bouillon de culture. Voici les recherches qui ont répondu à cette demande. Une série de dix tubes contenant chacun 10 c.c. d'eau de peptone, 2 goultes de bac. tétaniques en bouillon de 24 heures et des doses de tuberculine graduellement croissantes de 1 à 10 milligrammes, montre que l’anaérobie se développe assez bien dans les premiers 5-6 lubes, avec relard croissant dans le 7° et 8&, rarement dans le 9° et, jamais dans le 10° (2). Donc on peut conclure qu'un bouillon de culture contenant 4 milligr. de tuberculine par centimètre cube de liquide ne > permet jamais le développement du bac. tétanique. L'ensemble de ces recherches offre une méthode très commode pour doser la quantité de tuberculine contenue dans le liquide d’une culture tuberculeuse. Voici les détails du procédé : : On filtre le liquide de la culture; on prend 10c.c. du filtrat et on les met dans un tube à essai. On y ensemence le bac. du tétanos et on fait le vide. Si l’anaérobie ne pousse pas, on peut conclure que le filtrat contient -au moins À milligramme de lubereuline par centimètre cube de liquide (3). Dans ces conditions, pour doser exactement la tuberculine, on He dans les 10 tubes à essai des doses de filtrat graduellement croissantes de 14 à 10 c.e. et des doses de bouillon ordinaire graduellement décrois- santes de 9 à 1 c.c. On ensemence le bac. du tétanos.et on fait le vide. En se basant sur le premier des tubes qui ne permettent pas le déve- loppement de l’anaérobie et dont on connaît la quantité de filtrat et la quantité de bouillon ajouté, on peut facilement calculer la tuberculine contenue dans tout le filtrat en question. (4) La constatation de ces faits nous autorise à penser que le bac. du tétanos vit comme aérobie, et aux dépens des substances qui constituent le corps des bacilles tuberculeux. Selon nous, du reste, une cellule microbienne ne peut pas vivre dans un milieu de culture sans oxygène libre. Nos idées à cet égard seront développées ensuite. (2) Pour les recherches, on a toujours pratiqué le vide dans lestubes à essai. (3) Si l’anaérobie se développe, au contraire, on peut affirmer que lefiltrat ne contient pasi milligramme de tuberculine par centimètre cube de liquide. Dans ce cas, pour doser la tuberculine, il faut évaporer le filtrat jusqu’au tiers ou bien au quart de son volume, etappliquer au produit de l’évaporation ie même procédé qui sert pour les filtrats riches en tuberculine. x S4 47: SÉANCE DU MOIS DE MAI 823 DE LA CULTURE DU BACILLE TÉTANIQUE EN PRÉSENCE DE LA TUBERCULINE. DÉTERMINATION DU POUVOIR ANTITOXIQUE DES SÉRUMS ANTITUBERCULEUX, = par F. Marino. La suite des études sur la tuberculine nous a donné l'idée de voir si cette substance formerait des anticorps dans l'organisme animal et par conséquent si le sérum spécifique la neutraliserait mieux que le sérum normal. Pour répondre-à ces demandes on a mis à l’étuve deux tubes à essai qu'on a examinés pendant 10 jours et qui étaient ainsi préparés : Le premier contenait 15 centimètres de bouillon provenant d’une culture tuberculeuse de 50 jours, une grosse spatule de bacilles tubercu- _leux prélevés à la surface de la même culture, 5 c.c. de sérum antitu- berculeux (1), et une goutte de culture en bouillon de bac. tétanique de 48 heures. 4 < Le deuxième avait les mêmes constituants du premier, excepté le sérum antituberculeux qui élait remplacé par le sérum normal. Le résultal des recherches a montré que les deux sérums, en général, neutralisaient la tuberculine sans différence aucune et permettaient le développement de la cellule tétanique au bout de 48 heures. Quelquefois on a même observé que le sérum normal neutralisait la tuberculine mieux que le sérum antituberculeux et, par conséquent, permettait le développement du bac. tétanique au bout de 48 heures, tandis que le prétendu sérum spécifique le permettait au bout de 4 à 5 jours (2). On ignore la raison de ces rares constatations. On serait tenté d'admettre que dans certains cas le sérum normal contient plus d'anticorps que le sérum spécifique. Des faits analogues sont connus en sérothérapie. Ainsi on trouve souvent des lapins nor- maux qui donnent un sérum anticharbonneux plus actif que le sérum des lapins immunisés. Cependant le fait que le sérum antituberculeux est des fois moins actif que le sérum normal peut être expliqué diffé- remment. On peut faire plusieurs hypothèses, mais trois nous paraissent les plus probables : I. — Le sérum antituberculeux peut contenir de la tuberculine libre, surtout quand il provient d'animaux qui ont été soumis à l'immunisa- (1) Toutes les recherches ont été faites avec du sérum spécifique de cheval. (2) Une fois on a vu que le bac. tétanique ne poussait pas du tout par l'emploi de sérum provenant d’un cheval qui avait reçu sous la peau et dans les veines, en plusieurs fois, quelques litres de cultures tuberculeuses vivantes et virulentes. ; o +] 19 re RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE tion depuis longtemps et qui ont recu des doses énormes de bacilles tuberculeux et de tuberculine qu'ils n’ont pas eu le temps d'éliminer ou de transformer complètement jusqu’au moment de la saignée. Il. — Ou bien l'organisme des animaux soumis à l’immunisation est affaibli par les injections des cultures tuberculeuses et n’a plus la force de former la même quantité de diastases que forment les animaux normaux. Ces diastases qui probablement existent chez tous les animaux doivent avoir, dans les fonctions de la vie normale, une mission tout autre que celle accidentelle de neutraliser la tuberculine. IT. — Ou bien encore l'organisme sous l’action toxique prolongée des cullures tuberculeuses produit des substances qui auraient la propriété de dévier ou de diminuer la force des diastases destinées à attaquer et à transformer la tuberculine. Si la première des hypothèses est exacte on comprend facilement pourquoi le sérum antituberculeux quelquefois s’est montré moins actif que le sérum normal. Un sérum antituberculeux qui contient de la tuberculine libre, pour développer la cellule tétanique dans le tube à essai qu'on a décrit, doit neutraliser deux quantités de tuberculine : la sienne et celle du filtrat, tandis que le sérum normal, pour développer la cellule tétanique de l’autre tube, doit neutraliser seulement la tuberculine du filtrat Et ce serait précisément dans la différente quantité de tuberculine à neutraliser que résiderait la raison pour laquelle le sérum spécifique parfois se montrerait moins actif que le sérum normal. = Si la première des hypothèses est fausse et la deuxième ou la troisième sont exactes, on comprend encore plus facilement pourquoi le sérum antituberculeux, de temps à autre, neutralise la tuberculine moins bien que le sérum normal. ù APPAREIL POUR DÉTERMINER CLINIQUEMENT LA TENSION DU CO? DE L'AIR ALVÉOLAIRE, par ROSSENDO CARRASCO 1 FORMIGUERA. L'appareil se compose d’un tubeen verre pourvu à ses deux extré- mités de robinets en verre d'un seul orifice fermant hermétiquement et dont le diamètre de l’orifice est de 6 à 10 millimètres. La capacité du tube, de robinet à robinet, est de 115 c.c. approximativement et Le dia- mètre de 12 à 15 centimètres. Mais pour éviter à l'appareil une longueur excessive on a élargi la partie du tube comprise entre les deux robinets, de sorte que la partie De l SÉANCE DU MOIS DE MAI 825 étroite du tube qui se trouve entre l'élargissement et un des robinets ait 15 c.c.; cette partie est graduée en dixièmes de centimètre. Pour la numération des centimètres cubes on part de l'O affleurant le robinet le plus proche de l'élargissement. Comme complément du dispositif, il y a un vase cylindrique de 20 à 25 centimètres de hauteur pour 7 à 10 cen- ‘ timètres de largeur et une baguette en verre de 25 à 30 centimètres de longueur dont l’une des extrémités est recourbée ou doublée en angle aigu ou droit. Pour prendre l'échantillon d’air alvéolaire, la méthode la plus simple, et elle suffit en clinique, est celle de Fridericia (1). Appliquée à cet appareil, elle consiste en ceci : les robinets étant ouverts, le sujet intro- duit entre ses lèvres l'extrémité supérieure de l'appareil (il est préfé- rable d'interposer entre l'appareil et les lèvres de l'individu une pièce buccale en verre pouvant être changée ou nettoyée chaque fois que l’on se sert de l'appareil). Le sujet doit respirer tranquillement par la bouche à travers l'appareil avec un rythme normal. À la fin d’une inspiration normale et sans autre pause que celle imperceptible précédant lexpira- tion normale consécutive, le sujet fait une expiration profonde et rapide à travers l'appareil. L'opérateur ferme le robinet inférieur au moment même de la fin de l'expiration, fermant aussitôt après le robinet infé- rieur. On a ainsi recueilli un échantillon d’air qui, pour les besoins de la clinique, peut être considéré pratiquement comme air alvéolaire. On doit nécessairement prendre avec grand soin les deux précau- tions suivantes : 1° Le sujet doil éviter de faire une inspiration plus profonde que les inspirations normales immédiatement avant l’expira- tion forcée de la fin; 2° le sujet doit éviter aussi de faire une pause entre la dernière inspiration normale et l'expiration forcée de la fin. On peut aussi recueillir l'échantillon d’air en se servant de la méthode bien connue de Plesch, telle qu’elle a été décrite par exemyle par Boothby et Peabody (2), ou bier par la méthode d’Haldane (3), en employant le tube antérieurement décrit directement comme tube col- lecteur avec les dispositifs qu'emploie cet auteur pour recueillir l’air alvéolaire. L'échantillon d’air recueilli par l’un ou l’autre procédé, on laisse passer quelques moments, dix minutes au moins, pour que la tempé- rature de l'air du tube s’égalise avec celle du local où l’on travaille. (1) L. S. Fridericia. En klinisk Metode til Bestemmelse af Kulsyrespaen- folingen u Lungeluften. Hospital Stidende, 1914, t. LVII, p. 585, cité par E. P. Poulton. The Significance of Alveolar Carbon Dioxide Determinations in the Treatment and Prognosis of Diabetes. British Med. Journ., 1915, t. IT, p. 393. : (2) W. M. Boothby and F. W. Peabody. A Comparison of Methods of Obtai- niog Alveolar Air. Arch. Int. Med., 1914, t. XIII, p. 497. (3) J. S. Haldane. Methods of Air Analysis, 1912. 826 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE Après ce laps de temps, on introduit verticalement l'appareil dans le vase signalé plus haut, ce dernier contenant une solution de potasse caustique à 60 p. 100, de sorte qu'une dizaine de centimètres cubes du tube plongent dans cette solution. On ouvre alors le robinet inférieur avec la baguette en verre dont nous avons parlé plus haut et on tourne aussitôt après lentement le robinet supérieur jusqu'à ce que le liquide commence à monter dans l’intérieur du tube. Un moment avant que le niveau du liquide intérieur arrive à la même hauteur que celui de l'extérieur on ferme le robinet supérieur. On égalise les deux niveaux et on lit à la graduation du tube le volume d'air recueilli à la tempé- rature el à la pression atmosphérique du local. Le robinet inférieur est fermé aussitôt au moyen de la baguette graduée. On sort l'appareil du vase, on lave la surface externe qui était submergée, on le secoue pen- dant dix minutes afin que la potasse se mette amplement en contact avec l'air recueilli et puisse ainsi en absorber totalement l’acide carbo- nique. Après cela on introduit de nouveau l'appareil verticalement dans le vase avec la solution de potasse. On ouvre le robinet inférieur et on voit monter la potasse. Après cinq minutes d'attente, afin que le liquide adhérent aux parois se dépose, on égalise les niveaux intérieurs et extérieurs du liquide. La graduation du tube marque alors le volume du gaz contenu dans l'appareil après absorption de l’anhydride earbo- nique. La différence entre cette numération et l’antérieure donne la partie qui correspond à l’anhydride carbonique du volume total de l'air recueilli. Les deux résultats connus, on calcule facilement le tant pour cent qui correspond à l'anhydride carbonique dans la composition en volume de l’air intra-alvéolaire. Ainsi, connaissant la pression et l'humidité atmosphériques du moment et du local où s'effectue l’opé- ration, il est facile de calculer en millimètres de mercure la tension partielle de l’anhydride carbonique de l'air intra-alvéolaire avee une approximation suffisante pour les besoins de la clinique. (Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine.) MODIFICATIONS DE LA MOTILITÉ ET DE LA SENSIBILITÉ SUR UN CAS DE LAMINECTOMIE EXPLORATRICE, par JoAQuiMm TRras. Il s’agit d’un malade de dix-huit ans, présentant une paraplégie spasmodique qui eut un début chronique 17 mois après une ménin- gite (?) qui se termina par la guérison. Ce malade était en traitement au service du professeur Ferrer Piera; SÉANCE DU MOIS DE MAI 827 ce dernier, soupconnant qu’il s'agissait d'une tumeur de la moelle, envoya le patient à mon service de chirurgie. À l'exploration, nous avons reconnu que le malade présentait une paralysie des membres inférieurs avec contraction, symptômes de Babinski, d'Oppenheim, exaltation du réflexe rotulien et clonus du pied. La sensibilité tactile superficielle (avec le pinceau) et la sensibilité douloureuse (avec l’aiguille) étaient abolies; la sensibilité tactile pro- fonde conservée et la sensibilité thermique retardée. - On fit une laminectomie au niveau de la 8°, 9°, 10° et 11°; on vit alors la dure-mère adhérente à la moelle; la cavité arachnoïde et sous- arachnoïde cloisonnée par ses adhérences. _ Après avoir détruit ces adhérences, le liquide céphalo-rachidien s’'échappa, la moelle étant à sec dans ce segment. Le lendemain de l'opération la spasticité disparaît ainsi que les réflexes pathologiques [clonus du pied, exaltation rotulienne qui devient normale (Babinski et Openheim)]. La sensibilité douloureuse et tactile reparaît et il se présente des douleurs causées par irritation des racines dorsales. Vingt jours après on remarque de légers mouvements des doigts du pied. Ce fait nous indique que de nombreuses méningomyéliles, qui n’ont donné aucun résultat par le traitement médical, peuvent bénéficier dans les premiers temps d’une intervention chirurgicale qui détruit les brides fibreuses qui coimpriment la moelle et empêchent que les lésions _ de dégénération irréparables se présentent. Biorocis. COMPTES RENDUS. — 1919, T, LXXXII 60 828 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE SÉANCE DU MOIS DE JUIN 1919 SOMMAIRE Barnizs (P.) : Les éléments héré- laxie et-sestalions 66220720 ditaires dans le langage . . . . . .. 828 Marino (F.) : De la culture du Bossax (E. A.) : Complications B. tétanique en présence de la tn- broncho-pulmonaires graves de la perculines tr er 831 grippe, traitées par injections intra- SALVAT Navarro (A.) : Bactério- trachéales de sérum antipneumo- et thérapie préventive contre les com- antisfreptococcique, +... 2... 829 | plications de la grippe épidémi- Duran 1 Reinars (F.) : Anaphy- QUE LL Se ein ele LE SO 832 Présidence de M. J. M. Bellido. LES ÉLÉMENTS HÉRÉDITAIRES DANS LE LANGAGE, par PERE BARNILS. L'hérédité dans le langage, toutsimplement nié par certains et admis par d’autres en termes très réduits, constitue un problème capital sans solution encore. La base d’une articulation, individuelle en s'étendant même dans le sens de connaître non seulement les organes les plus externes (larynx, langue, lèvres, etc.), mais aussi tous les autres plus intérieurs avec toute leur complexité de muscles, de nerfs jusqu'aux centres cérébraux, explique des faits isolés déjà connus et oriente les futures recherches systématiques. Les cas mis en évidence par Axon et par Alley, tels que la reproduction de l'accent mélodique chez un sourd-muet de naissance de la haute montagne de l'Écosse, au moment de recouvrer l'ouïe à l’âge de dix-sept ans, ainsi que les constatations analogues de Ticknor qui, en visitant les élèves du collège des sourds-muets de Madrid, arrive à distinguer par l’accent ceux qui sont Andalous, de Galice, ou Catalans, nous fait douter déjà de ce « minimum » de prédisposition purement articulaire octroyé par les psychologues à la théorie de l’hérédité. Geci, ne tenant pas en compte la tendance constatée chez les enfants normaux | et anormaux de présenter les mêmes défauts dans la prononciation que ceux qu'avaient eus les parents pendant les premières années de leur vie. Nous pouvons encore exposer le phénomène apporté par Rousselot SÉANCE DU MOIS DE JUIN ; 829 sur la persistance de l'articulation dialectique de l'r française, aphone quand elle ne se prononce pas ailleurs et quand le même qui parle patois n'en a pas la moindre idée. Plus important est encore dans le domaine dialectal le fait constaté par Hadwiger, d'un individu qui pré- sente l’évolution complèle de la voyelle a devenue à, telle comme on la conserve au moment de la naissance, mais qui offre ce développement dans le dialecte du village d’où était née la grand mère maternelle de l'individu. Ces faits, principalement les deux derniers, réclament pour la juste valeur l'existence d’une image verbale motrice qui n’explique pas suffi- _samment la Fase de l'articulation dans le sens irès restreint d’une con- stilution anatomique héréditaire des organes de la parole. COMPLICATIONS BRONCHO-PULMONAIRES GRAVES DE LA GRIPPE, TRAITÉES PAR INJECTIONS INTRATRACHÉALES DE SÉRUM ANTIPNEUMO- ET ANTISTREPTOCOCCIQUE, par E. À. Bossan. Au coure de recherches sur la tuberculose pulmonaire, nous avons été amené à éludier l'absorption par le poumon sain ou malade de certains liquides ou médicaments(1). Nous avons pensé que dans les complications broncho-pulmonaires si graves de la dernière épidémie de grippe, il y aurait un grand intérêt à porter les anticorps des sérums antipneumo- et anlistreptococcique au niveau des lésions. Pour éviter toute fatigue au malade, le plus souvent hors d'état de se prêter à une injection intratrachéale par la voie buccale, nous avons ponctionné le larynx au niveau de la membrane intercrico-thyroïdienne et par l’aiguille introduite dans la trachée de 60 c.c. de sérum : 40 c.c. de sérum antipneumococcique, de l'Institut Pasteur, 20 c.c. de sérum antistreptococcique, de l'AS Pasteur, préparés par M. Truche qui a bien voulu nous en fournir autant qu 3] nous était nécessaire. De 4 à 6 heures après l'injection, la . tombe brusquement de 40° à 38° pour se relever le lendemain à 39°. Une deuxième injection de 40 c.c.de sérum antipneumo- ou anti- s treptococcique, suivant le résultat de l'analyse bactériologique, suffit presque toujours à assurer la défervescence définitive. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, Paris, 22 février 1919. 830 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE Nous avons traité par ce procédé 15 malades. Deux étaient dans un état tellement désespéré que toute tentative était inutile. - 8, par contre, quoique gravement alteints, pouvaient laisser espérer une issue favorable quel que soit le traitement employé, ainsi que cela arrive si souvent dans la pneumonie. Nous n'en retenons donc que cinq sur l’état desquels les injections intratrachéales de sérum ont eu une action manifeste. Les 5 malades, dont une jeune femme enceinte de 4 mois, ont guéri, alors que leur situation était assez critique pour enlever aux médecins traitants tout espoir d'amélioration par tout autre moyen de traite. ment. Nous devons faire remarquer que les accidents anaphylactiques fré- quents par la voie sous-cutanée ont été absolument nuls par la voie - intratrachéale. Il nous semble donc que nous devons insister sur les avantages de cette méthode qui sont : 1° Facilité de la voie d'accès ; 2° Innocuité absolue des done 3° Large répartition à la surface des lésions de sérum injecté; 4° Absorption très rapide, par le parenchyme pulmonaire, ce qui permet de supposer que le sérum agit non seulement localement, mais aussi sur l'infection générale; 5° Guérison de tous les cas observés avant la période terminale de la maladie. ANAPHYLAXIE ET GESTATION, par FRANCESC DURAN 1 REINALS. Depuis que Chauveau observa que les fils des femelles infectées par le bacille anthracis étaient vaccinés contre ce microbe, on a fait de nom- _ breux travaux concernant le passage de la sensibilisatrice de la mère à l'embryon. C'est ainsi que Belin et Schaenck, en 1910, travaillant sur l’anaphylaxie, ont tiré des conclusions de leurs travaux que la sensibilisatrice ana- phylactique se transmet à l'embryon, en préparant, la mère par une injection, soit avant ou pendant la gestation. Le nouveau-né était hyper- sensible pendant longtemps. Schaenck va plus loin, il assure qu'un père hypersensibilisé est capable de transmettre la même sensibilité à son fils et que la mère peut faire la même chose pendant l'allaitement. Ceci est contraire aux mani- festations de Vincent, Marbé et Muratet qui, pour l’immunisation, emploient des cultures de bacilles typhiques. ei US { SÉANCE DU MOIS DE JUIN 831 Voyons maintenant dans quel état se trouve la mère sensibilisée après l'accouchement. | Trois cobayes ont été sensibilisés pendant la grossesse avec une petite dose de sérum de cheval. Plus de 15 jours se sont écoulés entre l’injec- tion et le jour de l'accouchement. Quand je faisais une injection intraveineuse de 1 c.c. du même sérum au nouveau-né, il présentait en 20 minutes une anaphylaxie classique, mais en revanche il était inutile de chercher cette anaphylaxie intense chez la mère. Cette dernière présenta seulement de légers phénomènes anaphylac- tiques. : Maintenant si cette sensibilisation de la mère se vérifie au moment de l'accouchement ou se fait d’une manière sensible pendant la gesta- tion, ainsi comme d’autres faits qui sont en relation avec cette question que je dois encore vérifier. Ceci fera l’objet de ma deuxième communication. (Laboratoire municipal de Barcelone. Directeur, R. Turrü.) DE LA CULTURE DU B. TÉTANIQUE EN PRÉSENCE DE LA TUBERCULINE, par F, Marino. L'étude du bacille de la tuberculose humaine m'a permis de faire quelques recherches comparatives avec le bacille de la tuberculose bovine et le bacille de la tuberculose équine, dans le but de voir s’il était possible de conclure : 1° A l'existence d’un rapport très étroit entre le pouvoir luberculino- gène et la virulence des différents bacilles, et 99 À l'existence de différentes races de bacilles tuberculeux. Pour éclaircir ces deux questions on a étudié des cultures provenant de la tuberculose humaine, bovine et équine. Les cultures des bacilles humains et bovins ont permis le développe- ment du bacille tétanique jusqu'au 30°, 35° jour de leur âge et ont tué le cobaye, par injection sous-cutanée au bout de 2 à 3 mois au plus tard, tandis que les cultures des bacilles équins ont permis la croissance du bacille tétanique jusqu'au 50° jour de leur vie et ont tué le cobaye au bout de 5 à 6 mois. La quantité de tuberculine des cultures des bacilles humains et bovins dosée à différentes époques s’est montrée toujours supérieure à celle des cultures des bacilles équins correspondants. En se basant sur les résultats de ces recherches on pourrait penser à une différence de race entre les bacilles de la tuberculose humaine et 832 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BARCELONE bovine d'une part, et le bacille de la tuberculose équine d'autre part, mais il n’en est rien, car le passage répété de ca dernier par l'organisme du cobaye le rend aussi tuberculinogène et aussi virulent que les bacilles de la tuberculose humaine et le bacille de la tuberculose bovine. On n’a pas le droit non plus de parler de différence de race entre le bacille humain et le bacille bovin. Nos recherches autorisent done à conclure : 1° Que le pouvoir tuberculinogène, contrairement à ce qu'’on'a affirmé jusqu'à présent, est toujours en rapport avec la virulence des bacilles tu berculeux, et 2 Que les bacilles de la tuberculose humaine, bovine et équine ne constituent pas des races de bacilles différentes, mais des espèces de bacilles différentes appartenant toutes à la même race. _ f BACTÉRIOTHÉRAPIE PRÉVENTIVE CONTRE LES. COMPLICATIONS DE LA GRIPPE ÉPIDÉMIQUE, par A. SALVAT NAVARRO. Nos études sur l’étiologie de l'épidémie dite grippale qui, à deux reprises, a sévi sur la ville de Sevilla, en 1918 (1), nous ont conduit à l'élaboration et à l'application d’un vaccin pourvu spécialement le but prophylactique. Celui-ei était composé de diplo-streptocoques (espèces méningococciformes de Kirchner-Pfeiffer, Seifert, Jäger, Lels que le dipc-catarrhalis, le dipc-crassus et le dipc-mucosus), les pneumocoques et les coccobacilles Gram-négatifs du type des germes des septicémies hémorragiques, que nous avons isolés plusieurs fois. Le mode de confection de ce vaccin c’est par stérilisation aux anesthé- siques (procédés de Chicote, Vincent ou de Thiroloix) et non par la chaleur. Les premières inoculations, sur moi-même, le confrère anglais D' Da- lebrook, et une autre personne, furent pratiquées en deux séances : la première avec une dose de 100 millions de germes, et la seconde avec 200. Tous trois, nous avons eu des réactions locales assez vives et générales bien accusées, mais très supportables, et tout à fait éphé- mères. L'application ultérieure au premier contingent de la colonie anglaise de Sevilla, à peu près 50 personnes des deux sexes et de tout âge, a montré des différences individuelles énormes dans les réactions, et pour éviler les accidents, parfois alarmants, nous avions cru prudent d’abaisser la concentration des émulsions et injecter les doses à moitié. Notre vaccination n'avait pas la prétention d’être prophylactique de la grippe simple et protopatique, mais des complications déterminées par (1) Ces études ont été publiées dans Plus-Ultra, n°5 3, 4 et 6, Madrid, 1918. : 12 @EC SÉANCE DU MOIS DE JUIN 833 les virus de sortie dont nous connaissions la nature par nos études étio- logiques. La statistique que nous possédons maintenant, recueillie dans l’'Andalousie, monte à plus de 5.000 cas de vaccinations préventives. Les résultats sont bien encourageants, encore que non absolus. L'on peut dire qu'ils apparaissent vraiment radicaux parmi les Espagnols, qui forment la plus grande part des inoculés et qui n’offrent pas un seul cas de grippe avec complication mortelle. Parmi les Anglais (à peu près 10 personnes), j'ai connu 2 cas de décès chez des dames, l’une qui a pris la grippe à Madrid et l’autre en voyageant à l'étranger. Cela prouve, je crois, une plus haute réceptivité ethnique de la part des Anglais, et de plus démontre l’idiosyncrasie physio-pathologique congestive beau- coup majeure dans les races du Nord que dans les méridionales. Encore que les 2 cas d'échec étaient des dames qui avaient au préalable quelque infirmité cardiaque (selon les rapports du médecin, M. le D". Dalebrook), nous espérons pouvoir éviter ces imperfections des résultats en-fortifiant l’immunité créée par la vaccination. Il faut pour cela augmenter la quantité d'antigène incorporé. Dans la séance du 14 octobre 1918 au War Office de Londres, vérifié sous la présidence du D' Leishmañ, l'emploi du vaccin antigrippal pré- yentif dans l’armée métropolitaine et coloniale de l'Angleterre fut accordé officiellement. Ledit vaccin est composé qualitativement presque comme celui que j'ai préparé, mais les doses dans les 2 injections sont plus fortes de 170 millions de germes pour la première et de 310 pour la seconde; c’est-à-dire plus élevées que celles employées par moi-même. Pour arriver à l'incorporation de l’antigène en plus grande quantité et éviter en même temps les accidents qui peuvent se présenter, j'ai adopté maintenant Ja division de la masse vaccinale en 4 doses, de facon semblable à ce qu’on fait pour le vaccin antilyphique par le pro- : cédé de Vincent. En montant de 50 millions chaque injection, je propose de faire comme suit: Première njeCtionrss. 2. RO en 0NnlIons, Deuxième ec tHone "100 millions, DroisiemenjechHonme te 50mrlions, Ouatrièemeinjechon eee 200Emillions, qui produisent un complet de 500 millions, masse encore supérieure à celle indiquée par le D' Leishman. Nous n'avons pas encore d'expérience sur le résultat de ce procédé intensif, Le Gérant : O. PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MarerHeux, directeur, 1, rue Cassette. Enr Le Me ae Rat ee s S AUSCOR eme SÉANCE DU ARGAUD (R.) : Sur l’endoplèvre . Berry (H.) et GruzEwsSKA (Me Z.) : Teneur en substances hydrocarbo- nées du foie et du muscle prélevés immédiatement après la mort ... CanrAouzÈNE (J.) et MARIE (A.) : Ac- tion activante de la muqueuse in- testinale sur les propriétés patho- sènes du Vibrion cholérique CLuzer et Trxrer : L’électrocar- diogramme pendant l’anesthésie générale chez l'homme . . . . . .. Dugors (R.) : Réversibilité de la fonction photogénique par l’hydro- génase de la pholade dactyle . , . . Hovasse (R.) : Les phénomènes de maturation de l'œuf chez Rana KoOPACZEWSKI (W. Je La suppres- sion du choc « anaphylatoxique » . Maicre (Ér.) : De l’action du bleu et de l'azur de méthylène sur les cellules nerveuses médullaires : ac- tion antagoniste vis-ä-vis de la toxine ‘tétanique et de la strychnine. NaGeorre (J.) : Quelques considé- rations historiques, au sujet des MLCESAMONIES M nt WEBER (A.\: Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de batraciens. Influence du poids de ÉVITE RS EEE PE ne Zagprrez (E.) : Sur les séries de HD ON AC Ce nn A irnoe reont. Réunion ROUE LEISEST:::169 F9 SOMMAIRE 851 GEpozLst (L.) : Une espèce nou- 859 de la Société belge de biologie. Séance du 25 janvier 1919. DEBAISIEUX (P.) : Hypertrophie des cellules animales parasitées DE des Cnidosporidies . . BioLocie. CoMP1Es RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 861 velle-de-Pharyagodont. :- 1 HsxsevaL (M.) : L'inoculation cu- tanée de vaccine est-elle suivie d'in- Séance du 22 février 1919. 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Les formations amygdaliennes chez les têtards d'amphibiens anoures je roltes cie ei lente e/De-rertie TMOMOMOBO TOM 835 : 830 IENSE VAL (M.) : Sur la dissémina- tion de la sérumalbumine et de la sérumglobuline dans les solutions aqueuses ie à Enr Séance du 26 avril 1919. GEpoELst (L.) : Un Oxyuridé nou- veau parasite d’un reptile . . : . .. Hexsevaz (M. : Sur l'ultrafiltra- tion du sérum antidiphtérique . . JANSsENs (F.-A.) : À propos de la Chiasmatypie et de Ia théorie de NOT SAN EE RE eee Noze (P.) : à solution de fibri- nogène, réactif de la coagulation du sang 2 Joie nesral terres ste ie (on anse rte Séance du 31 mai 1919. Borper (J.) : Recherches sur Ia coagulation du sang (Mode d'union du sérozyme et du cytozyme) Bracaer (A.}: Sur le tractus bucco- pharyngien (Organe de Chievitz AOTOAUNINCTUSION D), ee Couenx (C4.) : À propos de l'étio- lo-ie du rhumatisme articulaire . . Govaerrs (P.) : Le rôle des pla- quettes sanguines dans l'immunité naturelle IE (M.) : toxicologie JANSEENS (F.-A.) Une erreur fréquente en Une formule simple exprimant ce qui se passe. 907 915 SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE en réalité lors de la « chiasma- lypie » dans les deux cinèses de MELATAELONT ENST NT CR PO RopnaAIN (J.) : Remarques au su- jet de la biologie de l’Ornithodorus MOUDALA. Fe ee At Séance du 28 juin 1919. BitouRGE (Px.) : Position faxono- mique de l'Oospora crustacea (Bull) Saac BRUYNOGHE (B.) : et les substances déviantes . . . .. BRuYNOGHE (H.) Au sujet de quelques souches paratyphiques . . Dusrix (A.-P.) : À propos de quel- ques substances inhibant le décol- lement de la membrane de fécon- en pe een ce le We) ele tetete AD dation chez S{rongylocentrotus DIDIAUS RE EERE RTE nm à FRATEUR (J.-L.) : La robe sauvage AUDI LE ET SENS RE I0E Hypothèse sur les hor- MONS. 5 ÈS AL TT ER ICS Le FÈèvre DE Arnic:Sur la culture des streptocoques homologues dans le sérum des blessés porteurs Le FÊVRE DE ARRIC : Sur les pro- priétés germinatives des streptoco- ques de plaies GS PONT Me ete RopHaïx (J.) : Remarques au su- jet de la biologie de l'Ornithodorus moubala eee er ker Er e ra pe ele be lets ie) Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. LA SUPPRESSION DU CHOC « ANAPHYLATOXIQUE », par W. KoPpACzEwWSKI. Les précipitines È 930 Dans n0$ recherches antérieures nous avons établi que la présence d'azote n’est pas nécessaire pour rendre toxique le sérum des cobayes (1) : que la production de cette toxicité est indépendante du temps et de la température ; et qu'enfin elle peut avoir lieu en l'absence d'électrolytes, ) W. Kopaczewski et Mutermilch, Comptes rendus de'la Soc. de Biologie, Fe LXXVWI, p. 182, > SÉANCE DU 1Â9 JUILLET 837 avec le sérum dialysé (1). Ces constatations ont rendu peu probable la théorie fermentative de Friedberger (2). D'autre part, la présence d'agglomération micellaire dans les sérums toxiques à orienté nos recherches vers une} hypothèse purement physi- que du choc « anaphylatoxique », savoir: l'introduction des suspensions ou des gels colloïdaux dans le sérum produit une rupture d'équilibre micellaire du sérum qui se traduit par une floculation coHoïdale. - Cette hypothèse s’est trouvée singulièrement renforcée par l’abaisse- ment de la tension superficielle du sérum des animaux intoxiqués et par l’inversion de la charge électrique des « globulines » du sérum (3). Nous nous sommes demandé si, en augmentant la viscosité ou en diminuant la tension superficielle du sérum, avant le traitement par les suspensions microbiennes ou les gels colloïdaux — ces deux facteurs étant des facteurs stabilisants de toutes les solutions colloïdales — nous n arriveron$ pas à supprimer le choc « anaphylatoxique ». La viscosité. — Pour augmenter la viscosité nous nous sommes servi de glycérine et de saccharose. On mélange 15 c. c. du sérum normal du cobaye avec 3 c.c. de glycérine chimiquement pure à 33°; puis on ajoute 7,5 c.c. d’une suspension de gélose à 2 p. 100 dans le sérum physiologique ; on agite, on met à l’étuve à 37° pen- dant 2 heures et on centrifuge. On obtient ainsi un sérum parfaitement limpide et transparent qu’on injecte dans la veine jugulaire des cobayes. 1. Cobaye, 220 gr. % c.c. 5 Respiration irrégulière; secousses assez marquées. Survie; temp., 10 min. après l'injection : 3702 C. 2: Cobaye. 280 gr. 5 c.c. 0 [mmobile; quelques secousses: convulsions; mort en 15 heures. ù 3. Cobaye, 290 gr. 4 c.c. 5 Quelques secousses; tremblement. Survie; temp., à 10 miv. après l'injection additionnée de glycérine : 3609 C. s Les mêmes résultats ont été observés avec les sérums, traités par des sus- pensions microbiennes (bacillus prodigiosus). Inutile de dire que les sérums-témoins non additionnés de glycérine ont provoqué la mort rapide avec ses symptômes caractéristiques et que, d'autre part, l'injection intraveineuse de glycérine ou de sérum glycériné chauffé 15 minutes à 56° C n’a pas été suivi des symptômes appréciables. Les expériences avec les solutions très visqueuses de saccharose à 100 p. 100 ont été moins nettes. En cherchant les raisons de cette diver- (1) W. Kopaczewski et Mutermilch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 491%, t. LXXVIT, p. 392. (2) W. Kopaczewski. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1919, t, LXXXV, p. 590. (3) Friedberger. Zeit. f. Immunitätsforschung, 1913, t. XVII, p. 227 838 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE BE LA gence nous avons constaté que ces solutions augmententen même temps la tension superficielle du sérum qui, au contraire, n’est pas modifié par la glycérine. -Il résulte de ces expériences que la toxicité du sérum a été Ro ment diminuée par l'addition dela glycérine, mais les résultats encore plus probants ont été obtenus par la diminution de la tension superfi- cielle du sérum. Tension superficielle. — La première difficullé qui s'est présentée était de trouver une substance qui ne diminuait pas la viscosité et ne modifiait pas la charge électrique {négative) des suspensions micro- biennes ou des gels coiloïdaux susceptibles de rendre le sérum toxique. En nous servant des savons, de sels sodiques d'acides biliaires ou de la solution de saponine, nous avons évité cette cause d’erreur. Toutes les substances expérimentées ont donné lieu à des résultats analogues. Voici les expériences faites avec une solution d’oléate de soude pur à 1 p. 100 dans de l’eau physiologique. Cette solution est légèrement alcaline; l'injection de 5 c.c. de cette solution mélangée avec 5 c.c. de sérum de cobaye chauffé 45 minutes à 56°C n’a pas été suivie d’autres symptômes que de quelques légers tics de tête. On mélange 20 c.c. du sérum normal de cobaye avec 10 c.c. d’oléate de soude et on ajoute ensuite 10 c.c, d’une suspension de gélose à 2 p. 100; on agite, et après 1 heure d’étuve à 36°, on centrifuge; le sérum légèrement trouble est injecté dans la veine jugulaire des cobayes. - 1. Cobaye, 210 gr. 4 c.c. 5 Torpeur passagère, pas d'autre symptôme. Temp., ’ 2 15 min. après l'injection : 3805 C. : Cobaye, 290 gr. 5 c.c. 5 Cris plaintifs; polypnée; pas d'autre symptôme. Temp., 15 min. après l'injection : 801 CCE 3. Cobaye, 280 gr. 6 c.c. 5 Id. 1 Voici les résultats, au point de vue de la tension superficielle (tempé- rature 27° C) : 1. Sérum physiologique à 7,5 p. 1.000. . . . . : . 712,70 dynes par 1 cent. carré. 2AOlÉate desoude atep ADI EEE 30,48 — — 1 cent. carré. 3. Sérum de cobaye normal : . . . . . nt . 68,76 — — 1 cent. carré. 4. Sérum de cobaye normal et gélosé à 1 p. 100 + 10,24 — —.1 cent. carré. * 5. Sérum de cobaye normal et savonné à 0,5 p.100. 36,93 — — 1 cent. carré. 6. Sérum de cobaye normal, savonné à 0,5 p, 100 = et gélosé ensuite à 4°p. 10002 SL cent Canne. Le sérum des cobayes, à qui on a injecté le sérum savonné et traité ensuite par la gélose, avait, 2 heures après l'injection, une tension superficielle de 68,24 dynes par centimètre carré, donc sensiblement normale. l’ensemble de ces résultats prouve qu'il est aisé de supprimer le choc anaphylatoxique en abaissant la tension superficielle du sérum injecté ou en augmentant sa viscosité. SÉANCE DU 19 JUILLET 839 #7 Il paraît évident que les substances employées ne peuvent agir autre- ment que par leur propriété d’abaisser la tension superficielle des liquides : aucune parenté chimique ne,peut être invoquée à leur sujet. Ainsi la suppression par ce procédé du choc anaphylatoxique peut être considérée comme l’experimentum crucis de la théorie purement physique de ce phénomène. ConcLusions. — 4° En augmentant la viscosité du sérum normal du cobaye par la glycérine, avant de le rendre toxique paf les suspensions microbiennes ou les gels colloïdaux, on diminue notablement cette toxicité ; % En diminuant la tension perte aile du sérum normal de cobaye par les savons ou par la saponine, on supprime complètement le choc « anaphylatoxique ». L'ÉLECTROCARDIOGRAMME PENDANT L'ANESTIÉSIE GÉNÉRALE CHEZ L'HOMME, par CLuzEr et TixiEr. L'un de nous a déjà montré, avec Petzetakis (1), que chez le chien l'anesthésie chloroformique modifie profondément l'électrocardio- gramme. L'action porte sur l’excitabilité cardiaque en produisant des extrasystoles, mais surtout sur la conductibilité cardiaque en faisant apparaître soit un block partiel, soit un block total, soit des pauses veniriculaires ou enfin des pauses totales de très longue durée. Au con- traire, l’éther, le chlorure d’éthyle et le chloralose ne produisent chez le chien que des modifications peu importantes du tracé. Nous avons voulu rechercher s’il en est de mème chez l'homme. Pour cela, un appareil à électrocardiogrammes a été installé dans la salle d'opérations de l’un de nous, à l’Hôtel-Dieu de Lyon. Les sujets étaient fixés dans le décubitus dorsal, les membres supérieurs pendant de chaque côté et les mains plongeant dans les électrodes impolari- sables. Les tracés ont été recueillis chez onze sujets au cours de diverses interventions et lorsque la résolution musculaire était réalisée; la période d’excitation rendait en effet, la contention parfaite trop difficile. A titre de comparaison, un iracé était recueilli pour chaque sujet dans’ les mêmes conditions que ci-dessus, mais à l’état de veille. Le chloroforme employé dans 6 cas a produit toujours un ralentisse- ment très notable du cœur, et a diminué jusqu'à la moitié, dans quel- (4) Cluzet et Petzetakis. Étude électrocardiographique expérimentale des divers modes d’anesthésie EEE Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 24 janvier 1914. 840 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ques cas, la fréquence des révolutions cardiaques ; jamais nous n'avons observé de modifications dans la situation relative des 3 ondulations principales de l’électrocardiogramme. Le plus souvent, la hauteur de ces 3 ondulations était un peu diminuée et dans 2 cas il s’est produit de . fréquentes extrasystoles. | Celles-ci se traduisaient par une ondulation supplémentaire oe et paraissaient, par suite, produites par le ventricule gauche (d’après les idées de Lewis). 1 L’éther, employé dans 5 cas, n’a produit aucune modification appa- rente de l’électrocardiogramme (1). Nous signalerons en outre que pendant certains actes opcraloies, tels que la dilatation de l'anus et l'éviscération, l'électrocardiogramme subit des modifications profondes dues vraisemblablement à l’état de shock. Nous avons constaté à ces moments de la tachycardie, avec fibrillation de l'oreillette et extrasystoles ventriculaires fréquentes. Il est à remarquer que tous les sujets examinés, blessés aux membres pour la plupart, étaient jeunes et ne péri pas d'affection car- diaque. En résumé, l’anesthésie générale au chloroforme produit, pendant la résolution musculaire, un ralentissement du cœur et quelquefois des extrasystoles, mais non les troubles électrocardiographiques consid rables observés chez le chien. L’anesthésie à l’éther ne produit aucune modification de l’électrocar- diogramme et paraît donc encore moins dangereuse à ce point de “ar que l’anesthésie au chloroforme. Le shock opératoire, pendant l’anesthésie, détermine Se des modifications importantes du tracé (tachycardie, fibrillation de l’oreil- lette et extrasystoles). (Travail du Service de physique biologique, radiologie et physiothérapie et de la Clinique chirurgicale de l'Université de Lyon.) RÉVERSIBILITÉ DE LA FONCTION PHOTOGÉNIQUE PAR L'HYDROGÉNASE DE LA PHOLADE DACTYLE, è par RaPHAEËL DuBois. Depuis longtemps, j'avais remarqué que le saccharose, mis en con- tact pendant plusieurs mois avec des siphons contenant les organes lumineux de Pholas daclylus, prenait une teinte brune, caramel. Le ÿ (1) Cluzet et Petzetakis. L’électrocardiogramme pendant l’anesthésie géné- rale, Lyon médical, 25 janvier 1914; — Annales d'électrobiologie, 1914. SÉANCE DU À9 JUILLET 841 ee même phénomène s'observait dans des flacons de verre jaune bien bouchés et remplis de luciférase préparée, comme je l'ai‘indiqué, et conservée dans du sirop de sucre (4). La couleur caramel va en s occentuant de plus en plus, en même temps qu'il se produit un dégagement gazeux. Ces manifestations d'une activité chimique prolongée se produisent lentement à la température ordinaire, mais le brunissement et le dégagement gazeux deviennent rapides par l'élévation de la température. Avec une douzaine de siphons conservés dans le sucre et immergés dans une quantité d'eau non aérée convenable, on peut, à une température voisine de 70°, recueïllir assez de gaz pour en faire l'analyse eudiométrique. Le gaz recueilli ne renferme pas d'oxygène, seulement des traces d'acide carbonique et le reste est de l'hydrogène. La coloration caramel est obtenue rapidement dans l’étuve à 70° avec us produit zymasique préparé par précipitation, au moyen de l'alcool, d'une macération de siphons frais dans la glycérine pure et neutre et purification du précipité floconneux par ee par l’eau chloroformée et reprécipitalion par l'alcool à 95°. Si, d'autre part, on laisse macérer pendant 48 heures un siphon de Pholade desséché à l’air libre et ayant perdu tout pouvoir de briller par immersion dans l’eau aérée, dans un flacon à émeri rempli exactement d’eau privée d'air, on peut constater, qu'au bout de ce temps, il s'est reformé de la luciférine. Ce résultat ne peut s'expliquer que par l’action d'une réductase, qui ne doit être autre que l’hydrogénase dont il a été question plus haut. Peut-être est-ce également de cette manière que s'opère la formation de Ja luciférine dans les expériences que j'ai relatées dans des notes anté- rieures (2). Dans la note que j'ai intitulée : Synthèse naturelle de la luciférine, j'ai dit que la propriété photozène de la Inciférine peut reparaître dans le mueus photogène chauflé à 100°; s’il est mis en contact après refroidis- sement, pendant quelques heures, avec une zymase, la coluciférase et j'ai ajouté : « La coluciférase accompagnant ordinairement la luciférase, il se peut qu’il s'agisse d’un cas de réversibilité d'une seule et même zymase ». C'est, en effet, cette explication qui paraït la plus exacte. Cette réver- sibilité peut s'obtenir simplement en changeant la réaction du milieu. Si à un liquide rendu lumineux par le mélange de luciférine et de (1) Voir La Vie et la Lumière, chez Alcan, éd., Paris, 1914. (2) Voir Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXX p. 964, 1917 et t. LXXXI, p. 317, 1948. _ Nota. — M. Newton Harvey a noté également la réversibilité de la fonction photogénique chez Cypridina hilgendorfi ; in Journ. cf physiology, 1918. 842 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE luciférase, on ajoute un peu d’acide acétique, la lumière s'éteint, mais un peu d'ammoniaque suffit à la faire reparaitre. On peut aussi éteindre et rallumer la lumière plusieurs fois de suite par un “nu changement de réaction du milieu. J'ai d'ailleurs depuis longtemps montré que le milieu photogène s'acidifie progressivement jusqu'au moment où se fait l'extinction spontanée. Or, l’on sait que les phénomènes de réduction sont activés par les acides et ceux d’oxydation par les alcalis. Cette réversibilité provoquée par une seule enzyme, qui oxyde la luci- férine avec production de lumière et la réduit ensuite pour régénérer son pouvoir photogène par simple changement de réaction du milieu, offre bien le type idéal d'un éclairage produit par une lumière qui, comme le Phénix, renaïitrait de ses cendres. Et si l'on rapproche son rendement, qui est presque de 100 p. 100, comme je l’ai montré depuis longtemps, de cette reviviscence auto- matique de l'agent lumineux, ou s'explique aisément comment, sans prendre autre chose qu’un peu d’eau, les beaux Pyrophores des Antilles peuvent fournir un splendide éclairage pendant des semaines (4). - ACTION ACTIVANTE DE LA MUQUEUSE INTESTINALE SUR LES PROPRIÉTÉS PATHOGÈNES DU VIBRION CÉOLÉRIQUE, par J. CANTACUZÈNE et A. MARIE. Le Vibrion cholérique est un microbe entérotrope; quel que soit son point de pénétralion dans l'organisme, qu'il y soit introduit par voie sanguine, péritonéale ou gastrique, c'est toujours à la paroi de l'intestin grêle qu'il aboutit. Là est son lieu de pullulation; c'est au contact et dans l'épaisseur de la muqueuse dénudée que s'élabore le poison cho- lérique. On est frappé, à l’autopsie des cas de choléra suraigu, à quel point les Vibrions sont souvent rares dans le contenu de l'intestin grêle. Cherchez au contact de la muqueuse privée de son épithélium : ils y pullulent en même temps qu'ils y subissent une vibriolyse intense, d'autant plus intense que les phénomènes toxiques sont plus aigus. (1) Ces constatations ont encore un autre intérêt. J'ai montré que les organes lumineux des insectes renferment des substances fluorescentes appelées luciférescéines. Celles-ci perdent leur fluorescence par l’acide acé- tique et la retrouvent par l’ammoniaque, comme il arrive pour la phospho- rescence, ou plutôt la luminescence de la Pholade dactyle. Ce rapproche- ment, comme je le montrerai dans une prochaine note, ajoute un nouvel intérêt aux idées nouvelles et originales de M. J. Perrin sur la lumière (Annales de physique, septembre-octobre 1918). SÉANCE DU 19 JUILLET 843 Tout se passe, au point de vue des aspects microscopiques, comme si intoxication cholérique était fonction de vibriolyse extracellulaire. Il semble que la muqueuse de l'intestin grêle renferme quelque substance qui agit sur le Vibrion cholérique de façon à exalter à la fois sa viru- lence et son pouvoir toxigène, et que, dans la pathogénie du choléra intestinal, l’action de cette substance sur le Vibrion soit une condition nécessaire. Les expériences que nous résumons ici montrent, en effet, qu'une faible dose d'extrait d’intestin grêle ou de cæcum, absolument inoffensive par elle-même, et ajoutée à une dose non UE de Vibrions cholé- riques inoculés dans le péritoine du cobaye, suffit pour déterminer une intoxication cholérique mortelle aiguë. En voici deux exemples : Os. I. — Sur un lot de 12 cobaÿes, pesant entre 250 et 350 grammes, 3 reçoivent dans le péritoine 1/15 culture sur gélose de Vibrions cholériques mélangée respectivement à 2 c.c., 1 c.c., 0,5 c.c. d'extrait d’intestin grêle de cobaye normal; 3 autres reçoivent la même dose de Vibrions mélangée à 2 c.c., 1 c.c., 0,5 c.c. d'extrait d'intestin grêle d'un cobaye qui, 2#heures avant d’être sacrifié, avait reçu dans le péritoine des Vibrions cholériques tués par la chaleur à 57°; chez 4 autres, on remplace l'extrait d'intestin grêle par l'extrait de cæcum. Enfin, 2 cobayes témoins recoivent dans le péritoine chacun 1/15 culture de Vibrions sans extrait. Les 10 cobayes qui ont recu le mélange Vibrions + extrait intestinal sont morts entre 3 heures et 11 heures après l'injection. Les témoins ont survécu. Les mêmes doses d'extrait intes- tinal injectées à des cobayes témoins n’ont déterminé aucun trouble. Os. IL. — Cinq cobayes, pesant entre 500 et 600 grammes, reçoivent dans le péritoine, l’un 1/15 culture de Vibrions additionnée de 2 c.c. d'extrait d'intestin grêle provenant d’un cobaye bien vacciné contre le choléra; l’autre, la même dose de Vibrions additionnée d'extrait d'intestin normal; 2 cobayes témoins reçoivent les extraits seuls sans Vibrions; un cinquième, la même dose de Vibrions sans extrait. Le cobaye qui a reçu le mélange Vibrions + extrait d’intestin vacciné a succombé, le premier, en moins de 10 heures. Le cobaye ayant recu le mélange Vibrions + extrait d’intestin neuf est mort au bout de 20 heures. Les 3 témoins ont survécu. Nos extraits sont préparés comme il suit : l'intestin grêle de cobaye, dans son entier, est haché, desséché dans le vide, puis broyé, émul- sionné dans la solution physiologique de NaCI à la dose de 40 c.c. de solution pour un intestin grêle; l'émulsion est laissée 24 ou 48 heures à la glacière, centrifugée, filtrée sur papier, inactivée 1/2 heure à 56°. Il suffit d'ajouter à une dose non mortelle de Vibrions 1 c.c. ou 0.5 c.c. de cet extrait pour tuer oo par injection intrapéritonéale en 3 à 15 heures. = À l’autopsie, on trouve le tableau du choléra classique : l'intestin 844 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE grèle, d’un rouge sombre, est distendu par un liquide diarrhéique, où fourmillent les Vibrions, où flottent de nombreux lambeaux épithé- liaux. Le sang, la bile, le liquide diarrhéique fournissent une culture abondante de Vibrions. | Notons que ce pouvoir « activant » de la muqueuse intestinale, om le rencontre aussi bien dans l'intestin neuf que dans l'intestin de cobayes vaccinés contre le choléra ou atteints de choléra intestinal. Ce pouvoir semble même plus énergique dans l'intestin vacciné. Notons également le fait que ce même extrait d’intestin vacciné qui, mélangé aux Vibrions introduits dans le péritoine, détermine un choléra mortel, protège, au contraire, efficacement Fanimal quand, à titre préventif, on l’injecte sous la peau, 6 heures avant l'inoculation dans le péritoine d’une dose mortelle de Vibrions. Le processus observé à la suite de l’injection de ces mélanges est le suivant : pendant une première phase, qui dure de 4 à 4 heures, les Vibrions se gonflent., se déforment, prennent des tailles ou des formes inégales, se colorent irrégulièrement, se fragmentent en petits graïes. Ces phénomènes de vibriolyse acquièrent une intensité particulière avec l'extrait intestinal d’un cobaye qui, sous une forme quelconque, a subi antérieurement une imprégnation d'antigène cholérique. Au bout de 2 à 3 heures, la vibriolyse étant partiellement effectuée et les résidus de cette vibriolyse ayant été détruits par les phagocytes à la surface de l’épiploon, on voit apparaître dans l'exsudat une nouvelle génération de Vibrions, grêles, ténus, allongés ou courts, qui se multi- plient activement jusqu'à la mort de l'animal, malgré l'intervention tardive et incomplète des phagocytes. Pendant ce temps, un processus ‘parallèle se déroule dans l'épaisseur de la muqueuse de l'intestin grêle, envahie par les Vibrions; sous l’épithélium, soulevé en longues bandes, se produit une active multiplication de petits Vibrions, jeunes, qui ne tendent pas, d'ailleurs, à se réduire eux-même en granulations, si bien que, dans ce cas, la muqueuse intestinale se trouve être le siège d’une vibriolyse plus active encore que la-cavité péritonéale elle-même. Sou- vent, au moment où la mort survient, il ne reste plus dans la paroi intestinale que fort peu de Vibrions; le processus vibriolytique est terminé. Vibriolyse énergique, naissance d’une génération de Vibrions mieux adaptée, plus virulente, retardement de la réaction phagocytaire, tels sont les phénomènes qui, dans le péritoine, se produisent sous l'influence des extraits intestinaux, très comparables, semble-t-il, aux phénomènes intrapariétaux au cours du choléra intestinal. Rien de semblable chez les témoins inoculés avec Vibrions seuls, sans extraits : ici, la vibriolyse qui suit l'injection intrapéritonéale, si toutefois elle se produit, est des plus réduites : l'intervention des pha- gocytes et la destruction intracellulaire des germes, dans lexsudat et à A SÉANCE DU 19 JUILLET : 845 la surface de l'épiploon, s'accomplissent très rapidement. Au bout de très peu d'heures, il n'existe plus de Vibrions libres. Sans vouloir tenter, actuellement, une interprétation de ces faits, notons simplement que, en matière d’exaltation des propriétés’ patho- gènes du Vibrion, la vaccination semble développer, dans l'intestin grêle, certaines propriétés préexistanles. DE L'ACTION DU BLEU ET DE-L'AZUR DE MÉTHYLÈNE SUR LES CELLULES NERVEUSES MÉDULLAIRES : ACTION ANTAGONISTE VIS-A-VIS DE LA TOXINE _TÉTANIQUE ET DE LA STRYCHNINE, - par ÉTIENNE MAIGRE. On sait que le bleu et l'azur de méthylène se fixent électivement, in vivo, sur le tissu nerveux qu'ils imprègnent, chez les petits mammi- fères, pendant au moins soixante heures, d'ordinaire à l’état de leuco- dérivé. De toute évidence, les éléments qui la subissent ne doivent pas être sans ressentir l'influence de cette imprégnation. Les expériences résumées ci-dessous avaient pour but de reconnaïilre la nature des modifications fonctionnelles ainsi déterminées. Avec des doses très rapidement mortelles de toxine tétanique, on constate, - sur des souris blanches, que des injections sous-cutanées de bleu de méthy- Line retardent l’évolution du tétanos expérimental, comme le montrent les tableaux suivants : Bleu injecté antérieurement à la toxine. DOSES DE TOXINE : DURÉE MOYENNE INJECTION SOUS-CUTANÉE Ge k NOMBRE DE SOURIS de SURVIE la cuisse postérieure droite) 3 LA MALADIE 0 gr: 000 5 pour 22 gr. Témoin nl 36 heures ï Bleus Res) 65 h. 15 (1/2 c.c. à 1/240, 4 heures avant l'iniection de la toxine, dans la cuisse opposée.) 0 gr. 000 25 pour 16 gr. TÉMOINS 0003 14 heures Bleus (1/4 e.c. à 1/100, l’avant- veille, la veille et le jour de l’injection de la toxine.) #. 98 heures. 846 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE .Bleu et toxine injectés en même temps, en des régions différentes. DOSES DE TOXINE … DURÉE MOYENNE (INJECTION SOUS-CUTANÉE 2 | dde NOMBRE DE SOURIS de SURVIE || la cuisse postérieure droite) Pre 2 ELLE lo gr. 001 pour 20 gr. : 36 heures. : Fa 36 heures. : Bleus Se 46 heures. 10 heures.|| Fémoinms : 55 heures. 0 gr. 000 3 pour 18 gr. |Bleus. . . . . D) 5h30 20 b. 30 U2BerCe à 1/00, plus, le lendemain, dans la cuisse postérieure droite : 4/10 c.c. à 1/100.) DOSES DE TOXINE = ; DURÉE MOYENNE (INJECTION SOUS-CUTANÉE ne . NOMBRE DE SOURIS de SURVIE {| la cuisse postérieure droite) LA MALADIE 0 gr. 000 5 pour 22 gr. FémMoin #21 36h50 0) (A recu, après 18 heures, 1/20 e.c. et après 24 heures s 1/40 c.c. de sérum antitéta- ! | nique sous la peau du dos.) | Bleus de 3 SUR 46 | 14h. 46 (Sérum comme le témoin. et, après 18 heures, 1/2 c. c de bleu à 1/240 sous la peau du dos; après 24 heures 1/2 c.c. = de bleu à 1/240 dans la cuisse postérieure droite.) | 0 gr. 000 5 pour 20 gr. Témoin 4 1 13 h. 30 (Pas d'injection de sérum.) Bleu -vésssr sense SpA 60 heures. | 14 h. 30 | (A recu, après 18 heures, du F sérum antitétanique et du bleu comme daus la série précédente.) Presque toujours, le début de la maladie, manifesté par la raideur de la patte qui a recu la toxine, est retardé de plusieurs heures chez les souris antérieurement ou simullanément injectées de bleu. Celui-ci n’empéche pas, comme le persulfate de soude, les crises spasmodiques. L'azur de méthylène, qui diffère du bleu par la substitution de SO?àS, - SÉANCE DU 19 JUILLET 841 a fourni, aux mêmes doses, pour les mêmes doses de toxine, des résul- tals analogues. Le même nombre d'animaux a été mis en expérience dans cette série que dans la précédente. L’azur semble moins diffu-. sible, un peu plus actif, moins inoffensif que le bleu : les souris n’en supportaient guère que des doses inférieures au sept millième de leur poids. À signaler une guérison obtenue avec l’azur, laquelle n’est peut-être qu'un accident heureux (l'animal a été sacrifié après un mois de survie). Les cas de guérison seraient moins exception- nels, sans doute, si, les cellules nerveuses étant maintenues sous l’in- fluence de l’azur ou du bleu, l’on injectait des doses moins massives de toxine, capables, par exemple, de tuer une souris en cinq ou six jours, et de provoquer un tétanos se rapprochant davantage du tétanos acci- dentel. Mais la rareté actuelle des animaux de laboratoire, la difficulté de se procurer en nombre suffisant des souris du même élevage, n’ont pas permis d'entreprendre ces expériences-là. Les premières suffisaient d’ailleurs à montrer l'action antitétanique, retardante, des deux colo- rants vitaux du système nerveux. Celle-ci est-elle spécifique ? C’est peu probable a priori. Pour trancher la question, M. Gley m'a conseillé de chercher si le bleu et l’azur de méthylène ne seraient pas antagonistes de la strychnine. Ils le sont en effet. : | Des grenouilles vertes (Rana esculenta L.), pesant environ 30 grammes, recurent, en injection intraveineuse presque toujours bien supportée, 3/10 de c.c. d’une solution au 150° d’azur ou de bleu, délayés dans 4,2 c.c. de sérum à 6/1.000, et, trois quarts d'heure après, dans un des sacs lymphatiques dorsaux, 1/2 c.c. d’une solution au millième de sul- fate de strychnine dans le même sérum. Elles se montrèrent toutes moins sensibles à l’action de l’alcaloïde que les témoins : retard dans l'apparition des premiers symplômes (une demi-heure, par exemple, au lieu de 5 minutes); strychnisation incomplète (pas d'extension forcée, les pattes postérieures demeurant souples; capacité de sauter souvent conservée); guérison de règle, tandis qu'avec cette dose de strychnine les témoins meurent très souvent (trois fois sur qualre dans cette série d'expériences). : Au contraire, chez des grenouilles qui ont recu la même dose de stry- chnine et qui sont contracturées en extension, si l’on injecte dans une veine la même doze d'azur ou de bleu, les résultats sont beaucoup moins nets : l'injection ne semble guère agir sur le strychnisme, la guérison n'est nullement assurée. L'azur et le bleu de méthylène sont donc capables de s'opposer, dans une certaine mesure, à la mise en état d'hyperexcitabilité des neurones centraux que provoquent la toxine tétanique et la strychnine. Quel est le mécanisme de cette action? On peut, semble-t-il, le concevoir, en 848: SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE admettant l'hypothèse de Marinesco (1) d'après laquelle l'influx nerveux subit des modifications d'intensité dans la cellule, grâce aux éléments chromatophiles de celle-ci. Certains poisons, comme la strychnine et la toxine télanique, ne donneraient lieu au dégagement d'énergie qui manifeste leur influence, que par la désintégration de ces éléments {4). Il semble prouvé d'autre part que, même in vivo, ce sont les corps chro- matophiles qui prennent seuls ou d’abord le bleu (2). Celui-ci retarde- rait leur chromatolyse. Il y aurait donc plutôt protection de la cellule nerveuse, que destruc- tion de la toxine ou de l’alcaloïde. On voit tout de suite que cette hypo- thèse s'accorde avec les expériences résumées ici. Quant à l’action destructive du bleu de méthylène sur la toxine téta- nique, ou tout au moins sur la tétanolysine, elle est, in vitro, réelle, mais faible (3). Elle pourrait sans doute, étant données les propriétés antitoxiques connues de l’iode, être renforcée en remplacant le chlo- rure de tétraméthylthionine et son dérivé sulfoné, par les iodures cor- respondants. Je n'ai pas pu me procurer ces corps. Comme leur influence ne doit pas être, plus que celle des chlorures, spécifique, il semble indiqué d'essayer de la mettre en œuvre, non seulement contre la toxine tétanique, mais encore contre la toxine diphtérique, la rage, certaines myélites. : : Le eomposé dit Melthylenblau-Silber, et le bleu de méthylène N ou NSS, dérivé éthylé, plus apte encore, sans doute, à se fixer sur le tissu nerveux, me firent égaiement défaut. Quant au bleu GG qui n’est plus une thiazine, mais une oxazine, si les idées d'Ehrlich (4) sont exactes, il ne doit pas colorer les neurones électivement. Ce serait à vérifier, comme il faudrait pouvoir expérimenter avec d’autres modifications ou combinaisons de la tétraméthylthionine, plus riches, pee exemple, en oxygène ou en iode. Le bleu dont je me suis servi était du bleu de Merck pour colorations vitales, tel qu'on le trouvait en 1914 chez Cogit; l’azur m'a été donné par M. André Bertaut. Les solutions étaient faites dans du sérum phy- (1) La chromatolyse de la cellule nerveuse. Intermédiaire des biologistes, 1898. (2) Voir, par exemple : Péchontre. Lésions médullaires dans le tétanes et. mécanisme des contractures. Thèse de médecine, 1898 ; — Manouélian. Recher- ches cytologiques dans le tétanos humain. Comptes rendus Ac. des Sc., 22 juin 1914. (2) Semi Meyer. Die subcutane Methylenblauinjection, ein Mittel zur Darstellung der Elemente des Centralnervensystems von Saïügethieren. Archiv für mikroskopische Anatomie, 1895. {3) Von Tappeiner et Jodlbaüer. Münch, med. Woch., 1904; — Klexner et Noguchi, Journal of experimental medicine, janvier 1906. (4) Ueber die Methylenblaureaktion der lebenden Nervensubstanz. Bio- logisches Centralblatt, 1886. SÉANCE DU Â9 JUILLET 849 siologique à 9/1.009. La toxine, enfin, venait de l'Institut Pasteur. IH me reste à remercier mon ami André Lefai qui a bien voulu m'aider à injecter et à surveiller les souris en expérience, et surtout M. le pro- fesseur Gley qui m'a permis de travailler dans son laboratoire et qui ne m'a pas ménagé ses conseils. QUELQUES CONSIDÉRATIONS HISTORIQUES, AU SUJET DES GREFFES MORTES, par J. NAGEOTTE. Lorsque j'ai parlé ici pour la première fois de « greffes mortes » (1), cette dénomination a été critiquée comme formée de deux termes contradictoires. _La critique était fondée, si l'on s’en tenait aux idées courantes; elle tombait dévant les faits nouveaux que j'apportais : l'établissement d’une continuité entre [a substance conjonctive du greffon et celle des tissus: de l'hôte — la réhabitation du greffon par des éléments proto- plasmiques nouveaux, au moins dans une certaine catégorie de tissus — enfin la reviviscence complète du tissu ainsi réhabité, dans lequel Les substances conjonctives reprennent exactement leurs fonction+, sans qu'il se produise aucune substitution, et continuent le cycle de leur évolution, un instant arrêté par la mort du tissu. La théorie, qui dérive de considérations sur la genèse des substances conjonctives, était nouvelle; mais un cerlain nombre des faits qu'elle permettait de prévoir et de classer aisément avaient été déjà découverts depuis longtemps d’une facon empirique pour la plupart. Avant d’ex- poser brièvement les grandes lignes de l'historique de cette question, il importe d’en bien préciser les termes. ; Lorsqu'un fragment de substance, momentanément séparé de l’orga- nisme ou étranger à lui, a été introduit dans une plaie et y est resté après la guérison, on doit considérer deux cas : ou bien la substance reste étrangère et la guérison se fait par inclusion (Einheilung des auteurs allemands) ; ou bien il établit une continuité avec les tissus de l'hôte et la guérison se fait par réunion (Anheilung); c’est le cas pour les fragments de tissus vivants, etl’on donne alors le nom-de «greffe » à l'opération pratiquée, à la condition toutefois que les tissus introduils continuent à vivre. Or les faits que j'ai apportés prouvent que la vie du greffon au moment de l'opération n’est pas nécessaire à la reprise des (4) J. Nageotte. Sur la greffe des tissus morts et en particulier sur la réparation des pertes de substance des nerfs à l'aide de greffons nerveux conservés dans l'alcool. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXX, 1917. 850 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tissus introduits, et que le greffon mort une fois repris peut, au point de vue de la vitalité, ne plus se distinguer en rien d’un greffon placé. vivant et resté vivant. Et, d'autre part, j'ai montré qu'il existe des intermédiaires (tunique moyenne des artères) entre les cas où la vie réapparait complètement (tissu conjonctif) et ceux où le tissu reste privé d'éléments vivants (cartilage, os). En réalité, la catégorie des faits qui nous occupent est plus complexe qu'on ne le supposait; il en résulte que le domaine de ce que l’on peut appeler « greffe animale » se. trouve agrandi. = Les faits anciens que je voudrais rapidement passer en revue se groupent en plusieurs catégories, suivant que les auteurs ont ou qu'ils implantaient dans l'organisme des substances mortes, ou bien qu'ils ont cru greffer des tissus vivants — Suivant qu'ils ont cherché à faire une simple prothèse (implantation de dents mortes), ou bien à obtenir un certain résultat mécanique temporaire à l’aide d’une substance facile à « résorber » (catgut) — suivant, enfin, qu’ils se sont bornés à la pra- tique, ou bien qu'ils ont cherché à tirer de leurs expériences des données théoriques sur l'essence de la vie (P. Bert). Les premières tentatives concernent les dents. La replantation des dents est fort ancienne (A. Paré). En 1633, Dupont guérissait le mal de dent par l’avulsion suivie de replantation. Au xvu° siècle, quelques dentistes arrachaient les dents pour les plomber à leur aise et les. replantaient ensuite. Naturellement, la replantation conduisit à la transplantation et bientôt on s’apercut que le résultat pouvait être aussi bon avec des dents sèches | Bourdet (1757), Fauchard (1786), Mitscherlich (1863)|. Tout le monde connaît l'expérience célèbre de Hunter qui réussit l'implantation d’une dent humaine dans la crête d’un coq et constata le rétablissement de la circulation dans la cavité de cette dent. En réalité, toutes ces opérations relèvent de la greffe morte, car Scheff a montré expérimentalement que, même dans la replantation, la pulpe se nécrose. Il se produit du côté de l'ivoire des phénomènes sem- blables à ceux observés dans les implantations d'os morts : c’est dire: que les résullats définitifs restent précaires. L'histoire des greffes osseuses est plus récente et elle a suivi à peu près les mêmes phases. Depuis l'observation de Merrem (1810), la greffe de l’os vivant ou mort a été l’objet de recherches extrêmement nombreuses, qui se poursuivent encore actuellement. Beaucoup de points ont été élucidés, mais beaucoup d’autres restent obscurs, parti- culièrement en ce qui concerne le rôle excitateur que semblent jouer les greffons à l'égard des tissus osseux vivants au contact desquels ils sont placés : l’ostéogénèse est un processus GES Men Ent CORDES et difficile à saisir. SÉANCE DU 19 JUILLET 851 Je ne puis naturellement pas entrer ici dans les détails de cet histo- rique, dans lequel les travaux de Flourens, Ollier, Bidder, Lanunelongue et Wignal, Poncet, Buscarlet, Duplay et Cazin, Cornil et. Coudray tiennent une place importante. Très tôt on s’est demandé si les greffons d'os ‘vivant, en apparence repris, restent réellement vivants et si l'os vivant, que l’on retrouve après guérison, n'est pas un tissu nouveau substitué au greffon. Nous savons maintenant, surtout par les travaux d'A. Barth (1893), qu’en réalité le greffon osseux vivant meurt, au moins en grande parlie, et qu'il s'y substitue pièce à pièce un os nouveau, au fur et à mesure de la résorption de l'os ancien. La greffe osseuse morte est donc à peu près équivalente à la greffe osseuse vivante. Aussi a-t-on, depuis longtemps, pratiqué des greffes osseuses mortes sous toutes les formes possibles : os macéré, bouilli, décalcifié et même calciné. L’os est un cas tout particulier dans la série des tissus conjonctifs ; il est, sur le vivant, en voie de reconstruction perpéluelle el l'expérience montre que, après sa mort, sa substance, introduite dans un orga- nisme vivant, garde cette instabilité. Si l’on réfléchit, en outre, à ce fait que l'os, tissu à cavités pratiquement closes, ne peut se réha- biter d'ostéoplastes, et par conséquent ne peut pas revivre, on com- prend aisément ce qui se passe dans les greffes osseuses où les phé- nomènes de dissolution et de résorption, dont les systèmes de Havers sont le siège, ne peuvent être compensés que par l'apport d'un tissu osseux nouveau, formé de toutes pièces à partir des tissus vivants du voisinage. : L'observation de ces faits est facile, grâce à la possibilité de distinguer nettement le tissu osseux mort du tissu osseux vivant, et de suivre pas à pas l'invasion de ce dernier dans les lacunes qui résultent de la fonte du premier. Maïs les notions acquises sur l'os, exactes en elles- mêmes, ne peuvent conduire qu à des généralisations erronées, en ce qui concerne les autres variétés de tissus conjonctifs. Et, de fait, à l'exception de P. Bert, tous les expérimentateurs qui se sont irouvés en face de faits de reviviscence du tissu conjonctif ont cru à la substitution. Lister, en 1868, étudiant avec le plus grand soin les transformations de son catgut dans l'organisme, éprouve tout d’abord un désappointe- ment lorsqu'il constate que des fils de ligatures en catgut, loin de se résorber, comme il s’y attendait, persistent dans leur forme. Mais l'explication est vite trouvée : ces fils sont « présents en apparence, mais absents en réalité »; ce qui existe à leur place, ce sont des « bandes de tissu vivant », formées à leurs dépens par un « processus d'organisation » comparable à l'organisation du caillot. Et en quoi consiste cette organisation ? « Le tissu mort du catgut, le vieux tissu, BICLOGIE. COMPTES RENDUS. — 41919. T. LXXXII. 62 S 852 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE est absorbé par le nouveau et, à mesure de l'absorption de l’ancien, du tissu nouveau est mis à sa place. » Cette même interprétation se retrouve chez tous les auteurs qui ont employé des tissus morts pour remplir un rôle de prothèse provisoire à l’aide de substances bien tolérées ; Lous considèrent le greffon comme un simple échafaudage qui facilite la construction du nouvel édifice, définitif, mais qui est destiné lui-même à disparaître. C’est ce qui se passerait pour les greffons vasculaires morts (Lewin et Larkin, Guthrie) ou pour les greffons vasculaires conservés trop long- temps à la glacière, considérés comme vivants, en réalité morts (Fleig, Villard Tavernier et Perrin). - J'arrive maintenant aux travaux de P. Bert (1866), qui ont une portée scientifique bien autrement grande, parce qu'ils ont pour but d’élucider la nature essentielle des phénomènes de la vie; ces travaux sont actuel- lement fort oubliés; seules les notions relatives au rétablissement de la sensibilité dans la queue du rat greffée ont échappé à cet oubli inimérité ; ce ne sont pas, de beaucoup, les plus importantes. P. Bert emploie la greffe comme méthode générale dE on physiologique. « Notre but, dans nos recherches, dit-il, n’a pas été seulement d'apporter de nouveaux matériaux à la démonstration de l'indépendance vitale des tissus, mais surtout d'étudier l'action des milieux divers sur l'existence de leurs propriétés, ou, si on l'aime mieux, la résistance de ces propriétés à l'influence de milieux divers. Pour juger de l’action exercée par ces milieux divers, il greffe les lissus après les y avoir exposés; il peut ainsi voir si la vie continue ou si elle a été arrêtée et, dans les cas où la greffe reprend, si le tissu continue le cycle de son évolution normale ou bien s’il en a été dévié. Après avoir étudié l’action du temps qui s'écoule depuis le prélève- ment jusqu'à l'opération de la greffe, l'auteur a recours successivement au froid, au chaud, à l'électricité, au séjour dans les gaz et dans des liquides divers, enfin à la dessiccation CODIelee Et il voit, non sans étonnement, qu' eee la dessiccation complète, après l’action prolongée de l’eau distillée, de l’eau aleoolisée, de l’ eau phé- . niquée, de la glycérine au tiers, etc., les queues de rats greffées peuvent encore survivre. Ses examens histologiques sont naturellement un peu rudimentaires et en rapport avec l’état de la science à ce moment; pourtant il constate nettement l'existence de cellules plasmatiques dans les tendons d'une queue greffée, depuis un mois, après BÉJD Ie de six heures dans de l’eau alcoolisée à 2 p. 100. Appréciant les résultats de ses expériences, P. Bert di: « Il parait donc difficile de nier que la vitalité ait persisté après la dessiceation complète des éléments anatomiques qui conslituent la queue d’un rat, au moins dans les éléments du tissu conjonetif et de la moelle des SET RE: SÉANCE DU 19 JUILLET C2 QA et OS De... « Cependant, en présence d’un fait qui parailra extraordinaire, nous n'osons nous avancer jusqu'à une affirmation complète. » En ce qui concerne le « principe vital », l’auteur n’y voit que « des propriétés spéciales à la matière organisée et des conditions de milieu. les conditions intrinsèques sont nécessaires ; les conditions extrinsèques sont contingentes, en ce sens qu elles peuvent être supprimées sans que les précédentes aient pour cela disparu (vie latente après dessiccation des rotifères, des queues de rat, etc.); mais les conditions des deux ordres sont nécessaires pour que les phénomènes continuent à se produire san: interruption (greffe simple), ou se manifestent de nouveau après avoir été suspendus (eau rendue aux rotifères desséchés) ». I] était impossible de mieux dire, en l’absence de notions morpholo- giques précises que P. Bert, au temps où il travaillait, ne pouvait pas posséder, mais qui, aujourd’hui, doivent être à la base de toute doctrine relative à la vie des tissus. SUR LES SÉRIES DE FIBONACCI. » Note d'E. ZAgPrFErz, présentée par M. L. Marrucnor. Les études de Hugo de Vries sur la duplicature des fleurons liguts dans le Chrysanthème des moissons ont montré que, parmi les nombres de ligules présentant une fréquence maxima, figurent 13, 91, 34, 55. On sait que ces nombres appartiennent à [a série suivante de Fibonacci, dans laquelle chaque terme est égal à la somme des deux termes qui le précèdent : : 12:38, 5, 8, 143, 24,54, 55, 89... F. Ludwig (de Greiz) a montré que ces mêmes chiffres correspondent aux nombres de plus grande fréquence pour les fleurons ligulés, chez 0 les Composées radiées. D'autre part, les angles de divergence des feuilles et des pièces florales s'expriment par des fractions appartenant à la suite : 142.3 5 8 49 01 23 208 19 2 no ou à des séries du même type, dans lesquelles numérateurs et dénomi- nateurs constituent respectivement des séries de Fibonacci. Enfin, dans certaines.plantes, en particulier chez les Renonculacées, la divergence présente plusieurs valeurs : ainsi, chez l'Adonis, elle + ) » valeurs : = JS : passe pour les diverses pièces florales de = à g’ Puis à ais Re appartenant à la série précédente. SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CO O Le Cette possibilité d'exprimer des caractères botaniques par des séries mathémaliques correspond-elle à une loi naturelle ? Remarquons d'abord que, dans une série de Fibonacci, un lerme de rang n est égal au double du terme de rang n — 2, augmenté de l'excès du terme de rang n — 1 sur le terme de rang n — 2. Ainsi : 34— 9 X 13 + (21-43). Si on double les termes de la série primitive, on obtient une nouvelle série de Fibonacci : 9, 4, 6, 10, 16, 26, 42, 68, 110... Si, partant de la même série primitive, on ajoute au triple de chaque terme l'excès du terme suivant sur lui, on forme une autre série de Fibonacci : 1 AAS 29 ICS Or, ces séries renferment autres nombres : 16, 26, 47, signalés, par de Vries et Ludwig, comme nombres de ligules à fré- quence maxima. $ Essayons d'appliquer ces notions à l'étude du Chrysanthème. Dans un capitule à 21 ligules provenant d’un capitule à 13 ligules, on peut considérer 13 ligules comme normales, les 8 autres étant nou- velles. Imaginons alors que les 13 ligules normales se dédoublent et que les 8 nouvelles se conservent simplement : c’est un capitule à 34 ligules qu’on obtiendra. Sur ces 34 ligules, 21 existaient déjà au stade précédent, et 13 sont nouvelles. Si les 21 se dédoublent, les 13 se conservant, c’est un capi- tule à 55 ligules que donnera la duplicature suivante. D'autre part, si toutes les ligules, normales ou nouvelles, du type 13 se dédoublaient, c'est un capitule à 26 ligules qui prendrait naissance. Enfin, si, dans un capitule à 21 ligules, les 13 normales triplaient, les 8 nouvelles se conservant, c'est un capitule à 47 ligules qui se formerait. Ainsi apparaissent bien les nombres 13, 21, 26, 34, 417. Cherchons à appliquer un raisonnement analogue aux variations de la divergence, chez l'Adonis. ; 245 À 5 0 Cette divergence passe de=as puis à Dans la région florale 13 inférieure, caractérisée par la première fraction, on rencontre, en par- courant la spirale d'insertion, 5 pièces réparties sur 2 spires; dans la région suivante, 8 organes sur 3 spires; enfin dans la région supé- rieure, 13 organes sur 5 spires. Or, les 8 organes du niveau moyen sont nourris par les faisceaux qui, au niveau inférieur, correspondent à 5 organes seulement. Et les 13 organes supérieurs proviennent de faisceaux qui, au niveau SÉANCE DU A9 JUILLET 855 moyen, ne donnent que 8 organes. Les faisceaux, en s’élevant, se subdivisent donc, émettant 3 ramifications au niveau moyen et 5 nou- velles au niveau supérieur. Sur les 8 faisceaux ou groupes de faisceaux du niveau moyen, on peut considérer que 5 sont normaux et que 3 sont récents. Si, passant au niveau supérieur, les 5 normaux se dédoublaient, les 3 récents se conservant (suivant la même règle que pour le Chrysanthème), c’est bien le nombre 13 qu'on observerait. Mais en même temps que les organes passeraient de 8 à 13, leur spirale d'insertion se modifierait : elle comprendrait d’abord 3 spires pour les 8 organes reproduisant la disposition du niveau moyen, puis 2 spires pour les 5 organes nou- veaux, comme pour les 5 organes homologues du niveau inférieur : en tout, cela ferait bien les 5 spires qui existent effectivement. En résumé, les variations observées soit dans le nombre de ligules, chez le Chrysanthème, soit dans la divergence, chez l’Adonis, se conçoivent simplement dans l'hypothèse suivante : Certains éléments (ligules, orthostiques, spires) peuvent, dans des conditions qui restent à préciser, doubler, tripler même, mais avec cette restriction que les éléments de formation récente ne peuvent pas, ordinairement, participer à ce dédoublement. Des variations analogues à celles que nous observons maintenant ont sans doute pu se produire au cours de l’évolution : les séries de Fibonacci qu’on peut former en étudiant dans une même famille soit le nombre des ligules pour les Composées, soit les angles de diver- gence pour les Renonculacées, nous fournissent donc une donnée nouvelle dans la recherche des affinités botaniques. LES PHÉNOMÈNES DE MATURATION DE L'ŒUF CHEZ Rana fusca. Note de R. HovassE, présentée par M. CAULLERY. Il est possible, dans l'exposé de ces phénomènes, d'envisager deux phases successives : l’une préparatoire, comprenant la croissance de l’ovogonie, l’autre réductrice, comprenant les émissions polaires. Phasé préparatoire. — L'ovogonie, pendant sa période de croissance, renferme un noyau volumineux, la vésicule germinative, pourvue de nombreux nucléoles chromophiles entourant une plage claire, oceupée par les éléments chromatiques. Ceux-ci consistent en un filament très irrégulier, à barbelures très fines, dessinant un réseau : ce filament est toujours présent, contrairement aux données de Carnoy et Lebrun (1900). Progressivement, 15 ou 20 jours avant la ponte de la grenouille, les barbelures disparaissent, semblant rentrer à l'intérieur du filament qui 56 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE devient très colorable, se montre simple et continu. I y a là un stade de noyau leptotène à spirème continu. Plusieurs jours avant la ponte, l'ovaire entre en déhiscence; les phé- nomènes de maturation vont se succéder avec rapidité. 2 La vésicule germinative se rapproche du pôle pigmenté de l'œuf, tandis que le filament grêle s’épaissit en se raccourcissant. Puis, le filament chromatique, de simple qu'il était, devient double : tout se passe non pas comme s’il y avait eu division longi'udinale, mais reploiement du spirème par son milieu et conjugaison parallèle des moitiés repliées. Sur une préparation, j'ai pu voir le flamentchromatique com- parable à un U dont les deux branches sont enroulées l’une sur l’autre et dont la boucle est nettement visible. Cette sorle de cordelette à deux brins est continue sur une grande longueur, et, à l'extrémité opposée à la boucle, on voit 3 couples de chromosomes individualisés. Comme, à un stade un peu plus avancé, on trouve 12 couples chroma- tiques nettement distincts, je crois possible d'admettre qu'il y a tout. d'abord reploiement du spirème entier, en une cordelette à deux brins, qui, d’abord entièie, se scinde ensuite progressivement dans le sens transversal pour donner le nombre réduit de couples. : Il y a donc, chez la grenouille rousse, un noyau zygotène, un stade synapsis au sens de Moore et de Wilson, d'un genre nouveau puisqu'il porte au moins sur la plus grande partie du spirème, c'est un synapsis spirème. La vésicule germinative disparait alors par un processus curieux : les nucléoles semblent devenir liquides, se fusionnant en des masses pâteuses qui s'écoulent à la partie inférieure de la vésicule, dont la membrane se fond, et tombent dans le vitellus pour y disparaître bientôt. Le noyau est réduit à la plage grenue qu'aucune membrane ne sépare plus du cytoplasme bourré de plaquettes vitellines. Les chromosomes couplés, qui occupent le centre de la plage, sont d’abord bien distincts dans chaque couple, et les dyades sont d'allures et de tailles très diffé rentes. Puis, il semble qu'il y ait contraction des couples dont on ne distingue plus les composants . les douze blocs de chromatine ainsi obtenus se tassent alors en une ou deux masses hétérogènes. Il y a là quelque chose de comparable, orientation en moins, au second synapsis décrit par les auteurs. Phase réductrice. — Le cytoplasme s'irradie autour des masses chro- matiques ; il apparaît un premier fuseau; les couples s’individualisent à nouveau, au même nombre de douze, avec les mêmes différences de taille; ils se dilatent et prennent plus ou moins la forme classique d'oiselets, Il en est de dimensions très inégales : certains ont 2 ou 3 fois le volume des autres. La mise en fuseau est longue; la mélaphase est irrégulière et très brève; il y a dissociation dicentrique des dyades, con- SÉANCE DU 19 JUILLET 857 trairement aux idées de Dehorne (1911). Le fait en est particulièrement évident au moment de l’anaphase, où l’on voit les chromosomes se cor- respondre deux à deux de part et d'autre du plan équatorial, avec des tailles et des formes tout à fait analogues. Ces chromosomes symé- triques les uns des autres par rapport au plan équatorial ne peuvent être autre chose que les éléments des dyades de la métaphase, que les éléments des oiselets. Le premier globule polaire est alors émis. Sans arrêt, un nouveau fuseau apparaît à la place de l’ancien; ies anses chromatiques restées daus l’ovocyte sont de bonne heure doubles. La métaphase trés régulière est longue, puisqu'elle ne s’achèvera que si un excitant vient à rompre l'équilibre de l'œuf. Alors seulement le second globule pôlaire sera expulsé, expulsion qui se réalise normale- ment après la fécondation. Conclusion. — La maturation de la grenouille rousse montre, réalisée avec une grande netteté, la série des phases nucléaires que Grégoire (1910) considère comme générales. Les partieularités sont l'existence d'un synapsis portant sur tout le spirème, et d'une dissociation dicentrique des dyades à la première émission polaire. SUR L'ENDOPLÈVRE, par R. ARGAUD. La description histologique de la plèvre des mammifères telle qu’elle est donnée par les classiques ne répond pas à sa complexité structurale. C'est, en réalité, plus qu’un simple épithélium doublé d'une couche conjonctive assez riche en fibres élastiques. La persistance d’une pareille simplification, alors que d’autres organes moins importants sont étu- diés avec une profusion de détails, est d'autant moins compréhensible que, depuis longtemps, les auteurs ont signalé, dans cette séreuse, un épithélium à bordure en brosse (Kolossow, Brunn, etc.), des fibres musculaires lisses (Eberth, Favaro, ete.), des follicules clos (Heller), etc. En même temps que nous attirons l'attention sur cette lacune, nous allons exposer, très succinctement, et d’une facon synthétique, Le résul- tat de nos recherches sur la plèvre viscérale de l’homme, du chien, du chat, du cobaye et du lapin. La plèvre viscérale des mammifères est clivée en deux tranches par une membrane élastique qui présente tous les caractères d'une limitante interne artérielle. On peut donc, par analogie, désigner, sous le nom d'endoplèvre, toute la partie de la séreuse comprise entre l’épithélium 858 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et cette membrane élastique, en conservant le nom de tissu sous-pleural ou conjonctif qui l’unit au parenchyme pulmonaire. L'épithélium pleural est, presque partout, réduit à une simple assise de cellules pavimenteuses, polyédriques, tapissées par une bordure en brosse dont les poils, 2 à 3 x, sont terminés par un petit grain. Les noyaux sont clairs et la délimitation cellulaire est difficile à établir complètement par suite de la fusion, vers la membrane basale, du proto- plasma d'une cellule à l’autre. Dans quelques rares points, l’épithélium est stratifié. Le collagène endopleural se distingue facilement du tissu sous-pleural par le faible tassement des fibres à peu près régulièrement espacées. Dans le tissu sous-pleural, très vascularisé, les éléments fibreux sont, au contraire, groupés en faisceaux très denses et flexueux, séparés les uns des autres par du tissu lâche. Cette couche sous-pleurale, très déve- loppée au niveau des espaces interlobulaires, peut faire défaut par ailleurs; l'endoplèvre s’adosse alors directement au parenchyme pul- monaire. La limitante interne est toujours facile à metire en évidence dans les préparations de plèvre saine. Comme celle des artères, elle peut se résoudre en de nombreuses fibrilles qui, après un court trajet, se réu- nissent de nouveau. Dans la plèvre pathologique, cette limitante persiste malgré l'intensité des lésions pleuro-pulmonaires. Au voisinage des confluents emphysé- mateux, elle est même comme renforcée par son dédoublement en un certain nombre de lames aussi volumineuses qu'elle-même. Cette for- mation élastique ne disparait, d’ailleurs, que bien après les fibres élas- tiques et seulement lorsque la sclérose a tout envahi. Vers le bord antérieur du poumon, il n'est pas rare de voir l’endo- plèvre s’invaginer plusieurs fois de suite par des duplicatures très rapprochées et profondes dans l’épaisseur du poumon et le débiter en tranches foliées. C'est dans le chorion endopleural que peuvent se montrer des fibres musculaires lisses tantôt éparses et dirigées alors obliquement de l’épi- thélium vers la limitante et tantôt groupées en faisceaux parallèles à la surface. On trouve encore dans la plèvre, des amas lymphoïdes disposés en follicules clos ou en minuscules ganglions lymphaliques avec leurs centres germinatifs. Contrairement à l’opinion de Heller, ils ne siègent pas seulement dans le tissu sous-pleural, mais aussi dans l’endoplèvre dont ils soulèvent légèrement l’épithélium. Tout autour de chaque follicule, l'endoplèvre, tout entière, s'invagine et décrit un vérilable fossé de circonvallation très étroit et très profond. Là encore l’épithélium est recouvert d’une bordure en brosse et le cho- rion bordé par la limitante. SÉANCE DU 19 JUILLET 839 On ne saurait trop insister sur l'importance de ces formations lym- phoïdes pour expliquer les pleurésies purulentes primitives. Les agents pathogènes peuvent, en effet, pénétrer par les voies lymphatiques jus- qu'aux ganglions où ils sont appelés, retenus et, dans les circonstances favorables, détruits. Les pleurésies purulentes résulteraient de l’insuf- fisance accidentelle de l’action bactériolytique et antitoxique des gan- glions pleuraux. En résumé, la plèvre est formée de deux tuniques : L° une tunique interne (endoplèvre) bordée en dehors par une membrane épaisse et continue (limitante); 2° Une tunique externe (tissu sous-pleural) rattachant l’endoplèvre au parenchyme pulmonaire. L’épithélium endopleural, stratifié par places, est généralement pavi- menteux simple et revêtu d’une bordure en brosse. Le chorion peut renfermer des fibres musculaires lisses. Enfin, l’endoplèvre et le tissu sous-pleural sont infiltrés çà et là par quelques ganglions Iymphatiques minuscules qui expliquent la pathogénie des pleurésies purulentes dites primitives. TENEUR EN SUBSTANCES HYDROCARBONÉES DU FOIE ET DU MUSCLE PRÉLEVÉS IMMÉDIATEMENT APRÈS LA MORT, -par HENRI Bierry et M Z. GRuzEWSKA. Nous avons antérieurement indiqué une méthode rapidé et précise de dosage du glycogène (1), dans le foie et les muscles, qui ne nécessite que de petites quantités de tissu frais (25 grammes ou même 10 grammes). Nous avons également décrit une technique qui permet d'évaluer en bloc les substances hydrocarbonées (2) contenues dans les organes. Rappelons brièvement, en ce qui concerne le foie, cette dernière technique : immédiatement après la mort de l'animal, on enlève le foie que l’on pèse et que l’on passe au broyeur. De cette bouillie hépatique, obtenue le plus rapidement possible, on prélève 25 grammes par exemple, qu’on soumet à un jet d’air liquide. L'action de l’air liquide est prolongée jusqu’à l'obtention d'une masse solide qui puisse être triturée dans un mortier placé dans un mélange réfrigérant. Le lissu congelé est pulvérisé de façon convenable, puis introduit dans un ballon avec 100 c.c. d’une solution à 8 p. 100 de HCI pur (22° B.; D — 1,18). (1) H. Bierry et Z. Gruzewska. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 155, p. 1559, 1912. (2) H. Bierry et Z. Gruzewska. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXVI, p. 824, 1914. * : 860 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Toute l'opération doit être faite sans perte de substance, et on doit opérer dans des appareils plongés dans un mélange de glace pilée et de sel, de façon à maintenir la lempérature vers zéro. Le tissu hépa- tique congelé doit présenter après passage au mortier un aspect homogène. On porte le foie, additionné de solution . drique et laissé en contact 24 heures, à l’autoclave, à 120° pendant 30 minutes. On neutra- lise et on élimine les substances protéiques par le nitrate mercurique. La liqueur neutralisée est introduite dans un ballon jaugé et amenée avec les eaux de lavage à 300 c.c. Dans le filtrat, après élimination de l'excès de Hg par la poudre de zinc, on dose le sucre par la méthode - Mohr-G. Bertrand. On obtient ainsi l’ensemble des matières sucrées réductrices, renfermées dans le foie, et on les exprime en glucose. En faisant parallèlement un. dosage de glyeogène et un dosage de sucre total, il est possible d'établir d'une part Le poids du glycogène, et d’autre part le poids des substances hydrocarbonées qui se trouvent à l’étal de glucose (1), ou qui, dans le foie, ne sont pas encore à ce stade (dextrine, maltose, etc.), mais y sont amenées par hydrolyse acide. Foie. — Les animaux étaient tués par saignée rapide et le foie prélevé et traité immédiatement ; seul le chien I était anesthésié. Le tableau ci-dessous donne Jes/résultats de dosages effectués sur différents animaux sacrifiés à divefs élats : GLYCOGÈNE SUBSTA NCES HYDROCARBONÉES EXPRIMÉ EN GZUCOSE (autres que le glycogène) et en p. 100 EXPRIMÉES EN GLUCOSE du poids du tissu frais et en p. 100 du poids du tissu frais I. — Chien (anesthésié). . . . . DES AU es PESTE) II. — Chien (2) placé dans un bain froid, puis réchauffé ... .3.gr 10 2... 1 gr. 40 He fapin se er res SR ne nr ser nn 1Sor22 IV Poules ee DD Re Lime 0 gr. 90 Vi Marmotte frotte (4 120) "08 er ge 2 0 gr. 29 VI. — Marmotte froide (+ #00). 4 gr. 20 . . . . . . . ,® (1) Ces recherches ont été complétées par l'étude du pouvoir rotatoire et des combinaisons phénylhydraziniques; une grande partie des substances hydrocarbonées (autres que le glycogène) renfermées dans le foie sont à l’état de d-glucose; nous aurons à revenir sur ce point à propos de la variation de ces substances dans les divers états physiologiques. Les méthodes employées jusqu'ici, pour le dosage du sucre (à l’état de liberté) dans le foie, méthodes basées sur le seul examen du pouvoir réducteur de liqueurs extraclives, ne peuvent fournir des chiffres exacts. (2) La température de ce chien, primitivement de 38°, était tombée à 35° après une heure de bain froid (+ 10°), elle était de 37° une heure après la sortie du bain. Le chien présentait encore une hyperglycémie notable, ne en décroissance. . ; SÉANCE DU 19 JUILLET 864 On voit que, normalement, chez le mammifère et l'oiseau, la quantité du glucose libre et des substances hydrocarbonées (à des stades divers de transformation) est assez élevée dans le foie, et qu'elle ne semble pas avoir de rapport avec la quantité de glycogène qui y est également présente. Chez la marmotte froide, au contraire, les matières sucrées autres que le glycogène peuvent faire entièrement défaut. Muscle. — Dans le muscle prélevé et traité immédiatement de la même manière, on ne trouve que très peu de substances hydrocar- bonées en dehors du glycogène (1). À titre d'exemple, voici les résultats de l’analyse des muscles et du foie du chien IT: Ctiecouène Autres substances cn no et Muscle : 1 gr. 44 Muscle : 0 gr. 06 CE 100 Foie 2723 0e 710 et en p. 100 Foïe :1 gr. 40 du poids frais. du poids frais. Conclusions. — 1° Chez l'homéotherme normal qu’on sacrifie rapide= ment et dont on prélève les organes immédiatement, on trouve toujours dans le foie, à côté du glycogène, une quantité relativement élevée de substances hydrocarbonées qui doit être rapportée principalement à la présence de d-glucose libre; ces substances sont en faible quantité dans le muscle ; : (4) On sait, depuis Claude Bernard, que le glycogène dans les organes disparaît après la mort, rapidement d’abord, puis de plus en plus lentement. Nous nous sommes assurés qu’on trouve toujours des substances hydrocar- bonées dans un organe prélevé même plusieurs jours après la mort. Voici les résultats d'analyses faites sur le foie et les muscles d'un cheval dont la mort remontait à 3 jours : GLYCOGÈNE SUBSTANCES HYDROCARBONÉES ee : RÉDUCTRICES ENXPRIMÉ EN GLUCOSE (autres que le glycogène) et en p. 100 EXPRIMÉES EN GLUCOSE — du poids du tissu frais et en p. 100 du poids du tissu frais A à en A ot. 0 Me en. cUnel Ole nr 0 gr. 80 Des analyses faites : sur différentes portions de foie et de muscle de chien, soit abandonnées à la température du laboratoire, soit soumises à l’autolyse prolongée à 38°, ont montré la présence dans ces tissus, à côté des produits d'hydrolyse du glycogène, de substances réductrices provenant de l'oxydation du glucose (acide glycuronique). Des premiers essais permettent de penser qu'il sera possible de doser sépa- rément ces substances, 862 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 20 Chez la marmotte froide (1), le glycogène peut parfois représenter la seule matière sucrée ; 3° La présence de substances hydrocarbonées, autres que le glyco- gène, dans le foie, est liée intimement à l’activité de cet organe. RECHERCHES SUR LE SOMMEIL ANESTHÉSIQUE DE LARVES DE BATRACIENS. INFLUENCE DU POIDS DE LA LARVE, par A. WEBER. Mes expériences ont porté sur des lêtards de grenouille (Rana temp.) et de crapaud (Bufo vulg.). Je me suis toujours servi comme anesthé- sique d’eau éthérée à 1 p. 100. La larve est placée dans un cristallisoir contenant 50 c.c. d’eau éthé- rée. En quelques secondes les têtards de crapaud sont endormis; les larves de grenouille présentent d’abord une période d’excitation plus ou moins forte ; les mouvements natatoires diminuent ensuite et font place à une trémulation de la queue. Je considère l'animal comme endormi lorsqu'il ne réagit plus par des mouvements de natation au léger choc d’un petit pinceau sur son extrémité caudale. Il ne paraît pas intéressant de noter le dernier mouvement spontané du têtard dans le liquide hypnotique; cette suprême manifestalion de Ja volonté n'offre rien de régulier. Des éléments difficiles à apprécier interviennent dans le déterminisme de ce dernier mouvement spon- tané. Il semble ainsi que la période d’excitation soit d'autant plus longue et le dernier mouvement spontané d’autant plus tardif que le têtard est plus volumineux et qu'il est moins fatigué par des mouvements de fuile lors de sa capture dans l'aquarium. Dans la plupart de mes expériences, le tétard n’est retiré de l’eau éthérée que 5 minutes après que le dernier mouvement a été constaté. Au sortir du liquide hypnotique l’animal est placé dans de l’eau pure. Au bout d’un temps variable de légers chocs sur son extrémité caudale déterminent un premier mouvement natatoire. Ce premiér mouvement provoqué est ordinairement une secousse musculaire brusque qui déplace légèrement le tétard. Il est vraisemblable qu'il s’agit là d’un mouvement réflexe d’origine médullaire. Je note ensuite l'apparition du premier mouvement nalatoire spon- (1) Déjà Raphaël Dubois avait constaté que, chez la marmotte en profonde torpeur, on ne trouve que très peu de sucre libre dans le foie, alors que le sucre libre se trouve en assez grande abondance pendant le réveil ou la veille (R. Dubois, Physiologie comparée de la marmotte, p. 92, 1896). SÉANCE DU 19 JUILLET 863 tané ; à ce moment le têlard réveillé commence à circuler dans le bocal. Je considère comme premier mouvement spontané celui dont je ne puis établir le déterminisme. Il est possible de le qualifier de premier mouvement volontaire, sans commettre un trop grave abus de langage. Je me suis rapidement apercu que ce premier mouvement spontané se produit d’une façon très irrégulière ; il apparaît en outre au même instant chez des têtards mis en expérience à des moments différents ou dans des conditions non identiques. 0 5 10 Ÿ Poids des larves 4 Fic. 1. — Courbe d'apparition du sommeil : têtard de grenouille. Il est vraisemblable que le têtard récupère l’usage de sa volonté sous l'influence de légères vibrations comme il s'en produit incessamment dans une ville. Quelquefois ce premier mouvement volontaire est très tardif, comme si le têtard endormi par l'éther dormait ensuite d'un sommeil spontané, de durée très différente suivant les individus ; si bien qu'on pourrait croire que certains de ces animaux se complaisent dans ce sommeil. Pour arriver à des résultats comparables, je place chaque têtard dans la même position gênante, je le couche sur le dos au fond du cristallisoir d’eau pure, en le calant avec un peu de sable ou avec un brin de mousse. Dans ces conditions, le premier mouvement spontané est un mouvement de natation par lequel l'animal cherche à se placer en position normale, le ventre en bas. 864 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a ——————— Ilest possible que ce premier mouvement spontané ou volontaire ne soit autre chose qu'un mouvement réflexe ; l'excitation qui le détermine a sans doute son point de départ au niveau de l'organe du sens de l'équilibre, vraisemblablement dans l'oreille interne. Il arrive parfois, lorsque pareille expérience a été répétée fréquemment sur le même animal, que le têtard nage pendant quelques instants en tourbillonnant dans un plan vertical; en d’autres termes il exécute une série de looping the loop des mieux réussis, jusqu’à ce que son équilibre soit devenu à nouveau normal. 15 L 10 de & kè / ( 5 10 - Poids des larves Fic. 2. — Courbes des premiers mouvements provoqués et spontanés au réveil :. tétard de grenouille. Pour apprécier l'influence du degré de développement des tétards dans les expériences en question, je pèse chaque larve, rapidement essuyée avec du papier buvard, en la plaçant dans un petit cristallisoir contenant de l’eau et préalablement taré. J'ai ainsi expérimenté sur des tétards de grenouille de 6, 14, 24, 43 et 110 centigranmes placés dans des eaux à la température de 15°. Lu La courbe du graphique 1 correspond au dernier mouvement provo- qué, c’est-à-dire au moment où le têtard s'endort. Le sommeil apparait d'autant plus vite que le tétard est plus petit, mais cela seulement.chez les larves au-dessous de 24 centigrammes. Au-dessus de ce puids, la courbe devient sensiblement une ligne droite horizontale, les têétards s'endorment au méme moment. Le temps nécessaire à la fixation de l’éther sur les centres nerveux SÉANCE DU 19 JUILLET 865 des têtards jusqu'à l'apparition du sommeil anesthésique est donc le même dès que la larve a atteint’un certain degré de développement soit en ce qui concerne les organes de la circulation sanguine, soit plus probablement en ce qui intéresse les centres nerveux comme je chercherai à l’établir ultérieurement. Moins avancées dans leur évolu- tion, les larves sont d'autant plus sensibles à l’anesthésique qu’elles sont moins compliquées en organisation. Le graphique 2 montre à quel moment apparaissent les premiers mouvements provoqués et les premiers mouvements spontanés. A la température de 15° le premier mouvement volontaire suit de près (envi- ron 30 secondes) le premier mouvement réflexe. Le réveil se fait d'au- tant plus vite que le têtard est plus petit. Lorsqu'ils ont atteint une certaine taille (au-dessus de 43 centigrammes) les têtards se réveillent au même moment ; la courbe devient une droïte horizontale. S'il est vraisemblable que, dans les conditions de mes expériences, le premier mouvement natatoire provoqué soit un réflexe d’origine médul- laire et le premier mouvement natatoire spontané un réflexe d'origine cérébrale, il est logique d'admettre que l'apparition de ces mouvements correspond à un certain degré d'élimination de la substance hypnotique, hors des cellules nerveuses de la moelle ou du cerveau. La rapidité de cette élimination dépend sans aucun doute de causes multiples qui peuvent tenir aux cellules nerveuses elles-mêmes, à la circulation san- guine, à la respiration cutanée ou branchiale, à l’excrétion dans divers systèmes, ete. La mise en jeu plus ou moins complèle de ces diverses influences et les variations de l’activité des organes correspondants à ces fonctions Fhoent vraisemblablement les légères différences individuelles qu'on rencontre dans les courbes se rapportant à des tètards de même poids. (Laboratoire d'anatomie normale de l'Université de Genève.) 867 REUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 25 JANVIER 1919 SOMMAIRE DEBalsIEux (P.) : Hypertrophie des velle de Pharyngodon A Re 869 cellules animales parasitées par des HENSEvVAL (M.) : L’inoculation cu- ÉnIdOSPOrIAIES. EN he 867 | tanée de vaccine est-elle suivie d’in- Gepog£st (L.) : Une espèce nou- fection générale? ©... 813. Présidence de M. L. Gedoelst. HYPERTROPHIE DES CELLULES ANIMALES PARASITÉES PAR DES CNIDOSPORIDIES, par PAUL DEBAISIEUX.. De nombreux parasites endocellulaires produisent des hypertrophies : parmi eux les Cnidosporidies méritent une attention spéciale à cause de la diversité des anomalies produites et aussi à cause de leur monstruo- _ silé qui, dans quelques cas, est telle que l’on a interprété toute la cellule hôte comme une vaste plasmodie parasitaire et le noyau hôte comme un noyau parasitaire en bourgeonnement. Telles furent les erreurs com- mises par Stempell (1904) et Awerinzew et Femor (1911) à propos du Glugea anomala Monz; par Mrazek (1897) à propos du Myxocystis et par bien d'autres. Avant eu l’occasion d'approfondir l'étude d’un certain nombre de Cnidosporidies nous avons observé des formes nouvelles de parasi- tisme et constaté le caractère erroné de quelques observations cou- rantes (1). {1) Les études détaillées des différentes espèces dont il est question dans cette note seront publiées dans La Cellule. On trouvera dans ces articles la discussion de certaines affirmations données ici, ainsi qu'un exposé complet de la littérature. BioLoale. COMPTES RENDUS. — 41919. T. LXXXII. Fe 63 868 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Les deux premières espèces cilées étaient jusqu'à présent considé- rées comme ecloparasites ; elles possèdent en réalité des stades endo- parasites et les cellules parasitées réagissent très différemment. Le Peliomyces periplanetæ, Lutz et Spl. est un parasite connu dans la lumière des tubes de Malpighi des Periplaneta. Cette espèce généra- lement rangée parmi les Haplosporidies doit certainement être ratta- chée et probablement incorporée aux Cnidosporidies. Nous avons observé des stades végétatifs à l’intérieur des cellules épithéliales des tubes de Malpighi; ils y sont parfois nombreux et provoquent un accrois- sement de la cellule sans modification notable du noyau. Leur action est surtout mécanique, il n'y a guère de réaction de la cellule hôte. Le Myxidium liberkühni Bütsch. est une myxosporidie connue dans la vessie urinaire du brochet. Nous l'avons observée dans les uretères et dans les canalicules rénaux, et des stades jeunes se rencontrent et se multiplient dans les cellules des glomérules de Malpighi. Les cellules parasitées s’hypertrophient et, solitaires ou en petit nombre, elles for- _ ment des tumeurs de # à #/2 millimètre. Les cellules normales mesu- rent en moyenne une vingtaine de u; leur noyau en mesure ÿ à 40. Les cellules parasitées contiennent des milliers de parasites et mesurent jusqu'à 600 y, c'est-à-dire que leur volume a augmenté près de mille fois ; le noyau hypertrophié peut atteindre 250 w, soit un volume 506 fois supérieur au volume normal. Il est réticulé, légèrement chromatique et contient quelques gros granules en forme de nucléoles ; d'abord sphé- rique, il s'allonge, se déforme, serecourbe sur lui-même et s’étrangle en deux ou plusieurs noyaux filles tout à fait anormaux. Les Zhelohania fibrata Stick et Th. bracteata Strick sont des para- sites des larves de Simulium ; ils y provoquent des tumeurs à contours assez irréguliers, sans véritable membrane enkystante; dans certains cas, les noyaux de l'hôte, relativement nombreux, sont entremêélés à la masse des parasites; par analogie, on peut les identifier aux noyaux hypertro- phiés des cellules graisseases ; ils atteignent 10 fois leur volume nor- _mal; dans d’autres cas, il existe dans la tumeur de très grandes lacunes contenant des granulations et des filaments chromatiques aïnsi qu’une ou plusieurs grosses sphères nucléolaires ; il faut les considérer comme des noyaux hôtes considérablement hypertrophiés et altérés, maïs il est - difficile de les identifier; il y a des raisons de croire que ce sont des noyaux musculaires. Dans les tumeurs produites par le 7h. fibrata, on rencontre parfois des noyaux de glandes salivaires ; ils sont caractéri- sés par la disposition des éléments chromatiques en épais boudins à disques successifs; ils sont hypertrophiés et peuvent mesurer 170 y. Ces deux espèces parasitent donc des cellules de nature diverse et les modi- fient profondément. Le Plistophora simuli L. et Spl. est 7 un parasite des larves de Simulium; il y détermine des tumeurs qui dans les cas typiques SÉANCE DÜU 25 JANVIER 869 sont nettement limitées du tissu voisin et contiennent les divers stades du parasite, par milliers, régulièrement disposés de la périphérie vers le centre. De nombreux petits noyaux de la périphérie de la tumeur peuvent être, à première vue, interprétés comme noyaux plasmodiaux du parasite ou comme noyaux à peine modifiés de l'hôte; l'existence de quelques figures mitotiques ne permet pas le doute, ce sont des noyaux hôtes peu modifiés provenant probablement du tissu adipeux. _ Enfin le Glugea anomala est une microsporidie qui provoque chez _ l'épinoche des tumeurs sphériques de 2 à 4 millimètres. C’est dans ce cas que les relations entre les parasites et les cellules de l'hôte sont les plus obscures et les plus discutées. La tumeur est nettement limitée par une épaisse membrane fibreuse ; le centre est occupé par une masse de protoplasme qui contient tous les stades d'évolution du parasite, et des noyaux d'aspect et de dimensions très variables : tantôt sphériques, tantôt irrégulièrement déchiquetés, tantôt à réseau chromatique régu- liére, tantôt à nombreuses enclaves sphériques. Leur étude approfondie et critique, et la comparaison avec les autres cas d'hypertrophie conduit à considérer ces éléments comme des noyaux de l’hôte fortement hyper- _trophiés, segmentés un grand nombre de fois et plus ou moins dégé- mérés. - ’ Ajoutons que Mrazek (1910) à décrit l’action hypertrophiante des Myxocystis sur les lymphocytes des oligochètes; elle est du même ordre que celle du Myxidium liberhühni sur les cellules rénales du bro- chet, mais les {cellules hypertrophiées gardent la facullé de se diviser après étranglement et multiplication du noyau hôte. UNE ESPÈCE NOUVELLE DE PHARYNGODON, par L. GEDOELST. Dans la collection helminthologique du Musée royal d'Histoire natu- relle de Bruxelles, nous avons trouvé un flacon renfermant des Néma- todes renseignés comme provenant de l'intestin d’un lézard gris (?) du Congo. À l'examen, nous avons reconnu qu'il s'agissait d'un oxyuridé nouveau, présentant les caractères suivants : Corps rectiligne, fusiforme, à extrémité antérieure tronquée, posté- rieure arrondie et prolongée par une longue pointe subulée. Coloration gris jJaunâtre. Tégument présentant une striation transversale fort accusée, Bouche terminale, triangulaire, délimitée par trois petites lèvres surbaissées ; œsophage cylindrique, se terminant en arrière en un bulbe subglobuleux à appareil dentaire, dont il est séparé par un É 4 810 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE léger étranglement. Pore excréteur peu en arrière (75) du bulbe œsophagien. (el ? lonsueurstotales "5200070 A M once 1,4 à 1,6mm 2,65 à 3mm Épaisseur maxima. . . . . . . . NT RS 135 à 200 350 à 313 p Distance du milieu de l’anneau nerveux . . . . » » à de l’origine des ailes latérales. . . . . 10 up. » l'extrémité ) du pore excréteur (post-bulbaire) . . . 400 à 450 w 460 à 4175 y céphalique Fatde la vue ere LU =» 465 à 480 y longueur toile Re 2002/1021 250 à 490 w po à Re Caudale 2 = re re ; 190 à 365 pe Longueur de l’œsophage et du bulbe . . : . . . . 330 à 310 y 385 à 400 p Rapport de la longueur totale à celle de l’ che É LA 1à 7,5 :1 Spicule ee L ere TEURD EE LENS DU Diet NOR REC » » OBUTS SPAS PR TE TA ren el de » 150 X 36,5 y Müle. — Extrémilé postérieure du corps renflée en avant de l'insertion du prolongement caudal ; ce renflement est excavé obliquement à sa face ventrale et forme une petite cupule ou bourse, au bord dorsai de laquelle s’insère la pointe caudale. Stries cuticulaires écartées de 8 y. “Lignes latérales munies d'ailes, qui commencent à 70 y de l'extrémité antérieure et s'étendent jusqu'à l'origine du renflement caudal; ces ailes, hautes au maximum de 25 , sont formées par un soulèvement de la cuticule à base élargie et à sommet s'étalant de part et d’autre de manière à reproduire sur une coupe transversale la forme d'un T. Le cloaque s'ouvre au fond de la cupule caudale en avant d’un prolonge- ment conique. Les papilles génitales sont au nombre de trois paires : les deux premières, une préanale et une postanale, soutenant les parois de la bourse caudale, la troisième sur le prolongement caudal peu en - arrière de son insertion. Spicule non apparent. Femelle. — Stries cuticulaires écartées de 5 y. Ailes latéralesabsentes. La longueur du prolongement caudal subulé varie largement de 190 à 365 L.. La vulve s'ouvre immédiatement en arrière du pore excréteur ; l'ovéjecteur se dirige en arrière etaboutit chez les femelles dont le déve- loppement est achevé, les seules que nous ayons observées, à un sac volumineux occupant toute la partie postérieure du corps jusque 345 w de l'insertion du prolongement caudal, provoquant l’atrophie complète du tube digestif dans sa portion intestinale postérieure. Ce sac est bourré d'œufs innombrables, allongés, affectant la forme d’un fuseau, dont un des côtés est plus bombé que l'autre et dont les extrémités sont tronquées un peu obliquement. Ces œufs possèdent une coque mince et leur contenu n'est pas segmenté. Par l'ensemble de ses caractères, notre parasite se range dans le genre Pharyngodon. Ce genre créé par Diesing pour Oxryuris spinicauda ARS SÉANCE BU 25 JANVIER 871 Dujardin, 1845, se caractérise par la conformation spéciale de l’extré- mité caudale des mâles, qui possèdent un spicule non accompagné de gorgeret, et par l’organisation des femelles, dont la vulve occupe une position antérieure, contiguë au pore excréteur, et les œufs présentent une forme allongée. L'absence de spicule dans notre espèce n'est vrai- semblablement qu'apparente et due à un défaut de chitinisation ; un fait analogue à été signalé par Skrjabin chez son Oxyuris megalocerca ; . Seurat avait déjà noté d'autre part que, chez le Pharyngodon extenuatus Pharyngodon tectipenis. é a, extrémité caudale du mâle vue par la face ventrale; b, la même vue latérale ment; c, coupe transversale d'une aile latérale ; d, œuf. et le Pharyngodon lævicauda, le spicule faiblement chitinisé est peu apparent. Nous proposons don de dénommer notre oxyuridé Phar y . godon tectipenis, à raison de l'invisibilité du spicule. Par l'absence d’ailes latérales et de piquants sur la pointe caudale chez la femelle et par la faible chitinisation du spicule chez le mâle, cette nouvelle espèce se rapproche du Pharyngodon lævicauda (Seurat;, elle semble, d'autre part, réaliser l’endotokie matricide que Seurat à signalée chez Pharyngodon spinicauda (Dujardin). On peut rapporter actuellement au genre Pharyngodon les espèces suivantes, toutes parasites des Sauriens : 872 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Ph. spinicauda (Dujardin, 184), & © , 1ype du genre. Syn.: Ozxyuris spinicauda Dujardin, 1845, Ascaris spinicauda Diesing, 1851, Ascaris acanthura Diesing, 1851, Oxyuris acanthura Molin, 1859, e. p., Pharyngodon acanthurus Diesing, 1861, e. p., Pharyngodon spinicauda Seurat, 1917, parasite de Lacerta muralis, France (Saint-Malo) et Italie (Padoue), Lacerta ocellata, Espagne (Algésiras); Ptyodactylus oudrii et Tarentola mauritanica, Algérie. Ph. extenuatus (Rudolphi, 14819), & 9 Syn.: Ascaris extenuata Rudolphi, 1819, Oxyuris acanthura Molin, 1859, e. p., Oxyuris extenuata Molin, 1860, Pharyngodon acanthurus Diesing, 1861, e. p., Oxyuris spinicauda Skrjabin, 1916, e. p., Pharyngodon extenuatus, Seurat, 1917, parasite de Lacerta ocellata, Espagae, Algérie. Cette espèce a été considérée comme identique à la précédente par Dujardin, Diesing et Molin (1859); mais ce dernier auteur (1860) a réussi à l’en différencier ultérieurement, les deux espèces s'étant ren- contrées associées dans l'intestin d'un même lézard: il confirme la description de Rudolphi, qu’il ne rectifie que sur un point, la forme des œufs. Une description détaillée en a été donnée récemment par Seurat. Ph. mamillatus-{v. Linstow, 1897), g 9. . Syn.: Oxyuris mamillatus v. Linstow, 1897, Pharyngodon mamillatus Seurat, 1917, parasite de Eumeces sp. ? Ph. lævicaudu (Seurat, 1914), & 9. Syn.: Oxyuris lævicaudo Seurat, 1914, Pharyngodon lævicauda Seurat, 1917, parasite de Acanthodactylus blanci, Acanthodactylus pardalis et Scincus offici- nalis, Algérie (Bou Saäda). Ph. megalacerca (Skrjabin, 1916), S Q. Syn.; Oxyuris megalocerca Skrjabin, 1916, Pharyngodon megalocerca Seurat, 1917, parasite d’un lézard (Geckonidæ), Afrique orientale anglaise. Ph. auziensis Seurat, 1917, & 9, parasite de Tarentola mauritanica et Gongylus ocellatus, Algérie. Ph. tectipenis Gedoelst, 1919, & 9, parasite d’un lézard gris (?), Congo belge. SÉANCE DU 25 JANVIER . 873 L’INOCULATION CUTANÉE DE VACCINE EST-ELLE SUIVIE D INFECTION GÉNÉRALE ? par M. HensEvaL. On sait, par les travaux de Chauveau (1), que le cheval, animal doué d'une grande aptitude vaccinogène, présente souvent des éruptions généralisées après la pénétration du virus dans l'organisme par la voie vasculaire, sous-cutanée ou digestive. Cette généralisation est rare s'il est introduit par la peau. D’après Chauveau, et son explication est acceptée par Nocard et Leclainche (2), la raison de ce dernier fait doit être attribuée à la formation d’un exanthème local qui provoque une immunité précoce entravant la multiplication du virus dans l’économie. En effet, en excisant après 24-48 heures le foyer d'inoculation, il a obtenu dans les endroits d'élection, au bout de 15 à 20 jours, des pus- tules de tous points semblables à celles de la vaccine nalurelle. Chez d’autres animaux, vache, lapin, mouton, singe, etc., les injec- tions de vaccin déterminent l’immunité mais ne provoquent jamais, ou seulement d'une manière exceptionnelle, des lésions cutanées. L'inocu- lation à la peau produit uniquement un développement local sans géné- ralisations. De nombreux expérimentateurs ont poursuivi des recherches en vue de s'assurer si, chez ces animaux, le virus pénètre dans l’orga- nisme et s’y multiplie, mais leurs résultats sont très discordants. Les uns ont constaté sa présence dans le sang, le foie, la rate, les reins et la moelle osseuse, soit après l’inoculation cutanée ou même cornéenne, soit après des injections intraveineuses ou l'absorption stomacale (Reiter, Pfeiffer, Frosch, Vanselow et Frayer, Neisser, Vasie- lewski, Aldershof, Mulas, Kraus et Volk, Casagrandi (3). Et ce qui ect surprenant, c’est que certains l'y auraient trouvé 12 ou 15 jours après l'inoculation, c'est-à-dire à un moment où le sang est déjà fortement antivirulent (Reiter, Frosch, Neisser, Casagrandi). Par contre, d’autres auleurs n’ont jamais réussi à déceler le virus vaccinal ni dans le sang ni dans les organes [{Paschen, Prowazek, Haaland, Hauser, Jurgens, Ohly, Julius Rehns, Nobl, Supfle (3)|. La méthode d’excision de la région inoculée, dont Chauveau s'est servi chez le cheval, n’a plus été employée depuis lors que par Kraus et (4) Chauveau. Contribution à l’étude de la vaccine originelle. Recherches comparatives sur l'aptitude vaccinogène dans les principales espèces vaccini- fères. Rev. mens. de Méd. et de Chir., t. I, 1877, p: 241-249. (2) Nocard et Lechainche. Les maladies microbiennes des animaux, Paris. 1898. (3) On trouvera la bibliographie détaillée de ces travaux dans la thèse de Gastinel : Des réactions d'infection et d'ingnunité dans la vaccine et la variole. * Paris, 1913. : 874 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Volk (1). Ils pensent avoir démontré, en enlevant cette région le troi- sième jour et en vérifiant l’état de vaccination par une inoculation d'épreuve après 8 jours, que l'immunité cutanée n'est pas nécessaire- ment fonction de la pustule, mais plutôt de la pénétration dans l’orga- nisme d’une quantité de virus qui peut être minime. Avant échoué à constater la présence de ce virus dans le sang et les organes d'animaux inoculés, il m’a paru intéressant de faire, chez le lapin, de nouvelles expériences à l’aide de cette méthode. J’ai procédé de la facon suivante. Des animaux ont été inoculés, dans la région latérale du dos, sur une bande de peau longue de 8 à 10 centi- mètres et large de 1 1/2 à 2 centimètres, surface suffisante pour la vac- cination. Après des intervalles variant de 4 heures à 6 jours, j'en ai praliqué l’excision en prenant soin de dépasser largement les limites de la partie ensemencée. La plaie est suturée soigneusement et les lèvres recouvertes d’une couche de collodion. 15 à 17 jours après l'ino- culation première, les animaux sont soumis à une épreuve de vacci- nation en inoculant 1 c.c. de vaccin à 1 p. 100 sur 120 cent. carrés de surface de peau. PREMIÈRE SÉRIE D'EXPÉRIENCES. 1. Lapin de 3 kil. 100. — Excision de la région inoculée après 4 heures. nr de vaccination le 16° jour : éruption normale. . Lapin de 2 kil. 950. — Excision de la région inoculée après 24 heures. 7 de vaccination le 16° jour : éruption normale. 3. Lapin de 3 kil. 250. — Excision de ia région inoculée après 2 jours. Épreuve de vaccination le 16° jour : éruption normale. 4. Lapin de 3 kil. 420. — Excision de la région inoculée après 3 jours. Épreuve de vaccination le 16° jour : éruption normale. 5. Lapin de 2 kil. 770. — Excision de la région inoculée, après 4 jours, soit au début du 5° jour : à ce moment l’éruption apparaît. Épreuve de vacci- . nation : on obtient une éruption modifiée; elle est peu ne d'aspect . fruste et son évolution est écourtée. 6. Lapin de 2 kil. 680. — Excision de la région inoculée après 5 jours, soit au début du 6° : l'éruption est formée. Épreuve de vaccination le 16° jour : éruption fruste et avortée. à 7. Lapin de 3 kil. 020. — Excision de la région inoculée après 6 jours, soit au début du 7° : l’éruption est en plein épanouissement. Épreuve de vacci- nation le 16° jour : éruption fruste’et avortée, très faible. 8. Expérience-témoin. — Lapin de 2 kil. 670. — Inoculation d'une bande de peau de 8 X 2 centimètres. Éruption normale suivie de desquamation se terminant vers le 15° jour. Épreuve de vaccination le 16° : léger érythème se desquamant rapidement. k (4) Kraus et Volk. Sitzungs ber. der. K. Akad.d. Wissensch.in Wien., t. CXVI, section IT, p. 296-308, mai 1917. O6 SÉANCE DU 25 JANVIER 87 DEUXIÈME SÉRIE D'EXPÉRIENCES, . Lapin de 2 kil. 180 — Excision de la région inoculée après 6 heures. éprouve de vaccination le 18° jour : éruption normale. 2. Lapin de 2 kil. 550. — Excision de la région inoculée après 24 heures. Épreuve de vaccination le 18° jour : éruption normale. 3. Lapin de 2 kil. 380. — Excision de la région inoculée après 48 heures. Épreuve-de vaccination le 18° jour : éruption normale. 4. Lapin de 3 kil. 220. — Excision de la région inoculée après 3 jours, soit au début du 4°. Épreuve de vaccination le 18° jour : éruption normale. 5. Lapin de 2 kil. 490. — Excision de la région inoculée après 4 jours, soit au début du 5° : l’éruption commence à se former. Épreuve de vaccination le 18° jour : éruption pauvre, d'aspect fruste et à évolution écourtée. 6. Lapin de 2 kil. 770. — Excision de la région inoculée après 5 jours, soit au début du 6° : l’éruption est formée. Épreuve de vaccination le 18 jour : éruption chétive, fruste et à évolution écourtée. 7. Lapin de 2 kil. 660. — Excision de la région inoculée après 6 jours, soit au début du 7e : l’éruption est en pleine maturité. Épreuve de vaccination le 18° jour : éruption chétive évoluant rapidement. 8. Expérience-témoin. — Lapin de 2 kil. 700. — Inoculation d'une bande de peau de 40 X 2 centimètres. Éruption normale; desquamation presque complète vers le 15° jour. Épreuve de vaccination le 18e jour : léger érythème disparaissant rapidement. Ces expériences établissent que l’inoculation cutanée de la vaccine laisse intacte la réceptivicité du lapin jusqu’à la fin du troisième jour. Elle commence à diminuer le quatrième, dès que l’éruption apparaît, et elle se perd presque complètement quand on enlève le foyer le cin- quième et le sixième jour. Il en résulte que, tout au moins, pendant les trois premiers jours, la lésion reste locale et que le virus n'infecte pas l'organisme. À quoi faut-il attribuer les eo de récep! tivité qui com- mencent à se manifester le quatrième jour? Il ne paraît pas qu'elles doivent être considérées comme un indice d'infection de l'organisme, car bientôt le sérum deviendra antivirulent. D'ailleurs, d’autres faits montrent que le virus vaccinal n'a qu'une faible aptitude à envahir l'organisme. Ainsi quand on injecte du vaccin à un animal, même en grande quantité, après 24 heures, ilest impossible de le retrouver dans le sang ou dans les organes. Il paraît s'être fixé en quelque endroit de l’économie ou y avoir été détruit. Dans un précédent travail (1) où j'ai étudié, en collaboration avec Convent, le début d'apparition de l’immunité chez le lapin, j'âi constaté, en inoculant chaque jour un carré de peau sur le même animal, qu'à (1) Henseval et tone Recherches sur l’immunité vaccinale. Bull. Acad. Mél. de Belgique, 1911. 016 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE partir du quatrième jour, la réceptivité s’atténue, qu’elle diminue forte- ment le cinquième et le sixième jour pour disparaitre le septième. C’est absolument ce qu’on observe dans le cas présent. : - Rien n'autorise à admettre que le fait signalé soit la conséquence de la pénétration du virus dans l’organisme. IL est cependant des circonstances où l'infection n’est pas douteuse, quand il se produit une éruption secondaire loin du foyer d’inoculation, comme dans les cas de « vaccine généralisée » qui se présentent parfois chez l'homme ou chez le cheval. Mais ils sont tout à fait exceptionnels. Les phénomènes intimes de la vaccination, au moins ceux du début, paraissent s’accomplir dans la peau. Si d’autres organes sont appelés à y collaborer, ce ne doit pas être sous la stimulation directe du virus vaccinal en temps qu'agent vivant. Peut-être est-ce grâce à la résorption d'une toxine élaborée dans la pustule? Cette hypothèse semble la plus plausible, car j'ai montré dans une autre note, qu'on pouvait immuniser des animaux en leur injectant de la lymphe privée par chauffage de ses éléments vivants à condition que l’on n'ait pas détruit la toxine. Reste à savoir si sa formalion est suffisamment précoce pour expliquer la vaccination dans les conditions mentionnées. (Laboratoire du service de santé et de l'hygiène du Ministère de l'Intérieur.) - RD Ve TA SÉANCE DU 22 FÉVRIER SÉANCE DU 22 FÉVRIER (Pr) : [919 SOMMAIRE BIiOURGE Penicillium leu- = | par injection de cow-pox chauffé. . 859 copus (Persoon) Bidurge. . . . . .. 811 Lrénaux (E.) : Sur l'adaptation de Borpet (J.) et RuUELENS (G.) : L’an- l'organisme animal à des. condi- tigène syphilitique de l'Institut tions diverses d'hypohaversogénèse, Pasteur de Bruxelles. . . . . . . .. S80 | notamment dans le rachitisme, dans Frateur (J.-L.) : La nature de la _ | l’ostéomalacie, dans l'ostéoporose ÉTÉ DOM es de 883 | et dans la formation des exostoses. 892 Gizson (G.) : Cellules épithélio- Zunz (EpGARD) : Sur la teneur en musculaires chez les Annélides. . . SS4 894 iode du corps thyroïde chez l'homme. Hexsevaz (M.) : La vaccination Présidence de M. L. Gedoelst. Penicillium leucopus (PERSOON) BIOURGE, par PH. BIOURGE. Au cours de recherches monographiques très longues sur le genre. Penicillium Link, et tous les sous-genres consciemment ou inconsciem- ment détachés de cette souche primitive, j'ai eu, en fouillant les auteurs antiques, bien des déceptions dues à l'insuffisance de leur diagnose et, parfois, de bien doux moments d'hilarité. Celui-ci par exemple : L'auteur du nom générique Penicillium, Link (dans le Berliner Maga- sine der naturforschenden Freunde, III, 1809) attribue au nouveau genre un caractère qui impliqne contradiction avec l'idée que nous en avons, aussi bien qu'avec la définition primitive de Micheli (Nova plantarum genera Florentiæ, 1729, I, p. 212). Dans le même genre Aspergillus (a forma aspersorti, dit-il, quo in Sacris utimur), Micheli réunissait les moisissures dont les semences rondes ou ovales « in longa, recta ac nodosa filamenta nectuntur », lesquels filaments « in quibusdam plantis placentæ rotundæ vel subrotundæ inhaerent : in alliis vero nudi caulis summo vel ramulis absque ulla placenta, affiguntur in modum spicarum graminis dactyloidis ». À ceux du premier groupe, il reconnaissait un pied différencié « Muffa gambata »; aux autres non, « Muffa senza gambo ». 878 RÉUNON DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Link sectionne le genre en 1809. Mais la différence qu'il met entre le genre Aspergillus Micheli réduit, et-le genre nouveau Penicillium esl ainsi exprimée : Chez Aspergillus ; « floccis… apice clavatis. Sporidia in apicibus capi- tula formant »; chez Penicillium « floccis… apice penicillatis sporidia in apicibus penicillatis collecta ». In n’a pas le sens de sur comme dans le cas précédent. Nees ab Esembeek le traduit par : « zwischen » entre les poils du pinceau, et le dessine ainsi, d'après Link. Greville en fait autant « among which the sporules are profusely disposed.. They are not moniliform, or arranged in a beaded manner, as in the genus Aspergil- lus (1). : Si l'on en doutait, Link insiste : « Cave tamen, ne sporidia seriala aspergillorum, cum hisce penicillis confundas » (2). Conclusion : les spores des Penicillia ne sont pas « seriata ». Donc, la définition du genre de Link, si l'on voulait être logique, devrait être biffée! Nous ne serons pas si méchant, Par contre, nous supprimons, après Fries, le genre Coremium Link, pee qu'il n’est que la forme agglomérée de certains Penicillium, forme qui, pour beaucoup d'espèces, n'existe pas, et qui est toujours, ou presque toujours, accompagnée de la forme disjointe libre... Toutefois, la forme corémiale, chez les espèces qui la produisent, peut posséder des caractères très nets, tellement précis que les vieux auteurs les ont si bien décrits, qu'il est permis, même aujourd’hui, de les reconnaître, et, par eux, l'espèce de Penicillium que ces auteurs ont eue sous les yeux. C'est d'un de ces cas que je vais vous parler aussi brièvement que possible. = ; Les caractères du Coremium Link sont : « Stipes crassus, subcapitatus undique tectus floccis penicillatis, quibus sporidia inspersa. (Persoon, 1822 Mycologia europæa, sect. I, p. 42). Persoon en cite quatre : 1. C. glaucum, Link, stipite brevi lutescente, capitulo concolore spori- dis glaucis ; 2. C. leucopus, gregarium grumosum, capitulis no. stipitibus albis subglabris. Trouvé par lui, sur gousses de Vicia faba pourrissantes, en automne « Slipites plerumque unili; passim solitarü, floccosi vel gla- bri ». | ’ C. candidum Nees, album, basi occosure C. citrinum Link, gregarium, citrinum, slipite tomentoso. Et Persoon a que les Coremia durent plus longtemps que les Penicillia aux- quels ils sont affines. « Plura individua videntur stipitibus unita, nam in a) Scottish Cryptogamic flora, vol. I, t. 58 et texte explicatif. (2) Par sa réflexion sur le Penicillium sparsum (Aspergillus penicillatus Gre- ville), Link montre une fois de plus que des spores en chapelet et un Penicil- lium sont pour lui choses incompatibles. Spec. plant., t. VI, p. T, p. 71. ‘SÉANCE DU 22 FÉVRIER 879 A se —— ——_——_——_—_—_—————— ————…—…—.….—.—.—.—.….….—…—…—….…"—….…—.…..…"…"…..….—."—.—.".—.…".—….…. ….… — —.…——— C. leucope etiam reperi nonnulla stipite tenerrimo, unicum penicillium vel filum ferente instructa. Ad Isarias transitum faciunt .» Fries (Systema mycolog., 1829, vol. III, p. 406, Gryphiswaldæ) rejette carrément le genre Coremium. « Coremia, cum vix specie certe genere separare non valeo; orla sunt e floccis plurimis fertilibus in stipitem intri- catis; sed vere cœænotoca non sunt. E'adem in eodem mycelio cum penicillis sæpe vidi et Penicillium crustaceum jam in F1. Dan., t. 897, f. I, in ulroque statu pingitur. » Fries réunit sous le nom de P. bicolor, le C. bicolor Liljeblad et les C. glaucum et citrinum de Persoon. Il insiste sur la coloration des hyphes, l'allongement secondaire des pieds, leur moindre netteté el la forme sous-globuleuse des têtes. Il oppose ces caractères à ceux des Coremium qu'il a vus naïître, avec certitude, du _Penicillium crustaceum de Linné (Suec. n° 1283!) floccis in shpitem densum album intertextis ». I donne comme synonymes la var. a de Byssus scoparia (Flor. Dan, t. 897 f. I); C. glaucum Liljeblad ; (Floccaria glauca, Greville, Scott Flora Crypt., t. 301, quam tabulam non vidi) coremium leucopus Persoon. Myc. Europ., t. I, p. 42, certissime. Pour moi, qui ai vu la planche de Greville, et sa description d’une plante « haute de 1 à 2 lignes, érigée, robuste, au stipe-élargi à la base, blanc de neige, élargi de nouveau au sommet pour s'épanouir en faisceaux de filaments chargés d’une profu- sion de spores glauques et petites » je n’ai pas hésité à partager l'opi- nion de Fries sur l'identité du loccdria glauca de Gréville et du Core- - mium leucopus de Persoon. J'admets que les deux pourraient n'être qu'une seconde forme de P. Crustaceum de Fries, et, même, que le P. Crustaceum de Fries' pourrait être le Mucor crustaceus de Linné, à l'exclusion de tous autres, auquel cas les deux noms devraient dispa- raître comme noms spécifiques. Il n'en est pas moins certain qu’une spore de C. leucopus tombée dans une colonie de n'importe quel Peni- cillium y formera un C. leucopus ; que cela se voit tous les jours dans la. nalure et au laboratoire ; et je suis persuadé que le grand mycologue du Nord n'aurait pu, quoi qu'il en dise, s’en apercevoir en ce temps 2 TECULE: Pour cette raison, je donne la priorité à l'espèce qui seule produit les stipes blancs et denses, glabres ou subglabres de Coremium grégaires à spores glauques sub-olivines. Et, puisque c’est un Penicillium typique, je l'appelle Penicillium leucopus (Persoon) Biourge, suivant les règles de nomenclature récemment adoptées. ILest synonyme de Coremium vulgare Corda (Prachtflora 1839), fig. 1- 2-3 certissime ; fig. 7-8-10 dubie ; ceteris exclusis. C’est le P. elongatum Dierckx, le P. juglandis Weidemann, le P. variabile Wehmer, non le P.expansum Thom, etc. _ Et, jusqu'à ce qu'on démontre le contraire, il fait disparaitre P, crus- 2 F 880 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE taceum Fries, par droit de priorse et 2. crustaceurn L. comme non retrouvable. C’est le seul des Penicillium ordinaires qui donne des séries de cercles concentriques de beaux coremia. : Cette remarque est d'une importance capitale pour qui veut juger saiï- nement des études publiées sur les causes de la zonation des cultures penicilliennes. Maïs ceci viendra en son temps. quand la fin de la crise du papier me permettra d'éditer la centaine d'espèces cultivées et aqua- rellées suivant le modèle que je viens de vous présenter. % J L'ANTIGÈNE SYPHILITIQUE DE L'INSTITUT PASTEUR DE BRUXELLES, par J. Borper et G. RUELENS. Nous croyons utile de faire connaître les caractères et le mode de préparation de l’antigène que l’Institut Pasteur de Bruxelles utilise couramment depuis près de quatre ans dans son service de sérodia- gnosties syphilitiques. Ce service est très actif; en 1918, par exemple, il a pratiqué environ 3.000 recherches. Le même antigène est d'ailleurs employé encore dans d’autres laboratoires. : Théoriquement, les qualités qu'un bon antigène doit réunir sont les suivantes : a) I doit être un réactif très spécifique de la syphilis, c'est-à-dire n’absorber aucunement l’alexine par lui-même ou en présence de sérum normal et manifester à un très haut degré ce pouvoir absorbant en présence de sérum syphilitique ; b) En émulsion aqueuse il doit se ue sous forme d’un te presque transparent, afin que dans le mélange où il se trouve aucune opacité sensible ne vienne masquer dans une certaine mesure l’hémo- . et rendre la lecture plus difficile; ) Il doit pouvoir être conservé très longtemps sans subir aucune ee d) Son node de préparation doit être simple, d'exécution facile et fournir aux expérimentatenrs divers un DORE toujours identique à lui-même. A En somme, on doit s’efforcer d'obtenir sous forme stable et à l’état pur la substance la plus susceptible de constituer, avec le principe spécifique du sérum syphilitique, un complexe doué du pouvoir d'ab- sorber l’alexine. Notre antigène préparé au moyen de cœur de veau salisfait à toutes ces exigences. < SÉARCE DU 22 FÉVRIER 83! Bien que les extraits FÉRICNGISE d'organes ne soient pas totalement dénués de l’aptitude à s'emparer de mn en présence de sérum syphilitique, il à été fréquemment reconnu, grâce notamment aux recherches de Noguchi, que les lipoides les mieux appropriés au séro- diagnostic sont ceux qui, en solution alcoolique ou éthérée, se laissent précipiter par addition d’acétone, et c'est par celte technique de préci- pitation acélonique de leurs solutions qu'on les a obtenus jusqu'ici : on sépare du liquide ambiant la matière que l’acélone a insolubilisée et on la redissout ensuite dans l'alcool. Mais il est clair que ce procédé de séparation n'est pas parfait, l'influence dissolvante de l'alcool ou de l'éther s’opposant dans une certaine mesure au pouvoir précipitant de l’acétone ; le résultat obtenu est d’ailleurs sujet à varier non seulement d’après les proportions relatives des réactifs mais aussi selon les condi- tions de température. Puisqu'en somme on cherche à éliminer les matières solubles dans J'acétone, pour mettre en œuvre exclusivement les principes que ce réactif ne dissout pas, il est beaucoup plus rationnel de traiter tout_ d’abord l'organe (cœur de veau) par l’acétone, de rejeter ce premier extrait et d'épuiser ensuite ce même organe par de l'alcool, ce second extrait étant utilisé pour les sérodiagnosties. C’est ainsi que nous procédons; la technique est la suivante : on hache (il n’est pas indispensable de hacher très finement) le tissu mus- culaire cardiaque en prenant soin de ne pas en exprimer le suc. À 100 grammes de cœur haché, introduits dans un flacon, on ajoute 195 c.c. d'alcool ordinaire (94°) et l’on agite. Cette première addition _d’alcool a pour but, non pas de dissoudre les matières grasses ou lipoï- diques, mais hanlement de coaguler les albuminoïdes : ajouté en proportion relativement faible, cet alcool se diluant immédiatement dans le suc du tissu ne ut pas de pouvoir dissolvant sensible sur _ les lipoïdes. On maintient quelques jours à la température ordinaire, puis on jette tout le contenu du flacon sur un fiitre. Après égouttage, on _-emfève du filtre le tissu que l’on étale sur un cristallisoir el qu’on porte à l’étuve à 37° pendant environ un jour. Le tissu coagulé et antiseptisé - par l'alcool se dessèche très vite sans subir aucune altération. Le tissu sec est mis en un flacon dans lequel on introduit 200 c.c. d’acétone: il y Séjourne environ une semaine à une lempérature de 18 à 20°. On élimine alors l'acétone, laisse égoutter, ajoute encore un peu d’acétone, maintient encore un jour dans ce réactif qui, rincant le tissu, enlève les dernières traces des substances solubles. On jette de nouveau sur un filtre; le tissu égoutté est débarrassé complètement de l’acétone par un séjour de quelques heures à l’étuve, puis transporté en flacon dans lequel on verse 200 c.e. d’alcool ordinaire (94°). On maintient pendant 8 à 10 jours à la température de 20° environ. Le liquide ainsi obtenu, filtré, est l’antigène. Il a une teinte jaune d'or. Exposé à une 882 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE RE température très basse, il s'opacifie un peu, mais le trouble disparaît complètement si l'on réchauffe légèrement. Cette solution alcoolique est inaltérable, mais le lipoïde qu’elle ren- ferme ne se conserve pas indéfiniment en émulsion aqueuse. Aussi vaut- il mieux, au moment de-l'emploi, recourir chaque fois à la solution alcoolique. On procède comme suit : on verse sur un grand verre de montre 0 c.c. 5 de l’antigène alcoolique; on place à l’étuve où l’évapo- ration se fait vite, laissant un léger résidu jaunâtre sur lequel on ajoute peu à peu, en émulsionnant au moyen d'une baguette de verre, 2 c.c. d'eau distillée; ce délayage s'effectue aisément ; on aspire le . = liquide louche dans un tube effilé et le reporte dans 18 c.c. de solution physiologique de NaCI. On agite vigoureusement et on obtient ainsi un liquide légèrement opalescent qu'on utilise tel quel pour les séro- diagnostics et qui représente une dilution au 1/40 de l'extrait alcoo- lique. Employé seul ou en présence d’un sérum normal, ce liquide, quelle - que soit la dose mise en jeu, ne provoque aucune fixation d’alexine. Par contre son pouvoir absorbant est considérable en présence de sérum syphilitique. Quand celui-ci est très actif, le résultat est encore positif même si l'on ne fait inlervenir qu'une dose extraordinairement faible d'antigène. Chose remarquable, cet antigène alcoolique débarrassé des . mitières solubles dans l'acétone est considérablement plus actif que l'extrait alcoolique total que l’on obtient simplement en faisant digérer - Je cœur dans l'alcool, sans traiter préalablement par l’acétone. Pour procéder au diagnostic, on laisse tomber dans des tubes conte- nant 4 c.c. de solution physiologique, 3 gouttes de l’antigène en solu- tion physiologique, préparée comme il vient d'être dit, { goutte de sérum frais de cobaye (alexine) préalablement dilué dans volume égal de solution physiologique, et soit 0,05 c.e., soit 0,1 c.c. de sérum suspect inactivé 20 minutes à 56°. On introduit les gouttes au moyen de tubes effilés bien égaux donnant 25 gouttes au centimètre cube de solution physiologique à 0,9 p. 100. Inutile d'ajouter qu'on prépare semblable- ment les mélanges témoins habituels, notamment celui où l’antigène, pour chaque sérum examiné, est remplacé par de la solution physiolo- gique. Au bout d’une heure de séjour à l’étuve, on ajoute une goutte de sang sensibilisé (sang de chèvre lavé, additionné de 2 volumes de solution physiologique et de la quantité voulue de sensibilisatrice pour que dans les mélanges témoins l'hémolyse s'effectue en 20 à 30 minutes). On peut naturellement doser l’activité d'un sérum syphilitique en le diluant plus ou moins au préalable. Fait digne d'être noté, le lipoïde contenu dans notre antigène est sus- ceplible de se floculer intégralement sous l’influence du sérum syphili- tique (préalablement chauffé à 56°). Cette floculation s'effectue plus PAPIERS Se SÉANCE DU 22 FÉVRIER 883 promptement vers 50 à 55° qu’à la température ordinaire ou à celle de l’étuve. Les flocons séparés du liquide manifestent vis-à-vis de l’alexine -un pouvoir absorbant très intense. LA NATURE DE LA TÉLÉGONIE, à par J.-L. FRATEUR Le but de mes recherches était la solution du problème encore trèg - controversé de la télégorie. Le matériel d’obervations invoqué pour et contre cette théorie n’est pas suffisamment connu. On ne peut que con- céder que certains des faits relatés plaident les uns pour, les autres contre la télégonie, en tant que phénomène apparent. Ces fails ne nous disent cependant rien au sujet de la nature même de ce phénomène. De plus, on ne sait rien de la formule héréditaire des animaux ayant fait l’objet des observations. : Afin de pénétrer dans la nature intime du phénomène, j'ai fait une série d'expériences dont je communique ici sommairement les résultats. Le problème à résoudre fut posé comme suit : « La formule héréditaire d'une femelle peut- cie ui suite de féconda- tion par un mâle phéno- el génotypiquement diférent être influencée de telle manière qu ‘elle constilue en fait une formule nouvelle? » Pour écarter autant que possible les causes d'erreur, j'ai travaillé avec des couleurs du pelage du lapin dont les facteurs mendéliens sont bien connus. De nombreuses expériences préliminaires m'avaient, d’ailleurs, donné des eo quant à l'existence des facteurs en jeu. MARCHE DES EXPÉRIENCES. — Une femelle noire pure fut accouplée avec un mâle bleu agouti (bleu d'ardoise à ventre blanc). Elle a donné en deux portées 8 jeunes noirs agoutis (sauvages). J'ai pris comme géni- teur mâle un bleu agouti parce que Je faisais ainsi entrer en jeu deux types de facteurs, un actif, le facteur agouti G, et un passif, l'absence du facteur d'intensité D, qui transforme le bleu en noir. Afin de vérifier si la lapine noire était influencée par le mâle bleu agouti, ou par ses produits, cette femelle fut ensuite croisée avec un mâle albinos. Celui-ci n'étant pas coloré, c'était la meilleure facon de faire ressortir les modifications éventuelles apportées dans la formule héréditaire de la femelle. Le croisement de la femelle noire et du mâle albinos a donné, en deux nichées, dix jeunes tous noirs agoutis (sau- vages). A première vue ce résultat peut être pris pour de la télégonie. Les BioLoGie. Compres RENDUS. — 4919. T. LXXXII. 64 88 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE jeunessauvages synthétiques noir + bleu agouti semblent avoir influencé la mère par addition du facteur agouti en double dose. Il n'en était rien cependant. En effet, l'examen du mâle albinos a montré qu'il avait comme formule : B,C,DG., c'est-à-dire que c'était un albinos sauvage avec le facteur d'intensité de la couleur, D, en dose simple. La synthèse noir <- albinos sauvage devait donner des sauvages. Néanmoins, comme le mâle albinos possédait D en dose simple, il aurait dû cine des bleus agoutis en cas de disparition du facteur D chez la femelle noire. Cela ne s’est pas produit. * Il était nécessaire cependant de vérifier si les quatre portées succes- sives de jeunes sauvages n'avaient pas apporté une modification dans la formule héréditaire de la femelle noire en faisant apparaître un fac- teur agouti. Pour vérifier ce point, la lapine noire fut de nouveau croi- sée avec un mâle brun chocolat. Elle a donné en deux nichées six jeunes noirs. Cela démontre que la femelle n'avait pas été influencée, et que sa formule Du ue était S restée invariable. L'apparence de télégonie était due à deux synthèses concordantes et fortuites de formules héréditaires produisant le même phénotype. Tous les animaux d'expériences furent soumis à des croisements mul- tiples afin de déterminer d'une facon précise leur formule héréditaire. Quoiqu'une partie de notre matériel d'expérimentation mourut lors de l'incendie erimine} de Louvain en août 1914, j'ai pu arriver à une con- naissance exacte de ces formules. Lorsque des faits qui semblent relever de la télégonie se présentent, il faudra examiner si la cause du phénomène n'est pas la formation for- tuite de formules héréditaires produisant le même phénotype. Il est plus que probable que la ressemblance des jeunes d'une même femelle, pèr deux pères diflérents, pourra être chaque fois élucidée de celte façon. CELLULES ÉPITHÉLIO-MUSCULAIRES CHEZ LES ANNÉLIDES, 4 par G. GiEson. C’est une notion très répandue que le tube digestif des lombrics porte, sur d'importantes régions, un revêtement externe de cellules glandu- laires disposées en épithélium. Ces éléments appelés cellules chlorago- gènes par Claparède, et, plus récemment, chloragocyles par Rosa, ont fait l’objet de nombreux travaux et, entre autres, des recherches phy- siologiques de M. Willem, notre collègue de Gand. Ils sont mentionnés dans tous les traités de Zoologie et sont considérés comme représentant l'épithélium interne de la paroi du sac cœlomique. Le feuillet viscéral Er. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 835 du cœlome de ces animaux y serait done devenu glandulaire, tandis que le feuillet pariétal el les septes transversaux métamériques seraient restés normaux. Cette particularité remarquable mise à part, la structure de la paroi digestive du lombric est considérée, au moins implicitement, comme normale. On y trouve, en effet, les assises histologiques habituelles, et elles y sont emhboitées dans l’ordre qui est classique pour les organes tubulaires contractiles de la généralité des êtres, c'est-à-dire en allant de dehors en dedans : à une tunique musculaire longitudinale ; une tunique musculaire circulaire; une membrane limitante hyaline; l'épithélium digestif, hypoblastique. À part le caractère sécrétoire qu’y prend le revêtement cœlomique, rien dans cette structure de la paroï digestive ne paraît donc de nature à intéresser spécialement les histologistes. _ Cependant, voiei quelques données nouvelles résultant d'une élude attentive des rapports de ce revêtement chloragogène avec les parties sous-jacentes, qui donnent à l'organe un intérêt supplémentaire : les fuseaux musculaires constituant les deux tuniques contractiles ne sont pas autant de cellules musculaires libres et autonomes, du type ordi- naire des fibres lisses, mais seulement des myonèmes, c'est-à-dire des pro- ductions cellulaires dépendant des cellules chloragogènes. Les éléments constitutifs de ces tuniques musculaires sont donc des cellules épithélio-musculaires, et les cellules chloragogènes des auteurs ne sont autre chose que leurs lobes cytoplasmiques contenant le noyau. Tout biologiste connaît les éléments appelés cellules épithélio-muscu- lxires par Kleinenberg qui les décrivit pour la première fois en 1862 chez l'hydre d’eau douce. Ils présentent tous un corps prismatique _logeant le noyau et se classant dans les rangs de l'épithélium épiblas- tique ou hypoblastique. Le pied de cette partie épithéliale émet deux longs prolongements contenant un ou plusieurs myonèmes ou fuseaux - de substance contractile. Ce type remarquable de cellules a été signalé, depuis, dans tous les groupes de Polypes, et on le présente souvent _ comme un des traits de structure les plus caractéristiques, voire même exclusif de ce phylum. Aussi, le fait de l'existence d'éléments analogues dans des groupes plus élevés, et entre autres chez les Annélides, nous a-t-il paru digne d’être signalé. Nousles avons rencontrés d’abord chez certains Polychètes, Capitellides et Arénicolides, mais particulièrement chez les Oligochètes dans diverses espèces des genres Lumbricus, Eisenia, Allolobophora, Tubifex, Bran- chiura, Tumbriculus, Rhynchelmis, Enchytraeus et Stylarie. Partout les fuseaux musculaires des tuniques de la paroi digestive dépendent d’élé- ments épithéliaux glandulaires revêtant la face externe de l'organe, S86 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE mais qui s’y présentent sous des facies variés souvent très différents de celui des Lombricides. = Ajoutons que nous trouvons des éléments identiques ou analogues non seulement dans le revêtement cœlomique du tube digestif, mais encore dans celui d’autres organes saillants dans le cœælome : beaucoup de vaisseaux sanguins, la chaîne nerveuse, les tubes néphridiens et en particulier dans la paroi de la dilatation de la base de ceux-ei qui fonc- tionne comme vésicule urinaire, ainsi que dans les corps cardiaques et dans un organe particulier de la tête, que nous appellerons baurrelet de x? . & 2 EAN | | F ui ni Typhlosolis nn ï \ : 4 Celivules chlorago- musculaires fé Lumbricus. Coupe légèrement schématisée du tube digestif. déglutition. Disons aussi que certaines d’entre les cellules chloragogènes ne possèdent pas de myonèmes et se fixent directement sur la culicule basale et sur la paroi des vaisseaux qui du reste ne sont que des cavités de clivage creusées dans cette cuticule. Enfin, notons une différence dans la disposition des cellules épithélio- musculaires, d’une part dans la paroi du corps de l'hydre, et de l’autre dans la paroi digestive des Annélides : celles de l'hydre constituent deux feuillets distincts’ juxtaposés; 1 épiblaste à fibres longitudinales et l’hypoblaste à fibres circulaires, tandis que dans le tube digestif de nos vers il y a mélange des corps cytoplasmiques des deux tuniques en une seule assise théliale ; les fibres circulaires, profondes, et les fibres longitudinales, superficielles, classent leurs lobes cytoplasmiques en un seul feuillet, l’épithélium chloragogène. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 887 On peut s'étonner de ce que le rapport des cellules chloragogènes avec les éléments musculaires n'ait pas été soupçonné des très nom- breux zoologistes et histologistes qui ont eu sous les yeux des coupes du lombric, objet si vulgaire et si employé comme matériel de recherches et de démonstration. Mais notons d’abord que si le simple fait du contact intime d'éléments histologiques adjacents n’entraine pas nécessairement la notion de leur __.--Vaisseau \ÉE =-Myonèmes “Lobes chlo ragogènes dépendance, il n impose pas non plus l'obligation de s’assurer de leur indépendance. D'autre part, la démonstration de la dépendance des fibres et des cellules en présence exige des recherches très délicates portant à la fois sur l'adulte et sur l'embryon et c'est une tâche qui est loin d’être aisée. Nous avouerons même qu’une foule d'apparences décevantes nous ont longtemps détourné d’y croire et que si nous avons mis quelque obsti- nation à l'étude de la question, c'est guidé par les résultats de nos recherches sur l’Owenia fusiformis (1), polychète tubicole dans lequel (4) E. Gilson. Cellules musculo-slandulaires de l'Owenia, La Cellule, t. XIV, 1898. 888 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE le feuillet pariétal du cœlome est nettement museulo-glandulaire. L'une des causes principales de ces apparences trompeuses gif dans l'obliquité fréquente des lobes chloragogènes par rapport à la longueur des fuseaux musculaires. Une autre, plus décevante encore, est l’exis- tence, en certains endroits, de noyaux particuliers, différents des noyaux chloragogènes, au voisinage immédiat des myonèmes, et que l'observateur non prévenu est porté à attribuer à ces fuseaux eux-mêmes. Ceux-ci, semblant posséder des noyaux, lui apparaissent alors comme autant de cellules musculaires autonomes, au même titre que les fibres lisses du tube digestif des mollusques ou ‘des vertébrés. Mais en fait, ces noyaux sont étrangers aux muscles et appartiennent soit à des cellules du sang, soit à des cellules du liquide cælomique insinuées entre les myonèmes, soit encore à des cellules nerveuses constituant un plexus myentérique qui sera décrit ailleurs. On conçoit donc que l’interprétalion correcte de toutes ces apparences soit loin d’être aisée, et nous n’y sommes arrivé que grâce à une technique spéciale appropriée qui sera exposée en détail dans le mémoire in extenso dont la publication est prochaine. Notons en terminant que l'intérêt particulier de ces résultats ne git pas tant dans le fait que des éléments cellulaires d’un lype particulier regardé comme caractéristique des Polypes s'observent encore dans d’autres groupes, mais plutôt dans la mise eu évidence d’un exemple nouveau et net de somatocytes à double différenciation fonctionnelle. Sans doute on connaît chez les Protistes des cas frappants de mullidif}é- renciation; une même cellule peut y présenter plusieurs dispositions spéciales distinctes répondant à des fonctions définies telles que la motilité, la préhension et l'ingestion des particules alimentaires, la protection, l'attaque, la fixation. Maïs dans les êtres plus élevés, dans les colonies cellulaires animales, l'étude des somatocytes nous a accou- tumés au contraire à la notion de l’unidifférenciation. Le somatocyte est généralement différencié en vue d'une seule fonction coloniale : il est musculaire, glandulaire, nerveux, cartilagineux, osseux, muqueux, etc., ct rien d'autre, au moins pour autant que nous puissions en juger. Cependant il s’en faut que ce soit là une règle absolue : la pluridiffé- renciulion existe parmi les somatocytes des êtres polyeytes ou mélazoaires, mais il est remarquable qu’elle y est le plus répandue dans les rangs inférieurs, les moins éloignés de l'ancêtre protiste; aussi est-il intéressant de la trouver encore si puissamment réalisée dams un groupe aussi élevé, aussi hautement différencié, et où la division du travail colonial est déjà poussée aussi loïn que les Annélides. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 889 LA VACCINATION PAR INJECTION DE COW-POX CIFAUFFÉ, par M. HENSEvAL. Divers auteurs ont tenté d’immuniser l'homme ou les animaux en leur injectant du cow-pox privé, par chauffage, de germes vaccinaux. Les résultats obtenus sont contradictoires : les uns ont constaté que cette méthode les laissait réceptifs à l’inoculation cutanée, les autres qu’elle les y rendait réfractaires. La question appelle donc de nouvelles recherches. Janson (1), le premier auteur qui s'en occupa, expérimenta sur l’homme et le veau auxquels il injecta de la lymphe humaine stérilisée par chauffage discontinu. Ces sujets présentèrent des éruptions à peine modifiées lors de Pinoculation d'un vaccin d’épreuve sur la peau. Kraus et Volk (2) instituèrent de nouvelles expériences sur le singe avec du cow-pox chauffé à 58° et ne produisant plus de pustules. Ils injectèrent à 6 animaux 2 c. ce. de vaccin dilué de 50 à 200 fois. Soumis à linoculation cutanée, ils furent trouvés immunisés. Sous l'inspiration de Kraus, Knæpfelmacher (3) reprit l'étude de la question sur l'homme. Il se servit de vaccin chauffé à 70° pendant une demi-heure. Il constata la production à l'endroit de l'injection d’un gonflement et d’une rougeur pareils à ceux que provoque le vaccin non chauffé. À l'épreuve cutanée, quelques sujets ne réagirent pas; les autres donnèrent de vraies pustules, mais possédant certains caractères de celles des revaccinations. Ilen a conclu que l'immunité était obtenue. Cette interprétation comporte des réserves. Arndt (4) fit également des expériences sur le lapin. Il'injecta à‘4 ani- maux À c.c. de vaccin chauffé à 70°. L'inoculation sur la peau lui montra qu'ils n'étaient pas vaccinés. | J'ai repris l'étude de cette question, intéressante à plusieurs titres, en tenant compte des indications fournies par ces auteurs. J’ai d’abord vérifié les conditions de chauffage nécessaires à la destruction du virus vaccinal. Après une demi-heure à 50°, les solutions de vaccin à 1/100 sont déjà fortement altérées. À 55°, Qu-lynes éléments résistent encore. A 58-60°, la solution est complètement stérile sur la peau du lapin. J'ai ensuite essayé l’action immunisante du vaccin chauffé à 70° et à 58-60. (1) Jamson. Centralbl. für Bakter., 1891, X,p. 40. (2) Kraus et Volk. Sitzungsber. ke. And. d. Wissensch. 1n Wien, +, CXXI section ur, p. 296-308,mai 1907. = (3) Knæpfelmacher. Zeitschr. für experiment. Pathol. und Therap., 1907, Bd IV, p. 380. d Arndt. Centralbl. für Bakter., 1908, Bd XLVII, p. 237. 890 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE J'ai injecté, dans ce but, des solutions à 1/100 chauffées à ces tempé- ratures pendant une demi-heure et après m'être assuré que tous les germes vaccinaux étaient détruits. Les animaux ont ensuite été soumis à une sévère épreuve cutanée, 16 ou 18 jours après l'injection du vaccin stérilisé. PREMIÈRE SÉRIE D EXPÉRIENCES : Vaccin chauffé à 700. a) Un lapin de 2 kil. 720 reçoit dans la veine de l'oreille 1 c. c. de vaccin à . chauffé à 70°. Après 18 jours, on inocule sur la peau 1 c.c. de vaccin à 1/100 sur une surface de 120 cent. carrés. Les 4°, 5° et 6° jour, on constate une belle éruption confluente sur tout le champ opératoire. Évolution normale. Pas d'’immunité. ô b) Un lapin de 2 kil. 540 recoit dans la veine de l'oreille la même dose de vaccin chauffé à 70°. Après 18 jours, même épreuve sur la peau. Résultats identiques. Pas d’immunité. a) Un lapin de 3 kil. 110 reçoit dans la veine de l'oreille 2 c. c. de la même solution de vaccin chauffé à 70°. Après 18 jours, on inocule sur la peau 4 c.c. de vaccin à 1/100 sur une surface de 120 cent. carrés. Les 4e, 5e et 6° jour, on constate une belle éruption confluente sur tout le champ opé- ratoire. Évolution normale. Pas d'immunité. b) Un lapin de 2 kil. 400 reçoit dans la veine del oreille la même dose de vaccin chauffé à 70°. Après 18 jours, même épreuve sur la peau. Résultats identiques. Pas d'immunité. 3. a) Un lapin de 2 kil. 320 recoit dans la veine de l'oreille 3 c.c. de la même solution de vaccin chauffé à 70°. Après 18 jours, on inocule sur la peau 4 c.c. de vaccin à 1/100 sur une surface de 120 cent. carrés. Les 4e, 5e et 6° jour, on constate une belle éruption sur tout le champ loue, Évolution normale. Pas d'immunité. > b) Un lapin de 2 kil. 630 reçoit dans la veine de l'oreille 5 c. c. de la méme solution de vaccin chauffé à 70°. Après 18 jours, même épreuve sur la peau. Résultats identiques. Pas d'immunité. 4. Essai de la solution de vaccin utilisée pour ces expériences. Un lapin de 3 kil. 100 est inoculé sur la peau rasée avec 2 c.c. de la solution de vaccin chauffé à 70° pendant une demi-heure, que l’on répartit sur une surface de 240 c.c. Pas une seule pustule ne pousse sur tout le champ opératoire. Huit jours plus tard, on inocule un petit carré de peau avec du vaccin non chauffé : belle éruption confluente dans ie délai normal. DEUXIÈME SÉRIE D'EXPÉRIENCES : vaccin chauffé à 600. . a) Un lapin de 2 kil. 600 reçoit dans la veine de l'oreille 1 c. c. de vaccin à chauffé à 60°. Après 16 jours, on inocule sur la peau 1 c.c. 1/2 de vaccin à 14/1400 sux 180 cent. carrés de surface. À la fin du 3° jour, apparaît un érgthème diffus, peu étendu, de chaque côté de la colonne vertébrale. Le 4° jour, on distingue à ces endroits quelques macules (52); le 5° jour, la des- quamation commence et s'achève en quelques jours. Immunité partielle. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 891 b) Un lapin de 2 kil. 520 rnait dans la veine de l'oreille 4 c.c. de la même solution de vaccin. Après 16 jours, même épreuve sur la peau. A la fin du 3° jour on constate de chaque côté de la colonne vertébrale un érythème diffus moins étendu que celui du lapin précédent et le lendemain on y dis- tingue 12 macules très frustes. La desquamation s’est effectuée en quelques jours. Immunité incomplète. a) Un lapin de 2 kil. 350 recoit dans la veine de l'oreille 2 c.c. de la _ même solution de vaccin. Après 16 jours, on inocule sur la peau 1 c.c. 1/2 de vaccin à 1/100 sur 180 cent. carrés de surface. Les 4°, 5e, 6°, 7° et 8° jour, on n'observe aucune trace d’éruption. Immunité complète. b) Un lapin de 2 kil. 970 reçoit dans la veine de l'oreille 2 c. c. de la même solution de vaccin. Après 16 jours, même -épreuve sur la peau. Du 4° au 8° jour, aucune trace d’éruption. Immunité complète. 3. a) Un lapin de 2 kil. 780 reçoit dans la veine de l'oreille 5 c.c. de la même solution de vaccin. Après 16 jours, on inocule 1 c.c. 1/2 de vaccin à 1/100 sur 480 cent. carrés de surface. Du 4° au 8° jour, absence d’éruption. Immu- nité complète. < _ b) Un lapin de 2 kil. 570 recoit dans la veine de l'oreille 5 c.c. de la même solution de vaccin. Après 16 jours, même épreuve sur la peau. Le 3° jour, on constate un érythème diffus assez étendu, de chaque côté de la colonne vertébrale. Le 4° jour, formation de papules assez développées dont 6 devien- nent des pustules. On compte 47 éléments. Immunité partielle. x. Essai de la solution de vaccin utilisée ii ces expériences. Un lapin de 2 kil. 800 est inoculé sur la peau avec 2 c. c. de la solution de vaccin à 1/100, chauffée à 60° pendant une demi-heure, que l’on répartit sur une surface de 240 cent. carrés. Absence complète d’éruption. Dix jours plus tard, on inocule un petit carré de peau avec une solution de vaccin non chante: à 1/100; belle éruption confluente dans le délai normal. Ces expériences établissent qu’on peut immuniser les animaux en leur injectant du vaccin dont les éléments vivants ont été détruits par le chauffage ; mais il ne faut pas dépasser la température de 58°-60°. À 70°, cette propriété disparaît et les animaux demeurent réceptifs à l’inocu- lation cutanée. L'immunité obtenue par cette méthode résulte vraisemblablement de la présence dans le vaccin d’une toxine, endotoxine ou exotoxine, qui est facilement attaquable par la chaleur. Pour certains animaux, l'in- jection de vaccin chauffé à 60° n’éleint pas complètement la réceplivité à l’inoculation cutanée. Cela paraît dü ou bien à ce qu'ils ont recu des doses vaccinantes trop faibles ou bien à une aptitude individuelle moins favorable à l’immunisation. (Laboratoire du Service de santé et de l'hygiène du Ministère de l'Intérieur.) “ QC (de) LS RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SUR L'ADAPTATION DE L'ORGANISME ANIMAL A DES CONDITIONS DIVERSES D'HYPOHAVERSOGÉNÈSE, NOTAMMENT DANS LE RACHITISME, DANS L'OSTÉO- MALACIE, DANS L'OSTÉOPOROSE ET DANS LA FORMATION DES EXOSTOSES, par E. LIÉNAUX. Une des altérations de l’os rachilique qui mérite le plus de retenir l'attention réside dans la diminution du nombre des systèmes de Havers (oligohaversisation) et dans l'augmentation de leurs dimensions transversales (mégalohaversisation ou haversomégalie), On la constate avec la plus grande netteté dans les espèces chevaline et bovine chez lesquelles le rachitisme est toujours beaucoup moins grave que dans les espèces plus petites, mais elle existe également chez ces dernières. Alors que, chez le cheval et chez le bœuf, les systèmes agrandis se pré- sentent avec l’aspect cylindrique ordinaire ou sous forme de fentes haversiennes et sont toujours pourvus de tissu lamelleux, celui-ei peut manquer totalement dans les régions sous-périostiques du porc, du chien, de l'homme; on n'y trouve alors que des fentes et des espaces baversiens de configurations diverses, délimitées par des travées de tissu de préossification, travées couvertes déjà ou non de lames d’os- séine. Ges fentes et ces espaces ont des dimensions transversales plus grandes que ceux des systèmes de Havers normaux pour l’espèce envisagée. L'haversomégalie d’origine rachitique-est primitive eu ce sens qu elle apparaît au cours de l’ostéogénèse périostique. Elle est, au contraire, secondaire dans l’ostéomalacie et dans l’ostéoporose, car elle se déve- loppe par une modalité appropriée du a des systèmes de Havers déjà existants. L'osléolyse, qui marque le premier temps du remaniement, dépasse alors les limites normales, absorbe entièrement la substance lamel- leuse du système où elle s’est amorcée, provoque la résorption totale ou partielle des systèmes voisins, amenant ainsi une dilatation corres- pondante des canaux de Havers; puis, lorsqu'elle s’arrête, l’ostéogénèse lamelleuse reparaît à la périphérie des poches médullaires qui s'en- tourent de couches concentriques d’osséine calcifiée leur constituant une paroi propre. Le nombre de ces couches peut être trop faible pour ramener la lumière des poches à des dimensions restreintes; mais, dans nombre d’entre elles, il est tel que la cavité médullaire restante figure à nouveau un véritable canal de Havers. La poche s’est, en somme, réossifiée et transformée en un système de Havers de proue exagérée par rapport aux systèmes normaux. Dans l’ostéoporose, qu’elle soit liée à la sénilité, au repos prolongé | ou à un élat toxi-infectieux, la réossification avec mégalohaversisation SÉANCE DU-22 FÉVRIER 893 est toujours plus répandue que dans l'ostéomalacie; les poches de résorption sans paroi propre ou avec paroi lamelleuse et large cavité sont moins nombreuses que dans cette dernière maladie. L'haversomégalie secondaire peut s'associer avec l’haversomégalie primitive au cours du rachitisme grave. Dans les trois maladies considérées, l’'augmentalion du diamètre des - systèmes de Havers est l'expression d’un effort de l'organisme en vue de produire du tissu lamelleux à moindres frais. Les systèmes de Havers sont de forme cylindrique et le tissu qui les constitue est ergendré par des ostéoblastes disposés en couronne sur les colonnes médullaires y incluses. Or, la surface du cylindre, 27RH, augmente comme son rayon, tandis que le volume, +R°H, des systèmes croit comme le carré du même rayon, en sorte que le volume des systèmes de Havers croit plus vite que la surface qui doit les produire et que ladite surface est relativement d'autant moins grande que le système a un diamètre plus grand. Il en ressort que les quantités d'osséine et de cal- caire nécessaires à l'édification de systèmes épais est moindre que pour des systèmes plus étroits et que l’économie qui adopte Les pre- “miers fait tout simplement de l’ossification haversienne à frais réduits. Quand ces frais tendent à augmenter par le rétrécissement de la lumière des systèmes en voie d'achèvement, l'organisme met un frein à l'ossification, ce qui explique que les systèmes les plus gros ont tou- jours des canaux de Havers eux-mêmes élargis. IL y a là adaptation à un état d’hypohaversogénèse. Le procédé de l'haversomégalie paraît être le seul dont dispose l'organisme dont les os ont atteint leur complet développement. Mais il en est d’autres chez les jeunes animaux dont le nérissie est encore en pleine activité ostéogène. C'est ainsi qu'apparaissent dans le rachitisme, à côté de l'oligo- et de la mégalohaversisalion, d’autres altérations osseuses non moins intéressantes, notamment l’excès du tissu de préossification «et du tissu lamello fibreux, ce dernier sous l'aspect d'un étui périostique trop épais ou d'étuis périostiques profonds, intercalés entre les séries circulaires de systèmes de Havers. 11 y a, dans ces deux cas, substitution de tissu osseux de soutien au tissu lamelleux pur, plus onéreux à produire. : Enfin, toujours dans le rachitisme, on peut observer le retard ou l’in- suffisance du remaniement, lequel, on le sait, a pour effet de condenser l'os jeune en augmentant la quantité du tissu lamelleux et en faisant disparaître plus où moins complètement les tissus de préossification et lamello-fibreux. ° À tous ces moyens de lutier contre l’hypohaversogénèse nous en ajouterops un autre que nous n'avons usqu ici rencontré que dans les exostoses. Il consiste dans le remplacement du tissu lamelleux pur des 894 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE systèmes latihaversiens par du tissu lamello-fibreux, la moelle incluse dans ces systèmes fonctionnant alors d’une facon très élémentaire, comme le périoste, alors qu’il engendre l’étui périostique. SUR LA TENEUR EN IODE DU CORPS THYROÏDE CHEZ L'HOMME, par EpGcarp ZuNz. La teneur en iode du corps thyroïde varie, chez l'homme, dans des limites relativement grandes, sous l'influence de divers facteurs, parmi lesquels le régime intervient pour une grande part. En Suède, Jolin a trouvé en 1906, chez 108 adultes normaux, en moyenne 1,56 milli- grammes diode par gramme de substance glandulaire sèche. On a obtenu en Amérique des chiffres un peu plus élevés : 2,10 milligrammes d'iode par gramme de substance thyroïdienne sèche selon Wells (1897), 2,17 milligrammes selon Marine et Lenhart (1909). Depuis que ces données ont été publiées, on a beaucoup perfectionné les méthodes de dosage de faibles quantités d’iode en présence de ma- tières organiques et de chlorures, et il semble qu’on ait parfois obtenu, par les procédés employés précédemment, des chiffres un peu trop faibles. D'autre part, on n’a guère jusqu'à présent recherché la teneur - en iode du corps thyroïde chez des individus normaux, autopsiés peu - d'heures après le décès. C’est ce que j'ai eu l’occasion d'effectuer, en ces dernières années, chez des hommes ayant succombé une demi-heure à 4S heures après un traumatisme par projectile de guerre. J'ai pesé séparément soit les deux lobes du corps thyroïde, soit la glande tout entière. J'en ai prélevé des échantillons : 1° pour déterminer la teneur en substance sèche ; 2 pour l’examen histologique fait par M. Dustin et qui a montré qu’il s'agissait de corps thyroïdes à structure normale. Le restant de chaque lobe ou de chaque glande a été divisé en petits fragments sur une plaque de verre de poids connu, puis desséché à poids constant et pulvérisé. L'iode a été dosé par la méthode de Kendall. Chez les hommes de 21 à 34 ans (et dont l’âge moyen correspond à 25 ans 4 mois), il n’existe pas de très grandes différences entre la teneur eu iode des deux lobes du corps thyroïde. Elles sont néanmoins plus considérables que chez le chien, si l’on s’en rapporte aux analyses effectuées par Watts. En effet, chez nos blessés, la quantité d’iode par gramme de substance glandulaire sèche diffère de 0,029 à 0,146 milli- grammes d’un lobe à l’autre, soit en moyenne de 0,081 milligrammes. Ceci représente 1,34 à 5,02 p. 100 ou en ROyennese 2,98 p. 100 de la teneur en iode de 1 glande totale. SÉANCE DU 22 FÉVRIER 895 Si nous considérons l’ensemble du corps thyroïde, la teneur en iode par gramme de substance sèche varie, chez les personnes exami- nées, entre 0,44 et 4,26 milligrammes. Elle correspond en moyenne à 2,244 milligrammes, chiffres se rapprochant beaucoup de ceux de Wells et de Marine et Lenhart. La teneur en iode par gramme de substance fraîche varie entre 0,11 et 1,21 milligrammes ; elle est en moyenne de 6,57 milligrammes. Dans la majorité des cas, le corps thyroïde ren- ferme 1,5 à 3 milligrammes d’iode par gramme de substance sèche, 0,46 à 0,84 milligrammes par gramme de substance humide. Il n'existe aucune relation entre la teneur en iode du corps thyroïde et le poids de cette glande. Aussi la quantité lotale d’iode renfermée dans cet organe varie-t-elle beaucoup. Les chiffres extrêmes observés ont été respectivement de 3,15 et de 44,49 milligrammes. En moyenne, le corps thyroïde des blessés examinés renfermait 15,53 milligrammes d'iode. ' On n'observe pas non us de relation entre la teneur dû corps thyroïde en iode et le poids du thymus, comme auraient pu le faire croire les rapports existants entre les poids de ces deux glandes. On sait, en effet, qu'un thymus relativement réduit correspond, en général, à un Corps thyroïde volumineux, tandis qu'un thymus volumineux s'accompagne d’un corps thyroïde petit. Chez un adolescent de 14 ans qui a succombé une demi-heure après l’'écrasement des deux cuisses et une fracture du bassin ayant entrainé une forte hémorragie, le corps thyroïde, qui ne pesait que 7,478 gram- mes, renfermait 3,136 milligrammes d’iode par gramme de substance sèche et 0,92 milligrammes par gramme de substance fraiche ; il conte- nait en tout 6, 90 milligrammes d'iode. Un homme de 55 ans, décédé des suites d’une gastrostomie pour cancer du cardia et de la petite courbure, avait un corps thyroïde ren- _ fermant 2,624 milligrammes d'iode par gramme de substance sèche, 0,63 milligrammes par gramme de substance fraiche. La glande conte- nait en tout 18,36 milligrammes d’iode. Chez des blessés ayant succombé à de la broncho-pneumonie, la teneur en iode tend à être moindre qu'en l'absence de cette compli- cation. Le corps thyroïde renfermait 0,87 à 2,29 milligrammes d'iode par gramme de substance sèche, 0,24 à 0,59 milligrammes par gramme de substance fraiche. Ceci représente 2,73 à 14,09 milligrammes d’iode pour toute la glande. à 896 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 29 MARS 1919 SOMMAIRE Border (J.): Recherches sur [La phalus et les espèces qui y ont - coagulation du sang (sérozyme et été rapportées. Ce 904 PÉOSÉLOZ VIN) Re re 896 Gorraux (R.\ : Les formations Broon (A.) : Les Microfilaires amygdaliennes chez les têtards 2 Chez les SMSES : sh 1e... ei. 898 | d'amphibiens anoures . . . . . . . . 90% Dgparseux (P.) : Une chytridinée Hexsevaz (M.) : Sur la dissémi- nouvelle : Cælomycidium simulii, ration de la sérumalbumine et de NOV. FER. TOLL SEC Lee re 899 | la sérumgiobuline dans les solu- Gepogesr (L.) : Le genre Histioce- Fons squeuses 2. 000 907 Présidence de M. L. Gedoelst. RECHERCHES SUR LA COAGULATION DU SANG.(SÉROZYME ET PROSÉROZYME), par J. BORDET. Rappelons tout d’abord brièvement quelques faits. Constatant que du sérum faiblement coagulant s’enrichissait beau- coup en thrombine par l'addition d’un peu de suc de tissu, Morawitz émit l’idée que la thrombine procédait de deux générateurs: l’un, fourni par le liquide sanguin, l’autre, par les cellules des tissus; cette notion fut confirmée par Fuld et Spiro. Bordet et Delange (1) montrèrent qu'elle se vérifie même lorsqu'on considère la coagulation du sang pur, c’est-à-dire préservé de toute souillure par le suc de tissu; dans ce cas, ce sont les cellules sanguines et tout particulièrement les plaquettes, qui fournissent l’un des générateurs (eytozyme), lequel se retrouve également dans les tissus. Bordet et Delange (2) constatèrent, en outre, que ce cytozyme est en réalité un lipoïde très voisin de la lécithine, et qu'on peut extraire par l'alcool soit des plaquettes, soit des cellules de tissus, des muscles par exemple; l’autre générateur, présent dans le liquide sanguin, reçut de ces auteurs le nom de sérozyme. En s’unis- sant, ie sérozyme et le cytozyme donnent la thrombine. On obtient un (4) Annales de l’Institut Pasteur, 1912. (2) Bulletin de la Société des Sriences médicales et naturelles de Bruxelles, 19142, et Annales de l'Institut Pasteur, 1913. SÉANCE DU 29 MARS ; 897 sérum très riche en sérozyme en faisant coaguler par addition de CaCi° du plasma oxalaté débarrassé par une centrifagalion énergique de la plupart de ses plaquettes, c'est-à-dire d'une grande partie de son cyto- zyme. La thrombine apparaît en abondance dans un tel sérum lorsqu'on y ajoule une trace du lipoïde (cytozyme). Il suffit d’une trace de phos- phate tricalcique pour absorber le sérozyme existant soit dans le sérum, soit dans le plasma oxalaté originel; celui-ei, par conséquent perd ainsi le pouvoir de se coaguler par addition de CaCl° et de cyto- zyme (plaquettes, suc de tissu ou lipoïde extrait par l'alcool). Mais la coagulabilité lui est restituée si on lui rend le sérozyme : il suffit de redissoudre par barbotage de CO* le phosphate tricalcique qui avait absorbé le sérozyme; on réalise ainsi l'analyse et la synthèse du pro- cessus de la coagulation (Bordet et Delange) (1). _- La réaction du lipoïde sur le sérozyme contenu dans le sérum prove- nant de la coagulation du plasma oxalaté limpide (débarrassé des pla- quettes) recalcifié est très rapide; celle de ce même lipoïde sur le séro- zyme existant dans le plasma oxalaté identique, mais que l’on vient de recalcifier, l’est moins. Ce fait, constaté par Bordet et Delange, montre que le Lyme n'est pas, dans le plasma, au même état que dans le sérum : il n’y possède pas la propriété de réagir très promptement avec le eytozyme. En vue d’apporter une démonstration plus nette de ce fait, j'ai eu recours au plasma phosphaté. Du plasma oxalaté de lapin, noel centrifugé, est traité par un peu de suspension épaisse, gélatineuse, de phosphate tricalcique {obtenu par précipitation de phosphate sodique par le chlorure calcique en présence d’un peu d’'ammoniaque, et très soigneusement lavé à la solution physiologique). Le plasma centrifugé et décanté est additionné - de 4 volumes de solution physiologique calcifiée (2); on obtient ainsi le plasma phosphaté recalcifié dilué. D'autre part, on recalcifie de la même facon du pläsma oxalaté non traité par le phosphate tricalcique, et qui par conséquent est coagulable et fournit du sérum. Le lendemain, on introduit dans 5 tubes 1 c.c. 8 de plasma phos- phaté dilué; on ajoute au tube a, 0 c.c. 2 de sérum ; au tube b, 0 c.c..2 de sérum et une goutte d’émulsion de lipoïde (cytozyme); au tube c, 0 c.c. 2 d'un mélange préparé immédiatement auparavant, de plasma oxalaté et de 4 volumes de solution physiologique calcifiée, mélange _qui est entièrement identique au sérum, sauf qu'il ne s’est pas coagulé; _ au tube d, même quantité de ce même plasma tout récemment préparé, et une goutte de lipoïde; au tube e une goutte de lipoïde. (1) Bulletin de la Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles, 1914. (2) Voir pour les détails de la technique, les mémoires de Bordet et Delange dans les Annales de l'Institut Pasteur, 1912 et 1913. 898 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Résullals. — La coagulation s'effectue en 7 minutes dans b; en 35 minutes dans d; en 1 heure 1/2 dans a; en 2 heures 1/2 dans c; ese maintient indéfiniment liquide. Donc, la réaction du cytozyme avec le sérozyme contenu dans le plasma est relativement lente; dans le plasma, le sérozyme n'est pas prêt à agir avec le cytozyme; on peut dire, pour faciliter le langage, qu'il s’y trouve à l’état de prosérozyme. Par conséquent, il importe de déterminer le mécanisme grâce auquel s'effectue, au début de la coagu- lation du sang, la transformation du prosérozyme. J'aborderai ce point dans une communication ultérieure. LEs MICROFILAIRES CHEZ LES SINGES, par À. BRODEN. Divers auteurs ont signalé les larves de filaires, ou microfilaires, dans le sang de singes. Ziemann (1992), Leboeuf et Ringenbach (1919) chez des chimpanzés du Congo français, Rodenwaldt (1908) chez un chimpanzé du Jardin z00- logique de Hambourg, ont signalé des microfilaires ayant tous les carac- tères des Micro/filaria a Nous avons eu l’occasion de retrouver dans le sang d’un chimpanzé provenant de lazone de la Bussira, province de l'Équateur, Congo belge, de très rares larves de filaire. Pour trouver facilement quelques exem- plaires sur les frottis faits sur lamelles, nous avons dù centrifuger plu- sieurs centimètres cubes de sang, et rechercher les microfilaires dans le deuxième culot de centrifugation. Dans les frottis fixés par voie humide, au sublimé-alcool et colorés par l’'hématoxyline, les microfilaires de notre chimpanzé présentent les caractères bien connus de #. perstans. L'absence de gaine, les nom- breux noyaux occupant toute la largeur du corps, la tache ou anneau des centres nerveux, l'extrémité caudale tronquée et remplie jusqu'au bout par les noyaux, sont autant de caractères de la M. perstans de l'homme. Les dimensions oscillent dans les mêmes limites pour les deux variétés, les procédés de fixation ayant été les mêmes. La longueur des exemplaires mensurés par nous dans les conditions indiquées plus haut oscille entre 150 et 200 w, la largeur aux environs de 4 p. En dehors de M. perstans chez le chimpanzé, Low (1904), chez un singe de l’'Uganda, a signalé une microfilaire du type demarquayi. Chez un Cercopithecus provenant du Katanga, nous avons retrouvé une micro- filaire nettement distincte de M. perstans. Durant la vie du singe, dont le sang fut observé pendant de longs mois pour déceler une rechute SÉANCE DU 29 MARS 899 éventuelle de trypanose, les microfilaires ne furent jamais vues. Ce n’est qu'à l’autopsie, que dans le sang des poumons et du RUE il fut retrouvé un grand nombre de larves de filaire. Après fixation par voie humide au sublimé-alcool et coloration à _l'hématoxyline, nous avons constaté les caractères suivants. La micro- filaire n’a pas de gaine; le corps est rempli de a granulations ou noyaux, moins serrés que chez M. perstans; à 25 ou 30 y de l’extré- mité céphalique, il y a une tache circulaire, du sans doute à l'anneau nerveux; l’on ne voit pas de corps interne; l'extrémité cau- dale, effilée, se terminant en pointe fine, n'est pas remplie de noyaux, __ ceux-ei s'arrêtent à quelques x de l'extrême pointe. Ce dernier carac- tère distingue nettement celte microfilaire de Ja /. persians de l'homme et du chimpanzé. Tous ces caractères rapprochent cette microfilaire du type M. demar- quayi. Les mensurations faites par nous indiquent une longueur variant de 140 à 200 v, une largeur de 3 à 4 u. Nous rappelons que le mode de fixation, voie humide au sublimé-alcool, a certainement eu une influence sur les rétractions du parasite. Nous n'avons pas réussi à retrouver chez notre Cer pins une filaire adulte. Le fait que jusqu’à présent l’on ne connaît que 4 ou 5 vers femelles adultes de l'espèce demarquayi montre que leur recherche n’est pas aisée. Jusqu’à présent la Filaria demarquayi et ses larves ont été signalées aux Antilles chez l’horame. Le fait que Low a trouvé des microfilaires de ce type dans le sang d’un singe de l'Uganda, et nous-même chez un singe du Katanga, tendrait à faire croire que ce parasite pourrail se retrouver en Afrique. De nouvelles observations sont nécessaires et, pour trancher la ques- tion, il faudra surtout retrouver les filaires adultes (École de Médecine tropicale, Bruxelles.) - ÜNE GHYTRIDINÉE NOUVELLE : Cælomycidium simulii, nov. gen. nov. spec., par PauLz DEBAISIEUx. | Si ) N ; Les larves de Simulium des ruisseaux des environs de Louvain hébergent dans la cavité générale du corps des parasites d’un type tout spécial ; leur cycle d'évolution n’a pas encore pu être complètement élucidé, mais de nombreuses particularités cytologiques ont été obser- vées et permettent de fixer leur rang systématique (1). | (1) Une étude complète avec dessins paraîtra sous peu dans La Cellule. Biococie. Compres RENDUS. — 1919. T, LXXXIT. 65 990 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Le Cælomycidium simulii est assez fréquent; généralement il se trouve en très grand nombre dans un même hôte, mais presque toujours les centaines de parasites d’une même larve sont exactement au même stade d'évolution ; ils se présentent sous des aspects fort différents en été et en hiver, aspects qui correspondent à deux périodes du cycle. Les formes d'été sont sphériques, plasmodiales, sans membrane enkys- tante; elles mesurent, d’après leur âge, de quelques w à 400 y de dia- mètre et sont pauci- ou multinucléées ; les noyaux sont petits, générale- ment peu chromatiques et se multiplient activement par bipartitions. Quand la croissance du parasite est achevée, la plasmodie se résout en germes uninuciéés qui restent groupés dans une mince membrane com- mune. Le Les germes uninucléés se différencient ; ils acquièrent un long flagel- lum, puis, là membrane et plus tard la larve hôte éclatant, ils sont libérés dans l’eau sous forme de zoospores piriformes d'environ 7 u de long à flagellum d'environ 25 x. Ces flagellispores nagent librement, mais après quelques minutes elles se modifient, le flagellum se résorbe et elles acquièrent des mouvements amiboïdes assez rapides ; elles deviennent amibospores. Le sort ultérieur des zoospores n’a pu être découvert ; la comparaison avec d’autres Chytridinées permet de soup- conner entre elles des phénomènes de fécondation, et l'étude cytolo- gique de leur formation conduit à croire que leur individualisation est précédée de phénomènes de réduction chromatique. Les formes d’hiver sont sphériques de 18 à 180 u ; leur protoplasme est opacifié par de nombreuses enclaves et des goutteleltes d'aspect hui- leux ; elles sont enkystées dans une très épaisse membrane hyaline ; les noyaux sont volumineux à gros caryosome sphérique et se divisent par bipartitions, mais ces divisions sont rares. Quelques stades de ces parasites furent observés dans des Simulium américains par Strickland (1). Il en donne une description succincte et ne cherche pas à les identifier, mais ies ayant soumis à Calkins il rap- porte l'opinion qu'elles appartiennent probablement à quelque ordre de grégarines. La connaissance un peu plus détaillée du parasite permet d'infirmer cette opinion ; elle montre d'autre part que le Cælomycidium possède de nombreuses affinités avec diverses Chytridinées et notam- ment avec l'Olpidium viciæ (2). Il est certainement une Chytridinée. En outre, la connaissance même incomplète du Cæœlomycidium jette une lumière nouvelle sur l'interprétation de diverses Haplosporidies dont la systématique se trouve dès lors modifiée. La ressemblance avec certaines formes Amæbidium entrainera peut-être aussi une interpréta- tion toute nouvelle de ces dernières. (4) J. of Morph., t. 24, 1913. (2) Kusano. J. Coll. Agricult., Tokyo, t. 4, 1912. PONS CNET PTE SÉANCE DU 29 Mars 8301 LE GENRE Maistiocephalus ET LES ESPÈCES QUI Y GNT ÉTÉ RAPPORTÉES, “ par L. GEDOELST. Le parasite qui a donné lieu à la présente note s'est rencontré dans les collections helminthologiques du Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles. Il s'agissait d'un unique exemplaire femelle recueilli sous la muqueuse du gésier d'un Oidemia deglandi Bonap. en Californie. Il présentait les caractères suivants : M'Lonoueur totale. .. 0. at ee PA idee se codant 25mm À DOS EC MR BMMB 0 M à 20 0 le à à +40 «e 416 qu Distance à l'extrémité ( des épines tricuspides . . : . . . . HIS bete céphalique dela vAver Re RS ee ea lqmm PORAUEUTE UE PRATYNAL ES 0 0... 160 y Longueur de-l'æœsophage musculaire. . . . . . . . . . . Re 2mm4 = Rapport de la longueur totale à celle de l'œsophage . . . . 12,5 DROLE, 2 5 à 8 ae Ur er de) re mes ee te Femelle : Corps cylindroïde, atténué dans sa moitié antérieure, con- servant sensiblement son diamètre dans sa moitié postérieure, imprégné - par un pigment abondant brun foncé, presque noirâtre, empêchant de reconnaître les détails de l’organisation interne. Le tégument présente une fine striation transversale, les stries étant espacées de 7 x vers le milieu du corps, plus serrées vers l’extrémité antérieure. La bouche est délimitée par deux lèvres latérales hémisphériques surmontées par une dent triangulaire; en arrière des lèvres la tête est entourée par un capuchon à bord festonné; enfin à 185 & en arrière de l'extrémité . céphalique on observe de chaque côté une épine latérale tricuspide: L'œsophage comporte un premier segment cylindrique, ou pharynx, court et étroit, et un second segment cylindroïde épais et musculeux. La vulve s'ouvre un peu en arrière du milieu du cÔEpé, qu’elle subdivise dans Îe rapport de 5 à 4. Male inconnu. Par l’ensemble de ses caractères, cetle espèce accuse des affinités étroites avec les espèces du genre Æistiocephalus et notre première impression tendait à l’incorporer dans ce genre. Maïs en parcourant la _ littérature le concernant, nous avons été frappé par le peu de précision que les auteurs marquent à son sujet. Il à été créé en 1851 par Diesing, qui y rangeait sept espèces : 7. laticaudatus (Rudolphi, 1819), Z. minu- tus (Rudolphi, 1849), 7. gracilis Diesing, 1851, 4. spiralis Diesing, 1851, H. brevicaudatus (Dujardin, 1845), A. decorus (Dujardin, 1845), et H. denudatus (Dujardin, 1845). Quelques années plus tard, Molin consacre à ce genre une étude monographique et fait remarquer que la 902 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE diagnose de Diesing peut s'appliquer aussi bien à des Spiroptères et des Filaires; il en propose une nouvelle et ne retient que deux des espèces de Diesing, 1. lalicaudatus et H. minutus, auxquelles il ajoute deux autres espèces, À. dacnodes (Creplin, 1851) et 77. laciniatus Molin, 1860, et une espèce douteuse, 1. subulatus Molin, 1860. Dans sa révision des Nématodes, Diesing accepte la diagnose de Molin et renvoie pour les espèces à la monographie du savant italien, dont il supprime cependant /. dacnodes, qu’il range dans le genre Proleptus (= Spiropte- rina). Si nous considérons que v. Drasche a rattaché 1. subulatus au genre Aspidocephalus (— Aspidodera), nous constatons que les cinq espèces de Molin se trouvent réduites à trois : Æ. laticaudatus, H. minu- tus et A. laciniatus. V. Drasche suggère d'autre part que Spiroptera coronala, Molin, 1860, pourrait bien être un Æistiocephalus. Enfin, plus récemment Parona a décrit une espèce nouvelle, parasite de Fu/marus glacialis, qu’il a dénommée //istiocephalus stellæ-polaris. Si nous comparons maintenant ces cinq espèces et le parasite d'Oidemia deglandi que nous venons de décrire et pour lequel nous proposons le nom spécifique calfornicus, nous constatons des diffé- rences de caractères telles qu'il n’est pas possible de les maintenir dans ua même genre. En effet, À. laticaudatus et H. minutus présentent une bouche quadrilabiée et une vulve antérieure, tandis que AH. decorus, H. coronalus, H. stellæ-polaris et (H.) californicus possèdent une bouche bilabiée et une vulve située en arrière du milieu du corps. Si l’on doit considérer A. laticaudalus comme le type du genre par précédence, ainsi que Stiles et Hassall l'ont proposé, il s'ensuit que le genre Histio- cephalus ne saurait renfermer que des espèces à bouche quadrilabiée et à vulve antérieure. Les deux espèces suivantes sont seules dans ce Cas : “ : se Hishiocephalus lalicaudatus (Rudolphi, 1819). Syn. : Spiroptera lali- caudata Rudolphi, 1819; Dispharaqus-laticaudatus. Dujardin, 18%; Histiocephalus laticaudatus Diesing, 1851. Parasite de Tetrax tetrax (Linné), sous la muqueuse du gésier. : Histiocephalus minutus (Rudolphi, 4819). Syn. : Cucullanus minutus Rudolphi, 1819; Âistiocephalus minulus Diesing, 1851. Dans l'intestin de Pleuronectes flesus Linné. Pour les espèces à bouche bilabiée et à vulve postérieure, il y a lieu - alors de créer un genre nouveau, que nous proposons de désigner sous le nom de Yseria. On peut y ranger les espèces suivantes : Yseria decora (Dujardin, 1845). Syn. : Dispharagus decorus Dujardin, 1845; Histiocephalus decorus Diesing, 1851. Sous la muqueuse du gésier de Alcedo ispida Linné. Yseria coronala (Molin, 1860). Syn. : Spiroplera coronata Molin, 1860. Sous la muqueuse du gésier de Aramides cayanea P. L. S Müller et de Ceryle americana Gmelin. RS SÉANCE DU 29 MARS 903 Yseria stellæ-polaris (Parona, 1901). Syn. : Âistiocephalus stellæ- polaris Parona, 1901. Intestin de Fulmarus glacialis Linné. Yseria californica sp. n. Sous la muqueuse du gésier de Oidemia deglandi Bonaparte. : Quant aux autres espèces qui ont été successivement rapportées au genre Misticcephalus, elles ont été depuis versées dans les genres suivants : Genre Cosmacephalus Molin, 1858. a Cosmocephalus obvelatus (Creplin, 1825). Syn. : Spiroplera obvelala Creplin, 1825: Aistiocephalus spiralis Diesing, 1851; Cosmocephalus alatus Molin, 1860; filaria obvelata v. Linstow, 1877. Parasite d’un srand nombre de Lariformes, Alciformes, Ansériformes et Chara- driiformes. Genre Proleptus Dujardin, 1845. Proleptus dacnodes (Creplin, 1851). Syn. : Spiroptera dacnodes Creptin, - 1851; Wistiocephalus dacnodes Molin, 1860; Spiropterina dacnodes v. Linstow, 1890. Parasite de Raja clavata et Mustelus vulguris. : Genre Aspidodera' Railliet et Henry, 1912. Aspidodera subulata (Molin, 1850). Syn. : Histiocephalus subulatus Molin, 1860; Aspidocephalus subulatus v. Drasche, 1883; Aspidodera _subulata Railliet et Henry, 1912. Parasite de Didelphys (Metachirus) nudicaudata E. Geoffroy. Genre Synhimantus Raïlliet, Henry et Sisoff, 1912. _ Synhimantus brevicaudatus (Dujardin, 4845). Syn. : Dispharaqus brevi- caudatus Dujardin, 1845; Histiocephalus brevicaudatus Diesing, 1851 ; Acuaria (Synhimantus) brevicaudata Railliet, Henry et Sisoff, 1912. Parasite de Butaurus stellaris Linné et Ardetta minuta (Linné). _ Genre Schistorophus Raïlliet, 1916. Schistorophus bicuspis (Rudolphi, 1819). Syn. : Spiroptera bicuspis Rudolphi, 1819; Dispharagus bicuspis Dujardin, 1845; Hisriocephalus gracilis es 1851; Histiocephalus bicuspis v. ban 1878 ; Schis- ; Lorophus bicuspis Raïlliet, 1916. Parasite de Squatarola Peluerica: Linné. Schistorophus laciniatus (Molin, 4860). Syn.: Histiocephalus laciniatus Molin, 1860; Schistorophus lacinialus Railliet, 1916. Parasite de Ara- mides cayanea P. L. S. Müller. Genre Xhabdocona Railliet, 1916. Rhabdocona denudata (Dujardin, 1845). Syn. : ? Fusaria cuneiformis. Zeder, 1800; ? Ascaris cuneiformis Rudolphi, 1809; Dispharagus denu- datus Dujardin, 1845; Histiocephalus denudatus Diesing, 1851; Cucul- lanus pachystomus v. Linstow, 1873; ? Dispharagus filiformis Zschokke, 1884; Ancyracanthus denudatus v. Linstow, 14887; Rhabdocona denudata Railliet, 1916. Parasite de nombreux Cyprinidés. 904 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE LES FORMATIONS AMYGDALIENNES CHEZ LES TÉTARDS D AMPHIBIENS ANOURES. Note de R. GoFFAUx, présentée par A.-P. Dustin. . L'examen d’une série de coupes transversales de la tête d’une larve de Rana fusca, fixée quelque temps avant la métamorphose, démontre l'existence au niveau de la cavité Hé DEE -buccale de formalions lym- phoïdes sous-épithéliales. La composition histologique de ces formations, la constance de leur localisation topographique, nous autorisent, comme nous allons le démontrer, à leur appliquer la dénomination de formations amygda- liennes. Chose étrange, lencience cependant pleine d'intérêt de ces amyg- dales n'a été, jusqu'à présent, signalée chez les têtards de Rana fusca par aucun auteur. M. le professeur A.-P. Dustin en avait constaté la : présence, au cours de ses recherches sur le développement du thymus, et nous engagea à en faire une étude approfondie. Nous en soumettons iet les premiers résultats. Nous envisagerons, successivement, la structure générale des infiltra- tions lymphoïdes, leurs localisations, leur évolution. D'une manière générale, les formations amygdaliennes se composent d'une infiltration sous-épithéhale de leucocytes en majeurepartie mono- nucléaires, infiltration se produisant régulièrement au niveau d’un point richement vascularisé du mésenchyme. Cette infiltration a, de plus, comme caractère fondamental d’envahir l'épithélium superficiel et de le transformer au point de le rendre méeonnaissable. Si la région « amygdalysée » est recouverte par un épithélium cilié (amygdales sous-thymiques), nous voyons, tout d'abord, la ciliation se flétrir, puis disparaitre ; la membrane basale diminue de netteté, puis l’infiltration lymphoïde se produisant, Les cellules épithéliales sont dissociées, sépa- rées les unes des autres, et prennent un aspect réticulaire érès net ; la couche superficielle de l'amygdale n’est plus finalement recouverte que par une mince lame épithéliale à cellules aplaties. De droite et de gauche de l’amygdale, l’épithélium conserve intacts ses caractères pri- mitifs. Par suite de l’envahissement progressif de l’épithélium par les lymphocytes, la membrane basale se trouve petit à petit refoulée vers la profondeur. Il semble, en conséquence, que l'épithélium ne soit pas seulement traversé par les cellules blanches, mais en réalité infiltré et distendu par elles. La locasisation et le nombre des amygdales sont constants et précis chez les étards de ana fusca. Chez toutes les larves on observe deux paires d'amygdales disposées symétriquement, et uneinfiltration sue dalienne impaire et médiane. SÉANCE DU 29 MARS =: 905 Toutes les amygdales sont, à peu de chose près, situées dans l’espace délimité par deux plans transversaux passant, l’un avant et l’autre après les thymus. Chez certaines larves on peut même trouver exception- nellement, les cinq amygdales dans une seule et même coupe transver- sale. | : Au point de vue de leur répartition, on peut distinguer une paire d'amygdales ventrales, une paire d'amygdales dorsales ou sous-thymi- ques et une amygdale médiane ou préglottique. 1° Amygdales ventrales. — Les amygdales ventrales, paires et symé- triques, sont situées sur le plancher de la cavité branchiale vers son bord interne. Au faible grossissement elles se présentent sous forme d'une saillie bombant fortement dans celte cavité. Vers le bas, elles reposent sur un plan de fibres musculaires striées. Au fort grossissement, nous voyons qu'elles sont formées par un amas de noyaux fortement chromatiques, petits, ronds ou ovalaires, entourés d’une couche cyto- plasmique à peine visible ; ce sont des lymphocytes accumulés entre les mailles du tissu conjonctif lâche sous-épithélial. À ce niveau, l'épithé- lium de la cavité branchiale, pavimenteux simple, non cilié, subit des transformations profondes : les cellules s’aplatissent et, au lieu de former un revêtement continu, présentent des lacunes dans lesquelles viennent s’infiltrer les lymphocytes qui arrivent ainsi jusqu’à la surface. En outre la membrane basale, partout ailleurs bien netteet continue, s’effiloche, s’efface par endroits, et on n'en retrouve plus que des débris au milieu de l’amas lymphocytaire. Pour terminer cette description -_sommaire, disons aussi que lés mitoses sont assez fréquentes au niveau des lymphocytes et que des capillaires volumineux viennent irriguer _ l'organe amygdalien. 2 Amygdale médiane ou préglottique. — Elle est située dans la partie _ inférieure d’un repli épiglottique qui prolonge vers l'arrière le plancher de la bouche et qui vient pendre au-dessus de l'ouverture glottique. A la coupe transversale, cet organe aune forme triangulaire, à sommet dirigé vers le bas. Il est recouvert sur tout son pourtour d’un épi- thélium eylindrique; c'est au niveau du sommet de ce triangle que se trouve situé l'amygdale. Qu'il nous suffise de dire que l’amas lympho- cytaire est très grand et que l'infillration de l’épithélium est souvent si intense que l’on a peine à en reconnaître les cellules, marquées par les pese 3° Amygdales dorsales ou sous- thymiques. — Celles-ci sont situées à l'angle dorsal externe de la cavité branchiale. Elles ont généralement au-dessus et en dedans d'elles le thymus, d'où le nom que nous leur réservons. La structure est fondamentalement la même que pour les autres amygdales. À ce niveau l’épithélium de revêtement est normale- ment cubique et recouvert d'une fort belle ciliation. Dès que l'infiltra- tion lymphoïde apparaît la ciliation s’efface. 906 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Comme nous le disions plus haut les cinq amygdales sont contenues à peu près dans le même plan transversal; dans le cas le plus fréquent, les amygdales ventrales’sont les plus antérieures, puis vient la médiane, puis enfin les amygdales sous-thymiques. Les trois dernières peuvent d’ailleurs fréquemment être situées dans la même coupe. L'évolution de ces amygdales est fort intéressante à suivre. L'appa- rilion des premières cellules blanches au niveau de la future amyg- dale est assez tardive; elle se fait seulement chez les têtards de 32 à 34 jours environ, à une époque où le thymus est déjà très avancé dans son évolution et a subi sa transformation pseudo-lymphoïde. Dans ce dernier organe la pénétration des lymphoblastes dans l’ébauche épithé- liale primitive est des plus hypothétiques et difficile à démontrer, même - par les partisans les plus résolus de la nature lymphocytaire vraie des petites cellules thymiques. Au niveau de l'amygdaie, au contraire, l’en- vahissement de l’épithélium, de la profondeur vers la surface libre de la muqueuse, est d'une parfaite évidence. Il resterait à trancher la question de l’origine précise des cellules infil- trantes : se créent-elles sur place, aux dépens d'éléments mésenchyma- teux ? Sont-elles au contraire apportées par le sang qui circule dans les capillaires toujours larges et abondants au niveau des ébauches amyg- daliennes ? Une question imporlante à envisager est celle qui a trait à l’évolution ultérieure des amygdales. Nos investigations sont encore trop peu avancées pour nous permettre de poser des conclusions formeiles. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que, au cours de la métamorphose, la cavité branchiale étant complètement bouleversée et remaniée, il parait certain qu'une partie au moins des amygdales larvaires s'atrophie et disparaît. Peut être, certaines des amygdales du têtard se retrouvent- elles,avec un aspect et une localisation nouvelles, chez l'adulte? Toujours est-il que, dès à présent, nous pouvons affirmer que les formations An pdAMennes sont plus nombreuses et plus actives pendant la période larvaire qu'après la métamorphose. Il nous resterait à élucider le rôle encore si mystérieux de ces struc- tures. Nos Jetneonss ont porté sur des tétards normaux et sur des tétards soumis à des alimentations exclusives (thyroïde, thymus) sui- vant la technique que Dustin a appliquée‘à l'étude du thymus. Par cette communication préliminaire nous n'avons voulu que vous démontrer la présence chez les têtards de ana fusca d’infiltrations lym- phoïdes, dont les localisations précises el les rapports particuliers avec un épithélium justifient la dénomination d' « amygdales » que nous n'avons pas hésité à employer. (Communication primilivement destinée à la réunion des Anatomistes qui devait se tenir en août 1914 à Lyon.) SÉANCE DU 29 MARS 907 SUR LA DISSÉMINATION DE LA SÉRUMALBUMINE ET DE LA SÉRUMGLOBULINE DANS LES SOLUTIONS AJQUEUSES, par M. HENSEVAL. On sait que les albumines du sérum forment avec l’eau des solutions colloïdales, mais on possède peu de données sur le degré de dissémi- nation de ces substances et sur les complexes qu’elles forment entre elles. Des recherches antérieures m'ont amené à me préoccuper de cette question et à effectuer quelques expériences sur la sérumalbumine et la sérumglobuline. Leur solution présente un aspect particulier résultant vraisemblablement d’une constitution micellaire différente. Celle de sérumalbumine est limpide et translucide comme une solution parfaite ; celle de sérumglobuline est assez opaque et opalescente. Elles donnent cependant, l’une et l’autre, le phénomène de Tyndall; elles dévient la lumière polarisée et l'examen à l’ultramicroscope y décèle facilement la présence des corpuscules résolubles. J’ai étudié leur dissémination à l’aide de l'ultrafiltration. Je me suis servi des appareils de Malfitano, avec membrane de collodion, disposés pour la filtration dans le vide. La membrane filtrante avait une surface de 271 cent. carrés. Elle débitait, avec un vide de 72-74 centimètres, pour le n° 4, 130 à 175 c. c. d’eau à l’heuré; pour le n° 2, 421 à 485 c.c.; pour le n° 3, 150 à 175 c.c., avec alimentation continue. J'ai employé de la sérumalbumine et de la sérumglobuline préparées à l’état sec par précipitation au sulfate d'ammoniaque, dialyse et éva- poration dans le vide des solutions privées de toute trace de sel. Après dialyse, les solutions de sérumglobuline ont élé débarrassées de l’euglo- buline par décantation el filtration sur papier. Le produit obtenu corres- -pond donc à la pseudo-globuline, mais j'éviterai cependant l'emploi de ce terme parce que la dialyse n'ayant pas été prolongée au delà de 24 à 36 heures, je crois qu’elle n’est pas absolument exempte de substance susceptible d’être insolubilisée par l’action de l'eau dislillée. EXPÉRIENCES À. — Solution de sérumalbumine. 1. Ultrafiltre no 1. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 450 c.c. à l'heure. On charge l'appareil de 400 c.c. d’une solution de sérumalbumine à 1 p. 100. On établit la filtration dans le vide. Le liquide passe d’abord incolore, mais devient bientôt jaune comme la solution mère. Après 12 heures, on arrête l'opération; il a passé 260 c.c. Quelques essais indiquert qu'il renferme de l’'albumine en grande quantité. On évapore une portion de ce liquide et on 908 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE constate qu'il contient approximativement la même quantité de substance que la solution initiale. 2. Ultrafiltre n° 2. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 450 c.c. à l'heure. On charge l’appareil de 400 c d’une solution de à à 1 p. 100 et on procède de la même ne. Après 2 heures, on arrête l’opération. Il a passé 200 c.c. de liquide jaune renfermant approximativement la même proportion de sérumalbumine que la solution primitive. $ 3. Ultrafiltre n° 1. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 450 c.c. à l'heure. On charge l’appareil de #00 c.c. de solution de sérumalbumine à 1 p. 100 et on procède de même. Après 6 heures, il a passé 210 c.c. de liquide jaune contenant approximativement la mème proportion de sérumalbumine que la solution primitive. B. — Solution de sérumglobuline. 4. Ultrafiltre n° 1. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 170 c.c. à l'heure. On charge l'appareil de 400 c. c. d’une solution de sérumglobuline à 4 p. 100. On établit la filtration dans le vide. Le liquide coule tout à fait incolore. Après 6 heures, on arrête l'opération. Il a passé 218 c.c. À Tébullition, le liquide se trouble. Additionné d’un volume de sulfate d’ammoniaque saturé, il donne un léger précipité qui se dépose. 5. Ultrafiltre n° 2. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 460 c.c. à l'heure. On charge l'appareil de 409 c.c. d'une solution de- sérumglobuline à À p. 100 et on procède de même. Après 6 heures, il a passé 260 €. c. d’un liquide par- faitement clair. A l’ébullition, on n'observe ni précipité, ni trouble. L’addition | de sulfate d'ammoniaque à demi-saturation ne le trouble pas davantage. Pas de réaction albumineuse par le ferrocyanure acétique, le réactif de Miilon ou le ie du biuret. . Ultrafiltre n° 3. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au ee de l'emploi : 170 c.c. à l'heure. On charge l'appareil de 400 c.c. d'une solution de sérumglebuline à 1 p. 100 et on procède de la même facon. Après 6 heures, il a passé 200 c.c. de liquide clair. Le chauffage à l’ébullition y détermine un trouble et l'addition de sul- fate d'ammoniaque à demi-saturation un léger précipité. C. — Mélange de solution de sérumalbumine et de sérumglobuline. 1. Ultrafiltre n° 1. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 465 c.c. à l'heure. On charge l’appareil de 200 c.c. de sérumalbumine à 1 p. 100 et de 200 c. c. de sérumglobuline à 1 p. 100 et on établit la filtration dans le vide. Après 17 heures, il a passé 300 c.c. de liquide très clair, mais avec un léger reflet jaunâtre en couche épaisse. A l’ébullition le liquide se trouble. L’addition de sulfate d’ammoniaque à demi-saturation y détermine un léger précipité. Le filtrat de cette dernière opération saturé de sulfate ammonique donne un léger trouble, à peine perceptible. Il a donc passé un peu de sérumglobuline et peut-être une trace de sérumalbumine, SÉANCE DU 29 MARS 909 8. Ultrafiltre n° 2. — Débit en eau distillée, avec alimentation continue, au moment de l'emploi : 480 c.c. à l'heure. On charge l’appareil avec un mélange de 200 c.c. de sérumalbumine à 1 p. 400 et 200 c.c. de sérumglobuline à 1 p. 100 et on procède comme plus haut. Après # heures, on arrête l'opération. Il a passé 256 c.c. de liquide parfaitement clair et incolore. A l’ébullition il ne se trouble pas; de même par addition de sulfate d’ammoniaque à demi-saturation et à saturation com- plète. Pas de réaction albumineuse par le CES GEQUre acétique, le réactif de Millon et du biuret. 9. Ultrafiltre n° 3. — Débit en eau distillée, en alimentation continue, au moment de l'emploi : 170 c.c. à l'heure. On charge l'appareil avec un mélange de 200 c.c. de sérumalbumine à 4 p. 100 et de sérumglobuline de même concentration, puis on établit la filtration. Après 6 heures il a passé 200 c.c. de liquide clair, légèrement jaunâtre en couche épaisse. A l’ébullition, le liquide se trouble. L’addition de sulfate d’ammoniaque à demi-saturation y détermine un léger précipité et, après filtralion de ce dernier liquide, on obtient encore un très léger trouble par la saturation. Pour l'interprétation de ces expériences, il importe de considérer _ avec attention les résultats obtenus avec l’ultrafiltre n° 2 en les compa- rant à ceux des ultrafiltres n°° 1 et 3. Le débit de cet appareil, avec l’eau distillée en alimentation continue, est beaucoup plus grand que celui des deux autres. D'autre part, comme les n° 1 et 3, il laisse passer la sérumalbumine, mais il retient complètement la sérumglobuline alors - que les autres ne l’arrêtent que partiellement. Il faut donc admettre que le filtre n° 2 possède un nombre de pores beaucoup plus grand, mais moins larges, que les n° 1 et 3. On sait que ce cas se présente parfois avec les membranes de collodion; cela tient au nombre de couches dont elles sont constituées et à la composition du collodion. Conclusions. — 1. La sérumalbumine, en solution aqueuse, est fine- ment divisée, au point que ses micelles passent facilement à travers les membranes de collodion. 2, La sérumglobuline est complètement arrêtée par certains filtres, partiellement par d’autres, ce qui indique un état de division inégal. 3. L’addition de sérumglobuline à une solution de sérumalbumine modifie la propriété de filtration de celle-ci : elle perd totalement ou presque totalement sa propriété de traverser les membranes de collo- dion. Ce fait peut s'expliquer de deux facons. Ou bien la sérumalbumine est absorbée par les plus grosses particules de sérumglobuline pour former un complexe de plus grande dimension, ou bien la présence de sérumglobuline dans une solution de sérumalbumine modifie la dissé- mination de cette dernière, en diminuant la puissance de dispersion du solvant, et ses micelles deviennent plus gros, (Labor. du Service de santé et de l'hygiène du Ministère de l'Intérieur.) 9140 : RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 26 AVRIL 1919 SOMMAIRE GEDoOELsT (L.) : Un Oxyuridé nou- Chiasmatypie et de la théorie de veau parasite d’un reptile. . . . . . GO Morgan 74.0 CRE 947 Hexsevaz (M.) : Sur l’ultrafiltra- Nozr (P.) : La solution de fibri- tion du sérum antidiphtérique . . . 913 | nogèce, réactif de la coagulation JANSSENS (F. A.) : À propos de la FA SANR RE NE ES PEN 915 Présidence de M. L. Gedoelst. UN OXYCRIDÉ NOUVEAU PARASITE D'UN REPTILE, par L. GEDOELST. L'Oxyuridé que nous décrivons ci-äprès vit dans l'intestin du Scelo- porus undulatus (Daud.), Iguanidé originaire de l'Amérique du Nord, du Mexique et du Guatemala. Nous l’avons rencontré dans un flacon fai- sant partie des colleclions helminthologiques du Musée royal d'Histoire naturelle de Bruxelles. 3 Corps cylindroïde atténué à ses deux extrémités. Tégument finement strié en travers, les stries étant écartées de 1,6 ». Pas d'ailes latérales. Musculature méromyaire. Extrémité antérieure arrondie; bouche ter- minale, pelite, de forme hexagonale à grand diamètre dorso-ventral, limitée par six lèvres non proéminentes, les deux lèvres médianes étant plus petites que les: sublatérales; chacune d'elles porte une papille, qui est plus volumineuse sur les lèvres sublatérales que sur les lèvres médianes. L’æœsophage est composé de deux parties séparées par un sillon transversal et dont les longueurs sont dans le rapport de 7 à 5 : une antérieure cylindroïde étroite, dont le diamètre s’épaissit progres- sivement, mais légèrement, en arrière, et une postérieure formée par un bulbe subglobuleux à appareil dentaire, précédé d'un long col, dont la largeur est un peu inférieure à celle du segment œsophagien anté- rieur. L'intestin est plus large en avant que le bulbe œsophagien ;il se poursuil directement en arrière en s’atténuant vers l'anus. Le collier. nerveux entoure l’œsophage immédiatement en arrière du sillon qui sépare ses deux segments. Le pore excréteur s'ouvre en avant du bulbe LE 7e SÉANCE DU 26 AVRIL 911 œsophagien et se trouve en rapport avec une vésicule excrétrice de grande dimension. La queue est courte et conique à sommet aigu. g ? Éongueuratotale en cc PEER SE 2,38mm 2,3 à 2,10m Hareeuremaxmna 7, 135 p 210 à 225 y Longueur de la queue . . . . . . . 130 pu 210 p Distance à l'extrémité céphaiique du ie de l'anneau nerveux . . . . . . RES 300 uv 300 à 315 y Longueur. totale de l’œsophage . . . . . . . = 500 w 480 à 535 à Rapport des 2 segments de l'æsophage. ne ee 1e) Rapport de la lougueur du corps.à celle de ŒSODhATE NES ee Rs 19 :°4 DSce Distance de la vulre à l'anus . . . . . . . » 175 à 200 p Eongueur des spicules. . . . . . =. . . . 120 à 140-u » Dimensions des Œufs -: 0. . . . » 120 à 160 X 72 à 80 y - Male : Corps plus longuement atténué en avant qu'en arrière et spiralé sur ses 5/6 postérieurs décrivant 2 1/2 tours de spire. Les papilles génitales sont au nombre de 6 paires, dont 3 au-devant de l’orifice cloacal et 3 reportées vers l'extrémité caudale, dont 2 ventrales et une subdorsale. Les deux spicules sont égaux, incurvés, terminés en pointe aiguë; pas de gubernaculum. Le tube génital s'élend en avant jusque 1,24 millimètre de l'extrémité antérieure. Femelle : Corps incurvé/en arc vers la face ventrale. La vulve s'ouvre peu au-devant de l’anus. L'appareil génital est simple et s'étend jusque 500-615 : en arrière du bulbe œsophagien : il comprend un ovéjecteur court, mesurant 105 « de long, un utérus formant un sac volumineux, long de 720 y, large de 210 y, auquel font suite un court oviducte et un ovaire unique, mesurant ensemble 290 w. L’utérus est rempli d'œufs et d'embryons en petit nombre, à différents stades de développement; les œufs sont ellipsoïdaux, à coque mince; les embryons atteignent une Linie de 685 y sur 39 y. d’' ÉpoecRe Par son appareil sénital femelle simple, cet Oxyuridé se place tout naturellement dans la paniers section que nous avons établie dans la famille des Oxryuridæ, à côté des genres Atractis, Labiduris et Crosso- cephalus. Nous y avions fait figurer également Macracis monhystera (v. Linstow, 1602), Oxyuris sphæropoei Parona, 1896, Zsakis modigliant Parona, 1896, Oxyuris blatticola Galeb, 1878, et Oxyuris ægypliaca Galeb, 1878. D'après un travail récent, Cobboldina vivipara Leiper, 1910, posséderait un appareil simple et le genre Cobboldina rentrerait ainsi dans notre première section à côté des trois genres précités. Le parasite du Sceloporus ne saurait être rapporté à aucun de ces quatre genres et nous proposons de constituer pour lui un genre nouveau, Cyrlosomum, 912 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE espèce scelopori. Ces cinq genres forment un groupe bien naturel carac- iérisé par un appareil mâle à deux spicules sans gorgeret et un appareil femelle simple à vulve postérieure, pour lequel il y aurait lieu de créer une sous-famille d'Oxyuridzæ, que l’on pourrait dénommer Atractinæ, comme ia proposition en a été faite. Les cinq genres d'Atr actinæ se différencient aisément entre eux au moyen du tableau suivant : A. — Spicules égaux. a) Corps rectiligne ; bouche à 3 lèvres dont les 2 latéro-ventrales munies d'une lame frangée; un pharynx; un œsophage composé dendeux Sesments et in bulbe Labiduris. b) Corps spiralé ou arqué; bouche hexagonale à 6 lèvres simples; pas de pharynx; un œsophage formé de deux segments et un Dulbe Fes nr UT Re . Cyrtosomum. B. — Spicules inégaux. a) Bouche délimitée par 6 lèvres; pas de pharynx :un æsophage formé de deux segments, dont le postérieur se termine par un bulbe broyeur bien différencié; spicules accompagnés d’un appareil tubu- orme spéciale os Peel Le ns ACTES t) Bouche délimitée par 3 lèvres; un pharyox muni de 6 lames pecti- nées; un œsophage formé de deux segments et terminé par un bulbe à appareil broyeur , . . . , . …. . . .« …« Crossocephalus. } Bouche délimitée par un bourrelet péristomique; pas de pharynx; un œsophage formé de deux segments et non terminé par un bulbe ŒUIÉTENCIÉ APR TA DETTE DT TT, ARR EEE Cobboltlina. LL SÉANCE DU 26 AVRIL 913 Quant aux autres espèces d'Oxyuridæ que nous avons comprises dans notre première section, de nouvelles recherches sont nécessaires pour préciser leurs caractères et leurs affinités. Dès maintenant deux d’entre elles peuvent déjà en être exclues. Nous avons en effet reconnu que l'/sakis modiglianii appartient au genre Rhigonema Cobb, 1898, qui est caractérisé par un appareil femelle double, comme la figure que Parona en donne le laisse entrevoir ; d'autre part, il a été signalé dans une publication récente que Macracis monhystera, contrairement à l’assertion de von Linstow, est pourvu aussi d'un appareil femelle double. SUR L'ULTRAFILTRATION DU SÉRUM ANTIDIPHTÉRIQUE, par M. HENSEVAL. Dans diverses notes bien connues, Albert Frouin (1) àa montré que l’'ultrafiltration permet de séparer, dans les sérums doués de propriétés spécifiques, certaines substances actives. Les unes traversent les mem- branes de collodion, telle la sensibilisatrice des sérums hémolytiques d'animaux préparés et l’hémolysine des sérums naturellement hémoly- tiques. D'autres sont retenues, telle l'alexine. En utilisant le chlorure de sodium concurremment avec l’ultrafiltra- tion, Frouin a réussi à dissocier, dans les sérums hémolytiques pré- _parés, la propriété agglutinante de la propriété sensibilisante. Avant de filtrer, il sature le sérum de chlorure de sodium et il enlève l'excès de sel par dialyse en présence d’eau salée à 9,4 grammes p. 1.000. Le liquide ainsi traité renferme seulement la sensibilisatrice, tandis que la substance agglutinante, filtrable dans le sérum non salé, reste sur le filtre. Il a constaté également que l'addition, au sérum d’anguille, de sérum de lapin non filtré lui fait perdre son pouvoir hémolytique ou du moins le diminue fortement. Au contraire, le sérum filtré n’exerce aucune action sur lui. Il existe donc un certain rapport entre le ie de dissémination de la matière colloïdale des sérums et leurs propriétés spécifiques. Cer- taines sont liées à des substances finement divisées; d’autres à des - substances dont les micelles sont plus grands. Des électrolytes comme le chlorure de sodium peuvent modifier, d'une manière permanente, leur état de division sans affecter leur activité. Le mélange de certains (1) Albert Frouin. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 147, 1908, p. 649-651. Albert Frouin. Comates rendus de la Soc. de Biologie, 1908, p. 355-356 Id., 1908, p. 444-445; Id., 1908, p. 592-593, 944 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE liquides colloïdaux, d’origine organique, à des sérums doués de pro- priétés spécifiques est capable de les annihiler ou de les atténuer beau- coup. Les faits signalés par Frouin m'ont engagé à examiner comment se comporte à l'ultrafiltralion l’antitoxine du sérum diphtérique. Je me suis servi d’un ultrafiltre de Malfitano, avec membrane de collodion, disposé pôur être actionné par le vide. La paroi filtrante, d’une surface de 271 centimètres carrés, débitait, en alimentalion continue, 133 à 175 c.c. d’eau à l'heure avec un vide de 72-74 centimètres. J'ai employé du sérum de l’Institut Pasteur de Paris dont j'ai réuni le contenu de 50 flacons. Comme il renfermait un léger dépôt, il a été filtré au préalable sur Chamberland. J’ai chargé l’ultrafiltre de 400 c.c. de.ce sérum et établi la filtralion dans le vide. Après 40 heures, elle devint très lente; j'ai arrêté l’opéra- tion. Il avait passé 295 c.c. de liquide. En déversant la partie restée sur le filtre, je m’aperçus qu'elle s’épaississait progressivement vers le fond. Je lai recueillie par portions dans des flacons gradués : le 1* renfermait 66 c. c.; le 2° 50; le 3° 20 et le 4° 10. Le sérum de ce dernier avait une consistance gélatineuse tandis que celui du premier flacon était encore assez liquide. J'ai fait quelques recherches sur chacun de ces produits. : POUVOIR ANTITOXIQUE DENSITÉ | EXTRAIT en UNITÉS EHRLICH Sérum initial . 02€ à Plus de 325 unités, moins de 350 Liquide filtré 4. 1,6 Plus de 20 unités, moins de 30 Sérum du 1° flacon. . £ Plus de 700 unités, moins de 720 Sérum du 4€ flacon . . Plus de 1.400 unités, moins de 1.500 Mélange proportionnel Plus de 850 unités, moins de 835 des flacons 1, 2,3 et 4.| Le liquide filtré renfermait de l’albumine : il précipitait par la cha- leur, l'alcool fort et le sulfate d'ammoniaque concentré. Traité par Ja méthode de précipitation fractionnée de Hofmeister, la plus grande partie de l’albumine précipitait entre 36 et 48 p. 100 de la solution de sulfate d’ammoniaque. Après la précipitation à demi-saturation, on n’obtenait plus, par la saturation complète, qu’un léger trouble. La majeure partie de l’albumine contenue dans le sérum filtré était donc de la pseudo-globuline et le reste, en minime quantité, de la sérum- albumine, si tant est qu'on puisse séparer, par cette méthode, ces SÉANCE DU 26 AVRIL. 915 deux substances quand elles se trouvent en faible proportion dans un liquide. Il résulte de ces expériences que l’ultrafiltre en collodion retient la majeure partie de l’antitoxine d'un sérum antidiphtérique en même temps que la plus grande partie de ses albumines. Comme on devait s’y attendre, la présence dans le liquide filtré d'une petite quantité d'anti- toxine coïncide avec celle d'une faible quantité de pseudo-globuline. Nous retrouvons également ici un phénomène que j'ai signalé dans une autre note (1). La sérumalbumine qui, en solution aqueuse, tra- verse les ultrafiltres en collodion est presque entièrement arrêtée quand elle se trouve mélangée à de la sérumglobuline. Je n'insisterai pas davantage sur ce fait, en ce moment, espérant en poursuivre l'étude ullérieurement. à è , ' ON (Laboratoire du Service de santé et de l'hygiène du 7 Ministère de l'Intérieur.) = LA SOLUTION DE FIBRINOGÈNE, RÉACTIF DE LA COAGULATION DÜ SANG, par P1ERRE Nozr. Plusieursauteurs ont voulu remplacer, à plusieurs reprises, la solution de fibrinogène, réactif de la coagulation du sang, par d’autres liquides d'obtention plus aisée. A. Schmidt utilisait déjà le plasma de cheval débarrassé à 0° de ses figurés, ‘ou le liquide. d’hydrocèle, ou le plasma magnésien. Plus tard vinrent les plasmas décalcifiés, les plasmas des vertébrés ovipares, etc. On peut faire à l'emploi de tous ces liquides la même objection. Ils contiennent tous une ou des substances anticoagulantes qui s'opposent dans une mesure plus ou moins forte aux influences coagulantes que l’on veut déceler ou mesurer. Morawitz avait signalé, il y a longtemps, que le plasma oxalaté de mammifère se coagule moins vite que la solution de fibrinogène sous l'influence de la thrombine. Au cours de mes études sur la coagulation du sang, j'ai pu vérifier souvent cette constatation. Il peut être utile de montrer que cette influence anticoagulante n'est pas négligeable. Pour cela mieux vaut employer la méthode des dilutions progressives que déterminer la durée du temps de coagulation. Car cette durée ne peut servir de mesure d' un phénomène, qu’à la condition que celui-ci soit simple et que tous ses (1) Henseval. Sur la dissémination de la sérumalbumine et de la serumglobu- - line dans les solutions aqueuses. BroLocif. CompTEs RENDUS. — 1949. T, LXXXII. 66 916 RÉUNIGN DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE facteurs soient connus; ces deux conditions sont rarement réalisées dans les phénomènes de coagulation. Voici un eremple : SOLUTION PLASMA RC SÉRUM SOLUTION Prues Le de FIBRINOGÈNE . ne très diluée oxalaté à 1, ilué à 1/5 en DE FIBRINE xtraite s z p. 4.000 =. plasma EAU SALÉE ee RÉSULTATS conservé à 0° ISOTONIQUE, . depuis précédent e oxalatée à ee et oxalatée à oxalatée à 15 1.000 l'quelques jours 1,5 p. 1.000 _4,5 p. 1.000 2 p. L Rien après 2 jours. Rien après 2 jours. Rien après 2 jours. Rien après 2 jours. Caillot aprés 6 heures. Caiïllot le lendemain. Caillot le lendemain. Caillot le lendemain. Caïllot mou le lendemain. Voile le surlendemain. Rien après 2 jours. |Rien après 2 jours: Rien après 2 jours. Rien après 2 jours. Caïllot après 4 heures, re- dissous le lendemain. Caillot après 4 heures, re- dissous le lendemain. Caillot après 6 heures, in- complètement redissous le surlendemain. Caïllot le lendemain, in- complètement redissous le surlendemain. Petit flocon le surlende- main. Rien après 2 jours. On voit à la lecture du tableau que la solution de fibrinogène oxalatée donne un caillot avec des quantités de thrombine cinquante fois plus faibles que celle qui n’exerce encore aucune action sur le plasma oxa- laté, dont le fibrinogène a été extrait. SÉANCE DU 26 AVRIL ns 917 Il est incontestable qu'en diluant le plasma, on évitera cet inconvé- nient dans une certaine mesure, mais l'expérience suivante démontre que la dilution d’un plasma au dixième est encore loin d’annihiler les facteurs anticoagulants. PESEMA SOLUTION tue de SOLUTION A DILUTION DE CHIEN dilué à 1/10 FIBRINOGÈNE, de à 1/10 dans additionnéé à FIBRINE de RÉSULTATS cute 1,5 p. 1.000 oxalatée à- |LA SOLUTION À isotonique Ds # E oxalatée à |- d'oxalate 1,9 p. 1.000 de fibrine 1,5 p. 1.000 sodique Rs | GOOM | CES mer Caillot après 21 minutes. ect Voile, après 5 h.; idem, le lendemain. JG Cr Filaments fibrineux après 8 h.; idem, le lendemain. Caillot, après 21 minutes. Caillot, après 55 minutes. Caillot, après 4 h. 1/2. Caillot, après 2 heures. Caillot après 3 h. 1/4. Caillot, après 5 h. 17/2. Voile PSS le lende- main. On peut donc conclure de ces observations que le plasma oxalaté et les plasmas en général sont des réactifs peu fidèles quand il s'agit de mettre en évidence de petites quantités de thrombiue. Ils sont inférieurs à la solution de fibrogène pour beaucoup d’autres raisons encore et ne - présentent sur elle qu'un avantage : leur facile préparation. — _À PROPOS DE LA CHIASMATYPIE ET DE LA THÉORIE DE MORGAN, par F.-A. JANSSENS. Thomas H. Morgan, professeur de Zoologie à la Colombia University de New-York, a appliqué notre théorie de la Chiasmatypie dans les cinèses de maluration à ses études expérimentales sur l'hérédité des caractères dans Abraxas et Drosophila. Avec ses élèves : Sturtevant, Dexter, Lynck, Bridges, Müller et d’ autres, il à observé aux environs de 918 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE cent mutations dans la mouche Prosophila, or, des recherches cytolo- giques sur les ovogonies de cet animal ont démontré qu'elles ne possé- dent que quatre paires de chromosomes. Dans les spermatogonies on trouve trois paires, plus un X-chromosome. Il devenait évident que la théorie de Boveri, admettant que les caractères héréditaires allélomor- phiques sont portés par les paires chromosomiales, ne pouvait tenir, s1 on continuait à admettre que le chromosome est une entité « ne varietur » el qui passe entière et non modifiée lors de la fécondation. Notre travail de 1909 (4) venait donc à son heure puisqu'il admet que les chromosomes sont formés de segments qui peuvent s’interchanger entre les paires chromosomiales pendant les prophases des cinèses maïo- tiques et ainsi produire des combinaisons nouvelles destinées aux sperma- lides (et sans doute aussi aux ovotides). Aussi depuis que Th. H. Morgan et ses élèves ont appliqué notre théorie à leurs études expérimentales, ils pensent que, malgré le petit nombre des chromosomes de la Droso- phila, ces organites nucléaires doivent cependant être considérés comme porteurs des nombreux caractères allélomorphiques observés. Un pre- mier groupe de ces caractères est lié au sexe, « Sexe linked ». Il est porté d’après Morgan par l’X-chromosome dans les spermalocytes et par la paire chromosomiale correspondante dans l’ovocyte. D'autres groupes de caractères liés entre eux, mais indépendants du sexe, ont été trouvés. En tout on trouve quatre de ces groupes, correspondant aux quatre paires de chromosomes signalées dans les ovogonies. ‘ En septembre 1911, Morgan publia une note dans la revue américaine Science où il expose sa théorie en même temps que la nôtre de la façon suivante : « Les particules matérielles qui représentent les divers fac- teurs héréditaires sontconlenues dans leschromosomes suivantune série linéaire. Quand donc les paires d’un hétérozygote se conjuguent » (pendant les premières prophases de la première cinèse de maturation aux stades leptotène, amphitène et pachytène) « des régions analogues se trouvent opposées. Il y a de bonnes raisons pour admettre que pendant le stade strepsinema » (des prophases plus avancées : stade strepsitène ou diacinèse) « ce sont les chromosomes homologues qui sont tordus l’un autour de l'autre. Or, d’après Janssens, quand de tels chromosomes se séparent, le clivage se fait suivant un seul plan, « qui ne suit pas les torsades des chromosomes enroulés(2). » « En conséquence les particules matérielles des chromosomes, quand elles se trouvent très rapprochées, vont tomber du même côté du plan de cli- vage, tandis que quand elles sont plus éloignées, elles peuvent tomber (4) La théorie de la Chiasmatypie, nouvelle interprétation des cinèses de maturation. Ÿ. A. Janssens. La Cellule, t. XXNV, 2e fasc., 4909. (2) An attempt to analyse the constitution of chromosomes. The Journal of Exper. Zool., vol, If, n° 4, 1911. SÉANCE DU 26 AVRIL : 919 du côté opposé. Nous trouvons donc que certains caractères héréditaires restent facilement unis, tandis que d’autres se séparent souvent. La différence tiendra à la distance linéaire qui sépare les particules maté- rielles représentant ces facteurs. Une telle interprétation convient à tous les nombreux phénomènes que j'ar-observés et explique, je pense, éga- lement tout ce qui a été décrit jusqu’à présent... Au lieu d'admettre donc une séparation de hasard, dans le sens de Mendel » (et de Boveri), « nous trouvons une association de facteurs qui sont localisés l’un près de l’autre dans les chromosomes. La cytologie fournit le mécanisme que les données expérimentales demandent. » Nous ajoutons le schéma publié par Edmund Bernard Wilson, le cytologiste bien connu de la même Université, dans la revue Science; en 1913, parce qu'il sert à faire comprendre ce que Morgan entend par le seul plan de clivage qui modifie la structure chromosomiale lors de la première cinèse de matura- «ion, schéma I. D'ailleurs le petit texte suivant montre bien que E. B. Wilson interprète notre théorie de la chiasmatypie de la même facon que son collègue et ami Th. H. Morgan (1). Dans 7he American Naturalist (vol. XLVI, févr. 1919) il dit (p. 64) : « Une des applications les plus intéressantes de ces vues aux phénomènes génétiques est celle - qui a été proposée par Janssens dans sa théorie sur la chiasmatypie et qui a été utilisée récemment par Morgan dans l’explication des phéno- mènes d'association et de répulsion des caractères. » D'ailleurs, en se plaçant sur le terrain des faits cytologiques, Wilson dit (2) « que la théorie de Janssens n'est pas une construction a priori, mais une con- clusion basée sur une étude très fidèle et détaillée des faits véritables, tels qu'ils se voient dans les prophases des batraciens, et qui prouvent qu un phénomène comme celui qu'il décrit doit réellement s’y passer ». Cette apprécialion d'un des hommes les plus compétents a d'autant plus de poids que l’auteur avait sous les yeux une de nos préparations de PBalracoseps que nous lui avions envoyée à sa demande. Faisons remarquer que Morgan applique à l’élude expérimentale de l'hérédité les vues théoriques qui se dégagent des recherches cytologi- ques. Quand en 4999 nous avons entrevu une telle application il était loin de notre pensée de vouloir l’employer comme théorie de travail sur le Mendelisme. N'en manipulant pas la matière nous ne voudrions pas avoir la prétention de nous en faire les juges. Nous voulions simplement faire remarquer que l'application que Boveri avait faite ne devait pas nécessairement sombrer, parce qu'il existe dans beaucoup de plantes et d'animaux un plus grand nombre de paires de caractères allélomor- phiques que de paires chromosomiales. (4) Voir aussi : « À theory of Linkage », p. 93, dans Heredity and Sex. Th. H. Morgan, Columbia University Press. New-York, 1913. (2) Journ of Exp. Zool., vol. XIIF, oct. 1912, p. 422. 920 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Malgré certaines altaques, la théorie Janssens-Morgan a continué à jouir de la faveur des chercheurs. En 1918, un des chefs du mendelisme moderne, Erwin Baur, croit devoir l’adopter dans ses recherches sur les mutations dans l’Antirrhinum majus (1). Ubisch (2) l'oppose à la théorie de Bateson-Punnet et démontre qué les chiffres de ces auteurs sont favo- rables à la manière de voir de l'école de Morgan. Dans notre prochaine réunion, nous ferons remarquer que la théorie de la chiasmatypie comporte autre chose que le simple clivage suivant un plan dont parlent Morgan, Wilson et ceux qui ont adopté dans la suite leur manière de voir. (4) Zeitschr. f. induktive Abstammungs- und Vererbungslehre, p. 477-193. (2) Ibidem. SÉANCE DU 31 MAI | 921 -SÉANCE DU 3/1 MAI 1919 SOMMAIRE Bonper (J.) : Recherches sur la Ie (M.) : Une erreur fréquente coagulation du sang (Mode d'union en NRICOIOBIe Sn 929 du sérozyme et du cytozyme). , . . 921 Janssens (F, A.;) : Une formule Bracaer (A.):Sur le tractus bucco- simple exprimant ce qui se passe pharyngien (Organe de Chievitz en réalité lors de la « chiasma- « Orbital inclusion »). . . , . : . .. 923 | typie » dans les deux cinèses de _ Couen (Cu.) : À propos de l’étio- AA LURA ONE Eee een 930 logie du rhumatisme articulaire . . 925 RopxaIN (J.) : Remarques au sujet Govagrts (P.) : Le rôle des pla- de la biologie de l’Ornithodorus _ quettes sanguines dans l’immunité IHOUDA LE EE SEE RAA 934 naturelle st oem NneSr ue 927 Présidence de M. L. Gedoelst. RECHERCHES SUR LA COAGULATION DU SANG (MODE D'UNION DU SÉROZYME ET DU CYTOZYME), par J. BoRDET. Bordet et Delange (1) ont observé que l’affinité du sérozyme pour le cytozyme s'épuise lorsqu'elle se satisfait : du sérozyme qui ayant été additionné d'une forte quantité de cytozyme a déjà fourni de la thrombine en abondance, n’est plus capable de former de nouvelle thrombine lorsque, ultérieurement, on y ajoute une dose supplémentaire de cytozyme. Cette donnée peut se démontrer aisément grâce au fait que la thrombine vieillit très vite, c'est-à-dire perd promptement l'apti- tude à solidifier en peu de temps le plasma oxalaté; on peut ainsi reconnaître si une thrombine est de formation récente. Or, on constate que du sérum riche en sérozyme, et qu'on vient d’additionner de cyto- zyme, coagule en quelques instants ce plasma (2) à condition de n'avoir (1) Annales de l’Institut Pasteur, 1912 et 1913. (2) Rappelons brièvement comment on peut réaliser cette expérience d'après la technique de Bordet et Delange. Du sang de lapin, oxalaté à 1 p. 1.000, est centrifugé énergiquement ; une partie du plasma oxalaté bien limpide décanté est additionnée de 4 volumes de solution physiologique légèrement calciäée - (à 77c.c. de solution physiologique on ajoute 3 c.c. de solution de Gal", 992 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE pas déjà reçu du cytozyme la veille (1), auquel cas il n’est plus suscep- tible de réagir avec cette même substance pour donner de la thrombine fraîche activement coagulante. On peut se demander si le sérozyme et le cytozyme se combinent à la facon dont un-acide fort s’unit à un alcali, c'est-à-dire si les deux élé- ments sont susceptibles de se neutraliser exactement. Peut-on, en ajoutant à du sérozyme une quantité convenable de cytozyme, obtenir un liquide ne fonctionnant désormais ni comme sérozyme, ni comme cytozyme? Disons immédiatement que la réponse à cette question est négative. Lorsqu'on cherche à préparer un mélange neutre, on constate qu'il est encore apte à produire une quantité appréciable de thrombine aussi bien par addition de sérozyme que de cytozyme. Plus grande a été la dose de cytozyme ajoutée à une quantité délerminée de sérum issu de la coagulation de plasma oxalaté bien débarrassé des plaquettes et recalcifié (sérozyme), moins ce sérum est dorénavant apte à fournir de la thrombine fraiche par addition de nouveau cytozyme, mieux il est susceptible de remplacer, dans une expérience analogue à celle qui est rappelée en note, l’émulsion de cytozyme, mais il n’est pas possible de préparer une mixture privée à la fois, grâce à une saluration exacte, des deux propriétés. Le résultat est donc analogue à celui qu’on observe lorsqu'on étudie l'union des antitoxines aux toxines, laquelle, d’après la manière de voir que j'ai défendue, peut s'effectuer en proportions variables et rentre selon toute vraisemblance dans la calégorie des phénomènes d’adsorption ou d’accolement colloïdal. On sait que le chauffage vers 58° enlève au sérum sa qualité de séro- zyme, c'est-à-dire l'aptitude à fournir de la thrombine par addition de cytozyme. On constate corrélativement que le sérozyme chauffé ne s'unit plus au cytozyme, c’est-à-dire que celui-ci garde mieux l'aptitude à réagir ullérieurement avec le sérozyme intact s'il a été mélangé à du sérum chauffé que s’il a été introduit dans un volume correspondant de sérum frais. ë neutralisant exactement volume égal de solution d’oxalate sodique à 1 p. 100, c'est-à-dire contenant environ 0,9 p. 100 de CaCl?); la coagulation s'effectue lentement et fournit du sérum riche en sérozyme. Le lendemain, on mélange 0 c.c. 2 de ce sérum à 0 c.c. 3 de la solution physiologique calcifiée; on intro- duit 1 goutte de cytozyme (on emploie avec avantage l’antigène syphilitique Bordet-Ruelens, que l’on évapare sur verre de montre, le résidu étant repris par un peu de solution physiologique). Dix minutes plus tard, on ajoute 0 c. c.5 de plasma dilué oxalaté à 2 p. 1.000 environ (une partie de plasma oxalaté à 1 p. 1.000, 4 parties de solution physiologique oxalatée à 2 p. 1.000). La coagu- lation s'effectue en quelques instants, l'addition de cytozyme ayant fait apparaitre une forte quantité de thrombine. (4) Soit du cytozyme à l’état pur (lipoide extrait par l'alcool), soit des éléments qui en contiennent (plaquettes, suspension de muscle brové). SÉANCE DU 31 MAI 923 SUR LE TRACTUS BUCCO-PHARYNGIEN ORGANE DE CHiEvirz « Orbital inclusion » (1), par À. BRACHET. - En 1885, Chievitz a décrit, chez un embryon humain de dix semaines, un cordon épithélial long et mince, isolé de toute part, courant entre la muqueuse buccale et la face interne des ptérygoïdiens; le nerf buccal le contournait vers le milieu de sa longueur. Depuis lors, ce cordon a été retrouvé chez divers mammifères (1). On l’a considéré comme un conduit accessoire de la parotide; Broman a voulu l'élever au rang de vestige d’une parotide postérieure ancestrale; Strandberg en a décrit quelques stades du développement et signalé l'existence chez’ certains reptiles (?). Schulte, enfin, a clairement montré que l'organe de Chievitz, qu’il désigne sous le nom d'inclusion orbitaire, et que nous proposons d'appeler fractus bucco-pharyngien, n'est que le fond du sillon buccal qui se détache dans la région de l'isthme du gosier et s'isole en un cordon plongé dans le mésenchyme. De l'avis de tous, mais sans qu’au- cune preuve décisive ait élé fournie, le tractus finit par s’atrophier. J'ai eu l'occasion, sur une série d'embryons humains, de taupe et de lapin, d'observer, dans le développement de cet organe, quelques détails nou- veaux qui permettront peut-être de comprendre le mécanisme et la cause de sa formation. Chez tous les mammifères, après la perforation de la membrane pharyngienne, l'orifice buccal s'agrandit et prend la forme d’une large fente en fer à cheval, dont les extrémités sont situées en regard du bord dorsal de la poche hyo-mandibulaire. À ce niveau, les deux lèvres, formées par les bourrelets maxillaires supérieur et inférieur, se conti- _nuent l’une dans l’autre. Il n’y a pas encore de joues : les branches du fer à cheval buccal en occupent la place. Dans la suite, la fente buccale se réduit d'arrière en avant par accolement, puis soudure des bourrelets qui la délimitent, jusqu’à la commissure définitive des lèvres, et l'ébauche des joues se trouve ainsi constituée. En même temps les parois stomo- daeales, continuant à se projeler en avant, approfondissent la cavité buccale. Le long de la ligne de soudure, l'épithélium, refoulé en dedans et en dehors, disparait sans laisser de traces. Pendant de nombreux stades, TS (4) Chievitz. Arch. f. Anat. u. phys. Anat., Abt. 1885. — Weishaupt. Ibid, 1911. — Bujard. Anat. Anz., 38, 1911. — Paulet. Arch. f. mikrosk. Anat., 76, 1914. — H. von W. Schulte. Studies. on cancer and allied subjects, V. 4, New York, 1913. — Broman. Anat. Anz., 49, 1916, et Ergebn. d. Anat. u. Entwick., 22, -1916.— Strandberg. Anat. Anz., 51, 1918. 924 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE la cavité buccale prend là la forme d’une fente élalée transversalement, dont la voûte et le.plancher se continuent entre eux suivant un bord étroit, formé de quelques couches de cellules cylindriques. Ce bord, vu par en dedans, se présente comme une longue gouttière qui part de la commissure des lèvres et se termine au voisinage de l’orifice pharyngien de la trompe d'Eustache : c’est le sillon buccal (Hammar). Dès que les joues se sont ébauchées, le cartilage de Meckel se constitue; bientôt après apparaissent les rudiments du maxillaire inférieur et, tout en arrière, dans la région qui deviendra l’isthme du gosier, ceux de !a branche montante et des muscles masseter et ptérygoïdiens. Or, l’épaississement produit par la masse de ces derniers muscles - provoque, en s’exagérant progressivement, le rétrécissement relatif du diamètre transversal de la fente buccale. L’épithélium se retire pour faire place à l'ébauche musculaire; le sillon buccal, refoulé en dedans, ne reprend sa situation primilive qu'au pourtour antérieur. du ptéry- goïdien interne où il se continue dans la future portion vestibulaire de la bouche. En se retirant ainsi de dehors en dedans, le fond du sillon buccal abandonne une trainée de cellules qui s’isole dans le mésen- chyme sous forme d'un cordon cylinGrique. C'est le tractus bucco- pharyngien. Dans la suite, celui-ci s’allonge dans la même mesure que tous les organes de la région, mais conserve très exactement sa situation topographique. Au dernier stade dont j'ai pu disposer (embryon de lapin de 26 jours) son extrémité pharyngienne,un peu renflée, est située non loin de l’orifice interne de la trompe d'Eustache, sous le crochet de l'apophyse ptérygoïde et le tendon du péristaphylin externe. Il court ensuite, en s'amincissant, tout le long de la face interne du ptérygoïdien interne, contourne le pourtour antérieur de ce muscle par un coude brusque et se termine en s'effilant tout près de la ligne mylo-hyoïdienne. C'est au niveau de son coude que le tractus est le plus épais et là il subit des différenciations histologiques très semblables à celles de l'épithé- lium buccal ; les mitoses y sont assez nombreuses. À côté de cette dispo- sition typique, on rencontre de fréquentes variations. Souvent le tractus envoie des bourgeons collatéraux, ou s'unit par un prolongement à l’épithélium de la cavité buccale, en des endroits divers. Ges variations, tout à fait secondaires, témoignent simplement de la Pen d’origine du tractus et de l’épithélium buccal. Le tractus bucco-pharyngien est donc bien une inclusion épithéliale, analogue aux perles épithéliales décrites par Leboucq, à la voûte pala- tine et aux nodules issus des germes dentaires dont Malassez a signalé la longue persistance. Il mérite pourtant, dans ce groupe, une place à part, non seulement par sa constance et son uniformité, mais encore et surtout par les connexions très remarquables qu'il affecte avec le nerf buccal. Elles sont extrêmement précoces : à un stade où le tractus com- mence seulement à s'isoler par un simple étranglement, le nerf buccal SÉANCE DU 31 MAI 925 l'aborde en son milieu, s'aecole à lui dans toute sa partie antérieure et - lui abandonne plusieurs branches. La première, volumineuse et cons- tante, pénètre dans le tractus et, se recourbant en arrière, se perd dans sa partie postérieure. Je l'appellerai le rameau récurrent. Les autres branches, plus grêles, s'engagent entre les cellules épithéliales des por- tions moyenne et antérieure du tractus et y disparaissent. Plus tard, quand le tractus s’est complètement isolé, l'ébauche du ptérygoïdien s'étant insinuée entre lui et le nerf buccal, leur rencontre ne peut plus se faire qu'au pourtour antérieur du muscle. Là, le rameau récurrent s'enfonce dans l’axe du tractus et le parcourt d'avant en arrière jusque tout près de son extrémité pharyngienne ; arrivé là, il en sort fort aminci et, se dirigeant en dedans, se perd dans le mésenchyme. Aux derniers stades que j'ai étudiés, le rameau récurrent s'était dégagé du centre du tractus et ne faisait plus que le longer en lui envoyant de distance en distance de fines branches collatérales, dont certaines fibres, après avoir passé entre les cellules épithéliales se perdaient dans le mésenchyme. Outre le rameau récurrent, plusieurs branches du buccal continuent à pénétrer dans le tractus, surtout au niveau de son coude : il est certain qu'un bon nombre de leurs fibres ne font non plus que le traverser. Il y à donc, le long du tractus bucco- -pharÿngien, une concentration d'innervation qui n’a d’équivalent en aucun point de la muqueuse buccale. L'explication qui me paraît la plus simple et la meilleure de ce fait est la suivante. Chez l'adulte, le nerf buccal n'innerve plus que la joue; chez l'embryon, il innervait aussi le bord de la fente buccale dans la région de l'isthme du gosier et le tractus bucco-pharyngien n'est autre chose que ce territoire accessoire du buccal qui s’est détaché en englo- bant les nerfs qui lui étaient destinés. On saisira la cause de cette élimi- nation si l'on tient compte que l’ébauche du ptéryg goïdien interne, en se formant en dedans du nerf buccal, refoule ce nerf en dehors et favorise ainsi le décollement de la bande épithéliale à laquelle il était étroite- ment uni. A PROPOS DE L'ÉTIOLOGIE DU RHUMATISME ARTICULAIRE. Note de CHarces ConEn, présentée par M. J. BoRDET. Ea 4916, j'ai trouvé dans le sang, par trois hémocultures faites à plu- sieurs jours d'intervalle, chez une malade atteinte d’un rhumatisme articulaire aigu très grave, un diplocoque ressemblant au gonocoque. . Cette malade, qui présentait également de l’endocardite, succombe - après avoir présenté des symptômes méningés : une ponetion lombaire avait donné issue à un liquide stérile, clair. 996 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE EE A l'autopsie, on constate des lésions d’endocardite verruqueuse, de la congestion pulmonaire et de l’hyperémie méningée et cérébrale. Ce diplocoque ne prenant pas le Gram, identique comme aspect au gono- coque et au méningocoque, sauf qu'il était un peu plus gros, se diffé- renciait de ceux-ci par le fait qu’il ne poussait pas sur les milieux à l’ascite, et qu'il ne cultivait que très discrètement sur milieu au sang. Les premières cultures sont à peine visibles, et ce n’est qu'après plu- sieurs semaines que l’on obtient des cultures un peu plus prospères, légèrement opalines. Les cultures, très éphémères, devaient être repiquées quotidiennement et déjà, après 5 à 6 heures d’étuve, on constate de nombreuses formes de bactériolyse. Il n’est pas pathogène pour les animaux de laboraloire, tout comme le gonocoque. Le sérum de la malade, prélevé quelques jours avant la mort, donnait la réaction de fixation de l'alexine aussi bien avec ce microbe qu'avec le gonocoque et certaines variétés de méningocoques, alors que d’autres méningocoques ne fixaient l’alexine qu'imparfaite- ment. Résultat identique avec des sérums d'animaux actifs contre ce microbe. On sait que, par la réaction de Bordet-Gengou, il est impos- sible de différencier des espèces microbiennes voisines : elle ne m'a pas non plus permis de distinguer ce diplocoque du gonocoque et de cer- lains méningocoques. Je n’ai plus eu l’occasion de retrouver ce microbe, les autres cas de rhumatisme que j'ai rencontrés étant loin de présenter, sauf un, où je n'ai pu faire d'hémoculture, l'extrême gravité de ce premier cas. Mais si je n'ai pu retrouver le microbe, au moins ai-je pu établir, dans un assez grand nombre de cas, la présence d'une sensibilisatrice spécifique à l'égard de ce microbe, du gonocoque et de certains méningocoques. Chaque fois, j'établissais très soigneusement, et par les commémoratifs el par l'examen des organes génitaux, que ces malades ne présentaient pas de lésions gonococciques aiguës ou chroniques. Sur 28 cas examinés : .- 12 ont donné une réaction positive intense, 6 ont donné une réaction faiblement positive, 10 ont donné une réaction négative. Ces deux dernières catégories étaient constituées pour une grande part par des cas légers, d’une évolution de 8 à 15 jours. Sur les 12 cas positifs, 5 étaient des malades atteints de rhumatisme articulaire polyarticulaire avec endocardite, 1 présentait de la chorée post-rhumatismale et 6 présentaient des manifestations de rhumatisme chronique avec poussées aiguës ou subaiguës. Il y a lieu de rapprocher de ce travail les conclusions de Hastings qui a constaté que le sérum des malades atteints d'affection rhumatis- "4 SÉANCE DU 31 MAI 927 male chronique donnait fréquemment une réaction de fixation avec le gonocoque (1). Ce microbe voisin du gonocoque constitue-t-il l'agent spécifique du rhumatisme articulaire? Seules des recherches ultérieures pourront éclairer ce problème. Il est toutefois curieux de noter que l'emploi du vaccin antigonococcique a donné de bons résultats dans le traitement du rhumatisme chronique. (Institut Pasteur de Bruxelles.) LE RÔLE DES PLAQUETTES SANGUINES DANS L'IMMUNITÉ NATURELLE, Note de PAUL GovaERTs, présentée par A. BRACHET. Si l’on injecte dans la circulation du lapin, du cobaye ou du chien des émulsions microbiennes, les plaquettes sanguines s'accolent immédia- tement aux microbes et les englobent dans les amas qu'elles forment en ee elles. Les amas ainsi formés dans le sang circulant sont retenus dans les capillaires où l’on observe la phagocytose des microbes. Nous n’avons pas réussi à établir nee était à ce moment le sort des plaquettes. Ces faits ont été décrits dans des publications antérieures (2). = J'ai voulu rechercher si l’on pouvait généraliser cette fonction des plaquettes el si ces éléments intervenaient de la même manière dans l'élimination de globules étrangers ou de particules inertes injectés dans la circulation. On centrifuge du sang de canard oxalalé à 1 p. 1.000 et on lave trois fois les globules rouges dans de l’eau physiologique à 9 p. 4.000. Les globules sont remis en suspension dans une quantité de solution phy- siologique égale au volume primitif de sang et 5 c.c. de cette suspen- sion sont injectés dans la jugulaire d’un cobaye. Une canule introduite dans la carotide permet de récolter du sang de minute en minute. Ce sang est rapidement étalé et coloré au Romanowsky. Immédiatement après l'injection les globules de canard, aisément (1) In Bull. de l'Inst. Pasteur, 15 août 1914. Les publications parues à l'étranger, depuis Le début de la guerre, ne sont arrivées en Belgique qu'après la libération de notre territoire ; aussi n’ai-je eu connaissance de ce travail que depuis peu de semaines. (2) L. Delrez et P. Govaerts. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXI, n° 2, 1918. — 11., Travaux de l'ambulance « Océan », 2° année, fasc. 1. — P. Govaerts. La Presse Mélica'e, 25 novembre 1918. 9928 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE ms reconnaissables à leur forme et à leur noyau, sont isolés et uniformé- ment répartis. Pendant les minutes qui suivent, ils s’agglutinent entre eux et en même temps de nombreuses plaquettes s’attachent à leur surface, réu- nissant les uns aux autres les globules agglutinés. Ainsi se constituent dans le sang des amas de globules étrangers et de plaquettes, qui sont retenus dans les capillaires et éliminés de la cireulation.On les retrouve aisément dans des frottis de pulpe hépatique. Les plaquettes se comportent de la même manière, si l'on injecte au cobaye, au lieu de globules de canard, des hématies humaines lavées. En quelques minutes, les globules humains (reconnaissables à une légère différence de coloration) forment des agglutinats dont le centre est constitué par un amas de plaquettes sanguines accolant les globules les uns aux autres, Des images très analogues s’observent après l'injection de particules inertes. J’ai utilisé un mélange à parties égales d'encre de Chine et de solution physiologique à 9 p. 1.000. L’addition d'eau physiologique ne déterminait pas l’agglutination des particules de charbon qui consti- tuent l’encre de Chine. Nous avons injecté de ce mélange 2 à3 c.c.à des lapins de 1.200 grammes, 0,5 à 1 €. c. à des cobayes de 400 grammes. Chez le cobaye et Ie lapin, les plaquettes sanguines s’accolent aux particules de charbon de l'encre de Chine en les englobant dans les amas qu’elles forment entre elles. Mais l’aspect de ce ché diffère dans les deux espèces animales. : Chez le lapin, dont le plasma aggluline fortement les particules de l'encre, on observe la formation immédiate d’amas noirs irréguliers autour desquels s'accumulent les plaquettes sanguines : l'élimination de l'encre de Chine est dans ces conditions très rapide. Chez le cobaye, l’action agglutinante du plasma pour les particules de l'encre est presque nulle. Aussi les amas de plaquettes ne renferment-ils . que de fines granulations. Le sang garde pendant 10 à 15 minutes une teinte très foncée, due à la quantité d'encre qu'il renferme encore. Il est intéressant de signaler que l'injection d'encre parait très nocive pour le cobaye, car 0 c.c.5 à 1 c.c. de la solution que nous utilisiôns ont déter- miné la mort en 10 à 45 minutes. Au contraire les lapins supportaient sans troubles 2 à 3 c.c. Les plaquettes sanguines ont donc une fonction « antixénique » géné- rale; elles s’accolent aux corps étrangers introduits dans la circulation : microbes, ÿlobules étrangers, particules-inertes. Leur rôle est à rappro- - cher de celui des phagocytes, mais leur action est plus rapide, carelle se produit dans le sang circulant, tandis que la phagocytose s'exerce dans les capillaires. Les plaquettes sanguines constituent la première bar- rière d'éléments figurés qui s'oppose aux corps étrangers introduits dans la circulation. | == SÉANCE DU 91 MAI 929 L'analogie existant entre la fonction des.plaquettes et celle des leuco- cytes est complétée par le fait que l’agglutination favorise l’accolement des corps étrangers aux plaquettes comme elle intensifie la phagocytose. En outre, comme nous l’avons montré antérieurement, des microbes très virulents introduits dans la circulation ne s’accolent pas aux pla- quettes sanguines ni aux phagocytes : il s'établit d'emblée une septi- cémie intense. UNE ERREUR FRÉQUENTE EN TOXICOLOGIE, : par M. Ipe. En étudiant le mécanisme de l'intoxication antimoniée, nous avons eu la même surprise que jadis au cours de l'étude de la digitale. On dirait que la nature a préparé un guet-apens à l’expérimentateur. Voici ce qui survient. Il s’agit de part et d'autre de drogues à effet tardif : par exemple pour le tartre stibié (injeeté dans la veine) la dose minimale ne tue qu'après plus de 24 heures, ce délai se raccourcit gra- duellement à mesure qu’on double les doses, vers le décuple de la dose mortelle, la mort survient en 1 heure, comme cela a été établi par P. Masoin (Arch. intern. de Pharmacod., XVI). L'expérimentateur qui veut étudier le mécanisme d'une agonie met l’animal en vivisection et cherche à obtenir l’agonie dans le délai de deux heures en multipliant les doses. Cela est presque loujours réa- lisable. _ Les effets qu'on observe alors ne sont-ils réellement qu'un raccourci de l’intoxication tardive qu'on obtient à dose plus faible ? Voilà la ques- tion indispensable qu'on doit se poser avanttout. Or, c'est ici qu’il faut se défier. D'abord si on veut y regarder d’un peu plus près, on constatera que la dose nécessaire pour tuer en 2 heures devient énorme en proportion de la simple dose mortelle à agonie tardive : c’est souvent un quintuple ou un décuple : ensuite cette dose n’est nullement en rapport avec les doses dangereuses chez l'homme. C’est une première raison de défiance critique. Ensuite on verra après quelques tâtonnements que les doses qui tuent en deux ou trois heures donnent d’autres symptômes agoniques que celles qui tuent après 12 ou 24 heures. Pour l’antimoine, comme la différence tombait sur les phénomènes circulatoires, elle s’imposait à l'observateur. La dose minimale mortelle tue le centre respiratoire, les doses multiples tuent par convulsion ou par hypotension la pote restant suffisante. 930 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Pour la digitale, il y a une coïncidence plus surprenante : cette drogue donne à dose curative un pouls pneumogastrique d’origine cer- trale inconnue. Or, à la dose mortelle elle donne aussi un pouls pneu- mogastrique magnifique, mais il est dû à l’asphyxie, asphyxie due elle- même à la paralysie musculaire générale. ; Il faut donc se défier de toute accumulation de doses dans le but de raccourcir le cours des phénomènes. Cela force l'expérimentateur, il est vrai, à plus de tâtonnements et donnera de moins belles courbes ago- niques, mais on ne fera plus de fausse route. Un autre effet de la méthode rigoureuse, c'est d’abaisser notablement le minimum toxique et de le ramener presque au taux de la dose qu: donne des accidents chez l’homme. Alors seulement l'étude toxicologi- que commence à intéresser notre thérapeutique : en effet que pourrait- on conclure d'une intoxication de laboratoire s'il faut administrer la dose décuple de celle qui tue l’homme : logiquement il faudrait dire simplement : « Ici, il se passe autre chose que là-bas »! Tout cela n’est que logique; mais si on parcourt la littérature on verra que cette faute de méthode est fréquente, qu'elle est presque courante dans l'étude de certaines drogues. En tous cas l'observateur devrait toujours se défier d’un poison dont: les doses varient énormément d’une espèce à une autre;et il ne peut jamais vouloir étudier en des séancesde 2 heures l’action de poisons dont l'effet habituel traine 12 à 24 heures. UNE FORMULE SIMPLE EXPRIMANT CE QUI SE PASSE EN RÉALITÉ LORS DE LA « chiasmaliypie » DANS LES DEUX CINÈSES DE MATURATION, par F.-A. JANSSENS. : Nous avons eu l’occasion pendant la guerre de continuer nos recherches cytologiques sur deux orthoptères indigènes, dont l’un a tous les chromosomes spermatogoniaux à insertion terminale, et l’autre des chromosomes à inserlions de toutes sortes. Le mémoire auquel ces recherches ont donné naissance et qui comporte un grand nombre de figures de tous les stades des cinèses tant goniales que cytaires, nous permet d'affirmer en toute confiance que nos vues sur la chiasmatypie s'appliquent aussi à ces insectes (1). Nous désirons faire remarquer ici que no de Morgan, trop simple assurément et ne tenant, partant, pas assez comple des demi-sou- 1) Nous consacrons un chapitre spécial à démontrer que la chiasmatypie n’a rien de commun avec la symmixis de Haecker. SÉANCE DU 31 MAI 931 D dures qui produisent le plus grand nombre des chiasmas, répond peut-être, mieux qu'on aurait pu le croire d'abord, à l'objectivité des faits. L'’au- teur dit, en effet, que les chromosomes enroulés subissent un clivage suivant un plan et comme on peut en juger d’après ses figures et celles de tous ceux qui l'ont suivi, ce plan passerait par l’axe de la torsade- schéma I (1). : Quant au résultat final cette interprétation exprime assez bien ce qui se passe en réalité. Elle nous indique clairement que les chromosomes sortant des cinèses de maturation ont subi dans leur structure intime de profondes modifications et que les spermatides possèdent des élé- ments chromosomiaux sensiblement différents de ceux qui sont entrés dans les spermatocytes après les dernières cinèses spermalogoniales. RSC hemal 2% ScHÉMA [ — Reproduction d’une partie de la figure 3 de Edmund B. Wilson. Heredity and Microscopical Research. Science, N. S., vol. XXXVII, p. 814-826, may 30, 1913. En réalité toutefois la chose n’est pas aussi simple. Tout d’abord les soudures et surtout les demi-soudures qui produisent les chiasmas . entraînent des modifications profondes dans les torsades elles-mêmes. Ces modifications s'indiquent déjà aux prophases, mais elles devien- nent surtout évidentes au fur et à mesure que les dyades mürissent et s'apprêtent à se mettre au fuseau. Nous ne pouvons pas les décrire dans cette note, disons toutefois que les segments chiasmés se placent dans des plans perpendiculaires d’une paire de segments à la suivante, comme l’indiquent le schéma IF, figure 1 et schéma IIT, figures 1, 2, 3. Une fois ce fait bien mis en lumière il ne faut pas ajouter grand-- (4) Faisons remarquer ici en passant que le sens du tors, gauche dans les schémas I et Il, droit dans le schéma III, n’a rien de constant et qu'il peut même varier sur la longueur d'une même dyade. BIOLOGIE. CompTES RENDUS. — 41919. T. LXXXII. 67 19392 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE chose à la phrase de Morgan pour qu'elle exprime ce qui se passeen réalité. On peut dire en effet : 4° Qu'un clivage suivant un plan se produit aux deux cinèses de maturation et cela toujours suivant le plan équatorial de ces figures. Le premier de ces clivages est déjà indiqué par une ligne ponctuée dans le schéma Il, figure 1, et aussi dans le schéma II, figure 1; 2° De plus, ce plan produit le chvage longitudinal et done équationnel de chacun des segments chromosomiaux qui se trouvent exactément à l'équateur de la figure (comme cela a lieu dans une cinèse goniale), schéma Il, figures 1:et 2; schéma III, figures 4, 2,3 et°6 (1); ae Ê7E 7 Schéma!l ot ScHéMA II (original). — En réalité, pendant la maturation le tors se défait en partie de manière à lui donner l'aspect d'une chaîne dont les chainons se trouvent dans deux plans perpendiculaires (fig. 1). Figure 1 : C'est suivant ces plans, dont le premier est indiqué par une ligne ponctuée (hétérotypie), que se feront les clivages des deux cinèses de maturation (fig. 2). Figures 3 et 4 : Chromosomes qui en résultent dans les spermatides. 3° Enfin, puisque les deux fuseaux des deux cinèses qui se suivent ici rapidement ont des axes perpendiculaires, on peut encore ajouter: que chaque dyade sera clivée pendant les cinèses maiotiques par deux plans perpendiculaires l'un à l'autre. À la première cinèse, ce plan équatorial est perpendiculaire à l’axe du fiseau hétérotypique et pendant la deuxième cinèse ce plan est, dans l’espace, parallèle à l’ancien axe de ce même fuseau et passe même par cel axe idéal. Les schémas IL et III et leurs textes explicatifs nous dispensent d’insister plus longuement. (4) Nous savons très bien que ces clivages s’indiquent longtemps avant la mise au fuseau et nous démontrerons l'importance de ce fait quant à la genèse des chiasmas des prophases. SÉANCE DU 91 MAI 933 Faisons ici encore quelques remarques qui peuvent avoir leur utilité au point de vue mendélien. Des segments voisins passent facilement dans le même chromosome des spermatides quand le sens du tors est constant: schéma II. Quand un segment est long, il peut être considéré comme supportant une série longitudinale de qualités, schéma IIT conformément aux idées émises _Œ (4 [4 era ll 2 74 © a ScHéuA III (original). — Dyade qui se retrouve souvent dans la nature. Figure 1 : dyade hétérotypique, insérée au fuseau suivant C. L'insertion est excentrique. Le plan FE est celui de l'équateur de l'hétérotypie. Le plan du papier sera celui de l’équateur de l’homéotypie. Nous supposons l’axe du fuseau placé du coté F, Figure 2 : La même dyade vue du côté supérieur. Le plan F' E! est celui de l'équateur de l'homéotypie. Les deux flèches à l'insertion indiquent les filaments rétracteurs du fuseau de la deuxième cinèse (homéotypie). Cette figure représente aussi assez exactement la comhinaïison chromosomiale telle qu'on la retrouve à l’équateur de cette figure. Figure 3 : La même dyade vue du côté inférieur. E! E’ plan de l’équateur du fuseau homéotypique. - Figures 4 et 5 : Quatre chromosomes à combinaisons segmentaires nouvelles et destinés aux quatre spermatides. Figure 6 : Croix. Dyade correspondant à la partie comprise entre les plans C C' de la figure I. L'insertion devient terminale etles segments se redressent. La ligne E représente l'intersection du plan de l'équateur de l’hétérotypie (nous supposons les regards tournés vers l'axe du fuseau, comme si on considérait la dyade figure I, l’œil en E tourné vers F). La ligne pointillée aboutissant aux deux flèches repré- sente l'intersection du plan de l'équateur de l'homéotypie avec le plan de la figure. . Figure 7 : Les quatre chromosomes provenant de la croix figure 6. € Hg IE par Morgan. D'autre part, les qualités qu’on suppose portées par les segments chromosomiaux se répartissent entre les tides comme si elles étaient portées par des chromosomes réellement indépendants, confor- mément à la loi de la disjonction des caractères dans les gamètes (Mendel). Par exemple, dans un lot d'œuf mûrs, nous trouverons une égale quantité d'œufs renfermant le caractère A (schéma I) qu'il yen 934 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE aura portant le caractère a. Dans les spermatides ceci ne se trouvera pas réalisé pour les caractères supportés par l’X-chromosome. Dans un lot de spermatozoïdes provenant d’un mâle déterminé, nous trouverons les différents caractères liés à celui du sexe, et supposés portés par le chromosome X, une fois représentés. Nous aurons, ou bien seulement le caractère À, ou bien seulement a. Ce chromosome ne pourra subir de modifications que lors de la production des œufs, dans un ovaire d’un hybride. Pour les autres chromosomes les calculs devront tenir compte du fait que, tant dans le mâle que dans la femelle, un lot d'élé- ments sexuels renfermera 50 p. 100 de deux caractères allélomor- phiques. On fera bien cependant de’porter son attention sur l'influence que deux caractères, réunis dans un même chromosome, peuvent avoir l’un sur l’autre. Notre théorie apporte donc à la pratique principalement ces trois notions : 4° que le nombre des caractères allélomorphiques liés aux chromosomes peut être de beaucoup supérieur au nombre spécifique de ces éléments ; 2° que tous les caractères supportés par l’X-chromosome resteront réunis dans les rejetons de première génération et ne pour- ront se séparer qu'à la seconde; 3° que pour les autres chromosomes ces caractères forment groupe, mais seront présents en quantité égale dans un lot déterminé d'éléments sexuels. REMARQUES AU SUJET DE LA BIOLOGIE DE L'ORNITHODORUS MOUBATA, par J. RopDxain. I. — Parasitisme et habitat normaux de l'Ornithodorus moubata. Le parasitisme de l’Ornithodorus moubata étant étroitement lié à l'homme qui constitue pour cette tique l'hôte de prédilection, cet acarien ne se rencontre habituellement que dans les endroits fréquentés par les êtres humains. La tique étant de plus obscuricole et ne se gorgeant que lentement, se nourrit de préférence la nuit ou dans la pénombre; elle habite sur- tout les lieux où l’homme vient pour se reposer, pour dormir. C'est l'intérieur des habitations humaines qui est son repaire favori. On la trouve pourtant aussi le long des routes de caravanes en dessous des hangars ouverts où elle est introduite par les voyageurs qui la trans- portent dans leurs bagages. L'Ornithodorus moubala craint l'humidité; il choisit pour se cacher, après s'être repu sur son hôte, les crevasses empoussiérées qu'on trouve à la base des murs en pisé qui limitent les chambres des cases. Il remonte volontiers le long des parois de ces murs pour se réfugier dans SÉANCE DU 94 MAI 935 les fissures de ces derniers et s’y loge de préférence dans les fentes et les anfractuosités des montants en bois qui en forment la charpente. Dans les cases dont les parois sont en chaume, les tiques se retirent durant le jour à l’intérieur de la paille. D’après une observation que m'a communiquée mon ami, le D' Mottoulle, qui a voyagé dans le district du Tanganika-Moéro, Katanga du Nord, les Æimputus (1) se réfugient aussi dans les toitures de chaume et se laissent choir la nuit sur les cou- chettes des habitants, se comportant ainsi comme les punaises (Obser- vation recueillie dans un dortoir d'enfants d'une mission catholique près du lac Tanganika). II. — Habitat et parasitisme anormaux de l’Ornithodorus moubata. Ces derniers temps, des observations indépendantes les unes des autres ont prouvé que le parasitisme de l'Ornithodorus moubata n'était pas toujours aussi strict qu'il avait apparu d’abord. Lt. Lloyd (2) a signalé la découverte fortuile de l’'Ornithodorus mou- bata dans un terrier de Phacuchere dans la Rhodésie du Nord; le gite du Suidae était situé à 4 milles du village le plus proche. Van Saceghem (3), dans le Bas-Congo belge, a observé que le même Ornithodorus vivait sur les cochons domestiques, dans les porcheries. Roubaud (4) a insisté sur la signification générale biologique de ce parasitismé aberrant. J’ai pu recueillir récemment; sur les rives orientales du Tanganika, deux observations concernant l'habitat et le parasitisme des Patasil5) que j'ai cru intéressant de relater. 1. La première m'a été communiquée parlemédecin-inspecteur Trolli, des troupes coloniales belges. Au cours des opérations militaires dans lUrundi, de très nombreuses infections spirillaires furent constatées parmi les troupes qui, en 1916, cantonnaient momentanément à Usumbura. Parmi les soldats infectés, quelques-uns avaient logé dans des habi- tations infectées d’ Do ue mais la plupart avaient campé sous la tente, dans des allées bordées de vieux manguiers qui ornent le poste. (4) Nom par lequel les indigènes du Maniema désignent la tique convoyeuse du spirille de Dutton. (2) Lt. Lloyd. On the association of Warthog and the ukufu Tick (Ornitho- dorus moubata). Am. of Trop. Med. a Paras., t. IX, n° 4, 30 décembre 1915, p- 559. - (3) E. Roubaud et R. van Saceghem. Observations sur quelques insectes et acariens parasites du bétail au Congo belge. Bull. Soc. Path. exot., t. IX, décembre 1916. : (4) E. Roubaud. Les porcins et la conservation des ectoparasites humains _dans les régions chaudes. Bull. Soc. Path. exot., t. IX, 1916, p. 768. (5) Nom par lequel les populations Swahili désiguent l’Ornithodorus moubata. 936 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE ee Au cours d’une inspection sanitaire, le D’ Trolli rechercha les tiques dans le voisinage d’une de ces allées, le long de laquelle, en 4940, il avait connu des habitations dans lesquelles pullulaient alors les Patast. Ces habitations étaient détruites depuis longtemps et, en 1916, il n’en restait plus aucune trace. I fit quelques fouilles dans le sol au niveau des anciens emplacements de cases, mais avec des résultats négatifs. Il rechercha également les tiques dans la terre humide en dessous des arbres et celle entourant immédiatement leur base sans rien trouver. Détachant alors, à 10 centimètres au-dessus des racines, quelques lxmbeaux de l'écorce desséchée du tronc d'un vieux manguier, il ren- contra un Ornithodorus et n'eut aucune peine à en retrouver deux autres dans les mêmes conditions. Il est probable que depuis la destruction des cases qu’ils habitaient, les Acariens s'étaient logés dans les interstices de l’écorce des manguiers attendant un hôte de fortune pour se nourrir. Leurs conditions de vie se rapprochent ainsi de celles de l'Ornithodorus Savignyi. Ce dernier, dans le Somali britannique (4), vit dans la poussière des abords des puits ou des trous d’eau et attend l’arrivée d’un hôte, s’attaquant indifféremment à l’homme, au chameau, aux bovidés ou tout autre bétail domestique. 2. Au début de 1918, étant à Udjidji, je me fis apporter des Do pour en examiner les organes internes au point de vue de l'existence des spirilles. En disséquant un premier lot de 6 tiques, je fus étonné de rencontrer deux adultes qui s'étaient gorgés de sang d'oiseaux. Je voulus m'assurer moi-même dans quelles conditions les Ornitho- dorus avaient été recueillis par l’indigène qui me les avait apportés, et visitai le petit réduit d’où provenaient les acariens. C'était une petite chambre annexe d’une chambre en pisé, dans le fond de laquelle se trouvait une couchette surélevée momentanément inoccupée. En dessous du lit deux poules venaient régulièrementdormir la nuit. Les Ornithodorus affamés s'étaient vraisemblablement repus sur ces oiseaux. Personnellement, je ne pus récolter dans le même local que deux autres tiques à jeun. Le parasitisme de l'Ornithodorus moubatæ paraît donc plus ubiquiste encore qu'on ne pourrait le supposer. (École de médecine tropicale, Bruxelles, mai 1919.) (1) Drake-Brockman. Some note of the bionomics of Ornithodorus Savignyi, in British Somaliland. Bull. of Ent. Res., t. VI, f. 2, septembre 1945. ; SÉANCE DU 28: JUIN 937 SÉANCE DU 28 JUIN 1919 SOMMAIRE BiourGE (Px.) : Position taxono- du pins en pete 9%1 mique de l’Oospora crustacea (Bull) Ing: : Hypothèse sur les hor- RON ES HE CO) raie 950;,| mones . . .... STE 00 0 CU dr 944, BRUYNOGHE (R.) : Les précipitines Le FÈèvRE DE Arric : Sur la culture et les substances déviantes . . . .. 951 | des streptocoques homologues dans : BRUYNOGHE (R:.) : Au sujet de: quel- le sérum des blessés: porteurs . . . 948 ques souches paratyphiques. . . . 954 Le FÈVRE DE ARRIC : Sur les pro- Dus'riN (A.-P.) : À propos de quel- priétés germinatives des strepto- ques substances inhibant le décol- COQuesS dé PItles ENS Sn 946 lement de la membrane de fécon- Romain (J.) : Remarques: au sujet dation chez Strongylocentrotus livi- de. la biologie de l'ornithodorus USER A ne rime de de THON ÉMOUDALA NN PESTE AN ie 931 FRATEUR (J:-L.) : La robe sauvage Présidence de M. L. Fredericq. REMARQUES AU SUJET DE LA BIOLOGIE DE L'ORNITHODORUS MOUBATA 1 par J. Ropxain (1). Répartition de l'Ornithodorus moubata en Afrique centrale. — La récente note de Lebœuf et Gambier (2) a remis à l’ordre du jour la question de la répartition de l’Ornithodorus moubata dans l'Afrique intertropicale. > Dutton et Todd, les premiers (3), ont établi une carte de la distribution de la Tique convoyeuse de la fièvre récurrente dans l'Afrique centrale. Déjà ces auteurs mentionnent la présence des Ornithodorus dans le moyen Congo belge: et la région des Cataractes. Ils font remarquer que ces tiques ont été introduites par Les relations commerciales qui ont existé de longue date avec l’Angola. Les indigènes Bateke du Stanley- (1) Voy. notre première note sur le même sujet, séance du 31 mai. (2) Lebœuf et A. Gambier. La spirochétose humaine et l’Ornithodorus moubata dans la colonie du Moyen-Congo. Bull. Soc. Path. exot., 1918. (3) J. E. Dutton etiJ. L. Todd! The nature of the human Tick fever in the eastern part. of the, Congo free State. Liverpool school of Tropical medicine. Menoir, XVII. : 938 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Pool connaissent ces Acariens; ce sont donc très probablement eux qui ont convoyé ces parasites au Congo français et non des noirs venus du haut fleuve.comme le supposent hypothétiquement d’ailleurs Lebœuf et Gambier. : Au sujet de cette répartition actuelle au Congo belge de la tique qui provoque la spirillose de Dutton, il me paraît intéressant de faire remarquer le rôle que semble jouer la grande forêt équatoriale dans la distribution du Kimputu. Lorsqu’en 1890, les esclavagistes arabes venus de l'Orient furent définitivement arrêtés dans leur marche progressive vers l’ouest, ils avaient atteint, sur le fleuve Congo même, le poste de Basoko. Ils avaient créé autour de Stanleyville plusieurs centres de noirs arabisés assez importants. Ces agglomérations existent encore actuelle- ment et n’ont pas cessé d’être en relations commerciales et familiales avec les centres arabisés du Sud : Lokandu, Nyangwe, Kasongo. Toutes ces dernières localités sont intensément infestées de Kimputu, et pourtant jusqu'à présent ces parasites ne se sont pas implantés à Stanleyville. Comment expliquer cet arrêt dans la propagation des Ornithodorus moubata”? Parlant du Maniema, Dutton et Todd confirment l'observation relatée déjà par Livingstone, que les Tiques sont ordinairement plus _ fréquentes dans les cases arabes que dans les huttes indigènes. D'après les auteurs anglais, le fait doit s'expliquer parce que les premières habitations sont plus sèches, mieux conditionnées et généra- lement aussi occupées pendant une plus longue période que les con- structions des noirs autochtones. Ces derniers en effet déplacent très facilement leurs agglomérations. Ces mêmes observateurs remarquent spécialement qu'aux environs de Lokandu, dernier centre arabisé infesté d'Ornithodorus le long du Congo vers le Nord, les villages indi- gènes voisins sont indemnes des Acariens. Je crois qu'il existe un autre motif primordial, qui s'oppose à la propagation rapide des Tiques dans les régions basses équatoriales : c'est la grande humidité atmosphérique qui y règne en toutes saisons. Cette humidité parait être sinon un obstacle direct à la multiplication des parasites, du moins une condition qui les empêche de subsister lorsqu'ils sont privés de leur hôte habituel : l'homme. Voyageant dans le Sud du Katanga, j'ai constaté qu'en dessous de 9 latitude sud, du moins, tant à l’est qu’à l’ouest du Lualaba, les Ornithodorus moubata existent dans toutes les cases indigènes, quelque rudimentaires qu’elles soient. Plus au nord, j'ai trouvé la Tique persistant uniformément à l’est du fleuve jusqu'au delà du 5° latitude sud entre Kasongo et Baraka, alors qu’à l’ouest du Congo sa propagation est arrêtée. Les Arabes avaient pourtant dépassé largement le Lualaba dans cette direction, leurs incur- SÉANCE DU 28 JUIN 939 sions s'étendaient jusqu'au Lomami où ils avaient des partisans organisés. Le pays s’abaisse progressivement vers le nord-ouest et devient rnanifestement plus humide, l'existence de la grande forêt équatoriale en fournit la meilleure preuve. L'Ornithodorus moubata ne s'y est pas implanté. Au contraire, de même que dans le Sud du Katanga, la Tique paraît s'être uniformément étendue dans l’Angola portugais, dans la région des Cataractes, le Kwango belge et certaines régions du Congo francais. À ma connaissance, tous ces pays où la Tique s’est disséminée chez l’indigène sont des contrées de savanes boisées ou de parc : les saisons sèches y sont nettement accusées. Il est certain que les noirs y déplacent leurs agglomérations avec une facilité et une fréquence comparables à celle qui pousse leurs voisins des contrées plus basses et plus humides à changer l'emplacement de leurs villages. Pourtant l'Ornithodorus y prospère. Il semble logique d'admettre que, dans les régions très humides, telles notamment celles couvertes de la grande forêt équatoriale, les Tiques momentanément privées de leur hôte naturel, l'homme qui s’est déplacé, succombent rapidement. Ce n'est pas, croyons-nous, parce qu'il manque des animaux qui pourraient servir d'hôtes occasion- nels; éléphants, potamochères, hytochères, tous animaux à poils rares, existent dans la forêt et les antilopidés y sont souvent nom- breux. L'Ornithodorus moubata apparaît comme xérophile et l'humidité constante de la forêt équatoriale lui est probablement directement nuisible. Lorsqu'il s’y trouve dans des conditions de vie précaire il succombe (1). Il existe dans le Nord-Est du Congo belge toute une contrée qui est menacée de l’invasion de l'Ornithodorus moubata : elle comprend les régions minières du Haut-lturi et du Haut- Uele. Des communications suivies existent depuis plusieurs années entre ces régions et l'Uganda; une route de caravane les relie entre elles. Cette route, jusqu'à Kilo, court à travers une région de savane peu ou pas arborée; entre Kilo et Motto, elle passe pendant plusieurs journées de marche par une large expansion de la grande forêt équatoriale. Il sera intéressant de poursuivre de quelle manière se développera l’extension de la Tique xérophile. La bande forestière arrêtera-t-elle sa propagation ou l’acarien diffu- (1) Je n’ai pas envisagé l'hypothèse d’un ennemi spécial de la Tique qui, dans les zones forestières, détruirait directement les Ornithodorus. D'après ce que nous connaissons des ennemis naturels des acariens, cette éventualité me parait infiniment peu probable. 940 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE sera-t-il dans les plaines du Nord sans s'implanter dans la forét méme? C'est, croyons-nous, cette dernière éventualité qui se réalisera. (Bruxelles, École de médecine tropicale, mai 1949) ALES À PROPOS DE QUELQUES SUBSTANCES INHIBANT LE DÉCODLEMENT DE LA MEMBRANE DE FÉCONDATION CHEZ Sérongylocentrotus lividus, : par A.-P. DusrTin. Godlewski, puis plus tard Herlant, ont démontré que si l’on mélange le sperme d’oursin à un sperme d'espèce étrangère, le premier semble devenir inapte à la fécondation. Ces auteurs en ont conclu à l'existence d'un véritable antagonisme des spermes. | En 1913, modifiant la technique des auteurs précédents, Brachet fit agir sur les œufs d’oursins, préalablement à la fécondation, du sperme d'hermelle. Les œufs ainsi traités se laissent parfaitement féconder, se. développent, mais jamais ne décollent leur membrane de fécondation. - Ces recherches soulèvent une série de problèmes. S'agit-il d’une action spécifique des spermes? Y a-t-il réellement antagonisme des spermes ? D’autres substances de composition chimique plus simple ne possèdent-elles pas les mêmes propriétés ? Nos recherches ont porté sur une série de substances très variées et nous ont donné les résultats suivants : Certaines substances, lorsqu'elles ont été mises au contact d'œufs vierges d'oursin inhibent le décollement de la membrane de féconda- tion, même si les œufs sont soigneusement lavés avant d’être fécondes. Ces substances paraissent donc adsorbées. À ce premier groupe se rat- tachent : le sperme et le suc ovarique d’hermelle; la macération de glande thyroïdienne desséchée de mammifères. Le tannin employé à concentration convenable empêche, définitivement aussi, le décollement de la membrane. D’autres substances voient leurs effets disparaitre complètement par le lavage; elles n’adhèrent pas à la surface de l'œuf, elles ne sont pas adsorbées. À ce second groupe appartiennent : le blanc d'œuf, Le sérum de porc, le sperme de moule, la peptone. Toutes ces substances n'agissent que si elles sont présentes au moment même de la fécondation. Certaines de ces substances présentent des particularités inté- ressantes. ; À C’est ainsi que la peptone (de Poulenc) agit d’une façon extrêmement efficace. En solution à 4/2 à 1 p. 100 dans l’eau de mer, elle empêche le SÉANCE DU 28 JUIN 944 décollement de la membrane chez plus de 85 p. 100 des œufs. À des doses un peu plus fortes, l'absence de décollement s'accompagne tou- jours d'une très forte polyspermie. Les macérations de corps thyroïde ne paraissent jouir d'aucune action modificatrice sur le développement ultérieur des larves, contrairement à ce qui s’observe pour Les têtards d'amphibiens. L'absence de décollement de lamembrane peut, semble- t-il, être due à trois mécanismes différents : le collage: de la membrane à la surface: de lPœuf; la perte de la semi-perméabilité de l& membrane et enfin la perte de l’élasticité de la membrane. Ces trois mécanismes peuvent agir séparément ou concurremment. Toutes les substances qui inhibent le décollement de la membrane de fécondation inhibent également le décollement de la membrane au cours de la parthénogénèse butyrique: De ces recherches nous pouvons conclure : 1° Que l’action des spermes étrangers n'est pas une action spéci- fique, mais un ensemble de propriétés physico-chimiques communes à des albumines très diverses; 2° Que le décollement de la membrane de fécondation peut être inhibé par des substances très diverses, et suivant des mécanismes variés; 3° Que le cena de la membrane de fécondation n’est pas une manifestation fondamentale de la fécondation et n’est pas indispensable au on ultérieur normal de la larve. LA ROBE SAUVAGE. DU LAPIN, par J.-L. FRATEUR. Deux groupes de robes, chez le lapin, sont caractérisées par des déco- lorations de certaines régions du corps: les robes agoutis dont le: type est le noir agouti où sauvage ordinaire ; et les robes colorés et feu dont le type est le noir et feu. D'après les idées régnantes en génétique … couleur agouti du lapin est due à un facteur mendélien habituellement désigné par G. Il résulte des recherches faites à l'Institut de Zootechnie de Louvain que le facteur agouti est en réalité un groupe de facteurs, dont quelques-uns ont pu être mis en évidence. Dans les croisements de lapins agoutis homozygotes: avec des lapins colorés et feu, la première génération est composée uniquement d’agoutis. Le croisement F' X F° donne la dissociation 8 : 4. Le coloré eb feu est donc récessif, et le sauvage ou noir agouti est un noir et feu e 949 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE possédant, en plus, un facteur produisant les caractères du pelage sau- vage non compris dans la robe feu. Celle-ci, d'autre part, en présence de robes colorées uniformes, se comporte dans tous ses caractères comme un dominant simple. Tous les sujets F° sont colorés et feu, à ventre blanc. Le croisement F° X F* donne la dissociation 3 : 1. Le coloré uniforme est récessif. Et le coloré et feu est donc un coloré uniforme possédant, en plus, un facteur produisant le ventre blanc et les colora- tions jaunes-brunes typiques du coloré et feu. N’étant jamais parvenu à produire un animal agouti dépourvu du caractère coloré et feu, nous n'oserions pas affirmer-si le facteur agouti proprement dit seul ne produirait pas non plus un ventre blanc. L'examen deces caractères nous a permis de pousser un peu l'étude de facteurs qui nous semblent äppelés à jouer un rôle très important dans l'étude des phénomènes d'évolution, à savoir les facteurs inhibi- toires. ; : En effet, le coloré et feu, le noir et feu par exemple, est un noir uni- forme possédant un facteur inhibitoire empêchant le dépôt de pigment en certaines régions du corps. Mais, chose curieuse, ce facteur (ou peut- être ces facteurs, car il n’est pas impossible qu’il y en ait deux) a une puissance inhibitrice différente, suivant les régions. Sur la face infé- rieure de la tête et sur le ventre il n’y a, à part des exceptions dont nous parlerons plus loin, aucun dépôt pigmentaire dans les poils, qui sont par conséquent d’un blanc pur. Il y à ici inhibition complète régionale. Au contraire sur les frontières du ventre blanc, sur le pour- tour du nez, des yeux, des oreilles et sur ia nuque l'inhibition ne porte que sur le pigment noir, et ces régions sont colorées en jaune rougeâtre. C'est une inhibition incomplète localisée. Il en est de même d’une partie des poils noirs longs et raides occupant le pourtour latéral de la poitrine, des flancs et du train postérieur, et dont l'extrémité seule est colorée en jaune. Ici l’inhibition est également partielle et ne porte que sur le bout du poil. C’est donc une inhibition complète localisée et régionale. & Dans l’agouti proprement dit, il y a un phénomène analogue, mais ici la décoloration partielle se présente sous forme de bande transversale jaune brune non terminale occupant l'ensemble des poils longs ordi- naires, et bande jaune brune terminale occupant l’ensemble du sous- poils. Cette dernière bande varie d’étendue, depuis 1/4 jusqu'aux 3/4 de la longueur du sous-poils. L'extension de cette bande semble déterminée par des facteurs spécifiques. Nos études ne sont pas termi- nées sur ce point. Nous avons affaire ici à une inhibition incomplète localisée et générale. Les lapins à ventre blanc, tant les agoutis que les colorés et feu, sont SÉANCE DU 28 JUIN 943 de deux types. Chez les uns le blanc est uniforme et pur, tant à l'extré- mité des poils qu’à leur base. Chez les autres les poils sont colorés à la base. Cette couleur varie avec la nature de la couleur fondamentale du lapin. Elle est d'un noir grisâtre chez les noirs agoutis et les noirs et feu. Ce sous-poils coloré occupe tantôt toute l'étendue de la surface blanche ventrale, tantôt au contraire elle reste plus ou moins localisée vers les parties externes, limitrophes de la région colorée, principale- ment dans sa partie postérieure. Il résulte de nos croisements de läpins à ventre blanc pur et à ventre blanc et sous-poils colorés que le sous-poils coloré domine le blanc uni- forme. Il a donc la formule du blanc uniforme et de plus un facteur qui _ neutralise, au moins localement, l’action de l'inhibitoire produisant le ventre blanc. Nous nous trouvons donc en présence d’une nouvelle caté- gorie de facteurs inhibitoires: des facteurs qui permettent au pigment de se déposer, malgré la présence de facteurs inhibitoires de la cou- leur. {est probable que le facteur noir inhibitoire de l’agouti, signalé par R. C. Punnett, est du même groupe. Nous avons pu démontrer l’existence de ce facteur du sous-poils blanc coloré dans un certain nombre de lapins colorés uniformes. Il y est latent, et ne manifeste son action qu'en présence du facteur produisant le ventre blanc : coloré et feu et agouti. Ce dernier au contraire mani- feste presque toujours sa présence. Il doit cependant exister des fac- teurs qui empêchent son action. Ainsi chez certains lapins noirs possé- dant le facteur inhibitoire de l'agouti le ventre est plus clair, mais n’est pas blanc. Il n'est pas blanc non plus dans le lapin japonais, lapin à robes conjuguées. Et cependant, il est plus que probable que le caractère ventre blanc existe à l’état latent dans cette robe. Le tableau suivant donne un aperçu synoptique des différentes combi- naisons phéno- et genotypiques. ; : on g, coloré et feu, ventre blanc pur. : G, agouti, ventre blanc pur. Goloré Uniforme : U. g, coloré et feu, ventre blanc sous-poils S (1) EF. | coloré. G, agouti, ventre blanc, sous-poils coloré. Ces différents caractères correspondent donc aux formules suivantes: U et U S — colorés uniformes. UF... — coloré et feu, ventre blanc, sous-poils blanc. U F S.. — coloré et feu, ventre blanc, sous-poils coloré. U F G. . — sauvage (agouti), ventre blanc, sous-poils blanc. U F G S — sauvage (agouti), ventre blanc, sous-poils coloré. (1) S — facteur du sous-poils coloré du ventre blanc, superinhibitoire. 94% RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE HYPOTHÈSE SUR LES HORMONES, par IDE. Les rôles des glandes sanguines, distribués de facon capricieuse à première vue, s'expliqueraient par leur origine embryologique. Leurs cellules ne font qu'amplifier la production de substances propres à leurs cellules mères, substances utiles à elles-mêmes et à-des cellules sœurs. Cette hypothèse très biologique nous est suggérée par quelques faits : 1° Celui de l’'adrénaline est frappant : L'adrénaline est l’excilant spécifique d’une seule espèce de neurones; elle choisit dans le système sympathique la partie dorso-lombaire et attaque là le neurone périphérique dans son bout le plus périphérique ; le reste des voies sympathiques, toute la section cervico-cérébrale ou vague, n’en est pas touché. Or les cellules chromophiles, sources de l’adrénaline, sont selon toute probabilité des cellules nerveuses sorties comme ganglions (done sympathiques) de la région dorso-lombaire de la moelle. En effet : | L'embryologie nous montre deux éléments dans les capsules surré- nales ; des ganglions nerveux sortent de la région dorsale de la moelle et vont à la rencontre d'ilots cæœlomiques. Ces deux éléments se capé- nètrent et s'unissent intimement, la partie nerveuse formant surtout la moelle surrénale. Selon Langley, la voie nerveuse sympathique qui se trouve dans les capsules surrénales à perdu son caractère de synapse nerveux pour ne former qu'un élément terminal. Si cela était vrai les cellules produisant l’adrénaline n’ont plus rien d’énigmatique, ce sont des cellules nerveuses devenues sécrétantes qui ont développé simple- ment la production d’un excitant spécial à leur groupe cellulaire : elles travaillent pour leurs cellules-sœurs. 2° Au pancréas, les îlots de Langerhans forment une glande sanguine dont la destruction provoque un diabète grave. Qu'est-ce à dire? Cer- tains diabètes non pancréatiques restent purement hydrocarbonés durant de longues années : dans ce cas l'organisme n’a perdu que le ferment qui attaque le glucose. Mais les diabètes graves ont un autre défaut qui aboutit à l’acidose, ils ont perdu un ferment nécessaire à l'utilisation finale des acides gras et probablement des acides-amidés ou peptides. Or jes îlots de Langerhans ne sont que des acinies modifiées du pan- créas : ferment amyolitique, lipolitique, et peptique. Done les îlots auraient conservé les propriétés fondamentales de leurs cellules mères et leur enlèvement donne un diabète grave. 3° Les cellules de la glande interstilielle sexuelle sont bien les SÉANCE DU 28 JUIN | 945 sœurs des cellules sexuelles mêmes ; que leur travail serve alors aux caractères sexuels secondaires, il n’y a rien d'étonnant. Elles travail- lent pour leurs sœurs. A côté de ces faits suggestifs, il en est où l'interprétation est encore facilement applicable. L'écorce des capsules surrénales est née d’ilots cæœlomiques qui vont à la rencontre des ganglions nerveux : ces ilots cœlomiques sont donc facilement assimilables aux îlots de cellules sexuelles. D'autre part, les tumeurs de l'écorce surrénale, tumeurs de Grawitz, donnent en patho- logie les mêmes phénomènes que les tumeurs de l'ovaire : sexualité précoce «et gigantisme. En pathologie elles sont donc les sœurs des glandes interstitielles de l'ovaire ; por lembryologie c’est une hypo- thèse très acceptable. Puis nos regards se tournent immédiatement vers l’hypophyse, bourgeon cérébral uni à un bourgeon ectodermique buccal : leur signi- fication embryologique reste énigmatique. Mais la pathologie nous renseigne : il existe aussi des tumeurs de l'hypophyse dues à la prolifération des cellules éosinophiles du lobe antérieur de l’hypophyse; ces tumeurs provoquent les mêmes phéno- mènes que les-tumeurs de l'ovaire et que les tumeurs de l'écorce surré- nale : gigantisme et troubles sexuels; toutefois il y a de particulier une nuance à l'hermaphroditisme (la glande sexuelle primitive est herma- phrodite). D'autre part, l'hormone de la partie nerveuse de l’hypophyse, hypophysine ou pituitrine, exerce son influence et sur la diurèse, et sur les contractions de la matrice; les fonctions urinaires et sexuelles sont aussi intimement associées dans l'embryon très jeune. Quelles coïncidences ! Je dirais donc volontiers aux embryologistes : pour la physiologie et la pathologie, l’hypophyse est une sœur aînée des organes génito-urinaires ; cherchez de ce côté et je pense que l’origine ectodermique du bourgeon montant ne les effraie pas trop, actuel- lement. Les glandes thyroïdes et thymiques, dépendances des fentes bran- chiales {donc indirectement de l’endoderme digestif), président à des fonctions nutritives de caractère plus et plus général que les îlots de Langerhans. Si cette hypothèse, si naturelle, si était bonne, elle aurait un double retentissement. Elle dirigerait les investigations des em- bryologistes d'une part et, d'autre part, elle laisserait deviner aux physiologistes la nature et le ie des hormones qu'il faut chercher encore. Je résume de pareilles suggestions : Si une hormone s’extrait un jour des glandes salivaires elle n’agira que sur le métabolisme des hydrates de carbone. L’hormone qui manque au diabète non Din doit être cherchée dans les glandes diges- 946 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE tives : salivaires, hépatiques ou intestinales à fonction purement amy- lotique. Si l'épiphyse devient un jour glande sanguine, elle devra agir exclusivement sur les cellules nerveuses sensibles. Si on trouve un jour la vagotonine, analogue à l'adrénaline, l’exci- tant des terminaisons du système parasympathique ou vague, elle devra jaillir d’un élément nerveux, ganglionnaire, parasympathique, donc ori- ginaire de la portion cranienne ou cervicale du canal médullaire : il est inutile de la chercher dans les ganglions lymphatiques ou dans la moelle osseuse. Il faut la chercher dans la tête, autour du pharynx, ou à la surface du cerveau intermédiaire. Évidemment, ce n’est là qu’une hypothèse, mais elle est tentante et nalurelle, c'est la seule qui rencontre déjà des coïncidences surpre- nantes. Elle relie à la fois la physiologie, la pathologie des tumeurs et l’'embryologie. Elle doit ranimer l'étude des hormones. Nous ignorons si pareille idée n’a pas vu le jour depuis. 1914; la litté- rature de guerre nous est encore inaccessible. SUR LES PROPRIÉTÉS GERMINATIVES DES STREPTOCOQUES DE PEAIES. Note de LE FÈVRE DE ARRIC, présentée par J. BorDEr. Lorsque l'on procède à l'identification des germes des plaies et notamment à la recherche systématique du streptocoque, on constate rapidement que le pouvoir germinatif des streptocoques rencontrés varie très sensiblement d'un échantillon à l’autre. Le tampon chargé des sécrétions à examiner étant épuisé sur une ou plusieurs géloses inclinées, on observe que certaines souches du eoccus en chaïnette y donnent des colonies extrêmement nombreuses et bien développées, que d’autres n’y permettent l’éclosion que d’un nombre de colonies très réduit, et à peine visibles, que d’autres enfir ne donnent aucun développement microbien par ce procédé, alors que la culture en : bouillon-sérum de cheval démontre la présence certaine d’un strepto- coque typique. Dès avril 1918 (1), M. Levaditi a signalé ce fait et l'a. interprété comme un argument en faveur de l'évolution biologique du germe. D'autres auteurs et nous-mème avons rappelé ce “fait à plusieurs occasions (2). (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 27 avril 1918, (2) Le Fèvre de Arric. Comptes renilus de la Soc. de Biologie, séance du 8 juin 1918, p. 605; séance du 12 octobre 1918, p.828 ; séance du 7 juin 1919, p. 602; deux articles, Revue Ambulance « Océan », t.Il, p. 2 (sous presse). — C. Levaditi. Vaccination antistreptococcique, Lu Presse Médicale, 30 juin 19149, p. $6. — P. Gérard et Romant. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 22 février 1919, p. 136. é SÉANCE DU 28 JUIN 947 —_—_—————— ———————————.—"— — —…— _…"— ——— ——— ….— ———————————— ——_—_—_—_————— — —_… … …. … . " …"…"’" —" — — — _…" — —_ — _ _ —— Cette différence du pouvoir germinatif d'un échantillon à l’autre constitue-t-elle un caractère constant, ou bien n'est-elle qu’un résultat fortuit ? À Pour répondre à cette question, nous avons suivi fidèlement l’évolu- tion d’un certain nombre de plaies streptococciques. Plusieurs fac- teurs interviennent pour faire varier les résultats. La manière dont les prélèvements de sécrétions sont faits par le personnel, la qualité variable des différentes géloses utilisées, la présence de germes asso- ciés plus ou moins nombreux ou vivaces sont autant de causes d'erreur. Pour ces motifs, il peut arriver que l’on trouve certain jour un résultat sensiblement différent, voire contradictoire avec celui de la veille. Nous voudrions signaler en passant qu’en ce qui concerne les associa- tions, les bacilles du type Coli peuvent présenter un certain intérêt. Plu- sieurs fois, nous avons rencontré du bacille genre Coli et du strepto- coque en colonies isolées sur gélose, alors que le bacille poussait seul en milieu liquide (bouillon ou même bouillon-sérum). L’ense- mencement simultané dans le même milieu des deux germes, isolés purement, reproduisait le même phénomène. Ceci prouve une fois de plus que la recherche du streptocoque par une seule culture en milieu liquide est absolument insuffisante. Quoi quil en soit de ces variations accidentelles, il n’en reste pas moins établi que le streptocoque des plaies subit sûrement une évolu- tion dont une des manifestations est précisément cette diminution du pouvoir de prolifération. Pour autant que l’on répète assez fréquem- ment les épreuves, on observera à coup sûr les étapes de celte évolution et on arrivera à ce stade où le microbe ne pousse plus que dans les milieux d'enrichissement, stade prémonitoire de sa disparition finale. | On pourrait objecter que le nombre des eolonies relevées sur gélose diminue simplement parce que les sécrélions ensemencées contiennent de moins en moins de germes. Sans doute est-ce là une raison majeure: mais il n'en est pas moins vrai que le microbe isolé de plus en plus tard est d'autant moins capable de se développer dans les milieux arti- ficiels qu'il est plus évolué. Nous avons pu démontrer ce fait en ense- mencant d’une quantité égale de cultures isolées au début (type enva- hissant ou E), et aux stades ultérieurs (type discret ou D), une quantité égale de bouillon et en évaluant numériquement la richesse de la culture immédiatement et après 2 heures, 4 h., 6 h., 9 h. et 24 h. de séjour à 37°. Presque régulièrement, les cultures ont été plus rapides et plus riches dans la série E que dans la série D. Nous ajouterons qu'après avoir fait subir à ces échantillons une vingtaine de passages en bouillon : et gélose, nous avons pu retrouver ces différences dans la puilulation. Enfin, une trentaine de souches E et D, incluses dans la gélatine, et BioLOG1E. COMPTES RENDUS. — 1919, T, LXXXII. 68 948 ‘RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE 20 conservées au laboratoire depuis six mois, nous on! donné les mêmes résultats (4). C'est donc bien là un caractère constant, inhérent au germe à la date de son isolement des plaies. Ces faits établissent donc avec certitude la diminution des capacités prolifératrices du streptocoque, au cours de l'évolution biologique du germe et du traumatisme qui en est l'hôte. e (Laboratoire de Bactériologie, hôpital de la Croix-Rouge belge Océan » à Vinckem.) SUR LA CULTURE DES STREPTOCOQUES HOMOLOGUES DANS LE SÉRUM DES BLESSÉS PORTEURS. Note ae LE FÈVRE DE ARRic, présentée par M. J. BoRpDErT. Au cours de recherches pratiquées chez les blessés de guerre porteurs de plaies infectées par le streptocoque, nous avons voulu voir si la culture du microbe isolé du traumatisme et ensemencé dans le sérum du porteur pouvait nous donner ROUTE indication sur les réactions humorales de l’organisme. A cet effet, nous préparions une culture pure de 24 heures en bouillon du streptocoque homologue, et après agilation, nous ensemencions une üse: de cette suspension d’une part dans 1 c.c. de sérum frais ou chauffé du blessé, d'autre part dans 1 c.c. de sérum d’un sujet normal. Après un séjour convenable à l’étuve à 37°, fixé expérimentalement à 6 heures, on prélève une ôüse des cultures en sérum et on l’agite dans 10 c.c. de gélose fondue (45°) que l’on coule en boites de Pétri. Dans une manipulation contrôle, on ensemence, au liew de 1 üse, 1/10 c.c. dans la même quantité de gélose. On fait l'examen des boites après 2% heures d’étuve et on compte les colonies. L'expérience nous a démontré que les deux opérations donnent des résultats comparables; la méthode de l’ôse, apparemment simpliste, semble cependant safti- sante: elle a aussi l'avantage de rendre la lecture des boîtes plus aisée en diminuant le nombre des colonies. A l’aide de celte technique nous avons pratiqué un certain nombre d'épreuves portant sur 20 blessés porteurs de lésions streptococciques, dont trois présentaient une géné- ralisation septicémique, et autant de témoins. 4) Nous tenons à remercier ici M. Levaditi qui a bien voulu nous céder un certain nombre de ces échantillons. SÉANCE DU 28 JUIN 949 Expériences directes. — Ces recherches nous ont démontré que dans la majorité des cas étudiés, le streptocoque a poussé moins abondam- ment dans le sérum du blessé porteur que dans un sérum témoin. Le sérum de nos trois septicémiques n’empêcha pas la culture, mais se montra nettement moins favorable qu’un sérum normal. Quelquefois, la culture fut égale de part et d'autre, d’autres fois elle fut plus intense dans le sérum homologue. Les mêmes épreuves, pratiquées sur les séra chauffés 30 minutes à 56°, ont donné toujours des cultures plus riches que dans les séra frais, comme il était à prévoir. En général, les diffé- rences entre sérum streptococcique et sérum normal paraissaient se maintenir mais devenaient plus difficilement évaluables. Expériences croisées. — Nous avons réalisé également un certain nombre d'épreuves croisées, ensemençant le streptocoque d’un premier blessé dans le sérum d’un deuxième blessé streptococcique, et vice versa. Nous avons constaté à peu près chaque fois que le streptocoque culti- vait moins bien dans le sérum homologue que dans l’autre. Nous avons également ensemencé parfois, dans le sérum d’un streptococcique (por- teur de traumatismes, avec ou sans généralisation septicémique), une dizaine de germes isolés de différentes plaies. Nous avons constaté alors que les résultats étaient assez variables, quelques germes pullulant avec une intensité égale ou supérieure du germe homologue, quelques- uns paraissant inhibés et n’y donnant qu’une culture extrémement pauvre. À Conclusion. — Ces expériences tendent à prouver que la plupart du temps, le streptocoque isolé d’une plaie pousse moins facilement dans le sérum du blessé lui-même que dans le sérum d'un individu normal. D'autre part, les épreuves croisées que nous rapportons démontrent qu'il existe une relation d'ordre général entre germe streptococcique quelconque et sérum d’un streptocoecique, et ensuite une relation plus étroite entre streptocoque homologue et sérum homologue du porteur même, le phénomène d’inhibition cultural étant plus marqué dans ce cas particulier. Nous rapporterons prochainement d’autres essais et en même temps les réflexions que Hipes de ces faits pourrait suggérer. banniere de Bactériologie, hôpital de la Croix-Rouge belge | « Océan », Vinckem.) 950 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE POSITION TAXONOMIQUE DE l'Oospora crustacea (BULL) Sacc., par Pu. BIOURGE. Le champignon microscopique qui détermine sur les fromages les plaques vermillonnées dites « rouge du fromage » a élé décrit par Bulliard (1782) sous le nom de Mucor crustaceus. Link (1816) en a fait son Oidium rubens, et (en 1824) son Sepedonium caseorum ; Desmazières (4827) l'appelle Sporendonema casei; Wallroth (1832) Mycobanche nainiata; Corda (1838) Z'orula casei; Saccardo (1883) le classe dans le genre Oospora. Enfin, sans le reconnaître, Zukal (1893) le dessine par-. faitement sous le nom d’Æalobyssus moniliformis. La diversité de ces noms génériques prouve la difficulté de fixer la position systématique de l’espèce. Nous pensons y être arrivé, d'un côté. par la réaction de Gosio (mise en liberté d’arsénamine ou de dié- thylarsine), de l’autre, par l’aspect macroscopique des cultures en plaque de Petri et en tube de gélatine inclinée : les deux méthodes le placent dans le groupe Penicillium anomalum de Corda, devenu lui- même Penicilliumn brevicaule Sace., puis Scopulariopsis brevicaulis Bai- nier, enfin Acaulium anomalum nn Mais, si, pour raccorder aux Penicillium normaux la section «Ano- malum », il faut de la bonne volonté, je dois dire qu'il la faut pousser à l’extrème pour classer l'Oospora crustacea dans la section « anoma- lum » elle-même. Si les « stérigmates » ou « phyalides » des « Anoma- lum » font parfois défaut et divergent, en tout cas, fortement du type, ici,il faut les chercher et même accepter pour tels ce qu'on n'oserail agréer à ce titre, n'étaient le facies macroscopique des cultures et leur odeur arsenicale en milieu gélatiné. Quoi qu'il en soit, nous pensons que c’est la déformation uitime du groupe vers les vrais Oospora et Oïdium, et ne voyons pas d’inconvé- nient à laisser l'espèce dans le genre Oospora. On a expliqué le nom donné par Desmazières par la présence de gouttes huileuses qu'il aurait prises pour des spores incluses dans les filaments. Cette explication ne vaut que pour les hyphes végétatives : les chapelets de spores terminales, aériennes, n’ont pas d’enveloppe commune. I] n’est pas étonnant qu'on n’ait pas retrouvé l'Halobyssus de Zukal trouvé par lui dans une saumure saturée, mais le fait que le « rouge » vit sur la croûte de fromagés salés el déjà fort desséchés prouve qu'il ne craint pas le sel. Qui sait si Zukal n'a pas dessiné un cadavre? SÉANCE DU 28 JUIN 951 Dicoccum asperum Corda (Icones, 1838), espèce nouvelle pour la Flore belge. Parmi les espèces isolées à l’Institut Carnoy, pendant l'année 1914, se trouvait le Dicoccum asperum Corda. Je me proposais d’en confier l'étude biologique à quelque élève, à la prochaine rentrée d'octobre La rentrée ne vint pas, et, quand, un an plus tard, je pus atteindre Louvain, l’espèce était morte. Ma préparation originale montre que la spore est bien typiquement bicellulaire échinulée, comme l’ont dessinée Corda et Harz (1871). Mais il arrive que le court pédoncule qui la porte se renfle en poire et que la spore devienne ou paraisse devenir triloculaire. Dans un cas, la spore avait 4 loges reposant sur un court article basilaire, à peine plus gros que l'hyphe dont il se détachait. Une seule fois, j'ai vu le support sporifère bifurqué. Les cultures sont noires de face et de dos, comme chez les Alternariées. Les hyphes sont rampantes et les spores s’y forment à des niveaux très rapprochés, sans ordre apparent. On peut se demander si lavar. charticola Sacc. n’est pas un produit de milieu pauvre largement aéré, plus favorable à la ramification. Botrytis lutescens Sacc. et Roumeg. — Je ne trouve aucun autre nom à donner à une mucédinée dorée, cannelle très claire, que celui que Saccardo et Roumeguère ont appliqué à l'espèce récoltée sur feuilles de hêtre rouge, en Ardenne, par notre grande mycologue, Marie-Anne Libert, de Malmédy. C’est une Eubotrys à croissance limitée et toujours lente, au revers brun clair au sommet, vif et plus profond à la base des cultures en tube incliné. J'en ai fixé les teintes par l’aquarelle et les numéros du Code des couleurs de Klincksiek et Valette. J'espère y revenir plus tard. LES PRÉCIPITINES ET LES SUBSTANCES DÉVIANTES, par R. BRUYNOGHE. La relation qui existe entre les précipitines des antisérums et leurs substances déviantes est très controversée. Pour les uns, il s’agit de deux anticorps distincts, n'ayant rien de commun; pour les autres il s’agit d’un seul et même anticorps pouvant agir suivant les conditions d’expérimentation comme précipitine et comme substance sensibili- satrice déviant l’alexine. Je n'ai pas l'intention de prendre parti pour l’une ou l’autre de ces deux conceptions; les quelques recherches que j'ai l'honneur de vous rapporter ici ont trait à un travail qui semblait avoir définitivement 952 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE résolu le problème en faveur de la théorie de la dualité des anticorps contenus dans les antisérums. Arlo, en soumettant l’antisérum à la méthode de séparalion utilisée pour diviser l’alexine (dilution 1/10 dans de l’eau distillée et acidifi- cation de la dilution par un courant de C0”) prétendait retrouver toute la précipitine dans le liquide non précipité par l’acide carbonique, alors que les substances déviantes étaient totalement précipitées. Il en était de même de l’antigène : la partie liquide donnant avec l’anti- sérum la précipitation et le fragment précipité opérant dans ces condi- tions la déviation de l’alexine. J'ai refait les essais d'Arlo et mes résultats diffèrent complètement des siens. J’ai utilisé pour ces expériences deux précipitines antihu- maines : l’une préparée en injectant au lapin à 3 ou 4 jours d'intervalle respectivement 3, 2 et L c.c. de sérum humain chauffé, l’autre en pra- tiquant 2 jours consécutivement une injection de 1,5 c.c. de sérum humain non chauffé. Dix jours après la dernière injection, les animaux en question ont été saignés et leurs sérums ont été examinés au point de vue des préci- pitinés et des substances déviantes, l’un avec du sérum humain chauffé à 55° durant une demi-heure, l’autre avec du sérum frais. Afin de ne pas allonger l’exposé, je me contenterai de donner sommai- rement les résultats obtenus avec l’antisérum fourni par le lapin qui avait subi 3 injections, ceux obtenus avec l’autre antisérum (3 fois moins actif) étant absolument identiques aux précédents. TaBLeau I. — Dose constante de 1/40° de c.c. de précipitine —+ des doses décroissantes de sérum humaïn (1) 1 1 1 100 500 1.000 TELE 1e Précipitine + HE | ++ 2° Partie liquide de la pré- cipitine + [++ 44 30 Partie précipitée de la préeipitine Conformément aux résultats d'Arlo, la partie active de la précipitine n’est pas précipitée en soumettant celle-ci à la méthode de séparation. (4) Je ne marque pas dans ce tableau ni dans les suivants les contrôles : ceux-ci ont cependant été exécutés et ont fourni le résultat voulu, soit l'absence de précipité, soit l’hémolyse des globules sensibilisés. SÉANCE DU 28 JUIN 953 de Liefmann et Cohn ; elle se retrouve totalement dans le liquide débar- rassé des euglobilines par l’acidification au C0?. Je ferai remarquer en passant que le précipité obtenu avec 1/100° de centimètre cube de sérum humain est plus abondant avec l’antisérum complet qu'avec l’antisérum dépouillé de ses euglobilines. Cette différence, comme les dilutions ulté- rieures l’indiquent, ne provient pas d’une inactivation de la précipitine ou d'une diminution quantitative de celle-ci, mais elle résulte de la dissolution partielle du précipité par l'excès de substance précipitable. Les euglobilines de l’antisérum, tout en étant complètement dépour- vues de précipitines, jouent cependant un certain rôle pour empêcher le phénomène de la dissolution des précipités. TaBceAU II. — 1/10° de c.c. de précipitine + des doses décroissantes. 1 1 1 1 41 100 500 1.000 10.000 | 20.000 | | 1 De sérum MH In 0 MERE eee BE || 20 Partie liquide de sérum humain 3° Euglobiline de sérum humain Les résultats de ces recherches diffèrent de ceux d’Arlo : la substance précipilable ne se trouve pas exclusivement dans la fraction du sérum humain non précipitée par l’acide carbonique : l’antisérum fournit aussi une certaine précipitation avec les euglobilines. Voyons maintenant comment se comportent à ce point de vue les substances déviantes de l’alexine. TaBLEAU III. — 1/20 de c.c. d’antisérum (Ce tel ou Ges éléments de séparation) —+ 1/20: de c.c. d’alexine de cobaye + doses décroissantes de sérum humain; après une heure de contact à 37°, addition du système hémolytique. ph er Rep te) tn ts 100 | 500 | 1.000 | 5.000 | 10.000 | 20.000 | 40.000 | 80.000 mme | cos | memes | emummæue | mme. | À ce 19 1/20 c.c. précipitine . .| 0 | 0 0 0 0 0 | Peu H. | Hémo- lyse 20 1/20 c.c. partie liquide è de ADS 0 (41250) 0 0 0 Q( | Peu H.| Hémo- lyse 1/20 c.c. Euglohiline de - oterue MR Da te H|H|H H H H H H RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE © CE Cr CS Taezeau IV. — 4/20° de c.c. de précipitine + 1/20° de c.c. d'alexine + doses décroissantes d'antigène ; après une heure d'étuve à 37°, addition des globules chargés d'hémolysine. î 1 1 1 10.000 | 20.000 | £u.000 | 30.000 0 0 |PeuH.| Hémo- lyse. 0 |PeuH.| Hémo- lyse. H H H 3° Euglobiline de sérum NUMAIN en De ces recherches, il résulte que les euglobilines de l’antisérum sont aussi dépourvues de substances déviantes qu’elles le sont de préci- pitines et que la soi-disant séparation de ces deux espèces d'anticorps n'est pas réalisée dans les conditions d'expérimentation indiquées par Arlo. Il est toutefois à remarquer que quand on opère avec de la préci- pitine non chauffée à 56° durant une demi-heure, le précipité d'euglo- biline peut simuler une déviation de l’alexine par l’action anticomplé- mentaire, exercée par les substances de Brand produites aux dépens des. euglobilines (globilines de l’alexine). Enfin les substances déviantes, contrairement aux conclusions d’Arlo, agissent comme anticorps sensibilisants des deux fractions de sépa- ration du sérum humain. AU SUJET DE QUELQUES SOUCHES PARATYPHIQUES, par R. BRUYNOGHE. Au cours de ces dernières années, j'ai eu l'occasion d'isoler quelques souches de bacilles paratyphiques dont je me permettrai d'indiquer ici sommairement la provenance et les caractères. k 1° Le bacille de l’avortement épizootique des juments. — Les cultures en question me furent adressées en mars 1914 par mon ami Eug. Neefs, à ce moment vétérinaire au Congo belge. Elles provenaient d'ensemen- cements pratiqués sur gélose avec des produits fœtaux (sang du cœur, contenu de l'estomac) expulsés par des ânesses atteintes de l’avorte- ment épizootique. Les bacilles, d’après les observations de mon ami, étaient légèrement mobiles, gram négatifs et à extrémités arrondies; SÉANCE DU 28 JUIN 955 ils se rencontraient en grand nombre dans les produits fœtaux expulsés ainsi que dans l’exsudat utérin. Mes recherches me permirent d'emblée d'établir que les diverses souches adressées pour l'identification avaient toutes les mêmes pro- priétés et appartenaient donc à une seule et même variété de bacilles, notamment à une variété de bacilles paratyphiques B. Les cultures en question étaient agglutinées par le sérum antiparatyphique B. sensible- ment avec la même intensité que les cultures paratyphiques B types. Toutefois, je tiens à faire remarquer que le sérum agglutinant préparé en injectant à des lapins des doses appropriées de cultures du bacille de l'avortement, tout en étant très actif pour la variété injectée, n’était que très faiblement agglutinant pour toutes mes autres variélés de bacilles paratyphiques B, ce qui différencie biologiquement le microbe de l'avor- tement des autres souches paratyphiques (Hog choléra y compris). En parcourant la littérature, j'ai pu constater que Lignières (4) et plus récemment de Jong (2) et van Heelshbergen (3) ont décritun bacille ana- logue comme étant l'agent causal de l'avortement épizootique des ‘uments. Afin d'établir le rapport existant entre le microbe isolé chez l’âänesse et celui provenant des juments, j'ai soumis à l'épreuve de l’agglutination les deux bacilles en question. L’agglutinine avait été préparée en injectant à un lapin des microbes lués isolés au Congo. Ces recherches m'ont permis d'établir l'identité complète des deux souches : les bacilles de l’avortement des juments, isolés sur place, étaient agglutinés au même _ titre que les microbes utilisés pour la préparation du sérum. Ce résultat, outre qu'il établit l'influence spécifique du microbe dans la genèse de l’affection, étant donnés les lieux d'isolement des bacilles en question, démontre que c’est le même microbe qui intervient comme agent chez les juments et l’ânesse. À ma connaissance, ce microbe n'avait pas encore été isolé chez ce dernier animal. 2% Le Bacillus typhi gallinarum alcalifaciens. — L'épidémie des poussins observée en 1913 et 1914 dans les environs de Malines est due - à ce microbe. Celui-ci a été isolé pour la première fois par deux de mes collègues (4) qui l’ont rangé dans la classe des pasteurella et notam- ment dans la catégorie des bacilles du choléra des poules. Je me suis occupé tout à fait incidemment de ce micrehe et mes recherches ne me permettent pas de partager cette opinion. La forme de (4) Lignières. Sur le groupe des salmonelloses. Recueil de méd. vét., 1905. (2) De Jong. Centralbl. f. Bakt., vol. LXVII, 1912. (3) Van Heelsbergen. Centralbl. f. Bakt., vol. LXXIF, 4913. (4) Frateur et Maldague. Rapport et communications de l'Office rural du Ministère de l'Agriculture et des Travaux publics, n° 7. 956 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE ces bacilles, leurs caractères de culture et certaines de leurs propriétés biologiques les font ranger dans le groupe des salmonella. Ce bacille est immobile et gram négatif et il est notablement plus long que le microbe du choléra des poules. Il pousse sur tous les milieux et il donne un développement très analogue aux bacilles typhiques et paratyphiques. Au point de vue de l’agglutination, il présente une parenté très évidente avec le bacille typhique ainsi que l'essai détaillé ci-dessous l'indique. Doses décroissantes de sérum antityphique préparé avec Typhus Namur. à 4 AU 4 4 4 1 ; 3 Fe 100 | 200 | 400 |- 800 | 1.800 .| 3.200 | CONTROLE Typhus Namur: LE LE ++ --- ? 0 Bacille poussin I. :| +4 | 44 | 11 ce 0 0 0 | Bacille poussin I .| + | ++ | ++ se ? 0 0 La forte agglutination des bacilles poussins est due à l’existence, dans le sérum antityphique en question, de coagglutinines et non à la coexis- tence accidentelle dans le sérum utilisé de deux agglutinines spéci- fiques. En effet, le sérum antityphique en question se laissait totalement dépouiller de tout anticorps agglutinant par des additions suifisantes de culture typhique; dans l'éventualité de la coexistence de deux aggluti- nines spécifiques il ne serait évidemment pas possible d’épuiser ainsi le sérum de ces anticorps. Pour être complet à ce sujet, je dois ajouter, qu'avec d'autres agglu- tinines antityphiques, la coagglutination, tout en étant très évidente, était toutefois moins prononcée que dans l'exemple donné ci-dessus. Enfin, je dirai encore, à ce sujet, que le sérum agglutinant préparé en injectant au lapin des cultures isolées chez les poussins exercçait aussi une certaine action agglutinante sur le bacille typhique. Sérum antipoussin. AE À ? UONTMROLE MICROBES® A00 | 800 + | Faiblement + 0 0 0: 10 |‘ Poussin 1. :. ++ Faiblement + ++ | +4 ++ | + Typhus Namur . Cette parenté m'a engagé à admettre pour le microbe en question la SÉANCE DU 28 JUIN 957 dénomination proposée par Pfeiler et Rehse (1) qui ont isolé le même microbe au cours d’une épidémie observée par eux. 3° Le bacille du Hog-choléra. — Au cours des années 1917 et 1918, M. Willems, vétérinaire à Louvain, m'a remis la rate et les poumons d'une bonne dizaine de pores abattus parce qu'ils toussaient et qu’à la longue ils finissaient par dépérir et succomber en présentant des foyers de broncho-pneumonie accompagnés d’un certain degré d'œdème. Ces analyses m'ont permis d'isoler un bacille présentant tous les caractères morphologiques et de culture du bacille paratyphique B. Au point de vue de l’agglutination, cette culture ne se laisse pour ainsi dire pas influencer par le sérum antiparatyphique B, de même que le sérum préparé en injectant cette souche au lapin n’'exerce aucune action sur les autres souches paratyphiques B. Par contre ce sérum agglutine, et cela au même titre, toutes Les souches de ce bacille isolées au cours des analyses en question. Ce fait établit la spécificité de la souche pathogène, surtout que les organes soumis à l'analyse provenaient de trois foyers de maladie diffé- rents. (1) Pfeiler et Rehse. Bacillus typhi gallinarum alcalifaciens und die durch ihn verursachte Hühnerseuche. Mitt. a. d. Int. für Landwirtsch. in Brom- berg, 1913. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. © es æ + Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 26 JUILLET (919 Bees (Tu. Cuapin): Un cas de gar- grène gazeuse toxique à B. perfrin- Bzenox(E.):Le ver-luisant proven- cal (Phausis Delarouzeei Duval)... CANTACUZÈNE (J.) et Marie (A.) : Sur l'apparition précoce de sensi- bilisatrice spécifique dans l'intestin grêle des cholériques - Drzewina (A.) et Bon (G.) : Réac- tions aux variations d’éclairement d'un poisson (Trigla Corax Rond.) et de son parasite (Nerocila affinis HÉAMEPE AS) 2 ae ee tece Durrénoy (J.\: Les mycoses mo- mifiantes de chenilles procession- naires des pins d'Arcachon Frouix (A.) et MoussaLr (A.) : Ac- tion des sels de terres rares sur les bacilles dy:entériques GAuTIER (CL.) : Recherches phy- siologiques et parasitologiques sur les Lépidoptères nuisibles. Parthé- nogenèse chez Apanteles glomerutus NN Ne GAüriER (CL.) : Sur l'emploi du spectroscope en acidimétrie. . . .. GGILLIERMOND (A.) : Sur les carac- tères du chondriome dans les pre- _miers stades de la différenciation Merle ie reset du sac embryonnaire de Tulipa sua- DONS EE NE en On once KoLLuAnNx (M.) : Quelques préci- sions sur l'accélération de la méta- morphose des Batraciens Anoures sous l'influence de l'extrait de thy- roïde KozLuann (M.) : Quelques remar- ques sur la mue et la kératinisa- tion chez les Ophidiens LEMOIGNE : Fermentation tutylè- neglycolique (les sucres par la bac- téridie charbonneuse. . . ...... ee BiocociEe. ComP1ES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. SOMMAIRE 992 981 962 973 1000 999 976 LE Moicnic (E.) et SÉzary (A) : Lésions pulmonaires consécutives aux injections intraveineuses d'hui- Jess Ales es Re as Le Morexic et Noréro : Recher- ches sur la distribution dans le pou- mon des huiles injectées par la tra- CRÉES NE ARE 9 OELcsxirz (D') et Corniz (L.) : Appli- cations de l’oscilloméirie à l'étude clinique de l'hémisyndrome sym- Dathiquescervical nee ner PorrTier (P.) et Ranporx (Mme L.\: Sur la technique des expériences d’avitaminose par stérilisation . . SEURAT (L.-G.) : Considérations sur la géonémie des Nématodes, . . .. SEurBAT (L.-G.) : Sur la résistance vitale des Nématodes parasites. . Vioice (P.-L.) : Sur un procédé nouveau d'appréciation des fonc- tions rénales : épreuve de la syn- thèse hippurique . Weger (A.) : Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la tempé- rature WE8Er (A.) : Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la répéti- tion des expériences à une même température tete reteeneRn \Wg8Er (A.) : Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la répéti- tion des expériences à des tempé- ratures différentes Weser (A.) : Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la durée du séjour des iêtards dans l’anes- {hésique DOME AA TES Us. © © + + + + 0 9 0 + + + 69 100% 1002 960 990 986 988 1007 970 960 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. APPLICATIONS DE L'OSCILLOMÉTRIE À L'ÉTUDE CLINIQUE DE L'AÉMISYNDROME SYMPATHIQUE CERVICAL, par p OELsnrrz et LUCIEN CoRNiz. Poursuivant nos recherches sur les modifications de l'amplitude oscillatoire au cours de certains états nerveux pathologiques, nous nous sommes adressés en particulier aux hémisyndromes sympathiques cer- vicaux paralytiques par blessure de guerre, comme étant particulière- ment favorables à une étude physio-pathologique des variations de l'indice oscillométrique. _Les recherches dont nous présentons ici le résumé ont été faites au moyen de l'appareil du professeur Pachon. Le brassard placé à l'avant- bras, observant toujours les malades dans les mêmes conditions de temps et de lieu, inscrivant les variations oscillatoires suivant le pro- cédé de Delaunay, nos constatations furent de deux ordres : 1° L'exploration directe de l'amplitude oscillatoire à l'avant-bras, du côté où siégeait le syndrome de Cl. Bernard-Horner pur, nous a montré une notable augmentation de l'amplitude oscillatoire par rapport au côté sain. Ce signe permet donc de dépister un syndrome sympathique cervical paralytique fruste, qu’on pourra préciser ultérieurement, par exemple, dans ses signes pupillaires, au moyen de l'épreuve des collyres. 2 Pour accentuer et étudier en détail les précédentes constatations, nous nous sommes adressés à quatre types d'épreuves : thermiques, bande d'Esmarch, mécaniques et compression oculaire. a) Épreuves thermiques : D'une part, le bain chaud augmente moins l'amplitude oscillatoire du côté malade que du côté sain; D'autre part, le bain froid diminue moins cette amplitude du côté malade que ducôté sain. Il y a donc du côté malade déjà vaso-dilaté une résistance plus grande à subir les incitations thermiques. Ces constatations oscillométriques viennent confirmer en tous'points celles antérieures de André Thomas, pour les réactions thermiques du syndrome sympathique. b) £'preuve de la bande d'Esmarch : A la suite de la compression élastique du membre, suivant la technique SÉANCE DU 26 JUILLET 964 que nous avons précédemment indiquée (1), on observe une ampli- fication moindre des oscillations du côté malade que du côté sain. c) Épreuves mécaniques (exercice musculaire actif) : Un exercice musculaire parallèle des deux bras nous a montré très nettement dans deux cas que l’amplification provoquée aux oscillations artérielles était moindre du côté malade que du côté sain. Ainsi ces trois épreuves nous donnent pour le membre supérieur du côté correspondant au syndrome sympathique cervical paralytique des résultats à tendances concordantes. Ces résullats venant confirmer l'extension au membre supérieur homologue des troubles vaso-moteurs constatés à la face. 1ls sont absolument inverses de ceux que nous avons pu vérifier dans les troubles vasc-moteurs dits réflexes ou physiopathiques. Il semble donc que ces épreuves permettent d'apprécier dans quelle mesure un syndrome sympathique est de nature paralylique ou irritative. d) Epreuve de la compression oculaire : Nous avons montré antérieurement que la compression oculaire pro- voquait chez le sujet normal une augmentation marquée de l'amplitude oscillatoire (2). Dans les cas qui nous intéressent actuellement nous avons observé que Paugmentaltion de l’indice oscillométrique provoquée rar la compres- sion oculaire était plus marquée au membre du côté où siégeait le syn- drome de Claude Bernard-Horner que du côté sain. Ainsi la compression oculaire agirait plus fortement quand le sym- pathique est paralysé ou inhibé. © Par opposition l'étude de quelques cas de troubles vaso-moteurs du type physiopathique tend à nous faire croire que l’action du réflexe oculo-vaso-moteur est entravée quand il y a irritation ou excitation sympathique. Là encore l'épreuve nous semble de nature à sympathiques irrilatifs et paralytiques. Toutes ces diverses épreuves permettent donc en définitive de pré- ciser un syndrome sympathique unilatéral qui ne se traduit pas par des signes classiques et indiscutables. Nous pensons de plus qu’elles pour- ront aider en particulier à élucider la pathogénie complexe des cas de syndrome de CI. Bernard-Horner à bascule. Nous avons dans cette courte note résumé la tendance de nos résul- opposer les syndromes (1) D'OElsnitz et Cornil. Étude oscillométrique des réactions vaso-motrices d’un segment de membre après compression à la bande d'Esmarch. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1919, p. 146. (2) D'OŒElsnitz et L. Cornil. Étude des variations oscillométriques et oscillo- graphiques au cours de la compression oculaire. Comptes rendus de la “oi de Biologie, décembre 1918, p. 1131. 962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE me tats. Sans doute, parmi les cas que nous avons observés il y eut quelques faits discordants et contradictoires : l'extrême mobilité de {ous les phé- nomènes sympathiques, leurs variations sous l'influence des condilions extrinsèques et intrinsèques les plus diverses en donnent l'explication. Nous avons cru cependant pouvoir rapporter ces premières recher- ches afin de montrer que dans l'étude du sympathique vaso-moteur, il y avait intérêt à mettre en œuvre des épreuves cliniques multiples et à comparer leurs résultats. (Centre neurologique de la VIF région.) LES MYCOSES MOMIFIANTES DE CHENILLES PROCESSIONNAIRES DES PINS D ARCACHON. Note de JEAN DUFRÉNOY, présenté par À. GUILLIERMOND. Divers Entomophytes momifient Les chenilles de Cnethocampa pityc- campa. Le plus commun, rapporté par le professeur Beauverie au Peauveria globulifera, forme sur les momies des croûtes blanches ou crèmes. Il se cultive sur gélatine, gélose et pomme de terre, sans colorer le substra- tum : les colonies, d’abord aplaties et crayeuses, deviennent ensuite floconneuses et s'élèvent à 5,9 millimètres. Sur le lait, il se forme un voile peu cohérent, puis un duvet floconneux élevé, le sérum s'éclaircit. La complication, avec l’âge, de l'appareil conidien (1) s’observe dans les cultures en cellules : avant le 10° jour, les conidies, grandes et. ovales, naissent isolément à l'extrémité des filaments végétatifs non différenciés (comme chez les Sporophorées.) Sous la première spore apparaissent, en sympode, des spores secondaires. Puis il se différencie des phialides ventrues, terminées par un filament en zigzag, pouvant porter 12 conidies, petites et globuleuses. Enfin, les phialides naissent de cellules basilaires renflées et différenciées, d'abord isolément, puis par:2 ou 3. Enfin, celte cellule basilaire s’allonge en un appareil phiali- difère, portant un glomérule de phialides (La présence de cette « pro- phialide » semble rappeler les prophialidées). D'autres momies donnent des Beauveria ne différant de B. globuli- fera que parce qu’ils colorent en lie de vin la pomme de terre, en rouge la gélose et la gélatine, Le pigment, soluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool et le sulfure de carbone, vire au jaune par l'acide (1) Cf. J. Beauverie. Les muscardincs. Rev, gén. bot., 1914, p. 24 du tiré à part. * SÉANCE DU 26 JUILLET 963 azotique, et passe au rose päle, naturellement, dans les cultures expo- sées pendant un mois à l'air. Le pouvoir chromogène disparaît au 4° repiquage. Les colonies sur gélose peuvent, en macrocultures, former d'abord des plaques circulaires, rayonnantes, à stries d’accrois- sements bien nettes, puis des touffes floconneuses, à glomérules moins gros que les plaques. Certaines momies se distinguent par une teinte rousse, et un tube digestif distendu par des débris d’aiguille de pin infectés de mycélium et colorables en noir par le Flemming. Dans le corps, réduit à une mince enveloppe annulaire, les tissus glandulaires ont fondu en gros globules sudanophiles (montrant des _ inclusions graisseuses) eulacés dans le stroma de l’entomophyte. Après fixalion au Flemming, les muscles, colorés en bistre, laissent aperce- voir les filaments mycéliens hyalins qui pénètrent les fibres striées. Les trachées sont emplies de filaments mycéliens sporifiés, et l'enveloppe chitineuse est sillonnée de canaux par le mycélium. Aucune fructification déterminable ne se voit au dehors de lachenille. Dans un de nos élevages, les chenilles, soumises au jeûne, s’infec- tèrent par Spicaria farinosa. Les momies s’entourent d'un duvet floconneux élevé, blanc et farineux; les phialides, groupées en pinceaux coniques, portent des chapelets de spores globuleuses, souvent tan- gentes, mais parfois séparées par un filament linéaire (1). Les muscles, infiltrés de Coccus et de Streptococcus, sont pénétrés par un lacis de filaments mycéliens, de diamètre grand et très inégal, et à contenu diffus noircissant par l'acide osmique. Le tissu glandulaire, infillré d’un fin lacis mycélien, se transforme en globules sudanophiles. Les trachées s'emplissent d’un fin mycélium qui traverse également l'enveloppe chitineuse et forme à l'extérieur une fine croûte supportant le duvet (2). L'infection par Peauveria globuliferamomifie rapidement les chenilles de C. pityocampa et les hannetons. Les larves de Cossus ligniperda restent lrois semaines vivantes au contact des cultures. Les hannetons infectés par les entomophytes des chenilles rousses meurent par fonte généralisée. Nous prions M. le P' Beauverie d’agréer tous nos remerciements pour ses précieuses indications. (Station biologique d'Arcachon.) (1) Cf. Picard. Les champignons parasites desinsectes, Ann. Ec. nat. Agric., Montpellier, 1914, p. 193 et 194. (2) Nous ne savons pas si l’infection à S. farinosa est primaire, mais il est probable que le champignon existe dans la nature, à Arcachon comme en Algérie, où le professeur R. Maire a trouvé des chrysalides de C. pityocampa momifiées par Cordyceps militaris.) 964 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECRERCHES SUR LE SOMMEIL ANESTHÉSIQUE DE LARVES DE BATRACIENS. INFLUENCE DE LA TEMPÉRATURE, par À. WEBER. J'ai exposé précédemment dans quelles conditions j'observais, chez des tétards soumis à l'influence de l’eau éthérée à 1 p. 100, l'apparition du sommeil ou le réveil manifesté par des mouvements natatoires pro- 1 L'on du Tmej/ par it: | : 0°, 102 20° 30° Température Influence de la température. En pointillé, courbes de têtards de crapaud pesant 18 centigrammes; en ligne continue, courbes de tè- tards de crapaud, pesant 8 centi- grammes. voqués ou spontanés. J'ai ainsi expé- rimenté sur des lêtards de crapaud (Bufo vulg.) de petite taille, pesant 8 centigrammes, ou de moyenne taille, d’un poids de 18 centigrammes, à des températures différentes de 0°, 10°, 20° et 30°, Les animaux sont placés aupa- ravant au moins une heure dans de l’eau pure à la température prévue pour l'expérience. Les têtards dé petite et moyenne taille supportent parfaite- ment un séjour de plusieurs heures, soit dans l’eau qui s'écoule de blocs de glace fondante, soit à l’étuve à 302. Les courbes ainsiobtenues,moyennes de plusieurs expériences, montrent que les lêtards de crapaud sont très sen- sibles à l'influence de l’eau éthérée et qu'ils s'endorment en quelques se- condes. Le maximum de rapidité dans l'apparition du sommeil se trouve à 0°, puis la courbe s'élève pour atteindre son sommet à 20° et redescendre un peu à 30°. C’est donc à: 20° que le têtard plongé dans l’eau éthérée s’en- dort le moins rapidement. Les têtards de 18 centigrammes s’en- dorment un peu plus vite que ceux de 8 centigrammes; mais, quel que soit le poids de la larve, c'est à 20° que le sommeil apparaît le plus tardive- ment. IL serait intéressant de rechercher s’il s’agit là d'une modification particulière des centres nerveux ou d'un moyen de défense de l’orga- nisme contre l'hypnotique. Comme l'absorption de l'éther se fait en partie par la peau, il est possible qu’à cette température il y ait un SÉANCE DU 26 JUILLET 965 TN TR EEE TEE pee ne optimum de défense des téguments vis-à-vis de l’anesthésique sans doute par l'intermédiaire de la sécrétion glandulaire de l’épiderme. Les courbes se rapportant aux têtards de 8 centigrammes et de 18 cen- tigrammes sont sensiblement parallèles aux températures de 0°, 10° et 20°. Les tétards de 18 centigrammes se réveillent seulement un peu plus tard que ceux de 8 centigrammes. Le premier mouvement provoqué après les à minutes passées dans l’eau éthérée est très tardif à 0°. Il est beaucoup plus précoce à 10°, 20° et 30°, sans qu'il y ait à ces différentes températures un écart important dans le temps d'apparition du premier mouvement provoqué. Ge mou- vement est pourtant plus précoce à 20°. De 10° à 30° l'élimination de l’éther hors des cellules nerveuses médul- laires, si le premier mouvement provoqué est un réflexe de la moelle, se fait donc avec une rapidité presque identique, avec un optimum de vitesse pour 20°. Si l'on prend comme unité le temps d'apparition du premier mouve- ment provoqué à 20°, compté à partir du moment où le têtard a été plongé dans l'eau éthérée, on constate que les premiers mouvements provoqués apparaissent aux temps suivants : TÊTARDS TÊTARDS de 8 centicrammes de 18 centigrammes DR ro 3,200 3.336 INDE Rare 1,120 1,196 DboES de Mn 1 1 3DD Li Pad 1,079 1,252 En comptant les temps à partir du moment où le têtard est sorti de l'eau éthérée, on aurait les proportions suivantes en se servant de la même unité : Dia 6,471 6,508 On Re 1,312 1,482 200. . 1 1 300 . 1,200 1 ,600 En comptant les temps comme dans le premier tableau, c’est-à-dire dès le début de l'expérience, on voit que la loi de Van t’Hoff-Arrhénius est applicable à ces têtards entre 0° et 10°, mais ne peut être invoquée entre 40° et 30°. En effet à 10° l'apparition du premier mouveraent provoqué se fait environ trois fois plus vite qu’à 0°, ce qui n’est pas en contradiction avec la loi qui régit les vitesses de réaction aux diffé- rentes températures. Entre 40° et 30°, l'élimination de l’éther hors des centres nerveux se fait avec une vitesse sensiblement égale, sans doule sous l'influence de causes très diverses : circulation, respiration, excrétion urinaire, cutanée ou intestinale, ete. 966 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les courbes qui se rapportent au premier mouvement spontané sont un peu différentes suivant qu'il s’agit d’un tétard de 8 centigrammes ou de 18 centigrammes. Chez les petites larves la première manifestation de la volonté est d'autant plus rapide que la température est plus élevée, la courbe descend régulièrement. Chez les larves de taille moyenne la courbe remonte de 20° à 30°; il y a donc comme pour le premier mouvement provoqué un optimum à 20°. Si l’on compte comme précédemment l'apparition du premier mouxe- ment volontaire, à partir du moment où le têtard est immergé dans l’eau éthérée, on constate que la loi de Van t’Hoff-Arrhénius est égale- ment applicable à ces mouvements entre 0° et 10°. Il est à remarquer que chez les têtards de grenouille la période d'ex- citation toujours assez prolongée de 10° à 30° est très courte, presque absente à 0°. À cette température de la glace fondante les létards de grenouille ou de crapaud nagent pourtant avec une cerlaine activité, mais paraissent se fatiguer très rapidement, et sont obligés à de lon- gues périodes de repos. De même les premiers mouvements provoqués ou sponlanés sont d'aspect très différent, suivant qu'ils se produisent à 0° ou à une tempé- rature au-dessus de 10. Dans l'eau glacée ces premiers mouvements sont lents et souvent dif- ficiles à observer; au-dessus de 10°, les têtards en expérience ont le plus souvent un premier mouvement provoqué brusque et très efficace qui les déplace subitement; ce fait est surtout net chez les petits tétards. Chez les larves plus volumineuses le premier mouvement natatoire, soit provoqué, soit spontané, est toujours lent; ce n’est que progressivement que les mouvements de natation s’accélèrent. (Laboratoire d'anatomie normale de l'Université de Genève.) RECHERCHES SUR LE SOMMEIL ANESTRÉSIQUE DE LARVES DE BATRACIENS. INFLUENCE DE LA RÉPÉTITION DES. EXPÉRIENCES A UNE MÊME TEMPÉRATURE, par À. WEBER. J'ai indiqué dans des notes précédentes comment, chez des larves de grenouille ou de crapaud soumises à l’action de l’eau éthérée à 1 p. 100 pendant une période de 5 minutes, je notais le dernier mouvement de natation provoqué au moment de l’apparilion du sommeil, puis le tétard placé dans l’eau pure, je chronomélrais le premier mouvement natatoire provoqué et le premier mouvement spontané ou volontaire. SÉANCE DU 26 JUILLET 967 Dans ces conditions, j'ai expérimenté sur de nombreux tétards, soit en recommencant immédiatement l'expérience, en ne leur laissant que 5 minutes de repos après le premier mouvement spontané, soit en répé- tant l'expérience avec le même animal toutes les 24 heures. Les résul- tats observés sont des plus variables, et certains très compliqués. D'après les courbes obtenues, on peut classer les larves en têlards de petite taille qui ne dépassent pas le poids de 10 centigrammes, en tétards de moyenne taille de 10 à 50 centigrammes et en lêlards de grande taille pesant au-dessus de 50 centigrammes. Dans toutes ces expériences, ce qui caractérise les têtards de petite taille, ce sont des courbes régulières, tandis que celles des têtards de moyenne et surtout de grande taille sont des lignes brisées extraordi- nairement sinueuces. J'étudierai d’abord chez un petit têtard, les courbes d'expériences successives, séparées seulement par un ‘intervallerégulier de 5 minutes. La courbe d’apparition du sommeil descend régulièrement ; plus les expériences sont répétées, plus le tétard s'endort facilement, comme s'il y avait accumulation d'éther dans les centres nerveux. La courbe du premier mouvement provoqué après le séjour du têtard dans l’eau éthérée descend d’abord; ce premier mouvement, qui estsans doute un réflexe médullaire, se produit au début d'autant plus rapidement que les expériences sont plus répétées, ce qui semble en contradiction avec l'accumulation de l’anesthésique, tout au moins dans la moelle. Dans les expériences suivantes la courbe du premier mouvement provoqué s'élève progressivement. Supposant que la descente initiale de la courbe des premiers mouve- ments provoqués est due à l'élimination progressive de l'acide carbo- nique des tissus chez des animaux vivant dans une eau confinée et passant successivement dans des eaux renouvelées et bien aérées, je me suis servi de l'eau de l'aquarium pour les expériences ; le résultat a été le même. Le premier mouvement spontané apparaît au mème moment dans les premières expériences, puis il retarde aussi, et sa courbe monte parallè- lement à celle du premier mouvement provoqué. L’allure générale des courbes est indépendante de la température uni- forme à laquelle sont faites les expériences ; pourtant aux températures élevées, spécialement à 30 degrés, les courhes des premiers mouve- ments provoqués et spontanés montent rapidement après un petit nombre d'expériences, tandis que la courbe d'apparition du sommeil baisse au plus vite. À un moment donné, les courbes tendent vers l'in- fini, le têtard est mort. -Chez les têtards de taille moyenne ou de grande taille les courbes en question se comportent de même dans l’ensemble, mais avec des sinuosités très marquées. L’abaissement initial de la courbe du premier 968 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RE mouvement provoqué paraît un fait constant qui se prolonge parfois très longtemps. Lorsque les expériences sont répétées toutes les 24 heures sur de petits têtards, les courbes ont un aspect un peu différent : La courbe d’apparilion du sommeil monte légèrement, puis descend régulièrement. Les courbes des premiers mouvements provoqués et , 30 25 260 15 10 à à C7 20h dy 5 mer) Heures des expériences - F1G. 1. — Expériences répétées sur un têtard de grenouille de 8 centigrammes pendant 2 heures et demie. f spontanés s'élèvent régulièrement, puis s'abaissent un peu, et l'animal meurt quelques jours après le début de ces expériences. Chez les têtards de moyenne taille, les courbes des premiers mouve- ments provoqués et spontanés ont même allure, mais avec de nombreux crochets. Lorsque l’animal meurt, c'est également à un moment où les courbes descendent, c’est-à-dire Jorsque le réveil est plus rapide. La courbe d'apparition du sommeil s'élève d'abord, puis descend après avoir présenté quelques crochets. D'autres larves de moyenne taille ont résisté plus d’un mois à la répétilion quotidienne de ces expériences. L'animal paraît souffrir de SÉANCE DU 26 JUILLET 969 ———_—_—_—_—__—_—_—_——_—————@— ces nombreux sommeils artificiels. Il perd de son poids et n alteint pas la métamorphose, du moins dans la période de mes expériences, tandis ue toutes les larves écloses à la même époque et nourries de façon identique ont déjà perdu leur queue et sortent de l'eau. Chez les gros têtards, les courbes sont caractérisées par des sinuo- sités qui correspondent à des périodes d'environ 6 à 7 jours. Dans l'en- Premier mouvement spontané, ; 25! A | Fremier mouvement provoqué m 10! er SE IS 5 5 | Le | Apparition du sommeil mt m. debut de /3 melemorphose Fic. 2. — Expériencés répétées toutes les 24 heures sur un têtard de grenouille de 110 centigrammes. semble, les courbes montent, puis descendent; c'est pendant la descente que se produit la métamorphose. Dans la courbe du dernier mouvement provoqué, c'est-à-dire du début du sommeil, l'apparition de la méta- morphose, spécialement l’atrophie de la queue, est annoncée par un petit crochet de la courbe. Îl m'est impossible d'émettre la moindre hypo- thèse sur la cause du rythme sensiblement hebdomadaire des mouve- ments de réveil et de l'apparition du sommeil chez les gros têtards. (Laboratoire d'anatomie normale de l'Université de Genève. 970 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES SUR LE SOMMEIL ANESTHÉSIQUE DE LARVES DE BATRACIENS. INFLUENCE DE LA RÉPÉTITION DES EXPÉRIENCES A DES TEMPÉRATURES DIFFÉRENTES, par À. WEBER. J'ai procédé de deux façons différentes dans l'étude de l'influence des variations de température en des expériences répétées de sommeil anesthésique de têtards de grenouille et de crapaud : où bien la lem- pérature de l’eau éthérée à 1 p. 100 et de l’eau pure dans lesquelles 7 minute TEIDIS LA Jemps Fic. 1. — Courbes des premiers mouvements provoqués et spontanés, chez des larves de grenouilles prises dans un aquarium à 70 et placées à 00, lignes con- tinues épaisses; à 109, lignes pointillées; à 20e, lignes continues minces. — s’endort et se réveille la larve, est différente de celle de l'aquarium où elle vivait; ou bien dans le cours des expériences successives, en s0 rtant de l’eau éthérée, le tétard est placé subitement dans une eau pure de température très différente, qui sera celle des expériences ultérieures. : Dans la recherche du dernier mouvement provoqué qui annonce le sommeil, et celle des premiers mouvements provoqués et spontanés qui caractérisent le réveil, je me suis servi surtout de. jeunes têlards d’un poids inférieur à 10 centigrammes. Dans ces conditions, les courbes obtenues sont beaucoup plus régulières. | Dans une première série d’expériences, j'ai soumis des tétards de Gcentigrammes, maintenus plusieurs jours dans une glacière à 7°, à des températures d'expérience de 0°, 10° et 20°. Passant de l’eau à 7° dans l’eau éthérée à 0°, puis réveillé dans l’eau pure suintant de blocs de glace, le télard se refroidit. Pen- Te SÉANCE DU 26 JUILLET 971 dant des expériences successives, ayant duré deux heures et demie, la courbe de l’apparition du sommeil monte d'abord, puis redescend, comme dans les expériences quotidiennes à la même température. La courbe des premiers mouvements provoqués descend régulière- ment comme dans les expériences successives à la même température. Par contre, la courbe du premier mouvement spontané subit une ascension très marquée au début, puis devient sensiblement une ligne droite horizontale. Si la courbe du premier mouvement provoqué se rapporte à des phé- nomènes médullaires et si la courbe du premier mouvement spontané correspond à des phénomènes cérébraux, il semblerait que la moelle se mît immé- diatement en équilibre de température avec le milieu ambiant, tandis que le cer- veau se réchauffàt lentement. 15 Lorsque le têtard sorti de l’eau à T° est mis en expérience dans des eaux à 10° et à 20°, les courbes d’apparition du som- meil descendent à peu près régulière- 10 ment comme dans les expériences suc- cessives à une même température. De même, les courbes du premier mouve- ment provoqué descendent régulière- ment, comme on l'a vu dans les expé- riences successives à la même tempé- Apparition dv sommeil rature. Seule la courbe du premier _ mouvement volontaire subit des modifi- lue 2 0 Expériences succes cations profondesinversesdecellesobser- sives sur une larve de grenouille vées lors du refroidissement du téêtard; à 10°; à partir de + expériences les courbes en question sont descen- SAP dantes comme si le cerveau se réchauf- fait avec plus ou moins de rapidité. Il est intéressant de noter l'écart entre le premier mouvement provoqué et le premier mouvement volon- taire à 0°, 10° et 20°, lorsque les courbes sont toutes parallèles. L'écart à 20° pris comme unité, celui de 10° est de 6, et celui de 0° de 18. La loi de Van t'Hoff-Arrhénius est donc applicable comme précédemment uni- quement entre 10° et O°. | Les mêmes courbes sont observables chez des larves de poids supé- rieur à 10 centigrammes, mais chez ces têtards de moyenne et de grande taille, il se produit un fait d'apparence paradoxale. Pris dans une eau à 30° et mis en expérience à 20°, ces têtards ont une courbe du pre- mier mouvement volontaire, descendante comme si l'animal se réchauf- fait. Ce résultat s'explique sans doute par le fait que,'pour cex larves, c'est Premiers mouvements provogues el Sponta- 972 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à 20° que se trouve l’optimum d'élimination de l’éther pour le méca- nisme des mouvements volontaires. Il semble que les courbes précédentes soient explicables par ce fait qu'à une température différente, la moelle acquiert immédiatement son équilibre d’éliminalion de l’éther, tandis que, pour le cerveau, ce n’est qu'après quelques expériences que cet équilibre est atteint. Dans une autre série d'expériences, je modifie subitement la tempéra- ture du liquide hypnotique ou de l’eau des cristallisoirs où se réveillent les larves. Dans ces conditions, les courbes du dernier ou du premier mouvement provoqué, après ou avant le sommeil, montent ou descendent lentement, suivant qu'il s’agit d’un refroidissement ou d’un réchauffe- ment, jusqu'à ce qu'elles aient atteint une position d'équilibre. La courbe des premiers mouvements spontanés est plus sensible, et dessine un crochet brusque. Dans l’ensemble, on pourrait supposer que, chez les tétards, la température influe relativement peu sur ce qui estréflexe, beaucoup plus sur ce qu'on peut considérer comme volontaire. (Laboratoire d'anatomie normale de l’Université de Genève.) BECHERCHES SUR LE SOMMEIL ANESTHÉSIQUE DE LARVES DE BATRACIENS. INFLUENCE DE LA DURÉE DU SÉJOUR DES TÉTARDS DANS L'ANESTHÉSIQUE, par A. WEBER. Dans les expériences rapportées en de précédentes notes, j'ai soumis uniformément des létards de grenouille ou de crapauds à l’action d'une eau éthérée à 1 p. 100, pendant 5 minutes après le dernier mouvement natatoire provoqué. Dans une autre série de recherches, je me suis préoccupé de savoir quelle était l'influence de la durée du séjour dans l’eau éthérée, sur les premiers mouvements provoqués ou spontanés qui apparaissent succes- sivement au réveil de l'animal. Le graphique-ci-contre montre les courbes obtenues avec les temps d'apparition des mouvements en question, comptés à partir du moment où le tétard est sorti de l’eau éthérée. Pour la première expérience, la larve a été sortie du liquide anesthé- sique immédiatement après le dernier mouvement provoqué, puis 1,5,10, 15, 20, 25 et 30 minutes après l'apparition du sommeil. La courbe du premier mouvement provoqué monte régulièrement jusqu'à l’avant-dernière expérience qui correspond à un séjour de SÉANCE DU 26 JUILLET 973 25 minules dans le liquide hypnotique ; c'est la période où le réveil se produit le plus lentement. Il est un peu plus rapide après un séjour de 30 minutes et la courbe descend. La courbe des premiers mouvements spontanés monte aussi jusqu à l'expérience de 23 minutes dans l’eau éthérée et descend ensuite, mais l'ascension de cette courbe n’est pas régulière; elle présente des plateaux, dont un très marqué pour les expériences de 1,5 et 10 minutes d’anesthésie. Purée dy sejour dans l'eau éthërée Courbes des premiers mouvements spontanés et provoqués après des séjours variables d’une larve de grenouille dans l’eau éthérée. Il est du reste fréquent dans mes expériences de constater plus d'irré- gularités dans les courbes des premiers mouvement spontanés que dans celle des premiers mouvements provoqués. (Laboratoire d'anatomie normale de l’Université de Genève.) ACTION DES SELS DE TERRES RARES SUR LES BACILLES DYSENTÉRIQUES, par ALBERT FRouIN et ALexIs Moussaut. L'un de nous a montré antérieurement que l'addition de sels de terres rares aux milieux de cultures usuels, ou à des milieux chimiquement . définis, favorise le développement des microbes et augmente le rende- ment en poids de la culture, s'ils sont employés à-des doses de un dix- millième ou un vingt-millième et peut-être mème à des doses inférieures. A la dose de 1 à2 grammes par litre, ils s'opposent au développement des micro-organismes. 974 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons constaté de plus que ces sels modifient certaines pro- priétés biologiques et les caractères morphologiques de plusieurs espèces microbiennes. Ils exercent des actions agglutinantes et précipi- tantes sur les bactéries en émulsion. Nous avons constaté en collaboration avec D. Roudsky (1) que les sels de lanthane et de thorium diminuent la virulence et la toxicité du vibrion cholérique. Nous étudierons dans cette note l’action des sulfates dechiuns d'yttrium, de lanthane de thorium sur les bacilles dysentériques. Action antiseptique. — Ajoutés à la dose de 1 p. 1.000 dans les divers milieux de culture, ces sels s'opposent au développement des bacilles dysentériques. A la dose de 1 p. 5.000 ils diminuent l'abondance de la culture. Pouvoir agglutinant. — Nous avons déterminé le pouvoir agglutinant sur les bacilles du type Flexner et du type Shiga en émulsion. Les sulfates d'erbium, de lanthane, d’yttrium agglutinent complè- tement les bacilles du type Flexner à la dose de un dix-millième en 2 heures el à la dose de un vingt-millième en 24 heures. Le sulfate de thorium s’est montré moins actif, il agglutine à la dose _ 4 p. 5. [0 en 2 heures et de 1 p. 10.000 en 24 heures. Nous avons obtenu des résultats identiques avec les bacilles de Shiga. Cependant nous ferons remarquer que le sulfate d'yttrium s’est montré moins actif sur le bacille de Shiga; à la dose de 1 p. 5.000 HUE tion totale ne se produit qu’au bout de 24 heures. Action microbicide. — En traitantun volume d’émulsion microbienne par un volume égal de solution à 2 p. 100 de ces différents sels, il se _ produit une précipitation immédiate des microbes. Nous avons laissé le précipité en contact avec la solution pendant 48 heures. Au bout de ce temps, le liquide est décanté, le précipité réensemencé dans des milieux de cultures a donné lieu à un développement abondant, sur les milieux liquides ou solides, des bacilles traités par les ie de lanthane, d’erbium et d’ytirium.. Au contraire les émulsions traitées par le sulfate de thorium sont restées stériles. Nous avons constaté qu'un contact d’une demi-heure avec une solution de sulfate de thorium à L p. 100 suffit pour tuer les bacilles dysentériques. Action anlivirulente. — Nous avons emplové une émulsion de bacille Flexner, dans l'eau salée, telle que 0 c.c. 4, injectés dans la veine mar- givale de l'oreille, tuent le lapin en 24-36 heures. (1) A. Frouin et D. Roudsky. Action bactéricide et antitoxique des sels de lanthane et de thorium, sur le Vibrion cholérique. Action thérapeutique de ces sels dans le choléra expérimental. Comgtes rendus de l’Acad, des Sciences, t. 459, p. 410, 4914. SÉANCE DU 26 JUILLET 975 Si on injecte à des lapins, par voie intraveineuse, 1 c.c.3, soit quatre fois la dose mortelle de cette émulsion de bacilles dysentériques, laissée en contact pendant 24 heures avec des solutions de sulfate d’erbium, d'yttrium, de thorium, on constate la survie des animaux. Voici les résultats de cette expérience : No 89. — Poids : 1 kil. 900. Injection de bacilles, trai'és avec erbium . . . Meurt après 6 jours. N° 88. — Poids : 3 kil. 600. Injection de bacilles, traités avec yttrium . . . Meurt après 6 jours. No 97. — Poids : 2 kil. 250. Injection de bacilles, traités avec lanthane. . . Survit. N° 98. — Poids : 2 kil. 200. Injection de bacilles, traités avec thorium. . . Survit. Nous avons obtenu des résultats identiques avec les bacilles du type Shiga. Nous avons immunisé ces animaux en doublant, à chaque injec- tion faite tous les 10 jours, les quantilés de microbes injectés ; nous avons fait 5 injections. Le sérum de ces animaux saignés 10 jours après la 5° injeclion agglu- tinait les bacilles de Flexner à la dose de 1 p. 500 en 2 heures. Le sérum des animaux immunisé avec le bacille de Shiga agglutinait en 2 Heures à la dose de 1 p. 1.000. Le sérum de: ces animaux immunisés possède des propriétés anti- microbiennes très nettes ; 1 c.c. de ce sérum protège le cobaye contre 4 doses mortelles en 48 heures d'émulsion bacillaire. Il possède un pouvoir antitoxique vis-à-vis de la toxicité de l’auto- lysat des bacilles dysentériques. Nous pouvons donc conclure de ces faits : 1° Le sulfate de thorium possède un pouvoir bactéricide très net sur les bacilles dysentériques ; 2° Le sulfate de lanthane qui exerce une action bactéricide et anti- septique moins forte que les sulfates d’'erbium et d’ytrium possède une action antitoxique ou antivirulente plus grande que celle de ces deux sels vis-à-vis des bacilles dysentériques. 3° Le traitement des émulsions microbiennes par le sulfate de tho- rium ou le sulfate de lanthane les rend moins virulentes et permet une immunisation plus rapide des animaux. 4 Nous avons montré l’action bactéricide énergique du sulfate de thorium et l'action antitoxique du sulfate de lanthane. Nous avons établi antérieurement l'innocuilé de sels par ingestion. On peut donc espérer lrouver dans ces sels des agents thérapeutiques efficaces pour le traitement des dysenteries bacillaires. Brocoarr. CouwerTes RENDus. — 1919. T. LXXXIL 10 976 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LES CARACTÈRES DU CHONDRIOME DANS LES PREMIERS STADES DE LA DIFFÉRENCIATION DU SAC EMBRYONNAIRE DE /ulipa suaveolens, par A. GUILLIERMOND. A. — Nous (1) avons pour. la première fois décrit le chondriome du sac embryonnaire dans diverses espèces de Lis. Toutefois notre étude n’a pas porté sur le début du développement de cette cellule et nous n'avons pu observer que les stades qui suivent la première division nucléaire. Orman (2), qui a repris ensuite l'étude du chondriome du sac embryonnaire dans diverses Liliacées (Lis, Tulipa), a bien suivi les premiers stades du développement de cette cellule, mais ses descrip- tions et ses figures semblent indiquer que l’auteur n'a pu réaliser que des fixations défectueuses. Aussi l'allure du chondriome dans les pre- miers stades de la différenciation du sac embryonnaire n'est-elle que ‘ très peu connue et son étude mérite d’être reprise avec plus de préeci- sion. B. — Des coupes d'ovaires très jeunes de 7'ulipa suaveolens fixées el colorées par la méthode de Regaud nous ont permis de combler cette lacune et de mettre en évidence avec la plus grande netteté le chondriome du sac embryonnaire dans les premiers stades de son apparition. Dans les stades les plus jeunes (fig. 1), la moelle est formée par de petites cellules renfermant un gros noyau qui en occupe la majeure partie et un cytoplasme très dense parsemé de très petites vacuoles. Le chondriome se distingue très nettement et se trouve constitué en partie par des chondriocontes moyennement allongés, en partie par des mito- chondries granuleuses ou en courts bâtonnels. L'observation de ces élé- ments à un très fort grossissement (fig. 6) montre que leurs dimensions ne diffèrent pas sensiblement et permet de constater quelques détails de leurs formes : on y observe des chondriocontes arqués, onduleux, par- fois un peu moniliformes ou présentant l’aspecl de massues, d’haltères ou de fuseaux peu marqués et des milochondries, en bâtonnets, recti- lignes ou incurvés, ou en virgule ou en grains arrondis. Le sac embryon- naire apparaît comme une cellule sous-épidermique ($S E) qui se dis- tingue des autres par sa plus grande dimension, un cytoplasme un peu plus chromophile el un noyau énorme, de structure un peu différente. Le cytoplasme renferme quelques petites vacuoles et un chondriome constitué comme dans les autres cellules de la moelle par des mitochon- dries granuleuses ou en courts bâlonnels et par des chondriocontes pas (1) Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1912, et Archives d'anatomie micro- . sopique, 1912. (2) La Cellule, 1913. SÉANCE DU 26 JUILLET 977 très allongés. Mais, très rapidement, ce chondriome change d'aspect; les éléments qui le constituent deviennent de plus en plus nombreux et TR Pr 1, Nucelle avec sac embryonnaire (SE) au début de sa différenciation; — 2 à 5, sacs embryonnaires à un stade un peu ultérieur {Grossissement : 1.500); — 6, cel- - lule du nucelle dessinée à un grossissement de 3.000 environ. . les chondriocontes disparaissent à peu près complètement, si bien que . . le chondriome apparaît à peu près exclusivement constitué par des mitochondries granuleuses ou en courts bâtonnets (fig. 2 à 5). On y 2 978 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE remarque, en outre, quelques mitochondries un peu plus grosses que les autres ou d'aspect vésiculeux. Enfin, il est fréquent de rencontrer des éléments en forme d'hattères ou des mitochondries accouplées qui semblent témoigner d'une active division des mitochondries. divisions qui doivent nécessairement s’opérer au cours de la croissance considé- rable que subit le sac embryonnaire. Le chondriome persiste pendant quelque temps sous cette forme, mais, un peu avant la première mitose, on voit apparaître de nouveau un certain nombre de chondriocontes. Le sac embryonnaire de la Tulipe se prête moins facilement à l’observa- tion des stades ultérieurs de son développement qui semble cependant assez semblables à ceux que nous (1) avons décrits récemment dans une autre note dans diverses espèces de Lis. Les fixations par la méthode de Benda donnent de très mauvais résul- tats ; elles déterminent de fortes altérations du cytoplasme qui se mani festent par la transformation des éléments du chondriome en vésicules, ainsi que par une diminution de chromaticité de ces éléments. Ces alté- rations qui paraissent dues au fait que l'acide osmique ne pénètre que très difficilement dans les cellules du nucelle expliquent les figures con- fuses qui ont été représentées par Orman qui n’a guère employé que ’ette méthode. C. — On sait que Mottier (2) a soutenu récemment que ce que l’on a décrit dans la cellule végétale sous le nom de chondriome correspond à: deux catégories d'éléments distincts qui, dans les cellules embryon- naires, offrent des aspects très semblables, mais qui ont une destinée très différente. Ce sont : 1° des mitochondries qui persistent toujours dans les cellules adultes dans leurs formes primitives et qui paraissent semblables aux mitochondries des cellules animales ; 2° des éléments tout à fail semblables par leurs formes et leur manière de se colorer aux mitochondries, mais s’en distinguant par des dimensions un peu plus fortes. Ces derniers éléments que l’auteur désigne sous le nom de pri- mordia des plastides se transforment dans les cellules adultes en plas- tides. Nous (3) avons, au contraire, démontré que, dans les cellules les plus jeunes des méristèmes, tous les éléments du chondriome appa- raissent avec les mêmes caractères et que les plastides dérivent de la différenciation de mitochondries ordinaires, résultat qui à été confirmé par les recherches de Cowdry (4) et‘Alvarados (5). L'étude que nous venons de faire apporte un nouvel appui très impor- (1) Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 1919. (2) Annals of Botany, 1918. (3) Comptes rendus de l’Acad. des Suvncés, 1918. (4) Biological Bulletin, 1917. (5) Trabajos del Laboratorio de Investigaciones biologicas de la Uriversidad de Madrid, 1918. - ACROSS: :10-5 « SÉANCE DU 26 JUILLET 979 tant à cette manière de voir. En effet, il est impossible de déceler des différences de dimensions ou de coloration appréciables entre les divers éléments de chondriome dans les cellules du nucelle et dans le sac embryonnaire qui résulte de la différenciation de l’une de ces cellules; il n'existe dans ces cellules aucun plastide et l’on ne peut distinguer parmi les mitochondries du sac embryonnaire celles qui donneront naissance aux plastides dans les cellules issues de sa division de celles qui persisteront dans leur forme primitive. RÉACTIONS AUX VARTATIONS D'ÉCLAIREMENT D'UN POISSON (7igla corax ROND.) ET DE SON PARASITE (/Verocila affinis H. M. Epw.), par ANNA DRZEWINA et GEORGES Bonn. Les animaux sensibles à des variations d'éclairement réagissent de plus souvent à une brusque diminution ou augmentation de la lumière par un vif mouvement de recul ou d'avance, par une chute ou une ascension, par une immobilisatiou soudaine, bref, la réponse intéresse l'ensemble du corps. Les Z'rigla corax, que nous avons étudiés à cet égard à la Station biologique d'Arcachon, sont extrêmement sensibles aux variations d'éclairement, mais la réaction ne se manifeste guère que par les mouvements des nageoires pectorales. Celles-ci, chez l’ani- mal au repos, sont relevées et appliquées coutre le corps. Une ombre vient-elle à passer brusquement devant les yeux, aussitôt les nageoires se rabattent et s’étalent de façon à faire voir la belle tache noire mou- chetée de bleu et le liséré azur de ]? ‘ace interne. Il suffit de passer la main entre la fenêtre et le cristallisoir où se trouve le poisson, il suffit de pencher la tête au-dessus de lui pour immédiatement déclancher l'étalement des nageoires. On songe, tant est grande la sensibilité et rapide la réaction, à l’écartement brusque des feuilles d’or d’un élec- troscope. : ï Tous les individus ne sont d'ailleurs pas également sensibles. Nous avons remarqué que le fait, pour un Trigle, d'être parasité, élève très notablement le seuil-de la sensibilité. Un Zrigla corax portant un crus- _tacé Isopode de la famiile de Cymothoïdées, le Nerocila affinis, fixé sur la peau de sa mâchoire inférieure, réagit faiblement aux variations d’éelairement. Mais lorsqu'on détache le parasite, dont les crochets sont profondément enfoncés dans la peau, les réactions, après une heure de repos, deviennent promptes et nettes. < Il se trouve que le parasite comme son hôte présente, vis-à-vis des variations d’éclairement, une réaction limitée à une paire d’appendices. Placé dans un cristallisoir, le crustacé se renverse presque constain- 980 . SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment sur le dos, dans la position même où il était fixé sous la mâchoire du poisson. Lorsqu'on fait passer la main entre la fenêtre et le cristal- lisoir ou bien au-dessus de celui-ci, aussitôt les crochets de la 3° paire (4 segment thoracique), appliqués contre Le corps, s’en écartent large- ment (un choc, un attouchement produisent un effet analogue). Il est évident que cette réaction favorise la fixation du crustacé sur un poisson qui passe au-dessus de lui. La réponse est surtout prononcée après un temps de repos. Lorsqu'on fait passer l'ombre trois fois de suite à intervalles d'une seconde, à la troisième fois l’écartement des crochets est presque nul. Mais il suffit d'un repos de 1 à 2 secondes pour que £a réaction réapparaisse, moins forte il est vrai. [l'est à noter que c’est seulement la diminution d’éclairement qui produit l’effet en question ; vis-à-vis d’une augmentation de lumière, l'animal ne réagit guère. Un individu porteur d'œufs maintenu pendant une quinzaine de jours (août) dans un petit cristallisoir a conservé sa sensibilité à la lumière. . Nous avons assisté à la sortie des jeunes hors de la poche incubatrice; elle a eu lieu trois nuits de suite, et chaque fois le même nombre d'individus, dix-neuf, fut libéré. Ces jeunes ne présentaient pas les réactions de l'adulte; ils paraissaient indifférents à la lumière. Cepen- dant, quand on les laissait au repos ils se groupaient de préférence du côté éclairé. Parfois, une ombre portée produisait un léger mouvement de recul ou d’avancée. Les réactions que nous venons de décrire chez le Trigle et chez le Nerocila rentrent dans la catégorie des phénomènes de sensibilité diffé- rentielle, dont l’un de nous a fait connaitre de nombreux exemples et indiqué les lois (1). On en trouvera un remarquable exposé dans le livre récent de M. Bouvier (2), qui les a appliquées au cas des insectes. Le fait intéressant dans les phénomènes de sensibilité différentielle est celui-ci : quand un être marche dans la direction d'une force du milieu extérieur, si celle-ci vient à diminuer, le sens de la marche change momentanément, il y a changement de signe de polarité, dépolarisation différentielle, suivant le terme proposé par l’un de nous. Nous indique- rons dans une note ultérieure l'interprétation dont sont susceptibles, à. la lumière de cette notion nouvelle, les faits que nous signalons aujour- d'hui. (4) G. Bohn. Du changement de signe du phototropisme en tant que manifes- tation de la sensibilité différentielle. Comptes rendus de la Soc. de Biol., t. LXHIX, p. 756. — Les essais et les erreurs chez les Étoiles de mer et les Ophiures. Bull. Inst. gén. Psych., (. VIII, p. 21 à 102. — Observations biologiques sur le Branchellion de la Torpille. Bull. Stat. biol. Arcachon? t. X, p. 283-296. (2) E.-L. Bouvier. La vie psychique des Insectes. Flammaricn, 1918. SÉANCE DU 26 JUILLET 981 SUR L'APPARITION PRÉCOCE DE SENSIBILISATRICE SPÉCIFIQUE DANS L’INTESTIN GRÊLE DES CHOLÉRIQUES, par J. CANTAGUZÈNE et A. MARIE. Si la muqueuse de l'intestin grêle semble être le lieu où s’exalte la virulence et où s’élabore le poison cholérique (1), il semble être égale- ment celui où s'organise la défense de l’organisme contre l'infection cholérique. Il résulte, en effet, de nos recherches que certaines réac- tions d'immunité y apparaissent avant d’apparaitre dans le sang. Dans le choléra humain, le vibrion cholérique envahit rarement l'organisme ; si sa présence, à l'autopsie, dans le sang et les organes est plus fréquente qu'on ne l'affirmait autrefois, elle n’en demeure pas moins exceptionnelle, et, que l'organisme surmonte ou non la maladie, c’est dans la paroi de l'intestin grêle que s'opère la destruction des germes. C’est au niveau de cette paroi que se produit, au moment de la période de réaction, l’énergique réaction leucocytaire qui accompagne la guérison. Toute la violente réaction locale (hyperhémie, exsudation, desquamation épithéliale, etc.), qui caractérise l'attaque de choléra, est cantonnée, macroscopiquement et microscopiquement, au niveau de l'intestin grêle ; le cæcum ne semble guère y participer, ou à peine. Le sang des mammifères vaccinés contre le choléra, ou quiontsubiune attaque de la maladie, renferme une sensibilisatrice spécifique qui, en général, chez les individus vaccinés apparaît quelques jours après l’ino- culation de l’antigène. Nous avons recherché : {° si cette sensibilisatrice se rencontre dans la paroi intestinale ; 2 si elle y apparaît au même moment que dans le sang; 3° si l'intestin normal diffère à ce point de vue de l'intestin cho- lérique ou de celui des vaccinés. Nous avons employé, pour nos recherches, des extraits d’intestin de cobaye préparés selon le procédé indiqué dans une note antérieure (2). Nous avons examiné comparativement au point de vue de leur teneur en sensibilieatrice: a) Des intestins grêles de cobayes neufs; de cobayes inoculés avec des doses mortelles de vibrions cholériques par voie gastrique (3); de cobayes ayant recu dans le péritoine À ou 3 jours avant d’être sacrifiés des vibrions cholériques tués par la chaleur (une seule injection de (1) J. Cantacuzène et A. Marie. Comptes rendus de la Soc.de Biologie, séance du 19 juiilet 1919. (2) J. Cantacuzène et A. Marie. Loco citato. (3) Sans purgatifs préalables : l’animal étant simplement tenu à jeun pen- dant deux jours. Employer de préférence des cobayes de 250-350 grammes. HÉMOLYSE APRÈS | | de VIBRIONS I! MULSION EXTRAIT EXTRAIT 3/4 |1 heure 16 d'heure |et demie! heures HÉMOLYTIQUE É INTESTIN GRBLE INTESTIN GRÂLE (neuf) SERUM PHYSIOLOGIQUE Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. Totale. +++ | Totale. Totale. Totale. iecien ++++| Totale IHEHT+T| Totale. carence de Totale. | Totale. | Totale. Totale. | Totale. | Totale. Totale. | Totale. | Totale. Totale. | Totale. Totale. Totale. | Totale. | Totale. Totale. | Totale. Totale. Totale. | Totale. Totale. de ve Totale. | Totale. ++++| Totale. | Totale. Totale. | Totale.| Totale. Totale. | Totale. | Totale. Totale. | Totale. | Totale. +++ Totale. Totale. $ È +++4| Totale. | Totale. ++ + Totale. | Totale. ‘Totale | Totale. | Totale. han pions SÉANCE DU 26 JUILLET 983 1/4 culture sur gélose); enfin de cobayes solidement vaccinés contre le vibrion cholérique. e b) Des cæcums appartenant aux mêmes catégories. La méthode employée était la méthode classique de la fixation du complément, Le tableau suivant fournira un exemple de la méthode (Ze cobaye 67 avail reçu, 3 jours avant d’être sarrifié, 1/4 culture de vibrions sur gélose, chauffés à 5T°). Les résultats généraux de nos expériences, effectuées toutes selon le type indiqué ci-dessus, ont été les suivantes : a) L'intestin grèle des cobayes neufs a manifesté un pouvoir fixateur variable. Sur quatre intestins examinés, l’un présentait un pouvoir fixa- teur très énergique; deux autres un pouvoir fixateur moyen. Le qua- trième, un pouvoir fixateur très faible. Le cæcum des cobayes neufs s'est comporté sensiblement de la même facon que l'intestin grêle. b) L'intestin grêle des cobayes maintenus à jeun, et ayant recu 24 heures auparavant une dose mortelle (2 cultures sur gélose de vibrions cholériques), a manifesté d’une façon absolument constante un pouvoir fixateur des plus énergiques. Le sérum sanguin de ces mêmes cobayes a présenté un pouvoir fixateur nul ou des plus faibles. Le cæcum de ces mêmes cobayes a présenté constamment un pouvoir fixateur très faible, c) L'intestin grêle des cobayes ayant recu 24 ou 72 heures auparavant des vibrions chauffés dans le péritoine, a présenté un pouvoir fixateur des plus énergiques dans huit cas sur neuf. Le pouvoir a été faible dansle 9° cas : notons que ce dernier cobaye a été trouvé porteur d’un volumi- neux abcès enkysté adhérent à la portion terminale de l'intestin gréle. Le sérum sanguin de ces mêmes cobayes a présenté un pouvoir nul ou des plus faibles. Dans les cas où le sérum a manifesté un très léger pou- voir fixateur, il s'agissait de cobayes non laissés à jeun; ce pouvoir était nul chez les cobayes ayant jeûné. Cette différence entre les cobayes ali- mentés ou les cobayes ayant jeüné n’est pas appréciable avec les extraits intestinaux ; le pouvoir fixateur estmême plus énergique avec les extraits intestinaux des cobayes à jeun qu'avec les témoins. Le cæcum de ces mêmes cobayes a présenté un pouvoir fixaleur infi- niment plus faible que l'intestin grêle (dans un cas, ce pouvoir était nul). d) L'intestin grêle des cobayes vaccinés a présenté un pouvoir fixateur des plus énergiques. Il en a été de même du sérum sanguin de ces mêmes cobayes. Le cæcum de ces derniers n’a pas été examiné. En résumé, la sensibilisatrice apparaît dans l'intestin grêle dès les pre- - mières heures qui suivent l'imprégnation de l'organisme par l’antigène cholérique; ce pouvoir sensibilisateur est très énergique d'emblée. À ce méme moment la sensibilisatrice n'existe pas dans le sang ou n'y existe que 984 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sous forme de traces. Le pouvoir fixateur du cæcum est toujours faible. Enfin, ce pouvoir fixateur préexiste dans l'intestin grêle neuf, mais beaucoup plus faiblement et d’une manière moins constante. Chez les animaux vaccinés, paroi intestinale et sang sont également chargés de sensibilisatrice. Ajoutons que nous nous sommes toujours assurés que la fixation obtenue n'était due ni à l'extrait intestinal lui-même-ni à l’émulsion vibrionienne. Nous n’avons pas encore déterminé en quel point de l'intestin grêle cette sensibilisatrice est la plus abondante. On peut supposer que la vibriolyse intrapariétale qui s’observe dans les formes très toxiques est en rapport avec un début d'immunisation locale, insuffisante pour protéger l'animal, et qui, par là même, ne ferait qu'activer le processus toxigène. FERMENTATION BUTYLÈNEGLYCOLIQUE DES SUCRES PAR LA BACTÉRIDIE CHARBONNEUSE. Note de LEMoIGNE, présentée. par M. Mazé. Il a été constaté, depuis longtemps, que les diverses variétés du Bacillus anthracis décomposent les matières hydrocarbonées. Dès 1893, Roger (1) observait l’hydrolyse du glycogène, Maumus (2), celle de la fécule de pomme de terre et, en 1894, Noé (3), celle de l'inuline. En 1900, M'°e Napias faisait paraître, dans les Annales de l'Institut Pasteur (4), un travail plus étendu dans lequel elle citait des travaux non publiés de À. Fernbach, sur la saccharification de l’amidon par la bactéridie char- bonneuse. Il résulte de ces recherches que le Bacillus anthracis hydro- lyse les polysaccharides et s'attaque ensuite aux sucres formés aux dépens desquels il donne des acides acétique, formique et lactique. L'absence d’alcool parmi ces divers produits m’a suggéré l’idée de rechercher si ce microbe ne décompose pas le sucre suivant le processus : de la fermentation butylèneglycolique caractérisée par la présence, parmi les produits de la culture, du 2-3 butylèneglycol CH‘—CH. (1) Roger. Glycogénie dans l'infection charbonneuse. Comptes rendus, 1293, Il, p. 488. (2) Maumus. Transformation de l’amidon végétal en sucre par B. Anthracis. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 107, 1893. (3) J. Noé. Action de la bactéridie charbonneuse sur l'inuline. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 150, 1894. (4) Mie Napias. Etude sur la bactéridie charbonneuse. Annales de l'Institut Pasteur, p. 233, 1900. SÉANCE DU 26 JUILLET 985 OH—CH.OH—CH° ou par celle du produit cétonique correspondant, l’acétylméthylearbinol CH°—CH.0H—CO—CH* (1). A cet effet on à cultivé dans divers milieux (bouillon de haricots ou bouillon de panse saccharosé à 2 ou 4 p. 100 ou additionné de 2: p. 100 de sucre interverti ou 2 p. 100 de maltose) trois variétés de bactéridies charbonneuses : un vaccin, Z. anthracis n° 2 et B. anthracis Mazametz, de l’Institut Pasteur. Les analyses ont été effectuées après stérilisation des milieux à 120° pendant 20 minutes. Le distillat de ces cultures contient toujours un corps réducteur dont les courbes de distillation à la pression ordinaire et dans le vide corres- pondent à celles de l’acétylméthylearbinol. Avec l’acétate de phénylhy- drazine on obtient l’osazone du biacétyle CH°—CO—CO—CH. IL y a donc bien dans les cultures de l'acétylméthylcarbinoli. Les quantités en sont faibles. CH3—CH.OH—CO—CH* NATURE DU MICROBE MILIEU ee , en milligr. par litre 4 jours. | Sucre interverti. 6 4 p. 100 saccharose. 2 p. 100 maltose. B. anthracis n° 2. . . . 4 p. 100 saccharose. B. anthracis Mazametz . ne La recherche du 2 3 butylèneglycol à donné des résultats négatifs ou dans quelques cas douteux. Mais la présence constante de l’acétylmé- thylcarbinol suffit à caractériser la fermentation butylèneglycolique. La bactéridie charbonneuse décompose donc les sücres suivant un processus analogue à celui que l’on observe avec les bactéries du groupe du B. subtilis. Mais tandis que ces bactéries accumulent dans leurs cultures du 2-3 butylèneglycol sans donner d'acide lactique, le B. anthracis fournit cet aside comme l'ont montré A. Fernbach et M'e Napias, sans que l’on puisse constater la formation du butylène- glycol. Comme on sait que dans les processus de fermentation un corps intermédiaire peut fréquemment faire défaut, suivant le microbe con- sidéré, on a le droit de conclure que l'acide lactique comme le butylène- glycol forment des termes intermédiaires d'une même fermentation, la fermentation butylèneglycolique, dont le Z. anthracis et le B. subtilis nous offrent deux aspects différents. | (1) Lemoigne. Assimilation au saccharose par les bactéries du groupe du B. subtilis, fermentation butylèneglycolique. Annales de l’Institut Pasteur, ip. 556, 1913- 986 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les microbes étudiés ont été fournis par M. Jouan qui a bien voulu également se charger de l’ensemencement. Je suis heureux de lui adresser mes remerciements. (Travail effectué au Laboratoire de M. Mazé.) CONSIDÉRATIONS SUR LA GÉONÉMIE DES NÉMATODES, par L.-G. SEURAT. Les auteurs qui se sont occupés des Nématodes libres, terrestres et d’eau douce, ont insisté sur la large distribution géographiqne de certaines espèces (1) due à des moyens variés de dissémination : transport'par le vent, les oiseaux, les insectes, l’homme, facilité par leur résistance à la dessicca- tion et leur reviviscence. : La plupart des Nématodes parasites ont également une aire de distribution très vaste. L'étude de la faune parasitaire de l'Afrique du Nord m'a permis de signaler de nombreuses formes communes à la Barbarie et à l’Europe [ Physa- loptera clausa Rud., Cyrnea eurycerca Seurat, Acuaria affinis Seurat, Chevreuxia revoluta (Rud.), Viguiera euryoptera (Rud.), Rusguniella elongata (Rud.), à l’Afriquedu Nord et à l'Afrique équatoriale | Allodapa leprincei \Gendre)|, à la Mauritanie et au Turkestan [Habronema rotundata (Linst.)], à l'Afrique du Nord, au Turkestan et à l'Afrique équatoriale | Heterakis tenuicauda Linst.|, à l'Afrique du Nord, l’Europe et le Turkestan | Acuaria spiralis (Molin), Diplo- triæna tricuspis (Fedtsch,) |, à l'Afrique du Nord, au Brésil et au Turkestan [Cyrnea excisa (Molin) |, à la Corse et au Brésil [Habronema mansioni Seurat], à l’Afrique du Nord et au Brésil | Spirocerca subæqualis (Molin), Allodapa allodapa (Dies.) ], à l'Afrique du Nord, à l'Egypte et au Brésil [ Habronema unilateralis (Molin) : Syn. Spiroptera unialata Molin, Filaria tulostoma Schneid.], à l'Afrique du Nord, à l'Europe et au Brésil [| Habronema leptoptzra (Rud.)], à l'Afrique du Nord, à l'Europe, au Brésil et aux États-Unis [Physocephalus sexalatus (Molin) | (2). (1) Maupas a observé dans la terre de la pampa argentine deux Cephalobus absolument identiques aux types du Nord africain, le Cephalobus dubius Mau- pas représenté par sa race rotundata et le C. rigidus (Schn.). (2) Ces comparaisons faunistiques nécessitent une connaissance rigoureuse des espèces, basée sur une description détaillée de celles-ci, condition qui n’est réalisée que pour un nombre bien faible de formes. A l'appui de cette remarque, nous nous bornerons à rappeler la grande homogénéité des genres Physaloptera, Allodapa, Heterakis, Subulura, les affinités des Spirocerca sanguinolenta (Rud.) et subæqualis (Molin), des Acuaria spiralis (Molin) et laplantei (Seurat), des deux Dispharages de l’Effraye, des Tropidocerques du groupe du Tropidocerca fissispina Dies. : T. fissispina, T. lhuillieri Seurat et Tropidocerque (rouvé chez la Poule au Brésil, rapporté par Travassos, avec quelque doute toutefois, au T. fissispina. SÉANCE DU 26 JUILLET 98 21 Cette large répartition des Nématodes parasites s'explique par des raisons que nous allons essayer d'analyser. 1° L'étude des formes communes à l’'Aïgérie et au Brésil et la considé- ration de leurs hôtes montrent immédiatement que les parasites ont accompagné leurs hôtes dans leurs migrations. On peut très nettement distinguer, parmi les Nématodes parasites, des formes passées de l'Ancien Monde en Amérique et d'autres passées du Nouveau Monde en Europe et en Afrique. Parmi les premières nous citerons le Spirocerca subæqualis (Molin) du Chat ganté et du Renard d’Algérie qui se retrouve au Brésil chez le Felis concolor L. et le Felis jaquarondi Lacépède (Syn. mellivora Illig.); le Protospirura muris (Werner) et l’Aeterakis spumosa Schn. qui ont suivi le Surmulot; parmi les secondes le Physocephalus sexalatus (Molin) décrit comme parasite du Pécari à lèvres blanches (Dicotyles albirostris Ilig.) au Brésil, signalé depuis aux États-Unis chez le Porc, en Europe chez le Sanglier, dans le Sud algérien chez le Porc, le Dromadaire et l’Ane; le Dermatoxys veligera (Rud.) des Lièvres, trouvé d’abord au Brésil et retrouvé cinquante ans plus tard en Algérie, puis aux États-Unis (1). 2° La dissémination des parasites est largement favorisée par leur aptitude à vivre chez des hôtes différents : dans le groupe des Spuwura, certaines espèces dont l'habitat est limité à un hôte unique [Spirura. talpae (Gmel.), de la Taupe, S. rothschildi Seurat, du Macroscélide] ont une aire géographique très étroite, tandis que le Spirura gastrophila (Müller), espèce euryxène qui vit chez le Hérisson (hôte normal?), le Chat, le Renard d'Algérie, le Zorille, la Mangouste a une aire géogra- phique très vaste. Ilen est de même pour les Gongylonèmes : Gongylo- nema mucronatum Seurat limité au Hérisson d'Algérie et G. scutatum (Müller) parasite des Ovins, des Bovins, du Dromadaire (Algérie), du Cheval (Algérie) et du Hérisson d'Algérie, largement distribué. 3° La larve encapsulée des-Nématodes héléroxènes paraît jouer un rôle important dans la dissémination de ceux-ci, surtout quand elle est adaptée à vivre chez de nombreux hôtes, comme c’est notamment le cas pour celles du Physocephalus sexalatus (Molin) et du Spirocerca sanqui- nolenta (Rud.) que l’on trouve encapsulées chez les {[nsectes coprophages, les Batraciens, les Reptiles, les Oiseaux et les Mammifères. Dans certains cas l’aire du parasite est étroitement liée à celle de l’ hôte intermédiaire : la Filaire des Grenouilles /Zcosiella neglecta (Dies.) | paraît n exister, en Algérie, que dans les oueds où abondent les Simu- lies. C’est probablement à un fait de ce genre qu'est due la fréquence de la Filaire de Candèze | Foleyella candezei Se chez les Uromastix œ (1) La seconde espèce du genre Dermatoxys (D. getulu Seurat) n’est connue jusqu'à présent que comme parasite de l’Aflantoxerus getulus (Gessner), au Maroc et dans le Sud oranais (Moghrar, mars 1919). 988 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE du Sud oranais (Aïn Sefra, Beni Ounif, Figuig) et du Sud tunisien et son absence chez les Uromastix de la région de Bou Saada (1). % La larve enkystée des Nématodes autoxènes, le plus souvent capable de résister à une longue période de dessiccation, est un agent efficace de dissémation de ceux-ci; elle peut, en effet, être transportée de la même façon que les Nématodes libres. A cet égard, les formes les plus parfaites sont les Ascarides et certains Oxyures chez lesquels la dissémination a lieu par un œuf protégeant, sous sa coque épaisse, une larve enkystlée du second stade. La géonémie des Nématodes parasites vient à l'appui de l'opinion que nous avons déjà émise de leur adaptation récente à la vie parasitaire, leur dispersion ayant eu lieu à l'époque des migrations des Mammifères. Les Nématodes des Vertébrés les plus primitifs appartiennent d’ailleurs à des types qui ne sont pas plus spécialisés que les parasites des Verté- brés les plus récents. SUR LA RÉSISTANCE VITALE DES NÉMATODES PARASITES, par L.-G. SEURAT. Les Nématodes parasites se réparlissent, au point de vue de leur résistance vitale hors de l'hôte, en deux catégories : les uns se montrent d'une grande sensibilité et meurent peu après leur mise en liberté; certains, et c’est le cas de quelques Filaires | Thamugadia hyalina Seurat, Icosiella neglecta (Dies.)], éclatent spontanément dans l’eau physiolo- gique presque immédiatement après leur sortie de l'hôte; d’autres Nématodes montrent, au contraire, une résistance vitale parfois remar- quable. Il est d'observation courante de trouver des Spiroptères et des Phy- saloptères vivants à l’autopsie d'animaux morts depuis plusieurs jours ; cette résistance s'étend même à certaines Filaires : l’autopsie, faite le mardi à 9 heures du matin, d’un Uromastix mort le dimanche précédent m'a permis d'observer plusieurs spécimens vivants de la Filaire de Can- dèze | Foieyella Candezei (Fraipont\|. Deux Nématodes, l’Ascaride de la Grenouille (Porrocæcum numidicum (1) Les Nématodes parasites autoxènes présentent également des faits curieux de limitation géographique due à d'autres causes : le Crenosoma stria- tum Molin qui se montre comme un parasite constant du Hérisson d'Algérie dans la région du Tell n’a jamais été rencontré par nous chez le Hérisson des Hauts Plateaux. SÉANCE DU 26 JUILLET 989 Seurat) et le Proleptus obtusus Dujardin nous ont présenté des cas de résistance vitale remarquable. I. — Porrocæecum numidicum Seurat: a) trois individus femelles, pro- venant de l'intestin d’une Grenouille (Rana ridibunda Pallas) placés dans l’eau le lundi 7 mai, à 10 heures du malin, étaient encore vivants le samedi suivant. b) Un individu femelle, trouvé le 13 mars de l’année suivante, à 9 heures du matin, expulsé par son hôte dans l'aquarium, et mis à part dans un petit cristallisoir plein d’eau, a vécu encore 6 jours (1). Il. — Proleptus obtusus Duj. — a) Le 30 janvier 1919, une dizaine de spécimens mâles et femelles provenant de l'estomac d’une petite Rous- sette (Scyllium catulus Cuv.) achetée au marché et par suite morte depuis au moins la veille, sont placés dans une petite cuvette remplie d’eau de mer; le 15 février suivant, deux femelles sont encore vivantes; le 22, une seule femelle subsiste, très affaiblie ; elle meurt le len- demain. b)- Le 19 mars, à 9 heures du matin, 5 individus sont laissés dans de l’eau de mer, avec des débris de Crevettes ; le 27 mars, 2 femelles sont encore vivantes; le 28, l'une est encore vigoureuse, tandis que l'autre est très affaiblie ; le 29, ces deux survivants sont morts. III. — Les larves des Nématodes parasites hétéroxènes sont le plus souvent entourées d'une capsule épaisse qui les protège d’une manière très efficace : c’est ainsi que celles du Spirocerca sanguinolenta, (Rud) et du Physocephalus sexalatus (Molin), qui sont encapsulées dans la paroi du tube digestif ou dans le mésentère des Vertébrés, peuvent se conserver vivantes plusieurs jours après la mort de l'hôte. Les larves du Gongylonema scutatum (Müller), encapsulées dans les Blaps et qui quittent spontanément leurs capsules peu après la mise en liberté de celles-ci dans l’eau, montrent une résistance vitale remar- quable : nous les avons vues supporter deux dessiccations successives de 12 heures chacune ; à la suite de la première dessiccation, sembla- bles à de minces fils, elles se tortillaient activement; elles ont repris leur aspect normal peu après la réhumectation. (1) Le rejet de Nématodes adultes vivants par l'hôte est fréquent : on l’ob- serve d'une manière courante chez la Clemmyde lépreuse qui expulse le Falcaustra lambdiensis Seurat et chez la Tortue ibérique qui rejette ses. Oxyures. 990 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA TECHNIQUE DES EXPÉRIENCES D'AVITAMINOSE PAR STÉRILISATION, par P. PorTier et M%° L. Ranporn. On sait, par des travaux antérieurs, que des animaux nourris au moyen d'aliments stérilisés à température élevée et pendant un temps suffisant, finissent par succomber en présentant les symptômes connus de l’avitaminose (Gryns, Weill et Mouriquand). L'expérimentateur a donc ainsi à sa disposition un moyen pratique d'étudier l’avitaminose, moyen supérieur, à certains égards, à celui des aliments purifiés, puisque, s’il est correctement employé, il semble que les vitamines soient seules détruites sans que l'aliment soit privé d'aucun autre constituant. à Après avoir fait choix d'une nourriture que des expériences préa- Jables nous ont montré posséder toutes les qualités requises pour entretenir la vie des adultes pendant un temps très long et assurer la croissance des jeunes, il s’agit donc d'obtenir le double résultat suivant : 1° Porter la masse totale alimentaire à une température suffisamment élevée ; 20 Conserver, à l'exception des vilamines délruites, tous les autres constituants de la ration. : Or, des recherches entreprises dans cet esprit nous ayant prouvé qu'avec les méthodes habituelles de stérilisation, les résultats obtenus. étaient inconstants, nous avons été amenés à préciser la technique de. ces opérations. Ce sera le sujet de la présente note. 1° Chauffage des aliments. La plupart des expérimentateurs opèrent la stérilisation des aliments en les introduisant dans des vases de verre et en les soumettant dans. l'autoclave à une température d'environ 120°. L'inconstance des résultats obtenus sur les animaux; la différence de couleur des zones périphérique et centrale de la masse alimentaire après stérilisation, nous ont conduits à nous demander si,'dans les con- dilions habituelles d’expérimentation, la totalité de la nourriture était bien portée à la tempéralure indiquée par le sonne de l’auto- clave. Cette question ne pouvait être tranchée que par la prise directe de: température du centre de la masse alimentaire au moyen de thermo- mètres à maxima. | Nous avons fait méthodiquement de nombreuses recherches compa- ratives et nous avons obtenu les résultats suivants : .a) Une nourriture pour lapins, composée dans des proportions fixes, SÉANCE DU 26 JUILLET 994 de son, choux et carottes finement hachés [le tout pesant 1 kilogramme), est renfermée dans un vase de verre de 2 1. 200, fermé au moyen d'un tampon d'ouate. On chauffe pendant une heure à 130°. Dans ces conditions, un thermomètre à maxima placé au centre de la masse alimentaire indique une température variant de 98° à 115°, donc inférieure à celle qui est jugée nécessaire dans les expériences que nous poursuivons (1). Le matelas d'air emprisonné entre les fragments alimentaires s’est opposé à la mise en équilibre de la température. L'inconvénient précédent se manifesle encore davantage lorsqu'on substitue des graines aux aliments hachés dont il vient d’êlre question. C’est ainsi qu'avec un mélange de graines de maïs et de graines de vesce, la température au centre de ces grands vases oscille entre 97° et 106. b) En employant des récipients de très faible capacilé (vases ou ballons de 0 1. 300, par exemple, renfermant 195 grammes des mêmes aliments), la température centrale atteint cette fois de 124 à 128°, c’est- à-dire qu’elle est suffisante pour opérer la destruction des vitamines. . Mais l'alimentation, continuée pendant des mois, d'animaux de taille un peu ie done exige l'emploi de récipients DESU POp plus volu- mineux. Et d’ailleurs, pour les graines, même si l'on opère avec de petits vases ou de petits ballons, la lempérature centrale de la masse atteint rare- ment et ne dépasse jamais 420°. Pour ces raisons, ce manuel opératoire est donc à rejeter lorsqu on expérimente sur des animaux tels que les Lapins ou les Pigeons. c) Nous avons alors été amenés à enfermer la nourriture à stériliser dans des nouets de tarlatane que nous suspendons au milieu de l’auto- clave. Dans ces conditions, les vérifications faites à l’aide des thermo- mètres montrent que la température centrale de la masse alimentaire (mélange de son, choux et carottes, ou graines) n’est inférieure que de 1° ou de 2° à la température de la vapeur indiquée par le manomètre; elle est donc très suffisante pour que le résultat cherché soit atteint. Cependant, même dans ce cas, il est essentiel que le poids de la nourriture ne dépasse pas 1 kilogramme, la lempérature s’équilibrant trop lentement au sein d’une masse plus considérable. 2° Conservation des principes nutritifs de la ration, à l'exception des vilamines. (1) Deux thermomètres à maxima de 90° à 135°, d’une précision absolue, nous ont été fournis par M. Baudin. Des expériences préliminaires nous ont montré que ces thermomètres, placés dans la vapeur de l’autoclave pendant la stérilisation, indiquaient la même température (130°) que le manomètre de appareil. Biorocre. ComprTes RENDUS, — 1919. T. LXXXII. HA 992 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE En ce qui concerne les graines, ce procédé de chauffage à l’autoclave, dans un nouet, sans autre précaution, semble à l’abri de toute critique. Mais pour le mélange : son, carottes et choux hachés; nous avons constalé que, pendant la stérilisation, il s'échappait du nouet un liquide coloré en jaune-brun et très chargé de principes nutrilifs. Des déterminations pondérales faites sur plusieurs échantillons nous ont montré qu’un litre de ce liquide renferme en moyenne 100 grammes d'extrait sec qui contient lui-même environ 73 grammes d'hydrates de carbone, 7 grammes de matières protéiques, 7 grammes de matières minérales et une petite quantité de matières grasses. Il importe donc, si l’on a pour but de provoquer chez les animaux une avitaminose pure, de rendre aux aliments stérilisés ces matières qui ont été entrainées par la vapeur d’eau à 1302. Nous avons donc soin de recueillir dans une capsule placée au- dessous du nouet le liquide qui s’en écoule; ce liquide, riche en matières nutritives, est, après le chauffage, mélangé de nouveau avec le contenu du nouet. Telle est la technique employée dans de nombreuses expériences dont nous apporterons prochainement les résultats. UN CAS DE GANGRÈNE GAZEUSE TOXIQUE A PB. perfringens. Note de Tu. CHapin BEEBE, présentée par M. WEINBERG. Ilest de notion classique quele 2. perfringens provoque chez l'homme et les animaux les lésions de la gangrène gazeuse emphysémateuse. Il y cependant des cas, très rares il est vrai, où des souches très toxiques de cette espèce causent chez l'homme une gangrène gazeuse toxique ou ædémateuse, dans laquelle on ne trouve pas trace à l’examen clinique d'infiltration gazeuse, ni dans le tissu sous cutané, ni dans l'épaisseur des tissus profonds. C’est M. Weinberg qui a attiré l'attention sur cette forme toxique de gangrène gazeuse à B. perfringens. Le premier cas a été observé par lui en 1915, à l’'ambulance du professeur Depage, à La Panne ; un deuxième cas fut observé dans le service de M. Chutro à l'hôpital Buffon à Paris ; nous apportons aujourd'hui un troisième cas de. ce genre, que nous avons pu étudier dans le service du colonel Jopson, alors que nous dirigions le laboratoire de Bactériologie de l'Hôpital d'Evacuation n° 1 de l’armée américaine. Le soldat Dr..., entre le 20 octobre 1918 dans le service du colonel Jopson, porteur dé blessures graves au niveau du talon gauche et au tiers inférieur de la cuisse gauche. SÉANCE DU Ÿ6 JUILLET 993 L'examen radioscopique révèle la présence d'un gros corps étranger, qu'on localise, et d'un plus petit, qu’on situe approximalivement, dans le talon gauche. Le calcanéum est fracturé. Rien à la cuisse gauche. L'opération est alors faite par le colonel Jopson, 9 heures après la blessure, sous anesthésie générale à l’éther : 1° Débridement de la cuisse gauche, dont le vaste externe est sectionné transversalement, pas de suture; 2° Ablation des corps étrangers du talon gauche, le foyer de la fracture comminutive de la portion postérieure du tubercule du calcanéum et le trajet intracalca- néen, rempli de débris osseux, sont nettoyés ; la portion interne du tendon d'Achille, broyée, est réséquée, le tendon ne s’insère plus que sur une partie indépendante de l’os. Curettage, stérilisation, puis tamponnement de la plaie avec de la gaze. Les suites de Mo pératfon étaient jusque-là normales, lorsque vers le 30 octobre, la température s’éleva rapidement en même temps que la cuisse gauche devint douloureuse. Le 17 novembre, on note de la tuméfaction de la cuisse autour de la partie inférieure de la plaie, un peu d’exsudat séreux. Le 2 novembre, la tem- pérature atteint 39°, le pouls est accéléré; l'æœdème, ferme et jaunâtre, s'étend rapidement à la face postérieure de la cuisse, envahissant bientôt la fesse : il est surtout marqué au voisinage de la plaie. Le colonel Jopson intervient le jour même. La plaie présente du gonflement et de l’œdème des tissus sous- cutanés, indurés et anémiés. Le vaste externe et les muscles de la loge postérieure semblent fortement nécrosés, de l'æœdème emplit les espaces intermusculaires, les surfaces anté- rieures des muscles saignent et sont d'une dureté cartilagineuse, les muscles superficiels ont l'aspect anémié. Pas d’odeur ou presque, pas de gaz, pas de contractures. Exérèse partielle des surfaces musculaires, disse ton soignée permettant le drainage des espaces intermusculaires de tous les plans cru- raux. Longue incision longitudinale à la face postérieure de la cuisse. Du tissu excisé et de la sérosité nous sont envoyés au laboratoire en vue del’exa- men bactériologique. Dr... supporta mal l'opération, son état s'aggrava le lendemain : tempéra- ture normale mais pouls rapide et faible. Il reste conscient, toutefois très agité. Il a des vomissements fréquents. Sa peau est pâle, jaune, les muscles sont pâles. On lui injecte une ampoule de sérum anti-ædematiens. Au panse- ment, on découvre de la nécrose superficielle des muscles et un écoulement considérable de sérosité à odeur forte, comme l’on observe souvent dans la gangrène gazeuse. Le blessé meurt subitement pendant le pansement. L'autopsie, faite 2 heures et demie après la mort, révèle un vaste œdème de tous les tissus conjonctifs des faces postérieure et externe de la cuisse gauche. Les muscles sont indurés autour de la plaie, mais non nécrosés comme on l’observe généralement dans la gangrène due au B. Welchi. L’as- pect général de la plaie est resté le même depuis la deuxième opération. Examen bactériologique. — Avant la première opération, on avait isolé de la sérosité musculaire du B. perfringens et quelques cocci; 8 jours après, le blessé allait mieux et l’on ne trouvait plus dans la sérosité de bacilles pre- nant le Gram. La veille de la deuxième opération, on observe dans la sérosité musculaire examinée en gouttes pendantes des bacilles épais de différentes 994 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dimensions, les uns immobiles ressemblant au B. perfringens ou au B. œdema- tiens, quelques autres plus longs et mobiles appartenant probablement à une autre espèce. Sur frottis coloré, uniquement des bacilles premant le Gram. Cette fois-ci, pas de cocci ni de leucocytes sur frottis, ce qui indiquait l'absence de défense de l’organisme, donc l’état grave du malade. En présence de ces constatations et d'autre part de l’æœdème considérable observé chez ce malade à l'exclusion de toute infiltration gazeuse, nous avons pensé à la possibilité d'existence du B. ædematiens dans la lésion et nous avons fait injecter au biessé du sérum anti-ædematiens, le seul d’ailleurs que nous eussions ce jour- là à notre disposition. L'’ensemencement de la sérosité musculaire a donné un seul anaérobie, qui fut identifié au B. perfringens, et un seul aérobie, qui le fut au B. anthracoïdes. Nous avons porté un échantillon de la sérosité musculaire de notre malade à M. Weinberg et l'étude bactériologique faite à son laboratoire a confirmé nos résultats. É Conclusions. — L'étude bactériologique de ce cas montre que notre blessé a été vraiment atteint de gangrène gazeuse toxique où œdéma- teuse causée uniquement par le B. perfringens. Elle apporte une nou- velle preuve au fait que la forme toxique de la gangrène gazeuse n'est pas due à une seule espèce microbienne, mais que ce syndrome clinique peut être provoqué par des anaérobies différents. L’échec que nous avons essuyé en traitant ce cas par le sérum anti- œdematiens plaide en faveur du traitement de tout cas de gangrène gazeuse par le sérum mixte, comme l'ont recommandé Weïnberg et Séguin. En effet, alors même que la gangrène gazeuse est causée par un seul microbe, il est difficile de faire un diagnostic extemporané de l’agent pathogène de la maladie, et cependant, si l’on veut sauver le malade, il faut recourir sans tarder au traitement sérique. LE VER LUISANT PROVENÇAL (Phausis Delarouzeei Duvar), par E. BuGnion. La larve du Phausis Delarouzeer diffère de celle du Lampyre nocti- luque par la présence de quatre feux disposés en quadrilatère, dont deux placés à la base de l'abdomen et deux au bout postérieur. Ces phares qui donnent, dans la nuit, une belle lumière verdâtre, et sont visibles à la fois sur les deux faces, répondent à qualre organes phos- phorescents ovoïdes ou arrondis, flottant librement dans l'abdomen, retenus seulement par les trachées et par un nerf(fig. 1 et 2). Une autre particularité du Ver luisant provençal est que les feux larvaires persistent chez la nymphe dans les deux sexes. Ils persistent SÉANCE DU 26 JUILLET 995 également dans l’âge adulte, maïs seulement chez la femlie, alors que, chez le mâle, ils s'éteignent entiè- rement. Le mâle du Phausis Delarouzeei “est semblable à celui du Lampyre noctiluque. De couleur foncée, pourvu d'élytres et d'ailes, il vient, comme ce dernier, se poser fré- Fire. 1- Phausis Delarouzeei. La larve vue de dessous X 5.*= Les emplacements des organes phospho- rescents larvaires sont indiqués par quatre taches de forme ovale. quemment auprès des lampes. La femelle, en revanche, diffère du tout au tout du vulgaire Ver lui- sant. De couleur lestacée, avec un Fre. 2, Phausis Delarouzeei. Les viscères de la larve préparés dans l’eau salée, étalés sur le porte-objetX 5. 1, gésier ; — 2, estomac; — 3, intestin avec les quatre tubes de Malpighi; — &, papilles anales; — 5, les ganglions cérébroïdes et sous æsophagiens, placés en arrière de la tête, traversés par l’æso- phage; — 6, chaîne nerveuse ventrale ? — 7, organes phosphorescents larvaires. abdomen blanchâtre, elle a de petits élytres triangulaires appendus au _ mésothorax et, cachés sous ceux-ci, deux rudiments d’ailes difficiles à distinguer. Mais ce qui caractérise principalement ce bel insecte, c’est la présence de six organes phosphorescents, dont deux propres à 996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ——_—_—_—_—_——_—_——_——_————— l'imago, étalés en formes d’écharpes, placés, comme ceux du Lampyre, au côté ventralldes segments 6 et 7 de l'abdomen et quatre, hérités de la larve et de la'nymphe, situés au niveau des segments 2 et 8. Brillant ensemble dans les belles soirées de mai, à l’époque où les couples vont se former, les feux du Phausis femelle font une illumination incomps- rable, perceptible encore à la distance de 25 mètres (fig. 3, 4et 5). Le P. Delacouzeei ayant été décrit d’après des sujets morts (l’imago F1G. 3. à -— Phausis Delarouzeei. Coupe transversale de la larve au niveau du 2° segment de l'abdomen X 40. 1, tergite; — 2, lobules du corps graisseux; — 3, estomac, segment postérieur; — 4, organes lumineux antérieurs; — 5, ganglion nerveux. par Duval en 1859, la larve par Reiche en 1863), la disposition de ses fanaux, quoique si remarquable, est restée presque ignorée. Ce Phausis est cependant très répandu dans la Provence; on le rencontre également au pied des Alpes (mont Agel, Saint-Martin de Vésubie), jusqu’à une altitude de 1.000 mètres. La larve, qui vit aux dépens des Escargots, a, comme celle des Lym- pyres et des Lucioles, des mandibules canaliculées, au moyen desquelles elle instille dans la chair de sa victime un liquide brun, sécrété par l'estomac, à la fois toxique, anesthésique et digestif. Le bouillon nutritif produit par l’action de ce liquide est absorbé par l’Insecte, au moyen d'une bouche garnie de poils s’imbibant par capillarité et d’un pharynx CNRS TES : SÉANCE DU 26 JUILLET 997 bivalve faisant l'office d’un appareil aspirateur. Comment faut-il expli- quer la disposition si différente qu'ont les organes lumineux chez Lam- -pyris et chez Phausis? S : FIG. 4. Phausis Delarouszeei. Larve de 15 millimètres. L'un des organes lumineux antérieurs, teinté”par la solution de Giemsa X 30. La dissection des larves donne la solution de ce problème. J'ai grâce à à l’amabilité de M. J. d’Aleman, reçu des environs de Paris, Le 30 sep- Phausis Delarouzeei. Femelle adulte. Coupe transverse au niveau du îe segment de l'abdomen X 42, 1, écharpe lumineuse; — 2, sa partie profonde infiltrée de concrétions; — 3, oenocytes ; — 4, intestin ; — 5, oviductes ; — 6, lobules du corps graisseux. tembre 1918, des larves de Z. noctiluca dont plusieurs, très bien nourries, avaient atteint déjà leur longueur définitive (25%). Ayant disséqué quelques-unes de ces larves sous l’eau salée, je conslatai les faits suivants. 998 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il y a, à l'intérieur de l'abdomen, en sus des organes phosphorescents minuseules situés au bout du corps, deux masses de forme oblongue, longues de 1""4 sur 0,8, appendues de part et d'autre à la partie posté- rieure (rétrécie) de l’estomac, un peu en avant du point sur lequel les quatre tubes malpighiens sont insérés. Observés à l'état frais, à Fa lumière du soleil, à un grossissement de 30 à 50, ces organes montrent tous deux une trentaine de lobules accolés les uns aux autres, faiblement translucides, d'un jaune tirant Fic. 6. Lampyris noctiluca. Les corps lobulés farvaires isolés avec leurs nerfs, placés à droïte ef à gauche du segmerrt postérieur (rétréci) de l'estomac. Préparation fraiche observée dans l'eau salée X 33. sur le rose, entourés chacun d’un fiséré blanchâtre. Retenus à l'estomac et aux tubes malpighiens par des trachées très fines, les corps lobulés du L. noctiluque reçoivent au surplus un filet nerveux assez long et assez gros, issu du dernier ganglion de l'abdomen (fig. 6). Fondés sur les observations qui précèdent, nous sommes en droit d'affirmer que les corps lobulés du L. noctiluque représentent les organes lumineux antérieurs de la larve du Phausis. Ges derniers ont les mêmes connexions anatomiques et offrent absolument ie même aspect. Seulement, chose curieuse, les corps lobulés du L. noctiluque ou n'ont pas de pouvoir éclairant. Mis à découvert dans l'obscurité, ils restent (autant que j'ai pu m'en convaïncre) absolument invisibles. Il est d’ailleurs évident que, s'ils étaient lumineux, les corps lobulés PRE de SÉANCE DU 26 JUELET 999 de L. noctiluque auraient été remarqués et décrits depuis longtemps. La conclusion qui s'impose est que les corps lobulés de la larve du Ver luisant vulgaire sont les derniers vestiges d'organes intra-abdomi- naux qui ont brillé naguère chez des ancêtres des Lampyrides, mais qui, à l’époque actuelle, se sont éteints chez la plupart (fig. 7). L'intérêt Fr. 7. Lampyris noctiluca. Femelle adulte: Vue ventrale X 5 1, emplacement des corps lobulés hérités de la larve (homologuse des organes lumineux autérieurs); — 2, écharpes lumineuses de l’image: — 3, organes lumi- neux postérieurs (hérités. de la larve, persistant dans les deux sexes). qui s'attache au genre /’hausis (plus spécialement à l'espèce proven- cale) est que les phares intra-abdominaux larvaires ont, chez ces insectes, conservé tout leur éclat. N. B. — Messieurs les Biologistes parisiens, qui voudraient bien vérifier les faits exposés dans cet article, pourront capturer des larves du Lampyre noctiluque: en se rendant, par le chemin de fer de la Bastille, à la station « Sucy-Bonneuil ». Les larves longues de 25" ont été observées fin septembre, le soir, entre 9 et 10 heures, dans un rayon de trois ou quatre cents mètres, dans Îles allées de Sucy aboutissant au passage à niveau du chemin de fer. SUR L'EMPLOI DU SPECTROSCOPE EN ACIDIMÉTRIE, par CL. GAUTIER. J'ai eu l'honneur de présenter à la Société de Biologie, dans sa séance du 6 juillet 918, en collaboration avec P. Coursaget, une note sur Futilisation pour l’acidimétrie du spectre d'absorption de la matière colorée en rouge violacé que donne avec les alcalis la phénolphtaléine (1). © (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1918, p. 133. 1000 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIK Je trouve aujourd’hui, dans le numéro de janvier-mars 1919 des Annales de la science agronomique, l'analyse suivante d’un travail d'A. Tingle sur l'acidimétrie des solutions colorées, une application du spectroscope de poche : « Il est souvent difficile d'observer le virage des indicateurs lorsque les liquides sont naturellement colorés. L'auteur emploie le spectroscope pour déterminer le point de neutralisation. Les spectres d'absorption des divers indicateurs sont dissemblables suivant que la réaction est acide ou alcaline. » Le travail de Tingle est paru dans le Journal of the Americ. chem. Society, t. XL, p. 873, juin 1918. Il n’a été apporté en Europe que bien après la publication de notre note. Nos recherches avaient d'ailleurs été faites en mai et juin 1918 au laboratoire d'une ambulance du groupe d’Armées de l'Est et montrées dès cette époque à M. le médecin prin- cipal Keim et à nos camarades de formation. Nos résultats sont donc tout à fait indépendants et contemporains de ceux d'A. Tingle, et cette simultanéité se trouve être finalement une garantie de leur exactitude. A ce propos je tiens à rappeler que Maurice de Thon il y a long- temps déjà, avait proposé le spectroscope pour la recherche des matières colorantés artificielles ajoutées aux vins, liqueurs, sirops et autres liquides falsifiés. Ce savant préconisait d’ailleurs la spectroscopie sous grandes épaisseurs (plusieurs mètres parfois, avec éclairage à la lumière oxhydrique), procédé qui semble à peu près oublié aujourd'hui. Son emploi nous a pourtant permis de déceler avec la plus grande facilité le bleu de méthylène dans les urines, au cours de l'épreuve du bleu. Nous compions en outre l'appliquer à l'étude des pigments du sang et des tissus des invertébrés. . Les très remarquables études spectrométriques de M. F. Vlès, lorsqu'il les aura étendues à ces questions, permettront certainement aux bio- logistes une série de constatations rigoureusement exactes et du plus haut intérêt. RECHERCHES PHYSIOLOGIQUES ET PARASITOLOGIQUES SUR LES LÉPIDOPTÈRES NUISIBLES. PARTHÉNOGENÈSE cHEz Apanteles glomerutus Lin, par CL. GAUTIER. L'étude de la parthénogenèse chez les Ichneumonides, les plus impor- tants de tous les hyménoptères par la variété de leurs espèces et les services qu'ils rendent à la protection des cultures et des forêts, n’est qu’à peine ébauchée. Henneguy, dans les Insectes, cite seulement les faits de parthénogenèse accidentelle constatés par Siebold chez un SÉANCE DU 26 JUILLET 1001 Ophionide, Paniscus glaucopterus, et par Adler chez un Chalcidide, Pteromalus pupparum. J’ai constaté qu'Apanteles glomeratus Linné, hyménoptère braconide, est capable de pondre parthénogénétiquement. ExPÉRIENCE. — Le 19 juin 1919, j'isole dans 41 tubes à essai de 12 mil- limètres de diamètre 41 cocons provenant d'Apanteles obtenus quelques jours auparavant, dans mon laboratoire, de chenilles de Pieris brassicæ Linné, expérimentalement parasitées. Les tubes sont ensuite bouchés au coton comme s'il s'agissait d’une culture microbienne. Tous les deux jours, pour renouveler l’air on débouche quelques instants le tube, sous le contrôle de la vue, et pour éviter les évasions on dirige simplement vers la lumière l’extrémité fermée du tube, mettant à profit le phototro- pisme très positif de l’insecte. Les Apanteles sortent des cocons les 2. 24, 25 et 26 juin. Sur 31 adultes obtenus ces jours-là je n'isole sûrement que quatre femelles (1). Le meilleur moyen pour reconnaitre ces dernières dans les tubes est l'appréciation du volume de l'abdomen, nettement plus gros que chez les mâles. On vérifiera d’ailleurs en constatant que l'hyménoptère pique les petites chenilles qu’on lui offre. Les petites chenilles de Pieris brassicæ sont présentés à l'A panteles sur un petit fragment de feuille de chou qu’on dépose dans le tube, du côté de l’orifice, aussitôt soigneusement rebouché. On dirige cette extré- mité du tube vers la lumière. Après quelques tâtonnements, l'Apan- teles vient explorer le fragment de feuille de chou, arrive à proximité des petites chenilles, les tâte des antennes et les pique aussitôt. L'attaque est identique à celle effectuée par les femelles fécondées par les mâles, et que je décrirai ultérieurement. Les résultats obtenus ont été les suivants : I. — Une ponte de Pieris brassicæ, récoltée le 24 juin 1919, donne {es che- nilles le 28 après-midi. On met quatre de celles-ci, du 30 juin à 18 heures au 1er juillet même heure, avec un Apanteles femelle né le 25 juin. Deux chenilles sont mortes à la fin de l'élevage. Les larves d'Apanteles sont sorties des deux autres chenilles le 19 juillet, et ont tissé leurs cocons jaune soufre :on a oblenu 52 cocons en tout. IT. — De la même ponte de Pieris brassicæ récoltée le 24 juin et d’une autre récoltée le 29 juin au matin, qui a donné les chenilles tard dans la nuit du 29 au 30, on a prélevé sept chenilles qu’on met du 30 juin à 18 heures au 1° juillet même heure avec un Apanteles femelle né le 25 juin. Les larves de l’hyménoptère sont sorties de quatre cheniiles le 19 juillet, de trois autres le 20 ; il y a eu 163 cocons en tout. (1) La proportion des femelles dans les éclosions est loin d’être toujours aussi minime. 1002 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IF. — Des deux mêmes pontes qu’en [ et H on prélève sept chenilles qu’on met du 30 juin à 18 heures au 1% juillet, même heure, avée un Apanteles femelle né le 25 juin. Les larves de ce dernier sont sorties d’une chenille le 19 juillet, d’une seconde le 21, de deux autres Le 22, d’une cinquième le 24. Les deux autres chenilles ont chrysalidé. I y a eu 131 cocons en tout. IV. — Des deux mêmes pontes qu’en I, 11, IT on expose du 30 juin à 18 heures au {‘ juillet, même heure, quatre chenilles à un Apanteles femelle né le 26 juin. Les larves d’Apanteles sont sorties d’une chenille te 20 fuïllet, de deux autres le 2f, de la dernière le 22. Je ferai connaître dans un autre travail le sexe des individus obtenus. Conczusions. — Chez Apanteles glomeratus Linné, hyménoptère bra- conide, la femelle est capable de pondre parthénogénétiquement. Il ne s’agit pas dans cette espèce d’un mode physiologique cyclique, : des mâles et des femelles existant toujours simultanément dans la mature, mais d’un phénomène accidentel, qui peut d'ailleurs avoir une haute importance au cas où la femelle ne rencontre pas de mâle. Le nombre des œufs pondus parthénogénétiquement est élevé. La fécondation par le mâle n'apporte aucun élément causal dans Ja facon dont la femelle d'Apanteles reconnaît et attaque la petite chenille de Pieris brassicæ, pas plus d’ailleurs qu'elle n’influence la coloration des cocons, identiques à eeux d'individus provenant de génération sexuée. RECHERCIHES SUR LA DISTRIBUTION DANS LE POUMON DES HUILES INJECTÉES PAR LA TRACHÉE, par LE Moxrcnie et NoRÉRO. Nous avons repris, en expérimentant sur des chiens d'assez grande taille (18 à 30 kilogrammes), l’étude de la distribution dans les pou- mons d’huïle végétale injectée à petite dase (5-10 c. ce.) par la voie intra- trachéale. Comme autrefois Hering, nous avons cherché quelle influence pouvait avoir sur cette distribution Fes changements de position. Nous nous sommes gardés d'introduire une grande quantité d'huile pour - éviter l’inondation pulmonaire qui se produit alors et qui n'a rien de comparable à ce qui se passe dans la thérapeutique humaine. L'animal était immobilisé dans une gouttière. L'injection était faite en piquant la trachée sous le cricoïde et le liquide était poussé lentement. L'huile était stérile et colorée soit en vert par la chlorophylle (préparation déli- cate due aux soins minutieux du D' Thomas), soit en rouge par le schar-- lach, soit en blanc par le sous-nitrate de bismuth en suspension. Nous faisions chez le même animal plusieurs injections de eouleur différente à 1 jour d'intervalle, puis on le tuait au bout de 24 heures : nous SÉANCE DU 26 JUILLET 1003 croyons qu'il y a intérêt à attendre ce temps pour préciser les points où l'huile se rend en définitive. Cinq chiens ont été opérés en position ver- ticale et 13 injections leur ont été pratiquées ; Les 6 autres chiens ont été injectés en posilion horizontale en maintenant une légère incli- naison du tronc, 3 couchés sur le dos (7 injections), les 3 derniers cou- chés sur le côté, un jour d’un côté et le lendemain de l’autre. Nous attendions 1/4 d'heure avant de libérer l'animal. Quand l'injection est faite chez un chien en stalion verticale, nous n’avons presque jamais trouvé d'huile dans les lobes supérieurs; celle-ci se concentre dans la partie inférieure des poumons : lobes inférieurs surtout dans leur partie large et assez souvent lobe moyen. Dans 3 cas sur 13, quelques lobules ont. été remplis d'huile à la partie inférieure des lobes supérieurs. L'huile se trouve souvent d’un seul côté ou très inégalement des deux côtés, sans doute parce que l’une des bronches est davantage dans le prolongement de [a trachée. Par exemple chez un gros chien, les trois injections successives ont été au lobe inférieur gauche. On ne doit pas être surpris que l'huile introduite en petite quantité aille surtout vers les lobes inférieurs dans la station verticale, car elle glisse le long de la trachée, entrainée par son poids, poussée par le courant d'air inspiratoire qui est plus fort dans la zone diaphragma- tique ; elle suit les ramificalions bronchiques descendantes et se déverse à la fin dans quelques lobules disséminés ou groupés. Les parties engorgées sont fortement colorées et denses, pleines d'huile comme le montrent les coupes à la congélation. Si le courant d'air a pu d'abord distraire et chasser un peu d'huile qui colore toutes les pre- mières bronches, il suffit d’attendre pour voir la localisation lobulaire se produire ; la plupart des bronches sont alors nettoyées de colorant. Nous signalons ici une cause d'erreur qui a pu faire croire que l'huile se répand dans tout le poumon. Lorsque le colorant est un peu diffu- sible comme le scharlach, on voit chez quelques chiens et sur tous les lobes des taches rougeâtres nombreuses, sous-pleurales ou profondes, larges de 1/2 à 1 centimètre. Ces taches ne s’accompagnent d'aucune modification de la densité ou de la structure du parenchyme; elles sont dues à ce que de fines particules d'huile ont été entraînées par l’inspi- ration et que le colorant a diffusé; on ne les voit pas quand on emploie la chlorophylle ou le sous-nitrate de bismuth et la masse de l'huile n’est pes là. Chez les 3 chiens que nous avons injectés étendus sur le dos, l'au- topsie a montré que l'huile se distribue aussi en majeure partie dans les lobes inférieurs, mais les deux côtés sont souvent pris également; dans 3 cas sur 7 injections, plusieurs lobules de la zone inférieure des lobes supérieurs ont été imprégnés d'huile, sommets toujours indemnes. Quand les animaux sont couchés sur le côté, l'huile se rend toujours | 1004 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE dans le poumon sous-jacent. C'est cette position latérale qui facilite le plus l’arrivée dans le lobe supérieur, car, 5 fois sur 6 injections, nous avons vu des lobules engorgés d'huile vers la partie inférieure de ce lobe ; une fois même presque toute l'huile s'était déversée à son inté- rieur, l’extrème sommet restant toujours libre. Nos expériences montrent que l'huile introduite en petite quantité par les voies aériennes supérieures, même en plaçant l'animal dans la posi- tion la plus convenable, ne se répartit pas en définitive dans tout le parenchyme pulmonaire. Elle se répand dans quelques lobules de la zone inférieure des poumons; il est exceptionnel qu'elle se distribue abondamment au lobe supérieur; et la position latérale est la plus favo- rable à l’arrivée de l'huile dans ce lobe. LÉSIONS PULMONAIRES CONSÉCUTIVES AUX INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'HUILES VÉGÉTALES, par E. LE Moïçnic et A. SÉzaRYy. Dans une séance antérieure (8 juin 1918), nous avons montré que l'injection intraveineuse, unique ou rarement répétée, d'une dose d'huile d'olives variant entre O c.c. 03 et 0 c.e. 2 par kilogramme d’ani- mal détermine chez le lapin des lésions pulmonaires légères, dont nous avons donné la description macroscopique. Nous avons établi également que ces injections intraveineuses, répétées 15 ou 30 fois, augmentent la densité et diminuent l’élasticité du parenchyme pulmo- paire. Nous ferons aujourd hui l'étude histologique de ces lésions, après coloration à l’hématéine-éosine-orange, au Giemsa, au Leishman, à la fuchséline. ) I. — Chez les lapins sacrifiés entre les 2° et 7° jours qui suivent l’in- jection, les altérations histologiques sont strictement localisées aux régions qui sont le siège des lésions macroscopiques. Elles forment des foyers englobant de 10 à 40 alvéoles, dans l'intervalle desquels les poumons sont normaux. Même dans les zones les plus atteintes, les lumières bronchiques et alvéolaires ne contiennent aucun exsudat, ni élément figuré. Les épithéliums qui les bordent sont toujours normaux. Cette intégrité des canaux aériens est un premier caractère remarquable des lésions que nous étudions. Il faut seulement noter une certaine réduction du volume des alvéoles, qui sont enserrés par les lésions intersti- tielles. Les cloisons interalvéolaires sont par contre épaissies : leur largeur SÉANCE DU 26 JUILLET AUVD devient égale au diamètre ou au demi-diamètre des plus larges lumières alvéolaires. On y distingue d’abord des capillaires sanguins fortement dilatés et bourrés d’hématies, mais exceptionneliement thrombosés. Assez sou- vent, les globules rouges sont extravasés et forment des nappes diffuses dans l'épaisseur des cloisons; il semble que, dans ces cas, les capillaires aient été rompus. Mais l’épaississement des cloisons interalvéolaires est dû surtout à la présence de nombreuses cellules qui appartiennent à deux types prin- cipaux : cellules conjonctives et cellules éosinophiles. Les premières, arrondies ou ovales, ont un protoplasma neutrophile, non granuleux et un noyau unique arrondi, clair, volumineux (exceptionnellement pycnotique). Les cellules éosinophiles, avec leurs granulations fran- chement acidophiles et leur noyau bilobé, ont tous les caractères des leucocytes éosinophiles du sang. Ces éléments sont plus ou moins denses selon les foyers examinés, Leurs proportions sont très variables. Dans la plupart, les cellules con- jonctives sont plus nombreuses que les éléments éosinophiles. Mais certains foyers sont constitués presque en totalité par des éosinophiles ; d’autres au contraire par des cellules-conjonctives. Il nous a semblé que les éosinophiles étaient surtout abondants après la résorption des hématies ou de l'huile épanchée, car, dans les régions où les capillaires ont disparu, ils sont d'autant plus nombreux qu'il y a moins de sang infiltré. Les hématies extravasées semblent demeurer un certain temps sans se modifier dans les cloisons interalvéolaires ; elles conservent leur affi- nité pour l'orange et ne s’altèrent pas. À la longue cependant elles doivent se résorber, ainsi qu'en témoigne la présence du pigment f r- rique dans certains foyers où les globules rouges sont rares ou absents. Dans les cellules conjonctives, nous n’avons pas vu de caryocinèses. Quant aux cellules éosinophiles, elles semblent bien se développer sur place, car les recherches hématologiques que nous avons pratiquées avec M. Genty ne nous ont pas révélé d’éosinophilie sanguine. Les capil- laires sont simplement dilatés ou rompus : quelques-uns sont cependant thrombosés, mais les ramuscules de l’artère pulmonaire le sont excep- tionnellement. Quant aux fibres élastiques, elles ne paraissent pas atro- phiées, mais elles sont dissociées par l’infiltrat cellulaire. Ces lésions semblent dues à la gêne de la circulation capillaire, résul- tant de l’obstruction par de minuscules embolies graisseuses. La réac- tion éosinophile locale est sans doute conditionnée par la nature huileuse de l’embolus, le corps gras pourrait en effet passer dans les cloisons interalvéolaires sans qu’il y ait rupture du capillaire. Elles se distinguent de l’infarctus pulmonaire où l’extravasation san- guine est plus abondante et envahit les lumières alvéolaires et bron- 4006 - SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE chiques. Elles se rapprochent des lésions consécutives aux embolies microbiennes récentes, mais elles s'en distinguent par le type spécial de la réaction cellulaire, l'intégrité du lobule pulmonaire ; les embolies microbiennes évoluent d’ailleurs ultérieurement vers la broncho-pneu- monie. Il s’agit donc essentiellement d'une pneumonie interstitielle pure, caractérisée par la prolifération des cellules fixes et par une éosinophilie locale. IT. — Lorsqueles lapins, au lieu de recevoir une seule injection, en ont recu un grand nombre, les altérations sont plus diffuses et changent de caractère. Quinze injections augmentent nettement la densité des lobes inférieurs des deux poumons. Les cloisons alvéolaires sont toutes plus ou moins épaissies. Secondairement, les cavités aériennes sont rétrécies d'une façon notable, maïs leur lumière ne contient ni exsudat, ni éléments figurés; bon nombre d’entre elles semblent avoir disparu : la fuchséline décèle leur squelelte élastique au milieu des mailles con- jonctives. Les dilatations capillaires et les infiltrats hémorragiques sont rares, mais on trouve fréquemment du pigment hématique qui indique la résorption de ces derniers. Les cellules conjonctives donnent nais- sance à des fibrilles qui s’enchevétrent : on assiste donc à une véritable organisalion conjonctive des lésions, à la formation d’une sclérose pul- monaire interstitielle, dans les mailles de laquelle on voit encore des cellules éosinophiles en nombre variable (quelquefois, mais assez rare- ment, très abondantes). Chez les animaux qui ont recu 32 injections intraveineuses, ces altérations s'étendent jusqu'aux sommets des pou- mons. A litre de lésions exceptionnelles, nous signalerons : la hernie dans la cavité alvéolaire du tissu interstitiel néoformé, par simple dépression de sa paroi endothéliale; la présence d’une couronne de cellules éosinae- philes autour des rameaux artériels dont les parois elles mêmes sont normales; l'existence, en certains points localisés de la paroi des bronches, de foyers de cellules rondes au niveau desquelles l'épithélium des conduits aériens a disparu (ces lésions de bronchite circonserite pourraient être l'amorce de dilatations bronchiques) ; la dissociation des fibres élastiques. En somme les cavités aériennes sont réduites de nombre et de volume. L’hématose est donc considérablement gênée, du fait de la réduction de la surface endothéliale des acini et des lésions des capillaires. Ces données histologiques confirment notre opinion antérieure, à savoir que des injections intraveineuses uniques ou rarement répétées d'une dose d'huile d'olives variant de Qc. c. 03 à 0 c.c. 2 par kilogramme d'animal ne déterminent chez le lapin que des altérations légères des poumons; que des injections multiples entraînent des lésions pulmo- naires diffuses et graves. SÉANCE DU 26 JUILLET 1007 Il n’en est plus de même si l’on incorpore à l'huile certaines substances médicamenteuses (iode, mercure, quinine, émétine, etc.) : celles-ci, arrêtées dans les capillaires, déterminent souvent des foyers de bron- cho-pneumonie nécrotique, dont l'existence contre-indique absolument l'usage thérapeutique de ces solutions. Le campbhre, dans nos recherches expérimentales, a toujours été bien toléré. L’incident rapporté récemment chez l’homme par M. Nandrot a été altribué sans raison valable à une embolie cérébrale, comme le prouve la relation clinique de l'observation; il relève probablement de l’action stimulante énergique de ce médicament agissant d’une facon brutale par suite de son introduction directe dansles veines; il montre seulement qu'il y aurait peut-être avantage à réduire les doses utilisées jusqu'ici. L'huile camphrée intraveineuse s’est montrée, chez les blessés atteints de choc, une médication, non seulement inoffensive s1 l’injec- tion est pratiquée selon les règles, mais encore héroïque et salutaire. ‘SUR UN PROCÉDÉ NOUVEAU D'APPRÉCIATION DES FONCTIONS RÉNALES : ÉPREUVE DE LA SYNIHÈSE HIPPURIQUE, par P.-L. VIoLLe. Aux différents procédés d'exploration de la fonction rénale actuelle- ment employés, nous avons pensé qu'il était intéressant d’en ajouter un autre dont nos expériences récentes nous ont montré la valeur. Ce procédé, qu'il ne convient pas de subslituer aux méthodes qui mesurent les substances éliminées ou retenues par un rein pathologique, s'adresse à l'examen de la fonction propre du parenchyme rénal. On sait que, à l’état normal, le rein fait la synthèse de l'acide hippu- rique en partant de l'acide benzoïque et du glycocolle. L’acide benzoïque est fourni par les dérivés aromatiques provenant des aliments. Le gly- cocolle existe dans la bile combiné à l'acide cholalique. À l’état normal, la quantité d'acide hippurique contenu dans un litre d'urine varie de 0 gr. 50 à 1 gr. 30. Ce processus synthétique ne se fait peut-être pas, d’une manière absolue, seulement au niveau du rein, mais, en fait, les quanlilés d’acide hippurique susceptibles de provenir d'autres organes peuvent être considérées comme négligeables. _Il est à noter en outre que, lorsqu'un sujet reste à un régime alimen- taire à peu près constant, l'élimination de l'acide hippurique ne subit chez lui que des variations minimes. En tous cas, elles sont insigni- fiantes par rapport aux varialions que l'on peut obtenir expérimentale- ment de la façon suivante : Brouoar. Comptes RenDus. — 1919. T. LXXXII. 72 1008 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Faire prendre au sujet en observation 0 gr. 50 d'acide benzoïque et 0 gr. 50 de glycocolle en 2 cachets séparés, avant le repas de midi. À ce moment, le malade a vidé une dernière fois sa vessie. Il recueillera toutes les urines des 24 heures, c'est-à-dire jusqu’au lendemain midi, heure à laquelle il urinera une dernière fois. L'expérience pourra être renouvelée après 4 ou 5 jours de repos. Résultats expérimentaux : 4° Chez un individu sain, par 24 heures : Élimination normale d'acide hippurique. . . . . . . . VAS Élimination, après épreuve, d'acide hippurique . . . . . . . 1822 20 Chez des individus atteints de lésions rénales : M. P.., dix-huit ans, néphrite albumineuse simple remontant à l’âge de neuf ans, consécutive à une amygdalite. Depuis, typhoïde et scarlatine qui n'ont pas notablement aggravé la néphrite. Pas d’æœdèmes. Cœur de volume normal. Pas de bruit de galop. Tension max., 17; min. 9, au Pachon. (Analyse faite à la fin d’une cure hydrominérale.) . Élimination normale d'acide hippurique . . . 0,45 par litre. — — — — . « «+ 0,80 par 24 heures. M. Br..., soixante ans, glycosurie : 47 gr. 15 par litre. Albuminurie : 0,15 centigrammes par litre. Tension artérielle max., 1%; min, 8. Pas d'æœdèmes. Pas de bruit de galop. Cœur normal. (Analyse faite au début d’une cure hydrominérale.) Élimination normale d'acide hippurique . . . 0,36 par litre. Es == = — . . . 0,12 par 24 heures. (D'après les auteurs, la glycosurie augmenterait l'élimination hippurique.) M. C.... trente ans, pyonéphrite postgrippale. Rein droit : forte purulence. Pas de Koch. Aucun germe. Pas de sang. — Rein gauche : sang, nettement. Leucocytose marquée. Pas de Koch; du Coli. Tension normale. Cœur normal. (Analyse faite avant la cure hydrominérale.) Élimination normale d'acide hippurique . . . . 0,005 par litre. ES _— =. ee EU 0,037 par 24 heures. Élimination, après épreuve, d'acide hippurique. 0,48 par litre. — — — — — . 0,84 par 24 heures. On voit que lorsque le parenchyme rénal est lésé, comme au cours d'une néphrite, le pouvoir synthétique du rein diminue et que la quan- tité d'acide hippurique, normale ou expérimentale, est d'autant plus faible que le rein est plus touché, Le professeur Desgrez et Adler ont montré que les acides diminuent le pouvoir de production du rein en acide hippurique. Inversement, des recherches que j'ai entreprises sur l’action des eaux diurétiques, j'ai pu SÉANCE DU 26 JUILLET 1009 conclure qu'elles déterminent une augmentation de cette production, c’est-à-dire qu’elles donnent une suractivité au PAR Er rénal : Chez un individu sain, par 24 heures : Elimination, après épreuve, sans eau diurétique Elimination, après épreuve, avec eau diurétique de où LT | C2 O9 } ND D] Les recherches systématiques que j’entreprends sur l’Epreuve de la synthèse hippurique me permettront incessamment de soumettre à la Société des résultats plus importants et plus précis. QUELQUES PRÉCISIONS SUR L'ACCÉLÉRATION DE-LA MÉTAMORPHOSE DES BATRACIENS ANOURES SOUS L'INFLUENCE DE L'EXTRAIT DE THYROÏDE, _ par Max KOLLMANN. Toute une série d'auteurs, Gudernatsch, A. Hahn, Brendgen, Cotronei, Kahn (1), ont montré dans ces dernières années qu'en nour- rissant des têlards d'Anoures avec de la glande thyroïde de Mammi- féres on déterminait une métamorphose prématurée donnant naissance à des adultes plus petits qu’à l'ordinaire. J'ai constaté qu'on obtient le même effet en ajoutant simplement à l’eau une certaine quantité d'extrait de thyroïde; l'accélération, dans ces conditions, semble moins brutale, et les phénomènes se laissent mieux analyser. Dès mes premiers essais, je remarquai une certaine variabilité due l’action de l'extrait. En critiquant les résultats obtenus je constatai que, abstraction faite des facteurs extérieurs, il fallait prendre en considéra- tion l’âge du têtard au début de l'expérience et l’état de sa nutrition. À. Influence de l’âge. — Ces expériences ne sont pas faciles à faire si l’on veut obtenir des résultats qui ne soient pas équivoques. Il faut se mettre à l’abri de l'influence des facteurs externes, notamment de la (4) J. F. Gudernatsch. Feeding experiments on Tadpoles. Arch. f. Entiw.- Mech., 35, p. 457, 1912. — A. Hahn. Einige Beobachtungen an Riesenlarven von Rana esculenta. Arch. mikr. Anat., 80, p. 1, 1912. — P. Brendgen. _Ueber die künstlich erzielte Metamorphose der Alytes-larven (Thyroïdea- fütterung). Anat. Anz., 46, p. 613, 1914. — G. Cotronei. Utteriori osser- vazioni sulle relazioni degli organi et sulla nutrizione con tiroide di Mammi- feri nell’ accrescimento larvale e nella metamorphosi degli Anfibi aauri. Roma Rend. Ace. Lincei, 23, S.I, p. 453 et 519, 1914. — R.H. Kahn. Zur Frage der Wirkung von Schildrüse und Thymus auf Froschlarven. Arch. f. ges. Physiol., CLXIIT, p. 384, 1916. 4010 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — —= température. Adler (1) a en effet mis récemment en évidence le rôle retardateur d’une température élevée. Ce qui est plus grave, c’est que la sensibilité à la température peut varier avec l’état de développement (2) et, dans l'ignorance relative où nous sommes de ces faits, on peut tou- jours craindre qu'une forte élévation ou un abaissement brusque agis- sant à un momént favorable ne vienne troubler les résultats. En consé- quence, tous les lots de têtards ont été élevés dans des vases de même forme, contenant la même quantité d’eau et déposés dans une cave faiblement éclairée où la température n’a pas varié en 65 jours de plus de 4° C. D'autre part, l'appréciation de l’âge d'un têtard ne peut reposer, ni sur sa taille ni même sur le temps écoulé depuis son éclosion quand il s’agit d'animaux élevés depuis l’œuf; seul a quelque signification Pétat de différenciation de l'organisme à l'instant considéré. J'ai done pris pour criterium de l’état de développement de mes lêtards un organe défini, en l'espèce les pales postérieures. Un grand nombre de têtards de ana temporaria sont tout d’abord soumis à un jeûne de quelques jours et utilisés seulement quand le fond des récipients ne renferme plus de déjections. Ils sont alors triés en lots d'individus aussi semblables que possible. J'ai constitué les huit lots suivants : 1° états plus ou moins jeunes ne comportant aucune trace de pattes postérieures visible extérieurement; 2° pattes sous la forme d'un bourgeon blanchàtre; 3° pattes visiblement formées mais très petites; 4° pattes plus grandes mais encore presque droites et allongées sur la queue; 5° palies semblables aux précédentes mais plus grandes ; 6° pattes en flexion dans l'attitude de l'adulte ; 7° pattes semblables à celles du lot précédent, mais corps commencant à prendre la forme de l'adulte; 8 membres antérieurs présents. : Chaque lot est divisé en deux groupes; le premier est élevé dans l’eau ordinaire, le second recoit 2c.c. d'extrait de thyroïde pour 100 ce. c. de liquide. Ni les uns ni les autres ne recoivent de nourriture. Dans ces conditions, l'extrait ne semble exercer aucune action sur les lots 1,2, 5 et 4, sauf sur quelques rares individus du dernier. Il faut comprendre en effet, que, malgré les précautions prises, tous les individus de chaque lot ne peuvent être rigoureusement identiques. Dans les lots 5 et 6, il est de règle de voir la métamorphose se produire rapidement chez les individus thyroïdisés ; c’est exceptionn I chez les 4) L. Adler. — Untersuchungen über die Entstehung der Amphibien- neotenie, zugleich ein Beitrag für Physiologie der Amphibien schildrüse. Arch. f. ges. Phys., CLXENV, p. 1, 1946. 2) À. Drzewina et G. Bohn. Variation de la résistance aux hautes tempé- ratures au cours du développement de la Grenouille. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXIT, p. 778, 1919. \ SÉANCE BU 26 JUILLET 1011 témoins du lot 5, bien plus fréquent chez ceux du lot 6. En tout cas, c'est loujours avec un retard très important, parfois énorme, comparati- vement aux animaux thyroïdisés. Enfin, les lots 6 et 7 restent inertes à la thyroïdine : la métamorphose, du reste très rapide, se produit aussi vite chez les témoins que chez les individus traités. Les tétards ne sont donc sensibles à l'extrait de thyroïde qu’à partir d’un certain âge, vraisemblablement quand ils ont acquis un état de différenciation suffisant. D’autre part, l'extrait n'agit pas non plus sur des individus trop ägés. En fait, à partir du moment où l’animal ne mange plus, où les membranes natatoires caudales commencent à régresser, où la bouche va muer, l’organismé semble réaliser toutes les conditions nécessaires et suffisantes du déterminisme de la métamor- phose. L'administration de thyroïdine est une superfétation. B. {nfluence de la nourriture. — Les auteurs indiquent cependant que les jeunes têtards subissent une métamorphose prématurée après avoir mangé de la glande thyroïde. Je crois que dans cette manière de procéder on introduit deux facteurs : la nourriture, la thyroïde. Pour le démontrer, j'ai constitué de nouveaux lots correspondants aux états 1, 2, 3 et 4 définis ci-dessus. Chaque lot a été divisé en deux groupes recevant tous deux de l'extrait de thyroïde. L’un d’eux était toujours privé de nourriture, l’autre était alimenté au moyen de viande de bœuf, de muscles de grenouille et de jaune d'œuf. Les témoins, c'est-à-dire les arimaux non alimentés, se sont comportés comme ci-dessus ; les autres se sont métamorphosés assez rapidement. D'autre part, le résultat est absolument le même que l’on administre l'extrait de thyroïde dès le début de l'expérience, ou seulement à partir du moment où les tétards nourris ont atteint l’état 4. Le rôle de l’alimen- tation est donc simplement de fournir aux têtards les matériaux néces- saires pour atteindre l'état où ils deviennent sensibles à l'extrait. C. Action sur le système léqumentaire. — Il est bon de remarquer que l’action de la thyroïdine ne se manifeste pas uniformément sur tous les organes, mais agit au début avec une plus grande intensité sur le système tégumentaire. En comparant des individus thyroïdisés et des témoins aussi identiques que possible par le développement de leurs membres et la forme générale de leur corps, on trouve toujours que la queue est plus courte, les membranes natatoires plus réduites, chez les premiers. La mue buccale se produit aussi d’une manière plus précoce. D. — Kahn (1) a signalé. après Cotronei que l’extrémité antérieure gauche apparaît avant la droite chez les têtards nourris à la thyroïde. Je . ne crois pas, en ce qui concerne Rana temporaria, que la thyroïde ait beaucoup à voir ici. Le phénomène est en effet très fréquent dans la nature. Je l'ai rencontré dans 5 à 6 p. 100 des têtards en métamorphose (1) Loca citato. 1012 SCCIÉTÉ DE BIOLOGIE que j'ai récoltés cette année, et dans la même proportion dans mes ële- vages à partir de l'œuf comme dans mes fêtards thyroïdisés. Tous ces animaux n'avaient encore que la patte antérieure gauche. Il faut se rap- peler que le spiraculum se trouve à gauche dans l’espèce qui nous occupe et qu’il offre ainsi une issue naturelle au membre déjà présent dans la cavité branchiale, issue qui doit se former à droite par déchi- rure et résorption de la paroi. Il suffit souvent d’exciter violemment un tétard à trois pattes pour voir subitement apparaître le membre anté- rieur droit; il existait donc déjà et son absence n'était qu'apparente. QUELQUES REMARQUES SUR LA MUE ET LA KÉRATINISATION CHEZ LES OPHIDIENS, par Max KOLLMANN. On sait que les Serpents rejettent à chaque mue la totalité des cou- - ches superficielles de leur tégument sous la forme d’un fourreau con- tinu dont ils sortent par la tête. L'étude du processus histologique de cette mue est susceptible de nous éclairer sur diverses particularités de la kératinisation : 1° La recherche et le dosage de la quantité de kératine contenue dans une exuvie donne des chiffres remarquablement faibles, au moins chez Crotalus horridus, chez la Couleuvre de Montpellier et plus. encore chez Bilis gabonica. C'est qu’en effet, comme le montre l'examen histologique, l'exuvie est formée d'une mince couche de cellules vides, pleines d'air, réduites à une membrane de kératine À et d'une couche sous-jacente, beaucoup plus épaisse d'éléments à contenu dégénéré, renfermant encore des noyaux et entourés d’une membrane non kérati- nisée dont nous examinerons plus loin la nature. Notons pour l'instant qu'il y a tous les passages, tant au point de vue de l’état du contenu cellulaire que de la nature et des propriétés chimiques et chromatiques de lamembrane entre les deux espèces d'éléments. La couche non kéra- tinisée a parfois été comparée au stratum lucilum de la peau des Mam- mifères, sans raisons suffisautes, à mon avis. L'évolution du tégument des Serpents peut donc être reconstiluée de la facon suivante : l’épiderme se compose d'une coùche de Malpigbhi, d’une couche épaisse non encore kératinisée où les cellules commen- cent à dégénérer el d’une mince couche cornée. Avant que la mue ne se produise, une nouvelle couche cornée prend naissance dans la profon- deur, à la limite supérieure du corps de Malpighi. Quand elle est cons- tituée, l'exuvie est rejelée, Ce phénomène est donc bien différent de la desquamation en détail qui est la règle chez les Vertébrés en général. Pourtant, on peut rappeler que le remplacement des odontoïdes SÉANCE DU 26 JUILLET 1013 cornés des Lamproies (1), la formation de la couche cornée définitive du bec de l'oiseau au-dessous du « diamant » (2) isolent également de. l'épiderme une épaisse couche de lissu dont la partie superficielle seule est kératinisée. 2 Je rappelle qu'il existe d’insensibles passages entre les cellules non cornées d'une exuvie et les cellules kératinisées. La recherche de la nature de la membrane des éléments non cornés peut donc apporter une contribution à l’histoire chimique de la cellule kéralinisée. La membrane des cellules superficielles est formée de kératine A, comme je m'en suis assuré en préparant cette substance à partir d'une mue de Bitis gabonica. La membrane des cellules non kéralinisées est insoluble dans l’eau, les bases et les sels en solution étendue, mais elle se gonfle dans les acides étendus et les alcalis assez concentrés et même par l’action prolongée de l’eau distillée. Elle est partiellement attaquée par NH° à partir de 10 p. 100. Enfin et surtout, elle est inattaquable àla trypsine mais se dissout complètement dans la pepsine chlorhydrique. Ajoutons qu'elle se gélifie, quoique difficilement, par l'action assez prolongée de l’autoclave à 110° G. Dans ces conditions, la substance qui constitue la membrane me semble se rapprocher des collagènes. L'analyse chromatique confirme : cette substance présente une électi- vité spéciale pour le carmin du picrocarmin, la fuschine du Van Gieson, le carmin d'indigo de la méthode de Cajal, la solution de safran, le bleu d’aniline, etc. Faut-il donc admettre que le collagène se transforme finalement en kératine ? Ce serait sans doute excessif. Retenons simplement que la membrane de la cellule épidermique passe par un stade où elle est con- stituée en tout ou en partie par du ee avant d'arriver à l’état de kéraline. Ces faits sont-ils nelle à aux autres Vertébrés? Je ne saurais le dire avec certitude. Je ne puis pas ne pas signaler cependant que Île trait colorable qui entoure les cellules de la région supérieure dü corps de Malpighi est fréquemment colorable par le bleu d'aniline, de même que celle des cellules épidermiques des têtards de Batraciens, exacte- ment comme la membrane non cornée de la mue des Serpents. (1) Renaut. Traité d'histologie pratique. (2) Branca. Le diamant du Poulet. Journ. Anat. et Phys., XLIIL, p. 342, 1907. Le Gérant : OCTAVE PORÉE. Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MARETHEUx, directeur, 1, rue Cassette. ME 1015 SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1919 SOMMAIRE _ BacamanN (ALoïs) : Présence de substances spécifiques dans les leu- cocytes des animaux immunisés . . BizcarD (G.),BicHaRp (G.) et LAFAR= CINADE : Les modifications de la courbe oscillométrique dans le bain carbo-gazeux de Royat . ...,.. CANTAGUZÈNE (J.) : Etude d’une infection expérimentale chez Ascidia MENU IE ESS ET Ne ce ce 1019 DHÉRÉ (Cu.) et SCHNEIDER (A.) : Appareils pour l'étude de l’action des gaz sur les pigments respira- DOTE Re Sedan e ee Vreevele ee 1034 Duéré (Cn.) et ScuNeIDER (A.) : Sur la dissociation des oxyhémo- EN NINOS RS RGO RS 1038 Daéré (Cx.) et SCHNEIDER (A.) : Sur une combinai:on de l’hémocyanine d'Escargot avec le bioxyde d'azote. 1041 Dusois (R.) : Pseudo-cellules sym- biotiques anaérobies et photogènes. 1016 Houssay (B.-A.) et SoRDELLI (A.) : Action des venins de serpents sur la coagulation du sang in vivo . Pannter (R.) : Aiguille-trocart. . . 1043 ReTTERER (Ép.) : Évolution des greffes testiculaires sur le Bouc. . . RicHarD (G.) et LAFARCINADE : Mo- difications de la courbe oscillomé- trique sous l'influence du bain , carbo-gazeux de Royat. . . . . .. 1028 ViozLe (H.) et Saint-Rar (L. DE) : Les porteurs de ténias. Réactions spécifiques. Réactions syphilitiques. 1033 1031 Réunion biologique de Lille. (48 juillet 1919.) Benorr (ALBE) : Sur les propriétés adsorbantes de l'acide urique vis- ä-vis des matières colorantes. . . . Benorr (Ars) : Sur l'état de l'acide urique en solution . . .1. . . . . .. 1052 -Boucer (L.) : Influence de la bile sur les mouvements de l'intestin ERISURVIER EC Ue HD MAN 1047 Denon (M.) et LameziNG (E.) : Sur un cas d'hématochylurie. . . . ... . 1056 1051 Dusois (Cx.) et Bourer (L.) : Ac- tion des extraits de prostate hyper- trophiée sur la vessie . . . . .... 1054 _Dugus (A.) : Variations de la pres- sion artérielle au cours d'un vol : une observation CHR Ne 1055 Fosse (R.) : Formation de l'acide cyanique par oxydation des sub- stances organiques. Son identifica- tion basée sur l'analyse quantita- NE NN Ne 1062 LameLinG (E.) et VazLéE (C.) : Sur la composition des fèces normales desllhomme nec e ROSE LamBLinG (E.) et VaLLée (C.) : Sur le dosage des graisses dans les fèces par le procédé Grimbert et par le procédé de Kumagawa- RicomE (H.) : Une plante dange- reuse pour les insectes qui en assurent la pollinisation . . . . . .. 104 Réunion de la Société belge de biologie. 26 juillet 1919.) Dusrin (A.-P.) : Influence d’une alimentation riche en nucléine sur la régénération saisonnière du thy- mus de la grenouille adulte . . . .. 1068 HENSsEvAL (M.) : À propos de l’ac- tion spécifique de l’euglobuline du SÉLTUMAVAC CALE DE EPS 1071 HENSEvAL (M.) : À propos du mode d'action de l’euglobuline vaccinale sur le vaccin. L’adsorption du virus par l’euglobuline normale. . .... 107% Le FÈvRE DE Arric : De l'action du chlorure de baryum sur le cœur de tortue in situ et sur son mode ALTÉRATION 1067 LE FÈvVRE DE ARric : Sur la cul- ture des Streptocoques homologues dans le sérum des blessés porteurs. 1065 WIiLoEMAN (E. DE) : La myrméco- philie dans le genre Uncaria (Ru- biacées), en Afrique. . . . . . . . . . 1080 Brorocte. Courtes Reùprs. — 1919. T. LXXXII. Fe) 1016 SCCIÉTÉ DE BIOLOGIE Zuxz (Encaro) : Sur la présence azote et en résidu sec du thymus d'histamine dans les muscles at- et du corps thyroïde chez l’homme teints de gangrène gazeuse . . . .. 1078 | et sur les rapports pondéraux entre Zuxz (EpGarp) : Sur la teneuren - ces deux OrSaneS. 5 0 ee 1080 Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. PRÉSENTATION D OUVRAGE. M. GLey. — J'ai l'honneur de présenter à la Société le tome VI. (année 1918)-des travaux de la « Socielat de Biologia » de Barcelone. C'est un très beau volume de 351 pages, avec de nombreuses illustra- tions (planches en couleurs, micrôphotographies, graphiques, ete.) et qui contient près de cinquante notes, quelques-unes assez longues pour constituer de véritables mémoires, toutes intéressantes, concernant les sciences morphologiques et la pathologie et surtout la physiologie et Ja chimie physiologique. PSEUDO-CELLULES SYMBIOTIQUES, ANAÉROBIES ET PHOTOGÈNES, par RAPHAEL DuBois. Les. Photobactéries, qui rendent la viande phosphorescente dans certaines circonstances, sont des organismes très polymorphes et aussi très polybiotes. Une même espèce de Photobactéries peut prendre des formes très différentes sans cesser d’être photogène, ou bien cesser de produire de la lumière sans changer de forme. La fonction est donc indépendante de la forme, comme autre part elle l'est de l'organe, et, soit dit en passant, c’est ce qui nécessite pour la physiologie comparée un plan absolument différent de celui qui convient à l'anatomie com- parée. C’est en 1891 que je suis parvenu à obtenir la première culture pure de Photobactéries de la viande de boucherie. Je leur ai donné le nom de Photobacterium sarcophilum parce qu’elles avaient été désignées sous plusieurs noms, leur polymorphisme ayant fait croire à l'existence de plusieurs espèces différentes (1). (4) Raphaël Dubois. Les Microbes lumineux, Echo des Sociétés et Associations vétérinaires de Lyon, 1891. — Sur la production de Ja phosphorescence de la viande par Photobaclerium sarcophilum, Soc. Sc. phys. et nat. vaudoise, Lau- sanne, 1891. — Idem, in Ann. de la Soc. Linnéenne de Lyon, XXXIX, 1892. SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1017 P. sarcophilum se comporte comme les autres Photobactéries dépo- sées à la surface du bouillon gélatine-viande-peptone salé à 3 p. 100. Elle conserve sa grosseur, sa forme en semelle de soulier ou en biscuit et sa luminosité, tant qu’elle vit en aérobie. Il n’en est pas de même quand on fait développer les colonies dans la profondeur du bouillon gélatineux, à l’abri du contact de l’air. Alors la forme et la grosseur des -Photobactéries sont profondément modifiées, ainsi que celles des colo- nies. Ces dernières, malgré la suppression du contact avec l’air exté- rieur, conservent leur luminosité, mais elle est amoindrie. Pour obtenir le résultat que je vais indiquer, il est indispensable Pseudo-cellules symbiotiques du Photobacterium sarcophilum (grossissement 200 diam... d'ajouter au bouillon gélatine-viande-peptone 4 p. 400 de lécithine de _ jaune d'œuf et de creuser un sillon profond avec le fil de platine inocu- lateur, ou, mieux encore, de l’enfoncer perpendiculairement à la surface du bouillon gélatineux. Dans le premier cas, on voit naître et se développer de petites masses arrondies ressemblant à des cellules granuleuses. Par suite de leur accroissement, elles ne tardent pas à se déformer par pression réci- proque, si bien qu'au bout d’un certain temps leur ensemble prend tout à fait l'aspect d'un tissu parenchymateux végétal. Toutefois ces curieux organites pseudo-cellulaires manquent de noyau ét Je les ai considérés comme de petites zooglées (1). Lorsqu'elles se développent à la suite d'une piqüre Dofonde ces (4) Voir Lecons de un et comparée, Masson, éd., Paris, 1898 . p. 508-509 et fig. 220 et 221. 1018 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pseudo-cellules naissent isolément sur le trajet suivi par le fil inocu- lateur : elles restent alors arrondies ou piriformes, et, sous cette der- nière forme, ressemblent beaucoup à l'organe photogène de la larve du Lampyre. Comme je l'ai dit déjà, bien qu’à l'abri du contact de l'air. elles restent lumineuses; mais ce qu'il y a de véritablement curieux, c’est qu'elles sécrètent une substance blanche nacrée, dont l'aspect est absolument semblable à celui de la couche crétacée des organes photo- &ènes du Lampyre. Si l’on recherche dans ces pseudo-cellules les grosses Photobactéries en semelles qui ont servi à l’inoculation, on n’en trouve plus trace : elles sont compiètement remplacées par de irès petits Microcoques en nombre considérable, qui donnent à ces organites un aspect finement granuleux. En substituant du nucléinate de soude à la lécithine, on obtient encore des zooglées, mais leurs colonies affectent une forme différente rappelant celle du thalle de certaines Algues ou de certains Champignons. Le fonctionnement anaérobique de ces. Drums s'explique par la réversibilité de la fonction photogénique, dont j'ai indiqué le méca- : nisme dans mes pRsrenenss notes. On voit jusqu’à quel point un simple changement chimique ie le milieu peut amener de profondes modifications dans le fonctionnement physiologique et dans la morphologie organique. Mais, malgré les analogies que je signale dans cette note, il ne faudrait pas en conclure que l'opinion de M. Piérantoni {de Naples) qui attribue à des symbiotes la production de la lumière chez les Insectes, soit exacte. J'ai pu, comme lui, obtenir des cultures avec les glandes photo- gènes des Lampyres, mais jamais ces cultures ne se sont montrées lumineuses; d’ailleurs M. Piérantoni n’a pu obtenir de cultures lumi- neuses, comme moi-même et bien avant lui, qu’en se servant d'animaux marins; mais il n’est pas nécessaire pour cela de se servir d'animaux photogènes, tous les animaux marins étant bourrés de Photobac- téries. Il est regrettable que M. Portier ait cité les recherches de M. Piéran- toni à l'appui de sa théorie des symbiotes (1). Mais il est curieux de remarquer, avec cet auteur, que comme nos Photobactéries (loc. cit., p. 137), «les globulins du sang passent avec une extrême facilité de la forme de bâtonnets à la forme ronde, à la forme de Coccus, et que l'on a alors des éléments sphérulaires de taille variable, qui ressemblent, à s'y méprendre, à certaines mitochondries et à la forme que prennent les symbiotes dans certains milieux de culture (2) ». 4) Paul Portier. Les Symbiotes, Masson, édit., 1919, Paris, p. 206. (2) Pour plus de détails, voir mon mémoire : Etude sur quelques travaux récents relatifs à la biophotogenèse. Annales de la Société Linnéenne de Lyon, XIV, 4947, p. 4-12. SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1019 Conclusions. — On peut obtenir des pseudo-cellules photogènes el même des pseudo-tissus parenchymateux avec des Photobactéries, mais cela ne prouve pas que les cellules animales ou végétales, en général, et, en particulier, les cellules photogènes, soient formées par des agglo- mérations microbiennes. ÉTUDE D'UNE INFECTION EXPÉRIMENTALE CHEZ Ascidia mentula, par J. CANTACGUZÈNE. Les réactions défensives sont mal connues chez la plupart des inver- tébrés. Voici quelques données relatives à une infection expérimentale étudiée chez un tunicier de grande taille, Ascidia mentula. J'ai employé, pour ces recherches, une bactérie isolée de l'intestin d’un gastéropode opisthobranche, l'Aplysia punctata. C'est une bactérie mobile, ne prenant pas le Gram, ayant l’aspect et les dimensions d’un 2. coli, poussant sur gélose à la température du laboratoire et dont les cultures dégagent une forte odeur de 2. coli. On inoculait aux animaux, à travers la tunique, quelques gouttes d’une émulsion très diluée dans l’eau de mer stérile d’une culture sur gélose de 24 heures. L’injection, qui doit se faire avec de grandes précautions, afin de ne pas pénétrer dans la branchie, se pratiquait dans la région sous-endostylaire, en maintenant la pointe de l'aiguille dans l'épaisseur même de la tunique; à ce niveau, existent, dans cette dernière, de larges sinus sanguins qui permettent à l’injection de se répandre. Un animal était sacrifié chaque jour, du 1% au 10° jour. L'examen portait sur le sang de la circulation générale, sur les coupes de la tunique pratiquées à main levée, et sur un mélange, en verre de montre après un contact de 6-7 heures, de sang et d’une émulsion très diluée de bactéries. Le sang de l’Ascidia mentula est fortement acide; il est très riche en oxydase et donne, avec la teinture de gaïac, une réaction d’un beau bleu-vert; il ne présente, ni in vivo, ni in vitro, de pouvoir agglutinant vis-à-vis de notre microbe. Il renferme des amibocytes d’une grande variété morphologique : a) lymphocytes; 4) amibocytes hyalins, petits ou grands, doués d’énergiques propriétés phacocytaires et qui repré- sentent environ 50-60 p. 100 du nombre total des cellules sanguines; c) amibocytes adipophores remplis de globules gras; d) amibocytes à grande vacuole unique occupant la presque totalité de l'élément et se colorant souvent, mais pas toujours, en gris foncé par les vapeurs osmiques; e) éléments vésiculeux, hyalins, dépourvus de noyau ou présentant à la périphérie des restes-de chromatine; f) cellules pig- mentées à gros grains orange. La plupart de ces éléments sont arhi- boïdes. Les hyalins seuls semblent doués de propriétés phagocytaires. 1020 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE — I! existe d’ailleurs des formes de transition entre ces derniers et les autres catégories. : Les animaux supportent en général très bien |’ ing AU La gué- rison est la règle. 24 heures après l'injection, on ne trouve que de rares hell libres dans le sang de la circulation générale. Elles se montrent très nom- breuses 2 jours après l'injection, plus nombreuses encore au 4° jour. À ce moment il y a sépticémie. Les bactéries sont mobiles, sans aucune tendance à l’agglutination. Elles sont devenues très rares au 6° jour, excessivement rares au 7°. On ne trouve plus de bactéries libres au 9 jour. Les ensemencements sur gélose faits avec le sang recueilli par pouction de la tunique (région sous-endostylaire) sont positives jusqu'au 1° jour, négatives à partir du 8°. Il faut donc aux bactéries 24 heures pour s'adapter au nouveau milieu et une semaine environ pour être. détruites, sinon complètement, tout au moins pour l'immense majorité d'entre elles. Par quel mécanisme s’accomplit cette destruction? Notons d’ abord qu’à aucun moment, dans le sang circulant, on n’observe d'agglutination des bactéries. Il faut noter, néanmoins, à partir du 3° jour, une tendance manifeste des bactéries, à adhérer, isolément ou par petits groupes, à la surface des amibocytes adipophores ou des amibocytes à grande « vacuole. Mais cela ne va jamais jusqu’à la formation d’amas agglutinés véritables. Dès les premières 24 heures, dans le sang coloré par la méthode .de Giemsa, on trouve des amæbocytes hyalins, contenant des bactéries à l’intérieur de vacuoles: mais ces cas sont rares. Au contraire, la réaction phagocytaire, accompagnée de digestion intracellulaire, est fréquente au bout de 48 heures et très énergique au 4° jour. Seuls les amæbocytes hyalins participent à ce phénomène. Les vacuoles diges- tives, pelites et nombreuses, sont tassées en couronne autour du noyau, au centre de la cellule. La destruction des microbes s'opère très vite à l’intérieur de ces vacuoles: ils y sont rapidement réduits - à l’état de poussière chromatique. Cette destruction intra-cellulaire est presque complètement achevée vers le.6° jour. Jusqu’au 9° jour néan- moins, on rencontre cà et là des phagocytes bourrés de microbes. Vers le 6° jour, on observe une dégénérescence en masse des phago- cytes hyalins; le noyau entre en karyolyse, le cytoplasme se vacuo- lise, devient hydropique, les contours de l'élément s’effacent. En même temps, le nombre des gros phagocytes hyalins, bourrés de débris et de résidus de toute sorte, augmente considérablement. Il y a là quelque chose de très analogue au processus de macrophagocytose qui marque la fin de Ja réaction inflammatoire chez les vertébrés. Vers le 4° jour de l'infection, alors que l’on approche du point critique de cette dernière, apparaît dans le sang, en nombre très grand, un élément nouveau : il s'agit d’amibocytes à cytoplasma intensément basophile, SÉANCE DU À8 OCTOBRE 1021 présentant souvent des noyaux doubles ou en voie de division, et rap- pelant, à s’y méprendre, l'aspect et les réactions colorantes des formes de Turk, si fréquentes dans certaines infections des vertébrés. Elles sont particulièrement abondantes à la phase ultime de l'infection, pour diminuer une fois celle-ci terminée. Ainsi donc l'étude microscopique du sang circulant ne montre guère un autre processus de défense que celui de la digestion intracellulaire. Et cependant au cours de l'infection des propriétés nouvelles appa- raissent dans le sang, ou tout au moins à la surface des cellules. Nous avons noté déjà, dès le 3° jour, la tendance des bactéries à adhérer à la surface de certaines catégories d'amibocytes. Voyons maintenant ce que nous enseigne l'observation in vitro. Quand on mélange dans un verre de montre du sang d’'Ascidie parvenu au 9° jour de linfection, ayec une émulsion diluée de bacilles de l’Aphysie, voici ce que l’on constate après un contact de quelques:heures, le mélange étant main- tenu à la lempérature du laboratoire. Les amibocytes de toutes caté- gories sont sédimentées au fond du verre (le sang de l’Ascidia mentula ne coagule pas spontanément); les bactéries qui nagent dans le plasma sont très mobiles, libres, sans tendancefà s’agglutiner, elles ont par contre la tendance à adhérer fortement par une de leurs extrémités aux petits débris cellulaires qui flottent dans le liquide (sans pour cela perdre leur mobilité). Le tableau est tout différent au niveau de la couche amibocytaire. Là, on trouve en abondance de gros paquets de bactéries fortement agglutinées, lantôt ayant perdu complètement leur mobilité; tantôt encore partiellement mobiles. Mais cette agglutination se fait exclusivement au contact direct des cellules. On trouve ces masses immobilisées et agglutinées au milieu des amas d’amibocytes. Il y a lieu de distinguer ici deux types d’agglutination; dans l’un des cas, on voit nettement que l’agglutination s'accomplit au sein d’une substance _ glaireuse très ténue, émanée des amibocytes hyalins eux-mêmes; ces derniers laissent échapper à l’une de leurs extrémités, celle qui est opposée au noyau, une sorte de nuage réticulé à l’intérieur duquel les bactéries s'immobilisent et s’agglutinent; l’autre cas est plus intéressant encore ; 1l se produit au contact des adipophores et des amibocytes à grande vacuole, c’est-à-dire au contact des éléments contenant des substances grasses : les bactéries forment à l’un des pôles de l'élément, celui qui est à l'opposite du noyau, des houppettes très denses qui rappellent la disposition prise par la limaille de fer aux pôles d’un aimant. Les bactéries qui se trouvent au contact direct de l'élément y sont Comme piquées à sa surface par l’une de leurs extrémités. Au sein de ces houpettes, les bactéries conservent quelque temps leur mobilité, puis finissent par la perdre. Or, l’on ne constate de phénomènes semblables ni dans le sang normal, ni dans celui des individus qui se trouvent aux premiers jours 1022 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l'infection. Ce n’est guère qu’à partir du 6° jour que ces propriétés agglutinantes des amibocytes apparaissent. Elles augmentent d'intensité du 6° au 10° jour. Nous n'avons pu poursuivre nos observations au delà de ce terme. On n'observe jamais de bactériolyse extracellulaire. Mais l’on constate nettement que la phagocytose in vitro, nulle ou très faible, au début de l'infection, se produit avec une grande intensité avec le sang des individus inoculés depuis neuf jours. Notons, pour terminer, la diminution remarquable de l'acidité ainsi que celle du pouvoir oxydant du sang pendant les premiers jours de l'infection. Ces deux propriétés reparaissent progressivement lorsque le processus infectieux est terminé. (Travail de l’Institut biologique de Roscoff.) ÉVOLUTION DES GREFFES TESTICULAIRES SUR LE Bouc, par Év. RETTERER. Au XX VIII Congrès de chirurgie, M. S. Voronoff a présenté les résul- tats généraux qu'il a obtenus quant à l'influence que les testicules greffés exercent sur tout l'organisme. En ce qui concerne l’évolution des tissus greffés, voici ce que j’ai observé sur les pièces que M. Voro- noff m’a confiées. I. Testicules de très jeunes Boucs ayant servi de greffons. — Testicules encore au stade pré-spermatogène avec des tubes de 0mm10 à 012, revêtus de plu- sieurs rangées de cellules épithéliales sans spermatides ni spermatozoïdes. Le tissu conjonctif interséminipare n’a qu'une étendue de 2 à 5 x aux angles rentrants interséminipares, et, dans les points où les tubes se touchent, on ne voit qu’une membrane fine de 1 ou 2 uv. Très rares sont les cellules ovoides ou polyédriques à cytoplasma abondant et chargé de granulations graisseuses et qui sont dites cellules inferstitielles. Elles sont toujours isolées. IT. Fragments de te:ticule greffés dans la vaginale d'un Bouc châtré, 18 jours après la greffe (n° 47). — Les tubes séminipares ont un calibre moyen de 0®210, le tissu conjonctif interséminipare occupe une étendue égale à celle des tubes. La plupart des tubes ont encore un revêtement rappelant celui décrit plus haut; mais plusieurs présentent des spermatides et des bâtonnets ovalaires en forme de têtes de spermatozoïdes. : III. Testicule entier greffé dans les mêmes conditions, après 12 jours (n° 49). — Nécrobiose des cellules épithéliales. IV. Testicule entier greffé dans les mémes conditions, après 2 mois de greffe (n° 60 b). — Nécrobiose des cellules épithéliales. is, SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1023 V. Fragments de testicules -greffés dans les mêmes conditions, après 2 mois de greffe (n° 60 a). — Sur les coupes des fragments, on observe trois zones de tissu : la zone la plus superficielle est conjonctive ; la moyenne est réticulée avec des follicules clos; la 3° ou profonde est constituée par des conduits séminipares de 003 à Omm05. C’est à la limite des deux dernières zones qu’on voit la facon dont les cellules épithéliales se transforment en tissu réticulé et en follicules clos. Eu effet, des groupes de tubes séminipares, comprenant 2 ou 10 conduits, forment des amas ovalaires de 0"n3 à Onm5 et constituant un follicule clos. Dans ces follicules, les cellules épithéliales des tubes se sont multipliées, et, bien que le cytoplasma possède encore les mêmes propriétés colorantes que celui des épithéliums, il est fortement réti- culé et en voie de transformation en tissu conjonctif. En d’autres points, les tubes épithéliaux ne se groupent pas en follicules, mais de la périphérie au centre, les cellules épithéliales se disposent en couches concentriques de noyaux très chromatiques pendant que le cytoplasma devient réticulé. Le tissu réticulé est dépourvu de cellules interstitielles. VI. Testicule-entier greffé dans la vaginale d’un Bouc châtré, 12 mois après la greffe (n° 15). — Testicule d’un très jeune Bouc; long de 15 millimètres, large de 5 à 7 millimètres, ce testicule avait une albuginée épaisse de Omm15, Le testicule est composé d’une série de cordons réunis entre eux par un tissu conjonctif réticulé. Les cordons, coupés en travers,sont des masses arrondies ou ovalaires dont la plupart ont un diamètre de 005, mais il en est qui atteignent la taille de O1 à O®m2, Ils sont constitués par un cytoplasma commun semé de nombreux petits noyaux très chromatiques. Leur périphérie se continue immédiatement, sans membrane propre, avec du tissu conjonctif réticulé qui, en certains points, est plus abondant que les cordons y inclus, mais qui, en général, occupé une étendue moitié moindre que l’ensemble des cordons. Sectionnés transversalement, ceux-ci se présentent comme des amas de 0204 à 0205, constitués par un cytoplasma commun contenant des noyaux serrés, très chromatiques, de 5 à 6 uv. D’autres cordons de 0mm02 ou de 0201 ont un centre de même structure, tandis que leur cortex se com- pose de deux ou trois couches concentriques formées de noyaux semblables, mais d'une substance intercellulaire plus abondante et fibrillaire. Le tissu qui réunit ces amas folliculaires est franchement conjonctif avec des noyaux peu colorables. Absence de cellules interstitielles. VIT. Greffe d'un testicule entier d'un Bouc de 4 mois, après 3 mois de greffe (n° 61). — Ce testicule, long de 40 millimètres, large de 30 millimètres, était entouré d’une albuginée épaisse de 3 millimètres. Au bout de 3 mois, tous les éléments sont en voie de aécrobiose : cytoplasma granuleux et absence de noyaux. Résultats el critique. — Que deviennent les tissus du testicule greffé ? _ Sur les Batraciens, Mantegazza (1860), Herlitza (1900), Zalachas (1907); sur les Oiseaux, Berchthold (1849), R. Wagner (1851), Lode (1895), Pézard (1918) ont vu les tubes séminipares du greffon continuer quel- que temps à former des spermatozoïdes, mais peu à peu l'épithélium dégénère, pendant qu’il se développe entre eux un exsudat plastique, 1024 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE puis un tissu fibreux ou un tissu conjonctif qui n’a pas l'aspect du tissu interstitiel classique. Le testicule des Mammifères transplanté dans la cavité péritonéale ou sous la peau ne montre plus, au bout d’un certain temps, que des cellules de Sertoli qui se multiplient par mitose ou se convertissent, soit en cellules géantes, soit en un épithélium indifférent (Ribbert 1898, Maximow 1899, Cevolotto 1909). Steinbach greffa, en 1909, les testicules de 46 jeunes Rats sur la face interne de la paroi ce nale: la plupart des greffons survéeurent; les cellules séminales dégéné- rèrent et les tubes séminipares ne restèrent revêtus que d’un épithélium « succulent ». Les cellules interstitielles devinrent plus abondantes. Tout au contraire de ses devanciers, S. Voronoff a greffé les testicules dans la vaginale même des bourses. Bien que la circulation sanguine soit interrompue et suspendue, le greffon se trouve ainsi placé dans son milieu naturel. Aussi le plasma nutritif arrive-t-il aux parties superfi- cielles des fragments transplantés, ainsi qu'aux portions corticales des testicules entiers, lorsque ceux-ci n’ont qu’une mince albuginée. Toutes les portions imprégnées par le plasma survivent; les portions cen- trales, seules, se nécrosent. Dans les greffons qui survivent, la nutrition est affaiblie ; cependant ils montrent quelques tubes dont les cellules épithéliales évoluent de ‘facon à produire des têtes de spermatozoïdes. La plupart des autres tubes séminipares survivent également; mais les phénomènes évolutifs se trouvent ralentis en même temps que les cellules épithéliales se chan- gent en un syncytium à nombreux noyaux qui remplit la lumière du canalicule. Le syncytium se transforme ensuite, à partir de la paroi propre, en tissu réticulé, c'est-à-dire que le cytoplasma se différencie en réticulum hématoxylinophile et en hyaloplasma. L'hyaloplasma subissant ultérieurement la fonte, le tissu réticulé, d’abord plein, pré- sente des mailles vides. C’est grâce à ce processus que le tissu con- jonctif interséminipare devient plus abondant. Jamais je n'ai vu d'images mitosiques dans ce tissu interséminipare ; ce n’est donc point la prolifération des cellules conjonctives qui augmente la masse du tissu interséminipare. A la suite de la greffe, les éléments épithéliaux des tubes sémini- pares, moins bien nourris, changent donc leur structure et leur eyele évolutif ; au lieu de produire des spermatozoïdes, la plupart se transfor- ment en tissu réticulé, qui représente leur deuxième stade évolutif. Dans le testicule greffé, l’épithélium prend d’abord la forme et la structure de. celui qu'on trouve, à l’origine, dans l’ébauche constituant la bourse de Fabricius, les amygdales, les plaques de Peyer, etc. : c’est un revête- ment épithélial analogue à celui des glandes ouvertes ; mais, peu à peu, cet épithélium se transforme en lissu réticulé. Expérimentalement, j'ai de même réussi à provoquer la formation de nodules fibreux aux dépens de bourgeons épithéliaux. La greffe lesticulaire réalise les conditions SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1025 favorables à la transformation de l’épithélium glandulaire en tissu réticulé (4). . Conclusion. — Ne survivent dans le testicule greffé (entier ou frag- ments) que les portions superficielles qui continuent à recevoir du plasma nutritif. Mais Les cellules épithéliales qui survivent modifient leur structure et leur évolution : fort peu continuent à se diviser pour produire des petits noyaux et des têtes de spermatozoïdes ; la plupart se transforment, dans ces nouvelles conditions, en une masse à cyloplasma , Commun qui finit par évoluer en tissu conjonctif réticulé. LES MODIFICATIONS DE LA COURBE. OSCILLOMÉTRIQUE DANS LE BAIN CARBO-GAZEUX DE ROYAT, par G. BILLARD, G. RICHARD et LAFARCINADE. Au cours d'études entreprises depuis deux ans sur des séries de malades en traitement à Royal, nous avons pu constater des modifica- tions très intéressantes de la courbe oscillométrique décrite par l’un de nous (2). Nous nous étions mis dans les conditions habituelles d’une bonne observation : oscillomètres soigneusement étalonnés; malades vus avant le bain à plusieurs reprises pour établir la courbe type de chacun d'eux (3). Les gxamens étaient faits ensuite dans le bain de 4 en -4 minutes, la durée totale variant de 16 à 20 minutes. Les bains étaient donnés à température indifférente, celle de la source « Eugénie » (33°5). (Dans quelques cas, où le bain avait été réchauffé de 34° à 36°, les résullats n’ont pas été modifiés.) Nos recherches ont porté sur 100 sujets : 16 étaient normaux; 13 des valvulaires jeunes et 71 des hypertendus, les uns seulement spasmodiques, d'autres déjà des scléreux. Chez les sujets normaux et chez les valvulaires jeunes la courbe est peu modifiée par un bain aussi court; chez les hypertendus, au contraire, elle subit de profondes modifications (fig. 1) dès la 4° minute, plus tôt quelquefois, - en même temps que Mx commence à baisser et recule, par conséquent, sur la courbe, la ligne d’ascension se redresse, l’oscillation d'amplitude Mx appa- = (4) Cette évolution, pour ainsi dire, interne de l’épithélium est surtout accentuée dans les segments du tube digestif qui servent de lieux de passage et où les actions chimiques sont très réduites (pharynx, touxille colique, cloaque des Oiseaux, etc.). (Retterer et Lelièvre, 1910.) (2) G. Billard. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, novembre 1917. (3) Ce sujet était toujours placé le buste relevé, dans la situation qu'il devait avoir plus tard dans le bain. \ 1026 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE raissant prématurément. La première décroissante Me ne suit pas aussitôt, car pour des abaissements de pression successifs de 1, 2, 3, 4 et même 5 cen- Fire. 4 x | avi BYPPÉORRERRTAINSRERAETT 0 EU ITTITT ER esse PP) EN NP NIET ne Fa EEE EP PETNCEER ESS La T EE LAAES LE PRRETS TTL LU ECREN ue DENCSEEZ RSR OU ; 5 D 10 11 12 18 T4 15 16 17 18 K 40 21 } Fi. 2. timètres dans le brassard, l'amplitude oscillatoire reste constante, constituant un plateau régulier, qui finit par une chute plus ou moins brusque sur la première décroissante Mn, qui se lrouve ainsi notablement reculée sur la courbe (fig, 2). SÉANCE DU 18 OCTOBRE . 1027 Au bout de 8 minutes, les mêmes phénomènes s’observent le plus souvent, plus marqués seulement : Mx recule encore; l’amplitude oscillatoire s'accroît; le plateau s'étend encore, grâce à un nouveau retrait de Mn; il faut remar- quer, toutefois, qu'il est fréquent, sinon constant, que ce plateau perde de sa régularité; après un palier de 2 à 3 centimètres, on trouve une légère ligne d’ascension, puis un second palier, bientôt suivi par Mn. A 12 minutes, habituellement, Mx ne bouge plus; la ligne d’ascension s'étale à nouveau, le Mx d'amplitude oscillatoire n’étant atteint que plus tard; ainsi Le plateau est rétréci, car Mn ne recule plus. Il ne cessera plus de diminuer, et, à la 16° minute, on note, par suite de l'obliquité plus accentuée de la ligne d’ascension et du relèvement très net de Mn, un nouveau clocher, qui ne diffère plus de celui d’avant le bain que par la hauteur, l'amplitude de chaque pulsation étant nettement augmentée. Ces modifications s’accentuent encore après la 20° minute, si bien que, si l'on prolonge l'immersion, Mx et Mn peuvent dépasser leur taux d’avant le bain. Durant toute la durée du baïin, le pouls s’est ralenti; ce ralentissement atteint son maximum entre la 12° et la 15° minute; parallèlement, le chiffre des mouvements respiratoires tend à baisser. L'apparition du plateau dans la courbe oscillométrique sous l'influence du bain semble pouvoir s'expliquer de la facon suivante : le bain carbo- gazeux produit une vaso-dilatation périphérique généralisée; dans la peau et le tissu cellulaire, ainsi transformés en une véritable éponge vasculaire, les ondes pulsatiles tendent à s’étaler, à s'uniformiser comme dans une poche d'anévrysme. Cette réaction vasculaire se pro- duit avec la lenteur qui caractérise les réactions des fibres musculaires ; la courbe oscillométrique étant prise au moment précis où cette réaction est en cours d'effet, on comprend l’étalement en plateau et on conçoit - (ce que l’expérience a démontré) que l’étendue de ce plateau sera d’au- tant plus grande que la réaction des parois artérielles sera plus lente à se produire où mieux que l’élasticité de ces parois artérielles sera plus compromise. Prolongé outre mesure, le bain redonne à la courbe la forme « en clocher »; ceci tient à ce que succèdent aux ondes dilatatrices de grandes ondes vaso-constrictrices dont le rythme, à périodes normalement très éspacées, a été momentanément inhibé par le premier effet du bain. Ces transformations de la courbe oscillométrique constituent une démonstration nette de la gymnastique vasculaire obtenue par la cure thermale de Royat. | 1028 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —————…——— — ——"—…———_—_———————— MODIFICATIONS DE LA COURBE OSCILLOMÉTRIQUE SOUS L'INFLUENCE DU BAIN CARBO-GAZEUX DE ROYAT, par G. RicHaRD et LAFARCINADE. Dans la note précédente nous avons, avec M. G. Billard, tenté d'in- terpréter une modification intéressante de la courbe oscillométrique au cours du bain carbo-gazeux de Royal. Nous sommes arrivés à cette conclusion : le plateau qui apparaît sur la courbe, après un temps plus ou moins long, traduit le phénomène de vaso-dilatation périphérique; il est plus ou moins étendu, plus ou moins allongé, suivant que la réaction des parois vasculaires sera plus lente à se produire ou même que l’élasticité de ces parois sera plus ou moins compromise. Nous possédons ainsi un procédé qui permet non seulement de pré- voir, dans une certaine mesure, le degré d'efficacité possible de la cure, mais aussi un moyen de posologuer le traitement, de limiter la durée du bain. Ce que cherche, en effet, à balises le traitement de Royat, c'est une gymnastique vasculaire réalisée par les alternatives de vaso-dilatation dans le bain et de vaso-constriction consécutives; c’est aussi une séda- tion, une régulation du sympathique. Or, l'apparition du plateau P traduit sur Ja courbe le moment où est acquise la vaso-dilatation périphérique; à ce moment, la circulation centrale est décongestionnée par l'appel de sang qui se fait vers l'éponge cutanée et sous-cutanée; le cœur, soulagé d'autant, se ralentit, sa toni- cité augmente. A cette première période fait suite une seconde, au cours de laquelle les grandes ondes vaso-constrictrices, inhibées par le premier effet du bain, reparaissent. C'est vraisemblablement par une vaso-constriction profonde, au niveau des organes splanchniques, que le phénomène commence à se faire sentir, car nous avons souvent noté le relèvement de pression dans le bain alors que la vaso-dilatation cutanée était encore à son maximum. Le premier des moments de ce réflexe vaso-moteur doit A ur suffire pour la grande majorité des sujets traités à Royat : hypertendus et scléreux ; pour d’autres (valvulaires, hypotendus, anémiques, ete.), la recherche du second temps pourra trouver ses indications. Les faits cliniques confirment ces déductions théoriques. Le plateau, indice de vaso-dilatation périphérique, apparaît dans nos 100 observations un temps variable selon les sujets : SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1029 Chez les sujets jeunes : normaux |16| ou valvulaires [A3], nous n'avons, quelle que soit la durée du bain, pas pu obtenir de plateau (1). Chez les hypertendus et les scléreux, il en va tout autrement : de nos 17 hypertendus spasmodiques, 2 ont présenté vaso-dilatation et pla- teau après 4 minutes; les 15 autres à la 8° minute. De nos scléreux [54] {artériosclérose simple ou compliquée de sclé- roses viscérales) : 2 avaient le plateau après 4 minutes; 28 après 8 minutes; 6 après 12 minutes; 6 après 16 minutes. 12 ne l'avaient pas _ après 20 minutes et ne marquaient ni vaso-dilatation périphérique ni abaissement de tension. Le bain carbo-gazeux de Royat peut donc être, dans de nombreux cas, un bain court; les résultats cliniques éloignés le confirment : de nos malades scléréux [54}, un tiers environ |19] étaient de très anciens clients de la station, qui avaient gardé de leurs séjours d'autrefois, au temps où ils venaient y traiter leur goutte, l’agréable souvenir du bain long; ils prolongeaient l'immersion même dans les bain les plus riches en gaz, 20 et même 30 minutes; quelques-uns d’entre eux en ressentaient des inconvénients immédiats; en fin de sai- son, 41 avaient gardé leur tension d'arrivée; 4 l'avaient élevée; 5, au contraire, l'avaient abaissée. Par contre, des 35 autres, 32 partaient avec une pression notablement diminuée. : La conclusion qui s'impose, c’est que la technique du bain carbo- gazeux de Royat doit être une chose essentiellement variable suivant les sujets; l'efficacité de la cure dépendra beaucoup de la surveillance attentive des réactions vaso-motrices du sujet; nous croyons que le signe du plateau, que nous avons décrit, fournit souvent le moyen de réaliser cette surveillance. = ACTION DES VENINS DE SERPENTS SUR LA COAGULATION DU SANG in vivo, par B.-A. Houssay et A. SORDELLI. Dans la présente note, nous tenons à résumer très brièvement les principales conclusions qui découlent de nos recherches sur l’action que produit l'injection des venins de serpents sur la coagulation sanguine des animaux. Nous avons consacré deux longues notes à l’action in vitro des venins sur la coagulation. (4) Chez l’un surtout où, grâce à ses fonctions de maître nageur, l’immer- sion a pu être prolongée 4 heures, nous avons eu après 2 heures déjà, et surtout après # heures, un relèvement de la Mn (2 cent. 5) sans que, à aucun moment, la courbe ne revête l'aspect caractéristique de plateau. 1030 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les 21 venins que nous avons étudiés détruisent le cylozyme (throm- bokinase) par leur pouvoir lipolytique. De ce fait le processus de la coa- gulation s'arrête tout court et il ne se forme pas de thrombine sanguine. Certains venins qui n'ont que le pouvoir d’anticytozymes (pour d'autres actions, voir ces Comptes rendus, 1918, n° 1, 12) sont, par ce fait, anticoagulants in vitro, quand on les mélange au sang extrait, et le sont aussi in vivo, c'est-à-dire quand on les injecte aux animaux à dose suffisante. Tels sont les venins de /Vaja tripudians, Naja bun-- garus, Elaps marcgravi, Lachesis flavoviridis, Ancistrodon conte Ancistrodon piscivorus, Crotalus adamanteus. D'autres venins possèdent, en plus du pouvoir d’anticytozyme, celui de coaguler le plasma ou les solutions de fibrinogène, parce qu'ils contiennent des substances spécifiques d'action comparable à celle de la thrombine sanguine. Dans ce groupe de venins coagulants nous avons étudié ceux de ZLachesis atrox, Lachesis neuwiedi, Lachesis ammodytoides, Lachesis alternatus, Lachesis lanceolatus, Lachesis jara- racussu, Crotalus terrificus, Ancistrodon blomhoffi, Vipera rusellu, Vipera aspis, Echis carinatus, Notechis scutatus, Pseudechis porphyriacus, Bungarus fasciatus. Ces venins sont coagulants in vitro et in vivo. Le cas du venin de Crotalus adamanteus diffère un peu, car il n’est pas coagulant in vitro, mais il l’est in vivo, quand on l'injecte à forte dose. Il est probable que son faible pouvoir coagulant ne peut être révélé in vitro, car le venin, par son pouvoir protéolytique, altère alors trop rapidement le fibrinogène. Le sang, devenu coagulable presque d'emblée par l'effet des injections des venins anticoagulants, conserve tout ou en partie son fibrinogène et ne contient généralement pas d’antithrombine. Il coagule par addition de thrombine ou de venin coagulant. Quand on injecte des venins coagulants par une voie quelconque (la voie veineuse donne des résultats plus schématiques), le fibrinogène est coagulé. Si la dose de venin est grande, il produit la coagulation massive du sang et la mort immédiate de l'animal. Une dose un peu moindre produit des coagulations partielles el une survie qui peut être de quelques heures. Les doses plus petites précipitent aussi je fibrino- gène, mais d’une facon graduelle et sans caillot visible, de sorte que le sang se défibrine totalement, et devient, comme on le concoit, définiti- vement incoagulable (phase négative). Pendant la période de précipitation du fibrinogène, on observe que la coagulation du sang extrait est accélérée (phase positive) et quil coagule, même si on le recueille sur de l’oxalate sodique (1 p. 1.000 en tout), additionné ou non de sérum de cheval, mais il ne coagule pas si on le recueille sur de l’oxalate additionné de sérum antivenimeux spé- SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1031 cifique. Ces faits prouvent bien que la phase positive est due à l’action coagulante du venin. La précipitation de la fibrine sur les érythrocytes est prouvée par l'augmentation de résistance globulaire produite par les venins coagu- lants pendant la phase positive (Z. Z. aquino). Le sang obtenu pendant la phase positive n’a presque jamais un pou- voir d'antithrombine. L'extirpation complète et simultanée du foie, intestins, estomac et reins, ne modifie point l’apparition des phénomènes décrits, ce qui ne peut étonner si l’on songe que l’action des venins est indépendante de la formation d’antithrombine. Nous ne nous dissimulons pas que le ralen- tissement circulatoire chez le chien éviscéré explique peut-être la diffé- rence dans la dose optima de venin. Cependant, quand on extirpe le foie et l'intestin et qu’on injecte un venin coagulant, il faut réduire beaucoup la dose (0,05 milligrammes au lieu de 1 milligramme dans le cas du venin de L. alternatus) pour éviter la coagulation massive ou en caillots visibles. La phase négative tarde 20-30 minutes à se produire. Ces faits nous font supposer que les capillaires hépatiques et intestinaux ont une aptitude spéciale d'arrêter la fibrine à mesure qu’elle se forme et que ce pouvoir existe probablement, mais à un bien moindre degré, dans les autres territoires capillaires. Ce schéma général, qui résulte de très longues recherches métho- diques, doit être complété par l'exposition de quelques cas particuliers : 1° Les venins de Vipera rusellii et de Bungarus fasciatus accélèrent fortement la formalion de la thrombine. Par ce fait ils produisent une phase positive intense, disproportionnée avec leur pouvoir coagulant in vitro; 2 Le venin anticoagulant d’Ancistrodon piscivorus produit une phase positive, sans défibriner le sang ; ce qui s'explique parce que son pou- voir anticytozymique est faible, et que d’autre part il accélère fortement la coagulation du fibrinogène par :a thrombine. PRÉSENCE DE SUBSTANCES SPÉCIFIQUES DANS LES LEUCOCYIES DES ANIMAUX IMMUNISÉS, par ALoIs BACHMANN. . Mes expériences ont démontré que les leucocytes des animaux immu- nisés acquièrent-des propriétés nouvelles qui les font plus aptes à lutter contre certaines infections. Cette propriété spécifique n’est pas cédée par les leucocytes au sérum au moment de la coagulation; elle peut Brococr. CompTes RENDUuS. — 1949, T. LXXXII. L 14 103% SOCIÉTÉ [DE BIOLOGIE cependant passer dans le milieu ambiant si on traite les phagocytes par le procédé de la congélation suivi d’une rapide décongélation. J'ai isolé la substance grâce à laquelle les leucocytes des animaux immunisés acquièrent leurs nouvelles propriétés et j'ai démontré qu’elle ne se trouve pas dans les leucocytes communs. J'aitravaillé avec des cobayes immunisés contre les bacilles d'Hberth, obtenant les exsudats leucocytaires à l’aide d’une injection péritonéale de somatose à 10 p. 100. Les leucocytes, après plusieurs lavages soigneu- sement faits, furent émulsionnés dans une solution physiologique, de manière qu'il s’y trouvait environ 100 millions de cellules par milli- mètre cube. Dans ces conditions, ils furent congelés et décongelés trois fois consécutivement pour que les substances bactéricides qu #5 pou- vaient contenir fussent livrées au milieu ambiant. Ces produits, injectés conjointement avec une dose quatre fois mor- telle du bacille d'Eberth dans le péritoine d’un cochon d'Inde, déter- minent, déjà au bout d’une heure, une active phagocytose et une dimi- ‘nution notable dans la quantité des bacilles comparativement avec les témoins. Le résultat final est la survie du cobaye qui a recu le produit leuco- cytaire, ce qui démontre la présence dans le liquide injecté des sub- stances immunisantes d’origine leucocytaire. Le calcul démontre que, dans la quantité du produit leucocytaire injecté, il peut y avoir au plus 0,000,92 de plasma ; pour éliminer l'ob- jeclion que le traitement préalable des leucocytes n’est pas suffisant : pour extraire toute la partie plasmatique de l’exsudat, j'ai injecté un cobaye témoin avec une quantité beaucoup plus grande de plasma (0,090,05) et néanmoins le petit animal est mort. Cependant l’expérimentation nous démontre que les endolysines de Petterson agissent aussi préventivement, et quelquefois presque aussi activement que les leucocytes des animaux immunisés. [l fallait éliminer cette cause possible d'erreur. Dans ce but j'ai employé les produits leucocytaires comme curatifs, les injectant quand l'infection péritonéale était déjà établie : une heure après l'injection. Dans ces conditions, les animaux injectés avec les pro- duits leucocytaires immunisés survivent, tandis que ceux qui reçoivent seulement les produits d'animaux neufs meurent, quoique avec un retard de plusieurs heures sur les témoins qui recoivent seulement des bacilles. Chauffant les produits leucocytaires à 35°, en présence d’une petite quantité de gélatine, j'ai réussi à détruire les endolysines; restent indemnes les produits spécifiques. Injectant les cobayes infectés depuis une heure avec des quantités égales de produits leucocytairés immuns et d'autres avec les produits communs, les deux préalablement chauffés, les premiers seuls sur- SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1033 vivent, tandis que chez les seconds l'infection suit son cours, avec la même rapidité que chez le témoin. Ce fait démontre la présence, dans les leucocytes immuns, de pro- duits qu’on peut isoler et auxquels ils doivent leurs propriétés spéci- fiques, produits plus stables que les endolysines; c'est grâce à cetle propriété que j'ai pu les mettre en évidence. (Faculté de médecine de Buenos-Aires et Cordoba.) LES PORTEURS DE TÉNIAS. RÉACTIONS SPÉCIFIQUES. RÉACTIONS SYPHILITIQUES, par H. Vioce et L. pe SaintT-RaT. Au début des recherches sur la réaction de fixation du complément par la méthode de Bordet et Gengou, on avait pensé qu’à des anticorps spécifiques correspondaient d'une facon générale des antigènes spéci- fiques. En ce qui concerne la syphilis, un sérum syphilitique exigerait donc, pour donner une réaction positive, la présence d’un antigène Shi tique. Gette théorie est ‘assez exacte pour c8 qui à trait à l'anticorps (exceplion faite des sérums paludéens, lépreux, pianiques, ete) ; elle est nettement erronée si on envisage l’antigène qui peut être d'une ori- gine tout autre que syphilitique et donner cependant de belles réac- tions positives. On a montré que l’on pouvait substituer à l'extrait aqueux de foie d'hérédosyphilitique, antigène habituel, des Corps -riches en lipoïdes, en lécithine et surtout en cholestérine (1) d'origine animale ou végétale (2). La méthode de fixation du complément qui a reçu une si large appli- cation pour le diagnostic des affections à tréponèmes a été employée avec succès pour la diagnose de l’échinococcose; dans ce cas, lanticorps et l’antigène paraissent devoir être tous les deux rigoureusement spéci- fiques. _En un mot, la liporéaction est tantôt spécifique, tantôt banale. Que se passerait-il si on venait à appliquer cette méthode chez des sujets atteints de ténia ? La valeur de cette réaction était à déterminer, car elle était intéressante à connaître, d’abord au point de vue pathogé- nique, puis au point de vue clinique, car $i le diagnostic se fait de lui- (4) Desmoulins. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 155, p. 592, 927, 1110 (1912). — Id. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 156, p. 338 (1943). (2) Tribondeau. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 156, p. 340 (1943). Æ- 1034 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ns même dans la majorité des cas, cependant il peut être hésitant chez un assez grand nombre de sujets (récidives chez sujets n'ayant pas rejeté la tête du ténia, et chez lesquels le ver encore trop jeune n’élimine point d’anneaux ; cas de ténias produisant des troubles nerveux ou gastro- intestinaux indéterminés). Nous avons procédé à un certain nombre d' expériences en prenant comme antigène un extrait de ténia obtenu selon la technique de Nogu- chi indiquée par Tribondeau (1) pour la préparation des lipoïdes épurés. Un ténia a ainsi donné 6 gr. 20 de lipoïdes, qui ont servi à faire une solution éthéro-alcoolique. Les réactions de fixation du complément ont été faites successivement suivant la technique de Wassermann, de Hecht et de Latapie (cet auteur à eu l’amabilité de faire lui-même la réaction avec notre antigène ; les réactions obtenues par cetle dernière méthode sont moins intenses que celles fournies par les deux précé-. dentes). Dans tous ces différents cas: 1° Le sérum des sujets atteints de ténia, et non de syphilis, donaail une réaction négative en présence des lipoïdes du ténia (antigène ténia); 2° Le sérum de sujets atteints de syphilis donnait une réaction posi- tive en présence de l’antigène ténia ; 3° Le sérum de sujets atteints ni de ténia ni de syphilis donnait une réaction négative en présence de l’antigène ténia ; 4° Les réactions étaient identiques dans tous les cas où l’on employeit indifféremment l'antigène de la syphilis ou du ténia. De ces faits on peut conclure que : 1° Les lipoïdes extraits du ténia se comportent en tant qu’antigène, _ comme un antigène syphilitique, ce qui confirme la non- me ele de l’antigène syphililique : oo 2° Le sérum des sujets atteints de ténia ne parait . aucune substance spécifique se comportant comme anticorps. APPAREILS POUR L'ÉTUDE DE L'ACTION DES GAZ SUR LES PIGMENTS RESPIRATOIRES, par CH. DRÉRÉ et A. SCHNEIDER. Les effets produits par les gaz sur les pigments respiratoires sont généralement appréciés tout bord par les modifications qui appa- raissent dans la couleur et dans le spectre d'absorption. Certains gaz, dits inertes, se bornent à déplacer l'oxygène de ses combinaisons disso- (1) Tribondeau. Comptes rendus de la Soc, de Biologie, 16 juin 1917. - SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1035 ciables ; d’autres se combinent à sa place avec le pigment. Enfin, cer- laines combinaisons se dissocient dans le vide à une température con- venable. Dans cette étude, qui est plus délicate qu'on ne le suppose habituellement, aucun perfectionnement technique n'est négligeable ; aussi nous semble-t-il indiqué de faire connaïître.les appareils que nous utilisons, depuis plus d’un an, pour des recherches de ce genre portant sur l'hémoglobine (ses composés et ses dérivés) et sur divers pigments respiratoires des invertébrés. L'appareil À est un perfectionnement de l'appareil d'Exner (1870), destiné au barbotage des gaz. Dans le modèle d'Exner, le gaz est amené au Sein de la liqueur (contenue dans le tube f, analogue à un tube à essai) par un tube à gaz qui passe par l'ouverture supérieure et plonge jusqu’au fond de la colonne liquide. Ce tube est très gênant pour l'ob- servation des propriétés opliques. Nous avons remplacé le long segment de ce tübe plongeant dans le liquide par un tout pelit tube effilé soudé à l'intérieur et à l'extrémité inférieure de { (voir le détail, grandeur naturelle, en {”) (1). On peut placer le tube # devant le collimateur d’un spectroscope et observer ainsi, à un moment quelconque (en arrêtant le courant gazeux), le spectre d'absorption dans d'excellentes conditions. Pour la comparaison des couleurs, on dispose côte à côte un échantillon contenu dans un tube à essai de même diamètre. Quand on se propose d'étudier la désoxygénation, il convient d’avoir toujours un {ube témoin tel que celui figuré en C. On remplit le tube de liquide, puis on introduit le bouchon; le liquide monte dans le tube, et on ne ferme le robinet qu'après s'être assuré qu’il n’y a aucune bulle d’air d’emprisonnée. Ce tube témoin, dont le contenu devra être main- tenu à la même température que le contenu de l'appareil pendant au moins tout le temps de l'opération, met à l’abri de l'erreur pouvant pro- venir d’une réduction spontanée. La capacité de la boule (9 à 12 centimètres de diamètre) est, en général, suffisante pour contenir la mousse qui se forme (2). Avec des liquides très mousseux et avec un courant rapide de gaz, il peut être avantageux d'ajouter deux boules de moindre diamètre, comme on le . voit sur l'appareil B (3). Dans tous les cas, les gaz ne doivent pas (1) Un simple obturateur muni d’un petit trou est même suffisant. (2) En dehors de la précipitation du pigment que peut déterminer dans _ certaines liqueurs l’anhydride carbonique par exemple, on observe fréquem- _ ment la formation de pellicules de coagulation superficielle qui peut en : imposer pour une précipitation de nature chimique. __ (3) Nous avons essayé aussi les boules brise-mousse à spirale de verre inté- rieure ou à toile métallique (pour la distillation des liquides mousseux) _d'Hugershoff; mais elles ne nous ont pas semblé préférables. 1036 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SÉANCE Du 18 OCTOBRE 1037 s'échapper librement, mais seulement après avoir traversé une couche de liquide formant soupape (4). L'appareil B est destiné à soumettre les solutions de pigment à l’ac- tion du vide. Supposons qu’on ait versé dans le tube du sang de Mam- mifère convenablement dilué. Si l'on place le tube dans de l’eau à 45° et fait le vide au moyen d’une bonne trompe à eau (fonctionnant sous une pression suffisante), on détermine, en 1 à 2 minutes, la réduction pra- tiquement complète de l’oxyhémoglobine, comme on peut s’en rendre compte par le changement de couleur et mieux encore par l'examen spectroscopique. Rien de plus simple que de démontrer ainsi la disso- ciation de l’oxyhémoglobine et sa recombinaison avec se après rentrée de l'air (2). L'efficacité de ce procédé est due à ce que, le liquide entrant en vive ébullition (3), il se produitun fort courant de vapeur d’eau qui entraine sensiblement tout l’oxygène. Quand il s’agit non pas d’une démonstration, mais d'une: opération. effectuée en vue d’une recherche, il est préférable de procéder un peu autrement. On commence par faire le vide à la température ordinaire ; et, après avoir fermé le robinet, on agite doucement le liquide, en le faisant passer dans I& grosse boule, ce qui facilite le dégagement des gaz. On place alors le tube, redressé, dans de l’eau tiède (sans dépasser ordinairement la température de 40°). Au bout de quelques minutes (quand l'équilibre de température est atteint). on termine par une noû- velle évacuation (4). Sur le pigment préalablement réduit, on peut étudier dans les meil- leures conditions l'action des différents gaz, en particulier celle des gaz qui auraient pour le pigment une affinité moindre que l'oxygène. (Laboratoire de Physiologie de l'Université de Fribourg [Suisse|.) (L) Il n’est sans doute pas sup2rflu de rappeler que, même en se servant d'hydrogène parfaitement purifié, il faut compter de 1 à 2 heures pour réduire complètement (à 15°) une solution d’oxyhémoglobine (d’après F. Hoppe- Seyler. Zeitschr. f. physiol. Chem., XIII, p. 483 ; 1889). — Il est donc tout à fait nécessaire, dans certains cas, d'opérer en présence d’un antiseptique approprié. (2) Le changement de couleur est surtout frappant avec les suspensions de globules rouges dans la solution physiologique; mais le sang laqué, très dilué, convient seul pour bien voir le spectre d'absorption. (3) on d’un tout petit fragment de pierre ponce est ENRAECUSE pour régulariser l’ébullition. (4) Pour se mieux assurer que tout l’oxygène a été chassé, il est recom- mandable de faire, de plus, rentrer de l'hydrogène pur (après avoir refroidi l'appareil), d’agiter doucement la liqueur, et d'aspirer finalement l'hydrogène à 40°. 1038 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE SUR LA DISSOCIATION DES OXYHÉMOCYANINES, par Ca. DHÉRÉ et A. SCHNEIDER. En 1914, Alsberg et Clark ont prétendu que le sérum du sang de Limulus saturé d’air (sérum riche en hémocyanine et d’un beau bleu après aération) n’abandonne pas plus d'oxygène que l’eau de mer et ne se décolore pas quand il est soumis à l’action du vide. Ces résultats négatifs ont paru sans doute si importants et décisifs à Bay- liss que, dans ses Principles of general Physiology, publiés en 1915 (p. 613 et 618), il n'en mentionne pas d’autres. On sait pourtant que, dans ces condi- tions, en opérant sur différents sangs hémocyaniques, des quantités d'oxygène beaucoup plus considérables que celles pouvant être tenues en dissolution ont été extraites par de nombreux auteurs (1). De plus, la décoloration par le vide des oxyhémocyanines de Crabe, de Poulpe, de Homard, de Limule et d’Es- cargot a été observée respectivement par Jolyet et Regnard (1877), Fredericq (1878 et 1879), Jolyet et Viallanes (1895), Cuénot (1901). Bottazzi, tout récemment (2), impressionné lui aussi par le travail précité des physiologistes américains, s’est demandé quels gaz Henze et Minterstein avaient bien pu recueillir en soumettant des sangs hémocyaniques au vide de la pompe à mercure, sans consulter évidemment les mémoires originaux où il aurait trouvé la réponse explicite à la question posée (3). Bottazzi a repris l'étude de la dissociation par le vide de l’oxyhémocyanine de Poulpe, mais sans donner, dans son Mémoire, la moindre indication sur la température à laquelle il opérait. (Henze opérait à 50° et Winterstein à 400.) Ce qui vient d’être dit suffit, pensons-nous, à motiver . publication des recherches que nous allons relater. Nos expériences ont porté sur le sang d’Escargot filtré, sur le sérum de Homard (4) et sur des solutions de cristaux d’oxyhémocyanine d’Es- cargot. (Faisons remarquer que des recherches de ce genre n'avaient pas encore été faites sur des solutions d'hémocyanine cristallisée.) Nous avons employé la technique par barbotage dt un gaz inerte et la technique par aspiration à chaud : (1) Consulter le Mémoire publié par l’un de nous dans le Journal de e Physios logie et de Pathologie générale, t. XVIIT, 1919, p. 223. (2) Thid.,t. XVIIL 1919; p.41; (3) Griffiths, que Bottazzi cite immédiatement avant les physiologistes alle- mands, a donné également l’analyse complète (qualitative et quantitative) des gaz qu'il aurait extraits (?) par l’action du vide à 40°. / (4) Le sang de Homard avait été défibriné par baltage ; et le sérum, fluoré immédiatement après. Les trois échantillons de sérum de Homard utilisés pour ces recherches nous ont été adressés de Roscoff par M. F. Vlès; nous sommes heureux de pouvoir lui exprimer ici toute notre reconnaissance pour son aimable et très réciée collaboration. ds a SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1039 4° Dissociation par barbotage d'un gaz inerte. — Nous avons fait des essais avec l’anhydride carbonique et avec l'hydrogène ; mais, l'hydro- sène nous ayant paru à tout point de vue préférable, nous ne parlerons que des expériences effectuées avec ce dernier gaz. L'hydrogène était débarrassé de toute trace d'oxygène par passage d’abord sur une colonne de pierre ponce imbibée de pyrogallate de soude (tube en U modèle Dupré), puis dans une solution de pyrogallate ; il était enfin lavé dans de l'eau distillée. L'appareil étant absolument purgé d'air, on faisait barboter le gaz au sein de la solution de pigment con- tenue dans le tube à boule modèle A (décrit dans notre Note précédente). Avec le sang d’Escargot fraichement recueilli (fluoré ou non) et le sérum de Homard fluoré [NaFI 2 p. 100 (1)},la décoloration de l’oxyhémo- cyanine commence déjà, à la température ordinaire (15° à 20°), au bout de quelques minutes; mais elle ne semble complète qu'après un quart d'heure à une demi-heure-(suivant la rapidité du courant gazeux, éle.). Avec les liqueurs obtenues par dissolution des cristaux d’oxyhémo- cyanine d'Escargot soit dans les alcalis, soit dans les acides très étendus, les résultats présentent une nelteté remarquable, parce qu'on a affaire à des liqueurs qui peuvent être fortement colorées et bien limpides. Nous avons opéré avec des solutions, d'une part, dans le carbonate de soude NN CN nono. 2 $ ë ja 100’ 50 et 35 | ); et, d'autre part, dans les acides tartrique et acétique nn — La disparition de la couleur bleue avait lieu dans le même délai que dans le cas du sang. Quand on ajoute du fluorure de sodium à une solution d'’oxyhémo- cyanine dans le carbonate de soude, la liqueur peut devenir plus ou moins opalescente; de telles liqueurs fluorées, même un peu opales- centes, conviennent encore très bien pour les expériences de disso- ciation, comme nous l'avons constaté. L'étude de la dissociation de l’oxyvhémocyanine aux basses températures (peu supérieures à 0°) présente un intérêt spécial à deux points de vue; en premier lieu, parce que l’aba ssement de la température entrave les processus pouvant (1) L’addition de fluorure doit avoir lieu quelques heures au moins avant l'expérience ; le sang doit toujours être filtré au dernier moment (de préfé- rence sur filtre extra-dur). (2) Ces solutions étaient réalisées de la façon suivante : les cristaux, pré- parés par dialyse, étaient séparés par centrifugation et on leur ajoutait un volume égal à leur masse de solution de carbonate de soude de concentration double de celle qui devait être obtenue finalement. Il importe de remarquer qu'en réalité l’alcalinité est toujours notablement moindre que celle exprimée, une fraction importante de l'alcali saturant les fonctions acides de l’hémo- Cyanine, d’où la nécessité d'ajouter suffisamment de carbonate si l’on veut obtenir une liqueur à la fois érès riche en pigment et bien limpide. 1040 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE amener (en l'absence d’antiseptique) la réduction, spontanée en apparence, de l’oxyhémocyanine; et, en second lieu, parce qu'il s’agit là de conditions expérimentales qui correspondent à des conditions physiologiques fréquem- ment réalisées ?n vivo, l'hémocyanine étant un pigment respiratoire d'animaux à sang froid. Les nombreuses expériences que nous avons faites sur ce sujet nous permettent d'affirmer que l’oxyhémocyanine d’Escargot se dissocie bien encore aux basses températures, quoique d’une facon beaucoup plus lente et moins complète. La question se posant également pour l’oxyhémoglobine des animaux à sang froid, nous pensons poursuivre cette étude d’une façon com- parative sur ces deux pigments respiratoires. 2 Jissocialion par l'action combinée du vide et de la chaleur. — Nous avons toujours procédé comme il a été dit dans notre Note précédente. À une température de 40° à 45°, toutes nos liqueurs contenant de l’oxyhé- mocyanine (sang d'Escargot et de Homard, solutions diverses de cristaux d'oxyhémocyanine d’Escargot) perdaient leur coloration bleue en { à 2 minutes. Après refroidissement et aération, les liqueurs rede- venaient aussi bleues qu'auparavant, et on pouvait répéter l'expérience un grand nombre de fois, constamment avec les mêmes résultats (en tenant compte naturellement de la perte d’eau par évaporation, facile d'ailleurs à compenser). Ajoutons que, dans chaque expérience, nous opérions en présence d'un tube témoin et que jamais nous n'avons constaté que le contenu de ce tube présentät la moindre réduction dans l’espace de temps qui suffisait pour produire la désoxygénalion limite, soit par barbotage d'hydrogène, soit par l'action eombinée du vide et de la chaleur. Nos expériences démontrent donc que les oxyhémocyanines d'Escargot et de Homard sont aisément réductibies par dissociation physique. Ce qui donne à ces expériences une valeur probante qui n'avait pas été alleinte jusqu'ici, c'est que : 1° elles ont été exécutées au moyen d2 techniques rigoureuses, que nous supposons même trréprochables; 2 elles ont porté, en partie, sur des solutions, tout spécialement appropriées, d'oxyhémocya- nine pure, cristallisée; 3° elles ont été effectuées, en partie, en présence d’un antiseptique (1). (4) L'acide borique (4 p. 100) convient très bien aussi pour la conservation (sans réduction de l’oxyhémocyanine) du sang d'Es’argot. En opérant sur du sang d'Escargot additionné de fluorure de sodium ou d'acide borique et laissé à la température du laboratoire depuis trois semaines, nous avons répété, avec une parfaite netteté, les expériences de dissociation au moyen du vide. — C’est là un fait à retenir en vue de recherches analoguesne pouvant être poursuivies que quelque temps après que le sang arété recueilli. Nous croyons devoir signaler notre intention de déterminer très prochai- nement la courbe de dissociation de l'oryhémocyanine d'Escargot, question dont l'étude n’a été jusqu'à présent qu'amorcée par quelques observations de L. Frédéricq sur l’oxyhémocyanine des Céphalopodes (Mémoire de 494). SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1041 SUR UNE COMBINAISON DE L'HÉMOCYANINE D ESCARGOT AVEC LE BIOXYDE D'AZOTE, par CH. DHÉRÉ et À. SCHNEIDER. On sait que le bioxyde d'azote est l’un des gaz avec lesquels l'hémo- globine peut se combiner; nous avons recherché si l'hémocyanine pos- séde la propriété de former avec cet oxyde d’azote une combinaison analogue. Nous avons utilisé une solution d'hémocyanine d’Escargot cristallisée, dans n 50 bien limpide et assez fortement colorée en bleu foncé fut additionnée de 5 p. 100 d’urée (1). L’oxyhémocyanine fut réduite dans un tube à boule (2) par l’action combinée du vide et de la chaleur (40°). On fit rentrer de l'hydro- gène pur, en satura la liqueur refroidie et on évacua de nouveau à chaud. Enfin, après refroidissement, on fit pénétrer dans la boule du bioxyde d'azote et on agita pendant un quart d'heure. La liqueur, qui, après désoxygé- nation, avait perdu toute coloration bleue, ne larda pas alors à se colorer en vert. Le volume de bioxyde absorbé étant important, on rétablit la commu- nication avec le gazomètre contenant le bioxyde d’azoteet on agita de nouveau. Pour éviter la formation de vapeurs nitreuses lors de la rentrée de l'air, on effectua le vide dans le tube (à 40°), onle remplit encore une fois d'hydrogène à froid et on agita (3). On ne laissa rentrer l’air qu'après avoir aspirél'hydro- gène à chaud et avoir refroidi ensuite la liqueur. À la fin de l'opération, la liqueur possédait encore une réaction faiblement, mais nettement alcaline (4). le carbonate de soude —; par exemple; cette liqueur légèrement alcaline, (1) Une teneur bien moindre serait probablement suffisante. (2) Modèle B décrit dans notre Note sur les « Appareils » publiée plus haut (même séance). (3) Par des manœuvres qu’il est inutile d'indiquer en détail, il est facile, au moyen de la trompe et de la provision d'hydrogène, de balayer complète- ment l’air ou le bioxyde d'azote pouvant se trouver dans les tubes de com- munication. (1) Si l’on ne prend pas toutes ces précautions (si, par exemple, on fait passer directement le courant de bioxyde dans une solution d’oxyhémocya- nine uon additionnée d’urée), la liqueur, après avoir présenté une teinte - plus ou moins verdâtre, acquiert au contact de l’air une coloration orangée; en même temps, la liqueur devient acide et on observe généralement la for- mation d'un coagulum, qui est parfois massif. Liqueur et coagulum, exposés quelques heures à l’action de l'air, peuvent présenter une coloration rouge intense. Avec l’albumine d'œuf, dans les mêmes conditions, on obtient simplement une coloralion jaune (réaction xanthoprotéique ou analogue). 1042 SOCIÉTÉ DÉ BIOLOGIE n 50 ainsi traitée par le bioxyde d'azote présente, sous l'épaisseur de 16 à 20 millimètres (quand elle est assez concentrée), une belle coloration vert-pré (un peu moins prononcée cependant que la coloration bleue de l’oxyhémocyanine). Le pigment formé, combinaison de l'hémocyanine avec N O, peut être appelé hémocyanine bioxyazotée. La solution d'hémocyanine d’Escargot dans le carbonate de soude En partant d'une solution d'hémocyanine dans l'acide tartrique =5 > Re le résultat est le même. Avec une solution dans NaCI la liqueur, qui est cpalescente, devient bien verte par transparence, mais offre une couleur d'un vert bleuâtre par réflexion. Avec le sang d'Escargot, peu riche en hémocyanine et très opalescent, les résultats sont moins nets : on n’observe, par transmission, qu'une coloration d'un vert jaunâtre sous l’épaisseur de 16 à 20 millimètres. Par dialyse de ses solutions dans NaCl &’ l’'hémocyanine bioxyazotée précipite à l’éfat cristallisé. Ces cristaux, séparés par centrifugation, forment un sédiment de couleur vert pâle. Ils se dissolvent très facile- ment en présence d’électrolytes et donnent des liqueurs vertes. La grande stabilité de celle combinaison résulte déjà du fait qu'elle ne se dissocie pas au cours de la dialyse (poursuivie pendant 10 à 45 jours). SÉANCE DU 18 OCTOBRE 1043 De plus, quand on chauffe les solutions de ce pigment dans le vide, à 40° (ou même à 45°) pendant plusieurs minutes, elles ne se déco- lorent pas d’une façon appréciable, tandis que la couleur bleue de l’oxyhémocyanine disparaît complètement dans les mêmes condi- tions. Il y aura lieu d’étudier d’une facon plus approfondie la stabilité et les autres propriétés de cette remarquable combinaison. Nous avons aussi soumis à l’action de NO, en procédant d’une manière identique, du sérum de Homard fluoré (échantillons mis obligeamment à notre disposition par M. Vlès); mais cette hémocyanine ne s’est nullement colorée en vert. Bien plus, le sérum, aéré de nouveau, redevenait aussi bleu qu'auparavant. L'hémocyanine de Homard, contrairement à celle d'Escargot, ne contracte donc pas de combinaison avec NO (1). Ce résultat est évidem- ment surprenant; il le paraîtra moins, pourtant, si l’on se rappelle toutes les différences déjà relevées entre les hémocyanines de diverses origines. Il serait fort intéressant d'étendre ces expériences à quelques autres hémocyanines de Crustacés et surtout aux hémocyanines de Céphalopodes, qui semblent bien distinctes, par certaines de leurs propriétés, de celle d'Escargot. AIGUILLE-TROCART, par RENÉ PANNIER. _ L'instrument est essentiellement composé d’une chemise (a) taillée en biseau à l’une de ses extrémités et possédant à l’autre extrémité une cuvette (b) sur laquelle s'adapte un embout {c). Dans cetle chemise glisse un tuyau (d) fermé en eul-de-sac (d'), à l'extrémité correspondant au niveau de la chemise, son autre extrémité s'abouchant à plein canal sur l’embout (e) dans l'intérieur de la cuvetle. Enfin, des orifices latéraux (d”) ont été ménagés sur le tuyau interne, au niveau de l’extrémité fermée en cul-de-sac. Un ressort (r) placé dans la cuvette maintient cette oe extrémité à l’intérieur de la chemise (9). — La seule mise en place de l'embout pousse le tuyau More de telle facon que, du même geste, la pointe de l'aiguille devient inoffensive et le liquide peut s der. La suppression du tuyau interne (d) transforme le trocart en aiguille ; (4) I n'y a pas de différence entre les solutions d’hémocyanine d'Escargot ftuorées et les autres au point de vue de la facon dont elles se comportent avec NO. 4044 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE > enfin, l'embout est construit de telle façon que l’on peut ae sur lui (k) une seringue à injection. Suppression du pas existant entre la pointe du rat habituel et sa a, Chemise. — b, Guvette. — c, Embout. — d, Tuyau interne. r, Ressort. — m, Tuyau de caoutchouc. chemise, suppression du recul possible de la pointe difficilement sou- tenue, suppression du robinet, simplification de technique; tels sont les avantages que nous avons cru réaliser dans la construction de cet instrument. ERRATA Note d'E. MAIGRE. T. LXXXII, p. 847, ligne 25, lire : d’eau salée, au lieu de : de sérum: : — P. 848, lignes 5, 7,'14 et 25, lire : (2), (3), (4) et (5), au lieu de : (4), (2), (3) et (4) — P. 848, note 2, ae Péchoutre, au lieu de : Péchautre. NOTE DE J. CANTACUZÈNE ET A. MARIE. T. LXXXII, p. 983, ligne 17, lire : auparavant dans l'estomac ‘une dose mortelle, au lieu de : auparavant une dote mortelle. Notre p E. BUGNION. T. LXXXII, p. 995, ligne 5 (à compter d'en bas), au lieu de : lestacée, lire : testacée. | : — P, 996, ligne 7 (à compter d'en haut), au lieu «de : Delacouzeei, lire : Delarouzeei. # 1045 REUNION BIOLOGIQUE DE LILLE SÉANCE DU | 8 JUILLET LS AIS SOMMAIRE Banoit (ALge) : Sur les propriétés adsorbantes de l'acide urique vis- à-vis des matières colorantes . Benozr (Azse) : Sur l'état de l'acide urique en solution Boucer (L.) : Influence de la bile sur les mouvements de l'intestin es ne ee Fosse (R.) : Formation de l'acide cyanique par oxydation des sub- stances organiques. Son identifica- tion basée sur l'analyse quantita- tive . LAMBLING (E.) et VaLLée (C.) : Sur la composilion des fèces normales 1062 CS TVA AN M eme de ete Gide ie dE la de lhommeNe ee 1058 Denon (M.) et LamBuie (E.) : Sur LauBLine (E.) et VaLLéE (C.) : Sur un cas d'hématochylurie . . . . . ©1056 | le dosage des graisses dans les Dugois (Cu.) et Bourer (L.) : Ac- fèces par le procédé Grimbert et tion des extraits de prostate hyper- par le procédé de Kumagawa- trophiée sur la vessie . . +: .: AO SU O RE ten On ns 1060 Dusus (A.) : Variations de la pres- RicoME (H.) : Une plante dange- sion artérielle au cours d'un vol : reuse pour les insectes qui en UNEMODSETPALION > 0. 1055 ! assurent la pollinisation . . . . .. 1045 assurent la pollinisation Présidence de M. Laguesse, président. UNE PLANTE DANGEREUSE POUR LES INSECTES = QUI EN ASSURENT LA POLLINISATION, par H. Ricôme. Il s’agit d’une plante dont les fleurs, profondément adaplées à la pol- linisation par les insectes, font cependant périr en grand nombre, en les retenant par leur trompe, ces agents indispensables à la produc- tion des graines. Le dispositif, dangereux pour les insectes, peut d’ail- leurs être funeste aux destructeurs de pollen. C’est une Asclépiadiée grimpante, cultivée dans les jardins, du genre Arauja; la fleur est celle d'une Asclépiadée à pollinies. Parmi les insectes anthrophiles, pris par leur trompe, Papillons diurnes ou crépusculaires, Abeilles et autres plus petits, se trouvent des Sphinx dont on connaît le vol si remarquablement puissant et la taille bien supérieure à celle de la fleur en question. 1046 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Pour atteindre au nectar, l’insecte doit engager sa trompe entre les étamines et la corolle. Alors il la retire aisément. Les rétinacles auxquels sont suspendus deux pollinies, piétinés par les pattes antérieures, se collent aux tarses. La pollinisation croisée est réalisée dans la plante étudiée, qui produit des fruits et des graines. Comment l’insecte est-il souvent pris comme à un piège, condamné à périr d'inanition ? Le fait se produit quand l’animal glisse sa trompe, non en dehors des étamines, mais entre l’un des rétinacles et les bords contigus de deux anthères voisines. Le rétinacle possède un sillon visqueux qui embrasse la trompe, assurant une grande adhérence. C'est de là que vient tout le mal. Les fourmis aïlées sont impuissantes à extraire les deux pollinies de leur loge et périssent sur place, la trompe simplement engluée par le rétinacle qui l’enserre dans son sillon. Les insectes plus vigoureux parviendraient à entrainer l'appareil pollinique s’il ne survenait un autre empêchement. Un Sphinx peut introduire l'extrémité de la trompe par une pression qui écarte légère- ment les deux étamines et ouvre le sillon du rétinacle. Le passage étroit franchi, l'extrémité de la trompe se trouve entre les faces latérales de deux anthères dures, dont les bords externes en arêtes cornées se tou- chent. L’insecte l’enfonce jusqu’au moment où les tissus de la fleur ne prêtent plus, maintenus par la rigidité des étamines et par l’étroitesse de la corolle. Lorsqu'il veut la ramener en arrière, il exerce une traction sur le massif stamino-carpellaire, ce qui a pour effet de rélrécir ce massif, d'appliquer l’une contre l’autre les faces contiguës des anthères et de comprimer la partie de la trompe qui s’est engagée. Ceci est possible grâce à l'existence d’un espace libre entre les anthères et le style, au-dessous du plateau stylaire. Rien ne s'oppose au rapprochement des étamines. L'étau se resserre d'autant plus que la traction est plus forte, alors que par l’adhérenee du rétinacle à la trompe, celle-ci fait corps avec tout le massif central solidement fixé à la corolle par les cinq étamines et au RéonnaeR floral par les deux ovaires. Il en résulte que ce massif, qui n’a que 2 millimètres en tous sens, retient un Sphinx incapable de se dégager. La trompe des Sphinx est BOp large pour passer entre les deux arêtes contiguës des anthères. Il n’en est pas de même pour les Abeilles, qui en se débattant arrivent parfois à détacher le rétinacle, mais engagent la trompe entre les deux arêtes. Or le rétinacle est trop volumineux pour passer dans cette fente. Ainsi la cause principale de cette capture des insectes réside dans l’adhérence invincible du rétinacle à la trompe de l'animal. Mais cette cause qui, à elle seule, empêche les petits insectes de se libérer, serait insuffisante à expliquer la capture d'une Abeille ou d’un Sphinx. La rigidité des anthères, la présence de cavités entre les organes centraux de la fleur transforment en piège un dispositif destiné au transport du SÉANCE DU 18 JUILLET 1047 pollen. La pollinisation est assurée par l’adhérence du rélinacle à la patle qui se pose sur le bord du massif central, au tarse qui s'insinue dans le sillon visqueux du rétinacle. Mais un organe tel que la trompe, profondément enfoncé le long de ce sillon, ne peut être extrait qu'avec de grandes difficultés. Il est à remarquer que la trompe engagée là pent, en longeant là caudicule, arriver à la pollinie et détruire les cellules fécondantes, alors que la rigidité des tissus semble’ constituer une protection efficace partout ailleurs. Or ce chemin est rendu impraticable par le dispositif décrit, Ce mode de protection du pollen est-il utile à la plante et faut-il y voir une adaptation florale? Cette conformation, qui diminue le nombre des cas de réussite de la pollinisation croisée, est-elle plus nuisible qu'utile? N'y a-t-il pas là un défaut d'adaptation de nos insectes: à une fleur exotique? Autant de points qui doivent être étudiés dans le pays d’origine de la plante. Quoi qu'il en soit, il faut éviter de cultiver cette plante, là où l’on élève des Abeilles; la plupart des fleurs retiennent quelque victime et les Abeilles y figurent en grand nombre. INFLUENCE DE LA BILE SUR LES MOUVEMENTS: DE L'INTESTIN EN SURVIE, _par E. Bourær: La bile est considérée, très généralement, comme un agent excito- moteur püissant de l'intestin. Il serait trop long: de refaire ici l’histo- rique de: cette question et nous ne mentionnerons que les auteurs qui ont expérimenté comme nous l'avons fait dans: ces premières expé- riences sur l'intestin en survie. Schüpbaech (1), d'Érrico (2) sur le chat, Antonio Berti (3) sur le lapin, virent que si l'on ajoute de la bile à la solution nourricière, dans laquelle baignent des segments d'inteslin, les mouvements de ceux-ci. sont inhibés. et cela pour lout l'intestin avec diminution du tonus (Berti). Il nous: à paru intéressant de voir ce que donnerait la bile agissant, non plus à l'extérieur, mais à l'intérieur même de l'intestin, de refaire en outre, sur d'autres animaux, les expériences des auteurs précé- dents. (1) A. Schüpbach. Ueber den Einfluss der Galle auf die Bewegung des Dun- darmes. Zeïtschrift. f. allg. Physiol., LIi, 1044, 1908. (2) D'Errico. Wirkung der Galle und dergallsaueren Salze auf den Tonus und die automatischen Bevesungen des Darmrohrs. Zeits. f: Bio!., LIV, 286-298, 1910, : , (3) À. Berti. Azione della.bile sui movimen!i ritmiciie sul tono dell'intestino. Archiviordi fisiologie, VI, 306, 1909. Biorocre. Comprrs RENDUe, — 1919, T, LXXXII. 15 1048 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE Nous avons expérimenté sur des segments de 2 à 6 centimètres de longueur provenant du chat, du lapin, du porc, du mouton et le plus souvent du chien, maintenus en survie dans la solution de Ringer- Locke à 38°-40° et saturée d'oxygène. Dans toutes nos expériences nous avons employé la bile venant de la vésicule biliaire de l'animal sur lequel avait été prélevée l’anse à éludier. Chaque fois que nous avons co FIGtRE 1. Exp. VIII — Mouvements de 6 centimètres d'iléon de chien. (Méthode manométrique, — portion moyenne des tracés.) 5, Sérum. — 4, Sérum <+ 1 c.c. de bile. — 3, Solution de bile à 1/10 dans l'in- testin. — 2, Temps en minutes. — 1, Sérum à 3305, environ 10 minutes après le début de l'expérience. modifié les conditions dans lesquelles se trouvait le segment intestinal, nous l’avons suivi pendant environ vingt minutes, temps supérieur à celui que mettrait un bolalimentaire ou fécal pour traverseræe segment. Dans une première série de recherches nous nous sommes adressés à la méthode de suspension (1) et avons ainsi étudié l'effet de l'introduction 1) E. Wertheimer et L. Boulet. Action de l'atropine sur les mouvements de l'estomac et de l'intestin. Arch. int. de physiol., vol. XII, fase. 11, p. 212. “3 de 0 c.c. 5 à 1 c.c.o dans le calibre in- testinal ou l'effet de l'addition de 0 c.c. 5 à 2 c.c. de bile aux 200 c.c. de la solution nourri- cière, Cette mé- thode inscrivait surtout les mouve- ments des fibres longitudinales, nous avons cher- ché, dans la plu- part de nos expé- riences, à obtenir la résultante des contractions longi- tudinales et circu- laires. Pour cela, l’une des extrémités de l'’anse était fermée par une ligature, l'autre était mon- tée sur la branche verticale d’un tube en T de verre, L'une des branches était réunie à un Mano- mètre à sérum con- jugué lui-même avec un tambour enregistreur de Marey. La branche opposée était mu- nie d'un tube de caoutchouc de fai- ble diamètre écrasé par une pince. Par ce tube de caout- chouc, nous pou- vions ainsi injecter dans l’anse et le SÉANCE DU 48 JUILLET 1049 FIGuRE 2. — Mouvements de 4 centimètres de duodénum de chien, dans du sérum à 380. XII. Arrêt de 5 minutes et remplacement du sérum, contenu dans l'intestin et le manomètre, par une solution de bile à 1/15. Exe. Au trait : 1950 RÉUNION. BIOLOGIQUE DE LILLE manomètre;, du sérum cw une solulion de bile dans le sérum. Cette injection se faisait lentement afin de ne pas provoquer mécanique- ment de contractions de l'intestin. Nous premions un premier tracé lorsque le système élait rempli de sérum et que la pression mano- métrique était de 16 à #2 c.c. d'eau (certe pression nous a paru être une pression oplimum). Puis um second tracé, lorsque l’anse contenait la mème quantité de solution: de bile de #/5, 1/10, 4/15. Un troi- sième tracé est repris après lavage de l’anse au sérum. Nous avons, DS Ficeue à Ex: XV. — Mouvements de 3 centimétnes de rectum de chien. Pen ÉALE lexien,, — portion moyenne des tracés.) 5, Sérum. — #4, Sénumm + k & : de hile. — 3, 1 ec. de bile dans l'intestin. — Temps en ere — fi, Sénunx à 40% envirem 10 minutes après le début de. l'expérience. dans d'autres expériences, ajouté aussi de Oe.e. 5 à 2 c.c. de bile aux 200 c.c. de la soluatiom mowrtiCière dans laquelle plongeait l'anse. Nous. avOns pu aimsi comslalez : . Que la bile introduite dans la eaxité imtestinale produit le plus souvent une diminution d'amplitude des mouvements rythmiques, après relächement initial el parfois n'a awcum effet ; nous n'avons jamais. obtenu le renfoncemmeni des, mouvements ryllmiques ; 2° Que des solutions: très: étendues de: bille (jusqu'a 1/400); agissant sur la face périlonéale de l'intestin, ami que l'omt déjà vu Schupbach, SÉANCE DU 8 JUtLLET 4051 d’Errico, Berti, diminuent le tonus de l'intestin et empêchent ses mou- vements spontanés qui peuvent toutefois reprendre toute leur intensité. -dans la solution nourritière. (Voir tracés.) (Lravanl du Laboratoire de Physiologie de la Faculië de médecine de Lille.) s SUR LES PROPRIÉTÉS ADSORBANTES DE L'ACIDE URIQUE VIS-A-VIS DES MATIÈRES COLORANTES, par ALBE BENOIT. Si l’on prépare de l'acide wurique complètement débarrassé de la -matière organique qui l'accompagne dans le produit brut, grâce à des issolutions répétées dans l'acide sulfurique suivies de précipitations par addition d'eau alcoolisée, et si l'on agite durant plusieurs heares à la température ordinaire la poudre blanche ainsi ‘obtenue avec wwe solution aqueuse de pigments naturels ou de mabières colorantes aru- ficielles, on observé que l'acide urique aïnsi traité se dépose sous la forme d’une poudre d’un blanc très pur, en d’autres termes ne pré- sente aucune affinité pour les matières colorantes. En opposition avec cette constatation, l'observation journalière nous apprend que les sédiments uriques sont toujours, dans l'urine, forte- ment colorés et les chimistes savent combien ilest difficile de débar- rasser l'acide urique des pigments urinaires qu'il a adsorbés. Or, on sait que les pigments de l'urine, l’urochrome et l'uroroséine, en particulier, se montrent adialvsables et sont considérés par de nom- breux auteurs comme des colloïdes. Certaines matières colorantes artificielles, elles aussi, se présentent en milieu aqueux à l’état colloïdal ainsi que le montrent le phénomène du transport électrique et leur aptitude à la floculation réciproque. Cette note a pour but de démontrer qu'il s’agit là d'un phénomène général et qu'en $e précipitant au sein d’une solution colloidale dote ? acide urique entraîne avec lui ce colloïde. - Tout d'abord, in vivo, si l'on fait ingérer à un individu qui présente ‘d'importantes décharges uratiques, du bleu de méthylène, on peut observer que le sédiment d'acide urique qui se dépose spontanément ou par addition d'acide chlorhydrique, est nettement coloré en bleu. In vitro ce phénomène est encore plus sensible (sans doute parce qu l'organisme réalise la réduction, au moins partielle, de la matière colo- ‘rante introduite). C’est ainsi que si l'on additionne une solution aqueuse saturée à l'ébullition d'acide urique, et non encore refroidie, d'une trace de matière colorante en solution, on assiste, lors du refroidisse- 1052 à RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE ment, à la sédimentation de l'acide urique cristallisé, toujours fortement coloré. L'expérience est encore plus neite lorsqu'on ajoute à une solution saturée à froid d'un urate neutre alcalin la matière colorante dissoute. En en précipitant l’acide urique à l'aide d'une trace d’acide chlorhy- drique, on observe que le précipité ainsi produit a fixé la matière colo- rante, et si l’on a eu soin d'employer une solution colorée étendue, on observe que la décoloration du liquide est complète. Cette expérience peut être aisément reproduite à l’aide de n'importe quelle matière colorante naturelle ou artificielle soluble, ce qui conduit à penser qu'il s’agit là d'un phénomène purement physique. Certains pigments ou couleurs se prêtent particulièrement à l'expé- rience. — Citons notamment l’urochrome, la biliverdine, la chloro- phylle ; le tournesol, le safran, l’hématéine ; le ponceau de xylidine, la vésuvine, le bleu de méthylène, le rouge congo, le diméthylamidoazo- benzol. On voit que ces corps appartiennent aux groupes les plus divers des matières colorantes. Seuls, certains colorants facilement réductibles ou directement précipilables par l'acide chlorhydrique ne se prêtent pas à l'expérimentation. Il nous semble légitime de conclure de ces expériences qne lorsque l'acide urique cristallise au sein d’un système colloïdal coloré il entraîne, dans sa floculation, le colloïde qu'il a adsorbé. (Travail du Laboratoire de Pathologie interne et expérimentale de la Faculté de Médecine de Lille : professeur Surmont.) 4 SUR L'ÉTAT DE L'ACIDE URIQUE EN SOLUTION, par ALBE BENOIT. Dans une note précédente, nous avons exposé que l’acide urique est. capable, dans certaines conditions, de fixer énergiquement les pigments et les matières colorantes au sein de leurs solutions que l’on considère comme de nature colloïdale. ; Or, cette propriété particulière d’adsorber la phase solide d'un col- loïde est jusqu'ici considérée comme l’apanage des colloïdes eux-mêmes, C’est ainsi que l’alumine et le sulfate de baryle, précipités sous la forme colloïdale, entraînent dans leur flocüulation les matières colorantes en solution. C’est d’ailleurs là la base de la théorie de la teinture, de Witt, selon laquelle les matières colorantes, considérées comme prenant, en solu- tion dans l’eau, la forme colloïdale, se fixent aux différents tissus d'origine animale ou végétale, parce que ces corps représentent eux- SÉANCE DU 1Â8 JUILLET 1053 mêmes un type de l'état colloïdal. C'est aussi la base de la fabrication industrielle des couleurs dites laquées dont le lype est le minium fac- tice produit en précipitant simultanément, à l’aide d’un sulfate soluble, le sulfate de baryte et une matière colorante oxyazoïque au sein d’un mélange de solutions de cette couleur et de chlorure de baryum. Ces précipités colorés, comme d'ailleurs ceux d’acide urique, ne cèdent plus leur matière colorante à l'eau, mais seulement à des sol- van{s supérieurs, tels que l'alcool bouillant. L’acide urique se rangerait donc, par analogie, quant à ses propriétés physiques, à côté des suspensions colloïdales de tale, de silice ou d’alu- mine, mais tandis que ces dernières, dites suspensoïdes, prennent la forme colloïdale par simple mélange à l’eau et adsorbent les matières _ colorantes du fait même de ia rencontre de leurs particules au sein du liquide intergranulaire, l’acide urique aurait besoin, pour produire le même phénomène, d’être mis, au préalable, dans un état de division ou de dispersion voisin de l’état dissous, formant avec l'eau ce que l’on à appelé un gel, c'est-à-dire un système colloïdal caractérisé par l’imbi- bition de la phase solide par la phase liquide. Une telle solution d'acide urique mise en présence d’une solution de matière colorante de nalure également colloïdale, formerait, avec cette dernière, un complexe qui, sous diverses influences dont la plus nette est l'introduction d'ions H, serait détruit; la phase insoluble ainsi pro- duite entrainant dans sa floculation la matière colorante adsorbée. Si l'on adopte cette théorie, l’acide urique devrait être considéré comme susceptible d'exister sous deux états : d'une part, l'état floculé et stable tel que nous le connaissons à l’état cristallisé et sous lequel il est incapable d'opérer la fixation des matières colorantes ; d'autre part, un état métastable sous lequei on l’observerait, par exemple, dans l’urine en solution apparemment sursaturée. : Ces deux variétés doivent ou à see états physiques différents. Cette théorie permettrait d'expliquer cerlains faits énoncés par Klemperer et par Lichtwitz, à savoir qu'il est possible de faire entrer et de maintenir en solution beaucoup plus d’acide urique dans des solu- tions colloïdales que dans un égal volume d’eau distillée à la même température. Il est même permis de se demander si les divergences des coeffi- cients de solubilité de l’acide urique dans l'eau, suivant les auteurs, ne sont pas attribuables (action de l’alcali du verre mise à part) à la pré- sence éventuelle d'impuretés existant à l’état colloïdal dans l’eau dis- tillée ou dans les échantillons d’acide urique employés. (Travail du Laboratoire de Pathologie interne et expérimentale de la Faculté de Médecine de Lille : professeur Surmont). 4054 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE ACTION DES (EXTRAITS DE PROSTATE HYPERTROPHIÉE SUR LA VESSIE, par Cu. Dupois et L. BouLer. Nous avons montré précédemment que l'injection intraveineuse, chez le chien, d’extrait de prostate du même animal provoque la contrac- tion de la vessie : l’un de nous, en collaboration avec G. Battez, a vu, également chez le chien, le même résultat 5e produire avec un extrait de prostate humaine normale, provenant d'un supplicié âgé de vingt ans. Il nous à paru intéressant de rechercher l'action qu'exercent sur la contractilité vésicale les extraits de prostate humaine hypertrophiée, préparés, suivant une méthode déjà décrite, avec des fragments du tissu que l'on enlève au cours de la proslatectomie. Les chiens qui servaient à nos expériencés élaient soil curarisés, goit, le plus souvent, chloralosés ; on pratiquait les injections dans la veine saphène, et on enregisiraitles mouvements de la vessie par la méthode manométrique. On prenait la pression dans la carotide pour observer en même temps les effets sur la circulation, étudiés déjà par nn el Gaillardot. ; Injectés à des doses variant de 20 centigrammes à l gramme par kilo- gramme d'animal, les extraits de prostate hypertrophiée ont donné les résultats suivants : _ j — dans 3 cas, — il y a eu contraction, plus ou moins intense, de la vessie et chute de la pression artérielle ; — dans 5 autres, — la pression a également baissé, mais il n'y a 1 pas eu la moindre contraction vésicale. L'iajection de prostate hypertrophiée n'agit dont pas sur la vessie dans la majorité des cas ; c'est que la tumeur enlevée ne contient pas, ou ne contient plus de tissu glandulaire normal. Nos résultats expéri- mentaux s'accordent bien avec les examens histologiques qui nous apprennent, en effet, que dans l'hypertrophie prostatique, la cause vrincipale de l'augmentation de volume de l'organe est le plus souvent un adénomyome (Motz el Pernearnau) qui, en se développant, refoule et comprime la véritable REOS IE, à dont il occasionne l'atrophie plus ou moins prononcée. Il est vraisemblable que si l'on obtient encore des contractions vési- cales avec certaines tumeurs, c'est que l’on avait enlevé avec elles une partie de ja véritable prostate, ou qu'à l’intérieur même de la tumeur, il restait encore une certaine quantité de tissu glandulaire normal. Les résultats de ces expériences comparés à ceux que l'on obtient avec-la prostate norma'e, dont l’action excitatrice sur la vessie est constante, nous paraissent donner, pour un grand nombre de cas, une explication satisfaisante du mécanisme par lequel s'établit la rétention SÉANCE DU 48 JUILLET 4055 d'urine chez les sujels atteints d'hypertrophie prostatique : nous démontrons, en effet, que la tumeur n’a pas la signification physiolo- gique de la glande normale ; il est probable, d'autre part, que la com- pression, par la tumeur, de la prostate normale réduit peu à peu la capacité fonctionnelle de celle-ci : le muscle vésical, ne recevant plus l’excitant que Lui fournit, dans les conditions habituelles, la sécrétion interne de la glande, perd partiellement d’abord, puis totalement sa contractiHté. Le retour de la miclion, après la prostalectomie, s’expliquerait égale- ment bien de la manière suivante : la prostate, libérée en quelque sorte de la tumeur qui la génait, reprendrait sa fonction, et-enverrait de nou- veau à la vessie L'EnGRE (?) nécessaire à l'entretien de sa contracti- ité. IL existerait donc entre la prostate et la vessie, par l'intermédiaire d’une sécrélion interne-de la glande, une de ces corrélations fonction- nelles dont la physiologie nous montre un grand nombre d'exemples. (Laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Lille.) NARITATIONS DE LA PRESSION ARTÉRIELLE AU COURS D'UN VOL : UNE GBSERVATION, par À. Dugts. L'étude des réactions cardio-vaseulaires chez l'aviateur a donné lieu à de nombreuses recherches récentes. Ces recherches ont toutefois été rarement faites au cours même du vol. L'observation suivante nous paraît devoir être relatée en raison des conditions dans lesquelles elle fut recueillie. Ces conditions étaient celles de l'avialion de chasse en ce qui concerne l'altitude, la vitesse, les variations brusques de la pression atmosphérique, du vent, de la température. Lee Les délerminations furent faites sur nous-même (Somme, octobre 1916). — Sujet normal. Pression habituelle, 8/16 (Pachon); pouls, 65. L'appareil était un petit avion de chasse biplace, type Nieuport. La mesure de la pression artérielle était faite par la méthode de Pachon; le brassard étant placé sur le bras droit, sous le vêtement et la combi- naison; ce membre restant passif, el toutes les manipulations étant exécutées avec le bras gauche. Après un vol à altitude croissante rapide jusqu'à 2.000 mètres, plus lent jusqu’à 3.800 mètres, chute à pic de 1.800 mètres environ, puis descente en vol plané. ” s 1056 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE La détermination des pressions artérielles maxima et minima, effec- tuée à diverses altitudes, a donné lieu aux constatations suivantes : 1° Au cours d'une ascension rapide (de O0 à 2.000 mètres), abaisse- ment de la pression maxima, la pression minima reslant fixe : abaisse- ment de la pression diFérentielle 2° Au cours d’une ascension plus lente : . progressif de cette pression ; 3° Descente rapide par chute à pic, amenant en quelques minutes une baisse d'altitude notable. — On observe simultanément : un abais- sement de la pression maxima, une élévation de la pression minima, — soit un abaissement de la pression différentielle. SUR UN CAS D HÉMATOCHYLURIE, par M. Denon et E. LamBzincG. Un adulte, atteint d'hématochylurie depuis quelque temps (1), a recu pendant 4 jours une alimentation covsistant en pain, viande maigre, œufs, nouilles, légumes verts et fruits, le tout en quantités connues, et avec addition d'un poids de beurre valant pour les 4 jours 112 grammes de matière grasse. La quantité de graisse apportée par les autres aliments (œufs, viande maigre...) a été simplement calculée d’après les tables des auteurs et évaluée à 53 grammes, ce qui porte la recette totale de graisse à 165 grammes pour les 4 jours. On a recueilli, d'autre part, les fèces, délimitées par deux prises de carmin, et les urines des 24 heures, et on y a dosé la graisse d’après le procédé de Kumagawa- Sulo, afin d'établir comment la graisse ingérée s’est partagée entre l'urine et les excréments, d’une part, et l'organisme (graisse fixée ou détruite), d'autre part. Avant d'exposer le résultat de ces dosages, il est utile de noter ici quelques renseignements relatifs à la composition de l’urine et à l'influence des repas sur la lipurie. L’urine des 24 heures (de 1.000 à 1.250 c.c.) est franchement laiteuse, tan- tôt blanche, tantôt un peu rosée, selon que la lipurie est accompagnée d’une (1) Ce malade était soigné par mon collaborateur, le D' M. Dehon de Lille, et une relation complète de son cas devait être publiée ultérieurement par nous deux. Mais, brutalement incarcéré par l'autorité allemande sous une incul- pation d'espionnage absolument vaine, et tombé gravement malade pendant cet emprisonnement, notre confrère ne retrouva plus la santé et succomba finalement en 1918. Je me borne à publier ici la partie biologique de notre observation, les documents relatifs à la partie clinique n'ayant pas encore pu être retrouvés jusqu'à présent. (E. L.) SÉANCE DU 18 JUILLET 1057 hématurie plus ou moins accusée. Au microscope, on n’apercoit pas de glo- bules gras analogues à ceux du lait, mais des particules d'une extrême finesse. Le sédiment renferme, en outre, des globules rouges et des filaments de fibrine coagulée. Pas de cylindres (1). La réaction est acide et la densité peu élevée (1.012 environ). L’urine renfermait : N total de 6,79 à 7,52; P:0* de 1,15 à 1,20; NaCI de 4,40 à 6,62, en grammes et pour 24 heures. Elle ne contenait pas de sucre et était franchement albumineuse. Les repas, qui avaient lieu à 8 heures, 12 h. 45 et 8 heures du soir, exer- çaient l'influence la plus nette sur la lipurie. Par exemple, au 4° jour du recueil des urines, seules les fractions d'urine émises de 3 heures à 9 heures du matin n'étaient pas chyleuses. Mais dès 9 h. 35, l'urine a recommencé à prendre l'aspect chyleux, et les émissions subséquentes sont restées franche- ment chyleuses, jusqu'à 3 heures du matin, avec un maximum d’'opacité très net à 11 heures du soir. Les fèces n’ont rien présenté de particulier. Voici maintenant les résultats du dosage des graisses, exprimés en graisses neutres. On a vu que la quantité totale de graisse consommée pendant les 4 jours d'expérience s’est élevée à 165 grammes. Les urines en ont éliminé par jour respectivement 11 gr. 10, 7 gr. 76,8 gr. 38 et 8 gr. 38, donc en tout 35 gr. 6. (Celles des deux dernières journées avaient été mélangées pour le dosage de La graisse). Quant aux fèces, elles en renfermaient en tout 11 gr. 4, soit donc en moyenne 2 gr. 85 par jour. Les 165 grammes de graisse ingérés en 4 jours se sont donc répartis ainsi qu'il suit : POUR EN VALEURS 165 GRAMMES RELATIVES Graisserdes pieces re peer er 11,4 6,9 — des urines. . . . . .. DE 20810 21,6 — fixée ou détruite. , . . . ES 0 ASS 165,0 400,0 La quantité de graisse des fèces n’a rien présenté qui soit anormal, puisque chez un adulte bien portant Lambling et Vallée (voy. le présent numéro des Comptes rendus) en ont trouvé 4 gr. 44 par jour (moyenne de 15 jours). Si laissant donc de côté le facteur digestif, on rapporte les résultats à la quantité totale de graisse mise réellement par l’absorp- tion digestive à la disposition de l'organisme, on constate la répartition que voici : à POUR 400 DE GRAISSE absorbée par LA SURFACE DIGESTIVE GraisSePperduesparilurine Re 0. DORE Graisse employée par l'organisme . , . . . . . . . 16,8 100,0 (1, Un examen de l'urine de ce malade, fait six semaines auparavant par le Dr Vansteenberghe, avait donné les résultats que voici : Pas de cellules rénales, leucocytes assez nombreux, sang, pas de cylindres, pas de bactéries pathogènes. 1058 RÉUNION BIOLOGIQUE’ DE LILLE La quantité de graisse qui s’est écoulée inutilisée par les urines a donc été de près du quart de la recette nette, bien que celle-ci ne se soit élevée en valeur absolue qu'à 38 gr. 9 par jour, et qu'elle ait été répartie sur rois repas. Et cependant une partie importante de ce modeste apport a débordé l'organisme et s’est écoulée par l'urine. (Laboratoire de Chimie biologique de la Faculté de Médecine de Lille.) SUR LA COMPOSITION DES FÈCES NORMALES DE L'HOMME ? par E. LamBtinG et C. VALLÉE. Au cours d’un travail qui a pris dans la suite une aulre direction, nous avons été amenés à faire une analyse assez étendue des fèces fournies pendant quinze jours par un adulte bien portant, âgé de trente- huit ans. Ce sont les résultats de cette analyse qne nous donnons ci-après. Ils ne font pas double emploi avec ceux qui ont été rassemblés par divers auleurs, et notamment par M. Nicloux dans son intéressant article « Fèces » du Dictionnaüre de physiologie de Ch. Richet. On pos- sède, en effet, en ce qui concerne la composition des fèces, un nombre considérable de déterminations isolées ou d'analyses partielles, on y trouve des données sur le poids de l'extrait aqueux, de l’extrait alcoo- lique, de l'extrait éthéré, sur la composition des cendres, mais on y cherche en vain un tableau résumant ce que l’on sait sur la composition des fèces et laissant apparaitre dans le total des matériaux solides la part des matériaux connus et celle des matériaux encore inconnus. C’est ce tableau que nous avons essayé de dégager de notre analyse. Les fèces ‘ont été recueillies chaque jour directement dans une capsule de porcelaine, additionnées à plusieurs reprises d'alcool et desséchées au baïn- marie. Pendant l'évaporation on divise la masse à l’aide d’une baguette, et le résidu obtenu, solide à froid, est divisé et grossièrement soumis à la mou- ture, puis passé au tamis. En procédant de la sorte chaque jour, on obtient finalement la totalité des excréments des quinze jours sous la forme d'une poulre brunätre, contenant 5,77 p. 400 d’eau, et qui, maintenue dans un flacon bien bouché, se conserve semblable à elle-même. On y a dosé, outre l'humidité dont il vient d’être question (par dessiccation à 105° jusqu’à poids constant), les cendres par incinération et avec séparation des cendres solubles, le soufre par destruction à l’aide du mélange nitraté et précipitation à l’état de sulfate de baryum, le phosphore à l'état de P°0° d'après Neumann, les graisses (plus l’insaponifiable), d'après le procédé de Kumagawa-Suto, tel que Inhaba l’a appliqué aux fèces (1). On a séparé aussi cetle poudre en une 4) Inhaba. Biochem. Zeitschr., t. VIT, p. 348, 1908. SÉANCE DU: 18 JUILLET 1059 partie insoluble dans l'alcool et en une partie soluble dans l'alcool (1), qui ont élé examinées à part (voyez plus loin). Voici quels sont les résultats obtenus. On dira plus loin comment on peut les interpréter. Les selles frches pesaient en moyenne 108 grammes par jour, et par des- siccation à 105° (après le traitement à l’alcool décrit plus haut) elles perdaient en moyenne *4,4 p. 100 d’eau. Mais comme la poudre ainsi obtenue n’est pas maniable parce que très hygroscopique, tous les dosages ont été effectués sur la poudre à 5,71 p. 100 d'eau. Les graisses neutres, qui figurent dans le tableau ci-après, représentent les acides gras des graisses, les acides gras libres et les acides gras des savons, exprimés ensemble en graisses neutres, avec l’insaponifiable. Les résultats sont rapportés à 400 parties d’excréments desséchés à 1050. AA OO UO A ee Re RS RNR NS RSS ANR en ser 6,65 S OUR RE AE RE Ne Re ME LI ROMAN du MOT en 0,54 Phosphore en P?0° DR 4,82 Graisses neutres ct substances confie 17,89 BONNE SERRE Ne RER Re net Re CRT po GS La partie insoluble dans l'alcool représentait 70,13 et la partie soluble dans l'alcool 29,87 p. 100 des excréments séchés à 105°. On a dosé dans la partie insoluble les cendres, l'azote et le phosphore et on a déduit de là, par diffé- rence, le poids de ces mêmes matériaux dans la partie soluble. On a dosé, en oulre, dans la partie insoluble, la cellulose. Enfin il est licite d'inscrire au _ compte de la partie soluble les 17 gr. 89 de graisse et d’insaponifiable (2), en sorte que l’on obtient pour ces deux fractions le tableau suivant : Dans Bans 79,43 parties 29,87 parties AZOLE: =. RACE NS NE Dan tort 5,38 en Phosphore en p= > 270 4,05 0,77 Graisse et insaponifable . . .: . . . — 17,16 Cellulosene rte Lens rer te 4,80 — GENRES ARS ESNENRERRERR ee 6 DD) D'autre part, l'azote demeuré dans la partie insoluble dans l'alcool peut, avec une approximation sans doute assez grossière, mais suffisante pour la discussion qui va suivre, être atiribué aux matières protéiques (protéiques (1) Les extractions pour Le dosage des graisses et pour la préparation de l'extrait alcoolique ont été toutes pratiquées à l'aide de l'appareil spécial de Kumagawa-Suto, où Le cylindre en verre contenaut la substance à extraire baigne entièrement dans la vapeur chaude émise par le solvant en ébullition. L’extraction se fait ainsi bien mieux (Kumagawa et Suto, Biochem. Zeitschr., t. VIII, p. 212, 4908). (2) Avec cette erreur cependant que les s savons à bases terreuses ne passent vraisemblablement pas dans l'alcool bouillant. Le stéarate de magnésie cependant est soiuble dans l'alcook bouillant. Quoi qu'il en soit, l'erreur com- mise de: ce chef est médiocre, car l& quantité d'acides gras à l’état de savons contenue dans ces fèces élait très faible (Voy. la communication suivante). 1060 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE = “alimentaires non absorbés, mucine et surtout cadavres bactériens) dont le poids peut donc être évalué en faisant le produit 5,38 X 6,25 — 33,62. Notons que l’on a fait aussi dans la partie insoluble au dosage-de carbone et d’hy- drogène qui a donné : matière (défalcation faites des cendres) 0 gr. 2120; H°0 0,1310 ; CO? 0,4204; d'où, en centièmes, C 54,06 ; H 6,8. Finalement on peut donc dresser, pour 100 parties d’excréments secs, le tableau que voici : Cendres Pete D à Un Os 12,68 Graisses et insaponifiable . . . . . . . . .. Fe 17,76 Cellulose Re Le re 4,80 Matières protéiques (5,38 >< # 25) ; 33,02 Matières organiques non dosées : a) insolubles dans l'alcool. . . . . . . 21,35 ) b) solubles — RÉ A tn 9,19 $ se el 100,00 \ On voit donc que 30 p. 100 environ des matières organiques sont restées en dehors de l'analyse. Dans cet extractif si élevé figurent à la vérité des matériaux actuellement déjà connus, tels que la lécithine, l'indol, le seatol, l'urobiline, les bases puriques, mais comme ces corps se comptent par milligrammes, leur ensemble ne peut représenter qu'une minime fraction de ce non-dosé organique. Il arrive donc pour les excréments ce que l’un de nous a déjà constaté pour l'urine, à savoir qu’une fraction considérable des matières orga- niques a jusque-là échappé à toute détermination (1). (Laboratoire de Chimie biologique de la Faculté de Médecine de Lilie.) SUR LE DOSAGE DES GRAISSES DANS LES FÈCES PAR LE PROCÉDÉ GRIMBERT ET PAR LE PROCÉDÉ DE KUMAGAWA-SUTO, \ par E. LamBiinG et C. VALLÉE. Le but de cette note est de montrer que pour le dosage des graisses dans les excréments, le procédé Grimbert, qui a, sur celui de Kuma- gawa-Suto, l'avantage de saisir séparément les diverses formes d’acides (1) Dans l'urine cette fraction représente à l’élat normal en moyenne de 28 à 34 p. 100 du total des matières organiques (Voy. Donzé et Lambling, Journ. de physiol. de Pathol. gén., t. V, p.225 et p. 1001, 1991 et Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LV, p. 1023, 1903. — Bouchez et Lambling, ibid, t, LXXI, p. 435 et 486, 1941. SÉANCE DU 18 JUILLET 1061 gras contenus dans les fèces, donne autant de séeurité que celui des deux savants japonais. On sait que le procédé Grimbert consiste : 1° dans un traitement à l’éther qui fournit par évaporation le mélange des graisses neutres et des acides gras libres; 2° dans un titrage acidimétrique des acides gras libres, effectué dans la solution éthérée en question à l’aide d’une solution titrée de soude alcoolique et dont on exprime le résultat en acide stéarique; 3° dans un trai- tement, par l'acide chlorhydrique, de la partie demeurée insoluble dans l'éther, Après ce traitement, qui met en liberté les acides gras des savons, le liquide est évaporé et le résidu, extrait au Soxhlet, abandonne à l’éther les acides gras libérés, qui sont ensuite titrés par acidimétrie comme plus haut et dont le poids s'exprime de même en acide stéarique. Dans le procédé de Kumagawa-Suto, la matière première est dissoute à chaud dans une solution forte de soude caustique, qui transforme donc en savons de soude la totalité des acides gras, déterminée ci-dessus en trois fractions. Ces acides sont ensuite libérés par un acide, séparés et pesés. En en multipliant le poids par le facteur 1.046, on obtient le poids de graisse neutre correspondant. Au cours de l'analyse de féces, dont il est question dans la précé- denute communication, nous avons été amenés à doser les graisses conle- nues dans une poudre d’exeréments secs, à 5,77 p. 100 d'humidité, con- curremment à l’aide des deux procédés résumés ci-dessus. Voici les résultats fournis par le procédé Grimbert dans deux opérations paral- lèles : I IT GROISSESÉMEUTTES SR ee ce D 7,38 p. 100 “Acides gras libres (en graisses neutres) . 8,41 8,41 — — — des savons (en graisses neutres). 1,56 1,51 — De son côté le procédé Kumagawa-Suto a fourni en acides gras totaux, exprimés aussi en graisses neutres, 16,98 p. 100. Si l’on considère la multiplicité des opérations à effectuer et la diffi- culté d'obtenir pour ces sortes d'analyses des échantillons bien homo- gènes, on reconnaîtra que la concordance est très satisfaisante. (£aboratoire de Chimie biologique de la Faculié de Médecine de Lille.) 1062 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE FORMATION DE L’ACIDE CYANIQUE PAR OXYDATION DES SUBSTANCES ORGANIQUES. SON IDENTIFICATION BASÉE SUR L'ANALYSE QUANTITATIVE, par R. Fosse. I. — L'étude du mécanisme de la formation artificielle de l’urée par oxydation des principes naturels nous à conduit à considérer comme termes transitoires, précurseurs de ce corps : l'acide cyanique et deux autres substances unicarbonées, auxquelles on attribue un rôle capital dans les synthèses chez les végétaux : l'acide cyanhydrique et l'aldéhyde formique : = 8 ÿ CO NS CNE 0 © CONHE Go Nous avons établi que l'oxydation des substances organiques engendre un corps intermédiaire, produisant spontanément l’urée. Les solutions de protéiques, seuls ou addilionnés de glucose, les solutions ammoniacales d'acide aminés, de glycérine, d'hydrates de carbone ou d’aldéhyde formique, qui, après oxydation renferment peu ou point d'urée, en produisent avec abondance par simple chauffage, tout comme le cyanate d’ammonium dans l'expérience de Wühler (L) : | CON CO NH Quoique ces solutions manifestent toutes les réactions connues de l'acide cyanique, nous avons cru nécessaire de démontrer indiscutab!e- ment son existence par le plus sûr des eritériums, l’analvse quantita- tive, à cause de l'importance de cette synthèse, de ses conséquences et des nombreuses expériences, vainement tentées jusqu'ici pour la réaliser. IT. — L'isolement et l'analyse, sous forme de sel de plomb, de l'acide cyanique dissous n’est réalisable que si l'on peut éliminer complète- ment au préalable loute substance étrangère donnant une combinaison plombique insoluble, puisque le cyanate de plomb, décomposable par Peau chaude, ne peut être purifié par cristallisation. Ce procédé est donc d’application assez restreinte. Nous avons réussi à établir une méthode très simple, permettant d'obtenir à l'état de sel d'argent pur à l'analyse, de petites quantités d'acide cyanique, mêlé à des substances minérales ou organiques dans un important volume de solution. (1) R. Fosse. Comples rendus (le l'Acad. des Sciences, 1919, t. 168, p. 320, 908, 1164. SÉANCE DU Â8 JUILLET 1063 Préparation du cyanate d'argent. — La liqueur résultant de l’oxyda- tion, neutralisée presque complètement par NO°H dilué, additionnée de NO’A£, abandonne un précipité floconneux, qu’on essore el lave à la trompe. Par traitement à l'eau bouillante, une partie de celui-ci se dis- sout tandis que l'autre reste insoluble et brunit. Le filtrat laisse appa- raitre par refroidissement de petits cristaux blancs, chatoyants, carac- téristiques au microscope, généralement purs après une seule cristallisation. _ Identification de l'acide cyanique formé par oxydation des substances - organiques. — Analyse du sel d'argent cristallisé dans l'eau. _ Proportion des facteurs de l'oxydation. SUBSTANCES OXYDÉES NOUS POINS OÙ VOLUME éliboses. 0 ll grémme. AGiycéRnes ee 1 gramme HGlycocolle 7: 1 gramme RS RUE ET R UrTE ADACAC MhGlucosen ie 6 gr. 4. Analyse du sel d'argent. | MATIÈRE eCl GO! NH.CHC ) î pour 100 CEHE7 ao) CO(NH?}? P . 100 sel d’Ag Théorie : 72 gr. Théorie : 40 me Drouvse. F. Frouvé : 11 gr. O2 38 gr. 9ù 11 gr. je Sears di ler | 11 gr. 40 grammes.| Analyse du cyanale d'argent. — Une molécule de ce sel, chauffée avec NH°Gl, produit une molécule d'urée et d'AgCl. On place au bair-marie Brococ:e. Coupres RENDUS. — 4919. T. LXXXII. 76 1064 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE 4 heure, vers 92°, poids égaux de sel d'argent et de NH'CI (0 gr. 40 à 0 gr. 15), dissous dans 10 c.c. d'ammoniaque. La pellicule d’AgCl, délayée dans l’eau acétifiée, et reçue sur creuset de Gooch taré. Vase et précipité sont lavés avec quantité d’eau suffisante pour former un volume exactement mesuré (50 c.c., 100 c.c. au maximum. On dose l'urée sur une partie aliquote de la liqueur (10 à 20 c. c.) et l'argent sous forme de chlorure, par augmentation de poids du creuset. III. — La formation de ce dérivé du cyanogène par oxydation, en milieu aqueux, des matières carbonées autres que l'acide cyanhydrique est absolument nouvelle. À Gorup Besanez, cité par Drechsel (1), dit qu'en saturant par un acide la solution alcaline de leucine oxydée par l'ozone, il a cru reconnaître, au premier moment de l’effervescence, l'odeur de l'acide cyanique, mais qu'il n’a pas réussi à démontrer sa présence par une réaction. Il n'existe pas de preuves, conclut Drechsel, de la formation d'acide cya- nique aux dépens des substances organiques par oxydation à l'état dissous et à la température du corps humain. Halsey (2) aboutit à un résultat négatif en cherchant à obtenir le même corps par oxydation du glycocolle, de l'acide oxamique et de la formiamide. : Dans aucune des trois séries d'expériences d'oxydation du glycocolle qu'il a instituées, Eppinger (3) n’a pu déceler l'acide cyanique. (1) Dreschsel (1880). Journ. für prakt. Chem., t. 22, p. 476. (2) Halsey (1898). Zeitsch. für phys. Chem., t. 25, p. 323. 13) Eppinger (1905). Beiträge zur chem. Phys. und Path., t. 6, p. 481. . 1065 RÉUNION DE LA SOCIÉTE-BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 26 JUILLET 1919 Dustin (A.-P.) : Influence d'une alimentation riche en nucléine sur la régénération saisonnière du thy- SOMMAIRE Le FÈVRE DE ARRIC : Sur la cul- ture des Streptocoques homologues dans le sérum des blessés por- mussde la erenonulleradultes: "1068: fteurs... 20... 0106 Hexsevaz (M.) : A-propos de l’ac- WiLoemAn (E. DE) : La myrméco- tion spécifique de l’euglobuline du philie dans le genre Uncaria (Ru- SÉLUMIVACCLNAL eee Re de ee 0e 1D14N = biacéesen Alrique). "10... 1076 HewsevaL (M.) : À propos du mode -Zuwz (EpGarp) : Sur la présence d'action de l’euglobuline vaccinale d'histamine dans les muscles at- sur le vaccin. L’adsorption du virus teints de gangrène gazeuse . . . .. 1078 par l’euglobuline normale. . . . . . 1074 Zuxz (EnGcaro) : Sur la teneur en Le FÈvVRE DE Annic : De l'action azote et en résidu sec du thymus du chlorure de baryum sur le cœur et du corps thyroïde chez l’homme de tortue in situ et sur son mode et sur les rapports pondéraux entre DER on 0 don 0 Men A MORE 106Pces deux orSganes rue tn 1080 Présidence de M. Janssens. SUR LA CULTURE DES STREPTOCOQUES HOMOLOGUES DANS LE SÉRUM DES BLESSÉS PORTEURS. Note de LE FÈVRE be ARRIC, présentée par M. J. BoRDET. Les épreuves que nous avons rapportées dans notre précédente note ont été naturellement réalisées à des moments différents de l’évolution clinique des traumatismes. Or, nous savons que le pouvoir germinatif du streptocoque évolue de façon nette avec le temps (1). Nous signalons donc à ce sujet qu'au cours des épreuves citées, presque tous les cas (1) V. note précédente : Le Fèvre de Arric, et citations y contenues. 41906 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BÉLGE DE BIOLOGIE d'exception où la pullulation fut plus intense dans le sérum homologue que dans le sérum normal, se rapportaient à des germes du type E. Nous avons d’autre part réalisé une nouvelle série d’essais portant sur 20 malades, au cours desquels nous évaluions la richesse de la culture en sérum normal et en sérum homologue de 10 germes du type E et {0 germes du type D. Outre les différences entre les cultures de ces germes en sérum normal et sérum streptococcique, conformes aux résultats décrits précédemment, nous avons observé que les strep- tocoques E ont toujours poussé assez abondamment dans les sérums homologues. Dans la série des germes D, la richesse de la culture a élé G fois sur 10 inférieure, 3 fois égale, 1 fois supérieure à celle de la série E. Conclusions. — Les recherches que nous avons exposées dans notre note précédente semblent bien démontrer que le streptocoque isolé d'une plaie, ou du sang d'un blessé, trouve généralement dans le sérum du porteur un milieu moins favorable à sa pullulation que dans un sérum normal. Nous avons dit aussi que l’on observait une action pus nette, plus spécifique, lorsque les éléments germe-sérum provenaient du même porteur. On pourrait en déduire que la présence du coccus provoque dans l'organisme une réaction de défense. D'autre part, il paraît paradoxal que cette modification s’observe bien précisément dans les cas où la généralisation du microbe s'est produite, par exemple. Mais la signification du fait peut être très variable. Les nolions classi- ques nous apprennent quil ne peut guère s'agir ici d'un pouvoir bawté- ricide réel. Des expériences, poursuivies en partant d'un nombre de germes connu, nous prouvent, en effet, qu'il faut chercher ailleurs. Sans doule, on est en droit de supposer que l’agglutination, par exemple, pourrait fausser l'évaluation du nombre des colonies obtenues. Nous avons recherché celte réaction; nous l'avons observée dans quelques cas assez rares et encore était-elle tout à fait légère. Elle nous parait insuffisante pour servir seule d'explication. En ce qui concerne le germe, considéré comme nous l'avons fait ici à différents stades de son évolution, nous voyons que sa capacité germi- - native dans le sérum est plus considérable au début que dans les pé- riodes subséquentes, ce qui est pleinement d'accord avec ce que nous savions des sécrétions de plaies et avec la vérification expérimentale que nous en avons donnée précédemment (1). F En résumé, quoi qu'il en soit de la cause réelle de ces différences observées dans ces épreuves de cullures en sérum homologue et nor- mal, ces dernières n’en sont pas moins présentes dans leurs effets (1; Voir note précédente sur ce sujet. SÉANCE DU 26 JUILLET 1067 Puisque la culture du microbe est parfaitement possible, bien que moindre, dans le sérum du porteur, il est à supposer que cette réaction n’a pas une importance de tout premier plan dans la disparition du Streptocoque. Mais il n’est pas moins vrai qu'une relation intéressante nous apparait entre cette aclion empêchante qui se manifeste dans le sérum du blessé infecté, el la diminution constante du pouvoir germi- nalif du streptocoque au cours de l’évolution des plaies, Ceile évolution s’accomplit-elle spontanément, ou bien ne dépend- elle pas, en partie au moins, des propriétés des sécrétions dont l’action serait comparable à ce point de vue à celle observée pour le sérum? Nous inclinons à croire que si cette action humorale ne peut pas être la raison principale de la disparition du microbe, il se pourrait bien cependant qu'elle soit, avec d’autres, une des causes adjuvantes qui facilitent à la neue l’épuration bactériologique des plaies à strepte- coques. A on de Bactériologie, hôpital de la Croix-Rouge belge « Océan », à Vinchem.) DE L'ACTION DU CHLORURE DE BARYUM SUR LE CŒUR DE TORTUE 1n sûlu ET SUR SON MODE D'ARRÉT. Note de Le FÈvRE DE ARkic, présentée par M. E. Zuwr. Les nombreux travaux qui ont étudié l’action sur le cœur des corps du groupe digitalique et leur influence sur le mode d'arrêt de cet organe, ont donné naissance à deux opinions opposées. Les uns ont observé l'arrêt du cœur de grenouille, par exemple, en systole ou en diastole, suivant que le poison agissait sur la face interne ou externe, faits qu’ils ont expliqués par l'existence d’une disposition morphologique différente dans les couches musculaires intérieures ou extérieures de l'organe (théorie de Schmiedeberg). Les autres, au contraire, ont cru trouver toute l'explication de ces faits dans la teneur en substance active du liquide de perfusion (Werschinin). Les travaux effectués sur l’action du chlorure de baryum sur le cœur de grenouille ou de tortue présentent les mêmes divergences. Contrai- rement à Poulsson, et conformément à Werschinin, Zunz a observé parfois l'arrêt du cœur isolé de tortue en diastole, et Delcorde a cru trouver une zone de concentration en BaCl° provoquant généralement la diastole (1). (1) A. Delcorde. À propos de l'action du BaCI° sur le cœur de tortue et sur le cœur de grenouille, Soc. R. Sciences méd. et natur., avril 1913. (Voir égale- ment la bibliographie y contenue.) 1068 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE À la suite de ces divergences de vue, nous avons poursuivi des recherches sur l’action du BaCÏ sur le cœur de tortue non plus isolé, mais demeuré in situ, afin d'opérer sur un organe dont les connexions nerveuses eussent été respectées. Nous avons étudié l’action du BaC/, administré par voie interne, sur le cœur in situ de tortue (Testude Græca), et pour des concentrations variant de 5 p. 100 à 1 : 10.000. À quelque concentration qu'on étudie, par la voie endocardiaque, l’action du chlorure de baryum, dissous dans le liquide de Ringer, sur le cœur de tortue in situ, on constate que ce sel agit sur le cœur comme un élément tétanigène, ET DE MÊME SENS, propre à déterminer la contracture systolique. Les doses fortes amènent un arrêt systolique définitif, les doses moyennes un arrêt lemporaire, les doses faibles de simples pauses passagères. Les graphiques démontrent que l'action du BaCF s’accom- plit chronologiquement en deux phases, la première fonique, la deuxième foxique. 3 Dans les expériences avec les doses fortes, les manifestations toxiques dominent le tableau et amènent rapidement l'arrêt en systole caraclé- ristique. Dans les essais avec les concenirations faibles, la phase pre- mière ou tonique se développe lentement et il est possible de la suivre à l'aise. Elle se caractérise par un ralentissement notable du rythme et une exagération marquée de l'intensité des systoles. La phase toxique n’aboutit plus à la mort, mais se borne à des phénomènes de contrac- ture passagers ou, à la longue, des accidents de dissociation, que le lavage au liquide de Ringer fait entièrement disparaître. Ces résultats concordants n'ont trait qu'à l'étude du BaCl par voie d'irrigation endocardiaque. Avant de se prononcer plus avant sur l’ac- tion du BaC et, éventuellement, sur le mécanisme de cette action, il. est nécessaire de compléter ces données par celles recueillies au cours d'expériences réalisées par la voie exocardiaque, qui seront exposées ultérieurement. : (Institut de Thérapeutique de l'Université libre de Bruxelles.) INFLUENCE D'UNE ALIMENTATION RICHE EN NUCLÉINE SUR LA RÉGÉNÉRATION SAISONNIÈRE DU THYMUS DE LA GRENOUILLE ADULTE, par AÀ.-P. DusrTiN. Dans des recherches qui paraïîtront bientôt, et dont deux notes préli- minaires (1) ont fait connaître les résultats essentiels, nous avons. (4) C. R. Association des Anatomisles, Lausanne, 1913, — et Arch. Zoologie exp. et gén. (Notes et revues), t. LV, n°5, 1916. SÉANCE DU 26 JUILLET 1069 montré que le développement du thymus des têtards de Rana fusca est profondément modifié par le régime alimentaire auquel sont soumises les larves. Normalement les petites cellules thymiques proviennent des celluies épithéliales des ébauches primitives auxquelles les réunit une série de stades intermédiaires. Les mitoses successives donnent naissance à des cellules dont la taille se réduit progressivement en même temps que leur noyau se gorge davantage de chromatine. C’est à ce processus que nous ayons proposé de donner le nom de « mitoses diminutives ou élassotiques ». Or, le moment où la taille des noyaux se met à se réduire, de manière à donner naissance à des petites cellules thy- - miques caractéristiques, varie beaucoup suivant le régime auquel sont soumises les larves. Le jeûne absolu provoque l'apparition précoce des mitoses élassotiques avec pycnose consécutive rapide, et atrophie con- sidérable de l'organe. Au contraire, l'alimentation surabondante au moyen de thymus d'agneau donne naissance à des ébauches thymiques très volumineuses, dont les noyaux sont de taille beaucoup plus consi- dérable que ceux des larves témoins. D'autre part ces noyaux ne subissent les mitoses élassotiques que plus tardivement. Chose intéres- sante, cette augmentation de taille des noyaux ne s’observe qu’au niveau des ébauches thymiques ; les noyaux du cartilage, des muscles, de l'épendyme, etc., ont la même taille chez toutes les larves. Nous avons signalé ailleurs les conclusions biologiques que l’on peut tirer de l'observation de ces faits. Nous voulons aujourd’hui vous entretenir des résultats observés chez la grenouille adulte suralimentée au thymus. Nous prendrons comme point de départ le thymus de la grenouille adulte observée en mars, immédiatement après la ponte. Comme nous l'avons montré dans des recherches antérieures (1), le thymus se carac- térise à cette période (9 mars), par : 1° Raréfaction considérable des petites cellules thymiques, réduites à un mince liséré cortical. Pas de mitoses. _2° Forte sclérose centrale, avec sclérose périvasculaire. 3° Présence de cellules myo-épithéloïdes anciennes, sombres, globu- leuses. Si on laisse les grenouilles complétement à jeun, on observe, vers le 25 mars, une légère poussée mitotique du côté dès petites cellules. Cette poussée s'arrête bientôt, puis le thymus s’atrophie très rapide- ment. Vers le 9 juin, on trouve des thymus très petits, complètement (1) Recherches d’histologie normale et expérimentale sur le thymus des Amphibiens anoures. Arch. de Biologie, 1913. — Voir aussi : Reversions épithé- liales dans le thymus humain, Arch. Zool. exp. et gén. (Notes et revues), t. LVI, n° 4, 1917. 1070 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE scléreux, ne renfermant plus que quelques petites cellules, plus guère de myo-épithéloïdes vieilles et aucune myo-épithéloïde de néoforma- tion. - Etudions maintenant la régénération des thymus chez: des quotidiennement alimentées au moyen de thymus frais d’ agneau. Vers le 26 :nars, on voit brusquement les mitoses de petites cellules devenir extraordinairement nombreuses; les petites cellules se tassent les unes contre les autres, constituant une épaisse couche corticale de néoformation. Fait des plus intéressants, et se superposant exactement avec les constatations faites par nous chez les têtards nourris au thymus, les nouvelles cellules thymiques ont des noyaux de taille beaucoup plus. À. 26 as 0 9 juin Taille des pslifes cellules fhymiques chez Mana {usca adulle nourrie au (hymus . considérable que celle des noyaux des petites cellules thymiques ror- males (Voir schéma. Le 26 avril, le volume des thymus est devenu cos la taille des noy aux commence à se réduire, mais sans atteindre encore les pro- portions normales. & La sclérose hivernale s'évanouit rapidement devant la poussée des petites cellules; une nouvelle génération de myo-épithéloïdes apparait. _ Enfin le 9 juin, terme de l'expérience, le volume du thymus s'est encore accru; mais il semble que l’on ait atteint le stade de saturation du thymus en basichromatine; de grands kystes, à belle paroi Soie” liale et à contenu miqueux, font leur apparition. Ces nouvelles recherches démontrent : 1° Que les petites cellules thymiques ne sont pas des Mn pénétrant ou se multipliant simplement dans le thymus ; 2°*Que la disette ou la surcharge alimentaire en nucléine impriment une allure spéciale à l’évolution de la petite cellule thymique. Le jeûne provoque une réduction rapide de taille avec pycnose prématurée. La. surabondance de matériaux nucléiniques provoque la mulliplication SÉANCE DU 26 JUILLET 4071 des cellules souches par mitoses normales, mais relarde l'apparition des mitoses élassotiques ; 3° Que le thymus semble jouer un rôle régulateur spécifique dans le métabolisme nucléinien. Le mécanisme de cette régulation tient essen- tiellement dans l’évolution de la petite cellule thymique et est condi- tionné par les trois états d'activité de cetle dernière ; re MRPUESAES (phase de charge); mitoses élassotiques (phase de préparation); pyc- nose et résorplion (phase de décharge). À PROPOS DE L'ACTION SPÉCIFIQUE DE L'EUGLOBULINE DU, SÉRUM VACCINAL, par M. HENSEvAL, . Dans un travail précédent (1), j'ai établi que la propriété antiviru- lente du sérum vaceinal-n'appartient pas seulement à la sérumglobu- line comme on le croyait précédemment, mais à toutes les substances qui, en solution, revêtent l'état colloïdal : la sérumalbumine, la pseaudo- globuline, l’euglobuline et les lipoïdes. La seule différence réside dans le degré d'activité. L'activité de l’euglobuline mérite de retenir l'attention. On peut la démontrer facilement. À Oc.c.5 à 1/250 de vaccin très virulent on - ajoute O0 c.c. 5 d'une solution oblenue en reprenant par 5c.c. d’eau physiologique l’euglobuline résullant du Done der 0! CCde sérum. On laisse en contact pendant 1 heure à 37° et on inocule au lapin. Ce mélange ne détermine aucune éruption ou seulement quelques pustules, tandis que le mélange-témoin préparé avec de l’euglobuline normale provoque une pion riche, confluente sur pee tout le champ - opératoire. D'après la plupart des = . l’euglobuline précipite, de son mélange avec la pseudo-globuline, dès que la teneur en sel est très réduite. Elle est insoluble dans l’eau distillée, mais se dissout dans l’eau salée ou le carbonate de soude à 1 p. 100. En réalité, ces derniers la dissolvent très imparfaitement et laissent rapidement déposer une partie de la matière. Peut-être possèdent-ils, vis-à-vis d'elle, un cerlain pouvoir de dissocialion ou plutôt de dispersion, car l’addi- lion de selou de carbonate de soude à une suspension d’euglobuline Féclaircit notablement, mais ils sont incapables de provoquer sa disso- lution complète. On doit donc se demander si, dans son action sur le vaccin, elle intervient à l’état soluble, par la pelite quantité qui peut - (4 ) DL Recherches sur l'immunité vaccinale. La substance Re nie du sérum vaccinal. Bull. Acad. médec. Belgique, mai 1919. 1072 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE avoir pris cet élat, ou comme substance finement suspendue. La ques- tion présente de l'intérêt, car on se représente malaisément qu'un pro- duit non dissous détruise un germe vivant et figuré comme doit l’être le virus vaccinal. À raison de la difficulté du contact entre ces deux sortes d'éléments on regarde volontiers une pareille action comme lente et incomplète ou ne s’accomplissant qu’à l’aide de certains artifices opéra- toires. Il ÿy avait lieu de recourir à l'expérience directe pour éclaircir ce point. Les essais ont porté sur l’euglobuline crue, utilisée telle qu'on l’obtient par dépôt du dialysat de sérumglobuline, ou sur l’euglobuline séchée dans le vide à 35°, broyée au mortier et mise en suspension dans de l’eau distillée, Il va de soi qu'il s’agit de produits lavés jusqu'à dispa- rition de toute trace d’albumine vis-à-vis des réactifs les plus sensibles. À. — EuGLoBuzinE CRUE. On saigne un lapin fortement vacciné qui fournit 30 c.c. d’un sérum bien clair. On en sépare la sérumglobuline par précipita- tion au sulfate d’ammoniaque et l’euglobuline par diaiyse. Le dépôt, parfaite- _ ment lavé, est additionné de 5 c.c. d’eau et rendu homogène par agitation. On essaie son action antivirulente sur une solution de vaccin à 4/250 dont on mélange 0 c.c. 5 avec 0 c.c. 5 ; 0 c.c. 3; 0 c.c. 1 de la suspension d’euglobu- line. On complète à 1 c.c. le volume des deux derniers mélanges. On porte 1 heure à 37° et on inocule la moitié des liquides à des lapins sur 60 cent. carrés de surface de peau. 1. Un lapin de 3 kil. 020 est inoculé avec les mélanges suivants: 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale. . 9 pustules. 0 c.c. ÿ vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline vaccinale . . 14 — 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline vaccinale . . 15 — 2. Un lapin de 2 kil, 800 est inoculé avec les mêmes mélanges : 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale . . 2 pustules. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline vaccinale. . 11 — 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. ! euglobuline vaccinale . . 7 — 3. Up lapin de 2? kil. 690 est inoculé avec les mêmes mélanges : c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale . . 8 pustules. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline vaccinale. . 3 — 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline vaccinale . . 5 — 4. Expérience témoin. — Un lapin de ? kil. 750 est incculé avec des mé- langes composés d’euglobuline normale au lieu d'euglobuline vaccinale, 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline normale . . Éruption confluente, 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline normale . . — — 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline normale . . — — B. — EucLoBuuixe sÈcue. On broye finement 0 gr. 2 d’euglobuline vacci- nale sèche que l’on met en suspension dans 10 c.c. d’eau distillée. On prépare une suspension de même concentration avec de l’euglobuline normale. A SÉANCE DU 26 JUILLET 1073 l’aide de ces liquides on exécute une série d'expériences analogues aux pré- cédentes. . Un lapin de 2 kil. 600 est inoculé avec les mélanges suivants : 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale. . 2 pustules. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline vaccinale. . 0 pustule. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 H 0 c.c. 1 euglobuline vaccinale . . 4 pustules. 2. Un lapin de 3 kilogrammes est inoculé avec les mêmes mélanges : 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale. . 0 pustule. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline vaccinale , . 1 — 0 c.c. à vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline vaccinale. . 0 — 3. Un lapin de 2 kil. 570 est inoculé avec les mêmes mélanges : 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline vaccinale . . 4 pustules. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c. c. 3 euglobuline vaccinale . . 0 pustule. 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline vaccinale. . 3 pustules. 4, Expérience témoin. — Un lapin de 2 kil. 680 est inoculé avec des mélanges renfermant de l’eugiobuline normale au lieu d’euglobuline vaccinale. 0 e.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 5 euglobuline normale . . Éruption confluente. à 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 3 euglobuline normale . . — — 0 c.c. 5 vaccin à 1/250 + 0 c.c. 1 euglobuline normale . . — — Ces expériences établissent clairement, que l’euglobuline vaccinale exerce son action spécifique aussi bien à l’état de suspension qu’à l’état de solution, sa plus ou moins grande dissémination dans l’eau n’a aucune influence sur sa propriété de détruire le virus vaccinal. Le con- tact entre les deux éléments s'opère vraisemblablement grâce à un phénomène d’adsorption. Ce fait peut être rapproché de ceux étudiés par Gengou (1) qui a montré que certaines matières pulvérulentes, notamment le sulfate de baryte et le fluorure de calcium, agglutinent et même hémolysent les globules rouges lavés et aussi de l’action des lipoïdes sur certains microbes. . (Laboratoire du Service de Santé et de l'Hygiène du Ministère de l'Intérieur.) (1) Gengou. Archiv. internat. physiol., 1908, p. 1. 4074 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE A PROPOS DU MODE D'ACTION DE L'EUGLOBULINE VACCINALE SUR LE Fan L'ADSORPTION DU VIRUS PAR L'EUGLOBULINE NORMALE, par M. HENSEVAL. Dans la note précédente, j'ai montré que l’euglobuline du sérum vaccinal, en suspension dans l’eau, est capable de détruire ou d’inae- tiver le virus correspondant au même titre que la pseudo-globuline, albumine soluble et antivirulente comme elle. Cela paraît indiquer l'intervention d’un phénomène d'adsorption, tout au-moins pour établir le contact.entre les deux éléments. Certains auteurs considèrent aujour d'hui la plupart des réactions d’immunité comme résultant de phéno mènes d’adsorplion. Gengou (1) a donné corps à cette théorie par ses études sur l'adhésion des matières pulvérulentes suspendues dans des liquides et par Papplication qu'il en a faite à l'interprétation des phé- nomènes d'hémolyse. Pour lui, l'hémolyse des globules rouges par le sulfate de baryte, par le sérum d’anguille, par le venin, par la lécithine, par l’alexine est due à une action d’adsorption et elle peut être modifiée ou empêchée par l'intervention de substances douées d’un pouvoir adhésif plus grand que celui de ces agents. Il y a substitution d’un phénomène d'adhésion à un autre. En ce qui concerne le sérum vaccinal, je dois me borne pour le moment, en me référant à la manière dont agit l’euglobuline suspendue dans l’eau, à noter qu'on observe à la base de l’action de ce sérum un phénomène d’adsorption. Reste à savoir s’il est essentiel ou seulement concomilant. £ A défaut de pouvoir réaliser des Expérienees susceptibles d'éclaircir directement ce problème, je me suis demandé si l’euglobuline normale ne possédait pas déjà la propriété d’adsorber le virus vaccinal et j'ai exécuté quelques expériences dans ce but en la comparant à une autre substance absorbante, le kaolin (2), et une substance inerte, l'amidon de riz cru. Exp. I. — On prépare une suspension de ces trois substances à la propor- tion de 0 gr. 2 pour 4 c.c. d'eau. On ajoute { c.c. de vaccin à 1/50, ce qui poite la dilution du vaccin à 1/200 et celle des substances d'expérience à :0 p. 100. On mélange et on laisse en contact pendant 1/2 heure, puis on cen- trifuge 5 minutes, temps suffisant pour déterminer le dépôt des particules en suspension. On prélève une partie du liquide surnageant et on jette le reste. On le remplace par 5 c.c. d’eau physiologique; on remet le culot en suspension et on centrifuge. On prélève de nouveau une partie du liquide sur- 1) Gengou. Archiv. internat. physiol., 1908, p. 1. 2) Gyns. Berl. klin. Wochenschr., 191%, n° 9. SÉANCE DU 26 JUILLET 1075 an pageant (liquide de premier lavage) et on jette le reste. On répète une seconde fois cette opération, ce qui nous donne un liquide de deuxième lavage. Le culot est alors délayé dans quelques gouttes d’eau et utilisé comme tel. Ces trois liquides : solution vaccinale de premier contact, eau de premier lavage, eau de deuxième lavage et le culot remis en suspension dans l’eau sont inoculés à des lapins en vue de rechercher- comment s’est comporté le virus vaccinal au cours de ces opérations. 4. Un lapin de 3 kil. 020 est inoculé avec la solution de premier contact de la suspension vaccin-euglobuline, vaccin-kaolin, vaccin-amidon dont on répartit 0 c.c. 5 sur 60. centimètres carrés de surface de peau. Résultats obtenus : GMEUBIODUNIN ER PE EN EN GP DusStulese Da OINN NES PRES ere SE RP Et) — AMidone e Erupronconfluentes 2. Un lapin de 3 kil. 250 est inoculé avec le liquide de premier lavage de tes trois suspensions à raison de 0 c.c. 5 sur 60 centimèlres carrés de surface de peau. Résultats obtenus : a) up lobiinetEt SD nustulese DER ONE MES RS ER TIGER — CAO NES NE Re See ee AE D) — 3. Un lapin de 2 kil. 680 est inoculé avec le liquide de deuxième lavage de ces {rois-suspensions à raison de 0 c.c. 5 sur 60 centimètres carrés de surface de peau. Résultats obtenus : HABUlObUINe Re 9 pustuies: ORNE ET ROE SUO PE A A EN ET ER — G) PATIO EE RON PORC ARR Re T0) — 4. Un lapin de 2 kil. 400 est inoculé avec le culot de centrifugation de ces drois suspensions délayé dans 0 c.c. 5 d’eau et réparti sur 60 centimètres carrés de surface de peau. Résultats obtenus : aEUelobuline te 00 pustules. DRAC IITRREURS RUES RS ee net — CAT UIO NE ERA NET a NOR Re ee ec ceux on) — Exp. IL. — On prépare une suspension d’euglobuline, de kaolin et d’amidon ru de même concentration que dans l'expérience précédente; on y ajoute 4 c.c. de vaccin à 1/50 et on soumet ces mélanges aux mêmes opérations. 4. Un lapin de 2 kil. 850 est inoculé avec la solution de premier contact des trois suspensions. Résultats obtenus : a) BUBlObuline ReRr Nr E RENE RE RQ S pustules. bone DS deu LEA TE A eee 3 — c) Amidon : Éruption confluente sur presque toute la sur- face. . 2. Un lapin de 2 kil. 720 est inoculé avec le liquide de premier lavage. Résultats obtenus : Mheuslobuiness PAS Re nt 9 pustules. DRAGON ER PERS EE EUR Re EUR — AE g) 1 GP SAN REC AM ESS SE GES CE BE) — 14076 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE 3. Un lapin de 3 kil. 180 est inoculé avec le liquide de deuxième lavage. Résultats obtenus : a) Euglobulmes 2 RE D 26 pustules. D) KAOTNEE SE RE RES RE er 3% — CYAMIAON EE LR NE LR ares 5 08 — 4. Un lapin de 2 kil. 930 est inoculé avec le culot de centrifugation eE dans 0 c.c. 5 d’eau. Résultats obtenus : ad) Euplobuline ste Rene Ta 101 pustules. D)EKAON ES AR AU CS an 85 — ï CPAMITON CE 2 FRA 20 — Il résulte de ces expériences que l'euglobuline du sérum normal adsorbe avec force le virus vaccinal — de même que le kaolin. Ce fait, intéressant à noter, ne va pas à l'encontre de la théorie proposée par Gengou pour expliquer les phénomènes d’immunité. Adsorption n'est pas synonyme de destruction. Si cette théorie s'applique au sérum vaccinal, la vaccination doit avoir pour effet de renforcer la propriélé d'adsorption des albumines qui- deviendraient capables de former, avec le virus, des complexes si stables qu'ils ne pourraient plus être dissociés par les cellules de la peau. Les données que j'ai obtenues précédemment autorisent des recherches dans cette voie. (Laboratoire du Service de Santé et de l'Hygiène du Ministère de l'Intérieur.) LA MYRMÉCOPHILIE DANS LE GENRE ÜUncariu (RUBIACÉES), EN AFRIQUE, par É. DE WILDEMAN. L'étude de la flore d'Afrique nous a révélé la présence de plantes myrmécophiles assez nombreuses paraissant surtout répandues : dans les régions marécageuses ou au bord des rivières, dans les endroits où les fourmis doivent chercher un logement au-dessus du sol et ne peu- vent le trouver dans les détritus végélaux qui pourraient être enlevés par les crues. Elles se logent dès lors dans les tissus vivants des plantes, dans des cavités préparées à l'avance, souvent agrandies par leur pré- sence. | La présence de myrmécodomaties a été signalée dans la famille des Rubiacées chez les genres : Myrmecodia, Duroia, Nauclea, Sarcoce- phalus, Cuviera, Canthium, nous-même nous les avons signalées, au Congo, chez des P'ectronia, Randia et pouvons à cette liste ajouter : SÉANCE DU 26 JUILLET 1077 Uncaria. Nous ferons toutefois remarquer que pour l'Afrique les trois premiers genrés n'entrent pas en considération et que le quatrième Sarcocephalus ne possède pas, au Congo, à notre connaissance, de plantes myrmécophiles (1). Le genre Uncaria est représenté actuellement en Afrique par une seule espèce relativement bien connue et paraissant assez abondamment distribuée : U. africana Don. À ce jour on n'avait pas signalé la myrmécophilie chez des représen- tants de cette espèce. Les récoltes de M. le D' Bequaert, chargé de Mis- sion au Congo, nous ont amené une plante très comparable à l’U. africana Don, mais qui, vu sa myrmécophilie, sera désignée par nous, provisoi- rement, sous le nom de var. myrmecophyta Nob. Cette plante a été récoltée dans la région de l'Ituri en janvier et février 1914 (Penghe, aux bords de l’Ituri, n. 2136 ; Tete, entre Penghe et Irumu, forêt vierge de l'Ituri, n° 2658) ; la liane était en fruits seule- ment. C'est l’entre-nœud inférieur des rameaux latéraux, souvent de lon- gueur relativement faible, qui est renflé, creux el sert à loger des fourmis. Cette cavité se trouve en continuité, par la suppression du nœud, à sa base, avec une cavité occupant la partie supérieure de l’entre-nœud de la tige principale; les deux rameaux opposés étant en continuité avec cette dernière cavité. L'entre-nœud de la tige principale est relativement peu épais, la tige est vers le nœud, chez les plants de cette espèce, toujours légèrement épaissi. La cavité de l’entre-nœud de _ la tige principale est relativement réduite, longuement elliptique, et se termine en pointe allongée vers le bas. Le renflement des tiges est particulièrement accentué dans les rameaux, où la myrmécodomatie mesure de 3 à 6 centimètres de long sur 8 à 10 millimètres de large. Les rameaux conservent une forme presque quadrangulaire, ils peuvent se fendiller, plus ou moins fortement, et former alors des entre-nœuds plus ou moins irréguliers. Au-dessus de la myrmécodomatie, le rameau est brusquement rétréci et n’atteint plus que 3 à 5 millimètres de diamètre, largeur normale des rameaux, et conserve sa forme quadrangulaire bien définie. Il ne semble guère exister d'ouvertures de pénétration sur la tige principale; elles existent en plus ou moins grand nombre dans les parois de la domatie des rameaux latéraux, mais ne sont pas disposées (1) Cf. : K. Schumann, in Engler et Prantl, Nafürl. Pflanzenfam., LV,4, p.10. K. Schumann. Ueber afrikanische Ameisenpflanzen, in Ber. der deutsch. Bot. Gesellschaft, IX (1891), p. 54. De Wildeman. Mission Laurent, I, p. CXX et suiv., p. 296. De Wildeman. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, Paris, 11 avril 1904, p.913 et Notes plantes utiles ou intéressantes du Ccngo,1,p. 282 et suivantes. 1078 RÉUNION DE LA& SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE dans un ordre bien défini comme chez la plupart des autres myrmé- cophytes de là famille des Rubiacées. Les ouvertures semblent, en général, disposées suivant une ligne lon- gitudinale occupant. le milieu d’une face du rameau; elles sont latérales par rapport à la direction du rameau, soit disposées sur la face supé- rieure ou sur la face inférieure ; elles peuvent, pour la même domatie, se rencontrer sur une face supérieure et sur une face latérale. Les ouvertures sont régulières, très nettement arrondies ou se fusionnent irrégulièrement en fentes entre les lèvres desquelles on peut apercevoir des fourmis et des coccides. Ceux-ci sont, dans les échan- tillons qui nous sont passés sous la main, relativement peu nombreux. La plante est une liane, elle s'élève à l’aide de crochets plus ou moins développés; l'origine de ces crochets a été appréciée différemment. Suivant les uns, ils sont des stipules transformées; suivant les autres, ils sont constitués par une modification des rameaux. Ce sont indiscu- tablement des bourgeons axillaires transformés, et non des stipules modifiées, car déjà nettement différenciés, ils présentent dans certains cas &Ges traces de feuilles opposées. SUR LA PRÉSENCE D'HISTAMINE DANS LES MUSCLES ATTEINTS DE GANGRÈNE GAZEUSE, par EpGarD ZUNZ.. D’après Dale et Richards (1), il se pourrait que des tissus lésés, ou même seulement en état de grande activité, donnent naissance à des substances à action physiologique analogue à celle de l’histamine ou B-imidazoléthylamine. Selon ces auteurs, ces substances contribue- raient peut-être à produire le shock. Daleet Laidlaw (2) sont parvenus à provoquer, au moyen de l’histamine, un état de collapsus cardiaque irrémédiable. L'injection intramusculaire de fortes quantités de cul- tures de B. perfringens ou de vibrion septique amène relativement vite, chez le chien, un collapsus circulatoire définitif (3). On sait, en outre, que certains micro-organismes parviennent à transformer, par décar- boxylisation, l’histidine en histamine. (4) H. H. Dale and N. A. Richards. Journ. of. Physiol., vol. LIT, 1918, p. 119 à 165. (2) H. H. Dale and P. P. Laïdlaw. Journ of. Physiol., vol. LIX, 4919, p. 355 à 390. | | (3) E. Zunz et P, Govaerts. Séance de l’Acad. Roy. de méd. de Belgique du 28 juin 1919. SÉANCE DU 26 JUILLET 1079 EEE J'ai eu l'occasion d'examiner les muscles provenant de membres amputés d'une part dans 3 cas de gangrène gazeuse, d’autre part dans 3 cas de grands délabrements osseux. Les muscles ont été finement divisés et aussitôt agités à plusieurs reprises avec de l’eau physiologique stérile toluolée. Les liquides provenant de la bouillie musculaire ont été précipités au moyen de tanin, puis traités par la méthode employée par Barger et Dale (1) pour rechercher les principes actifs de l’ergot de seigle. Les muscles provenant d’un cas de gangrène gazeuse ont fourni une petite quantité d’un picrate, cristallisant en plaques rhombiques, bru- nâtres, fondant en se décomposant à 237-238° environ. Ce picrate a pu être transformé en chlorhydrate, fondant à 239-240°, très soluble dans l'eau, difficilement soluble dans l'alcool à froid, soluble dañs l’alcool à chaud, insoluble dans l’éther. La solution aqueuse de ces cristaux ne donne pas la réaction du biuret. Alcalinisée par le carbonate de soude, puis traitée par une solution alcaline diluée d’acide diazobenzènesulfu- rique, elle se colure en rouge; si l'on acidifie ensuite la liqueur, elle prend une teinte orangée. La solution aqueuse du chlorhydrate, chauffée avec de l’eau de brome en milieu acide, donne une colo- ration rouge, puis violacée. Il semble donc s'agir de B-imidazoléthylamine ou histamine. Je n’ai pas obtenu d'histamine dans les deux autres cas de gangrène gazeuse et dans les muscles provenant des membres amputés à la suite de grands délabrements osseux. Par contre, j'ai réussi à isoler des muscles qui ont fourni les cristaux d'histamine et des muscles provenant d’un autre cas de gangrène gazeuse, une substance dont le picrate fond vers 195° et le chlorhydrate vers 297-298° en se décomposant. Ce chlorhydrate est très soluble dans . l’eau. Il paraît complètement insoluble dans l’alcoo!l et dans l’éther. En _ solution aqueuse, il ne donne ni la réaction du biuret ni les réactions de l’histamine. Ce composé amène une chute considérable de la pres- sion carotidienne chez le lapin. Aussi doit-il peut-être prendre place parmi les corps analogues à l’histamine, envisagés par Dale et Richards. Ces quelques constatations, sur lesquelles je compte revenir ultérieu- rement, tendent à montrer que des substances capables de provoquer un collapsus circulatoire irrémédiable, et qui prennent sans doute nais- sance en partie tout au moins aux dépens de certains acides aminés, peuvent se rencontrer dans les muscles atteints de gangrène gazeuse. (1) G. Barger and H. H. Dale. Trans. of the Chem. Soc., vol. XCVII, 1910, p. 2592 à 2595. \ BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T, LXXXII. 77 1080 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SUR LA TENEUR EN AZOTE ET EN RÉSIDU SEC DU THYMUS ET DU CORPS THYROÏDE CHEZ L'HOMME ET SUR LES RAPPORTS PONDÉRAUX ENTRE CES DEUX ORGANES, par EDGARD ZuNz. Chez des hommes normaux de 19 à 34 ans, ayant succombé peu d'heures après des traumatismes par projectiles de guerre, le thymus pèse 6 gr. 992 à 31 gr. 176, soit 16 gr. 179 en moyenne. Desséchons à 40° cet organe, puis épuisons-le à chaud par de l’éther dans un extrac- teur de Kumagawa. On sépare de cette manière la plus grande partie de la graisse et des lipoïdes. On dessèche ensuite à 105° le reslant de la glande, La graisse et les lipoïdes, ainsi extraits par l’éther, représentent 0 gr. 034 à 6 gr. 876, soit 1 gr. 839 en moyenne. Ceci correspond de 0,20 à 33,67 p. 100 du poids du thymus frais, soit 11,91 p. 100 en _ moyenne. Malgré les grandes variations qui existent d’une personne à l’autre, le pourcentage de matières extraites par l’éther tend à s’ac- croître au fur et à mesure des progrès de l’âge. Il est en moyenne de 8,50 p. 100 de 19 à 22 ans, de 10,65 p. 100 de 23 à 24 ans, de 15,40 p.100 de 25 à 28 ans, de 25,06 p. 100 de 30 à 34 ans. Le thymus renfermait 10 fois sur 44 moins de 1 p. 100 de graisse et de lipoïdes, à savoir 1 fois à 19 ans, 1 fois à 20 ans, 3 fois à 21 ans, 1 fois à 22 ans, 3 fois à 23 ans, 1 fois à 24 ans. La teneur en graisse et en lipoïdes dépassait 25 p. 100 chez 7 individus dont 3 étaient âgés de 23, 1 de 25, 1 de 30, 1 de 31 et 1 de 34 ans. Le thymus, débarrassé des matières extraites par l’éther et desséché à 105°, pèse 1 gr. 185 à 7 gr. 023, soit en moyenne 2 gr. 925. Ceci repré- sente 17,02 à 25,42 p. 100, soit en moyenne 20,49 p. 100 du poids du thymus proprement dit et 11,47 à 22,65, soit en moyenne 18,09 p. 100 du poids de la glande non débarrassée de la graisse et des lipoïdes extraits par l’éther. Chez les personnes dont on a examiné le thymus, le corps thyroïde pesait 8 gr. 539 à359 gr. 238. Cette glande renfermait 0 gr. 185 à 15 gr. 297, soit en moyenne 6 gr. 759 de résidu sec. Ceci représente 18,84 à 35,26,fsoit en moyenne 24,76 p. 100 du poids du corps thyroïde. La proportion d’eau varie par conséquent dans des limites relative- ment étendues dans cet organe. Le thymus contenait 0 gr. 1758 à 0 gr. 9720 d’azote, soit 0 gr. 4138 en moyenne. Le corps thyroïde renfermait 0 gr. 2591 à 2 gr. 1221 d'azote, soit 0 gr. 6457 en moyenne. La teneur en azote est de 11,86 à 14,73, soit en moyenne 13,65 p. 100 du poids du thymus débarrassé des matières extraites par l’éther et SÉANCE DU 26 JUILLET 1081 desséché à 105°. La teneur en azote du corps thyroïde est de 12,46 à 14,82, soit en moyenne 13,81 p. 100 de la glande soumise à la dessiccation à 105°. Etablissons maintenant les rapports! entre le poids du thymus débarrassé de la graisse et des lipoïdes extraits par l'éther et le poids du corps thyroïde, tant à l’état frais qu’à l’état sec, puis comparons ces rapports à ceux calculés en partant des poids moyens du thymus, soit privé des matières extraites par l’é- ther (14 gr. 340), soit en- suite desséché à 105° (2 gr. 925\ et des poids de corps thyroïde frais ou sec. Le tableau suivant ré- sume les principales don- nées ainsi oblenues. À des poids de corps thyroïde de plus en plus faibles correspondent donc des poids de thymus de plus en plus considérables. Ceci confirme la conclusion à laquelle l’étude des rap- ports entre le poids du corps thyroïde et celui du thymus tel quel nous avait amenés, M. AÀ.-P. Dustin et moi (4) : un thymus rela- (4) A.-P. Dustin et E. Zunz. Journal de Physiologie et de Pathologie générales, t. XVII, 4918, p. 905 à 911. a 5 e PC ® ne ASE — Sa%S A g © $ A ANA bi Zz 2 D — = LE a 5 20 « _ mn OT I EH x E © © n a rai e ae Es Q S & © Ù e M © ‘© FA : ERANE) E A © A 1 >», Ex < 5 e q A E © # . ER A = ES = E ES « peal el cs o " 4 À : VE Am à D A = © e S nm «a - = É À = a à SNS 2) à FA n > el = - PE D 20 u h D > > J 7 AS n = oO ES a 22% Se Arno A 200 A En -? 2 à Zz 222 A “ES 5 Las © CAL: a £0 8 g n c E © © A 2 Ro = E ss. = = e A E © ga S d € © E E D £ FA a A © = A = 1 m0 4 © à = < PF £ 6 © 7 = 1 a = ps e er à “A x © êl un = m re] à Ÿ < Æ > = SANINVXH SVI 4q 20 co (me) nl — = HAINON A fe Dre res 0 0 D bp SIVHH AUIOUXHL Sdu09 AG a S a æ SŒIOd æœ m «S Læ)] [0] (en) co Y [oi 1 — 22,83 0,216 0,085| 0,339] 0,213 0,160| 0,425| 0,286 — 18,18 273 0,275 0,111! 0,319| 0,225 — 10,90 0,321 0,385 0,254| 0,474] 0,336 0,487 0,244| 0,854] 0,479 3,78 + 20,97 0,608 0,288| 0,793| 0,585 + 49,27 0,951 0,139| 1,812! 1,084 1,035 0,124| 2,293| 1,232 1082 RÉUNION DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE EE TT TR TRS TES RER ————— tivement réduit correspond, en général, à un corps thyroïde volu- mineux, tandis qu'un thymus volumineux s'accompagne, d'ordinaire, d'un corps thyroïde petit. Le Gérant : OCcTAVE PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MAreTueux, directeur, 1, rue Cassette. 1083 SÉANCE DU 25 OCTOBRE i919 Anvré-THomas : Les plaques d’aré- flexie pilomotrice dans les bles- sures de la queue de cheval et de 1 moe lle en en EN UE PAPA EE Anpré-Tnomas : Les troubles de la réflectivité pilomotrice dans le zona. BonneroN (G.) : L'action des solu- tions hyp-rtoniques sur la mu- queuse oculaire imprégnée par le sulfure d’éthyle bichloré (ypérite) . CANTAGUZÈNE (J.) : Anticorps nor- maux et expérimentaux chez quel- ques invertébrés marins. . . . . . . CHaganiEr (H.) : Glycémie et acé- ON ONS Ge de AM Rene em ne Duaauez (B.-G.) et Tareuzin (R.) : Sur la toxicité de l’or colloïdal. . . Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. SOMMAIRE 1102 1405 1096 Lienières (J.) : La recherche des qualités normales du lait par la culture de microbes appropriés Licnières (J.) : Nouvelle méthode très simple pour cultiver facilement les microbes anaérobies. Les mi- lieux semi-liquides en bactério- OBTENUS RS NrenRe RAR REMLINGER (P.) : Mort subite du lapin au cours d'inoculalions sous- cutanées de substance nerveuse HOMOIO UE NPEMENNACNRE ANA Rerterer (Éo.) : Évolution, des grelies testiculaires du Bélier . . . . Turrô (R.) : Vaccination contre le virus charbonneux avec des sub- stances non spécifiques PRÉSENTATIONS D'OUVRAGES. M. Louis MarriN. — J'ai lhonneur de présenter un livre . 1094 1091 de M. Auguste Lumière, intitulé : le Mythe des Symbiotes (1). C'est une étude consciencieuse et impartiale de l'hypothèse soutenue par M. Portier. L'auteur envisage tous les problèmes, et plus particulièrement celui qui nous intéresse spécialement : les tissus sont-ils normalement stériles? Comme M. Portier il a ensemencé des tissus normaux et a obtenu des cultures. Mais, pour une même espèce animale il a cultivé des microbes variés qui, en général, donnent des spores et sent très résistants aux agents physiques. 0 (1) Un vo'ume in-8° de 206 pages. BroLoG1E. Coupres RexDus. — 1949, T. LXXXIL. 18 1084 : ‘SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il a pensé, dèslors, à un microbisme latent provenant de spores intro- duites dans l'organisme en passant par les voies naturelles. L’expéri- mentation lui a montré, comme à d’autres observateurs, que des spores introduites dans l’organisme par la voie sanguine pouvaient subsister des jours et des semaines à l’état de vie latente. Un chapitre est consa- cré à l'étude des vitamines et à la carence. Tout en reconnaissant que les idées de Portier ouvrent des horizons fort suggestifs, Auguste Lumière conclut que ses expériences ne sont pas favorables à l'hypothèse des symbiotes. J'ai encore l'honneur de présenter à la Société un livre de M. Violle sur le choléra. L'auteur a étudié le choléra dans plusieurs épidémies et au labora- : toire, où il a procédé à des rech-rches très intéressantes sur les causes qui favorisent l'apparition du choléra expérimental. Dans ce livre tous les problèmes sont envisagés, toutes les questions complètement trailées, aussi sera-t-il utile aux hygiénistes, aux méde- cins, aux bactériologictes, car il facilitera grandement leurs travaux. DÉécés DE M. Wurrz. LE PrésioenT. — Mes chers collègues, | J'ai le pénible devoir de vous annoncer la mort de notre collègue, Robert Wurtz. É Fils de l'illustre chimiste, il dirigea d’abord ses recherches vers la chimie biologique et, sous l'inspiration d'un des meilleurs élèves de son père, le professeur Armand Gaultier, il fit sa thèse sur les leucomaïnes. Puis, ayant entrepris la carrière des concours de médecine, il s'adonna; à l'instigalion de son maitre Strauss, à la bactériologie et présenta, ici même, une série de travaux sur ce sujet. Devenu médecin des hôpitaux et agrégé, membre du Conseil d'hygiène de la Seine et du Conseil supé- rieur d'hygiène publique de France, il apporta d’intéressantes contri- bulions à diverses questions d'hygiène. Chargé de missions en Abyssinie et en Afrique occidentale, il en rapporta les matériaux d’un livre sur la pathologie exotique et de Son cours à l'Institut dé Médecine coloniale. * La dernière partie dé sa vie scientifique fut principalement consacrée à l'étude de la vaccine. A l'Académie de médecine, dont il était membre SÉANCE DU 25 OUTOBRE HA, 1085 depuis dix ans, il dirigeait, avec la collaboration dé notre distingué col- lègue Lucien Camus, l’Institut supérieur de vaceine, dont les services durent faire un gros effort pendant la guerre. Wurtz était un ami très sûr et un travailleur aussi consciencieux que modeste. Il ne laissera parmi nous que des regrets. Depuis longtemps sa santé élait fort ébranlée. I] n’assistait plus guère à nos séances, passant la plus grande partie de son temps chez lui et à son laboraloire de l'Académie Il supportait stoïquement ses souffrances. Du moins, eut-il, avant de disparaître, la joie suprême de voir revenir à la mère patrie sa chère Alsace, berceau de sa famille. ALES ES CONTRE LE VIRUS CHARBONNEUX AVEC BES SUBSFANCES NGN SPÉCIFIQUES, par R. TURRO. Les œufs de poules battus constituent un excellent milieu de culture pour le 2. anthracis; mais, si l'on ajoute à ce mélange 0,50 pour 100 d'amimoniaque, on observe qu'il contient des diastases qui attaquent de grandes quantités de celle espèce et les bactériolysent, comme si l’'amimoniaque remplissail vis-à-vis de ces ferments le même rôle que l'acide chlorhydrique vis-à-vis de la pepsine. Il suffit d'incorporer à 10 c.c. de cette substance le raclage de la culture, d’un jour du B. anthracis pour vérifier à la température de 55°-40°, que plüs des deux tiers de la quantité de culiure essayéé ont été ie dans ! espace -de 2 ou 3 jours, à condition que l'ammoniaque. nes: évapore pas; dans ce cas la Culture germe abondamment. Pour iui donner un nom, nous appellerons cette substance douée de propriétés bactériologiques Si énergiques, ovisérum. Dans uu mélange de jaune et de blanc d'œuf conservé aseptiquement ou additionné de ‘fluoru e de sodium, l’ovisérum se forme spontanément dans un espace de 8 jours à 2 mois, à mesure que la réaction alcaline du milieu s’ac- centue cena. La simple addition de fories doses d'ovisérum ne préserve pas les lapins contre l’inoculation du virus fort, pas plus que contre la vaccine - Pasteur. Les lapins ainsi traités meurent a&vant les témoins. En revanche, ceux qui ont été solidement immunisés avec de l’ovisérum restent immunisés contre le virus charbonneux. Voici les expériences qui le démontrent: % heures après avoir ajouté 1,2 p. 160 d’ammoniaque au mélange d'albumine et-jaune d'œuf, on -injecte 10 €. c. d'ovisésum à un lot de 12 hpins dé 1 kilogramme approximalivement sous la peau de , 1086 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'abdomen, opération que l’on répète chaque 3 jours jusqu'à ce que chacun ait reçu la quantité de 50 e.c. Sur quatre de ceux-ci, en arri- vant à l’avant-Gernière ou à la dernière injection, il se forme des escarres nécrotiques très étendues (phénomène d’Arthus?) ; les huit qui restent $ont en bonne santé, excepté l’un d'eux qui a un abcès à la face interne de la cuisse el qui suppure abondamment. 9 jours après qu'ilsont recu la dernière injection, on leur inocule la première vaccine Pasteur (telle que je l’ai trouvée dans le commerce) ainsi qu'à 6 témoins. Les témoins meurent entre le 5° et le 7° jour de bactérihémie; les autres résistent à l'inoculation du virus et, 2 mois après, ils sont en bonne santé, à l'exception de celui qui avait un abcès et qui est mort 10 jours après avoir été inoculé, sans cependant que l'examen bactérioscopique de la rate et du sang et les cultures en bouillon et en gélose démontrént l'existence de la bactéridie charbonneuse. 1 L'expérience est répétée dans les mêmes conditions sur un autre lot de 12 lapins en leur faisant les injections dans le dos. Seulement l’un d'eux présente l’escarre nécrotique après la dernière injection et meurt. Les onze restants sont inoculés avec du virus ordinaire du laboratoire ainsi que 2 témoins. Les lémoins meurent après 3 et 4 jours ; Les autres résistent, à l'exception de l’un d'eux qui meurt aussi de bactérihémie 5 jours après l’inoculation. Les deux mois suivants ils continuent à se bien porter. Le sérum des lapins immunisés avec de l'ovisérum jouit de propriétés. bactériolytiques très supérieures à celles du sérum normal. En aspirant le sang de la carolide au moyen d’un tube effilé et le mélangeant à 2 c.c. du sérum obtenu ave: une anse de 2. anthracis, on observe que les bacilles sont attaqués très activement. Le dosage dés germes effectué au bout de 1 ou 2 heures démontre une diminution numérique très notable. Il se forme ensuite, autour du bloc bacillaire, une enveloppe hyaline dans laquelle il se fond jusqu’à disparaître. Ce sérum est très sensible à l’action de l’air. Je le conserve dans mes tubes anaérobies. Conclusions : 1° les œufs de poules' battus accusent en présence de l'ammoniaque des diastases bactériolitiques manifestes vis-à-vis du B. Anthracis ; ® la simple addition de cette substance dans l'organisme des lapins n'empêche ni ne retarde l'explosion de Ja bactérihémie, il la . favorise au contraire; 3° les lapins solidement immunisés avec cette substance non spécifique sont réfractaires à l’inoculation du virus char: bonneux ; 4 le sérum des animaux ainsi immunisés jouit de propriétés bactériolytiques vis-à-vis du £. anthracis très supérieures à celles du sérum normal. (Travail du Laboratoire baclériolcgique de la Municipalité de Parcelone.) SÉANCE DU 25 OCTOBRE 4087 ANTICORPS NORMAUX ET EXPÉRIMENTAUX CHEZ QUELQUES INVERTÉBRÉS MARINS, par J. CANTACUZÈNE. Dans une série de notes antérieures (1), j'ai rassemblé relativement à la question des anticorps chez les invertébrés un certain nombre de faits que l'on peut résumer ainsi : chez aucun des invertébrés examinés par moi on ne trouve dans le sang une alexine au sens où nous l’enten- dons chez les invertébrés; le sang d’un cerlain nombre de crustacés (Eupagurus prideauxi, Eupagarus bernardus, Homarus vulgaris, Maia squinado) et de tuniciers possède naturellement certaines propriétés agglutinantes et précipitantes vis-à-vis des globules rouges et des sérums de man mifères, propriélés qu'il est possible d’exaller par des inoculations répétées de ces mêmes anligènes; l’on peut, chez certaines espèces qui ne possèdent pas naturellenient ces propriétés, les faire apparaître à la suite d'inoculations expérimentales (cas de l’Æehx pomalia); la production d'hémolysines expérimentales à jusqu'ici tou- jours échoué; enfin, je sigpalais le cas si inléreesant d Fupoqu us Pri- deauxii dont le sang contieni une hémolysine naturelle des plus actives, hémolysine détruite par le chauffage à 56°, non spécifique pour une espèce de globules rouges donnée, mais que des injections répétées d'hématies exaltent en lui conférant, en même temps, au-dessus du titre normalune spécificité certaine pour l'espèce de globules employée ; ce même rang possède des propriétés agglutinantes des plus marquées vis-à-vis de toute espèce d'antigènes tels que globules rouges, bactéries diverses, etc., propriétés agglutinantes et peu que l’immunisa- tion expérimentale exalte également. Des recherches nouvelles m'ont fait voir que l’on peut, ‘dans cer- tains cas, par des injections répélées de globules rouges faire appa- raître une alexine, c’est-à-dire une subslance thermolabile capable de réactiver un système hémolytique sensibilisé en en provoquant l’hémo- lyse. Voici les faits. À Cas d'Eupagurus bernardus. — Le sang d'Æupagqurus bernardus, proche parent d'Eupagurus prideauxii, ne présente aucune trace de pouvoir hémolysant sur des globules rouges de mouton, de lapin ou de cheval; il est incapable également de réactiver un système hémolytique sensibilisé. Il possède néanmoins un pouvoir agglutinant assez éner- ‘gique sur les globules rouges de mammifères et précipile légèrement le sérum de cheval. S (1) J. Cantacuzène. Comptes rendus de la Sôc. de Biologie, t. LXXIIT, LXXIV et LXXIX. 1088 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— Nos pagures furent-soumis à trois inoculations successives de glo- bules rouges de mouton lavés et émulsionnés dans la solution isoto- nique d’eau de mer, Les inoculations se faisaient à 45 jours d'intervalle : la saignée de 18 à 20 jours après la dernière inoculation. La résorption: de l’antisène s'opère lentement el le sang récolté à un intervalle plus court est inactif. Il importe également d'inoculer des volumes très petits d'antigène; sinon il se produit un encombrement des sinus bran- chiaux qui entraine la mort de l'animal par asphyxie. Les propriétés nouvelles conférées au sang par les inoculations sont infiniment plus manifestes après (rois, qu'après deux inoculations. Notons également que les réactions in vitro (hémolyse, agglutination, précipitation) sont lentes à se faire et doivent toujours être appréciées A avec un sang témoin d'animal normal, Voici les résultats globaux de nos expériences : a) Le sang normal d' Eupaqurus bernardus. agglutine légèrement les globules rouges de mouton; la prépriété agglutinante s'accroît considé- rablement chez les individus immunisés et acquiert 20 jours après la 3° inoculation une intensité telle qu'une agitation assez énergique n'arrive pas à rompre le bloc des globules agglutinés. Notons que l'addition d'alexine de cobaye au mélange globules rouges sang de Pagure, gène considérablement l’action agglutinante. Ce dernier point mérite des resherches approfondies. | b) Les globules rouges dé mouton sensibilisés par un sérum anti- mouton sont énergiquement réactivés par le sang du _pagure immu- nisé; avec 0,3 ou 0, de ce sang ajouté à 4 c.c. de système hémoly- tique, Fhémolyse est totale au bout de quelques heures, à la température du laboratoire. Elle est au contraire absolument nulle avec le sang du pagure normal quelles que soient les doses employées : dans ce dernier cas Le liquide garde pendant 2 jours une limpidité d'eau de roche. Cette action réactivante du sang des vaccinés est Rte par le chauffage à 56°-57° pendant une demt-kbeure. Le sang de Bernard vacciné présente méme un certain pouvoir hémolytique pour les globules rouges de mouton nonsensibilisés. Dans. ce cas l'hémolyse est très incomplète et ne se produit que fort lente ment (10 heures), alors que le sang témoin de pagure normal ne présente pas, dans les mêmes conditions, trace de pouvoir hémolytique. Cette : hémolysine est détruite à 56°-57°. Elle rentre donc plutôt dans là caté- sorie des alexines que dans celle des sensibilisatrices. L'immunisation confère done au sang MErpagine bernardus qui em, est dépourvunormalement uw peu (bien qu'à un degré faible) des. pro- priétés hémolytiques que Zupagurus prideauxii présente normalement: à un haut degré. . Cas de Maia squinado. — L'araignée de mer représente un animal d'expériences des plus commodes. Il supporte les inoculations et les. FA 1 SÉANCE DU 25 OCTOBRE 4089 saignées successives avec une grande facilité. Son sang agglutine les globules rouges de mouton ou de lapin de la facon la plus énergique, au poivut qu’au bout de quelques heures le bloc aggluliné ne se défait plus par l’agitation. Ce pouvoir agglutinant croît considérablement chez les Maiïa qui ont reçu plusieurs inoculations successives de globules rouges ; le sang récolté 14 jours après la dernière inoculation mélangé à une émulsion globulaire, détermine une agglutination presque instan- tanée des hématies. Et cependant le sang des animaux vacecinés ne pré- sente pas trace de pouvoir hémolylique pour des hémalies normales ou de pouvoir complémentaire pour des hématies sensibilisées. Notons aussi ce fait que le sang de Mia, normal ou vacciné, ajouté à un système hémolytique en quantité euffisante (0,5 p. 1 c. c. d'émulsion globulaire) empêche complètement l’action complémentaire de l’alexine de cobaye sur ce système: cette action empéchante est due à la présence, dans le sang de Maia, d’un excès de sels de calcium; elle disparait dans le sang décalcifié par l’oxalate de soude. o De l’ensemble des observalions que j'ai pu, jusqu'ici, recueillir chez les invertébrés, il se dégage neltement la notion que ces derniers ne _ sont nullement inaptes, comme on l'a soutenu, à former des anticorps. La propriété agglutinante est celle que l’on peut faire apparaître le plus facilement; de tous les types d'anticorps l’agglutinine semble être le plus primitif; la réaction agglutinante peut ne pas apparaître dans le plasma, alors qu’elle se manifeste déjà avec intensité au contact des cellules sanguines chez l'animal vacciné. | Il est certain, dès maintenant, que l’agglutination doit jouer dans la protection de l'organisme, chez beaucoup d'invertébrés, un rôle important. (Travail de l'Institut biologique de Roscoff.) 74 { L'ACTION DES SOLUTIONS HYPERTONIQUES SUR LA MUQUEUSE OCULAIRE IMPRÉGNÉE PAR LE SULEURE D'ETHYLE DICILORÉ (YPÉRITE), par G. Bonxeron. L'étude des lésions oculaires produites par le gaz ypérite nous a conduit à admettre la nécessité d’une distinélion entre les manifes- tations primaires qui traduisent un état d’irritation aiguë de la conjonc- tive et les phénomènes plus tardifs qui marquen!i l'imprégnation pro- fonde de la muqueuse par le caustique dilué. L'entrée en Jeu précoce des réflexes sécrétoires et moteurs (larmoie- ment, clignement) a constitué pour le globe oculaire une self-défense 1090 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE remarquablement efficace et qui suffit parfaitement à expliquer la béni- gnité généralement constatée des lésions de la conjonclive. L'ypérite : chassée et diluéé par les larmes n’est point vésicante, mais simplement rubéfiante. Il n’en est pas moins vrai que, dans un lrès grand nombre de cas, un état d'irrilalion atlénuée fait suite à l'irrilalion violente des premiers nue se prolonge durant des semaines sans aucune JET TEE marquée à l'amélioration. L’allure clinique de celte inflammation résiduelle ce caractéristique : ; la conjonctive demeure injectée, mais non sécrélante. Le larmoiement, la photophobie et le blépharospasme sont intenses. Ce qui différencie. cet aspect clinique de celui du début, c'est l'entrée en jeu des glandes de Meibomius et des glandes de Zeiss qui sont en hyperactivité. Une sécrétion meibomienne épaisse enduit la marge de paupière d’un a blanc comparable à une pommade à l’oxyde de zinc. . Les acinis glandulaires et les canaux excréteurs enflammés ne lardent pas à s'engorger et l'on voit éclore la rétention, puis l'infection sous forme d'orgelets et de chalazions multiples qui ne tardent pas à suppurer si on nelesincise. Cet état de la muqueuse nous à paru traduire l’imprégnalion pro-: fonde de ses moindres culs-de-sac par l'agent chimique irritant, dépourvu toutefois de sa causticité initiale. Livrée à elle-même, cette imprégnation s’épuise lentement, meltant: le soldat hors de combat pour des semaines et des mois. L'action mécanique des lavages à l’aide de solutions isotoniques aux larmes ou de la solulion bicarbonatée habituelle (22 p. 1.000) demeure absolument sans effet. Loin de calmer l'irritation, ce balayage superficiel nous a paru, dans bien des cas, l’accroitre. Nous avons substitué au lavage le bain, et aux solutions hypo ou iso-toniques des solutions fortement hypertoniques. Après de nombreux essais, nous nous sommes arrêté à la formule suivante : Solution aqueuse saturée de sulfate de soude . . . 800 grammes. SO DEÉSTMPLE 110 NET A TEA ER AO EE PATES re 200 grammes. Cette solution saline saturée et sucrée a eu pour effet constant de réduire en quelques jours et parfois en quelques heures des irritations tenaces qui résislaient depuis des semaines à Lous les traitements: Ce résultat thérapeutique nous paraît clairement expliqué par le simple mécanisme de l'osmose. Tandis que les divers lavages alcalins préconisés bornaient leur action au simple nettoyage des surfaces épi- théliales et demeuraient par conséquent impuissants à chasser des cryptes glandulaires les traces du caustique absorbé, le bain hyperto- nique provoquait un appel énergique de ces fluides suspects. d'une tension osmotique inférieure. | Nous ne croyons donc pas utiliser une comparaison plus ou moins SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1091 ingénieuse, mais exprimer un fait d’une portée physiologique et théra- peulique précise, en écrivant que le sulfate de soude en solution saturée et sucrée a purgé la muqueuse conjonctivale des impuretés qui l'impré- gnaient et y entretenaient l’inflammalion. NOUVELLE MÉTHODE TRÈS SIMPLE POUR CULTIVER FACILEMENT LES MICROBES ANAÉHOBIES. LES MILIEUX SEMI-LIQUIDES EN BACTÉRIOLOGIE (1), par J. LIGNIÈRES. Malgré les très importants perfectionnements apportés aux cultures des microbes dits anaérobies, la lechnique de ces cultures n’en était pas moins restée, jusqu'ici, moins rapide et plus délicale que celle des aérobies. | Pouvoir ensemencer, cultiver et recueillir les anaérobies dans des tubes à essais en présence de l'air comme on le fait couramment pour les aérobies paraissait impossible. C'est qu’en effet, la nécessité de l'absence d'oxygène semblait si absolue pour la culture des araérobies qu'on ne concevait pas facile- ment leur développement sinon dans des milieux purgés d'air. À ce point de vue, il n’est pas douteux que notre conception des anaé- robies doive se modifier un peu ainsi que nous le verrons plus loin. Je vais tout d’abord indiquer le nouveau milieu dont je me sers pour les anaérobies et ensuile j'appellerai l'attention sur l'importance des milieux semi-liquides pour la recherche facile de ces microbes. 1° Composition el préparation du nouveau milieu. — En réalité, la nouveaulé réside uniquement dans la qualité physique du milieu qui, au lieu d’être liquide ou solide, se présente sous une forme semi-fluide ou gélatineuse ; cette simple modification enlraîne cependant avec elle des propriétés nouvelles d'une grande importance. On peut employer soit la gélatine (2), soit surtout la gélose, ou leur mélange pourvu que leur consistance soit, comme je le disais, celle d’un produit semi-liquide. Pour la gélose, ou agar-agar,que je Speattres comme type, on en pèse 0- gr. 25 qu'on ajoute à 100 grammes de bon bouillon peptone. On chauffe doucement pour dissoudre la gélose jusqu'à 110° pendant un È L (4) J'ai donné à l’Académie de Médecine quelques indications sur le même sujet que je complète aujourd hui. (2) La gélatine seule ne pots servir qu à une température qui ne dépasse pas 290, 1092 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE quart d'heure; on filtre ensuite sur papier ainsi que cela se pratique pour la gélose ordinaire. Le produit de la fitration est ensuite distribué dans les tubes à essais, sur une hauteur d'environ 5 centimètres. Il ne reste plus qu'à stériliser à 190° pendant quinze minutes; on obtient ainsi ce que j appelle la gélose au quart, laquelle s'emploie en tubes droits. (est un milieu de consistance tremblotante, gélatineuse, semi- fluide, d'aspect identique à celui de la gélose ordinaire, mais un peu plus transparent. Ces tubes ainsi préparés sont prêts à être employés. On pourrait résumer la fabrication de ce milieu en disant simplement que c'est une gélose commune faite dans la proportion de 0 gr. 25 p. 100 au lieu de 4 à 2 p. 160 comme d'habitude. Comme pour la gélose ordinaire, on peut ajouter à la gélose au quart toutes sortes de produits qui augmentent ses propriétés cullurales ou qui peuvent servir à un diagnostic, comme les sucres : glucose, lactose, maltose, mannite ; le sérum, le sang, la bile, le tournesol, ete..., pourvu, je le répète, que la consistance reste toujours semi-liquide. Technique des cultures. — Les tubes étant préparés, l’ensemence- : ment se fait aseptiquement, soit avec le fil de platine, soit plutôt avec la pipette ordinaire introduite su‘ milieu du tube, jusqu’au fond de la gélose au quart et tout le‘long du trajet de la pipette. Au lieu de faire seulement une traînée au milieu, on peut en faire plusieurs dans l'épaisseur de la gélose ou mélanger irrégulièrement le produit à celle-ci. Les tubes sont ensuite mis à l'étuve comme s'il s'agissait de cultures aérobies et le développement se fait assez rapidement. Suivant la nature du microbe, le lendemain ou du deuxième au quatrième: jour, là culture a poussé sur tout le trajet ou dans l'épaisseur du milieu, parfois jusqu'à la surface, en produisant ou non des gaz; elle est généralement plus abondante encore les jours suivants. Pour eul- tiver en séries on prélève de cette culture et on ensemence absolument comme on le fait avec les microbes aérobies. Tous les microbes anaérobies dont j'ai pu disposer ont poussé dans ces conditions : tétanos, charbon symptomatique, vibrion septique, butyrique, bacille de la nécrose de Schmorl, bacilles Perfringens, Spo- rogenes, Putrificus, OEdematiens, ete., en séries et autant qu’on le veut. Il est intéressant de noter que le bacille du tétanos pousse aussi à la } surface de ce milieu après quelques jours. La gélose au quart additionnée de 4 à 2 p. 100 de glucose est un milieu particulièrement favorable, mais je souligne que le suere n'est pas indispensable. En résumé, la culture, les prélèvements, les réensemencements anaé- robies se font dans la gélose au quart comme s’il s'agissait de GuIEUEs aérobies. 3° La théorie de l'action de l'oxygène sur les anaérobies. -— Sans doute l'oxygène de l’air entrave ou empêche la culture des microbes anaérobies SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1093 el certains d’entre eux sont absolument incapables de se multiplier dans les milieux liquides ou solides qui en contiennent. /Si ces mêmes miliéux sont privés de l’air par l'extraction pneuma- tique, la culture se fait; done l’action de l'oxygène est évidente ainsi que Pasteur l’a établi le premier dans ses mémorables travaux sur le ferment butyrique. Mais il nous apparait aujourd'hui non moins évident que, dans des conditions favorables, les microbes dits anaérobies peuvent se défendre seuls contre l'oxygène de l’air et arriver à pulluler admirablement en sa présence. Il est possible que L consistance semi-fluide du milieu de culture permette mieux aux microbes de constituer autour d'eux leur zone microscopique de défense, soit par des’ sécrétions naturelles, soit par le résultat des décompositions moléculaires qu'ils provoquent dans le même milieu: les produits gazeux de la fermentation entrent dans ‘ce cas. À ce point de vue, parmi les microbes anaérobies, celui de la nécrose de Schmorl est très intéressant ; en effet, dès les 10 ou 12 heures qui suivent l'ensemencement, on voit se produire de très fines bulles de gaz qui montent à la surface de la gélose au quart, même si celle-ci est simple. Après le deuxième jour, cette fermentation excessive a disparu et cependant, lorsqu'avec la pipette ou le fil de platine on va retirer, soit pour réensemencer, soit pour examiner au microscope ou pour tout autre motif, un peü de culture. dès qu'on entre dans le milieu et qu'on l'agite, il se produit une infinité de très petites bulles de gaz qui étaient restées invisibles dans le milieu au contact des microbes. Les bacilles du tétanos ne fermentent pas, mais ils peuvent sans doute se défendre de l'oxygène de l'air par d'autres sécrétions pro- - tectrices. Le 4° Importance des milieux semi-fluidés. — La simplicité de ces milieux, la facilité extrême avec laquelle on obtient d'abondantes cul- tures anaérobies seraient déjà des molifs plus que Une pour les oo il y a plus cependant. En effet, les microbes facultalifs et même les aérobies les plus nets comme le subtilis, le baciile du charbon poussent aussi dans ces - milieux semi-fluides. Ces qualités font que la technique bactériologique s’est enrichie d'un nouveau milieu et qu'à côté des cultures liquides et solides doivent prendre place désormais les milieux gélatineux ou semi-fluides. Dans toutes les recherches bactériologiques, surtout dans les inves- tigations sur la nature d'une maladie, il ne faudra pas négliger la eul- ture du sang, des pulpes des différents organes ou des produits patho- logiques dans la gélose au quart simple ou composée : glucosée par exemple ; on obtiendra ainsi avec une grande facilité les anaérobies 1094 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE trop souvent négligés et même les facultatifs et les aérobies. Il va sans dire que cela n’empêchera pas l'usage simultané des milieux liquides et solides, d’abord parce que les aérobies y poussent en général plus abon- damment et ensuite parce qu'ils nous y montrent des caractères propres et si utiles pour leur détermination. D'autre part, les cultures des anaérobies en milieux liquides dans le vide pour obtenir de grandes quantités de ces cultures conservent toujours leur utilité incontestable. : Comme dans les milieux liquides ordinaires additionnés de sucres, les anaérobies qui produisent des réactions acides dans les milieux semi-. fluides sucrés y sont après un temps plus ou moins long atténués, et leur vitalité est atteinte. à Je erois que les milieux demi-fluides sont appelés à rendre d'appré- ciables services dans la technique des cultures et notamment dans les. . invesligations bactériologiques. Lorsqu'une gélose au quart a poussé, on doit, tout en continuant les repiquages dans le même milieu, ense-. mencer en bouillon et en gélose ordinaires;si on a affaire uniquement à des anaérobies, ces derniers milieux restent stériles. Si au contraire, : dans la gélose au quart, seuls ont poussé des microbes facultatifs ou des aérobies, ils poussent aussi dans les milieux ordinaires liquides et solides et on doit les isoler. 11 peut encore se faire qu’on obtienne à la fois des microbes aérobies et anaérobies; l'aspect de la culture, la fer- menlation si elle a lieu, l'odeur, l'examen microscopique, la mobililéou non des microbes, leurs propriélés histo-chimiques, renseignent lou- jours à ce sujet; il ne reste plus qu’à les isoler, notamment par l’inoculation. LA RECHERCHE DES QUALITÉS NORMALES DU LAIT PAR LA CULTURE DE MICROBES APPROPRIÉS, par J. LIGNIÈRES. Il est souvent utile de savoir si un laït frais ou conservé possède les qualités d’un bon lair; si surtoutil ne contient pas de substances conser- vatrices nuisibles à la santé ou bien des microbes pathogènes. En dehors de J’analyse chimique qui nous donne de précieuses indi- cations sur la composition de ces laits, l'analyse bactériologique qui nous révèle sa riches-e en micro-organismes, on peut encore avoir d'im- porlants renseignements en cullivant dans le lait à analyser des microbes dont on connaît bien les qualités culturales dans lelaït normal. J'ai depuis longtemps signalé et défendu la grande importance des caractères culturaux des microbes dans le lait pour la dé‘ermination de s SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1095 ces microbes et leur classification. Aujourd’hui, je vais indiquer une application de ces propriétés à l'analyse du lait. À plusieurs reprises, j'ai dû rechercher les qualités de certains laits, les uns frais, les autres conservés depuis un temps plus ou moins long. Pour cela, j'ai eu recours au procédé suivant : le lait à analyser est sté- rilisé à 100° une demi-heure et laissé au repos jusqu'au lendemain. A ce moment la crème est montée à la surface, on recueille la partie infé- rieure de ce lait avec une pipette Chamberland en évitant de prendre la couche superficielle graisseuse qui nuirait à la culture. Ensuite, la partie liquide est distribuée dans des tubes à essais stérilisés pour servir plus tard de milieux de culture. Le même jour on chauffe de nouveau ces tubes de lait à {00° pendant une demi-heure, ainsi que le lendemain. Ce lait en tubes est éprouvé à l’étuve à 37°, il est prèt ensuile à être employé à l'analyse. À D'autre part, on a préparé avec la même technique des tubes de ais normal qui serviront de point de comparaison. Pour faire l'expérience, on se sert des cultures suivantes : Pasleu- rella aviaire — choléra des poules — Colibacille ou bien Streptocoque, et enfin Salmonella bovine — paratypäique B. | Trois tubes de lait à analyser et trois tubes de lait normal sont ense- mencés, l’un avec Pasleurella aviaire ; le second avec C d. ou Streplo- coque ; fe iroisième avec la Salmonella. Tous les tubes enseméencés sont mis énsuite à l'étuve à 37° avec un tube témoin non ensemencé de chacun de ces laits. On observe tous les jours les tubes à l’étuve et l’on compare les cultures dans le lait normal et celles’ du lait à analyser. Les tubes témoins non ensemencés ne doi- vent pas changer d'aspect, ni de réaction, ni présenter aucune culture. Les tubes ensemencés avec la Pasteurella doivent loujours conserver leur aspect et leur réaction normales — très légèrement acide — mais on y constate une abondante culture du microbe ensemencé. Après 24 heures, les tubes de lait où a cultivé le Coli ou le Streptocoque sont coagulés avec une réaction fortement acide : le coagulum ne se redissout jamais. Quant aux tubes semés avec la Salmonella, ils gardent d’abord leur aspect normal, puis, après un temps qui varie entre 24 et 48 heures, on peut constater la formation d'un caillot mou qui se redissout assez rapi- dement; la réaction est déjà alcaline. Les jours suivants, la couleur du lait devient jaune “le puis ambrée, n’ayant plus du tout l'aspect du lait ; la réaction est alors très fortement alcaline, au fond du tube où voit un petit sédiment blan- châtre. Si le lait à anslyser contient un antiseptique, la culture ne 5e fait pas et les réactions n’ont pas lieu. La quantité de l’antiseptique peut être 4096 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE très minime et cependant suffisante pour empêcher toute culture, où bien il se produit un retard très marqué de la culture. A ce point de vue, le microbe du choléra des poules — Pasteurella aviaire — est le plus sensible ; quant au Streptocoque, il est préférable au Coli parce qu’il est aussi plus sensible que ce dernier. Si le lait à analyser a conservé toutes ses qualités naturelles, les tubes ensemencés se comporteront d’une facon identique à ceux du lait normal où on constatera un léger relard de 24 heures par exemple. Dans le cas contraire, si le lait n’a pas ses qualités: naturelles, on notera des phénomènes divers, surtout des retards ou des réactions incomplètes ou méme anormales ou nulles. En pratiquant ces sortes d'analyses, on acquiert très vite une compé- tence spéciale qui permet. de donner une appréciation importante sur les qualités des laits examinés. D Il m'a paru utile de fairé connaître ce nouveau procédé facile à employer dans les laboratoires de bactériologie. = | SUR LA TOXICITÉ DE L'OR COLLOÏDAL. Note de B.-G. Dunamez et R. THIEULN, présentée par G. Boux. Les réactions violentes signalées par maints observateurs à la suite des injections intraveineuses de certaines solutions colloïdales d'or nous ont conduits à rechercher, pour un or colloïdal parfaitement défini, le caractère des phénomènes toxiques et l’action sur les différents appareils, chez l'animal. Nous avons employé un or colloïdalobtenu par la méthode électrique, présentant par transparence une belle coloration violelte, sans dépôt, montrant à l’ultramicroscope de nonbreux grains très fins el très mobiles et'titrant 0 gr..309 par litre. (Dosage effectué par la méthode cyanimétrique de Dénigès et de G. Rebière (1), modifiée par lun de nous.) Cette solution colloïdale a ét» isotonisée au moment de l'usage. Nous avons tout d’abord injecté au lapin, par la voie veineuse, de petites quantités (1 ou 2 c.c.) de cet or colloïdal. Ces doses étant bien tolérées, nous avons entrepris de salurer un animal par une. série d'injections. Un lapin de 2.050 grammes recoit donc une première injection d'épreuve de 2 c.c., le 5 juin. À compter de ce jour, l’animal recoit des (1) G. Rebière. Recherches expérimentales sur quelques hydrosols à micelles argentiques. Thèse de doctorat ès sciences. Paris, 1916, p. 50. LR SÉANCE DU ?3 OCTOBRE . 1097 injeclions intraveineuses de 5 €e.c. chaque. L'injection n'est suivie d'aucun phénomène appréciable, ni frisson, ni troubles fonctionnels : le lapin, remis au clapier, mange et se comporte d'une FAO tout à fait normale. Le 2 juillet, l'animal a reçu 48 injections : les 17 premières repré- sentent 82 c.c. de solution, soit 0 gr. 0261 d’or métallique ; la dernière injection, faite avec une solution fraîche plus concentrée, el titrant 0 gr. 497 par litre, représente O0 gr. 002% de métal; soit, en tout, 87 c.c. de liquide contenant 0 gr.0285 d’or métallique. Le poids de l’animal n'a cessé d'augmenter très régulièrement ainsi qu'ont permis de le constater des pesées quotidiennes. De 2.050 grammes au début de l'expérience, il a atteint 2.360 grammes le 2 juillet. * Le 3 juillet, l'animal a été sacrifié. L’aulopsie a montré un foie de volume normal, pesant 84 gr. 50, et présentant un aspect gris violacé. La rate, de couleur également gris violacé, était volumineuse : elle pesait 5 gr. 5. Les reins, le thymus, le cerveau et les autres organes présen- taient. un aspect parfaitement normal. Ils ont été réservés en vue de recherches chimiques et d'examens histologiques. £ Cette première expérience semblant démontrer la faible toxicité d'un or colloïdal défini en injections intraveineuses chez l'animal, nous avons tenté d'obtenir des phénomènes toxiques en employant des doses beaucoup plus considérables et en répétant les injections massives. Un lapin de 2.190 grammes a recu, dans la veiné marcinale, une injection massive de 40 e.e. d’or colloïdal titrant O gr. 309 p. 4.009 d’or métallique. Le liquide tiède était poussé avec lenteur. Nous n’avans observé aucun phénomène anormal, à part de légères modifications des rythmes respiratoires et cardiaques dont il sera ailleurs. Une seconde injection, de 50 c.c., a été poussée 2 jours après, par la même voie. Pas d'incidents à ee. Le poids a légèrement fléchi : le 4° jour de l'expérience il se trouvait de 2.130 grammes. Une 3° et une 4° injections ont élé praliquées à 2 jours d'intervalle, avec la même solution. Toujours pas d'incidents. Le poids a remonté et, après la 4° injection, il se trouvait de 2.220 grammes. Une 5° injection a été pratiquée 2 jours après la 4°, avec la solution plus concentrée titraut 0 gr. 497 p. 1.000. Elle a été‘de 50 c.c. Enfin une dernière injec- tion a été passée 2 jours après la cinquième, avec l'or à 0 gr. 497. Elle n'aélé que de 25 c.c. L'animal, à ce moment, di reçu dans les veines 265 c.c. de solu- tion correspondant à Ogr. 095 d’or métallique. Son poids avait augmenté, mais faiblement puisque, en 13 jours d'expériences, il était passé de 2.190 grammes à 2.210 grammes. À part cela, l'animal présentait une vie parfaitement régulière et normale. Ce lapin a été sacrifié en pleine santé le 12 juillet et saigné. On a con- 1098 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE servé le sang et les viscères en vue de recherches chimiques et d’exa- men histologique. Le foie, du poids de 87 grammes, ce qui est ordi- naire, était d'aspect gris violacé. La rate, volumineuse, également d'un gris violacé sombre, pesait 4 gr. 50: Les deux reins pesaient 17 gr. 50 et montraient, à la section, un aspect parfaitement normal. Les autres organes ne présentaient aucune modification macroseopique. Ces expériences nous semblent démontrer que, chez l'animal, une solution colloïdale à grains fins ne présente aucune loxicité appréciable, et que des doses considérables ne parviennent pas à influencer, de facon sensible, l'ensemble des phénomènes biologiques. MORT SUBITE DU LAPIN ‘AU COURS D'INOCULATIONS SOUS-CUTANÉES DE SUBSTANCE NERVEUSE HOMOLOGUE, par P. REMLINGER. En essayant d'élucider la pathogénie des paralysies qui se mani- festent parfois au cours du traitement antirabique, nous avons observé un phénomène qui nous a paru mériter une relation spéciale. Des lapins — sains ou rabiques, peu importe — sont saignés à blanc. L'encéphale est émulsionné finement dans de l'eau physiologique et l’émulsion est inoculée à dose massive (de 2 à 8 grammes de substance nerveuse par animal) sous là peau d'une série de lapins. Les mêmes inoculalions sont répétées ensuile dans des conditions identiques à des intervalles variant de 2-3 jours à 18-20 jours. A la première injection et le plus souvent aux deux ou trois suivantes, on n'observe rien de parti- _culier, mais à partir de la quatrième, de la cinquième et au delà, il est fréquent de voir, au cours même de l’inoculation sous-cutanée, après quelques convulsions agoniques extrêmement brèves et en moins de temps presque qu'il n'en faut pour l'écrire, le lapin mourir subitement. À l'autopsie, les organes, les poumons en particulier ne présentent aucune congestion. [ls sont très pâles au contraire, comme si une vaso- consiriction intense s'était produite. Deux fois seulement (sur une ‘quinzaine de lapins morts subitement) nous avons noté, dans le cœur droit et l'appareil pulmonaire en particulier, une coagulation massive du sang. S'agit-il là de phénomènes anaphylactiques? Nous ne le croyons pas. On ne retrouve en effet dans les accidents relalés ni les symptômes, ni les lésions anatomo-pathologiques de l’anaphylaxie. Ces accidents se produisent, quel que soit l'intervalle écoulé entre les injéctions prépa- rantes et l'iroeulation déchäinante. Si celte dernière est faite, non pas SÉANCE DU 25 OCTOBRE - 1099 ul sous la peau, mais dans le cerveau ou sous la dure-mère (Besredka), il ne se produit absolument rien. Plusieurs lapins identiquement préparés étant inoculés semblablement sous la peau, les uns meurent de la façon indiquée, les autres ne présentent pas le moindre symplôme morbide, alors qu'ils pourront mourir subitement à une inoculalion ultérieure. C'est tout ou rien. Enfin, la mort subite s’observe exclusivement chez les lapins traités par la substance nerveuse de lapin. Jamais — el quelles qu aient été les doses inoculées — nous ne l'avons notée chez les lapins ayant reçu de la substance nerveuse de cobaye non plus que chez les cobayes traités par l’encéphale soit de cobaye, soit de lapin. Ce dernier fait est de nature à rapprocher les accidents relatés de ceux qui se produisent à la suite d’injections d'extraits d'organes. Il faut noter cependant que, dans nos expériences, une première inoculation est toujours demeurée inoffensive, quelle quait été la quantité de substance cérébrale injectée : deux encéphales complets, soit18 grammes en une fois. ]l faut noter aussi que les accidents Sur lesquels nous atti- rons l'attention ont toujours été observés à la suite d'injections sous- cutanées et non d'inoculations intraveineuses, comme dans les expé- riences sur la toxicité des extraits. Nous nous proposons de poursuivre l'étude de ce phénomène et de rechercher en particulier s’il s'observe au cours d’inoculations autres que celles de substance nerveuse. (Institut Pasteur du Maroc, à Tanger.) É _ ÉVOLUTION DES GREFFES TESTICULAIRES DU BÉLIER, par Ép. RETTERER. Les greffes testiculaires que M. S. Voronoff a pratiquées sur le Bélier ont été faites, les unes, dans les mêmes conditions que sur le Boue, les autres dans des conditions différentes. Leur étude hi: “tologique m'a donné les résultats suivants. I. Testicules de jeune Bélier qui ont servi à la greffe. — Les tubes sémini- pares ont un calibre de 0215; ils sont accolés les uns aux autres et, sur la plus grande partie de leur circonférence, ne sont séparés que par une cloison lamelleuse de 3 à 4 . Aux angles rentrants des tubes, le tissu conjonttif est plus abondant, mais les cellules interstitielles y sont très rares. ( haque tube est revêtu de quatre ou cinq rangées de cellules épithéliales, formant une couche de 0204 et limitant un canal de 0®%07 rempli de détritus cel ulai es. La plupart des cellules qui tapissent la paroi propre ont un noyau très elro- matique; on en voit peu à noyau clair et pourvues d'un nucléole. Les cellules BioLOGIE. COMPTES RÉNOUS, — 1919, T. LXXXIL 19 4400 SOCIHEÉ DE BÉOLOGIE des assises moyennes onf un corps cellulaire-transparent de 15.u à 18 », avec. ur noyau de 7 » en moyenne; elles sont séparées les unes des autres par une cloison mitoyenne très nette. Les cellules qui limitent la lumière sont plus : petites et en voie de désagrégation: 1. Greffe dun testicule entier (n° 70}. — Après un mois de gteffesle testi- cule à la structure suivante : au lieu de tubes séminipares, on ne voit plus que des cordons pleins dépithélium et dont le calibre varie entre Onm035 à Onm940,. Ces cordons sont séparés et réunis par des travées cenjonclives épaisses de Ommg2 à Ommÿ5, À Ja place d'an trait conjonctif formant la paroi propre, on trouve une couche de 7 x constituée par un cytoplasma granuleux et sé colo- raut en rouge par l’éosine: et l’orange comme l’épithélium des cordons. Les noyaux contenus dans cette couche périphérique sont distants les uns des autres. Quant aux éléments du cordon épithékliak Fui même, ils se composent z 1° D'une ow de deux rangées de noyaux périphériques ; 2° d’une masse cen- trale. Les noyaux périphériques, larges de 4 à 5 uv, sont arrondis, irës chro- matiques ; le cytoplasma internueléaire est rare, c'est-à-dire qu'il ne dépasse pas Fépar sseur de { ou 2 «. Quant à la portion centrale, elle a une épaisseur de 60 à T0 et comprend une masse de cytoplasma commun semé de rares. novVaux. IN. Fragments de testicule greffés dans la vaginale d'un vieux Bélier dont les pro- pres testicules restèrent en place. Greffes prélevées 14 mois après l'opération (n°12). — Les cordons séminipares ont un calibre de 0206 à Owm10, Le tissu con- jonétif interséminipare a une épaisseur moyenne de 0205. Les cordons sémi- nipares dont la plupart ne montrent plus de lumière centrale ont une struc- ture qui varie selon la région : à la périphérie des fragments greffés, on en voii dent le centre et les assises moyennes-sont occupés par des petits novaux et des filaments aplatis, ovalaires et ayant tous les caractères morphologiques et colorants de tètes de spermatozoïdes. D’autres cordons contiennent de grandes cellules épithéliales, polyédriques, chacune pourvue d'un noyau. D'autres encore ont la structure de trainées de tissu réticulé au centre des- quelles persistent des amas de cellules épithéliales. Dans les portions cen- irales des fragments greffés, les tubes séminipares contiennent des masses cytoplasmiques en voie de dégénérescence avec peu ou point de noyaux. Comme sur le Bouc, le tissu réticulé se développe sur le Bélier aux dépens des cellules épithéliales, des tubes séminipares, lesquelles se différencient, à partir des assises externes, en réticulum ei en hyaloplasma. Ce dernier a ue destinée variable : en certains points, il subit la fonte et il ne reste qu'un issu réticulé à mailles vides ; en d’autres, il élabore des fibrilles conjonctives et le tissu du testicule se transforme en une masse libreuse. Résullats et critique. — Bien que pratiquées dans des conditions tant soit peu différentes que chez le Bouc, les greffes testiculaires évoluent, sur Le Bélier, comme sur le Bouc. L'épithélium continue en certains points à produire des petits noyaux et des têtes de spermatozoïdes; mais, en majeure partie, i! se transforme en tissu réliculé. À cette dévia- tion évolutive se rattache la question de l'influence que le greffon exerce sur lés autres tissus, de l'organisme. Sur le Bélier (n° 12) vieux, SÉANCE DU 2% OUTOBRE F101 affaibli, craintf el offrant une extinction totale des ardeurs génésiques et de la « potentia coeundi », le greffon a fait renaître la « libido coeundi », l’'impéluosité virile du mâle et l'aptitude au coït. Mis avec une brebis, il l’a couverte et fécondée et ia brebis a mis bas un vigou- reux agneau. k Quels sont les éléments du testicule greffé qui modifient l'habitus général et donnent au porteur les caractères viriis (vigueur, ‘i#/do et polenta coeundi)? On sait que les Cryptorchides présentent. la plüpart des manifestations analogues ; après la ligature des canaux déférents, l’action des rayons X, on les observe également. Comme dans ces der- nières condilions, le tissu interséminipare devient plus abondant et plus riche en cellules interstilielles, on à attribué à celles-ci le rôle d'élaborer un produit de sécrétion qui se récorberait et agirait sur l’ensemble de l'organisme (sécrétion interne). Dans le tissu greffé, il y a absence de division cellulaire dans le tissu interséminipare; donc son hyperlro- phie ne relève pas de la prolifération des cellutes conjonctives, D'ailleurs jamais observateur n’a vu les cellules conjonctives ou interstilielles du testicule présenter d'image mitosique. Le tissu conjonctif intersémi- nipare devient plus abondant parce que les cellules épithéliales des . tubes séminipares se transforment en lissu réticulé. Quant aux cellules “anterstitielles, elles sont clairsemées, très rares chez le Bouc et le Bélier normaux. Ce sont des cellules conjonetives qui se chargent de graisse sur les animaux qu'on engraisse. Dans les tesliculés greffés, je n'en ai -pu apercevoir. Par conséquent, ce ne sont pas les cellules interstitielles qui président ici à la sécrétion interne (1). D'autres (Loisel, Champy, Pézard) admettent que, chez les Oiseaux : et les Batraciens, les cellules de Sertoli rempliraient ee rôle. Dans les testicules greffés, il n'existe pas plus de cellules de Sertoli que de cellules de la lignée séminale : tout l’épithélium des cordons sémi- nipares constitue une masse syncytiale qui représente d'abord un rétieulum à mailles remplies d'hyaloplasma, puis à mailles vides. Resumant les phénomènes évolutifs que nous avons observés dans les greffons, nous dirons : le tissu interséminipare devient d'autant plus _ (1) Rest bon de rappeler quelques-unes des conditions dans lesquelles apparaissent ou disparaissent les cellules interstitielles : chez la Taupe, ces cellules sont abondantes avant le rat; pendant le ruf, elies sont rares; après le rut, leur nombre augmente; pendant le sommeil bibernal, elles disparais- sent. Chez les Batraciens et les Oiseaux, le tissu interséminipare, bien dévelnppé avant la puberté, se réduit lors de l’activité sexuelle. Tous ces faits concordent avec ceux que nous avons observés sur le Bouc et le Bélier. Loin d’être en raison directe du nombre des cellules intersti- tielles (cellules chargées de graisse), la libido et la potentin coenuti coïncident avec la diminution ou la disparition de ces éléments. On sait d'ailleurs de longue date qu'un Co engraissé n'est pas un bon Coq. 4102 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE abondant que les tubes ou cordons séminipares s’amincissent davantage. : Simultanément. l'épithélium des cordons se transforme en tissu réticulé à mailles pleines d'hyalopla-ma. Ensuite l'hyaloplasma se fluidifie et se résorbe; d'où le lissu réticulé à mailles vides. C’est à la production et à la résorption de ce plasma, élahoré par les cellules testiculaires, à l'ori- gine, épithéliales, qu'il convient, à notre avis, de rapporter l'influence que le testicule exerce sur les autres tissus de l'organisme. Dans le tes- ticule, comme d'ailleurs dans le foie et le pancréas, l'agent de la sécré- tion et externe et interne est la cellule épithéliale qui est à la fois exqcrine et endocrine. Dans le testicule greffé, la cellule épithéliale se transforme et ne fonctionne plus que dans le sens endocrine. Conclusion. — Les cellules épithéliales des tubes séminipares per- dent, lorsqu'ils se transforment en tissu réticulé, un plasma dout/la résorplion délermine les caractères sexuels secondaires. € LES PLAQUES D ARÉFLEXIE PILOMOTRICE DANS LES BLESSURES DE LA QUEUE DE CHEVAL ET DE LA MOELLE, par ANDRÉ-Taomas. La recherche systémitique des réflexes pilomoteurs chez un très grand nombre de blessés nous a fait constater des faits intéressants non seulement dans les ble sures de la moelle (1), des troncs nerveux où du. sympathique, mais encore dans quelques cas de lésions plus diserètes causées par le passage du projectile à plus ou moins grande distince du rachis. Il nous a semblé intéressant de rapporter ces observations, parce ‘qu'elles pourront être utilisées par la suite pour le diagnostic d’affections diverses. Voici tout d’abord deux observations particulièrement instructives à cet égard : | I. — L'adjudant Lab... a été blessé le 29 août 1918 par une ballé qui est entrée à trois travers de doigt au-dessous du rebord iliaque droit et sortie au niveau du flanc gauch::, sur le prolong-ment de la ligne axillaire. Il sent un engourdissement dans les jambes et s'effondre. Les troubles sphinctériens surviennent aussitôl. SUN La paralysie des membres inférieurs semble avoir été complète pendant douze jours, puis les mouvements de la cuisse et de la jambe sont revenus assez rapidement, mais incomplètement. (4) André-Thomas. Les réactions pilomotrices et les réflexes pilomoteurs dns les blessures de la m:elle, Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 21 mars 1919. SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1103 Le 4 octobre 1918 la paralysie est complète pour tous les muscles des pieds et des orteils, les muscles fessiers ; les muscles flécnisseurs de la jambe sur la cuisse (muscles de la patte d’oie) ne sont que parésiés. À gauche, le biceps ne se coniracte pas, à droite il se contracte légèrement. Rétlexe patellaire faible à droite, nul à gauche. Réflexes achilléens abolis. L'excitation plantaire ne produit auc in mouvement ds orteils. RSflexe anal abo i. R“flaxes crémastérien et cutané abdorminal conservés des deux côtss. Troubles de la sensibilité dans le domaine de la V* lombaire et des racines sacrées. Aucune douleur spontané». Signe de Lasègue net à gauche. Besoin d'urin-r en partie conservé; le pas-age des urines est senti. Rétentionincom- plète. Constipation avec incontinence. Appareil pilomoteur. — L’excitation cervicale (chatouillement de la nuque) fait apparaitre très facilement le réflexe pilomnoteur sur tout le corps (des deux côtés, quand l'excitation est bilatérale), les m:moôres inférieurs ÿ compris, sauf dans une zone large de quatre travers de doigt, distinte de 10 centimè- tres de la ligne médian: postérieure, située à cheval sur la crête iliaque. Par contre la réaction par excitation locale est conservée. La sensibilité au pin- ceau et à la piqûre est très dimiauée dan cette zon; le pincement y est au contraire senti beaucoup plus désagréablemeuit que du côté sain. Ge blessé a été revu à plusieurs reprises jusqu'au mois de juillet 1919, et cette plaque aréflexique a été retrouvée chaque fois. Li température est differente sur cette plaque et sur Les régions voisines. La pla que aréilexique correspond au territoire du 12° perforant latéral. U. — Le soldat Esm... a été blessé le 14 octobre 1918 par une balle qui a pénétré au niveau de la crête iliique gauche à quatre travers dé daigt d2 la ligne méliane et est sortie sur le flans droit juste au-dessus de la crête iliaque et sur le prolon:ement de la ligne axtilaire postérieure. Evamen du mis de novenbre 1918. — -Paralysie co nplète les muscles du pied et des orteils à droite, des fessier, des p#lvitrochantériens. Parésie das muscles de la cuisse. À giuche, l'examen n’a pu être fait à cause de la frac- ture di tibia au 1/3 inférieur. Réfl:xes patellaire, achilléen, plantaire, anal, bulbo caverneux abolis des deux côté. Le réflexe crémastérien existe à gauche, est aboli à droite. Mictions involontaires. Troubles de la sensibilité dins le domaine de: sacrées, de la 4° et de la 5e Jombaires. Sensibilité uréthrile, rectale, anale abolie. Escarre sacrée. Ayppureil pilomoteur. — L'excitati n cervicale produit une très belle réaction sur lout le corps, les mewnbres inférieurs y compris, sauf sur une zone siluée à LA face antérieure da: la cuiss: droite, au-dessous du pli inguiaal, La sen- sibihté est très diminuée à re niveau. En outre la température y est plus élevée que dans li région crrespon lante du côté gauche ou dans les régions voisines du même côté. L'épreuve pilomotr'ce a été renouvelée plu-ieurs fois ‘eta toujours donné les mêmes résultats. La plaque d'aréflexie est située dans le domaine du nerf géuito-crural. Dans ces deux observations, il s'agit de lésions graves, de lésions de la queue de cheval, avec de gros troubles de la sensibilité sur les mem- #10% SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE bres inférieurs, et cependant à ce niveau le réflexe pilomoteur est normal. I n°7 a pas lieu de s’en étonner puisque les nerfs des membres inférieurs ont été atteints dans lé canal rachidien, par conséquent avant leur coalescence avec les fibres qu'ils recoivent, en dehors du rachis, de la chaine sympathique. Par contre, les plaques d’aréflesie pilomotrice situées chez le premier blessé dans le territoire du 12° perforant latéral, chez le deuxième dans le territoire du génilo-crural indiquent que ces deux nerfs ont été lésés par le passage du projectile, et l’examen de la sensibilité a confirmé ce diagnostic. HI. — Le soldat Doust... a été blessé le 23 jmillet par à une balle qui est entrée au niveau de l’épine de l’omoplate gauche et sortie sur le bord postérieur de l’aisselle droite. Paraplégie immédiate avec rétention d'urine. Examen le 27 novembre 1518. — Syndrome d interruption physiologique avec ligne d'anesthé-ïe à la piqüre passant en avant parle 5° espace intercos'al sur ja ligne mamillaire. Paralysie complète des membres inférieurs et de fa paroi abdominale. Abolition des réflexes tendineux. Aucun réflexe des orteils par excilation plantaire. Ébauche de réflexes de défense. Troubles nd escarres. Appareil pilomoteur. — L'excitation cervicale produit uu réflexe qui des- cend à gauche et en avant iusqu'au-dessous de la ligne d’anesthésie, en s’affaiblissant sur les derniers espaces inter costaux. A droite le réflexe est. net jusqu'à une ligne qui passe en avant un peu au-dessus de la ligne d’anes- thésie et qui se confond assez sensiblement avec elle en arrière etsur le côté. Cependant il est arrivé que le réflexe est descendu un peu plus bas, mais laissant au voisinage de la ligne d'anesthésie une zone presque complètement dépourvue de chair de poule. Le réflexe spinal de défense remonte à gauche jusque vers la ligne mammaire, par conséquent au-dessus de la ligne d'anes- thésie. A droite il s'arrête au niveau d’une ligne festonnée qui suit en avant le bord inférieur de la 6° côte, puis croise la 7° côte latéralement et la 8e côte en arrière. Au cours d'un examen il nous a semblé que la chair de poule réapparaissait un peu plus haut. : Lorsque l’on provoque simultanément les deux réflexes, la chair de poule apparaît sur tout le corps, sauf dans une zone située au niveau du, 6° seg- ment dorsal où elle fait complètement défaut en avant, presque complètement en arrière, moins complètement sur les côtés. Cette zone qui correspond à un territoire radiculaire fait défaut à gauche, cependant dans la région corres- pondante la chair de poule est un peu moins prononcée qu'ailleurs. Au niveau de la plaque d'aréflexie la peau est plus pâle, la température n'y est pas la même que dans les régions voisines où se produit le réflexe pilo- moteur et sur la zone symétrique du côté gauche. Le dermographisme y fait presque complètement défaut et disparaît beaucoup plus rapidement. Au- : dessus et au-dessous de cette plaque, la raie rouge produite par le passage du doigt fait place au bout d'un certain temps à une raie blanche urticarienne qui manque, au contraire, au niveau de la plaque. La sueur y fait également défaut. Il faut admettre que dans ce cas il existe sutre une lésion grave de la moelle x SÉANCÉ BU 25 OCIOBRE | 4405 ane lésion du 6° nerf intercostal où du rameau commupicant qui se rend à ce nérf. L'aréflexie pilomotrice n’est donc pas le seul trouble sympathique observé au niveau de ces plaques : l’anisothermie,ies troubles sudoraux, les troubles vasomoteurs indiquent que les divers systèmes de fibres sympathiques sont intéressés par la lésion et il serait peut-être plusexact de décrire ces plaques comme des plaques d’aréflexie sympathique. Il n'en est pas moins établi que c'est l'absence du réflexe pilomoteur qui en a fait découvrir l'existence et qui chez les deux premiers blessés a fait découvrir des zones d'anesthésie qui auraient pu échapper à un examen rapide de la sensibilité. Ces plaques d'aréflexie permettent d’af- firmer l'existence d’une lésion sur tel ou tel nerf, sur tel ou tel filet ner- veux; c'est pourquoi la connaissance de ce fait n’est pas seulement utile dans les cas de blessure, mais encore dans les affections les plus diverses qui au cours de leur évolution sont susceptibles d’englober, d'irriler ou de détruire un ou plusieurs nerfs. De la ‘situation de la plaque d’aréflexie on peut tirer des indications uliles sur le siège de la lésion. LES TROUBLES DE LA RÉFLECTIVITÉ PILOMOTRICE DANS LE ZONA, par ANpRÉ-Tnomas. _ La symptomalologie du zona est faite de deux éléments principaux : l'éruption zostérienne et les troubles sensitifs. Les troubles sensitifs sont sous la dépendance des lésions du ganglion rachidien et de la racine postérieure, aussi bien dans son bout central que dans sôn bout périphérique. N'est-ce pas à la lésion directe des fibres vasomoirices.et par conséquent du système sympathique qu'il faut attribuer l'appa- rition des tronbles circulatoires et des vésicules d’herpès? Cela ne fait aucun doute! 11 était donc intéressant de rechercher comment se com- porte le réflexe pilomotèur dans le zona. Voici les résullats obtenus dans six cas. J. — Zona localisé dans le territnire de la IIe et II racines cervicales gauches, chez un vieillard de soixante-dix-huit ans. Examen, cinq mois après l'apparition de l’éruption qui fut très confluente. — Douleurs tenaces et très péuibles, qui s’exacerbent par le frôlemeut et le pincement de la région mala le. La piqûre est au contraire bien supportée et senlie moins vivement que du côté sain. ° La chair de poule provoquée par le pincement da trapèze, par le soulève- ment de la chemise, est beaucoup plus discrète et fait complètement défaut par places dans le territoire des IT° et III racines cervicales gauches. 1106 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IE. — Zona localisé dans le territoire de La XI° et XIIe racines dorsales et 1° lombaire gaurhes, chez une femme âgée de soixante-huit ans. Examen, trois mois après l'apparition de l’éruption. — Douleurs persis- tantes et très pénibles avec exacerbations nocturnes. La piqûre est sentie plus douloureusement dans le territoire de la XII° racine dorsale et de la re racine lombaire, mais quelques places sont muins sensibles. Le pinceau est moins bien senti. ; La chair de poule provoquée par l’excitation cervicale manque en avant sur une larze plaque qui répond surtout au territoire de la XIIe dorsale et de Ja 1° iombaire, en arrière sur une plaque un peu moins grande correspon- dant au territoire des mêmes raciués. Ces deux plaques se réunissent latéra- lement. La réaction locale existe mais est moins vive au niveau des plaques d’aréflexie. Le dermograph sme laissé par le passage du doigt est moins marqué au niveau de la plaque antérieure. La peau est plus troide dars une zone qui comprend la plaque aréflexique postérieure. Aucune différence dans la sécrétion sudorale, mais la malade ne transpirait pas au moment de l'examen. L'attention est en outre attirée par la plus grande intensité du réflexe pilomoteur sur la paroi abdominale gauche au-dessus de l’éruption zosté- rienne. III. — Zona localisé dans le territoire du VII® nerf intercostal droit, chez une femme âgée de soixante-six ans. Examen, sept ans après l’éruption. — Douleurs persistantes. Sensibilité au tact et à la piqûre très diminuée dans le territoire de D?, DS, D°. Le pince- ment n'est guère plus sensible à ce niveau. Lorsque la malade est découverte, la chair de poule apparaît aussitôt sur tout le corps. mais beaucoup plus accentué du côié malade, particul èrement dans la rég'on siluée au-dessus de l’éruption. Au cours de J’exam:n, sous diverses influences, la différeuce entre les déux côtés s’accentue. Par contre, sur une large plaque située au niveau et dans le voisinage de l'éruption, la chair de poule fait complètement défaut. Les résultats sont les mêmes quand on provoque le réflexe en exci ant la résion cervicale. Aucune différence dermozuraphique. Au moment où on découvre la milale, la moiteur est très nette sur le territoire du VILIe nerf, tandis qu'elle fait complètement défaut ailleurs. . IV. — Zona localisé dans le territoire des VI et VII nerfs intercostaux, chez une femme âgée de trente-cinq aus. Examen, deux ans après l’éruption, qui a été très discrète; il ne subsiste que quelques rares cicatrices blanchâtres dans la région dorsale. — Douleurs persistantes. La sensibilité à la piqûre n’est pas altérée. Le réflexe pilomoteur par excitation cervicale ne fait défaut que sur deux petites plaques situées à une certaine distance des cicatrices, La réaction locale proluite par le passage du doigt est elle-même moins marquée au nivean de ces deux plaques. Sur l'une d'elles le pincement est plus dou- loureux. | SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1107 V. — Zona localisé dans le territoire des IIIe et IV® nerfs intercostaux droits, chez une femme âgée de soixante-six ans. Examen, deux mois après l’éruption, qui a été très confluente surtout dans le territoire du IV® nerf intercostal. — louleurs encore très vives, revenant par crises. La sensibilité à la piqûre «st abolie au niveau de l’éruption, encore très diminuée au-dessus et au-dessous. La zone hypoanalgésique couvre les territoires D?, D*, D#, D°, DS. Au contraire, dans toute ceite zone, le frôlement est beaucoup plus douloureux que du côté sain et le pincement y est extrêmement pénible. : Dès que l’on découvre la malade, la chair de poule est nettement plus accentuée du côté atteint, dans toute l'étendue de la région cervicale et sus- mammaire, ainsi que dans la région sous mammaire, mais au voisinage de l'éruption le réflexe pilomoteur est plus faible et manque même par places. Il en est de même lorsque le réflexe est provoqué par l'excitation cervicale. La ligne rouge produite par le passage du doigt est plus marquée et plus persistaite au niveau de l'éruption, mais au repos la peau est déjà plus colorée au même niveau. La malade transpire abondamment sur tout le corps, sauf en avant et en arrière sur une large bande comprenant l’éruplion, mais la débordant en haut et en bas. Pendant l'examen, la température est la même sur les deux côtés : mais la malade dit avoir const:té plusieurs fois que la température élait plus élevée dans la région douloureuse. | NI. —- Zona localisé dans le territoire des [T° et IIIe nerfs intercostaux droits, chez un homme âgé de ciuquante-cinq aus. : Examen, pratiqué le jour même de l’éruption et les jours suivants. ee Doul ur: lésères et démangeaisons. Éruplion discrète, sensibilité à la piqüre trè- diminuée dans le domaine de D?, D*. Dès que la chemise est enlevée, la chair de poule apparaît plus accentuée sur le côté droit (cou, thorax, membre supérieur). La différence avec le côté sain s’accentue encore quanii on excite symétriquement la région cervicale. Cependartit la réaction fait défaut au niveau et dans le voisinage d'un bouquet situé sur l’épine de l’omoplate. Quand on promine l'aiguille sur le thorax, le réflexe devient plus fort dans les zones qui réagissent quand la pointe fran- clut la zone d’hypoesthésie pour entrer dans {3 zone normale. Les troubles du réflexe pilomoteur se sont done montrés constants dans ces six cas de zona. L’arétlexie en plaques n’a manqué dans aucun cas dans le territoire de l'éruption zostérienne; l’exagéralion du réflexe sur une cerlaine étendue du tronc, à distance du zona, existait dans quatre cas. L'uréflexie en plaques coexistait avec d'autres troubles sympathiques, vaso moteurs, thermiques, sudoraux. Ces divers troubles n’ont pas \ forcément la même topographie. La plus grande étendue des troubles seusitifs par rapport aux {roubles sympathiques, leurs variations (anesthésie, hypoesthésie,hyperesthésie), 1108 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE l'indépendance topographique des divers troubles sympathiques entre eux et vis-à-vis des troubles sénsitifs (les aires d’aréflexie pilomotrice peuvent être indépendantes des bouquets éruptifs), contribuent a démontrer que la lésion initiale siège dans une région où les divers sys- tèmes de fibres affectées à l’innervation d’une aire déterminée de la peau ne sont pasencore groupés dans un filet nerveux, que la lésion initiale, en ce qui concerne le système sympathique, est irrégulièrement distri- buée sur le trajet des divers ordres de fibres appartenant à ce système. De nombreuses recherches ont démontré la constance des lésions du ganglion rachidien dans le zona, mais c'est à d’autres lésions de voisi- nage distribuées sur le système sympathique qu'il faut attribuer lappa- rition de l’éruption et tous les autres troubles sympathiques, parmi les- quels l’aréflexie pilomotrice est si facile à mettre en évidence. L'hypertonie et l’exagération de la réflectivité pilomotrice au voisi- nage du zona doivent retenir l'attention, mais elles sont d’une interpré- tation plus délicate. | GLYCÉMIE ET ACÉTONURIE, par H. CuABANIER. C'est un fait connu que le diabétique et le sujet sain privés d'hydrates de carbone ne tardent pas à préseater une forte acétonurie, de gran- deur semblable, témoin de l'insuffisance du métabolisme des hydrates de carbone. Ajoutons que le déclenchement de cette acétonurie est brusque, que le phénomène est d’une observation facile : c’est dire que l'apparition de l’acétonurie peut constituer un critère expérimental com- mode de l'établissement d’un métabolisme insuffisant des hydrates de carbone. Nous avons choisi ce repère pour étudier le trouble du méla- bolisme des hydrates de carbone entraîné par ure chute artificielle ie la glycemre. | | Cette chute de la glycémie étaitelle-même obtenue par la suppression des hydrates de carbone. Comme le montrent, en effet, les quelques observations qui suivent, et contrairement à une opinion anciènne qui remonte à Cl. Bernard, la suppression des hydrates de carbone entraîne une chute nette de la glycémie, aussi bien chez le sujet normal que ehez le diabétique. : ; En définitive, nos expériences ont done consisté à étudier paraile- lement les variations de la glycémie et le déclenchement de Facétonurie chez le sujet normal et chez le diabélique soumis à un régime exempt d’hydrates de carbone, dans lespèce le coagulum de 3 litres de fait privé de son sérum. Des observations nombreuses (une centaine , SÉANCE DU 25 OCTOBRE 1109 environ) nous ont montré la parfaite régularité et la constance des faits dont nous allons donner quelques exemples : ce Û vous Lame nées aug GE Lago | aout À A à urinaire p. 1.009 |diacétique|] | I. — Sujets normaux. ADR Lier Ordiu. sucré. PME | 0,90 ? () 2e 24 h. coagulum. 0,97 0,27 0,256 + ; 3e 48 h. coagulum. D tee | AE EE LH EE 0,300 ++ 4e 4 h. ord. sucré. JOUR RAA ERA 0,060 k ue ue Ordin. sucré. 1241 0,23 0,005 6 2e DAAN ECO a PLU TN EAN Re EE Re ON (09 (è 3e 4S h. coagulum. QD A er) 0,420 + î 4€ 72 h. coagulum. DSSG AR RARE 0,440 +++ 5° DAPRLLONR SUCER ne A at 0,044 + 6e LONDON SUCRÉS) ER APE PAR Rs 0,020 2 Te 12 h:'ord. sucré. OR CRE 0,006 0 S é 7 | L 3 Lieb.....| der! Ordin. sucré. - LT RS RS 0,005 () 6e 5 j. coagulum. BE LA AE AE 0,220 +++ 7e DENT ESUCr ES AE PAR RONA Re 0,010 | 0 ge 48 h. ord. sucré. | RAT AE ER Eee 0,107 0 4. Fore.…| 4e Ord. sucré. | 0,92 3,15 0,003 0 DEP EN ADiÈte EOtAle A NO PER ERA AA EENE 0,007. () | 3e | 48 h: Diète totale. | 0.80, 9,183 sers %e | 72 h. Diète totale. |: 0,73 0,70 D S0ON | EI $ Be R. ordin. sucré. | 40 18,2% 0.103 0 à 6e R. ordin. sucré. | 1,06 5,95 0,002 (L Il: — Diabétiques. OMR cp er Ordin. sucré. 1,97 28.05. | 0,001 0 2e 2% h. coagulum. 1.64? 22,560 0,002 0 ; 3e 48 h. coagulum. 4,20 6,40 0, 010 À 4e 12 h. coagulum. 4,09 0,70 0.068 a. 5e 2 Horde sucré | 01107 25,50 0,068 ? Ge 48h: ord. sucré. | | 1,54 9, 729 0,002 0 | AR den Ordin. sucré. | 2,15 236,32 | 0,006 0. JADE Dh coagulun. | | Leg ne 0,090 + 3e | 48 h. coagulum. | 4,55 5,98 0,700 sise 4e 2%/h- ord. sucré: | 2120 135,20 0,010 (] 3. Bra.….…| ler | Ordin. sucré. | 2,36 12,50 | 0,068 0 15 2e | 24 h. coagulum. | 2,09 5,30 0,024 + 3e DANhrorTdE Sucré CEST 23,00 0,010 ? 4° 48 h. ord. sucré. | 9,44 22,00 0,008 0 F] 1110 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE GLUGOSE | AGÉTONE | ACIDE | urinaire p- 1109 |diacétique RÉGIME GLYCÉMIE Ordin. sucré. (gel 60 | 0,00% 0 . coagulum. 59% 0,090 —- . cCoagulum. : A 0.280 +++ : Sucré. ; 0,030 ces . Sucré. ISO à 0,003 (0 Ordin. sucré. / 0,010 24 h. coagulum. ; 0.102 4$ h. coagulum. 0,220 24 h. sucré. FUGE ie 0,004 Ordin. sucré. #4, 0,0015 24 h. coagulum. 48 h. coagulum. 24 h. sucré. Ordin. sucré. . Sans sucre. . Coaguluu. . coazulum. . Sucré. h. sucré. . abondant. din. + glucose. rdin. + glucose. Ordin. sucré. 2% h. coavulum. 2% h. o:din. 11525 94h. + sucré. : 982,80 Une double constatation se dégage donc des faits qui précèdent : 1° La glycémie d’un sujet normal ou diabétique diminue nettement lorsqu’on le prive d'hydrates de carbone; 20 Chez le sujet sain, comme chez le diabétique, il existe un taux de la glycémie ou glycémie critique pour lequel le métabolisme des hydrates de carbone cesse d'être normal, et l’acétonurie se déclenche. Nous chercherons à dégager l'intérêt de ce taux critique dans une prochaine note. ë Le Gérant : O. PORÉE. — - Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MArgTnEux, directeur, 1, rue Cassette. 1111 SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1919 Bazar (P.).: Sur un cas de sur- vie d'utérus de femme parturiente. Boquer (A.) : Sur les effets des injections intraveineuses d'hydro- SDISATERSÉlOS CERN RL Carnor (P.), Gérarv ({P.) et Mois- SOnNiER (Mile S.) : Résultats diffé- rents des dosages par l’hypobro- mite et le xanthydrol, chez les grands AZOLEMIQUES EN EL ER eee ser. CHABANIER (H.) : Un critère expé- rimental du diabète : la glycémie CHU EE ete ie lo CLuzer (J.) : Étude électrocardio- -graphique et radioscopique du cœur des athlètes * Nicozas (J.) et Favre (M): nites spirillaires primitives et vé- gétations génitales Nrcozce (Ca.), BLANC (G.) et Caïr- LON (L.) : Sur la valeur de la réac- . tion de l’indol Pezzi (C.) et CLerc (A.) : Action de la quinine sur le cœur du chien. Prérox (H.) : De la loi de varia- tion des temps de latence en fonc- tion des intensités excitatrices pour les sensations auditives. . . . . .. Rerrerer (Éo.) : Testicules des vieillards + = + + + + + e + 0000 PO IOUO MO TETE EE À Malle flotte meie ie ie) lerUene {sc s LUE 1127 1136 1121 1116 SOMMAIRE RoGEer (H.) et LÉvy-VaLEnsr : Re- cherches comparatives sur Les albu- mines du sang et des expectora- À KO DES SERA CRC AE AS NS A se RENE 1132 SÉZARY (A.) : Vaccinothérapie in- tensive dans le rhumatisme blen- HDOFRASTOUE ANR EAN Er I S AN (EERI TurcHinr (J.) : Coloration vitale du chondriome des cellules sécré- trices du rein au cours de l'élimi- : nation du bleu de méthylène . . . . 1134 Réunion de la Société belge de biologie (11 octobre 1919.) Bayer (A.) et Scosse (A.) : L’in- toxication arsenicale dans les in- dustries de la houille et de ses dérivés (intoxication houillère arse- NCA) PAM NCAA ER Boroer (J.) : Recherches sur la coagulation du sang. Formation du sérozyme en l'absence de fibri- 1t4% TO DÉTERMINER NA et 1139 GevOgLsT (L.) : Un genre nouveau HONSDAMOED" aie 0 oNe 6e Ne die LAS LE FÈVRE DE Arric : Action des colloïdes métalliques sur la toxine diphtérique Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. VACCINOTHÉRAPIE INTENSIVE DANS LE RHUMATISME BLENNORRAGIQUE, par À. SÉZARY. La plupart des auteurs qui ont trailé le rhumatisme Eiennorragique par des vaccins anligonococciques reconnaissent leur efficacité, mais ils ont souvent constaté qu'elle était incoustante ou seulement incom- plète. La méthode semble donc bonne, mais non parfaite. Nous avons Brocoa1e. COMPTES RENDUS. — 1619, T. LXXXII. 80 4112 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE pensé qu'en perfectionnaut la technique on obtiendrait de meilleurs. résultats. : On peut se demander, en parliculier, si la quantité de gonocoques _injectée n’est pas insuffisante ou si ces microbes n’ont pas subi des trai- .tements qui diminuent leur pouvoir vacecinant. C’est pourquoi nous- avons étudié l’action du lipo-vaccin gonococcique, qui permet d'injecter en une seule fois une dose d’un antigène non altéré équivalente en moyenne à 500 doses des vaccins aqueux les plus employés. Dans deux communications antérieures (1), avec Le Moignic et Demonchy, nous avons donné la formule de cette préparation qui. contient 15 milliards de germes par centimètre cube ; nous avons étudié son action sur l'uréthrite blennorragique dont elle raccourcit l’évo- lution et nous a paru empêcher le passage à la chronicité., Nous avons également indiqué la technique, sur laquelle nous ne reviendrons pas: rappelons seulement que nous jugeons utile, Sinon nécessaire, d'obtenir une réaction générale qui, en aucun cas cependant, ne doit être intense. Les résultats que nous avons obtenus dans le rhumatisme blennor- ragique ont été excellents. Souvent, dès la première injeclion, la douleur s’atténue ou cède. Puis les phénomènes objectifs rétrocèdent progressivement, et généralement 15 jours après Le début du traitement, Particulation retrouve sa mobilité, sinon sa souplesse, normale. La guérison n'est acquise qu'après l'inoculation de 60 à 80 milliards de microbes, c'est-à-dire de 4 à 5 c. e. de vaccin, nécessitant 4 à 6 injec- tions selon la tolérance individuelle des malades; quelquefois une dose: supérieure à été nécessaire. La même action favorable a été notée dans l’arthralgie, l'hydarthrose, la monoarthrite plastique, la polyarthrite, qu'elles aient été ou non accompagnées de fièvre. Dans quelques càs, on voit survenir le lende- main de l'injection une poussée fluxionnaire dans l'articulation ; cette réaction locale est fugitive; elle est assimilable à la réaction de Herxheimer observée au cours du traitement de la roséole syphili- tique par les composés arsenicaux et démontre l’action spécifique du lipogon. Si l’on se souvient que le rhumatisme blennorragique est une affec- tion éminemment rebelle, entrainant souvent à sa suile des troubles fonctionnels ou des désordres analomiques graves, on ne peut nier qu'un progrès important a été réalisé par l'emploi du lipo-vaccin dans le traitement de cette complication redoutable de la gonococcie. On n'oubliera pas qu'une dose minima de 4 à 5 c. c. de vaccin est généra- lement nécessaire et qu'il faut répéter les injections jusqu à guérison complète. (4) Le Moiïgnic, Sézary et Demonchy. Société de Biologie, séances des. 23 mars 4918 et 8 février 1919. SÉANCE DU 8 NOVEMBIE 1443 SUR UN CAS DE SURVIE D'UTÉRUS DE FEMME PARTURIENTE. Note de PAUL BALARD, présentée par V. PAcHoN. On sait que certains organes séparés du corps peuvent continuer à vivre et à fonctionner pendant un temps relativement assez long, quand on réussit à les mettre dans des condilions convenables. L'expérience a été faite, grâce aux méthodes des circulations artificielles, d'abord avec le cœur des vertébrés à sang froid et elle est réalisée aujourd’hui d'une façon classique par la perfusion des coronaires avec Le cœur des mammi- fères. Aussi bien, savons-nous également que l'utérus gravide est un des nombreux organes (cœur, foie, rein, uretère, œsophage, estomac, intestin) sur lesquels les expériences de survie peuvent être réalisées; pourtant, jusqu'ici, les recherches sur ce point, tout au moins en France, ont été assez limitées. Néanmoins, les traités d’obstétrique signalent que le muscle utérin, comme tous les autres muscles lisses, est encore vivant après la mort, et quil est susceptible de se contracter un certain temps après la cessation des battements du cœur. Sans prétendre à une bibliographie complète, rappelons les travaux déjà anciens de Kehrer (1) : cet auteur avait noté que la corue d’une lapine en travail de parturition, extirpée après ligature préalable des vaisseaux, présente des contractions rythmiques pendant un temps assez long, d’une demi-heure à une heure, et quelquefois davantage, si on a:pris soin de la maintenir à une température de 33° à 40°. Kurdinowski (2) a pu suivre également sur un utérus de lapine les diverses phases de l’accouchement. D'un autre côté, Chidichimo (3) a pu observer des contractions sur un utérus enlevé pour fibromes multiples. Enfin, Scharpenack (4) a rapporté l'observation d'un utérus gravide et cancéreux, enlevé par le procédé de Wertheim, et qui fut trouvé en travail quatre heures après l'avoir mis dans la glace. Nous avons eu l'occasion d'observer récemment un cas analogue de survie spontanée d'ulérus de femme parturiente. Il s’agit d’un utérus gravide de six mois et demi, accompagné d’une volu- mineuse tumeur fibromateuse prævia enclavée dans le petit bassin. L’opé- ration a été pratiquée le 26 mai 1919 par le D' Lacouture sur une malade (1) Kehrer. Beiträge für vergleichende und experimentelle Geburtskunde, 1864. (2) Kurdinowski. Centralblatt für Physiol., 4904, p. 3. (3) Chidichimo. Contractions utérines et centres moteurs de l'utérus. Arch. italian. di ginecol., 1904, n° 4. (4) Scharpenack. Centralblatl Für Gyn., 1905, p. 877. A1LZ SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE entrée en travail prématuré à la Clinique obstétricale de la Faculté de Bordeaux. La pièce, on peut s’en rendre compte sur la figure 1, était composée de deux tumeurs juxtaposées de volume presque égal, la tumeur supérieure représen- tant l’utérus légèrement incliné dans le flanc droit et adhérent par son bord droit au fibrome sous-jacent. Le col situé du côté gauche était inaccessible au LAN ARE A ER din é mo 9e eJtaux 2 Be T, Home pavia Fi. 1. — (Schéma de la nièce opératoire. Utérus gravide de 6 mois et demi avec fibrome prævia, aussitôt après l'opération. toucher vaginal, étant situé en avant et : gauche, très au-dessus de la sym- physe pubienne. Le col très ramolli, n'ayant plus sa longueur normale, ne présentait aucune trace de dilatation. Un léger coup de ciseaux, entraînant une brèche de 1 centimètre, fut donné sur la lèvre gauche du col. Il se forma ainsi un petit orifice de 3 centimètres de diamètre à travers lequel on aper- cevait la tête du fœtus. La pièce fut déposée dans un plateau et. resta à l’air à la température ambiante de 20° environ. | Pendant ce temps, la contractilité continuait à se manifester et, huit heures après, l'utérus avait expulsé spontanément la tête et le membre supérieur gauche du fœtus. La photographie ci-jointe (fig. 2) rend compte très exacte- 2 SÉANCE. DU 8 NOVEMBRE ALLS ment des résultats du travail utérin : grâce aux contractions répétées, l'ori- fice du col artificiellement agrandi s'était progressivement dilaté et la déchi- rure amorcée aux ciseaux s'était, du reste, légèrement augmentée. En lui-même, ce fait démontre une fois de plus que la contraction ulérine peut continuer à se manifester après la mort. Ainsi s'expliquent Ta2 à l'ulerug 07 ; è { À l ; . 2 oo sie 327 Core : de eue. _ ÿ ss : k Zacÿion plate { : : E ue fe / Trbiome frere, : Fic. 2. — Photographie de l'utérus, huit heures après l'extirpation. Le fœtus a été expulsé spontanément à travers le col, très légèrement agrandi d’un coup de ciseaux. quelques cas rapportés dans la littérature obstétricale, concernant des accouchements post mortem survenus peu de temps après la mort-de la parturiente. Mais, dans un autre ordre d'idées, la persistance de ces contractions démontre en outre l'autonomie fonctionnelle de l’utérus gravide. D'après cette seule observation, il ne nous est pas possible de nous permettre > 1416 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une interprétation catégorique de cet automatisme. Là, comme dans le cœur, deux mécanismes sont possibles; un mécanisme nerveux et un mécanisme musculaire, homologues l’un et l’autre de la théorie neuro- gène et de la conception myogène de l’automalisme cardiaque. L'excitation peut être, en effet, à point de départ ganglionnaire et l'évacuation utérine sous l'influence de‘l'activité propre des ganglions sympathiques intra-utérins, aujourd'hui bien connus. On peut penser, au contraire, que le muscle peut se suffire à lui- même : son excitant serait alors soit la distension (comme pour le cœur), soit des modifications du milieu intérieur (action de l'acide carbonique, comme le soutenait jadis Brown-Séquard) | 1]. À vrai dire, à l’heure actuelle, s’il est difficile d'établir l’excilant qui met en jeu la propriété neuro-musculaire de lutérus, il n’en est pas moins établi que cet organe trouve en lui les’ conditions et les moyens de régulation de son fonctionnement. DE LA LOI DE VARIATION DES TEMPS DE LATENCE EN FONCTION DES INTENSITÉS EXCITATRICES POUR LES SENSATIONS AUDITIVES, par Herr PréRoN. Au cours de mes premières recherches sur la décroissance des temps de latence sensorielle, corrélative de l'augmentation des intensilés d'excitation, je m'étais adressé, pour les sensations auditives, à l’acousi- esthésimètre de Toulouse, comme appareil d'excitation. Malheureusement, ce dispositif, basé sur la chute, d’une hauteur crois- sante, de gouttes d’eau distillée sur une plaque métallique fournissant un son complexe avec prédominance d'une certaine fréquence vibratoire, ne permet pas une mesure facile des intensilés d’excitation (2) ; la loi de variation des intensités en fonction de la hauteur de chute n'est pas connue; il en à été proposé plusieurs, d'origine théorique ou empi- rique (3); moi-même ai cherché à faire des délerminations expérimen- tales de la relation entre les deux termes, d'une part en enregistrant (1) Brown-Séquard. The medical Examiner. Philadelphia, 1853. (2) En outre, les vibrations de la plaque s’amortissant progressivement, l'intensité ne peut garder un niveau fixe pendant un temps même très court ; on utilise dès lors une excitation complexe, permettant la sommation pendant un temps variable, et qui dépend de l'amplitude vibratoire initiale. (3) Théoriquement la loi devrait être simple; l'intensité devrait être pro- portionnelle à la hauteur de chute si toute l'énergie dépensée était tran for- mée en énergie vibratoire, ce qui n’est pas le cas. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1117 [l -graphiquement l'amplitude des vibrations, d'autre part en déterminant la distance d’audibilité pour différentes hauteurs de chute. Mais les résultats obtenus par ces deux méthodes ne concordaïent aucunement, -ce qui s'explique, étant données les causes d'erreur. En fait, en admettant que la deuxième méthode donnât les résultats les plus exacts, j'avais cherché à établir la loi de variation des temps de latence auditive et avais dû faire appel à une formule anormalement compliquée (1). _ J'ai donc repris cette recherche en me basant sur une méthode plus satisfaisante. Comme source sonore, j'ai utilisé la lame vibrante (1.000 v. d.) du chronoscope de Hipp en marche, source très sensiblement constante, la vibration étant mécaniquement entretenue, et permettant une durée d'excitation indéfinie, sans limitation de ce chef de la durée de som- mation ; j'ai fait varier l'intensité en modifiant la distance de la source sonore à un transmetteur téléphonique, dont le centre était sur le même plan horizontal que la lame, à partir d’une distance maxima correspon- -dant au seuil d’audition, pour une intensité déterminée et fixe du cou- rant passant dans le circuit téléphonique. Le sujet, pour ces expériences, est placé à assez grande distance, de . manière à ne pas entendre directement le son excitateur, avec deux récepteurs téléphoniques fixés contre les oreilles. L'expérimentateur fait partir le chronoscope, et, à un moment donné, ferme le circuit téléphonique ; dès que le sujet entend la vibration de la lame, il réagit et arrête le chronoscope. Au moment de la fermeture du circuit, il se produit un léger bruit de claquement, qui paraît très anté- rieur au son excitateur aux environs du seuil à cause du retard de la sensation, de la longueur du temps de latence; pour les intensités fortes, le bruit est au contraire masqué par le son excitateur qui est alors simultané. Mais en aucun cas il n'y a de confusion possible. Pour assurer une constance maxima des réactions, le sujet était pré- venu par un éclat bref d'une lampe, formant signal préparatoire, puis, _juste trois secondes avant l'excitation, par un allumage fixe; il pouvait ainsi réaliser un effort d'attention maximum au moment voulu. Dans ces conditions, la variation moyenne a été inférieure à 7,6 p. 100. ' La distance liminaire ayant été déterminée, les expériences ont com- porté des excitations à cette valeur liminäire, puis à des distances telles que l'intensité fût un multiple de cette valeur (de 4 seuil et demi à -400 seuils). (1) Cf. H. Piéron. Recherches sur les lois de variation des temps de latence sensorielle en fonction des intensités excitatrices. Année psychologique, d. XX, p. 48. 1118 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE La décroissance des temps de latence se fait avec chute plus rapide que ne le comporterait l'interpolation par une branche d’hyperbole asymptote aux axes des coordonnées. (1 EEE 5 Ê Adoptant mon type de formule en ni j'ai constaté que l’interpolation était satisfaisante en faisant n —2. Mais une interpolation par la for- mule en qui se trouve déduite de la loi d'Hoorweg- Weiss pour les a i—b à à .lemps d'action des excitations (1), s’est montrée plus satisfaisante encore, comme on peut le voir d'après les chiffres suivants, où l’on trou- vera, pour les intensités excitatrices à évaluées én multiples de l’inten- silé luminaire, les chiffres observés t, (en millièmes de seconde) et les chiffres calculés d’après les deux formules t, et £, (2). 1208 DRE = 24% : Lo b— 0,70 ie k = 197 Lib Rp 10 t ( a ÉCARTS ba _ ÉCARTS - ABSOLUS ABSOLUS L 490,5 490 + 0,5 490 + 0,à 11,5 306,1 32752 — 21,1 306,0 + 0,1 2 263,6 270,2 - — 6,6 264,6 — 1,0 4 234,1 DAS + 18,8 2236 + 10,5 5 215,8 208,7 + 7,1 217,4 — 1,6 10 208,8 4199°9 + 8,9 206,4 + 2,4 PASINES 199,0 1983 + 1,67 199,9 — 0,9 100 203,0 197,02 45,08 197,8 nb 400 198,0 197,06 + 1,0 ACTA + 0,8 Écart moyen Écart moyen p- 100 p. 100 3,1 0,68 Les sensations auditives, comme les sensations cutanées dues à une excitation électrique, admettent donc la validité, en première approxi- mation, d'une formule déduite de la loi d'Hoorweg-Weiss : #— a + bt. (1) Cf. H. Piéron : Du rôle joué par les pertes physiologiques d'énergie dans la relation qui-unit le temps de latence sensorielle à l'intensité de l’ex- citation. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1919, t. 168, p. 1123. (2) Nous adoptons ici, pour désigner l'intensité et le temps, les symboles i et { à la place des symboles x et y que nous avions utilisés jusqu'ici. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1119 ÉTUDE ÉLECTROCARDIOGRAPHIQUE ET RADIOSCOPIQUE DU COEUR DES ATHLÈTES, par J. CLUZET. Ces recherches, qui ont été effectuées avec l’aide de MM. Badin et Gosswiller, ont porté sur 8 sujets très entrainés, dont 4 moniteurs au CRIP de la XIV° région et 4 athlètes civils. L’électrocardiogramme était recueilli en utilisant la dérivation « main droite-main gauche », les sujets étant assis devant les électrodes impolarisables. Pour les examens radioscopiques, l'écran était à 2"50 de l’anticathode; aussi, l’image du cœur n'était pas notablement agrandie; le « contour » était tracé rapi- dement, pendant une inspiration profonde du sujet. Un premier examen était effectué avant la séance d'entraînement, et celle-ci avait lieu de telle sorte que le sujet fournissait son effort maximum et pouvait être examiné aussitôt après. I. — En comparant les électrocardiogrammes obtenus avant l'effort avec ceux obtenus après, on constate sur ces derniers deux modifica- tions bien caractérisées : un rapprochement des groupes d'ondulations principales, correspondant à une fréquence deux à trois fois plus grande des révolutions cardiaques, et une augmentation d'amplitudes des ondulations secondaires du tracé. À propos des ondulations principales, il y a lieu d'observer que les ondulations ventriculaires gardent la hauteur qu’elles ont avant l'effort, hauteur qui est d’ailleurs très variable selon les sujets. L’ondulation auriculaire, lorsqu'elle se distingue nettement, occupe par rapport aux ventriculaires une situation normale. L'augmentation d'amplitude des ondulations secondaires, qui donné aux tracés oblenus après l'effort un aspect « tremblé » très caractéris- tique, pouvait être due soit à la fibrillation de l'oreillette, soit à une augmentation des variations électriques des muscles des membres supé- rieurs, interposés dans la dérivation « main droite-main gauche ». Or, après avoir fait exécuter les exercices ordinaires nous avons fait accom- plir divers exercices (sautillements sur place, mouvements de cycliste, le sujet étant couché sur le dos) auxquels ne participaient pas les muscles des membres supérieurs. Les tracés, obtenus alors ont des ondulations secondaires beaucoup moins accusées et l'ondulation auri- culaire apparaît à peu près constamment à sa place normale. I: — Au repos, la forme et les dimensions de l’aire cardiaque sont sensiblement normales. Cependant, le diamètre transversal est, chez 6 de nos sujets, au-dessous de la dimension moyenne qu'ont les sujets [ 4120 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de même taille, si l’on s'en rapporte aux nombres obtenus par Clayton et Merrill. La comparaison des téléradioscopies montre que chez tous les sujets l'effort s'accompagne d’une réduction importante de l'aire cardiaque; en particulier, le diamètre transversal diminue et la région de la pointe s’arrondit en se contractant. La surface a été évaluée en centimètres carrés par la méthode des pesées. Voici quelques résultats : DIAMÈTRE SURFACE transversal (cent. carrés} Dr..., 17 ans et demi. Taille 170; poids, 65 kilogrammes. AVE ae AAA DR EU VRP EU AE dc AE 415 Après une course de 400 mètres, en 57 secondes . . 10,3 92 Différences. . ... 1,8 23 \Cou..., 19 ans et demi. Taille 1"65; poids, 66 kilogrammes. AVAL TES He NP eee MA tes Lots 11,8 412 Après une course de 400 mètres, en 59 secondes . . 11 95 Différences. . - : . 0,8 17 Cam..., 27 ans. Taille, 1"68 ; poids, 64 kilogrammes. Eu EU EN DE NM ED Re de LE GR UE CU 103 Après dlabDoxer (Di rOUNCS) He NC MERS AURtS AR et Ut 8 Différences ms 2,4 ts Il est à remarquer en outre que la pression artérielle, mesurée au Pachon, ne variait pas notablement, en général, sous l'influence de lPeffort. En résumé, chez les 8 athlètes dont nous avons recueilli l'électrocar- diogramme, l'effort maximum s’accompague seulement de tachycardie, sans aucun trouble du rythme fondamental du cœur; les révolutions cardiaques sont deux à trois fois plus fréquentes ; mais elles sont com- plètes. Lorsque les muscles compris dans la dérivation du courant car- diaque ont participé à l'exercice d'entrainement, les tracés présentent une augmentation d'amplitude des ondulations secondaires. L'effort s'accompagne en outre d'une rétraction importante de l'aire cardiaque observée à l'écran radioscopique; de dimensions déjà infé- rieures, souvent, à la moyenne, le cœur des athlètes paraît encore se condenser pour accomplir l'effort. (Travail du Service de Physique biologique, ladiologie et Physiothérapie de l'Université de Lyon.) SÉANCE DU 8 NOVEMBRE i 1124 UN CRITÈRE EXPÉRIMENTAL DU DIABÈTE : LA GLYCÉMIE CRITIQUE, par H. CHABANIER. L'enseignement des faits contenus dans une précédente note (1) nous paraît être le suivant : chez le sujet sain comme chez le diabétique il existe une glycémie critique, c’est-à-dire un taux de ia glycémie au-dessus duquel le métabolisme des hydrates de carbone est normal, au-dessous duquel il est insuffisant. En d’autres termes la glycémie critique est la glycémie minima que puisse se permettre un sujet donné normal ou diabétique pour que son métabolisme des hydrates de car- bone soit encore normal. Mais si les phénomènes sont qualitativement les mêmes chez le sujet sain et chez le diabétique, ils sont en quelque sorte amplifiés chez ce dernier : tandis, en effet, que chez le sujet normal l’acétonurie se déclenche pour une glycémie de 0,85, 0,80 environ, chez le diabétique le taux critique est plus élevé : 4,20 ; 1,89; 2; 2,30; 2,50 ; 3,02; 3,88 ; 6,90 ; 7,50; pour ne citer que les glycémies critiques observées dans les cas rapportés dans la précédente note. . Ces constatations expérimentales constituent une illustration de la théorie proposée par L. Ambard pour expliquer l’hyperglycémie des diabétiques. Dans cette conception, en effet, l'augmentation de la glycémie chez ces sujets représenterait le mécanisme compensateur du trouble du métabolisme qui constitue le diabète; en d’autres termes, l'hyperglycémie serait nécessaire chez le diabétique pour que son méta- bolisme des hydrates de carbone soit normal (2). Or les recherches qui précèdent montrent précisément que la glycémie"critique est plus . élevée chez le diabétique que chez le sujet normal, et d'autant plus que le diabète est plus accentué. Grâce à la notion de glycémie critique il devient donc possible de déterminer sans ambiguïté si un sujet présente ou non un trouble du métabolisme des hydrates, en d’autres termes, si un sujet est ou n'est pas diabétique : il est, en effet, logique de considérer comme normal un sujet dont la glycémie critique est inférieure à 1 gramme, et comme diabétique un sujet dont la glycémie critique est égale ou supérieure à un peu plus de 1 gramme, taux pour lequel un sujet sain présente tou- jours un métabolisme normal des hydrates de carbone. La glycémie critique étant uniquement fonction de l'état du métabo- lisme des hydrates de carbone, s’élevant lorsque ce dernier est troublé (4) Voir « Glycémie et Acétonurie ». Séance du.25 octobre 1919, p. 1108. (2) Ambard. Medicina, mars 1914 et Congrès de l'Association francaise d'uro- dogie. Séance du 11 octobre 1919. 1122 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE et d'autant plus que ce trouble est plus marqué, la glycémie critique, disons-nous, constilue un critère précis de l'intensité d’un diabète. _Il est à peine utile de faire remarquer que la simple recherche de la glycosurie ou de la glycémie fortuites ne peuvent permettre d’éta- lonner un diabète : l’une et l’autre sont, en effet, susceptibles de pré- senter, sous le simple effet d’une modification du régime, des variations non immédiatement en rapport avec le trouble même du métabolisme des hydrates de carbone, lequel, répétons-le, constitue l’essence du diabète. Recherchée de temps à autre chez un diabétique donné, la glycémie critique permet de suivre l'évolution du trouble du métabolisme des hydrates de carbone, et par suite d'en concevoir le pronostic : c'est ainsi qu'une de nos malades, qui avec une glycémie de 3 p. 1.000 avait un métabolisme normal des hydrates de carbone, présenta, deux mois après ce premier examen, une réaction intense de l'acide diacétique dans l'urine avec une glycémie de 6,21. Désireux de nous rendre compte que l’acétonurie était bien due à ce que la glycémie était insuffisante pour compenser le trouble du métabolisme du glucose, nous renfor- çcâmes le régime en hydrates de carbone, et alors, la glycémie s'étant élevée à 7,85, nous consratämes la disparition des corps cétoniques de l'urine. La glycémie critique était donc passée en deux mois d'une valeur inférieure à 3 grammes au taux élevé de 7,80 environ; sa recher- che a donc permis de jalonner avec précision l’évolution rapide du trouble du métabolisme des hydrates chez cette malade. Le critère que nous proposons présente un intérêt à la fois doctrinal. et pratique pour l'étude d’un certain nombre de questions dont nous citerons seulement celles dont l’étude nous paraîl le plus immédiate- . ment indiquée : C’est d’abord l'étude des variations du pouvoir d'utilisation du glu- cose en fonction d’un médicament : si, en effet, chez un diabétique donné soumis à cette médicaiion, l’on voit la glycémie critique devenir progressivement plus faible, il n’est pas douteux que cette médication diminue le trouble du métabolisme des hydrates de carbone. C’est ensuite l'étude du régime optimum pour un diabétique donné : il ne parait pas douteux, en effet, qu'il y ait intérêt à diminuer le plus possible l'hyperglycémie des diabétiques, mais cet abaissement de la glycémie devra être tel que le métabolisme des hydrates de carbone ne cesse pas d’être normal. Le repère proposé permeltra de voir jusqu'à quelles limites peut aller sans danger la restriction des hydrates de carbone. C'est enfin la question actuellement si confuse des petites glycosuries, notamment celles étudiées sous le nom de diabète rénal, dont nous dirons seulement ici que les unes semblent être le fait d'un diabète léger (tel le sujet Mal... de la communication précédente) et les autres SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 11923 d’un simple trouble de la maitrisation des hydrates de carbone, à l'exclusion de tout diabète (tel le sujet Forg..., même communica- tion (1). En définitive et provisoirement, le moyen d'étude pratique du trouble du métabolisme des hydrates de carbone qui constitue le diabète parait être le suivant : on met le malade à un régime riche en hydrates de carbone et on s'assure de l'absence des corps cétoniques. On diminue ensuite les hydrates de carbone de la ration, et, dès que l’acétonurie s’est déclanchée abondante, on détermine le taux de la glycémie, lequel n’est autre que la glycémie critique, dont les considérations qui précè- dent ont montré la signification. TESTICULES DES VIEILLARDS, par Ép. RETTERER. L'évolution des greffons testiculaires m'a montré divers faits que j'avais entrevus sur les testicules des vieillards. Aussi ai-je repris l'étude de ces derniers et voici les résultats que j'ai obtenus sur des vieillards de soixante-huit et de soixante-quatorze ans. La substance testiculaire des vieillards est molle. Pour la fixer et la durcir j'ai employé le mélange de formol et de liqueur de Muller. Les éléments épi- théliaux des tubes séminipares sont, comme nous le verrons, très friables ; aussi, pour avoir des coupes sans lacunes, faut-il, après imprégnation des pièces par la paraffine, pratiquer des coupes épaisses de 15 à 20 w. La plus grande partie des testicules vieux est formée non point de tubes, mais de cordons épithéliaux. En de nombreux endroits, peu étendus il est vrai, ces cordons ont subi, sauf dans leur assise interne, la transformation en tissu conjonctif fibreux. Les cordons épithéliaux ont un calibre de 0mm12 à Omm/5 ; ils sont séparés les uns des autres par des cloisons de tissu conjonctif fibrillaire à cellules abondantes et à noyaux en bâtonnet. Chaque cloison forme un tout unique d'un tube à l’autre et contient, au centre, les vaisseaux sanguins. Elle possède des cellules interstitielles, remplies, comme le montre le soudan III, d’un amas de granulations graisseuses. Je n’ai pu distinguer de véritable membrane propre entre la cloison et le revêtement épithélial. Ce dernier remplit tout le cordon, car la lumière centrale n’est indiquée que par une fente très étroite ou bien par une couche cytoplasmique transparente sous noyau. Le revête- ment épithélial est épais de Onm03 à 0m®05 et se compose de 5 ou 6 rangées de (1) Voir Congrès de l'Association française d’urologie, séance du 11 octobre 4919, et H. Chabanier et Marg. Lebert. Soc. fr. d'urologie, séance du 21 juil- let 1919, 1124 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —— cellules nucléées. Le noyau de ces cellules est arrondi; dans les assises externes, il mesure 5 & ; dans les moyennes, il est de 5 à 6 » ; enfin dans les assises internes, il atteint 7 à 8 ». En d’autres termes, les cellules et leur noyau en particulier augmentent de volume de la périphérie vers le centre du cor- don. Le cytoplasma de ces cellules épithéliales est formé de granulations en série et disposées de facon à constituer ‘un réticulum serré, à mailles étroites, très pauvres en hyaloplasma. Le réticulum granuleux se colore à l'héma- toxyline, et l’hyaloplasma par la fuchsine acide. Quant aux régions qui ne semblent composées que de tissu fibreux et que nous appellerons {lots vésiculo-fibreux, elles possèdent également des cor- dons mais très réduits de calibre et avec une structure tout autre. On y voit, en effet, des cordons larges de 0m%02, 0®n03 ou 004 qui ne sont revêtus que d’une assise de cellules cylindriques et qui présentent une fente centrale; d’autres montrent 2 ou 3 rangées de cellules épithéliales, d’autres, enfin, surtout à la périphérie de l’ilot, offrent tous les termes de passage entre ces derniers cordons et les cordons épithéliaux décrits plus haut. Dans l'intervalle des cordons (des îlots), se trouve un tissu conjonctif dense, à fibrilles concen- triques aux cordons. Les cellules de ce tissu conjonctif sont caractérisées par le fait suivant : leur noyau est entouré d'une zone de cytoplasma clair de 3 à 4 p., tandis que la zone corticale est granuleuse et réticulée. Les mêmes cel- lules vésiculeuses se trouvent dans le revêlement épithélial des fn ins réduits qui existent dans l’ilot fibro- vésiculeux. Le développement de ces ilots vésiculo-fibreux est le suivant : dans les régions où il n'existe encore que des cordons à plusieurs couches de cellules épithéliales, certains cordons montrent, dans leurs couches externes, des noyaux entourés d’une zone claire périnucléaire et d’une zone périphérique devenant fibrillaire. À mesure que cette transformation se fait de la péri- phérie vers le centre du cordon, la cloison vésiculo-fibreuse épaissit et l'épi- thélium se réduit à 2 ou 1 assise cellulaire. Lorsque le processus s'étend sur un grand nombre de cordons, il se développe un îlot vésiculo-fibreux dont les cellules rappellent l'aspect et la structure des nodules vésiculeux de tissu de soutien, le sésamoïde du tendon d'Achille de la grenouille, par exemple. En résumé, dans le testicule des vieillards, l’épithélium des tubes sémini- pares continue à se multiplier pour produire des assises cellulaires à gros. noyaux. Ce revêtement non seulement persiste pour transformer les tubes en cordons, mais les cellules épithéliales deviennent vésiculeuses et se changent, de la périphérie vers le centre, en tissu vésiculo-fibreux. Résultats et crilique. — Pour Bichat, Cruveilhier, etc., le testicule devient mou et comme flétri dans la vieillesse; selon d’autres, Arthaud, Coyne, Riess, etc., le tissu conjonctif péri-vasculaire et péri-canalicu- laire s’hypertrophie, étrangle et étouffe les tubes épithéliaux qui dégé- nèrent. Le testicule prend ainsi de l'induration. D’autres encore sou- tiennent que les tubes se transforment en cordons épithéliaux, et admettent, avec Benda, que le testicule retourne à un état voisin de celui du jeune âge, comme si le retour de l’âge était un rajeunissement. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1125 L'existence des cordons, au lieu de use explique l'insuccès de Follin qui ne put faire pénétrer une masse à injection dans les tubes testicu- laires du vieillard. Maïs certains tubes continuent à élaborer des sper- matozoïdes, puisque Duplay, puis Dieu, en ont trouvé dans les vésicules séminales 68 fois sur 100 sexagéuaires, 59 fois sur 100 septuagénaires et 48 fois sur 100 nonagénaires. Desnos (1) en a vu dans les tubes séminipares même des vieillards. De plus, ilen a décrit l’épaississement de la paroi propre, ainsi que les cellules épithéliales dont les externes sont granuleuses et polygonales, les moyennes, granuleuses et sphé- riques, et les internes, granuleuses et à prolongements multiples. J. Griffiths (2) met tous les faits qu’il a observés dans les testicules vieux sur le compte de la dégénérescence et de l'inflammation chronique. L'unique assise de cellules hautes oa columnaires qu'il à vues dans les tubes réduits correspondrait à l'assise externe, tandis que les assises plus internes subiraient la dégénérescence graisseuse. Le tissu intertu- bulaire s’épaissit et la membrane propre s’hypertrophie également. Griffiths ne dit pas quel processus préside à-cet!e augmentation d’épais- seur. Cependant, il note expressément que les fibrilles de la membrane propre se continuent avec les fibrilles des cellules columnaires. Ce fait prouve, à mon avis, que la membrane propre est due à la transforma- tion des cellules épithéliales en éléments conjonctifs. Griffiths décrit bien et figure le cercle clair qui entoure le noyau des cellules épithéliales revêtant les tubes des ilots fibreux; mais il n’en a pas compris la signification. Depuis de longues années, j'ai (3) montré que, dans les tissus conjonctifs et épithéliaux, les cellules qui sont en suractivité nutritive ou en voie de transformation en une autre espèce cellulaire, acquièrent au cytoplasma clair autour du noyau (cellules vésiculeuses). Aussi ne puis-je partager l’opinion de Griffiths qui conclut à la dégénérescence de ces cellules épithéliales. Il est vrai qu'il admet la persistance de l'assise la plus externe dont les éléments prendraient une forme columnaire. À mon avis, c’est l’assise centrale qui subit ces changements morphologiques, pendant que les assises plus externes se transforment en tissu fibreux, lequel continue à posséder des cellules vésiculeuses (tissu fibr o-vésiculeux). Avec les progrès de l’âge, les cellules épithéliales du testicule s’enri- chissent en filaments hémaloxylinophiles et l'hyaloplasma, contenu dans les mailles du réticulum, prend de la fermeté et ne subit plus la fonte. Ces cellules ne dégénèrent nullement, car les plus internes s’accroissent pour former une assise très haute, tandis que les moyennes (1) Annales des organes génito-urinaires, 1886, p. 72. (2) Journal of Anat. and Physiology, t. XX VIL, P- 474, 1893. (3) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1916, p.1117, etibid., 12 octobre 1918, p-. 829. 1126 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE x r et les externes évoluent de facon à élaborer des faisceaux conjonctifs. En même temps, les noyaux de ces diverses assises s’entourent d’un cytoplasma clair (cellules vésiculeuses). Loin dé considérer ces phéno- mènes cellulaires comme des signes de dégénérescence, j'y vois les manifestations d’une évolution progressive. L’épithélium testiculaire ne forme plus que peu de spermatozoïdes, il est vrai; mais il est bien vivant, car il produit des couches épithéliales dont la plupart évoluent en tissu fibreux. Conclusion. — Avec les progrès de l’âge, l’épithélium de la plupart des tubes séminipares, au lieu de former des éléments libres, édifie de nombreuses assises cellulaires qui persistent et dont la plus grande partie se transforme en tissu vésiculo-fibreux. SUR LA VALEUR DE LA RÉACTION DE L'INDOL, par Cu. NicoLLE, G. BLanc et L. CaïLLoN. La propriété, que présente une bactérie de produire ou de ne pas pro- duire-de l’indol en eau peptonée, est considérée à juste titre comme un caractère de premier ordre et nombreux sont les savants qui s'appuient sur une telle réaction pour séparer des espèces microbiennes. Cette propriété n'est pourtant pas spécifique. Nous nous en sommes - rendu compte au cours de recherches (1) sur les coccobacilles de l’in- testin des sauterelles pèlerines (Schislocerca peregrina), Un lot de ces acridiens étant mort au printemps 1917 dans notre réserve, sans avoir subi d’inoculation préalable, nous avons isolé de la diarrhée noire non virulente de six sauterelles autant d'échantillons d’un coccobacille. Celui-ci s’est montré identique, à la réaction agglutinante près, au Coccobacillus acridiorum de d'Hérelle. Les six échantillons sont agglutinés à titre égal par un sérum pré- paré par l'inoculation de l’un d'eux au lapin. Il s’agit donc, celte réac- tion étant considérée comme spécifique et l'identité des autres carac- tères entière, de simples spécimens d'une seule espèce, sans doute même d'une seule race. Or, l’un des échantillons produit netiement et rapidement de l’indol en eau peptonée, ainsi que le prouve la coloration rose classique du milieu après addition d'acide sulfurique pur et de la solution nitreuse, tandis que les autres échantillons n'en produisent pas trace. É (1) Ces recherches seront publiées en détail dans le fascicule à paraître des Archives de l'Institut Pasteur de Tunis, t. XI, fase. u, octobre 1919, SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 4127 Nous n’avons pas manqué de vérifier la parfaite pureté de l’échan- tillon à réaction positive. Cinq colonies, bien isolées et étudiées paral- lèlement, ont fourni des résultats identiques. (Institut Pasteur de T'unis.) SUR LES EFFETS DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'HYDROSOLS DE GÉLOSE, par À. BoQuEer. F. G. Novy et de Kruïf (1), au cours de leurs tentatives de préparation d’une anaphylatoxine in vitro et in vivo, ont réussi à produire, chez le cobaye, par injection intraveineuse d'hydrosols d’agar à 5 p. 1.000, des phénomènes qu’ils assimilent au choc anaphylactique. Les expériences suivantes confirment les résultats obtenus par ces expérimentateurs et démontrentl’extrême sensibilité du cheval à l’action de la gélose. Aux hydrosols à 5 p. 4.000, nous avons substitué des hydrosols à 1 p. 1.000, obtenus par dissolution de la gélose dans l’eau physiolo- gique, à la température de la stérilisation (120° pendant 20 minutes). Ces hydrosols sont liquides; la présence du corps s’y traduit par une légère opalescence et quelques flocons qu'on sépare par filtration sur toile stérile. : Effets des injections sous-cutanées. — Les injections sous-cutanées de . 30 c.c. d’hydrosol d’agar à 1 p. 1.000 provoquent un volumineux œdème chaud et sensible, qui s’accroit principalement de la 12° à la 24° heure et est suivi d’un abcès aseptique dont l'ouverture s'effectue du 3° au 5° jour, par nécrose de la peau. Clair et citrin au début, le liquide qui s'écoule devient purulent, épais, blanchâtre. La suppuration persiste pendant 2 à 4 semaines, puis l’abcès se comble et la plaie se cicatrise. Les injections d’hydrosols plus étendus (1 p. 10.000) à la dose mini- mum de 5 c.c. donnent lieu seulement à un épaississement qui se résorbe lentement sans s'ulcérer. Effets des injections intraveineuses. — 90 à 100 secondes après l'injec- tion de 10 à 40 c.c. d'hydrosol de gélose à 1 p. 1.000 dans la jugulaire d’un cheval, la respiration s'accélère brusquement et les mouvements du flanc deviennent de plus en plus rapides jusque vers la fin de la 4° minute où ils atteignent leur maximum (40 à 50 mouvements par °° (4) FE. G. Novy et P. H. de Kruiïf. Effect of intravenous injections of agar. Journ. of. infect. Dis., t. XX, mai 1917, p. 629. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919, T. LXXXII, ; 81 1128 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE minute). En même temps, le nombre des battements du cœur s'élève (60 pulsations), les veines superficielles se distendent et du pouls veineux apparaît aux jugulaires. L’artère maxillaire est dure, tendue. L'animal présente d'abord un peu d’excitation : il gratte le sol et se déplace comme s’il était atteint de coliques. À cette agitation, succède un véritable état de stupeur. De la 3° à la 4° minute, le cheval s'immo- bilise, l'encolure fléchie et la tête étendue abaissée vers Le sol; la respi- ration devient asphyxique : les mouvements respiratoires sont courts, brusques, entrecoupés d'inspirations profondes. Les naseaux sont dilatés et la pituitaire congestionnée. Un peu de salive s'écoule entre les lèvres, pendant que les mâchoires sont animées d’un mouvement de mâchonnement. Au repos, la bête fléchit sur ses jambes et résiste à de continuelles menaces de chute. Les déplacements sont difficiles, les mouvements des membres lents, trainants et ne la démarche vacillante. Vers la 5° minute, les symptômes s’amendent, k, respiration et le pouls se calment peu à peu, la démarche devient plus assurée et, à la fin de la 8° ou de la 10° minute, tous les troubles fonctionnels ont dis- paru. Leur régression est marquée par un hennissement.bref. Les symptômes restent semblables, que l'injection soit pratiquée lentement ou brusquement, avec des hydrosols filtrés sur toile et non. filtrés, avec des dilutions failes dans l’eau physiologique ou dans l'eau distillée. Leur intensité augmente avec la quantité injectée. La dose minimum active a été de 10 c.c. d’hydrosol à 1 p. 1.000. Quels qu'aient été les intervalles entre les injections (3 à 30 jours), les troubles se sont reproduils sur ce sujet avec des caractères toujours identiques. Des essais pratiqués avec des doses de 10 à 40 c.c. sur 4 autres chevaux n’ont jamais donné aucun résultat. L'addition d'une quantité égale d’une solution de soude à 2 p. 1.000, aux hydrosols d’agar, ne modifie pas leur activité. Au contraire, l’addi- ion de 4 p. 1.000 d'acide citrique, avant la stérilisation, fait disparaitre leur toxicité (doses injectées au sujet sensible, 40 à 40 c. c.). Novy et de Kruif, qui réussirent à provoquer la mort de cobayes par injection intraveineuse d'hydrosols contenant O0 gr. 009 d'agar, par dose, attribuent les accidents observés à l'anaphylatoxine formée dans l'organisme, poison que mettrait en évidence la RATES on du sang des animaux traités. D'après les caractères des symptômes observés, le mode d'évolution de l’accès après une période d’incubation fixe, la forme et l'intensité des troubles respiratoires, la précocité de leur apparition et leur aggravation progressive, la turgescence des vaisseaux veineux superficiels, les troubles nerveux consécutifs, le retour rapide à l’état normal, nous pensons que les accidents provoqués chez le cheval par les injections SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1199 intraveineuses d'hydrosols d'agar résultent d'un obstacle mécanique à la cireulation sanguine, sous la forme d'embolies. (Institut Pasteur.) » ACTION DE LA QUININE SUR LE CŒUR DU CHIEN, par GC. Pezzt et À. CLERc. Chez un vienx chien en expérience, à l'ouverture du thorax et du péricarde, nous avons eu l’occasion de constater l'existence d’une fibril- lation auriculaire. Après avoir inutilement essayé de faire disparaître ce trouble par l’atropine et ne pouvant ainsi utiliser l'animal pour les recherches que nous nous proposions de faire nous lui fimes une injec- tion intraveineuse d’une certaine quantité de quinine dans le but de déterminer la toxicité de cet alcaloïde qui nous intéressait particulière- ment. Nous eûmes aussitôt la surprise d'assister à la disparition brusque de la fibrillation auriculaire et à l'établissement du rythme normal. Ce fait nous engagea à poursuivre chez le chien des recherches systéma- tiques sur l’action cardiaque de la quinine, recherches dont nous _rapportons ici le résumé. Nous avons employé la quinine sous forme de chlorhydrate basique en solu- tion au dixième dans de l’eau additionnée de quelques gouttes d'acide chlor- hydrique. La voie d'introduction était la veine saphène et les doses employées variaient entre 2 et 3 centigrammes par kilogramme d'animal. Il est dangereux d'en injecter en une seule fois davantage, la dose morielle :- oscillant, à la dilution considérée, entre 6 et 7 centigrammes par kilogramme. On peut, néanmoins, par doses fractionnées, arriver au totai précédent sans entraîner la mort. Le chien était anesthésié par le chloralose, soumis à la respiration artificielle, et les battements de l'oreillette et du ventricule droits étaient enregistrés par la méthode de la suspension. Nous avons pu ‘mettre en évidence différentes réactions cardiaques dont nous allons énumérer les principales : 1° Action dépressive sur la contraction cardiaque. — C’est une des plus anciennes et des mieux connues; elle s'exerce aussi bien sur le cœur in situ que sur le cœur isolé |Moulinier (1), Frédéricq et Terroine(2)|. Nous-même l’avons vérifiée in vivo. Avec des doses moyennes elle se traduit par l’affaiblissement des pulsations des deux cavités, surtout au niveau des oreillettes. (1) Moulinier. Journal de Physiol. et de Pathol. gén., 1908, n° 4, p. 617. (2) I. Frédéricq et Terroine. Journal de Physiol. et de Pathol. gén., 1913, p. 96, 1130 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 2° Action ralentissante sur le rythme. — Aux mêmes doses, la quinine détermine, en outre, une bradycardie totale sans aucune irrégularité des battements; à des doses plus fortes, sans être mortelles, la brady- cardie totale s'accentue et s'accompagne d’un allongement notable de l’espace A; — V. dont la durée peutatteindre 0 ‘sec. 20 el même 0 sec. 30, c'est-à-dire le double et même le triple de l’espace normal (0 sec. 10). 3° Action paralysante sur le vaque. — D'une manière générale, elle diminue l'excitabilité du vague qui, même à doses égales et non exces- sives, peut être complètement paralysé chez certains animaux. 4° Action paralysante sur le système nerveux accélérateur. — Nous l'avons prouvé en étudiant, chez des animaux quininisés au préalab'e, l’action de certaines substances, telles que la nicotine et le chlorure de strontium qui, à une certaine phase de leur action, entraînent une notable tachycardie par excitation du système nerveux accélérateur, tachycardie spéciale, dont le foyer d'origine siège surtout dans la région du nœud de Tawara ou dans son voisinage immédiat. Chez le chien quininisé, lesdites substances perdent toute influence, même à des doses dépassant celles qui, à l’état normäl, auraient été eff- caces. / 12 5° Actign bathmotrope négative. — La quinine diminue l’excitabilité du cœur, fait démontré d’une manière indirecte par les constatations précédentes, par l'abaissement du seuil de l'excitation électrique néces- saire pour provoquer une extrasystole et enfin par la suppression des fibrillations auriculaires, phénomène du plus haut intérêt clinique. Nous n’avons eu que deux fois l’occasion de faire disparaître la fibrillation auriculaire-ou le flutter qui en est l'atténuation chez deux vieux chiens, l’un l’ayant présentée à l'ouverture du thorax et du péricarde, l’autre après faradisation de l'oreillette. En ce dernier cas, la fibriilation fut bientôt remplacée par un flutter de longue durée, rapidement supprimé par la quinine. Dans les autres cas, ce n’est plus l’action suspensive, mais seulement l’action préventive que nous avons étudiée. Dans des recherches antérieures nous (1) avons montré que la nicotine, au début de son action, détermine, presque régulièrement, à certaines doses, la fibrillation des oreillettes. Au contraire, chez le chien quininisé, nous n'avons jamais vu apparaître le phénomène en question. En outre, la faradisation, même très intense, de l’oreillelte n’est plus capable de le déterminer que d’une manière toute transitoire. Quant aux fibrillations ventriculaires provoquées, si la quinine ne les supprime pas, dans quel- ques cas elles ont été éphémères et le rythme normal s’est rétabli, fait exceptionnellement rare chez le chien. Enfin, de doses fortes de nico- tine, qui, à l’état normal, font fibriller à coup sûr les ventricules, sont sans effet sur le chien quininisé. (1) Pezzi et Clerc. Journal de Physiol. et de Pathol. gén., 1943, t. XV, p. 1. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1131 Recherches électrocardiographiques. — Gràce à l’obligeance de M. Bull, qui a bien voulu enregistrer les tracés électriques, nous avons pu, à l’Institut Marey, compléter nos recherches. L’électrocardiogramme a confirmé les résultats précédemment obtenus concernant la bradycardie totale, l'allongement de l’espace P.-R. Il nous a permis, en outre, de constater des modifications portant sur les complexes auriculaire et ventriculaire. L'accident P peut être accentué, atténué ou revêtir une forme trapézoïde. Quant au complexe ventriculaire, l’oscillation initiale est parfois dirigée en bas, très souvent elle est bifide et élargie. Chez un chien, malgré que la bradycardie füt notable, elle s’accompagna d’une alternance de sens contraire sur les deux ordres de tracés. A la petite contraction du ventricule, sur le tracé mécanique, correspondait sur le tracé électrique un grand- soulèvement T et vice versa. . En résumé, la quinine, aux doses indiquées, exerce une action para- lysante sur l’ensemble des fonctions qu’on attribue au muscle cardiaque; cette même action s'exerce aussi sur les nerfs du cœur. On entrevoit, par conséquent, quel nouvel intérêt elle peut avoir au point de vue thé- rapeutique. ù En compulsant les publications allemandes, restées ignorées de nous, étant parues pendant la guerre, nous avons constaté que des recherches analogues aux nôtres avaient été entreprises. Dans l’ordre clinique, Wenckebach (1), Frey (2) ont insisté sur l'heureuse influence des sels de quinine ou de la quinidine sur l’arythmie complète consécutive, comme on le sait, à la fibrillation des oreillettes. Celle-ci, dans un cer- tain nombre de cas, a été complètement remplacée par le rythme normal qui, parfois, a persisté pendant une période de temps asssz longue. Dans l’ordre expérimental Hecht et Rothberger (3) ont vérifié la même action empêchante sur la fibrillation des oreillettes que ces auteurs provoquaient par la faradisation. Nos recherches entreprises indépendamment des précédentes les con- firment et les complètent sur plusieurs points. Elles nous permettent de prévoir une action thérapeutique possible de la quinine non seule- ment sur la fibrillation des oreillettes, mais encore sur l’ensemble des troubles dus à l'hyperexcitabilité cardiaque. (Travail des laboratoires de Physiologie et, de Pathologie expérimentale et comparée de la Faculté de médecine de Paris.) { (1) Wenckebach. Berlin. klin. Wochensch., 1918, p. 52. (2) Frey. Berlin. klin. Wochensch., 1918, nos 18, 19, 36. (3) Hecht et Rothberger. Zeitsch. f. d. ges. exper. Med., 1919, t. VII, p. 134. 1132 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RECHERCHES COMPARATIVES SUR LES ALBUMINES DU SANG ET DES EXPECTORATIONS, par H. RoGEr et LÉvy-VALENsr. Les expectorations des malades renferment souvent de l’albumine : celles des tuberculeux en contiennent constamment. Cette albumine provient-elle du sang et est-elle identique à celle du sérum ? Des expériences, déjà anciennes, permettent de répondre par la néga- tive. En injectant comparativement à des lapins, par la voie intravei- neuse, de l’albumine du sang et de l'albumine des expectorations, on con- state que la première ne modifie pas la pression sanguine, tandis que la seconde, au moins quand elle provient de malades atteints de tubereu-- lose ou de pneumonie, amène une hypotension marquée et durable (1). Nous avons repris l'étude de la question par d’autres méthodes. Nous avons recherché, tout d’abord, à quelle SR se fait la. coagulation des albumines. Des crachats de tuberculeuxs ont dilués dans de l’eau salée à8 p. 1.000. Le mélange, additionné de quelques gouttes d’acide acétique, est jeté sur un filtre. Le liquide qui passe est recueilli dans deux tubes : l'un est gardé comme témoin, l’autre est plongé dans un bain-marie maintenu à 60°. Un thermomètre placé dans le tube permet de suivre l'élévation de la température qui se fait avec une grande lenteur. À partir de 40° on retire le tube à chaque augmentation de 1° et on l’examine par transpa- rence sur un fond noir. La comparaison.avec le tube maintenu à la tem- pérature ambiante permet de saisir le moment où se produit le trouble initial, qui indique le début de la coagulation. _ Nous avons constaté ainsi que l’albumine, provenant des expectora- tions des tuberculeux, quelle que soil la période de la maladie, coagule constamment entre 42 et 43°. Les expectorations de trois pneumoniques ont donné des résultats analogues. Au contraire, leliquide ReJené dans un cas d'ædème aigu du poumon ne commenca à coaguler qu'à 50°. Or, c'est justement le chiffre que nous avons obtenu en chauffant du sérum humain dilué à 1/10 dans de l’eau salée. Ces résultats permettent de conclure que l’albumine rejetée par les tuberculeux et les pneumoniques diffère de l’albumine du sang, tandis que dans l’æœdème aigu du poumon l'exsudat semble réellement d'origine hématique. : La méthode des précipitines conduit à des conclusions analogues. Des lapins ont été préparés par des injections intrapéritonéales de (1) Roger. Note sur les propriétés de l’albumine contenue dans les expec- torations. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 19 juillet 1913. SÉANCE DU S NOVEMBRE 1133 crachats tuberculeux traités comme précédemment et stérilisés par l’es- sence de cannelle. Le liquide obtenu après filtration a été concentré dans le vide au dixième de son volume primitif. Cinq injections ont été failes à 6 jours d'intervalle et du sang a été prélevé 6 jours après la dernière injection. Le sérum mis en contact avec un filtrat d'expectorations tuber- culeuses donne un précipité fort abondant; avec le sérum sanguin ou l’ovo-albumine on n'obtient qu’un léger trouble. Réciproquement, le sérum provenant d’un Japin préparé par 5 injec- tions de sérum humain donne un abondant précipité avec le sérum humain et un simple louche avec l’albumine des expectorations. Tous ces faits sont concordants et démontrent que l’albumine des expectorations, au moins dans les cas de tuberculose et de pneumonie, n est pas identique à l’albumine du sérum sanguin. BALANITES SPIRILLAIRES PRIMITIVES ET VÉGÉTATIONS GÉNITALES, par J. Nicoras et M. FAvRE. Nous avons cherché depuis plusieurs mois à préciser les causes qui favorisent le développement des néoformations conjonctivo-épithéliales qui constituent les végétations génitales. Comme aux auteurs qui ont écrit avant nous sur ce sujet, il nous a paru évident que les végétations - ne se développent que sur l’épiderme modifié et altéré. L'influence pré- disposante de la macération épidermique et de la congestion chronique cutanée ont été depuis longtemps signalées. Ces conditions sont réunies chez les femmes enceintes. La congestion vulvaire gravidique, s'asso- ciant à des vulvites de causes diverses explique l’exubérance des végé- tations qui se développent alors et que tous les observateurs ont notée. On trouve signalé le rôle des sécrétions blennorragiques. « C'est ainsi qu'elles (les végétations) coexistent presque toujours avec un écoulement blennorragique » (Brocq). Ces données sont classiques et nous n'in- sisterons pas sur elles. Bien moins connues sont les relations entre les infeclions locales spirillaires primitives et le développement secon- daire des végétations. Depuis que nous étudions systématiquement et avec soin lés sujets porteurs de végétations, nous avons recueilli de nombreuses observa- tions de malades chez lesquels la succession des faits pathologiques s'établit dans l’ordre suivant : balanite primitive, apparition secondaire d'un semis plus ou moins confluent de végétations papillaires typiques. Le développement des papillomes peut suivre de près l'apparition de la balanite. Dans le dernier cas observé par nous, des végétations, dont le volume 1134 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE atteignait celui d’une tête d’épingle de verre, étaient parfaitement for- mées 12 jours après le début des lésions du gland. Nous avons contrôlé - par des recherches microscopiques praliquées dans tous les cas la nature spirillaire de l’inflammation balanique primitive. Chez tous nos malades l’inflammation de la muqueuse du prépuce et du gland était indépendante de la blennorragie. Ces faits nous ont paru mériter d’être signalés. Les étroites relations qui existent parfois entre l'apparition des con- dylomes accuminés et l’existence d'inflammations locales antécédentes spirillaires nous semblent d'autant plus dignes d'être retenues que l’un d’entre nous (1) a déjà attiré l’attention sur le rôle de parasites spirillés dans la pathogénie des végétations génitales. * (Travail dé la Clinique dermatologique et de l'Institut baclériologique de Lyon.) : COLORATION VITALE DU CHONDRIOME DES CELLULES SÉCRÉTRICES DU REIN AU COURS DE L'ÉLIMINATION DU BLEU DE MÉTHYLÈNE, par JEAN TUROHINI. L'étude de l'élimination des matières colorantes fournit des rensei- gnements précieux sur le mécanisme de la sécrétion rénale. R. Heiden- haïin, en 1874, entreprit le premier cette étude avec du carmin d'indigo. Depuis un grand nombre d'auteurs employèrent les matières colorantes les plus variées (2). : - La plupart de ceux qui utilisèrent le bleu de méthylène constatèrent la présence de nombreuses granulations bleues dans les cellules rénales des tubuli au cours de l’élimination du colorant (0. Schultze, Kuhn, Galeotti, Arnold, Gurwitsch, Hôüber et Kônisberg, Moellendorff), mais ils ne s’accordèrent ni sur la nature des granulations, ni sur la fonction sécrétrice (Gurwitsch, Hôher et Künisberg) ou résorbante (Castaigne) des tubuli. Nous injectons 1 c.c. d’une solution physiologique au 100° du bleu de méthylène dans le sac lymphatique dorsal du Crapaud (Bufo vulgaris). Le (1) M. Favre et À. Civatte. Les spirilles des végétations vénériennes. Comples rendus de la Soc. de Biologie, 10 mai 1919, t. LXXXII, p. 454. — A. Civatte et M. Favre. La morphologie et la signification des spirilles des végétations vénériennes. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 17 mai 1919, t. LXXXIT, p. 506. (2) Turchini, Thèse de Paris, 1919. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1135 lendemain, en général, l'animal est sacrifié. De petits fragments du rein sont examinés par simple écrasement entre lame et lamelle. D’autres sont plongés dans un fixateur capable à ia fois de stabiliser le colorant et de fixer les _tissus. Nous nous sommes servi d’un mélange : Acide picrique, solution aqueuse saturée. . . . . . 60 grammes. Formol, solution aqueuse du commerce . . . . . 1020 — Molybdate d’ammoniaque, solution aqueuse saturé ! 20 — Les coupes sont colorées à la safranine, colorant nucléaire. Dans ces conditions, les glomérules demeurent incolores. Seuls les tubes à bordure en brosse et les tubes à bâtonnets présentent des élé- ments colorés. : Nous avons établi qu’il y a sécrétion (théorie physiologique de Bow- man) et non résorption (théorie physiologique de Ludwig) à ce niveau. Les espaces intertubulaires sont en effet les premiers colorés. Le bleu n'apparaît qu'ensuite dans la lumière des tubes. Aux derniers instants de l'élimination la propria est la première décolorée, la cuticule la der- nière. La structure cytologique des cellules tubulaires devait faire pré- voir ce résultat. Les chondriocontes ont, dans les cellules des tubuli, la même situation basale qu'ils occupent dans les cellules glandulaires en général. Nous n'avons constaté aucune rupture: de la brosse, aucune granula- tion dans la lumière des tubes. Nous en concluons que l'élimination se fait par dialyse et non par effraction. Nous avons pu-identifier les bätonnets et les granulations colorées des cellules des tubuli aux chondriocontes, aux mitochondries et à leurs dérivés chondriosomiques obtenus par les méthodes mitochon- driales courantes (Altmann, Benda, Regaud, Sjüvall). Le bleu de méthy- lène au cours de son élimination rénale colore donc vitalement le chon- driome des cellules sécrétrices. Cette propriété est intéressante à un double point de vue. Elle réalise une coloration vitale facile et sûre du chondriome, coloration jusqu'ici réputée inconstante (Fauré-Frémiet, Laguesse, Guilliermond). Elle nous permet d’assigner à la sécrétion tubulaire les phases suivantes : égrè- nement des chondriocontes en mitochondries, transformation des mito- chondries en grains de sécrétion, dissolution des grains dans le cyto- plasma sous-cuticulaire, excrétion exocellulaire par dialyse. À tous ces titres, cetle méthode fort simple méritait d’être signalée. (Travail du laboratoire d'Histologie de M. le professeur Prenant.) 1136 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE RÉSULTATS DIFFÉRENTS DES DOSAGES, PAR L'HYPOBROMITE ET LE XANTHYDROL, CHEZ LES GRANDS AZOTÉMIQUES, par P. Carnor, P. GÉrarp et Me S. MoissonNIEr. La plupart des dosages d’N dans le sang des urémiques sont faits par la méthode à l’hypobromite : le dégagement d’'N obtenu est exprimé en urée, bien que l’on sache que cet N provient, non seulement de l’urée, mais encore de NH° et d’autres corps azotés solubles. Nous avons cher- ché à préciser la question en dosant comparativement l’azotémie par la méthode à l'hypobromite et par la méthode au xanthydrol de Fosse qui ne dose que l’urée. Cette comparaison nous a permis de déceler, en quantité variable suivant les cas {et parfois en quantité très considé- rable chez les grands azotémiques), la présence d’un corps azoté qui n’est pas de l'urée. A. — Chez les sujets normaux (homme ou chien), il arrive, dans quel- ques cas, que les chiffres d'N donnés par les deux procédés soient iden- tiques. Le plus souvent il y a un léger écart en faveur de l’hypobromite qui donne toujours les chiffres les plus forts. Dans nos dosages, la dif- férence par litre de sang, chez le chien, n'a jamais excédé 0 gr. 046 d'N (correspondant à 0 gr. 10 d'urée) : elle est, en moyenne, de 0,014 dN par litre (correspondant à 0,030 d’urée). Chez l'homme Ia différence moyenne est un peu plus élevée et varie entre 0 gr. 023 et 0 gr. 032. d'N (soit ( gr. 05 à 0 gr. 07 d’urée). B. — Chez les azotémiques, nous avons eu des différences parfois nulles (bien que chez des sujets ayant plus d’un gramme d’urée dans leur sang), d’autres fois énormes, mais d'autant plus grandes que les intoxications étaient plus sévères. Nous en citerons quelques exemples : 1° Chez une femme V..., atteinte d’azotémie avec forte tension (25 cent. au Pachon), mais sans accidents toxiques, nous avons trouvé, par les deux méthodes, un chiffre identique: soit par litre de sang 0,64 d'N (correspondant à 1 gr.37 d'urée). Nous rapprocherons de ce cas celui d'une éclamptique albuminurique qui, malgré une cécité liée à son éclampsie, guérit après expulsion d’un fœtus macéré. Eile n'avait, il est vrai, qu'une faible quantité d’urée ; mais la comparaison des deux dosages ._ne montra qu'un faible pourcentage du corps non uréique. Nous avons, en effet, 0,12 d'N au xanthydrol et 0,15 à l’uréomètre (soit 0,25 et 0,32 d’urée). 2° Dans trois cas de grande azotémie {oxique, terminés par la mort dans le coma, nous avons eu, au contraire, des différences de dosages considérables. Dans un cas soigné à l'hôpital Tenon par M. Rathery, il s’agit d'une SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1137 femme X..., très anémiée, sujette à de fortes hémorragies, ayant des vomissements urémiques, et qui mourut peu après dans le coma. Le dosage du sang donne 2,33 d’N à l'hypobromite et 1 gr. 23 au xanthydrol (soit 5 grammes et 2 gr. 64 en urée). La différence entre les deux dosages atteint 1 gr. 10 d’N {soit 2 gr. 36 en urée). L'azote non uréique représente donc 47 p. 100 de l’'N dosé par l'hypobromite. Dans un autre cas, il s’agit d'une femme de cinquante-deux ans, soignée à l'hôpital Beaujon en mars 1919. Elle a, à son entrée, le 12, au Pachon, des hémorragies multiples, des vomissements et de la diarrhée: elle tombe progressivement dans le coma. Le prélève- ment de sang fait en plein coma, deux jours avant la mort, donne 3,15 d'N à l'hypobromite et 1 gr. 25 au xanthydrol (soit 6,76 et 2,68 en urée), La différence entre ces deux dosages est de 1,90 d'N (soit 4gr.07 en urée). L’'N non uréique représente donc 60 p. 100 de VPN dosé par l'hypo- bromite. | Chez une troisième femme M.…., nous avons pu suivre, à l'hôpital Beaüjon, pendant près d'un mois, la progression parallèle des aceci- dents toxiques et l'augmentation du corps non uréique. Il s’agis- sait d’une urémie du type gastro-intestinal avec vomissements el diarrhée ; puis survint un coma progressif jusqu à la mort. Des dosages faits aux diverses phases de la maladie nous donnent les résultats suivants. | Le 9 octobre, l'N dosé par l’hypobromite donne 1,64 (soit 3,53 en urée); par le xanthydrol nous avons 1,14 d’N {soit 2,46 en urée). La diffé- rence est de 0,50 d’N (1 gr. 07 en urée). Le pourcentage d'N non uréique est de 30/100. Le 21 octobre, l’N par l’hypobromite est de 1 gr. 96 (soit 4,20 en. urée); par le xanthydrol 1,14 d’N (soit 2,46 en urée). La différence est de 0,82 d'N (soit 1,74 en urée). Pourcentage 41/100. Le 2% octobre, l'N par l’hypobromite est de 2,24 (soit 4 gr. 80 en urée), l’N par le xanthydrol 1,14 (soit 2,46 en urée). Différence 1,10 d’N (soit 2,35 en urée). Pourcentage 49/100. Le 28 octobre, veille de la mort, l'N par l'hypobromite est de 2,67 (soit 5 gr. 73 en urée), l'N par le xanthydrol 1,14 (soit 2,45 en urée). Différence 1,52 N (soit 3,25 en urée). Pourcentage 56/100.8 c.c. de sérum de la malade injectés à un cobaye de 250 grammes en injection sous-cutanée le tuent en 6 jours. L’urine de la malade, prélevée le même jour, donne par litre avec l'hypobromite 4 gr. 14 d'N (soit 8,90 en urée), cependant que le xanthydrol ne donne que 0,79 d'N (soit 1,71 en urée). Le chiffre d’'ammoniaque (1 gr. 58 d’NH° par litre), bien que considérable, n'explique pas cette énorme différence entre les deux dosages. - Le 30 octobre, le sang, prélevé 24 heures après la mort, donne N par l'hypobromite 3 gr. 13 (soit 6 gr. 72 en urée); N par le xanthydrol 1138 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 gr. 07 (soit 2 gr. 31 en urée). L'N.NH° est de 0,027 par litre de sang. L'hydratation de l’urée post mortem n'a donné qu’un chiffre d'NH° insuffisant pour expliquer l'augmentation du corps non uréique. La . différence est, en effet, de 2 gr. 06 d’N et le pourcentage de 62/1100. Il est à remarquer, chez celte malade, pendant les phases progres- sives de l’intoxication urémique : 4° la constance du chiffre d’urée dosé par le xanthydrol; 2° l'augmentation progressive du corps non uréique dont la proportion passe successivement à 30/100, 41/100, 49/100, 56/100, 62/100; 3° la petite quantité d'NH° constatée (voir tableau). Tableau récapitulatif des dosages. (Tous les chiffres sont exprimés en N pour 1.000 c:ce. de sang). N N DIFFÉ- | POUR- N XANTHYDROL | HYPOBROMITE | RENCE |CENTAGE| URÉASE NE Chiens normaux. . . .| 0,112 0,126 | 0,614| 41/100|.......| 0,0006. (10 analyses). 2 Femme: cape 0,64 0,64 0,00 0 0,60 | 0,0049 Femme Xi nt nil 40s 2,33 1,10 | 47/100|.......| 0,006! Hénin EAP ANA 4:25 3,15 1,90 | 60/100 Femme M..…., 9 oct. 19. 1,1% 1,6% 0550130100) 0,0059 — 21 octobre 1919. . Lx ASIE 0,82 | 41/100| 1,85 | 0,0049 — 25 octobre 1919. . A AA 2,24 1,10 | :9/100 2.20 0,0049 — 28 octobre 1919. . 1,14 2,67 1,52 | 56/100| 2,62 | 0,010 — 30 octobre 1919. . JO DAS 2500820200 ER 0,027 (post mortem). En résumé, V'N dosé par l'hypobromite et non dosé par le xanthydrol peut doubler le chiffre de l'N uréique, et semble augmenter avec les accidents toxiques. Quelle est la nature du corps qu'il représente ? Divers dosages d’'NH° et d'acides aminés nous donnent des chiffres trop faibles pour fournir une explication. D'autre part, le dosage par le procédé Follin à l’uréase nous a montré, dans quatre analyses, que ce corps azoté est transformable par la diastase en NH° (voir tableau). Or, on trouve, dans les divers produits de déshydratation du carbonate d’ammo- nium et dans les dérivés de l’urée, des corps plus ou moins voisins qui, - non précipités par le xanthydrol, ont leur azote libérable par l’hypo- bromite, et transformable en NH° par hydralation. L'hypothèse de la présence d'un de ces corps pourrait fournir à nos dosages une explication plausible que des recherches en cours tächeront de préciser. 1139 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1919 SOMMAIRE Bayer (A.) et SLosse (A.\ : L'in- du sérozyme en l'absence de fibri- toxication arsenicale dans les in- TO DOILE Cet AAA MEN EEE ER . : 1139 dustries de la houille et de ses GeoozLsr (L.) : Un genre nouveau dérivés (intoxication houillère arse- LES DITUTIT RE UANNENNEE CARRE 1145 MCE ).0 8 os OA SRE 1144 Le FÈVRE DE ARric : Action des Boroer (Jures) : Recherches sur | colloïdes métalliques sur la toxine la coagulation du sang. Formation édiphtérique 20 Rens NUE 1143 / Présidence de M. Frédéricq. RECHERCHES SUR LA COAGULATION DU SANG. FORMATION DU SÉROZYME EN L'ABSENCE DE FIBRINOGÈNE, par JULES BORDET. Le plasma oxalaté qu'on vient de recalcifier ne réagit pas très promp- tement avec le cytozyme, et c'est pourquoi j'ai exprimé récemment (1) l’idée que, dans la coagulation, le point vraiment obscur encore est celui de l'apparition, aux dépens de certains matériaux (prosérozyme) de ce plasma, du sérozyme apte à s'unir presque instantanément au cytozyme pour fournir la thrombine. Pekelharing a montré, il y a longtemps, qu'on pouvait obtenir du fibrin-ferment aux dépens de plasma oxalaté qu’on a débarrassé de son fibrinogène en l’additionnant d'une fo:te dose de NaCI. Il importaii de reprendre ces recherches à la lumière ties faits nouveaux, et notamment au point de vue de la formation du sérozyme. (1) Comptes rendus de la Soc. de Bioloyie (séance de la Société belge du 29:mars 1919; t. LXXXII, p. 896). 1140 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE À quelques centimètres cubes de plasma de lapin, oxalaté à 1 p. 1.000, soigneusement centrifugé et bien limpide, on ajoute 30 p. 100 de NaCl sec. La centrifugation donne un dépôt de fibrinogène qu’on lave à plu- sieurs reprises à la solution saturée de NaCl. Le liquide surnageant, débarrassé par plusieurs centrifugations de toute trace de fibrino- gène précipité, est introduit dans un de ces dialyseurs en doigt de gant qu'on utilise pour la réaction d'Abderhalden. On dialyse pendant un jour en présence d’un litre d’eau distillée additionnée de 6 grammes de NaCI et de 0 gr. 2 d'oxalate sodique ; recalcifié, le liquide ainsi obtenu ne fournit pas le moindre flocon de fibrine même si on l'additionne de cytozyme. D'autre part, redissous dans la quantité d’eau distillée voulue pour que la teneur saline soit ramenée à environ 0,9 p. 100, le fibrinogène lavé ne se coagule pas par recalcification, même si on l'additionne de cytozyme. Mais si on recalcifie le liquide dialysé et si quelque temps après on l’additionne de fibrinogène redissous et d’une trace de cytozyme [on emploie une suspension du lipoïde servant au séro-diagnostic de la syphilis (1)}, la coagulation s'effectue très rapide- ment. Elle s'opère aussi, mais très lentement, si on répète cette expé- , rience sans ajouter de cytozyme. Bref, en mélangeant le liquide dialysé et le fibrinogène redissous, on reconstitue le plasma originel ‘avec toutes ses propriétés. Rappelons que ce plasma, ayant été débarrassé de la presque totalité de ses plaquettes, c'est-à-dire étant presque exempt de cytozyme, ne se coagule que très lentement par recalcifica- tion si on ne lui restitue pas ce principe. On démontre aisément que dans le liquide dialysé recalcifié [à un volume de liquide on ajoute 4 volumes de solution physiologique cal- cifiée (2)] du sérozyme apparaît en abondance au bout de quelque temps. On constate, en effet, qu à ce moment le liquide a acquis l’apti- tude à fournir très promptement, par addition de cytozyme, une throm- bine très puissante que l’on met en évidence en ajoutant volume égal soit de fibrinogène redissous, soit de plasma dilué oxalaté à 2 p. 4.000 (3), soit de plasma phosphaté (4) : la coagulation s'effectue en quelques (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXII, p. 880. (2) Cette solution contient environ 0,34 p. 1.000 de CaCl° et 9 p. 1.000 de NaCl. (3) Dans ces conditions le mélange contient un fort excès d’oxalate; rappe- lons que nous préparons ce plasma oxalaté en ajoutant à un volume de plasma oxalaté ordinaire 4 volumes de solution physiologique oxalatée à 2 p. 1.000. | (4) Rappelons que pour abréger nous appelons plasma phosphaté du plasma que le contact de phosphate tricalcique (qu’on élimine ensuite par centrifu- gation) a dépouillé du prosérozyme et rendu ainsi incoagulable par recalcifi- cation même en présence de cytozyme. On peut le préparer en ajoutant le phosphate au plasma oxalaté ordinaire. Mais on peut l'obtenir aussi en SÉANCE DU À11 OCTOBRE AAA instants. Le prosérozyme qui se trouvait dans le plasma originel n’est donc aucunement précipitable par le sel à saturation ; au surplus, le sérozyme du sérum (obtenu par recalcification et coagulation du plasma oxalaté ordinaire) se comporte de même : l'aptitude à réagir avec le cytozyme pour donner la thrombine se retrouve intégralement dans le liquide surnageant, décanté après centrifugation, de sérum saturé de NaCI. : On reconnait facilement aussi que la production du sérozyme dans le liquide dialysé recalcifié n’est aucunement augmentée ou favorisée par l'addition de fibrinogène redissous (ou de plasma phosphaté riche en fibrinogène). Comme il vient d’être dit, le mélange de fibrinogène et de liquide dialysé recalcifié, sans cytozyme, coagule très lentement; il donne ainsi un sérum dont la teneur en sérozyme est fort inférieure à celle du liquide. dialysé recalcifié mais non allongé de fibrinogène; ce sérum ne contient, comme sérozyme, que ce que le liquide dialysé entrant dans sa composition était susceptible de fournir par ses propres moyens. Le fibrinogène reste donc totalement étranger à la formation du sérozyme et par conséquent de la thrombine. Contrairement à ce _ que divers auteurs ont soutenu, la genèse du principe coagulant est indépendante de la coagulation même, c'est-à-dire de la solidification du fibrinogène, laquelle est en réalilé provoquée par la thrombine anté- rieurement produite. Il va sans dire que le liquide dialysé se montre totalement inapte à fournir du sérozyme s'il a élé mis en présence, avant d'être recalcifié, d'un peu de suspension de phosphate tricalcique : nous savons que celui-ci absorbe énergiquement le sérozyme ou le prosérozyme. Reste à suivre de plus près le processus d'apparition du sérozyme dans le liquide dialysé. Outre ce liquide, qui, au sortir du dialyseur, est encore oxalaté, les facteurs participant à la coagulation sont le sel cal- cique, le cytozyme,,le fibrinogène sous forme par exemple de plasma phosphaté. On peut les faire intervenir soit simultanément, soit succes- sivement. À O c.c. 3 de liquide dialysé, ajoutons 1 c.c. 2 de la solution physiologique calcifiée, et immédiatement après, une goutte de cyto- zyme et O c.c. 3 de plasma phosphaté. La coagulation se fait en 25 minutes environ, ce qui montre qu'au moment de sa confection le mélange ne contenait pas encore de sérozyme apte à s’unir immédiate- ment au cytozyme : il faut que le sérozyme ait le temps d’apparaitre. Un mélange semblable, sauf qu'il ne contient pas de liquide dialysé, reste mélangeant le sang au sortir de l'artère à un cinquième environ de son volume de suspension un peu épaisse de phosphate tricalcique ; le sang ainsi traité ne se coagule pas, bien que renfermant la teneur normale de chaux et de fibrinogène. On sépare le plasma par centrifugation; c’est un excellent réactif de la thrombine. 41142 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE indéfiniment liquide. Un mélange semblable, sauf qu’il ne contient pas de cytozyme, ne présente le lendemain qu’un très léger ménisque de coagulation; la presque totalité du liquide est encore fluide, mais se coagule quasi instantanément par addition de cytozyme; ce principe était donc le seul élément qui manquait. Employant toujours les mêmes doses des réactifs, ajoutons au liquide dialysé la solution physiologique calcifiée, mais attendons deux ou trois heures avant d'introduire le cytozyme et le plasma phosphaté. Le mélange ainsi complété se coagule en une minute. Donc, dans le liquide recalcifié depuis 2 ou 3 heures, le sérozyme est apparu. On peut, par des expériences de ce genre, déterminer le laps de temps que cette apparition exige; on trouve qu'il est en moyenne d’une heure à une heure et demie. On établit aussi que le sérozyme n'apparait pas plus promptement si le liquide dialysé est à la fois recalcifié et additionné de plasma phosphaté; le fibrinogène n'accélère donc pas la production du sérozyme. Enfin, ajoutons au liquide dialysé la solution calcifiée et le cytozyme; une demi-heure après, introduisons le plasma phosphaté : la coagula- tion se fait en une minute. Le cytozyme accélère donc beaucoup la pro- duction du sérozyme ; on peut établir qu’elle s'effectue, dans ces condi- tions, en 20 minutes environ. On dirait que le cytozyme, qui, on le sait, manifeste de l’affinité pour le sérozyme, permet à celui-ci de se libérer plus promptement d'une liaison avec une autre substance, qui, dans le plasma originel empêcherait ce sérozyme de manifester sa présence ; le prosérozyme ne serait alors que du sérozyme meet Je reviendrai d'ailleurs sur les interprétations possibles, Comment agit le contact ? Comme le cytozyme, en ce sens qu'il favo- rise la libération du sérozyme. Ajoutons au liquide dialysé la solution physiologique calcifiée puis distribuons immédiatement le mélange’ d’une part dans des vases de verre, d'autre part dans des vases intérieu- rement enduits de paraffine. En ajoutant au bout de lemps variables le plasma phosphaté et le cytozyme, nous pouvons déterminer à quel moment le sérozyme (décelable par la coagulation presque instantanée qu'il permet) est apparu. On constate qu'il se produit beaucoup plus lentement dans le vase paraffiné qu’au contart du verre. On s'explique ainsi l'influence retardatrice que le revêtement de paraffine exerce sur la coagulation du sang. Peut-être (ce n’est là qu'une hypothèse) le corps étranger mouillable attire-t-il à lui la substance qui accaparait le sérozyme et libère-t-il ainsi celui-ci : il s'agirait d'une lutte entre des affinités d'adsorption. | SÉANCE DU Â1 GCTOBRE 1143 ACTION DES COLLOÏDES MÉTALLIQUES SUR LA TOXINE DIPHTÉRIQUE. Note de M. LE FÈvRE DE ARRicC, présentée par Epc. Zunz. De nombreux travaux antérieurs ont démontré que les toxines et notamment les toxines diphtérique et tétanique sont très sensibles aux diastases et aux sucs digestifs (ptyaline, pancréatine, bile), aux acides, aux oxydases animales ou végétales, et plus généralement à tous les corps oxydants. Quelques auteurs ont également obtenu des résultats positifs en- étudiant l’action des oxydases obtenues artificiellement sur certaines toxines (MM. Lumière et Chevrottier). L'activité. de ces oxy- dases naturelles ou artificielles a été attribuée à la présence de traces métalliques (oxydases à base de manganèse : G. Bertrand, de cuivre : Bourquelot-Bourgault, de fer : Sarthou). Le métal s'y trouverait sous sa forme la plus propice à son rôle d’oxydant, et vraisemblablement sous une forme colloïdale (Trillat, Dony-Hénault). Or, les solutions colloïdales métalliques stabilisées représentent le schème des oxydases artificielles. Il nous a donc paru intéressant de vérifier cette analogie, en expérimentant l'influence des colloïdes d'argent, d’or, de platine, de manganèse et de fer (1) sur l'activité de la toxine diphtérique. Des essais ont été réalisés dans ce but sur un grand nombre de cobayes, à la fois in vivo, en injectant sépa- rément toxine et colloïde, et in vitro, en inoculant les cobayes d’un mélange toxine-colloïde après un certain temps de contact (1 ñneure à 37°). . Les expériences réalisées in vivo ne donnent aucune conclusion nette; les métaux utilisés se sont montrés indifférents sur l’intoxication diphtérique, au moins aux doses où ils ont été utilisés dans ce but théra- peutique (0 c.c. 4 à 0 c.c. 5 pour un cobaye de 250 grammes). Nos observations effectuées sur l’action des colloïdes in vitro sont au con- traire assez démonstratives. La durée de contact entre toxine et colloïde a été assez réduite dans nos essais (1 heure à 37°), si on la compare à celle utilisée dans les expériences similaires tentées par les auteurs antérieurs au moyen des oxydases vraies (M%° Sieber). Peut-être, en effet, obtiendrions-nous, dans ces conditions, des résultats encore plus démonstratifs, mais nous avons préféré ne pas y avoir recours, consi- _dérant que cette manière de faire entraîne plus de causes d'erreurs, et s’écarte de plus en plus des shipinans dans lesquelles les phénomènes doivent se passer in vivo. Si les colloïdes d'argent, d’or et de platine ont paru inactifs sur la (1) Métaux obtenus par voie électrique (électrargol, éleciraurol, électro- platinol, électromanganol, électromartiol). : BioLOGtE. Mpres CRENDUS. — 1919. T. EXXXII. 82 D 1144 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE -DE BIOLOGIE - toxine diphtérique, au moins après la durée du contact expérimenté, les colloïdes de fer et surtout de manganèse, ont visiblement réduit l'acti- vité de la toxine. Des animaux inoculés de mélange toxine-manganèse ont présenté des symptômes d'intoxications tout à fait réduits et ont pu bénéficier d'une survie définitive. Si l’on se rappelle les travaux que nous avons cités plus au il parait vraisemblable que cette atténuation doit être rapportée au pou- voir d'oxydation de ia solution colloïdale de manganèse et de fer ; son mécanisme d'action serait alors comparable à celui d’une diastase ou d’un catalyseur oxygénant. Rien ne prouve cependant qu'il ne puisse y avoir aussi dans ces cas formation d’un complexe colloïdal nouveau, non toxique, entre les deux colloïdes, et que des examens physico-chimiques permettraient de déceler. En tous les: cas, il nous semble spécialement intéressant de constater, après les travaux connus sur l'importance du manganèse dans les diastases naturelles, qu'ici encore le manganèse se soit montré parliculièrement actif. (nstitut de Thérapeutique de l'Université de Bruxelles.) 3) L'INTOXICATION ARSENICALE DANS LES INDUSTRIES DE LA HOUILLE ET & f DE SES DÉRIVÉS (INTOXICATION HOUILLÈRE ARSENICALE), par A. BAYET et A. SLOSSE. Nous avons, mon collègue le professeur Bayet et moi, démontré que le travail prolongé, dans un milieu souillé de poussière de brai, déter- mine un état d'intoxication arsenicale chronique. Cette intoxication se manifeste par une série variable de symptômes cutanés, que l’on peut assimiler à une sénilisation précoce de la peau dans les cas les plus légers. Dans les cas plus graves, il s'ajoute des manifestations BYper plasiques de la peau, des ulcérations et du cancer cutané. Notre argumentation s’appuyait sur les preuves suivantes : 1° La présence constante de quantités notables d’arsenic dans tous les échantillons de brai analy-és ; 2° La présence de l'arsenic dans le sang de 60 p. 100 des ouvriers de l'atelier ; à 3° La présence de l’arsenic dans les cheveux de 96 p. 100 des ouvriers de l'atelier ; À 4 L'absence de l’arsenic dans les cheveux d’habitants de la même localité, qui travaillent dans la même usine, mais dans une section dans laquelle le brai n’est pas employé. à \ SÉANCE DU 11 OCTOBRE 1145 ———_—_—_—_—_—_——————Z2— er La présence de l’arsenic dans le brai s'explique par la présence du métalloïde dans le charbon. Tous les charbons sont plus ou moins arsé- nifères. Il suit de là que toutes les industries qui utilisent le charbon à un titre quelconque, soit en nature, soit sous l’une ou l’autre forme dérivée, exposent l’ouvrier aux accidents plus ou moins marqués, de l'arsenicisme chronique. Dans la communication d'aujourd'hui nous envisagerons seulement l’industrie du gaz d'éclairage. : Nos recherches nous démontrent : 1° Que les pous-ières récoltées sur les passerelles, qui commandent les appareils à distiller et sur lesquelles s’ouvrent les orifices de char- gement des cornues, contiennent des quantités notables d'arsenie ; 2° Que le goudron, produit de condensation de la distillation, contient toujours des quantités notables d’arsenic ; 3° Que la matière épurante du gaz contient, lorsqu'elle est épuisée, des quantités notables d'arsenic, tandis que la matière fraîche n’en contient pas; 4° Que le sang des ouvriers, qui lravaillent dans cette section de l'usine, contient de l’arsenic dans un grand nombre de cas (3 cas sur 5); 5° Que les cheveux de ces ouvriers contiennent de l’arsenic : dans un certain nombre de cas (2 sur 4). Nous tenons à faire remarquer que nos analysés ont toujours été pratiquées sur des quantités très minimes de substance. Pour le sang, de 8 à 15 grammes; pour les cheveux, ! gramme; pour les produits des usines de 1 à 2 grammes. L'ubiquité de l’arsenic ne fait de doute pour personne : mais encore, faut-il pouvoir la mettre en évidence, opérer sur des quantités de sub- stance beaucoup plus fortes que celles que nous avons ÉADOVEE Il nous apparaît que notre constatation a une signification autre qu'une confirmation simple de cette ubiquité. Des recherches, qui sont encore en cours actuellement, nous per- mettent de prévoir que toute l’industrie de la distillation du goudron paie aussi son tribut à l’arsenicisme chronique. UN GENRE NOUVEAU DE Spiruridæ, HOME EN °° par LGEnOELST. : Le genre Spiroptera Rudolphi (41819) a été soumis dans ces dernières années à un -démembrement analogue à celui du_genre Sirongylus, mais, Moins favorisé que celui-ci, ilest appelé à disparaitre totalement de Je nomenclature, étant synonyme de Acuaria Bremser (1811); tous 1126 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE les spiroptères devront donc, en dernière analyse, subir un changement de dénomination. Déjà maintenant sur les 106 espèces relevées et décrites par Molin dans sa monographie du genre publiée en 1860, 53 ont été réparties en 26 genres différents. Ce travail de revision, auquel s’attachent plus particulièrement les noms de Railliet et Henry et de Seurat, s'effectue à l’occasion soit de la remise à l'étude des espèces anciennes, soit de l'analyse d’espèces nouvelles, dont les affinités avec des espèces anciennes révèlent la nature de celles-ci. C'est un cas de ce dernier genre qui fait l’objet de la présente note. Au cours de l'examen auquel nous avons procédé des collections hel- minthologiques du Musée Royal d'Histoire naturelle de Bruxelles, nous avons rencontré un Spiruridé nouveau, donl.la description suit: Corps filiforme, atténué en avant ; extrémité antérieure arrondie, à contour surbaissé, presque tronquée. Coloration blanchâtre. Tégument à striation transversale fort accusée, les stries étant écartées de 4,5 uw chez le mâle, de 6,8 y chez la femelle. Aïles latérales absentes. La bouche terminale, à grand axe dorso-ventral, ést entourée par 4 lèvres, 2 latérales et 2 médianes : les lèvres latérales sont grandes et leur bord antérieur est découpé de manière à former trois lobes, un petit lobe médian et deux lobes latéraux, qui se projettent de chaque côté comme deux ailes. débordant légèrement les régions sous-jacentes : leur bord externe arrondi est marqué par un sillon profond qui va en s'atténuant progressivement des lignes submédianes vers la ligne latérale du corps, où la lèvre paraît s'implanter par une base étroite. Les lèvres médianes sont petites, à bord libre entier arrondi, et affectent la forme de deux petites écailles. Dans les lèvres latérales, la pulpe émet un lobe externe médian, court et épais, ne s’élevant qu'à mi-hauteur, et trois lobules internes digitiformes, se distribuant aux trois lobes labiaux. En arrière des lèvres latérales se voient quatre papilles céphaliques globuleuses, proéminentes,submédianes.La bouche donne accès dans un vestibule cylindrique, tapissé par une épaisse cuticule, auquel fait suite un œsophage long, cylindroide, s'élargissant progressivement en arrière sans former de bulbe; il est entouré vers son 1/12-1/15 antérieur par le collier nerveux et le pore excréteur s'ouvre peu en arrière de ce dernier. Une paire de papilles cervicales s’observe un peu en avant du niveau marqué par le pore excréteur. Le diamètre de l'intestin ne dépasse pas celui de l'œsophage. Mäle. — Le vestibule buccal ou pharynx mesure 45 à 55 u de long sur 7 y de large. L'extrémité postérieure du corps légèrement tordue sur elle-même se contourne en spirale; elle est bordée par deux ailes amples qui enveloppent la pointe caudale ; la queue est courte, conique, à sommet arrondi. Les ailes caudales sont soutenues chacune par 6papilles longuement pédonculées, dont 4 sont préanales et 2 post: SÉANCE DU A1 OCTOBRE 1447 anales ; le volume de ces papilles augmente d'avant en arrière de la pre- mière à la cinquième : ‘la sixième est moins forte que celle-ci. Il existe en outre une paire de papilles sessiles, subterminales. Les spicules sont très inégaux : le grand spicule est grêle, cylindroïde, largement évasé en entonnoir à son extrémité proximale, terminé en pointe subulée à son extrémité distale et marqué d’une striation transversale; le court spicule est plus trapu, cylindroïde ; il s'ouvre par un orifice non élargi à son extrémité antérieure et se termine en arrière en une pointe mousse, au-devant de laquelle il présente une encoche à sa face ven- trale. Il n'y a pas de gubernaculum. Le tube génital Une jusqu à 0268 en arrière de l'œsophage. Femelle. — Le vestibule pharyngien mesure 50 à 604 de long. La queue est courte, conique, à sommet arrondi. La vulve non proéminente s'ouvre en avant de l'extrémité postérieure de l’œsophage ; l’ovéjecteur comporte un vestibule cylindrique, long de 790 x, auquel font suite un sphincter et une trompe impaire, qui, après un trajet variable, se divise en 2 branches parallèles. Les replis de l'appareil génital s'étendent en arrière jusqu'à 375 à 400 u de l’extrémité caudale. Les œufs sont ellip- soïdes, à coque épaisse et lisse ; vers les pôles l'épaisseur de la coque est légèrement renforcée ; les œufs sont embryonnés lors de la ponte. g' ® Longuenritotale seen entres res 6,10 à 6,45mm 18,0 à 21,8mm Épaisseur maxima . . ... . . PE RATE 140 à 144 pu 240 à 260 Bongueur dela queue .:: : 2 2. see 120 we 90 à 120 w ; de l'anneau nerveux’. . . . 180 à 213 u 260 à 275 pu Distance : S ï UE, : .. ) des papilles cervicales. . . 210 à 260 y 330 y à l'extrémité ÿ NA bal du pore excréteur . . . . . 220 à 2175 p 360 pu ni de le otre 0 un 1,86 à 2,97mm Longueur de l’æœsophage . A 7 9m 2,4 à 3,6 Rapport de la longueur totale à fcelle de REESODhae are) ER ER ner 1/3 41/6 SD CU LEE OT CU ES Te ee 0,2n® SPCUlENPAUCRE SNS NN ou RS 1,6 à 1,9um CRUE RS nr Se re a ne lee DIR à 54 à 51.X 30 à 33 pe Ce parasite a été recueilli dans l'intestin d’un Cranorrhinus corrugatus Temminck, oiseau appartenant à la famille des Bucerotidæ et originaire des iles de la Sonde et de la presqu'île de Malacca. Ce nématode offre des affinités indiscutables avec le Spiroptera unci- nipems Molin (1860). Comme caractères communs, nous relevons la conformation générale de la têle et de l'extrémité caudale, les caractères ‘des spicules et des œufs. Le parasite du Cranorrhinus se différencie du parasite du Nandou par l'absence de dents sur les lèvres latérales, la forme des lèvres médianes et la position plus antérieure de la vulve. À quel genre doit-on rapporter ces deux espèces dans la famille des % 1148 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Spiruridæ? Le genre Spiroptera ne saurait être retenu étant tombé en synonymie. Des divers genres composant actuellement la famille des Spiruridæ, nous n'avons à envisager que ceux dont la bouche est garnie de 4 lèvres, c’est-à-dire les genres Spirura, Protospirura, Habronema et Cyrnea; mais ces 4 genres présentent entre aulres caractères celui d'être pourvus d’un gubernaculum. Nous pensons donc qu'il y a lieu de constituer un genre nouveau, que nous nous plaisons à dédier à notre ami, le professeur G. Gilson, Directeur du Musée Royal d'Histoire natu- relle de Belgique, et nous proposons de désigner l’espèce que nous venons de décrire sous le nom de Glsonia inermis n. g., n. sp., pour rappeler l'absence d'armature dentaire sur les lèvres latérales. , - -+ 0] ! 22 ne ; Fpe Gérant: 0 POR MA DATES AE Er 2e ere A TU NN ER PART 1, in LL OT ESA 5 j ire, 6 D ES AS CASA En 0) (ot COTE NE SPMENET E a Paris, — Imprimerie de la Cour d'appel L. MAneTREUx, directeur, 1, ruo Cassette. 1149 SÉANCE DU 15 NOVEMBRE (919 Arracs (M.) : Actions antagonistes SOMMAIRE n’est pas nécessaire au maintien du venin de Daboïa et du venin de de la pression artérielle . . . . . . 1175 Cobra sur la coagulation des plas- LesLonp (É.) : Le passage de l’état mas oxalatés et citratés . . . . . .. 1158 | de gel à l’état de sol dans le proto- Arraus (M.) : Venin de Daboïa et plasmavivante nt. 1150 extraits d'organes. . . . . ...... 1156 Mercier (L.) : Un caractère de BourcarT (J.) et Laucter (H.) : nervalion infixable chez Panorpa Aclion du changement d'altitude communis L. RE NES TEE 1168 sur l'éclosion des accès de palu- Nerter (A.) et Cosmovicr (M!) disme secondaire. . . .... .... 1165 | Maladie sérique conséculive aux in- BourcaRT (J.) et LauGtEerR (H.). jections de sérum bovin ...... 1152 Caractère saisonnier de l’ictère épi- PréroN (H.): Temps de latence et . démique en Macédoine . ...... 1170 | temps d’actionliminaires.Interpréta- Commanpon (J.) : Tactisme produit tion de la loigénéralede variation en par l’amidon sur les leucocytes. En- fonction des intensités excitatrices. 1162 robement du charbon. (Enregislre- ReTTERER (Éo.) : Des conditions ment cinématoyraphique). . . . .. 1171 | qui font varier l’évolution de l’épi- - DunamEL (B.-G.) et TareuLin (R.) : théliumitestieulaire > 7... 1153 Localisations de l'or colloïdal élec- RouquiER (A.) et Tricoire (R.) : trique dans les organes. . . . ... 11178 | Action de l’éther sur certains mi- GLEY (E.) et Quinquau (A.) : La crobes pathogènes ou non patho- sécrétion surrénale d'adrénaline gènes pour l’homme. ..,.,... 1160 Présidence de M. E. Gley, ancien secrétaire général, puis de M. Ch. Achard, vice-président. OUVRAGE OFFERT. M. E. Gzey. — Notre collègue, le professeur Lambling, m'a prié d'offrir à la Société, en son nom, la 2° édition de son Précis de Biochimie. Personne n’ignore l’éclalant succès de ce livre aussi bien auprès des physiologistes que des médecins et des étudiants. Rarement succès fut plus mérité. Tout y a concouru, l'importance des questions présentées, la richesse et la sûreté des informations, la pénétration de la critique, la maîtrise des exposés, la sobre précision et la clarté souveraine de la BIoLOG1E. ComPTES RENDUS. — 4919. T, LXXXII. 83 4150 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EE — ———]———— pensée. Ces qualités se relrouvent naturellement dans la TNT édition. Les divisions générales du livre sont restées les mêmes, mais plusieurs chapitres ont été refondus et des parties nouvelles se sont ajoutées à l'édifice. Dans le centre de l'ouvrage, qui se trouve toujours dans les chapitres consacrés aux transformations et à la dégradation des matières protéiques et aux transformations des hydrates de carbone et à celles des graisses, la question du rôle nutritif des acides aminés et de leur dégradation, celle de la production de la glycose à partir des matières protéiques «æt celle du métabolisme des graisses ont pris à juste titre une grande place. Dans une autre partie capitale du livre, celle qui est relatise aux échanges nutritifs extérieurs, on lira avec autant d'intérêt que de profit lout ce que dit l’auteur de la dépense de fond, du besoin minimum d’albumine, de la consommation de luxe, cette ancienne question redevenue actuelle, du problème des vitamines, ete. Que d'autres points seraient à signaler! Mais la tâche de la critique, quand il s'agit d’un livre de Lambling, est aussi simple que possible : point n’est besoin d'insister sur l'intérêt qu'il présente; il suffit de l’annoncer; on est assuré qu'il sera lu. | LE PASSAGE DE L'ÉTAT DE GEL A L'ÉTAT DE SOL DANS LE PROTOPLASMA VIVANT. Note d'ErtENxE LEBLOND, présentée par M. Er. RaBaup. La structure colloïdale des protoplasmas mise hors de conteste, l'on considère généralement qu’ils se présentent à l’état de gel. L'étude que nous avons faite d'un grand nombre d'algues d'eau douce nous à conduit à admettre que l'existence des hydrosols, bien que ne constituant pas un état permanent de la substance vivante, ne peut être mise en doute. Nos observations ont porté sur certaines espèces des genres suivants : Conjuguées : Mougeotia, Spirogyra, Zyqnema, Sirogonium, D nn Cosmarium, Penium ; Siphoné:s : Vaucheria, Palmellacées : Tetraspora, Palmella ; Confervacées : Cladophora, Conferva, Urospora, Monostroma, Œdogonium ; Diatomées: Navicula, Melosira ; Floridées : Batrachosper- mur . Poursuivant les recherches dans les groupes les plus différents, nous avons retrouvé l'aspect de sol chez une Characée, une Saprolegnée (Achlya), un Myxomycè!e, diverses Phanérogames et jusqu'ici chez une seule Amfbe dulcicole à faible tension Diane. Les faits nous amènent à considérer qu'hydrogels et hydrosols ne ‘ SÉANCE BU 15 NOVEMBRE 1151 ‘sont plus à opposer dans la cellule vivante, que ces deux aspects d'une même substance colloïdale ne constituent pas deux catégories géné- riques et exclusives, mais qu'ils sont bien plutôt des états transitoires et alternants du protoplasma, répondant chacun à des stades particu- liers de l'évolution cellulaire. Chez Palmella miniata et Monostroma bullosum, algues composées d'éléments unicellulaires morphologiquement identiques et d'’égale valeur fonctionnelie, la structure du cyloplasme diffère suivant les régions du thalle : l'aspect le plus fréquent est celui d’un gel à travées homogènes affectant une disposition stellaire ; il présente quelques rares grains intravacuolaires immobiles. À cette forme alvéolaire -s’oppose celle que l’on rencontre dans certains îlots cellulaires au niveau desquels — exception faite des chromatophores — toute texture cyto- plasmique définie a disparu pour faire place à un sol dont les grains d'inégale dimension sont animés de vifs mouvements browniens; de nombreux intermédiaires rattachent ces deux stades extrêmes. Des états correspondants se rencontrent chez une espèce que nous croyons pouvoir rattacher au genre J'etraspora, chez Conferva bombycina et dans -deux espèces du genre Ædogonium. Chez les Conjuguées le cytoplasme se présente habituellement dans les cellules végétatives sous l'état d'un gel affectant la structure rélicu- laire des histologistes ; à certains moments de l’évolution individuelle, - les trabécules protoplasmiqnes se résolvent en fines granulations browniennes et peu à peu toute la masse cytoplasmique (Chromato- phores exceptés) se transforme en hydrosol. Nous avons pu, chez une espèce du genre Mougeotia, chez Spirogyra inflala, S. varians et S.juga- _ lis, constater que les grains du’sol possèdent bien les modalités caracté- ristiques du mouvement brownien et en particulier vérifier son irrégu- larité, l'influence qu’exerce sur lui la grosseur des grains et la viscosité du solvant. Les grains peuvent présenter en outre certaines propriétés cinétiques surajoutées : mouvement de translation discontinu et mouvement de translation cortinu ou cycloïde sur lesquels nous reviendrons ultérieu- rement pour en fixer le mécanisme et la portée biologique. Enfin chez Achya gen. la même cellule peut offrir simultanément, sur un espace assez réduit, les différents aspects suivants, stades progressifs au passage du gel au sol :: 1° Structure alvéolaire (au sens de Bütschli); les plus grandes -alvéoles ne dépassent pas 10 » ; quelques rares grains immobiles; 2° Les alvéoles varient de 10 à 20 y et le mouvement brownien com- mence à se manifester à leur intérieur ; 3° Les alvéoles atteignentun diamètre égal à celui du diamètre trans- verse de la cellule (25 x) et les corpuscules browniens sont fort nom- breux. | 1152 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 4 L'espace cellulaire considéré a perdu tout aspect structural défini et ne présente plus qu’une partie amorphe fluide et une partie à graines mobiles intimement mélangées. Nous voyons dans cet exemple les corpuscules browniens prendre peu à peu, aux dépens de la structure alvéolaire, une importance de plus en plus grande pour finalement sy substituer complétement. Nous examinerons dans une prochaine note quel est le condition- nement de ce phénomène, en essayant de démontrer que pour un même piasma colloïdal gels et sols répondent à des états fonctionnels. MALADIE SÉRIQUE CONSÉCUIIVE AUX INJECTIONS DE SÉRUM BOVIN, par ARrNozD NeTTER et Mie Cosmovicr. Penna, Cuenca et Kraus (1), de Buenos Aires, après avoir signalé l'efficacité des injections de sérum normal bovin dans le traitement du charbon humain, sont arrivés à conseiller la substitution du sérum bovin au sérum de cheval. aussi bien dans les cas où l’on doit employer le sérum normal que pour ceux où l’on s'adresse au sérum d'animaux immunisés. È Pour ces auteurs les accidents sériques seraient beaucoup moins com- muns après le sérum de bœuf qu'après celui du cheval. Les statistiques suivantes publiées par ces auteurs sont de nature à affirmer cette asser- - tion. Sur 400 sujets ayant reçu du sérum de bœuf chauffé deux fois à 56°, ils n’ont eu d'accidents sériques que 7 fois seulement, soit 4,75 p. 100. Cette affirmation est évidemment assez surprenante, le sérum de cheval ayant été choisi précisément à cause de son innocuité plus grande établie expérimentalement. Il ne serait toutefois pas impossible que l’homme se comportàt vis-à- vis des sérums autrement que les animaux de laboratoire. Aussi avons-nous cru utile de contrôler ces propositions. À cet effet nous avons employé du sérum bovin normal dans des maladies où l’on avait recommandé l’emploi du sérum normal. L'une de ces maladies est la coqueluche, contre laquelle Violi (de Constantinople) a, depuis plus de 20 ans, employé les injections de sérum de génisse. Dans une première série de 10 enfants traités par ces injections, nous avons eu une fois une éruption sérique locale très marquée. Ce résullat ne prouve pas grand'chose. Contrairement à ce (1) Frensa medico Argeutino, 1917. à fe ANT RS # SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1159 que nous avons demandé le sérum qui nous avait été remis n’avait pas subi la tyndallisation. ll en a été tout autrement pour le sérum bovin employé chez 8 autres enfants atteints de coqueluche, sérum tyndallisé à trois reprises qui nous a été remis par M. Nicolas. L'âge de ces enfants variait entre 2 mois et 7 ans, le nombre des infec- tions de 1 à 8, la quantité de sérum de 3 à 10 c. c. Un de ces enfants, qui a reçu 5 c. c. les 9, 10 et 13 août, a présenté une éruption sérique le 20 août, suivie d’une deuxième et unetroisième poussée les 22 et 24 août. Les éruptions sériques se sont, dans cette série de sujets et dans la précédente, produites avec la même fréquence qu'avec le sérum équin. Les injections n’ont eu aucune action apparente sur la coqueluche. À ces cas, j’ajoulerai celui d’une jeune femme atteinte d’un rhuma- tisme déformant très rebelle, chez laquelle, sur ma demande, M. Ameuille a bien voulu pratiquer des injections de sérum bovin; les injections de sérum ont été préconisées en pareil cas, surtout par les Américains. La deuxième injection a été suivie d’une fièvre sérique assez pénible. + On voit qu'entre nos mains le sérum bovin n'a nullement présenté la supériorité que lui attribuent Kraus, Penna et leurs collaborateurs. Il nous à paru utile d'indiquer ce résultat négatif. M. Lignières, auquel nous avons communiqué ces résultats, nous a appris qu’il avait en effet, en Argentine, mis en doute les résultats de Kraus aussi bien au point de vue de l’innocuité du sérum bovin que de son efficacité dans le traitement du charbon (1). DES CONDITIONS QUI FONT VARIER L' ÉVOLUTION DE L'ÉPITHÉLIUM TESTICULAIRE, par ÉD. RETTERER. Après les testicules greffés, les testicules des vieillards, j'ai étudié l’épithélium des tubes séminipares sur des adultes jeunes et sur un testicule en ectopie. 1. Testicules de deux sujets (vingt-cinq et trenle ans, fusillés). — Fixation à l’état frais dans le liquide picro-formol-acétique. Les tubes séminipares ont un Calibre qui varie entre 012 et Owm15. Les cellules pariétales des tubes (spermatagonies) ont non seulement un gros noyau (9 à 12 u), mais leur cyto- plasma est granuleux, c’est-à-dire formé d’un réticulum serré de filaments (1) Instituto bacteriologico del departemente national de Higiene, 1918 et 19109 1154 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE hématoxylinophiles. Les assises suivantes (spermatocytes) montrent, outre un noyau légèrement plus petit, un cytoplasma clair entourant le noyau et un cytoplasma cortical granuleux comme celui des spermatogonies. En approchant des couches internes, le cytoplasma granuleux se réduit à des trabécules fines et anastomotiques. Enfin apparaissent les amas des élé- ments à petits noyaux (spermatides), très chromatiques et ne mesurant cha- cun que 2,5 y ou 3 y. Ils se trouvent dans les larges mailles que circonseri- vent les filaments granuleux et sont encore entourés d’un cytoplasma de plus en plus clair. Pendant qu’ils se transforment en spermatozoïdes, les sperma- tides restent plongés dans un cytoplasma fluide qui, en subissant la fonte, met les premiers en liberté. Donc en évoluant à partir de la périphérie du tube, le cytoplasma plein et à granules serrés acquiert un cytoplasma clair qui s’accumule entre les trainées granuleuses et anastomotiques. L'hyaloplasma qui est contenu dans le réseau formé par ces dernières se creuse de vacuoles autour des sperma- tides et des spermatozoïdes développés aux dépens des noyaux et du proto- plasma périnucléaire. En se fusionnant et en se fluidifiant, les vacuoles mettent les spermatozoïdes en liberté, mais ceux ci continuent à former des. amas distincts grâce aux cloisons hématoxylinophiles émanant du réticulum des cellules testiculaires. Ainsi, l’épithélium des tubes séminipares se compose d’un protoplasma à réticulum serré dans les assises externes; dans les assises moyennes, les mailles s’élargissent et l’hyaloplasma qui les remplit devient de plus en plus abondant. Enfin, dans les assises centrales, l'hyaloplasma se fluidifie et met les spermatides et les spermatozoïdes en liberté. IT. Testicule en ectopie d’un adulte. — La consistance et l'aspect général de ce testicule permettent de le ranger dans le groupe des testicules fibreux des anatomo-pathologistes. L’albuginée, dont l'épaisseur varie entre 0mm4 et Omms, se continue en de nombreux points avec une couche de 4 millimètre environ, dont la trame, également fibreuse, semble creusée de fentes étroites et irré- gulières. Vers le centre, ces fentes se continuent avec des conduits d’un calibre de 010 ou 02%15, sans lumière, c'est-à-dire qu’ils sont pleins; mais au lieu d’un épithélium ordinaire, ils contiennent une masse cyloplasmique à structure bien différente : c’est un réticulum à filaments grêles, très héma- toxylinophiles, dont les larges mailles sont remplies d’un cytoplasma trans- parent. Les tubes ou conduits de la portion centrale sont entourés d’une mem- brane propre et les cellules épithéliales qui les remplissent sont disposées sur 4, 2 ou 3 rangs : on croirait voir l'épithélium réticulé de l'organe préden- taire, dit de l'émail. En approchant de la couche moyenne qui sépare la por- tion centrale d’avec l’albuginée, on voit les cellules épithéliales périphériques. prendre les caractères de cellules conjonctivés, et, la nouvelle couche, se con- tinuer avec la trame fibreuse sans interposition de membrane propre. Le testicule en ectopie rappelle les îlots vésiculo-fibreux qui caractérisent le testicule des vieillards : l’épithélium des tubes centraux est en voie de transformation en tissu réliculé. Dans la couche moyenne, le tissu réticulé à mailles pleines subit l’évolution fibreuse, c’est-à-dire que l'hyaloplasma éla- bore des fibrilles conjonctives. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1155 En résumé, dans le testicule de l'adulte en puissance génitale, le cytoplasma sranuleux et hématoxylinophile des assises externes se réduit dans les assises moyennes à un réseau cortical, pendant qu'il s’y produit un hyaloplasma abondant autour des noyaux. Ce dernier devient, dans les assises centrales, de plus en plus fluide et finit par se liquéfier pour mettre les spermatozoïdes en liberté. Dans le testicule en ectopie, comme dans celui du vieillard, l'hya- loplasma des tubes testiculaires dévient, au contraire, plus dense, et, au lieu de disparaître par fonte, il élabore des tibrilles conjonctives, qui transforment l'organe en une masse fibreuse. Chez l'adulte normal, la cellnle épithéliale du testicule se caractérise par la production d'un hyaloplasma abondant qui finit par se fluidifier; avec. l’âge ou dans le testicule en ectopie, l'hyaloplasma devient plus dense, s’affermit et élabore des fibrilles conjonctives. Résultats généraux. — Chez l'embryon, le fœtus et l'enfant, l'épithé- lium du testicule est disposé sous la forme de cordons, larges de 0""05 à 0"%06, au centre desquels on voit peu à peu apparaître des vides par fonte du protoplasma. Déjà, à celte époque, on, distingue au milieu du syncytium constitué par des cellules granuleuses, mal limitées, des cellules volumineuses, dont le cytoplasma périnueléaire est elair (spermatocytes). Ces spermatocytes deviennent nombreuses vers la puberté et leur noyau de 16 à 12 x se divise pour donner naissance à des cellules à cyloplasma de plus en plus clair. Les spermatocytes continuant à se multiplier, chacun donne naissance, en divisant deux fois, à quatre petites cellules (spermatides) dont le noyau est quatre fois moindre que celui des cellules originelles. Pour mettre les spermatides et leur mince corps cellulaire mobile en liberté, le cvtoplasma clair subit la fonte et il ne reste que quelques filaments hématoxylinophiles cloisonnant la lumière du tube séminipare. Les mitoses qui président à la prolifération de l'épithélium testiculaire sont accompagnées de l'élaboration d’un protoplasma abondant qui concourt, avec la produc- tion des éléments cellulaires, à l’augmentation- de calibre des tubes séminipares. : Avec les progrès de l’âge, les divisions de l’épithélium séminal deviennent plus rares; les cellules prennent une structure plus granu- leuse ; leur cytoplasma ne subit plus qu'une fonte très limitée. Les éléments épithéliaux se disposent sur plusieurs rangées et la lumière du canal se réduit à une fente très étroile qui est parfois comblée par une bordure protoplasmique. De cette façon, le tube séminipare se transforme de nouveau: en un cordon à peu près plein. Les cellules cen- trales se divisant de moins en moins en petits éléments, les sperma- tides et les spermatozoïdes deviennent de plus en plus rares. Cependant l’épithélium testiculaire est vivant et continue à évoluer, quoique dans un sens différent de celui de l'adulte en puissance génilale, Les cellules épithéliales s’enrichissent en filaments hématoxylinophiles et en hyalo- plasma dense, et à partir de l’assise externe, l'hyaloplasma élabore des 4156 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE fibrilles conjonctives. De la sorte, les cordons épithéliaux diminuent de calibre; le tissu conjonctif intercordonal s'accroît et le testicule se transforme partiellement en îlots de tissu fibreux, contenant des cel- lules à cytoplasma clair, périnucléaire, comme celui qu'on aperçoit dans les cellules épithéliales en voie de transformation conjonctive. Dans le testicule en eclopie de l'adulte, l’épithélium testiculaire pré- sente une évolution analogue à celui du testicule vieux. Arthaud a entrevu ce fait en 1883, puis l’a étudié avec Monod en 1887 : le tissu conjonctif s’épaissit et s’indure autour des vaisseaux, puis des tubes séminipares aussi bien chez les vieillards que dans le testicule ecto- pique. Félizet et Branca (1) ont décrit et figuré (testicules ectopiques d’en- fants de neuf ans et de treize ans) une trame conjonctive très étendue et très développée et contenant de rares tubes épithéliaux à l’état rudi- mentaire. Ce serait là la lésion primitive du testicule ectopique ; mais le. texte est muet sur le point suivant : par quel processus s’hypertrophie la nappe conjonctive et s’atrophie l’épithélium? : Dans les greffes testiculaires, les cellules épithéliales se transforment la plupart en éléments réticulés à mailles d’abord pleines, puis vides d’hyaloplasma. Au-lieu de devenir d'emblée fibreux, le tissu épithélial passe par le stade réticulé. La fonte ultérieure de l'hyaloplasma produit, à mon avis, le plasma dont ia résorption détermine la libido et la potentia coeundi des porteurs de greffe (préalablement châtrés). Chez les Cryptorchides et les sujets vieux, les cellules épithéliales se transfor- ment directemenl en tissu fibreux, et il ne se développe point d’hyalo- plasma qui subisse la fonte et se résorbe. Aussi la transformation fibreuse aboutit-elle aux mêmes résultats que la castration, car l’une et l’autre suppriment Ja sécrétion tant externe qu'interne, VENIN DE DABOÏA ET EXTRAITS D ORGANES, par MAURICE ARTHUS. Le venin de Daboïa (Vipera Russellü) est un venin coagulant: injecté à dose suffisante dans les veines du lapin, il provoque une thrombose généralisée presque instantanément mortelle ; ajouté au sang extrait des vaisseaux au moment de la prise, il en accélère la coagula- tion. L'action coagulante de ce venin est complexe assurément, el je ne saurais présentement en faire connaître tous les éléments. Je me bor- (1) Journal de l'Anœtomie, etc., 1898, p. 589 et 1902, p. 329. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1157 nerai à noter ici l’action remarquable exercée par ce venin sur la coagu- lation des liqueurs fibrinogénées in vitro. Le venin de Daboïa ne contient pas de thrombine, car il ne fait pas coaguler in vitro les liqueurs fibrinogénées non spontanément coagu- lables, telles que le sang de peptone (de chien), ou les plasmas de sang oxalaté, citraté ou fluoré (de cheval). En cela il diffère des venins de Crotalus terrificus et de Lachesis lanceolatus, qui font coaguler toutes ces liqueurs, et qui, par conséquent, se comportent comme les solutions de thrombine. Le venin de Daboïa ne contient pas de prothrombine transformable en thrombine par l’action des sels de calcium, car si on ajoute du chlo- rure de calcium à sa solution, on ne confère pas par là à cette solution la propriété de faire coaguler les liqueurs fibrinogénées. On pourrait enfin démontrer que le venin de Daboïa ne favorise pas l’action de la thrombine sur le fibrinogène ou la précipitation de la fibrine engendrée par action de thrombine sur le fibrinogène : en effet ce venin n'accélère pas la formation du caillot dans les liqueurs fibrino- génées soumises à l’action de la thrombine. Mais le venin de Daboïa accélère la transformation de la prothrombine en thrombine dans les plasmas de sang décalcifié de cheval, quand on ajoute à ceux-ci un excès de sels de chaux: il accélère en effet la coagu- lation des plasmas oxalatés, citratés et fluorés traités par le chlorure de calcium. x - À 5 c.c. de plasma de sang de cheval oxalaté à 1 p. 1.000, on ajoute diverses proportions de venin de Daboïa en solution à 1 p.1.000 (de 0 à 12 gouttes), puis 1 c.c. d’une solution de chlorure de calcium à 1 p. 100. Le tableau sui- vant donne les résultats (durée de coagulation à 40°) de ces essais. a) PI. oxal. 5 c.c. + eau salée 12 g. + venin Dab. 0 g. — coag. en 14 minutes. b) ». 5 c.c. + — 11 g. + — Âg. — » en 3 m. 10s. c) » D C.C. + — 10 g. + — 2g. — » en 2 m. 40s. d) » DAC CE — 8 g. + — ANGES Den 2m 158 e) » 5 c.c. + — 4 g. + —- 8g. — » en 1 m.50s. f) » 5 c.c. + — 0 g. + — 129 — » en 1 m.25s. Cette propriété du venin de Daboïa n'explique d’ailleurs pas son action coagulante in vivo, car le sang circulant ne contient pas de prothrombine ; elle n’explique peut-être que partiellement l’action coagulante de ce venin in vitro, car le venin peut sans doute exercer sur le sang au moment de la prise une action équivalente à celle qu'il exerce in vivo. L'action dont je viens de donner un exemple n'est donc qu'un élément de l’action coagulante du venin; elle n'en est pas moins intéres- sante. En étudiant à un point de vue parallèle les extraits d'organes (macé- rations de tissus dans l’eau salée) on peut établir qu'ils agissent comme 4158 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le venin de Daboïa in vivo et in vitro. En particulier, comme on le sait depuis longtemps, ils ne contiennent ni thrombine, ni prothrombine ; en particulier encore, ils accélèrent la coagulation des plasmas de sang de cheval oxalaté, citraté ou fluoré, quand on les traite par le chlorure de calcium. On prépare des macérations de divers tissus dans l’eau salée (24 heures au laboratoire). À 5 c.c. de plasma citraté de cheval, on: ajoute 2 c.c. d’une macération filtrée, puis 1 c.c. d’une solution aqueuse de chlorure de calcium à 2 p. 100: Mélange sans macération (2.c.c. eau salée) . . . Coagule en 13 minutes. Mélange avec » poumoOn./ .. 0... (Coagulerenm/ 1m 02; Mélange avec » foie... +451. -Goagule em >minntes: Mélange: avec .» RIRE ee - ce. (GO CUIE- ent MINIER Mélange avec » lesticule ee res Coagule en 2 minutes. Mélange avec » Tale He mA 00iauIe ent OBAMNULES Mélange avec » CŒUR LE LAS Coagule en 2 m. 10 s. Le venin de Daboïa est done rigoureusement équivalent aux extraits d'organes, en ce qui concerne ses actions coagulantes. Dans les démonstrations expérimentales destinées à faire connaitre les faits intéressants de la coagulation du sang, on est parfois gêné pour faire constater en un temps court l’action coagulante exercée par les. sels de calcium sur les plasmas décalcifiés, cette coagulation se faisant souvent très lentement. On aura alors avantage à ajouter aux plasmas décalcifiés une petite quantité de venin de Daboïa ou d'extrait d’organe (de poumon par exemple), incapables l’un et l’autre de faire coaguler la liqueur, mais accélérant considérablement la coagulation quand on la provoque par addition de sels de chaux. ACTIONS ANTAGONISTES DU VENIN DE DABOÏïA ET DU VENIN DE COBRA SUR: LA COAGULATION DES PLASMAS OXALATÉS ET CITRATÉS, par MAURICE ARTrAUS. Le venin.de Daboïaest coagulant in vivo et'in vitro:, le venim de Cobra est anticoagulant in vivo: et in: vitro. Le venin de Daboïa ajouté aux liqueurs fibrinogénées, contenant de la prothrombine (plasmas oxala- tés et citratés de sang de cheval par exemple) favorise la coagulation de ces liquides sous l'influence des sels: de chaux ajoutés em excès. Le: venin de Cobra, ajouté à ces mêmes liqueurs fibrinogénées, en ralentitila coagulation. quand on la détermine par addition: de sels de’ chaux. Voici quelques: résultats réunis en un tableau : la: coagulation. des 9 QC SÉANCE DU 15 NOVEMBRE {! divers mélanges a été provoquée par À c.c. d’une solution de chlorure de calcium à 2 p. 100. dB ee Noire ST ES NERO ME AN ENTER . . . Coag. en 20 minutes. 10) 2 Co + 4 g. ». + 1 g. ven. Dab. ! p. 1:000. Coag: en 6 m. 50 s. MRONC- C0 + 3 g. » +2g. » » 4 p. 1.000. Coag. en 4 m. 20 s. D) ECC. 0 + 4 g. » + 4Ag. » » [ p. 1.000. Coag. en 3 minutes. g) 5 cc, *» + 4 g. » + 1 9. ven. Cob. 1 p. 1.000. Coag. en 28 minutes. HRORC CHE) +3 g DO 208» » 1 p. 1.000. Coag. en 38 minutes. SRG IC + 1 g » +4g. » » À p. 1.000. Coag. en 64 minutes, Les deux venins ont une action nettement antagoniste. _ On arrive à la même conclusion en procédant de la façon suivante : on prépare deux séries de tubes, chaque série comprenant les mélanges suivants : a) 5 c.c. pl. cit + 16 g. eau salée + 0 g. Venin Dab. 1 p. 1.000 D\RHECAC: » + 14 g. » Han es 1 p. 1.000 Gr CCR » + 12 g. » + 4 g. » 1 p. 1.000 dj CAC. » + 8 g. » + 8<£. » 1 p. 1.000 &) dr G:C: » + 4g » + 12 g. » 1 p. £.000 JARDATEUE » + 0g » + 16 g. » 1 p. 1.000 Aux tubes d’une première série À, on ajoute 16 gouttes d’eau salée à # p. 100; aux tubes d’une seconde série B, on ajoute 16 goutles d’une solution de venin de Cobra à 4 p. 1.000. Puis, dans tous les tubes, on verse À c.c. d’une solution de chlorure de calcium à 2 p. 100. Les coagulations se font dans les temps notés dans le tableau suivant: : SÉRIE À SÉRIE B a) 11 minutes. 16 minutes. b) 3 minutes. : # minutes. €) 3 minutes. & minutes. — dy 2; m,. 3/4. 3 im. 1/2. e) 2 mee1)2; 3 mn. 1/4. Je neue 3 minutes. De même que le venin de Daboïa ne contient pas de thrombine;, de même le venin de Cobra ne contient pas d’antithrombine, car, ajouté aux liqueurs fibrinogénées non spontanément coagulables, il n'en mo- difie pas la durée de coagulation, quand on détermine celle-ci par addi- tion de thrombine ow d’une substance équivalente (venin de Crotalus terrificus où venin de Lachesis lanceolatus. On peut démontrer par contre que le venin de Cobra injecté dans les veines du: lapin détermine la production d'antithromhbine, comme tout venin et plus généralement comme toute substance protéotoxique injectée dans les veines : si, en effet, on recoit le sang de lapins cobraïsés dans du citrate de soude, et si on traite le sang ainsi citraté par la thrombine, on constate que la coagulation s’y fait plus tardivement qu’elle ne/se 1160 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EEE fait, toutes conditions égales, pour le sang de lapins non cobraïsés. Le venin de Cobra injecté dans l'organisme est ainsi doublement anticoa- gulant : il est anticoagulant grâce à la substance qu'il renferme, ce qui retarde la transformation de prothrombine en thrombine; il est anticoa- gulant grâce à l’antithrombine dont il provoque la production par l'or- ganisme vivant, et qui s'oppose à l'action, ou plus exactement qui retarde l’action de la thrombine. Les venins de Naja Haje, Naja bungarus, Bungarus cœruleus sont équivalents au venin de Cobra. ACTION DE L'ÉTHER SUR CERTAINS MICROBES PATHOGÈNES OU NON PATHOGÈNES POUR L'HOMME, par A. RouquiIER et RAOUL TRICOIRE. Dans différents travaux M. H. Vincent a montré que l’éther tue rapi- dement le Bacille d’Eberth, les bacilles paratyphiques A et B, le Vibrion cholérique, le Micrococcus melitensis, le Bacille de la peste ; ses recherches lui ont permis d’instituer une méthode générale de préparation de vaccins bien connue. Les chirurgiens Souligoux, Morestin, les premiers ont utilisé dans le traitement des péritonites et des plaies infectées les résultats précédents. La méthode du pansement à l’éther, très suivie notamment pour le traitement des piaise articulaires (Ombrédanne) est très répandue aujourd’hui. Nous avons recherché l’action de l” ie sur certains microbes patho- gènes pour l'homme. Nous présentons ici nos résultats. Notre technique a été la suivante : Pour. chaque germe étudié nous avons fait une émulsion en eau physiologique en partant de cultures sur gélose âgées de quarante-huit heures.Cette émulsion, dont larichesseen microbes variait de 500 millions à 1 milliard par centimètre cube, était répartie dans des tubes à séro- diagnostic ou dans de petites ampoules et mélangée au cinquième de son volume d’éther; les tubes étaient bouchés soigneusement à la cire pour empêcher l’'évaporation de l’éther, on agitait fortement de temps à autre pour que le mélange de ce dernier et de l’émulsion füt intime. De cinq en cinq minutes durant la première heure, puis de demi-heure en demi-heure, et d'heure en heure, on ensemence sur gélose eten bouillon l’émulsion séparée de l’éther. Nous n’avons employé que de l’éther chimi- quement pur. Nous avons opéré à la température du laboratoire. Certains microbes sont très sensibles à l'éther et sont lués en une heure ou moins. Ce sont : le B. pyocyanique, le Proteus X 19, le M. prodigiosus, le B. de Shiga, le B. de Flexner, le méningocoque B. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 4161 D’autres sensibles à l’éther sont tués en moins de vingt-qualre heures et en plus d’une heure. Ce sont : le B. diphtérique, le 2. fecalis alcali- genes, le pneumobacille, le B. de Strong, le B. de Hiss. Le B. coli, l'entérocoque, le streptocoque, le staphylocoque doré ne sont tués qu’au bout de plusieurs jours (de 3 à 15). Le pneumocoque et certains anaérobies sporulés ne sont pas tués après huitet dix jours. Nous résumons dans le tableau ci-dessous le résultat de nos expé- riences : SPP PE TE EU QE EE TORRENT ————————— APRÈS CONTACT MICROBES = OBSERVATIONS AVEC L ÉTHER B. pyocyanique .-. . . . .| Tué, en 15 minutes. » NI DONS RE Tué, en 15 minutes. » Dr Spas nu Tué, en 15 minutes. » B.. Méningocoque {(B). . . .| Tué, en 15 minutes. » M. Prodigiosus eee ce Tué, en 1 heure. » BderFlexners: 22, 0... Tué, en 1 heure. » B. diphtérique. . . . . . .| Tué, en 4 heures. » Bneumobaciile-: 2... Tué, en 5 heures. » BÉde Stone 7 0. Tué, en 7 heures. » BderHiss ts, Tué, en 17 heures. » B. fecalis alcaligenes + . .| Tué, en 17 heures. » Streptocoque . . . . . . . Tué, en 3 jours. Provenait d’une méningite. DÉRCOTIATE RE Re - , Tué, en 3 jours. Isolé de l’eau. RRCONLDIER ER S à Tué, en. 7 jours. Isolé des matières fécales. Staphylocoque doré. . . . Tué, en 8 jours. » Entérocoque re Tué, en 15 jours. Saprophyte isolé des ma- tières fécales. Pneumocoque (1, Il, 111, LV). N'est pas tué, Etaient conservés en cul- après 10 jours. tures depuis 6 mois. V. septique . . . _Anaé- ) Œdemaliens. . ce Ne sont pas Îués, » robies. | Perfringens . . . après 8 jours. - PUIMIICUS NE RENENE LE ITEe | RG Les microbes soumis à l’action de l'éther ayant d'être tués perdent tout d’abord leur propriété de se développer en milieu solide; au bout 4162 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE d’un certain temps variable pour chaque germe le microbe ne se déve- loppe plus sur gélose alors qu’il pousse encore en bouillon. TE&MPS DE LATENCE ET TEMPS D'ACTION LIMINAIRES. INTERPRÉTATION DE LA LOI GÉNÉRALE DE VARIATION EN FONCTION DES INTENSITÉS EXCITATRICES, par HENRI PIÉRON. Soit un processus physique d’une intensité ? agissant pendant un temps { sur un appareil nerveux, par exemple, sur un appareil sensoriel périphérique. Pour atteindre le seuil d’un certain effet physiologique, tel qu'une sensation, nous savons que l'intensité n'entre pas seule en jeu — à l’encontre de la loi de Dubois-Reymond — mais que, par suite de phé- nomènes de sommation, la quantité d'énergie e intervient, c'est-à-dire le produit de l'intensité par le temps (it—=e). Nous savons aussi que cette énergie n’agit pas de même suivant qu'elle est ramassée ou étalée dans le temps, et que la loi de Bloch (proposée pour les sensations visuelles) n’est pas valable, c'est-à-dire que l'énergie nécessaire pour atteindre un seuil n’est pas constante : A la loi it — a, nous savons qu'il faut substituer une loi plus com= plexe, faisant intervenir une déperdition d'énergie au cours du temps, déperdition qu'il est nécessaire de compenser quand on utilise l'énergie à liminaire en la dispersant sur une assez longue durée d’excitation. C'est la loi de Hoorweg-Weiss pour l'excitation électrique du nerf moteur, retrouvée par Blondel et Rey pour l'excitation lumineuse de la réline : it a + bi Dans cette formule, b représente une constante de déperdition, de fuite physiologique d'énergie au cours du temps. À | En réalilé, nous savons que cetie fuite n’est pas constante, qu’elle varie en fonction-du temps, comme Lapicque l’a montré pour l'excitation électrique du nerf; nous supposons qu'elle doit varier aussi en fonction du niveau d'énergie atteint (1). Tout semble se passer comme si un robinet d'énergie extérieure, à débit variable, devait remplir jusqu'à un (4) En considérant la fuite comme constante, Blondel et Rey ont pu sou- tenir qu'il n’y avait pas, du moins pour l'impression lumineuse, de temps d'action limite de valeur finie : en augmentant la durée d'action, on pourrait diminuer indéfiniment l'intensité liminaire, d’où il résulte qu'on ne pourrait préciser un seuil. Cette conclusion, qui serait valable pour une action photo- chimique simple, une action photographique, par exemple, est contredite en physiologie par les faits. Lab SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1163 certain niveau liminaire un réservoir qui aurait un orifice inférieur (fuite d'énergie), s’agrandissant par imbibition au cours du temps, et dont les parois latérales seraient criblées de petits orifices augmentant le débit de fuite au fur et à mesure de l'élévation du niveau. Le seuil, ou tout niveau supérieur arbitrairement fixé, ne peut être atteint que si le débit d'arrivée dépasse le débit de fuite, et il sera atteint plus économiquement si le débit est plus rapide, ce qui a pour effet de diminuer le temps de remplissage, et, par là même, le temps de fuite. Toutefois, pour les débits extrêmement rapides, il pourrait intervenir des facteurs accessoires (tel que serait une perte par écla- boussures) qui réduiraient l'économie due à la diminution du temps de remplissage, en sorte qu'il y aurait un temps optimum pour lequel l'énergie liminaire sera minima. La loi qui relie au temps d'excitation l'énergie limiaaire doit être très complexe. Toutefois, en nous adressant à des temps moyens, dans une certaine marge, on peut s’en tenir, comme première approxima- tion, à la loi de Hoorweg-Weiss. De cette loi se déduit, pour une intensité donnée d’excitation, le temps d'action nécessaire à l'obtention du seuil d'un certain effet phy- siologique. Ce temps sera déterminé, en fonction de l'intensité, par la formule \ La décroissance du temps, en fonction de l'intensité croissante, se fait suivant une courbe hyperbolique, tendant vers la branche d'hyper- bole asymptote aux axes des coordonnées, quand la constante de déper- dition diminue, et, tendant à s’annuler, devient négligeable (par déca- lage progressif de la courbe positive, asymptote à la droite x — b, qui se rapproche de l’axe des y au fur et à mesure que la valeur de b diminue). Or, en déterminant les lois empiriques de décroissance des temps de latence sensorielle en fonction des intensités croissantes d’excitation, Ste AE a è j étais arrivé à des formules de lype { — a (), représentant des courbes d’allure hyperbolique, tendant vers la branche d'hyperbole vraie, asymptote aux axes des coordonnées, quand n tend vers 1. Or, il y a, pour des valeurs de n supérieures à l’unité, une très grande (1) La latence de la sensation n’est pas connue directement, mais par l'intermédiaire d’une réaction, dont le temps propre s'ajoute au temps de latence; la réaction se produisant dès que le seuil de la sensation est atteint, avec adaptation préalable, les temps propres de réaction s'ordonnent autour d’une valeur moyenne constante Æ qui s'ajoute aux temps de latence varia- bles, la loi étant de forme { — = + &. nm 41164 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE à is ( a analogie entre les segments initiaux des courbes de type et M'adressant aux sensations provoquées par l'excitation électrique cutanée, dans des conditions semblables à celles de l'excitation des nerfs moteurs, j'ai constaté que les résultats empiriques s'interpolaient de facon satisfaisante au moyen de l’une ou l’autre des deux formules (1), et que la constante à tendait vers 0 (ou la constante n vers 1), quand l'excitation, au lieu de se faire par fermeture unique de courant, impli- quait un renouvellement par interruptions fréquentes. Dès lors, ül m'apparut qu'il y avait un avantage incontestable à utiliser une formule susceptible d'interprétation théorique. Le temps de latence sensorielle varie comme le temps d'action néces- saire de l’excitation en fonction des intensités. Cela ne veut pas dire que les deux temps puissent se confondre, car, de même que les pro- cessus qui, à un certain degré de leur développement, atteindront le seuil d'un effet donné (sensation, contraction, etc.) ne se déclanchent qu'avec un certain relard, par suite d’un phénomène d'inertie, de même ces processus, une fois en marche, ne s'arrêteront pas aussitôt la fin de l'excitation, mais, par inerlie encore, continueront après celle-ci, l'éta- blissement se faisant suivant une courbe en S. Le temps de latence est donc plus grand que le temps d’action. Mais la variation des temps de latence se montre pourtant, en certains cas, identique à celle des temps d'action. Aussi ai-je repris mes résultats empiriques pour les temps de latence (42 de diverses sensations, et j'ai constaté que la loi { — =, s’appliquait aux sensations provoquées par les excilations suivantes : VALEUR ÉCART de la MOYEN CONSTANTE p. 100 Excitation auditivel(2)s 00 0,70 0,68 Excitation gustative de salé . . . . . . . 0,70 — 4,90 Excitation gustalive de sucré . . . . . . 0,70 3,30 Excitation électrique continue. . . . . . 0,40 0,18 Excitition électrique itérative . . . . . . (0) 2,72 Excitation de pression cutanée. . . . . . (0) 2,80 Excitation de chaleur cutanée . . . . . . (0) 3,60 Excitation de froid cutané. . . . . . ENS (0) 1,40 La même formule s'applique, avec les approximations suivantes, à l’excilation électrique du nerf moteur, d’après des résultats de Lapicque (3) (1) CF. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, 1919, t. 168, p. 1123. (2) Cf. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1919, t. 82, p. 4116. (3) Les chiffres de Lapicque sont empruntés à une communication à la Société de Biologie (Comptes rendus, 1907, I, p. 615). SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1165 pour les temps d'action; aux réactions des C'yclops à une irradiation ultra-violette, d’après des chiffres de M. et M®° V. Henri (1); enfin, à des réflexes labyrinthiques par excitalion galvanique HASOMEnRE d’après des déterminations personnelles : VALEUR ÉCART de la. MOYEN CONSTANTE p- 100 Excitation du nerf moteur . . . , : . . 0,775 1,3 Irradiation ultra-violette des Cyclops . . -0,66 355 Réflexes labyrinthiques . . . . . is eee 0,85 0,9 Mais il existe des sensations pour lesquelles les temps de latence s'interpolent suivant une formule dans laquelle il faut donner à b des valeurs négatives (ou dans laquelle n est inférieur à 1) : il y aurait gain d'énergie, au lieu de perte, au cours du temps, ce qui est improbable; il faut penser qu'inlervient un facteur inconnu qui masque l'influence de la fuite d'énergie. En tout cas, lorsque la formule théorique est applicable, nous con- naissons la signification des constantes : l’une, la constante a, repré- sente l'énergie correspondant au seuil pour l'intensité liminaire absolue (rhéobase de Lapicque), et par suile, si celle-ci est faite égale à 1, par convention, le temps pendant lequel l'excitation rhéobasique ajoute ses effets, c’est-à-dire le temps de sommation limite (pendant lequel l’addi- tion latente d'énergie l'emporte sur la fuite); la constante à représente l’appoint énergétique nécessaire pour compenser la fuite d'énergie et donne par conséquent une mesure de l'importance de cette fuite dans chaque cas. ACTION DU CHANGEMENT D'ALTITUDE SUR L'ÉCLOSION DES ACCÈS DE PALUDISME SECONDAIRE. par J. BourcarT et H. LAUGIiER. Les accès de paludisme secondaire éclatent souvent sous l’action d'influences difficiles à préciser. On connaît cependant certains facteurs déterminants : par exemple, les infections ou intoxications aiguës (alcoolisme), les traumatismes étendus, et les basses températures (bains où douches froides ; passage d’une région chaude à une région tempérée ou froide; rapatriement des colonies dans la métropole, de l'Armée d'Orient en France). Pour ce qui est du séjour aux diverses altitudes, des documents ont été recueillis par certains médecins des (3) Cf. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1912, 1. LXXIL, p. 992. BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 84 1166 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE centres d'hospitalisation des paludéens [Garin ; Garin et Pasquier (4)1, ils ont été amenés à préconiser l'installation de ces hôpitaux spéciaux à des altitudes voisines de 4.000 mètres, parce que d’une part les moustiques cessent presque complètement de piquer à cette altitude : et parce que d'autre part le pourcentage des accès quotidiens est plus faible aux altitudes moyeunes (Briancon, 1.300 mètres ; Modane, 1.000 mètres) qu’aux basses altitudes (Die, 430 mètres). Au cours des opérations de l'été dernier, en Albanie, nous avons pu à observer avec une extrême netteté sur le bataillon confié à nos soins. l'action du passage d’une altitude moyenne à une forte altilude sur- l’éclosion des accès de paludisme secondaire. Damtet eur conemmmeemmntmm— mr le | Aout Se : Sentemoze Notre bataillon, relativement peu impaludé (environ 20 p. 100 de- l'effectif), avait séjourné pendant les mois d'hiver et jusqu'au commen- cement d'août à des altitudes comprises entre 800 et 1.400 mètres. Au cours du mois d'août, ilse déplaca pour occuper des positions situées à 2.000 mètres d’altitude, presque au sommet (2.370 mètres) du massif montagneux qui s'élève dans l'Albanie méridionale, à l’ouest des lacs Ocbrida et Malik. : ataillon fut bivouaqué à cette altitude, de nombreux oldats se présentèrent à Ia visite médicale quotidienne, aveeles symptômes qui accompagnent généralement l’abaissement de la pres- sion atmosphérique; ils se plaignaient de fatigue rapide, d’essouffle- ment facile, de dyspnée d'effort; il y eut de nombreux épistaxis dont quelques-uns furent prolongés et rebelles; c’est dire que la baisse de: pression se faisait sentir de façon générale et intense. Dès que (4) C. Garin et Pasquier. Progrès médical, décembre 1179, — C, Garin. Revue scientifique, 21 octobre 1948. SÉANCE DU 15 NOYEMBRE 1167 C'est alors que, au bout de la première semaine de séjour, éclatèrent de nombreux accès, tous chez des paludéens secondaires avérés ; accès qui furent à forme classique, intenses et brefs ; la statistique suivante, extraile des cahiers de visite du bataillon, met le fait en évidence (Le transfert à l'altitude de 2.000 mètres s’est effectué entre le 6 et le 10 août). PÉRIODE COMPRISE NOMBRE D'ACCÈS constatés dans entre : L'EFFECTIF DU BATAILLON Henenret le Julie à He Lee 7 Pesrôheteles 0 Es EE RS Hs) est et lets Re LT mn nn ee 4 et ete se tes rs ar SN nn 1 1e 2 TELE Le PE ERP RS PR en es ee 6 Le 26 et le 31 k Perte etle 5 aber RS SE Le 4 Mess6 cle A0 NS RE ER ee 5 4 14 18 19 Pestdiet oo Re ee Le Fe ro eREleL 0 EE RSS ns er Berd0iet le 25 rite cru RÉAARAERNNTE Pete bule D ie ee ue Hedemetiie oASeDIeMNIE ne 12 Le 6 et le 10 RE Se 8 Le 11 et le 15 RE Ro de > 1 Pete tle 20 RER etes 5 _ On voit {voir graphique) que l’augmentalion de la fréquence des accès est un phénomène transiloire, qui se développe pendant la période d’acelimatation de l'organisme à la vie aux hautes allitudes ; vers le 15-20 septembre, on est revenu à un chiffre d'accès tout à fait ana- logue aux chiffres observés aux altitudes inférieures. Il ne nous a pas été possible de suivre l'évolution ultérieure des phénomènes après la période d'adaptation el de voir si l’on observe alors des faits analogues à ceux signalés par Garin et Pasquier ; nous avons quitté le bataillon à cette époque, et il a d'ailleurs été saisi presque aussitôt par une vio- lente épidémie de grippe qui, motivant l'évacuation de presque un tiers de l'effectif, a retenu exclusivement l'attention, et rendu incertaine en milieu régimentaire toule statistique sur d’autrés affections fébriles. Mo de tout matériel de Li 0. ne nous à malheureuse- ment pas permis d'examiner régulièrement, pendant cetle augmentation des accès palustres, l’élat du sang chez des hommes normaux et chez des paludéens. De toute. facon, les faits observés peuvent être rapportés à deux mécanismes possibles : d'une part les modifications circulatoires qui se produisent aux hautes altitudes peuvent permettre la libération dans l'organisme de parasites sommeillant dans la profondeur des 1168 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE organes [rate (1)]; d’autre part l'activation de l'hématopoïèse n'est sans doute pas étrangère à cette suractivité momentanée des hématozoaires. Signalons l'intervalle d’une huitaine de jours qui a séparé le change- ment d'altitude et l’augmentation des accès; comme l’action du froid est généralement immédiate, cet intervalle introduit une présomption, pour que, dans le déclenchement de ces accès, le rôle prépondérant revienne à l’abaissement de pression, et non à l’abaissement de tempé- rature; jamais d’ailleurs pendant cette période la température ne des- cendit à zéro et personne ne souffrit réellement du froid. UN CARACTÈRE DE NERVATION INFIXABLE CHEZ Panorpa communis L., par L. MERCIER. Dans le genre Panorpa, la nervure radiale donne, sur chacune des quatre ailes, un seul secteur. Celui-ci émet à son tour trois ou quatre branches, particularité qui peut encore être traduite en disant que l’un des rameaux secondaires est une ou deux fois fourchu après le ptéros- tigma. Lameere (1900) (2), dans son Manuel de la faune de la Belgique, utilise ce caractère pour différencier P. communis L. de P. ser L. et de P. cognata Ramb. Une première série d'observations (1913) (3) m'avait conduit à émettre quelques doutes sur la valeur absolue de ce caractère comme élément de diagnose. En particulier, étudiant les ailes antérieures de P. communis, j'avais constaté que si la plupart des exemplaires pré- sentent quatre branches au secteur radial, on peut en rencontrer quelques-uns chez lesquels il n’en donne que trois. Cette première observation a été confirmée par les recherches de Lacroix (1913) (4) et par celles que j'ai effectuées sur de nouveaux échantillons capturés dans l'Est de la France (environs de Nancy, haute vallée de la Moselle). Si, avec Lacroix, on considère comme normaux les exemplaires pré- sentant, aux quatre ailes, quatre branches au secteur radial;, comme totalement anormaux les individus n’ayant, aux quatre ailes, que trois rameaux au secteur radial; et enfin comme particulièrement anormaux (1) Certains des accès observés pendant cette période survinrent chez des paludéens anciens n'ayant pas présenté d'accès depuis plus d’un an. (2) Lameere. Manuel de la Faune de Belgique. Bruxelles, Lamertin, 1900. (3) L. Mercier. Variations chez P. communis L. et chez P. germanica L. Arch. zool. exp., t. LI, N. et R., 1913, p. 77. (4) Lacroix. Quelques anomalies chez les Panorpides. Insecta, 3° année, 1913, p. 395. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1169 les échantillons ne présentant pas, aux quatre ailes à la fois, trois branches au secteur radial, on peut dresser le tableau suivant : NOMBRE TOTALEMENT PARTIELLEMENT ; NORMAUX k D EXEMPLAIRES ANORMAUX ANORMAUX CAPTURES Lacroix. Mercier. D'après ces chiffres, on pourrait être tenté d'admettre, avec Lacroix, que « la présence de quatre branches au secteur radial chez P. com- munis est un caractère justifié et acceptable par conséquent ». Or, cette facon de voir ne saurait être généralisée ainsi que nous allons le con- stater d’après une nouvelle statistique établie à l’aide d'exemplaires capturés dans l'Ouest de la France, aux environs immédiats de Luc-sur- Mer. | | Ayant pris le soin ide séparer les produits de mes chasses, j'en peux dresser le tableau suivant : NOMBRE TOTALEMENT PARTIELLEMENT NORMAUX S N ISRUNE D'EXEMPLAIRES ANORMAUX ANORMAUX 28 15 11 On voit donc que, dans la région de Luc-sur-Mer, le nombre des indi- vidus de P. communis ne possédant que trois branches au secteur radial, aux quatre ailes, est bien supérieur aux nombres fournis par la statistique précédente. Il ne saurait plus être question, et le fait est particulièrement net pour la station 1, de considérer la présence de quatre branches au secteur radial comme un caractère général de fréquence. Ceci nous montre en outre que, suivant la provenance des exem- plaires étudiés, les appréciations des auteurs ont pu différer, et on s'explique ainsi les divergences de vues existant à ce sujet entre Ender- 4170 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE lein et Miyaké (1913) (L) d'une part, et d'autre part entre. Lacroix et moi: ne Les faits étant constatés, est-il possible d'en donner une explication? : A mon avis, cette variation dans le mode de ramification du secteur radial est à rapprocher de certaines anomalies de nervation signalées chez diverses espèces de Drosophiles par Delcourt et Guyénot, Margan, Lutz et que Cuénot (1911) (2) et Guyénot (1917) {3) rangent dans la caté- gorie des mutations infixables. (Laboratoire de Zoologie, Caen.) CARACTÈRE SAISONNIER DE L'ICTÈRE ÉPIDÉMIQUE EN MACÉDOINE, par J. BourcaRT et HENRI LAUGIER. Divers auteurs ont déjà signalé un ictère épidémique de nature vrai- semblablement paratyphoïlique, observé sur les troupes françaises ou alliées opirant en Macédoine, ou sur les populations balkaniques. Cet ictère a été particulièrement décrit par G. Paisseau (4) et Cantacuzène (5). Un séjour prolongé dans un bataillon d'infanterie ayant opéré en Macédoine et en Albanie méridionale nous a donné l’occasion de faire des constatations analogues; et les statistiques tirées des cahiers de visite médicale quotidienne permettent de faire ressortir le caractère nettement saisonnier, dans les conditions où nous nous sommes trouvés, de cette affection. Le graphique joint représente le ue de cas d’ictères constatés par mois, dans le même bataillon, au cours de deux années d'obser- vation. L’épidémie est, on le voit, assez importante, puisqu'en 1917 elle atteint 43 hommes, soit sensiblement un quinzième de l'effectif. Le | caractère saisonnier de l'épidémie ressort nettement du graphique : l'épidémie débute vers la fin de l'été, atteint son maximum pendant les mois d'automne et se termine au cours des mois d'hiver. (1) Miyaké. Studies on the Mecoptera of Japan. Journ. of the col.of. Agricult. Imp. Un. of. Tokyo, t. IV, 1913, p. 265. (2) Cuénot. La genèse des espèces animules. Félix Alcan, Paris, 1911. (3) Guyénot. Recherches expérimentales sur la vie aseptique et le dévelop- pement d'un organisme en fonction du milieu. Thèse de Paris, 1917. (#) Paisseau. Etude clinique sur un ictère épidémique observé au corps expéditionnaire des Dardanelles. Société inédicale des Hôpitaux, 21 jauvier 14916, (5) Cantacuzène. Sur une épidémie d’ictère observée en Roumanie pendant la campagne de 1917. La Presse médicale, 24 octobre 19418. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 4171 Les caractères cliniques de cet ictère épidémique ont été parfai- tement décrits par Paisseau et Cantacuzène. Nous n’y reviendrons pas. Nous signalerons seulement que, dans le milieu exclusivement militaire où nous l'avons observé, cet ictère a loujours été bénin (troubles digestifs légers, fièvre ne dépassant pas 33%). Aucune forme grave n’a été observée; à vrai dire, lous les cas ont, ou auraient pu être traités à l’infirmerie du bataillon; le petit nombre de malades qui ont dû être. ñ di] f man asondfmamy}açon La dl. : oi évacués sur | arrière l’ont été pour des raisons extra-médicales (dépla- cement du bataillon, imminence d’une action milituire), et les évacués sont toujours rentrés au corps guéris, au bout d’un court laps de temps. TACTISME PRODUIT PAR L'AMIDON SUR LES LEUCOCYTES. ENROBEMENT DU CHARBON. (Enregistrement cinémalographique), par J. COMMANDON. _. | Nous avons montré, à la Société de Biologie, le tactisme produit, in vitro, sur des globules blancs par une Hémamibe parasite d’un oiseau (1). Le phénomène est d'ailleurs analogue vis-à-vis de l’'Hémato- zôaire du paludisme. Nous songeâmes qu'il était intéressant d'étudier de la même façon le (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, p. 314, 17 mars 1917. 1172 SOCIÉTÉ DE. BIOLOGIE comportement des globules blancs en présence de corps inertes. Notre choix s’est arrêté sur l’amidon et le charbon. Technique. — Le poudre de charbon de bois lavée où les grains d'amidon sont mis en suspension dans de l’eau distillée. En filtrant sur du coton, nous éliminons les plus grosses particules. Le filtrat est recueilli dans un tube à essai. Quand on laisse au repos cette suspension, les plus gros grains tombent - rapidement au fond du vase, les grains très fins flottent longtemps, grâce à leur surface considérable par rapport à leur masse. Bientôt, la partie supé- rieure du liquide s’éclaircit. Selon le niveau des prises, à l’aide d'une pipette, nous obterons, à volonté, toute une gamme de grosseurs de grains. Sur une lame très propre, on dispose une goutte de cette suspension et on laisse sécher, à l'abri de la poussière. Sur cette même plage de la lame, nous déposons une goutte de sang et nous achevons la préparation, en mettant une lamelle et en bordant à la paraffine. es La préparation est mise sous le microscope. Celui-ci est placé dans une étuve dont la température est réglée. Les photographies sont prises à intervalles réguliers de 3", 5" ou 10". A la projection, le phénomène est donc accéléré dans la proportion de 48 (3 X146), 80 ou 100 fois la vitesse normale, selon les films. I. — TacrismE PRODUIT PAR L'AmIDox. — Nos expériences furent faites avec du sang de Rana esculenta et fusca, de Bufo, de Salamandra et du sang humain. Quand la température est suffisante pour permettre le mouvement des leucocytes, on constate un tactisme intense : les leuco- cytes traversent le champ photographié, pour se diriger vers Le grain d'amidon. Leur trajet, qui, dans les préparations normales, est extrême- ment irrégulier, est ici presque rectiligne. Nous n'avons pas constaté d'accélération de leur vitesse par le voisinage de l’amidon : elle est déterminée par la température, comme nous le montrerons d'autre part. : | Aussitôt le grain d’amidon atteint, le leucocyte s'étale à sa surface d'une facon remarquable : l'épaisseur du protoplasme recouvrant l’ami- don peut être évaluée à moins de 1 p.. Le grain d’amidon, parfois légèrement écrasé par la lamelle, présente ‘ des fissures radiaires. Les globules blancs entrent dans ces fissures et parviennent à débiler mécaniquement le grain en blocs cubiques qui sont entièrement enrobés par la cellule amiboïde. Les petits grains sont de suite entourés par le protoplasme et Le leucocyte, continuant sa course, se dirige alors en général vers un grain plus gros dont il continue à subir le tactisme. Quand un grain d'amidon est complètement enrobé par un leucocyteil ne semble provoquer qu’un tactisme très faible sur les globules blancs voisins. Les gros grains d'amidon sont, après quelques heures, entourés de SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1173 nombreux leucocytes, soit libres, soiteux-mêmes chargés de grains plus petits. Nous avons dans la préparation de véritables petits abcès dont nous assistons à la formation ?n vitro. Nos projections ne nous permettent pas d'affirmer que l’amidon enrobé est digéré. Cependant, nous remarquons qu'après un cerlain temps, variable avec la tempéralure, les hématies, situées autour des amas phagocytés, prennent l'aspect crénelé, et d'autant plus rapidement qu’elles se trouvent plus près de l’amas. Cette altération indique une augmentation de la pression osmotique du sérum. Il nous paraît logique de l’attribuer aux produits de la digestion de l'amidon, glucose ou acide lactique, déversés dans le liquide ambiant. Progressivement, ce crénelage des hématies s'étend à toute la prépa- ration. Dans ce milieu altéré, la forme du mouvement des leucocytes est modifiée, le tactisme diminue, les abcès in vitro se désagrègent, les leucocytes s’en détachent, en emportant le plus souvent l’amidon enrobé. : Cette constatation nous aidera peut-être à expliquer comment les abcès se collectent et pourquoi les infections se généralisent quand l’orga- nisme subit une déchéance. II. — ENROBEMENT DU CHARBON. La poudre de charbon de bois lavée que nous introduisons dans la préparation de sang est composée de pla- quettes de 2 à 30 w. de diamètre. Quand, dans une préparation fraiche, un leucocyte rencontre un petit grain de charbon, il l’enrobe complètement ; si ce defnier est trop grand pour être entouré, le protoplasme s'étale à la surface à laquelle il reste collé. Il ne s'agit pas là d’un tactisme, mais de ce phénomène physique de l’adhésion capillaire qui produit l’étalement d’une goutte d’eau sur une lame de verre propre. C'esl pourquoi nous pensons que le mot thigmotactisme, qu’on emploie dans ce cas, est peu correct. L'attachement des Trypanosomes sensibilisés aux phagocytes, dansles expériences de Levaditi et Mutermilch (1), semble bien se relier à cette même cause physique. Mais l'attraction à distance, le chimotactisme, est ici extrèmement faible, si même ilexiste; la présence du charbon ne modifie pas la route des leucocytes. Si dans la préparation il se trouve à la fois de l’amidon et du charbon, on distingue nettement la différence d'action des deux corps. Finale- ment, les globules blancs transportent le charbon qu'ils ont rencontré et se groupent autour des gros grains d’amidon. = Si on admet que le leucocyte, comme l’Amibe, émet des pseudopodes (1) G. Levaditi ét S. Mutermilch. Mécanisme de la phagocytose. Comptes ren- dus de la Soc. de Biologie, t. LXVII, p. 4079-81, 1910. : € per 1174 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE par une modification locale de la tension superficielle du protoplasme le chimiotactisme est donc provoqué par une substance, émise ici par l’amidon, et qui agit sur cette lension superficielle. U est commode de donner des noms aux anticorps hypothéliques provoquant, dans le sang, des phénomènes déterminés; nous proposons d'appeler fropine la substance émise par l’antigène et causant le tro- pisme, puis le chimiotactisme des leucocytes. Le charbon de bois ne produirait que très peu de {ropine et cependant il est facilement enrobé par les leucocytes. Par contre, l'Hémalozoaire émet une éropine qui doit traverser la membrane du globule rouge parasité; mais le leucocyte, ne pouvant adhérer à cette hématie, ne s'étale pas à sa surface et la pousse comme on pousserait une goutte- lette de mercure avec une js de verre. La tropine semble différente de l'opsonine de Wright qu'on identifie généralement à la seusibilisa- trice renforcée par l'alexine. Celle-ci agit sur l’antigène et le rend pha- gocytable, en modifiant sa surface qui devient, pour ainsi dire, mouil- lable par le protoplasme leucocytaire. Peut-être facilite-t-elle l'émission de tropine, qui, elle, agit sur le phagocyte. Levaditi et Mutermilch (4) ont montré que la PS OEM s'opérait en deux temps : 1° Attachement de l’antigène ou du microue Sensible au leucocyle; 2° Enrokement, puis digestion de l’antigène. Le premier temps est un phénomène physique de capillarité, se pro- duisant même si le globule blanc est lué; nous pensons que l'énrobe- ment est de même nature et nous proposons de considérer la seule digestion comme le dernier temps de l’acte phagocytaire. Nos expériences montrent clairement que, dans bien des cas, on doit considérer un froisième temps qui se place au début du phénomène. C'est letemps du taclisme, de l'attraction à distance. Des parasiles comme l'Hématozoaire, des corps étrangers comme l'amidon, provoquent ces trois temps : 1° {actisme; 2° altachement et enrobement; 3° digestion. Le charbon ne subirait que le deuxième temps : attachement et enrobement. Des recherches futures découvriront, sans doute, la nature des substances chimiotactiques : des fropines, agissant sur les leucocytes et des lois qui régissent leur émission -et leur action. FER (1) Loc. cit. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1175 LA SÉCRÉTION SURRÉNALE D'ADRÉNALINE N’EST PAS NÉCESSAIRE AU MAINTIEN DE LA PRESSION ARTÉRIELLE, par E. GLEY et ALF. QuiNouaun. Nous avons montré antérieurement que l'excitation du bout périphé- rique d’un splanchnique produit son effet habituel sur la pression arté- rielle après la surrénalectomie double ou après la ligature des deux troncs veineux lombo-surrénaux (1); que les excitations réflexes des splanchniques, après l’une ou l’autre de ces opérations, ont le même effet sur la circulation (2) ; que l’excitabilité des nerfs accélérateurs du cœur et celle des filets modérateurs des pneumogastriques restent les mêmes après lesdites opérations (3) ; et enfin que l’excitalion des centres vaso-moteurs par le sang asphyxique est identique après comme avant ces interventions (4). De cet ensemble d'expériences nous avons conclu que l’adrénaline ne joue pas dans le maintien du tonus du système nerveux sympathique de rôle qu'on a si généralement admis (5). = Elle ne joue non plus, nous avons eu l’occasion de le rappeler (6), le: rôle de substance préposée au maintien du tonus artériel. Force a été en effet de reconnaître que, chez les animaux surrénalectomisés, la pression artérielle ne s’abaisse pas, du moins pendant plusieurs heures. Cependant-on invoque souvent, en faveur de la « théorie du tonus », ane expérience de Strehl et Weiss (7). - Dans ces expérience, faites sur le lapin, la surrénale droite est exlirpée, puis, au moyen d'un fil, on soulève le tronc veineux lombo-surrénal (1) E. Gley et Alf. Quinquaud. Des rapports entre la sécrétion surrénale et la fonction vaso-motrice du nerf splanchnique. Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 10 janvier 1916, t. 172, p. 86; — [La fonction des surrénales. I. Du rôle physiologique supposé de l’adrénaline. Journ. de physiol. et de pathol. générale, 1918, t. XVII, p. 807-835. (2) E. Gley et Alf. Quinquaud. Jbid. (3) E. Gley et AIf. Quin quaud. La fonction des surrénales. IT. De la préten- due influence de la sécrétion d’adrénaline sur les nerfs du cœur. Arch. néer- dJandaises de physiol., 1918, t. IIT, p. 1-6. (4) E. Gley et Alf. Quinquaud. La sécrétion surrénale d'adrénaline ne tient pas sous sa dépendance l'effet vaso-constricteur du sang asphyxique. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 6 janvier 1917, t. UXXX, p. 15-18 et Journ. de physiol. et de pathol. aénérale, cité ci-dessus. (5) Loc. cit. (Journ. de physiol. et de pathol. générale). (6) In Journ. de physiol. et de pathol. générale. (7) H. Strehl und Otto Weiss. Beiträge zur Physiol. der Nebenniere. Arch. für die gesammte Physiol., 1901, t. LXXXVI, p. 107-121. 1176 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE gauche de telle façon que la circulation de retour soit interrompue dans l’unique surrénale restante et que, par suite, l’adrénaline excrétée ne puisse plus passer dans la circulation générale. Dans ces conditions, les auteurs disent avoir observé une chute considérable de la pression aortique, dès que le tronc veineux était comprimé; le fil une fois relä- ché, la pression revenait à son niveau normal. Les tracés publiés dans le travail de Strehl et Weiss sont très démonstratifs. Il importait évidemment de répéter cette expérience. Les lapins sur lesquels nous avons opéré ont été anesthésiés par l'uréthane (4 gr. 50 par kilogramme en injection intra-stomacale). La surrénale droite était enlevée soit par la voie abdominale, soit plus souvent par la voie lom- baire. Un fil passé sous le tronc veineux lombo-surrénal gauche, après ia Dr Fic. 4. — Lapin de 2 kil. 260. Surrénale droite enlevée à 44 h. 45. Pr. car., pression dans le bout central de la carotide droite, 8 centimètres de mercure. S, signal au moyen duquel on inscrit la durée de la compression de la veine surrénale gauche ; ici, cette durée est de 52 secondes. qu’une ligature avait été posée sur ce vaisseau du côté lombaire, per- mettait de le soulever et de le tendre à volonté. Dans plusieurs cas, on s'est assuré de visu que la tension du filétait suffisante pour interrompre toute circulation dans la veine. Or, le résultat de cette compression de la veine surrénale, maintenue souvent plus d'une minute, a toujours été négalif (voy. fig. 1) sur les cinq animaux sur lesquels nous avons expérimenté, et d’une telle netteté qu'il nous a semblé inutile de multi- plier les expériences. | 2 Sans doute Strehlet Weiss insistent beaucoup sur ce point, à savoir qu'il faut que la pression artérielle de l'animal en expérience soit restée assez élevée pour que se produise le phénomène qu'ils décrivent. Nous ferons remarquer que la pression carotidienne de nos lapins s’est main- tenue entre 7 el, centimètres de mercure, ce qui, pour des animaux ayant: subi les opérations ci-dessus indiquées, ne laisse pas d’être une pression satisfaisante, permettant, en tout cas, loutes les réactions vasculaires. SÉANCE DU 15 NOVEMBRE 1177 > = — A quoi peut tenir la discordance entre les effets observés par Strehl Fic. 2. — Même animal que celui qui a donné le tracé de la figure 1. Mèêmes lettres. La durée de la compression veineuse est de 14 secondes. et Weiss et le résultat que nous avons vbtenu ? Strehl et Weiss font passer le fil tenseur de la veine à travers un tube de verre, sans doute F6. 3. — Chien à de 7 kil., chloralosé à 13 h. 55, Surrénale gauche enlevée par la voie lombaire. Pr. car., pression dans le bout central de la carotide gauche (pression minima à 11c). S, signal inscrivant la durée de la compression de la veine surrénale droite. À 15 h. 30, premier soulèvement de la veine : effet négatif sur la pression. À 15 h. 45, deuxième essai d'une durée de 93 secondes, c’est celui représenté sur le graphique. À 16 heures, un troisième soulèvement, sous le contrôle de la vue, et d'une durée de 14 secondes, a donré le même résultat négatif. pour le soulever plus aisément Nous nous sommes demandé si ce tube, en glissant le long du fil, ne pouvait pas comprimer la veine cave et con- 1178 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE sécutivement faire baisser la pression artérielle. Nous avons alors employé le même procédé de soulèvement de la veine, par un fil préa- lablement engagé dans un tube de verre. Le résultat a de même été négatif (voy. fig. 2). Nous avons alors cherché quel serait l'effet du sou- lèvement du nerf splanchnique gauche; dans une expérience, nous avons obtenu une chute de la pression carotidienne de 1 centimètre. On ne peut, certes, pas voir dans ce fait la cause des chutes brusques de- pression observées par les expérimentateurs allemands. Nous avons vérifié sur Je chien le phénomène que nous avions constaté sur le lapin. Après l’extirpation d'une surrénale la compres- - sion de la veine efférente de l’autre ne détermine aucun abaissement de la pression artérielle (voy. fig. 3), Si ensuite on lie cette veine, l'effet de cette ligature reste également négatif. LOCALISATIONS DE L'OR COLLOÏDAL ÉLECTRIQUE DANS LES ORGANES. Note de B.-G. Duramez et R. THIEULIN, présentée par M. G. Bonn. Les essais que nous avons poursuivis sur la toxicité de l'or colloïdal (1) - nous ont inclinés à étudier les localisations, dans l'organisme, de l'or introduit sous cette forme par la voie veineuse. De bons renseignements nous ont été fournis et. par lassise chimique et par l’analyse histologique. Un lapin ayant reçu 87 c. c. d'or colloïdal Beciiaus. dose qui repré- sentait 0 gr. 28 d’or métallique, a été sacrifié. Après pesée des organes . et prélèvement de fragments destinés à l'examen histologique, ces organes ont été détruits par la méthode de Denigès modifiée par Fun de nous et, dans les liquides de destruction, on à recherché et dosé l'or par la méthode cyanimétrique. Il est à remarquer que, pendant la des-. truction des tissus contenant de l'or, il se forme un précipité violacé qui. semble indiquer que l'or est bien à l’état métallique et qu'iln’a vraisem- blablement subi aucune modification chimique pendant son séjour dans . l'organisme. L’altaque à l’eau régale fait disparaitre ce précipité. L'analyse a montré que le foie, pesant 84 gr. 50, contenait Ogr.O051, d'or métallique.'Les deux reins, pesant ensemble 13 gr. 30, contenaïent Ogr. 00! de métal. La rate, d'un poids de 5gr.55, contenait 0 gr. 0015 d'or. On n’a trouvé aucune trace d'or dans le cerveau ni dans le thymus. Un second lapin ayant été sacrifié après avoir recu, en treize jours, 265 c.c. d’or colloïdal électrique représentant 0 ge. 095 d'or métallique, l'analyse chimique des principaux organes a révélé que le foie, pesant (4} B.-G. Duhamel et R. Thieulin. Sur la toxicité de l'or colloïdal. Comytes . rendus de la Soc: de Biologie. Séance du 25 octobre 1949. SÉANCE DU À) NOVEMBRE 4119 —— 87 grammes, contenait O0 gr. 029 d'or; les deux reins, pesant ensemble 17 gr. 50, contenaient 0 gr. 0065 d’or; la rate, d'un poids de 4g.50, en contenait 0 gr. 0028. La saignée a donné 95 grammes de sang contenant 0 gr. 0002 de métal. Dans un précédent travail (1), nous avions montré pour une impor- tante série de solutions colloïdales que le métal ou métalloïde,-introduit sous cette forme par la voie veineuse, était, quelques minutes après l'injection, en grande partie (2/3 environ) arrêté au niveau du foie, la majeure partie du reste circulant dans le sang. Les expériences poursuivies avec l'or montrent que, si l'on sacrifie l'animal plusieurs jours après la dernière injection d’une série, le foie s'est déjà dessaisi d'une partie de ses réserves, que la rate s’est nola- blement enrichie, ainsi que les reins, et que la réserve en circulation dans le sang est faible. Il nous reste à rechercher les modifications histologiques survenues dans les organes où le métal — l’or en espèce — est décelable par l'analyse chimique. Ces modifications sont peu sensibles. Pour le foie, la structure histo- logique demeure à peu près normale ; la multiplication des éléments du tissu conjonctif et une très légère congestion des régions sus-hépatiques sont imputables, comme nous l'avons démontré, à la congeslion méca- nique du système cave sous l'influence des injections intraveineuses répétées (2). Mais il faut signaler la présence de nombreuses enclaves dans les cellules de Kupffer. Ces granulations ont le même caractère que celles que nous avons signalées pour l'argent, le platine, le palladium. La rate, histologiquement normale, malgré son augmentation de volume, présente de nombhreux amas de granulations métalliques particu- iièrement visibles sur les coupes spécialement colorées à l’éosine-orange. Ces granulations n’affectent aucune relation définie avec le dispositif anatomique. Il y en a dans les corpuscules de Malpighi, il y en a dans la pulpe, il y en à partout, sauf dans la capsule. Ces amas granuleux ne sont même pas orientés par rapport aux vaisseaux, Le rein ne présente ni lésion histologique, ni granule ation d'or. Il set parfaitement normal. Ces recherches, jointes aux précédentes, montrent que, malgré ses localisations organiques facilement mises en évidence par les analyses chimiques et histologiques, l'or colloïdal électrique ne provoque pas d'altération notable dans les viscères où il se fixe et où il séjourne. (1) B.-G. Duhamel. Fixation au niveau du foie des métaux et métalloïdes en solutions colloïdales, introduits dans l'organisme par la voie veineuse. Comptes rendus de la Soc: de Biologie. Séante du 21 juin 1919. (2) B.-G. Duhamel. Action des injections intraveineuses répétées de sérum physiologique chez le lapin. Comptes rendus de la Soc..de Biologie, 6 juillet 1912. 1180 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ÉLECTION LE DEUX MEMBRES TITULAIRES. Liste de présentation. Première ligne : MM. GuiLzEmiNoT et Mawas. Deuxième ligne : MM. L. Morer, NicoLas, PozErskt et VIOLLE. Vote. Votants : 37. : M MAwas os ee” == 28 voix. Élu. M. GUILLEMINOT . . . . — 26 voix. Élu. M. Pozerski. . . . . . — 7 voix. MS Nicoras ne _— A Voix. ML MOREL ra — 2 voix. MEVIOLEE. Re — 2 voix. M. ARuAND-DELILLE. . — À voix. M BECOUBREL 20. — À voix. 1 voix. MÉCZDEJERINES 0e — Le Gérant : O. PORÉE. mere || Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel L. MARETNEUX, directeur, 1, rue Cassette. 1181 SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1919 SOMMAIRE Arrats (M. Anaphylaxie-im- MAITRE SR MR nan oise MODO ArTaus (M.) : De l’état d’anaphy- laxie à l’état d'immunité . . : . .. 1202 Barzziartr et Macrror : Recher- ches permettant d'estimer en milli- metres de mercure la pression san- guine dans les vaisseaux rétiniens. 1189 Dunamez (B.-G.) et Tareczin (R.) : Action des injections intravei- neuses d’or colloïdal sur le cœur, la pression sanguine et la respiration. 1198 CLOGNE (R.) Contribution à l'étude du dosage titrimétrique de l’alcalinité sanguine. (Action des acides sur: les solutions albumi- MÉUS ES) RER ere ere ee 1192 GéraRD (P.) : Dosage de l'NH° du sang par une méthode volumétri- GraJA (J.) : Sur l’action succes- sive des deux genres d’émulsines surelamyetdaline st" eee 1196 GuizLEmINoT (H.) : La loi d'option dans {es phénomènes de la vie . PARaON (M.) : Sur la teneur en calciumi et en magnésium du sang total, fraïs et desséché dans l’épi- lepsie, la manie et la mélancolie. 1182 Prox (L.) Mucus gastrique et réACtiONAdN DUREE er. 1207 TrerENEAU (M. Sur la diacé- thylapomorphine etes 0 1193 Wozzuan (E.) : Larves de mou- che (Calliphora vomiloria) et - vi- LATINE SEE Présidence de M. Ch. Achard, vice-président. DÉCEsSs M. R. LÉPINE. M. ce PRÉSIDENT. — Mes chers collègues, Nous venons encore d’être frappés d’un nouveau deuil. Le professeur Raphaël Lépine, associé de la Société de Biologie, vient de mourir. Elève de Charcot, il avait pourtant dirigé son activité scientifique beaucoup moins vers la neurologie que vers la médecine générale, et surtout la physiologie appliquée à la médecine. Il disait volontiers que -le médecin doit penser physiologiquement et c’est toujours, en effet, l'idée physiologique qui le guidait dans ses recherches sur la pathologie. Le nombre de ses publications est considérable et nos Bulletins en ont eu leur large part. Elles portent sur les sujets les plus variés : anatomie et physiologie pathologiques du système nerveux, intoxications et pharmacodynamie, sécrétion gastrique, troubles de la calorification, pathologie du sang et des urines. Mais son œuvre capitale consiste dans ses travaux sur le diabète et les glycosuries. On lui doit d’avoir réagi Brozoctre. COMPTES RENDUS. — 1919. T.- LXXXII, 85 1182 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE contre la conception qui, à la suite des mémorables recherches de CI. Bernard, tendait à localiser dans le foie la cause du diabète. Il eut le mérite de mettre en évidence l'importance des altérations du pancréas comme élément pathogénique, et aussi de montrer que c’était la sécré- tion interne de cet orgare qu'il fallait surtout considérer. Ses travaux sur le ferment glycolytique contribuèrent puissamment à faire accepter l'idée qu'il y a dans le diabète une glycolyse insuffisante plutôt qu'un excès de formation de glycose et qu'il s’agit là d’un trouble général de l'utilisation du sucre. En étudiant avec Boulud ce qu'il appela le sucre virtuel du sang, il attira l'attention sur la formation de glycose sanguin aux dépens des substances quaternaires. On peut dire qu'il n'est pas, dans l’histoire du diabète, de point particulier auquel il n'ait apporté quelque contribution personnelle; c'est ce qui ressort de la lecture de l'étude d'ensemble qu'il consacra à cette maladie en 1909. La vie du professeur R. Lépine fut toute remplie de travail conscien- cieux. Il avait conquis les titres de médecin des hôpitaux et d’agrégé à la Faculté de médecine de Paris, lorsque la création d’une Faculté à Lyon le fit appeler comme professeur titulaire dans cette ville, où il se fixa définitivement. IL avait terminé sa carrière professorale dans une chaire de clinique et avait pris depuis près de 9 ans une retraite qui était loin de l'inaction scientifique. L'Académie des Sciences l'avait élu correspondant et l'Académie de Médecine associé national. Il dirigeait plusieurs publications médicales, notament la /-vue de médecine et les Archives de médecine CHER tale, dont il était l’un des fondateurs. 1 laisse à son fils, lui-même professeur à la Faculté de Lyon, un nom universellement respecté et des traditions familiales d'honneur et de dévouement au bien public. Au nom de la Société, j'adresse à ce fils nos sincères regrels et le témoignage de notre respectueuse admiration. SUR LA TENEUR EN CALCIUM ET EN MAGNÉSIUM DU SANG TOTAL, FRAIS ET DESSÉCHÉ DANS L'ÉPILEPSIE, LA MANIE ET LA MÉLANCOLIE. Note de Marie PArHON, présentée par A. NETTER. Il est un fait bien établi aujourd'hui, grace aux recherches de Sabbalani, Roncoroni, Regoli, Quest, Netter, Parhon et Urechia, Mac Callum, ainsi que par celles de Jacques Loeb eb ses élèves, que le cal- cium et le mignésium jouent un rôle considérable dans le maintien de lé quilib’e fonction nel du système nerveux, et que l'insuffisance" de ces élimnts détermine un état d'hyperexcitabilité de ce système. Netter | SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1183 pense même que les bons effets de la diète dite achlorurée dans l'épi- lepsie, ne seraient pas en rapport avec la diminution du chlore ingéré, mais avec la diminution du sodium, qui favoriserait la prédomi- nance de l’action antagoniste du calcium. Il est vrai que la thérapeu- lique par les sels de calcium dans l’épilepsie n’a pas été toujours suivie de succès, mais il faut penser, ici, moins à l'insuffisance du calcium introduit dans l’organisme qu'à l’utilisation ou l'élaboration défec- tueuse de cet élément. Quoi qu'il en soit, il nous a semblé très intéressant de chercher la teneur en calcium et en magnésium du sang dans l'épilepsie. Pour le dosage nous nous sommes servi de la méthode gravimétrique. Le caleium est dosé à l’état de CaO et le magnésium à l’état de pyro- phosphate de magnésium. _ De cette manière nous avons dosé le calcium et le magnésium, dans 6 cas normaux, et dans 9 cas d'épilepsie. Les résultats de nos expériences sont consignés dans le tableau ci- joint. ; : Sur les 9 cas analysés deux s’approchent de la normale, c’est le cas de H. qui présentait une particularité intéressante; la réaction des globu- lines fut trouvée positive dans le liquide céphalo-rachidien, ce qui fait ‘/ penser à un processus différent de l’épilepsie dite essentielle. Peut-être en est-il de même du cas L. sur lequel nous ne possédons pas des ren- seisnements suffisants. En faisant la moyenne seulement avec les 7 cas qui s’écartent beaucoup de la normale, nous trouvons que dans l’épilep- sie, la quantité de calcifm et de magnésium contenue dans le sang frais ei dans le sang desséché est beaucoup plus faible qu’à l’état normal. Ainsi dans le sang normal, nous trouvons pour 1.000 grammes de seng frais : 0 gr. 066 calcium et 0 gr. 035 magnésium. Et dans 1.000 grammes de sang desséché nous trouvons : C0 ge. 34 Ca et 0,18 Mg. Dans le sang des épileptiques, 1.000 grammes de sang frais contien- nent : 0 gr. 053 calcium et 0,019 magnésium. 1.000 grammes de sang desséché contiennent : 0 gr. 25 calcium et O gr. 09 magnésium. Comme on le voit le métabolisme du calcium et magnésium est profondément troublé dans l’épilepsie. Quelle est la raison intime de ces phénomènes ? On doit penser aux troubles des glandes à sécrétion interne qui inter- viennent dans le métabolisme du calcium, à savoir : la thyroïde, les parathyroïdes, les ovaires, l’hypophyse, etc. Plusieurs auteurs ont d'ail- leurs invoqué déjà une pathogénie glandulaire de l'épilepsie. Il nous a semblé du plus haut intérêt de connaître aussi la teneur du sang en calcium et magnésium, dans la manie et la mélancolie où les phénomènes d’excitation et d’inhibition psychomotrice sont très accusés. Les résultats de nos expériences sont consignés dans les tableaux ci- joints. En examinant ces tableaux nous voyons que, dans la mélancolie, -on trouve en moyenne dans 1.000 grammes de sang frais : 0 gr. 085 Ca «+ dés ter dE Yr\0 | 6200 ST00 0 FE 0 L90°0 8100 0 | G&00'0 SSL £008: :G [26002 |‘ersderd| ‘o16r mu 97 |: : © * -ouuwroy ‘7 ‘6 {| oarisod ‘uorpruoer-"ydoo epmbry of ‘sue ge | ! suëp sourmqors SODAUOMOEC UM Er OMC OR 1100 °0 | &£'0 G90°0 12000 | 6&00'0 864 805'9 | 917'& l'eisderda| :cr6r eu ve |: : : : * - euwmoy :8 | | | | | 60 0 670 0. 58 0 660 0 AUGMENTE EEE E SEE SOS CT EE) SOU AU ; | “xnof xed s10} Sue YF f| Snotsn[æ ‘Sanol so sno] S009Y L0°0 | Gr0:0 G000°0 YG 0 | 6r0'0 91000 | &c00'0 TGL &678/9 |9106'&6 |'orsdondg| ‘Gr61 ru 47 |: : + + + * ‘uodsen :L | “dues np osuid 8j juepuod urjeu Sue € A or un ‘jinu ep ‘puod saooe xno 80'0 LTO'0 7000'0 98 0 9€0°0 S100°0 | STO0 0 LSL GILS8"Y |CS8T0 60 coisdottder ‘GTGT SIBU 6GT|° * * eWUOU NN ‘A ‘9 ‘aues ‘sue ST fl up osud 6j op ejlloa 1 Se00ÿ FT°0 68010 G000 "0 L& 0 9€0°0 GI00°0 | LT00'0 SSL : | GI0G'Y |9968 1& “orsdoridi} ‘6I6F sieur G |: “oyu ounel ‘4 ‘IN ‘Q | ‘Sues np osud ej 9p : F | «nof o1 jo qmu ej quepuod sç0oy 0F°0 | 0&0 Q | 9000 0 | 98:0 .| gço‘o | eroo:o | 1a00:0 | 964 &69L°G | 68c'8c |‘oisdond| ‘9767 teur 97 |: : : ewuuoy euner : sues|. 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Dans la manie nous trouvons les chiffres suivants : 1.000 grammes de sang frais contiennent 0 gr. 059 Ca et 0 gr. 027 Mg et 1.000 grammes de sang desséché 0 gr. 28 Ca et 0 gr. 13 Mg. (Dans ces moyennes nous u'avons pas tenu compte du cas F. E. qui était sorti de l'hôpital presque complètement guéri, à la suite de l’extirpalion d'un lobe thyroïi- dien.) ; À l’état normalnous avons trouvé dans un travail antérieur, que le sang frais contient en moyenne : Ogr. 066 Ca p. 1.000 et 0 gr. 035 Mg p.1-000. Et 1.000 grammes de sang degséché contiennent 0 gr. 34 Ca etO0 gr. 18 Mg. En comparant ces chiffres avec ceux trouvés dans la mélancolie, nous voyons que dans celte psychose la quantité de calcium et de magnésium est beaucoup plus forte qu'à l’état normal; or nous savons que ces éléments en grande quantité ont une oction inhibitrice sur le système nerveux, cest ce qui pourrait expliquer jusqu'à un certain point l'état de dépression et l’apathie de ces malades. La somnolence de certains d'entre eux est peut-être en rapport avec un excès de magnésium dans le sang, étant connue l’action narcotique que cetélément exerce sur le système nerveux, De même la constipation caractéristique de ces ma- lades est due probablement à un excès de calcium qui, en grande quan- tité, exerce une action inhibitrice sur le péristaltisme intestinal. Dans la manie, par contre, nous avons trouvé une diminution du calcium et magnésium dans le sang, fait qui pourrait expliquer l'hyperexcitabililé: du système nerveux. Quant à l'explication de ces variations dans la teneur du sang en calcium et magnésium, on devra la chercher dans les. modifications fonctionnelles des glandes endocrines, et surtout de la thyroïde et des ovaires ; ces glandes semblant jouer un rôle de premier ordre dans la pathologie de la psychose maniaque dépressive. La malade F. E., dont les chiffres se rapprochent de la normale, et qui était sortie de l’hôpital à l'état de guérison presque complète à la suite de l'abla- tion d’un lobe thyroïdien, apporte un fort appui à cette manière de: voir. Dosace DE L'NH° DU SANG PAR UNE MÉTHODE VOLUMÉTRIQUE, par P. GÉRARD. Les procédés employés le plus couramment pour doser l’'N ammo- niacal du sang sont basés sur l'extraction de L'NH° par un fort courant d'air en présence de COK’, et sur le dosage colorimélrique de cet NH° entraîné au sein d’une liqueur acide. Ce dernier dosage très. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1187 délicat nécessite un colorimètre spécialement affecté à cet usage (1). De plus, toutes les causes d'erreur ne sont pas écarlées, malgré les modifi- cations ingénieuses de Follin appliquées au colorimètre Dubosq. En effet, les 2 tubes du colorimètre modifié sont de hauteurs différentes, la lumière traverse donc des colonnes de liquide inégales; el, comme le réaclif de Nessler est toujours coloré, les couleurs obtenues sur les deux demi-disques ne sont pas de tonalité semblable. Le diaphragme iris placé sous le tube le moins haut, comme correcteur, n'arrive, en dimi- nuant la lumière, qu'à modifier la valeur sans corriger les couleurs. Ceci gène pour l'appréciation d’égalilé de coloration. L'emploi de l'ex- cellent anti-mousse (alcool caprylique), lors du barbotage, fait troubler la solution sulfurique chargée d'NH°, quand on la nesslérise. Ce trouble qui augmente très rapidement modifie la valeur du demi- disque correspondant à la solution à doser; et l'absorption de lumière est parfois telle que la lecture est impossible à faire. En opérant avec un très grand soin, on peut par la méthode volu- métrique doser avec une erreur maxima de 10 à 15 p. 100 des quan- _tités d'NH° atteignant quelques centièmes de miiligramme, quantités qui correspondent à celles contenues dans 10 c.c. de sang. La réussite de ce dosage tient uniquement à la stricte observation des détails de manipu- lation, et des dimensions des tubes qui constituent l'appareil. Monter un appareil composé d’une éprouvette À de 22 centimètres de hauteur, bouchée d’un bouchon de caoutchouc percé de 2 trous. L'air aspiré arrive par un tube, plongeant au fond de l'éprouvette, et, perté à son extrémité de trous à la facon des tubes des barboteurs de Villiers. Cette éprouvette est réunie, à un tube barboteur B, en verre neutre, de 20 centimètres de haut sur 17 millimètres de diamètre, par un tube perforé semblable au premier, et qui plonge jusqu'au fond du tube barboteur. Un autre petit tube fait communiquer le tube barboteur B avec la trompe à vide. Les tubes faisant communiquer A avec Bet B avec la trompe à vide doivent tous dépasser les bouchons de caoutchouc d'au moins 10 centimètres; ceci pour éviter Les pertes par projection. L'air aspiré par une trompe à eau passe d'abord par un compteur à gaz, qui mesure le débit, puis-par un flacon laveur à SO‘H* étendu qui arrête PNA: Faire le dosage sur 10 c. c de sang reçu sur de l’oxalale de K (1 c.c. oxalate de K 10 p. 100 pour 19 c.c. de sang) et que l’on aère au plus tard dans l'heure qui a suivi la prise. Mettre dans l’'éprouvette À 10 c. c. de sang, 10 c.c. de solution de Co°K* ou de Co’Na à 20 p. 100et2c.c. d'alcool caprylique pour éviter la mousse. Mettre dans le tube B 2 c.c. So‘H* 1/100 N, 5 c.c. d’eau distillée de facon à avoir une colonne de liquide d'au moins 5 centimètres de haut, ce qui est nécessaire pour (1) Follin. Journ. of Biol. Chem., t. XI, p. 533, 1912. 1188 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE une bonne absorption de l'NH°; et enfin 1 c. c. d’alcool caprylique. Faire passer 200 litres d'air d’abord bulle à bulle pendant 5 minutes, puis à la vilesse maxima de 3 litres à la minute. L’aération terminée, on fait passer la liqueur So‘H? titrée dans un petit vase de Bohême; et l’on rince 3 fois le Lube avec 3 c.c. d’eau : on s'assure avec une goutte d’hé- lianthine très diluée qu'il ne reste pas trace d'acide au dernier lavage. On titre l'So‘H? en excès par une soude centinormale dont on vérifie le titre tous les jours. Pour faire le dosage on emploie une burette graduée au 1/20 de c.c. donnant 2 gouttes au 1/20 de c.c. L'appréciation du virage est faite comparativement avec deux teintes témoins que l'on prépare au moment du dosage. Pour cela on prend deux vases de Bohême identiques à celui qui sert au dosage, on place dans chacun 16 c.c. d'eau et une goutte d’hélianthine; on fait virer l’un avec 2 gouttes de NaoH 1/100 normale et l’autre avec 2 gouttes de So‘H° 1/100 normale. En opérant ainsi, on fait une lecture certaine au 1/20 de c.c., ce qui représente. une erreur maxima absolue de 0 gr. 000007 d'N-NH°. On fait en même temps un dosage témoin dans un autre appareil con- tenant 10 c.c. de solution de carkonale à 207100 et 2 c.c. d'alcool caprylique, on diminue du résultal du premier dosage l'N-NH° dégagé par ces produits. Au cours de nos expériences cette quantité était négligeable, nous retrouvions, après un barbotage de 200 litres d'air, les quantités de So‘H? 1/100 normale mises en expérience avec une perle maxima de 5 p. 100. Lorsque nous avons fait des dosages sur des solutions types d’oxa- late d'NH”, en opérant sur des doses variant de 9 gr. 00005 à 0 gr. 00050 d'N.NH°, nos erreurs n’ont jamais dépassé 5 p. 100. Lorsque ces mêmes quantités d'NH° ont été additionnées à du sang, l'erreur a été d'environ 10 à 15 p. 100. Les chiffres trouvés étant toujours inférieurs aux quan- tités ajoutées. Par exemple : ADYC Can EE Es Rte trouvé : 0 gr. 000068 N.NH® 10 c.c. sang addit. de 0,00010 N.NH°. trouvé : 0 gr. 000158 N.NH3 LOC CS AN CR ee trouvé : 0 gr. 000025 N.NH° 10 c.c. sang addit. de 6,00010 N.NH°. trouvé : 0 gr. 000110 N.NH° (erreur max.). De nombreux essais m'ont montré que le sang abandonnaït environ 98 p. 100 de son N-NH° après un barbotage de 80 litres; les derniers 2 p. 100 d'N-NH° sont plus difficiles à enlever, il faut environ 100 litres d'air. Après le passage de ces 180 litres d'air, on n'arrive plus à enlever des quantités appréciables d'NH° même après des barbotages de 100 et de 200 litres. Une des principales précautions consiste à doser l’'NH° dans le sang sortant des vaisseaux; car l'instabilité du taux ammoniacal est infini- SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1189 ment variable. Certains sangs conservent le même taux pendant 5 et 6 heures à la température du laboratoire, cependant que certains forment de l'NH° avec une très grande rapidhé. 1DEC ce sans,--ASheuresaprès la prise 0 2.2 "20;00000 °N.NH: 10° c.c. sang, 4 heures après la prise. . . . . . 0,000044 N.NH° lURcaC sance PRevrerapres lasprises #10. 0,000014 N.NH° 10 c.c. sang, # heures après la prise. . . : . . (0,000014 N.NHS 40 c.c. sang, 24 heures après la prise. . . . . . 0,000030 N.NH° lONerc sans #sNheure apres la prise. 7 0,000014 N.NHS 10 c.c. sang, 4% heures après la prise. . ... . . 0,000065 N.NH? Conclusion. — Cette méthode volumétrique, qui nous a donné d’excet lents résultats dans nos recherches sur l’action de l’uréase dans le sang, est très rapide. Elle demande au maximum 1 heure 1/2 et permet de faire des dosages d'NH* sur de petites quantités de sang. Le matériel et la technique sont simples, les résultats sont d’une précision pour le moins comparable aux autres méthodes, précision suffisante pour les recherches cliniques. = (Travail fait au Laboratoire de thérapeutique.) RECHERCHES PERMETTANT D'ESTIMER EN MILLIMÈTRES DE MERCURE . LA PRESSION SANGUINE DANS LES VAISSEAUX RÉTINIENS. Note de BaïLLIART et MAGIiToT, présentée par Cn. Doprer. Dans un précédent travail, l'un de nous (1) a montré tout le parti que la clinique pouvait tirer de l'étude directe des pulsations artérielles examinées à l’ophtalmoscope ; pulsations n’existant pas à l’état normal, mais susceptibles d’être provoquées par une pesée sur le globe. Dès lors, il apparaissait comme évident qu’une certaine pesée exercée sur l'œil pouvait faire connaitre la pression sanguine locale diastolique, etqu'une pesée plus forte, en chassant complètement le sang des vaisseaux, faisait connaître la pression sanguine locale systolique. Du reste, l'œil constitue à cet égard un organe remarquable, puisqu'il permet de se rendre compte de visu non seulement de l’état du courant sanguin artériel de la rétine, mais aussi du courant veineux. Cependant, pour rendre pratique cette méthode au point de vue cli- nique, il était manifeste que les renseignements procurés devaient être (1) Bailliart. Pression artérielle rétinienne. Annales d'oculistique, novembre 41917. 1190 , SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE estimés en millimètres de mercure. Il était, en effet, de peu d'utilité de savoir que, sur tel œil, les pulsations rétiniennes apparaissaient sous une pesée de 40 grammes, s’il était impossible d’en savoir davantage, c'est-à-dire la pression existant dans les vaisseaux à ce moment déterminé. La présente communication a pour objet la solution de ce problème. Tout œil possède une tension qui lui est propre et qui oscille entre 15 millimètres Hg et 30 millimètres Hg. Quelle sera donc l'augmentation de cette lension si nous exerçcons sur cet œil avec un dynamomètre une pesée de x grammes ? Nos expériences ont été faites sur des chats chloralosés, à Ve d'un manomètre d'un modèle spécial inspiré du Ludwig, mais adapté à nos recherches. ; IL est de première importance en effet que les connexions-entre l'œil etle manomètre se fassent sans qu'il y ait issue du liquide oculaireet, inversement, qu'il n’y ait pas non plus de liquide étranger venu de l'instrument qui pénètre dans la chambre antérieure.En d’autres termes, il faut maintenir le niveau constant. Prenous un exemple: voici un œil dont la tension est de 20 millimè- tres Hg. Ce chiffre nous est donné par un instrument d'usage courant dit « tonomètre ». Supposons que nous constations que, sous une pesée dynanométrique de 40 grammes, les pulsations artérielles rétiniennes se manifestent; nous n'avons qu'à consulter le tableau pour savoir que la tension oculaire existant à ce moment-là s'est élevée à 60 milli- mètres Hg. Donc, la pression sanguine est de 60 millimètres Hg. En pressant sur le globe, nous n'avons pas fait autre chose qu'exercer la contre-pression dévolue au en dans les appareils de Na de Pachon, etc. Maintenant,si sur ce même œil la colonne sanguine disparait complè- tement sous une pesée de 100 grammes, nous saurons que la tension oculaire à été, par cette manœuvre, élevée à 100 millimètres d'Hg, d'où nous déduisons que la pression systolique atteint ce dernier chiffre (1). Nos expériences nous ont permis de constater d'autres faits, qui peu- vent être formulés de la manière suivante: 1° Sion exerce des pesées sur un globe possédant une tension entre 15 et 20 millimètres d'Hg {limites considérées comme normales), le manomètre, aussitôt après, accuse une pression endoculaire légèrement plus basse qu'auparavant ; mais au bout de quatre à cinq secondes, le niveau se relève à l’étiage initial. 2° Si on exerce des pesées sur un globe possédant une tension au- (1) Ces chiffres sont donnés comme exemples. Il nous a paru que la pression artérielle rétinienne était chez l’homne normal de 30 à 35 millimètres Hg pour la minima et de 70 pour la maxima. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1191 dessus de 30 millimètres d'Hg, le phénomène précédent s'accentue au point que le niveau ne se relève plus jusqu à l’étiage inilial. Ce phéno- mènene saurait cependant être transposé à la pathologie, car les hyper- tensions oculaires de l'homme paraïssent être d’une essence très diffé- rente de celles que l’on peut artificiellement et transitoirement provoquer sur l'animal. PESÉES HORIZONTALES TENSIONS INITIALES 3° Si on exerce des pesées sur un œil possédant une lension inférieure à 15 millimètres d’'Hg, la colonne de mercure n’aceuse aucune baisse. Dans cette note succincte nous ne saurions discuter les causes qui sont à la base de ces divers phénomènes. Nous nous bornerons à indiquer que nous estimons qu’il s’agit là de troubles apportés à la circulation cho- roïdienne, laquelle doit régir la tension oculaire.Si la baisse de tension ne se produit plus sur des globes ayant moins de 15 millimètres d'Hg de tonus, c’est que ce chiffre est extrêmement voisin de la tension agonique (10 millimètres d'Hg). 1192 : SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU DOSAGE TITRIMÉTRIQUE DE L'ALCALINITÉ SANGUINE. (ACTION DES ACIDES SUR LES SOLUTIONS ALBUMINEUSES), par RENÉ CLOGNE. Désireux d'étudier ia valeur du dosage titrimétrique de l'alcalinité sanguine, nous avons repris cette étude en nous adressant d'une part à un milieu albumineux moins complexe que le sang et de réaction alca- line aux indicateurs colorés comme le Tournesol ou la phénolphtaléine, et, d'autre part, au sérum et au sang total de bœuf. Nous avons utilisé l’acide azotique ou l'acide sulfurique, soit à froid, soit à la température du bain-marie bouillant. A froid, notre technique de dosage qui se rapprochait de celles préco- nisées par Drouin, J. Pando, etc., était la suivante : une quantité (5 c.c. exactement mesurée de solution albumineuse était placée dans un flacon jaugé de 50 c.c. et diluée avec 35 c.c. de solution saturée de chlorure de sodium; on ajoutait une quantité connue de solution décinormale acide. Après 3 minutes de contact on complétait à 50 c.c. par de la solution de chlo- rure de sodium et on filtrait, on recueillait 40 c.c. de filtrat clair sur lequel on dosait par une solution de soude N/10 en présence de phénolphtaléine ia quantité d'acide non combinée. L'alcalinité de la solution était évaluée en grammes de soude caustique par litre. È Nos résultats ont été les suivants : Si à une quantité toujours égale de solution de blanc d'œuf on ajoute des quantités croissantes de solution N/10 acide, on trouve que l’alca- linité de la solution est constante. : Sur le sérum, au contraire. on voit l’alcalinité de la solution, croître en raison directe de la quantité de solution acide utilisée au départ. Toutefois dans toutes nos expériences cette alcalinité atteint une limite qui reste sensiblement fixe même si l’on augmente la quantité de solu- tion acide. Sur le sang total la coloration rouge brun qui provient des globules rouges gêne le dosage et nous n’avons pas eu de résullats nets. Si le mélange de la solution acide et de la solution albumineuse est porté au bain-marie bouillant pendant 3 minutes, les résultats sont alors absolument identiques pour le blanc d'œuf, le sérum et le sang total et toujours comparables à ceux trouvés pour le sérum à froid: Nous retrouvons toujours une alcalinité limite qui est le témoin de la limite de combinaison de la solution acide à la solution albumineuse. En effet, jusqu'à ce moment le mélange essayé aux réactifs de Topfer et de Gunzburg donne des réactions négatives er à parlir de ce moment ces réactions deviennent de plus en plus nettes. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1193 Nous rapportons ci-dessous quelques chiffres d'expérience. SOLUTION SOLUTION SÉRUM SANGUIN AU 1/3 SANG TOTAL €, € OVALBUMINE ) » RE 95 p. 100 DOSAGE, DE L ALCALINITÉ DOSAGE ALCALINITÉ SOLUTION| Dosage alcalinité RE Rem mer PT TE N/1 SULADECAC: N/10 NS sur sur su sur u sur NO'H . 5 c.c. HRC-C. C: C.C. DiCYc- ECC. à froid à chaud à froid à chaud | à chaud | à chaud | à froid | à chaud | il 2 15 4 ù 6 7 8 d Si nous considérons les résultats de ces expériences, nous voyons que l’alealinité limite varie suivant la quantité de solution albumineuse utilisée pour le dosage, et elle est d'autant plus abaissée que la pie d'essai a été plus forte. __ Or tous ces dosages ont été effectués dans des flacons jaugés de 50 €.c. -et cela quelle que soit la prise d'essai; si par contre on opère ou proportions gardées, c’est-à-dire que les dilutions soient proportionnées - aux prises d'essais, les résultats redeviennent sensiblement identiques. On peut donc supposer que ces variations résultent de ce que l'on opère en présence de concentrations albumineuses différentes et l’on peut admettre dans ces dosages que la solution acide sature d’une part les bases alcalines, mais se combine aussi aux protéiques qui inter- viennent dans le dosage titrimétrique de l’alcalinité sanguine. SUR LA DIACÉTYLAPOMORPEINE, par MaARC TIFFENEAU. L'acétylation constitue une des méthodes Les plus employées dans les recherches de chimie thérapeutique. Appliquée d’abord aux amines aromatiques dont elle diminue la solubilité et par conséquent la toxicité 1194 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE (antifébrine, exalgine, phénacéline, etc.), elle a été, dans la suite, appliquée systématiquement à toutes les fonctions susceptibles d'être acétylées, c'est-à-dire les fonctions alcools et phénols : diacétylmorphine (héroïne), acétylsalicylique (aspirine), acétylcholine; mais, dans la plupart de ces cas, la question de solubilité n’entre plus en jeu d'une façon régulière, car cette propriété est tantôt atténuée, tantôt exaltée ; c'est ainsi que l'acide salicylique est précisément-moins soluble que son produit d’acétylation, l’aspirine. Enfin lorsqu'il s’agit d'alcaloïdes dont la sulubilité est, comme on le sait, assurée par la présence d’une fonction aminée qui rend soluble dans les acides, l'acétylation des fonctions alcool ou phénol de ces bases n’influe pas sensiblement sur la solubilité des sels alcaloïdiques ainsi obtenus. | D'ailleurs les relations entre l’activité de ces alcaloïdes et celle de leurs dérivés (provenant de Pacétylation de fonctions alcools ou phé- nols) sont extrèmement variables. Tandis que pour certains alcaloïdes comme là morphine et son diacé- tylé, l'héroïne, les effets physiologiques sont sensiblement identiques et permettent de supposer une saponification dans l'organisme des. groupes acétylés, pour d’autres, comme la choline et l’acétylcholine, les différences d’activité sont si considérables qu'on est obligé d'admettre que cette dernière, de beaucoup la plus active, agit bien en tant qu'acétylcholine et non par ses produits de dédoublement qui, aux doses correspondantes, sont à peu près inertes (4). L'étude de la diacétylapomorphine m'a conduit à des conclusions analogues, bien que les différences d'action ne soient point aussi marquées. Aussi bien, pour affirmer, dans un cas donné, qu'il s'agit. bien de l'effet intrinsèque d’une substance, il suffit que son activité soit nettement supérieure à celle de ses produits de dédoublement. C'est précisément ce qui se passe pour la diacétylapomorphine dont les pro- priétés émétiques sont deux fois plus énergiques que celles de l’apo- morphine. D'ailleurs ceci n'exclut point l'hypothèse d'un dédoublement qui se produirait au niveau de la cellule sensible; l’acétylalion aurait alors pour effet d'augmenter l’électivité de la substance pour cette cellule. Voici les résultats expérimentaux concernant la diacétylapomorphine. Préparation. — On fait agir l'anhydride acétique au bain-marie sur le colorhydrate d'apomorphine et on isole par des moyens appropriés le chlorhydrate de diacétylapomorphine (2). Toxicité pour la souris. — Comme l’apomorphine elle-même, son (1) Dale. Journal of Physiol., t! 48, pp. ii, IV. (2) Tiffeneau et Porcher. Bull. de D (A, t° 19, ps SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1195. dérivé diacétylé est peu toxique. D’après Hale (1910), la dose mortelle est pour l’apomorphine de 0 milligr. 4 par gramme, tandis que pour la diacétylapomorphine elle est de 0 milligr. 6, dose qui correspond à 0 milligr. 466 d'apomorphine. Ainsi la toxicité de ces deux bases est sensiblement identique. Action émétique chez le chien. — Dans le tableau ci-joint on trouvera, en regard des doses émétiques observées par nous pour la diacétylapo- morphine, les doses actives d’apomorphine indiquées par les divers auteurs. en . am # els TT APORMORPHINE par à In en animal & ë : L=] L : Voie intraveineuse. . . . . . 0,02-0,03 0,05 (E. H). (1). Voressous-cutanéer. +. .-: 0,01 022 (E A) 0,3 (Guinard). Voie intrapéritonéale. . . . . 0,2-0,25 0,36 (Richet). Ainsi l’apomorphine est environ deux fois moins active que son dérivé _ diacétylé, La précocité des effets pour les doses liminaires ou voisines ‘est la méme pour les deux bases : 1 à 2 minutes par la voie intravei- neuse, 4à 10 minutes par la voie sous-cutanée et 15 à 20 minutes par injection intrapéritonéale. La durée et le nombre des vomissements sont également comparables. ° Etude des groupements actifs. — Dans une prochaine note j’étudierai les effets de la diméthylapomorphine (méthylation des fonctions phéno- liques); mais, dès maintenant, je puis signaler que les iodométhylates des deux bases (méthylation de la fonction aminée) ont conservé les propriétés émétiques typiques, mais leur activité est au moins 20 fois plus faible. La fonction aminée joue donc un certain rôle, tout au moins au point de vue. qualitatif. Quant au rôle des fonctions phénoliques, il ne pourra être établi sûrement qu'après étude de la diméthylapomor- phine. ; = (4) Eggleston et Hatcher. Journ. of Pharm. and exp. Ther. (1915) t. 7, p.225. 1190 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ro SUR L'ACTION SUCCESSIVE DES DEUX GENRES D'ÉMULSINES SUR L'AMYGDALINE, par J. GIagJa. Que l’on emploie l'émulsine d'amandes ou le suc digestif d’ÆHelix (1), le résultat final de leur action sur l’amygdaline est le même. Cependant, ainsi qu'on le sait, au cours de la réaction les choses se passent diffé- remment : sous l'influence de l'émulsine d'amandes on trouve plus de sucre réducteur, par rapport à l'acide cyanhydrique, que ne l'exige la proportion dans laquelle se trouvent ces substances dans la molécu'e d'amygdaline; tandis que sous l'influence du suc d’#elix il v a, par contre, au cours de la réaction, un déficit en sucre réducteur. . J’ai étudié à ce point de vue la marche de la décomposilion de Famyg- daline : en tenant compte du rapport dans lequel se trouvent les. produits de décomposition de ce glucoside. Quelques résultats de cette étude ont fait l’objet de plusieurs notes, publiées dans ce recueil et ailleurs (2). Pour expliquer le fait que la molécule d'amygdaline $e désagrège d'une manière différente sous l'action de chacun des deux agents fermentaires mentionnés, il faut faire une hypothèse. Le plus simple est d'admettre que l’un et l’autre contiennent les mêmes ferments, qui accomplissent la décomposition complète de la molécule d'amyg- daline, avec celte seule différence que, des deux catalysateurs néces- saires à celte décomposition, c’est, dans l’émulsine d'amandes, le ferment libérant le sucre réducteur qui est le plus actif par rapport à l’autre, tandis que dans le suc d'#elix, le ferment libérant BON devance les autres dans sa rapidité d'action. Cependant il y a un fait, que je vais exposer dans la présente note, qui semble ne point cadrer avec ces idées. Arrêtons par chauffage l’action de l’émulsine végétale sur l’amygda- line, lorsqu'il y à encore une fraclion de ce glucoside qui n’est pas altaqué. En ajoutant ensuite du sac d'Æelix, on verra que celui-ci achè- vera la décomposition du glucoside et que l’action successive de ces deux agents fermentaires fournira les mêmes quantités de GNH et de sucre ‘réducteur que si un d'eux seul avait produit la décomposition complète du glucoside. Mais en opérant inversement, c’est-à-dire en. faisant agir premièrement le suc d’Aelix, puis en arrêtant son action lorsque celle-ci n’est pas terminée, on constate que l’émulsine végétale 1) Suc hépato-pancréatique d’Helix pomatia. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXI, p. 509; t. LXXIF, p: 2; ft, LAXV, P. 33. — Comptes-rendus de l'Acad. des Sciences, LoAk. SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1197 n'est pas en état de parachever la mise en liberté de tout l'acide cyanhy- drique et du sucre réducteur, correspondant à la quantité d'amygda- line employée. Plus exactement : l'émulsine d'amandes, ajoutée à Ja suite de l’action interrompue du suc d’Aelix, produit encore une cer- taine quantité de CNH et du sucre réducteur, mais son action s'arrête avant que l'amygdaline ait fourni les quantités de ces corps qu’eile aurait produiles si elle avait été soumise dès le début à l’action de cette émulsine. Voici une expérience: Une solution d'amygdaline soumise assez longtemps à à l’action du suc d'Aelix pour que l’action de celui-ci soit terminée, donne (pour 100) : : ENT :0 107.070 =Sucre réducteur: 42 1,473 0/0 Si on arrête cette action fermentaire lorsqu'il n’y a que : ONHP =... 0074070" Sucre réducteur... . 0,758. 0/0 puis que l’on rajoute du suc d’'Aelix, on trouve qu'en ces deux temps il a été fourni la même quantité de ces deux produits que lorsque l’action n'a pas été interrompue. En effet, l'expérience donne : CHR 0 102 0/0 Sucre-réducteur: 4433070 Mais tout autres sont les résultats, en ajoutant, après l’xction incom- plète du suc d’Aelix, l’'émulsine d'amandes : Le suc d'Heliæ à fourni. . . . . .. 0,074 CHEN et 0,758 sucre réducteur. L’émulsine végétale Laure ensuite, OA D 014 CHN.et 0.222 sucre réducteur. Donc en tout. . . . . 0,088 CHEN et 0,980 sucre réducteur. Tandis que l'Helix seul aurait donné 0,107 CHN et 1.473 sucre réducteur. On sait aujourd’hui qu'au cours de la décomposition de l'amygdaline par les deux genres d’émulsines que sont l’'émulsine d’anandes et les ferments du suc d'Aelix concourant à cetle décomposilion, il doil y avoir formation de produits intermédiaires, différents suivant le genre d'émulsine employée. Or, les faits précédents indiquent que des pro- duits intermédiaires de l’action de l'émulsine d'Aelix ne sont pas atta-_ quables par l’émulsine d'amandes. Ce fait me paraît intéressant, non tant par lui-même, que par la lumière qu'il jette sur une parlicularité des actions fermentaires. Nous voyons qu’un ferment, qui élait capable de mettre en liberté de l'acide cyanhydrique et du sucre réducteur aux dépens de la molécule d’amygdaline, n’est plus en élat de mettre ces substances en liberté lorsqu'elles sont contenues dans des produils de BIOLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919, T. LXXXII. S6 4198 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE désagrégation de cette molécule. Les actions fermentaires sont done influencées par la constitution chimique dans ce sens également qu'une molécule n’est plus attaquable par le fait qu’elle a été simplifiée, tout en contenant encore les produits que le ferment mettait en liberté avant cette simplification. ACTION DES INJECTIONS INTRAVEINEUSES D'OR COLLOÏDAL SUR LE CŒUR, LA PRESSION SANGUINE ET LA RESPIRATION. Note de B.-G. DunameL et R. THiEULIN, présentée par G. Bou. Nous avons complété nos recherches sur la toxicité de l'or célloïdal électrique (1) en étudiant l’action de cette solution sur la respiration, sur le cœur et sur la pression artérielle. Un lapin de 2.059 grammes recoit dans la veine marginale 2 c.c. d or colloïdal électrique titré à raison de 0 gr. 309 de métal par litre. Des. tracés pneumographiques sont pris pendant toute la durée de l’expé- rience. Tout de suite après l'injection, on observe une diminution de l'amplitude des mouvements respiratoires. Mais leur nombre, qui était de 101 pour une révolution du cylindre’ (50 secondes), passe à 118 après 3 minutes, à 114 après 10 minutes. À ce moment la diminution d'amplitude est très marquée. Après 20 minutes les. mouvements deviennent APE s et moins fréquents. Ils tombent à 46 après 30 minutes, à 47 après 45 minutes. 1 heure et demie après l'injection, le nombre des mouvements est encore à 47. Après 2 heures d'expériences, les choses se modifient : l'amplitude diminue etle mouvement s'accélère. Le nombre des mouve- ments passe à.51, puis à 67 et la respiration revient peu à peu à la normale. : Avec des différences individuelles plus ou moins marquées, d'autres expériences ous ont donné des-résulltals comparables, même pour des injections intraveineuses de 5 c. c. d’or colloïdai électrique. à Pour compléter et critiquer cette expérience, nous avons pris le trac prneumographique d'animaux à qui nous n'injections que du sérum physiologique simple. Nous avons observé seulement une lungue période — 2 heures — pendant laquelle le nombre des mouvements tombe un peu au-dessous de la normale. Une partie des phénomènes observés. peut donc être rapportée à la présence du colloïde. (1) B.-G. Duhamel et R. Thieulin. Sur la toxicité de l'or colloïdal. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 25 octobre 1919. — B.-G. Duhamel et R. Thieulin. Localisation de l’or colloïdal électrique dans les organes. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 15 novembre 1919. LL SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1199 L'étude des modifications infligées au cœur par les injeclions intra- veineuses d’or colloïdal a été poursuivie à l’aide du petit cardiographe explorateur à aiguille, présenté par l'un de nous à la Société de Biologie et notablement amélioré depuis (1). Les animaux ont recu dans les veines 5 c.c. d’or colloïdal électrique dosé à raison de 0 gr. 309 par litre. On n'a observé aucune modification immédiale et importante ni du rythme cardiaque ni du nombre, ni de l'amplitude des contractions. Mais, d'une facon régulière, on a noté que, vers la trentième minute après l'injection, les mouvements du cœur commencaient à devenir plus fréquents et à augmenter d'amplitude. Le nombre passait peu à peu de 159 pulsations pour une révolution du cylindre (50 secondes) - à 212, pour redescendre, après 2 heures d'expérience, à 190, puis à la normale. Ce peu d'action du colloïde sur la mécanique cardiaque s'accompagne d’une action presque nulle sur la pression artérielle. Nous avons mesuré, pour plusieurs lapins, la pression artérielle à la fémorale. Cette pression qui variait, selon les animaux, de 7 à 9 c.c. de mercure, n'a pas été sensiblement modifiée par des injections de 5 €. c. d'or colloïdal poussées lentement dans les veines. Durant l'injection et pendant Les minutes consécutives, nous n'avons observé aucune modif- cation régulière et notable. L'inscription graphique du tracé, permet- tant d'étudier de près le phénomène, a montré que, parfois, un à-coup dans la poussée de l'injection se traduisait par une oscillation de quelques millimètres immédiatement corrigée. Ces troubles passagers de la pression vasculaire sont d’ailleurs supprimés par la régularité et la lenteur de l'injection et demeurent toujours moins marqués que ceux que l’on détermine simplement en frictionnant l'oreille de l’animal à l’éther ou en le refroidissant par un courant d’air de quelques instants. De ces différentes expériences, nous devons conclure que les injec- tions intraveineuses d'or coiloïdal électrique chez l’animal provoquent, pour la respiration, une augmentation passagère du nombre des mou- vements avec augmentalion d'amplitude. L'action sur le cœur se traduit par une augmentation lente du nombre et de l’amplitude des contrac- tions. L'action immédiale sur la pression artérielle est faible et échappe à la mesure. 2 (1) B.-G. Duhamel. Sar un cardiographe explorateur à aiguille. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, séance du 21 janvier 1911. 1200 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ANAPHYLAXIE-IMMUNITÉ, par MAURICE ARTHUS. L'anaphylaxie-immunité est un état remarquable qu'on peut engen- drer chez les animaux auxquels on fait subir une série d'injections de substances loxiques, liqueurs protéiques toxiques par exemple ou venins. L'animal est anaphylactisé parce que certaines manifestations toxiques sont exagérées du fait de la préparation; il est aussi immunisé parce que certaines manifestalions toxiques sont atténuées ou sup- primées. En voici deux exemples lypiques : — Injectons sous la peau de lapins à 5 reprises, de 7 jours en 7 jours, 2 c.c. d'une solution à i p. 10.000 de venin de Crotalus ada- manteus, soit 1/5 de milligramme par injection et À milligramme au tolal. Les lapins ainsi préparés sont en état d'anaphylaxie-immunité. Si, en effet, une semaine après la dernière injection préparatoire, on injecte dans leurs veines 5 c. c. de sérum de cheval, on constate une chute de pression artérielle et une accélération respiratoire, comme en produit l'injection intraveineuse de sérum de cheval chez tout lapin anaphylactisé Je rappelle que l’anaphylaxie du ER n'est pas spéci- fique). = LAPIN n° À LAPIN N0 2 TEMPS PRESSION ARTÉRIELLE RESPIRATION PRESSION ARTÉRIELLE RESPIRATION ee [| Au début. . 101 millim. 54 9% millim. 48 1 minute . 101 — 54 105 — 48 2 mivsutes. 101 — 54 = 96 - — 48 3 minutes. 100 — 54 S8 — 48 4 minutes, 96 — 60 82 — 48 6 minutes. 93 — 72 72 — 66 8 minutes. 89 — 75 65 — 90 10 minutes. 82 — 66 60 — 84 | 12 minutes. 7 — 54 68 — 60 ÿ minutes. 54 7 Les lapins sont donc anaphylactisés. D'autre part, si on injecte à la même date dans les veines de tcls lapins du venin de Crotalus adamanteus à dose déterminée, on conétate x que les accidents protéotoxiques consécutifs à cette injection sont È 4 : ; SÉANCE DU 22 NOVEMBRE < 1201 moins graves que ceux provoqués par la même dose du même venin® également injecté dans les veines chez les lapins neufs. ETAT DU LAPIN . .:. NEUF NEUF PRÉPARÉ NEUF | PRÉPARI | Ro | PRÉPARÉ PRÉPARÉ NEUF NEUF PRÉPARI || Quantité de venin injectée.| 1/2 |1/2|1/2|17/2 1 1 À 1 2 | mor. "|| mor. mor. Chute depression . . ||. 28 Ge EU bre ME 52 48 | 20 | 31 55 42 || : millim. millim. millim. f Durée de la chute de pression.| 15 12888) "T0 25 182 456 6T 226 6 min. min. min. | Accélération respiratoire. .| 42 | 50 | 32 | O0 || 134 85 | 10 | 40 15 | 48 |! Durée de l’accél. respirat. .| 18 |15| S| 0! 18 |20| Ss| 8] 18 | 6 Les lapins préparés sont donc immunisés. — Injectons sous la peau de lapins à 8 reprises, à 4 jours d’inter- valle, 1/4 milligramme de venin de cobra en solution à 1 p. 10.000. Ces lapins sont en état d'anaphylaxie-immunité. Si, en effet, on injecte dans leurs veines 3 milligrammes de venin de cobra en solution à 1 p. 1.000, on constate des phénomènes protéo- toxiques très intenses : chute de pression de 97 à 35 millimètres, soit de 62 millimètres, et accélération respiratoire de 40 à 300, soit de 260 par minute (l'injection de la même dose faite chez le lapin neuf ne provoque généralement pas une chute de pression supérieure à 20 millimètres et une accélération respiratoire supérieure à 20-30 par minute) : il y a donc anaphylaxie. D'autre part, le lapin survit sans présenter d’acci- dents curariques (l'injection de la même dose faite chez le lapin neuf eût déterminé la mort par curarisation en 16 à 18 minutes) : il y a donc immunité. - Il serait facile de multiglier ae exemples, et cela, soit en relatant de nombreuses expériences faites comme les précédentes, et qui ont fourni les mêmes résultats, soit en instituant des FpAencee équivalentes avec d'autres substances toxiques. Les faits exposés dans mon second exemple sont très intéressants à noter : ils montrent comment une symptomatologie déterminée peut se modifier en apparence du tout au tout dans le cours d’une préparation d'immunisation, par aggravation de certains éléments et par atténua- _ tion des autres. L’injection de venin de Cobra chez le lapin neuf déter- à 1202 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mine des accidents protéotoxiques très légers qu'on ne reconnait qu'à l’aide de méthodes délicates et précises; elle provoque la mort par asphyxie consécutive à la paralysie périphérique type curare. L'injection du même venin chez le lapin préparé détermine des accidents protéo- toxiques très graves, qui s'imposent à l'attention; elle ne provoque plus d'accidents curariques, au moins si la dose injectée n'est pas trop consi- dérable. L’intoxicalion cobraïque, si typique chez le lapin neuf, a pris un aspect tout nouveau chez le lapin préparé : elle devient l'image exacte de l’inloxication déterminée par l'injection de venin de Crotalus adamanteus chez le lapin neuf. Il importe enfin de séparer netlement l'anaphylaxie-immunité, dont je viens de donner deux exemples très précis, de l’immunité par anaphy- laxie, qu'on observe chez le lapin anaphylactisé auquel on injecte dans. les veines une dose de venin de Crotalus terrificus ou de Lachesis lanceo- latus capable de tuer le lapin neuf par thrombose généralisée : du fait de l’anaphylaxie du sujet, celle injection détermine la production rapide d’anlithrombine qui neutralise l'effet coagulant du venin et permet la survie. : 1 convient de rappeler que Nolf a signalé un fait d’arnaphylaxie- immunilé sans indiquer nettement sa signification : en cherchant à immuniser le chien contre le venin de Côbra, par injections sous-cuta- nées de ce venin, il a vu se développer des lésions graves au point d'injection quand l'animal présente déjà une incontestable immunité contre le venin injecté dans les veines. Ces lésions locales en cours de préparation anticobraïque ont été notées aussi chez les chevaux produc- teurs de sérum anticobraïque. RTE DE L'ÉTAT D'ANAPHYLAXIE À L'ÉTAT D'IMMUNITÉ, par MAURICE ARTHUS. 2 Dans une note présentée à la Société de Biologie, le 95 juillet 1914, sous le litre : /Zmmunisalion antisérique du chien, j'ai exposé les résultats d’expériences dans lesquelles, injectant sous la peau du chien de 7 jours en 7 jours du sérum de cheval, j'avais constaté par une série d'essais pratiqués après un nombre variable d'injections préparatoires que l’anaphylaxie sérique s’établissait, augmentait, puis s’atténuait pro- gressivement pour disparaitre : l’immunité antisérique remplaçant - l’anaphylaxie sérique. £ J'ai réalisé chez le lapin, et à l’aide d’un venin, des faits équivalents, dont Ja connaissance sera d’ailleurs à exploiter pour la solution de pro- blèmes importants. ( 0 | () (] 03 L G 0 0 PR TON S OT td T it LE OL ca Ya q “Up G |: © : : * uorsserdoq « « « « « « « K 09 09 « RSR 9G G6 09 96 GL 66 | © © © © Ssepnuiu pe « « « « 83 007 | 06 |: gor | 9 vg 09 76 96 68 09 | 96 CLIS PES ESS Mure F9 LG « « Sy 66 06 96 99 eg 09 06 96 (4 09 C6 GTA ES COSESSSMUNUNTE F9 LG a an Sy 86 06 68 GL Gy 09 GS 96 ES 09 76 GL GI DR AS OTTULITEG)T y9 86 « YIr | 87 86 À 06 06 qu C£ 09 rs 9€ SL 09 EG gi icer (2 CC Soinuuicr 79 SG « CTI SY 007 06 -B$ GE 16 09 SL 96 8L 09 €b S COURSES S OT UT IT 9 | LG « or | 87 | 86 DEy | LS 1 00 er oc LL. | 09 16 | £ Go N° : : soinumsg 79 LG « GT? 87 T6 e6T TS CL 6G 09 eL 98 QL 09 IG GL TGT D SES ONU 79 86 « ra PRICE as |Ncer ls 08 eg 09 IL 96 CL 0° e6 Can le SE Sin 79 96 « £Tr gs $L: SET GL 06 &} 09 TL 96 GL 09 GG GL ee | SSainuuTe F9 36 « YIt | 09 Le IDE 0Gr OL 06 7G 09 (JE 96 SL 09 66 GE Sc PES OIMUITES 79 F6 « 20 NU Al De CO 0er PNG 09 88 96 08 09 6 CL Pere Nina à F9 96 « Gr | 99 007 | SET | LS 06 EG 09 66 98 66] 200 CO A MAGIE en ESS So Inur re 59 96 « an 6 107 | 96 96 87 GG 09 L6. || 9c 86 09 56 GHNbeCT | Se MOINE F9 96 « Er s% TOT 06 66 87 66 09 : 96 96 66 09 96 GL 9CT FES SIMON D RER | À -dsoy | ssorq | ‘dsox | ‘essor | dsoux | ‘ssorg | ‘dsoy | ‘ssozq | ‘dsoxr | ‘ssouq | ‘dsoxr | ‘ssoxa | ‘Asowr *ssourc | ‘dsor | 'ssoidx -Asoy ‘SSoId (9 L 0 0 * SNOILOMPAT A AYANON HUVdHUd AHVdïtd AUHVdHUd . SHVd4Id HUVd4ud 4H Vd4Hd AU VdA4d TAN ANAN ON ONTAV TT NO LV ] en | $ 5 aa 41904 SOCIËÈTÉ DE BIOLOGIE Le venin de Crotalus adamanteus est un venin protéotoxique, ainsi. que je l'ai établi, c’est-à-dire qu'injecté dans les veines du lapin, par exemple, il détermine une série d'accidents présentant une remarquable analogie avec ceux que produisent chez les animaux neufs les protéines toxiques et, chez les animaux anaphylactisés, les substances ou les liqueurs protéiques : che de pression et accélération respiraloire en particulier. 3 En injectant à plusieurs reprises sous la peau de lapins du venin de Crotatus adamanteus à dose non mortelle, on constate d’abord l’anaphy- laxie crotalique, c'est-à-dire l’aggravation des manifestations protéo- toxiques engendrées chez le lapin neuf et l'apparition de quelques manifestations nouvelles (émission de bols fécaux), puis l'atténuation et la suppression des accidents ou à peu près quand le nombre des . injections préparatoires augmente, la dose de venin injectée dans les veines pour pratiquer l'essai étant toujours la même. Voici des données expérimentales : Une série de 10 lapins, très semblables entre eux (même race et même âge), recoivent en injections sous-cutanées, un certain nombre de fois, 4 c.c. d’une solution de venin de Crotalus adamanteus à 1 p. 20.000. Un lapin recoit 1 injection; un autre 2, etc. jusqu'à 7 (4 lapins ont recu 7 injections). Les essais sont faits 12 à 14 jours après la dernière injection pré- paratoire. J'injecte dans la veine auriculaire 5 c.c. d’une solution de venin de Crotalusa adamanteus à 1 p. 20.000, soit 1/4 milligram me de venin. Même injection est pratiquée chez des lapins neufs. J'ai noté la pression artérielle, le rythme respiratoire et l'émission de bols fécaux. (Tableau ci-contre.) D'où il ressort qu'après les 6° et 7° injections, l'immunité anticrota- lique a succédé à l’anaphylaxie crotalique, au moins pour la dose de venin injectée dans les veines dans les conditions de la préparation. LA LOI D'OPTION DANS LES PHÉNOMÈNES DE LA VIE, par H. GUILLEMINOT. Noüs pouvons ramener les phénomènes qui se passent autour de nous à trois types différents. Il y a, d'abord, des phénomènes mécaniques autour desquels du tra- vail se transforme en force vive ou en énergie potentielle et inverse- ment : Jes mouvements du pendule, les mouvements sidéraux en sont SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 19205 — des exemples. En faisant abstraction d2s frottements et en général des phénomènes parasites surajoutés, on n'éprouve aucune difficulté à constituer idéalement avec ces phénomènes mécaniques des cycles de mouvements indéfiniment renouvelés dès que la «chiquenaudeiniliale » en à ouvert la chaine. Un monde qui ne présenterait que ces phéno- mènes serait un monde toujours le même, siège de cycles réversibles se déroulant toujours dans le même ordre. Il y a, ensuite, des phénomènes que l'on peut appeler phénomènes d'évolution et qui sont dominés par la loi de Carnot; ils sont liés à une dégradation d'énergie ou augmentation d’entropie qui non seulement est une conséquence de leur production, mais qui mesure la tendance qu ils ont à se produire. Ils sont d’une manière générale caractéris és par ce fait que, au cours de leur accomplissement, de l'énergie supé- rieure, telle que l'énergie mécanique, se transforme en énergie inférieure telle que la chaleur, et que la chaleur perd de son grade. Tous les phénomènes du premier groupe sont accompagnés, dans la nature, de phénomènes du second groupe, ce qui empêche la réalisation du mou- vement perpétuel en mécanique et ce qui fait que tout système méca- nique subit, à côté de ses cycles renouvelés, une évolution qui le conduit par étapes successives d’un état initial vers un état final. Tous les systèmes matériels que nous connaissons évoluent entre un com- mencement et une fin, parce que tous sont tributaires de la loi de Carnot. Enfin, il y a, à côté de ces phénomènes dont le sens est réglé par l'augmentation entropique, une troisième catégorie de phénomènes qui, tout en étant des phénomènes d'évolution et tout en obéissant à la loi de Carnot, présentent un caractère spécial. Au moment où ils vont s'effectuer, ils se trouvent en concurrence ‘avec d’autres phénomènes qui ont autant de chance qu'eux de se produire soit parce qu'ils corres- pondent à une même augmentation entropique (phénomènes isodégra- dateurs), soit parce que leur production est liée à l'intervention d'agents lytiques dont l'entrée en scène est indifférente devant la loi de Carnot (faux équilibres physiques ou chimiques). Le sens de ces phénomènes n’est plus imposé par la seule loi de Carnot. Si, en principe, il est en outre tributaire du seul calcul des probabilités, il est des systèmes où | les formules’de probabilités sont mises en défaut par des facteurs sura- joutés : ce sont les systèmes vivants. L'évolution de la matière vivante n'est pas régie que par la loi de Carnot et par les formules de probabi- lités. Tout se passe comme si une directive spéciale imposait aux phé- nomènes qui l'affectent un sens parfaitement déterminé et lel que ni la “oi de Carnot, ni le hasard ne saurait l'imposer. Ce sens constitue pour nous ce que nous appelons le progrès. De sorte que le progrès dans un monde vivant est fonction de deux fac- teurs : d'abord la dégradation énergétique sans laquelle aucun phéno- 1206 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE mène d'évolution ne peut se produire et ensuite cette directive spéciale qui met en échec les formules de probabilité. L'ouvrage La Matière et la vie, que je présente aujourd'hui à {a Société de Biologie, a pour objet principal d'analyser cette directive et de montrer son mécanisme. Son facteur essentiel réside dans une des propriétés fondamentales de la matière vivante : l'irritabilité. Il se manifeste à nous par un fait x commun à tous les êtres des deux règnes : la plus facile répétition du déjà fait qui met en défaut l’un des postulats essentiels des formules de - probabilités : « le postulat d'indépendance » : Un coup de roulette pour être tributaire des formules de probabilités doit être indépendant du coup qui le précède ; la roulette du jeu de . hasard ne fait pas sortir plus facilement tel numéro parce qu'il vient de sortir déjà. Au contraire, on observe quelquefois, dans certains systèmes station- naires physiques et d’une facon constante dans les systèmes station- naires chimiques spéciaux que sont les unités vivantes, que l'option de hasard faite une fois pour une route indifférente entraine pour la fois suivante le choix de la même route. Grâce au facteur irrititatif qui entre en jeu dans les actes de nutrilion comme dans les actes de relation la mémoire du déjà fait détermine ce résultat! qu'un système vivant mis plusieurs fois de suite en présence du même carrefour ‘de voies isodé- gradatrices a tendarce à choisir toujours la même voie : c'est là ce qu'on appelle l'habitude chez l'unité vivante et l'hérédité chez deux - unités successives. > L'option qui est d’abord une option de hasard devient ainsi par habi- tude une option au vrai sens du mot, une préférence. Il est facile de montrer que cette préférence peut se transformer en obligation. Il suffit. : pour cela de faire entrer en ligne la sélection naturelle qui donne la priorité aux lignées possédant les habitudes favorables. La sélection darwinienne intervient done pour donner un sens à l'option. C'est grâce à elle que l'option devient une véritable directive paraissant aiguiller la matière vivante dans le sens du progrès, c'est elle en un mot qui trans- forme l'option de hasard en loi d'option. Je me suis efforcé de montrer, dans la vie chimique et dans la vie de relation des unités vivantes, comment s’est opérée cette transformation et comment la loi d'option à pu devenir, pour l'évolution du monde vivant, une loi aussi essentielle que la loi de Carnot dans l'évolution du monde physico-chimique. SÉANCE BU 22 NOVEMBRE 1207 MUCUS GASTRIQUE ET RÉACTION DU BIURET, par L. PRon. Ilest classique de dire que les solutions de mucine, soit alcalines, soit acides, donnent les réactions colorantes des substances albuminoïdes, et que la réaction du biuret est une de leurs caractéristiques. Après avoir repris l'élude partielle de la mucorrhée gastrique, à l'occasion d’une thèse (1), je viens de passer en revue un nombre assez important d'analyses portant sur des liquides de jeüne, en envisageant les rapports qui peuvent exister entre leur richesse en mucus et l’inten- sité de là réaction du biuret qu’ils fournissent. J'ai laissé de côté les liquides biliaires, dont la teinte gêne beaucoup la réaction. 1° LIQUIDES RICHES EN MUCUS : A. — liquides chlornydriques. Sur 466 échantillons, la réaction du biuret était forte 54 fois (coloration rose) — moyenne, 56 fois (colora- tion rose-violet) — 52 fois, faible (coloration violet-bleu). Elle était négative 4 fois. B. — Liquides nettement acides sans H libre. Sur 37 échantillons, 11 fois, la réaction était forte — 10 fois, moyenne — 12 fois, faible — 4 fois absente. 2° LIQUIDES PEU RICHES EN MUCUS : A. — Liquides RER iques. Sur 85 échantillons, réaction forte 16 fois — moyenne, 25 fois — faible, 29 fois — absente, 15 fois. B. — ZLiquides acides sans. 4 libre. Sur 20 échantillons, réaction oui 6 fois — moyenne, 9 fois — faible, 3 fois — absente, 2 fois. Ainsi donc, les liquides riches en mucus fournissent une réaction du biuret d'intensité très variable. Dans les liqüides peu riches en mucus, il y a une ébauche de réaction ; mais ce n’est qu’une ébauche, puisque, sur 105 échantillons, la réaction est forte 22 fois, et moyenne 34 fois. Lorsque l'estomac malade ne renferme à jeûn que du mucus, mais en quantité suffisante pour qu'il y ait clapotage, et qu’on soit en droit de faire le diagnostic de mucorrhée pure, la relation entre l'abondance de mucus et l'intensité du biurel est également très douteuse. Sur 8 liquides neulres, j'ai trouvé 4 fois une réaction forte, À fois moyenne, 2 fois faible, 1 fois absente. Sur 12 liquides faiblement acides (2) sans H, j'ai trouvé 5 fois une réaction forte, 2 fois moyenne, 5 fois faible, (1) L. Franjou. Contribution à l'étude de la mucorrhée gastrique (Thé e d'Alger, juillet 1918). (2) Par formation d'acidalbumine et d'acides de fermentation. 1208 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Il semble donc difficile d'établir une relation entre 11 teneur des liquides gastriques en mucus et l'intensité de la réaction du biuret, qu'ils donnent à froid — et il semble risqué de faire de cette réaction une caractéristique de la mucine. La question est d’ailleurs complexe, car outre la vraie mucine, l'estomac peut renfermer de la pseudo-mucine biliaire — et surtout, le mucus existant dans l'estomac, en le supposant toujours identique, se trouve dans des conditions de digestibilité variables, selon la puissance du suc gastrique de jeûne, et selon le reflux, ou non de suc pancréato- intestinal dans la cavité gastrique. — LARVES DE MOUCHE (Calliphora vomitoria) ET VITAMINES, par T. Woccman. Dans une note précédente (1), nous avons rapporté des expériences sur l'élevage aseptique des larves de la mouche à viande sur de la cer- velle stérilisée à haute température (130° pendant 45 minutes). Contrai- rement à ce qu'on eût pu penser à la suite. des données récentes sur le rôle et les propriétés des vilamines, ces larves se développaient aussi bien que les témoins non aseptiques sur viande crue. Nous avons depuis obtenu des résultats aussi bons avec de la cervelle stérilisée à 134°-135° pendant 1 heure et demie. Le développement élait peut-être un peu plus lent pendant les 2 premiers jours, mais les larves atteignaient la taille adulte normale au G°-7° jour et se transfornaient en pupes du 8° au 10° jour. Devant ces faits, nous nous sommes demandé : 4° s’il s'agissait d’un organisme pouvant se passër de vilamines ou en créer lui-même; 2% si, contrairement aux données de la grande majorité des auteurs, les vitamines résistent au chauffage prolongé à 134°. C’est pour répondre à ces questions que les expériences suivantes ont élé faites : : © Exe. L. — Six petits rats blancs d'une même portée et d'un poids variant de 40 à 52 grammes ont été distribués en 3 lots de 2 chacun. Le premier lot recevait du riz décortiqué et de la cervelle, le tout stérilisé à 134° pendant 1 heure et demie. Comm? boisson, de l'eau stérilisée. Le deuxième (lot témoin) recevait du riz stérilisé et de la cervelle crue. Le. troisième lot recevait la même nourriture que le premier, mais en outre des larves élevées aseptiquement sur cervelle stérilisée. Chaque lot recevait approxima- tivement 20 grammes de riz et 15 grammes de cervelle par jour; les 2 rats du (41) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXIL, p.593; É SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1209 troisième lot recevaient de plus 1 gr. 5-2 grammes de larves par jour (15 à 25 larves). Les pelits rats se jetaient avidement sur les larves et délaissaient, pour les manger, le riz et la cervelle. Voici les détails de cette première expérience qui a duré 10 jours. ( Riz stérilisé COrIT Riz stérilisé ( Riz stérilisé, Lor I et où et - Lor III à Cervelle stérilisée l Gervelle stérilisée. (lot témoin) ( Cervelle crue. l et larves. NN I TT Rat 1 gt Rat Il © Rat III Q Rat 1V 9® Rat V gt Rat VI 9 6 juin. 4 gr. 47 gr. 47 gr... 52 gr. 40 gr. 48 gr. 16 juin. 58 gr. 52 gr. 64 gr. 10 gr. 60 gr. 59 gr. Gain em gr. 13 gr. 5 gr. 11gr. * 18 gr. 20 gr. 1 gr. Gaiuenp.100 29 10 36 34 50 23 (1) À la terminaison de cette expérience, les lots I et IIT recoivent du riz et de la cervelle\ stérilisés jusqu’au 22 juin. A partir de ce jour, les rats du lot I recoivent en outre 2 grammes environ de larves par jour. Cette expérience a duré 4 jours. Les rats témoins restent au même régime. : Riz stérihsé, L Il ( Même régime ( Riz stérilisé Lor | Cervelle stérilisée à OT que Lor 1II « et et larves. (témoin) t ci-dessus. { Cervelle stérilisée. Rat £- Ratll Rat III Rat IV Rat V Rat VI Sjuia. 62 gr. ? 55 gr. 70 gr. 10 gr. 59 gr. 65 gr. 26 juin. 710 gr. 62 gr. TER, T4 gr. Dipens 56 gr. Gain en gr. S gr. L gr. 2 gr. 4 gr. 2 or. or. (2) À partir du 26 juin, les rats des lots EI et IIT ont été tenus au régime : riz stérilisé-cervelle stérilisée, les rats témoins IIT et IV continuant à recevoir de la cervelle crue. Voici les poids atteints le 10 juin : Lor I Toul Lor Il CR EE CR ER) Rat I Rat IL Rat Il Rat IV: » Rat V Rat VI 65 or. 5 50 gr. 85 gr. 83 gr. 50 gr. DHsor: Mort le 30 juin (3). La facon dont se comportent les rals placés au régime : riz stérilisé- cervelle stérilisée semble montrer que ce régime doit être considéré (1) Les différences dans l’accroissement des rats d’un même lot (lots I et III) sont dues au fait que la vitesse d’accroissement du mâle est normalement beau coup plus grande que celle de la femelle. (2) Les chiffres du lot III semblent devoir être attribués en partie à l'inap- ‘pétence que manifestent les rats maintenus pendant quelque temps à un régime uniforme. (3) Ensemencement du sang du cœur : no 19210 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE - ——— comme vrès pauvre en vitamines, mais non comme en étant complèle- ment dépourvu (1). Le chauffage prolongé à 134° ne suffit done pas à détruire les vitamines de certains aliments, même lorsqu'ils sont soumis à la stérilisation en masses très faibles. | | Cette résistance des vitamines au chauffage est du reste mise en évi- dence dans les expériences de Linossier : les macérations végétales chauffées à 130° exercent une action faible mais nette sur la croissance de l’'Oidium lactis (2). C'est également par la persistance de faibles quantités de vitamines dans les aliments chauffés à haute température (surtout quand il s’agit de masses considérables) qu'on peut expliquer les faits signalés par M. Richet dans une note publiée à l'occasion de notre première com- munication (3). D'autre part, et par analogie avec le rôle de petites quantités de lait ajoutées à un régime pauvre en vitamines dans les expériences clas- siques de Hopkins (4), on doit admettre que, dans nos expériences, les petites quantités de larves (5 à 6 p. 100 du poids Lotal des aliments) ont fourni un appoint appréciable en vitamines. En effet le rapport —1, 8 — des vitesses de croissance des lots III et I, dans la première expérience, est très voisin de celui établi par Hopkins pour les lots avec et sans lait (ce rapport était de 2,2 en moyenne dans une série d'expériences dont la durée a varié de 7 à 10 jours). IF ne semble pas pourtant qu'il y ait lieu d'admettre une production de vitamines par les larves. Tout se passe comme si celles-ci, en transformant des quantités relalivement très élevées de cervelle, accumulaient et concentraient les vitamines - qu'elle contient. (nslitut Pasteur.) (1) L. Schaeffer. Vitamines auximones. Bull. Inst. Pasteur, t. XVII. Voir ne les graphiques de la page 21. (2) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXIL p. 381. (3) 1bid., p. 601. Il est probable que le chien nourri exclusivement de viande cuite à 100° est mort d’inanition, par suite de l’inappétence provequée par ce régime uniforme. Par contre, les chiens nourris d’un mélange de pain et de viande stérilisés à 135° ont pu trouver, dans cette nourriture, des quantités de vitamines suffisantes pour maintenir en bon état des animaux adultes. (4) Hopkins. Journ. of Physiol., t. XLIV, 1912. pu st SÉANCE DU 22 NOVEMBRE 1211 ERRATUM Note D'HENRI PIÉRON. T. LXXXII, p. 1165 (séance du 15 novembre), dernier psragraphe, reconstituer ainsi la phrase suivante, en rétablissant une ligne omise du texte : « l’une, la constante a, représente l'énergie liminaire minima, et en méme temps, si b est négligeable, l'énergie correspondant au seuil pour.…., etc. » Le Gérant : O. PORÉE. ms Paris. — Imprimerie de la Cour dappel L. MARETHEUX, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE AcHARD (CH.), RiB0T (A.) et BINET (L.) : L'épreuve de l'hyperglycémie provoquée dans les altérations pan- créatiques expérimentales. . . . .. ARGATD (R.) : Sur la siguifica- tion structurale des macules du ty- phus exanthématique . . . . . . .. ArTaus (M.) : Immuvnité et ana- DAY LE Re Sn de re Cauus (L.} et G1Ex (E.) : (919 SOMMAIRE 1232 1218 1230 nisation croisée. Action récipro- : que du sérum d'Anguille ou du sé- rum de Murène sur des animaux immunisés contre l’une ou l’autre de CESACMVOIoriMes ere TN. Graga {J.) : La marche du début de la fermentation alcoolique. . . . / GureyssE-PELLISSIER (A.) : Origine épithéliale de la cellule à pous- sières des alvéoles pulmonaires . . Hassan EL Diwany : L'embryo- trophe hématique de quelques mam- mifères et le fer fœtal. . . . . . .. HereLce (FE. D’) : Sur le micrche bactériophage cr. %e.57. ee Hizot (E.) : Dosage du glucose en présence de lactose ee neiter el ee 2 Biouocre. CoMPrEs RENDUS. — 1919. T, LXXXII. 1240 1225 LegLonp (É.) : L'état de sol dans ses rapports avec l'activité fonc- tionnelle du protoplasma .:..... 1220 MERGER (L.) : Production expéri- mentale de Mouches à corne. . 1217 Préron (H. De l'importance respective des divers facteurs sen- soriels dans le sens du retour de ASP PANNE EN ee Le 1221 RerTeRER (ÉD.) : Du cortical os- seux des dents simples . ...... 1222 Réunion de la Société belge de biologie (Séance du 8 novembre 1919). Grvoxzsr (L.) : Üne espèce nou- PvelledAnchuineMmAR EE 1250 GrarTta (A:) : Action diverse des microbes sur Îa coagulation du SAT EE ere a es 1245 GRaTIA (A.) : À propos de la coa- gulation du plasma oxalaté par le Staphylocoque. (Transformation du prosérozyme en sérozyme) . . ... 1247 87 19214 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Ch. Richet. puis de M. F. Henneguy, ancien vice-président. ALLOCUTIONS DE M. CHARLES RICHET. À PROPOS DE LA MORT DE M. L. Lucrani, PROFESSEUR DE PHYSIOLOGIE A L'UNIVERSITÉ DE ROME. -Il convient de rendre hommage à un des plus savants physiologistes de notre époque Luigi Luciani, qui élait notre associé. £ M. Luciani s’est illustré par ses travaux sur le cœur, sur l’inanition, sur le cervelet. : Élève de Ludwig, à Leipzig, avec Héger, Lépine, Bowditch et Kro- necker, il a étudié le mode suivant lequel disparait au moment de sa mort la fonction systolique du cœur de la grenouille. Ses recherches sont classiques. Tous les physiologistes ont vu les groupes de Luciani qui indiquent le processus de mort du muscle cardiaque. Sur l’inanition, il a fait des travaux, classiques aussi, étudiant avec un soin extrême la dénutrition graduelle, chez Merlatti, chez Succi. (Fisio- logia del digiuno Firenze, Le Monnier, 1889.) Mais peut-être son travail le plus remarquable est ce grand ouvrage sur le cervelet, résultat de nombreuses expériences admirablement conduites. Il a su découvrir au cervelet une fonction nouvelle : celle du renforcement de l'action musculaire, de sorte Que quand le cervelet n'existe plus, il ya déficience musculaire. Ce n’est pas seulement l’incoor- dination, c'est encore l'impuissance, qu’amène l’ablation du cervelet. Résumant ses travaux et son enseignement, Luciani a produit un ouvrage PACE : Fisiologia dell” uomo, un beau traité de physio- logie én 5 volumes, riche de faits, d'érudition et de méthode. | Notre illustre olans élait un ardent ami de la France. Je l'ai vu à Rome en novembre 1914, vibrant d'émotion, dans ces moments ter- ribles. Mais déjà sa santé était ébranlée. Il est mort à Rome en 1919, âgé de soixante-dix-sept ans. I fut un des plus brillants représentants de la physiologie italienne. DÉCcÈs bE M. GomEz Ocaxa. Nous avons aussi à déplorer la mort d’un très éminent collègue, M. Gomez Ocaña, professeur à Madrid. M. Ocaña élait un professeur SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1945 habile. Il a fait des travaux excellents sur la circulation, les vaso- moteurs, l’action toxique du magnésium. Psychologue et érudit, il a écrit à un point de vue médical une très intéressante vie de Cervantès, lequel fut un des esprits les plus originaux et les plus puissants de tous des temps et de tous les pays. M. Gomez Ocaña est mort à Madrid en novembre 1919. Nr ORIGINE ÉPITHÉLIALE DE LA CELLULE A POUSSIÈRES DES-ALVÉOLES PULMONAIRES, par A. GUIEYSSE-PELLISSIER. L'origine des cellules à poussières des alvéoles pulmonaires est une “question qui n’est pas encore définitivement résolue. Pour quelques auteurs, ce sont des cellules épithéliales modifiées, pour d’autres, ce sont des leucocytes. Ces difficultés d'interprétation sont faciles à com- prendre, car ces cellules, complètement formées el telles qu'on les voit, libres dans les alvéoles, ne ressemblent en rien à des cellules épithé- liales et leur activilé phagocytaire n’est pas une fonction normale de ce genre de cellules {{); on serait donc conduit à en faire plutôt des leuco- -cytes; Gilbert et Jomier les rangent dans cette catégorie de cellulés, mais reconnaissent qu'ils diffèrent des leucocytes ordinaires; ils s’ex- priment ainsi: « Toutes ces cellules sont des leucocytes... Ce sont, il est vrai, des leucocytes géants, modifiés dans leurs dimensions par les fonctions qu'ils ont à remplir (2) » À la suite de nos travaux, faits pendant la guerre, sur les lésions des poumons intoxiqués par les gaz, nous étions arrivés, Fauré-Frémiet et moi, à classer les cellules à poussières comme des cellules épithé- liales (3); mais nous n'en avions jamais eu une preuve aussi certaine que celle que j'aie eue dans mes dernières recherches. Ce sont des études sur labsorption de l'huile dans le poumon qui sont venues lever mes derniers doutes. (1) Dans quelques cas, on a pu cependant constater des fonclions de phago- cytose de la part de cellules épithéliales. Au Congrès des Anatomistes, en 19114, Regaud et Tournade, d’une part, moi-même, d'autre part, nous avons constaté des phagocytoses de têtes de spermatozoïdes par les ue épithé- liales de l’épididyme. (2) Gilbert et Jomier. Note sur les cellules à graisse et à poussières du poumon. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 8 juillet 1905. (3) Ces travaux font partie de ceux qui ont été effectués dans le service de Physiologie et d'Histologie de l'Inspection des Etudes chimiques: ils ont fait l’objet de rapports déposés au service chimique de guerre, encore inédits, et dont la publication se fera ultérieurement. 4 1216 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Nous avons montré, avec Bossan (1), que, lorsqu'on injecte de l'huile dans le poumon d'un lapin, par la trachée, cette huile est véritablement pulvérisée jusque dans les alvéoles les plus éloignées; on la retrouve partout sous forme de fines gouttelettes et, si l’on emploie une fixation à l'acide osmique, le poumon se montre rempli de boules noires plus ou moins grosses. J’étudie, en ce moment, comment se fait l'absorption de cette huile; je ne peux encore présenter ici de résultats complets; ces questions sont très diffiles à résoudre; l'huile disparait rapidement et l’on en perd la trace; mais le premier acte de l'absorption est une phagocylose active par les cellules à poussières, ainsi que par les cellules épithéliales alvéolaires. On peut aisément les étudier et, ainsi que nous le verrons plus loin, on est rapidement amené à les identifier les unes aux autres. La cellule à poussières est une grosse cellule libre, sphérique, à beau noyau. Gilbert et Jomier ont montré que normalement elle contient de la graisse en petites gouttes. Fauré-Frémiet et moi-même, nous avons constaté qu'elle renferme, après irritation par les gaz, une graisse non osmio-réductrice et décelable seulement par le Soudan. Dans notre cas, chez le lapin, la cellule est bourrée de grosses gouttes d'huile qu'elle a phagocytées et qui se colorent en noir intense par l'acide osmique. Un caractère très spécial de celte cellule et qui la distingue parliculièrement des autres éléments est d'être formée d'un proloplasma sranuleux, dense et présentant après l'action de l'acide osmique une teinte sombre. La paroi de l’alvéoie, d'autre part, montre, sur sa surface, des cellules plus ou moins grosses, parfois isolées, d’autres fois réunies par groupe de trois ou quatre. Les unes sont de petits éléments à protoplasma peu dense, à gros noyau, qui sont bien les petites cellules épithéliales alvéo-- laires; mais des cellules qui n’ont pas encore exercé leur nouveau rôle physiologique de cellules absorbantes. D'autres sont plus grosses et présentent quelques boules de graisse; leur protoplasma prend déjà un aspect différent, est plus dense, plus granuleux et légèrement teinté. Enfin d’aulres sont beaucoup plus grandes, bourrées de boules noires, leur protoplasma est dense, granuleux, sombre; elles ne diffèrent des cellules libres qu’en ce qu’elles font partie de la paroi alvéolaire et que, par suite, leur forme ne peut être sphérique; plus ou moins repoussées par les autres éléments, elles présentent les formes les plus variables. — Entre ces différents états, on peut voir tous les intermédiaires. Nous avons donc pu suivre d’une façon très précise tous les stades de- la transformation de la cellule épithéliale ; d'abord médiocre de taille, (1) Bossan et Guieysse-Pellissier. Recherche sur la pénétration d’une sub- stance médicamenteuse dans le poumon sain et tuberculeux par injection trachéale. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 22 février 1919. . 4 k | . à SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 19217 à protoplasma sans caractéristique précise; ensuite plus grande, à protoplasma plus dense; puis complètement transformée en cellule absorbante. À ce moment, dans l'évolution normale, elle se détache; dans le cas que nous examinons, elle peut continuer à faire partie de la paroi alvéolaire et nous pouvons constater ainsi un premier stade de labsorption de l'huile par la cellule épithéliale. I est donc maintenant, pour nous, hors de doute que la cellule libre dans l’alvéole, la cellule à poussières, est une cellule épithéliale profon- dément modifiée et adoptée à une nouvelle fonction de phagocylose. (Travail de l'Institut de Recherches biologiques de Sèvres.) PRODUCTION EXPÉRIMENTALE DE MOUCHES A CORNE, par -L. MERCIER. Au cours des recherches que j'ai entreprises cette année sur les Dip- tères de la zone littorale, à Luc-sur-mer, j'ai constaté chez un exem- plaire de Fucellia maritima Hal. (= marina Macq., même année) l’exis- tence d’une curieuse malformation. Cette mouche présentait une petite corne insérée entre les yeux. M. le D' Villeneuve, le savant spécialiste en matière de Diptères, à qui je soumis le cas, me répondit que cette anomalie était due vraisembla- blement à ce que la vésicule frontale était restée coincée à un moment donné. Afin de saisir le mécanisme de l’apparition de cette corne, j'ai tenté d'obtenir expérimentalement des mouches présentant celte malforma- tion. : A cet effet, des pupes de ‘Fucellia maritima furent placées dans de petits tubes de verre d’un diamètre tel qu'une mouche adulte, y étant introduite, ne pouvait se retourner sur elle-même. Les extrémités de chaque tube furent fermées à l’aide de tampons de coton. _ Dès l’éclosion, les mouches issues des pupes cherchent à sortir des tubes. Elles gonflent leur vésicule frontale et l’insinuent entre le tam- pon de coton et la paroi du tube de verre, essayant ainsi de s'ouvrir un passage. On voit la vésicule se dilater, puis revenir sur elle-même. Cet état de choses peut durer de cinq à six heures. Au bout de ce laps de temps, sous l'influence des phénomènes d’oxydation qui se produisent, la chiline qui revêt le corps prend une teinte d'un brun plus foncé et devient plus résistante. Les contractions de la vésicule frontale sont plus rares et moins rapides. Si bien qu'il arrive un moment où, à la suite d’une dernière extension, la vésicule ne peut revenir sur elle- 1218 l SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE même et persiste sous la forme d'un petit prolongement qui, finale- ment, devient une véritable corne. Les conditions que j'ai réalisées expérimentalement peuvent se ren- contrer dans la nature. En effet, les larves de Fucellia maritima s'em- pupent dans le sable sous les paquets d'algues rejetés par la mer. A l'éclosion, certaines peuvent éprouver des difficultés pour venir à jour et avoir ainsi la vésicule frontale coincée au moment favorable à la for- mation de la corne. Il est curieux de rapporter ce mécanisme de formation d'une anoma- lie chez fucel'ia de celui qui détermine la coaptation des fémurs anté- rieurs et de la tête chez les Phasmes. Ainsi que Cuénot (1) vient de le- montrer, c'est durant l’éclosion que se fait le moulage des fémurs sur la tête. À un moment donné, « la lête, en dessous des yeux, est coincée entre les fémurs antérieurs qui paraissent s'appliquer très fortement sur elle ». De même que chez Fucellia maritima il suffit donc d’un instant très court pour que le dispositif se réalise, instant durant lequel l’en- veloppe chitineuse est encore suffisamment malléable pour prendre une forme donnée, mais n'est plus assez uns pour revenir sur elle- même. : Notons, en terminant, qu'un mème done conduit à des résul- tats bien différents. Dans le cas de Fucellia il provoque l'apparition for- tuite d’une malformation sans ulilité pour l'organisme ; tandis que dans. le cas des Phasmes il aboutit à la réalisation d’un dispositi habituel avantageux pour l'individu. (Laboratoire de Zoologie de Caen.) SUR LA SIGNIFICATION STRUCTURALE DES MACULES DU TYPHUS EXANTUÉMATIQUE, par R. ARGAUD. Les termes de pétéchies ou de taches pétéchiales sont improprement donnés, actuellement encore, aux macules cutanées plus ou moins purpuriques qui surviennent au cours du typhus exanthématique. Ainsi que le fait observer Murchinson (2), ils furent employés avec les acceptions les plus diverses et sans tenir compte de leur définition : laches de couleur pourpre ne disparaissant pas à la pression el dues à une (1) L. Cuénot. La coaptation des fémurs antérieurs et de la tèle chez les: Phasmes. Comptes rendus de l'Acad. des Sciences, t. 169, 1919, p. 835. (2) Murchinson. Le typhus exanthématique, 1896, p. 161. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1219 extravasion sanguine.sous-culanée. Il en est évidemment résulté une très grande confusion; c'est ainsi que Rochoux réserve le nom de «pétéchie à l'exanthème typhique, malgré l'absence d'hémorragie locale » (Dict. méd., 1841, p. 134) et que Lyons appelle « pétéchies les macules typhiques qui disparaissent à la pression » (A Treatise on Fever. London, 1861, p. 121), etc. C'est dans le but d'éclaircir cette question au point de vue histolo- gique que- nous avons prélevé, sur une dizaine d'exanthématiques en pleine éruption, les taches les plus foncées, les plus violacées, présen- tant, en un mot, l'aspect pétéchial le plus parfait. Elles furent fixées, in vivo, la pièce détachée tombant dans le Flemming ou le Bouin; puis débitées en coupes sériées. Au faible grossissement, la lésion apparait, exclusivement localisée à l'épiderme; le derme, en effet, ne présente aucune trace d’inflamma- tion ; les vaisseaux dermiques ont un calibre normal et il n’est jamais possible d’apercevoir la moindre effusion sanguine. Au fort grossisse- . ment, on peut se rendre compte que les altéralions épidermiques sont manifestes dès le pourtour de la macule; elles vont en s’accentuant vers la partie centrale. La couche de Remy, dyschromique, montre des cellules irrégulière- ment orientées et infiltrées de granulations jaunes coiffani, en coupole, un noyau pale, presque achromatique. Dans le corps muqueux de Malpighi, les éléments sont en pleine dégé- néraltion, avec vésiculation endocellulaire et momification du noyau dans les parties les plus lésées. L’éléidine a complètement disparu du stratum granulosum et, cependant, en certaines places, surtout vers le centre de la tache, l'hyperkératose est tellement exagérée que l'épiderme est presque exclusivement constitué de strates à cellules claires œdéma- teuses, sans noyau apparent ou de strates en voie de desquamation lamelleuse. Au niveau de ces portions aussi richement kéralinisées, le torps muqueux de Malpighi est réduit à une mince couche qui ne tarde pas à se disjoindre par endroils et à provoquer ainsi la nécrose de lFépiderme correspondant. Les vaisseaux dermiques, de ce fait mis à nu et soumis à des frottements traumatiques, peuvent se rompre et donner lieu à de petites hémorragies qui ne se déversent jamais dans le derme, mais qui se fixent en caillots à la surface du cratère épidermique nouvellement creusé. Il est de toute évidence qu’en pareil cas la tache ne disparait pas entièrement à la pression. En somme, sans aller jusqu'à nier systématiquement la possibilité de l'existence exceplionnelle de taches vraiment purpuriques dans le typhus exanthématique, nous estimons que les taches dites pétéchiales, observées au cours de cette maladie, ne sont, pas plus au point de vue structural qu'au point de vue clinique, de véritables péléchies; elles 192920 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE appartiennent à la catégorie des lésions neuro-épidermiques qui, par suite de modifications anatomo-pathologiques, laissent apercevoir, par transparence ou directement, un derme plus ou moins coloré. - L'ÉTAT DE SOL DANS SES RAPPORTS AVEC L'ACTIVITÉ FONCTIONNELLE DU PROTOPLASMA. Note d'ÉTIENNE LEBLOND, présentée par M. ÉT. RaABauD. L'état de sol n'est pas permanent dans le protoplasma et il est parfois nécessaire, pour assister à son apparition chez certaines espèces, de suivre longuement leur évolution individuelle. En règle générale, la transformation en sol ne se produit qu’au moment où la cellule passe de la période de repos à l’une des périodes d’aclivilé fonctionnelle qui caractérisent l'accroissement, la division, la reproduct on sexuée ou asexuée. Accroissement.— Chez de très jeunes exemplaires d’.Ædogonium, com- posés de quelques éléments cellulaires, le cytoplasma est entièrement à l’état de sol et présente de nombreux corpuscules browaiens dont la petitesse explique la rapidité du mouvement observé. Division. — Chez Tetraspora, les tetrades en voie de division sont constituées par des cellules bourrées de grains mobiles. Nous avons pu suivre, chez une Wougeotia, la formation d'une cloison transversale : la transformation du cytoplasma effectuée, en même temps que la bandelette chlorophyllienne se divise en deux, les corpus- cules browniens, d’abord régulièrement répartis dans la cellule, émi- grent progressivement vers le centre, et nous les voyons se grouper sui- vant un plan transversal où ils forment une sorte de barrière vibrante au sein de laquelle s'édifie la nouvelle paroi; dans ce cas, le cloisonne- ment est nettement d'origine cytoplasmique sans intervention de la membrane. Reproduction. — Chez Achlya, peu après le moment où les sporanges se sont vidés, les cellules sous-jacentes produisent à leur tour de nou- veaux éléments reproducteurs; ce sont ces cellules de remplacement qui présentent les différents stades que nous avons signalés dans la précé- dente note (1). Chez Balrachospermum nous n’avons rencontré de corpuscules brow- niens qu'au niveau des cellules terminales constiluant les oogonies; chez une Diatomée, Melosira varians, l'état de sol était très net dans les cellules contiguës dont la conjugaison protoplasmique fournit les auxo- (4) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 novembre 1919. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1221 spores; le protoplasma des cellules de Wonostroma bullosum est à l'état de sol dans les ilots sur le point de donner des zoospores biciliées ; Con- ferva bombycina offre des cellules à corpuscules browniens très abon- dants, et cet aspect correspond au moment qui précède la condensation du contenu cellulaire aboutissant à la formation des hypnospores. Enfin chez les Conjuguées la transformation du gel en sol constitue l’une des premières manifestations de l'activité reproductrice et apparaît même avant la formation des tubes copulateurs. __ Nous avons, de plus,observé que l’état de sol accompagne dans le cyto- plasme un état de turgor particulier; cette lurgescence présente diffé- rents degrés d'intensité suivant les espèces, mais constitue un phéno- mène constant don! l'énergie est assez prononcée dans beaucoup de cas pour entrainer des déformations considérables des membranes cellu- laires; déjà chez C. bombycina les cellules à corpuscules browniens affectent un aspect toruleux beaucoup plus prononcé que pour celles qui sont à l’état de gel, mais chez certaines Conjuguées les fails sont singu- lièrement remarquables : les parois cellulaires de nombreuses Spirogyres sont rigoureusement parallèles à l’état de repos; au stade qui précède la conjugaison elles se déforment sous l’effet d'un tonus sans cesse crois. sant, prennent l'aspect de barillet, si bien que le diamètre transversal des cellules peut passer, par exemple chez S. inflata, de 20 à 35 et de 55 à 80 & chez S. neglecta. . Ce qui précède nous éclaire sur le mécanisme du passage du proto- plasma à l’état de sol ; en effet, la turgescence, manifestement d'origine osmotique, se réduit en dernière analyse à un apport d'ions au sein de la cellule ; or, nous savons par les expériences de Mayer et de Schæffer, que la pénétration d'ions électrolytiques dans une masse colloïdale pri- mitivement à l'état de gel est de nature à y déterminer l'apparition d'un sol; la floculation elle-même répondant à une action progressive du même facteur — la neutralisation des charges électriques — aboutit à la formation de volumineux corpuscules browniens dont le mouvement apparent peut présenter certaines modalités qui doivent retenir l'atten- -tion : le pointage à la chambre claire et la projection sur un plan hori- zontal des diverses positions prises, suivant des temps égaux, par cer- tains grains permettent de constater que leur mouvement ne se réduit pas à de simples oscillations autour d’un point d'équilibre moyen, mais quil y a lieu d'y distinguer un effet de translalion discontinu et irrégu- lier ; les distances parcourues varient à tous moments, mais de facon générale lamplitude des déplacements est en raison inverse de la gros- seur des grains. C'est ainsi que la mesure de certains maxima montre que pour un grain de 3 w_ le déplacement n’a élé que de 4 & en - 55 secondes ; il a passé à 8 x en 20 secondes pour un grain de 1 w 5 (Spirogyra) et à 17 u en 15 secondes pour un grain de 0 w 3 (Melosira). Cette manifestation cinétique des éléments du protoplasma, en facili- 1929 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE tant la diffusion des électrolytes et les réactions intermoléculaires, nous amène ainsi à concevoir l'importance de l’état de sol et le rôle que ce mode particuiier des colloïdes est susceptible de jouer dans l'interpré- tation des phénomènes bio-mécaniques. DU CORTICAL OSSEUX DES DENTS SIMPLES, par Ép. RETTERER. Après le cortical de certaines dents composées, j'ai étudié celui des dents simples. Matériaux d'étude et technique. — J'ai choisi les incisives du Chien et de l'Homme. A la fourrière, j'ai pu prélever sur les Chiens qui venaient d’être asphyxiés les incisives d'animaux jeunes, adültes et vieux. Pour les dents humaines, mes confrères m'ont procuré des incisives temporaires ; j'ai eu la chance d’avoir les incisives fraiches et saines de deux fusillés de vingt-cinq et trente ans. Enfin j'ai pu recueillir des incisives de ‘sujets de quarante et soixante et onze ans. S'il est impossible de savoir l'âge exact des Chiens, leurs dents ont le grand avantage d’être saines et de pouvoir être fixées fraîches. Après décalcification, j'ai débité les racines en coupes épaisses de 5 à 7 y et que j'ai colorées ensuite : 1° à la fuchsine acide; 2° puis, après mordancage dans une solution de perchlorure de fer à 1 p. 100, dans l’hématoxyline à l’eau alcoolisée. J’insiste sur la nécessité des coupes fines pour les motifs suivants : 1° en raison de la finesse des éléments, les détails de structure disparaissent sur les coupes trop épaisses qu’on est ensuite obligé de colorer d'une facon intense ; 2° pour détromper certains esprits chagrins qui déplorent mon incapacilé de faire des coupes minces. Pour chaque objet d'étude, Je commence par chercher la technique appropriée; puis, après l'avoir trouvée je l’applique de mon mieux. Exposé pes Faits : À. Chien. — TI. Sur le Chien d'un an environ, le tissu inter- dentino-maxillaire (ligament dentaire) est conjonctif : les noyaux triangu- laires ou fusiformes ont leur grand axe perpendiculaire à la surface de la racine ; ils sont entourés d’un cytoplasma clair de 1 y environ, et dans l’in- tervalle de ces éléments se trouvent des travées conjonctives et anastomo- tiques à grand axe également perpendiculaires à la surface de la racine. Celle- ci est limitée par une ligne hématoxylinophile épaisse de 2 à 3 , et, entre cette dentino-ligamentaire et la première assise de cellules conjonctives se trouve une zone claire, striée perpendiculairement et épaisse de 5 à 7 p. Les stries hématoxylinophiles sont très fines et reliées par de l’hyaloplasma. Cette zone de cytoplasma strié perpendiculairement à la ligne dentino- ligamentaire est l'ébauche du cortical, je l'appellerai zone pré-corlicale. Elle persistera, c'est-à-dire qu’elle continuera à se développer pendant tout le temps que le cortical s’accroîtra en épaisseur. Il est donc possible de l’étu- dier sur les Chiens plus âgés. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1293 II. Sur les Chiens de deux et trois ans, il existe sur la face antérieure de la racine, une couche de cortical épaisse de 70 à 75 w.; sur les faces latérales, elle s’amincit pour se continuer sur le bord postérieur avec un ligament dentaire identique à celui des Chiens d’un an. Dans ce corlical jeune, on voii des cel- lules ovalaires ou rondes : les premières à grand axe parallèle à la surface de Fe racine, sont longues de 8 à 9 u et larges de 4 à 5 4; leur noyau est long de 5 à 6 y et large de 3 y. Les cellules rondes ont'un Tue moyen de 6 à 7 uw avecun noyau de 3 vu. Ces noyaux, très chromatiques, sont entourés d'un cytoplasma clair, large .de 2 à 3 u, qui est circonscrit par une seule capsule hématox yiinophile d'où partent des trainées.granuleuses ethématoxylinophiles perpendiculaires à la dentine. Ces trainées sont réunies par des tractus amorphes, également rayonnants et parallèles aux premières. III: Sur les Chiens vieux, je n’ai plus trouvé d’incisives et les canines étaient rasées. Aussi me suis-je borné à étudier la racine des premières prémolaires. Sur ces dents, le cortical est épais de 03 el se compose d’une couche interne de 0,1 qui est claire de même structure. que sur les Chiens de deux ou'trois ans et d'une couche externe atteignant une épaisseur de 0,2 Cette couche externe est formée de 46 zones concentriques alternativement claires etobscures : chaque zone claire, épaisse de 0mm0{-en moyenne, est limitée par une zone obscure constituée par du cytoplasma granuleux qui passe insensi- blement à la masse claire et calcifiée de la zone claire. _ B. Homme. — Sur une iucisive temporaire, le côrtical est épais de 40 à 50 sur la face antérieure ; de là il diminue sur les côtés ou faces latérales. Le cortical se compose d’une couche iuterne (cortical proprement dit) dont les cellules encapsulées ont 7 à 8 , avec un noyau de 2 à 3 y. La couche externe, . épaisse de 18 w, est le pré-cortical. Sur deux fusillés de vingt-cinq à trente ans, le corlical, épais de 0204 à 02205, a la structure de celui des Chiens de trois où quätre ans. Le cortical d’un homme de quarante ans est épais de 0,25, sa couche externe se compose de 5 à 6 zones semblables à celles des dents des vieux Chiens. Sur une femme de soirante.et onze ans, le cortical est épais de Oùm45 à 1 millimètre et a la même structure. En résumé, longtemps après l’éruption de la dent, la dernière assise cellu- laire du ligament dentaire élabore, contre la ligne dentino-ligamentaire, un cytoplasma clair qui se strie perpendiculairement (zone pré-cortica!e). À me- Sure que ce cytoplasma se différencie en une masse de plus en plus riche en stries hématoxylinophiles et en byaloplasma qui se charge de sels calcaires, les celluïes conjonctives quis’y trouvent s’'encapsulentet se transforment en corlicvblastes. Ge sont les stries hématoxylinophiles qui correspondent, à mon avis, aux prétendues fibres de Sharpey ; «elles me sont pas calcifiées et se détruisent par la macération. À mesure que le pré-corlical élabore ainsi du cortical (à partir de la ligne ligamento-dentinaire vers le maxillaire), une deuxième zone pré-corlicale se développe et évolue comme la première. Il en va de même pour les suivantes. C’est ainsi que se développent, avec l’âge, les zones concentriques et multiples de cortical. Résultats et critique. — En 1767, Tenon découvrit le corlical osseux ou corlical tout court sur les dents de Cheval. Bertin le prit, en 1783, pour 1224 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de l'émail. Blake l’appela, en 1801, croûte pétreuse. Cuvier, en 1805, n'ayant pu se convaincre de sa nature osseuse, proposa le nom de cément, terme vague et insignifiant, qu'il abandonna lui-même plus tard, Les anthropotomistes furent longs à admettre le cortical. Cru- veilhier l’ignora en 1851; mais la même année, van Kempen figura le cortical sur une incisive humaine. Bien qu'au xviu* siècle Tenon ait publié deux mémoires sur les changements que l’âge effectue sur les dents du Cheval, les histologistes des xix° et xx° siècles continuent à décrire et à figurer des coupes de dents dont ils n'indiquent pas l’âge. Quand apparaît le cortical? Avant la sortie des dents, dit Frey; au 5° mois, avance S. Minot, tandis que V. v. Ebner représente la molaire d'un enfant de deux ans et demi, complètement dépourvue de cor- tical. E En ce qui concerne la structure du cortical, on s’est adressé de préfé- rence aux dents macérées et l’on a distingué dans le cortical : 1° une substance fondamentale; 2° des cavités (cémentoplastes) de dimensions variées (de 11 à 88 u.). En 1887, G. V. Black a montré que les faisceaux qui constituent la substance fondamentale du cortical ont essentiel- lement une direction transversale ou horizontale. On les a assimilés à des fibres de Sharpey. Les uns les regardent comme calcifiées, d’autres soutiennent qu’elles ne le sont pas. À mon avis, les fibres horizontales (perpendiculaires à la dentine) ne sont que les tractus granuleux, héma- toxylinophiles de la substance corticale {correspondant à la trame réti- culée du tissu osseux); elles ne sont pas calcifiées, et, sur les pièces macérées elles donnent naissance aux canalicules horizontaux du cor- tical. Les seules parties calcifiées sont les traînées claires situées entre les fibres ou tractus granuleux. Quant aux éléments cellulaires du cortical, ils sont peu connus. Ch. Tomes doutait encore, en 1880, de leur existence, c'est-à-dire qu'il ignorait le contenu des lacunes (cémentoplastes). Depuis cette époque, la plupart des livres d’histologie parlent des cémentoblastes, mais aucun n'indique ni leur situalion, ni. leurs dimensions, nileur forme, ni leur structure. Noyes, le seul que je sache, a figuré, en 1912, les cémentoblastes; mais sa description ne concorde pas avec mes observations; les cémentoblastes seraient des cellules aplaties, à contours irréguliers, à protoplasma granuleux, dont les prolongements s’insinueraient entreles fibres de Sharpey.A mon avis, les cémentoblastes ou corticoblastes sont des cellules ovalaires ou arrondies, à cytoplasma clair; elles sont encapsulées. La capsule est entourée d'un cytoplasma granuleux et non calcifié. Aussi sur les dents macérées, le cyloplasma péri-capsulaire a-t-il disparu; c’est de cette facon que je m'explique les grandes dimensions et les contours irrégu- liers qu'on atlribue au cémentoplaste, alors que le cémentoblasle ou corticoblaste est une petite cellule ovalaire ou arrondie, à capsule close. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1995 — Conclusion. — Le ligament dentaire s’ossifie pour produire le cortical d’après le même processus que le périoste ou les tendons. Quand ces derniers sont soumis au frottement, leurs cellules conjonctives devien- nent vésiculeuses, puis osseuses; elles changent de forme et de structure pour se transformer en corlicoblastes. Cette métamorphose me semble due aux pressions dentaires, car les stries granuleuses, comme les tractus amorphes intermédiaires, s’orientent les uns et les aulres perpendicu- lairement à la racine qui en est le centre. Cette orientalion spéciale montre suffisamment dans quel sens la cellule conjonctive, puis le corti- coblaste, réagissent à l’action mécanique et indique de plus l'importance — du facteur mécanique au point de vue de l'histogénèse du cortical. LA MARCHE DU DÉBUT DE LA FERMENTATION ALCOOLIQUE, par T° Gras. A la suite d’une série d'expériences, dont j'ai relaté quelques-unes “ dans une note précédente (1), je suis arrivé à la conclusion que la théorie de Buchner ne donne pas une explication plausible de l'énorme différence existant entre le pouvoir fermentatif de la levure vivante et celui de la zymase qu’on peut extraire. C’est surtout pour la levure tuée par le toluène, agent dont la faible influence envers la zymase ‘extraite a été de nouveau confirmée par Buchner lui-même (2), que la théorie de cet auteur se montre impuissante à expliquer le fait que cet agent enlève à la levure, en quelques instants, environ 95 p. 100 de son activité fermentaire. J'ai étudié notamment avec soin la marche du début de la fermenta- tion alcoolique, vu l'intérêt théorique qui se rattache à cette partie de la réaction au point de vue qui nous occupe. Si la levure en repos ne contient que des traces de zymase, ainsi que le veut la théorie de Buchner, on devra voir le pouvoir ferrnentatif de la levure augmenter à partir du moment où elle a été mise au contact du sucre fermentescible, traduisant ainsi l'augmentation de la teneur en zymase à laquelle serait _dû, d’après cet auteur, le fort pouvoir fermentatif de la levure vivante qui se trouve un certain temps en présence de sucre. Ainsi que je l'ai noté dans ma note précédente, le pouvoir fermentalif n’atteint pas ins- tantanément le maximum de son intensité; dans les conditions de mes _ expériences celui-ei n’est atteint que 30 minutes après la mise en con- tact de la levure et du sucre. Je ne crois pas que dans ce court espace (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, t. LXXXII, p. 804, 1919. (2) Buchner und Skraups. Biochem. Zeitchr., 82, p.134, 1917. 4996 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE de temps la levure ait considérablement augmenté sa teneur en zymase, à en juger par le pouvoir fermentatif de la levure toluénisée en pleine activité, qui retombe avec la même vitesse à la valeur du pouvoir fer- mentalif toluénisée en repos. Gette diminution brusque du pouvoir fer- mentatif, avec arrêt instantané à un certain niveau, esl difficilement attribuable à l'action destructrice: de l'endotryptase envers la zymase, car elle n’a point l'allure d’une action diastasique. A propos du retardque met la fermentalion à atteindre son maximum d'intensité, je dois noter qu'au moment même où je m'occupais de cette question, un travail d'Abderhalden (1) parut sur la même question. Poursuivant la marche de la fermentation alcoolique à l'aide de sa balance à enregistrement automatique, cet auteur a trouvé que la fer- mentalion n'atteignait son maximum qu'après un temps beaucoup plus long que celui que j'avais trouvé dans mes expériences. Ainsi, dans J’expérieace représentée par la figure 2 du travail d'Abderhalden, ce maximum n'est atteint qu'au bout de 7 heures, tandis que dans mes expériences il l'était déjà après une demi-heure. En refaisant mes expé- riences, et tout en me plaçant dans des conditions aussi semblables que possible à celles d’Albderhalden, j'ai trouvé la cause de cet écart. Le vase à fermentation élant déposé sur le plateau de la balance ne dégage pas lout de suite tout le gaz produit par son contenu: le liquide de fer- mentation retient par sursaturation des quantités notables du gaz car- bonique produit dans ce liquide même; ce phénomène étant surtout accusé au début, c'est à ce moment qu'il se fait le plus sentir sur le. dégagement gazeux. En effet, en poursuivant la marche de la fermenta- tion à l'aide de la méthode que j'emploie (mesure du gaz dégagé, à l'aide d'un manomètre à eau salée), mais négligeant le phénomène de sursaturation, en évitant d’agiter le liquide de fermentation avant de faire les lectures manométriques, j'ai obtenu des résullats identiques à ceux d’'Abderhalden. Par conséquent, le long espace de lemps nécessaire dans les expériences d’Abderhalden à ce que le dégagement ait atteint son maximum d'intensité n’est pas altribuable à l’activité de la levure qui, elle, atteint en peu de temps son maximum. En trouvant la théorie de Buchner insuffisante, il ne faudrait pas en conclure à une hostilité envers l’hypothèse d'une levure active unique- ment par sa zymase ou par un ensemble de ferments. L'existence de la zymase parail être définitivement fixée, mais cela n'empêche pas qu'il y ait des faits qui ne s'expliquent pas par la simple existence de ce fer- ment. [l'est très probable que la fermentation alcoolique n'est pas un. phénomène « vital », mais encore faut-il se donner la peine d'expliquer le fait que tous les agents qui tuent la levure (antiseptiques, dessicca- (4) E. Abderhalden. Die Verwendunz der Gewichtszu-und Abnahme automa- üsch-registrierender Wage, etc. Fermentforschung, 1, p. 155 et 223, 1915. 6 rod SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1997 tion) ne laissent persister que des traces de son pouvoir fermentatif, même lorsqu'ils sont sans action directe sur la zymase. C'est bien faute d'une explication de ces faits que nous voyons réapparaitre une théorie de la fermentation alcoolique conçue comme phénomène vital, c’est-à-dire comme phénomène non fermentaire. Ainsi, Rubner (1) distingue pour la levure vivante une fermentation zymatique et une fermentation vilale. D'autre part, Euler (2), reconnaissant l'insuffisance de la théorie de Buchner, fait intervenir la vie d’une autre manière : d'après cet auteur, _la majeure partie de la zymase contenue dans la levure vivante serait liée au protoplasma, et son activité dépendrait de l’activité vilale de celui-ci ; sans vie point d'activité de cette zymase. À propos de cette. ‘hypothèse, on est en droit de se demander si on peut accorder le nom de ferment à un agent qui n'est actif qu'avec le concours de la vie, quand la principale caractéristique des ferments est précisément leur activité in vitro indépendamment de tout élément vivant. DE L'IMPORTANCE RESPECTIVE- DÉS DIVERS FACTEURS SENSORIELS DANS LE SENS DU RETOUR DE LA PATELLE, par HENRI PIÉRON. Une série d'expériences mont permis de démontrer autrefois que la-Patelle: possédait une mémoire topographique de l'emplacement auquel ellé est adaptée,et de ses environs plus ou moins immédiats (3). Celte mémoire joue un rôle capital dans le retour, dans le « homing », au cours des expéditions alimentaires ; elle repose essentiellement sur la perception du relief de la roche au moyen des tentacules céphaliques surtout, et des tentacules palléaux dans une certaine mesure. Mais le retour est conditionné également par une mémoire kinesthésique dont j'ai pu mettre en évidence l'intervention. Quelques faits m'avaient permis de penser à une action directrice de la pesanteur; mais je n'avais pas trouvé, en usant d'écrans et de miroirs, d'influence nette de la direction de la lumière solaire. Seulement la plupart de mes recherches avaient été effectuées sur les (1) Rubner. Die Ernährungsphysiologie der Hefezelle bei alkoholischer Gür Ge Leipzig, 1913. 2 (2) Euler und Lindner. Chemie der Hefe und der alkoholischer Gürung. Leip- zig, 4945. (3) H. Piéron. Contribution à la biologie de la Patelle et de la Calyptrée. Le Sens du retour et la mémoire topographique. Archives de zoologie expéri- mentale, 1909, T, Notes et Revue, p. 18-29. — L'’Ethologie et les phénomènes sensoriels. Buliein ru XLIH, 2, 1909, p. 183-202. 1928 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE —_—— énormes blocs granitiques de Tatihou, et, pour examiner le rôle de la pesanteur et de la lumière, il était nécessaire d’éludier des Patelles fixées sur de petits blocs facilement mobiles. J’ai trouvé cette condition réalisée à la Pointe du Château de Trestrignel près Perros-Guirec, où, surtout à la face est, très protégée, vivent sur des blocs rocheux ou sur des galets, de très nombreuses Patelles ; celles-ci quand la mer vient de descendre, se déplacent pour rechercher des algues échouées, des laminaires surtout, dont elles se nourrissent, retournant à leur place quand la sécheresse apparaît ou quand la mer remonte. J'ai pu suivre, en septembre dernier, des Patelles quittant leur place, et les soumettre à des déplacements de leurs supports, changeant ainsi leur orientalion vis-à-vis de la pesanteur et de la lumière. Ces déplacements, quelques précautions qu'on prenne, entraînent toujours un effet de choc, une immobilisation passagère; et ensuite ils provoquent une perturbation plus durable, tout à fait nette : la Patelle, presque toujours, même si elle venait de quitter sa place, cherche à y revenir tout de suite; elle ne continue pas son voyàge d'exploration alimentaire; en outre, elle se montre plus ou moins désorientée. La lumière et la pesanteur jouent donc un rôle dans l'orientation. Mais, fait intéressant, ce rôle est très différent suivant que la Patelle se trouve sur un bloc à fort relief (rocher granitique) ou sur un bloc lisse (schiste, galet). C’est ainsi, que pour mettre nettement en éviderce le rôle directeur de la lumière, il faut s'adresser à une Patelle circulant sur la face horizon- tale d’un galet ou d'un bloc de schiste : on peut lui faire faire alors demi-tour toutes les fois qu'on fait tourner le bloc de 180° autour d'un axe vertical. Lorsqu'il y a-conflit entre les indications de la pesanteur et celles de la lumière, c’est le premier facteur qui l'emporte. Et surtout, lorsqu'il y a conflit entre les indications fournies par le relief tactilement exploré et celles dues à la direction de la lumière ei même de la pesanteur, ce sont les premières qui régissent l'orientation et le retour, après une brève période d’hésitation. | Quand on redresse et qu'on couche un bloc de granit, en modifiant par conséquent la direction de la pesanteur et de la lumière, cela n'empêche pas la Patelle de revenir exactement à sa place. En revanche, une Patelle, déplacée au moment du retour et mise près d'une paroi rocheuse ayant même inclinaison que celle de son emplacement, cher- chera celui-ci sur cette paroi, mais, ne le trouvant pas, elle ne s'y fixera pas et la quittera, cherchant ailleurs, sauf quand elle se trouvait sur un schiste lisse; elle pourra, dans ce cas, se fixer sur uu autre schiste lisse en position analogue. « Voici quelques expériences particulièrem2nt typiques, brièvement relatées, pour illustrer le rôle des divers facteurs en jeu : SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 12929 1° 10 heures du malin. — Une Patelle vient de quitter sa place sur un bloc de granite et s’est engagée sur un galet schisteux, ayant le soleil par derrière. Quand elle est au milieu de la surface horizontale supérieure, le galet est . tourné de 180° : après une immobilité de 2 minutes, la Patelle en fait autant et s’'avance ; 2 rotation de 180° du galet; nouvelle immobilisation, et la Patelle fait une seconde fois demi-tour, s’avance, maïs, la roche séchant sous le soleil, elle s’immobilise. (Action directrice de la lumière.) 20 10 h. 30. — Une Patelle sur un bloc granitique vient de quitter sa place et s’est engagée sur la surface supérieure horizontale, allant droit vers le soleil ; rotation du bloc de 180° ; immobilisation de 3 minutes, puis la Patelle tourne de 90°, s'arrête, explore, et regagne sa place sur la paroi verticale. (Prédominance sur la lumière des repères topographiques.) 30 9 h. 30. — Une Patelle revient à sa place sur un bloc de granite, déscen- dant une surface peu inclinée (25°), avec le soleil derrière. Rotation de 180° du bloc; immobilisation, exploration et rotations incomplètes; puis la Patelle continue à descendre et rejoint sa place. (Prédominance sur la lumière de la pesanteur et des repères topographiques.) 4° 11 heures. — Une Patelle regagne sa place, qui se trouve sur la surface horizontale supérieure d'un bloc de granite ; elle remonte une paroi verti- cale: au moment où elle atteint l’arête supérieure, le bloc est couché sur le côté, ce qui entraîne un changement de 90° de la directicn de la pesanteur et rend verticale la face où se trouve l'emplacement de l'animal ; la Patelle reste immobile 140 minutes, puis oscille constamment, sans bouger pendant 1 heûre et est recouverte par la mer montante. À 17 h. 30, quand la mer descendante découvre le bloc, la Patelle a repris sa place. (Prédominance sur la pesanteur des repères topographiques.) 5° 9 h. 30. — Une Patelle descend une paroi verticale d’un bloc de schiste; celui-ci est retourné de 180° autour d’un axe horizontal (sens dessus ‘essous), en sorte que la Patelle qui avait la tête en bas a maintenant la tête en haut; elle s’immobilise, puis tourne de 180° et commence à redescendre; elle remonte ensuite et redescend encore et, le bloc se séchant, elle reste immo- bile. (Action directrice de la pesanteur.) 6 6° 10 heures. — Une Patelle descend d'un bloc de schiste sur un petit galet schisteux et se dirige vers le soleil sur la paroi supérieure, presque horizontale; ce petit galet est tourné de 1800 ; la Patelle continue sa marche un instant puis fait demi-tour et, arrivée au bout, cherche, explore, palpe un granit et un schiste voisins, sans se lasser, revient, mais retourne, sars aller jusqu'au bout cette fois; elle recommence # fois le même mane:e; elle finit par monter ‘sur un schiste voisin, puis revient, regagne le galet, et remonte à nouveau sur le même schiste; à ce moment le galet est enlevé; elle vient le rechercher, ne le trouve pas et s’immobilise sur le schis e: elle est prise ainsi au piège, une première fois sur le galet, ne trouvant pas le bloc où elle a sa place du côté où elle a abordé le galet et où elle le cherche et ne le cherchant pas de l’autre côté, une deuxième fois sur le bloc s histeux où elle est montée. (Prédominance absolue des repères topographiques.) Ainsi la lumière, et surtout la pesanteur, exercent une influence sur l'orientation de la Patelle dans le retour à sa place, mais cette influence. BioLociE. Compres RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 88 1230 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE CR TR ER PR PR RP + D AN ST SO SR est secondaire, et ce sont bien, en dehors de la mémoire kinesthésique dontmes expériences antérieures avaient démontré l'intervention, les. repères topographiques, fournis par l'exploration tactile du relief, qui dominent le « homing », sauf en cas de surfaces tout à fait lisses et polies. D'autre ‘part je rappelle que l'orientation de la Patelle sur la place à laquelle elle est adaptée, régie par l'exploration des tentacules palléaux, est toujours exclusivement conditionnée par le relief local. IMMUNITÉ ET ANAPHYLAXIE, par MAURICE ARTHUS. Nolf, s'appuyant sur de très intéressantes expériences réalisées chez le chien anaphylactisé et immunisé pour le venin de Cobra, propose de considérer limmunité et l’anaphylaxie comme étant deux manifes- tations d’un même état organique. On peut juger de la valeur de cette conclusion en vérifiant expéri- mentalement deux conséquences qui en découlent. Si la conception de Nolf est exacte, toute immunité acquise doit étre. précédée d’une phase d'anaphylaxie. Si la conceplion de Nolf est exacte, l'immunité acquise du lapin ne doit pas être spécifique, puisque son anaphylaxie’me l’est pas. En ce qui concerne le premier point, on peut établir que, dans un cas au moins, limmunité apparaît sans avoir été précédée d’une phase d'anaphylaxie : c'est dans le cas de l’immunité vis-à-vis de la propriété curarisante des venins des Najas. 3 Injectons sous la peau de lapins du venin de Cobra, d’ Hamadrias, de Naja Haje, de Fungarus cœruleus ou de Bungarus fascialus, à dose non mortelle (1/5 ou 1/4 de milligramme par exemple pour le venin de Cobra); répétons cette injection préparatoire 5 fois par.exempletà 5,6. ou 7 jours d'intervalle. Altendons une semaine, et injectons dans les veines du lapin préparé une dose déterminée du’venin ayantservi à la préparation. Nous constatons que les accidents protéotoxiques sontifort exagérés si Ôn les compare à ceux que provoque chéz le lapin neuf l’in- jection intraveineuse de la même dose du même venin. Quant aux acci- dents curariques, ils ne sont pas aggravés : la mort se produit quelque- fois au moment exact où elle se serait produite chez le lapin neuf, ou presque toujours plus tard qu'elle ne se serait produite chez le lapin neuf. La même observalion se peut faire, quel que soit le nombre des injec- lions préparatoires. Jamais il n'y a précipitation des accidents cura- riques ou aggravation de ces accidents; ou bien ils évoluent chez le lapin SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1931 préparé comme chez le lapin neuf, ou bien ils évoluent plus lentement chez le lapin préparé que chez le lapin neuf, ce qui correspond à un état d'immunité curarique; jamais on ne constate d'anaphylaxie cura- rique. Ces faits sont en désaccord avec la conception de Nolf. En ce qui concerne le second point, on sait que chez le lapin — qui représente en cela uue exception dans la série des animaux sur lesquels on a expérimenté — la réaction d’anaphylaxie n’est pas spécifique. Elle se produit avec la même netteté et avec la même intensité, quand on injecte dans les veines un liquide albumineux ou un venin donnés, quels que soient le liquide ou le venin qui ont servi à la préparation, que ce soit le même dans la préparation et pour l'essai, ou qu'il soit différent, qu'il s'agisse d’anaphylaxie homologue ou d’anaphylaxie hétérologue, peut-on dire. La grandeur de la réaction anaphylactique, indépendante de la nature de l’agent de préparation, ne dépend que de la nature de la substance injectée lors de l'essai, de sa quantité et du degré d’anaphylaxie de l'animal, ce degré d'anaphylaxie dépendant essentiellement du nombre des injections et de la durée de la prépa- ration. L'immunité, par contre, est spécifique chez le lapin. On en peut fournir plusieurs démonstratious expérimentales ; en voici provisoirement deux. È — Si on injecte à plusieurs reprises à 4 ou 5 jours d'intervalle sous la peau de lapins 1/4 de milligramme de venin d'Hamadryas, on con- state, après 6 injections, que lanimal est assez fortement immunisé contre le venin d'Ilamadryas pour en supporter des doses 19 fois mor- telles au moins en injection intraveineuse, sans en mourir; par contre, les lapins ainsi préparés présentent la même sensibilité que des lapins neufs vis-à-vis du venin de Cobra. Sans doute, quand, au lieu de préparer les oies à l'aide de venin d'Hamadryas, on les prépare à l’aide de venin de Cobra, on constate à l'essai une immunilé vis-à-vis des deux venins de Cobra et d'Hama- dryas; mais l'immunité est forte pour le venin de Cobra ayant servi à la préparation; elle est extrêmement faible vis-à-vis du venin d'Hama- dryas. Et si la spécificité absolue n'existe pas dans ce cas, il y a au moins spécificité quanlitalive, — ce qui n'existe pas pour l’anaphylaxie. — Sion prépare des lapins par 8 à 10 injections sous-cutanées de 1/4 de milligramme de venin de Crotalus adiamanteus,on constate que : l'injection intraveineuse de ce venin à dose déterminée (de 2 à 4 milli- grammes par exemple) provoque des accidents protéoloxiques moins considérables en grandeur et en durée que les accidents produits dans _les mêmes conditions chez les lapins neufs, ce qui traduit l'immunité. Par contre, l'injection intraveineuse de venin de Cobra chez ces mêmes lapins détermine des accidents protéotoxiques infiniment plus graves 1932 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE que ceux que produit la même injection chez les lapins neufs, ce qui traduit l’anaphylaxie. Il y a immunité vis-à-vis du venin ayant servi à la préparation, il n’y a pas immunité vis-à-vis d’autres venins. Ces. faits sont en désaccord avec la conception de Nolf. Nous sommes ainsi conduit à conclure que l’immunité et l’anaphylaxie sont deux états distincts pouvant exister simultanément chez le même animal]; ainsi qu on peut s’en convaincre par maints arlifices expéri- menlaux, états dont les manifestations peuvent, du reste, se masquer. L'immunité et l’anaphylaxie ne sont pas des manifestations distinctes d'un seul et même état. L'ÉPREUVE DE L'HYPERGLYCÉMIE PROVOQUÉE DANS LES ALTÉRATIONS PANCRÉATIQUES EXPÉRIMENTALES, par Cu. ACHARD, À. RiBOT et LÉON BINET. L'injection de glycose dans les veines d'un animal augmente le taux du sucre sanguin pendant un temps qui dépend de la quantité de glycose injectée ; des expériences antérieures (1) nous ont montré que, chez un chien normal, avec une injection intraveineuse de 0 gr. 50 de glycose par kilogramme d’animal, l'hyperglycémie dure une vingtaine de minutes et avec 1 gramme elle dure 40 minutes. D’autre part, une injection d’adrénaline entraîne une hyperglyÿcémie qui, avec À milli- gramme, peut durer plus de 20 minutes ef qui s'accompagne d'une impos- sibilité pour l'organisme de brûler le glycose. L'addition d'extrait pancréatique frais à la solution glycosée qui est injectée à l'animal a pour effet de rendre l'hyperglycémie moins élevée et moins durable; de plus, le même extrait pancréatique supprime l'insuffisance glycolytique déterminée par l’adrénaline. Il nous a donc semblé intéressant de rechercher les caractères de l'hyperglycémie provoquée soit par l'injection de glycose, soit par l'injection d’adrénaline au cours de différentes altérations pancréatiques expérimentales. I. Chien porteur d'une ligature du canal de Wirsung. — À un chien de 22 kilogrammes, on injecte dans les veines 15 grammes de glycose dissous dans 425 c.c. d'eau : l’hyperglycémie a disparu au bout de 40 minutes; on fait la ligature aseptique du canal pancréatique et on (1) Ch. Achard, A. Ribot et Léon Binet. Action des extraits d'organes sur l'hyperglycémie provoquée. Comptes rendus de la Soc. de Biclogie, 5 juillet 4919, t. LXXXII, n° 21, p. 788. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1933 pratique le lendemain la même injection : l'hyperglycémie a disparu également au bout de 40 minutes. SUCRE SANGUIN 2% heures après ligature Eve .du canal de Wirsung Avant l'injection de 15 gr. de glycose . . . 0 or. 72 0 gr. 92 Après l'injection : - PSINURES M ee ae 1 gr. 90 2 ET.» OMINUICS RER Er. 1 gr. 40 1 gr. 40 D DBAINUTE SE ee eee made Al DL, 99 À gr. 25 SURDUINUTES te ee Lee ete 1 gr. 05 Ier _ 40 minutes . (or 15 0 gr. 90 Il. Chien porteur d'une pancréatite hémorragique aiquè. — Avec le concours de P. Brocq, nous déterminons une pancréatile hémorragique aiguë (hématome pancréatique énorme, épanchement péritonéal sangui- nolent, taches de stéatonécrose sur le périloine) et nous comparons les résultats de l’hyperglycémie provoquée par l'injection de 15 grammes de glycose après l'opération avec ceux obtenus auparavant sur l’animai normal. Chien de 20 kilogrammes, recoit 15 grammes de glycose dissous dans 425 grammes d’eau, d’abord alors qu'il est normal; et ensuite, lorsqu'il est porteur depuis 24 heures d'une pancréatite hémorragique, vérifiée par l'examen nécropsique. SUCRE SANGUIN ie 24 heures S AVE après l'opération. Avant l'injection de glycose . . . . . . . “Dore 0 0 gr. 90 Après l’injection de UE ; DADANRUTE SRE RAR Penn eue Be A Re IN) 3 gr. 10 HUÉINUTCS EEE SN 2 201 30 2 gr. 10 SOEmiInUteSS 0 ne Re am 0e O0 lors 2 minutes. : MR ee ee Diet: 00 0 gr. 85 Les chiffres que nous venons de rapporter nous montrent que l’utili- sation du glycose étudiée par l'épreuve de l'hyperglycémie provoquée nest pas modifiée chez l'animal porteur d’une ligature du canal pan- créatique ou d'une pancréatite hémorragique. Que devient cette utilisa- tion du glycose après l’extirpation du pancréas ? IT. Chien dépancréaté. — On pratique l'injection intraveineuse de 5 grammes de glycose à 2 chiens, avant et après la dépancréatisation. 1934 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE a 7 1° Chien de 10 kilogrammes, examiné à l'état normal, puis 2 jours après l'extirpation totale du pancréas. SUCRE SANGUIN: TR Fe < 2 jours après AE dépancréatisation totale AVAIENT an em en 0 gr. 80 2 97.» Après injection de 5 gr. de glycose : LOPMIMULES RARE RCE 1er 3 gr. » 20ÉminmUtes er PS NE clore 2 gr. 60 30 minutes . 2 gr. 10 40 minutes . DORE ADN DD MINULES. en Du col a roi 2 gr. 35 2° Chien de 10 kilogrammes, examiné dans les mêmes conditions. SUCRE SANGUIN NS 2 jours après Sem dépancréatisation totale — — \ A De ee 0e De nu ce 0 dl leds 100 1 or. 90 Après injection de 5 gr. de glycose : = Hd minnles mie note: ci Voleore 0) 9er 55 20 minutes. 22. ed de ie nid a 2 gr. 40 30 minutes . 2 or. 15 AOAMANULE SR nn Nr ee 1 or. 90 1 heure , 1 gr. 90 Cette épreuve nous montre bien que, devenu insuffisant glycolytique du fait de la dépancréalisation, le chien utilise avec une extrême lenteur une pelite dose de glycose, introduite dans sa circulation. On sait, d'autre part, que l’adrénaline est capable d'engendrer de l'insuffisance glycolytique (1) ; or, que fait l'injection d'adrénaline après. l’extirpation du pancréas? C'est là un problème d'autant plus intéres- sant que les relalions entre les glandes surrénales et le pancréas ont été l'objet de récentes recherches (R. Pemberton et J.E. Sweet — E. Gley — Luüsk, Graham et Riche — F. C. Mann et Della Drips). 1° Chien de 10 kilogrammes, injection iniraveineuse de { milligramme d'adrénaline. SUCRE SANGUIN —_—— T7 TP OTRS Avant Après dépancréatisation PRE EE ON ee A en LE UT ®3 gr. 20 10 minutes après l'injection d'adrénaline. 0 gr. 80 3 ge =» 2UMUNUÉESE MEET ES ANS NE 0 gr. 60 3 gr. 20 20 Chien de 10 kilogrammes, dépancréaté depuis 6 jours, recoit 2 milli- (4) Ch. Achard et G. Desbouis. Recherches sur l’utilisation des sucres à l'état pathologique. Archives de médecine expérimentale, mars 1914, t. XXVI, n° 2,p. 105. — Ch. Achard, A. Ribot et Léon Binet. Loc. cit. SÉANCE DU 29 NOVEMBRE II RE ER AO PE grammes d'adrénaline dans la saphène : le taux du sucre sanguin, dans les 30 minutes qui Ho reste à 3 grammes par litre, chiffre de départ. SUCRE SANGUIN AVANT eee. an Sn UE 3 grammes. Après 2 milligrammes de de É 1OBMIAULES SR. 20 minutes. 30 minutes. O2 ©2 02 Pareils faits ne-s'enregistrent plus si l'extirpation du pancréas est incomplète et tel chien, dépancréaté 13 jours auparavant, mais Conser- vant un moignon pancréatique, constaté à l’aulopsie, présente une: hyperglycémie adrénalinique : Chien de 9 kilogrammes, dépancréaté le 21 mai, reçoit, le 4 juin, 2 milli- (e] 2 2 2 grammes d’adrénaliue : ; SUCRE SANGUIN ANOMR Nt rie Meter 4 Or LD» AORES DA TNN UOS Re re en een ana ee en le Ole OÙ — 30 minutes. . 4 gr. 50 On sacrifie l'animal et on découvre un moignon pancréatique, accolé au duodénum et de la grosseur d'un œuf de pigeon. De ces données, nous pouvons conclure : _1° Que les lésions pancréaliques légères (ligature du canal) ou étendues (pancréatile hémorragique) ne modifient, pas l'épreuve de hhyperglye cémie provoquée ; 2% Que l’extirpation du pancréas : augmente la durée de l'hypergly- cémie provoquée d’une facon particulièrement marquée; 3’ Que l'hyperglycémie adrénalinique ne s’observe plus.chez le chien totalement dépancréaté. L'EMBRYOTROPHE HÉMATIQUE DE QUELQUES MAMMIFÈRES ET LE FER FOŒTAL, par: HassAN. EL Diwany. Nous englobons sous le nom d'embryotrophe hématique les hémor- ragies maternelles qui se produisent auniveau d’une région déterminée du placenta, et à une époque de laigestalion toujours la même chez une espèce donnée, et dont la:bordure verte du:placenta de la Chienne offre le type le plus anciennementiconnu: Nousles avons étudiées surtout au point de vue cytologique, dans le but de compléter l'œuvre de nos 1236 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE devanciers, chez le Brebis, le Furet, le Chien, le Chat et la Souris blanche. 1° Chez les quatre premières espèces, tandis que la muqueuse utérine qui a donné naissance à ces hémorragies reste à leur égard absolument passive, le chorion fœtal, au contraire, s'organise en de multiples villo- sités qui plongent dans la masse hémorragique, et ressemblent ainsi à de véritables villosités intestinales. Les cellules épithéliales qui les recouvrent sont cylindriques, de haute taille, souvent binucléées et possèdent un chondriome nettement polarisé. Elles phagocytent un grand nombre d’hématies maternelles qu’elles captent, grâce à la mobi- lité amiboïde de leur pôle apical muni d’une bordure en brosse. À côté. de ces hématies phagocytées en nature, la cellule choriale absorbe aussi l’hémoglobine maternelle libre et formant un liséré continu dans lequel baigne sa bordure. Chez le Chien en particulier, dès le 8 jour de l’hé- morragie, non seulement le sang est laqué, mais d'énormes cristaux typiques d'hémoglobine prennent naissance au sein de l'extravasat. A proximité des cellules, ces cristaux se solubilisent et participent ainsi à la formation du liséré précité. Aux dépens de ces hématies et de cette hémoglobine, la ceilule cho- riale élabore selon les processus généraux de la sécrétion des produits qu'on peut diviser en deux catégories : a) Ceux qui n'existent que dans la partie supra-nucléaire de la cel- lule, et dont les plus intéressants appartiennent à la classe des pigments biliaires. Chez la Brebis, ce sont des grains arrondis ou des motles amorphes et anguleuses d'hématoporphyrine. Chez le Furet, ce sont des grains brillants et de grands cristaux rouge orangé d'hématoïdine, que leurs réactions identifient à la bilirubine. Chez le Chien, ce sont de petits grains, des mottes anguleuses et brillantes et enfin des cristaux en longues aiguilles formant des touffes étoilées ; tous ces corps ont une belle couleur vert émeraude, qu'ils communiquent à la bordure du placenta et qui donnent toutes les réactions CHmques de la biliver- dine. Ces pigments biliaires s'accumulent en grandes quantités dans la partie supranucléaire de la cellule. Ils peuvent aussi en être excrétés dans les espaces intervilleux par une scission amenant la chute de toute la partie pigmentée de la cellule. Dans l'un et l’autre cas, les pigments biliaires ne paraissent pas prendre part à la nutrition du fœtus et sont rejetés en quantité considérable avec les membranes de l'œuf. b) Les autres produits de l’activité celilaire occupent surtout la base de la cellule choriale. Ce sont principalement d'abord des gouttelettes graisseuses noircissant fortement par l’acide osmique. Ce sont ensuite des grains ocracés donnant les réactions microchimiques du fer, Ges substances, ainsi que les restes de la molécule hémoglobique, sont SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1297 communiquées aux cellules du stroma de la villosité Celles-ci, en effet, forment des éléments étroitement appliqués contre la base des cellules épilhéliales et contiennent des granulations arrondies extrêmement riches en fer organique micro-chimiquement décelable. Cette leneur en fer atteint son maximum environ au milieu de la dernière moitié de la gestation et décroit ensuite pour disparaître presque complètement à terme. Le passage du fer dans les vaisseaux allantoïdiens et son ulili- sation par le fœtus sont incontestables. 2 Chez la Souris blanche, à cause de l'existence de « l’inversion des feuillets », l'embryotrophe hématique suit une évolution spéciale. Les - hémorragies maternelles se produisent bien dès la disparition de l’épi- thélium utérin et occupent la région antimésométriale où se fait la nidation de l'œuf. Mais les cellules du trophoblaste qui correspondent à cette région, au lieu de former l’épithélium chorial et d’absorber ces hémorragies, tombent et dégénèrent au milieu des premiers globules rouges extravasés. Ce sont les cellules déciduales entre lesquelles se produit l’extravasation qui phagocytent un très grand nombre d'héma- ties maternelles. Ces éléments augmentent ainsi considérablement de volume el deviennent les cellules géantes de la caduque bien connues. Dans leur cytoplasme, à côté des hématies encore reconnaissables, on rencontre de grandes quantités de boules polychromatophiles qui ne sont autres que les restes d’hématies maternelles digérées el transfor- _mées. Ces cellules géantes dégénèrent à leur tour, et leurs débris sont absorbés en fin de compte par les hautes cellules cylindriques qui forment la paroi viscérale de la vésicule blastodermique. L'embryotrophe hématique, dont l'existence a été -notée chez des représentants de presque tous les groupes, se distingue des autres embryotrophes (lait utérin) par sa composition exclusive de sang mater- nel. Ilest de ce fait d'une particulière importance pour la nutrition du fœtus, puisqu'il lui apporte le fer indispensable en quantité suffisante non seulement pour la construction de ses tissus, mais aussi pour cou- vrir la réserve de fer dont tout nouveau-né se trouve pourvu. (Travail du laboratoire du professeur Prenant.) SUR LE MICROBE BACTÉRIOPHAGE, par F. D'HERELLE. J'ai, jusqu'à présent, isolé de diverses sources des souches de microbes bactériophages actifs contre les bacilles suivants : Bacilles dysentériques de Shiga, Flexner et Hiss, bacilles typhique, para- 1238 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE typhiques À et B, 2. enteritidis, bacille du Hog Choléra, 2° Cob, B. Proteus, B.-Sanquinarum, Moore, B. pullorum. Toutes ces souches sont entretenues en cu:ture. ee Une première question se pose : le principe bactéricide est-il réelle- ment dû à un microbe, donnant au mot microbe son sens étymologique, c'est-à-dire le plus large, ou bien s'agit-il d'une action diastasique simple? En d’autres termes, puisqu’en dernière analyse l'action ne peut être que diastasique, la diastase lysante est-elle secrétée par un mierobe fitrant antagoniste, ou provient-elle du bacille 1ysé lui-même qui, sous l'influence d'unecause x, produirait uneautolysine? Tous lesfails d'obser- vation sont en faveur de la première hypothèse, ceux-ci en particulier : l'action bactéricide, souvent faible lors de l'isolement des. déjections, peut être considérablement augmentée par culture en série in vitro: certaines souches douées à l'origine d'un pouvoir bactériolvsant vis-à- vis de deux bactéries d'espèces différentes. conservent une action contre ces deux bactéries, même après une longue série de cultures inwitro aux dépens d'une seule : par exemple, j'ai,isolé des.selles d'un convalescent de dysentérie un principe aclif à l'origine contre le bacille de Shiga et le bacille d'Eberth, aprèsunesériede mille passages, les.culturessucces- _sives étant toujours.effectuées aux. dépens du bacille de Shiga, l’action bactéricide est toujours très nelte vis-à-vis du, bacille d'Eberl; la tem- péralture mortelle n'est pas la:même pour le bacille lysé et.le. principe lysant :le hacille de Shiga, par exemple, est. tué parun séjourd’une heure à 56°, le principe lysant ayant subi pendant une heure une température de 64-5° continue à être cullivable en série; j'ai isolé plusieurs cen- taines de souches de ce « principe » bactéricide, je n’en ai. pas encore. trouvé deux identiquement semblables. Ces faits ne s'accordent pas avec l'hypothèse d'une action diastasique simple, ils: s'expliquent, au con- traire, parfaitement dans le cas d'un micro-organisme susceptible d'adaptation. L'observation du, phénomène de la lyse à l’ultramicros- cope confirme également cette dernière hypothèse, de même, comme je l’ai indiqué dans. une note précédente, la possibilité de dénombrer les élémeuts bactéricides. J'ai dénommé ce micro-organisme : microbe bac- tériophage (Bacteriophagum intestinale). Existe-t-il un microbe bactériophage, susceptible d'acquérir dans l'intestin de l'homme et des animaux, par suite d’un phénomène d’ac- coutumance, Ja faculté de se développer aux dépens de telle ou telle baclérie, ou bien exi-te-t-il des espèces distinctes de microbes bactério- phages, chaque espèce étant douée électivement d'un pouvoir bacté- ricide vis-à vis d'une bactérie déterminée? Existe-t-il, par exemple, un microbe bactériophage antagoniste du bacille de Shiga et un autre anta- goniste du bacille d'Eberth? Be fait cité plus haut, à savoir qu'un microbe bactériophage isolé des déjections d'un.convalescent de: dysen- térie a conservé une action bactéricide très nette pour le bacille-d’'Eberth f SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1239 après une série de mille passages pendant lesquels il s'est uniquement développé aux dépens du bacille de Shiga, montre que l'action bactéricide est exercée par un même microbe susceptible d'acquérir par accou- tumance un pouvoir bactériolysant contre les divers bacilles intestinaux. J'ai indiqué plus haut que je n’ai pas encore isolé deux souches du mierobe bactériophage qui sotent idenliquement semblables. Les différences portent sur l'étendue de l’action et sur son intensité. Telle souche sera douée au sortir de l'organisme d'un pouvoir bactéricide contre plusieurs bacilles intestinaux, elle attaquera, par exemple, à des degrés d'intensité différents, tous les bacilles dysentériques,les bacilles typhiques et paratyphiques etle 2. col; telle autre n'attaquera qu'une seule espèce bactérienne à l'exclusion de toute autre; une troisième en attaquera deux, le bacille de Flexner et le bacille paratyphique B par exemple. Toutes les combinaisons possibles peuvent se présenter. L'in- tensité de l’action est également variable; pour certaines souches cette activité ne sera décelable que par la constatation de laches vierges (1), à l’'étalement sur gélose d'une émulsion du bacille’attaqué à laquelle a été ajoutée une certaine quantité de filtrat contenant le microbe bacté- riophage ; lelle autre sera douée d’une activité telle que l’ensemence- ment de 1 millionième de c.c. d'une culture de ce microbe bactério- phage dans 20 c.c. d'une émulsion du bacille attaqué renfermant un demi-milliard de bacilles par centimètre cube, suffira pour provoquer la lyse totale des bacilles en moins de 3 heures. Toutes les combinai- sons possibles pouvant se présenter, comme étendue et comme intensité, on comprend qu'il est possible d'isoler des millions de souches du microbe bactériophage sans arriver à en rencontrer deux identiquement semblables. Dans la note déjà citée, j'ai indiqué la technique qui permet de comp- ter le nombre de microbes bactériophages contenus dans une émulsion, et cela d’une manière aussi exacte que l’est pour les bactéries le comp- _ tage par numération des colonies sur gélose. En effectuant le comptage des microbes bactériophages en cours d'action, on voit que l'intensité du pouvoir bactéricide dépend de la rapidité de multiplication. Le mierobe bactériophage étant un parasite obligatoire quine peutse déve- lopper qu'aux dépens de bacléries vivantes, on voit que l'intensité de l’action bactéricide peut se traduire par « virulence », Le mot virulence étant pris au sens strict, c’est-à-dire « aptitude à se développer dans le Corps d’un organisme étranger el à y sécréter des substances toxiques ». ‘Nous pouvons donc dire, en résumé, qu'il existe dans l'intestin de l'homme et des animaux un mierobe filtrant, bactériophage obligatoire, susceptible d'acquérir une virulence plus ou moins exaltée pour les divers bacilles intestinaux. (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 7 décembre 1918, p. 1060-1062. 1940 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE IMMUNISATION CROISÉE. ACTION RÉCIPROQUE DU SÉRUM D'ANGUILLE OÙ DU SÉRUM DE MURÈNE SUR DES ANIMAUX IMMUNISÉS CONTRE L'UNE OU L'AUTRE DE CES ICHTYOTOXINES, : par L. Camus et E. GLev. Nous avons vu, dans des recherches antérieurement publiées (1), que des animaux (lapins), immunisés contre le sérum d’Anguille, résistent à l’action du sérum de Congre; d'autres, semblablement préparés, n’ont offert au contraire aucune résistance au sérum de Torpille. Nous nous étions depuis longlemps proposé d'étendre ces premiers essais. Les circonstances ne nous ont pas permis de le faire plus tôt. Les expériences nouvelles que nous avons entreprises ont été faites avec le sérum d’Anguille et avec le sérum de Murène | Muræna helena (2)]. La quantité de ce dernier que nous avions à nolre disposition n'était pas assez grande pour qu'il nous füt possible d'immuniser un grand d'Anguille. Trois animaux, deux mâles et une femelle, pesant respecti- vement 2.710, 2.720 et 3.240 grammes, ont été immunisés contre le sérum de Murène; l’un d'eux, servant de témoin, a alors reçu une injec- tion intraveineuse de o c. ce. 3 par kilogramme du même sérum sans éprouver d'accidents, et les deux autres, le même jour, ont recu une dose sûrement mortelle de sérum d’Anguille (3), sans présenter autre chose qu'un peu de polypnée passagère. Ces animaux, immunisés contre le sérum de Murène, ont donc résisté au sérum d'Anguille. De même, trois lapins, un mâle et deux femelles, du poids de 2.570, 2.750 et 3.190 grammes, ont été immunisés contre le sérum d'Anguille; l’un d'eux, servant de lémoin, a parfaitement résisté à l'action d'une dose mortelle de ce sérum et les deux autres ont recu des doses sûre- ment morte!les de sérum de Murène, auxquelles ils ont semblablement résisté. Les animaur, immunisés contre le sérum d'Anquille, résistent donc au sérum de Murène. SonE Quelques jours après (quatre jours), les deux animaux employés comme témoins pour apprécier le degré d'immunisation vis-à-vis de l’un ou de l’autre des deux sérums toxiques utilisés ont recu à leur (4) L. Camus et E. Gley. Recherches sur l'immunisation contre les sérums toxiques. Action réciproque du sérum d’Anguille ou du sérum de Torpille sur les animaux immunisés contre l’un ou l’autre de ces sérums. Action du sérum de Congre sur les animaux immunisés contre le sérum d’Anguille. J, de physiol. et de pathol. générale, 1910, t. XIT, p. 781-795. (2) Nous devons ce sérum à l'obligeance du professeur Fil: Bottazzi (de Naples) et nous tenons à le remercier ici de cette obligeance. (3) La toxicité de ce sérum a été éprouvée sur deux lapins neufs. Ed Le ST ds wide 16èn: SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1941 tour, le premier, celui qui avait été éprouvé avec le sérum de Murène, une dose de 0 c.c. 42 par kilogramme de sérum d’Anguille, c'est-à-dire une dose plus que double de la dose mortelle, et le second, celui qui. avait été éprouvé avec le sérum d’Anguille, une dose de 1 c.c. 16 par kilogramme de sérum de Murène, c'est-à-dire une dose plus que triple de la dose mortelle. Aucun de ces deux animaux n’a présenté d’ac- cidents. Il y a donc bien eu, dans ces expériences el pour ces deux ichtyotoxines, immunisalion croisée. On remarquera que ce phénomène se produit avec le sérum d'animaux appartenant au même groupe zoologique. Anguille et. Murène sont en effet des poissons Téléostéens, des Physostomes apodes du groupe des Murénides. Nous avons déjà rappelé plus haut que l'immunisation croisée n’a pu être obtenue dans les expériences que nous avions faites, il y a une dizaine d'années (1), avec le sérum de Torpille, poisson sélacien, sur des lapins immunisés contre le sérum d'Anguille, d’une part, et, d'autre part, avec ce dernier sérum sur des lapins préalablement immunisés contre le sérum de Torpille. DOSAGE DU GLUCOSE EN PRÉSENCE DE LACTOSE, _Note dE. Hirpr, présentée par A. DESGREz. Dans certaines urines pathologiques, on peut être amené à doser le glucose en présence du lactose. Ces deux sucres agissant différemment sur la lumière polarisée et sur la liqueur de Fehling, la méthode la plus générale consiste à mesurer la déviation saccharimétrique de l'urine parfaitement déféquée, ainsi que son pouvoir réducteur. Cette méthode a été utilisée en particulier par le professeur Yaksch de Prague pour les urines glycopentosuriques. Une deuxième méthode consiste à éliminer de l'urine (stérilisée (2), le’glu- cose, par fermentation au moyen d’une levure pure-(saccharomyces apicu- latus), ce qui permet de connaître le glucose par le dosage de l’acide carbo- nique produit ou par la différence cuprométrique de l’urine déféquée, avant et après fermentation. Enfin, le lactose est dédoublable par hydrolyse en glucose et galactose, de même que le saccharose l’est en glucose et lévulose. On peut donc lui appliquer la méthode usuelle de l’inversion, pratiquée depuis longtemps en sucrerie, à condition d'adapter au jactose le procédé d’inversion de Clerget par les acides étendus. Mais Ost (3) et d’autres auteurs ont montré depuis (4) Loc. cit. — (2) Lusk. Zeitschr. f. Biologie, XXVIII, 281, 1891. (3) Ost. Deuts. chem. Ges., XXXIII, 2, 3010, 1890. 1249 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE longtemps que, par suite de la résistance du lactose à l'hydrolyse par les acides minéraux, qui doit être prolongée pendant 5 à 6 heures à 400, la glu- cose et le galactose produits sont partiellement détruits par ces acides. Cet inconvénient ne se produit pas avec la lactase, mais Porcher (1) admet, pour l'hydrolyse complète du lactose par la lactase, une durée de 31 heures. Bierry (2) a mesuré l’action de la lactase par des dosages polarimétriques, cuprométriques et par les osazones. La méthode cuprométrique, qui est à la portée de tous, soit qu'on utilise là technique ordinaire de décoloration de la liqueur de Fehling, soit qu'on préfère l'élégante méthode de G. Bertrand ou celle de Causse-Bonnans,-présente une sensibilité très suffisante dans le cas présent où l’on utilise l’inversion complète du lactose, qui se manifeste par une augmentation du pouvoir réducteur pour une solution à 4 p. 100, mesurée par 2 c.c. de cette solution, pour 10 c.c. d’une liqueur cupro-potassique titrant 0 gr. 05 de sucre interverli ou 0 gr. 048 de glucose. De nombreux dosages effectués sur des solutions à 4 p. 100 de lactose hydraté pur ont donné constamment, pour 40 c.c. Ke de liqueur cupro-alcaline, 7 c.e. 1 avant hydrolyse et 5 c.c. 4 après hydrolyse. Le premier chiffre est encore inférieur à celui de Denigès (7 c.c. 3), mais nettement supérieur à celui qu'admet Brachin (3). Le deuxième chiffre correspond très bien aux chiffres théoriques déduits des tables de G. B-rtrand. Pour effectuer sans perte l'hydrolyse complète du lactose, nous avons déjà proposé pour l'analyse du lait (4) l'emploi des acides sulfocon- jugués, appliqués depuis longtemps par Twitchell (5) à l’hydrolyse. industrielle des graisses. Le « catalyseur » est préparé en dissolvant 180 grammes de benzène -sulfonate de soude, exempt de fer, dans de l'eau contenant 49 grammes d'acide sulfurique pur «et en étendast la [ solution au volume de 1 litre. Pour des quantités de lactose de 0 gr. 5 à À gramme p. 100, on atilise 20 c.c. de cette solution qui n’a aucune action sur la lumière polarisée ni sur la réduction du Febling, et on chauffe pendant 6 heures à l’étuve réglée à 95-98°. Voici d’ailleurs la technique complète : 100 c.c. d'urine sont déféqués par 10 c.c. de liqueur de Courtonne (acétate n de plomb) eton détermine, par un premier litrage approximatif, la teneur en sucre réducteur de celte pre- mière dilution. On en mesure ensuite un volume qui me contienne guère plus de 1 gramme de sucre, on le met dans une fiole jaugée de 100 c.c. avec (1) Porcher. Bull. Soc. Chim., 32"s,,. XXXTIT, 1905, p. 1285. (2) Bierry. Recherches sur les diastases. Paris, 1914. (3) Brachin. Th. de Pharmacie. Paris, 1904. (4) Hildt. Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. 467, p. 756. (5) Twitchell. Journ. amér. Chem. Soc., t. XXI, 1889. 3 2 atfs y CIE D 4 + 1 CE. L * 4 1 SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1243 20 c.c. de la solution de catalyseur et on complète le volume à 100 c.c. par de l’eau distillée. Après mélange et filtration, on prélève 50 c.c. de cette liqueur de dilution connue, dans une fiole jaugée que l'on place, pendant 6 heures, dans une étuve réglée à 95-980. Le reste de la liqueur sert au titrage direct des sucres par la liqueur de Fehling diluée de 4 volumes d’eau et additionnée de 5 à 6 gouttes de lessive de soude. On fera la même opéra- tion sur la liqueur hydrolysée refroidie et ramenée au volume de 50 c.c.; et on exprimera les résultats en glucose ou en lactose inverti. Soit n et n’/ les nombres de centimètres cubes de la dilution finale qu'il a fallu, avant et Tee inversion, pour décolorer 19 e.c. de Fehling. On sait que ces n et n' centimètres cubes renferment une quan- tité de sucres équivalant à : 0 gr. 051 (LI). 1 avant 0,051 ),1 à : — 1} ac: Donc, dur x 100 ou ; de (LI) p: 100 100 c.c. et renferment | . °P'°* vust SX 100 ou 22? de (LI) p. 400. : | inversion : n Sachant, d'autre part, que 0 gr. 051 (LI).équivaut à 0 gr. 071 de lac- tose hydraté (LH) et à 0 gr. 048 de glucose anhydre (D), on peut écrire les relations suivantes qui serviront aux Calculs : Lactose hydraté (LH) ZE =D 2e0 02 Glucose aubydre (D) — o71 ,048 — (LI) X 0,941 el en désignant le lactose inconnu par x et le glucose par y, on peut écrire: x Fo 5,1 Fa D RE — D me SD 20 DS AE = ne (LP) D'où on tire :. D — — _ (exprimé en lactose hydraté p. 100 c.c. de dilution U = == — (exprimé en glucose anhydre p. 100 c.c. de dilution). Ces résultats doivent être mulpliés par la alion totale et rapportés au litre d urine primitive. (Laloratoire de Chimie'à la Faculté de Médecine de Paris.) ET ie EE SNA Èn Le RÉUNION DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1919 SOMMAIRE GenozLsr (L.) : Une espèce nou- GrATIA (A.) : À propos de la coa- velle d'Anchirema.se. .. hu 1250 | gulation du plasma oxalaté par le GnaïrA (A.) : Action diverse des staphylocoque. (Transformation du microbes sur la coagulation du prosérozyme en sérozyme). . . . . . 1247 SOINS ob) a nc /shob PR ep ounee 1245 Présidence de M. Fredericq. ACTION DIVERSE DES MICROBES SUR LA COAGULATION DU SANG. Note d'ANDRÉ GRATIA, présentée par M. J. BoRDET. I. — Le Staphylocoque a la propriété de faire coaguler du plasma oxalaté après quelques heures d’incubation à 37°. Ce phénomène avait déjà été observé et étudié par Much (1), par Kleinmilch (2), par Gonzenbach (3). Delrez et Govaerts l’ont également mentionné (4). Ensemençons du plasma oxalaté à l’aide de Staphylocoques vivants (5) et suivons de visu ce qui s’y passe jusqu'au moment de la coagulation complète du plasma. (1) Bioch. Zeitschr., Bd 14, 1908. (2) Zeitschr. für Immunitätsforsch., vol. IIT, septembre 1909, p. 516. (3) Centralblatt für Bakteriologie, vol. LXXVIIT, fasc. 2, 30 juin 1916, p. 97. (4) Ambulance de l « Océan », t. II, fase. I, p. 214, juillet 1918. (5) A 0,5 c.c. de plasma oxalaté, on ajoute 0,1 c.c. d'une. émulsion de Sta- phylocoques faite en récoltant une culture fraiche avec 10 c.c. de sérum phy- siologique. Brocogie. Comptes RENDUS. — 1919. T. LXXXIL. 89 1246 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE Parallèlement observons les modifications de la stabilité de ce plasma oxalaté en prélevant toutes les demi-heures un échantillon qu'on recal- cifie et dont on note le temps de coagulation. Soit un plasma oxalaté pur, de lapin qui recalcifié se Cu en 60 minutes; additionné de Staphylocoques et aussitôt recalcifié il se coagule déjà en 50 minutes. Recalcifié après une demi-heure d'’incu- -bation à 37° et ramené à la température ordinaire, il se coagule en 40 minutes ; après 1 heure, en 30 minutes. Après À heure et demie, on voit dans le plasma oxalaté que le trouble, jusque-là homogène de Sta- phylocoques, commence à se condenser en grumeaux et la coagulabilité à ce moment est maximale; l'échantillon recalcifié se coagule en 25 minutes. Après 2 heures, les grumeaux se mettent à floculer tandis que la partie supérieure du liquide se clarifie et en même temps la coa- gulabilité rediminue : l'échantillon prélevé à ce moment et recalcifié se coagule en 35 minutes. Enfin, après 2 heures et demie, alors que la ‘loculation est intense, l’échantillon prélevé et recalcifié ne donne plus que péniblement quelques rares filaments de fibrine. Bientôt après, la floculation du plasma oxalaté ne tarde pas à donner suite à la coagula- tion en masse et les prélèvements deviennent impossibles. Après plusieurs heures, le caillot formé ne s’est pas rétracté. Si on le défibrine alors à l’aide d’une tige de verre, le liquide obtenu ne se coagule plus, ni par le calcium, ni par la thrombine, ni par le chauffage à 56°. Il ne contient plus de fibrinogène. Le Staphylocoque ajouté au plasma oxalaté diminue progressivement la stabilité du fibrinogène ; il le rend d’abord plus coagulable, le flocule ensuite partiellement et le coagule enfin complètement. Mais à mesure que le fibrinogène se flocule, puis se coagule, la portion restée liquide devient moins coagulable, puis finalement incoagulable par élimination totale du fibrinogène. ere Il. — J'ai encore étudié l'action d'autres microbes sur le plasma oxalaté; en général ils augmentent la coagulabilité. Mais je ne m'’arré- terai pour le moment qu'au Streptocoque hémolytique. Son action est des plus variables, tantôt il augmente la coagulabilité, tantôt, au contraire, il la diminue, le pius souvent il rend le plasma oxalaté définitivement incoagulable après quelques heures d'incubation a9 1 Il paraissait logique d’expliquer ces apparentes contradictions en nous inspirant de nos observations faites sur le Staphylocoque. Comme celui-ci, le Streptocoque diminuerait la stabilité du fibrinogène ; il com- mencerait par le rendre plus coagulable, il le floculerait ensuite par- tiellement (et de fait on voit à certain moment le streptocoque s’agglo- mérer en grumeaux) et ensuite complètement. Nous aurions donc, selon le stade du processus, d’abord un plasma plus coagulable, puis SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1247 un plasma moins coagulable parce que partiellement défibriné et enfin un plasma incoagulable parce que complètement défibriné. Cette hypothèse, que l’analogie avec les phénomènes provoqués par le Staphylocoque paraissait justifier, est inexacte. ue Le plasma oxalaté, rendu incoagulable par le streptocoque, n’est pas privé de fibrinogène, car, chauffé à 56°, il se trouble parfaitement. Pour- tant il ne se coagule pas par addition de thrombine ; c’est qu’en vérité ce plasma a des propriétés fortement anticoagulantes : il a le pouvoir de retarder notablement la coagulation de plasma oxalaté normal recalcifié et d'empêcher totalement la coagulation du plasma oxalaté par le fibrin- ferment. : Le « plasma de streptocoques » estincoagulable, non qu'ilne contienne plus de fibrinogène, mais parce qu'il renferme de grosses quantités de substances antagonistes. (Laboratoire de Physiologie de l’Université libre de Bruxelles.) À PROPOS DE LA COAGULATION DU PLASMA OXALATÉ PAR LE STAPHYLOCOQLE. (TRANSFORMATION DU PROSÉROZYME EN SÉROZYME.) Note D'ANDRÉ GRATIA, présentée par M. J: BoRDET. ° Nous savons que la coagulation du sang est le résultat de la transformation du fibrinogène en fibrine sous l’action de la thrombine. Mais celle-ci provient elle-même d'après Bordet et Delange de la réac- tion en présence de sels de calcium, de deux produits, le cytozyme qui - existe dans les cellules ‘et surtout dans les plaquettes, et le sérozyme dont on retrouve l'excédent dans le sérum après la coagulation. Le plasma ne renferme pas le sérozyme à l'état actif: il ne possède pas, comme le sérum, la propriété de réagir très promptement avec le cyto- zyme. Pour que la coagulation s'opère, il faut donc que le cytozyme : sorte des plaquettes et que, de plus, le sérozyme se forme aux dépens de la substance mère, le prosérozyme. On sait, d’ailleurs, depuis longtemps que le plasma oxalaté est incoa- gulable parce qu'il est privé des sels de calcium indispensables à la for- mation de la thrombine. Il se coagule donc si onlui restitue son calcium ou si on l’additionne de thrombine toute formée. Le staphylocoque ense- _mencé dans du plasma oxalaté a également la propriété de le faire coaguler. I. — Il ressort de l'expérience suivante que le staphylocoque soli- difie le fibrinogène sans intervention des autres agents de la coagula- tion, cytozyme ou sérozyme. Sion prive complètement un plasma de ses = 1948 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE cellules en le filtrant sur bougie Berkefeld, il devient incoagulable faute de cytozyme (1). D'autre part, le précipité colloïdal de phosphate trical- cique a la propriété d’adsorber le prosérozyme, de sorte que du plasma phosphaté est incoagulable faute de prosérozyme (2). A pius forte raison du plasma à la fois filtré et phosphaté est-il incoa- gulable : il ne contient plus que du fibrinogène. Le staphylocoque a pourtant la propriété de faire coaguler ces trois plasmas aussi complè- tement et aussi vite que du plasma oxalaté normal. Le staphylocoque se comporte donc comme de la thrombine : il fait direc- tement coaguler le fibrinogène. IT. — Le plasma oxalaté ensemencé de staphylocoques se coagule sans l'intervention ni de son cytozyme, ni de son prosérozyme. Il n’est donc pas étonnant qu'on puisse, comme nous allons le voir, retrouver ces produits intacts après la coagulalion. En défibrinant du plasma oxalaté coagulé par le slaphylocoque nous obtenons un liquide que, pour la facilité, j'appellerai « plasma de sta- phylocoques », car c’est un plasma, un plasma sans fibrinogène et non pas un sérum. Recalcifié, ce plasma de staphylocoques ne peut se coa- guler puisque privé de fibrinogène ; par contre, il a conservé entière sa faculté de produire de la thrombine ; il possède donc les deux généra- teurs de cette dernière : cytozyme et sérozyme. En vérité, comme le plasma normal, et à l'inverse du sérum, le plasma de staphylocoques contient du sérozyme non pas à l’état actif, mais à l'état de prosérozyme. Il ne donne pas, en effet, de thrombine; tout de suite après sa recalcification, même si on l’additionne de cytozyme sup- plémentaire. Il n’en produit qu'au bout d’un certain temps, lorsque le prosérozyme, s'étant transformé en sérozyme actif, peut réagir avec le cytozyme propre du plasma, ou, à plus forte raison, avec du cytozyme surajouté. Ce moment où apparaissent du sérozyme actif et corrélalive- ment de la thrombine dans le plasma de staphylocoques, correspond à peu près exactement au temps de coagulation du plasma oxalaté normal dont provient le plasma de staphylocoques. Ces faits ressortent de l'expérience suivante: « Dans un tube a, on recalcifie 0,5 c.c. de plasma oxalaté à 4 p. 1.000 à l'aide de 2 c.c. d'EP Ca (3). Dans un tube b, on recalcifie à l’aide de (1) Cramer et Pringle. Quarterly journ. of experim. physiol., 1913, vol. VI, p.I à 11. — Bordet et Delange. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 26 juillet 1913, t. 75, p. 168. — À. Gratia, Bull. Soc. roy. des Soc. méd. et nat. de Bruxelles, avril 1914. j (2) Bordet et Delange, idem, 1914. (3) EP Ca — eau physiologique contenant 0,35 p. 1.000 CaCl. Pouf les détails de-technique, voir les travaux ie Bordet et Delange. Annales de l'Institut Pasteur, 1912-1913. SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1949 8 c.c. d'EP Ca 2 c.c. de plasma de staphylocoques fraîchement défibriné, puis on le répartit entre deux séries de tubes c et d à raison de 5 gouttes par tube. « Toutes les 5 minutes on ajoute à un tube différent de la série c, 5 gouttes de plasma dioxalaté, c’est-à-dire donc du fibrinogène ; à un tube différent de la série d d’abord une goutte de cytozyme, puis, après 3 minutes, 5 gouttes de plasma dioxalaté. « Le tube «a se coagule en 60 nues. Les 4 premiers bee de la série c restent fluides, mais le 12° se coagule en 25 minutes, le 13° en 12 minutes. Il a fallu 60 minutes pour que du fibrin-ferment apparaisse dans du plasma de staphylocoques recalcifié. De même, les 11 premiers tubes de la série d sont incoagulables, tandis que le 12° se coagule en 5 minules, le 13° en 2 minutes. C'est également après 60 minutes que s’est formé du sérozyme actif capable de s'unir avec le cytozyme pour donner de la thrombine. » Conclusion : Le sérozyme et la thrombine apparaissent dans le plasma de staphylocoques en même temps que dans le plasma normal. Dans le plasma de staphylocoques, comme dans le plasma normal, le sérozyme n'est pus à l’élat actif, mais à l’état de prosérozyme. IT. L'action du staphylocoque nous offre donc un milieu sans fibri- nogène, dans lequel nous allons pouvoir observer la transformation du prosérozyme en sérozyme. 41° Tout d'abord, cette transformation ne s'opère que si on recalcifie le plasma de staphylocoques. Pourtant, si au lieu de recalcifier le plasma tout de suite après sa défibrination nous attendons 24 heures, la transformation du prosérozyme sera plus rapide le lendemain que la veille. Bien que le calcium soit indispensable à la production du séro- zyme, il y aurait déjà un certain travail de transformation en milieu décalcifié. 2° Le sérozyme apparaît plus rapidement dans du plasma de staphy- locoques recalcifié en tube de verre nu qu’en tube paraffiné. 3° Le sérozyme apparait rapidement dans un plasma de staphylo- coques riche en cellules, lentement dans un plasma pauvre en cellules el pas du tout dans un plasma privé de toute cellule par filtration. _ Mais il suffira de restituer un peu de cytozyme à du plasma de staphy- locoques provenant d’un plasma filtré pour que la transformation du prosérozyme en sérozyme s'opère parfaitement et ce d'autant plus vite que la quantité de cytozyme ajoutée aura été plus grande. 4° Le sérozyme se forme aussi vite dans le plasma de staphylocoques qui est un plasma privé de fibrinogène que dans le plasma normal qui en contient. Conclusions : La b'ansformation du prosérozyme en sérozyme est fonc- tion du triple facteur : calcium, contact et cytozyme. Elle est indépendante du fibrinogène. Il est curieux de remarquer que ces conclusions, acquises avec une 1250 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE méthode totalement différente, concordent entièrement avec les obser- vations que Bordet a faites sur la genèse du sérozyme dans un plasma privé de fibrinogène par l’action précipitante du. NaCl suivie de dialyse (1). (Laboratoire de Physiologie de l'Université libre de Bruxelles.) UNE ESPÈCE NOUVELLE D Anchitrema, par L. GEDOELST. Au cours de recherches que nous avions entreprises sur les parasites des caméléons, nous avons rencontré dans la partie postérieure de l'intestin d’un Chamaeleon dilepis Leach, 1819, conservé dans les collec- tions du Musée du Congo à Tervueren, un trématode que nous avons reconnu appartenir au genre Anchitrema Looss, 1896, et qui présente les caractères suivants : Le corps a une longueur de 3,0 à 3,8 millimètres …. de 1,7 à 2,0 millimètres, en moyenne 3,5 millimètres et 1,9 millimètre; la forme générale est celle d'un ovoïde aplati, à extrémité antérieure : arrondie, à extrémité postérieure légèrement acuminée, le diamètre transversal maximum .étant situé vers le milieu du corps. Le tégument ne montre pas de piquants. La ventouse orale subterminale est arrondie et possède un diamètre moyen de 555 y, la ventouse ventrale est située immédiatement en arrière du quart antérieur du corps; elle a également la forme arrondie et son diamètre mesure en moyenne 395 y, c'est-à-dire qu'elleest approximativement moitié moins grande que la ventouse orale. A celle-ci fait suite un pharynx globuleux, légèrement plus long que large, mesurant en moyenne 252 w sur 212 Lu; il se continue avec un court æœsophage, dont l'axe décrit avec l'axe du pharynx un angle aigu en venant s'appliquer contre la face postérieure ou dorsale de celui-ci. Les deux anses intestinales qui s'en échappent se trouvent ainsi reportées en avant et décrivent chacune un arc convexe en avant qui à pour effet de les faire remonter au-dessus de la ventouse orale, qu'elles surplombent dans sa moitié postérieure; elles s'étendent ensuite en arrière pour se terminer à peu de distance de l'extrémité postérieure; leur calibre est relativement large et leur contenu est teinté de rouge; il ne nous a pas élé possible d'y reconnaitre la présence d’un élément figuré. Les deux testicules sont silués ventralement par rapport aux anses intestinales ; ils occupent un même plan en arrière de la ventouse (4) Comptes rendus de la Soc. belge de Biologie, octobre 1919. ‘ SÉANCE DU 8 NOVEMBRE 1251 Re CR Re re ventrale, leur bord antérieur dépassant exceptionnellement en avant le plan occupé par le centre de cette ventouse; parfois le testicule droit est légèrement antérieur par rapport au testicule gauche. L'un et l’autre sont de forme ovoiïde à grand axe transversal, oblique ou parfois longi- tudinal; ils mesurent en moyenne 700 & sur 500 y. Les deux canaux déférents s’unissent-sur la ligne médiane et aboutissent à une vésicule séminale allongée et contournée sur elle-même formant en avant de la ventouse ventrale un peloton avec le canal prostatique, qui aboutit à un court sinus, où vient s'ouvrir aussi le va- gin. L’ovaire est submédian et silué immédiatement en arrière des testicules ou au niveau de leur moitié postérieure; il présente une forme subglo- buleuse et mesure en moyenne 285 à 330 y de dia- mètre. Les vitellogènes sont disposés sur les bords latéraux du corps, en dehors des anses intestinales; ils commencent immédiatement en arrière des testicules et s'étendent jusqu’au quart postérieur, exceptionnelle - ment au delà. Les deux vi- telloductes décrivent un arc convexe en avant et s’unis- sent sur la ligne médiane en arrière de l’ovaire. Le canal de Laurer va s'ouvrir à gau- : che de Le lignemédiane do. En sale après un parcours trans- à droite, Anchitrema sanguineum versal rectiligne ; vers Le mi- (d’après Looss). grossis l'un et laut re 12 fois. lieu de son trajet, il présente une dilatation fusiforme. L'utérus dispose ses replis dans toute la partie postérieure du corps et remonte au niveau de l'ovaire, au delà duquel il se transforme en un canal long et contourné sur lui-même, qui passe à gauche de la ventouse ventrale pour venir s'ouvrir à côté du pore mâle au fond du sinus génital. Les œufs sont elliptiques, operculés, à coque colorée en jaune; ils mesurent 244 de long et 16 u de large. L'appareil excréteur a échappé à notre observation par suite de l'accumulation des œufs dans la partie postérieure du corps. Cette espèce, pour laquelle nous proposons le nom de Anchitrema latum, se différenciera aisément de l’Anchitrema sanguineum (Son- sino, 1894) par la forme du corps, ses dimensions moindres et le volume relatif des ventouses, comme il résulte de la comparaison des chiffres 1952 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE suivants fournis par les mensurations de Looss et Odhner pour Anchi- trema sanquineum et les nôtres pour À. latum. A. ‘sanguineum A. latum CT RE ES LOOSS ODHNER RS Eongueur:du Corps: .1 00. 5,5-6,0%m 4,15um 3,0-3,8%m Pargeur du Corps 4 er 155-1622 4 ,1um Te ee Rapport de la longueur à la lar- SeUTRAU COBPS ete ee Del LED ERA 7e I Diamètre de la ventouse orale . 6,46mm 0,33-0,38mm 0,55mm Diamètre de la ventouse ven- (TAC RER AA Eee (DÉC ES 0,28-0,33mm 0,39um Rapport du volume de la ven- : touse orale à celui de la ven- touseventrales 2225 20200 AD AET 15164 DE L'absence de spinulation tégumentaire ne saurait infirmerle rattache- ment de notre trématode au genre Anchitrema, cette absence pouvant être accidentelle et résulter notamment des conditions dans lesquelles les exemplaires de cette espèce ont été recueiilis. Le genre Anchitrema comprend ainsi deux espèces : Anchitrema sanguineum (Sonsino, 1894). Syn. : Distomum sanguineum Sonsino, 1894; Distomum (Brachylaimus) sanguineum Stossich, 1895; Anchitrema sanguineum Looss, 1896. Type du genre, parasite de Chamae- leon vulgaris en Tunisie et Chamaeleon basiliscus en Égypte (Sonsino), de Chamaeleon basiliscus et Taphozous nudiventris en Égypte (Looss), de Chamaeleon basiliscus et Hhinolophus hippocrepis en Égypte et de Megaderma frons dans la région du Nil Blanc (Odhner). Anchitrema latum sp. n., parasite de Chamaeleon dilepis au | Congo Belge. Le Gérant : O. POoRÉE. — Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel L. MARETHEUXx, directeur, 1, rue Cassette. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE {1919 SOMMAIRE Basser (J.) : Fièvre typhoïde du cheval et anémie infectieuse . . . . Basset, MonvoisiN et PINCENIN : Sur le tétanos expérimental du che- MOIS DUR AR MEN 1261 Carwor (P.), GérarD (P.) et Mors- sonnierR (Mlle S.) : Sur l'azote non ULÉTqUENQU Sang 7... nr die GLEY (E.) : Adresse déposée à la séance inaugurale de l'Université de Strasbourg au nom de la Société HEMRIDIOOICR EME ER RE 1254 Gry\rezrr et Euzière : Recherches expérimentales sur les phénomènes cytologiques de la sécrétion du li- quide cérébro-spinal. Rôle de l'épi- thélium épendymaire. . : . . . . .. 1276 Harpe (E.) et Hauser (A.) : Mi- lieux de cultures au poisson. . .. Hassan EL Drwany !: L'absorption intestinale chez quelques inverté- brés hématophages et l’alimenta- tion hémoglobique . . . . . . .. .. 1282 Jacosson {J.) : L'alcool benzyli- que dans la tuberculose expéri- mentale (DUO) ee ee co 1264 KopaAczewsxI { W.) : Les caractères physico-chimiques du sérum au point de vue de la réaction de Bor- 1262 1259 det-Wassermann . . . .. .. .... 1269 Launoy (L.) et Lévy-Brusz (M.) : Action du sérum des animaux in- fectés par le bacille pyocyanique sur la protéase de cette bactérie. . Marin (L.) : Remarques à propos de ls communication de M. A. Sou- AR OUR Re ne ir D ee 1258 MéLanipr (C.) : Sur les altérations du foie chez un Porc ictérique. . . 1266 Musso (L.) : Étude chimique des cultures du Cryptocoque de Rivolta. 1271 PéJu (G.) : Culicides dans les Ar- dennes (avec présentation d'une |. carte des foyers d’Anophèles). . . . 1267 REGnacL' (F.) : Nouvelle concep- tion des phénomènes de la vie. . . 1280 SouLrGoux (A.): À propos de l’ac- tion antiseptique de l’éther. . . .. 1257 TriEuLiN (R.) et BERNAR» : Action du fer colloïdal électrique sur la VISCOSITE dUASan es Me 1278 WoLLMan (E.) : B. coli comme in- dicateur de la /protéoiyse ne 1263 Réunion biologique de Barcelone. (Séance de juillet 1919). JoRRO AZCUNE (A.) : La dégéné- rescence ascendante et descendante de la moelle épinière aprês arra- chement du nerf sciatique (Nouveau procédé d'investigation) . . . . . .. 1285 Pi-Suxer (A.) : Réflexe hypergly- cémique par faim locale. . . . . .. 1287 Réunion biologique de Marseille. (Séance du 18 novembre 1919). OzuEr (D.) : Quelques recherches hématologiques dans l’intoxication récentempar lypérite 4-0. 1292 RANQUE (A.), SENEzZ (Cu) et Dau- FRESNE (A.) : De l’utilisation systé- matique des antigènes multiples dans la réaction de Bordet- Wasser- TAN ER EE RENNES 1294 RaysauD (L.) : Sur une résine de DaAnrellas es RES ee 1296 Raysaur (L.) : Sur une résine d'Hazongia. . . .. NT Prado 1298 BIOLOG1E. COMPTES RENDUS. — 4919. T. LXXXII. 90 1954 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Présidence de M. Ch. Richet, OUVRAGE OFFERT. M. Ér. RABAuD. — J'ai l'honneur d'offrir à la Société de Biologie l'ouvrage que je viens de publier sous le titre de : Xecherches sur l'Héré- dilé et la Variation, étude expérimentale et théorie physiologique. C'est un volume de 316 pages, supplément au Bulletin biologique de France et. de Belgique, dans lequel j'ai consigné le résultat de recherches pour- suivies pendant plusieurs années. L’exposé critique des faits nouveaux,. qui ont trait aux processus de dominance, de nécessivité, à la production: de formes intermédiaires, à l'hérédité indirecte, etc., est suivi d’un essar d'interprétation générale des phénomènes d'hérédité et de variation. Prenant texte de mes observations et de mes expériences, je me suis. altaché à voir ce que les théories actuellement en vogue renferment d’exact et d’inexact. Toutes partent, à mon gré, d'un point de vue trop. exclusivement morphologique et j'ai été amené à les rejeter, aussi bien la théorie de Bateson que celle de Morgan. Elles reposent sur des hypo- thèses qui n'ont qu'un rapport lointain avec la structure et les pro- priélés de la substance vivante. En envisageant les processus hérédi- taires d’un point de vue physiologique, el partant de là conception globale de l'organisme qui résulte de l’ensemble des faits acquis, on: demeure beaucoup plus au contact des données de l'expérience et de l'observation. ADRESSE DÉPOSÉE A LA SÉANCE INAUGURALE DE L'UNIVERSITÉ DE STRASBOURG AU NOM DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE, par M. E. GLey, délégué de la Société. Sur l'invitation du Président, M. Gley donne lecture de l'adresse. Monsieur le Recteur, Messieurs, Il n'est peut-être pas de Société scientifique dans notre pays qui ait plus que la Sociélé de Biologie le droit de se réjouir du retour à la commune patrie de l'Université de Strasbourg. La Société de Biologie a été fondée sous les auspices de la Philoso- bo DA SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 195: phie positiviste et, comme l’a dit un des plus grands savants du xix° siècle et l’un de nos plusillustres collègues, Marcellin Berthelot, elle est toujours « restée fidèle à l'esprit profond de son règlement »; oui, elle a toujours considéré l'expérience comme le principe unique de la science. De même, l'esprit de la méthode expérimentale s’empara de votre antique Faculté de Médecine, dès que l'application de l’expérimentation aux phénomènes de la vie parut possible, et depuis lors il y régna sans conteste. Dès 1829, dans l’Avant-propos de son Traité d'anatomie patho- loaique, le professeur Lobstein écrivait : « Ce n’est pas l’organe altéré que le médecin doit connaître, c’est cet organe vivant, agissant, exer- cautles fonctions qui lui sont propres. » EL ainsi ce morphologiste pres- sentait et appelait de ses vœux l'introduction de la physiologie dans la médecine. Une quinzaine d'années plus tard, un de vos plus célèbres professeurs de clinique et qui a laissé dans toute l'Alsace un nom vénéré, Ch. Schützenberger, réclame avec force la création d'un laboratoire de chimie pathologique annexé aux cliniques de la Faculté, montrant la nécessité de cette création. Et c'est lui aussi qui regrette, avec quelle amertunie ! que son collègue Küss, professeur de physiologie, ce maître dont des générations d'étudiants ont recu l'original et suggestif ensei- gnement, non seulement à Sirasbourg par la parole, mais à Paris et dans la France entière par le livre que publia par la suite, après 1870, l’un de ses meilleurs élèves réfugié à Paris, ce savant plein d'idées ne parvienne pas à obtenir du Gouvernement impérial un laboratoire de recherches. Dans une occasion solennelle, où il parle au nom de la Faculté, en 1867, écoutez ce que dit encore Schützenberger : « La phy- siologie expérimentale a toujours marché de pair avec l'anatomie et l'histologie au sein de celle Ecole. La mort prématurée d'Alexandre Lauth n'a pas arrêté l'essor qu'il avait imprimé à cette partie fondamen- tale de la science biologique. Ce qui pouvait paraître aventuré, il y à “quelques années, dans les doctrines physiologiques de ceite Ecole, ce que M. Küss disait déjà dans son concours sur la vie physiologique et pathologique de la cellule, est deveau aujourd’ ur une vérilé scientifi- que acquise. « L'influence de la DE op e. de l'anatomie et de l’ soleaie io giques sur les progrès de la médecine a été immense. Sans cet ordre de notions fournies par ces sciences d'origine récente, il n’est plus possible aujourd'hui d’äborder leterrain de la clinique. » Et plus loin, avec quelle prescience il annonce que les sciences physico-chimiques «qui se culti- vent avec une persévérante ardeur au sein de cette Ecole et qui jusqu’à présent semblent moins directement médicales, deviendront aussi fonda- mentales que l'anatomie et l'histologie, dès qu’elles seront en mesure d'aborder plus franchement le terrain biologique. » Disant tout cela, il était en avance et avec lui la Faculté dé Strasbourg, foyer d'initiatives 1956 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE 7 intelligentes, d'au moins un quart de siècle sur la majeure partie des professeurs de l'Ecole de Paris. Aussi peut-il déclarer non sans fierté que « la Faculté de Strasbourg a toujours été et restera toujours une Ecole expérimentale, une Ecole pratique, une Ecole de science posi- tive ». La science positive, à Strasbourg, apparait donc liée à la méthode expérimentale, comme l'expérience fut et reste le principe directeur de toutes les recherches apportées à la Société de Biologie. Pendant longtemps, Messieurs, cette Société a été presque exclasive- ment parisienne. Sans doute, elle avait des correspondants en province et à l'étranger, etelle a compté des Strasbourgeoïs parmi ces membres correspondants, le célèbre chirurgien Sédillot et Stoltz, le grand obsté- tricien, et Beaunis, le physiologiste à l’érudition si étendue et si solide et chercheur original, pour ne citer que les plus connus. Mais souvent ces correspondants participaient assez peu à notre activité. Depuis vingt ans, il s'est fondé de nombreuses filiales de notre Société dans les cen- tres d'enseignement provinciaux, à Nancy, à Bordeaux, à Marseille, à Lille, et à l'étranger même, à Bucarest d'abord, puis à Pétrograd, à Bruxelles, à Barcelone et à Athènes. Nous ne doutons pas qu'à Stras- bourg, où beaucoup des Maîtres de l'Université redevenue française sont nos collègues, il ne s'établisse une semblable filiale et que par l’activité productrice de vos professeurs et de leurs élèves nos publications et la biologie française ne se trouvent grandement enrichies. El ainsi les Fa- cultés scientifiques de l’Université strasbourgeoise et la Société de Biologie seront unies, non plus seulement, comme autrefois, par un lien théorétique, par des idées et des principes communs, mais aussi par des intérêts identiques, signe en quelque sorte matériel de leur solida- rité intellectuelle. Comment ne pas nous réjouir, sans doute en tantque _ Français d'abord, mais en tant que biologistes aussi, de votre retour à notre pays? : C'est dans cet esprit, Messieurs, que notre Société est heureuse de saluer votre Université et de lui offrir ses vœux de grandeur et de pros- périté. CONGRÈS INTERALLIÉ DE PHYSIOLOGIE. M. LE PRÉSIDENT annonce que, cette année, le Congrès interallié de physiologie aura lieu à Paris, du 16 au 20 juillet 14920. Il est extrêmement désirable que nos collègues y prennent une part active, et pour cela il est bon que dès maintenant ils annoncent la ou les communications qu'ils auraient l'intention de faire. En même SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1957 temps, ils indiqueront, soit à M. Gley, soit à moi-même, les appareils et tout le matériel expérimental dont ils auraient besoin pour répéter telle ou telle de leurs expériences originales. À PROPOS DE L'ACTION ANTISEPTIQUE DE L'ÉTHER, par A. SOULIGOUX. Dans une communication faite à la Société de Biologie (séance du 15 novembre 1919), au sujet de l’action de l’éther sur certains microbes, MM. Rouquier et Raoul Tricoire écrivent ceci : « Dans différents tra- vaux, M. H. Vincent a montré que l'éther tue rapidement le Bacille d'Eberth, etc.; ses recherches lui ont permis d’instituer une méthode générale de préparation de vaccins bien connue. Les chirurgiens Souli- goux, Morestin, les premiers, ont ulilisé, dans le traitement des périto- niles et des plaies infectées, les résultats précédents. La méthode du pansement à l'élther, très suivie notamment pour le traitement des plaies articulaires (Ombrédanne), est très répandue aujourd’hui. » Je ne saurais accepter de voir publier dans les Comptes rendus de la _ Société de Biologie que l’applicalion de l’éther en pansement est due aux travaux de M. Vincent. ; En effet, c'est moi et non d’autres qui suis l’auteur de ce pansement qui fut trouvé par moi, en 1892, et appliqué depuis dans les services de M. Tillaux et de M. Peyrot, où j'ai été comme chef de clinique et assis- -tant. Voici dans quelles condilions cette méthode de pansement fut trou- vée-- On amena en 1892, à l'hôpital de la Pitié, dans le service du professeur Le Fort, un malade sur les jambes duquel était passé un lourd camion fortement chargé. Les deux jambes de cet homme étaient broyées ; il y avait des fractures comminutives compliquées de plaies remplies de boue, et il me semblait impossible que l’on püût espérer la guérison sans - pratiquer l’ampulation rapide des deux membres. Le blessé refusa net- tement et, malgré mes conseils répétés, ne voulut rien entendre. Je pratiquai alors un nettoyage des plaies et, pour enlever la terre et les saletés qui les recouvraient, je me servis d'alcool et d'éther ; je plaçai ensuite un appareil plâtré sur chaque jambe. Or, à ma stupéfaction pro- fonde, cet homme ne fit pas d'infection et guérit. Je me demandai à quoi était dû ce succès inespéré et je conclus que l’éther, se volati- lisant plus facilement à la tempéralure du corps humain, avait pu désin- fecter la plaie en pénétrant dans les coins les plus reculés. Le panse- 57 1958 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE ment à l’éther était trouvé et je l'ai appliqué dans la suite d’une façon constante. - Je suis heureux qu'il ait rendu tant de services dans les plaies de guerre. Quant au trailement des péritonites par l'éther, voici dans quelles conditions il a été employé pour la première fois : J'avais à faire un anus contre nature pour obstruction intestinale consécutive à un cancer du rectum. Lorsque j'eus incisé la paroi anté- rieure de la fosse iliaque gauche, je m'aperçus que-le ventre était plein de matières. L'intestin avait éclaté. Par une laparotomie médiane, je trouvai que le point d’éclatement était le cæcum. Je fermai la perfo- ration et me rappelant que Morestin dans les hernies étranglées lavait l'intestin à l’éther, je fis sans grand espoir un lavage de toute ia cavilé abdominale avec un litre d’éther. Ma malade guérit. Encouragé par ce sujet, je priai mon ami Marcille qui, comme chirur- gien de garde, avait l’occasion de voir de nombreuses péritonites, de pratiquer ce lavage à l’éther. Aussi lorsque M. Morestin publia un cas de lavage à l’éther d’un sac ombilical atteint de péritonite, nous pûmes-M. Marcille et moi apporter à la séance suivante 44 cas où l’éther avait été ainsi employé. Vous voyez, Messieurs, et mon ami Martin pourra vous le confirmer, que l'emploi de l’éther en chirurgie est bien antérieur aux recherches si importantes et si intéressantes de M. Vincent et que j'ai raison d'en revendiquer la paternité. : M. Louis MarTix. — Puisque M. Souligoux invoque mon témoignage. je dois dire que j'étais présent lors de la première application d'éther au malade qui a été recu à l'hôpital de Ia Pitié avec deux jambes écra- sées. De plus, je puis ajouter que dès 1900 avec le D' Vaudremer nous avons utilisé l’éther pour tuer le pas tuberculeux sans détruire ses poisons (1). On a donc employé l’éther depuis longtemps comme antiseptique. Mais vis-à-vis des bacilles tuberculeux c'est un mauvais antiseptique ; il faut que le bacille tuberculeux séjourne très longtemps dans diner pour être sûrement tué. (1) Louis Martin et Vaudremer. Étude sur la tuberculose péritonéale du cobaye. Congrès de Médecine, section de bactériologie et parasitologie, Paris, 1900. Ib. Les bacilles tuberculeux dégraissés. Comptes rendus de la Soc. de Biolo- gie, t. LXI, p. 258, séance du 13 octobre 1906. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 19259 MILIEUX DE GULTURES AU POISSON, par E. HARDE et A. HAUSER. Nous n'avons pas l'intention de présenter ces milieux comme une mouveaulé; le milieu poisson a été signalé dans quelques recherches anciennes, en parliculier, par Hip Martin ; celui-ci préconisait une gélose au hareng glycérinée avec peptone pour la culture du B. tuberculeux; mais l'emploi de ces milieux parait surtout limité à la culture des bactéries lumineuses. Vu la situalion acluelle, il nous a paru intéressant d'étudier ces milieux économiques. Nous avons préparé deux milieux avec de la chair de merlan. Préparation du müiu n° 1. — Chair de merlanu découpée en morceaux de 4 centimètre carré enviror, 1 morceau pour 1 tube ordinaire, ajouter 8 c.c. d’eau, stériliser à 120°, pendant 20 minutes. Préparation du milieu n° 2. — 500 grammes de chair de merlan pour 1 litre d'ean: cuisson, 20 minutes. Filtrer sur papier, stériliser à 120° pendant “20 minute:, le milieu est neutre au tournesol, répartir et utiliser ce bouillon comme le bouillon de viande pour la préparation d’une gélose à 1,5 p.100 et -de gélatine à 15 p. 400 (alcaliniser) de bouillon sucré à 2 p. 1.000, etc. Nous faisons remarquer que nolre milieu est préparé sans peplone et -sans sel. Les divers germes ensemencés sur ces milieux sont : Gonocoques, B. coli. Méningoco ques, Dysentériques, Streptocoques, Pyocyaniques, Pneumocoques, Charbon, Staphylocoques, Tétanos, : . Diphtériques, B. perfringens. Typhiques, Les germes aérobies donnent des cultures comparables à celles que J'on obtient sur les milieux usuels en 24 heures. Sur les préparations faites avec les cultures, on observe des variations morphologiques du -streptocoque (chaînes très longues avec de nombreux éléments lysés), -du bacille dysentérique (cocobacille renflé, espace clair). Les germes anaérobies poussent sur le milieu {n° 1) avec fragment de poisson, ce qui constitue en réalité une variante du milieu de Tarozzi. “a obtient très rapidement en 15 heures pour le bacille tétanique une abondante culture, tandis qu'avec le milieu n° 2 liquide nous n'avons “obtenu la culture qu'après 48 heures. En gélose profonde, milieu n° 2, 1260 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE le bacille per/ringens donne après vingt-quatre heures de nombreuses colonies. fitalité des cultures. — Nous avons pratiqué 17 repiquages d'un pneu- mocoque : la culture en milieu n° 1 était encore vivante après 18 jours (48 heures d’étuve et 16 jours à la température du laboratoire); une culture en milieu T, conservée dans les mêmes conditions, était stérile. Le bacille pyocyanique n’a pas perdu ses propriétés chromogènes au bout du vingtième repiquage (vérification due à Lobligeance= de M. Gessard). Le méningocoque se conserve bien. Gonocoque. — La culture d'un gonocoque sur gélose inclinée et éga- lement en bouillon filtré est assez belle en 24 heures, presque aussi abon- dante qu’en milieu additionné d'ascite ; nous ferons remarquer que notre milieu facilement stérilisable (sans ascite) se conserve bien (trois semaines, peut-être plus). Les repiquages des cultures. des autres germes se sont bien. poursuivis. Virulence. — Le milieu n’est pas toxique pour la souris. Jusqu'ici nous ne nous sommes préoccupés que du pneumocoque (germe fragile), 2 souris ont été éprouvées (1/2 c.c. dans le péritoine) avec des cultures d'un même pneumocoque cultivé, l’un sur milieu T et l’autre sur notre milieu filtré (15° passage), milieu n° 2, sans addition de sucre. Ces deux souris sont mortes à quelques heures de distance, l’ensemen- _cement du sang du cœur a donné du pneumocoque dans les deux cas. Nous avons voulu vérifier si des microbes non entraînés dans les milieux artificiels donnaient une culture dans notre milieu. Les ense- mencements de mucus nasal et pharyngé ont donné les mêmes résultats qu'en milieu ordinaire, en ce qui concerne le pneumocoque, le strepto- coque et autres bactéries banales. Ces recherches préliminaires montrent déjà la facilité avec laquelle on peut préparer un milieu simple pour la culture de germes tels que : gonocoques, pneumocoques et streptocoques. En ce qui touche le point de vue économique : le prix de la viande varie entre 4 et 5 francs le 1/2 kilogr., plus la peptone devenue très coù- teuse; le prix du merlan varie entre 4 fr. 50 et A fr. 75 le 1/2 kilogr. au détail. L'avantage économique seul nous encourage à poursuivre cette étude el nous espérons substituer au merlan un poisson ou crustacé meilleur marché. Nous continuons nos recherches, en particulier pour l'étude de la virulence et de la production des ioxines et pour la préparation de- milieux spéciaux. rs. du SÉANCE DU 6 DÉGKMBRE 1261 SUR LE TÉTANOS EXPÉRIMENTAL DU CHEVAL, par J. Basser, MonvoisiN et PINCEMIN. L'inoculation accidentelle de culture tétanique chez des « chevaux à sérum »; d'autre part, l’inoculation expérimentale de toxine tétanique à des chevaux voués à l’équarrissage pour des raisons diverses, ont donné lieu à des observations qui seront publiées en détail dans le Bulletin de la Société centrale de médecine vétérinaire et dont voici Le résumé : La toxine utilisée, injeelée sous peau de la cuise à la dose de 1/1.000 de c.c., tue, en 43 heures, le cobaye de 300 grammes. A la dose de 1/10.009 de c.c., elle produit un tétanos local (eurable en 40 jours) de la patte inoculée. £ s DURÉE DURÉE TEMPS ÉCOULÉ QUANTITÉ DE TOXINE INJECTÉE de de Se et L'INCUBATION | LA MALADIE L'INJECTION ET LA MORT LIEU DE L'INJECTION (chevaux de 420 kil. en moy.) Jours |Heures| Jours | Heures Jours . dans le péritoine. .| — le péritoine. . — la veine . sous la peau, encolure . — jambe . — encolure . . — paturon ant. : — patur. post. 0 c.c. — patur. post. °9 sc0opee OLA OO QG OQ Q1Q 0 2 2 2 2 1 1 21 1 Où & À & & © 02 © D = N D D D — D CS OD'O On CT Or Et à Es = (1) Mort le 10° jour d'une maladie intercurrente. Les symptômes ne donnent aucune indication sur le lieu d’inocu- lation (4). Aucun des chevaux inoculés aux membres (jambe, paturon anté- rieur, paluron postérieur) ne présenta le moindre signe pouvant être rapporté au point d’inoculation. Chez tous, c’est Le signe du corps clignolant qui est le premier symptôme enregistrable. Lui seul existe, alors que les allures ne trahissent encore aucune gêne des membres, alors que, chez le cheval inoculé avec 1/10 de c.c., la gène des posté- _ rieurs — toujours précoce — n'apparaissait que 30 heures plus tard. __ Toutefois, le cheval inoculé à la base de l’encolure (surface du mas- (1) Confirme conclusions de J. Courmont et Doyon. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 1892. 1962 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE EEE EEE ioïdo humérai) avec 2 e.c. de toxine, a présenté un tétanos local se traduisant par les symptômes de l’entorse de l'encolure. Cet accident n’a pu être reproduit; il reste très exceptionnel. Chez le cheval, à n'existe pas de lélanos splanchnique. Les chevaux injectés dans le péritoine ont présenté tous les symp- tômes du tétanos musculaire — et pas d’autres. Quel que soit le lieu d'inoculation : sang, péritoine, tissu conjonctif sous-cutané, les sympiônes ne.varient pas; ils ne sont influencés ni dans le lieu de leur apparition, ni dans leur succession chronologique, ni dans leurs caractères. Chez le cheval, le télanos est un. Force est bien de conclure que, chez le cheval, la toxine est absorbée par les capillaires et que, très généralement, c’est par la voie sanguine qu'elle arrive aux centres nerveux. FIÈVRE TYPHOÏ0E DU CHEVAL ET ANÉMIE INFECTIEUSE, par J. BASSET. J'ai antérieurement démontré (1) que la fièvre Lyphoïde du cheval est inoculable, causée par un « virus filtrant »; que le virus existe dans le sang où il persiste in vitro (glacière) pendant plus de 45 semaines, in vivo pendant 5 mois environ; qu'une première atteinte de la maladie confère une résistance complète et immédiate expérimentalement pen- dant 4 mois au moins, cliniquement pendant 18 mois au moins; qu'au début la fièvre existe seule pendant 2 ou 3 jours et que par suite, en temps d’épizoolie, le thermomètre permet de reconnaitre l’éclosion de la maladie et d'assurer aux malades les meilleures chances de guérison. Cliniciens etexpérimentateurs ayant été vivement frappés par l’étroite similitude des symptômes que présentent les chevaux affectés de fièvre typhoïde et les malades souffrant de la forme aiguë de l'anémie, il importait de vérifier, par l'expérience, s'il s'agissait d’entités morbides distinctes, et de les comparer. Les expériences réalisées démontrent que : 1° Fièore typhoïde et anémie ‘infectieuse sont des maladies distinctes, car plusieurs semaines après la guérison apparente de la fièvre typhoïde, alors que leur sang charrie encore le virus et qu’ils ne réagissent pas à de nouvelles inoculations de ce même virus, les iyphiques contractent, comme des chevaux neufs, l’anémie infectieuse. (1) Comptes rendus de l'Acad. des sciences, 21 août 1911; Recueil méd. vétér., 15 septembre 1911, 45 février 1912; Bull. Soc. cent. méd. vétér., 12 mars 1912. SEANCE DU 6 DÉCEMBRE 19263 2° Ce sont des maladies non seulement distinctes, mais très difjé- rentes, car, contrairement à la fièvre typhoïde, l'anémie infectieuse est maladie essentiellement chronique. Dans l'anémie, en effet, comme dans les formes chroniques de lant de maladies microbiennes, tubercu- lose, morve, paludisme..., l'équilibre de l'organisme. parasité est à la merci d'une cause plus ou moins bénigne, plus ou moins banale ou spécifique. EL je propose de baser, sur ces constatations expérimentales, une méthode diagnostique de l’anémie. Les maladies déterminées par les parasites visibles du sang étant éliminées, le diagnostic sera basé sur la rémittence ou l'intermittence de la fièvre. En l’absence d'accès fébriles spontanés, on les provoquera par l'injection, dans le sang, de sérum d’un cheval quelconque (1). Point n’est besoin de provoquer plusieurs accès fébriles; un seul accès provoqué, apparaissant 24 heures environ après l'injection déclanchante, assurera le diagnostic. B. coli COMME INDICATEUR DE LA PROTÉOLYSE, par E. WozLmaw. On est souvent amené à cultiver des microbes dans des milieux albu- minoïdes liquides et à rechercher s'il y a ou non attaque des protéines décrit, dans la réparation chirurgicale des lésions musculaires, avec perte de substance, reste problématique : la régénération est peu vigoureuse et le muscle denou- velle formation est très scléreux. SUR L'ÉLABORATION D£ LA. GRAISSE DANS L'ÉPITHÉLIUM PULMONAIRE. Note de F. GRANEr, présentée par L. VIALLETON. Poursuivant nos recherches sur les cellules à graisse du poumon, nous avons étudié lout particulièrement à ce point de vue chez le rat (Mus decumanus) l'épithélium des alvéoleset des dernières ramifications bronchiques. Comme technique, nous avons eu recours à des méthodes de fixation très diverses, toujours après injection trachéale : méthodes courantes, méthodes spéciales de fixation de lipoïdes (Ciaccio, Ciaccio- Marchi), méthode mitochondriale (Regaud). Lorsqu'on examine un poumon fixé au liquide de Ciaceio et coloré au soudan Ill, on est frappé de l'abondance d'enclaves graisseuses siégeant dans les cellules de l’épithélium. Et d'abord, au niveau du revêtement alvéolaire, dans les deux sortes d'éléments qui le consti- tuent, grandes plaques et petites cellules nucléées, mais surtout chez ces dernières, on trouve un cytoplasme très riche en granulalions sou- danophiles. Ces granulations sont en tous points comparables comme forme et comme dimensions à celles que nous avons décrites précé- demment dans les cellules libres des cavités alvéolaires. li en est de même au niveau des cellules épithéliales des dernières ramifications bronchiques, mais ici la quantité de grains soudanophiles est bien moindre. Signalons que cet épithélium bronchique est le siège d’une prolifération cellulaire active : on voit des cellules sorties du rang et placées comme un coin entre deux voisines, d’autres déjà expulsées dans la lumière de la bronche, d’autres enfin libérées de l’épithélium mais encore élalées à sa surface. Il faut voir dans cette desquamation une des origines des cellules à graisse libres des cavités alvéolaires. Car ce n'est point leur seule origine. L’épithélium alvéolaire par sa desquamation y participe aussi. Du reste, on ne peut être frappé de l’analogie des enclaves graisseuses dans les deux cas. Nous admeltons donc que les cellnles libres des cavités alvéolaires ont une origine 1368 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE épithéliale. D'ailleurs, Guieysse-Pellissier vient tout récemment d’af- firmer leur origine alvéolaire. De ceci, il découle que les cellules libres de l’alvéole représentent la fin des cellules de l’épithélium pul- monaire. È L'étude des enclaves graisseuses du revêtement épithélial du poumon nous à conduit logiquement à faire l'étude de son appareil mitochon- drial signalé en 1914 par Meves et Tsukaguchi. Nous avons employé la méthode de Regaud à l'hématoxyline au fer. Disons tout de suite l'importance du chondriome au niveau du revête- ment alvéolaire et tout particulièrement au niveau des petites cellules nucléées. Ce sont, en effet, des éléments très riches en chondriocontes. Dans les cellules où la diflérenciation est bien exacte, ils se présentent concentrés autour du noyau dont la ligne est à peine indiquée, sous forme de bâtonnets trapus à contour très net, vivement colorés en noir, flexueux, et qui apparaissent en faisant varier la mise au point comme disposés en anse autour du noyau. Ils ne forment pas toutefois un réseau, on voittrès bien qu’ils sont indépendants, n'ayant les uns avec les autres aucune anastomose. Signalons aussi qu'il existe dans ces petites cellules nucléées de l’alvéole des mitochondries, mais peu abondantes. Certaines particularités ont attiré notre attention : et d’abord, iln’est pas rare de voir à l'extrémité d'un chondrioconte une portion renflée en sphérule. D’autres fois, on observe des fragmentations de chondrio- contes de deux ou trois segments qui aboutissent aussi à la formation de sphérules dont la disposition en chaïnettes traduit l’origine chon- driocontique. Enfin, d’autres sphérules proviennent de l'accroissement des grains mitochondriaux. Ces sphérules par leur nombre forcent l'attention. Tandis que les plus petites sont entièrement colorées en noir, d’autres plus volumineuses montrent très nettement un centre clair, d’autres, enfin, à un stade plus avancé, sont constituées par une sphère claire entourée d’une coque noire. Il s’agit ici, à n’en pas douter, d’une transformation des grains mitochondriaux ou des chondriocontes en plastes graisseux. Pour compléter cette élude du chondriome, signalons que, dans les grandes plaques anucléées de l’alvéole, on voit quelques chondriocontes fins, parallèles à la surface, et que dans les cellules bronchiques il existe chondriocontes et plastes comme dans les petites cellules nucléées de l’alvéole, mais en quantité moindre. Comme conclusions, il nous semble que nous pouvons considérer les peliles cellules nucléées de l'alvéole avec leur riche chondriome et leurs plastes graisseux comme des éléments doués d’une grande activité et possédant tous les caractères cytologiques d’une cellule glandulaire. Cette activité se traduit par l'élaboration de granules de nature grais- seuse qui, d’après ce que l’on sait sur les graisses de l'organisme, jouent peut-être un rôle dans la genèse ou la fixation de certaines substances. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1369 Ces faits histologiques nous ont paru intéressants à signaler, car ils sont peut-être en relation avec la théorie physiologique de Bohr d’après laquelle les échanges gazeux du poumon sont liés à une activité sécré- toire bien plus qu’à une simple diffusion osmotique. (Travail du Laboratoire d’Histologie de la Facullé de Médecine de Montpellier.) SUR LA FAÇON DONT LES LARVES D'Apanteles glomeratus SORTENT DES CHENILLES DE Pieris brassicæ, par CL. GAUTIER. Lorsqu'on élève dans un même récipient de pelites chenilles de Pieris brassicæ nées en captivité d’une même ponte, et qu'on a fait piquer au même moment par Apanteles qlomeratus, Linné, il n’est pas rare d'observer quelques chenilles qui présentent, par rapport à leurs sœurs, un notable retard de développement. Aussi, lorsque les chenilles les plus développées se meltent à tisser le tapis de chrysalidation, cer- taines, qui au lieu d’avoir les dimensions de l'adulte, ne mesurent que 3 ou 4 centimètres, cessent également de manger et tissent leur tapis. Bientôt les larves d’Apanteles sortent aussi bien des grandes chenilles qui se sont fixées que de celles à développement retardé. Pendant ce temps, d’autres chenilles, plus ou moins développées, lissent ou conti- nuent de manger, la sortie des parasites de même infestation, comme d’ailleurs la chrysalidation des chenilles de même origine, s’échelon- nant sur plusieurs jours pour l'ensemble de la colonie. Les chenilles de Püeris brassicæ qui vont donner des chrysalides s’attachent par un lien placé toujours au méme endroit sur le dos et les côtés du corps. Les chenilles parasitées par Apanteles glomeratus ne s'attachent jamais : le moment de la pose du lien chrysalidaire peut donc être donné comme la limite en decà de laquelle les larves d’Apanteles glo- meratus sortent chez Pieris brassicæ, mais au delà de laquelle il n'en sort jamais. Les modifications de coloration que certains ont attribuées aux chenilles parasitées ne sont pas constantes et dépendent certaine- ment d’autres conditions. Au niveau de là région où les Apanteles vont sortir, le corps de la chenille présente des bosselures mouvantes, puis de petites saillies d’où émergent les têtes des larves parasites. Ces larves perforent, on peut dire simultanément, et presque toutes à la fois, la peau de la chenille, chacune sortant par un orifice particulier. Il n’est pas rare de voir ulté- rieurement sortir quelques retardataires dont quelques-unes utilisent peut-être les orifices forés par des larves déjà sorties. 1370 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Les larves d’Apanteles apparaissent au jour sur plusieurs rangs super- posés irréguliers, parfois sur un seul rang si leur nombre est minime. De chaque côté du corps de la chenille, le nombre de larves qui sortent est à peu près le même, parfois plus grand d’un côté. La sortie se fait surtout sur les flancs, au-dessus des fausses pattes abdominales, mais quelques larves sortent plus en avant vers la tête, ou plus en arrière vers l’autre extrémité du corps. Il n’est pas rare de voir des larves sortir sur le dos, tout près de la ligne jaunâtre médio-dorsale, parfois même en plein sur cette ligne. Quelquefois une ou deux larves sortent à la face ventrale de la chenille, entre les pattes, d’autres apparaissent à la face externe, rarement interne, des fausses pattes abdominales, parfois à l'extrémité même de ces pattes. La sortie se fait la plupart du temps sans trace d’hémorragie. Encore engagées dans le corps de la chenille, les larves commencent à tisser leurs coques, attachant le fil au tapis de chrysalidation ou aux fils émis par les larves voisines. Après la sortie sur les deux flanes, les deux groupes de parasites, en tissant, peuvent se réunir en un seul amas sous la chenille qu'ils soulèvent, ou donner au contraire deux groupes, souvent entièrement séparés, de cocons, un groupe sur chaque côté de la chenille. La chenille n'est pas fixée par le tissage des larves parasites. On la trouve parfois morte sur ou entre les amas de cocons; mais, surtout pendant la belle saison, après quelques heures de station sur ses para- sites, elle s’en va la plupart du temps périr à quelque distance, non sans avoir parfois tissé sur l’amas de cocons un nouveau tapis, très dense, qu'il convient d'appeler fapis de recouvrement de Gædaert. Les chenilles vidées de leurs parasites ne mangent plus, tissent quelques filaments et meurent après un temps variable en quelques jours. Jamais, sur des milliers, pendant trois ans que j'ai fait mes observations, je n'ai vu une seule de ces chenilles vidées donner une chrysalide. Ceci est d’ailleurs conforme aux observations de Martelli. D'assez nombreux auteurs, dont le dernier en date est certainement J. B. Gatenby (1), ont figuré la sortie des larves d’Apanieles glomeratus hors de la chenille de Pieris brassicæ. Martelli (2) a remarquablement décrit le phénomène. Mais déjà Jean Gœdaert, au xvn° siècle (Histoire natureïle des insectes selon leurs différentes métamorphoses), dans sa XI* expérience, à propos des chenilles du papillon blanc du chou, observait que certaines « rendaient de chaque côté quantité de petits vers », dont chacun se mit à filer une petite maison de soie jaune; il vit ensuite les chenilles les joindre avec de la soie « comme avec des liens (1) Gatenbv. Jowrnal of Linnenn Society. London, 1919, vol. XXXIII, p. 387. (2) Martelli, Boll. del Lab di Zoologit g'nerale et Agraria, Portici, vol. I, p. 170, 1907. SÉANCE DU 27 DÉCEMBRE 1 DEA d'amour. Après quoi, encore toute couverte des plaies d'où ces vers, au nombre de plus de quarante, étaient sortis, la chenille survécut sans avoir pris aueune nourriture du 44 au 28 septembre ». De Réaumur vit aussi sur des chenilles du papillon blanc «un ver sortant sur un des côtés de la chenille, et peu après un autre sur un autre endroit du même côté... Successivement l'animal se trouva criblé des deux côtés par différents vers. Il en sortit quatorze à quinze d’un côté et quinze à seize de l’autre, et cela en moins d’une demi-heure ». L'illustre auteur dit aussi que des vers sortent des chenilles liées pour la chrysalidation et des chrysalides (1). Il aurait même vu quelques chenilles qui « malgré toutes leurs plaies » se métamorphosèrent en chrysalides, mais en chrysalides qui périrent bientôt. L'opinion de J.-H. Fabre sur le même sujet estabsolument controuvée par les citations précédentes et par la description de Martelli et la mienne. La sortie des parasites, d'après Fabre, se ferait de la façon suivante : « À la face ventrale, ou bien sur les flancs, jamais sur le dos, une brèche s'ouvre unique... En une brève séance, par celte unique ouver- ture, toute la horde sort, bientôt frétillante et campée sur la surface de la chenille. » SUR L'ALIMENTATION DES CHENILLES DES GENRES PIERIS ET EUCHLOE, par Cc. Gaurier et Pa. RIEL. Dans son livre sur le 7ransformisme et l'Expérience, à l'article allo- trophie, E. Rabaud distingue « des animaux polyphages et des ani- maux monophages (à régime exclusif). La polyphagie ne présente pas toujours le même degré: un animal sirictement phytophage, mais qui accepte plusieurs sortes de plantes, est dit polyphage, aussi bien qu'un animal omanivore ». Plus loin l’auteur range les chenilles de Pieris brassicæ parmi les Lépidoptères polyphages. L'alimentation de cette espèce présente des particularités remarquables. « La chenille de. Pieris brassicæ, écrivait déjà J.-H. Fabre, se nourrit indistinctement du feuillage de toutes les variélés du chou, si dissemblables d'aspect. Sa plante nourricière originelle élait apparemment une Crucifère, plus ou moins assaisonnée d'essence sulfurée comme le sont les choux. » Fabre a élevé à partir de l'œuf les chenilles de Pieris brassicæ avec Diplotaxis tenuifolia D. C., Sinapis incana Lin., Zsatis Hinctoria Lin., Raphanus raphanistrum Lin., Lepidium draba Lin., Sisymbrium offci- (1) Le dessin de Réaumur ne permet pas de douter qu'il ait vu les larves d’Apanteles glomeralus sortir de la chenille de Pieris brassiræ. 1372 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE nale Scop. Toutes ces plantes sont des Crucifères. Dans la nature il trouva des colonies prospères de Pivris brassicæ sur Diplotaxis tenui- folia, Raphanus raphanistrum, Sinapis incana. Et le grand entomolo- giste conclut: « S'il n'y a pas dans la Pieride un discernement inné qui la guide, il est impossible de comprendre la grande extension de son domaine botanique. Il lui faut pour sa famille des Crucifères rien que des Crucifères, el ce groupe végétal lui est connu à la perfection. Un demi-siècle et davantage, j'ai passionnément herborisé. N'importe, pour apprendre si telle et telle autre plante, nouvelle pour moi, est ou n’est pas une crucifère, en l'absence de fleurs et de fruits j'aurais plus de foi dans les affirmations du papillon du chou que dans les savantes archives du livre. » Nous énumérons dans le tableau ci-contre, d’après C. Frionnet (1), les plantes dont se nourrissent (ou sur lesquelles on a trouvé) les che- nilles de Pieris et d’Euchloe . On y verra que dans l’ensemble les che- nilles des espèces européennes des genres Pieris et Euchloe se nourrissent d’un grand nombre de plantes appartenant aux familles des Crucifères, des Tropæolacées, des Résédacées. I faut y joindre aussi les plantes de la famille des Capparidacées. G. Goury et J. Guignon (2) rappellent en effet que tous les auteurs signalent sur les Capparidées « plusieurs Piérides que nous avons déjà rencontrés sur les Crucifères : Pieris bras- sicæ Lin., napi Lin., rapæ Lin., daplidice Lin., Euchloe cardamines… Ce qui tendrait à prouver que les principes actifs de ces deux familles sont à peu près de même valeur et que la place des Capparidées est bien à la suite des Crucifères ». L'étonnement de J.-H. Fabre en présence du discernement botanique des Pieris (et celui des Æuchloe n’est pas moindre) aurait considérable- ment augmenté si le vénérable naturaliste se fût arrêté à la méditation des faits ci-dessus. En 1890 et 1893, Guignard (3) a solidement établi, en effet, les étroites affinités chimiques des Crucifères, des Tropæolacées, des Capparida- cées, des Résédacées. La myrosine a été trouvée chez la plupart des plantes de ces familles où on l'a cherchée. Presque toutes renferment des glucosides sulfurés (tels que la sinigrine, la sinalbine, la gluco- tropæoline), lesquels, après broyage des cellules, se décomposent avec hydratation, sous l’action de la myrosine, en glucose, éthers isosulfo- cyaniques ou sénevols, qui n'existent d'ailleurs pas dans les tissus vivants de la plante (isosulfocyanate de butyle secondaire, d’allyle, de p.oxybenzyle des Crucifères, isosulfocyanate de benzyle des Tropæola- cées, isosulfocyanate de phényléthyle des Résédacées) et restes divers. (1) C. Frionnet,. Les premiers états des Lépidoptères français. (2) G. Goury et J. Guignon. Feuille des jeunes Naturalistes, 1908, p. 118-119. (3) Guignard. Comptes rendus de. l'Acad. des Sciences, 1890, 1893. "wununquout Wnaratadu Uno PLouy9DuN OTPOTONETATAIS ‘S999E] -nsse4} ‘(suessoon ‘de p) OÔD91payr ‘DJDAOPO DPISAI ‘D109}N] POS °DOIN) VPISOUY “nyDDraæ) DI191NIS1 *Duhiprp 119981 soprouoydne æIyonx "SIQDUT “S2Sodiuna DIS SDAY “sr4nbmna DID QD “DAD1)70 umruqufisrs ‘DAQDPÈ Sun] "sua dun UV PADT) *S1SU97 DA AUVUDP A0!) 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COMPTES RENDUES. — 49 9. T. LXXXII. 1374 SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE Gräce à quelles sensations ces Piérides (papillons et chenilles d’ail- leurs) perçoivent-ils les similitudes chimiques qui sans doute imposent . leurs adaptations botaniques? Nous rappellerons avec E.-L. Bouvier (1) que d’après les expériences de Lubbock (1875) « les insectes anthophiles sentent fortement les huiles essentielles et que l’on doit penser que l'odeur de ces huiles n’est pas sans jouer un rôle dans les sensations complexes qui permettent aux insectes d’être de bons botanistes ». L’anthophilie ne pouvant étre ici en question, il semble bien que dans le cas des Piérides, ce ne sont nullement des sensations visuelles, mais des sensations olfactives (non dues loutefois aux sénevols) qui guident les papillons dans leur ponte sur une immense diversité morphologique de plantes chimiquement apparentées. Pour les choix alimentaires des chenilles, la gustation intervient sans doute aussi. Dans un prochain travail, nous envisagerons l'alimentation des divers genres de la famille des Pieridæ et nous tirerons de nos remar- ques quelques données pour la systématique. (1) E.-L. Bouvier. Vie psychique des Insectes, 1918, p. 183. 1375 REUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX SÉANCE DU 2 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE DcBreuiz (G.) et LaAmArQuE (P.) : bres. Sa valeur dans le pronostic Sphincters lisses plexiformes des et dans les indications thérapeu- canaux alvéolaires et des acini du TUE SES EAN eee ER 1378 poumon des mammifères. Morpho- PORTMANN (G.) : Recherches sur Joie StRUC Eure ER UE 1375 | le sacet le canal endolymphatiques : JEANNENEY (G.) : Indice oscillo- sac et canal endolymphatiques du métrique et surveillance de l’anes- CODAV OR RC MP RE 1384 CÉSAR 1381 SABRAZES (J.) : Cellules de revête- Murazrer (L) : Présence de Tri- ment de la cavité du kyste gazeux chocéphales et d'œufs de Trichocé- solitaire du poumon . ........ 1389 phales dans le foie de Mus decu- SABnAZËS (J.) : Coloration post- TOONTU SRE PARU ES :.. 1383 | vitale au bleu de toluidine phé- Prcoué (R.), Lacoste (A.) et Lar- LR NL LE AL RE A DE DR 1391 TIGAUT (R.) : L'’hypoglobulie pré- SaBrAzËs (J.) : Kyste gazeux soli- coce des grands blessés des mem- TAFENAURDOUMONN RS SR ee 1387 Présidence de M. Bergonié. SPHINCTERS LISSES PLEXIFORMES DES CANAUX ALVÉOLAIRES ET DES ACINI DU POUMON DES MAMMIFÈRES. MORPHOLOGIE, STRUCTURE, par G. DuBreuiz et P.: LAMAROUE. Il est'admis que les muscles lisses des bronchioles terminales se continuent au delà de celles-ci et pénètrent dans le parenchyme pul- monaire. On n’a guère ajouté à la description de Rindfleisch (1872) sur ce sujet : « Les faisceaux circulaires de fibres musculaires des plus petites bronchioles envoient dans l’orifice des infundibula des prolon- gemeats partiels qui pénètrent jusqu'au fond de ceux-ci. En deux ou quatre points les infundibula sont entourés de faisceaux musculaires lisses. C2s anneaux musculaires se trouvent dans les parties les plus saillantes en dedans des cloisons alvéolaires. » > Le peu d'importance attaché soit en physiologie, soit en phystopatho- 1376 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX logie à ces muscles nous détermine à reprendre cette question. Les PET poumons des mammifères ) domestiques sont un objet d'étude suffisant, auquel jes poumons de suppliciés ont ajouté les précisions néces- saires en ce qui concerne l'Homme. Les préparations les plus démonstratives sont les cou- pes de 30 à 50 millièmes de millimètre, colorées à l’hé- matéine et à l’éosine. Avec une bonne coloration Île muscle lisse est rouge sur un fond très pâle. Lorsque la coupe a inté- ressé une bronchiole ter- minale et, suivant son axe, un canal alvéolaire qui lui fait suite, on voit des fais- ceaux musculaires lisses au- tour de la bronchiole et dans chaque bourrelet de cloison alvéolaire. (Nous nommons « bourrelet » la partie renflée: qui termine la cloison alvéo- laire du côté du canal.) Il est facile de se convaincre que le bourrelet est causé par la présence, dans son intérieur, Muscle sphincter lisse plexi- forme d’un canal alvéolaire. Poumon de Bœuf. Coupe épaisse 1/20 de millimètre. La coupe a intéressé le canal alvéolaire suivant sa longueur, une partie seulement du muscle se trouve dans la coupe, on voit nettement sa forme en réseau. (Projection à la chambre claire et dessin au microscope hbino- culaire, gr., 1/200). SÉANCE DU ®? DÉCEMBRE 1377 des faisceaux musculaires lisses qui ont autour d’eux quelques grosses fibres élastiques (fibres d'orifice). Les fibres lisses, groupées en fais- ceaux, sont donc plongées dans la masse de tissu conjonclif qui ren- ferme en même temps les fibres élastiques et les fibres conjonctives. Le muscle ne quitte jamais, semble-t-il, le bourrelet, et on ne trouve aucune fibre lisse dans les minces cloisons alvéolaires, ce qui est con- forme à l'opinion classique. Chaque faisceau musculaire est formé de 1 à 5 fibres. Pour avoir une idée nette de la forme et de la distribution des muscles des canaux alvéolaires, il faut les voir, coupés suivant leur lon- gueur, dans une coupe épaisse de poumon légèrement rétracté. On voit alors, sur une coupe heureuse, le muscle développer une série de mailles entrées les unes sur les autres, envoyant une série de faisceaux dans les plans variés de facon à former dans l’ensemble un riche réseau musculaire dont chaque maille embrasse l'ouverture d’un alvéole (fig. L). On voit sur la figure le magnifique entrelacement des faisceaux museu- laires, mais on n’a une bonne idée du dispositif plexiforme que par un examen au microscope binoculaire. On se rend compte aisément que la coupe (1/20 de millimètre) ne renferme qu'une partie du muscle total, qui se prolonge en réalité dans la coupe précédente comme dans la suivante, et s'enfonce très loin dans l’acinus pulmonaire. Ces muscles des canaux alvéolaires sont importants non seulement par leur développement, mais par leur nombre. Si l’on admet 50 à 100 bronchioles terminales dans chaque Jobule (Laguesse et d'Hardivil- liers), on peut admettre au moins 4 ou 5 canaux alvéolaires ou ramifi- cations secondaires de canaux, munis chacun d’un musele plexiforme. C'est donc, pour chaque lobule pulmonaire, 250 à 500 muscles plexi- formes capables de se contracter ensemble. On peut admettre à coup sûr que la musculature du parenchyme pulmonaire (muscles plexi- formes des canaux) est plus importante dans son ensemble que celle des bronches et bronchioles (muscles de Reissessen). Ajoutons encore que l’action de ces muscles se fait sentir d'autant plus qu'ils agissent sur le tissu peu dense, délicat et très ductile des cloisons alvéolaires. C'est un point de physiologie à envisager. En résumé : Les muscles des bronchioles terminales se continuent du côté des canaux alvéolaires par des faisceaux de fibres lisses qui forment dans leur ensemble un plexus. Ce plexus entoure de ses mailles la lumière des canaux alvéolaires. Les travées du plexus sont situées dans le bourrelet des cloisons alvéolaires. Ce muscle est donc un sphinc- ter plexiforme de chaque canal alvéolaire. (Travail du Laboratoire d'Anatomie générale et d'Histologie de la Faculté de Médecine de Bordeaux.) 1378 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX L'HYPOGLOBULIE PRÉCOCE DES GRANDS BLESSÉS DES MEMBRES. SA VALEUR DANS LE PRONOSTIC ET DANS LES INDIGATIONS THÉRAPEUTIQUES, par R. PICQUÉ, A. LacosTE et R. LARTIGAUT. Pratiquement, il est parfois difficile de savoir la part qui revient à l'hémorragie dans la gravité menacçante des phénomènes généraux pré- sentés par les blessés de guerre atteints de grosses lésions des membres. Cette détermination aurait pourtant une importance capitale pour for- muler avec précision le pronostic et instituer une thérapeutique judi- cieuse. MM. Depage et Govaerts ont cherché un critérium dans la numéra- tion globulaire précoce. Leurs recherches ont conduit ces auteurs aux conclusions suivantes : « On peut, en tenant compte du temps qui s’est écoulé depuis la blessure, considérer comme le signe d’une hémorragie extrêmement grave les chiffres de globules rouges suivants : 3 heures après la blessure, moins de 4.500.000; 3 à 8 heures après, moins de 4.000.000 ; 8 à 12 heures après, moins de 3.500.090. Une enquête analogue poursuivie sur nos blessés nous permet de confirmer d'une manière générale les conclusions précédentes et d'y apporter à certains égards quelques précisions. Nos numérations on! été faites sur le sang capillaire, pris à l'oreille. Nous elassons les blessés en trois catégories, À, B, CG, suivant la préco- cité de l’hypoglobulie et la gravité des signes généraux. SÉRIE À. — Blessés hémorragiques avec hypoglobulie précoce. 1. R.. Fracas extrême du membre supérieur droit. 11 heures après, 3.126.000 globules rouges. Tension max., 9; min., 2; lo 2. Amputation. Trans- fusion. Guérison. 2. GC... Fracas extrême de la jambe gauche. 5 heures après, 3.875.000 glo- bules rouges. Tension, 6, indifférenciée. Amputation. Transfusion. Guérison. 3. Ch... Fracas étagé du membre inférieur droit. 2 h. 15 après, 4.154.000 globules rouges. Tension, nulle. Amputation. Transfusion. Guérison. 4. Co... Amputation. Traumatisme de la jambe gauche. Fracas du coude droit. 1 heure après, 3.596.000 globules rouges. Tension, nulle. Pansement. Abstention opératoire. Mort immédiate. . Au... Fracas de la jambe droite. 5 heures après, 3.750. 000 globules rouges. Tension, 0. Amputation. Transfusion. Mort rapide. 6. T... Fracas des 2 membres inférieurs, 6 h. 30 après, 3.752.000 globules rouges. Tension, 0. Biamputation. Transfusion. Infection. Mort. 7. Bi... Fracas des 2 jambes. 2 heures après, 3.999.000 globules rouges. Tension, 9, indifférenciée. Biamputation. Transfusion. Mort rapide. 8. PL Fra£as de la cuisse gauche. 2 h. 15 après, 4.154.000 globules rouges. Tension max., 7, min, 5. Indice faible. Amputation. Transfusion. Infection. Mort. SÉANCE DU ® DÉCEMBRE 1379 9. Beur... Blessures multiples. Amputation. Traumatisme de la jambe gauche. 3 h. 30 après, 4.402.000 globules rouges. Tension, 0. Régularisation. Débridements. Transfusion. Infection. Mort. SÉRIE B. — Blessés hémorragiques sans hypoglobulie précoce. 10. L.…. Fracas de la jambe gauche. 5 h. 30 après, 4.154.000 globules rouges. Tension, nulle. Désarticulation du genou. Transfusion. Guérison. 11. V... Plaies multiples du membre inférieur gauche. Plaie de l'artère fémorale. 5 heures après, 4.557.000 globules rouges. Tension, 7, indiffé- renciée. Amputation de la cuisse. Transfusion. Guérison. 12. N... Fracas de la jambe gauche. Section des vaisseaux poplités. 6 heures après, 4.600.000 globules rouges. Tension, 0. Amputation de la cuisse. Trans- . fusion. Guérison. 43. Va... Blessures multiples. Fracas de l'humérus. Lésions des vaisseaux huméraux. 3 h. 30 après, 4.800.000 globules rouges. Tension, 5, sans diffé- rence. Amputation intradeltoïdienne. Transfusion. Guérison. 14. Dus... Sections de l’artère axillaire droite, en zone dangereuse. 2 h. 15 après, 5.022.000 globules rouges. Tension, 0. Ligature. Esquillectomie. Trans- fusion. Infection. Mort. 15. F... Fracas des 4 membres. 6 heures après, 4.247.000 globules rouges. Tension, 0. Pansement. Abstention. Mort immédiate. SÉRIE CO. — Blessés à hémorragie moyenne ou faible non hypoglobuliques wiécoces. 16. Au. Plaie du bras. Déchirure de l’artère humérale. 5 heures après, 4.433.000 globules rouges. Tension max., 16; min., 8; lo 3/4. Ligature. Gué- rison. 17. Dul... Fracas de l'huméral gauche. 5 heures après, 4.495.000 globules rouges. Tension max., 16; min., 8; Io 3/4. Amputation intradeltoïdienne. Gué- rison. 18. G... Fracas du membre inférieur gauche. 3 heures après, 4.557.000 glo- bules rouges. Tension max., 17; min.,7; lo 3. Désarticulation du genou. Gué- Trison. k 19. L... Polyblessé des membres. 6 h. 30 après, 5.053.000 globules rouges. Tension max., 12; min., 7; lo 3. Amputations multiples. Guérison. - 20. L... CG... Fracas du pied droit, 7 heures après, 5.185.000 globules rouges. Tension max., 10; min., 8; lo 3/4. Désarticulation médio-tarsienne. Gué- rison. 21. M. B... D... Fracas du genou gauche. 7 heures après, 5.200.000 globules rouges. Tension max., 9; min.,5 ; lo 3/4. Amputation de la cuisse. Guérison. Les blessés de la série À et de la série B sont comparables. L'abon- dance de l’hémorragie a pu être objectivement contrôlée soit par sa persistance, au moment de l’arrivée, soit par la souillure très marquée par le sang des objets de pansement, des pièces de vêtement, des toiles du brancard, tous phénomènes coïncidant avec un syndrome clinique général grave et l'ouverture de troncs artériels importants. Ils ont été 1380 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX justiciables les uns et les autres de la transfusion pré-opératoire ou post- opératoire, sauf un, mort en entrant à l'ambulance. Les blessés de la série C ont un état général incomparablement meil- leur. Les secours ont éié plus précoces et plus efficaces, l’hémorragie, dans le cas où elle s'est produite, a été rapidement maiïtrisée, et ne parait pas s'être aggravée dans les heures qui ont suivi immédiatement la blessure. ‘ De l'examen des résultats que nous rapportons découlent les conclu- sions suivantes : ne 1° L’'hypoglobulie précoce, dans les limités indiquées par Depage et Govaerts, coïncide bien chez les grands blessés des membres avec une hémorragie dont le pronostic est extrêmement grave. Sa constatation jointe aux autres signes commande une thérapeutique maxima. (Blessés, série À.) Nous ferons remarquer, toutefois, que la gravité de ces cas est non seulement immédiate, mais aussi secondaire, el résulte pour une bonne part de la sensibilité bien connue des hémorragiques aux infections, 2° Le maintien du nombre de globules rouges au cours des premières heures s’observe chez les blessés des membres qui n’ont subi qu'une hémorragie faible ou modérée. Cette donnée concorde avec les faits expérimentaux établis chez les gros animaux. (Série C.) 3° Enfin, on peut observer le maintien du nombre des globules rouges, au cours des premières heures, chez les blessés graves des membres, présentant un syndrome hémorragique très accentué et immédiatement alarmant, en même temps que des signes objectifs indiscutables d'une abondante émission sanguine. Ces hémorragies ont malgré tout des suites plus favorables que les premières à condition d'être traités con- venablement et à temps. (Série B.) La discordance entre la sévérité du syndrome hémorragique et l'absence d'hypoglobulie précoce n’est point pour nous surprendre. La gravilé immédiate et secondaire d’une perte de sang dépendant, comme on sait, non seulement de Son abondance même, mais de multiples fac- teurs, en particulier de la vitesse de l’écoulement sanguin, du retard au traitement, etc... Pratiquement, la connaissance de ces faits est importante. Elle montre que, en présence d’un blessé chez qui la numéralion du sang capillaire pratiquée au cours des premières heures indique un nombre de globules rouges normal ou voisin de la normale, on n’est pas auto- risé à conclure à la bénignité d’une hémorragie que les signes locaux et généraux montrent sérieuse; surtout on n'est pas autorisé à limiter l'action thérapeutique commandée par la gravité des phénomènes géné- Taux. SÉANCE DU ? DÉCEMBRE 1381 INDICE OSCILLOMÉTRIQUE ET SURVEILLANCE DE L'ANESTHÉSIE, par G. JEANNENEY. On sait que l’évolution de la pression artérielle peut permettre de suivre la valeur cardio-vasculaire d’un sujet pendant l’anesthésie. C'est ainsi que, depuis longtemps déjà, de Martel (1) a montré tout l'intérêt de la surveillance sphygmomanométrique dans les inlerven- lions cranio-rachidiennes. C’est ainsi encore que, plus récemment, Pierre Duval (2) a démontré par des courbes de pression l’innocuité relative de la thoracotomie. Mais une remarque est à présenter. Dans cette surveillance de l’anes- thésie par là sphygmomanométrie, la détermination des valeurs ax, min, et de la pression variable (max — min), destinées à permettre de juger de l'énergie cardiaque, est une manœuvre relativement longue. Or, ce sont justement les moindres défaillances et surtout les brusques défaillances du cœur dont le chirurgien doit être averti. Il est donc intéressant et important de pouvoir, dans ia circonstance, disposer d’un élément d'information aussi sûr, mais plus simple. C'est ce que réalise l’Indice oscillométrique. Conformément à la loi de Pachon (3) : « Toutes choses égales du côté de l'artère explorée, l'indice oscillométrique traduit la valeur de l'impulsion cardiaque », il suffit de jeter un coup d'œil sur les gra- phiques 1 et 2, pour voir le parallélisme avec lequel, dans le cas de l’anesthésie, lorsque le relâchement vasculaire est complet comme la résolution musculaire, les valeurs de l'énergie cardiaque sont également traduites par les variations de la pression variable et de l'indice oscillométrique. Le tracé 1 a été pris sur un blessé porteur d’une fracture infectée du fémur. Avant l'intervention, les valeurs oscillométriques sont bonnes max 15, min 10, Lo 2. Le chloroforme est administré à 10 h. 13 et le malade dort vers 10 h. 22. À ce moment, les valeurs ont baissé : max 15, min 8, Lo 1,5. On commence néanmoins l'opération. A 10 h. 28, l'infirmière à qui il avait été recommandé de manier l’oscillo- mètre avec prudence, s'écrie : « J'ai cassé l’appareil, il ne marche plus. » En réalité, l'appareil n’est pas cassé, c’est le blessé qui a une syncope. Res- piration artificielle. Tonicardiaque. (1) De Martel et Vincent. Diagnostic et traitement des syndromes d'hyper- tension intracranienne. Journal médical français, 15 mai 1914. (2) Pierre Duval. Les plaies de guerre du poumon. Masson, édit. Paris, 1917. (3) V. Pachon. L’oscillométrie, sa spécificité et son champ d’information. Journal médical français, 9 septembre 1919. 1382 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Le malade revenu à lui, on achève à la hâte les temps opératoires indis- pensables. Suites bonnes. (Auto-chir. du professeur agrégé Guyot, 1917.) Sur le graphique 1 comme sur le graphique 2, on peut suivre les varialions concomitantes de PV et de Io. Dans ces conditions, on voit que, au cours de l'anesthésie confirmée, les variations de l'indice sont parallèles à celles de la pression variable, et jugent, comme celles-ci, de la valeur de l’impulsion cardiaque. Le chirurgien peut done être très | Fressions er cenlimelres de mercure Cire nee PRESS /ndéce ES g#/a 0°5 Pebat de ls resthesse 10/3 Jommerl 40 42% lDosur de L'interrrntion Syncope Vo eg LVO7]PA 707 ç (o)] gt En cel'intervenler Q/4 0) 194 pr crdeme/n 8%S “age Jour aptés - J6! Frc. À. Syncope blanche au cours d’une intervention. Le cœur a cessé de battre avant l'arrêt respiratoire. facilement averti à tous instants d’une défaillance cardiaque par la diminution de l'indice oscillométrique qui a l'avantage de constituer pour lui une donnée immédiatement objective, simple et facile à rechercher. Bien plus, justement dans les cas de menace de syncope, — précisé- ment Jes plus intéressants parce que plus critiques, — l'indice oscillo- métrique a une valeur non seulement égale, mais supérieure à la pression variable ; car alors on ne peut explorer que l’indice seul, toute détermination de PV étant rendue impossible par l'instabilité cardiaque. C’est ce que montre nettement le graphique 2. I s’agit d’une cure radicale d’hémorroïdes sous anesthésie à l’éther. Au moment de la dilatation du sphincter anal, l'indice devient irrégu- lier; le cœur présente un élat d’instabilité, une véritable arythmie SÉANCE DU ® DÉCEMBRE 1383 remarquablement mise en évidence par les oscillations de l'indice ; on a même l'impression qu'à deux ou trois reprises, la contraction car- diaque a fait défaut. Cependant, aucun trouble de la respiration ou de la pupille ne permet de supposer cet état passager de souffrance du cœur. L'intervention, passé l'incident, se poursuit d’ailleurs dans de bonnes conditions et ses suites sont normales. Mais l'indice a traduit ici les effets propres de la dilatation anale sur le cœur. (Auto-chir. du professeur agrégé Guyot.) En résumé, la surveillance de l’anesthésie peut être faite par l'indice oscillométrique aussi sûrement et plus commodément que par la déter- 1? Journée <£5 3! Journez Jou:] Zalervention L'etgr. morphine. | Jnjeition de 1 no go 130 ie 16* /ndice Variations 2pproximätires & l'amplitude des oscillations PTE CARE SNA ÿ Ÿ & V è Q Y È À % À Ÿ S % 1 È à = 3 N re EE Oscillogramme au cours d’une cure radicale d'hémorroïdes. Pendant la dilatation, l'indice, très instable, est seul appréciable. mination des valeurs sphygmomanométriques proprement dites. Zn pleine phase d'état de l'anesthésie, toute diminution de l'indice tradüira un état de défaillance cardiaque. PRÉSENCE DE TRICHOCÉPHALES ET D'ŒUFS DE TRICHOCÉPIALES DANS LE FOIE DE Mus decumanus, par L. MURATET. À l’occasion de quelques cas de peste signalés en 1916, le Service de Santé militaire dut pratiquer l’autopsie de tous les rats capturés, morts ou vivants, à bord de tous les bateaux alliés ou français ayant fait escale à Dakar. 1384 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX Une quarantaine d'animaux sont ainsi examinés à Bordeaux en juin et juillet 1919. Sept fois sur dix, on constate les particularités hépatiques suivantes. Sous la capsule de Glisson on voit de petites taches à contours irrégulièrement arrondis, légèrement saillantes, de couleur blanc nacré, d'aspect homogène en taches de bougie ou semblant formées de petites stries vermiculaires d’un tiers ou d’un quart de millimètre environ d'épaisseur, placées les unes à côté des autres ou enchevêtrées. Les taches les plus étendues mesurent 3 millimètres de largeur au maxi- mum. On en trouve deux ou trois en moyenne sur chaque foie. Par ponction à l’aide d'une pipette effilée, on extrait de ces taches un suc blanchâtre qui est constitué par un très grand nombre d'œufs de Trichocéphales. On en peut compter 5 à 600 par champ microsco- pique. Une dissection atlentive ne permet pas de découvrir, macroscopique- ment, de Trichocéphales adultes dans ces foies. En revanche, on en trouve un certain nombre dans l'intestin en compagnie ou non de Tœnias. L'examen microscopique de coupes histologiques montre que les lésions sont beaucoup plus étendues que ne permet de le supposer le simple examen macroscopique. Il montre également que des parasites adultes existent repliés, pelotonnés, dans ces foies d'où on ne peut les extraire entiers. Nous nous proposons de faire une étude détaillée de ces lésions hépatiques de nature vermineuse. RECHERCHES SUR LE SAC ET LE CANAL ENDOLYMPHATIQUES : SAC ET CANAL ENDOLYMPHATIQUES DU COBAYE, par GEORGES PORTMANN. J'ai utilisé, pour les premières recherches dont je vais exposer les résultats, les coupes en série de rochers de cobaye, munis de leurs membranes et de la portion de cervelet contiguë à leur face postérieure, fixés immédiatement après la mort, décalcifiés et inclus dans la celloï- dine. I. SAC ENDOLYMPHATIQUE. — Siluation: Il est couché sur la face pos- téro-interne du rocher, au niveau d’une dépression osseuse limitée en haut, en bas et en dehors par de profondes gouttières dans lesquelles cheminent les sinus veineux, en dedans par une lamelle osseuse qui contribuera à la formation de l’aqueduc du vestibule. Forme el dimensions : De dimensions beaucoup plus vastes que, SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1385 d’après les idées actuelles sur l'oreille interne, on aurait pu supposer, il s'étend sur la face postérieure du rocher et mesure dans le sens ver- tical de 12% 5 à 2 millimètres, dans le sens horizontal de 1 millimètre à Au 5. Assez régulièrement arrondi sur ses bords, il devient infundibu- liforme à mesure qu'on se rapproche de l’aqueduc du vestibule où il se continue par le canal endolymphatique. Complètement inclu dans la dure-mère, il présente sur les coupes perpendiculaires à l'axe du rocher une lumière en forme de fente allongée indiquant son aplatissement Oreille interne du Cobaye. (Schéma d’après des coupes sériées.) Le schéma diffère profondément de la figure classique donnée pour les Mamm:- fères. Remarquer : les rapports étroits entre le sac endotymphatique et le sinus latéral, — la communication directe du saccule avec l’utricule par un canal très étroit et très court. Le canal endolymphatique établit la communication seulement entre le sac endolymphatique et le saccule. contre l'os. C'est un état de repos, démontré par l’aspecl extrêmement plissé de ses parois qui indique la possibilité d’une distension physic- logique ou pathologique. Rapports: Le sac endolymphatique est en rapport : en arrière et en dedans, avec la dure-mère, l’arachnoïde et l’espace arachnoïdien, la pie-mère et le cervelet : en avant et en dehors, avec le rocher et ses cavités auriculaires dont il reste séparé par du tissu fibreux appartenant eu partie au périosle, en partie à la dure-mère, et surtout avec le sinus 1386 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX latéral, avec lequel il présente des rapports d’une intimité remarquable. Quittant la paroi osseuse il recouvre le sinus dans la presque totalité de sa portion verticale, la cavité veineuse et Le sac présentent à cet endroit une paroi commune. Structure : Les parois du sac sont composées d’un épithélium, d’une membrane basale et de tissu conjonctif. L’épithélium est fait de cellules cubiques unistratifiées, hautes dans sa partie externe et qui s'aplatis- sent au fur et à mesure qu'on s'approche du canal endolymphatique. Cet épithélium repose, par l'intermédiaire d’une basale, sur une couche conjonctive membraneuse; sur la face pétreuse, cette couche est con- tinue et se confond plus ou moins avec le périoste; au niveau du sinus, elle est très peu développée et sépare l’endothélium sinusal de l’épithé- lium sacculaire. Sur la face cérébelleuse. entre la membrane et la dure- mère, on constate par endroits la présence d’espaces conjonctifs lâches. continuation des espaces périlymphatiques de l’aqueduc du vestibule. Dans ce tissu sous-épithélial existe tout autour du sac un réseau san- guin et lymphatique, dont une branche veineuse de dimensions impor- tantes chemine entre l'os et la face pétreuse du sac pour venir se jeter dans le sinus latéral. IT. CANAL ENDOLYMPHATIQUE. — Contenu dans l'aqueduc du vestibule, il met en communication le sac endolymphatique et le vestibule mem- braneux. Il ne possède de limite nette ni du côté endocranien où, en se dilatant progressivement, il constitue le sac endolymphatique, ni du côté vestibulaire où De une dilatation analogue, il se transforme en une cavité décrite jusqu’à présent sous le nom de saccule. A son entrée intracranienne daus l'aqueduc, il se présente, sur une coupe perpendiculaire à cette direction, sous une forme ovalaire à grand diamètre vertical de 0""9 et à petit diamètre horizontal de 02 35 environ. Parcourant le canal osseux, il se porte en avant et légèrement en dedans, s'éloigne de la face postérieure du rocher et, longeant le côté interne de la branche commune des canaux demi-circulaires postérieur et supérieur, pénètre dans le vestibule osseux. Ii diminue jusqu’au tiers antérieur de l’aqueduc où il ne présente plus que 0"22 dans le sens verlical et 0% 65 dans le sens horizontal, dimensions d’ailleurs varia- bles suivant l’élat des espaces périlymphatiques. La longueur de l’'aqueduc du vestibule est de 2 millimètres environ, mais ne correspond pas à la longueur du canal endolymphatique qui, nous l’avons dit, na pas de limites précises. Complètement accolé du côté du sac contre la paroi pétreuse, le canal se place peu à peu au centre du conduit osseux aux parois duquel il est rattaché par des tractus fibreux. Les plis nom- breux des*parois du sac n'existent plus au niveau du canal dont la lumière est relativement régulière, sauf en quelques régions où elle pré- sente un aspect lestonné dû à l’exosmose de l'endolymphe, lors de la SÉANCE DU ®? DÉCEMBRE 1387 fixation. Le canal endolymphatique s’élargit un peu dans la parlie anté- rieure de l’aqueduc-et, arrivé dans le vestibule, continue à se dilater en entonnoir pour former le saccule. C'est de cette portion dilatée que partent en haut et en bas deux petits canaux : le supérieur (60 y de dia- mètre environ) se rend à l’utricule, l’inférieur, plus étroit encore, va au canal cochléaire. Structure : L'épithélium à une seule rangée de cellules qui était devenu cubique, bas vers la partie antéro-interne du sac, s’aplatit encore et prend un aspect endothéliforme qui se continue sur le saccule. A l’extré- milé intracranienne de l’aquedue, il repose par l'intermédiaire d’une membrane vitrée sur du tissu conjonctif fibreux correspondant au périoste de l'os; en d’autres points il en est séparé par du tissu con- jonctif plus délicat ; ailleurs enfin il en est séparé par des espaces péri- lymphatiques cloisonnés de plus en plus développés au fur et à mesure que l’on se rapproche du vestibuie. La grosse veine signalée sur la paroi pélreuse du sac chemine dans une gouttière, puis unc anal osseux parallèle à l’aqueduc. D'antres vaisseaux entourent le canal endolym- phatique dans des canalicules secondaires. Conclusions. — L'oreille interne membraneuse se présente, chez le cobaye, sous un aspect tout à fait différent du schéma classique. Elle est formée d’un organe médian en bissac, constitué par une partie moyenne rétrécie: le canal endolymphatique, et deux extrémités progressive- ment dilatées : une intracranienne, le sac endolymphatique; une vesti- bulaire, le saccule. C’est du saccule que partent deux canalicules éta- blissant la communication en haut avec l’utricule, en bas avec le canal cochléaire. De la constitution anatomique de ces organes, il faut retenir : 1° l’aplatissement graduel de l'épithélium etle développement progressif des espaces périlymphatiques en allant du sac vers le saccule ; 2° l'inti- mité des rapports du sac endolymphatique avec le système veineux intracranien. (Travail du Laboratoire d'Anatomie générale et d'Hislologie de la Faculié de Médecine de Bordeaux.) KYSTE GAZEUX SOLITAIRE DU POUMON, par J. SABRAZES. Dans deux cas d'emphysème pulmonaire avec asthme, suite de tuber- culose fibreuse ancienne, chez des sujets de trente à quarante-sept ans, 1388 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX ayant succombé en 1917-1918, l’un à une méningite pneumococcique, l’autre à un ulcère de l'estomac et à une dysenterie amibienne (ce der- nier, syphilitique depuis 4 ans, avait en outre une petite tumeur ossi- forme dure-mérienne), nous avons fait les constatations suivantes : Au sommet d’un poumon, sur la languette du bord antérieur se trouvait un kyste gazeux du volume d’une grosse noix. Il rappelait l’aspect d'une vessie de lapin distendue; on aurait dit, à première vue, qu'il s'agissait d’un kyste séreux. Légèrement dépressibie au doigt, on ne réussissait pas à le réduire. La piqüre n’en fit sourdre aucune - sérosité; il ne contenait que de l'air sous pression. Les deux cas se ressemblaient, sauf que chez le second le kyste gazeux siégeait au sommet gauche également sur le bord antérieur. La poche arrondie, un peu oblongue, s’implantait par un mince et court pédicule, comme étranglé à sa base, sur le parenchyme pulmo- naire emphysémateux et anthracosique. : ; Bien qu'il y eût continuité de tissus entre le poumon et le kyste gazeux par l'intermédiaire du pédicule cloisonné, lui-même atteint d'emphysème, les cavités ne communiquaient pas entre elles, le pneu- mokyste était clos. Il flottait, libre d'adhérences dans la plèvre. Le feuillet viscéral de la séreuse faisait corps avec sa paroi. Pas de tuber- cules récents ou anciens à ce niveau. On connait ces pneumokystes ; mais, sous cette forme et à ce degré ils sont très rares. On les considère comme résultant de la distension progressive d'un lobule dans un territoire pulmonaire depuis long- temps modifié par de l'emphysème. On retrouve dans leur pédicule des veinules, une artériole pulmonaire, des vaisseaux lÿmphatiques. Leur enveloppe, de nature conjonctive, ne montre que de rares capillaires sanguins atrésiés, l’armature élastique est des plus réduites. L'épais- seur de la paroi oscille d'un quart à un demi-millimêtre. Que devient le revêtement épithélial de ces bulles ? Est-il discontinu, granulo-graisseux, pigmentaire comme dans l'emphysème banal? On n’est pas fixé sur ce point. Voici comment nous avons procédé pour essayer de nous rendre compte de sa nature. La cavité du pneumokyste a été remplie de solution saline physiolo- gique et malaxée légèrement; le liquide de lavage a été recueilli, en évitant tout contact avec la face pleurale, et centrifugé à une vitesse modérée. Le culot, blanc grisâtre, assez abondant, aspiré, dans une grosse effilure de pipette, a été étalé sur lame, prudemment, et diver- sement coloré (1). (1) Communication présentée à la séance du 11 novembre 1919. SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1389 CELLULES DE REVÉTEMENT DE LA CAVITÉ DU KYSTE GAZEUX SOLITAIRE DU POUMON, par J. SABRAZES. Les préparations montrent de rares cellules granulo-graisseuses du type macrophage ; quelques lymphocytes ; un grand nombre de cellules plates, dérivées de l’épithélium alvéolaire, se présentant sous trois modalités (fig. 4). 1° À l’état dissocié — polyédriques (quadrangulaires ou triangu- L, Lymphocyte; — M, Mosaïque endothéliale ; E, Cellules endothéliales à l’état dissocié ; — P, Plasmodes. (Gr., 490). laires), très rarement allongées, exceptionnellement à encoches laté- rales, parfois. ovalaires, piriformes, globuleuses. Leur noyau uni ou binucléolé est souvent oblong. Sa chromatine abondante, à mailles visibles, se teint en rouge violet par les biéosinates de méthylène ; le fin réseau delinine en rose ; 2 En placards de 3 à 8 éléments cellulaires, à contours un peu sinueux ; ces cellules plus ou moins disjointes ont les caractères géné- raux décrits ci-dessus ; 3° En plasmodes nombreux et volumineux. Ces masses plasmodiales, à contour bien arrêté, sans expansions, prolongements, ramifications, mesurent de 40 à 150 y. De forme arron- Biozocie. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. - 99 4390 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX die ou ovalaire, rarement triangulaire à angles mousses, elles ont un eytoplasme marginal finement grumeleux, faiblement basophile. Les noyaux, répartis inégalement sur toute leur surface, non périphériques, quelques-uns chevauchant, sont au nombre de 5 à une vingtaire, par- fois de 50 à 70 ; ovales ou réniformes, ils mesurent de 8 à 12; ils pré- sentent des incisures, des figures de division directe ; leur chromatine est disposée en réseau assez lâche à mailles distinctes ; ils contiennent un à deux nucléoles de 2 u, faiblement basophiles ; les réactions colo- rantes sont celles des précédentes cellules. L'action du nitrate d'argent n’a pas révélé de cloisonnements dans ces plasmodes. Les trois groupes d'éléments que nous venons de passer en revue ont une étroite parenté morphologique avec l’épithélium alvéolaire. Les coupes microscopiques ne conviennent pas pour l'étude de ces cellules plates : ces coups montrent une mince bordure endothéliale discontinue et d'inégale épaisseur. Il y aura lieu, à l’occasion, d’exami- ner la poche par étalement et imprégnation argentique. Quelle est la signification de ces résultats cytologiques ? Le revêtement épithélial alvéolaire a dû s'adapter aux conditions anormales de milieu aérien stagnant et de vascularisation précaire dans ce pneumokyste. Pour tapisser cette énorme bulle gazeuse, il a certes proliféré — les figures nucléaires le proclament — mais sans réussir à se différencier en mosaïque uniforme de cellules polyédriques bien indi- vidualisées, étroitement juxtaposées, recouvrant la totalité de la poche. Les cellules, ne pouvant se diviser normalement, se transforment en masses plasmodiales ; les noyaux s’y multiplient par division directe et s'y accumulent ; le cytoplasme s'accroît, mais sans que la plasmodiérèse suive la segmentation des noyaux. Pas de mitose dans aucune de ces diverses cellules. Il en résulte un revêtement épithélial de fortune, dans une cavité close séparée du parenchyme pulmonaire par un pédicule étranglé, sus- ceptible de subir un mouvement de torsion, le pneumokyste étant flot- tant. Ce revêtement épithélial abortif ne subissait d’ailleurs qu'une incita- tion médiocre à se différencier par suite du défaut d'irrigation sanguine et de l'insuffisance des échanges gazeux. C’est la contre-partie de l’apho- risme classique — la fonction fait l'organe — qui trouve ici son appli- cation. Du reste, l’épithélium respiratoire n'est-il pas à transformations? Les cellules, cubiques chez le fœtus, granuleuses ou platrs ou amincies en : lamelles chez l'adulte, exercant des actions macrophagiques dans cer- taines conditions, deviennent plus polymorphes encore, au cours des inflammations pulmonaires qui les montrent dissociées, erratiques, éz volume, souvent multinucléées. Elles peuvent donner lieu, SÉANCE DU 2? DÉCEMBRE 1391 comme on vient de le voir, dans les pueumokvystes de l’emphysème bulleux, à des plasmodes géants (1). # COLORATION POST-VITALE AU BLEU DE TOLUIDINE PHÉNIQUÉ, par J. SABRAZÈS. Pour la eytolozie et la bactérioscopie des crachats, du lait centrifugé, des dépôts d'urines, des résidus gastriques, des mucosités fécales, des exsudats fibrineux et purulents, nous procédons ainsi : Le titre de la solution colorante peut varier de À p. 500 à 1 p. 100. La formule suivante convient à la majorité des cas : Bleu de tohridine 50 eme RS CN SN ah me 0 gr. 50 ANG O ORAN OS QAR RES Aer Are ONE Ces AGIT DIÉ DIQUEr ES SEMINT Te ARCS RAR ie ere JO As MSIE TÉLIISÉ es ME CANNES 0 PA MPour l00ECNce Le réactif est stable; il se conserve indéfiniment aseptique. Le flacon, à poste fixe, se sédimente constamment. On y puise par capillarité avec une effilure de pipette plongée dans le liquide sans toucher le fond. Sur le frottis récent, étalé en couche mince, sans aspérités, bien séché, on renverse la Jamelle chargée de la gouttelette de bleu; elle doit s'appliquer hermétique- ment sur Ja lame. La solution colorante imprègnue très vite les éléments desséchés du frottis. Pour l'examen cytologique et bactérioscopique de l'urine, des crachats, nous avons indiqué, en 1917 et 1918 (Gazette hebdoma- daire des sciences médicales de Bordeaux), l'utilité de ce colorant. Récemment, dans ce même journal, nous recommandions cette technique pour la cytologie du lait. La thèse de M. Cheynier (contribution à l'étude de la cytologie du lait des nourrices, à l’état normal et pathologique), inspirée par nous et faite sous notre direction, en est une application. Les hématies sont différenciées en vert; elles se distinguent nettement des gouttes de substance grasse, des corpuscules du lait par exemple, ce que ne permettaient guère les autres colorants. Le bleu de loluidine colore en bleu plus ou moins pâle les cyto- plasmes, en violet rougeâtre les noyaux, en violet les nueléoles, en rouge le mucus, en rouge violâtre l’amyloïde, en bleu pur la substance col- loïde; en bleu terne certaines substances lipoïdes; la fibrine en bleu verdâtre, les fibres élastiques en vert pâle, les grains d’amidon en bleu pâle verdâtre. Ces métachromasies facilitent, dans l'urine, l'identification des glo- (1) Communication faite à la séance du 11 novembre 1919 (résumée in Gaz. heb. des Sc. méd. de Bordeaux, 16 novembre 1919). 1392 RÉUNION BIOLOGIQUE DE BORDEAUX bules rouges et blancs, des cellules épithéliales, des cylindres, des divers produits d’exsudation et de dégénérescence; dans le lait et le colostrum, des multiples éléments et déchets cellulaires qui, pendant longtemps, ont exercé la sagacité des micrographes. Certes, le bleu de toluidine est bien connu des bactériologistes et des histologistes. On ne l'avait pas utilisé en coloration quasi ou post-vitale, c’est-à-dire optima pour une vue d'ensemble des préparations. Sur ces frottis, la chaleur, l’alcool-éther si vulnérable pour les graisses neutres et les lipoïdes, les lavages qui dissolvent ou balaient les cristaux, n'interviennent pas; tous ces éléments, colorés ou non, seront donc reconnaissables. Employé de la même façon que le bleu de méthylène à 1 p. 500, entre lame et lamelle qui est préférable pour les préparations de sang sur frottis simplement desséchés, le bleu de toluidine phéniqué est d’une application simple el fournit de bonnes difiérenciations. Ses prépara- tions rapidement lisibles ne se conservent pas longtemps. | RÉUNION DE LA SOCIÈTÉ BELGE DE BIOLOGIE SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE DeBalsiEUx (P.) : Haplosporidium chement pleural traumatique au Ce (de) Q REMERIS MNOMAUS PEL ERA 1399 | point de vue de la coagulation du DEBaisiEux (P.) : Quelques proto- SAN EE MAR RENTE en ES 1395 zoaires parasites des Chitons et des SLosse (A.) : Note sur les mé- Patelles GRATIA (A.) : Action coaguiante du Staphylocoque sur le plasma ANGLE RENAN RE UE UE GrarrA (A.) : Étude d'un épan- thodes de dosage de l’urée dans le sang WiLoeman (E. De) : Un Pierygota (Sterculiacées) nouveau de l'Afrique LRO PIC AC AR RER ESA ER Eee 1402 Présidence de M. Léon Fredericq. "ACTION COAGULANTE DU STAPHYLOCOQUE SUR LE PLASMA HIRUDINÉ. Note d'AnDRÉ GRATIA, présentée par J. BORDET. Dans des notes précédentes (1) nous avons montré que le staphylo- coque fait coaguler directement le fibrinogène du plasma oxalaté ; le concours des autres agents de la coagulation ne lui est pas nécessaire. Il agit tout à fait comme s’il contenait de la thrombine toute formée. Comme la thrombine également, le staphylocoque agit aussi bien en tube paraffiné qu'en tube nu. Ensemençons à l’aide de staphylocoques du plama oxalaté qui n’a été au contact que de la paraffine, puis divi- sons ce plasma en deux portions : l’une est maintenue en tube paraf- finé et l’autre est versée dans un tube de verre nu. Nous plaçons les deux tubes à 37° et nous constatons que la floculation, puis la coagu- (1) Comptes rendus de la Soc. belge de Biologie, novembre 1919. 1394 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE lation débutent en même temps dans les deux tubes et s'y déroulent de facon identique. La thrombine peut faire coaguler le plasma salé, mais avec une cer- taine difficulté cependant. Ajoutée en quantités suffisantes pour neutra- liser l’hirudine, elle est capable de solidifier du plasma hirudiné non coagulable spontanément. J'ai pu vérifier que le staphylocoque avait les mêmes propriétés. Il coagule le plasma salé, mais plus péniblement cependant qu'il ne coa- gule le plasma oxalaté et, après quelques heures d’incubation à 37, il solidifie parfaitement du plasma hirudiné. Voilà toute une série d’analogies entre l’action du staphylocoque et celle de la thrombine. Pourtant le staphylocoque ne paraît pas faire coaguler le plasma hirudiné par le même mécanisme que la thrombine. D'après Hayeraft (1), Pekelharing (2), et Morawitz (3), l'hirudine serait non seulement une antithrombine neutralisant quantitativement la thrombine, mais elle entraverait aussi la genèse de ce produit. L'addition à du plasma hirudiné d’une quantité suffisante de throm- bine anéantirait l’hirudine et permettrait à la coagulation d’évoluer normalement. Supposons que le staphylocoque agisse de même; dans le plasma hirudiné ensemencé de staphylocoque une fois l'hirudine neutralisée, le prosérozyme pourra se transformer en sérozyme, celui-ci réagir avec le eytozyme pour donner du fibrin-ferment et nous obtien- drons après défibrinalion un sérum contenant de la thrombine et du sérozyme. L'expérience prouve qu'il n’en est rien. Du plasma hirudiné, défibriné après coagulation par le staphylocoque, ne fait pas coaguler du plasma dioxalaté, même s’il a été préalablement additionné de eyto- zyme : il ne contient donc ni thrombine, ni sérozyme. Bien au con- traire, ce plasma est encore anticoagulant : il empêche la coagulation du plasma oxalaté normal recalcifié ainsi que la coagulation du plasma dioxalaté par la thrombine; il contient encore l'hirudine non neu- tralisée. Conclusion : Le slaphylocoque fait coaguler le plasma hirudiné, mais ce n’est pas en neutrolisant l'hirudine. (Laboratoire de Physiologie de l'Université libre de Bruxelles). t) Haycraft. Pro. roy. Soc., t. XXXVI, p. 478, 1884; — Arch. f. exper. Pathol, und Pharmac., t. XVIII, p. 209, 1884. 2) Pekelharing. Untersuchung über das Fibrinferment. Amsterdam. J. Mul- ler, 4892. 3) Morawitz. Arch. f. klin. Med., t. LXXIX, p. 432. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 12395 ÉrUDE D'UN ÉPANCHEMENT PLEURAL TRAUMATIQUE AU POINT DE VUE DE LA COAGULATION DU SANG. Note d'ANDRÉ GRATIA, présentée par J. Borper. On ponctionne chez un blessé un hémothorax fermé, produit dix jours auparavant par une violente contusion. On retire d’abord un litre d’épanchement qu'on conserve dans un flacon stérile, puis on aspire encore environ 30) grammes qu'on recueille dans un second flacon. Le premier flacon reste fluide, le second au contraire se coagule. Ceci prouve qu'un épanchement sanguin peut devenir coagulable lorsque, la suite d’une évacuation trop prononcée, une certaine quantité de sang frais vient s'y ajouter. Prélevons pour en faire l'étude 10 c.c de l’épanchement contenu dans le premier flacon. Mis en culture ce liquide reste stérile. Cet épanchement contient des globules rouges fortement allérés, quelques lymphocytes et des cellules pleurales. Après centrifugation, on obtient un liquide limpide d’une teinte acajou clair. D'autre part, on prélève par ponction veineuse chez le blessé 10 c.c. de sang oxalaté à 1 p. 1.090 et 4 c.c. de sang pur qu'on laisse se coa- guler. Après centrifugation, on obtient 6 c.c. de plasma oxalaté et 2 e.c. de sérum normal. Avec 1 c.c. de plasma oxalaté recalcifié et défibriné on prépare du sérum riche en sérozyme. On prépare aussi quelques centimètres cubes de plasma dioxalaté (1). On fait les mélanges suivants (tableau ci-contre). 5 gouttes d'épanchement + 1 goutte de cytozyme : pas de coagula- tion. 5 gouttes d'épanchement + 5 gouttes de sérum frais : pas de coagu- lation. Enfin, on place 10 gouttes d'épanchement pendant 60’ au bain-marie à 60°; il ne se produit aucun trouble. | L'épanchement ne contient plus de fibrinogène : il ne se coagule ni par la chaleur, ni par l'addition de 1hrombine ou de cytozyme. C'est du plasma défibriné. Faisons encore les mélanges suivants (tableau ci-contre). L'épanchement ne fait pas coa guler le plasma dioxalaté {c) : il ne contient pas de thrombine. Il ne forme pas de thrombine si on l’additionne de cytozyme (b) : il ne possède donc pas de sérozyme. Il ne produit pas non plus de thrombine (4) Pour les détails de technique, voir travaux de Bordet et Delange. Ann. Institut Pasteur, 1912 et 1915. 1396 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE si on l’additionne de sérum vieux riche en sérozyme (a) : il ne renferme pas de cytozyme. Par contre, l'épanchement neutralise (a) les petites quantités de thrombine encore contenues dans le sérum vieux (e) : il est donc pourvu d'une substance anticoagulante. SÉRUM VIEUX FA ; j = | PLASMA TEMPS ÉPANCHEMENT riche cvrozyue| EP.Ca |2 À L = DIOSALATE DE COAGULATION EN SEROZYME FA i a) | 5 gouttes. | 5 gouttes. » » 3| 10 gttes.|Pas de coagulation. b) | 5 gouttes. » 1 gtte. » 3] 6 — | Pas de coagulation. c) | 5 gouttes. ù » 1 gtte.| 316 — | Pas de coagulation. | d) » ÿ gouttes. | 1 gtte. » 3| 6 — |Coagul., 1 minutes. e) » gouttes. » lotte haben Coagul., 6 heures. Si nous comparons le pouvoir anticoagulant de l’épanchement à celui du plasma ou du sérum chauffés du blessé nous constatons que le premier.est infiniment plus marqué que le second : l'épanchement contient de grandes quantités d'antithrombine. IT. Au cours de ces expériences nous avons pu observer un fait très curieux. Lorsqu'on ajoute de l’épanchement chauffé à 60° à du plasma oxalaté il se produit très rapidement une floculation intense. La sub- stance qui est ainsi prévcipitée est le fibrinogène du plasma oxalaté, car ce phénomène ne se produit pas si on ajoute l'épanchement chauffé soit à du sérum, soit à du plasma oxalaté dont le fibrinogène a déjà été coa- gulé par la chaleur. D'autre part, du plasma oxalaté floculé par l'addition d’épanchement chauffé ne se coagule plus après recalcification, même si on y verse du cytozyme ou de la thrombine et, chauffé à 56°, il ne dose plus le moindre trouble : il ne contient plus de fibrinogène. L'épanchement chauffé à 60° a donc la propriété de floculer le fibri- nogène. III. — Un mois après l'étude de cet épanchement nous avons refait chez ce blessé une nouvelle ponction de 10 c.c. d’un liquide hématique fortement altéré dont le plasma brunâtre a donné après un certain temps des flocons de fibrine. C'est un phénomène qu'on observe sou- vent ; à la suite de l’irritation de la séreuse il se produit un exsudat qui vient s'ajouter à l’épanchement; comme à ce moment la cicatrisation de la plaie pleurale a rétabli l'intégrité de l’endothélium séreux, cet SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 4397 exsudat ne se coagule pas dans la cavité, mais sera capable de donner, après ponction, des flocons de-fibrine in vitro. En résumé, normalement, un épanchement pleuraltraumatique ponc- tionné reste fluide ; c’est du sang défibriné ne contenant plus aucun des éléments de la coagulation, ni fibrinogène, ni cytozyme, ni sérozyme, ni thrombine. Il possède, par contre, de grandes quantités d’antithrom- bine et, après chauffage à 56°, la propriété de floculer le fibrinogène. Lorsqu'un épanchement est eoagulable in vitro, c'est, ou bien qu'il contient du sang fraîchement déversé par la plaie à la suite d'une ponc- tion évacuatrice poussée trop à fond, on bien c'est qu'il s’y est ajouté un exsudat qui ne s’est pas coagulé dans la cavité grâce à la protection de l’endothélium séreux, entre temps cicatrisé. (Laboratoire de l’ambulance « Océan » à La Panne.) Un Plerygota (STERCULIACÉES) NOUVEAU DE L'AFRIQUE TROPICALE, par E. DE WILDEMAN. Durant sa dernière Mission botanique au Congo, M. le D'J. Bequaert a récolté dans la forêt, au bord de l’Ituri, près de Penghe (1), des rameaux fructifères d'un arbre de 30 mètres de haut. Il constitue une espèce, très intéressante, appartenant au genre Pterygota (Sterculiaceæ) se caractérisant très nettement par des graines ailées. Cinq espèces de ce genre avaient jusqu'à présent été indiquées en Afrique tropicale, à savoir : . alata (Roxb.) R. Br., de la région des lacs (bord du fleuve Ratuma); . cordifolia À. Chevalier, de l'Afrique tropicale française ; . camerunensis K. Schum et Engler, du Cameroun; . macrocarpa K. Schum., du Cameroun et du Congo belge ; . Mildbrædii Engler, du Ruanda. Les fruits de trois de ces espèces sont connus : ?. cordifolia possé- derait des follicules suborbiculaires; P. macrocarpa des follicules orbi- culaires et P. alata des follicules subglobuleux. Dans les trois cas, la trace du style paraît située très nettement vers l'extrémité du fruit. Dans la plante qui nous occupe, et que nous dédions à son collecteur sous le nom de Pterygota Bequaerti, les follicules sont, OS AS AA S) (1) Penghe, forêt au bord de l'Ituri, arbre de 30 mètres en fruits, 3 février 191% (J. Bequazert, n° 2280). 1398 RÉUNION DE LA’ SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE dans leur aspect général, ovoïdes-lagéniformes; le pédicelle est unila- téral, la partie la plus large disposée vers le pédicelle. Quant à la trace du style, elle se trouve vers le milieu de la face supérieure du fruit. Par ce caractère, la plante de la région de l'Ituri se différencie nette- ment des autres espèces du même genre. Nous en donnons ci-dessous une description plus détaillée et en note une courte diagnose latine : Pterygota Bequaerti De Wild. nov. spec. (4). Arbre de 30 mètres de haut, à rameaux jeunes courtement pubes- cents-ferrugineux, à poils plus ou moins étalés, devenant glabres, à écorce brunätre longitudinalement fissurée. Feuilles réunies généra- ment vers l'extrémité des branches, à pétiole de 3-5 centimètres de long, plus ou moins velu au moins à l’état jeune, légèrement renflé à la base et au sommet, plus ou moins aplati; limbe ovale-elliptique, arrondi ou très largement cunéiforme à la base, assez brusquement mais très courtement acuminé au sommet, à acumen arrondi, de 4,5 à 16 centi- mètres de large et de 6,5 à 43 centimètres de long, légèrement brillant sur la face supérieure, glabre ou à poils persistant plus ou moins longtemps sur les nervures, plus mat et glabre en dessous; nervures basilaires au nombre de 5 : les 2 externes submarginales, les 2 internes à environ 4 nervures unilatérales; nervures latérales primaires au nombre de 4-5 de chaque côté de la nervure médiane, plus fortement proéminentes en-dessous qu’au-dessus. Fleurs... axillaires, follicules généralement ovales-lagéniformes, longuement pédonculés, à pédon- cule cylindrique dans la partie inférieure sur 4 à 4,5 centimètres de long, puis se renflant insensiblement; péricarpe ligneux courtement et densément velu-brunäire comme le pédoncule; follicules de 8 à 8,5 centimètres de large et de 5 à 6 centimètres de haut dans la plus srände épaisseur, de 2 à 2,5 centimètres d'épaisseur dans la partie anté- _rieure. Graines attachées sur les bords des loges du côté élargi du fruit, de 7 centimètres de long environ sur 3 centimètres de large, la partie séminifère d'environ 1,5 centimètre de long sur 1 centimètre d'épaisseur, ailes papyracées-coriaces. (1) Plerygota Bequaerti : Arbor 30 m. alta, ramis subteretibus, juvenilis minute tomentellis, adultis glabris, cortice fissurato; foliis petiolatis, petiolo breviter brunneo-velutino, lamina ovata basi rotundata vel late cuneata, apice breviter obtuse acuminata, nervis basilaribus 5, nervis lateralibus I, utrinque 4-5, ante marginem arcuatim anastomosantibus; folliculo ovato- lageniformi longe pedunculato, brunneolo-pubescenti, apice rotundato, stylo faciem superiorem medio locato. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 399 Haplosporidium nemertis, Nov. sr. par PAUL DEBAISIEUX. Les Zineus bilineatus Mac Intosch, grands némertiens d'environ 50 centimètres de long, récoltés à Plymouth, à la station dite « River: Yalm », hébergent, dans environ 50 p. 100 des exemplaires, des para- sites du genre Haplosporidium. La dilacération du matériel frais montre la présence dans les tissus de très nombreuses spores ovalaires de 6 à 7 w sur 3 à 4. Elles sont généralement accumulées et serrées en pelits amas d’une cinquantaine. Aucun détail de structure ne peut être observé sur le vivant. L’élude des coupes microscopiques renseigne sur la localisation, la structure et l’évolution des parasites. Ils habitent surlout, et en grande abondance, le tissu connectif qui sépare le tube digestif de l’assise interne des muscles longitudinaux et qui forme le feuillet médian des plissements en crête que l’épithélium intestinal projetle dans la lumière du tube digestif ; à bien des endroits, l'abondance des parasites est telle qu’ils forment une assise continue ; parfois il y a une légère infil- tralion de parasites entre les faisceaux des assises musculaires et dans le tissu sous-cutané. La présence du parasite paraît entraver ou sup- primer le développement des glandes sexuelles. La spore est de structure fort simple ; elle est protégée par une mem- brane régulièrement ovalaire qui est différenciée en clapet mobile en un des pôles ; elle contient un seul noyau, régulier et relativement gros ; un corpuscule est logé près du clapet. Les stades d'évolution les plus caractéristiques seront seuls signalés ici. Les plus jeunes stades, qui existent en très grand nombre, sont des petites masses protoplasmiques subsphériques contenant deux petits noyaux accolés. Ce caractère binucléaire est constant: l'on n'observe jamais de jeunes stades à un seul noyau. Les petites plasmodies s’ac- croissent et se développent par multiplication des noyaux qui se divi- sent synchroniquement; les cinèses de noyaux accolés évoluent paral- lèlement et donnent des noyaux filles accolés en paires. Trois, quatre ou cinq cinèses semblables se succèdent, puis, les multiplications nucléaires cessant, les parasites prennent un aspect nouveau. Les plasmodies s’accroissent et alteignent 30 à 40 & ; les noyaux isolés s’accroissent beaucoup et atteignent jusqu’à 6 . Chaque noyau subit alors deux cinèses successives, séparées par une période de repos sans accroissement ; la plasmodie multinucléée qui résulte de cette évo- lulion se résoud en sporoblastes uninucléés qui se transforment en spores. Certains grands individus plasmodiaux, dont nous n'avons pas encore 41400 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE pu nettement établir l’origine, se résolvent en individus binucléés qui s'isolent et donnent les petites plasmodies binucléées signalées plus haut ; elles servent à la propagation de l'infection dans l'hôte même. La discussion détaillée du cycle et l'analyse des phénomènes de fécondation et des particularités cytologiques ne peuvent être faites ici. Les observations que nous venons de consigner permettent de ranger indubitablement le parasite du Lineus dans le genre Haplospo- ridium de Caullery et Mesnil; il constitue une espèce nouvelle que nous proposons d'appeler Haplosporidium nemertis. QUELQUES PROTOZCAIRES PARASITES DES CHITONS ET DES PATELLES, par PauL DEBAISIEUX. : Ray Lankester, en 1891, a décrit des spores découvertes dans des Chitons ; il les attribue à une Coccidie du genre ÆÂlossia; leur forme étrange — elles possèdent un clapet mobile et deux énormes appendices, l’un antérieur, l’autre postérieur, — en faisait une Coccidie de type très aberrant. En 1899, Labbé découvre dans l’Acanthochites fascicularis L., de Roscoff, des stades nettement coccidiens et observe dans des Chitons sp. indet., provenus d'Angleterre, les spores décrites par Ray Lankester; il attribue tous ces stades à une même espèce, vraiment paradoxale et la baptise : Minchinia chitonis. En 1917, Mrs Pixell-Goodrich retrouve les spores dansles Craspidochilus cinereus L., fait une étude assez succincte de leur formation, dans laquelle n'interviennent d’ailleurs pas de stades coccidiens, et classe le genre Winchinia parmi les Haplosporidies. Nous avons repris l’étude des parasites de Chitons de Plymouth; elle nous fournit de très intéressantes observations cytologiques, mais nous révèle également qu'il existe dans les Chitons au moins trois proto- zoaires distincts; une mise au point s'impose afin d’élucider l'imbroglio existant. Acanthochites fascicularis héberge dans les cellules glandulaires du foie et dans les cellules épithéliales des conduits hépatiques de nom- breux stades d'évolution d’une Coccidie. Ce sont certains de ces stades qu'a vus et dessinés Labbé et qu'il a fait rentrer dans le cycle imaginaire de l'espèce composite qu'il appelle Minchinia chilonis. De nombreux macrogamètes, parfois une douzaine, alteignant 15 y au maximum, et de nombreux microgamétocytes parasitent une même cellule hôte; ils paraissent s’y réunir par des phénomènes d’adelphotactisme. Quand les gamèles sont mürs ils àbandonnent la cellule hôte; la fécondation et la sporogonie, que nous n'avons pas encore observées, évoluent dans SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 12401 l'intestin, ou plus probablement hors de l'hôte, après expulsion avec les matières fécales. Ces parasites se rapprochent beaucoup des Pseudo- klossia, Léger et Dubosca ; faute de renseignements sur la sporogonie, nous le rangeons dubitativement dans ce genre sous le nom de Pseudo- klossia chilonis nov. sp. Acanthochites fasciculuris héberge également, dans les glandes sali- vaires, une Coccidie qui à notre connaissance n’a pas encore été signalée; elle ne mérite d’ailleurs pas grande attention; le cycle d'évolution est semblable à celui de tous les Zimeridea et l'étude cytologique détaillée est fort décevante étant données les dimensions très réduites de tous les stades d'évolution. Les jeunes schizontes intracellulaîres mesurent 3 y. de diamèire et les schizontes adultes qui contiennent une centaine de schizozoïtes atteignent au maximum 12 v. Les microgamétocytes, de 8 à 10 w, présentent à l’état de maturité un reliquat protoplasmique plissé et replissé sur lui-même de façon à en augmenter considérable- ment la surface : à sa surface adhèrent des centaines et des centaines de microgamètes. Le macrogamète est subsphérique ovalaire, les grands individus mesurent 20 X 15 w; un micropyle très chromatophyle appa- raît au moment de la fécondation. Les kystes sporaux sont ovalaires de 20 w sur 10; ils sont protégés par une membrane rigide régulière, entourée d’une zone hyaline irrégulière ; le micropyle reste très marqué. Nous n'avons pas observé les spores de sorte que nous devons nous contenter de ranger cette espèce nouvelle parmi les Eimeridea. Craspidochilus Cinereus héberge dans un grand nombre d'organes, dans le foie, les gonades, les branchies, les muscles du pied, le parasite dont Ray Lankester et Labbé ont vu les spores, dont Mrs Pixell-Goodrich a étudié l’évolution sous le nom de Winchinia chitonis Lank. L'étude détaillée que nous faisons de cet organisme nous conduit à le ranger sous une même dénomination générique que les divers Haplosporidium de Caullery et Mesnil; aucun caractère important ne le différencie d’eux, son évolution est absolument identique à celle de Æaplosporidium nemertis Deb. Or les noms génériques Minchinia et Haplosporidium datent tous deux de 1899, aucun n’a la priorité, mais le second, appliqué déjà à une demi-douzaine d'espèces, est beaucoup plus répandu que le premier dans la littérature où il a acquis droit de cité; d'autre part le terme Minchinia prête à confusion, Labbé l'ayant appliqué à un cycle imaginaire formé des stades de deux espèces très diverses. Nous esti- mons donc que le nom /aplosporidium chitonis doit remplacer Ain- chinia chitonis. Les recherches cytologiques en cours sur Æaplosporidium chitonis, qui se révèle comme un matériel de choix, nous permettent de com- pléter notablement les connaissances acquises touchant ce genre, et de le ranger dans un sous-ordre des Microsporidies. Ce sous-ordre est 1402 RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE caractérisé par l'absence de capsule polaire, caractère des plus impor- tants il est vrai, mais insuffisant pour justifier la création d’un ordre spécial, celui des Haplosporidies. En effet, toutes les différences supposées entre Æaplosporidium et Microsporidies ne se vérifient pas et les res- semblances entre eux apparaissent des plus étroites ; les spores dans les deux groupes se forment de la même facon; la différence consiste on ce que, dans le premier il y a formation d’un appareil d'ouverture en forme de clapet, dans le second d’une capsule polaire; l’évolution nucléaire très caractéristique des Microsporidies se retrouve jusque dans les détails les plus particuliers dans l’Æaplosporidium : le cycle d'évolution général est comparable dans les deux groupes. Le détail des observa- tions qui nous conduisent à ces conclusions sera publié sous peu. Une dernière remarque ; Labbé, en décrivant le Minchinia chitonis ajoute qu'il a trouvé une espèce de Winchinia dans Patella vulgaris et dans le 7rochus.Nous avons observé dans Patella vulgaris, de Plymouth, une espèce tont à fait semblable à Pseudoklossia chitonis, dont elle ne diffère que par des dimensions notablement plus grandes; les macroga- mètes atteignent 25 w et ont un noyau de 9 w. Il ne peut s’agir que du parasite observé par Labbé, nous proposons pour lui le nom de Pseudo- klossia patella, nov. sp. NOTE SUR LES MÉTUODES DE DOSAGE DE L'URÉE DANS LE SANG, par À. SLOSSE. L'analyse chimique du sang et la détermination de sa richesse en azote non protéique : urée et autres produits azolés, a pris une impor- tance considérable dans ces dernières années. Dans Île principe, on utilisait la méthode à l'hypobromite de soude; cependant de nombreuses critiques avaient été élevées contre cette technique. À Achard et Feuillé en faisaient la remarque en 1914 et tout récemment Carnot et ses collaborateurs faisaient connaître les discordances des résultats de dosage de l'urée sanguine obtenus par la méthode à l'hypobromite et la méthode au xanthydrol. Ces constatations s'appliquent à l'analyse du sang, tout comme l’opi= nion universelle des chimistes les reconnait pour l'analyse de l'urine. Il faut reconnaître toutefois qu’elles n’ont pas ébranlé le crédit que les milieux médicaux lui accordent. J'ai recueilli quelques exemples, qui montrent les imprécisions des données obtenues par l'application de la méthode à l'hypobromite à l'analyse du sang. SÉANCE DU 6 DÉCEMBRE 1403 . J'ai dosé comparativement l'azote uréique par la méthode de Folin et par l'hypobromite dans un certain nombre de cas. NUMÉROS URÉE, EXPRIMÉE EN GRAMMES, DANS À LITRE DE SÉRUM SAN ATARI 0,4045 0,432 SONNERIE 0,2460 0,247 SI MENT GA ; 0,353 0,194 GLS NAN EM EE 0,2985 0,248 92 0,3050 0,274 98 2,5119 3,28 MOSS MANOTEACUEE 5 2247 2,392 10 J HA Ne ECER IE Le Va 2,889 4,049 AHSA EN R En etes 3,060 5,244 Ainsi que le prouvent ces chiffres, les concordances sont si rares, même lorsqu'on se trouve en présence de sang non surchargé d'azote, que l’on peut considérer ce fait comme un simple hasard. En outre, l’hypobromite décompose non seulement l’urée, mais aussi d'autres corps azotés : l'acide urique, la créatine, la créatinine et les acides aminés, qui sont toujours présents dans le sang et dont la quan- tité n’est pas négligeable dans les cas pathologiques, ainsi que le montre le tableau suivant : TENEUR DU SÉRUM SANGUIN EN AZOTE AMINÉ, EXPRIMÉ EN GRAMMES Obs. n° 81. 0,0329 grammes qui, calculés en urée, valent : 0,0704 grammes. Obs. n° 89. 0,0368 grammes — NP ivale NEED US SP E Obs. n° 90. 0,0404 grammes — — valent : 0,0865 — Obs. n° 91. 0,0645 grammes — — valent : 0,1380 — Obs. n° 92. 0,0469 grammes — — valent : 0,1003 — Obs. n° 98. 0,2188 grammes — = valent : 0,4882 — Obs. n° 108. 0,1560 grammes — — valent : 0,:338 — ‘Obs. n° 109. 0,2070 grammes — — valent : 0,4430 — ‘Obs. n° 111. 0,219 grammes — — valent : 0,4689 — Il résulte de là que les données de l'analyse par l'hypobromite donnent des chiffres notoirement trop élevés, si l’on exprime en urée tout l'azote dégagé, et notoirement trop faibles si l'on a en vue de totaliser l’azote non protéique du sang. Sans doute la chimie clinique ne prétend pas à l'exactitude, qui est la règle fondamentale de la chimie de laboratoire; toutefois en pratique l'imprécision que nous signalons n’est pas sans présenter de sérieux inconvénients. Nombreux sont les médecins qui basent leur traitement médical ou chirurgical sur les données fournies par la constante uréo- sécrétoire d'Ambard. La formule d'Ambard divise le taux de l’urée du sang par la racine carrée d'un facteur complexe : on conçoil sans peine que, le diviseur 120400 70) RÉUNION DE LA SOCIÉTÉ BELGE DE BIOLOGIE variant en somme assez peu, le moindre changement du nombre à diviser augmente fortement le quotient. C'est ce dernier qui constitue la constante qu'Ambard a cru déter- miner. J'ajoute, au surplus, qu'une méthode qui dose globalement des pro- duits excrémentitiels comme l’urée et des produits intermédiaires, mais non excrémentitiels, ne peut que donner des résultats faux. J'ai tenu à signaler ces données, non pas afin d’exclure la méthode à l'hypobromite, qui est d’une réalisation facile et rapide, mais plutôt pour attirer l’attention des chercheurs sur les corrections qu’on pour- rait y apporter et qui seraient de nature à en augmenter la valeur et la précision. ({nstitut de physiologie Solvay.) 1405 RÉUNION BIOLOGIQUE. DE NANCY SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE Murecz et Warrin : Disposition anormale du segment sous-rénal de la veine cave inférieure. . . . de la globine suivant ses voies d'introduction dans l'organisme ”. . 1411 . 1407 Watrin (J.) : L'hypertrophie des Parisor (J.) et Caussape (L.) capsules surrénales chez la lapine Globinurie expérimentale . . . . .. 1:09 | gestante ne doit pas être attribuée Parisor (J.) et (Caussape (L.) : à la présence du fœtus Variations de l'élimination urinaire Présidence de M. E. Meyer. L'HYPERIROPHIE DES CAPSULES SURRÉNALES CHEZ LA LAPINE GESTANTE NE DOIT PAS ÊTRE ATTRIBUÉE A LA PRÉSENCE DU FOŒTUS, par J. WATRIN. Nous avons étudié antérieurement (1) l’action spéciale du corps jaune et de l'œuf non fixé relativement à l'hypertrophie gravidique des capsules surrénales. Il nous resie à envisager l’influence que peuvent exercer deux autres facteurs, à savoir le placenta et le fœtus. Le placenta est lui-même constitué par deux sortes d'éléments cellu- laires : les éléments d’origine maternelle et les éléments d’origine fœtale qui peuvent avoir sur les capsules surrénales une action distincte : c'est pourquoi nous devons les envisager séparément. . à) Placenta maternel. — Il est possible de faire apparaître expérimen- talement, en l'absence de fœtus et de placenta fœtal, des éléments cellu- laires (celluies multinucléées et cellules à glycogène) identiques aux éléments placentaires normaux d’origine maternelle. Il suffit pour cela de pratiquer chez une lapine, dont les ovaires ren- (1) Comptes rendus de la Soc. de Biologie, n° 22, n° 23, n° 25, 1914. BrocoGcte. Comptes RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 100 1406 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY ferment des corps jaunes à Ja période d’état, des incisions utérines intéressant à la fois la musculeuse et la muqueuse : toutefois, les proli- férations cellulaires qui prennent naissance n'ont qu'une vie extrême- ment brève qui ne dépasse pas 8 à 10 jours. Si l’on examine les capsules surrénales de cet animal, on constate des modifications pondérales et histologiques qui apparaissent dès que le corps jaune entre dans sa phase d’involution et qui sont maxima alors que dans l'utérus il n'y a plus trace d’élément placentaire. De plus, ces modifications sont analogues à celles que l’on observe après avoir exercé sur l'utérus, en présence de corps jaune, un traumatisme non susceplible d’engendrer d'élément cellulaire nouveau (une hysté- rectomie par exemple). Nous sommes donc autorisé à dire que les éléments placentaires d’origine maternelle n'ont aucune action par eux-mêmes et que l’hypertrophie surrénalienne constatée dans ces conditions expérimentales doit être rapportée au traumatisme utérin qui a donné naissance à ces éléments. b) Placenta fœtal. — Il est impossible de faire apparaître des éléments placentaires fœtaux en l'absence de fœtus, mais il est possible de les entretenir, dès qu'ils sont apparus, sans que le fœtus soit présent : il suffit, comme Weymeersch et nous-même l'avons montré, de sou= mettre une lapine à un coït fécondant, d'inciser au Do la paroi antimésométriale des renflements utérins; l'embryon apparaît immé- diatement dans la plaie, il est extrait avec une partie de ses annexes au moyen d'une pince fine : l'incision se referme très rapidement et le placenta continue à se développer en l'absence d’embryon. Si l’on examine les capsules surrénales de cet animal, 10, 45 et même 20 jours après cette intervention, on constate qu'elles présentent une hypertrophie égale, sinon supérieure, à celle que l’on observe à des époques semblables au cours d'une gestation normale. Or, cette hypertrophie ne peut être mise sur le compte des fœtus, puisqu'ils ont été enlevés, ni sur le compte du traumatisme utérin qui est minime (incision de 3 à 4 millimètres) et qui n’est pas capable d'entraîner des modifications aussi intenses et surtout aussi prolongées; c'est donc dans le placenta, la seule formation qui reste, qu'il faut chercher la cause de celte hypertrophie. Des expériences antérieures nous ayant montré que le placenta maternel n’influencait pas les modifications surrénaliennes, ce sont, en dernière analyse, les éléments placentaires d’origine fœtale qui appa- raissent comme le facteur direct de ces modifications. Ces dernières expériences nous autorisent en outre à affirmer que le fœtus ne conditionne pas l'hypertrophie gravidique des capsules surré- nales puisque sa suppression n’arrèle pas l'évolution hypertrophique de ces glandes. Ces résultats sont en opposition avec les idées émises par la plupart dé 2 SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 4407 des biologistes qui font du fœtus le facteur direct de l'hyperfonctionne- ment surrénalien : il y a, disent-ils, au cours de la gestation une augmentation des produits de déchets de l'organisme, une nouvelle source de toxines dont la présence retentit sur la glande antitoxique par excellence, la capsule surrénale qui réagit en s’hypertrophiant. Nos expériences infirment cette manière de voir.-Nous pensons plutôt que l’hypertrophie gravidique des capsules surrénales est de même ordre que l'hypertrophie gravidique d’autres glandes à sécrétion interne auxquelles on ne reconnait pas de fonction antitoxique, le corps thyroïde, l'hypophyse par exemple : c’est une réaction à des pro- duits spécifiques, à des substances spéciales encore indéterminées, sécrétées par l'œuf avant sa fixation et par les éléments placentaires fælaux, et il semble bien que cette réaction ne se produit qu'’autant que les capsules surrénales ont été « sensibilisées » par la sécrétion interne du corps jaune. {Travail du Laboratoire d'Anatomie normale de la Faculté de médecine de Nancy.) DisSPOSITION ANORMALE DE SEGMENT SOUS-RÉNAL DE LA VEINE CAVE INFÉRIEURE, par MuTEL et WATRIN. Dans une revue d'ensemble et une mise au point des anomalies de la veine cave inférieure CRAHorapne anatomique, t. XXV), Augier a rangé les observations parues en 5 ciasses en se basant sur le dép ut embryologique du système cave inférieur. Dans la 5° classe, carac- térisée par la persistance de la cardinale inférieure gauche sous-rénale, il attirait l'attention sur la rareté des cas où elle persiste seule. Il n’en existerait que 12 observations rapportées par Paterson Warnig, Alten, Frænkel, Gérard, Farmer, Cruveilhier, Gladstone, Grimsdel, Zumstein, Jeanbrau et Desmonts. Nous avons eu l’occasion de rencontrer cette rare anomalie, particulièrement semblable à celle de Zumstein, car nous relèverons dans le cours de la description la persistance de quel- ques vestiges du segment cardinal droit. Le cadavre était celui d'un homme d’une soixantaine d'années, chez qui l’anomalie se présentait de la facon suivante : 1° Les deux veines iliaques primitives se réunissent à leur haateur normale, sur le bord supérieur de la 5° vertèbre lombaire ; mais la jonc- tion se fait à 2 centimètres en dehors de la colonne vertébrale derrière l'artère iliaque primitive gauche et la veine unique ascendante est située à gauche de l'aorte. 4108 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY Cetle veine a un trajet vertical de 8 centimètres; elle recoit au niveau du disque unissant la 4° et le3° vertèbre lombaires la veine spermatique, à la hauteur de la 3° vertèbre lombaire la veine rénale gauche. Elle passe ensuite obliquement devant l'aorte, recoit la veine capsu- laire gauche, elle croise l'origine de l'artère mésentérique supérieure qui forme une crosse au-dessus de son bord supérieur et finalement vient reprendre son trajet normal à droite de l'aorte; dans son segment oblique, qui à une longueur de 5 centimètres, elle reçoit, outre la veine capsulaire gauche, la veine spermatique interne droite. Dès qu'elle redevient de nouveau verticale, elle recoit la veine rénale droite, 2 centimètres plus haut la veine capsulaire droite, et enfin les. veines sus-hépatiques. 2° Dans son segment sous-rénal viennent se jeter les veines lom- baires gauches et droites; celles-ci s’anastomosent les unes avec les autres et communiquent en outre avec la veine iliaque primitive droite et la veine rénale du même côté, de sorte qu'il y a un lacis veineux reliant la veine rénale droite et la veine iliaque primitive droite : c’est le seul reliquat de la veine cardinale droite que nous ayons pu trouver. 3° Le diamètre de la veine rénale gauche, 1 centimètre, est un peu plus faible que celui de la veine rénale droite ({cm.5) : c’est l'inverse de la disposition habituelle. 4 Le système aortique, le système artériel rénal, les azygos ont leur configuration habituelle. Le rein gauche est sur un plan légèrement plus élevé que le droit. La cinquième vertèbre lombaire est sacralisée. Interprétation. — L'anomalie de disposilion de cette veine cave infé- rieure peut être expliquée par le développement ontogénique du sys- tème nerveux : 1° Normalement, la veine cardinale droite devient le segment sous- ‘rénal de la veine cave inférieure et se continue directement avec le segment sus-rénal. La veine cardinale gauche, chargée primitivement de collecter le sang veineux de la moitié gauche du bassin et du membre inférieur gauche, s’atrophie; ce sang veineux se rend alors dans la veine cardinale droite par une anastomose qui relie les deux veines caves cardinales et qui devient la veine iliaque primitive gauche. Dans le cas présent, il y a eu inversion sous-rénale dans le développe- ment et l’atrophie des veines cardinales ; c’est celle de droite qui s’est atrophiée, c’est celle de gauche qui est devenue la veine cave inférieure ; l'anastomose inférieure qui relie les deux cardinales est devenue la veine iliaque primitive droite. 2° Le segment veineux préaortique doit être considéré non pas comme une partie du trajet de la veine cave inférieure, mais comme la portion terminale de la veine rénale gauche qui unit les deux segments sus- et sous-rénaux de la veine cave inférieure. Cette façon de SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1409 voir, admise par Frænkel, est du reste conforme à la disposition nor- male, car toujours ou presque toujours la veine rénale gauche se rend à la veine cave en passant au-devant de l'aorte. Bonne dit : « La plus élevée des anastomoses périaortiques, la préaortique supérieure, est en même temps la plus fixe ; elle est constante chez toutes les espèces at contribue à former chez l'adulte la portion de la veine (C ave ou rénale) commune à la veine surrénale et à la veine rénale ». Le volume de cette anastomose intercave, plus considérable que celui de la portion initiale de la veine rénale gauche, reconnait uniquement une cause mécanique : d'une part le.sang du segment sous-réral est obligé d'emprunter cette voie pour gagner le segment sus-rénal de la veine cave inférieure, d'autre part, cette portion oblique reçoit la veine spermatique interne gauche et la veine capsulaire gauche, ce qui du reste est normal, puisque la veine rénale gauche collecte tout le sang veineux des organes génitaux et urinaires de la moitié gauche de l’abdomen. 3° De toutes les anomalies qui portent sur le système des veines car- dinales inférieures, celle que nous apportons est une des plus tardives dans le développement du système veineux. Kohlmann, cité par Gérard, dit: « Les anomalies sans inversion se produisent au temps des pre- mières phases du développement du système veineux ; les anomalies avec inversion se produisent à une époque plus tardive; la formation d’une veine cave gauche se fait encore plus tard. » Cette disposition anormale doit être placée dans la 5° classe de la nomenclature d’Augier, celle où, le système subcardinal étant normal, il y a persistance de la cardinale inférieure gauche sous-rénale et d'elle seule ; c’est une treizième observation à ajouter aux douze signalées par cet auteur. (TLOBINURIE EXPÈRIMENTALE, par JACQUES Parisor et Louis CAUSSADE. Au cours de divers états pathologiques s’accompagnant de destruc- üon globulaire (anémies, ictères hémolytiques), on peut mettre en évidence dans les urines des quantités, en général assez faibles, d’une albumine particulière, la globine. Celte substance, du groupe des histones, se distingue considérable- ment par ses réactions de la sérine et de la globuline rencontrées cou- ramment dans les néphrites. Elle est l'indice certain de la destruction des globules rouges, car elle provient directement de la décomposition de l’hémoglobine en un pigment qui est l’hématine (4 p. 100) et en une 4410 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY albuimine qui est précisément la globine (94 p. 100), le reste (1 p. 100) étant formé d'une albumose et d'acides gras. Déjà signalée à l'attention du monde médical par Ville et Derrien, von Decastello, Austin, Cavazzani, Halliburton, la globinurie a été étudiée ici même, avant la guerre, par l’un de nous (1), au point de vue clinique et expérimental, et, en collaboration avec M. Robert, au point de vue chimique. Le fait qu'une albuminurie puisse {raduire un état pathologique autre que la néphrite est tellement en contradiction avec les doctrines, appuyées de nombreuses preuves (Castaigne et Rathery), qui dominent actuellement la pathologie rénale, que nous avons décidé de ne pas nous arrêter à nos études d’avant-guerre sur la globinurie. Nous les avons donc reprises en commun et ce sont les premiers résultals de nos nouvelles recherches que nous apportons dans cette note. Le choix de la globine pour de tels travaux a cn de faire utiliser une albumine qui se distingue des autres albumines urinaires par des réactions chimiques très particulières; d’autre part, eette substance, extraite de l’'hémoglobine, est, par sa constitution chimique, moins éloignée des albumines de l'organisme que d'autres, telles que l’'ovalbumine; partant, elle est moins toxique pour les animaux injectés et moins irritante pour leurs organes. Nous avons commencé par étudier expérimentalement les conditions d'apparition de la globinurie en injectant à des animaux de ja globine que nous caractérisions ensuite dans l'urine. La globine dont nous nous sommes servis a été préparée selon la méthode indiquée par Schultz en traitant d'abord l'hémoglobine par l'acide chlorhydrique étendu, puis en séparant l'hématine par le mélange alcool-éther (alcool à 90° 1/5 vol. + éther 1/2 vol.), en précipitant ensuite la globine par l’'ammoniaque et en redissolvant ce précipité par l'acide acétique dilué. En soumettant ensuite cette solution à la dialyse, nous avons obtenu une solution aqueuse et neutre de globine, telle que 1 c.c. de solution contenait 0 gr. 05 de globine. Li avons ensuite injecté cette globine à plusieurs lapins par voie veineuse périphérique (veine de l'oreille) à des doses d'autant plus 4) J. Parisot. Hémolyse et globinurie expérimentales. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 15 juin 1912. — En collaboration avec M. Robert : Recherche et caractérisation de la globine dans les urines. 14., 15 juin 1912. — En collaboration avec M. Robert : Caractérisation de la globine dans l'urine en présence des autres albumines urinaires. Id., avril 1913. — En collaboration avec M. Robert : Etude de quelques cas cliniques de globinurie. 1d., avril 1913. SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE 1411 fortes que le poids de l'animal était plus élevé. Nos expériences peuvent se classer en quatre catégories : A. Injection de très faibles doses de globine (moins de 3 c.c. dans nos expériences . — On n’en retrouve aucune trace dans l'urine. Il y a donc une dose limite, facile à trouver chez l’animal, au-dessous de laquelle on peut injecter de la globine sans la voir apparaître dans l'urine. B. Injection à dose plus élevée, en. moyenne 3 c.c. dans nos expé- riences. — Une miction suit rapidement l'injection. En moins d’une demi-heure, la globine commence à apparaitre dans l'urine et on peut la déceler par ses réactions spéciales. Au bout de 20 heures, l’élimina- tion de la globine est terminée. C. Injection à dose forte, double de celle qui ne provoque chez l'animal que de la globinurie. — La diurèse s'élablit en moins d’une demi-heure. L'animal élimine d’abord de la globine, puis, en même temps, par suite de l’irritation rénale que produit cette histone, de la nucléo-albumine et de l’albumine vraie, ultérieurement de la globine et de l’albumine, enfin uniquement de l’albumine. Au bout de 3 ou 4 jours les urines redeviennent normales. La néphrite passagère qui s'est manifestée à la suite de l'élimination urinaire de la globine parait guérie. D. Réinjection de qlobine, à la même dose que dans notre deuxième série d'expériences, à des lapins ayant eu de l’albuminurie passagère. — Aucun d'eux n’a éliminé d'autre albumine que la globine injectée. De ces quatre séries d'expériences, il résulte que : 1° La globine injectée dans les urines est retenue par l'organisme jusqu’à une dose limite ; 2° L'injection intraveineuse de globine au dessus de la dose limite est suivie rapidement du rejet de la globine par l'urine ; 3° À doses élevées, la globine, agissant comme substance toxique hétérogène, provoque une néphrite passagère ; 4° Cette néphrite ne parait pas créer une sensibilité particulière du rein à de nouvelles injections de globine. VARIATIONS DE L'ÉLIMINATION URINAIRE DE LA GLOBINE SUIVANT SES VOIES D'INTRODUCTION DANS L'ORGANISME, par J. PARisoT et L. CAUSSADE. On sait depuis longlemps que la toxicité des poisons varie suivant leur voie d'entrée dans l'organisme. Comme l'a démontré Roger, le degré de nocivité est notablement influencé par la nature et la situation du premier réseau capillaire traversé. 1412 RÉUNION BIOLOGIQUE DE NANCY 7 Partant de ces indisations, il était important pour nos travaux de rechercher quelle influence pouvait avoir sur l’élimination de la globine son mode de pénétration dans la circulation et, par déduction, quel pouvait être le rôle de certains organes dans la transformation ou la neutralisation des albumines déversées dans le milieu intérieur. Voici le résultat de nos expériences : 1° Injection de la solution de globine par voie veineuse périphérique (veine de l'oreille). — Comme nous l'avons déjà démontré, à dose moyenne (immédiatement au-dessus de la dose limite), la globine s’élimine rapidement, les urines redeviennent normales en 20 heures; à forte dose la globinurie s’observe d'abord, puis s'accompagne de nucléo-albuminurie et d’albuminurie vraie, ultérieurement on n'observe plus que de la globinurie et de l’albuminurie concomitantes, plus tard il n'y a plus que de l’albuminurie qui persiste pendant quelques jours. 2° Injection de la solution de globine par voie aortique. — La globine est poussée directement dans l’aorte par le bout central de la carotide; la quantité injectée ne dépasse pas la dose limite. Dans ces conditions la globine commence à s’éliminer 10 minutes après l'injection. Dans nos expériences l'élimination fut complète en 36 heures. Ainsi, une dose de globine insuffisante pour apparaitre dans l'urine, quand on l'injecte par voie veineuse, peut y être décelée quand on l’introduit par voie artérielle. Le réseau circulatoire du poumon pourrait exercer par conséquent, à l'égard de la globine, le même rôle élimina- teur ou réducteur que vis-à-vis de divers poisons (Roger). 3° Injection de la solution de globine par voie portale. — Pour réaliser cette expérience, nous avons introduit, aussi lentement que possible, la globine dans une veine mésentérique. Au-dessus de la dose limite, la globine apparaît dans l'urine en moins d'une demi-heure et s’élimine en 36 heures environ, plus lentement par conséquent qu'après l'injection par voie veineuse périphérique. À doses fortes, on voit apparaître l’albu- minurie vraie comme dans les injections intraveineuses à doses fortes. Le réseau circulatoire du foie comme la glande elle-même ne paraissent donc pas exercer sur la globine, du moins dans les conditions de nos expériences, un rôle d'arrêt ou de transformation notable. Toutefois il faut remarquer que l'élimination de la globine se fait plus lentement qu'après introduction de ce produit par voie veineuse périphérique. 4° Injection de la solution de globine dans la circulation intestinale. — Pour réaliser cette expérience, nous avons introduit la globine, au- dessus de la dose limite, aussi lentement que possible, dans le bout périphérique d’une artère mésentérique. Dans ces conditions, la diurèse s'établit rapidement et l'élimination de la globine commence moins d’une demi-heure après l’opération. Au bout de 16 heures environ, on n’en trouve que des quantités infinitésimales dansl’urine; après 40 heures il n'yaen plus la moindre trace. La conclusion est semblable à celle de RE tn. 4 SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE L4U3 l'expérience précédente : Le réseau circulatoire de l'intestin ne transforme pas en proportion notable la globine injectée, même quand il s’y ajoute, comme dans ce cas, l’action supplémentaire du foie. En somme, il résulte de nos expériences que ni le foie ni l'intestin n’exercent un pouvoir réducteur et inhibiteur sensible sur les albumines hétérogènes introduites dans leur circulation. Ceci donne la confir- mation expérimentale que des albumines ingérées par l’alimentation et résorbées au niveau de la muqueuse intestinale peuvent, dans certaines conditions, passer dans la circulation et se retrouver dans les urines sans que la muqueuse intestinale ou que la glande hépatique aient pu s'opposer à leur passage. ÉLECTIONS Bureau Pour 1920. M. HAUSHALTER est nommé vice-président. MM. P. MaTuïeu et LIÉNARDT sont nommés secrétaires annuels. M. R. Cozuin est maintenu dans les fonctions de secrétaire général. NOMINATIONS DE MEMBRES TITULAIRES ET DE MEMBRES HONORAIRES. MM. Frienez, WATRIN, MUTEL, SIMONIN, sont nommés membres:litu- laires. MM. E. Meyer et E. Gain sont nommés membres honoraires. MM. Simon et HEcuT ont donné leur démission. ; REUNION BIOLOGIQUE DE LILLE SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE LAGuEssE (E.) : Sur le développe- Sur un procédé rapide de détermi- ment des Mastzellen ou Mastocytes nation du carbone dans les mé- chezile Ratyblanc ect 1415 | langes organiques et principale- Lescour (L.) et Durrieux (0.) : MENT NULINE EPA EMEA NERENNArE 1417 _ Présidence de M. Laguesse, président. SUR LE DÉVELOPPEMENT DES MASTZELLEN OU MASTOCYTES CHEZ LE RAT BLANC, par E. LAGUESSE. Les Mastzellen sont particulièrement abondantes chez le Rat, dans le tissu conjonctif hypoderme, derme, ete... C'est par conséquent en étu- diant le développement de cet animal qu'on peut espérer trouver une réponse à la question souvent posée et objet de controverses : les Mast- zellen du tissu conjonctif sont-elles des cellules conjonctives fixes modifiées ou des leucocytes basophiles émigrés ? En suivant le développement du tissu conjonctif sous-cutané chez le Rat, nous avons vu les Mastzellen y apparaître un peu avant la nais- sance et devenir très abondantes chez le nouveau-né, dans les lamelles profondes surtout. La résorcine-fuchsine de Weigert, ou le bleu de méthylène suivi d'éosine, les mettent merveilleusement en relief grâce à leurs granulations basophiles qui se colorent vivement. Or, s’il en est beaucoup déjà qui se présentent comme des éléments assez épais et bourrés de gros grains serrés, d’autres sont encore peu avancées dans leur différenciation. Elles se présentent alors comme des cellules fixes aplaties, en tout semblables aux voisines, ne contenant encore que quelques grains basophiles épars, de taille très inégale, qui ont len- dance à se grouper tous ou presque tous d’un même côté du noyau. À un stade plus avancé l’engraissement de la cellule est encore plus 1416 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE marqué de ce côté qui s'épaissit. Enfin on trouve tous les stades jus- qu'à l'élément muriforme à peine aplati, bourré de gros grains qui font saillie à la surface et semblent souvent devenirlibres. Nous croyons donc que la grande poussée de Mastzellen qui se produit au moment de la naissance chez l'embryon de Rat provient de la modification de cellules conjonctives fixes. : Maximow divise les Mastzellen des Mammifères en deux groupes : celles des tissus et celles du sang. Chez l'adulte, pour lui, elles ne paraissent pas dériver d’une souche commune ; mais pourtant, dans la moelle osseuse du rat précisément, il peut distinguer des formes de transition, encore un peu douteuses, entre les deux variélés. Chez l’em- bryon elles proviendraient toutes deux de cellules lymphocytoïdes encore indifférentes. En rapprochant cetteobservation de la nôtre, nous croyons pouvoirdire que les Mastzellen sont capables de se former aux dépens de toute cel- lule du mésenchyme; mais que bientôt, en certains tissus conservant en partie les propriétés du mésenchyme primitif (moelle osseuse), s’indivi- dualise une variété spéciale, plus mobilisable, qui constitue le Myélocyte, puis le Leucocyte basophile. Cela n’empêchera pas ce dernier, après dia- pédèse, d’être susceptible de devenir cellule basophile fixe, de préfé- rence probablement sous la forme clasmatocyte. À ce propos, nous voudrions nous arrêter un instant sur le nom de ces éléments. Le terme de Mastzeile, qui est de plus en plus employé, a l'inconvénient de n'être pas français et de se traduire mal en français: cellule-engrais, dit-on le plus souvent; cellule engraissée, dit Hahn dans son vocabulaire médical. La traduction exacte serait plutôt cellule à l'engrais, comme on dit volaille à l’engrais (Masthühnchen), porc à l’engrais (Mastschwein). Littré donne comme premier sens à engrais : pèture qu'on donne aux volailles pour les engraisser; il signale l’expres- sion mettre à l’engrais qui correspond exactement à l'allemand mästen. Or, c’est bien ce qu'a voulu dire Ehrlich (Verhandl. d. phys. Gesell. zu Berlin, 1878-79, n° 8) en proposant le mot Mastzelle. 11 considère le déve- loppement de cette variété cellulaire comme dû à un état de nutrition local exalté (gesteigert). On peut, conelut-il, considérer dans une cer- taine mesure « les cellules granuleuses comme des produits de la mise à l’engrais (Mästung) des cellules conjonctives, et les appeler par consé- quent Mastzellen ». Et Westphal, son élève (/naug. Diss., 1880), répète qu'elles abondent surtout dans les points où il y a excitation de la circu- lation et de la nutrition, avec apport considérable de matériel nutritif, tantôt par suite d'une inflammation chronique, tantôt par suite de stase sanguine, tantôt au voisinage de néoformalions (carcinomes). taphaël Blanchard avait proposé de remplacer le mot de Mas!zelle par celui de Labrocyte, de Xx8s0ç, vorace, et son élève Langeron l’emploie couramment dans son Précis de microscopie (1913,. voir p. 366). Mais le SÉANCE DU 13 DÉCEMBRE 1417 mot ne semble pas s'être beaucoup répandu, tellement on est habitué au premier. N'y aurait-il pas moyen de franciser celui-ci, tout en conservant la racine, et par conséquent sans trop contrarier les habitudes acquises. Nous pensone que si. Nous trouvons en grec tacxouu, manger, dévorer, ce qui se rapproche par conséquent du mot choisi par R. Blanchard. Nous trouvons mieux encore: mactatew, mâcher; uactai, mâchoire, et poétiquement: aliment, pâture. Nous pourrions donc conserver le radical allemand mast, qui est sans doute proche parent du radical grec, et dire Mastocyte. C'est ce terme, hybride comme lymphocyte, que nous proposons, par conséquent, de substituer à celui de Mastzelle. SUR UN PROCÉDÉ RAPIDE DE DÉTERMINATION DU CARBONE DANS LES MÉLANGES ORGANIQUES ET PRINCIPALEMENT L'URINE, par L. LEscœur et O. DuüuTRIEUX. La détermination du carbone des composés organiques, par les procédés actuellement en usage de l'analyse élémentaire, donne des résultats d’une précision presque absolue, mais exige un matériel assez compliqué, qui n’est pas à la portée de tous les praticiens. En fait, malgré son importance en biologie signalée par nos maîtres (1), le dosage du carbone urinaire n’est pas entré dans la pratique urolo- gique journalière. [| en serait sans doute autrement, si, sans prétendre à la précision parfaite, on pouvait arriver à cette détermination par une opération volumétrique courante, dans le genre par exemple du dosage de l'azote suivant Kjehldal. Or, en théorie cela n'a rien d'impossible. Si l’on chauffe ensemble du nitre, de la soude caustique et une matière organique, le charbon de cette dernière, à une température qui ne dépasse pas le rouge sombre, est entiérement transformé en carbonate alcalin, 5 G— 6 NaOH + 4 AzO°Na — 5 CO'Na’ + 3H°0 — 4 Az, -que l’on peut ensuite déterminer par les procédés de l’analyse minérale. En pratique, nous opérons comme il suit : La prise d'essai, corres- pondant à 100 ou 200 milligrammes de carbone, est introduite dans un récipient convenable avec un excès d’alcali, au moins cinq à dix fois le poids du charbon. Nous employons couramment 50 c.c. d’une liqueur normale de soude bien privée d’acide carbonique. On ajoute (1) A. Desgrez. Bulletin des sciences pharmacologiques, t. LI, p. 345, 1901. — E. Lambling. Précis de biochimie. Masson, 1911, p. 454. 1418 RÉUNION BIOLOGIQUE DE LILLE ensuite 10 grammes d’un mélange à parties égales de nitrate de sodium et de nitrate de potassium bien exempts de carbonates. On porte alors rapidement à l’ébullition. Quand la vapeur d’eau cesse de se dégager, la réaction ne tarde pas à se produire. Il n’y a pas défla- sration proprement dite, la matière organique étant diluée dans un srand excès de nitrate. Seulement à un moment donné la matière blan- chit. Pour être certain d'atteindre ce résultat, on donne un coup de feu de façon à atteindre le rouge sombre, qui correspond à la fusion Ienee du mélange. On reprerd ensuile par l’eau chaude. Tout le carbone est passé à l’état de carbonate alcalin. Nous le déter- minons par la méthode alcalimétrique (1). La question du vase dans lequel s'effectue la combustion nous a arrêtés pendant quelque temps. Les récipients en verre ou en porcelaine sont rapidement attaqués par la soude en fusion. Nous avons eu recours à uu appareil en argent fin ayant la forme d'un creuset avec couvercle et tube à dégagement. Voici quelques essais faits sur des produits organiques chimique- ment définis : CARBONE RE contenu trouvé Door MGlucose CHOUETTE 0,182 gr. 0,180 gr. 0,5 gr. — ES DSP DRE NES 0,182 gr. 0,115, gr. D5?er. Sucrescandiisec. en a 0 0,210 gr. 0,209 gr. DÉrorMeUrÉe pu RES EAE Nr dent UNIES 0,100 gr. 056 en NE PR Rue OO IST 0,099 gr. 0,5 gr. Acétate decodiumr de 0,088 gr. 0,086 gr. ler 0e RARE Ne Le 2000116 er 0 ASIUer Comme on le voit les résultats sont salisfaisants. La méthode peut être appliquée au dosage du carbone total dans l'urine. Ce liquide contient, en outre de substances organiques nom- breuses et variées, des principes minéraux, notamment des phosphates, dont la présence complique un peu l’opération. On peut s’en débarrasser en déféquant préalablement l'urine par l’eau de baryte et filtrant. Mais cette pratique peut faire perdre un 1 pee de carbone, notamment l'acide carbonique préexistant. Quoi qu'il en soit, voici quelques résultats obtenus avec 20 c.c. d’une urine normale. CARBONE PAR LITRE UÜrine fraiche Me Se ee EIRE RE ee RARE TETE OT Urine — ONE RE DE Cu TO DETTE Urine déféquée par baryte. 9,69 gr Urine — — STE COUR DE CAE RE OA GOE Urine fermentation commencée . PU OR TOR PARA AU LOL; rs Urée — avancée . 8,89 gr Cette étude sera continuée. {) Pour le dosage des carbonates en présence d’alcalis, voir : L. Lescœur. Journ. de Pharm. et de Chim, [7], t. XX, p. 308-311, 1919. 1419 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE Corte (J.) : Sur l'agrégation des journé des œufs de la même espèce, 1419 spermatozoïdes d'Oursin sous l’ac- RanouE (A.) et SEnEz (Cn.) :. Ba- tion de l’eau dans laquelle ont sé- cille d'Eberth en chaînettes. . . . . 1491 Présidence de M. Alezais. SUR L’AGRÉGATION DES SPERMATOZOÏDES D OURSIN SOUS L'ACTION DE L'EAU DANS LAQUELLE ONT SÉJOURNÉ DES ŒUFS DE LA MÈME ESPÈCE, par J. COTTE. J'ai eu à m'oceuper incidemment du phénomène sur lequel Lillie à appelé le premier (1913) l'attention, et qui consiste dans l’agglutination ou l'agrégation des spermatozoïdes d'un oursin sous l’action de l’eau dans laquelle ont macéré les œufs de la même espèce. Ce qui m'a étonné le plus én refaisant ces expériences et en bénéficiant de l'expérience de mes prédécesseurs, c'est que l’on ait discuté sur la cause de ce phéno- mène. Il est tellement logique et simple, en effet, d’y voir la manifesta- tion d'un tactisme, que cette explication paraît s'imposer d’une manière absolue. Seulement je ne saisis plus bien Lœb (1914), qui attribue ce phéno- mène à un chimiotactisme négatif. Les spermatozoïdes, mis au contact de l’eau qui a séjourné sur des ovules, se dirigent vers cette eau : c’est là un premier stade, positif celui-là (1). Ils se groupent ensuite en amas sphéroïdaux : deuxième stade, qui serait négatif pour Lœb, puisque les spermatozoïdes ne se dirigent plus vers l’ovule pendant que dure ce groupement. F (4) Giraud (1916) indique qu'il faut être prudent dans l'attribution au chi- miotactisme des mouvements des êtres unicellulaires. 1490 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE En réalité, les spermatozoïdes semblent converger, par groupes, vers des buts invisibles. Ils peuvent fort bien être dirigés vers ces buts sous l’action d’un chimiolactisme positif, et Lillie et Lœb peuvent avoir par- tiellement raison, tous les deux, dans leurs interprétations. Les expé- riences de Læb, fort élégamiment conduites comme à l’ordinaire, n'ont pas montré, comme il le souhaitait, que c’est le chorion de l'œuf qui amène l'agrégation des spermatozoïdes; elles ont fourni seulement la preuve que la présence du chorion paraît indispensable pour son appa- rition. Elles n'ont donc pas ruiné l'hypothèse de Lillie, qui rendait auteur de l «agglutination » une substance sécrétée par l’ovule. Il suffit, pour metlre ces deux auteurs d'accord, d'admettre que l'enveloppe cho- rionnaire de l'œuf serve de support, à la suite d’adsorption ou d’un phé- nomène analogue, à la substance ou aux substances sécrétées par l'ovule et à qui appartient le pouvoir chimiotactique. (Inutile d'ajouter que je ne vise en rien, à ce sujet, l'hypothétique « fertilizine ».) Le cho- rion se dissout lentement dans l’eau de mer, à ce que l’on admel; se dissout-il vraiment ou se dissocie-t-il, en émettant des parcelles d’allure mucoïde ? L'eau dans laquelle ont macéré les ovules contient évidemment des substances — ou une substance — qui accélèrent ct intensifient nola- blement les mouvements des spermatozoïdes. Ceux-ci, mis dans une solution de ces substances, ne trahissent que par leur activité l’impres- sion qu'ils en recoivent ; il n’y a pas alors intervention de cette sensi- bilité différentielle, qui engendre les tactismes. Mais que :le chorion se dissocie en parcelles, que ces parcelles soient fortement imprégnées de substances positivement chimiotactiques, et voilà la sensibilité diffé- rentielle qui intervient, voilà les spermalozoïdes qui seront attirés vers des centres invisibles et se grouperont en amas, les Lêtes vers les cen- tres et à la périphérie les queues vivement agitées. L'activité même avec laquelle les têtes des spermatozoïdes viennent les traverser, comme pour chercher à les féconder, aurait pour résultat de détruire ensuite ces parcelles, en les fragmentant à l'extrême, et de rendre le milieu homogène, donc impropre à produire des phénomènes de chimiotac-. tisme : l’agrégation disparait alors. En somme, tout paraît consister — employons un langage anthropomorphique — dans une « erreur » des spermatozoïdes, trompés pour un moment par des substances provenant de la périphérie de l’œuf et se précipitant vers elles comme vers l’œuf lui-même. J'ai cherché à appuyer par des expériences cette explication théorique. L'eau dans laquelle ont séjourné pendant plusieurs heures des ovules de Strongylocentrotus lividus est mise dans un tube à insectes et laissée au repos; il est fait ensuite, à la pipette, aspiration des parties supé- rieures, moyennes et inférieures du liquide ; les parties supérieures et oyennes ont un pouvoir d’agrégaltion très faible, presque nul; celui-ci SÉANCE DU 16 DÉCEMBRE 1421 est d'autant plus marqué que l’on se rapproche davantage de la couche tout à fait inférieure. Pour l'avoir à son maximum, il faut prendre de l’eau contenant encore des ovules. La filtration sur papier rend l’eau à peu près inerte à ce point de vue ; dans cette eau, soumise à la centrifu- gation électrique, il ne parait pas se faire d’accroissement sensible du pouvoir d'agrégation au niveau du fond du tube du centrifugeur. En somme, ces expériences, si elles ne constituent pas des preuves réelles en sa faveur, permettent néanmoins d'accueillir favorablement l’hypo- thèse que l'agrégation des spermatozoïdes de Strongytlocentrotus lividus serait conditionnée par des parcelles émanées du chorion, plus lourdes que l’eau, se dissociant assez rapidement dans ce liquide et dont la filtration sur papier amènerait l'élimination ou accélérerait la disso- ciation. (Travail du Laboratoire Marion.) ! BACILLE D'EBERTH EN CHAINETTES, par À. RANQUE et CH. SENEZ. La forme en bacille ou en cocobacilie et la mobilité sont les deux premiers caractères que l’on recherche lors d'un isolement et d'une identification de bacille typhique au cours des hémocultures. Quoique ces deux caractères ne soient pas immuables et que la constatation des formes d'involution soit fréquente, il est rare pourtant que ‘l'aspect en bacille et la mobilité manquent ensemble et complètement. Au cours de séries d'hémocultures faites aux armées pendant l'épi- démie de grippe, nous eûmes une première fois l’occasion d'observer dans une même hémoculture (en bouillon) et chez un tuberculeux chronique la présence de pneumocoque et d’un pseudo-streptocoque ne prenant pas le Gram qui, aux passages suivants, se révéla comme étant un bacille typhique authentique. La présence simultanée de deux germes infectants dans le sang étant exceptionnelle, nous pensions que cette coïncidence expliquait peut- être l'aspect morphologique particulier du bacille typhique rencontré. Il n’en était rien, car nous venons, presque coup sur coup et dans deux infections à germe unique, de retrouver le même aspect en chaïînettes du bacille typhique. Dans les deux cas, 8 à 10 c.c. de sang avaient été ensemencés dans environ 60 c.c. de bouillon de bœuf peptoné. . Un premier examen fait le lendemain ne révéla aucun développement microbien, mais après 48 heures l'examen entre lame et lamelle permit de constater pour ces deux hémocultures la présence de longues chai- Brozocre. Compres RENDUS. — 1919. T LXXXII. 101 14929 RÉUNION BIOLOGIQUE DE MARSEILLE nelles de cocei, immobiles, ressemblant au streptocoque ou à l’entéro- coque ; grains parfaitement ronds ou même aplatis d'avant en arrière avec, par endroits, des grains plus gros et plus réfringents placés « en dizaines ». Les chaïînettes étaient soit allongées, soit légèrement pelo- tonnées en écheveaux lâches comme des streptocoques et complètement immobiles. Si le sang de l’hémoculture eût été hémolysé, le diagnostic de streptocoque aurait paru évident. Pourtant, il s'agissait bien dans les deux cas de bacilles typhiques : les chaïnettes ne prenaient pas le Gram; des repiquages faits sur milieux différentiels et sur milieux ordinaires donnèrent, 12 heures après, de vrais bacilles, bien mobiles, agglutinables, acidifiant les milieux au glucose sans gaz |tube B (1)|, ne réduisant pas le rouge neutre, n’aitaquant pas lelactose, ete. Cet aspect particulier n’a pas paru être en rapport avec une forme clinique spéciale de l'infection. Il ne nous a pas paru, non plus, être en relation avec la technique ou les bouillons employés : la même tech- nique et les mêmes bouillons nous ayant donné souvent, avant et après, des cultures normales avec bacilles longs et mobiles. Dans un des deux cas le sang ensemencé (6° jour) était fortement agglutinant, dans l’autre (8° jour) l’agglutinalion faisait défaut. Le même sang ensemencé en même temps sur bile, avait donné dans. les deux cas une culture de bacilles ordinaires. De toutes façons, il ne s’est agi là que d’un état transitoire : dès le premier repiquage les deux souches avaient repris tous les caractères habituels du bacille typhique. (4) « Action biochimique des microbes sur les sucres et les alcools » et « variations dans la réduction du rouge-neutre par les microbes ». — En collaboration avec M. A. Besson, Comptes rendus de la Soc. de Biologie de Paris, séance du 26 cctobre 1918. ÉLECTIONS BuREAU POUR L'ANNÉE 4990. Président : . . à. . . . . : M. G: DarBoux. Vice-président : 00. 7 /NM/PATEZAIS- Secrétaire général. . . . . . M. J. Cotre. Trésorier EN EM NMENBERE Secrétaires des s'ances . . + MM. J. Livon et L. RayBau. 4 L] REUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1919 SOMMAIRE ARON : À propos de la significa- tion morphologique des cellules troubles dans le pancréas embryon- mation des corps acétoniques . . . STROHL (A.) : Présentation d’un myographe clinique à inscription MENTRO à 0 6 4 D NBA MOT ENE RPM EEE LADA TIRE CLS TERME NE N UE EAU A AS 1423 Benoit (J.) Sur l’évolution de ViLLEMIN (F.) : Signification mor- la substance nucléolaire au cours de phologique et fonctionnelle du duo- la mitose. La nucléolodiérèse’. . 1431 | dénum chez les Mammifères. . . . 1426 Bzun (L.) et NaKkaNo : Contribution Wei (P.) : Glande myométriale à l'étude de l’hyperglycémie. Ac- endocrine dans l'utérus de la Rate tion de l'hyperglycémie sur la for- DOSEANTE ANS RE estelle 1433 Présidence de M. Bataillon, vice-président. PRÉSENTATION D'UN MYOGRAPHE CLINIQUE A INSCRIPTION DIRECTE, par A. STROBL. Cet instrument a été construit pour répondre au désir des cliniciens de posséder un appareil, d'un maniement facile, qui leur permît d’en- registrer les réactions musculaires — plus spécialement d’ordre réflexe chez l'homme. C'est un myographe direct qui inscrit le soulèvement d’un point de la peau recouvrant le muscle à explorer. Si le membre repose par ses extrémités, on évite ainsi l'inconvénient, présenté par la plupart des myographes utilisant la transmission à air, et qui consiste à enregistrer les variations de tension subies par un lien inextensible entourant le membre (1). (1) Voir, à sujet, nos précédentes publications : Sur uue technique d'examen des réflexes par la méthode graphique, la myographie clinique. Annales de Médecine, mai-juin 1917, et Sur l'inscription graphique des réflexes tendineux. Comptes rendus de la Soc. de Biologie, 11 mai 1918. 1424 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG Il se compose essentiellement d’un levier léger L mobile autour d'un axe O et auquel sont transmis, par l'intermédiaire d’une tige rigide R, les mouvements communiqués par le muscle au bouton explorateur B. Voici maintenant, brièvement décrites, les particularités de construc- tion destinées à en faciliter l'usage. Aux extrémités d’une tigémétallique SS' se trouvent deux bagues dans lesquelles coulissent deux autres tiges P et Q portant, à leurs extrémités, l’une le cylindre enregistreur C, l’autre le myographe (voir Fr) schéma ci-contre). Au moyen d’un double système de curseurs E et F, on peut en même temps régler l’amplification du tracé et s'assurer que le bouton B se trouve dans le prolongement de la tige Q. Ceci est impor- tant car, ainsi que dans les supports dits « à réglage », la partie UV peut tourner autour de son axe MN, de manière à permettre l’affleure- ment du style au moment de l'inscription. Si le bouton B est sur le pro- longement de MN, ce qui est toujours facilement réalisable, au moment où se produit l’affleurement du style, il n’y a pas de déplacement de B, qui tourne seulement légèrement sur lui-même. Un système de com- mande à distance G, analogue à ceux employés pour les obturateurs photographiques, permet, par l'intermédiaire d’un câble souple, de PS Dh. Re à SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1495 réaliser le mouvement d'affleurement du style sans toucher directe- ment à l'appareil. Enfin un ressort antagoniste H est destiné à régler la force d'appui du bouton B sur le muscle. Il y a intérêt, pour l'étude détaillée des courbes myographiques, à ce que la vitesse de translation du papier sur lequel s'inscrit le phénomène soit d'environ 40 centimètres à la seconde. Dans ce but, le cylindre ayant 50 centimètres de périphérie exécute un tour en 1 sec. 3 avec une vitesse rendue constante par un bon régulateur. La vitesse peut être diminuée au moyen d’un mécanisme approprié. Si l’on veut la con- trôler et inscrire le moment de l'excitation, on peut fixer, sur la partie U V du support, un Desprez double en relation électrique avec un dia- pason et l’appareil excitateur qui suivra le mouvement du style au moment de l’affleurement. Ajoutons que la tige SS’ coulisse elle-même dans une bague qui se trouve à l'extrémité d’un bras horizontal, non représenté sur la figure, pouvant se déplacer le long d'une tige verticale fixée solidement sur une base en fonte. L'appareil peut ainsi prendre toutes les positions sans que la situalion du myographe par rapport au cylindre soit modifiée. Dans ces conditions, l'inscription d’un réflexe devient une chose très simple et facilement exécutable par un seul opérateur. Le membre _ étant convenablement disposé et bien immobilisé, on place l'appareil de telle façon que le bouton B soit au point d'épaississement maximum du muscle et le style à quelques millimètres du cylindre. Puis, Le cylindre est mis en marche, et, lorsque au bout de quelques tours sa vitesse est devenue constante, on produit d’une main l'excitation tandis que de l’autre on appuie sur le poussoir G, juste le temps nécessaire (soit envi- ron une seconde) pour que tout le phénomène soit inserit. Les courbes myographiques de réflexes tendineux obtenues avec cet appareil sont en tous points semblables à celles que nous avons publiées antérieurement et présentent les deux soulèvements caractéristiques sur lesquels nous ne reviendrons pas aujourd’hui. Cet appareil se prête également bien à l'enregistrement des secousses électriques. Il suffit de remplacer le bouton B par une petite électrode qui se lrouve à l'extrémité d'une tige isolée et en relation par un fil avec un des pôles de la source électrique. 12426 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE ET FONCTIONNELLE DU DUODÉNUM CHEZ LES MAMMIFÈRES, par F. VILLEMIN. Les auteurs ont toujours regardé comme une individualté anato- mique, aussi bien chez l’homme que chez les autres mammifères, une portion d’intestin comprise entre le pylore et l'angle duodéno-jéjunal. [ls l'appellent duodénum ou anse duodénale. Elle est caractérisée macroscopiquement par une fixité, complète chez l'homme et quel- ques singes, relative chez les autres mammifères et par l'abou- chement des conduits pancréatiques et biliaires : histologiquement par la présence dans la muqueuse et la sous-muqueuse de glandes de Brünner. | Il ressort des nombreux travaux parus sur l’anatomie des glandes de Brünner, qu'elles sont surtout très développées chez les herbivores, moyennement chez les omnivores et peu chez les carnivores. On admet que chez l’homme, en particulier, elles existent dans presque toute l'étendue du duodénum. Elles ont le plus souvent la structure des glandes muqueuses et sont assimilées communément aux glandes pyloriques. En 1911, à propos de la description d’un rétrécissement et d’une valvule musculaire comme limite inférieure du duodénum de l'homme, j'ai eu l’occasion de montrer que dans l'immense majorité des cas, les glandes de Brünner n’arrivaient jamais chez l'adulte jusqu’à la fin du duodénum. Elles atteignaient dans des cas très rares la valvule duodéno-jéjunale chez l’adulte, alors que chez le fœtus et l’enfant elles existaient sur toute l'étendue du duodénum. J'indiquais dès cette époque que cette limitation des glandes de Brünner chez l'adulte était due à la régression au cours de la croissance de l'individu. J'ai con- tinué depuis l'étude (topographique des glandes de Brünner chez l’homme et chez les mammifères et j'ai été amené à rechercher les relations qui existent entre leur répartition et les caractères macrosco- piques du duodénum, en particulier l’abouchement des conduits pan- créatiques et biliaires. En considérant le point de vue de l’abouchement de ces conduits, on peut diviser les mammifères en deux catégories : une première com- prend les mammifères chez lesquels les conduits se jettent au même niveau dans le duodénum (homme, singe, quelques rongeurs, carni- vores, quelques herbivores). Une deuxième comprend ceux chez lesquels l'abouchement se fait à des niveaux différents (quelques rongeurs herbivores, herbivores). SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 149 Je m'occuperai dans cette note des mammifères de la première caté- gorie en réservant une description spéciale pour l'homme. Chez l'homme adulte, les conduits pancréatiques et biliaires s'’abouchent ensemble à 10 ou 12 centimètres en dessous du pylore et divisent ainsi le duodénum en deux parties : une partie supérieure et une partie infé- rieure. La partie supérieure est dilatée surtout au voisinage du pylore (vestibule), sa musculature est relativement épaisse et, intérieurement, elle ne présente pas ou peu de valvules conniventes. La partie inférieure offre tous les caractères macroscopiques du jéjunum (même calibre, même musculature, nombreuses valvules conniventes). On sait que le duodénum est vascularisé par deux artères : l’artère pancréatico-duodénale supérieure, issue de l’ar- tère hépatique par l'intermédiaire de la gastro-duodénale et l'artère pan- créatico-duodénale inférieure, branche de l'artère mésentérique supérieure. Or, la partie supérieure est vascularisée uniquement par l’artère pancréa- tico-duodénale supérieure, tandis que l'inférieure recoit ses artères de l'artère mésentérique supérieure. Il existe de plus de petites branches arté- rielles qui naissent de l'artère hépatique proprement dite et qui se rendent dans la partie supérieure du duodénum par un trajet rétrograde entre les deux feuillets du petit épiplon. Les glandes de Brünner sont localisées dans la partie supérieure et disparaissent complètement dans la majorité des cas après l’abouchement des conduits pancréatiques et biliaires. Elles offrent la structure des glandes muqueuses. Chez les singes où le duodénum est complètement fixé, les dispositions sont assez comparables à celles de l'homme. Autres Mammifères. — Il est impossible de donner deschiffrescomparatifs du point d'abouchement des conduits pancréatiques et biliaires par rapport au pylore chez les autres Mammifères, enraison des grandes variations de taille qui entraînent forcément des différences considérables dans la longueur relative du duodénum. Mais on peut dire que, d’une#açon générale, les Mammifères sont susceptibles d’être divisés en deux groupes. Dans un premier groupe : carnivores, insectivores, quelques rongeurs, les conduits pancréatiques et biliaires s’abouchent dans le duodénum à une courte distance du pylore ; dans un deuxième groupe : herbivores, ils s’abouchent à une grande dis- tance du pylore. PREMIER GROUPE. — Chez tous les Mammifères de ce groupe, la partie supé- rieure du duodénum est courte, le plus souvent dilatée, à paroi épaisse, se continue insensiblement avec la partie inférieure (véritable anse intestinale contenant le pancréas). Elle est irriguée exclusivement par des branches de l’artère hépatique, tandis que la partie inférieure recoit ses artères de l'artère mésentérique supérieure. Les deux territoires artériels sont anas- tomosés. Les glandes de Brünner n'existent que dans la partie supérieure ; elles descendent plus ou moins bas en dessous du pylore, mais ne dépassent pas l'abouchement des conduits pancréatiques et biliaires. Elles ont la structure des glandes miqueuses. 1498 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG Deuxième Groupe. — Le duodénum est ici divisé en deux parties par un double coude en dessous duquel s’abouchent les conduits pancréatiques et biliaires. La partie supérieure est dilatée (ventricule) ; sa surface extérieure est grisätre comme celle de l'estomac, sa musculature est généralement plus épaisse que celle de la partie inférieure qui possède tous les caractères d’une anse jéjunale. De plus, les rapports péritonéaux de la partie supérieure sont les mêmes que ceux de l’estomac, tandis que la partie inférieure est con- tenue dans le mésoduodénum. La partie supérieure recoit ses branches artérielles exclusivement de l'artère hépatique et la partie inférieure les recoit de l'artère mésentérique supérieure. Enfin, les glandes de Brünner sont très développées dans la partie supé- rieure. Elles disparaissent au niveau du double coude et n’existent pas dans la partie inférieure en dessous de l’abouchement des conduits pancréatiques et biliaires. Elles ont la structure des glandes muqueuses. Ces constatations anatomiques me permettent de tirer la conclusion suivante : Ë Le duodénum de l’homme et des mammifères, chez lesquels les con- duits pancréatiques et biliaires s'abouchent au même niveau, peut êlre divisé en deux parties : une partie supérieure à l’abouchement et une partie inférieure. La partie supérieure est dilatée, présente une paroi plus épaisse et recoit ses artères exclusivement de l'artère hépatique. De plus, elle contient des glandes de Brünner. La partie inférieure présente les caractères morphologiques des anses jéjunales, recoit des branches de l'artère mésentérique supérieure. Elle ne contient pas de glandes de Brünner. Les glandes de Brünner de ces mammifères ont la structure des glandes muqueuses. » À PROPOS DE LA SIGNIFICATION MORPHOLOGIQUE DES CELLULES TROUBLES DANS LE PANCRÉAS EMBRYONNAIRE, par ARON. L'étude du pancréas d'un certain nombre d’embryons de porc, à différents stades de l’ontogénèse, nous a révélé des faits nouveaux, particulièrement en ce qui concerne le développement des îlots de Langerhans. . Avec Lagucsse, la plupart des auteurs admettent actuellement que chez les mammifères deux générations d’ilots endocrines se succèdent dans le pancréas au cours de la vie intra-utérine. La première géné- ration, celle des « îlots primaires », est très précoce : elle apparaît alors SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1429 que l’ébauche de la glande se montre encore constituée par des cordons cellulaires pleins, el elle est représentée par des éléments tantôt isolés, tantôt groupés er amas plus ou moins considérables, éléments qui naissent aux dépens de cellules indifférentes des travées primitives et qui méritent, en raison de leur aspect spécial, la dénomination de « cellules troubles ». D'après Laguesse, les « îlots primaires » régres- sent et disparaissent en grande partie vers l’époque où se forment les ilots dits « secondaires ». Ces derniers se développent en même temps que les premières cavités secrétantes et ont précisément pour origine de jeunes acini qui subissent la transformation endocrine. Nos observations ont eu essentiellement pour objets les éléments con- sidérés Jusqu'ici comme constitutifs des « îlots primaires ». Nous avons remarqué que, chez le porc, les « cellules troubles », très nombreuses, en effet, dès les stades les plus primitifs du développement, s’assem- blent rarement en amas qui puissent être regardés comme des îlots bien caractérisés. Certes ces cellules Sont manifestement issues des éléments de l’ébauche glandulaire; mais, une fois parvenues à l’état trouble, elles conservent leurs rapports antérieurs avec leurs voisines demeurées indifférentes ; il en est de même si plusieurs de ces cellules se trouvent juxtaposées dans un cordon ou dans un tube pancréatique; on ne peut, là encore, parler d’ilots véritables. D'autre part, l'étude cytologique des éléments en question, en parti- culier au moyen des méthodes de coloration mitochondriales, nous à montré qu'ils sont le siège de processus fort intéressants. Nous avons fait usage, en vue de ces colorations, de fixateurs nouveaux, dont le principe réside dans l’adjonction d'acide phosphotungstique à divers liquides de pratique courante (1). Les méthodes d’Altmann et de Regaud, appliquées à la suite de telles fixations, décèlent l'existence, au sein des cellules troubles, de mitochondries granulaires susceptibles de remplir complètement le corps cytoplasmique. Nous avons pu suivre l'apparition progressive de ce chondriome dans les cellules indiffé- rentes de l’ébauche pancréatique vôuées à la transformation. En outre, nous avons constaté que l’état trouble n’est que transitoire et que la série des modifications dont sont l’objet de tels éléments va beaucoup plus loin. Les mitochondries, en effet, tendent rapidement à former par coalescence un bloc très colorable qui peut remplir complètement la cellule. Nous avons désigné ce corpuscule par le terme de « chondrio- lithe » qui rappelle à la fois son origine et son aspect homogène, massif, parfois irrégulier. Une fois développé, le chondriolithe est éliminé, tantôt en dedans, tantôt et plus souvent en dehors du bourgeon ou du (1) L'emploi de ces mélanges fixateurs nous a été récemment inspiré par M. le professeur P, Bouin. 1430 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG tube où il est né. Il subit alors une diminution de volume et une régu- larisation de forme qui lui communiquent l’aspect banal d’un noyau en pycnose. D'abord privé en apparence de tout support protoplasmique, le chondriolithe ne tarde pas à se montrer entouré d’un mince liséré de cytoplasme vivement éosinophile. Progressivement le protoplasme devient plus étendu, mieux visible, cependant que le chondriolithe, après s'être, semble-t-il, condensé de plus en plus, se fragmente et subit, ou bien une sorte de fonte intra-cytoplasmique, ou bien une expulsion parcellaire. Le produit final de cette évolution est un élément qui possède les dimensions, la forme et les réactions colorantes des hématies. On voit fréquemment du reste se dérouler, au sein même des capillaires, la seconde phase des transformalions indiquées. En résumé, nous croyons que les cellules troubles ne représentent nullement les éléments primordiaux de la glande pancréatique endo- crine et que seuls les îlots secondaires caractérisent le parenchyme langerhansien; ces îlots secondaires apparaissent, chez le pore, à une époque tardive de l’ontogénèse. Quant à l'évolution des cellules trou- bles, elle nous semble ressortir à des phénomènes d’érythropoïèse dont un certain nombre d'éléments de l’ébauche pancréatique seraient par conséquent le siège. Le produit final de leur transformation est en effet identique à un globule rouge. Il est peu probable qu'il ne faille voir, en ces phénomènes, que des actes sécrétoires précoces de la part d'élé- ments jeunes de la glande, voués consécutivement, en raison même de leur précocité, à une forme spéciale de dégénérescence : de telles méta- morphoses d'ordre sécrétoire seraient absolument atypiques et para- doxales et jamais, à leur suite, l’on n'assiste à l'élaboration de grains zymogéniques; par contre le processus se manifeste encore après la différenciation des cavités sécrétantes, et des cellules en cours d'activité glandulaire déjà normale semblent pouvoir présenter une série de modifications analogues. S’agirait-il alors d'une forme de dégénéres- cence pure et simple de nombreuses cellules de la glande en voie d’accroissement ? Nous ne croyons pas devoir plus de crédit à cette hypothèse à laquelle s'opposent Le début du phénomène et son mode de terminaison ; si l’on avait affaire à une sorte de fonte granuleuse du protoplasma, l’on ne verrait pas en effet les granulations, d’ailleurs électivement colorables comme les mitochondries, se localiser primiti- vement dans la zoue para-nueléaire ; puis, après s'être répandues dans tout le corps cytoplasmique, s'unir en un bloc homogène basophile, dont nous avons montré la destinée imprévue. Les conclusions qui découlent de nos recherches sont de deux ordres. D'une part, elles mettent en question l'existence des îlots primaires et tendent à laisser admetire que la glande pancréatique endocrine appa- SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1431 raît assez tardivement dans l'ontogénèse : d'autre part, elles permettent d'attribuer peut-être au pancréas embryonnaire, comme au foie em- bryonnaire, un rôle érythropoïétique, plus discret, il est vrai, et plus accessoire. De tels résultats ne pourront évidemment s'imposer, à un point de vue général, que par l'examen de nouvelles espèces et par l'étude, au moyen de procédés analogues à ceux que nous avons indiqués, des phénomènes cytologiques dont le foie ou la rate de l'embryon sont le siège. .({nstitut d'Histologie de la Kaculté de Médecine.) SUR L'ÉVOLUTION DE LA SUBSTANCE NUCLÉOLAIRE AU COURS DE LA MITOSE. LA NUCLÉOLODIÉRÈSE, par J. BENOIT. La description classique enseigne la disparition des nucléoles au cours de la mitose, depuis la fin de la prophase jusqu'à la reconstitution des noyaux-filles. Quelques auteurs cependant (Metzner, Haecker, Wendt, O0. Hertwig, Flemming) ont affirmé la persistance des nucléoles pendant la caryocinèse. Metzner, qui utilisa comme fixateur l'acide osmique très concentré, fit remarquer que l’étude des nucléoles au cours de la mitose nécessitail une fixation et une coloration spéciales. Nous pouvons donner raison. à Metzner sur cette question, et nous admettons avec lui que la disparition momentanée des nucléoles est Ia conséquence d’une technique insuffisante. Dans le but de conserver la substance nucléolaire, nous avons employé un précipitant très éner- gique des substances albuminoïdes et de leurs dérivés, l'acide phospho- tungstique. Nous l'avons associé à l'acide chromique, à l'acide osmique, et au sublimé. La fixation de nos pièces fut faite à une température voi- sine de 0°, ce qui augmente le pouvoir précipitant et la pénétration du fixateur. \ Nos recherches portèrent sur l'évolution de la substance nucléolaire dans les miloses spermatocytaires chez la souris. Nos coupes furent colorées à la fuchsine anilinée d’Altmann, puis différenciées dans l’al- cool picrique du même auteur : la chromatine se colore en jaune, et les nucléoles en rouge vif. Les préparations obtenues par ce procédé nous ont permis de faire les constatations suivantes : Au début de la prophase des spermatocytes on observe dans le noyau pe EC Co [RS] RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG Ts ae cut un nucléole assez volumineux. Il est coloré en jaune brun par la méthode sus-indiquée, en vert par le vert-lumière dans le procédé de Benda ; il se décolore quand on traite les coupes par l’hématoxyline-fer de Heidenhain. Sa forme est polyédrique ou tronc-conique, et il se trouve appliqué contre la membrane nucléaire par sa plus large base. Son sommet, dirigé vers le centre du noyau, est coiffé par deux petits - grains assez gros, sphériques, très réfringents. [ls présentent une réac- tion amphophile vis-à-vis de nombreuses matières tinctoriales : ils se colorent en rouge intense par la fuchsine d'Altmann, en noir par l'héma- toxyline ferrique, en rouge par la safranine. Ce sont ces corps particu- liers dont nous avons suivi l’évolution. Jusqu'à plus ample informé, nous les désignerons sous le nom de nueléoles, dont ils ont tous les caractères morphologiques. La fixation que nous avons employée les mordance d’une façon spéciale et permet, surtout après la méthode d'Altmann, de poursuivre leur évolution. Ils se distinguent nettement de la chromatine, parce qu'ils se teignent énergiquement en rouge alors que la chromatine à perdu son affinité pour les matières colorantes et se teint diffusément en jaune. À un stade plus avancé de la prophase, on voit apparaître dans l’aire nucléaire des nucléoles plus petits que les précédents, dont ils semblent provenir et dont ils présentent toutes les réactions microchimiques. Ces nucléolules, au moment où le spirème épais s'est constitué (stade pachytène), subissent une condensation de leur substance, se segmen- tent chacun en deux grains minuscules, et se disposent, sous forme de petits diplosomes, à la surface du cordon chromatique. Celui-ei subit ensuite sa segmentation en chromosomes, qui se placent à l’équateur du fuseau mitotique. À ce. moment, chacun des deux grains du diplo- some occupe l'extrémité des chromosomes tournée vers les pôles. Ils figurent à cet endroit des grains rouges très visibles, qui tranchent sur la coloration jaune ocre des chromosomes, et qui semblent servir de points d'attache aux fibres palléales du fuseau. Lors de l’ascension polaire, les chromosomes-filles, avec leur nucléolule, convergent vers les centrosomes, s’accolent les uns aux autres, et forment dans leur ensemble une sorte de tronc de cône, à la petite base duquel les nucléo- lules sont très serrés et toujours nettement distincts. Les chromosomes conservent quelque temps encore leur forme primitive. Ils se fusionnent ensuite en un bloc dense, autour duquel apparaît une membrane nucléaire, tout d'abord irrégulière, puis circulaire. Les nucléolules sont toujours distincts au sein de cette masse nucléaire condensée. Dans un stade plus avancé de la reconstitution nucléaire, ils se fusionnent enun ou plusieurs gros nucléoles, et cela dans les noyaux des spermatocytes de deuxième ordre comme dans ceux des spermatides. Les nucléolules se sont fusionnés le plus souvent en un gros nucléole unique quand la spermatide commence sa transformation en spermie, Ce nucléole unique SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1433 se fragmente en petils grains rouges, longtemps visibles encore dans le noyau allongé de la future spermie. Ils cesseront d’être colorables lorsque l’'homogénéisation de la chromatine sera complète. En résumé, les nucléoles, lors de la prophase, paraissent donner nais- sance à des nucléolules qui se disséminent dans l'aire du noyau. Ces nucléolules se condensent, s'appliquent sur le filament spirématique, se dédoublent chacun en deux grains-filles, se placent aux extrémités des chromosomes quand ceux-ci se constituent, émigrent avec ces der- niers dans chacun des noyaux-filles et reconstituent par leur coales- cence un nucléole-fille directement issu de la substance du nucléole- mère. Notre description de l’évolution de la substance nucléolaire chromo- phile présente certaines lacunes. Il n'en est pas moins certain qu'il existe une nucléolodiérèse et les faits que nous avons observés jusqu'ici nous incitent à exprimer l'opinion que cette diérèse nucléolaire se pro- duit avec une précision égale à la diérèse de la chromatine. La nucléolodiérèse que l’on voit si nettement dans le testicule de la souris est-elle caractéristique des mitoses de maturation ? S'agit-il de l'évolution d’une substance homologue à celle qui constitue les hétéro- chromosomes ? Nous posons ces questions sans vouloir les résoudre actuellement. Des recherches ultérieures sur des objets plus favorables nous permettront de préciser nos conclusions actuelles. (Travail de l'Institut d'Histologie.) GLANDE -MYOMÉTRIALE ENDOCRINE DANS L'UTÉRUS DE LA RATE GESTANTE, : par PAUL WEILL. Ancel et Bouin ont trouvé chez la lapine gestante, dans le myomé- trium utérin, des cellules glandulaires qui, dans leur ensemble, possè- dent la structure d’une glande endocrine. Ils les désignent sous le nom de « cellules myométriales » d’après leur localisation. Ces éléments ont été retrouvés par Fränkel chez le même animal et à ia même période de la gestation. Des formations analogues chez les autres Mammifères ne sont guère connues. Rappelons seulement que Weymeersch a constaté un tissu semblable chez le cobaye. En examinant le placenta et la paroi utérine de la Rate blanche ges- tante dans la seconde moitié de la grossesse, nous avons trouvé une formation à structure inconnue chez cetanimal. Cette formation présente l'architecture d’une glande endocrine et rappelle les caractères histolo- 1434 REUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG giques signalés chez la lapine par les auteurs précédemment cités. On constate en effet, chez cet animal, que les vaisseaux capillaires du myométrium utérin, en face de l'insertion placentaire, sont entourés par un grand nombre de volumineuses cellules granuleuses. L'examen à un faible grossissement permet de constater tout de suite qu’elles for- ment une couche d’une épaisseur considérable. Ce sont des cellules de grande taille, dont le cyloplasme est plus ou moins rempli de grosses sranulations nettement acidophiles. Leur noyau est presque toujours rejeté à la périphérie. Leur cytoplasme possède une structure réticulée, avec des mailles et des filaments qui sont d’autant plus visibles que le nombre des granulations est plus restreint. On peut établir le eycle entier de l’évolution glandulaire présentée par ces éléments depuis la cellule‘non granulée jusqu’à la cellule bourrée d’inclusions acidophiles, el de celle-ci à la cellule complétement épuisée. Il est facile de constater que les premières granulations apparaissent dans des éléments à cytoplasme très foncé et que leur acidophilie aug- mente avec le nombre des granulations. Les granulations les plus fon- cées et les plus volumineuses se trouvent dans des cellules qui en sont pleines. L’excrétion se manifeste chez les cellules qui bordent la paroi des capillaires. Dans ces éléments, la quantité des inclusions diminue peu à peu, en même temps que les granulations restantes prennent une teinte toujours plus claire. A la fin de l’excrétion,on ne voit plus dans la cellule qu’un réseau cytoplasmique très clair contenant quelques rares grains sécréloires qui n'ont pas diminué de volume, mais dont la colo- ration paraît s’'évanouir de plus en plus. La différence entre la cellule qui n’a pas encore de granulations et celle qui en est dépourvue est donc très nette : il existe d’une part des éléments volumineux, à protoplasme foncé; d’autre part des cellules sans granulations, « épuisées », d'un aspect clair et tout à fait différent de celui des cellules du premier type: Ces cellules « épuisées » se caractérisent aussi par leur localisation vis-à-vis des capillaires sanguins. Tandis que la place la plus impor- tante et la plus proche de l’endothélium vasculaire est occupée par les éléments en pleine voie de sécrétion, les cellules épuisées semblent écrasées et sont repoussées vers le dehors par les premières. Le noyau ne présente aucune modificalion, ni dans sa structure, ni dans son volume, pendant que le cyloplasme subit toutes les modifications sus- . indiquées. Ces observations montrent donc nettement que l’on a affaire ici à des cellules glandulaires endocrines; glandulaires puisqu'on peut suivre leur cycle sécrétoire, endocrines puisqu'elles déversent leur produit de sécrétion dans le milieu intérieur. Quant à la genèse des cellulés granuleuses elles-mêmes, il nous à paru que l’espèce cytologique à laquelle elles appartiennent est repré- À SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1435 sentée par les cellules du type conjonctif. Ces éléments se différencient d’une manière spécifique en élaborant des granulations éosinophiles. Leur localisation périvasculaire laisse penser à des apports entre ces cellules et les cellules adventitielles généralement capables de différen- ciations multiples. Cette masse considérable de cellules, qui forment une vraie glande périvasculaire, doit avoir une fonction bien déterminée qu'il nous est impossible d’élucider pour le moment. Il faut établir avant tout leur histoire entière, le moment de leur apparition et de leur disparition au cours de la grossesse; l’étude de ces questions fera l’objet d'un travail ultérieur. (/nstitut d'Histologie de la Faculté de Médecine.) CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DE L'HYPERGLYCÉMIE. ACTION DE L'HYPERGLYCÉMIE SUR LA FORMATION DES CORPS ACÉTONIQUES, par LÉON BLum et Nakawo. Pour expliquer un certain nombre de phénomènes que l’on observe au cours du diabète sucré, l’un de nous à émis l'hypothèse que la pré- sence d’un excès de glycose dans les tissus exerçait une aclion nocive sur les fonctions cellulaires. Dans le but de vérifier cette conception, nous avons fait rechercher par M. Menge sur un certain nombre de diabétiques les rapports entre la glycémie (dosée toutes les 2' heures) et la faculté de combustion des hydrates de carbone. Ces recherches ont montré que les phénomènes qui interviennent dans le diabète sucré, en particulier le rôle important joué par le rein dans l'élimination du glycose, créent des conditions très compliquées qui interdisent toute conclusion. Nous avons dù recourir pour cette raison à l’ expérimentation et avons utilisé, pour étudier l’action du glycose, certains faits qui président à la formation et aux rapports réciproques des substances acétoni- ques. Lorsqu'on administre au lapin, au chien où à l’homme de l'acide 6-oxybutyrique sous forme du sel de soude, les urines ne renferment pas de quantités appréciables d’acide diacétique, même après ingestion de grandes quantités de cette substance. On observe, par contre, une acé- tonurie très marquée après l'introduction des mêmes quantités d'acide lorsqu'on, provoque une perturbation de la, fonction hépatique, par , exemple par une anesthésie chloroformique. 1436 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG Est-ce parce que l'organisme dédouble dans ces conditions l'acide oxybutyrique par la voie de l’acide diacétique, voie qu'il n'utilise pas normalement, ou parce que l'acide diacétique n’est plus détruit norma- lement par les cellules hépatiques altérées? C'est une question sur laquelle nous reviendrons dans une publication ultérieure. Nous avons recherché si le glycose introduit en excès dans l’orga- nisme agissait d’une façon identique au chloroforme sur la destruction de l'acide oxybutyrique. Nous nous sommes servis de la technique suivante : on fait écouler dans la veine d’un lapin une solution (40 c.c.) d’oxybutyrate de soude contenant 1,75 gramme d’acide lévogyre et simultanément dans une autre veine 50 c.c. d’une solution, soit de chlorure de sodium à 8 p. 1.000, soit de glycose à 5,4 p. 100 ou fortement concentrée de glycose (entre 20 et 40 p. 100). L'introduction se fait sur le même lapin dans des conditions toujours iden- tiques avec les mêmes quantités de liquide, les mêmes durées d'injection (40 à 50 minutes), en alternant simplement entre les solutions de sérums physiologiques salé, giycosé et les solutions concentrées de glycose. Dans les urines de 24 heurés recueillies avec la sonde, on détermine Îa quantité d'acétone formée, le sucre du sang est dosé d’après la microméthode de Bang avant, pendant et à plusieurs reprises après l'injection; le dermier dosage est pratiqué une heure et demie après le début de l'injection parce qu'à ce moment l’acétonurie cesse complètement. Le tableau suivant donne quelques-uns des résultats que nous avons obtenus : NaCI GLYCOSE GLYCOSE SOLUTION INJECTÉE . . .. . : . à 8 à 54 à 200 à 400 p. 1.000 p- 1.000 p- 1.000 Valeur maxima de la glycémie . . . 0,12 0,21 0,45 ACÉLONE RENNES Se MARINE 9,35 megr. 12,51 mgr. 39,6 mer. Valeurimaxima de lafolycémie te 2120020000 Pt 0,19 0,52 ACÉLONE M TN ERA RE RAS 12,18 mgr.| 144,16 mor. Valeur maxima de la cycle UE AE Ge nee 0 ,22 0,48 AICÉLON CE FRERE OS RCE EP PAPE 28,98 mgr. 120: ,83 Mgr. Valeur maxima de la ipINEeme pe RAR EEE 0,37 0,72 ACÉIONCE Peer Re NS A A a A ets de 471,38 mgr.| 136,33 mgr. 12 SÉANCE DU 19 DÉCEMBRE 1437 cose, augmentation de l’acétonurie. Tandis que l'injection d’une solu- tion chlorurée n’exerce aucune action sur l’acétonurie, nous constatons presque régulièrement une augmentation de l'acélonurie déjà après l'emploi d’une solution isotonique. Avec les solutions concentrées de glycose l’acétonurie est encore plus marquée, dans certaines expériences elle est très intense. Cette apparition d’une glycosurie après l'injection de glycose est un fait paradoxal, qui est en opposition avec tous les faits admis et connus jusqu à présent. De toutes les substances qui agissent sur la formation ou sur la combustion des corps acétoniques, les hydrates de carbone sont celles qui ont l’action la plus forte. La suppression des hydrates de carbone dans l'alimentation provoque l’acétonurie, leur ingestion la diminue ou la fait disparaître chez l’homme sain et presque toujours chez le diabétique. Pour expliquer cette action paradoxale du glycose, il faut la mettre en rapport avec la glycémie. La comparaison des chiffres de la gly- cémie et de l’acétonurie permet d'établir une relation très évidente entre les deux phénomènes : l’acétonurie fait défaut, même après injection de glycose lorsque l’hyperglycémie manque. L'acétonurie est d'autant plus forte chez le même lapin que l'hyperglycémie est plus accusée. H, D'un lapin à l’autre le parallélisme entre l'intensité de la glycémie et de l’acétonurie existe encore, mais il est plus effacé par l'intervention de différences individuelles, dont nous n'avons pas cherché à appro- fondir la cause. Nous avons encore examiné si cette acétonurie n'était pas la suite d’une diurèse provoquée par l'injection de glycose : cette éventualité a pu être écartée. Comme, dans nos expériences, des facteurs autres que le glycose n'interviennent pas, il nous semble légitime de conclure que c'est lui qui exerce cette action sur le métabolisme de l'acide oxybutyrique. Nous avons recherché si une glycosurie produite de façon différente par l'injection de l’adrénaline (1 milligr.) provoquait des effets semblables. Les résultats obtenus ont été concordants, mais nous nous garderons d'y voir une simple confirmation de l'influence de l’hyperglycémie, car l'action de l’adrénaline semble être très compliquée et, en dehors de son influence sur le métabolisme des hydrates de carbone, se manifeste sur d’autres réactions cellulaires. IL sera intéressant de rechercher si cette action du glycose se produit encore sur d’autres fonctions, en particulier sur la combustion du sucre et des matières albuminoïdes comme nous le supposons, d’après cer- tains faits que l’on observe au cours du diabète sucré. Une telle con- Statation permettra non seulement de mieux comprendre l’histoire BioLOGIE. COMPTES RENDUS. — 1919. T. LXXXII. 102 1438 RÉUNION BIOLOGIQUE DE STRASBOURG pathogénique de cette affection, mais pourra encore contribuer à la : connaissance d'états pathologiques, dans lesquels il y a accumulation et rétention de substances normalement formées dans l'organisme. (Lavoratoire de la clinique médicale de Strasbourg.) FIN DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES ET MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE. Le Gérant : O. PORÉE. Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel L. MARETHEUX, directeur, 1, ruo Cassette. à TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS ANNÉE 1919. A Achard (Gh.), Ribot (A.) et Binet (L.). Action des extraits d'organes sur l'hy- perglycémie provoquée, 188. — L'épreuve de l’hyperglycémie provcequée dans les altérations pancréatiques expérimentales, 1232. — Sur l’utilisation du glycose dans les maladies aiguës fébriles, 715. Achard (CGh.), Ribot (A. et Le- blanc (A.). Le cocfficient lipémique dans les hydropisies, 339. ee Agulhon (A) et Chavannes (I.). Différenciation des frotiis colorés par la méthode de Romanowsky et en général par les matières colorantes du groupe des thiazines, 149. Albert (F.). La coagulation des hémo- thorax, 283. : Alliot (H.). Contribution à l'étude de l'action antityphogène du jus de citron et du vin blanc, 457. : Ambard, Mayer (A.), Rathery (Fr. et Schæïfer (G.). L'état fonctionnel du rein comparé à son aspect histologique et ! à sa composition chimique, 1336. Voir Guillein (G.). Ameuille et Sourdel (M.). L'élimi- nation parallèle de l’iodure de potassium par l'urine et par la salive, 384. André-Thomas. Déductions cliniques tirées de l'examen des réflexes pilomo- teurs dans Les blessures de la moelle, 296. — Les plaques d’aréflexie pilomotrice - dans les blessures de la queue de cheval et de la moelle, 1102. — Les réactions pi- lomotrices et les réflexes pilomoteurs dans les blessures de la moelle. Réflexe encé- phalique et réflexe spinal. Centres pilo- : moteurs, 291. — Les troubles de la réflec- tivité pilomotrice dans le zona, 1105. * BroLocre. TABLES. — 1919. T. LXXXII, Argaud (R.). Sur la phase carcino- matoiïde du chordome malin, 428. — Sur la signification structurale des macules du typhus exanthématique, 1218. — Sur l’'endoplèvre, 857., Arloing (F.) et Biot (R.). Sur la fixa- tion du complément chez les lubercu- leux, 1333. Arloing (F.) et Maignon. Effets expé- rimentaux de l'extrait de safran sur l'or- ganisme animal, 522. Arnaud (R.). Note au sujet d'une nou- velle méthode de ti‘rage rapide daus la réaction de fixation par les sérums non chauffés, 299. — Note sur une nouvelle méthode panoptique rapide de coloration du sang et des parasites dans les frottis, -208. — Technique simple de la réaction de Bordet-Wassermann, par l'emploi de sérums non chauffés, et ne nécessitant pas de titrage préalable, 301. Aron. À propos de la signification morphologique des cellules troubles dans le pancréas embryonnaire, 1428. Arthus (M.). Actions antagonistes du venin de Daboïa et du venin de Cobra sur la coagulation des plasmas oxalatés et citratés, 1158. — Anaphylaxie-immunité, 1200. — Anaphylaxie passive du Lapin, 412. — De l'état d’anaphylaxie à l’état d'immunité, 1202. — Imimunité et anaphy- laxie, 1230. — L’antithrombine engendrée dans les intoxications protéiques est-elle exclusivement d'origine hépatique ?, 416. — Recherches expérimentales sur le venin des Abeilles, 414. — Venin de Daboïa et extraits d'organes, 1156. Azcune (A. J.). La dégénérescence ascendante el descendante de la moelle épinière après arrachement du nerf scia- tique (Nouveau procédé d'investigation), 1283. — Sur le fonctionnement histophy- siologique du rein de Rana lemporaria, - 1349. 103 29250 B Bachmann (A. Présence de sub- stances spécifiques dans. les leucocytes des animaux immunisés, 103L. Bailliart et Magitot. 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De l'emploi d'une huile quivivisée, lipoilée, camphrée, comme méthode thérapeutique du palu- disme grave, 550. — Trois cas d'accès pernicieux traités par la ponction iom- baire et par l'injection intraveineuse d'huile quininisée, lipoidée, camphrée, DD Monziols (A.) et Dubourg (E.). Ag- glutination du Proteus À 19, dans le ty phus exanthématique, 348. Morel (L.). Voir Brocq (P.). Monter (A.). Sur l'action antiana- phylactique des eaux thermales de Royat, injectées au Lapin, 191. Moulinier (R.) et Cruchet (R.). Fa- tigue et asthénie cardiaque des aviateurs. 680. Voir Gruchet (R.). Moureaü (M.. Voir Mauriac (P.. Mouriquand (G.). Voir Weill (E.\. Moussali (A.). Voir Frouin (A... Mozer (M.). Voir Netter (A.). Muratet (L.). phales et d'œufs de Trichocéphales dans le foie de Mus decumanus, 1383. Musso (L.). Etude chimique des cul- tures du Cryptocoque de Rivolta, 1271. Mutel et Watrin. Disposition anor- male du segment sous-rénal de la veine cave inférieure, 1407. \ Nageotte (J.). 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Netter (A) et Cosmovici Malaiie sérique consécutive aux lions de sérum bovin, 1152. Netter (A.)et Mozer (M). Réactions méuingées à la suite d'injections intra- rachidiennes d'auto-sérum, 411. Nevin (M.). Sur la protection offerte par divers sérums préventifs seuls ou associés dans la gangrène gazeuse expéri- mentale, 140. 3 Nicolas (J.) et Favre (M.). Balavites Spirillaires primitives! et végétations géni- tales, 1133. — Notes cytologiques touchant l'histogénèse des néoplasmes cutanés épithéliaux, 497. Nicolle (Ch.). Entretien du virus du typhus exanthématique par passages sur cobayes pendant cinq années, 167. Nicolle (Gh.), Blanc (G.) et Caillon (L.). Sur la valeur de la réaction de jl'in- dol, 1126. Nicolle (Ch.) et Lebailly (Ch). A propos de notre note sur la récolle du sang chez les Oiseaux de laboratoire par ponction du cœur, 161. — Essai de conser- vation des virus exanthématique et icté- rique chez la Sangsue, 417. — Technique de la récolte du sang chez les Oiseaux de laboratoire par ponction du cœur, 533. Nolf {P.). La solution de fibrinogène réactif de la coagulation du sang, 915- Noréro. Voir Le Moignic. (M1!:). injec- O Œlsnitz (d) et Cornil (L.). Applica tions de l’oscillométrie à l'étude clinique de l'hémisyndrome sympathique cervical, 960. — Etude oscillométrique des réac- tions vaso-motrices d'un segment de membre après compression à la bande d'Esmarch, 146. Olmer (D.). Quelques recherches héma- tologiques- dans l’intoxication récente par l’ypérite, 1292. Oltramare (J.-H.). Quelques réflexions à propos de l’action de l'obscurité sur les êtres vivants, 190. Osato (S. \. Voir Kumagai (T.). P Panisset (L.). Bile et Bactéridie char- bonneuse, 1318. PANNIER — RANQUE Pannier (R.). Aiguille-trocart, 1043. Paraîf (J.). Voir Debré (R.). Parhon (M.).Sur la teneur en calcium et en maguésium du sang total, frais el desséché dans l'épilepsie, la manie et la . mélancolie, 1182. Parisot (J.) et GCaussade (L nurie expérimentale, 1409. — Variations de l'élimination urinaire de la globine suivant ses voies d'introduction dans os ganisme, 1411. Pasteur Vallery-Radot et Lhéri- tier (A.). Etude comparative de la résis- tance globulaire aux solutions chlorurées sodiques et de la dimension de l’hématie chez les Vertébrés à hématies nucléées, 197. — Etude sur la pathogénie de la fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins en Algérie, 389. — Parallélisme entre la résis- tance globulaire aux solutions chlorurées, sodiques et la dimension de l’hématie chez les Mammifères, 195, Péju (G.).-Culicides dans les ArJennes (avec présentation d'une carte des foyers ). Globi- d’'Anophèles), 1267. — Voir Guillier- mond (A.). Perez-Nunez (A.. Vor Juarros (C.). = Pettit (A.). Voir Dumas (J.). Peyri (J.-M.) et Belarmino (R.). Sur [a réaction de Mac Donnagh, 492. Pezzi (G.) et Clerc (A.). Action de la quinine sur le cœur du chien, 1129. Voir Bull (L.) ; _ Phocas (A). L'hyperglycémie adréna- linique, 485. - Picqué (R), Lacoste (A.) et Larti- gaut (R.) Lhypoglobulie précoce des grands blessés des membres. Sa valeur dans le pronostic et dans-les indications thérapeutiques, 1318. Piéron. À propos du procès-verbal, 153. — De la diserimination spatiale des sen- sations thermiques. Son importance pour la théorie générale de la discrimination cutanée, 61. — De la loi de variation des temps de latence en fonction des inten- sités excitatrices pour les sensations audi- tives, 1116. — De l'importance respective _ des divers facteurs sensoriels dans le sens du retour de la Patelleÿ 1227, — Remar- ques à l’occasion de la communication de M. J. Camus, 615. — Temps de lalence et temps d'action liminaires. [Interprétation de la loi générale de variation en fonction des intensités excitatrices, 1162, Pincemin. Voir Basset. Pintenet. Voir Lesieur (Ch.). Pi-Suñer (A). Réflexe hyperglycé- mique par faim locale, 1287. 1451 Pommay-Michaux (Me). Voir Gri- gaut (A.). Ponselle (A.). Hexamilus inteslinalis Dujardin, parasite habituel de l'intestin des Batraciens, trouvé dans le sang de Rana esculenta, 23. — Procédé simple de nentralisation de l’eau distillée destinée aux colorations dérivées de la méthode de Romanowsky, 1328. — Sur la culture des Trypanosomes, 163. Porak (R.)- Corrélation de la choles- térinémie et du pronostic dans certaines conditions cliniques et expérimentales, 123, Portier (P.). Développement complet des larves de Tenebrio molilor, obtenu au moyen d'une nourriture slérilisée à haute température (1300), 59. — Explication phy- siologique de certains cas de canniba- | lisme, 20. — Remarques à propos de la | communication de M. CI. Regaud, 247. — Remarques à propos de la communication de MM. P. Masson et Cl. Regaud, 32. Réponse aux remarques de M. Et. Ra- baud, 22. — Réponse aux remarques de MM. Martin, Caullery, Marchoux et Re- gaud, 132. Portier (P.) et Randoin (Mme [..). Sur la technique des expériences d’avita- minose par stérilisation, 990. Voir Bierry (E.). Portmann (G.) Recherches sur le sac et le canal endolymphatiques : sac et canal endolymphatiques du Cobaye, 138%. Pron (L.). La réaction du sang au py- ramidon, 131. — Mucus gastrique et réac- tion du biuret, 1207. Puthomme. Sur un signe radiclogique permettant de reconnaitre l'origine spéci- fique de certaines lésions osseuses, 1312. o. Quarelli (G.). Contribution à la vacci- nation contre l’influenza, 213. Quinquaud (A.). Voir Gley (E.). R t.). Remarques à propos de Rabaud (E la communication de M. Portier, 22. Radossavlievitch (A... Voir Ru- binstein (M.). Randoin (Me L.). Voir Portier (P.). Ranque (A.)et Senez (CGh.\ Bacilte d'Eberth en chaïinettes, 1421, ES PS (ar 19 RANQUE — RUBINSTEIN Ranque (A.), Senez (Ch.) et Dau- fresne (A.). De l’utilisation systématique des antigènes multiples dans la réaction de Bordet-Wassermann, 129%. Voir Bes- son (A.), Chevrel (F.). Rathery. Remarques à propos de la communication de M. Chevrier, 402. Voir Ambard. Ratié. Voir Maublanc. Raybaud (EL... Sur une résine de Da- niella, 1296. — Sur une résine d'Hazongia, 1298. Regaud (C1). Mitochondries et sym- biotes, 244. — Remarques à propos de la communication de MM. Bierry et Portier, 131. — Réponse aux remarques de M. Por- tier, 250. Voir Masson (P.). Regnault (F.). Nouvelle conception des phénomènes de la vie, 1280. Remlinger(P.). Accidents paralytiques étrangers au virus, au cours de l’immunisa- tion antirabique du Lapin, 254. — Contri- bution à l'étude de l’immunité héréditaire contre la rage, 142. — Immunisalion du Lapin contre l'inoculation sous-dure-mé- rienne de virus rabique fixe au moyen de cerveaux traïtés par l‘éther, 52. — Mort subite du Lapin au cours d’inoculations sous-cutanées de substance nerveuse ho- mologue, 1098. Renard (Lieutenant-colonel). Remar- ques sur la sélection des aviateurs, 687. _— Remarques sur le procédé Rateau, 659. L Rétif (E.). Différences dans l’action des poisons et des anesthésiques sur la Gre- nouille normale ou anesthésiée par la cha- leur, 236. Retterer (Éd) De l'évolution des côtes, 27. — Des conditions qui font varier l'évolution de l'épithélium testiculaire, 1153. — Du cartilage articulaire et costal des in lividus adultes et vieux, 54. — Du cortex de la racine des dents, 618. — Du cortical osseux des dents simples, 1222. — Du mode d'ossification des cartilages du l:ry0x, 102. — Evolution des grefles testi- culaires du Bélier, 1099. — Evolution des greffes testiculaires sur le Bouc, 1022. — Histogénèse de l’ivoire ou dentine, 531. — Le processus de l’ostéogénèse varie selon les conditions locales et générales, 168. — Structure de l'ivoire ou dentine, 516. — Struclure des segments squelettiques qui prennent part au développement de l'arti- culation temporo-maxillaire, 1315. — Structure et développement des dents com- posées, 738. — Structure et origine de l'émail dentaire, 571. — Testicules des vieillards, 1123. Rhein (M.). Sur la production d'indol par le Bacille de Pfeiffer, 138. Ribot (A.). Voir Achard (Ch.). Richard !G.) et Lafarcinade. Modifi- cations de la courbe oscillométrique sous l'influence du bain carbo-gazeux de Royat, 1028. Voir Billard (Gr.). Richet (Ch). Conclusions relatives à la question du ravitaillement et du bétail des séances de la Commission d’Alimen- tation de la Société de Biologie (Mémoires), 81. — De la prévision de la température dans les maladies fébriles, 365. — L’ali- mentation avec les aliments stérilisés. Remarque à propos de la note de M. Woll- man, 601. Richet (Ch.) fils et Gigon (A des « condiments antiseptiques » sur le pouvoir infectant des Huîtres, 322. Ricome (H.). Une plante dangereuse pour les insectes qui en assurent la pense nisation, 1045. Riel (Ph. ). Voir Gautier (CL). Robin (A) et Bournigault (A.. Quelques modifications apportées dans la constitution chimique du foie pee en lyse caldavérique, 187. Rodhaïin (J.) Remarques au sujet + la biologie de l'Onithodorus moubatu, 93%. — Remarques au sujet de la biologie de l'Ornithodorus moubata, 937. Roger (H). Action comparative du sang hémolysé et du sang antolysé, 609. Roger (H.) et Lévy-Valensi. Re- cherches comparatives sur les albumines du sang et des expectorations, 1132. Romant. Voir Gérard (P.). i. Ronchèse (A.-D.). Procédé de cons:r- vation de Factivité du complément, 193. Rosendo Carrasco i Formiguera. Appareil pour déterminer cliniquement la tension du CO? de l'air alvéolaire, 824. Roubier (Ch.) et Gautier (G1.). Sur quelques observations de bronchite san- glante à Spirochètes, 368. Roudinesco (A.). Voir Glerc (A). Rouquier (A.) et Tricoire (R.).'Ac- tion de l'éther sur certains microbes pathogènes ou non pathogènes pour l'Homme 1160. Rouzaud. Variations du taux de l’urée et du sucre dans le sang sous l'influence de l’anesthésie générale, 127. Rubinstein (M.). Réaction de fixation. Sérum de Cobaye anti-mouton, 463. — Séro-diagnostic de la syphilis. Méthode de saturation du pouvoir hémolytique des sérums, 526. Rubinstein (M. et Radossavlie- vitch (A.). Séro-diagnostic de la syphilis: .). Action . dl ES TSSNSE RUELENS — VERNES EEE Saturation du pouvoir hémolytique des sérums, *61. Ruelens (G.). Voir Bordet (J.). S e Sabrazès (J.). Cellules de revêtement de la cavité du kyste gazeux solitaire du poumon, 1389. — Coloration post-vitale au bleu de toluidine phéniqué, 1391. — Kyste gazeux solitaire du poumon, 1387. Saint Girons (F.). Voir Brodin (P). Saint-Rat. (L. de). Voir Violle (H.). Salvat Navarro (A.). Bactériothé- rapie préventive contre les complications de la grippe épidémique, 832. Sartory (A.). Onychomycoses provo- quées par un champignon du genre Sco- pulariopsis, 808. Schaeffer (G-). La notion de carence dans l'interprétation des résultats des recherches sur l'alimentation artificielle et la vie aseptique. À propos de la note de MM. Weil! et nd 2. Voir À m- bard, Mayer (A. Schneider (A... Voir Dhéré (Ga.). Sencert (IL.). Voir Nageotte (J.). Senelet (G.). Voir Bridré (J.). Senez (Ch). Voir Besson (A.), Che- vrel(F.) et Ranque (A.). Sergent (Ed, et Lhéritier (A.). Note sur la température rectale des Dro- madaires, 172. - Sergent (L.). Voir Debré (R.. Seurat (L.-G.). Considérations sur la géonémie des Nématodes, 986. — Sur la résistance vitale des Nématodes parasites, 988. Sézary (A.). Vaccinothérapie intensive ! dans le rhumatisme blennorragique, 1111. Voir Le Moïgnic (E.). ; Sharpey-Schaïîer (EE. Sur le rôle du vago-sympathique chez le Chat, 816. Siedlecki (M.). Quelques remarques à propos de ce qu'on appelle « posilion terrifiante » des animaux, 49. Skupienski (F.--X.) Influence du milieu nutritif sur le développement des Champignons myxomycètes, 379. Slosse (A.). Note sur les méthodes de dosage de l’urée dans le sang, 1402. — Voir Bayet ‘A.). Sordelli. (A.). Voir Houssay (B.-A.\. Souligoux (A.). À propos de l’action antiseptique de l’éther, 12517, Sourdel (M.). Voir Ameuille. Spilmann(L.). Voir Bruntz (L.). Strohl (4.\. Présenta'ion d'un myo- graphe clinique à inscription directe, 1423. T Tara (S.). Mesures de pression arté- rielle effectuées en avion à différentes alli- tudes et au cours d’un apprentissage, 106. Teissier (J.) et Gouvreur (E.). Sur la survivance, dans les eaux, du Coli- bacille, 357. Terroine (É.-F.). Sur une nouvelle conception du rôle des divers aliments dans la nutrition. Observations à propos des recherches de M. Maïgnon, 514. Thieulin (R.j et Bernard. Action du fer colloïdal électrique sur la viscosité du sang, 12:18. Voir Duhamel (B.-G.). Tiffeneau (M.). Sur la diacéthylapo- morphine, 1193. Tixier. Voir Cluzet. Tournay (A). Note sur les muscles masticateurs. Remarques sur le foncticn- nement du muscle temporal agissant uni- latéralement dans des conditions soit ar- tificielles (Hesse localisée), soit pa- thologiques, 4 Trias (J.).\ Modifications de Ja motilité et de la sensibilité sur un cas de laminec- tomie exploratrice, 826. Tricoire (R.). Voir Rouquier (A.). Tupa (A.). Sur la cytologie du liquide céphalo-rachidien dans le typhus exanthé- matique, 27. Turchini (J.). Coloration vitale du chondriome des cellules sécrétrices du r. in au cours de l'élimination du bleu de mé- thylène, 1134. Turro (R.). Vaccination contre le virus charbonneux avec des substances non spécifiques, 1085. V Vallée (CG.). Voir Lambling (E.). Vanrell (J.). Contribution à l'étude expérimentale de la gangrène gazeuse dite du t-mps de paix, 493. Veil (G.). Voir Lapicque (M.). Verne (%.). Formation expérimentale de mélanine chez les Crustacés, 1319. Vernes (A.). Hyperimmunité fou- droyante, 118. — Séro-diagnostic de la syphilis. Opalescence et affinité des sus- pensions, 120. VERNE 223 ES (by ne Vernes (A) et Marchadier (A.-L.). Identité de l'indice de réfraction du li- quide céphalo-rachidien normal et du li- quide céphalo-rachidien syphilitique, 178. — Sur la séro-réfraction, 176. Verrière, Hollande (A. -Ch. )et Gaté (J.). Essais de bactériothérapie spécifique par des auto-vaccins dans les affections urinaires à Colibacilles et à Staphyloco- ques, 36. = Vilaseca (S.). Sur le stroma de l'ovaire du fœtus humain, 1355. Villaret (M.) et Boudet. Note sur l'emploi combiné de l'oscillométrie avec les méthodes auscultatoire et palpatoire pour l'étude de la tension sanguine, 12. Villemin (F.). Les réaclions cardio- vasculaires passagères et permanentes dans Flaviation jugées par les critères d'entrainement, 696. — Modifications pas- sagères de la pression artérielle consécu- tives aux vols chez les aviateurs. Re- cherche de la fatigue, 699. — Modifications permanentes de fa pression artérielle en aviation. Évolution adaptative, 103. — Si- gnification morphvlogique et fonctionnelle du duodénum chez les Mammifères, 1426. Vinaver (Me S.) et Frasey |(V:). _ Recherches expérimentales sur l'immu- nité antis'reptococcique, 606. Vincent (H.). Bacille dysentérique et bile. Nouvelles remarques, à propos d’une communication de M. Marbais sur le même sujet, 212. — Bile et bacille dysen- térique, 304. — [nfluence de la bile sur le bacille de la dysenterie (A propos d’une note récente de M. Marbai:), 84. Violle (H porteurs de ténias. Réactions spécifiques. Réactions syphilitiques, 1033. Violle (P.-L.). Sur un procélé nou- veau d'appréciation des fonctions rénales : épreuve de la synthèse hippurique, 1007. Vitry (G.). Voir Labbé (M.). Vilès (F.). Sur la siguification des do- sages bactériens, 313. W Wallich {V.). Lois communes au rut et à la mtnstruat'on, 523. — Sur la cause de l’'hémorragie menstruelle, 405, Watabiki (T.) Voir Madsen (Th.. Watrin (J.). L'hypertrophie des cap- sules surrénales chez la lapine gestante ne doit pas être aftribuée à la: présence du fœtus, 1405. Voir Mutel. ) et Saint-Rat (L. de). Les S — ZWAARDEMAKER Weber (A.) Recherches sur le som- meil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la durée du séjour des tétards dans l’anesthésique, 912. — Recherches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la répétition des expériences à des températures diffé- rentes, 970. — Recherches sur le som- meil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la répétition des expériences à une même température, 966. — Recher- ches sur le sommeil anesthésique de larves de Batraciens. Influence de la tempéra- ture, 964. — Recherches sur {[e sommeil anesthésique de larves de Batraciens. In- fluence du DOS de la larve, 862. Weil (P.-H.) et Gaudin. Recherches sur les Ony Dee 121. Weill (E }et Mouriquand (G.). « No- tion de carence » « substances ferments » et réponse à M. G. Schaeffer, 182. — Surle moment d'apparition de la substance anti- scorbutique et sur les accidents provoqués chez les Cobayes par les grains d'orge aux. différents a. de leur germination, 184. Weill (P.). Glande myométriale endo- crine dans l'utérus de la Rate gestante, 1433. Wildeman (FE. de). La myrmécophilie dans le genre Uncaria (Rubiacées\, en Afrique, 1016. — Un Péerygota (Stercu- liacées) nouveau de l'Afrique tropicale, 1297. Wollman (E.). B. Coli comme indi- cateur de la protéolyse, 1263. — Élevage aseptique de larves de la Mouche à viande (Calliphora vomiloria), sur milieu stérilisé à haute température, 593. — Larves de Mouche (Calliphora vorniloria) et vita- mines, 1208. Wulff (O.) Voir Madsen (Th.. Z Zaepîffel (E.). Sur les séries de Fibo- nacci, 853. — Sur l'osmose, 1325. Zaky (A.). Voir Crespin. Zunz (E.). Sur la présence d'histamine dans les muscles atteints de gangrène ga- zeuse, 1078. — Sur la teneur en azote et en - résidu sec du thymus et du corps thy- roïide chez l'homme et sur les rapports pondéraux entre ces deux organes, 1080. — Sur la teneur en iode du corps thyroïde chez l'homme, 894. Zwaardemaker (H.). Radio-antago- nisme et halancemert des ions, 625, 1 2 : 4 & 4 TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES ANNÉE 1919. — suivi d'un mot commençant par une minuscule implique que le mot souche est sous-entendu. Lorsqu'une page débute par —, le mot souche est encore sous-entendu; le lecteur le trouvera au litre courant de la page visée. Les travaux ayant un rapport avec la guerre actuelle sont groupés au mot souche : GUERRE. fi) ABEILLES. Voir VENIN. ACARIENS et Myxosarcome chez une Poule. Mercier (L.) et Leparrry (C.), 802. à = ACCOUCHEMENT. Survie d'utérus de _ femme parturiente. BararD (P.), 4113. ACÉTONE. Voir REIN. ACIDE CYANIQUE. Fosse (R.), 1062. — HIPPURIQUE. Voir REIN. à — OXALIQUE. MorrrarD (M.), 351. — PECTIQUE. Dégénérescence. Durré- NOV (JE) 30% — URIQUE. Voir REIN. ACIDES AMINES dans la culture des microbes. Mayen (A.) et Scuaerrer (G.), 113. — MINÉRAUX et teneur en cendres du Sterigmatocystis nigra.MozLrarp(M.),154. ACIDIMÉTRIE.Spectroscopie. GAUTIER (CL.), 999. ADRESSE à l'Université de Strasbourg. GLey (E.), 1254. AIGUILLE- TROCART. PAnNIER (R.) lOLS _ AILES. Voir INSECTES. ALBUMINOIDES et graisses dans l'alimentation. Brerry (H.), 808. Mar- GNON (F.), 398, 400, 806, 1358, 1360. Ter- __ ROINE (E.-F.), 574. _— Albuminoïdes et précipitines. HoLLANDE - (A.=Cn.), 567: — Alcalinité. CLOGxE (R.), 1192. ul à — Euglobuline du sérum NEIL HEN- SEVAL (M.), 1071, 1074. — Globinurie expérimentale. ParISor (J.) et CAUSSADE (L.), 1409, 1411. _ — Inhibition du décollement de la mem- Brococte. TABLES. — 1919. T, LXXXII. brane de fécondation chez S{rongylocen trotus lividus. Dusrix (A.-P.), 940. — Intoxications protéiques et antithrom- bine. Arraus (M.), 416. — Mucus gastrique et réaction du biurel. ProN (L.), 1207. — Peptone et antithrombine des orgaues. ArTaus (M.), #16. Doxox (M.), 570, 736. — Production de graisses. Hassan EL Drwaxy, 1282. — Réaction des crachats chez les ypérités. CLerc (A.) et Roupinesco (A.), 187. — Sang et expectorations. Rocer (H:) et LÉvy-VALENSt, 1132. — Sérum albumine et sérum globuline dans les solutions aqueuses. HEeNSEvAL (M.),-907. = — UÜrine. Hozzanoe (A.-Cu.), 598, 783. — Utilisation après exclusion du duodé- num. Mériver (G.), 222. Voir DIAS- TASES. ALGOOL BENZYLIQUE et tubercu- lose expérimentale. JacoBsoN (J.), 1964. Voir FERMENTATION. ALGUES. Etat de gel et de sol dans le protoplasme vivant. Lesronp (E.), 1150. ALIMENTATION des prisonniers de guerre en Allemagne. Benorr (A.), 151. — Albuminoïdes et graisses. Bienny (H.), 808. Maïcxon (F.), 398, 400, 806, 1358, 1360. TERROINE (E.-F.), 514. — Aliments stérilisés. Porter (P.) el Ranpoïn (Mme L.), 990. Rrcner (Cn.), 604. WoLLMAN (E.), 593, 1208: — Avitaminose et carence. Bierry (H.) 307. PorTier (P.) et RaANpoiN (Mme L.), 990. — Cannibalisme chez les Insectes. Por- TiER (P.), 20,22. Rasaup (E.), 22. — Carence et vie aseptique. SCHAEFrER (G.), 2. WErrz (E.) et MourrauAnD (G.), 182, 184. < 104 1456 — Chenilles de Pieris et Euchloe. Gau- TIER (CL.), et Riez Px.), 1871. — Développement des larves du Tenebrio molitor au moyen d'une nourriture sté- rilisée. PortTier (P.), 59. — Digestion du son par le Lapin et le Chien. CHaAussiN (J.), 269. — Flore intestinale et régime chez le Rat: Disraso (A.), 4217. — Graisses, albuminoïdes et hydrates de carbone. Brerry (H.), 124, 530, 808. Marcxon (F.), 398, 400, 806, 1358, 1360. TErRoINE (E.-F.), 514. — Nucléineet régénération saisonnière du thymus. Dustin (A.-P.), 1068. — Production de graisses par les protéi- ques. Hassan EL Drwany, 1282. — Ravitaillement et bétail, RicHer (Cu.), 81. — Utilisation des aliments et exclusion du duodénum. MÉTIvET (G.), 222. ALIZARINE, monosulfonate de sodium et fer inorganique des tissus, Mawas (J.), 18. ALTITUDE et paludisme secondaire. Bourcarr (J.) et LAUGIER (H.), 1165. — Raréfaction de l'air. Dasrre (A.), 711. Voir PRESSION ARTÉRIELLE. AMANDE. Voir DIASTASES. AMIDON paraffiné. Docuer (E.), 443 — Pouvoir amylolytique de la salive. Grimserr (L.), 312. — Tactisme et leucocytes. Comanpon (J.), LATE. AMNICOS Voir EMBRYON. AMYGDALES. Voir SANG. AMYGDALINE. Voir DIASTASES. AMYLASE. Voir DIASTASES. ANAÉROBIES. Milieux semi-liquides. : Licwrëres (J.), 1091. — Photobactéries. Dusots (R.), 1016. — Streptocoque des plaies de guerre. Gé- RARD (P.) et RomanT, 136. ANAPHYLAXIE et immunité. ARTHUS (M.), 1200, 1202, 1230. — Anaphylaxie passive du Lapin. Arraus (M.), 412. — Antithrombine des intoxications pro- téiques. Arraus (M.), 416. — Choc anaphylatoxique. IW:), 390, 856. — Eaux thermales de Royat. Moucror (A.), lo — Gestation. Duran 1 Reinass (F — Jnjections intraveineuses de Boquer (A.), 4127. — Venin des Abeilles. Arruus (M.), 414. ANÉMIE. Voir CHEVAL. ANESTHÉSIQUES locaux. (L.) et Fusimorx (Y.), 732, — Anesthésie des larves, de Batraciens. WeEgEr (A.), 862, 964, 966, 970, 972. KOPACZEWSKkI ), 83b. gélose. LAUNOY ALIMENTATION ASQUE. Voir GHAMPIGNONS. — AVIATEUR — Chloral et chlorure de baryum. Bou- LET (L.), 143. — Chloroformisation et éthérisation. BRÉ— CHOT (A.), 272. — Cholémie post-anesthésique. ChEVRIER (L.), 401, 499. Rarnery, 402. — Cholestérinémie. PorAK (R.), 123. — Electrocardiogramme et anesthésie. CzuzEr et TIXIER, 839. — Grenouille anesthésiée par la chaleur. : |Rérir (E.), 236. — Indice oscillométrique et anesthésie. JEANNENEY (G.), 1381. — Urée et sucre dans le sang. ROUZAUD, ee NT - ANGUILLE. Voir SANG. = ANNÉLIDES.Métamérie chez Filograna ‘ et Salmacina. MALAQUIN (A.), 433. ANOURES. Voir GRENOUILLE. ANTISEPTIQUES. Condiments et pouvoir infectant des Huiîtres. ALLIOT (H.), 457. Rrcouer fils (Ca.) et Gicon (A), 322. - — Ether. MaRTIN(L.), 1258. Souricoux (A.), - 1251. : — Sel marin et bacilles due para- typhiques, B. coli. Nècreg (L.), 387. — Streptocoques anaérobies. GérarD (P.) et Rouanr, 136. APANTELES. Voir LÉPIDOP - TÈRES. APOMORPHINE. Acétylisation. Tirer NEAU (M.), 1193. ARGININE. Voir ACIDES AMINÉS. ARSENIC. Intoxication dans les iudus- tries de la houille et de ses dérivés. BAYET (A.) et SLossE (A.), 114%. ARTÉÈRES. Grelfes mortes. (J.) et SENCERT (L.), 45. ARTICULATION temporo- -maxillaire. Rerterer (En.), 1315. É — Cartilage. RerrTerer (Ev.), 54. — Déplacements de l’humérus dans les mouvements de pronation et de supina- . tion. Masmonteiz (K.), 275. — Etiologie du rhumatisme. ConEn (C.), 925. à N AGEOTTE ASCIDIE. Infection expérimentale. CAN 2 TACUZÈNE (J.), 1019: ASTHÉNIE. Voir CŒUR. DE ATHLETES. Voir GŒUR. ATROPINE. Voir MUSCLE. AUSCULTATION. Voir CŒUR. AUTOLYSE cadavérique et modifica- tions dans la constitution chimique du foie. Rosix (A.) et BourniGauzr (A.), 187. — Action du sang. Rocer (H.), 609. | AVIATEUR. Physiologie normale et « pathologique. Biner (L.), 693. Camus (J.),. 613. CANrONNET (A.), 637. Caucurr (R.) et AZOTE — Mournier (R.), 611. Dasrre, 7111. Dupus (A:), 1055. Erienne (G.) et Lamy, 652. FERRY (G.), 634, 636, 637. Foy (R.), 681. GaRsAuUx (P.), 643, 646, 647. GUILLAIN 659. CUILLAIN (G.) et Amsarp (L.), Josué (0.), 639, 641. Juarros (C.\, 692. Juarros (C.), et Perez-Nunes (A.), 690. Maranon (G.), 631. Marcnoux (E:) et Ner- = PER, 668. MiugLanc et Raïié, 649. MAYER (A.), 680. Mounier (R.) et CrucHEr (R.), 680. Préron, 6175, 753. RenarD (Lieutenant- colonel), 687, 689. Tara (S.), 106. VILLE- MIN (R.), 696, 699, 703. AZOTE ammoniacal (P.), 1186. — non uréique du sang. Carnor (P.), Gé- RARD (P.) et MorssonniErR (Mile S.), 1136, 12713. SLOSSE (A.), 1402. — Ration minima des prisonniers de gucrre en Allemagne. BEesorr (A.), 151. — Thymrset corps thyroïde.Zuxz (E.),1080. AZOTÉMIE. Dosage de l’urée. Carnot (P.) et GéraARD (P.), 391. Carnor (P.), Gé- RARD (P.) et Morssonnier (M1e.S.), 1156, 1913. GricAur (A) et Guérin (FR.), 25. -SLOSSE (A.), 1402. AZURDE MÉTHYLÈNE. Voir SYS- TEME NERVEUX. du sang. GÉRARD B BACILLE D'EBERTEH.Voir FIÈVRE TYPHOIDE. — DE HOFFMANN. Voir DIPHTÉ- “RIE. : _ DE KOCH. Voir TUBERCULOSE. — DE STEFANSKY. Voir RAT. — DIPHTÉRIQUE. Voir DIPHTÉ- RTE _— LACTIQUE AÉROGÈNE. Bars (S.); 34. = — PYOCYANIQUE. Gessarp (C.), 195. Lacxoy (L), 263. Launoy (L.) et LEvy- Brenz (M); 1274. BACILLES DYSENTÉRIQUES. Voir DYSENTERIE. Mar- — PARATYPHIQUES. Voir FIÈVRE TYPHOIDE. BACILLUS COLI en milieu liquide glucosé. Besson (A.), Ranoue (A. et Senez (Cn.), 16, 107, 164. — Auto-vaccins dans les affections uri- naires. VERRIÈRE, HozLAnDe (A.-Cu.) et GAré.(J.), 36. -— Protéolyse. WoLLuan (E.), 1263. _ — Résistance au sel marin. NëGre (L.), 381. — Survivance dans les eaux. Tessier (J.) et Couvreur (E.), 357. - BRÉZILINE 1457 — PERFRINGENS GRÈNE GAZEUSE. — PRODIGIOSUS. Fermentation buty- lène-glycolique du saccharose. LEMOIGNE (M.), 234 BACTÉRIOTHÉRAPIE. Banu (G.)et Baront (W.), 621. CHEVREL (F.). RANQUE (A.), SENEZ (Cu.) et GRUAT (E }), 15. HERELLE (F. pb’), 1237. SALvaTNAvARRO (A.), 832. VERRIÈRE, HOLLANDE (A.- Cu.) et GATÉ (J.5, 36. BALANITES. Voir ORGANES GÉ- NITAUX. BARYUM. Chlorure et cœur de Tortue. Le FÈVRE DE Arric, 1067. Voir ANES- THÉSIQUES, CŒUR. BATRACIENS. Pésistince globulaire et dimension de lhématie. Pasreur VALLERY-RaDor et Luértrrer (A.), 1997. Voir GRENCUILLE, THERMO- GÉNESE. BÉLIER. Voir TESTICULE. BETAIL et ravilailiement.' Rrcaer (Cx.), 81. BILE. Voir FOIE. BLENNORRAGIE. Culture dù Gono- coque. MeziNcesou (D.).et HozBan (D.), 535. — Ophtalmie. Desré (R.) et Parar (J.), 137. . Mezncesou (D.) et Housax (D.), — Rhumatisme. Sézany, 1111. — Vaccinothérapie antigonococcique. De- MONGHY (A.), 168. Le Morcxic, SÉzARY et DEenoxcay, 105. BLESSURES de la moelle. Axpré Tuo- -mAs, 294, 296, 1102. — des membres et hypoglobulie. Prcqué (E.). Lacosre (A.) et LarmGaur (R.), 1378. — Coagulation des hémothorax. ALBERT (F.), 283. GrariA (A.), 1395. — Cràne. Conniz (L.), 367. — Lésions des nerfs et greffes mortes. Dusrix (A.-P.),-614. — Streptocoques cultisés dans le sérum des porteurs. LE FÈèvRE De ARR1C, 1065. BLEU DE MÉTHYLÈNE. Coloralion vitale du chondriome des ceiïlules sévré- tricesdu rein. Turcint (J.), 1184. Voir SYSTÈME NERVEUX BLEU DE TOLUIDINE. Voir MI- GROBIOLOGIE. BOUC. Greffés testiculaires. (Éo.), 1022. BOUCHE. Cladothrix et infection den- taire. MenpEeL (J.), 583. BOVINS. Fièvre bilieuse hémog'obinu- rique.Pasreur Varrery-Rapor et Laérr mien (A.), 389. BRAS. Voir MEMBRE. BRÉZILINE et laques fefriques en mi- crechimie. Mawas (J. h 158. Voir GAN - 536. RETTERER 1458 : BRONCHO-PNEUMONIE. Bronchite sanglante à Spirochètes. ROuBIER (Cx.) et GAUTIER (CL.), 368. — Spirochétose broucho-pulmonaire. DE- LAMARE (G.), 450. Voir GRIPPE. C _CÆCUM. Voir INTESTIN. GALCIUM. Voir SANG. à CANNIBALISME chez les Insectes. PorTiEr (P.), 20, 22. RaBaup (Er.), 22. CARBONATE DE SOUDE. Voir VESSIE. GARBONE des matières organiques. Lescoeur (L.Y-et Durrieux (0.), 1417. CARENCE ALIMENTAIRE. Brerry (H.), 307, 808. LinosstER (G.), 381. Mar- ‘6Non (F.), 398, 400, 806, 1358, 1360. Por- TiER (P.), 59. PorTiER-(P.) et Ranpoin (Mme L.), 990. Ricaxr (Cu.), 601. ScHagr- FER (G.), 2 Wagicz (E:) et MouriQuann - (G.), 182, 184.- Worzuan (E.), 593, 1208. CARTILAGE articulaire et costal. Retr- TERER (Év. ), 34. — Larynx. RerTerer (Éo.). 102, CELLULE. Chiasmatypie. JANSsENs (F:-A.); 917, 930. — Chloragocyles des Annélides. Gizson G.), 882, — Chondriome.. Bierry (H.), 312. ne (R.), 473, 415. GurLereuMonD (A), 309, 396, 916. LanreytT (F.), 515. LAGuesse (E.), 331. Pornier (P.), 247. 244, 250. TurCHINI (J.), 1134. — Cy tolyse par la sapouine. Hercanr (M.), PA61. — État de gel et état de sol. LeBLonp (E.), 1150, 1220. — Graisse des cavités alvéolaires du pou- mon. GRANEL (F.), 1329, 1367. ReGaupD (CL.), — Hypertrophie et parasitisme. DEBar- SIEUX (P.), 8617. . — Nacléole et mitose. Bexorr (J.), 1431. — Physiologie du globule de levure sans membrane. G1raJA (J.), 719. — Vie. RecnauLr (K.), 1280. CHALEUR. Voir THERMOGÉ- NÈSE. CHAMPIGNONS. Cludolhrix et infec- tion dentaire. MENDEL (J ), 583. — Debaryomyces intermédiaire entre les Levures et les Endomyces. GuiLLIERMOND A.) et PÉsu {[G.), 1343, — Endomyces lindneri. 230, 411. — Ferment oxydant Hérissey (Il:), 798. — Levure à .copulation hétérogamique. GUILLIERMOND (A.), 466. MANGENOT (G.), BRONCHO-PNEUMONIE — CHOLÉRA — Myxomycètes. Sxkurienskr (F.-X.), 379. — Oidium lactis. Linossier (G.), 240, 381. — Oospora crustacea. BIiouRGE (P.), 950. — Penicillium leucopus. BIouRGE (Pa), 871. — Physiologie du globule de levure sans membrane. GraJa (J.), 719. — Pigments des Russules. GADAIER (CL+, 72. > — Préparations microscopiques des Moi- sissures et des Péronosporées. Courix (H.), 209. - — Zymase. Grasa (J.), 804 Voir MY- COSES. LE CHARBON. Bactéridie et bile. PANISSET (L.), 1318. — Fermentation des sucres par la bal ridie. LEMOIGNE, 984. — Vaccination par substances non spécifi- ques. Turro (R.), 1085. CHARBON DE BOIS. Enrobement par les leucocytes. Comanvon (J.), 1171. GHAT. Rôle du vago-sympathique. Suar- : PEY-SCHAFER (E.), SLG. CHAUX. Voir SUCRE. CHEIROPTÈRES. Voir EMBRYON. CHENILLES. Voir TÈRES. CHEVAL. Bacilles paratyphiques. BRUY- NOGHE (R.), 954. — Lymphangite épizootique” Musso AE) 1e — Typhoïde et anémie infectieuse, Prec (J-), 1262. CHIASMATYPIE. Voir HÉRÉDITÉ. GHIEN. Digestion du son. Cnarssin (J.), 269. — Fibrillation du cœur et quinine. Pezzi (G:) et CLERG (A.), 1129: — Glycosurie après ablation du pancréas. Brerry (H.), 305. CHITON. Protozoaires parasites. Depar- SIEUX (P.), 1400. CHLORAL. Voir ANESTHÉSI- QUES... CHLOROFORME. Voir ANESTHÉ- SIQUES. CHLORURE DE SODIUM. Médici: ments déchlorurants. Feuiccré (E.), 10. — Chlorures et urée dans l'urine. Caaus- * sin (J.), 327, 540. Voir REIN. CHOC et iujections colloidales d'or dans les broncho-pnenmonies grippales. Cas- TEL (J. pu) et Durocur (M), 324: — anaphylatoxique. Kopaczzwsk1(W.), 836 CHOLÉMIE. Voir FOIE. CHOLÉRA. Culture en milieux liquides glycogénés tournesolés. Dumas (J.), 547.0 — Muqueuse intestinale et propriétés pa= thogènes du Vibrion. Caxracuzëne (l:) et Marie (A.), 842. LÉPIDOP- ibn - — Électrocardiogramme et — Électrocardiogramme et CHOLÉRA — CRYPTOCOQUE BA et Ponsan- (Mec S.), 578. — Sensibilisatrice spécifique dans l'intes- tin grêle. CANTAGUZÈNE (J.) et MARIE (A.), 981, 1044. CHOLESTÉRINE. Cholestérinémie. Porak (R.), 123. Crusrin et ZAKY (A.), 216. — Coe'ficient lipémique dans les hydro- pisies. Acnaro (Cn.), RiBoT (A.) et Le- - BLANC (A.), 339. CHÔNDRIOME. Voir CELLULE. GHORDOME. Voir TUMEURS. CHORÉE. Réactions méningées après injections - intrarachidiennes d’auto- sérum. Netrer /A.) et Mozer (M.), 111. CHRONAXIE. Action de l'atropine sur le muscle. Laprrcote (M.) et Ver (C.), 153. — os du muscle ef fatigue. La- PICQUE (L.) et (M.), 112. CHYTRIDINÉE nouvelle. DEBAISIEUX (B2) 899; CINÉMATOGRAPHE. Tactisme sur les leucocytes, phagocytose, reptation. ComaxooN (J.), 1171, 1305. . CIRCULATION. Adrénaline et réac- tions cardio-vasculaires. Barnier (E.), 760. . — Réactions cardio-vasculaires dans l’avia- tion, Vicremin (F.), 696, 699, 703. — Réactions vaso-motrices après com- pression. OEzsxirz (M. »'}) et Corniz (L:\, 146. _— Troubles vaso-moteurs dans la fièvre des tranchées. Cocomse (J.), 462. CITRON. Action autityphogène du jus. Accror (H.), 457. Ricner fils (CH.) et Gr- - GON, 322. COBAYE. Épizootie à Pneumocoque. CHevrez (F.), RANQUE (A.), SENEZ (CH.) et GruarT (E.), 74. : — Oreille inlerne. POoRTMANN (G.), 1384. COBRA. Voir VENINS. GOCHON. Crâne. Denaur (E.-G.), 515. CŒUR. Adrénaline et réactions cardio- vasculaires. BARDIER (E.), 760. — Anesthésie et index oscillométrique. JEANNENEY (G.), 1381. _ — Chlorure de baryum chez la Tortue. LE FèvrE DE Arkic, 1061. anesthésie. CLuzer et Tixier, 839. radioscopie chez les athlètes. CLuzer (J.), 4119. - — Hypertrophie chez les avioteurse ÉTIENNE (G.) et Lamy, 652. — Fatigue et asthénie chez les ous MouLinier (R.) et CrucHET (R.), 680. Ferry (G.), 637. Josué (0.), 641. _— Injections intraveineuses d’or colloïdal, DunauEez (B.-G.) et TaiEurix (R.), 1198. — Protéase du Vibrion. Launoy (L}), De- | — Mal des aviateurs. Crucner (R.) et Mor- LINTER (R.), 677. — Myographe. Srrouz (A.), 1423. — Ponction chez les Oiseaux. Nrcozre, (CH.) et Leparzzy (CH.),- 333, 761. — Quinine chez le Chien. Pezzr (C.) et CLERG (A.), 1199. — Réactions cardio-vasculaires dans l’avie- tion. VizzemiN (K.), 696, 699, 703. — Rythme et chlorure de strontium. BtLze (L.), CLEre (A.) et Pezz (C.}, 1340. — Zone auscultatoire des oscillations croissantes. DELAuNay !H.), 470. COLIBACILLE. Voir . BACILLUS COLI.. COLORANTS et a‘ide urique. BEexoir (A.), 1052. COLLOIDES métalliques et toxines. -LE FÈèvRE DE ARk1C, 1371, 14143. — Fer et viscosité da sang. Tareuzin (KR. et BERNARD, 1278. — Fixation par le foie des métaux et mé- talloïdes. DusameLz (B.-G.), 724. — Or. DunamEz (B.-G.) et. TuareuziN (R.) 1096, 1178, 1198. CasreL (J. pu) et Durotr (M:;. 324, 499. — Soufre. Donauez (B.-G.), 508. CONDIMENTS. Voir ANTISEPTI- QUES. CONGRES de physiologie, 1256. COTES. Voir OS. COPÉPODES. Testicules chez Xenocæ- loma brumpli, parasite de Polycirrhus arenivorus. CAULLERY (M.) et MESsniz (F.). 596. COQ. Voir ORGANES GÉNITAUX. COQUELUCGHE. f{njertious de sérum bovin et maladie sérique. NETTER (A.) et Cosmovicr (Mie), 1152. GOU. Voir SYMPATHIQUE. COW-POX. Voir VACCINE. CRACHATS, Albumines du sang et des expectorations. Rocer (H.) et Lévy- VALENS1, 1132. — Albumino-réaction chez les ypérités. Czerc (A.) et Roupinesco (A.), 787. — Bacilles paratyphiques. Mrxer (J.), 441. — Spirochètes. DELAMARE (G.), 450. Voir TUBERCULOSE. CRANE du Sus scrofa. DEnaur (E:-G.), 515, — Blessures et liquide céphalo-rachidien. Conniz (L.), 367. CRAPAUD. Coloration vitale du chon. driome du rein. Turcnint (J.), 4134. Voir ANESTHÉSIQUES. CRUCIFÈRES. Alimentation des che- nilles de Pieris et Euchiæ. GAUTIER (de et Riez (Pn.), 1371. CRUSTACÉS. Voir PIGMENTS. CRYPTOCOQUE. Voir CHEVAT.. 1460 CULICIDES — ENROBEMENT CULICIDES. Voir PALUDISME. DYSENTERIE BACILLAIRE. Ba <: CYTOZYME. Voir SANG. D ABOIA. Voir VENINS. DANIELLA. Voir RÉSINE. DAUPHIN. Graisse du poumon. GRANEL (E.), 1399. DÉCÈS de MM. van BAMBEkE, 2. CHANTE- MESSE, 181. HazcLopeAU, 257. Lépine (R.); 1181. Lucrant (L.), 1214. OcaKa (G..), 1214. Rerzius (G.), 135$. Trorsixe, 1302. WurTz, 1084. DENTS. Rerrerer (Éo.), 316, 618, 738, 1222. DERME. Voir PEAU. DIABÈTE. Voir PANCRÉAS. 537, 511, DIACÉTYLAPOMORPHINE. Voir APOMORPHINE. DIASTASES. Aumylase de la salive. GriuBert (L.), 312. — Émulsine etamygdaline. Grasa (J.), 1196. — Hydrogénase et fonction photogénéti- que. Dugois (R.), 840. — Oxydases et peroxydaces. (G.), 98, 258, 432. MARINESCO — Perexy dases leucocytaires. FIESssiNGER (N.), 554. — Protéase et antipro'‘éase du Bacille pyocyanique. Lauxoy (L.), 57, 263. Lau- xoy (L.) et Lévy-Brugz (M.), 1214. — Protéase du Vibrion cholérique. LaAu- now (L.) et DES (Mse S.), 578. — Protéolyse. GricaAuT (A.), GUÉRIN (Fu.) et Pouuay-Mricuaux 4e WOLLMAN (ENS — Uréase et urée dans le sang. Carnor (P.) et GérarD (P.); 391. GriGaut (A.) et GuéuIx (Fr.), 25. Voir SANG. DIGESTION. Absorption: chez les In- vertébrés hémalophages. Hassan EL Dr- wANY, 1282. — Muscles maslicateurs. Tourxay (A.), 4. Voir INTESTIN. DIPHTÉRIE. Granulations du Bacille et diagnostic. DeBré (R.), LETuLzE (R.) et SERGENT (L.), 586. — Pouvoir antitoxiqne du sérum et du plasma chez des chevaux producteurs de sérum spécifique. Bron (P.), Lor- SEAU (G.) et Sarar-Giroxs (FR.), 159. — Toxine et colloïdes métalliques. Le F&- VRE DE ABRIC, 1143. — Ültrafiltration du rique. HEXSEVAL (M.), 913. DROMADAIRES. Voir THERMO- GENÈSE. DUODÉNUM. Voir INTESTIN. sérum antlidiphté- cilles avirulents et atoxiques associés. Duuas (J.), 1363. | — Bactériothérapie. Baxu (G.) et Baronr (W.), 621. — Différenciation des Bacilles. JAcoBson : 0) 726; | — Flore microbienne. Dumas (J.}, 1308, 1346. — Influence de la bile sur le Bacille. Mar- RAIS (S.), 166, 238, 256. Vaxoenr (H.), 84 919, 304. — Sels de terres-rares et Bacilles. FrRouIN (A.) et Moussazr (4.1, 913. f L- EAU. Survivance du Colibacille. TETSSIER (J:) et Couvreur (E.), 351. EAUX THERMALES. Action aenti-. anaphylactique. Mouceor (A.), 191. — Bain carbo-gazeux de Royat et courbe 2 oscillométrique. Birzarb (G.), Ricaarn 4 (G.) et LarArcnaDe, 1025. Ricrann (Gr. Jet LAFARCINADE, 1028. _ECHINOCOCCOSE. Div (E.), 239, 249, 265, 318; 353, 371, 419: Dunor (E.), 746. ÉLECTROPHYSIOLOGIE. Cœur des athlètes. CLuzer (J.), 1119. — Électrocardiogramme et CLUZET et Te 839. See — Fonctionnement unilatéral “du tem poral. Tournay (A.), 4. — Myographe. Srronz (A.), 1423. — Sensations auditives et temps de la- _fence. Piérow (H.), 1116. — Temps de latenceet d'action liminaires. Prékon (H.), 1162, 1211. : ÉMAIL. Voir DENTS. EMBRYON. Amnios des Mammifères. Cosra (A C. ra), 588, 604. — Chondriome du sac D Re e de Tulipe. GuicztermonD (A.), 956. — Chordome malin. AnGaup (R.), 428. — Embryotrophe hématique et fer fœtal. Hassan EL Drwany, 1245. — Histogénèse du tissu conjenetif. ‘La- GUESSE "(E: ), 89. — Uypertrophie des surrénales dans la gestation. Waïñnrin (J.), 1405. — Origine des éléments sanguins. Do- MINGO (P.), 331. ; — Tractus bucco-pharyngien.Bracner (A.), 993. ÉMULSINE. Voir DIASTASES. ENDOMYCES. Voir GNONS. ENROBEMENT du charbon de bois et de l’amidon. Comaxpon (J.), 1171. CHAMPI- ÉPIDERME — FOIE 1404 EE YYYZUYUUOR re TT RTE TITI TT TRS TPE TETE TOR NÉ ÉPIDERME. Voir PEAU. FIÈVRE DES TRANCHÉES. Trou- ÉPILEPSIE. Voir SANG. bles vaso-moteurs. CeLomse (J.), 462. ÉPITHÉLIUM. Cellules épithélio-mus- | FIÈVRE TYPHOIDE. Bacille en culaires chez les Annélides. GILSON (G.), chaînettes. RANQUE (A) et SExez (Cn.), SS2. 1421. — Kyste gazeux du poumon. SaBRAzès | — Bacilles paratyphiques. Bruynocue (R.), (J.), 1387, 1389. 954 — Bacilles paratyphiques dans les cra- chats. Mixer (J.), 441. — Cheval. BaAsser (J.), 1262. — Condiments et pouvoir infectant des Huîtres. Azrior (H.), 457. Ricuer fils (Cu.) et Gicon (A.), 322, — Dosages bactériens. VLès (F.), 313. — Immunisation et substances spécifiques des leucocytes. Bacamann (A.), 1031. — Résistance au sel marin des bacilles typhiques, PRES NPRIQUE A et-B,/du B. coli. NèGrE (L.), 387. — Survivanceé du Colibacille dans les eaux. TeIssiER (J.) et Couvreur (E.), ‘ 2301. à — Virulence du paratyphique B. Dururr, 206. FILOGRANA. Voir ANNÉLIDES. FLAGELLÉS. Heramitus inleslinalis dans le sang de Rana esculenta. Pox- SELLE (A.), 23. ÉQUILIBRE. Examen oto-rhino-laryn- “peut de l'aviateur. GuILLAIN (G.), 65? — Ré chions aux variations. MAUBLANC et RaTIÉ, 649. - -— Voies vestibulo-cérébelleuses chez les aviateurs. Foy (R.), 681. PIÉRON, 753. ÉRYTHRÉMIE. Voir SANG. ESCARGOT. Pigments du sang. DHÉRÉ (Ca.) et Scaneïner (A.), 1038, 1041. . — Suc digest let amygdaline. Gaga (J.), 10e = ESTOMACG. Hydatidémèse. DéÉvé (F.), 265. — Mucus gastrique et réaction du biuret. Prox (L.), 1207. Voir DIASTASES. ÉTHER Action sur les microbes. Mar- Tin (L.), 1258. SouiGoux (A.), 1257. Rou- QUIER (A.) ef lricorRe (R.), 1160. Voir __ ANESTHÉSIQUES. °:. ETHER- ÉTHYLCINNAMIQUE. ' Voir MICROBIOLOGIE. EUCHLOE. Voir LÉPIDOPTÈRES. FOIE. EUGLOBULINE. Voir ALBUMI- Chat roc. — Autolyse. Rogin (A.) et BOURNIGAULT EXOSTOSE. Voir OS. : (A.), 187. — Dosage des hydrates de carbone. Brex- RY (H.) et GRuzEwsSkA (Mac Z7,),.859. ‘Physiologie. — Antithrombine. Anraus (M), 416. Doyon (M.), 570, 736. . — Cholémie post-anesthésique. Cnevrier {L.), 401, 499. RATRERY, 402. — Fixation des métaux et des métalloïdes. DünauEL (B.-G.), 724. — Glycémie critique et diabète. Cnaga- NIER (H.), 1121. — Glycémie chez les aviateurs. MaraxoN (G:), 631. — Indoxylurie et injection d'indol. Gau- TIER (Ci..)-et HERVIEUx (Cu), 1302. Bile. He — Bacilles dysentériques. ManrBairs (S.), 166, 238, 256. Vincenr (H.), 84, 219, 304. . — Bactéridie charbonneuse. Panisser (L.), 1318. — Lithiase biliaire et kystes hydatiques. DÉVÉ (F.), 419. F FATIGUE et excitabilité du muscle. Laproque (L.) et (M.), 172. Voir CŒUR. FAIM locale et réflexe hyperglycémique. PI-SUNER (A.), 1287. FÈCES. Voir SELLES. FER fœtal et embryotrophe ne enaue Hassan EL Drwany, 1935. — Dosage dans les matières organiques. LAPICQUE (1) 202; — Recherche dans les tissus et coloration. Mawas (J.), 78, 155, 158. Voir COL:- -LOIDES. FERMENT LACTIQUE. DouxEr (E.), 443. — Dh colagie du globule de levure sans membrane. Graya (J.), 719. — Zymase de la levure. Grasa (J.), 804. Voir CHAMPIGNONS. FERMENTATION ALCOOLIQUE. Graya (J:), 1225. | — Mouvements de l'intestin. BouLer (L.), — BUTYLÈNE-GLYCOLIQUE. Le- 1047. MOIGNE (M.), 23%, 984. — Obstruction hydatique des voies. Dévé FIBRINOGÈNE. Voir SANG. (F.), 353. 1462 — Pancréatites hémorragiques avec stéato- nécrose. Broco (P.) et More (L.), 371, 510. Ictère. — Fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins en Algérie. Pasteur _ Ranor et LHÉRITIER (A.), 389. — Ictère épidémique. BourcArT Laucier (H.), 1170. o — Pore. MéLanipt (C.), 1266. — Résistance globulaire et ictère par to- luylène-diamine. BruLé (M.) et May(E.), 184. (JS) net Parasitologie. — Echinococcose. DévÉ 353, 311, 419. Dunor (E.), 146. — Trichocéphales dans le foie du Rat. MurATET (L.), 1383. FOURMI. Voir MYRMÉCOPHILIE. FROTTIIS. Voir MICROBIOLOGIE. G GANGRÈNE GAZEUSE.Brrse (T. C.), 992. Nevin (M.), 140. VANRELL (J.), 493. Zuwnz (E.), 1078. GAZ. Action sur les pigments respira- toires. Dnéré(Cn.) et ScaneinEr(A.), 1034. GAZ ASPHYXIANTS. Formule hémo- leucocytaire. OLMER (D.), 1292. ° — Muqueuse oculaire. BoNNErON (G.), 1089. GÉLOSE. Injections intraveineuses. Bo- QUET (A.), 1127. GERMINATION. Orge et substance | antiscorbutique. QUAND (G.), 184. GESTATION et anaphylaxie. REINALS (F.), 830. — Glande my ométriale, de la Rate. WegiLz (PAS — Hypertrophie des surrénales. (J.), 1405. GLANDES. Elimination de l'iodure de potassium par la salive. AMEUILLE et SOoURDEL (M.). 384. — Glandes endocrines et fièvre. LéoroLn- Lévi, 344, 316, 410. — Oxydases. MaAriNescO (G.), 98. — Pouvoir amylolytique de .la salive. GrimeErr (L.), 312. GLOBULINES. Voir ALBUMINOI- DES 0 GLYCOGENE dans les milieux liquides tournesolés et vibrions cholériques. Du- MAS (J.), 547. Voir FOIE. GLYCOSE. Voir SUCRES. GONOCOQUE. Voir BLENNOR - RAGIE. Waizz (E.) et Mouri- DurA 1 WATRIN VALLERY-' (F.), 232, 249, 318, — Organes FOIE — GRIPPE mentation. Brerry (H.), 124, 530, 808. Maïcnon (F.), 398, 400, 806, 1358, 1560, TERROINE (E.- -F.), DT4. GRAISSES etalbuminoïdes dans Lals — Biléet pancréalites hémorragiques a avec - - stéato-nécrose. Broca (P.) et More (L.), 371. — Cellules des cavités alvéolaires du pou- mon. GRANEL (F.), 1329, 1361. -— Chondriome des cellules adipeuses. La- DREYT (F.), 315. - — Coefficient lipémique dans les. hydro _pisies. Acnarp (CH.), Risor (A.) et Le BLANC (A.), 339. — Epithélium pulmonaire. GRANEL (E.), 4361. _ — Fèces normales. LAMBLING (E.) et Var- LÉE (Q.), 1058, 1060. — Hématochylurie. BLING (E.), 1056. -— Production à partir Hassan EL Drwany, 1289, Denon (M.) et Law- des protéiques. , — Teneur du lait et rut. DECHAMBRE (P.) et. Giieis, 490. — Utilisation après exclusion du QE num. MÉTIVET (G.), 222. , = GREFFES mortes. Bonxeron (G.), 85. Dusrin (A.-P.), 614. NAGEOTTE (J.), 42, 81, 615, 849. NAGEOTTE (J.) et SENCGERT (L.), 45. — Greffes astéo-périostées. INBERT et Jour- DAN (Er.), 115. — Testicule. RezrerEer (Ep.), 1022, 1099. GRENOUILLE. Accélération de la mé- tamorphose. Kozcmann (M.), 1009. — Anesthésie des têtards. WeBer (A.), 862, 964, 966, 970. — Hexamilus intestinalis parasite du sang. PonsELLE (A.), 23. , — Indoxylurie et injection d’indol dans le foie. GaurTier (CL.) et HErRvIEUx (Cu), 1302. js — Maturation de l’œul chez Rana fusca. Hovasse (R.), 855. lymphoïldes. 282. GorrAux {R.), 904. 201. — Poisons et anesthésiques. Dusrix (A.-P.), RÉTIF (E.), 236. : — Rein. Azoune (A.-J), 1349. — Résistance du tèlard aux hautes tempé- ratures. DRZEwWINA (A.) et Boux (G.), 718: — Thymus et alimentation. DusriN(A.-P.),. 1068. — Trypanosoma rolatorium. PONSELLE (A.), 163, 226. Voir BATRACIENS. GRIPPE. Autoplasmothérapie. 252. — Bacille de Pfeiffer. Rue (M), 600. Da Jociy (J:),-200; ne BroDIN 2. (P.), Lesné (Eo.) et SAINT-GIRONS (FR), "M 138) à GRIPPE — GUERRE 1463 — Bactérie voisine des Pasteurellæ pa- thogène pour l'Homme. Desré (R.), 224. — Bactériologie. Marpars (S.), 95. — Bactériothérapie. Cnevrez (F.). RANQUE (A.), SENEZ (Cu) et GRUAT (E.), 15. SALVAT -NAvaRRoO (A.), 832. — Cholestérinémie. Porak (R.), 123. — Complications et injections intratra- chéales de sérum. Bossan (E.-A.), 829. — Hémoculture. CAYREL (A.), 204. — Propriétés agglutinautes du sérum. CAYREL (A.), FonTAINE (H.) et. DESCOFFRE (A.), 289. — Réaction aux colloïdes d’or. CASTEL (J. pu) et Durour (M.), 324, 499. — Température. Ricner (Cn.), 365. — Utilisation du glycose. AcnarD (Cn.) RiBoT (A.)et Biner (L:), 115. — Vaccination. CHEvREL (F.), RANQUE (A.), SENEZ (CH.) et GRUAT E.), 75. QUuARELLI (G.), 213. GUERRE. — Action de la bile sur les Bacilles dysen- tériques. MarBars (S.), 166, 238, 256. Vincent (H.), 84, 212, 304. - — Action de l'urine sur le Tréponème de la syphilis. Lévy (P.-P.) et Guicé, 65. — Action diurétique du riz. Douuer (E.), 551. — Action thérapeutique du lipo-vaccin antigonococcique. LE Morcnic, SÉzARy et DEmoxcay, 105. — Albumino- réaction des crachats dans les séquelles pulmonaires des ypérités. CLERU (A.) et Rouninesco (A.), 187. . — Alimentation des prisonniers en Alle- magne. Benoit (A.), 151. — Amidon paraffiné pour l'ingestion de ferment lactique. Douuer (E.), 443. — Bactériothérapie spécifique par des auto- vaccins dans les affections urinaires à Colibacilles et à Staphylocoques. Ver- RIÈRE, HOLLANDE (A.-Cu.) et Garé (J.), 36. — Blessures de la moelle et réflexes pilo- moteurs. ANDRÉ-Taomas, 291, 296. - — Bronchite sanglante à Spirochètes. Rou- BIER (CH.) et GAUTIER (CL.), 368. — Classificatron des Staphylocoques. Mar- BAIS (S.), 220. — Coagulation des hémothorax. ALBERT (E.), 283. GRATIA (A.), 1395. — Colibacille en milieu US glucosé. BESSON (A.), RANQUE (A.) et SeNEz (CE), 16, 164. — Conclusions relatives à la question du ravitaillement et du bétail des séances de la Commission d'Alimentation de la Société de Biologie tenue sous la prési- dence de M. CH. Ricuer, 81. — Culture des Streptocoques homologues dans le sérum des blessés porteurs. LE FÈèvre DE ArRric, 1065. — Cytologie et bactériologie du liquide céphalo-rachidien dans le typhus exan- thématique, HEuYER (G.), 729. — Digestion du son par le Lapin et le Chien. Caussin (J.), 269. — Dosage de l'urée dans le sang. (A.) et Guérin (Fr.), 25. — Epizootie à Pneumocoque chez le Co- baye jugulée par l'injection préventive de vaccin pneumococcique. CHEVREL(F.), Î 5 GRIGAUT RANQUE (A.), SENEz (Cu.)et Gruar (E.), — Fer dans les tissus. Mawas (J.), 78,1 188. ; — Filaments flexueux, de nature spiro- chétidienne, dans l'urine normale. LÉvx (P.-P.), 421. — Fonctionnement du muscle temporal agissant unilatéralement dans des con- ditions artificielles ou pathologiques. TourNay (A.), 4. — Gangrène gazeuse à B. perfringens Bert (T. GC.) 992. NEvin (M.), 140. — Gelure des pieils. Brunrz (L.) et SPILL- MANN (L.), 8. — Greffes mortes et lésions des nerfs. Dusrin (A.-P.), 614. — Grippe. AcHarp ‘(Cx.), Risot (A.) et BINET (L.), 115. Bossan(E.-A.), 829. Bro- DIN (P.), Lesné (Eo.)_et Sarnr-GrroNs (ER.), 252. Castez (J. pu) et Durour (M.), 324, 499. CAyREL (A.), 204. Cavnez (A), FoxTAINE (H.) et DEscorrRE (A.\, 289. CHEvREL (F.), RANQUE (A.), Senez (Cu.) et GruAT (E.), 15.- Depré (R.), 224. Margars (S.), 95. QuareLzr (G.), 213. Rueix (M), 138, 600. Rrcher (Cn.), 365. SALvaT Na- FARRO (A.), 832. — Hématologie dans l'intoxication par l'ypérite. OLMER (D.), 1292, — Hypoglobulie précoce des grands blessés des membres. Prcoué (R.), Lacoste (A.) et LARTIGAUT (R.), 1378. — Jctère épidémique saisonnier en Macé- coine. BourcarT (d.) et LAUGIER (H.), 1170. — Liquide céphalo-rachidien et syndrome subjectif des blessés du crâne. CorniL (L.), 367. — Mesure de la protéolyse microbienne. Gricaur (A.), Guérin (FR.) et Poumarx- Mircnaux (M°), 66. — Microbes dans les milieux liquides sucrés. Besson (A.), RANQUE (A.) el SENEZ (Cu.), 107. — Numération cellulaire dans les liquides céphalo-rachidiens. Lévy (G.), 17. — Origines françaises du procédé dit de Neumann : incinération par les acides sulfurique et azotique. LaProquE ({L.), 92 4. 5] 1464 GUERRE — — Paiudisme. Bourcart (J.)et LAvGtER (H.), 1165. CorDtER (V.), 355. PéJu (G.), 1267. — Physiologie normale et pathologique de l'aviateur. BINET (L.\, 693. Camus (J.), 613. Canronner (A.), 637. Crucuer (R.) et MouinIER (R.), 671. Dastre, 111. DusBus (A.), 1055. EtTrrenne (G.) et Lamy, 652. FERRY (G.), 634, 636, 631. Foy (R.), 691. GarsAUx (P.), 643, 646, ,641. , GUILLAIN (G.), 655. GuiLLaix (G.) et AusarD (L.), 663. Josué (0.), 639, 641. Juarros (C.), 692. Juarros (C.) et Perez-Nuxes (A), 690, MaRaANON (G.), 631. MarcHoux (E:) et NEPPER,- 668. MAuBLanc et RATIÉ, 649. Mayer (A.), 630. Mournier (R.) et Cru- CHET (R-), 680. Préron, 675. RENARD (Lieu- tenant-Colonel), 687, 689. Tara (S.), 706. Vizeuin (F.), 696, 699, 703. — Plaies à Streptocoques. -Gérarp (P.) et Rouanr, 136. Le FÈvrE be Arric (M), 602, 948. 1065. — Plaques d'aréflexie pi amotries dans les blessures de la queue de cheval et de la moelle. ANDRÉ Taomas, 1102. — Prophylaxie bactériothérapique des complications de la grippe par la vacci- nation mixte pneumo-stréptococcique. CHEVREL (F.), RANQUE (A.), SENEZ (On.) et GRuAT (E }), 75. = — Propriétés germinatives des Strepto- coques des plaies. Le FÈVRE DE ARRIC, 946. — Recherches hématologiques dans l'in- toxication par l'ypérite. OLmer (D), 1292. = — Solutions hypertoniques sur la mu- queuse oculaire imprégnée par le sulfure d'éthyle dichloré. Bonxeron (G.), 1089. Spirochélose ictéro - hémorragique. BLANC (G.), 1310. CorraLes (M.), 14. DaL- MAU et Barrta, 489. Nicorce (Cn.) et Le- | BAILLY_(CH.), 411. — Troubles vaso-moteurs dans la fièvre des tranchées. CoLouse (J.), 462. — Urée et sucre du sang et anesthésie générale. Rouzaup, 121. H HAPLOSPORIDIUM. Voir SPORO- ZOAIRES. HAZONGIA. Voir RÉSINE. HELIX. Voir ESCARGOT:. HEMATOPHAGIE. Voir SANG. HEMATOXYLINE pour la recherche du fer dans les tissus. Mawas (J.), 155. HEMATOZOAIRE. Voir PALU- DISME. HÉMOCULTURE. Voir GRIPPE. / IMMUNITÉ HÉMOTHORAX. Voir POUMON. HÉRÉDITÉ. Chiasmatypie et théorie de Morgan. Janssexs (F.-A.), 917, 930. — Éléments du langage. Barnizs (P. ), 828. — In muaité contre la rage. REMLINGER (RTS 142. — Polymorphisme et fécondité du Lin. “. BLARINGBEM (L.), 156. — Séries de Fibonacci. ZarPrreL (E.), 853. — Télégonie. Frareur (J.-L.), 883, 941. HERMAPHRODITISME. Voir OR- GANES GÉNITAUX. HEXAMITUS. Voir FLAGELLÉS. HIRUDINE. Voir SANG. HISTAMINE dans la gangrène ga- zeuse. Zunz (E.\, 1078. HISTIDINE. Voir ACIDES AMI- ne NÉS. é HOG-CHOLÉRA et paralyphique Bb: BRUYNOGEE (R.), 954. HOMARD. Pigments du sans. (Ca.) et Scansnen (A .), 1038, 10241. HORMONES. Ipe, 944, Kumacar (T.) et. :Osaro (S.), 425. HOUILLE. Voir ARSENIC. . : HUILE pour injeclion trachéale de sub- stance médicamenteuse. Bossan et Guigysse-PELLissier, 148. — Huile quininisée, lipoiïdée, CPAS ë dans le paludisme. Mowziocs et CASTEL, 550, 552. Voir POUMON. ci HUITRE. Condiments et pouvoir infec- tant. Azuior (H.), 457. Ricur fils (Cn.)et G160N (A.), 322, , HUMÉRUS. Voir MEMBRE. Fi ÆAYDRATES DE CARBONE. Voir SUCRES. > HYDROPISIE. Coefficient lipémique. AcHaRD (CH.), Risor (A.) et LEBLanc (A), 339. HYPOBROMITE. Voir REIN. HYPOPHYSE et hyperglycénñe pro- voquée. AcuarD (Cu.), Risor (A.) et Br- NET (L.),-188. ES D QT LE Ce CAN PR LÉ AC SES TE CE DHÉRÉ un, 0 ICTÈRE. Voir FOIE. IMMUNITÉ ct anaphylaxie. (M.), 1200, 1202, 1230. — Adrénaline et toxines solubles. (A.), 581. — An'icorps chez les invertébrés marins. CANTACUZÈNE (J.), 1087. — Hyperimmunité foudroyante. (À.), 418. — Infection expérimentale chez Ascidia menlula. CANTAGUZÈNE (J.), 1049. 7: 400 — Inoculation cutanée de vaccine et in- fection générale. HensevaL (M.), 873: ARTHUS Mare VERNES IMMUNITÉ —— LIN — Précipitines et substances déviantes. BRuYNOGuE (R.), 951. — Rage. REMLINGER (P.), 52, 142. — Rôle des plaquettes VAERTS (P.), 927. — Sensibilisatrice spécifique dans l’intes- tin grêle des cholériques. CANTACUZÈNE (J.) et Marie (A.), 981, 1044 — Sérum d'Anguille ou de Murène et ani- ni immünisés. Cauus (L.) et GLEY (E.), 240. — de ose ictérohémorragique. Cor- RALES (M.), 14. Daruau et Bazra, 469. — Sérams préventils dans la gangrène ga- zeuse expérimentale. Nevix (M.), 140. — Streptocoque. VINAvER (Mme S.) et FRa- SEY (V.), 606. — Substances spécifiques dans les leuco- cytes. BAcHuANN (A.), 1031. — Tyhus exanthématique: LisBonNnE (M. — et CARRÈRE (L.), 568. Voir PHAGOCY- TOSE. INDOL. indoxylurie. Gaurier (CL.) et . -Hervieux (Cn.), 1302. Voir MICRO- BIOLOGIE. INFLUENZA. Voir GRIPPE. INSECTES CRDI S A UOR Ricoe ([.), _ 1045. — Alexine dans le sang. HoLLANDE (A.-CxH.), 218. — Cannibalisme. Portier (P.), 20, 22. Ra- BAUD (Er.), 22. : — Larves de Calliphora vomiloria et vi- tamines. WoLLMan (E.), 1208. — Larves de mouches sur milieux stéri- lisés. Ricuer (Ca.), 691. WorLuan (E.), 593. È — Mouches à corne. Mercier (L.), 217. — Nervation des ailes chez Panorpa com- munis. Mercier (L.), 1168. — Position terrifiante. SreoLecki (M.), 49. — Velia macroptère. Mercier (L.), 524. INTESTIN. Activation du pouvoir pa- thogène du Vibrion cholérique. CanTAcu- ZÈNE (J.) et MARIE (A.), 8242. — Duodenum des Mammifères. Mériver … (G.), 222, 274. Vrzcewin (F.), 1426. — Flore et alimentalion chez le Rat. Drs- TASO (A.), 427. — Hexamilus inteslinalis dans le sang de Rana esculenta. PoNsELLE (A.), 93. — Microbes dans le tissu lymphoide de >l’appendice cæcal du Lapin. Marsars (S.), 33. Masson (P.) et Recatn (CL1.), 30 1%4, 304. PorTIER (P.), 32. — Mouvements et bile. Bourer (L.), 10417. — Necalor americanus. Lecer (M), 110. — Sécrétire dans le duodénum et le jéju- num. Mémver (G.), 274. _— $Sensibilisatrice dans le chôléra. Canra- GUZÈNE (J.) et Marie (A.), 981, 1044. Voir " À sanguines. Go- LÉPIDOPTÈRES. — Mycoses 1465 DIGESTION, DYSENTERIE, SELLES. INTOXICATION et PorAK (R.), 123. — Cause d'erreur en toxicologie. 929. Voir ARSENIC. IODE. Thyroïde. Zunz (E.), 894. — Élimination par l'urine et la salive de l'iodure de potassium. AMEUILLE et Sour- DEL (M.), 384. ï IONS. Voir RADIOACTIVITE. IVOIRE. Voir DENTS. cholestérinémie. [ne (M.), J JABOT. Voir PIGEON. JEJUNUM. Voir INTESTIN. æ K KÉRATINISATION. Voir. TÉGU- MENTS. L LACTOSE. Voir SUCRES. LAIT. Analyse. Licnières (J.), 1094. — Rut et teneur en graisse. DECHAMBRE (P.)et Ginreis, 490. LANGAGE. Voir HÉRÉDITÉ. LAPIN. Digestion du son. Caussin (J.), 269. — M crobe du t'ssu lymphoiïde de l'intes- tin. Manpais (S.), 33. Masson (P.) et RE- GAuD (CL.), 30, 144, 304. PonTier (P.), 32. — Rage. REMLINGER (P.), 52,254, 1098. Voir ANAPHYLAXIE, HÉRÉDITÉ. LARVES. Voir INSECTES: LARYNX. Ossification des cartilages. Rerterer (Éb.), 102. Alimentation des chenilles de Pieris et Euchloe. Gaurrer (CL:), et Riez (Pu.), 1371. — Apanleles glomeratus parasite des Pieris. GAuTIER (CL.), 120. 1000, 1369. — Microbes parasites des chenilles: Du- FRÉNOY (J.), 288. momifiantes des Ducrénoy (J.), 962. — Sang de chenille. Gautier (CL.), 722. LEUCITES. Voir CELLULE: LEVURE. Voir CHAMPIGNONS. LÉZARD. Voir MIMÉTISME. LIN. Polymorphisme et fécondité. BLi- RINGHEM (L.), 156. chenilles. 1466 LINEUS —- LINEUS. Voir SPOROZOAIRES. LIQUIDECÉPHALO-RACHIDIEN. Voir PLEXUS CGCHOROIDES. LUMIÈRE et parasilisme. DRzEwINA (A.) et Bonn (G.), 919. — Action sur les êtres vivants. OLTRAMARE (J.-H.), 190. — Fonction photogénétique et hydrogé- nase de la Pholade. Dusors (R.), 840. — Pétales panachés chez l'OEïillette blan- che. MorcrarD (M.), 403. : — Photobactéries. Dupors (R.), 1016. — Ver luisant provençal. Buentox (E.), 99%, 1044. LYMPHANGITE. Voir CHEVAL. M MAGNÉSIUM. Voir SANG. MAIA. Voir SANG. MAL DES AVIATEURS. Crucuer!/R.) et Mounier (R.), 611. MAL DESTRANCHÉES. Voir PIED. MAMMIFÈRES. Duodénum. Mériver (G.), 222, 274. VILLEMIN (K.), 1426. — Embryotrophe hématique et fer fœætal. Hassan EL Diwany, 1235. — Formation de l’amnios. DA), 588, 604. — Résistance globulaire et dimension de lhématie. Pasteur VALLERY-RAvor et LHÉRIIIER .(A.\, 195, — Sang à la naissance. Joy (J.), 800. — Sphincters plexiformes des canaux al- véolaires et des acini du poumon. Du- BREUIL (G } et LAMARQUE (P.), 1315. MANIE. Voir SANG. MAXILLAIRE. Voir TION. < MÉLANCOLIE. Voir SANG. MÉLANINE. Voir PIGMENTS. MEMBRE. Blessures et hypoglobulie. Picoué (R.) » LACOSTE (A.) et LARTIGAUT(R.), Costa (A. C. ARTICULA- — Compression et réactions vaso-molri- ces. OEzsnirz (M. p°.), et Connie (L.), 146. : — Déplacements de l'humérus dans la pro- nation et la supination. MasmonreiL (F.), 275, — Graphique oscillométriquepoignet-bras. DELAUNAY (EL.), 623. — Luxation du poignet par capotage d'avions. FErxv (G.), 664. Voir BLES- SURES. MÉNINGES.Ponction lombaire et injec- tion intraveineuse d'huile quininisée dans le paludisme. MoxzioLs et CASTEL, 552. — Réactions méningées après injections MICROBIOLOGIE intrarachidiennes d’auto-sérum. Nerrer A.) et Mozer (M.), 111. MÉNINGOCOQUE. Voir MÉNIN- GES. a MENSTRUATION. Voir ORGANES GÉNITAUX. MÉTALLOIDES. Voir COLLOIDES. MÉTAMORPHOSE. Voir BATRA- CIENS. : MÉTAUX. Voir COLLOIDES. MÉTHODE DE NEUMANN. [:- PICQUE (L.), 92. MICROBIOLOGIE Milieux de culture. — Acides aminés. Maver (A.) et SCHAEFFER (S.), 148. — Conservation du Gonocoque. cesou (D.) et HozBan (D.), 535. lait. LiGnières (J.), 1094. — Ether-éthylcinnamique - pour ire cier les Bacilles dysentériques. JAcOBsOx (J.), 726. ; — Milieux au poisson. HARDE ( SER (A.), 1259, 1304. — Milieux liquides glycogénés tournesolés pour vibrions cholériques. Dumas (J.), 547. — Milieux semi-liquides pour anaérobies. Licnières (J.), 1091. ; — Ponction du cœur chez les Oiseaux. NicoLce (Cn.) et Lesaizzy (Cn.), 533, 161. — Sels de terres rares et Bacilles dysen- 978. Technique. MEzN- — Culture de microbes pete l'analyse du \ \. E.) et Hau= -— Préparations microscopiques des Moi. à sissures et des Péronosporées. CourIN . (H.), 209. Morphologie. — Bacille d'Eberth en chaïinettes. RANQUE (A.) et SENEZ (CH), 1421. — Granulations de- Babès et diagnostic à bactériologique des angines. DeBré (R:), LETULLE (R.) et SERGENT (L.), 586. Culture de Protozoaires. — Trypanosomes. Ponsezce (A.), 163, 226, Colorants et colorations. — Coloration post-vitale au bleu de tolui- dine phéniqué. SaBrazës (J.), 1391. — Crachats tuberculeux. Laesreur (Cul), Jacouer (P.) et PINrener, 251. — Différenciation des frotlis colorés par la : méthode de Romanovsky. AGuLHON (H.) et CnAvANNES (I.), 149. * tériques. FRouIN (A.) et Moussarr (A), & _— Indol. Nicorce (Cx.), MICROBIOLOGIE — OEIL 1467 — Neutralisation de l’eau distillée. Pox- SELLE (A.), 1328, en outre, t. LXXXIIT, 1920 64. — Sang paludéen. LesiEur (Cn.) et Jac- QUET (P.), 261. Physiologie. — Acide oxalique et moisissures. Mozr- LIARD (NL), 351. — Action de l’éther. RocQuIER (A.) et Tri- COIRE (R.), 1160. — Bacille coli en milieu liquide glucosé. Besson (A.), RanouE (A:) et SENEZ (Cun.), 16, 107, 464. — Bileet Bacille de la dysenterie. MarBais (S.), 466, 238, 256. Vincent (H.), 84, 212, 304. BLaxc -(G.) et Cxizcon (L.\, 1126. Rain (M:), 138, 600. — Microbes et coagulation du sang. GrA- TA (AL), 1245, 1247, 1393. _— Muqueuse intestinale et propriétés pa- thogènes du vibrion cholérique. CAnTA- ouzÈèNE (J.) et MARtE (A), 842. — Protéolyse. GRIGAUT (A.), GUÉRIN (FR.) et Pouuay-MicHaux (Mue),66. Wozzuax (E.), 1263. See MIMÉTISME. Coloration Lézards. Denaut (E.-G.), 514. — Position terrifiante des animaux. SrEn- LECKI (M.), 49. MITOS£Z. Voir CELLULE. MOISISSURES. Voir CHAMPI - GNONS. : MORPHOLOGIE EXPERIMEN - TALE. Mouch2s à corne. MerctER (L.), 1217. - — Pétales panachés chez l'OEillette blan- « che. Mozcrarp (M.), 405. MOUCHE. Voir INSECTES. verte des __ MOUVEMENT. Pronation et supina- tion. MASuonrTEIL (F.), 275. -MUCUS. Voir ESTOMAC. MUE. Voir TÉGUMENTS. MUQUEUSE. Voir INTESTIN, NEZ. MURÈNE. Voir SANG. MUSCLES masticateurs. Tournay (A.), 4. — Afropine. Larrcque (M.) et Ver (C.), “RE < _— C-Ilules épithélio-musculaires des’ An- nélides. Gizsox (G.), 884. — Dosage des hydrates de carbone. Brer- -Ry (H.) et GuuzewsKkA (Move Z.), 839. — Excitabilité et fatigue. Larrcque (L.) et (M.), 7172. — Force musculaire et réflexes tendineux - chez l’aviateur. Juarros (C.), 692. — Histamine dans la gangrène gazeuse. _Zunz (E.), 1078. — Injections de saccharate de chaux. Du- BOIS (R.), 6. — Régénération après traumatisme. Na- GEOTTE (J.) et Guyon (L.), 1364. — Sphincters lisses plexiformes des ca- aux alvéolaires el des acinidu poumon. DusreulL (G.) et LaMARQUE (P.), 1375. — Température dans la pathologie du système nerveux. MariNesco (G.\, 561. MYCOSES des chenilles. Durrénoy (J.), 962. — Onychomycoses. Sarrory (A.), 808. WEiL (P.-E.) et Gaupin, 121. “ MYOGRAPHE. Voir CŒUR,. MYRMECOPHILIE chez Uncaria. WiLpemAn (E. DE), 1076. MYXOMYCÈTES. Voir CHAMPI- GNONS. MYXOSARCOME. Voir TUMEURS. N NECATOR. Voir INTESTIN. NÉCROSE. Bile et pancréatites hémor ragiques avec stéato-nécrose. Brocao -(P.) et Morer (L:), 371. NEMATHELMINTHAES. Géonémie. SEURAT (L.-G.), 986. — Hisliocephalus. GepoELsr (L.), 901. — Lymphadénome de la vaginale et néma- thelminthe. Duwxs (J.) et Perrir (A.), 512, 6 — Microfilaires du Singe. Brobex (A.) Be — Oxyuridé parasite d'un Reptile. Ges- DOELST (L.), 910. — Pharyngodon. GEevoxcsr (L.), 869. — Résistance vitale. SEurar (L.-G.), 988. — Spiruridés. GEnoELst (L.), 1145. — Tricocéphales dans le foie du Rat. Mu- -RATET (L.), 1383. NEPPER. Maver (A.), 630. NEROCILA. Voir POISSONS. NEZ. Examen oto-rhino-laryngologique de l'aviateur. Gurczaix (G.), 655. Mar- cHoux (E.) et Neprer, 668. NUCLÉINE. Voir ALIMENTATION. NUCLÉOLE. Voir CELLULE. (@) OBSCURITÉ. Action sur les êtres vi- vants. OLTRAMARE (J.-H.), 490. ŒIL. Aviateur. CANTONNET (A.), 637. Gar- SAUX (P.), 643. GuiLLaIN (G.), 655. Guic- LAIN (G.) et AMganp (L.), 663. — Coloration du fer. Mawas (J.), 135, 158, 1468 — Greffe de cornée. BonneroN (G.), 85. Na- GEOITE (J.), 81. — Pression artérielle dans les vaisseaux rétiniens. Baizzrart et MAGrroT, 1189. — Sulfure d’éthyle dichloré et solutions hypertoniques sur la muqueuse. BONNE- Fox (G.), 1089. Voir OPHTALMIE. ŒILLETTE. Voir LUMIERE. ŒUF. ÇCytolyse par la saponine après ac- tivation. HEeRLANT (M.), 164. — Fécondation chez Sérongylocentroltus lividus. Dustin (A.-P.), 940. — Maturation chez Rana fusca. Hovasse (R.), 858. — Tricocéphales dans le foie de Rat. Mu- RATET (L.), 1383. - OIDIUM. Voir CHAMPIGNONS. OISEAUX. Résistance globulaire et dimension de l'hématie. PastTEuR VAL- LERY-RADoT et LHÉRITIER (A.),-197. Voir CŒUR. ONGLES. Voir MYCOSES. OPHIDIENS. Voir TEGUMENTS. OPHTALMIE à gonocoque. DEsré (R.) et Parar (J.), 137. Mezincescu (D.) et Hocrax (D.), 536. OR. Voir GOLLOIDES. L OREILLE. Aviateur. Garsaux (P.), 643. GuiccaiN (G.), 655. GuizLain (G.) et An- BARD (L.), 663. —-Sac et canal endolymphatique du Co- baye. PORTMANN (G.}, 1384. . — Temps de latence et intensités excita- trices. PréRoN (H.), 1416. Voir ÉQUI- LIBRE. ORGANE DE CHIEVITZ. Voir EM- BRYON. ORGANES GÉNITAUX et jabot chez te Pigeon. Caampy (Cn.) et Core (P.), 818. — Balanites spirillaires et végétations. Nicozas (J.) et Favre (M.), 113%. — Hémorragie menstruelle. WazLien (V.), 405. — Hermaphroditisme chez le LA, FAURE (Cn-) "61195 — Rutet menstruation. Wazricu (V.), 528. — Spirilles des végétations vénériennes.. Civarte (A.) et Favre (M.), 506. Favre (M.) et Crvarre (A.), 454. ORGE. Voir GERMINATION. ORNITHODORUS moubala. Ropnaix (J.),1934,.937. OS. Calc ification et opotkérapie parathy- roïdienne. BoEz (L.), 447. … — Côtes. RETTENER (Eo.), 27, 54. — Grelfes ostéo-périostées. IuBErT et Jour- DAN (Er), 115. — Hypohaversogénèse dans le rachitisme, l’ostéomalacie, l'ostéoporose et les exos- toses. Lréxaux (E.), 892, ŒIL — PANCRÉAS — Luxation du semi-lunaire et du grand os du poignet droit par Le d'a- vions. FERRY (G.), 634 ; — Ostéogénèse. RETIERER (En), 168. | — Spécificité des lésions. PUTROMUE, 1312, OSMOSE. ZarprreLr, 1325. OSTÉOMALACIE. Voir OS. OSTÉOPOROSE. Voir OS. OURSIN. Spermatozoïdes. 1419. Voir ŒUF. OUVRAGES OFFERTS. La Biologie de la plaie de guerre, par Decser(Pierre) et FIESSINGER (N.), 84. Corte (1), — La matière et la vie, par GuILLEMINOT ARE (H.), 1204. — La spirochétose ictéro-hémorragique, > - par Martin (L.) et Perrit (A.), 211, — Le Mythe des Symbiotes, par Lumière, 20 (A.), 1083. — Le choléra, par Vroce, 1084. — Précis de Biochimie, par LauBrine, 1149. -— Recherches sur l'Hérédité et la Varia- tion, étude expérimentale etthéorie phy- siologique, par RaBauD (E.), 1254. — Societat de Biologia de Barcelone, tome VI, 1918, par GLev (E .), 1016. — Traité de phys siologie, par Gzey (E.), 1301. 2 OVAIRE du fœtus humain. Viraseca ; (S3) 21855: à — Origine du follicule de Graaf. GUILERA 1e (LS) 352; > OXYDASE. Voir DIASTASES. OXYHÉMOGLOBINE. Voir SANG. p. PAGURE. Voir SANG. ER FAISCDRENNE et altitude. BocrcARr. () = et LauGieRr (H.), 1165. a — Culicides Ardennes. PÉqu (G.), 1267. — Hémolyse et cholestérinémie. CRESPIN et ZAkY (A), 216. — Ponction lombaire et huile quininisée, lipoïdée, camphrée en injections intra- veineuses. Moxzrocs et CasreLz, 550, 552. — Sang. Copier (V.), 355. LESIEUR (Cu) et JxGQUET (P.), 2617. PANCRÉAS embryonnaire. ARON, 4498. — Ablation et glycosurie chez le Chien. Bierry (H.), 305. — Bile el pancréatites hémorragiques avec stéato-nécrose. Broca (P.) et MOREL (4), 374-0510: — Glycémie critique et diabète. CHABA = RU NIER (H.), 1121. — Pancréas et hyperglycémie provoquée! ; AcuarD (Cn.), Risor (A.) et Biner (LL), 188, 1232. ÿ7 _— Papilles et _ PIGEON. PANCRÉAS — Sécrétine dans le duodénum et le jé- junum. Mériver (G.), 2174. — Sécrétion interne. KumAGaï (T.) et Osara (S.), 425. Voir DIASTASES, SU- CRES. PANORPA. Voir INSECTES. PARASITISME et éclairement. DRZE- WiNA (A.) et Boux (G.), 979. — Résistance des Nématodes. (L.-G.), 988. SEURAT PARATHYROIDES. Opothérapie et calcification des os. Boez (L.), 441: PARTHÉNOGÉNÈSE chez Apanteles qlomeratlus. GAuTIER (CL.), 1000. PASTEURELLOSE. Bactérie patho- - gène pour l Homme. DEBRÉ (R.), 224. PATELLE. Protozoaires parasites. DE- BAISIEUX (P.), 1400. — Sens du retour. PiéÉroN (H.), 1227. PEAU. Macules du typhus exanthéma- tique. ArGAuD (A.), 1218. — Membrane vitrée basale sous-épider- mique. LAGuEssE (E.), 438. — Néoplasmes épithéliaux. Nrcozas (J.) et FAVRE (M.), 497. couche derme. LAGuEsse (E.), 435. — Spirilles des végélations vénériennes. Civarte (A.) et Favre (M.), 506. FAvRE (M.) et Civatre (A.), 454. Voir TOU- CHER. : PEPTONE. Voir ALBU MINOIDES. PÉRIOSTE. Voir OS. PÉRONOSPORÉES. PIGNONS. PEROXYDASE. Voir DIASTASES. PHAGOCYTOSE. Cellule à poussières des alvéoles pulmonaires. SU PEL- LISSIER (A.), 1215. — Rôle des plaqueltes sanguines dans l’immunité naturelle. COVAERTS (P.), 927. Voir CHAM- = — Streptocoques des plaies. Le FèvR& DE ArmIC, 602, — Vitesse de la réaction. Mansen (Ta), ! Weuzrr (O.) et Wartagixr (T.), 199. PHARYNX. Muqueuse chez les avia- teurs. Marcaoux (E.) et Neprer, 668. GuinLAIN (G.), 655. PHAUSIS. Voir LUMIÈRE. PHOLADE. Voir LUMIÈRE. PHOSPHATES. Voir REIN. PIED. Gelure et avitaminose. Baunrz (L.) et SPILILMANN (L.), 8. PIER{S. Voir LÉPIDOPTÈRES. Jabot et glandes génitales. Cuamry (C.) et CoLLe (P.), 818. PIGMENTS des Russules. Gaurter (CL.), 2. — BPacille pyocyanique. GEssarp (C.), 195. — Coloration verte des Lézaris, DEHAUT (E. =G); d14. 7 — POUMON superficielle du 1469 — Mélanine chez les Crustacés. Verne (J.), 1319. PIN. Mycose des chenilles. Durrenoy (J.), 962. PLACENTA et hypertrophie des surré- nales dans la gestation. WaATRIN (J.), 1405. — Embryotrophe hématique et fer fœlal. Hassan EL Diwanv, 123à. PLAIES à Streptocoques. GÉRARD (P.) et RouanrT, 136. Le FÈvVRE DE ARR1c (N.), 602, 926, 948. — Antisepsie par l’éther. MarTix (L.), 1258 .SouLIGoux (A.), 1251. PLÈVRE. Voir POUMON. PLEXUS CHOROIDES. Epithélium épendymaire. GRyYNreLTr et EUZIÈRE, 1216. — Indice de réfraction du liquide céphalo- rachidien normal et syphilitique. VERNES (A.) et MArCHADIER (A.-L.), 118. 7 — Liquide céphalo-rachidien daus le ty- phus exanthématique. HEUYER (G.), 729. Tupa (A.), 521. — Liquide céphalo-rachidien et blessures du crâne. Corniz (L.), 361. — Numération cellulaire dans les liqu'des - céphalo-rachidiens. Lévy (G.), 11. — Ventricule moyen chez Uromastix acan- thinurus. LEBLANG (E.), 1327. PNEUMOBACILLE. Marpars (S.), 3 PNEUMOCGOQUE. Epizootie chez 1e -Cobaye. CHEVREL (F. }; re (A), SENEZ (Cn.) et Gruar (E.), 74. Voir GRIPPE. GO an oUE) Rôle chez le Chat. Suarpey-Sharer (E.), 816. POIGNET. Voir MEMBRE. POILS. Réflexes pilomoteurs et blessures de la moelle. Axpré-Taomas, 291, 296. POISONS et anesthésiques chez la Gre- nouille anesthésiée par la chaleur. R£tir (E.), 236. : POISSONS. Parasitisme et éclairement. DrzewiNA (A.) et Bonn (G.), 9179. — Résistance globulaire et dimension de l'hématie. Pasreur VALLERY-R4DOT et Lnéririer (A.), 197. Voir MICGROBIO- LOGIE. POLLINISATION et Insectes. RH TOR S POLYCIRRUS. Voir COPÉPODE. RICOME PORC. Pancréas embryonnaire. ARON, 1428. Voir FOIE. POU. Typhus exanthématique. Borne, CANTACUZÈNE, JONEsCOo-Mrnatesri et Nasra, 504. POULE. Bacilles paratyphiques. NOGHE (R.), 954 — Myxosarcome et Acariens. MERGIER (L.) et Lesarzzy (C.), 802. POUMON. Cellules à graisse. (F.), 1329, 1367. BeuY- GRANEL 1470 POUMON — RÉFLEXE — Cellule à poussères des alvéoles. Gureysse-PELLISSIER (A.), 1215. — Coagulation des hémothorax. F.),283. GrartrA (A.), 1395. — Endoplèvre. ArGaup (R.), 857. ALBERT — Huiles injectées par la trachée. LE Mor- Gxic et Noréro, 1002. — Injectious de saccharate de chaux. Du- BOIS (R.), 6. — Injection trachéale de substance médi- camenteuse ou de sérum. Bossan, 829. Bossan et GUIEYSSE-PELLISSIER, 148. — Kyste gazeux solitaire. SABRAZÈS (J.), 1387, 1339. — Lésions après injections -intraveineuses d'huiles. Le Moicnic (E.) et Sézary (A.), 1004. — $Séquelles et albumino-réaction des crachats chez les ypérités. CLerc (A. ét Roupinesco (A.), 187. — Sphincters des canaux alvéolaires et des acini. DusreuIL (G.)et LAMARQUE (P.), 1375. Voir BRONCHITE, BRON- CHO - PNEUMONIE, GRIPPE, RESPIRATION, TUBERCGU- LOSE. s PRÉCIPITINES et substances ie viantes. BruYNOoGHe (R.), 951. — Méthode pour différencier les albu- mines de l'urine. HOoLLANDE (A.-Cx.), 183. Voir ALBUMINOIDES. PRESSION ARTÉRIELLE et airé- naline. GLey (E.)et Quixquaup (A.), 1115. — Aviateur. Crucuer (R.) et MouriMEr (R.), 677. Dusus (A), 1055. Ferry (G.), 634, 636, 631.- GarsAUx _ 6417. Josué (O.), 639, 641. Tara (S.),: 706. VILLEMIN (F.),-696, 699, 703. | —- Courbe oscillométrique dans le bain carbo-gazeux de Royat. BiLLarv RicHarn (G.) et LArARCINADE, 1025. Ri- CHARD (G.) et LAFARCINADE, 1028. — Graphique oscillométrique bras. DEecLauNAY (H.), 623. — Hémisyndrome sympathique cervical. OEzsxrrz (d’) et Corniz (L.), 960. — lajections d’or colloïdal. DcHauez (B.- G.) et Tareuun (R.), 1198. = Oscillométrie, auscultation et palpation pour l'étude de la tension sanguine. ViLLARET (M.) et Bouper, 12. — Sang hémolysé et sang autolysé. RoGer (H.\, 609. — Vaisseaux rétiniens. GiTOT, 1189. PROSÉROZYME. Voir SANG. PROSTATE. Aclion des extraits sur la vessie. Dusois (Cn.) et Bourer (L.), 1054. PROTÉASE. Voir DIASTASES. PROTEUS dans le typhus exanthéma- tique. Moxzrocs (A.) et DusourG (E.), 348. poignet- Barccrarr et AMa- (GE PROTOPLASME. Voir CELLULE. PTERYGOTA. Wicpeman (E. De), 4397. PYOTHÉRAPIE. Voir SANG. PYRAMIDON. Voir SANG. Q QUININE. DISME. Voir R RACHITISME. Voir OS. _ RADIOACTIVITÉ. ZWAARDEMARER (H:), 625. SR RACE du Lapin. REMLINGER (pe), 52,/4242; 254, 1098. rx he Epithélium pulmonaire. GRANEL (D), 18017 er Rnde myométriale de l'utérus etges tation. WEILL (P.), 1433, — Mastzellen - ou Mastocytes. (E.), 1415. 5 — Spirochètes de l'iclère infectieux et ë Bacille de Stefansky. Banc (G.), 1310: — Trichocéphales dans le foie. (L.), 1383: RATE. Voir VAISSEAUX. ù RAYONS X. Actions lentes des radia- tions dans les laboratoires. GuILLuINOr (H.), 10. a — Cœur des athlètes. CLUZET (Hs, 1119, — Irradiation des leucocytes, CHEVALIER (A®);21835- o — Spécificité des lésions osseuses. THOMME, 1312. 3 RÉACTION DE BORDET- GEN- GOU. Tuberculose. ArcowG (F.) et Bron (R.\, 1333.-Boez (L.) et Dunor (E — Porteurs de ténias. VioLLe SAINT-RAT (L. DE), 1033. ; RÉACTION DE BORDET- WAS- SERMANN.-Anvaun (R.), 299, 301. . Berrancourt (N. DE), S11. Bonnet et RueLens (G.), S80. Escagacu (H.) et Du | nor (E.), 452. KopaczewskI (W.), 1269: Ranque (A.), Sexez (Cu.) et DAUFRESNE Pu- Œ) et (A.), 1294. Roncnèse (A.-D.), 193. RuBIN...… sreIx (M.), 463, 526. RuBinsreix (M.) et RADOSSAVLIEVITCN (A), 861. VERNES (A°) 120. : ‘4 RÉACTION D'EMMANUEL. Voir SYPHILIS. Fe RÉFLEXE hyperglycémique par. fins 7 locale. Pr-Suxer (A.), 1287. 5 8 — Réflexe pilomoteur. ANDRÉ- Tuowas 1102, 1105. vs CŒUR, PALU LAGUESSE MüeatEr 8590 RÉFLEXE — RESPIRATION — Réflexes psycho-moteurs et émotion chez les aviateurs. Biner (L.), 693. CAMtS (J.), 673. Gansaux (P.), 643. GUILLAIN (G.), 655. GuiLLaIN (G.) et AmBarD (L.), 663. Préron, 675, 753. RENARD (Lieute- nant-Colonel), 687. — Réflexes tendineux et force musculaire chez l’aviateur. Juarros (C.), 692. REIN Histologie. — Chondriome des cellules sécrétrices. AGzuNE (A.-J.), 1349. AuBanD, MAYER (A.), Rarery (FR) et SCHAErrER (G.), 1336. = TurcHINt (J.), 1134. Chimie physiologique. — Acide cyanique et oxydation des sub- stances organiques. Fosse (R.), 1062. — Acide urique. Benorr (A.), 1051, 1052. — Carbone. Lescoeur (L.) et DuTriEux (0), 1417. — Dosage de l'urée. Carnor {P.) et GÉRARD (P.), 391. Carnor (P.), GÉRaRD (P.) et Morssonnier (Mile S.), et Guérin (FR.), 25. SLossE (A.), 1402. — Dosage du glucose. Hicor (E.), 1241. — Formation de l’urée chez les végétaux. Fosse (R.), 149. — Synthèse hippurique. Viozce (P.-L.), 4007. — Urée, chlorures et sulfates. CHAUSSIN (J.), 327, 407, 459, 540. se — Xantho-uriques et phosphates dans l'élimination. CHaussiN (J ), 359. Physiologie normale. — Action diurétique du riz. Doumer (E.), 551. — Fonctionnement, aspect histologique et composition chimique. AmBARD, MAYER (A.), Raraery (FR.) et SCHAEFrER (G.), 1336. — Fonctionnement _Rana temporaria. Azcune (A.-J.), 1349. _— Mal des altitudes et hygiène de l'avia- teur. FERRY (G.), 636. â Physiologie pathologique. __— Albumines. HOLLANDE (A.-Cn.), 598,788. _ — Coefficient lipémique et hydropisie. - Acnarp (Cx.), RiBor (A.) et LeBLanc (A.), 399. $ à — Elimination de l'iodure de potassium. AueuiuLe et SourpeL (M.), 384. — Fièvre bilieuse hémoglobinurique des bovins en Algérie. PAsTEUR VALLERY- Rapor et LHÉRITIER (A.), 389. Bioroatr. TaBzes. — 4919. T, LXXXII. 1136. DEKEUWER (E.) et Lescœur (L.), 445. GRIGAuT (A.)° et cytologie chez. LATA — Globinurie expérimentale. Parisor (J.) et CAUSSADE (L.), 1409, 1411. — Glycosurie et carbonaturie. (E.), 320. — Giycosurie après ablation du pancréas. BrerryY (H.), 305. — Hématochylurie. BLING (E.), 1056. — Hyperglycémie et corps acétoniques. BLun (L.) et Nakano, 1435. CHABANIER (H.), 1108. — Indoxylurie et injection intraveineuse d'indol. Gawrier (CL.) et Hervieux (Cu), 1302. — Injections intraveineuses d'uréase. CarNorT (P.) et GérarD (P.), 391. — Néphrites par la théobromine. FEUILLIÉ (E.), 10. Se — Sang. EscnAïcr (A.), 741. — Urée et sucre du sang pendant l’anes- thésie. RouzauD, 721. FEUILLIÉ Denon (M.) et Lam- Thérapeutique. — Auto-vaccins dans les affections uri- naires à Colibacilles et à Staphylocoques. VERRIÈRE, HOLLANDE (A.-Cn.) et GATÉ (J.), 36. Tératologie. — Segment sous-rénal anormal de la veine cave. MurTez et WaTRiN, 1407. Parasitologie. — Action de l’urine sur le Tréponème de la syphilis. Lévy (P.-P.) et Guiré, 65: — Spirochètes de l’urine à l’état normal. Lévy (P.-P.), 421. de REPTILES. Résistance globulaire et dimension de l’hématie. PasrEur VaL- LERY-Rapor et LHÉRITIER (A.), 197. RÉSINE. Daniella. Raysaun (L.), 1296. — Hazongia. RAyBAUD (L.), 1298. RESPIRATION. Action des gaz sur les pigments. DHéré (CH.) et SCANEIDER (A.), 1034. — Appareil automatique pour l'aviation. Garnsaux (P.), 641. 5 — Dissociation des oxyhémocyanines. Dnéré (Cu.) et Scaneiver (A.), 1038. — Examen de l'appareil chez l'aviateur. GuILLAIN (G.), 655. — Injections intraveineuses d’or colNoïdal. DunAMEL (B.-G.) et TaruLin (R.), 1198. — Laboratoire à dépression atmosphé- rique. GarsAux (P.), 643. — Procédé Rateau en aviation. RENARD (Lieutenant-Colonel), 689, — Raréfaction de l'air. DASTRE (A.), T1. — Résistance à la dépression atmosphé- rique. GARSAUX (P.), 646. 105 1472 RESPIRATION —- SANG — Tension du gaz carbonique: de l'air alvéolaire. CaRRAscO 1 ForuiGuerA (R.), 824. — Toxicité de l'oxyhémoglobine. Couvreur (E.)-et Ccémexr (H.), 612. Voir OBSCU - RITÉ, POUMON. RÉTINE. Voir ŒIL. RHUMATISME. Injections de sérum bovin et maladie sérique. Nerrer (A.) et Cosmovrcr (Mie), 1152. — Rhumatisme articulaire. 925. — Rhumatisme blennorragique. (A.), A1. RIZ. Action diurétique. Douuer (E RUBIACÉES. Voir PHILIE. RUSSULES. Voir CHAMPIGNONS. RUT et menstruation. Wazrica (V.), 523. — Teneur du lait en matière grasse. DE- CHAMBRE (P.) et Ginrers, 490. CouEx: (C.), SÉzAR Y :), 587. MYRMÉCO - S SACCHAROSE. Voir SUCRES. SAFRAN. Efets sur l'organisme. Ar- : LOING (F.) et MarGnow, 522. SALIVE. Voir GLANDES. SALMACINA. Voir ANNÉLIDES. SANG Technique. — Coloration des frottis. 208. — Coloration du sang paludéen. Lesieur (Cx.) et Jacquer (P.), 267. — Différenciation des froltis colorés par la méthode de Romanovsky. AGuLHoN (H.) et CHAVanNNES (I.), 4149. — Neutralisation de l’eaudistillée pour la coloration des frottis. Ponsezze (A.), 1328, en outre, t. LXXXIII, 1920, 64. — Ponction du cœur chez les Oiseaux. Nicozze (Cn.) et Lesuizzy (Cu.), 533, 767. ARNAUD (R.), Spectroscopie. — Chenilles. Gaurier (CL.), 722. Viscosité. — Fer colloïdal et viscosité, TazEuLix (R.) et BERNARD, 1278. Chimie. — Albumines du sang et d s expecto- rations. RoGer (H.) et Lévy- = VALENSI, 1132, — Alcalinité. CLOGNE (R.), 1192. — Calcium et magnésium dans l'épilepsie, la manie et la mélancolie. PAarmon (M), - 1182. — Dosage de l'azote ammoniacal. GéranD - (B° 1186. — Dosage de l'urée. Carnor (P°) et Gé- RARD (P.), 391. Carnot (P.), GÉRARD (P:) et Morssonnier (Mile S.), 1136, 1973. GRriGAUT (A.) et GUuÉRIN (FR.), 25. SLOssE (A.), 1202. — Embryotrophe hématique et fer fœtal. à Hassan EL Drwanxy, 1235. — Glycémie chez les aviateurs. MarANON 7 (G.), 631. ë — Glycémie critique, diabète et acétonu- rie. CuABANIER (H.), 1108, 4121. — Hyperglycémie et corps acétoniques. Bzuw (L.) et Nakano, 1435. — Hyperglycémie par faim locale. Pr Su- KER (A.), 1287. & — Hyperglycémie provoquée et es an ' pancréatiques. AcHarD (Cx.), Riom (A et BinET (L.), 788, 19232. 5 ee — Réaction au pyramidon. ProN (L.), 131. - — Recherche dans les produits pafhules F giques. Escraïca (A.), 141. — Urée et sucre sous l'influence de l'anes re thésie. Rouzaup, 727. — Oxydation. Fosse-(R.), 480. Hématies. — Cellules troubles du DRE em- bryonnaire. AroN, 1428. — Dimension et résistance aux solutions chlorurées sodiques. Pasreur VALLERY: RaporT et LHÉRiTIER (A.), 195, 497. © — Erythrémie. Bexsis (W.), 183. — Globinurie en e. PArIsor (J) \ et CAussaDE (L.\, 1409, 1414, ; — Hypoglobulie ‘des grands blessés des membres. Prcqué (R, LaAcosrE (ns et LARTIGAUT (R.), 1378. RE — Origine. DominGo (P.), 331. — Raréfaction de l'air et altitude. Das fa (A), 741. — Résistance globulaire et ictère par to-. luylène-diamine. BruLé (M.) et May (E.), 784. < Globulins. — Rôle dans l'immunité. Govarnrs (PJ) 927. Leucocytes. re = Fragilité leucocytaire. MauriAc (P) Casouar:(P.) et Moureau (M.), 813. , | — Irradiation. Cnevazcier (A.), 1335. — Mastzellen du Rat. Lacuesse (E.), 1415. — Modifications à la naissance chez les É: Mimmiféres. Jocry (J.), 800. a — Numération cellulaire dans les liquides céphalo-rachidiens. Lévy (G.), 17. SANG — Paludisme secondaire. CoRDIER 359. — Peroxydases. Fressincer (N.), 554. — Pyothérapie aseptique et {yphus ‘exan- thématique. Bripré (J.) et SENELET (G.), 610. — Substances spécifiques chez les ani- maux immunisés. BACHMANN (A.), 1031. — Tactisme et phagocytose. Comanpon (J.), 1174. — Vitesse de la réaction de phagocytose. Maosen (Ta.), Wuzrr (0.) et Wa ATABIKI (1) 24190 — Vitesse de reptation et température. Couanpon (J.), 1305. (V.); Formule hémoleucocytaire. — Anémie chez les périodiques. LATGNEL- LAVASTINE, 109. — Hypoglobulie des grands blessés des membres. Picoué (R.), Lacosre (A.) et LARTIGAUT (R.), 1318. _ — Intoxication par l'ypérite. Ouuer (D.), 1292. Hématophagie. — Absorption intestinale des Invertébrés bématophages. Hassan EL Diwany, 1282, Voir PHAGOCYTOSE. Pigments, — Action des gaz. Dnéké (Cn.) et SCHNEIDER (A.), 1034 — Hémocyanine et bioxyde d'azote. DaéRé (CH.) et SCHNEIDER (A.), 1041. — Oxyhémocyanines. DHéré (CH.)et Sonner- r DER (A.), 1038. — Toxicité de l’oxyhémoglobine. VREUR (E.) et CLÉMENT (H.), 612. Cov- Z Plasma. — Autoplasmothérapie Bropin (P.),-LEsNÉ (FR.), 252. — Coagulation par les microbes. GRATIA > (A), 4245,.1247, 4393. — Pouvoir antitoxique chez des Chevaux producteurs de sérums antitétanique et _antidiphtérique. Bronin (P.), LorsEau (G.) : et SAINT-GTRONS (FR.), 159. -. — Venins de Daboïa et de Cobra. ARTHUS ; (M.), 1158. dans Ia grippe. É (Éo.) et SAINT-GIRONS Sérum. . — Action sur les protéases microbjennes. Launoy (L.), 57. Lavxoy (L.):et Lévy- Brun (M.), 1274. Launoy (L.) et DEpBar- Ponsan (Mme S.), 578. 1413 \ — Choc anaphylatoxique. (W.), 590, 836. — Conservation de l’activité du complé- ment. RoncuÈse (A.-D.), 193. — Culture dés Streptocoques. DE ARRIC, 1065. — Euglobuline du sérum vaccinal. HENse- VAL (M.), 1071, 1074. — Fixation du complément chez les'tu- berculeux. ARLoING (F.) et Bror (R.), 1333. B5ez (L.).et Dunor (E.), 559. — Immunisation croisée par le sérum d'Anguille et de Murène. Camus (L.) et GLEv (E.), 1240. — Pouvoir antitoxique chez des Chevaux producteurs des sérums antitétanique et antidiphtérique. Bronix (P.), Lorseau (G.) et Sainr-Grrons (FR.), 159. — Pouvoir antitoxique des sérums tuber- culeux. MARINO (F.), 821, 823, 831, — Propriétés a alias nes chez les grip- pés. CAYREL (A.), FONTAINE (H.) et Des- COFFRE (A.), 289. — Réaction de Mac Donnagh. Per QE -M.) et BErARMINO (R.), 492, — Saturation du pouvoir hémolytique. EscsBacx (H.) et Dunor (E.), 452. Rupin- STEIN (M.), 526. — Sérumalbumine et sérumglobuline dans les solutions aqueuses. Henxsevaz (M.), 907. x — Sérum frais et sérum inactivé dans le séro-diagnostic de la sÿphilis. BETTAN- COURT (N. DE), 811. — Sérums non chauffés dans la réaction de fixation. Arnau» (R.), 299, 301. — Séro-réfraction. VERNES (A.) et Manca- DIER (A.-L.), 176. KOPACZEWSKI LE FÈVRE Sérothérapie. — Gangrène gazeuse expérimentale. Ne- VIN (M.), 140. — Grippe. Bossan (E.-A.), 829. — Immunité antistreptococcique. VINAVER f (Mre S.) et Frasey (V.), 606. . — Injections de sérum bovin et maladie sérique. NETTER {A.), et Cosuovrcer (M'e), 1152. — Injections intrarachidiennes d'’auto- sérum. NeTTER (A.) et Mozer (M.), 111. — Streptocoques anaérobies Fe plaies. GÉRARD (P.) et Rcmanr, 136. — Ultrafiltration du sérum antidiphtéri- que. HENsEvAL (M.), 913: Agglutination, — Diminution des propriétés chez les grippés. CAyREL (A.), FonraINE (H.) et Descorrre (A.), 289. ? — Typhus exanthématique. MonzioLs (A.) et Dusourc (E.), 348. 1474 Opsonines. — Plaies à Streptocoques. Le -FÈVRE DE ARRIC (M.), @02 Hémolyse. -— Accès palustre. CREsPIN et Zakxy (A), 216. — Action du sang des jeunes Anguilles. GLEy (E.), 811. — Hémolysines naturelles. May (E.), 315. — Sang hémolysé et sang autolysé. Ro- GER (H.), 609. : — Saturation du pouvoir hémolytique. RugiNsTEIN (M.), 526. Ruginsrein (M.) et RADOSSAVLIEVITCH (A.), 861. Coagulation. — Action de la solution de: fibrinogène. Nozr (P.), 915. —.Antithrombine et peptone. Artaus (M.), 416. Dovon (M.), 570, 736. — Coagulation des hémothorax. (F.), 283. GRATIA (A.), 1395. — Microbes et plasma. GRarTia (A.), 1246, 1247, 1393. — Sérozyme, prosérozyme et cytozyme. . Boroer (J.), 896, 924, 1139. ALBERT — Venin de Daboïa et extraits d'organes. ” Arraus (M.), 1156. — Venins de serpents in vivo. (B.-A.) et Sornezzt (A.), 1029. Houssiy Hémorragie. — Hémorragie et adrénaline. BARDIER (E.), 758, 760. Hémoculture. — Grippe. CAYREL (A.), 204. Parasitologie. — Microfilaires des Singes. 898. — Hexamilus inlestinalis dans le sang de Rana esculenta. PONsELLE (A.), 23, BRODEN (A.), Physiologie comparée. — Alexine chez les Insectes. HOLLANDE (A.-Cn.), 218. — Anticorps des Invertébrés marins. Cax- TACUZÈNE (J.), 1081. — Infection expérimentale chez Ascidia mentula. CANTACUZÈNE (J.), 1049, Tissu hémolymphatique. — Formations amygdaliennes chez les tétards d'Amphibiens anoures. GorraAux (R.), 904. SANG — SPOROZOATRES ES - % — Lymphadénome de la vaginale. Duuas (J.) et Pertir (A), 512. — Microbes des follicules clos du Lana Margais (S.), 33. Masson (P.) et Recaun (CL.), 30, 144, 304. POoRTIER (P.), 32. — Organes lympho-épithéliaux et ébau- ches de ganglions lymphatiques chez les Batraciens. Dustin (A.-P.), 9282. Joey (J.), 200, 204. * — Thymus. DusriN (A.-.P), 1068. Zuxz CE), 1080. SANGSUE. Conservation des exanthématique et ictérique. (CH.) et LeBarzLy (CH.), 417. SAPONINE et cytolyse chez l'œuf ac- tivé. HerLanrT (M.), 161. SCOPULARIOPSIS. Voir MY- COSES. . LENS SELLES. Composition des fèces. Do- sage des graisses. LAmBLiNG (E.) et Vaz- LÉE (C.), 1058, 1060. — Hydatidentérie. DEVÉ (F.), 265. : — Recherche du sang. Escaaïca (A.), 141. Voir DYSENTERIE. SÉROZYME. Voir SANG. SERPENTS. Voir TÉGUMENTS, VENINS. SEXE. Caractères Spears Chen Je Triton et extrait de thyroïde. KOLLMANN Es (M.), 193. - ë SIMULIUM. Chitridinée parasite. Da BAISIEUX (P.), 899. SINGES. Microflaires. BRODEN (A.), so8. SOMMEIL. Voir ANESTHESIE. SON. Digestion por le Lapin et le Chien. Pt CHAUSSIN (J.), 269. cr SOUFRE. Voir COLLOIDES. £ SPECTROSCOPIE et, acidimétrie,. GaurTiEr !{CL.), 999. LE — Pigments des Russules. Gaurier(Cu.), 12. SPIRILLE. Voir SPIROCHEÈTES. SPIROCHETES. Bronchite sanglante. Rougrer (CH.) et GAUTIER (CL.), 368. DELAMARE virus NICOLLE — Broncho-pneumonie. (Ge 450. — Spirille de Dutton. Ropnain (J.), 934, 937. — Urine normale. Lévy (P.-P.), 421. ke, — Végétations vénériennes. Favre (M.) et Crvarre (A.), 454. CIVATTE (A.) et FAVRE (M.), 506. Nicoras (J.) et FAVRE (M); ER: 1433. à SPIROCHÉTOSE ICTÉRO-HÉ-. MORRAGIQUE. BLanc (G.), 1310, M CorrALes (M.), 14. DALMAU et BALTA, 489, Er NicozLe (C.) et LeBAILLY (Cn.), 417, à "1 SPOROZOAIRES. Cnidosporidies et hypertrophie des cellules parasitées., Desaisieux (P.), 867. hi — Haplosporidium chilonis. DEBAISIEUX + (P.), 1400. 17 2: LS _ STREPTOCOQUE. SPOROZOAIRES — SYPHILIS 1/ — Haplosporidium nemerlis. DEBAISIEUX (P)14399° SQUELETTE. Température des muscles. Marinesco (G.), 561. Voir CRANE, OS. STAPHYLOGOQUE. Auto-vaccins dans les affections urinaires. VERRIÈRE, HozranoE (A.-Cn.) et GATÉ (J.), 36. — Classification. MarBais (S.), 220. — Coagulation du plasma hirudiné. GRA- tiA (A.), 4245, 1393. — Colloïdes métalliques sur staphylo- toxine et staphylolysine. LE FRYRE DE ARRIC, 1331. = — Staphylotoxine. LE FÈvre DE ARRIc, 1313, 1356. STERCULIACÉES. Voir PTERY- GOTA. . STERIGMATOCYSTIS. Voir CHAM- ‘PIGNONS. STÉRILISATION des aliments et avi- taminose. Portier (P.) et Rannorx (Mme L.), 990. 5 Coagulation du plasma. Grarra (A.), 1245. — Culture dans le sérum des blessés por- teurs. LE FÈVRE DE ArRic, 1065. — Immunité. VINAVER (Mne S.) et FRASEY (V.), 606. — Opsonines et plaies. Le FÈVRE DE ARRIC, (M.), 602. — Propriétés germinatives et culture. LE FÈvVRE DE ARRIC, 946, 948. — Streptocoque anaérobie dans les plaies de guerre. Action des antiseptiques. GérarD (P.) et Rouanr, 136. Voir GRIPPE. STRONGYLOCENTROTUS. Voir ŒUF. STRONTIUM. Voir CGŒUR. STRYCHNINE. Action antagoniste des - colorants vitaux. MAIGRE (E.), 845, 1044. _ SUCRES. Dosage de glucose en pré- sence de lactose. Hirnr (E.), 1241, — Fermentlation par la bactéridie char- bonneuse. LEUOIGNE, 984. — Fermentation du saccharose par le B. prodigiosus. LemoiGxe (M.), 234. — Glycémie chez les aviateurs. MarAKoN (G.), 631. — Glycémie et acétonurie. Diabète. BANIER (H.), 1108, 1121, — Glycosurie et ablation du pancréas. Brenry (H.), 305. — Glycosurie et carbonaturie. (E.), 320. — Hydrates de carbone du foie et du muscle.Bierry(H.)et GruzEwska(MneZ.), 859: — Hyperglycémie adrénalinique. (A.), 485. FEUILLIÉ Paocas CHa- CSI En | Qt — Hyperglycémie et corps acétoniques. BLuu (L.) et NaKkano, 1435. — Hyperglycémie par faim locale. SUNER (A.), 1287. — Hyperglycémie provoquée et extraits d'organes. AcnarD (Cn.), RiBor (A.) et Biner (L.), 788, 1232. — Injections de saccharate de chaux. Du- BOIS (R.), 6 — Levure vivante et zymase. Graza (J.), 804. Pr- — Microbes dans les milieux liquides, Besson. (A.), RanQue (A.) et !SENEZ (Cu), 107, 164. — Oxydation du sang Fosse (R.), 460. — Rôle dans l'alimentation. Marcnon (F.), 1358, 1360. — Rôle dans le métabolisme. Brerry (H.). 124, 530. — Thyroïde et métabolisme du glucose. LaBeé (M.) et Vrrry (G.), 385. — Utilisation du glycose dans les maladies aiguës. AcHARD (Cu.), RiBor (A.) et BINET (L.), 775. SULFATES. Voir REIN. et du glucose. | SURRÉNALES. Adrénaline et hyper- glycémie provoquée. AcHaro (CH.), RiBot- (A.) et BIner (L.), 188. — Adrénaline et pression artérielle. GLEy (E.) et Quinouaxp (A.), 1115. ; — Adrénaline et toxines solubles. Marie (A.), 581. — Hémorragie et adrénaline. Barorer (E.), 158, 160. — Hyperglycémie adrénalinique. (A), 185. — Hypertrophie et gestation. Warrix (J.), 1408. — Insuffisance chez les aviateurs. FERRY (G.), 634, 636, 637. Josué (O.), 641. SURVIE. Voir UTÉRUS. SYMBIOSE. Brerry (H.), 131,312. Brer- RY (H.) et PorriEr (P.), 127. CAULLERY (M.), 130. Dugois (R.), 473, 415, 4016. GUILLIERMOND (A.\, 396, LAGUESSE _(E.), 337. Margais (S.), 33. Marcaoux(E.), 129. MARTIN (L.), 128, 133. Masson (P.) et Recaun (CGL.), 30, 144, 304. PoRTIER (P.), 32: 9} 182; 247. REGauD (CL.), 151, 244 250. SYMPATHIQUE. Oscillométrie et hé- misyndrome cervical. OEzsnirz (p') et Corniz (L.), 960. — Phénomènes consécutifs aux descentes en parachutes, FERRY (G.), 635, — Rôle chez le Chat. SaarPey-SnArER (E.), 816. SYPHILIS. Action de l'urine sur le Tréponème. Lévy (P.-P.) et GuiLé, 65. — Cholestérinémie. Porak (R.), 123. Paocas u 1476 — Indice de réfraction du liquide céphalo- rachidien. VERNES (A.) “et MARCHADIER (A.=L:), 118. — Radiologie des os. Puraomme, 1312. — Réaction de la gomme mastic pour le liquide céphalo-rachidien. BELARMINO (R>), 1352. — Réaction de Mac Donnagh.Peyrr (J.-M) et BELARMINO (R.), 492. — Séro-diagnostic. ARNAUD (R.), 299, 301. BerrancourT (N. DE), 811. Bonper (J.)-et RuELzENs (G.), 880. Escapacn (H.) et Du- HOT (E.), 452. Kopaczewsxr (W.), 1269. RANQUE (A.), SENEZ (CH.) et DAUFRESNE (A.), 1294. Roncaèse (A.-D.), 193. Rusin- STEIN (M.), 463, 526. RurrxsTeIn (M.)-et Ra- DOSSAVLIE VITCH (A.), 361. VERNES (A.), 120. Viozce (H.) et SaINT-Rar (L. ne), 1033. — $Séro-réfraction. VERNES (A.):et MARGrA- DIER (A.-L.), 116. — Spirilles des végétations vénériennes CIVATTE (A.) et Favre (M.), 506. Favre (M.)cet Crvarte (A.), 454. — Spirochètes et Tréponèmes de l'urine normale. Lévy (P.-P.), 494. — Vaccination du Lapin contre les glo- bules de Mouton. Vennes (A), 118. SYSTÈME NERVEUX. Bleu, azurde _méthylène et GELES nerveuses. MAIGRE (E.), 845, 1044. = — Dégénérescence de la-moelle après arra- chement dusciatique. JORRO AZCUNE : (A. }, 1285. — Discrimination spatiale des sensations thermiques. Préron (H.), 61. — Examen neurologique de l'aviateur. GuicLaIN (G.), 655. — Greffes mortes. NAGEOTTE (J.), 615. — Hématologie des périodiques. LAIGNEL- LavasTine, 109. — Laminectomie -exploratrice: ES (J.), 826. — Névrose des aviateurs. JuARROS (&.) et PErEez-Nuxez (A.), 690. — Oxydases et peroxydases. (G.), 98, 258, 432. — Rage. REMLINGER (P.), 52, 142, 254, 1098. — Réactions psychomotrices et émotives chez les aviateurs. Biner (L.), 693 Camus (J.), 673. Préron, 675. Renan (Lieute- nant- colonel), 687. — Réflexes pilomoteurs dans les blessures de la moelle. Axpré-Taomas, 291, 296, 1102. — Température des muscles dans les états pathologiques. Marinesco (G.), 561. — Temps de latence et temps d'action liminaïres, Préron (H.), 1162, 1211. Dustin ‘(A.-P.), 614. MARINES CO SYPUILIS —— THERMOGÉNÈSE — Spermatozoïdes a ee “ne | TÉGUMENTS. Mue et kératinisation chez les Ophidiens. Kozzuanx (M.), 1012. TEMPORAL.Voir ARTICULATION. TENEBRIO molitor. moyen d'une nourriture stérilisée. Por- TrER(P:), 59. TENIA. Réaction de fixation du. complé- ment. VioLce (H.) et Saint-Rar (L: we), 1033. TERRES RARES. Voir BACTÉRIO- LOGIE. Ke TESTICULE de l'Homme. CRETTERER (En.),:1193,4453, à = à — Grete chez le Bélier. RETTERER (Ep.), 1099. = < — Lymphadénome de la vaginale a Né a mathelminthe. Dumas (J.) et Permir (A), 512. FES F1 ST d'Oursin. Comte (J), 1419. — Xenocæloma brumpli. CAULLERY (M.) ef Mesie (F.), 596. Voir ORGANES GÉ- NITAUX. = TÉTANOS. Action antitétanique des co- lorants vitaux. Marre (E.), 845, 1044. 2 — Cheval. Basser (J.), MonvoisiNet PINCE- MIN,- 1261. F — Culture du Bacilleen présence de la tuberculine. Marino (F.), 487, 821, 7: 831. > — Pouvoir antitoxique du sérum ét du = ‘plasma chez des Chevaux producteurs de sérum spécifique. Bronin (P.), Loisrau es (G.) et Saqur-Grrows (FR.), 159. — Toxine dans le milieu au Poisson. Harpe (E.) et Hxuser (A.), 1259, 1304. à THÉOBROMINE, néphrites et glyco- surie. FEUILLIÉ (E.), 10, 320. THERMOGÉNÈSE et thyroïde. Eo- POLD-LÉvi, 344, 346, 410. — Action des poisonset des anesthésiques sur la Grenouille. Rérir (E.), 236. — Discrimination spatiale des sensations thermiques. PréroN (H.), 61. 3 — Maladies aiguës et utilisation du gly- cose. AcHARD (Cu.), Rigor (A.) et BINET. (LL), 2715. # — Résistance de la Grenouille au cours du développement. DrzEwINA (A.) et nu Bonn (G.), 118. PE — Température dans les maladies fébriles Ricaer (Cn.), 365. : — Temptrature des muscles dans la pas tho'ogie du système nerveux. PARGES pr (G..), 661. }. Développementauw THERMOGÉNÈSE — VACCINE —-Température et anesthésie des larves de Batraciens. Weser (A}, 964%, 966, 970. _— Température et vitesse de reptation des . Jleucocytes. Cowanxpon (J.), 1305. — Température rectale des Dromadaires. SERGENT (Eo.) et LHÉRITIER (A), 172. THIAZINES. Différenciation des frottis. AGuzxon (H.) et Caavannes ([.), 149. THYMUS: Alimentatiomet régénération saisonnière. Dusrin (A.-P.), 4068. — Azote et résidu sec. Zunz (E.), 1080. THYROIDE et thermogénèse. LÉoPoLD- Lévi, 344, 346, 410, 594. — Azote et résidu sec. Zuxz (E.), 1080. — [Influence de l'extrait sur les caractères sexuels secondaires. Kozzuann (M.), 193. — lode: Zunz (E.), 894. — Métamorphose des Batraciens. KoLL- MANN (M.), 1009. —-Thyroïde et métabolisme du glucose. Lagsé (M.) et Virry (G.), 385. TISSU CONJONCTIF de l'ovaire du fœtus. Vicaseca (S.), 1355. — Décroissance et disparition. NAGEOTTE (J:het Guron (L.), 763. — Greffes mortes. NaGeorrTr (J.), 42, — Histogénèse chez l'embryon humain. LacCesse (E.), 89. .— Origine: de la substance amorphe. La-. GUESSE (E.), 227. NaGEeoTtE (J.), 271. TOLUYLÈNE DIAMINE.Voir FOIE. TORTUE. Voir GŒUR. TOUCHER. Discrimination spatiale des sensations thermiques. Préron (H.), 61. TOXINE. Ichtyotoxines. Cauus (L.) et GLey (E.), 1240. — Toxineset colloïdes métalliques. Le FÈ- VRE DE ARrIC, 1143, 1331. _— Toxine et adrénaline. Marie (A.), 581. TRACHÉE. Voir POUMON, RESPI- RATION. TRÉMATODES Geoogzsr (L.), 1250. TRÉPONÈME. Voir SYPHILIS. _ TRICHOCÉPHALES. Voir NÉMA- THELMINTHES. TRIGLE. Voir POISSONS. TRITON. Voir SEXE. : ._ TRYPANOSOMES. Culture. PonseLLE (A.), 163, 996. TRYPSINE. Voir PANCRÉAS. TUBERCULOSE. Alcool benzylique et _ bacilles. Jacoson (J.), 1264. — Arginiue et histidine dans la culture du Bacille. Mayer (A.) et Sonagrrer (G.), us: Z = — Bacille tétanique et tuberculine. Ma- RINO- (F.), 821, 823, 831. _— Coloration des crachats. Lesreur (Cx.), Jacquer (P.) et Pinrener, 251. — Culture du Bacille du tétanos en pré-- sence de la tuberculine. Mario (F.), 487. 1477 —-Ether et Bacille tuberculeux. Marin (1),,1258: — Fixation du complément. ArLoine (F.\ et Biot (R.), 1333. Boez (L.) et Dunor (E.), 559. — Injection trachéale de substance médi-- camenteuse dans le poumon. Bossax et Gureysse-PELISSIER, 148. —.lajections de saccharate de chaux. Du- ROIS (R.), 6: — Radiologie des os. Purnomue, 1312. TULIPE. Voir CELLULE. TÜUMEURS. Chordome malin. ArGauD (R:), 428: —-Myxosarcome et Acariens chez une Poule. Mercier (L.) et Lesarzzy (C.), 802. — Néoplasmes cutanés épithéliaux. Nico- LAS: (J.) et FAvRE (M), 497. TYPHUS EXANTHÉMATIQUE. Agglutination. Monziors (A.) et Dusoura& (E.), 348. —. Conservation du virus-chez la Sangsue. NicoLLe (Cx.) et LepaILLyY (Ca.), 417. — Liquide céphalo-rachidien. Heuyer (G.;, 129. Tupa (A:), 527. : —- Macules. ArGauo (R.), 1218. — Passage du virus sur Cobaye. Nicozre .(CH.), 767. . —-Pyothérapie aseptique. Brinré (J.) et SENELET (G.), 610. — Rôle du Pou. BorRELz, CANTACUZÈNE, Jo- NESCOo-Mraaïesrr et Nasra, 501. — Sérologie. Lisbonxe (M.) et CARRÈRE (L.), 568. (s) UNCARIA. Voir MYRMÉCOPHI- LIE. URÉASE. Voir DIASTASES. URÉE. Voir REIN. URÉTRITE. Voir GIE. UROMASTIX. Voir PLEXUS CHO- ROIDES. UTÉRUS. Glande myvométriale de la Rate. Wercz (P.), 1433. — Survie. Bazarp. (P.), 1113. BLENNORRA- V VACCGINE. Englobuline du sérum vac- cinal. HENsEevaL (M.), 1071, 1074. — Inoculation cutanée et infection géné- rale. HENSEVAL (\.), 873. — Vaccination parcow-pox chauffé. HeN- SEVAL (M.), 889. LATR VACCINOTHÉRAPIE anticharbon- neuse par des substances non spécifi- ques. TurRo (R.), 1085. — Affections urinaires à Colibacilles et à Staphylocoques. VERRIÈRE, HOLLANDE (A.- Cu.) et GATÉ (J.), 36. — Dosages bactériens. VLÈs (F.), 373. — Vaccin - pneumococcique et Epizootie chez le Cobaye. ChEvREL (F.), RANQUE (A.), SENEZ (Cu.) et Gruar (E.), 74. — Vaccination contre l'influenza. QUARELLI (G.), 243. — Vaccinothérapie antigonococcique. DE- mMONCHY (A.), 7168. LE Morcnic, SÉzARY (A.) et Demoncay, 105. Sézary (A.), 1111 — Vaccinothérapie dans le rhumatisme SÉzZARY (A.), 1111. VACUOLIDES. Voir GELLULE. VAGINALE. Voir TESTICULE. VAISSEAUX. Adrénaline et réactions vasculaires. Barbier (E.), 158, 160. — Anesthésie et index oscillométrique JEANNENEY (G.), 1381. — Gélose dans les veines. AA — [njections d'huiles et lésions pulmo- Boquer (A.), paires. LE Morcnic (E.) et SÉzaRY (A.), 100%. : — Or colloïdal. Dunamec (B.-G.) et THIEULIN (R.), 1198. — Réactions cardio-vasculaires dansl'avia- tion. Vicceuin (F.), 696, 699, 703. — Résistance globulaire dans la veine et l'artère splénique. BruLé (M.) et May (E.), 184. — Injections de saccharate de chaux. Du- BOIS (R.), 6. — Vaisseaux rétiniens. BAILLIART et Macr- TOT, 41187. — Veine- -cave inférieure anormale. Mure. et WATRIN, 1401. VÉGÉTAUX. Dégénérescence pectique des tissus. DuFRÉNOY (J.\, 39. — Urée. Fosse (R.), 749. VEINE. Voir VAISSEAUX. ———————__—_— € Paris. — Imprimerie de la Cour d'appel, L. MarerHeux, directeur, 1, rue Cassotte, VACCINOTHÉRAPIE — ZONA VIBRION CHOLÉRIQUE.Voir CHO- VENIN de Daboia et de Cobra et coagu- lation du sang. ARTHUS (M.), 1156, 1158, — Abeilles. Arrnus (M.), 414. 22 — Anaphylaxie- -immunité. 1200, 1202. — Coagu'ation du sang in vivo. HoussAy (B.-A.) et Sorpezzt (A.), 1029. VER LUISANT. Voir LUMIÈRE. VESSIE. Action du carbonate de soude. Dugois (Cn.) et BouLer (L.), 145. on — Extraits de prostate. Dusois (Cn.) et BouLer (L.), 1054. PAS . ARTHUS £M. ), : LÉRA. : VIE aseptique. Ricuer (Cu.), 601. man (E.), 593. VIEILLARDS. Voir TESTICULE. VIN. Action antitypnogène. ALLIOT Œ), 457. VITAMINES. Gelure des pieds. BRUN - (L.)- et SPILLMANN (L.), 8. Voir CA RENCE. ee WoLc- X XANTHO-URIQUES. Voir REIN. XANTHYDROL. Voir REIN. . a. XENOCŒLOMA. Voir TESTICU LES. s Y Ke YPÉRITE. GAZ ASPHAY- XIANTS. Voir ZONA. Réflexe Hs Annré-Tuo= | MAS, 1105. $ ta LA Se IS | : | # j D pe , 7x der 6 mr tne ben à 2 did \bdd à hoiya dci ee STOUCER HALL. + um =