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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
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DES SÉANCES.
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
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IMPRIMERIE DE BACHELIER ,
rue du Jardimet, 12.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L’ACADÉMIE
Cu date du 13 Juillet 1835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME QUATRIÈME.
JANVIER—JUIN 1837.
BACHELIER , IMPRIMEUR-LIBRAIRE ,
QUAI DES AUGUSTINS, N° 5.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 JANVIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
RENOUVELLEMENT ANNUEL DU BUREAU.
L'Académie procède par voie de scrutin, à la nomination d’un Vice-
Président, pour l’année 1837.
Le nombre des votants est de 46.
M. Becquerel réunit 30 suffrages; M. Puissant, 8; M. de Freycinet, 3;
M. Poncelet, 2; MM. Poinsot, Poisson, Mathieu, chacun 1.
M. Becquerel est en conséquence, proclamé Vice - Président pour
l'année 1837. M. Magendie, Vice-Président pendant l’année 1836, passe
aux fonctions de Président.
C. BR 1837, 17 Semestre. (T. IV. N° 4.) I
(2)
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
CHIMIE APPLIQUÉE.— Recherches chimiques sur la teinture ; par M. Cnevreur.
(Extrait.)
Introduction au troisième ; quatrième; cinquième et sirieme mémoire detces recherches.
« Je me propose dans le troisième, quatrième, cinquième et sixième
mémoire de mes recherches chimiques sur la teinture, de constater d’abord
les changements que les agents les plus généraux, tels que l’eau pure,
l'atmosphère, la lumière du soleil, et la chaleur. peuvent faire éprouver
dans des circonstances bien définies, à plusieurs matières colorées, fixées
sur les étoffes, afin de démêler ensuite l'influence des forces simples, ca-
pables de concourir à produire ces effets.
» Si tout le monde sait avec quelle rapidité certaines matières colo-
rantes, telles que le curcuma, le rocou , le carthame, l’orseille, etc., s’al-
térent lorsque les étoffes sur lesquelles Le teinturier les a fixées, reçoivent
dans le sein de l'atmosphère, la lumière directe du soleil, personne à ma
connaissance n’a entrepris de déterminer la part que la lumière prend
précisément à ces phénomènes d'altérations , en recherchant si elle est ca-
pable de la produire en agissant seule , à l'exclusion de la vapeur d'eau et
surtout de l'oxigène, qui sont aussi deux causes par lesquelles l’atmos-
phère intervient dans beaucoup de phénomènes : personne à ma connais-
sance, sous ‘un autre rapport. que :celui que je viens de-considérer, : n’a
entrepris de déterminer par des observations précises , si laméme matière
colorante fixée sur le coton, la soie et la laine.est plus:altérable dans. un
cas que dans les autres.
» Ce sont des recherches suivies, sous ce double rapport, pendant plu-
sieurs années, qui font l’objet de trois mémoires. »
TROISIÈME MÉMOIRE.
De l'action de l’eau pure sur des étoffes teintes avec différentes matières colorantes.
(Extrait.)
« L'eau peut être envisagée sous des points de vue fort différents en
teinture; c’est dans ses relations de dissolvant liquide, avec les étoffes déjà
teintes, lorsqu'elle agit pour en séparer la matière colorante, ou la
modifier, l’altérer, que je l’étudie dans ce mémoire.
(3)
» L'eau à la température ordinaire, ‘et absolument privée d’air, mise en
contact avec les étoffes teintes, ne peut exercer d’action que sur celles
dont la matière colorante est de nature à s’y dissoudre, soit en totalité,
soit, ce qui est le plus ordinaire, en partie seulement : ainsi l'eau sera
sans action sur une étoffe teinte avec l’indigotine, tandis qu’elle tendra à
dissoudre l'acide sulfo-indigotique qui aura été appliqué sur un autre
échantillon de la même étoffe, soit seul, soit par l'intermédiaire du
peroxide d’étain, de l’alumine, etc.; maïs, dans aucun cas connu, aux
températures ordinaires, l’eau pure ne tendra à altérer la composition
élémentaire des principes qu’elle pourrait dissoudre, du moins dans les
circonstances où l’étoffe elle-même n’est pas altérée.
» J'ai conservé pendant un mois , dans l’eau distillée, les étoffes de laine
que je vais nommer, sans avoir remarqué aucun changement sensible.
Laine mordancée avec l’alun, teinte avec la gaude;
Laine ——— J'alun et le tartre, teinte avec la gaude;
Laine — —— —— J’alun, teinte avec le boïs jaune;
Laine teinte avec le rocou;
Laine mordancée avec l’alun et le tartre, teinte avec l’orseille;
Laine ———— J’alun et le tartre, teinte avec le bois de Brésil ;
Laine —— l’alun et le tartre, teinte avec le bois de Campèche ;
Laine ——— l’alun et le tartre, teinte avec la garance;
Laine ————— l’alun et le tartre, teinte avec la cochenille.
» Au bout de trois ans, les changements étaient pour ainsi dire insen-
sibles, car ils se bornaient à une très légère teinte rousse que les jaunes
avaient prise, et à une légère couleur brune que le campêéche présen-
tait. J'ai tout lieu de penser que cette légère altération tenait à l'action
de l’oxigène atmosphérique qui avait pénétré dans le flacon, quoique
bouché à l’émeni et remplis et, ce qui me paraît le démontrer, c'est que
les mêmes laines teintes, conservées dans les mêmes circonstances dans
des flacons d’eau. d’acide hydrosulfurique, n’avaient pas changé, les
jaunes étaient francs, et le campêéche était violet.
» J'ajouterai à ce que je viens de dire, qu’au bout de quelques jours
de séjour dans l’eau d’acide hydrosulfurique :
La laine temte‘avec l'acide sulfo-mdigotique, était complétement décolorée ; elle
redevenait bleue à l’air.
La laine teinte avec l’orseille était décolorée ; elle redevenait violette à l'air.
La laine teinte avec le bois de Brésil , était très affaiblie au bout d’un mois.
» Les expériences précédentes se rapportent à un cas où le poids des
1e
(4)
étoffes teintes était à l’eau dans le rapport de 1 à oo; mais je dois
faire observer que les choses auraient pu se passer autrement, si la
masse de l’eau en contact avec l’étoffe pendant un certain temps, eût
été en quantité infiniment grande par rapport à elle. »
QUATRIÈME MÉMOIRE.
Des changements que Le curcuma , le rocou , le carthame, l’orseille, l’acide sulfo-indi-
gotique, l’indigo et le bleu de Prusse fixés sur les étoffes de coton, de soie et de laine,
éprouvent de la part de la lumière, des agents atmosphériques et du gaz hydrogène.
(Extrait.)
CHAPITRE PREMIER. — Dispositions expérimentales.
« Des étoffes de coton, desoie et de laine en fils ou tissées, 'teintes avec
le curcuma, le rocou, le carthame, l’orseille, l'acide sulfo-indigotique,
l'indigo et le bleu de Prusse, ont été exposées après avoir été fixées sur des
cartons, de manière à recevoir l’influence de la lumière directe du soleil
dans les sept circonstances suivantes :
v 1°. Dans un flacon où l’on avait fait le vide et qui contenait en outre du
chlorure de calcium;
» 2°. Dans un flacon contenant de l’air séché par du chlorure de calcium ;
» 3. Dans un flacon contenant de l’air’saturé de vapeur d’eau;
» 4. Dans l'atmosphère;
» 5°. Dans un flacon contenant de la vapeur d’eau pure;
» 6°. Dans un flacon contenant du gaz hydrogène séché par du chlorure
de calcium;
» 7°. Dans un flacon contenant de l'hydrogène saturé de vapeur d’eau.
CHAPITRE 11. — Résullats des observations faites pour apprécier les changements que les
étoffes soumises à l'expérience ont éprouvé de la part de la lumière, des agents at-
mosphériques et du gaz hydrogène.
» 7. Je vais présenter dans autant de tableaux que j'ai examiné de ma-
tières colorantes, les changements que les échantillons de soie, de coton
et de laine teintes avec une de ces matières, ont éprouvés dans les sept
circonstances indiquées dans le premier chapitre (r). Je résumerai à la fin
de chaque tableau, les faits les plus remarquables qu’il présentera.
» Afin d'éviter à mes lecteurs la peine de tirer de mes observations les
conséquences qui en découlent, je vais les considérer :
(1) Ges tableaux seront imprimés dans le Recuerl des mémoires de l’Académie.
(5)
1°. Relativement aux diverses matières colorantes mises en expérience,
comparées entre elles, eu égard à une même étoffe et à une même cir-
constance ;
» 2°. Relativement à la nature des étoffes de coton, de soie et de laine
sur lesquelles une même matière colorante est fixée, eu égard à une
même circonstance;
» 3°. Relativement à la lumière et aux agents pondérables qui ont amené
des changements dans la même matière colorante, fixée sur une même
étoffe, mais sur des échantillons placés dans les sept circonstances défi-
nies précédemment;
» 4°. Relativement à la théorie du blanchiment.
CHAPITRE Ii. — Des observations exposées dans le second chapitre relativement aux
diverses matières colorantes comparées entre elles, eu égard à une méme étoffe et à
une même circonstance.
» Si, aujourd’hui que l’on emploie en teinture un grand nombre de
matières colorantes minérales, et qu’on les emploie fréquemment, et sou-
vent concurremment avec les matières colorantes d’origine organique, il
n'est pas permis de méconnaître les extrêmes différences que présentent en-
tre elles plusieurs de ces matières, différences qui s’opposent à ce qu'on les
réunisse en un seul, groupe, il n’en était pas de même autrefois, lorsqu'on
ne faisait guère usage en teinture que de matières colorantes d’origine or-
ganique, et que des chimistes très distingués rangeaient dans un même
groupe, toutes ces matières en les considérant, soit comme des es-
pèces congénères, soit même comme de simples variétés d’une seule es-
pèce. Il y a long-temps que je me suis élevé contre de tels rapprochements
qui confondent dans un groupe aussi peu élevé que l’est le genre, des
corps différents par le nombre des éléments constituants (1) et par la
composition immédiate. En effet, il y en a de ternaires, comme le principe
colorant de la cochenille, de quaternaires, comme l’indigotine; il en est que
lon considère comme formés immédiatement de deux corps composés ,
_ tel est l'acide sulfo-indigotique. Les matières colorantes d’origine organique
ne diffèrent pas moins entre elles sous le rapport des propriétés chimiques
de l’ordre le plus élevé, car si la plupart sont neutres aux réactifs colorés,
quelques-unes, telles que l'acide suifo-indigotique, jouissent d’une acidité
(1) Considérations générales sur l'Analyse organique ‘et sur ses applications,
Paris, 1824, page 167.
(6)
sensible; enfin, relativement aux dissolvants, on «en trouve qui, par leur
grande solubilité dans l’eau, semblent être analogues‘aux principes immé-
diats qui contiennent une quantité notable d’oxigène relativement: au
carbone et à l'hydrogène, tandis que d’autres, par leur insolubilité dans
l'eau, et leur solubilité dans l’alcool'et l’éther, semblent se rapprocher des
corps gras ou résineux, dans lesquels le carbone et l’hydrogène sont les
éléments dominants.
» En considérant les résultats de mes expériences relativement à la ques-
tion de savoir si les matières colorantes, d’après la manière dont elles se
sont comportées individuellement dans les circonstances où je les ai mises,
doivent être rangées dans un même genre (je ne dis pas une même es-
pèce parce qu'aujourd'hui il n’est heureusement personne qui poserait
ainsi la question ), je ne doute pas qu’on ne trouve la diversité des phéno-
mènes qu’elles ont présenté trop grande pour justifier une réunion de cet
ordre; mais quoi qu’il en soit de cette diversité, c’est la grande différence
de composition qui s'oppose essentiellement à un pareil rapprochement.
» L’indigo appliqué sur le:coton, la soie et la laine.se conserve-dans le
vide quoiqu'il soit frappé par la lumière: tandis que le bleu de, Prusse ap-
pliqué sur les mêmes étoffes et dans les mêmes circonstances, devient
blanc. ,
» Le cureuma appliqué sur les mêmes étoffes s’altére dans le vide sous
l'influence de la lumière tandis que l’orseille s’y conserve.de même.
» L’altérabilité des matières colorantes d’origine organique dans les cir-
constances où je l’ai observée, est trop différente relativement au temps
nécessaire à ce qu’elle se manifeste aumême degré. dans les diverses es-
pèces de ces matières, pourque, conformément à une opinion assez com-
mune, onsoit fondé à en tirer un caractère commun à toutes ces espèces,
et propre à les distinguer des matières incolores qui ont la même origine.
D'un autre côté, ce sérait une grave erreur de croire à la stabilité des
matières incolores dans les circonstances:où les matières colorées s’altèrent,
car parmi les faits que je puis citer, il en est un remarquable, c’est que
du carton fin à étiquettes, et conséquemment couvert de papier collé,
ayant été exposé à l’action de la lumière et de l'atmosphère conjointe-
ment avec des étoffes colorées, a blanchi en même temps qu’il a acquis la
propriété de boire l'encre, par suite de la destruction de la colle qui le
rendait propre à l'écriture avant son exposition à la lumière et à l’atmos-
phère.
» Si l'on recherche la cause qui a conduit à faire penser que les ma-
( )
tières colorantes d’origine organique sont plus altérables par la lumière
(et il faut ajouter d’après mes observations, et par les agents pondérables de
l'atmosphère), que ne le sont les matières incolores de même origine, on
la trouvera, dans cette circonstance, que, l'altération a été remarquée
sur une matière colorante dont le poids était plus ou moins faible rela-
tivement à celui de l’étoffe qu’elle teignait, et que dès-lors la matière co-
lorante pouvait être altérée ainsi qu’une certaine quantité de la matière
de l’étoffe, sans que l’altération de celle-ci devint sensible comme l'était celle
de la première, qui avait pour résultat une décoloration , phénomène frap-
pant pour tous les yeux.
» Cette explication lie plusieurs faits qui sans elle manqueraient de
corrélation, si quelques-uns même ne semblaient pas contradictoires aux
autres.
» Ainsi, l’indigotine appliquée sur les étoffes de laine de manière à les
teindre en bleus foncés, qui sont les tons de la gamme d’indigotine
presque exclusivement d'usage pour nos vêtements de laine de couleur
bleue, passe pour être un des principes colorants les plus solides. que
l’on connaisse, parce qu’en effet (sauf le blanchiment sur les coutures ou
sur les parties du vêtement exposées au frottement, que peuvent présenter
certains draps bleus) la couleur de l’étoffe paraît être la même depuis
le moment où on le prend comme vétement neuf, jusqu’à celui où on le
quitte comme vétement vieux. Cependant l'apparence n’est pas la réa-
lité, car si l’indigotine ne forme qu’un bleu clair sur la soie, ou à
plus forte raison sur la laine et même surle coton, cette teinte est dé-
trüite très promptement sous l'influence de la lumière et des agents pon-
dérables de l'atmosphère; par conséquent, si l’on ne portait que des
vêtements teints en bleu clair avec de l’indigotine, on en conclurait que
ce principe colorant est très altérable.
» Si maintenant nous considérons que dans une étoffe teinte en bieu
clair, il n'y a que trés peu d'indigotine relativement au poids de la
matière de l’étoffe, nous concevrons, d’après ce qui précède, comment
une petite quantité d’indigotine pourra disparaître sans que la matière
de l'étoffe paraisse changer dans sa tenacité et ses propriétés physiques ,
autres que sa couleur. Si ensuite nous considérons que dans l’étoffe
teinte en bleu foncé, il y a beaucoup plus d’indigotine relativement à
ce qu'il y en a dans l’étoffe teinte en bleu clair (ce qui ne signifie pas
qu'il y en a beaucoup relativement au poids de la matière de l’étoffe),
nous concevrons comment il arrive qu’un vêtement de drap bleu foncé
(8)
soit hors de service avant que la proportion du principe colorant qui
s’est altéré devienne sensible à l’œil.
» C’est en comparant ainsi la lenteur avec laquelle s’affaiblit la couleur
des tons foncés d’une gamme , ét la rapidité avec laquelle s’évanouit celle
des tons clairs de la même gamme, qu’on peut s'expliquer l’influence
du temps sur les tapisseries des Gobelins et les tapis dé la Savonnerie,
pour détruire les harmonies de la dégradation des lumières colorées et
des ombres, et combien il serait nécessaire, dans le travail technique
de la tapisserie et dans le choix des modèles , de prendre en considéra-
tion les observations que je viens de faire, pour atténuer autant que
possible un inconvénient qu’on ne peut détruire complétement.
cuapirre 1v. — Des observations exposées dans le second chapitre relativement à la
nature diverse des éloffes sur lesquelles une méme matière colorante est appliquée,
eu égard à une méme circonstance.
» On professe assez généralement l'opinion que la.laine est l’étoffe qui
a le plus d’affinité pour les matières colorantes, comme le ligneux( coton,
lin, chanvre) est celle qui en a le moins, et c’est conformément à cette
manière de voir que l’on a avancé dans un mémoire lu à l’Institut, que
l’objet de plusieurs opérations pratiquées dans la teinture du coton en
- rouge turc, est d'augmenter l'affinité de l’étoffe pour la matière rouge de
la garance en y combinant une matière animale, ou, comme on l’a dit, en
l’animalisant.
» L'opinion qui assigne à la laine une affinité pour les matières colo-
rantes, supérieure à celle du ligneux, à celle même de la soie, ne
repose sur aucun système d'expériences; elles résulte de quelques ob-
servations éparses qui se rapportent à deux circonstances. Dans l’une on
a observé que la laine se combine plus facilement à des matières colo-
rantes que le ligneux et même la soie; dans l’autre, que la laine teinte ré-
siste plus que le ligneux et même la soie à la lumière ou plus générale-
ment à des agents quelconques qui tendent à décolorer ces étoffes.
» Mes observations ôtent toute généralité à cette opinion, car :
» Dans le vide sec la lumière est sans action sur le rocou fixé au coton
et à la soie, tandis qu’il agit sensiblement sur celui qui est fixé à la laine.
» Dans la vapeur d’eau , la lumière altère le carthame fixé à la laine et à
la soie, dans un temps où le coton qui en est teint conserve sa couleur
rose; le seul changement qu’on observe alors est une tendance au violet
dans sa matière colorante.
(9)
» Dans la vapeur d’eau, la lumière n’altère pas l’orseille fixée sur la
laine et la soie, tandis que celle qui l’est sur le coton, se décolore.
» Dans le vide sec, la lumière n’altère pas l'acide sulfo-indigotique ,
fixé à la soie, comme elle altère le même acide, fixé à la laine et au
coton. “
» Dans l'air sec et l’atmosphère, l’altération de l'acide fixé à la soie à
lieu; mais bien moins facilement que celle de l'acide fixé aux autres
étoffes.
» L’indigo fixé aux étoffes présente, sous l'influence de la lumière, de
l'air sec et de l'atmosphère, précisément le cas inverse de celui de l'acide
sulfo-indigotique, car le premier est moins stable sur la soie que sur le
coton et la laine.
CHAPITRE V. — Des observations exposées dans le second chapitre, relativement à la
lumière et aux agents pondérables qui ont amené des changements dans la méme
matière colorante fixée sur une méme étoffe, maïs sur des échantillons placés
dans les sept circonstances définies précédemment.
1. Action de la lumière.
» Lorsqu'on jette les yeux sur les échantillons des trois étoffes teintes
avec lindigotine, l’orseille et le carthame, les échantillons de coton et de
soie teints avec le rocou, et la soie teinte, avec l'acide sulfo-indigotique,
qui ont été exposés pendant deux ans à recevoir l'influence de la lumière
du soleil dans le vide, lors, dis-je, qu’on jette les yeux sur ces échantil--
lons, afin de les comparer à leurs normes respectifs, on est étonné de la
fraicheur et de la hauteur du ton de leurs couleurs, si l’on se rappelle ce
qu'on dit communément de l’altérabilité de l’acide sulfo-indigotique, de
l’orseille, du carthame et du rocou, par la lumière. Quant au changement
du bleu de Prusse en une matière blanche, j'y reviendrai dans mon sixième
mémoire.
» Enfin on peut se demander si la lumière ne pourrait agir sur l’indigo,
lorseille, le carthame, en prolongeant l’exposition au-delà de deux ans.
2. Action de la lumière et de l’air sec.
» La lumière amène des changements bien plus grands dans l'air sec,
que quand elle agit seule dans le vide; mais ces changements ne sont pas
également prononcés sur toutes les matières colorantes.
» Le changement est peu sensible sur le bleu de Prusse fixé au coton;
il l’est davantage sur celui qui l’est à la soie et à la laine.
C. R. 1837, 1e7 Semestre. (T. IV. NV 4.) 2
(ro)
» Ilest peu prononcé sur l'indigo fixé à la laine et au coton ;il l’est
davantage sur l’indigo fixé à la soie.
» L’acide sulfo-indigotique est peu affaibli sur la soie, tandis qu’il l'est
beaucoup sur la laine et le coton.
» L’orseille est détruite sur le coton, tandis qu’elle laisse une trace rou-
geâtre sur la soie et la laine.
» Le rocou sur le coton est encore assez rouge; il est d’un ton faible
de pelure d’oignon sur la soie, et complétement détruit sur la laine.
» Le jaune du curcuma et le rose du carthame, sont complétement dé-
truits sur les trois étoffes.
3. Action de la lumière et de l’air humide.
» La lumière et l'air humide ne produisent pas sur les étoffes teintes
au bleu de Prusse, un changement bien sensiblement plus grand que la
lumière et l'air sec; il en est de même sur l’indigo fixé à la laine.
» Il en est de même encore pour l’orseille et le carthame appliqués sur
les trois étoffes, pour le rocou appliqué sur la laine et la soie seulement,
et même pour le curcuma appliqué sur les mêmes étoffes, sauf cependant
que la soie teinte en curcuma est plus haute en gris que les échantillons
exposés dans l'air sec.
» La lumière et l’air humide altèrent, au contraire, bien plus que la
lumière et l'air sec, l’indigo fixé sur le coton, et l’acide sulfo-indigotique
fixé sur les trois étoffes. La différence est surtout remarquable pour la
soie et la laine. ! jo,
» Le curcuma et le rocou fixés sur le coton, sont bien plus altérés
dans l’air humide que dans l'air sec, sous l'influence de la lumière.
..4. Action de la lumière et de l’aimosphère.
» L'action de la lumière et de l’atmosphère est à peu près la même que
celle de la lumière et de l'air sec sur le bleu de Prusse, sur l’indigo fixé
à la laine et sur le carthame.
» Elle est plus forte, au contraire, sur l’indigo fixé au coton et à la soie,
sur l'acide sulfo-indigotique fixé à la soie, sur l’orseille, le rocou et le cur-
cuma.
» Elle est presque égale à celle de la lumière et de l'air humide sur l'acide
-sulfo-indigotique appliqué au coton et à la laine, sur l’indigo appliqué
au coton et à la soie, et sur le rocou.
(Gand) :_
» Elle est plus forte sur l’orseille, sur le carthame, le rocou et le cur-
cuma surtout.
5. Action de la lumière et de la vapeur d’eau.
» La lumière et la vapeur d’eau blanchissent plus vite que ne, le
fait la lumière, le bleu de Prusse fixé aux étoffes : il se produit en outre
un dépôt brun dans le flacon qui contient la vapeur d’eau, qui n'a pas
lieu dans le flacon où l'on a fait le vide sec. Je reviendrai sur ce dépôt
dans le sixième mémoire.
» La lumière et la vapeur d’eau altèrent le curcuma, le rocou fixé au
coton et à la laine , le carthame fixé au coton et à la laine, l’orseille fixée au
coton, et cependant, ce qui est vraiment remarquable, eiles n’affaiblissent
que légèrement le rose du carthame fixé sur le coton, et qu'à peine l’or-
seille fixée à la soie et à la laine.
6. Action de la lurnière et du gaz hydrogène.
» Les étoffes teintes avec le curcuma, le rocou, le carthame et l'orseille,
se comportent dans le gaz hydrogène sec comme dans le vide. Il paraît
donc qu’une pression égale à celle de l'atmosphère, exercée par un gaz
dépourvu d’action chimique sur les étoffes teintes, n’a pas d'influence
mécanique pour retenir les éléments gazeux des étoffes, et il faut ajouter
qu'il n’a pas plus d'influence que le vide pour les altérer.
7. Action de la lumière, de la vapeur d’eau et du gaz hydrogène.
» La lumière, le gaz hydrogène et la vapeur d’eau donnent des résultats
presque semblables à ceux que donnent la lumière et la vapeur d’eau.
CHAPITRE VI. — Des observations rapportées dans le second chapitre relativement à la
théorie du blanchiment.
» La théorie du blanchiment des étoffes exige nécessairement, pour être
établie d’une manière précise, des connaïssances de deux genres :
» 1°. Celles qui concernent la détermination des espèces de principes
immédiats des étoffes à blancir ; la composition de ces principes, et leurs
propriétés essentielles;
» 2°. La connaissance concernant les actions des divers corps employés
dans le blanchiment des étoffes; connaissances qui se rapportent d’abord
aux circonstances de lumière, de température et de proportions pondé-
rales des matières réagissantes, et ensuite aux produits de ces actions.
» M, Chevreul considère, sous ces deux rapports, la liaison des expé-
2.
(12)
riences et des observations exposées dans ce mémoire, avec la théorie
du blanchiment;
» Il fait voir qu’excepté les étoffes teintes au bleu de Prusse, on ne
peut décolorer, jusqu’à la blancheur parfaite, aucune des étoffes qu'il a
examinées, par la lumière seule;
» Qu'on ne peut guëre espérer de décolorer dans l’air, jusqu’à la
bla ncheur, que le coton teint avec le curcuma, le rocou, le carthame
et l’orseille.
» Enfin, M. Chevreul se livre à des réflexions sur les applications de
ses expériences,
» 1°. Relativement à l'épreuve des étofjes teintes et aux conséquences de
cette épreuve ; il donne pour exemple de cette application ce fait,
que l'acide indigotique, si altérable sur le coton et la laine, est plus
stable sur la soie que l’indigo même;
» 2. Relativement à des phénomènes que présentent les êtres vivants,
et dont la cause est attribuée à la lumière.
» Il demande si l'air, ou d’autres corps, n’interviennent pas dans ces
phénomènes, comme dans ceux de décoloration où le contact d’un agent
matériel est nécessaire. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — fleurs artificiellement injectées par l'absorption
d'un suc végétal.
M. Biot présente des fleurs de jacinthes blanches injectées en rouge,
par l'absorption du suc de Phytolaca decandra.
« Les naturalistes, dit M. Biot, ont souvent besoin d'introduire dans les
tissus végétaux , des liqueurs colorées dont la présence et la répartition
puissent indiquer leur contexture intime ainsi que la direction des con-
duits qui les alimentent. Mais la plupart des matières colorantes, ou sont
absolument refusées par ces tissus, ou n’y pénètrent qu'avec difficulté, et
s’y arrêtent bientôt, ou enfin, les altèrent et les dénaturent. On trouve
dans le Recueil des Prix de l’Académie de Bordeaux , t. IN, un curieux
mémoire sur le mouvement de la sève, où l’auteur, nommé Delabaisse, in-
dique le suc du phytolaca decandra comme exempt de ces inconvénients,
et comme lui ayant parfaitement réussi pour injecter en rouge, par absorp-
tion, toutes sortes de fleurs blanches et même des feuilles vertes. Mais à
l'époque de ce mémoire(1733), la physiologie et la chimie végétales étaient
trop peu avancées pour que l’auteur püt tirer de cette invention tous
(13)
ses avantages, ni même ses conséquences véritables; et, quoiqu'on ait cité
depuis ses expériences dans plusieurs traités généraux, je ne sache pas
qu’on les ait vérifiées ou’ étendues. Lorsque je m'occupais du mouvement
de la sève elles me revinrent à l'esprit ; et ayant fait élever quelques pieds
dé phytolaca, j'en ai employé dernièrement le suc pour les répéter. Or,
quoiqu’elles m’aient réussi en général, il s’y est mêlé des difficultés que l’au-
teur n'indique pas, et qui méritent d’être étudiées attentivement. Beau-
coup de plantes ont refusé absolument l'injection, d’autres s’y sont pré-
tées avec rapidité, sans que leur place dans le système naturel semblât
déterminer ces différences. Quelques minutes ont suffi pour veiner d’une
multitude de petites lignes rouges, tous les pétales d’une rose blanche de
tous les mois; tandis qu’une rose muscade pareillement blanche, n’a rien
éprouvé. Bien plus, des fleurs d’une même espèce, prises sur le même
individu, montrent de pareilles oppositions dans la même liqueur. Du
reste, quand l'injection a lieu, on peut, je crois, se rendre un compte exact
de sa marche, de ses phases, des points où elle doit s’accumuler, et de
ceux où elle doit d’abord paraître, cela toutefois assez différemment de
ce que l’auteur du procédé supposait. Mais il reste à analyser ces caprices
apparents pour en faire une application usuelle. Je me, préparerai pour
tenter cet essai, l'automne prochain, en lui donnant, si je puis, un peu
plus de généralité, par l'emploi des nombreux phénomènes de coloration
que fournit aujourd’hui la chimie. En attendant, j'ai pensé que la seule
confirmation du fait observé par Delabaisse, pourrait être utile aux na-
turalistes qui seraient intéressés à en faire usage, en les prévenant assez
tôt pour qu'ils fassent élever des pieds.de phytolaca dans le prochain été.»
céocrarme.— Cartes de la France, publiées par le Dépôt de la guerre ;
Note de M. Puissant accompagnant la présentation de ces cartes.
« Une décision ministérielle, prise d’après la proposition de M. le gé-
néral Pelet, directeur du Dépôt de la Guerre, porte qu’un exemplaire de
la nouvelle carte de France, sera déposé à la bibliothèque de l’Institut.
L'Académie a déjà reçu la première livraison composée de 13 feuilles,
y compris la carte générale des triangles et le tableau d'assemblage; j'ai
l'honneur de lui présenter aujourd’hui deux autres livraisons, formant
25 feuilles avec le titre général; et je joins à cette collection topographi-
que, ma notice sur cette carte, suivie de tables des principaux points
trigonométriques contenus dans chaque feuille, et donnés par leur la-
titude, leur longitude et leur hauteur au-dessus du niveau de la mer. La
(14)
triangulation générale que l’on continue d'étendre, chaque année, sur
les espaces compris entre les chaînes principales, et dont je ferai bientôt
connaître les progrès et les résultats dans le second volume de la des-
cription géométrique du Royaume, achèvera de donner sur la position
respective des lieux et le relief du terrain, les renseignements les plus
exacts et les plus utiles. »
RAPPORTS.
Rapport sur un ouvrage manuscrit de M. le docteur Cocxeau, ayant pour
titre : Tabulæ synopticæ Scincoideorum; par M. Dumérir.
« J'ai été chargé par l’Académie d'examiner un travail qui lui a été
présenté par M. le docteur Cocteau, et qui est relatif à une nouvelle
classification d’une famille de Reptiles , de l’ordre des Lézards ou Sau-
riens, qui ont été considérés, par la plupart des naturalistes, comme
devant appartenir au genre des Scinques. Leurs cardetères essentiels con-
sistent, en effet, dans la disposition des grandes plaques anguleuses qui
recouvrent leur crâne, et dans la forme de toutes leurs écailles, qui sont
solides, arrondies, placées en recouvrement les unes sur les autres, et
semblables dans toutes les parties du corps. Mais le nombre des espèces
découvertes successivement est devenu tellement considérable, que pour
en rendre la détermination plus facile, et pour faire mieux connaître
leur histoire, il est devenu réellement nécessaire de les subdiviser en
sous-familles, en tribus et en genres. £
» M. Cocteau s'occupe depuis long-temps de cette étude spéciale, et
l'administration du Muséum s’est empressée de faciliter ses travaux, en
lui ouvrant ses riches collections, dans lesquelles il a pu voir et com-
parer les nombreux objets qui devaient faire le sujet de sa monographie.
Déjà il a commencé la publication de ce travail, qui formera un grand
ouvrage in-4”, orné de figures coloriées, dont la première livraison a
paru; mais qui ne pourra être terminé que dans quelques années.
» Comme l’un de vos confrères, chargé de l’enseignement de cette
branche de la zoologie au Muséum, publie en ce moment, avec M. Bi-
bron, le quatrième volume de lErpétologie générale, dans lequel la
famille des Scincoïdes doit être comprise, il importait à M. Cocteau de
prendre date pour ses travaux, et d'en faire constater l’époque, afin que
ses recherches et quelques-unes de ses découvertes réelles, puissent pro
fiter à la science.
(15)
» C’est dans cette intention, et à la sollicitation des auteurs précédem-
ment indiqués, que M. Cocteau a présenté à l’Académie des Sciences
de grands tableaux synoptiques rédigés en latin. C’est le prodrome d’un
travail considérable, qui ne renferme cependant que la classification des
espèces qui appartiennent à trois des tribus de l’une des familles qu’il a
établies dans l’ordre des Sauriens, et qu’il nomme les CypriLépipes. En
voici l'analyse succincte, que nous représenterons à la fin de ce rapport,
dans un petit tableau synoptique.
» Ainsi que nous venons de le dire , M. Cocteau nomme cyrrté-
Pipes (ou à écailles de carpe) les Sauriens qui ont le sommet de la tête
couvert de plaques polygones, dont le corps est revêtu partout d’écailles
égales, uniformes, plus ou moins solides, arrondies, entuilées ou pla-
cées en recouvrement les unes sur les autres. Il les rapporte à trois
familles, d’après la présence ou l'absence des pattes. Les deux pre-
mières, qu'il nomme Pépotes, ont des pattes : tantôt au nombre de
quatre, ce sont les Scincoïpes; tantôt au nombre de deux seulement, et
parmi ceux-ci, on n’en a encore observé qu'avec des pattes postérieures;
il les nomme Hisréroponess. La troisième famille comprendrait les espèces
qui seraient privées de pattes , si l’on en découvrait, et elles seraient dé-
signées sous le nom d’Ancunoipes. à
» M. Cocteau a rédigé ses tableaux de manière à ce qu’ils puissent,
dans tous les temps, servir de paradigmes , en supposant que l’on pourra
découvrir par la suite des espèces qui présenteraient des caractères op-
posés à ceux des genres qu'il a adoptés, ou qu'il a cru devoir établir.
Il a prévu qu'il peut exister des Cyprilépides apodes, ou Anguinoïdes, et
des Pédotes à deux pattes antérieures seulement , ou Bimanes, ainsi que
plusieurs autres cas qui se sont présentés dans la suite du travail que
nous analysons.
» La première famille, celle des Scrncoïpes, se partage en trois
tribus :
» 1°. Les Saurophthalmes , dont les yeux, comme ceux des lézards ,
sont munis de paupières mobiles;
» 2°. Les Ophiophthalmes, qui n’ont pas de paupières, ou dent les pau-
pières transparentes sont soudées, comme dans les serpents;
» 3. Les Zyphlophthalmes, ou dont les yeux seraient tout-à-fait ca-
chés, comme dans les Sauriens nommés 7yphlops ; mais l’auteur- n'a pu
rapporter encore aucune espèce de Scincoïde à cette troisième tribu, qu’il
n'établit que par prévision.
(16)
» La première tribu, celie des Saurophthalmes, comprend les genres
qui ont: 1° un tympan distinct, comme les lézards, M. Cocteau les nomme
Saurotites ; 2° ceux qui n'auraient pas de tympan, comme les serpents,
ce seraient des Ophiotites ; mais l’auteur annonce qu’on n’en a pas encore
observé.
» Parmi les Saurotites, il est des genres qui ont les pattes ou les doigts
complets, ceux-ci sont dits 7'éléodactyles , ils ne constituent même qu'un
seul grand genre, celui des scinques proprement dits, lequel se trouve
subdivisé en treize séries ou sous-genres de la manière suivante. D'abord
la surface-de la langue, qui tantôt est couverte de papilles, toutes lamel-
lées ou écailleuses; il les nomme Zépidoglosses, tandis qu'il appelle
Diploglosses, ceux chez lesquels cette surface. est-en partie composée de
papilles en champignon, et d’autres de forme lamelleuse ; il n’y a là qu'un
seul genre établi par Wiegmann sous ce même nom de Diploglossus. Les
Lépidoglosses sont partagés d’après la forme de leur museau, qui tantôt
est en coin, et qui les a fait nommer Sphénopsides , et il n’y rapporte
que les deux sous-genres Scincus de Fitzinger et Sphenops de Wagler,
qui diffèrent entre eux par la forme et l'inégalité des doigts. Les Conop-
sides, ou ceux qui ont le museau conique, ont tantôt les écailles du dos
lisses ou sans lignes saillantes , on les nommerait /teucholépides , c’est la
division la plus nombreuse; car elle comprendrait sept séries ou sous-
genres , subdivisés en Omolépides , ou à écailles dorsales planes, et en
Strigolépides , qui les ont striées. Parmi les Omolépides, il en est qui n’ont
pas de dents au palais, il les nomme Ænoplophores , et d’autres qui en ont,
ce sont les Oplophores. Les uns et les autres se partagent suivant la dis-
position de la cornée de leurs yeux, qui tantôt est lisse, les Æyaloble-
pharides ,tantôt réticulée, les Scléroblépharides ; tels sont les sous-venres
Tiligua de Gray, — Keneux, — Euprepis de Wagler, — Rachites , —
Psammites, — Heremites et Arne ; établis par M. Cocteau.
» Les Conopsides à écailles dorsales pointues, qu’il appelle Sibulolé-
pides , les ont tantôt carénées, comme le genre Tropidosaurus de Boié;
tantôt rugueuses, comme celui du Trachysaurus de Gray.
» Les Sautorites à pattes imparfaites, soit en totalité , soit par le nom-
bre des doigts, qu’il nomme les 4téléodactyles ,ont en effet, tantôt les
quatre pattes, mais avec un nombre de doigts différents devant et der-
rière ( tels sont les deux sous-genres des Æétérodactyles nommés Hetero-
pus et Campsodactylus ) ; tantôt au contraire, comme dans les Jomodac-
tyles, le nombre des doigts gst le même à chaque patte, dequatre dans
: (7)
le Tetradactylus de Péron ou Peromelis de Wagler, de trois seulement
dans les genres Tridactylus et Zygnis d'Oken. S
» La seconde tribu, celle des Ophiophthalmes, ou les Scincoïdes qui
n'ont pas les paupières mobiles, mais soudées, se divisent à peu près de
la même manière que les Saurophthalmes : en Saurorites et en OpPrro-
TITES.
» Les premiers sont ou Téléo ou Atéléo-Dactyles. I] n'ya qu'un seul
genre compris dans la premiere subdivision, c'est celui des Ablépharides
ou des Cryptoblépharides. Dans la deuxième subdivision, il n’y a égale-
ment qu'un seul genre, c’est celui que Merrem a indiqué sous le nom de
Gymnophthalmus.
» Le genre Zerista de Bell, est le seul que M. Cocteau ait rapporté
à la seconde sous-tribu, celle qu’il indique sous le nom d’Ophiotites.
» Telle est l'analyse bien abrégée des grandes divisions établies par
l’auteur, c’est le résultat de plus de six années d’études et de recherches
spéciales. Dans cette monographie très savante, on trouve indiquées tou-
tes les espèces de Scincoïdes, avec leurs caractères essentiels, et la syno-
nymie la plus exacte.
» Nous joignons ici l’analyse synoptique de ce grand travail de distri-
bution.
SAUROPHTHALMES.
Tétrapodes. . { OPHIOPATHALMES.
Ponte TYPBLOPHTEALMES,
2 - Dipodes Proponess.
CYPRILEPIDES, IP DT] HisTEROPODES.
Apodes.
Téléodactyles.. Scmncoïines...... Scincus.
Saurotites… HÉTERODACTYLES. { Herenanses
ST A f Campsodactylus.
AUROPHTHALMES. ÉTAETEN 1 Ris
OMODACTYLES. .., ë
Tridactylus.
Ophiotites..
à | Téléodactyles.. PSE *. Ablepharis.
aurotites., | De
Va réré trés: Héréropacryes. Gymnophthalmus.
Ne
pa OMoDACTYLES.
Ophiotites...... ......... DR Lee
TYPHLOPHTALMES 5
C. R. 1837, 127 Semestre. (T. IV. N° 4.) 3
(18) ")
NOMINATIONS.
M. de Mirbel déclare, au nom de la section de Botanique, qu’il y a lieu
de nommer à la place devenue vacante dans son sein par le décès de
M. A.-L. de Jussieu. L
L'Académie va au scrutin par oui et par non sur cetté proposition.
Nombre des votants, 49 ; oui, 37; non, 11; 1 billet blanc.
La question étant résolue affirmativement, la section de Botanique devra
présenter, dans la prochaine séance , une liste de candidats.
MÉMOIRES LUS.
BOTANIQUE. — Recherches anatomiques et physiologiques sur lHymenium
où membrane fructif ère du sous-ordre des Agaricinées, et spécialement
du genre Agaric (avec six planches) ; par M. C. Monracns.
(Commissaires, MM. de Mirbel, Turpin, Richard.)
« L'auteur commence par établir que le genre Agaric, composé de plus
de mille espèces bien distinctes, ne peut subsister tel qu'il est aujourd’hui.
Pénétré de la nécessité de cette subdivision , il a cherché dans la structure
anatomique de ce genre, des caractères propres à y établir des coupes
fondées sur l’organisation intime. C’est dans ce but qu’il a étudié et des-
siné au microscope composé , plus de quatre-vingts agarics pris indiffé-
remment dans toutes les tribus. La membrane qui concourt à former les
feuillets, autrement dite l’Aymenium , lui a surtout paru digne de toute
son attention, et c’est sur elle qu'ont principalement porté ses investiga-
tions. Ë
» On savait depuis long-temps que cette membrane est composée de
tubes en cœcum, placés par myriades et parallèlement les uns à côté
des autres, comme les fils de soie dans le velours. On savait encore que
les feuillets ou lamelles des agarics, sont formés par l’adossement de
deux lames réfléchies de l’'hymenium ; mais un point sur lequel on n’a-
vait que des notions ou fausses ou imparfaites , est celui qui a rapport à
la manière dont se développent, et surtout dont s’'échappent de ces tubes
ou utricules , les séminules ou sporidies des agarics. L'auteur, qui, dans
- (19)
son:mémoire sur la muscardine , lu en août dernier devant l’Académie des
Sciences, avait déjà tenté d’expliquer ce mode d'évolution d’après ce qu’il
avait observé dans le Botrytis Bassiana, a vu ici cette évolution d’une fa-
con bien plus évidente encore, et a pu même en suivre toutes les phases
dans les nombreuses observations qu’il a faites sur des agarics vivants. Des
planches dessinées à la chambre claire du microscope composé deM. Charles
Chevalier, sont destinées à montrer tous les degrés par lesquels passe une
sporidie avant de se détacher de lutricule où elle a pris naissance. Avant
sa chute, cette sporidie est ordinairement supportée par un pédicelle plus
ou moins long, qui se forme peu à peu, quoique d’une manière très
‘prompte, eu égard à la vie éphémère de ces végétaux, aux dépens du
sommet de lutricule, qu’elle chasse devant elle. On croyait que les
séminules sortaient , dans tous les cas , par un pore dont on supposait que
ce sommet était percé. Bien que dans toutes les espèces qu’il a analysées,
l’auteur ait vu le premier mode d'évolution, il ne nie pourtant pas que
le second ne puisse aussi avoir lieu : mais ce n’est pourtant pas le cas le
plus ordinaire.
» M. Montagne passe ensuite en revue les différentes formes que re-
vêtent les utricules et les sporidies, en mesure exactement au micro-
mètre les dimensions, et en donne de nombreuses figures. Il a aussi
dessiné les profils ou silhouettes, soit des bords des lamelles de plusieurs
agaricinées ; soit des tranches horizontales de l’hymenium. Il a trouvé
que le genre Gomphus offre des utricules de deux sortes, et des sporidies
biloculées.
» Enfin , l'absence ou la présence, et, dans ce dernier cas, les formes
diverses d’un tissu particulier que l’auteur a rencontré entre les deux
lames de l’hymenium, lui ont paru susceptibles d'offrir de bons carac-
tères pour le but essentiel dans lequel ses recherches ont été entreprises,
c’est-à-dire la subdivision du genre Agaric. Ces caractères, dit-il, ont une
valeur d’autant plus grande, qu’ils sont pris dans l’organisation même et
la structure intime, et s'accordent parfaitement avec le port et les
autres caractères naturels. Tant qu’il est filamenteux, ce tissu, que l’au-
teur nomme interlamellaire , s’'observe dans des agarics appartenant à trop
de tribus différentes pour être de quelque importance; mais revêt-il la
forme vésiculaire et globuleuse, comme cela a lieu dans les agarics de la
tribu entière des Russula , il acquiert alors une très grande valeur pour
la classification; car il concorde alors soit avec le port, soit avec les formes
extérieures, En effet, toutes les espèces de cette tribu examinées jus-
ie
(20 )
qu'ici, ont offert à l’auteur cette conformation vésiculaire du tissu en
question. Les Goprins, outre leurs autres caractères tranchés, se dis-
tingueraient encore bien des autres agarics, par l’absence du même
tissu.
» La subdivision du genre Agaric n’était pas l'unique but que se
proposait l’auteur dans ce travail. Il en avait un autre d’une utilité plus
prochaine, celui de trouver, dans l’organisation de ces végétaux dangereux ,
des caractères qui pussent mettre sur la voie de leurs propriétés délétères;
mais , sous ce dernier point de vue, ses recherches n’ont pas eu de résultat.
» En résumé, voici les genres que M. Montagne croit établis sur des
caractères, soit de végétation, soit anatomiques, genres qui tous appar-
tiennent au genre Agaric de Linné :
» 1°. Chapeau charnu : Æmanita, Pers.; Agaricus, Montag.; Russula,
Lk.; Caprinus, Lk.; Gomphus, Fr;
» 2°, Chapeau coriace: Lentinus , Fr.; Xerotus ; Fr.; Cyclomucus , Fr.»
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Recherches microscopiques sur le fluide contenu
dans les cancers encéphaloides ; par M. Grues.
« Tous les tissus encéphaloïdes, quel que soit l’organe où ils se déve-
loppent, contiennent un liquide blanchätre, de la consistance du pus
phlezmoneux. En l’examinant au microscope; on y voit des corps globu-
leux en si grande quantité, qu'on peut dire que les trois quarts de ce
liquide consistent dans ces globules. Pour les bien étudier, il faut les exa-
miner avec un grossissement de 300 diam. au moins. Ces corps n’ont pas
tous un même volume; les plus petits, plus gros que les globules du pus,
ont en diamètre environ 0,008 de millimètre; leur forme est loin d’être
régulière , cependant elle approche de ia forme sphérique. Ils présentent
une surface inégale, on y distingue des points et des lignes courbes noi-
râtres, et des bords pellucides. Ce n’est pas seulement dans les tissus en-
céphaloïdes eux-mêmes qu’on trouve ces globules; on en voit aussi dans la
partie saine, en apparence, de l'organe affecté; par exemple dans la partie
des poumons encéphaloïdes encore crépitante. Outre ces corps globuleux,
les tissus encéphaloïdes contiennent, quelquefois en assez grand nombre,
des cristaux très distincts, de formes et de grandeurs différentes, dont
quelques-uns sont longs de 0,12 de millimètre; ils ne se forment peut-être
(21)
qu'après la mort. « Du reste , ajoute M. Gluge, ces cristallisations comme
produits pathologiques, sont plus fréquentes qu'on ne le pense ordinai-
rement. J'ai trouvé par exemple, que les concrétions articulaires dans la
goutte contiennent, dans une matière formée par l’exsudation, des cris-
taux très nombreux dont le diamètre n’est pas le double de celui des glo-
bules du pus. »
Un dessin joint à la lettre, représente les globules ét quelques ‘cris-
taux des tissus encéphaloïdes. »*
PHYSIQUE DU GLOBE. — Gouffre d'Argostoli. (Note remise par
M. N.-M. Connoeunis, natif de Céphalonie.)
« On a découvert à Céphalonie, il y a environ trois ans, près de la
ville d’Argostoli, vers le nord, au fond du port, un gouffre qui absorbe
toute l’eau qu'on peut y faire tomber. L'existence de ce phénomène a
donné lieu à la construction d’un moulin qu’on a placé sur les bords de
la mer près de ce gouffre. Le moulin est mis en mouvement par une pièce
d’eau alimentée par l’eau de la mer ; cette eau après avoir agi sur le mou-
lin, se jette dans le gouffre et disparaît aussitôt ; le moulin continue son
mouvement sans interruption, indépendamment de la direction du vent.»
CORRESPONDANCE.
MÉTÉOROLOGIE. — Climat de la Grèce. (Communication de M. Prynre e
capitaine d'état-major.)
Trois années d'observations météorologiques faites à Athènes, de 1833
à 1835, ont donné, par la combinaison des maxima et des minima journa-
liers, les températures moyennes suivantes : 159,57; 15°,797; 150,15.
Moyenne — 15°,5 centigrades.
Ge résultat, ainsi que M. Peytier le remarque lui-même, semble un peu
faible.
Le nombre de jours de pluie a été de 86, de 93 et de 83; moyenne — 87.
Voici quelques remarques générales, que M. Peytier a jointes à ses
tableaux.
« Le climat de la Grèce est doux et variable. Les hivers sont géné-
ralement si peu rigoureux, qu’il n’est pas rare qu'ils se passent sans
gelées. Ainsi, pendant ceux de 1828 à 1829, de 1829 à 1830, et de 1830
(22)
à 1831, que j'ai passés, le premier à Corinthe et les deux autres à Nau-
plie, le thermomètre est à peine descendu à zéro , et je n’ai vu que des
gelées blanches. La neige a cependant séjourné quelques jours à Co-
rinthe, pendant le premier de ces hivers; mais les trois hivers de 1833
à 1834, de 1834 à 1835, et de 1835 à 1836, que j'ai passés à Athènes , ont
été plus rigoureux , et le thermomètre est descendu à 3 et 4° centigrades
au-dessous de zéro , et la neige a séjourné quelques jours dans la ville pen-
dant le dernier de ces hivers. On serait porté à croire, d’après cela, que le
climat d'Athènes est moins doux que celui de Nauplie. On doit cepen-
dant faire remarquer que les habitants d'Athènes regardaient ces trois
hivers comme extraordinaires, et disaient que les Bavarois leur avaient
apporté le froid de leur pays.
» Dans les hivers ordinaires, le thermomètre descend rarement au-des-
sous de zéro , et dans les plus froids, il descend à — 3 ou — 4°.
» Il est fort rare de voir de la neige dans les plaines basses : je n’en
ai vu que deux fois sur six hivers; mais dans les hautes montagnes
de 1800 mètres à 2500 mètres, elle commence ordinairement à tomber
vers le milieu d'octobre. Ces premières neiges fondent, et ce n’est or-
dinairement que dans la seconde quinzaine de novembre, que les hautes
montagnes se couvrent de neige. Les dernières neiges tombent ordinai-
rement en mars; mais il en tombe quelquefois en avril. Z! n’y a point
de neiges perpétuelles dans les hautes montagnes de la Grèce ; elles fon-
dent entièrement pendant l'été.
» La chaleur est assez soutenue en Grèce pendant l'été, et s'élève
presque tous les ans au maximum de 40° centigrades (en 1828, 40°,5 à
Nauplie; en 1833, 40°,6 à Athènes). Mais cette température ne s’ob-
serve qu'un ou deux jours dans l’année, encore pas tous les ans. Il
n’est cependant pas rare de voir le thermomètre (centigrade) dépasser
tous les jours 30° pendant les mois de juillet et d'août. Comme les nuits
ne sont pas fraiches en Grèce pendant ces deux mois, et qu’il n’y a
presque jamais de pluie pour rafraîchir le temps, la chaleur serait ac-
cablante, sans le vent de mer que l’on a presque tous les jours vers le
milieu de la journée, et qui produit un effet tel, que l’on souffre
quelquefois plus de la chaleur entre 7 et 8 heures du matin, que vers
midi, lorsque le vent de mer est arrivé.
» Il ne pleut presque jamais en Grèce pendant l'été. À partir du 1° mai
jusqu’au 1° octobre, il y a une sécheresse extraordinaire, et les mois de
juillet et d'août se passent souvent sans un jour de pluie.
(23)
» Les pluies ont lieu l'automne, l’hiver et le printemps, et c’est à la fin
de l’automne et au commencement de l’hiver que tombent les fortes pluies,
qui renversent quelquefois des maisons , à la vérité mal construites.
Décembre et février sont ordinairement les deux plus vilains mois de
l’année; le mois de janvier est souvent assez beau.
» Livadia, ville située au pied nord de la chaîne de l’Hélicon, passe
pour un lieu où il pleut fréquemment, et j'ai été à même d’en faire la
remarque (quoique j'y aie vu faire une procession pour avoir de la pluie
en mai 1834). Il pleut aussi plus souvent à Thèbes que dans l’Attique;
cela vient sans doute de ce que la chaîne de montagnes formée par le
Cithéron et le Parnès, garantit l’Attique des nuages venant du Parnasse,
ou des montagnes de l’Eubée, et que ces nuages également arrêtés au
nord par la chaîne qui joint le mont Messapius à l'OEta, sont maintenus
dans la Béotie, et occasionent souvent des pluies à Thèbes et à Livadia.
» Il pleut encore souvent dans la partie nord de lEubée dans les en-
virons des villages de Mendoudi et Achmet-Aga, situés au pied nord de
la chaine qui joint le Delphi aux monts Kandili. On remarque que cette
chaine arrête les nuages venant du nord ou du nord-est, et qu'il pleut
souvent au nord de la chaîne, tandis qu’il fait beau au sud.
» On remarque aussi que la neige séjourne bien plus long-temps sur
les montagnes dont on vient de parler, que sur celles de pareille hauteur
sur le continent. Ainsi le Delphi élevé de 1745®, conserve sa neige aussi
long-temps que le Parnasse élevé de 2459".
_» Il paraïîtrait aussi d’après le résumé des observations météorologi-
ques qui suit cette note qu'il pieut plus souvent en Morée, que dans
l’Attique.
» Les orages sont rares l'été, excepté dans les hautes montagnes, et
c’est à la fin de l'automne et à l'entrée de l'hiver, qu'ont lieu les grands
orages accompagnées de fortes pluies. On ne peut cependant pas dire que
les orages soient fréquents en Grèce; la grêle , aussi, y est rare.
» Les nuages sont peu nombreux dans la belle saison; ain si il n’est
pas extraordinaire de voir un mois entier sans nuages, excepté dans les
hautes montagnes, où ils sont cependant bien plus rares que dans les
montagnes de la France. On remarque que le Saint-Élie d’Oro, et le
Delphi, montagnes les plus remarquables de l'Eubée, sont presque cons-
tamment couverts de nuages.
» On observe généralement, dans les villes près de la mer, que la nuit,
on a de petites brises de terre, dont profitent les marins pour mettre à
( 24 )
la voile, tandis que le jour vers 9, 10 ou 11, heures du matin, arrive la
brise AE mer, qui est souvent assez forte et rend la chaleur de l'été sup-
portable.
» Dans certains golfes on observe aussi des périodicités de vents; dans
le golfe de Lépante, il règne souvent des vents très forts, vers da chà-
teaux où le golfe est très étroit. Ces vents restent quelquefois, plusieurs
jours du même côté, et avec une telle force que les bâtiments ne peu-
vent se hasarder à passer le détroit.
» Pendant l'été les vents sont fréquemment de la région du nord à l’est ;
ils durent quelquefois quinze jours, un mois, sont très chauds et parais-
sent occasioner des maladies. C’est par un vent du nord constant, qu'est
venue l’espèce d’épidémie qui régna à Athènes en 1835; les vents du sud.
au contraire rafraîchissent l’air et sont sains. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Résultats de quelques mesures de hauteur
en Grèce. (Communication de M. Peyrrer. )
« Il résulte des opérations géodésiques exécutées en Grèce, que les
golfes d'Égine, de Corinthe, de Nauplie, de Marathonisi, et la mer vers
les îles Ioniennes, sont de niveau. »
Voici les hauteurs, déterminées trigonométriquement, d’un certain
nombre de montagnes :
Taygète.................... 2409 mètres.
Ziria (Cyllène).............. 12374
Khelmos (monts Aroaniens).. 2355
Olonos..... sésssssssssssce 2224
Hymette. .......:...... ee. 1027
Pentélique. ......... mince D IOTD
Cithéron. .........,..,..... 1411
Hélicon................#».. 1749
Parnasse. ..:........:...... 2459
Vardoussia. ..1:........... .. 2/92
Delphi (en Enbée)»i HOCERRNE 1745
Guiona. .......... been. su251x
(25)
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.— auteurs des nuages dans les Pyrénées, pendant l'été
de 1826. (Communication de M. le capitaine d'état-major Pexmier.)
Plan inférieur. Plan supérieur.
M. M
14 Juin.............,.....,..4 ,850 6puillet- EEE LEE eee 1200
DD ee eee seule Detelerc le NO DOM I. Eee rente cette de Set: 51000
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MM. Peytier et Hossard, ontobtenu ces différentes déterminations, à
l’aide des hauteurs, précédemment mesurées, des pics auxquels les
nuages étaient tangents par leurs surfaces supérieure ou inférieure: Le 29
septembre 1826, près de Saint-Jean Pied-de-Port, les deux observateurs se
trouvèrent placés: de manièreà voir au même moment les deux surfaces
opposées d’un nuage;
La plus basse était à.........,.........,........ sus... 4Bo mètres.
LA plus HAUTE A ebiee eee» os cocon + e olDield olele aie ee eee ee QUO
Épaisseur de Id COUChEs Le sn ee etes sosie eee cs {OO
C.R. 1537, 1er Semestre. (T. IV. N° 4.) 4
(26)
Le lendemain 30 septembre, le plan inférieur du nuage paraissait à. 6oo
Le plan supérieur à........ nee IN RER eee er 00
D'où, épaisseur totale du nuage.............,......:........,.. 850 mètres
MÉTÉOROLOGIE. — Diamètre des Halos. (Communication de
M: Pevyrier.)
Le 21 juillet 1826, M. Peytier se trouvant en station géodésique sur
le Pic du Midi de Bigorre , à la hauteur de 2877 mètres sur le niveau de
la mer, vit deux Æalos autour du soleil. En mesurant leurs rayons à
l’aide d’un théodolite, M. Peytier trouva :
Pour le petit...... EE M SOLE TÉL O LES OC EE
Pour le grand................. ereessssse 45.27
PHYSIQUE DU GLOBE. — Aurores Boréales. (Extrait d'une lettre de
M. de Huwsoupr à M. ARAGo. )
«Quoique tes observations sur l'influence qu’exercent les aurores
» boréales, mème dans les lieux où elles ne sont pas visibles , n’aient plus
» besoin de confirmation, tu apprendras cependant avec quelque intérêt, le
» fait suivant que M. Gauss a inséré dans le Journal Astronomique de
» Schumacher, n° 276. Le 7 février 1835, les variations de direction dans
» l'aiguille magnétique horizontale de Gottingue, surpassèrent tout-ce que
» M. Gauss avait vu jusque-là: elles s'élevèrent à 6 minutes ‘en arc en ‘une
» minute de temps! Eh bien! ce même 7 février, M. Feld, professeur de phy-
» sique à Braunsberg( Prusse orientale }, observait une belle aurore bo-
» réale qu’il a décrite dans le journal de Poggendorf. »
Z00LOGIE. — Æmphicora sabella — Infusoires. fossiles.
(Extrait d'une lettre de M. nF Humsorpr à M. Araco.)
« Je t'envoie la figure de l'animal (Æmphicora sabella) que M. Ehrenberg
»a découvert. Je l'ai vu vivant ici (car M. Ehrenberg ést parvenu à
» conserver des infusoires phosphoriques de l'Océan, des méduses, etc. ).
» Tu verras que l’amphicora marche à reculons, qu’ila deux yeux par dér:
» rière et deux par devant....: Tu trouveras aussi dans ce paquet des
» fragments polis de semi - opale de Bilin et de Pyromaque de Delitsch(en
» Saxe), composés d’infusoires. Les noms et les figures des animaux pétri-
» fiés sont marqués sur l’enveloppe. Les animaux de la demi- opale se voient
» nettement avec un microscope grossissant cent fois les diamètres; ceux
(27)
» du Pyromaque exigent des grossissements supérieurs, de deux cents à
» trois cents par exemple.
» Lorsque tu auras montré, au nom de M. Ehrenberg, ces petits échan-
» tillons à l’Académie, je te prierai de les faire déposer au Muséum d’his-
» toire naturelle. »
AMPHICORA SABELLA.
a; cor anterius sinistrum. JF; ovarium.
b, oculus anterior. g), testiculus?
€, cor posterius: k, vas sinistrum
d, oculus posterior. longitudinale.
e, apertura analis.
y
EEE
( cum branchiis.
GéoGRAPmE PaysiQue. — Æxploration scientifique de l'Algérie.
« M. Dureau de la Malle, Vice-Président de Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, et Président de la Commission scientifique de l'Algérie,
prie l’Académie d’intervenir auprès du Gouvernement, pour que l’on ad-
joigne aux expéditions qui se feront dans l’intérieur , des savants capables
de déterminer astronomiquement la position géographique des lieux
visités, de faire des observations physiques, météorologiques, zoologiques
et botaniques, afin qu'on obtienne par ce moyen des données qu'on
puisse comparer aux données de même genre qui nous ont été transmises
par l'antiquité. , |
4.
(28 )
» L'Académie des Inscriptions a déjà adressé au Gouvernement une
demande semblable pour les objets qui sont de son ressort, et cette de-
mande a été accueillie. »
Une Commission composée de MM. Mathieu et Savary, est “âges de
prendre en considération la proposition de M. Dureau de la Malle, et
d’en faire l’objet d’un rapport à l’Académie.
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Pyromètre acoustique. Lettre de
MM. Cacnrarp-LaTour ef DEMONFERRAND.
« Dans la séance du 19 septembre dernier il a été fait par l’un de
nous (M. Demonferrand ) un dépôt cacheté contenant la description d’un
appareil que nous proposons de nommer pyromètre acoustique , et qui
nous paraît pouvoir ramener la mesure de toutes les températures à l’ap-
préciation d’un son.
» Déjà nous nous sommes assurés, par des essais préliminaires, que ce
procédé donne des sons nets et conformes à ia théorie dans un intervalle
de plus de 500 degrés, correspondants à une quinte renforcée.
» Nous espérons pouvoir, d'ici à quelque temps, soumettre à l’Acadé-
mie des résultats plus complets et plus précis. Nous la prions de vouloir
bien faire décacheter le dépôt qu’elle a accepté, afin que l’on puisse con-
naître le principe de notre appareil, et s'assurer que ce travail n’a rien de
commun avecla communication qui a été faite à la derniere séance.
» Nous nous proposons non-seulement de fournir aux physiciens un
instrument propre à mesurer les températures les plus élevées, mais en-
core de donner à l’industrie un moyen prompt et facile de les apprécier
avec une exactitude suffisante dans tous les degrés de l'échelle. »
Le paquet.cacheté ayant été ouvert, conformément à la demande des
deux auteurs de la lettre, on y a trouvé la note suivante:
Note sur la mesure des hautes températures.
« On sait que la vitesse du son dans les gaz est exprimée par la for-
mule :
9 —\a V1 —+at,
a étant la vitesse à la température dela glace fondante, + le coefficient
de dilatation des gaz pour un degré.
» D'une autre part, le nombre des vibrations d’un tuyau bouché par un
bout et d’une longueur l, est exprimé par
( 29)
» Supposons donc que l’on fasse rendre le son fondamental d'un tuyau
métallique, de fer ou de platine, successivement exposé à la température
de la glace fondante et à la chaleur d’une source quelconque, par exem-
ple d’un métal en fusion , et soient N et z les nombres de vibrations effec- -
tuées dans les deux cas; on aura
a CV + at
al? © al(r-ft)
n—=
k étant le‘coefficient de la dilatation linéaire du tube ; on tire de là
NT
&=— 266°66 TT AN
TD? —
œ
j OÙ À À N° — n°
Pour un tubé de fer, k— 0,00001 Do EE RO Gen 5068 N.
. ES pus, (7 N° mL
pour un tube de platine k—0,000008565..... 1—266 ere = 0,004868N
» Pour apprécier la sensibilité de cet appareil, je vais calculer l'inter-
valle de température correspondant à chaque octave, et l'influence d’une
erreur d’un comma:
Tube de fer. Tube de platine.
LU a N=on. ss 1— (920 er Hd. dunes t— 814
N—=2n x 5... 4. 184190 de. t— 842
DORN = nec SO SONO ONE SNSRE t— 4315
N—n XXE... )....: OPEN: ec t= 44ho
» L'incertitude sur la dilatation des‘métaux aux températures mesurées ,
est urie autre cause d'erreur; pour en apprécier l’importance, je remarque
d’abord que, si le métal ne se dilatait pas, on aurait simplement pour la
2 2
température ; je nomme 6 cette valeur approximative; c’est celle
que l’on obtiendrait dans un tube non dilatable : il viendra
EN GARE Eee),
ant
En négligeant le quarré et les puissances supérieures de
2kN°
an? 1
( 30)
on a simplement
1=t+À 204
D'où il résulte que la correction relative à la dilatation du tube est sen-
siblement proportionnelle au coefficient de dilatation du tube, et à la tem-
pérature non corrigée. La seconde partie de cette loi n’est pas suffisamment
exacte, mais la première, celle dont je m'occupe en ce moment, est con-
firmée par les calculs sur le fer et le platine. En effet, les corrections 21°
et 14° pour l’approximation de..........,...,....... 800°,
264 etRärbipour. te. PRE CERCLE CRETE EC. (br,
sont à très peu près proportionnelles aux coefficients de dilatation du
fer et du platine.
» Une augmentation de ; dans le coefficient de dilatation du platine
porterait la correction à 16°, pour la température 800°, et 360° vers le
4o00° degré, ce qui ferait une erreur de 2° dans le premier cas, et de 45
dans le second; en y ajoutant une erreur d’un demi-comma dans l’évalua-
tion du son, on voit que l’on peut espérer par ce moyen, les températures
jusqu’à 800° à 16° près, et jusqu’à 4000° à 1 10° près.»
F. DEMONFERRAND.
TYPOGRAPHIE. — /mpression sur étoffes.
M. Saussay adresse un exemplaire d’un journal imprimé sur calicot,
et ajoute qu'il n’a été nécessaire de faire subir à cette étoffe aucune prépa-
ration pour la rendre propre à recevoir l'impression. M. Saussay pense
que ce genre d'impression pourrait offrir des applications avantageuses,
et il en indique quelques-unes. +
M. Th. Junod adresse un paquet cacheté. L'Académie en accepte le
dépôt.
La séance est levée à 5 heures. A.
(31)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences ;
1836, 2° semestre , n° 26.
Sur les Réfractions astronomiques ; par M. Bwr (Additions à la Con-
naissance des Tems, pour 1839 ); in-8°. x
Rapport sur les Améliorations introduites dans le domaine de Lafont
d'Ambérieux , département de l'Allier; par M. le Vicomte MéricarT De
Tuury (Société Royale et centrale d'Agriculture); in-8°.
Rapport sur le Puits foré artésien de Beychevelle et sur le Mémoire
de la culture des vignes dans le Médoc ; par le méme (Société Royale et
centrale d'Agriculture) ; in-8°,
Rapport sur le concours ouvert par la Société pour le desséchement des
terres argileuses sujettes à étre inondées ; par le méme (Société Royale et
centrale d'Agriculture); in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; par MM. Aurounx, Mine Enwaros, *
BronçniarT eé Guiccemn; tome 6, août 1836, in-8°.
Galerie zoologique , par M. AnreLue; sous la direction de M. Georrroy
Sainr-Hrvaire ; tome 1°, in-8°.
Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques , publiées
par MM. Evriès, De Humsoror, Larexaunière ef Varckenaer; décembre
1836,in-8.
Essai sur les Cavernes à ossements et sur les Causes qui les y ont accu-
mulés ; par M. Marcez pe Serres; Montpellier, 1836, in-8°.
Voyage aux Indes - Orientales, par le nord de l'Europe, de 1825
a 1829; par M. C. Bétancrr; 18° livraison, in-8°, avec planches in-4°.
(D'après la demande de l’auteur, il sera fait un rapport verbal sur la partie
de cette publication relative à la cryptogamie. Commissaire, M. de Mirbel.)
Problème social résolu par la loi progressive , et Application aux lois
françaises ; par un ancien notaire ; in-4°.
Traité historique et pratique sur les Maladies épizootiques des bêtes à
cornes et à laine, ou sur la Picote et la Clavelée ; par M. Dorux; 1 vol.
in-8°, 1837. (D'après la demande de l’auteur, cet ouvrage est réservé pour
le concours Montyon. )
( 32 )
Mémoire sur une Composition chimique et terreuse, nommée l'anti-ver-
blanc ; par M. Jauwe Samr-Hrrame; brochure in-8°.
Recherches sur les Organismes inférieurs; par M. Dusarnin ; in-8°. (Ex-
trait des Annales des Sciences naturelles.)
Dictionnaire des Sciences mathématiques pures et appliquées ; sous la
direction de M. A.-S. ne MontreRRiER ; tome 2, in-8°.
Recueil industriel , manufacturier. et commercial ; par MM. »e Moréon
et Juuen; n° 35, in-8°.
Supplement to the.r:...Supplément sau Nautical ‘Almanach ; pour
l'année 1837, contenant les Éphémérides méridiennes du Soleiliet des
planètes ; in-8°.
Galerie ornithologique ; ou Collection d'Oiseaux :d'Europe:, décrits
par M. »’Orsieny, dessinés par M. Traviës; 8° livraison, in-4°.
Journal hebdomadaire des Progrès des Sciences médicales ;m° 55, in-8°.
Gazette médicale de Paris; n° 55; Table des Matières ‘de \1836, ‘et
Prospectus pour 1837.
Gazette des Hôpitaux; n°154 — 156.
Écho du Monde savant; n° 52.
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1er Semestre. (T. LV. N° 4.)
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 9 JANVIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PxysiQue. — Description et usage de la Balance électro-magne-
tique et de la Pile à courants constants; par M. BEGQuEREt.
(Extrait.)
« On ne possède jusqu'ici que deux moyens pour comparer entre
eux les courants sous le rapport de leur intensité : le premier consiste à
faire osciller pendant un temps donné, une aiguille aimantée à la même
distance d’un fil conducteur traversé par des courants n’ayant pas la même
énergie, et à calculer ensuite l'intensité de chacun d’eux , au moyen de
la formule du pendule. La seconde exige l'emploi du multiplicateur.
» Ces deux méthodes ne permettent pas de rapporter les intensités d’un
courant à une commune mesure facile à se procurer, but où l’on doit
toujours tendre quand on étudie l’action des forces.
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. LV, N° 2.) 6
» Jai cherché à comparer, au moyen de poids, les effets électro-ma-
gnétiques d’un courant. L'appareil destiné à cette évaluation est disposé
ainsi qu'il suit : on prend une balance d’essai trébuchant à une fraction
de milligramme ; à chacune des extrémités du fléau, on suspend à une tige
verticale , un plateau et un aimant dont le pôle boréal est situé dans la
partie inférieure; on dispose ensuite au-dessous , sur un appareil convena-
blement placé, deux tubes creux en verre, d’un diamètre assez grand pour
que les deux barreaux puissent y entrer aisément sans toucher les pa-
rois. Autour de chacun de ces tubes est enroulé un fil de cuivre recou-
vert de soie, de manière à former dix mille circonvolutions. Après avoir
placé les barreaux suivant l’axe des spirales, on fait passer à travers le fil
un courant électrique. Considérons d’abord une seule spirale : il est bien
évident que, selon la direction du courant , le barreau aimanté s’élèvera ou
s’abaissera, ainsi que le fléau avec lequel il est en rapport. Disposons
maintenant ia seconde spirale de telle sorte que le mouvement du fléau
s'exécute dans le même sens quand le fil est parcouru par le courant, et
faisons communiquer ensuite les deux spirales, l’une avec l’autre; les ac-
tions qu'elles exerceront sur les barreaux s’ajouteront nécessairement.
Quelques exemples vont donner une idée de l’usage de cet appareil : ayant
pris deux lames, lune de zinc et l’autre de cuivre , présentant chacune une
surface de quatre centimètres carrés, et en communication avec les deux
spirales, on les a plongées en même temps dans 10 grammes d’eau distillée:
les plateaux ont trébuché, et il a fallu ajouter dans l’un d’eux un poids de
2%%,5 pour maintenir l'équilibre; l'aiguille aimantée d’un multiplica-
teur à fil court, qui avait été placé dans le circuit, fut déviée de 60 de-
grés. En ajoutant au liquide une goutte d’acide sulfurique, on fut obligé
d'employer 35%"%:,5 pour maintenir l'équilibre; les deux courants étaient
donc dans le rapport de 1 à 14 environ.
» Jai cherché ensuite le rapport en poids entre des courants provenant
de piles composées d'éléments plus ou moins nombreux : avec une pile de
40 éléments, chargée avec de l’eau renfermant d’acide sulfurique, -: de
sel marin, et quelques gouttes d’acide nitrique, il a fallu prendre 615 mil-
ligrammes pour maintenir l’équilibre; d’où il suit que l'intensité de ce cou-
rant est à celle du courant obtenu avec un seul couple dans le rapport
de17zàt.
» Pour mesurer les courants thermo-électriques, on s’est servi de spi-
rales semblables aux précédentes, si ce n’est qu’elles étaient formées de
deux rangées de circonvoiutions. J'en ai fait l’application à la détermina-
(37)
tion des températures des diverses enveloppes de la flamme d’une lampe à
alcool au moyen de deux fils de platine, n’ayant pas le même diamètre et
réunis par un de leurs bouts. Ces températures ont été trouvées égales à
1310°,08; 913°,24; 743°,50.
» Les exemples que je rapporte dans mon Mémoire prouvent avec quelle
facilité on compare ensemble par des pesées, les intensités de courants
produits par de l'électricité à faible et forte tension.
» Lorsque l’on veut mesurer l’action continue d’une force, il faut cher-
cher d’abord les moyens de lui donner une intensité constante. Or, le cou-
rant électrique, produit par les piles ordinaires et même par un seul couple,
est sujet à des variations continuelles , qui ne permettent pas de soumettre
son mode d’action au calcul. C’est pour parer à cet inconvénient que nous
avons construit une pile qui donne naissance à un courant dont l'intensité
ne varie pas sensiblement dans l’espace de 24 heures et même quelquefois
de 48 heures. ‘
» Nous avons fait connaître, il y a quelques années, un appareil très simple
qui jouit de la propriété de produire un courant, qui éprouve peu de varia-
tions pendant le temps indiqué. Il est formé de deux petits bocaux en
verre, dont l’un renferme de l'acide nitrique concentré, et l’autre une
solution de potasse caustique aussi concentrée. Les deux bocaux commu-
niquent ensemble au moyen d’un tube de verre recourbé rempli d'argile
très fine humectée d’une solution de sel marin. Dans le bocal où se trouve
l'alcali, plonge une lame d’or, et dans l’autre une lame de platine. En met-
tant ces deux lames en communication avec un multiplicateur, on observe
un courant assez énergique, résultant de la réaction de l'acide sur ie sel
marin et la potasse. La lame d’or prend à l’aleali l'électricité négative, et
la lame.de platine, l’électricité positive à l'acide.
» Pour obtenir le maximum d'effets, il faut avoir égard, dans la construc-
tion de cet appareil, aux considérations suivantes. S'il était possible de
transformer en courant toute l'électricité qui se dégage dans la combinai-
son d’une quantité donnée d'acide avec la quantité proportionnelle d’al-
cali, ce courant serait capable de décomposer à son tour tout le sel
formé. D’après cela, si dans la réaction d’un acide avec un alcali,on par-
vient à saisir unevassez forte partie des électricités dégagées, on peut avoir
un courant d’une intengité suffisante pour effectuer des décompositions.
Pour remplir en partie cette condition, on prend deux tubes en platine,
recourbés chacun à un de leurs-bouts, pour faire entrer ce bout dans un
tube en verre. L'un des tubes en platine est rempli d'argile humectée avec
6.
(38 )
de l'acide nitrique; l’autre avec de l'argile humectée avec la solution de
potasse, et le tube intermédiaire avec de l'argile humectée avec une solu-
tion de sel marin. Les extrémités inférieures des tubes.en platine sont fer-
mées avec des couvercles en même métal, percés d’un grand nombre de
petites ouvertures. Le bout du tube qui est rempli d'argile humectéed’acide,
plonge dans de l’acide nitrique, et l’autre dans une solution de potasse.
Pour faciliter la transmission de Pélectricité de l'argile aux parois des tubes,
on mêle à celle-ci une certaine quantité de platine en poudre, qui augmente
sa conductibilité.
» Les choses étant ainsi disposées, on fixe des fils de platine aux extré-
mités des branches recourbées afin de pouvoir transmettre le courant dans
les corps. En réunissant plusieurs appareils semblables, on a une pile dont
les effets sont constants.
» Un seul de ces couples a exigé 8%"°%,5 pour empêcher la balance
de trébucher. Un galvanomètre à fil court, placé dans le circuit, a donné
en même temps une déviation de 79 degrés. J'ai montré dans mon mé-
moire, que les effets de cette pile ne variaient pas sensiblement pendant
un temps assez long. Il est facile de se rendre compte de cette permanence
dans les effets : on sait que les lames métalliques décomposantes, faisant
partie d’un circuit voltaique et plongeant dans une solution, se polarisent
de manière à produire un courant dirigé en sens inverse du premier; la
polarisation de chacune de ces lames consiste dans le dépôt d’une substance
transportée sur sa surface par le courant et dont la nature dépend de la
position de cette lame par rapport aux extrémités de la pile. Tant que cette
substance reste en contact avec la lame, il y un courantdirigé en sens con-
traire du courant primitif, mais si la substance est entourée d’un liquide
qui ait une forte affinité pour elle, elle se combine avec lui, et la lame est
aussitôt dépolarisée. C’est précisément ce qui arrive dans les différents élé-
ments de la pile que nous décrivons; l’alcali qui est transporté sur la
lame négative se combine immédiatement avec l’acide environnant et
l’alcali dénosé sur la lame positive est neutralisé par l’acide qui l'entoure.
» Je suis entré dans quelques détails sur les effets électro-chimiques de la
polarisation des lames décomposantes, quand elles servent à transmettre
des courants produits par des appareils à courants constants, composés
de 1, 2,3 et 4 couples. J'ai exposé ensuite le résultat des premières expé-
riences que j'ai faites avec les appareils décrits précédemment, pour éta-
blir les rapports qui lient les affinités aux forces électriques. Depuis les
découvertes de M. Faraday, sur la nature définie et l'extension de la dé-
( 39 )
composition électro-chimique , nous savons que le pouvoir chimique d’un
courant est en proportion directe avec la quantité absolue d'électricité qui
passe. C’est ens’appuyant sur ce principe qu’il est parvenu à déterminer
les équivalents des corps; mais, dans ses recherches, il a fait abstraction
de l'intensité absolue de la force qui agit à chaque instant; c’est cette la-
cune que j'ai essayé de remplir avecmes appareils. On à remarqué depuis
long-temps, que les-éléments qui sont combinés avec le plus d'énergie ,
sont aussi ceux qui sont décomposés avec le plus de force par le courant
et que les éléments qui sont combinés en vertu de faibles affinités, sont
aussi ceux qui obéissent le moins à l’action décomposante de électricité
en mouvement; il paraît résulter de là que tous les corps composés se
séparent sous l'influence d’un courant, en raison de la force de l’affinité
qui unit leurs éléments. Si donc on pouvait établir un rapport entre
l'intensité de ce courant et l’affinité, on aurait un moyen de mesurer
celle-ci. Dans les recherches de ce genre on doit avoir égard aux observa-
tions suivantes de M. Faraday : 1° que les pouvoirs électriques sont dé-
finis comme l’action chimique de l'électricité; 2° qu’une quantité con-
sidérable d’électricité sous forme de courant, ne décompose que peu
d'éléments; 3° que l'agent électrique est employé seulement à vaincre les
pouvoirs électro-chimiques; d’où l’on peut tirer la conséquence que la
quantité qui passe est au moins égale à celle que possède les molécules
séparées; 4° qu’il existe un accord parfait entre la théorie des proportions
définies et celle de l’affinité électro-chimique ; d’où il résulte que l’on peut
considérer les parties équivalentes des corps, comme des volumes qui con-
tiennent d’égales quantités d’électricité, ou du moins qui ont des pou-
voirs électriques égaux. Les atomes des corps qui sont équivalents l’un à
l’autre dans leur action chimique ordinaire, possèdent donc des quantités
égales d'électricité unies à eux. Voici les premières expériences que j'ai
faites pour arriver à la solution de la question dont je m’occupe.
» Lorsque l’on fait passer un courant invariable dans deux solutions,
à différents degrés de saturation, d’un sel à base réductible, la quantité de
sel. décomposé est absolument la même dans les deux solutions. On a pris
2,8 de nitrate de cuivre sec que l’on a fait dissoudre dans 10,3
d’eau; moitié de la solution à été augmentée de son volume d’eau ;les deux
fils de cuivre qui plongeaient dans les deux, branches négatives pesaient
chacun, 0%,3385. Après quarante - huit, heures. d'expériences, ces fils
pesaient 0,36; ils avaient donc gagné en poids 0%:,0215; l'intensité du
courant. qui. avait produit. cet. effet, était, représentée par 5 milligrammes.
(40 )
» L’intensité du courant ayant été diminuée de moitié, la quantité de
cuivre réduit dans l’espace de 48 heures, a été trouvée égale à ot,
c'est-à-dire moitié de ce qu’elle était dans l'expérience précédente.
» On a soumis le même fil et les mêmes solutions, pendant 48 heures,
à l'action d’un courant faisant équilibre à 3 millig.; on a obtenu
o""#,o12 de cuivre; or, si l'on compare les quantités de cuivre réduites
dans les deux expériences, on les trouve exactement proportionnelles
aux intensités du courant ; diverses expériences du même genre, ont été
faites sur des solutions de nitrate d’argent , en variant la densité de ces
solutions et l'intensité du courant. Les quantités de métal réduit ont été
exactement proportionnelles aux variations du courant, la source restant
constante, car c’est là une condition indispensable.
» Ces résultats découlent des observations de M. Faraday; mais il y a
cette différence entre ses résultats et ceux que je rapporte, qu'il a fait
abstraction de l'intensité absolue du courant, tandis que j’en tiens compte:
nous verrons dans un autre mémoire les avantages que l’on tire de cet
élément nouveau, introduit dans les expériences relatives aux recherches
électro -chimiques.
» Nous avons cherché avec la balance électro-magnétique, lorsque l’on
soumet à l’action d’un même courant d’une intensité connue des dissolu-
tions de différents métaux, dans quel rapport se trouvent les quantités
de métal réduit; trois dissolutions, l’une de cuivre, l’autre d’argent et
la troisième de zinc ont été introduites dans le circuit. Ges dissolutions
se trouvaient dans des tubes en U, et chacune d'elles était en contact
du côté négatif, avec une lame de platine, et du côté positif avec une
lame du même métal que celui qui se trouvait dans la dissolution;
elles ont été soumises à l’action d’un appareil de’ deux couples pré-
parés avec les cylindres de platine. Voici les résultats que nous avons
obtenus.
» L'intensité du courant faisait équilibre à un poids de 5%5,5.
» Après vingt-quatre heures d’expériences, l’argent précipité pesait
0""#,305 ; le poids du cuivre précipité 0*"%,090, le poids du zinc précipité
0""#,0925. Or, si l’on cherche le rapport des trois quantités de métal pré-
cipité, on trouve qu'elles sont proportionnelles aux poids atomiques
de l'argent, du cuivre et du zinc, attendu que si lon considère les
deux premières, on a 305 : 90 :: 108 poids atomique de l'argent,
est à 31,8, au lieu de 31,6 poids atomique du cuivre; de méme
305 : 92,9 :: 108 poids atomique de l'argent est à 32,8 poids atomique
(4)
du zinc, au lieu de 32,5 trouvé par M. Faraday. On voit donc que l'ap-
pareil à courant constant, composé seulement de deux couples, avec la
balance électro-magnétique, permettent de trouver les poids atomiques
des métaux, et de déterminer les quantités de métal réduit, correspon-
dantes à une intensité de courant donnée. »
Z00L0GE. — Étude microscopique de la Cristatella Mucedo,
Cuv. (1), espèce de polype d’eau douce ; par M. Turri.
« Vers la mi-novembre dernier, M. Gervais m’apporta deux corps
organisés presque microscopiques, que le hasard lui avait fait rencontrer
parmi des plantes fluviatiles, recueillies par lui, pour servir à ses sa-
vantes recherches sur les petits animaux tentaculaires, dont se compose
l'intéressante et très curieuse famille des polypes.
» À la première vue de ces corps, dont le diamètre atteint à peine un
millimètre, je crus qu’ils pouvaient être des capsules ou des seminules
isolées de quelques très petits végétaux. Examinés ensuite sous le mi-
croscope, armé du grossissement d'environ 80 fois, je vis qu'ils étaient
orbiculaires et qu’ils représentaient une petite sphère déprimée ou apla-
tie, dont la surface était mamelonnée, et légèrement incrustée de matière
calcaire. Un cercle extérieur, plus transparent et jaunätre, entourait un
disque central de couleur brune ou lie-de-vin: ces deux couleurs d’in-
tensités différentes, prouvaient que ces corps étaient vésiculaires, que le
cercle extérieur marquait l'épaisseur de la coque, ou de la vésicule, et le
disque plus opaque, la capacité remplie d'une substance. Du pourtour
rayonnaient environ seize épines de longueur variable, tubuleuses, jaunes
et terminées, le plus souvent par deux crochets en forme d’hamecon ou
de patte d’ancre, ou d’autres fois, par trois ou quatre des mêmes crochets -
en forme de grappin. La tige de cette sorte d’épine présentait encore à sa
surface, un grand nombre de petitspoils courts et âpres, dirigés de haut en
bas,et dans sonintérieur on apercevait comme dans certains poils animaux,
des parties plus opaques coupées. par des parties plus transparentes.
» À ce premier aspect, mon idée se porta d’abord sur les conceptacles
ou fruits sphéroïdes de plusieurs espèces d’Érysiphe, particulièrement
(1) Règn. aninz., édit. 1817, t. IV, p. 68. Voyez la description que M. le pro-
fesseur de Blainville, donne de ce polype dans le Dictionnaire des Sciences. natu-
relles, t. XI, p. 61, et celle de M. Eud. Deslongchamps, article Cristatella, En-
eyclop., Méthod., zocph. ou anim. rayonnés, t. II, p. 226.
(42)
de l’Erysiphe guttata, Linck, qui offrent.les mêmes dimensions, les
mêmes couleurs, les mêmes mamelons, la même dépression et qui, enfin,
sont aussi pourvus d’appendicules spinescents, qui s’échappent en rayon-
nant de leur circonférence.
» La comparaison que j'en fis ensuite:avec mes dessins d'Érysiphe, dé-
truisit à l’instant cette analogie ; mais je ne pouvais savoir encore auquel
des deux règnes, végétal et animal, devaient appartenir mes corps spi-
nellés.
» Pour m'en assurer d’une manière certaine, j’essayai d’écraser l’un de
ces deux corps entre deux lames de verre, et au seul craquement qu'il
fit en se rompant, je ne doutai plus du règne auquel il appartenait.
» C'était un œuf dont la coque venait de se briser avec éclat.
» Replacé en cet état sous le microscope, on voyait la coque rompue
en trois parties et la liqueur albumineuse, blanche et composée, comme
l'albumen de tous les œufs, d’une base d’eau et d’un grand nombre de
globules variables en grosseur, couler et se répandre sur le porte-objet.
» Mais à quel animal appartenait cet œuf (1)? quelle pouvait étre la
malheureuse mère condamnée à contenir et surtout à pondre des œufs
aussi horriblement hérissés de crochets ? Telle était la question que lon se
faisait, et le pénible sentiment que l’on éprouvait.
» Quoique loin d’être satisfait, je m'empressai, comme on doit toujours
le faire dans les sciences, qui toutes n’avancent qu’à coups de provisoire,
de décrire et surtout d’imager cet œufsi singulier, au moyen des quatre
premières figures du dessin que j'ai l’honneur de mettre en ce moment
sous les yeux de l’Académie.
» À tout:hasard je conservai, dans une petite fiole débouchée et remplie
d’eau , le second de ces œufs qui me restait, en ayant soin toutefois de
renouveler l’eau et d’inspecter chaque matin cet œuf, que sa pesanteur
spécifique tenait toujours nageant à.la surface de l’eau.
» Versle 15 de décembre, en regardant le matin , comme de coutume,
ma petite fiole, placée entre l'œil et la lumière, je vis avec surprise que
l’œuf s'était ouvert en deux valves béantes (2), qui n’adhéraient plus entre
(1) Ræsel a figuré, t.-III, tab. 83, un œuf discoïde, brun, muni d’épines dans la
circonférence, qui a de l’analogie avec celui que je décris ou qui est peut-être le même
mal vu et ma] placé.
(2) Des œufs s’ouvrant en deux valves presque égales, pour faciliter l’éclosion,
offriraient une chose tout‘à-fait neuve , si déjà nous ne connaissions pas ceux si artiste
(43)
elles que par un seul point, de la même manière que s'ouvrent les deux
valves d’une buître. Ne pouvant douter qu'il ne se füt, échappé quelque
chose de cette coque bivalve, je jetai les yeux dans le voisinage, et J'y
aperçus un petit animal composé, fort élégant, que je reconnus de suite
pour appartenir au groupe des Polypes , et être celui superficiellement
figuré et très multiplié par Rœsel (1), et nommé par Georges Guvier
Cristatella mucedo et Cristatella vagans (2).
» Ce petit animal composé, qui n’était éclos que depuis la veille, peut-
être même depuis quelques instants, car il était tout près de son enve-
loppe, était comme suspendu entre deux eaux, on voyait qu'il éprouvait
un besoin, celui d’un point d'appui sur lequel il püt fixer son corps.
Aussi ne tarda-t-il pas à déftendre au fond de la fiole, d’où ensuite il
allongea et mit en exercice ses. élégants panaches. Le voyant ainsi fixé
dans un lieu qui me permettait difficilement de le bien étudier sous toutes
ses faces, j'en conçus de l'inquiétude, car il fallait le détacher et le
placer dans un verre de montre, et je craignais avec toute raison, tout
en me servant d’un pinceaü très doux et très fin, de détruire l’unique
individu que je possédais, et qu’alors je n'avais nul espoir de pouvoir
remplacer. ;
» À force de le caresser avec la pointe de mon pinceau j'en vins à bout,
et une fois bien établi dans un nouveau lac que contenait un verre de
montre, je pus, dans cette situation, le bien voir dans tous les sens, le fi-
gurer et le décrire sous le microscope.
» Je passe maintenant à la description de l'animal :
» Un corps commun polypiaire, membraneux, ovoïde ou légèrement
cordiforme, un peu oblique vers sa base, bombé ou comme bossu sur le
dos, lorsqu'on le regarde de profil; non contractile, mamelonné ou pa-
ment operculés du pou du cheval, de la chèvre, etc., dont également, l’opercule, qui
doit être considéré comme une valve réduite, se soulève comme le couvercle d’une
urne des péricarpes à déhiscence transverse (Jeférsonia diphylla), pour laisser sortir
le jeune pou. à ñ
(1) Jns. 3, p. 991, t. XCI.
(2) IL paraît assez probable que le petit animal fluviatile décrit et figuré par Müller
sous le nom de Leucophra heteroclita, pag. 158 et tab, 22, fig. 27-34, est notre Cris-
tatella mucedo, trop imparfaitement représentée pour être facilement reconnue, et
dans l’enveloppe polypiaire de laquelle il ne se trouvait que deux polypes,
GC. R. 1837, 1® Semestre. (T. IV, N92) VA
(44)
pilleux à sa surface, transparent, jaunâtre et comme bordé d’une marge
plus transparente, incolore et formée par le prolongement des papilles
qui semblent se recouvrir en cette partie, sert d’enveloppe protectrice à
plusieurs individus distincts qui, bien que nés les uns des autres, ne sont
cependant qu’agrégés.
» Cette enveloppe, qui est sans contredit un véritable polypier, em-
pêche que l’on ne considère comme on l’a fait, la Cristatelle comme étant
un polype nu (1).
» Au sommet de ce polypier sont trois ouvertures d’inégales grandeurs
qui aboutissent à autant de cellules tubuleuses plus ou moins profondes,
cellules analogues à celles si muitipliées et en forme d'étoile qui se re-
marquent à la surface des polypiers pierféux ou madrépores. La plus
grande de ces ouvertures est située au sommet du'polypier, tandis que les
deux autres, moins ouvertes, sont latérales. Dans chacune de ces cellules
loge un individu distinct de Cristatelle qui, très probablement, ne s’en
isole jamais, pas plus que l’huître ne s'éloigne de sa coquilie.
» Ces trois individus étant parfaitement semblables , sauf ur peu moins
de développement chez les deux latéraux, il suffira d’en décrire un seul,
celui du milieu, en faisant seulement'connaître les légères différences que
peuvent offrir ts deux autres.
» La grande transparence du corps ne pÉrEL de voir la forme,
la Fan et l'étendue variable des cellules, en même temps que les
corps des trois Cristatelles qui s’y trouvent logés et qui s’y dessinent par
une couleur plus jaune que celle du polypier.
» Ces corps, qui paraissent se borner à n’être qu’une sorte d’intestin di-
gestif, sont cylindriques, obtus à leur extrémité inférieure et légèrement
étranglés une ou deux fois dans leur trajet.
» Dans leur plus grande extension la partie supérieure de ces corps sort
un peu de la cellule du polypier et au sommet de cette partie, qui peut
être considérée comme une sorte de col, on voit facilement l'ouverture de
la bouche qui chez les deux individus latéraux, a la forme d’un petit crois-
sant, et chez l'individu central celle d’un mamelon percé à son extrémité.
» L’anus, comme l’a trés bien observé M. Gervais, est situé dansie voi-
sinage de la bouche, comme chez les Ascidies.
(x) Ce polype qui n’est ni simple ni nu, qui est recouvert, au contraire, etse com-
pose d’un polypier et de plusieurs Haas der lorsqu'il aura bien'été étudiés faire
partie des polypes à polypiers.
.
(45)
» Aux deux côtés de la bouche, le corps se divise en deux bras, disposés
en fersà Cheval, qui paraissent applatis, obtus et bordés par des bandes
jaunâtres. Chacun de ces bras est muni d’une ciñquañtaine de tentacules
vermiculaires , rétractiles, transparents, blancs, et disposés latéralement et
au sommet, comme le sont les barbes d’une plnme. Ces nombreux tenta-
cules, vus sous un fort grossissement du microscope, sont recouverts,
dans toute l'étendue de leur surface, d’un nombre prodigieux de petits cils
dont le mouvement vibrant et très véloce, est très curieux à étudier sous
le rapport de son utilité indispensable à l’existence du petit polype. Leur
intérieur paraît tubuleux et leur tissu être composé d’un grand nombre
de globules de diverses grosseurs.
» Lorsqu'on examine avec attention le mouvement des cils, on est étonné
de voir qu'ils semblent cheminer ensemble, etcomme par une sorte de trem-
blottement sur l’un des côtés du tentacule, et redescendre de la même ma-
nière sur lautre. C’est à ce singulier mouvement, produit par la vibra-
tion successive de chaque cil, mouvement analogue à celui circulaire’ ou
de rotation que l’on observe autour de la bouche des Rotifères, des Vor-
ticelles, des Brachions, etc., que sont dus ces courants d’eau qui se dirigent
vers la bouche du polype en ÿ portant les molécules nutritives et autres
-petits infusoires dont il se nourrit.
» Ces courants, sans lesquels ce polype ne pourrait pas vivre, ces tenta-
cules manquant de toute faculté prenante, s'expliquent facilement lorsque
l’on considère chacun des cils comme étant autant de petites palettes qui
frappent les molécules de l’eau en sens différents et de manière à en diri-
ger le mouvement du côté de la bouche.
» Toute la peau de cette cristatelle, au moins celle qui s’allonge eu
dehors de la cellule du polypier ascidiforme, paraît comme ponctuée ou
finement mamelonnée. Les trois individus qui habitent en société le même
polypier proviennent de deux générations successives; les deux latéraux ont
eu pour mère l'individu central, visiblement plus développé que ses en-
fants et auxquels il a donné naissance par le mode de reproduction le plas
simple, celui de la gemmation extérieure ou de bourgeon. Agissant d’une
manière tout-à-fait indépendante, et chacun pour son propre compte, on
voit ces individus, selon les besoins de repos ou d’action qu’ils éprouvent sé-
parément, $e contracter, se retirer presque entièrement dans le polypier,
ou en sortir en tbe au dehors leur élégant panache. On ne peut
mieux comparer cette trinité de cristatelles qu’à un végétal dont la tige
principale aurait produit, par extension de ses nœuds vitaux, deux bul-
7e.
| (46)
billes latérales qui ensuite se seraient isolées et développées en deux
autres petites branches. “ ,
» Quant à l’existénce ‘commune d’absorption et d’assimilation que l’on
suppose chez les Polypes et les Ascidies composés, on ne peut la nier tant
qu'il y à adhérence organique entre les individus, soit qu’iis proviennent,
comme chez les arbres, de bourgeons ou de générations successives, soit
que, libres d’abord, ils se soient ensuite entre-greffés par approche; mais,
comme chéz les Polypes composés, cette adhérence n’est que temporaire,
et souvent d'assez courte durée, dès qu’elle cesse , toute communauté or-
ganique disparaît pour toujours.
» C’est ainsi, par exernple, qu’à la surface seulement des gros poly-
piers pierreux, réside, dans les alvéoles, un nombre prodigieux de po-
lypes distincts et parfaitement isolés les uns des autres, mais qui cepen-
dant résultent tous de mères communes qui ont successivement cessé
d'exister, ét dont les cadavres, restés sur place, sont ensevelis dans la
masse calcaire et centrale du polypier.
» Les trois individus de a cristatelle composée, qui fait le sujet de
ce mémoire, m'ont paru être arrivés à l’époque de la séparation, autant
que j'ai pu le voir, dans un être aussi petit, les deux enfants latéraux
semblaient n'avoir plus avec leur mère qu’une simple contiguité.
» J'ai possédé pendant trois jours, et dans un parfait état de vie, le
petit polype composé que je viens de décrire. Le lendemain du jour de
son éclosion, j’aperçus, nageant dans l’eau et entre les trois appareils
tentaculaires des individus, trois corps ovalaires, pointus par l’un des
bouts, bruns, bordés par un cercle plus clair, et comme rémplis par
une substance granuleuse. Ces corps qui, bien certainement, étaient des
œufs (1), ne pouvaient provenir que du polype, puisqu'il était compléte-
ment isolé dans un verre de montre. Mais quel était celui des trois indi-
vidus qui avait pondu ces œufs ? Par laquelle des deux issues, la bouche
ou l’anus avaient-ils été expulsés? Pourquoi des œufs si différents, par
leur forme et l’absence des épines, de ceux d’où l’animal est sorti? Cette
dernière difficulté peut être résolue par l’analogie, par des exemples à peu
près semblables d'œufs qui, après être pondus ,; continuent de croître en
(1) J'ai depuis long-temps observé que les végétaux et les animaux les plus simples
possédaient, au moins, deux moyens de reproduction : celui plus intérieur, par œuf,
et celui, extérieur, par germe ou bourgeon.
(47)
dehors de la mére (r). Tels sont les œufs de plusieurs espèces d’Acariens.
Get accroissement particulier des œufs après être pondus, et le dévelop
pement subséquent des épines à crochets, lèvent cette autre difficulté
dont j'ai parlé au commencement de ce mémoire : « Quelle est la mal-
heureuse mère condamnée à pondre des œufs si horriblement hérissés? ,
» J'ai vu que, dans sa lettre, M. Gervais disait que les deux indi-
vidus qu'il s'était réservé, et qui, chose remarquable, étaient éclos le
même jour que celui que je devais à son obligeance, lui avaient présenté,
après quelques jours, un phénomène assez singulier, consistant dans je
développement tardif des deux polypes latéraux. Quoiqu'il soit dans
l’ordre naturel que le producteur existe avant le produit, je n'ai point
été témoin d’un semblable développement. Mon petit animal était, dès au
sortir de l'œuf, déjà composé de trois polypes distincts ; seulement, les
deux latéraux, comme plus jeunes, paraissaient aussi plus faibles et plus
indolents; leur panache bifurqué semblait n'être point encore sorti du
polypier, on ne voyait à sa place qu’une petite houppe épanouie et com-
posée des tentacules les plus terminaux du panache.
» Une chose assez remarquable, c'est que les trois individus de crista-
telle, éclos tant chez M. Gervais que chez moi, étaient tous composés
seulement de trois polypes , tandis que RϾsel en figure au moins quatre
et quelquefois un bien plus grand nombre logés dans le même polypier,
auquel il donne le nom de corps en ballon. Du reste, cette plus grande
multiplication me paraît naturelle , et il est assez probable qu’elle aurait
eu lieu si nos petits animaux composés avaient vécu plus long-temps,
ou mieux, s'ils avaient joui d’un milieu plus convenable à leur nature.
» L'étude microscopique que j'ai faite de la Cristatella mucedo est loin
d’être complète. Occupé de travaux qui me tiennent dans une autre di-
rection, j’engage M. Gervais, bien plus habile que moi dans ce genre de
recherches, à les continuer en se procurant de nouveaux œufs, le prin-
temps prochain, afin de bien observer leur développement, leur singulière
éclosion, puis les évolutions et la multiplication, par bourgeon , des
(1) Généralement, les œufs prennent, dans l’intérieur de la mère, tout lé développe-
ment dont ils sont susceptibles. Ceux-ci ont ordinairement leur enveloppe extérieure
solidifiée par un enduit calcaire. D’autres, beaucoup moins nombreux et nécessairement
mous, achèvent leur accroissement après être pondus. Ce dernier mode est compa-
rable, jusqu’à un certain point, à l’expulsion anticipée du fœtus rudimentaire chez les
Marsupiaux qui, aussi, termine son accroissement et sa vie fœtale en dehors de la ma=
trice, contrairement à ce qui a lieu dans la reproduction des autres mammifères.
(48 )
individus dans l’intérieur du polypier commun qui leur sertd’habitation.
» Si je me suis permis d'écrire sur un sujet qui appartient à M. Gervais,
c'est parce que lui-même, dans sa lettre (1), a fait connaître que de mon
côlé je m'en étais aussi occupé, et que j'en avais fait un dessin fort étudié ;
c'est parce que j'ai vu que nous n’étions pas tout-à-fait d'accord sur
quelques points, et qu'il n’était nullement question dans sa lettre de la
singulière déhiscence de l'œuf, de la ponte des œufs ovalaires et dépourvus
d’épines, mais surtout de l’existence des cils vibrants, ainsi que du rôle
important qu’ils jouent dans l’existence du polype.
» Enfin, c'est parce que je me suis flatté de l’espoir que l’Académie ver-
rait avec quelque intérêt les figures représentant tous les développements
successifs d’un animal aussi intéressant qu’il est peu connu. »
BOTANIQUE. — Extrait des observations sur la nature et sur le développe-
_ ment du Liége; par M. Durrocuer.
« Le liége est généralement considéré comme dû au développement de
la couche de tissu cellulaire extérieure aux couches fibreuses de l'écorce,
chez le quercus suber : d'après mes observations, cette substance a une
origine différente. dxe à
» L’enveloppe tégumentaire des végétaux se compose de deux parties,
1°. de l’épiderme ou cuticule, membrane extrêmement fine-et sans orga-
nisation apercevable, + d’une membrane composée de cellules que l’on
a long-temps confondue avec l’épiderme et qui n’en: a été distinguée
que depuis les recherches de M. Adolphe Brongniart sur cet objet. Je
la désignerai sous le nom de tégument cellulaire, ou de peau cellulaire.
» Le tégument cellulaire s’accroit en épaisseur par production de cel-
lules nouvelles, à sa face interne. C’est ainsi que l’on voit le prétendu
épiderme de la tige du merisier, épiderme qui n'est, dans le fait, que le
tégument cellulaire , s’accroïître en épaisseur par le progrès de l’âge de
l'arbre.
» Les jeunes tiges du quercus suber n’offrent point de liége ; chez elles,
le parenchyme extérieur de l'écorce est immédiatement recouvert par la
peau ou tégument cellulaire. Cette enveloppe tégumentaire a cela de par-
ticulier chez le quercus suber ; que son accroissement en épaisseur par
(1) Comptes rendus, 26 décembre 1836, page 736.
( 49 )
sa face interne, tend à devenir énorme. C’est ce développement cen-
tripète de la peau, ou du tégument cellulaire, qui forme le liége; le
_parenchyme cortical est tout-à-fait étranger à la formation de cette subs-
tance, si ce n’est sous le point de vue des liquides nutritifs qu'il four-
nit pour ce développement énorme du tégument cellulaire. Ce dernier
donne naissance, par chacune de ses ceilules composantes, à une série
transversale ‘et rectiligne de cellules;'chacune de ces séries de cellules
s'accroît en longueur par la production de cellules nouvelles à son
extrémité en contact avec le parenchyme cortical. Ces -cellules nouvel-
lement prodeies repoussent vers le dehors les cellules plus vieilles, en
s'intercalant à celles-ci et au parenchyme cortical. 1l résulte de ce ne
d’accroissement. que le liége est entièrement composé de rangées trans-
versales de cellules, dont les plus vieilles sont vers le dehors, et les
plus nouvelles vers le dedans. Ces cellules ne sont à l’état de vie qu'au-
près du parenchyme cortical, elles meurent et se dessèchént à mesure
qu’elles s’en éloignent par l’effet de leur refoulement vers le dehors. Le
tissu qu’elles forment par leur assemblage est disposé par couches ;
chacune de ces couches correspond à une année de végétation.
» Une certaine variété de l’orme produit aussi du liége, et seulement
sur ses branches âgées de moins de huit à dix ans. Lorsque la bran-
che a atteint cet âge; la production du liége s’arrête. C’est spécialement
sur cet arbre que j’ai observé l’accroissement du liége aux diverses épo-
ques de son développement. Ce liége ne diffère presque point du liége
du quercus suber.
» L'intérieur des aiguillons des rosiers et des ronces est occupé par
du véritable liége , composé, comme celui du quercus suber et de l'orme,
de rangées transversales de cellules, rangées qui s’accroissent en longueur
par production centripète de nouvelles cellules. L’analogie des aiguillons
des rosiers et des ronces avec les poils végétaux, est reconnue par les
phytologistes. Les poils cloisonnés sont composés de rangées transversales
de cellules; on peut donc considérer le liége qui est à l’intérieur de
l’aiguillon comme composé par l’agglomération d’une multitude de poils
cloisonnés , et il en serait de même par conséquent du liége du quer-
cus suber et de l’orme, avec cette particularité pour l’aiguillon , que les
poils agglomérés sont chez lui recouverts par un tissu dur et corné, formé
par l’épiderme et par le tégument cellulaire condensé. Les aiguillons si
volumineux du Zantoxylum juglandifolium sont composés de même de
séries transversales de cellules ou d’un liége qui doit son défaut de mo-
(50)
lesse à l'extrême petitesse de ses cellules composantes. Ge liége est dis-
posé par couches annuelles.
» Parmi les végétaux monocôtylédons, on trouve la production du liége
chez le tainus elephantipes ; c'est sur l'énorme rhizôme aérien de ce végé-
tal, que cette production a lieu : ce liége est composé, comme tous les autres.
de rangées transversales de cellules, et il présente des couches successives.
La plus interne, qui est la plus nouvelle , est, dans son entier, à l’état
de vie.
» Ge n’est point à une production du liége qu’il faut rapporter ces saillies
corticales anguleuses que lon voit sur le tronc des chênes, des ormes,
des bouleaux, etc., lorsque ces arbres sont vieux; ce sont là de vieilles
couches corticales frappées de mort, et non du liége. On.en doit dire au-
tant des couches d’écorce dont le platane se dépouille annuellement.
» Par sa nature tégumentaire et par le mode de son accroissement, le
liége offre de Lu de avec les parties cornées de l'enveloppe tégumen-
taire des animaux ; celles-ci offrent de méme un acroissement centripète;
de même elles rejettent ou refoulent vers le dehors et à l’état de privation
de vie, leurs parties, à mesure qu’elles sont produites par leur base ap-
puyée sur le tissu organique vivant. On s'accorde généralement à consi-
dérer l'accroissement des parties cornées des animaux, comme le résul-
tat d’une sécrétion. Cette opinion ne peut se soutenir devant l'observation
de l'accroissement des plumes dont la partie spongieuse offre au micros-
cope un véritable tissu cellulaire; c’est une sorte de liége animal. Or la
formation du tissu cellulaire ne peut être le résultat d’une sécrétion,
L'existence de ce tissu dans la plume indique nécessairement chez elle
l'existence d’un développement vital, lequel n'existe, qu’à sa base , dans
la partie molle qu’elle possède lorsqu'elle se développe. On en peut dire
autant des poils et des cornes. »
Fr . . ; ,
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Remarques relatives a la proposition que M. DurEAU
DE LA Marre à faite à l’Académie dans sa dernière séance ; par
M. Puissant.
« M. Dureau de la Malle, dans ia communication d’un haut intérêt qu’il
a faite lundi dernier, a émis, au nom de l'Académie des Inscriptionset Bel
les-Lettres, le vœu que des observations astronomiques füssent recueillies
dans l’intérieur de la régence d’Alger, afin de connaître d’une manière
certaine les positions relatives des lieux qui ont été anciennement le
théâtre de grands événements politiques et militaires. Je crois devoir
(51)
rappeler à ce sujet que le Dépôt de la Guerre avait déjà eu cette pensée
dès 1830, en créant, par ordre du Gouvernement, une petite brigade
d’ingénieurs-géographes qui fit partie de l’armée d'Afrique, et qui eut
pour mission expresse d'explorer topographiquement et physiquement tout
le pays dont les Français se seraient rendus maîtres. Cette brigade, munie
d'un très bon chronomètre de Motel et d’un excellent théodolite répétiteur
de Gambey, de huit pouces de diamètre, s’attacha tout d’abord, sous le
commandement de M. le chef d’escadron Filhon, à déterminer la position
astronomique du phare de la marine d’Alger. La latitude de cette première
station a été obtenue 1°. par 23 séries de distances méridiennes du Soleil,
formant 554 répétitions, lesquelles ont donné pour résultat: 36° 47! 28",o
2°. Par 4 séries de 20 répétitions chacune, du passage
inférieur de la Polaire, qui portent cette latitude à. . . .. 36.47.23,8
Ainsi la moyenne... . . .. te M Et 5 ES NE 36.47.25,9
se trouve dégagée de l’erreur constante dont l'instrument aurait pu être
affecté, et paraît devoir inspirer beaucoup de confiance.
» La longitude du phare résulte également des observations de MM. Levret
et Rozet, anciens élèves de l’École Polytechnique et actuellement capitaines
au corps royal d’État-Major. Elles consistent en une éclipse de Lune, du
2 septembre 1830; en une éclipse du 4° satellite de Jupiter, du 9 septembre ;
enfin, en une occultation de Gamma du Taureau, du 5 octobre. Ces trois
observations ont donné par une moyenne. ......... o° 42! 48",0
» La même longitude a été obtenue par le transport du
temps de Toulon à Alger, à l’aide du chronomètre de
M. Bérard, officier de marine, et trouvée de . ... ..-. 0.43. 6,7
Ainsi , par un milieu, la longitude orientale du phare serait,
approximativement, de........................ mr nu ronan57.3
» Mais des observations plus récentes de M. Bérard, faites avec un nou-
veau soin, le long des côtes de la régence d’Alger, portent cette longi-
tude at le eme semi ire. 2 se... 0° 44! 10"
» Has, un assez grand rie d'observations azimutales faites avec le
même théodolite, ont donné sur l’horizon du phare, pour l’azimut du fort
des Anglais, compté du sud à l’ouest. . .......,.... PROCESS REA
et pour l’azimut de la Tour de Matifou, compté dans le même
sens et ere ee ne dau de a Sci NE .... 201% 13.17
En sorte que l’angle entre ces deux points, déterminé astro- 57
nomiquement:, 1Esbides her. Me 2 n Reda e br sé
Par la mesure directe on aeu.................. 27201004
C. R. 1837, 1°7 Semestre. (T. IV. N° 9.) ë
(52)
» On voit donc que les observations azimutales du soleil levant et cou-
chant, faites en.août 1831, se trouvent vérifiées d’unemaniére trèsisatis-
faisante.
» Je passe sous silence les nombreuses et intéressantes ‘observations
météorologiques recueillies à Alger-et:dans:d’autres lieux voisins, pendant
les années 1830 et 183r, et dont le tableau est annexé au registre manuscrit
d’où les nombres qui précèdent sontiextraits. D'ailleurs on peut consulter
à cet égard le 1° volume du Voyage dans la régence d'Alger ; par
M. Rozet.
» Tels sont, en peu de mots, les déterminations astronomiques em-
ployées comme données fondamentales du calcul des positions géogra-
phiques de tous les points de la petite triangulation qui a servi de canevas
à la carte topographique des:environs d'Alger, levée immédiatement après
la prise de cette ville; triangulation que d’autres officiers d'état-major,
familiarisés avec la géodésie, comme le sont ceux qui formaient le corps
des ingénieurs-géographes, pourront étendre régulièrement loin du littoral
de la Méditerranée, et lier à quelques points de l’intérieur de la régence
qu'ils auront déterminés astronomiquement. Mais il est nécessaire, pour
une opération de ce genre, que le succès de nos armes ait complétement
assuré la paisible possession de l’Algérie. En attendant, des recon-
naissances dirigées dans des sens différents; appuyées autant que possible
d'observations célestes, et combinées avec les levés topographiques des
côtes, seront très propres à rectifier des erreurs de position , et à jeter de
nouvelles lumières, tant sur la configuration.et la nature du terrain que
sur la géographie comparée de ces régions si peu connues scientifiquement.
Il est donc à désirer que les Dépôts de la Guerre et de la Marine continuent
d'intervenir activement, chacun en ce qui le concerne, dans l'exécution de
ce travail important : alors seront bientôt résolues plusieurs des questions
qui ont trait à la défense et à la prospérité de notre colonie africaine, ou
qui se rattachent à celles sur lesquelles l'honorable président de la Com-
mission-scientifique de l’Algérie vient de fixer l'attention de l’Académie. »
M. Puissant est prié de s’adjoindre à la Commission chargée de faire
un rapport sur la proposition de M. Dureau de la Malle, relative à l’explo-
ration scientifique de l'Algérie.
(53)
PALÉONTOLOGIE. — Sur le nouveau genre Sivatherium, trouvé fossile
au bas du versant méridional de l'Himalaya, dans la vallée du
Markanda ; animal gigantesque de l'ancien Monde , que je propose de
rapporter au genre Camelopardalis ; par M. GrorFroy Sainr-
Hipaire (1).
« M. de Blainville a placé, en novembre dernier, dans le Compte rendu
des séances de l’Académie (2), une note pour annoncer et pour y joindre
une lettre de l'officier anglais, M. Henri Durand, Cette lettre, écrite de
Dadoopor, à son frère à Paris, signale la découverte d’ossements fos-
siles, qu’ilest, dit M. de Blainville, impossible de ne pas rapporter au dro-
madaire.ou chameau: à une seule bosse, ainsi que le prouve, selon cet
académicien, un dessin qui passe sous les jeux de l'Académie. Je consi-
dère, toutefois, cette communication recueillie par mon honorable col-
lègue, plutôt comme une:indication de-desiderata ; que comme la consta-
tation d’un fait; car cette détermination n’était nullement justifiée par
l'apport sur le bureau d’un crâne de chameau, ce crâne sorti de la
collection d'anatomie.
» Aujourd’hui que je possède la clé ‘du problème, je m'empresse d’en faire
part à l’Académie, pour que la rectification de cette erreur profitât à nos
lecteurs des Comptes rendus. J'ai été redevable de renseignements à ce sujet
à l’obligeance et à la recommandation des auteurs qui ont décrit le nouveau
fossile; ce sont M. le docteur Hugh Falconer, directeur du Jardin Botanique
de Scharampur, et M. le capitaine Cautley, sur-intendant du doab-canal,
tracé dans la branche Sivalek des: montagnes: inférieures de l'Himalaya.
M:Jacquemont; dans une de’ses lettres'à l'administration du Muséum, datée
de Chihi en Kauwor, 15' juillet 1830, donne des détails sur le lieu de la
découverte de ce fossile; notre infortuné voyageur avait été accueilli dans
le Jardin Botanique que la Compagnie des'Indes entretient au pied de
l'Himalaya; c’est là, à Scharampur, ou;-selon: une autre orthographe , à
Saharunpour, qu'il a fait ses préparatifs pour ‘aller explorer les célèbres
montagnes des: Indes:
» Le mémoire trés bien rédigé de mes: bienveillants correspondants, fut
adressé-à la’ Société Asiatique; et imprimé dans son journal, à Calcutta,
(1): Ce mémoire n’ayant pu être lu faute de temps, M. Geoffroy Saint-Hilaire a de-
mandé qu’il fût inséré en totalité.
(2) Second semestre, 1836, n° 19, pages 528 et 520.
8.
( 54 )
‘dans les premiers jours de 1836; une planche trés bien faite, et rendant
des faits un compte fidèle, accompagnait le mémoire de ces savants
anglais. Le dessin original est de M. le capitaine Cautley.
» Or, on apprendra sans doute avec un vif intérêt, que le gigantesque
animal sorti des flancs de l'Himalaya, n’est autre qu’une giraffe anté-
diluvienne. Au premier aspect, et sur la vue des chevilles frontales, je l'ai
aussitôt reconnue pour telle.
» La nature des prolongements frontaux des giraffes, qu'abusivement
on appelle ses cornes, constitue dans l’organisation une si singulière
anomalie, si décidément et tellement personnelle à l'animal, que ce fait
ne saurait être compris que comme un cas presque tératologique , et qu’il
n’est explicable qu’en recourant aux principes de l'anatomie philosophique.
» Les prolongements frontaux des giraffes ne sont ni des cornes,
car leur noyau osseux n’est point entouré de matière épidermique ou
cornée; ni des bois, car ils se composent de l’unique tige en quoi con-
siste la dague du premier âge des cerfs. Dépouillés de leur peau velue,
continuation des téguments communs, ce sont autant de chevilles
osseuses, identiquement les mêmes que les exostoses qui naissent sur le
coronal des bœufs et des antilopes. On appelle daguets les faons de cerf,
de l'existence de la dague que ce premier âge porte d’abord. Et ces choses
ainsi posées, les giraffes, qui portent toute leur vie leurs prolongements
frontaux, quand ces tiges tombent chez les cerfs daguets pour être re-
produites en rameaux branchus, les giraffes sont au fond, comme système
organique, des daguets frappés die arrêt de développement. Jai écrit sur
cela un mémoire que je laissai à M. Cuvier avant mon départ pour l Égypte,
et que mon honorable ami fit imprimer pendant mon absence, je traitais
dans ce mémoire de la question physiologique touchant ces tiges coro-
nales, cherchant à expliquer les causes de l'arrêt de développement qui
prive les dagues, ou chevilles frontales de leur chute habituelle: ce qui sub-
séquemment empêche la renaissance des bois de seconde et troisième année.
» Or de tels événements sont propres uniquement au genre de la
giraffe : je ne pouvais donc, les ayant si soigneusement étudiés, me mé-
prendre:sur leur notion, et encore mieux sur leur valeur de signification,
comme éléments de détermination zoologique. Quand je revins de Mar-
seille, où je fus RUN pour amener à bien le voyage à Paris de notre
ae présentement âgée de 12 ans, j'eus occasion de donner une notice
sur cet intéressant animal, et d’insister surtout sur de nouvelles recher-
ches, présentant les particularités bien curieuses et explicatives, comme
(55)
anatomie et physiologie, de l’organisation des prolongements fron-
taux (2).
» À proprement parler, ce n’est point comme formation, dans le sens
étymologique de ce terme, une réelle exostose; j'y aperçois au contraire un
os isolé, qui ne compte point parmi les pièces craniennes; mais qui
serait dû à un germe déposé primitivement dans des feuillets cutanés.
Les os du boutoir chez les cochons, les carapaces des tatous, les tuber-
cules osseux saillants hors de la peau des raies et des ostracions, en four-
nissent des exemples : et je rappelle à ce sujet que mon fils a fait une
découverte importante (2), dans son observation d’une lame osseuse
étalée et isolée, sur les bosses frontales des veaux, cette plaque étant
entourée dans le premier âge de tuniques cartilagineuses et tégnmen-
taires : c’est en effet une sorte de germe, comme cela se dit des premiers
noyaux dentaires, un germe qui finit par devenir l@principe et le point de
départde l'organe quiva être sur-ajouté à un système d’ailleurs déjà complété.
» Or, ce point théorique se montre là un fait puissant, et qui éclate
visiblement chez la giraffe : le diaphragme cartilagineux, entre le frontal
et la dague, s'aperçoit à un moment du développement par l’âge, pour
disparaître et bientôt amener la jonction et décidément la soudure des os.
» Voilà une marche dans l’organisation qui est notablement spéciale
dans la giraffe, qui est remarquable par des temps diversement marqués
dans l’évolution, et qui réalise enfin les conditions de la plus surprenante
anomalie.
» Pour que ces diversités, se prononçant aussi distinctement dans l’évo-
lution, reparaissent ailleurs, ce ne saurait arriver qu'autant querles mêmes
———————_———————.———.————_—……—_…—_— ——.———
(x) Voici mes remarques écrites en 1827, dans les Annales des Sciences naturelles,
t. XI, p. 221.
« Nous eussions dit autrefois que l’os du front s’allonge chez lesruminants branchus
ou cornus , et qu’il est renfermé dans les téÿuments communs qui croïssent simultané-
ment; mais d’après la découverte que je viens de faire, et dont la giraffe est le sujet,
nous sommes dans le cas de modifier notre langage : nous avons vu, sur le crâne de la
jeune giraffe rapportée du Cap par Delalande, que le prolongement osseux que jusque-
là nous-avions dit formé par l'os frontal, et que nous avions présumé être le produit
d’une extension des fibres allongées de cet os, se trouve au contraire une pièce à part,
une tige à large base qui recouvre un plancher subjacent : un périoste est dessous cette
tige, et prouve son essence d’individualité, dans la plus parfaite évidence. »
(2) 11 ne l’a jusqu'à présent énoncée que dans ses cours, et non publiée par la voie
de l’impression. é
(56)
systèmes d'organisation devinssent le propre d'espèces de même genre;
c'est de cela que je fus convaincu en voyant la tête fossile de l'Himalaya.
Or m'étant:dit que:ce concours de: circonstances /n'était-possible, que si
toutes les raisons du nisus formativus se présentaient toutes à la fois. pour
produire-une giraffe, je ne pus restér.:un momenten-doute queles prolon-
gements frontaux étant semblables, ce caractère d’une:puissante indication
me révélait que dans les tempsantédiluviens , il avait existé.une, giraffe
d’un volume corporel supérieur à-celui des giraffes vivantes actuellement.
» Cette giraffe retrouvée pierre en Asie:dans les monts Himalaya ;: était-
ce bien l'ancêtre, la souche des espèces africaines du monde,actuel?, C’est
dans l’ordre des faits nécessaires, qu’il en existât dans le monde primitif
pour perpétuer les races jusqu’à: nos jours; mais elle est colossale, N'y
aurait-il ici qu’un fait de réduction, comme taille, imposé aux êtres
organiques de seconde #poque? Ces animaux n’auraient fait que-subir,une
action amoindrissante, et causée par un changement profond dans la na-
ture des milieux ambiants : ceux-ci alors, après de grands cataclismes, ou
après la lente: et miraculeuse influence du temps, auraient rejeté. l'état
météorologique de l'atmosphère dans une mesure de pénurie. Qu'on me
permette de hasardèr cette expression figurée, qui manque de la sévérité
exigée dans le langage de la science; je n’ai trouvé que cette manière inso-
lite pour traduire ma pensée.
» Voilà par quelle ‘série de déductions logiques: j'en vins à comprendre
promptement, mais toutefois seulement à priori, comment de tels arran-
gements devaient avoireu-lieu dans(le:monde-primitif, et avaient sans
doute donné de premières conformations ‘de giraffe. Or; ceci aperçu,
J'avais intérêt à en chercher les preuves par un travail fait à posteriori.
MM. Falconer et Cautley, qui m’avaient favorisé en m’envoyant leur
description, très heureusement fort étendue, laquelle ils avaient insérée
dans les journaux de Calcutta, en janvier 1836, et de plus, l'avantage
d'avoir trouvé, à point nommé leur mémoire traduit en français dans les
Annales des Sciences naturelles, cahier de juin dernier, m'avaient établi
en mesure de consulter sans-peine:les seuls:éléments publiés touchant le
gigantesque fossile: de l'Himalaya: : ainsi je possédai: les’ moyens de lire
utilement tous les nouveaux faits sur l’ostéologie dés giraffes vivantes: Or,
qu'y ai-je considéré? Une parfaite répétition sur tous les points quant
à la tête, répétition qui s'étend seulement aux rapports génériques. Les
dents, toutes les aspérités des reliefs, convexité comme concavité de la
face, mais surtout toutes les circonstances caractéristiques des prolonge-
(57)
ments frontaux ; voilà. ce qui me,parut manifestement perceptible sur a
planche instructive des savants anglais.
» Maintenant voici les différences spécifiques que je puis énoncer dans
un mot. La tête est plus concentrée d’avant en arrière dans la giraffe
des premiers âges de la terre, et plus svelte et allongée dans la giraffe
de l’époque actuelle. C’est justement et exactement dans la même mesure,
mais d’ailleurs dans un état inverse, ce que nous montrent les deux espèces
d'éléphants, e/ephas primigenius etelephas africanus, ces deux quadru-
pèdes aux têtes en effet si différentes. Celui-la est le mammouth des
Russes, l’éléphant fossile, et celui-ci, maintenu dans l’état vivant et en
Afrique, ases denticules à tranches en losange.
» Les différences des deux espèces sont si considérables que j'ai tou-
jours trouvé extraordinaire que Cuvier n’eût point élevé à la considéra-
tion de genre l’espèce antédiluvienne primigenius, quand il s’y était dé-
cidé pour les autres éléphants fossiles, lesquels n’offraient à l'égard des
éléphants vivants , d’autres différences que le fait de leurs dents molaires,
qui, au lieu d’être formées de lames transversales, avaient.une couronne
simple et de plus étaient hérissées de tubercules oumamelons. 11 y a de
trois à quatre espèces qui présentent, étant toutes dans l’état fossile, cette
configuration , et qui pour cela furent nommées mastodontes.
» Comment Cuvier n’a-t-il point considéré isolément l'éléphant mam-
mouth, n’a-t-il point vu dans l’excès de longueur de son crâne, un élé-
ment caractéristique pour un sous-genre? s’y refusa-t-il par réserve où
par suite d’une vue de théorie : Cuvier est resté sans en donner l'expli-
cation. On pourrait hasarder la conjecture qu’un calcul de théorie l'avait
préoccupé : le nom de primigenius , qu'il avait adopté, semblerait im-
pliquer la pensée qu'il aurait regardé le premier-né des éléphants dans
l'ordre des temps, comme la souche des espèces aujourd’hui vivantes.
Toutefois, telle ne fut nullement son idée : car, d'une part, le nom de primi-
genius, et les conséquences théoriques qu’il implique en soi, sont de l’inven-
tion de Blumenbach; et d'autre part, Cuvier, pour cela faire, tenait trop à
son principe de l’immutabilité des espèces; principe sur lequel reposait sa
foi de classificateur, contre lequel j'ai toute ma vie réclamé et qui est
présentement, je crois, rejeté de la pensée de tous les vrais et savants
zoologistes. :
» Comme il n’y a, pour former les traits différentiels des giraffes des
deux âges du monde, point d’autres ni de plus importants caractères ;
si j'écrivais dans le même esprit que Cuvier, je serais tenu de rapporter les:
(58)
conquêtes de nos jours sur la montagne de l'Himalaya, au genre camelo-
pardalis, et l'espèce gigantesque de MM. Falconer et Cautley, devrait né-
cessairement prendre le même nom spécifique primigenius, comme son
excellent et caractéristique terme dans ce cas.
» Mais selon moi, les deux naturalistes anglais avaient très utilement
pourvu aux besoins de la science en créant le genre sivatherium. Ils ont
donné pour titre à leur intéressant mémoire : Description du sivarnertum
GIGANTEUM, nouveau genre de ruminants fossiles de la vallée de Markanda,
dans la branche des montagnes inférieures de l'Himalaya.
» Le nom générique restera : it est bien spécialement parlant, et aussi
comme euphonie : seulement on peut lui reprocher son caractère d’étymo-
logie hybride. Il a pour objet de rappeler que c’est un animal trouvé dans
des lieux consacrés à la divinité indienne du nom de Siva.
» Je n’en puis dire autant du mot spécifique de giganteum; car la gran-
deur proportionnellement plus considérable de la giraffe de l'Himalaya,
est un caractère cominun à tous les animaux primitifs et antédiluviens.
Ainsi les teleosaurus et steneosaurus, eu égard aux crocodiles qui en déri-
vent; les mososaurus, geosaurus et megalosaurus , qui ont sans doute en-
gendré les monitors et autres grands lézards analogues; les dinotherium ,
les icthyosaurus et les plesiosaurus ; qui remontent plus avant encore
dans le lointain des siècles; me portent sous le rapport de causes à leurs
effets à des préoccupations incessantes. Puis, pour ne nous porter que sur
des mammifères; des megatherium et megalonix, qui nous ramènent à
l'idée des tatous; des lophiodons, à celle des tapirs; des spelearctos, aux
ours, etc., que de questions à méditer dans la circonstance présente |
» Or, en voilà, je crois, plus qu’il ne devenait nécessaire pour asseoir
son jugement sur la vraisemblance de plus de grandeur corporelle à
attribuer aux premiers habitants de la terre. Ainsi, un souvenir se sera
conservé de ces tailles colossales, dont quelques-unes se seraient plus
ou moins propagées durant des âges intermédiaires, pour disparaître enfin
sous l'influence de nouveaux milieux ambiants intervenus. Ainsi auront
été inventées les fables des Géants et des Titans, races taxées d’orgueil et ac-
cusées d'entreprises insensées contre le ciel; en sorte que finalement or:
aura attribué aux hommes eux-mêmes ce qui n’aurait été que le fait de
ces grandes formations dans lesquelles la vie aurait commencé à s'établir,
toutes formations produites avant la naissance de l’homme et dont des té-
moignages existent partout, conservés à l’état de structure pierreuse ou de
fossile, et également aussi dans ces colosses encore vivants actuellement et
(59 )
que récèle le sein des mers; telles sont ces autres merveilles des äges intro-
duites dans nos études zoologiques sous les noms de baleines, cachalots et
squales gigantesques.
» Comment en suis-je venu à donner ici cette philosophie? Tout ce que
j'en puis dire, c’est que je l'ai principalement puisée dans les principes de
la doctrine des faits nécessaires. Faudrait-il ici développer ces principes ?
Non, soyons prudents; et qu’au contraire cette philosophie reste une chose
de sentiment, suffisamment appréciée par les esprits élevés, qui, exempts
de préjugés , sont décidément capables d’en concevoir l'étendue et les appli-
cations. Au reste, ce qui m'a paru toujours évident instinctivement, je
veux bien et je dois en convenir, c’est que les espèces antédiluviennes sont
les parents directs, ou collatéraux, les ancétres desanimaux du mondeactuel.
» Je rappelle qu’afin de produire une démonstration satisfaisante dans
ces questions si vivaces et si saisissant l’imagination, qu’alors où nous
comptions encore Cuvier parmi nous, j'avais consacré plusieurs années de
courses et d'efforts à mes travaux sur le zeleosaurus et le steneosaurus
des environs de Caen. Pour conclure avec précision , je devais m’appuyer
sur la connaissance des pieds de ces animaux. Ces renseignements me
manquaient : je les savais existants, pour des yeux capables de les recueillir,
dans des cabinets à Oxford; je ne pus réussir à m’y rendre il y a trois ans.
J'ai essayé de reprendre dans l’automne dernier, sur les lieux mêmes, ce
plan de recherches, mais je fus gravement malade à Londres ; ce qui me
força de revenir de suite sur mes pas. Je ne puis donc traiter la haute
question qui me préoccupait et me préoccupe toujours, qu’à l’aide de mes
propres réflexions, et à priori ; et j'agis ainsi dans l'étendue de mes moyens,
fort insuffisants : £ravail ingrat !
» Pour en revenir au sivatherium , et pour conclure avec ce nouvel
élément de recherches, j’observerai que la détermination définitive et
radicalement scientifique de ce fossile, n’avait pu être donnée par
MM. Falconer et Cautley, en raison de ce qu’ils avaient eu le malheur
de se laisser trop vivement prévenir par les idées de Bonnet, concer-
nant la théorie de l'échelle des êtres. C'était un progrès de cette théorie,
c'était un chaînon de plus à trouver et à placer dans la série animale, que
MM. Falconer et Cautley s'étaient proposé d'offrir à la science.
» Voilà comme il entrait mieux dans leurs vues, à priori, de découvrir
un être mixte à ranger entre les pachydermes et les ruminants; en se fon-
dant sur une disposition des os du nez, ils ont supposé l'existence d’une
trompe, à laquelle je ne crois nullement. En définitive, il n’a manqué, et
C. R. 1837, 1° Semestre. (T. IV. N°92.) 9
(60 )
ilne manque à l'intéressant travail de ces naturalistes, auxquels nous som-
mes si redevables, que d’avoir reconnu et déclaré que le colossal quadru-
pède des basses montagnes de l'Himalaya, était une seconde espèce de ca-
melopardalis ; un sous-genre à introduire parmi les giraffes. »
RAPPORTS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— Jiapport sur une Lampe mécanique, présentée
par M. Lory fils.
(Commissaires, MM. Poncelet, Séouier rapporteur.)
« La première lampe dans laquelle l'huile fut élevée à l’aide d’un méca-
nisme d’horlogerie fut exécutée par l’horloger Carcel. Les dispositions de
toutes les parties de cet appareil d'éclairage furent si bien étudiées par
cet artiste, que plus de vingt années se sont écoulées, sans que son œuvre
ait recu de modifications importantes. Les changements qui-vous sont
aujourd’hui soumis, ne sont encore introduits que dans le mode de trans-
mission de la force du moteur à l'appareil élévateur de l'huile.
» Pour vous faire apprécier la différence qui existe entre le procédé
employé par Carcel et par tous ceux qui l’ont copié, et celui mis en pra-
tique par M. Lory, fils de l’horloger de ce nom, dont les travaux sont
justement appréciés par les amateurs de la belle horlogerie, permettez-
nous, Messieurs, de vous décrire très succinctement l’ancien et le nouyeau
moyen.
» Dans la lampe Carcel, le moteur est placé extérieurement, sous le
réservoir d'huile; il transmet son action à la pompe ou aux pompes
fixées à l’intérieur, au milieu de l'huile, sur le fond même du réservoir.
Cette disposition vous fait pressentir la nécessité d’opérer la transmis-
sion au travers d’une boîte à cuir, ou à l’aide de pièces parfaitement
rodées, pour s'opposer aux fuites du liquide. Le besoin d'une. fermeture
certaine apporte nécessairement une limite au jeu qu'il est possible de
laisser à cette partie du mécanisme; le moteur, par suite de cet em-
manchement, doit donc fournir, au-delà de la force nécessaire pour l’élé-
vation de l'huile, celle indispensable pour vaincre les frottements de
l'agent de transmission du mouvement.
» Aussi voyons-nous que Carcel employait prudemment , dans ses mé-
canismes, des ressorts d’une grande longueur , enroulés dans de gros
(61)
barillets, La valeur de cette pièce, la plus dispendieuse de tout l'appareil,
contribue pour beaucoup au prix élevé auquel ces sortes de lampes se
maintiennent.
» Pénétré de cette vérité industrielle et commerciale, qui devrait être
toujours présente à l'esprit de tous les auteurs de soi-disant perfectionne-
ments, qu'il n’y a perfectionnement réel pour le public que lorsque l’on
parvient à faire mieux et à meilleur marché, M. Lory a cherché à débar-
rasser l'invention Carcel de l’inconvénient grave quenousvenons designaler.
» Dans la lampe nouvelle le moteur est placé, comme dans l’ancienne,
sous le réservoir, à l'extérieur; la pompe est de même plongée dans l'huile
à l’intérieur; mais le mouvement , au lieu d’être transmis au travers d’une
boite à cuir ou d’une pièce rodée, est communiqué à la pompe à l’aide
d'une longue tige librement insérée dans un tube dont l'extrémité su-
périeure s'élève au-dessus du niveau de l’huile et dont lextrémité in-
férieure traverse le fond du réservoir auquel elle est soudée. Cette tige
de communication est ainsi complétement isolée au milieu du liquide; elle
se recourbe sur elle-même pour venir s’attacher au piston de la pompe élé-
vatrice que M. Lory a construite d’une manière aussi simple qu’économique.
» Cette innovation débarrassera la lampe Carcel de la perte de force que
nous avons signalée; elle la met complétement à labri des chances de
fuite d'huile auxquelles elle était assez fréquemment exposée; elle permet
aussi d'employer pour le moteur des ressorts plus faibles et moins coûteux.
» La disposition simple et commode de toutes les pièces du mécanisme
de M. Lory, dans lequel nous avons remarqué avec plaisir un mouvement
de va-et-vient obtenu par une combinaison analogue à l’échappement à la
Graham permet à cet artiste d'offrir aw public un appareil d’un prix ré-
duit, cependant d’un effet certain. Ce résultat nous a paru digne de votre
approbation. »
Les conclusions dé ce rapport sont adoptées.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Rapport sur une Balance de précision,
exécutée par M. Erxsr, ingénieur constructeur.
(Commissaires, MM. Becquerel, Séguier rapporteur. )
« Le constructeur de la balance qui vous ést présentée, n’a pas eertai-
nement la prétention d’appeler votre attention sur une invention nou-
velle. Il soumet simplement à votre judicieuse critique quelques disposi-
tions particulières apportées par lui dans la construction des balances de
haute précision.
9:.
(62)
» Le but principal que M. Ernst s’est proposé d’atteindre, a été de
faire mieux et plus facilement, par conséquent plus vite et à moindres
frais : voyons quels moyens il a pris et surtout s’il a réussi.
» Faire une balance dont le fléau puisse sans inconvénient être chargé
d’un kilogramme, et qui, sous cette charge, soit encore assez sensible
pour accuser un re tel est le problème que M. Ernst s’est pro-
posé de résoudre.
» Deux cônes en métal mince et bien écroui, joints ensemble par
leur base, forment le fléau, c’est-à-dire la pièce principale de la balance
qui vous est soumise. Cette construction, au premier apercu, semble
exposée à une plus grande résistance de la part de l'air ; mais elle rachète
bien cet inconvénient par une extrême légèreté, jointe à une parfaite
rigidité : les avantages de cette disposition peu usitée encore en France,
ont été reconnus depuis long-temps en Angleterre, où elle est adoptée
pour les balances de vérification dela marine royale.
» M. Ernst a cru devoir supprimer la grande aiguille indicatrice des
arcs d’oscillations.. Cette aiguille longue et flexible, doit former avec les
deux bras du fléau, des angles parfaitement égaux pour donner des in-
dications certaines; difficile à régler, exposée à un facile dérangement,
M. Ernst a pensé qu'elle pouvait devenir une source fréquente d’erreurs.
» Les arcs décrits par sa balance sont indiqués simplement par une
pointe attachée au sommet d’un des cônes, formant l’un des bras du
fléau. Ils sont observés sur un limbe divisé, faisant partie du suppont fixe
de la balance. *
» La division zéro de ce limbe est placée dans la continuation d’une
ligne droite passant par l'axe des cônes, lorsque le fléau est parfaitement
horizontal ; il importe pour tirer des inductions exactes, que la balance
soit dans cette condition.
» Cette relation de position entre le fléau et le limbe adhérant au sup-
port de la balance, peut être facilement et toujours rétablie à l’aide de vis
à caler, placées dans la base triangulaire du support. Sur cette base sont
encore posés deux niveaux à bulles d’air pour indiquer constamment si
cette condition existe et fournir les moyens de l'obtenir.
» Quelques autres ingénieux détails de construction méritent encore de
vous être signalés.
» Vous savez, Messieurs, que dans les balances de haute précision,
on doit faire reposer les couteaux sur un plan pour obtenir une grande
sensibilité.
( 63 )
» Le plus petit mouvement horizontal communiqué au fléau suffit alors
pour faire varier le point de contact des couteaux. M. Ernst ne pouvait ce-
pendant rien changer aux couteaux ni aux plans sur lesquels ils reposent,
sans compromettre la sensibilité de sa balance, il a eu la pensée de recti-
fier à chaque pesée la position du fléau au moment de son soulèvement,
les couteaux sont ainsi redescendus chaque fois sur leur plan, exactement
à la même place.
» La position du centre de grayité du fléau de cette balance est variable,
il peut facilement être amené soit au-dessous, soit sur la ligne même des
couteaux, la tendance de la balance pour revenir à la position horizon-
tale, sous des poids égaux, peut ainsi être augmentée ou diminuée à vo-
lonté.
» Les bras eux-mêmes du fléau sont susceptibles d’être ajustés et cons-
tamment ramenés à une longueur rigoureusement semblable par un mé-
canisme simple, qui permet d’éloigner ou de rapprocher les couteaux des
extrémités de ceux du centre.
» Ces modifications ingénieuses donnnent, à celui qui possède et met en
usage un tel instrument, le moyen de l’ajuster et le régler à son gré. Le
mode de construction adopté par M. Ernst lui permet de faire bien, vite,
par conséquent à bon marché; la plupart des pièces qui composent sa ba-
lance, sont exécutées sur le tour, le fléau lui-même est tout en surface de
révolution. Cette pièce délicate devient ainsi le produit constant d’un bon
outil, et non plus le résultat moins certain d’une main exercée.
» Vos Commissaires ont constaté eux-mêmes la sensibilité de la balance
.grésentée par M. Ernst. M. Dumas a bien voulu leur fournir le tribut de sa
profonde expérience. Ils ontreconnu qu’avecun poids de cinq cents grammes
dans chaque plateau, elle accusait l’adjonction d’un milligramme à l’un
d’eux.
» Vos Commissaires pensent en conséquence que la balance de M. Ernst
est digne de votre approbation. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
(64)
NOMINATIONS.
L'Académie, conformément à son règlement, procède par voie de
scrutin à la nomination d’un membre de la Commission administrative.
Le membre sortant peut être réélu.
Le nombre des votants est de 35. Au premier tour de scrutin,
M. Poinsot réunit. ... 29 suffrages.
M. Poisson.......... 3
MMBiot EEE SCT
M. Dupin. .......... 1
M. Poncelet. .....,.. 7
M. Poinsot est en conséquence proclamé membre de la Commission ad-
ministrative pour l’année 1837.
L'Académie procède également par voie de scrutin à la nomination d’un
membre appelé à remplir, dans la Commission pour le prix de statistique,
la place devenue vacante par le décès de M. Girard.
Au deuxième tour de scrutin, M. lie de Beaumont réunit la ma-
jorité absolue des suffrages, et est déclaré membre de la Commissio n.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS. dé
ruxsiQue. — Recherches expérimentales sur les divers phénomènes qui
concourent à l'effet général des Piles électriques; par M. Prrrwr.
(Commissaires, MM. Arago, Savart, Becquerel. )
L'auteur, dans la lettre d'envoi qui accompagne son mémoire, en
donne le résumé dans les termes suivants :
« Ce mémoire est destiné à remplir les lacunes qui existent dans l’en-
semble des phénomènes qui concourent à l'effet général des piles élec-
triques. Il est divisé en quatre parties.
» Dans la première, je détermine les limites des deux ordres de phé-
nomènes électriques en les mettant en regard; je fais voir que ces deux
ordres différant l’un de l’autre en tous points, ne sont jamais coexistants,
(65)
mais successifs : puis, je détermine par l'expérience la valeur des deux
mots quantité et tension dynamique.
» La deuxième partie traite des divers modes de produire des phéno-
mènes d'électricité dynamique, j'y fais connaître par des expériences nou-
velles, que la seule impulsion mécanique et le seul déplacement des mo-
lécules d’un corps homogène, produisent des courants dont le sens est
dépendant des ‘mpulsions données; jai mesuré le rapport qu'il y a
entre les quantités électriques obtenues et les quantités pondérales de
molécules altérées ; puis, dans le mode d’induction, j’ai reconnu que la
tension du courant croît comme le carré de l'intensité magnétique. J'ai
indiqué la cause de l’anomalie apparente qui existe entre le courant
obtenu et l’action chimique de certaines substances, comme le cuivre
dans l'acide nitrique.
» Il résulte en effet des expériences que j’expose, que, pour que les phé-
nomènes électriques se produisent, il ne suffit pas qu’une action chimique
ait lieu, il faut encore qu’elle ait lieu en contact et en adhésion avec le
métal conducteur; car si la molécule se détache aussitôt qu’elle est attaquée,
l'action chimique se termine au milieu du liquide, et l'électricité produite
n’est point perçue ni propagée, ou l’est très peu, et la neutralisation a lieu
au milieu du liquide où nage la molécule d’oxide,
» Je rappelle encore dans ce mémoire ce que j'ai déjà eu l'honneur de
faire connaître à l’Académie, c’est l’inutilité des formules de conductibilité,
tant qu’on n’y introduira pas la force des électro-moteurs.
» La troisième partie traite de la réduplication de l’élément primitif, ou
de la formation des piles. Elle n’est qu'une suite d’expériences variées,
propres à l'étude des parties qui entrent dans la constitution d’une pile. J'y
fais voir qu’en divisant un corps en fils fins, d’égale longueur au corps, ne
se touchant que par leurs extrémités, on obtient un courant plus puissant
qu'avec le gros fil du même poids que la totalité des fils fins; que la perte
est d'autant plus grande que les fils sont plus gros, et que de ces expé-
riences ressort la preuve des courants en retour dans les corps actifs.
J’y montre aussi combien la conductibilité est affaiblie dans les portions du
circuit où se produit l'électricité, et que c’est une des causes de l’état de ten-
sion des pôles. J'y confirme par expérience ce qui avait été énoncé par induc-
tion, la neutralisation de toutes les électricités intermédiaires d’une pile,
pour ne laisser libres quescelles des deux derniers éléments zinc et cuivre,
qui ne peuvent se neutraliser en retour.à cause,des. obstacles qu'offre la
réduplication des couples.
(66 )
» La quatrième partie traite des phénomènes statiques des piles ; j'ai
construit des instruments propres à leurs mesures ; ils m'ont démontré que
la tension statique croît beaucoup plus qu’on ne l'avait dit, que cette aug-
mentation est au moins comme le carré des couples actifs. Une expérience
nouvelle et fort curieuse m’a fait connaître la cause de cette augmentation
en même temps qu'elle est venue confirmer la neutralisation respective des
électricités intermédiaires des couples; elle repose! sur ce fait nouveau,
qu’en neutralisant une des électricités que produit un couple, ce dernier
émet aussitôt une nouvelle quantité des deux électricités dont on peut
encore en enlever une et laisser l’autre augmenter la tension déjà existante,
et ainsi de suite jusqu’à un maximum de tension, d’une seule électricité,
suffisante pour s'opposer à une nouvelle émission électrique. J'ai mesuré
aussi le rapport qu’il y a entre la polarité des couples et la perte de tension
qui en résulte.
» Enfin j'ai terminé ce long travail par la description des expériences et
des appareils nouveaux que j'ai employés pour démontrer la diversité de
puissance que les métaux possèdent pour coercer l’une ou l'autre électricité.
Cette puissance n’a rien de commun avec la force électro-motrice telle que
l'imagina Volta. »
CHIMIE APPLiQUÉE. — JVote sur un Savon fabriqué à froid, par
l'intervention du chlorure de chaux ; par M. P. Grovss.
(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet. )
L'auteur, dans cette note, ne décrit pas le procédé opératoire auquel
il a recours, procédé pour lequei il a déjà obtenu un brevet d’inven-
tion ; il se contente de faire remarquer les avantages qui résultent sous
le rapport de l’économie, de la fabrication à froid, et d'indiquer les avan-
tages qu'a, suivant lui, le savon ainsi fabriqué sur celui qui est fait à la
manière ordinaire.
Des échantillons du savon préparé par le nouveau procédé, sont joints
à cette note, pour être soumis à l’examen des Commissaires.
PALÉONTOLOGIE. — Vote sur trois espèces nouvelles de Coquilles
fossiles; par M. Rivière.
Q 3 . L2
Ces trois espèces sont les suivantes. ”:
1°. Ostrea Beaumontüi. « Cette huître, dit M. Rivière, avait, comme
l'ont d’autres espèces voisines , l'habitude de se réunir par groupes,
(67)
et les individus, attachés :ainsi les uns anx autres, forment :souvent des
masses assez considérables. On trouve cette espèce en très grande abondance
à l'ouest de Chantonnay, dans un calcaire argileux appartenant à la forma-
tion oolitique inférieure ; elle se rencontre encore assez loin de là, dans
le même terrain, aux environs de Saint-Maxens, département des Deux-
Sèvres ; enfin M. Élie de Beaumont croit l'avoir observée, et avec de sembla-
bles circonstances, dans la terre à foulon de l'Est de la France. Comme je ne
l'ai vue, poursuit l’auteur, que dans cet étage et dans le voisinage du lias,
je pense que si jamais coquille. fut caractéristique d’un terrain , l’Ostrea
Beaumonti doit l’être de celui où nous l’avons toujours reconnue. »
2°, Ammonites Cordierü. Cette ammonite a été trouvée au sud-ouest de
Chantonnay, dans un calcaire marneux appartenant à la formation ooli-
tique inférieure.
30, Belemnites Prevosti. Cette bélemnite a été trouvée au sud de Sainte-
Cécile, dans un calcaire marneux appartenant à la formation du lias
supérieur, où elle est associée à beaucoup d’autres restes de mollusques
céphalopodes, du genre Bélemnite, et dont les espèces les plus com-
munes sont les B. bicanaliculatus, Blainv., et B. tripartitus, Blainv.
puysique. — Découverte concernant les effèts magnétiques de l'aiguille de
la boussole; par M. Aranro.
CORRESPONDANCE.
mÉTALLURGIE. — Fabrication du charbon à l'aide de la chaleur perdue
des hauts-fourneaux et foyers de forge.
M. T4. V’irlet adresse à l’Académie des échantillans de ‘charbon fabri-
qués par ce procédé, dont il s'occupe, dit-il, depuis plus de deux ans, de
concert avec MM. Aouzeau-Muiron et Fauveau-Deliars, maîtres de forges
des Ardennes.
Dans la lettre qui accompagne cet envoi, M. Virlet insiste sur les mo-
tifs qui paraissent devoir rendre désirable la propagation de ce procédé.
« Si l’on se rappelle, dit-il, qu’en France le fer se fabrique presque
tout au charbon de bois, on sentira combien il importe qu’on adopte une
méthode au moyen de laquelle on arrive à économiser une grande partie
du combustible, qui se consomme en pure perte tant qu'on a recours aux
procédés grossiers en usage dans les foréts. Avec le mode ordinaire de fa-
C.R, 1837, 127 Semestre, (T. IV. N° 2:) 10
(68)
brication on n'obtient, comme on le sait, que 16 à 17 pour cent de char-
bon; avec le nôtre on obtient à quelques centièmes près toute la quantité
de carbone contenue dans le boïs, et avec une proportion d'hydrogène,
qui donne au charbon un pouvoir calorifique plus grand. Il y a à la fois
économie de o pour cent sur le bois et amélioration sensible dans les
produits. »
La lettre ét les échantillons sont renvoyés à l’examen de MM. Cordier et
Dumas.
rHysiQue. — Mesure des hautes températures.
M. J. Borchart réclame, en faveur de M. Hoëné Wronski, la priorité
d'invention pour le pyromètre à air que M. Pouillet décrit dans son
mémoire sur l'évaluation des hautes températures lu à l’Académie, dans
la séance du 26 décembre dernier.
(Renvoi aux Commissaires désignés pour examiner le mémoire de
M. Pouillet. )
M. Cambessedes écrit que, retenu loin de Paris par des affaires de
famille qui semblent devoir se prolonger, il renonce, en ce moment, à se
présenter comme candidat, pour la place devenue vacante, dans la section
de Botanique; par le décès de M. A.-L. de Jussieu.
M. Cambessedes rappelle que, lors de la dernière présentation, son
nom fut placé au second rang , sur la liste des candidats.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La section de botanique présente, par l’organe de son Président,
M. de Mirbel, la liste suivante de candidats pour la place devenue va-
cante dans cette section, par le décès de M. A.-L. de Jussieu :
1°. M. Gaudichaud;
2°, MM. Decaisne et Guillemin, ex æquo ;
3°. M. Montagne.
Les titres de ces divers candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans
la séance prochaine; MM. les Membres seront prévenus par billets à do-
micile, F.
Erratum du Compte rendu. (Séance du 2 janvier 1837.)
4° Mémoire DE M. Cnevreur. — Page 5, ligne 29, au lieu de, de la cochenille , lisez :
du bois de santal.
( 69 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1°° semestre 1837, tome 4, n° 1, in-4°.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »'Orteny; 20° livraison,
in-4°.
Histoire naturelle des Iles Canaries ; par MM. Wess et BertueroT; 15° li-
vraison, in-4°.
Voyage dans l'Inde ; par M. V. Jacquemonr ; 11° livraison , in-4°.
Mémoire sur un nouveau Procédé de carbonisation , dans les usines ;
parM. Tu. Vircer (Extrait des Annales des Mines) ; Paris, 1836, in-8°.
Précis statistique sur le Canton de Liancourt, arrondissement de Cler-
mont. (Oise) (Extrait de l'Annuaire de ce département, pour 1837); in-8°,
Précis statistique sur le Canton de Méru, arrondissement de Beauvais
(Oise) (Extrait de l'Annuaire de ce département, pour 183: ); in-8.
Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome 9
L
septembre et octobre 1836, in-8°.
Bulletin général de dope médicale et chirurgicale ; par
M. Miquez; tome 11, 12° livraison, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; nouvelle série, n° 11, novembre
1836, in-8°.
Di una salita.....Ascension au Saint-Bernard; par M. Front , de
Turin ; Turin ; 1836, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; n° 12, 22° année, dé-
cembre 1836, in-8o,
Indication des Travaux relatifs à l'organographie et à la physiologie
végétales, à la botanique descriptive et appliquée; par M. Guisceu ; une
demi-feuille in-4°.
( 90 )
Gazette médicale ; tome 5, n° r,in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; 10° année, n° 1 — 3, in-4°
Écho du Monde savant; n° 52.
La Presse médicale ; tome 1°", n® r et 2, in-4°.
? ’
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 16 JANVIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PALÉONTOLOGIE. — Sur le Chameau fossile et sur le Sivatherium
des Sous-Himalayas méridionaux ; par M. H.-D. de Brarviczr.
« M. Geoffroy vient de placer, sans l’avoir préalablement communiqué
à l’Académie, dans les Comptes rendus de la dernière séance, un assez
long article pour proposer de rapporter au genre Giraffe (Camelopar-
dalis, L.) le nouveau genre Sivatherium , trouvé fossile au bas du versant
méridional de l'Himalaya, et établi dans le Journal de Calcutta, pour 1836,
par MM. le docteur Hugh Falconer et le capitaine Cautley. Dans ce même
article, M. Geoffroy commence par déclarer, sans apporter, il est vrai,
aucune raison à l'appui, que la détermination que j'avais donnée en
adoptant la manière de voir de M. Henry Durand au sujet d’un crâne de
chameau fossile dans les mêmes terrains, n’était nullement justifiée par
l'apport sur le bureau d’un crâne de chameau, ce crâne sorti de la
collection d'anatomie. C'était cependant, suivant moi, le seul moyen
d'y parvenir, en fournissant le second terme de la comparaison. Quoi
C. R. 1837, 1®7 Semestre, (T. IV, N° 5.) 1}
1( 729) ;
qu’il en soit, c'est contre ces différentes assertions, la dernière exceptée
cependant, que je prends la liberté de m’élever, en assurant, autant que
cela sé peut d’après des dessins toujours plus ou moins incomplets, ces
trois points :
- »1°. Le crâne dont le dessin a été envoyé par M. H. Durand, n’a pu
appartenir qu’à une espèce du genre Chameau,; 2° il ne peut, en-aucune
manière, être rapporté au Sivatherium ; 3° le Sivatherium n'était certai-
nement pas une giraffe.
» Pour le premier point, je mets de. nouveau sous les yeux de
Académie , le dessin envoyé par M. Durand, à côté d’un crâne de cha-
meau, par un heureux hasard de même âge et de même grandeur, sorti,
il est vrai, comme le fait justement observer M. Geoffroy, de la collection
d'anatomie comparée, ce qui n’empéchera pas, J'espère, de reconnaître par
la forme de l’occiput et de sa crête, par celle des pariétaux fort allongés,
au contraire des frontaux beaucoup moins étendus en arrière que dans
les ruminants cornigères, et n’offrant d’ailleûrs aucun indice de prolonge-
ments frontaux, qu'il y a une parfaite ressemblance entre l’objet figuré A,
et le crâne. mis à côté B, d’où l’on pourra conclure que l'opinion de
M. Durand est pleinement justifiée. Ajoutons que les auteurs du mémoire
sur le Sivatherium ont fait la remarque que le lieutenant Baker (compa-
gnon de M. Durand) leur, a montré des preuves indubitables de l’exis-
tence d’un élan et d’une espèce de chameau, dans les mêmes terrains.
(75)
» Pour le second point, il ne sera pas moins facile de reconnaître par
l'inspection simultanée de la figure donnée par M. Durand, et de celle
du Sivatherium, que, sans parler de l'énorme différence de grandeur, il n’y
a sous aucun rapport de forme générale, de proportions de parties, pas
la moindre ressemblance entre ces objets; ainsi locciput, le front, l’ori-
gine de la face, la ligne supérieure et inférieure du crâne, l'orbite, etc.,
différent autant qu'il est possible, comme l'Académie pourra s'en con-
vaincre en rapprochant les deux figures À et C.
» Pour la troisième assertion, le Sivatherium n’a aucun autre rap-
port avec la giraffe, que ceux d’appartenir au même ordre des ruminants,
il suffira aussi d'examiner comparativement la tête du Sivatherium d’après
le dessin donné par MM. Hugh Falconer et Cautley, avec celle de la giraffe
que je mets sous les yeux de l’Académie; en portant son attention sur
les considérations suivantes.
IN IE
Pin Dans le Sivatherium, la forme générale de la tête est en coinou
triangulaire, très élargie en arrière, avec le vertex élevé; très raccourcie
au contraire ét atténuée en avant, n’offrant que deux rétrécissements, l’un
médiocre derrière les orbites, et l’autre très marqué en avant des M biics 5
la ligne médiane supérieure rapidement ascendante de l'extrémité UE
rieure à la postérieure, et l’inférieure , au contraire, relevée fortement et
brusquement dans sa partie vertébrale, sur la partie maxillaire, un peu
II..
(74)
comme dans les rhinocéros, de manière à ce que la tête, posée sur un
plan, et appuyée sur les dents, les condyles occipitaux en sont très distants
par leur élévation.
» Dans la giraffe, au contraire, la tête est longue et étroite, courbée
presque également, suivant sa longueur, dans toute la ligne médio-supère
et médio-infère, de manière à toucher vers ses deux extrémités le plan de
position. Sa plus grande largeur est en outre, non pas en arrière, mais au
milieu, dans le diamètre orbitaire,, s’atténuant aussi bien en arrière qu’en
avant. s
»#°. Dans le sivatherium l’occiput, ou mieux le vertex, est extrèmement
remarquable, parce que, ayant une hauteur assez grande, il se dilate de
chaque côté en une protubérance considérable, et telle que, MM. Falconer
et Cautley ont pu douter si ces protubérances ne se prolongeaient pas en
cornes ; alors il faudrait admettre que, comme dans les bœuts, cet élar-
gissement postérieur de la tête serait formé par le frontal : aussi MM. Fal-
coner et Cautley disent-ils que le crâne, mutilé dans la région pariétale,
paraît, sous le rapport de la jonction des pariétaux avec les frontaux, avoir
été comme dans le bœuf.
» Dans la giraffe l’occiput est au contraire plutôt rétréci que dilaté , et
n'offre aucun indice des protubérances latérales du Sivathermun; le frontal
qui portant en partie les épiphyses des fausses cornes étant bien loin de
s’avancer jusqu’à la face occipitale de la tête. i
» 3°. Le front est surtout fort remarquable dans ce dernier, non-seule-
ment par sa largeur et par l’excavation desa moitié supérieure, mais surtout
parce que entre les orbites, et un peu au-dessus et en arrière, s’éle-
vent d’une base large, et insensiblement du frontal, deux grandes pro-
tubérances courtes, coniques, lisses ou sans rugosités, un peu diver-
gentes entre elles, et se portant obliquement en avant.
» Or, il n'y a absolument rien de semblable dans la giraffe, dont le
front, au contraire, au lieu d’être large et excavé, est bombé et s’é-
lève en une sorte de crête médiane ou de bosse comprimée portant
l'épiphyse corniforme médiane si caractéristique de cet animal.
» 4°. Quant aux prolongements dont la tête est armée, il ne peut
y avoir davantage de comparaison , ni pour le nombre, ni pour la posi-
tion, ni pour la structure.
» Dans le Sivatherium c’étaient sans doute de véritables cornes, car
le prolongement osseux se continue sans interruption avec le frontal;
et si dans la figure il semble que du côté droit la cheville soit séparée
(75)
par une suture, cela est évidemment dû: à une fracture partielle, dont
il n’existe aucune ‘trace sur l’autre côté. En outre, ces cornes n’étaient
qu’au nombre de deux ou de quatre, deux sus-orbitaires et deux sub-
occipitales, comme dans l’Antilope quadricornis.
» Dans la giraffe, au contraire, il n’y a pas de cornes proprement dites;
mais la peau, soulevée pour ainsi dire en deux ou trois endroits, suivant
les sexes, est soutenue par des épiphyses singulières, toujours pleines,
quoique vasculifères, ayant plus de rapports avec un bois de cerf qu'avec
une corne, toujours plus ou moins creuse et en communication avec
les sinus frontaux.
» D'ailleurs, ces prolongements frontaux sont, dans la giraffe, au nom-
bre de trois, un médian au milieu du front, et les deux autres sur la
suture fronto-pariétale.
» 5°. Les orbites dans le Sivatherium, comme dans la giraffe et comme
dans tous les ungulogrades , sont fort éloignés entre eux ou écartés ;
mais ils sont très petits, et le plan de leur ouverture tout-à-fait latéral dans
le premier, tandis qu’ils sont très grands et antéro-latéraux dans la se-
conde, disposition qui devait considérablement rt la physionomie
du premier de ces animaux.
» 6». La face est courte, large et massive dans le Sivatherium, ce qui est le
contraire dans les ruminants en général, et dans la giraffe plus que dans
tout autre, et ce qui rappelle un peu ce qui existe chez les éléphants.
» 7°. Les os du nez sont courts, arqués, et s’avancent beaucoup au-delà du
bord postérieur de la fosse nasale chez le Sivatherium; ce qui lui donne
quelque ressemblance avec le rhinocéros, et surtout dans la figure, à cause
de la troncature du museau ; tandis que dans la giraffe, au contraire, ces
os sont fort longs, très larges en arrière, atténués et bifides en avant, et
dépassant à peine l’origine postérieure de la fosse nasale.
» 8°. Les arcades zygomatiques ne sont nullement proéminentes; elles
sont longues et se portent en avant pour aller joindre l’apophyse corres-
pondante de los jugal , disposition qui se trouve également dans la gi-
raffe et dans les autres ruminants ; ce qui, pour le dire en passant, semble
assez fortement en contradiction avec la figure donnée qui représente une
arcade zygomatique large, épaisse, ayant une certaine ressemblance avec
celle du rhinocéros , mais peut-être à cause de la roche qui cache plus ou
‘ moins le véritable état des choses.
» 9°. Enfin, les dents molaires, au nombre de six, comme dans tous les
ruminants, ayant surtout beaucoup de ressemblance avec celles du cha-
(96)
meau, sont cependant beaucoup plus épaisses que larges ; mais en outre
les trois postérieures présentent dans la forme du croissant interne de
leur surface triturante, qui, au lieu de se courber simplement, se plie
en zigzag ou en sinuosités profondes, un peu, comme dans lÆlasmo-
therium. et même dans l'AÆnoplotherium ; une disposition qui n’a nulle-
ment lieu dans la giraffe, pas plus que dans aucun ruminant connu jusqu'ici.
» Je pourrais avec la plus grande facilité rapporter encore beaucoup
d'autres preuves contre la proposition de M. Geoffroy, en les puisant
dans le mémoire des auteurs cités, ou bien dans une comparaison plus
détaillée de la tête du Sivatherium, avec celle de la giraffe; mais*pour
abréger, j'aime mieux présenter ici la copie de la figure donnée par
MM. Falconer et Cautley, d’après une tête tronquée un peu en avant et
en arrière, et dont toutes les sutures complétement soudées ‘indiquent
un animal plus qu’adulte, à côté de celle d’une giraffe, réduite au sep-
tième. On y: trouvera, j'espère, la preuve évidente que le Sivatherium était
réellement quelque chose de très extraordinaire , une grande espècê d’an-
tilope, plus hideuse encore que le Gnu (Æntilope gnu, L.), à tête courte et
pesante, à crâne très relevé et surtout très élargi en arrière, portant peut-être
deux paires de cornes, une plus petite en avant.et une autre tout-à-fait
en arrière comme dans l’aurochs, à face et figure de rhinocéros, pourvu
de très petits yeux latéraux, et sans doute de grandes lèvres, peut-être
même d’une trompe nasale, comme le pensent MM. Hugh Falconer et
Cautley, et dont le col et les membres devaient être en proportion, c’est-
à-dire robustes et solides, et assez peu élevés, tout au contraire de ce
qui existe dans la. giraffe animal dont toutes les parties de l’organisation,
les proportions. et les allures si particulières, indiquent un habitant des
vastes pays de plaines et de forêts, et nullement de lieux plus où moins
montueux.
» Je termine en priant l’Académie d’excuser l’étendue que j'ai donnée
à ma réclamation et à ma réfutation des assertions ou des propositions
de M. Geoffroy ; mais l’étude des fossiles ne se bornant pas à la considé-
ration zoologique, c’est-à-dire à remplir les lacunes de la série animale,
et s'appliquant à fournir à la géologie un de ses éléments les plus im-
portants pour la résolution des grandes questions étiologiques dont elle
s'occupe, il faut craindre que ces éléments faussés ou exagérés ne la con-
duisent de nouveau à des hypothèses dont elle a eu tant de peine à se
débarrasser vers la fin du dernier siècle, et qui ont arrêté si long-temps
ses progrès. »
C7)
PALÉONTOLOGIE, — Du Sivatherium de l'Himalaya, comme offrant
un cas analogue de terrain et de degré d'organisation à l'éléphant
mammouth, et comme contribuant à l’enseignement des causes in-
cessantes et graduelles modifiant les formes animales dans les âges de
la terre; par M. GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
« À l’occasion de ma communication de la dernière séance, que. je
n’ai point lue, et que j'ai toutefois imprimée en son entier dans le Compte
rendu dernier n° 2; et, afin de montrer ce qu'apportent au domaine de la
science les faits d’une nouvelle giraffe dans l’état fossile, je présente les
réflexions suivantes :
» Je peñse qu'il existe présentement instruction et maturité suffisantes
de progrès continus, pour que l'esprit humain se porte avec avantage
sur les conséquences de mon dernier mémoire, et pour que_je puisse
enfin me permettre , même au sein d’une Académie distribuée en sections et
occupée de considérations spéciales, d'émettre à profit quelques vues con-
jecturales sur l’ordre ancien de la terre. Selon moi, non-seulement cela
devient possible, mais c’est maintenant d’urgente nécessité, que d’arriver
avec fermeté sur l’essence des formes animales et sur l’histoire de leurs
modifications lentes et successives, ainsi que ce fut sans cesse le trayail
des siècles, sous l’action de changements, simultanés dans les milieux
ambiants. C’est à cet effet qu'ayant traité, dans |a dernière séance,
de l'existence du sivatherium comme fait particulier, j'avais réservé pour
aujourd’hui les déductions à demander à ce sujet, et dont je pense ne de-
voir parler.ici qu’en raison de leur caractère conjectural, et pour poser
des jalons à s’en aider et à guider dans des recherches ultérieures.
» La foi à l’existence d’un principe exclusivement dominateur et ap-
pliqué à l'essence des classifications en histoire naturelle, le principe de
limmutabilité des espèces, cette conviction des, premières études chan-
celle, cornme s'étant usée, et dès-lors perdue au sein de la plénitude de
ses services; cette croyance devait finir comme atteinte d’impuissance
pour y persévérer. C'était uniquement une vue de l'esprit qui est venue
s’anéantir dans une impasse, revéler et constater la clôture du siècle de
Cuvier, de ce temps trop exclusivement rempli par des descriptions et
des classifications.
» Ce sera donc l'objet principal, et j'ajoute, le but. glorieux de l’ère
qui commence, que d'entrer en recherches sur le caractère et les con-
ditions des faits zoologiques d’avant la naissance de l’homme. Et en effet,
(768)
est-ce dans l'essence de ce grand avènement , l'apparition de l’homme
sur la terre, que nous devions rester privés des faits de ce mystérieux
enfantement; nous sommes toutefois servis par quelques renseignements
concernant les préludes, le berceau et généralement des dispositions
comme prises àl’avance pour cette naissance miraculeuse. L’homme n’existe
point encore, que déjà tout un monde zoologique suit le cours d’ad-
mirables et de progressifs développements. Tout ce travail, voilà ce qui
constitue les grands jours de l’œuvre de la création, ce que je com-
prends comme formant les jours historiques et philosophiques de la
Genèse. Tels sont d’abord l’ordre et le caractère des exigences de ce tra-
vail dans le temps, qui conséquemment, préparent le plus éclatant évé-
nement de la terre, et qui amènent enfin l’accomplissement dé la sixième
journée.
» Or, cette sixième journée attend du savoir de nos jours une para-
phrase synthétique, le témoignage précis d’une intelligente admiration
pour une si magnifique manifestation de la puissance créatrice, dès que
la venue de l’homme sur la terre a pour objet de coordonner et d’a-
chever le sublime arrangement des choses, en ce qui concerne la petite
planète de notre coin de lunivers, abandonnée désormais aux ébats de
son nouvel habitant.
» Or, ce n’est point pour arriver à des effets de style et pour intéresser
par des accents poétiques, mais sérieusement et comme physicien, que je
me sers ici de ces termes et en quelque sorte de ces formes explicatives. Car
c’est après y avoir réfléchi profondément, que j'ai, il y a quelques semaines,
imprimé que la science confirme plutôt qu’elle ne nie, que les révélations
de nos livres sacrés sont œuvres émanées ou de Dieudirectement, ou
provenant sous son inspiration de l’enfantement providentiel de la
philosophie rationnelle.
» Avant d'arriver à engager l'Histoire naturelle générale, dans cette voie
dont le résultat serait cependant de concentrer toutes les philosophies
partielles dans l'unité, il faut en venir à déblayer les routes des fausses
données qui les encombrent, principalement des idées qui ont long-temps
régné avec autorité, et qui aujourd’hui ne doivent plus être considérées
que commeautant de préjugés fâcheux.Or, dans ce nombre je place d’abord
les règles actuelles des classifications, celles qui se fondent sur la croyance
que la nature à pris un soin extrême à empêcher l’altération des espèces,
à maintenir fixes les formes dans les êtres organisés.
» Avancer aujourd’hui comme un fait reconnu expérimentaiement ,
(79 )
qu'une espèce.se développe et seporursuit dans sa descendance par voie
d'une génération stationnaire, selon des conditions à elle prescrites, dès
l'origine des temps, répétantexaetement les faits des lignées ascendantes,
c’est confondre ce qui devient le propre d’un âge de l'humanité, et ce qui
a lieu de nos jours dans le cencle d’une seule période, avec ce qui se passe
d’une manière illimitée, dans le temps et dans l’espace, pour rester pro-
videntiellement |et! nécessairement assujetti aux faits d’innéités, qui sont
dans le caractère de l’éternelle mutation des choses. Tout ainsi que la
raison des choses nous l'enseigne, c’est de cette facon que se doivent com-
prendre les retours génésiaques de toute existence dans l’imivérs.
» Mais. sans traiter maintenant à fond de ces points et avec détails, ce
qu'on pourrait essayer de contester, qu’il me suffise aujourd'hui d’invoquer
et de reprendre une précédente philosophie, laquelle s’est trouvéé rejetée
dans l'ombre, comme cela arrive à tonte idée promulguée par le génie,
mais produite trop. en avant de celles’ de son siècle : j’entends parler de
cette doctrine éclipsée par l’activité incessanté et exclusive des travaux
particuliers, travaux assidus et accumulés des descriptions et‘des classifica-
tions. A. .ces vues synthétiques, il appartient de reparaître aussi utile-
ment que glorieusement, car la science ne pouvait rester plus long-temps
acculée devant l’impossibilité de lier tesdeux âges de la zoologie, lés êtres
de l’ancienne création et ceux vivant dans l’étatmodernie: Ce sera done et
c'esteffectivement une nécessité de récourir ét de revenir aux idéés posées
par le plus grand penseur sur-la nature’, qui ait été accordé à humanité.
» Ce maître puissant fut notre immortel Buffon : il avait écrit en 1778,
idées méconnues par Cuvier, que la nature se’ montré constämment
la même, mais cependant qu’elle roule dans ün mouvement continuel de va-
riations successives , d'altérations sensibles, et qu'en définitive elle se prête
à des.-combinaisons nouvelles, à des mutations de matières ‘et de formes, se
trouvant différente aujourd'hui de ce qu’elle était au commencement et de
ce qu’elle est devenue:dans la süccession des temps. Or, quand'jé développais
les principes de cette école, que Goëthie renouvella depuis, et qu’il propa-
gea en Allemagne sous le nom de Philosophie de la nature, je n'étais
qu'un disciple de Buffon, ferme en ma croyance , parce que j'avais foi en
ia parole du maître. Cela étant, Pourquoi, au moment de la lutte de 1830,
cette entreprise faillit-elle à me faire passer pour un novateur dangereux ?
» Sachons oublier: et que nous puissions présentement considérer que
notre sol, nos champs de l’histoire naturellé"sont enfin désobstrués de ces
vives et trop exclusives prétentions des travailleurs de premier àâge : car
C. R.1837, 1eF Semestre. (T. IV. No 3.) pe
(80)
nous entrons dans les jours de l’avenir ou de second âge, dans ce qui
va désormais constituer l’èreunitaire des recherches synthétiques, les seules
capables de porter sur le savoir et la raison des choses: rerum cognoscere
causas.
» Ainsi voilà des résultats que je veux aujourd'hui me borner à énoncer :
un mémoire spécial en dira plus un autre jour. Le caractère fondamen-
talement différentiel qui distingue le monde antédiluvien du monde
moderne et qui se propage au prorata dans les formes animales , est une
grande différence dans la température des milieux. Soit le refroidissement
de la terre, eu égard au feu central; soit une diminution et soustraction
d’oxigène dans l'atmosphère, l’oxigène bien davantage que l'azote étant
parvenu à former la substance des pierres calcaires; soit les effets de l’ali-
mentation due d’abord aux plantes monocotylédones, puis aux végétaux
dicotylédons, tantôt à l’une de ces causes et d'autrefois toutes agissant
simultanément, voilà des éléments incontestables pour convertir un
milieu ambiant premier en date, dans la qualité d’autres milieux ambiants
successifs ; voilà des causes à assigner à la mutation des formes animales; et
seraient-elles universelles à chaque cycle, il y a dès-lors coïncidence dans
ces mêmes faits correspondants ?
» C’est une question que j’examinerai plus tard, comment il ÿ a eu plu-
sieurs cycles pour lenfantement des animaux fossiles aux conforma-
tions les plus dissemblables? comment il y a-eu cycle ichtyosaurien, dino-
thérien, etc., et terrains différents à leur sujet? Pour rester au plus près
des faits qui s’écartent le moins des conditions de notre äge moderne,
je ne veux employer ici que les. animaux fossiles des terrains tertiaires, la
_giraffe Sivatherium, l'éléphant primigenius et tous autres cas analogues;
c’est-à-dire que je me propose de ne considérer que des formes animales,
ayant été disséminées dans des époques contigués, où fut une nature sem-
blable comme genres, et diverse comme espèces. Dans cette occurrence,
il y a éléphant et giraffe dans le monde antédiluvien comme rapports gé-
_nériques; mais dans le monde postérieur, ce sont toutefois d’autres espèces
à différences tranchantes. ;
» Si je me réfère aux propositions de mon Mémoire de la séance der-
nière, les différences comme volume profitent surtout aux animaux les
plus anciens. Que conclure de cette remarque et des citations précé-
dentes ? C'est qu’il ne s'exerce point là d'autre influence essentielle au sujet
de ces animaux, d’autres causes modificatrices, qu'une différence dans la
température des milieux : or ces causes n’apportent dans les organes qu'une
(81)
bien légère perturbation, dans tous propagée au prorata. Ainsi, il y a dans
les espèces, d’un monde à l’autre, conservation des traits communs et gé-
nériques, puis différences à leur sujet constatant un degré organique plus
ou moins saillant, et ne révélant qu’une altération dans’la proportion des
parties.
» Pourquoi d’aussi grandes ressemblances ? Elles tiennent à l'identité des
matériaux et à la raison d’affinité qui découle d’une même essence; le misus
formativus est tenu et ne manque point d’intervenir de la même sorte.
» Mais pourquoi des différences cependant? Nul doute que celles-ci ne
soient causées par les distances respectivement diverses des molécules, et
que ce ne soit la température qui, diverse, n’intervienne modificative dans
lun et l’autre monde.
» Qu'un animal ait la fièvre, on dit de lui qu’il a le sang enflammé; les
molécules sanguines roulent dans leurs vaisseaux qui en sont distendus :
s'il en est fait des versements aux confins du travail organique, les dépôts
sont d’une! façon dans l’état fiévreux et d’une autre dans l’atonie.
» Réfléchissant à ceci et faisant application de ces vives actions, les-
quelles dépendent de l’état conditionnel ou essence des molécules , je
conclus que le même genre, dans le monde antédiluüivien , représenterait le
cas de l’animal toujours fiévreux, et que chaque espèce de l’état moderne
serait modifiée par l’action contraire. Dans le premier cas, le tissu cellu-
laire serait confectionné par une trame avec alvéoles plus larges, et dans
l'autre cas, par des arrangements inverses, ou par des alvéoles plus
étroites.
» Je n’ai hasardé ces conjectures qu’afin d'établir par un exemple plau-
sible, qu'il est possible de concevoir la transmission des formes animales
d’un état antécédent au suivant, s’il y a changement à ceteffet, dans les
milieux ambiants. On m’a formellement contesté ( Dictionnaire de la
Conversation, t. XXX , p.125) qu’il eût suffi d’une seule création pour
l’'accomplissement des fonctions de l’univers durant la série des siècles.
La zoologie fossile atteste l’anéantissement de plusieurs espèces, et il
devient déraisonnable de croire que les animaux d’aujourd’hui soient
descendus de ceux du monde antédiluvien : des formes animales dis-
semblables ne se peuvent déduire les unes des autres. Voilà l’objection;
et l’on ajoutait que Cuvier resterait le seul: naturaliste sage et religieux
de son âge : car on lui attribuait la pensée que Dieu aurait été con-
traint de remanier les: choses de la création, au moins dans une prin-
cipale circonstance. On pourrait répliquer, ce me semble, à ce senti-
12.
(82)
ment religieux, que s'il. est déjà plus logique et. de:mémeplus dans.le
caractère, de l'observation, de: croire. à la continuité de mêmes allures,
ilest, certes, plus moral et plus respectueux d'admettre les immuables
desseins de la sagesse éternelle: Le génie divin a pu très facilement con-
cevoir et a dû, une bonne fois pour les âges futurs, prescrire toutes
mesures appropriées à l’arrangement des : choses: Comment:une ‘aussi
étroite idée ! on recourerait ainsi à un, Dieu de tragédies grecques, pour
déméler des complications poussées à l'extrême!
» C'est à ces divagations que je songeais, en déclarant plus haut d’ur-
gente nécessité d'en venir à réfléchir présentement à ce que fut probable-
ment l'ordre ancien de la terre. J'entrevois là un fonds d’études pour l’ère
philosophique et unitaire qui commence; car il y a beaucoup .de vérités
à chercher dans cette direction; et, peut-être qu'il en sera de ces études
de l'antiquité de la terre, comme des recherches si profitables pour l’âge
actuel touchant les questions historiques de l’état social. IL y a tant à ap-
prendre en, comparant des termes opposés dans toute recherche, et en y
cherchant les influences réciproques.du passé sur le présent et.duiprésent
sur les événements consommés dans le passé.
*
» Nora. M. de Blainville a réclamé, dans une vive improvisation, contre la justesse de
ma déterminätion du siatherium , attribuée au genre Giraffe. J'ai annoncé que je
répondrai à ses remarques lorsqu'il les'aura consignées dans un Mémoire écrit ; et Je
me!flatte devle faire avec quelque bonheur, et'peat-être utilement pour leilecteur, au
moyen de l’exposition de quelques principes zoologiques encore-peu connus.»
CHIMIE APPLIQUÉE. — Nouvelles observations sur les chaux hydrauliques
magnésiennes; par M. Vicar.
« M. Berthier a élevé quelques doutes (Annales des Mines, tome 18,
page 480) sur l'exactitude du fait chimique: que j'ai eu l'honneur de eom-
muniquer dernièrement à l’Académie ; savoir, que la/magnésie, lorsqu'elle
intervient en proportions de 30 à 4o parties, peut rendre hydraulique
4o parties de chaux très pure.
» Par déférence pour l'opinion de ce savant chimiste, j'ai vérifié de
nouveau la synthèse qui a servi de base à ma conclusion ; et pour écarter
les causes possibles d'erreur, j'ai prié M. l'ingénieur en chef des mines
Gueymard (dans le laboratoire duquel j'ai opéré) de choisir.et de vérifier
lui-même les carbonates de chaux‘et'de magnésie destinés à l'expérience.
» En conséquence, il a été mis à ma disposition, 1° du marbre blanc
du Val-Senestre (Isère) qui sur 100'parties contient :
Silice. ....4....4.. ... 0,068
Carbonate de magnésie. 0,020 £, 100
Carbonate.de chaux. .. 99,912
2° du carbonate de magnésie des pharmacies, qui contient :
Magnésie. ....sss.ess : 46,00
Acide carbonique..... 51,60 ? 100
Eau. ,.... HAT 2,40
» La silice, comme on le voit, n'intervient pas pour 2 dans le cal-
caire du Val-Senestre, et son influence reste par conséquent insignifiante.
» Ayant calciné, jusqu’à expulsion presque complète de l'acide carboni-
que, plusieurs fragments de ce calcaire, j'ai obtenu de la chaux pure à
moins d’un millième près, et j'en ai pesé 44 parties; j'ai pesé également
80 parties de carbonate de magnésie, représentant 36,80 de magnésie
anhydre. La chaux a été réduite en laitance par l'extinction , et mélangée
avec le carbonate de magnésie préalablement pulvériséiet passé au tamis
de soie. Après une trituration long-temps prolongée, le mélange, trop li-
quide pour être manipulé, a été rapproché par dessiccation, puis divisé
en boulettes, et ainsi introduit dans la moufle d’un fourneau à cou-
pelle, où il a subi environ 4 heures de bonne chaleur rouge.
» La chaux factice ainsi obtenue a fusé promptement et avec vive
effervescence dans l’eau. Réduite en pâte de bonne consistance, placée
ensuite au fond d’un vase et recouverte d’eau, elle a fait prise en moins
de huit jours ; le neuvième jour, la surface mouillée portait, sans dé-
pression sensible, une aiguille à tricotiordinaire chargée de 300 grammes.
»-Gette seconde expérience confirme donc pleinement les résultats
annoncés et répond aux doutes de l'honorable académicien que j'ai
cité; elle explique. parfaitement l'hydraulicité des chaux naturelles du
Lardin (Dordogne), qui se composent moyennement , savoir :
De silite......,...,......:.. 5,00
D’alumine......,....... ‘s. 2,00
D'oxide de fer.....:......+ 0,40
* De carbonate de magnésie... 42,00
De carbonate de:chaux...... 50:60
100,00
» En effet, si la magnésie se comportait comme une matière inerte,
comme un sable fin, par exemple, la chaux du Lardin contenant la
(84)
chaux pure et la silice dans la proportion de 100 à 10, ne serait que
moyennement hydraulique, tandis que ses qualités bien constatées la
placent au rang des bonnes chaux hydrauliques ordinaires; ce qui s’ex-
plique par la forte dose de magnésie qu’elle contient, dose qui sup-
plée à ce qui manque en silice.
» En nous accordant l'exactitude des résultats, M. Berthier prétend
d’ailleurs que le principe reste sans importance pour les arts. Il y a
peut-être un peu trop d’empressement dans ce désir de poser des bornes
à l'extension utile de tel ou tel principe, car, si je suis bien informé, la
publication de ma première note auraît porté déjà quelques fruits en rap-
pelant l’attention des constructeurs sur des dolomies qu’on avait rejetées
dans diverses localités, parce que ne laissant par les acides que 5 à 6 cen-
tièmes de résidu argileux, on désespérait d’en tirer des chaux suffisamment
hydrauliques. »
M. Dumas rappelle : « que M. Fuchs a déjà publié depuis quelques an-
nées en Bavière, des observations tendant à prouver le rôle utile de la ma-
gnésie dans les chaux ou mortiers hydrauliques. — M. Fuchs s’est particu-
liérement attaché à mettre en évidence toute l'utilité qu’on pent retirer
des dolomies , et il fait voir qu’avec une pouzzolane qui produirait un effet
médiocre par l'emploi d’une chaux grasse, on obtient avec la chaux ma-
gnésienne un mortier d'excellente qualité. »
M. Arago annonce que M. Melloni, réfugié italien et correspondant de
la section de physique, vient d'obtenir la permission de rentrer dans sa
patrie. Il me paraît indispensable, ajoute-t-il, que des remerciments soient
adressés; dans cette enceinte même, au personnage dont l'intervention
bienveillänte a obtenu cet heureux résultat : quelques mots d’explication
justifieront amplement ce vœu.
Les Commissaires chargés de vous rendre compte des travaux de
M. Melloni, avaient eu maintes fois à regretter qu’une position plus
heureuse de cet ingénieux physicien, ne lui permit pas de donner à
ses expériences tous les développements dont elles paraissaient sus-
ceptibles. Il me sembla, ajoute M. Arago, qu'il fallait à tout prix
essayer de porter remède à un mal si réel et si fâcheux. J'en écrivis
à M. le prince de Metternich : ma lettre était une analyse abrégée
des belles découvertes de M. Melloni ; j'avais essayé de faire ressortir ce
(85 )
qu’elles présentent de paradoxal, d’inespéré; ce qu’elles promettent de
nouvelles lumières à la science; ce que l'Italie, éfifin, peut attendre d’un
physicien qui a débuté d’une manière si brillante.
Ce langage, Messieurs, a été entendu. M. de Metternich me fait l’hon-
neur de m’annoncer qu'il a mis ma lettre sous les yeux: de S: M. I. la
grande-duchesse de Parme, et que M. Melloni est libre, désormais, de ren-
trer dans sa ville natale.
J'avais pensé, dit M. Arago en terminant sa communication, que je
remplissais un des devoirs du secrétaire perpétuel de l'Académie, en es-
sayant d’arracher M. Melloni, notre correspondant, à une position pé-
nible ; j'accomplis maintenant un devoir non moins sacré quand j'a-
dresse ici des remerciments publics à M. le prince de Metternich.
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un membre pour
la place vacante dans la section de Botanique par le décès de M. 4.-L. de
Jussieu.
Le nombre des votants est 51.
Au premier tour de scrutin,
M. Gaudichaud réunit. ... 34 suffrages,
M. Guillemin............ 9
M. Montagne ............ 7
Il y a un billet blanc.
M. Gaudichaud ayant ainsi réuni la majorité absolue des suffrages, est
déclaré élu ; sa nomination sera soumise à l’approbation du Roi.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PALÉONTOLOGIE. — Vote sur les ossements fossiles des terrains tertiaires de
Simorre , de Sansan , etc., dans le département du Gers, et sur la dé-
couverte récente d'une mâchoire de singe fossile; par M. Larrer.
« J'avais signalé, il y a deux ans, la découverte récente de quelques
dépôts d’ossements fossiles dans le département du Gers, et fait pressen-
tir que dés recherches qui y seraient faites avec soin, pourraient acquérir
de nouveaux faits à la science, en même temps qu'elles contribueraient à
(86)
enrichir la collection du Muséum d'histoire naturelle. Cette proposition
fut accueillie avec favedff par MM. les administrateurs de cet établissement,
et M. Guizot, Ministre de l’Instruction publique, voulut bien de son
côté! encourager des travaux dont les résultats n’ont pas été au-dessous
de hoë espérances, puisqu'ils 6nt fait découvrir plus de trénte espèces de
mammifères fossiles, nouvelles pour la plüpart.
» Une prodigieuse quantité d’ossements fossiles a été successivement
amenée au jour; tous les morceaux qui pouvaient offrir quelque intérét
à l'étude, sont déposés au Muséum depuis près d’un an, et ils ÿ seront
sévèrement examinés par M. de Blainville, de mamière à en démontrer
toute l'importance scientifique.
» Après üuné interruption de quelques mois, j'ai repris pour mon
compte ces travaux de recherches, et je viens maintenant, M. le Président,
vous prier de soumettre à l'Académie le,résultat de mes nouvelles obser-
vations. Avant tout, je dirai un mot de la nature et de j’âge des terrains
qui recèlent ces débris de nos anciens mammifères. :
» Cette partie de nos terrains tertiaires qui remonte au midi d’Auch
jusqu’au pied des Pyrénées, constitue un massif très puissant. C’est une
formation toute continentale qui paraït résulter, en grande partie, d’une
longue succession d’alluvions d’eau douce, dont l’ensemble présente des
alternances irrégulières de dépôts arénacés et marneux le plus souvent
consolidés par des infiltrations calcaires. On y remarque aussi des couches
très étendues de marnes peu cohérentes, qui prennent quelquefois une
physionomie particulière que M. Cordier a très bien caractérisée en les
nommant marnes bigarrées de la période palæothérienne.
» Les derniers dépôts de cette grande formation se reconnaissent, sur
les hauteurs , dans des amas de sablés ou de molasse que l’on voit s’éche-
lonner dansune direction qui incline constamment vers les rivages de cette
mer dont la retraite a mis à seenotre grand bassin tertiaire du sud-ouest. Ces
sables nous représenteraient donc les alluvions des derniers courants
continentaux de la période. éertiaire. Ils renferment souvent des ossements
de grands mammiferes; et il est remarquable que les débris des mêmes
espèces se retrouvent aussi dans les dépôts littoraux de l’ancienne mer,
circonstance qui constaterait des relations géologiques que M. J. Desnoyers
a d'ailleurs indiquées depuis long-temps.
» Les assises moyennes de nos collines sub-pyrénéennes présentent
quelques accidents lacustres ordinairement peu étendus; car ce terrain
de calcaire d’eau douce proprement dit, ne commence à prendre un grand
(87)
développement que dans le Bas-Gers et l’Agenais où il constitue, suivan
M. Dufrénoy, un membre important de l'étage moyen de nos terrains
tertiaires.
» C’est de l’un de ces dépôts de calcaire lacustre, situé à Sansan , à deux
lieues sud d’Auch, que proviennent la plupart des ossements que j'ai déposés
au Muséum. Cette petite formation est nettement caractérisée par la
présence d’un grand nombre de tortues et de coquilles d’eau douce; les
ossements y sont quelquefois assez bien conservés, et il s’y est trouvé
jusqu’à des squelettes entiers dont les séries articulaires sont maintenues
dans leurs situations naturelles par le calcaire incrustant qui paraît les
avoir saisies au moment où la décomposition du cadavre venait de
s'achever. Avant de m'occuper des nombreuses espèces reconnues dans ce
dépôt, je dois faire connaître celles que m’ont fournies les sables et grès
d’eau douce tertiaires supérieurs de Simorre, Tournan, Lombez et autres
gisements analogues.
» On distingue parmi ces derniers :
» Deux Dinotherium de dimensions un peu différentes , probablement les
mêmes espèces déterminées par M. Kaup sous les dénominations de
D. giganteum et de D. secundarium ;
» Plusieurs espèces de Mastodontes, peut-être jusqu’à cinq, dont une
très petite, qui n’a encore été, que je sache, signalée nulle autre part;
» Trois espèces de Rhinocéros, qu’il n’a été possible d'établir que sur des
molaires, et par quelques ossements très rares ;
» Un petit Pachyderme, voisin des sangliers, par la forme de ses
molaires : i
» Un petit Cerf, dont les bois ne se sont retrouvés qu’en fragments ;
» Enfin, un grand ruminant, probablement du genre bœuf, qui, mesuré
dans les proportions de l’aurochs, aurait eu plus de 6 pieds de hauteur au
garrot.
» L'ensemble zoologique du dépôt lacustre de Sansan , diffère notable-
ment de celui des sables tertiaires supérieurs de Simorre. Le dinotherium
ne s’est point retiouvé à Sansan; les mastodontes ÿ deviennent rares; les
rhinocéros s’y montrent en grand nombre, mais il ne paraît pas que ce soit
les mêmes espèces qu’à Simorre.
» Les Rhinocéros de Sansan forment un groupe particulier, comprenant
jusqu’à présent trois espèces qui se distinguent entre elles par la taille,
par la forme de ieurs dents, principalement de leurs incisives, et surtout
par la longueur proportionnelle de leurs maxillaires.
C4 R. 1837, 1er Semestre. (T. IV. N°3.) 13
(88)
» Ces rhinocéros ont quatre doigts aux pieds de devant ; un de plus que
dans les espèces vivantes, c'est le petit doigt. D'un autre côté, il est vrai-
semblable que nos rhinocéros de Sansan, qui réunissaient d’ailleurs tous les
caractères ostéologiques du genre, étaient cependant privés de lattribut
qui forme l’étymologie de leur nom, ©’est-à-dire qu’ils n’avaient point de
cornes sur le nez. Cette idée s’était présentée à M. de Blainville, lors d’un
premier examen des crânes déposés au Muséum, sur lesquels on n’aperçoit
réellement aucune trace de point d'attache des cornes. J’ajouterai à l'appui
de cette opinion de M. de Blainville, que, dans ces espèces, les os du nez
ne se soudent point, et demeurent constamment distincts à tout âge; ce
que j'ai pu vérifier tout récemment sur deux portions de vieux crânes. On
conçoit que cette circonstance, jointe à l’extrèmme amincissement de ces os
dans nos espèces de Sansan, ne leur laissait pas assez de solidité pour servir
de support à un moyen de défense aussi puissant que le sont les cornes de
nos rhinocéros actuels.
» Un seul Palæotherium s'est montré parmi nos anciens pachydermes de
Sansan. Il était un peu plus grand que le P. medium de Montmartre, dont
il diffère par la forme de ses molaires, qui le rapprocheraient, à quelques
détails près, du P. d'Orléans. Mais ce qu’il y a surtout de distinctif dans
cette espèce, c’est la ressemblance frappante de ses extrémités avec celles
du cheval.
» Avec ce Palæotherium vivait un grand Anoplotherium, dont les
dimensions n'étaient pas moindres que celles de nos rhinocéros de taille
moyenne. Il s'y joignait un autre pachyderme que la forme de ses molaires
rattacherait aux Anéhracotherium.
» Les ossements de ruminants sont très abondants à Sansan. J'y ai
reconnu plusieurs Cer/s qui se distinguent des espèces connues par un bois
invariablement composé, autant du moins que j'ai pu en juger par des ob-
servations multipliées, par un bois, dis-je, composé à tout âge de deux
pointes formant fourche d'avant en arrière, et s’élevant perpendiculaire-
ment sur un pédoncule plus ou moins long, suivant les espèces.
» Ce groupe de cerfs à bois fourchu et pédonculé, comprend jusqu’à
présent trois espèces : Le cerf grand, le cerf élégant et le cerf trapu.
» Le Cerf grand n’avait pas moins de 5 pieds 6 pouces au garrot. Ses
molaires supérieures, entourées d’un collet à leur base interne, ne peuvent
être comparées qu'à celles du cerf de Timor, dans les vivants.
» Le Cerf élégant était un peu plus grand que notre chevreuil, dont i!
( 89)
rappellerait l’aspect gracieux par la légèreté de ses bois et l'élégance de ses
proportions.
» Le cerf trapu, au contraire, était très bas sur jambes; avec une tête
dontles dimensions annonceraient une taille à peu de chose près égale à
celle du précédent, il n'avait en réalité pas plus de 18 ou 20 pouces de
haut. Dans cette espèce le pédoncule du bois est à proportion plus long;
elle était pourvue de canines; toutefois, des rapprochements que j'ai été
à portée de faire, me permettent de conclure que les canines et les bois
existaient seulement chez les mäles. Les molaires qui diffèrent presque gé-
nériquement de celles des autres cerfs, trahissent, ainsi que l’avait remar-
qué M. de Blainville, une tendance vers les pachydermes; tendance que
confirmerait l’état du canon, composé dans le jeune âge de deux os, qui
se soudent plus tard jusqu’à leur tiers inférieur seulement, et dont les ca-
naux médullaires demeurent toujours séparés dans le reste de leur trajet
par une double cloison. Dans ce cerf, le tarse a un os de moins que chez les
autres ruminants; c’est le grand cunéiforme qui est remplacé par une saillie
que fait en haut l'os interne, ou si l’on veut, la moitié interne du canon, dont
la tête s’articule ainsi immédiatement avec le scaphoïde. Il résulte de cette
anomalie que, de son côté, los externe descend plus bas que son congé-
nère, ce qui a dü obliger l’animal à jeter les pieds en dehors, et lui ôter
par-là cette agilité et cette grâce qui caractérisent généralement les espèces
de ce genre. On remarque également, en arrière de la tête supérieure du
canon, des indications de deux autres doigts rudimentaires. En un mot,
tout, dans cette espèce dégénérée, semble indiquer le passage prochain à
un type voisin; jusqu'au ginglyme des articulations, qui tend à s’ef-
facer. :
» Dans le nombre de nos ruminants se trouvaitaussi une Æntilope que
la forme et la direction du noyau osseux de ses cornes rapprocherait de
nos chamois des Pyrénées. Je ne dirai rien de son ostéologie, que je n’ai
pas encore étudiée.
» Je dois également faire mention d’un autre érès petit ruminant que j'ai
long-temps pris pour un cerf, haut de 12 à 13 pouces, tant ses molaires,
que j'avais observées sur une portion de mâchoire déposée par moi au Mu-
séum ; ont de ressemblance avec celle des cerfs de la même époque. J'ai
pu m'assurer plus tard, par la découverte d’autres morceaux plus com-
plets, que les dernières molaires de ce petit animal différent de celle des
ruminants à bois. Je crois aussi pouvoir rapporter à cetté petite espèce un
noyau osseux de corne, encore adhérent à une portion de crâne. Cette
13.
( 90 )
cheville osseuse de 10 lignes de long sur 3 de diamètre moyen, est creusé
comme celle des bœufs , elle a dû aussi se diriger latéralement. J'ai déjà dit
que les os de ce petit ruminant, mesurés dans les proportions du cerf, an-
honceraient une taille de 12 à 13 pouces.
» Ces paisibles herbivores avaient pour contemporain un carnassier gi-
gantesque; d'un genre inconnu dans la nature actuelle. Ses incisives uni-
lobées, sa canine comprimée, et ses premières machelières sans talon
distinct, rappellent cette partie de ladentition du Raton ; tandis que les car-
nassières et les deux tuberculeuses qui la suivent sont la représentation
exacte de celle du Chien. Ajoutons que notre carnassier avait de plus que
tous les autres arimaux de cet ordre, une troisième tuberculeuse en arrière
des deux dont je viens de parler. Ce que j'ai connu de son ostéologie est en
grande partie déposé au Muséum; on y remarque en général une tendance
plus prononcée vers le Raton que vers le Chien.
» Ge genre, qui comprenait plus d’une espèce, était accompagné de
quelques autres carnassiers parmi lesquels j'ai distingué un vrai Chien, un
grand Chat, et un animal voisin de la Genette, de la taille de notre renard
commun.
» Je ne parlerai pas de nos rongeurs assez nombreux, mais encore
indéterminés, sauf un petit Lièvre de la taille d’un rat.
» L'ordre des Edentés était représenté dans notre faune tertiaire, par
un très grand quadrupède dont je n’ai pu déposer au Muséum que deux
ou trois phalanges, et une dent en très mauvais état. Les fouilles que j'ai
fait exécuter depuis cette époque à Sansan, m'ont procuré un certain
nombre de pièces, à l'aide desquelles j’ai pu acquérir des notions précises
sur quelques parties de l’organisation de ce singulier animal.
» M. Cuvier avait eu connaissance d’une phalange unguéale de ce
même édenté, laquelle avait été trouvée sur les bords du Rhin: ce grand
naturaliste avait dû , d’après sa forme, la rapporter à un Pangolin gigan-
tesque, auquel il assignait, par aperçus de proportions , 24 pieds de long.
» Les unguéaux de notre édenté sont donc, comme ceux des pangolins,
bifurqués en avant et sans gaine osseuse; maïs ils se trouvent à propor-
tion plus hauts, moins allongés et plus minces. Avant de parler de la dis-
semblance du reste des extrémités, je rappellerai que notre animal avait
au moins des dents mächelières, ce qui le sépare tout-à-fait des pango-
lins.
» Ces dents, d’une substance ivoriée peu compacte, étaient sans racines
et entièrement dépourvues d’émail. Elles faisaient peu de saillie en dehors
(91)
des alvéoles, et leur mode d’action réciproque produisait tout au plus
l'effet d’écraser, mais non de broyer les aliments; d’où résultait une
mastication trop imparfaite, pour laisser supposer que l'animal fût her-
bivore ; par la même raison, s’il mangeait de la chair, ce ne pouvait guère
être que celle des cadavres; restaient donc les fruits et les insectes. La
forme de l'articulation huméro-radiale indiquerait que notre édenté a pu,
jusqu’à un certain point, exécuter le mouvement de supination.
» L’articulation des doigts de cet édenté présente une singulière ano-
malie : la première phalange de chaque doigt, posant à plat dans le sens
de sa longueur, reçoit la tête du métacarpien qui lui correspond, non
pas bout à bout, comme dans les autres quadrupèdes, mais dans une
cavité creusée dans sa face supérieure, considérablement élargie en ar-
rière. Cette cavité un peu profonde, est arrondie et marquée au milieu
de son bord postérieur, d’une échancrure par où glisse l’arète mitoyenne
qui se montre seulement en arrière de la tête du métacarpien; ce mode
d’articulation, faisant porter tout le poids du corps sur la large assiette
fournie par les premières phalanges, facilitait singulièrement la marche
de l'animal, en diminuant l'embarras que devaient lui donner ses ongles
énormes, qu’on peut croire avoir été habituellement fléchis en-dessous.
On pourrait se faire une idée approchante de l'effet ainsi produit, en se
figurant un homme marchant sur ses talons, la plante des pieds un peu
soulevée et les orteils recourbés en bas.
» J’arrive enfin à une découverte toute récente, et d’une importance si
actuelle, ce me semble, que c’est à cette occasion que je me suis décidé à
communiquer ces détails à l'Académie.
» Il s’agit d’une mâchoire inférieure avec sa dentition complète, se
composant de 4 incisives, 2 canines, 4 fausses molaires et 6 vraies mo-
aires ; en tout 16 dents en série continue ; c’est la formule dentaire de
l’homme et de quelques singes.
» Les incisives différent peu de celles de l’homme ; elles sont un peu
plus inclinées en avant, ce qui fait qu’elles étaient opposées couronne
à couronne aux supérieures, comme dans les singes.
» La canine est aiguë et saillante , moins cependant que dans la plu-
part des quadrumanes.
» La première fausse molaire n’a qu’un seul fort tubercule : il y ena
deux chez l’homme.
» La deuxième fausse molaire présente deux tubercules, comme dans
l’homme.
(92)
» Les trois vraies molaires sont également semblables à celles de
l'homme, sauf la dernière, qui a un peu plus d’étendue d'avant en ar-
riére. Ces molaires sont, comme cellés de l’homme, divisées en quatre
tubercules, par deux sillons qui se coupent à angle droit, au milieu de la
dent. À leur état de détrition, on croirait voir les molaires d’un homme
de quarante ans, réduites à peu près à moitié de leur grandeur naturelle.
» Je donne les principales dimensions de cette mâchoire, qui a perdu
ses branches montantes :
Espace occupé par les cinq mâchelières.......................... 0",029
Distance entre les deux dernières molaires, mesuréé à leur angle
postérieur interne. ......:.,..,. esse toecnereétnecesiqgue © 024
Hauteur de la branche dentaire à son milieu....,....,,.,,....... Oo ,o14
Saillie des canines au-dessus des premières mâchelières. ........... 0 ,004
» C’est encore à Sansan, dans un lit de marne recouvert par un banc
régulier de calcaire compacte, et péle-méle avec des ossements de cerfs,
d’anoplotherium, de palæotherium, etc., que s’est trouvée cette mâchoire,
ainsi qu'une phalange qui paraît s’y rattacher.
» Voilà donc un mammifère de la famille des singes, haut de 30 et
quelques pouces, si l’on en juge par les dimensions de la mâchoire, con-
temporain de ces palæotherium, de ces anoplotherium, genres perdus,
que l’on a long-temps regardés comme les plus anciens habitants de nos
continents, dans la classe des mammifères. Ces types de certains genres
ne sont donc pas si nouveaux qu’on le pense généralement. Que sait-on si
des observations ultérieures ne viendront pas tôt ou tard nous apprendre
que cette nature ancienne , encore si peu connue, n'était ni moins com-
plète, ni moins avancée dans l'échelle organique que celle où nous vi-
vons ?....» s
Après la lecture de la lettre de M. Lartet, M. de Blainville a pris la
parole pour annoncer à l’Académie, « qu’il avait fait mettre sous les yeux
de ses membres une partie des ossements fossiles les plus intéressants ,
et envoyés en quantité véritablement extraordinaire, au Muséum d'His-
toire naturelle, et recueillis avec autant de zèle que de discernement.
Il cite entre autres la mâchoire inférieure du carnassier voisin des coatis,
mais de la taille de l'ours blanc; les phalanges et la dent du grand édenté,
dont M. Lartet annonce avoir découvert d’autres ossements; une partie
de la mâchoire inférieure du petit ruminant de la taille d’un lièvre, des
dents de mastodonte, de dinotherium; un pied et la partie antérieure
(93 )
de la tête du rhinocéros à quatre doigts et peut-être sans cornes, de-
vant par conséquent devenir le type d’un nouveau sous-genre; enfin,
des parties de mâchoires armées de dents, et de crânes de plusieurs es-
pèces de cerfs et d’une antilope. M. de Blainville termine en faisant re-
marquer combien cette découverte, dont il va très incessamment com-
mencer la publication , aidé par les excellents renseignements de M. Lartet,
aura d'intérêt pour l’histoire de la zoclogie antédiluvienne de la France,
puisque, dans une seule localité formant sans doute anciennement une sorte
de bassin dans lequel versaient des eaux alluviales abondantes, se trou-
vent réunis, entassés pêle-mêle, broyés , fracturés, comprimés, des os-
sements de presque tous les quadrupèdes trouvés épars dans le reste de
la France, et provenant de genres de presque toutes les familles de Mam-
mifères, de Quadrurmanes ou Singes, Carnassiers plantigrades, les ours
proprement dits exceptés cependant, Carnassiers digitigrades, Édentés,
Rongeurs, Éléphants à dents mamelonnées, Pachydermes des trois
sections, Ruminants à bois et à cornes; et cela dans un terrain ter-
tiaire d’eau douce , d’une assez grande ancienneté. »
CORRESPONDANCE.
PHYSIQUE DU GLOLE. — Magnetisme terrestre.
M. Forbes écrit à M. 4rago qu’en discutant les nombreuses observations
d'intensité magnétique qu’il a faites dans les Alpes et dans les Pyrénées, il
trouve, en moyenne, sur la composante horizontale, une diminution de
0,001 pour chaque 3000 pieds anglais d’élévation.
M. Boussingault, d'autre part, transmet au secrétaire de l’Académie, des
observations faites à Santa-Fé de Bogota et à la chapelle de Guadalupe
qui n’accusent aucune diminution (*).
La lettre de M. Boussingault renferme de précieuses observations de
variations diurnes de la déclinaison, faites à Marmato, par 5°29' de latitude
nord.
(*) Avant d'inscrire définitivement l’un ou l’autre de ces deux résultats contradictoires
dans les archives de la science, il faudra rechercher si, en discutant leurs observations,
les physiciens distingués dont nous venons de rapporter les noms, ont fait entrer en ligne
de compte la variation diurne d’inclinaison et la variation diurne d'intensité.
(94) ;
mÉTÉOROLOGIE. — Météore lumineux de la nuit du 4 au 5 janvier 1837,
L]
Personne ne s’étonnera désormais du soin que nous mettrons à con-
server le souvenir de l'apparition des météores lumineux d’un éclat et
d’une grandeur inusités, pour peu qu’on ne perde pas de vue les résultats
qui ont été déduits des étoiles filantes de la nuit du 13 au 14 novembre.
Dans la nuit du 4 au 5 janvier dernier, vers une heure du matin, un
météore s'est montré dans l’espace. Il a été vu à Cusset, près de Vichy, par
M. Guiraudet; à une lieue de ’esoul, par M. Sallot ; à Niederbrenn, par
M. Kuhn. Les détails qu’on va lire sont tirés des lettres que ces trois doc-
teurs en médecine ont écrites à M. Arago.
Direction de la marche du météore. — À Cusset, suivant M. Guiraudet,
le météore apparut subitement à une hauteur d'environ 45°; sa marche
était lente et dirigée du mord au sud,
A Vesoul, M. Sallot a vu le météore naître au nord-nord-est , et dispa-
raître au swd-sud-est ; il croit que l'apparition eut lieu à environ 60° et
que l'arc parcouru a été de 55°.
A Niederbronn, M. Kuhn jugea que le météore se mouvait presque
exactement du nord au midi; il déviait un peu à l'ouest.
Éclat , forme, grandeur apparente et durée du météore. — L'observa-
teur de Cusset dit que le météore jeta sur toute la contrée un éclat extra-
ordinaire ; qu'il était rond, du diamètre de la pleine lune vue dans ses plus
grandes hauteurs et que trois points lumineux le suivaient. Ces points,
ajoute-t-il, semblaient entraînés par le globe principal, mais ne mar-
chaient pas exactement avec la même vitesse :,« Parfois on les voyait à
la hauteur du centre du globe et quelques moments après ils se trou-
vaient à leur place primitive.» La durée du phénomène fut d’environ une
minute. 6
M, Sallot dit aussi que le météore était extrémement brillant et d’une
teinte bleuâtre. Son diamètre varia; au commencement il parut égal au
sixième de celui de la pleine lune; à la fin il avait triplé. Derrière le globe
on voyait une trainée triangulaire de parcelles d’un rouge peu éclatant.
L'observateur de Wiederbronn représente le diamètre du globe comme
(95 )
égal à celui de la lune: « Il était, ajoute-t-il, aussi brillant que le soleil, »
M. Kuhn parle aussi d’une longue queue que le météore traïînait à sa
suite.
MÉTÉOROLOGIE. — Climat d'Alger.
Dans la vue de fortifier la proposition faite par M. Dureau de la Malle,
au nom'de l’Académie des Inscriptions, et tendant à former en Algérie une
commission scientifique, M. Arago annonça, dans la séance du 9 janvier der-
nier, qu’en météorologie, par exemple, on n’avait concernant la côte nord
de l’Afrique que des documents vagues; M. Rozet, auteur d’un ouvrage inté-
ressant sur la Régence, écrit que la remarque de M. Arago n’est pas fondée.
«Nous avons fait, dit-il, pendant 13 mois consécutifs, du 31 août 1830
» au 30 septembre 1831, et ordinairement cinq fois par jour , des observa-
» tions météorologiques dans les différentes parties de la régence d'Alger,
» parcourues par l’armée française. Ces observations remplissent 59 ta-
» bleaux, insérés dans le premier volume de mon ouvrage.
« À cette époque, Alger était le seul point sur lequel il fut possible de
» faire des observations continues. Nous entreprimes cette tâche avec le
» capitaine Levret; mais les devoirs du service militaire nous obligèrent
» plusieurs fois d'interrompre la série de ces observations; savoir : pendant
_»15 jours en novembre 1830; 40 en décembre, 4 en janvier 1831,5 en
» mars, 4 en avril, 8 en mai, 12 en juin et 11 en juillet, en tout 69 jours,
» qui, retranchés de 396, durée de nos observations, donnent 327 jours
» d'observations rigoureuses, depuis le 31 août 1830, jusqu’au 30 sep-
» tembre 1831; nombre qui me paraît suffisant pour déterminer approxi-
» mativement le climat d’une contrée sur lequel on n’avait eu jusque-là que
» des données fort inexactes. »
M. Arago, après avoir déclaré qu’il n'avait jamais voulu élever le moindre
doute sur le zèle d’ailleurs incontéstable de M. Rozet, fait remarquer que
son assertion est pleinement confirmée par les propres paroles de cet ingé-
nieur. Qu'est-ce, en effet, dit-il, qu’une seule année d'observations ? qu’est-
ce surtout qu'une année avec tant dé lacunes, pour caractériser exactement
un climat? Qui oserait, par exemple, d’après les 59 tableaux de M. Rozet,
dire combien de fois, terme moyen, il tonne à Alger en douze mois? La
proposition de M. Dureau de la Malle, ét c’est là le point important, ne
peut donc recevoir aucuneatteinte de la réclamation que l’Académie a reçue.
C. R. 1855, 17 Semestre. (T, IV. N°5.) 14
(9%)
HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES. —Æxplication de l'Abacus de Boëce.— Examen
de deux ouvrages de mathématiques des Hindous ; par M. Cnasres.
Nous empruntons à la lettre d’envoi qui accompagne ces deux mé-
moires, le passage suivant qui en fait connaître l'objet.
« Le premier mémoire, dit M. Chasles , est une analyse de la partie géo-
métrique des ouvrages hindous de Brahmegupta et de Bhascara Acharyÿa,
et le second une interprétation du passage de la géométrie de Boèce, où
quelques écrivains ont cru reconnaître notre système de numération ac-
tuelle, mais pour lequel on n’a point été d'accord jusqu'ici. Le sens que je
donne à ce passage repose sur cette idée, que la fable que Boèce appelle
Mensa. Pythagorica seu Abacus,. n’est point la table de multiplication,
comme on l’a pensé généralement; mais bien un fableau ou abaque par-
ticulier, propre aux calcuis dans le système de numération dont il s’agit.
Et ce système est le même que le nôtre actuel, moins le zéro, qui était
suppléé par des colonnes tracées sur cet abaque, et qui permettaient de
laisser une place vide là où nous mettons un zéro.
» Le résultat de mon travail sur les ouvrages de Brahmegupta et de
Bhascara , c'est qu'ils ne sont point, comme on a paru le croire, les élé-
ments de géométrie des Hindous. La partie principale du, premier ne
roule que sur une seule théorie géométrique, qui est celle du quadri-
latère inscrit au cercle; et l’auteur y résout avec précision, et dans toute
sa généralité, cette question qui méritait d’être remarquée dans un ou-
vrage hindou : Construire un quadrilatère inscriptible dans le cercle, qui
soit tel, que ses côtés , ses diagonales, ses perpendiculaires , son aire et le
diamètre du cercle soient exprimés en nombres rationnels.
» Je fais voir que cette question de géométrie a pu conduire les Indiens
à leur solution si étonnante des équations indéterminées du deuxième
degré. Cela explique peut-être la présence de ce morceau de géométrie au
milieu des traités d’arithmétique et d’algèbre de Brahmegupta.
» L'ouvrage de Bhascara m’a paru infinimenti nférieur au.premier, dont
il n’est qu’une copie tronquée et défigurée, où. manquent précisément, les
théorèmes qui ont le plus de valeur. Bhascara évidemment n’a pas. com.
pris l'ouvrage de Brahmegupta. Il en est de même des différents.scholiastes
de ces deux auteurs, dont M. Colebrooke nous a fait connaitre les com-.
mentaires. »
( 97 )
ÉCONOMIE RURALE. — Ÿ’ariétés du froment.
M. Lecouteur, en adressant à l’Académie un ouvrage dans lequel il
traite de l’histoire et de la classification des diverses variétés de froment,
appelle l'attention sur l'importance que peut avoir cette étude sous le
point de vue économique.
« En 1832, dit-il, M. le professeur La Gasca, intendant du Jardin du
Roi à Madrid, se trouvant à Jersey au moment de la récolte, visita mes
champs, et y reconnut, à ma grande surprise, vingt-trois variétés diffé-
rentes de froment. Il y en avait de müres, et c'était la plus grande par-
tie ; d’autres ne l’étaient pas complétement. Pour certaines yaneiss le grain
était encore mou et laiteux; pour d’autres, l’épi était tout-à-fait vert. Il
me fut facile de voir qu’un champ ainsi st ne pouvait pas fournir la
plus grande quantité de blé, ni donner le plus grand poids en fa-
rine, ni produire le meilleur pain.
» Depuis ce moment, j'ai cru devoir chercher à connaître l’époque de
la maturité de chaque variété, et à déterminer celles qui sont le plus pro-
ductives et fournissent le plus de farine; celles surtout qui conviennent
le mieux au sol que je cultive. J'ai d’ailleurs étendu mes expériences à
un grand nombre de variétés, et j'en possède plus de cent cinquante
provenant de diverses parties de l’Europe, du cap de Bonne-Espérance,
de l'Égypte, du Vénézuela, etc. Les résultats de mes observations, con-
signés dans le livre que j'ai l'honneur de soumettre à l’Académie, me
semblent prouver qu’on est encore, en général, bien loin de connaître
parfaitement ce qui concerne la culture du froment.
» Les variétés qu'offre cette céréale lui permettent de s’accommoder à
des sols et à des climats très différents , et c’est , suivant moi , un des grands
bienfaits de la Providence, qu'une plante si utile à la nourriture de
homme , puisse le suivre dans presque toutes les régions où il s’établit.
» Une semblable étude pour l'orge et l’avoine, serait aussi d’un haut
intérêt, et le pays dans lequel on la poursuivrait avec assiduité, ne mar-
querait pas d’en obtenir de grands avantages. »
comme. — M. Édouard Robin annonce l’envoi prochain d’un mémoire,
dans lequel il se propose de démontrer : 1° que l'acide phosphorique est
un protoxide de phosphore; 2° que les compasés appelés acides phospho-
reux, acide hypophosphoreux, oxide rouge de phosphore, sont des phos-
14.
(98 )
phures d’acide phosphorique; 3° que les composés appelés acide chloreux
et acide hypochloreux , ne sont pas des acides, etc.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — ]Vouveau système d'échaffaudages.
M. Journet prie l'Académie de vouloir bien charger une Commission de
constater les avantages d’un système d’échaffaudage qu'il a inventé. « Ce
système, dit-il, fait disparaître en grande partie les difficultés qu’on ren-
contrait en employant le mode ordinaire d’échaffaudage, dans les. répa-
rations en peinture de l'extérieur des bâtiments et de l’intérieur des égli-
ses ; il convient pour la construction des murs qu’on élève sur la voie
publique; apportant moins d'obstacles à la circulation, et exposant moins
la vie des ouvriers; il convient surtout quand il faut élever pourles usines,
ces grandes cheminées dont on a été souvent obligé de confier la cons-
truction à des ouvriers anglais; enfin il rend plus rapide et moins dan-
gereux le montage des moellons, tuiles, etc. Jusqu'à présent on se contente
ordinairement de les faire passer de main en main , par des ouvriers placés
à différentes hauteurs sur les barreaux d’une échelle, et ce moyen, outre
qu'il entraine une perte de temps considérable, a le grand inconvénient
que si l’objet qu’on transporte ainsi échappe à la main d’un des ouvriers,
il ne manque guère de blesser quelques-uns de ceux qui se trouvent.
plus bas placés.
» Quant au montage des grosses pierres, poursuit M. Journet, je crois
avoir aussi trouvé le moyen de l'améliorer; mais je ne veux soumettre mon
appareil au jugement de l’Académie, que lorsque je lui aurai fait subir
les perfectionneéments dont il me semble encore susceptible.
» La Commission aura à juger non sur des modeles en petit, mais sur
des appareils dont je fais chaque jour usage. »
MM: Poncelet, Coriolis et Séguier, sont chargés de prendre connais-
sance des appareils de M: Journet, et d’en faire l’objet d’un rapport à
l'Académie. 3
PHYSIQUE DU GLOBE. — M. de Moncey annonce qu’il va se former une
société pour une entreprise industrielle, dans laquelle on aura à creuser:
un puits de deux mille pieds de profondeur, et de cinq pieds de largeur.
M: de Moncey pense que dans le cours de cette opération, on pourra faire
desobservations:ou des expériences utiles à la science, et il prie l’Aca-
démie-de. vouloir.bien Jui donner-des instructions à ce sujet.
L'Académie recoit cette offre avec reconnaissance, et dès qu’elle appren-
( 99 )
dra que la compagnie est formée, et le travail près de commencer, elle
s’empressera de transmettre à M. de Moncey les instructions qu’il de-
mande.
HYDROGRAPHIE. — M. Pentland adresse, au nom du Bureau hydrogra-
phique de Londres, une liste de 269 cartes et 22 ouvrages relatifs à
l’'hydrographie ou à la navigation, dont cette Administration fait don à la
bibliothèque.de l’Institut:
Ces cartes et ces livres sont déjà arrivés en France; ils seront prochaïi-
nement présentés.
M. le Secrétaire perpétuel est chargé de transmettre au Bureau bydro-
graphique de Londres, les remerciments de l’Académie.
À 4 heures +, l’Académie se forme en comité secret.
La section de Géographie, par l'organe de M. de Freycinet, présente
la liste suivante de candidats, pour la place de correspondant, vacante par
le décès de M. Lislet Geoffroy :
1°. M. le capitaine Beaufort, à Londres ;
2°. M. le capitaine Franklin , à la terre de Diémen ;
3°. M. le capitaine Owen.
Les titres de ces divers candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans
la prochaine séance. MM. les membres en seront prévenus par billets à
domicile.
A.
( 100 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1837, 1* semestre , tome 4; n° 2, in-4°.
Sur le Passage du premier livre de la géométrie de Boëce , relatif à un
nouveau système de numération ; par M. Cuasres; Bruxelles, 1836, in-4°.
Mémoire sur la Géométrie des Hindous. — Analyse de la partie géo-
métrique des ouvrages de Brahmegupta et de Bhascara Acharya ; par le
même ; in-4°.
Notices historiques et biographiques sur Ambroise Paré et Dupurytren ;
par M. C. Perprix ; Paris, 1836, in-8°.
Clinique des Plaies d'armes à feu; par M. L. Bauvens; Paris, 1836,
in-8°. (M. Roux est chargé d'en rendre un compte verbal.)
Flore Française , destinée aux herborisations ; par M. A. Mure ; 3 vol.
de texte, in-12 et 3 livraisons de planches, in-8°, Paris. (M. Richard est
chargé d'en rendre un compte verbal.) ;
Recherches anatomiques et physiologiques sur la Garance ; : par M. J.
Decaisne; Bruxelles, 1837, in-4°.
Trois Essais sur la Navigation; par M. W.-H. Iveuis; Paris, 1836,
in-8°.
Mémoires de la Société Royale d'Agriculture et de Commerce de Caen;
tome 4, Caen, 1837, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers ; n° 5, 7° année, Angers,
1836, in-8°.
Recueil de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-
Lettres du département de l'Eure ; n° 28, octobre 1836, in-8°.
Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Besancon. —
Séance publique du 24 août 1836; Besancon, in-8°.
( xor )
Annales maritimes et coloniales; par MM. Basor et Porrré; 21° année,
2° série, décembre 1836, in-8°.
Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris ; tome 19, dé-
cembre 1836, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
par MM. »e Meruieux et Jouer; 6° année, 1836, in-8°.
Recueil industriel , manufacturier et commercial, etc.; par MM. ve Mo-
Léon et Juuew; n° 56, décembre 1836, in-8°.
Lettre à la Commission chargée de l'examen des Réclamations des
salpétriers ; in-8°.
Cours d'une doctrine médico-chirurgicale pratique ; par M. Courrautr;
Paris, 1836, avec deux tableaux in-folio.
Galerie ornithologique , ou Collection d'Oiseaux d'Europe ; décrits
par M. »’Onsieny, dessinés par M. Traviës ; 9° livraison, in-4°.
Archives générales de Médecine ; 11° série, t. 12, décembre 1836, in-8°.
On the Varieties.....Sur les Variétés du Froment , les Propriétés
de chacune d'elles et leur Classification; par M. Joux Lecoureur;
Jersey, 1836, in-8°.
The nautical Magasine and naval Chronicle, for january 1837;
Londres, in-8°.
Lehrbuch der.....Traité de Météorologie; par M. Kawrrz; 3° vol.,
Halle, 1836, in-8°.
Die Akalephen..... Les Acalèphes de la Mer Rouge et lorgani-
sation des Méduses de la Mer Baltique; par M. Eurenserc ; Berlin,
1836, in-folio , avec planches coloriées.
Bericht uber die..... Analyse des Mémoires lus à l’Académie des
Sciences de Berlin et destinés à l'impression, pendant les mois d'août,
septembre , octobre et novembre 1836; in-8°.
Sur le Magnétisme terrestre; par M: Simonorr; in-4°. (Extrait du
Journal de Mathématiques de M. Crerxe, tome 16.)
Lezioni alla.....Leçons de Mathématiques transcendantes , faites à
( 102 )
l'Université Royale de Catane ; par M. Acarino San-Marrino ; tome 3,
2° partie, Catane, 1836, in-8°.
Gazette médicale de Paris ;tome 5, n° 2.
Gazette des Hôpitaux ; n° 4 —6.
Écho du Monde savant ; n° 54.
France médicale; n° 20:
La Presse médicale ; n° 3 et 4.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 25 JANVIER 14837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIOLOGIE. — Expériences sur le mécanisme du mouvement ou bat-
tement des artères; par M. Frourens.
« La question du mécanisme du mouvement des artères se divise en
deux autres : la première, relative à la cause qui détermine ce mouve-
ment ; et la seconde, relative au mode selon lequel il s’opère.
» Pour plus de clarté, je traiterai ces deux questions l’une apres l’autre.
Je commence par celle qui se rapporte à la cause.
» Galien attribuait cette cause, comme chacun sait, à une prétendue
Jaculté pulsifique, dérivée du cœur par les tuniques des artères; et voici
l'expérience sur laquelle il fondait son opinion. «
» Une artère étant ouverte par une incision longitudinale, Galien in-
troduisait un tuyau dans l’intérieur de cette artère; il liait ensuite les
tuniques de l'artère par-dessus le tuyau; et aussitôt, quoique le sang
continuât à couler dans toute la partie de l’artere inférieure à la ligature,
C. R. 1837, 1% Semestre. (T. IV, N° 4.) 15
(104)
le battement de l'artère n’en cessait pas moins, dit-il, dans toute cette
partie (1).
» Cette expérience ingénieuse n’a contre elle que de n'être pas exacte.
Je l’ai répétée bien des fois, et après bien des physiologistes (2); et tou-
jours, et comme eux, avec un résultat complétement inverse de celui de
Galien.
» J'ai mis, sur plusieurs moutons, l'aorte abdominale à nu; je lai
ouverte par une incision longitudinale; j'ai introduit un tuyau de
plume (3) dans sa cavité; j'ai lié les tuniques de l'artère par-dessus le
tuyau; j'ai même, dans la plupart des cas, coupé totalement l'artère, dont
les deux bouts se trouvaient alors séparés par un tuyau intermédiaire,
fixé à chaque bout par une ligature; et constamment j'ai vu le sang
traverser le tuyau, passer dans la partie postérieure ou inférieure de
l'artère, et cette partie inférieure, et toutes Les artères qui en dépendent,
les crurales, celles de la jambe, celles du pied , continuer de battre.
» L'expérience de Galien n’est donc pas exacte ; et sa prétendue faculté
pulsifique n’est qu’un vain nom.
» Harvey est le premier qui ait montré clairement, dans l'effort im-
pulsif du sang poussé par les contractions du cœur, la cause directe du
mouvement des artères. s
» De cette expérience si simple dans laquelle il suffit d'interrompre
le cours du sang par une ligature pour suspendre le battement dans
toute l'étendue de l’artère inférieure à la ligature, et de supprimer la
ligature pour restituer tout-à-la-fois et le cours du sang et le battement
de l'artère, il concluait que le battement de l'artère n’est donc que l'effet
du cours ou de l'effort du sang.
» Et de ce fait pathologique qu’il avait eu occasion d'observer, fait re-
marquable où, malgré l'ossification complète de l’aorte et des crurales,
dans une certaine étendue, il avait vu néanmoins toutes les artères infé-
rieures, même celles du pied, continuer de battre, il concluait que le
battement des artères ne venait donc pas du cœur par leurs tuniques,
quoi qu’en eüt dit Galien, puisque lossification de ces tuniques, c’est-à-
dire leur interruption, n’avait pas empêché ce battement. de survivre.
(1) Galien : An sanguis in arteriis naturd contineatur, cap. 8.
(2) Surtout Vivussens. M. Magendie l’a aussi répétée, mais dans d’autres vues. Précis
élément. de Physiologie, t. Il, 2° édition, p. 266.
(3)! Vuile diamètre de l'aorte abdominale du mouton, je me suis servi, pour ces ex—
périences, de tuyaux de plumes d’oie.
( ro )
» On s'étonne que des idées si nettes n’aient pas détourné Lamure
de chercher ailleurs la cause physique du battement des artères, et de la
placer dans le soulèvement de l'artère, déterminé par le soulèvement du
cœur.
» Lamure commence par élever quelques objections contre le fait ob-
servé par Harvey. D'abord, dit-il, Harvey ne parle du battement des
artères placées au-dessous de l’ossification, que comme d’un fait dont il se
ressouyient ; et, en second lieu , ajoute-t-il, il n’a pas constaté la circons-
tance (seule essentielle, en effet, par rapport à la théorie de Lamure) de
l’immobilité de la portion d’artère ossifiée.
» Cependant rien n’est plus aisé que de reproduire le fait d’Harvey. du
moins quant à son résultat mécanique, seul résultat à considérer ici, et
de le reproduire avec la circonstance d’immobilité exigée par Lamure.
» Si, après avoir coupé transversalement l'aorte abdominale sur un
mouton, comme je le disais tout à l’heure, on en rejoint les deux bouts
par un tuyau intermédiaire, fixé à chaque bout par une ligature, on
n'a qu'à comprimer, qu’à fixer alors ce tuyau contre le corps des ver-
tèbres, pour interrompre tout soulèvement des artères inférieures par
le soulèvement du cœur; et toutefois, le battement de ces artères in-
férieures n’en continue pas moins, ainsi que je l’ai constaté à plusieurs
reprises, et, par conséquent, ce n’est pas du soulèvement des artères par
le soulèvement du cœur qu'il dérive.
» Lamure ne se bornait pas aux objections que je viens de rapporter
contre le fait d'Harvey ; il s'appuyait, en outre, pour combattre la théorie
de l'effort impulsif du sang, sur l'expérience suivante.
» Il interceptait une portion d’artère, pleine de sang, entre deux li-
gatures ; et comme il voyait cette portion d’artère se mouvoir encore,
ou, plutôt, ce qu'il ne distinguait pas et dont la distinction faisait
pourtant tout le fond de l'expérience, être mue par la portion supé-
rieure de lartère à laquelle elle tenait, prenant ce mouvement commu-
niqué pour un mouvement propre, il concluait que leffort impulsif du
sang n’était donc pas nécessaire pour que l’artère se mût, et conséquem-
ment que ce n’était pas de cet effort que ce mouvement dépendait.
» L'expérience invoquée par Lamure ne repose donc que sur uneillu-
sion; la véritable cause, la cause physique, la cause directe du mouve-
ment des artères est donc la force impulsive du sang poussé par les con-
tractions des ventricules du cœur, force reconnue et démontrée par
Harvey.
15.
( 106 )
» Mais, la question relative au mode selon lequel se meuvent les artères
n’est pas, à beaucoup près, aussi simple que celle qui concerne la cause
physique de ce mouvement.
» Selon Galien, le battement des artères, le pouls, n’est que l’effet de
leur diastole, et de leur systole, ou de leur dilatation et de leur resserre-
ment successifs (1). Harvey ne voit de même le battement de l'artère que
dans le jeu alternatif par lequel ses parois se dilatent et se resserrent (2);
Weitbrecht, le premier, le voit dans la locomotion, ou mouvement en
masse, de l'artère (3); Lamure, dans son soulèvement (4); Arthaud, dans
le redressement de ses angles (5), etc.
» Harvey coupait une artère mise à nu, et la prenant, au point coupé,
entre ses doigts, il la voyait se dilater à chaque pulsation.
» Weitbrecht, frappé de la difficulté d'expliquer le mouvement total de
l'artère par la seule donnée de sa dilatation et de son resserrement suc-
cessifs, chercha le premier, comme je viens de le dire, à y joindre la
donnée du mouvement en masse, du déplacement ou de la locomotion de
l'artère. :
» Lamure supposa que le battement de l'artère consistait surtout dans
son soulèvement, de ce que, une artère étant détachée des parties sous-
Jacentes, cette artère lui semblait fuir le doigt placé au-dessous pour aller
frapper le doigt placé au-dessus.
» Arthaud ayant redressé ou rendu droites les artères du mésentère sur
plusieurs animaux, vit ou crut voir que ces artères qui battaient , tandis
qu'elles avaient leurs courbures , ne battaient plus, ces courbures étant ef-
facées.
» J'ai répété ces expériences.
» Le bout d’une artère coupée, pris entre les doigts, paraît se dilater,
comme le dit Harvey, à chaque pulsation; et, en effet, il se dilate d'autant
plus qu’on presse davantage l'artère. Mais, ce n’est là qu’une expérience
bien vague; il est bien difficile d’y distinguer ce qui n’est que l'effort de
l'artère, poussée par le sang, contre la pression des doigts, de ce qui tient
à sa dilatation naturelle; et l’on conçoit qu’une telle expérience n'ait eu
que bien peu d'autorité sur les auteurs subséquents.
(1) Galien : De pulsuum differentiis, lib. 2, cap. 3.
(2) Harvey : De circ. sang. exerc. anatom., etc. |
(3) Weitbrecht : De circul. sang: cogitat. physiol., etc.
(4) Lamure : Recherches sur la cause de la pulsation des arières, ete.
(5) Arthaud : Dissertation sur la dilatation des artères, etc.
(107)
» L'expérience de Lamure n’est point exacte. Si l’on détache une artère
des parties sous-jacentes, elle frappe le doigt placé au-dessous comme le
doigt placé au-dessus.
»L Spore d’Arthaud n’est pas, non plus, d’une exactitude complète;
car bien qu’en redressant, en effaçant les courbures d’un artère, on afjai-
blisse, en effet, beaucoup sa locomotion , cependant on ne l’éfeint point.
» Ainsi donc, l’expérience d'Harvey est insuffisante; celle de Lamure
inexacte; cellé d’Arthaud incomplète, et la question du mode selon lequel
s'opère le mouvement des artères reste soumise à tout le vague et à tous
les doutes qui, dans les sciences d'expériences, ne cèdent qu’aux seules
expériences complètes et décisives.
» Or, cette question importante, prise dans son énsemble, m'a paru
n'être que la détermination expérimentale des divers éléments qui con-
courent au mouvement total de l'artère, tels que la dilatation , la locomo-
tion , ou d’autres ; et par conséquent le premier point a été, pour moi, de
m’assurer du nombre et de la nature de ces éléments.
» 1°. Dilatation des artères.— s'agissait d’abord de constater si l’artère
se dilate et se resserre alternativement, quand elle se meut.
» Galien suppose la diastole et la systole, sans les démontrer; Harvey ne
les démontre que par une expérience dénuée de précision; Weitbrecht
cherche à substituer la locomotion à la dilatation ; Lamure l’y substitue
formellement; Arthaud affirme que l'artère se meut sans dilatation ; i] s’est
servi, tour à tour, pour ses explorations, de ligatures, de compas, et ja-
mais il n’a vu l'artère se dilater.
» Bichat, qui a répandu tant de lumière sur le mécanisme du cours du
sang; pense que « la dilatation et le resserrement des ärtères sont peu de
» chose et même presque nuls, dans l’état ordinaire.» Pour lui, comme
pour Weitbrecht, la cause spéciale du pouls est dans la locomotion de
l'artère.
» Depuis Bichat, presque tous les physiologistes joignent la dilatation à
la locomotion pour expliquer le pouls, le battement des artères. De nos
jours, M. Magendie a tenté, de nouveau et avec succès, de constater
directement la dilatation de l'artère (1); et M. Poiseuille a imaginé un
instrument qui la lui a démontrée, et qui, de plus, lui a démontré
qu'elle n’est pas très considérable (2). ’
(1) Précis élémentaire de Physiol. T. I, 2° édition, p. 385.
(2) Journ. de Physiol. expérim. de M. Mag.; an. 1830, p. 46.
( 108 )
» De mon:côté, je suis parvenu à la démonstration directe de la dilata-
tion de l'artère par le procédé que je vais décrire. Voulant isoler les uns
des autres, comme je viens de le dire, les divers éléments qui concourent au
mouvement total de l'artère, il me fallait un appareil qui se müût avec l’ar-
tère sans changer de forme, où dont la forme ne füt affectée que par la
seule dilatation. Dans cette vue, j'ai fait fabriquer une lame d’acier, à
ressort de montre, très mince; j'ai fait faire , de cette lame, de petits an-
neaux brisés embrassant exactement et tout juste les artères autour des-
quelles je les appliquais, ou dont les deux bouts, l'artère étant embrassée
par l'anneau, venaient aboutir l’un à l’autre.
» On conçoit que ces anneaux ayant assez de flexibilité pour céder au
moindre effort, et assez de ressort pour revenir aussitôt sur eux-mêmes, l’ef-
fort cessant , la moindre dilatation de l'artère devaitles ouvrir, et qu’ils de-
vaient se fermer à son moindre resserrement. De plus, ces sortes d’anneaux
incomplets, ou à continuité interrompue en un point donné, étant formés
comme de deux branches mobiles, il est aisé, en les ouvrant, de les placer
autour des artères qne lon veut soumettre à l'exploration; et si, ce qui, je
le répète, est une condition de rigueur, ils embrassent tout juste l’ar-
tère sur laquelle on les place, le phénomèneique l'on recherche ne tarde
pas à se manifester.
» J'ai appliqué un de ces anneaux incomplets , ou à branches mobiles,
autour de l'aorte abdominale d’un lapin. Aussitôt, j'ai vu les deux bouts
de l’anneau s’écarter et se toucher, ou s'ouvrir et'se fermer alternative-
ment.
» J'ai répété cette expérience sur plusieurs lapins; et constamment j'ai
vu l'anneau à branches mobiles accuser et traduire à l'œil, par le rappro-
chement et l’écartement alternatifs de ses bouts, la dilatation et le resser-
rement alternatifs de l'artère.
» Et ce jeu des branches mobiles de l'anneau, déterminé par le jeu
mème des parois de l'artère, s’est montré avec plus d'évidence encore sur
l'aorte abdominale du chien, laquelle, comparée à celle du lapin, est tout-
à-la-fois plus volumineuse, et d’une énergie d’action plus marquée (1).
» L’artère se dilate et se resserre donc alternativement, quand elle se
meut. La dilatation est donc ün des faits, un des éléments du mouvement
de l'artère (2). Est-il le seul ?
(x) Les chiens sur lesquels ces expériences ont'été faites , étaient de-moyenne taille.
(2) J’ai essayé, d’après les conseils de M. Dulong, conseils quime sont si précieux,
(tamgr)
» 2°. Locomotion de l'artère.Selon Weitbrecht, l'artère qui bat se déplace,
ou, tour-à-tour, quitte et reprend sa place. Selon Arthaud, la /ocomotion
des artères est toujours en raison des courbures qu’elles forment, et même,
selon lui, les artères droites ne se locomeuvent pas.
» Je commence par examiner ce qui se passe aux angles ou flexuosités
des artères. À chaque angle, à chaque flexuosité, à chaque courbure d’une
artère, il se: fait un mouvement de soulèvement ou de redressement, mou-
vement remarquable et évident à la simple vue. Bien des physiologistes
l'ont constaté à la crosse.de l’aorte : là ce mouvement éloigne l'artère
de la colonne vertébrale, et produit un véritable déplacement, dans le sens
strict du mot.
» Nulie part, ce déplacement, cette locomotion des artères par le redres-
sement, par le soulèvement de leurs courbures, ne se prête mieux à l'étude
qu'aux artères mésentériques. Toutes ces artères libres, ou à peine soute-
nues par une membrane fine, se locomeuvent ou se déplacent, et surtout
à leurs flexuosités ou courbures. On n’a qu’à renforcer ces courbures pour
renforcer la locomotion, qu’à les diminuer pour l’affaiblir, qu'à les effacer
pour Paffaiblir plus encore, sans cependant l'éteindre, l’abolir entièrement,
quoiqu’en ait dit Arthaud.
» En effet les artères droites (1) elles-mêmes se déplacent, ou, pour me
d'appliquer à la détermination du phénomène qui nvoceupe, le micromètre à double
image de Rochon.
Ce micromètre doublant les images des objets, l’empiétement ou le non empiéte-
ment des deux images de l’artère ainsi observée, l’aue sur l’autre, devaient, en elfet,
indiquer sûrement si Fartère se dilate ou non. j
Mais , et sans doute à cause de la Zocomotion ou mouvement en masse de l'artère,
mouvement qui complique toujours plus ou moins sa dilatation, surtout quand elle est
isolée (et il faut l’isoler pour en obtenir nettement la double image) , ce n’est que par
instants très courts , et conséquemment par essais peu sûrs, que j'ai pu rapprocher con-
venablement les deux images de l'artère , et constater leur empiétement.
Quoi qu'ilen soit, l'emploi de cet instrument au cas dont il s’agit, exige et mérite
des études plus longues que celles auxquelles j’ai pu me livrer jusqu'ici ; je me propose
de les poursuivre.
(x) Droites : c’est-à-dire les moins ffexueuses, car presque toutes les artères sont plus
ou moins recourbées , ou à leur origine ou dans leur trajet; et, pour le système artériel à
sangrouge, par exemple, elles le sont toutes à leur origine cominune, la crosse de l’aorte.
Ajoutez que l'effet de la courbure d’une artère se fait sentir sur celle qui la suit, lors même
que celle-ci est droite.Ce que je dis donc ici des artères droites qui se locomeuvent, ne doit
s'entendre que des artères telles qu’elles sont en réalité , et non d’artères qui seraient
absolument droites.
( 110 ) À
servir de l'expression reçue, et, de plus, spéciale, se locomeuvent. J'ai mis à
nu l’une des deux carotides primitives sur un mouton; je l'ai dégagée des
parties voisines et sous-jacentes ; et je l'ai vue, tour à tour, se soulever,
s’abaisser, se courber en arc, en un mot, se locomouvoir ou se déplacer,
prendre et quitter, tour à tour, sa place.
» Mais ce n’est pas tout. Ilya, dans un des sillons de la panse du mou-
ton, une artère qui, étant dégagée des parties voisines, est plus libre en-
core que celles du mésentère , et qui présente plusieurs courbures succes-
sives et inverses. Or, quand cette artère se meut, on voit ses courbures
opposées se changer alternativement les unes dans les autres, et, successi-
vement, les points convexes de chaque courbure devenir concaves, et les
points concaves devenir convexes.
» Ainsi donc, le mouvement locomotif des artères renforce , souleve ,
redresse, abaisse, efface, change les courbures des artères; et ce mouve-
ment /ocomotif est le second élément du mouvement total de l'artère.
» 3°. Succussion ou élongation de l'artere. Si Yon met une artère à nu,
l’une des deux carotides primitives, par exemple, on reconnait bientôt
qu’elle est mue d’un mouvement de secousse qui, tour à tour, la pousse
d’arrière en avant et la ramène d’avant en arrière (1). Pour plus d’évi-
dence, j'ai marqué, d’un trait coloré, un point donné de la carotide pri-
mitive mise à nu et dégagée des parties voisines, sur un mouton; et j'ai
vu, tour à tour, ce trait coloré avancer ou reculer par rapport à une ligne
fixe, à une aiguille immobile, par exemple, que je lui opposais.
» Aux mouvements de dilatation et de locomotion de l'artère, qui vien-
nent d’être démontrés, se joint donc un mouvement de secousse qui,
tour à tour, la porte d’arrière en avant, et d’avant en arrière; et là est le
troisième élément du mouvement total, ou battement de l'artère.
» La dilatation , la locomotion et la succussion , pour me servir de l’ex-
pression d’Arthaud, le premier qui me paraisse avoir signalé ce fait (2),
voilà donc les trois éléments primitifs ou constitutifs, et déterminés par
l'expérience, du mouvement total de l'artère.
» En physiologie, quand ona, d’une part, les éléments constitutifs d’un
phénomène, et, de l’autre, l'organe qui exécute ce phénomène, il ne s’agit
plus que de rattacher les éléments du phénomène aux qualités physiques
Men LU
(1) C'est-à-dire du thorax vers la tête, et de la tête vers le thorax.
(2) Quoique, à la vérité, d’une manière bien vague.
Cuir)
de l'organe. Or, la qualité physique des artères la plus essentielle, rela-
tivement au point de vue qui nous occupe, est leur élasticité.
» Bichat, Everard Home, M. de Blainville, feu M. Béclard , ont fait con-
naître sous le rapport anatomique, et M. Chevreul, sous le rapport chi-
mique, le tissu particulier, ce tissu jaune, rétractile, auquel l'artère doit
de revenir avec ‘énergie sur elle-même, quand elle a été distendue. M. Ma-
gendie a déduit de cette force de retour la nature du jet du sang qui s’é-
chappe d’une artère ouverte, jet continu, dit-il, sous l'influence du resser-
rement des artères, et saccadé par l'effet de la contraction des ventricules(x).
» Maintenant, remarquez que, par suite de son élasticité , l'artère peut
être distendue en largeur, d’où sa dilatation; en longueur (2), d’où sa
suceussion ; Son élongation (3); qu’elle peut être fléchie, redressée, dépla-
cée, d’où sa locomotion; et que, dans tous ces cas, elle revient par elle-
même, et par elle seule, à son premier état, et vous aurez toute cette suite
de mouvements inverses et alternatifs de l’ensemble desquels dérive son
mouvement total ou son battement.
» Remarquez, en outre, que l'effort impulsif du sang et l’élasticité des
parois de l'artère étant donnés, tous les mouvements de l'artère en déri-
vent nécessairement et rigoureusement.
» En effet, l'artère étant supposée pleine, et dans l’état ordinaire elle
l'est toujours, chaque nouvelle quantité de sang poussée par les ventri-
cules ne peut ÿ pénétrer sans la distendre en largeur, en longueur, sans
tendre à ramener, avec une nouvelle force, à la ligne droite, ses flexuo-
sités, ses courbures, sans déterminer par conséquent, plus ou moins selon
la disposition plus ou moins flexueuse de l'artère, sa dilatation, son élon-
gation, sa locomotion.
» Et de la plénitude de l'artère, et de la tension de ses parois, et de la
continuité de la colonne de sang qui la remplit, et de la tendance inces-
sante (4) de cette colonne à la ligne droite, il suit que chaque nouvelle
Re nue TN sn etre LA, LOTS OPEN ER TRE RE PRE OU
(x) Précis élémentaire de Physiologie, tom. II, 2° édit. , p. 4ro.
(2) L’extensibililé en longueur n’est pas moins remarquable que l’extensibili'é en
largeur. L’aorte du cheval, par exemple, peut être allongée de près d’un tiers en sus de
sa longueur ordinaire ; et cela, sans que sa membrane moyenne se rompe.
(3) Je dis succussion ou élongation ; car l'artère étant fixée par ses deux bouts, un
trait coloré, marqué sur elle, ne peut, alternativement, se porter en avant et en arrière
d’un point fixe donné, sans qu’alternativement elle s’alloige et se raccourcisse.
(4) Et, de plus, croissante à chaque nouvelle quantité de sang poussée par les
ventricules.
CR. 1937, 1° Semestre. (T. IV. N° &,) 16
( 112 )
quantité de sang, poussée par les ventricules, ébranle toute cette colonne
continue à la fois; et, simultanément, dilate:, allonge et locomeut l'artère.
» Le battement, ou mouvement total de l'artère , est donc an phénomène
un, mais complexe; mouvement résultant de tous ceux auxquels se prête
l’élasticité de l'artère, et, particulièrement, de sa dilatation , de sa locomo-
tion et de son élongation.
» Quant au pouls , il dépend ou de là dilatation seule, ou de la dilatation
compliquée de la locomotion , ou enfin de la dilatation compliquée de
l'effort du sang contre la paroi de l'artère, déprimée par le doigt qui
l’explore.
» Selon Galien , selon Harvey, le pouls , c'est-à-dire le coup dont est
frappé le doigt appliqué sur l'artère qui bat, est le choc produit par les
parois dilatées de l'artère.
Selon Weitbrecht, le pouls est le choc ésdiée par toute l’artère dé-
placée , et non par la seule dilatation de ses parois.
» Pour Arthaud (r), qui nie la dilatation, et qui néanmoins retrouve
le pouls dans les artères mêmes qui, selon lui, n’ont pas de /ocomotion ,
le pouls n’est que l'effet de l'effort du sang contre la paroi de l'artère,
déprimée par la pression du doigt.
» D'après ce qui précède, on voit que, dans les artères droites, et qui
se locomeuvent peu, le pouls tient surtout à la dilatation ; que, dans les
artères flexueuses , et qui se locomeuvent avec force, le pouls tient surtout
à la locomotion ; et que, dans les cas où le doigt ne se bornant pas à
toucher l'artère, ou, plutôt, à être £ouché par elle, la presse et la dé-
prime, le pouls tient , de plus, à l'effort du sang contre la paroi de l'artère
déprimée par le tn (2).
» Le pouls n’est donc que'le battement senti par le doigt, et il se com-
plique de tous les éléments (3), de toutes les circonstances qui détermi-
nent ou compliquent le battement. »
(1) Le pouls n’est aussi, pour Jadelot; que le sentimentide l'effort que fait le sang pour
ramener l'artère , déprimée.par le. doigt, à son calibre moyen ; c’est-à-dire au calibre
intermédiaireentre la.dilatation etle resserrement de' V'artère.
(2) Dans ce cas, le doigt set le reloundel’artère à son calibre moyen, plussa dilata-
tion ordinaire. Le pouls est donc, ou la dilatation ,.ou la locomotion seules, ou la dila-
tation, plus le retour de l’artère Due à son calibre moyen.
(3) Sauf, toutefois, l'élément de l’é/ongalion qui ,.par:sa nature, n’a nul rapport au
pouls.
HAS)
PALÉONTOLOGIE. — Éncore cet écrit sur le Sivatherium, considéré sous
le point de vue de ses révélations contestées relativement à la Philoso-
phie zoologique ; par M. GeorFrroy SAaiNT-HiLaIRf.
« J'ai promis de répliquer aux remarques critiques de M. de Blainville,
touchant mes dernières publications, s’il les faisait connaitre par la voie
de limpression : voici donc ma réponse. L'article, qui m'est opposé dans
le dernier numéro du Compte Rendu , est intitulé sur le chameau fossile
et sur le Sivatherium des Sous-Himalayas.
PREMIÈREMENT, — Du prétendu chameau fossile.
» C’est sur un échantillon brisé et excessivement incomplet, que repose
la détermination de mon honorable confrère, sur le vu d’un dessin à ce
sujet exécuté par un officier anglais, Qui s’est mépris, ou de M. de Blain-
ville ou de moi? Je ne sais encore qu’en penser. Je vois bien figurer très
habilement pour terme de comparaison, un dessin À, qui est un bout de
museau, arbitrairement détaché de la tête entière d’un chameau , et taillé
sous la forme du morceau fossile: est-ce là assez pour faire autorité? Plu-
iôt que de contester avec mauvaise grâce, je le veux bien croire. Cepen-
dant pour ma conviction définitive, j'attendrai des faits plus précis et qui
sont peut-être près de nous étre adressés. Une vaste intelligence gouver-
nementale, sortie de sa mère-patrie , l'Angleterre, existe présentement au
sein de l'Asie : les administrateurs de la Compagnie des Indes ,ces com-
merçants, rois d’une grande partie de la terre, ont fondé dans leur empire
des institutions scientifiques à l’européenne, un collége de savants, un
jardin botanique, et nous ont ainsi ménagé des correspondants, à l'égard
de ces localités, aussi zélés et aussi instruits que le sont MM. Falconer et
Cautley. Plutôt que de précipiter un jugement à réformerau premier jour,
attendons les communications de ces messieurs.
SECONDEMENT. — Sur le Sivatherium.
» Une tête d’un grand ruminant ainsi nommé, a été trouvée au centre
de l’Asie, au pied de l'Himalaya. Le Compte Rendu du semestre courant,
æ° 2, expose que ce sujet doit être rapporté à la giraffe, comme famille,
et le n° 3 suivant de ce recueil, publié par l'Académie des Sciences, démie
formellement cette détermination. C’est le cas de rappeler ce dicton popu
laire dans lequel est un sentiment profond : Ayppocrate dit oui, et Galien
dit non. Sur des sciences aussi conjecturales que la médecine, et alors
16..
( 114 )
si peu avancées, c'était, Je crois, excusable. Mais dans la question reia-
tive au Sivatherium, nous sommes en progrès et nous mériterions une
condamnation plus sévère. Car nous raisonnons l’un et l’autre sur des
documents les mêmes, et qui consistent en quatre figures.
» D'où vient cette dissidence sur des faits aussi positifs ? mon adversaire
et moi, nous formons l’un et l’autre des élèves, et puisque nous les lan-
çons aussi imprudemment dans d'aussi fâcheuses incertitudes, subissons
le sort que nous nous sommes fait, celui d’être jugés par une jeunesse
encore inexpérimentée. Et c'est d'autant plus nécessaire de nous y sou-
mettre, que dans le présent sujet de discussion, tout est grave: car de
grands intérêts sont en effet compromis. C’est là une question qui ne
manque pas d'actualité, de grandeur peut-être, d'utilité certainement dans
son appréciation; pour mon compte, je veux donc aider à l’éclaircir. Qui
sait si en me livrant avec autant de franchise que de loyauté, je n'aurai
point à en être récompensé par l'avantage d’apporter un notable perfec-
tionnement dans la marche de nos études en histoire naturelle?
» Étant animés de cet espoir, voyons, d’aussi haut que possible, ce pré-
sent débat; et tàchons qu'il ne soit point là seulement question d’émules
se livrant passionnément à d’ardentes escrimes , entendant jouter d’habileté
etse proposant , dans un intérêt de vanité, la conquête d’une palme. Et je
vais plus loin dans cet aperçu. Selon moi, ce n’est point une rencontre
d’émules dans une lutte personnelle, ce ne sont point deux naturalistes
qui se heurtent, mais deux systèmes, lesquels ont des principes opposés,
et dont le débat peut amener une conciliation, une autre conception.
» C’est ici comme dans tout autre ordre de vérités qui marchent en
développement. Deux camps partagent aujourd’hui les naturalistes en
deux groupes, de telle sorte qu’après un long et paisible enfantement de
quelques premières vérités, doivent arriver enfin les épreuves des jours
de transition. À ce moment, les uns restent dans les règles et les habi-
tudes d’un passé, qui se fait recommander en raison de ses services ren-
dus, et qui compte pour cela et son savoir des détails, et de nombreux
partisans; et d’autres sont des hommes d'avenir que quelques études
profondes engagent dans la voie de la synthèse. Ceux-ci, après s'être
exercés dans le maniement de l'analyse, voient les faits pour les géné-
raliser; ils jugent de leur ensemble, s’en éclairent efficacement pour
se porter sur le principe de leur essence, et pour en connaître au moins
les plus’ intimes rapports. Cependant M. de Blainville termine sa ré-
plique par signaler ces derniers comme des brouillons, dont il craint
(115 )
que les idées ne soient faussées ou exagérées; hypothèses dont la science à
eu, insiste-t-il, tant de peine à se débarrasser vers la fin du dernier
siècle, et qui ont arrété si long-temps ses progrès.
» Ne serait-il pas plus équitable de faire ici emploi d’une distinction
nécessaire ? Dans le dernier siècle, la synthèse fut abusive; on généra-
lisait, ou on l’essayait du moins, sans avoir les faits; aujourd’hui la
synthèse, en puissance des faits et discrètement conseillère, entraîne
au développement des idées particulières et transforme les travailleurs,
en raison de leurs profondes convictions, en hommes d’avenir, en phi-
losophes de la nature. Ainsi voilà deux classes de naturalistes, les uns
stationnaires ou même rétrogrades, qui préchent le danger des inno-
vations, et qui sont récompensés de leurs faciles efforts par toutes les
faveurs des pouvoirs publics et les applaudissements de la multitude; la
médiocrité est conviée à ce festin. Opposez à ces favoris de la fortune
ces hommes de conviction et de labeurs infatigables, aux physionomies
souffreteuses, que ne détournent ni les atteintes de la misère, ni les
désignations et qualifications outrageantes qu’encourt un novateur. Voilà
peut-être où se trouvent amenés les deux groupes des naturalistes,
aujourd'hui qu’éclatent à leur sujet la fin d’une époque de premier âge
et le commencement de l’époque de l’âge suivant.
» Ce ne sont là que des généralités, sans le moindre doute; mais je
préfère les rappeler, en cette occurrence, pour n’y voir qu’un effet né-
cessaire de la marche du développement social, plutôt que d'arriver à
m'en formaliser avec aigreur et colère. Je le fais encore pour détourner
nos élèves de dérisions à l’égard de leurs maîtres; car ils auront cette
sagesse, venant à comprendre qu’il est des jours prochains, où néces-
sairement le passé se doit heurter vis-à-vis de l'avenir : et en effet, ce sont
là des conditions révolutionnaires à subir, quand s’accomplit la matu-
rité des événements.
» Mais allons aux faits de la discussion : et voici ce qui me frappe.
Comment n'ai-je point été compris? Je croyais, dans mon premier mé-
moire du g janvier, avoir établi, avec assez de détails, surabondam-
ment peut-être, sur quels principes reposaient mes vues de déter-
mination, alors que j'attribuais le genre Sisatherium à la famille des
giraffes. Depuis que Cuvier est parvenu, avec tant de bonheur, à nous
enrichir du principe de la subordination des caractères, depuis de tels
succès, qui assignent à de certains organes un caractère de suprématie,
nous avons dù perdre l'habitude d’estimer les rapports numérique-
( 116 )
ment : il nous faut non plus les nombrer, mais en estimer philoso-
phiquement la valeur relative. Qui n'a accordé son admiration à cette
idée synthétique! « Sur la vue d’un, seul os, d’une seule portion d’un
» 05, je reconnais et je ramène, dit Cuvier, cette partie à l’ensemble
» dont elle aurait été détachée. Tout l'être ayant possédé cette parcelle
» m'apparait intellectuellement. » Mais M. de Blainville s’en tient à re-
produire Cuvier comme descripteur des faits de dissection, se refusant,
au contraire, à le suivre dans ses conceptions philosophiques. Or, tout
autrement, j'ai, moi, foi à la puissance des indications des caracteres
dominateurs; et ainsi, c’est après avoir aperçu, non une cassure, mais
la structure de la base du prolongement frontal chez le Sivatherium,
c’est réfléchissant à ce caractère tout-puissant et profondément révélateur,
que j'avais pensé tenir sous la main la clé de mon problème comme
détermination.
» Il est vrai que je n’aiï point été servi par la préférence que M. de
Blainville a accordée à l’une des figures de M. Cautley. Le savant ca-
pitaine et habile dessinateur avait représenté et fait graver la tête du
Sivatherium deux fois de profil, sa face droite et sa face gauche. M. de Blain-
ville a donné, dans le dernier Compte rendu , la face de gauche, qui allait
mieux à sa critique. Car là était une cassure vers le haut du prolon-
gement frontal. Mais s'étant privé de montrer l’autre prolongement qui
était entier, mon honorable collégue, n’a point dù insister sur les ré-
vélations de cette corne droite, dont cependant la base présentait la
suture des os et le trait significatif dont j'avais fait le point de départ
de ma détermination. Ge m'est donc une nécessité de remettre ces cir-
constances sous les yeux des mêmes lecteurs: je donne ainsi l’autre
face (droite) de la tête du Sivatherium.
» Je vais profiter de Poccasion pour chercher, à mon tour, à capter
également par un acte de perception oculaire des effets d’assentiment, en
produisant de même oculairement le spectacle du contraste qui résulte
des têtes figurées et rapprochées des Ælephas primigenius et Elephas
africanus. Ce sont les exemples que d’ailleurs, j'avais indiqués dans mon
premier mémoire, pour apporter à lesprit les rapports profonds et vi-
sibles seulement par l’intellect, qui existent d’accord soit chez les deux
giraffes, soit chez nos deux éléphants.
» La révolution subie d’une espèce à l’autre dans chacune des deux fa-
milies, a donné différemment les proportions de ces têtes : c’est un fait à
noter, mais qui au fond ne change rien à la valeur de nos appréciations
(117)
et de nos raisonnements. La tête du Sivatherium est plus courte d'avant
en arrière, et elle est proportionnément plus large sur ses côtés. Ce n’est
là qu’un effet de ma loi du balancement des organes; c’est autrement
chez l'éléphant , ou l’être.fossile, qui a la tête excessivement longue, quand
l'éléphant d'Afrique luiest, sous ce rapport, entièrement opposé.
» Du moment que Cuvier eut considéré les maxillaires des éléphants
sous le point de vue de leur excès de grandeur et qu'il y eut aperçu
dans une condition spéciale de vastes conques alvéolaires pour y loger
des dents démesurément longues, ou des défenses, Cuvier crut à l'existence
d’un organe dominateur , pour la formation du genre. De mon côté, adop-
tant cette manière de comprendre les véritables éléments des rapports na-
turels, du moment aussi que j'en fus venu à remarquer dans le :-
vatherium cette même essence de prolongements frontaux, telle qu’elle
ne se trouve que dans la seule giraffe, je dus me rendre non moins
attentif à cette structure exceptionnelle.
» Car voudrait-on que, descripteur sans théorie et renonçant à tout
savoir synthétique, j'en vinsse à me traîner, par des considérations mi-
nimes et distribuées par zones, éléments qui n’apportent à l'esprit que
des différences insignifiantes et dépendantes d’un changement de pro-
portions au prorata : mes études progressives me l'interdisaient. Nous
sommes dans cet état de progrès continu qui caractérise un second âge:
et, si Cuvier nous a enseigné de rechercher pour l'appréciation des rap-
ports naturels un fait radical et dominateur, duquel toutes les autres
considérations d’un rang inférieur ne dépendissent qu’au titre d’un effet
de sa loi de la subordination des caractères, nous nous refuserions à
l'observation de son précepte, aux notions instructives du savoir de ce
grand maitre.
» Sans le moindre doute, surviennent dans des organes ou raccourcis
ou, au contraire, amenés à plus de longueur d'avant en arrière, et se
propagent au prorata de zone en zone des effets du turgescence ; chacune
de ces modifications dans: sa zone apporte à l'œil un grand fait comme
saillie, mais c’est souvent sans-une relation importante. C’est ce que com-
prenant Cuvier, ila cru devoir négliger et attribuer, dans sa vue théorique,
aux conséquences de son principe ou de sa règle, la subordination des
caractères.
» Cette théorie ne fut point à l'usige de M. de Blainville : nous l'a-
vons plus haut remarqué. Contemporain de Cuvier, il crut n’en devoir
reproduire les qualités qu'au titre de savant anatomiste, s'étant décidé-
ment refusé à en admettre les théories progressives. Aussi, M. de Blain-
. (418 )
ville se trouve resté fidèle aux habitudes d’un passé qui lui prescrivait
de compter un à un chaque point de la surface des organes, d’en faire
la somme et d'agir, avec la puissance du nombre des parties. Voilà ce qui
explique la série des chiffres de sa dernière argumentation , 1°, 2°, 3°, etc. ;
toutes considérations partielles qu’il juge si grandement influentes, et dont
il présente le détail avec tant de complaisance. S’appliquant à détruire
mon travail de détermination à l’égard du Sivatherium , il abonde en
preuves particulières; pour moi, je ne lui oppose qu’une seule consi-
dération; mais, je la crois décisive, je la fais dépendre du grandressort qui
gouverne l'allure de la machine. Nous avons vu différemment; mais c’est
peut-être qu’au commencement des sciences, il ne faut apporter dans une
première étude que les yeux du corps, et qu’il est non moins nécessaire
que, quand le cercle des considérations de détail est parcouru, il ne faille
à ce jour de seconde vue, il n’y faille apporter que les yeux de l'esprit.
» Qui nous jugera? ou les hommes de l’âge qui finit, ou ceux de
l’âge qui commence ? Mais c’est tout simplement la Société présente qui
appartient à notre temps de transition d’un système dans l’autre : elle est
formée des partisans des deux époques. Laissons donc faire au temps, dé-
truisant ici, puis recréant plus loin , et finalement , toujours avec autorité.
» Nous allons très vite en ces jours de progrès continu, et d’autant plus
vite que les succès d’hier profitent à l'accroissement des succès du len-
demain. Encore dix de ces années de nos travaux en histoire naturelle, et
je m’en'flatte, j'aurai sans doute réussi à rédiger, le 9 janvier dernier,
mon chapitre zoologique, dans le style qui sera dès-lors recommandé.
Car il faut arriver à tout dire, mais sans prolixité, mais sans un flux de
paroles, non pas seulement inutiles, mais nuisant malheureusement et ve:
nant distraire des points dominateurs à consulter d’abord.
» Je ie demande surtout à mes successeurs ; laissons arriver les hommes
des hauts rangs de la Société au savoir de l’histoire naturelle : car eux,
comme nous les naturalistes de métier, ils ont notre même intérêt à venir
puiser dans les vues sur la nature; ne füt-ce que pour nourrir et perfec-
tionner leur foi philosophique et religieuse, dont le besoin se fait sentir
à tous les esprits éclairés. Mais alors, débarrassons notre langage de ces
prétendus termes techniques, qui ne sont qu'une façon d’ancienne
barbarie, dont s’abrite la médiocrité pour cacher son ignorance.
» Je ne reviendrai point sur ma publication de l’avant-dernier lundi , ni
pour y accroitre, ni pour la modifier. Faite dans mes vues d'avenir, je la tiens
jà suffisante pour se protéger par elle-même, et c’est où j'arréterais cette
(«19 )
défense, si l’occasion s’en présentant, je n'avais à cœur de me satisfaire
sur un regret que j'ai témoigné. C’est au sujet de l’elephas primigenius.
» Que cette espèce eût été détachée du sous-genre où sont et doivent
demeurer les éléphants vivants, peut-être que la critique qui m'a été
adressée n’eût pas eu lieu; que la famille des Éléphantiformes eût été
mieux exposée, et dans sa classification, et dans sa nomenclature, mes
vues sur la giraffe fossile eussent peut-être été dès-lors comprises. Or,
j'avais déjà, le 9 janvier dernier, songé à donner le mot réformateur de
Dicyclotherium , et à élever ainsi au caractère de genre, l’espèce fossile
primigenius. Cette série zoologique Wastodon , Dicyclotherium , Elephas ,
eût mieux marqué l'ordonnance qui est dans la nature, et quant à la
succession des temps, et quant aux degrés de l’organisation; et elle eût
fait aussi mieux participer à ce système de coordination l’autre série
parallèle, Sivatherium et Camelopardalis. Ce qui m’a dissuadé de ce soin,
ce furent, c’est d’une part, de la réserve à l'égard de Quvier, et de l’autre
la crainte qu’étant privé d’un savoir suffisant et d’assez de faits appli-
cables à ce remaniement zoologique, j'en vinsse à commettre à l'égard des
Mastodons quelques erreurs. Je vois beaucoup d’espèces rangées au-
jourd’hui parmi les mastodons, qu’il faudra régler autrement, générique-
ment parlant; tels sont quelques autres éléphants fossiles” décrits par
Ch. Morren, le mastodon latidens, l'espèce tetracauladon de Goodman, le
mastodon pygmée, d’autres individus décrits par Buckland et Marcel de
Serres. J'ai dû attendre d’autres temps plus favorables pour un aussi im-
portant travail.
» Quant aux éléments du mot Dicyclotherium , les voici : Je suis à cet ef-
fet parti de la supposition qu’un changement dans la constitution des
milieux ambiants, aurait frappé universellement toutes les espèces anté-
diluviennes; et ceci peut au plus être présumé. Cela posé, l'Elephas primi-
genius aurait, par un miracle de la providence, appartenu à deux époques,
a deux cycles, d’où Dicyclotherium ; il aurait vécu dans le monde anté-
diluvien pour périr là et toute sa race; et toutefois, il aurait été recueilli,
un individu au moins, dans le monde actuel; jusque-là, qu’il aurait con-
-servé en Sibérie dans les glaces, toutes ses formes organiques d’autrefois,
chair, vaisseaux , nerfs, épiderme, etc. Il nous est resté comme un être en-
dormi du monde antédiluvien, et transmis à notre âge par l'effet d’un cata-
clysme d’une grandeur dont Cuvier a pesé les destinées.
» Je m'arrête dans la présente défense. Quoi qu'il arrive dorénavant, et
quelque répartie que l’on veuille de nouveau m'opposer, je resterai silen-
C. R. 1837, 1°-Semestre. (T. 1Y. N0 4.) 17
( 120 )
cieux. Ces luttes agitent l’âme et y jettent d’amers tourments; mais du
moins, je crois avoir le droit de me rendre cette justice, je trouve tou-
jours mon cœur ouvert à la mansuétude et pénétré des sentiments bien-
veillants que je n’ai cessé de porter à mes collègues. »
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Page CXXI.
Je viens aussi donner des figures pour les questions du superbe fossile de l’Hima-
laya, quatre, comme on l’a fait dans le Compte rendu de la dernière séance. J’ai désiré
qu’elles fussent comparables , et hors une seule, mon n° 4, pour laquelle ce soin
était inutile, je les ai fait réduire au ; de la grandeur totale.
LL
N°1. Je donne là le crâne du Dicyclotherium; c’est le nom générique que j’ai fini
par admettre, et que je propose pour l’elephas primigenius , ou l’éléphant mam-
mouth. Je n’avais besoin que d’en présenter la dimension relative, laquelle je fais
contraster avec celle de la tète ronde placée au-dessous.
N° 2. C’est la tête osseuse de l’Elephas africanus. Quand dans le Compte rendu de la
séance du 16 courant, on en est venu à donner figurativement le Sivatherium , entre
les deux figures du profil de ce grand fossile, on a choisi le côté gauche C; le but,
évidemment, en amenant sous le même aspecé le crâne d’une jeune giraffe D, c'était
une surprise à l’âme que l’on se ménageait. Car après avoir invoqué ce témoignage
oculaire , restait-il les moyens de croire à ma détermination, et d'admettre comme
portant sur le sentiment de la même famille, et cette grosse tête ramassée en boule C,
et cette autre petite et allongée D? Contre ce sentiment, j’oppose l’aspect du Dicy-
clotherium, n° 1 de ma planche, et le crâne n° 2 de l'éléphant d’Afrique. Là les
choses sont dans l’état inverse, il est vrai; mais nous avons cet accord, que l’une
de ces têtes est étroite et allongée, et que l’autre est également ramassée en boule,
A qui viendrait donner l’idée que , néanmoins, ce sont des êtres très distincts dans
l’ordre des rapports naturels, on donnerait cette réplique : Leurs rapports sont con-
sentis dans la science, sont jugés par Cuvier, dans ses Ossements fossiles. C’est dans ce
magnifique ouvrage que j’ai pris et d’où j’ai transcrit ces figures.
Deux enseignements sortent de là : ;
Premièrement : Cette opposition de grandeur proportionnelle n’altère en rien le type
primitif, si ce n’est qu'il faille marquer un ‘peu plus la &istance respective de l’une
à l’autre de ces espèces, en les nommant génériquement et distinctement ; mais.elles se
suivent de près. . f
” Secondement : Ayant pris le soin d'élever à la condition nominale de genre l’espèce
primigenius, j'ai. donné à la classification une meilleure tenue, arrivant à ceci, que,
d’une part, les rapports sont sensibles selon la conjoncture différente des temps, et,
de l’autre, que je viens dans ce nouvel exemple et dans cette meilleure forme de
langage, confirmer mon dire sur les grandeurs respectives des animaux des deux âges
de la:terre. C’est de droit effectivement;'si j’ai saisi un fait général dans l’exposé de
\ : ;
17e.
( 122)
mon mémoire, Compte rendu , n° 2, p. 57, que la giraffe des premiers âges de la
terre, soit l'être colossal, et que celle de l’âge actuel, passée dans un milieu moins
excitant, fût retenue dans des dimensions moindres.
N° 3. Je prie qu’on donne attention à mon autre figure du Sivatherium , celle dont la
tête est représentée par le côté droit.
Il y avait deux dessins dans la planche venue de l’Inde pour cette tête ; un,
côté gauche, était en pleine dégradation, et indiquait une destruction avancée. Il n’y
avait rien à faire de cette image, et si seule je l’eusse remarquée, je n’aurais essayé
aucune détermination ; au contraire, l’autre, côté droit, était dans l’essentiel des formes
en parfaite conservation. M. de Blainville a préféré donner le premier , et aujourd’hui
je reproduis l’autre.
Gelui-ci contenait avec fermeté le trait fondamental propre aux giraffes, cette
lunule à la base du prolongement frontal. Cependant j’avais indiqué cette suture très
significative , et j'ai du plaisir à faire remarquer que par les soins précieux de M. de
Blainville, ce grand caractère est indiqué avec précision dans la giraffe vivante qu’il a fait
représenter. Tel est, je le répète, ce fait puissant pour la théorie, qui, venant à
éclater de même dans l’animal fossile de l'Himalaya, dut être et fut aussitôt invoqué
par moi.
Cette anomalie si surprenante n'existe que dans les êtres de ma discussion : je
devais y insister fortement, et cela méritait que je fisse graver la planche de ce
mémoire.
Une autre circonstance nuisait à ma détermination ; c’est qu’on eut omis de dire que
le museau de la giraffe antédiluvienne manque par cassure. Ceci est rapporté et montré
dans la figure de M. Cautley.
N° 4. Cette figure donne la moitié coupée, dans le sens de sa longueur, du prolon-
gement frontal d’une jeune giraffe du Cap; elle est sous-double de la grandeur totale.
J'avais à cœur de produire cette portion d’os. Le prolongement frontal des giraffes
formait, à l'égard de l'animal de l'Himalaya , l'ame de ma détermination. J’y voyais,
en quelquesorte, comme un grand ressort, principal événement de la machine. Là abou-
tissent toutes les réactions du système vasculaire, qui détournent et modifient le fond
organique des Ruminants, et qui amènent ainsi l’état commun à la structure spéciale
des giraffes.
La coupe de cette corne, entièrement osseuse, me permet de mieux montrer cette
organisation exceptionnelle. La base de cette tige, os à part, et à surface convexe, porte
un périoste propre, lequel plus tard disparaît : car quand arrive la jonction par su-
ture des prolongements avec l’os coronal, ce devient un fait tératologique, que les
conditions tardives de cette réunion.
Et c’est quand il intervient là un si grand caractère, qui est vraiment égal par son
rang d'importance, aux circonstances qui se rattachent aux défenses des éléphants,
c'est quand une telle révélation est si palpitante, que l’on songerait à me contester la
justesse de ma détermination ?
Mais enfin, au Puscic, notre maître à tous, au Public le soin de juger en dernier
ressort.
( 123 )
Application du principe de soi pour soi au battement des artères.
(Note remise par M. GrorFroy SainT-HiLaIRE.)
Après la lecture du mémoire de M. Flourens, M. Geoffroy Saint-Hilaire
prend la parole : « Il pense que, outre les causes mécaniques qui viennent
d'être signalées pour le battement des artères, il en faut encore reconnaître
une autre qui dérive du principe de sa loi de soi pour soi.
» Ce principe, c’est que, si deux fluides élastiques ou liquides viennent
à s'affronter, et dans l’espèce, si des afflux sanguins s'affrontent, c’est-à-dire
portent l’un vers l’autre celles de leurs parties moléculaires qui sont exac-
tement similaires à leur contact, ces molécules sont sollicitées à une mu-
tuelle attraction et subissent un changement d’état dans leur essence
première. La portion produite sous l’état de gaz impondéré passe
à une consolidation de liquide ou de tissu membraneux; et ici, ce
sont de nouvelles molécules qui s'ajoutent à la surface interne du tissu
méme de l'artère. Ainsi, à chaque systole, il y aurait momentanément perte
de volume quant à l’afflux sanguin, et nécessairement diminution dans le
calibre de l'artère; de là contraction dans l’ensemble du vaisseau. »
“
PALÉONTOLOGIE. — Fossiles du Gers. — Proposition relative aux moyens
que pourrait prendre l’Académie pour encourager les recherches de
M. Lartet ; par M. Ar4Go.
« L'Académie entendit lundi dernier avec un vif intérét le compte qui
lui fut rendu des découvertes que M. Lartet vient de faire dans le territoire
de Sansan, département du Gers. Cet intérét a dû s’accroître par une
lecture attentive de la lettre du savant naturaliste. M. Lartet n’a pu consa-
crer à ses recherches que de très modiques sommes ; ses découvertes ac-
querraient probablement plus d'importance encore, s’il avait à sa disposi-
tion des ressources suffisantes. Jose donc prier l’Académie d'inviter sa
commission administrative à examiner quels sacrifices il serait possible de
faire en faveur de M. Lartet, ou plutôt en faveur de la Zoologie et de la
Géologie; ma demande, je l’espère, sera accueillie. »
Même proposition faite par MM. pe BramviLce ef CorDier.
« M. de Blainville fait aussi, en son nom et en celui de M. Cordier, la
proposition d'encourager les fouilles entreprises par M. Lartet aux envi-
rons d’Auch ; il importe, dit-il, d'augmenter et de rendre encore plus
( 124)
intéressants les résultats géologiques et paléontologiques que ce natu-
raliste a déjà obtenus, et dont un exposé détaillé a été inséré dans le
Compte rendu de la séance dernière.
» M- de Blainville développe sa proposition. »
La proposition faite par MM. Arago, de Blainville et Cordier, est ren-
voyée à la Commission administrative, qui fera, à ce sujet, un rapport à
l’Académie.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les températures de la croûte solide
du globe, de l'atmosphère et du lieu de l'espace où la terre se trouve
actuellement ; par M. Porssox.
M. Poisson, inscrit pour la lecture de ce mémoire, cède son tour à
M. Despretz, un des candidats pour la plaée vacante dans la section de
Physique, et annonce qu’il lira son travail dans la prochaine séance.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination d’un corres-
pondant pour la place devenue vacante dans la section de Géographie et
de Navigation par le décès de M. Lislet-Geoffroy.
Le nombre des.votans est de 47. Au premier tour de scrutin,
M. le capitaine Beaufort réunit. . . . + 45 suffrages,
M. le capitaine Francklin. . . : . . - 4
M. Beaufort ayant ainsi obtenu la majorité absolue des suffrages, est dé-
claré élu.
MÉMOIRES LUS.
paysique. — Recherches sur le maximum de densité des liquides ; par
M. C. DesPrerz. (Extrait.)
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Arago, Becquerel.)
« Ce travail, dit l’auteur, sera divisé en deux parties.
» Le premier mémoire renfermera une série d'expériences sur la déter-
mination de la température de la densité maximum de l’eau pure, et sur la
dilatation de ce liquide depuis le maximum jusqu’à l’ébuilition, et depuis le
maximum jusqu’à 13 degrés au-dessous.
(1265 )
» Le second se composera des résultats des recherches sur le maximum
de densité de l’eau de mer, et sur la marche générale du phénomène dans
les dissolutions aqueuses, salines, acides, alcalines ou alccoliques à divers
degrés de concentration.
» Je me suis occupé de ces sujets dès 1832 et 1833. J'ai déjà fait con-
naître à l’Académie quelques résultats, Depuis cette époque, j'ai-répété,
J'ai modifié les expériences, en sorte que je crois être arrivé à des résultats
plus certains et plus généraux. J'ai constaté que toutes les dissolutions
salines ont comme l’eau pure, un maximum de densité; je ne voulais
d'abord que reconnaître si l’eau de mer possède ou ne possède pas un
maximum. On sait que M. Marcet de Genève et M. Ermann de Berlin, les
deux seuls physiciens qui se soient livrés dans ces derniers temps à des
recherches expérimentales sur ce sujet, n'avaient pas trouvé de maximum :
on en verra la raison dans le second mémoire ; la solution de cette question
présentait de l'intérêt aux physiciens, à cause des phénomènes de tempé-
rature des mers polaires ou équinoxiales, j'ai été conduit à faire des
recherches sur l’eau pure, question qui est aussi très importante par sa
liaison avec la détermination du gramme, parce que j'ai vu que tous les
physiciens qui se sont occupés de ce sujet épineux, ont chacun, laissé une
indétermination assez grande. M. Hallstrôm, à qui l’on doit le travail le plus
récent sur cette matière, a trouvé, par chaque procédé, un nombre parti-
culier, ainsi il a donné 4°,85 et 3°,4 pour limites. Le nombre auquel ce sa-
vant s’est arrêté, après une discussion détaillée des résultats connus, est
4°,1=0,3. On voit quelle incertitude laisse ce travail. Je ne parle pas de
M. Rudberg, qui a donné le même nombre que moi à l’Académie: de
Stockholm, plus d’un an après le compte rendu des séances où j'avais fait
mes communications à l’Académie.
» Quatre méthodes ont jusqu'ici été employées dans .ce genre de
recherches; la plus simple en apparence consiste à peser un corps dans
l'eau prise à diverses températures. La nécessité d’agiter le liquide, pour
distribuer uniformément la chaleur, rend cette méthode difficile à prati-
quer, puisque cette agitation remue nécessairement la balance. Lefebvre-
Gineau, Hallstrôm et d’autres physiciens l'ont employée.
» Dans la seconde, on pèse le même vase plein d’eau aux températures
voisines du maximum. Blagden et Gilpins se sont servis de cette méthode.
Je l'ai aussi essayée, je l’ai même soumise à des épreuves nombreuses; elle
n'est pas assez sensible. Ce dernier reproche peut encore être adressé à la
première méthode.
( 126 )
» On aurait été naturellement porté à penser que la réfraction fournirait
un moyen trés délicat. Mais on sait, depuis les expériences de M. Arago, que
l’eau, en se dilatant par le froid, réfracte de plus en plus la lumière ; ce
fait, qui n’est pas moins singulier que le fait du maximum même, exclut la
réfraction pour la recherche qui nous occupe.
» On déterminerait encore la température du maximum en s'appuyant
sur la relation découverte par M. Savart, entre la température et le diamètre
des nappes. Mais ce procédé exigerait une grande habitude dans les expé-
riences sur l’écoulement des liquides.
» Le procédé qui nous a paru le plus propre à remplir notre but, est de
comparer la marche du thermomètre à eau à la marche du thermomètre à
mercure. Pour cela nous avons construit six thermomètres à eau et quatre
thermomètres à mercure. Tous ces instruments étaient divisés en capacités
égales. Afin de détruire l'erreur provenant de a forme conique des tubes,
on les a disposés de manière que la variation dans la grandeur du diamètre
allât alternativement dans un sens et dans l’autre. Dans les premières expé-
riences, on plaçait les instruments au milieu d’un liquide, qu’on refroi-
dissait graduellement, et lorsqu'on avait dépassé le maximum apparent, on
abandonnaït l’appareïl à l’action calorifique des corps environnants; il
s’échauffait et arrivait au point de départ. En dirigeant l'expérience de
maniere que l’échauffement eût la même rapidité que le refroidissement,
on évitait l’erreur occasionée par le défaut de coïncidence’entre le thermo-
mètre à eau et le thermomètre à mercure : le premier étant toujours en
retard sur le second. D'ailleurs, on affaiblissait beaucoup cette cause
d'erreur en prenant la moyenne des résultats obtenus; néanmoins on a
préféré opérer dans l’état statique.
» Après plusieurs essais, qu’il serait inutile de relater, nous avons adopté
l'appareil suivant:
» Cet appareil se compose d’un vase cylindrique en cuivre, semblable à
une grande éprouvette. Dans ce vase, sont suspendus deux thermomètres à
eau et trois thermomètres à mercure; les deux premiers alternent avec les
derniers; tous les réservoirs sont à la même hauteur; le vase est fermé par
un bouchon, afin d'empêcher lacces de Pair extérieur. Il est placé dans un
grand vase en terre, qu’on remplit d’un mélange à diverses températures,
depuis + 16° jusqu’à la congélation de l’eau qui arrive tantôt à — 5°, tantôt
à — 10°, quelquefois à — 15°, et mème à — 20°. |
» Nous devons rappeler que M. Gay-Lussac avait déjà vu l’eau se main-
tenir liquide à — 12°.
( 127)
» La durée d’une expérience est de 8 à 10 heures, pendant laquelle on
prend 8 à 10 nombres.
» On trace la courbe de la dilatation apparente, puis on lui mène une
tangente parallèle à la ligne de la dilatation du verre; car le maximum est
évidemment le point où la dilatation absolue de l’eau est nulle, c'est-à-
dire, où la dilatation apparente observée est égale à l’effet produit par la
contraction du verre. Nous serions arrivés à la fixation du maximum par
la méthode de calcul suivie par M. Biot dans la discussion des expériences
connues, lors de la publication de son traité de physique; nous avons pré-
féré la méthode des tracés qui indique peut-être mieux la marche des ré-
sultats.
» La détermination du maximum absolu , exige la connaissance de la di-
latation du verre. Comme la composition de cette substance est plus ou
moins variable, nous devions chercher la dilatation des tubes mêmes dont
étaient formés nos thermomètres; nous l'avons trouvée égale à 0,0000258
entre 28° et 100°, et à 0,000025 entre o° et 28° ; entre o° et 1002 ce serait
0,0000257, nombre qui ne diffère que d’une unité dans le troisième chiffre
du nombre obtenu par MM. Dulong et Petit. La dilatation du verre croît
donc de o° à 100°. Mais l’accroissement assigné par M. Hallstrom est évi-
demment trop fort, non pas seulement parce que cet accroissement diffère
beaucoup de celui que nous trouvons; mais parce qu’il est en opposition
avec la marche généralede la dilatation établie par les deux physiciens cités.
» Le procédé que nous venons de décrire a encore l'avantage d’être le
seul applicable à l’eau pour les basses températures, et aux dissolutions
dont le maximum est au-dessous de la congélation dans l’état d’agitation,
ce qui est le cas des dissolutions un peu concentrées.
» On arrive encore à la détermination du maximum par un procédé in-
dépendant de la dilatation du verre. Ce procédé est fondé sur ce que, dans
une masse liquide dont les couches sont à des températures inégales, les
molécules qui sont à la température du maximum tendent à se précipiter,
tandis que les autres tendent à s'élever. Nous avons considérablement
modifié ce procédé, déjà pratiqué par Hope, Tralès, Rumford et Halls-
trôm. La discordance des résultats obtenus par ce dernier lui a fait pen-
ser que cette méthode doit être rejetée. En effet, exécutée comme elle l’a
été par ces physiciens , elle est au plus propre à prouver l’existence d’un
maximum ;, mais non à en faire estimer la température.
» Voici la description succincte du procédé tel que nous l'avons mis en
pratique.
C. R. 1837, 12 Semestre. (T. IV. N°4.) 18
( 128 )
» Nous avons pris un vase de faïence, de la capacité de six litres; un
vase plus grand eût exigé trop de temps, puisque célui-ci ne se refroi-
dissait que de quelques degrés en cinq heures dans l'air; la température
de ce fluide étant de plusieurs degrés au-dessous dé zéro. Un vase plus
petit, par exemple, une éprouvette, aurait eu un refroidissement trop
rapide, par conséquent, la température indiquée par les thermometrés
aurait présenté une trop grande différencé avec læ température réelle du
liquide.
» Quatre thermometres dont les tiges traversaient la paroi du vase,
étaient placés horizontalement dans un même plan vertical. Deux étaient
d’un côté, et deux du côté opposé. La distance entre le premier thermo-
mètre et le fond du vase était de 54 millim., ainsi que celle qui séparait deux
thermomètres consécutifs. La hauteur totale du: vase était de 270 millim.,
et le diamètre de. 160 millim. Les therromètres-alternaient, en sorte que
le n° r etlen° 3, sortaient d'unmême: côté et le n° 2:et le n°4 du côté opposé.
Le milieu du réservoir de chaque thermomètre était dans l'axe du vase.
» Le vase était suspendu par trois cordons d’égale longueur, l'axe en
était vertical.On le fermait par un couvercle en faïence, quand il était rem-
pli d’eau à une température supérieure ou inférieure à celle de Pair en-
vironnant, selon qu’on voulait opérer par refroidissement ou par échauf-
fement ; on attendait quelques-instants; puis on: notait la température de
chaque thermomètre de minute en minute. On traçait ensuite la courbe
des températures; pour cela on élevait sur une droite qui représentait le
temps, des ordonnées. proportionnelles aux températures et l’on faisait
passer une ligne par les. extrémités des ordonnées relatives au même
thermomètre.
» On sait qu’au-dessous du maximum l’eau inférieure est plus chaude
que l’eau supérieure, et que c’est l’inverse au-dessus. On aurait donc pu
penser que les courbes des températures se couperaient en un seul point
quiserait la température du maximum ; il n’en apasiété ainsi, Les courbes
près de 4 degrés se sont coupées en un grand nombre de points, comme
le montrent les dessins que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de PA-
cadémie.
» On a obtenu le maximum de la manière: suivante :
» 1°. On a pris la moyenne de toutes les températures où les courbes
changent brusquement de direction;
» 2. La moyenne des températures correspondantes aux points d’inter-
section ;
(429 )
» 3° La moyenne des points où la courbe tracée avec les températures
moyennes, coupe les quatre autres courbes.
» Enfin, la: moyenne de ces trois résultats.
» On voit que la méthode de Tralès, ainsi modifiée, doit conduire à un
résultat plus certain que ceux qu’on a obtenus jusqu’à présent.
» La moyenne de deux expériences par échauffement, est 4°,058. Mais les
thermomètres ayant été gradués dans une position verticale et observés
ici dans une position horizontale, une correction due à la pression du
mercure devient nécessaire ; une seconde correction dépend de l’action de
l'air sur la tige des thermometres, ces deux corrections dont on avait
estimé l'influence par l’expérience, réduisent cette moyenne à 3°,969.
» Deux expériences par refroidissement ont donné 3°,995 pour moyenne
corrigée. La moyenne générale est 3°,982; la différence 0,026, est bien
dans le sens dans lequel elle doit être; car, dans l’état de mouvement,
c'est-à-dire dans l’état d’échauffement ou de refroidissement, la tempéra-
ture d’un liquide n’est pas exactement indiquée par un thermomètre. Si le
liquide se refroidit, l'indication thermométrique est trop élevée; elle est
trop basse dans le cas contraire. Le retard dont il est question sera d’au-
tant plus grand, que le mouvement de la chaleur sera plus rapide. De
plus, il y aura d'autant plus de probabilité pour l'exactitude d’une série
d'expériences, que les résultats partiels d’où l’on doit tirer le résultat vé-
ritable, différeront moins entre eux. Or, cette condition paraît remplie par
vos expériences, puisque la différence, entre le résultat trop grand et le
résultat trop petit, n’est que de 0°,026.
» M. Hallstrôm obtenaitbien;par leprocédé de Tralès, un plus pétit nombre
par échauffement que par refoidissement, mais comme la différence était
de 1°,3, il a pensé que cette méthode présentait peu d’exactitude.
»Si au lieu de prendre la moyenne des températures supérieures à 4°, et
celle des températures inférieures, on prenait la moyenné de toutes les
températures relatives à une même courbe, on aurait 3°,988, au lieu de
3°,082 : différence 0°,006.
» Je rapporterai encore des résultats obtenus parles thermemètres à eau,
c'est-à-dire par la première méthode employée.
qe &
Sept expériences avec un tube. . . . 3°,90.
Sept expériences avec un autre. . . . 4° ,02.
Deux expériences avec un troisième. . Æ{°,or.
Deux expériences avec un quatrième. . 3°,96.
18.
( 130 )
» Moyenne de ces dix-huit expériences 4°, ce qui est le même nombre
que par le procédé précédent , à moins de deux centièmes près.
»Avant et après chaque expérience, on vérifiait le zéro des thermomètres.
Cette vérification est absolument nécessaire, parce que le zéro des thermo-
mètres, même de ceux qui sont construits depuis long-temps, varie quand
ces instruments sont tenus quelque temps à une température basse ou
à une température élevée. Nous reviendrons sur ce point important dans
une autre circonstance.
» Tant de résultats contradictoires ont été obtenus sur le maximum de la
densité de l’eau pure, qu’il n’est pas inutile de faire remarqueren quoi ces re-
cherches peuvent être regardées comme plus approchées de la vérité. Elles
m'ont occupé pendant plus d’une année. J'ai construit, j'ai gradué moi-même,
tous les instruments.Toutes les pesées ont été faites avec le plus grand soin.
Dans la crainte d’erreurs partielles, tous les résultats ont été représentés par
des tracés sur une grande échelle. Je ne mets sous les yeux de l’Académie
que quelques-uns des nombres et quelques-unes des courbes d'observation.
Bien qu’on ne puisse pas répondre d’un centième de degré, vu l'extrême mo-
bilité des instruments en verre, cependant on remarquera que la différence
des résultats particuliers avec 4°, différence qui, en général, a été de quel-
ques centièmes , n’a jamais dépassé o°1 ; et, que deux procédés qui n’ont
pas le moindre rapport entre eux, ont fourni sensiblement le même
résultat que cette partie de notre travail. Néanmoins, à cause de l’im-
portance du sujet, j'aurai l'honneur de présenter à l’Académie, sous
très peu de temps, des expériences faites par un procédé que je n’ai pas
décrit, et suivies à de très basses températures.
» Cemémoire est terminé par une table de la dilatation de l’eau, de degré
en degré, depuis le maximum jusqu’à l’ébullition, et depuis le minimum
jusqu’à 13 degrés au-dessous. La dilatation est un peu plus forte au-des-
sous qu’au-dessus du maxieum.
» Cette dilatation est de -#- depuis 4° jusqu’à 100°.
» Plusieurs points de l’échélle ont été vérifiés par des températures fixes,
comme celle de l’éther, de l'alcool, etc. La courbe de la dilatation est
sensiblement une parabole, dans une étendue assez considérable de
l'échelle. »
(131)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉDECINE. — De l'auscultation artificielle, ou essai d'une nouvelle méthode
pour apprendre l'auscultation ; par M. PFTREQUIN.
( Commissaires, MM. Savart, Serres.)
Le but que l’auteur s’est proposé dans ses recherches, est de fournir aux
personnes qui ne peuvent s’exercer dans nos grands hôpitaux à la pratique
de l’auscultation,un moyen d’apprendre à distinguer les différents bruits
du poumon. Ce moyen consiste à pratiquer l’auscultation sur un cadavre
chez lequel on simule la respiration en poussant de l'air par un soufflet
adapté à la trachée.
CORRESPONDANCE.
MÉCANIQUE ANIMALE. — Swr une des causes qui concourent à maintenir
la tête de l’'humérus dans la cavité articulaire; extrait d’une lettre
de M. pe Humsozpr.
M. de Humboldt, en adressant à l’Académie, au nom des auteurs,
MM. Guillaume et Édouard Weber, un ouvrage ayant pour titre : Re-
cherches mathématiques et physiologiques sur le mécanisme des organes
locomotifs de l’homme , appelle l'attention sur les expériences qui y sont :
exposées, et cite, en particulier, la suivante, décrite dans l'ouvrage alle-
mand , $ 64 (p. 147-160).
« Dans l'articulation ilio-fémorale le bourrelet orbiculaire etligamenteux
fait fonction de soupape. La jambe ne tombe pas lorsque, sur un cadavre,
tous les muscles et la membrane capsulaire ont été coupés ; elle ne descend
pas même d’une fraction de millimètre : la jambe tombe dès que par un
trou, pratiqué sans toucher au ligamentum ‘teres et à la membrane
capsulaire, on fait arriver de l’air dans le cotyle. C’est donc, selon
MM. G. et Éd. Weber, la pression extérieure de l'air atmosphérique
seule qui soutient la jambe dans l'articulation de la hanche. A cette expé-
rience faite il y a plusieurs années, et souvent répétée en public, les auteurs
en ontajouté, à ma prière, uneautre également concluante et ayant rapport
( 132 }
à des considérations que j'ai développées sur la lassitude (1) musculaire
que l’on éprouve dans un air alpin qui n’exerce que la moitié de la pres-
sion correspondante aux basses régions du littoral. M. Weber, conjointe-
ment avec deux de mes amis dont le nom est honorablement connu en
France, MM. Magnus et Jean Müller , ont placé la janpe tenant à l’articu-
lation de la hanche sous une cloche. A mesure qu’on faisait le vide dans la
cloche, ou que l’on faisait rentrer l’aix atmosphérique, la jambe baissait,
montait ou se détachait. Le détail de ces curieuses expériences faites à
Berlin, au mois de septembre 1836, paraîtra dans le Journal de Physique
deM. Poggendorf avec des tableaux de température et de pression atmos-
phérique. »
M. Savart est prié de faire un rapport verbal sur l'ouvrage de MM. Weber.
ENTOMOLOGIE. — Sur une nouvelle espèce de porcellion provenant de l'ile
de Cubu.— Extrait d’une lettre de M. Guérin.
« Depuis long-temps des habitants de l'ile de Cuba m’assuraient que
l'on trouve à D Havane, le cloporte qui est si commun dans nos maisons,
et ils étaient tellement persuadés de son identité avec le nôtre, qu'ils ne
m'en avaient jamais envoyé. Ne partageant pas cette opiuion, j'ai insisté
pour qu’on m'en fit parvenir, pensant qu'ils constitueraient au moins une
espèce distincte et que, dans le cas contraire, leur présence en de
serait toujours un fait intéressant de géographie entomologique ; j'ai enfin
recu un assez grand nombre de ces animaux. Ils appartiennent, comme
notre cloporte de France, au sous-geure porcellion de Latreille; au pre-
mier coup-d'œil, ils offrent la plus grande ressemblance avec le por-
cellion rude de nos maisons; mais en les examinant comparativement
avec celui-ci, j'ai reconnu qu'ils en different notablement par la forme de
la tête et des antennes, par la proportion des filets de l'abdomen et sur-
tout par leurs six pattes antérieures qui sont garnies en-dessous de brosses
formées par des épines terminées en massue, ce qui n’a été observé chez
aucune de nos espèces. Cette organisation compliquée des pattes doit
leur servir à se tenir plus facilement sur les surfaces polies et perpen-
diculaires, et semble expliquer en quelque sorte , la fréquence de leur
apparition dans les appartements de la Havane. »
À cette note est joint un dessin représentant les caractères du porcellion
de Paris ( P: Scaber. Latr.) et du porcellion de Cuba ( P. Poeyi. Guér.).
(x) D'autres c causes de lassitude et: des malaise, tiennent à à da respiration , à nne moin-
dre quantité d’oxigène absorbé. Il y a complication d'effets pathologiques.
(133)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. —— /Vouveau mode d'application du vent à la
marche des navires.
(Commissaires, MM; Poncelet, Coriolis.)
M. Aimé Grimaud écrit qu’il est parvenu , « au moyen d’une nouvelle
roue motrice, à utiliser, pour faire marcher un navire, la force du vent , de
la même manière qu’on emploie aujourd’hui, pour les mêmes usages, celle
de la vapeur d’eau, et dé telle sorte qu’il ne peut plus y avoir de vents
contraires. »
M. d'Hombres Firmas, nouvellement élu correspondant pour la section
d'économie rurale, adresse $es remerciments à l’Académie.
M. Chevallier demande qu'il lui soit permis de reprendre au secrétariat
de l'Académie, des documents qu’il avait joint comme pièces justificatives
à trois mémoires, concernant les maladies particulières aux ouvriers im-
primeurs, aux cérusiers et aux cCouteliers.
L'Académie accorde l'autorisation! demandée.
M. Sorel adresse sous enveloppe cachetée, dés pièces relatives à un
nouveau moyen de préserver le fer de l'oxidation:.
L'Académie en accepte le dépôt.
À quatre heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
q ,
La section d’Astronomie présente, par l'organe de M. Mathieu, la liste
suivante de candidats, pout uñe place de correspondant, vacante dans
le sein de cette secticn.
1°. M. Dunlop, à Paramatta (Nouvelle-Holiande);
2°. M. Carlini, à Milan;
3°. M. Smith, à Bedford;
4°. M: Littrow, à Vienne;
5°. M. Hansen, à Gotha;
6°, M. Santini, à Padoue.
Les titres de: ces divers: candidats sont discutés; l'élection aura lieu
dans la séance prochaine. Messieurs: les membres en seront prévenus par
billets à domicile. gi ss
La séance est levée. - F.
(2134 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie Royale des
Sciences ; 1°* semestre 1837, tome 4, n° 3, in-4°.
Examen critique de l'Histoire de la Géographie du nouveau continent
et des Progrès de l'Astronomie nautique aux 15° et 16° siècles ; par
M. pe Huwsoror ; 8° livraison, in-folio (14° livraison de l'Atlas géogra-
phique et physique).
Études des gîtes houillers et métallifères du Bocage vendéen, publiées
par M. H.-J. Fournet; in-4°, avec atlas in-folio. (Ouvrage présenté pour
le concours de Statistique.)
Recherches expérimentales sur les Fonctions du système nerveux
ganglionaire; par M. Bracuer; 2° édition, Paris, 1857, in-8°. ( Présenté
pour le concours au prix de Physiologie expérimentale. )
Cours de Géométrie et de Trigonométrie ; par M. A. Murer ; Paris,
1836, in-8°.
Leitres de M. le chanoine Rexou, à M. Dervc, sur quelques points
de Géologie ; Chambéry, in-8°.
Note Paléontologique ou Description de quelques Bee animales fos-
siles; par M. À. Rivière; in-4°.
Comparaison entre les deux Systèmes de courbes, par le mode actuel
et le système Laignel; une demi-feuille in-4°.
Compendium de Médecine pratique , ou Exposé analytique et raisonné
des Travaux contenus dans les principaux traités de Pathologie interne:
par MM. Monvener et DE La Berce ; tome 1°, 2° livraison, in-8°.
Essai sur la Dissolution de la Gravelle et des Calculs de la vessie;
(135)
par M. A. Cuevazcier ; in-8, Paris, 1837. (M. Thénard est prié d’en rendre
un compte verbal.)
Biblioteca Sanscrita; par M. F. Aperunc; Saint-Pétersbourg, in-8°.
Mechanik der.....Mécanique des Organes locomotifs de l'homme:
Recherches anatomiques et physiologiques ; par MM. W. et É. Wavrr;
Gottingue, 1836, in-8°.(M. Savart est prié d’en rendre un compte verbal.)
Traduction française de la table de l'ouvrage ci-dessus.
Beschreibung und... Description et figure du Dinotherium giganteum ;
par MM. Kupsrein et Kaur; in-4°, avec un atlas in-folio, Darmstadt,
1836. (M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire est chargé d'en rendre un
compte verbal.)
DLX stellarum Jfixarum Positiones mediæ ineunte anno 1830; par
M. F.-G.-A. Arceranper; 1835, in-4°.
Dictionnaire des Hommes de Lettres, des Savants et des Artistes de
la Belgique ; 1 vol. in-8° , Bruxelles, 1837.
Del Cavallo..... De la marche du Cavallier dans le jeu des Échecs;
par M. T. Ciccounr; Paris, 1836, in-4°.
Galerie ornithologique des oiseaux d'Europe; 10° livraison, in-4°.
Journal de la Société des Sciences Physiques , chimiques et Arts agri-
coles et industriels de France , sous la direction de M. Juura ne FONTENELLE ;
janvier 1837, in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par
M: Miquez ; tome 12, 1°° livraison, in-8°.
Journal d'Agriculture, Sciences , Lettres et Arts, rédigé par des membres
de la Société Royale d'Émulation de l'Ain ; n° 12, décembre 1836 3
Bourg, in-8°. 5
Journal des Connaissances médico-chirurgicales, janvier 1837, in-8°.
Atlas du Journal des Connaissances médico-chirurgicales , pour le
second semestre de 1836; in-4°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5,n° r,in-4.
CR, 1837, 16f Semestre. (T. IV. No 4.) 19
(136 )
Gazette des Hôpitaux ; 10° année , n° 7 — 9, in-#4°.
La Presse médicale ; n° 6.
France médicale; n° 23.
Echo du Monde savant ; n° 55.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 30 JANVIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PHYSIQUE. MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur les températures de la partie solide
du globe, de l'atmosphère, et du lieu de l’espace où la Terre se trouve
actuellement; par M. Poissons.
« Je me propose de donner, dans ce mémoire, un résumé des principaux
résultats quise trouvent dans mon ouvrage intitulé : Théorie mathématique
de la Chaleur, d'y ajouter quelques nouvelles remarques, et de rappeler
les principes sûr lesquels ces résultats sont fondés. <
» Près de la surface du globe, la température en chacun de ses points
varie aux différentes heures du jour et aux différents jours de l’année. En
considérant ces variations, Fourier a supposé donnée la température de la
surface même, et s’est borné à en déduire la température à une profon-
deur aussi donnée; ce qui laissait inconnus les rapports qui doivent exis-
ter entre les températures extérieure et intérieure. Pour déterminer ces
rapports, Laplace a pris pour la température extérieure, celle que
C.R. 1837, 197 Semestre. (T. IV. N° 5.) 20
(138)
marque un thermomètre exposé à l’air et à l'ombre, et qui dépend,
d’une manière inconnue, de la chaleur de lair en contact avec l’ins-
itrument, de la chaleur rayonnante du sol, et de celle de l’atmosphère.
J'ai envisagé le problème sous un autre point de vue, plus conforme
à la question physique; et je me suis proposé de déterminer la tem-
pérature de la Terre, à une profondeur et sur une verticale données,
d’après la quantité de chaleur solaire qui traverse la surface à chaque
instant. En un lieu donné sur cette surface, cette quantité de chaleur
varie pendant le jour et l’année, avec l'élévation du Soleil sur l'horizon
et avec la déclinaison; je l’ai considérée comme une fonction discon-
tinue du temps, nulle pour tous les instants où le Soleil est sous l'horizon,
et exprimée, à toutes les autres époques, au moyen de l’angle horaire et
de la longitude du Soleil ; par les formules connues, j'ai transformé cette
fonction discontinue en une série de sinus et de cosinus des multiples de
ces deux angles; et au moyen des formules de mes précédents mémoires,
j'ai ensuite déterminé, pour chaque terme de cette série, la température
à une profondeur quelconque; ce qui est la solution complète du problème.
» Il en résulte, pour cette température, des séries d’inégalités diurnes
dont les périodes sont d’un jour entier ou d’un $ous-multiple du jour, et
d’inégalités annuelles dont les temps périodiques comprennent une année
ou un sous-multiple de l’année. Sur chaque verticale, le maximum de
chacune de ces inégalités se propage uniformément dans le sens de la
profondeur, avec une vitesse qui ne dépend que de la nature du terrain ;
de sorte que l'intervalle compris entre les époques de ce maximum,
pour deux points séparés par une distance donnée, est le même et pro-
portionnel à cette distance, en tous les lieux du globe où le terrain
est de la même nature. A la surface, l'intervalle qui sépare le maximum
de l’une de ces inégalités, de celui de l'inégalité correspondante de la
chaleur solaire, ne varie pas non plus avec les positions géographiques;
mais il dépend à la fois de la nature du terrain et de l’état de la su-
perficie. Il en est de même à l'égard du rapport entre ces deux maxima,
dont le premier est toujours moindre que le second ; mais le long de
chaque verticale, le maximum de chaque inégalité de température dé-
croit en progression géométrique, quand les profondeurs croissent par
des différences égales , et le rapport de cette progression ne dépend que
de la nature du terrain. Si l’on considère, sur une même verticale, des
inégalités de température dont les périodes sont différentes, leurs expres-
sions montrent que celles qui ont les plus courtes périodes se propagent
(139 )
avec le plus de rapidité, et décroissent aussi le plus rapidement. En géné-
ral, les inégalités diurnes sont insensibles à un mètre de profondeur; les
inégalités annuelles disparaissent à la distance d’une vingtaine de metres
de la surface ; et vers le tiers de cette distance, celles-ci se réduisent
à l’inégalité dont la période comprend l’année entière. À une profon-
deur de 6 ou 8 mètres, la température n'offre donc, pendant l’année, qu'un
seul maximum et un seul minimum, qui arrivent à six mois l’un de l’autre
et après les époques de la plus grande et de la moindre chaleur solaire.
Au-delà d’une profondeur d’environ 20 mètres, la température ne varie
plus avec le temps, ou du moins elle ne peut plus éprouver que des va-
riations séculaires qui n’ont pas encore été observées.
» Sur chaque verticale, les inégalités de température, diurnes et an-
nuelles, sont accompagnées d’un flux de chaleur ascendant ou descen-
dant, dont la grandeur et le sens varient avec le temps et la profondeur.
Les amplitudes de ces inégalités et ce flux de chaleur ne sont pas les
mêmes à toutes les latitudes : à l'équateur, par exemple, la partie princi-
pale des inégalités annuelles disparaît; et, conséquemment, la température
y doit être à peu près constante, à une profondeur beaucoup moindre
qu’en tout autre lieu.
» J'ai désigné, dans les formules de mon ouvrage, par a et b les deux
quantités qui doivent être déduites de l'observation, pour chaque lieu
de la Terre en particulier, et d’où dépendent les époques des maxima
de toutes les inégalités de température à diverses profondeurs, ainsi que
les rapports entre ces maxima. En désignant aussi par € la chaleur spéci-
fique de la matière du terrain, rapportée à l’unité de volume, par # la
mesure de la conductibilité calorifique de la même matière, par p une
quantité relative à l’étdde la surface et croissante avec son pouvoir
rayonnant, On a
AO
IS
D'après des expériences faites dans le jardin de l'Observatoire de Paris,
et dont les résultats m’ont été communiqués par M. Arago, j'ai trouvé
a = 5,11655, bd — 1,05719;
nombres qui supposent que l’on prenne le mètre pour unité de longueur
et l’année pour unité de temps. La quantité D ne serait plus la même à
une autre époque, si l’état de la superficie venait à changer par une cause
quelconque, et que la surface devint plus ou moins rayonnante. Si l’une
20.
( 140 )
des trois quantités c, 4, p, était connue, ces valeurs de a et b détermine-
raient les deux autres; mais aucune observation relative à la loi des tem-
pératures au-dessous de la surface du globe, ne peut faire connaître à- la
fois ces trois éléments c, #, p. En partant des suppositions les plus vrai-
semblables sur la composition du sol à l'Observatoire , M. Élie de Beau-
mont pense que la chaleur spécifique du terrain, rapportée au volume , et
celle de l’eau étant prise pour unité, a:pour valeur
c = 0,5614,
c'est-à-dire que la quantité de chaleur nécessaire pour élever d’un degré
la température d’un mètre cube de ce terrain, éléverait d'à peu pres
$ de degré, celle d'un pareil volume d’eau, et fondrait, par consé-
quent, ç5% d’un mètre cube, ou environ 7 kilogrammes et demi, de
glace à zéro.
» Quand des valeurs de a et b, relatives à un lieu déterminé, ont été
déduites de l'observation, et que la chaleur spécifique c est aussi connue, la
quantité de chaleur solaire, qui parvient en ce lieu à travers atmosphere,
et qui pénètre dans l’intérieur de la terre, peut se conclure de la maniere
suivante, de la variation totale de température pendant l’année , c’est-à-
dire de l’excès du maximum annuel sur le minimum , à une profondeur
où les inégalités diurnes ont disparu. Soit À une certaine température
exprimée par une formule de la page 497 de mon ouvrage, qui contient
diverses quantités données, et particulièrement cet excès de température
observé à une profondeur connue. Désignons par 6 l'angle compris entre.
la droite qui va du Soleil au lieu de l'observation, et la verticale en ce
point de la Terre. En un temps £, assez court pour que 8 ne varie pas
sensiblement , soit la quantité de chaleur solaing qui tombe en ce même
point sur l'unité de surface, égale au mètre carré. Soit aussi «y la por-
tion de cette quantité de chaleur qui n’est pas réfléchie, et pénètre dans
l’intérieur de la Terre, de sorte que la fraction € représente le pouvoir
absorbant de la surface, relatif à la chaleur solaire. La quantité p étant
la même que plus haut, on anra
ey — wpht .cos 6,
en vertu d’une formule de la page 480, dans laquelle À représente le
produit de la quantité désignée par la même lettre à la page 497, et du
rapport 7 de la circonférence au diamètre. À cause de
Pp= æbc,
(ii)
il en résultera donc
ey.— wa"bcht. cos 6,
pour la quantité de chaleur demandée.
» Si l'on désigne par © un élément infiniment petit de la surface de la
Terre, le produit 7® exprimera la quantité de chaleur solaire, qui tombe
sur « pendant le temps £. Elle sera proportionnelle à la projection w cos 8
de cet élément, sur un plan perpendiculaire à la droite menée de ce point
du globe au Soleil; par conséquent, si l’on reçoit la chaleur du Soleil sur
divers plans inclinés, les quantités de chaleur incidente seront entre
elles comme les projections de ces surfaces planes, sur le plan perpen-
diculaire à la direction des rayons solaires ; donc aussi la chaleur incidente
pendant le temps #, sur une sphère, comme la boule d’un thermomètre,
entièrement plongée dans ces rayons, se déduira de la valeur de yw, en y
remplaçant la projection & cos 4 d’un élément quelconque, par celle de
la surface entière d’un hémisphère, ou par la surface d’un grand cercle.
En représentant cette surface par s,et par I la quantité de chaleur inci-
dente, nous aurons donc
I — = æbchts.
L'usage de cette formule exigera que l’on connaisse la valeur de €, rela-
tive au même lieu pour lequel les autres quantités a, b; c, k, auront été
déterminées; mais si la surface de la sphère a le même pouvoir absorbant
que celle de la terre, on connaîtra la quantité Ie de la chaleur absorbée,
indépendamment de cette valeur de €.
» L’intensité moyenne de la chaleur solaire, en un lieu déterminé
et pendant l’année entière, a pour mesure cette valeur deI, rapportée
aux unités de temps-et de surface. Cette intensité relative à chaque
instant, variera avec l’état et l’épaisseur de la couche atmosphérique que
les rayons du Soleil devraient traverser pour arriver au lieu de l’observation :
elle sera plus élevée, quand l'air se trouvera moins chargé de vapeur, et
aux époques du jour et de l’année où la couche atmosphérique aura
moins d'épaisseur; elle’ ne sera pas non plus la même en deux lieux
différents, soit à cause de l'inégalité de cette épaisseur, soit à raison de
la sérénité plus ou moins parfaite de l’air; et comme c’est à la quantité
variable de la chaleur incidente, qu'est due la différence entre les tem-
pératures marquées par deux thermomètres exposés aux rayons du So-
leil, en même temps et dans le méme lieu, dont l’un absorbe toute M
LM
(142)
chaleur solaire, et l’autre la réfléchit en entier, il s’ensuit que cette dif-
férence ne sera pas égale dans loutes les parties du globe, et qu’elle devra
être plus grande dans les régions et aux instants où le ciel est le plus
pur, et où la couche atmosphérique est traversée le moins obliquement
par les rayons solaires.
» En employant les moyennes des expériences faites à l’observatoire,
pendant quatre ‘années consécutives et à des profondeurs différentes ,
on trouve
h — 35°,924;
quantité qui se rapporte, par conséquent, à l’état moyen de l’atmosphere,
pendant ces quatre années, et qu’on peut regarder comme la valeur de
relative au climat de Paris. En faisant usage, en outre, des valeurs précé-
dentes de a, b, c, il vient
T = ©(1753°,5),
pour la mesure de la chaleur incidente, pendant un temps £, et sur une
surface s perpendiculaire à la direction des rayons solaires, c’est-à-dire,
pour le nombre de degrés dont cette chaleur pourrait élever la tempé-
rature d’un mètre cube d’eau. En la divisant par 75, et la multipliant
par 1000000, on aura exprimé en grammes, le poids de la quantité
de glace à zéro, que cette chaleur pourrait fondre. L'année étant ici l’u-
nité de temps, si l’on prend pour # une minute, il faudra faire
I
PNR it
et si l'on prend pour s l'unité de surface, on en conclut
2 (445453),
pour la quantité de glace que pourrait fondre la chaleur solaire qui tombe
perpendiculairement sur un mètre carré, pendant une minute. Quant à
la fraction € que cette quantité renferme, elle se rapporte à l'état de
la surface dans le jardin de l’observatoire, et nous serait difficile à évaluer.
Si l’on suppose, par exemple, qu’elle soit peu différente de l’unité, la
quantité de glace dont il s’agit, sera d'environ une cinquantaine de gram-
mes. Dans les circonstances atmosphériques les plus favorables, à midi
et au solstice d'été, M. Pouillet a trouvé, par des expériences directes,
68 au lieu du nombre 445453 divisé par €, que nous obtenons, et
fui est plus petit, comme cela doit être, puisqu'il répond à l’état moyen
( 143 )
de l'atmosphère, à toutes les heures du jour et pendant l’année entière.
» La quantité I de chaleur incidente, quise rapporte au climat et à la
latitude de Paris, pgut-être prise approximativement pour la moyenne
des valeurs de cet élément, dans toutes les régions du globe. Alors en
rapportant cette quantité I à la surface entière de la Terre, et prenant en
conséquence pour s, l'aire d’un grand cercle, cette quantité totale de
chaleur incidente, sera la même à tous les instants; on pourra donc
prendre pour £ l’année entière, ou l'unité de temps; et si l’on désigne
par 5 Ja surface de la Terre, on aura
x æbch
S—= 30 t—= 1, I = & Die
» Le coefficient de & dans cette formule exprimera la hauteur, en me-
tres, d’une couche d’eau recouvrant toute la surface du globe, dont la
température pourrait être élevée d’un degré par la chaleur que le Soleil
envoie chaque année à la Terre entière, à travers l'atmosphère. En dési-
gnant par G l'épaisseur de la couche de glace, recouvrant aussi toute la
Terre, que cette chaleur pourrait fondre, G se déduira du coefficient de
ç en le divisant par 75; ce qui donne
et d’après les valeurs précédentes de a, b, c,h, on aura
G= <(5",845),
c'est-à-dire, environ sept ou huit mètres, si l’on suppose que & diffère
peu de l’unité. Par le rayonnement à travers sa surface, la Terre renvoie
chaque année au-dehors, une quantité de chaleur égale à celle qu’elle a
reçue du Soleil et qu’elle a absorbée; et cet équilibre a lieu, non-seu-
lement pour la surface entière du globe, mais aussi, à très peu près, pour
chacun de ses points en particulier.
» Quoique les variations de la chaleur solaire ne soient plus sensibles
à la profondeur d’une vingtaine de mètres, cependant elle ne s’arrête pas
à cette limite, ni à aucune autre; et dans un temps suffisamment prolongé,
elle a dû pénétrer dans la masse entière de la Terre, et jusqu’à son centre.
La quantité dont elle augmente la température de ses différents points,
n’est pas la même sur tous les rayons; elle varie aussi sur chaque rayon,
avec la distance au centre; mais cette variation ne devient sensible
qu'à de grandés distances de la surface, qui surpassent toutes les pro-
(144) “
fondeurs où il est possible d’atteindre. A la surface et aux profondeurs
accessibles, l'augmentation de la températuremoyenne, due à la chaleur
solaire, est le produit de la température que j'ai désignée park, et d’un
facteur Q qui n’est fonction que: dela latitude et de l’obliquité de l’éclip-
tique; au centre, l'effet de la chaleur solaire est égal à la moyenne des
valeurs de XQ relatives à toute la surface. Le facteur Q s'exprime par des
fonctions elliptiques; au moyen des tables de Legendre, j'en ai calculé les
valeurs numériques, pour la latitude de Paris, et à l'équateur; et je. les
ai trouvées très peu différentes de & et de 2£: aux pôles, ce facteur doit
être remplacé par le sinus de l’obliquité de l’écliptique, à peu près égal
à +. D’après la valeur prééédente de 2, l'augmentation de température due
à la chaleur solaire, est donc à Paris, d'environ 24°; à l'équateur, elle doit
surpasser 33°, et aux pôles, étre moindre que 14°, si la valeur de k,
comme il y a lieu de le croire, est, plus petite aux pôles que dans nos
climats , et plus grande à l'équateur.
» L’observation nous a appris, depuis. long-temps, que la température
des lieux profonds augmente avec la distance à la surface de la Terre, et
à peu près uniformément sur chaque: verticale; de sorte qu’en désignant
par w la température à une profondeur x, d’une vingtaine de mètres et
au-delà, on a
u=f +gx;
fet g étant des quantités indépendantes de x, qui devront être détermi-
nées par l'expérience pour chaque localité : la première exprime, à très
peu près, la température moyenne de la surface; la seconde est l’accrois-
sement de température pour chaque mètre d’augmentation dans la pro-
fondeur x, si l’on prend le mètre pour unité de longueur.
» D'après des expériences faites à Genève, par MM. A. Delarive et
Marcet, avec un grand soin, et étendues jusqu'à la profondeur de 225”,
on a
J= 10°,140, . g— 0°,0307;
ce qui répond à un degré d’accroissement pour environ 32 metres et
demi de profondeur: À Paris, la température des caves de l'Observatoire,
à 28 mètres de profondeur, est de 11°,834; dans un puits foré, peu éloi-
gné de l'Observatoire, M. Arago a trouvé une température de 20° à la pro-
fondeur de 248", et de 22°,2 à la profondeur de 298"; ce qui fait, en en.
retranchant la température et la profondeur des caves, 8°,166 et 10°,366
pour 220" et 270", c’est-à-dire, 0°,0371 ou 0°,0384, pour l’accroissement de
Ca45)
température, correspondant à chaque mètre de profondeur. En prenant
la moyenne de ces deux valeurs, on aura donc
g= 0°, 0377;
_ quantité plus grande qu’à Genève, dans le rapport de cinq à quatre, et qui
répond à un degré pour environ 26" de profondeur. En même temps, on
aura à Paris
= 11, 834 — 28 (0°,0377) — 10°,778.
Mais, si l’on veut conclure de cette valeur de f, la température moyenne
de la surface au même lieu, il faut, pour plus d’exactitude, en retrancher
une petite quantité, dont la valeur est o°,267; ce qui donne 10°,511, pour
cette température moyenne; laquelle diffère très peu de la température
climatérique 10°,822, c’est-à-dire de la température moyenne, marquée
par un thermomètre exposé à l’ombre et à l'air libre, que M. Bouvard a
déduite de 29 années consécutives d'observations. En faisant subir la même
correction à la valeur de qui lieu à Genève, ona 10°,140, —0°,267,ou ÿ°,873,
pour la température moyenne de la surface; ce qui diffère aussi fort peu
de la température climatérique de cette ville, que M. A. Delarive évalue à
10°,07, en faisant concourir à sa détermination les observations des der-
nieres années. A l'équateur, et en d’autres lieux, on trouve également
très peu de différence entre la température climatérique, et celle de la sur-
face du sol.
» Cette coïncidence presque parfaite entre la température de la surface
même du globe, et celle que marque un thermomètre suspendu dans l'air
et à l'ombre, à quelques mètres au-dessus de cette surface, est un fait très
remarquable. Elle ne subsiste qu’à l’égard des températures moyennes ;
celles qui ont lieu à chaque instant, suivent des lois très différentes pour
la surface de la Terre et pour le thermomètre extérieur. À Paris, l’excès
du maximum annuel sur le minimum, calculé, pour cette surface, au moyen
des formules de mon ouvrage, s'élève à 23°,563, tandis que pour les tem-
pératures extérieures, l’excès de la plus grande de l'année sur la plus pe-
tite, n’est que d'environ 16 ou r7°. La température propre de la couche
d'air en contact immédiat avecila surface du globe, peut différer à chaque
instant de celle de cette surface même, soit à raison de la mobilité du fluide,
soit parce qu'il s’échauffe et se refroidit autrement que le solide sur
lequel il repose; mais on doit admettre que par l'effet d’un contact
long-temps prolongé, la température moyenne devient la même pour
C. R. 1837, 1° Semestre. (T. IV, N° 5.) 21
(146)
le fluide et pour le solide; on peut aussi supposer que la température
propre de l'air reste la même, du moins dans sa valeur moyenne, jusqu’à
quelques mètres au-dessus du sol, par exemple, jusqu’à la hauteur où est
placé le thermomètre extérieur; alors la moyenne des températures an-
nuelies que marque cet instrument, serait la température moyenne de
l'air environnant, égale, par hypothèse, à celle de la surface du sol; au
lieu que le nombre de degrés qu'il indique à chaque instant, résulte de la
chaleur propre de l'air et de la chaleur rayonnante qu'il reçoit de toutes
parts. Telle est, si je ne me trompe, l’explication ou la conséquence du
fait que je viens de signaler.
» Près de la surface de la Terre, la partie de la température moyenne,
due à la chaleur solaire, varie avec l’obliquité de l’écliptique qui entre
dans la fonction que j'ai désignée par Q. Gette inégalité séculaire est
accompagnée, comme les inégalités diurnes et annuelles, d’une varia-
tion dans le sens de la profondeur que l’on ne peut déterminer exac-
tement, faute de connaître l'expression de l’obliquité en fonction du
temps; mais les données que lon a sur l'extrême lenteur des déplace-
ments de l’écliptique, et sur son peu d'amplitude, suffisent pour mon-
trer que les variations de la température terrestre qui er provien-
nent, sont très faibles et doivent entrer pour fort peu de chose dans
l'accroissement observé de la température des lieux profonds. Fourier et
ensuite Laplace ont attribué ce phénomène à la chaleur d’origine que la
Terre conserverait encore à l’époque actuelle, et qui croîtrait en allant
de la surface au centre, de telle sorte qu’elle füt excessivement élevée
vers le centre, mais très peu considérable près de la superficie : en
vertu de cette chaleur initiale, la température serait aujourd’hui de
plus de 2000 degrés, à une distance de la surface, égale seulement
au centième du rayon; au centre, elle surpasserait 200000 degrés,
en l’évaluant toutefois au moyen des formules ordinaires, qui se rap-
portent aux corps solides homogènes. Mais quoique cette explication
ait été généralement adoptée, j'ai exposé, dans mon ouvrage, les dif-
ficultés qu’elle présente, et qui m'ont paru la rendre inadmissible : je
crois avoir montré comment la Terre a dû perdre, depuis long-temps, .
toute la chaleur provenant de son état primitif; et de nouvelles ré-
flexions m’ayant confirmé dans cette opinion, je vais la présenter ici
avec plus de précision et d'assurance que je ne l’avais fait d’abord.
» La forme à peu près sphérique de la Terre et des planètes, et leur
aplatissement aux pôles de rotation, ne permettent pas de douter qu’elles
(147)
n'aient été originairement fluides. Dans le problème qui a pour objet
de déterminer la figure de ces corps, les géomètres les considèrent ,
en effet, comme des masses liquides, composées de couches dont cha-
cune a la même densité dans toute son étendue, qui tournent toutes
autour d’un même axe de direction constante, avec une vitesse connue
et aussi constante, La densité décroit d’une couche à une autre, en allant
du centre à la surface, soit à cause que ces couches hétérogènes ont
des densités propres et sont regardées comme incompressibles, et que Les
plus denses se sont portées vers le centre pour la stabilité du système;
ou bien, soit parce que, d’après une idée de D. Bernouilli reproduite
par Th. Young, toutes ces couches sont formées d’un liquide homogène,
susceptible d’un certain degré de compression, et dont la densité croit
en conséquence, en se rapprochant du centre, à raison de la pres-
sion aussi croissante que ce liquide exerce. sur lui-même. Dans l’un
et l’autre cas, on suppose que la masse entière du liquide est parve-
nue, après de nombreuses oscillations, à une figure permanente, que
l’on détermine dans cet état de fluidité, et que le liquide a conservée
ensuite en se solidifiant. La solution de ce problème d’hydrostatique
n’exige pas que l’on connaisse la température du liquide; mais maintenant
si l’on suppose qu’elle soit très élevée et beaucoup supérieure à la tempé-
rature de l’espace, au lieu où la planète se trouve, on ne voit pas quelle
peut étre la pression extérieure qui empêche le liquide de se dilater et de
se réduire en vapeur, au lieu de passer, au contraire, à l’état solide; et
s’il était possible que les couches voisines de la surface eussent commencé
à se solidifier, avant que les couches intérieures eussent perdu leur
chaleur initiale, on ne voit pas non plus comment celles-ci, par leur ten-
dance à se dilater, dont on connaît toute la puissance, n’auraient pas
brisé l’enveloppe solide extérieure, à mesure qu’elle se serait formée.
Observons d’ailleurs que cette haute température de la planète à l’état li-
quide , est une supposition gratuite dont il serait difficile de trouver au-
cune explication. À la vérité, dans le cas où le corps est d’abord un liquide
plus ou moins compressible, dont les couches augmentent de densité en
allant de la surface au centre, et finissent même par se solidifier, à raison
des pressions qu'elles supportent; cette condensation et ce changement d’é-
tat ont pu développer une grande quantité de chaleur; mais il faut remar-
quer que dans cette manière de voir, la solidification commencerait vraisem-
blablement par les couches centrales: le noyau devenu solide, serait un foyer
de chaleur qui échaufferait la couche adjacente, encore à l’état liquide; la
aire
( 148 )
densité de cette couche diminuerait; elle s’éléverait donc, et se trouverait
remplacée par une nouvelle couche, qui s’échaufferait de même en se
solidifiant; et ainsi de suite, jusqu’à ce que la masse entière eût passé à
l'état solide. On conçoit donc que le noyau solide, en augmentant ainsi
graduellement, communiquerait à la partie encore liquide, les quantités
successives de chaleur qui se dégageraient des nouvelles couches solidifiées ,
et qu’à raison de la mobilité des molécules liquides, ces quantités de cha-
leur seraient transportées à la surface, où elles se dissiperaient dans l’espace,
sous forme rayonnante. En même temps qu’elle’passerait à l’état solide, la
masse liquide perdrait donc toute la chaleur développée par ce changement
d'état; maïs c’est ce que l’on verra encore mieux, en prenant les choses
de plus haut, et remontant à la cause probable de la fluidité initiale des
planètes.
» Pour fixer les idées , raisonnons dans l’hypothèse connue de Laplace sur
l’origine de ces corps, suivant iaquelle ils sont des portions de l'atmosphère
du Soleil, qu’elle à successivement abandonnées en se concentrant vers
cet astre. La Terre était donc primitivement une masse aériforme, d’un
tres grand volume par rapport à celui qu’elle a maintenant, et formée des
différentes matières solides et liquides dont elle se compose aujourd’hui,
qui se trouvaient alors à l’état de vapeur , c’est-à-dire dans l’état d’un fluide
aériforme dont la densité ne peut dépasser un maximum relatif à son degré
de chaleur , et qui se liquéfie ou se solidifie, dès que l’on augmente la pres-
sion qu’il éprouve, sans changer sa température. Celle de la Terre dépen-
dait alors du lieu qu’elle occupait dans l’espace et de sa distance au Soleil,
et pouvait être plus ou moins élevée. Mais indépendamment des attractions
et répulsions qui n’ont lieu qu’entre les molécules voisines, et qui produi-
sent la force élastique des fluides aériformes, égale et contraire à la pres-
sion qu’ils supportent; les molécules de la Terre étaient aussi soumises à
leur attraction mutuelle, en raison inverse du carré des distances; et de
cette force, il est résulté, sur toutes les couches de la masse fluide, une
pression nulle à sa surface, croissante de la surface au centre, et qui a dü
être extrêmement grande aü centre même, où elle pouvait, par exemple,
surpasser 100000 fois la pression atmosphérique actuelle. C’est cette pres-
sion croissante, et non pas une température extérieure beaucoup moindre
que celle du fluide, qui a réduit successivement toutes ses couches à l’état
solide, en commençant par les couches centrales, et continuant , de proche
en proche, jusqu’à ce qu'il ne soit plus resté que les matières qui forment
aujourd’hui la mer et notre atmosphère. Mais cette réduction n'a pas été
(149)
instantanée ; car il a fallu un certain temps à chaque couche fluide pour se
rapprocher du centre vers lequel elle était poussée par la pression qu’elle
éprouvaïit, et qui était la force motrice de ce mouvement. Or, on concoit,
si l’on a égard à la vitesse presque infinie du rayonnement, que ce temps
a suffi pour que les couches de la Terre , en se solidifiant l’une après l’au-
tre, aient dù perdre toute la chaleur développée pendant leur changement
d'état, et qui s’en est échappée, sous forme rayonnante, à travers les
couches supérieures, encore à l’état de vapeur; en sorte qu'il ne reste
plus, ni à l’époque actuelle, ni depuis bien long-temps, aucune trace
de cette quantité de chaleur, quelque grande qu’elle ait pu être. Un
effet sembiable à celui que nous considérons, aurait lieu, par exemple,
si lon avait un cylindre horizontal d’une grande longueur, fermé à ses
deux bouts, et rempli de vapeur d’eau à la température extérieure et au
maximum de densité. Dans cette position du cylindre, le poids du fluide
v’aurait aucune influence, et la pression serait la même dans toute sa
masse; mais si l’on relevait le cylindre, et qu’on le plaçät verticalement
sur une de ses deux bases, le poids des couches fluides produirait une
pression croissante dans le. sens de la pesanteur, qui s’ajouterait à la
précédente ; en vertu de cet accroissement de pression, les couches fluides
se liquéfieraient successivement de bas en haut, et presque en totalité : le
mouvement de chaque couche, pendant qu’elle descend, serait difficile à
déterminer; mais le temps qu'il durerait, suffirait certainement pour
que la chaleur latente de la vapeur liquéfiée s’échappät sous forme
rayonnante , en supposant que les parois du cylindre, ou seulement son
couvercle supérieur, n'opposassent aucun obstacle à ce rayonnement, ou
fussent tout-à-fait perméables à la chaleur rayonnante; et de cette ma-
nière, l’eau provenant de la vapeur, ne se serait point échauffée, et
aurait conservé la température extérieure.
» En renonçant donc à la chaleur d’origine pour rendre raison de l’élé-
vation de température des lieux profonds, j'ai proposé une autre explica-
tion de ce phénomène, fondée sur une cause dont l’existence est certaine,
et qui peut certainement produire un effet semblable à celui que l’on ob-
serve. Cette cause est l'inégalité de chaleur des régions de l’espace que la
Terre traverse, en s’y mouvant avec le Soleil et tout le système planétaire.
La température d’un lieu quelconque de l’espace, ou celle que marque-
rait un thermomètre placé en ce point, est produite par la chaleur rayon-
nante qui vient- s’y croiser en tous sens, et qui émane des différentes
étoiles. Ces astres forment autour de chaque point de l’espace, une en-
( 160 )
ceinte immense, mais fermée de toutes parts; car, en menant de ce point,
suivant une direction quelconque, une droite indéfiniment prolongée,
elle finira toujours par rencontrer -une étoile, visible ou invisible. Or,
quelles que soient sa forme et ses dimensions, si cette enceinte avait
partout la même température, celle de l’espace serait aussi partoutla même;
mais il n’en est pas ainsi : la chaleur propre de chaque étoile, aussi bien
que sa lumière, est entretenue par une cause particuliere, et ces corps
incandescents ne tendent pas à prendre une même température, par l'effet
d’une échange continuel de chaleur rayonnante. Cela étant, la tempéra-
ture de l’espace varie donc d’un point à un autre; mais à raison de l'immen-
sité de l'enceinte stellaire, il faut, pour: que cette variation soit sensible,
qu'il s'agisse de deux points séparés par une très grande distance. Dans
l'étendue du déplacement annuel de la Terre, la température de l’espace
sera sensiblement égale; au contraire, celle des régions éloignées que le
Soleil et les planètes parcourent dans leur mouvement commun, ne sera
pas constamment Ja même; et la Terre, comme chacune des autres pla-
nètes, éprouvera des variations correspondantes de chaleur. Toutefois , à
cause de la grandeur de sa masse, on conçoit qu’en passant d’un lieu
plus chaud dans un lieu plus froid, notre globe n’aura pas perdu, dans
la seconde région, toute la chalenr qu'il avait prise dans la premiere; et
semblable à un corps d’un volume considérable, qu’on transporterait de
l'équateur dans nos climats, la Terre, arrivée dans la région plus froide ;
présentera, comme on l’observe effectivement, une température ,crois-
sante à partir de sa surface. Le contraire aura lieu lorsque la Terre, par
suite de son mouvement dans l’espace, passera d’une région plus froide
dans une région d’une température-plus élevée.
» Nous ne pouvons connaître ni les grandeurs, ni les périodes de ces va-
riations de température; mais, comme toutes les inégalités à longues pé-
riodes, comme celle qui proviendrait, par exemple, du déplacement séculaire
de l'écliptique, si elle était sensible, ces variations s’étendront jusqu’à de
très grandes profondeurs, mais non pas jusqu’au centre de la Terre, ni peut-
être même jusqu’à une distance de la surface qui soit une partie considé-
rable du rayon : l'accroissement ou le décroissement de température dans le
sens vertical, dont elles seront accompagnées, subsistera jusqu’à une distance
bien plus grande que toutes les profondeurs accessibles ; à cette distance,
il atteindra son maximum; au-delà , il se changera en un décroissement ou
un accroissement, et disparaîtra ensuite complétement. On peut faire sur
les inégalités de température des régions de l’espace que la Terre traverse,
( 151 )
une infinité d’hypothèses différentes qui ne seront que des exemples de
calcul, propres seulement à montrer comment ces inégalités doivent in-
fluer sur la température de la couche extérieure du globe; pour que
cette influence soit sensible, il faudra et il suffira que le maximum et
le minimum consécutifs de la chaleur de l’espace diffèrent beaucoup
lun de l'autre, et qu’ils soient séparés par un très long intervalle de
temps.
» D’après l’exemple que j'ai choisi arbitrairement dans mon ouvrage,
la température de l’espace en un million d'années, passerait de + 100°
à — 100°, et reviendrait de —100° à + 100°;et si l’on supposait de plus
qu’elle fût maintenant à son minimum ; il en résulterait à l’époque ac-
tuelle, un accroissement de température de la Terre, à partir de sa sur-
face, à peu près égal à celui que l’on observe. Cet accroissement serait
sensiblement uniforme, jusqu’à toutes les profondeurs accessibles; il va-
rierait ensuite; et à une profondeur d’environ 7000 mètres, la tempéra-
ture du globe atteindrait son maximum, et surpasserait d'environ 107°,
celle de la superficie; au-delà elle diminuerait, de sorte que vers 60000 mètres
de distance à la surface, l'influence de l'inégalité de température de l’es-
pace aurait entièrement disparu. Dans ce même exemple, la température
de la surface du globe il y a 5ooo siècles, surpassait celle qui a lieu au-
jourd’hui, d’un peu moins de 200°, et il en serait de même, quand 5000
siècles se seront encore écoulés; ce qui a rendu et rendraît de nouveau,
la Terre inhabitable à l'espèce humaine; mais 5oo siècles avant et 500 siècles
après l’époque où nous vivons, cette température de la surface n’excéde-
rait que d’à peu près be, celle que nous observons.
» Telle est, dans mon opinion, la cause véritable de l'augmentation de
température qui a lieu sur chaque verticale à mesure que l’on s’abaisse
au-dessous de la surface du globe. Dans cette théorie, la température
moyenne de la superficie, varie avecune extrême lenteur, mais incompara-
blement moindre que la partie de la température qui serait due à la chaleur
d’origine, si elle était encore sensible à l’époque actuelle. De plus, cette
variation est alternative, et peut ainsi concourir à l’explication des révo-
lutions que la couche extérieure du globe a subies; au lieu que la par-
tie de la température qui pourrait être due à l’autre cause, diminue conti-
nuellement et sans alternative. Si l'accroissement observé dans le sens de
la profondeur , provenait réellement de la chaleur d’origine, il s’ensuivrait
qu’à l’époque actuelle, cette chaleur initiale augmenterait la température de
la surface même, d’une petite fraction de degré ; mais pour que cette petite
( 152 )
augmentation se réduisit à moitié, par exemple, il faudrait qu’il s'écoulàt
plus de mille millions de siècles ; et si l’on voulait remonter à une époque
où elle pouvait être assez considérable pour influer sur les phénomènes
géologiques, on devrait rétrograder d’un nombre de siècles qui effraie
l'imagination la plus hardie, quelle que soit d’ailleurs l’idée qu’on puisse
avoir de l’ancienneté de notre planète.
» Maintenant, à une profondeur x sur une verticale déterminée, dési-
gnons par Ÿ la partie de la température de la Terre qui est due, soit à la
chaleur d’origine, si l’on veut qu’elle n’ait pas encore entièrement dis-
paru, soit, dans notre opinion, à la chaleur que la Terre apporte de la
région de l’espace qu'elle a quittée. On aura
v—=l+gx;
get l'étant des quantités indépendantes de x, dont la première est la
même que dans l’expression de z citée plus haut, et la seconde exprime
la fraction de degré dont l’une. ou l’autre de ces deux sortes de chaleurs,
augmente actuellement la température de la surface, au lieu que l’on con-
sidère. Dans le cas de la chaleur d’origine, cette valeur de », croissante
uniformément avec x, subsistera à toute profondeur très petite eu égard
au rayon de la Terre; dans l’autre cas, il n’est pas impossible qne cet
accroissement cesse d’être uniforme à des profondeurs accessibles; si
donc, en creusant dans un terrain homogène, on trouvait que l’augmenta-
tion de température s’écarte notablement de l’uniformité, ce serait une
preuve directe et indépendante des raisons qui viennent d’être exposées,
que ce phénomène n’est pas dû à la chaleur initiale du globe, tandis
qu'il n’y aurait rien à en conclure contre l'explication que nous en avons
donnée. Dans les deuxcas, les quantités g et / varient avec le temps; dans
le premier, elles décroissent suivant une même progression géométrique
dont le rapport diffère excessivement peu de l’unité; dans le second, les
lois de leurs variations nous sont inconnues; mais elles sont beaucoup
moins lentes, et il ne serait pas non plus impossible que ces variations
fussent rendues sensibles par des observations anciennes et modernes
sur les climats, séparées, par exemple, par un intervalle d’une vingtaine
de siècles.
» Dans toute hypothèse, ces deux quantités g et / sont toujours liées
entre elles par l'équation
g= bl,
dans laquelle à est Ja même quantité que plus haut, et qui servira à déter-
( 153 )
miner L, lorsque l'observation aura fait connaître la valeur de g, et que l’on
connaîtra aussi celle de à. À Paris; on_a
g—0",0377, b—1,05719;
d’où l'on tire
1= 0°,03 57,
ou à peu près un 30° de degré. La théorie montre aussi que la quan-
tité g ne dépend que de la nature du terrain et nullement de l’état de la
superficie. Il s’ensuit donc que si cet état éprouve quelque changement,
la quantité / variera en raison inverse de b; en sorte qu’elle deviendra
plus grande ou plus petite, selon que le pouvoir absorbant de la surface
aura augmenté ou diminué.
» En vertu de cette température v, croissante avec la profondeur, il se
produit à travers “ surface et de dedans en dehors , un flux de chaleur dont
l'expression esté Ÿ Te OU kg; le facteur À désignant, comme plus haut,
la conductibilité de la matière du terrain. On d'ailleurs
k= ac,
et, à l'Observatoire de Paris,
.. a—5,11655, c = 0,5614.
De cette valeur. de, la chaleur spécifique que M. Élie de Beaumont a
supposée, et.en prenant un 30° de mètre pour la valeur de g,il a conclu
que le flux de chaïeur qui a lieu à travers un mètre carré et pendant
une année, serait capable de fondre une couche de glace à zéro, qui
aurait ce mètre carré pour base et 0",0065 d'épaisseur.
» En un lieu quelconque de la Terre, la température moyenne de la
surface que nous avons désignée par .f, se compose d’un terme provenant
de la chaleur solaire, qui a aussi été représenté plus haut par le produit Q;
de la fraction de degré que l’on vient de désigner par /; d’un terme dû
à la chaleur rayonnante, des étoiles, parvenue à cette surface à travers
l'atmosphère; et d’un autre terme, provenant [de la chaleur rayonnante
de l'atmosphère. Si l’on représente. ces deux derniers termes respective
ment par Ÿ et 4, on aura donc
J=RQ+IHE +.
En retranchant de f, les quantités AQ et Z, et appelant p le reste ,il en
C. R. 1837, 1 Semestre. (T. IV. N°5.) 22
(154)
résultera
P=C+#Y;
et cette température p sera celle qui aurait lieu, si le Soleil n'existait
pas et que la Terre eût perdu toute sa chaleurinitiale. Ses deux parties €’
et Ad , d’origine différente, sont les températures que devraient avoir tous
les points d’une enceinte hémisphérique, située: au-dessus_du plan tan-
gent. à la surface du globe. au point que l’on ,considère, pour envoyer à ce,
point, les quantités de chaleur qu’il recoit effectivement des étoiles et.
de l'atmosphère; il importe de les distinguer l’une de l’autre, et de les:
examiner séparément.
» Supposons d’abord que la Terre n’ait pas d’atmosphère, et que la.
température de l’espace soit partout la même. Après un ‘intervalle de
temps suffisamment prolongé, ce corps solide prendra cette température
dans toute sa masse. Recouvrons ensuite sa surface, d’une couche liquide ou.
solide, susceptible de se réduire en gaz à une température déterminée.
Si cette température est supérieure à €, cette réduction n’aura pas lieu,
la couche additive prendra la température £ de la Terre et de l’espace,
et rien ne sera changé. Lorsqu’au contraire, la température € surpas-
sera celle où cette couche doit se réduire en gaz, elle s’y réduira effec-
tivement, et formera une atmosphère limitée autour de la Terre. Suppo-
sons encore que ce fluide soit dépourvu de la faculté de rayonner, et de
celle d’absorber la chaleur rayonnante, soit: de la Terre; soit des étoiles;
en sorte qu'il ne s’échauffe que par le contact avec la Terre, et par la-
communication, de proche en proche; dans toute sa hauteur. Alors, la
Terre conservera la température €; à sa surface, celle de l'air sera aussi
égale à £; puis elle décroîtra jusqu’à la limite supérieure de l'atmosphère
où elle devra être telle que l'air ait perdu toute sa force élastique, ‘et
se soit liquéfié. A raison du poids dès couches atmosphériques, leur den-
sité décroîtra: aussi’ en allant de bas en haut; et il sera facile de former
les deux équations différentielles d’où dépendent les lois dé décroissement
de cette densité'et de la température. En effet, on appliquera à une co-
lonne d’air qui s’appuie à la surface du globe, et se termine à la limite de
l'atmosphère, l'équation relative aux températures permanentes d’une barre
hétérogène , dont les deux températures extrêmes sont données; l’une étant
la température du globe, et l’autre, celle de la liquéfaction de l'air à cette
limite. La seconde équation sera fournie par la condition générale de l’é-
quilibre du fluide, suivant laquelle la différence des forces élastiques de
(155)
deux couches séparées par une troisième, doit être égale au poids de celle-
ci. Mais si nous rendons à l'air la faculté de rayonner et d’absorber une
partie de la chaleur rayonnante de la Terre, et si nous continuons de sup-
poser, pour ne pas compliquer la question, qu'il n’absorbe pas celle
des étoiles, la Terre recevra toujours de l’enceinte stellaire, la même
quantité de chaleur qu'auparavant; ce qui n’empêéchera pas sa tempéra-
ture de s’abaisser au-dessous de £, à raison de l'échange de chaleur qui
aura lieu entre ce corps et les couches atmosphériques, éloignées de sa
surface, dont les températures sont moindres que £. Quant aux lois de sa
densité et de sa température dans toute la hauteur de l'atmosphère, ce
serait un, problème trés difficile de les déterminer en ayant égard à l’ab-
sorption,et au rayonnement; et il ne serait pas même aisé de dire si sa
densité et sa température moyennes augmenteront ou diminueront, et
si cette masse fluide s’étendra ou se rétrécira, par l'effet combiné de
l'échange de chaleur rayonnante avec la Terre, et de l’abaissement de la
température de l'air en contact avec la surface du globe, devenue plus
froide. Toutefois, dans le cas que nous considérons, la température A,
qui a cetéchange pour origine, sera certainement négative, puisque l’effet
de cet échange mutuel doit être de diminuer la température p de la Terre
à sa surface, et de la rendre moindre que £.
» Dans la nature, les températures £ et 4 dépendent de l'inégalité qui
peut avoir lieu entre les quantités de chaleur stellaire, émanées des
différentes régions du ciel; de l'absorption qu’elles éprouvent en traver-
sant l'atmosphère; de l’inégal échauffement des parties de cette masse
fluide, par la chaleur solaire; etc. Leur somme { + est déterminée de
la manière la plus générale, par l'équation (10) de la page 472 de mon
ouvrage, où elle est désignée par £; mais pour déduire de cette équation,
la valeur numérique de £, à une époque et en un lieu déterminés, nous
manquons des données nécessaires, soit sur la différence du rayonne-
ment des. étoiles, soit sur la constitution de notre atmosphère et ke
pouvoir absorbant du fluide qui la compose.
» En ce qui concerne la chaleur stellaire, il y a lieu de penser que
toutes les régions du ciel ne nous envoient pas des quantités égales de
chaleur : si l’on imagine un cône extrêmement aigu, qui ait son sommet
en un point de la surface du globe, et qui se prolonge jusqu'aux étoiles;
à raison de leur immense distance de la Terre , ce cône en renfermera un
très grand nombre, et c’est la moyenne des quantités de chaleur qu'elles
émettront dans le sens de ce rayon conique, que je prends pour l'intensité
22.
(155)
de la chaleur stellaire dans cette direction; or! il serait hors de toute vrai-
semblance, que :cette intensité demeurât la même, en faisant tourner le
cône suivant toutes. les directions autour de son sommet, comme aussi,
en déplaçant. cesommet, et:le transportant d’un point à un autre de la
surface du globe : toutefois des expériences très délicates pourraient seules
nous faire connaître! quelles: sont les: parties du ciel oùle rayonnement
stellaire a la plus grande ou la moindre intensité ; et jusqu’à présent,
l'observation ne nous a rien ‘appris sur ce sujet, l’un des plus intéres-
sants de la physique céleste. Aux différentes heures du jour, la quan-
tité totale de chaleur stellaire qui parvient à chaque point du globe,
provient de toutes les étoiles situées au-dessus de son horizon; en un
temps donné, elle peut donc varier d’un lieu à un autre, et n'être pas
la même, par exemple, à l'équateur et aux pôles. Les quantités de chaleur
stellaire, qui nous arrivent dans un méme intervalle de temps, peuvent aussi
être fort inégales pour les deux hémisphères; et cette inégalité est une
des causes possibles de la différence de témpérature moyenne des hémis-
phères boréal.et :austral.
»Relativement à la constitution physique de l’atmosphère, les’ lois de
décroissement de la quantité de vapeur, de la densité, de la température,
à mesure que l’on s'élève au-dessus de l'horizon, nenous sont aucunement
connues. Le décroissement d’un (degré pour 17> mètres de différence dans
les hauteurs verticales ; que l’on a conclu de l'expérience aérostatique de
M. Gay-Lussac, se rapporte à la température marquée par un ther-
momètre suspendu à l'air libre, et ne nous fait pas connaître celle des
couches d'air, elles-mêmes, dont la température propre détermine le
rayonnement, et influe peut-être sur le pouvoir absorbant. Tout ce que
nous savons à cet égard, c'est que la température moyenne de l'air en
contact avec la superficie du globe, doit être ‘égale à celle de cette sur-
face, et qu’à la limite supérieure de l'atmosphère, la température propre
du fluide ne peut surpasser celle de sa liquéfaction, au degré où la den-
sité se trouve réduite. La première condition résulte, comme on l’a dit
plus haut, d’ün contact continuel de la couche inférieure de l’atmos-
phère et de la surface de la Terre; la seconde est une condition nécessaire
à l'équilibre de la masse fluide, etindépendante de l'équation générale de
cet équilibre.
» En .effet, si l’on divise cette masse en couches concentriques d’une
épaisseur infiniment petite, où du moins assez petite pour que le
poids de chaque :couche soit insensible; le poids d’une couché intérieure
(157)
suffira, néanmoins , pour faire équilibre à la différence des pressiotis
qui s’exerceront en sens contraire sur ses ceux faces, et qui ont pour
mesures les forces élastiques des deux couches adjacentes; mais la couche
la plus élevée n'éprouvant aucune pression: sur sa face supérieure, son
poids ne pourrait balancer la pression qui aurait lieu sur son autre face,
si celle-ci avait une grandeur sensible; par conséquent, la force élasti-
que de l'air doit être nulle à lalimite de l'atmosphère; dont la distance à
la surface de la terre, est beaucoup moindre que la distance à laquelle sa
force centrifuge détruirait sa pesanteur. Or, la force élastique ne saurait
se réduire à zéro, parce qu’elle décroitrait seulement à raison de la den-
sité, et par exemple, suivant la loi de Mariotte; car alors, tant que l'air
aurait une densité aussi faible qu'on voudra, il aurait aussi une force
élastique en vertu de laquelle il se dilaterait encore davantage ; et l’at-
mosphère ne pouvant sé terminer, elle-se dissiperait en entier dans l’es-
pace. On ne peut pas objecter que l’atmosphère serait maintenue par la
pression de l’éther sur sa surface supérieure; car l’éther pénètre dans la
masse d'air; et la force élastique de l’éther intérieur, en s’exerçant de
dedans en dehors, détruit la pression exercée en sens contraire par l’éther
extérieur. C’est donc par le froid que les dernières couches de l’atmosphère
doivent perdre leur ressort : près de sa surface supérieure, la température
de l'air doit être celle de la liquéfaction de ce fluide, et la couche d’air
liquide doit avoir l’épaisseur nécessaire pour que son poids fasse équilibre
à la force élastique de l'air inférieur, sur lequel elle repose. Si la force
moléculaire disparaissait dans cette couche extrême, à raison de la dis-
tance, mutuelle des molécules, devenue très grande par leffet de la raré-
faction du fluide, cette couche ne s’appuierait plus sur celle quise trouve
immédiatement au-dessous; la pesanteur de ses molécules vers la terre,
ne pourrait plus être détruite qu’en leur supposant une vitesse de rotation
et une force centrifuge , plus grandes que celle de-cette autre couche ; et
celle-ci n’éprouvant plus aucune pression extérieure, ce serait elle qu’on
devrait.considérer comme:la-couche extrême! de l’atmosphère, et qui ne
pourrait perdre sa force élastique que par la liquéfaction.
» Nous ne connaissons aucunement la température nécessaire pour liqué-
fier l'air atmosphérique pris à la densité ordinaire, ni, à plus forte raison,
dans l'état de raréfaction des couches supérieures; mais nous ne pouvons
pas douter qu’elle, ne soit extrêmement basse, et peut-être encore beau-
coup plus dans le cas d’uneitrés faible densité, Cette température indis-
pensable pour que l'atmosphère puisse se terminer, est, ce me semble, la
(158)
vraie cause du froid excessif de sa partie supérieure, et du décroissément
de chaleur de ses couches successives, à mesure que l’on s’élève au-dessus
de la surface du globe. Ce phénomène aurait donc encore lieu, lors même
que l’atmosphère serait parfaitement en repos; et il ne serait pas dû,
comme on l’a dit quelquefois, à un mouvement ascensionnel de l'air,
dans lequel ce fluide se dilate par la diminution de pression , et serefroidit
en conséquence. Ceux qui ont donné cette explication , n’ont pas remar-
qué que ce mouvement de bas en haut, est accompagné d’un autre
mouvement qui a lieu en sens contraire, et que dans ce double mouve-
ment, les masses d’air se mélent et se traversent mutuellement, de
manière qu'il serait difficile de décider s’il en doit résulter nne augmen-
tation ou une diminution de la densité et de la température moyennes du
mélange. Au reste, on ne doit pas perdre de vue que cette température
extrêmement basse de la couche supérieure de l'atmosphère, est celle de
l’air même, dont cette couche est formée, et non pas la température
que marquerait un thermomètre qui y serait piongé : celle-ci peut être
beaucoup plus élevée; elle résulterait du contact de l'air, et de la cha-
leur rayonnante des étoiles, du soleil, de la terre, de l'atmosphère;
mais la première cause aurait peu d'influence, à raison de l’extrême
ténuité du fluide; de telle sorte que la température moyenne, marquée
par ce thermomètre, diffèrerait très peu de celle qu’il indiquerait, si on
le transportait en dehors et un peu au-dessus de l’atmosphère.
» Puisqu’il nous est impossible de déterminer directement les tempé-
ratures € et 4, pour en déduire ensuite celle que l’on a désignée par
p; c'est, au contraire, la valeur de p, donnée par Yobservation, qui
fera connaître la somme €<+ + des deux autres, et par conséquent une
limite de £#, d’après le signe de 4}; de manière qu’on ait C > pou C
; con-
clusion importante, comme on va le voir, pour l'évaluation approxi-
mative de la température de l’espace, au lieu où la Terre se trouve ac-
tuellement.
(159 )
» Par un point quelconque de la surface qui termine l'atmosphère,
supposons que lon mène à cette surface un plan tangent indéfiniment
prolongé, et soit z la température qu’il faudrait donner à tous les points
de l’enceinte stellaire, pour que la portion située au-dessus de ce plan,
envoyät au point que l’on considère, la quantité de chaleur rayonnante
qu'il reçoit effectivement des étoiles. Relativement à ce point de la surface
atmosphérique, z désigne une quantité analogue à celle que lon a repré-
sentée par € à l'égard d’un point quelconque de la surface du globe; et
si ces deux points appartiennent à une même verticale, on aura: tou-
jours € << z, à raison de l'absorption plus ou moins grande que la
chaleur stellaire peut éprouver en traversant l'atmosphère. Désignons
par dA l’élément. de la surface atmosphérique, auquel répond la tempé-
rature z, et par y cette surface entière. On démontre, dans la: Théorie
de la Chaleur, que l'intégraie fzdA, étendue à toute cette surface et
divisée par w ,.est l’expression exacte de la température de l’espace, telle
qu’elle. a été définie plus haut. Si donc on appelle € cette température
au lieu où la Terre se trouve actuellement, on aura
ee
= = {zd);.
=
par conséquent, à cause de £ < z et p<&Q, il en résultera:
I
= dà ;
s > Pi
or, en chaque point de la Terre, p.est un peu moindre quela tempé-—
rature de la surface, diminuée de la partie due à la chaleur solaire; il
s'ensuit donc que £ surpasse la moyenne des températures de la surface
entière, qui auraient lieu si le Soleil n'existait pas, et que cependant-
la température de l’atmosphère ne füt pas changée.
» La valeur de p dépend du climat et de la latitude; à Paris elle est à
très peu près égale à 11° —24°, ou. à —13°; en la prenant pour la
moyenne des valeurs de p qui répondent à toutes les régions du globe,
on en conclura donc que la température & est: supérieure. à —13. On
obtiendrait un résultat semblable, en prenant pour cette moyenne , la
valeur de p, qui a lieu à l’équateur-et qui doit être au-dessous de 27°,5
— 33°. La quantité dont la température € surpasse cette limite —13°, et
qui provient du rayonnement et de l’absorption atmosphériques, ne
semble pas devoir la: rendre positive, et l’on peut croire que € est
d'un petit nombre de degrés au-dessous de zéro. D’après une formule de
( 160 )
M. Brewster, la température du pôle nord serait d’à peu pres — 18°;
celle du pôle sud est encore plus basse : la température de l'espace est
donc supérieure à celles des deux pôles de la Terre, au lieu de leur être
inférieure , et de s'abaisser à bo ou 60 degrés au-dessous de zéro , ainsi que
Fourier l'avait dit. À plus forte raison, cette température stellaire est-elle
supérieure à celles que l’on observe quelquefois à de hautes latitudes, et
qui se trouvent au-dessous de la température moyenne de lieux encore
plus voisins du pôle, où du pôle lui-même. Telle est, par exemple,
la température de — 57°, observée le 17 janvier 1834, par le capitaine
Back (1), à une latitude nord de 62°46/, tandis que la température
moyenne de l’année entière, à la latitude de 78°, que M. Scoresby a aussi
déduite de l'observation, n’est que de — 8°,33. Un froid excessif et pas-
sager, qui a lieu dans une localité, peut avoir été produit par diverses
causes que nous ne connaissons pas; mais ce ne sont pas les tempé-
ratures accidentelles , c'est la moyenne de toute l’année et de toute la
surface du globe, que l’on doit faire servir à l'évaluation de la chaleur
de l'espace, ou d’une limite au-dessus de laquelle cette température est
certainement. :
» Voici encore plusieurs remarques extraites du dernier chapitre de
mon ouvrage, et qu'il ne sera pas inutile d’ajouter à ce qu’on vient de lire.
» Dans le phénomène de la rosée, le refroidissement de la surface de
la Terre, qui détermine la précipitation de la vapeur d’eau, est pro-
duit par l'échange de chaleur rayonnante, soit entre la Terre et l'enceinte
stellaire, soit entre la Terre et l'atmosphère; et c’est la première ou la
seconde de ces deux causes simultanées qui a le plus d'influence, selon
que la température désignée plus haut par £, est inférieure ou supérieure
à celle que l'on à représentée par 4; ce qu’il nous serait difficile de
décider, parce que ces deux effets s'ajoutent et ne peuvent pas être sé-
parés l’un de l’autre.
» Après avoir discuté complétement toutes les causes qui peuvent in-
fluer sur la température indiquée par un thermomètre exposé à l'air
libre et à l'ombre, j'ai trouvé qu’en la désignant par U, son expression
est de la forme
(1) Comptes, rendus hebdomadaires des’ séances de l’Académie ; année 1836, 1° se—
mestre , page 575.
( 16r )
6 étant la mesure du pouvoir absorbant de la surface du thermomètre ;
7 celle du pouvoir refroidissant de l’air en contact avec cet instrument ,
qui est, comme on sait, indépendant de l’état de la surface; & la
température propre de ce fluide; x et y deux inconnues dépendantes
de la chaleur rayonnante du sol , et de celle de l'atmosphère, qui dépend
elle-même de l’état de cette masse fluide à l'instant de l'observation.
Cette valeur de U est indépendante de la hauteur du thermomètre au-
dessus de la surface de la Terre; ce qui est conforme à l'expérience;
mais elle suppose que l'élévation de l'instrument ne soit ni très consi-
dérable, ni très petite, comme le diamètre de la boule thermométrique;
car, très près de la surface de-la Terre, et à une grande élévation, les
quantités x et y changent de valeurs, et ne sont plus les mêmes qu'à
une hauteur de quelques mètres.
» De la formule précédente, on déduit facilement
dU __ yU— 2) s
Æ 7 Er+y
ce qui montre que quand le pouvoir absorbant de la surface du ther-
momètre augmente ou diminue, U varie dans le même sens ou en sens
contraire, selon que cette température est supérieure ou inférieure à
celle de l’air en contact avec l'instrument, c’est-à-dire, selon que la diffé-
rence ÜU — « est positive ou négative.
» Si le thermomètre est exposé au Soleil, la température U s’élèvera, toutes
choses d’ailleurs égales , d’une quantité 4 qui aura pour expression
q étant une quantité proportionnelle à l'intensité de la chaleur solaire,
au lieu de l'observation, et d'la mesure du pouvoir absorbant de la surface
du thermomètre, relatif à ce genre de chaleur. Pour un second thermo-
mètre, observé dans le même lieu, mais dont la surface sera différente ;
si l'on désigne par 6’, d', A’, ce que deviennent les quantités 6, d\, A,
relatives au premier, on aura
et, par conséquent,
(d'— d)yg + QE — V)rg
(Er + ») Er +)
Or, si les pouvoirs absorbants d’une même surface sont égaux pour la
C. R. 1837, 197 Semestre, (T. IV. N°5.) 23
A — À —
(162 )
chaleur solaire et pour toute autre sorte de chaleur rayonnante, ou bien,
s’ils sont différents, mais qu'ils croissent dans un même rapport en passant
; Gris Ou à ; ai bie
d’une surface à une autre; on aura 7 — ;, ce qui réduira à (S' — J'y,
le numérateur de cette dernière formule. Dans ceite hypothèse, ce sera
donc le thermomètre qui a le plus grand pouvoir absorbant, qui s’'échauf-
fera le plus, en passant de l'ombre au soleil : il en sera de méme, à plus
L ) 9" à j ; : ; â
forte raison, si l’on a F > ge; mais le contraire pourrait arriver , si lon
RH d , ce
avait Z < = On peut remarquer que, dans le vide où l’on a > — 0, les
températures marquées par tous les thermomètres s’élèveront également
par l'effet de la chaleur solaire, quel que soit l’état de leurs surfaces,
dans le cas où leurs pouvoirs absorbants varient suivant un même rap-
port, pour les deux sortes de chaleurs rayonnantes.
» C’est la température propre de l'air qui détermine sa densité sous une
pression donnée, et qui peut influer, soit directement, soit à raison de
cette densité, sur les facultés du fluide, d’absorber la chaleur, de réfracter
la lumière , etc. Dans beaucoup de questions de physique; c'est donc la
valeur de &, distincte de celle de U, qu’il importe de connaître. Or, l'expres-
sion de U contenant, outre cette inconnue æ, deux autres quantités x et y
que nous ne pouvons pas non plus connaître à priori, et qui peuvent
changer à chaque instant, il s’ensuit que pour déterminer «, il sera néces-
saire d'employer les indications de trois thermomètres, et non pas celles
de deux seulement , comme on a coutume de le dire. En désignant par U,
U', U”, les températures marquées par ces trois instruments, et par 6,
6',6", les mesures des pouvoirs absorbants de leurs surfaces, on conclura
de l'expression de U, appliquée à ces trois températures,
G"U' (U — U”) + CU" (U'— U) + EC'U(U'— U')
A TT EU — UN) FÉCU—U) HEC U 0) ?
formule indépendante de la quantité y que contenait cette expression
de U. Pour s’en servir, il faudra connaître avec précision les rapports nu-
mériques des trois constantes 6, 6’, 6”, et mesurer dans chaque cas, aussi
exactement qu'on pourra , les trois températures U, U', U”. Si le pouvoir
absorbant de l’un des trois thermomètres, de celui, par exemple, qui
marque la température ÜÙ, est nul ou insensible, on aura & —U, en né-
gligeant les termes multipliés par 6. Il en sera de même, sans que 6 soit peu
considérable, quand on aura rendu prépondérant le pouvoir refroidissant
(163)
de l'air, en agitant fortement le thermomètre; ce qui permettra de négliger
6 par rapport à + dans l’expression de U; mais ce procédé peut avoir l'in-
convénient de développer de la chaleur, par la compression de l'air, et de
changer sa température & que l’on veut évaluer. En joignant aux tempéra-
tures U, U’, U”, celle qui sera marquée, au même instant, par un quatrième
thermomètre, et éliminant les quantités # et y, on pourra déterminer les
valeurs des inconnues x et y; et en répétant cette opération à différentes
époques et dans des circonstances atmosphériques différentes, on saura
si l’état de l’atmosphère influe effectivement sur ces deux derniers élé-
ments.
» Je terminerai ce mémoire par quelques réflexions sur la théorie même
de la chaleur. Dans mon ouvrage, je n’ai point adopté celle qui attribue
les phénomènes aux petites vibrations d’un fluide, parce que les raisonne-
ments qu’on a pu faire, jusqu’à présent, pour l’établir et la justifier, sont
trop vagues et trop peu concluants pour servir de base à l'analyse mathé-
matique; tandis qu’au contraire les calculs fondés sur la théorie qui 2
précédé celle-là et que j'ai préférée, conduisent, par des déductions ri-
goureuses , à des résultats toujours conformes à l'observation. Cet accord
remarquable entre le calcul et l’expérience, et la difficulté, dans la théorie
des vibrations , d'expliquer les phénomènes de la chaleur, ceux-là même
que l’on observe le plus communément, sont pour moi, je l'avoue, une
difficulté contre la théorie des ondulations lumineuses ; car la lumière et
la chaleur présentant, sous bien des rapports, une si grande analogie; il
semble naturel de les attribuer à des causes semblables, et de fonder
leurs théories sur les mêmes principes. Ceux de la théorie de la chaleur
peuvent être énoncés avec précision; ils sont renfermés dans ce qui suit.
» Dans cette théorie, on attribue les phénomènes à un fluide impondé-
rable, qui réside dans chaque corps en quantité variable, et dont les parti-
cules se repoussent mutuellement, avec une force qui décroît d’une
manière très rapide, quand la distance augmente, et devient insensible à
toute distance sensible. La quantité de ce fluide que l’on introduit dans un
corps, ou que l’on en fait sortir, n’a rien d’arbitraire, et est mesurable d’après
certains effets qu’elle produit; elle ne perd jamais sa puissance répulsive,
lors même qu’après avoir été introduite dans ce corps, elle n’en fait pas
changer la température, et s'appelle alors de la chaleur latente. Chaque mo-
lécule d’un corps quelconque est formée d’une matière pondérable et d’une
portion de chaleur qui s’y trouve retenue par l'attraction réciproque de ces
deux substances; deux molécules voisines s’attirent à raison de l’une de ces
23.
(164 )
deux matières, et se repoussent à cause de l’autre; et dans l’état d'équilibre
du corps, les distances de ses molécules sont telles que leurs actions réci-
proques se détruisent, non pas rigoureusement, mais à très peu près; car,
dans la nature, cet état consiste en des vibrations insensibles des molécules,
et n’est pas un repos absolu. Cela étant, il s'ensuit que toutes les actions
répulsives, exercées sur le calorique d’une molécule, par celui de toutes
les autres molécules comprises dans la sphère d’activité de celle-là, ont
une résultante qui n’est pas nulle, et qui varie continuellement en intensité
et en direction. Cette force détache aussi continuellement de la molécule
sur laquelle elle s'exerce, des particules de chaleur , qui sont ainsi lancées
en tous sens sous forme rayonnante, et ensuite absorbées, plus où moins
rapidement, en vertu de l'attraction de la matière pondérable, par les mo-
lécules qu'elles viennent à rencontrer. Dans les gaz, l'absorption est très
lente; elle l’est moinsdans les liquides; et dans l’intérieur des corpssolides,on
suppose, en général, que le rayonnement ne s'étend qu'à des distances
très petites (r). Toutefois, ces distances ne sont point insensibles, et l’on ne
doit pas les confondre avec le rayon d'activité, incomparablement moindre,
de Ia répulsion calorifique. De cette émission et de cette absorption inces-
santes , il résulte un échange continuel de chaleur rayonnante entre lesmo-
lécules detous les corps, qui subsiste même à égalité de température, sans la
troubler quand elle a lieu, et qui finit toujours par la produire lorsque
cette égalité n’existait pas primitivement. Cet échange entre les molécules
d'un corps et celles d’un thermomètre, d’une masse insensible par rap-
port à la sienne, et placé dans son intérieur, a pour effet de dilater ou de
contracter l'instrument , jusqu’à ce qu’il soit devenu stationnaire; parvenu
à cet état, le thermomètre marque ce qu’on appelle la température du corps
que l’on considère. Si l’on introduit dans ce corps une nouvelle quantité
de chaleur, elle s'y distribue entre toutes ses molécules ; ce qui augmente, à
distance égale, l'intensité de leur répulsion mutuelle, et par suite, les inter-
vallés qui les séparent , lorsque ce corps a la liberté de se dilater. La force qui
détache incessamment des particules de chaleur, de chaque molécule de ce
(1) La chaleur émanée des corps dont la température est très élevée, traverse en
partie le verre et d’autres corps diaphanes ou non diaphanes. On peut voir sur,ce point
les mémoires de M. Melloni , et le rapport de M. Biot, inséré dans le tome XIV de l’Aca-
démie. À la rencontre d’un corps solide, la chaleur rayonnante est réfléchie sous un
angle égal à celui d'incidence, et dans une proportion qui dépend de cet angle et de
l'état de la surface, et qui peut aussi varier avec la direction du plan d’incidence et de
réflexion, ce qui constitue la polarisation de la chaleur, analogue à celle de la lumière.
(165 )
corps, et qui provient de la répulsion calorifique des molécules environ-
nantes, augmente avec cet accroissement du pouvoir répulsif; et d’un autre
côté, cette force diminue à raison de l’écartement des molécules, duquel
il résulte qu’un moindre nombre d’entre elles se trouve compris dans
la sphère d’activité de leur répulsion. En général , la cause d'augmentation
l'emporte sur l’autre; le rayonnement moléculaire s'accroît en conséquence,
et, par conséquent aussi, la température qui en est l'effet, produit sur le
thermomètre. Le contraire a lieu, lorsque l’on enlève dela chaleur à un
corps. Nous ignorons, dans ce cas, si la diminution de chaleur de ses molé-
cules peut être assez grande pour qu’elles perdent entièrement, malgré
leur plus grand rapprochement, la faculté de faire rayonner chacune d’elles :
si cet état d’un corps, où il n’y aurait plus ni rayonnement, ni tempé-
rature, est possible, et qu’il y soit parvenu; ses molécules renfermeraient
toujours de la chaleur dont l’action répulsive s’opposerait à leur jonction,
et que l’on pourrait de nouveau en faire jaillir sous forme rayonnante,
en les rapprochant encore davantage, parune pression sur le corps exer-
cée à sa surface. Les deux causes contraires de l'intensité du rayonnement,
savoir, l'augmentation de chaleur des molécules et leur écartement, se ba-
lancent dans le passage des corps, de l’état solide à l’état liquide, et de
l’état liquide à l'état de vapeur. Le rayonnement, et la température qu'il
détermine, n'éprouvent alors aucun changement; et la chaleur introduite
est une chaleur latente, dont les particules ont, néanmoins, conservé leur
force répulsive. Enfin, pour augmenter d’un degré la température d’un
corps, dans un état quelconque, il y faut introduire une quantité de cha-
leur différente, suivant que ses molécules sont plus où moins resserrées, et
suivant que chacune d'elles retient le calorique avec plus où moins de force,
ce qui empêche, aussi plus ou moins, l'action des molécules circonvoi-
sines, à nombre égal, de l’en détacher et de produire le rayonnement.
De là vient, l'inégalité des chaleurs spécifiques, soit d’une même matière à
différentes densités, soit des corps formés de diverses matières. On
conçoit aussi, pour un même corps, l’excès de sa chaleur spécifique, quand
il peut se dilater, sur celle qui a lieu à volume constant : pour un corps
solide, cet excès doit même être différent, selon que ce corps peut s’é-
tendre également en tous sens, et selon qu'il se dilate librement dans une
direction, tandis que ses molécules se rapprochent, ou demeurent aux
mêmes distances, suivant ses autres dimensions.
»Parmi lesnombreuses conséquences de cette théorie, qui sont le plus pro-
pres à la vérifier par leur accord avec l'observation, je citerai seulement la
( 166 )
proposition démontrée dans le second chapitre de mon ouvrage et suivant
laquelle le flux de chaleur à travers la surface d’un corps qui s’échauffe ou
qui se refroidit dans le vide, a pour expression un produit de deux fac-
teurs, dont l'un est le même pour tous les corps et ne dépend que de la
température, et dont l’autre varie avec la matière de chaque corps et
l'état de sa surface ; résultat qu'il serait, je crois, très difficile d'expliquer
dans la théorie des vibrations, et qui coïncide avec la loi générale que
MM. Dulong et Petit ont conclue de leurs expériences, qui leur ont fait con-
naître, en outre, la forme du premier facteur en fonction de la température.
» Il y a aussi une déduction des théories de l'émission de la chaleur et
de la lumière, qui s’accorde avec l'expérience, et qui ne semble pas avoir
été remarquée. Si l’on admet, ce qui paraît naturel, que la répulsion de
la chaleur s'exerce non-seulement sur cette matière elle-même, mais aussi
sur la lumière: l’effet de la quantité de chaleur contenue dans les mo-
lécules d’un corps diapbane, sera de diminuer, à égalité de distance,
leur attraction sur les rayons lumineux qui les traversent, et par consé-
quent, la réfraction qu'ils ÿ subissent; d’où l’on conclut que si le corps est
d’abord liquide, et qu’on le réduise en vapeur par l'addition d'une
quantité considérable de chaleur, le rapport de la force réfractive de la
vapeur à celle du liquide, devra être moindre que celui de leurs densités.
C’est, en effet, ce que MM. Arago et Petit ont constaté sur les vapeurs
de différents liquides (1), et dont il ne serait pas ñon plus facile de rendre
raison, dans les théories des ondulations lumineuses et calorifiques. »
PALÉONTOLOGIE. — Observations sur une note lue par M. Geoffroy dans la
séance précédente, sur le Chameau et le Sivatherium fossiles dans les
Sous-Himalayas méridionaux ; par M. H. ve BLaNvrLrr.
« J'ai demandé la parole pour relever une erreur de plume sans doute,
mais qui pourrait être considérée comme anatomique, et qu'il faut, ce
me semble, corriger pour l'honneur de l’Académie. On trouve en effet,
dans la réplique de M. Geoffroy à mes observations sur le chameau fossile
et sur le sivatherium, qu'il croit devoir persister dans ses doutes sur la dé-
termination donnée par M. Henry Durand d’un crâne de chameau fossile
dans une sorte de mollasse des monts Sous-Himalayas méridionaux , parce
que je me suis borné à faire figurer très habilement, dit M. Geoffroy, pour
(1) Annales de Chimie et de Physique ; tome 1°.
(167)
terme de comparaison, un bout de museau détaché de la tête entière d'un
chameau et taillé sous la forme du morceau fossile. Je regrette beaucoup
de n’avoir pas écrit sur la figure ce que c'était, afin d’éviter cette erreur
que je ne pouvais, il est vrai, pas trop supposer. Remarquons donc que
la portion de la tête de chämeau que j'ai fait figurer (2), est justement la
partie opposée au museau, c’est-à-dire le dessus et la partie postérieure du
crâue, et que ce n’est pas arbitrairement ni en le taillant sous la forme
du morceau fossile, que je me suis borné à cela, mais parce que sui-
vant le procédé de démonstration oculaire par superposition , le dessin de
M. Henry Durand (B) ne représentait que la même partie de la tête du
chameau fossile.
» Quant à la proposition, jusqu'à un certain point accessoire à ma
réclamation, que la tête du sivatherium n'a d’autres rapports avec celle
de la giraffe, que d’appartenir au même ordre des ruminants. Je ne cher-
cherai pas à prolonger une discussion, qui ne porte au fond, que sur
des figures et des descriptions, toujours plus ou moins sujettes à con-
troverse, et qui bien suffisantes pour l’un peuvent très bien ne pas l’être
pour l’autre. Je demande seulement à l’Académie, la permission de relever
une expression que m'attribue M. Geoffroy; je n’ai certainement pas
traité de brouillons les naturalistes qui ont cru devêr , en anatomie, suivre
une autre marche que celle de Vicq d’Azir, qui est celle que j'ai adoptée
et dans laquelle je crois devoir persister ; et si, pour excuser l'étendue de
mes observations, j'ai terminé en disant : que comme l'étude des fossiles
s'applique à fournir à la géologie un de ses éléments les plus importants,
il jaut craindre que ces éléments faussés ou exagérés, ne la condui-
sent de nouveau à des hypothèses qui ont arrété si long-temps ses pro-
grès, il est bien évident que je n’ai fait aucune allusion à la science de
l'organisation.
» Quant à l'espèce de soupçon ou de calcul et presque de mauvaise foi, qui
pourrait résulter contre moi de l'observation de M. Geoffroy, que j'ai
choisi pour la reproduire, la figure qui représente le côté de la tête du
Sivatherium, où le prolongement frontal n’offre aucune fracture à la
base, et qui, pour le dire en passant, quoique tronqué au sommet, n’est
nullement en pleine dégradation, comme M. Geoffroy se plait à le dire, je
la repousserai aisément, en faisant remarquer que j'ai dû agir ainsi, pour
appuyer l'observation de MM. Hugh Falconer et Cautley, qui disent
positivement que la tête du Sivatherium , qu’ils ont scrutée, à ce qu'il
parait, attentivement , n’offrait aucune trace de sutures, et que les che-
(168)
j villes cornigères, qu'ils nomment les cornes, se continuaient insénsible-
ment et sans interruption avec le frontal; d’où il faut conclure nécessai-
rement, comme j'ai eu’ soin de le faire remarquer dans le texte de ma
note, que la solution de continuité qu'offre la figure dans une partie
seulement de la base de la cheville du côté droit, solution de continuité
sur laquelle seule repose l'hypothèse de M. Geoffroy, ne représente qu’une
cassure (r).
» Enfin, je termine en disant que, quand même il serait ainsi certain
que cela n’est pas, que les prolongements frontaux du Sivatherium se-
raient des épiphyses, comme cela a lieu pour ceux des giraffes, il n’en
résulterait pas pour cela que ce serait une giraffe dont l’espèce actuelle-
ment vivante, ne serait qu'une modification déterminée par le change-
ment des circonstances dans la suite des siècles. C’est contre cette
hypothèse que, jusqu'ici , je regarde comme purement gratuite et comme
pouvant dérouter les géologues de la bonne et excellente voie où ils sont,
que je me suis plus voiontiers élevé, et avec une conviction que je ne
crains pas de dire absolue. »
Après la lecture dé la note de M. de Blainville, M. Geoffroy Saint-
Hilaire déclare que, s&ivant lui, la discussion est arrivée à son terme , et
qu’il n’a pas l'intention de la pousser plus loin.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Recherches sur la détermination. approchée des
racines des équaticns algébriques; par M. Lisri. — (Communication
verbale.) k
« Occupé presque exclusivement de la publication d’un ouvrage sur
l’histoire des sciences, je ne puis pas rédiger dans ce moment le résultat
des recherches que j'ai faites récemment sur la détermination appro-
chée des racines des équations. Je demande par conséquent à l'Académie
la permission de lui faire connaître sommairement, et seulement pour
prendre date, le principal résultat de mon analyse.
» Étant donnée une équation d’un degré quelconque à coefficients
(1) À l’appui de cette opinion, je ferai l’observation que dans la girafe, lorsque
les sutures des os du crâne sont effacées, celles des épiphyses frontales antérieures ou
postérieures, ont aussi complétement disparu. Comment alors concevoir que, dans le
crâne du Sivatherïum , toutes les sutures seraient effacées, tandis que celles des épi-
physes frontales ne le seraient pas?
( 269 )
algébriques, j'ai trouvé d’abord une formule qui exprime, algébrique-
ment et en termes finis, le nombre des racines réelles de cette équation
en fonction de ses coefficients, d’une manière générale, et sans qu'il
soit nécessaire pour cela d'effectuer aucune opération. Ensuite, le nombre
des racines réelles étant ainsi déterminé, si l’on se propose de trouver
ù 4 3 : Et R
successivement, par approximation, les valeurs de ces racines à 7 prés
(m étant un nombre entier quelconque), je puis exprimer généralement
la valeur approchée de chacune de ces racines en fonction des coeffi-
cients de l'équation proposée, et de la quantité m. La formule qui sert
à exprimer ces valeurs approchées est algébrique, et ne contient qu'un
nombre fini de termes. Mais le nombre de ces termes croit toujours
avec le nombre m; de manière que si l’on voulait avoir la valeur exacte
. CC: I . : , x , -
des racines, la différence — deviendrait égale à zéro, et par suite m
aurait une valeur infinie. Le nombre des termes de cette formule (qui
croît proportionnellement au nombre m) deviendrait alors infini; et l'on
aurait des séries infinies pour exprimer exactement les racines des équa-
tions algébriques.
» La même formule sert à déterminer, d’une manière approchée (immé-
diatement et en termes finis), les racines imaginaires des équations al-
gébriques.
» Il reste peu d’espoir aux géomètres de pouvoir résoudre les équations
algébriques du cinquième degré et des degrés supérieurs; la formule à
laquelle je suis parvenu, semble destinée à remplir une Jacune dans la
science algébrique. Jusqu’à présent, on ne pouvait déterminer les racines
approchées des équations, que lorsque ces équations étaient à coefficients
numériques; et l’on n’y parvenait que par de longues opérations, qu'il
fallait changer, et recommencer à chaque nouvelle équation. La formule
que je viens d'indiquer, résout le problème d’une manière générale en
termes finis; elle s’applique à toutes les équations algébriques, et n’exige
aucune opération numérique. La seule substitution des valeurs des coef-
ficients dans cette formule, conduit aux valeurs approchées dés racines dans
chaque cas particulier. » .
C.R. 1835. 127 Semestre. (T. IV. N° 5.) 24
(170 )
TÉRATOLOGIE. — Monstre humaïn à trois tétes.
M. Geoffroy Saint-Hilaire présente, de la part de M. le docteur Gal-
vagni, de Catane, un dessin représentant le cas de monstruosité, dont il
est fait mention dans le Traité de Tératologie de M. Isidore Geoffroy
Saint-Hilaire, d’après les renseignements fournis par M. Galvagni.
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un membre cor-
respondant pour une des places vacantes dans la section d’Astronomie.
Le nombre des votants est de 49. Au premier tour de scrutin,
M. Dunlop réunit..... 25 suffrages,
MCarlini. :.....0... 22
M: Smith... Rec le
Il y a un billet blanc.
M. Dunlop, ayant ainsi réuni la majorité absolue des suffrages, est
déclaré correspondant, pour la section d’Astronomie.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
z00L0G1E. — Vote sur le poulpe de l'Argonaute; par M. Raxc.
(Commissaires, MM. Duméril et de Blainville.)
L'auteur a profité de son séjour à Alger pour faire sur ces animaux,
qui s’y trouvent quelquefois en abondance, les expériences dont les ré-
sultats sont consignés dans son mémoire.
M. Rang s’est d’abord occupé de répéter l'expérience faite depuis peu de
temps par une dame française qui habite Messine, madame Power, expé-
rience qui prouve que l'animal peut réparer les avaries survenues à sa co-
quille. Les résultats de la seconde observation ont été conformes à ceux de
la première. La brisure d’une coquille dont le mollusque vécut six jours
dans le bassin servant aux expériences, se trouva réparée et complétement
bouchée. Madame Power voit dans ce fait la preuve que l’animal est
lui-même le constructeur de sa coquille; M. Rang ne trouve pas la preuve
complète, la partie renouvelée offrant des caractères tels qu'ils pour-
Ca7r)
raient faire supposer que cette partie est produite par d’autres moyens et
par d’autres organes.
D’autres observations sont relatives aux fonctions des bras palmés.
« Nous avons observé, dit M. Rang, que ces bras, dès leur sortie de la
coquille, l'embrassent en rampant des deux côtés de la carène, tandis
que leurs lobes membraneux se déploient sur les faces latérales qu’ils
tapissent en entier jusqu’au bord de l'ouverture. Dans quelque circons-
tance que nous ayons vu ce mollusque, nous l'avons trouvé ainsi disposé ;
et, si l’on demande comment, privé de la liberté de ses bras palmés, il peut
s'élever à la surface de la mer et s'y jouer, nous répondrons que c’est tout
simplement par le moyen déjà en usage chez les poulpes, les seiches, les
calmars, etc., et qui consiste: à chasser du sac dorsal, et à y introduire
alternativement l’eau, ce qui produit un mouvement d'avant en arrière
quelquefois fort rapide...
»Venons à la seconde observation qui concerne la destination des lobes
elliptiques de deux des bras du poulpe. Nous avons vu beaucoup de ces
animaux dans leurs coquilles, les uns libres sur la mer, et nous les avons
suivis en nous laissant dériver dans un canot tout proché d'eux, les autres,
comme nous l'avons déjà dit, dans un bassin où ils jouissaient d’une quasi-
liberté; eh bien! nous le déclarons, nous ne les ayons jamais vus em-
ployer pour faire voguer leur nacelle les moyens que, depuis le temps d’A-
ristote, leur prêtent les naturalistes, c’est-à-dire se servir, comme de
voiles, des deux larges expansions de leurs deux bras palmés, et, comme
de rames, de leurs autres bras; en un mot nous n’avons rien observé qui
ressemblät le moins du monde aux choses qui ont été dites, véritables
fables que lon n’a pu conserver que par l'amour du merveilleux ou bien
par une trop grande confiance dans les récits des anciens.
» Nous avons en revanche observé que beaucoup d'auteurs ont mal placé
le poulpe dans sa coquille, en mettant les bras palmés en avant, c’est-à-
dire du côté extérieur de son ouverture; nous trouvons même, dans les
planches si belles de l'ouvrage récent de Férussac et de M. d'Orbigny, des
figures dans lesquelles l'animal est tantôt placé dans un sens et tantôt
dans l’autre. S'il en était ainsi chez ces mollusques, on pourrait s'emparer
de cette circonstance pour renforcer l’opinion de ceux qui veulent que
le poulpe soit un parasite; mais comme sur le grand nombre d'individus
que nous avons étudiés aucun n’a présenté d’anomalie de ce genre,
nous pouvons citer ce fait à l'appui de l'opinion contraire. Lorsqu'un
de ces poulpes rampait sur le fond du bassin, il nous présentait toute
24.
(172)
l'apparence d’un gastéropode pectinibranche. Le disque qui environne Ia
bouche et qui prend facilement une assez grande extension était épanoui
comme le pied d’un gastéropode. .... Les deux bras antérieurs repré
sentaient les tentacules, et les quatre bras latéraux ces expansions tenta-
culiformes, qui, chez les monodontes, par exemple, serpentent autour de
l'animal pendant sa marche; enfin les deux bras postérieurs tapissant de
leurs lobes les deux faces de la coquilie ne laissaient entre eux qu’une
séparation étroite dans laligne de la carène. Tel était le poulpe rampant
sur son disque, mais cette fois-ci sa progression, devenue lente, s’opérait
d’arrière en avant. Quelque chose venait-il l’inquiéter, tout rentrait aus-
sitôt dans la coquille qui perdait l'équilibre. »
paysiQue. — Sur l'électricité dynamique engendrée par le frottement ; par
M. Perrier.
(Commissaires, MM. Arago, Savart, Becquerel.)
M. Peltier ayant placé horizontalement, dans le méridien magnétique ,
une lame de cuivre de 5 décimètres de long et de 6 centimètres de large,
imagina de la frotter avec une seconde lame du même métal, qui n’avait
que 6 centimètres carrés. L’un des fils d’un galvanomètre aboutissait à
l'extrémité nord de la grande lame ; l’autre fil était attaché à la lame frot-
tante; celle-ci avait un manche en bois ou en résine, afin que la main
qui devait la faire mouvoir, ne l’échauffât pas. Toutes les frictions s’opé-
raient dans le même sens.
Douze de ces frictions, dirigées du nord au sud, produisirent dans l’ai-
guille du galvanomètre, une déviation d’une trentaine de degrés. Le sens
de cette déviation accusait de l'électricité négative.
Douze frictions dirigées du sud au nord, occasionèrent une déviation
d'à peu près la même grandeur, mais en sens inverse ou telle que l’en-
gendrerait un courant d'électricité positive.
Lorsqu'on transportait le point d'attache de l’un des fils du galvano-
mètre, du nord au sud de la grande lame horizontale, le phénomène
conservait le même caractère; il n’y avait de différence que sur les
valeurs des déviations.
Des changements de quantité s’observaient aussi, suivant que par la
position du point d’attache du second fil sur la seconde lame, ce point
suivait ou précédait pendant le mouvement la tranche frottante.
Lorsque la grande lame était dans le plan de l'équateur magnétique,
les frictions étaient sans résultat.
(173 )
Nous avons dit que la grande lame de cuivre avait 6 centimetres de
large. On pouvait donc, tout en la laissant dans le méridien magnétique,
l'y placer de champ, c’est à-dire avec cette large face de 6 centimètres
verticale; eh bien! dans cette position :
Les frictions de la face occidentale (quelle que füt d’ailleurs cette
face ) conduisaient toujours à une déviation notablement plus forte que
les frictions de la face orientale.
Nous ajouterons, enfin , qu’il n’était pas indifférent, quand la lame
de cuivre avait une position horizontale, de la frotter par-dessus ou par-
dessous. Le frottement de la face supérieure donnait toujours une plus
forte déviation de l'aiguille du galvanomètre que le frottement de la face
tournée vers la terre.
Les résultats que la lame horizontale de cuivre donnait quand elle
était seulement soumise à l’action magnétique du globe, se reproduisent
exactement, à l'intensité près, si la lame est posée avec un intermédiaire,
tel qu’une mince planche, sur un barreau aimanté.
Disons enfin qu’un barreau aimanté , placé dans le plan de l'équateur
magnétique (1) et sur lequel on promène une lame de fer doux, donne,
quant aux sens des déviations, des résultats parfaitement semblables à
ceux de la lame de cuivre horizontale, si l’on a l’attention, comme la
théorie l'indique, de regarder comme pèle nord, le pôle du barreau qui
se tournerait vers le sud et réciproquement.
Les expériences dont nous venons de rendre compte, ont également
réussi lorsque, au lieu de cuivre, M. Peltier s’est servi de zinc, de plomb,
d'étain.
PuysiQue. — Recherches sur le déplacement qu'éprouve l'échelle des ther-
momètres à mercure : par M. J.-N. Lecrann.
« Le déplacement du zéro dans les thermomètres à mercure, est un fait
constaté par plusieurs physiciens, mais il me semble qu’on ignore encore
et le temps nécessaire pour qu’il s'effectue, et la grandeur qu’il peut
atteindre, et les circonstances dont il dépend. Depuis bientôt un an (jai
commencé le 15 février 1836), j'ai fait sur ce sujet un grand nombre
d'observations qui pourront être utiles aux physiciens. Les thermomètres
(1) On évite dans cette position les complications qui résulteraient de l'influence du
magnétisme terrestre.
(174)
dont je me suis servi proviennent tous du même artiste, de M. Bunten,
que tous les physiciens connaissent; ils sont au nombre de 60, dont
30 ont été construits dans le courant de l’année, pour être soumis à
diverses épreuves, et les 30 autres datent de différentes époques anté-
rieures. Pour ne pas fatiguer inutilement l’attention du lecteur, voici
sans long commentaire, les faits que j'ai observés.
» 1°. Le déplacement du zéro s’effectue sur des thermomètres laissés
dans un lieu de température constante, comme sur ceux exposés aux
variations atmosphériques, et il paraît suivre le même progrès, quand les
instruments sont pareils.
» 2°. Le déplacement du zéro atteint sa limite de grandeur, après un
temps qui varie un peu d’un instrument à un autre, mais qui ne parait
pas excéder quatre mois. En effet, je l'ai trouvé le même sur les instru-
ments faits depuis quatre mois, depuis un an, depuis quatre ans et
dépuis dix ans.
» 3°. Le déplacement n’est pas exactement le même pour des thermo-
mètres construits en même temps par la même personne; mais la diffé-
rence paraît moins tenir à la forme du réservoir qu’à la nature du verre,
peut-être à son épaisseur, et au recuit plus ou moins fort qu'il éprouve
dans les manipulations qui suivent l’ébullition du mercure.
» 4. Dans les thermomètres dont le réservoir est en verre, le déplace-
ment varie entre 3 et = de degré centigrade ; la moyenne pour les ther-
momètres en verre que j'ai observés, donne 0°,35. Mais dans le thermo-
mètre dont le réservoir est en cristal ou en verre tendre dit émail, le
déplacement est généralement nul. Si je m'en tenais aux cinq thermo-
mètres en cristal, dont j'ai moi-même pris le zéro, je dirais que le dépla-
cement est absolument, et non pas généralement nul; mais en passant
en revue vingt autres thermomètres dont M. Bunten avait anciennement
pris le zéro, il s’en est trouvé deux dont l'échelle a paru déplacée de +
de degré pour l’un et de: degré pour l’autre, sans qu’on puisse dire si c’est
une erreur d'observation, ou l'effet d’une nature différente du cristal.
» 5, Le déplacement ne s'opère pas d’un mouvement uniforme, et c’est
immédiatement après la construction de l'instrument qu'il est le plus
rapide; mais il s'opère toujours avec assez de lenteur, pour qu’il soit très
difficile d’apercevoir les progrès d’un jour à l’autre. Si M. Gourdon, de
Genève, a observé le contraire, il faut que cela tienne à quelque parti-
cularité dans sa manière d'opérer.
» 6°. Lorsque le déplacement du zéro est effectué, si l’on chauffe le
(175)
thermomètre jusqu’à l’ébullition du mercure, et qu’on le laisse refroidir
dans l’air , le zéro retombe au point où il était immédiatement après la
construction du thermomètre, mais il remonte à la longue comme la
première fois.
» 7°. Lorsqu'un thermomètre est chauffé jusque vers 300°, et refroidi
très léntemeht, comme on peut le faire au moyen d’un bain d'huile, le
zéro remonte beaucoup plus qu’il n’aurait fait sans cela; le déplacement
augmente avec la température qu’on fait subir à l'instrument, et avec la
lenteur du refroidissément; mais ces deux circonstances restant les mêmes,
il n’augmente pas par une seconde, ni une troisième, ni une quatrième
épreuve. Un thermomètre à réservoir de cristal, chauflé et refroidi de
la même manière, éprouve aussi un déplacement dans son échelle; mais
un peu moindre que s’il était en verre.
» Pour rendre le refroidissement plus lent, lé bain d’huile qui contenait
les réservoirs de mes thermomeétres, était lui-même enfoncé dans un
bain de sable. Dans une série d'expériences où la température n’a pas dé-
passé 290° c., le déplacement produit a été 1°,4 pour un réservoir de
verre, et 1°,2 pour un réservoir de cristal. (La vitesse moyenne de re-
froidissement était ? degré par minute, entre 290° et 280", 1! degré,
entre 280° et 250°, et 2 degrés entre 250° et 200°.) Or, le premier ther-
momètre, laissé à l'air libre pendant un temps suffisant, aurait éprouvé
un déplacement d’environ 0°,3; il reste donc 1°,1 pour l'effet du recuit
qu'on lui a fait subir. Jusqu'à présent on a peu d'observations de hautes
températures assez précisés pour que ce déplacemient ait une importance
notable, mais il en aurait si le même thermomètre était ensuite employé
sans vérification pour constater des températures moins élevées.
» 8°. Un thermomètre qui a été recuit à 300°, comme on vient de le
dire, n’éprouve plus aucun déplacement dans son échelle quand il est
laissé à l'air, pendant un temps quelconque.
» 9°. Un thermomètre ayant été recuit à 300°, si on.le chauffe jusqu’à
lébullition du mercure, et qu’on le laisse refroidir dans l'air, le zéro re-
descend, mais non pas jusqu’au point où il était immédiatement après la
construction. En le recuisant de nouveau jusqu'à 300°, le zéro remonte
au point où il était déjà parvenu, si on le laisse sans le recuire, il remonte
un peu, mais jamais jusqu’au point où le recuit le ferait arriver.
» 10°. Lorsque la température à laquelle on recuitun thermomètre, est
notablement moindre que 300°, le déplacement qui en résulte pour le
(561)
zéro est moindre, et il se peut que cela n'arrête pas celui qui se serait
opéré de lui-même avec le temps.
» 11°. Le déplacement du zéro a lieu pour un thermometreouvert comme
pour un thermomètre d’où l’on a chassé l'air, soit qu’on abandonne l’ins-
trument à lui-même, ou qu’on le fasse recuire dans l'huile; maïs peut-être
est-il un peu moindre que pour un thermomètre où l’on a fait le vide.
» Le déplacement du zéro ne saurait être attribué à l’exhaussement du
mercure provenant du dégagement de l'air, comme plusieurs physiciens
l'ont pensé, puisqu'il n'a pas lieu avec le cristal, aux températures com-
munes, et qu'on ne l'empêche pas en laissant le thermomètre ouvert; il
est nécessairement dù à un rétrécissement du réservoir. La pression de
l'air n’influe que peu ou point sur ce rétrécissement: c’est donc à un
travail propre du verre qu'il faut lattribuer. On peut croire que ce travail
du verre est lié à la trempe que lui imprime un refroidissement prompt;
mais il est singulier que ce travail n’existe pas pour le cristal comme pour
le verre, quoiqu'ils se trempent aussi bien l’un que l’autre. J'ai cherché
si un recuit de 300° avait quelque influence sur les anneaux colorés pro-
duits par la lumière polarisée traversant des plaques de verre et de cris
tal trempé, mais je n'ai pu en apercevoir aucune; les anneaux m'ont.
paru les mêmes après qu'avant le recuit. »
cum. — Sur la composition de l'acide camphorique , et sur le produit de
son éthérification; par M. MaLAGuTI.
(Commission chargée de l’examen du mémoire de M. Laurent sur le même
sujet.)
L'auteur, « doutant de l'exactitude de la formule et de la composition
de l'acide camphorique donnée il ÿ a plusieurs années par M. Liebig, a
entrepris un nouvel examen de cet acide par l'étude de son éthérification.
» Il a vu que le produit immédiat de l’éthérification de l'acide campho-
rique est un acide vinique, qui. par l'action ou de Veau, ou des alcalis, ou
de la chaleur, se décompose en un véritable éther composé, en acide cam-
phorique anhydre et en eau.
» L'analyse élémentaire soit de l'acide vinique, soit des produits de sa
décomposition, ainsi que l'analyse de l'acide camphorique ordinaire, l’ont
porté à conclure que la composition atomistique de celui-ci n’est pas
Ce H5O$, mais bien C* HO + O, que par conséquent l'acide cam-
phovinique sec est composé de C#*H°° 07 — 2 C*° H'#0° + C‘ HO; que
l'acide camphorique anhydre, dont la composition est représentée par
(177)
C*°H'40", ne diffère de l’acide camphorique hydraté que par un atome
d’eau, et que l’éther camphorique est composé de
C:S HM Of= C°° HO + C' HO.
» M. Malaguti passe ensuite à l'étude partielle de ces nouveaux produits,
et tâche de déterminer l’atome de chacun. Comme il a remarqué que cer-
tains sels, préparés avec l'acide camphorique anhydre , sont doués de quel-
ques caractères particuliers qu’on ne trouve pas dans les sels correspondants,
préparés avec l’acide hydraté, il a cherché à établir, par des analyses com-
paratives des sels ammoniacaux et de cuivre, que, malgré la dissemblance
des mêmes sels, l’atome de ces deux acides est identique, et il en a conclu
qu’une fois que ces deux acides sont combinés aux bases, leur poids ato-
mistique est le même, c’est-à-dire 1151,72, et que par conséquent leur
capacité de saturation est 8686.
» M. Malaguti pense que les caractères particuliers des certains sels pré-
parés avec l'acide anhydre tiennent peut-être à une condition isomérique
de l’acide même.
» C’est par l'analyse du camphovinate d’argent que M. Malaguti a déter-
miné l'atome de l’acide camphovinique. La composition de cet acide est
analogue à celle des autres acides viniques , c’est-à-dire 2 atomes d’acide
camphorique anhydre et un atome d’éther, ainsi son poids atomistique
est 2771,59, et sa capacité de saturation est 361. Ce nouvel acide offre
ceci de singulier que, soumis à la décomposition ignée, il donne une série
de produits dont la composition collective représente directement et par
une simple équation, la nature et la composition du corps d’où ces pro-
duits sont dérivés. Tous les acides viniques connus, placés dans les mêmes
circonstances, donpent des produits complexes qui ne permettent pas
d'arriver directement à la même conclusion.
» La propriété qu’a l’éther camphorique de subir un commencement de
décomposition à quelques degrés au-delà de son point d’ébullition, n’a pas
permis à l’auteur de déterminer la densité de sa vapeur, et d’en conclure
son véritable atome. Mais les circonstances qui accompagnent sa forma-
tion, les réactions auxquelles il donne naissance par l’action des alcalis, et
enfin son analyse élémentaire, permettent de considérer comme exacte
la formule qui est analogue à celle des éthers composés, c’est-à-dire un
atome d’acide camphorique anhydre et un atome d’éther.
» Enfin, les résultats obtenus par M. Malaguti peuvent être résumés
par les formules suivantes :
C.R. 1837, 167 Semestre. (T. IV, N° 5.) 25
( 178 )
Carbone. 6o,46—C°— 764,35
Acide camphorique hydraté—C°H4O%-LH20..—\Hydrog.. 7,89—H"— 99,83
Oxigène.. 31,65—0{— 400,00
100,00 1264 ,20
! Carbone. 66,36—C— 764,37
Acide camphorique anhydre = C2H'40%..,....—{Hydrog. 7,58—H"— 87,35
« Oxigène. 26,06—0* — 300,00
100,00 1161, 72
Carbone. 66,18—C#— 1834,48
Acide camphovinique — C*°H140* + C8 H2404. = fra .. 8,55—H%— 237,11
Oxigène. 25,27—07 = 700,00
100 ,00— 2771 ,50
… (Carbone. 66,06
Éther camphorique — C°°H 1103 CSH:°0, .. .... = ya. 9,24
Oxigène. 24,70
» Depuis un mois environ, l’Académie connaît une partie de ces résultats
par une communication de M. Laurent, qui s'était occupé du même sujet;
mais M. Malaguti, en présentant ce travail , n’a fait que développer des faits
qu’il avait déjà rendus publics, antérieurement au travail de M. Laurent. »
M. Dumas fait remarquer que M. Laurent, dans la note qu’il a pré-
sentée, parle du travail de M. Malaguti comme antérieur au sien.
MÉTÉOROLOGIE AGRICOLE. — Examen comparatif des circonstances météoro-
logiques sous lesquelles végètent les céréales, le maïs et les pommes de
terre à l'équateur et sous la zone tempérée; par M. Boussincauzr.
En comparant les données qu’il a recueillies, M. Boussingault arrive
à ce résultat:
Le nombre de jours qui sépare le commencement de la végétation
d’une plante annuelle, de la maturité, est, dans chaque climat, en raison
inverse de la température moyenne sous l'influence de laquelle la végé-
tation a lieu, en sorte que le produit de ce nombre de jours par la tem-
pérature est constant. Ce résultat n’est pas seulement important, dit
M. Boussingault, en ce sens qu'il indique que la même plante annuelle
reçoit partout, dans le cours de son existence, une égale quantité de
chaleur; il peut encore faire prévoir la possibilité d’acclimater un végétal
connue.
( 259 )
dans toute contrée pour laquelle la température moyenne des mois est
Tous les résultats du travail de M. Boussingault sont renfermés dans
la table suivante :
PLANTES, LOCALITES.
|
Froment d’hiver.|Bechelbronn (Alsace). .......
Bechelbronn. .......... :
Kingston (Amérique du Nord).
Cincinnati (Amériq. du Nord).
|S'2-Fé de Bogota(Amér.du Sud)
Bechelbronn
Kingston...
:|Bechelbronn..
Santa-Fé de Bogota. .........
a Bechelbronn GEL D HO 2 AN 12 6
©] Marmato (Amériq. méridion.).
Santa-Fé de Bogota
Vallée de la Magdalena (Amér.)
Kingston
Mississipi (Louisiane).
Bechelbronn .……
Bechelbronn.…..
.|Santa-Fé de Bogota. .
Pinantura, près de Quito.
27,
Le
I1,
Tempér. moy. annuelle
de la localité
Époque
à laquelle
la
végétation
a
pendant
re.
Époque
de
la cultu
la récolte.
commencé
Jours écoulés
-|16 juillet... .|137
162
160
122
132
1 au 15 août.
1 août, ....
[10 août. ...,
-[25 juillet... .|147
- 25 juillet....|131
[136
..[r06
1 juillet... .|r22
.[15 juillet. ...|136
.[Mi-novemb..|168
1 juillet...
1 novembre?|169
Janvier.
o| : juillet
I juin.
I mars.
1 mai..
8| 1 mai.
7|Mi-déc.….
0] 1 nov..
1 octobre...| 92
1 novembre.|122
1 juillet. ...|122
15 octobre...|167
1 novembre.|184
1 juillet. ...|200
1 août. ....|273
yenne
ps
REMARQUES,
érature mo
Produit du tem
par la tempér. moy.
p.
pendant Ja culture.
Tem
CE ES
cent.
1408/2138 |Résultat de 1836.
13,3/[2155|Résultat moyen.
13,4|214
17,2|a
15,4 2033
14,7|216x Résultat de 1824.
15,0|2073| Résultat de 1836.
15,3|208r|Résultat moyen.
1p3 2067
13,8|1684|Résultat de 1836.
12,3|1678|Résultat moyen.
10,7|1798|Haut. au-dessus
de la mer, 3200m
14:7/1993| Haut. au-dessus
de la mer, 2600"
19,0 pb Résultat de 1835,
18,9]1759
20,0/2440 Résultat de 1836.
15,2/a5
20,6 18
14,7/2610| Durée de la cul-
x ture. 6 mois.
27,0|2484
21,5|2020
20,412489
18,2|3039| Résultat de 1836.
15,5|2852|Résultat moyen.
14,7|2900
11,0|3000
MÉCANIQUE. — /Vouvelle machine à vapeur à rotation immédiate ; par le
comte de DuxpowaLp ( lord Cochrane.)
(Commissaires : MM. Arago, Dulong, Séguier.)
Dans la machine de M. le comte de Dundonald, la vapeur produit direc-
tement le mouvement de rotation. Cette machine, dit le Mémoire, a été
essayée et elle à réussi. L'auteur pense que ses machines seront surtout
utiles pour les petites manufactures, à cause de la régularité de leurs mou-
vements et de la simplicité de leurs formes.
25...
{ 180 )
MÉCANIQUE. — Compteur dynamométrique, par M. Davaine , ingénieur des
Ponts-et-chaussées.
(Envoyé pour le concours de mécanique de la fondation Montyon.)
Le frein de M. de Prony donne la mesure de la force d’une machine,
au moment où se fait l'expérience; mais cette force est-elle constante?
Ne varie-t-elle pas avec le temps, avec l'intensité dela résistance ? etc., etc.
Un appareil qui constaterait la force sans l’user, qui l’enregistrerait sans
cesse avec exactitude , serait donc très utile à l’industrie. Ce peu de mots
fera comprendre le but que M. Davaine s’est proposé.
CORRESPONDANCE.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Moyens proposés pour empécher le lavage des papiers
timbres.
M. le Ministre des Finances rappelle qu’il a écrit à l’Académie, en date
du 27 octobre et du 10 novembre 1836, au sujet de la proposition faite
par M. de Colmont, d'employer une vignette imprimée en encre indé-
lébile, comme un moyen d’empécher le lavage des papiers timbrés; et
qu'il a prié l’Académie de soumettre à l'examen d’une Commission, des
épreuves de cette vignette, ainsi que les objections présentées contre
l'efficacité du moyen en question, par le garde-magasin de l’atelier gé-
néral du timbre.
« Comme il devient de plus en plus urgent, dit M. le Ministre des Fi—
nances, de mettre un terme aux abus résultant du blanchiment frau-
duleux du papier timbré, et que mon intention est de présenter aux
Chambres, perdant la session actuelle, un projet de loi sur la matière;
je vous serai très obligé de vouloir bien appeler de nouveau l'attention
de l’Académie sur le moyen proposé par M. de Colmont, et de me trans-
mettre , le plus tôt qu’il sera possible, le rapport auquel aura donné lieu
l'examen de ce procédé. »
M. Thénard, un des commissaires chargés de s’occuper de cette
question , annonce que la Commission a terminé à peu près ses travaux,
et qu’elle pense être en mesure de faire à la prochaine séance le rapport
demandé.
( 18: )
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Procédé pour le conditionnement des soies.
M. le Ministre du Commerce adresse un mémoire de M. J. Renaux sur
un nouveau mode de conditionnement des soies.
» Comme il s’agit dans ce mémoire, dit M. le Ministre, d’un objet qui
intéresse essentiellement l’importante fabrique des soies de la ville de
Iyon, M. le Préfet du Rhône, qui m’en à fait l'envoi, désire que le
procédé de M. Renaux soit apprécié par des juges compétents ; je prie
en conséquence l’Académie de vouloir bien soumettre son mémoire à
l'examen d’une Commission, et de me faire connaître ensuite le résultat
de cet examen. »
MM. Dulong ; D’Arcet et Chevreul, sont chargés de faire un rapport sur
le travail de M. Renaux.
M. Arago annonce qu’il vient de recevoir une lettre de M. Darondeau,
datée du mouillage de Puna (rivière de Guayaquil, au Pérou) le 6
août 1836.
- Le peu de durée des diverses relâches de /4 Bonite n'a pas permis,
comme de raison, d'attaquer toutes les questions qui étaient signalées
dans les instructions remises par l’Académie. Les observations météoro-
logiques et celles qui sont relatives au magnétisme terrestre formeront,
toutefois, un ensemble assez complet. Les mouvements diurnes de l’ai-
guille aimantée, avaient déja été suivis à Rio-Janeiro, à Valparaiso; à
Lima et à Payta. Cette dernière ville est située entre les deux équateurs.
MM. Gaudichaud, Eydoux et Chevalier, poursuivent leur tâche avec
un zèle infatigable.
cmimie. — ]Vouveau composé provenant de l'iode.
M. Aimé adresse un flacon renfermant un composé liquide qu'il dé-
signe sous le nom d’Zodal, l'iode lui paraissant jouer dans la production
de ce corps, le même rôle que le chlore dans celle du chloral.
C’est en faisant réagir à froid l’iode sur l'alcool nitrique qu’il obtient ce
composé; l'iodal se présente sous forme d'un liquide plus pesant que l’eau.
D'abord coloré en rouge par un excès d’iode, il devient au bout de quel-
ques jours, incolore. « Dans cet état, dit M. Aimé, il contient encore un
peu d'alcool nitrique et d’éther nitreux, mais il est facile de l'en débar-
rasser et de l'obtenir parfaitement pur. »
( 182 ) ë
PALÉONTOLOGIE. — Ossements fossiles découverts dans l'ile de Crète, et
qui ont été considérés comme des ossements humains.
M. Fabreguette , consul de France à la Canée (ile de Crète), annonce
l'envoi d’ossements fossiles découverts dans les environs de cette ville, et
dont, sur sa demande, M. Caporal, médecin de la faculté de Montpellier,
qui en était devenu possesseur, s’est empressé de faire hommage à l’Aca-
démie.
M. Caporal, dans une lettre qui accompagne celle de M. Fabreguette,
donne quelques détails sur le gisement et l'aspect des fossiles en question.
Le lieu dans lequel les os ont été découverts, est un cap rocailleux,
situé à dix minutes de distance de la ville. C’est de ce rocher que l’in-
génieur chargé des réparations du môle, a voulu obtenir, au moyen de
la mine, les gros blocs dont il avait besoïn pour les fondations.
« Une explosion ayant eu lieu à 30 pieds du bord de la mer et à
8 au-dessus de son niveau, le bloc détaché, dit M. Caporal, a offert çà
et là des ossements si fortement adhérents à la pierre, qu’ils semblent
ne former qu’un corps avec elle. J'ai obtenu un fragment contenant
une colonne vertébrale, quelques côtes et dés os longs. L'examen de
ces os n’aurait pas suffi pour me convaincre qu'ils avaient appartenu à
un homme, si je n’avais observé d'ailleurs plusieurs dents, toutes mo-
laires, fixées isolément dans la pierre, et qui me semblent avoir appar-
tenu à une bouche humaine dans le jeune âge.
» J'ai remis à M. Fabreguette, pour vous la faire parvenir, une caisse
contenant les fragments d’os dont je viens de parler. Dans une case sé-
_parée de la même caisse, jai également déposé les couronnes d’une grosse
et d’une petite dent molaire; les racines sont restées dans la pierre, où
elles étaient fixées si fortement, qu’il m'a été impossible de les dé-
tacher. »
La lettre de M. Fabreguette annonce que la caisse a été adressée à
M. l'agent général des affaires étrangères , à Marseille; des mesures seront
prises pour la faire venir à Paris.
OPTIQUE. — Microscope composé à faible grossissement.
M. Ch. Chevalier demande que l'Académie veuille charger une Commis-
sion d'examiner un microscope à faible grossissement, qu'il a construit, et
dont l'usage, à ce qu’il pense doit faciliter les travaux des naturalistes
(183)
qui appliquent la camera lucida à cet instrument. « Avec les microscopes
composés ordinaires , les dessins qu’on obtenait, dit M. Chevalier, étaient
souvent trop grands pour pouvoir être publiés sans réduction préalable ,
ce qui obligeait quelques observateurs à se servir, dans bien des cas, du
microscope simple dont les grossissements sont moindres, mais qui à
l'inconvénient d’avoir peu de champ et d’être d’un service difficile. Mon
nouvel objectif à grossissement variable, joint à un oculaire de force
moyenne, donne des amplificatians de douze à vingt-cinq fois, et plus, avec
un champ peu ordinaire à ce genre d'instruments. »
(Renvoi à la Commission déja nommée pour un microscope précédemment
présenté par M. Chevalier.)
HYGIÈNE. — Sur la gélatine considérée comme aliment.
M: Gannal prie l'Académie de vouloir bien presser les travaux des
Commissaires chargés de faire un rapport sur les propriétés alimentaires -
de la gélatine. Il pense que, si la décision de la Commission doit se faire
encore long-temps attendre, il conviendrait de suspendre l'emploi de
cette substance, comme aliment, dans les hôpitaux et les hospices.
M. Magendie, membre de la Commission, annonce que les expé-
riences relatives aux propriétés alimentaires de la gélatine, se pour-
suivent toujours, mais qu'il est impossible, dans ce moment, de fixer
l’époque à laquelle elles seront terminées.
M. Chauvin annonce qu'il a inventé une échelle graduée, au moyen
de laquelle on peut « éviter en grande partie les inexactitudes auxquelles
on est exposé quand on transporte, par les moyens ordinaires, de
l'échelle sur le papier, des longueurs données, et qui peut également
être employée avec avantage pour tracer des parallèles bien également
espacées entre elles : il demande que son invention soit soumise à l’exa-
men d’une commission. »
La Commission sera nommée, lorsque M. Vincent aura envoyé la des-
cription de son appareil.
M. Perissot demande qu’une Commission soit chargée d'examiner un
cadran solaire de son invention, lequel, au moyen d’une disposition par-
ticulière, peut, dit-il, être employé à bord des bâtiments.
Même décision que pour la lettre précédente.
M. Danré prie l'Académie de se faire rendre compte d’un ouvrage qu'il
(184)
lui a présenté il y a quelques semaines, et qui a pour titre : Problème
social , résolu par la loi progressive , etc.
M. Dupin sera prié de faire un rapport verbal sur cet ouvrage.
M. Vincent Coro écrit qu’il croit avoir trouvé un moyen pour faciliter
l'opération de la multiplication.
M. H. Blatin adresse un paquet cacheté, portant pour suscription:
Description d'un instrument applicable à la médecine.
L'Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée à 5 heures. A.
Erratum. (Séance du 23 janvier 1837.)
Page 124, ligne 8, croûte solide, lisez partie solide.
( 185 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences ;
1837, 1°" semestre, tome 4, n° 4, in-4°.
Histoire naturelle des Poissons ; par M. le baron Cuvier et par M. Vi-
LENCIENNES; tome 12, Paris, 1837, in-4°, et planches , n° 504, 305 et
307 à 330.
Observations sur les chemins de fer de la Belgique et sur le che-
min de fer de Paris à Bruxelles; par M. JomarD; m-/°.
Traité complet d'Anatomie chirurgicale , générale et topographique
du corps humain; par M. Verreau; 2 vol. in-8°, et un atlas in-4°,
Paris, 1837. (M. Magendie est chargé d’en réndre un compte verbal.)
Notice sur les Marbres ; par M. Tu. Vrarer; brochure in-12.
Cours d'Arithmétique à l'usage des aspirants à l'École Polytéchnique;
par M. Murez ; 4° édition, Paris, 1836, in-8°.
Voyage dans l'Amérique méridionale; par M. »'Ormieny; 20° livraison,
in-4°.
Histoire naturelle des Iles Canaries ; par MM. Wess et BerTHELOT ;
16° livraison, in-4°, et planches, 16° livraison , in-folio.
Transactions of the..... Transactions de la Société Géologique de
Londres ; 2» série, vol. 4, partie seconde, Londres, 1837, in-4.
Sailing Directions. .... Directions pour naviguer dans la Manche ;
renfermant une description générale des côtes sud d'Angleterre et Ir-
lande , avec des détails sur les Iles de la Manche; par le capitaine
Martin Ware, de la Marine Royale; 1835, in-8°.
The Light houses..... Les Phares des Iles Britanniques, avec les
corrections faites en Juillet 1836; Londres, in-8°.
Tide Tables..... Table des Marées dans la Manche, le canal Saint-
Georges et la Rivière de la Tamise, pour l'année 1857 (publication
annuelle), in-8°, Londres.
Sailing Directions... Directions pour naviguer dans la baie de Dublin
et le long de la côte, jusqu’à Strangford ; par le Commandant W. Muver ;
in-8°.
C. R. 1837, 19° Semestre. (T. IV. Ne 5.) 26
(186)
Sailing Directions... . Directions pour naviguer de la pointe de Sun-
derland à Berwick ; par le Commandant E.-J. Jonnsox ; Londres, 1836,
in-8°.
Directions for making and.... Directions pour entrer dans le port de
Bayonne ; par le Capitaine du port ; Londres, 1831, in-8.
Directions for navigating..... Directions pour naviguer dans la mer
du Nord et les parties environnantes, depuis l'embouchure de la Tamise
jusqu'aux Iles Shetland, et depuis le cap Grisnez jusqu'au fond du
Kattegat; pour accompagnersune nouvelle carte de la mer du Nord
et du Kattegat; par M.J.-F. Dessiou; Londres, 1836, in-8°.
Directions. .... Directions pour entrer dans le Douro; par le Com-
mandant BELCHER ; in-8°. À
Directions for the.....Directions pour naviguer dans la mer du Nord,
depuis le Pas-de-Calais jusqu'au Hoeck de Hollande; imprimé pour le Bu-
reau Hydrographique de l’Amirauté; Londres, 1836, in-8°.
Remarks.…... Remarques pour accompagner une nouvelle carte des bancs
Leman et Ower, situés dans la mer du Nord, carte levée par ordre
de l’'Amirauté, par le Lieutenant W.Hewezz; Londres, 1836, in-8°.
Memoir of a Survey.....Relevé des Côtes de la Caramanie , fait par
ordre de l’'Amirauté en 1811-1812; par le Capitaine F. BEAuroRT;
Londres , 1820, in-8°.
A Description... Description des Phares de la côte des État-Unis;
Boston , 1827, in-8°.
A brief Description... . Description de la Nouvelle-Écosse , avec carte
des principaux hâvres et une description particulière de l'Ile de Grand-
Manan ; par M. A. Locxwoon; Londres, 1818 , in-4°.
The West India Directory :....Le Pilote des Indes-Occidentales :
volume premier contenant les directions pour naviguer dans la mer Caraïbe
et le Golfe du Mexique ; avec une Description des Côtes de la Colombie,
du Yucatan, du Mexique et de la Floride; imprimé pour le Bureau
Hydrographique de l'Amirauté; Londres , 1829, in-8°.
Memoir on the Navigation. ....Mémoire sur la Navigation le long
des côtes de l'Amérique du Sud, pour accompagner une carte de cette
station; imprimé pour le Bureau Hydrographique de l'Amirauté ; Londres,
1825, in-8°.
Directions for..... Directions pour la barre et la rivière d'Araeati,
(187)
ou Vaguaribe ; par M. R. Dixox ; publié au Bureau Hydrographique de
l’Amirauté ; Londres, 1832, in-8°.
Sailing Directions. .... Directions pour naviguer le long des côtes
orientales et occidentales de la Patagonie , d'après les observations Jaites
par ordre de l Amirauté, par le Capitaine Kine, de 1826 à 1830; Londres,
1832, in-8°.
Australia Directory. ...Le Pilote de l'Australie : volume premier ,
contenant les directions pour naviguer le long des côtes sud de l'Aus-
tralie, depuis le cap Leeuvin jusqu'au port Stephens, comprenant le
détroit de Bass et la terre de Diemen; imprimé pour le Bureau H)-
drographique de l'Amirauté, Londres ,:1830, in-8°.
Sailing Directions. .... Directions pour naviguer dans le port Dal-
rymple et la rivière Tamar ; pour accompagner une carte de ces pa-
rages ; par M. J. Wexsu ; Londres, 1832, in-8°.
Memoir on the navigation. ...Mémoire sur la Navigation de la
côte occidentale d'Afrique , depuis le cap Bojador jusqu'au mont Souzos ;
traduit du français du Baron Roussin par le Lieutenant J. Bavczey;
Londres, 1827, in-4°.
Tables of Latitudes..... Tables des Latitudes et Longitudes au chro-
nomètre, de différents lieux de l'Océan Atlantique et de l'Océan Indien,
principalement sur les côtes orientale et occidentale d'Afrique, les côtes
d'Arabie, de Madagascar, etc. ; par M. le Capitaine Owen ; imprimé pour
le Bureau Hydrographique de l'Amirauté ; Londres, 1827 , in-4°.
Directions... Directions pour la Navigation de la rivière de Gambie $
par le Commandant Bercuer ; in-8°.
As Alagoas..... Les Lacs de la montagne d'Estrella ; par M. À. pe
Amreu Casranerra ; Lisbonne, 1836, in-8°.
Annales de la Société Linnéenne de Lyon; Lyon, 1856, in-8°.
Annales des Mines ; 3° série, tome 10 » 4° livraison de 1836, in-8.
Annales des Ponts-et- Chaussées ; 5° année » Septembre et octobre 1836,
in-8°.
Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-
Étienne ; 15° année , 6° livraison, 1835— 1836, in-8°.
Annales de la Société d'Émulation du département des Vosges ;
tome 2, 5° cahier, 1836, Epinal, in-8.
Journal de Chimie médicale et de Pharmacie ,etc.;n° 1, tome 5, 2° série,
janvier 1837, in-8°.
( 188 )
Journal de Pharmacie et des Sciences. accessoires ; n° 1°, 23° année,
janvier 1837, in-8°. .
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 4.
Gazette des Hôpitaux; n® 10— 12.
France médicale; n° 25.
La Presse médicale ; n° 7 et 8.
Écho du Monde savant ; n° 56.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 FÉVRIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
RAPPORTS.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Æncres et papiers de sûreté.
La Commission à l'examen de laquelle ont été soumises les diverses
questions proposées à ce sujet par M. le Ministre des Finances, fait un
rapport dans lequel elle indique , d’une part, les moyens propres à prévenir
le blanchiment frauduleux du papier timbré, et de l’autre, les divers pro-
cédés à l’aide desquels on peut empêcher les faux, soit dans les actes pu-
blics, soit dans les écritures privées.
L'Académie approuve le TAPPOrE et en adopte les conclusions.
Ce rapport sera transmis à M. le Ministre des Finances ; il sera ensuite
imprimé dans le Compte Rendu des séances de Académie.
C. R. 1837, 17 Semestre, (T. IV. N° G.) 27
( 190 )
CHE. — Rapport sur un mémoire de M. PAyen ayant pour titre : des
oxidations locales et tuberculeuses du fer.
(Commissaires, MM. Dumas, Becquerel rapporteur.)
« M. Payen a présenté à l’Açadémie .un.mémoire ,sur la formation des
tubercules ferrugineux, dans les tuyaux en fonte, destinés à alimenterles
fontaines de Grenoble. Ce mémoire et les notes qui l’accompagnent ont
été renvoyés à l’examen d’une Commission composée de M. Dumas et de
moi, qui avons l'honneur de vous en rendre compte aujourd'hui.
» Aussitôt que M. Payen eut appris l’état des tuyaux de conduite des
eaux de la ville de Grenoble, il annonça que les tubercules ferrugineux
qui les obstruaient étaient dus:à l’altération de la fonte, attendu que ce
phénomène ne se produisait pas dans des conduits en plomb, en terre et
en bois. Mais il restait à expliquer comment ils pouvaient se former aussi
rapidement qu’on l’observait.
» Ces tubercules adhèrent aux parois des tuyaux; ils atteignent quel-
quefois 3 centimètres de diamètre; ils sont fortement magnétiques; leur
couleur est le jaune olivâtre; ils sont mélangés d’une poudre noirâtre.
Ceux qui sont concrétionnés ontune.texture cristalline.
» M. Berthier, notre collègue, qui en a fait l'analyse, leur assigne la
composition suivante :
Protoxide de fer..,... 0,210
Peroxide de fer....... 0,582
Acide carbonique... 0,050 1,000:
Faute 0e .... 0,241
Silice. .,...,...: +. : 0,013. |
» La présence de l’oxide magnétique vient encore à l’appui de l'opinion
que leur formation est due très probablement à l’oxidation de la fonte,
puisque cet oxide se produit quand, celle;ci reste exposée dans de l’eau à
l'air.
» Cette oxidation ayant lieu en présence de l’acide carbonique, on con-
çoit comment a pu se former le carbonate de fer.
» Les eaux qui alimentent les tuyaux proviennent de deux sources: celles
de la Tronche ont donné, par litre, un résidu de of',21 composé presque
“exclusivement de carbonate de chaux et d’une petite quantité de sel marin,
tandis que les eaux provenant de l’autre source ont donné seulement
Cag1 )
o&,11 dé’carbonate de chaux et une plus grande) propôrtion dé sel matin.
Ces'eauxne renfermetit pas de fer en quantité appréciablé!
» On sait: depuis long-temps quelefer, au contact dé l’éau et dé l'air,
s’altère assez rapidement ; si l’air est facilement renouvelé, il se forme du
protoxide qui se‘change bientôt en peroxide : quand l'air arrive lentement
ilse produit une combinaison de protoxide ét de'/peroxide analogué au
fer magnétique de la nature. L'expérience nous a appris; d’un autre côté,
que lorsque des portions d’oxide.se forment sur la-surface demorceaux de
fer exposés à l'humidité, il en résulte aussitôt une action voltaiqué entre le
métal, l’oxideetle liquide environnant, laquelle accélère l’altération du métal.
» M. Payen, dans son mémoire, a signalé -une circonstance où cette al-
tération est pour ainsi-dire instantanée. Il y a quelques années, il a mon-
tré que toutes les solutions alcalines jouissent de la propriété de préserver
le fer de toute altération. Depuis il a cherché à déterminer la limite de ce
pouvoir préservateur, afin de découvrir les circonstances les plus favo-
rables à l’altération du fer.
» Après un grand nombre d'essais, il a trouvé des mélanges tels d’alcali
et de sel marin que le fer, loin d’être préservé, s’oxide au contraire très
rapidement. Voici le précis de quelques-unes de ses expériences :
» Un cylindre de fer limé est préservé long-temps de toute altération,
quand il est plongé dans une solution de potasse pure étendue de mille fois
son poids d’eau; mais si cette solution a le contact de l'air, l’alcali attirant
peu à peu agile carbonique, elle perd la propriété préservative. Quand
l’eau contient 2 de son volume de solution saturée de carbonate de
soude, il se forme des concrétions coniques d’oxide qui restent long-temps
brunes, verdätres à la base, et acquièrent une couleur jaunâtre à leur
sommet. Ce qu'il y a de particulier dans ce mode d’altération, c’est que
tous les points de la suriace du métal ne sont pas également attaqués.
L'action commence dans les parties où il existe des solutions de continuité,
là par conséquent où se déposent des corps étrangers qui constituent, par
leur contact avec le fer et le liquide, un couple voltaique. Tout le reste de
la surface conserve son éclat métallique.
» Une solution saturée de sel marin, à l'abri du contact de l'air, ne
produit que quelques excroissances d'oxide de fer, tandis qu'au contact de
l'air, l’oxidation marche comme à l'ordinaire. Lorsque cette solution est
saturée de carbonate de soude, elle jouit de la propriété, même au con-
tact de Pair, dé préserver le ‘fer de toute altération; mais il n’en est plus
de même lorsque la solution est étendue d’eau,
27
(192)
» On pourrait croire que cette différence dans les effets provient de ce
que les solutions saturées renferment moins d’air que celles qui ne le sont
pas; mais il n’en est pas ainsi puisque M. Payen a éprouvé que les pro-
portions de bases alcalines capables d'empêcher toute oxidation n’élimi-
vent qu’une très faible portion de l'air contenu dans l’eau. D’après cela,
il faut chercher une autre cause pour expliquer la faculté préservatrice que
possède l’eau alcaline.
» M. Payen a déterminé les proportions de sel marin et de sous-car-
bonate de soude qui accélèrent le plus la formation des tubercules. Une
solution de ces deux sels, étendue de 75 fois son volume d’eau de Seine, dé-
termine en moins d’une minute sur le fer, et la fonte un commencement
d’oxidation indiqué par des points d’un vert pâle , lesquels en moins de ro
minutes forment des saillies sensibles à l’œil. En appliquant sur la surface .
un fragment de charbon bien calciné, l’effetest considérablement augmenté;
dans ce cas il ÿ a action voltaique. Il résulte de là, que la fonte dans les
mêmes circonstances doit être altérée plus rapidement que le fer pur.
» On voit donc que les solutions qui ont une faible réaction alcaline,
jouissent en présence de l'air et du sel marin de la propriété de produire
sur le fer et la fonte qu’elles baignent des concrétions locales qui préser-
vent le reste de la surface de toute altération, et que les effets varient sui-
vant les proportions des différents sels, les solutions de continuité et les
corps étrangers qui adhèrent à la surface du fer ou de la fonte.
» M. Payen pense que des concrétions semblables se forment dans les
tuyaux de fonte de Grenoble, où passent des eaux très légèrement salées
et ayant une faible réaction alcaline, par suite de la présence du carbonate
de chaux. Ce qui tend encore à donner de la vraisemblance à cette opinion,
c’est que dans ces tuyaux il se forme, de distance en distance, des centres
d’actions qui préservent le reste, comme on l’observe sur les morceaux de
fonte soumis à l'expérience, dans le laboratoire.
» Le chimiste, pour appuyer sa théorie de toutes les observations qui
pouvaient lui donner de la force, a fait une expérience que nous lui avons
indiquée : ayant incrusté des morceaux de fer dans de la fonte et même
des fragments de fonte dans des plaques en fonte d’une nature différente,
il a trouvé que les oxidations turberculeuses naissent de préférence aux
points de conctact.
» On peut conclure des faits qu’il a observés, que pour peu qu'il y ait
défant d’homogénéité dans des tuyaux de fonte où coulent des eaux légè-
(195 )
rement alcalisées et renfermant quelques portions de sel marin , il se forme
des tubercules dans le voisinage des points où existe l’hétérogénéité.
» M. Payen ne s’est pas borné à étudier la cause de la formation des tu-
bercules dans les tuyaux de fonte grise ou noire, il a cherché encore à
trouver les circonstances dans lesquelles la fonte blanche, qui est beau-
coup moins oxidable, produit le même effet que la grise.
» Ayant étendu un volume d’une solution de carbonate de soude
et de chlorure de sodium saturée à la température de 15° centésimaux,
dans 100 et jusqu’à 200 volumes d’eau distillée; il a reconnu que tous
les liquides compris entre ces limites, produisent sur la fonte blanche des
oxidations évidemment plus tuberculeuses et mieux localisées que sur les
autres espèces de fonte. Ces dernières présentent plus de points facilement
attaquables, et produisent des tubercules plus nombreux, et par conséquent
moins distincts. On voit donc que la fonte blanche, qui est moins oxi-
dable par certaines eaux minérales, paraît mériter la préférence sur la
fonte grise pour les tuyaux de conduite.
» Nous ne devons pas oublier de dire que la constitution et la com-
position des tubercules artificiels, sont les mêmes que celles des tuyaux
de Grenoble; ce qui tend à prouver que les uns et les é à dépendent
des mêmes causes.
» Vos commissaires ont pensé qu’il ne serait pas sans intérêt pour la
science, de faire quelques recherches électro-chimiques, pour tâcher
d'interpréter la propriété que possèdent les solutions alcalines, de ga-
rantir de toute altération le fer et la fonte, tandis qu’en y ajoutant du sel
marin , même en petites proportions , la faculté préservatrice cesse aus-
sitôt. L’un de nous a fait, à ce sujet, les observations suivantes. Ayant
pris un flacon d’eau distillée, dans laquelle on avait fait dissoudre = de
potasse, on plongea dedans une lame de fer parfaitement polie et une lame
d’or; à chacune de ces lames était fixé un fil de même métal, passant
à travers le bouchon qui fermait le flacon. Le bouchon fut mastiqué
avec tout le soin possible pour que l'air n’entrât pas dans l’intérieur.
Dix-huit mois après, le fer avait conservé son éclat; aucun tubercule ne
s'était formé, et tout annonçait par conséquent que le métal n'avait
éprouvé aucune altération appréciable à la vue.
» Le fil d'or et le fil de fer furent mis en communication avec un mul-
tiplicateur à fil court. On obtint sur-le-champ une déviation de 35°, et l’ai-
guille aimantée, après avoir osciilé pendant quelque temps, se fixa de nou-
veau à o. En interrompant la communication et la rétablissant, aussitôt
( 194 )
après, l'aiguille, aimantée ne fut plus déviée. En laissant le circuit ouvert
pendant un quart d'heure.et le refermant, l'aiguille fut.chassée-à 25°; ce
n’est. qu'après une interruption d’une demi-heure, que la déviation fut.ce
qu’elle était d’abord, c’est-à-dire de 35°. Gette expérience a été répétée.un
grand nombre de fois , et toujours avec le même succès: Le courant produit
est donc le résultat. d’une. décharge semblable! à celle de la bouteille de
Leyde. Cet effet est absolument semblable à celui.quenous.avons observé
avec le peroxide de manganèse, et quelques autres:corps-plongés dans l’eau
distillée. M. Delarive l’attribue à une action chimique excessivement
lente, cela se peut; mais comment se fait-il. qu’une action chimique,
quelque faible qu'elle soit, n’altère pas dans l’espace de dix-huit mois
le poli brillant donné à une lame de fer? Il est difficile de répondre à
cette question; nous nous.en tenons aux faits qui- nous indiquent que
lorsque le fer estien contact avec de l’eau alcalisée; le métal prend peu:
à peu une-charge d'électricité négative, et l’eau une.charge-d’électricité
positive, comme s’il y avait réaction chimique de l’eau sun lemétal. Ces:
deux électricités, malgré leur, action attractive réciproque, restent en
équilibre à la surface du contact qu’elles ne peuventfranchir;-elles ne se
recombinent qu’en. établissant la,communication. entre. le: fer et. la:so-
lution au mo d'un fil d’or ou de platine. Il résulte de-là; que le:fer
étant constamment négatif, se. trouve, dans l’état le plus favorable pour
ne pas se combiner avec l’oxigèene de l'air qui se trouve dans la'solution.
Comment se fait-il qu’en. ajoutant une-petite quantité d’eau salée à l’eau
alcalisée, on. n'ait plus de décharges)instantanées, mais bien:un courant
continu, qui annonce que le fer est attaqué sans interruption? Cet effet
vient en partie de ce que les éléments de sel marin-se séparent: sous
l'influence des états électriques du: fer et de l’eau alcalisée. Nous ferons
remarquer, à cet égard, que lorsqu'un métal se trouve dans un liquide
qui réagit chimiquement sur lui, tous les points de la surface du métal
et tous les points correspondants du liquide environnant, constituent
autant de: petits couples voltaiques, qui exercent leur action décompo-
sante sur les substances quise trouvent dans la solution; les acides se
portent sur le métal, où ils augmentent l’action chimique, tandis que:les
alcalis restent dans l’eau. Il est infiniment probable que l’addition d’une
petite quantité de sel marin dans une solution de potasse où se trouve
un morceau de fer ou de fonte, produit un effet de ce genre.
» Le mémoire et les notes de M. Payen, outre leur importance scien-
tifique, intéressent encore les arts qui emploient des tuyaux en fonte
(195)
pour conduire les eaux dont ils ont besoin. Aussi, croydns-nous devoir
proposer à JAcadémie l'insertion dans le Journal des Savans étran-
gers.»
des conclusions:de-ce rapport sont.adoptées.
ENTOMOLOGIE. — Rapport sur un ouvrage de M. PERCHERON, ayant pour
titre : Bibliographie entomologique.
( Commissaires , MM. de Blainville, Isidore Geoffroy, Duméril rapporteur.)
« Les personnes qui se livrent, d’une manière spéciale, à l'étude de
quelques-unes des branches de l'Histoire naturelle, mettent un grand in-
térêt à connaître les travaux déjà publiés sur les objets particuliers de
recherches où d’observations dont elles s’occupent. Aussi la plupart des
auteurs se sont-ils fait une loi d'indiquer dans les ouvrages généraux, les
sources où ils ont dû puiser, en même temps qu’ils se sont efforcés de
ranger leurs citations dans l’ordre chronologique.
» M. Percheron, qui s’oecupe avec zèle de Pétude des insectes, sur
quelques genres desquels il a publié déjà de fort bonnes monographies,
telles que celles des cétoines et des passales, a été pénétré du besoin où
il serait par la suite de citer, selon leurs dates, les ouvrages dans les-
quels il s’était procuré d’utiles renseignements. Il a donc rédigé, d’abord,
et pour son usage, un catalogue de tous les livres d’entomologie dont les
titres étaient parvenus à sa connaissance; il a fait ensuite des recherches
laborieuses à ce sujet, et il a cru être utile à la science et à ceux qui la
cultivent, en publiant ce travail dans lequel il s'est proposé d'inscrire
tous les écrits relatifs aux insectes considérés sous les divers rapports de
formes, de structure, de classification, de mœurs, d’habitudes, d'utilité,
de dommage, etc., en un mot, tous les travaux d’entomologie:
» Tel est le livre que M. Percheron va publier, et dont toutes les feuilles
imprimées ont été mises sous les yeux de vos Commissaires. C’estun simple
catalogue par ordre alphabétique de noms d'auteurs, avec l'indication du
titre complet de leurs ouvrages, la date de leur publication, et, quand
cela à été possible, des époques et des lieux de la naissance et de la mort de
ces naturalistes. Malheureusement, ces simples indications ne font pas men-
tion du contenu abrégé de ces ouvrages, et elles n’offrent aucune obser-
vation,de critique, ce qui donne cependant à ces sortes de recueils, un
grand intérêt à cause des jugements qu'ils renferment.
» Après cette première partie de l’ouvrage, qui en forme à peu près les:
( 196 )
trois quarts où un volume et demi, l’auteur a dressé une table des ar-
ticles, par ordre de matières et de chronologie : celle-ci est divisée par
chapitres. Le premier comprend les noms des auteurs qui ont écrit sur
les insectes ; mais sous certains points de vue seulement, tels que les dom-
mages ou les torts qu’ils peuvent occasioner, ce que l’auteur nomme leur
nocibilité; puis sous le rapport de leur utilité dans l’agriculture, dans
les arts, dans la médecine ou dans l’économie générale de la nature, con-
sidérée d’une manière philosophique. Le second chapitre indique les
livres qui traitent des insectes sous le rapport de l'Histoire naturelle gé-
nérale, de la zoologie ou de l’entomologie. C’est là que se trouvent cités les
voyageurs, les muséographes, les micrographes. Le troisième et dernier
chapitre est destiné à faire connaître les ouvrages qui ont traité unique-
ment et en particulier des insectes, tels que les mémoires qui concernent
la formation et la conservation des musées entomologiques ; les généralités
sur les mœurs et les métamorphoses; les ouvrages spéciaux sur Panatomie
et la physiologie des insectes, et sur leur classification; ceux qui ne
contiennent que des observations diverses sur différentes contrées ; enfin
tous les livres qui ont traité des ordres en particulier, soit de tous les genres,
soit de ceux de quelques pays, soit enfin de ceux qui ont paru sous le titre
de monographies. Voilà l’ordre dans lequel les noms de chaque auteur
sont ici insérés et répétés suivant la date de la publication, et là se
trouve relatée indication du volume et de la page de l'ouvrage particu-
lier dont nous rendons compte.
» Nous ne pouvons dissimuler que l’exécution de cette Bibliographie
laisse encore à désirer, car nous y avons remarqué plusieurs omissions im-
portantes, et l’on y trouve inscrits des livres et des mémoires qui ne
sont pas du tout relatifs aux insectes; cependant cet ouvrage pourra être
fort utile aux entomologistes : nous sommes persuadés que ce travail fa-
cilitera beaucoup les recherches et qu'il servira réellement aux progrès
ultérieurs de l’étude des insectes. »
L'Académie adopte les conclusions de ce rapport.
TECHNOLOGIE. — Rapport sur le manuscrit de la 2° édition de l'Art du
Bottier, par M. Francou. — ( Extrait.)
(Commissaires, MM. Dupin, Séguier rapporteur.)
« Déjà M. le baron Dupin, dans un rapport sur le manuscrit de la
1° édition de l_#rt du Bottier, nous a fait connaître le but de ce traité,
et a provoqué, en faveur de l’auteur, les éloges de l’Académie. Cepen-
(197)
dant, tout en le félicitant d’avoir eu recours aux méthodes géométri-
ques, pour déterminer d’une manière fixe et certaine les diverses mesures
sur lesquelles se base l'exercice de sa profession, notre collègue a blämé
le choix fait par l’auteur d’une méthode compliquée, longue, et exposée
à fournir, pour des dimensions différentes, des inductions presque sem-
blables ; c'était la méthode des ordonnées polaires.
» Toujours empressé de fournir ses utiles conseils aux artistes qui veu-
lent marcher dans la voie du progrès, en éclairant leur profession des
lumières des sciences exactes , M. le baron Dupin indiqua dans son rap-
port des méthodes plus simples et plus précises. Ces suggestions n’ont
pas été perdues pour l’auteur, qui voulant prouver à l’Académie l’em-
pressement avec lequel il a rassemblé ses salutaires avis, lui soumet le
manuscrit de la seconde édition, qu’il se propose de publier...
» Le désir de M. Francou est d'enseigner à l’ouvrier ce qu’il a besoin
de savoir pour devenir maître, tout comme on lui a appris à être ou-
vrier. Aussi son livre, divisé en nombreux chapitres, traite-t-il d’une
foule de points dont il ne peut être question dans ce rapport, et nous au-
rois seulement à nous occuper des indications qu’il donne relativement à
la manière de prendre mesure avec exactitude, et de couper avec éco-
nomie. .
» La méthode qu'il indique dans sa seconde édition, consiste à faire
usage, comme base de la coupe, de certaines mesures principales prises
métriquement : il abaisse sur une première ligne, expression de longueur,
plusieurs perpendiculaires, expressions elles-mêmes de surfaces développées.
IL démontre le rapport qui existe entre ces diverses lignes , et à l’aide de
ce tracé, il explique méthodiquement au simple ouvrier, comment il faut
s’y prendre pour exécuter une chaussure parfaitement en rapport avec le
pied qu’elle doit chausser.
» L'introduction des méthodes géométriques dans les opérations pra-
tiques des diverses professions qui jusqu’à ce jour n’en ont point encore
fait usage, est un véritable service rendu à l’industrie; c’est donc sous
ce point de vue, et pour récompenser l’auteur de l'Art du Bottier du
zèle désintéressé et de la persévérance dont il fait preuve, en s’effor-
çant de propager les connaissances recueillies dans un long exercice de
sa profession, que nous proposons de déclarer que la seconde édition de
son ouvrage continue à nous paraître une publication utile. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
C.R. 1827, 16 Semestre. (T. IV, N° 6) 28
W
( 198 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— /nfluence de la rotation des mobiles sur leur mou-
vement de translation dans les milieux résistants ; par M. Pro8rrr.
(Commission déja nommée.)
« Des considérations exposées dans ce mémoire, il résulte , dit l’auteur,
que la déviation que les corps éprouvent par suite d’un mouvement de
rotation, peut avoir lieu en deux sens opposés sans que l’axe de rotation
change de direction, le sens de la déviation dépendant du rapport des vi-
tesses de translation et de rotation à la surface du corps. Ce double effet
qui a lieu lors même que les mobiles sont homogènes et parfaitement sphé-
riques rend la question du mouvement des corps dans les milieux plus
compliquée qu’on ne le croit communérient.
» Avant d'exposer les cas les plus simples que j'ai traités, je désirerais, pour-
suit M.Piobert, avoir l'opinion de l’Académie sur les principes physiques qui
servent de base à la théorie du mouvement des corps, principes que j'ai expo-
sés dans ce mémoire, ainsi que dans deux autres précédemment présentés ,
l’un relatif aux déviations qu’éprouvent les mobiles qui se meuvent dans des
lieux limités par des obstacles résistants, l’autre dans lequel j’ai discuté les
expériences de Newton, Borda et Hutton, sur la résistance que l’air oppose
au mouvement des corps sphériques. Ce dernier travail fait partie d’un en-
semble de recherches qui me sont communes avec MM. Didion et Morin. »
comme. — Mémoire sur l'existence des oxibromures de tungstène, et sur
quelques composés du méme métal; par M. Cu. Bonner.
(Commissaires, MM. Chevreul , Dumas, Robiquet.)
« En faisant passer du brome en vapeur sur l'acide tungstique mêlé avec
du charbon porté à une température élevée, on obtient, dit M. Bonnet,
deux différents oxi-bromures de tungstène.
» À une température rouge et avec un courant de brome peu abondant,
le produit offre la composition suivante :
Tungstène.... 45,970
Brome....... 48,000
Oxigène...... 06,030
100,000
(199 )
ce qui correspond à la formule W°05, W'Br'°, combinaison d’un atome
d’oxide bleu de tungstène avec un atome de bromure qui lui correspond.
» À une température plus élevée que dans le cas précédent,et avec un cou-
rant de chlore plus rapide, on obtient le second oxi-bromure , qui, analysé,
donne la composition suivante :
Tungstène... 37,0
Brome..,... 60,0
d Oxigène,.... 03,0
100,0
composition qui correspond à la formule WO*W*Br'?, combinaison d’un
atome d'acide tungstique avec deux atomes de perbromure de tungstène,
et qu'on doit appeler Tungstate de perbromure de tungstène. Ce corps, dit
l'auteur, se conduit avec l’eau, comme l'indique sa composition; mais il
n'en est pas de même de l’oxi-bromure W0O5,W:Br'°. »
cmmue. — Vote sur une nouvelle préparation du Chloroforme ; par le
méme.
(Commission déjà nommée.)
e
M. Bonnet annonce avoir obtenu le Chloroforme en abondance, en
distillant parties égales de chlorure de chaux et d’acétate de chaux dans une
cornue de grès. Il le purifie en précipitant la liqueur par l’eau, et en
distillant ensuite sur du chlorure de calcium la couche inférieure du li-
quide.
En substituant au chlorure de chaux du bleu de Prusse, il a obtenu un
liquide qu’ii considère comme le Cyanoforme, et dont il indique les princi-
pales propriétés. »
cumE. — Éther camphorique.
M. Bonnet, dans la lettre qui accompagne l'envoi des deux précédents
mémoires, annonce qu'on trouvera à la suite dw premier des indications
qui prouveront que l'existence de l’éther camphorique lui était connue
avant la présentation du mémoire de M. Malaguti sur cet éther.
28.
( 200 )
ANaTOME.—/mitation de pièces anatomiques ; par MM. TaierT et RAMEAUX.
(Commissaires, MM. Duméril, Magendie, Breschet.)
Les auteurs présentent, comme specimen, quatre pièces représentant
les régions cervicale, axillaire, poplitée, et la région du pli du bras.
La substance qui sert à ces préparations peut, disent-ils, se mouler avec
autant de facilité que le plâtre, et ne prend pas moins exactement la figure
du moule ; une fois endurcie elle résiste parfaitement aux chocs et à la
pression , à l'humidité et à une chaleur égale à celle de l’eau bouillante.
Chaque partie est peinte à l’huile de manière à reproduire les couleurs na-
turelles, puis vernie , et peut ainsi, lorsqu'elle aura été salie, être lavée de
manière à reprendre toute sa fraicheur.
MÉCANIQUE. — Recherches sur le mouvement moléculaire des solides ;
par M. Paoui. (En italien.)
(Commissaires, MM. Biot, Poisson, Libri.)
CORRESPONDANCE. i
M. le Ministre de l'Instruction publique adresse ampliation de l'Ordon-
nance royale qui confirme l'élection de M. Gaudichaud.
M. le Secrétaire perpétuel est chargé de faire parvenir à M. Gaudichaud
la nouvelle de sa nomination, en la Jui adressant dans un des points où
doit toucher la Bonite.
GÉOLOGIE. — Découverte de mines de cuivre dans le territoire nord-ouest
des États-Unis, ou territoire de Wisconsin; note communiquée par
M. WARDEN.
«M. Stambaugh, chargé par le gouvernement des États-Unis d'explorer
ce pays, dit, dans son gapport, que ces mines nommées Jowa , s'étendent
sur une surface de quatre cents acres, et que le minerai se trouve à dix-
huit pouces au-dessous de la surface du sol, et qu’il devient d’autant plus
abondant que l’on fouille plus avant.
» Ces mines sont situées à un mille de Mineral-Point, et à trente-cinq
de Galena. La grande route de Galena à la Baie-Verte, par le fort Winne-
bago, passe par Mineral-Point. Ges mines sont dans une prairie ondulée,
{ 201 }
\
près desquelles il y a neuf cenis acres de bois. M. Stambaugh considère
cette découverte comme la plus importante en minéralogie qui ait été
faite jusqu’à ce jour aux États-Unis.
»On a déjà commencé à y établir des forges, des laminoires, et il est pro-
bable que ces établissements se développeront bientôt sur une grande
échelle. <
» La grande rivière Wisconsin, qui établit une communication natu-
relle entre le Saint-Laurent et le Mississipi, et arrose le territoire de ces
mines, prend sa source à 46° de latitude septentrionale, et entre 12° et 13°
longitude ouest de Washington, et se décharge dans le Mississipi sous la la-
titude de 43° nord, à environ cinq mètres au-dessous de la Prairie du
Chien.
» Ce territoire, qui a environ oo milles de longueur sur 400 de largeur,
est situé entre 42° 30’ de latitude et 49° nord et r0° 31” et 18° 30’ de lon-
gitude ouest de Washington. Il est borné au nord par le Lac Supérieur et
les possessions britanniques, à l’est par le lac Michigan, et à l’ouest par
le Mississipi. »
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Sur la pression à laquelle l'air contenu dans
la trachée-artère se trouve soumis pendant l'acte de la phonation: —
Extrait d'une lettre de M. Caeniarp-Larour.
« Depuis quelque temps je m'occupe de recliercher à quelle pression, en
sus de celle de l'atmosphère, l'air contenu dans les poumons se trouve
soumis lorsqu'il est employé à faire résonner certains instruments à anches.
J'ai reconnu déjà qu’à l’égard de la clarinette, cette pression fait équilibre
moyennement à une colonne d’eau de 30 centimètres.
» Pour étendre ces expériences au larynx humain, il fallait trouver un
individu qui, d’une part, eût une ouverture à la trachée-artère, et de l'au-
tre pût à sa volonté produire des sons vocaux, faculté que n’ont pas tou-
jours ceux auxquels on a été obligé de pratiquer la trachéotomie. Cette
occasion vient de m'être offerte chez le nommé Charles-Théodore Legris,
âgé de 32 ans, qui se trouve avoir à la trachée-artère-un trou de 8 à 9 mil-
limètres de diamètre, par suite d’une opération urgente que lui a faite,
le 26 novembre dernier, avec un succès complet, M. Charles Baron , in-
terne des hospices civils de Paris.
» Gette ouverture dont les parois sont soutenues à l’aide d’un tuyau d’ar-
gent à demeure, n'étant plus douloureuse, j'ai pu, le 23 janvier dernier ,
{ 202 )
en présence de M. Baron, quia bien voulu m'aider, faire l’exploration ma-
nométrique projetée; j'ai reconnu ainsi que, dans le moment où la phe-
nation avait lieu chez Théodore Legris, la pression supportée alors par
l'air contenu dans la trachée-artère faisait équilibre moyennement à une
colonne d’eau de 16 centimètres, c’est-à-dire que cette pression était moi-
tié à peu près de celle qui a lieu chez un joueur de clarinette.
» À raison du rétrécissement particulier dont la glotte de Legris est en-
core affectée, sa respiration devenait de plus en plus génée lorsque l’ouver-
ture de la trachée-artère restait fermée pendant un certain temps par le
bouchon du tube manométrique; aussi avions-nous soin, pour que l’expé-
rience fut concluante, de ne la faire durer que très peu d’instants; du
reste, sur les questions que j'ai faites à Théodore Legris pour savoir si la
phonation momentanée lui coûtait plus d’efforts maintenant que dans le
temps où sesorganes vocaux avaient leur état normal, il m’a répondu très
affirmativement qu’il ne s’apercevait d’aucune différence.
» Pendant la simple respiration de Théodore Lepgris, le manomètre avait
divers mouvements qui probablement provenaient principalement dela
gène causée par le rétrécissement laryngien dont nous venons de parler;
ainsi nous avons remarqué que pendant l’expiration le manomètre. indi-
quait une-pression d’environ 4 centimètres, et pendant l'inspiration une
pression négative de moins de.5 à moins 6 centimètres.
» On voit, dit l’auteur en finissant, que les efforts d’où naît l’insuffla-
tion motrice des vibrations laryngiennes ne sont pas aussi légers que l’on
aurait pu ie supposer d’après la facilité remarquable avec laquelle la voix
semble pour l'ordinaire se produire. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Détermination des racines approchées des
équations.
.
À l'occasion de la communication faite à ce sujet dans la précédente
séance par M. Libri, M. Borchart écrit que « dans un opuscule publié
en 1827, SOUS le titre de Canons des logarithmes ,M. Hoené Wronski,
pour signaler une nouvelle méthode générale de la résolution des équa-
tions algébriques de tous les degrés, a donné, suivant cette méthode, la
résolution générale des équations algébriques du cinquième degré, où les
coefficients n’ont nullement besoin d'être numériques, et où les formules,
composées d'un nombre fini de termes, qui donnent cette solution, con-
servent les coefficients de l’équation proposée dans toute leur généralité
algébrique. »
( 203 )
M. de Baunez prie l'Académie de, vouloir bien presser le rapport qui
doit être fait sur son mémoire relatif à un système de wagons-dragueurs.
M. Mangin adresse une semblable demande pour un mémoire relatif
à des découvertes qu'il croit avoir faites en astronomie.
A quatre heures trois quarts l’Académie se forme en comité secret.
La section d’Astronomie présente, par l’organe de M. Mathieu, la liste
suivante de candidats pour une des places de Correspondant vacantes dans
cette section :
1°. M. Carlini, à Milan;
2°. M. Smith, à Bedford;
3°. M. Litirow, à Vienne;
4°. M. Hansen, à Gotha;
be, M. Santini, à Padoue,
Les titres dé ces différents candidats sont discutés; l'élection aura lieu
dans la prochaine séance.
MM. les membres en seront prévenus par billets à domicile.
La séance est levée à 5 heures. F.
Errata.
(Séance du 23 janvier.)
Page 131, ligne 13, au lieu de la tête de l’humérus, lisez la tête fémur
(Séance du 30 janvier.)
Page 153, lignes 8, 9, 10, 11, au lieu de superficie. 11 s'ensuit, etc., Lisez superficie
du moins quand cette quantité provient de la chaleur initiale du
globe, et que l’état de sa surface est supposé invariable : détermi-
ner les lois du refroidissement d’un corps, dans le cas où le pouvoir
rayonnant de sa surface varie avec le temps, est un problème que
l'on n’a pas encore résolu.
( 204 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1837, 1°" semestre, n° 5. ë
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco ;
tome 63, septembre 1836, in-8°. :
Leçon sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macenre ;
brochure in-8. 4
Biographie de M. Geoffroy Saint-Hilaire. — Extrait de la Biogra-
phie des Hommes du Jour; Paris, 1837, in-8°.
Histoire naturelle agricole et économique du Maïs ; par M. Boxarous;
brochure in-8°.
LE: CEE tips 1 ;
Essais d'acclimatation à Montpellier, et melange d'observations ; par
M. Deuxe (Are RArrensau); brochure in-8°.
Deuxième mémoire sur les Mouvements et les Effets de la mer. —
Du mouvement orbitaire; par M. P.-E. Mori; une demi-feuille in-8°.
Cinq mois aux États-Unis de l'Amérique du Nord, depuis le 29
avril jusqu'au 25 septembre 1835. Journal du Voyage de M. Rauon ne
ra Sacra , traduit de l'espagnol par M. R£éxé Barssas; in-8°.
Annales maritimes et coloniales ; par MM. Basor et PoirRé; janvier
1837, in-8°. ;
Synteses pharmaceuticæ et chymicæ a Professoribus tum facultatis
medicæ, tum scolæe pharmaceuticæ ; par M. Hossen-Er-Racxiny ; Paris,
1837; in-4°.
The third annual...... Troisième Rapport annuel sur les Travaux
de la Société Royale des Sciences et Arts (Polytechnic) de Cornouailles;
Falmouth, 1835, in-8°.
Annalen.....Annales de l'Observatoire de Vienne, publiées par
M. Luirrrow ; 15° et 16° livraison, in-folio.
Untersuchungen... .. Recherches sur Le climat de Carlsruhe et sur
l'influence du vent et de la lune sur l’état du temps; par M. Orro
Ersexcomr; Carlsruhe, 1832, in-4°.
Untersuchungen. .... Recherches sur l’Influence des vents sur la hau-
( 206 )
teur du baromètre, la température, l'état du ciel et les autres phéno-
inènes météorologiques ; par le même ; Leipsick, 1837, in-4°.
Astronomische.....Nouvelles astronomiques de Scnumacuer; n° 323.
Effemeridi.. ... Ephémérides scientifiques et littéraires pour la Sicile;
mars et avril 1836 , in-8°.
Recherches expérimentales et théoriques sur les contractions partielles
des veines d’eau, et sur l'écoulement par des tuyaux additionnels inté-
rieurs et extérieurs; par M. Georce Bioowr ; Turin, 1836, in-4°.
Expériences sur la percussion des veines d'eau ; par le même; Turin,
1836, in-4°. di
Gazette medicale de Paris; tome 5, n° 5, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 13 — 15, in-4°.
La France médicale; tome 1°, n° 26 et 27.
Echo du Monde savant; n° 57.
L'Éducateur, Journal ; juillet et août 1836.
La Presse médicale; n° 9et 10.
C, R, 1835. 17 Semestre, (T. IV. N9 6.) 29
( 206 )
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———
"184 MATANV£ — ‘SHNÔÜIDO'TOMOALAN SNOILVAUASIO
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 13 FÉVRIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
Giumre onGaniQuE. — Faits pour servir à l'histoire de l'acide gallique ;
par M. Rogiquer.
PREMIER ARTICLE.
« En juin dernier, j'ai eu l'honneur d'entretenir l’Académie de quel-
ques produits nouveaux fournis par l’acide gallique, et j'ai annoncé, à
cette même époque, que je publierais plus tard une suite d’observations
sur le même sujet. Je viens aujourd’hui remplir une partie de la tâche
que je m'étais imposée, en présentant un premier article contenant
quelques faits relatifs à la question de la préexistence de cet acide dans
la noix de galle. J'ai tâché de rendre cette notice aussi succincte que
possible.
» Avant que M. Pelouze eût publié son beau äravail sur le tannin
et l'acide gallique, on admettait généralement que cet acide était tout
formé dans la noix de galle, et l’on était assez éloigné de supposer,
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. LV, N° 7.) 30
( 208 )
comme l’a établi ce jeune savant, que l’acide gallique n’était qu’un dé-
rivé du tannin. Ayant déjà démontré moi-même la non-préexistence de
certains principes organiques qu’on avait crus tout formés, j'aurais dû
sans doute être moins étonné que tout autre de ce résultat remarquable.
Cependant, je dois l'avouer, j’eus besoin, pour y ajouter foi,*de voir par
rnoi-même cette transformation nouvelle, et de m’assurer si réellement
elle ne s’opérait que sous la condition d’une absorption d’oxigène et
d’une production d'acide carbonique. Gette difficulté que j'éprouvais à
me débarrasser de l’ancienne manière de voir, tenait non-seulement à
ce que je savais que certaines substances végétales qui contiennent fort
peu de tannin, fournissent cependant beaucoup d’acide gallique; telles
sont les graines de mango, qui, selon M. Avequin ( 4nnales de Chimie
et de Physique , t. XLVIL), en donnent 2 onces 2 gros par livre, à l’aide
d’une simple macération dans l’eau immédiatement évaporée en con-
sistance convenable; mais cette difficulté résultait aussi de ce que j'avais
par-devers moi quelques observations pratiques qui ne s’accordaient
nullement avec la nouvelle explication donnée. Ainsi, depuis plusieurs
années, j'avais cessé de préparer l'acide gallique par le pourrissage, et
au lieu d'abandonner les macérations de noix de galle au contact de
l'air, je les renfermais soigneusement dans des vases bien bouchés, parce
que j'avais remarqué que l'acide ainsi produit n’était pas aussi coloré
ou du moins plus facile à blanchir, et cependant je ne m'étais pas aperçu
que cette privation du contact de l’air eût amené une grande diminution
dans le produit de cette opération. Toutefois, comme je craignais de
n'avoir pas pris assez de précautions pour prévenir tout accès de l'air, je
répétai cette expérience plusieurs fois et avec tout le soin possible, afin
de savoir positivement à quoi m’en tenir sur ce point.
» Des expériences que j'ai faites il résulte que l'acide gallique, soit qu'il
préexiste ou non dans la noix de galle, s’en sépare en très grande propor-
tion , indépendamment de tout contact avec l’air ou l’oxigène, et sans que
la réaction, s’il s’en opère une, donne naissance à des gaz. Cela posé, peut-
on en inférer que ce n’est pas le tannin qui donne naissance à l’acide galli-
que? Non, sans doute; car il a été bien établi par M. Pelouze, que ce corps
mis à l’état de pureté en contact direct et sous certaines conditions avec
l’oxigène, se transforme en tout ou partie en acide gallique. Je dirai seule-
ment que cette réaction n’est pas aussi subite qu’on pourrait le croire. En
effet , le résultat d'expériences que j'ai entreprises pour éclaircir ce point,
montre qu’en huit mois de temps, et avec un concours de circonstances
(209 )
favorables, la moitié seulement du tannin s'était convertie en acide gallique,
tandis qu'avec la noix de galle, même entière, un mois suffit quand on
opere dans la belle saison, pour que la réaction soit complète , et, chose re-
marquable, c’est que je n’ai obtenu en acide gallique que la moitié environ
du poids du tannin consommé. La proportion devrait certainement être
plus forte si tout le tannin était converti en acide gallique sous la seule con-
dition de la perte de deux atomes de carbone. (Le poids de l’atome de
tannin étant 2665,690, celui de carbone 76,436. )
» Il en résulte que si tout le tannin se convertissait en acide gallique, la
perte ne devrait pas excéder 10 pour 100.
»Je sais qu’on peut objecter que l'acide gallique se détruit en partie; mais
je répondrai que cette décomposition n’est pas à beaucoup près aussi
prompte qu'on pourrait le présumer, surtout en présence du tannin. J'ai
abandonné pendant toute une année un kilog. de noix de galle au pour-
rissage; j'ajoutais de temps en temps un peu d’eau au magma, et l'acide que
J'en ai retiré après une si longue réaction, ne différait. pas beaucoup en
quantité de celui obtenu dans un temps beaucoup plus court. Jai fait en-
core une autre expérience bien plus positive. Voici en quoi elle consiste :
une dissolution composée de o, 91 d’acide gallique et de 100 gram. d’eau,
a été abandonnée dans une fiole qui n’en était pas entièrement remplie et
qu’ on avait placée sous une cloche à deux tubulures latérales; 15 mois
après on a soumis cette dissolution, qui contenait quelques flocons de moi-
sissure et qui s’était un peu colorée en brun, à une évaporation ménagée
et conduite jusqu’à siccité. J'en ai retiré 0,72 d’acide gallique brun, mais
bien cristallisé en aiguilles et ayant conservé toutes ses propriétés caracté-
ristiques. Je ferai remarquer en outre, qu’il ne s’est manifesté de moisis-
sures dans la dissolution du tannin, que pendant le premier mois, et que
cette dissolution, qui avait été filtrée à cette époque, est restée parfaite-
ment limpide tout le reste du temps. La moisissure n’est donc pas une con-
séquence de la décomposition de l'acide gallique, puisqu'il n’y a d'acide
produit qu’à une époque où il ne se forme plusde moisissure. Une autre ex-
périence faite à la même époque, mais plus long-temps prolongée, confirme
ce résultat. J'avais également placé dans les mêmes conditions, une dissolu-
tion de 25 gram. de tannin pur et 6ou gram. d’eau , et j'y avaisajouté 25 gram.
d'alcool pour prévenir les moisissures , dont en effet il ne s’est formé que
des traces et aprés un temps très long. Un commencement de dépôt ne
s’est manifesté qu'après huit à dix mois, et ce n’est qu’au bout de dix-huit
mois, et par une température au-dessous de zéro, que j’en ai opéré la fil-
30.
L
( 210 )
tration. La liqueur avait une teinte paillée, une saveur aigrelette et nulle-
ment astringente. Cependant, elle précipitait encore légèrement la solution
de gélatine. On voit donc que la presque totalité du tannin était détruite,
et qu’il ne restait dans la liqueur qu’une quantité minime d’acide gallique,
puisque la température était au-dessous de zéro. Néanmoins elle fut sou-
mise à l’évaporation, mais ne produisit que 2,4. D'un autre côté, le dépôt
étant convenablement séché pesait 12 gram. Ainsi l’on voit qu'ici, comme
dans le premier cas, la proportion d'acide gallique ne dépasse guère la moi-
tié du tannin mis en expérience. Cette identité de résultat rend peu pro-
bable la destruction d’une partie notable de l'acide gallique produit dans
deux circonstances assez différentes. Le tannin dans un cas, l’alcool dans
l’autre ont dù servir de préservatif à l’acide gallique formé.
» Ces deux expériences paraissent assez nettes pour entraîner conviction.
Si Sareatrn on voulait encore de nouvelles preuves, je dirais que Braconnot
porte à 20 au plus la proportion d'acide gallique fourni par 100 parties
de noix de galle soumises au pourrissage, et que M. Pelouze élève à 40
pour 100 le tannin pur contenu dans la noix de galle. Il reste donc bien
démontré que dans la transformation du tannin en acide gallique, il ya une
perte de 5o pour 100, tandis que, d’après la théorie actuelle, de ne de-
vrait pas excéder 10 pour 100. ne F-.
» Un des résultats saillants de ces expériences, c’est la grande dispropor-
tion qui existe entre le temps nécessaire pour pouvoir transformer le tannin
pur en acide gallique et celui qu’exige la noix de galle, même entière;
car, dans ce dernier cas, un mois suffit lorsqu'on opère dans la belle saï-
son, pour que la réaction soit complète. Il faut donc qu'il y aît dans la
noix de galle d’autres principes qui facilitent cette réaction et servent,
pour ainsi dire, de ferment. Je croiraïs volontiers que l'espèce de gomme
ou plutôt de mucilage, qu'on retire par l’eau du résidu de la noix de
galle épuisé par l’éther, remplit cette fonction. On sait en effet, d’après
les expériences de M. Peloee, que ce résidu qui ne fournit aucune portion
d’acide gallique par le pourrissage, se moisit avec une promptitude éton-
nante, quand on l’humecte d’une proportion convenable d’eau, et qu'on
abandonne au contact de Pair.
» On pourrait peut-être s’imaginer que si l'on éprouve autant de diffi-
culté à convertir le tannin pur en acide gallique, cela doit tenir à quelques
modifications que son traitement par l’éther lui aurait fait subir; modifi-
cations qui sont telles, par exemple, qu'une fois séparé de l’éther il ne
peut plus s’y dissoudre, ou en quantité minime (a); mais la preuve qu’il
(PER)
n’en est pas ainsi, c’est qu’en partant de Pidée admise par M. Pelouze , que
le tannin est de tous les corps contenus dans la noix de galle, le plus
soluble dans l'eau, j'ai traité de la noix de galle pulvérisée par de tres
petites quantités d’eau froide, et j'en ai retiré par forte expression, une
solution très visqueuse et d’une excessive astringence. Je devais donc la
considérer comme une dissolution de tannin presque pur, et cependant
cette dissolution même assez étendue d’eau se conserve presque indéfini-
ment. Ceci me rappelle une expérience entreprise dans un but différent .
et qui offre quelque chose d’assez remarquable. J'avais traité successive-
ment une même quantité de noix de galle pulvérisée, par des poids
égaux d’eau froide, et j'ai renfermé séparément chacune des quatre ma-
cérations dans des flacons qui en étaient entièrement remplis; j'ai ensuite
abandonné à une réaction spontanée pendant un temps fort long, et voici
ce que j'ai observé. La première, c’est-à-dire celle qui contenait le plus
de tannin, n’a subi aucun changement apparent; après quelques mois il
s’est formé dans la deuxième un léger dépôt; la troisième contenait un
gros bloc d’acide gallique bien cristallisé, et enfin, dans la quatrième un
dépôtà peine sensible d’acide pulvérulent. Je commencerai par faire re-
marquer que ceci rend parfaitement compte de la discordance apparente
qui règne entre l’un des principaux résulfats de cette notice, et celui dés
long-temps obtenu par M. Chevreul, savoir, que ARR de noix de
galle renfermée dans des flacons hermétiquement bouchés, se conserve
indéfiniment ; tandis que j’établis au contraire, que de l'acide gallique s’y
dépose en quantité très notable. Cette différence dépend évidemment de
la proportion d’eau employée de part et d'autre, et peut-être aussi de la
température; car, si l’on opère à froid et avec une petite proportion d’eau,
on ne dissoudra guère que le tannin qui, toutes les fois que la dissolution
est un peu concentrée et à l’abri du contact de l'air, se conserve indéfini-
ment; mais si la quantité d’eau est assez considérable non-seulement
pour entrainer les autres principes solubles de la noix de galle, mais
encore pour délayer PHARES le tannin, c’est alors qu'il y a production
d'acide gallique. "
» Une autre observation à faire sur la dernière expérience citée, c'est
qu'elle tend, si je ne me trompe, à faire présumer que l'acide gailique
qui se sépare dans les macérations aqueuses y préexiste; mais il faudrait
aussi , d'après les expériences citées plus baut, qu'il y préexistât en grande
proportion, ce qui ne saurait s’accorder, il faut se hâter de le dire, avec
les expériences non moins positives de M. Pelowze, savoir, que dans le
2 (ras)
traitement de la noix de galle par l’'éther anhydre, on ne trouve que
fort peu d’acide gallique. En effet, si l'on commence ce traitement par de
l'éthér anhydre, on n'obtient pour résidu de l'évaporation qu’un peu de
chlorophylle, une quantité infiniment petite de tannin et quelques légeres
ramifications d’acide gallique. Si à l’éther anhydre on enfait succéder
d’hydraté, alors se forment, comme le décrit M. Pelouze, si toutefois les
conditions de température sont favorables , deux couches l’une plus dense
et moius colorée, qui contient du tannin dissous dans un mélange d’eau
et d’éther, l’autre plus abondante et plus légère, qui ne renferme qu’une
petite quantité de tannin, fort peu d'acide gallique, et encore une certaine
proportion de chlorophylle; et cependant si lon suppose que la noix de
galle ait été complétement épuisée par l’éther, le résidu ne fournit, soit
par le pourrissage, soit par toute autre méthode, aucune portion d’acide
gallique, mais seulement une espèce de gomme ou de mucilage qui se
moisit avec une grande promptitude, et quise transforme en acide oxalique
par l'acide nitrique. C’est en se fondant sur ces résultats bien précis que
M. Pelouze a établi, que si de l'acide gallique préexistait dans la noix de
galle, ce ne pouvait être qu'en quantité minime. Je sais que la noix de
galle, comme beaucoup d’autres productions organiques, peut varier de
composition et se modifier sou$ certaines influences; mais cela ne saurait
être vrai que dans des limites très restreintes. Car j'ai traité un grand
nombre de fois de la noix de galle pour en extraire le tannin, et pres
qu'à chaque fois j'ai opéré sur des échantillons différents; néanmoins j'ai
toujours obtenu à très peu près les mêmes résultats, soit dans l'extrac-
. tion du tannin par l’éther, soit dans le traitement par l’eau, pour l’ob-
tention de l'acide gallique. Ainsi, dans un cas, absence presque totale
d'acide gallique; dans l'autre, séparation d’une forte proportion Fa cet
acide indépendamment de tout contact'avec l'air. "1
» On a vu, par une des expériences citées plus haut qu’en vases clos,
les premiers lavages de la noix de galle ne donnaient même après un
temps très long, que peu ou point d'acide gallique. J'ai été curieux de
voir jusqu’à quel point-la soustraction de ces premiers lavages influerait
sur le produit total de l'acide gallique obtenu dans le pourrissage. J'ai fait
en conséquence trois mélanges semblables composés chacun d’un kilo-
gramme de noix de galle concassée et deux litres d’eau pure; après 24.
heures de macération, deux de ces mélanges ont été jetés sur une toile et
soumis à une forte pression. Chaque marca été de nouveau délayé dans
deux litres d’eau, et le lendemain ‘on a répété la même opération sur l’un
$
( 213 )
de ces deux derniers seulement; en telle sorte que de ces trois kilogram-
mes de noix de.galle, l’un était resté intact avec sa première macération,
le deuxième avait subi un premier lavage, et le troisième deux. Chacun de
ces mélanges a été ensuite abandonné au pourrissage et après un temps
suffisant , c’est-à-dire lorsque la pâte a eu perdu presque toute son astrin-
gence et qu’elle n’avait plus qu’une légère saveur styptique avec arrière
gout sucré. Alors les trois mélanges furent semblablement lessivés, et le
produit en acide gallique fut d’autant plus abondant que la noix de galle
avait subi moins de lavages, ce qui est tout-à-fait conforme à l’idée qüe le
tannin est indispensable à la formation de l'acide gallique; mais il n’en
reste pas moins démontré que cette formation ou élimination, si on le
veut, peut se faire indépendamment de tout concours de l’oxigène exté-
rieur; et peut-être serait-il permis d’après ce qui précède, de conserver
quelques doutes sur l'existence du tannin comme corps simple. Il me
semble du moins qu’on serait autorisé à le supposer, 1° par le peu d’acide
gallique qu'on en retire sous l'influence de l’oxigène et de l’eau, 2° par
l'obtention directe de l'acide pyrogallique, dans la distillation sèche du
tannin, et si on le veut encore par son inaptitude à la cristallisation. Car
il est bien peu de produits immédiats réellement purs, dont les molécules
ne-se groupent pas symétriquement.
» Partant de l’idée anciennement émise par M. Chevreul, que le tannin
pourrait bien être un composé dont l'acide gallique serait un des éléments,
j'ai cherché à m’assurer théoriquement si cette hypothèse pouvait acquérir
quelque probabilité, et voici où j'ai été conduit : M. Pelouze avait déduit
de son analyse du tannin la formule C'*H"O". Plus tard, M. Liebig ayant
remarqué que cette analyse s’accordait mieux avec C'#H'O':, a préféré
cette formule comme se prêtant plus facilement à la transformation du
tannin en acide gallique. Néanmoins, M. Pelouze a conservé la formule
première, et j’en ai fait usage aussi, comme s’accommodant mieux au nou-
veau point de vue d’où je partais. Or, cette formule, C'#H'#0'2— 2(C’H°O*
—-H°O) + H°Cf, c'est-à-dire à 2 atomes d'acide gallique cristallisé, plus un
atome d'un hydrogène carboné de même composition que la benzine.
» Laformule adoptée par M. Liebig se préterait également bien à d’autres
transformations. Aïnsi l’on trouve que trois atomes de tannin 3(CH'O":)
— CH#O$5 — 6(C'H$OS) + 2(CH'O*), c’est-à-dire, équivalent à 6 atomes
acide gallique, plus 2 atomes acide pyrogallique sec; ou mieux encore en
admettant que le tannin puisse absorber un atome d’eau, il en résulterait
‘de l'acide gallique et de l'acide acétique. En effet, C'#H'0': OH? —
(ax )
2(C/HfO*) + C#HfO*, c’est-à-dire qu’un atome de tannin, plus un atome
d’eau , peuvent être représentés par 2 atomes d’acide gallique êt un atome
d'acide äcétique.
» Je ne sais jusqu’à quel point ces diverses prévisions pourront se véri-
fier par l'expérience; mais ces nouvelles vues me serviront de points de
départ pour faire quelques autres essais qui, peut-être, conduiront à des
résultats curieux.
» Dans le second article de ce mémoire, je traiterai paca de
l'action de la chaleur sur l'acide gallique. »
,
MÉCANIQUE AprciQuée. — JVote relative à la nouvelle édition du Cours de
Mécanique appliquée aux machines; par M. PonceLer.
En présentant la nouvelle édition lithographiée de son Cours de Méca-
nique appliquée aux machines, M. Poncelet a fait connaître, dans les termes
suivants, les améliorations qu'il a introduites dans cet ouvrage, pt sa
des publication.
« Les additions par lesquelles cette édition se distingue des se
dentes, consistent principalement :
» 1°. En une théorie circonstanciée du régulateur à force centrifuge,
autrement dit gouverneur, et d’après laquelle on fixe les règles à observer
dans l'application de cet ingénieux appareil aux machines. La recherche
de semblables règles dépendait d’une analyse assez délicate, et dans laquelle
on fait entrer la considération du degré de sensibilité du système. Celles
qu'on possédait jusqu’à présent étaient très imparfaites ; aussi arrivait-il
fort souvent, que le régulateur à force centrifuge, malgré les frais né»
cessités par son établissement, ne rendait pas les services auxquels,
d’après sa destination, on était en droit de s'attendre.
» 2°. Dans une théorie entièrement nouvelle du régulateur à flotteur
et à pompe ‘employé dans, quelques machines, mais sans beaucoup de
succès , attendu le peu de sensibilité d’un pareil système ;
» 3°. Dans l'exposition etlathéorie d’un nouveau régulateur à ressort que
j'avais déjà décrit.en 1828, et nommé régulateur instantané, parce qu'ilest
destiné à mettreen action les organes moteurs desmachines à l'instant même
où il survient quelque cause de trouble dans le mouvement, etnotamment
lorsque l'intensité de la puissance on de la résistance vient à changer
brusquement ou avec lenteur, en opérant ainsi un excès ou une dimi-
nution dans la force de torsion des.arbres qui servent à transmettre l’ac- .
( 215.)
tion. La disposition de cé régulateur étant telle, que les angles de torsion
sont précisément proportionnels aux efforts de réaction à l'unité de
distance des axes, on'a pu, au moyen d’une vis différentielle, mue par un
double engrenage, mettre à profit les variations d’efforts pour donner le
mouvement à la vanne- ou soupape motrice, et faire servir même l’appa-
reil à indiquer, d'une manière continue, les quantités de travail déve-
loppées sur les machines auxquelles il est appliqué.
» 4°. Dans des considérations dynamiques sur les effets des manivelles,
des bielles, du joint de Cardan et des balanciers de machines à vapeur.
» 5°. Dans des développements donnés à la théorie et au. calcul des
volants qui ont pour objet la régularisation du mouvement de ces divers
systèmes;
» 6°. Dans une collection très étendue de formules propres à calculer,
avec simplicité et au degré. d’approximation suffisant, les moments d'i-
nertie des diverses parties, matérielles qui entrent dans la constitution
. ordinaire des machines industrielles, formules à défaut desquelles les
théories de la mécanique resteraient long-temps encore sans d’utiles ap-
plications ;
» 7°. Enfin dans la théorie des presses à coin, des balanciers à décou-
per ou àestamper;.etc.
» Sauf quelques autres légers changements ou additions, la rédaction
est restée à peu près telle qu’elle se trouvait dans les précédentes éditions,
à dater de 1826 ou 1827, époque à laquelle nos honorables confrères,
MM. Arago et Ch. Dupin, furent chargés de rendre compte à l’Académie
d’une ‘première lithographie comprenant une partie des matières qui
constituent aujourd’hui les sections 1, 2, 3, 4 et 5. Pour compléter ce
long travail, qui ne formera pas moins de 7 à 8 cents pages in-4° d’im-
pression , il me resterait à rédiger , sur des. bases plus étendues que je ne
Vavais fait en 1826, -mes recherches relatives au frottement des engre-
nages _et- des diverses-pièces-articulées qui entrent dans. la composition
élémentaire des-machines, matières qui doivent former spécialement le
sujet de la 4° section, et auxquelles j'aurais également à ajouter celles
qui concernent le calcul de diverses machines en usage.dans l'artillerie et
le génie, telles que pompes, machines à épuiser et à draguer, machines
soufflantes , scieries, cisailles,. fenderies, laminoirs, etc.
» Malheureusement les fonctions dont je suis actuellement chargé,
me laissent peu l'espoir de pouvoir rédiger prochainement et de soumettre
à la publicité ces dernières parties, qui ont été tour à tour et d’année en
C, R. 1837, 19 Semestre. (T. LV. N°7.) 37
( 216 )
année, le sujet d’une série fort étendue de leçons orales données à
MM. les élèves de l’École d'application de Metz. »
“
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Extrait d'une lettre de M. Caucuy à M! Coriolis.
29 janvier 1837.
« Je prendrai la liberté de vous dire ici quelques mots d’un nou-
veau mémoire d'analyse que je vous adresserai bientôt, et dans lequet
je donne une plus grande extension aux méthodes exposées dans les
précédents. Ainsi étendues, ces méthodes s'appliquent avec un succès
remarquable à presque tous les grands problèmes d’analyse, à la réso-
lution générale des équations, à l’intégration des équations différen-
tielles, à la mécanique céleste, etc... Je vais indiquer ici sommairement
les principes sur lesquels je m’appuie, et quelques-uns des résultats
auxquels ils me conduisent. Dans mes trois mémoires lithographiés à
Turin et à Prague, sur le calcul des indices des fonctions, sur le"calcul
des limites, et sur l'intégration générale des équations différentielles, j'ai
montré comment on pouvait déterminer le nombre des racines qui, dans
une équation algébrique, offrent des modules compris entre des limites
données, j'ai établi des règles sur la convergence des séries qui repré-
sentent les racines des équations algébriques ou transcendantes, ou les
intégrales des équations différentielles, et j’ai fait voir comment on peut
assigner des limites supérieures aux restes de ces séries. Or, pour établir
ces règles et déterminer ces limites de la manière la plus générale, il suffit
de recourir à une proposition démontrée dans l’un de ces mémoires, et
dont voici l’énoncé.
» x désignant une variable réelle ou imaginaire, une fonetion y réelle
ou imaginaire de x sera développable en une série convergente ordonnée
suivant les puissances ascendantes de x, tant que le module de x conser-
vera une valeur inférieure à celle pour laquelle la fonction cesse d’être
finie et continue. Pr
» D'après la définition donnée dans mon cours d’analyse, une fonction
d’une variable est continue entre des limites données, lorsque entre ces
limites chaque valeur de la variable produit une valeur unique et finie de
la fonction, et que celle-ci varie par degrés insensibles avec la variable
elle-même. Cela posé, une fonction qui ne devient pas infinie ne cesse
en général d’être continue qu’en devenant muitiple. Ainsi une racine
(237)
d’une équation ne cessera généralement d’être fonction continue d’un
paramètre renfermé dans l'équation, qu’autant que cette équation ac-
querra des racines égales. J’appelle valeurs principales du paramètre,
celles qui donnent des racines communes à l’équation et à sa dérivée. Cela
posé, toute racine est développable suivant les puissances ascendantes du
paraïnètre, tant que le module de celui-ci reste inférieur aux modules
de toutes ses valeurs principales. Au reste, j'avais déjà donné ce dernier
théorème dans un mémoire présenté à l’Académie de Turin, le 10 sep-
tembre 1832. ( Voir l'extrait de ce mémoire, dans la Gazette de Piémont ,
du 22 septembre 1832.)
» De ces principes se déduisent fmmédiatement un grand nombre de
méthodes diverses pour la résolution générale des équations de tous les
degrés. En voici deux exemples.
» 1°. Les racines d’une équation de degré quelconque seront toutes déve-
loppables ou suivant les puissances ascendantes, ou suivant les puissances
descendantes et fractionnaires du dernier terme, si le module de ce terme
est inférieur ou supérieur aux modules de toutes ses valeurs principales.
Dans le cas contraire, l'équation pourra être décomposée en plusieurs
autres, dont les coefficients seront développables suivant les puissances
ascendantes ou descendantes du terme dont il s’agit. D'ailleurs le calcul
des indices fournit le moyen de distinguer ces trois cas, sans résoudre au-
cune équation.
»,2°. Pour résoudre une équation, partagez son premier membre en
deux polynomes d’une manière quelconque, et suppposez l’un de ces
polynomes multiplié par un paramètre que vous réduirez plus tard à
l'unité. Si toutes les valeurs principales du paramètre offrent des modules
inférieurs ou des modules supérieurs à l’unité, toutes les racines seront
développables en séries ordonnées suivant les puissances descendantes
ou ascendantes de ce paramètre. Dans le cas contraire, l'équation pro-
posée pourra être décomposée en plusieurs autres, dont les coefficients
seront développables en séries ordonnées suivant les puissances ascen-
dantes ou descendantes du même paramètre; et pour effectuer cette
décomposition, il suffira de résoudre les équations auxiliaires qu’on
obtient en égalant à zéro chacun des deux polynomes; or, z étant le
degré de l'équation donnée, il est clair qu’on pourra toujours réduire
le degré de chacune des deux équations auxiliaires à un nombre égal ou
_ inférieur à la moitié de 7. Par exemple, on ramènera la résolution d’une
‘ équation du cinquième degré, à celle de deux équations du second, en
31.
( 218 )
supposant les deux polynomes égaux, l’un à la somme des trois premiers
termes, l’autre à la somme des trois derniers, où l’un à la somme de
termes de degrés pair, l’autre à la somme de termes de degré impair.
» On pourra de même réduire, non-seulement la résolution des équa-
tions trinomes à celle des équations binomes, comme Lagrange l'avait
déjà remarqué, mais encore celle des équations quadrinomes à celle des
équations trinomes, et ainsi de suite.
» Dans les intégrales d'équations différentielles entre plusieurs varia-
bles x,Y,2z,.... considérées comme fonction de #, les valeurs princi-
pales des paramètres sont celles qyi rendent infinies les dérivées des
seconds membres des équations différentiés par rapport à x,y, =,....
Ainsi, par exemple, dans la Mécanique céleste , les valeurs principales
des masses, des excentricités, etc.,.... sont celles qui réduisent les
rayons vecteurs à zéro. C'est pour cette raison que, dans le mouvement
elliptique, les développements cessent d’être convergents, dès que l’ex-
centricité « acquiert un module égal ou supérieur à celui de la valeur
imaginaire de £ qui vérifie l'équation
r
I1— 6 COS == = 0;
a
D'ailleurs la détermination des valeurs principales des paramètres fournit
immédiatement des limites supérieures aux restes des développements.
Ainsi, pour obtenir dans la mécanique céleste des limites supérieures
aux restes des développements effectués suivant les puissances ascendantes
des masses perturbatrices, il suffira de chercher les valeurs principales
réelles ou imaginaires de ces masses, c’est-à-dire les valeurs qui seront
propres à réduire les rayons vecteurs à zéro. »
3 février.
« Depuis ma lettre écrite, j'ai reconnu que l'on pouvait simplifier en-
core la résolution générale des équations de tous les degrés, en prenant
pour auxiliaires, non plus des équations de degré moitié moindre, mais
seulement des équations binomes. C’est ce que je vous expliquerai plus
en détail, lorsque j'aurai un moment de loisir. »
céorocie. — Éboulement d'une portion de montagne dans la vallée de
l'Hudson; note communiquée par M. WARDEN-
« Le 5 janvier dernier, une masse énorme d'argile s’est détachée de la
colline nommée Mont - Ida, qui domine la ville de Troy, à la hauteur
(219 )
de 5oo pieds ,:et a parcouru une distance de 800 pieds, couvrant plu-
sieursacres de:terrain , et enlevant dans sa course rapide ,trois maisons et
deux écuries qu’elle porta)à 200 pieds, jusqu’à un ravin situéau coin
des rues Washington et Fourth; l'argile avait une épaisseur de 10 à 40 pieds.
Cinq gros arbres enlevés du sommet de la colline, se trouvent maintenant
à sa base, les uns debout et les autres légèrement inclinés; des torrents
d’eau et de sable accompagneèrent cette masse d’argile dans sa chute avec
un fracas épouvantable; cinq personnes et seize chevaux furentensévelis
sous les décombres des maisons.
» La ville de Troy. s'élève sur la rive ‘orientale de Hudson, à 6 milles
nord. d’Albany; sa population en 1833 était de 11,405 individus. »
PALÉONTOLOGIE. — Mémoire sur les Sphérulites et les Hippurites du dépar-
tement du Gard; par M. le baron d'Homsres-Firmas.
L'auteur donne la description de plusieurs espèces, et entre dans des
détails fort circonstanciés sur les différents points du département du
Gard dans lesquels on a trouvé chacune d'elles.
RAPPORTS.
ENCRES ET PAPIERS DE SURETÉ. — apport fait à l’Académie, d'après la
demande de M. le Ministre des Finances , sur les papiers destinés à
prévenir le lavage des papiers timbrés et la falsification des actes publics
Lou prives.
(Commissaires, MM: Gay-Lussac, Dulong, de la section de Physique; et
tous les membres de la section de Chimie, MM. Deyeux , Thénard,
D’Arcet, Chevreul , Robiquet; Dumas rapporteur.)
«Il y a quelques années, une Commission choisie dans: leseinde
l'Académie s’est occupéeravec une attention fort: sérieuse, de l'examen
des moyens propres à prévenir la falsification des actes publics ‘ou
privés; en même.temps, elle a étudié avec soin les méthodes par les-
_ quelles l'administration: peut :s’opposer au blanchiment du vieux papier
timbré, qui s'exécute, on lessait, sur une grande échelle, ét qui permet de
livrer au commerce ; à bas prix: des papiers: timbrésqu'on fait servir ainsi
plusieurs fois, au grand détriment du fisc:
( 220 )
» Pour s'opposer à la falsification, des actes publics ou privés, cette
Commission avait proposé l'emploi d’une encre indélébile faite en délayant
l'encre de Chine dans de l’eau acidulée par l’acide muriatique.
» Pour empêcher le lavage des vieux papiers timbrés , elle avait conseillé
de recouvrir ces papiers d’une vignette gravée au tour à guillocher, en se
servant, pour son impression, d’une encre délébile, qui aurait pour base
l'encre ordinaire elle-même, convenablement épaissie.
» Ce que la Commission avait admis, une expérience ultérieure est venue
le confirmer. de
» L'écriture tracée sur le papier ordinaire avec son encre indélébile a
non-seulement résisté à tous les efforts de falsification tentés par les per-
sonnes intéressées à faire prévaloir d’autres moyens de sûreté, mais de
plus elle n’a fait subir aucune altération appréciable aux papiers sur les-
quels elle est déposée depuis six ans.
» Les vignettes délébiles imprimées sur le papier ordinaire se sont par-
faitement effacées sous les influences capables de détruire l'écriture ordi-
naire, quand ces vignettes ont été imprimées avec la boue d’encre épaissie,
comme l’Académie l’avait recommandé.
» Le rôle de l’Académie pouvait donc paraître terminé puisqu'il ne res-
tait à vaincre que des difficultés purement techniques ou administratives
qui ne sont pas de son ressort. Cependant, six années se sont écoulées
depuis qu’elle a donné son approbation aux moyens qu’on vient d’indi-
quer, sans que rien autorise à dire que le rapport de la Commission ait
porté ses fruits.
» Ne serait-ce point que Icrsqu’on réclame une garantie contre les faus-
saires, on est disposé à s’exagérer le dommage matériel qu’ils causent à la
société ? Ne serait-ce point que s'il s’agit d'appliquer un remède préventif,
avant d’en accepter l'embarras ou la dépense, on se livre à des calculs plus
froids, et que, rassuré par leurs résultats, on évalue trop bas alors les
avantages qu'on doit espérer des moyens de sûreté qu’on avait sollicités
avec tant d'instance ?
» Sans doute, on peut être rassuré quand on voit que les falsifications
d'écriture sont presque toujours reconnues, si elles portent sur des pa-
piers de commerce ou sur des actes qui intéressent les particuliers; mais
doit-on oublier qu’elles échappent souvent à l'œil de la justice lorsqu'il
est question de pièces administratives, de passeports, ou, en général, de.
papiers qui ne peuvent être soumis qu’à des vérifications rapides ?
» Toutes les craintes s'évanouissent, quand on se rappelle que la juste
( 221 )
terreur qu'inspirent les investigations de la chimie, la menace d'une peine
infamante sont là pour arrêter la main du faussaire; mais ces craintes re-
paraissent plus vives, quand on songe à l’extrême facilité avec laquelle on
peut effacer l’encre ordinaire sur le papier ordinaire, à la facilité avec la-
quelle on se procure les agents chimiques nécessaires à l'exécution des faux;
tentations continuelles auxquelles succombe tôt ou tard une conscience
déjà pervertie.
» Admettons d'ailleurs que tous les faux soient reconnus, que tous les
faussaires soient démasqués, soient punis! La fortune publique, les for-
tunes privées seront garanties; l'application des lois aura son cours ; mais
la morale sera-t-elle satisfaite? Non, sans doute, et il n’en faudrait pas
moins chercher des moyens qui, en rendant les faux impossibles, vinssent
opposer aux faussaires d’insurmontables obstacles, ou qui, en les rendant
très difficiles, vinssent les obliger à ces longs tâtonnements, à ces longs
préparatifs, pendant lesquels une hésitation salutaire descendrait dans leur
âme et les ramèneraità de meilleures pensées ?
» C’est probablement en se laissant guider par des considérations de
cette nature, que M. le Garde-des-Sceaux, venant demander à la science
des armes contre un abus si déplorable des lumières que la science répand
dans la société, plaçait en première ligne, en 1826, la découverte d’un
moyen propre à prévenir la falsification des actes publics ou privés.
» Mais en même temps, il appelait l'attention de l'Académie sur un
fait d’un autre ordre, le blanchiment des vieux papiers timbrés.
» Quelques années se sont écoulées depuis que l’Académie répondant
aux vœux de M. le Ministre de la Justice, lui fit connaître sur ces deux
points, les résultats de son expérience.
» Depuis lors, l'administration: semblait avoir perdu de vue ces graves
intérêts, quand une lettre de M. le Ministre des Finances est venue ré-
cemment montrer qu’elle cherchait à mettre en pratique les conseils de
l'Académie, en ce qui concerne la fabrication du papier timbré.
» Mais M. le Ministre des Finances, convaincu sans doute que l'encre
indélébile dont l’Académie avait publié la recette suffisait pour empêcher
les faux à l’avenir, s’est préoccupé plutôt de la nécessité de protéger les
intérêts du fisc, que du besoin de s'opposer à la falsification des actes
publics ou privés.
» Il consulte donc l’Académie sur les essais tentés par la Direction de
l'enregistrement et des domaines, et il demande si les papiers qu’elle a
fabriqués peuvent empêcher le lavage des vieux papiers timbrés, et
( 222 )
subsidiairement les: faux par altération d'écriture, plaçant ainsi au second
rang lasquestion que M. le.Garde-des-Sceaux mettait au premier.
»: L'Académie comprendra facilement. qu’en donnant à M. le Ministre
de! la Justice les moyens de) prévenir! les faux, et subsidiairement de
s'opposer au lavage des vieux , papiers timbrés, on répond aussi aux
questions que: M. le Ministre des Finances nous adresse.
» En effet, l'opération du lavage des papiers timbrés ne peut se faire
qu’en fabrique, et par, des moyens économiques, car la feuille de papier
timbré à blanchir coûte quelque chose, et une fois blanchie,.elle se
vend. moins,cher que le papier timbré neuf. Un léger obstacle. suffirait
: donc pour faire cesser ce commerce.
»1l n’en est plus ainsi des faux en écriture publique ou privée : ici,
les obstacles les plus grands sont nécessaires, car l'honneur, la fortune
des citoyens, la paix publique elle-même, peuvent être sans cesse me-
nacés. Ici toutes les ressources de. la science et des arts. doivent inter-
venir, car il ne s’agit plus de s'opposer à ces lavages économiques dont
on vient de parler, mais bien de déjouer l’habileté de gens qu’un grand
intérêt excite, et qui ne craignent pas de consacrer beaucoup de temps,
d'argent et d'adresse à l’accomplissement de leurs coupables vues.
» Aussi votre nouvelle Commission, de, même que l'ancienne, a*t-elle
cru convenable de placer au premier rang la question des faux en écriture
et s’est-elle laissée diriger par ce point de vue, dans l'examen des papiers
»
qui lui étaient soumis.
» Elle a pensé qu’elle ne pouvait se renfermer dans les limites indi-
quées par la lettre. de M..le Ministre des Finances, elle a cru qu'un
rapport général était indispensable , et elle s’est, dévouée à un travail
long et minutieux dont nous sommes demeurés plus particulièrement
chargés, M. d’Arcet:et moi.
» Elle s’est doncientourée de toutes les lumières, elle a entendu non-
seulement les -organes officiels de, l'administration, mais aussi tous les
particuliers qui pouvaient l'aider de leur.expérience.
». Ce n’est qu’au moment où éclairés par des discussions approfondies
et répétées, tous les mémbres dela Commission composée de MM. Gay-
Lussac , Dulong et de la section de.Chimie tout fntiène, se sont rangés. à
un commun avis, qu'elle a cru pouvoir soumettre à l’Académie, un rap-
port général sur les questions qui lui, étaient posées , ou que la nature des
choses a dù soulever pendant. le cours de.ses délibérations.et de ses.expé-
riences.
( 223 )
$ I. Examen du papier proposé par l'administration de l'enregistrement et des
; domaines.
» Le papier timbré actuellement en usage porte trois signes distinctifs:
au milieu de la feuille, les armes de France en filigrane’, au sommet et à
gauche un timbre sec et un timbre à l’encre grasse.
» Rien de plus illusoire que ce système de précautions.
» En effet, toute écriture délébile, c’est-à-dire en encre ordinaire,
déposée sur un papier timbré, pourra facilement être effacée en totalité,
sans laisser de traces et sans que les trois timbres que la feuille porte
“éprouvent la moindre altération.
» Mais, si les timbres étaient délébiles, c’est-à-dire s’ils étaient formés
d'une encre identique avec celle qui forme l'écriture, ou plutôt si le
papier timbré était couvert tout entier d’un dessin imprimé avec de l’en-
cre ordinaire, on ne pourrait plus blanchir lécriture sans effacer ce dessin
lui-même, et des-lors le papier timbré perdrait son caractère distinctif: il
n’existerait plus.
» Ainsi, loin de revêtir le papier timbré de timbres inaltérables, il faut
au contraire l’armer de timbres qui soient altérables dans une juste mesure.
» Ainsi, notre papier actuel n’a rien en soi qui puisse prévenir les
lavages et à plus forte raison les faux en écriture. L'administration des
domaines le reconnait, mais elle voudrait combiner le système de précau-
tions que l’ancienne Commission proposait, et l'emploi du papier à la
forme, ce qui a fait naître 1oute la série d’essais qui nous ont été adressés
par M. le Ministre des Finances.
» La Commission avait proposé, en effet, d’épaissir la boue d’encre
ordinaire, et d'imprimer à son aide sur le papier destiné au timbre, un
dessin gravé sur un cylindre en cuivre, au moyen du tour à AU.
cher. Ce papier de sürcté, muni d’un timbre sec officiel, eût offert à
l'État la plus parfaite garantie. Les lavages auraient cessé À l'instant.
» Mais l'administration du timbre, qui a constamment employé le
papier fait feuille à feuille, à la main, celui qu’on nomme le papier à la
Jorme , Yadministration du timbre a pu hésiter, en voyant que le système
d'impression indiqué par l’Académie entraïnait l'emploi du papier fait
à la machine, du papier continu; elle s’est fortement préoccupée d'une
innovation qui lui a paru grave; elle s'est demandé si, sans renoncer
au papier à la forme, elle ne pourrait point appliquer le système pro-
posé par l’Académie.
CR. 1837, 16r Semestre. (T- IV. N°7) 32
(224)
» Elle a donc cherché un moyen d'impression applicable au papier en
feuille, et après avoir éliminé l'impression en taille-douce, l’impres-
sion lithographique, comme étant des moÿens trop coûteux, elle s’est
arrêtée à l'emploi des procédés de l'impression ordinaire,.de la typo-
graphie.
» Ainsi, tandis que la Commission, en conseillant l'emploi d’une vi-
gnette gravée en creux sur un cylindre de cuivre, se trouvait amenée à
conseiller l'emploi du papier continu, l'administration , en cherchant à
conserver son papier habituel, fait à la forme, feuille à feuille, s’est
trouvée conduite, à son tour, à faire usage d’un dessin gravé en relief
et tiré à la presse typographique.
» Ce qui avait décidé la Commission dans son choix, c’est que l’on est
certain, d’après ce qui se passe dans l’inaustrie, qu’une encre aqueuse
peut s’imprimer fort économiquement sur du papier continu, au moyen
des cylindres.
» L'administration a pensé qu’elle pourrait combiner l'emploi des pro-
cédés typographiques avec l’économie du tirage; mais en renonçant au
papier continu, elle a dû modifier l'encre proposée par l’Académie.
» En effet, quand on essaie avec des caractères en relief, de tirer des
épreuves à l’aide d’une encre aqueuse, on obtient des résultats si dé-
fectueux, qu’on trouve bientôt nécessaire de modifier cette encre. Comme
on sait, l’imprimeur typographe fait usage d'une encre grasse, et tout
naturellement, l'administration a cherché dans l'introduction d’un corps
gras, ou d’un vernis, un remède aux difficultés qui l’arrétaient.
» Mais comme l'encre ordinaire broyée avec un vernis ou un corps
gras, résisterait trop à l’action du chlore, et en général à celle des agents
qui l’altèrent quand elle est pure, il a fallu corriger ce défaut, et l’on y
est parvenu à l’aide d’une forte addition de craie.
» Ainsi, l'encre de l'administration s’est trouvée composée, en défini-
tive, de craie, de boue d’encre et de vernis; c’est ce que nous appellerons
l'encre délébile au vernis.
» Le chlore et les acides agissent sur elle comme sur l’encre ordi-
naire; ils l'effacent en même temps qu'ils effacent une écriture super
posée; et, à cet égard, les nombreux tâtonnements auxquels l’adminis-
tration s'était livrée, avaient bien résolu la question, et avaient bien
fourni une encre d’une délébilité égale à celle de l'encre commune.
» Mais dès le premier examen des échantillons qui nous ont été
adressés par M. le Ministre des Finances, et qui sont revétus d’une vi-
(225 )
gnette imprimée typographiquement avec l’encre délébile au vernis, trois
objections très graves se sont présentées contre l'emploi de cette encre
ou du moyen d'impression qui l’a rendue nécessaire.
» Relativement au procédé d'impression, on sait que lorsqu'on imprime
au moyen de caractères en relief, le papier se trouve foulé, de telle
manière que si les caractères n'étaient pas recouverts d’encre, leur con-
figuration n’en serait pas moins retracée sur le papier; seulement, elle
y serait retracée en creux, et sur tous les points refoulés le papier serait
devenu plus dense et plus lisse.
» Il était évident que ce foulage résisterait à tous les agents qui effacent
l'encre ordinaire ou l'encre délébile au vernis, et qu’il pourrait suffire
pour guider la main du faussaire qui essaierait de rétablir la vignette
effacée.
» En effet, l’Académie pourra se convaincre, en examinant les échan-
tillons que nous mettons sous ses yeux, qu'après avoir enlevé avec le
plus grand soin tout vestige d’encre de la vignette, au moyen du chlore,
des acides et de l’alcool, le foulage suffit parfaitement pour que les
moindres linéaments du dessin demeurent visibles. Une main exercée
leur rendrait leur nuance primitive, en suivant chaque trace à la plume,
et son travail serait singulièrement facilité par la nature même du dessin,
circonstance sur laquelle nous reviendrons plus loin.
» Ilest vrai que ce travail serait long et par conséquent trop cher
pour être en rien applicable au commerce frauduleux des papiers tim-
brés reblanchis, mais la présence d’un vernis qui entre dans la com-
position de l’encre de l’administration viendrait au besoin lever cette
‘difficulté.
» On remarquera d’abord que pour observer l'effet du foulage, nous
avons traité le papierpar le chlore et les acides pour enlever l'encre et la
craie, puis par l'alcool pour enlever levernis. Mais ce traitement par l'alcool
serait inutile au faussaire , et il se garderait d'y recourir. Dés-lors, après
avoir détruit l’encre de la vignette, il en retrouverait chaque trait, soit par
le foulage, soit par la trace jaune produite par le vernis , soit par la trans-
parence que ce vernis communique au papier.
» Toutes ces circonstances expliqueront à l’Académie pourquoi il nous a
été très facile, après avoir. écrit sur le papier qui nous était soumis par
M:le Ministre des Finances, d'effacer l’écriture en entier, et de faire'en-
suite rétablir la vignette en totalité ou en partie. En donnant de sem-
blables feuilles couvertes d'écriture ordinaire à des personnes exercées et
32. à
( 226 )
d'une main habile, elles ont effacé les mots que nous leur avions indiqués ;
elles ont rétabli et raccordé les portions de vignette que le lavage avait dé:
truites, et les dessins nous sont revenus dans un état tel, que le mot effacé
pouvait étre remplacé par tout autre mot; c’est, du reste, ce dont l’Aca-
démie pourra juger elle-même, en examinant les éclntiilne mis sous ses
yeux.
» Ainsi, tant par l'effet du foulage que par suite de la présence d’un
vernis jaunâtre dans son encre délébile, l’administration du timbre ne
s’opposerait en rien, pour ainsi dire, aux faux partiels. Leur exécution
exigerait sans doute un peu plus de temps, un peu plus d'adresse, et néan-
moins la Commission est portée à croire que l'adoption d’un tel papier
diminuerait peu le nombre des faux.
» Quel inconvénient immense d’ailleurs que celui qui résulterait de la
vente par l'État, avec un caractère officiel, d’un papier de sûreté qui n’of-
frirait qu’une garantie illusoire. Combien de faussaires qui seraient séduits
parla pensée que leur crime demeurerait d'autant mieux caché, d'autant
plus impuni, qu’au seul aspect de ce papier de sûreté sur lequel se serait
exercé leur coupable industrie, les intéressés d’abord, puis, au besoin, les
juges, les jurés repousseraient tout soupçon de faux.
» Mais, si le papier soumis à notre examen n'offre pas ces garanties, que
tout honnête homme voudrait voir réunies dans les papiers qui doivent
devenir les dépositaires de l'honneur et de l'intérêt de famille, il restait à
s'assurer si du moins il pouvait satisfaire au premier vœu de Padministra-
tion du timbre, et mettre les intérêts du fisc'à l'abri.
» Une feuille Me papier timbré qui a servi et qu’on achète pour k laver
et pour la revendre ensuite, ne doit recevoir qu’une main-d'œuvre de
quelques centimes, pour que ce travail soit profitable. Dès-lors, la moindre
vignetté délébile suffit pour empêcher ce trafic, si la vignette doit être
reproduite à la main après le lavage.
» Mais serait-il nécessaire de reproduire cette vignette à la main en ce
qui concerne le papier proposé par l'administration ? Non, sans doute.
» Si les progrès de la chimie multiplientles difficultés à chaque pas, lors-
qu’on cherche des moyens de süreté contre la falsification des écritures,
les progrès des arts d'imitation, de leur côté, soulèvent une foule d’obs-
tacles contre lesquels la plupart des procédés viennent échouer.
» Ainsi, par cela seul que l’encre de l'administration renferme un ver-
nis, la Commission pense qu’on peut contre-épreuver sa vignette sur une
pierre lithographique, et reproduire par conséquent à l'infini cette même
(227)
vignette sur des feuilles de vieux papier timbré blanchi; résultat qu’elle a
obtenu, du reste, par un moyen moins direct dontil sera question plus
tard, Le blanchiment du vieux papier timbré coûterait alors, par feuilie,
environ 3 ou 4 centimes de plus qu'aujourd'hui, ét c’est là tout ce que
l'administration aurait gagné à changer son système de fabrication.
» Autant vaudrait qu’elle conservât ses anciens usages. Qu'importe
d’ailleurs qu’on vienne nous dire qu’une loi réclamée par l'intérêt com-
mun rangerait à l'avenir de telles manutentions au rang des crimes,
chacun répondra comme nous, que s’il suffisait d’une loi pour les empé-
cher, il faudrait se borner à déclarer criminel le blanchiment des vieux
papiers timbrés actuel.
» Après avoir rejeté le procédé d'impression, à cause du foulage qu'il
occasione, et l'encre à cause du vernis qu’elle contient, il restait à
étudier le dessin choisi par l'administration du timbre, non point comme
œuvre d'art, mais sous le rapport des obstacles que sa nature lui permet
d’opposer aux faussaires ou aux blanchisseurs de papiers timbrés.
» Ce dessin a été obtenu par une méthode assez compliquée, mais qui
. a pour point de départ l'application de l'ingénieux procédé à l’aide du-
quel M. Colas a gravé les planches du Trésor de numismatique. On sait que
ce genre de gravure s'obtient à l'aide d’une machine qui trace sur le
cuivre des lignes parallèles qui s’écartent entre elles dans les endroits
éclairés, qui se rapprochent pour former les ombres, mais qui se conti-
auent sans interruption d’un bout de la planche à l’autre.
» L'administration a voulu placer au milieu de la feuille de papier une
figure de la Justice, assise, ayant environ neuf centimètres de base et de
hauteur. Cette figure aurait été entourée d’une vignette quelconque.
» Pour obtenir la figure, on a pris pour type la planche en bronze sur
laquelle M. Galie à ciselé en relief le modèle de la Justice assise qui
occupe le centre du timbre sec ordinaire : à son aide, les procédés de
M. Colas en ont fourni une représentatian en creux sur une planche en
cuivre.
» On attiré des épreuves de cette planche, on les a reportées sur bois,
et par l'emploi des procédés ordinaires de la gravure sur bois, on a ob-
tenu une figure semblable à la précédente, mais en relief.
» La planche en bois obtenue a fourni à son tour au moyen du poly-
:typage une matrice en creux, qui a donné les planches en relief néces-
-saires au tirage typographique.
» Dès que gravure’ en bois est obtenue, elle reproduit : des
( 228 )
planches typographiques aussi nombreuses que l’on veut, et en quelque
sorte identiques avec le modèle. Mais la gravure en bois reproduit-elle
fidèlement le cuivre fourni par la machine de M. Colas? Cela ne saurait
être. Du moins, dans les essais mis sous nos yeux, ne reconnaissons-nous
plus cette finesse, cette pureté, qui distinguent tous les produits sortis
des ateliers de M. Colas: bien plus, les différents clichés ne sont certai-
nement pas identiques entre eux. Ainsi, quoiqu’on puisse attendre, sous
le rapport de l’art, de meilleurs résultats des efforts de nos habiles gra-
veurs en relief, le système de gravure adopté par l'administration offre
un immense inconvénient, car après le travail pur et régulier d’une
machine, vient une contre-épreuve sur bois, puis la gravure sur ce même
bois, puis le polytypage, transformations après lesquelles l'original se
trouve converti en une copie sans caractère. L'œuvre première yatoujours
en se détériorant.
»- Ainsi, par cela seul qu’on a voulu conserver le papier à la forme, on
a eu recours au tirage typographique qui en a paru la conséquence, et
dès-lors obligé de se plier à de telles exigences, le procédé dont M. Colas
a récemment enrichi les arts, a perdu tout son mérite.
» Mais laissons de côté les altérations que la figure qu'il a fournie a
aù subir dans les divers transports auxquels on l’a soumise. Supposons
que la figure de la Justice eùt été tirée immédiatement sur le papier tim-
bré avec le cuivre fourni par M. Colas, et cette figure, quoique plus diff.
cile à reproduire dans ce cas, en raison de sa pureté et de sa finesse,
pourraît être remplacée avec profit par un dessin d’un autre genre.
» En un mot, quand la Commission avait proposé l'emploi d’un cylin-
dre gravé au tour à guillocher, c’est qu’elle pensait que les dessins les
plus difficiles à imiter ne sont pas ceux qui représentent des personnages
et dans lesquels l’absence totale de symétrie rend les comparaisons si
difficiles, si équivoques, mais bien plutôt des dessins très simples produits
par des lignes qui se rencontrent sous des angles déterminés et:qui pro-:
duisent ainsi une multitude de petites figures identiques faciles à comparer
entre elles, parce que l’œil en embrasse à la fois un grand nombre.
» La Commission persiste plus que jamais dans cette opinion, et com-
ment aurait-elle conservé le moïndre doute sur ce point, quand.elleawu
avec quelle facilité, on pouvait reproduire la figure de la Justice sur les
“papiers soumis à son examen ,'après que cette figure en avait été effacée ?
» L'administration du timbre, en cherchant avant tout, à conserver
l'emploi de son papier fait à la forme, s’est done jetée dans une voie qui
( 229 )
lui a fait perdre successivement tous les. bénéfices des divers procédés
qu’elle voulait mettre à profit.
» Le procédé d'impression foule le papier; si on le redresse par un sati-
nage, la nouvelle encre délébile adoptée n’en reproduit pas moins le
dessin après le blanchiment, par le vernis qu’elle laisse : enfin, la typogra-
phie, qui se prête mal au tirage de ces dessins d’une délicatesse infinie
que l’ancienne Commission avait en vue, oblige l'administration à préférer
un dessin moins délicat, qui se laisse reproduire manuellement avec une
déplorable facilité.
» Son procédé ne préviendrait donc pas les faux, et comme l'encre
qu'elle a employée et le dessin dont elle a fait choix, se prétent aux
contre-épreuves sur pierre, il ne préviendrait pas mieux le blanchiment
dés vieux papiers timbrés.
» Votre Commissionayant été ainsi amenée à reprendre l'examen ration-
nel des procédés que l'administration pourrait employer pour atteindre
le double but qui l’occupe, nous allons exposer à l’Académie les résultats
auxquels elle a cru devoir s’arrêter.
$ 2. Lavage du papier timbre.
» On l’a déjà dit, rien de plus aisé que de faire cesser le lavage du pa-
pier timbré, tel-qu’il se pratique à présent; la moindre vignette délébile
suffit pour cela.
» Mais la difficulté n’est point là; car si la vignette adoptée peut se
transporter sur pierre, on la rétablira sans peñte sur le papier blanchi, et
les lavages recomeénceront.
» Dira-t-on que la lithographie tire ses épreuves avec une encre grasse
qui serait indélébile, et que la fraude se décelerait à l'instant? A cela,
l'encre délébile au vernis, que l'administration vient d'essayer, fournit une
réponse sans réplique, car elle est grasse et délébile. On ne peut douter
qu’elle soit propre au tirage sur pierre.
» Ainsi, et par cela même que la typographie et Ja lithographie em-
ploient la même nature d’encre, on peut dire que toute impression ob-
tenue par la typographie deviendrait, entre les mains du lithographe, un
type susceptible de se multiplier à l'infini et à fort bon marché.
..» Nous avons insisté précédemment sur la facilité que la nature grasse
de l’encre fournirait à celui qui se proposerait d’oblenir sur pierre une
contre-épreuve de la vignette des nouveaux papiers timbrés proposés par
Padministration de l’enregistrement et des domaines. Mais nous devons
( 230 )
aller plus loin, et déclarer que cette vignette, füt-elie obtenue au moyen
d’une encre aqueuse, n’en serait pas moins propre à donner une contre-
épreuve fidèle. Quoi de plus aisé, en effet, que d’en surcharger chaque
trait à ni plume au moyen d’une encre grasse convenable : à la contre-
épreuve. :
» Pour le démontrer, il a suffi à la Commission de confier une des
épreuves de la vignette à un lithographe exercé, pour qu'il essayât d'en
surcharger quelques parties et de les rendre ‘ainsi propres à la contre-
épreuve. Nous mettons les résultats de cet essai sous les yeux de l’Acadé-
mie, qui pensera comme nous et comme l'artiste qui a bien voulu nous
prêter son concours, qu'il serait facile de reproduire ainsi la figure tout
entière avec du temps et quelque dépense.
» On objecte, il est vrai, qu'après avoir blanchi le vieux papier timbré,
il faudrait y imprimer non-seulement la même vignette, mais qu'il fau-
drait l’imprimér en entre délébile et la raccorder exactement avec le
timbre sec.
» À cela, on répond que l’encre délébile au vernis, employée parle
typographe, convient également au lithographe, et que le raccord du
timbre sec avec la vignette nouvellement imprimée se ferait sinon très
exactement, du moins assez bien pour laisser du doute, quand il s'agirait
surtout d’un timbre sec dont le lavage aurait déformé les-contours.
» Ainsi, pour prévenir véritablement le lavage des vieux papiers timbrés,
non pas tel qu'il se pratique aujourd'hui, mais tel qu’il se pratiquerait
demain , si l’on se contentait de le rendre plus difficile, il faut réunir les
conditions suivantes :
» 1°. Le papier doit être revêtu d’un dessin obtenu par une ‘encre
aqueuse, incapable de fournir une contre-épreuve directes
» 2°. Le dessin doit être d’une telle délicatesse qu'il soit impossible à la
main la plus habile d’en surcharger les linéaments au moyen d’une encre
grasse; |
» 3°. Ce dessin doit être changé tous les ans, afin de prévenir toute ten-
tative d'imitation par des moyens semblables à ceux qui auraient été em-
ployés pour l'obtenir.
» Jusqu'ici, les procédés typographiques n’ont rien produit qui per-
mette de croire qu’on puisse en tirer parti en satisfaisant à ces conditions.
Le plus simple serait donc d’en revenir à l'emploi du papier continu, du
cylindre gravé en creux et de l'encre épaissie, déjà proposés par l’Académie.
Mais en se voyant ramenée inévitablement sur ce terrain , la Commission
( 237)
a compris qu’elle ne pouvait plus se borner à de simples conseils, mais
qu’elle devait démontrer par des faits incontestables, toute l'efficacité de
ses propositions.
» Elle s’est assurée que l'encre ordinaire épaissie avec du plâtre de mou-
leurs, fournit une matière parfaitement propre au tirage des cylindres.
» Elle a l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, le résultat
des essais qu’elle a faits avec cette encre, au moyen d’un cylindre qui sert
à imprimer le papier-coutil.
» La Commission a été plus loin et voulant faire disparaître, autant
qu’il est en elle, les difficultés qui préoccupent l'administration du timbre,
elle a cherché s’il ne serait pas possible de conserver les avantages d’une
encre aqueuse sans recourir à l'emploi du papier continu.
‘» Elle a pensé que la machine d'impression connue sous le nom de ma-
chine à planches plates, méritait d’être essayée sous ce rapport. En effet,
la Commission a fait tirer, par une machine de ce genre, au moyen de
l'encre ordinaire épaissie, des épreuves du dessin le plus délicat qu’elle ait
pu se procurer, et elles sont très bien venues.
» L'administration pourrait donc, sile prix du tirage n’était pas un ob-
stacle, ce que nous ne saurions discuter ici, en adoptant l’emploi d’une
sembiable machine substituer une planche gravée au cylindre, remplacer
le papier continu par des feuilles collées bout à bout, et conserver néan-
moins l'encre ordinaire convenablement épaissie sans aucun intermé-
diaire gras ou résineux, sans emploi de vernis.
» La Commission s’est enfin demandé s’il ne serait pas possible de
tirer des procédés typographiques un parti plus convenable qu’on ne l’a
fait, dans le but dont il s’agit.
» Elle n’a trouvé qu’un seul moyen qui permette d’obtenir par la ty-
pographie une vignette capable d’empècher le lavage des vieux papiers
timbrés. Ce moyentconsistelà tirer la vignette au moyen de deux encres,
l’une délébile, l’autre indélébile.
» Supposons, par exemple, que la vignette présente sur un fond de
dentelle, une centaine de petits cercles’ semés çà et là sur toute sa
surface; supposons que chaque petit cercle soit formé d’une demi-circon-
férence délébile et d’une demi-circonférence indélébile; ces précautions
prises , le lavage du vieux papier timbré serait certainement évité.
» En effet, ce lavage ayant enlevé les portions délébiles de chaque cer-
cle, comment les rétablir? à la main, ce serait trop cher ! par impression ?
c'est impossible! car la coïncidence de la demi-circonférence conservée
C, R. 1835, 197 Semestre, (T. IV. N° 7.) 33
( 232 )
par le papier et de celle qu’on voudrait ajouter ne peut s’obtenir par au-
cun moyen.
» Dans ce système, il importerait peu que l'encre délébile fût grasse ou
aqueuse: car le procédé de la contre-épreuve n’y serait plus applicable.
» Pour faire un commerce frauduleux d’un tel papier, il faudrait en faire
une fabrique et imiter en tout les procédés qu’aurait adopté l’adminis-
tration, ce qui ne saurait se faire sans un concours de volontés, sans-une
sorte de publicité, qui rend de telles fraudes impossibles. D’ailleurs, qui
voudrait courir la chance de dépenses aussi fortes que celles qu'il fau-
drait faire pour cela, quand la vente du produit est entourée de tant de
difficultés, quand la loi menace d’une peine si sévère!
» La Commission s’est adressée à MM. Didot, pour obtenir de leur com-
plaisance quelques essais, et de leur expérience une opinion sur la valeur
de ce procédé. Ces Messieurs n'hésitent pas à regarder comme vaine toute
tentative de réimpression sur des feuilles de papier de ce genre qui au-
raient été blanchies. Ils regardent comme très praticable d'imprimer par
un seul tirage à deux encres une vignette analogue à celle que nous
avons indiquée plus haut.
» Ils ont bien voulu faire avec nous quelques essais où nous avons em-
ployé d’une part, l’encre délébile au vernis, et de l’autre une encre indé-
lébile préparée en pâlissant l'encre typographique ordinaire au moyen
d’une forte addition de sulfate de baryte. Nous mettons sous les yeux de
l'Académie les résultats de ce tirage, qui, malgré les imperfections inévi-
tables dans un premier essai, nous a laissé la conviction que ce moyen
pourrait être mis en pratique, avec exactitude et économie, si l’on pos-
sédait les machines à imprimer qu’il exigerait.
» Mais d’après ce que nous avons vu chez MM. Didot, et d’après ce que
nous connaissons des procédés. typographiques, nous devons ajouter
que la véritable efficacité de ce procédé se borne à prévenir-le lavage du
vieux papier timbré. S'il s'agissait de prévenir les faux, il ne pourrait
l'emporter sur celui que l'administration du timbre propose, que par un
meilleur choix de la vignette; et comme un dessin tiré typographiquement
peut toujours être reproduit à la main, ce papier offrirait quelques ob-
stacles au faussaire, sans lui en offrir d’insurmontables.
» Si l'administration du timbre, renonçant au papier à la forme,
adoptait l'emploi du papier continu, elle trouverait, au contraire, dans
les procédés du tirage au cylindre, le moyen d'obtenir un papier éga-
( 233 )
lement propre à prévenir le lavage des vieux papiers timbrés et les faux
en écriture publique ou privée.
» La Commission ne reculerait pas devant la discussion du mérite res-
pectif de ces deux sortes de papier. Si on le jugeait nécessaire, elle se
livrerait aux expériences qui peuvent permettre d’en caractériser les qua-
lités. Pour le moment, elle doit se borner à dire, qu’en conseillant l’em-
ploi de procédés qui ne seraient parfaits qu’autant qu’on adopterait le
papier continu, elle fait assez voir qu’elle regarde ce papier comme sus-
ceptible d'offrir à l'administration toutes les garanties qu’elle a le droit
d'exiger.
» Jusqu'ici, nous n’avons pas" parlé d’une circonstance qui se présente
assez souvent dans les diverses applications du papier timbré. Ce papier doit
être propre à recevoir des impressions par les procédés typographiques
ordinaires, car il y a beaucoup d’actes qui, se répétant souvent et devant
être faits sur papier timbré, sont imprimés d’avance sur ce papier, sauf
quelques blancs qu’on remplit à la main.
» Le papier timbré doit donc avoir la propriété de résister au mouillage
que le typographe fait subir à son papier avant d’en faire usage. La Com-
mission n’a pu se dispenser de soumettre les papiers dont elle recommande
l'emploi, à ce genre d'épreuves, et elle en met le résultat sous les yeux de
l’Académie. Ils n’ont présenté aucune difficulté ; les vignettes sont demeu-
rées nettes, et l’impression est bien venue.
» On peut donc prévenir le lavage du vieux papier timbré par les moyens
suivants :
» 1°. En imprimant au moyen du cylindre, sur papier continu, avec
l'encre ordinaire épaissie par le plâtre des dessins d’une extrême finesse.
» 2°, En imprimant à la planche plate, sur papier continu ou sur papier
à la forme, avec l’encre ordinaire épaissie au moyen du plâtre, des figures
d’une extrême finesse, obtenues par un procédé mécanique.
» 3°, En imprimant sur le papier à la forme et par les procédés typogra-
phiques, de petites figures composées de deux parties, l’une délébile,
l’autre indélébile. Comme encre indélébile, on pourrait se servir de l’en-
cre typographique habituelle, pâlie au moyen de sulfate de baryte, et
comme encre délébile on pourrait, sans inconvénient, faire usage du mé-
lange de boue de chapeliers, de craie et de vernis.
» Mais, comme parmi ces procédés, les deux premiers conviendraient
seuls, s'il s'agissait de s'opposer en même temps à la falsification des
écritures, nous ne devons présenter le troisième qu’en faisant ioutes
33.
( 234 )
nos réserves. Nous en parlons ici: plutôt pour mettre bien à nu le côté
faible des procédés typographiques, que pour; en conseiller emploi à
administration du timbre.
$ 3. Des faux en écriture privée ou publique.
» Nous l’avons déjà dit, la Commission regarde comme inséparables la
question du lavage des papiers timbrés , et la question des faux en écriture
publique ou privée.
» Parmi ces faux, le plus difficile à faire, le plus facile à prévenir, c’est
le faux partiel; c’est celui dont nous allons d’abord nous occuper.
» Pour commettre un faux partiel sur des papiers recouverts d’une vi-
gnette délébile, il faudrait que cette vignette püût être réservée ou repro-
duite. Ces deux opérations exigent l'emploi d’un travail manuel, et il est
certain qu’on peut le rendre impraticable même pour la main la plus
habile.
» Il faut, comme nous l’avons déjà dit, renoncer, dans la composition
de la vignette, aux figures irrégulières, aux personnages, aux ornements,
pour s’en tenir à des figures géométriques, répétées d’une manière con-
tinue, et obtenues à l’aide de moyens mécaniques qui garantissent leur
identité.
» La Commission avait conseillé, dans, son ancien rapport, de se servir
des dessins obtenus au moyen du tour à guillocher. Ces dessins suffisaient
certainement, mais on peut faire mieux. On peut obtenir des figures. plus
régulières, d’une identité bien plus absolue et de forme plus arrêtée, à
l’aide de la molette, genre de gravure dans lequel , après avoir préparé une
figure-type d’une perfection extrême, on peut, loin de l’altérer dans les
divers transports qu’on lui fait subir, la rectifier encore et la perfectionner
d’une manière, pour ainsi dire, indéfinie.
» La Commission a vu avec le plus vif intérêt les dessins de ce genre, qui
ont été mis sous ses yeux par un de nos plus habiles mécaniciens,
M. Émile Grimpé.
» Ce sont des mille-mailles composés de petits hexagones qui, vus à
la loupe, présentent des figures géométriques très petites , identiques, et
que les personnes les plus habiles, malgré nos instances, n’ont voulu
tenter ni de reproduire ni de surcharger à la main. M. Grimpé peut va-
rier ses dessins; il peut produire, par les procédés qu'il met en œuvre,
des étoiles et modifier le nombre de leurs rayons; il peut tracer des'spi-
( 235 )
rales , etc., et donner ainsi au timbre le moyen de changer ses dessins à
volonté.
» Il existe d’ailleurs une différence essentielle entre les propositions de
M. Émile Grimpé et celle de votre ancienne Commission. En effet, tandis
que votre Commission, qui n'avait en vue que le lavage des vieux papiers
timbrés, indiquait pour s'y opposer l'impression d’une bande délébile
de 4 centimètres au milieu de la feuille, M. Emile Grimpé, qui cherche
à prévenir toute falsification d'écriture, propose d'imprimer ses vi-
gnettes sur toute l'étendue de la feuille de papier timbré.
» Votre Commission, bien convaincue que les dessins de M. Émile
Grimpé étaient parfaitement propres à remplir ses vues, a mis un grand
intérét à s’assurer que ces dessins pouvaient se tirer au moyen d’une encre
délébile. Avec le concours de cet habile artiste, elle a donc fait les essais
suivants.
» Ges dessins sont gravés en creux sur un cylindre; nous en avons tiré
des épreuves en l’encrant à la main avec l’encre délébile au vernis :.elles
sont venues sans difficulté.
» Nous avons voulu aller plus loin et tirer aussi des épreuves au moyen
d’une encre aqueuse ; mais , quand on essaie d’encrer le cylindre à la main
et de tirer lépreuve ensuite, l'encre se dessèche trop promptement, et le
papier ne s’en charge pas. Quand on veut employer une encre aqueuse, il
faut que l’encrage et le tirage se suivent si rapidement, que l’encre n'ait
pu rien perdre de sa fluidité lorsqu'on donne la pression qui doit la fixer
sur le papier. En un mot, il faut non-seulement le cylindre mis à notre
disposition par M. Émile Grimpé > Mais aussi la machine à imprimer dont
il ferait partie.
» M. Grimpé ne possède point la machine à imprimer qui nous était
nécessaire; mais nous avons trouvé par son intermédiaire chez M. Gode-
froy, manufacturier à Surênes, uue machine employée à imprimer en
étoffe, et propre à remplir, jusqu'à un certain point, nos vues. M. Gode-
froy a bien voulu la mettre à notre disposition.
» Le cylindre gravé par M. Grimpé étant ajusté sur la machine. nous
avons imprimé quelques rouleaux de papier continu, qui a fourni des
épreuves aussi nettes qu’on pouvait l'espérer d’une machine qui n'était
pas destinée à l’impression du papier.
» Nous avons substitué au papier continu de longs rouleaux de papier,
faits en collant hout à bout des feuilles de papier à la main, et nous nous
( 236 )
sommes convaincus que le tirage en était également possible avec d’assez
bons résultats.
» L’encre dont nous avons fait usage était formée de plâtre de mouleurs
et d'encre double de la petite vertu, long-temps broyés ensemble. Les per-
sonnes chargées du tirage l’ont regardée comme d’un très bon emploi.
» Si l’on peut faire quelques reproches aux échantillons que nous met-
tons sous les yeux de l’Académie, ils tiennent donc à la nécessité où nous
nous sommes trouvés de tirer des épreuves sur papier avec une machine où
iout était arrangé pour un tirage sur étoffe. Il n’a pas dépendu de nous
d'éviter cet inconvénient, quelque léger qu'il soit.
» La Commission conseillerait, si l’on voulait adopter des dessins du
genre de ceux qui lui ont été présentés par M. Grimpé, d’en rendre le trait
excessivement délié et un peu profond. On pourrait ainsi se servir d’une
encre plus foncée et plus identique avec l'encre ordinaire; on aurait moins
besoin de l’épaissir avec du plâtre; enfin on accroitrait la difficulté de
limitation manuelle.
» Bien entendu qu'après l'impression, on écraserait le relief du trait par
un lissage ou un cylindrage modéré, afin d'éviter que la matière de l’encre
en pénétrant dans le papier y produisit un gaufrage en creux.
» La Commission persiste donc à dire qu’en imprimant sur papier con-
tinu une vignette délébile, au moyen d’une encre aqueuse et d’un cylindre
portant des figures très petites, régulières et identiques, on obtiendrait
un papier de sûreté très propre à prévenir les faux partiels. Mais ne pour-
rait-on pas obtenir aussi des garanties suffisantes contre les faux partiels
par l'emploi des procédés typographiques à deux encres ?
» C’est difficile, sinon impossible, quoique parmi les procédés dont nous
devons la connaissance à M. Grimpé, il s’en trouve un qui pourrait com-
pléter ce système. En effet, ce qui rend l'emploi de ce procédé illusoire
contre les faux partiels, bien qu'il soit excellent contre les lavages des
vieux papiers timbrés, c’est que les dessins que peut imprimer le typo-
graphe n’ont jamais une telle finesse que la main ne puisse les imiter.
» Mais qu’après l'application de ce dessin à deux encres, le plus délié
possible, on applique sur le papier un gaufrage général, en le forçant à
passer entre deux cylindres cannelés à cannelures très fines, et dés-lors le
faux partiel devient bien plus difficile. En effet, ces cannelures vont à
chaque instant déranger la plume de celui qui voudrait rétablir le dessin
effacé; il ne pourra pénétrer dans les siilons, et son œuvre vue à la loupe
permettra de reconnaître la fraude.
( 237 )
» Nous citons le gaufrage, afin de ne rien omettre qui puisse éclairer
l'administration, car la Commission, après mür examen, croit devoir re-
pousser ce procédé.
» En effet, elle demeure convaincue que le gaufrage diminue beaucoup
la résistance du papier, dans la direction suivie par les sillons qu'il trace.
À la moindre épreuve, cet affaiblissement se fait remarquer. C’est là une
objection grave, surtout quand il s’agit d’un papier destiné à conserver
des actes importants pendant une longue suite d’années, à subir tant d’ac-
cidents de frottement et de transport, à se voir froissé et plié de tant de
manières.
» De plus, le papier ainsi gaufré présente de grandes difficultés à l’écri-
vain. La plume, sautant sans cesse d’une gibbosité du papier à l’autre, ne
conserve pas sa direction franche et l'écriture devient tremblée. On écrit
moins vite, et les caractères tracés manquent de liberté.
: » Ces derniers inconvénients disparaïîtraient si, comme le propose
M. Grimpé, on appliquait le gaufrage après l’écriture pour l’assurer
contre tout essai de falsification en guise de timbre extraordinaire.
» Mais alors, il deviendrait indispensable d'examiner si ce gaufrage ne
peut pas s’effacer par l'emploi de certains agents chimiques qui gonflent
le papier, et par celui de moyens mécaniques qui tendent à dresser sa sur-
face. Or, les papiers gaufrés par M. Grimpé n’ont pu résister à de telles
épreuves ; nous les avons redressés complétement , et tout indice de gau-
frage a disparu.
» Ainsi, nous repoussons ce procédé, car appliqué après l'écriture il ne
sert à rien, et si on l’applique avant il peut modifier la marche de la plume
et jeter de nouvelles incertitudes dans l’art de l'expert en écriture.
» La Commission adopterait volontiers une application de ce gaufrage,
à laquelle ses exigences ont conduit M. Grimpé. Elle lu demandait un
timbre indélébile qui fût raccordé d’une manière exacte avec la vignette
délébile.
» C'est ce que M. Grimpé obtient en imprimant la vignette sur la feuille
au moyen de l'encre délébile, tandis que sur ia marge, dans toute sa hau-
teur, où cette vignette se continue sans interruption, elle s’imprime par
gaufrage ou timbre sec, sans encre.
» Il serait certainement plus court de fabriquer de nouveau du papier
timbré, que d’utiliser des feuilles d’un tel papier reblanchi.
» Une vignette délébile, inimitable à la main et non transportable sur
pierre, voilà donc, en définitive, tout ce qu’il faut pour empécher le
( 238 )
lavage du papier timbré, pour prévenir les faux que nous appelons faux
partiels. Mais ces faux ne sont pas les seuls que lon ait à redouter.
» Nous arrivons, en effet, aux faux les plus faciles à produire, les plus
difficiles par conséquent à prévenir. Ce sont ceux où se bornant à con-
server par des réserves quelques mots d’un écrit, on fait disparaître tous
les autres pour les remplacer; ce sont ceux où l’on ne s’astreint plus à
conserver le papier dans son entier, et où l’on’enlève , par exemple; dans
une feuille de papier timbré, toute la partie supérieure ou moyenne qui
porte les timbres, pour ne conserver que la partie inférieure qui porte
une signature accompagnée de quelques mots que le faussaire veut
utiliser.
» Ce genre de faux ne peut se prévenir qu’en donnant au papier un
caractère indélébile et tellement réparti sur sa surface, qu’à l'aspect de la
moindre parcelle, on puisse y reconnaître le type du papier timbré.
» Tel est le caractère du papier imprimé typographiquement à deux
encres, dont il a été question. En effet, il est impossible d’effacer sur un
tel papier l'écriture en entier, et de détruire le caractère du papier, car
les traits en encre indélébile qu’il porte, résisteront à toutes les épreuves.
» Mais, l’impression à deux encres ne pouvant fournir que des dessins
susceptibles d’une imitation manuelle, elle n’offre aucun avantage, dès
qu'il s’agit d’un faux auquel on peut consacrer du temps et de l'adresse.
» Ainsi, tous les papiers de sûreté indiqués jusqu'ici, sont impuissants
pour prévenir un faux général , tant un faux général est chose redoutable,
dans l’état de nos connaissances chimiques;
» La vignette de l'administration, les vignettes de M. Grimpé , tout cela
n'oppose pas plus de résistance au faux général que le papier blanc ordi-
paire. | É
» Jusqu'ici, de toutes les garanties contre le faux général , la meilleure,
c'est l'emploi de l'encre indélébile, de l’Académie. Avec elle, tous les
papiers sont bons; sans elle , ils sont tous insuffisants, comme on vient de
le dire.
» Nous ne saurions donc trop le répéter, on se mettrait à l'abri des faux
dans toutes les administrations, si l’on adoptait l'emploi de cette encre.
Tous les particuliers se mettraient à l'abri des faux, s'ils voulaient
ladopter.
» Mais la Commission ne se dissimule pas combien ce changement si
léger en apparence, est difficile.en réalité, et elle en trouverait la preuve
au besoin dans l’oubli où sa recette semble tombée, depuis qu’elle a fait
(239 )
son premier rapport, dans k répugnance que les marchands d'encre sems
blent avoir pour cette fabrication , si simple néanmoins.
»Il y a six ans, tout le monde semblait prendre intérêt aux recher-
ches de la Commission ; chacun s’inquiétait de leur résultat. Administra-
teurs, notaires, négociants , tous réclamaient une assurance contre Les
falsifications d'écriture; depuis que la recette de l'encre indélébile est
publiée, personne ne s’en sert. C’est qu'il fallait se créer une habitude
nouvelle, c’est qu'il fallait préparer soi-même ou se procurer une encre
particulière. Soin bien léger sans doute, mais trop lourd pourtant, quand
il ne s’agit que d'un danger très éloigné, très incertain !
» Aussi, tout en préconisant de nouveau l’emploi de l'encre de Chine
acidulée, la Commission se trouve-t-elle amenée à indiquer les moyens
qui permettent de préparer un papier de sûreté aussi capable que pos-
sible de s'opposer à un faux général.
» Ces moyens découlent assez naturellement des principes déja posés,
pour qu'il suffise de les indiquer. Si l’on prend, en effet, un papier
continu muni d’un filigrane très fin, indélébile ; qu'on imprime sur
chacune de ses faces une vignette très délicate, inimitable à la main et
délébile; ce papier se trouvera mis à l’abri du faux général, aussi bien
que du faux partiel.
» En effet, on pourrait effacer l'écriture tout entière, ou bien réser-
vant quelques mots, effacer tous les autres; mais la vignette délébile
disparaîtrait en même temps que l'écriture; et si l’on voulait nier l’adul-
tération de l'acte, le filigrane indélébile dette intact, serait toujours
là pour l'attester.
» Rien n’empécherait de remplacer le filigrane indélébile par une im-
pression à l'encre grasse , faite sur le papier après sa fabrication. C’est ce
que M. Coulier réalise à peu près dans le procédé qu'’ileapplique à la
préparation d’un papier de sûreté propre aux effets de commerce.
» Il imprime sur la gauche un cartouche indélébile, et il répète à
droite ce même cartouche en encre délébile.
» Ce papier ainsi préparé, nous paraît le meilleur de tous ceux qu'on
a proposés jusqu’à présent; mais il ne remplirait pourtant pas tout-à-fait
les vues de la Commission, qui désire que le dessin délébile et le dessin
indélébile soient répartis uniformément sur toute la surface du papier, et
à l'abri des contre-épreuves.
» Malgré sa répugnance pour les papiers de sûreté, la Commission se
trouve donc amenée à faire connaître les moyens qui peuvent en fournir
CR. 1837, 17 Semestre. (T. LV. N° 7.) 34
(240 )
un qui laisserait peu de chose à désirer, car il satisferait aux trois condi-
tions fondamentales qui suivent : ; i
» 1°. Il conserverait l'attestation de sa nature par son filigrane indé-
lébile, tant qu’il existerait comme papier;
» 2°. La vignette délébile disparaïîtrait sous l'influence des agents qui.
attaqueraient Ve et ne s’altéreraient pas plus qu’elle;
» 3°. Cette vignette délébile ne pourrait être rétablie ni manuellement,
n1 par transport.
» Après avoir indiqué la composition d’un papier de sûreté propre, à
accuser toutes les tentatives de faux, la Commission espère.qu’on accor-
dera quelque attention aux considérations suivantes :
» 1°. Ce papier de sûreté, le meilleur de tous, n’empêche pourtant
pas d’anéantir un texte, soit par accident en laissant tomber quelque acide
sur le papier, soit à dessin, quitte à en accuser ensuite le hasard.
» L’encre de sûreté est. ineffacable.
» 2°. Ce papier de sûreté permet des tentatives de faux; il se trouvera
des insensés qui blanchiront l'écriture et la vignette, et qui essaieront
de rétablir cette dernière ; il est vrai que, trahis par leur propre ouvrage,
ils seront découverts et punis.
» Mais l'encre de süreté va plus loin, elle sa aq le crime, car elle
rend toute tentative de fauxillusoire. | :
». Ainsi, le moyen le plus sûr de prévenir les faux de toute espèce, aisés
ou difficiles, c’est en définitive l'emploi d'une encre de sûreté. Il faudrait
la rendre obligatoire pour tous les actes importants ou sujets à de fré-
quentes tentatives de falsification, comme les actes de l’état civil, les
passeports, les pièces de comptabilité qu’on veut rendre invariables, etc.
» Mais comme ce serait aller trop loin que de vouloir étendre cette
obligation aux simples particuliers, et même aux notaires ou avoués, il
demeure utile et convenable de préparer à leur usage un bon papier de
sûreté composé d’après les principes qui ont été posés plus haut.
» D'ailleurs, tant que la vente du papier timbré constituera Fun des
revenus importants de l'État, il y aura nécessité de le garantir du lavage,
et pour sa fabrication en particulier, le papier à vignettes délébiles con-
serverait une utile application, quand même Husage.di de l’encre inaslébile
serait devenu presque universel.
» Si la discussion à laquelle la Commission s’est livrée, a été bien
comprise, chacun peut voir ce qu'il peut faire à l’aide des moyens qui ont
été indiqués et que nous allons rappeler sommairement.
(241)
» Avec l'encre indélébile, on prévient non-seulement toute altération
d’un texte, mais on le rend même ineffaçable (1).
» Avec une vignette délébile, on prévient toutes les modifications par-
tielles, les faux partiels auxquels certains actes sont exposés ; mais on
ne s’oppose ni aux faux généraux ni à la destruction du texte,
» Avec une vignette délébile, combinée à un filigrane indélébile, on
prévient les faux de tout genre partiels ou cure ; mais on ne s'oppose
pas à la destruction du texte.
» Le meilleur papier de sûreté ne vaut dc pas une bonne encre'in-
délébile; mais un bon papier de sûreté peut rendre service aux adminis-
trations et au commerce, nous en sommes convaincus; tellement, qu’on
serait peu surpris de voir la consommation du papier timbré s’accroître,
si aux conditions de légalité qui forcent à s’en servir, se joignaient de
véritables garanties pour celui qui en ferait usage.
» Les principes posés dans ce rapport conduisent donc aux conclusions
suivantes, que nous avons l'honneur de soumettre à l'approbation de
l'Académie :
- «(r) Les personnes qui ont fait quelques études chimiques, et qui savent que l’encre
de Chine est formée de charbon excessivement divisé, comprendront sans explication
particulière les motifs qui ont déterminé l’ancienne Commission dans le choix de cette
encre. Elles se rappelleront, en effet, que le charbon est ‘insoluble et inattaquable par
tous les agents connus à de basses températures , et que le papier serait toujours détruit
avant que le charbon fût atteint lui-même.
» Mais si l’encre de Chine est toujours indélébile en ce qui concerne les agents chi-
miques, il serait possible, à la rigueur, qu’elle fût effacée par desmoyens mécaniques ;
c’est ce.qui aurait lieu si elle ne pénétrait pas dans la pâte même du papier.
» Il y a donc une certaine relation à établir entre l’acide ou l’alcali qui, ajoutés à
l'encre de Chine, ont pour objet de la faire pénétrer dans le papier et le collage du pa-
pier lui-même.
» Plus le papier serait collé, plus il faudrait d'acide muriatique ou de soude pour
déterminer cette pénétration, qui constitue toute la garantie contre les fa!sifications.
Les doses indiquées par la Commission se rapportent aux papiers ordinaires du com-
merce. Pourvdes papiers extraordinaires, des papiers surcollés , il faudrait les aug
menter. “# *
» Si le papier sur lequel on écrit est légèrement humide, l’encre pénètre mieux, et la
garantie qu’elle présente eh est augmentée. Aussi serait-il bon, dans un cas important,
d’humecter très légèrement le papier, d’attendre une ou deux minutes pour laisser à
l'humidité le temps de pénétrer dans toute l'épaisseur de la feuille, puis enfin d’écrire
avec l'encre de Chine récemment délayée dans la liqueur acide.
(Note du Rapporteur.)
34.
(242)
» 1°. En ce qui concerne les papiers préparés pour l'administration de
l'enregistrement et des domaines, et sur lesquels M. le Ministre des Fi:
nances a consulté l’Académie, la Commission pense que ce papier ne peut
- prévenir ni le lavage des vieux papiers timbrés, ni les faux en écritures
publique ou privée;
» 2°. Si l'administration veut conserver l'emploi du tirage typogra-
phique, la Commission ne peut lui indiquer aucun procédé qu permette
de prévenir les falsifications d’écritures; mais elle pense qu'avec une vi-
gnette tirée à deux encres, l’une délébile, l’autre indélébile, on s’oppo-
serait aux lavages des vieux papiers timbrés;
» 3°. Mais si l'administration adoptait le tirage au cylindre ou à la plan-
che plate, elle parviendrait facilement à prévenir toute espèce de faux et
à faire cesser le lavage des vieux papiers timbrés tout-à-la-fois. Il suffirait
de fabriquer un papier muni d’un filigrane très fin, répandu sur toute sa
surface et indélébile. On imprimerait ensuite sur chaque face du papier
une vignette délébile composée de figures géométriques très petites,
parfaitement identiques et manuellement inimitables. Ce papier que la
Commission recommande hautement, répondrait donc aux vœux de l’ad-
ministration et irait au-devant de tous les besoins des particuliers, à cela
près qu'il ne peut s'opposer à la destruction du texte, mais seulement à
toute espèce de falsification;
» 4. Enfin, la Commission rappelle que le meilleur préservatif contre
toutes les ET caton d'écriture, consiste dans l'emploi de l’encre de
Chine acidulée : elle pense que Re eu ferait bien d’en rendre
l'usage obligatoire pour ses employés, dans toutes les occasions où un
texte doit demeurer enitèrement inattaquable.
Encres délébiles, sans matière grasse, convenables pour imprimer au
rouleau, comme on le fait dans les fabriques de papiers peints.
» Encre usuelle, convenablement épaissie par évaporation au bain-marie.
N° 2,
» Encre usuelle, convenablement épaissie avec du sulfate de chaux et broyée très
long-temps avec ce corps.
» Ces encres délébiles ont l'avantage de résister assez bien à l'action
de l’eau pour qu’on puisse humecter les papiers imprimés avec ces encres
(245 )
et les employer au tirage typographique et lithographique, sans altérer
la vignette.
Encres grasses, mais délébiles, pour imprimer les vignettes typographiques
à deux encres.
COMPOSITION DU VERNIS ET DES ENCRES N° À ET N° ©.
Vernis.
Huile de lim:................. 6of
Galipot..................,... 150
» On chauffe ce mélange, et quand il est bien fondu on le passe
dans un linge fin.
Encre au vernis, N° 41
Craie lavée et séchée. .......... 248
Boue d’encre sèche, ...:......,
Outremer. ......s.ssessssssss 2
Vernis. s..sssmsscsvssrecess.e Quantité suffisante.
Encre au vernis, N° 2
Craie lavée et séchée.......,... 248 -
Boue d’encre sèche............. 1,5
Outremer. .....ssssessssssess 1
Vernis. :........ss.ssssesssse quantité suffisante.
Encres indélébiles.
N° 4. Pour écrire avec des plumes d’oie.
» Encre de Chine délayée dans de l’eau acidulée par l’acide hydrochlorique du com-
merce et marquant 1° et demi à l’aréomètre de Baumé.
N° 9. Pour écrire avec des plumes métalliques.
» Encre de Chine délayée dans de l’eau rendue alcaline par la soude caustique et
marquant 1° à l’aréomètre de Baumé.
N° 5. Pour l'impression des filigranes ou vigneltes indélébiles.
» Encre typographique: ordinaire, pâlie avec une quantité convenable de sulfate de
baryte artificiel ou de sulfate de baryte naturel, broyé long-temps à l’eau.
BOTANIQUE. — Rapport sur ün Mémoire relatif à la structure, le dévelop-
pement et les organes générateurs d'une espèce de Marsilea trouvée
par M. Esprir-FAgre, dans les environs d'Agde.
( Commissaires, MM. de Mirbel, Dutrochet, Auguste de Saint-Hilaire rap-
porteur.)
« Dans les marais du midi de la France, croît une petite plante dont les
tiges rampent sur la vase, qui se développe comme les fougères, qui, au
lieu de fleurs, présente des boulettes semblables à de petits pois, et dont
les feuilles rappelleraient celles du trèfle ou de l’oxalide, si elles n’étaient
composées de quatre folioles; c’est le Warsilea quadrifolia. Cette plante
m'avait point échappé aux anciens botanistes : Camerarius l'appelle Lemma
palustris altera, et Gaspar Bauhin Zenticula palustris quadrifolia. Dale-
champ en publia la figure, mais, trompé sans doute par les fleurs de quel-
que plante qu’il avait par mégarde recueillie avec ses échantillons, il
attribua à son Lemma Theophrasti des fleurs blanches et sans saveur. Si
cette erreur de Dalechamp ne prévalut point, on tomba dans une autre,
en considérant comme des fruits les coques ou boulettes que porte la
plante dont il s'agit. Linné lui donna le nom de Marsilea quadrifolia con-
servé par tous les botanistes modernes; maïs il ne jeta aucune lumière
sur son organisation, car suivant lui, les feuilles portent des fleurs mäles,
et les coques sont des péricarpes qui renferment des seménces.
» Il était réservé à un homme qui commença une révolution dans la
science, de soulever une partie du voile qui cachait la vérité. Parmi le
petit nombre d’écrits que publia Bernard de Jussieu, il en est un sur le
Marsilea appelé par lui ZLemma (1740), que l'on doit peut-être citer
comme un modèle, surtout pour la clarté de la rédaction, qualité malheu-
reusement trop rare. Bernard de Jussieu crut voir dans les coques du
Marsilea, une cloison longitudinale membraneuse et ondée d’où partent,
_ selon lui, des cloisons transversales qui diviseraient chaque moitié de la
coque en sept ou huit loges. Chaque loge renfermerait une fleur herma-
phrodite, et par conséquent la coque serait un calice. Les étamines de
ces fleurs sont, dit notre célèbre botaniste, si petites et en si grand nom-
bre, qu'il n’est pas possible de les compter; elles ont la forme d’une perle
allongée attachée au placenta par la pointe, elles s’ouvrent transversa-
lement pour répandre des graines sphériques de poussière jaune. Les pis-
tils, au nombre de sept à huit pour chaque fleur, sont, ajoute-t-il, ovoides,
(245 )
placés sur le même placenta que les étamines et entourés par elles; ce
sont: autant d’embryons de graines enveloppés d’une pellicule transparente
qui va former sur la tête de l'embryon, un stigmate court et obtus. Enfin,
pour mieux fixer dans la mémoire l’image de ces pistils, Bernard de Jus-
sieu les compare à un citron dont l'écorce représenterait la pellicule de
l'embryon, le mamelon, le stigmate et la chair l'embryon lui-même.
» Les idées de Bernard de Jussieu sur le Marsilea furent adoptées avec
éloge par Adanson (1763), et rendues en quelques lignes (1789) dans le
livre immortel du botaniste illustre que nous regrettons tous. M. de Can-
dolle (1805) s’étendit peu sur les caractères du Marsilea , mais il indiqua
cette plante comme constituant, avec le Pilularia et le Salvinia , une fa-
mille naturelle à laquelle, d’après Roth, il donna le nom de Rhizosper-
mées ; mais, il faut le dire, l’auteur de cette famille n’est ni Roth, ni
Batsch qui avait imaginé en 1802 le nom Rhizocarpæ; c'est véritablement
Bernard de Jussieu lui-même, car ce naturaliste avait fait connaître l’or-
ganisation des deux genres Pilularia et Marsilea, comme il avait indiqué
les rapports qu’ilsont entre eux, et il faut enfin reconnaître que c’est là
constituer une famille, bien plus qu'imaginer une dénomination nou-
velle. Brown; aux noms de Jihizocarpæ ou de Rhizospermæ, substitua (1810)
celui de Marsiléacées ; il fit entrer dans la famille le genre Æzolla, et émit
quelques doutes sur la nature des parties prises par Bernard de Jüssieu
pour des pistils et des étamines; maïs il s'en faut pourtant qu'il soit allé
aussi loin que Necker qui avait nié l’existence des étamines,, des pistils et
des graines dans le Marsilea, et n’y avait vu que des corps reproducteurs.
» Paolo Savi crut avoir mis un termes aux incertitudes des botanistes,
en annonçant que les ovules et les anthères , isolés les uns des autres, du
Salvinia natans , ne produisaient jamais de nouvelles plantes, tandis que
si on laissait les premiers dans l’eau avec les anthères, ils acquéraient la
faculté de germer. Bientôt cependant, les naturalistes durent concevoir
de nouveaux doutes; car M. G.-L. Duvernoy et W. Bischoff annoncèrent,
chacun de leur côté, qu'ils avaient vu les ovaires du Salvinia germér sans
le concours des anthères. Les choses ‘en étaient là, lorsque l’un de nos
collègues, M. A. Brongniart, publia dans le Dictionnaire classique (1826),
son article Marsiléacées, dans lequel il forme de cette. famille deux sec-
tions, les Marsiléacées proprement dites, et les Salviniées, qui ont été
adoptées par Lindley (1830), et dont la dernière est devenue une famille
dans le Conspectus regni vegetabilis publié (1855) par M. Martius. Ce-
pendant on ne pensa point en Italie que la question de la fécondation du
(246)
Marsilea fut décidée sans appel. Pietro Savi, frère de Paolo, crut recon-
naître, par de nouvelles expériences publiées en 1830, que MM. Duvernoy
et Bischoff avaient été induits en erreur; il vit que lorsque au printemps
on met dans l’eau des ovules de Salvinia non fécondés, ils s’ouvrent en
trois valves, et émettent une sorte d'expansion herbacée, mais qu’ensuite
ils demeurent stationnaires, tändis que les ovules qui ont été mélés
avec des anthères, ne cessent point de végéter.
» Alors que cette question occupait les savants, un botaniste se formait
loin des livres et des maîtres, par la seule force de son intelligence. Esprit-
Fabre, jardinier-maraïicher à la petite ville d'Agde, élevé dans une école
primaire, plus habitué au patois languedocien qu’à la langue française, ap-
prend à observer en cultivant ses melons. Entrainé vers l’étude des plantes
par un penchant irrésistible, il achète la Flore Française; ce livre, qu'il
necomprenait pas, le jette d’abord dans le découragement ; mais il finit par
triompher de tous les obstacles et devient botaniste.
» Dans le pays qu'il habite, il trouve une petite plante qui excite son at-
tention, un Marsilea qu'on n’avait point encore découvert en France; ille
transporte dans son jardin; il l’étudie pendant trois ans ; sans avoir aucune
connaissance de Bernard de Jussieu, de Paolo Savi, de Duvernoy, de Bis-
choff, de Pietro Savi, il recommence leurs observations et va beaucoup
plus loin qu'eux. Le résultat de ses travaux se trouve consigné- dans un
écritintitulé : Mémoire sur la structure , le développement et les organes gé-
nérateurs d’une espèce de marsilea trouvée dans les environs d’Agde. C'est
sur cet écrit que l’Académie nous a chargés, MM. de Mirbel, Dutrochet et
moi, de lui faire un rapport.
» La plante étudiée par M. Fabre est déjà cultivée au Jardin des Plantes
de Paris, sous le nom de Marsilea Fabri; M. Dunal a également consacré
ce nom, et nous l’admettons ici.
» La tige de cette plante se développe pendant la saison nouvelle et pro-
duit les coques dont nous avons parlé. Cepéndant la sécheresse de l’été ou
le froid de l'hiver font bientôt tomber ses feuilles; la plante meurt ; mais la
nature a déposé dans ses coques, ou plutôt ses involucres, les germes qui
doivent reproduire l'espèce, lorsque la chaleur d’un nouveau printemps
ranimera tous les êtres.
» Alors ces involucres qui adhèrent dans toute leur longueur à un pédon-
cule horizontal, et qui contiennent, avant la déhiscence, de petits corps
globuleux ou elliptiques, s'ouvrent en deux valves. Si l’on détache une de
celles-ci, on reconnait que le pédoncule est articulé, et l'on voit qu’à l’in-
(245)
térieur de l’involucre, la partie du pédoncule supérieure à l'articulation,
a donné naissance dans l'involucre même, à des expansions ramifiées qui
recouvrent l'appareil générateur. Ce sont ces expansions qui, dans le Mar-
: silea quadrifolia , ont été considérées comme des cloisons par Bernard de
Jussieu. Leurs ramifications se subdivisent, et les dernières branches, fort
ténues, vont se perdre dans des espèces de petits épis.
» De l’involucre ouvert sert un cordon mucilagineux qui est courbé en
anneau, et qui porte six à dix épis sessiles, ceux dont nous avons parlé plus
haut. En grandissant, le cordon annulaire entraîne les épis; plus tard, une
de ses extrémités se détache de l’involucre; il se redresse, et devient un
pédoncule à extrémité nue, chargé latéralement d’épis sessiles. Si l’on exa-
mine sa structure interne, on le trouve formé d’un tissu utriculaire extrèé-
mement délicat, très diaphane, gorgé de sucs muqueux, dans les cellules
duquel on découvre au microscope quelques globules sphériques extrême-
ment petits.
» Les épis se composent de deux sortes de corps rangés en spirales et
fort rapprochés, que M. Fabre considère, les uns comme des anthères, les
autres comme des ovules.
» Les ovules, au nombre de dix à quinze dans chaque épi, sont de petits
corps terminés, à une de leurs extrémités, par un étroit mamelon jaune
entouré d’une sorte de calotte proéminente que le mamelon dépasse, La
cavité intérieure de ces corps est remplie d’un liquide dans lequel nagent
de nombreux granules. Le mamelon terminal est toujours tourné vers les
anthères. Celles-ci sont de petits parallélépipèdes formés d’un sac membra-
neux dans lequel se voient des grains de pollen qui , étant écrasés, laissent
échapper des corpuscules d’une ténuité extrême. Quand la fécondation est
opérée, les ovules se détachent, ils tombent au fond de l'eau, et la germi-
nation s'opère.
» Mais, dira-t-on peut-être, quelle preuve a-t-on pour assurer que
les corps nommés ici ovules, sont fécondés par ceux que l’on appelle
anthères. M. Fabre, sans connaître les travaux de Paolo et de Pietro
Savi, a employé les mémes moyens qu'eux pour connaître la vérité.
Il a: isolé des: anthères et des ovules, et les uns «et les autres sont
restés stationnaires, jusqu’au moment de la décomposition. Mais, lors-
qu’il les a laissés réunis dans le même vase, il a vu les anthères se
rompre, et les grains de pollen se porter autour du mamelon des
ovaires : il a vu les ovules se détacher pour gagner le fond de l’eau, et
enfin il a vu naître du mamelon une petite tige qui s’est implantée
CR, 1837, 197 Semestre. (T. IV. No 7.) 35
( 248 )
dans la terre par son extrémité. Bientôt un filet capillaire s’est élevé
de l’origine de la petite tige, filet qui n’est autre chose que le pé-
tiole d’un cotylédon; et successivement ont paru d'autre pétioles ter-
minés par deux, trois et quatre folioles.
» Ce n’est pas dans la saison où nous sommes que nous pouvions
suivre la série de phénomènes signalée par M. Fabre. Cependant nous
pouvons dire que l’un de nous a vu le cordon annulaire et diaphane
qu'a découvert ce botaniste, et qui, par une singularité fort remar-
quable, s'échappe de l’involucre ouvert du Marsilea Fabri. Au reste,
l'exactitude des observations de M. Fabre a pour garant un homme
bien connu par sa sagacité et son esprit philosophique, M. le docteur
Dunal, que l’Académie compte depuis long-temps parmi ses correspon-
dants les plus distingués.
» M. Esprit-Fabre a soumiss es observations à l’habile professeur. Celui-
ci les a vérifiées, les a rédigées, et y a joint quelques considérations
qui lui sont propres.
» Nous ne savons si l’on approuvera la comparaison que M. Dunal
fait de la fécondation des Marsiléacées avec celle de divers animaux
aquatiques; mais il sera difficile de ne point penser, avec lui, que les
Marsiléacées, d’après les observations de M. Fabre, doivent passer parmi
les phanérogames. Déjà, au reste, l’un de nous, dans ses Éléments de
botanique et de physiologie végétale , les avait considérées comme les
cryptogames les plus voisins des phanérogames, et Brown les avait pla-
cées entre les Lycopodiennes et les Graminées.
» Par tout ce qui précède, on voit que M. Fabre est doué de cons-
tance et de sagacité; il n’a à sa disposition ni bibliothèques ni herbiers;
mais les espèces les plus communes, celles qui croissent sous nos pas
fourniraient sans doute encore de beaux sujets d’études, et nous croyons
que l’auteur des Observations sur le Marsileu pourra rendre des ser-
vices à la science, en suivant toutes les phases de la vie de certaines
plantes indigènes, et principalement des espèces aquatiques. Nous pen-
sons que l’Académie doit l'y encourager, et nous proposerons d’admettre
le mémoire qui lui est commun avec M. Dunal, dans le Recueil des
Savans étrangers. »
L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. -
( 249 )
BOTANIQUE ET ÉCONOMIE RURALE. — Rapport verbal sur un ouvrage anglais
de M. Lecoureux, ayant pour titre : Des variétés du froment, de leur
classification, etc; par M. SILvESTRE.
M. Silvestre a fait un rapport favorable sur cet ouvrage. Comme une ana-
lyse du livre de M. Lecouteux a déjà été donnée dans un des précédents
numéros du Compte-rendu, nous nous bornerons à extraire du rapport le
passage suivant, relatif à une omission que l’auteur pourra réparer s’il fait
paraître une nouvelle édition.
« M. Lecouteux donne des détails très circonstanciés sur quatorze varié-
tés principales dont il décrit les caractères, la culture et les produits,
en poids, en nombre de grains, et en substance amilacée. Il est à regretter
qu'il n’ait pas comparé ses observations avec celles que notre vénérable
confrère, M. Tessier, a faites à ce sujet en 1784, et pendant plusieurs des
années suivantes, à Rambouillet, et dont les résultats importants sont con-
signés, notamment dans l'Encyclopédie méthodique, section de l’agriculture,
et relativement aux qualités des farines , dans le mémoire qu’il a publié à
ce sujet dans dans le premier.volume de ses annales. M. Tessier a men-
tionné dans le premier de ses ouvrages, vingt-quatre variétés de froment,
sous les rapports de la culture et des produits; les résultats qu’il a obtenus,
rapprochés de ceux de M. Lecouteux , auraient pu fournir à ce dernier une
utile comparaison , qui aurait été facilitée par les dessins que M. Tessier a
conservés, des variétés de froment qui ont fait l’objet de ses expériences. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection d’un membre cor-
respondant pour une des places vacantes dans la section d’Astronomie.
Le nombre des votants est de 37. Au premier tour descrutin,
M. Carlini réunit . . . 34 suffrages,
nues MSmithr un. dre
Un billet est illisible.
M. Carlini ayant ainsi réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré
correspondant pour la section d’Astronomie.
Ÿ #
M. Séguier est adjoint à la Commission chargée de faire-un rapport sur
un mémoire de M. V’allery, relatif à la conservation des grains.
35.
( 250 ) s
MÉMOIRES PRÉSEN TÉS.
. &éococie. — Mémoire sur les filons métallifères et le terrain des environs
de l’Arbresle, département du Rhône; par M. Fourwer.
(Commissaires, MM. Brongniart, Becquerel, Élie de Beaumont.)
Le premier chapitre de ce mémoire «renferme, dit l’auteur, tout ce qui
concerne le relief du sol en le considérant d’une manière en quelque sorte
géométrique.
» Le second est Folle à la distribution générale des roches de cette loca-
lité, et à leurs connexions avec les détails précédents. Quelques-uns de
leurs caractères les plus immédiats s’y trouvent aussi indiqués.
» Le troisième chapitre contient des détails plus circonstanciés sur la com-
position et les caractères minéralogiques des mêmes roches, avec des
aperçus théoriques sur leur formation et sur les modifications qu'elles
éprouvent.
» La ‘dernière miau , enfin, renferme tous les détails spéciaux sur les
filons métallifères envisagés en eux-mêmes et dans leurs rapports avec
les roches environnantes. »
OPTIQUE. — Microscope dispoté de maniere à éclairer successivement de
plusieurs côtés l'objet qu'on étudie , sans le faire sortir du champ “ la
vision. :
( Commissaires, MM. de Mirbel, Arago, Savary.)
MM. Trécourt et G. Oberhaeuser présentent un de ces appareils dans les-
quels le microscope tourne avec le porte-objet, de manière que sans dé-
rangement aucun, l'observateur peut éclairer la substance opaque ou
diaphane qu'il étudie, sous ses diverses faces.
ARTS GRAPHIQUES. — De l'art du dessin, de ses progrés en France et à
l'étranger , et de ses applications considérées comme une source de ri-
chesse nationale ; par M. Courier. à
( Commissaires, MM. Silvestre, Chevreul.)
STATISTIQUE MINÉRALOGIQUE. — Séatistique française et départementale des
mines houillères de France, par M. Boyer.
(Commission pour le prix de statistique de la fondation Montyon.)
ACOUSTIQUE. — ÎVote sur l’analogie des tons musicaux et des couleurs ; par
M. le baron BL.
( Commissaires, MM. de Prony et Savary. )
CORRESPONDANCE.
M. le capitaine Beaufort , élu récemment correspondant de la section
de Géographie, adresse ses remerciménts à l’Académie.
BOTANIQUE ET HORNCULTURE. — Æxtrait dune lettre de M. Perrorer,
Directeur du Jardin de Pondichéry, à M. Bensawin DELesserT, en date
de Kaiti (montagne de Nillgherry ).
.« Vous apprendrez sans doute avec plaisir mon heureuse arrivée dans
les Nillgherry, et le résultat des explorations botaniques auxquelles je me
suis déjà livré depuis environ an mois que j'y suis établi. Je dois le bon-
heur que je goûte au milieu d’une végétation aussi rare que variée à la
bienveillance de M. le marquis de Saint-Simon, notre gouverneur. Pen-
dant son séjour ici, iln’a pas tardé à reconnaître que ces montagnes renfer-
maient des richesses végétales du plus haut intérêt, et il m’a fait venir pour
les étudier et les recueillir avec soin. La mission d'échange de territoire
dont il est chargé près du gouvernement anglais de l'Inde, ayant mis en
rapport direct avec celui-ci, il en est résulté des relations d'intérêt si intimes
que Son Excellence sir Frédéric Adam, gouverneur. de Madras, a obtenu
pour lui, de la Compagnie des Indes, la cession de la ferme modéle de
Kaiti pour en jouir en toute propriété pendant tout le temps qu'il restera
gouverneur de nos établissements de l'Inde. Cette ferme, dans laquelle je
suis établi, est placée dans une situation très avantageuse pour mes re-
cherches, et pour la naturalisation des végétaux. M. le gouverneur a
l'intention d'utiliser cet établissement dans l'intérêt de la botanique et de
notre agriculture coloniale. Il se propose d’y faire réunir tous les végétaux
utiles et intéressants des Nillgherry, de les y cultiver, et de les y multiplier
pour les envoyer ensuite au Jardin du Roi à Pondichéry, d’où ils seraient
expédiés pour nos colonies et la France. Il désire aussi faire exécuter, dans
cet établissement, des semis de diverses sortes de fourrages, de cé-
réales, etc., pour en approvisionner la colonie de Pondichéry; qui manque
de tout, et celle de Bourbon, non moins pauvre en ces sortes de produits.
( 2b2)
Vous voyez que l'intention du général Saint-Simon en me faisant venir ici
n’a pas été seulement de me faire faire de la botanique, mais de m’oc-
cuper à des travaux agricoles de divers genres. L'intérêt et la bienveil-
lance qu’il me porte personnellement sont sans bornes, et me pénètrent
de la plus vive reconnaissance.
» Les plantes qui croissent dans les montagnes de Nillgherry sont si
remarquables et si intéressantes, que je n’en laisse aucune sans l’étudier.
J'étais loin de m’attendre à trouver au milieu de l'Inde une végétation
analogue à celle de l’Europe. Deux régions bien distinctes caractérisent
les Nillgherry : la région des montagnes inférieures et celle des monta-
gnes supérieures. Dans ja première, on rencontre la plupart des plantes
de l’Inde tropicale, notamment les Anogeissus, Pterocarpus, Pongamia ,
Dalbergia , Mangifera, Calophyllum , Anona, Citrus , Bauhinia , Bom-
bax , Sterculia, Combretum , Heritiera , Lagerstræmia ; Caryota, Bam-
busa, etc. Dans la région alpine, ou des hautes montagnes, on trouve
des Renonculacées, des Gentianées, des Ombellifères, des Fragaria ,
Potentilla, Galium , Drosera, Cratægus , Andromeda, Rhododendron ,
Rosa, Berberis , etc.
» Je possède déjà au moins trois cents espèces de la région supérieure,
et je n’ai encore parcouru qu’un très petit rayon des nombreux groupes
des montagnes qui composent les Nillgherry. Je me trouve dans le plus
fort de Ia floraison pour la majeure partie des plantes ; néanmoins j'en
remarque un bon nombre qui n’ont pas encore fleuri, telles que des
Rhododendron qui ont plus de 30 pieds de haut, des Berberis , le Cra-
tœgus glabra qui est ici un grand arbre, des Ziburnum, etc. Un des plus
beaux arbres qui ornent les collines et qui se trouve en fleurs maintenant
est un Magnolia où plutôtun Talauma qui a plus de 5o pieds de haut.
Ses fleurs exhalent une odeur extrêmement suave, qui embaume l'air à
une grande distance. J'ai trouvé dans les gorges dé montagnes, sur le
tronc des vieux arbres humides , une grande quantité de cryptogames
très curieuses, particulièrement des mousses, des jungermannes, des
lycopodes et des fougères. Je possède déjà environ trente espèces de ces
dernières, et entre autres une espèce arborescente dont j'ai pris un
tronc muni de ses frondes fertiles et stériles; je le destine au Muséum.
» J'espère, si j'ai le bonheur de rester quelque temps ici, de compléter
la flore des Nillgherry. Vous savez que Leschenault de la Tour est le seul
botaniste qui ait rapporté de Paris des plantes de ces contrées; je visite
et parcours tous les lieux, même ceux du plus difficile accès. Je prends
( 253 )
en général un bon nombre d'échantillons de chaque espèce, que je
prépare le mieux possible. Je décris toutes celles qui me paraissent nou-
velles ou mal connues, je note exactement les localités, la hauteur au-
dessus du niveau de la mer, hauteur que j'obtiens aisément avec: le
barometre de Bunten dont je suis possesseur. Je vous enverrai d’ailleurs
mes collections au fur et à mesure que je les ferai, afin d'éviter leur
destruction. ainsi que celles pour le Muséum. »
M. Benjamin Delessert communique aussi l'extrait d’une lettre de
M. Bonpland, dont on n’avait pas de nouvelles depuis plusieurs années.
Elle est datée du 14 juillet dernier, de San-Borgia, sur l'Uruguay , pro-
vince de Rio-Grande, dans le Brésil.
M. Bonpland continuait ses travaux scientifiques; il s’'accoutumait, dit-il,
à vivre dans ses forêts vierges, et sur les bords des grands fleuves. Il jouis-
sait d’une bonne santé, et se disposait à envoyer ses collections à Buenos-
Ayres, pour les faire parvenir au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
+
vops ET MESURES. — Établissement d'un nouveau système de poids et mesu-
res dans la Nouvelle-Grenade , extrait d'une lettre du Président de cette
République, le général Sanranper, à M. Arago.
Le général Santander rend compte de ce qui vient d’être fait dans la
république de la Nouvelle-Grenade, pour l'établissement du nouveau
système de poids et mesures, tout en accordant une large part à des
habitudes invétérées. Pour les mesures de longueur, il n’a pas été possible
de substituer le mètre à la vare castillane ; mais la nouvelle vare légale a été
fixée à 8 décimètres. La livre est le demi-kilogramme. Quant aux mesures
de capacité, elles ont le litre pour base.
Un décret du congrès, en date du 26 mai 1836, consacre les nouvelles
mesures. M. Boussingault est chargé d’en faire exécuter à Paris les étalons.
Le général Santander prie M. Arago de vouloir bien en surveiller la fabri-
cation.
GÉOGRAPHIE PHysiQuE. — Ÿ’olcans des Andes de la Nouvelle-Grenade ;
extrait d'une lettre de M. Rouun à M. Arago.
« Le soin que vous avez pris de publier dans l’Ærnuaire du Bureau des
Longitudes , une liste des volcans actuellement brülants, me fait penser
qu'un nouveau renseignement que je viens de recevoir à ce sujet, de
( 254)
l'Amérique du Sud, pourra, quoique fort incomplet, n'être pas sans quel=
que intérêt à vos yeux.
» Dans une lettre relative aux tremblements de terre qui, en 1826
et 1827, agiterent le sol de la Nouvelle-Grenade , j'eus , il y a quelques
années, l’occasion d’appeler l'attention de l’Académie sur les nouveaux
signes d'activité que donnait, depuis ces grandes commotions, un volcan
que l’on considérait généralement comme éteint, le Pic de Tolima; situé
sur le flanc oriental de la chaîne moyenne des Andes, à peu de distance
de la ville d’Ibagué.
» Plus tard, M. Boussingault, qui se trouvait placé de manière à ob-
server l’autre flanc de la même chaîne, y reconnut aussi l’existence d’un
volcan en activité. De Marmato il voyait , en 1829, une colonne de fumée
s'élever du Paramo de Ruiz, comme j'en avais vu une en 1826 s'élever du
Pic de Tolima: M. de Humboldt, à qui ces nouveaux renseignements
étaient adressés, crut qu'ils pouvaient se rapporter au volcan que j'avais.
déjà signalé, appliquant, d’après une fausse indication qu'on lui sr ;
donnée à Bogota, le nom de Ruiz à un sommet situé en effet presque sous
le même parallèle que Tolima, tandis que M. Boussingault désignait par-là
une portion de la chaîne située beaucoup plus au nord.
» Le Pic de Tolima ne se voit point de Marmato, et il est fort douteux
que la fumée qui sort non du sommet du cône, mais de,son flanc occi-
dental, puisse être apercue d’aucun point de la vallée du Cauca. Il
paraît, au contraire, que là famée aperçue de Marmato par M. Boussin-
gault, était visible aussi de la vallée de la Magdeleine ; en effet, M. Pa-
vageau, aujourd’hui gérant du consulat de Carthagène, voyait, au mois
de juin 1828, des hauteurs du Raizal, point situé à mi-côte de la chaîne
orientale, une colonne de fumée s'élever de l'extrémité nord de la
montagne de Ruiz; enfin, une lettre récente m’apprend que cette co-
lonne s'aperçoit constamment de Peñas-Blançcas, point situé dans la plaine
qui s’étend entre les villes de Honda et de Mariquita.
» Si cette observation et celle de M. Pavageau se rapportent au même
volcan que celui dont il est question dans la lettre de M. Boussingault,
il faut, pour qu’on en aperçoive à la fois la fumée de Marmato et de
Peñas-Blancas, qu’il so:t placé très près du point culminant de la
chaine. »
(255 )
CHIMIE APPLIQUÉE À L'ÉCONOMIE RURALE. — Composition destinée à détruire
le ver blanc. (Extrait d’une lettre de M. LeTELLiER.)
« L'annonce faite, dans votre savante assemblée, par M. J. Saint-Hilaire
d’une poudre destinée à tuer les vers blancs, m'offre l’occasion de rap-
peler, que d’après de nombreuses expériences tentées en 1835 et adressées
à ia Société d’Horticulture, j'ai prouvé que la plupart des poisons les
plüs actifs sur l’homme (morphine, strychnine, et leurs sels, sulfures,
alcalis, acides, etc.), n’ont presque aucune action sur ces larves; que les
cyanures alcalins me paraissaient le moyen le plus prompt, le plus sûr et
le moins cher pour les détruire sans inconvénient pour la végétation.
Je proposais en conséquence le résidu de la calcination des matières ani-
males avec les alcalis (potasse ou chaux), ou cyanure impur.
» En présence du maire et des propriétaires de Saint-Leu, j'ai tué plu-
sieurs vers blancs sous des fraisiers et des oseilles, enfin j'ai rétabli en
pleine végétation des arbustes mourants qu’on supposait dévorés par ces
animaux: si je n’ai pas renouvelé ces expériences en 1836, c’est parce
qu’il y a eu heureusement fort peu de vers blancs dans notre commune,
mais je compte les reprendre à la prochaine occasion. »
ANATOMIE COMPARÉE. — Considérations sur la méthode d'observation la plus
propre à hâter les progrès de cette science.
M. Jaquemin écrit relativement à la marche que doivent suivre les
naturalistes qui s'occupent d'anatomie comparée. Au lieu.de porter
successivement leur attention sur un grand nombre d’espèces, il est,
dit-il, beaucoup plus profitable de s’attacher, pour chaque ordre, à
connaître tous les détails de lorganisation d’une seule espèce, mais
choisie de telle sorte qu’elle puisse étre considérée comme type de
l'ordre.
GÉOMÉTRIE. — M. Bras adresse une nouvelle démonstration du théorème
relatif à la‘somme des trois angles du triangle; il annonce que celle-
ci sera définitivement la dernière.
M. Bressy écrit une lettre relative aux phénomènes électriques; M. le
Secrétaire demande à l’Académie la permission de n’en lire que les deux
FE lignes.
! CR 1837, 1° Semestre. {T.IV, N°7) -
« € +
36
( 256 )
COMITÉ SECRET.
A 4 heures #, l’Académie se forme en comité secret. La section
d’Astronomie, par l'organe de M. Mathieu, présente la liste suivante de
candidats pour une des places de correspondant vacantes dans cette
section. :
1°. M. Smith, à Bedford;
2°, M. Littrow, à Vienne; Û
3°. M. Hansen, à Gotha;
4. M. Santini, à Padoue.
Les titres de ces divers candidats sont discutés; l'élection aura lieu dans
la prochaine séance. MM. les membres en seront prévenus par billets à
domicile.
(+287 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences ;
1837, 1° semestre, tome 4, n° 6, in-4°.
Connaissance des Tems ou des Mouvements célestes , à l'usage des as-
tronomes et des navigateurs , pour l'an 1839, publié par le Bureau des
Longitudes ; Paris, 1836, in-8°.
Annuaire pour l'an 1837, présenté au Roi par le Bureau des Longitudes;
in-16.
Traité de Chimie élémentaire , théorique et pratique; par M. le baron
Taévan; 6° édition, 5 vol. in-8°, avec un atlas in-4°, Paris.
Cours de Mécanique appliquée aux machines ; par M. Poxcecer ; section
1 à 7, iu-folio, 1856.
Rapport fait à l'assemblée générale de l'Académie de Mâcon , au nom
de la Commission du concours relatif aux enfants trouvés ; par l'un de ses
membres , M. Cx. Lacretezre; brochure in-8°, Mâcon, 1836.
Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques ; janvier
1837, in-0°.
Funérailles de M. Van Praët. — Discours prononcé par M. Dureau
DE LA Marre; in-4°.
Le Médiateur , ou nouveau Projet d'un système constitutionnel , etc. ,
par M.J.-A.-F. Massasrau ; Paris, 1836 , in-8°.
Mémoire sur l'Art d'organiser l'opinion; par le méme; Paris, 1835, in-8°.
Géographie concise et méthodique; par M. E. Masson; Paris, 1837,
in-12.
Recherches historiques et statistiques sur la Population de Genève;
par M. E. Marrer; Paris, 1837, in-8°.
Des différents Moyens d’amender le sol ; par M. A. Povwis; Paris, 1837,
in-8°.
Réponse de M. nr Paravey à l'article de M. Riambourg sur l'anti-
quité chinoise ; Épernay , in=8°.
Mémoires de la Société Royale des Sciences , Lettres et Arts de Nancy ;
1836, in-8°.
( 258 )
Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest; n° 9, Poitiers,1836,
in- 6°.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-
et-Loire ; n° 6, 7° année, Angers, 1836, in-8°.
Annales Françaises et Étrangères d'Anatomie et de Physiologie; par
MM. LaurenT, Bazin et Jacquemarr; n° 1°, janvier 1837, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
par MM. Baucy pe Menrreux et Juuren de Paris; 7° année, n° 73, in-8°.
Adress delivered. . . Discours prononcé à la séance annuelle de la Société
Royale le 50 novembre 1836 , par Son Altesse Royale le duc ne Sussex,
Président ; in-4°, Londres.
Discoveries in light..... Découvertes sur la Lumière et la Vision, avec
un court mémoire sur les Facultés mentales; New-Yorck, 1836, in-18.
The London and..... Magasin philosophique et Journal de Science
de Londres et d'Édimbourg ; par MM. Brewsrer, Tayror et Prairies; 3° sé-
rie, n° 58, janvier 1837, in-80.
The Edinburgh... Journal médical et chirurgical d'Édimbourg ;
n° 129, octobre 1836, in-8°.
The Athæneum....Journal de la littérature anglaise et étrangère ;
n° 108, décembre 1836, Londres, in-8°.
V. Ueber den Zuzammenhang.....Sur la Connexité entre la forme
et la polarité électrique des cristaux. Première partie : Tourmaline ; par
M. G. Ross, Berlin, 1836, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève ; nouvelle série, décembre 1856,
in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; février 1857, in-4°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 6.
Gazette des Hôpitaux; n°° 16— 18.
La Presse médicale ; n° rx et 12.
France médicale ; tome 1°, n°° 28 et 29.
Écho du Monde savant ; n° 58.
L'Éducateur, Journal ; septembre et octobre 1836, in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 FÉVRIER 4837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
M. le Président annonce à l’Académie la perte douloureuse qu’elle vient
de faire dans la personne d’un de ses membres, M. Morarp, décédé le
13 février 1837.
PAYSIOLOGIE ET PSYCHOLOGIE. — De la nécessité d’embrasser, dans une pensée
unitaire , les plus subtiles manifestations de la psychologie et de la phy-
siologie, et des difficultés de la solution de ce problème ; par M. Gror-
FROY, SAINT-HILAIRE, :
« Le point de départ est tranché nettement; qui dit psychologie, s’en
tient aux fonctions de l’âme , et physiologie, à celles du corps; toutefois
ces fonctions sont dans le cas de s’appartenir par une essence commune ,
ou du moins de se rallier, de se fondre et de se succéder de causes à
effets.
» Au sujet de la physiologie, il n’y a point de trop grandes difficultés
C. R. 1837, 19° Semestre. (T. IV. N° 8.) 37
( 260 )
pour conclure généralement : les âges nous montrent ses acquisitions
grandissant dans un progrès incessant ; elle n’est plus qu’à l'égard de
quelques retardataires sur le terrain des prétendues forces vitales, et tout
le passé, richesses de la science, s’applique à y verser de nouvelles et
vives clartés. Ce n’est point une question; la physiologie n’est point par-
ticulière à l’homme, mais commune à toute l’aniraalité : elle se prête aux
considérations du plus ou moins de développements, et satisfait, ou
cherche à satisfaire, par ses explications, aux exigences de tout ce qui est.
» Y a-t-il élément physiologique distinct en certaines places à part?
Non, que je sache : ce qui en existe est répandu ou produit dans tous
les points de l’être. Chaque partie, ou isolée ou associée à plusieurs
autres, et engagée dans une simultanéité d’efforts, engendre un événe-
ment physiologique, et similaire dans tous les rangs de l’animalité.
» Prenons comme exemple un verset de l’histoire de la physiologie,
et employons-le selon l’esprit de cet adage : 4b no disce omnes. Je
veux parcourir les principales particularités, quant à l’âge des êtres,
de l’essence physiologique. Je m’arrête sur les phénomènes plus ou moins
variés de la naissance, tous identiques, malgré les diversités de la forme
dans chaque cas, comme les caractérisent des conditions primitives d’es-
sence: viviparité, oviparité, ou gemmiparité. L’être naissant bondit dans sa
joie et s’exalte aux moindres parcelles de son monde ambiant qui
s’incorporent en lui. Plus tard, la même mécanique agissante se ressent
d'usure, ce sont d’autres impressions; puis la tristesse , enfin les douleurs;
et le moment venu de la dissolution de l'animal, la mort arrive.
» Peu importent la nature et les arrangements des composants de l’a-
nimal , le fait physiologique reste constamment le même aux différentes
phases de son apparition; il reste tel, comme s'il n’yavait d’engagé qu’une
même somme d'éléments variés par l’âge et se jouant dans les innom-
brables matériaux de leur monde ambiant, sous la raison nécessaire d'y
aller à la rencontre de leurs fluides similaires, en vue de l’exercice de la
loi d'attraction de soi pour soi: une organisation étant produite, ses
éléments peu à peu frappés de vétusté, sont vaincus par l’activité de l’é-
ternelle jeunesse de la nature, écartés et dissipés; et cette organisation
cesse pour faire place à une autre, devant reproduire les mêmes phéno-
mènes.
» La terre recoit tousles résidus; et tout autant qu’il en surgit dans une
condition inaltérable, elle s’en accroît absolument parlant. Les faits psy-
chologiques seraient-ils susceptibles d’être embrassés sous le même aspect?
( 261 )
Mais d’abord , avant d'entrer plus avant, il se présente une question
déjà résolue négativement; bien que, comme c'est le droit des derniers
venus, nécessairement plus instruits que leurs devanciers, il faille tou-
jours la réexaminer. La psychologie est considérée comme une science
abstraite et toute métaphysique: ce n’est point, je crois, décidé ne varie-
tur: car voyez la marche de l'humanité, qui n’est certes le fait d’ancun
homme en particulier; voilà qu’à l'insu de chacun, une réforme se
prépare à ce sujet dans le sein de l’Institut. Les psychologistes des pre-
miers temps de nos académies étaient uniquement, et s'étaient sévèrement
maintenus des philosophes métaphysiciens ; ils viennent d’être tout récem-
ment réunis, et libres qu’ils étaient de s’en tenir aux anciens errements,
ils viennent dans cette seconde période d'appeler à eux quatre savants
médecins, d’habiles et profonds physiologistes. C’est une révolution qui
s’est préparée, et qui s'est comme mürie pendant la dispersion et le
mutisme des premiers académiciens. On a compris qu’il fallait réprimer
une tendance à des entités nominales, qui précipitait et entrainait l'esprit
humain dans une voie désordonnée.
» Tout-à-lheure, je posais en question ce point: y a-t-il élément physio-
logique, et où se trouve-t-il cantonné? Je dois pareillement faire la même
demande au sujet de l’élément psychique. Prononcer négativement, ce
serait déclarer au même moment qu'il n’y a point de savoir psycholo-
gique. Pourquoi cela? je l'explique par ce principe: ex nihilo nihil. Or,
entrez dans la moindre bibliothèque, ou bien assistez à des débats soit
écrits, soit parlés de l'humanité, et vos convictions sur la preuve des
existences psychologiques, ne laissent lieu à aucun doute.
» Mais l’âme serait-elle par quelques personnes dite de doctrine théo-
logique, comme en dehors de nous, et considérée comme une pure entité
métaphysique? Je n’ai point de sympathie pour une aussi vague idée. Se:
rait-ce vraiment une simple abstraction métaphysique, une essence en de-
hors de la nature? pour moi ce ne serait rien. Ainsi pensait saint Augustin
dans le 4° siècle, alors que ce père de l’église songeait sérieusement à trou-
ver dans les corps exigus de la nature , quelque chose dans le caractère
d’une cause efficiente. Et en effet, c’est le propre du génie de saisir des
effets de longue vue, dans les moindres aperçus que soumet à son appré-
ciation la théorie des faits nécessaires. Si ce n’est dans une expression
nette et lucide, c’est toutefois avec une fermeté remplie de prévisions, que
dans son traité de l’âme et de l'esprit, saint Augustin formule le prin-
cipe psychique, sous le nom de spiritus corporeus , termes associés d’une
37.
( 262 )
puissante révélation. Ni Bacon, ni Descartes n’ont en rien modifié cette
pensée ; tous deux s’y réfèrent, et en parlent sous l'expression vraiment
significative d’une substance quelconque. Seulement Bacon s'étonne que
l'âme, sensible par elle-même, ait été jusqu'ici regardée plutôt comme
une entéléchie, comme une fonction plutôt, que comme üne vraie subs-
tance. À la vérité, Bacon voudrait en quelque sorte revenir sur ce qu'il
se trouve avoir énoncé ici avec peut-être trop de hardiesse, en remar-
quant que si le principe psychique forme une substance vraiment corpo-
relle, il resterait encore à savoir par quelle espèce de force une vapeur
si déliée, et dans une si petite quantité, peut mettre en mouvement des
masses d'aussi grande consistance et d'aussi grand volume, qu’on le voit
aux lieux où s’observent les phénomènes.
» C'est, dit Bacon, c’est cela qu'il faut suppléer, et ce qui devra faire
l'objet d’une recherche particulière. Or, je ne crains point d’aborder ce
sujet.
» Il faut que Descartes ait été bien assuré du caractère d’essence du
spiritus corporeus de saint Augustin ; car il ne s’est point fait scrupule de
chercher et de déclarer le lieu de la substance pensante, du principe psy-
chique. Il a pris parti pour la glande pinéale et a ainsi rendu célèbre ce
petit corpuscule; ce-qui n’a point empêché Bontevox, Lancisi et Lapey-
ronie , de lui préférer le corps calleux, ni Digby de tenir pour le septum
lucidum. Je dirai plus tard pour quelle raison je pense avec Sæœmmering,
qu'aucune partie solide n’est propre à une aussi importante fonction.
» Pourquoi j’élève des doutes sur ces sujets considérables du savoir émi-
nent de l’humanité? C’est que je suis loin de vouloir me retrancher ex-
clusivement dans les données du savoir relatif à la physique, et de dé-
daigner les bonnes idées des philosophes moralistes dans leurs études de
la nature. Ceux-ci ne s'y appliquent pas avec l’emploi de nos instruments,
mais avec les forces d’un jugement synthétique que les plus habiles d’entre
eux exploitent avec bonheur.
» Comment n’arriverait-on point à essayer de comprendre, dans une
comparaison unitaire, tous les’ pointsies plus délicats desactions humaines,
quand c’est le vœu des premiers penseurs sur la nature des choses? En-
tendez l’un d’eux, dans sa vive conviction, le célèbre Balzac, gourman-
der l'humanité, y employant comme truchement son Louis-Lambert ,
ce puissant génie révélateur des faits mystiques. Balzac lui met dans la
bouche ces paroles retentissantes dirigées contre l'esprit mesquin qui
porte à couper en petits morceaux des totalités d’organe, pour en dé-
( 263 )
duire-d’autres et de bien insignifiantes proportions dans le poids et la lon-
gueur de ces parties. Je suis, en effet, sympathique à cette vive apos-
trophe : da science est une, et vous l'avez partagée!
» J’entre.là dans un sujet vraiment inépuisable, soit pour en préparer
les riches abords, soit pour y apporter les études et les conclusions ju-
gées opportunes actuellement par les créateurs de la philosophie ex-
périmentale.
» Je me sens capable de m'y dévouer: c’est ainsi promettre une série
d’écrits où j’examinerai d’abord la nature du spiritus corporèus de saint
Augustin. »
MÉTÉOROLOGIÉ. — Aurore boréale du 18 février 1837.
M. Arago présente verbalement quelques observations sur l’aurore bo-
réale de samedi dernier. Ce phénomène a paru principalement remarqua-
ble par la couleur très rouge de sa lumière. Il a, comme d'habitude, trou-
blé notablement l'aiguille aimantée, mais sans que rien ait établi si le
sens des perturbations avait quelque liaison avec la position des points où la
lunière était à son maximum. M. Darlu a vu l'aurore à Meaux. Il parle
d’un arc qui, à 845/, occupait la région australe du ciel. À Paris on n’a pas
aperçu d’arc méridional. Les lueurs que l'aurore a jetées au sud ne for-
maient pas une zone continue; elles se montraient dans des places isolées.
RAPPORTS.
eme, — Rapport sur un Mémoire relatif à la théorie rationnelle des
composés en ure; par M. E. Row.
(Commissaires, MM. Robiquet, Chevreul rapporteur.)
« Le Mémoire de M. Édouard Robin, ayant pour titre : THÉORIE RA-
TIONNELLE des composés en ure, et réfutation de la théorie actuelle, qui
a été renvoyé à l’éxamen de MM. Robiquet et Chevreul, ne renfermant
aucune expérience nouvelle, et l’auteur paraissant ignorer l'existence de
quelques recherches faites sur le sujet qu'il a traité, les Commissaires
pensent qu’il n’y a pas lieu de faire un rapport. »
Ces conclusions sont adoptées.
( 264 )
cmimie. — Rapport sur un écrit ayant pour titre : Mémoire communiqué
à l'Académie des Sciences, sur un mélange explosif que pourrait
adopter le Gouvernement, en remplacement de la poudre à canon;
lequel , d'un usage rendu facile et peu dispendieux , devra apporter des
modifications heureuses dans le système actuel de nos armes de guerre,
provoquer des économies sur une vaste échelle, doubler nos richesses, et
nous créer de nouveaux titres de gloire nationale; par M. J.-B. TREILLE,
médecin et physicole, à Estrées-Saint-Denis , arrondissement de Com-
piègne (Oise).
(Commissaires, MM. Dumas, Chevreul rapporteur.)
« Tel est le titre du Mémoire que l’Académie nous a chargés, M. Dumas
et moi, d'examiner; quoiqu’un peu long, nous l'avons copié, afin que
l'Académie juge, par les paroles mêmes de l’auteur, du but vers lequel
il tend, et des espérances que la modification qu'il propose dans le
système actuel de nos armes de guerre, lui ont fait concevoir.
» M. Treille prend une bande de toile de coton, il colle dessus une
bande égale de papier fin, puis il en forme un cylindre creux, le pa-
pier étant en dedans, de la longueur et du diamètre d’une cartouche or-
dinaire. Il retourne le cylindre, lie un des bouts avec un fil ciré, puis
il y introduit une balle de plomb, sur laquelle on a tracé une gorge
équatoriale. La balle étant au fond du cylindre, il la fixe au moyen d’un
second fil ciré passant par la gorge équatoriale, puis il retourne la car-
touche de manière qu’un hémisphère de la balle soit hors du cylindre,
tandis que l’autre y forme-un fond convexe intérieurement. Par cette
manœuvre, le papier qui était à l’extérieur revient à l’intérieur ; il rap-
proche les bords de l’extrémité ouverte du cylindre, de sorte qu'il ne
laisse qu'une ouverture capillaire centrale, qui sera fermée avec un fil
ciré dès que la cartouche sera chargée d’un mélange explosif gazeux,
que M. Treille prépare, et ensuite y introduit de la manière suivante :
» Une cloche repose dans un réservoir d’eau, dont le fond est garni
d’un bouchon traversé par les deux fils d’une pile voltaique. La cloche
est garnie à sa partie supérieure d’un robinet qui la fait communiquer
avec l'intérieur d’une pompe aspirante et foulante. Ce corps de pompe
porte, près de sa base, un tube capillaire à robinet, au moyen duquel
on met l’intérieur de la cartouche en communication avec le corps de
pompe, lorsqu'on veut la charger du mélange explosif, résultant de la
décomposition de l’eau par la pile. Le corps de pompe étant rempli de
(265)
gaz, le robinet du tube capillaire communiquant à la cartouche étant
ouvert, on foule le gaz dans celle-ci, après lavoir aplatie , pour en ex-
pulser l'air. Quand on juge que la condensation du gaz introduit est suf-
fisante, on ferme la petite ouverture du cylindre au moyen d’un fil ciré.
» S'agit-il de faire usage de ces cartouches, rien de plus simple suivant
l’auteur, lorsque toutefois on a adapté à un fusil du calibre de la car-
touche, une batterie qui consiste essentiellement en un stylet aigu de
platine, de rhodium, de palladium, etc., qui se meut parallèlement à
l'axe du canon, et qui est disposé de manière que la cartouche étant
dans la chambre du fusil, si l’on tire la détente, celle-ci, au moyen
d’une roue dentée engrenant dans les dents d’un mandrin à crémaillère,
fait avancer le stylet, qui vient percer l'enveloppe de la cartouche au-
dessous de l’ouverture qui a servi à la charger de gaz.
» L'explosion se fait, suivant l’auteur, par le contact du stylet de
platine avec le gaz. Dès que le doigt cesse de presser la détente, un res-
sort fait rentrer le stylet dans sa première position.
» Après avoir reproduit aussi fidèlement que possible le système de
l'auteur, afin d'en donner une idée exacte à l’Académie, nous n’insis-
terons pas sur toutes les critiques auxquelles il pourrait donner lieu;
nous dirons seulement que nous avons vu avec peine un homme de
bonne foi sans doute, qui n’est pas dénué d’instruction, s’occuper long-
temps d’une idée étrangère à son état et à ses études, déduire toutes les
conséquences que cette idée aurait sur sa fortune particulière, celle du
trésor public et la gloire de son pays, dans le cas où ce qu'il a imaginé
viendrait à se réaliser ! et cependant, nous n’avons rien trouvé dans son
Mémoire qui indiquât qu’il ait eu égar daux trois considérations suivantes :
» 1°. Si une cartouche cylindrique de toile doublée de papier, dans
laquelle on comprimerait du gaz, ne se déformerait pas, de manière à
ne pouvoir être placée dans l’intérieur de larme pour le calibre de la-
quelle elle aurait été faite ;
» 2°, Si cette même cartouche serait imperméable au gaz comprimé
qu’elle renfermerait;
» 3°. Si un stylet de platine serait susceptible d’enflammer par contact
le mélange de : volume d’oxigène et de 2 volumes d’hydrogène.
» Il est évident que ces considérations imposent trois conditions es-
sentielles à remplir pour que le système de M. Treille soit exécutable ;
et si elles étaient remplies, il faudrait encore examiner l'influence que la
rapidité de l'explosion pourrait avoir sur la conservation de l'arme et
( 266 )
la projection du mobile : enfin la possibilité de remplacer la poudre, qui
ne brûle pas instantanément, par un mélange gazeux dont l’inflamma-
tion est si rapide qu’elle paraît instantanée, étant reconnue, il resterait
à examiner l'influence que la matière de l'arme pourrait avoir comme
corps refroidissant sur la liquéfaction de la vapeur d’eau résultant de
l'inflammation du mélange d’oxigène et d'hydrogène ; car il est évident
que cette propriété établit une différence extrême entre la vapeur d’eau et
les gaz permanents développés par l’inflammation de la poudre de guerre.
j
Conclusion.
» L'auteur du Mémoire ne citant aucun fait vérifié par lui, relative-
ment à la possibilité d'exécuter les modifications qu’il propose d’ap-
porter au système actuel des armes de guerre, vos commissaires pensent
qu'il n’y a pas lieu à examiner ce système autrement qu’ils viennent de le
faire dans ce rapport. »
Cette conclusion est adoptée.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par voie de scrutin, à l’élection d’un membre cor-
respondant pour une des places vacantes dans la section d’Astronomie.
Le nombre des votants est de 39. Au premier tour de scrutin, *
M. Smyth réunit............ 30 suffrages,
M. Littrow................ 7
M: Hansen. ......:.,...... 2
M. Smyth ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est déclaré cor-
respondant pour la section d’Astronomie,
( 267 )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Mémoire sur la pile de Volta et sur la loi générale de L'inten-
sité que prennent les courants, soit qu'ils proviennent d'un seul élé-
ment, soit qu’ils proviennent d’une pile à à grande ou à petite tension ; par
M. Pouixzer.
(Commissaires, MM. Savart, Becquerel, Savary. )
» 1. L'intensité du courant électrique donné par une pile de Volta quel-
conque, peut étre mesurée par les effets chimiques, par les effets phy-
siologiques ou par les effets physiques que ce courant est capable de pro-
duire. Dans le cours de ce mémoire on a choisi pour unité de mesure l'effet
physique que ce courant exerce sur une aiguille aimantée, parce que cet
effet a sur tous les autres l’avantage de se produire d’une manière instan-
tanée et d’être mesurable avec-le plus grand degré d’exactitude. Mais les
résultats donnés par cette unité de mesure, ne sont pas sans liaison avec
ceux que l’on obtiendrait en choisissant pour unité de mesure les effets
chimiques ou physiologiques; au contraire, il existe toujours entre eux
une telle dépendance, que les premiers peuvent se déduire des seconds, ou
vice versä. Cette liaison entre des effets qui sont en apparence différents,
et quelquefois si complétement opposés, est un point important de la théo-
rie de la pile : elle explique ce que l’on appelle jusqu’à présent la tension
de électricité dans le courant, et elle explique aussi comment il se fait
qu'une pile très énergique pour produire des effets physiques, puisse être
très faible pour produire des effets chimiques ou physiologiques, et réci-
proquement..Cependant, jusqu’au moment où ces explications pourront se
déduire des expériences, il estbon de se rappeler queles intensités qui sont
directement comparées entre elles, ne sont autre chose que les intensités
“électro-dynamiques , ou les intensités des actions exercées sur une aiguille
aimantée placée dans les mêmes conditions.
» 2. Description des appareils.— Les piles qui ont été employées de pré-
férence , sont des piles clissonnées, dont le principe est dû à M. Becquerel
(Ann. de Chimie, T. 41, p.20); elles ont l'immense avantage d’avoir une
force constante pendant des heures entières, et pe conséquent de donner
des résultats parfaitement comparables.
. » Les intensités des courants ont été mesurées avec deux appareils: l’un
appelé boussole des tangentes; Yautre appelé boussole des sinus.
© CR. 1837, 1° Semestre. (T. IV. N° 8.) 38
( 268 )
» La boussole des tangentes se compose d’un grand ruban de cuivre rouge,
ayant une longueur de 1”,6,unelargeur de 0",02 et une épaisseur de 0",00»;
il est revêtu de soie et plié de manière à former un cercle très exact deo”",412
de, diamètre; les deux: extrémités excédantes du ruban sont rapprochées
et,se prolongent en dehors pour venir plonger chacune dans un godet de
mercure, où elles reçoivent le courant. Ce cercle est disposé verticalement,
et à son centre est susperidue par un fil de soie une aiguille aimantée de 5
ou 6 centimètres de longueur , portant une lame légère de bois ou de mé-
tal, de 16 centimètres de longueur; c’est cette lame qui sert d’index, parce
que sesextrémités, sesmeuvent sur la circonférence d’un cercle divisé. Le
cercle du ruban étant dans le méridien magnétique, l'aiguille aimantée est
au zéro, et aussitôt qu'un courant plus ou. moins énergique vient passer
par ce cercle, l'aiguille est déviée à l’est ou à l’ouest, d’une certaine quan-
tité qui dépend de la force du courant. Quand l'équilibre est établi, c’est-
à-dire quand l'effort du magnétisme terrestre pour rappeler l’aiguille dans
le méridien est égal à l'effort opposé que fait le courant pour l’en écarter,
l'intensité du courant est mesurée par la £angente dé la déviation de Pai-
guille.
» La boussole des sinus se compose d’un rubande cuivre rouge analogue
au précédent, mais plié en forme de rectangle; les grands côtés’horizontaux
ayant 2 décimètres, et les petits côtés verticaux, de 5 à 8 centimètres , sui-
vant le degré de sensibilité que l'on veut obtenir. Ce rectangle est disposé
sur un: cercle divisé dontil forme!en quelque sorte lalidade, etune aiguille
aimantée est suspendue dans le rectangle, de manière que son centre soit
dans la verticale du centre du cercle. Lorsqu’un courant passe dans le rec-
tangle, l'aiguille est déviée; mais l’on suit son mouvement de manière à ce
qu’elle se trouve toujours dans le plan vertical du rectangle, lorsqu'elle
s'arrête, maintenue en équilibre entre la force terrestre et la force du cou-
rant Dans ce cas, l'intensité du courant est proportionnelle au sinus de la
déviation de l’aiguille. ;
» Pour les très faibles courants, les deux boussoles précédentes sont à
multiplicateur , au lieu d’être à simple circuit.
» 3. Expériences avec un seul élément. — Pour déterminer les différents
degrés de diminution que subit l'intensité du courant produit par un seul
élément, lorsqu'on l’oblige à passer par des circuits de diverses longueurs,
on a pris des pièces de fil de cuivre, de fil de platine, de fil d'argent, de |
fil de fer, etc., revêtus de soie, provenant chacun d’un même morceau de
métal, passé à la filière avec assez de soin pour que le diamètre du fil fût
( 269 )
sensiblemént le mème dans toute sa longueur; dans’chaque pièce on à
coupé cinq bouts de longueurs différentes; par exemple de 5,10, 40, 70
et r00-mètres. ss les fils d'environ un millimètre de. diamètre: et. de
0", 2; 0", #, 4" et 10" pour les fils de petits diamètres.
» Avec chaque p des fils on a fait les expériences suivantes :
» On a fait passer directement dans la boussole le! courant produit
par l’élément-voltaïque soumis à l'expérience, et l’on a obsérvé la dévia-
tion; ensuite on a forcé le courant à passer succéssivémient par chacun des
cinq fils, en observant soigneusement les déviations correspondantes. |
» Le beat suivant contient le résultat d’une expérience.
SDF
Longueur ajoutée
au circuit primitif
ou à la
longueur de l'élément.
Tangente
de ladéviation
ou
intensité du courant.
Déviation-observée.
A
Docessresresneseneesss 85 15 ....,....::........, 0.707
219 000 deb natt ann none MIN iavoeE oder sc... 0.445
GER LAON, PDP 846080. 10909 1710 DÉC
BAIE dr laion. sir Monet s64 40,30, 0910 7000184
16 ons se bises
340 asus. nl dorsal sex vor 064
Au premier coup d'œil on n’aperçoit aucune régularité dans la marche dé-
croissante de l'intensité, mais il ne faüt pas considérer seulement le fil
ajouté au circuit primitif, il faut tenir compte du circuit primitif lui-
même ; en désignant par æ sa longueur inconnue, et en admettant que les
IatmeitES du courant sont en raison inverse des longueurs totales du cir-
cuit, on forme les cinq équations
ZX _ 70 /
Ron DEC à re DÉCLIN DOME obtenir iae NON OT
z 5
amet 00) 00e 0000 NON DOCMEMROPEECEEERE x = 0.54
= d’où l’ontire.................1..,..) x — 0.52
z 132
uno D HP DS Hd HO E OO SO AN AE x —=0.53
zx _ 64
2 Lib sosrhoneterssessessssasesssssses « . | 21050
moyenne x —0.52
Cette égalité des valeurs de x prouve que le circuit primitif est équiva-
lent à 0”,52 de la longueur du fil soumis à l'expérience, et si l’on calcule
en effet, les déviations que l'on dévrait observer en admettant cette va-
38.
( 270 )
leur x ou cette résistance de l'élément lui-même et du ruban de la bous-
sole, on obtient le tableau suivant :
Comparaison des déviations observées et des déviations calculées.
LONGUEUR LONGUEUR TOTALE L
du circuit ajoutée du circuit DÉVIATIONS DÉVIATIONS FE
à en adoptant 0,52 | » observées. calculées. DIFFFRENRES
l'élément. pour l'élément.
QE, PS ER, PS GS
64°.30° © 64.30 o
35.15 35.32 17!
24.00 23.61 9
13.40: 13.37 3
7.30 7.18 12
7
3.40 3.47
» Les différences entre les déviations observées et les déviations calcu-
lées rentrent si complétement dans la limite des erreurs d'observations,
qu’il est impossible de ne pas regarder comme complétement rigoureux le
principe d’après lequel les calculs ont été faits.
» Nous ajouterons encore ici deux séries analogues, l’une faite avec un
élément À, et l’autre avec un élément B.
*
(271)
ÉLÉMENT A. — fil de cuivre.
PRE PU ET A OR ON Een 28 me ei re
ONGUEURS AJOUTÉES TANGENTES LONGUEURS
PER a] DÉVIATIONS des déviations, de l'élément,
a
ñ A ou ou
y
longueur de l'élément. observées. Mtenetens Teste,
62°. »
40.20"
28.30
9-45
AS
Moyenne...
Comparaison des déviations observées et des déviations calculées.
LONGUEURS DÉVIATIONS DÉVIATIONS
totales. calculées. observées.
4.08 62°. » 62°. »
9-08 40.18" 40.20
14.08 28.41 28.30
44.08 .56 9.45
74.08 .57 6. »
104.08 4.14 4.15
ÉLÉMENT 8. — fil de cuivre précédent.
DIFFÉRENCES.
} : TANGENTES LONGUEURS
LONGUEURS ,AJOUTÉES DÉVIATIONS des déviations, de l'élément,
à la _ cé
4 ;
longueur de l'élément. observées. intensités. D ne
a _—_—
1.400 » _»
0.674 464
0.45 :
Se it
mi A
Moyenne... 4.75
Comparaison des déviations observées'et des déviations calculées.
LONGUEURS DÉVIATIONS DÉVIATIONS
totales. calculées. observées.
EE
4.79 54°.30'
9-75 34.15
14.75 24.20
44,75 8.27
74.75 5. 6
104.795 3.37
DIFFÉRENCES.
(272)
» Un grand nombre d’autres séries, faites avec des fils de différente es-
pèce, conduisent au mêmie résultat ; et l’on en déduit cette loi générale :
L’intensité du courant produit par un seul élément, est en raison in-
verse de la longueur réelle: du circuit.
» Des expériences analogues ont servi à démontrer que la résistance de
l'élément ou la longueur primitive du circuit est exprimée par des lon-
gueurs qui sont proportionnelles à la section, et à la conductibilité du
fil qui compose la longueur apparente du circuit.
» Il en résulte que l'intensité de courant produit par un élément , est
e xprimée par la formule générale
csr + cs.
csr + 1?
c représentant la conductibilité du circuit, s sa section, L-sa-longuëur
apparente et 7 la résistance de l'élément pour un circuit dont la conducti-
bilité et la section, sont prises pour unités.
» De ce que l'intensité du courant observée dans les appareils, est. en
raison inverse de la longueur réelle du circuit, on en doit tirer cette
conséquence importante : c’est que le courant produit par un élément est
capable d'un effet électro-dynamique constant : car l'effet que l’on observe
sur l'aiguille aimantée, n’est produit que par une certaine fraction dela
longueur réelle du cireuit, or, si l’on décuple, par exemple, la longueur
réelle du circüit; cette fraction devient dix. fois. plus petite, en même
temps que l’on obtient une intensité dix fois-moindre ; il est ‘par consé-
quent évident, que dans les deux cas, on obtiendraït des intensités éga-
les , si lon pouvait, dans les mêmes circonstances et sous les mêmes con-
ditions, faire agir sur l'aiguille les longueurs tôtales des circuits.
» Ce principe est tout-à-fait fondamental pour la théorie, parce qu'il
montre que la modification:i inconnue qui constitue le courant! peut être
assimilée à une quantité de mouvement, qui doit essentiellement rester
constante, quelle que puisse être l'étendue de la masse dans laquelle ellese
propage. Ainsi, :que-Von réunisse les deux pôles d’un ‘élément voltaique ,
avec un fil d’un mètre, où avec un fil de 1000 mètres, il ne passe ni plus
ni moins d'électricité dans un cas que dans l'autre : la quantité qui passe
reste toujours constante et dépendante seulement de la quantité qui est
fournie par l'élément lui-même, ou en général par la source électrique,
quelle qu’elle soit.
» 4. Courants dérivés. —Lorsqu’avecles deux extrémités d'uri fil métallique,
(275)
on vient toucher deux points d’un circuit traversé par un courant quel-
conque, il est évident qu'aux deux points touchés, que l’on appelle
points de dérivation, le courant doit se diviser, une portion continuant
à passer dans le circuit, comme elle ÿ passait auparavant, et une autre
portion prenant la direction du fil pour le parcourir dans toute sa lon-
gueur; cette dernière portion est appelée courant dérivé; la portion qui
traverse l’ancien circuit entre les points de dérivation , est appelée courant
partiel , le courant lui-même qui passe dans le circuit avant et après les
points de dérivation. est appelé courant principal; enfin le courant qui
passait avant que l’on fit la dérivation, est appelé courant primitif.
» On a mesuré, au moyen de la boussole des tangentes et de la boussole
des sinus, les intensités du courant dérivé, du courant partiel et du cou-
rant principal, et les résultats des expériences ont conduit aux lois gé-
nérales suivantes :
» 1°. Aussitôt que l’on fait une dérivation, le courant primitif augmente
d'intensité : ainsi le courant principal est toujours plus fort que le courant
primitif.
» 2°, L’intensité du courant dérivé est proportionnelle à la distance des
points de dérivation.
» 3°. À distance égale elle est en raison inverse de la section et de la
conductibilité de la portion du circuit où se fait la dérivation.
». 4. La somme des intensités du courant partiel et du courant dérivé,
est toujours égale à l'intensité du courant principal.
» De ces lois’ et de celles qui ont été établies dans ce qui précède, ré-
sultent les formules suivantes, pour exprimer les intensités x, y et z du
courant principal, du courant partiel et du courant dérivé:
OR +)
ph+i-—n
pk
pk Ti —n
I
PRE EE er |
EU
» T est l'intensité du courant primitif,
» n la fraction qui exprime le rapport de la distance des points de
dérivation ; et de la longueur totale du circuit.
» k le rapport de Ja longueur du fil qui fait la dérivation, et de la dis-
tance des points de dérivation.
: (274)
» p.le rapport des sections du circuit-et du fil de dérivation, ces sec-
tions étant réduites, si la conductibilité est différente.
» 5. Expériences avec une pile de six éléments, et formules générales
de l'intensité des piles.— On a disposé six éléments pareils à ceux qui ont
été employés aux expériences précédentes ; on a déterminé leur intensité et
leur résistance individuelles par les moyens dont il a été parlé. Le tableau
suivant contient le résultat des expériences.
| : LONGUEURS k
NUMEROS ajoutées DÉVIATIONS TANGENTES
des ? ou RESISTANCES.
has à observées. ! Te
éléments. Fa intensités.
l'élément.
| : Moyenne. 2.97
o 66.30 2.300 0.00
; 5 43.00 0.933 3.41
10 29-40 0.570 3.35
40 10.40 0.188 3.55
| Moyenne, 3.44
\l o 67 . 4o 2. 434 » »»
3 5 42.30 9,918 3.02
10 29.40 0.570 3.05
4o 10.20 0.182 3.23
| Moyenne, 3.10
8 67 .00 2 355 » »»
42.30 0.909 3.1
ñ 10 29.40 0.570 ne
4o 10.20 0.182 3.35
| | Moyenne. 3.25
o È 68.00 2.475 °» »»
5 5 43.20 2 D 3.08
10 30.30 0.589 3.13
4o 11.00 0.194 3.40
| Moyenne. 3.21
0 64.00 2.050 »»»
6 5 41.00 0.869 3.68
10 28.40 0.548 3.64
fo 10.00 , 0.176 3.75
| $ Moyenne. 3.69
(275)
» Ainsi, ces éléments avaient à peu près la méme force; cependant le
sixième avait une force sensiblement moindre.
» On à ensuite disposé immédiatement tous ces éléments pour faire une
pile à six paires.
» L’intensité de cette pile était telle, qu'elle pouvait faire rougir un fil de
platine de + de millimètre de diamètre et de 20 centimètres de longueur.
» On a fait passer par la boussole des tangentes le courant qu’elle pou-
vait produire, et l’on‘a obtenu les résultats suivants avec le fil de cuivre
qui avait servi à déterminer les résistances individuelles.
LONGUEUR DÉVIATIONS TANGENTES AE RTANCEE.
ajoutée. observées. des déviations.
ms | mms | nee | 2e |
68° 30 2.538
63.20 1.991
58.30 1.632
39.00 0.810
8 0.532
21.30 0.394
Moyenne...
» Lorsqu'on ajoute bout à bout les six éléments, pour former une pile
de six paires, le courant produit par le premier élément n’a plus à traverser
seulement les conducteurs de l'appareil, maïs il doit traverser encore les
cinq autres éléments, et s’affaiblir proportionnellement à la longueur du
fil qui représente la résistance de ces éléments; par conséquent pour
connaître son intensité individuelle, lorsqu'il fait partie de la pile, il faut
la calculer d’après la longueur réelle du nouveau circuit qu'il parcourt; ii
en est de même de tous les autres éléments. En faisant ces calculs , et en
ajoutant les intensités individuelles des six éléments ainsi calculés, on
retrouve toutes les intensités observées, soit pour la pile seule, soit pour
les divers circuits, composés de la pile et de 5", 10", 40", 7o" et 100"
du fil.
» En généralisant ces résultats, on arrive à la formule suivante qui ex-
prime l'intensité d’une pile quelconque au moyen des intensités indivi-
duelles de ses éléments:
Pit H Pit Lise se HFaln
NE Un — (ne Dal
C. R. 1837, 19 Semestre. (T. LV, N° 8.) 39
(276 )
» lilas +. . 1, Sont les résistances des éléments.
»l,,t,, . . . & les intensités individuelles.
» a la longueur de fil qui représente la résistance de la boussole. Dans
l'expérience précédente a— 0",26.
» Î la longueur de fil ajoutée au circuit de la pile.
» Ainsi les principes démontrés pour un élément, s'appliquent à une
pile composée d’un nombre quelconque de paires, et il est vrai de dire
en même temps, que l'intensité d'une pile est en raison inverse de la lon-
gueur du circuit , et qu'une pile est capable d'un effet électro-dynamique
constant , quelles que soient la longueur , la section et la conductibilité du
circuit que son courant doive traverser.
» Ce résultat explique ce que l’on appelle la tension de la pile, car, si
l'on fait un élément à grandes surfaces, dont l'intensité et la résistance
soient représentées par T et par R, lorsque le courant de cet élément
devra traverser une longueur / du fil précédent, son intensité sera
AT
DE R+7?
or, il serait très facile de donner à cet élément assez de surface pour qu’en
faisant /— 0, son intensité T füt plus grande que celle d’une pile com-
posée de n éléments plus petits; mais, lorsqu'on donnera à / une valeur
méme tres petite, son intensité va en général s’affaiblir dans une pro-
portion énorme, tandis que l'intensité de la pile restera presque la même.
Ainsi, pour qu’un élément püût être à cet égard comparé à une pile, il fau-
drait en même temps que Tet R fussent très grands; ce qui peut être
réalisé par quelques actions chimiques très énergiques et remplissant
d’ailleurs quelques autres conditions.
» 6. Expériences avec plusieurs éléments disposés pôle à pôle. — Pour
déterminer la loi d'intensité des courants donnés par plusieurs éléments
disposés pôle à pôle, et formant par conséquent une pile à grande surface
et à un seul élément, on a réuni les deux pôles positifs et les deux pôles
négatifs des éléments À et B dont les intensités individuelles ont été rap-
portées précédemment (page 271), et l’on a obtenu les résultats suivants :
(277 )
Éréments À et B disposés pôle à pôle.
LONGUEURS
Sue, DÉVIATIONS. TANGENTES. RÉSISTANCES.
ajoutées.
-270
.589
.167
-100
070
Moyenne... .….|
» Dans cette expérience, l'élément B doit être considéré comme faisant
une dérivation dans le courant produit par l’élément A, et réciproquement
l'élément A fait dérivation dans le courant produit par B. Ainsi, l'intensité
du courant qui passe dans la boussole est la somme de deux courants par-
tiels. En les calculant de la sorte, par la formule donnée à l’article des cou-
rants dérivés, on obtient les résultats qui sont consignés dans le tableau
suivant et qui sont comparés aux résultats de l'observation.
LONGUEURS DÉVIATIONS INTENSITÉS CALCULÉES ET DONNÉES
TANGENTES. par les DIFFÉRENCES.
ajoutées. observées. sommes des courants partiels.
es |
1.400
o 73°.00" 1.880
0.425
0.577
0.253
0.337
0.070
0.095
0.0432
0.077
45.00
30.30
9.30
0.0303
0.0/07
ne — ee me on eo de ee me
(278 )
» Ainsi dans ce cas, les courants individuels des deux éléments s'ajoutent
encore et se superposent en quelque sorte, sans éprouver aucune modi-
fication particulière. Ce résultat est remarquable, sous plus d’un rapport:
car il fait voir que quand un fil est traversé par un courant d’une certaine
tension , il n’est pas moins apte à recevoir un autre courant, lors même
que celui-ci est produit par une source de moindre tension; ce qui
donne une nouvelle preuve que les courants doivent être assimilés à des
quantités de mouvement, et qu’il ne faudrait pas considérer les conduc-
teurs électriques comme des espèces de tubes, donnant passage à un
fluide et offrant d’autant plus de résistance qu’ils sont plus allongés, de
telle sorte que le fluide diminue de vitesse ou de quantité et se trouve
forcé ou de refluer vers la source ou du moins de s’y accumuler en plus
grande proportion.
» Les expériences conduisent à cette formule générale pour exprimer
l'intensité du courant produit par plusieurs éléments réunis pôle à pôle :
TTaT 3e en (l re +: tn) 1
Pile cela + L(Tslgeeln + Tilge..ln + etc. ..)?
pour le cas où tous les éléments auraient la même intensité et la même
résistance, la formule devient :
" nr'l nrt
— OÙ — >,
7 + nr! r + nl’
ainsi pour l= 0, l'intensité est n£.
» Mais, aussitôt que l’on ajoute au circuit des éléments eux-mêmes
une longueur / d'un fil, équivalent seulement à # fois la résistance r de
l'un des éléments, l’intensité devient
nt
1 +’
c'est-à-dire que dans ce cas elle diminue très rapidement à mesure ‘que
l’on augmente le nombre des éléments, si bien que l'intensité d’un seul
élément serait presque dix fois plus grande que l’intensité d’une pile de
dix éléments. 1
» 7 L'ensemble des expériences contenues dans ce mémoire, conduit
en dernier résultat, à ces deux lois générales, qui sont d’une simplicité
remarquable.
» 1°. Une source électrique est capable d’un effet électro-dynamique
(279 ) |
constant, quelles que soient la nature et l'étendue du circuit métallique
traversé par le courant qu’elle produit.
» 2°, Lorsqu'on réunit plusieurs sources électriques, leurs effets s’a-
jJoutent ou se superposent, sans se modifier.
» Des expériences déjà très multipliées, autorisent à penser aussi qu'une
source électrique est capable de produire une quantité de chaleur cons-
tante , et qu'il est possible d'évaluer par des quantités de chaleur, ou par
des quantités de glace fondue, les quantités d'électricité données par les
piles par les réactions chimiques ou en général par les sources électriques.»
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur l'électricité animale ; par M. Turcx.
(Commissaires, MM. Becquerel, Dumas, Double.)
« Ce mémoire, extrait d’un long travail que l’auteur a entrepris sur la
» goutte, a pour objet particulier de chercher à établir que l'action ner-
» veuse est due au fluide électrique. »
“ .
PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur les moÿens de découvrir le pus dans le sang ;
par M. Manor , docteur en médecine. (Ezxtrait.)
(Commissaires , MM. Dutrochet, Dumas, Breschet.)
« Le sang consiste, d’après les expériences de M. Müller, en un liquide, que
M. Mandl appelle liquide sanguin et en globules. Le liquide est composé de
sérum et de fibrine dissoute dans le sérum. (On distingue toujours parfai-
tement le noyau central du globule à l'aspect d’un cercle diaphane entouré
d’un anneaë obscur au milieu du globule.) En outre des globules sanguins,
M.Mandl a trouvé d’autres globules sphériques d’uñ diamètre beaucoup plus
petit, comparables aux noyaux des globules, aussi après la séparation de
la fibrine; ils sont d’une pesanteur spécifique plus grande que les globules;
c'est pourquoi on ne les aperçoit qu’à la partie inférieure de la couche san-
guine très mince. Il croit que ces globules sont ceux du chyle ou de la
lymphe, cherchés bien long-temps dans le sang humain.
» On ne peut se servir de l’'ammoniaque pour reconnaitre le pus mêlé dans
le sang, parce que le même effet, la formation d’une gelée visqueuse, a lieu
en traitant par l’ammoniaque le sang pur ou le sang mélangé de pus. J'ai
trouvé, dit M. Mandi, la cause de ce phénomène dans la présence de la fi-
brine, parce que le sérum ne forme pas une gelée, et parce que J'ai aussi
obtenu la même gelée par la combinaison de la fibrine avec l’ammoniaque.
( 280 )
Le sous-carbonate de potasse ou de soude qui empéche la coagulation du
sang, n'empêche pas pourtant la formation de la même gelée par l'ammo-
niaque dans le sang pur.
» J'ai examiné, continue M. Mandl, l’action directe du pus sur les
parties constituantes du sang, la fibrine et les globules. En battant le
sang chaud pur dans des tubes de verre cylindriques ( de 6 à 8 centimè-
tres de long et de 1 + centimètre de diamètre, avec des baguettes de verre,
continuellement, assez vite, dans la direction du diamètre de l’éprou-
vette, et pendant quelques minutes, il se forme une membrane élas-
tique, qui produit, pressée entre les doigts, la même sensation que le
caoutchouc. Cette membrane est rouge, et, lavée, elle devient d’un blanc
jaunâtre. Elle est continue, sans lambeaux ni filaments. Si, au contraire, le
sang est mêlé d’une petite Quantité de pus ( 2 — = de pus des abcès) il se
forme une membrane amorphe, composée de lambeaux filamenteux, molle,
sans aucune élasticité, et qui par le lavage devient beaucoup plus blanche
que la fibrine pure; si la proportion du pus est plus grande, il ne se forme
aucune membrane par l'agitation, la fibrine reste dissoute dans le pus; tan-
dis que le sang non battu, forme avec la même quantité de pus un caillot.
L'action des différents pus est différente. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Vote sur les inégalités lunaires nommées
inégalités à longues périodes; par M. G. pr PONTÉCOULANT.
«On a nommé inégalités à longues périodes , dans la théorie de la Lune,
les inégalités dont les arguments ne dépendent que des éléments du
mouvement lunaire, et sont supposés ne varier qu’en vertu des change-
ments fort lents de ces éléments. Ces inégalités sont en général très dif-
ficiles à calculer, parce que les circonstances particulières au mouvement
de la Lune exigent que, dans le calcul de leurs coefficients, on pousse
l'approximation jusqu'aux termes de l’ordre m° (Connaissance des
Tems, 1824, page 290). Cependant la fonction perturbatrice R, ou
plutôt la fonction f' d'.dR, qui en dérive, jouit, relativement à ces iné-
galités, d’une propriété très remarquable, qui peut faciliter beaucoup
leur calcul. Cette propriété consiste, en ce que les inégalités à longues
périodes, dont les arguments ne dépendent que des éléments de l’orbe
( 281 )
lunaire, disparaissent de l’expression de {d’,dR , développée en fonction
du temps, en portant même l’approximation jusqu'aux quantités de
l’ordre m°. La démonstration générale de ce théorème serait très longue
et très difficile; cependant elle n’est pas impossible sans doute, et l’on
y parviendrait en suivant et en complétant l’analyse de M. Poisson, dans
son Mémoire sur la Théorie de la Lune, où ce géomètre n’a traité que
la partie la moins ardue de la question. Cependant, en attendant que
j'aie pu me livrer à cette recherche, j'ai voulu vérifier l'exactitude de ce
théorème, dans plusieurs cas particuliers dont les géomètres s'étaient
occupés, et j'ai calculé, en le prenant pour base, les principales inéga-
lités à longues périodes que les géomètres qui ont traité de la Théorie
de la Lune, avaient considérées ; je suis arrivé à des résultats qui mettent
hors de doute l'exactitude du théorème pour tous ces cas particuliers,
et par conséquent permettent de supposer qu'il s'étend généralement à
toutes les inégalités lunaires du même genre.
» Je vais présenter d’abord ici les calculs qui se rapportent à l'inégalité
à longue période, qui dépend du double de la distance du périgée au
nœud de orbite : cette inégalité a été déterminée par Laplace, dans la
Connaissance des Tems pour 1824, page 291; mais son analyse manquait
sur plusieurs points d’exactitude : en la comparant à la nôtre, il sera
facile de voir quelles rectifications il faudrait lui faire subir pour ly
ramener.
De l'inégalité lunaire à longue période, dont l'argument est le double de la distance
anguèaire du périgée au nœud de orbite.
» Cette inégalité est l’une de celles qui ont le plus occupé les géomètres,
par les difficultés de calcul que présente.sa détermination, Nous em-
ploierons, pour la calculer, la méthode du second chapitre du livre VII
de la Mécanique céleste, en conservant toutes les dénominations adoptées
dans cet ouvrage. La formule (T) du n° 46 du livre 2°, peut être mise sous
cette forme
2d°.rèr — d.(dr. dt°- 3[d'.2R + 287 Re
E r r
r'dv
d. dv —
(A).
» Nous supposerons que la caractéristique d' se rapporte ici à l’incli-
naison 7 de l’orbe lunaire à l’écliptique, que nous considérerons comme
une très petite quantité, dont nous négligerons les puissances supérieures
( 282 )
; 1: 2d°.rèr
à la seconde. On peut, dans cette formule, négliger le terme —=—,
parce qu'’étant une différentielle exacte, il n’acquiert pas par l'intégration
de diviseur qui le rende sensible ; en observant ensuite que relative-
ment aux inégalités à longues périodes, /d’.dR est nul par le théorème
général énoncé précédemment, la formule (A) se réduit à cette forme très
simple
= à.(@rèn + dr (23
r°do (B)
d.dv —
v désigne la longitude comptée sur le plan même de l’orbe lunaire, si
lon nomme y cette longitude rapportée à l’écliptique, on aura la valeur
de d.dv, par le chap. 2° du livre VIT, en ajoutant à la valeur de d.d'u
sur l'orbite, la fonction
ou bien la fonction
I 1 I
— (-s".r° du —- rdst)
rdv É 2 &
on aura donc ainsi
d. dv = d.dv + (2 s’r°dv° — =: rds );
d’où , en substituant-pour d.d\v sa valeur (B), on conclura
2 à r'do\ _ _d. (drèr) dR 1srdu 1 r°ds?
Cr) del de EE dr a de.
On'a d’ailleurs , par une formulé connue,
rdv dR
TE = h — > dt.
Par conséquent
d.dv___ d. d.(drèr) dR © dR La prepa ds”
dt hd Sn 7 el +i2s | 2h de
ae CPE a) +57 = à ar (a).
Les deux derniers termes de cette formule, qui n’est d’ailleurs que le
développement de la formule (A) employée par Laplace, ne produisent
dans d.dv aucune inégalité du genre de celle que nous considérons de
( 283 )
l'ordre m°, on peut donc, en s’arrêtant aux termes de cet ordre, en faire
abstraction; on peut aussi, dans ce cas, supposer #71, dans les termes
qui sont déjà de l'ordre m*; on a alors simplement
d.dv ARUCLE AE &
= +287 + 0 (AS
1 gl 4 Mob ER dR
Fe mama . @)
— R est ce que l’on a nommé Q dans le n° r du livre VII de la Méca-
nique Céleste, et en négligeant comme on peut le faire ici, les termes
dépendants de la parallaxe et de l’excentricité solaires, on a (Connaissance
des Tems 1824, page de
R=——— re ae + 3(1 —s) cos (av — 2v')],
.
d’eù l’on tire
dR
x pee = 4R,
et par conséquent
Nr US 4IR
2ùr = A
» Lorsqu'on n’a égard qu'aux quantités de l’ordrem*, SR est nul, relati-
vement aux inégalités à longues périodes, comme nous l'avons dit (r),
et comme nous le montrerons d’ailleurs à la fin de cet articie, par rap-
port à l’inégalité particulière, dont nous nous occupons : on peut donc
d : RTE Gi 2
supposer d'.r = —= © dans la formule (b) qui, donne définitivement ainsi
d.dv EAU ns 1h pou r© ds? Os’ fdR 2
= der OT) et me Ru
Pour calculer par cette formule l'inégalité de d.dv, dépendante de l’ar-
gument a — 2Ct, il faut considérer les différents termes des valeurs de
dr, d s, db [TS = dé, qui par leur combinaison, peuvent pro-
duire dt se Nous emprunterons dans ce qui va suivre les valeurs
de r, d br s, ds, v et dv à l'ouvrage de M. Plana, quant à la fonction
R, et à ses différencés partielles e ; &, nous avons effectué leur déve-
(1) Comptes rendus , 1836, 2° sem:, n°8.
C. R. 1837, 127 Semestre, (T. IV, N° 8.) 40
(284 )
loppement complet, dans une nouvelle Théorie de la Lune, qui sera in-
cessamment publiée; mais en attendant qu’elle ait paru , nous renverrons
les géomètres qui voudraient vérifier les valeurs dont nous allons nous
servir, à la brochure qu’a publiée M. Lubbock sur le même sujet.
» L'expression de dr renferme le terme 5 ep? cos (et — agt), la valeur
elliptique de r en la différentiant, donne dans dr le terme dfe sin ct; on
aura donc en ne considérant que ces termes
déni 4 5! xl
none DT PALOAETE
n 16°” sin (20 2gt);
d’où en différentiant et observant que 2g — 2c est à très pen près égal
à 3m°, on conclura
en - m'e”ÿ" cos (2gt — 2ct).
A UMUEES dR A :
On a par ce qui précède, r += 2R et le développement de la fonction
R a donné
r — + m'ecos ct.
. . . 1
» La valeur elliptique de r donne r = 1 — ecos ct, l'expression de d'-,
contient le terme — £ ey* cos(ct — 2gt): on aura donc en vertu de ces
deux termes
rÔ = —Ÿe cos (ct — 28 Dire Le cos (2ct — 281),
et par conséquent
1. dR. Den LabN het
rÔ à Cr Tr] =— Ge ==) m'e’y° cos (2ct — 2gt),
D’après les valeurs calculées par M. Plane, en négligeant dans l'expression
mm?
de À les quantités d’un ordre supérieur à m°, ce qui donne k — 1 — =-,
J'ai trouvé
=— : y'cos2gt + 3 g'77160s (at — 2gt) + ( I Îm:) ey’cos(ct—2gt)
35 3 \ >
+ G= —n 356 m) e*y’cos (2ct — 2gt),
15
— = 1 +26 cos ct + É + s e?cos 2ct + TG cos (2t — 201),
( 285 )
£ 3
j = = é + 1) y'cos 2gt + = my Cos(21—2gt) — En m'ey’cos(ct— 2gt)
+] mey°cos (24 + ct — 281),
Le 1—(2— m')ecosct— (+ m°\ e?cos2ct MES me CCS (24 — ci)
Sp 2 ) 4
45
+ FT me’cos(2t — 201) ;
d’où l’on conclut
Eee (Em) m4 (em) (mm)
5
16
135, 361, sais ad
Tr Rire Jerrcos 2C &
172 ds? . 135 ati jh 2 à
le, Cr#)( +5 + 6 6 7e mr) 3
1/3 135 315 ,\ _ 5 135, is me] ME M ee
MU Cu AE 1e) Enr TTL Garesp(as ne);
1h 17° ds
2° 2% de
» L'expression de R contient le terme — © m'étcos (26—act): onobtient
la différentielle = en différentiant R par rapport à £ sans faire varier cl,
en observant donc qu’on a écrit pour abréger 2£ — oct au lieu de...
(2— 92m —2c)t,et LA peutici supposer c —1, le terme précédent de R
15 :
produira dans [É a dé le terme = me*cos (21 — act), l'expression de s*
3
contient le terme : 5 ny RUE — 2gt). On aura donc, par la combinaison
de ces deux termes,
—— nn 27 cos (2et — 2gt).
En réunissant les différentes parties de la formule (4’) que nous venons de
calculer, on aura
40.
( 286 )
=?) m'e?y”cos (2ct —2gt).
d.dv 15 15 33 45
“dé =(7— 32 Ÿ 128 128
» Cette valeur s’accorde avec celle que M. Plana a obtenue par une voie
différente, et à laquelle M. Poisson est également parvenu par la méthode
de la variation des constantes ; une légère rectification de calcul suffrait
d’ailleurs pour déduire cette même valeur de l’analyse de Laplace, insérée
dans la Connaissance des T'ems pour 1824.
» Déterminons maintenant les termes de l’ordre m° qui entrent dans le
coefficient de l'inégalité précédente. Nous avons montré la nécessité de
cette seconde approximation pour toutes les inégalités à longues périodes
qni contiennent la quantité g — c dans leur diviseur. Pour cela, reprenons
la formule (a); mais comme il serait trop long de rapporter, dans cette
note, tous les calculs que nous avons dù faire pour la réduire en nombres,
nous nous contenterons d’en avoir indiqué plus haut la marche, et nous
en rapporterons simplement les résultats, en renvoyant au mémoire
qui paraîtra dans la Connaissance des Tems de 1840, où l’on en trou-
vera rapportés scrupuleusement tous les détails. Par. la combinaison des
différentes PAUES de la formule (a) qui peuvent produire l'argument
2gt — 2Ct, j'ai trouvé
*
d.(drôr) _ 135, dR __ 405 ,,
da mr y” cos(2ct — 2gt), 20. = À ey? cos (2ct — 291
k (rs D) = eme cos (2ct — 2gt),
Qi Ces 1 r° ds? 333 ss
ASUS dei 256 € cos (2ct — 2gt)
_— = a = = — ee mée’y® cos (2ct — 281),
LE (JS de) = = DE 3 cos (2ct — 2gt),
d.dv dR 153
CES ours cos (2ct — 2gt)e
En substituant ces différentes valeurs dans la formule (a), on aura
_ = 333 531, 45 153 _ 5r3
= Er 3 0242 t— opt
128 AS —i 266 256 TT Lt 256 32 — En GA ARAES 7805
( 287 )
FES è : d.dv
» En réunissant maintenant les deux parties dela valeurde —, on aura
pour sa valeur complète
== = ( + Fe m) m'e’y” cos (2ct — ?gt),
d'où en multipliant par d£ et intégrant, on tire
dv — Le ES é + Fe m) ey° sin (201 — 2gl),
valeur identique avec celle qui est rapportée à la page 151 du deuxième
volume de l'ouvrage de M. Plana, et à laquelle il est arrivé par une
analyse absolument différente de la nôtre.
» M. Lubbock a bien voulu à ma prière, et en admettant l'existence de
l'équation fd'IR — 0, calculer l'inégalité précédente par une formule
qui lui est propre ; mais qui n’est, il est vrai, qu’une transformation de la
formule (a); et après un calcul fait avec le plus grand soin, il a obtenu
pour dy une valeur identique avec la nôtre(r):il ne peut donc rester aucun
doute sur l'exactitude de ce résultat; sans doute les calculs qu’il nous a
fallu entreprendre pour y parvenir, exigent quelque attention et quelque
patience; mais ils paraïîtront très simples encore, si on les compare à ceux
que M. Plana a été obligé d'exécuter, et dont il s’est tiré toutefois, nous
aimons à en convenir, avec une bien rare habileté. L'avantage reste donc
incontestablement à la méthode que nous avons employée, et par la-
quelle nous nous proposons de déterminer désormais toutes les inégalités
du mouvement lunaire. Cette méthode consiste à exprimer directement
le rayon vecteur, la longitude et la latitude en série de sinus et de cosi-
nus d’angles croissants proportionnellement au temps, tandis que les
géomètres depuis d’Alembert et Clairaut, les avaient exprimées d’abord
en séries de sinus et de cosinus d’angles proportionnels à l’anomalie vraie
de la Lune, séries qu’ils convertissaient ensuite en fonction du temps,
par le retour des suites, opération très longue et désormais inutile. La
méthode dont il s’agit a un avantage particulier, relativement aux
inégalités à longues périodes, et qui facilite beaucoup leur calcul: en
() Il est superflu d’avertir que la partie du coefficient de l'inégalité précédente de
l’ordre m,, calculée par Laplace, Connaissance des Tems, 182%, ne s’accorderait nul-
lement avec icelle-ci; ce qui tient aux erreurs des formules analytiques employées
par lui, comme nous l'avons indiqué, Comptes rendus , 1836, 2° sem., n° 8.
( 288 )
exprimant en fonction du temps ces inégalités, on a généralement
[d'.JR= Oo, ce qui dispense de calculer la partie la plus difficile de
l'expression de la longitude. L'accord du résultat que nous avons obtenu,
en admettant ce théorème comme une vérité démontrée, avec celui que
M. Plana a déduit d’une autre méthode, suffirait sans doute pour prouver
qu'il se vérifie en effet, relativement à l’inégalité à longue période dépen-
dante de l’angle 2cé4 — 2gt; mais il ne sera pas inutile de montrer ici
comment j'étais parvenu à m'en assurer directement d'avance par un
calcul fort simple.
» En calculant le coefficient de l'inégalité relative à l'argument 2cé—2gt,
qui entre dans JR, en tenant compte des termes de l’ordre m°, j'ai trouvé:
où
OR — 1 ms e" y* cos (2gt— 201), (1).
On voit que les termes en 7#° ont disparu de cette valeur, ce qui est con-
forme à ce que nous avons dit plus haut.
Pour conclure de cette valeur, celle de la fonction fd’.d'R; j'observe
qu’en différentiant complétement la valeur de R on a
aR = d'R + À de”;
Pr dR : dR ; alt
d'où en observant que = — —, et que l'on peut supposer ici d#=mdt,
puisque nous négligeons l’excentricité de l’orbe solaire, on tire par l’in-
tégration : -
ET R
[are +m fu,
et par conséquent
Pour tirer de cette équation la valeur de fd’.SR, sans être obligé de
calculer l'inégalité dépendante de l'argument 2ct — 2gt dans f'o(2) dé,
: 135
(1) M. Plana a trouvé dR — ne mey® cos (2ct — 2gt) ( Comptes rendus , 1836,
n° 19, page 460) ; mais cette valeur est inexacte, et ce géomètre aura certainement omis
quelqu’une des combinaisons qui devaient la compléter, ainsi que j’en ai déjà fait
l'observation. (Comptes rendus , 1836, 2° sem. , n° 8, page 203.)
( 289 )
en portant l’exactitude jusqu'aux termes de l’ordre m# qui, par l'intégra-
tion , s’abaisseront à l'ordre m*, ce qui serait très long; j'observe que la
formule connue
d. Le Lits I Æ s 1710 & |,
e h(1+s) d.dw
— \dt = — © — —
dy Ta dé
donne
(d).
m7
Au moyen des valeurs calculées par M. Planà, et en observant que =1——
3
j ai trouvé
135 TRE Na er ON.
=(-< +" — I m* Je y cos (act 280) ;
on a, par ce qui précède
hs _./5 135 36r NE ; ,
ie se — 28 717 5e me )e y” cos (2ct — 2gt),
d’où, en réunissant ces valeurs, on conclut
RACE) 2672. ES
— FE 256 m'e'y? cos (2cL— 2g!1).
à
En substituant cetie valeur dans l'équation: (d), et mettant pour sa va-
3 3p9 p3n,9 » 1 p » 1 ï
leur # m? e* y cos (2Ct — 2gt) trouvée par une première, approximation,
on en cçonclura
LEE [Due = (20232 nec ut 60
Nous avons vu que la fonction /(* Jde contient les deux termes suivants:
[G dt = 2 me? cos (2t—20t)+ : my° cos (21 — 2gt),
on a
r 15
=! + are cos (24 — 2ct);
3
= 3" y” cos (21 — 2g1).
et par conséquent
15°
2
Ti = 1 + 2 mercos (a: — 2ct)+ = my°cos (241— 2gt).
( 290 )
Nommons X le coefficient inconnu quimultipliele terme m'e*>*cos(2ct—28t)
dans la fonction 10 dé, en sorte qu'on ait
v/
fé rJu=: 5: Sonetess (21—26ct) 44 are cos(21—2gt) + Xm’e°cos (20t —2gt).
En multipliant ces deux valeurs l’une par l’autre , on en conclura
1+s Le NA 315
ep Sd (x + a) eycos(20t—2gt)=— Gé m'e’y°cos(2ct—2£1);
d’où l'en tire
On aura donc enfin
[G À) de dt = yes cos (2ct — 2gt).
En substituant cette valeur et celle de AR dans l'équation (c), il en
résulte
e Le 405 ” 405 3 52, .
far = Tia 0 )m'ety'cos(act— 281);
c'est-à-dire que les termes de l'ordre m° dépendants de l'angle 2ct — 2gt
se détruisent mutuellement comme les termes de l’ordre 7°, dans l’ex-
pression de fd'.JR, ce qui est conforme au théorème général relatif aux
inégalités à longues périodes.
» Maintenant, si l’on veut bien se rappeler 1° que la démonstration de ce
théorème donnée par Laplace était tout-à-fait fautive, et qu’il l'avait d’ail-
leurs étendue au- cas où l’'anomalie vraie dela Lune est prise pour variable
indépendante, ce qui n’a pas lieu du moins en général; 2° que la démons-
tration de ce même théorème, donnée par M. Poisson, est tout-à-fait in-
complète, comme nous l'avons déjà annoncé (Compte rendu 1836, 2° sem.
n° 8); 3° enfin que M. Plana, trompé par les erreurs matérielles que renfer-
mait la démonstration de Laplace, a révoqué en doute la vérité du théorème
lui-même, et a consacré un grand nombre de pages de son important ou-
vrage, qui auraient pu être rnieux employées, à démontrer que ce théo-
rème ne pouvait, en effet, exister :,on sera disposé, sans doute, à accueillir
avec intérêt les recherches pénibles auxquelles-nous nous sommes livré
pour terminer enfin cette controverse, et mettre désormais hors de doute
(291 )
un point très important sous le point de vue analytique et pour l'utilité
dont il peut être dans la théorie de ia Lune.
» Dans le mémoire qui paraîtra dans la Connaissance des Tems
de 1840, actuellement sous presse, on trouvera le calcul des inégalités
lunaires dues à la non sphéricité du globe terrestre, exécuté d’apres les
mêmes formules que j'ai employées dans cette note, et qui seront une
confirmation nouvelle des résultats auxquels je suis parvenu ici.»
eme. — De l’action de l'alcool et de l'esprit de bois sur les sels halogèenes
à la température de l'ébullition ; d'un nouveau moyen de préparer l’éther
bromhydrique ; et d'un nouveau composé de méthylène (le bromhydrate
de méthylène); par M. Bonner.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas, Robiquet.)
Nous ne pouvons entrer ici dans le détail qu’exigeraient les expé-
riences de l’auteur concernant l’action de l’alcool absolu sur les chlorures
anhydres.
« Éther bromhydrique. — L'auteur a préparé cet éther, en distillant du
brome avec de l'alcool et de l’antimoine, etc. Cet éther est un liquide in-
colore, d’une odeur éthérée, insoluble dans l’eau, soluble dans l’alcool et
l'éther, desquels l’eau le précipite; il bout à 41 degrés, sa densité est der,355
à la température de 10 degrés et sons la pression de 0”, 56.
» Cet éther est décomposable par le feu , l'acide sulfurique. Sa formule
est. C° H°, H° Br°.
» Bromhydrate de méthylene. — En distillant ensemble du brome, de
l’esprit de bois et de l’antimoine, on obtient un liquide incolore, qui est
du brombhydrate de méthylène, dissous dans l'esprit de bois ; on ajoute de
l’eau, ce corps se précipite, on le met en contact avec du chlorure de cal-
cium fondu, et on le distille sur ce dernier corps.
» Le bromhydrate de méthylène est un liquide incolore, d’une odeur
agréable mais pénétrante, qui pique bientôt le nez et produit un larmoie-
ment tellement fort, que trois fois l’auteur a été obligé de renoncer à sa
préparation : sa vapeur produit le même effet; très volatil, soluble dans l’al-
cool et l’éther desquels l’eau le précipite, mais non en totalité, il est dé-
composable pag le feu. »
L'auteur présume que sa composition, UE les circonstances qui l'ont
produit, serait de
Cf Hi, Bre EP.
C.R. 1837, 17 Semestre. (T. IV. N°8.) 4x
( 292 )
CORRESPONDANCE.
PHysiQuE Du GLOBE. — M. le Ministre des Finances a adressé à l’Aca-
démie, le 21 septembre dernier, diverses questions météorologiques dont
la solution est demandée par la Commission chargée en vertu de l’Or-
donnance royale du 29 mars 1836, d'examiner s’il y a lieu de modifier ou
de rapporter les dispositions de l’art. 219 du Code forestier , relatives au
défrichement des bois des particuliers.
Il prie aujourd’hui l'Académie de jui faire connaître, dans le plus court
délai possible, le résultat de ses recherches, afin qu'il puisse en informer
la Commission qui désire terminer très prochainement son travail.
La lettre de M. Le Ministre estrenvoyée à la Commission élue par l’Aca-
démie dans la séance du 26 septembre, et chargée de lui faire un rap-
port sur les questions météorologiques dont il s’agit.
mécanque.—M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux
publics , averti par un extrait de la séance du 11 janvier 1836, inséré dans
le Journal des Débats , de la présentation d’un mémoire de M. Jappelli ,
relatif à une nouvelle machine d’épuisement, écrit que « le grand intérêt
» qui s'attache au desséchement des marais, a appelé son attention sur
» l'annonce de ce mémoire, qui semble promettre de beaux résultats. »
Il invite en conséquence l’Académie à lui adresser une copie du mé-
moire de M. Jappelli, et des plans de machines qui peuvent y être an-
nexés.
Cette copie sera immédiatement transmise à M. le Ministre; il y sera joint,
en outre, un exemplaire du rapport de M. Vavier sur le mémoire de
M. Jappelli, rapport lu dans la séance du 11 janvier 1 836, au nom d’une
Commission composée de MM. de Prony, Girard et Navier rapporteur.
M. £yries prie l'Académie de vouloir bien linscrire sur la liste des
candidats pour la place d’Académicien libre , devenue vacante par le décès
de M. Desgenettes. «
M. Éyriès joint à sa lettre une Notice imprimée sur ses travaux. Ces
pièces sont réservées pour être renvoyées à la Commission qui sera
chargée de présenter une liste de candidats.
( 293 )
Extrait d'une lettre de M: ne Humozpr.
« Les infusoires fossiles ont été mangés en Laponie pendant le temps
des grandes disettes. Voici ce que M. Retzius, professeur d'anatomie à
Stockholm, écrit tout récemment à M. Ehrenberg: j'avais reçu par les
bontés de M. Berzélius quelques fragments du dépôt siliceux de Fran-
zensbad que vous lui avez envoyés. Les carapaces d’infusoires fossiles
que renferme ce dépôt, me firent penser à une substance minérale vul-
gairement appelée Bergmehl (farine des montagnes), analysée et décrite
par M. Berzélius, dans les Annales de Poggendorf pour l’année 1833.
Cette farine des montagnes renferme de la silice, une matière animale , et
de l'acide crénique (quellen saure) découvert par ce grand chimiste. Les.
Lapons mélent le Bergmehl, dans les grandes famines, à leur farine de
céréales et d’écorce pour en faire du pain. On s’est nourri de ce pain en
1833, dans la petite commune de Degerfors, sur les frontières de Laponie
par les 64° et 65° de latitude.
» En examinant au microscopela farine des montagnes, que ce peuple
superstitieux regarde comme un don du grand esprit des forêts, jy a
découvert 19 formes différentes d’infusoires à carapaces siliceuses dont je
vous envoie les dessins. Tout le minéral en est composé , et la conjecture
que j'avais formée sur l’analogie avec le dépôt de Fmamzensbad, s’est
trouvée entièrement fondée. » M. Ehrenberg, dit M. de Humboldt, a recu
de cette farine minérale de Laponie, Plusieurs des infusoires qu’elle ren-
ferme à l’état fossile, vivent encore près de Berlin. Les infusoires sont
mangés à Degerfors, je ne dis pas qu’on s’en nourrit. »
mÉTÉOROLOGIE. — Étoiles filantes.
M. de Hammer adresse quelques extraits d'anciens auteurs, dans les-
quels il est question d'étoiles filantes. Le premier se rapporte au mois
d'octobre de l'an go2 de notre ère:il est tiré de l’Æistoire de la domination
des Arabes par Condé. En voici la traduction.
« La nuit äe la mort du Roi Zbrahim ben Ahmed, on vit une infinité
» d'étoiles filantes qui se répandirent comme de la pluie à droite et à
» gauche. Cette année fut appelée l’année des étoiles.
» Dans l’histoire du Kaire de Soyouti , on trouve : « cette année (1029 de
notre ère), au mois de Redjeb (mois d'août), il tomba beaucoup d'étoiles
» avec un grand bruit et une vive lueur. »
Ë
LT.
( 294 )
Le même historien dit ailleurs : « L’an 599, dans la nuit du samedi
» dernier Moharrem (1202 de notre ère, 19 octobre), les étoiles jetaient
» des vagues au ciel, vers l’est et vers l’ouest; elles volaient comme des
» sauterelles dispersées de droite à gauche; cela dura jusqu’à l'aurore. Le
» peuple était en détresse; ce phénomène n'arrive qu’à des années, dé-
» terminées. »
Les tablettes chronologiques de Æadji Calfa n’indiquent rien, ajoute
M. de Hammer, ni pour 902, ni pour 1029; mais elles signalent « une
» fluctuation des étoiles, pour la nuit qui précéda le dernier jour du
» mois de Moharrem. »
MÉTÉOROLOGIE. — M. Moreau de Jonnés annonce que « le 7 janvier
dernier, à bord du brik le Hussard, à la mer, devant l'ile de Cuba, par
23° de latitude, le thermomètre est tombé, par un coup de vent de nord,
au-dessous de 12°,5 de la division centigrade.
» Ce froid, ajoute M. Moreau de Jonnés, est extraordinaire et plus
grand que celui que j'ai observé sur les plus hautes montagnes des
Antilles. »
cÉoGRAPRIE puysique. — Vote sur l'éruption du volcan de la Guadeloupe ;
par M. le docteur Larrwinier. (Communiquée par M. Beauperthuy.)
« Nous venofñië d’avoir une éruption de la Soufrière, précédée depuis
une dixaine d’annéts de fréquents tremblements de terre, et caractérisée
par une abondante éjection de laves pulvérulentes ou de cendres volcani-
ques. Cette éruption a commencé le 3 décembre à deux heures après midi,
avec un bruit semblable à celui d’un torrent qui descend et roule de
grosses roches; il s’est fait entendre distinctement pendant trois ou quatre
minutes. Depuis cette époque la Soufrière n’a point cessé de projeter des
cendres ou des vapeurs sulfureuses, dont l’odeur pénétrante se fait sentir
jusqu’à la ville de la Basse-Terre. Les cendres obéissant à l’action du vent
régnant de l’est, se sont étendues jusqu'au quartier des Habitants. En
gravissant le morne de la Soufrière, on n’en trouve guère que dans l’espace
compris entre le Grand-Piton et la porte d’Enfer : le plateau en est dé-
pourvu. Le pont naturel est devenu d’autant plus dangereux à passer qu'il
est crevassé, que la grande fente fume des deux côtés, et qu’une vaste
fumerole s’est ouverte à la tête de ce passage, et le remplit d’une vapeur
chaude et suffocante qui a failli asphyxier M. Daver dans l'expédition
qu'il y a faite et dont il m’a transmis les détails.
(295)
» Les anciens volcans du sud sont en pieine activité. Le sol est rempli
de fissures, et une nouvelle bouche s’est formée, qui projette d’épaisses
vapeurs dans un sens tout-à-la-fois horizontal et vertical. Il est impossible
de s'approcher pour juger des dimensions de ce cratère.
» C’est particulièrement le cratère de l’est qui a vomi la cendre qui s'est
étendue jusqu’à la ravine Lherminier, au Mornehouël et au Mathoubas; il
paraît avoir également lancé quelques roches de 4o à 5o livres, qui sont
retombées près de son ouverture.
» Quant aux cratères du Nord et du Pont-Chinois qui ont joué un si
grand rôle dans l’éruption de l’an vir, ils sont toujours endormis.
» J’ignore quelle sera la fin de tout ceci, mais s’il m'était permis de ha-
sarder une opinion en face de cet imposant spectacle, je dirais qu'après
avoir successivement passé par les phases de cratères de soulèvement, d’ex-
plosion et d’éruption, il n’est pas impossible que notre montagne finisse
par retomber dans la catégorie des cratères d’affaissement. Peut-être alors
s'éteindra-t-elle si elle ne commence dans la suite des temps une nouvelle
carrière d'activité qui semble Den compatible avec le développement au-
quel elle est parvenue.
» Dites à M. Bory de Saint-Vincent que la première version qu’on m'a-
vait faite sur l’éruption m’avait consterné, par la destruction qu’elle devait
‘ amener de toutes les cryptogames de la Soufrière, mais que j’adopte volon-
tiers la seconde, parce qu’elle est plus exacte et plus consolante, puis-
qu’elle me fait espérer qu'il restera encore plus de mousse et de fou-
gères, etc., que je ne pourrai lui en envoyer jamais. »
M. Lherminier joint à sa note un paquet contenant des cendres vo-
mies par les cratères en éjection. Ces cendres sont renvoyées à l'examen
de M. Berthier.
ovoLoG1e. — Suite des observations sur le développement des limaces et
autres mollusques gastéropodes ; par:M. LAURENT.
« Ces observations commencées en 1835 et poursuivies en 1836 et 1837,
ont été faites non-seulement sur le limax flavus (1), limace blonde des
(1) An lieu de Za limace grise (Compte rendu de l’Académie des Sciences n° 12,
séance du 19 octobre 1835 ; p. 228, ligne 8), lisez : /a limace blonde des caves ou limaz
flavus.
(296 )
caves, et sur la limace rouge (arion rufus), mais encore sur les œufs des
L. agrestis, L: cinereus , Helix nitida et Paludine vivipare.
» Aux premiers résultats que j'ai soumis à l'Académie en 1835, j'ajoute
les suivants :
» 1°. La vésicule se prolongeant en un long pédicule, nous semble de-
voir être considérée comme l’analogue de la vésicule ombilicale, parce que
… l'observation et la dissection montrent que son pédicule aboutit au canai
‘intestinal à peu près vers l’union du tiers postérieur avec les deux tiers
antérieurs de ce canal;
» 2°. En comparant la vésicule et le bouclier, 1° sur les embryons
des limaces et des Ærions, 2° sur ceux des Æelices et de la Paludine
vivipare, on peut constater que chez ces derniers embryons, le bouclier
se développe très rapidement et recouvre de bonne heure la vésicule, qui
se développe moins et rentre beaucoup plus tôt dans le corps, tandis que
le phénomène inverse a lieu sur les embryons des limaces ;
» 3°. Le travail organogénique par lequel cette vésicule se constitue et
se distingue de plus en plus du corps de l'embryon, est très remarquable.
» La vésicule forme d'abord à elle seule tout le germe vitellin dans le-
quel apparaissent des globules agglomérés sous forme sphérique et en-
tourés par une couche transparente; sur un point de cette couche ex-
terne apparaît le rudiment de la queue.
» Toute la couche externe qui forme l'extérieur de la vésicule et le
rudiment de-la queue représentent primordialement la peau de l’em-
bryon.
» Les globules se dilatent en vésiculines et ces dernières restent sous
forme d’amas ou se disposent en une couche vésiculineuse renfermant un
liquide très limpide, analogue du jaune de l’œuf des vertébrés.
» Ce sont ces vésiculines (ZL. agrestis) où ce liquide limpide (Z. flavus)
qui, poussés par la couche externe douée de contractilité, m'ont paru
devoir communiquer avec le tube intestinal.
» Peu après l’apparition de la queue, on voit bourgeonner 1° les deux
tentacules oculaires au-dessous et sur les côtés de la vésicule; 2° le bou-
clier qui est placé en-dessus, entre la vésicule et la queue;
» 4°. En outre du mouvement giratoire de l'embryon dont la queue est
l'organe, on obserye une autre giration de droite à gauche autour d’un
point central, avant que l'embryon puisse mouvoir la queue et la vési-
cule. Ce mouvement est antérieur au précédent et cesse aussitôt que ce-
lui-ci commence.
( 297 )
» Pendant la locomotion giratoire, la vésicule.et la queue se dilatent et
se contractent alternativement, d’abord lentement. et rarement; ces mou-
vements s’accélèrent ensuite peu à peu. La contraction de l’un de ces or-
ganes coïncide avec l'expansion de l'autre ;
» b+Pendant l’expansion de ces organes, on voit nettement dans le
tissu de la queue et dans celui de la couche externe de la vésicule, des
globules sanguins très transparents et peu nombreux. Le mouvement de
ces globules n’est point circulatoire, on les voit seulement osciller dans le
tissu où l’on ne peut apercevoir aucun vaisseau ;
» 6°. La réticulation de la vésicule est due à la figure hexagonale sous
laquelle se présentent les vésiculines de la couche interne pressées les
unes contre les autres par l’effet de la distension qu’elles éprouvent;
» 7°. En outre de leur fonction locomotrice, la vésicule et la queue
doivent être considérées comme des organes respiratoires. Nous nous en
sommes assurés par des expériences directes;
» 8°. Nous terminons en annonçant que nous venons de constater que le
sac pulmonaire qui se forme sous le bouclier n’est, à son origine, autre
chose que le renflement de l'extrémité postérieure du tube intestinal.
» Nous mettons sous les yeux de l’Académie, des figures relatives 1° à
plusieurs irrégularités observées dans les œufs; 2° aux divers états de la
vésicule ombilicale et de sa rame caudale.
» Nous nous proposons de lui soumettre très prochainement, les faits
et les figures relatifs au développement du poumon et à l’oscillation du
sang dans la queue et la vésicule ombilicale de ces mollusques. »
PRIX RELATIF A L'ASSAINISSEMENT DES ARTS ET MÉTIERS. — M. Miégeville
adresse pour ce prix une ÂVote sur un moyen de rendre moins insalubre
le métier des employés dans les manufactures des tabacs.
MÉCANIQUE. — L°. {Vote sur la possibilité de se passer des écluses, au moyen
desquelles 6h fait monter les bateaux du bief inférieur, d'un canal dans
le bief supérieur; 2°. Note sur la possibilité de produire sans combustible,
le calorique applicable à des machines à vapeur, à des opérations mé-
tallurgiques , à des appareils distillatoires, etc.; par M. nr Mowrureux.
(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis.)
eue. — M. G. Aimé annonce qu'ila obtenu un nouveau liquide, composé
de chlorure de cyanogène et d’éther. L'analogie, ajoute-t-il, de l'alcool
( 298 )
avec l’esprit-de-bois faisait prévoir l’existence d’un chloro-cyanite de
méthyléne; c'est ce que l'expérience a confirmé. M. Aimé décrit les pro-
priétés de ces deux nouveaux liquides éthérés, et donne leurs formules.
M. Armand Duval prie, l'Académie de vouloir bien presser le rapport
qui doit être fait sur sa note relative à la nécessité de déterminer le de-
gré de cuisson que le pain doit subir pour devenir un aliment salubre.
COMITÉ SECRET.
À 4 heures À, l’Académie se forme en.comité secret.
La séance est levée. F.
( 299 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1837, 1°" semestre, n° 7. :
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie Royale
des Sciences. — Tables du premier semestre 1836; in-4°.
Géographie d'Édrisi traduite de l'arabe en français, d'après deux
manuscrits de la Bibliothèque du Roi; par M. A. Jausert; tome 1°,
Paris, 1836, in-4°.
Recherches expérimentales et théoriques des Causes dexplosions des
chaudières à vapeur; par M. Gary Cazarar; brochure in-4°.
Rapport de M. GamarD sur les Travaux de la Commission d'Islande
(Extrait des Annales maritimes de 1836); Paris, 1836, in-8,
Notice des Travaux de la Société de Géographie de Paris et du Pro-
grès des Sciences géographiques , pendant l'année 1856 ; par M. D’Avezac;
Paris, 1837, in-8°.
Esquisse générale de l'Afrique ; par le méme; in-12.
Species général et iconographique des Coquilles vivantes ; par M. E.-C.
Krwer; 20° livraison, in-4°.
Histoire naturelle et Iconographie des Insectes coléoptères ; par MM.
Casreznau et Gony; 10° et 11° livraison, in-8°.
Communications faites à l'Académie des Sciences sur quelques décou-
vertes modernes qui avaient été connues des Anciens; par M. ne Paravey ;
une demi-feuille in-8°. (M. Arago est prié d'en rendre un compte verbal.)
Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris ; tome 20, janvier
1837, in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture , Arts et Commerce du département
de la Charente ; tome 18, novembre et décembre 1836, in-8°.
Builetin de la Société industrielle de Mulhausen ; n° 46, in-8°.
Ueber die Virkung.....De l'action du sulfate de cuivre sur l'organi-
sation animale ; par M. Mrrseueruicu; Berlin, 1837, in-8°.
Astronomische.... . Nouvelles astronomiques de M. Scauwacer ; n° 524,
in-4°.
Memorie di Matematica. . .. Mémoires de Mathématiques et de Physique
CR. 1837, 1® Semestre. (T. IV. N° 8.) 42
( 300 )
de la Société Italienne des Sciences de Modène; vol. 21, partie mathé-
matique, Modène , 1836, in-4°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par
M. Miquer; tome 22, 2° et 5° livraison, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; n° 1°*, 23° année,
février 1837, in-8°.
Archives générales de nn 2 Journal complémentaire des Sciences
médicales ; 3°'série, tome 1°, janvier 1837, in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; tome 3;
février 1837, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 5, n° 7, in-4°.
La Presse médicale ; tome 1°, n° 13 et 14, in-4°.
Gazette des H6pitaux; tome 11, n° 19—21., in-4°.
France médicale ; tome 1°", n° 30 et 31.
Æcho du Monde savant; n° 58 et 59;
La Ruche , Journal d'Études ; par MM. Bsiroc et Monrcozrier ; n° 3
et 4, in-8°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 FÉVRIER 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’'ACADÉMIE.
»aysioLociE. — JVote sur des matières pierreuses employées à la Chine dans
les temps de famine, sous le nom de farine de pierre ; par M. Bior.
«Les détails communiqués à l’Académie, par M. de Humboldt, sur l’exis-
tence d’une matière pierreuse qui s'emploie quelquefois en Laponie,
dans les temps de disette, m'ont rappelé la mention d’un fait semblable
récemment arrivé à la Chine, et rapporté dans la correspondance des
Missions. Mon fils ayant trouvé aussi ce même fait attesté pour plusieurs
époques, dans l'Encyclopédie japonaise , avec des dates, je lai engagé à
traduire les passages qui s’y rapportaient; et j'ai pensé que l’Académie
verrait avec intérêt la réunion de ces documents, sur un usage réellement
plus étendu qu'on ne serait porté à le croire.
« L'encyclopédie japonaise , livre LXI, relatif aux pierres et aux mi-
» néraux , contient un article intitulé chz mien, ou farine de pierre : en voici
» la traduction , dans laquelle on retrouve les mêmes idées superstitieuses
» indiquées par M. de Humboldt pour la Laponie.
CR. 1837, 1er Semestre. (T. IV. N° 9.) 43
( 302 )
» Le Pen-tsao-kang-mou (1) dit : « La farine de pierre n'est pas une
» production ordinaire, c'est une matière miraculeuse. Quelques-uns
» disent qu’elle naît en temps de famine. Sous l’empereur Hien-Tsong,
» de la dynastie des Tang, période Tien-pao , 3° année (l’an 744 de l'ère
» chrétienne), une source miraculeuse sortit de terre, des pierres se
» décomposèrent et furent transformées en farine. » Ce texte est accom-
pagné d’une figure gravée sur bois, qui représente la source s'échappant
en cascades, et les pierres se divisant en flaments; mais ces dernières sont
trop incorrectement indiquées pour qu’on puisse en faire une assimila-
tion minéralogique.
« Sous l’empereur Hian-Tsong , de la même dynastie, période Fuen-ho,
» 4° année (809 de l’ère chrétienne), des pierres se décomposèrent et
» devinrent farine. Sous l’empereur Tching-Tsong, de la dynastie des
» Soung, période Tsiang-fou, 5° année (1012), il naquit de la graisse
» de pierre semblable à la farine. Sous Jin-Tsong, période Kia-yeou,
» 7° année(r062), il naquit de la farine de pierre. Sous Tchi-Tsong, période
» Fuen-fong , 3° année (1080), des pierres se décomposèrent et de-
» vinrent farine. Toutes ces espèces de farines de pierre furent ramas-
» sées et mangées par les pauvres gens. »
« Voici maintenant ce qu'écrivait, en 1834, un missionnaire chinois,
M. Mathieu-Ly, établi dans la province de Kiang-Si (2). Les faits qu’il
décrit se rapportent à cette même année 1834 et aux trois précédentes,
de sorte qu’ils coïncident avec ceux que cite M. Retzius, pour la Laponie.
« Plusieurs de nos chrétiens mourront certainement de faim cette année.
» Il n’y a que Dieu qui puisse remédier à tant et de si grands besoins ;
» toutes les récoltes ont encore été enlevées par le débordement des
RP TE MP EE RE RIRE PC D
(1) C’est un recueil d'histoire naturelle chinois, compilé vers l'an 1575 de l'ère
chrétienne sur des traités plus anciens. M. S. Julien, ayant bien voulu communiquer
à mon fils l’exemplaire du Pen-1sao-Kang-mou qu'il possède , la citation rapportée
dans l'Encyclopédie japonaise a été vérifiée sur le texte original et trouvée exacte.
Ce texte donne en outre le nomides districts où la farine de pierre a été trouvée. Plu-
sieurs font partie de la province septentrionale de Chan-Si, où le froid est souvent
rigoureux pendant l’hiver; d’autres appartiennent aux provinces maritimes du Chan-
tong, du Xiang-Nan, près de l’embouchure du fleuve Jaune, où les inondations sont
fréquentes. Les provinces de Hou-Kouang et de Kiang-Si, pour lesquelles les mission-
naires attestent le même fait, sont différentes de celles-là, et situées dans la vallée du
fleuve Bleu.
(2) Annales de la propagation de la Foi, n° XLVITI, page 85, septembre 1836.
( 303)
» fleuves. Depuis trois ans, un nombre infini de personnes se nourrissent
» de l’écorce d’un certain arbre que l’on trouve dans le pays; d’autres
» mangent une terre légère et de couleur blanche que l’on a découverte
» dans une montagne. Cette terre ne se cède qu’à prix d'argent, et tout
» le monde ne peut pas s’en procurer. Ces gens ont d’abord vendu leurs
» femmes, leurs fils et leurs filles, puis tous leurs ustensiles, et les meu-
» bles de leurs maisons, qu’ils ont en dernier lieu démolies pour en vendre
» aussi la charpente. Beaucoup d’entre eux étaient cependant riches, il y
» a quatre ans.»
« Un autre missionnaire, M. Rameaux (1), écrivant de la province Hou-
Kouang, au milieu de l’année 1834, donne des détails non moins déplo-
rables. ,
» Le district Fan-Hien, dit-il, contenait environ mille chrétiens; mais
» ils ont été horriblement décimés par la famine. J'en ai vu un grand
» nombre venir me demander les derniers sacrements. Ils calculent leurs
» ressources et savent à point nommé le nombre de jours qu’ils ont à
» vivre. Ils reçoivent le sacrement de l’extréme-onction quand ils n’ont
» plus rien à manger, et ensuite ils attendent avec calme que le moment
» de leur mort arrive. »
« Pour comprendre l’irruption de pareilles calamités et leurs fréquents
retours dans une société laborieuse, spécialement agricole et gouvernée
régulièrement depuis une longue suite de siècles, il faut se souvenir
que plusieurs provinces de la Chine, plus étendues que la moitié de la
France, sont des plaines unies, traversées par de grands fleuves , dont le
lit s’exhausse continuellement par les dépôts que les eaux abandonnent,
de sorte qu’on est obligé de les contenir constamment par des digues
élevées et entretenues avec d'immenses travaux. Les provinces de
Hou-kouang et de Kiang-Si, par exemple, dont il vient d’être question,
sont ainsi traversées par le fleuve Bleu et d’autres grandes rivières. Ces
circonstances donnant toute facilité pour les irrigations, développent une
agriculture extrêmement industrieuse, dont la récolte la plus féconde est
surtout le riz, qu’on cultive jusque sur les ondulations des collines, en
y faisant monter l’eau par des machines à bras. Tant que cet état de
choses se maintient, il en résulte une immense production de subsistances,
qui amène un développement correspondant de population : mais, si une
fois les eaux viennent à croître jusqu’à surpasser leurs digues , elles se
(1) Annales de la propagation de la Foi, n° XLVIII, page 61.
43..
( 504 )
déversent dans la plaine, l’inondent, et engloutissent une partie de la
population; puis, ce qui échappe au désastre, se trouvant ruiné et privé
de toute ressource tant que les eaux couvrent la terre, reste en proie à
toutes les misères que les missionnaires décrivent, et finit presqueen totalité
par mourir de faim. Cette cause, jointe aux grandes catastrophes produites
par les tremblements de terre, qui semblent plus fréquents, plus vio-
lents, surtout plus étendus à la Chine que dans beaucoup d’autres régions
du globe, fait en grande partie concevoir les vicissitudes soudaines que
l’histoire chinoise atteste être mainte fois survenues dans le chiffre de la
population de ce vaste empire; vicissitudes dont la proportion n’a aucun
rapport avec les lois régulières des populations européennes, comme on
peut le voir dans un mémoire inséré au Journal de la Société asiatique,
et dont je présente un exemplaire à l’Académie de la part de l’auteur (1). »
MINÉRALOGIE ET PALÉONTOLOGIE. — Analyse ou étude microscopique des
différents corps organisés et autres corps de nature diverse qui peuvent,
accidentellement, se trouver enveloppés dans la pâte translucide des
silex ; par M. Torpis.
PREMIÈRE PARTIE.
« L'Académie se rappelle que dernièrement M. Arago lui a présenté trois
petites lamelles polies, appartenant à deux espèces ou variétés de silex,
envoyées de Berlin par M. le baron de Humboldt au nom de M. Ehrenberg.
L'une de ces espèces était indiquée sous le nom de Semi-opale de Bilin
(Halbopal von Bilin), l'autre sous celui de Pyromaque de Delitzsch. Sur
l'enveloppe de chacune d’elles, M. de Humboldt avait dessiné à la plume
les principaux corps organisés et inorganisés cristallifères qui se trouvent
comme ensevelis dans la pâte de ces silex (2).
» Ces échantillons, amincis en lames de quelques lignes de grandeur et
d'à peu près un cinquième de millimètre d'épaisseur, vus à l’œil nu, sont
translucides, vitreux et colorés d’un mélange nuageux de gris et de jaune-
fauve plus ou moins intense. Vus à la loupe, celui du Semi-opale de Bilin,
plus coloré que ceux du Pyromaque de Delizsch , n'offre rien de plus,
tandis que ces derniers, sur un fond grisâtre, montrent une infinité de
points bruns et très fins.
(1) Mémoire sur la population de la Chine et ses variations, depuis l'an 2400 avant
l’ére chrétienne, jusqu’au 13° siècle après; par Édouard Biot.
(2) Comptes rendus , séance du 2 janvier 1837. page 26.
( 30 )
» Jusque-là rien d’intéressant ne se présente à la vue, jusque-là on peut
croire que ces silex sont des masses purement inorganiques, purement
homogènes et non des agglomérats formés en grande partie d’une immense
quantité de corps organisés d’espèces différentes, la plupart parfaitement
conservés dans leur forme et leurs détails, et de débris plus ou moins di-
visés de corps semblables ou analogues qui, avec les molécules siliceuses,
leur font une sorte de gangue et forment en même temps la pâte figée et
durcie du silex.
» Le microscope seul pouvait nous conduire à la découverte de ces sortes
de catacombes, nous mettre à même de bien étudier les cadavres organisés
qui s’y trouvent entassés , et de les rapprocher, soit de leur propre espèce,
soit de leurs congénères, continuant toujours de vivre dans le sein des
eaux, Le même instrument, destiné à nous révéler tant de prétendus mys-
tères et à nous démontrer chaque jour que les individualités pour l’œil nu,
ne sont réellement que des agglomérats d’individualités plus simples,
pouvait encore, dans cette circonstance, nous amener à concevoir quel-
ques idées nouvelles sur la matière siliceuse et sur la formation irrégu-
lière et à peu près polymorphe des silex, soit en rognons, soit en nodules.
» J'ai donc pensé qu’en étudiant avec soin, sous le microscope, la com-
position entière de ces silex, qu’en décrivant et surtout en figurant
en couleur, soit les particules vitreuses qui en forment la base ou la
pâte, soit les débris de corps organisés, soit enfin les nombreux corps
organisés plus ou moins entiers qui s’y rencontrent pêle- mêle et comme
jetésau hasard, je ferais quelque chose d’utile pour la science, et qu'il serait
peut-être agréable pour l’Académie d’avoir sous les yeux la représen-
tation fidèle de la composition physique et microscopique des échan-
_tillons de silex envoyés de Berlin par M. Ehrenberg.
» Je passe maintenant à l'examen microscopique du Semi-opale de
Bilin.
» Cet échantillon, vu par transparence sous le microscope armé du
grossissement de deux cent soixante fois le diamètre, offre un fond ou une
pâte plus ou moins translucide, plus ou moins colorée en jaune-fauve
nuageux, plus ou moins pure.
» On voit clairement que c’est une agglomération composée de la
réunion fortuite d’un grand nombre de particules siliceuses ponctiformes,
de grosseurs variables, et de fragments ou de débris organiques, pel-
liculiformes, dont la couleur varie depuis le blanc transparent en pas-
sant par le jaune, jusqu’au brun le plus foncé et le plus opaque.
(306 )
» L'aspect de la composition élémentaire de cette pâte siliceuse fait sou-
venir de l’époque où elle se trouvait à l’état liquideet gélatineux.
» Dans son épaisseur semi-transparente, se trouvent comme enchâssés,
et toujours sans ordre, plusieurs sortes de corps organisés, intacts, ou pres-
que intacts, et de corps inorganisés, cristallifères, formés dans le sein de
l’organisation, et en grande partie soumis aux lois de cette dernière (1).
» Les premiers de ces corps, isolés et éparpillés, ou réunis bout à bout
plusieurs ensemble, paraissent, selon leur disposition dans la pâte, discoïdes
ou en palet, quand ils présentent leur côté plat; ovales; quand ils se mon-
trent de trois-quarts, et sous la forme d’un carré long , à angles arrondis,
lorsqu'on les voit de profil ou dans le sens de leur épaisseur. Ces corps,
dont la forme est celle d’une sphérule aplatie, sont vésiculaires et remplis
de granules. Avant d’être épars, ils formaient les articles courts et déprimés
des filaments moniliformes du Conferva moniliformis, dont M. Bory de
Saint-Vincent a fait le genre Gaillonella , et peut-être ont-ils appartenu
au Gaillonella varians de M. Ehrenberg. Lorsque les articles vésiculaires
présentent leur côté plat, côté par lequel ils adhéraient dans la composition
du filament , ils montrent presque toujours un double cercle qui indique,
soit l'épaisseur d’une vésicule unique, soit l'existence de deux vésicules
emboitées ; chose quelquefois bien difficile à décider chez les organes vési-
culaires ou tubuleux des végétaux (2). Leur diamètre, comme celui des
——————_—_—_—_—_—_—_—_—p—p—pZpZpZEZELE
(1) Je veux parler des nombreux cristaux qui se forment dans l'épaisseur du tissu vi-
vant de certains végétaux et de certains animaux ; de ces cristaux, toujours incolores,
de forme, de grandeur, et de nature chimique différentes, selon les espèces d’êtres dans
le sein desquels on les trouve enfermés comme dans des géodes organisées et vivantes ;
de ces cristaux enfin qui existent constamment chez certaines espèces, quelquefois seu-
lement, en certains lieux, des tissus de l’espèce, et qui manquent, bien plus souvent, mais
constamment, chez certaines autres. La présence ou l’absence de ces cristaux, dans les diffé-
rents creux qu'offrentles tissus organiques, fa constance qui s’observe àtet égard mérite
que l’on s’occupesérieusement de ces différentsétats, qui sontloind’étrelerésultat d’un ha-
sard ou d’un caprice passager. La formation des cristaux chez certains tissus vivants est bien
évidemment subordonnée à une appétence particulière propre à ces tissus; appétence
qui les met dans le cas de trier et d’absorber la matière ambiante et cristallisable.
(2) L'existence de deux vésicules emboîtées est prouvée dans les seminules vésiculai-
res des confervées, des champignons et, seulement quelquefois | dans les utricules de
certains pollens, parce que dans cette duplicité d'organes, il n’y a que la vésicule in-
terne qui soit encore douée de la vie et qui puisse, seule, germer en filament byssoïde
après avoir percé la vésicule externe, qui a cessé de vivre, qui ne peut plus croître, et
( 307)
filaments dont ils ont fait partie, varie de Æ à de millimètre. Plusieurs
de ces vésicules isolées sont plus ou moins déchirées et semblent avoir ré-
pandu une partie de leurs granules , arrêtés dans le voisinage par la den-
sité du liquide siliceux.
» Les seconds, également épars, également orbiculaires ou 100
plus petits de moitié, plus opaques ou plus remplis de granules, ont été,
ou des infusoires globuleux , végétaux ou animaux , .ou peut-être bien en-
core, des articles dessoudés et éparpillés , comme de petites pièces de mon-
naie, et ayant appartenu à une autre espèce de Gaillonella à filaments plus
étroits. ÿ
» Les troisièmes consistent dans quelques filaments tubuleux, confer-
voides , obscurément cloisonnés à d’assez grandes distances. On distingue
encore quelques autres portions de filaments plus étroits, méconnaissables
sous le rapport de leur espèce; mais qui , sans le moindre doute , sont des
débris de quelques productions d'êtres organisés de la classe des infu-
soires.
» Les quatrièmes et derniers corps que l’on remarque dans la composition
du Semi-opale de Bilin, et qui y abondent presque autant que les pre-
miers, n’ont rien d’organisé; mais ils ont servi à échafauder ou à solidi-
fier la texture gélatineuse et aqueuse de ces productions vivantes que l’on
nomme des Spongilles. C’est tout ce qui est resté de reconnaissable d’une
production dont toute l’organisation, tombée en déliquescence, a fourni à
la pâte du silex, par séparation de-la partie organique et de la partie cal-
caire, tout ce qu’elle contenait de molécules siliceuses.
» Ces quatrièmes corps qui, dans l’état vivant des Spongilles, s’entrecroi-
sent de manière à former et à solidifier la paroi intérieure des cellules, se
trouvent ici jetés pêle-mêle et, par conséquent, dans toutes sortes de di-
rections. Ce sont des aiguilles cristallines, transparentes, siliceuses , cb-
tusément pointues, droites ou légèrement arquées, à bords impurs et comme
finement froncées en travers; les unes entières, les autres brisées et n’of-
frant plus que des tronçons plus ou moins longs.
» Quoique ces cristaux aciculaires varient dans leurs dimensions, le
dont les seules fonctions sont d’abriter et de protéger la vésicule interne dans laquelle
réside le principe vital de la plante future.
Dans des élongations semblables, qu'offre un nombre assez restreint de pollens, on
a vu des pénis végétaux avec des fonctions tout-à-fait comparables à celles du pénis
des animaux.
( 308 )
terme moyen de leur grandeur est de + de millimètre de longueur sur
3 de largeur.
» Après cette analyse microscopique du Semi-opale de Bilin, je vais
m'occuper, toujours sous le même grossissement, de celle du Silex pyro-
maque de Delitzsch, bien plus riche en corps organisés.
» J'ai déjà dit que ce silex, observé à la vue simple, était plus clair,
plus gris que le précédent, et que sa surface était comme sablée d’une
infinité de points fins et bruns. Ces points, de grosseur et d'intensité de
couleur différentes, annoncent déjà, comme on va le voir tout à l’heure,
l'existence d’une immense quantité de corps organisés animaux, apparte-
nant à diverses espèces.
» Comme je lai fait pour le Semiopale de Bilin, je vais commencer
par parler du fond du tableau, ou, en d’autres termes, par l’examen de la
composition élémentaire de la pâte de ce silex. C’est un fond sale, semi-
transparent, granuleux, que l’on peut assez bien comparer à celui d’une
eau de fumier, inégalement colorée en jaune brunâtre par la présence des
débris organiques et des corps organisés qui s’y trouvent en suspension,
ou, pour me servir d’une autre comparaison, peut-être plus juste qu'on ne
le croit d’abord, à celui de la barégine glaireuse, également composé de
particules , de débris organiques et de cadavres organisés, plus où moïns
colorés en jaune-brun ou quelquefois en verditre.
» Ce fond, toujours plus ou moins nébuleux par places, offre partout, et
aussi profondément que l'œil armé du microscope peut le pénétrer, un
amas considérable de molécules ou de particules, qui, chose essentielle à
remarquer, forment en certains endroits un grand nombre de petits bour-
souflements ou de petits monticules, soulevés probablement par un gaz
qui tendait à s'échapper à l’époque où la pâte siliceuse était encore très
liquide. On voit en outre quelques vacuoles, rondes ou ovoïdes, qui ont
été ou qui peut-être sont encore remplies d’air ou d’eau.
» Sur ce fond général apparaissent un grand nombre de particules de
formes irrégulières, de grandeur variable, le plus généralement d'un
brun-noir (1). En même temps que ces particules, véritables débris de
corps organisés, on remarque des espèces de trainées composées d’une
pulviscule noire, les unes isolées, les autres réunies plusieurs ensemble et
disposées parallèlement. À côté, ou dans les environs, on voit des agglo-
(x) C’est ce que l’on désigne ordinairement, à la vue simple, parle nom de poussière
ou d’ordure.
( 309 )
mérats informes de la même pulviscule. Si j’insiste et si j'attache de l’im-
portance à signaler et à faire connaître ces deux sortes d’agglomérats de
particules organiques, c’est d’abord pour rappeler à l'attention qu’ils
n’ont pu se former que lorsque la pâte du futur silex était liquide, de
manière à permettre aux particules composantes, éparses et suspendues,
de se rapprocher et de se grouper, comme cela arrive quelquefois à d’au-
tres particules, dans le sein ou à la surface des eaux. C’est ensuite parce
que les trainées de points noirs dont je viens de parler peuvent trouver
leur explication dans d’autres traînées fort analogues, si ce n’est pas la
méme chose, que j'ai étudiées dernièrement, et qui faisaient partie d’une
barégine blanche et d’une barégine noire, recueillies dans les eaux miné-
rales de Gréoulx par M. de Freycinet; barégines qui ne sont, comme
toutes celles que j'ai examinées jusqu'à ce jour, que des amas gélatineux,
composés de filaments confervoides, de débris organiques et de corps
organisés de diverses sortes qui s’y trouvent comme empâtés (1).
(x) Pour faire convenablement l’analyse chimique d’un semblable amas de toutes
choses, pour qu’une telle analyse! püt être profitable à la science, il faudrait, avant
tout, opérer, sous le microscope, le triage et la mise à part des nombreux objets de
nature différente qui peuvent s’y trouver amoncelés, car autrement l’analyse se faisant
sur cette sorte de chaos serait elle-même un autre chaos.
Je me souviens qu’un très habile et très savant chimiste demandait, en ma présence,
à un très érudit agronome si la science agriculturale possédait une bonne analyse du
fumier; du fumier, qui serait en grand ce que la barégine est en petit, s'il n’était
encore un composé plus considérable de ce que les trois règnes peuvent fournir en
détritus !
Les barégines , si l’on pouvait s’en procurer d’assez grandes quantités, seraient d’ex-
cellents engrais : elles amenderaient les terres, stimuleraient les tissus (les barégines
marines ou salées particulièrement), et nourriraient abondamment les végétaux cul-
tivés au milieu de ces éléments de prospérité et de bons développements. Les dépôts
limoneux du Nil ne sont que de la barégine.
Les barégines blanches ou pures de cadavres animaux, c’est-à-dire celles qui ne se
composent encore que de confervées filamenteuses ou réduites en pâte par la destruction
des filaments , peuvent être employées comme un excellent émollient pour apaïser les
sur-irritations ou les excès de sensibilité organique. On peut aussi en faire le même
usage à l’intérieur, comme on le fait de la pâte de lichen et autres mucilagineux n'ayant
point encore fermenté. On pourrait, s’il en était besoin, s’en nourrir pendant quelque
temps. Tout en n’étant pas riche en matière assimilable, cet aliment serait bien supé-
rieur à la farine des montagnes, quin’est composée , presque en’ entier, que de‘carapaces
purement siliceuses d’infusoires, et dont de malheureux Lapons, pour s’empêcher de
‘ mourir d’inanition , se sont quelquefois lesté l’estomac.
C.R. 1837, 127 Semestre. (T. IV, N° 9.) 44
(310)
» Voilà à peu près tout ce qui compose cette espèce de chaos que l'or
appelle la pâte des silex ; voilà seulement ce que j'ai trouvé dans plusieurs
lames minces que j'ai fait faire avec des pierres à fusii du silex pyro-
maque (1). Je passe à la description des divers corps organisés animaux
qui, au moment de la concrétion du liquide siliceux, se sont trouvés
empâtés ou scellés dans ce chaos. Comme dans le Semi-opale de Bilin,
on y compte quatre espèces de corps bien distincts :(2).
» Le premier de ces corps offre une forme très remarquable; c’est une
sorte de mitre à trois pointes, l’une supérieure, les deux autres infé-
rieures et assez écartées. La forme générale est ovoide. C’est une coque
bivalve dont le test, d’une grande minceur, est finement ponctué, cas-
sant, transparent, de couleur bistre clair, et muni de een nervules
diversement disposées dans le sens longitudinal.
» Les deux valves sub-hémisphériques ou coniques, liées entre elles.
mais à distance, au moyen: d’une membrane peu solide, paraissent des-
tinées à s’isoler et à se rompre transversalement en cette partie, de la
même manière que s'ouvre une boite à savonnette, ou bien encore,
tous les péricarpes végétaux désignés par l’épithète de Pi (3).
» La déhiscence naturelle et transversale de cette coque, en deux
valves , annonce que ce corps est l’œuf de quelque petit animal de
Cette farine des montagnes, qui n’a rien de malfaisant, qui est la même que celle du
dépôt siliceux de Franzensbad, dont on se sert pour nettoyer les métaux, serait peut-
être bien plus utilement employée à purger, ou, en d’autres termes, à décaper la
surface des voies digestives de l’excédant des mucosités qui s’y forment par une secré-
tion désordonnée. £
(1) Dans de nouvelles lames du même silex, on trouve : 1° des corps, les uns sphé-
riques, les autres ovoïdes, de couleur fauve, à surface granuleuse, ou peut-être
composés de points fins et bruns : ces corps, vésiculaires et de grandeur variable, me
paraissent des coques d’œufs ; 2° un long cordon assez épais, composé de points ou. de
particules oxganiques, tortillé en vis comme ces bâtons qui doivent cette forme à
une ligature artificielle ; 3° des filaments très Jongs, transparents, sortes de fibres qui
semblent être isolées és quelques tissus animaux; 4° des traînées de points bruns;
5° enfin , des corps ovalaires, un pen obliques, très bruns et très opaques.
(2) Nombre entièrement dû au hasard, de même que celui, plus ou moins consi-
dérable, des individus qui se trouvent entassés dans telle ou telle partie de la pâte
d’un même rognon siliceux.
(3) Tels sont les péricarpes de lAnagallis, ou Mouron rouge, du Plantin, du
Lecythis, du Jeffersonia diphylla, de V'Utricularia vulgaris, etc.
(311 )
la famille des Polypes, comme je le pense de tous ceux qui vont suivre, et
qui sont enfermés dans le même échantillon de silex.
» On voit des individus de ce même corps qui sont plus petits , d’au-
tres comme chiffonnés, d’autres un peu cassés, et dont la cassure in-
dique que le test, quoique très mince, devait être siliceux ou calcaire;
d’autres n’offrent plus que l’une des deux valves; et enfin, on trouve
répandus çà et là des fragments très reconnaissables de cet œuf.
» Ce corps ou cet œuf, le plus grand de tous ceux que l’on observe
dans cet échantillon de silex, a été provisoirement nommé, par M. Ehren-
berg, Peridinium pyrophorum (fig. E). Son diamètre est d'environ un
douzième de millimètre.
» Le second se compose d’une vésicule ou d’une coque sphérique, plus
ou moins transparente, jaunâtre ou brune, selon les individus (1), ma-
melonnée à sa surface et hérissée dans son pourtour d'environ seize
rayons spinescents et jaunâtres , de longueur et d'épaisseur variables,
tubuleux , évasés en entonnoir à leur sommet, et terminés par trois,
quatre ou cinq crochets recourbés en hamecon. Plusieurs de ces corps,
qui rappellent la structure d’une très petite Astérie, de la division des
Euryales, et auxquels M. Ehrenberg a attaché la dénomination de Xan-
thidium furcatum (fig. D), ont quelques-unes de leurs épines rayonnantes
branchues, et d’autres divisées dichotomiquement jusque près de la
coque. Quelques individus ont leur coque plus ou moins mutilée : on
en voit un qui présente une ouverture circulaire, par laquelle le petit
animal est sans doute sorti au moment de l’éclosion, et un autre, situé
ailleurs, dont la valve operculoïde est encore presque en place, c’est-à-
dire au-dessus de l’ouverture dont je viens de parler, et dont toutes les
épines rayonnantes sont recourbées et un peu en désordre. Leur dia-
mètre, quoique variable, peut être évalué, terme moyen, la coque +,
et l’ensemble, compris les rayons spinescents, ? de millimètre.
» Le troisième ; plus abondant et un peu moins grand que le premier,
a une forme généralement ovoïde; il est opaque et d’un brun très foncé:
c'est encore une coque bivalve à déhiscence transversale, mais composée
de deux enveloppes très distinctes. L’enveloppe extérieure est brune et
formée d’une espèce de réseau, qui rappelle un peu celui de la texture
de certaines éponges fibreuses, et dont chaque maille, qui semble
nn
(1) Je crois que , dans le nombre de ces individus, il ya plus d’une espèce.
Li
( 312 )
composée d’un petit grillage (1), en s’élevant en mamelon, donne lieu,
par prolongement, à un grand nombre de petites épines rayonnantes,
qui se terminent par deux, trois ou quatre crochets dirigés en forme
d’hamecon. Sur l’un des côtés de la valve inférieure, on voit sortir une
sorte d’ergot, de forme conique, pointu, légèrement courbé, jau-
nâtre et transparent. Cet ergot ne fait point partie de l'enveloppe exté-
rieure; il est une extension latérale de l'enveloppe interne, qui est
mince, transparente, membraneuse et jaunâtre, comme le prouve un
individu dépouillé de sa partie extérieure.
» On voit de ces corps bivalves et hérissés dans des états différents
de conservation. Il y en a peu d’entiers; quelques-uns ont en tout
ou en partie leurs épines rayonnantes usées ou détruites ; beaucoup d’au-
tres ont leurs coques plus ou moins brisées. Un grand nombre de frag-
ments, soit de l’enveloppe extérieure, soit de l’enveloppe intérieure,
sont répandus cà et là.
» Comme on a pu le remarquer par ce signalement ou bien mieux
par les nombreuses figures que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux
de l’Académie, ce troisième corps n'offre que peu ou point d’analogie de
structure avec le premier; aussi ai-je été surpris de le voir compris sous
la même dénomination générique de Peridinium et seulement distingué
par l’épithète spécifique de Delitiense (fig. G, C).
» Le quatrième (fig. B) présente beaucoup d’analogie avec le précédent;
mais il en diffère par sa forme plus sphérique et surtout par l’absence de
l'ergot latéral (2). Un individu montrant une ouverture large, circulaire et
nettement circonscrite, indique que, dans cette espèce, les valves sont
inégales et que la supérieure simplement operculoïde s’est égarée.
L'étude que j'ai eu occasion de faire tout dernièrement des œufs vi-
vants de la Cristatelle vagabonde (3) (fig. A), la forme discoïde de ces
œufs, leur couleur rembrunie, leur surface mamelornée ou réticulée,
leur pourtour hérissé d’épines terminées par des crochets recourbés en
hameçon, et leur déhiscence transversale en deux valves pour faciliter
l'éclosion du petit animal , qui en résulte, prouve que les quatre espèces
(x) L'intérieur de ces mailles, qui ne peut bien être étudié qu’à la lumière d’une
lampe, est plus probablement formé d’une membrane striée en rayons.
(2) À moins que l’on ne suppose que l’ergot est tourné en-dessous de manière à ne
pouvoir être aperçu.
(3) Cristatella Mucedo, Cuv., ou C. vagans du même auteur.
(313)
de corps organisés renfermés, dans la pâte de l'échantillon du silex pyro-
maque de Delitszch sont de véritables œufs réduits à la coque plus ou moins,
entière. Ces œufs, particulièrement les trois espèces hérissées d’épines à
crochets (fig. B, C, C, D), s'observeront probablement dans les eaux
douces à l’état vivant, et on les reconnaitra, en en suivant l’éclosion, pour
appartenir à diverses espèces de petits polypes microscopiques. C’est à
cause de cette conviction que je n’ai point cru nécessaire de surcharger la
science en donnant un nom, qui ne pouvait être que temporaire, à la qua-
trième espèce de ces œufs (fig. B). C’est encore par la même raison que je
n’ai point cru nécessaire de séparer le Peridinium pyrophorum (fig. E), du
Peridinium Delitiense (&g. C, C’), avec lequel il n’a que peu ou point de
rapport de structure, et dont les noms de genre et d’espèce pourraient
facilement être caractéristiques d’après la forme mitrale et l’existence très
prononcée des trois pointes, si ceux donnés à un œuf n'étaient pas déjà
une chose superflue.
A B C
D E C’
À, œuf vivant du polype nommé Cristatelle vagabonde, Cristatella vagans ou
C. mucedo, Cuv. a, grandeur naturelle. B, C, D, œufs analogues ensevelis dans la
pâte d’un échantillon de silex pyromaque de Delitszch. Æ, œuf gisant au même lieu,
mais offrant une structure fort différente des autres espèces.
(314)
» Il est bien probable que, si M. Ehrenberg avait soupçonné que les corps
qu'il observait n'étaient point des £ous, mais seulement des portions ou
des parties d'êtres organisés, il se serait épargné la peine de créer des
noms de genres et d’espèces; noms dont le sort futur, et sans doute très
prochain, doit être le même que celui, pour me servir d’un exemple bien
connu, d'AÆscophora ovalis donné aux œufs ovales et pédicellés de l’'Æeme-
robius Perla, lorsque l’on croyait que ceux:ci formaient un fout organique,
un végétal cryptogame et parasite, au lieu de n’être que la partie, que
l'œuf d'un insecte. :
» Tout le monde sent aisément combieri il serait abusif et sans profit
pour la science si, dans les recherches sur les corps organisés fossiles,
chacun se permettait d’attacher des noms de genres et d'espèces aux di-
vers fragments que l’on rencontre, tels que des carapaces siliceuses de di-
vers infusoirés, des portions de coquilles ou de madrépores, des bâtons
d’oursins, des mandibules cornées de céphalopodes, etc., etc. »
HYDRAULIQUE. — /Vouvelles expériences sur les turbines.
M. Arago communique à l’Académie les résultats des expériences qui
viennent d’être faites à Gisors, sur une {urbine de M. Fourneyron.
Voici, dit-il, les circonstances qui ont rendu ces nouvelles expériences
nécessaires :
La ville de Paris est alimentée , en eau de Seine, par des machines à va-
peur établies à Chaillot, au Gros-Caillou, au quai des Ormes, à la Rapée et
par une roue hydraulique à palettes située sous une des aie du Pont
Notre-Dame. Cette dernière machine, quoiqu’elle soit en très mauvais état,
entre dans le produit total d’environ 430 pouces d’eau de rivière que la ville
distribue, pour 70 à 80 pouces de fontainier, élevés à 26 mètres. Il me parut
évident que sans changer en aucune manière les conditions de la navigation
actuelle de la Seine, le produit de la force motrice dépensée au Pont
Notre-Dame, pourrait être considérablément augmenté, et dès-lors je
regardai comme un devoir d'étudier ce problème. Depuis quelques mois
le cadre dans lequel j'avais voulu primitivement me renfermer, s’est nota-
blement agrandi. Des projets actuellement en discussion au sein de l’admi-
nistration des ponts et chaussées, m'ont conduit à penser que la navigation
de la Seine pourrait, avec avantage, s'établir sur le seul bras gauche.
Dans cette hypothèse, un barrage mobile serait installé au Pont Notre-
Dame et y procurerait une des de 70 à 75 centimètres , en temps de
(55)
crue, et de un mètre et demi, à l'étiage. Pendant l'été, quand la pénurie d’eau
se fait si vivement sentir dans la plupart des quartiers de la capitale, on
aurait donc pour pourvoir aux besoins des habitants et aux divers services
de propreté et de salubrité, une force représentée par le débit du
bras droit de la Seine (il est alors d’environ cent mètres cubes d’eau par
seconde) tombant d’un mètre et demi de hauteur, c’est-à-dire la force de
2000 chevaux travaillant nuit et jour.
L’immensité de cette force ne devait pas me dispenser de chercher le
meilleur moyen d’en tirer parti. Après bien peu d’hésitation, je re-
connus qu’il faudrait adopter les turbines de M. Fourneyron. J'écrivis à
ce jeune et habile ingénieur de venir à Paris; il étudia avec moi toutes les
conditions du problème, et rédigea, d’après mon désir, un projet dé-
taillé d'établissement hydraulique, dans lequel sa machine jouerait le
principal rôle.
Les choses en étaient là , lorsque je m'en ouvris à M. de Rambuteau ,
dont l’ardeur éclairée pour tout ce qui peut contribuer à l'assainissement,
à l’embellissement de la capitale et au bien-être de sa population, ne
sera jamais surpassée. Je Jui demandai de soumettre mes idées à l’exa-
men d’une commission. J’'émis même le vœu que diverses personnes très
habiles, mais qui, faute d’expériences directes, avaient publiquement
manifesté des opinions peu favorables aux turbines, fussent comprises
au nombre des juges que je sollicitais. M. de Rambuteau souscrivit à tous
mes désirs avec une inépuisable complaisance. Dès la première réunion
de la commission, les objections que j'avais prévues, ou plutôt que
J'avais provoquées, se manifestèrent. Personne, en présence de faits
authentiques, ne pouvait méconnaître que, sous l’action de très fortes
chutes , les turbines donnent des résultats en quelque sorte inespérés ;
mais sur la Seine, les chutes seraient toujours faibles, les turbines ne
sauraient manquer d'avoir de grandes dimensions ; de plus, elles de-
vraient être constamment immergées; de là des doutes, des craintes
très naturelles que des Gus PEL FUTES) directes pouvaient Feules dissiper.
Malheureusement, il n’existe encore à quelque distance de Paris qu’une
seule turbine, et elle a été construite pour une chute de deux mètres au
moins. Cette machine est d’ailleurs le moteur du très grand établissement
de tissage mécanique d'Inval, près de Gisors. Si elle cessede marcher, quatre
cents métiers et trois à quatre cents ouvriers restent inactifs. Il y avait là des
difficultés qui nous paraissaient, qui devaient nous paraître insurmon-
tables. MM. Davillier, propriétaires d’Inval , en ont jugé autrement : l’ex-
(316)
périence qu’on désirait tenter devant étre utile à la science, à l'indus-
trie, à la villé de Paris, ils n’ont plus calculé les embarras qu’elle amè-
nerait à sa suite, les dépenses qu’elle nécessiterait; avec une libéralité
que je caractériserais toujours trop faiblement, si j'en juge par la recon-
naissance qu’elle m'a inspirée, la turbine et le cours d’eau qui la met en
jeu, ont été pendant tout le temps nécessaire (un dimanche, un lundi et
la moitié du mardi suivant) entièrement à la disposition des commissaires
désignés par M. le Préfet de la Seine. Ces commissaires étaient : M. Mary,
ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées , attaché aux travaux de Paris;
M. de Saint-Léger, ingénieur des mines, à Rouen; M. Maniel, élève de
troisième année à l’École des Ponts-et-Chaussées, et M. Fourneyron
lui-même. Le tableau qui suit renferme les divers résultats qu'ils ont
obtenus en opérant avec la plus scrupuleuse attention. Des difficultés
qu'il ne m'est pas donné en ce moment de prévoir, viendraiert faire
échouer mon projet devant le Conseil municipal de Paris, que les expé-
riences d'Inval n’en seraïent pas moins une précieuse acquisition pour la
science, puisqu'elles assignent définitivement à la turbine le rang qui lui
appartient parmi les meilleurs moteurs hydrauliques.
Voici maintenant quelques détails sur la manière dont MM. Mary, de
Saint-Léger, Maniel et Fourneyron ont opéré. Je rappellerai que d’ordi-
naire, la turbine d’Inval travaille avec une chute de 2 mètres environ,
et sans être immergée au-delà de 4 à 5 décimètres.
« On a établi dans le bief d’aval un barrage qui forçait l’eau à y prendre
un niveau beaucoup plus élevé que la turbine, et à se déverser sur la
crête du barrage, ce qui a donné le moyen d’immerger la roue autant
qu'on a voulu, et a procuré un déversoir commode pour le jaugeage du vo-
lume d’eau dépensé.
» On aurait pu aussi, pour diminuer la chute autant qu’on le désirait,
n’employer que ce barrage en l’élevant successivement par des hausses
préparées à cet effet, mais l'énorme pression qui s'en serait suivie aurait
nécessité une construction très solide, que l'on a cru plus convenable
d'éviter en faisant baïsser le niveau d’amont à la troisième série d’expé-
riences, par la diminution de l’ouverture des vannes qui règlent à volonté
l'alimentation du canal supérieur.
» On. a fait trois séries d'expériences : la première en barrant le bief
inférieur de manière à élever ses eaux jusqu’à ce que la chute füt réduite
à n’avoir de hauteur que 1”,177 à 1°,127 (woir le tableau).
» Ensuite on a exhaussé le barrage jusqu’à réduire la chute à une hau-
(317)
teur de 0,598 à 0,626 (voir le tableau) pour les expériences de la se-
conde série.
» Enfin pour la troisième série on a réglé le niveau du bief supérieur,
de manière à ne réserver que 0,293 à 0",317 de chute.
» Dans la première série, la roue était déjà complétement immergée; il
y avait 1,15 de hauteur d’eau au-dessus,du plan inférieur des aubes, et
0",77 au-dessus du plan supérieur.
» Dans la deuxième et la troisième série, la profondeur d'immersion
était de 1",505 et 1",36 au-dessus du plan supérieur, et 1",885 et 1°,74
au-dessus du plan inférieur sur lequel reposent les aubes.
» Le jaugeage de l’eau qui entrait dans la turbine, a toujours été fait au
déversoir du bief inférieur, dont la crête était parfaitement horizontale et
les joints étanchés. Avant d’ouvrir la vanne de la turbine, on a placé, à
7 mètres environ en amont du barrage, un flotteur destiné à indiquer l’é-
paisseur de la nappe d’eau qui se déverserait. A l'endroit où le flotteur se
trouvait, on remarquait une tranquillité parfaite à la surface de l’eau, dont
le niveau n'avait pas encore commencé à s’infléchir.
» Le zéro du flotteur était à la hauteur du barrage. Pendant que la vanne
de la turbine était fermée à fond, et qu’il ne passait point d’eau dans
cette dernière, les fuites à travers les paroïs du bassin, le fond du plan-
cher, etc., etc., donnaient lieu à l’écoutement d'une nappe d’eau, dont
l'épaisseur était de 0”,025. Le volume correspondant à cette hauteur n’en-
trant point dans la roue, a düêtre retranché du volume total jaugé, afin
de trouver le volume d’eau qui a réellement agi sur la turbine./Cette ob-
servation se rapporte à la première série d'expériences.
» Quant aux deux autres séries , la perte due aux fuites indiquées, a
diminué dans le rapport de la racine carrée des hauteurs de chute, ‘et
comme, entre le barrage primitif et la hausse qui lui a été superposée, il
se trouvait un joint non hermétiquement fermé, on a laissé le régime s’é-
tablir, Après un certain temps, on a pu remarquer que le niveau se main-
tenant exactement à fleur du barrage exhaussé; le volume jaugé en dé-
versoir représentait exactement la dépense faite par la turbine.
» Pour calculer le volume.de l’eau déversée, on s’est servi de la formule
recommandée par M. d’Aubuisson (pages 78 et 79 de son Traité d'Hy-
draulique ). Cette formule est
Q = :,80 Z.H:.
1, largeur du déversoir, était égale ici à 2 x 37,05 = 6,10 ;
C.R. 1837, 1°T Semestre, (T. IV. N°9.) 45
(318)
H, représente la distance verticale dé la crête du déversoir au niveau de
la surface de l’eau qui s'écoule, ce niveau étant pris au-dessus du
remou ;
/
Q, la dépense du déversoir par, seconde, exprimée en mètres cubes ;
hk, la hauteur de chute de l’eau agissant sur la roue. Le travail théorique,
exprimé en kilogrammes élévés à un mètre en une seconde, sera alors
kil.
1000.Qhiil-m,.,
et, en chevaux,
3
1000 Qh 1800 1h .H°
OP IR ER
X étant le travail théorique,
3
X — 24 Ih.H°.
Les valeurs de À et de H étaient données par trois flotteurs convenable-
ment disposés. -
» H étant compté exactement à partir de la crête du déversoir, on a vu
que pour les expériences de la première série il faudra prendre
Te NP 625)
» Le frein dont on s’est servi se composait d’une poulie en fonte soli-
daire avec l'arbre de couche, et dont le diamètre égale 1,308. Deux joues
en bois, serrées et mastiquées contre la fonte, servaient de base à ce cy-
lindre, et laissaient, entre leur circonférence intérieure et l’arbre, un
vide circulaire, par lequel on injectait de l’eau dans l’intérieur de la pou-
lie, au moyen du boyau d’une pompe à incendie. Cette eau s’écoulait par
un siphon, afin d'obtenir un renouvellement continuel. On empéchait
ainsi l’échauffement des surfaces frottantes.
» Deux fortes mâchoires en bois embrassaient la poulie; elles’ étaient
réunies par des boulons dont un homme intelligent manœuvrait conti-
nuellement les écrous. La mâchoire supérieure se prolongeait, d’un côté,
au-delà de la mâchoire inférieure, et portait un arc de cercle, à gorge, sur
lequel passait la corde qui servait à la suspension du plateau des poids.
L’arc de cercle de la corde avait son centre sur l’axe même de l'arbre, et
‘son FAyOn: que nous appellerons R, était égal à 4®,103. :
» On n’a pas cessé, pendant les expériences, d'entretenir grasse Ja sur-
face de la poulie. Au moyen de toutes ces précautions, le frein a parfaitement
fonctionné, sans jamais donner d'oscillation de plus de 0”,20 au plateau.
(319)
» Des arrêts étaient disposés pour éviter tout accident , dans le cas où le
frein aurait pu être entrainé par la poulie.
» Avant tout, on a fait reposer les mächoires du frein sur la poulie, par
l'intermédiaire d’un couteau, et l’on a équilibré tout le système au moyen
de contre-poids, qui ont été conservés pendant tout le temps des expé-
riences.
» Cela posé, soient :
P, le nombre de kilogrammes que porte le plateau dans une expérience;
R, le rayon de l’arc de suspension =—4",103;
N, le nombre de tours que fait la poulie par minute;
7, le rapport de la circonférence au diamètre.
» La quantité d’action donnée par là machine sera
(27RPN) "#7 par minute.
» Si l’on veutexprimer cette force en chevaux, et la représenter par Y, on
a, en divisant par 60 X 75 = 4500, l'expression ci-dessous :
__ 2rRPN
ME De
— 0,001396RP ;
Y TR ; à \eùe j
x donnera le rapport du travail réel au travail théorique, et mesurera par
conséquent la bonté de la machine. »
Il est important de faire observer que le frein était appliqué, non pas
sur l’arbre vertical de la turbine, mais bien sur l'arbre horizontal, qui en
reçoit le mouvement au moyen d’une paire de roues d’engrenage d’angle.
5 Y ñ , ;
De manière que les rapports GC) trouvés et donnés dans le tableau suivant,
sont évidemment trop faibles de toute la perte de force occasionée par les
Jrottements des engrenages et des tourillons des arbres contre leurs cous-
sineis.
Â5..
( 320 )
T'ableau des expériences failes à Inval, sur la turbine de M. Fourneyrow , le 23 janvier 1837.
ä VARIATION DE LiA CHUTE Nombre dé tours de é il
El no6 itdinute Charge [l'arbre portant le frein Hantens Volume | Travail Travail HEC are)
Ë Fin à Chut ne 2, de l'eau d’eau Li effectif P
Ë dir er qu | afpenre | hénique Here au ler
] ë essus exprimé moyen
: ES par la roue primé 37
4 pics par le réelle. re plusieurs moe) le du. Hydrau= [en chevaux ui et le travail
A flotteur d'amont. #lotteur d'aval. ny pote déversoir. lique frein, thévrique
= |. UN chaque en une
f3 . _
z |Successiv. | Moyenne. | Successiv. | Moyenne. H. ED A Ne LE seconde. X. Y X
PREMIÈRE SÉRIE.
Le]
©
Le]
L
48
m. k. tours. m. m,
-000! 1.174 > | | 8 0.405 | 2.7867 | 43.641 | 24.74 |o.5C690
+0. 145
+0. 115
—+0.10n
F4 +0.105 ?+0.107 | —1. 7
+o.115 $
| 5
+o.110\æ+o.111 | —1.008|—1.008|r.150 110 5 4%.25 À 0.405 | 2.7867 | 43.493 | 27.88 |o.6410
5
+0.100
+0.0,5
31+o 085 | +0.085|—1.010|—1.o101.142 | 150 35 0.307 | 2.70316| 41:16 | 30.071 |o.73039
4452:208 }0.0p2 —1.010 | —1.010)1.149 || 190 28 | 28 | 0.896 | 2.69:153| 41.25 | 30.542 |o.7404t
fre
Ci
5 ne —1.010|—1.010Ï1.14r | 210 26 26 0.394 | 2.67165| 40.64 | 31.274 |0.76946
GATE 0.067 —1.007 | —1.007/1.127 | 210 25 25 0.392 | 2.6510 | 39.836 | 30.071 |0.73059
(Dans ces premières expériences , la turbine fonctionnait immergée dans l’eau, de 1,15, mesure prise sur la couronne
inférieure.)
DEUXIÈME SÉRIE:
} —1.573 :
p{ 0208 | 105 mn }-1.5735 0.598 |! 130 » 12.33 À: 01308 | 1.869 | 14.96 (|| 9.181 |o.61370
+0.110 | à
8{—+o0.125 | 0.125 ne mie lo.618 | 150 : » 10.33 | 0,310: |: 1.805r | 15.616 |: 8.875: )0.56833
91 +0 130! +o.130|—1.579 | —1.575l0.622 | 150 » 10.00 | o.311 | 1.90437| 15.793 | 8.59 |o.54391
10f 20-120 V+o.132 —1.596| —1.576[0.623 | 110 » 18.00 | o:312 | r.91348| 15.895 | 11.34 |o.71343
Il RE +o.134 | —1.578 | —1.578]0.623 | 120 » 15.00 | o.310 | 1.8951 | 15.742 | 10.31 |o.68265
12 | 0.137 | 0.137 » —1.578l0.626 | 100 » 19.33 [ o.311 | r.90437 15.895 11.07 |0.69645
(Profondeur d'immersion , 1",88. )
TROISIÈME SÉRIE.
» |—r.513/o.31 o » 14.50 À o.247 | 1 3470 | 5.607 | 3.32 |o.58276
” 02) oa5| [5.508 és $ RS Po [ioie) ac [Pas loGoaar
—0.255 $ —1.508 |
15 | — 0.260 | —0.260 D aq De 0.302 5o » 10.00 | o.240 | 1.290r | 5.198 | 2.86 |o.55022
16£0:278 À 0.278{ ho }—1-501 0.293 35 » 14.95 | o.240 | 1.290r | 5.043 | 2.957 |0.58636
13 [ —0.237 | —0.237
(Profondeur d'immersion, 1",74.)
( 321 )
RAPPORTS.
THÉRAPEUTIQUE. — Rapport sur un mémoire de M. À. LEGRAND, intitulé : de
lor dans le traitement des scrofules.
(Commissaires, MM. Duméril et Roux rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, M. Duméril et moi, de l’examen d’un
mémoire qui lui a été présenté par M. le docteur Legrand, ayant pour
titre: de l’Or dans le traitement des Scrofules.
» Le titre et l’objet de ce travail rappellent ceux d’un premier ouvrage
plus étendu, qui a déjà été accueilli favorablement par l’Académie, et
dans lequel M. Legrand a déjà préconisé l'or et plusieurs de ses prépara-
tions, comme agents thérapeutiques. Dans ce premier travail il s'agissait
de ce qu’on peut appeler la méthode aurifère , dans le traitement des ma-
ladies syphilitiques. Zélé partisan, et continuateur des vues de M. Chré-
tien, de Montpellier, M. Legrand y a rassemblé par centaines des faits
qui, s'ils ne démontrent pas la spécificité absolue et l'efficacité cons-
tante des préparations d’or contre les divers symptômes de la maladie
vénérienne, tendent au moins à établir que, dans beaucoup de cas, la
méthode aurifère peut être substituée avec avantage aux autres méthodes
detraitement anti-sypbhilitiques. M. Legrand n’a pas fait des efforts inutiles;
ses vœux ont été exaucés jusqu'à un certain point; les préventions grandes
qu’on avait conçues contre cette méthode, ont fait place à une plus juste
appréciation de ses effets , et les préparations d’or, si elles n’ont pas fait
oublier les préparations mercurielles, ont au: moins pris rang, dans l’opi-
nion des praticiens, parmi les neutralisants-du vice vénérien.
» Ce que M. Legrand avait fait pour les maladies syphilitiques, il l’en-
treprend, pour les maladies scrofuleuses. A bien prendre, ce sont deux.
parties seulement distinctes d’une même tâche qu'il s’est imposée, et qu'il
poursuit avec un zèle et une ardeur qui sont dignes d’éloges; le mé-
moire dont nous rendons compte, n’est lui-même encore qu’une première
partie de ses recherches sur les effets thérapeutiques de l’or dans les
scrofules. Tous les faits qu’il renferme, et ce sont les faits qui abondent
dans ce travail, plus encore que les considérations générales et les vues
théoriques, ont rapport aux scrofules des parties molles. On sait que
la peau, le tissu, cellulaire, certaines. parties du système muqueux, et:
( 322 )
plus encore les ganglions lymphatiques, soit extérieurs, soit intérieurs,
sont, en faisant abstraction du système osseux et de ses annexes, les tissus
organiques généraux sur lesquels le vice scrofuleux exerce plus particu-
lièrement sa fâcheuse influence; on le voit, c’est le système lymphatique,
au moins dans l’une de ses deux grandes divisions, puis d’autres systèmes
d'organes, dans chacun desquels les vaisseaux absorbants, ou lymphatiques
abondent comme élément de structure, en même temps qu'ils y remplis
sent des fonctions importantes. Si cela ne justifie pas pleinement, cela
rend du moins plausible, et soutenable jusqu’à un certain point, l’hypo-
thèse assez généralement répandue, que les scrofules sont une maladie
spéciale du système lymphatique, soit qu'elles dérivent d’une altéra-
tion de la lymphe, soit qu’elles aient pour cause immédiate un état d’a-
tonie, de débilité, de langueur, de relächement, ou d’affaiblissement vital
de ce système organique lui-même. M. Legrand se propose de présenter
plus tard à l’Académie le résultat de son expérience et de ses observa-
tions sur le même traitement par les préparations d’or appliqué aux alté-
rations des os d’origine scrofuleuse.
» En attendant que M. Legrand ait achevé son œuvre, et rempli cette
dernière partie de la nouvelle tâche qu’il s’est imposée, on peut toujours
examiner la première, comme si elle formait un travail complet. Elle en
forme un réellement, en ce sens, que celles des affections scrofuleuses
auxquelles elle se rapporte forment, entre toutes les affections de ce
genre, une catégorie assez distincte; en ce sens encore, que les résultats
auxquels M. Legrand est parvenu, que les succès qu'il a obtenus dans le
traitement de ces affections scrofuleuses bornées aux parties molles, sont
toujours chose acquise pour la science, quand même on re vondrait en
rien préjuger de favorable pour le traitement des affections scrofuleuses
des os par les mêmes moyens, c’est-à-dire par les préparations d’or.
» Rien de plus naturel que la pensée qui a présidé aux nouvelles re-
cherches de M. Legrand, et nous concevons très bien comment, après
avoir reconnu, et constaté par des faits multipliés, la puissance des agents
thérapeutiques dont il s’agit contre les maux d’origine vénérienne, ce
praticien a dû songer à l'emploi des mêines moyens dans le traitement de
la maladie scrofuleuse, maladie dont les symptômes, comme ceux de la
maladie vénérienne devenue constitutionnelle, sont d’ailleurs quelquefois
si persistants , si rebelles, si opiniâtres. Vraiment, il existe entre les af-
fections syphilitiques et les affections scrofuleuses plus d’analogie qu'il
ne le paraît au premier abord. Sans doute elles diffèrent sous le. rapport
( 323 )
de l’origine: les premières, c'est-à-dire les maladies vénériennes, peu-
vent être seulement ou accidentelles et nées d’une contagion, ou héré-
ditaires et transmises par la conception : l'affection scrofuleuse est
bien héréditaire aussi dans un assez grand nombre de cas; mais il ne
paraît pas qu’elle puisse jamais être produite par contagion. Au lieu de
cela, elle est souvent innée, et simplement innée; car beaucoup de
sujets en apportent le germe en naissant, sans qu’il soit vrai et qu'on
puisse dire qu'il leur a été transmis par les parents; et c’est chose trop
commune de voir des familles nombreuses dans lesquelles un ou plusieurs
enfants sont atteints de scrofules congéniales, les autres ayant en partage,
comme leurs parents, une constitution saine et vigoureuse. Elle peut
être endémique, c’est-à-dire trés commune dans certains pays, dans cer-
tains lieux, et développée là sous l'influence de l'air, des eaux et du soi,
influence à laquelle s’adjoint nécessairement le concours de l’hérédité.
Elle peut être accidentelle ou acquise, non pas, comme la maladie véné-
rienne, par l'intervention et sous l'influence d’un principe contagieux,
mais par le seul fait de circonstances hygiéniques désavantageuses. Qu'on
suppose un enfant né de parents sains, lui-même bien fort, bien portant,
avec tous les éléments de vie, toutes les apparences d’une bonne constitu-
tion, chez lequel tout semble faire présager un heureux développement;
qu’au lieu d’être environné de tous les soins dont notre enfance a tant
besoin , il reçoive d’abord le lait d’une femme ou vieille ou mal portante,
que plus tard il soit nourri d’aliments grossiers et mal préparés, qu'il
soit mal vêtu et tenu dans la malpropreté, qu’il soit continuellement sou-
mis sans précautions à toutes les intempéries de l'atmosphère, et qu’il ait
pour demeure habituelle des lieux bas, froids et humides : il peut
devenir, très probablement même, il deviendra scrofuleux. Ainsi le de-
viennent tant d'enfants appartenant aux basses classes de la société, alors
même que leur constitution n’était pas primitivement contaminée, mais
soumis qu'ils ont été à toutes les causes les plus propres à faire naître un
état de débilité et d’atonie dans tout l'organisme. Il faut. aussi noter,
comme trait distinctif entre l'affection scrofuleuse et l’affection vénérienne,
que la première est toujours de prime abord générale ou constitution-
nelle, tandis que, n’était le cas de transmission héréditaire, n'étaient
encore quelques circonstances bien rares, où la syphilis s'annonce par des
phénomènes qui dénotent une viciation générale de l’économie, elle ne
devient constitutionnelle qu'après l'apparition de premiers symptômes ,
effets eux-mêmes ; d’une contagion immédiate elle n’est générale ou cor.-
( 324 )
sécutive qu'après avoir été primitive et locale. Ajoutons que, dans sa cause,
dans ce qui la constitue essentiellement, la syphilis a quelque chose de
plus spécifique que l'affection ‘scrofuleuse.
» Maïs, comme la syphilis devenue constitutionnelle, les scrofules consti-
tuent une maladie essentiellement chronique : dans l'affection scrofuleuse,
comme dans la syphilis constitutionnelle, et indépendamment de ce qui
fait le caractère propre.de chacune d’elles , le vice général de l’économie-est
marqué par l’atonie , par un certain degré d’imbécillité physique des orga-
nes. Même affinité de la syphilis et des scrofules pour certains organes,
certains tissus, certaines parties où l’on voit se développer particulière-
ment les diverses lésions par lesquelles se traduit et s'exprime le vice
général de l’organisation. Il y a d’ailleurs, sinon identité parfaite, entière
et complète similitude, du moins analogie des plus grandes entre
leurs symptômes respectifs ; et bien qu’en général ces symptômes aient
pour chacune des deux affections une physionomie qui en décéle l’origine
etle caractère, il est certain aussi que, dans beaucoup de cas, ils emprun-
tent la manière d’être les uns des autres, à tel point qu'avec le plus grand
talent d'observation, il peut arriver qu’on prenne une syphilis ancienne et
continuelle pour une affection scrofuleuse, etréciproquement,une affection
de cette dernière sorte pour une maladie vénérienne. Toutes ces circons-
tances ont servi de base à l'opinion, assez étrange d’ailleurs, professée par
quelques médecins , que les scrofules ont pour origine première, pour sou-
chela syphilis; qu’elles ne sont quecettedernière métamorphosée.Sans con-
sacrer cette hypothèse, on peut admettre qu'’il'existe certains rapports entre
ces deux cachexies, et qu’elles peuvent comporter l’application des mêmes
méthodes de traitement. Eten effet, l'expérience de chaquejour démontre
qu'elles sont attaquables , et aie avec succès, par lesmêmes moyens
thérapeutiques.
» Comme tous les autres métaux, l’or a été mis des long-temps à contribu-
tion par la médecine: dès long-temps, il a été compté au nombre des plus
puissants modificateurs de l’économie animale; et depuis les Arabes , qui
en ont les premiers introduit et recommandé l’usage intérieur , il n’a pas
cessé d’être considéré comme un des excitants les plus énergiques. Mais il
s’en faut qu’il n’y ait qu’une seule et même manière de voir sur les bons
effets qu’on peut retirer d'un médicament aussi actif, sur les circonstances
dans lesquelles il convient le mieux de l’employer. En ce qui concerne d’au-
tres métaux et leurs diverses préparations, la science a:fait plus de progrès;
du moins s’accorde-t-on plus généralement sur leur mode d'action, et sur
(325)
le degré de confiance qu’il faut leur accorder. Cela est vrai particulière-
ment des préparations de fer, de bismuth, d'argent, de zinc, d’arsenic,
de mercure, etc. D'où vient que l'opinion est encore flottante et incer-
taine relativement à l'utilité des préparations d’er, et que, tandis qu’on ne
conteste pas leur puissante énergie, leur action stimulante à un haut degré,
il y ait encore tant d’esprits prévenus contre leur usage, et qui doutent
qu’on puisse en obtenir des effets thérapeutiques à peu près constants et
suffisamment calculables ? C’est probablement que les expérimentateurs se
sont trop promptement découragés; c’est qu’ils n’ont pas mis dans leurs es-
sais toute la suite, toute la persévérance nécessaire pour arriver à des
résultats qui ne laissent.plus le moindre prétexte au doute et à l’incerti-
tude. Peut-être aussi que pour ce qui concerne en particulier les affections
scrofuleuses , la vogue extrême dont jouissent depuis quinze ou vingt ans
l'iode et ses préparations, dont ne s’accommodent cependant pas, il faut
le dire, toutes les constitutions, a détourné des recherches dont la mé-
thode aurifère aurait pu être l’objet. Toujours est-il que, soit pour con-
tester, soit, au contraire, pour soutenir l'efficacité des préparations d’or
dans le traitement de certaines affections chroniques, particulièrement
dans celui des affections scrofuleuses, on aurait peine à rassembler jus-
qu’à présent des faits imposants par leur nombre et par leur caractère,
» Il existait donc dans la science à cet égard une véritable lacune. M. Le-
grand s’est efforcé de la remplir, et vos commissaires ne sauraient trop
louer les soins qu’il.a pris pour réunir en un seul faisceau des observations
qui perdaient de leur valeur parce qu’elles étaient trop éparses, trop dis-
séminées, et plus encore le zèle avec lequel il a soumis lui-même un
assez grand nombre de sujets atteints de scrofules , au seul traitement
par les préparations d’or. Une chose remarquable, et qui semble im-
primer à beaucoup de faits consignés dans le travail dont nous. rendons
compte un caractère particulier, et surtout les rendre plus décisifs, plus
concluants,, c’est que, parmi les individus sur lesquels M. Legrand a ex-
périmenté, il s’en est trouvé qui, pendant toute la durée du traitement
auquelils étaient soumis , sont restés au milieu des circonstances. hygiéni-
ques les plus désavantageuses, à cause de leur état habituel d’indigence ; et
néanmoins Ja marche, les progrès de l'affection scrofuleuse dont ils étaient
atteints ont été enraÿés; des accidents graves se sont dissipés sous l'empire
et par le seul usage des préparations d’or, puisqu'on ne pouvait faire con-
courir au traitement ni le bon. air, ni la bonne nourriture, ni les soins
de propreté, aucune enfin des conditions hygiéniques dans lesquelles il est
C. R, 1837, 1°7 Semestre. (T. IV. N° 9.) 46
( 326 )
si avantageux de pouvoir placer les sujets atteints de scrofules. De tels faits
sont concluants au dernier point, et démontrent au-delà de toute espèce de
doute le parti avantageux qu'on peut tirer du traitement par la méthode
aurifère dans la maladie scrofuleuse.
» Comme pour la maladie vénérienne, l’or peut être administré contre
les scrofules de différentes manières et à différents états. En frictions faites
à l'extérieur, et comme moyen d’agir plus ou moins directement sur des
parties qui sont le siége d’engorgements chroniques, et de travailler à la
résolution de ces engorgements dont les ganglions du système lymphatique
sont le siége le plus ordinaire, ou bien encore pour le pansement des
ulcères scrofuleux, c’est l’or pur qui convient le mieux. Il doit être mis
préalablement à l’état de poudre impalpable : un corps gras,comme l’axonge,
sert d'excipient; on l’y incorpore dans la proportion de + environ, ou
de quatre à cinq grains par demi-once. Toutefois cet or divisé, soit par
des moyens mécaniques , soit par des procédés chimiques, n’est pas dénué
d'action comme modificateur général de l’économie. On peut donc aussi
l’administrer, comme ses oxides, comme les sels dontil forme la base , pour
agir à l’intérieur, soit en pilules ou en pastilles, soitau moyen de frictions
faites sur la langue. Seulement, c’est chose démontrée par les recherches
de M. Legrand, et par les observations d’autres praticiens, que l'or pur.
bien qu’infiniment divisé, n’a point alors une puissance médicamenteuse
égale à celle des oxides ou des sels : l’action en est beaucoup plus douce.
On peut faire la même observation à l’égard de tous les métaux dont Pu-
sage est consacré en thérapeutique. Au-dessus de l'or divisé, sous le rapport
de la puissance d’action , il faut placer l’oxide d’or par la potasse, puis
loxide d'or par l'étain, autrement appelé le stannate d'or, puis enfin le per-
chlorure d'or et de soude , plus généralement désigné sous le nom de ru-
riate d'or et de soude. Ges dernières préparations sontincontestablement
les plus actives, et elles le sont à tel point, qu’on ne peut et qu’on ne doit
les administrer qu’à la dose d’un quinzième, d’un douzième, ou d’un
dixième de grain. À dose plus forte, elles produiraient une perturbation
dans l’économie. Toutefois cette perturbation ne serait point comparable
à celles que peuvent produire, et neproduisent que trop souvent, d’autres
oxides ou sels métalliques, tels que ceux d’antimoine, d’arsenic, de mer-
cure-Geux-ci sont essentiellement âcres' et corrosifs : appliqués sur un or-
gane, ou portés à l’intérieur dans un trop grandétat de concentration, ils
déterminent uneirritation des plus violentes, bientôt suivie, dans certains
cas, d’une véritable désorganisation: ce sont de violents: poisons; et
( 327 )
parmi ces corps, il en est qui semblent avoir pour certains organes une fu-
neste affinité ; telles sont, par exemple, les préparations arsenicales , dont
l'introduction dans l’économie par quelque, voie que ce soit, et alors ce-
pendant qu’elles n’ont point été ingérées, est constamment suivie du plus
grand désordre dans les fonctions de l'estomac, et des intestins, avec altéra-
tion de la structure de ces organes. Les préparations aurifères possèdent
seulement au plus haut degré la propriété excitante, et Îles phénomènes
graves qui pourraient résulter de leur usage trop peu calculé, et trop peu
mesuré, ont seulement le caractère d’une stimulation générale portée à
l'excès. De là vient qu’administrées avec mesure , avec circonspection, elles
ne sont jamais nuisibles, alors même qu’elles ne produisent pas les bons
effets thérapeutiques sur lesquels on croyait pouvoir compter : de là vient
qu’un des premiers effets de leur introduction dans l’économie, effet pres-
que constant, c’est une activité plus grande des fonctions du système di-
gestif: de là vient encore qu’on peut impunément en continuer l'usage
bien plus long-temps que cela ne pourrait être pour les préparations de
mercure, d’arsenic. N’était qu’elles doivent être administrées dans des
proportions infiniment moindres, elles rentreraient sous ce rapport dans
la catégorie des préparations ferrugineuses.
» Nous ne croyons pas devoir entrer dans de plus grands développements
sur le travail que M. Legrand a présenté à l’Académie. Moins encore vou-
drions-nous analyser les faits qui y sont consignés. Ces faits, en nombre
considérable, sont fort analogues entre eux: ils ne diffèrent guère que sous
le rapport du degré auquel était parvenue la maladie scrofuleuse, et des
formes, nécessairement un peu variées, sous lesquelles elle se présentait chez
les sujets qui ont été soumis à l'épreuve du traitement par la méthode au-
rifère. Nous ne pouvons que chercher à en saisir le principal caractère et les
conséquences générales. Or, tous ces faits, qui pour la plupart sont particu-
liers, sont propres à M. Legrand, quelques-uns ayant été communiqués par
d’autres praticiens, tous ces faits, disons-nous, sont empreints d'un carac-
tère d’exactitude et de vérité, et nous hésitons d'autant moins à les adopter,
que nous avons vu plusieurs malades traités par les préparations d'or en
voie de guérison, ou tout-à-fait délivrés de l'affection scrofuleuse dont ils
avaient été atteints; quelques-uns portaient les traces ou les stigmates, si
souvent inévitables, toujours indélébiles, et en quelque sorte caractéristi-
ques, de leur affection passée.
» Vos commissaires comprennent parfaitement les vœux de M. Legrand;
ils y applaudissent ; et en forment avec ce médecin, ami des progrès de
46.
( 328 )
l'art, pour que les résultats qu'il a obtenus ne soient pas perdus de vue, et
pour qu’ils soient, au contraire, un encouragement à de nouvelles expéri-
mentations. Ils espèrent que la méthode aurifère, appliquée au traitement
des maladies d’origine et de nature serofuleuses, recevra la sanction du
temps et de l’expérience. Toutefois, dût-elle n’être que ce que sont tant
d’autres méthodes connues pour le traitérment des scrofules, dût-elle être
placée seulement sur la même ligne, et ne mériter que le même degré de
confiance, il faudrait encore la’ considérer comme une conquête utile pour
la science. En effet, les maladies chroniques, bien plus encore que les
maladies aigués auxquelles l'homme est exposé, se refusent, par leur ca-
ractère, à ce qu'un même système de traitement, un même ‘agent thé-
rapéutique Soit appliqué à chacune, toujours de la même manière,
chez tous les sujets indistinctement, et constamment avec les mêmes
avantages. On est heureux de pouvoir choisir, pour chaque-cas en parti-
culier , entre divérses méthodes de traitement qui, considérées en elles-
mêmes seulement, sembleraient offrir la même puissance, et promettre
la même efficacité : et dans ce choix on a égard à l’âge des sujets, à leur
constitution naturelle, qu'il ne faut pas confondre avec leur constitution
pathologique, aux conditions dans lesquelles ils vivent , et à d’autres cir-
constances qui, ici comme ailleurs, compliquent les problèmes de la
médecine pratique, mais qui n’empéchent pas que, bien, que ses calculs
reposent sur des données purement intellectuelles, elle w’ait aussi son
degré de certitude et de probabilité.
»-En définitive, les recherches et les observations de M. Legrand sur
l'usage des préparations d'or dans le traitement de laffection scrofuleuse,
encore bien qu’elles n'aient trait qu'aux scrofules des parties molles, offrent
déjà néanmoins un intérêt réel, en même temps qu’elles tendent à un but
évidemment utile. Elles mettent en relief une méthode thérapeutique des
scrofules dont les avantages étaient jusque alors fort contestés. Elles mé-
ritent donc l'approbation de l’Académie, et vos commissaires pensent que
M Legrand doit être invité à poursuivre, et à compléter le plus tôt pos-
sible , la tâche qu’il s’est imposée. Un nouveau travail, qui aurait limpor-
tance et le mérite de celui dont nous venons de rendre compte, lui ferait
acquérir des droits à un témoignage encore plus éclatant de la satisfaction
de l’Académie. »
L'Académie adopte ces conclusions.
( 329 )
MÉMOIRES LUS.
ZO0O0LOGIE ET GÉOLOGIE. — Sur une troisième espece vivante de la famille des
Crinoïdes , servant de type au nouveau genre Holopus ; par M. »'Ormieny.
(Commissaires, MM. de Blainville et Bory de Saint-Vincent.)
« M. d’Orbigny commence par définir en peu de mots ce que sont les
zoophytes désignés sous le nom de Crinoïdes, puis il donne un abrégé
de leur histoire. Il fait remarquer que leurs restes, connus des anciens
géologues sous le nom d’Entroques , de Trochites et de Pierres étoilées,
furent d’abord rapprochés de l'Ombellulaire du Groënland par Ellis en
1755, et, avec plus de raison encore, de la Forticella, qui était l'ana-
logue vivant des Pierres étoilées. Néanmoins, du temps de M. de Lamarck
on ne connaissait encore que deux espèces et un seul genre (Encrinus),
duquel Miller, en 1821 , fit naître une famille tout entière à laquelle il
rapporta neuf genres, et aujourd’hui les recherches des géologues en ont
encore augmenté le nombre qui s'élève à quatorze, renfermant plus de
quatre-vingt espèces. « Ces Crinoïdes, dit-il, offrent aux géologues des
» caractères certains pour reconnaitre les diverses formations de terrains,
» chacune appartenant exclusivement à une époque déterminée de l’âge
» du monde. » Et afin de le prouver , il entre dans quelques détails à cet
égard, détails qu’il doit faire connaître avec plus d’extension dans une
monographie des Crinoïdes qu’il se propose de publier.
» Les plus anciennes des Crinoïdes qui parurent sur notre globe, con-
» tinue-t-il, sont contemporaines des Trilochites , Orthocératites et Li-
» thoites, etantérieures à la famille des Ammonacées, » On pourrait même
dire qu’à l’époque où s’est formée la grauwacke (1), ou calcaire de transi-
tion, ces animaux l’emportaient en nombre sur tous les autres. On s'étonne
en effet de reconnaître que, sur quatorze genres de Crinoïdes, huit exis-
taient déjà dans ce premier âge du monde vivant, et d’avoir trouvé dans
cette formation plus des deux tiers des espèces connues jusqu’à nos jours.
A cette époque, vivaient les genres Actinocrinites, Cupressicrinites, Cya-
thocrinites, Eugéniacrinites, Melocrinites, Pentacrinites, Platycrinites et
(1) J'ai suivi, dit M. d’Orbigny, dans ma nomenclature des terrains la division de
M: de la Bèche. (Wanuel géologique. )
( 330 )
Rhodocrinites. Il est remarquable que dans le groupe du calcaire carboni-
fére, qui a succédé à la grauwacke, de tous ces nombreux genres de cette
formation on ne retrouve qu’un seul, celui des Actinocrinites ; c’est
même dans ce terrain qu'on en rencontre pour la dernière fois les nom-
breuses espèces, qui disparaissent ensuite pour toujours. Mais bientôt,
dans la formation houillère se présente une nouvelle génération de Cri-
noïdes, moins nombreuse en espèces que celle de la grauwacke-et en même
temps peu différente, car les mêmes genres subsistent encore, à l’excep-
tion cependant de celui des Actinocrinites et Cupressicrinites qu’on n’a
pas retrouvés, tandis que celui des Potériocrinites et celui des Pentremites
viennent les remplacer en se montrant pour la première fois. Si l’on passe
à l'étage supérieur aux groupes des terrains de grès rouge, on verra que,
de tous les genres mentionnés dans la formation précédente, il ne reste
plus qu’un, celui des Cyathocrinites, tous les autres n’ayant pas survécu
aux causes qui ont occasioné leur destruction , tandis que la nouvelle géné-
ration d’êtres propres aux grès rouges n’a produit qu'un seul genre diffé-
rent de ceux des formations inférieures, celui des Encrinites. On peut dire
même que c’est la période la plus pauvre en espèces de cette famille, puis-
qu’on en connaît à peine cinq à six. Nous arrivons enfin aux groupes des
terrains oolitiques si riches en fossiles, surtout parmi les coquilles cloi-
sonnées. Dans ceux-ci, les Grinoïdes reparaissent en grand nombre, mais
sous des formes encore différentes ; de tous les genres dont nous avons
parlé trois seulemeut s’y montrent; les Eugéniacrinites, les Pentacrinites
et les Rhodocrinites, tandis qu’il naît une foule d’espèces de genres incon-
nus jusque-là, ceux des Apiocrinites et des Solanocrinites, surtout du
premier, qui paraît propre à cette formation, et dont les espèces dominent
en nombre. En quittant la formation oolitique pour celle de la craie, on
s'aperçoit que toutes les espèces de Crinoïdes disparaissent entièrement,
et qu'il ne survit plus au naufrage, ou pour mieux dire il n’échappe à la
destruction complète de toute cette belle famille des Crinoïdes, qu’une seule
espèce, l’Æpiocrinites ellipticus, la seule qui vienne encore témoigner, au
sein de cette masse imposante des couches crétacées, de l’existence anté-
rieure de tant de genres qui ne reparaissent plus qu’en vestiges dans les
terrains tertiaires, si répandus sur le sol terrestre le plus rapproché de
notre époque.
» Il faut observer que dans cette succession de genres et d'espèces de
Crinoïdes, on doit remarquer trois grandes époques: 1° celle de la
grauwacke, ou terrains de transition, contenant huit genres et vingt-six
(331)
espèces connues; 2° celle du groupe carbonifère, où l’on rencontre sept
genres et dix-neuf espèces ; 3° celle du groupe oolitique, renfermant cinq
genres et trente une espèces. Il en conclut que les genres étaient pius
variés dans la première période, tandis que les espèces sont en bien plus
grand nombre dans la dernière.
» Aprèsavoir parlé des Crinoïdes quise rencontrent à l’état fossile, M. d’Or-
bigny reconnaît que les Pentacrinites, qui furent de tous les terrains,
sont les seules qui aient survécu à la destruction simultanée des espèces
fossiles, et qui soient encore actuellement vivantes; elles sont représentées
par le Pentacrinites Caput Medusæ et V'Encrinus europæus , seuls restés
sur notre globe, comme débris de cette nombreuse famille, dont les restes
composent quelquefois, à eux seuls , des montagnes entières. Et par cela
même, il cherche à prouver combien une troisième espèce, donnant
des moyens de plus de comparaison avec les genres perdus, peut offrir
d'intérêt.
» L'espèce dont il va s'occuper a été découverte aux Antilles, par
M. Rang. Il faut voir combien sont curieux les rapprochements qu’on
pourrait faire de la rencontre des deux grandes espèces vivantes dans des
mers équatoriales, avec la température qui devait exister an temps où les
Crinoïdes fossiles vivaient , température qu’il croît égaler celle de la zone
torride actuelle.
» La crinoïde qu’il fait connaître se distingue de tous les autres genres
par deux caractères tranchés: 1° celui qui lui a valu son nom de Æolo-
pus, et qui consiste en ce qu'il a le pied entier non divisé, caractère qui
n'existe dans aucun des genes connus ; 2° celuid’avoir ce même pied court
et creux, servant de réceptacle aux viscères , ce qu’on ne retrouve pas dans
les autres Crinoïdes, qui ont au contraire un renflement spécial à cet usage,
au sommet du pied. M. d'Orbigny donne ainsi les caractères du nou-
veau genre qu’il établit : « Animal fixé au sol par une racine prenant la
» forme des corps solides sur lesquels elle s'attache; de cette racine ou
» base part un pied ou corps entier, court, épais, creux, contenant les
» viscères et s’ouvrant en une bouche, remplissant en même temps les
» fonctions d’anus, placée dans le fond d’une cavité irrégulière formée
» par la réunion de bras dichotomes épais, poreux, convexes extérieu-
» rement, creusés en gcuttières en dedans, divisés en articulations nom-
» breuses, et munis alternativement sur leur longueur, de petites ramules
» coniques fortement comprimées. » 1l passe ensuite à la description de
l'espèce qu’il dédie à M. Rang. »
( 332 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De la résistance des machines locomotives en usage
sur les chemins de fer; par M. pe Pamsour.
(Commissaires, MM. Biot, Arago, Poncelet, Coriolis.)
« L'objet que M. de Pambour s’est proposé , est de déterminer la résis-
tance passive des machines locomotives sans charge ou avec une charge (1),
et d'analyser ensuite cet effet de manière à pouvoir le recomposer 4 priori
pour une machine quelconque, d’après ses proportions, son poids et celui
de sa charge.
» Dans ce but, la résistance passive des machines isolées est d’abord
déterminée par des expériences directes, faites selon trois procédés
différents, dont l’un est le dynamomètre et dont les deux autres sont parti-
culiers à l’auteur, savoir, celui de la moindre pression, qui consiste à re-
connaître quelle est la moindre pression de vapeur capable de maintenir la
machine en mouvement sur les rails; et celui de l’angle du frottement; qui
consiste à abandonner lamachine à elle-même sur un systèmede deux plans
inclinés du railway de Liverpool, faisant suite l’un à l’autre, le premierplus
incliné et le second moins incliné que l'angle de frottement, et à calculer la
résistance de la machine, d’après la hauteur de sa chute comparée à l’es-
pace qu’elle a parcouru sur les plans. Dans ce calcul, on tient compte de la
résistance de l'air contre le mouvement. LS
» Il résulte des expériences ainsi faites sur neuf machines différentes,
qu’une locomotive du poids de 8 tonnes, à quatre roues non coupiées,a une
résistance passive moyenne de 106 Ibs; et qu’une machine de 12 tonnes et
demie, à quatre roues couplées, a une résistance passive de 145 Ibs.
(1) L'auteur appelle résistance passive d’une machine locomotive, la force qu’elle dé-
pense elle-même pour se maintenir en mouvement: c’est la force qu’il faudrait lui ap
pliquer le long des rails pour vaincretous les frottements qui s'opposent à sa progression
dans l'instant où elle exécute le tirage d’un train. Entre la résistance et le frottement , il
fait une distinction : le frottement.est une forceexercée et mesurée au lieu même où les
parties frottantes sont en contact; la résistance est l'effet définitif de ce frottement contre
la progression de la machine, c’est-à-dire une force toujours mesurée par la traction
qu’il faut appliquer le long des rails: pour la vaincre. La résistance de la machine dont il
estici question est donc de cette dernière nature.
(4535 )
» Ces résultats concernent la résistance des machines isolées, ou sans
aucune charge ; mais la charge accroît considérablement les frottements , et
par suite, la résistance propre de la machine.
» Pour arriver par la théorie à la connaissance de cet accroissement de
résistance en vertu de la charge, l’auteur partage la résistance des machi-
nes en trois portions, savoir , la résistance due au poids de la machine
considérée comme voiture, la résistance due aux frottements de ses orga-
nes mécaniques pris séparément de toute charge, et la résistance addition-
nelle due à l’effet de Ja charge sur les joints de la machine.
» Ce dernier effet, soumis au calcul conduit à une formule générale,
au moyen de laquelle on peut déterminer la résistance additionnelle pro-
duite par chaque tonne de la charge dans une machine quelconque dont
les dimensions sont connues.
“» Cette formule contient deux termes, l’un relatif au frottement des ti-
roirs, où l’on reconnaît que la résistance qui en résulte contre la progres-
sion de la machine varie en raison directe de la course et de la surface des
tiroirs, et en raison inverse de la course et de la surface du piston; l’autre,
relatif aux frottements sur l’essieu coudé, où l’on reconnaît que cette partie
de la résistance totale augmente avec le diamètre de l’essieu à la manivelle
et à la fusée d’essieu, et diminue au contraire, lorsque la course du piston
augmente.
» Cette formule subit une modification quand il y a dans la machine
deux paires ou trois paires de roues couplées.
» Les résultats de ce calcul se trouvent ensuite vérifiés par la re-
cherche pratique de cette même résistance additionnelle, ou par une
série d'expériences entreprises dans ce but direct, et au moyen d’un calcul
très simple.
» On tient compte dans ce calcul de la résistance de l'air, d’après des
expériences directes de l’auteur sur de grandes surfaces, qui ont donné,
comme on devait s’y attendre, un résultat plus considérable que celui qu’on
admet généralement d’après des recherches établies sur des surfaces de
peu détendue. On sait, en effet, que diverses surfaces traversant l'air
avec la même rapidité, éprouvent non pas des résistances proportion-
nelles à leur étendue, mais des résistances qui croissent plus vite que cette
étendue; de sorte que la résistance de l'air par unité de surface est plus
considérable pour les grands objets que pour les petits. Du reste, cette
recherche fera l’objet d’un mémoire qui sera présenté plus tard à l'Aca-
démie.
C. R. 1839, 19 Semestre, (T. LV, No 9.) 47
( 334 )
» On tient compte aussi dans le calcul, de la pression subsistant sur la
face opposée du piston en raison du rétrécissement du passage de sortie
de la vapeur dans l'atmosphère. La détermination de cette pression ré-
sulte d'expériences directes également faites par l’auteur avec des appa-
reils spéciaux fixés aux machines, et dont il se propose de rendre compte
à l'Académie.
» Le résultat, tant du calcul que de l'expérience, sur la résistance
additionnelle des machines, est que cette résistance est moyennement
de 0,50 Ï par tonne de charge pour les machines à quatre roues non cou-
plées, et de 1 5 par tonne pour les machines à quatre roues couplées.
» La résistance organique des machines, ou celle qui résulte du
frottement invariable de leurs organes mécaniques , reste ensuite à déter-
miner.
» La théorie conduit, à cet égard, à une formule dans laquelle on
reconnaît l'influence des proportions de la machine sur sa résistance
organique. On y voit que cette résistance augmente avec la longueur de
la course du piston, le diamètre du cylindre et l'épaisseur du piston, et
diminue au contraire par l’augmentation du diamètre de la roue.
» La même résistance organique est ensuite déterminée par la pra-
tique et l’expérience directe, qui confirment les considérations précé-
dentes. On reconnaît que la résistance organique éprouve les variations
indiquées par la théorie, mais que sa valeur moyenne, pour les machines
qui sont le plus en usage, peut être portée à 4o ib.
» Ces diverses déterminations donnent le moyen d'estimer à priori la
résistance passive d’une locomotive bien faite dont le poids est connu. On
voit, en effet, qu’au nombre 40 qui représente en livres la résistance due au
frottement de ses organes mécaniques, il suffit d'ajouter sa résistance
comme voiture, qui sera de 8 Ï par tonne, et sa résistance additionnelle,
qui sera de 1 # ou de Ÿ par tonne, selon que les roues seront ou ne se-
ront pas couplées.
» Cette manière d'évaluer la résistance passive d’une machine est utile
toutes les fois qu’on veut calculer les effets qu’on en peut attendre, sans
recourir à une expérience immédiate. Mais elle est surtout nécessaire,
lorsque, avant de construire une machine, on veut déterminer les propor-
tions qu’il convient de lui donner pour en obtenir des effets voulus.
Dans ce cas, en effet, on ne peut faire le calcul sans y employer la résis-
tance passive présumée de la machine; et comme on a toujours décidé
d'avance le poids qu’on veut lui donner, on voit qu’il est facile d’en dé-
(335)
duire la résistance passive qu’elle aura, si elle est construite convena-
blement. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Vote sur un passage du mémoire de M. Poisson,
concernant la Théorie de la Lune; par M. G. DE PonTÉcouLANT.
Lg
(Commissaires , MM. Arago, Poinsot, Damoiseau, Libri, Sturm.)
BOTANIQUE. — /Vote sur les Scitaminées , les Cannées et les Orchidées ; par
M. Taém. Lesrisoupois, professeur de botanique à Lille.
(Commissaires, MM. Ad. de Jussieu, Richard.)
EHIRURGIE. — Opération pratiquée pour un cas d'encéphalocèle remar-
quable ; par le docteur Arex. Tarerry fils.
(Commissaires, MM. Magendie, Roux, Breschet.)
Avec son mémoire, l’auteur a envoyé un plâtre et plusieurs exemplaires
d’une gravure représentant l’encéphalocele.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Observations sur la machine à vapeur rotative du
comte de Dundonald; par M. BramAx.
Ces observations sont adressées par lord Cochrane (comte de Dandonald),
comme supplément à un mémoire qu'il avait soumis au jugement de
l'Académie, et qui a pour objet une machine à vapeur rotative de son
invention. M. Bramah s’était d’abord prononcé contre cette machine. En
s'appuyant sur l'opinion de Tredgold, il pensait qu’une machine rotative
quelconque, toutes choses égales d’ailleurs, ne pourrait jamais arriver
au-delà des deux tiers de l'effet produit par une machine à mouvement
alternatif, ou de va-et vient. Les expériences qu'il a faites depuis avec
un petit modèle de la machine du comte de Dundonald, paraissent avoir
modifié son opinion.
L’écrit de lord Cochrane est renvoyé à la Commission précédemment
nommée.
47.
(336)
CORRESPONDANCE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — M. le Ministre des Travaux publics, de l’Agri-
culture eë du Commerce transmet une lettre de M. de Peaunez, médecin à
Maubeuge, qui insiste pour avoir le jugement de la Commission nommée
par l’Académie, au sujet d’un mémoire sur un nouveau système de dra-
guage qu'il avait présenté le 16 septembre 1835.
La lettre de M. le Ministre ét les papiers qui l’accompagnent, sont ren-
voyés à la Commission, à laquelle on adjoint M. Coriolis en remplacement
de M. Navier, entre les mains de qui le mémoire de M. de Beaunez était
demeuré.
PHYSIQUE DU GLOBE. — L'Académie ayant réclamé le concours de ses mem-
bres et de ses correspondants, pour éclairer la question du défrichement
des bois sous le rapport de ses effets météorologiques, M. Moreau de Jonnès
rappelle à l’attention de l’Académie un ouvrage qu'il avait il y a quelques
années adressé à l’Académie de Bruxelles, pour concourir à la solution
d’une question toute semblable, posée par ce corps savant, et qui avait mé-
rité le prix.
A l'occasion de la léttre de M. Moreau de Jonnès, M. 4rago annonce que
la Commission nommée pour l'examen de la question du déboisement, se
trouve dans l’impossibilité de faire un rapport aussi promptement que le
désirerait M. le Ministre des Finances. Toutefois, il a été décidé qu’elle
transmettrait les documents que ses membres parviendraient à recueillir ,
à M. Arago qui est chargé comme député, de s'occuper de ce même
problème,
Le Conseil général d'administration des hôpitaux soumetau consentement
de l’Académie, la décision qu'il a prise le 15 février, de demander à M. le
Ministre de l'Intérieur , par l'organe de M. le Préfet de la Seine, l’autorisa-
tion de transférer les restes de M. le baron de Montyon, du cimetière de
Vaugirard, sous la statue en marbre qui lui a été érigée à l'entrée de l’'Hô-
tel-Dieu. Le consentement de l’Académie est nécessaire, parce qu’elle doit
contribuer pour + aux frais d'exhumation et d’inhumation. Elle le donne
sans difficulté.
(337)
M. Orjila sollicite l'honneur d’être porté sur la liste des candidats à la
place devenue vacante par la mort de M. Desgenettes. Il joint à sa lettre la
note des titres sur lesquels il croit pouvoir appuyer sa demande.
Ces deux pièces sont réservées pour être remises à la Commission qui
sera chargée de présenter une liste des candidats.
MÉTÉOROLOGIE. — Aurore boréale du 18 février 1833.
M. Arago donne l'indication de toutes les villes de France d’où il a reçu
jasqu’ici des observations de la dernière aurore boréale. Ce sont :
Autonne, près de Meaux ; observateur, M. Darlu ;
Luzarches.........,.... M. Hahn;
Beauvais. .......,,..... M. Zoëga ;
Versailles. ........,... M. Gaudin ;
Sarreguemines.......... LE ere JPA
Collignon, Barhaise ;
Morlaix......,........ M. Pritot de Helles ;
Besançon. .........,... M. J'irlet ;
Montpellier. .…....,.,.. MM. on Se RATE
Marseille....,......... M. Jalz.
Quand les observations seront arrivées en plus grand nombre, M. Arago
en donnera l'analyse, de manière que les personnes qui croient encore à
la possibilité de déterminer la hauteur du phénomène par sa parallaxe ap-
parente, puissent entreprendre ce calcul.
PHYSIQUE pu GLOBE. — Lettre de M. Puirron-Bograye à M. Arago, sur la
température de la Grèce.
« J'ai l'honneur de vous adresser les observations que vous avez bien
voulu me demander sur la température des sources en Morée. Le premier
tableau comprend douze observations faites sur des sources qui jaillissent
au niveau, ou très près du niveau de la mer. Le second ne contient
que cinq observations relatives à des sources situées à diverses hauteurs,
jusqu’à celle de 1000 mètres. Elles ne sont pas assez nombreuses, sans
doute, pour qu’on puisse en déduire quelques conséquences certaines ;
mais il me semble qu’elles suffisent pour montrer l'intérêt que l’on doit
encore attacher à ce genre d'observations.
» Cet intérêt se rapporte non-seulement à la géologie, mais encore, à
ce que Je crois, à l'étude du climat.
» Sous le premier point de vue, j'ai cherché à faire voir, en traitant
(338 )
des phénomenes récents (Géologie de la Morée), comment l’existence de
grands cours d’eau souterrains, au lieu de nappes aquifères comme
dans le nord de la France, résultait de la constitution géognostique de
cette contrée, et comment ces deux ordres de faits rendaient compte des
divers phénomènes des cavernes ossifères.
» Les roches qui composent le sol de la Grèce sont très fracturées ,
mais peu perméables ; les eaux se perdent partout, dans les vallées comme
dans les bassins fermés de l’intérieur, et il en résulte toute une hydro-
graphie souterraine, dont les Grecs anciens ont souvent cherché à suivre
la trace.
» Dans le golfe d’Argos, un grand nombre de ces cours d’eau viennent
paraître au jour à une très petite hauteur au-dessus du niveau de la mer
actuelle; et l’on reconnait bientôt qu'ils suivent la trace des rivages que
la mer occupait pendant la période tertiaire la plus récente. Sans doute,
les dépôts de cette époque, en cimentant les fractures du sol ancien, ont
refoulé les eaux au-dessus du rivage. C’est là que, malgré un nouveau
mais faible abaïissement relatif de la mer, elles ont maintenu leurs ou-
vertures. La pureté de leurs eaux est la même dans toute saison, et ce-
pendant leur principal aliment est cette masse d’eau de couleur rou-
geâtre, engloutie chaque année dans les gouffres de l’intérieur, pendant
la fonte des neiges de la saison des orages. Il faut donc que, loin de
parvenir au jour par une pente directe et continue, elles parcourent
un long trajet, et déposent dans des lacs souterrains toutes les matières
qu’elles tenaient en suspension.
» Le dégagement de bulles d’air, très abondant surtout à l’époque qui
suit la fonte des neiges, annonce encore l'existence de grandes cavités
intérieures où l'air est condensé.
» Quant aux conséquences à tirer de la température de ces sources,
nous reconnaissons qu’ilest impossible de conclure la température moyenne
d’un lieu, lorsque l’on n’a que quelques observations d’une seule source,
attendu qu’elle peut être influencée par la hauteur du point de départ, la
profondeur des réservoirs ,les réactions chimiques, la rapidité du trajet, etc.
Mais en est-il ainsi quand on peut multiplier ses observations sur un grand
nombre de sources et étudier les circonstances diverses que chacune pré-
sente? Nous sommes loin, sans doute, d’avoir atteint ce résultat, et ce-
pendant notre premier tableau, qui renferme douze observations relatives |
à des sources au niveau de la mer comprises entre 37° 36/ et 36° 28’ de
latitude, montre une certaine concordance avec les variations de la latitude
(359 )
qui, loin sans doute d’être régulière, n’en est pas moins remarquable. Les
températures extrêmes s’écartent en plus et en moins d’un degré vingt-cinq
centièmes de la température moyenne, et celle-ci, résultat tout-à-fait inat-
tendu, ne diffère que d’un dixième de degré du nombre donné par la for-
mule de Mayer pour la latitude moyenne 36° 58': la température de ces
sources est donc ici une fonction de la latitude sur laquelle les causes de
perturbation dont nous avons parlé n’exercent que peu d’influence.
» Ce résultat était pour nous d'autant plus inattendu qu’il ne s’agit pas
ici de ces petites sources d’infiltration qui coulent lentement entre les
couches solides et les amas meubles qui les recouvrent, et doivent prendre
la température à peu près constante de ces couches peu profondes; ce sont
ici de véritables rivières souterraines, qui prennent naissance dans des
bassins comme celui du Stymphale ou de Tripolitza élevés de 630 mètres,
et qui après avoir passé sous des vallées profondes et des contre-forts
élevés, reparaissent à une température de 17 à 18 degrés.
» Les observations sur la température des sources à diverses hauteurs,
sont malheureusement trop peu nombreuses pour qu’on puisse en tirer
quelques conséquences positives ; ellesindiquent seulement un abaissement
de température de 1° pour 150". Saussure a trouvé pour valeur moyenne
dans les Alpes, 1° pour 154"; mais en enfonçant son thermomètre à des
profondeurs où les variations diurnes n'étaient plus sensibles.
» Je n’ai pu visiter le littoral de l’Achaïe; c’est là, à ce qu’il me semble,
que les observations de la température des sources aurait le plus d'intérêt.
Elles sont nombreuses, situées sous la même latitude, à la limite de la
mer tertiaire et au pied d’une chaîne élevée et continue. On devrait s’atten-
dre à de l’uniformité dans les résultats, et les températures qui s’écarteraient
sensiblement en plus de la valeur moyenne devraient être considérées
comme signalant des sources d’origine thermale, fait qui n'aurait rien
de surprenant, surtout dans la partie de la Grèce la plus agitée par les
feux souterrains. »
( 340 )
Températures de quelques grandes sources , képhalo-vrisÿ, très rapprochées du
niveau de la mer (1830).
Nota. Toutes ces sources appartiennent au versant oriental du massif péloponnésien.
Tempéra-
turede l'air,
a l'ombre.
Tempéra-
ture des
sources.
LOCALITÉS. Date de l'observalion.… |} Latitude, OBSERVATIONS.
RC Se | GER ———————_—_—_—_——
Altitude , 15 à 20% ; bulles
d’air.
Id. 3 à 4m ; bulles d’air.
Sources salées à quelques
mètres au-dessus de la mer.
l
1 Sources de l’Erasinus,
près d’Argos.......i20 septembre 1830.
2 Id. de Lerne........!28 mars id........
3 Id. de Mousto, près 30 mars à 4 heures
d’Astros... du soir........
4 ‘Id. NVirlet..…..s...128 jhin:-...
5 Lénidi (par M.Virlet) 27 juin.....
6 Scala dans l'Hélos. .;25 avrilà 12 heures.
Lomédusté 0 net
15050
17,00
Ole ob 18,00
17,50
16,50
17,90
17,90
18,
,00
Élevées à quelques mètres.
Peut être 10 mètres.
ÉTsinisin. CRC) à 0) Juine sise
Saumâtre : altitude, 2m.
9 Marathonisi........|27 mai à 6 heures
du soir.
17,50
HaGmar etre ê
17,00
Saumâtre (2 à 3m).
Rivière sortant au niveau de
la mer et refoulant ses
eaux.
10 Vouilla
11 Pigadia (puits de)... /12 mai...........
12 Port Hagios Geor-
gios, ou Vélonidia,
près du cap Malée...|13 mai, grandecha-
1'Aeur ee Eee
18,50
35 28 |... 19,00 |Aïltitude, 25 à 30m.
(1)
——_—_—————— EE
Ternpérature des sources situées à diverses hauteurs.
Latitude moyenne, 369 58. Temp. moy., 159, 64
La formule 270,5 cos?L donne. .......:.......... 47,5
I
È £ Température] Hauteur
LOCALITÉS. Latitude. pie M ETES.
D
Je prends pour température de
comparaison celle qui résulte
Élévation.
Niveau dela mer.:....
Hayani. (13 avril) l'air,
1...
Giorgitsi (17 avril)
ETS LE COMBO
Sources : Ténées, plaine
d’Orchomènes (3 oc-
.-t0bre tisse
Ghiotsa, au - dessus du
lac Phonia (4 ucto-
bre.....
Parnès ( 11 mai 1833)
dans l’Attique. ..:..
Tayzëte.
om
19541
15,22
15,25
13,00
35 45
38 10
825 11,50
———
gco à 1000 (**)| 11,00
L’élévation moyenne du sol pour une diminution de température d’un degré, a été trouvée de 15{ mètres
par Saussure, dans les Alpes, en enfoncant le thermomètre à des profondeurs où la variation diurne
n’était plus sensible. Des moyennes annuelles, à l’hospice du Saint-Bernard, ont donné 1° pour 200 mè-
tres, et sous l'équateur, 1° pour 200 mètres (M. de Humboldt). ;
———————_—_—_—_—_——…—… …"… —…"…"…"…"— —"."_Ù— —
(+) IL ÿ a incertitude d'un quart de degré sur cette température , prise au moment de la fonte des neiges, et à 4oo® du picd du
(**) Dans ce cas, comme presque toujours , la source est plus ou moins éloignée des points trigonométriques dont la hauteur était
connue ; néanmoins, M. Peytier, auquel cette observation e:t due, ne croit pas qu'il ÿ ait plus de 100 mètres d'incertitude.
de la moyenne des trois pre-
mières sources du tableau pré-
cédent, comprises dans le 37€
degré de latitude.
Hauteur connue à 20 mètres près.
L'erreur, sur la hauteur, n’est
pas de 10 mètres.
L'erreur, en hauteur, pourrait
_—— | être de 20 à 30 mètres.
150 à 167 Je compare ici la température
—| 11,00 à celle du niveau de la
mer à la même latitude , tem-
pérature que j'estime 17,00
d’après le résultat (1) et Ja
formule de Mayer.
(341) :
cute. — Lettre de M. Canours sur l'analyse de l'huile essentielle de
pomme de terre.
« L'analyse que M. Dumas a faite de l'huile essentielle de pomme de
terre, ayant fixé pour sa composition la formule C*H*0*, qui corres-
pond à quatre volumes de vapeur, je pensai que ce composé pouvait être
rangé dans la classe de l’alcooi et de l'esprit de bois, ce qui m’engagea à
en faire une étude approfondie. Sa constitution serait telle qu’un volume
serait représenté par un volume d’un hydrogène carboné, CH, et un
volume de vapeur aqueuse, de telle sorte que la formule précédente
pourrait être décomposée ainsi qu'il suit : C*°H*°, H‘O*. Dans le but de
vérifier cette hypothèse, j'entrepris des expériences qui me semblent
avoir décidé la question : cependant de nouvelles expériences sont né-
cessaires encore. Parmi les résultats que j'ai obtenus, je citerai les sui-
vants : l’huile traitée par l’acide sulfurique concentrée à une douce cha-
leur et même à la température ordinaire, donne naissance à un acide bien
distinct, ayant pour radical C°H*°. Cet acide mis en contact avec les bases,
forme des composés solubles, dont l’analogie de composition avec les
sulfo-vinates est incontestable : ainsi le sel de baryte, par exemple, est
représenté par la formule
SOS, BaO + SO', CH + H°Oÿ.
» Ces sels du reste sont faciles à distinguer les uns des autres par leurs
caractères. Si l’on met l’huile.en contact avec l’iode et le phosphore, il
se dégage une matière éthérée, dont l’odeur est légèrement alliacée, dont
le point d’ébullition est moins élevé que celui de l'huile primitive, et qui
peut se représenter de la même manière que l’éther hydriodique. Enfin
l'acide nitrique et le chlore m'ont donné des produits sur lesquels je me
propose de revenir avec détail. Des occupations étrangères à ce sujet
m'ayant obligé de suspendre mes recherches. J’envoie cette note seule-
ment pour prendre date, me réservant de communiquer mes résultats
à l’Académie, dans un prochain mémoire. »
cmIRURGIE. — M. Baudelocque neveu adresse un instrument qui a de l’a-
nalogie avec le dilatateur du canal de l’urètre, et à l’aide duquel on arrête,
dit-il, à l'instant même, les pertes de sang qui surviennent dans certaines
maladies des femmes et pendant le cours de la grossesse, :
L’instrument sera soumis à l'examen de MM. Roux et Breschet.
C. R. 1837, 19° Semestre. (T. IV. N°9.) À 43
( 342 )
L'Académie accepte en dépôt un paquet cacheté envoyé par MM. 4rnal
et Ducommun.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — M. Dausse, informé depuis peu seulement de
la réclamation que son projet de barrage présenté à l’Académie le r7 oc-
tobre 1836, a provoquée le 1°° novembre de la même année, de la part de
M. Poirée, auteur d’un autre projet de barrage, réplique que les deux pro-
jets n’ontabsolument rien de commun que les aiguilles, qui n’appartiennent,
dit-il, à personne, puisqu'il en existe de temps immémorial sur un grand
nombre de rivières.
La lettre de M. Dausse sera remise à la Commission chargée d’examiner
son mémoire et la réclamation de M. Poirée.
M. Paillette adresse, pour être placés dans la collection de PAcadémie,
des fragments de substances en décomposition, recouverts de nouveaux
composés résultant d’actions électro-chimiques.
M. Mandi remet également de la part de M. le baron Jacquin , des échan-
tillons d'infusoires fossiles provenant de Franzensbad en Bohême.
La Société industrielle de Mulhouse adresse un rapport qui lui a été fait
sur les plaques fusibles.
M. Ohlive-Meinadier envoie de Nimes quelques observations sur la so-
lution des équations du cinquième degré, solution qu’il croit avoir décou-
verte.
Les observations de M. Meinadier seront examinées par M. Libri.
M. Coulier s'étonne que la Commission qui a fait un rapport sur les
moyens d'empêcher le blanchiment des papiers timbrés, ne se soit pas oc-
cupée des papiers dits de sdreté.
M. Arago répond qu'ils seront l’objet d’un rapport de la part d’une nou-
velle Commission déjà nommée.
M. le Secrétaire se borne à annoncer la réception d’une lettre de M. de
Perron, relative à une discussion que cet officier aurait avec MM. Geof-
froy Saint-Hilaire père et fils.
Trois autreslettres sont aussi citées sans aucune analyse, l’une de M. Wa-
( 343 )
tus, qui, prétendant que les épidémies viennent de ce qu’on enterre les
cadavres, voudrait qu’on les brülât.
La seconde, de M. Pascal, sur le mouvement perpétuel.
La troisième, de M. Encognere, qui se croit en possession d'un moyen
de mouvoir les voitures avec une grande diminution de force.
La séance est levée à cinq heures. À.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie des Sciences ;
1837, 1°" semestre , tome 4, n° 8, in-4°.
Funérailles de M. Molard.— Discours de M. le baron Cu. Dur; in-4°.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macexore;
2° livraison, Paris, 1837, in-8°.
Annales des Sciences Naturelles ; septembre 1856, in-8.
Mémoire sur la Population de la Chine et ses variations , depuis l'an
2400 avant J.-C. jusqu'au 15° siècle avant notre ère ; par M. É. Bior;
brochure in-8°.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »'Orsienx; 22° livraison,
in-4°.
Galerie ornithologique , ou Collection d'oiseaux d'Europe, décrits par
M. A. D'Onmieny et dessinés par M. Traviës; 11° livraison, in -4°.
Magasin de Zoologie; par M. Guérn; 6° année, livraisons 5 et 6, Paris,
1836, in-8°.
Nouveau Traitement spécial et abortif de l'inflammation de la Peau,
du tissu cellulaire, des veines , des vaisseaux capillaires, sanguins et
lymphatiques ; par M. Serre; brochure in-8°, Montpellier, 1837.
Leçons de Chimie élémentaire faites le dimanche; par M. Gran ;
2° partie, 1°* et 2° lecon, Rouen, in-16.
Mémoires et Analyse des Travaux de la Société d'Agriculture, Com-
merce , Sciences et Arts de la ville de Mende ; 1834 — 1835, in-8°.
( 344)
Cours complet d'Agriculture ; tome 13, et 13° livraison de planches,
Paris, in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie ; 2° série, tome 6, Paris, 1836,
in-8°. #
Recueil manufacturier, industriel et commercial; n° 37, janvier 1857,
in-6°.
Ueber die Chronometer.....Sur les Chronomètres de-M. Kessels, avec
des Observations sur l'usage du Chronomètre ; par M. Hansen; Altona,
1856, in-8°.
Sul Tricocefalo..... Lettre médicale de M. neuve Cuiaie, au professeur
Lanza, sur le Trichocephalus dispar , observé pendant le choléra asiatique
à Naples ; brochure in-8°, 1856.
Annales de la Sociéié d'Agriculture, Arts et Commerce du départe-
ment de la Charente ; tome 18, Angoulème, in-8°.
Annales scientifiques, littéraires et industrielles de l'Auvergne , sous la
direction de M. Licoc; novembre et décembre 1836, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 8.
Gazette des Hôpitaux; 10° année, n° 22 — 24.
France médicale ; 1"° annnée, n° 32 et 33.
La Presse médicale ; n° 15 et 16.
Écho du Monde savant ; n° Go.
L'Éducateur; septembre et octobre 1836, in-4°. =
Cours public et gratuit, explicatif des Hiéroglyphes Égyptiens et des
mystères du Paganisme ; par M. ps Brière. — Prospectus.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 6 MARS 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — {Vote sur les inégalités du mouvement de la Lune
autour de la Terre; par M. Porsson.
« Dans l’avant-dernière séance, l’Académie a recu de M. de Pontécou-
lant, une note où il était dit qu’un calcul que j'ai fait dans mon mémoire
sur le mouvement de la Lune , est incomplet, et ne comprend pas la partie
la plus ardue de la question (1). Le même auteur a adressé à l’Académie,
dans la dernière séance, une seconde note dans laquelle il va plus loin, et
où il annonce que ce calcul, dont il a cependant vérifié le résultat, a pour
base des idées fausses, sur lesquelles il serait dangereux de s'appuyer
dans d’autres cas. Or, le calcul dont il s’agit n’est autre chose que la dé-
monstration de l’invariabilité des grands axes des orbites elliptiques,
que M. de Pontécoulant ne croit point applicable au mouvement de la
Lune. Contrairement à son opinion , je pense avec tous les géomètres qui se
(1) Comptes rendus hebdomadaires , pag. 281.
CR. 1837, 1€ Semestre. (T. 1V. N° 10.) 49
( 346 )
sont occupés, Comme moi, de cette question, l’une des plus importantes
de la mécanique céleste, que cette démonstration est exacte, et qu’elle
convient au mouvement de la Lune, aussi bien qu’à celui des planètes:
les objections qu’il a faites me paraissent sans aucun fondement; mais ce
sera à la commission, nommée sur sa demande appuyée par moi, à les
examiner et à les juger; en attendant, voici un historique succinct de ce
théorème de l’invariabilité des grands axes.
» Euler et Lagrange avaient trouvé, par des calculs fautifs, une inégalité
séculaire dans l’expression du grand axe; Laplace, au début de sa carrière,
avant qu’il fût membre de l’ancienne Académie, rectifia cette erreur, et
montra que le grand axe, différent en cela detaus les autres éléments éllip-
tiques, est invariable, du moins quand on borne l'approximation à la pre-
mière puissance des forces perturbatrices d’une part, et, de l’autre,
aux troisièmes puissances, inclusivement, desinclinaisonset des excentricités
des orbites. Son mémoire est imprimé dans le volume des Savants étran-
gers pour l’année 1773. Trois ans après, Lagrange reprit la question; il
paraît qu'il vérifia d’abord que les termes séculaires ou indépendants des
moyens mouvements, se détruisent encore lorsqu'on pousse l’approxima-
tion jusqu'aux termes du cinquième ordre, par rapport aux inclinaisons et
aux excentricités (1); et c’est ce qui l’engagea à chercher une démonstra-
tion de l’invariabilité des grands axes, directe et indépendante de ce degré
d'approximation : il parvint, en effet, à mettre la différentielle du grand
axe sous une forme quimontre à priori qu'aucune inégalité séculaire n’y peut
exister , mais seulement quand on néglige les puissances de la force per-
turbatrice, supérieures à la première. Cela suffisait, en ce qui concerne le
grand axe, dont la différentielle ne subit qu’une seule intégration, et qui
ne peut, en conséquence, acquérir qu’un seul diviseur de l’ordre de cette
force; mais le moyen mouvement s’obtenant par deux intégrations succes-
sives , si sa différentielle, exprimée au moyen de celle du grand axe, avait
renfermé des inégalités séculaires du second ordre par rapport à la
force perturbatrice, son expression aurait contenu de semblables inéga-
lités d’une’ étendue indépendante de cette force, comme cela a lieu pour
les excentricités et les inclinaisons, et auxquelles il aurait été indispensable
d’avoir égard; car tout ce qui pourrait altérer les moyens mouvements
(x) Il n’en reste aucune trace dans son mémoire, imprimé parmi ceux de l’Académie
de Berlin, pour l’année 1776; mais c’est une chose que je me souviens de lui avoir en-
tendu dire.
(347)
planétaires serait essentiel à considérer en astronomie : il importe, par
exemple, de savoir si l’année sidérale a aujourd’hui la même durée, préci-
sément, qu’au temps d’Hipparque; c’est en la supposant constante que l’on
trouve que l’année tropique a dû diminuer, par l'effet d’une variation
dans la précession des équinoxes, d'à peu près une demi-seconde par
siècle, et qu’elle est actuellement moindre d'environ 13 secondes; qu’à
l’époque de l’astronome grec.
» Ces considérations m'ont déterminé, il y a près de 30 ans, à calculer
les termes séculaires de la différentielle du grand axe, dépendants du carré
de la force perturbatrice, et jusqu’au quatrième ordre, exclusivement,
par rapport aux inclinaisons et aux excentricités. Ce calcul n’avait d’autre
difficulté que son extrême longueur; il me fit voir que tous les termes
de cette espèce se détruisent sans aucune exception; et, à l'exemple de
Lagrange, je cherchai dès-lors à démontrer à priori que cette destruction
devait avoir lieu, quelque loin que l’on poussât l’approximation , à l'égard
des excentricités et des inclinaisons. J'y parvins heureusement, soit en dis-
posant d’une manière convenable, les différentes parties de la différen-
tielle du grand axe, qui ont pour facteur le carré de la masse de la
planète troublante, soit en prouvant, à l’aide du principe des forces
vives, que ce qui a lieu pour ces parties, est également vrai par rap-
port aux termes qui ont pour facteur le produit de cette masse et de
celle de la planète troublée. Mon mémoire, présenté à l’Institut en 1808,
est imprimé dans le 15° cahier du Journal de l'École Polytechnique.
» Je n’oublierai jamais la manière flatteuse dont les géomètres et les
astronomes ont accueilli mon travail, qui fut pour Lagrange et Laplace
une occasion de rappeler leurs anciennes idées sur ce sujet; ce qui les
conduisit, en même temps l’un et l’autre, et par des considérations
différentes, aux nouvelles expressions des différentielles des éléments
elliptiques dont ils ont enrichi la mécanique céleste. Au moyen de ces
formules , ils ont simplifié ma démonstration sans rien changer toutefois
à sa forme et à son principe. Elle est indépendante de la grandeur
des moyens mouvements de la planète troublante et de la planète
troublée, et prouve que les termes de la différentielle du grand axe, dont
l'argument ne contiendrait pas ces moyens mouvements, se détruisent
identiquement à la seconde comme à la première des deux approxi-
mations relatives aux puissances des forces perturbatrices; il ne peut
en conséquence, s'élever aucun doute qu’elle ne s'applique au mouve-
ment de la Lune, troublé par l’action du Soleil. Après les deux grands
49.
( 348 )
géomètres que je viens de citer, je me suis occupé de nouveau de la
question de Pinvariabilité des grands axes, dans mon second mémoire
sur la variation des constantes arbitraires (1). Enfin, dans mon mémoire
sur le mouvement de la Lune autour de la Terre, cité au commen-
cement de cette note (2), j'ai donné plus d’extension au théorème re-
latif au second ordre de la force perturbatrice, en faisant voir que
l'expression du grand axe ne peut renfermer aucun terme que l’inté-
gration aurait abaissé au premier ordre, parmi ceux dont l'argument
ne serait indépendant que du moyen mouvement de la planète troublée,
et pourrait contenir celui de la planète troublante; résultat qui sera
utile pour simplifier le calcul de l’éguation annuelle du mouvement
de la Lune (3); ét mon analyse montre de plus que les termes de cette
sorte n’ont pas pour diviseur la vitesse moyenne de la planète trou-
blante, qui serait une petite fraction dans le mouvement de notre sa-
tellite, à cause de la lenteur relative de celui du Soleil.
» Indépendamment du moyen mouvement proprement dit, la longi-
tude moyenne rénferme un second élément elliptique, représenté par
la lettre « dans la Mécanique céleste , et qui désigne, dans le mouvement
non troublé, la longitude moyenne à l’époque d’où le temps est compté:
Cet élément, devenu variable dans le mouvement troublé, introduit dans
l'expression de la longitude, des inégalités indépendantes des moyens
mouvements des deux planètes, maïs qui ont seulement pour diviseur la
première puissance du coefficient du temps dans leur argument. On croyait
qu'il en pourrait résulter , dans la longitude de la Lune, une inégalité sen-
sible, dont la période comprendrait à peu près 184 ans, et qui aurait pour
argument une fois la longitude du périgée du satellite, plus deux fois
celle du nœud de son orbite, moins trois fois celle du périgée du
Soleil; ce qui donnerait, à son coefficient, un très petit diviseur.
Mais j'ai fait voir à priori, dans mon mémoire sur le mouvement de
(1) Mémoires de la première classe de l’Institut, année 1811 , 2° partie.
(2) Mémoires de l’Académie ; tome XIII.
(3) Le coefficient de cette inégalité, calculé par M. Plana, est moindre de 5” que
celui qui à été déterminé par M. Damoiseau. Il serait bon de chercher la cause de cette
différence. Selon M. Damoiseau, ce coefficient s’élèverait à 673",70, et d’après les Tables
de Burg, fondées sur l'observation, il a 671”,80 pour valeur. Relativement à une
autre inégalité de la Lune , que l’on appelle la variation, il reste aussi à faire disparaître
une différence d’à peu près 3", entre son coefficient déduit de la théorie et celui qui ré-
sulté de l’observation.
(349 )
la Lune, que le développement de la fonction perturbatrice ne rer-
ferme aucun terme qui ait cet argument; en sorte qu'aucune, inéga-
lité de cette longue période, et provenant de l’action du Soleil, ne peut
exister dans le mouvement de notre satellite. On s’est aussi assuré
qu’une inégalité d’une période à peu près égale à celle-là, qui résulte-
rait de la différence d’aplatissement des deux hémisphères de la Terre, au-
rait une grandeur insensible, et peut être négligée. Cependant Burckharät
a admis dans ses Tables du mouvement'lunaire, comme un résultat de
l'observation , une pareille inégalité dont il a fait le coefficient égal à 5 2",5.
Or, les observations de Bradley et celles de Maskeline ne sont pas séparées
par un assez long intervalle de temps, pour établir, avec une probabilité
suffisante, l’existence d’une inégalité aussi lente; et quant aux observations
de Lahire et de Flamsteed, on ne peut pas non plus les supposer assez
exactes pour qu'elles puissent servir à la détermination d’une aussi petite
quantité; sur ce point, c’est donc à la théorie qu'il faut s’en rapporter, et
l’on doit rejeter, en conséquence, l'inégalité lunaire à longue période.
» C’est, comme on sait, la variation de 6 qui produit l’accélération du
mouvement de la Lune, que Halley a conclue de la: comparaison des obser-
vations modernes à celles des anciens astronomes. Laplace en a découvert
le premier la cause immédiate, long-temps cherchée par les géomètres.
Il a fait voir que cette cause était la variation séculaire de l’excentricité
de l'orbite du Soleil, et qu’il en résultait, dans la longitude de la Lune,
une inégalité dont la, période comprend un grand nombre de siècles.
Cette inégalité n’affecte pas le grand axe, et influe très peu sur la
parallaxe et sur la distance moyennes. En augmentant aujourd’hui la
vitesse révolutive de la Terre, elle augmente aussi sa force centrifuge;
la Lune, néanmoins, demeure toujours à la même distance de la Terre,
où elle est maintenue par l’action du Soleil, et non par une aug-
mentation de sa pesanteur, qui résulterait d’une diminution de cette
distance, et balancerait celle de sa force centrifuge. Par une discussion
incomplète de toutes les circonstances du mouvement de la Lune, La-
grange avait d’abord été conduit à conclure que l'accélération de son
mouvement ne pouvait être due à l’action du Soleil. Cependant, quelque
temps après la découverte de Laplace, il fit remarquer que cette iné-
galité séculaire était comprise dans la formule relative à l'élément que
nous désignons par €, qu'il avait donnée précédemment, et dont il avait
négligé de faire l'application numérique au mouvement de la Lune.
(350 )
HISTOIRE DES SCIENCES. — {Vote de M. Bior sur la correspondance de
Newton et de Flamsteed, publiée en 1835, par M. Bail.
« J'ai l'honneur de présenter à l’Académie la collection des articles,
que j'ai insérés l’année dernière, et au commencement de cette année dans
le Journal des Savans, sur la correspondance de Newton avec Flamsteed,
publiée par M. Baily, en 1835. L'analyse de cette correspondance m'a fait
retrouver les traces, et plusieurs résultats, d’un grand travail sur lathéorie
de la Lune, entrepris par Newton, au commencement d'octobre 1694,
et continué jusqu’à la fin de juillet 1695, travail dans lequel il était
parvenu à “discerner plusieurs inégalités si délicates, qu’on était loin
de soupçonner qu'il eût pu alors les découvrir et les faire sortir de sa
théorie; d'autant qu'il n’en est fait aucune mention dans la seconde
édition des Principes publiée en 1713, par les soins de Côtes, quoique
cette édition ait été faite avec ia participation de Newton, comme le
prouve une correspondance très active, entretenue alors entré ces deux
hommes célébres, et qui est conservée à Cambridge. D’après les détails
contenus dans les lettres que M. Baïly a publiées, le silence de Newton,
sur ces nouvelles recherches, peut s’attribuer avec beaucoup de vraisem-
blance à l’imperfection des observations que Flamsteed pouvait lui four-
nir, et aux difficultés tracassières avec lesquelles il les obtenait. Car cette
dernière circonstance ne lui permettait pas de les avoir toujours pour les
points de l'orbite où sa théorie les lui. indiquait comme plus désirables;
et leur imperfection , inévitable à cette époque, devait l'éloigner d’en faire
connaître les déductions numériques, qui auraient pu servir de texte à des
attaques contre la théorie de l'attraction; attaques qu’il ne pouvait pré-
venir par la formation directe et cote des coefficients des inégalités
que l’état actuel de l'analyse lui rendait très probablement impraticable.
Aujourd’hui que cette formation est devenue possible, on n’en apprécie
que mieux la sagacité et la sûreté avec laquelle ce prodigieux génie a
su pressentir des relations si complèxes, qu’il pouvait seulement entrevoir.
» J'ai aussi retrouvé dans cette correspondance, les traces de l'immense
travail que Newton avait également fait alors sur les réfractions astrono-
miques, et dont on connaissait seulement une table publiée par Halley,
dans les Transactions philosophiques de 1721, sans aucune indication des
procédés que Newton avait dû employer pour l'obtenir. Mais ici les traces
de ses idées, quoique également disséminées, étaient plus nombreuses ;
(351)
et j'ai pu restituer complétement ce travail, en suivant pas à pas, ses
tentatives, ses hésitations et ses progrès. Au moyen d’un théorème sur la’
réfraction horizontale que j'ai présenté à l’Académie l’année dernière,
j'ai pu faire sortir de ses tables les constantes météorologiques qu’elles
supposent , les reconstruire numériquement , et montrer qu’elles ont été
exactement calculées par lui, sur les véritables équations différentielles
du mouvement de la lumière dans les diverses constitutions atmosphéri-
ques qu'il s'était proposé d'employer; ce qui le montre incontestablément
comme le premier créateur de cette théorie difficile , que nous étions loin
de croire avoir été aussi en sa possession.
» Ces derniers articles joints à ceux que j'ai insérés en 1832, dans le
même recueil, sur la vie de Newton publiée par le docteur Brewster,
complètent l’article Vewton, que j'ai écrit autrefois pour la Biographie
universelle ; et l'ensemble de ces études successives, offre ainsi un tableau,
bien imparfait sans doute, de tous les travaux jusqu’à présent connus de
cet immense génie. Mais il existe encore dans la possession du comte de
Porsmouth, une collection de ses manuscrits qui est restée jusqu’à pré-
sent inaccessible, et dont les amis des sciences doivent ardemment sou-
haiter la publication: car elle peut bien aussi contenir d’autres pensées
fécondes, que l’imperfection des données physiques ne lui aurait pas
permis de développer ou même d’éprouver; et dont la révélation nous
ouvyrirait des routes devenues aujourd'hui accessibles à nos efforts. »
GÉoLOGIE. — Analyse ou étude microscopique des différents corps orga-
nisés, et autres corps de nature diverse qui peuvent, accidentellement,
se trouver enveloppés dans la pâte translucide des silex ; par M. Turin.
DEUXIÈME PARTIE.
« Il est remarquable qu’au moment où M. Ehrenberg observait à Ber-
lin, les corps organisés du Silex pyromaque de Delitzsch, un heureux
hasard me mettait à même d’étudier à Paris, la singulière structure des
œufs vivants et spinescents de la Cristatelle vagabonde.
» Sans cette connaissance, acquise depuis peu de temps, je n’aurais su
que faire des corps organisés que j'avais sous les yeux et, alors, je me
serais contenté de les observer provisoirement pour mon instruction
particulière. Mais que l’on juge de ma surprise en reconnaissant tout- à-
coup, dans les trois espèces de corps hérissés, des œufs semblables, ou
au moins très analogues, à ceux de la Cristatelle vagabonde: cette ana-
( 352)
logie entre la structure d'œufs vivants et d’œnfs ensevelis depuis des
siècles dans une masse de silex; cette analogie, que peut-être moi seul
j'étais en position de faire connaître, m’a déterminé à étudier sérieuse-
ment les divers corps contenus dans les deux sortes de silex, et à publier
ce travail comme présentant un fait nouveau et d’un grand intérêt pour
l'avancement de la géologie et pour l’histoire naturelle des corps orga-
nisés.
» À présent que nous savons que les masses ou conglomérations indé -
pendantes de silex peuvent quelquefois, renfermer dans toute l'étendue
de leur épaisseur d'innombrables corps organisés de diverses espèces ;
mais seulement bien entendu, comme on trouve en certains points de la
croûte du globe des fossiles amoncelés, comment pourrait-on admettre
cette idée plus poétique que positive sur la formation des rognons poly-
morphes des silex corné et pyromaque; idée qui consiste, comme chacun
le sait, à penser que ces rognons ont été anciennement de grands vers
ou de grands alcyons marins, dont les analogues sont perdus, ou nous
sont inconnus, et dont les tissus possédaient la propriété de trier,
d’aspirer, d’absorber, de se Ris complétement de la matière siliceuse
ambiante, etenfin de passer à l’état de dureté où nous les rencontrons
depuis long-temps, disposés isolément et par couches distantes dans la
craie (1).
» À cette singulière hypothèse, il faudrait ajouter pour être consé-
quent, que ces gros prétendus vers marins et polymorphes renfermaient
quelquefois dans leurs entrailles, non-seulement d’autres plus petits vers
intestinaux microscopiques; mais encore des végétaux confervoides, des
fragments de mousses ou de plantes marines, des madrépores, des co-
quilles, des oursins, des aiguilles cristallines, comme celles du Semi-
opale de Bilin, des grains de sable, corps qui, bien évidemment, ont
existé d’abord, en dehors des rognons de silex, et dans lesquels tous ont
pu se trouver accidentellement enveloppés, témoins, ceux découverts par
M. Ebrenberg, et que je viens de signaler dans cet écrit et dans les des-
sins coloriés qui l’accompagnent.
» Si, comme on le pense, les rognons de silex doivent leur formation
(1) Je ne parle de cette hypothèse, devenue tout-à-fait inadmissible par le fait des
nombreux corps étrangers enveloppés dans la masse siliceuse des rognons, comme ceux
qui se trouvent accidentellement empâtés dans les succins et les copales, que parce
qu'elle est toujours reproduite dans des ouvrages classiques récents.
( 353 )
à la décomposition successive des innombrables végétaux et animaux qui
vivent, soit dans l’eau salée, soit dans l’eau douce (1); si, sur ces fonds
marins ou lacustres, les débris où même les corps entiers de ces êtres
pleuvent, se précipitent et s’entassent les uns sur les autres, de manière
à y former de grandes couches plus ou moins épaisses, composées jus-
que alors, de toute espèce de choses, comme une sorte de chaos; si, l’on
se rappelle bien que tous ces corps organisés, particulièrement les ani-
maux, se composent en grande partie; 1° de la matière organique, vi-
vante, organisée, muqueuse, tissulaire, matière dans laquelle réside
temporairement, le principe vital qui détermine l'étendue et la forme des
individus, 2° de la matière calcaire, et 3° de la matière siliceuse, toutes
deux ayant été absorbées et déposées moléculairement et confusément,
dans les interstices tissulaires de la première; si, dans cette couche pà-
teuse, gélatineuse et très liquide, que dans certains cas, on a nommée
de la Barégine, couche où tout est encore mélangé, où tout est encore
disposé au hasard, on admet comme cela paraît prouvé la séparation {2),
(x) Il est certain que les fonds de mer et les fonds d’eau douce sont également pro-
pres aux formations calcaires et aux formationssiliceuses, les mêmes causes, les mêmes
moyens, les mêmes matériaux existant dans ces deux lieux, dont la présence ou
l'absence du sel est à peu près le seul caractère distinctif. Tout prouve que le carbonate
de chaux et le silex sont contemporains des corps organisés, soit microscopiques, soit
de grandes dimensions, qui se trouvent enveloppés en entier ou par fragments dans
l’épaisseur de la pâte, d’abord liquide, de l’une et de l’autre de ces formations con-
crétées, et qu’eufin ces formations, toujours alimentées de la même manière, doivent
être permanentes , en exhaussant continuellement les fonds et en s’asseyant perpétuelle-
ment les unes sur les autres. j
(1) M. G. Prévost, dans l’article Silex du Dictionnaire classique d'Histoire na-
turelle, t. XN, p, 425, cite le fait suivant, qui démontre assez bien la séparation des
molecules siliceuses d’avec les molécules calcaires. « Lorsque dans les fabriques de
faïence on fait une pâte composée d’argile et d'une certaine quantité de silex pulvérisé,
il, faut avoir la précaution de s’en servir le plus promptement possible, car, autrement,
on voit bientôt les particules siliceuses s'éloigner des particules argileuses, s’attirer
mutuellement, s’agglomérer et composer, dans l'épaisseur de la pâte argileuse, un
caillot analogue à ceux qui se forment, dans la nature, au milieu de la pâte calcaire. »
La queue de silex sortie par la bouche de quelques oursins renfermés dans la craie,
et observée par M. Gillet-Laumont , sorte de stalactite, prouve qu'après la mort de
l'animal tombé en déliquescence , la silice contenue et déposée confusément dans le
tissu , s’est séparée de la chaux et de la matière organique, et qu’elle s’est filée par cette
ouverture. Dans cette séparation, la silice, au lieu de sortir et de se mouler en queue,
se porte, d’autres fois, aux parois intérieures du test ou de J’enveloppe crétacée de
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. 1V. N° 40.) 50
(354)
plus ou moins complète (x), des molécules siliceuses, d'avec les molécules
calcaires et la conglomération des premières au milieu des secondes,
comme pour me servir d’une comparaison sans doute incomplète, les
globules du sang et ceux du lait s’isolent et se séparent du sérum pour
former ces autres conglomérations que l’on nomme des caillots; si, enfin,
on reconnaît que dans cette séparation, les molécules siliceuses attirées
les unes vers les autres, se portent encore vers un corps de nature quet-
conque, comme point déterminant du noyau commencant la conglomé-
ration d’un caillot siliceux, on comprendra facilement comment, dans le
l’animal, et y forme une doublure siliceuse qui, plus tard, persiste seule, par des-
truction de l'enveloppe calcaire qui, d’abord, lui a servi de moule, et dont elle repré-
sente fidèlement jusqu'aux détails les plus délicats.
Les molécules siliceuses, en se déplaçant une à une dans l'épaisseur de cette espèce de
lait de chaux , dans lequel elles sont en suspension, et cela pour aller s’agglomérer presque
sur le même point qu'elles occupent dans le mélange, on conçoit que, dans un tel dé-
placement, le volume total ne peut changer, que les conglomérations siliceuses, qui
forment toujours le lit inférieur de chaque banc, comme plus pesantes que le calcaire
qui les enveloppe, doivent toujours être scellées de toute part dans ce lait de chaux,
qui plus tard se concrète en craie.
Aucuns vides, par conséquent, ne peuvent exister entre les rognons de silex et la
craie, à moins qu'il ne s’en soit formé par le retrait des deux parties conjointes,
par la réduction de quelques portions notables de matière organique qui, pour
lors, laisse des excavations plus ou moins considérables, dans la partie calcaire.
(1) La séparation des molécules siliceuses d’avec les molécules calcaires, s’opère
avec plus ou moins d'activité, elle est plus ou moins complète, selon le degré de
force attractive dont jouissent les molécules siliceuses, et selon les obstacles étrangers
qu’elles rencontrent dans leur cheminement vers le point de la conglomération.
C’est à ces deux grandes causes que sont dues les modifications suivantes : 1° les ro-
gnons de silex, toujours plus purement siliceux et plus durs vers le centre ou le
commencement de la conglomération que vers l’extérieur, qui devient peu à peu un
mélange dans lequel la matière calcaire finit par l’emporter sur la matière siliccuse ;
2° ces conglomérations mixtes, imparfaites, composées de parties à peu près égales
de silice et de carbonate de chaux, et qu’à cause de cela on nomme des cailloux cal-
caires siliceux ; 3° la craie, dans laquelle on trouve toujours des traces de silice.
Si, par la pensée, on dépouille les molécules siliceuses de la propriété qu’elles
possèdent de s’attirer les unes les autres, on n’a plus que des corps inertes qui obéis-
sent aux seules lois de la pesanteur, qui s’entassent confusément les uns sur les autres,
par voie de sédiment, on n’a plus qu’une grande couche formée de silice, mais point
de conglomérations ou caillots siliceux, formations particulières qui nécessitent tou-
jours un centre d’attraction, vers lequel cheminent les molécules composantes, douées
elles-mêmes de la même propriété.
(355)
champ du travail du caillot, les molécules siliceuses peuvent en s’agglo-
mérant, envelopper successivement de la matière organique pulvérisée,
des corps organisés plus ou moins entiers, comme tout autre corps se
trouvant fortuitement placé sur le point et dans l’étendue de la conglo-
mération. Il me semble qu’alors, si je ne me trompe, tous les faits,
observés isolément et sans le secours du microscope, concordent, se
subordonnent et qu’il n’en reste que peu ou point en dehors de ce qui
vient d’être posé.
/
» Ainsi s’expliqueront :
» 1°. Comment les caillots siliceux , n’étant que de simples agglomérats
de molécules siliceuses, sont irréguliers, polymorphes, de grandeurs tres
variables , isolés et indépendants les uns des autres (1), disposés par cou-
ches interrompues dans la craie, avec laquelle, et la matière organique et
les corps organisés, ils formaient, dans l’origine , un tout liquide et mé-
langé, un véritable magma (2).
(1) Le nombre, la grosseur , la forme plus ou moins arrondie , et l'indépendance ab-
solue qui existe entre les conglomérations des caillots siliceux , au milieu de la pâte du
carbonate de chaux , sont choses aussi variables et aussi analogues (quant à l’agglomé-
ration) que le nombre, la grosseur , la forme et l'indépendance qui existent entre les
pierres de la vessie, ou calculs urinaires, formées au milieu de l’urine. Dans les deux cas,
moins les agglomérats sont volumineux, plus, ordinairement , ils sont nombreux. Il y
a encore cet autre rapport , que, souvent, un corps étranger à la matière composante,
devient l’appui ou le point déterminant du dépôt des premières molécules appelées à
former la première assise de la conglomération.
(2) M. Alex. Brongniart a observé que les caïllots du silex pyromaque, vus dans le sens
horizontal de la couche, offraient, dans leur gisement au milieu de la craie , la disposi-
tion obscure et irrégulière d’un immense réseau à mailles de toutes sortes de grandeurs.
Comme le commencement ou le centre d’origine de la conglomération indépendante de
chaque caillot, est toujours déterminé par hasard, on conçoit difficilement cette disposi-
tion en réseau, quoique cependant on puisse voir, tant bien que mal, la charpente du
réseau dans l’arrangement fortuit des caillots irréguliers, plus ou moins lobés ou bran-
chus, et les mailles dans les espaces remplis de craie qui existent entre eux.
Ceréseau m'en rappelle d’autres qui, quoique n’ayant aucune analogie avec celui que
forinent les caillots du silex pyromaque, peuvent trouver ici, en passant, une petite
place. Je veux parler de ces autres grands réseaux , bien caractérisés, qui se forment,
par retrait, à la surface des terres argileuses et très humides par les temps secs et chauds ;
de ces réseaux dont la charpente en creux ou en fissures forme des sortes d’ilots
de matière contractée, et dont de semblables creux ont servi de moule à ces ré-
seaux en relief que l’on remarque à la surface inférieure des dalles de grès bigarrés et
50.
(356)
» 2°, Comment ces caillots siliceux contiennent toujours plus ou moins
de matière organique, particulièrement animale , et quelquefois des végé-
taux et des animaux entiers; circonstance à laquelle est due, sezleinent, les
conleurs sombres, plus ou moins foncées en grisätre, blond, jaunätre,
brun noirätre(1), verdâtre, etc., et en même temps, conséquemment, cette
odeur animale qui s’exhale par le frottement de deux morceaux desilex,
l'un contre l’autre, odeur si comparable à celles qui émanent d’un morceau
de corne chauffé légèrement, ou du frottement de deux mains sèches, et
qu'ordinairement on désigne, assez justement, par odeur de mort. On ne
s’étonnera point de ce que les silex renferment quelquefois un peu de sou-
fre et qu'ils sont dans le cas de projeter une lumière phosphorescente.
3°. Comment par la calcination, qui n’a d’action que sur la matière orga-
nique colorée, la seule qui soit combustible dans le silex, on fait disparai-
tre complétement et la couleur et l'odeur dont il vient d’être question. En
cet état, de calcination et de décoloration, les silex corné et pyromaque
deviennent d’un blanc argenté et comme amiantacé et n’offrent plus d’étin-
celles par le choc de l'acier; ils ne se composent plus que de la silice dé-
gagée par le feu, de toute la matière organique, colorante et des corps or-
ganisés qu'elle PR dans l’état naturel des silex. La preuve de ce
changement du silex , par la combustion de la matiére organique, se trouve
dans les expériences curieuses de M. de Brébisson (2), sur la calcination
de plusieurs espèces d’infusoires à enveloppes siliceuses, telles que le Va-
vicula viridis , les Melosira, les Diatoma, les Gomphonema et le Fragilla-
ria pectinalis, dont les couleurs très intenses vertes et brur-marron, selon
les espèces, du sarcode ou corps vivant, ainsi que l’odeur animale, dispa-
raissent par la combustion de la matière organique de ces petits êtres mi-
croscopiques, dont il ne reste plus que les carapaces siliceuses , incolores,
dans lesquels se trouvent, également en relief, des empreintes de pieds, d’inégales gran-
deurs, d’un quadrupède en marche.
(1) Presque toutes les matières organiques animales tendent , après la vie, au rous-
sâtre et au brun noirâtre, couleurs des momies ; cela explique la couleur fauve et nua-
geuse plus ou moins rembrunie des silex corné et pyromaque, par la présence d’une
certaine quantité de cette inatière, inégalement amoncelée par place.
Si dans la triple matière dont se composent en grande partie les bancs, la matière
organique est si minime, comparativement: aux matières calcaires et siliceuses , c’est que
la première est absorbée et sert de nourriture aux nombreuses générations Etats, et
que, d’un autre côté, ce qui reste de cette matière est excessivement réductible.
(2) Comptes rendus , séance du 14 novembre 1836, p. 57.
(357)
transtucides , d’une minceur extrême et inaltérées dans les élégantes stries
transversales qui le plus souvent les caractérisent (1).
» Ces blanchiments par le feu ou par li combustion de la matière orga-
nique colorée, soit des enveloppes siliceuses des infusoires, soit de la silice
agglomérée en masse de silex , rappelle celui, tout semblable, à l'aide du-
quel les anciens blanchissaient leurs tissus d'amiante où d’asbeste. Ces
tissus fabriqués avec des fils, en grande partie siliceux et incombustibles,
n’abandonnaient à l’action du feu que la matière étrangère, presque tou-
jours organique, dont ces sortes de linges étaient salis.
» À ces preuves, j'ajouterai celle très analogue, fournie par les obser-
vations de M. Ehrenberg (2), sur ces agglomérats entièrement composés
de carapaces et autres enveloppes siliceuses, vides de leur sarcode ou de
leur matière arimale colorée, par la combustion lente du temps (3),
ayant appartenu à. diverses espèces d’infusoires, qui continuent toujours
_de vivre dans l’espace aqueux:; agglomérats siliceux qui, avant les inté-
ressantes recherches microscopiques de ce savant et laborieux observa-
teur, on classait comme minéral (3), parmi ou, au moins, tout près des
Tripolis (Polierschiefer).
(x) C’est ainsi que , par la calcination , Pon blanchirait et que l’on rendrait vitreuses,
et transparentes les masses tissulaires des végétaux , si richement colorées par la présence
et la couleur propre de la globuline ou fécule, si les vésicules du tissu cellulaire, tou-
jours incolores et qui seules contiennent ces organes, étaient de nature siliceuse, incom—
Eustible, et si la globuline, de toutes couleurs , était seule susceptible de brüler, de
disparaître et de ne plus offrir qu’une très petite quantité de cendre blanche.
(2) Lettre de M. Alex. Brongniart. (Comptes rendus, séance du r1 juillet 1836, p. 31.)
— Extrait d’une lettre de M. le baron de Humboldt à M. Arago, sur 1e même sujet.
LE rendus , séance du 22 août 1836, p. 200.)
(3) C’est à cette espèce de combustion lente du temps de la matière organique
colorée, qu’il faut attribuer les altérations plus ou moins profondes qui blanchissent
et rendent plus opaque, plus friable, la partie extérieure des silex pyromaques,
plus ou moins exposés à l’action destructive des agents extérieurs. 11 ne faut pas,
toutefois, confondre ces altérations albines, par la disparition de la matière orga-
nique colorée en cette partie, avec cette espèce de croûte calcaire qui provient d’un
restant de la même matière dans laquelle le rognon de silex était entièrement en-
veloppé.
(4) Dans ces sortes d’agglomérats , moins upe très petite FE de matière or-
ganique, tout est minéral , tout est inorganique , puisqu l ne s’ y trouve plus que
de la silice très pure.
Mais, ce qu’il faut bien observer, ce n’est point de la silice moléculaire simple-
(358)
» Ces trois résultats de combustion de la matière organique contenue,
celui naturel et très lent des infusoires-tripolis de M. Ebrenberg, celui
tout semblable, mais obtenu instantanément par l’action prompte du feu,
des infusoires vivants et colorés de M. de Brébisson, et celui des silex
corné et pyromaque , également calcinés, étant comparés, comme je viens
de le faire, offrent une ressemblance frappante dans leur aspect. Ces
corps, en perdant leur, couleur, sont devenus d’un blanc légèrement
grisâtre, brillant et vitreux.
» Avant de terminer cette analyse microscopique, je désire faire con-
naître combien j'ai été frappé de l’extrême ressemblance que j'ai trouvée
entre les composants microscopiques, concrétés et durcis des silex, et
ceux, également microscopiques, dont se composent ces matières géla-
tineuses ou glaireuses, si généralement répandues dans toutes les eaux,
et que l’on a nommées, malheureusement une fois, de la Barégine (r).
Sous le microscope, le silex aminci paraît absolument une couche étalée
de Barégine concrétée, durcie et celle-ci semble un silex dissous ou ra-
mené à son état originel.
» Les composants de ces deux matières paraissent être les mêmes, au
point que l’on serait tenté de croire que l’une n’est que le prélude de
l’autre. Dans toutes les deux, c’est toujours un fend ou une pâte formée
de particules incolores, translucides , pâte plus ou moins salie ou colorée
ment et confusément conglomérée dans l’espace, comme dans la formation des silex,
ce sont des molécules siliceuses d’abord absorbées par l’organisation d’un être vi-
vant, puis sécrétées et arrangées symétriquement sous des formes extrémement va-
riées, soumises à des lois constantes, dépendantes de celles de l’organisation et des-
tinées, en cet.état, à servir d’enveloppes protectrices aux parties molles d’un grand
nombre de petits êtres organisés. C’est ainsi que, dans d’autres cas, les molécules
calcaires, également par voie d’absorption et de sécrétion, s’arrangent, se symé-
trisent, se moulent ou se déposent de manière à solidifier la coquille protectrice des
mollusques pourvus de cette enveloppe. ;
Un monceau de coquilles-calcaires ct fossiles, vu de loin, représente rigoureuse-
ment, sauf la nature différente des matières, ces autres monceaux composés de cara-
paces siliceuses, et qu’à la vue simple on avait pris pour des tripolis. ;
(1) On ne pouvait faire avec plus d’esprit et plus de philosophie, la critique de la
- dénomination, trop étroite, de Barégine, attachée à un magma organique qui se forme
partout où il y a détrition d’êtres organisés, qu’en faisant sentir que chaque lieu, aussi
bien que Barèges, était en droit de donner son nom au même produit ; droit dont,
M. le baron Séguier a usé, en faveur de la ville de Luchon, en le baptisant du nom de
Luchonine. (Comptes rendus, séance du 21 novembre 1836, p. 606,)
(359 )
inégalement par le mélange; 1° de matiere organique, pulvérulente,
roussâtre ou noirâtre; 2° de débris de corps organisés des deux règnes;
3° de corps organisés de diverses espèces, entiers ou presque entiers;
4 de corps inorganisés.
» À ces grands caractères de ressemblance, pouvant être décrits et figu-
rés, si j'ajoute ceux d’aspects, qui résultent de l’ensemble de tous les
détails insaisissables en particulier, dont l'esprit seul peut s'emparer,
mais que ni la langue ni le crayon ne peuvent exprimer, je ne balance
plus un instant à regarder la Barégine, cet amas gélatineux et glaireux;
ce fumier composé de débris de corps et de corps entiers, des trois
règnes, comme étant la source générale et permanente, comme étant une
sorte de grande trituration ou de première préparation destinée à perpé-
tuer par séparation, les couches ou formations de chaux carbonatée, les
assises composées de rognons siliceux, toujours nichés, toujours empâtés,
toujours occupant la partie inférieure de chaque couche calcaire (x), et
les nombreux corps organisés qui peuvent, en plus ou en moins grande
quantité, se trouver également enveloppés ou incrustés dans l'épaisseur
de ces deux matières, plus ou moins complétement séparées l’une de
l'autre.
» Déjà en m’occupant des Barégines blanches, grises et noires, leur
aspect à l’œil nu, et leur composition microscopique attachait ma pensée
sur l'aspect et la composition des diverses variétés de marbre Sainte-
Anne qui, comme on le sait, offrent toutes les nuances depuis le blanc,
par les gris, jusqu’au noir le plus foncé, mais dans lesquels on voit
cependant qu’elles ne diffèrent entre elles que par des proportions dif-
férentes de matière de ces trois couleurs. Dès cette époque , comme malgré
moi, les différentes combinaisons ou amalgames de Barégine que j'avais
sous les yeux me présentaient un marbre Sainte-Anne, liquide ou rendu
à son état primitif. Dans les deux cas, celui de la Barégine liquide, et
celui du marbre concrété, je voyais un mélange ou un brouillé impar-
fait (2), composé de flocons blancs, de flocons gris et de flocons noirs
(1) La disposition des rognons siliceux empâtés dans la partie inférieure de chaque
époque géognostique ou de chaque banc de chaux carbonatée,. a toujours présenté
à ma mémoire celle des cuisses d’oie plongées et descendues en lits au fond de la
graisse, liquide d’abord, puis ensuite figée autour d’elles, et dans laquelle on désire les
‘conserver.
(2) Brouillé imparfait, comparable, sous certains rapports, à celui des diverses
( 360 )
parmi lesquels, de part et d'autre, se trouvaient intercalés des corps or-
ganisés variables en espèce et en quantité, plus ou moins amoncelés par
place.
» À l’époque où je m'occupais du travail que je publie aujourd'hui, mon
intention était tout simplement de constater l'existence des corps organisés
incrustés dans les deux échantillons de silex envoyés de Berlin. J’ignorais
alors que les études que je venais de faire des œufs de la Cristatelle vaga-
bonde se lieraient et expliqueraient naturellement celles de la plupart des
corps inclus dans les silex. J'étais loin de penser que le microscope me ré-
vélerait la grande analogie qui existe entre les composants physiques des
matières baréginiques et ceux des silex. J'ai donc été entrainé, comme
cela arrive souvent, à écrire plus que je n’en avais l'intention.
» En sortant du cercle habituel de mes recherches pour me porter dans
celui de la Géologie, de la Minéralogie et de la Zoologie, j'aurais éprouvé
une sorte de peine si je n'avais été persuadé que dans ces diverses sciences,
si avancées et si savamment cultivées, j'apportais quelques observations
purement microscopiques et quelques idées nées de ce genre d’investiga-
tion qui ne fait, pour ainsi dire, que d’arriver dans l’étude plus approfon-
die des corps.
» La présence de la matière organique pulvérulente, colorée, et les corps
organisés plus ou moins entiers, plus ou moins nombreux en individus ou
en espèces, qui se trouvent, parfois, ensevelis et amoncelés dans la pâte dur-
cie et incolore des silex serait une preuve nouvelle et sans réplique de la li-
quidité gélatineuse, gluante et coulante de la matière siliceuse au moment
de son départ ou de sa séparation des matières baréginiques si, déjà M. Alex.
Brongniart ne l’avait pas clairement démontrée par un assez grand nombre
de faits bien observés, soit par lui, soit par divers auteurs, faits au nom-
bre desquels je citerai le suivant comme étant le plus remarquable et le
plus concluant de tous ceux qui étaient connus.
« J'ai rapporté ailleurs (1), dit M. Alex. Brongniart, un fait qui montre
couleurs , en quelque sorte ennemies, que l’on pose sur l’eau, et à l’aide desquelles,
après les avoir plus ou moins tourmentées, on obtient, par application, ces pa-
piers marbrés si variés dont les relieurs se servent pour couvrir la face intérieure de la
couverture des livres. Pour arriver à ce genre d’imitation, on ne pouvait guère trouver
un moyen qui fût plus près de celui qui a lieu dans la nature, et qui détermine tous
les mélanges imparfaits de couleurs, le jeu et la disposition presque accidentelle des
veines des différents marbres.
(1) Dictionnaire des Sciences naturelles , tome XLIX , page 182.
( 361 )
la silice sous une forme absolument semblable à une couche de gélatine
étendue sur une pierre et desséchée : c’est une masse de calcaire siliceux,
couverte de concrétions siliceuses et mamelonnées. On voit comme une
membrane gélatineuse tendue sur les sommités de ces mamelons, ayant
tout-à-fait l'aspect d’une matière glaireuse , qui, en se desséchant, se serait
retirée d'autant plus facilement qu'aucune adhérence ne s’y opposait, en
sorte que cette membrane est constamment beaucoup plus étroite dans les
espaces où elle est libre qu’à ses points d’adhérence. Or, cette membrane,
qu'on prendrait réellement pour de la colle séchée , est de nature siliceuse
et calcédonieuse; elle a donc conservé; aussi bien qu’une pierre aussi dure
que la calcédoine puisse le faire, les caractères de l’état gélatinieux dans le-
quel je présume que devait être la silice (r).
» Je termine enfin par dire que, sans le moindre doute, la coloration
nüuageuse des silex est due à la présence plus ou moins grande de la ma-
tière organique pulvérulente et roussätre , en même temps qu'à des débris
de corps organisés méconnaïssables quant à l'espèce; mais on serait dans
l'erreur si l’on croyait qu'il suffit de prendre le premier silex venu pour y
trouver des corps organisés aussi nombreux et aussi entiers que ceux en-
tassés dans les échantillons venus de Berlin. Il en est des masses siliceuses
des rognons comme des autres parties de la croûte du globe. On peut
bien dire à coup sûr : là où je plante ma canne est le milieu de la terre,
mais on ne peut pas dire avec la même assurance : là où je touche sont
des fossiles.
» Depuis la rédaction de ce travail, M. Georges Oberhaeuser (2), qui a
eu l’obligeance de me faire plusieurs lames de silex pyromaque, m’écrivait
vendredi dernier : « J'ai honneur de vous avertir que je viens de décou-
vrir dans le silex que vous m'avez donné il y a quelque temps, un indi-
(1) Ce précieux échantillon, que j’ai eu pendant quelque temps entre les mains et
que, par conséquent, j'ai pu étudier avec tout l’intérêt qu'offre ce fait décisif, a été très
bien figuré en couleur, par M. Prêtré sous la direction de M. Alex. Brongniart, dans le
tome I, de l’Ailas du Dictionnaire des Sciences naturelles, planche 11, figure 11 de La
Minéralogie.
(2) Cest à l’aide de l’excelient et très commode microscope réduit de MM. Trécourt et
Georges Oberhaeuser que, depuis huit années, je fais mes observations microscopiques
les plus fortes et les plus délicates. Ce microscope vient de recevoir, dans sa partie
mécanique, de très notables changements, qui ont été présentés dernièrement à l’Aca-
démie.
C.R. 1837, 17 Semestre. (T. IV, N° 40.) 51
( 362)
vidu parfaitement conservé, et tout-à-fait semblable à l’un de ceux que
j'ai vus dans votre dessin.
» Dans l'épaisseur de la pâte de cette lame se trouve en-effet un individu
de la plus belle conservation, de la plus grande netteté dans ses contours,
et qui, sans être positivement la même espèce, se rapproche de celle que
j'ai décrite comme le second des corps du pyromaque de Delitzchs. La
coque sphérique ou discoiïde est jaunâtre, semi-transparente, obscurémerft
réticulée ou nervulée, et paraît dépourvue de son opercule, ce qui sup-
pose que cet œuf était éclos et réduit à la coque au moment où il s’est
trouvé pris et scellé dans la pâte liquide du silex pendant le travail de la
conglomération. Au pourtour de cette coque rayonnent à peu près vingt-
six épines de la longueur d’un demi-diamètre de la coque, les unes sim-
ples, les autres plus épaisses, comme fasciculées ou formées, par soudure,
de trois ou quatre des premières, Toutes se subdivisent finement au som-
met en plusieurs scies divergentes, non recourbées en hamecon. La gran-
deur de cet œuf, dont l'aspect rappelle un peu celui de l’enveloppe hérissée
de la châtaigne, est, le diamètre de la coque, d’un vingt-cinquième de
millimètre, et le diamètre total, compris les rayons spinescents, d’un
quatorzième de millimètre. D’autres corps qui me sont inconnus se com-
posent de quatre, de cinq ou de six, vésicules sphériques, semi-trans-
parentes, cassantes, attachées à la file les unes des autres, mais allant en
diminuant successivement de diamètre de la base au sommet.
» Plusieurs autres coques très sphériques, dépourvues d’épines rayon-
nantes, de diamètres variables, plus ou moins entières, sont éparpillées
dans la pâte du même échantillon de silex.
» On y trouve toujours, comme dans ceux déjà décrits, une grande.
quantité de matière organique pulvérulente, colorée en brun ou en jau-
nâtre, diversement répandue , diversement amoncelée, et souvent sous
cette forme de trainées ou de voies lactées, dont j'ai déjà parlé en m’occu-
pant des autres silex..».
ANALYSE ALGÉBRIQUE. — Sur la résolution des équations ; par M. Caucay.
(Extrait d’une lettre adressée à M. Libri.)
« Dans la dernière lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire, j'ai indi-
qué en peu de mots quelques-uns des résultats auxquels j'avais été conduit
par mes dernières recherches sur la résolution des équations de tous les
degrés et l'intégration des équations différentieiles de tous les ordres:
(363)
Ces résultats suffisaient déjà pour montrer tout le parti qu'on peut tirer
des méthodes exposées dans mes précédents mémoires, et les avantages
que présente l'application de ces méthodes à la solution des grands pro-
blèmes d'analyse. Mais avant que je puisse vous adresser le nouveau mé-
moire qui renfermera une exposition plus détaillée des diverses proposi-
tions que je suis parvenu à établir, je n’ai pas su résister au désir de vous
en faire, connaître encore ici quelques-unes, en vous priant de vouloir
bien donner lecture de ma lettre à l’Académie.
» Comme je l’ai remarqué dans ma précédente lettre, et plus ancien-
nement dans un mémoire de 1832, si l’on nomme valeurs principales d'un
paramètre compris dans le premier membre d’une équation algébrique,
celles qui donnent des racines égales à cette équation, par conséquent
des racines communes à cette équation et à sa dérivée, toutes les racines
seront généralement développables en séries convergentes ordonnées sui-
vant les puissances ascendantes du paramètre dont il s’agit, lorsque la
valeur donnée de ce paramètre offrira un module inférieur aux modules
de toutes les valeurs principales. Si, au contraire, le module donné du
paramètre surpasse les modules de toutes les valeurs principales, toutes
les racines seront développables suivant la puissance descendante du para-
mètre, Cela posé, soit
() F (æz)=o,
une équation de degré 7, dans laquelle le coefficient de x” se réduit à
l'unité, la fonction F (x) étant de forme réelle. Si les racines sont incon-
nues, on pourra du moins, d’après ce qui précède, déterminer toutes
celles de l'équation auxiliaire
(2) F(x)=#,
pourvu que la constante Æ offre un module supérieur aux modules de
toutes ses valeurs principales. C’est ce qui arrivera, par exemple, si le
module de # surpasse le module de r°, r étant la valeur de x qui rend,
dans la proposée, le module du premier terme également supérieur à la
somme des modules de tous les autres.
» Pour revenir de l'équation (2) à l'équation (1), il suffira de faire va-
rier un nouveau paramètre À entre les limites
51.
( 364 )
dans une nouvelle équation de la forme
F(z)=k—i.
» Nous pourrons même admettre que, dans ce trajet, le rapport £
reste toujours réel et positif, quoique chacune des constantes X, 1, puisse
être imaginaire. Or cette idée très simple a des conséquences fort utiles,
et dignes, ce me semble, de l'attention des géomètres, car elle fournit
seule la résolution complète des équations de tous les degrés, ainsi qu'il
résulte des théorèmes suivants, dont les deux premiers sont du nombre
de ceux que j'avais trouvés en 1832. Dans ces divers théorèmes, je sup-
poserai que le rapport Éreste réel et positif et j’appellerai, pour abréger,
valeurs principales de x et de F (x) celles qui répondent à l'équation
dérivée
(4) FE’ (x) = 0:
» 1* Théorème. Si toutes ies valeurs principales de F (x) étant réelles,
on réduit à zéro la partie réelle du paramètre #, toutes les racines de l’é-
L L u u + ce
quation (x) seront développables pour; =1,et;< 1, en séries con-
vergentes ordonnées suivant la puissance ascendante de c.
. » Corollaire. On peut immédiatement développer en séries convergentes
toutes les racines d’une équation dont la dérivée n'offre point de racines
imaginaires; ce qui a lieu, par exemple, lorsque la proposée elle-même a
toutes ses racines réelles.
» 2° Théorème. Si l’on réduit à zéro la partie réelle du paramètre x, alors
z LU , c ; $ : 2
pour;= 1, et;< 1, l'équation (3) offrira plus de racines développables
en séries convergentes ordonnées suivant les puissances ascendantes der,
que la dérivée (4) n'offre de racines réelles.
» Corollaire. Il en résulte que dans tous les cas, une racine au moins
de l'équation (1) ou (3), si z est impair, deux racines , si » est pair, peu-
vent être immédiatement développées en séries convergentes.
» 3e Théoréme. Si l’on réduit à zéro la partie réelle du paramètre k, alors
our + — 1, ouz< 1, l'équation (r) pourra être décomposée en quatre
pour 7 pr léq P pose q
autres, qui offrent seulement :
» La premiére, les racines réelles pour lesquelles F'{x) est positif; -
» La seconde, les racines réelles par lesquelles F'(x) est négatif;
( 365)
» La troisième, les racines imaginaires dans lesquelles le coefficient de
V/— 1 est positif;
» La quatrième, les racines imaginaires dans lesquelles le coefficient de
V' — 1 est négatif.
» Corvllaire. Ce théorème, joint au premier, fournit la détermination
de toutes les racines réelles d’une équation de degré quelconque.
» 4° Théorème. Si la constante # est réelle, l'équation (1) ou (2) pourra
être décomposée en plusieurs autres , dont chacune offre au plus une seule
racine réelle, ,
» Tous ces théorèmes se démontrent à l’aide de ceux que j'ai déjà
donnés. On peut aussi les démontrer par la géométrie avec une grande
facilité. -
» D’autres théorèmes sont relatifs aux cas où l’on suppose la constante #,
en partie réelle, en partie imaginaire, ou bien la fonction F (x) fraction-
naire, et fournissent encore d’autres-méthodes- pour la résolution des
équations de tous les degrés. On peut d’ailleurs donner de ces divers théo-
rèmes , et des méthodes ci-dessus mentionnées, des démonstrations élé-
mentaires, qui permettront de les faire passer dans les éléments d’algèbre.»
RACES HUMAINES. — Sur une race particulière de l'Atlas. (Extrait d’une
lettre de M. Guyon, chirurgien en chef de l’armée d’Afrique, à M. Du-
reau de la Malle.)
« .… Il existe à Bougie, dans ce moment, une femme originaire de l'in-
» térieur et qu’on peut supposer descendre de la tribu blanche des monts
Aureps. Cette femme âgée de 26 à 28 ans au plus, porte la physionomie la’
» plus agréable; elle a les yeux bleus, les cheveux blonds, de très belles
» dents, la peau très fine et très blanche. Elle est mariée à l’Iman des mos-
» quées, Sidi Hamed, dont elle a trois enfants qui lui ressemblent beau-
coup sous tous les rapports. »
M. Arago dit que le fait, rapporté par M. Guyen, n'est pas aussi rare :
qu’on pourrait limaginer. En allant, à la fin de 1808, de Bougie à Alger,
par terre, il vit dans la plupart des villages des Kabyles, des femmes de
tout âge, qui étaient très blanches ; qui avaient des yeux bleus et des che-
veux blonds. Malheureusement, le mystère que M. Arago était obligé de
mettre dans son voyage, ne lui: permit pas de demander si ces femmes :
étaient originaires de quelque tribu particulière:
ÿ
ÿ
ÿ
( 366 ).
RAPPORTS.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Papiers de sûrete.
L'Académie a entendu le rapport qu’une Commission lui a fait, par l’or-
gane de M: Dumas, sur les papiers de sûreté.
Ce rapport ayant été demandé par le Gouvernement, ne pourra être in-
séré dans le Compte rendu qu'après avoir été communiqué à M. le Ministre
, des Finances. Il sera imprimé dans le‘prochain numéro.
GHimiE, — Rapport sur un travail ayant pour titre : Mémoire sur la Glycé-
rine ; par M. PELoUzE.
(Commissaires , MM. Dumas, Chevreul rapporteur.)
« Lorsqu'on traite la stéarine , la margarine et l’oléine, ou, ce qui re-
vient au même , les suifs, les graisses et les huiles qui en sont formés, par
des alcalis suffisamment énergiques, il se produit des savons en même temps
qu’il se manifeste une substance que Schéele a le premier décrite sous le
nom de principe doux des huiles et que l’un de nous a appelée glycérine ,
après qu’il la eu amenée à un état constant de pureté, et définie par ses
propriétés caractéristiques et sa composition élémentaire. Cette substance
vient d’être pour M. Pelouze l’objet d’un travail que l’Académie nous a char-
gés, M. Dumas et moi, d'examiner; il serait difficile de faire apprécier lin-
térêt dont il est digne, si nous ne rappellions pas quel était avant le travail
de M. Pelouze l’état de la science sur la manière de se représenter l’arrange-
ment des éléments qui constituent les corps gras saponifables; ce motif jus-
tüifiera donc le rapporteur s’il reproduit ici quelques-unes des considérations
qu’il présenta à l’Académie il y a bientôt dix-huit ans et qui se trouvent
dans ses recherches sur les corps gras d’origine animale publiées en 1823.
__» Les corps gras qui, par l’action des alcalis, se changent en sels et en
une substance neutre aux réactifs colorés, peuvent être rangés en trois
groupes.
» Premier groupe. — Tl renferme la stéarine, la margarine et l'oléine qui
sont caractérisées par leur transformation en acides stéarique , margarique
et oléique, et en glycérine.
» Deuxième groupe. — 1l renferme la butyrine, la caproïne, la caprine,
( 367 )
l'hircine, etc., qui sont caractérisées par leur transformation en acides bu-
tyrique, caproïque, caprique et hircique, et en glycérine.
Troisième groupe. — 11 renferme la cétine qui est caractérisée par la
propriété de se transformer en acides margarique et oléique, et en éthal.
» Après avoir constaté que les produits de la saponification de chaque
corps saponifiable, représentent exactement la matière de ce corps non sa-
ponifié, plus une certaine quantité d’eau ou de ses éléments, le rapporteur
prenant en considération la difficulté qu’il y a de séparer par les dissol-
vants les principes immédiats précités, qui unis au nombre de deux, detrois,
de quatre et de cinq, constituent les suifs, les graisses, les beurres:et les
huiles saponifiables , conclut : 1° que, si chacun des corps saponifiables d'u
premier et du second groupe , était obtenu à l’état de pureté , il ne donnerait
par la saponification qu'un seul acide et de la glycérine; 2° que la cétine
serait très probablement réduite un jour en deux principes immédiats qui
donneraient , l'un de l'acide margarique et de l'éthal, et l'autre de l'acide
oléique et de l’éthal.
Apres avoir fait remarquer que ces conclusions étaient de nature à
être démontrées par l'expérience, et dans ces derniers temps, elles l’ont
été effectivement pour quelques espèces , le rapporteur ajoutait qu’il n’en
était pas de même des conjectures auxquelles il allait se livrer relative-
ment à l’arrangement des éléments qui constituent chaque espèce de
corps gras saponifiable; mais en les donnant pour des hypothèses qu’on
ne pourrait guère démontrer complétement, ils les considérait comme
susceptibles de suggérer: de nouvelles recherches.
» Au lieu de considérer les corps gras saponifiables, comme des com-
posés immédiatement formés des trois éléments , l’oxigène, le carbone
et l'hydrogène, il lui parut plus probable:
»_1°,. Que la stéarine, la margarine et l’oléine, sont des stéarate,
margarate et oléate de glycérine anhydre;
» 2°. Que la butyrine, la caproïne, la caprine, l’hircine, sont de bu-
tyrate, caproate, caprate, hircate de glycérine anhydre;
» 3°. Que les deux principes immédiats de la cétine sont des marga-
rate etioléate, d’un sub d'hydrogène, correspondant par la propor-
tion de ses éléments, à l'hydrogène bi-carboné.
» Le rapporteur établit en outre, que la manifestation des produits de
la saponification, dans des circonstances où les corps gras saponifiables
sont en présence de l’oxigène, de l'acide sulfurique, etc., au lieu de l’être
d’un alcali, est favorable, à cette hypothèse; car il est évident que plus
( 368 )
il y a de circonstances différentes, où un méme composé donne naïssance
aux mêmes produits , et plus il y a de raison de croire à la préexistence
de ces produits ; dans le composé.
» Enfin il rapprocha les sels gras à base de glycérine, des éthers
végétaux, qu’on regardait alors comme des composés neutres d'acides et
d'alcool, et en outre les principes immédiats de la cétine, des éthers
à basé d'hydrogène bi-carboné.
» Si nous considérons maïntenant que toutes les recherches de chimie
approfondie, tendent aujourd’hui non-seulement à déterminer la nature
et la proportion des éléments des composés auxquels elles se rapportent,
mais encore l’arrangement de ces éléments, on verra que les hypothèses
que nous venons de rappeler, quoique déjà anciennes, sont dans la
direction des travaux actuels, et nous en trouvons uné prèuve dans le
inémoire même dont nous rendons compte.
» Ce mémoirè se compose de deux ordres de faits; le premier com-
prend ceux qui se rapportent à la connaissance de la glycérine, sans avoir
trait à la question de l’arrangement des éléménts, dans les corps gras
saponifiables; le second ordre comprend les faits concernant cet arran-
gement; en les présentant successivement, ce sera remettre sous les yeux
de l’Académie le travail de M. Pelouze. d
1° ORDRE DE FAÏTS.
» M. Pelouze, comme tous les chimistes qui l'ont précédé ,n’a pu obtenir
Ja glycérine cristallisée; il a confirmé ce que l’on savait de sa grande affi-
nité pour l’eau, de sa solubilité dans l'alcool , de son insolubilité dans l’é-
ther, de son inflammabilité, de sa voiatilisation et de sa décomposition par-
tielle par la distillation, de sa conversion en acide oxalique par l’acide
nitrique; de ce qu’elle n’a pas la propriété de fermenter avec la levure.
Enfin de sa faculté de dissoudre les protoxides de plomb.
» Voici maintenant les faits que M. Pelouzea ajoutés à l'histoire de la gly-
cérine.
» La glycérine est formée, suivant lui, lorsqu'elle a une densité de 1,28,
50 $C H, ce qui se rapproche beaucoup de la composition que l'un de nous
avait trouvée à la glycérine, d’une densité de 1,27, fO 5*C SH. Cette ana-
lyselest ramenée au nombre d’atomes d’oxigène, admis par M. Pelouze.
» M. Pelouze pense qu’à l’état sirupeux, la glycérine est unie à un atome
d’eau ; sa composition à l’état anhydre est donc 50 $C'#H.
( 369 )
» M. Pelouze a vu ; 1° que l'acide hydrochlorique et le peroxide-de man-
ganèse changent la glycérine en acides carbonique et formique;
» 2°. Que 6 atomes de brome dissous par un°atome de glycérine pure
traité par l’eau, donnent 3 atomes d'acide hydrobromique et un atome
de glycérine anhydre dans lequel 3 atomes de brome remplacent 3 atomes
d'hydrogène.
» 3°. Que le chlore à une action analogue à celle du brome sur la gly-
cérine.
» 4°. Que l’iode et la glycérine donnent une simple solution.
» 5°. Que la glycérine dissout un grand nombre.de matières particulière-
ment celles qui sont solubles dans l’eau. Pagmi elles, il en est une, le chro-
mate de potasse, qui, à froid, donne une solution jaune, tandis qu’à chaud,
elle en donne une verte qui conserve sa couleur plusieurs mois.après son
refroidissement. M. Pelouze dit qu'il n’y a pas de décomposition dans la
réaction des corps.
2° ORDRE DE FAITS. — {/s, concernent l'arrangement des éléments dans les corps
gras saponifiables.
» Si les corps gras, qui sont caractérisés par la glycérine qu'ils donnent
lorsqu'on les saponifie, contiennent réellement cette substance toute for-
mée, il a paru évident à M. Pelouze, que si la glycérine faisait fonction
de base avec les acides stéarique , margarique, oléique, butyrique, etc., elle
devait être susceptible de se combiner avec d’autres acides que ceux-là:
c’est pour vérifier cette induction, qu'il a mélé une partie de glycérine
avec deux parties d'acide sulfurique hydraté, d’une densité de 1,845,
qu'après la réaction, il à neutralisé la liqueur étendue d’eau par la chaux,
puis qu'il à filtré, afin de séparer du sulfate de chaux, provenant de l’acide
employé en excès; enfin qu'il a fait évaporer la liqueur filtrée, pour sa-
voir s’il y retrouverait la glycérine non altérée, ou quelque composé de
cette substance. C’est ce dernier résultat qu'il a obtenu: il a recueilli un
sel cristallisé en aiguilles prismatiques, formé de chaux et d’un acide qu’il
appelle sulfo-glycérique, parce que suivant l’analyse qu’il én a faite, il
renferme deux atomes d'acide sulfurique, et un atome de glycérine
anhydre (2$ + SOfC“H).
» Enfin en précipitant la c'aux du salfo-glycérate par l'acide oxalique,
filtrant et faisant évaporer la liqueur, il a obtenu l'acide sulfo-glycérique
sous la forme d'un liquide incolore, inodore, d’une saveur très aigre,
C. R. 1837, 127 Semestre. (T. IV. N° 10.) 52
(370 )
si peu stable, tant qu'il n’est pas uni à une base, qu'il se réduit dans le
vide au-dessous de: zéro, en glycérine et en acide sulfurique, lors même
qu’il retient encore beaucoup. d’eau de dissolution.
» Nous aurions désiré que M. Pelouze eût donné plus de détails sur
cette décomposition; car elle paraît bien extraordinaire. En effet, le
composé d’acide sulfurique et de glycérine ne se produit qu’autant que
les corps sont concentrés; d’un autre côtéaucun d’eux, dans le vide, ne
se précipite, ou cristallise, ou s’évapore, ou s’altère, suivant M. Pelouze.
La réduction de l'acide sulfo-glycérique, en acide sulfurique et en glycérine
dans le vide au-dessous de zéro, nous semble donc un phénomène bien
extraordinaire, s’il ne se produiÿ pas quelque combinaison définienouvelle
entre les corps. Ce point du travail de l’auteur réclame ‘de lui un
nouvel examen.
» Suivant M. Pelouze, il y a cette analogie intéressante entre lalcool et
la glycérine, que dans leur réaction avec l’acide sulfurique, ces subs-
tances, perdent chacune un atome d’eau, pour se combiner avec
deux atomes d’acide sulfurique anhydre, et constituer ainsi les acides
sulfo-vinique et sulfo-glycérique.
» Enfin M. Pelouze étudie plusieurs espèces de sulfo-glycérates , notam-
ment ceux de chaux, de baryte et de plomb.
» Tous les sulfo-glycérates sont très solubles; celui de chaux cristallise
en aiguilles prismatiques, d’une saveur amère très prononcée, exigeant
moins que leur poids d’eau froide pour se dissoudre. Il est insolublé dans
l'alcool et l’éther.
» Lorsqu'on fait chauffer l'acide sulfo-glycérique , avec deux atomes de
chaux ou de baryte, au milieu de l’eau, il se passe un phénomène avant
même que.le liquide entre en ébullition , qui a beaucoup d’analogie avec
la saponification des corps gras neutres. En effet la glycérine devient libre,
etil se forme du sulfate de chaux ou du sulfate de baryte, suivant que
l’on a employé l’une ou l’autre de ces bases.
» Enfin, M. Pelouze considérant la stéarine comme un stéarate de glycé-
rine, dans lequel il y a deux atomes d’acide pour un atome de glycérine
anhydre, avait pensé d’abord que l’acide était anhydre, mais des analyses
faites en commun avec M. Liebig depuis la lecture de son Mémoire à l’A-
cadémie, l’ont conduit à admettre deux atomes d’eau dans deux atomes d’a-
cide stéarique.
» Quelle que soit l’analogie qu’on établisse entre la combinaison de l'acide
sulfurique et la glycérine d’une part, et d’une antre part les corps gras
(371)
saponifiables regardés comme des composés d'acides gras et de glycérine, il
y aura toujours cette grande différence, que l'acide sulfo-glycérique est
très soluble dans l’eau et a tous les caractères d’un acide, tandis que les
corps gras saponifiables sont insolubles et neutres aux réactifs colorés.
Mais il est évident qu'une différence doit nécessairement exister entre ces
corps et l'acide sulfo-glycérique; car les deux principes de celui-ci sont très
solubles dans l’eau, et l’un d'eux est un acide des plus énergiques, tandis
que les acides stéarique, margarique et oléique, qui, avec la glycérine, con-
stituent les corps gras neutres, sont très faibles, insolubles dans l’eau et font
plus des neuf dixièmes de la masse de ces même corps.
» Nous ferons remarquer qu’il est bien probable que l'acide sulfo-adipi-
que, obtenwpar l’un de nous en faisant réagir l'acide sulfurique sur la graisse
de porc, a beaucoup de ressemblance avec l’acide sulfo-glycérique, si
toutefois il n’y est pas identique.
Conclusion.
» Il suffit de l'extrait que nous venons de présenter du travail.de M. Pe-
louze et surtout de l’exposé des faits nouveaux qu’il a ajoutés à la théorie
de la composition des corps gras, pour motiver auprès de l’Académie, la
demande que nous lui faisons de l’insertion du mémoire de M, Pelouze,
dans le Recueil des Savans étrangers. » é
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
LÉ
MÉTÉOROLOGIE AGRIGOLE. — Des influences météorologiques sur la culture de
la vigne; par M. BoussiNGAULT.
« Il est peu de cultures qui soient aussi affectées par les variations de l’at-
mosphère que celle de la vigne. Dans les vignobles le plus favorablement
situés, il est rare de fabriquer plusieurs añnées de suite des vins égale-
ment bons. Dans les contrées placées vers la limite productive de la vigne,
sous des climats excessifs, là où les vignobles n’existent qu’à la faveur
d’étés’ très chauds, les produits en sont encore plus variables, plus in-
constants.
» J'ai pensé que les influences atmosphériques sur la culture de la vigne,
comportent une question de météorologie agricole digne d'intérêt; mais
pour répondre à cette question d’une manière satisfaisante, il fallait d’un
52.
(372)
côté réunir de nombreuses observations météorologiques, et de l’autre
posséder, et être à même de recueillir par la suite des données positives
sur les produits d’une même vigne bien cultivée. :
» Dans Île travail dont je vais présenter les résultats, j'ai mis à profit
les observations météorologiques de M. le professeur Herreinschneider;
ensuite j'ai fait usage des données agricoles, prises sur la vigne du
- Schmalzberg, appartenant à ma famille, et dont les produits sont parfai-
tement connus.
» La vigne du Schmalzberg est bien située, sa culture faite avec un
grand soin, et les procédés de vinification sont toujours exécutés de la
même manière. En déterminant la richesse en alcool absolu des diffé-
rentes qualités de vins récoltés dans ces derniers temps, j'ai introduit
dans la discussion une précision qui peut à elle seule lui donner beau-
coup d'intérêt, puisque nous sommes à même d'évaluer pour chaque
année en particulier, la quantité d’alcool fournie par une surface donnée
de terrain cultivé en vigne. Mon intention est de continuer ce travail;
mais, tel'que je le présente, ilpeut déjà fixer l'attention des météorolo-
gistes et des vignerons, et provoquer dans d’autres localités des observa-
tions analogues. La vigne du Schmalzberg est abritée au nord et à l’est,
par la forêt de Lampersloch. Sa pente descend vers le sud. La surface
totale est de 172"*,95, les fossés et les chemins occupent 22"*,08, la
surface cultivée se réduit par conséquent à 146,47.
» Le sol est argilo-calcaire, assez meuble. Il contient de l'argile, du
sable rouge ferrugineux et du calcaire qui s’y rencontre sous la forme de
très petits galets. ”
» La vigne renferme 8530 ceps, les cépages sont :
Pineau, rouge......
Noïin, id....4...
Morillon, id........
Sauvignon, blanc...
Raisins de France.
Tockai.
Rasling, blanc......
Rasling, doré..... OT Reine RP
Traminer......,... [
Roulander..........
» La plantation du Schmalzberg eut lieu en 1818, le sol fut défoncé
à o"**,7. Chaque cep reçut alors 39 décimètres cubes de terreau; à
cette époque, presque tout le cépage était originaire du midi; il prove-
( 373 )
nait des environs de Perpignan : on en obtint de très mauvais résultats ,
les plants réussirent à merveille, végétèrent avec force; mais le raisin ne
parvenait jamais à maturité. En 1822 on se décida à remplacer les ceps
du midi par des espèces désignées ci-dessus.
» On a adopté la culture en espaliers, les treilles ont 1**°,3 de hau-
teur. Peut-être eût-il été préférable de donner aux treilles une hauteur
beaucoup moindre, comme cela se pratique dans certaines parties du
Palatinat, où elles ont environ 0"**,6. On a fait partout la remarque que
les grappes murissent d’autant plus vite, qu’elles sont placées plus près
du sol. Des fossés convenablement disposés, permettent au terrain un
égouttage facile ; la taille s'exécute de mars en avril, lorsqu'on se croit
à l'abri des gelées. Le repiquage se fait en juin; en juillet on fixe les
sarments, on sarcle en août, et l’on ébourgeonne quand la grappe est
formée.
» La vendange a lieu ordinairement en octobre. On foule sur place, le
raisin foulé est porté dans les cuves, on presse quand la fermentation est
‘ achevée. Le marc est tassé fortement dans de grands réservoirs, où il est
tenu à l'abri du contact de l'air ; on le distille pendant l'hiver.
» La vigne au Schmalzhberg commença à donner du vin en 1825,
Voici en hectolitres, les produits recueillis jusqu’en 1836 inclusivement.
Année 1825 ....... 11 hectol.
1826 ....... 32
18274..." 000 La gelée a tout détruit.
1828 ....... 25
1829 ...... 19)
1830 ....... o La récolte a totalement manqué.
1831 ....... 24,5
18320... 33,0
1833 ....... 49,75
1834 .... .. 66
1835 ,...... 100 -
1836 ....... 87
» Pour déterminer la richesse des vins en alcool, j'ai fait usage du
procédé suivant : j'ai distillé 280 centim. cubes de vin. Lorsque le 4 de ce
volume était passé à la distillation, qu'il avait en outre acquis la tempé-
rature de 12°, j'y plongeais l’alcoolgrade de M. Gay-Lussac, en divisant
par 3 le nombre indiqué par l'instrument, j'obtenais le volume de l’al-
cool absolu, contenu dans le vin soumis à l'expérience.
(374)
» J'ai expérimenté sur les vins récoltés de 1833 à 1836, j'ajouterai aux
détails des expériences, les résultats météorologiques obtenus pendant ces
mêmes années, par M. Herrenschneider.
Année 1833. Récolte défavorable, vin de très mauvaise qualité.
280 centimètres cubes ont donné à la distillation un produit de 93° 33, mar-
quant 15° centésimaux à l’alcoolgrade. L'alcool absolu égale par conséquent ,
en volume, 0,50.
» Au Schmalzberg, la vigne commence à végéter vers le 1‘ avril; en
1833 la vendange a commencé le 26 octobre.
Tempé- 4 Hygromètre
rature Jours. Pluie. de
moyenne. Saussure. S
centigr. centim.
Avril ........ 8°,6 30 5,r 79°
Maté eeneee 18,2 31 6,1 68
Juin. ........ 18,6 30 3,0 70
Juillet........ 17,4 31 11,2 76
Août. ........ 15,8 3r 72 74
Septembre... 13,6 30 70 83
Octobre....... 9,8 25 5,8 85
Durée de la culture...... 0-6. HER 208
Température moyenne pendant la culture...,.......... 14°,7
Température moyenne de l’été.......,.....,........... 17,3
Température moyenne du commencement d’automne. ... 11,4
État hygrométrique moyen de l'air pendant la culture 76°.
Eau tombée pendant la culture......-....... 45°°,9
avant le floraison... ..... ooocpo 11 ,2 La vigne fleurit à la fin de mai.
au commencement de l’automne. 12 ,8
Année 1834. La vendange a commencé le 29 septembre.
Récolte abondante, vin d’excellente qualité, comparable à celui de 18rr.
280 centimètres cubes ont donné à la distillation 93°*°*,33, marquant 33°,7 cen-
tésimaux à l’alcoolgrade. L'alcool absolu en volume — 0,101.
Tempé-
rature Jours. Pluie. Hygromètre.
moyenne.
centigr. centim.
Avril,..,..... 8°,2 30 1,5 pie
Mai........., 17,3 31 2,7 7o
+ Juin, ........ 18,6 30 9,0 76
Juillet. .....,. 22,4 31 6,2 67
Août. ........ 20,0 3r 13,0 78
Septembre..... 17,0 28 2,8 79
Durée de la culture.......,....... sv. 187
(375 )
Température moyenne durant la culture. ..........,... 199,3
de l'été............ Credit 20,3
du commencement d'automne. ... 17,0
État hygrométrique moyen de l'air pendant la culture, 73°,5.
Pluie tombée pendant la culture.............. 35°,2
avant la floraison........:...... 4 ,2
au commencement d'automne. ... 2 ,8
Année 1835. La vendange a commencé le 10 octobre.
Produit très abondant ; qualité assez bonne.
280 centimètres cubes ont donné à la distillation 93° <:33, marquant 24°,3 cen-
tésimaux. L’alcool contenu — 0,081,
Tempé-
rature Jours. Pluie. Hygromètre.
moyenne.
centigre centim.
Avril.....,... 078 30 2,1 71°
Mai.......... 14,7 3x 4,8 74
Juin. ......:.. 18,0 30 1,2 7x
Juillet. ...... 19,7 3 5,6 67
Août......... 19,0 3r 5,1 67
Septembre. ... 15,7 30 3,8 79
Octobre. ..... 9,0 9 1,9 84
Durée de la culture................,, 192
Température moyenne pendant la culture. ............. 15°,8
derl'été.,. 400. sps. ssl 102
. du commencement d’automne.... 12,3
État hygrométrique moyen de l'air pendant la culture, 72°:
Pluie tombée pendant la culture.....:........ 24°,5
Avant la floraison. ......:,...... 6 ,9
Au commencement d’automne.... 5 ,7
Année 1836. La vendange a commencé le 19 octobre.
Récolte abondante, vin de qualité moyenne.
280 centimètres cubes ont donné à la distillation 93°,33, marquant 21°,3 à
V’alcoolgrade. L’alcool = 0,071.
Tempé-
rature Jours. Hygromètre.
moyenne.
: centigr. centim.
Avnil........ . 10,6 30 32 74°
Mai.......... 14,3 31 5,2 69
Juin....,..,.. 20,6 30 9,0 72
Juillet. ....... 22,4 3x 6,8 69
Août. ....,... 21,5 ; 31 7,3 75
« Septembre. ... 15,0 30 7,7 8
Octobre..... +. 9:7 18 2,7 : 80
Durée de la culture............,.+.., 201
(376 )
Température moyenne pendant la culture. ............. 1528 à
de l'été... 21,5
du commencement ‘d’automne.'... 12,3
État hygrométrique moyen de l'air pendant la culture, 74°.
Pluie tombée pendani la culture.............. 24°,5
avant la floraison. ........,..... 8 ,4
au commencement d’automne.... 10 ,4
» J'ai consigné dans le tableau qui se trouve à la fin de ce mémoire le
résumé des détails que je viens d'exposer.
» Si nous recherchons maintenant quelles sont les circonstances mé-
téorologiques qui ont influé le plus sur la qualité des vins, nous voyons
tout d’abord, que la température moyenne des jours dont le nombre
compose la durée de la culture, a une influence décidée. Cette tempé-
rature, qui a été de 17°,3 dans l’année qui a donné le vin le plus riche
en esprit, a été seulement de 14°,7 pour l’année 1833, dont le produit
est de si médiocre qualité.
» Un été chaud favorise naturellement la végétation de la vigne; en 1833
la température de l'été ne s’est pas élevée à 17°3; à part cette année,
que l’on doit considérer comme tout-à-fait défavorable, les étés ‘ont eu
tous des températures peu différentes, et qui approchent de 20°. Ce
n’est cependant pas à l’été le plus chaud que répond le vin le plus spi-
ritueux. C’est qu’indépendamment d’une chaleur soutenue pendant le
développement de la vigne, il faut encore, pour la parfaite maturité
du raisin, un commencement d’automne doué d’une douce températuré.
On voit effectivement, en consultant le tableau, que le mois de sep-
tembre 1834 a eu une température de 17°; tandis qu’en 1833, la chaleur
du commencement de l’automne n’a pas dépassé 11° +.
» Sous le rapport de la qualité des vins, la pluie qui tombe pendant
la durée de la culture, ne semble pas avoir une influence bien sensible ;
mais il parait en être autrement sous le rapport de la quantité. La
culture qui a reçu le moins d’eau, a donné plus de vin que celle qui a
été exposée à des pluies plus abondantes.
» En examinant l'influence de la répartition de la pluie pendant la
culture, on trouve que la pluie tombée avant la floraison de la vigne, a
été moindre dans les bonnes années, que dans celles qui ont donné des
produits mauvais ou médiocres : ou trouve aussi que les années qui of-
frent les époques voisines des vendanges, les moins pluvieuses, sont celles
qui ont produit les vins les plus alcooliques.
La
(377)
» Si l’on sépare des quatre années qui font objet de cette discussion,
l’année 1833, qui a été décidément mauvaise, on peut conclure que les
circonstances météorologiques qui ont influencé les années suivantes, ont
plutôt agi sur la qualité des vins que sur la quantité totale d'alcool formé.
Ainsi, bien que le vin de 1836 soit très inférieur à celui de 1834, sa
récolte contient en somme une plus forte proportion d'alcool.
» Les quantités d’alcool absolu produitesen 1834, 1835 et 1836, sont à
_ peu près les mêmes : 5 à 6 hectolitres par hectare.
La température qui domine la durée de la culture de la vigne, dépend
en grande partie de la chaleur des étés, Les bonnes récoltes en vins
doivent suivre les étés chauds. En Alsace, pour que l’année soit favorable,
il faut que la température de l'été soit de 2° ou 3° au-dessus de la
moyenne, que M. Herrenschneider fixe à 17°,8. Dans un climat où la
vigne, pour réussir, se trouve soumise à une telle condition, il doit
paraître évident que sa culture ne peut être bienavantageuse; c’est en effet
£e quia lieu. La culture de la vigne serait même tout-à-fait désavantageuse,
si le vin, considéré comme produit agricole, ne présentait cette particula-
rité, que sa valeur croît dans une proportion beaucoup plus rapide,
que sa qualité; de sorte qu’une bonne récolte indemnise souvent de plu-
sieurs mauvaises années.
» En Alsace, la température moyenne de la durée de la culture de la
vigne doit être au-dessus de 16°, pour que le vin soit d’une qualité sup-
portable. En 1833, année où cette température n’a pas atteint 15°, le vin
a été excessivement mauvais. Dans les localités où cette température n’est
pas même atteinte, on doit s'attendre à de plus mauvais produits encore. C’est
ce qui arrive dans le département de la Seine , où malgré une tempéra-
ture moyenne annuelle plus élevée, le climat, moins excessif qu’en Alsace,
ne permet guère à la durée de la culture de la vigne, qu’une chaleur
moyenne de 14°,5; avec une semblable température, il est évidemment
impossible d'obtenir des vins d’une qualité tolérable, et en admettant
que dans les années les plus favorisées, cette température s'élève à 15
ou 16°, le vin ne pourra encore être que fort médiocre, et analogue à
celui qui est récolté sur les bords du Rhin dans les plus mauvaises années.
CR. 1837, 19° Semestre. (T. IV. Ne 10.) 53
moyen.
dant
lture.
p+ moyen
endant
avant
la floraison,
roduit
rod
à laquelle
végétation a
commencé
Durée
de la culture.
pen
a cu
de l'été.
Hygromètre
de.
Saussure.
P
la’ culture.
d'automne.
pros
par la vigne.
contenu
dans le vin.
obtenu par
hectare.
1
- du commenc.
de l'automne.
Pluie tombée
Pluie tombée
Pluie tombée
au commenc.
Temp.
Tem
d
la
Temp. moyen.
im.| centim.|hectolit. hectolit.|hectolit.
1833 |1®"avril.,26 oct..| 208 1 3 ; [ 45 12,8 | 49,7510,050 | 2,49
1834 |1°T avril.|29 sept. 0. 2,8 | 66,00l0,101 | 6,67
1835 |1er avril.|10 oct. ; ; 5,7 |100,00|0,087
1836 |1er avril.|19 oct. ; à , 10,4 | 87,00|0,071
ñ q
1er avril. # ï 6,5 # D
(*) Je n'ai pu me procurer de dates précises pour cette époque; les registres de la ferme de Bechelbronn
Û : 2 2 ;
n’en font pas mention , mais on estime que la vigne commence à végéter à la fin de mars ou au commen-
cement d’avril.
CHIMIE. — Mémoire sur un nouveau procédé pour découvrir l’arsenic’et ses
composés ; par M. Marxe, professeur agrégé à la Faculté de médecine de
Strasbourg. :
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas.)
Un précédent mémoire, dont celui-ci formait une section, sera rendu
à l’auteur. Pris MN
came. — De l’action du chlore sur la liqueur des Hollandais et sur quelques
éthers ; par M. Aucuste LAURENT.
(Commissaires, MM. Thénard, Chevreul.)
L'auteur a cherché, expérimentalement, plusieurs composés dontil avait
antérieurement adm l'existence d’après des considérations théoriques.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Note sur les inégalités à à longues périodes du mou-
vement lunaire , calculées par Laplace; par M.ne PONTÉCOULANT.
Cette note fait suite à celle que l’auteur avait présentée dans la précé-
dente séance ; Elle sera examinée par la même Commission.
(Nous devons dire ici que cette Commission fut nommée, lundi deéier 5
sur la demande de M. de Pontécoulant, appuyée par M. Poisson.)
PHYSIOLOGIE. — Sur les propriétés nutritives de la gélatine ; par M. HareL.
Renvoyé à l'examen de la Commission spéciale chargée de faire un
rapport sur cette question.
— ( 379 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Marine remercie l’Académie de l'attention qu’elle
a eue de lui faire connaître la nomination de M. Gaudichaud (actuellement
embarqué sur {a Bonite) comme membre de la section de botanique.
M. le capitaine Smyth, nommé, dans une des dernières séances, cor-
respondant de la section d'astronomie, adresse ses remerciments à l’'A-
cadémie.
M. Mandl transmet quelques détails sur une nouvelle espèce de lunettes
achromatiques que M. Littrow , de Vienne, a imaginées et qu’il appelle
lunettes dialytiques. Dans ces lunettes, les deux lentilles de crown-glass et
de flint-glass , au lieu de se toucher, sont placées très loin l’une de l’autre.
Au nombre des avantages de la construction proposée, M. Littrow cite la
possibilité de réduire de moitié le diamètre de la lentille de flint-glass.
Il y a quelques années, a dit M. Araso, cette réduction eût été consi-
dérée comme d’un prix inestimable ; mais aujourd’hui elle semblera moins
importante, puisqu'il est constaté que de larges plaques de crown sans
stries, sont tout aussi difficiles à trouver que des plaques de flint.
M. Mutel transmet les planches, non encore publiées, du 4° vol. de sa
Flore Française.
MM. Xlipstein et Kaup annoncent l’arrivée à Paris du crâne du Dinothe-
rium giganteum*
M. Béranger a préparé des encres indélébiles d’après les procédés re-
commandés par l’Académie; il désire qu’elles soient examinées.
(La Commission des encres s’occupera de cet examen si elle le juge
convenable. )
D'après la demande de M. Sorel ; on ouvre une boîte qu'il avait adressée
le 23 janvier dernier, contenant des échantillons de fer enveloppés dans
des linges mouillés, qui devaient échapper à la rouille. i
Le procédé employé par M. Sorel sera examiné par MM. Becquerel et
Dumas.
La séance est levée à cinq heures. A.
59
( 380 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences;
1857, 1°" semestre, n°9.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et Araco;
tome 63, octobre 1836, in-8°.
Détails historiques sur le Révérend John Flamsteed. — Extrait par
M. Bior; brochure in-8c.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macexnre;
5° et 4° livraisons, in-8°.
Histoire des Végétaux fossiles ; par M. An. BronexiarT; 11° et 12°
livraisons, in-4°.
Annales de la Société entomologique de France; tome 5, 4° trimestre
1836, in-0°.
Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques ; février
1837, in-8°.
Bibliographie entomologique suivie d'une table méthodique et chrono-
logique des matières ; par M. À. Percuerow; 2 vol. in-8°, Paris, 1837.
Galerie ornithologique ou Collections d'Oiseaux d'Europe, décrits par
M. v'Onrsieny et dessinés par M. J. Traviës; 12 et 13° livraisons, in-4°.
Traité élémentaire d'Histoire naturelle; par MM. Martin Samnr-ANGE
et Guérin; 29° livraison, in-8°.
Note sur l'État actuel et les Améliorations récentes de la culture des
betteraves et de l'extraction du sucre; par M. Paxer; in-8°. (Extrait
des Annales de l'Agriculture Française.)
Mémoire pour l'Établissement d'un hospice d'aliénés ; par M. Brière
pe Borsuonr; brochure in-8°, Paris, 1835.
Des Besoins actuels de l’enseignement élémentaire; par M. Corarp pe
Marrieny; Nancy, 1836, in-8°.
Société industrielle de. Mulhouse. — Rapport fait au nom. du Comité
de Mécanique , par M. E. Koscuuw, sur les plaques fusibles et les sou-
papes de sûreté des chaudières à vapeur ; Mulhouse, 1837, in-8°.
Description de divers Appareils propres à économiser le temps et le
combustible ; par M. Harez; Paris, 1831, iu-16.
( 381 )
Annuaire de l'Observatoire de Bruxelles , pour l'an 1837, par M. Que-
TELET ; Bruxelles, 1836, in-16.
Annuaire de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de
Bruxelles ; 3° année, in-16.
Sur la Latitude de l'Observatoire de Bruxelles ; par M. Querezer;
Bruxelles , 1836, in-8°.
Académie Royale de Bruxelles. — Bulletin des Séances du 15 et du
16 décembre 1836, et du 14 janvier 1837; n° 12 et 1, Bruxelles, 1836,
in-8°.
Nouvelles astronomiques de M. Scuumacuer; n° 325, in-4°.
Bibliothèque universelle de Genève ; nouvelle série, n° 13, janvier 1833,
in-8°.
Della Coltivazione.....Sur la Culture de la betterave dans le Pié-
mont, et premiers Essais sur l'extraction du sucre de betterave ; par
M. le comte Tomas VarrerGa DE Civrone; Turin, 1837, brochure in-8.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; tome 12,
2° et 4° livraisons, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 9, in-4°.
Gazette des Hôpitaux; tome-11, n°% 25—27, in-4°.
La Presse médicale ; tome 1°, n° 16 et 18, in-4°.
France médicale ; tome 1°, n° 34 et 35.
Écho du Monde savant; n° 61,
(382)
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 45 MARS 1856.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur le chauffage des machines à vapeur ; par
M. Corprer.
« À quelques exceptions près, on chauffe partout les machines à vapeur
avec du charbon de terre. Ce combustible est employé tel que le commerce
peut le livrer, c’est-à-dire en morceaux de grosseur moyenne mélés de pe-
tits fragments. Où le projette à la pelle sous les chaudières, par eharges
intermittentes qui, terme moyen, se succèdent de dix en dix minutes.
Ce mode a de nombreux inconvénients dont voici les principaux : refroi-
dissements fréquents du fourneau; inégalité des coups de feu et de la pro-
duction de la vapeur; dégagement après chaque charge, d’une! immense
quantité de fumée, incommode et souvent préjudiciable à tout le voisinage;
perte des matéères combustibles ainsi dégagées, nécessité d’un tisage répété _
et d’une surveillance continuelle de la part d’un ouvrier chèrement payé;
C. B. 1837, 127 Semestre. (T. IV. N° 44.) 54
(384)
enfin altération rapide des chaudières et des tubes bouilleurs tant par l’oxi-
dation que par les variations brusques de dilatation que le métal éprouve
lorsque l'air froid s’engouffre dans le fourneau pendant les charges et pen-
dant le tisage. \
» L'idée de remédier à ces inconvénients n’est pas nouvelle. I1y a long-temps
qu’en Angleterre on a proposé d'employer des distributeurs mécaniques
pour introduirela houille dansles fourneaux des machines à vapeurs, et.qu’on
s’est occupé de perfectionner ces appareils; mais quelque usage qu’on en
ait fait en Angleterre, tous les efforts qui ont été tentés jusqu’à présent
pour les introduire en France, ont été sans succès.
» Cependant, il y a environ vingt ans, c’est-à-dire lorsque ces sortes d’ap-
pareils étaient encore peu perfectionnés, on en a établi un à Paris aux
bains du quai de Gèvres et c’est vraisemblablement le seul de ce modèle
qui ait été importé. Il a continué jusqu’à ce jour à fonctionner utilement
et ses avantages étaient sans contredit suffisants pour provoquer limitation.
Il consiste principalement en une trémie qui remplie de charbon de terre
et placée au-dessus de la chauffe du fourneau, s’ouvre à sa partie inférieure
à chaque demi-minute pour laisser tomber une quantité toujours égale
de combustible sur la grille, qui est circulaire et qui tourne sur elle-
même d’un mouvement continu mais très lent. Chaque révolution de
cette grille exige trois à quatre minutes. D’après ces bases, il est aisé
d'imaginer le jeu du mécanisme et de concevoir qu'il est loin de résoudre
complétement le problème.
» En 1822, la solution se trouvait avoir été singulièrement avancée en
Angleterre. Au débit alternatif de la houille brute, on avait substitué une
trémie à débit continu et livrant la bouille par l'intermédiaire d’un méca-
nisme broyeur; de plus on avait remplacé la grille tournante par une grille
fixe sur laquelle la houille grossièrement pulvérisée, était projetée : au
moyen d’un ventilateur vertical. L
» À la fin de cette même année, un mécanicien extrémement distingué ;
M. Collier, dont la France industrielle regrette vivement la perte récente,
prit chez nous un brevet d'importation pour le distributeur mécanique
ainsi modifié; mais il eut bientôt reconnu que dans la pratique, l'appareil
laissait beaucoup à désirer, et dès-lors il se livra à des essais en grand pour
le rendre meilleur. Trois brevets de perfectionnement obtenus par lui dans
le courant de 1823, attestent la progression et le succès de ses recherches.
Au moyen des dispositions nouvelles inventées alors par M. Collier, le dis-
tributeur est définitivement devenu tel qu’on pouvait le souhaiter, j'en mets
(385 )
les plans sous les yeux de l’Académie et j'aurai tout à l'heure occasion d’en
donner une description sommaire.
» Dans cet état de choses, on devait espérer que l’usage de l’appareil se
répandrait en France; mais il n’en a pas été ainsi. Tous les efforts que
M. Collier a pu faire dans plusieurs établissements où il avait appliqué son
distributeur, ont échoué, chose remarquable, contre la mauvaise volonté
et la coalition tacite des chauffeurs , qui voyaient clairement que, si le pro-
cédé réussissait, leurs intérêts particuliers seraient grandement compromis.
Fatigué de cette lutte, M. Collier finit par abandonner l’entreprise et cela
avec d’autant plus de raison qu’il avait besoin de toute son activité pour
propager l'emploi de plusieurs autres mécanismes entièrement de son in-
vention et beaucoup plus importants : tel est celui qui porte le nom de
Tondeuse, et celui beaucoup plus remarquable peut-être et cependant
moins connu, qui sert à peigner les laines en grand.
» Mais pendant que le nouveau distributeur est resté ignoré chez nous,
son utilité a été appréciée en Angleterre, et son emploi y a successive-
ment pris une telle extension, qu’il est à présumer que l'appareil va nous
revenir comme production étrangère tout-à-fait nouvelle, et qu’à ce titre,
du moins, il sera enfin favorablement accueilli.
» Déjà deux de ces appareils ont été importés depuis très peu de temps,
et l’un d’eux a commencé à fonctionner dans la belle filature de laine de
M. Griolay, à Paris.
» M. Collier, presqu’à la même époque, a eu occasion d’en ériger
un pour le service de ses propres ateliers. L'appareil, fabriqué chez
lui et sous ses yeux, posé et mis en activité d’après ses instructions,
doit évidemment être considéré comme un modèle en action, qui sera
utilement consulté par tous ceux que le sujet peut intéresser. J'ai pensé
qu’on ne pouvait trop se hâter d’en constater les effets.
» Tout le mécanisme est verticalement appliqué à la face antérieure du
fourneau d’une machine à vapeur à haute pression, de la force de six
chevaux. Il se compose principalement d’une trémie à débit continu, de
deux cylindres broyeurs horizontaux à pointes de diamant, et de ‘deux
projecteurs circulaires, contigus, placés dans le même plan horizontal,
lesquels tournent en sens inverse et concourent au même effet. La
houille, à mesure qu’elle descend par la trémie, est réduite partie en
petits éclats, partie en poussier, par les broyeurs; ainsi préparée, elle
tombe sur les projecteurs , dans l’espace seulement qui est compris entre
leurs deux axes, et elle est continuellement lancée par eux sur la chauffe
54.
( 386 )
incandescente. La forme de ces projecteurs est celle d’une roue composée
d’une coquille conique droite et de six palettes trapézoïdales, vertica-
lement implantées autour de la coquille. Leur vitesse est près de deux
cents tours par minute, et l’on conçoit qu’un léger effet de ventilation
doit se joindre à leur effet principal. Je n’ai pas besoin d'ajouter que
le débit du combustible est facilement réglé à l’aide de vis de rappel,
et que l’écaïtement des barreaux de la chauffe n'excède pas 8 milli-
mètres. Tout le système est en fer, et se trouve établi sur une grande
et forte plaque de même métal, laquelle est verticale et percée conve-
nablement du côté du fourneau. Cette plaque étant placée sur roulettes,
l'appareil peut alternativement desservir deux chaudières. Si l’on n'avait
qu'une chaudière à servir, il suffirait d'établir la plaque sur pivots, à
la manière des portes ordinaires.
» Le distributeur ainsi construit, fonctionne depuis près de six mois ;
voici les résultats observés :
» 1°. L'action du chauffage est parfaitement régulière.
» 2°, Toutes les parties du combustible, ou presque toutes, sont brûlées
sous les bouilleurs et sous la chaudière.
» 3°. La fumée qui se dégage au sommet de la cheminée, n'excède pas
la quantité qui est produite par beaucoup de foyers domestiques ali-
mentés au bois. Elle est d’ailleurs d’une teinte rousseâtre très claire, et
elle n’offre aucun des inconvénients qui rendent si incommode le voisinage
des grands ateliers chauffés au charbon de terre.
» 4°. On consomme à peu près un dixième de combustible de moins
que par le procédé de chauffage ordinaire.
». 5°. On emploie sans difficulté la houille menue, c’est-à-dire celle qui
est à vil prix dans le commerce.
» 6°. Le tisage s'exécute facilement sans ouvrir le fourneau; à cet effet,
on se contente, à l’aide d’un ringard à crochet, promené sous la grille de
la chauffe, de piquer de temps à autre la couche du combustible en ignition,
de manière à ce qu’elle ne conserve jamais plus detrois centimètres d’é-
paisseur. e
» 7°. Le chauffeur se trouvant chargé d’une surveillance du feu infiniment
plus facile, peut non-seulement donner plus de soin à la surveillance de la
machine elle-même, mais encore se livrer à d’autres services accessoires;
il a besoin d’ailleurs d’une moins grande habileté que les chauffeurs
actuels.
» 8. Enfin l'appareil est susceptible d’être appliqué à toute espèce de
( 387 )
fourneau dejà construit ; il peut ensuite en être séparé sans perdre de sa
valeur et rentrer dans la circulation commerciale.
» Tels sont les avantages que présente le distributeur que j'ai étudié. Il
faut certainement porter en déduction, 1° le prix de lappareil tout posé,
prix qui s'élève à environ mille francs; 2° la valeur de la quantité de force
nécessaire pour faire mouvoir ce même appareil, quantité qui dans le cas
spécial dont il est question, peut être évaluée à un demi-cheval, c’est-à-dire
au douzième de la puissance de la machine à vapeur desservie; mais il est
évident que ces sacrifices sont bien loin de balancer les avantages du
procédé.
» Parmi ces avantages, il en est un qui, à raison de sa portée, mérite
que j'ajoute quelques développements , et c’est par là que je terminerai; je
veux parler de la propriété que l'appareil a d’être presque entièrement fu-
mivore. Des réglements d'administration publique ont suffisamment pourvu
aux dangers que les machines à vapeur pourraient occasioner par leur
explosion ; mais il faut convenir que ces réglements ne sont que trop sou-
vent impuissants contre les inconvénients qui résultent des épaisses fumées
produites par les machines qui ne sont pas d’une très petite force. Dans
beaucoup de lieux, l'établissement de ces machines a été autorisé au milieu
ou à très peu de distance des habitations, et ces habitations ont été plus ou
moins dépréciées par suite des incommodités auxquelles la fumée donne
naissance, quelques précautions d’ailleurs qui aient été prises relativement
à la hauteur des cheminées des machines; il est des villes, par exemple,
où cette dépréciation autour d’une seule usine, frappe sur une masse de
valeurs foncières qui s’élèvent à plusieurs millions. D’un autre côté, comme
ces inconvéniens commencent à être bien connus, et comme en définitive
la propriété foncière n’a pas de moindres droits à la protection du Gouver-
nement que l’industrie manufacturière, les demandes en établissement de
machines à vapeur au milieu des populations, éprouvent des oppositions de
plus en plus vives, et il en résulte de grands obstacles à ce que ces puis-
sants etindispensables instruments de travail se multiplient autant que les
besoins toujours croissants de la civilisation et du commerce l’exigeraient.
Un remède est vivement désirable dans les deux cas que je viens d’indi-
quer. Ce remède paraît incontestablement trouvé, c’est l'emploi du distri-
buteur fumivore, dont j'ai cru utile d'entretenir l'Académie. L'adoption de
cet appareil satisferait aux nécessités de l’ordre public comme aux intérêts
bien entendus des propriétaires de machines, et il nous semble que l’ad-
ministration serait fondée à intervenir pour la rendre obligatoire. Il ne sa-
(388 )
git pas ici d’un médiocre intérêt général; car cela touche au développement
de la puissance mécanique de la France. Les bateaux à vapeur non compris,
il existe en ce moment dans le pays, plus de 1700 machines à vapeur dont la
force totale, expriméeen nombresronds, est de22,500chevaux.Ces machines,
en leur supposant une activité moyenne de seize heures sur vingt-quatre,
produisent le travail journalier de 45,000 chevaux, ou celui de 450,000 hom-
mes exercés à la fatigue. Leur accroissement annuel suit une progression ra-
pide; la moyenne des six années 1830 à 1835, a été de 13r machines; le
chiffre de la seule année 1835 est de 293. Or, tout fait présumer qu’un tel
essor n’est pas près de s’arrêter. Il importe donc que l’obstacle que nous
avons signalé soit levé et que sous ce point de vue les chances de la pros-
périté publique cessent d’avoir des limites. »
çuimE ORGANIQUE. — Æaits pour servir à l'histoire de l'acide gallique;
par M. RogiQuEer.
DEUXIÈME ARTICLE.
De l’action de la chaleur sur l'acide gdllique , et réflexions sur les acides pyrogénés.
« Braconnot est le premier qui ait reconnu que l'acide gallique subis-
sait, par la chaleur, une modification telle, que l'acide sublimé devait
être considéré comme un produit tout-à-fait distinct de l’acide ordinaire,
et il le désigna sous le nom d'acide pyrogallique. M. Pelouze examina
de plus près cette réaction, et il en donna une explication bien précise,
qu’il résuma dans les termes-suivants :
» Lorsqu'on chauffe, dit M. Pelouze, l'acide gallique à 215°, il se
» transforme entièrement en acide carbonique et en acide pyrogallique
» purs, et quand on le soumet à la température de 25°, il forme encore
» de l'acide carbonique pur; mais au lieu d’acide sublimé, dont il ne se
» produit pas la plus légère quantité, on voit apparaître de l’eau qui ruis-
» sele le long des parois de la cornue, et il reste de l’acide métagallique
» dans le fond du vase.
» Ces transformations, ajoute M. Pelouze, sont aussi nettes que les
» équations qui les représentent
1°. À 215° .C/HFOS — CO? + CSHSO":
2°. À 250 C?’H5O5 — CO’ + H°0 + CFH40:.
—————————————————_—_—_—_—_—@—2——
(1) Annales de Chimie et de Physique, tome LIN, p. 253.
( 389 )
» Les phénomènes, dit encore M. Pelouze, que manifeste l'acide gal-
» lique, sont donc exactement du même ordre que ceux que présente
» l'acide méconique, lorsqu’on le soumet, comme le premier, à l'influence
» d’une température modérée. »
» Rien de plus séduisant qu'un accord si complet des faits avec la
théorie, surtout quand il s’agit d’un agent aussi dise à gouverner que
le RES Tant de causes , en effet, s’opposent à son uniforme distribu-
tion, qu'il est bien rare d’obtenir cette régularité d’action annoncée par
l’auteur; aussi ai-je apporté le plus grand soin à répéter cette expérience;
mais ie dois avouer que je n’ai pas été assez heureux pour obtenir le
même succès, bien que je me sois appliqué à en varier les données à
l'infini. Ainsi, j'ai chauffé ou lentement ou vivement; tantôt la cornue
plongeait entièrement dans le bain d’huile, tantôt une partie seulement
s’y trouvait baignée. Par fois j’ai maintenu successivement la température
stationnaire pendant plusieurs heures à 200°, puis à 210°, à 220°, à
à 230°, ete.; et de quelque manière que je m’y sois pris, je n’ai pu scinder
l’action de la chaleur en deux périodes distinctes, comme le dit M. Pe-
Jouze, et ainsi que céla arrive si nettement pour les acides méconiques.
» On conçoit-que, comme fabricant, j'étais particulièrement intéressé
à produire la plus grande proportion d’acide pyrogallique, pour une
quantité donnée d’acide gallique ; aussi ai-je employé tous ‘mes moyens
à obtenir le moins de résidu possible; mais, malgré tous mes soins, je
n'ai pu atteindre au-dessous de 20 pour 100, et jamais non plus il ne m’a
été possible de sublimer au-dessus de 5o pour 100 d’acide pyrogéné, et,
chose qui étonnera peut-être d’après ce qui a été dit, se que ce n’était
point par une application ménagée du feu que j'arrivais à ce maximum,
mais bien au contraire en menant la distillation très rapideméné, c’est-à-
dire en brusquant l'élévation de température et enveloppant immédiate-
ment, mais à distance, la cornue de charbons ardents. IL est vrai qu’alors
l'acide pyrogallique ne se sublime plus au dôme ou dans le col de la
cornue en belles écaiiles blanches; mais il s'écoule au loin à l’état li-
quide et se fige dans le récipient. Seulement, il est accompagné dans
ce cas d’une matière colorante rouge, dont j'ai fait mention ailleurs, et
qui, à raison de son insolubilité dans l’eau, peut être facilement éli-
minée. Il_est également aisé d’en obtenir la purification, à l’aide d’une
nouvelle sublimation rapide.
» Ainsi je crois pouvoir affirmer que l’action de la chaleur sur les acides
méconique et gallique, n’est réellement comparable qu’en ce qu'il y a de
( 390 )
part et d'autre de lacide carbonique et un acide pyrogéné de produits;
mais du reste la marche des deux distillations modérées diffère essentielle-
ment, puisque dans un cas il y a deux périodes bien distinctes, tandis que
dans l’autre la réaction est continue.
» La nature du résidu de la distillation de l'acide gallique varie beaucoup
plus qu’on ne le pense, selon l'intensité et la durée de la chaleur produite.
Je vais entrer dans quelques détails à cet égard.
» Lorsqu'on n’élève pas la température à plus de 210° il se dégage fort
peu d’acide carbonique , et à peine recueille-t-on quelques paillettes d’a-
cide pyrogallique. Si après avoir maintenu plusieurs heures la température
à ce degré, on laisse refroidir, on trouve l'acide gallique aggloméré en
une seule masse grisâtre, sonore et assez poreuse. Cette masse se délite
facilement dans l’eau ; mais bientôt elle en absorbe une partie et se solidifie
avec elle. Si l’eau est en excès, une portion notable de ce produit, se dis-
sout même à froid, et cette solution ‘est légèrement astringente. Tout se
dissout dans l’eau bouillante et l’on obtient par ce refroidissement une belle
cristallisation d’acide gallique, mais un peu rougeûtre.
» Lorsqu'on élève la température de 225 à 230°, l'acide entre en fusion,
on le voit bouillonner dans la cornue et si après l’avoir maintenu à ce de-
gré pendant deux ou trois heures on arrête l'opération, on trouve pour
résidu une masse noirâtre brillante, presque entièrement soluble dans une
petite quantité d’eau froide. Cette solution étant filtrée est d’un brun rou-
geñtre, d’une saveur analogue à celle du cachou et chose remarquable,
elle précipite abondamment la gélatine dissoute. J'ai été amené à fraction-
ner ainsi cette distillation pour vérifier une prévision de Liebig qui dit dans
le tome LVJI des #nnales de Chimie et de Physique : « qu’en dernière ana-
» lyse, l'acide gallique pouvait être considéré comme formé de quatre
» atomes d’acide carbonique et quatre atomes d’acide pyro-gallique , tan-
» dis que le tannin serait représenté par trois atomes d’acide carbonique
» et quatre atomes d'acide pyrogallique; de telle sorte que si l’on pouvait
» parvenir à enlever à l'acide gallique le quart de son acide carbonique, on
» devrait retomber sur le tannin. » Quoique ce raisonnement ne me parût
que spécieux, j'étais bien aise de voir ce qui résulterait de cette soustrac-
tion d'une portion de l'acide carbonique , et je n’ai pas été peu étonné de
retrouver là une matière tannante. Je dis une matière tannante, car elle
n’a du tannin que la saveur astringente et la propriété de précipiter la
gélatine animale: elle ne forme point de combinaisons insolubles avec les
bases organiques, etc. Déjà Berzélius avait signalé ce résultat et je l’ignorais
(391 )
lorsque j'ai fait mon expérience ; mais il ne l’a cité que comme une preuve
que l'acide gallique le mieux purifié contenait encore du tannin et qu’il ne
fallait rien moins que la distillation pour l’en débarrasser compléte-
ment, tandis qu’il est bien évident que cette matière tannante est produite
par la réaction même de la chaleur.
» À une température un peu plus avancée encore , une portion notable
du résidu demeure insoluble dans l’eau et se dissout très bien dans les al-
calis ; c’est l'acide métagallique de M. Pelouze.
» Enfin le résidu qu’on obtient par une distillation brusque et à feu nu,
n’est que du charbon , comme il était aisé de le prévoir.
» Je demanderai la permission, puisque l’occasion s’en présente, d’in-
sister un peu sur les acides pyrogénés et de rapporter quelques idées qui
se sont offertes à mon esprit en me livrant à ce genre de recherches.
» Je sais qu’onse rend facilement comptede cesnombreuses modifications
en disant que si l’opération n'offre pas toujours cette régularité et cette
simplicité de produits annoncées par les formules, cela tient uniquement à
l’inégale répartition de la chaleur qui s'accumulant plus en certains points
que dans quelques autres, détermine une décomposition plus avancée
et donne par conséquent naissance à de nouveaux produits; mais je sais
aussi qu’en tenant un pareil langage on n’est pas toujours dans le vrai, et
je crains bien qu’on nese laisse plutôt entrainer par la séduisante simplicité
des formules que guider par la réalité des faits. Ici, par exemple, bien qu'il
soit démontré par l’analyse que l'acide pyrogallique ne diffère de l’acide
gallique, que par un atome d’acide carbonique, il n’en est pas moins cer-
tain que ce ne sont pas les seuls produits fournis par la distillation sèche de
l'acide gallique quelque modérée , quelque régulière qu’elle soit. Du moins
je n’ai jamais pu approcher de la simplicité de ces résultats, J'ai toujours ob-
servé qu'ilse dégageait de l’eau, quoiqu’en petite quantité, à toutes les épo-
ques de la distillation; j'ai toujours vu aussi que la matière tannante dont jai
fait mention , et qui, je crois bien, est elle-même un produit complexe, se
forme conjointement avec l'acide pyrogallique , et ce n’est pas, comme on
pourrait le supposer le résultat d’une réaction partielle et plus avancée de la
chaleur; maisbien au contraireune action coincidenteoumême antécédente.
On peut facilement s’en convaincre en arrêtant l'opération au point conve-
nable, c’est-à-dire alors qu’il n’y a encore qu’une quantité minime d’acide
pyrogallique de produite; car on trouve, dès cette époque; que l'acide gal-
lique a déjà complétement changé de nature, puisque le résidu se dissout
entièrement dans une petite quantité d’eau froide, qu’il est coloré en rouge-
C.R,. 1837, 1€ Semestre. (T, IV, N° 11.) 55
( 392 )
brun, qu'il ne cristallise plus qu’en petits grains sans formes régulières, et
que la solution a la propriété de précipiter la gélatine, tandis que, si on eût
poursuivi la distillation , on serait arrivé à une production plus considé-
rable d’acide pyrogallique, d’eau et d’acide carbonique, puis à un résidu
insoluble dans l’eau, mais soluble dans les alcalis; et tout cela sans outre-
passer la température de 250°.
» Ainsi, je ne pense pas qu'on puisse admettre que la décomposition
soit aussi simple, aussi nette qu’on le prétend ; et, selon moi, il se forme,
non pas accidentellement, mais nécessairement, d’autres produits que ceux
indiqués par les formules. De ce qu’un atome d'acide gallique est exacte-
tement représenté par un atome d'acide carbonique plus un atome d’a-
cide pyro-gallique, or n'est pas plus autorisé, à mon avis, à en conclureque
ces deux produits seraient les seuls à se former si l'opération était bien con-
duite, qu'on ne le serait à admettre, dans la même supposition, que la
distillation sèche de l’oxalate d'ammoniaque ne devrait fournir que de
l’eau et de l’oxamide, puisque ces deux corps réunis représentent l’oxalate
primitif, attendu qu’il est notoire que dans cette distillation on ne saurait
éviter la production de carbonate d’ammoniaque.
» De tous temps les chimistes se sont beaucoup occupés de l’action de la
chaleur sur les produits organiques; mais ce n’est que depuis quelques an-
nées qu’on a cherché à en mieux apprécier les effets. Je crois avoir été un
des premiers à en faire sentir la nécessité; voici du moins comment je m’ex-
primais en 1822, dans le Dictionnaire de Technologie , article Bain-Marie.
« Jusqu'à présent, disais-je, on n’a pas fait assez d’attention à la nécessité de
» rendre bien constante la température des corps sur lesquels on veut étu-
» dier l’action de la chaleur : on serait tout étonné de la grande différence
» que cette régularité apporte dans les résultats: » et j'en citais un exemple.
» Plus tard, j'ai fait voir, en étudiant l’acide méconique qu’une simple
solution dans l’eau de cet acide remarquable, éprouvait, même avant le
point de l’ébullition une réaction telle, qu’il y avait production de deux
composés distincts, savoir , de l'acide carbonique, d’une part, et de l’autre,
d’un acide nouveau, auquel on donna le nom de métaméconique , acide
qui différait essentiellement du premier. Je démontrai aussi que la même
métamorphose pouvait s’opérer sans le concours de l’eau, mais à une tempé-
rature bien supérieure et jamais moindre de 220°. Je fis remarquer encore
que si cette température était maintenue constante, la réaction cessait en-
tièrement au bout d’un certain temps et qu’il y avait là une intermittence
pendant laquelle les éléments du nouveau produit résistaient parfaitement
( 393 )
à l’action divellente du calorique; mais que cette résistance avait sa limite
dans une étendue de l'échelle qui n'allait pas au-delà de 30° et que si l’on
élevait progressivement la température du bain-marie jusqu’à 250° environ,
une nouvelle réaction se manifestait par une émission considérable d’acide
carbonique et par la volatilisation d’un nouveau composé presque neutre
et d’une grande solubilité, c’est-à-dire possédant des caractères tout-
à-fait différents de l'acide produit dans la première période. Je regar-
dais ce fait comme le premier de ce genre qui eût été nettement arti-
culé ét je le croyais assez important pour mériter de fixer l'attention. Il
passa cependant presque inaperçu. Ce fut ma faute sans doute; je l'avais
probablement mal présenté. Quoi qu’il en soit, un de nos plus jeunes et
de nos-plus habiles chimistes eut occasion un peu plus tard en étudiant l’a-
cide gallique de faire des observations analogues et de nouveauxsexemples
étant venus s'ajouter aux précédents , il crut pouvoir en déduire une loi
générale portant :
« Qu'un acide pyrogéné quelconque, plus une certaine quantité d’eau
» et d’acide carbonique, ou l’un seulement de ces deux composés bi-
» naires représente toujours la composition de l'acide qui l’a produit. »
» Je ne sais jusqu’à quel point cette loi, qui ne me paraît pas devoir
être spéciale aux acides, recevra dans toute sa généralité la sanction de
l'expérience; mais ce que je crois pouvoir affirmer dès à présent, c’est que
les produits qu’on appelle acides pyrogénés , ne sauraient être tous classés
dans la même série de composés, car il en est plusieurs qui me paraissent
devoir être rangés parmi les corps nommés indifférents , et qui, examinés
sous ce nouveau point de vue, changeront probablement l’ordre de nos
idées à cet égard.
» M. Dumas a émis sur ce point une opinion qu'il ne fait connaître
que pour la combattre, et qui cependant me parait mériter attention.
« Quand on voit se dégager, dit M. Dumas (1), de l’eau ou de l’acide
» carbonique avec tant de facilité, du sein d’une matière organique qui
» se change en une autre parfaitement pure, on est tenté de croire que
» cette eau ou cet acide préexistaient , et qu'ils ont été séparés par la
» chaleur. Je ne pense pas, ajoute M. Dumas, qu’il en soit ainsi, et je
» crois, au contraire, que ces corps proviennent de l’action réciproque
» de deux composés préexistants dans la matière, qui ont agi l’un sur
(1) Traité de Chimie, tome V, p. 111.
55..
( 394 )
l'autre, à ia façon de l'acide oxalique et de l'ammoniaque, dans la
production de l’oxamide.
» En effet, si par exemple, on peut dire, continue M. Dumas, en fa-
veur de la préexistence de l’acide carbonique, que l'acide méconique,
en perdant un atome d’acide carbonique, perd précisément la moitié
de sa capacité de saturation ; on trouve, dans la même série, une preuve
de la nullité de cet argument. En perdant deux atomes d'acide carbo-
nique, l'acide méconique devrait fournir un corps neutre ou moins
acide que le précédent; au contraire, il fournit un acide deux fois plus
énergique. » ;
» M. Dumas à sans doute eu de bonnes raisons pour s'exprimer ainsi ;
mais je dois avouer qu’en étudiant cet acide, je m'en étais formé une
idée bienydifférente. On en jugera par le passage suivant, extrait du mé-
moire où j'ai consigné mes observations (2).
La
ÿ
« La capacité de saturation de cet acide (l'acide pyroméconique), dé-
duite de son analyse et de la composition du pyroméconate de plomb,
a été trouvée assez forte, bien qu’inférieure à celle des deux autres.
Cependant, si l’on sature des poids égaux de ces trois acides par une
même solution alcaline, on trouve une prodigieuse différence entre
les quantités d’alcali absorbées. L’acide pyrogéné n’exige guère que le
cinquième des deux autres pour manifester une réaction alcaline; et,
chose fort étrange, c’est que les cristaux qui se forment dans cette li
queur alcaline, sont de l'acide presque pur. Il semblerait que ces deux
corps ne peuvent se combiner par leur contact, du moins à la tempéra-
ture ordinaire. » i
» Plus loin, je dis en outre : « Lorsqu’on voit ainsi une série de corps qui
semblent dériver les uns des autres, la première idée qui s'offre à l’esprit,
c'est que ces corps ont un type commun qui se trouve plus ou moins
modifié par des matières étrangères; mais s’il en était ainsi pour le cas
qui nous occupe, la capacité de saturation irait toujours croissant à me-
sure qu’on approcherait davantage de la pureté, et, à ce compte, notre
acide pyrogéné devrait l'emporter sur les deux autres , et c’est préci-
sément le contraire qui arrive. Cependant si nous observons que ces
trois acides méconiques conservent, au milieu de toutes ces perturba-
tions, une propriété qui est comme le type de la famiile, il nous faudra
(2) Annales de Chimie et de Physique, tome LI, p. 256.
( 395 )
» bien admettre l’existence d’un radical inamovible qui porte son ca-
» ractère essentiel partout. »
» On voit donc que j’admettais alors et contrairement aux idées de l’é-
poque, la préexistence dans les acides méconiques d’une sorte de radical,
non susceptible d'entrer en combinaison avec les alcalis; et je dois ajouter
que ne pouvant concilier cela avec la légère acidité du produit pyrogéné,
j'étais tout disposé à attribuer celle-ci à un acide étranger, à l'acide acé-
tique, par exemple, que je savais se former en même temps. Aussi, avais-
je annoncé que je me proposais d'étudier de nouveau l'acide pyroméco-
nique sous ce rapport, et il n’a fallu rien moins que l'impossibilité de me
procurer ce produit pour différer cet examen. Quant à la capacité de satu-
ration, déduite du pyroméconate de plomb, on connaît toute la difficulté
qu’on éprouve à obtenir ces sortes de combinaisons dans un état de pu-
reté absolue, et combien il est facile de se tromper à cet égard.
» Ce que j'ai dit de l'indifférence de l’acide pyroméconique, sera à mon
sens plus facile encore à admettre pour l'acide pyrogallique ; car celui-ci,
dès sa première obtention, n’affecte pas sensiblement le tournesol, et Ber-
zélius l’a reconnu dès long-temps.
» J’ai cherché à établir comparativement la quantité de potasse néces-
saire pour saturer des poids égaux d’acide gallique et d'acide pyrogallique ;
celui-ci avait été purifié par une deuxième sublimation ; jai pris un gramme
de chacun d’eux, que j'ai fait dissoudre dans des volumes égaux d’eau pure.
L’acide gallique a exigé 4,51 de la solution alcaline pour sa complète satu-
ration ; l’autre a ramené le tournesol au bleu, dès la première goutte de
potasse. Ainsi il me paraît assez évident que la conséquence à laquelle
M. Dumas arrive, dans l'hypothèse où l'acide carbonique pourrait être
considéré comme préexistant, loin d’être démentie par les faits, se trou-
veraitau contraire fortement appuyée par eux; et puisqu'on veut que beau-
coup de produits, que nous avons tout lieu de supposer parfaitement
anhydres, en raison de leur grande stabilité à des températures élevées ;
puisqu'on veut, dis-je, que ces corps contiennent néanmoins de l’eau toute
formée, dont ils ne peuvent s’isoler qu’en se combinant avec certains corps;
on ne devrait pas trouver plus de difficulté à admettre que l’acide carbo-
nique préexiste réellement dans certains acides, et que cet acide carbo-
nique, ou ses éléments, devient la source de leur acidité, puisque leur
capacité de saturation diminue à mesure qu’on l’élimine. C’est un fait que
j'ai eu occasion de vérifier pour quelques autres acides organiques , et par-
ticulièrement pour l'acide tartrique. En effet, si l’on chauffe cet acide assez
( 396 )
seulement pour obtenir ce que Braconnot a nommé l'acide fartrique mo-
difié, on trouve que celui-ci, comparé à l'acide primitif, a déjà perdu un
tiers environ de sa force saturante.
» On pourrait donc, jusqu’à un certain point, considérer ces acides
comme étant des espèces de carbonates dont les prétendus acides pyrogé-
nés seraient les bases et en partant de ce même point de vue, l’oléone, la
margarone , la stéarone, l’acétone, la succinone, etc., forméeraient les bases
de leurs acides respectifs dont l'acidité ressortirait également de l'acide car-
bonique, et je ne fais nul doute que bon nombre d'acides SR se
trouveront dans lc même cas.
» De nouvelles recherches seraient nécessaires pout venir nous éclairer
à cet égard , et nous assurer s’il n’en est pas de l'acide carbonique, par rap-
port aux acides organiques, comme de l’ammoniaque par rapport aux bases
organiques dont la capacité de saturation dérive, sinon de l’ammoniaque
elle-même comme je l'avais admis dès le principe, du moins de ses élé-
ments, ainsi que l’a établi M. Liebig dans ces derniers temps.
» Au reste, ces considérations neus font voir clairement qu’il existe
pour certains composés une manière d’être de leurs élémens qui nous est
tout-à-fait inconnue : on pourrait donc dire, en quelque sorte, que là, cette
eau, cetacide carbonique, cette ammoniaque sont et ne sont pas. Leurs élé-
ments se trouvent en présence et dans une sorte de disponibilité, qu'on
veuille bien me pardonner cette expression; je les considère comme étanttout
prêts à se réunir dans tel ou tel ordre, dans telle ou telle proportion, sui-
vant l’influence du moment, et c’est là ce qui rend si difficile, pour moi du
moins, d'ajouter foi eritière à ces combinaisons binaires dont on nous af-
firme si positivement la'préexistence dans la plupart des composés organi-
ques. Leurs éléments s’y trouvent, sans aucun doute; maïs ces mêmes élé-
ments peuvent aussi constituer d’autres combinaisons, et lesquelles devront
alors être considérées comme réellement préexistantes. Je ne pense pas que
cette question puisse être de long-temps résolue d’une manière positive. »
( 397 )
RAPPORTS.
PAPIERS DE SURETÉ.— Rapport sur le papier de sûreté de M. Mozarr.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dulong, de la section de physique; et tous
les membres de la section de chimie, MM. Deyeux, Thénard, d’Arcet,
Chevreul, Robiquet, Dumas, rapporteur.)
« L'Académie a donné son approbation à deux rapports de la Commis-
sion des encres et papiers de sûreté, où celle-ci met en évidence toute
l'utilité d’une encre indélébile, bien préparée, et où elle indique le parti
plus borné, mais réel, que l’on peut tirer d’une vignette délébile, imprimée
au moyen de l'encre ordinaire. La préparation de ces deux produits est
fondée sur des principes absolus, ce qui explique la préférence dont ils
sont l’objet de la part de la Commission.
» En effet, si elle a conseillé l'emploi de l'encre de Chine, convenable-
ment acidulée (1), comme encre indélébile; c’est qu’on ne connaît, jus-
qu'ici, aucun corps capable de la dissoudre; c’est que la Commission n’a
jamais pu extraire cette encre tout entière par des procédés mécaniques,
une fois qu’elle avait pénétré profondément dans le papier.
» De même, quand la Commission a conseillé l'emploi de vignettes délé-
biles, imprimées avec l’encre ordinaire, c’est qu’elle pensait que le caractère
fondamental d’une semblable vignette, consiste précisément dans l'identité
absolue de son encre avec l’encre ordinaire de l’écriture. Par là, on est
parfaitement assuré que si l'écriture en encre ordinaire est attaquée, la vi-
gnette le sera aussi. On est également certain que la vignette demeurera
intacte , tant que l'écriture elle-même n’éprouvera pas d’altération.
(1) Lorsque la Commission a fait son premier rapport, en 1831 , on n’employait pour
ainsi dire que le papier collé à la colle animale , de telle sorte que l'encre de Chine, fai-
blement acidulée pénétrait bien dans la pâte du papier. Mais, depuis cette époque, le
collage fait au moyen de l’amidon , du savon résineux et de l’alun est devenu d’un usage
général. La pénétration de l’encre de Chine acidulée ne s’opérant pas aussi bien dans cette
espèce de papier, il devient nécessaire d’augmenter la quantité d’acide ou d’accorder la
préférence à l’encre alcaline, dont la Commission a parlé dans son dernier rapport.
Du reste, la Commission se propose de faire à ce sujet une série d’expériences propres
à fixer les nouveaux dosages d’une manière exacte , etelle en rendra très prochainement
compte à l’Académie,
(695) 10:
» Bien plus, quand même il existerait une matière capable de subir des
modifications exactement proportionnelles à celles de l'encre ordinaire,
sous l'influence de tous les agents connus, la Commission en repousserait
l'emploi, s’il s'agissait de la fabrication d’un papier légal; convaincue que
cette parité dans les réactions" disparaîtrait par la suite, à mesure que la
marche de la science ferait découvrir des agents nouveaux. Ce point de vue
explique pourquoi la Commission a mis de côté, jusqu'ici, non-seulement
tous les procédés de ce genre qu’elle aurait pu imaginer , mais encore ceux
qui avaient été soumis à son examen. Elle a dü s’occuper des moyens de
sûreté absolus, avant de parler de ceux que leur nature condamne à n’offrir
autre chose que des garanties relatives.
» Tel est le caractère d’une espèce de papier de sûreté, qui, dans ces der-
niers temps, a été livré au commerce et préconisé, comme éminemment
propre à prévenir toute falsification d’écriture. Nous voulons parler du pa-
pier connu sous le nom de papier Mozard, bien que M. Mozard n'ait pas
été le premier à entretenir l’Académie de ce genre de produits.
» En effet, ce papier nous est arrivé d’abord sous le nom de papier sen-
sitif ; il nous était soumis par M. Debraine, qui avait combiné sa recette
avec assez d'art pour qu’un obstacle réel vint s'opposer à l'emploi de cha-
cun des réactifs mis en usage par les faussaires, dans les circonstances les
plus communes. On va le voir néanmoins : cette recette était insuffisante;
elle était d’ailleurs fort compliquée. Bientôt, la propriété du procédé passa
en d’autres mains, la recette fut simplifiée , et à diverses reprises, on a
cherché les moyens de lui donner les garanties qui lui manquaient pour
répondre aux objections et aux exigences de la Commission, qui s’est
trouvée, relativement à cette affaire, dans une situation qu’elle aurait dû
faire cesser plus tôt. Quand elle élevait quelque difficulté grave contre l’em-
ploi de ce papier, les propriétaires du procédé lui demandaient un sursis.
Dès qu'ils croyaient l'avoir levée, ils se plaignaient hautement de ce que le
rapport ne se faisait pas, accusant ainsi la Commission des retards qu'ils
avaient souvent sollicités eux-mêmes.
» Ainsi, le papier sensitif nous est parvenu le 11 décembre 1833; mais
le 5 août 1834, l’auteur demandait que le rapport füt différé. Ainsi, on
nous transmettait de nouveaux papiers le 5 avril 1835; mais le 13 juin,
on demandait un sursis. Le 26 juin de la même année, on pressait le rap-
port, mais le 15 novembre, on n’en voulait plus, ou du moins on de-
mandait que le rapport ne s’occupât que d’un papier filigrané, qui réalise
à peu près le papier à vignette délébile de l’Académie, et qui diffère à tous
égards du papier sensitif,
( 399 )
» Obligés de varier ainsi leurs procédés à chaque instant pour répondre
aux objections de la Commission, les fabricants de ce papier de süreté
ont dû se livrer à une foule de tâtonnements, qui produisaient des papiers
imparfaits contre lesquels s’élevaient des objections nouvelles. De, là,
beaucoup de petits incidents dont il est inutile de rendre un compte dé-
taillé à l'Académie, «et que nous laisserons de côté pour nous attacher à
l'examen des échantillons de papier que M. Mozard nous a présentés comme
étant ses meilleurs produits, et que nous avons pu considérer, en effet,
comme tels. Ainsi, les premiers papiers qu’on nous a remis étaient mal
fabriqués, d’une épaisseur et d’une teinte inégale ; les deux faces de la
feuille n’offraient pas la mémenuance; le réactif qui doit les rendre papiers
de‘süreté était inégalement réparti. Ces défants ont successivement dis-
paru , et ils tenaient moins, en effet, à la nature des procédés qu'à l'inex-
périence des ouvriers.
» En supposant que la fabrication soit régularisée sous ce rapport, et.elle
peut l’être, comme le prouvent les papiers mis sous les yeux de l'Académie,
examinons en quoi corsistent les propriétés de ce papier de sûreté.
» Comme on voit, il est incolore ou légèrement coloré. Or, il change de
couleur et se colore presque toujours fortement quand il est mis en con-
tact avec un réactif capable d’agir sur l'encre ordinaire.
» Les acides le colorent plus ou moins fortement en bleu.
»Les alcalis lui donnent une teinte brune.
» L’eau de javelle, le chlorure.de chaux le colorenten brun.
».Mis en contact avec la dissolution aqueuse de chlore, il devient
brun, et les caractères de l'écriture, quand le papier en porte, après
avoir disparu momentanément, reparaissent bientôt, puis s’effacent
tout-à-fait.
» En un mot, quoique l’'ammoniaque et le vinaigre agissent faiblement
sur lui, il n’en est pas moins. vrai qu’en général un réactif capable d’al-
térer l'écriture que ce papier porte lui fait éprouver à lui-même des mo-
difications de teinte plus ou moins prononcées.
» Le papier dont il s’agit doit toutes ces propriétés à des réactifs chimi-
ques qu’on introduit dans sa pâte. Ils sont insolubles dans l’eau et inco-
Jores,, mais les acides, les bases, le chloreæt les chlorures décolorants:les
décomposent tres promptement et donnent ainsi naissance à des combi-
naisons nouvelles-et colorées.
» Quelquefois, ce papier est coloré lui-même uniformément d’une teinte
bleue, rosée ow jaune, qui est délébile,, ais à laquelle la Commission n’a
CR. 1837, 17 Semestre, (T. IV. N° 44.) 56
(400 )
pu attacher aucune importance bien convaincue que cette teinte s’efface-
rait ou se modifierait du moins sous l'influence de la lumière et qu’elle ne
‘saurait offrir aucune garantie en elle-même.
» Abstraction faite de la teinte de ce papier et tenant compte seulement
des variations éprouvées par les réactifs qu’il renferme, voyons s’il peut
s'opposer aux falsifications d'écriture , s’il peut prévenir le lavage des vieux
papiers timbrés et s’il n’offrirait aucun inconvénient particulier, dans le
cas où il serait adopté par l’administration.
» En effet, ce papier de sûreté a été non-seulement offert au commerce
et aux particuliers, mais il l’a été aussi à l'administration. M. le Ministre
de la Justice a même chargé l’Académie d’examiner les échantillons qui lui
avaient été adressés, et cette circonstance nous a obligés à soumettre ce
papier à des épreuves plus complètes et plus sévères; car il s’agit, comme
on le voit, d’un papier qu’on annonce comme également propre à la con-
sommation journalière des particuliers, aux transactions du commerce, à la
correspondance des ministres, à la fabrication des passeports et registres
de l’état civil, enfin à la fabrication du papier timbré.
» Examinons d’abord, s'il peut prévenir, en effet, le lavage du papier
timbré.
» La Commission ne le pense pas, quoiqu’elle n’ait pas pu le prouver par
une expérience directe, puisque le papier timbré actuel n’est pas fabriqué
au moyen de cette espèce de papier. Mais elle s’est assurée qu’on parvient
très facilement à enlever au papier Mozard tous ses réactifs et qu’on le
change ainsi parfaitéèment en papier ordinaire. Elle s’est assurée également
que l’on peut donner au papier ordinaire les réactifs dont il s’agit, et le
convertir ainsi en papier Mozard. Ces deux opérations se font rapidement
et par des procédés économiques.
» Ainsi, supposons que notre papier timbré actuel avec ses trois timbres
indélébiles fût fabriqué au moyen du papier Mozard, qu’en arriverait-il,
quand bien même il serait impossible d’en effacer l'écriture, ce qui n’est
certainement pas exact? Pas autre chose, sinon que les laveurs de papier
timbré enlèveraient en même temps l'écriture et les réactifs, et qu’ils res-
titueraient ensuite ces derniers. En fabrique, cette-opération n’offrirait au-
cune difficulté. À la vérité, M. Mozard ajoute à son papier timbré un
filigrane délébile que le laveur de vieux papiers timbrés ne pourrait pas
rétablir ; mais la garantie qué ce filigrane présente est tout-à-fait indépen-
dante de celle qu’on doit attribuer aux réactifs mis.dans la pâte du papier,
etil'est évident qu'entre ce filigrane délébile et la vignette délébile de l’A-
( 4or }
cadémie, il n'existe aucune différence sous le point de vue chimique, puis-
que leur coloration est également due à l’encre ordinaire.
» Ainsi, par lui-même, le papier Mozard ne saurait empêcher le lavage
des vieux papiers timbrés et s’il acquiert cette vertu, c'est en s’associant un
filigrane délébile qui suffirait à lui seul pour cela. x
» Ceci bien établi, on a dit à la Commission : laissons de côté le lavage des
vieux papiers timbrés, mais ne trouveriez-vous pas, du moins, quelque
avantage en ce qui concerne les faux, à imprimer cette vignette délébile sur
le papier Mozard? n’y aurait-il pas là une double garantie, puisque le papier
timbré se colorerait en même temps que la vignette s’effacerait, puisque le
faussaire aurait à lutter contre deux obstacles, et qu’il aurait à la fois à ré-
tablir la vignette et à restaurer la teinte du papier ?
» La Commission a dû chercher d’abord si le papier Mozard offrirait à
l'administration du timbre des garanties convenables de durée. Quoiqu’elle
ne puisse offrir à ce sujet que des probabilités, elles sont fondées pourtant
sur des circonstances qui méritent l’attention la plus sérieuse de la part de
l'administration du Timbre.
» En effet, le papier Mozard , tel que nous l'avons reçu ,semble retenir
plus d’eau que le papier ordinaire. Divers échantillons ont perdu par la
dessiccation, tantôt 5, tantôt 6 et tantôt même 8 pour 100 d’eau. Dans les
mêmes circonstances , le papier ordinaire n’en perdait que 3 ou 4 pour 100.
Si le papier Mozard possède cette propriété d’une manière constante , qu’elle
ne tienne pas à quelque accident de fabrication , susceptible d’être corrigé;
ce défaut serait grave. Parmi les causes qui tendent à altérer le papier, on
sait que l’action de l'humidité est l’une des plus efficaces, et la Commission
pense qu’un papier trop hygrométrique doit être par cela seul repoussé par
l'administration.
» Il ne faut pas croire d’ailleurs qu'il soit indifférent, sous le rapport de
la durée, d’ajouter des réactifs à la pâte du papier. Il est beaucoup de
corps susceptibles d’être utilisés comme moyens de sûreté et dont la Com-
mission blämerait l'emploi, car ils pourraient à la longue en altérer la
fibre. Dans le cas actuel, elle doit dire cependant que les réactifs em-
ployés sont de telle nature, qu’ils ne peuyent nuire à la durée du papier,
qu’en lui donnant de la porosité, comme le ferait une poudre quelconque.
» Mais le papier Mozard est plus combustible que le papier ordinaire.
Il est même quelquefois tellement combustible, qu’il brûle éomme de l’a-
madou. Pour quelques-unes des variétés de ce papier, il suffit d’en allumer
un fragment, d’éteindre la flamme .et d'abandonner le papier à lui-même ,
56.
-( 402 )
pour le:voir brüler jusqu’à la dernière parcelle et quelquefois même en
scintillant, comme s’ilcontenaitdu nitre. Il est possible que: cette combus-
tibilité singulière tienne à quelque vice de fabrication; car elle ne nous a pas
semblé en rapport avec la proportion de réactif contenue dans le papier:
» À peine cet inconvénient lui était-il signalé, que M. Mozard s’est atta-
ché à le faire disparaître. Il y est parvenu, mais c’est, jusqu'ici, encréduisant
la dose de ses réactifs, et en la réduisant à un tel degré, que la sensibilité
de son papier s’en trouve:béaucoup trop diminuée: En effet , tandis que ses
anciens échantillons, assez variables d’ailleurs, renfermaient de 6 à 12
pour 100 des réactifs qui leur assignent un caractère utile; dans les der-
niers , M. Mozird a réduit cette dose à moins de 2 centièmes. Dés-lors, son
papier ne reçoit plus que des colorations fort nee de la’ part des
agents chimiques.
» Ges hésitations montrent assez que le papier Mozard n'est pas fabriqué
avec la précision qui est indispensable pour tout papier destiné à devenir
le dépositaire des actes publics ou privés; et, dans l’état dés’ choses,
c'est à peine si nous oserions assurer qu'on pourra le fabriquer d’une ma-
nière constante. Nous serions même positivement hors d'état d'indiquer à
quelle dose les réactifs qu’on fait entrer dans sa pâte devraient être em-
ployés, pour être suffisamment utiles, sans devenir nuisibles.
» Mais, il ÿ a plus, le papier Mozardest destiné à décélerles tentatives
de faux, par la production de taches uniformes ou capficieusement zonées,
et la Commission est très loin d'admettre que des taches de cette nature
puissentavoir toute l'autorité qu’on veut leur accorder:
» Livré à la consommation, le papier Mozard, comme tous les autres
papiers; serait exposé, en effet, à des accidents domestiques de nature à
le mettre en contact avec des acides ou des alcalis, et s’il en résultait des
taches, celles-ci ne fourniraient-elles pas un prétexte d'accusation injuste
contre l'honnête homme, une excuse habilement ménagée pour le fripon?
Or, il faut en convenir, le vin, le vinaigre, l’eau de savon, l'urine pourrie
produisent sur ces papiers des effets analogues à ceux que les acides ou les
alcalis y font naître. Le café, les fiibub colorées peuvent y occasioner
des taches difficiles à distinguersde gelles qui auraient été produites dans
une tentative maladroite de faux. Ges faits posés, n’est-il pas à craindre
qu'a l'aspect de tant de maculatures-accidentelles, les'experts fussent très
embarrassés de décider si celles qui seraient soumises à: leur examen, de-
vraient être attribuées à la main d’un faussaire ou au: contact fortuit de
l'un des liquides déj eités? On peut étre assuré d'ailleurs, que le faussaire
(403 )
ne manquerait pas de prendre quelque précaution, quand il verrait que, -
malgré tous ses efforts, il reste quelque tache permanente sur la portion
de papier où il a opéré. La première qu’il mettrait tout naturellement en
usage, consisterait à noyer cette maculature, au moyen d’une autre plus
étendue et produite par du vin, du café, où par toutautre liquideanalogue.
» Jusqu'ici nous avons raisonné comme si le papier Mozard renfermait
véritablement un réactif incolore, qui se colorerait constamment quand
on parviendrait à effacer l'écriture , et l’on peut voir que dans cette hypo-
thèse même ce papier ne mériterait pas les éloges dont il a été l'objet
de la: part de quelques chimistes qui n’en:avaient pas fait sans doute un
examen assez approfondi.
» Mais quoique-personne jusqu'ici hors de la Commission n'ait pu faire,
nous dit-on, ni un faux général ni un faux partiel sur le papier Mozard,
cette inviolabilité est-elle bien réelle? 4 priori, aucun de nous n'y aurait
cru, car l’art de s'opposer aux faux repose sur des principes auxquels le
papier Mozard ne satisfait pas entièrement. Ainsi, quand bien même
nous aurions échoué dans nos tentatives, nous aurions tenu un langage
très réservé, convaincus que de plus habiles que nous auraientpu réussir.
» Toutefois, un faux général devait s’exécuter sans peine sur papier
Mozard , puisque rien n’empèchait de lui ôter ses réactifs.
» En effet, sur une pièce nous avons conservé la signature de M. Mozard,
effacé quelques lignes d'écriture, et converti le papier primitif en papier
ordinaire. Sur une/autre, nous avons conservé la signature de M. Mozard
ainsi que quelques mots d'é criture; puis effaçant tout le reste, nous avons
encore transformé le papier Mozard ‘en papier ordinaire. Or, il est bien
clair que rien ne prouve à présent que le papier employé fût primitive-
ment du papier Mozard, et d’ailleurs, ainsi que nous l'avons déjà dit, rien
n'empêcherait de lui rendre ses réactifs , si on le jugeait nécessaire.
» Bien plus, nous avons pu effacer Lécritare en entier, sauf quelques
mots, sauf la signature de M: Mozard, par exemple, et cela, sansttoucher
en rien aux réactifs que son papier enfermés, sans modifier même la
nuance de celui:ci.
» Nous n'avons point à nous expliquer ici sur les procédés que nous
avons. mis en usage. Qu'il nous suffise dénoncer les faits’ et d’en produire
les‘preuves.
» D'après ce que nous venons: de dire,-on prévoit que bien qu'un’ faux
partiel soit beaucoup plis difficile qu'un faux général, cependant un faux
partiel lui-même devait être possible sur ce papicr, quoiqu’en aient dit les >
{ 4o4 )
personnes qui en ont fait l’objet de leurs expériences et qui en Ont en-
tretenu le public. :
» Sans doute une page d'écriture étant donnée, on ne parvient pas du
premier coup à en effacer quelques mots sans laisser trace de l’écriture
ou sans produire une tache visible sur le papier.
» Mais on y parvient, et nous l’avons prouvé , en -effaçant sur des papiers
écrits par M. Mozard tel mot, telle portion qu’il a voulu, sans que la
teinte du papier ait subi la plus légère altération, sans que ses réactifs
aient éprouvé le moindre changement. Les procédés qui permettent d’o-
pérer ces altérations d'écriture ne sont même ni bien difficiles à découvrir,
ni surtout difficiles à mettre en œuvre. La Commission s’est attachée à dé-
montrer qu’elles pouvaient avoir lieu sur des encres anciennes tout comme
sur des ‘encres récentes, et qu’elles pouvaient se faire tout aussi bien sur
du papier écrit avec la meilleure encre ordinaire que sur celui où l’on
avait fait usage d’une mauvaise encre.
» En ce qui concerne le papier de sûreté ordinaire de M. Mozard, la
Commission peut donc résumer ainsi les observations qu’elle a faites sur
son compte :
» Il est plus humide que le papier ordinaire; il est plus combustible; il
paraît plus altérable.
» Les’ réactifs qu’il contient se colorent sous l’influence de la sueur, de
l'urine pourrie, de l’eau de savon, du vinaigre, du jus de citron. Le vin,
le café, le thé lui-même y produiraient des taches suspectes.
» Enfin, la falsification des écritures s’opère tout aussi bien sur ce pa-
pier que sur le papier ordinaire, quand on écrit sans précaution, avec de
l'encre commune, ainsi quele pratique M. Mozard.
» En examinant la nature des réactions auxquelles les éléments de l’en-
cre et ceux du papier Mozard peuvent donner naissance, la Commission
s'est bientôt convaincue néanmoins qu’on pouvait faire de ce papier un
usage mieux raisonné. Le papier Mozard possède en effet, deux propriétés
distinctes, et qui n’ont certainement pas été démélées par ceux qui l'ont
fabriqué. Il décèle l'emploi de certains agents de falsification par les taches
que ceux-ci produisent; c’est là ce,qui a fixé l’attention jusqu'ici et ce que
la Commission trouve de peu d'importance. Mais à cette propriété, il en
joint une autre : car il peut, sous certaines conditions, faire éprouver à
l'encre employée de tels changements, que les caractères qu’elle produisait
se convertissent en caractères bleus , bien plus difficiles à effacer que ceux
produits par l’encre commune.
( 408 )
» Ces caractères bleus se développent toujours, quand on écrit sur lé
papier Mozard avec uneencre peu gommée et qu’on essaie ensuite de faire
un faux partiel. Dans le dossier, il existe un grand nombre de lettres de
M. Mozard. Plusieurs fois, il nous a adressé des pièces qu’il nous défiait de
falsifier, et l’on aurait dû s'attendre à le voir en pareil cas, faire usage de
toutes les ressources que son papier pouvait offrir. Il n’y aurait certaine-
ment pas manqué , s’il les eût connues; mais la vérité est que toutes les fal-
sifications que nous avons tentées sur sa correspondance ont réussi sans
difficulté, ainsi que celles que nous avons essayées sur les pièces qu’il nous
défiait d’altérer.
» Ainsi, M. Mozard n'avait pas su se garantir des inconvénients du
procédé de collage actuel ni choisir l'encre la plus convenable à son pa-
pier, il n'avait pas su.se placer dans les meilleures conditions. La Commis-
sion s’y est mise, autant qu’elle l'a pu; elle a écrit avec une encre très peu
gommée, et le faux partiel en est devenu plus difficile; mais il a néan-
moins été possible.
» Elle a été plus loin, et pour faciliter la pénétration de l'encre , elle a
écrit sur du papier Mid le faux partiel est \devenu plus difficile en-
core, mais On a pu néanmoins l’exécuter.
» EnGn , et pour réunir d’un seul coup les conditions les plus favorables
au papier Mozard , la Commission a écrit sur du papier très mince, d’un tissu
lâche , après l'avoir humecté, et elle s’est servie d’une encre très coulante.
Au moyen de cette réunion de circonstances, le faux partiel est devenu
excessivement difficile, parce qu’il fallait faire disparaitre les caractères
bleus, sans désagréger le papier; mais néanmoins on en est encore venu à
bout. Ainsi, les faux partiels sont devenus de plus en plus difficiles, sans
devenir Pere pour la Commission, qui doit déclarer néanmoins,
qu ‘ainsi émployé, ce papier lui a offert plus d'obstacles qu'aucun autre
papier de sûreté chimique dont.elle ait connaissance.
» Malgré toute sa bonne volonté, la Commission n’a donc pas pu tirer de
cette propriété du papier Mozard, un parti assez utile, pour qu’on puisse y
voir une garantie absolue contre les faux partiels. Bien entendu , qu'il n’est
nullement question ici des faux généraux, que cette propriété ne saurait
en rien prévenir.
». Outre les réactifs que renferme la pâte du papier qui nous occupe,
M. Mozard fait usage quelquefois d’un filigrane coloré par une matière délé-
bile ; son introduction se fait au moment même de la fabrication du papier.
Ta machine qu’il emploie fournit deux feuilles minces de papier qui vont
( 406 )
se superposer et se souder sous la pression des cylindres, après que l’une
d’elles a reçu le filigrane coloré. Celui-ci se trouve donc enfermé entreles
deux lames qui composent la feuille.
» M. Mozard s’est servi pour obtenirson filigrane | comme nousil'avons
déjà dit, d'une couleur délébile , et c’est pour nous une occasion de remar-
quer de nouveau, combien, faute de principes arrêtés sur cette matiere, les
personnes qui s’en occupent sont sujettes à se jeler dans une fausse di-
rection. En effet, le filigrane délébile de M. Mozard, s’effaçant tout-à-faitet
en même tempsique l'écriture, ne peut prévenir en rien les faux généraux.
Comme il est d’ailleurs susceptible d’être imité manuellement,'il n’ajoute
aucune force à son papier contre le faux partiel. Mienx:valait rendre: ce f-
ligrane indélébile , en l’imprimant , comme la Commission la conseillé, au
moyen du sulfate de baryte ‘coloré par le noir de fumée; car alors, pour
faire un faux général, sur le papier Mozard; il aurait fallu non-seulement
lui enlever ‘sés réactifs, mais encore les lui rendre; ce qui aurait un peu
compliqué l'opération.
» À la vérité, un filigrane indélébile serait sans utihté pour prévenirles
faux partiels et nous avons reconnu qu'ils pourraient se faire à larigueur,
sur papier Mozard, dans les circonstances même.les plus défavorables au
faussaire, ét que dans Les circonstances ordinaires, il n’était pas très diffi-
cile de les pratiquer.
» M. Mozard a cherché un remède à ce défaut dans l'emploi des vignettes
délébiles conseillées par l’Académie et exécutées par M. Émile Grimpé. 11
a couvert son papier des vignettes de cet habile artiste; mais dans ce cas
encore, M. Mozard a fait une application peu utile d'un bon procédé. En
effet, quand nous avons essayé ‘d'effacer quelques mots sur Le papier de
M. Mozard muni de cette vignette, nous y sommes tres bien parvenus : le
papier ne s’est pas coloré, et la vignette s’est ‘effacée. Ainsi, le Papier n’a
présenté d'autre garantie que celle qu'il tirait de la vignette, et si nous
avons fait un faux partiel, à cela près qu'il faudrait rétablir la vignette là
où elle est effacée, on conçoit qu’un faux général n'offrirait aucune diffi-
cuité, puisqu'on ne laisserait pas trace de la vignette elle-même.
» M. Mezard se trouverait donc invinciblement conduit à adopter pour
son papier un filigrane indélébile et une vignette délébile, c’est-à-dire les
deux choses que la Commission juge parfaitement suffisantes pour préserver
le papier ordinaire; où bien il se trouverait forcé de faire ‘usage d'encre
de Chine acidulée ou alcalisée, et la garantie qu’il en obtiendrait serait
encore à peu près la même que celle qu’en obtient de l’emploi de ‘ce
(407 )
moyen sur le papier ordinaire. Nous devons dire pourtant que, dans ce
cas, si l’on parvenait à enlever l'encre de Chine par des procédés méca-
niques, il resterait encore à détruire les caractères bruns développés par
lalcali, ou jes caractères bleus développés par l'acide muriatique, car ces
corps en produisaient de tels ‘en agissant sur le papier Mozard.
» En somme, la Commission arriverait donc à cette conséquence que si,
à l'égard de certainsagents, le papier Mozard, tel qu’il est, offre aux faussaires,
plus d’embarras quele papier ordinaire, il existe des agents à l’égard desquels
son emploi et celui du papier ordinaire ne présentent plus aucune diffe-
rence. Quoiqu’elle ait d’ailleurs indiqué quelques circonstances qui, déve-
loppant dans ce papier un genre d'utilité auquel M. Mozard n'avait pas
songé, en feraient un papier d’une falsification beaucoup plus difficile,
comme on pourrait néanmoins exécuter un faux général ou même un
faux partiel à la rigueur, la Commission a le droit de répéter que pour
produire un papier de süreté vraiment efficace, il faut combiner les diff-
cultés opposées par un réactif chimique avec celle qu’on peut obtenir d’une
application bien entendue des arts graphiques. Ea Commission en était
convaincue, et l'examen le plus scrupuleux du papier Mozard n’a pas
changé ses convictions.
» En s’occupant des papiers de sûreté, la Commission a éprouvé quelque
surprise à voir les principes les plus simples d’une fabrication de ce genre
méconnus par les personnes qui s’en occupaient, et elle a compris qu'il
serait de quelque intérêt de les résumer en peu de mots dans ce rapport.
» On peut diviser les papiers de sûreté en quatre classes :
» 1°, Ceux qui sont teints uniformément d’une couleur délébile. Ils
n’offrent qu’une garantie illusoire, car chacun peut effacer et remiettre la
teinte par un travail manuel;
» 2°, Ceux où la pâte du papier renferme des réactifs sans couleur, mais
colorables par les agents qui effacent l'écriture: Le papier Mozard appar-
tient à cette classe; mais comme on l'a vu, ses réactifs manquent de sen-
sibilité. S'ils en avaient assez, il resterait toujours contre un papier de
cette classe deux objections très graves, car le faussaire pourrait enlever
les réactifs et les restituer ensuite, et les taches que le papier recevrait
actidentellement viendraient toujours embarrasser la décision des experts.
» 11 faudrait chercher en composant un tel papier, à y faire entrer des
réactifs capables de rendre l'encre ordinaire ineffacable ou beaucoup
moins effaçable. C'est le seul genre d'utilité que la Commission puisse leur
reconnaître ;
C. R. 1837. 1€ Semestre. (T, LV. N° 41.) 57
( 408 )
» 3°. On pourrait faire des papiers de sûreté qui joindraient à un fili-
grane indélébile une vignette incolore ou très pâle, et susceptible de se
colorer toutes les fois qu’on essaierait de falsifier écriture. Ils paraissent
capables de s'opposer également aux faux partiels et'aux faux généraux;
mais ils offriraient peut-être moins de garanties que ceux que/la Commis-
sion a déjà indiqués de préférence ; k
» 4°. Viennent enfin!les papiers de sûreté dont la Commission 14" déjà
conseillé l’emploi, et. où la. couleur délébile est imprimée en vignette 1ni-
mitable. Ils s'opposent à tout faux partiel, et à l’aide d’un filigrane indé-
lébile ils préviennent également bien tout faux général.
» Nous souhaitons que:M. Mozard puisse trouver dans ces indications
quelques renseignements utiles. Mais dans l’état actuel de ia question, les
recherches fort longues et fort pénibles auxquelles la Commission a dù se
livrer, la conduisent nécessairement aux conclusions suivantes , qu'elle a
l'honneur de sonmettre à l'approbation de l Académie.
Conclusions.
» 1°. Le papier Mozard ne peut, tel qu’il est, prévenir en rien les faux
généraux ;
» 2°. Bien fabriqué et bien employé, il peut opposer de grands obstacles
aux faux partiels, mais sans les rendre impossibles ;
» &. Son emploi pour la fabrication du papier timbré ou pour celle des
passeports serait donc presque sans avantage, et d’ailleurs il est trop com-
bustible pour qu'aucune administration doive adopter dans son état actuel.»
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Rapport présenté à l' Academie des Sciences sur
la proposition de faire explorer l Algérie dans un but scientifique.
(Commissaires, MM. Puissant, Savary, Mathieu rapporteur.)
« La. Commission de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres , char-
gée de rédiger des instructions relatives aux recherches historiques à en-
treprendre dans l’Algérie, a proposé à l’Académie des Sciences, dans la
séance du 2 janvier dernier, d'intervenir auprès du Gouvernement pour qûüe
l’on adjoigne aux expéditions qui se feront dans l’intérieur du pays quel-
ques personnes ayant pour mission spéciale de déterminer astronomique-
ment des positions géographiques, et de recueillir des observations de
physique terrestre et de météorologie.
( 409 )
» L'Académie nous a chargés de prendre en considération cette propc-
sition, et d’en faire l’objet d'un rapport que. nous avons l'honneur de lui
présenter aujourd’hui.
» L’exploration scientifique qui est projetée fournira, sans aucun doute,
des connaissances précieuses sur l’état actuel de l'Algérie; elle fournira
peut-être quelques points de comparaison intéressants avec l’état du pays
à différentes époques.
» Le Gouvernement , comprenant toute l'importance d’une détermination
exacte de Ja position des lieux occupés par l’armée française, a fait exé-
cuter, par des officiers de marine et d'état-major, des travaux hydrogra-
phiques et géodésiques sur une partie du littoral. Maintenant il s’agit, au-
tant que le permettront les mouvements militaires et l’occupation du pays,
d'opérer sur une échelle plus étendue , de déterminer la position géogra-
phique de quelques points éloignés; de les lier entre eux, s’il est possibie,
par quelques lignes de triangles auxquelles se, rattacheront plus tard les
reconnaissances topographiques que l’on recueille chaque jour dans diffé-
rentes directions. Des officiers de marine et des officiers du corps d’état-
major, munis d'instruments portatifs construits par nos habiles artistes,
exécuteraient, avec toute la précision désirable, ces différentes opéra-
tions sur lesquelles nous croyons inutile d’entrer dans aucun détail. Quant
aux observations de physique et de météorologie, nous ne pouvons mieux
faire que de proposer comme guide les instrugtions rédigées pour .je
voyage de circomnavigation de la Bonite, et qui se trouvent dans le
premier volume du Compte rendu des séances de l’Académie. La partie
générale de ces instructions concernant la physique du globe, et rédigée
par M. Arago, offre le résumé des principales recherches auxquelles on
peut se livrer dans tous les climats.
» La Commission propose donc à l’Académie des Sciences de se réunir à
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres pour recommander à l’atten-
tion du Gouvernement la proposition d'envoyer dans l’Algérie quelques
personnes spécialement chargées .des travaux et des recherches qui pour-
rent intéresser la géographie; la physique, l’histoire naturellé et les sciences
historiques: »
L'Académie adopte le rapport et en approuve les conclusions.
(410)
MÉMOIRES LUS.
MÉCANIQUE GÉLESTE. — /Vote sur un passage du Mémoire de M. Poisson
sur la Théorie de la Lune ,lu à l'Académie le 17 juin 1833; par
M. DE PONTÉCOULANT.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« M. Poisson présente de vive voix quelques observations sur plusieurs
des assertions contenues dans le Mémoire de M. de Pontécoulant, et insiste
pour que la Commission nommée se prononce sur les questions débattues
entre lui et l’auteur du mémoire. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHE. — Recherches sur l'ozokérite de la montagne de Rietrisika, en Mol-
davie; par M. Maraeurr.
(Commissaires, MM. Dumas, Robiquet.)
« L’ozokérite, ou cire fossile de la montagne de Rietrisika (dont un
échantillon existe au Müsée d'Histoire naturelle), fond à 84 degrés centi-
grades , bout à + 300 environ, et sa densité est — 0,946 (1° 20,5). L’ozo-
kérite examinée par M. Schrotter fond à + 62, bout à + 210, et sa den-
sité est — 0,953 (t° 15). La composition élémentaire de ces deux cires
fossiles est néanmoins la même.
Cire de Rietrisika. Cire fossile examinée par Schrotter.
Carbone. .... 86,07.......... 86,20,
Hydrogène... 13,93.......... 13,78
» M. Malaguti, dans la première partie de son travail, a cherché la
cause de la différence qui existe entre ces deux cires fossiles. 11 a vu que
par des traitements alcooliques répétés, on peut séparer l’ozokérite de
Rietrisika en deux parties, dont lune fond à +90, et sa densité est
= 0,957 (t° 17,5); l’autre fond à +75 environ, et sa densité est tout au
plus = 0,852 (t° 20).
» L'analyse élémentaire de la matière fusible à + 90 a donné pour
moyenne :
Uomme cette analyse est conforme à celle de l’ozokérite naturelle, dont le
point de fusion et la densité se trouvent entre le point de fusion et la den-
sité des deux matières isolées par l’alcool, M. Malaguti a conclu que, pour
expliquer la différence entre les deux cires fossiles, il suffit d'admettre que
l’ozokérite est formée d’un mélange en proportions variables de matières à
densité et fusibilité différentes et à composition identique; ce qui n’est pas
sans exemple dans l’histoire des bitumes.
» L'auteur passe ensuite à l'examen des produits pyrogénés de l’ozoké-
rite de Rietrisika. Par la simple distillation, il tire de 100 parties de
matière
74,01 huile;
12,55 matière cristalline,
10,34 fluides élastiques,
3,10 résidu charboneux,
100, 00.
» L'huile qui a une grande analogie avec celle que donnent par la distil-
lation les schistes bitumineux, contient une si grande quantité de paraffine,
que l’auteur signale aux chimistes la distillation de l’ozokérite comme un
moyen d’avoir beaucoup de paraffine, corps qui n’a été que peu étudié
jusqu’à présent.
» La matière cristalline a la même composition et plusieurs caractères de
la paraffine, dont elle diffère par le point de fusion, la densité et la ma-
nière de se comporter à l’action de la chaleur. Cependant l’auteur n’ayant
pas approfondi l’étude de cette matière cristalline, se borne à présenter
comme probable son isomérisme avec la paraffine, et, au lieu de la dési-
gner sous le nom de parafjëine, nom qui ferait croire à la connaissance
exacte de sa nature, il l'appelle simplement cire de lozokérite.
» La cire de l’ozokérite fond entre 56 et58 en un liquide transparent,
qui se fige en une masse semblable à de la cire d’abeilles. Sa densité est
— 0,904 (t° 17); elle cristallise dans l’alcool à la manière de la paraffine.
La moyenne donnée par deux analyses est
Carbone ....... 85,83 — CG — 85,96,
Hydrogène ..., 14,28 —H — 14,04. »
(in)
MÉDECINE. — Description d'un appareil réfrigérant, destiné à étre employé
dans certaines affections cérébrales; par M. H. Brain.
(Commissaires, MM. Serres, Larrey.)
Cet instrument, dont l’auteur présente un modele, se compose d’une dou-
ble calotte sphérique en tôle vernie. L’intervalle compris entre les parois
est destiné à contenir de l’eau ou de la glace pilée qu’on y introduit par un
goulot placé à la partie supérieure. Cet intervalle est divisé par un dia-
phragme en deux parties, l’une antérieure et l’autre postérieure, de sorte
qu'on peut n’en remplir qu’une, et ainsi suivant le besoin, appliquer à vo-
lonté le froid à la région frontale ou à la région occipitale.
L'auteur nomme Rigocéphale cet instrument qu’il annonce avoir déjà
décrit dans une note présentée sous enveloppe cachetée au mois de fé-
vrier dernier.
GHIRURGIE. — Mémoire sur des appareils à extension permanente pour les
fractures des membres inférieurs ; par M. T. FABIEN DE Révieny.
—— Mémoire sur un coup de faux reçu à la partie supérieure de la jambe
droite, et qui nécessita l’amputation de la cuisse ; suivi de la description
d'un bandage et de mécanismes pour les amputés de la cuisse et de la
jambe ; par le méme.
Ces deux mémoires sont adressés pour le concours aux prix de méde-
cine et de chirurgie:
céoroGie. — Carte géologique de l’Asie Mineure dressée par M. Texxer d'a-
près. ses propres observations.
(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Cordier, Élie de Beaumont. )
CORRESPONDANCE.
s0TANIQUE. — Habitation du Marsilea quadrifolia.
M. À. de Saint-Hilaire écrit pour redresser une erreur qui s'est intro-
duite à l'impression dans le rapport qu'il a fait sur un mémoire de M. Esprit
Fabre.
» Dans ce rapport, dit l’auteur de la lettre, en parlant du Marsilea qua-
(413)
drifelia, je disais que cette pétite plante croît dans nos marais. Comme on
devait supposer le rapportécrit à Paris, l'expression , uoique ün peu va-
gue, n’était pas inexacte , puisque le Warsilea quadrifolia se trouve daus
l’Alsace, l’Anjou , l’Orléanais, etc. Mais à Pexpression de nos marais il a été
substitué les marais du midi de la France ; or, pour les botanistes, le midi
de la France c’est la région des olives , et le Marsilea quadrifolia n’a point
encore été trouvé dans cette région; sa limite la plus méridionale, c’est le
Dauphiné et la Guyenne. A la vérité, Picot-Lapeyrouse indique cette espèce
dans une localité des Pyrénées qui m’ést inconnue; mais les Pyrénées
n’appartiennent réellement pas à la région des olives, et d’ailleurs le peu
que dit Lapeyrouse de sa plante donne le droit de présumer que c’est,
non le Marsilea quadrifolia, mais le M. Fabri qu'il a eu sous les yeux. »
ARCHITECTURE | HYDRAULIQUE. — Tunnel sous la Tamise. (Extrait d'une lettre
de M. Brunez à M. Benj. Delessert, en date du 23 février 133.)
« Nous n’avons encore fait que 133 pieds depuis la reprise des travaux
au mois d'avril 1836 , et depuis trois mois nous n’avons fait que 11 pieds;
vous pouvez bien en conclure que nous avons éprouvé des difficultés
extraordinaires. Tel est le fait; mais aussi nous les avons toutes surmon-
tées. La vraie cause de toutes ces difficultés est l’inondation générale non-
seulement des approches de la Tamise, mais encore de toütes les branches
tributaires. Il n’y a pas d’exemple depuis plus d’un siècle d'autant de pluie
et conséquemment d'autant d’inondations et de dégorgements des sources
avoisinant les grandes rivières.
» Pour nous, c’est encore pis qu'ailleurs; les marées excessives appor-
tent tous les jours, et deux fois par jour, une couche d’eau qui a quel-
quefois monté jusqu'à 22 pieds (par exemple avant-hier encore.) Cette
masse d'eau, outre 16 pieds de basse mér, comprime lessources souterrai-
nes, comme ferait une presse de pressoir à cidre qui à chaque tour de vis
dégorge une certaine quantité de fluide.
» Vous concevez bien qu’à 70 où 72 pieds de profondeur ces sources sont
extrémement puissantes; cependant elles ne nous inquiètent nullement.
Ce sont celles qui se trouvent à 5o pieds qui sont les plus abondantes, et,
ce qu'il y a depire encore, c'est qu’elles ont décomposé tout une couche
de sable fin qui a passé à l'état liquide. Je ne doute nullement que nous n’en
ayons eu à peu près 30,000 pieds cubes. Il a fallu plus de 60,000 pieds cu-
bes d'argile en sacs pour remplacer ee vide à mesure qu’il s’opérait; et ce
(414)
qui paraîtra encore plus étonnant , mais en même temps satisfaisant, c'est
que quoique ces sacs, ou quelques-uns de ces sacs, soient descendus jus-
qu'à nous , la colonne d’eau supérieure de plus de 50 pieds au-dessus du
bouclier ne s'est pas frayée un passage.
» Nous sommes parvenus à constituer un nouveau fond à la rivière, et
maintenant nous avançons lentement, je l'avoue , mais c’est toujours beau-
coup faire que d’avoir disposé d’un ennemi si formidable sans lui avoir
donné accès.
» Le bouclier remplit bien ses fonctions, sans cela le fardeau eût été au-
delà de nos moyens. Jour et nuit nous sommes comme en présence d’un
ennemi qui renverserait tout si nous lui laissions seulement un pouce d'ou-
verture.
» Quand on prépare un bâtardeau de 20 à 30 pieds de fondement, on a
recours à deux ou trois rangs de pilotis, outre un bon remplissage, et le
tout à ciel ouvert. À 5o et à 70 pieds, et de plus à 750 pieds de l’ouver-
ture, il faut beaucoup plus de moyens pour maintenir la confiance des
agents. Tous montrent la même confiance.
» Il est même bien extraordinaire que nous n’ayons pas éprouvé encore
un seul accident, et que malgré la grippe qui a attaqué bien de nos
gens, nous n’ayons pas perdu ur seul homme par maladie depuis près de
six mois. De la persévérance, et nous parviendrons jusqu'à la rive de
marée basse opposée. »
PAPERS DE suRETÉ. — Lettre de M. DronsarT, gérant de la compagnie des
papiers de sûreté.
(Renvoi à la Commission qui a fait le rapport sur ces papiers.)
« Chacun comprend maintenant la nécessité de mettre obstacle à ia
falsification des écritures ; nous espérions y être parvenus quand nous
avons créé un papier qui résistait aux efforts de falsifications que nos
propres lumières nous ont permis de tenter : nous avons compris toute-
fois que nos résultats ne suffisaient pas pour décider si ce papier était
ou non inviolable; en conséquence, nous avons cherché la vérité en
dehors de la Commission , et si nous ne l'avons pas trouvée, nous nous
croyons, à cet égard, purs de tout reproche, car nous nous sommes
adressés à toutes les sociétés savantes, à tous les chimistes, en pro-
voquant de leur part l'examen le plus sévère. Sans nous laisser rassurer
par les rapports avantageux que notre papier avait obtenus, nous avions
même choisi hors de l'Académie (puisqu'il ne nous était pas permis de
(415 )
faire un tel choix dans son sein), la personne qui nous paraissait la mieux
faite, par ses lumières, pour résoudre la question qui nous occupait.
M. Pelouze, qui avait bien voulu accepter cette mission, se fera un de-
voir d’attester, nous en sommes convaincus, que nous l'avons pressé
d'employer tous ses soins à opérer des falsifications sur notre papier, et
qu'il n’y avait pourtant pas réussi. A la place de l’encre enlevée, il restait
constamment une tache légère due à l’action des réactifs dont il s’était servi.
» Le rapport de la Commission vient de détruire les illusions dans
lesquelles on nous avait laissés; mais tout en nous donnant le regret de
n'avoir pu résoudre complétement une question qui intéresse si essentiel-
lement la société entière, ce rapport nous a permis d’espérer que l’em-
ploi de nos moyens nous conduirait promptement à une solution si
impatiemment attendue. Nous sommes d’autant plus fondés à l’espérer,
que si nous avons déjà obtenu queiïques résultats eu marchant en aveu-
gles et sans principes , il est bien perinis de penser que nous irons plus
loin, éclairés comme nous le sommes aujourd’hui par les rapports que
la Commission vient de faire, et surtout par les communications bién-
veillantes de quelques-uns de ses membres, qui ont acquis de justes droits
à notre reconnaïissance. Ces communications nous permettent de déve-
lopper quelques points que M. le rapporteur a dü se contenter d’indi-
quer, et qui nous paraissent dignes non-seulement de l'attention avec
laquelle nous allons les étudier, mais aussi de l'attention de l’Académie
et de celle du public.
» 1°. Il y a lieu d'espérer, de l'avis même de la Commission, que la
propriété hygrométrique et la combustibilité de ce papier, ne sont qu’ac-
cidentelles ; et peuvent conséquemment disparaître par l’effet d’une fa-
bricâtion plus soignée. 6
» 2°. Employé conjointement avec l'encre acidulée ou alcaline que
l'Académie recommande, ce papier offrirait les avantages suivants :
» D'abord, il permettrait d'augmenter la dose de lalcali ou de l'acide
destinés à déterminer la pénétration de l’encre de Chine sans qu'il en
résultât d’inconvénients immédiats ou éloignés pour la fibre du papier,
car l’alcali ou l'acide, en pénétrant dans le papier, y seraient immédia-
tement neutralisés.
» De plus, lacide de cette encre donnerait naissance à des caractères
bleus, que la Commission signale comme étant infiniment plus difficiles
à effacer que l’encre ordinaire; et si l’encre était alcaline, elle férait
naître des caractères bruns d’une grande stabilité : en effet, pour le prou-
C. R. 1837, 1% Semestre. (T. LV, N° 41.) 58
(H6)
ver, il suffira, pour les chimistes, de dire que ces caractères seraient
formés de peroxide de manganèse; pour les personnes étrangères à la
chimie, nous ajouterons qu’en se servant de notre papier avec l'encre
de Chine alcaline, on produit exactement les mêmes effets que l’ancienne
commission avait obtenus en formant une encre avec de l’encre de Chine
et l’acétate de manganèse, et exposant ensuite les caractères tracés à
l’action de l’'ammoniaque en vapeur; procédé compliqué, qui se trou-
verait ainsi remplacé par le procédé le plus simple, puisque rien ne serait
changé dans les habitudes de Fécrivain.
» 30. Employé conjointement avec l'encre ordinaire, notre papier ne
s’oppose pas aux faux généraux, ni absolument parlant , aux faux par-
tiels; cependant il résulte des recherches de la Commission, que les faux
généraux deviennent plus difficiles, et les faux partiels beaucoup plus
difficiles par l'emploi de notre papier. Cette garantie serait quelque chose
sans doute, mais nous devons tous admettre, avec la Commission, qu’elle
ne suffit pas.
» Si pourtant les réactifs que nous introduisons dans la pâte du papier,
possèdent la propriété d’écarter de l’art du faussaire les deux tiers, les
quatre cinquièmes peut-être, des agents dont il pouvait disposer, y
aurait-il de la témérité à espérer qu’on parviendra à écarter aussi de cet
art les agents que nos réactifs laissent encore à sa disposition? Nous
sommes convaincus qu’on y parviendra; nous espérons même que notre
conviction sera partagée, quand nous dirons que la Commission eût :
échoué, peut-être, dans ses tentatives de faux partiels, si à nos réactifs
nous eussions ajouté l’un des trois corps suivants :
» Un corps ou un mélange de corps propre à décéler l’action des
acides les plus faibles ;
» Un corps ou un Hoate de corps propre à décéler action des alcahis
les plus faibles ;
» Un corps ou un mélange de corps propre à décéler l'action des ma-
tières désoxidantes dont l'intervention est nécessaire pour rendre soluble
le peroxide de fer de l'encre.
» Mais la pensée d'introduire de tels agents dans notre papier ne pou-
vait s'offrir à notre esprit tant que rous avons ignoré les principes généraux
que la Commission vient de poser, tant que nous n’avons pas élé initiés
aux résultats de ses recherches.
» Enfin ,employés sur papier ordinaire, en façon de vignette délébile,
comme la Commission le reconnaît, nos réactifs peuvent avoir d’utiles
(417)
propriétés : en effet, nous serons bientôt en mesure de fabriquer un pa-
pier ordinaire muni d’une vignette excessivement pâle qui s’effacera ou se
colorera toutes les fois qu’on essaiera d’enlever l'écriture que porterait le
papier. Propriétaires des procédés que M. Grimpé a imaginés, et dont
l’Académie a proclamé le mérite et la supériorité, nous nousflattons de l’es-
poir de répondre bientôt aux justes exigences de la Commission en lui pré-
sentant des produits issus d’une combinaison nouvelle, et dont les résul-
tats seront dus à la chimie réunie à la science mécanique.
» Dociles aux conseils de la Commission, nous renoncçons au parti que
nos prédécesseurs avaient voulu tirer des taches et dont nous reconnais-
sons le danger, pour nous attacher exclusivement à ce qui ,*dans nos
moyens, permet d'augmenter la stabilité de l’encre de Chine, de donner de
la stabilité à l'encre ordinaire, ainsi qu’à perfectionner, sous certains rap-
ports, du moins, l'emploi des vignettes délébiles.
» Nous ne terminerons pas cette lettre , M. le Président, sans témoigner
pnbliquement à M. le rapporteur l'extrême gratitude dont nous sommes
pénétrés pour la bienveillance avec laquelle il a constamment cherché à dé-
couvrir tout ce qui pouvait rendre ce papier plus parfait, et pour la bien-
veillance, non moins grande, avec laquelle il nous a donné des conseils
dont nous espérons bien profiter pour l’avenir. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Conditions de la convergence des séries.
M. Borchart écrit qu’une théorie des conditions de la convergence des
séries sur laquelle M. Cauchy s’est récemment appuyé pour arriver à la
résolution et à l'intégration des équations par le moyen des séries , a été
donnée dans toute sa généralité en 1816-1817, par M. H. Wronski, dansla
2° section de sa Philosophie de la Technie algorithmique (p. 328 à 357).
PALÉONTOLOGIE. — Végétaux fossiles.
M. de Humboldt, en adressant l'ouvrage de M. Gôeppert sur les fougères
fossiles (voir au Bulletin bibliographique ), rappelle que c'est ce savant
qui a fait connaître du pollen pétrifié. Ce pollen, que M. Kunth a prouvé
être celui de notreBetula Alnus , est si bien conservé qu'en l’observant
sous le microscope on pourrait, dit l’auteur de la lettre, croire qu'il est
encore à l’état frais.
58..
(18)
BOTANIQUE. — Recherches sur Les Azolles.
M. Meyen fait hommage à l’Académie d’un travail sur ces cryptogames.
«Depuis quelque temps, dit-il, des opinions très divergentes ont été émises
par MM. Robert Brown et Martius, relativement à la détermination des
parties de la fructification du genre Azolla. J'avais fait à ce sujet des recher-
ches bien antérieures à la publication de l'ouvrage important de M. Martius
et, les ayant répétées depuis peu, je crois y avoir trouvé la confirmation
de l'opinion plus anciennement émise par M. Robert Brown. »
M. de ‘Humboldt, en transmettant les recherches de M. ÆEhrenberg,
sur la duplicité des organes de la génération dans les infusoires (voir au
Bulletin bibliographique), annonce que le grand ouvrage du même au-
teur, sur cette classe d'animaux, ouvrage qui est sur le point de pa-
raître ; offrira les gravures de 492 infusoires polygastriques, et de 163 ro-
tifères d’après les dessins de M. Ehrenberg.
La séance est levée à 5 heures. F.
Erratum. (Séance du 6 mars 1837.)
Page 349, ligne 12 en remontant, la Terre, Zisez la Lune
( 419 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1°" semestre, 1837, n° 10.
Mémoire théorique et pratique sur les Bateaux à vapeur; par M. Gary-
Cazarar; Paris, 1837, in-4°.
Précis de l'Histoire générale de l'Agriculture ; par M. ne Marivaurr ;
Paris, 1837, in-8°. (M. Silvestre est chargé d’en rendre un compte
verbal. )
Notions élémentaires de Géologie, de Physique , de Chimie, de Bota-
nique et de Physiologie végétale, appliquées à F Agriculture ; par le même ;
1837; in-12.
Considérations physiologiques et pathologiques sur les deux ordres de
nerfs ; par M. Gouror, du Nord; Paris, 1837, in-8°.
Statistique industrielle du département de la Loire ; par M. À. Peyrer ;
Saint-Étienne, 1835, in-8°. \
Recherches historiques et chimiques sur le Cacao et ses diverses pré-
parations ; par M. Dercuer ; Paris, 1837, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-Étienne ;
14° année, 1° livraison, 1857, in-8°.
Histoire Naturelle des iles Canaries ; par MM. We et Benrueror;
17° livraison, in-4°.
Galerie ornithologique ou Collection d'oiseaux d'Europe, décrits par
M. »'Ormieny , et dessinés par M. Traviës; 14° livraison, in-folio.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines;
7° année, n° 74, in-8.
The nautical.....Magasin nautique et Chronique navale , pour mars
1837 ; in-8°.
Zusätze zur.....Recherches sur la duplicité des organes de la gé-
nération chez tous les infusoires , sur le système vasculaire des Rotifères,
sur quinze nouveaux genres d'infusoires polygastriques ; par M. Eurenserc ;
- Berlin, 1836, in-folio.
Ueber den.....De l'Influence de la Lune sur les climats et les
Phénomènes météorologiques ; par M. Marprer ; in-4°.
{ 420 )
Untersuchungen uber die.....Recherches sur la Physiologie de la
voix ; par M. Murer; Berlin, 1837, in-8°.
Verhandlungen der..... Système des fougères fossiles; par M. H.-R.
Gôrrrerr; un volume formant le supplément du tome 17 des Nouveaux
Actes des Curieux de la Nature, Breslau et Bonn, 1856, in-4°. (M. Ad.
Brongniart est chargé d’en rendre un compte verbal.)
Ueber den zustand....Sur l'état dans lequel se trouvent les végétaux
fossiles, et sur le procédé de la pétrification; par M. H.-R. Gôrpeerr.
Beitrâge zur... Recherches sur les Azolles ; par M. Meyenx. — Extrait
des Nouveaux Actes des Curieux de la Nature; volume 18, in-4°.
Bericht über die.....Analyse des Mémoires lus à l'Académie des
Sciences de Berlin et destinés à ha publication; décembre 1836, et
janvier 1837, in-8°.
Commentarj astronomici.....Commentaires astrononiques de l'Obser-
vatoire Royal de Naples; par M. C. Briosemi; vol. 1, Naples, 1824 à
1826, in-4°.
Del Real osservatorio.....Sur l'Observatoire Royal de Naples ; par
M. E. Taopei; in-8°. (Extrait du 15° numéro des Annales civiles du
Royaume des Deux-Siciles.)
Journal de la Société des Sciences physiques, chimiques et Arts
agricoles et industriels de France; sous la direction de M. Juua pe
FonTeneLce; février 1836, in-8°.
Annales maritimes et coloniales; 22° année, février 1837, in-8°.
Archives générales de Médecine, Journal complémentaire des Sciences
médicales ; février 1837, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales , mars 1837, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 5, n° 10,in-4°.
Gazette des Hépitaux ; tome 11, n° 28 — 30, in-4°.
La Presse médicale; n° 19 et 20.
Echo du Monde savant ; n° 62.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADEMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 20 MARS 18536.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
PALÉONTOLOGIE. — Vote sur la Tête de Dinotherium giganteum , actuelle-
ment à Paris ; par M. DE BLAINVILLE.
« Nous avons examiné avec autant d'intérêt que d’attention la tête de
Dinotherium transportée à Paris par les soins de MM. de Klipstein et
. Kaup, et nous devons commencer par témoigner notre reconnaissance à
ces messieurs, ainsi qu’à la société qu'ils représentent, pour avoir ainsi
mis les naturalistes de Paris à portée de se faire une idée exacte des aff-
nités de ce gigantesque animal avec ceux qui existent encore vivants à la
surface de la terre.
» Pour nous, après cet examen, nous croyons devoir persister dans
l’opinion que la vue d’un dessin lithographié de la tête vue en-dessous, nous
avait suggérée, et dont nous avons eu l’honneur de faire part à l’Académie
dans une de ses séances précédentes.
C.R. 1837, 19 Semestre. (T. IV. Ne 12.) 59
( 422)
» Le Dinotherium a constitué un génre de mammiferes de la famille
des Dugongs et des Lamantins , qui elle-même fait partie de l'ordre ou du
degré d'organisation que nous avons nommé Gravigrades à cause de leur
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DINOTHERIUM GIGANTEUM.
marche pesante et dont la première famille est formée par les Éléphants; et,
quoique nous soyons bien éloignés de penser qu’un seul os, une seule fa-
cette d’un os, soient suffisants. pour reconstruire la charpente osseuse ou
le squelette d’un mammifère, ici nous croyons que la tête entière et le sys-
tème dentaire complet, sont tout-à-fait suffisants pour mettre notre thèse
( 423)
hors de doute. La tête, c’est-à-dire le crâne, les mâchoires ou ses appendi-
ces , et les dents qui les arment , est en effet en zoologie, comme en phy-
siologie , la partie dominante du reste de l'organisme.
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DUGONG. \/
» Dans notre système de distribution des mammiféres , nous avons le
premier , à ce que nous pensons, abandonné le système mammalogique
de Pennant, adopté plus ou moins complétement par les zoologistes les
plus récents, qui porte sinon sur le séjour du moins sur la modification
des organes qui en sont la conséquence, ou mieux la prémisse, pour éta-
blir ce que nous avons nommé des degrés d'organisation , sur la considé-
ration de l’ensemble de l'organisation et surtout de l’encéphale et de la
tête , en montrant que pour chacun d’eux , sil pouvait y avoir des espèces
modifiées pour chercher leur nourriture sur la terre, dans la terre, dans
les eaux, et même dans les arbres et dans l'air. C’est ce qui nous a conduit
à former, avec les Éléphants et les Lamantins, deux petites familles d’un
même ordre ou degré d'organisation, lune devant chercher sa nour-
riture dans les plaines voisines des grandes rivières, et l’autre dans
les rivières elles-mêmes, mais offrant l’une et l’autre des particularités re-
marquables et communes dans les systèmes dentaire, digital et mammaire:
» 1°. Deux espèces de dents seulement, des molaires à collines trans-
verses plus ou moins mamelonnées, au moins dans le jeune àge, et sem-
blables en haut comme en bas; et après un intervalle plus ou moins con-
sidérable sans dents fausses molaires ni canines, des incisives au nombre
d’une de chaque côté, formant une paire soit aux deux mächoires, comme
59.
( 424 )
dans le Tétracaulodon et dans le très jeune Lamantin, ou bien à la mà-
choire supérieure seulement, comme.dans l’Éléphant , les Mastodontes
proprement dits et le Dugong, mais toujours de forme conique, obtuse,
et ayant une grande tendance àsse prolonger hors de la bouche en forme
de défenses;
» 2°. Cinq doigts toujours complets, et enveloppés par la peau de ma-
nière à n’être distingués que par les ongles, qui ne sont pas même toujours en
même nombre que lesdoigts, et d’où il résulte , ou bien une sorte de base
de colonne, comme dans les Éléphants, ou une plaque en nageoire, comme
dans les Lamantins et les Dugongs;
» 3°. Une paire de mamelles pectorales, disposition qui ne se trouve
que dans le premier degré d’organisation des mammifères.
» Ce dernier caractère nous manquant ici, comme on le pense bien, il
nous resterait les deux autres; mais aucune pièce, pouvant servir à faire
reconnaître le second, n’ayant encore été trouvée, nous sommes réduits à
n’employer que le premier, ainsi que la forme et la constitution de la
tête et des mâchoires; mais pour la plupart des naturalistes, et pour nous
surtout, cela est bien suffisant pour résoudre la question.
» D'abord, quant aux dents, les molaires, au nombre de cinq de chaque
côté et à chaque mâchoire, ont leur couronne carrée et profondément
traversée par deux collines transverses, absolument comme dans les
Lamantins; mais ce caractère se trouvant aussi bien dans les Tapirs et les
Kanguroos, et même dans les Lophiodons, il serait loin d’être suffisant
pour décider ja question, s’il n’était Joint à l’absence de fausses molaires
et de canines, ce qui produit un vide considérable entre la première
molaire et les incisives , et au nombre et à la forme de celles-ci, qui ressem-
blent tout-à-fait à de petites défenses; seulement elles sont implantées
à l'extrémité de la mâchoire inférieure et elles sont dirigées en bas.
Quant à savoir s’il existait aussi une paire d’incisives à la mâchoire supé-
rieure, c'est ce qu'on ne peut assurer, les deux extrémités de cette mäâ-
choire qui ont été recueillies jusqu'ici étant plus ou moins tronquées. On
peut cependant déduire de la forme élargie et épaissie d’un fragment
trouvé il y a quelques années, qu'il pouvait y avoir des dents incisives
supérieures, mais plus petites que celles d'en bas, et peut-être même
rudimentaires.
» Quant à la forme de la tête et de ses parties, elle nous parait corro-
borer fortement ce que le système dentaire seul avait établi; en effet,
les condyles occipitaux sont tout-à-fait terminaux ou dans la direction de
l'axe longitudinal de la tête, comme dans les Lamantins et dans les Cé-
(425 )
tacés édentés, modifiés pour vivre dans l’eau ; la face occipitale est
large, subverticale et même inclinée d'avant en arrière, avec une fosse
médiane profonde, pour l'insertion, ou d’un fort ligament cervical, ou
de puissants muscles élévateurs de la tête.
» La partie basilaire du crâne est étroite, dans ses parties compo-
santes, tandis que la région sincipito-frontale est, au contraire, très
plate , très large, comme dans les Lamantins et les Dugongs.
» La fosse temporale est extréèmement large et extrêmement pro-
fonde, ce qui indique d'énormes muscles élévateurs de la mâchoire
inférieure, non-seulement pour la mastication , mais encore pour l’ac-
tion particulière de cette mâchoire, armée de ses dents incisives en râteau.
» Cette disposition de la fosse temporale, est parfaitement en har-
monie avec une arcade zygomatique large, épaisse, robuste, complète,
comme on peut le juger d'un morceau malheureusement brisé, mais qui
offre encore la surface d'articulation de l'os. correspondant, absolument
comme dans les Lamantins, peut-être cependant sans le grand élargis-
sement qu'on remarque à l’apophyse jugale du temporal dans ces derniers.
» L’orbite est également comme dans ces animaux, fort petit et la-
téral, mais très largement ouvert dans la fosse zygomatique, comme
dans le Dugong.
» Le trou auditif est petit, étroit et un peu oblique de bas en haut.
» La face est large et aplatie, se prolongeant en s’élargissant un peu,
comme dans les Gétacés, dans sa partie antérieure, malheureusement
tronquée, comme il a été dit plus haut.
» Elle présente dans son milieu une très large ouverture, dont nous
n'avons pu, à notre grand regret, étudier la composition, à cause de la
position sens dessus dessous de la tête, mais qui, quoique évidemment
plus large et plus grande que dans le Dugong , a cependant la plus grande
analogie avec ce qui existe dans cet animal.
» L’orifice postérieur de la cavité nasale est, au contraire, fort étroit.
» Le trou sous-orbitaire est fort considérable, mais moins peut-être
qu’il ne l’est dans le Dugong.
» Quant à la mâchoire inférieure, c’est encore avec la mâchoire du Du-
gong qu’elle offre la plus grande analogie, par la manière dont ses bran-
ches sont courbées en bas vers le tiers antérieur de leur longueur ;
seulement, celle du Dinotherium devant étre armée à son extrémité re-
courbée d’une défense exserte, la branche montante dans sa largeur,
dans son condyle, aussi transverse que dans les carnassiers, offre ure
disposition concordante pour que le mouvement d’élévation et d’abais-
( 426 )
sement soit le seul permis, comme dans ceux-ci; aussi Ja surface glé-
noïdienne de l’os temporal est-elle une portion de cylindre creux trans-
verse avec une lame apophysaire d'arrêt extrêmement forte.
» En sorte qu'aujourd'hui, avec les éléments que nous possédons,
nous regardons à peu près comme hors de doute, que le Dinotherium
était un animal de la famille des Lamantins ou Gravigrades aquatiques,
devant être à la tête de cette famille, précédant le Dugong, et par con-
séquent précédé par le Tetracaulodon, qui doit terminer la famille des
Éléphants. En un mot, c'était, suivant nous, un Dugong avec les incisives
en défense inférieures.
» Nous devons donc supposer qu'il n’avait qu’une paire de membres
antérieurs, à cinq doigts; cependant on conçoit la possibilité qu'il en
ait eu de postérieurs , si le passage de la famille des Éléphants à celle des
Lamantins était plus graduel.
» Quant à la supposition que cet animal était pourvu d'une trompe,
ce que l'on pouvait présumer de la grande ouverture nasale des surfaces
élargies qui l'entourent, et de la grosseur du nerf sous-orbitaire, dé-
duite de la grandeur du trou de ce nom, nous croyons que cela est
au moins douteux, et qu'il est plus probable que ces dispositions étaient
en rapport avec un développement considérable de la lèvre supérieure,
et avec la modification nécessaire dans les narines , pour un animal aqua-
tique, comme cela a également lieu dans le Dugong. Nous pensons même
que c'était la lèvre supérieure qui, par son immense développement,
embrassait l’inférieure, et cachait ainsi la-base même des défenses, et que
celle-là était assez petite, comme on peut le présumer de la petitesse
des trous mentonniers.
» D'après cela, il sera aisé de voir que des deux opinions principales
qui ont été émises et discutées sur ce singulier animal, nous sommes
beaucoup plus éloigné d’en faire une grande espèce d'Édentés, voisine
des Paresseux, avec M. le docteur Kaup, que de le considérer comme un
Tapir, ainsi que G. Cuvier l'avait fait, d'après la considération des dents
molaires , seules parties que lon connüût alors. En effet, il y a, suivant
nous, beaucoup moins loin, dans la méthode naturelle, d’un Dugong à‘un
Tapir, que d'un Dugong à un paresseux. Dans cette note, nous n'avons
pris en considération que la tête, parce que nous sommes loin d'admettre
que la phalange que lui rapporte M. Kaup, lui ait appartenu; M. Lartet a,
en effet, trouvé avec ces mêmes phalanges, une portion de dent qui
indique évidemment un grand pangolin, comme G. Cuvier l'avait pensé,
de celle observée par le premier. »
( 427) .
z C icati le mé jet ; par M. Dumi
PALÉONTOLOGIE — Communication sur le même sujet ; par M. Dumérir
« M. Duméril reconnaît que tous les détails que vient de donner M. de
Blainville sont de la plus grande exactitude. IL insiste particulièrement
sur la forme transversale et la grande étendue, du condyle de la mâchoire
inférieure et de la fosse articulaire destinée à le recevoir. Il regrette
beaucoup absence de l’arcade zygomatique, dont il ne reste que les bases
sur l'os jugal et le temporal : les courbures de cette arcade auraient donné
des idées sur le volume et la force des muscles masseter et temporal qui
devaient être considérables. Il serait important de les connaître pour Les
comparer à celles du Lamantin d’une part et de l'autre avec leMegatherium
dont le squelette existe à Madrid. Quant aux phalanges, que l’on croit être
celles du Dinotherium, elles sont certainement analogues à celles des Pares-
seux; mais dans le Lamantin, l'os unguéal, qui est en effet à double poulie
avec une saillie moyenne à la base, offre àson extrémité une pointe unique
avec une sorte de capuchon en-dessous, c'est-à-dire inverse de celle qu'on
retrouve dans les grandes. espèces du genre des chats et fort différente
de celle des Paresseux et des Fourmiliers. »
Additions de M. DE BLAINviILLE à sa première communication.
«Aa suite de ces observations. faites par M. Duméril sur l’impor-
tance qu’aurait pour la résolution de la question : à quelle famille a ap-
partenu le Dinotherium ? la connaissance de l’arcade zygomatique, point
surlequelM. de Blainville avait en effet insisté, celui-ci ajoute verbalement
que l'opinion d’après laquelle cet animal aurait encore été un Édenté gi-
gantesque, comme le Megatherium de l'Amérique méridionale, n'étant
réellement appuyée que sur ce que, dans le même terrain où la tête a été
découverte, ont aussi été trouvées deux phalanges d’assez grande taille,
dont une unguéale est bifurquée à son extrémité comme dans les pan-
golins, lui semble victorieusement renversée par la considération sui-
vante. Dans la localité si intéressante, découverte aux environs d’Auch
par M. Lartet, etoù, par une singularité fort remarquable, on a trouvé
entassés pêle-mêle des ossements brisés, séparés ou entiers et encore réunis,
de Mastodontes, de véritables Rhinocéros, d’un prétendu Rhinocé-
-ros sans cornes à trois doigts et qui de fait en a quatre en avant et
trois en arrière comme dans les Damans, ce qui, pour le dire en passant,
remplit encore une lacune dans la série mammalogique; on a également
trouvé, absolument comme dans le terrain d'Eppelsheim, de grandes pha-
langes unguéales fendues à l’extrémité, mais avec elles une portion de dent
: ( 428 )
molaire toute différente de celle du Dinotherium, et ayant au contraire
beaucoup d’analogie dans sa forme et dans sa structure avec les dents de
l'Oryctérope, assez grand animal Édenté du Cap de Bonne-Espérance : or
comme on pourrait difficilement contester que l’analogie conduit plus
naturellement à rapporter cette dent d'Édenté à l'animal qui avait des pha-
langes d'Édenté, qu’à celui dontles dents et la tête se rapprochent évidem-
ment des Lamantins, il doit rester peu de doute sur les véritables affini-
tés du Dinotherium.
» C'était un animal de la famille des Lamantins ayant, comme les Dagongs,
ay moins une paire de longues incisives plus ou moins exsertes en forme
de défense, mais à la mâchoire inférieure au lieu d’être à la supérieure, et
des dents molaires à doubles collines transverses comme dansles Lamantins,
mais au nombre de cinq, au lieu de sept, à chaque côté des deux mâchoires,
à moins qu'il n’y en ait eu quelques-unes de caduques, atteignant deux ou
trois fois la taille de nos plus grands Lamantins actuellement existants, et vi-
vant à l'embouchure des grands fleuves ou sur leurs bords, se servant sans
doute de ses défenses inférieures , comme d’une sorte de râteau, pour arra-
cher les plantes plus ou moins ligneuses dont il se nourrissait et qu'il
broyait avec ses molaires, disposées un peu comme ces instruments pro-
pres àbriser le chanvre avant de le teiller.
» Mais avait-il ou n’avait-il pas quatre membres? c’est-à-dire était-il ri-
goureusement aquatique et pourvu d’une seule partie de pieds anté-
rieurs disposés en nageoires , comme les Lamantins; ou bien avait-il deux
paires de membres propres à nager, comme les Morses, dans le degré d’or-
ganisation des Carnassiers , ou à marcher, comme les Mastodontes ? c’est ce
qu'il est en ce moment assez difficile de décider avec les éléments que nous
possédons ; quoiqu'il y ait cependant beaucoup plus de probabilités pour la
première opinion. Une seule vertébre et surtout une vertèbre caudale suf-
firait; mais elle nous manque encore. Espérons que les nouvelles recher-
ches de MM. Klipstein et Kaup d’un côté, de M. Lartet de l’autre, si elles
sont, comme elles le doivent, encouragées convenablement , nous mettront
bientôt à même de résoudre complétement ce petit problème, qui se rat-
tacbe à un des points les plus curieux de l’histoire naturelle de la terre(r). »
(1) En lisant par hasard , depuis la lecture de ina note à l’Académie , le catalogue des
plâtres d’une série de débris de fossiles d’animaux mammifères antédiluviens, faisant
partie de la collection de M. de Klipstein, je trouve des vertèbres cervicales et des côtes
colossales attribuées à une espèce de Dugong; n’appartiendraient-elles pas plutôt au
Dinotherium des mêmes sables d’Eppelsheim ?
( 429 )
PALÉONTOLOGIE. — Communication sur le méme sujet; par M. isinort
GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
« Après la lecture du Mémoire de M.de Blainville, M. Zsidore Geoffroy
Saint-Hilaire rappelle qu'il avait été chargé, il y a quelques séances , de
faire à l’Académie un rapport verbal sur un travail de MM. Kaup et de
Klipstein, intitulé : Description d'un crâne colossal de Dinotherium gigan-
teum (en allemand). Il avait cru devoir différer ce rapport jusqu’à ce que
l’arrivée à Paris du crâne de Dinotherium , lui permit de vérifier par lui-
même et au besoin de compléter les observations de M. Kaup; et il s'était
en effet empressé d’aller examiner le Dinotherium, et de préparer son rap-
port qu’il comptait présenter à l’Académie dans la séance prochaine. Mais
ce rapport devient maintenant inutile : car, loin d’adopter lopinion de
M. Kaup, qui range le Dinotherium parmi les édéntés, M. Isidore Geoffroy
avait, comme M. de Blainville, reconnu dans le Dinotherium de nombreuses
analogies, soit avec le Dugong, soit surtout avec les Lamantins; et c’est dans
le groupe si remarquable et jusqu’à présent si peu nombreux auquel appar-
tiennent ces deux genres, que le Dinotherium lui paraît devoir trouver sa
place naturelle. Les arguments sur lesquels M. Isidore Geoffroy se propo-
sait d'établir cette détermination déjà antérieurement donnée par M. de
Blainville, étant précisément ceux que M. de Blainville a fait valoir, il ne
reste donc à M. Isidore Geoffroy qu’à s’en référer, sur cette importante
question de Zoologie, au mémoire qui précède.
» M. Isidore Geoffroy fait remarquer qu'il reste cependant à faire encore
quelques recherches pour compléter la description de M. Kaup et celle de
M.de Blainville, La tête du Dinotherium, lorsqu'elle fut trouvée dans les
sables d'Eppelsheim (dans le grand duché de Hesse Darmstadt, près d’Al-
zei), était tellement friable qu’il fallut, pour l’extraire sans la briser, l’en-
duire de diverses substances agglutinantes :et notamment de mastic, qui
cachent les sutures et divers détails de la structure et de l’ossification des os
dont la considération est loin d’être sans importance. Il est à désirer que
l'on-s’occupe de remplir cette lacune , aussitôt que le crâne du Dinotherium
aura trouvé sa place définitive dans l’un des Musées scientifiques de l'Eu-
rope, et que l’on pourra ainsi enlever le mastic qui le solidifie, sans com-
promettre sa conservation. 1
» M. Isidore Geoffroy ajoute, que le Mémoire sur le Dinotherium dont il
avait été chargé de rendre compte à l’Académie ,se compose de deux par-
ties , l'une géologique, qui est plus particulièrement.due à M. de Klipstein ,
C. R. 1837, 1° Semestre. (T. LV, N° 42.) 60
(40 )
l’autre zoologique , qui est l’œuvre de M. Kaup. La première fait connai-
tre avec beaucoup de soin et d’étendue, non-seulement les sables tertiaires
dans lesquels a été découvert le crâne gigantesque du Dinotherium , mais
même l’ensemble de la constitation géologique de la province rhénane du
grand duché de Hesse. La seconde renferme l'indication des moyens qui
ont été employés pour l'extraction de la tête gigantesque du Dinotherium ,
la description de cette tête, et quelques conjectures sur le genre de vie et
sur les rapports naturels du Dinotherium qui aurait été’, suivant M. Kaup,
un édenté se trainant sur les bords de ses mains à la manière des Bradypes,
et employant les énormes et singulières défenses de sa mâchoire inférieure
à fouiller la terre. À la dissertation de MM. Kaup et de Klipstein sont join-
tes de belles planches qui suppléent à ce que la description zoologique
pouvait laisser à désirer sous quelques rapports.
» Quoique M. Isidore Geoffroy se range , avec M. de Blainville, à une
opinion fort différente de celle qu’a adoptée M. Kaup sur les rapports na-
turels et le genre de vie du Dinotherium , il pense. que le mémoire dont il
est chargé de rendre compte, offre un intérét réel, et que MM: Kaup et de
Klipstein ont bien mérité de la science , soit par cette publication, soit par
les soins qu'ils ont pris pour extraire et conserver le crâne gigantesque qui
en fait le sujet, et pour le transporter , malgré de graves difficultés de
plusieurs genres, jusque sous les yeux des zoologistes et des géolo-
gues de Paris. »
Analyse du Rapport du-jury central sur l'Exposition des produits de l’in-
dustrie française en 1834; par M. le baron Caarzes Dupin, vice-président
et rapporteur du jury; 3 vol. in-8°; présentée par l’auteur du rapport.
« M. le Ministre du Commerce et des Travaux publics a bien voulufaire
remettre pour la bibliothèque et pour chaque membre de l’Institut, un
exemplaire des trois volumes dont se compose le rapport du jury central,
sur la dernière exposition des produits de l’industrie française.
» Je demande à l’Académie la permission de présenter quelques faits et
quelques résultats, au sujet d’un ouvrage qui n’a pas exigé moins de quinze
mois d’un travail opiniâtre et consciencieux.
» Je commencerai par témoigner toute ma reconnaissance à plusieurs de
mes célèbres confrères, pour les secours importants que j'ai tirés de leurs
lumières, soit comme membres du jury central, soit comme amis, et sim-
plement à titre d’obligeance : je me contenterai de citer MM: Alexandre
MCE)
Brongniart, Cordier, Darcet, Gay-Lussac, Héricart de Thury, Larrey et
Séguier; leurs noms suffisent pour donner du prix aux recherches qu’ils
ont éclairées et facilitées.
» Le jury central était présidé par un membre de Académie des Sciences,
M. le baron Thénard, que l’industrie nationale place parmi les hommes qui
l'ont le plus perfectionnée.
» L'exposition que nous avions à juger était la huitième; elle était la
plus nombreuse et la plus remarquable de toutes.
» La première exposition comptait seulement 110 exposants; la dernière
en a compté plus de 2,440, lesquels ont reçu près de 700 récompenses,
non compris les rappels de distinctions précédemment accordées, ni les
mentions honorables et les citations favorables.
» Le nombre des exposants , celui des récompenses et celui deg brevets
d'invention ou de perfectionnement offrent, depuis quarante ans, un pro-
grès analogue et qui mérite de fixer l'attention.
ANNÉES ia nee 1e tete start 1798. 1827. 1854.
Nombre des exposants. ............ ee CE HUE 1,631 2,447
Récompenses décernées.…. . ........... sspio cie Da 20 425 697
Nombre de brevets d'invention, etc.......... 10 281 576
» Ce simple tableau nous révèle un fait important : depuis 1798 jus-
qu’en 1834, le nombre des inventions et des perfectionnements pour les-
quels on a pris des brevets, s’est accru dans un rapport plus que double,
comparativement aux récompenses accordées lors des expositions de l'in-
dustrie, dans ce même laps de temps.
» C’est au progrès des sciences physiques et mathématiques, c’est à la
diffusion croissante de leur enseignement chez les classes industrielles, de-
puis les grands manufacturiers jusqu'aux chefs d'ateliers, jusqu'aux simples
ouvriers, qu'il faut attribuer un accroissement aussi rapide, et des inven-
tions et des améliorations.
» Ce prodigieux accroissement rend d’un extrême intérêt l’histoire de
l'industrie nationale pendant le demi-siècle qui vient de s'écouler. Des liens
perpétuels et puissants rattachent cette histoire à celle des sciences. Par-
tout , les applications importantes et les grands bienfaits des arts, trouvent
leur origine dans quelque découverte brillante de la géométrie ou de la
mécanique, de la physique ou de la chimie, et des autres sciences natu-
relles.
» L'Académie des Sciences, depuis plus d’un siècle, a préparé les progrès
60...
( 432 )
de l'industrie française, soit en faisantiparaître sa Description des Arts et
Métiers , par les Duhamel, les Réaumur, et tant d’autres savants illustres ;
soit par la coopération de ses membres à deux encyclopédiés, soit par les
sujets de ses prix, par la publication de machines approuvées dans son sein,
et par une foule de mémoires publiés dans ses collections.
» Je puis, Je dois donc ici, comme historien de l’industrie française, ren-
dre à l’Académie un sincère témoignage de reconnaissance au nom de l'in-
dustrie nationale. ;
» Il faut, maintenant, dire un mot de la marche que j'ai suivie.
» Si j'avais esquissé l'historique séparé de chaque art et de chaque mé-
tier, j'aurais fait la chronique d’une pure technologie, et alors le lecteur se
serait perdu dans un dédaleinextricable.
» Il ma paru plus simple, plus utile et plus fécond en conséquences
fructueuses , de classer autrement les diverses branches de l’industrie.
» C’est aux principaux besoins de l'homme et de l’état social, suivant
leurs degrés de nécessité , d'utilité, d'agrément, que j'ai rapporté les arts.
En offrant successivement l’histoire des arts alimentaires, des arts sanitai-
res, des arts vestiaires , des arts domiciliaires, des arts locomotifs, des arts
sensitifs et des arts intellectuels, mais en me réservant de traiter plus
tard , avec un plus grand loisir, les arts préparateurs et les arts sociaux ou
des travaux publics.
» Depuis cinquante ans, chacune des classes d’arts quenous venons d’é-
numérer a subi d'immenses changements pour satisfaire-aux besoins méta-
morphosés, d’une société transformée eile-même par une révolution com-
plète et profonde.
» C'est le tableau de cette révolution industrielle , commandée par la ré-
volution sociale , que j'ai voulu présenter, pour le réduire à des résultats
généraux dont j'ai cherché partout les données statistiques , et la marche
scientifique.
» Beaucoup d’imperfections peuvent, disons mieux, doivent déparer ce
travail ; quelques lacunes s’y trouveront, quelques inexactitudes s’y seront
à mon insu nécessairement glissées. Je regarderai comme la marque la plus
précieuse de bienveillance que puissent me donner mes illustres confrè-
res , s'ils veulent me signaler , lorsqu'ils les rencontreront, ces défauts ,.ces
lacunes ou ces inexactitudes. Je me rendrai plus digne: d’être leur collègue,
en améliorant mes premiers ‘essais, avec l’amour de la vérité , qui n’est
autre dans ma pensée que l’amour de la science.
» Dans ie corps même durapport sur l'exposition de 1834, j'ai respecté
( 433)
l'ordre des matières introduit d'abord par notre savant confrère M. le ba-
ron Costaz et conservé plus tard par MM. le vicomte Héricart de Thury
et Migneron , comme rapporteurs desprécédentes expositions.
» It m’a semblé seulement que je pouvais, comme addition, tirer un
trés utile parti des documents industriels et financiers publiés depuis près
de vingt années par le Gouvernement , au sujet du commerce extérieur.
» Pour chaque genre d'industrie j'ai rapproché, soit les quantités, soit
les évaluations des produits nationaux exportés, et des produits étrangers
importés ; c'est-à-dire des produits qui subissent la redoutable épreuve de
la concurrence entre la France et les nations rivales.
» Tai spécialement mis en parallèle , les résultats commerciaux de 1823,
1827 et 1834 , années qui correspondent à l’époque des trois dernières ex-
positions.
» Par ce moyen, il sera facile au lecteur -de juger si les progrès de nos
fabrications sont apparents ou réels; s’ils sont plus rapides ou s’ils sont plus
lents que ceux des peuples concurrents.
» Ces rapprochements positifs éclairciront beaucoup d'idées obscures et
vagues ; ils mettront un terme à beaucoup de fausses hypothèses et de con-
jectures trompeuses. On sera forcé de reconnaître les progrès démontrés
par des chiffres officiels aussi certains que le sont des résultats financiers.
-De semblables comparaisons seront d’ailleurs un nouveau stimulant pour
les industries peu progressives , ou stationnaires ou rétrogrades.
» Tels sont les points de vue d'utilité qui mériteront peut-être pour
notre travail , l’accueil indulgent (du lecteur français ami des arts et des
sciences. »
LL
CHIMLE ORGANIQUE.— Vote sur le carbo-méthy late de barite ; par MM. Dumas
et PÉricor.
« Les auteurs mettent, sous les yeux de l’Académie, du carbo-méthylate
de barite parfaitement pur, dont voici la composition :
BaO, C°0° + GH4, C°0°, H:0.
n
» Ce sel est blanc, nacré, soluble dans l’eau et parfaitement stabie à
l'air ou dans le vide.
» Dissous dans l’eau, il se décompose bientôt spontanément , même à la
température ordinaire, en carbonate de barite , acide carbonique et esprit
de bois.
(434 )
» Cette décompcsition est singulièrement activée par la chaleur, et bien
avant l’ébullition de l’eau elle paraît déjà complète.
» Les auteurs espèrent qu’ils pourront bientôt mettre sous les yeux de
l'Académie un travail complet sur ce corps et sur ses analogues. Ils espe-
rent aussi que la théorie de la fermentation-recevra quelques éclaircisse-
ments de l'étude de ces nouveaux corps. »
RAPPORTS.
cure. — Recherches relatives à la salive ; par M. Doxxé. — Rapport
verbal sur ces recherches; par M. Dumas.
« L'auteur s’est proposé de soumettre la salive à un examen attentif pour
constater si la nature de cette sécrétion si essentielle à la digestion varie
ou demeure constante; il s’est assuré que la salive, qui est ordinairement
alcaline, devient acide en certains cas, qui semblent se rattacher à quelques
affections de l’estomac et du canal intestinal; l’auteur m’a donné les
moyens de vérifier ce résultat, et j'ai vuen effet avec lui la salive plus ou
moins acide chez plusieurs malades de l’hôpital de la Pitié.
» En voyant ce renversement, on ne peut s’empécher de reporter sa
pensée sur les théories par lesquelles on a cherché si souvent à rattacher
les sécrétions aux propriétés de la pile; on a été frappé de ce fait que
les sécrétions ne sont jamais neutres, qu’elles sont toujours acides ou al-
calines ; on a été conduit ainsi à voir dans les organes sécréteurs les pôles
d’une pile qui séparerait du sang les fluides sécrétés. S'il en était ainsi, s’il
fallait voir dans les sécrétions des produits de décomposition obtenus par
le fluide électrique, il serait difficile d'expliquer comment les pôles de la
pile qui les produisent pourraient être intervertis par un état maladif;
néanmoins il serait possible d’y parvenir.
» On sait en effet qu'il suffit de changer le liquide excitateur de la pile
pour en renverser les pôles; si le phénomène des sécrétions était de’nature
électrique, on pourrait donc, en changeant l’état de l’organe faisant fonc-
tion de pile, changer la nature des fluides sécrétés.: La conséquence se-
rait en définitive que les réactions des fluides sécrétés pourraient chan-
ger. sans que pour cela l’organe sécréteur fût malade; la maladie ‘serait
ailleurs, et en découvrant l’organe malade, on découvrirait le siége de
V'excitation électrique.
(435)
» En voyant les malades dont la salive-est devenue acide, on est frappé
de la sécheresse de la bouche; on se demande si la sécrétion de la salive
n’est pas tout simplement supprimée;et si Ja liqueur acide qui lubrifie la
langue et le palais, n’est pas le suc gastrique provenant de l’estomac? J'ai
dû soumettre cette objection-à l’auteur.
» Mais comme il a vu-le suc pancréatique lui-même être acide, comme
d’ailleurs il a vu l’état acide de la bouche reparaître promptement après
un lavage préalable, et surtout comme il a trouvé la salive à cet état dans
l'intérieur des glandes salivaires , il demeure constant que la ‘salive peut
changer de réaction et devenir acide dans certains cas morbides. -
» L'état acide de la salive doit avoir une influence funeste sur les dents,
et l’on ne saurait trop chercher à l’éviter même dans les cas assez nombreux
où il se présente d'une manière passagère.
». En résumé l’ouvrage de M. Donné est conçu dans un esprit d’observa-
tion fort sage ; et les faits qu’il contient sont exacts. Il serait d’un grand in-
térêt de soumettre les principales sécrétions à un examen semblable à celui
auquel M. Donné s’est livré à l'égard de la salive. Bien entendu qu'il ne
faudrait pas se borner à constater les modifications que la sécrétion aurait
piéprouver , mais qu’il faudrait en-outre constater avec le plus grand soin
les altérations des autres organes, et particulièrement celles que le grand
sympathique pourrait offrir ; ce sont des recherches que M. le docteur
Donné est mieux: que personne en mesure d'exécuter. »
MÉMOIRES LUS.
pHysique. — Recherches sur le maximum. de densité des dissolutions
aqueuses; par M. C. DEsPrETz.
(Commissaires, MM; Arago, Gayÿ-Lussac, Becquerel.)
«La question du maximum de densité des dissolutions salines, dit
l’auteur du mémoire, se rattachant directement aux recherches relatives à
la température des mers à diverses profondeurs a depuis long-temps été
agitée parmi les physiciens qui d’ailleurs sont loin d’être demeurés d’ac-
cord sur ce point; ainsi, comme le rappelle M. Ermann, tandis que Rum-
ford, Marcet et Berzélius pensent que l’eau salée ne possède pas un maxi-
mum, MM. Gay-Lussac, Scoresby et Sabine, guidés par l’analogie, professsent :
l'opinion contraire.
( 436 )
» L'importance de la question avait engagé p'usieurs physiciens 4 en
tenter la solution par des expériences directes, seule voie qui puisse faire
connaître la vérité dans de pareilles matières.
» M. Marcet (en 1819) lut devant la Société Royale de;Londres , un mé-
moire dans lequel il rapporta des expériences par lesquelles il avait cons-
taté que l’eau de mer se contracte jusqu’à la congélation, il dit seulement
qu'’au-dessous de 5°,6 le liquide paraïssait se dilater.
» M. Ermann , fils du savant secrétaire de l’Académie de Berlin, a entre-
pris en 1827, à l'invitation de M. de Humboldt, un travail dans la même
direction. à
» Quatre méthodes différentes ont appris à cet habile physicien, la non-
existence d’un maximum pour l’eau dé mer entre 8° et—3°. La science pos-
sédait déjà un mémoire de Blagden, dans lequel-ce savant anglais préten-
dait que le maximum baisse comme le point de congélation, en restant à une
distance égale à cellequiexiste pour l’eau pure; on nese rend pas bien compte
de la manière dont Blagden a été conduit à cette conséquence, qui est
en opposition avec toutes les expériences faites, dont aucune ne donne
à l’eau de mer un maximum au-dessus de la congélation.
» Des quatre procédés, décrits dans mon mémoire, sur les maximums!et
la dilation de l’eau pure, un seul, dit M. Despretz, est applicable aux dis-
solutions aqueuses. C’est celui dans lequel on compare la marche d'un ther-
momètre à eau à la marche d’un thermomètreà mercure. Dans ces dernières
expériences, comme dans celles qui se rapportent à l’eau pure, on plon-
geait quatre thermomètres à dissolutions et quatre à mercure dans un
grand seau, dont on abaissait graduellement la température à six ou sept
points, qu'on tâchait de rendre fixes. Pour éviter l'influence de l’échauffe-
ment ou du refroidissement du vase, on prenait alternativement les ther-
momètres à mercure et les thermomètres à dissolution.On traçait une courbe
avec les contractions et les dilatations apparentes, puis on lui menait une
tangente parallèle à la ligne de la dilatation du verre. Le point de tangence
fournissait la température du maximum, c’est-à-dire le point où la dilatation
de la dissolution est égale à la contraction du verre, ce qui estiévidemment
le point où la dilatation absolue de cette dissolution est nulle. C’est le pas-
sage de la contraction à la dilatation par le froid.
» M. Despretz n’a pas trouvé une seule dissolution aqueuse qui ne luiait
présenté un maximum , soit au-dessus, soit au-dessous de la congélation.
» Les dissolutions qui renferment 1 à 3 centimètres dematière étrangère»
(437)
sont dans le premier cas; celles qui en renferment davantage, sont dans le
second.
» Chacun peut constater l'existence du maximum, pour une dissolution
aqueuse quelconque; il suffit pour cela de construire un thermomètre
avec la dissolution et d’abaïsser la température un peu lentement : on verra
le liquide se contracter, jusqu’à un certain point, puis on le vérra sedilater
régulièrement par le froid. ACLPR
» Ces expériences étant très longues et très laborieuses , après avoir
constaté l'existence du maximum pour une dissolution aqueuse quelconque,
Pauteur s’est contenté d’étendre ses recherches à onze matières différentes :
l’eau de mer, le chlorure de sodium, le chlorure de calcium, le carbonate
de potasse, le carbonate de soude, le sulfate de potasse, le sulfate de soude,
1e sulfate de cuivre et l’alcool.
» Abstraction faite de l’eau de mer, chaque substance a été dissoute
dans l’eau pure à sept proportions différentes. On voit que ces dix subs-
tances représentent soixante-dix dissolutions. On a varié la nature des subs-
tances de manière à pouvoir suivre la marche générale du phénomène.
Il y a parmi ces substances des corps déliquescents ou efflorescents et des
corps.inaltérabies dans l'air; des corps qui ont une grande solubilité,
d’autres qui en ont une faible.
» Nous commencerons par rapporter es résultats pour l’eau de mer;
j'avais d’abord opéré, dit M. Despretz, sur de l’eau formée de toutes pièces
d’après l’analyse de M. Marcet; mais M. Arago, à qui je parlai de mes
premiers essais, eut l’obligeance de m’offrir de l’eau de mer recueillie par
M. de Freycinet dans l'Océan méridional. À 20°, cette eau pésait 1°,0 273. La
moyenne de douze expériences a donné — 2°,55 pour la température de la
congélation dans l’état d’agitation ; à l’instant de cette congélation le ther-
momètre revient à — 1°,84 de densité. Ce liquide a son maximum
de densité à— 3°,67. C’est la moyenne de cinq expériences avec trois tubes
différents. Un tube a fourni — 3°,69 deux fois; un autre — 3°,60 et —
3°,59; un troisième — 3°,77. On voit pourquoi M. Marcet et M. Ermann
n’ont pas découvert de maximum de densité dans l’eau de mer, puisqu'ils
l'ont cherché au-dessus de la congélation du liquide, tandis qu'il se trouve
à plus d’un degré au-dessous.
La solution de la question relative à l'eau de mer suffisait à fa physique
du globe; mais l’histoire des propriétés" corpusculaires exigeait une
solution plus générale. Il fallait en étendant ces expériences à un certain
C. R. 1837. er Semestre. (T. LV. No 19.) 6ï
(438 ) Si
nombre de dissolutions aqueuses, découvrir la marche que suit le maximum
à mesure que l'addition d’une matière étrangère le fait baisser.
» À cet effet on a dissous des quantités de matière étrangère, dans les
rapports 1, 2, 4, 6, 12, et 24.
» Chacune des substances a été nécessairement prise dans l’état de pureté.
C’est une condition qu’il est facile de remplir aujourd’hui. Le chlorure de
sodium , le chlorure de calcium, le carbonate de potasse et celui de soude
ont été fondus. Le carbonate de potasse a été obtenu par la calcination du -
bicarbonate puret cristallisé. Le sulfate de cuivre a été employé cristallisé.
L'eau n'étant pas partie essentielle de ce sel, on en a fait la soustraction,
tandis que, pour la potasse à alcool, l'acide sulfurique concentré et l'alcool
absolu, l’eau étant en quelque sorte essentielle à leur composition , puis-
que la chaleur seule ne l’en dégage pas, on les a considérés comme des
corps anhydres.
» Nous citerons quelques-uns des résultats obtenus.
Sel marin.
D el tonsdati à 9 Maxi à + 1°
Ge el, congélation (1) à — 1°,21. Maximum à + 1°,19
246 A ELLE TE > : £
SES de sel, congélation à — 2,24. Maximum à — 1,69
STE dE Sel sJationta Maximum à 5
Tous de sel, congé ation — 2,97. Maximum à — 4,7
I HR à ÿ :
__ de sel, congélation à — 5,10. Maximum à —16,00
Chlorure de calcium.
371 PRE CU) x ; :
—— de sel, congélation à — 3°,92. Maximum à — 2°,43
10000 L 9 cal
I ERA EM À à
bi, de sel, congélation à — 5,28. Maximum à —10,45
10001 .
» Cet abaissement du maximum, dit l’auteur , ne peut pas être le résultat
d’une congélation partielle dans la masse liquide, puisque la courbe qui re-
présente les dilatations au-dessus et au-dessous du maximum, est tout-à-
fait régulière, comme le montrent les dessins dont je mets sous les yeux de
l'Académie les plus récemment tracés; la congélation de la plus petite
(1) Ces températures sont celles que le thermomètre marque au moment où le li-
quide est sur le point de geler. Les températures qui indiquent la congélation réelle,
c’est-à-dire qui sont pour les dissolutions ce qu'est le zéro pour l’eau pure, sont
moins basses. u {
(439 )
partie déterminerait, dans la courbe, des points que les géomètres ap-
pellent singuliers. D'ailleurs, cette congélation partielle ne pourrait guère
avoir lieu, sans entrainer la congélation de la presque totalité de la
masse. Enfin, l’accord qui règne entre les expériences faites pour la
même dissolution, avec des tubes différents, exclut toute idée de con-
I
Aie ae ; : DER es) A
gélation. Ainsi, pour la dissolution de sel marin à 1°_ un tube a donné
10000
— 4°,80; — 42,73; — 4°,76; dont la moyenne est — 4°,76. Un autre
tube a donné — 4°,793; — 4°,72; -— 4°,77; dont la moyenne est — /°,74,
qui ne diffère de la première que de 2 centièmes.
» On sent qu’il n’existe pas toujours le même accord entre les expé-
riences partielles ; néanmoins, beaucoup ne présentent qu’une faible dif-
férence.
» En comparant ces diverses expériences, on voit que ce ne sont ni les
sels les plus solubles, ni les sels qui retardent le plus le point de congé-
lation, qui abaissent le plus le maximum; par exemple, le chlorure de
calcium abaisse beaucoup moins le maximum que le sel marin, le sulfate
de potasse moins que le sulfate de soude. Ce résultat est obtenu quel que
soit le degré de concentration des dissolutions comparées.
» Les deux résultats suivants, dit en terminant M. Despretz, me parais-
sent donc démontrés.
» 1°. L'eau de mer et toutes les dissolutions aqueuses acides, alcooli-
ques, salines ou alcalines, possèdent un maximum de densité.
» 2°. Ce maximum baisse beaucoup plus rapidement que le point de
congélation, dont la variation, ainsi que celle de la densité, est sensible-
ment proportionnelle à la quantité de matière ajoutée à l’eau.
» Le point du maximum se tient d’abord au-dessus de la congélation ,
puisil l’atteint, et enfin la dépasse. Déjà pour sept centièmes de sel, d'acide
ou d’alcali, il peut se trouver à 12 degrés au-dessous de la congélation;
en sorte qu’il n’est possible de découvrir ce maximum qu’en maintenant,
dans des tubes étroits, la dissolution liquide à des températures très
inférieures à celles de la congélation. »
céoLoGie. — Études géologiques faites aux environs de Quimper et sur quel-
ques autres points de la France occidentale; par M. À. Rivière.
(Commissaires, MM. Al. Brongniart, Élie de Beaumont.)
L'auteur donne dans les termes suivants une idée de la constitution géo-
logique du pays qu’il a entrepris de décrire.
61.
(40)
« Leniveau du sol va, à partie des montagnes Noires, et dans le sens du
nord au sud, en s’abaissant jusqu'à Quimper, ville placée presqu’au
niveau de la mer et au centre d’une espèce de bassin d’où rayonnent di-
verses petites vallées. Depuis les montagnes Noires, le niveau du terrain ne
diminue pas d’une manière insensible et continue, mais, au contraire,
présente des reliefs très prononcés, qui sont toujours formés.par le granite,
le pétrosilex, où bien par les amphibolites et les diorites. Les roches domi-
nantes de la contrée sont le gneiss, le mica-schiste, le granite, le talc-
schiste, le phyllade, la lydienne, le quarzite, le pétrosilex, le chlorito-
schiste, le schiste argilo-bitumineux, le psammite , l'argile bitumineuse,
larkose, les poudingues, l’'amphibolite, le diorite, des grès, des sables,
des argiles, des galets ou des cailloux roulés. Le granite paraît être la
roche la plus abondante. Le terrain de ce pays a non-seulement subi de
puissantes altérations par les agents atmosphériques, mais encore il a
éprouvé au moins trois violentes dislocations. La première a été produite
par l'apparition du granite, eta changé le relief du gneiss et du mica-schiste ;
la seconde, par la mise au jour du pétrosilex, postérieurement au dépôt
des talc-schistes et même de certains grès, et avant la formation houillère,
dont les allures ont été compliquées par des déjections d’amphibolites et de
diorites. Dans d’autres localités de l’ouest, des reliefs plus complexes en-
core se montrent çà et là; ils sont dus à l'apparition de différentes au-
tres roches; mais on peut citer les porphyres, les ophites, les éclogites
et le granite de Pouzauges (Vendée) et des environs d’Ancenis (Maine-et-
Loire), qui est arrivé lui-même après le dépôt des talc-schistes et de quel-
ques grès.
». Outre les changements dont nous venons de parler, dit l’auteur du
mémoire, on voit aussi à chaque pas, des anomalies dans les propriétés
physiques des roches ; anomalies qui résultent évidemment des modifica-
tions apportées par les roches d’épanchement, qui ont souvent pénétré
les autres, sous forme de filons ou de boutons. »
Le mémoire de M. Rivière est accompagné d’une carte géologique et de
plusieurs coupes naturelles et théoriques. é
MÉDECINE, — [Vote sur um nouveau caustique (le muriate acide d’or );
par M. À. LEcranp.
(Commissaires, MM. Larrey, Breschet.)
(441)
céorocg. — Vote sur la constitution géologique du continent de l'Asie
Mineure ; par M. Trxrer.
La
(Commission précédemment nommée. )
MÉMOIRES PRÉSE NTÉS.
mÉCANIQUE ABPriQuée. — Sur quelques perfectionnements dont paraît
susceptible le distributeur mécanique de houille, décrit par M. Cordier
dans la séance du 13 mars ; Note de M. ne CHAMPrAUx LA BOULAYE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur un distributeur mécanique de là houille,
employé en Angleterre, et muni d'un régulateur; par M: À. Bu.
Ces deux notes sont renvoyées à l'examen d’une Commission composée
de MM. Cordier, Poncelet, Séguier.
CORRESPONDANCE.
GÉOLOGIE DE L'ALGÉRIE. — M. Dureau de la Malle présente, de la part
de M. Guyon, chirurgien en chef de l’armée d'Afrique, quelques échan-
üllons de roches, recueillis en décembre 1836, sur la route suivie par,
l’armée entre Bone et Constantine.
Ces échantiflons sont renvoyés à l’examen de M. Cordier:
ENTOMOLOGIE. — Sur les changements que subissent avec l’âge certains my-
riapodes; extrait d’une lettre de M. Gervais.
« De Geer , dit l’auteur dé la lettre , a le premier fait remarquer qué les
Jules , lorsqu'ils éclosent, ont moins de pattes et moins d’anneaux aù corps
que lorsqu'ils sont adultes. On doit ajouter, ainsi que j'ai pu le constater
plusieurs fois , que le nombre des articles des antennes de ces animaux et
celui de leurs yeux, varie également avec l’âge, et que les jeunes sujets
en ont moins que les adultes.
» Deux genres de la famille des scolopendres qui viveñt aux environs de
Paris (1), et dont le premier âge n’était pas connu, m'ont également pré-
senté un nombre d’anneaux et de pattes moindre chez les jeunes que chez
(1) Génre Lithobius et Geophilus.
( 442)
les adultes , ce qui n’a jamais lieu , pour le nombre des anneaux du moins,
chez les insectes hexapodes. Les espèces scolopendriformes que je viens
de citer, éprouvent donc comme les Tules des demi-métamorphoses : c’est
entre l’anneau anal et celui qui le précède, que se montrent les nouveaux
segments et les nouvelles pattes. ;
» J'ai de plus constaté que les jeunes Lithobies, de même que les jeu-
nes Tules , ont aussi les articles de leurs antennes moins nombreux qu’ils
ne le seront plus tard; et que leurs yeux, tout-à-fait comparables aux
stemmates des insectes hexapodes , apparaissent successivement à mesure
que chaque animal se développe. »
MM. Klipstein et Kaup prient l’Académie de vouloir bien charger une
Commission de faire un rapport sur la tête de Dinotherium giganteum
qu’ils ont amenée à Paris, et de se prononcer sur la valeur scientifique de
cette pièce.
La demande de MM. Klipstein et Kaup se trouve remplie par les com-
munications faites dans cette même séance, relativement au fossile en
question, par MM. de Blainville, Duméril. et Isidore Geoffroy Saint-Hi-
laire.
M. Guillory aïfné, secrétaire perpétuel de la Société industrielle d'Angers,
demande au nom de cette société le Compte rendu des séances de lAcadé-
mie pour l’année 1836, et les Notices historiques ou nécrologiques que
l’Institut pourrait avoir publiées sur M. Aubert du Petit-Thouars, savant
né à Angers, et sur lequel la Société n’a pu encore obtenir les renseigne-
ments historiques dont elle avait besoin.
M. le Secrétaire perpétuel est chargé de faire les recherches relatives à
cette seconde demande; la première est renvoyée à la Commission admi-
nistrative.
La séance est levée à 5 heures.
(443 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1° semestre, 1837, n° 11.
Rapport du Jury central sur l'Exposition des produits de l'Industrie
française, en 1834; par M. le baron Cmarces Durin, Vice-Président et
Rapporteur du jury; 3 vol. in-8°, Imprimerie Royale, 1836.
Niewe verandelingen..... Nouvelle Série des Mémoires de la pre-
mière Classe de l'Institut Royal des Sciences , des Belles-Lettres et des
Beaux-Arts des Pays-Bas ; 5 vol. im-4°, Amsterdam, 1827 — 1836.
Grundlehren der. ... Éléments de Philosophie botanique; par M. HF.
Link ; tome 1°° (avec atlas), r vol. in-8°, Berlin, 1837.
Recherches administratives, statistiques et morales, sur les Enfants
trouvés , les Enfants naturels et les Orphelins, en France et dans plu-
sieurs pays de l'Europe; par M. l'abbé Ganxarn ; Paris, 1837, in-6°.
(M.le baron Costaz est chargé de rendre un compte verbal de cet ouvrage.)
Notions historiques , géographiques , statistiques et agronomiques sur le
littoral du département des Côtes-du-Nord; par M. Hasasque; tome 5°,
Guingamp, in-8°.
Traité élémentaire d'Histoire naturelle ; par MM. Martin SaiNT-Anwce
et Guérix ; 20° livraison, in-8.
Species général et Iconographie des Coquilles vivantes ; par M. L.-C.
Kiener ; 21° livraison, in-8°.
Sur le Cow-pox (petite vérole des vaches) découvert à Passy, près Paris;
notice par M. J.-B. Bousquer; Paris, 1836, in-8°. (Adressé pour le con-
cours Montyon.)
Voyage dans l'Inde; par M. Jacquemowr ; 12 livraison, in-4°.
Compendium de Médecine pratique ; par MM. »e LaserGe eé Monnerer;
tome 1°, 5° liv., in-8°. (M. Breschet est chargé de rendre un compte
verbal de cet ouvrage.)
OEuvres chirurgicales complètes de sir Astley Cooper , traduites de
l'anglais par MM. Cassucnac et Ricuetor; 12° et 13° livraisons , in-8°.
Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris ; tome 20, 115‘
livraison , in-8°.
(444)
Comice agricole de la rive droite de la Loire, arrondissement d'Orléans.
— Rapport présenté par M. Duroxc, commissaire délégué au concours du
Comice agricole de Montargis, dans la séance du 24 décembre 1856 ;
Orléans ; 1837, in-8°.
Précis analytique des Travaux de l'Académie Royale des Sciences ,
Belles-Lettres et Arts de a , pendant l'année 1837 ; Rouen, 1837;
in:8°.
Rapport of a geological..... Rapport sur une Reconnaissance géolo-
gique faite de Washington au Côteau de Prairie, ligne de partage des
eaux du Missouriet de la rivière de Saint-Pierre, par M. FraruersToNnAuGs,
géologue des États-Unis; Washington, 1836, in-8°. (Imprimé par ordre
du Sénat.)
Carte d'une portion du Territoire indien situé à l'est et à l'ouest du Mis-
sissipi, jusqu'au 46° degré de latitude Nord , dressée par le Bureau to-
pographique; par le même, d'après ses observations faites pendant l'au-
tomne de 1835, et de nouveaux documents authentiques.
Carte pour la Reconnaissance de la Rivière Saint-Pierre ; jusqu'a ses
SOFCES; faite en 1855; par le méme.
The Magazine. .... Magasin de Science populaire et anal des Arts
utiles; n° 14, mars 1837, Londres , in-8°.
The new Edinburgh... .Nouveau Journal philosophique Éd
octobre 1836, janvier 1837, r vol., Londres, 1857, in-8?.
The Athenœum..... L'Athenœum, Journal de Littérature, Sciences et
‘Beaux-Arts ; février 1837, Londres, in-4°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; tome 12,
5° livraison, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 5, n° 11, in-4*
Gazette des Hôpitaux; tome 11, n° 51 — 33, in-4°,
La Presse médicale ; n°° 12 et 22.
Écho du Monde savant ; n° 63.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 27 MARS 18536.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANATOMIE GÉNÉRALE. — Recherches anatomiques sur le corps muqueux de
la langue , dans l’homme et les mammifères ; par M. Frourens.
« Malpighi est le premier qui ait signalé, sous l’épiderme de la langue du
bœuf, un corps particulier, distinct du derme et de l’épiderme; corps sin-
gulier qu’il ne vit qu’à l’état de réseau, et qui porte encore aujourd’hui le
nom de corps réticulaire de Malpighi (+).
» Mais, d’abord, ce corps singulier, si remarquable dans fa langue du
bœuf, forme:t-il réellement un réseau , comme l’a cru Malpighi; et, en se-
cond lieu, existe-t-il dans la langue des autres mammifères, et nommément
dans celle de l’homme? Ce sont là deux questions importantes et qui,
malgré de longs débats, sont loin d’être résolues.
» En effet, à peine Malpighi venait:il de découvrir le corps réticulaire du
bœuf, que Ruysch niait que ce corps se trouvât dans l'homme (2).
(1) Malpighi, Exercit. Epist. de lingud,
(2) Corpus reticulare 1bi (in lingu& humanä) detegere haud potui ; in lingud autem
bovinä facile ; separando , visui occurrit. Ruysch. Thes. ana.
C. R. 1837, 17 Semestre. (T. IV. N° 43.) 62
(446)
» Winslow, si exact jusque dans les moindres détails de ses descriptions,
nie, comme Ruysch, le corps muqueux de l'homme. « Outre les deux nem-
» branes de la langue (le derme et l'épiderme), on a coutume, dit-il, de
» parler d’une troisième qu'on appelle membrane réticulaire, et qu’on mon-
» tre communément sur des langues cuites de bœuf et de mouton. On a
» prétendu même l’avoir démontrée dans l’homme. J'avoue que je n'y ai pu
» réussir (1). » Il dit ailleurs : « Pour démontrer le corps réticulaire, on se
» sert communément des langues cuites de bœufet de mouton; mais cette
» démonstration est fausse , séduisante, et ne fait que donner des idées er-
» ronées (2). >
» Haller pense comme Ruysch et comme Winslow : « On ne remarque
» dans l’homme, dit-il, qu’une seule enveloppe muqueuse et à demi trans-
» parente, placée sur les papilles auxquelles elle est très adhérente, et te-
» nant lieu d’épiderme, tandis qu’un réseau, percé de plusieurs trous,
» reçoit ces papilles dans les animaux (3). » j
» Enfin, Bichat n’est pas moins explicite : « Au-dessous de l’épiderme
» on trouve, selon les auteurs (c'est Bichat qui parle), un corps muqueux
» ou réticulaire assez prononcé ; mais quelque soin que l’on prenne, ajoute-
» t-il, on ne découvre réellement autre chose qu’un entre-croisement vas-
» culaire (4) ramifié dans les intervalles des papilles, et donnant à la langue
» sa couleur rouge (5). »
» Ruysch, Winslow, Haller, Bichat, nient donc l'existence du corps mu-
queux où réticulaire dans la langue de l’homme. Duverney l’y admet; mais,
d’une part, il ne se fait aucune idée des caractères de ce corps; et de l’autre,
il semble, en l’admettant. dans cette langue, le confondre avec le corps
papillaire qu'il y nie (6).
» La question de l'existence du corps muqueux ou réticulaire dans la
langue de l’homme était donc un premier point à résoudre ; le second était
celui de la détermination de la véritable nature de ce corps, soit dans
l’homme, soit dans les mammifères.
» La simple ébullition donne, dans la langue de l’homme, l'épiderme., le
(1) Winslow. Exp. anal. 4 la struct. du corps humain.
(2) Zd. ibid.
(3) Haller. Élém. de physiol.
(4) Je reviendrai, dans un autre mémoire, sur cet entre-croisement vasculaire de Bi-
chat, lequel n’a nul rapport avec le corps muqueux ou réticulaire.
(5) Bichat. Anat. descrip., t. 2 p. 624.
(6) Duverney. OEuvres anatomiques.
(447)
corps muqueux et le derme. Le derme porte, ou, plus exactement, produit
les papilles ; toute la surface extérieure de ce derme, prise en général, est
revêtue d’une double membrane continue, le corps muqueuxet l'épiderme ;
chaque papille, prise en particulier, est également revêtue de cette double
membrane; ces deux membranes, toutes deux essentiellement continues,
s'appliquent ainsi sur toute l’étendue du derme , et se plient à toutes les
inégalités de sa surface.
» Telle est cette structure foliée, cette superposition de l’épiderme sur le
corps muqueux, du corps muqueux sur le derme, dans la langue de l'homme.
L’épiderme est une membrane transparente, mince, très fine; le corps mu-
queux est une membrane épaisse, blanche, et, ce qu’il importe surtout de
remarquer ici, elle est continue.
» L’ébuilition donne aussi, et même elle donne seule, et par un méca-
nisme que je décrirai bientôt, le corps muqueux disposé en réseau; mais
cette disposition réticulaire du corps muqueux n’est qu'une disposition arti-
ficielle, factice et tenant uniquement au mode de préparation et dedissection.
» Le corps muqueux existe donc dans la langue de l’homme ; etil y consti-
tue une membrane continue; et ces deux faits, l’un de l'existence, l'autre de
la continuité de ce corps, ne se bornent pas à l’homme, ils s'étendent à
tous les autres mammifères, du moins à tous ceux que j'ai pu disséquer.
Partout, dans cette classe , le corps muqueux existe, partout il forme une
membrane continue, nulle part il n’est en réseau ; et ce réseau de Malpighi,
devenu si fameux parmi les anatomistes, n’est partout qu’un effet de l’art,
et non une disposition organique réelle et constitutive.
» C'est dansle bœufque Malpighi a découvert son réseau muqueux, et par
conséquent c'était dans le bœuf qu’il importait de débrouiller et de déve-
lopper à fond la véritable structure de cet organe.
» Si l’on soumet une langue de bœuf à l’action de l’eau bouillante, et
qu’on en détache l’épiderme (qu'’alors on n’enlève pas seul, comme on va
le voir, mais avec une partie du corps muqueux), on découvre l’un des plus
beaux réseaux que présente lanatomie. Ce réseau enveloppe toute la face
supérieure de la langue, se porte sur les côtés, règne partout où règnent les
papilles ; et là où les papilles manquent, c’est-à-dire sur le bas des côtés
et au-dessous de la langue, le corps qui le forme se prolonge en une mem-
brane continue. Ce corps singulier est d’un beau blanc; chaque trou de son
réseau est traversé par une papille ; ces trous varient de forme et de gran-
deur comme les papilles mêmes, plus grands vers la base de la langue,
plus petits, plus ronds vers sa pointe.
62..
( 448 )
» Si l’on soumet , au contraire, une langue de bœuf äà l’action de la macé-
ration, tout cet aspect change. Dans ce cas-ci, l’épiderme s’enlève seul, et
laisse le corps muqueux entier. Dès-lors, le corps muqueux offre une mem-
brane d’une continuité parfaite, étendue sur toute la surface du derme, et
en recouvrant, en revétant partout les papilles. Enfin cette membrane con-
tinue se détache, s’enlève elle-même, et le derme et les papilles restent
a nU. : à
» De son côté, l’épiderme est aussi d’une continuité parfaite. Détaché
du corps muqueuz , il forme une membrane mince, transparente ; sa sur-
face extérieure.est toute hérissée de prolongements, d’éminences; ces émi-
nences, ces prolongements sont les étuis extérieurs des papilles ;. ainsi
chaque papille est revêtue de deux étuis , le premier, muqueux , et le se-
cond , épidermique ; ainsi encore, le derme est la racine des papilles , le
corps muqueux et l'épiderme n’en sont que les enveloppes.
» La surface interne de l’épiderme a tout autant d’enfoncements ou de
cavités que la surface externe a de prolongements, d’éminences. C’est
dans ces cavités ou enfoncements que pénètrent et se logent les papilles du
derme; revêtues de leurenveloppe muqueuse. L'épiderme constitue donc une
lame d’une continuité parfaite, s’élevant avec les papilles, s’aplanissant
dans leurs intervalles, ici se durcissant en corne pour former l'étui, la
gaine extérieure des papilles cornées , la s’amincissant en membrane d’une
finesse extrême pour recouvrir les papilles fongiformes, partout conservant,
à sa face interne, les empreintes des papilles qu'il recouvre, et auxquelles
il fournit, comme je viens de le dire, un étui, une gaine externe.
» Il est aisé dese faire à présent une idée nette de la manière, et, si je
puis m’exprimer ainsi, du mécanisme selon lequel se forme le réseau de
Malpighi,\orsque, après l’ébullition, on détache l’épiderme du corps muqueux.
Par l'effet de l’ébullition, ce corps perd beaucoup de sa consistance; il suit
de là qu’en détachant alors l'épiderme du corps muqueux, on rompt létui
muqueux de chaque papille; cet étui reste adhérent à l’épiderme, et retenu
dans la cavité même de l’épiderme où il est logé; à la place qu’il occupait
sur le corps muqueux,il se trouve donc un trou; et chaque étui rompu
donnant un trou, on finit par avoir le beau réseau qui recouvre ou enve-
loppe toute la face supérieure de la langue du bœuf.
tce n’est pas seulement l'étui inuqueux qui, par l'effet de l’ébullition,
se détache et.se sépare de sa membrane, le réseau , c’est-à-dire la mem-
brane elle-même se laisse diviser aussi en plusieurs lames, en plusieurs
couches, en plusieurs réseaux superposés. Taus ces réseaux tiennent les
( 449 )
uns aux autres par des prolongements intermédiaires; mais le tissu de ces
prolongements, affaibli par l’action de l’eau bouillante, cède et se rompt au
moindre effort.
» Le réseau de Malpighi , le réseau muqueux de la langue du bœuf n’est
donc , en tant que réseau ; qu'un organe artificiel, produit par le déchire-
ment des étuis muqueux des papilles, étuis qui pénètrent dans l’épiderme ,
s’enlèvent avec lui, et laissent, sur le corps muquewx', des trous à leur
place.
» Ce réséau n’est donc que l'effet de l'ébullition. La-macération, pro-
cédé d’un détail et d’une rigueur que l'art patient de l’anatomiste pent
porter, pour ainsi dire, aussi loin qu’il veut, respecte l'intégrité du corps
muqueux, l'isole de l’épiderme , du derme , révèle sa disposition continue,
et , jusque dans chaque papiile, sépare les trois éléments distincts, four-
nis par le derme , par le corps muqueux et par l’épiderme.
» J'ajoute que, à un degré imparfait de macération, tantôt les étuis mu-
queux restent adhérents à l'épiderme , et tantôt, au contraire, les étuis épi
dermiques au corps muqueux. Dans le premier cas , c'est le corps mugueux
qui offre un réseau, des trous; dans le second, c’est l'épiderme qui offre
une lame percée et réticulaire,
» J'ajoute encore un mot , et toujours sur la langue du bœuf. On sait
que cette langue est souvent parsemée de points colorés en noir. Or, le
siége de cette coloration est le corps muqueux ; le derme y est entièrement
étranger.
» Et ici je prie que l’on me permette d’énoncer, par anticipation, le ré-
sultat d’un Mémoire qui suivra bientôt. C'est que le derme (1) n’est jamais
coloré. Sa coloration dans les animaux { bœuf, cheval, chien, etc.) n’est
qu'apparente ; elle tient uniquement aux poils qui le traversent. Ces poils,
après une macération suffisante , étant enlevés an à un, le derme se mon-
tre partout blanc; cette couleur blanche est l’un de ses caractères.
» Maïs, je reviens à la langue et à son corps muqueux.
» La même action de l’eau bouillante qui donne le beau réseau de la lan-
gue du bœuf, en donne ua à peu près pareil (sauf, dans chaque langue , la
forme variée des mailles du réseau, forme déterminée par celle des papil-
les du derme) dans la langue du mouton, dans celle du cochon, dans celle
du chien, dans celle du chat, etc., même dans celle de l’xomme, comme on
Va déjà vu. Tous ces réseaux sont artificiels, factices ; ce qui importait donc,
(1) J'entends ici le derme de la peau.
( 450 )
c'était de faire connaître le mécanisme qui les produit; ce qui importait
plus encore, c'était de substituer aux résultats factices donnés par l’action
de l’eau bouillante, les résultats réels donnés par la macération:
» Je viens de parler du bœuf; je passe aux autres mammifères. Toute
cette structure foliée des téguments de la langue, déjà si remarquable dans
le bœuf, offre quelque chose de plus net et de plus évident encore, s'il est
possible, dans le mouton.
» Quand, après une macération suffisante, on détache l’épiderme de la
langue du mouton, ou voit cet épiderme glisser au-dessus du corps muqgueux,
comme un rideau léger glisse, à la plus faible impulsion, au-dessus: du
corps qu'il couvre, ou plutôt qu’il voile. Cet épiderme, détaché, conserve,
à sa face interne , les empreintes des papilles qu’il revêtait.
» À ce degré de macération , le corps muqueux se détache aussi, avec la
plus grande facilité, du derme. Sa face interne conserve de même les em-
preintes des papilles sous-jacentes, et ces deux membranes, le corps mu-
queux et l'épiderme, sont l’une et l’autre, d'une continuité parfaite. L'épi-
derme est d'une grande finesse; le corps muqueux est beaucoup plus épais ;
le derme porte, comme toujours, les papilles.
» Dans le cheval, V'épiderme est beaucoup plus fin encore que dans le
mouton; le corps muqueux est, au contraire, beaucoup plus épais.
» L’épiderme et le corps muqueux du cochon se rapprochent du corps
muqueux et de l’épiderme du cheval (1).
» Dans le chien, l'épiderme est presque aussi fin que dans l’homme ; et
le corps muqueux n’y est guère plus épais.
» Dans tous ces animaux, dans l’homme mème, l’épiderme conserve, à sa
face interne, les empreintes des papilles qu’il recouvre. Dans tous, soit
par sa finesse ou son épaisseur, soit par la forme de ses éminences exté-
rieures ou de ses empreintes internes, il a quelque chose de particulier et
de spécifique, comme le corps muqueux par sa disposition, comme le derme
par ses papilles ; et, dans tous, toutes ces membranes ont quelque chose
de générique; car, en effet, et à ne considérer que les caractères mêmes
(1) Dans tous ces animaux, l’action de Veau bouillante peut séparer, plus ou moins,
les trois lames de la langue. Dans le cochon en particulier, cette action de l’eau bouil-
lante forme, sous l'épiderme , de petites vésicules superficielles, transparentes, pleines
d’une eau limpide et claire, et ces vésicules séparent l’épiderme du corps muqueux ; et
elle en forme d’autres, sous le corps muqueux, lesquelles sont opaques, pleines d’un
liquide visqueux ou gélatineux, et celles-ci séparent le corps muqueux du derme. Ce
liquide gélatineux reste, en effet, à l’état liquide, malgré l’ébullition.
(451)
de ces membranes, la langue du mouton se rapproche de celle du bœuf,
celle du cochon de celle du cheval, et, parmi toutes celles-là, celle du
chien se rapproche plus qu'aucune autre de celle de l’zomme.
” » Par tous ces résultats, l'anatomie des téguments de la langue prend,
comme on voit, une nouvelle face.
» Trois membranes constituent partout ces téguments, le derme , le corps
muqueux et l'épiderme ; partout l’épiderme et le corps muqueux existent;
partout ils forment une lame d’une continuité parfaite.
» Le corps réticulaire de Malpighi n’est qu'un corps factice, un produit
de l’ébullition; la macération donne la membrane continue ou le corps
réel.
» Enfin, et quant à la nature du tissu qui forme ce corps réel, la consis-
tance propre de ce tissu, une texture non moins propre que sa consis-
tance, sa couleur blanche, le velouté de s2 face interne, Paltération par-
ticulière qu’il éprouve de la part de l’eau bouillante , tout montre que
c’est là un tissu nouveau, déterminé, sxi generis. J'essaierai, dans un
autre Mémoire, d’en marquer les analogies.
» En attendant, tout le monde voit que le tissu dont il s’agit ici, n’a nul
rapport avec le tissu de l'appareil pigmental de la peau , décrit dans un
précédent Mémoire. Ce sont là deux tissus, deux appareils essentiellement
distincts; et le nom de corps muqueux sous lequel on les a réunis jusqu'ici,
est également erroné, soit qu’on Papplique à l’un ou à l’autre. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Zætrait des observations sur l'ascension de la
sève; par M. Durrocxer.
« La sève monte dans lés végétaux par l'impulsion des racines et par l'at-
traction des feuilles. L’ascension de la sève par l'impulsion des racines se
voit dans l'émission de cette sève, au printemps, par les rameaux tronqués
de la vigne; l'ascension de la sève par l'attraction des feuilles, s’observe
lorsquon met un rameau chargé de feuilles tremper dans l’eau, par sa base
tronquée. On sait, par les expériences de Hales et par celles de Sennebier,
que la lumière exerce une grande influence sur l'ascension de la sève par
l'attraction des feuilles, et que cette ascension est considérablement dimi-
nuée dans l'obscurité. Sennebier a vu que les résultats de ces expériences
variaient suivant les espèces des plantes; mais il n’a pas assez poursuivi ce
fait important.
» La force avec laquelle les plantes élèvent la sève par l'attraction de
( 452 )
leurs feuilles, peut s'évaluer approximativementpar le degré de chaleursèche
qu'elles peuvent supporter sans se flétrir, lorsqu’elles trempent dans l’eau
par l’extrémité tronquée deleur tige. Unemercuriale (mercurialis annua),
par exemple, peut, dans ce cas, vivre pendant plusieurs mois et supporter
sans souffrir l'exposition au soleil le plus ardent; la morelle (solanum ni-
grum), au contraire, dans la même position, se flétrit assez promptement:
elle se flétrit même à l'ombre, lorsque la chaleur de l'atmosphère est voi-
sine de + 25 degrés centésimaux, ce qui n'arrive point à la mercuriale.
Voyant ainsi qu’ilexistait une différence très notable entre ces deux plan-
tes, sous le point de vue de la force avec laquelle leurs feuilles attirent la
sève sous l'influence de la lumière, j'ai voulu voir si cette même différence ,
existerait entre elles dans l'obscurité. J'ai mis, dans le même appartement,
sous des récipients opaques et semblables , une mercuriale et une morelle.
Aucun rayon de lumière ne pouvait parvenir dans ces récipients; à la fin
du quatrième jour, la mercuriale était complétement flétrie; et ses feuilles
étaient en partie desséchées ; la morelle n’eut ses feuilles flétries que le
vingt-deuxième jour; elles avaient commencé par s’étioler et par jaunir
peu à peu, tandis que les feuilles de la mercuriale s'étaient flétries sans
étiolement préalable. La température avait varié de 20 à 23 degrés centé-
simaux pendant la durée de cette expérience, de laquelle il résulte que la
mercuriale qui , sous l'influence de la lumière, attire bien plus fortement
l’eau que ne le fait la morelle, lui est bien inférieure sous ce point de vue,
lorsque l’une et l’autre sont placées à l'obscurité. Alors la mercuriale cesse
assez promptement d'attirer l’eau dans ses feuilles, tandis que la morelle
continue de l’attirer pendant long-temps ; et cela, jusqu’à ce qu'elle meure
par étiolement, c’est-à-dire par suite de l'altération de la composition de la
matière verte; la mercuriale ne meurt , dans la même expérience, que faute
de pouvoir attirer l’eau dans ses feuilles; elle se flétrit promptement et sans
que ses feuilles aient changé de couleur. La même plante peut vivre pen-
dant quinze jours à l'obscurité, lorsque la température varie de Æ 13 à 16
degrés centésimaux, pendant la durée de l'expérience. .
» J'ai répété ces expériences avec diverses autres plantes, et j'ai vu
qu'elles possédaient à des degrés très divers la faculté d'élever l'eau par
l'attraction de leurs feuilles dans l'obscurité. La mercuriale ‘et là morelle
m'ont paru occuper les deux extrêmes à cet égard. Je puis mettre de même
en opposition le chenopodium album et Vortie (urtica dioica), la première
pour la longueur , et la seconde pour la brieveté du temps pendant lequel
ces plantes élèvent l’eau par attraction dans l'obscurité. Ges diverses plan-
(453)
tes m'ont donné la confirmation de ce fait général que les plantes qui à la
lumière attirent le plus d’eau, sont celles qui dans l'obscurité en attirentle
moins, et, qu'au contraire, ce sont les plantes qui attirent le plus faible-
ment l’eau à la lumière, qui l’attirent le mieux dans l’obscurité. Je me borne
ici à l'exposition de ce fait, dont les causes seraient trop longues à exposer
dans un simple extrait. Je renvoie à cet égard à mon mémoire Sur les causes
de la progression de la sève , mémoire qui est actuellement sous presse avec
la collection générale de mes travaux. »°
RAPPORTS.
cmme. — Rapport sur un travail de M. E. Péligot, ayant pour titre :
Mémoire sur un acide résultant de l'action du brome sur le benzoate
d'argent.
(MM. Dumas, Chevreul rapporteur).
« L'histoire de l'acide benzoïque a acquis, dans ces derniers temps,
un grand intérêt sous le point de vue de la théorie chimique, par les
rapports nombreux qui ont été établis entre sa composition et celle de
différents corps, presque tous nouveaux; en effet, l'acide benzoïque
(50 ‘#C “H) est-il distillé convenablement avec de la chaux, une partie
du sel est réduite en sous-carbonate de chaux ( Ü Cal ) et en un composé
la benzone (O'C'°H), qui ne diffère de l'acide benzoïque que parce
qu’elle contient deux atomes d’oxigène et un atome de carbone de moins
que lui. D'un autre côté, MM. Voôhler et Liebig partant d’une observation de
MM. Robiquet et Boutron Charlard, que l'huile volatile d'amandes amères en
absorbant del'oxigène , se change en acide benzoïque et qu’elle paraît con-
tenir une espèce de radical benzoïque, ont été conduits à admettre l’exis-
tence d’un corps particulier qu’ils ont appelé benzoïle , corps qui ne diffère
de l'acide benzoïque que parun atome d’oxigène en moins : sa composition
est donc (*0 CH). A la vérité MM. Vôhler et Liebig n’ont point isolé le
benzoïle des composés où ce corps, suivant toute les probabilités, est uni
à l'hydrogène, au chlore, au brome, à l’iode, au soufre et au cyanogène.
Mais comme en définitive tous cescomposés donnent dans des circonstances
convenables, entre autres produits, de l'acide benzoïque résultant de la fixa-
tion d’un atome d’oxigène par l’atome de benzoïle que la théorie admet
dans leur composition, il serait peu philosophique, suivant nous, de ne pas
admettre le point de vue sous lequel MM. Vôhler et Liebig les ont envisagés.
R. 1837, 1er Semestre. (T. LV. N° 45.) 63
C.
(454 )
Citons un exemple propre à faire sentir les avantages de cette maniere de
voir.
» Le bromure de benzoïle est représenté par deux atomes de brome et un
atomne de benzoile (2Br + °0 ‘#C ©H); est-il traité par l’eau bouillante, un
atome d’eau est décomposé : ses deux atomes d'hydrogène se fixent aux
deux atomes de brome pour constituer deux atomes d’acide hydro-bromi-
que, tandis que son atome d’oxigène constitue un atome d’acide benzoïque
en se portant sur l'atome de benzoïile. Cette théorie assimile donc ce der-
nier corps à un radical électro-positif qui est susceptible de se combiner aux
corps comburant à la manière des corps simples; nous ajouterons qu’elle
l’assimile à un comburant complexe, lorsqu'il se combine avec des corps
simples décidément électro-positifs. Ainsi l’étude d’un composé de deux
atomes d’oxigène, de quatorze de carbone et de dix d’hydrogène, tant qu'il
est placé dans des conditions où l'équilibre de ces atomes n’est pas troublé,
est tout-à-fait analogue à celle d’un corps simple qui, suivant la nature des
corps auxquels il s’unit, est combustible ou comburant.
» L'Académie nous ayant chargés, M. Damas et moi, de lui rendre compte
d’un mémoire de M. E. Péligot, sur un acide résultant de l'action du
brome sur le benzoate d'argent , nous avons pensé que le résumé précédent
est la meilleure preuve à donner de l'intérêt qui s'attache aujourd'hui aux
travaux relatifs à l’acide benzoïque, en même temps qu’il nous permettra
d’assigner à celui que nous avons examiné , les rapports qu’il a avec les faits
connus antérieurement.
» M. Péligot en faisant réagir Le brome à l’état de vapeur dans un flacon:
bouché à l’'émeri sur le benzoate d’argent, traitant le produit solide par
l'éther , obtient du bromure d’argent indissous , et une solution éthérée
qui donne par l'évaporation un acide particulier qu’il nomme bromo-ben-
zoïque : cet acide qui est anhydre , est mêlé souvent d’acide benzoïque et or-
dinairement aussi d'une matière huileuse, colorée , très riche en brome.
En unissant l’acide impur à la potasse, traitant le sel ‘par le noir animal
lavé , on enlève l’huile colorée; enfin si Le sel est pur après ce traitement,
on précipite le nouvel acide par l'acide nitrique. L'auteur ajoute que dans
des circonstances qu’il n’a pu déterminer d’une manière précise, l’acide
contient des quantités considérables d’acide benzoïque, qu'il est très diffi-
cile d’en séparer complétement. D’après cela, nous aurions désiré que
M. Péligot eût dit à quels signes on peut reconnaître l'absence de l'acide ben-
zoïque dans l’acide bromo-benzoïque.
» L’acide bromo-benzoïque est incolore; l’auteur dit qu’il se fond vers
(455 )
100° et qu'il se sublime et distille vers 250° en laissant un peu de charbon.
» Il est peu soluble dans l’eau , tres soluble dans l’alcoo! , l’éther et l’es-
prit de bois.
» Il est inflammable; sa flamme est colorée en vert sur les bords.
» Sa solution dans l’eau ne donne pas de bromure d’argent avec le ni-
trate d'argent, et le chlore n’en sépare pas de brome, ce qui prouve une
intimité de combinaison très grande entre le brome et l'acide benzoïque
dénaturé.
» Il sature bien les bases , et forme des sels insolubles avec le peroxide
de fer, etc.; des sels peu solubles avec le deutoxide de cuivre, les protoxides
de plomb et de mercure et l’oxide d'argent; enfin, des sels solubles avec
lammoniaque , la potasse, la soude, la baryte, la chaux, les protoxides de
fer , de manganèse, de zinc, de cobalt et de nickel.
» M. Péligot n’a pu obtenir d’acide chloro-benzoïque, l’action du chlore
étant toujours trop vive sur les éléments du benzoate d'argent. D'une autre
- part, il pense que parmi les benzoates, il n’y a guère que celui d'argent qui
puisse donner, du moins facilement, le nouvel acide, ce qu’il attribue fant
à la facilité avec laquelle le brome s’unit à l'argent qu'au peu d'affinité que
ce métal possède pour l'oxigène avec lequel il est uni dans l’oxide du sel
employé.
» Suivant l'auteur, l’acide bromo-benzoïque, préparé par le procédé pré-
cédent, contient un atome d’eau ; mais lorsqu'on décompose par le brome
du benzoate d'argent desséché, et qu’on traite le produit de la réaction
par l’éther pur, l’évaporation du liquide donne l'acide anhydre, lequel est
composé de
Br + 40 !C5H;
d’où il suit que la matière qui est unie au brome, diffère de l'acide ben-
zoïque en ce qu’elle contient un atome d’oxigène en plus, et un atome
d'hydrogène en moins. Ce résultat nous fait penser que la dénomination
d'acide bromo-benzoïque est vicieuse, en ce qu’elle semble indiquer, d’après
les règles de nomenclature suivies jusqu’à ce jour, que le nouveau corps
est un composé de brome et d'acide benzoïque.
» M. Péligot, d’après cette analyse, pense que lorsque 4 atomes de brome
réagissent sur 1 atome de benzoate d'argent, 2 atomes s’unissent au métal,
1 atome s’unit à 1 atome d'hydrogène de l’acide benzoïque pour constituer
1 atome d’acide hydro-bromique, et qu’enfin, 1 atome de brome et l’atome
d’oxigène , provenant de l’oxide d'argent, s’unissent à l’atome d’acide ben-
zoïque qui a perdu 1 atome d'hydrogène.
63..
( 456 )
» Gette réaction est fort simple; mais d’où vient.cette matière huileuse
contenant beaucoup de brome , et cette matière colorante qu’on sépare du
bromo-benzoate de potasse impur, au moyen du noir animal lavé ? c’est ce
que l’auteur ne dit pas. ;
» Quoi qu’il en soit, on voit que la réaction du brome sur le benzoate
d'argent, donne naissance à un acide dont la composition ne se lie point
au produit de la décomposition des benzoates alcalins par la chaleur, ni à
la série de ces composés, dans lesquels nous avons admis l'existence du
benzoile, d’après les travaux de MM. Vôhler et Liebig.
Conclusion.
» Nous proposons à l’Académie; 1° qu’elle veuille bien engager M. Péli-
got à continuer ses travaux sur un sujet aussi important que l’est celui qu'il
a traité, et lui exprimer en même temps l’intérêt avec lequel elle a accueilli
le mémoire dont nous venons de rendre compte; 2° qu’elle veuille bien
lui recommander de rechercher s’il existe une série de composés dans les-
quels on pourrait admettre un corps formé de 4 atomes d’oxigène, 14 de
carbone et 9 d'hydrogène , comme il en existe une de composés dans les-
quels il paraît bien y avoir un corps particulier qu’on a nommé benzoïle. »
PHYSIQUE. — Rapport sur plusieurs mémoires , relatifs à un mode particulier
d'action des courants électriques , de M. Masson.
( Commissaires, MM. Becquerel , Savary, rapporteur. de
« M. Masson, professeur de physique au collége de Caen, a présenté
successivement à l’Académie un mémoire et plusieurs notes sur un mode
particulier d’action des courants électriques. En venant , M. Becquerel et
moi, rendre compte de cet ensemble de recherches, nous rappellerons d’a-
bord les faits principaux et plus ou moins connus qui leur servent de base.
» Une pile d’un petit nombre d'éléments ne développe à ses pôles isolés
qu’une faible tension; à l'instant où on les réunit par un conducteur métalli-
que, même de peu d’étendue , comme à l'instant où cette communication est
brisée, on n'obtient dans le point où le circuit se ferme et se rompt, qu’une
faible étincelle ; on n’éprouve, si l’on est placé dans le trajet du courant
électrique, qu’une légère secousse. L’étincelle et la secousse s’affaiblissent
encore, quoique lentement, à mesure que le conducteur s’allonge, pourvu,
comme on va le voir, que ce conducteur soit développé dans toute son
étendue. Supposons ce développement assez grand, de 30 à 4o mètres, par
(457 )
exemple, sans diminuer en rien sa longueur, et c’est là le point capital :
nous allons maintenant donner un haut degré d'énergie au phénomène de-
venu presque insensible, par un simple changement dans la forme du fil
qui réunit les pôles ; ce fil était entièrement développé; nous le roulerons
en hélice à spires serrées, en les-séparant toutefois les unes des autres par
une forte enveloppe de soie qui les isole complétement. Maintenant, quoi-
que la longueur du trajet soit la même , l'étincelle renaîtra, non pas plus
vive quant à l'éclat, mais en quelque sorte plus abondante et prolongée.
Maintenant surtout la secousse sera devenue plus saisissante, et ce n’est pas
encore la seule différence qu’apporte la figure du conducteur. L’étincelle
et la secousse avec le fil développé se montraient faibles, mais à peu près
égales, soit qu’on fermät ou que l’on rompiît la communication : avec le fil
roulé en hélice, rien n’est changé quant à l'instant où la communication
s'établit: l'accroissement d’énergie n’a lieu qu’à l'instant où le circuit est
rompu. Rappelons enfin que l’action amplifiante de l’hélice est elle-même
encore notablement augmentée, si elle enveloppe de ses Le sans le
toucher, un barreau de fer doux.
» Cependant, si la longueur du fil augmente encore, le nombre des élé-
ments restant toujours très petit, l’effet même accru par le rapprochement
des spires, finira par devenir tout-à-fait insensible. C’est qu’alors l’interpo-
sition du corps humain, conducteur imparfait, dans le circuit, empêche
le courant de s'établir. On peut toutefois rendre de nouveau la commo-
tion très vive. Il suffit de se placer en dehors du courant, quand il s’établit
à travers le fil, et cependant de manière à se trouver dans son trajet quand
la principale communication est rompue. C’est ce qui arrivera, par exem-
ple, pour citer une disposition qui puisse être comprise sans difficulté, si
le circuitétant fermé, on prend de chaque main, en deux points voisins, l’un
des prolongements du fil roulé en hélice, qui va s’attacher à la pile, et que
tout à coup ce fil soit coupé entre les deux points où on l’a saisi.
» Ces phénomènes remarquables, observés d’abord, au moins en partie,
par M. Jenkins, analysés ensuite à deux reprises par M. Faraday, sont
entrés depuis près de deux ans dans le domaine de la science. Ainsi,
personne ne verra dans nos paroles la moindre intention de réclamer en
faveur de M. Masson ce qui ne saurait lui appartenir, quand nous di-
rons que son premier mémoire avait précisément pour objet les faits que
nous venons de rappeler ici. Peut-être même devrons-nous justifier Ja
mention honorable que nous donnons à ces premières recherches d’un.
jeune physicien éloigné de Paris, én disant qu’elles sont parvenues à:
(458 )
l'Académie bien peu de temps après l’époque où la publication de M. Fa-
raday a pu être connue à Paris même. L
» Mais en laissant de côté ce qui, sans aucun doute, est la partie capi-
tale de tout cet ordre de phénomènes, nous croyons qu’il reste à M. Masson
d’avoir étudié plus complétement, et par une ingénieuse disposition, les
effets physiologiques des secousses fréquemment répétées.
» L'appareil de M. Masson consiste en une roue dentée d’un assez grand
rayon , à laquelle on peut imprimer un mouvement de rotation soit lent,
soit rapide, à l’aide de la corde sans fin d’un rouet. Cette roue dentée est
métallique et tout d’une pièce avec son axe dont les tourillons repo-
sent sur des coussinets également métalliques. L'un des coussinets est
en communication constante avec l’un des pôles de la pile, l’autre cous-
sinet avec une main de la personne soumise à l’expérience; de l’autre
main, cette personne tient à poignée l’un des prolongements d’une hélice
enroulée sur un cylindre de fer doux et attachée par son autre pro-
longement au second pôle de l’appareil électro-moteur. Voilà donc un cir-
cuit complet formé par la pile elle-même, l’hélice, le corps de l'expéri-
mentateur et l’axe de la roue dentée. Toutefois, le courant ne S'y
établira pas si l'hélice contient, par exemple, 400 à oo mètres de fil;
il s'établira au contraire, si on lui offre une .:voie métallique dans
toute son étendue , dont le corps humain cesse de faire partie. C’est ce
qui aura lieu si le premier prolongement de l’hélice, celui même que
l’expérimentateur tient à poignée, se termine, après avoir traversé Ja
main, en lame de ressort aplati, qui, maintenu à sa naissance par un
appui fixe, va presser par son extrémité libre une dent de la roue
de. métal. Le nouveau circuit-comprend ainsi la pile, l'hélice, la roue
dentée et la moitié de son axe de rotation; mais si la roue commence à
tourner, ce circuit tout métallique va se trouver rompu à l'instant où la
dent pressée échappe au ressort qui la touche : alors le premier circuit,
celui dont l’expérimentateur fait partie , subsiste seul et donne naissance
à une vive secousse. Si la rotation de la roue dentée continue, une nou-
velle dent vient toucher le ressort, le courant principal s'établit de nou-
veau, et cette dent échappant à son tour, la secousse se reproduit aussi
vive que la première fois : le même phénomène a lieu ainsi d’une ma-
nière périodique au passage de chaque dent.
» Chacune de ces secousses, comme nous l'avons dit plus haut, a une
intensité bien plus grande que celle des secousses directes que la pile seule
pourrait exciter. Si le mouvement de la roue est peu rapide, si les contacts
( 459 )
des dents avec le ressort se succèdent lentement, on éprouve, comme on
devait s’y attendre, une suite de très vives commotions. Mais quand le
mouvement de la roue est suffisamment accéléré, la sensation devient
continue; elle se change en une sorte de contraction douloureuse, en une
torsion des bras, dont l’effet, indépendant de la volonté, est de ne pas
permettre à l’expérimentateur d'abandonner les conducteurs métalliques
qu'il a saisis. Loin de là, les mains serrent ces conducteurs avec plus de
force. Il est impossible de ne pas se rappeler l’action tout-à-fait analogue
du gymnote électrique, et les expériences répétées sur celui qui fut ap-
porté à Paris. Une personne qui le tenait dans les mains, le serrait de plus
en plus et involontairement, par un effet de Ja contraction que les secousses
lui faisaient éprouver.
»Une piledequelquesélémentspeuttueren quatre ou cinq minutesun chat
soumis aux décharges rapidement répétées que fournit l'appareil de M. Mas-
son. Les muscles de l’animal mort sont dans un état de raideur extrême.
Cet état de raideur est du reste un résultat général des actions électriques,
et M. Nobili l’a observé en petit sur des muscles de grenouille. Ce qu'il y
a d’important ici, c’est l’exaltation des effets ordinaires.
» À côté de ces actions énergiques, signalons un résultat remarquable
et qui appartient tout-à-fait à M. Masson. Si le mouvement de la roue
dentée, si la succession des contacts est très rapide, la sensation, loin de
devenir plus vive, diminue par degrés et disparaît entièrement. Les choses
se passent comme si le circuit, entièrement métallique, n’était jamais in-
terrompu. Le temps nous semble intervenir ici comme un élément essentiel
de l'établissement du courant électrique dans les différents circuits iné-
galement conducteurs qu’il. peut traverser.
» Nous devons reconnaitre que des appareils analogues, jusqu’à un cer-
tain point, à celui de M. Masson, et propres à développer la sensation
continue par des secousses répétées, ont été construits en Angleterre. Ils
ont même cela de remarquable, que le courant, au lieu d’être excité par
la pile, résulte uniquement de la rotation rapide d’une hélice en cuivre
très près des pôles d’un aimant assez fort. Toutefois ces appareils ingénieux
sont loin de développer les actions énergiques que la pile, même faible,
peut exciter, et que nous avons signalées d’après M. Masson. L'appareil
anglais ne permettrait guère, sans une modification, d'observer la dispa-
rition d’effet due àune trop grande rapidité dans la succession dés contacts.
Aussi n’a-t-elle été observée, à notre connaissance, que par M. Masson.
» Pour résumer cette discussion, qui paraîtra sans doute bien longue,
( 460 )
mais que justifiera peut-être la nécessité de séparer les faits connus de
ceux qui ne l’étaient pas encore, nous pensons que l’Académie doit ac-
corder son approbation aux recherches intéressantes de M. Masson, et en-
courager ce jeune physicien à leur donner de nouveaux développements. »
HISTOIRE NATURELLE.—Rapport verbal sur un ouvrage de MM. Martin Saint-
Ange et Guérin, intitulé : Traité élémentaire d'histoire naturelle;
par M. Isinore GEOFFROY SAINT-HiEAIRE.
« Le rétablissement de l’enseignement de l’histoire naturelle dans les
colléges, son introduction dans un grand nombre d’autres établissements
d'instruction, et notamment dans plusieurs séminaires, ont fait vivement
sentir , depuis quelques années, le besoin de livres élémentaires de divers
degrés. De là un très grand nombre d'ouvrages plus ou moins recom-
mandables à divers titres, dont les uns s'adressent aux jeunes gens déjà
sortis de leurs études classiques, où même déjà initiés aux éléments de la
médecine, de l’agriculture, des, sciences industrielles ; les autres, au con-
traire, aux élèves des classes les plus élémentaires de nos colléges, les
seules, comme chacun le sait, dans lesquelles l’hisioire naturelle soit pré-
sentement enseignée. Ces derniers ouvrages eux-mêmes, si élémentaires
qu'ils puissent être, ne sont pas les plus simples que l’on possède: des
tentatives ont.été faites, et toutes ne sont pas restées sans succès, pour
mettre quelques notions d'histoire naturelle à la portée d’un âge plus
tendre encore; œuvre que nous ne. considérons, quoique dédaignée par
plusieurs, ni comme impossible, ni comme inutile; car, par elle on ob-
tiendrait ce double résultat, de donner de bonne heure à l'esprit l’habi-
tude d'observer, c’est-à-dire de bien voir , et de détruire à leur première
origine, ou même de prévenir des préjugés qui, une fois qu’on leur a
laissé prendre racine, résistent long-temps à tous les efforts.
» Depuis ceux du degré le plus élevé jusqu'aux plus’ simples de tous,
depuis ceux qui ont pour but d'introduire à l'étude approfondie de lhis-
toire naturelle des esprits déjà.cultivés, jusqu'à ceux qui s'adressent
modestement à des intelligences naissantes, tous les livres élémentaires,
s'ils sont faits consciencieusement, se proposent done un but utile. Mal
heureusement la plupart de ceux que l’on possède aujourd'hui, (et ce
défaut, très frappant dans les plus simples et les plus élémentaires, se
fait sentir jusque dans ceux d’un degré supérieur), ont été écrits par des
hommes qui n'avaient, ni pénétré assez profondément dans l'étude de la
(461 )
science qu’ils prétendent enseigner, ni assez réfléchi sur la diversité des
méthodes qu’il convient d'employer suivant le public auquel on s'adresse
et le but qu’on se propose, C’est presque toujours un livre écrit à l'usage
des naturalistes, c'est principalement pour la zoologie, le Règne animal
de M. Cuvier, qui est pris, non-seulement pour guide, et ici nous n’au-
rions qu’à louer, mais pour modèle et pour type: et chaque ouvrage
nouveau, à peu d’exceptions près, n’est toujours que ce même livre,
abrégé, résumé, réduit, en quelque sorte , à une échelle plus petite, et
par là rendu à la fois d’une obscurité et d’une aridité désespérantes.. La
classification , la terminologie et leurs difficultés, inconvénients inévitables
dans un traité général du règne animal, faciles au contraire à éliminer
en grande partie dans les ouvrages vraiment élémentaires, sont précisé-
ment ce qui est presque dans tous conservé le plus complétement; l’his-
toire des mœurs des animaux, si instructive en même temps que si
intéressanté, ce qui est réduit aux plus petites proportions. En un mot,
la partie technique de la science prédomine presque partout sur ce
qu’on peut nommer par excellence sa partie intellectuelle.
» De là vient qu’en présence d'ouvrages déjà nombreux sur les éléments
de l’histoire naturelle, ‘plusieurs encore ont été récemment exécutés ou
commencés , et tel est entre autres le livre dont nous avons aujourd’hui
à rendre compte à l’Académie, le Traité élémentaire de MM. Martin Saint-
Ange et Guérin, savants tous deux honorablement connus de l’Académie, qui
a décerné à plusieurs reprises des récompenses aux travaux zootomiques
du premier, et accordé ses encouragements à plusieurs des mémoires
entomologiques du second et à son Zconographie du règne animal.
.… » Dans l'impossibilité où il est de donner dans son rapportune analyse
d’un livre qui est lui-même un résumé de tous les faits principaux de l’his-
toire naturelle, M. Isidore Geoffroy présente diverses remarques sur le but,
l'esprit et le mode d’exécution , soit de l’ensemble de l’ouvrage, soit des
parties qui avaient été plus particulièrement renvoyées à son examen,
savoir, celles qui se rapportent au règne animal. Nous nous bornerons
à citer cette seconde partie.
» Dans la partie zoologique dont il est spécialement l’auteur , M. Gué-
rin, dit M. Isidore Geoffroy, omet la description, et jusqu’à l'indication
d’un certain nombre de genres peu connus ou qui offrent peu d’intérét ;
mais l’histoire de ceux dont il croit devoir traiter , est présentée avec des
détails assez nombreux pour faire connaître non-seulement les carac-
tères et les mœurs du genre, mais ceux aussi de ses principales espèces.
C. R. 1839, 1° Semestre. (T. LV, N° 15.) 64
( 462)
L'ordre qu’il suit est l’ordre proposé par M. Cuvier dans le Jiègne ani-
mal ; mais plusieurs espèces et même plusieurs genres récemment établis,
sont intercalés dans la série, et presque toujours dans un rang qui
exprime fidèiement leurs rapports naturels. Si l’on ne trouve dans cette
partie de l'ouvrage, aucun fait nouveau pour la science, on voit denc que
M. Guérin y a du moins rassemblé des faits récemment découverts, et
qu’on ne trouverait point ailleurs, si ce n’est disséminés dans des mé-
moires spéciaux.
» La partie zootomique de l’ouvrage, due à M. Martin Saint-Ange, a
droit à de semblables éloges, et à d’autres encore, Son texte, dont peu
de livraisons ont encore paru, a partout le mérite d’une exposition
claire et fidèle des faits. Mais ce sont surtout ses planches sur lesquelles
nous devons appeler l'attention de l’Académie. Quand la plupart des li-
vres élémentaires d'Histoire naturelle ne donnent que des copies,
M. Martin Saint-Ange a donné partout des figures originales, dont plu-
sieurs méritent assurément d’être reproduites dans les ouvrages spéciaux
d'anatomie comparée. Il a pris, dès le début de son ouvrage, l’enga-
gement envers le public, et il l’a fidèlement tenu, de ne faire graver
aucune planche que d’après ses propres dessins, et de n’en dessiner au-
cune que d’après nature, et, autant qu’il se peut, d’après des pièces
préparées par lui-même. Les planches qu’il a fait paraître jusqu'à pré-
sent, sont au nombre de huit; malheureusement presque toutes, et
précisément les plus intéressantes, se rapportent à des parties non
encore publiées du texte. Telles sont celles de l’axe cérébro-spinal, ré-
duction de la belle planche exécutée il y a quelques années par MM. Manec
et Martin, et qu’un rapport verbal très favorable a fait connaître à
l'Académie; celle des organes sexuels du kanguroo; celle du squelette
de la grenouille verte, emprunt fait par l'auteur à son mémoire sur la
métamorphose des Batraciens, que l’Académie a mentionné si honora-
blement dans sa séance publique de 1831; celle des quatre estomacs du
mouton, et surtout celle de l'axe cérébro-spinal et des nerfs de la raie.
Ces deux dernières planches n’ont pas seulement le mérite de représenter
avec une netteté et une lucidité rares, l’ensemble et les détails princi-
paux d'appareils très complexes : dans la première, l’auteur figure une
disposition très curieuse et jusqu'à présent inobservée, des fbree mus-
culaires entre la panse, le feuillet et le bonnet; dans la seconde, plu-
sieurs détails nouveaux et importants de la distribution des nerfs de la
peau et des organes des sens. Cette dernière planche doit être complétée
( 463 )
par une autre représentant, avec le même soin, les diverses parties du
grand sympathique dans le même poisson. L'intérêt de celle-ci sera d’au-
tant plus grand, que M. Desmoulins, celui de tous nos zootomistes, après
M. Serres, auquel on doit le plus de recherches anatomiques sur le
système nerveux des poissons, avait cru, il y a quelques années, pou-
voir nier d’une manière absolue l'existence de ce nerf dans les raies et les
squales, et déduire des résultats négatifs de ses investigations, déjà
contestées au reste par M. Cuvier, des objections graves contre diverses
vues théoriques d’une haute importance.
» Nous ne saurions trop inviter M. Martin Saint-Ange à persévérer dans
la voie où il s’est engagé. En soumettant à une révision nouvelle tous
les faits dont l'exposition entre dans le plan de son travail, il ne peut
manquer de voir ses efforts récompensés souvent par la découverte de faits
nouveaux, ou, ce qui n’est pas moins utile, ce qui l’est plus peut-être,
par la rectification d’erreurs consacrées par l’assentiment formel ou tacite
d’un plus ou moins grand nombre d’auteurs. Toutefois, en appréciant
à leur valeur les observations nouvelles que cet habile anatomiste a déjà
faites et ne peut manquer de faire par la suite, nous craindrions que
tout en servant la science, elles ne nuisissent au but spécial de son
ouvrage, s'il se laissait aller au désir bien naturel de les y développer.
Nous devons souhaiter, dans l'intérêt d’un travail aussi estimable, que
l’auteur les y résumant succinctement, fasse de celles qui ont le plus
d'importance, les sujets de mémoires à part, que PAcadémie, nous n’en
doutons pas, accueillerait avec faveur.
» En résumé, l'ouvrage de MM. Martin Saint-Ange et Guérin, en même
temps qu’il présente élémentairement les principaux faits de la science
dans son état actuel, ajoute même sur quelques points à la somme des
connaissances acquises, et par conséquent se recommande à double titre
à l'intérêt de l’Académie. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par voie de scrutin, à la nomination de la Com-
mission pour le concours au Prix concernant l'application de la vapeur
à la navigation.
MM. Arago, Séguier, Dupin, Dulong, Poncelet, ayant réuni la majorité
des suffrages, composeront cette Commission.
64.
( 464 )
La section de Mécanique est invitée à faire, daris la prochaine séance,
sa déclaration touchant la question, s’il y a lieu, où non, de nommer à
la place devenue vacante dans son sein par le décès de M. Molard.
MÉMOIRES LUS.
MÉDECINE. — Recherches sur la nature des mucus et des divers écoulements
produits par les organes génito-urinaires de l’homme et de la femme ;
description de nouveaux animalcules découverts dans quelques-unes de
ces matières; observation sur un nouveau mode de traitement de la
blennorrhagie; par M. Az. Doré. . :
(Commissaires, MM. Duméril, Turpin, Breschet, Bory de Saint-Vincent.)
L'auteur résume, dans les termes suivants, les faits principaux contenus
dans son mémoire.
«1°. Lepus de la blennorrbagie urétrale n'offre pas de différence chez
l'homme et chez la femme; ce pus est alcalin, et il présente les mêmes
caractères que le pus phlegmoneux ordinaire. Il ne contient jamais d’ani-
malcules d'aucune espèce.
» 2°. Le pus des chancres du gland et de la vulve est alcalin; les globules
de ce pus sont moins nets et moins réguliers que ceux dupus louable. Ileest
le seul dans lequel on trouve des vibrions. C’est aussi le seul capable de re-
produire d’une manière certaine, par inoculation, la pustule caractéristique.
» 3°. La matière sébacée du prépuce est alcaline et ne contient pas de
vibrions ;il ne se développe pas même de ces animalcules dans le pus fourni
par un vésicatoire appliqué sur le gland.
» 4°. Le pus des bubons est alcalin et ne présente jamais d’animalcules.
» 5°, Le mucus vaginal, à l'état normal, est acide. et composé de petites
pellicules particulières microscopiques; il n'offre jamais d’animalcules
lorsqu'il n’est pas altéré par un état morbide spécial.
» 6°. Les écoulements du vagin sont simplement muqueux, ou bien ils
sont purulents.
» 7°. Les écoulements muqueux constituent la vaginite simple ou mieux.
la leuchorrée vaginale.
» 8°, Les écoulements de nature purulente constituent souvent la vaginite
blennorrhagique; c’est dans la matière de cet écoulement qu'existent les
nouveaux infusoires que j’ai décrits sous le nom de érico-monas-vaginale.
( 465 )
» 9°. L’acidité du mucus vaginal et la présence des animalcules dans cette
humeur contribuent peut-être aux maladies du col de l'utérus.
» 10°. Le mucus utérin est toujours alcalin; ce caractère le distingue
constamment du mucus vaginal; dans l’état normal il ne présente ni opa-
cité, ni globules; dans les affections du col ou du corps de la matrice, dans
les fleurs blanches ou .catarrhe utérin, il prend l'aspect du pus, mais il ne
s’y produit jamais d’animalcules.
» 11°. Enfin le baume de copahu et le poivre Cubèbe unis au beurre de
cacao , peuvent être administrés avec avantage dans la blennorrhagie, sous
forme de cônes solides introduits dans le rectum. »-
GéoLoGiE, —- Exposition sommaire de la constitution géologique de L Asie
Mineure; par. M. Texier. (Extrait du mémoire lu dans la séance du
20- mars. )
« Une opinion généralement accréditée d’après les anciennes traditions,
et qui a prévalu jusqu’à nos jours, n’est pas confirmée par l’examen géo-
logique des terrains. On pensait que l'ouverture du Bosphore avait eu lieu
par suite d’une violente secousse éprouvée par la surface du globe, et que
les eaux de la mer Noire en faisant irruption dans l’Hellespont, avaient
causé le déluge de Samothrace. Mais, sans examiner le canal des Darda-
nelles, dont les deux rives sont en effet de terrain tertiaire, on doit remar-
quer que la côte européenne du Bosphore, depuis Buyuk-Déré jusqu’à la
mer Noire, est uniquement composée de trachytes et de roches analogues. -
Ces trachytes sont à fond bleu avec des cristaux blancs ; ce sont des épan-
chements de cette nature qui ont formé les îlots existants à l’entrée de la
mer Noire, et qui, pour cette raison, ont été nommés par les anciens Z/es
Cyanées.
» Ces trachytes se retrouvent dans une largeur de plusieurs lieues jus-
qu’à Belgrade et Kila.
» La côte asiatique au contraire depuis le mont Géant jusqu’à Fanaraki,
est composée de calcaire de transition ; il est donc constant que jamais ces
deux rives n’ont été unies; et si la largeur du Bosphore a changé depuis les
temps les plus reculés, on peut conclure au contraire qu’elle à été dimi-
nuée par l’épanchement des roches trachytiques de la côte d'Europe.
» Toute la rive asiatique du Bosphore est formée par des collines dans :
lesquelles domine le calcaire de-transition.
» Le bassin de Nicomédie enfermé dans cette formation, est de grès-
’
( 466 )
rouge et de grauwake, mais la chaine calcaire se prolonge sans interrup-
tion jusqu’au cap Jéni-Chesser près des Dardanelles. Seulement en diffé-
rents lieux cette roche est couverte de terrains tertiaires qi forment quel-
quefois des montagnes assez élevées.
» La presqu’ile de Cyrique se rattache aux formations de calcaire-mar-
bre de l'ile de Marmara. On rencontre là un petit groupe dont les centres
sont formés de pitons granitiques; mais les roches à bases de feldspath
sont plus rares que toutes autres dans ce continent.
» La formation la plus étendue de ce genre est le mont Olympe de By-
thynie dont les acrotères offrent de nombreuses variétés de roches : on re-
marque en s’élevant dans les régions supérieures de l’Olympe des exem-
ples de granite et de calcaire de transition unis entre eux de manière à faire
supposer que de violentes secousses ont eu lieu à une époque où ce cal-
caire n’était pas entièrement durci.
» Le fleuve Sangarius qui prend sa source en Galatie, coule au milieu
d’un vaste bassin d'argile qui a plusieurs lieues de largeur ; sa direction est
de l'est à l’ouest; le fleuve ne tourne vers le nord que lorsqu'il arrive
aux pentes orientales de l'Olympe. Les terrains du bassin inférieur du
Sangarius sont d'argile plastique; ceux du bassin supérieur sont d'argile
smectique. Cette formation recouvre la couche de magnésite, écume
de mer, qui s’exploite aux environs d’Eski-Chesser. On la tire de puits qui
ont depuis cinquante pieds jusqu’à vingt de profondeur.
» Lecentre de l'Asie Mineure forme un vaste plateau qui comprend les
anciennes provinces de la Cappadoce et de la Phrygie Épictète ; la ville de
Kutaya est au centre de cette dernière; toute la phine de Kutaya appar-
tient au terrain de craie qui varie LÉ nature jusqu'aux frontières de la
Phrygie Brûlée.
» Cette province a été ainsi nommée par les anciens à cause des nom-
breux volcans qui couvrent son sol.
» Les terrains volcaniques commencent sur la côte nord du golfe de
Smyrne aux environs de Fogjlieri: te mont Sypilus, uniquement composé de
rochesd’épanchement trachytique se prolonge E. O. en formant une partie
du bassin de l’'Hermus; les terrains volcaniques vont jusqu’à Kara-Hersar(le
Châtean Noir ) ainsi nommé d'un immense rocher trachytique qui s’élève
dans la plaine.Ilest à remarquer que les épanchements de trachytes se sont
faits suivant des lignes circulaires dont cette montagne est le centre. Les
terrains trachytiques suivent une direction générale de l'est à l'ouest: on
( 467)
les retrouve à Sévri-Hissar, à Angora, à Arablir, c'est-à- dire qu'ils suivent
une ligne presque continue du nord de la province de Cappadoce.
» On les rencontre de nouveau au sud de cette province dans le groupe
isolé du mont Argée, la plus haute montagne de l’Asie Mineure.
» La plaine de Césarée est à cinq cents toises au-dessus du niveau de la mer;
(Erzeroun est à 660 toises), et la montagne s’élève à plus de mille toises au-
dessus de la plaine. Son sommet est toujours couvert de neige. Il est de
trachyte ancien, mais sur les flancs se sont fait jour des épanchements de
scories et de laves qui forment une multitude ‘de petits dômes arrondis.
» La plaine de Césarée est couverte de tufs volcaniques. La limite N. de
ces terrains est le cours de l’Halys; au sud ils s'étendent jusqu’à la vallée
d'Urgub remplie de cônes de ponce et d’un aspect unique.
» Les terrainsde mica-schiste composenttoute la chaîne du mont Tmolus
au sud de Smyrne. C’est de cette montagne que sort le fleuve Pactole qui
entrainant dans ses eaux une multitude de paillettes de mica, a passé chez
les anciens pour rouler de l'or.
» Le centre de la Cappadoce est formé par une plaine de cent-vingt lieues
de long sur cinquante de large. Le terrain en est imprégné de sels et le
milieu de cette plaine est occupé par un grand lac ou marais salant qui
fournit du sel à toutes les villes du centre.
» Comme d'après la forme du terrain, les eaux des pluies et des mon-
tagnes sont déversées en dehors de ce plateau, on est porté à croire que ce
lac n’est que le résidu d’un autre lac salé plus vaste, qui occupait le centre
de l'Asie.
» L’Asie Mineure est bornée au sud par le mont Taurus, longue chaine
qui se prolonge sans interruption de Macri jusqu’à l'Euphrate.
» Toute cette chaîne est de calcaire tertiaire, et l’on a trouvé sur un des
sommets près de Tarsous un gisement d'huîtres coudées, caractéristique
des terrains récents; sur les flancs de la chaine vers l’île de Castel-Rossos le
calcaire à nummulites est abondant.
» Toute la Pamphylie est formée par des terrains d’attérissements et des
poudingues siliceux ou calcaires qui se prolongent jusque dans les vallées
du Taurus. ;
» La presqu’ile de l’Asie Mineure est bornée au N. et au S. par deux zones
calcaires courant E. et O., dont le centre est occupé par une vaste plaine. Les
terrains volcaniques forment une zone intermédiaire qui la coupe aussi
longitudinalement; et de toutes les chaînes de cette contrée, celle du
mont Taurus est sans contredit la plus moderne.»
( 468 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
cmimie. — Recherches sur l'acide acétique; par M. Persoz.
(Commissaires, MM. Thénard, Dumas.
L'auteur, dans un mémoire lu à l'Académie , en octobre 1836, avait pré-
senté quelques considérations sur les recherches relatives à la densité des
produits organiques, considérées comme un moyen d'arriver à la connais-
sance de la constitution moléculaire; la note qu'il présente aujourd'hui
contient les résultats qu’il a obtenus en étudiant sous ce point de vue l’a-
cide acétique concentré.
cnImtE APPLIQUÉE. — Condition des soies par décreusage d'essai ; mémoire
de M. Ozanau (transmis par M. le Ministre du Commerce et des Travaux
publics.)
Renvoi à la Commission chargée de.l’examen d’un mémoire de M. Re-
naux, également relatif au conditionnement des soies. MM. Séguier et
Robiquet, sont adjoints à cette Commission.
cHiRURGIE. — Modification apportée au brise-pierre, pour répondre à cer-
taines dispositions exceptionnelles des organes urinaires ; par M. Lenox
D'ÉTIOLLE.
(Commissaires, MM. Larrey, Breschet.)
La modification consiste dans l’allongement de la branche fixe du brise-
pierre, et est destinée à surmonter les obstacles qu'oppose l'augmentation
de la courbure de l’urètre déterminée par une bypértrophie de la prostate.
cmRURGIE, — Figure d'un étau pour l'opération de la lithotritie; par M. Jar.
(Commissaires, MM. Larrey, Breschet.)
ÉCONOMIE RURALE. — Procédé pour purger les céréales des charançons et au-
tres insectes nuisibles ; par M. Simox Jouu.
(Commissaires, MM. Silvestre, Séguier.)
L'auteur ne fait pas connaître, dans sa lettre, l'agent qu’il emploie pour
(469 )
détruire les insectes, et adresse seulement deux dessins représentant l’ap-
pareil dans lequel le grain est agité pendant cette opération.
PHysiOLOGIE. — De la Psophose, ou production des sons dans le règne anima L.
(Concours au grand prix des sciences physiques pour 1837.)
(Renvoi à la future Commission. )
eHysioLoGiEe. — Recherches sur la nutrition; par M. Rirerx. (Concours au
prix de physiologie expérimentale pour 1837.)
(Renvoi à la future Commission.)
cumurGre: — Mémoire sur la luxation isolée de l'extrémité supérieure du
cubitus en.arrière , ou huméro-cubitale postérieure , sans déplacement du
radius ; par M. Séniror, professeur de médecine opératoire à l'École
militaire de perfectionnement.
(Concours Montyon : Médecine et Chirurgie.)
MÉDECINE. — Mémoire sur le traitement de la dyssenterie par l'albumine
donnée en boisson et en lavement ; par M. J.-T. MonDièrEr, médecin de
hôpital de Londres.
(Même Concours.)
L'auteur, dans la lettre d’envoi, annonce qu'il avait déjà exposé cette
méthode de traitement, dans une note adressée il y a quelques mois,
sous enveloppe cachetée.
cHiRURGIE, — nstruments de chirurgie; par M. Coromgar , de l'Isère.
(Même Concours.)
L'auteur, dans la lettre d'envoi, désigne ainsi qu’il suit, les instruments
qu'il adresse.
1°. Un compresseur pour lamputation des membres;
2°. Un couteau coupant en biseau, pour l’amputation de la cuisse et
du bras.
3°. Une pince porte-nœud pour la ligature des artères, même celles
qui sont situées profondément ou dans un espace étroit.
4. Une aiguille cannelée et en spirale pour opérer les fistules vésico-
vaginales et recto-vaginales.
C.R, 1837. 19° Semestre. (T. LV. N° 45.) G5
(470 )
5°. Un hystérotome pour l’amputation du col de la matrice, pour
opérer sans déplacer et tirailler l’organe.
6°. Une érigne à huit crochets pour la même opération, par la mé-
thode de l’abaissement, et pour saisir circulairement les polypes de
l'utérus.
7°. Un spéculum brisé à six valves, pour pratiquer l’hystérotomie dans
le cas d’ulcérations carcinomateuses.
CHIRURGIE. — Pinces tranchantes et ciseaux destinés à aviver les bords
calleux et les angles des fistules vésico-vaginales , etc. (sept pièces); par
M. Gocr10s0.
(Même Concours.)
CHIMIE APPLIQUÉE, — Procédé pour extraire des graines du marronier d'Inde
une fécule amilacée, propre à l'alimentation ; par M. A.-C.-P. Morrer,
chirurgien aide-major au 6”° régiment de dragons.
(Concours Montyon : Perfectionnement des arts et métiers.)
PAPIERS DE SURETÉ.— M. D'homergue adresse un échantillon du papier qu'il
fabrique à Philadelphie, pour l'impression des billets de banque, et de-
mande que cet échantillon soit renvoyé à l'examen de la Commission des
papiers de sûreté. Plusieurs des feuilles sont couvertes de vignettes en.
taille-douce.
(Renvoi à la Commission nommée.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce.
en transmettant le mémoire de M. Ozanam, sur le conditionnement des
soies , rappelle qu’il a adressé le 28 janvier dernier , un mémoire de M. Re-
naux, relatif au même sujet.
« J’attache le plus grand prix, dit M. le Miuistre, à connaître Popinion
de l’Académie, non-seulement sur chacun de ces travaux particuliers, mais
encore sur tout ce qui concerne l’importante question du conditionnement.
des soies. »
La lettre de M. le Ministre, ainsi que les mémoires de MM. Ozanam et
Renaux, sont renvoyés à la Commission précédemment mentionnée,
( 471)
Commission composée de MM. Dulong, Darcet, Chevreul, Robiquet,
Séguier.
M. de Silvestre, en qualité de Secrétaire perpétuel de la Société Royale et
centrale d'Agriculture, annonce que cette Société tiendra sa séance pu-
blique le 2 avril, à midi, à l’Hôtel-de-Ville, et fait savoir à MM. les membres
de l’Académie qui voudraient assister à cette séance, qu'ils y seront admis
sur la présentation de leur médaille.
M. Strauss Durckheim examine comment on pourrait vérifier l’hypo-
thèse suivant laquelle les quatre petites planètes seraient des fragments
d’une planète unique qui jadis aurait existé entre Mars et Jupiter.
M. Robert présente sur les habitudes du Lamantin quelques remarques
dont l’objet est d'appuyer le rapprochement établi par M. de Blainville
entre les animaux de cette famille etle Dinothérium.
M. Morlet rappelle que deux mémoires concernant la Théorie du ma-
gnétisme terrestre, qu'il a présentés depuis plusieurs mois, n’ont point en-
core obtenu de rapport.
M. Markotte écrit relativement à un moyen qu’il croit avoir trouvé
pour diriger les aérostats.
M. Bertrand Boccandé écrit qu’il est près de partir pour la côte occi-
dentale d'Afrique, où il doit se livrer principalement à des observations
d'histoire naturelle ; il se propose de s'occuper aussi d’observations rela-
tives à la physique et à la météorologie, et demande si l’Académie n’a
pas quelques instructions spéciales à lui donner à ce sujet.
M. le Secrétaire perpétuel fera parvenir à M. Bertrand Boccandé un
exemplaire des instructions rédigées pour le voyage de la Bonite.
M. Chevalier dépose sous enveloppe cachetée la formule de la compo-
sition d’un papier qui, suivant lui, doit être utile pour prévenir la falsifica-
tion des écritures, en fournissant des preuves évidentes du travail des
faussaires.
_ M. Gannal dépose également sous enveloppe cachetée un travail relatif
à l'alimentation.
l’Académie accepte le dépôt de ces deux paquets.
La séance est levée à 5 heures. il *
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. É
+ L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1837, 1° semestre, n° 12.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macennir;
livraisons 5 — 7, in-8°.
Traité complet de Matière médicale; par M. J.-B.-G. Barmier; 4° édi-
tion, 3 vol. in-8°, Paris, 1837. (M. Duméril est chargé d’en rendre un
compte verbal.)
Tableaux synoptiques et chronologiques de Géographie; par M. H.
Paranis; in-folio. (M. Beautemps-Beaupré est chargé d'en rendre un
compte verbal.)
Histoire d'une troisième Amputation du col de l'utérus, faite avec succès;
par M. J.-J. Casexave; Bordeaux, 1337, in-8°.
Galerie ornithologique ou Collections d'Oiseaux d'Europe ; décrits par
M. »'Ormexy et dessinés par M. J. Traviës; 15° livraison, in-4°.
Recueil industriel, manufacturier et commercial; par MM. ne Moréon
et Juzren de Paris; n° 38, février 1837, in-8°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, des Sciences et des Arts de
l'arrondissement de Valenciennes ; tome 2, Valenciennes, in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; tome 6, octobré 1856, in-8°.
Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne; tome
10, janvier et février 1837, in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen ; n° 47, in-8°.
Extrait d'un mémoire de M. De Hunsoor sur le Volcan de Pichincha
et la Constitution géognostique du plateau de Quito ; un quart de feuille
in-8°. (En allemand.)
Tarbuch fur 1837....Annuaire pour l’année 1837, par M. Scnuacxen;
avec des additions de MM. Bessez, Hansen, De Humroznr, Moser, OLsers et
Paucxer ; Stuttgardt, 1837, in-6°.
Ueber die visceralbogen....Sur les Ares viscéraux des vertébrés en
général, et sur leur Métamorphose chez les mammifères et les Oiseaux;
par M. Rercuerr; Berlin, 1857, in-4°.
( 473 )
l'ersuchte herstellung.... Essais de Rétablissement de bassins ap-
partenant à quelques animaux du monde primitif, d'après des débris de
squelettes ; par M. le docteur Rrrcex.
l'ersuch einer. ....Essai d'une Classification naturelle des Oiseaux ;
par le même.
V'ersuch… Essaid'une Classification naturelledes Amphibies; par leméme.
Ueber die bestændige....Sur le perfectionnement continuel du sang
dans le fœtus ; par le méme.
Fergleichende Betrachtung.....Anatomie comparée du système 0s-
seux qui supporte et entoure les organes de la génération; par le méme ;
premiere partie : Poissons.
Baustücke einer Vorschule.....Matériaux d'un Prodrome de la doc-
trine médicale générale ; par le même.
Probe Fragment einer Phisiologie.....Fragment d'un Essai sur la
Physiologie de l'homme , contenant l'histoire du développement du fœtus
humain ; par le même.
Die hœchsten Angelegenheiten....Les plus hauts Intérêts de l'âme
considérés sous le point de vue du Progrès; par le méme.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; tome3,
2° série, mars 1837, in-8°.
Cazette médicale de Paris ; tome 5, n° 12, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 34 et 35, in-4°.
La Presse médicale ; tome 1°, n° 23 et 24, in-4°.
Écho du Monde savant; n° 64;
L'Éducateur ; novembre et décembre 1836, in-4°.
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COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L’ACADEMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 3 AVRIL 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
1 MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Remarques sur l’invariabilité des grands axes des
orbites , dans le mouvement des planètes en général, et dans celui de
la Lune en particulier; par M. Porsson (*).
« Si l’on considère les perturbations du mouvement elliptique d’une
planète, produites par l’action d’une ou plusieurs antres planètes tous les
termes indépendants de leurs moyens mouvements se détruisent, dans
la différentielle du grand axe de la planète troublée, du moins aux deux
premières approximations relatives à la force perturbatrice. Cette réduction
à zéro de la totalité de ces termes, s’effectue séparément à chacune de ces
approximations ; elle est indépendante d’aucune relation particulière qui
puisse exister entre cette force et le moyen mouvement de la planète trou-
blante (*); et, pour cette raison , elle a lieu également dans le cas de deux
(*) Zoyez la note historique, dans le Compte rendu de la séance.du 6 mars dernier.
(**) C’est ce que l’auteur des observations relatives à mon mémoire sur le mouvement
de la Lune autour de la Terre, actuellement soumises à l’examen d’une Commission de
l’Académie, paraît n’avoir pas compris, non plus que le principe fondamental de la va-
C. R. 1837, 1° Semestre. (T. IV, Ne 44.) 66
( 476 )
planètes quelconques , et.dans le cas du mouvement de la Lune troublé par
l’action du Soleil, où la force perturbatrice a pour mesure le carré du
moyen mouvement de cet astre divisé par le carré de celui du satellite.
» La disparition des Llermes indépendants des moyens mouvements
dans la différentielle du grand axe, résulte immédiatement à la première
approximation, de la forme sous laquelle Lagrange a présenté cette différen-
tielle. A la seconde approximation, elle se conclut, en ce qui concerne les
termes provenant de la variation des éléments de la planète troublée, d’une dé-
composition de cette différentielle en diverses parties dont chacune jouit, sé-
parémeni et d’après sa forme, de la propriété dont il s’agit. Quant aux termes
qui pourraient provenir de la variation des éléments de la planète trou-
blante, j'ai eu recours au principe des forces vives pour démontrer qu’ils
se détruisent en même temps que les autres. La forme de ces parties, dans
lesquelles la différentielle du grand axe se décompose à la seconde approxi-
mation, est différente selon qu’elles contiennent ou ne contiennent pas
l'accroissement du moyen mouvement de la planète troublée. Je me borne-
rai à rappeler ici la forme remarquable de celles qui ne renferment pas
cet accroissement: et répondent uniquement aux varialions des autres élé-
ments elliptiques de cette planète. . +
» Je désignerai, comme dans la Mécanique Plestes par R la fonction per-
turbatrice , et je représenterai, pour abréger, par R'df sa différentielle par
rapport au temps introduit.dans, cette fonction par les -cooxdonnées de la
planète troublée; de sorte que m.2R/dt soit. l'expression eennue: de la
différentielle de l’unité divisée par le grand axe. D’après le principe fonda-
mental de la variation des constantes arbitraires, on pourra prendre cette
différentielle R'dt, sans faire varier les éléments de la planète troablée ;
ce qui sera plus simple, et ce que je supposerai effectivement. Cela étant,
dans la seconde approximation , les parties de R’ dont je veux parler sont
de la forme
dR fdR dR' far À
AC Pr ALP Un LEE: d);
riation des constantes arbitraires en général,ou des éléments elliptiques en particulier, qui
permet de ne pas différentier la fonction perturbatrice par rapport à ces éléments ; sa
différentielle première, ou’ celle de toute autre fonction des coordonnées de la planète
troublante et dela planète troublée;, devant toujours se réduire à zéro , quand on y fait
varier:à la fois , et d’une manière Eure , tous les éléments de Mist ou de l’autre
de ces deux planètes.
| (477 )
het k désignant deux des six éléments elliptiques de la planète troublée, et
A un coefficient constant. On regardera dans cetté formule, tous les élé-
ments elliptiques de la planète troublante et de la planète troublée,
comme des constantes, et leurs moyens mouvements comme des quantités
proportionnelles au temps; et, si l’on y substitue pour R, la somme de
deux termes quelconques de son développement en série de sinus et de
cosinus des multiples de ces moyens mouvements, et qu'on effectué les
intégrations indiquées , on verra, sans difficulté, qu’il n’en résulte aucun
terme indépendant de ces deux angles variables.
» Cette formule est identiquement nulle, lorsque les termes de R que
lon ÿ substitue , sont indépendants du moyen mouvement de la planète
troublante, et, à plus forte raison, quand ils ne dépendent pas non plus
de celui de la planète troublée. Les intégrales qu’elle renferme sont alors
les térmés proportionnels au temps que peuvent contenir les éléments ellip-
tiques de la planète troublée. À l’égard de ces termes continuellement crois-
sants, comme les moyens mouvements du périhélie et du nœud, par
exemple, on ne doit pas, dans la méthode des approximations successives ,
les faire sortir hors des sinus et des cosinus; sans quoi les valeurs que l'on
obtiendrait pour les accroissements des coordonnées de la planète troublée,
résultant des perturbations de son mouvementelliptique, cesseraient bientôt
d’être de très petites quantités; ce qui mettrait la méthode en défaut. C’est
ce que j'ai suffisamment expliqué dans le n° 7 de mon Mémoire sur le
mouvement de la Lune. Mais il n’en est plus de même, lorsqu'il s’agit de
démontrer le théorème de linvariabilité des grands axes’: on peut alors dé-
velopper la fonction R suivant les puissances et les produits des parties des
perturbations qui sont proportionnelles au temps, aussi bien que suivant
les puissances de leurs parties périodiques ; et la démonstration convient
également aux termes de l’une et de l’autre espèce; car il suffit, pour son
exactitude, que les termes de la première espèce soient considérés comme
de très petites quantités pendant un temps aussi court que Pon voudra (*).
» Au bout d’un temps £ quelconque, la longitude moyenne, dans le
mouvement elliptique, est de la forme n£+6e, en désignant par € sa valeur
à l’époque où l’on a t=0 , et par »# un coefficient dépendant du grand axe;
Dans le mouvement troublé, « devient une variable, ainsi que la longueur
als Siieireren eye pie, AMIS Loire
” pe
(*) J’oyez aussi, sur ce point , le n° 17de mon mémoire sur les inégalités séculaires
du mouvement des planètes , inséré dans le XV° cahier du Journal de l École Polytech-
nique. L
66..
= ( 478 )
de cette ligne , et l’on doit remplacer nt par l'intégrale fndt, que les géo-
mètres appellent toujours le moyen mouvement. La révolution moyenne
est achevée, lorsque l'angle /ndt+e, réduit aux inégalités séculaires qu’il
peut renfermer, a augmenté de 360°. Or, la partie fndt est alors
proportionnelle au temps et égale à 7£, du moins: dans les deux pre-
mières approximations relatives à la force perturbatrice; l’autre partie €
est la seule qui renferme une inégalité séculaire; et comme son am-
plitude est tout-à-fait négligeable dans le mouvement des planètes, il
s'ensuit que les durées de leurs révolutions sidérales, et en particulier
la longueur de l’année sidérale, peuvent être considérées comme inva-
riables. Mais cette inégalité de € n’est plus insensible dans le mouvement
de la Lune; et c’est elle qui donne lieu à l'accélération séculaire de
ce mouvement, que les astronomes ont observée, que Laplace à conclue
le premier de la théorie, et qui se changera, par la suite, en un ra-
lentissement. J'ai expliqué, dans le n° 32 de mon mémoire, comment le
demi-grand axe de l'orbite de la Lune se déduit de sa vitesse moyenne
angulaire, donnée par l'observation; de celle du Soleil; de la masse
du satellite, que j'ai supposée égale au 75° de la masse de la Terre; et
de la longueur du pendule à seconde, sous le parallèle dent le sinus
de la latitude est V/3. En prepant pour unité le rayon du sphéroïde
terrestre, qui aboutit à ce parallèle, et supposant son aplatissement
égal a ==, on trouve 60,197 pour la longueur du demi-grand axe de
l'orbite lunaire, qu’on ne doit#pas confondre avec la distance moyenne
du satellite à la Terre. Cette distance surpasse le demi-grand axe d’une
quantité qui pourrait varier à raison du carré de l’excentricité de l’or-
bite, dont elle dépend. Mais l'inégalité séculaire de l’excentricité étant
tout-à-fait insensible, la distance moyenne est sensiblement constante:
on la trouve égale à 60,456; la parallaxe équatoriale à laquelle elle ré-
pond, ne diffère pas d’un dixième de seconde de celle que Burg a
conclue de la discussion d’un très grand nombre d'observations.
» Lorsque l'on veut examiner si le théorème de l’invariabilité des grands
axes subsiste encore à la troisième approximation par rapport à la force
perturbatrice, il convient, comme je l’ai fait dans mon second mémoire
sur la variation des constantes arbitraires (*), d'employer, au lieu des six
éléments elliptiques de la planète toublée, six autres quantités dont
ces éléments sont des fonctions, et réciproquement, Celles dont les dif-
(*) Mémoires de l’ Acadëmie , tome I”.
( 479 )
férentielles ont la forme, la plus simple, sont les trois coordonnées rec-
tangulaires de cette planète et les trois composantes de sa vitesse, qui
répondent à l’époque d’où l’on compte le temps #, ou à £=—0. En les
désignant par a, b,c, a',b!, c', on a simplement
dR dR dR
da = da! dt, db = a de = 2e ie
dR , dR aR £
Un = LE a —
da — FE dt, db 7 dt, dc PE dt.
De cette manière, j'ai trouvé qu’à cette approximation, l’expression de R'
indépendante des perturbations de la planète troublante et seulement
relative à celles de la planète troublée, se décompose en diverses parties,
de formes différentes, selon qu’elles contiennent ou ne contiennent pas
l'accroissement du moyen mouvement de cette dernière planète; et j'ai
fait voir que chacune de ces parties, quand elle résulte d’une combi-
naison d’inégalités périodiques de cette planète, jouit de la propriété
que les termes indépendants des deux moyens mouvements, s’y détrui-
sent identiquement; mais j'ai remarqué, dans le n° 24 de mon Mé-
moire sur le mouvement de la Lune, que cette propriété pouvait n’avoir
plus lieu pour les parties de R’ qui proviennent des inégalités périodiques
de la planète troublée, combinées avec les termes de ses perturbations,
qui sont proportionnels au temps. Pour lever tous les doutes sur ce
point de théorie, il suffira de rappeler la forme des parties de R’ qui
répondent aux accroissements de a,b,c, ‘a’, b', c', déduits des équa-
tions (1).
» Cette forme la plus générale est, comme on peut facilement s’en
assurer,
dR' dR dR dR! d'R fdR d’R’ dR dR
Ja [% d)at+ D Ce a 4)- da'db mt di.
_
Cela étant, je désigne par n£ le moyen mouvement de la planète troublée
et par n'é celui de la planète troublante; pour plus de simplicité, je rem-
place , dans Le développement de R, les sinus et cosinus par leurs expres-
sions en exponentielles imaginaires; et je représente trois termes quel-
conques de ce développement par
Helrt+jr't) Vi +H'e Gnt+ ja) = + H'e Gnt+ j'a) VW ;
Fe : PAAAARE CE TENTE
e désignant la base des logarithmes népériens; £, , L',J,],]", des nom-
bres entiers, positifs, négatifs, ou zéro ; H, H', H”, des coefficients cons-
( 480 )
tants par rapport à €, mais qui pourront contenir a, b, a’, b', et d’autres
quantités que l'on regardera aussi comme dés constantes, dans cette troi-
sièmé approximation. Je représenterai, en Fate par K le terme du
développement de R, indépendant de n£ et de n'4; en sorte que l’on aura,
par exemple, H=K, lorsqu'on supposera i= o etj — 0. Les nombres!,
d'à, j, j; j', pouvant être positifs ou négatifs, il faudra, pour qu’il n’y ait
pas double emploi, ne pas changer le signe de W/— 1. Mais comme le dé-
veloppement de R ne se compose que de termes réels, il faudra aussi que
si H,, par exemple, est ce que devient H' quand on change ÿ et j'en —i' et
— j', les imaginaires disparaissent dans la somme
HeGr+)noV— Hier nt oVET,
ce qui exige que l’on ait
H=F+Gÿ/1, H =F—GV—1;
F' et G/ étant des quantités réeiles. Par conséquent, lorsque l'on fera,
aussi par exemple, = — ;’ et j" — — j', on devra, en même temps,
prendre pour H” la valeur de H,, ou faire H’=H,.
» Les trois termes de R’ correspondants à ceux de R, seront
[rHelirt 4 jn)W=1 +rH'e(lrt +jne V1 LE g'H'ert + j'n't) V=] V—;
et si l’on substitue les uns et les autres dans la formule précédente, elle
se décomposera en différentes parties, telles que celle-ci :
= 2 —— — { semi fan qu fe dei V de
Z, da dà
— jet jn}W—1 [feCr+ in V— fetr+ j'n)eV/—1 di] de
CE TR) ET [Lente er fetr+ in —1 dildi }
?
de laquelle toutes les autres se déduiront par de simples permutations ou
égalités des quantités qui s’y trouvent; en sorte que nous aurons seule-
ment à examiner cette dernière formule, qui devient, en effectuant les
intégrations indiquées,
di d'H' dH” u nf:
Vs = da da'db db” Gn+ÿn LC+H)n+(j +j')r] (n+jn) LC +n+(G +)
Dé Fenn +i)ne V5 ti +j')rt V—
T Gin +jn 7 Cn+jn n) e
Or, pour que cette expression soit indépendante de x etn'#, il est rié-
( 481)
cessaire que l’on ait -
i+i+i=0, j+j +j"=0;
équations qui la réduisent à zéro, quand aucun des couples de nombres
ietj,ietj',i etj", ne se compose de zéros; par conséquent, aucun
terme de R’, résultant des parties périodiques que contiennent les in-
tégrales des seconds membres des équations (1), ne peut être indé-
pendant des deux moyens mouvements. Mais il n’en est pas tou-
jours de même, comme on va le voir, lorsque l’un de ces couples de
nombres se compose de zéros; ce qui est le cas où la partie de R’ que
nous considérons, provient d’un terme de ces intégrales , proportionnel
au temps, combiné avec des termes périodiques.
»Si é, d', d!, sont zéros, la formule dont il s’agit est identiquement nulle,
avant les intégrations et quels que soient ÿ, j',j". Dans le cas de à = 0
et j! —0, la formule précédente se réduit à
1 dH d'A af" ï ï IAE ON Pan A
Ta ra rente)! + nt V=—r +5) nt V 1.
et les équations i += 0 et j +j" — 0, suffisent encore pour la ren-
dre nulle. Mais si l’on suppose un autre couple de nombres, semposé
de zéros ; si l’on fait par exemple i= 0 etj—0, on aura
Jin in JeV/—x dt =t,
Cr + j'n') Vif 4 int +jn)t V=i y ] Tres
be ed NON ETF) VE,
Los +j'n) V—i Se En == 1e ;
et notre formule se changera en celle-ci :
L dK d'H' dH' TL 2'L
Vi de dd WLEn En) Vs Ent Vs
ft i" LE En Vs + Prix
Cn +jnY 2
où l’on a mis K au lieu de H. Or, il suffira pour aus, cette Expression, ne
soit pas une quantité périodique, que l’on ait +i= 0 et j' +j'= Q;
ce qui fera disparaitre les termes proportionnels au temps, mais non pas
le terme constant : en y mettant H, au lieu de H", cette formule se
réduira seulement à
1 d& dH' dH, El
V/—1 da de’db db" (Gén + jy
Dans ce terme de la valeur de R’, si l’on change ? et j'en —i' et —j",
(482)
et que l’on y permute, en conséquence, H’ et H,, il en résultera cet
autre terme
1 dk d'H, a 5
qui, étant ajouté au précédent, donnera une quantité réelle, d’après les
expressions de H' et H,.
» Il n’est donc pas démontré que parmi les termes de la différentielle du
grand axe, qui sont du troisième ordre par rapport à la force perturba-
trice, il n’en existe aucun qui soit indépendant de r£4et nt; mais on ne
doit pas non plus en conclure qu'un terme de cette espèce serait ri-
goureusement constant : il renfermerait des inégalités séculaires, ou bien,
dans le mouvement de la Lune, de telles inégalités, et d’autres qui dé-
pendraient des longitudes du nœud et du périgée; en sorte que par l'in-
tégration, il ne pourrait s’abaisser qu’au second ordre dans l’expression
du grand axe, et au premier dans celle du moyen mouvement /rdt;
résultat qui s’accorde avec une autre proposition démontrée dans le n° 21
de mon Mémoire sur le mouvement de la Lune.
» Pour fixer les idées, désignons par & et 6, les longitudes du nœud
et du périgée lunaires; et supposons que l’on considère le terme de la
différentielle du grand axe, dont l’argament est le double de & — 6. En
représentant la force perturbatrice par m*, de sorte que 7m soit le rap-
port de la vitesse moyenne angulaire du Soleil à celle de la Lune, le terme
dont il s’agit aura m° pour facteur; l'argument 2(& — 6) a aussi m° pour
facteur; le terme du grand axe et celui du moyen mouvement /ndt, auront
donc encore m“ et m° à leurs coefficients; et, comme ces coefficients
doivent aussi avoir pour facteur le carré de l’excentricité et celui de
l'inclinaison, il s'ensuit que le terme du moyen mouvement fndt, est au
moins du sixième ordre, d’après la classification adoptée dans la théorie
de la Lune. Ainsi les termes de sa longitude quiont2(æ—6) pour argu-
ment, et qui sont du quatrième ou du cinquième ordre, ne peuvent pro-
venir que de l'élément désigné plus haut par €, et peuvent être calculés
en supposant d'avance /ndt—0o, quelle que soit la méthode dont on fasse
usage.
» Les termes de l’ordre de la force perturbatrice dans l’expression
de fndt, ne sont d'aucune importance et peuvent être négligés dans la
théorie des planètes ; mais vu la grandeur de cette force dans le cas
du mouvement de la Lune troublé par l’action du Soleil, et le degré de
( 485 )
précision où l’on a porté le calcul, il sera bon alors d’avoir égard à
cette sorte de termes. Ils pourront provenir des inégalités séculaires
du mouvement apparent du Soleil, des inégalités périodiques dues à
l’action des planètes sur la Terre, de l'inégalité qu’on appelle équation
lunaire ; et, dans ce dernier cas, ils auront pour facteurs le rapport de la
masse de la Lune à celle de la Terre, et la distance de la Lune à la Terre,
divisée par celle de la Terre au Soleil.
» Le problème de déterminer le mouvement de la Lune, en n’em-
pruntant à l'observation que les données absolument nécessaires, a été
résolu dans la pièce de M. Damoiseau et dans celle de MM. Plana et
Carlini, couronnées par l’Académie en 1820. Depuis cette époque,
M. Plana en a développé la solution dans son grand ouvrage intitulé :
Théorie du mouvement de la Lune. L'objet de mon Mémoire sur ce
mouvement, publié après l’ouvrage de M. Plana, était de proposer un
changement dans la méthode suivie jusque-là, que je crois propre à la
simplifier. Il consiste à exprimer immédiatement les trois coordonnées du
satellite en fonctions du temps; ce qui dispense des longs calculs néces-
saires pour déduire, après les intégrations , de l'expression du temps en
fonction de la longitude vraie, celles de cette longitude, de la latitude et
du rayon vecteur en fonctions du temps. En appliquant les formules de la
variation des constantes arbitraires aux perturbations du mouvement
lunaire, dues à l’action du Soleil, ou à la non-sphéricité de la Terre,
j'ai. donné des exemples du calcul de toutes les sortes d’inégalités de ce
mouvement, mais en me bornant, pour chacune d’elles, au premier
terme; c’est-à-dire au terme de l’ordre le moins élevé. Les principes
sur lesquels je me suis appuyé, et la méthode dont j'ai fait usage, sont
incontestables; toutefois, il.a pu m’échapper quelques fautes de calcul,
que je ne manquerai pas de corriger, dès qu’elles me seront indiquées.
Soit que l’on détermine directement les trois coordonnées du satellite en
fonctions du temps, soit que l’on forme d’abord les expressions de ses
éléments elliptiques en fonctions de cette variable, pour en déduire en-
suite ceiles des coordonnées, ce qui me paraîtrait préférable; dans l’état
actuel de la science, le travail que l’on aura à faire ne demandera pas
de nouvelles considérations; ce sera une application longue et pénible
de la méthode connue des approximations successives, qui exigera beau-
coup de zèle pour l’entreprendre, et une attention soutenue pour réussir.
J'en reconnais toute l’utilité, et je m’empresserai d’applaudir au succès.
C. R. 1837, 1er Semestre. (T. IV, N° 14.) 67
( 484 )
» » J'ajouterai à ce qui précède, les considérations suivantes qui se rap-
portent au mouvement des comètes et à la résistance de l’éther.
»Le théorème de l’invariabilité des grands axes suppose que la fonc-
üion perturbatrice R soit développée en série de sinus et de cosinus des
multiples des moyens mouvements, et que les perturbations soient aussi
exprimées en séries. Il n’a pas lieu, par conséquent, dans la théorie des
comètes, où les perturbations sont calculées par les quadratures, pour
chaque révolution anomalistique; et, en effet, pour une même comète , on
ne trouve pas la même valeur du grand axe, aux époques de ses retours
successifs au périhélie : pour la comète de Halley, par exemple, le grand
axe était égal à 18,08735 en 1759, et à 18,00008 en 1835, en prenant pour
unité la distance de la Terre au Soleil. Le moyen mouvement diurne,
qui se lie au grand axe par la troisième loi de Képler, varie en même
temps. Sa valeur, à l’époque de chaque retour au périhélie, est l’élé-
ment principal du calcul des perturbations pendant la révolution sui-
vante; et comme lesseules observations de cette époque ne suffisent pas
pourune détermination assez approchée de cette valeur, on la déduit, avec
plus d’exactitude, -de la durée de la révolution précédente. Ainsi, à l'égard
de la comète de Halley, Glairaut a dû prendre pour le moyen mouvement
au périhélie de 1682, 360° divisés par le nombre de jours écoulés depuis le
passage au périhélie précédent, qui avait eu lieu en 1607; ce qui lui a servi
à calculer époque du retour au périhélie de 1759. D’après la différence
entre la durée calculée de la révolution anomalistique de 1682 à 1759, et
sa durée observée, on a ensuite corrigé le moyen mouvement diurne
de 1682, de manière à faire disparaître cette différence; puis en
ayant égard à cette correction, et calculant de nouveau les perturba-
tions relatives à la révolution de 1682 à 1759, on en a conclu une valeur
approchée du moyen mouvement diurne de 1759; c'est cette valeur, que
je désignerai par a, qui a servi au calcul des perturbations de la révolution
suivante, et de l’époque du périhélie de 1835. La différence entre cette
époque, déterminée par M. de Pontécoulant, et l’époque qui résulte de
l'observation directe, est à peine d’un jour entier. Je la désignerai par d!.
En corrigeant d’après cette petite différence, le moyen mouvement
de 1759, il augmentera où diminuera d'une petite quantité; et si l’on
calcule de nouveau, d’après ce moyen mouvement corrigé, les perturba-
tions relatives à la révolution de 1759 à 1835, on en conclura le moyen
mouvement diurne de 1835, que je représenterai par p/, et qui servira, à
( 485 )
son tour, a calculer l’époque du prochain passage de la comète au périhélie,
lequel aura lieu vers 1912. :
» L’invariabilité des grands axes exige aussi que la somme des forces qui
agissent sur le planète troublée, multipliées chacune par l'élément de sa
direction , forme une différentielle exacte; ce qui n’a pas lieu quand l’une
de ces forces, comme la résistance de l’éther, dépend de là vitesse du
mobile; et l’on sait, effectivement, qu’un des effets de cette résistance est
de diminuer continuellement le grand axe, ct d'augmenter, non-seu-
lement la vitesse angulaire,,mais même la vitesse absolue de la pla-
nète, en rapprochant cet astre du Soleil. Toutefois, aucune tracé de cette
résistance n’a été aperçue jusqu’à présent, dans le mouvement des pla-
nètes et des satellites, où la grandeur des masses, comparée à l'étendue
des surfaces, rend sans doute cette force tout-à-fait insensible. Il n’en est
plus de même dans le mouvement des comètes; et, d’après les calculs de
M. Encke, il est nécessaire, dans le cas de la comète à courte période qui
porte lenom de cet illustre astronome, de tenir compte de la résistance dé
l’'éther pour accorder entre elles, d’une manière satisfaisante, les époques
des neuf ou dix retours au périhélie, qui ont été observés, et dont le plus
. ancien remonte à 1785. Mais il est bon d’observer que les durées calculéés
et observées de deux révolutions consécutives d’une même comète, ne
suffisent pas pour constater les effets quelconques de cette résistance, ni,
à plus forte raison, pour calculer la grandeur du coefficient namérique
qui entre dans son expression.
» En effet, ce coefficient dépendant de la masse du mobile et de l’éten-
due de sa surface, doit être déterminé pour chaque comète en! particu-
lier. En prenant toujours. pour exemple la comète de Halley, je: sup-
pose que ce coefficient soit resté le même pendant les deux révolutions
qui aboutissent au périhélie de 1759 et je désigne par y sa valeur in-
connue. La résistance que: l’éther a pu opposer au mouvement dé la
comète, pendant ces deux révolutions successives, aura donc concouru
avec l’erreur que l’on doit supposer dans le moyen mouvement diürne y
de 1759, à produire la différenceque nous avons représentée par'4\, et à
rendre nulle, après la correction dumouvement diurnede 1682, la diffé
rence entre les durées , calculée’ et observée, de la révolution de 1685 à
1759. En désignant ‘pare cette erreur inconnue, de sorte que le 'véri-
table moyen: mouvement diurne de 1759:soit pi , etien négligeant les
carrés’et le produit dey et’de’ci, on en: concluradeux' équations de-conL
dition' linéaires, savoir:: |
67...
( 486 )
Ac+By=à, A:+By=o, ie
dans lesquelles les valeurs numériques des coefficients A, B, A,, B,
devront être calculées d’après la valeur approchée w du moyen mou-
vement à l’époque de 1759, et d’après celles des autres éléments elliptiques
à cette même époque. Les différences, à chacune des époques de 1682
et de 1835, entre les éléments elliptiques, calculés et observés, sont
d’ailleurs trop incertaines pour que les équations de condition qu’elles
fourniraient, puissent servir à la détermination de « et y. C’est donc
uniquement des deux équations précédentes, qu’il faudrait déduire les
valeurs de ces deux inconnues. Or, en astronomie, et généralement
dans les sciences d'observation et de calcul, un nombre d’équations
égal à celui des inconnues ne suffit pas pour déterminer, avec quelque
probabilité, les valeurs de très petites quantités, comme ici y et; il
faut que le premier nombre excède le second, pour qu’on puisse ob-
tenir des valeurs moyennes et probables des inconnues; et dans la
question présente, il pourrait arriver qu’à raison des erreurs inévi-
tables des observations, on trouvât pour y, par exemple, une valeur
négative, tandis que ce coefficient de la résistance est essentiellement
positif. » %
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — De la tendance des végétaux à se diriger vers la
lumière, et de leur tendance à la fuir; par M. Durrocuer. (Extrait.)
« Le fait de lattendance des tiges des végétaux vers le lumière est connu
de tout le monde; le fait de la tendance qu’elles manifestent quelquefois
à fuir la lumière, n’est véritablement point encore entré dans la science,
quoique sa découverte, due à M. Knight, remonte à 1812. Cet observateur
a été conduit à cette découverte par l’observation de la direction que pren-
nent les vrilles.des plantes grimpantes. Ces vrilles se portent vers les-corps
solides qui les avoisinent, comme si elles étaient attirées par eux. Or,
M. Knight a prouvé par l'expérience que ce phénomène de tendance spé-
ciale est dû à ce que ces vrilles, fuyant la lumière,.se portent vers les corps
:0paques qui les avoisinent, parce que c’est de ce côté qu’il leur arrive le
moins de lumière. Mes expériences sur la germination de la graine du gui
publiées en 1824, ont fourni une preuve nouvelle et bien démonstrative de
l'existence de la tendance de certains caudex végétaux à fuir la lumière ; la
tigelle de l'embryon séminal du gui, tigelle que termine inférieurement la
’
(487)
radicule rudimentaire, fuit la lumière, et voilà pourquoi elle se dirige vers
les corps opaques, sur lesquels la graine est collée.
» Un botaniste fort célèbre a expliqué la tendance des tiges vers la lu-
mière, en admettant dans le côté de la tige qui est soustrait à l'influence
directe de la lumière, un allongement plus grand que dans le côté qui est
éclairé directement. Cette explication est fondée sur ce fait connu que la
diminution de la lumière favorise l’élongation des tiges, ainsi que cela s’ob-
serve chez les plantes étiolées. Il paraît donc tout naturel d'admettre que
le côté d’une tige qui est à l’opposite de la lumière, sera un peu étiolé, et
prendra, par conséquent, une élongation plus grande que celle qui sera
prise par le côté éclairé de la tige, côté qui sera plus promptement solidifié.
Il résultera de cet excès d’élongation du côté situé à l’opposite de la lu-
miére, que la tige entière sera courbée vers cette même lumière. Ainsi,
d'après cette théorie, ce serait le côté de la tige opposé à la lumière qui
seul agirait pour fléchir la tige. Cette théorie, aussi simple qu'ingénieuse,
a entrainé tous les suffrages , et cependant elle échoue devant une expé-
rience également bien simple. J'ai pris une jeune tige de luzerne qui s'était
profondément fléchie vers la lumière , et je l’ai fendue en deux, de manière
à séparer celui de ses côtés qui était dirigé vers la lumière, ou le côté éclairé,
du côté opposé qui était dirigé à l'opposite de la lumière, ou du côté obscur;
à l'instant de cette division , le côté éclairé se courba beaucoup plus pro-
fondément , et le côtéobscurse redressa. Ce dernier était donc courbé mal-
gré lui par l’action d’incurvation vers la lumière du côté éclairé, seul agent
de la flexion de la tige dans cette circonstance. Or, dans la théorie exposée
plus haut, ce côté éclairé serait courbé passivement par l’élongation plus
grande d côté obscur, qui serait le seul agent de la flexion de la tige, L’ex-
périence infirme donc cette théorie si séduisante au premier coup
d'œil.
» J'ai prouvé, il y a déjà long-temps, que toutes les inflexions que pren-
nent les caudex végétaux dépendent de l'inégalité survenue dans les
tendances à l’incurvation qui existent dans les parties concentriques de
ces caudex. Dans l’état naturel, ces tendances à l’incurvation, opposées
concentriquement , se font ni équilibre, en sorte que le cau-
dex végétal conserve sa rectitude ; mais si une cause extérieure agissant
spécialement sur l'un des côtés du ie végétal diminue la force d’incur-
vation de ce côté, ilen résultera que le côté opposé, dont la force d’incurva-
tion n'aura point varié, deviendra le plus fort et entrainera le côté antago-
niste vaincu dans le sens de l’incurvation qui lui est propre. C’est de ce
( 488 )
principe que. découle la tendance des tiges à se dirigervers la lumière, et
leur tendance plus rare à la fuir, ainsi que je vais le faire voir.
» Toutes les plantes grimpantes s'appliquent contre leurs appuis, parce
qu’elles fuient la lumière affluente du côté opposé à celui de appui ;
c’est vers ce dernier que leurs tiges tendent à se fléchir, ainsi que le
prouve l’expérience suivante. J'ai détaché du tronc d’un’arbre le sommet
d’une tige de lierre et je l'ai maintenue éloignée de l'arbre par l’interpo-
sition d’un petit morceau de bois. Six heures après, cette tige de lierre s’é-
tait fléchie vers l’arbre et était revenue appliquer son sommet sur ce der-
nier. Ainsi, au lieu de se fléchir vers la lumière;, cette tige grimpante se
fléchissait en sens inverse. J'ai fendu longitudinalement en deux cette tige
jeune et encore herbacée de lierre, de manière à séparer son côté éclairé
de son côté obscur qui était appliqué sur le tronc d’un arbre : le côté
obscur s’est courbé plus profondément, le côté éclairé s’est redressé et a
tendu légèrement à se courber en sens inverse. Ainsi la flexion de la tige
considérée dans son entier, était opérée par le seul côté obscur : le côté
éclairé était passif dans cette flexion. Ceci est, comme on le voit, l'inverse
de ce qui a lieu chez les tiges des plantes qui se fléchissent vers:la lumière.
En voyant ainsi des tiges se fléchir les unes vers la lumière , les autres en
sens inverse, on devrait penser que ces tiges: dont la flexion était inverse
sous l'influence de la lumière, devaient: posséder en certains points une
siructure inverse; c’est aussi ce que l’observation m'a fait voir.
» Chez toutes, les tiges naissantes et encore: à l’état herbacé, l'écorce est
entièrement composée d’un tissu cellulaire dont les cellules offrent deux
ordres de-décroissement ; la, couche extérieure de ce tissu cellulaire offre
des cellules qui décroissent de grandeur du dedans vers le‘dehors ; la cou-
cheintérieure de:ce même tissu cellulaire offre: des cellules qui décroissent
de grandeur du dehors vers le dedans ; ainsi c’est dans une des parties mé-
dianes de l'épaisseur de l'écorce, que se trouvent les cellules les plus grandes;
j'ai observé que généralement chez les tiges qui se fléchissent vers la lumière,
c'est la couche: intérieure de ce tissu cellulaire cortical qui est la plus
épaisse, en sorte que c’est elle qui détermine: le mode général de l’incur-
vation qu’affecte l’écorce lorsqu'on en détache une lanière longitudinale
et qu’on la plonge dans l’eau: cette lanière se courbe alorster dedans ; son
épiderme occupe la convexité de.la courbure: C’est le: résultat naturel de
la turgescence. par endosmose des. cellules décroissantes: de grandeur
du dehors vers le. dedans. qui prédominent. dans cette écorce:
» J'ai observé.un phénomène.inverse, chez les tiges qui se fléchissent'en
( 489 )
sens'inverse de l’afflux de la lumière; chez elles, c’est la couche extérieure
du tissu cellulaire cortical qui est la plus épaisse, et comme par le mode
de décroissement de ses cellules du dedans vers le dehors, elle tend à se
courber vers le dehors, c’est elle qui détermine le mode général de
l'incurvation qu’affecte une lanière longitudinale de cette écorce, lors-
qu’on la plonge dans l’eau; alors son épiderme se trouve situé à la con-
cavité de la courbure. Il résulte de ces observations que chez les tiges
qui se fléchissent vers la lumière, l'écorce tend à se courber vers le
dedans , et que chez les tiges qui se fléchissent en sens inverse de l’afflux
de la lumière, l'écorce tend à se courber vers le dehors. Getie cour-
bure est, dans l’un et l’autre cas, l’effer de la turgescence cellulaire :
tant que l'écorce possède, dans tout son pourtour, une force égale
d'incurvation , la tige demeure droite, parce que toutes les forces an-
tagonistes d’incurvation se font équilibre; mais s’il survient un af-
faiblissement à cette force d’incurvation de l'écorce, à l’un des côtés
de la tige, celle-ci est alors fléchie par l’action d’incurvation de l'écorce
du côté opposé, lequel n’a point éprouvé d’affaiblissement. Or, on sait
que la lumière augmente la transpiration végétale ; elle diminue, par con-
séquent, la turgescence des cellules de l'écorce qu’elle frappe; elle occa-
sione donc par cela même la diminution de la force d’incurvation de cette
écorce : or, si cette dernière tend à se courber vers le dedans ou vers le
centre de la tige, cette force d’incurvation étant affaiblie par la lumière
au côté éclairé de la tige, et le côté obscur de cette même tige ayant
conservé toute sa force d’incurvation, l'équilibre se trouve rompu. Le
syslème central, qui tend toujours à se courber vers le dehors, ne trou-
vant plus, au côté éclairé de la tige, une opposition à son incurvation
égale à celle qui existait auparavant par le fait de l’antagonisme de l’é-
corce, le système central, dis-je, agit alors plus librement de ce côté, et
il fléchit la tige entière vers la lumière; il est alors aidé par l'écorce du
côté opposé, côté dont le système central est fléchi de force dans le
sens opposé à celui de sa tendance naturelle à l’incurvation : aussi ce côté
obscur retourne-t-il spontanément à son incurvation naturelle, lorsqu'on
le sépare du côté éclairé, qui, délivré alors de son antagoniste , se courbe
plus profondément vers le dehors. C’est par un mécanisme inverse que
les tiges des plantes grimpantes se fléchissent dans le sens opposé à celui
de l’afflux de la lumière. Chez ces tiges, l’écorce tend à se courber vers
le dehors : or, la lumière affaiblissant cette tendance an côté qu'elle
frappe, le système central de ce côté, système central dont la tendance
(490 )
à l’incurvation est également vers le dehors, se trouve privé d’un auxi-
liaire; dès-lors le système central du côté opposé de la tige ou du côté
obscur, système central qui a conservé dans l’écorce qui le recouvre un
auxiliaire dont la force n’a point varié, fléchit la tige entière dans le
sens opposé à celui de l’afflux de la lumière. Le système central et le
système cortical du côté éclairé de la tige, se trouvent alors courbés de
force dans le sens opposé à celui de leur tendance naturelle à l’incur-
vation.
» Dans bien des circonstances on voit des tiges de plantes grimpantes
se diriger vers la lumière, bien qu’il soit généralement dans leur nature
de la fuir. Ainsi, par exemple, un lierre fixé à une muraille applique
beaucoup de ses tiges sur cet appui , et en projette d’autres en avant; ces
dernières se dirigent évidemment vers la lumière que fuient celles de ces
tiges qui s'appliquent sur la muraille. Gela provient de ce que la lumière
intense, en augmentant la respiration végétale, fortifie l’incurvation du
tissu fibreux central de la tige, incurvation qui tend à s’opérer vers le
dehors , et par conséquent vers la lumière qui la fortifie. J'ai observé que
les tiges du lierre, pour fuir la lumière, ont besoin de posséder dans leur
extrémité végétante un peu d’étiolement, état duquel résulte la faiblesse
de la respiration végétale. J'expliquerai cela plus au long dans mon mé-
moire. C’est de cette influence de la respiration végétale sur l’inflexion
des tiges sous l’influence de la lumière, qu’il résulte que les caudex vé-
gétaux qui ne sont point verts, et qui, par conséquent, ne produisent
point d’oxigène respiratoire, ne tendent ni à se diriger vers la lumière,
ni à la fuir. Telles sont les racines en général, tant qu’elles demeurent
blanches; mais lorsque accidentellement elles deviennent vertes, elles ma-
nifestent la tendance à se diriger vers la lumière, ou la tendance à la fuir,
et cela selon la structure de leur écorce, ainsi que je l’ai exposé pour les
tiges.
» D'après cet exposé, toutest purement mécanique dans les inflexions
que les tiges végétales prennent sous l'influence de la lumière; il n’y a
rien là d'instinctif, comme on aurait peut-être pu le supposer. Je n'ose
décider affirmativement s’il en est de même par rapport aux oscillaires,
chez lesquelles la tendance vers la lumière est très manifeste. Les oscil-
laires sont bien certainement des végétaux, car elles dégagent de l’oxigène
à la lumière, ce qui est peut-être le caractère le plus distinctif de la
nature végétale, du moins par rapport aux végétaux verts, et les oscil-
laires ont cette couleur. Malgré leurs mouvements spontanés, les filaments
(491 )
des oscillaires ne sont donc point des animaux. Cependant ces filaments
se transportent spontanément vers la lumière, comme le feraient des
animaux. Je me suis assuré de ce fait par l'expérience suivante. J'ai mis
un petit fragment d'oscillaria smaragdina (Bory), dans le fond d’une
soucoupe pleine d’eau, et jé l'ai recouvert avec une petite lame de plomb
courbée en voûte très surbaissée. Les filaments de l’oscillaire s’enfuirent
de dessous cette petite vouüte qui Jeur interceptait la lumière, et il n’en
resta point dessous; tous vinrent, par un mouvement spontané eL isolé-
ment, se placer en dehors et à une petite distance de la petite voüte de
plomb, et ils s’y agglomérèrent en formant une membrane verte sur le
fond de la soucoupe. Il ne fallut que peu d'heures pour la production
de ce phénomène, qui n’a lieu, du reste, que lorsque la température
est au-dessus de + 15 degrés centésimaux. M. Bory de Saint-Vincent
m'a dit avoir observé aussi le transport vers la lumière des oscillaires,
qu’il regarde comme des êtres intermédiaires au règne animal et au règne
végétal. »
RAPPORTS.
came. — Rapport sur un travail de M. £Lassaiene, ayant pour titre :
Recherches sur la nature et les propriétés du composé que forme l’al-
bumine avec le bichlorure de mercure.
(Commissaires, MM. Gay-Lussac, Dulong, Chevreul rapporteur.)
« On sait depuis long-temps que la solution de bichlorure de mercure
(sublimé corrosif) précipite la solution d’albumine, lors même qu’elie
est très étendue d’eau : ce phénomène, qui prouve à la fois la forte action
mutuelle des corps et le peu de solubilité du produit de cette action, est
devenu pour M. Bostock un moyen de distinguer l’albumine de la géla-
tine et du mucus, et de la rechercher dans les liquides animaux ; d’un au-
tre côté, c’est pour l'avoir pris en considération, que M. Orfila (en 1813)
a proposé le blanc d'œuf, ou l’albumine, comme contre-poison du sublimé
corrosif, parce qu’en effet l’insolubilité du produit de la réaction de ces
corps doit, sinon neutraliser la propriété délétère du chlorure mercuriel,
du moins l’atténuéer beaucoup.
» M. Orfila a considéré le précipité dont nous parlons comme un com-
posé d’albumine et de protockhlorure de mercure, tandis que le docteur
Chantourelle, en 1822, l'a considéré comme un composé d’albumine
CR. 1837, 19 Semestre. (T. IV, N° 44) 65
( 492 )
et de bichlorure de mercure. M. Lassaigne, à qui la chimie doit déjà la con-
naissance de beaucoup de faits intéressants, a entrepris des expériences
pour découvrir la vérité; il les a exposées dans un mémoire que l’Aca-
démie nous a chargés, M. Gay-Lussac, M. Dulonget moi, d'examiner,
et c'est de cet examen que nous allons l’entretenir.
» M. Lassaigne dit que le précipité obtenu en mélant un excès de solu-
tion de bichlorure de mercure avec une liqueur, formée de 1 partie de
blanc d'œuf et de 6 parties d’eau, retient de 81,5 à 82 parties d'eau com-
binée pour 100. Cette proportion d’eau paraît bien grande dans un com-
posé aussi peu soluble. Quoi qu’il en soit, il faut distinguer le précipité
pourvu de cette eau, du précipité qui l’a perdue par simple dessiccation,
car le premier est soluble dans des réactifs qui sont sans action sur le
second.
» M. Lassaigne considère le précipité non séché comme très légèrement
soluble dans l’eau, conformément à l'opinion du docteur Chantourelle.
» Il a reconnu, en outre, qu'il est dissous par les chlorures, les bro-
mures et les iodures de potassium, de sodium et de calcium, et par les
acides phosphorique, sulfureux, hydro-sulfurique, arsénique, acétique,
oxalique, tartrique, paratartrique et malique. Les acides nitrique, sulfu-
rique, hydro-chlorique , hydriodique et gallique, au contraire, ne peu-
vent le dissoudre.
» Il est soluble à froid dans les eaux de potasse, de soude, de chaux et
d’ammoniaque. Ces solutions déposent, au bout de quelques jours, du
mercure très divisé. M. Lassaigne croit que l’alcali donne naissance à un
chlorure ou à un hydro-chlorate alcalin et à du peroxide de mercure qui se
dissout avec l’albumine dans l’alcali en excès à la réaction qui produit le
chlorure ou l’hydro-chlorate alcalin.
» M. Lassaïigne pense que dans la précipitation de l’albumine par le bi-
chlorure de mercure, les deux coyps se combinent intégralement, ainsi
que l’a avancé le docteur Chantourelle, mais sans le démontrer.
» Voyons maintenant les preuves que M. Lassaigne donne à l'appui de
cette opinion.
» Il remarque avant tout que le protochlorure de mercure ne formant
pas de combinaison soluble avec aucun chlorure alcalin, ainsi que le fait
le bichlorure de mercure, il est dès-lors probable que le précipité d’albu-
mine contient du bichlorure de mercure, puisqu'il est soluble dans les
chlorures alcalins. Il expose ensuite les deux faits suivants, qu’il regarde
comme démonstratifs.
( 493 )
» 1... Si l’on ajoute du protochlorure d’étain en quantité convenable à
la solution du précipité albumineux dans l’eau saturée de chlorure de so-
dium, il se forme un précipité blanc de protochlorure de mercure; Or,
c’est précisément le résultat qu’on obtient, ainsi que tous les chimistes
le savent, du mélange du protochlorure d’étain avec le bichlorure de mer-
cure. Le chlore en excès à la composition du protochlorure de mercure
convertit le protochlorure d’étain en bichlorure, si toutefois le protochlo-
rure d’étain n’est pas en trop grande quantité, car alors on obtiendrait du
mercure libre. ’
» 2. Le second fait que rapporte M. Lassaigne est que, si l'on agite
avec de l’éther la solution du précipité d’albumine dans l’eau saturée de
chlorure de sodium, et qu’on sépare la liqueur éthérée après qu’elle est
éclaircie, on obtient, en l’évaporant, un résidu de bichlorure de mercure
ct de chlorure de sodium. A la vérité, ce résidu est faible, par la raison que
les affinités de l’albumine et du chlorure de sodium pour le bichlorure
combattent la solubilité de ce dernier dans l’éther.
» Pour justifier la conséquence que M. Lassaigne tire de ce fait, il
ajoute :
» (a) Que l’éther mis en contact avec le protochlorure de mercure non-
seulement ne le dissout point, mais ne le transforme pas en mercure et
en sublimé par l’affinité qu'il pourrait avoir pour ce dernier;
» (b) Que la solution dans le chlorure de sodium du composé mercuriel
albumineux, ayant la propriété de se coaguler comme le fait une solution
aqueuse d’albumine concentrée, on retrouve du sublimé dans l’eau qui
reste après la coagulation de la première solution; mais l’auteur fait ob-
server que la plus grande partie du bichlorure reste fixée à l’albumine
coagulée ;
» (c) Que le protochlorure de mercure même très divisé, ne se com-
bine pas avec l’albumine dissoute dans l’eau.
» M. Lassaigne a fait encore plusieurs observations intéressantes sur
l'action mutuelle de l’albumine, du bichlorure de mercure et du chlorure
de sodium.
» Par exemple, il a vu
» (a) Qu’une solution aqueuse de 2 atomes de bichlorure de mercure et
de 3 de chlorure de sodium ne précipite pas celle d’albumine;
» (b) Que l’albumine qui est précipitée à froid par le bichlorure de mer-
cure est à l’état d’albumine, que l'un de nous (M. Chevreul) a nommée
68.
( 494 )
luble, pour la distinguer de l’albumine cuite, qui est insoluble dans
l’eau (*);
» (c) Que la solution du précipité d’albumine et du bichlorure de mer-
cure dans l’eau de chlorure de sodium, se coagule par la chaleur comme
le fait l’albumine pure, sauf que le coagulé retient du bichlorure, que
cette solution évaporée dans le vide se sépare du chlorure de sodium à
l’état d’albumine unie à du bichlorure de mercure, insoluble dans l'eau.
» M. Lassaigne, admettant que le bichlorure de mercure précipite l’al-
bumine en s’ÿ combinant intégralement, part de la quantité de chlore con-
tenue dans un poids connu du précipité bien séché, qu’ila calciné avec du
carbonate de soude, dans l’intention de volatiliser le mercure et de trans-
porter le chlore au sodium, pour conclure que le précipité sec est formé
de bichlorure de mercure...............,..,..... 6,55
d'élbutiness mec era amine 1 lol . 93,46
100,00
» Or, en considérant comme exacte la composition atomique que Thom-
son a calculée d’après l’analyse de MM. Thénard et Gay-Lussac, le préci-
pité serait représenté, suivant M. Lassaigne, par
bichlorure de mercure....
NE DES MEME LESC sr 1 atome
albumine..............
nus. ns rsssuse 10
» Ge qui donne pour 100 parties
bichlorure... ....... RAA ne re A0 07
albumine....,..... HO OT DAE EE 0 HG 00 08 s..: « (03»39
100,00
» M. Lassaigne termine son mémoire par l’examen de l’action du bi-
chlorure de mercure sur la fibrine extraite du sang. Il démontre qu’une
solution de bichlorure de mercure dans laquelle on a mis de la fibrine pen-
dant plusieurs jours, ne contient point d’acide hydrochlorique libre, comme
(*) M. Chevreul a vu que si l’on prend deux quantités égales d’un même blanc d’œuf,
qu’on fasse coaguler l’une à la chaleur, puis qu’on expose les deux quantités au vide
sec, il reste deux matières sèches ayant le même poids; mais en ajoutant à chacune de
ces deux matières l’eau qu’elle a perdue, on obtient du blanc d'œuf cuit et du blanc
d'œuf.frais. C’est l’albumiue du premier état queM. Chevreul appelle a{bumine cuite, et
celle du second qu’il appelle a/bumine soluble.
( 495 )
on l’a avancé; car le mercure agité avec la liqueur séparée de la fi-
brine, précipite tout le bichlorure à l’état de protochlorure, sans laisser
d'acide hydro-chlorique dans l’eau. M. Lassaigne a reconnu en outre l’ab-
sence du chlore dans cette raème liqueur séparée de la fibrine. 11 conclut
de cette double expérience, que la fibrine, comme l’albumine , se combine
au bichlorure de mercure sans le réduire en protochlorure.
Conclusion:
» Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie l'insertion du mémoire
de M. Lassaigne dans le recueil des Savans étrangers, parce qu’il renferme
beaucoup d’expériences propres à démontrer une opinion qui était con-
testée. »
Cette conclusion est adoptée par l’Académie.
NOMINATIONS.
M. de Prony, en qualité de Président de la section de mécanique,
déclare que l'opinion de la section est qu'il y a lieu de nommer à la place
vacante dans son sein par suite du décès de M. Molard.
L'Académie, consultée par voie de scrutin sur cette question, répond
affirmativement. La présentation de la liste de candidats aura lieu dans la
prochaine séance. MM. les membres en seront prévenus par billets à
domicile. C
L'Académie procède, également par voie de scrutin, à la nomination
d’une Commission qui sera churgée de présenter une liste de candidats pour
la place d’Académicien libre, devenue vacante par la mort de M. Desgenettes.
Cette Commission doit, aux termes du réglement, se composer de deux
académiciens libres, de deux membres pris dans les sections des sciences
mathématiques, de deux membres pris dans les sections des sciences
physiques, et du Président de l’Académie.
La majorité des suffrages se réunit sur MM. Séguier et Héricart de
Thury, Poisson et Dulong, Chevreul et Al. Brongniart, qui, avec
M. Magendie, Président pour l'année 1837, composeront cette Com-
mission.
( 496 )
: MÉMOIRES LUS.
cmimiE. — Sur la nature du camphre ordinaire; par MM. Dumas et
E. PÉLIGOT.
« Les corps organiques neutres et oxigénés, quand leur vapeur ren-
ferme un demi-volume d’oxigène, se rapprochent presque toujours de
l'alcool par la nature de leurs réactions. C’est ce qui a lieu, du moins,
pour l'esprit de bois, l'huile de pommes de terre, l’éthal et l'esprit pyro-
acétique.
» Cette généralité nous avait frappés depuis long-temps, et nous avions
soumis le camphre ordinaire, qui se trouve dans ce cas, à l’action de quel-
ques corps qui pouvaient nous permettre d’en retirer des produits déci-
sifs, en admettant que le camphre se comportât comme un alcool.
» Nous nous bornerons à dire ici que le camphre ordinaire traité par
l'acide phosphorique anhydre, fournit un carbure d’hydrogène liquide,
volatil, huileux , et formé de C#° H*; celui-ci provient donc du campbre,
comme si ce corps, étant formé de C# H*, H# O?, perdait son eau sous lin-
fluence de l'acide phosphorique.
» En agissant sur le camphre par l'acide sulfurique, comme l'a vu
M. Chevreul , qui a si bien étudié tous les produits de cette réaction,
on obtient aussi une huile légère et volatile. Elle nous a paru formée du
carbure d'hydrogène précédent et de campbre, en proportions variables.
Par une rectification sur l'acide phosphorique anhydre, elle se résout tou-
jours dans le carbure d'hydrogène C{° H*°, déjà cité. . 4%
» Ces recherches ont déjà près de deux ans de date. Diverses circons-
tances nous ont empêché de les terminer; mais nous nous proposons de
les reprendre bientôt. »
PHYSIOLOGIE AGRICOLE. — Sur les effets de la vapeur dans toutes les périodes
de la végétation; par MM. Epwanps et Corn. (Extrait.)
TROISIÈME MÉMOIRE.
« Nous ne connaissons pas d’expériences sur l’influence de la vapeur
dans la germination; c’est pourquoi nous nous sommes occupés de ces re-
cherches.
» Nous avons coupé une foule de rondelles de liége. de l’epaisseur d’une
( 497 )
ligne à une ligne et demie, que nous avons enduites de cire et disposées sur
la surface de l’eau, et nous avons placé sur chaque rondelle trois graines
de blé d'hiver. Il est évident que ces graines étaient dans un air très hu-
mide mais non à l'humidité extrême; nous eùmes beau attendre, la ger-
mination n’y eut pas lieu. Nous devions donc faire un pas de plus, et déter-
miner l’effet de l’air à l'humidité extrême. Nous suspendimes deux graines
de blé d'hiver à deux fils, en les y fixant avec un peu de cire à cacheter;
l’autre bout des fils était attaché par le même procédé au fond d’un verre
à boire que nous avions renversé dans une soucoupe qui contenait de l’eau.
Au bout de huit jours la germination eut lieu pour l’une et l’autre graine.
» On peut faire l'expérience d’une autre manière : c’est d'employer un
petit tambour, fait d’un cercle de fil de cuivre avec deux crochets pour le
fixer au bord du verre: Ce cercle doit être plus petit qu’il ne faut pour
entrer dans le verre, afin que les gouttes d’eau, en coulant le long des
parois, ne tombent pas sur le tambour: Le cercle est couvert de tulle, sur
lequel on place les graines, et leverre contient un peu d’eau. Il est recouvert
par un second verre à boire plus grand , dont les bords plongent dans l’eau
d’une soucoupe. En faisant ainsi l’expérience, le résultat a été exactement
le même, et la germination a eu lieu dans le même espace de temps. C’est
de cet appareil que nous nous sommes servis dans le cours de nos re-
cherches.
» À l’époque où nous avons fait ces expériences , il fallait huit jours pour
que la germination eût lieu, ct, à cette époque, en plaçant desgrainessur l’eau
liquide, de façon qu’une partie de la graine y plongeäât, l’autre étant à
l'air libre, elles germaient en dix-huit ou vingt-quatre heures. Il faïlait donc
au moins huit fois plus de temps pour que la germination eût lieu dans
la vapeur, quesur l’eau. Les mêmes expériences réussirent successivement
avec le blé de mars, l'orge, l'avoine et le seigle.
» Mais lorsqu'on réunissait sur le même tambour cinq graines de chaque
espèce, ce qui faisait vingt-cinq en tout, il n’y eut plus de germination.
» Pour en trouver lacause, il fallait se décider entre une trop grande
quantité d'acide carbonique formé , ou trop de vapeur absorbée, qui ne se
renouvelait pas assez vite. À cet effet, nous avons augmenté l’espace dans
lequel l'expérience se faisait. Au lieu d’un verre à boire, nous nous sommes
servis pour recouvrir le tambour, d’un vase de deux litres, dont les bords
plongeaient dans l’eau d’une assiette. Il est évident qu'en étendant l’espace,
on affaiblit la proportion d’acide carbonique, et nous sommes ainsi parvenus
à en réduire la proportion à un quart de ce qu’elle était, même dans l’ex-
( 498 )
périence qui avait réussi. Mais il n'y eut point de germination, quelque
temps qu'on attendit. L'absence dela germination n’était donc pas due à la
présence de l'acide carbonique, mais à l’absorption de la vapeur dans une
proportion plus forte que celle dans laquelle elle s'élevait pour y suppléer.
» Maislorsque, dans lemême espace, c’est-à-dire dansun vase de deux litres,
qui recouvrait le tambour, au lieu de vingt-cinq graines, on n’en met que
cinq, comme dans les premières expériences, la germination n’a pas plus
lieu, ou elle est retardée. Ici le résultat de l'expérience ne tient plus au
nombre des graines, mais à l’augmentation de l’espace. Mais comment
l'augmentation. de l’espace agit-elle en pareil cas? C’est ce que l’on ne
saurait bien expliquer sans l'intervention d’un autre élément, la tempé-
rature, dont nous allons étudier les effets.
» Nous avions une cave dont la température était non-seulement basse,
mais aussi très lentement variable, de sorte que les changements journaliers
étaient très resserrés et très peu sensibles.
» Nous avons donc placé dans cette cave deux appareils avec cinq graines
sur chaque tambour, et les vases qui les recouvraient étaient de grandeur
trés inégale; d’unepartun verre à boire, d'autre part un vase de deux litres.
La température y était à 8. Nous avons placé le même genre d’ap-
pareils dans un appartement dont la température était à 20° de façon qu'il
n'y avait réellement de différence entre ces deux genres d'expériences que
dans la température. Mais la température y différait sous deux rapports,sous
celui du degré et sous celui de la constance et de la variation. Dans la cave,
elle était basse et constante; dans l'appartement assez haute et variable. Or
il arriva ici un phénomène tout-à-fait remarquable: c’est que la germination
eut lieu promptement à la température bassede la cave, non-seulement dans
le petit vase, mais, ce qui est tout-à-fait extraordinaire, dans le grand;
tandis que dans l'appartement à ov°, elle eut bien lieu dans le petit
vase, mais pas d'abord dans le grand, où elle n’eut lieu que quelques jours
après. Il y a donc là deux phénomènes très extraordinaires : le premier, c’est
qu'à la température basse de la cave les graines aient germé dans les deux
vases , à la même époque; etle second, c'est qu’elles aient germé à la cave
dans le grand vase, tandis que la germination a été retardée dans le vase
de même dimension, à une température plus élevée, celle de 20°; phéno-
mène singulier, et qui paraît d’abord contraire à tout ce que nous savons
des effets de la température.
» Pour expliquer ce phénomène il faut faire attention aux deux conditions
différentes de la température: le degré, et la constance ou la variation. Il
( 499 )
était assez évident que l'effet ne pouvait tenir au degré de la température;
car le résultat en eût été général, tandis que dans la température élevée la
différence ne se prononce que suivant le volume, la germination ayant lieu
dans le petit vase, et étant retardée ou-n’ayant pas lieu, suivant le cas, dans
le grand. IL faut donc avoir recours, d’une part, à la constance, et de l’au-
tre, à la variation de la température.
» Lorsqu’au déclin du jour, la température baisse, il se précipite de la
vapeur.et l'air reste toujours à l'humidité extrême; mais lorsqu’à partir du
lever du soleil, la température s’élève, l'air s'éloigne de l'humidité extrême,
et d'autant plus que la température s'élève davantage. Lorsque de part et
d'autre le vase est petit, les différences ne sont pas sensibles; mais lorsque
le vase est grand , la vapeur ayant un plus grand espace à parcourir, et l’ab-
sorption de la part de la graine continuant toujours, il ne s'élève pas assez
de vapeur pour remplacer le déficit, et il en résulte, ou leretard , ou l’em-
pêchement de la germination.
» Ce n’est donc pas à l’abaissement de la température, mais à sa varia-
tion, qu'il faut attribuer les effets singuliers que nous avons constatés. À
des températures sensiblement plus élevées , il y a égalité de germination
avec la cave, à cause des abondantes rosées. Or, il était possible que tout ce
qui n’avait pas réussi là où la température était variable, réussit dans le
lieu où la température était basse mais constante. Ainsi, l'expérience des
25 graines, qui avait manqué précédemment lorsque la température. était
élevée mais variable; eut un plein succès dans la cave, où la température
était basse, mais constante.
». Une autre expérience, qui consiste à couvrir les graines d’un vase dont
les bords reposent sur une soucoupe sans eau, réussit ici quoiqu'’elle n’ait
jamais réussi ailleurs.
» Nous avons ensuite été beaucoup plus luin; nous avons LE l'état hy-
grométrique de la cave, que nous avons MAN à peu près à l'humidité
extrême, et nous y avons exposé dans une soucoupe diverses graines de
blé d’hiver, de mars, d’orge, de seigle et d'avoine, et la germination a eu
lieu partout.
» La constance ou la variation de la température combinée à 2-0
sont donc la cause de ce phénomène ; mais ils ’agit de savoir comment cette
cause agit. Est-ce parce que la graine n’absorbe pas assez de vapeur quand
la température varie? ou que l'air s’éloignant de l’humidité extréme,
la membrane extérieure n’est pas assez humide pour exercer ses fonc-
tions? Nous nous proposämes de vérifier le fait; c’est ce que nous fimes
CAR. 1837, 19r Semestre. (T. IV, N° 42) 69
( 5oo )
en pesanLlesgraiues dans les deux circonstaucesdifférentes. Il en résulte que
les graines qui se trouvaient à la cave avaient moins augmenté de poids
que celles qui étaient dans la pièce à 20°; et cela, à chaque fois que nous
les pesâines dans les jours successifs. D'où il suit d’abord que l'absorption
augmente avec la température; de sorte qu'à la température plus élevée,
mais variable, les graines avaient absorbé davantage. En second lieu, il s’en-
suit cette conséquence importante, que les graines à 20° ayant plus d’eau à
l'intérieur, leur germination avait cependant été retardée ou empêchée
parce que l'air pendant le jour n’était pas à l'humidité extrême ou trés près
de ce point.
» Il y a donc deux conditions nécessaires pour que la germination ait
lieu dans la vapeur; la première, c'est qu'il y ait une certaine proportion
d’eau dans les graines ; la seconde, que l'air qui les entoure soit très près
de l’humidité extrême. Dans l’air, à cette limite extrême, la graine com-
mence par absorber de l’eau, et quand elle en-a absorbé une quantité sufk-
sante, si la température est constante, ou à peu près, l'air qui en est saturé
de vapeur, tient la membrane externe dans un état d'humidité parfaite;
ce qui favorise tellement les fonctions, que la germination a lieu. Si nous
supposons au contraire que la température s'élève, mais qu’elle s'élève en
s’éloignant de l'humidité extrême, l'absorption ne sera pas génée, maïs
augmentée. Mais lorsque l'air s'éloigne de l'humidité extrême, la mem-
brane externe n'étant pas assez humectée, ses fonctions sont ou génées
ou paralysées, et la germination est retardée ou arrêtée.
» Nous allons maintenant voir si ces principes sont applicables xla terre.
La terre est formée de particules libres dont les interstices sont petits; et
comme la vapeur se meut difficilement dans l'air libre, à plus forte raison
aura-t-elle de la difficulté à se mouvoir dans les petits interstices dela
terre; et il se pourrait que la difficulté füt telle que la vapeur ne s’y
renouvelât pas assez vite pour que la germination y eût lieu. Nous
avons mis dans une capsule de fer-blanc des graines de blé d’hiver que
nous avons recouvertes d’un sable siliceux sec et que nous avons placées
sur un tambour recouvert comme ci-dessus par un autre verre, et comz=
parativement d’autres graines à découvert comme dans les expériences
précédentes. La germination eut d’abord lieu dans les graines à découvert;
puis plus tard dans celles qui était recouvertes de sable siliceux.
» Nous avions préalablement déterminé que le sable dans la vapeur
n'en absorbe pas sensiblement : il n’y a de vapeur que ce qui pénetre
dans ses interstices sans être condensé. Nous avons ensuite essayé lin-
(501)
fuence de l'argile. Mais cette terre absorbe notablement et condense la
vapeur ; effet que nous avons déterminé en pesant successivement de l’ar-
gile qui avait séjourné à l'air dans l'humidité extrême: aussi la germina-
tion devait y être singulièrement retardée ou empêchée. C’est ce qui eut
lieu en effet : nous attendimes non des jours, mais des semaines avant
de voir la germination ; mais elle eut lieu à la fin, quand la terre fut assez
humectée pour pouvoir céder de l’eau.
» Nous avons ensuite voulu voir comment la germination aurait lieu
dans l’eau unie à la vapeur; nous avons d’une part fait flotter des graines
sur l’eau en les laissant à découvert, d’autre part en les plaçant de même
sur l’eau, mais en les recouvrant avec un vase qui plongeait dans l’eau
d'unesoucoupe. Dans ce cas, la vapeur étaitau maximum : elle ne l’était pas,
quoique un peu humide, dans le cas précédent; l’eau liquide était d’ail-
leurs très abondante dans les deux cas. Eh bien! la germination eut tou-
jours lieu plus tôt sur l’eau avec l’air à l'humidité extrême. Ainsi la vapeur
agit toujours dans le même sens, qu’il y ait de l’eau liquide ou non.
Cependant, lorsqu'il ÿ a de l’eau à l’état liquide, il n’est plus nécessaire
que l’air soit à l'humidité extrême; mais l’air saturé de vapeur, quelle que
soit la quantité d’eau liquide, est toujours la condition la plus favorable
à la germination.
» Il n’y a pas de raison de croire que cette nécessité de la vapeur pour
activer les fonctions des membranes extérieures soit bornée à la germina-
tion. Pourquoi n’appartiendrait-elle pas à la plante dans toutes les périodes
de la végétation? C’est ce que nous avons essayé de déterminer par l'ex-
périence suivante.
» Nous avons, d’une part, mis des graines de fèves de marais sur une
pierre légèrement recouverte d’eau dans un vase assez plat; d’autre part,
nous avons mis le même genre de graines dans un vase cylindrique que
nous avons recouvert. Il n’y avait donc de différence dans les deux expé-
riences que relativement à la vapeur, qui était légère dans le vase assez
plat, et que l’air était porté à l'humidité extrême dans le vase cylindrique.
La germination eut lieu de part et d’autre, et fut suivie par le développe-
ment progressif des plantes; mais avec cette différence que le développe-
ment de la plante était bien plusmarqué dans le vase cylindrique et cou-
vert, où elles atteignaient le double de la hauteur de celles qui se trouvaient
dans le vase plat,
» Gette condition de l'air, très près de l'humidité extrême, est la condi-
tion la‘plus favorable pour toutes les plantes ou à peu près. Aux résultats
60...
( 502)
d'expériences que nous avons exposées, nous pauvons'ajouter ceux de
l'observation de la nature.
» M. de la Sagra, à qui nous communiquâmes les résultats que: nous
avions obtenus sur la vapeur, les a pleinement confirmés en‘nous rap-
portant ce qui se passe à l’île de Cuba. Tous les matins, au lever du so-
leil, l'air est assez près de l'humidité extrême et ne s’en éloigne dans le
reste de la journée que de 1°, terme moyen. La végétation y est-des
plus riches et des plus variées; les fruits y sont des plus savoureux et des
plus exquis; et ce qu'il y a.de bien. remarquable. relativement à la du-
reté des tissus, le ligneux s’y forme avec une promptitude et une force
tout extraordinaires. Si nous ne sommes pas les maitres de modifier
l'état de l'atmosphère à l'air libre, nous pouvons au moins le faire dans
les atmosphères ‘artificielles des serres chaudes. Ii conviendrait donc,
d'après tout ce qui précède; de porter l'atmosphère des serres chaudes,
soit à l'humidité extrême, soit très près de ce pot, pour obtenir les
plus grands effets de la végétation. C’est en parlant à M. Breshtel, com-
mandant du château de Versailles, de l’effet que produirait la vapeur au
maximum ou assez près de ce point, qu’ilnous dit ce qui suit : « C’est mon
beau-père, en Angleterre, qui a employé ainsi la vapeur dans les serres. Il
en obtintdes effets merveilleux, et entre autres sur les raisins et les ananas;
les raisins étaient d’une grosseur considérable, en très fortes grappes,
avec un goût exquis. Quant aux ananas, ils étaient énormes; il ÿ en avait
qui pesaient jusqu’à 8 livres ; de façon que ce fruit surpassait.en grosseur
eten délicatesse ce qu'il est dans son pays natal. »
» Ces effets prodigieux de la vapeur nous portèrent donc à écrire
en Angleterre pour avoir d’autres renseignements. Nous écrivimes à
M. Hodgkin, savant très distingué, en le priant de nous procurer des docu-
ments à cet égard. Il nous envoya une lettre d’un de ses amis, M: Christy,
en réponse aux questions qu’il lui faisait en notre nom. Il injectait de
l'eau dans les tuyaux de chaleur de sa serre; elle se convertissait en vapeur,
et se répandait abondamment dans nétons Il y avait des plantes de
diverses familles, et l'effet que produisit la vapeur fut des plus remar-
quabiles. Les plantes s’y développèrent d’une manière extraordinaire;
non-seulement des plantes telles que des Orchidées, mais ce qui est à
l’autre extrémité, les plantes grasses, y prospérèrentadmirablementiet cela
se conçoit parfaitement, lorsqu'on pense que, s’il faut peu d’eau liquide
à ces plantes, il faut d'autant plus de vapeur pour entretenir. laction) des
membranes extérieures. M. Boryide Saint-Vincent nous a: communiqué
( 503 )
des faits de même nature qui se trouvent dans les 4nnales des Sciences
physiques de Bruxelles ».
MÉCANIQUE. — Mémoire sur le calcul des machines à vapeur à haute pression,
sans condensation ; par M: pe Pamgour.
(Commissaires, MM. Biot, Arago, Poncelet.)
«Les questions qui se présentent dans le calcul des machines sont de
trois espèces :
» 1°. La machine étant supposée construite, et la-vitesse de son mou-
vement donnée, déterminer la.résistance qu'elle pourra mouvoir;
» 2°. La. machine. étant. encore supposée construite, et la résistance
qu’elle doit mouvoir étant connue, déterminer la vitesse qu’elle communi-
quera à cette résistance ;
» 3°. La résistance à mouvoir étant connue, ainsi que la vitesse qu'il est
nécessaire de: lui donner, déterminer les dimensions qu’il. convient d'a-
dopter dans la construction de la machine, pour qu’elle produise cet effet.
».Cest la solution générale de ces problèmes que nous nous sommes
proposée relativement aux machines à vapeur à haute pression sans con-
densation, dans le mémoire dont nous -lisons en ce moment. un extrait.
Nous voulons prouver que la théorie du mouvement de Ja vapeur, que
nous avons développée dans notre Traité des Machines locomotives , et les
calculs qui en découlent, sont non-seulement applicables aux machines à
vapeur de tout genre à haute pression, mais sont indispensables pour pou-
voir calculer leurs effets ou leurs proportions.
» C’est pourquoi, avant d’entrer dans le développement de la théorie
qui nous. est propre, nous examinerons les moyens employés avant nous
pour arriver au même but. Nous montrerons que le premier de ces pro-
blèmes ne se résout que par un moyen approximatif, qu’on ne saurait
nommer un calcul, puisqu'il ne donne un résultat exact que dans quelques
cas particuliers seulement, et que dans tousles autres, il s'éloigne plus ou
moins de la vérité , sans qu’on puisse en assigner la cause ; que les formules
proposées pour résoudre le second, sont entièrement erronées en fait et
en théorie ; et qu’ainsi les divers essais entrepris n’ont produit aucune re-
lation analytique propre. à déterminer les effets ou les proportions des
machines.
» I. Lorsqu'on veut résoudre la première des trois questions proposées
plus haut, savoir, la résistance qu'une machine peut mouvoir à une vitesse
( 504 ) K
donnée, on prend la pression de lavapeur dans lachaudière, que l’on con-
sidère comme la force appliquée sur le piston ; on la multiplie par l'aire du
piston , et le résultat donne l'effort que doit produire la machine; ou la ré-
sistance qu’elle doit mouvoir. Mais, comme il arrive que le résultat ami
obtenu ne s'accorde pas avec les faits, on le réduit plus ou moins poar le
faire, autant que possible, cadrer avec eux. Pour les machines les plus
ordinaires, on réduit en général le résultat théorique au tiers. C’est la règle
donnée par Tredgold , dans son Traité des Machines à vapeur (page 303
de la traduction française). C’est aussi celle adoptée par M. Navier, dans
son Mémoire sur les Machines locomotives ,'inséré dans les Annales des
Ponts et Chaussées pour 1835, page 16et 23 du mémoire. Enfin, c'est la
réduction généralement admise par les praticiens , qui l’expriment en di.
sant que les chevaux pratiques ne sont que le tiers des chevaux théoriques;
tandis que, si le calcul était fait convenablement, il n’y aurait pas une livre
du pouvoir appliqué dont on ne püt indiquer l'emploi.
» Mais cette réduction du calcul théorique au tiers, toute considérable
qu'elle est, n’est cependant pas encore assez dans beaucoup dé cas, pour
arriver au véritable résultat pratique. On peut lire dans Wood, Traité des
Chemins de fer, page 277, 284 de l'édition anglaise, le calcul de cinq ma-
chines à vapeur, non pas locomotives, mais stationnaires, dont deux à basse
pression et trois à haute pression, dans lesquelles les effets réels ne sont
aux effets prétendus théoriques, que dans les proportions de 26 pour 100
au moins, à 30 pour 100 au plus.
» Ainsi, voilà des'exemples où les résultats obtenus doivent être réduits
au quart. Mais lorsqu'on veut appliquer ce calcul aux machines locomo:
tives qui travaillent à de très grandes vitesses, on trouve que l'effet réel
n’est pas le tiers ou le quart de l'effet théorique, mais qu’il n’en est bien
souvent que le cinquième ou le sixième. C’est ce qu’on peut vérifier pour
une machine locomotive ordinaire à deux (cylindres de 11 pouces de dia-
mètre, tirant une charge de 25 tonnes de diligences , avec 5o livres de
pression effective par pouce carré dans la chaudière, à la vitesse de 30 milles
par heure, ce qui est un fait journalier. On trouvera que la force appliquée
selon le calcul est de 12,635 livres, et que l'effet produit est 2,466 Eivres,
qui n’en est que le cinquième; et la différence serait plus grande encore
pour des machines à cylindres de 14 et 15 pouces de diamètre, comme on
en construit maintenant.
» Pour se rendre compte jusqu'à un certain point, de cette énorme dif-
férence entre la théorie et les faits, on attribue largement le surplus à des
( 505 )
frottements qu'on s’exagère, sans les avoir mesurés, et à des pertes qui
souvent n'existent pas. C’est ainsi que Tredgold (page 304 de l’ouvrage cité),
en voulant expliquer la perte de quatre dixièmes du pouvoir fotal, qu'il
veut faire subir aux machines à vapeur à haute pression sans condensa-
tion, évalue le frottement du piston, avec les pertes ou fuites, à deux
dixièmes du pouvoir, et la force nécessaire pour l'ouverture des sou-
papes et le frottement des parties de: la machine, à six centièmes de ce
pouvoir. On se convaincra facilement de l’erreur de ces évaluations, et
par conséquent de toutes celles établies dans un système semblable, en
considérant qu’elles se rapportent à la force totale de la machine,
c’est-à-dire que pour une machine dela force de cent chevaux, il en faudrait
vingt pour tirer le piston, six pour mouvoir le mécanisme, etc., l’exa-
gération est évidente.
» En appliquant cette évaluation à une machine locomotive ordinaire à
cylindres de 12 pouces de diamètre, et 60 livres de pression effective dans la
chaudière, on trouve que la force comptée ici comme représentant le frot-
tement du piston, serait de 5,65 livres, tandis que nos expériences sur le frot-
tement de la machine Ætlas, qui a ces dimensions et qui travaillait à cette
pression, montrent que la force nécessaire pour: mouvoir, le; piston n’est
que de 42 livres appliquée à la roue, ou 248 livres appliquée sur le piston,
comme on peut le voir dans le mémoire que nous avons récemment pré-
senté à l’Académie, sur le frottement des machines locomotires:
» Il est donc démontré que pour résoudre la première des questions que
nous nous sommes proposées , le mode employé jusqu'ici n’est tout au plus
qu'une approximation grossière, qui approche du: vrai résultat, aux deux
tiers près, aux trois quarts près, où aux quatre cinquièmes près , de sa: vas
leur réelle.
» IT. A l'égard du second problème, qui consiste à déterminer la vitesse
quand on connaît la charge, Tredgold, dans son ouvrage sur les machines
à vapeur, page 156 de la traduction française, entreprend de calculer la
vitesse du piston, d’après des considérations déduites de la vitesse d'écou-
lement d'un gaz de certaine densité, dans un'autre gaz de densité différente.
Il remplace la pression de la vapeur dans la chaudière et la résistance sur
le piston, par deux colonnes homogènes de vapeur qui produiraient la
même pression et en déduit que la vitesse en pieds par seconde, sera légale
ä 5 fois la racine carrée de différence entre les deux hauteurs.
» Il est facile de voir que ce calcul ne donne nullement la vitesse du-pis-
ton. car ceci suppose la chaudière remplie d’une quantité inépuisable: de va-
( 506 )
peur , puisque le gaz qui s'écoule est supposé rester toujours. à la pression
invariable p, quelque grande que puisse être la vitesse d'écoulement , en
vertu de la différence des deux pressions. Il faut donc que la chaudière soit
capable de reproduire à linstant toute la vapeur qui aura été.enlevée,
quelque grande que soit d’ailleurs la vitesse d’écoulement de celle-ci. Mais
dans la réalité, la vitesse sera bientôt limitée par la quantité de; vapeur que
la chaudière peut fournir par minute. Si cette production de vapeur suffit
à remplir 200 fois le cylindre, il yaura 300 coups de piston ; si elle peut
le remplir 300-fois ,il y aura 300 coups de piston; et ce n’est enfin que si la
production de vapeur était assez grande pour suffire à la vitesse ci-dessus,
qui. est la plus grande possible, que cette vitesse s’établira , et non avant.
La formule de Tredgold ne donne donc en aucune manière lawvitesse réelle,
et, s’il en était autrement, on voit qu'il serait indifférent qu’une machine
eût une grande ou une petite chaudière, qu’elle produisit une énorme.ou
une très petite quantité de vapeur par minute: Ja vitesse serait toujours
la même.
» Aussi-ce calcul nesse on d'accord avec aucun fait pratique. En
l'appliquant à une machine locomotive ordinaire tirant une charge de 100
tonnes , on trouve que la vitesse de la machine devrait être de 480 milles
par heure ; au lieu de 20 milles qui est la vitesse réelle.
» M. Petit, professeur à l'École Polytechnique-et d’un talent bien connu,
a fait aussi un essai pour déterminer la vitesse du piston , dans une machine
à vapeur quelconque. Son calcul est inséré dans plusieurs ouvrages, et en
particulier dans Lanz et Bétancourt, Essai sur la composition des ma-
chines, page 25. Il prend la pression de la vapeur dans la chaudière
comme étant la force motrice agissant sur le piston. Il la considère comme
constante, ainsi que la résistance du piston , et en déduit pour l'expression
de la force vive, la valeur suivante :
2gdb(h—Rh')(x—a),
où b est ia section du bntutines a la partie du cylindre déjà remplie LÉ
vapeur au départ du piston, g la gravité , d'la densité de l’eau, A la hauteur
de la colonne d'eau ‘capable de représenter la pression de la vapeur, et A!
celle qui représente la résistance. :
» Ilest évident que cette formule ne s'applique nullement au cas des ma-
chines à vapeur. Elle représente des circonstances qui n’y existent pas, et
ne représente pas celles qui y existent. D’abord.elle suppose la force mo-
trice sur le piston , ou la pression dans le cylindre , égale à la pression de
( 507 )
la vapeur dans la chaudière; et si cela était, tous les calculs que nous
avons précédemment cités sur l'effet des machines, auraient donné un
résultat exact, sans qu’on fût obligé de leur faire subir une réduction
des deux tiers, des trois quarts, ou des quatre cinquièmes.
» Ensuite elle suppose encore, comme la précédente, la production de
vapeur dans la chaudière inépuisable, puisque la pression y est supposée
rester constante, indépendamment de toute dépense possible de vapeur
par le cylindre, Elle ne peut donc être d'aucune utilité.
» Tredgold, dans son Traité des chemins de fer, page 83 de l'édition
anglaise, donne la formule suivante, sans la discuter ou la fonder en rien
sur des faits : S
NV = 240 V4 Fe.
L_
Vest la vitesse du piston en pieds par minute, / la course du piston , P la
pression effective de la vapeur dans la chaudière, et W la résistance de la
charge. Mais comme cette formule ne fait aucune mention, ni du diamètre
da cylindre, ni dé la quantité de vapeur que fournit la chaudière par
minute, il est clair qu’elle ne peut donner la vitesse cherchée; car, si elle
était vraie, la vitesse d'une machine serait la même avec un cylindre
de 4 pieds de diamètre, qu'avec un cylindre de 1 pied de diamètre, quoi-
que le premier dépense seize fois autant de vapeur que le second. La sur-
face de chauffe, ou la force de vaporisation dela chaudière, serait également
indifférente; une machine m'irait pas plus vite avec une chaudière qui
vaporiserait 1 pied cube d’eau par minute, qu'avec une chaudière qui
n'en vaporiserait que le quart ou le vingtième. Aussi voit-on que cette
formule ne s'accorde nullement avec les faits. En l’appliquant au cas d’une
machine locomotive ordinaire, tirant sa charge maximum, ou marchant
à sa moindre vitesse, on trouve que la machine devrait alors conserver
encore une vitesse de 18 milles et demi par heure; ce qui est fort loin de
la vérité.
» Wood, dans son Zraïté des chemins de fer , page 351, propose, aussi
sans discussion, la formule suivante :
P
V=4 d W-
V est la vitesse du piston en pieds par minute, / la course du piston, W la
résistance de la charge, et P le surplus de la pression dans la chaudière,
au-delà de ce qu’il faut pour balancer la résistance W.
C.R. 1837, 187 Semestre. (T. IV, N° 44.) 72
( 508 )
» Cétte formule n’est pas mieux fondée en théorie que la précédente,
puisqu'elle ne contient pas non plus de terme pour représenter le dia-
mètre du cylindre, nila force de vaporisation de la machine; et elle ne
s'accorde pas davantage avec les faits. Pour le cas où la machine tire sa
charge maximum, c’est-à-dire quand la pression dans le cylindre ou la ré-
sistance sur le piston est égale à la pression dans la chaudière, on aurait,
selon la formule, la vitesse V—0; tandis que, pour ce cas, on sait que les
machines locomotives conservent encore une vitesse de près de To milles
par heure pour la machine, ou 146 par minute pour le piston. Pour le cas
où la charge est de 50 tonnes dans une locomotive ordinaire, la vitesse de
la machine serait, selon la formule, de 30 pieds seulement par minute,
tandis qu’elle est de 25 milles par heure, ou 2,200 pieds par minute.
» On voit donc que les essais entrepris jusqu'ici pour arriver à cal-
culer la vitesse du piston sous une résistance,donnée, dans les machines à
haute pression qui doivent avoir une grande vitesse, ne sont pas mieux
fondés que ceux qui ont pour but de déterminer leur charge; et qu’ainsi
il n’y à aucune formule analytique ou aucun moyen‘exact de calculer
les effets de ces machines, ni par conséquent de déterminer Les propor-
üons qu’il convient de leur donner, pour en obtenir des effets voulus.
On construit un grand nombre de ces machines, mais on n’en connaît
les effets précis qu'en les soumettant ensuite à l'expérience; et quand on
a besoin de remplir un but déterminé, on se trouve réduit à copier les
machines déjà construites, avec quelques modifications suggérées par le
jugement et l'habitude de l'observation, mais sans être assuré de parve-
nir au résultat.
» TIL. Nous avons voulu, jusqu'ici, démontrer le manque absolu d’une
relation analytique entre les effets et les proportions des machines. Il reste
maintenant à exposer les principes sur lesquels nous établissons celle que
nous avons à faire connaître.
» On sait que, dans toute machine, l’effort du moteur étant d’abord
supérieur à la résistance, il se produit un mouvement très petit, qui s’ac-
célère pendant un certain temps, jusqu’à ce que la machine ait atteint
une certaine vitesse qu’elle ne dépasse plus, le moteur n'étant pas capable
d’une vitesse plus grande, avec la masse qual a à mouvoir. Une fois la
machine arrivée à ce point, ce qui n’exige qu’un instant très court, la
vitesse continue la même, et le mouvement devient uniforme. Ce n’est
jamais qu’à partir de ce moment qu’on commence à calculer les effets
des machines, parce qu’elles ne sont jamais employées qu’à cet état d’uni-
( 509 )
formité, qui est leur état régulier, et qui dure ensuite pendant tont le
temps du travail. On néglige avec raison le peu de minutes pendant le-
quel leur vitesse se règle, ou les effets transitoires qui ont lieu depuis
la vitesse zéro jusqu’à la vitesse uniforme.
» En ce qui concerne les machines locomotives, un grand normbre
d'expériences faites par l’auteur, mais non encore publiées, prouvent
que le mouvement uniforme n’est jamais plus de deux minutes et demie
à s'établir avec les plus grandes charges, en partant du repos complet; ce
qui dépend, du reste, d’un grand nombre de circonstances faciles à sou-
mettre au calcul.
» Dans ces machines donc, aussi bien que dans toutes les autres, ce
n’est qu'après l'établissement du mouvement uniforme qu’on doit com-
mencer à calculer leurs effets. Or, dans une machine parvenue au mou-
vement uniforme, le pouvoir appliqué fait strictement équilibre à la
résistance; car s’il était plus grand ou plus petit, il y aurait accélération
ou retardation de mouvement, ce qui est contre l’hypothèse. Ce principe
est absolu à l'égard des machines de toute espèce : en ce qui concerne
spécialement les machines à vapeur, la force appliquée par le moteur,
n’est autre que Ja pression de la vapeur contre le piston ou dans le cylindre.
Donc, cette pression dans le cylindre, est strictement égale à la résistance
de la charge contre le piston.
» Par conséquent la vapeur, dans son passage de la chaudière au cylin-
dre, change de pression et passe à celle qui représente la résistance du pis-
ton. Ce fait explique à lui seul toute la théorie des machines ? à vapeur, et
met leur jeu comme à découvert.
» On en déduit immédiatement que dans le calcul de ces machines, il ne
faut pas, comme on l’a fait jusqu'ici, prendre la force motrice comme cons-
tante, et égale à la différence entre la pression de la chaudière et la résis-
tance sur le piston, ce qui produirait un mouvement indéfiniment accéléré,
contraire aux faits et à la théorie; mais il faut considérer la force accéléra-
trice comme nulle, parce que le pouvoir appliqué par la machine fait stric-
tement équilibre à la résistance, et rien de plus. Et si l’on avait besoin de
calculer les effets transitoires qui ont lieu pendant le court intervalle du-
rant lequel les machines règlent leur vitesse, Ce ne serait point encore
‘comme constante qu'il faudrait considérer la force accélératrice, mais
comme variable et diminuant rapidement, jusqu’à devenir nulle aussitôt
que la machine est arrivée à son état normal.
» Nous avons, d’après ce qui précède, la pression que la vapeur exerce
70.
( 10 )
réellement contre le piston. S’il n’était question que d’un cas d'équilibre,
cette évaluation suffirait; mais on sait que dans un cas de mouvement, on
doit, à l'égard des forces, considérer deux choses; r°l’intensité de la force;
2° la vitesse avec laquelle cette intensité est appliquée. Or, dans le cas dont
il s’agit, il est évident que c’est la vitesse de production de la vapeur dans
la chaudière, qui indique la vitesse avec laquelle la force est appliquée. On
ne saurait donc arriver à aucun résultat exact, tant qu’on négligera d’in-
troduiré ce dernier élément dans le calcul; et voilà précisément pourquoi
tous les essais précédemment cités, pour arriver à déterminer, soit la charge,
soit la vitesse de la machine, se sont trouvés fautifs.
» Nous devons donc rétablir cet élément essentiel, à tort négligé jus-
qu'ici, c’est-à-dire que nous devons tenir compte dans le calcul de la
force de la vaporisation de la chaudière, ou de la quantité d’eau qu’elle
peut transformer en vapeur d’un degré connu, en un temps donné; et
nous verrons alors que la question deviendra d’une simplicité remarquable.
» En effet, on voit d’abord que la vitesse du piston est la chose la plus
facile à calculer.
» On connait la surface de chauffe de la chaudière, et, par conséquent,
on peut savoir le volume d’eau $ qu’elle vaporise par minute. Cette eau se
transforme dans la chaudière , en vapeur à un cértain degré de pression P.
Or, on connait le volume m de la vapeur formé par une pression détermi-
née. On a donc le volume de vapeur fourni chaque minute par la chaudière.
Gette vapeur passe dans les cylindres ; maïs en supposant que les tuyaux de
conduite et les cylindres sont inclus dans la chaudière ou enveloppés par
la flamme du foyer, comme cela a lieu dans les machines iocomotives, la va-
peur conserve sa température, Donc cette vapeur augmente de volume en
proportion inverse des pressions, Donc, une fois transmis au cylindre, le
RÉ mS de vapeur fourni chaque minute par la chaudière, devient
mp . Ce volume de vapeur s’écoulant par le cylindre dans une minute, si
un le divisons par l'aire de ce cylindre, nous aurons la vitesse à laquelle il
doit nécessairement passer, et, par conséquent, la vitesse qu'il communi-
quera au piston.
» Cette théorie développée suffisamment, conduit à une formule
exprimant la vitesse du piston, où l’on voit entrer tous les éléments de
la force et de la résistance, savoir : la force de vaporisation de la chau-
dière, la pression de la vapeur, le diamètre du cylindre, la course du
piston, la résistance à mouvoir, celle de l'air, le frottement de la ma-
(rx )
chine, l'accroissement de ce frottement par unité de la résistance, la
pression atmosphérique et la pression subsistant sur la face du piston
opposée à la vapeur.
». Gette formule est la, suivante :
nes ”. mSPD 14
GORE + GO 7 VD Ed (pp
Dans laquelle les lettres ont la signification que voici:
» P est la pression totale de la vapeur par unité de surface dans la
chaudière.
» $ le volume ( eau que cette chaudière peut vaporiser par minute à
la pression P.
».m le volumé de la vapeur a la pression P, rapporté au volume de
l’eau qui l’a produite.
» R la résistance opposée par la masse à mouvoir , et D la distance
dont elle avance par coup de piston.
» F le frottement de la machine, et d' l'accroissement de ce frotte-
ment par unité de la résistance à mouvoir.
» d'le diamètre du cylindre et Z la course du piston.
» p la pression atmosphérique et p' la pression effective subsistant sur
la face opposée du piston.
» Enfin V' la vitesse communiquée à la résistance, et rV/2 la résistance
de l'air, tant contre la masse à mouvoir que contre les différentes parties
de lappareil lui-même.
» Cette formule donnera la vitesse de la machine avec une résistance
donnée, et l’on en déduira réciproquement la résistance que la machine
pourra mettre en mouvement à une vitesse connue, savoir,
__ mSP F ard'l(p+p) rV':
7 {+d)v (+) (x +4)D 1
» Enfin on en tirera encore la force de vaporisation que doit avoir la
chaudière de la machine, pour que celle-ci puisse mouvoir une charge
connue à une vitesse donnée
s = CUH AR HV) Æ FJDN'+ Ed /(p+p)V
mPD s ï
» Pour appliquer ces formules, il reste à déterminer éxpérimentales
ment quatre éléments du calcul, qui ne sont pas connus & priori, savoir,
les quantités S,F, d'et p’.
( 512)
» La quantité d’eau S qu’une chaudière de dimensions données peut
transformer en vapeur sous une pression connue, peut être déterminée
d’après les expériences de l’auteur, consignées dans son Traité des Ma-
chines locomotives ; mais il se propose de faire. connaître incessamment
de nouvelles recherches théoriques et expérimentales à ce sujet, qui ren-
dront cette détermination plus complète et plus générale, et qui montre-
ront que l'expérience d’un ingénieur subis qui servait jusqu'ici à
établir l'effet comparatif des surfaces de chauffe par radiation ou par
communication, n’est qu’un cas particulier qui ne convient point aux
chaudières actuelles.
» Le frottement F d’une machine, lorsqu'elle n’est chargée d'aucune
résistance, sera facile à connaître aussi, d’après le protédé employé par
l’auteur à l'égard des locomotives, et qui consiste à chercher quelle est
la moindre pression de vapeur dans la chaudière nécessaire pour main-
tenir la machine en mouvement, lorsqu'elle n’a à vaincre que son propre
frottement. Si cette pression est p', le frottement cherché sera
1 D
_ RU D
» Pour déterminer l'accroissement de frottement d' produit dans la
machine par unité de résistance, il suffira d’augmenter la résistance mue
par la machine, ou de baisser au contraire sa pression, jusqu’à ce qu’on
soit assuré que la machine est ee à la limite de sa force, avec la pres-
sion dont elle dispose. Si alors p” est la pression effective dans la chau-
diére, et R"la résistance, le frottement additionnel d' sera déterminé par
Lan
ll
R°HF +R" =;"dp" 5
qui ne contient d'inconnue que d\.
» Enfin, à l'égard de la pression p' subsistant sur la face du piston
opposée à l’arrivée de la vapeur, des recherches récentes entreprises par
l’auteur de ce mémoire et appuyées d’une série considérable d'expériences
faites avec des appareils spéciaux, donneront le moyen d’en fixer la
détermination. Ce sera l’objet d’un mémoire que M. Pambour se propose
de mettre prochainement sous les yeux de l’Académie. On y verra en
même temps les effets du rétrécissement du passage de sortie de la va-
peur, sur la vaporisation des machines, leur vitesse et leur charge; et
ces recherches, jointes à d’autres sur la vitesse d'écoulement de la vapeur
(513)
par des orifices déterminés, serviront à fixer les dimensions à donner aux
passages de la vapeur dans les machines; dimensions qui n’ont été jus-
qu'ici réglées que par l'usage.
» En faisant l’application de ces formules aux machines locomotives,
on trouve une coïncidence complète entre les faits et le calcul. C'est sur
les machines locomotives que nous en faisons toujours l’épreuve, à cause
de l’exactitude avec laquelle on peut apprécier la résistance surmontée
par la machine et la vitesse du mouvement , circonstances qui, jointes à la
facilité de changer à volonté la charge et la vitesse, nous ont fait consi-
dérer ces machines comme plus propres que toutes les autres à fonder la
vraie thécrie de la machine à vapeur en général.
» On voit donc que ia théorie du mouvement de la vapeur développée
plus haut, résout immédiatement, et d’une manière complétement ana-
lytique, les questions proposées au sujet des machines à vapeur à haute
pression, questions qui, comme on la vu, étaient jusqu'ici restées sans
solution.
» Cette théorie trouve également son application dans toute autre ma-
chine à vapeur à haute ou basse pression, comme l’auteur se propose
de le développer plus tard, après avoir complété les nouvelles recherches
dont il s’occupe relativement aux machines locomotives. » :
PHYSIQUE. — Détermination des basses températures au moyen du pyro-
mètre à air, du pyromètre magnétique et du thermomètre à alcool; par
M. Pouirer.
« L On connaît les expériences remarquables que M. Thilorier a faites
sur l'acide carbonique, et les appareils très ingénieux qu’il a imaginés pour
obtenir cette substance à peu de frais et en grandes masses, soit à l’état
liquide, soit à l’état solide, On sait pareillement que l’on arrive, au moyen
de cet agent, à des degrés de froid beaucoup plus considérables que ceux
que l’on avait pu obtenir au moyen des mélanges réfrigérants les plus
efficaces. Il y avait quelque intérêt pour la science à mesurer ces degrés
de froid d'une manière rigoureuse , en les rapportant à l’échelle centigrade
du thermomètre à air. M. Pouillet y est parvenu au moyen des appareils
qui lui servent à déterminer les plus hautes températures (voyez le
Compte rendu de l Académie des Sciences, n° 26 du 2° semestre de 1836),
et en même temps il a profité de ces observations pour étudier la marche
du thermomètre à alcool jasqu’aux plus grands degrés de froid.
( 514)
IT.. Expériences avec un pyromètre à air, à réservoir de verre.
» Le réservoir de ce pyromètre a été disposé-dans un vase de bois d’une
forme convenable, et là il a été enveloppé de toutes parts avec l'espèce de
pâte que M. Thilorier forme avec l'éther sulfurique et l'acide carbonique
solide. Après quinze ou vingt minutes, la température du réservoir et de
l'air qu'il contenait s’est montrée parfaitement fixe ; à partir de cetins-.
tant, on a continué l’expérience pendant environ une demi-heure; en
mettant de temps à autre un peu de nouvelle pâte dans le vase de bois,
afin que le réservoir en fût constamment entouré de ious les côtés. La
température étant restée bien invariable pendant tout ce temps, on a
pensé que le pyromètre indiquait bien exactement la température de la
pâte, et l’on a procédé à la série des observations qui devaient donner la
valeur de cette température.
» Voici les éléments de l'expérience.
» Le volume V de l'air contenu dans l'appareil, ramené à o et à la
pression de 760 millimètres, était de 91° ‘,57, c’est-à-dire un peu plus
de 91 centimètres cubes et demi : on l’avait déterminé d’ayance.
» La capacité refroidie G était de 56‘°,825.
.» La capacité z du tube de communication était de 2,415.
» Ces deux capacités sont les deux constantes de l'appareil, elles sont
toujours déterminées d’avance avec beaucoup de soin.
» Au moment de l’observation, on a trouvé
N'=8e,78, t— 1,3, h— 764,65, 0— 130,3.
»-N! est le ombre des centimètres cubes que l'air occupe dans le
tube divisé,
» £ sa température,
» h la hauteur du baromètre,
» Ÿ sa température.
» En substituant ces données dans les trois formules ,
P — (c + 2),
L
n=\ SL parie
à + at
Re N
+ ei aNe
(voyez le Compte rendu, n° 26), on trouve enfin pour la température x
(515)
marquée par l'appareil :
x — — 78,85;
c'est-à-dire que la température de la pâte dont il s’agit est 78,85 au-
dessous de zéro.
III. Expérience avec un pyromètre à air, à réservoir de platine.
» On a procédé comme dans l'expérience précédente : les données
étaient, pour les quantités constantes,
V = 92,595, C—56,73, z— 2,64;
et pour les données de l'observation, l’on a eu
N'=09"",80, t— 11,3, h— 764,65, 0— 13,3.
» Ces données substituées dans les formules donnent
x — — 78°,87;
c'est-à-dire que le deuxième appareil donne, à deux centièmes de degré
près, la même température que le précédent.
IV. Expérience avec un couple thermo-électrique, bismuth et cuivre , et la boussole des
sinus, décrite dans le n° 26 des Comptes rendus.
» L’une des soudures étant plongée dans la glace fondante, et l’au-
tre dans la pâte d’éther et d’acide carbonique, l'aiguille de la bous-
sole a éprouvé une déviation de 63 degrés.
» Ce couple était enveloppé de caout-chouc, pour qu'il ne püt éprou-
ver aucune altération de la part des corps avec lesquels il avait été mis
en contact.
» Après cette expérience, répétée et soutenue assez long-temps pour
qu'il ne puisse rester aucun doute sur son exactitude, on a versé du
mercure dans la pâte; le mercure s’est congelé, et un quart de litre
de pâte a congelé ainsi plus d’un demi-litre de mercure. Alors on a fait
un trou dans cette masse de mercure solide pour y engager une des
soudures du couple; l’autre soudure étant maintenue à zéro, et, lorsque
le mercure a été fondant de manière que la soudure du couple thermo-
électrique en fût baignée de toutes parts, on a observé la déviation
de l'aiguille aimantée, qui a été de 27°,20’.
» Pour trouver les températures correspondantes à ces déviations, il
fallait graduer l'appareil thermo-électrique, qui ne l'avait pas été aupara-
CR. 1537. 17 Semestre. (T, 1V, N° 44.) 71
(516 )
vant, ct l’on y a procédé par des expériences postérieures, dont les résultats
sont rapportés dans le tableau suivant :
NUMÉROS TEMPÉRATURE | TEMPÉRATURE DÉVIATION SINUS INTENSITÉ
des de la de la de la moyenne
expériences. | 1"€ soudure. | 2° soudure. |. ©bservée. déviation. pour 1°.
mm N
I 0 17°60 11.30 0.1994 o or1134
2 0 21 » 13.45 : 0.2377 0.01132
3 o 30. » 20.00 0.3420 o.01140
4 o go » 26.45 0.4500 0.01125,
5 o 50 » 34.30 0.5664 0.01133
6 o 60 » 42.40 0.6777 0.01128
7 o 66 » 48.00 0.7489 0.0113/4
8 0 17 61.30 0 .8788 o.o1141
Moyenne....| o.01134
À Pie ML UN PONTS EE ONE RM ERA
» On voit, par les nombres rapportés dans’ ce tableau, que l'intensité
thermo-électrique du couple bismuth et, cuivre est très sensiblement .cons-
tante depuis la- température de 17 degrés au-dessous de zéro Jusqu'à
77 degrés au-dessus de zéro, ou plutôt qu’elle augmente proportionnel-
lement à la température.
» En admettant que cette proportionnalité s’étende jusqu'à 80 ou 100
degrés au-dessous de zéro, il est facile de trouver la température cor-
respondante aux 63 degrés de déviation que l'appareil a donnés lorsque sa
soudure froide était dans l'acide carbonique. On trouve ainsi :
— 78°, 75.
» Cette température est tellement rapprochée de celle qui a été donnée
par les pyromètres à air, qu’elle ne laisse aucun doute sur ce fait remar-
quable que le couple bismuth et cuivre a réellement une intensité pro-
portionnelle à la température jusqu’à 80 ou 100 degrés au-dessous de zéro.
» Alors, il est facile d’en déduire la température du point de congé.
lation , ou plutôt du point de fusion de mercure, qui n’aurait pas pu être
déterminée aisément d’une manière directe au moyen des pyromètres à air
(517)
» En effet, l'appareil thermo-électrique ayant donné 27°28’ de déviation
dans le mercure fondant, il suffit, pour avoir la température correspon-
dante, de diviser le sinus de 27°20/ ou 0,4592 par 0,01134; on trouve
ainsi, pour le point de fusion du mercure, la température de
Age 40°,5,
c'est-à-dire que le mercure se congèle à 40 degrés et demi au-dessous de
zéro. Ce nombre ne diffère que de 1° ou 2° de ceux qui avaient été
autrefois obtenus directement par le thermomètre à mercure lui-même.
V. Expériences avec des thermornètres à alcool.
» On a employé six thermomètres à alcool, faits avec beaucoup de soin
par M. Bunten: leurs tiges avaient été choisies parfaitement cylindri-
ques, surtout dans la portion qui devait s'étendre depuis 5° ou 6° au-
dessus de zéro jusqu’à 80 ou 100° au-dessous de zéro. Les trois premiers
sont remplis avec de l'alcool à 40°, et les trois derniers avec de l’alcool
ordinaire à 36°.
» Aprés avoir marqué le point de la glace fondante sur tous ces ther-
momètres, on les a plongés simultanément dans la pâte d’acide carbonique
et d’éther, de manière que toute la colonne liquide püt participer à l’a-
baissement de température; on a marqué au diamant le point où la co-
lonne s’est arrêtée.
» Ensuite, on a plongé tous ces thermomètres dans du mercure en
fusion , et l’on a pareillement marqué au diamant le point où la colonne
s’est arrêtée.
» Dans une première expérience sur le point de fusion du mercure,
il n’y avait pas eu possibilité de faire plonger la colonne entière, et l’on
avait calculé par une formule l'erreur qui en devait résulter : bien qu’il
n’y eût aucun doute sur l'exactitude de cette formule, qui accusait une
erreur de plus de 2°, on a regardé comme nécessaire de répéter l’expé-
rience d’une manière plus complète, en faisant cette fois plonger la co-
lonne liquide entière.
» Le tableau suivant contient les résultats de ces dernières expériences.
71.
DISTANCE DISTANCE DISTANCE
3 du zéro à la du zéro du point de
RUE température au point fusion
des de la de du mercure
thermomètres. pe d’acide fusion 1 à So
carbonique . | température
et d'éthor. goes de la pâte.
Millim. . Millim.
Alcool à 40°... N° 4... 178.00 86. 00
183.30 89. 10
188.60 92.60
Alcool à 36°... 1...| 165.40 79-60
155.50 75.10
138.90 66.50
» Puisque la température de la pâte est de — 78°,8, il est facile de
trouver en millimètres la valeur de 1°, en admettant que la contraction
de lalcool soit uniforme, et, de calculer ensuite, au moyen de cette
donnée, la distance à laquelle doit se trouver le point de fusion du
mercure, que nous savons être de — 40,5, pour comparer cette distance
à celle qui a été observée
» Le tableau suivant contient ces résultats.
: DISTANCE
NUMÉROS à
à VALEUR calculée DISTANCE È
des à DIFFÉRENCES,
thermomèt de r degré o bservé
rmomètres. b : F
8 le o à—400,5. Ye
ne | ones | sen
Mill.
- Alcool à, 40°... N° 4... 2.250 91.94 92.00 + 0.06
N° 2...| 2.326 94.20 94.20 + 0.00
N° 5...| 2.303 96.92 96.00 — 0.92
Alcool à 36°... N° 1...| 2.009 85.00 85.80 + 0.80
N° 2...| 1.973 79.90 80.40 + 0.50
N°5... 1.764 71.52 72.40 + 0.88
(519)
» Ces différences sont si petites qu’elles peuvent certainement dépendre
ou d’une légère erreur dans l'observation, ou de quelque défaut très per
sensible dans la cylindricité des tubes; et l’on peut en conclure qu’au-
dessous de zéro, et jusqu’à quatre-vingts degrés, le thermomètre à alcool
marche parfaitement d'accord avec le thermomètre à air.
» Il résulte des expériences qui précèdent :
» 1°. Que les pyromètres à air qui ont été employés à la mesure des
bautes températures, peuvent s'appliquer avec le même avantage à la dé-
termination des températures les plus basses;
» 2°. Que la condensation de l'air à la surface du platine n’éprouve pas
d’accroissement sensible depuis la température de 8 ou 10 degrés au-dessus
de zéro jusqu’à 80 degrés au-dessous de zéro;
» 3°. Que la force électro-motrice qui se développe par la chaleur au
contact du bismuth et du cuivre a une intensité constante, pour chaque
degré du thermomètre centigrade, depuis la température de 100 degrés
au-dessus de zéro jusqu’à la température de 80 degrés au-dessous de zéro;
» 4°. Que le point de fusion du mélange ou du composé qui se forme
par l’action mutuelle de l’éther sulfurique.et de l'acide carbonique, corres-
pand à une température comprise entre 78 et 79 degrés au-dessous de
zéro, et qui paraît être exactement de 78°,8;
» 5°. Que le point de congélation du mercure, ou plutôt le point de
fusion du mercure congelé, correspond.à une température comprise entre
40 et 41 degrés au-dessous de zéro, et qui paraît être exactement de
4o degrés et demi;
» 6°. Quelles thermomètres construits avec de l'alcool ordinaire mar-
quant 36 degrés, ou avec de l’alcoo! plus pur marquant 40 degrés, se trou-
vent avoir au-dessous de zéro une marche parfaitement régulière et con-
cordant avec la marche du thermomètre à air; de telle sorte qu’en prenant
pour points de, graduation la glace fondante et l’acide carbonique fondant
par son mélange avec l’éther, et en divisant en 78,8 l'intervalle compris
entre ces points , les thermomètres à alcool donnent , pour les températures
intermédiaires , toutes les indications du thermomètre à air. »
( 520 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHysiQuE. — ÎVouvelle note sur les effets électriques de la torpille; par le
pére Sanrr Linarr, professeur à l’université de Sienne.
Le Compte rendu de la séance de l'Académie du 11 juillet 1836 con-
tient l’analyse des premières recherches du professeur Santi Linari sur
électricité de la torpille. Ces recherches, entreprises au mois de-mars 1836,
étaient transmises par M. Matteucci, qui annonçait avoir répété avec suc-
ces les expériences du professeur de Sienne. Le principal résultat était la
confirmation, cette fois positive, d’un fait annoncé déjà par quelques phy-
siciens, mais que d’autrés n’avaient pu reproduire, le développement de
l’étincelie électrique par les décharges de la torpille. Toutefois, l’étincelle
obtenue par M.Santi Linari ne se montrait que dans les circonstances
où se développent les courants que M. Faraday a désignés sous le nom de
courants secondaires ou d’induction, c’est-à-dire lorsque le fil qui met en
communication le dos et Le ventre de l'animal était roulé’en hélice à spires
serrées. Ce fil était interrompu dans sa longueur par une petite coupelle
de mereure, et lorsque l’on agitait la surface liquide de manièreà mettre
fréquemment à nu l’un des bouts plongés, en même temps que l'on exci-
tait les décharges de l'animal , on voyait naître quelquefois, aux points de
séparation , de petites étincelles assez lumineuses. Mais lorsque le fil, même
très court, était développé dans toute son étendue, c’est-à-dire dans les
circonstances où naît l’étincelle ordinaire, M: Santi Linari n’avait rien
obtenu. Il écrit qu’au mois d'octobre dernier il a été plus heureux; qu'ila
reproduit un grand nombre de fois le phénomène de l’étincelle, dégagé
de toute complication , avec un fil très court, dont aucune partie ne pou-
vait réagir sur les autres. La seule différence que l’on apercçoive entre
l'appareil adopté cette fois par M. Santi Linari et celui qu’il employait
infructueusement auparavant, consiste dans la manière dont la petite
masse de mereure est dispasée par rapport aux bouts du fil entre lesquels
elle établit la communication. Lors des premiers essais , le mercure était à
l'air libre dans une coupelle, les bouts du fil plongés à quelques lignes
l’un de l’autre. Dans les nouvelles expériences, il est contenu dans les deux
branches d’un tube de verre en U qu’il ne remplit pas entièrement. Ces deux
branches sont exactement fermées par des bouchons garnis de cire, et
traversées par les deux extrémités du conducteur, qui pénètrent jusqu'aux
( 52r )
deux surfaces liquides. C’est toujours en agitant ces surfaces, en même
temps que l’on irrite le poisson, que l’on détermine les interruptions du.
courant et la production de petites étincelles. On les obtient plus facile-
ment si l’intérieur du tube au-dessus du mercure est vide d'air.
Le professeur Santi Linari annonce aussi avoir pu, cette fois, obte-
nir, à l’aide d’un condensateur très sensible, des tensions électriques ap-
préciables. Si l’on enlève la communication avec le plateau à l'instant où
l'animal est irrité, on voit ensuite, lorsque le plateau est retiré, les
pailles de l’électromètre diverger de plusieurs degrés. Le dos de lanimal
donne l'électricité positive; le ventre, l'électricité contraire. Le courant
dans les décharges va du dos au ventre.
À l’aide de fils d'or très fins, le professeur Santi Linari a obtenu, dans
un petit tube de verre, par le courant de la torpille, la décomposition du
nitrate d'argent et celle de l’eau.
Enfin, le galvanomètre a manifesté l'existence du courant dans le
sens où l'électromètre l'indiquait, et des traces d'effets calorifiques ont
aussi été obtenues, comme dans les expériences dont le Compte rendu a
fait mention l’année dernière.
Le professeur Santi Linari examine ensuite les effets physiologiques
que l’on observe lorsqu'on déchire le cerveau de l'animal, lorsque certains
nerfs sont coupés, etc. Ces effets s’accordent avec ce que l’on connaissait
déjà.
Un appendice tout-à-fait étranger à la torpille termine ce mémoire.
L’étincelle obtenue des courants secondaires qu’excite la décharge du
poisson en passant dans une hélice, a fait naître à. M. Antinori et à
M. Linari, l'idée d'obtenir, à l’aide: d’un fil ainsi roulé autour d’un bar-
reau de fer doux, l’étincelle à l’aide de la pile thermo-électrique : l'expé-
rience a réussi en effet. Les soudures étant maintenues à la température
de l’ébullition de l’eau d’une part, de l’autre à celle de la glace fondante ,
une pile de 25 éléments a donné une étincelle, visible même en plein
jour, avec un fil de 154 mètres de longueur. On en apercevait encore des
traces avec un fil de 15 pouces.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la construction des Pryroscaphes ;
par M. Haury.
L'auteur annonce, dans la lettre qui accompagne son mémoire, que*
déjà, en 1831, il a adressé à l’Académie un travail sur les explosions des
machines à vapeur; il prie qu’on veuille bien , en lui accusant réception :
(05220)
de son nouveau mémoire, lui faire savoir si le premier a été également
reçu. 6
GÉOGRAPHIE. — Recherches sur la géographie ancienne et sur l'histoire
naturelle de l'Algérie; par M. ve LA Pyrarr.
L'auteur présente cette note comme pièce à l'appui de la demande qu'il
a faite d’être adjoint à la Commission scientifique chargée de l'exploration
de l’Algérie. t
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Serrure construite sur un principe entièrement
nouveau ; par M. LETEsTu.
(Commissaires, MM. Poncelet, Séguier.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — mpression en plusieurs couleurs ; spécimens pré-
sentés par MM. Dipor frères et GAucHARD.
(Commissaires, MM. Dumas, Robiquét et Séguier.)
MÉDECINE. — Recherches sur la peste ; par M. Boyer, médecin au Kaire.
(Premier, deuxième et troisième mémoire. )
(Commissaires, MM. Magendie, Serres, Breschet.)
STATISTIQUE MINÉRALOGIQUE. — Recherches géologiques et chimiques sur le
gisement et la composition des substances calcaires propres à fournir
des chaux hydrauliques et des ciments dits romains, dans les vingt-
huit départements qui composent les bassins du Rhône et de la Garonne ;
par M. Vicar, correspondant de l’Académie.
(Adressé pour le Concours au prix de statistique.)
STATISTIQUE MINÉRALOGIQUE. — Séatistique des mines et minières de France,
par département (production et consommation annuelle des fers); par
M. Boyer.
(Adressé pour le Concours au prix de statistique.)
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur plusieurs nouveaux appareils de
sauvetage; par M. Conseir.
(Adressé pour le Concours au prix Montyon ; Arts insalubres.)
OL
tn
An St
( 523 )
cmmurGrE. — Nouveaux instruments de chirurgie; par M. CHARRIÈRE.
(Présentés pour le Concours au prix de médecine et de chirurgie, fondation
Montyon.)
Les instruments présentés sont: quatre brise-pierres de différents mo-
dèles , deux appareils destinés à l'extraction de corps solidement fixés dans
certaines régions du corps humain , et deux scarificateurs sans ressorts.
MÉDECINE. — Zraité des maladies du système nerveux cérébro-spinal; par
M. TANQUEREL DESPLANCHES.
(Adressé pour le Concours aux prix de médecine et de chirurgie, fondation
Montyon.)
HYGIÈNE PUBLIQUE. — Jdées sur les travaux d'assainissement à exécuter
dans la ville de Paris; par M. Guipox.
(Adressé pour le Concours au prix Montyon, Arts insalubres.)
MÉDECINE, — Des signes que peut fournir l'urine chez les femmes enceintes ;
par M. Navcxe.
(Adressé pour le même Concours.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique prie l'Académie de lui trans-
mettre, le plus promptement possible, le rapport qu’il a demandé sur un
mémoire de M. Balland, concernant la voix humaine.
La lettre de M. le Ministre est renvoyée à la Commission nommée pour
examiner le mémoire de M. Balland.
M. le Ministre de la Justice et des Cultes consulte l’Académie sur le
choix qu’il convient de faire, entre le cuivre et le zinc, pour la nouvelle
toiture de l’église cathédrale de Chartres.
« Étant obligé, dit M. le Ministre, de présenter très prochainement aux
Chambres un projet de loi pour obtenir les crédits que récläme l'exécution
des travaux de la cathédrale de Chartres, je désire que la réponse de
l’Académie puisse m'être promptement transmise. »
C, R. 1835, 127 Semestre, (T. IV. N° 44.) 72
( 524 )
Une Commission, composée de MM. Thénard, Dulong et Becquerel,
est chargée de faire un rapport sur la question posée par M. le Mi-
nistre.
MÉTÉOROLOGIE. — Étoiles filantes.
M. Kupffer écrit à M. Arago , en date du 15 février r837, qu’en Russie
on a aperçu un nombre inusité d’étoiles filantes :
À Bogouslowsk (nord de l’Oural, environ 60° de latitude), dans la
nuit du 12 au 13 novembre 1836, entre 3 heures et 4 heures du matin;
les étoiles se montraient dans le Lion; leur route apparente les portait
vers la grande Ourse;
Aux mines de Lougan (midi de la Russie), dans les nuits du 12 au 13et
du 13 au 14.
MÉTÉOROLOGIE. — Action des aurores boréales sur l'aiguille aimantee,
M. de Humboldt transmet à M. Ærago un tableau des perturbations
que l'aiguille des variations diurnes a éprouvées à Gottingue, pendant
l'aurore boréale du 18 février 1837.
À 8° 2° 30”, la déclinaison surpassait sa valeur habituelle de 39' ;
De 9° 36’ à 9*37', on observa un changement de déclinaison de r1'31”.
eme. — Recherches sur l'acide pyro-acétique. (Extrait d’une lettre de
M. Roserr Kane, professeur à l’École de Pharmacie de Dublin, à
M. Dumas.)
dus « J'ai trouvé que l’esprit pyro-acétique (acétone) est un alcool sem-
blable, pour la plupart des propriétés , à l'alcool ordinaire, mais qui pour-
tant s’en sépare dans quelques réactions, pour suivre des lois tout-à-fait
particulières. Je propose de l'appeler alcool mésitique.
» Distillé avec de l’acide sulfurique concentré, cet alcool fournit un li-
quide très léger, bouillant à 1 35° et composé d’après votre notation de C'*H°,
ce qui prouve que la formule de l'alcool mésitique est représentée par
C'*H'*0* ou par C'*H°,H#O* et qu’en perdant de l’eau H°0°, il reste le
nouvel hydrogène carboné CH. Jappelle ce dernier corps mésitylène. Il
est à l'alcool mésitique , ce que le gaz oléfiant est à l'alcool ordinaire.
» Avec le perchlorure de phosphore et l'esprit pyro acétique, on ob-
tient un liquide plus pesant que l’eau et qui a pour formule C'?H'° Ch',
qui peut se représenter par C'*H°, Ch? H°. Quand on décompose ce chlorhy-
drate de mésitylène par une dissolution alcoolique &e potasse, on obtient
( 525 )
un liquide plus léger que l’eau , qui a pour formule C*H'° O. C'est l'éther
mésitique, correspondant à l’éther commun.
» L'iode et le phosphore en agissant sur l'alcool mésitique forment un
liquide pesant, coloré par l’iode et très difficile à purifier. Il renferme
C'*H°1° représentant C'*H°, H* l°; c’est l’iodhydrate de mésitylène,
» On a donc ainsi :
CH mésitylène,
C2 H$,H:°Ch° chlorhydrate de mésitylène,
C#HS,H°1: iodhydrate de mésitylène,
C:H$,H*O éther mésitique — premier hydrate,
C'H$, H#0* alcooi mésitique — second hydrate.
» L’éther mésitique se combine en deux proportions avec l’acide sulfu-
rique et produit ainsi deux acides distincts. Mais ceux-ci se combinent
avec les bases inorganiques dans des rapports nouveaux et imprévus, car
ils en prennent la même quantité que si l'acide sulfurique qu'ils renfer-
ment était libre. 3
» Ainsi, l’un de ces acides forme un sel de chaux renfermant
2S0%, C“H1°0, 2Cu0, H° 0 ;
Pautre donne en s’unissant à la chaux un sel différent qui contient
SO5, C°H°°0, CaO, H° 0.
» Quand on fait agir le perchlorure de phosphore sur l'alcool mésitique,
il se forme de l’acide phospho-mésitique dont j'ai examiné la combinaison
avec la soude. Il en résulte un sel qui cristallise en rhombes et qui ren-
ferme
P°0, CH 0, NaO,H°0 + 5H°0.
. » De même, et c’est là un phénomène fort digne d'intérêt, quand on pro-
duit l’iodhydrate de mésitylène , il reste une masse de cristaux soyeux dans
la cornue, qui sont solubles dans l’eau, très acides, et qui forment des sels
capables de brüler avec une flamme phosphoreuse.
» Ce nouvel acide donne avec la baryte la combinaison suivante :
P:0,C" HO, BaO, H:0.
» En conséquence, les nouveaux cristaux consistent en acide hypo-
phospho-mésitique.
» En faisant agir le chlore et l’iode sur le mésitylène, j'ai obtenu des
72.
(526 )
composés qui se rapprochent beaucoup de ceux qui dérivent de Phuile
d'amandes amères.
» J'ai formé les acides particuliers qui prennent naissance l’un dans
l’action de l’alcol mésitique sur l’hypermanganate de potasse ; l’autre dans
l’action de la potasse sur le chloral mésitique.
» Je n’ai pas encore terminé l'examen analytique de ces corps, mais
j'espère être en état dans quelques semaines de vous en transmettre les
résultats. »
STATISTIQUE. — Mouvement de la population en France. Extrait d’une
lettre de M. DEMONFERRAND.
« Dans une précédente communication, en discutant le mérite des do-
cuments statistiques sur la population, j'ai comparé l’accroissement déduit
des recensements à celui que donne l'excès des naissances sur les décès.
On peut étendre maintenant la comparaison à un nouveau recensement
publié officiellement pour l’année 1836.
» Si les recensements étaient parfaits, ou comportaient toujours le même
degré d’erreur, les deux moyens d'évaluer l'augmentation de population
donneraient des résultats identiques. Mais, si les feuilles de mouvement
sont toujours rédigées de la même manière, tandis que les recensements
sont progressivement améliorés, ces derniers donnent un accroissement
plus rapide que celui qui résulte du mouvement.
» C’est ce qui arrive en France; l'administration a fait des efforts pour
rendre chaque recensement plus exact que celui qui le précède; ainsi en
1831 on avait obtenu de moins qu’en 1820 une omission sur 280 habi-
tants, avec la distinction des sexes et de l’état civil.
» En 1836, on est parvenu à un résultat plus satisfaisant, en deman-
dant pour chaque commune l’état nominatif des habitants.
L’excédant des naissances sur les décès a été, de 1831 à 1836, de... 614,030
La population en 1831 étantde......................... ..... 32,560,934
On aurait donc dû trouver en 1836........,.............:..... 33,174 ,964
Le recensement a donné..............................,...,e. 33,540,910
Différence... 365,946
» Ce nombre 365,946, pour exprimer la supériorité de la dernière opé-
ration sur la précédente, doit subir une légère correction. En effet, dans
une note communiquée dans la séance du 21 novembre 1836, jai montré
que les feuilles du mouvement comprennent à tort, chaque année, un
\
(527)
nombre de décès d’enfants mort-nés que l’on peut évaluer à 17511, ce
qui fait pour cinq années 87555, que l’on doit ajouter à l'excédant des
naissances sur les décès. Il_en résulte que le recensement de 1836 l’em-
porte sur celui de 1831 de 348435, c’est-à-dire de ;+ de la population
totale.
» Une aussi forte amélioration obtenue par la première application d'une
nouvelle méthode, sera certainement suivie d'améliorations nouvelles ;
cependant les intérêts de localité laisseront toujours subsister dans les
recensements de nombreuses omissions volontaires, du moins tant que
cette opération sera confiée aux autorités municipales. J'ai calculé des
tables de la population, par âges et par sexes, et je les soumettrai pro-
chainement à l'Académie. Elles portent la population, peur l'année 1836,
à 34610090 habitants, c’est-à-dire -: de plus que le nombre fourni par
le recensement officiel. Mes tables contiennent inévitablement les erreurs
des feuilles de mouvement, et, de plus, les incertitudes qui proviennent
des interpolations dont j'ai fait usage. Si l’on prend la moyenne entre les
chiffres déduits du recensement et le calcul basé sur les feuilles de mouve-
ment, on trouve, pour la population en France, 34,075,500 habitants; ce
qui suppose environ 500,000 omissions dans le dernier recensement. »
GÉoLOGIE. — Observations tendant à prouver que le cône du Vésuve a
été prümitivement formé par soulèvement. Extrait d’une lettre de
M. Léopozp Pia à M. Élie de Beaumont.
..... « Une découverte que je viens de faire tout récemment dans la
Somma me paraît de nature à exciter l'intérêt. J'ai trouvé au fond d’une des
échancrures de terrain qui sont à côté du Fosso grande un tuf argileux et
une espèce detrass contenant les coquilles suivantes Tarritella terebra,
Cardium ciliare , Corbula gibba, et un oursin non entier, espèces qui se
rapportent comme celles des argiles d’fschia, au terrain d’argiles suba-
pennines. Je laisse aux géologues plus habiles que moi les inductions
qu'on peut tirer de ce fait, et je me contente de dire seulement qu'il est
à présent démontré que le volcan du Vésuve est un volcan émergé. »
PALÉONTOLOGIE. — Sur la place que doit occuper le Dinotherium dans
l'échelle animale. Extrait d'une lettre de M. Kauwr.
M. Kaup écrit que les considérations sur le Dinotherium, présentées
par MM. de Blainville, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Duméril, dans la
( 528)
séance du 20 mars, l'ont conduit à examiner de nouveau la question,
et que, grâce aux moyens de comparaison que lui a fournis la belle
galerie d'anatomie comparée, il a pu se convaincre que les rapproche-
ments qu'il avait d’abord établis entre cet animal et les édentés ne re-
posaient que sur des apparences trompeuses.
« Je reconnais aujourd’hui, dit M. Kaup, que les deux phalanges que
j'avais cru pouvoir rapporter au Dinotherium , proviennent de quelque
autre animal qui appartenait, sans doute, à un genre voisin des pan-
golins ou des cryctéropes; mais en partageant, sur ce point, l’opinion
émise d’abord par Cuvier, et que M. de Blainville a rappelée dans sa
communication , je ne puis voir, comme le fait ce dernier savant, dans le
Dinotherium, un animal très voisin des Dugongs. Je crois devoir le placer
dans les pachydermes proprement dits, et dans un genre voisin de
l’hippopotame.
» J'exposerai en peu de mots les raisons qui me portent à croire que
le Dinotherium ne doit pas faire pariie de l’ordre des cétacés; mais bien
de celui des pachydermes.
» 1°. La texture des os des cétacés diffère complétement de celle du
Dinotherium ; elle est plus fibreuse, tandis que chez ce dernier elle est
plus dure, comme chez tous les pachydermes en général.
» 2°, Les os occipitaux des cétacés présentent des espèces de fonta-
nelles, remarquables surtout au voisinage de l’os basilaire : rien de cela ne
se voit à la tête du Dinotherium. Le rocher de ce dernier qui présente
la même structure que dans les pachydermes, est placé au bout d’un
long canal auditif, comme dans les hippopotames, et ainsi ne se trouve
pas placé au niveau de la face externe des occipitaux, comme cela
a lieu chez le Dugong, où il forme une pièce presque entièrement
isolée.
» 3°. Quant à la forme, la structure, le nombre et le mode de rem-
placement des dents, le Dinotherium est évidemment un pachyderme ;
il n’a, sous ce rapport, qu'une légère analogie avec les Lamantins, et
absolument aucune avec les Dugongs.
» 4. Si l’on excepte l'angle que les os frontaux forment avec la partie
postérieure du crâne, on trouve dans cette dernière partie, ainsi que
me l’a fait remarquer M. Laurillard, bien plus de ressemblance avec ce
qui se voit chez le Rhinocéros, qu'avec ce qu’on peut trouver chez
tout autre animal. Mais cet angle obtus, qui s’observe d’ailleurs chez
les cétacés proprement dits, comme je l'ai déjà remarqué antérieure-
( 529 )
ment, n'existe nullement chez le Dugong , où cet angle est presque droit,
comme chez les autres mammiferes.
» be, La forme extérieure de l'os basilaire et des os qui l’entourent, ainsi
que les trous sous-orbitaires, sont tout-à-fait différents de ce qui se voit
chez le Dusong, et entiérement semblables à ce qui se trouve chez les
pachydermes. De même aussi, le prolongement en forme d’apophyse,
qu’on remarque derrière la facette glénoïdale qui sert à l'articulation de
la mâchoire inférieure, n’a d’analogue que dans les pachydermes.
» 6°. L’arcade zygomatique, autant qu'on peut en juger par les débris
qui ont été conservés, ressemblait à celle du Rhinocéros; dans le Dugong,
elle est beaucoup plus renflée,
» Quant à la vertébre cervicale de l'animal voisin du Dugong, dont il
est fait mention dans le catalogue de fossiles de M. de Klipstein, vertèbre
que M. de Blainville cite comme ayant pu appartenir au Dinotherium , elle
vieut d’un animal de la taille du Lamantin , et ne peut en conséquence
avoir fait partie du corps dù Dinotherium ; elle appartient à un genre
nouveau, plus voisin des Lamantins que du Dugong, auquel j'ai donné
le nom de Pugmeodon ; l'animal est sans doute identique avec celui qui a
été décrit par M. Duvernoy, et le même aussi que le Lamantin fossile dé-
crit par Cuvier, La formation dans laquelle les ossements de cet animal
se trouvent, est marine, et toutes les vertèbres sont remplies de dents
de requins. »
PALÉONTOLOGIE. — Considérations sur le genre de vie du Dinotherium et sur
la place qu'il convient de luiassigner dans une d'stribution naturelle des
mammifères. Extrait d’une lettre de M. Srrauss.
M. Strauss écrit qu’il est arrivé à se former sur cet animal une opinion
très voisine de celle qu’a émise M. de Blainville, mais qu'il y a été conduit
par des considérations toutes différentes. « Ce n’est pas, en effet, dit-il,
en cherchant parmi les animaux quels sont ceux dont la tête se rapproche
le plus de celle du Dinotherium , que j'ai été amené à ranger celui-ci parmi
les cétacés; mais en cherchant dans cette tête des caractères qui indi-
quassent, et la disposition que devaient avoir les autres parties du corps, et
le genre de vie que commandait cette organisation.
» En attribuant au Dinotherium une vie entièrement aquatique, pour-
suit l’auteur de la lettre, je me fonde principalement sur la disposition
des condyles occipitaux , disposition qui prouve que la série des ver-
tèbres du cou, et par suite, celle des vertèbres dorsales était dans une
( 530 )
direction horizontale, ce qui ne saurait avoir lieu chez aucun mammifere
terrestre. En effet, d’après une loi, que j'aurai occasion d’établir dans un
travail sur l’anatomie du chat, qui paraîtra, je pense, bientôt, on est
conduit à admettre que dans tous les mammifères terrestres, les cor-
dyles occipitaux doivent être dirigés, en-dessous pour les bipèdes, et, obli-
quement en-dessous et en arrière pour les quadrupèdes, afin que la sé.
rie des vertèbres du cou , qui doit s’articuler avec ces condyles, soit dirigée
dans le même sens, pour servir de soutien à la tête, ets’arquer ensuite en
haut en se continuant avec la série des vertèbres dorsales. Or, dans le Di-
notherium, en prenant le plan des dents molaires comme horizontal, les
condyles occipitaux sont dirigés obliquement en arrière et en haut; ce qui
est tout -à-fait incompatible avec une vie terrestre, mais parfaitement pos-
sible chez un animal aquatique, dont toutes les parties du corps et la tête,
par conséquent, sont directement soutenues par l’eau. Or pour cela il faut
aussi que les vertèbres cervicales soient dirigées en arrière, comme cela a
lieu , en effet, chez les baleines et les poissons. Ce premier et principal ca-
ractère se trouve ensuite appuyé par l’aplatissement que présente l’occiput
à sa face supra-postérieure, pour fournir le plan d’attache aux muscles
extenseurs de la tête. Cet aplatissement a déjà été signalé comme un carac-
tère que le Dinotherium a de commun avec les baleines, mais non comme
indiquant par lui-même une vie aquatique. En effet, les: muscles exten-
seurs de la tête, en se fixant à cet aplatissement, perdraient une grande
partie de leur puissance, si le cou était dirigé en dessous; le bras du levier
sur lequel ils agiraient se trouvant par-là fortement raccourci. Ainsi, ce
n’est pas parce que le Dinotherium présente, en commun avec les ba-
leines , l’aplatissement de la partie supra-postérieure du crâne, que je crois
devoir le considérer comme un cétacé, mais parce que la vie aquatique
est une condition de cet aplatissement, chez l’un_et les autres.
» La disposition des condyles occipitaux prouve aussi que le Dinotherium
était, non pas un amphibie, comme les hippopotames, les phoques, et
même les lamantins, mais un animal qui, à l'instar des cétacés ordi-
naires, ne pouvait jamais sortir de l’eau; à moins, toutefois, d'admettre
des conditions d'organisation extraordinaire, comme de supposer, par
exemple, que l'animal avait les apophyses épineuses des vertèbres du cou
et du dos, d’une longueur démesurée, capables de donner attache à des
muscles énormes pour soutenir librement la tête hors de Peau.
» La vie entièrement aquatique de ce singulier animal une fois admise,
il reste à déterminer quelle a pu être sa nourriture. D’après la forme deses
(53:10)
dents, l'articulation dela mâchoire, l'absence de canines et d’incisives, autres
que les défenses, il est très probable que le Dinotherium était herbivore, et
cette opinion se trouve justifiée par la forme de la cavité glénoïdale , qui est
entièrement plane dans sa partie anticulaire, comme l'a trés bien -fait re-
marquer M. Kaup, et non pas creusée en une cavité profonde, comme le
dit M. de Blainville ; cequi prouve que la mâchoire jouissait d’un mouve-
ment latéral, fort avantageux pour broyer la nourriture.
» En raison de la disposition des condyles occipitaux ; il était presque
impossible à l'animal de plier sa tête en-dessous pour saisir sa nourriture
placée sur le sol, acte que lui interdisaient en outre la longueur et la
direction de ses deux défenses; il devait, en conséquence, saisirises ali-
ments à la manière des éléphants, c'est-à-dire. au moyen d’une trompe.
L'existence de cette trompe, que M. de Blainville regarde comme au
moins douteuse , est encore indiquée, sur la tête osseuse, par la grande
largeur et la disposition des orifices des fosses nasales. Enfin elle l’est
aussi par la disposition des mächoires, qui (*) privées de dents inci-
sives, pour saisir directement ja nourriture, ne pouvaient pas même se
rencontrer dans leur partie antérieure, tandis qu’elles s'appliquent par-
faitement l’une à l’autre dans les lamantins. Il serait cependant possible,
mais peu probable, que l'animal eüt vécu de poisson, ce qui n'est
nullement incompatible avec la forme de ses dents, quoique celles-ci
différent beaucoup de celle des dauphins, cétacés essentiellement ichtyo-
phages : maïs ce caractère n’est pas de ceux sur lesquels on doit principa-
lement se fonder . pas plus que pour placer le Dinotherium dans le genre
Tapir.
» Relativement aux deux défenses de la mâchoire inférieure, elles pa-
raissent à MM. Kaup et de Blainville, avoir servi à creuser la terre pour y
arracher des racines dont cet animal se nourrissait probablement. Je ne
partage pas cette opinion; les dents me paraissent avoit dû servir plutôt à
la simple défense, comme cela a également lieu chez les éléphants; car si
ces dents avaient eu l’usage que ces deux savants leur supposent, elles se-
raient autrement usées; tandis qu’elles sont d’üne conservation qu’on peut
appeler parfaite. Pour s’en servir l'animal a nécessairement dû frapper de
haut en bas, et relever pour cela fortement sa tête entière; ce qui est en-
core indiqué jpar da disposition des condyles occipitaux, qui montrent
@) S'il y avait des incisives à la mâchoire supérieure, elles ne pourraient être que
fort petites.
R. 1837, 1 Semestre. (T, IV, N° 44.) 73
(332)
que l’animal pouvait facilement relever sa tête jusqu’à direction de plus de
cinquante. à soixante degrés avec l'horizon.
» Enfin, relativement à la place que le Dinotherium doit occuper dans
la classe des mammifères, je crois qu’il forme, parmi les cétacés, une
famille à part, faisant le passage des pachydermes aux cétacés. L’hippopo-
tame, parmi les pachydermes, formerait le premier‘échelon qui conduirait
à cette nouvelle famille, comme les loutres font, pour les carnassiers, le
premier échelon qui conduit par les phoques et les morses aux lamantins. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Machines à vapeur.
M. Janvier, un des concurrents pour le prix concernant l’application de
la vapeur à la navigation, annonce que le canot à vapeur dont il a parlé
dans son mémoire, est arrivé à Paris, et demande que la Commission
veuille bien l’examiner le plus promptement qu’il lui sera possible.
CHIRURGIE. — /nstruments de lithotritie.
M. Ségalas annonce qu’il vient de faire subir à son lithotriteur par
pression et par percussion quelques changements qui en augmentent de
beaucoup la simplicité sans le priver d’aucun de ses avantages.
PAPIERS DE SURETÉ. — M. Coulier adresse quelques réflexions critiques
sur le rapport de la Commission des-encres et papiers de sûreté. M. Cou-
lier réclame surtout la priorité au sujet du procédé dont on a attribué la
découverte à M. Émile Grimpé.
M. Serres, d’Alais, écrit qu’un ouvrage sur le traitement abortif des in-
Jlammations de la peau , etc., qu’il avait adressé pour le Concours au prix
de médecine Montyon, n’a pas été GONE parmi les pièces destinées à
ce Concours , sans doute parce qu’on n’aura pas trouvé dans le volume
une lettre d’envoi où cette destination était indiquée.
_ Cette première lettre ayant été trouvée, l'ouvrage qui était arrivé en
temps utile, sera admis au concours.
M. de Paravey écrit qu'on trouve, dans une ancienne histoire de
l'Anjou, l'indication d’une chute remarquable d'étoiles filantes pour l’an-
née 1060. Le mois dans lequel l'événement arriva n’est point indiqué par
l’auteur qui a fourni à M. de Paravey ce renseignement.
M. Brass adresse une démonstration du théorème concernant la somme
(53)
des trois angles du triangle, en annonçant, comme il l’a fait pour les
démonstrations du même théorème qu’il a précédemment adressées, que
c’est pour la dernière fois qu’il en entretient l’Académie.
M. Favre adresse une lettre sur un moyen mécanique de déterminer le
rapport de la circonférence au diamètre.
La séance est levée à 5 heures. A.
(534)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
l’Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1°" semestre, 1837, n° 13.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macennrr;
8° et 9° livraison, in-8°.
Médecine légale théorique et pratique; par M. À. Devercrr; avec le
texte et l'interprétation des lois relatives à la médecine légale, revue et
annotée par MM. Denaussy et Rosécourt; 3 vol. in-8°, Paris, 1836. (Cet
ouvrage est réservé pour le concours Montyon.)
La Médecine des accidents: Manuel-populäire par un Médecin ; bro-
chure in-8°. (Cet ouvrage est réservé pour le concours Montyon.)
Du Traitement des varices par l’oblitération des veines, à l'aide d'un
point de suture temporaire; par M. Davor; Paris, 1836. (Cet ouvrage
est réservé pour le concours Montyon.)
Essdi d'une description générale de la Vendée; par MM. Cavozrau e
Rivière; Paris 1836, in-4°, avec un atlas in-folio.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »'Orsieny ; 23° livraison,
in-4°.
Galerie Dhobebue ou Collection d'oiseaux d'Europe , par le méme ;
16° livraison , in-4°.
Description des Coquilles fossiles des environs de Paris ; par M. Desmaves;
46° et dernière livraison, in-4°. (MM. Blainville et Adolphe Brongniart
sont chargés d’en rendre un compte verbal.) *
Mémoire sur le Lias du département de la Moselle; par M. Vicror
Simon ; Metz, 1836, in-8°.
Physiologie à l'usage des collèges et des sen du monde ; par M. A,
Coure. — Prospectus, in-8°.
Société Royale et centrale d'Agriculture. — Programme de la séance
publique du dimanche 2 avril 1837 ; in-4°.
Société d'Émulation des Vosges. — Connaissances usuelles recueillies
par la Société pour être adressées gratuitement à toutes les communes
du méme département ; n° 19, décembre 1836, in-8°.
(535)
Note sur la Découverte de débris organiques marins , sur le sol de
l'Auvergne; par M. Lecoco; Clermont-Ferrand, 1837, in-8°.
Transactions of the.....Transactions de la Société Royale d'Édime-
bourg ; vol: 13,1in-40. ;
, Lectures on..... Leçons sur l'anatomie pathologique des membranes
séreuses et muqueuses ; par M. Tu. Honexin ; vol. 1°°, Membranes séreu-
ses; Londres, 1836, in-8°. (M. Breschet est chargé d'en rendre un compte
verbal.)
Report by a Committee..... Rapport d'une Commission nommée par
la Société Royale d'Édimbourg , sur le nouveau phare dioptrique de l'Ile
de May ; Édimbourg, 1836, in-4°.
Opusculi astronomici. . ... Opuscules astronomiques sur Les comètes ob-
servées à l'Observatoire Royal de Padoue , de 1830 à 1835, par M. San-
mi ; Padoue, 1835, in-4°, avec un appendice sur la comète périodique de
Halley.
Ricerche intorno..... Recherches sur la masse de Jupiter déterminée
au moyens des digressions de son quatrième satellite; par le même;
1836, in-4°.
Bibliothèque universelle de Genève; n° 14, février 1837, in-8°.
Mémoires de l Académie Impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg :
6° série, Sciences mathématiques , physiques et naturelles; tome UT, 4° li-
yraison, 1836, in-4°.
Mémoires de l'Académie Impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg :
6° série, Sciences politiques , Histoire , Philologie ; tome JIL, 6° livraison,
in 8°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; par
M. Miquer; tome 12, 6° livraison, in-5°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; par M. Liouvirre;
tome 2, janvier, février, mars et avril 1837, in-4°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; 23° année, n° 5.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 13, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n* 37 — 39, in-4°.
La Presse médicale ; n° 25 et 26.
Écho du Monde savant ; n° 64 et 65.
Journal des Travaux de la Société française de Statistique univer-
selle ; février 1837, n° 20, in-4°.
(536 )
ser **stouu np souusloyg 9‘o —|6{ç + ofe +|cyocl Y .
(1) On en peut voir un exemple dans la figure 4 dela planche 13 du t. xxv des Annales
des Sciences naturelles.
( 583 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PALÉONTOLOGIE. — ÎNouvelles observations sur une mâchoire inférieure {os-
sile, crue d'un singe voisin du gibbon , et sur quelques dents et ossements
attribués à d'autres quadrumanes ; par M. LarTer.
(Commissaires, MM. Duméril, de Blainville, Flourens.)
La lettre d'envoi que nous reproduisons ici offre lanalyse de ce mé-
moire.
« J'ai l'honneur de vous adresser, pour le mettre sous les yeux de l'Aca-
démie, un dessin de la mâchoire de singe fossile dont j'ai annoncé la
découverte en janvier dernier. J’y joins quelques observations qui ten-
draient à faire considérer ce morceau comme provenant d’une espèce voi-
sine du gibbon. Je signale en même temps la découverte récente de
quelques autres débris de quadrumanes, tels sont : une dent molaire
supérieure, dont les quatre tubercules, disposés un peu autrement que
dans les singes ordinaires, semblent rappeler ce qui existe dans cer-
tains singes du nouveau continent; une phalangine du petit doigt; deux
moitiés supérieures de fémur; deux os cuboiïdes du tarse, et enfin
un fragment de mâchoire inférieure à trois paires d’incisives avec de
fortes canines, qu’au premier aspect, et dépourvu comme je le suis de
-tout objet de comparaison, j'ai soupçonné pouvoir être rapproché des
makis.
» Lorsque j'ai donné l’énumération des espèces fossiles reconnues à
Sansan , j'ai omis de parler des ossements d'oiseaux. Il s'y en trouve ce-
pendant, mais en petit nombre. Quelques-uns se rapportent à des espèces
plus petites qu'aucune de celles qui vivent aujourd’hui dans ce même
climat. J'ai un œuf très bien conservé, dont l’intérieur est à l’état de cal-
caire spathique, et qui n’a pas tout-à-fait deux lignes dans son plus grand
diamètre.
» De nouvelles fouilles m'ont procuré quelques restes bien caractérisés
d’insectivores. Je citerai une demi-mâchoire inférieure, que je n’hésite pas
à rapporter à la famille des chauve-souris, bien que le nombre des fausses
molaires y soit plus considérable qu’il ne l’est communément dans les
espèces actuelles. Les incisives étaient à l’état rudimentaire.
» Une autre portion de mâchoire semble appartenir à un insectivore
CR. 1837, 197 Semestre. (T. IV, N° 46.) 80
( 584 )
de la taille de nos musaraignes, et peut-être du même genre, ou d’un
genre voisin.
» Je suis aussi devenu possesseur d’une dent fort remarquable, qui
nous révèle l’existence, dans l’ancien monde, d’un animal gigantesque,
appartenant probablement à un genre différent des genres déjà connus.
C’est, si je ne me trompe, une incisive normale, c'est-à-dire une dent
en forme de coin, pourvue d’une racine unique et distincte, et qui
dénote, par l’ensemble de ses caractères, avoir été destinée à fonction-
ner de concert et en rapport avec d’autres dents de même nature. La racine
manque inférieurement; sa cassure montre qu’elle était cylindrique; la
couronne, un peu tronquée au sommet, n’a pas moins de 11 pouces de
long sur 3 et demi dans sa plus grande largeur transversale vers son
bord supérieur ; l’ivoire en est très compacte, et disposé par couches
superposées longitudinalement. La coupe de cet ivoire est entiéremeut
maie, et ne présente dans aucun sens les stries que l’on remarque
sur la tranche des défenses d’éléphant et de mastodonte. Une couche bien
distincte du noyau osseux et d’un épaisseur moyenne d’un millimètre ,
revét uniformément la couronne de cette dent. Cette couche n’a point la
texture aciculaire de l’émail, et, sauf la direction des fibres, elle a beau-
coup d’analogie avec l’ivoire même.
» Dans une prochaine communication, j'aurai l'honneur de soumettre à .
l'Académie quelques détails sur ce qui m'est connu de l’ostéologie du
grand édenté fossile que j'ai découvert à Sansan. »
MÉTÉOROLOGIE. — Mémoire sur l'influence du déboisement dans la diminution
des cours d'eau ; par M. BoussINcAuULT.
On voit par ce titre que le principal objet de M. Boussingault n’a pas
été de rechercher si le déboisement exerce quelque influence sur la quan-
tité de pluie qui tombe dans la région déboisée; il a voulu apprécier seule-
ment les effets des déboisements sur {a force et l'abondance des cours d'eau.
Ces deux choses pourraient ne pas être identiques.
Dans la république de Fenezuela , le lac sans issue de Tacarigua ou de
Valencia , situé dans la vallée d’Æragua, diminuait graduellement de hau-
teur et d'étendue tandis que les défrichements se multipliaient. Une pé-
riode de désastres politiques arrive, le défrichement s’arrête, les terres
occupées par les grandes cultures se couvrent de nouveau de forêts, et le
(585 )
niveau du lac cesse de baisser, et ses eaux, dit M. Boussingault, prennent
un mouvement ascensionnel non équivoque.
Le lac d'Ubaté, dans la nouvelle Grenade, conduit M. Boussingault à la
conséquence qui lui était déjà fournie par celui de ’alencia. D’autres lacs,
au contraire, autour desquels le pays est toujours resté dans le même
état, offrent un niveau constant.
Les lacs de la Suisse, si bien étudiés par Saussure, fournissent à M. Bous-
singault plusieurs nouveaux arguments à l'appui de sa thèse.
Venant enfin à la quantité de pluie, M. Boussingault pense qu'elle di-
minue à mesure que les défrichements s'étendent.
« À partir de Panama, dit-il, et en se dirigeant vers le sud, on trouve la
baie de Cupica, les provinces de San Buenavantura, du Choco et d'Esme-
ralda; dans ce pays couvert de forêts épaisses et sillonnés par une multitude
de rivières, les pluies sont presque continuelles. Dans l’intérieur du Choco,
il ne se passe pas un jour sans qu’il ne pleuve. Au-delà de Tumbez, vers
Payta, commence un ordre de choses entièrement différent : les forêts ont
disparu; le sol est sablonneux, la culture à peu près nulle. Ici, la pluie est
pour ainsi dire inconnue, Lorsque je me trouvais à Payta, il ÿ avait, au dire
des habitants, dix-sept ans qu’il n’avait plu. ,
» Ce manque de pluie est commun dans tout le pays qui avoisine le rt
de Sechara, et s'étend jusqu’à Lima. Dans ces contrées, les pluies sont
aussi rares que les arbres.
» Ainsi, dans le Choco, dont le sol est couvert de forêts, il pleut tou-
jours; sur le côté du Pérou, dont le terrain est sablonneux, dénué d'arbres,
privé de verdure, il ne pleut jamais. Ces dissemblances ont lieu dans deux
pays qui jouisent de la même température, et dont le relief et la distance
aux montagnes sont à peu près les mêmes. »
eHys10LOG1e. — Mémoires sur la régénération des os; par M. Hey, de
Wurtzbourg.
(Concours au Prix de Physiologie expérimentale. )
Quoïque étant arrivés quelques jours après le terme fixé pour la clô-
ture, ces Mémoires sont admis au concours, l’Académie s'étant assurée qu'ils
étaient partis de Wurtzbourg assez tôt pour pouvoir arriver en temps utile.
80.
(586 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’Instruction publique adresse une ampliation de
l'ordonnance royale, en date du 5 de ce mois, qui autorise l’Académie à
accepter la somme de 1500 francs qui lui est offerte par M. Manni, profes-
seur à l’Université de Rome, pour un prix qu’elle est chargée de décerner
sur une question proposée par le donateur. Cette question est relative
aux morts apparentes et aux moyens d'empêcher les accidents dont elles
deviennent trop souvent la cause.
M. J. Vates, secrétaire du conseil de l’Zssociation britannique pour
l'avancement des sciences , annonce à M. Arago que la prochaine réunion
de l'association aura lieu à Liverpool, le onze septembre prochain, et
qu’elle durera une semaine.
M. J. Encke, secrétaire de la classe mathématique de l’Académie de
Berlin, fait hommage, au nom de cette Académie, de deux nouvelles feuilles
des cartes célestes qui se publient sous ses auspices (l’heure II et l’heure IV)
avec les catalogues des étoiles qui ont été observées dans cette partie du ciel.
GÉOLOGIE. — Sur les coquilles marines fossiles trouvées à la Somma :
letire de M. Constant PrEvOsT.
«Je demande la permission d’ajouter quelques observations à celles que
j'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, dans sa dernière séance,
relativement aux coquilles marines fossiles, récemment trouvées dans
les tufs de la Somma.
». Pour répondre à la réclamation à laquelle ma note a donné lieu, je
dois déclarer d’abord qu'il r’est nullement entré dans ma pensée de con-
tester à M. Léopold Pilla, le mérite et la valeur de sa découverte.
» Si dans une question toute scientifique, je n’avais pas cru devoir faire
abstraction des personnes, j'aurais saisi avec empressement une occasion
de rendre justice à un jeune et studieux savant dont l’activité infati-
gable et le zèle désintéressé sont appréciés de tous les géologues qui ont
étudié le Vésuve. J'aurais même trouvé une preuve nouvelle de la confiance
que doivent inspirer les observations de M. Léopold Pilla, dans la ré-
serve modeste qu’il met à déduire des conséquences de celle-ci.
( 587 )
» En effet, cet observateur, qui vit, pour ainsi dire, avec le Vésuve, s’est
bien gardé de décider que ce volcan et la Somma qui l'entoure, sont des
cônes et des cratères de soulèvement. Après avoir annoncé ce qu'il a vu,
il se borne à dire: « Je laisse aux géologues plus habiles que moi les
» inductions qu’on peut tirer de ce fait, et je me contente de dire seule-
» ment, qu’il est à présent démontré que le volcan du Vésuve est un
» volcan émergé.»
» Ce ne pouvait donc être, ni à M. Léopold Pilla, ni au fait qu’il a fait
connaître, que s’adressaient mes observations , mais bien aux déductions
qui, à Paris, ont été tirées de ce fait.
» Quant à l'opinion que la base du Vésuve est un volcan sous-marin
émergé, personne, je crois, n’en doute aujourd’hui. Gioëni avait émis
cette idée, et Breislack en l'admettant, cite à l'appui « ces pierres
» calcaires portant des empreintes de coquilles que l’on rencontre dans
» les vallons du mont Somma, et ces morceaux de tufs, répandus en
» divers endroits du Vésuve, qui portent l'empreinte des corps marins.
» Le docteur Thompson , dit-il, en possède où l'on distingue le Cellepora
» spongites de Linné, millépore très commun dans le golfe de Naples...»
(Voyage dans la Campanie, tom. 1.)
» Tout le monde connaît les coquilles marines trouvées dans le tuf des
environs de Naples et figurées , il y a long-temps, par Hamilton (campi
flegrei).
» Aucun géologue n’ignore l'existence les mêmes coquilles , recueillies
par M. Lyell au mont Epomeo, dans l'ile d’Ischia, aussi bien qu’à la
base de l’Etna.
» C’est, cependant, en présence de tous ces faits bien connus, que de
nombreux observateurs, parmi lesquels MM. Poulett Scrope, Lyell et le
consciencieux F. Hoffmann ( enlevé sitôt à la science et à ses amis ), non
seulement se sont refusés à admettre l’ingénieuse hypothèse des cratères
de soulèvement, mais encore , qu’ils ont essayé de la combattre.
» C’est en présence de ces mêmes faits , et de ceux qu'il y a ajouté, que
M. L. Pilla se contente d'admettre l’'émersion du Vésuve , laissant à de plus
habiles géologues à y voir la démonstration positive d’une cratère de soule-
vement.
» L’émersion du Vésuve, comme celle des champs Phlægréens, de l’'Epo-
meo , de l’Etna , est un fait général ; elle est due à la cause qui a mis à sec
tous les terrains tertiaires marins subapennins , et peut-être aussi à une
dislocation plus nouvelle, à laquelle toute la côte ouest de l'Italie semble
( 588 )
avoir participé, comme l’indiqueraient les rochers percés par des pholades
récentes que l’on voit à plusieurs centaines de pieds au-dessus du niveau
actuel de la mer , au sommet de Pile de Caprée, au mont Cirillo, sur les
côtes de la Calabre, et, sur celles de Sicile, à Taormine Melazzo , etc.
» Ilestdonc bien important de ne pas confondre, dans la question agitée,
en ce moment, les effets généraux de dislocations linéaires du sol, par suite
desquelles des dépôts coquilliers marins ont été placés beaucoup au-dessus
du niveau des mers , avec des soulèvements circulaires absolus et locaux,
qui auraient redressé , autour d’une cavité centrale, des couches volca-
niques disposées d’abord horizontalement.
» Personne ne peut se refuser à admettre les premiers effets et depuis
Stenon, Saussure , Deluc, ce n’est plus une question pour les géologues.
I] n’en est pas de même de l’hypothèse des cratères de soulèvement, et
particulièrement de l'application de cette hypothèse à la formation de la
Somma et du F’ésuve, et je persiste à croireavec MM. Poulett Scrop, Lyell,
Hoffmann et avec M. L. Pilla lui-même, que malgré les dernières observa-
tions de ce géologue napolitain, les objections si nombreuses faites contre
cette hypothèse ne sont pas encore levées.
» Je ne craindrai pas de le dire de nouveau : Pour moi les doutes à cet
égard subsistent, non-seulement pour la Somma et le Vésuve, mais encore
pour le mont Dore etle Cantal, malgré les récentes découvertes de M.Lecoc,
qui n’ont aucun rapport avec celles de M. L. Pilla.
» .. Je réclamerai de l'Académie la faveur de lui soumettre prochai-
nement dans un mémoire, le développement des propositions que j'ai
avancées , à cesujet, devant elle, depuis plusieurs années.
» Pour ne pas abuser de ses moments, j'ai évité de revenir,
dans la présente lettre, sur les exemples de coquilles, de blocs caïcai-
res , de galets polis ou couverts de serpules et de vermets, qui, à plusieurs
reprises, ont été projetés intacts ou plus ou moins altérés, pendant les
éruptions volcaniques. Il m’eût été facite de joindre aux témoignages de
Bracchini et du père Zgnatio, ceux de de Bottis et de Breislack; j'aurais pu
faire également remarquer que les coquilles rejetées en 1631 par le Vésuve,
et qui immédiatement après l'éruption étaient éparses à la surface du
cône , ont été retrouvées profondément enfouies sous des cendres en 1779
par de Bottis, sur le revers qui descend à la Torre del Greco, de même
qu'aujourd'hui on pourrait rencontrer plusieurs de ces mêmes coquilles
sous des masses puissantes de tufs, de laves, de scories, dans une position
analogue à celle des coquilles de la Somma. !
( 589 )
» Mais la possibilité que des corps non volcaniques puissent étre lancées
par les éruptions est une question pour ainsi dire incidente , dont la solu-
tion importe à peine à celle de l'hypothèse des cratères de soulèvement, et
je pense qu’il convient de l’écarter pourle moment ou de le traiter à part.»
MÉTÉOROLOGIE. — Aurores boréales.
M. W'artmann transmet à M. Arago une relation détaillée de l'aurore
boréale observée à Genève,'le 18 février 1837, sur laquelle nous aurons à
revenir dans une autre circonstance.
M. Wartimann a recu de M. Siruve les observations de l'aurore boréale
du 18 octobre 1836. Il en résulte qu’au moment où à Genève, on trouvait
25° pour la hauteur angulaire du point culminant de l’arc lumineux, cette
hauteur en Livonie était de 90°. De là, par la méthode des parallaxes,
M. Wartmann déduit cette conséquence que la matière de l’arc était à deux
cents lieues de hauteur au-dessus de la Terre.
MÉTÉOROLOGIE, — Aurore boréale.
M. Morren, professeur de physique au Collége royal d'Angers, écrit
qu'il a aperçu une aurore boréale, le 6 avril 1837. Vers huit heures du soir
l'aurore se composait d’une lueur fauve, perpendiculaire à l’horizon et
dirigée vers æ& de Céphée. A 8° 26', un nouvel arc plus grand et plus lumi-
neux que le premier se forma un peu plus à l’ouest ; il couvrait & et y de
Cassiopée. Ge dernier arc était intermittent : en quelques secondes il per-
dait et reprenait son éclat. À neuf heures tout avait disparu.
( A Paris, le ciel était couvert pendant l'observation de M. Morren, mais
l'aiguille aimantée des variations diurnes présenta de fortes perturbations. )
ASTRONOMIE. — Ancienne comite.
M. Paravey adresse à l’Académie un passage de la Relation des missions
des évêques français aux royaumes de Siam , de Cochinchine, etc. , dans
lequel on lit que le 8 mars 1668, une comète fut aperçue à Tonquin, dans
la constellation d’Orion, près de l'étoile du pied gauche. Le 16 mars,
l’astre situé au méme endroit , avait perdu un peu de sa clarté. :
L'orbite de la comète de Tonquin n’a pas été calculée, Il n'est pas même
certain que l’astre soit celui qui fut aperçu en Europe à la même date,
( 590 )
MÉCANIQUE CÉLESTE. — {nyariabilité des grands axes.
M. de Pontécoulant transmet quelques remarques critiques touchant la
note de M. Poisson, qui a été insérée dans le numéro du Compte rendu
du 3 avril dernier. Ces remarques sont renvoyées à l’examen de la Com-
mission déjà chargée de prendre connaissance des précédentes communi-
cations de M. de Pontécoulant.
PHYSIOLOGIE. — Substances minérales employées comme aliments ; extrait
d'une lettre de M. Varior, de Dijon.
« Lorsqu’en 1795, dit M. Vallot, je suivais à Strasbourg les cours très
instructifs du savant professeur J. Hermann, ce naturaliste nous apprit
que dans les temps de disette les paysans ramassaient une substance ter-
reuse désignée sous le nom de farine fossile, la mélaient avec de la bonne
farine, eten faisaient du pain, qu'ils mangeaient au grand détriment de
leur santé; ce qui n'avait pas empêché de conclure que cette terre était
nourrissante. « Même propriété, ajoutait-il, est attribuée à la glaise. On se
» fonde sur ce bruit populaire que les loups, pressés par la faim, man-
» gent de la terre. On devrait cependant se rappeler que du temps des
» croisades, les armées catholiques perdirent une immense quantité de
» soldats, parce qu’on leur fit manger de cette farine fossile. »
« Je ne terminerai pas cette lettre sans rappeler une substance singulière,
signalée par Wicolas Lang ( Tractatus de origine lapidum figuratorum) sous
le nom de chair fossile, substance dont aucun naturaliste n’a parlé de-
puis lui.
« On ne peut nier, dit-il, qu’il ne se forme de la chair dans le sein de
» la terre. J’en ai été fréquemment témoin dans les jardins de Lauffenbourg
» sur le Rhin; elle se trouve à la profondeur d’un ou deux pieds, quelque-
» fois plus; elle est connue sous le nom de Gegrabenes Flesch ou Erd.-
» Flesch. »
«Il est bien surprenant, ajoute M. Vallot, qu'une substance décrite avec
exactitude par un témoin oculaire, n’ait point excité la curiosité des natu-
ralistes subséquents, et qu'aucun n’ait cherché à voir la chair fossile dont
parle Lang. »
PALÉONTOLOGIE, — Os fossiles d'animaux gigantesques.
M. Rivière adresse le dessin d’une tête fossile récemment découverte à
la Louisiane, et qui, autant qu'on en peut juger, a appartenu à une grande
(591 )
espèce de cétacés. Cette tête, qui semble complète, a 5 mètres 47 centi-
mètres de longueur , et 2", 12 de largeur; elle a été trouvée, à 23 mètres
de profondeur, dans un terrain dont on n'indique pas la nature.
M. Rivière annonce aussi qu’on a découvert en Poitou, dans des argiles
et des marnes du lias, des os d’un animal gigantesque dont personne ne
s’est jusqu'à présent occupé de déterminer l'espèce. Quelques-uns de ces
os sont encore dans la possession d’un habitant du pays, M. de la Fonta-
nelle de Vodoré.
s STATISTIQUE. — Enfants trouvés.
M. Gaillard, en adressant un supplément à ses Recherches sur les en-
Jants trouvés et les enfants naturels en France, demande que son ou-
vrage, qui avait été renvoyé à M. Costaz pour un rapport verbal, soit
admis à concourir pour le Prix de Statistique.
MÉDECINE. — Traitement des varices par l'oblitération des veines à l'aide
d'un point de suture temporaire.
M. Davat, qui avait adressé, pour le concours Montyon, un mémoire
à ce sujet, indique les passages du mémoire dans lesquels se trouve plus
spécialement exposé ce qu’il regarde comme neuf dans son travail, et ap-
pelle également l'attention des commissaires sur des expériences relatives
à l’oblitération des veinés, expériences consignées dans une thèse qu’il a
présentée , l'an passé, à l’Académie.
La lettre de M. Davat est renvoyée à la Commission chargée de l'examen
de son mémoire,
MÉDECINE.— Cow-pox trouvé récemment sur des vaches de la commune
” de la Villette.
M. James écrit qu’il vient de rencontrer du vaccin nouveau sur des va-
ches de la Villette, et qu’il en a fait usage le 14 de ce mois, pour vacciner
plusieurs enfants de cette commune. « Je ne communique ce fait, ajoute
M. James , que pour prouver, ce que j'ai plusieurs fois avancé, que quand
on voudra obtenir du vaccin primitif, on le pourra toujours, si l’on prend
la peine de chercher. »
CONSTRUCTIONS, — Emploi du béton pour la couverture des grands édifices.
A l’occasion de la lettre par laquelle M. le Garde des Sceaux consultait
l’Académie sur les substances qu'il conviendrait d'employer pour cou-
GR. 1837, 3 Semestre, (T. IV, Ne 46.) 81
( 592 )
vrir le nouveau toit de la cathédrale de Chartres, M. Deny de Curis rap-
pelle que, dans un ouvrage sur les mortiers et bétons, il a indiqué la
composition demortiers hydrauliques ‘propres à la couverture des bâti-
ments; il pense que pour la nouvelle toiture de la cathédrale on aurait
plus d'avantage à faire usage de ces bétons qu'à employer un métal laminé.
Emploi du zinc pour la couverture des grands édifices.
MM. Mosselman écrivent que le zinc employé à la couverture des-grands
édifices n'offre point les inconvénients qu’on aurait pu redouter, en cas
d'incendie, de la combustibilité-de ce métal; ils divers certificats
tendant à prouver leur assertion.
La lettre de M. Deny de Curis et celle de MM. Mosselman sont renvoyées
à la Commission chargée de faire un rapport sur la question posée par
M. le Garde des Sceaux.
MACHINES A VAPEUR. — Moyen destiné à prévenir l'incrustation des
chaudières.
M. Chaix, de Maurice, écrit que l’efficacité du moyen qu’il a imaginé
dans le but de prévenir l’incrustation des chaudières étant maintenant
constatée par de nombreuses expériences , il croit pouvoir présenter
cette invention au concours pour le prix fondé par M. de Montyon
en faveur des découvertes utiles à l'humanité.
(Renvoi à la Commission. )
AGRONOMIE. — Moyens pour préserver les magnaneries de la muscardine.
M. le comte Barbo adresse un exemplaire de la Gazette officielle de
Milan (24 septembre 1836) dans lequel beaucoup de propriétaires de
magnaneries attestent les heureux résultats qu'ils ont obtenus de l’em-
ploi des moyens hygiéniques proposés contre la muscardine par.M. Bassi.
M. le comte Barbo demande que les commissaires chargés de rendre
compte des recherches de M. Bassi sur la muscardine etsur les moyens
de la prévenir, veuillent bien hâter leur rapport.
PHYSIQUE INSTRUMENTALE. — Nouveaux appareils magnétiques.
M. Billant , artiste mécanicien ,met sous les yeux de l’Académie un ap-
\
(598 )
pareil de physique qu’il a construit ét qui, sous de très petités dimensions,
développe avec une grande intensité des courants électriques, par la seule
influence que des aimants fixes exercentsur des barreaux de fer doux auxquels
on communique un mouvement de rotation très rapide. Les courants que
l'on obtient ainsi produisent de vives étincelles, décomposent l’ean etdonnent
des secousses difficiles à supporter. Les appareils de ce genre sont fondéssur
les belles expériences de M. Faraday, et un artiste anglais, M. Clarke, en a le
premier apporté des modeles en France. M. Billant a sans doute imité
ces modèles; mais ce qu’il y a de remarquable dans les appareils qu’il pré-
sente, c’est la grande énergie des aimants qu’il construit lui-même par des
procédés qui lui appartiennent. Ces aimants sont beaucoup plus forts,
sous le même volume, que les aimants ordinairement employés.
Affaissement subit d'une portion de térrain considérable.
M. Macquet écrit que le 22 décembre dernier, dans un champ situé dans
l'arrondissement de Montreuil, et à 200 pieds environ des débris des forti-
fications qui entouraient l’ancienne ville de Waben, une portion de terrain
de 120 pieds de contour s’affaissa subitement, et laissa un trou profond de
45 pieds, lequel se trouva aussitôt rempli d’eau, jusqu’à plus de la moitié
de sa profondeur.
Organogénie végétale.
M. Chatin écrit qu'il est parvenu à reconnaitre :
« 1°. Que la loi de symétrie et de formation centripète découverte par
M. Serres pour les animaux, préside aussi au développement des végé-
taux monocotylédones et dicoty lédones ;
» 2°. Qu’une loi deformation bien différente, la formation centrifuge se
présente, quoique d’une manière moins régulière, pour les végétaux infé-
rieurs, pour ceux qu'on désigne sous le nom de plantes cellulaires ;
» 3. Que la loi du balancement des organes proclamée par M. Geoffroy
Saint-Hilaire, ne peut pas plus être contestée en botanique qu'en zoologie. »
M. Colombat demande à reprendre un Mémoire sur la mérotropie qu'il
avait présenté à l’Académie et auquel il désirerait faire quelques additions.
. Ce. mémoire ayant été adressé pour un concours sur lequel le jugement
a été prononcé, ne peut , d’après les règlements de l’Académie, être rendu
à l’auteur.
81.
( 594 )
MM. Crosnier, Moulin aîné et Ventaut, adressent chacun une lettre sur
la quadrature du cercle.
M. Caunes des Aulnois adresse une pièce de vers sur la rigueur du prin-
temps de cette année.
La séance est levée à cinq heures. A.
( 595 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie Royale des
Sciences ; 1° semestre 1837, tome 4, n° 15, in-4°.
Théorie mathématique de la Chaleur. Mémoire et notes formant un
Supplément à l'ouvrage publié sous ce titre ; par M. Porssow; 1837, Paris,
in-4°.
Nouvel examen de la phosphorescence de l'agarie de l'olivier ; par
M. Rarreneau Deure ; brochure in-8°.
Coup d'œil sur les forêts canariennes, sur leurs changements et leurs
alternances ; par M. Sami Berruelor; Paris, 1856, in-folio.
Physiologie de l'espèce. Histoire de la génération de l’homme ; par
MM. GrimauD De Caux et Martin SainT-Ance ; Paris, 1837, in-4°, 1'° livrais.
Recherches sur la nature, la distribution et l'organe du sens tactile;
par M. H. Berrreco- Lerèvre, Paris, 1857, in-4°.
Observations sur le Projet de loi relatif aux aliénés ; par M. Farrer ;
1837, in-8°. (Extrait de la Gazette médicale de Paris.)
Dictionnaire historique et iconographique de toutes les opérations et des
instruments , bandages et appareils de la Chirurgie ; par M. Coromsar de
l'Isère; tome 1°, Paris, 1837, in-8°. (M. Breschet est charge d’en rendre
un compte verbal.)
Histoire naturelle et Iconographie des insectes coléoptères ; par MM. La-
PORTE e£ Gony ; 12° livraison , in-8°.
Réforme de la routine du manuel théorique et pratique de la confection
des mortiers ; par M. Deny ve Cunis; Paris, 1836, in-8°.
Recherches sur les enfants trouvés; par M. Garrrarn; supplément, in-6°.
The Athœneum; n° 491.
Lehrbuch der Naturgeschichte..... Traité élémentaire d'Histoire na-
turelle à l'usage des Gymnases et des écoles supérieures ; par M. le
baron de Knassow et M. Énouaro Leype; Berlin, 1836, in-8, 2 vol.
V’erzeichniss der... Catalogue des étoiles observées par Bradley , Piazzi,
Lalande et Bessel, dans la partie du ciel comprise entre 1 heure 56 mi-
nutes et 2 heures 4 minutes d’ascension droïte, et entre 15 degrés de
( 596 )
déclinaison australe et 15 degrés de déclinaison boréale ; H. IV, feuille 5,
par le professeur Ksorre, et H. II, feuille 5, par M. Morsrapr; Berlin,
1835, in-folio.
Journal de la Société des Sciences physiques , chimiques et Arts agri-
coles et industriels de France , sous la direction de M. Jurxa De FoNtENEttE,
5° année, mars 1837.
Gazette médicale de Paris ; iome 5, n° 15.
Gazette des Hôpitaux , 10° année, n°" 43 45.
La Presse médicale ; tome 1°", n°° 29-30.
: Écho du Monde Savant }n° 66-67
La Ruche , Journal à Études ; par nresdames Bsruoc et Morel 5
n®5,et 6,in-8°.
Gazetta priviliegiata di Milano ; n° 368, 24 décembre 1836. (Renvoi
aux commissaires chargés de l'examen du Mémoire de M. Bassr.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 24 AVRIL 4857.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
sTaTisTiQuE. —/Vote sur les caisses d'épargne; par M. le B°"CunarLes Dupin.
« En faisant hommage à l’Académie de la leçon que j'ai donnée au Con-
servatoire des Arts et Métiers, sur les caisses d’épargne considérées dans
leurs rapports avec les classes ouvrières, je suis heureux de pouvoir an-
noncer que la crise éprouvée par le-plus grand établissement de ce genre,
celui de Paris, approche rapidement vers sa fin. Des défiances, suscitées
par un projet de loi peu nécessaire, avaient été très habilement exploitées;
elles avaient fini par dégénérer en terreur panique. Les effets de cette pa-
aique ont été profonds et déplorables ; il faut en donner la mesure.
» Voici quel est le progrès de la caisse de Paris, depuis quatre ans de re-
tour vers la prospériié :
C.R. 1837, 12° Semestre. (T. IV, N° 47.) 82
( 598 )
Années. Versements. Remboursements. Rapport.
1835 ...... 8,733,340 ....... 3,066,756
185% ...... 17,230,215 ....... 6,497,341
1835 ...... 23,585,494 ....... 10,762,879
1836 ...... 27,050,33r ....... 16,589,449
208 semaines 5...... 76,617,380 ....... 30,916,425 4
Semaine re ÿ. ? 367,092 ....... 148,434 } < à NC Die
» Passons maintenant à l’époque dont nous voulons mesurer la crise,
ascendante et descendante; elle embrasse neuf semaines consécutives, que
j'ai pu diviser dans les trois périodes suivantes :
Tableau des mouvements de la Caisse d'Épargne de Paris, depuis
le 1® février 1837.
1" PÉRIODE. — 7 rois semaines de prospérité.
Versements. Remboursements.
Du 1 au 21 février inclusivement. 1,724,985 .... 1,088,874
2° PÉRIODE. — Trois premières semaines de crise naïssante.
Du 22 février au 14 mars, ....... 1,513,675 .... 2,538,500
3° PÉRIODE. — 7rois semaines de crise maxima.
Du 15 mars au 4 avril......., .. 962,873 .... 5,116,000
4° PÉRIODE. — Trois semaines de crise décroissante.
Du 5 au 24 avril............ ... 935,060 .... 4,294,600
» Nous allons présenter un nouveau rapprochement qui rendra plus
sensible l'étendue de la crise dont nous voulons donner la mesure :
Parallele des limites extrémes de prospérité, de crise maxima, et de crise décrorssante,
depuis Le 1° janvier 183.
Versements. Remboursements.
Semaine de plus grande prospérité de 1837... 783,303 ........ 230,000
de plus grande crise............ sr. 260,896 ........ 1,875,000
de crise décroissante........ tre: MST OTA UE eee 969,600
» Il est très remarquable que les variations des versements sont incom-
parablement moins grandes que celles des remboursements. Ainsi, le plus
fort des versements dans la semaine la plus prospère, est simplement
( 599 )
triple du plus faible de tous, dans l'époque de la crise maxima. Mais le
plus grand des remboursements est égal à huit fois le moindre des rem-
boursements opérés en 1837.
» Telle est la puissance des versements, que malgré neuf semaines de crise
sur dix-sept écoulées depuis le commencement de l’année, si l’on supposait
trois crises pareilles, et trois périodes à tout prendre comparables à celle
que nous venons d'examiner, les versements opérés en 1837 seraient égaux
, 1 X
à Fes
valeur moyenne des deux plus grands dépôts faits à la caisse d'épargne dans
les années-de prospérité 1835 et 1836 : un tel résultat est très digne d’ob-
servation.
» Revenons à la situation actuelle, considérée dans son moment le plus
critique. Présentons l'effet des quatre semaines consécutives , dont le mou-
vement défavorable est un maximum :
X 8,264165 fr. — 25,348,069 fr. Ce versement serait égal à la
Tableau des quatre semaines consécutives de plus grande crise.
Avoix de la caisse au 27 mars....... 55,688,448
Versements. Remboursements.
1,2D3)881 Os... 6,886,000
Revenus. ... 160,000 ........ — 1,403,881
1,413,881 0e. 5,482,119 (diminution en caisse).
» Ainsi les quatre semaines qui ont fait éprouver les plus grands retraits
à la caisse de Paris, n’offrent au total qu’une diminution de 9 + pour 100.
» Dans la ville de Londres, depuis vingt ans qu’existent les caisses d’'é-
pargne, les détresses industrielles les plus graves ont produit une diminu-
tion de 7 pour too dans un mois de crise maxima. Mais, dans ce pays,
l’acharnement des partis ne s’est point égaré jusqu’à pervertir l'esprit du
peuple en le poussant au retrait de ses fonds, dans l'espoir d’embarrasser le
gouvernement.
» À Paris, on évalue que cette influence pernicieuse est entrée pour un
tiers dans le mouvement défavorable à la caisse d'épargne.
» À ce compte, la seule détresse causée par les embarras du commerce
et la diminution du travail, pendant les quatre semaines de la plus grande
crise, aurait produit seulement une diminution de 6 3 pour 100 à la caisse
d'épargne de Paris, c'est-à-dire de deux tiers pour cent inférieure à la
plus grande crise éprouvée par les caisses de Londres : ce rapprochement
est remarquable.
82.
( 600 )
» Si l'on supposait encore quatre semaines qui fussent en tout égales
à celle qui vient de s’écouler, la diminution des dépôts à la caisse de Paris,
pour un mois, se trouverait réduite de 9 À à 5 £.
» Maïs, puisque nous avons atteint Ja éradé denim: cette hypo -
thèse de permanence est impossible.
» La diminution des dépôts va se ralentir beaucoup plus vite; elle tom-
bera trés prochainement au-dessous de un pour cent par semaine, en
attendant l’époque prochaine où les versements recommenceront à l’em-.
porter sur les remboursements.
» Ces calculs ont pour résultat de prouver combien était grande l'erreur
des hommes qui s’imaginaient porter une atteinte irrémédiable’ aux caisses
d'épargne, en ajoutant à la détresse réelle des classes laborieuses, toûtes
les influences de la défiance et dela terreur.
» Que reste-t-il aujourd’hui de cette triste et grande expérience ? Un
exemple mémorable de l'efficacité des caissés d'épargne pour venir au se-
cours du peuple, au temps de ses besoins réels.
» Afin de présenter une idée précise des effets qu’a pu produire en bien
comme en mal le profond 'ébranlement dont nous venons de suivre les
crises, offrons l’état comparé dela richesse possédée par la caisse de Paris
au 1° Janvier 1837, et maintenant.
Avoir de la caisse au 1° janvier.......... ....... 48,436,667 fr. 58 c.
Versements jusqu’au 24 avril.......,.........,.. 8,264,165 »
Intérêts pendant 17 semaines (en nombre rond) ... 600,000 »
Total acquis-au 24 avril...._.. 57;,300,832 58
Remboursements opérés, du 1° janv. au 24 avril... :4,847,074 »
Reste à la caisse de Paris, au 24 avnil.....,.. 42,452,858 58
» Du 21 février au 24 avril, en neuf semaines seulement, le peuple a
pu rétirer, de la seule caisse de Paris, la somme énorme de 11,949, 100 fr.;
c'est-à-dire autant d’argent que tous les hôpitaux et les hospices de Paris
en reçoivent pendant cinquante-deux semaines, pour nourrir et traiter les
malades , les blessés, les incurables, les invalides civils et les enfants trou-
vés!-Un aussi vaste secours, une somme d’à peu près 12 millions, s’est ré-
partie entre 22 mille chefs de famille; elle a servi pour une foule de besoins
du petit commerce et de la vie domestique; elle est entrée dans la circu-
lation:par une multitude de canaux, dans un moment où le peuple avait
le plus besoin d’argent comptant , et du travail que paie cet argent. Enfin,
( Goz:)
malgré ces grands sacrifices , comparativement à la situation du 1° janvier,
la caisse de Paris n’est affaiblie que.de 12 pour 100. Elle pourrait satisfaire
à des crises consécutives égales à celle qui, pendant neuf semaines, a pesé
sur les classes laborieuses.
» Les ouvriers et les domestiques, au nombre de 16 milie, sont venus
avec épouvante réclamer leur argent; ils ont été très surpris qu’on les ait
constamment payés à jour fixe , sans retard et sans embarras. L'institution
recueillera dans l’avenir, elle recueille déjà les fruits de cette ponctualité
loyale qui commande la confiance.
» Les résultats sont beaucoup plus satisfaisauts pour l’ensemble des
deux cents caisses d'épargne que possède aujourd'hui la France. Je me
contente de mettre en regard le montant général des dépôts confiés par
ces caisses au Trésor public, dont les résultats.officiels m’ont.été commu-
niqués avec une extrême bienveillance :
T'aleur totale des sommes en dépôt au ‘Trésor.
Autr1 janvier 1839. ........,..... crade SR VE .. _93,255,666 fr. 8 c.
Au:20 avril (dernier compte connu).....+........... 94,230,821 97
Accroissement de l’avoir des caisses, en dépôt au Trésor. 975,154 10
» Ainsi les versements et les arrérages accumulés pour l'ensemble des
caisses d'épargne, ont fait plus que balancer les remboursements si consi-
dérables de Paris, de Lyon, de Nantes, de Rouen, de Bordeaux, de
Strasbourg ,etc.,-etc. À
» Déjà laccrise est sur son déclin dans la capitale et dans beaucoup d'au-
treswilles. Tout annonce que bientôt elle fera place au mouvement pro-
gressif si remarquable, qui, depuis 1833, a multiplié le nombre des caisses
d'épargne et la richesse dé leurs dépôts au Trésor national. »
( 602 })
RAPPORTS.
MALACOLOGIE. — Rapport sur une Note concernant le poulpe de l'argonaute;
par M. Ranc.
(Commissaires, MM. Duméril, de Blainville rapporteur.)
« Depuis que l’un de nous a publié les raisons sur lesquelles on peut ap-
puyer l'opinion que les poulpes trouvés dans les coquilles d’argonaute y
sont parasites comme les pagures le sont dans la coquille qu’ils habitent,
raisons auxquelles, il faut le dire franchement, on n’a encore opposé que
des objections de peu d'importance, et faciles à réfuter, plusieurs per-
sonnes s'étant trouvées dans des circonstances favorables, ont cherché à
éclairer la question. Parmi les observations qui sont venues à notre con-
naissance à ce sujet, nous citerons celles de madame Power, publiées par
M. le professeur Maravigno, dans un journal de Messine ; celles de M. Gray,
l’un des conservateurs du Muséum britannique, et enfin celles de M. le ca-
pitaine Rang, qu'il a envoyées à l’Académie, et sur lesquelles M. Duméril
et moi avons été chargés de lui faire un rapport.
» Avant d'analyser le travail de M. Rang, que l’Académie veuille bien
nous permettre de donner l'extrait de la brochure de M. Maravigno, sur
les expériences de madame Power, puisque ce sont ces expériences qui ont
conduit M. Rang aux observations qu'il a détaillées dans sa note.
» Madame Power, dit M. Maravigno, connaissant les observations de Poli,
publiées après la mort de ce savant malacologiste, dans le dernier tome de
ses Testacés des Deux-Siciles, et se trouvant dans les lieux où les poulpes de
l’argonaute abondent, il lui vint dans l’idée de chercher quelques nouvelles
preuves du non parasitisme de cet animal dans sa coquille. Sachant que les
mollusques conchylifères jouissent de la faculté de reproduire ou de rem-
placer les morceaux de leur coquille qui lui ont été enlevés accidentelle-
ment, elle brisa en quelques endroits, une coquille d’argonaute contenant
un poulpe, et elle eut la satisfaction de voir que les morceaux qui avaient
été brisés et enlevés avec le plus grand soin sur la peau de l'animal, furent
reproduits.
» Madame Power a écrit au sujet de ces observations et de ces expériences,
un mémoire étendu qu’elle a adressé à M. le professeur Maravigno, pour
le présenter à la Société Gioénienne, dont il est secrétaire, ce qu’il a fait
( 603 )
dans la séance de septembre 1835.Malheureusement M.Maravigno ne donne
aucun détail sur la manière dont madame Power a institué ses expériences
et les a exécutées. Il se borne à ajouter qu'à l'appui de ses observa-
tions, dontfnous venons de donner l’extrait, en employant les expres-
sions mêmes de M. Maravigno, cette dame a envoyé deux coquilles d’argo-
nautes avec les morceaux reproduits, et même l’un des poulpes qui en avait
été le réparateur, outre une autre coquille et son poulpe conservé dans l’es-
prit-de-vin, et sur laquelle, ajoute M. Maravigno, on voit clairement le
nouveau travail de l’animal pour réparer le,morceau enlevé.
» Mais madame Power ne s’est pas bornée à ce fait ; elle a voulu reprendre
le travail de Poli sur les œufs du poulpe de l’argonaute. Ayant en sa pos-
session un grand nombre de ces animaux remplis d'œufs, elle s’est assurée
que jamais le mollusque, à aucune période de son existence dans l’œuf,
n’est pourvu de coquille, et qu’il naît ou vient à la lumière entièrement nu;
mais qu'il se fabrique une coquille après sa sortie; observation neuve et
contraire à tout ce qu’a écrit à ce sujet le grand naturaliste napolitain,
ajoute le secrétaire de la Société Gioénienne.. Aussi M. Maravigno, étonné
de ce résultat, crut-il devoir écrire à madame Power pour lui exposer ses
doutes sur la certitude de ces faits, sur la difficulté des observations au mi-
croscope, sur les illusions et les erreurs qui peuvent provenir de l'emploi
de cet instrument.
» Madame Power, conduite ainsi à répéter ses observations, arriva aux
mêmes résultats que la première fois, et elle ajouta à son premier mémoire,
non-seulement un supplément dans lequel elle consigna les faits qu’elle avait
nouvellement observés, mais elle envoya en même temps à la Société
Gioénienne ainsi qu’à son secrétaire , les œufs du poulpe de l’argonaute et
les petits poulpes récemment sortis de l’œuf, avec des individus qui avaient
déjà plusieurs jours de naissance, et d’autres pourvus de coquilles de diffé-
rents âges, tous élevés par elle et qu’elle avait vu croître et se développer
sous ses yeux.
« M. Maravigno affirme avoir spécialement observé parmi les petits poul-
pes qui lui ont été envoyés, l’un d’eux sortant de l’œuf auquel il. était en-
core attaché, et qui était entièrement dépourvu de coquille.
» Ainsi, ajoute-t-il , les faits observés par madame Power conduisent à
conclure que non-seulement le poulpe de l’argonaute est le véritable cons-
tructeur de sa coquille , et qu’il ne la construit pas dans l’œuf, mais après
sa naissance; mais encore que le petit poulpe, au sortir de l’œuf, ne res-
semble pas entièrement à ce qu’il sera par la suite; c’est alors une sorte
( 604 )
de petit ver (vermicello) pourvu de deux rangées de ventouses dans la lon-
sueur, avéc un appendice filiforme à une extrémité.et un petit renflement
vers laütre, où il'parait que sont les organesde la digestion; en sorte que,
suivañt M. Maravigno, on pourrait supposer que ce ne serait d’abord qu'un
appendice brachial extrêméèment petit, duquel se développeraient ensuite
autant de parties qu'il est nécéssaire pour le constituer tel qu’il doit devenir
par la suite.
» M. Märavigno termine son extrait du mémoire de madame Power en ex-
primant le désir que cettédame s’occupe de recherches à ce sujet, c’est-à-
dire du développement progressif de l'animal de l’argonaute, pensant que
peut-être, comme Spallanzani et Trembley l’ontmontré, celui-ci pour l'hy-
dre verte, celui-là pour la tête coupée des limaces terrestres , le dève-
ldppemént dés organes du poulpe de l’argonautese fait par voie de gemme
animal ou de bourgeon , un peu comme dans les plantes; l’organisation de
ces animaux, ayant, suivant lui, beaucoup d’analogie.
» Ainsi comme résultat des nouvelles observations , telles que les rap-
porte M. Maravigno dans l'extrait du mémoire de madame Power , extrait
quenoüusavons presque traduitmot à mot, etmême sans oublier lesréflexions
de M. Maravigno, au sujet du premier degré de développement du jeune
poulpé, qui serait au moins bien singulier; on trouve, comme fait infirmé :
» 1°. La coquille du poulpe de l’argonaute n'existe pas dans l'œuf et
même après quelques jours de la naissance, fait confirmé par M. Mara-
vigno , èt qui détruit l’argument le plus fort apporté contre l’opinion du
parasitisme dù poulpe dans la coquille , et qu’on avait tiré plus spéciale-
ment de l'observation de Poli;
» Ét comme faits nouveaux contre cette méme opinion :
» 2°. Les morceaux de la coquille préalablement-enlevés sont reproduits,
fait affirmé aussi par M. Maravigno , mais sans détails sur la place où le
morceau a été enlevé, sur le temps de [a reproduction et sur la structure
comparée de la partie reproduite;
» 3°. La coquille se forme , se produit hors de l’œuf et par conséquent
après la naissance : également sans détails à l’appuid’une assertion enicon-
tradiction avec toutice que l’onsait jusqu'ici sur le développement ‘des
animaux/mollusques conchylifères , et qui par celamême avait plus besoin
d'être appuyée de détails circonstanciés.
» Dans le même temps et dans lésmémes mers où madame Power faisaitses
observations, M. Smith en faisait qui le conduisaient à une conclusion
contraire. En effet, dans une note lue dans la séance du 8 septembre 1835,
( 6ob )
de la Société zoologique de Londres, sur la question du parasitisme du
poulpe de l’argonaute, M. Smith conclut que ce parasitisme lui paraît évi-
dent, parce que dans le marché de Naples où cet animal est très abondant,
la coquille se trouve rarement, tandis que le poulpe qui sert à la nourriture
du peuple y est extrémement commun et à très bon marché. Mais M. Smith
n’a-t-il pas confondu d’autres espèces de poulpes avec le véritable ocythoé
ou poulpe à bras palinés ; c’est ce qui ne nous semble pas hors de doute,
malgré que M. Rafinesque ait depuis long-temps décrit dans les mers de
Sicile ces poulpes remarquables, sans parler de coquille.
» Quoique M. E. Gray n’ait pas été aussi bien placé que son compatriote
pour avancer la résolution de la question, il a cependant présenté un nou-
vel argument également en faveur du parasitisme. Voicien quoi il consiste.
» Tous les conchyliologistes savent que la coquille du jeune animal, lors-
qu’il est encore contenu dans l'œuf, diffère souvent beaucoup de celle qui
la continue et dont elle forme le sommet ou le nucleus à l'état adulte, Or,
M. Gray a remarqué que dans la coquille de l’argonaute , le nucleus, très
différent dans sa forme de la coquille proprement dite, a près de quatre li=
gnes de diamètre, et est par conséquent plusieurs fois plus grand que les
plus gros œufs qui ont été trouvés dans les coquilles d’argonaute; d’où il
conclut, évidemment avec raison, que l'animal véritable de l’argonaute est,
quand il éclot, beaucoup plus gros et par conséquent différent du jeune
poulpe, et que celui-ci n’a pu être le véritable constructeur de la coquille
qu'il habite, son nucleus , en supposant avec Poli qu'il en soit pourvu à
l’état d'œuf, ne pouvant pas être plusieurs fois plus gros que son œuf. En
outre, M. Gray confirme, par des observations réitérées, que dans tous les
animaux mollusques conchylifères, la coquille est bien développée dans
l'œuf et même avant le développement des autres organes; et il oppose à
l'argument tiré de l’absence apparente d'impression musculaire sur la co-
quille de l’argonante , l'exemple de celle de la carinaire qui n’en montre
pas davantage et qui cependant tient évidemment à l'animal pendant sa vie.
» C’est dans cet état de choses, dont il avait même été averti par
madame Power, que M. Rang, officier de la marine royale, qui depuis
long-temps se livre à l'étude de la malacologie, et parfaitement au cou-
rant de l’état de la question, a fait les observations qu'il a adressées à l’Aca-
démie. Placé comme capitaine de port à Alger, il a pu voir un assez grand
nombre de poulpes de l'argonaute soit nageant en pleine mer, soit mar-
chant au fond de l’eau ; ila pu même en mettre quelques-uns ou vivants
dans une cuve remplie Crus de mer, et ainsi les observer plus à son aise.
“GC, R. 1837, 19° Semestre. (T. IV, N° 47.) 83
( 606 )
» Connäissant la première expérience de madame Power, qui lui en avait
adressé les détails , il s’est empressé de chercher à la répéter. Il a donc en-
levé dés morceaux de la coquille sur un individu vivant (malheureusement
il ne dit pas où ), et il a reconnu qu’au bout de six jours la brèche faite à la
coquille était complétement bouchée et ainsi réparée; « mais, ajoute-t:il ,
» avec bonne foi, malgré notre penchant à considérer le poulpe à bras
» palmés comme le véritable constructeur de la coquille qu’il habite , nous
» ne pouvons pas, à l'exemple de madame Power, considérer cette décou-
» verte comme concluante ; en effet, la partie renouvelée n’est qu’une lime
» mince, transparente, qu’un véritable diaphragme qui n’a ni la contex-
» ture, ni la solidité, ni la blancheur du reste de la coquille, qui prend
» une forme irrégulière, comme si elle n’avait pas été produite par les
» mêmes moyens et les mêmes organes que la coquille. En un met, suivant
» M. Rang, cela rappelle tout-à-fait ce qui se passe chez les limacons,
» lorsque leur enveloppe testacée est cassée, et l’on sait que dans ce cas
» le collier de l'animal qui seul produit la coquille, n’est plus pour rien
» dans ce travail de réparation.»
« Ainsi, en supposant que la réparation de la brèche faite à la coquille de
l’argonaute pendant qu’il l’habite, soit réellement comparable à ce qui a
lieu sur un colimaçon, et soit produite au moyen d’une substance solide,
calcaire, ce que nous sommes loin de penser, et soit autre chose qu’une
espèce de lame muqueuse, résultat de la sueur de la peau de l'animal
coagulée, on ne peut évidemment rien en induire pour soutenir la thèse
que le poulpe habitant de la coquille de l’argonaute en est le véritable
constructeur, puisque, comme en convient M. Rang, la lame qui bouche
la brèche faite n’a ni la contexture, ni la solidité, ni la blancheur de la co-
quille même.
» Quant à la nouvelle assertion de madame Power, que le petit poulpe
encore contenu dans l’œuf n'offre aucune trace de coquille, laquelle se dé-
veloppe plus tard et après sa sortie, M. Rang n’a malheureusement pas eu
l'occasion de la vérifier, les individus vivants qu'il a eus en sa possession
étant peu nombreux et dans des circonstances peu naturelles, une grande
cuve, ou tonneau, remplie d’eau de mer, dans laquelle ils mouraient au
bout de quelques jours.
» Mais un fait plus nouveau bu, moins contestable, que M. Rang
a eu l’occasion d'observer, c’est l'usage des bras palmés dont toutes les es-
pèces d’ocythoés sont pourvues, pour tenir leur coquille, et la manière
(607 )
dont ces:animaux se meuvent soit à la surface de la-mer, soit entièrement
immergés, soit enfin sur un sol résistant.
» D'abord M. Rang fait une première observation, que c’est à tort que
les naturalistes ont représenté le poulpe dans la coquille de l’argonaute,
tantôt le dos, c’est-à-dire le côté où sont les bras palmés, du côté du dos
de la coquille , et tantôt du côté du ventre de celle-ci. Il assure en effet que
c’est toujours dans le même sens et de manière que les bras palmés soient
en arrière, le ventre ou le côté du tube vers le dos de la coquille, et le dos
vers le ventre de celle-ci, c’est-à-dire, en un mot, que l’animal est renversé
dans la coquille. C’est ainsi, en effet, que l’un de nous l’a vu et fait dessiner
d’après un individu soigneusement recueilli par M. Bertrand-Geslin. Ce-
pendant, il est assez difficile de concevoir comment M. de Férussac a pu en
faire représenter dans les deux positions contraires, s’il ne les avait pas
trouvés ainsi, lui qui savait très bien que l’on avait tiré de cette différence
de position, un puissant argument en faveur du parasitisme du poulpe.
» M. Rang ajoute que les deux grands bras palmés, dont on ignorait réel-
lement l'usage, car celui de servir de voiles ou de rames, comme on l’a sup-
posé, est tout-à-fait controuvé ; et qui, dans la position renversée de l’ani-
mal dans sa coquille, deviennent inférieurs, se portent d’abord en arrière
s'appuyant sur les auricules de celle-ci, puis se recourbent d’arrière en
avant, c’est-à-dire du sommet à la base de la coquille, en s’étalant sur ses
flancs, de manière à l’embrasser de chaque côté, et à n’en laisser apercevoir
absolument aucune partie, un peu, suivant M. Rang, comme les lobes la-
téraux du pied des porcelaines enveloppent la coquille de ces animaux
quand ils rampent.
» Voici maintenant comment le poulpe portant-sa coquille marche sur
un sol résistant au fond de la mer; la coquille étant dans la position nor-
male, le dos en haut et l'ouverture en bas , elle est saisie par les deux
bras palmés retroussés ou retournés vers son dos; les trois autres paires de
bras s’agitent latéralement, le disque infundibuliforme au fond duquel est
la bouche s'applique sur le sol, et le tube excrétoire est en haut correspon-
dant au dos de la coquille, en sorte que M. Rang voit dans ce poulpe ainsi
placé une sorte de gastéropode siphonobranche dont ce que tous les
zoologistes et les anatomistes ont regardé comme le dos serait le ventre, eé
vice versé. Cette opinion, que le jeune Meiranx, trop tôt enlevé aux scien-
ces naturelles, qu’il cultivait avec beaucoup d’ardeur et:de sagacité, a sou-
tenue anatomiquement il y a quelques années, M. Rang la développe en
faisant de l’infundibulum une sorte de pied, de la paire de bras inférieurs
83..
( 608 )
devenus supérieurs, les tentacules proprements dits, des deux autres paires
intermédiaires les analogues des appendices tentaculiformes des flanes des
monodontes, et sans doute des bras palmés des espèces de lobes du manteau.
» Pour infirmer au moins cette manière de voir de M. Rang, déduite du
fait certain et incontestable de la position du poulpe à longs bras palmés
dans la coquille de l’argonaute et de la manière dont il marche sur un sol
résistant , il suffira peut-être de faire observer qu’il n’est pas moins certain
d’après les observations de l’un de nous que le poulpe à une seule rangée
de ventouses, si commun dans la Méditerranée (et probablement toutes
les autres espèces de poulpes ordinaires), ne marche pas ainsi, mais le dos
en haut, et le ventre ou le tube en bas. C’est ce que nous avons pu obser-
ver sur un grand nombre d'individus amenés dans les filets d’une tartane
du port de Buch à l'entrée de l'étang de Berre dans la Méditerranée,
Jetés,avecheaucoup d’autres animaux vivants, surle pont, ilss’enfuyaientfort
vite, dans tous les sens, un peu à la manière des crabes, en faisant pour
ainsi dire gros dos, pour que le tube ne touchât pas le sol, c’est-à-dire re-
levant le point de jonction de la tête et du tronc, rampant en arrière sur la
face inférieure du manteau ou du sac, et en avant à l’aide des quatre bras
de chaque côté , les supérieurs en avant et les inférieurs en arrière, un peu
comme les ophiures. C’est ce que notre dessinateur, M. Prestre, qui nous
accompagnait , a eu l’occasion de voir comme nous et de reproduire par le
dessin. ] |
» Or, comme de cette double observation il est légitime, ce me semble,
d'admettre que le mode de reptation observé sur le poulpe de l’argonaute
doit être considéré comme l’anomalie et celui du poulpe libre comme l’état
normal; on voit que le fait curieux rapporté par M. Rang, des bras palmés
embrassant la coquille babitée par le poulpe de l’argonaute fournit une
nouvelle preuve qu’elle »e lui appartient pas et qu'il y est parasite. En
effet, les autres mollusques conchylifères n’ont nullement besoin de tenir
ainsi leur coquille, quand ils rampent ou quand ils nagent, puisqu'elle leur
est unie organiquement: ils rampent ou nagent sans s’en occuper. Il ne
pourrait en être ainsi des ocythoés ou poulpes à bras palmés. Comme l'ani-
mal netient enaucune manière crganiquement àsa coquille, ce quepersonne
ne peut contester , et que son corps même n’en a nullement la forme, l’ou-
verture de lacoquille étant beaucoup plus large que le fond ; en sorte qu'il
y serait difficilement retenu mécaniquement, il fallait bien un moyen vo-
lontaire de la fixer autour de lui, et, l'animal emploie à ceteffet ses longs bras
étalés, comme le Bernard l’hermite offre une disposition particulière dans
( 609 )
une paire de pattes converties en crochets pour s’accrocher à la columelle
de lagoquille qui lui sert de demeure.
» M, Rang a également observé que le poulpe à bras palmés pourvu de
coquille ne nage pas, comme l'imagination des poètes, plus quel’observation
des naturalistes, se plaît à nous le raconter depuis la plus haute antiquité,
et comme on le répèteencoretrop souvent de nos jours; c’est-à-dire à l’aide
des bras palmés soulevés hors de l’eau et servant de voiles, ou descendant
dans l’eau et servant de rames. Comme tous les malacozoaires nageurs con-
chylifères, le poulpe se place la coquille en bas ; mais ses bras la quittent
encore moins que dans la reptation, parce qu'étant renversée elle s’en sépa-
rerait encore avec bien plus de facilité, etalors la locomotion a lieu, comme
dans les autres animaux de cette classe, par la dilatation et la contraction
alternatives du sac ou manteau attirant et rejetant l’eau dans laquelle l’a-
nimai estimmergé. Il nage alors à reculons comme les seiches et les calmars.
» De ces faits observés , et dont on ne peut nier l’authenticité, M. Rang
voit, dans l’emploi de ces bras palmés pour envelopper le têt, ou, pour em-
ployer ses expressions,
1°. Dans le rapport si bien établi entre l’animal et sa coquille,
2°. Dans la forme de ces lobes, qui se trouvent dans tous les poulpes
des argonautes , et seulement chez eux,
3°. Dans l'usage de ces lobes, comme manteau entourant le têt, à la
manière de tant d’autres mollusques, lobes qui seraient inutiles si l’ani-
mal n’avait une coquille dès sa naissance
Un nouvel argument en faveur de lopinion qui admet que le poulpe
est le constructeur de sa coquille; mais ne serait-ce pas plutôt en fa-
veur de l'opinion contraire ? En effet, de ce qu’un animal a dans son
organisation une disposition particulière pour se mettre à l’abri sous ou dans
un corps étranger , plus ou moins déterminé, conclure, comme M. Rang le
fait, que ce corps appartient réellement à cet animal, et par conséquent en
fait partie, ce serait un argument qui s’appliquerait évidemment aussi bien
aux pagures et aux dromies, qu'aux ocythoés , et qui seul n’a réellement
aucune valeur.
» Les longs bras palmés des ocythoés, et peut-être seulement chez les
femelles (1), sont dans le cas de la dernière paire d’appendices des pagures
(1) Nous émettons ce doute, parce que, depuis que l’un de nous l’a proposé, il ya
quinze ans, M. Gray ayant examiné dix ou douze individus conservés dans le Muséum
britannique , les a , si je ne me trompe , car je cite de mémoire, trouvés tous femelles,
du moins ceux qui étaient encore accompagnés de la coquille.
‘
(610 )
et des dromies, qui sont des organes propres à’ saisir, à retenir une co-
quille plus ou moins spirale pour les premiers, une valve de coquille bi-
valve, ou un alcyon, ou une éponge pour les seconds; c’est-à-dire une
simple relation de cause et d'effet, par harmonie préétablie. La grande
expansion membraniforme des bras de l’ocythoé était une disposition né-
cessaire pour produire la préhension, la retenue d’une coquille patulée ou
largement ouverte, qui sans cela serait tombée au moindre mouvement, et
cela par un animal mou, et nullement une disposition comparable à ce qui
existedans les porcelaines, par exemple. Dans celles-ci, en effet, ce ne sont pas
les lobes latéraux du corps qui produisent la coquille, mais seulement ils la
modifient en l’épaississant d’une manière graduelle, plus ou moins irrégu-
lièrement, et en laissant dans la ligne médio-dorsale un indice du rappro-
chement plus ou moins immédiat des deux lobes. On ne voit absolument
rien de semblable dans la coquille de l’argonaute qui est toujours excessi-
vement mince, partout d’égale épaisseur , à'stries d’accroissement extré-
mement fines, sans matière de dépôt, si ce n’est sur les auricules des
extrémités de la columelle, et dont la forme générale et partielle ne trouve
dans celle du poulpe qui l’habite, ni dans aucune de ses parties, aucune
étiologie , aucune explication qui ait quelque apparence de vraisem-
blance.
» Quant à l'argument tiré par M. Rang, de la coloration plus grande de
la base des bras palmés du poulpe, se montrant aussi sur la partie cor-
respondante de la coquille , on pourrait très bien n’y voir qu’une colora-
tion d’imbibition, sans blesser l’analogie, puisque toutes les’ coquilles
d'argonautes n’offrent pas cette coloration. Mais cette concordance est bien
trop légère, la couleur n’étant pas même semblable, pour qu’on puisse
d’ailleurs y trouver un argument de quelque valeur dans une GES
aussi importante, scientifiquement parlant.
» Malgré notre manière de voir si différente de celle de M. Rang dans
l'emploi, pour la résolution äu problème du parasitisme des poulpes à longs
bras palmés, des observations qu’il a communiquées à l’Académie, nous
n’en concluons pas moins à ce qu’il lui soit adressé des remerciments pour
sa communication fort intéressante, en même temps que l'invitation de
continuer à employer aux progrès des sciences naturelles les loisirs que
les devoirs de son service pourraient lui laisser. Nous prendrons même la
liberté de lui demander de faire les observations suivantes , si jamais il se
trouvait de nouveau dans une position favorable pour éclaircir le point
d'histoire naturelle dont il est question dans ce rapport.
(Gui)
» 1°, Sortir l’animal de la coquille comme l’a fait Cranch, et noter ce qui
en résultera ;
» 2°. Faire cette expérience non-seulement à sec, mais encore dans une
masse d’eau circonscrite , et surtout sur le bord de la mer à une faible
profondeur ;
» 3. S'assurer du sexe de tous les individus observés pourvus de coquilles
et si celles-ci contiennent ou non des œufs dans le fond de leur cavité;
» 4°. Examiner de nouveau et avec soin la position de tous les individus
dans la coquille, et surtout suivant qu'ils auront été pris au fond de la
mer ou à sa surface ; car il se pourrait qu’elle ne füt pas toujours la même ;
» 5o, Répétant la première expérience de madame Power, s'assurer si
la prétendue réparation du morceau enlevé a aussi bien lieu au bord de la
coquille, que dans une autre partie de son éiendue et soigneusement
noter la durée de l'expérience;
» 6°. Examiner à la loupe et au moyen de réactifs chimiques la structure
et la nature du morceau reproduit et comparativement avec un morceau de
la coquille;
» 6°. Enfin répéter, s’il se peut, la seconde expérience de madame Power
et vérifier, si, contre toute espèce d’analogie, lacoquille n’existant pas dans
l'œuf, elle ne parait sur l'animal que quelques jours après sa naissance, en
notant toutes les circonstances de son apparition et deson développement.»
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
BOTANIQUE. — Rapport sur un mémoire de MM. Louis et AuGusTE BRAVAIS,
‘intitulé : Essai géométrique sur la symétrie des feuilles curvisériées et
rectisériées.
(Commissaires, MM. Turpin, Ad. Brongniart rapporteur. )
« L'Académie nous a chargés d'examiner un mémoire de MM. L. Bravais,
médecin à Annonay, et A. Bravais, ancien élève de l’École Polytech-
nique , actuellement lieutenant de frégate, qui a pour objet l'étude des
rapports d'insertion des feuilles ou des organes qui en dérivent, sur la tige,
dans les divers végétaux.
» Ces rapports de position d’abord indiqués vaguement par les expres-
sions de feuilles alternes, distiques, éparses, opposées ou verticillées
avaient déjà été le sujet d’un examen plus approfondi de la part du célèbre
Bonnet, qui, dans ses recherches sur les usages des feuilles, avait bien
reconnu que les feuilles dites éparses étaient disposées suivant des spirales
régulières, de telle sorte que le plus souvent la sixième feuille revenait au
{ 612 )
dessus de la première et commençait une nouvelle spirale de cinq feuilles ;
mais il avait aussi observé que cet ordre en quinconce n’était pas absolu ;
qu'il y avait souvent une légère déviation qui s’upposait à la superposition
exacte de la sixième feuiile sur la première, et que dans d’autres cas le nom-
bre des feuilles composant la spirale était de 8 au lieu de 5, ou seulement
de 3; enfin ilavait aussi remarqué que dans les plantes à feuilles nombreuses
considérées comme éparses, tellesque celles des sapins, ces feuilles formaient
des spirales multiples parallèles, au nombre de 3 ou de 5, et composées de
7 ou de r1 feuilles dont la réunion donnait un total de 21 ou 55 feuilles.
» On trouve donc réellement dans ouvrage de Bonnet la base, encore
très incomplète, sans aucun doute, des travaux faits sur le même sujet
dans ces dernières années, et l’on peut dire que jusqu’à époque où ce sujet
a été repris par MM. Schimper et Alex. Braun ,rien d’important n’avait été
ajouté aux résultats obtenus par Bonnet.
» M. Schimper, dans un mémoire sur une nouvelle espèce de symphy-
tum, à l'occasion d'une différence qu’on avait cru reconnaître dans la posi-
tion des feuilles entre diverses espèces de ce genre, a été conduit à exa-
miner d’une manière générale les rapports de position de ces organes dans
un grand nombre de plantes. Prenant pour point de départ les feuilles
distiques, qu’il considérait comme le cas le plus simple, et admettant que les
feuilles dont les insertions successives sont éloignées on &ivergent d’une
demi-circonférence, pourraient également dans d’autres cas n'être sépa-
rées que par des angles égaux à + ou à de circonférence. Ikchercha ensuite
les nombres intermédiaires les plus simples entre ces divers angles et parmi
ces diverses positions, il remarqua que celles qui se présentaient le plus
habituellement étaient telles, que l’angle entre deux feuilles qui sesuccèdent
immédiatement sur la spirale simple où l’angle de divergence était égal à
EE moe etc. de la circonférence et il ft voir les rapports numé-
riques qui existent entre ces diverses fractions qui sont toujours formées
par la somme des numérateurs et des dénominateurs des deux fractions
précédentes. Il signala aussi quelques cas qui sortent de cette série parti-
culière d’angles; mais il les considéra comme de simples positions intermé-
diaires entre celles que nous venons de signaler.
» M. Alex. Braun examinant cette même question presqu’en même temps
que M. Schimper, multiplia les exemples, s’appliqua surtout à l'étude des
fruits des conifères qu’il prit pour point de départ de ses recherches et
montra que la disposition des feuilles suivant des angles égaux à:,2,2,
8 3 . /, Û «
8,5,42,22,2 de la circonférence, dont les premiers termes avaient
(613)
déjà été signalés par Bonnet se présentait dans un nombre immense de
plantes appartenant à toutes les classes du règne végétal; on peut aussi
conclure de: ses: observations que très fréquemment ces divers angles se
rencontrent dans la même plante, ou dans.des plantes très voisines, et que
par conséquent ces modes divers d’insertion ne paraissent pas liés d’une
manière essentielle à l’organisation des végétaux. Il fit connaitre avec plus
de développement que ne l'avait fait Megchimper les cas devenus assez
nombreux par suite de ses recherches qui ne rentrent. pas dans les nom-
bres précédents et montra que les angles de divergence des feuilles, dans
ces cas, peuvent être exprimés par des fractions de la circonférence qui ont
entre elles des rapports analogues à ceux qui existent entre les angles de la
première série que nous avons cités plus haut , telles sont les séries:
NI
3 5° 8 LEE en ES : 5
» 72 719 78) 5097 ClC.y OÙ 2 55 9 41 23"
pe
?
coin
» Mais les diverses dispositions de feuilles qui résultent de ces angles de
divergence, et ces divers angles eux-mêmes, sont-ils le résultat d’une orga-
nisation spéciale , ou dépendent-ils de modifications particulières apportées
à une disposition uniforme, essentielle et primitive : modification dont on
pourrait espérèr de reconnaître les causes? C’est un point sur lequel les
travaux que nous venons de citer ne/jettent que peu de jour.
» Les recherches étendues de MM. Schimper et Braun, conduisaient en
effet à ce résultat peu satisfaisant pour l'esprit, que des modes très variés
d'insertion des organes foliacés existaient dans le règne. végétal; que ces
divers modes d'insertion étaient bien liés entre eux par certaines lois; mais
que c’étaient autant de cas spéciaux'et bien distincts qui pouvaientse pré-
senter quelquefois dans divers individus de la même espèce, le plus sou-
vent dans des espèces différentes, mais voisines l’une de l’autre, chacune
d'elles ayant un type plus habituel, mais sans aucune liaison essentielle
avec les groupes les plus naturels dû règne végétal.
» Ces deux savants botanistes ne paraissent pas avoir cherché:àrattacher
ces divers cas à une organisation générale, dont ils n'auraient été que des
déviations ou des cas spéciaux; et pour le prouver, il faut indiquer briève-
ment la manière dont ces divers angles de divergence des feuilles ont été
déterminés dans chaque cas. On peut toujours lorsque les feuilles sont al-
ternes, faire passer par tous leurs points d'insertion une’seule ligne qui,
généralement, forme une hélice régulière, qu'on désigne habituellement
en botanique par le mot de spirale primitive, simple, ou unique; c’est donc
une hélice plus ou moins allongée, suivant léloignement des feuilles, qui
C, R 1837, 1er Semestre. (T. LV, No A7.) 84
(614 )
passe par tous leurs points d'insertion. Or, en prenant pour point de dé-
part une feuille qu'on désigne par zéro, on peut au’ bout d’un nombre de
tours de spire plus ou moins considérable , trouver une autre feuille qui
paraît placée exactement sur le même côté de la tige, c'est-à-dire sur une
même ligne parallèle à l'axe du rameau. Le nombre de tours de spires
parcourus depuis la feuille 6 jusqu’à celle-ci, divisé par le nombre de feuilles
comptées depuis cette feuille zér#ffusques et y compris cette dernière, donne
évidemment la fraction de la circonférence, et par conséquent l’angle com-
pris entre deux feuilles successives, en les supposant également espacées.
Âinsi la fraction ?, en même temps qu’elle exprimera la portion de la cir-
conférence comprise entre deux feuilles qui se suivent immédiatement,
indiquera qu'après avoir fait deux tours de spire, on trouve une feuille
qui correspond exactement à la même arète de la tige supposée cytin-
drique, et que cette feuille est la cinquième depuis l’origine de l’hélice.
» C’est par l'examen de ces superpositions ou de ces correspondances
exactes des feuilles, qu’on est arrivé à déterminer avec'assez d’exactitude la
position relative des feuilles dans les divers cas cités plus baut, positions qui
sont exprimées comme nous venons de l'indiquer par Îes fractions dont
nous avons fait connaître les rapports. Mais cette méthode est évidemment
sujette à des erreurs assez étendues provenant : 1° des difficultés que la
forme toujours un peu irrégulière des tiges ou des rameaux présente pour
déterminer rigoureusement la coïncidence de deux feuilles avec une ligne
parallele à l'axe; 2° des torsions dont la tige est susceptible, et qui peuvent
donner lieu à des résultats tout-à-fait erronés; si on ne les reconnait pas;
or, ilestsouvent très difficile, ou même impossible d'apprécier ces torsions;
mais les cas où cette cause d'erreur est évidente doivent , dans d’autres cir-
constances , jeter beaucoup de doutes sur les observations de cette nature,
et pouvaient déjà faire penser que beaucoup des dispositions spéciales si-
gnalées par MM. Schimper et Alex. Braun, n'étaient que des déviations
d’une organisation commune et uniforme. C’est ce que MM. Bravais ont
cherché à établir; réunissant leurs connaissances botaniques et mathéma-
tiques, ignorant alors les travaux de MM. Braun et Schimper, auxquels ils
ont rendu depuis toute la justice qu'ils méritent, ils s'étaient occupés de-
puis plusieurs années de recherches sur les lois de l'insertion des feuilles et
des autres organes appendiculaires des végétaux, et les résultats de ces re-
cherches se trouvent consignés dans le mémoire que l’Académie nous a
chargés d'examiner. L'étude de la nature les a conduits à reconnaître les
mêmes faits généraux que MM. Braun et Schimper avaient également dé-
( 615 )
duits de leurs observations ; ainsi ils ont observé comme eux, les rapports de
position des organes des végétaux dont la série des fractions +, +, £,$,<,etc.,
exprime les divers cas particuliers, et ils ont reconnu que cette loi s’ap-
pliquait à un grand nombre de végétaux différents ; ils avaient également
observé. les autres séries de fractions qui représentent d’autres cas particu-
liers plus rares dans la nature, tels que les séries +, +, %, &,, etc., et celles
1,12 3 5etc., déjà signalées par M. Alex. Braun, etcelles 3, 3, #, :%,etc.,
part de naturalistes qui ignoraient leurs travaux respectifs, prouve l’exac-
titude de ces observations et leur généralité. Mais MM. Bravais ont cherché
à passer des faits à une explication commune des divers cas particuliers, ce
que leurs devanciers n'avaient pas tenté.
» Ils montrent , en effet que les divers modes d'insertion appartenant à
une même série des fractions que nous avons indiquées plus haut peuvent
être considérés comme des cas particuliers dus à une légère déviation
d’une disposition unique et générale : déviation qui est quelquefois plus
apparente que réelle, et due aux erreurs ou aux difficultés d’une observa-
tion exacte, et qui dans d’autres cas résulte d’une torsion des tiges plus ou
moins étendue , mais toujours fort légère, et qui suffit pour déterminer
tous les cas spéciaux qu’on observe dans la nature.
» Si l’on admet, en effet, avec les auteurs du mémoire, que les feuilles ,
dans les divers cas qui se rapportent à la série la plus fréquente dans le rè-
gne végétal, au lieu d'être séparées les unes des autres par des angles égaux
à, à 4 à &ou à -% dela circonférence, sont séparées par un certain angle
constant, mais irrationnel, par rapport à la circonférence entière et tel,
par conséquent, que deux feuilles ne pourront jamais être placées exacte-
mentsur la mémearètedu cylindre que représente la tige, on voit que dans
l'état normal les feuilles 3,5, 8, 13, 31, 34, etc., qui dans les divers
cas particuliers qu’on observe dans la nature paraissent correspondre exac-
tement à la feuille o qui sert de point de départ, sont seulement de plus en
plus rapprochées dela ligne verticale passant par ce point. De sorte que les
erreurs d'observation dues, soit à la distance des feuilles qu’on examine,
soit à l'irrégularité et aux courbures des tiges, soit enfin à la torsion de ces
tiges peuvent faire croire qu’elles correspondent exactement à cette ligne :
et suivant que ces causes d'erreur auront une influence plus ou moins
marquée, ce serait l’une ou l’autre de ces feuilles qui setrouveraramenéesur
Ja verticale du point de départ. Pour cette série de cas particuliers exprimés
84.
( 616 )
par les fractions 4,24, #,-#, etc., cet angle irrationnel qu'onpeut appeler
de divergence normal serait, d’après les observations directes et les:angles
calculés de MM. Bravais, de 137° 30/28". Les feuilles 5, 8,13,21,34,55,qui
suivant les cas particuliers paraissent correspondre à la digne verticale de
l'insertion zéro, seraient dans l'état normäl, placées alternativement des
deux côtés de cette ligne et s’en rapprocheraïent de plus en plus sans
pouvoir jamais l’atteindre. L’angle qui les'sépare de cette ligne-étant
de 32° 28/ pour la feuille 5,
de, 20° o4' pour la feuille 8,
de 12° 24/ pour la feuille 14,
de 7° 4o' pour la feuille 21.
» Les divers cas particuliers qu’on observe dans la nature seraïent dus à
des déviations , déformations ou torsions-des ‘tiges, à peu prèsiégales à l’un
de ces angles, qui ramëneraient ces feuilles sur la verticale.
» Cette manière de considérer les rapports de position des divers orga-
nes des végétaux serait beaucoup plus satisfaisante-pour l'esprit, -car’alors
le plus grand nombre des dispositions particulières entre lesquelles on
avait pu seulement reconnaître des rapports déterminés, dépendraient
d’une organisation unique qui appartiendrait à l'immense majorité ‘des
végétaux.
» Voyons si l'examen des faits est favorable à cette manière de consi-
dérer la structure végétale ou si l'on doit admettre les divers cas quenons
présente la nature, comme des dispositions ‘tout-à-fait particulières tet
propres à chaque individu, et pour cela exaiminons les circonstances dans
lesquelles se présentent ces divers cas-spéciaux de la série 5,18, 13, 1,
34, 55, que nous étudions seule dans ce moment, parce que tout-ce qu’on
peut dire à son égard s'applique aussi aux autres séries plus où moins ano-
males que nous avons citées plus haut.
» Les rapports de position des feuilles ou des organes ‘analogues sont
d'autant plus faciles à déterminer avec précision queces organes sont plus
rapprochés dans le sens de l'axe de la tige, et que cettetige présente un
diamètre plus considérable qui augmente leur divergence apparente; en
effet dans ce cas les principales causes d’erreur disparaissent ou s’affaiblis-
sent; les organes étant plus rapprochés, leurs rapports de position:devien-
nent plus faciles à apprécier; la partie de la tige comprise entre ces feuilles
étant plus courte, les déviations dues à la torsion de ce support commun:ou
à sa déformation sont nécessairement moins considérables et doivent être
(617)
beaucoup plus rares. Or, si on examine les plantes qui réunissent ces condi-
tions au-plus haut degré, telles-que les joubarbes, certains aloës, les invo-
lucres de beaucoup de composées, les cônes des pins et des sapins, on voit
que ces plantes rentrent complétement ou se rapprochent extrêmement
de la disposition qui résulterait d’un angle de divergence irrationnel égal
à 1370 30’. Aucune feuille ne coïncidant l’une avec l’autre sur la même ver-
ticale, ou ces coïncidences n’ayant lieu qu’au bout de 34, 55 ou 89 in-
sertions , lorsque la portion de tige comprise entre ces feuilles présente
déjà une assez grande longueur, et qu’une très légère torsion suffirait pour
déterminer cette coïncidence. Dans ces végétaux à insertions rapprochées,
on n’observe presque jamais de superposition après un petit nombre d'in-
sertions, et dans ce cas la torsion parait évidente.
» Dans les rameaux allongés à insertions espacées, au contraire, ou
observe souvent la coïncidence dela 13°, dela 8° et même de la 5° feuille
sur la feuille o; mais dans ces plantes, où les feuilles sont souvent séparées
par une grande longueur du .rameau , on conçoit qu’il suffit d'une très lé-
gère torsion de la tige pour déterminer une différence angulaire de 12, 20
ou 32°, c'est-à-dire de © à ;: de la circonférence. Il y a des cas où, à moins
d'admettre une disposition qui n'aurait rien de régulier dans une même
plante, on ne saurait s'empêcher de reconnaître les déviations dues à la
torsion. Ainsi l'on voit souvent de longs rameaux présenter dans une partie
de leur étendue la spirale de 5, puis la spirale de 8, puis celle de 13, ou
revenir au contraire à celle de 8; ces anomalies, qu’on n’observe presque
jamais dans les insertions condensées, paraissent évidemment le résultat
d’une torsion plus ou moins forte.Or, cette torsion de la tige et de ses
fibres que la théorie porte admettre, est évidente dans certains cas, lors-
que la surface de l’écorce présente des sillons ou.des angles saillants qui
devraient naturellement être disposés suivant la longueur de la tige et pa-
rallèlement à l’axe et qui indiquent par leur obliquité la torsion de la tige,
ou lorsque les fibres internes, simples ou parallèles peuvent dénoter le
changement de direction que les'parties de la tige ont subi.
» Ces cas de’torsion évidente sont assez fréquents pour porter à admettre
cette cause d’erreur dans beaucoup descas où la structure de la plante ne
permet pas de s'en assurer par l'observation directe.
» C’est par une étude plusapprofondie de cette disposition des faisceaux
fibreux des tiges qu’on pourra arriver à déterminer , si tous les cas parti-
culiers de la série 3, 5,:8,13,se rapportent réellement à une seule et
même disposition primitive résultant d’un angle de divergence irrationnel
(618)
et égal à 137° 30/; ou si certaines plantes présentent un angle de diver-
gence rationnel et des feuilles disposées en séries longitudinales régulières,
comme on paraît obligé de l’admettre dans des cas peu nombreux, il
est vrai.
» Les mêmes raisonnements qui portent à penser que les divers rapports
de position exprimés par les fractions +, #, 5, #, ne sont que des cas par-
ticuliers dus à une torsion plus ou moins forte et provenant d’une dispo:
sition primitive semblable, s'appliquent également aux divers termes: des
séries, pour ainsi dire exceptionnelles, que nous avons citées plus haut, et
pour lesquelles MM. Bravais admettent des angles irrationnels particuliers.
Ainsi pour la série +, +, ?, +, , À, observée sur certains cônes,.de pins
et sur les inflorescences’de plusieurs composées ou dipsacées, ils sont con-
duits à admettre un angle de 90° 30'; pour celle exprimée par les nombres
1,1, p 2%, que présentent quelques inflorescences d’aroïdes et de
composées, ils reconnaissent un angle de divergence de 77° b7.
» Enfin, lesdivers cas que comprend la série ;,+, Sn 55 peuvent être at-
tribués à un angle constant de 151° 8/. Ces différentes séries se présentent
dans des cas si rares comparativement à la série normale +, $, <., etc., et les
plantes qui en offrent des exemples différent si peu, lors même qu'elles
différent spécifiquement, de celles qui présentent cette disposition normale,
qu’il est difficile de ne pas les considérer comme des cas exceptionnels que
de nouvelles recherches rattacheront comme de simples anomalies à l’orga-
nisation la pus habituelle.
» MM. Bravais ont déjà fait remarquer que par l'avortement complet des
organes constituant une des spires secondaires si pronongées lorsque ces
organes sont rapprochés les uns des autres, on peut passer de la série nor-
male à une des séries anormales , suivant que c’est une des spires par 5 ou
une de celles par 8 qui avorte; et ces avortements ne sont pas des suppo-
sitions entièrement gratuites, car on peut en citer des exemples évidents et
assez fréquents dans les aggrégations d’organes très condensés, telles que
certaines inflorescences. Cette question des avortements, non d’un organe
isolé, mais de plusieurs organes placés entre eux dans des rapports détermi-
nés, nous paraît une des plus intéressantes, et mériter de devenir l’objet
d’une étude spéciale. |
» On peut aussi s'assurer que ces diverses séries, que l’on peut appeler
anomales, présentent ce fait remarquable, que parmi les spirales.secon-
daires et multiples, que peuvent former les diverses insertions qui les cons-
tituent, il en existe toujours dans lesquelles l'angle de divergence. est le
( 619 )
même que celui de la série normale ; ainsi, les insertions qui forment la se-
rie 4,43, $, pourraient être représentées par 5 spires parallèles dont les
organes 5 disposés suivant la série normale, et les séries ,3, à, 2, et
1, 2,8, 5, par onze spires parallèles représentant la même loi, mais dont
les spires seraient dans le premier cas dirigées dans le même sens que la
spirale anomale , et dans l’autre cas, en sens inverse.
» On voit, par conséquent, qu'il existe évidemment des relations Fer
nées entre tous ces modes d'insertion des organes suivant les lignes spi-
rales, modes d'insertion qui constituent ce que MM. Bravais nomment les
insertions curvisériées, et l’on peut espérer de les ramener un jour toutes à
unedisposition primitiveunique, dont elles ne seraient que des cas spéciaux.
» Indépéndamment de ces plantes, curvisériées alternes, c’est-à-dire
dans lesquelles, théoriquement au moins, deux feuilles ne se trouvent ja-
mais, ni sur lamême ligne verticale, ni sur le même plan perpendiculaire à
l'axe, MM. Bravais ont aussi reconnu un système mixte que M. Braun avait
également signalé, et que les auteurs du mémoire que nous examinons dé-
signent par le nom de système curvisérié conjugué. Dans les plantes qui
offrent cette disposition, les organes sont opposés ou même verticillés par
trois; mais les verticilles quise succèdent au lieu d’alterner entre eux, de ma-
nière à former des séries longitudinales en nombre double des organes
constituant le verticille, sont disposés en spirale suivant des angles tels, qu’il
n'y a jamais superposition exacte des verticilles. Cette disposition est donc
analogue à celle des curvisériées ordinaires; mais au lieu d’une spirale
unique il yaautant despirales parallèles que le verticille comprend d’organes.
» Ordinairement il n’y en a que deux, et les insertions de chacune de
ces spires sont disposées suivant la même loi que dans les curvisériées or-
dinaires, si ce n’est que l’angle de divergence est la moitié de celui des
curvisériées non conjugués ; disposition qui est exactement celle que pré-
senteraient deux tiges à spirale simple, dont la surface serait développée,
et qui seraient ensuite réunies de manière à former un cylindre d’une
circonférence double, et sur lequel les insertions seraient exactement
opposées. Enfin, à ces deux systèmes, alternes curvisériés, et curvisériés
conjugués, s'ajoutent les insertions rectisériées, dans lesquelles les organes
forment des séries longitudinales, paralleles à l'axe de la tige et plus ou
moins nombreuses. Cette disposition rectisériée peut admettre, comme la
disposition curvisériée des organes verticillés et des organes alternes; seu-
lement le premier cas , qui est rare, et pour ainsi dire exceptionnel, parmi
les curvisériées, devient le plus fréquent parmi les rectisériées.
( 620 )
» Ainsi, toutes les plantes à feuilles opposées où verticillées, dans les-
quelles les verticilles successifs alternent exactement les’uns avec les
autres, présentent des séries longitudinales en nombre double de celni,des
organes qui forment chaque verticille; or, cette disposition.est la plus fré-
quente parmi les plantes dont les organes ne sont pas alternes, et elle
constitue la grande majorité des plantes rectisériées. La disposition recti-
sériée alterne est beaucoup moins fréquente, et mériterait un. examen
très approfondi pour déterminer ses rapports avec le système alterne cur-
visérié, auquel il parait souvent lié par les affinités des végétaux dans les-
quels ces deux systèmes se rencontrent. À cette classe se rapportent les
organes distiques , les feuilles tristiques de beaucoup de monocotylédones,
enfin les insertions en séries longitudinales plus ou moins nombreuses de
la plupart des cactées, des euphorbes charnus, etc. Les questions relatives
au système rectisérié n’ont été traitées par MM. Bravais que d’une manière
pour ainsi dire accessoire , afin d'embrasser leur sujet dans son ensemble ;
ils ont reconnu que leurs études sur ce sujet n’avaient pas pu encore
porter sur un assez grand nombre de faits. Mais cette question mérite de
fixer leur attention, car on peut espérer de rattacher les systèmes recti-
sériés alternes au système curviserié ordinaire, dontils représentent peut-
être seulement les spires secondaires plus ou moins obliques dans l’état
normal, qui auraient pris une position parallele à l’axe par suite d’une tor-
sion plus ou moins forte de la tige.
» L'étude des formes si variées que présente la famille des cactées , celle
des modifications qu’on observe sur les aloës, dans lesquels’on passe égale-
ment de la disposition curvisériée habituelle à des insertions pentastiques,
tristiques ou distiques, pourront probablement jeter beaucoup de jour sur
cette question. En effet, l'examen des rapports de position des divers or-
ganes des végétaux en est arrivé à un tel point que cette question ne peut
plus faire de nouveaux progrès que par la comparaison des systèmes les plus
différents et par l'étude des liens qui les unissent ou dés transitions qui
conduisent de l’un à l’autre. Quand on voit qu’il n’y a presque pas de dis-
position particulière des organes des végétaux qui ne soit susceplible de se
modifier dans des végétaux très peu différents par leur structure générale,
on est porté à penser qu'il existe une disposition primitive uniforme dont
toutes les autres ne sont que des modifications déterminées par des causes
particulières et l’on peut espérer d'arriver à reconnaître cette disposition
primitive et normale et la manière dont elle se modifie pour déterminer les
diverses dispositions secondaires.
( 621 )
» MM. Bravais ont fait faire un pas important à cette partie de l’organo-
graphie végétale en montrant qu’on peut ramener la grande majorité des
cas où les organes sont alternes et en spirale à une disposition unique dont
les cas particuliers ne seraient que des déviations légères.
» Les faits qui ont servi de base à leur travail sont nombreux et nous ont
paru étudiés avec plus de précision qu’on ne l'avait fait jusque alors; enfin
les connaissances mathématiques étendues de l’un d’eux, ancien élève dis-
tingué de l'École Polytechnique, leur ont permis d'arriver d’une manière
claire et précise à des conséquences qu’on ne pouvait obtenir sans cela que
par des tätonnements longs et fatiguants.
» Par ces motifs nous proposons à l’Académie de donner son approbation
au mémoire de MM. Bravais , dont nous proposerions même l'insertion
parmi les mémoires des Savans étrangers, s’il n’était prêt à paraître dans
un autre recueil, et de les engager à poursuivre leurs recherches sur les di-
versés questions relatives aux rapports de position des organes végétaux. »
Agronomie. — Rapport verbal sur un ouvrage de M. pr Marivaurr,
intitulé : Précis de l’histoire générale de l’agriculture; par M. Le B°
DE SYLVESTRE. (Extrait.)
« M. de Marivault a partagé son livre en deux grandes divisions : la pre-
mière estrelative aux temps les plus anciens dont l’histoire ait fait mention,
et la seconde a pour objet ceux qui se sont écoulés depuis la naissance de
J.-C. jusque vers la fin du 16° siècle. L'auteur a retracé avec sagacité et
concision, l’état de l’agriculture dans les premières époques de la civilisa-
tion, dont elle a toujours signalé l’origine et consolidé les progrès : il re-
cherche et décrit les procédés et les genres de culture pratiqués dans les
temps les plus reculés. Il nous fait connaitre la succession des produc-
tions agricoles, l’origine et le perfectionnement des instruments ruraux
employés par les différents peuples, les procédés économiques qui furent
successivement pratiqués pour la préparation de tous les objets de con-
sommation, et qui ont précédé ceux qui sont employés de nos jours
chez les nations civilisées.
» Dans sa seconde division, l’auteur décrit l’état de l’agriculture et ses
progrès pendant le moyen âge, et fait remarquer qu’une grande partie
des cultures et des procédés regardés généralement comme nouveaux ,
étaient connus et pratiqués très anciennement. M. de Marivault a ajouté à
chacune de ces deux divisions, des tableaux chronologiques ainsi que des
C.R. 1837, 197 Semestre. (T. LV, N° 47.) 85
{ 622 )
notes et des digressions savantes qui attestent sa profonde érudition.
L'ouvrage a aussi un mérite particulier qui est assez rare: c’est celui de
contenir un font grand nombre de faits importants dans un très petit
volume.
» Le Précis de l’histoire générale de Agriculture, dont M. de Marivault
fait hommage à l’Académie, nous paraît donc mériter d’être honorablement
déposé dans la bibliothèque de l’Institut, et nous pensons que l’auteur doît
être encouragé à continuer et à terminer l’intéressant ouvrage dont il a
publié les deux premières parties. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Æffets des défrichements.
M. Devèze de Chabriol transmet plusieurs documents historiques
tendant à établir que dans les environs de Saint-Flour, département du
Cantal, il y a eu un abaïssement de température résultant du déboisement
du pays. Ainsi, par exemple, des terriers des xm° et xrv° siècles prouvent
que la rampe de la colline de Saint-Flour était à cette époque cultivée en
vigne; aujourd'hui cette culture ne réussirait pas. Le châtaignier a aussi
disparu de plusieurs cantons où jadis il prospérait; enfin de nombreux
villages, situés près des sommités des montagnes, ont dû être abandonnés.
Les effets du déboisement sur les cours d’eau ne semblent pas moins
évidents: beaucoup d’anciennes sources ont tari.
M. Devèze , dans la même lettre, rappelle que les deux commissaires dé-
signés pour l'examen d’un mémoire qu'il avait précédemment adressé,
MM. Girard et Navier, sont morts depuis l’époque de cette présentation.
Une nouvelle Commission, composée de MM. Poncelet et Coriolis, est
chargée de faire le rapport sur le mémoire en question.
ERPÉTOLOGIE. -— Sur le genre Cœlopeltis, notamment sur une espèce de ce
genre qui se trouve en Europe , lacouleuvre de Montpellier (C. lacertina),
et sur quelques autres reptiles ; par M. WirGMANN.
( Commissaires, MM. Duméril, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — ÎVofe sur les fonctions du second ordre des racines
- des équations algébriques ; par M. CoyriEr père.
(Commissaires , MM. Libri, Sturm.)
( 623 }
BOTANIQUE. — Mémoire sur deux nouvelles espèces du genre Oncidium de la
Jamille des orchidées ; et sur quelques autres espèces peu connues du
méme genre; par M. A. Murer.
( Commissaires, MM. de Mirbel, Richard. )
MÉDECINE.—Mémoire sur lapeste chservée en É grpte, à Abou-Zabel, pendant
l'épidémie de 1835 ; par M. Perron, médecin à l'hôpital d’Abou-Zabel.
(Commissaires , MM. Magendie, Serres, Breschet. )
M. Chervin, en transmettant ce mémoire de la part de l’auteur , adresse
l'extrait d’une lettre écrite du Caire par M. Clot, qui, comme M. Perron,
soutient la non-contagion de la peste.
La lettre de M. Chervin est renvoyée à la Commission chargée de rendre
compte du mémoire de M. Perron.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— ]Vote sur un moteur hydraulique qui peut agir méme
étant complétement submergé; par M. Tissor.
( Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis. )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE.— Mémoire sur des patins-nageoires ; par M. DELATOUR.
(Commissaires , MM. Poncelet, Séguier.)
mérÉOROLOGIE.— 7'ableaux des observations météorologiques faites à Flacq
(ile Maurice), pendant les mois de novembre et de décembre 1836; par
M. DesraRDINs.
( Commissaire, M. Arago. )
Hypothèses astronomiques sur le flux de la mer, la cause du froid, etc.;
par M. Scxweicx ainé.
( Commissaires, MM. Damoïseau , Savary.)
L'auteur, dans la lettre d’envoi, annonce qu’il avait précédemment pré-
senté à l’Académie quelques idées à ce sujet, mais que n’ayant pas alors fait
connaître son nom, ce qu'il ne savait pas être nécessaire, sa note n'avait
pu être renvoyée à l'examen d’une Commission.
85.
(624)
CORRESPONDANCE.
céoGrapmie. — M. le Ministre de la Marine annonce à l’Académie qu’un
nouveau voyage de circumnavigation doit être entrepris dans quelques
mois, et que le commandement de cette expédition est confié à M. le capi-
taine Dumont-Durville, qui aura sous ses ordres deux bâtiments de l’État,
l’_4strolabe et la Zélée. È
« L’exploration des mers voisines du pôle austral, dit M. le Ministre, celle
du détroit de Magellan, la reconnaissance des îles de l'Océanie qui n’ont pu
être explorées dans le premier voyage de l’Astrolabe, la visite des côtes de
Bornéo et des établissements voisins, sont les principaux objets qui entrent
dans le plan du voyage, dont l'itinéraire a d’ailleurs été publié dans le Mo-
niteur. Je désire que l’Académie charge une Commission de rédiger les
instructions qui devront guider M. Durville dans les observations et les re-
cherches scientifiques à faire pendant sa campagne. Get officier supérieur
se rendra, du reste, au sein de l’Académie pour y donner, sur son futur
voyage, les éclaircissements nécessaires, en exposer le plan en détail, et faire
connaître les ressources dont il pourra disposer pour répondre aux vues
de l’Académie. »
La rédaction des instructions demandées par M. le Ministre, est con-
fiée à la Commission qui avait été précédemment chargée de rédiger les
Instructions pour le voyage de 4 Bonite, Commission composée de MM. de
Mirbel, Arago, Cordier , de Blainville, de Freycinet.
mépeoine. — M. le Ministre des Travaux publics , de l'Agriculture et du
Commerce rappelle à l'attention de l’Académie des dessins relatifs à la
vaccine , qu'il avait adressés en novembre dernier, et sur lesquels il de-
mandait un rapport. Ces dessins, exécutés sous la direction de M. James,
représentent, placées en regard, les fausses pustules vaecinales et les pus-
tuies vraies. M. le Ministre désire connaître l'opinion de l’Académie sur leur
exactitude et le degré d’utilité qu’ils peuvent présenter.
La Commission chargée de l’examen des dessins de M. James, sera priée
de hâter son rapport.
sysTèME Du MONDE. — M. le Ministre de l’Instruction publique rappelle
qu'un de ses prédécesseurs avait adressé, en juillet dernier, à l’Académie un
( 625 )
mémoire sur l’Astronomie, par M. Mangin, et annonce que l’auteur se
plaint de n’avoir reçu de l'Académie aucune réponse à ce sujet.
Il sera répondu à M. le Ministre que le mémoire de M. Mangin n’a point
été renvoyé à l'examen d’une Commission, la première lecture ayant suffi
pour faire reconnaître qu'il n’avait aucun titre à fixer l'attention de
l'Académie.
BOTANIQUE. — Ouvrage d'Albert le Grand sur les Végétaux. Extrait de
deux lettres de M. Meyer à M. de Mirbel.
« 24 février 1837. Je prépare une nouvelle édition d'Albert le Grand, De
vegetabilibus et plantis. Je me flatte d’avoir démontré la grande importance
de cet ouvrage , qui n’est négligé sans doute que par le double accident,
qu'il se trouve dans une vaste collection d’œuvres pour la plupart théolo-
giques, et qu’il y a un petit ouvrage, De virtutibus herbarum , dont l’auteur
a usurpé le nom d’Albert le Grand, qu’il a ainsi exposé au mépris des sa-
vants. Mais une simple édition nouvelle et correcte du véritable ouvrage
de celui-ci suffira pour restaurer sa gloire ancienne et bien méritée; car
il n’y a pas dans tout le moyen âge de naturaliste plus exact dans ses ob-
servations , plus éclairé et plus libre dans ses jugements.
» Pour rétablir le texte, impitoyablement corrompu, j'ai eu le bonheur
d'obtenir un excellent manuscrit de la bibliothèque de Bâle , qui touche à
peu près à l’âge même de l’auteur, et qui offrirait tout ce qu'on peut désirer,
s’il n’était malheureusement incomplet : il ne contient que les cinq pre-
miers livres ; le sixième et le septième manquent. La bibliothèque bota-
nique de Haller indique l'existence, dans la Bibliothèque royale de Paris,
d’un autre manuscrit du même ouvrage, coté sous le n° 6516 , et M. de
Humboldt m’assure que cette bibliothèque en possède même plusieurs
autres; j’espère qu'il me sera permis de faire prendre copie de la partie
dont j'ai besoin , surtout si vous voulez bien, Monsieur , appuyer ma pé-
tition.
» 8 avril. La joie que m'a fait éprouver votre lettre du 22 mars
et celle de M. Raoul Rochette, ne peut se bien comprendre qu’en con-
naissant l’excès de mon admiration pour notre vieux sorcier, qui dans
le miroir de ses ouvrages a montré d’avance à ses contemporains ignorants
les découvertes scientifiques des siècles futurs; par exemple, l’absence de
couches ligneuses dans le bois des palmiers, l’alternation des organes de
la fleur, l'influence de la configuration du terrain sur les climats, les con-
( 626 )
tradictions quise trouvent entre les véritables ouvrages d’Aristote et celui
sur les plantes: qu’on lui avait mal à propos attribué, etc. Mais permettez-
moi.que je décline l'honneur d’avoir le premier reconnu ce grand homme.
C'est plutôt M. Schneider, dans ses éditions de Théophraste et d’autres
auteurs, anciens, M. de Humboldt, dans son examen critique de la géo-
graphie du xv° siècle, et surtout M. Jourdain, dans son admirable essai
sur les traductions d’Aristote, qui l'ont justifié en général, de sorte qu’il
ne me reste qu'à rétablir sa réputation parmi les botanistes; c’est ce que
je devrai à votre secours, Monsieur, et à celui de M. Raoul Rochette, au-
quel je vous prie d'exprimer mes remerciments les plus vifs. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Pompe hydraulique.
M. £.-P. Bougrand demande que l’Académie veuille bien soumettre à
l'examen d’une Commission une pompe qu’il annonce comme construite
sur un nouveau système.
(Commissaires, MM. Poncelet, Coriolis. )
M. Taurinus demande à retirer un mémoire sur une Machine de réaction,
qu'il avait adressé il y a quelques semaines à l’Académie.
M. Dumont-Durville annonce qu'aussitôt qu'il sera de retour d’un voyage
en Angleterre, voyage qui ne doit pas durer plus de dix à douze jours, il
se rendra auprès de la Commission chargée de rédiger les instructions pour
le voyage de circumnavigation de l’Astrolabe et de la Zélée, en cas que
cette Commission juge sa présence nécessaire.
M. James adresse copie des procès-verbaux constatant les faits qu'il avait
annoncés par sa lettre du 17 avril : savoir, qu’il a trouvé le vaccin naturel
sur une vache de la commune de la Villette, qu’il en a fait usage pour vac-
ciner trois enfants, et qu'il en est résulté, pour ceux-ci, des pustules
offrant tous les caractères d’une vaccine régulière.
M. James, dans la-lettre qui,accompagne ces documents, annonce que les
pustules développées chez les: trois enfants. inoculés. directement avec le
vaccin naturel, ontservi. pour. vacciner d’autres enfants, mais que l’opé-
ration datant-seulement de trois jours, on ne peut encore connaître les ré-
sultats de cette transmission de bras à bras.
(627 )
À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La Commission chargée de présenter une liste de candidats, pour la
place d’académicien libre devenue vacante par le décès de M. Desgenettes,
présente, par l'organe de M. Séguier, la liste suivante :
1°. M. Bonnard,
2°. M. Orfila,
; 3. M. Eyriès,
4°. M. le duc de Rivoli.
Les titres de ces différents candidats sont discutés. L'élection aura lieu
dans la prochaine séance. MM. les membres en seront prévenus par billets
à domicile.
F.
BULLETIN BIBLIOGR À PHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires-des séances de l’Académie des Sciences;
1837, 1° semestre, n° 16.
Institut Royal de France.— Académie des sciences morales et politiques.
— Discours de M. Bérencer aux funérailles de M. Cours.
Annales de Chimie et de Physique ; par MM. Gax-Lussac et Arago ; tome
63, novembre 1836, in-8°.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macennié; 11° et
12° livraison, in-8°.
Description des Machines et Procédés consignés dans les brevets d'inven-
tion, de perfectionnement et d'importation , dont la durée est expirée, et
dans ceux dont la déchéance a été prononcée, publiée par les ordres de
M. le Ministre du Commerce ; tome 30 , in-4°.
Douzième supplément du Catalogue des Spécifications des brevets d'in-
vention , de perfectionnement et d'importation (année 1836); in-8.
Considérations historiques sur les Sciences naturelles; par M. Isivors
Grorrroy SainT-Hiraire ; in-8°.
Annales des Sciences naturelles ; tome 6, novembre 1836,
Mémoire sur quelques particularités des organes de la déglutition de la
classe des Oiseaux ou des Reptiles, pour servir de suite à un premier mé-
moire sur la langue; par M. Duverwoy ; in-4°.
( 628 )
Plusieurs notes sur quelques Ossements fossiles de l'Alsace et du Jura;
par le méme ; n-4°.
De l'Impôt; par M. le baron de Morocuss; in-8°.
Sur la grande , la moyenne et la petite Culture ; par le même ; in-8°.
Typographie économique ; par M. ne Lasrevrie ; 1837, in-8°.
Mémoire sur la nécessité de reviser la législation actuelle concernant les
enfants trouvés abandonnés et orphelins pauvres; par M. le comte vx
Boxny; Auxerre, 1835, in-8°. (Cet ouvrage est réservé pour le Concours
de Statistique.) À
Nouvelles observations de Guérisons de calculs urinaires au moyen des
eaux thermales de Vichy; par M. Cu. Perir; in-8°. (M. Robiquet est chargé
d’en rendre un compte verbal.)
Mémoire sur les luxations du poignet et sur les fractures qui les simulent;
par M. J.-F. Maicaiene; 2° édition, Paris, 1833, in-8°.
Mémoire sur la Dane des diverses espèces de luxation de la ro-
tule, leurs signes et leur traitement ; par le méme; in-8.
Sur la détermination du siége et du diagnostic différentiel des luxations
scapulo-humérales ; par M. 3.-F. Marcus; in-4°. (Extrait des Mémoires
de l’Académie Royale de Médecine.)
(Ces trois ouvrages sont renvoyés au Concours de Médecine et Chirurgie.)
Traitement spécial des Affections scrofuleuses; par M. F.-A. Verenres;
1837, in-8°. ( Réservé pour le Concours de Médecine et Chirurgie.)
Exposé sommaire de la constitution des États-Unis d'Amérique ; par
M. Duroxceav, traduit de l’anglais, par M. »'Homercur; Paris, in-8°.
Quelques Observations d'Helmintholog gie; par M. Cu. Lerronn; in-8°.
(Extrait des Annales des sciences Snrelleet)
Flore française d'herborisation ; 1 vol. in-12, avec planches in-8°.
Nuove Ricerche.... Nouvelles Recherches sur le Phénomène extraor-
dinaire de la perforation, par des folades, des colonnes du temple de Sé-
rapis à Puzzol; par M. Exesr Caroccr. (M. Arago rendra un compte
verbal de cet ouvrage.)
Supplement..….. Supplément à l'histoire de J. Fiamsrren, premier astro-
nome royal; par M. F. Bary ; Londres, 1837, in-4°.
Philosophical.... Transactions Pope de la Société Royale de
Londres , pour 1836; 3° partie, Londres, 1836, in-4°.
Address. .Discours prononcé à la séance Foie de la Société Royale,
par S. A. le duc de Sussex, Président de la Société ; Londres, 1836,
in-4°.
( 6:9)
Fellows.... Liste des membres de la Société Royale de Londres , au 30
novembre 1836 ; in-4°.
Proceedings. .….Procès-verbaux de la Société Royale de Eondres; n° 26
et 27 ( 2 juin, 29 novembre 1836), in-8°.
Transactions. . Transactions de la Société philosophique de Cambridge ;
vol. 6, partie 1", Cambridge , 1836 ; in-4°.
A. Cet. .. Catalogue de la Collection des Quadrupèdes et des
Oiseaux de La hurle qui se trouvent dans le Muséum de la
Société philosophique de Cambridge ; Cambridge, 1856, in-12.
Astronomical. . .. Observations astronomiques es à l'Observatoire
Royal de pra dans l'année 1835, sous la direction de MM. Pop et
Biperr Airy; 5° parlie, contenant la réduction des observations ; Londres,
1836,1n-folio.
Astronomical... . Observations astronomiques faites à l'Observatoire de
Cambridge, dans l'année 1855; par M. Biporze Airy ; vol. 8, Cambridge,
-1836.
The Transactions... Transactions de l'Académie Royale d'Irlande ;
tome 17, Dublin, in-4°.
Proceedings. ...Procès-verbaux des séances de l'Académie Royale
d'Irlande ; n° x et 2 (24 octobre 1836 — 23 janvier 1837), in-8.
Observations... Observations sur quelques-unes des couches comprises
entre la craie et l'oolite d'Oxford, dans le sud-est de l'Angleterre; par
M. W.-H. Firrow; Londres, 1856, in-4°. (Extrait des Transactions de la
Société géologique de Londres.)
Geological notice... Notice géologique sur le pays traversé par le capi-
taine Back, dans sa dernière expédition au nord de l'Amérique; par le
méme ; in-0°.
Athenœum....Journal de littératures anglaise et étrangère, sciences et
beaux-arts; années 1853, 1854, 1835 et neuf premiers mois de 1836,
in-4°.
Description. Description de l Argule du Catostome , nouvelle espèce de
crustacé parasite ; par MM. J.-D. Dana et E.-C. Herrick; in-8°.
State of New-Vorck ... Communication faite par le gouverneur de
l'État de New-Forck, à orblée législative, séance du 11 février 1837,
sur les travaux entrepris pour la carte géologique de État de New-Forck;
in-8°.
Astronomische... Nouvelles astronomiques de M Scnumacxer: n° 526,
in-4°.
CR. 1837, 1©7 Semestre, (T. IV, NO 47.) 6
[@s)
( 630 )
Berichtuber.. . Analyse des mémoires lus à l'Académie des Sciences de
Berlin, et destinés à l'impression , pendant le mois de février 1837; in-8°.
Herpetelogische. .. Notice herpétologique ; par M. Wrecwa ; in-8°. (Ex-
trait des 4rchives d'histoire naturelle, publiées par le même.)
Observaciones.. . Observations faites à l'Observatoire Royal de San Fer-
nando , pendant l'année 1854; publiées conformément aux ordres de S. M.;
par Don J. Sancuez CerqQuERo, directeur de cet observatoire; San-Fernando,
1836, in-f°.
Catalogue des Lépidoptères ou Papillons de la Belgique ; par M. ve Ss-
zys-Lonccawps; Liège, 1837, in-8°.
Asmales de la Société Royale d'Horticulture de Puris ; tome 20, 114° li-
vraison , mars 1837, in-6°.
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; par M. Mi-
QUEL; tome 12, 7° livraison , in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 5, n° 16, in-4.
Gazette des Hôpitaux; tome 11, n*% 46— 48, in-4°.
La Presse médicale ; tome 1, n° 3r et 32, in-4°.
Écho du Monde savant; n°° 67 et 68.
La Phrénologie; tome 12, n°° 1 et 2.
Publicateur des côtes du Nord; n° 15.
Erratum. (Séance du 5 avril 1837.)
Page 593, cinquième ligne, en remontant : de Colombat , lisez Colombot.
. COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MERCREDI 5 MAI 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. —Remarques sur l'intégration des équations diffe-
rentielles de la Dynamique ; par M. Porsso.
« En combinant le principe de d’Alembert avec celui des vitesses vir-
tuelles, Lagrange est parvenu à une formule générale d’où il a déduit, sous
la forme la plus simple, les équations différentielles du mouvement d’un
système quelconque de points matériels. Certains coefficients qu'il intro-
duit dans ces équations font connaître, en grandeur et en direction, les
forces intérieures qui naissent de la liaison mutuelle des points du système,
exprimée par des équations données entre leurs coordonnées. La considéra-
tion de la surface sur laquelle chaque mobile doit demeurer en vertu de
chacune de ces équations, détermine seulement la direction de la force
correspondante à. cette équation, et qui doit être normale à cette surface,
Les intensités des forces intérieures ne seraient donc pas connues d’après
cette seule considération, mais le principe de d’Alembert montre qu'elles
sont dues aux forces perdues à chaque instant, et les mêmes d’ailleurs,
| GR 1837, n9 Semestre, (IT. IV. N° 48.) 87
( 635 )
dans l’état de mouvement que dans l’état d'équilibre; en sorte qu’on doit
les déterminer au moyen du principe des vitesses virtuelles, appliqué à ces
dernières forces. La combinaison de ces deux principes, dont Lagrange a
fait la base de la Mécanique analytique, était donc nécessaire pour la déter-
mination complète des forces intérieures. Quant aux forces extérieures , ap-
pliquées aux mobiles, elles proviennent, dans la nature, d’attractions ou
de répulsions qui émanent de points fixes ou mobiles , et sont alors don-
nées par hypothèse; ou bien elles résultent , comme dans les fluides et les
corps élastiques , d'actions moléculaires qui ne s'étendent qu’à des distances
insensibles; et c’est, dans ce dernier cas, un problème appartenant à la
Mécanique physique , de déterminer leurs résultantes. Quelle que soit l’o-
rigine des forces extérieures, si on les suppose données, le problème de la
Dynamique est aujourd’hui complétement résolu , en ce sens qu’il est ré-
duit à une question de pure analyse, c’est-à-dire à l'intégration d’un sys-
tème d'équations différentielles du second ordre. Mais presque toujours on
est obligé de recourir à des méthodes d'approximation très compliquées,
pour effectuer cette intégration; et il est singulier que dans les ques-
tions qui paraissent très simples, dans le cas , par exemple, du mouvement
de trois points qui s’attirent mutuellement, on ne connaisse pas d’autres
intégrales exactes de ces équations, que celles qui sont communes à tous
les problèmes, et qui sont fournies par les principes généraux du mouve-
ment du centre de gravité, des aires, des fonces vives. Cependant la forme
remarquable des équations différentielles de la Dynamique, semblerait de-
voir donner quelque facilité pour leur intégration. Un examen approfondi
de ce point d’analyse est l’objet des réflexions suivantes (1). Elles m'ont été
suggérées par la lecture d'un mémoire fort intéressant que M. Hamilton,
astronome royal de Dublin, a inséré dans les, Transactions philosophiques
de Londres (2), et qui a pour titre : On a general Method in Dynamics.
» On trouvera à la fin de ces remarques, la démonstration des résultats
que M. Jacobi a énoncés dans une lettre écrite l'an dernier à l'Académie (3),
et qui se rapportent, comme on le verra, à la méthode d'intégration pro-
posée par M. Hamilton. »
(1) Leur étendue ne permet pas de les donner dans le Compte rendu ; elles seront pu
bliées incessamment dans le Journal de M. Liouville.
(2) Compte rendu de la séance du 18 juillet 1836.
f3) Année 1834, seconde partie.
(633)
PALÉONTOLOGIE. — Sur les ossements fossiles attribués au prétendu géant
Teutobochus ; par M. DE BLAINVILLE.
« L'Académie se rappellera peut-être qu’à l’occasion d’ossements fossiles
trouvés relégués dans un grenier à Bordeaux, par M. Jouannet, ossements que
la tradition regardait comme ceux mêmes qui avaient été le sujet de Pimpos-
ture de Mazurier sur le fameux géant Teutobochus, et dont ja découverte fit
tant de bruit au commencement du xvuf siècle, j’eus l'honneur de lui lire
un mémoire qui depuis a été imprimé dans les nouveaux mémoires du
Muséum d'Histoire naturelle de Paris. Malgré la grande vraisemblance qu’il
y avait à admettre que ce rapprochement n’était pas éloigné de la vérité,
je ne pus cependant dissimuler qu’il ne pouvait y avoir certitude, le nom-
bre des os et même leur nature n'étant pas tout-à-fait les mêmes dans le
dépôt de Bordeaux et dans celui du Dauphiné, certaines pièces étant indi-
quées dans l’un qui n’existaient pas dans l’autre. Je ne voyais pas non plus
sans quelques difficultés, comment ces ossements transportés à Bordeaux
par Mazurier y étaient restés enfouis depuis si long-temps, et jusqu’en
1835; tandis que, dans une lettre adressée à l’abbé Desfontaines , en 1744,
un anonyme, mais très probablement en position de bien savoir, assurait
que ces os confiés à Mazurier pour étre transportés à Paris, avaient été
réintégrés chez M. le marquis de Langon, où ils se voyaient à cette époque.
On pourrait cependant supposer qu’une partie seule avait été rendue et
qu’une autre était restée engagée à Bordeaux pour payer l’écot du mal-
heureux montreur d'os; mais tout cela n’était pas la vérité. Cependant,
quoique j'aie très probablement trop insisté sur la probabilité que les osse-
ments trouvés à Bordeaux étaient ceux de Langon, mon erreur aura été
compensée par cetavantage que le mémoire dans lequel elle a été consignée
aura déterminé de nouveaux renseignements sur les impostures de Ma-
zurier.
» Je mets en effet. sous les yeux de l’Académie une bonne partie des
pièces du procès qui m'ont étéfort gracieusement remises et confiées, il y
a déjà quelque temps, par le fils et au nom de M. le comte de Saint-Fé-
réol, héritier, en 1828, de madame la marquise de Ganteron, dernier re-
jetor de la famille de Langon.
» Ces pièces consistent dans les originaux des lettres et actes que j'ai cités
dans mon mémoire, savoir :
» La lettre de Louis XIII;
»Le récépissé du sieur de Bagaris;
87.
(634 )
» Une lettre du même pour transmettre à M. de Langon les désirs du
roi ;
» La lettre du connétable de Lesdiguières;
»Une copie du procès-verbal forgé par Mazurier ;
» Les deux petites médailles d'argent trouvées, suivant ce chirurgien, dans
le tombeau avec les ossements, et qui ne sont évidemment, comme l'avait
très bien présumé Peiresc, que des médailles de Marseille, ce qui m’a été
confirmé par M. Mionnet;
»Plus la dent de la grosseur et de la forme d’un ongle de bœuf , dont
parle le récépissé du sieur de Bagaris, avec deux portions d'os assez gros,
l’une d’humérus , et l’autre de l'os des îles, provenant d’un animal évidem-
ment beaucoup plus grand que celui dont les ossements ont été envoyés de
Bordeaux ; mais qui ont également appartenu à un mastodonte. Quant à la
dent, elle nous a paru , au contraire, plutôt provenir d’un rhinocéros que
d'un mastodonte; mais d’un rhinocéros presque aussi grand que le Dino-
1
thérium.
» Du reste, le fils de M. Saint-Ferréol m’a bien assuré qu’il n’existe ac-
tuellement au château de Langon aucune pierre, aucune brique provenant
du tombeau mentionné dans le procès-verbal de Mazurier, mais seulement
une assez grande quantité d’ossements brisés, et gros comme lès deux
poings au plus.
» Quant aux conclusions scientifiques de mon mémoire, elles restent Îles
mêmes ; seulement il faut remarquer qu'outre le squelette presque entier
d’un mastodonte de très grande taille, trouvé en 1613, à Langon, dans un
terrain d’alluvion, un autré avait été également recueilli en France, mais
sans qu’on puisse dire, avec quelque probabilité, l'époque et le lieu de sa
découverte.
». Il faut'aussi regarder comme une nouvelle preuve de la supercherie de
Mazurier, l'existence d’une dent de rhinocéros avec les ossements de mas-
todonte, qu’il donnait cependant comme ayant fait partie du même sque-
lette de géant enfermé dans le même tombeau. »
ORGANOGRAPHIE. — Observations sur la structure de l'organe rotatoire
des rotifères ; par M. Durrocuer.
« L’organe rotatoire que possèdent les rotifères a été diversement consi-
déré par les naturalistes. Leeuwenhoeck considère cet organe comme étant
composé de deux véritables roues qui exécutent un mouvement de rota-
tion ; Spallanzani regarde ces roues prétendues comme une suite de bras ou
(635 )
de cils disposés circulairement, et qui par leurs vibrations rapides offrent à
l'œil l'image trompeuse d’une rotation. Cette dernière opinion est au jour-
d'hui assez communément adoptée. Les rotifèressont généralementsi petits
que les meilleurs microscopes ne pourent faire voir la véritable structure
de leur organe rotatoire. Parmi eux il n’en est qu’un seul chez lequel cette
structure se puisse apercevoir; c'est celui qui est désignée par: Lamarck
sous le nom de ubicolaire quadrilobée ; c’est véritablement le géant des ro-
tiféres caril a près d’an millimètre de longueur. Schæœffer a étudié, il y a
environ soixante ans, ce rotifére qu’il nomme polype à fleur. J'ai publié
en 1812 mes observations sur ce même rotifère dont l'organe rotatoire
large de deux dixièmes de millimètre se voit facilement avec un assez
faible grossissement. Cependant je ne pus alors distinguer d’une manière
exacte, la structure de cet organe avec le microscope non achromatique
dont je me servais. Grâce aux perfectionnements que le microscope a re-
çus depuis, j'ai pu voir dans tous ses détails la structure de cet organe dont
le curieux mécanisme n’a point d’autre exemple chez les animaux.
» L’organe rotatoire de la tubicolaire quadrilobée est situé sur le bord
évasé d’une sorte d’entonnoir membraneux que l’animal ploie à volonté en
deux ou en quatre lobes. La bouche est située au fond de cet entonnoir
dans lequel se précipitent les globules de matière verte flottants dans l'eau,
et cela par l'effet du tourbillon que produit dans ce liquide le mouvement
de l'organe rotatoire qui couronne l’entonnoir. Lorsqu'on observe cet or-
gane)rotatoire avec un grossissement médiocre, il paraît composé de petites
boules placées d’une manière alterne sur le bord de l’entonhoir. Ces petites
boules animées d’un mouvement qui n’est pas rapide et que l'œil suit avec
facilité, parcourent les unes à la suite des autres toute la circonférénce du
bord de l'entonnoir, lequel est bilobé ou quadrilobé. 11 est évident que
c'est leur progression simultanée et sinueusement circulaire qui exprime le
mouvement de tourbillon à l’eau-environnante li n’existe là aucune appa-
rence de cils vibrants. :
» Un grossissement de 300 fois le diamètre, fait apercevoir la véritable
structure de cet organe rotatoire, structure que je vaïs tâcher de faire com-
prendre: sans le secours de figures. Tout le monde connaît ces fraises qui
servaient de collerettes' dutemps d'Henri IV, et qui se reproduisent sous
d’autres formes dans la toilette de nos dames : une bande de tissu plus lon-
gue que le tissu sur lequel-elle est fixée par l’un de ses bords longitudinaux,
est ployée en plis arrondis qui alternent dans leur direction. Or, telle est
d’une manière exacte la structure de l'organe rotatoire de la tubicolaire
(636 )
quadrilobée; c'est une véritable fraise à plis ou à festons arrondis et alter-
nes. Or chacun de ces festons change continuellement la portion de la
fraise qui sert à le former, empruntant, par exemple, sans cesse à son
voisin de droite la portion de fraise qui le forme actuellement'en se l'ap-
propriant, tandis que ce feston voisin en fait autant relativement au feston
qui l’avoisine à droite, et cela a lieu de même et en même temps par rap-
port à tous les autres festons. Il résulte de là qu’en attachant l'œil à un de
ces festons, on le voit marcher de gauche à droite et parcourir ainsi le
pourtour de l’entonnoir. Or, comme tous les-festons en font autant, on
croit voir tourner une roue dentée ou plutôt composée de petites boules
alternes, car, par uneillusion d'optique, les sommets des plis arrondis ou des
festons alternes sont pris pour des petites boules alternes, et le mouvement
ondulatoire de.ces plis arrondis est pris pour une progression de la matière
qui compose ces mêmes plis; mais dans le fait; c'est /a Jorme seule: qui se
déplace ici et non la matière, Ge mouvement est exactement semblable à
celui des flots que la chute d’une pierre produit. dans l’eau. Chacun de ces
flots s’avance en employant successivement pour sa formation les-parties
successives dela surface de l’eau; la même eau fait partie successivement
de l'intervalle concave ou déprimé des flots et de leur partie convexe ou
saillante. Or, comme ce mécanisme n’est point perceptible à l'œil,.ily a
ici une illusion d'optique qui porte, de prime abord, à croire que l’eau
qui constitue le flot se déplace ici par un mouvement de progression,
tandis que, dans le fait, c’est la forme du flot et non la matière, qui affecte
un mouvement de progression. C’est très exactement la méme chose qui a
lieu dans les plis arrondis ou onduleux de la fraise qui constitue l'organe
rotatoire des rotifères. Ces plis représentent des: ozdes solides qui ont un
mouvement de.progression circulaire, lequel, par une illusion d'optique,
qui.est complète, fait croire à l'existence d’un véritable mouvement de
rotation. Ces ondes solides , par leur progression circulaire, poussent devant
elles l’eau ambiante et lui impriment un mouvement de tourbillon, exac-
tement comme le ferait une roue munie de palettes qui tournerait Potier
talement dans une eau tranquille.
» Lorsque la tubicolaire quadrilobée commence à déployer son organe
rotatoire, cet organe , qui n’offre point alors.de mouvement de rotation,
présente une multitude de bras ou de cils assez gras et qui sont dans une
se très vive. La scène change | l'instant d’ après; les bras disparaissent et
l'organe rotatoire se présente comme il a été dit plus haut. Il résuigile cette
observation que l'existence des bras ou des cils ne peut ici être mise en
(637 )
doute; que deviennent-ils donc lorsque la rotation est établie? J'ai vu que
ces prétendus bras ou cils sont produits par un autre mode de plicature de
la fraise; celle-ci avant de se ployer en plis arrondis, commence par se
ployer en plis aplatis et ce sont ces plis aplatis qui s'agitent avec rapidité
et qui simulent des bras ou des cils. Ainsi les naturalistes qui ont admis
chez les rotifères des cils vibrants et ceux qui ont admis chez eux une
sorte de rotation, ont eu également raison. L’agilation vibratile des pré-
tendus cils ne produit point dans l’eau de mouvement de tourbillon; c’est
par le moyen de cette agitation que nage le rotifère ressuscitant, ainsi que
la dit Spallanzani; les plis aplatis de sa fraise lui servent alors de na-
geoires pour le porter en avant. Lorsqu'il veut produire dans l’eau le tour-
billon qui précipite dans sa bouche les petits corps flottants dont il fait sa
nourriture, il se fixe sur un corps solide par l’extrémité de sa queue, et,
ployant sa fraise en plis arrondis, il imprime à ces plis un mouvement d’on-
dulation circulaire de la même manière que cela a lieu chez la tubicolaire
quadrilobée. » :
RAPPORTS.
M. Poisson lit, au nom d’une Commission, le programme du Prix de
sciences mathématiques qui sera proposé dans la prochaine séance pu-
blique.
M. Dumas , au nom de la Commission du Prix relatif aux moyens de
rendre un art ou un métier moins insalubre, lit un rapport sur les diffé-
rentes pièces adressées pour ce concours.
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin à la nomination d’un Académi-
cien libre pour la place devenue vacante par le décès de M. Desgenettes.
Avant qu’on recueille les suffrages, le Secrétaire annonce qu'il a reçu
une lettre par laquelle M. Orfila se désiste de la candidature.
Le nombre des votants est 54. Au premier tour de scrutin,
« M. de Bonnard obtient 44 suffrages,
M:Eyriès/s 22.004),
M. Orfila.......... CÉLILDRE ©
Il y a un billet blanc.
M. de Bonnard ayant réuni la majorité absolue de suffrages est déclaré
élu ; sa nomination sera soumise à approbation du Roi.
(638)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE. — Mémoires d'optique météorologique ; par M. BABINET.
Q pq 8tquez p.
(Commissaires, MM. Arago et Dulong.)
(Les extraits qui suivent ont été rédigés par l’auteur des mémoires:)
I. SUR LE CERCLE PARHÉLIQUE.
« La coustitution atmosphérique qui donne naissance aux halos de
220 et de 46°, produit aussi quelquefois un cercle blanc parailèle à l’hori-
zon dont la largeur «est la même que celle de l’astre illuminant, et dont
la circonférence { circonstance remarquable) passe par le Soleil ou par la
Juné, tandis que les halos, les couronnes, les arc-en-ciels ont pour
centre l’astre qui les produit ou le point situé à l’opposite sur la sphère
de chaque observateur. C’est sur,la circonférence de ce cercle, et un peu
en-dehors des halos, que se trouvent les brillants parhélies dus à la réfrac-
tion oblique minimum des prismes de glace dont l'axe est vertical ; aussi
ce cercle est-il bien désigné par les noms caractéristiques de cercle blanc,
cercle horizontal, cércle parhélique, qui tous le distinguent des autres
phénomènes qui l’accompagnent. On remarque, en compulsant les obser-
vations de halos que contiennent les recueils académiques, que la partie
de ce cercle qui est intérieure au halo de 22° est beaucoup plus faible que
la partie extérieure, c’est-à-dire celle qui est à une distance de l’astre plus
grande que 22°. Enfin il se produit quelquefois une ligne verticale de
lumière blanche qui passe aussi par l’astre, et qui jointe à la portion du
cercle parhélique intérieure au premier halo, quand cette partie existe
seule, donne une croix! blanche à branches verticales ‘et'horizontales,
encadrée dans le halo ; cette croix peut mème exister sans le halo, ce qui
résulte et de l'observation et de la théorie. On peut voir, dans le voyage
récent du capitaine Back, le dessin. d’une jolie apparence lunaire compre-
nant la Lune avec une croix blanche terminéeau halo, un halo de 22e,
et quatre parasélenes aux quatre extrémités des branches de la croix.
» Pour rendre raison de ces apparences, on serappellera que la théorie
des halos démontre, au moment de l'apparition du phénomène, l'exis-
tence de prismes de glace, flottant dans toutes les directions dans lat-
mosphère. Les dimensions des halos sont d’accord avec l'explication de
( 639 )
Mariotte, qui admet qu'ils sont produits par la réfraction minimum de
prismes de glace d’un angle de 60°. Ils ont en effet, comme les couleurs
produites par réfraction, le rouge en-dedans, tandis que les couronnes
(dont le diamètre est d’ailleurs variable) ont le rouge extérieur, comme il
convient aux phénomènes de couleurs auxquels la diffraction donne nais-
sance. Enfin M. Arago a confirmé l'explication de Mariotte (qu'il avait
tirée lui-même de l'oubli), en montrant, au moyen du polariscope que
_ lui a fourni sa polarisation chromatique, que la lumière des halos est po-
larisée par réfraction, c’est-à-dire dans un plan perpendiculaire à la ligne
qui joint l’astre et le point du halo que l’on consifière.
» J'ajouterai que l'existence des parhélies latéraux, et leur écart en
dehors du halo de 22°, qui est d’autant plus grarid que lastre est plus
élevé sur l'horizon (ce qui provient d’une réfraction minimum plus obli-
que, et par suite plus grande dans des prismes dont l’axe est vertical),
que l'existence, dis-je, de ces parhélies, établit l'existence de prismes de
glace dont l’axe est vertical, et qui sont en plus grande abondance dans
cette situation que dans toute autre.
» L'existence de ces prismes une fois admise, on voit facilement que, si le
phénomène a quelque durée, et que les prismes formés à la partie supé-
rieure d’un nuage d'épaisseur uniforme ne se fondent pas trop vite en
retombant dans l’intérieur du nuage, ces prismes, en traversant l'air, se
disposeront par la loi de moindre résistance, de manière que leur axe soit
vertical ainsi que leurs faces latérales, tandis que les deux bases seront
horizontales si la plus grande dimension de ces prismes est suivant leur
axe; et que si cet axe est très court et le cristal très peu épais, très com-
primé, formant une espèce de lame hexaëèdre ou 1rièdre, il tombera en
présentant le tranchant, et qu’il en résultera qu’alors les deux bases seront
à leur tour verticales et l’axe horizontal.
» Les faces verticales des prismes qui sont dans la première position et
les bases également verticales de ceux qui sont dans la seconde peuvent
. donc être considérées comme autant de miroirs verticaux qui renvoient
au spectateur la lumière réfléchie de l’astre illuminant et qui en offrent
une image située à la même hauteur que l’astre et à une distance angulaire
double de l'angle que fait le rayon incident avec la face du miroir. Ainsi,
une face verticale plane dont l’azimut par rapport à l’astre est de 45°, ré-
fléchit la lumière qui la frappe à une distance de 90° de l’astre et comme il
existe des faces verticales dans tous les azimuts possibles , il se forme une
apparence lumineuse horizontale , de même largeur que lastre illuminant,
C.R. 1837, 1er Semestre. (T. IV, N° 48.) 88
( 640 )
et incolore, parce qu’elle doit sa naissance à la réflexion. Ce de blanc
doit de plus étre complétement polarisé à des distances convenables du
Soleil ou de la Lune; observation qui n’a point encore été faite dans la
nature, mais que je n’ai pas négligée surla reproduction artificielle du phé-
nomène, comme je le dirai-plus bas.
» Le cercle parhélique doit passer par l’astre éclairant, puisque les faces
spéculaires verticales des prismes qui le produisent , donnent, quand elles
font un très petit angle avec le rayon incident, une image de l’astre très
peu distante de l’astre lui-même; et si cet angle est nul, l’image coïncide
avec l’astre, ce quin ’autmente point cependant alors la lumière directe,
puisque, dans ce cas, laprojection de la face du prisme dans le sensdu rayon
incident est nulle.
» Enfin le moindre éclat du cercle parhélique dans l’intérieur du halo
de 22° s'explique très bien en remarquant que dans l'intérieur du halo ( le-
quel résulte d’une déviation ou réfraction minimum ) aucun prisme ne peut
ajouter par réfraction à l’illumination du cercle parhélique, tandis qu'en
dehors de cehalo, ou plus strictement encore, en dehors des parhélies, les
prismes verticaux ajoutent de la lumière réfractée horizontalement à la
lumière réfléchie horizontalement par les faces verticales.
- » Pour compléterla théorie detousles phénomènessans couleur qui accom-
pagnent les halos, il reste à dire que la trainée blanche verticale qui, dans
les régions du nord, précède l'apparition du soleil et se montre aussi au-
dessous de lui quand il est élevé sur l'horizon , résulte des faces des prismes
dont l’axe est horizontal; position que doivent affecter en tombant au
travers de l’air ceux dont l’axe est très court comparativement aux dimen-
sions de la base. Celles de ces faces qui appartiennent aux prismes dont
l'axe horizontalest en même temps perpendiculaire au plan vertical passant
par l’astre et l'observateur, doivent réfléchir, et réfléchir seules dans ce
même plan , une série d'images formant une ligne lumineuse verticale
passant par le Soleil et s'étendant également en-dessus et en-dessous. La
cause qui rend incomplet ce phénomène et les autres du même genre est la
grande distance des nuages qui produisent par refroidissement les prismes
de glace à leur partie supérieure ( distance telle que souvent d’autres nua-
ges chassés par le vent, passent entre l'observateur et leshalos ) et la grande
étendue angulaire de ces apparences, car le cercle parhélique fait sou-
vent le tour entier de l'horizon. Il en résulte qu’une très grande étendue
de surface de nuage coopère à leur production ; et qu’un manque d’uni-
formité dans cette constitution atmosphérique fait naître de suite des mo-
(GA)
difications correspondantes dans les apparences qui en résultent. C’est ce
quise voit plus manifestement encore quand on étudie par quelles périodes
se développent et s’éteignent les diverses phases de ces phénomènes com-
pliqués.
» Voyons maintenant à reproduire artificiellement le cercle parhélique.
L'observation des cristaux fibreux taillés perpendiculairement à l'axe, tels
que le saphir, la topaze, la tourmaline, l’aigue-marine , le quartz œil-de-
chat , c’est-à-dire pénétré d’asbeste en filaments , le quartz fibreux, le gypse
fibreux, larragonite et le spath fibreux le grenat astérique taillé dans
tous les sens perpendiculaires aux fibres qui donnent les rayons de l’astérie
à quatre et à six branches , le disthène, le diopside, la witherite, ou baryte
carbonatée -enfin un nombre indéfini de cristaux soit fibreux dans un seul
sens (comme le gypse fibreux), soit traversés de fibres dans des directions
multiples, directions que j'ai toujours reconnu correspondre à lintersec-
tion de plans parallèles aux faces de cristallisation qui donnent ou qui ne
donnent pas de clivage ( ce qui en fait un caractère important en minéralo-
gie, comme, par exemple, le saphir, le grenat, l’'émeraude, le zircon); tous
ces cristaux, dis-je, taillés perpendiculairement à leurs fibres, donnent naïs-
sance à un cercle passant par le soleil, par la lune ou par une flamme de
bougie ou de lampe que l’on regarde au travers. Ce cercle a son plan per-
pendiculaire à la direction des fibres, et son diamètre varie à mesure qu’on
augmente l’inclinaison entre la direction de l’axe ou des fibres du cristal,
et les rayons incidents. Si l’on met ces fibres miroitantes verticales comme
les axes des prismes qui donnent le cercle parhélique de la météorologie,
on obtient artificiellement un vrai cercle parhélique, incolore, horizontal,
convenablement polarisé, passant par le Soleil, par la Lune ou par la
flamme de la bougie.
» Si au moyen d’un bel échantillon de cristal fibreux, ae exemple,
d’aigue-marine ou de tourmaline, on regarde l’image colorée du soleil
transmise par un prisme de flint-glas placé devant le cristal, on obtient
une des plus belles apparences de l'optique. Les diverses couleurs se dé-
ploient alors en cercles concentriques, analogues aux plus brillants effets
d’arc-en-ciel, et l’on peut au moyen d’un léger déplacement de l'axe du
cristal, mettre à volonté le rouge ou le violet au-dedans de la bande circu-
laire, et passer de la disposition des couleurs qui appartient au prerhier
. arc-en-ciel à celle qui est spéciale au second, c’est-à-dire le rouge en
dedans.
»Si l’on intercepte une partie des rayons colorés du spectre, on peut en
88.
( 642)
suite mêler les autres par ce procédé très simple , et si, par exemple, on
met devant une bougie un verre jaune, et devant une autre bougie un
verre bleu, et qu’en dispose le cristal de manière à faire coïncider les deux
cercles parhéliques, on aura un cercle parhélique de couleur verte, prove-
nant du mélange du jaune et du bleu.
» Enfin, j’ajouterai que la possibilité de voir très nettement, au travers du
cristal, des objets quelconques, en même temps que le cercle parhélique
traverse le champ de la vision, m'a permis de prendre quelques mesures de
distances et de halos, par la mesure du déplacement de l'axe du cristal, qui
est toujours égal à la moitié du diamètre du cercle parhélique (1); mais sans
vouloir ici pousser l'importance de cette observation au-delà de la repro-
duction artificielle complète d’un phénomène de la nature, je réserverai
l'emploi de ce cercle parhélique comme un caractère très général de cris-
tallisation dans la minéralogie, où il peut servir à reconnaître l’existence de
fibres d’ailleurs imperceptibles, mais dont la direction, comme je l’ai déjà
dit, est parallèle à des intersections de plans de cristallisation, et je ferai
voir, par exemple, qu'indépendamment de ce caractère il doune encore
l'explication complète de l’astérie du saphir et du grenat, phénomène dont
M. Beudant, dans la dernière édition de son Traité de minéralogie, à dit,
même après ce qu’en avait écrit Haüy: « Ce phénomène est un fait dont on
n'a pas d'explication. » (Minéralogie, 1830,t, 1, p. 299.)
II. SUR LES ÇOURONNES.
» Les couronnes sont des cercles colorés, concentriques au soleil et à la
lune, d’un diamètre variable entre 1° + et 4° pour la couronne intérieure.
Ces couronnes sont quelquefois au nombre de trois ou quatre et, comme
tous les phénomènes de diffraction, elles ont le rouge extérieur et le vio-
let intérieur, disposition analogue à celle des couleurs dans le premier arc-
en-ciel. Elles sont formées par de petites sphères ou globules d’eau liqué-
fiée d’un diamètre uniforme, ou du moins tel qu'il y en ait un plus grand
nombre d’une grosseur donnée que de toute autre : le phénomène est
d'autant plus net, qu’il y a un plus grand nombre de-ces particules égales,
(1) Pour vérifier que le diamètre du cercle parhélique est double de l'angle formé en-
tre l'axe ou les fibres du cristal et le point lumineux, placez trois bougies équidistantes.
Au moment où le cercle parhélique de celle du milieu se réduit à un point , parce que
Vaxe est dirigé sur cette bougie, les deux cercles parhéliques des bougies extrêmes
coïncident.
( 645 )
à l'exclusion de celles d’un autre diamètre. Newton paraît avoir :attaché
beaucoup de prix à découvrir la loi de ce phénomène, qu'il était impossible
de trouver avant la connaissance des interférences. Young a été bien plus
près de la vérité en disant que les diverses couronnes concentriques (ex-
cepté la 1°, ce qui est encore une erreur), avaient des diamètres croissant
comme les nombres 1, 2, 3, 4, etc.; ce qui a été récemment confirmé par
les observations de M. Delézenne, de Lille, au moyen de combinaisons bi-
chromatiques de verres colorés. J'avais moi-même donné la loi que je vais
reproduire ici, dans le cours d’optique-que j'ai fait au Collége de France en
remplacement de M, Ampère, en 1832; mais j'avais ensuite douté de cette
loi, quoique donnée strictement par la théorie, à cause de la dilatation du dia-
mètre du premier ordre de couleurs qui a lieu dans la lumière blanche. Enfin,
depuis les observations de M. Delézenne, j'ai vérifié avec la lumière mono-
chromatique de l’alcool salé, et avec des poussières et des globules d’un dia-
mètre bien uniforme, la loi des diamètres successifs des couronnes, qui est
bien celle des nombres 1, 2 et 3, et la loi complète elle-même peut se for-
muler ainsi :
», Le produit du diamètre de chaque goutte d’eau ou globule multiplié
par le sinus du diamètre angulaire de la couronne est égal à l'intervalle
fondamental des interférences donné par l'expérience. Lequel, pour la
lumière de l’alcool salé, d’après mes mesures au moyen des réseaux, est :
A = 0, “l: 000588.
» Si l’on regarde le soleil, la lune ou la flamme d’une lampe ou d’une
bougie au travers d’un verre couvert de poussière de Iycopode, on aperçoit
de superbes couronnes concentriques au nombre de trois ou quatre (ob-
servation qui du reste appartient à Young), et l’on reproduit artificielle-
ment et d’une manière plus parfaite que dans la plupart des cas de la na-
ture, le beau phénomène des couronnes qui, cette année, en janvier et en
février, a attiré l'attention du public et produit quelques notices dans les
journaux périodiques sous le nom très fautif de halos ou d’arc-en-ciels lu-
naires. Le lycoperdon bovista, la poussière de la mousse ordinaire, les
globules du sang et ceux de la fécule , ainsi que les entre-croisements opa-
ques de fils d’un diamètre uniforme peuvent être substitués au lycopode,
» Le principe d'optique, très paradoxal en apparence, qui donne la clef
de ces phénomènes peut s’énoncer ainsi : Un point lumineux produisant
son image ordinaire au fond de l'œil, si, hors de laligne qui joint le point
et l'œil, mais assez près de cette ligne, on place un petit obstacle opaque,
l'effet de ce petit corps opaque sera exactement le même que celui d’une
(644)
ouverture toute pareille illuminée par la lumière incidente en sorte qu'au-
tant le globule semble devoir produire d’opacité autant en réalité il pro-
duit d'illumination. Ce paradoxe trouve son explication très facile dans la
théorie des ondes. En effet, il résulte des interférences que la partie efficace
d’une onde se réduit à un petit cercle tel, qu’entre le rayon direct venu du
centre du cercle et celui qui vient de la circonférence de ce cercle, il y ait
un quart d’onde de différence. Tout le reste de l’onde peut être considéré
comme s’entre-détruisant mutuellement par l'effet des interférences; mais
si par l'interposition d’un globule, vous supprimezune partie de cette onde
nécessaire à la destruction des ondes élémentaires qui existent dans son
voisinage, vous faites renaître celles-ci, que la partiesupprimée ne détruit
plus, et vous revenez au théorème ci-dessus, savoir, que le globule interposé
produit autant d’illumination qu’il semble devoir en éteindre. Ensuite le
carré de l'intégrale des petits mouvements dérivés vous dira à quelle
position, à quelle distance angulaire, cette illumination sera. efficace et
quelle sera l'intensité de cette lumière à toutes les distances angulaires
des particules considérées.
» Sans vouloir entrer dans toutes les applications de ce principe très
fécond, je mentionnerai un phénomène remarquable observé par M. le
professeur Necker, à Genève, et décrit dans l’un des premiers numéros de
la dernière série du Philosophical Magazine. Si le soleil se lève derrièreune
colline couverte d'arbres et de broussailles, le spectateur situé dans l'om-
bre de la colline et près des rayons solaires qui vont bientôt l’atteindre,
voit toutes les petites branches projetées sur le ciel, non pas opaques et
noires, mais, au contraire, blanches , argentées et brillantes comme
si toute la végétation était d'argent mat le mieux décapé possible, jusqu’à
une hauteur de quelques pieds au-dessus de la colline. Je n’ai pas besoin
de dire que, sans la présence des petites branches, lesondes directes de la
lumière intense du soleil passeraient inefficaces pour l'observateur par des-
sus la colline, mais que ces petits obstacles opaques deviennent, d’aprèsle,
théorème ci-dessus, autant de parties lumineuses qui renvoient à l’obser-
vateur l’image en clair et en brillant des obstacles noirs et opaques qui
font naître autant de rayons dérivés effectifs qu'ils éteignent de rayons
extincteurs.
» La théorie mathématique donne aussi l'explication des couleurs des
globules voltigeant dans un rayon de soleil qui pénètre dans une cham-
bre fermée, celle des couleurs des fils d’araignée et des fils minces de
métal, etc.; et, pour conclusion, dans tous ces cas divers, pour une
(645 )
couleur donnée dont la longueur d’onde ou ; si l’on veut parler, comme
l’a toujours très bien fait M. Arago, indépendamment de toute théorie,
dont l'intervalle fondamental des interférences est À; on aura le produit du
diamètre du fil ou du globule, par deux fois le sinus de la distance angu-
laire qui existe entre la lumière directe et la ligne qui va de l'œil au fil ou
au globule égal à la quantité À.
» P.-S. Je ne mentionne pas les couleurs vues par réflexion, ou plutôt
par transmission rétrograde par un observateur placé de manière que
l'ombre de sa tête porte sur un nuage voisin , observations dont les pre-
mières se prennent ordinairement dans le voyage de Bouguer au Pérou »
et dont les dernières sont dans le voyage de M. de Lamartine sur les som-
mités du Liban.
» J'en ai observé d’analogues dans les poudreries ‘d'artillerie, sur une
couche de poudre étendue au soleil, quand ma tête faisait ombre sur cette
couche de poudre noire; j'en ai aussi vu sur des brouillards très bas, dans
les Landes et sur des globules flottant au sein des eaux de quelques ri-
vières de France de moyenne grandeur; mais tout le monde sait passer
des phénomènes de transmission, ou transparence, aux phénomènes de ré-
flexion, ou d’illumination rétrograde, et les mêmes formules d’interférence
avec les mêmes différences de chemins parcourus, s'y appliquent éga-
lement:
III. PRÉCIS D'UN MÉMOIRE SÛR L’ARC—EN-CIEL ET SUR LES ARCS SECONDAIRES.
»I. Le minimum ou maximum de déviation reconnu par Descartes, pour
les rayons qui produisent l’arc-en-ciel ou les arc-en-ciels, etles couleurs
qui en résultent d’après l’inégale réfrangibilité reconnue par Newton, ne
laissent rien à désirer.
» IT. L’intensité de l’arc-en-ciel est d’autant plus grande que les gouttes
de pluie, supposées toujours sphériques, qui le produisent, sont plus grosses.
De là l'impossibilité de voir le troisième et le quatrième arc-en-ciel de la
pluie et des très minces filets d’eau cylindriques. Dans les circonstances
les plus favorables, au mont d'Or et sur le Canigou, ayant en face le soleil
couchant, etau-dessous, dans l'ombre , des bois de pins formant un fond de
tableau complétement noir, j'ai inutilement cherché à voir le troisième
arc-en-ciel qui doit être vers 41° du soleil,
» IT. La formule de l’arc-en-ciel n’a été donnée dans aucun ouvrage. On
calcule arithmétiquement les angles d'incidence et de réfraction pour les
déviations maximum ou minimum, et l’on fait ensuite 4r— 21, ou bien
( 646 )
6r-i, ou enfin 8r—si, 10r—i etc.; on peut cependant éliminercetr,
et obtenir la déviation ou le demi-diamètre d' de l’arc-en-ciel par les équa-
tions suivantes : F
3
sin? DURE (En) )
2 27 mt
pour le premier arc-en-ciel; et pour le second par la formule
d :mi+i18m—27
Sin —-— LEE
2 8m; 4
à laquelle on peut substituer la suivante plus commode pour le calcul par
logarithmes : s
3
cos? = us .
» La première de ces formules, en y faisant m— = , donne d' = #42°2',
angle connu pour le premier arc-en-ciel, et les deux autres pour m— - :
donnent également l'angle connu du second arc-en-ciel d = 50° 59/.
» Ces équations donnent d'au moyen du rapport de réfraction m,
et réciproquement, avec ces équations, on peut facilement tirer m de
la valeur observée de d' par deux, ou tout au plus par trois approxima:
tions successives.
» IV. Prénez un cylindre de verre de 16 millimètres de diamètre et cher-
chez vers 20°, et non vers 40° comme pour l’eau, à l'opposé du soleil, ou de
la lune ou d'une bougie, vous aurez un premier arc-en-ciel de très
bonne qualité. Le second sera vers qu°. Enfin, avec un peu de dextérité et
beaucoup de patience, comme le disait Fresnel, vous découvrirez quatorze
arc-en-ciels, savoir, sept de chaque côté. Vous noterez le troisième arc-en-
ciel qui est du côté du point lumineux et à peu de distance. Mesurez la dis-
tance angulaire de ce troisième arc-en-ciel, ce qui se fera commodément
en mesurant d’abord la distance du cylindre au point lumineux et ensuite
l'écart de cette partie de l'arc à droite età gauche , et vous aurez une déter-
minationde d} dont vous tirerez avec exactitude le rapport de réfraction.
» V. Faites couler de l’eau, de l'alcool, de l'acide sulfurique , de l’éther,
de l’eau salée, par un trou cylindrique fait dans un moreeau de verre ou de
métal, vous reproduirez les angles météorologiques connus pour l’eau, et
de plus vous verrez le troisième et le quatrième arc-en-ciel au moins, si le
diamètre du-cylindre liquide n’est pas trop petit.
(647 )
» Si le liquide est autre que l’eau, vous déterminerez par là distance
d' du 3° arc-en-ciel son rapport de réfraction.
» J'ai essayé sans succès de constater la variation de réfraction de l’eau
et du verre (crown-glas) par la chaleur, au moyen de la variation de
position de l’arc-en-ciel produit par un filet d’eau froide, et ensuite par le
même filet d’eau chaude, où bien par la variation de position du 3° arc-
en-ciel d’an cylindre de verre chauffé, qui se refroidissait. Au reste, on
sait que M. Arago, par son principe des équivalents optiques et par les
interférences, a résolu complétement le problème. Peut-être qu’en ajou-
tant une petite lunette sans grossissement à l’appareil on aurait un résultat
plus satisfaisant.
» VL. J'ai fait des arc-en-ciels avec des cylindres de plusieurs substances
douées de la double réfraction, telles que le quartz, le spath, le béryl et
l’arragonite, et j'ai obtenu pour le 1“ arc en-ciel un arc double, mais non
pas pour le 2°° arc et les suivants. Ceci s'explique très bien par la loi de Ja
tangente, que Fresnel a trouvée par la théorie, pour la quantité de Ja lumière
réfléchie polarisée extraordinairement par rapport au plan de réflexion. I]
en résulte qu'après plusieurs réflexions, la lumière extraordinaire est in-
comparablement plus affaiblie que celle qui a le plan de réflexion pour
plan de polarisation. Cette loï, confirmée photométriquement par les me-
sures de M. Arägo, et plus indirectement par Fresnel lui-même, par Ja dé-
viation du plan de polarisation d’un rayon polarisé réfléchi sur l’eau et
sur le verre, trouve ici une nouvelle application. Remarquons que plusieurs
auteurs ont récemment étendu cette loi, mais à tort, à tous les corps,
transparents ou non , fortement ou faiblement réfringents. N'ayant pas de
cylindre de soufre transparent ou de diamant, je n’ai pu vérifier que
dans ce cas le premier arc-en-ciel manque, puisque
# 2
ae Le we.
3
devient imaginaire quand m > 2,; résultat remarquable et qui mérite d’être
vérifié. Dureste, la nature des rayons ordinaires et extraordinaires | dans
cesarc-en-ciels, est d’accord avec les lois de la polarisation ;.et l’on sait
encore que MM. Biotet Brewster ont reconnu que l’arc-en-ciel météoro-.
logique est et doit être polarisé comme par réflexion.
» VII. Des arcs secondaires. — Les arcs nommés secondaires par
M. Arago, ou surnuméraires par M. Young, sont des récurrences de cou-
leurs, intérieures à l'arc intérieur, extérieures à l’arc extérieur.
C. R. 1827, 1er Semestre. (T. IV, N°48.) 89
( 648 )
» Young les explique par l’interférence de deux rayons, lesquels, avant
et après l'incidence qui donne le minimum de déviation, subissent la même
déviation tous les deux, et coïncident avec de légères différences de marche.
» C’est pour expliquer ces arcs multiples, que Venturi admettait des
gouttes d’eau elliptiques; mais l’explication de Young , adoptée et publiée
depuis long-temps par M. Arago , ne laisse rien à désirer.
» VIIL. On peut reproduire les arcs secondaires, avec un filet d'eau cylin-
drique d’un millimètre de diamètre. On voit, au premier arc-en-ciel, seize
arcs surnuméraires intérieurs, et, au second, environ neuf arcs extérieurs.
On en voit aussi au troisième arc. On peut enfin chercher ces arcs surnumé-
raires avec l’arc-en-ciel que donne un très mince fil cylindrique de verre
tiré à la lampe à alcool, mais on les voit difficilement et dans une position
très incommode.
» IX. La distance angulaire de ces arcs secondaires à l'arc principal,
donne avec exactitude le diamètre äu filet cylindrique liquide, quand on
connaît le rapport de réfraction de ce liquide; ainsi, en baissant l’œil Le
long de la veine fluide, l'écart plus grand des arcs secondaires indique,
dans celle-ci, un plus petit diamètre dans un point plus abaissé.
» X. Nous rencontrons encore ici un de ces phénomènes à la vérité
compliqués, mais remarquables parce qu'ils font pour ainsi dire specta-
cle : c’est celui des fils de verre méplats qu’on tire à la lampe en les écra-
sant, par un procédé quelconque, quand ils sont encore fondus. M. Le-
baillif qui avait eu la bonté d’en tirer vingt ou trente mille pour moi, et la
constance de les essayer tous, en a trouvé ainsi plusieurs qui, mis près de
l'œil, dans une chambre obscure éclairée par une seule ouverture linéaire
d’un quart de mètre de large sur quelques millimètres de haut, donnent
naissance aux plus brillants phénomènes d’interférences qu’on puisse ima-
giner. Ces couleurs , qui d’ailleurs ne sont pas symétriques de part et
d'autre de l'ouverture éclairée par la lumière du jour, sont évidemment
celles des arcs secondaires , mais pour les calculer et pour en prendre des
mesures qui seraient variables pour chaque échantillon, il faudrait plus de
peine et plus de curiosité que n’en comporte ou l'importance scientifique
de l’objet ou la nature du phénomène déjà à peu près suffisamment pres-
sentie par ce qui précède. »
( 649 )
MÉCANIQUE. — Mémoire sur la théorie de la machine à vapeur, telle qu'elle a
été exposée dans un mémoire précédent sur le calcul des machines à va-
peur à haute pression; par M. ne Pamsour.
Note sur une erreur qui se trouve dans les formules du traité des machines
locomotives de M. de Pambour; présentée à l'Académie des Sciences,
par M. ps Caampeaux LA Bouraye, lieutenant de vaisseau.
Note sur la théorie des machines à vapeur, et en particulier sur
celle des machines locomotives ; par M. Artaur Morin, capitaine
d'artillerie.
Ces trois mémoires sont renvoyés à l’examen-de la Commission qui déjà
a été chargée de rendre compte de la première communication de M. de
Pambour. Nous les analyserons en détail après que les commissaires auront
fait leur rapport: aujourd’hui nous nous contenterons de dire que M. de
Pambour présente de nouvelles expériences à l'appui de sa théorie. Il
maintient toujours que dans un grand nombre de cas, la force élastique
de la vapeur est notablement plus petite dans le cylindre que dans la
chaudière.
M. de Champeaux la Boulaye, tout en admettant l'inégalité de force
élastique dontil vient d’être fait mention, croit que M. de Pambour a commis
une inexactitude en n’introduisant pas dans les formules qu'il a publiées,
le rapport de la surface du tuyau par lequel la vapeur arrive au cylindre, à
la surface de ce même cylindre.
M. Morin , enfin , cite des exemples dans lesquels, suivant lui, la théorie
et l'expérience sont parfaitement d’accord, sans qu’il soit nécessaire d’ad-
mettre aucune différence entre les forces élastiques que la vapeur possède
dans la chaudière et sous le piston.
zoocoGie. — JVotice sur un renard à longues oreilles , apporté d'Alger, en
1836, et déposé à la ménagerie du Muséum , en avril 1837; par M. Bo-
DICHON:
L'auteur, dans une lettre adressée à l’Académie le 5 septembre dernier,
avait déjà donné quelques détails sur cet animal; sa nouvelle notice fait
connaître les changements qui se sont opérés depuis cette époque dans
l'individu qui fait le sujet de l'observation , changements dont quelques-
89.
( 650 )
uns dépendent évidemment des progrès de l’âge, tandis que d’autres pa-
raissent à M. Bodichon , dus à l'influence exercée par l’état de domesticité.
M. Frédéric Cuvier, à l’examen’ duquel avait été renvoyée la première
lettre de M. Bodichon, prendra également connaissance de cette seconde
communication.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Mémoire sur la forme qu'il convient de donner aux
versoirs de charrue , et sur un procédé géométrique pour en faire en bois ;
par MR. PERONNIER.
( Commissaires, MM. Silvestre, Poinsot, Coriolis.)
GmiRURGIE. — Description d'un appareil nouveau pour les fractures du fémur;
par M. Fovreze.
( Adressé pour le concours au prix de Chirurgie.)
MÉDECINE. — Sur un nouveau mode d'administration du fer dans le traite-
ment des affections chlorotiques ; par M. Braun, médecin en chef de
l'hôpital de Beaucaire.
( Adressé pour le concours au prix de Médecine.)
MÉDECINE. — Supplément à une notice sur un mode de traitement des plaies
contuses et des brûlures; par M. Tixepor.
(Commission précédemment nommée. )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — JVotice sur un nouveau moteur ; par M. Ransow,
inspecteur des Bâtiments royaux à Munich ( en allemand).
( Commissaire, M. Poncelet.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce
demande si la Commission chargée d'examiner les questions relatives aux
rondelles fusibles, à terminé son travail. L'administration, ajoute M. le
Ministre, attend la réponse de l’Académie aux questions qu’elle lui a sou-
mises, pour achever la rédaction du nouveau réglement sur les appareils à
vapeur , et présenter le projet de loi qui doit servir de sanction aux dispo-
sitions concernant la navigation à la vapeur.
( 651 )
Le même Ministre invite l'Académie à désigner parmi ses membres les
trois commissaires qui, conformément aux termes du décret du 25 août 1804,
doivent coopérer au jugement des pièces de concours des Élèves de l'École
royale des Ponts-et-Chaussées.
L'Académie procède par voie de scrutin à l'élection de ces trois commis-
saires; MM. Puissant , Poncelet et Dupin réunissent la majorité des suf-
frages.
»
BRYSIQUE TERRESTRE. — Vote sur la dernière éruption boueuse du volcan de
la Guadeloupe; communiquée par M. Bior.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l’Académie, les produits d’une
éruption boueuse sortie du volcan de la Guadeloupe le 12 février dernier
et qui avait été précédée d’une éruption de cendres volcaniques le 3 décem-
bre 1836. Ces produits m'ont été remis par M. Mercier, habitant de Paris,
mais né lui-même à la Guadeloupe, qui vient de les recevoir de M. Daver,
officier de santé de ia marine dans cette île, ettémoin oculaire des deux érup-
tions. L’envoi était accompagné d’un dessin que je mets aussi sous les yeux
de l’Académie, et dont M. Mercier atteste l'exactitude. Voici les termes dans
lesquels s'exprime M. Daver, dans une lettre en date du 24 février 1837.
« Le 12 du courant, une ouverture s’est faite dans la partie nord-ouest de
» la montagne, et une énorme quantité d’eau boueuse en est sortie, qui a
» pris son cours par la voie de Faujas, faisant déborder toutes les rivières
» qui s’almentent de ce côté. Dans certains endroits de cette voie, l’eau
» s’est élevée à plus de vingt pieds, et a entrainé tous les rochers qui lui
» faisaient obstacle. Je vous envoie , pour être présentés à nos savants des
« échantillons du dépôt de ces eaux, ainsi que des cendres dues à l’érup-
» tion du 3 décembre. Vous trouverez aussi, dans le paquet, des cendres
» de l’éruption de 1797. Je les ai obtenues en enlevant la première couche
» du sol, puis les graviers déposés par les pluies, et au-dessous desquels
» j'ai trouvé les anciennes cendres quine peuvent être que celles de 1797,
puisque depuis il n’y a eu d’autre éruption que celle dont nous venons
» d’être témoins. »
Nous donnerons ici.textuellement la note que M. Mercier avait remise à
M. Biot. On y trouvera l'explication de la planche ci-jointe.
>=
(G52)
Explication de la Figure. Éruption d'eau; par M. Mere.
(Y) Voie de Faujas; (TV Y) Piton Dolomieu; (YYY) Le grand Pic.
« La montagne est vue par son côté occidental. Elle est circonscrite à
droite par le morne l’Échelle, ancien cratère d’éruption à moitié écroulé;
en avant par le morne Tarrade , couvert de mangliers et d’une végétation
particulière à ces lieux élevés; et à gauche par le morne de la Commission,
formation plus récente et qu'on pourrait appeler le Monte nuovo.de cet
autre Vésuve.
» Hauteur totale , d’après Anico, 5100 pieds. Le Boucher ne la porte qu'à
4,794; mais une mesure plus récente, faite en 1813, avec un très grand
soin, par le docteur Amie, confirme lc résultat trouvé par Anico.
» L’éruption est représentée à son début. Elle a commencé le 3 décembre
à trois heures- de j’après-midi. Les cendres se sont répandues en grande
abondance sur les forêts qui s'étendent à l’ouest du groupe volcanique,
sur les habitations et jusque sur la mer, où elles ont été portées à des dis-
tances considérables, sous l'influence des courants atmosphériques. Elle
fut précédée des bruits qui d’ordinaire annoncent ces grands phénomènes.
Ce n’était pasles détonations souterraines du volcan de Saint-Vincent, qui,
en 1812, ébranlèrent une partie de l’Archipel: ce bruit ressemblait plutôt
à celui d’une charrette pesamment chargée. Les tremblements de terre
étaient devenus aussi plus fréquents, et cette remarque a déjà été faite.
Mais une circonstance qui doit être notée et qui empêche de rapporter à la
montagne le foyer des forces mises en jeu dans cet ébranlement, c'est que
ces mouvements de translation conservaient la même direction dans toules
les parties de l'île, où ils se faisaient sentir. Il est de toute évidence qu’en
faisant dépendre cet ébranlement dela montagne, comme foyer, on aurait
eu au contraire autant de directions qu'on peut concevoir de rayons me-
nés de ce centre aux divers points de la circonférence de l'ile, ce qui, très
certainement, n’a pas eu lieu.
»C’est par le flanc méridional de la Re et presqu’à sa base, comme
on peut le voir dans le dessin, que les gaz se sont fait jour, bien que le
cône ouvert à son sommet leur présentât une vaste issue. Aucune lave ne
s’est montrée, pas plus qu’en 1797 et qu’en 1495. Seulement lesrtorrents
de cendres étaient mélés de pierres’et de graviers qui ont été projetés avec
elles à de grandes distances. Des masses énormes ont été aussi détachées
du flanc de la montagne, et ont suivi ses pentes jusque dans la forêt. Ces
(653)
circonstances ont reproduit assez exactement celles qui caractérisèrent l'é-
ruption de 1797 (27 septembre). À cette époque, la montagne s'était ou-
verte par le côté opposé, à six cents pieds environ au-dessous du piton
Dolomieu. Les rochers s’'accumulèrent le long du précipice, qui, dans cette
partie, sépare la base du cône du morne de la Commission, et formérent
cette longue traînée à laquelle on a donné le nom de foie de Faujas, et
qui, vue de loin, ressemble effectivement à une belle route.
» On trouve dans les traditions du pays, que peu de jours après cette
éruption de 1797, les rivières qui prennent leurs sources de ce côté grossi-
rent tout-à-coup. Comme aucune pluie ne venait coïncider avec cette crue
subite , on pensa qu’elle pouvait provenir du volcan. Il n’était pas impos-
sible sans doute que les cendres et les pierres en encombrant le fond des
ravins y eussent élevé comme des digues, qui ensuite s'étaient rompues
sous le poids des eaux accumulées. Mais l’opinion la plus générale, était
qu’une éruption aqueuse avait suivi les phénomènes observés le 27 sep-
tembre, et l'on s’y arrétait d'autant plus volontiers qu’elle avait pour elle
une observation qui se rattache à l'éruption de 1495 ,et se trouve remonter
à la découverte du Nouveau-Monde. À son second voyage, en effet, Chris-
tophe-Colomb, qui cette fois traversait l'archipel, reconnut le volcan à
l'épaisse fumée qui s'élevait de la cime, et apercevant un torrent qui, de
la distance où il était placé , semblait s'échapper de ses flancs, ilcrut assister
à une éruption d’eau. Il est vrai que les cavités profondes qui entourent la
base du volcan en rassemblant les eaux de l'atmosphère, qui ensuite des-
cendent aux étages inférieurs, produisent de nombreuses cascades, qui
dans la saison des pluies sont assez considérables pour être apercues de
fort loin. L’illustre navigateur ne s’était-il pas mépris ? L'une de ces cata-
ractes , le Sault-du-Carbet, qui se précipite à l’est, n’a pas moins de cinq
cents pieds de hauteur verticale. L'erreur ici était d'autant plus possible
que, dans cette partie, qui n’a pu être figurée dans le dessin, les monta-
gnes du premier plan, vues à distance, entament par la projection optique
la hauteur du cône, et semblent y rapporter l’origine de la chute. Le doute:
subsistait donc, du moins pour plusieurs ; mais si le retour du même phé-
uomène est de nature à le dissiper et à jeter du jour sur l’histoire du vol-
can , c’est ce qui est établi aujourd’hui avec la plus grande certitude, Nous
laisserons parler un témoin oculaire qui s’exprime ainsi dans une lettre
datée du 24 février dernier... (Voyez la note de M. Biot.)
» Ces renseignements, ajoute M. Mercier, sont dus à M. Daver, officier
de santé de la marine à la Guadeloupe.
( 654)
» Dans unelettre antérieure , il rend compte d’un voyage qu’il a fait au
volcan , le 5 décembre, pendant que l’éruption des cendres durait en-
core ; mais ces détails’, qui doivent faire d’ailleurs la matière d’une publica-
tion spéciale, ne pouvaient, à cause de leur étendue, trouver place dans
cette notice. »
PHYSIQUE rerresrre. — Sources thermales en Afrique. — Lettre de M. Hu,
chirurgien-major de l’hôpital militaire de Bone.
( Gommissaires , MM. Chevreul , Dumas, Robiquet, )
Bone, le 15 mars 1837.
« J'ai l'honneur de vous adresser une bouteille d’eau thermale recueillie
à quinze lieues de Bone (Afrique) sur la route de Constantine. La source est
à deux lieues environ en-decà du camp de Ghelma ; l’eau en sort à la tem-
pérature de 23° R. À quelques lieues plus haut une autre source incrustante
fournit de l’eau à 80° R, et semble devoir communiquer avec la première.
On pense généralement que ces sources sont les anciennes Aquæ Tibilitaneæ.
Celle d’où sort l’eau que je vous envoie est environnée des ruines, fort
belles encore, d’un grand bassin ou piscine de construction romaine.
» Je viens vous prier d’avoir la bonté de faire analyser cette eau , car ici
les réactifs nous manquent. Je voudrais savoir quel sera l'usage que nous
pourrons faire de ces eaux dans les maladies de la peau, ou dans les affec-
tions rhumatismales.
» Daignez, M. le Président, m’honorer d’une réponse dans laquelle je
vous prie de vouloir bien consigner le résultat de l'analyse. »
Le Secrétaire perpétuel écrira à M. Hutin pour lui demander de nou-
veaux détails sur la source dans laquelle le thermomètre de Réaumur a
paru s'élever jusqu’à 80°. Si çette source ne se trouve pas dans une sorte de
solfatare , on pourra probablement déduire de l’observation de sa tempé-
rature, en la supposant aussi forte que M. Hutin l'a trouvée, d'importantes
conséquences sur l'ancien état thermométrique du globe.
parier DE SURETÉ. — MM. Engelmann, père et fils, écrivent que dans
l'établissement lithographique qu'ils ont à Mulhouse, ils préparent, pour les
lettres de change, un papier dont le fond est couvert de lignes parallèies très
fines, tracées au moyen de la machine à guillocher, et que plus récemment,
ils ont conçu l’idée de donner à ce papier une nouvelle garantie contre les
tentatives de faux, en se servant pour l'impression de ces lignes, d’une encre
( 655 )
délébile qui s’altérerait sous linfluénce des divers réactifs dont on pourrait
faire usage dans le dessein d’enlever l'écrituré. Avant de donner suite à
ce procédé, MM. Engelmann voulurent consulter la Société industrielle de
Mulhouse, à laquelle ils remirent, au mois de novembre dernier, des
échantillons. Aujourd’hui, apprenant que l’Académie des Sciences a chargé
une Commission de s'occuper du même:objet, ils désirent-que cetté Com-
mission examine leur papier et voie s’il remplit réellement bien le but au-
quel il est destiné, celui d'offrir une garañtie’contre l’altération de l’écri-
ture, tant par le grattage que par les agents chimiques.
La lettre de MM. Engelmann, avec les échantillons de papier qui l'ac-
compagnent, est renvoyée à l'examen de l’ancienne Commission des encres
et papiers de süreté.
SUCRE INDIGENE. -— M. Beurrey adresse quelques réflexions sur les diffi-
cultés que rencontrent les propriétaires ou cultivateurs qui ont le désir
de consacrer leurs terres ou leurs capitaux à l’établissement de nouvelles
fabriques de sucre de betteraves. « Ce qui doit principalement les décou-
rager, dit M. Beurrey, c’est, d’une part, l'embarras de choisir entre
une foule de méthodes et d'appareils proposés presque en même temps
et également vantés, d'autre part la difficulté de trouver des régisseurs
et contre-maitres instruits. Dans cet état de choses, poursuit l’auteur
de la lettre, il me semble que la fabrication du sucre indigène, ne
saurait recevoir une plus sage et plus sûre impulsion que d’une fabrique
modèle dans laquelle on pourrait venir prendre connaissance des meilleurs
procédés ainsi que des meilleurs appareils. Cette fabrique devrait être en
même temps une école dans laquelle les jeunes gens qui aspireraient à de-
venir chefs de fabrique, et ceux qui se destineraient à devenir contre-mai-
tres, pourraient apprendre en peu de temps tout ce qui concerne la cul-
ture de la betterave, la fabrication du sucre, son raffinage, la distillation
des mélasses, etc. » M. Beurrey souhaiterait que l’Académie se prononçât
sur l'utilité d’un pareil établissement.
HAUTEUR DES VAGUES.— M. Coulier, dansune communication relative à un
moyen qu’il proposait pour déterminer la hauteur des vagues , annonçait
avoir vu , dans la mer du Nord , des vagues qui semblaient avoir 80 pieds
d’élévation. Quelques remarques ayant été faites à ce sujet, tendant à
faire croire qu’il y avait éu erreur dans l’appréciation de M. Coulier , il
adresse aujourd'hui, à l'appui de son assertion, l'extrait d’un passage du
C.R. 1835, 127 Semestre. (TL. 1V, N° 48.) 90
( 656 )
voyage de M. Dumont-Durville qui dit avoir vu les lames atteindre. au
moins 80 à r00 pieds de hauteur.
M. le Préfet des Pyrénées-Orientales annonce l'envoi de la notice sup-
plémentaire de M. Tixedor, sur le traitement des brûlures, etc.
M. J.-H. Maissiat adresse un paquet cacheté.
M. Beau en adresse un également.
L'Académie accepte le dépôt de l’un et de l’autre.
La séance est levée à 5 heures. A.
( 657 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; année 1837, 1° semestre, n° 17, in-4°.
Traité pratique des Convulsions dans l'enfance; par M. Bracur;
2° édition, 1 vol. in-8°, Paris, 1857.
Correspondance des Élèves brevetés de l'Ecole des mineurs de Saint-
Étienne ; n° 15, septembre à décembre 1836, in-8.
Recherches et Observations sur l'emploi thérapeutique du seigle ergoté;
par M. Levrar-Penrorron ; Paris, 1837, in-8°.
Traité de Médecine pratique, déduit des faits recueillis dans les hôpitaux;
16° livraison, août 1836.
Bulletin de la Société anatomique de Paris; onzième année, Paris,
1836, in-8°.
Annales scientifiques , littéraires et industrielles de l'Auvergne , sous
la direction de M. Lecog; tome 10, mars et avril 1837, in-8°.
Société d'Agriculture de la Drôme. — Organisation et Règlement; Va-
lence, 1836, in-8°.
Bulletin des Travaux de la Société départementale d'Agriculture de
la Drôme ; n° 1— 5, Valence, in-8°,
La France littéraire ; nouvelle série , 7° livraison , mars 1837, in-8°.
Flore Batave; 109* livraison, in-4°.
L’Innocuita.... Sur l’Innocuité et l’'Efficacité de certaines lessives
médicinales, etc.; par M. J. Louém; Milan , 1836, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 17.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 49 — 51.
Presse médicale; tome 1°’, n° 33 et 34.
Echo du Monde Savant ; n° 63 — 69.
( 658 )
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183704. 602. Er 7e
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TOUT cire nor (00 al
1812... AREAS TE + 18,4
10O ./e rase nlafe e eIele le + 18,5
100 EUR C TELE + 19,0
1824......... OM mRE LU
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1OErLe ill: à + 31,4
Comme on voit, le mois d’avril 1837 n’est ici qu’au second rang.
( 661 )
Nombre de jours de pluie dans le mois d'avril.
[CES VOFAR ACIMONTE + 29 jours,
120 eee 25
1830..... Ltd 22
TU HAE en 19
10e) (OT E ‘ 18
GEO NE SE PRES 18
1600 sie 17
1837 £ 17
AONT-Ae Nei 16
He) ébenanesodians 15
» Considéré sous le rapport du nombre de jours de pluie, le mois d’a-
vril 1837 n’est qu'a la huitième place. À peine d&iffére-t-il du mois d’avril
de cette fameuse année 1811 dont les agriculteurs, dont les vignerons,
surtout, ont conservé un si agréable souvenir.
Quantités de pluie recueillies à l’Observatoire dans divers mois d'avril.
» Dans le siècle dernier, les observations exactes de la quantité de pluie
furent interrompues à l'Observatoire de Paris ; la nouvelle série ne re-
monte qu'à l’année 1806.
FO20 celte .. 69 millimètres.
HÉEtadbmohdotts .. 68
1818..... EURE 66
ECHO TI AE 64
AD ere note 63
MÉTRO SARA EE 62
TO PO ET ne 6t
TOR 0e HORS 61
TO Palae ae set aies 6o
TOMATE. LMI 53
Puisque le mois d'avril 1837 n’offre rien qui le distingue d’une manière
tranchée des mois d'avril des années antérieures, il serait hors de propos
de s’occuper ici des explications qu’avaient révées ceux à qui une anomalie
semblait incontestable. Nous dirons seulement, en thèse générale, qu’au-
cune observation jusqu'ici n’autorise à croire que l'apparition de taches
noires sur le Soleil soit accompagnée d’une diminution sensible dans la
quantité de lumière que cet astre envoie à la Terre : des taches obscures ne
se forment jamais sans qu’il ne naisse à côté des taches lumineuses, des
Jacules , et tout porte à croire que, photométriquement parlant, les deux
phénomènes se compensent.
91.
( 662 )
#
z00L0G1E. — De la possibilité d'éclairer l'histoire naturelle de l'homme par
l'étude des animaux domestiques; par M. Isipore GEOFFROY SAINT-HILAIRE.
« Detoutes les branches de la zoologie, la plus intéressante pour l’homme
est sans doute l’histoire naturelle de l’homme lui-même. De là le zèle tou-
jours croissant que les voyageurs , les naturalistes, les médecins de toutes
les époques et de tous les pays, ont mis à l’enrichir d’une multitude de faits
et d'observations, auxquels des observations et des faits nouveaux vien-
nent encore s'ajouter de jour en jour. Si le degré de perfectionnement
d’une science devait se mesurer par le nombre des faits qu’elle possède ,
nul doute que l'anthropologie ne fût l’une des branches les plus avan-
cées de nos connaissances. Mais si l’on attache moins d'importance au nom-
bre matériel des observations qu’à leur valeurscientifique ; s’il est plus ra-
tionnel de peser les faits que de les compter , il faut porter un jugement
tout contraire, et avouer même que presque toutes les branches de la zoo-
logie ont devancé par leurs progrès l’histoire naturelle de l'homme.
» C’est là peut-être une circonstance singulière et paradoxale, une ano-
malie grave dans la marche de la science, mais une vérité incontestable,
et dont les preuves ne sont que trop nombreuses. Des observations pour la
plupart incomplètes, qu’aucun lien méthodique ne coordonne entre elles,
et dont les conséquences sont souvent nulles ou douteuses; en d’autres
termes, des matériaux préparés pour l'avenir, bien plutôt que les éléments
présentement utiles d’une science déjà avancée dans la voie du perfection-
nement; tels sont les imparfaits résultats auxquels une sévère, mais juste
critique réduit presque tous les travaux anthropologiques publiés jusqu’à
ce jour. Aussi les zoologistes qui ont su établir parmi les innombrables
êtres, sujets de leurs études , des divisions de tout rang, pour la plupart
nettement caractérisées et heureusement enchaïnées les unes aux autres,
qui ont presque réussi à classer l’ensemble du règne animal dans un .or-
dre à la fois naturel et logique, ne sont-ils pas encore parvenus à déter-
miner avec quelque précision les divers types que présente le genre humain,
pas même, sauf de rares exceptions, à les décrire d’une manière satis-
faisante. -
» À quelles causes faut-il attribuer cet état si imparfait , cette enfance si
prolongée de l’anthropologie ? Loin de l’imputer au défaut de zèle ou à
l'inhabilité des auteurs qui ont cultivé cette branche de la science zoolo-
gique, nous devons reconnaître qu'ils ont fait, pour la plupart, tout
ce qu’il était en leur pouvoir de faire. L’immense difficulté du sujet a
+
C 663 )
seule privé leurs travaux de cette précision et de cette exactitude rigou-
reuse, sans lesquelles il n’est point de résultats vraiment scientifiques.
» L'histoire naturelle de l’homnie, comme toutes les autres branches des
sciences physiques, comprend des résultats de deux genres : savoir, des
faits particuliers, que donne immédiatement l’observation, et des faits gé-
néraux, déduits des faits d'observation par Île raisonnement. En un mot,
elle est positive et spéculative, et doit en effet offrir ce double caractère :
les faits du premier genre, sans les seconds, seraient des prémisses sans
conséquences ; les seconds sans les premiers , des conséquences sans pré-
misses. |
» L'étude des caractères des races humaines, est l’une des parties princi-
pales de l’histoire naturelle positive de l’homme. Grâce aux travaux d’un
grand nombre d'observateurs , parmi lesquels se placent en première ligne
les commandants etles naturalistes denos récentes et si mémorables expé-
ditions autour du monde, la population d’une très grande partie de la sur-
face du globe se trouve des à présent connue d’une manière plus ou moins
exacte. Mais alors même que cet immense travail serait complété pour
toutes les races, alors même queleurs innombrables variations de formes, de
couleur, de taille, auraient été étudiées, figurées, décrites par des observateurs
instruits, que d'obstacles s’opposeraient encore à ce que les mille et mille
faits, fruits de ces longs et pénibles travaux, pussent être coordonnés d’une
manière satisfaisante , et surtout à ce qu’une détermination rigoureuse et
une classification exacte des divers types humains, vinssent enfin fournir une
base solide aux théories anthropologiques! Les immenses progrès qu'ont
faits depuis quarante années les sciences zoologiques , datent de l’époque
où de grands musées scientifiques , fondés sur plusieurs points du monde
savant , ont permis aux zoologistes de substituer àl’analyse de descriptions,
encore insuffisantes alors même qu’elles sont le plus précises, l'examen
direct et comparatif des objets de leurs études. Le temps est loin où
d’aussi puissantes ressources seront mises à la disposition des anthropolo-
gistes. Il sera difficile de triompher des obstacles matériels qui tendent
à empêcher ces progrès , plus difficile encore de vaincre ceux que lui oppo-
sent presque partout les superstitions et les préjugés nationaux.
» À moins de circonstances favorables qui ne s'offrent à lui que bien ra-
rement, l’anthropologiste, lorsqu'il veut se rendre compte des rapports et
des différences de deux ouplusieurs types, est donc presque toujours ré-
duit à la seule comparaison de descriptions et de figures , quelquefois in-
fidèles, presque toujours manquant de précision, Si les caracteres nets et
( 664 )
tranchés de deux espèces animales disparaissent souvent et pour ainsi dire
s’effacent dans leurs descriptions , au point qu'une analyse habile, éclairée
_par la comparaison directe des objets analogues , puisse seuleles y aperce-
voir ; comment l'anthropologiste, privé de tout moyen direct de compa-
raison, pourra-t-il saisir dans les descriptions de deux types voisins, les
différences si légères qui seules les distinguent entre eux ? Ces différences
ne sont en effet que des nuances fugitives, presque inappréciables, et nous
dirions mêmeau-dessus de toute expression; si quelques auteurs récents, et
principalement M. Edwards, en nous montrant par leur exemple que tout
ce qui peut être constaté par l'observation, peut aussi être exprimé nette-
ment par des paroles, ne nous eussent révélé ce qu’on peut appeler Part
des descriptions anthropologiques.
» Si la partie positive de l’histoire naturelle de homme est arrêtée dans
sa marche par d’aussi puissants obstacles, il est évident que de graves dif-
ficultés s’opposeront de même aux progrès de sa partie spéculative : car
l’une est la base unique et nécessaire de l’autre ; et de faits imparfaitement
connus ne peuvent naître que des conséquences imparfaites, c’est-à-dire
ou incomplètes, ou douteuses.
» Aussi, dans cette partie de la science, trouve-t-on, pour une vérité
bien établie, dix assertions purement hypothétiques et souvent directe-#
ment contradictoires. Même après les remarquables travaux de M. Bory de
Saint-Vincent et de plusieurs autres anthropologistes, ces questions elles-
mêmes, si souvent discutées, s’il existe dans le genre humain un ou plusieurs
types spécifiques, et quelles sont ses races principales; ces questions aux-
quelles toutes les autres se lient, et pour ainsi dire, se subordonnent d’une
manière intime et nécessaire , ne sont pointencore résolues, au moins avec
quelque certitude. Ouvrez en effet les livres anthropologiques, et si vous
faites abstraction de ceux où lon n’a fait que copier Blumenbach ou Cuvier,
si vous ne faites entrer en ligne de compte que les ouvrages originaux;
vous trouvez exactement autant de solutions qu’il ya d’auteurs. Or quand
tant d'opinions se partagent les esprits, est-il besoin de dire que la vérité ne
règne point dans la science, elle dont l'unité, la simplicité, l'évidence,
des que sa démonstration est complète et vraiment satisfaisante, forment
presque toujours le triple caractère.
» Un nouvel examen de presque toutes les questions relatives à l’histoire
naturelle de l’homme , une révision de l'anthropologie presque tout entière,
sont donc impérieusement réclamés par l’état présent de la science : ses
progrès futurs sont à ce prix. Cette œuvre immensedont le succès complet,
( 665 )
à peu près impossiblé aujourd'hui, est surtout infiniment au-dessus de
mes forces, n’est nullement celle que je me propose d'entreprendre dans
ce travail, beaucoup plus spécial dans son but, etsurtout beaucoup moins
vaste dans son plan. Reprendre et soumettre à un nouvel examen plusieurs
questions déjà traitées par les anthropologistes, mais dont ils ne me pa-
raissent pas avoir autant avancé la solution qu’ils le pouvaient en mettant
à profit toutes les ressources présentes de la science; introduire dans la
discussion plusieurs données jusqu’à présent négligées; enfin, appuyé sur
ces bases nouvelles, substituer sur divers points des résultats démontrés à
des opinions seulement hypothétiques, quelquefois aussi des conséquences
probables à de simples conjectures : telle est la tâche que je vais essayer de
remplir dans le travail dont ce mémoire forme la première partie.
» Les éléments de détermination, ordinairement employés pour la solu-
tion des problèmes relatifs à l’histoire naturelle de l’homme, sont: en pre-
mière ligne, la comparaison directe des caractères des races; en seconde
ligne, la comparaison de leurs langues, de leurs coutumes , de leurs tradi-
tions, de leurs monuments de tout genre, et des circonstances de leur 4a-
bitat. Sans doute, ce sont là autant de sources excellentes d’inductions ;
il n’est aucune d'elles qui n’ait déjà concouru à enrichir la science de ré-
“sultats nombreux et intéressants, et qui ne lui en promette encore une
ample moisson.
» Mais ces éléments de détermination, quelle que soit leur valeur, suf-
fisent-ils toujours à la solution des questions si diffciles et si complexes
de Panthropologie ? N’arrive-til pas trop fréquemment qu’appuyés sur leur
seul emploi, les efforts même les mieux dirigés ne puissent qu’entrevoir
et indiquer, mais non démontrer, d'importants résultats; ou même qu'ils
échouent complétement devant des difficultés encore insurmontables? Et
s’il en ést ainsi, ne devons-nous pas chercher dans la considération de faits
jusqu’à présent négligés, et dans leur application aux problèmes encore
irrésolus, les moyens d'introduire dans leur discussion de nouveaux élé-
ments, et par suite , de nous ouvrir de nouvelles voies vers leur solution ?
» Ces nouveaux éléments, ces nouvelles voies de solution, je les ai cher-
chés dans l'application à l’histoire de l’homme, de divers faits, quelques- |
uns peu connus, la plupart vulgaires et presque triviaux, de l’histoire des
animaux domestiques. Ce n’est donc plus par des faits anthropologiques
que je vais chercher à éclairer l'anthropologie, mais par des considé-
rations empruntées à une branche collatérale de la science; substituant
ainsi aux méthodes ordinaires, où plutôt, appelant à leur aide et comme
( 666 )
auxiliaire, une méthode beaucoup moins directe, il faut l'avouer, et dont
l'emploi, par cela même, peut sembler plus difficile. Qu'importe, au
reste, que cette méthode indirecte paraisse nous éloigner du but, si elle
nous y ramène heureusement, et si nous pouvons quelquefois parvenir par
des voies détournées, à des résultats où ne saurait conduire une route plus
directe?
» Il s’en faut d’ailleurs de beaucoup que les variations des animaux domes-
tiques et les variations des races humaines, aient seulement entre elles
des rapports aussi éloignés et indirects que pourrait le faire penser un pre-
mier et superficiel examen. Loin qu’il en soit ainsi, on va voir que ces rap-
ports résultent, je ne dirai pas seulement de liens intimes, mais même de
doubles liens, savoir, desliens d’analogie et des liens de causalité : d’analogie,
parce que les variations des races humaines et celles des races domes-
tiques se font suivant les mêmes lois, et présentent de semblables carac-
tères : de causalité, parce que les modifications diverses des races domes-
tiques résultent de l'influence de l’homme, exercée diversement suivant les
temps , les lieux et les circonstances. Ainsi, on peut déjà le prévoir, la con-
sidération des races domestiques, introduite dans la discussion des pro-
blèmes anthropologiques, les éclairera par des données de deux genres, et
de cet unique, mais double élément, vont découler deux sources fécondes*
en inductions.
» Examinons d’abord les rapports d’analogie qui existent entre les varia-
tions des races animales domestiques et celles des races humaines : essayons
de les apprécier dans leur nature, et, autant qu’il est possible, d’en déter-
miner, et pour ainsi dire d’en mesurer la valeur.
» Lorsque l’on compare entre eux plusieurs individus d’une espèce sau-
vage pris dans des régions très différentes par la température, la disposition
topographique et, d’une manière générale, par tout ce qu’on peut com-
prendre sous le nom de circonstances locales ; lorsqu'on soumet ces divers
individus à un examen suffisamment attentif, on arrive toujours à recon-
naître qu'ils présentent entre eux des différences plus ou moins marquées.
Sauf le cas, tout-à-fait étranger à notre sujet, d’une modification acciden-
telle ou tératologique (1), les traits différentiels de chacun des individus
(1) Considérée dans son ensemble, et non, comme je le fais ici, sous un point de vue
particulier , la question de l’origine des races se lie, au contraire, très intimement avec
diverses questions importantes de tératologie, comme je l'ai montré dans plusieurs pas-
sages des tomes I et III de mon Histoire générale des anomalies de l’organisation. |
( 667 )
pris pour types de la comparaison, sont d’ailleurs loin de lui appartenir en
propre; ils se retrouvent chez tous les individus vivant dans le même pays
et dans les mêmes circonstances locales, et se transmettent par voie de gé-
nération : ils caractérisent donc des variétés héréditaires, en d’autres termes,
et précisément dans le même sens où l’on emploie ce mot chez homme et
les animaux domestiques, des races.
» Les caractères différentiels des races, principalement relatifs, dans la
plupart des cas, à la coloration et à la taille, sont, dans quelques espèces,
très prononcés et manifestes dès le premier coup d’œil ; dans d’autres , ils
sont plus difficilement appréciables, quelquefois même presque nuls. Ces
diversités rendent un peu plus difficile à constater le fait général, que je
viens d'indiquer, mais elles ne l’infirment nullement, et leur explication
peut même se déduire de considérations assez simples. D’une part, en effet,
il suffit de réfléchir aux variations si graves et si multipliées que présentent
les espèces animales dans leur genre de vie et dans leur habitat, pour con-
cevoir que toutes ne doivent pas ressentir au même degré l'influence du
climat, de la disposition topographique et des autres circonstances locales
des pays qu’elles habitent. D’un autre côté, l’observalion nous révele une
seconde caüse, un peu plus difficile à prévoir par le raisonnement, dans les
différences même d'organisation : il est de fait que certains types résistent
mieux, que d’autres cèdent plus facilement à l'influence des circonstances
locales, alors même que celles-ci sont ou du moins .nous paraissent
exactement les mêmes pour les uns et pour les autres.
_» À cette notion, que les espèces sauvagessont variables sous l'influence de
circonstances locales différentes, qu'ilexiste desvariétés héréditairesou races
parmi elles comme parmi les animaux domestiques, il faut donc ajouter
cet autre résultat, qu’elles sont variables à des degrés inégaux : l’un et
l’autre sont également incontestables. Mais cette inégalité ne doït pas: em-
pécher et n’empêche pas qu'il n'existe dans les limites de variation propres
à chaque espèce, un rapport bien déterminé entre l'intensité des modif
cations et celle des différences sous l’influence desquellesiellesse: produisent.
Ici, comme partout, l’effet est en raison de la cause, et l'observation. aussi
bien que la théorie, nous autorise à considérer mu les espèces sauvages,
les différences des races comme Proportionnelles, toutes choses égales
d’ailleurs , à la différence des circonstances au milieu desquelles vivent ces
races.
» L'application de ces notions sur les variétés héréditaires ou races chez
les animaux sauvages aux variétés héréditaires ou races chez les animaux
C.R. 1837, 19 Semestre. (T. LV, N° 49.) 92
( 668 )
domestiques et l’homme , est directe’et facile. Les modifications si diverses,
si complexes, en apparence si inintelligiblés, que présentent ceux-ci,
sont les mêmes modifications que nous présentent les ahimaux sauvages,
mais reproduites sur une plus grande échelle: les causes des premières
sont les causes des secondes, mais mullipliées en nombre et en in-
tensité.
» À moins qu’une espèce sauvage ne vive à la fois dans des lieux très
différents par leur élévation, et par suite, par leur température et leur pres-
sion atmosphérique , ce qui n’a lieu que très rarement; à moins qu'elle ne
se trouve répandue à la fois dans des lieux très secs et très humides, ce qui
est peut-être plus rare encore; il faut, de toute nécessité, pour trouver
dans une espèce des diversités très marquées, prendre pour termes de
comparaison des individus appartenant à des régions très éloignées. Mais
cette possibilité est elle-même renfermée dans un cercle déterminé, et le
plus souvent très étroit. La distribution géographique de chaque être est
rigoureusement fixée par ses besoins et ses convenances : là où des circons-
tances locales très différentes eussent pu amener d'importantes modifica-
tions dans l’organisation d’une espèce, et précisément parce qu’il enest ainsi,
cette espèce ne se trouve plus; car, libre de se mouvoir à son gré 'elles’étend
où les circonstances lui sont favorables, c’est-à-dire, où, concordant avec les
données de son organisation , elles tendent à conserver le type et non à le
modifier par une puissante et par cela même fächeuse réaction.
» Les conditions de variations sont bien différentes pour les animaux do-
mestiques. En premier lieu, des modifications très marquées s’observent
sans une différence proportionnelle dans la région habitée; car la toute-
puissance de l’homme, agissant diversement sur les espèces qu'il s’est sou-
mises, crée pour eux dans la même région les circonstances locales les plus
différentes. En second lieu, le nombre et l'intensité des modifications de-
viennent pour ainsi dire illimités; car il n’y a plus pour une espèce domes-
tique, ni nourriture, ni habitudes, ni climats déterminés. Autant de
fois la volonté humaine s'exerce sur elle d’une manière différente, autant
il existe pour elle de causes de variations.
:» Il: en est exactement ainsi, et par les mêmes raisons, des variétés
si nombreuses qui se transmettent héréditairement chez l’homme. Habitant
sous tous les climats et presque à toutes les températures, variant de cent
et cent manières la qualité et la quantité de sa nourriture, se livrant aux
professions les plus diverses, il présente dans la muitiplicité de ses races,
de ses sous-races, et l'on peut ajouter de ses innombrables variétés in-
( 669 )
dividuelles , l'effet naturel et nécessaire de la multiplicité des causes qui
exercent sur lui, et depuis si long-temps , leur influence.
» Ainsi, d’un côté, chez les animaux sauvages , des causes de variation
restreintes dans des limites très étroites, et par suite, des variétés peu
nombreuses et peu tranchées : de l’autre , chez les animaux domestiques,
et chez l’homme, qu'il faut leur assimiler sous ce point de vue, des
causes, et par suite, des effets de variations, dont les limites en nombre et
en intensité peuvent à peine être tracées: Mais s’il existe, sous ce rapport,
une immense différence entre les uns et les autres, il est facile de recon-
naître que l’état de civilisation chez l'homme et la domesticité qui lui
correspond si exactement chez les animaux, n’ont point, dans la réalité,
créé un ordre nouveau de causes et d'effets, mais seulement ont multiplié,
grandi et varié dans le détail les causes et les effets déjà existants chez
les animaux sauvages. Chez les uns comme chez les autres, les. modi-
ficateurs sont toujours les circonstances locales, notamment l'habitation,
le genre de vie et le régime diététique; les effets des variations, d’abord,
dans la taille et dans la couleur, puis dans la proportion et la forme des
organes : double similitude que je pourrais suivre jusque dans les derniers
détails, et dont je donnerais ainsi une longue et pénible, mais rigoureuse
démonstration, si les remarques qui précèdent, et la confirmation évidente
qu'elles reçoivent d’une multitude de faits généralement connus, pou-
vaient encore laisser désirer quelques preuves.
» La conséquence qui est à déduire de ces considérations pour le
sujet spécial de ce travail est, comme on va le voir, directe et impor-
tante. Si Les variations physiques qui se produisent chez l’homme sous l’in-
fluence de son état de civilisation, étaient des phénomènes d’un ordre
particulier; si notre espèce se trouvait, à cet égard, comme sous tant d’autres
rapports, hors de rang dans la création, il est évident que nous serions
réduits à ne point sortir, dans l'étude des races humaines, du cercle des
faits anthropologiques : tout emprunt fait à une autre branche des sciences
ne serait qu'une source d'erreurs, et rien de plus. Mais si les variations
physiques de l’homme offrent des relations manifestes avec les variations
des animaux ; si elles consistent dans de semblables effets, explicables_ par
les mêmes causes, et réductibles aux mêmes lois; s’il en est ainsi, et c’est
ce dont on ne saurait douter, l’analogie pourra devenir, pour létude
des. races humaines, un guide aussi utile qu’il était dangereux dans ma
première supposition. Enfin, si l’on vient à reconnaître que ces mêmes
variations physiques de l’homme, généralement analogues par leur nature
92..
(670 )
aux variations des races chez lesanimaux, sont, en particulier , exactement
et de tout point comparables à celles es espèces domestiques, l’étade des
races humaines et celle des races animales domestiques deviennent ma-
nifestement, l’une pour l’autre , un complément réciproque et nécessaire;
etles isoler, c’est supprimer, parmi les données des difficiles problèmes
qui s’y rapportent, la moitié des éléments qui peuventet doivent concourir
à leur solution.
» Je viens d'indiquer un premier genre d'applications presque entiè-
rement négligées, quoique les rapports d’où elles dérivent, aient été
depuis long-temps aperçus, il est vrai d’une manière très confuse. Voici
maintenant une autre série d'applications , plus complétement négligées
encore , et dont le principemême a été à peine introduit dans la science.
» Faisons pour quelques instants abstraction de l'analogie que nous
venons-de constater «entre les variations des races humaines et celles des
animaux domestiques , et, sans nous occuper nide la nature de celles-ci,
ni de leur mode de production , bornons-nous à considérer les effets dans
leur relation avec leur cause générale.
» Les variations des races domestiques sont de deux ordres : variations
des races par rapport au type sauvage «et primitif; variations des races
entre elles. Les unes et les autres ont été attribnées dès les premiers com-
mencements dela science à l'influence de la domesticité, et les remar-
ques que j'ai présentées plus haut, suffisent pour établir que cette
explication est aussi juste qu’ancienne. Or, il est de toute évidence que
l'influence de la domesticité n’est autre chose que l'influence, tantôt directe,
tantôt indirecte, du pouvoir de l’homme ,soumettant à son joug lés-espèces
utiles à sa nourriture, à son industrie, à ses plaisirs, et créant ainsi pour
elles des conditions très différentes de ja vie sauvage et-primitive.
» Considérés sous ce point de vue, les animaux domestiques sont donc
eux-mêmes de véritables ouvrages de l’homme : ils présentent dans toutes
les modifications qui les éloignent de leurs types primitifs , autant de traces
irrécusables de l’influence et du pouvoir hurmaïn dans les âges antérieurs :
ce sont en un mot, s’il m'est permis de m'exprimer ainsi, des monu-
ments d'un genre particulier, monuments aussi durables qu'aucun de ceux
auxquels on réserve ordinairement ce nom. N'est-ce pas , en effet, l’homme
qui a fait le chien , le cheval, le mouton et tant d’autres types tels que nous
voyons aujourd'hui, c’est-à-dire, qui, les soumettant à son joug dans une
époque très reculée et dont la date se perd presque toujours dans la nuit
des temps, a successivement modifié ces utiles espèces ,a développéien
(671)
eux des facultés et des instincts étrangers, au moins en apparence, à leur
état primitif, leur a imprimé les formes et les caractères qu'ils présentent
aujourd’hui, et d’un point du globe où la nature avait fixé leur patrie, les
a ‘transportées et répandues dans toutes les régions du monde civilisé ?
» Aïnsi , organisation, instincts, habitudes , patrie, l'homme a tout mo-
difié chez tes «espèces domestiques, ployant et soumettant partout l’ordre
primitif à la loi de-ses besoins, deses volontés, de ses désirs : œuvreimmense
par.ellemêème:et par ses résultats, première preuve et première base tout-
à-la-fois de la puissance presque illimitée de l’industrie humaine.
» De ces relationsimportantes de causalité entre le pouvoir de l’homme
diversement exercé suivant les temps , les lieux, les circonstances, et les mo-
difications' diverses des animaux domestiques; de cesliens entre deux ordres
d’actionset de phénomènes qu’on pouvait croireau premier aspect entière-
ment étrangers l’un à l’autre, découle manifestement la possibilité d’éclai-
rer l’étude de l’un par celle de l’autre; et de là cette seconde et précieuse
source dans laquelle nous pouvons puiser d’autres et non moins utiles ap-
plications à l'anthropologie.
» A la vérité, leraisonnement démontreseulement la possibilité générale
et absolue, maisnon présente et immédiate , de telles applications, et il se
pourrait que l’état actuel de la science , ‘en nous les promettant pour l’ave-
nir, nous interdit de les réaliser dès aujourd’hui. Heureusement , il n’en
est pas tout-à-fait ainsi, et l’on peut déjà , par un examen approfondi de di-
verses questions, s'élever à des coroliaires, dont le nombre et l'importance
s’accroitront nécessairement en raison des progrès futurs de la zoologie
générale. Ainsi, pour citer quelques exemples , ne concoit-on pas ‘assez
facilement, au moins d’une manière générale (et déjà même:d'im portantes
recherches ont été faites dans ce but, par M. Dureau de la Malle), comtent
la détermination de la patrie originaire des espèces aujourd’hui répan-
dues sur presque toute la surface du globe, peut fournir des notions sur
le lieu primitif de leur domestication , par suite, jeter quelque jour sur
les relations anciennes de diverses nations? Ne peut-on même prévoir
qu’en fixant par une méthode-quelconque l’ordre relatif de la domes-
tication des espèces , ce qui est dès à présent possible pour quelques-unes,
on peüt arriver à d’ütiles inductions sur l'ancienneté relative de la civi-
lisation chez divers peuples? Enfin, n'est-il pas évident que les idées
émises par divers aüteurs sur les ‘analogies et tes diversités, sur la com-
münauté où Îa différence d’origine de certains peuples, peuvent être
confirmées ou infirmées, au moins dans quelques cas, par l'étude compa-
5 e
(672)
rative de leurs animaux domestiques, aussi bien que par celles de leurs
langues et de leurs monuments de tout genre.
» Teiles sont les idées sur lesquelles je crois pouvoir baser de nou-
velles et utiles applications à l’histoire naturelle de l’homme. Toutes
découlent directement ou indirectement de la théorie de l'influence
modificatrice exercée par les circonstances locales sur les êtres vivants ;
théorie presque entièrement stérile , si lon veut la juger par le petit nom-
bre des résultats qu’elle a produits jusqu’à présent, entravée qu’elle -était
par une puissante mais non invincible opposition ; théorie éminemment
féconde au contraire, si l’on mesure par la pensée tous les progrès qui
doivent suivre son admission définitive dans la science.
» Si simples que soient les idées exposées dans ce travail ;il m'a paru
nécessaire de les discuter et de les développer , avant d'arriver aux corollai-
res que je me propose d’en déduire. Les liens intimes qui unissent ces
idées, et par suite ces corollaires eux-mêmes à une théorie long-temps
contestée et souvent encore mal comprise, me faisaient une nécessité de ce
travail préliminaire. N’est-il pas d’ailleurs rationnel et presque indispen-
sable, quand on veui employer un instrument nouveau ou peu connu,
d'examiner d’abord avec soin tout le parti qu’on en peut tirer, et pour
ainsi dire d’en mesurer Ja puissance ? Tel est le but que je mesuis proposé,
en faisant précéder de ces remarques un mémoire'que je soumettrai pro-
chainement à l'Académie, sur la question tant controversée de l’unité spé-
cifique de l’homme. »:
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Éxtrait d'une lettre de M. Gaucay sur un mé-
moire publié par lui à Turin , le 16 juin 1833, et relatif aux racines des
équations simultanées.
« Pour bien comprendre le théorème qui fait l’objet principal de cette
note, il faut se rappeler les définitions suivantes :
» Soient x une variable réelle, et f(x) une fonction de cette variable qui
devienne änfinie pour x = a. Si lon fait croître x, la fonction f(x) pas-
sera en devenant infinie du négatif au positif, ou du positif au négatif,
ou bien elle ne changera pas de signe. La quantité + 1 dans le premier
cas, — 1 dans le deuxième, o dans le troisième, est ce qu’on nomme l’in-
dice de la fonction pour. la valeur donnée a de la variable x.
» J'appelle Indice intégral pris entre deux limites donnéesx = x,,
æ= X, la somme des indices correspondants à toutes.les valeurs de x qui
œ
( 673 )
rendent la fonction infinie entre ces limites, et je le désigne par la nota-
tion {° { [LÂx)] }. L’Indice intégral est aussi l'excès A du nombre de fois où
e / To
la fonction f(x) en s’évanouissant pour différentes valeurs de x entre les
limites x,, X, passe du positif au négatifsur le nombre de fois où elle passe
en s’évanouissant du négatif au positif. Il est facile de voir que ces deux dé-
finitions conduisent au même résultat.
» S'il s’agit d’une fonction de deux variables f(x, y), j'appellerai de même
Indice intégral entre les limites x, X, y, Y, la somme des indices correspon-
dants à toutes les valeurs simultanées de x et y qui, prises entre les mêmes
limites, rendent la fonction infinie. Cet indice intégral est la moitié de la
quantité
f {ue v1} = Ÿ Ues0D — + {Ven
To Yo
» Je transcris maintenant les premières et dernières lignes du mémoire
publié en juin 1833.
» Dans un mémoire présenté à l’Académie des Sciences de Turin le
» 17 novembre 1831, j'ai fait connaître un nouveau calcul qui peut être
» fort utilement employé dans la résolution des équations de tous les de-
» grés. Mais, dans le mémoire dont il s’agit, les principes de ce calcul, que
» je nomme calcul des indices, se trouvent déduits de la considération des
» intégrales définies. Je me propose ici de démontrer comment on peut
» établir directement ces mêmes principes sans recourir à des formules de
» calcul intégral.
» Suivent les démonstrations de sept théorèmes que j'établissais succes -
sivement.
» En s'appuyant sur les principes ci-dessus exposés, on pourrait encore
» étendre le calcul des indices à la détermination des racines imaginaires
» des équations, ainsi qu’à la résolution des équations simultanées , et dé-
» montrer en particulier la proposition suivante :
» Huitième théorème. Soient
a; 7), Fa F)
deux fonctions de x, y qui restent continues entre les limites x = x,
XE=X,J= Je) =Y.
» Nommons ® (x, y), ® (x, y) les dérivées de ces fonctions relatives à x,
» et x (x, 7), X (x, y) leurs dérivées relatives à y.
ÿ
(674 )
» Enfin soit. N le nombre des différents systèmes de valeurs de x, y pro-
» pres à vérifier les équations simultanées
f& n=o F(x,n=0o
» et comprises entre les limites ci-dessus énoncées, on aura
9
@N=:{ d'eux) F- d Nero} d° (RE 1}+ f ROGUE
To e/ To 7 Fo Yo
» en supposant
LD x (Ne (HN) X (x, 7)
MED à PE 7) ne an ir
Turin, le 15 juin 1833. »
» Parmi les démonstrations élémentaires que l’on peut donner de ce
théorème , 1l en est une fort simple:que je vais indiquer en peu de mots.
» Considérons x, y comme des coordonnées rectangulaires. Chacune
des équations
G)f(& ») =0, (2)F(& F)=o,
représentera une ligne droite ou courbe tracée dans le. plan des æ:y, et N
sera le nombre de points suivant lesquels se coupent ces deux lignes dans
l'intérieur du rectangle ABCD compris entre les quatre droites qui ont pour
équations,
Ojir ré a EX Pos Ve
» Cela posé, ilsera facile de vérifier le-huitième théorème, si chacune des
fonctions. f (x, y), F (x,.r) est linéaire, par rapport à x, y, c’est-à-dire si
les équations (1) et (2) représentent elles-mêmes deux droites; et l’on s’as-
surera aisément qu’alors le premier et le second membre de: l'équation (a)
se réduisent l’un et l’autre, soit à zéro, soit à l'unité, suivant que le point
d’intersection des droites (1) et (2).est situé à l’extérieur-ou à l’intérieur du
rectangle ABCD.Mais si/{x, y), (x,7)cessentl’uneou l'autre ou toutes deux
à la fois d’être des fonctions linéaires dex, y, on pourra diviser le rectangle
ABCD par des droites parallèles à ses côtés en élémentsassez petits pour qu’un
seul point d’intersection au plus des courbes (1) et (2; soit. renfermé dans
chaque élément, et pour que les portions de ces courbes, comprises dans
chaque élément se confondent sensiblement avec leurs tangentes. Alors
pour obtenir la formule (a) appliquéeau rectangle ABCD), il suffira de com-
biner par voie d’addition les diverses équations qu’on-ebtient en établissant
successivement cette: formule pour chacun des: éléments: de ce même rec-
tangle.
(675 )
» Le huitième théorème, ainsi qu’il vous sera facile de le reconnaitre,
comprend, comme cas particuliers, ceux que j'ai donnés sur le nombre des
racines imaginaires d’une équation algébrique et, dans ce cas, la fonction
, . x PAC T7)
Ÿ (x, y) peut se réduire à en
» Je verrais avec plaisir que la partie de ma lettre qui est relative au
mémoire de juin 1833, füt insérée dans le compte renda de la prochaine
séance de l’Académie. »
Goritz, le 22 avril 1837.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Mémoire sur le développement des fonctions en
séries, dont les différents termes sont assujettis à satisfaire à une
méme équation différentielle linéaire , contenant un paramètre variable ;
par MM. C. Srurm cé J. Liouvirre. (Extrait)
« Soit x une variable indépendante comprise entre deux limites don-
nées x, X;,g,k, L, trois fonctions positives de x; r un paramètre indéter-
A
miné; et V une fonction de x et de r, qui satisfasse à la fois à l'équation
indéfinie
dv
a (4 ï)
(x) mare Cana) Me 9
et à la condition définie s
(2) Do pour T=x,
dans laquelle À représente un nombre donné positif. Il est aisé de trouver
une fonction V qui vérifie ces deux équations et qui ne devienne identi-
quemeñii nulle pour aucune valeur déterminée de r, lorsque x reste indé-
terminé. On s’est beaucoup occupé des propriétés de la fonction V dans
différents mémoires auxquels nous renverrons le lecteur (*).
» Désignons par H un coefficient positif et par æ(r) ce que devient la
quantité Ÿ+v lorsqu'on y fait æ=—X : on sait que l’équation æ(r)—0
a une infinité de racines toutes réelles et positives que nous nommerons
Ty lasce.ln,.-.. en les supposant rangées dans un ordre de grandeurs
croissantes. Nous représenterons par V, ou V,(x) ce que devient V lors-
qu'on fait r—r,. Ainsi l’on aura à la fois
(*) Journal de mathématiqu s pures et appliquées ; tome I, pages 106, 253, 269, 375,
et tome II, page 16. ver
C. R. 1837, 12° Semestre, (T. IV. N° 49.) 93
G) Le lé Va — 0;
dv, mn
(4) FE — HV, = o peur x =x,
(5) M EHV,— 0 pour x — X.
» Cela posé, on peut chercher à sommer la série
X
V, 1e eV, f (x)dx
LC)
ZE —— > ——— },
F gVa°dx
CURX
dans laquelle le signe Z s'applique aux valeurs successives 1, 2, 3,... de
l'indice », et où f(x) est une fonction arbitraire de x qui ne devient ja-
mais infinie. Soit F(x) la somme demandée, Il s’agit de prouver d’une ma-
nière directe et rigoureuse que l'on a F(x)— f(x). Déjà l’un de nous a
traité cette question dans un mémoire particulier ; mais comme la série (6)
se présente dans une foule de problèmes de physique mathématique,
nous avons pensé qu'il était bon de revenir sur ce sujet. Au surplus, la
méthode dont nous allons faire usage diffère beaucoup de celle que l’on
a d’abord employée. À
» Combinons entre elles les équations (1) et (3); en ayant égard aux
conditions (2), (4), nous aurons sans difficulté
JA EPA RER SOS
x rs dx dx /°
(6)
av
En posant x = X et se rappelant que, pour cette valeur de x, Fe ÉÉHAINE
se réduit à zéro et = + HV à æ(r), il vient donc
x æ
() VE EN Vidz — — KV, (X). = d
K et V,(X) représentent les valeurs respectives de # et de V, pour x—X.
Dans le cas particulier où r=r,, le second membre de la formule (7)
prend la forme + : en cherchant alors sa vraie valeur par la règle connue,
on trouve.
(8) [eva = — KV, (X)z"(r,).
(677 )
» D'un autre côté on peut démontrer que la fraction —— . 6 est décompo-
sable en fractions simples. Par les méthodes connues pour ce genre de
décomposition, on obtient
V V,
on}
d’où résulte
a a (r) V,
@) ES }
A l'aide des formules (7) et (8), on peut éliminer æ(r), æ'(r,) : cette élimi-
nation faite ; si l’on multiplie l'équation (9) par gf(x)dx et si l’on intègre
ensuite, on obtient finalement
x x
N 7h eV Vidx. J, eV, fax
x x
Th RO ER R nr UE PPT RNTE
Le gVa°dz
x
Mais en multipliant par gVdx et intégrant les deux membres de l’é-
quation
V, ja gVaf (x)dx |
4 L1
: à eV'dx |
x
on a de même
x
7. gVE(dr = = fe ave ÉHATREE PA eV f(ade f(œ)dx
[er eV dr
sf FeVfæds, sf eve dr
x x
sont donc égales entre elles, en sorte que l’on a
à fat — f(x) ]dr = 0.
Cette dernière équation doit avoir lieu quel que soit r, et l’on peut aisé-
ment prouver qu’elle entraîne la suivante F(x)— f(x), C.Q.F.D.
» La méthode que nous venons d'employer pour sommer la série (6) est
à la fois très simple et très générale. Elle peut servir à trouver la somme
d’un grand nombre d’autres séries, comme on le verra dans notre mémoire,
où l'analyse précédente est présentée sous plusieurs points de vue. »
93.
F(x) =>
Les deux intégrales
( 678 )
RAPPORTS. »
MÉCANIQUE APrLiQuÉE. — Rapport sur un mémoire présenté à l'Académie des
Sciences, par M. pr Sar-Lécer, ingénieur des mines, ef ayant pour
objet la description d'un frein dynamométrique, servant à mesurer le
travail des machines.
(Commissaires, MM. Arago, Dulong, Poncelet rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Arago, Dulong et moi, de lui rendre
compte d’un mémoire de M. de Saint-Léger, ingénieur des mines à Rouen,
dans lequel l’auteur s’est proposé. de décrire divers perfectionnements"de
détail qu'il a apportés au frein à levier dont il a eu occasion de seservir,
pour apprécier la puissance de plusieurs des machines à vapeur établies dans
le département de la Seine-[nférieure. Son but principal est d'étendre et
de faciliter l'emploi de cet appareil, qui lui paraissait encore offrir des
difficultés d'exécution , et d’appeler l'attention des industriels sur lutilité
et l’exactitudede ses indications, dont, suivant lui, quelques personnes
doutent encore, malgré les nombreuses et utiles applications qui en ont
déjà été faites, par des ingénieurs expérimentés, à des questions con-
cernant le travail des machines et spécialement l'effet utile des roues
hydrauliques. ” AS drame
» M. de Saint-Léger a surtout témoigné le désir que l’Académie voulût
bien faire constater par ses commissaires l'exactitude des moyens qu'il
emploie pour opérer avec cet appareil; et c'est pour obtempérer à ses
vœux que nous nous sommes rendus dans les ateliers de M. Pawels, fabri-
cant de machines à vapeur, rue des Poissonniers exéra-muros , où nous
avons assisté à des expériences qui avaient pour objet de mesurer le travail
de l’une de ces machines, nouvellement montée;vet dont la Commission
n'avait point d’ailleurs à apprécier le mérite sous le point de vue écono-
mique, ainsi que cela a été annoncé, par erreur, dans quelques journaux
quotidiens. 6 ee
» Le frein à levier dont notre illustre confrère M. de Prony s’est le pre-
mier servi, en 1821, pour mesurer le travail dynamique des machines,
constitue, comme on sait, une sorte de romaine dont le contre-poids, sus-
pendu librement, mais en un point fixe de l’une des extrémités dulevier,
est destiné à mettre en équilibre et à mesurer le frottement produit, à l’au-
4
( 679 )
tre, par une mächoire ou système de coussinets serrés à l’aide de fortes vis
contre l'arbre tournant horizontal dont on veut apprécier le travail dispo-
nible, qui ici se trouve remplacé par celui du frottement ; mais, comme
l’usé des surfaces ferait varier sans cesse la pression des vis du frein et la
vitesse de la machine, on a soin de s’y opposer, à chaque instant, au moyen
d’une longue clé manœuvrée à la main et servant à serrer, au besoin, l’é-
crou de l’une ou l’autre. de ces vis.
» Dans ce dispositif ingénieux et originairement si simple, toutes les
parties matérielles autres que le contre- poids, se faisaient mutuellement
équilibre, autour de l’axe de la machine, au moyen d’un second levier, de
mêmes dimensions, servant de coussinet inférieur au frein et disposé au-des-
sous de l'axe en sens contraire du premier, de manière à limiter dans ce sens
l'étendue du mouvement de rotation ou d’oscillation du système. Une pa-
reille disposition offrait à la fois l'avantage de prévenir les accidents, de -
dispenser de tenir compte à part du poids de l'appareil dans les calculs, et
de faire éviter, dans l'équilibre , une cause d’instabilité distincte de celle qui
provient du mode d’action du contre-poids, et qui résulte des variations
rapides et contraires que peut subir le moment dû au poids propre d’un
frein dont le centre de gravité serait situé à une certaine distance de l'axe
de rotation, et en dehors du plan horizontal qui contient cet axe.
- » Mais, lors des applications subséquentes de cet appareil, les disposi-
tions locales obligèrent à supprimer le levier inférieur, et à le remplacer,
‘soit par une courte bride en forme de coussinet , soit par une simple bande
de fer embrassant circulairement la partie inférieure de l'arbre tournant,
etiterminée, à ses extrémités, par deux vis de pression serrées à la manière
ordinaire, soit, enfin, par une chaine à plaques de tôle articulées, disposée,
comme la badde ci-dessus, autour de l'arbre ou du manchon de friction
qui était remplacé par un collier à gorge, en fonte, susceptible d’être
appliqué à des arbres de diverses formes et grosseurs..
» Nous avons déjà, dans un précédent rapport (1), appelé l'attention de
l'Académie sur les avantages inhérents à ce dernier dispositif, dû à M. Egen,
savant ingénieur prussien, et que M. Morin a mis en usage dans les récentes
expériences qui font l'objet de ce rapport (2). Il nous suffit ici de faire ob-
à
(1) Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, 2° semestre de 1836,
p- 361 et 362: Li;
(2) Voyez l’ouvrage publié à ce sujet, par l’auteur, en 1836, sous le titre : Expé-
riences sur les roues hydrauliques, ete.
( 680 )
server que, dans les nombreuses applications de:ces.divers dispositifs à la
mesure de l’effet'utile des moteurs ‘et des: machines, on n’a nullement: re-
marqué que le défaut d'équilibre de l'appareil ni l’inégale variation du bras
de levier du contre-poids, fussent desobstacles à l’exactitude des opérations,
lorsqu’on ne laissait faire au bras du frein que de très légères excursions de
part et d'autre de sa position moyenne d'équilibre; qu’on avait eu préala-
blement le soin de tourner sur place et de roder ou user les surfaces frot-
tantes sous l’action: d’un enduit gras, de les bien centrer par rapport à
l'axe, et d'éviter leur échauffement et leur grippement réciproque, par
l'injection d’un filet d’eau continu ou une exacte alimentation de graisse ;
enfin, lorsqu'on n’opéraig que sur des arbres ou manchons d’une largeur et
d’un diamètre tels que la pression à exercer sur les surfaces frottantes, ne
dépassât pas une certaine limite, qui a été indiquée par M. Morin, dans
l’ouvrage déjà cité.
» Quant aux moyens d'éviter les accidents que peut occasioner l'emploi
de ces mêmes appareils privés du double: bras delevier*qui existait dans
celui de M. de Prony, ils ont simplement consisté à limiter l'étendue des’ os-
cillations du levier, à l’aide de cordages ou de points d’arrét soiides, et dont”
le dispositif est facile à imaginer: A l’aide de ces diverses précautions d'ail-
teurs, et en ayant soin de n’appliquer le frein qu'à des parties) d' o
tournants, situées assez près de jun des supports, on n’a pointété à même
d'observer les trépidations et secousses violentes dont M: de’Saint-Léger
parle dans son mémoire. Enfin, en tenant constamment et légèrement, à
l’une des mains, l'extrémité + levier pendant les opérations, et tandis
qu'on manœuvrait, de l'autre, l’écrou de lune des vis de pression du frein,
on a pu s'assurer que, quand le régime du mouvement se trouvait bien éta-
bli, les variations d'efforts capables d’occasioner les oscillations de l’appa-
reil, ne dépassaient pas la limite d’exactitude qu’on peut se promettre de
semblables expériences ou s’élevaient, au plus, à 2 ou 3 kilog., sur 5o
ou 60 , par exemple.
» D'autres'expérimen tateurs, et M. de Saint- -Léger est de ce nombre, ont
pensé qu l convenait d'abandonner le système à ses libres oscillations pen-
dant la durée entière des expériences, et d'éviter, en conséquence, les
causes d'instabilité dues aux variations inégales du moment de la charge
ou du poids propre de l'appareil, ce qui tend à le rapprocher des balances
ordinaires: ils ont armé l’extrémité antérieure dulevier d’un secteur cir-
culaire concentrique à l'axe de rotation, et destiné à recevoir la corde de
suspension du contre-poids, passant, dans quelques cas; surune poulie de
( 681)
renvoi convenablement disposée. La première application de ce système
a eu lieu dans des expériences de M. Fourneyron, décrites dans lun
des Bulletins de la Société industrielle de Mulhausen; des circonstances
locales toutes particulières, qui ne permettaient pas de faire agir le frotte-
ment du frein ,sur l'arbre horizontal de la machine, de manière à en élever
le contre-poids, avaient motivé une semblable disposition, applicable d’ail-
leurs à toutes les situations de cet arbre comme l'observe M. de Saint-Léger,
dont le frein, élégi autant que possible à l’aide d’assemblages en planches
de bois blanc, peut être retourné sur lui-même, de manière à servir indif-
féremment quand le frottement de l'arbre tend à en abaisser ou élever le
levier supposé toujours horizontal.
» Dans ce dernier cas, c’est-à-dire lorsque le levier tend à être élevé, la
poulie supérieure de renvoi sert simplement à recevoir une corde portant
un poids destiné à faire équilibre à celui du frein pour la position moyenne,
mais quelquefois aussi l’auteur charge cette corde de poids additionnels
dônt l’action se trouve détruite par une surcharge équivalente, placée dans
te bassin du contre-poids principal. On devine aisément que le but d’un
semblable dispositif, est de diminuer la trop grande sensibilité de lap-
pareil, qui jouit, en effet, de propriétés analogues à celles des balances
auxquelles nous l'avons déjà comparé; mais n’y a-t-il pas lieu de craindre
qu’en augmentant ainsi arbitrairement l'inertie des masses et les frotte-
ments ou gênes de toute espèce, on ne rende, en quelque sorte, l’instru-
ment trop sourd, tout en altérant la justesse de ses indications ?
». À ce dernier égard , nous devons dire que l’auteur a cherché à appré-
cier, par le calcul et l’expérience, la limite des erreurs auxquelles peut
donner lieu l'emploi des contre-poids, des cordes et poulies de renvoi
dont il fait usage. Suivant lui, cette limite serait au plus le -L du travail
total consommé par le frottement du frein; mais cette quantité nous a
paru un peu faible d'après la manière dont les calculs et les expériences
se trouvent établis. Nous pensons qu'il serait préférable d’imiter ici le pro-
cédé par lequel on diminue ou augmente la sensibilité des balances ordi-
naires en élevant plus ou moins le couteau de suspension du milieu par
rapport à la droite qui contient les arètes des couteaux extrêmes; opération
qui, dans le cas du frein, pourrait, ce nous semble, être suppléée en mo-
difiant convenablement le tracé de*l’arc qui reçoit les enroulements de la
corde de suspension du contre-poids principal, c'est-à-dire de manière
que le bras de levier de celui-ci, au lieu de demeurer constant, comme il
arrive dans le dispositif adopté par MM. de Saint-Léger et Fourneyron, ce
( 682)
qui tend à rendre l'équilibre purement indifférent , vint à croître ou à dé-
croître graduellement, mais de petites quantités, suivant que le frein est
sollicité à s'élever au-dessus ou à s’abaisser au-dessous de sa position
moyenne, par une augméntation ou une diminution de frottement d’ail-
leurs passagère et purement accidentelle. Il est évident que ce tracé, facile
à réaliser, pourrait aussi servir à corriger, en partie, l’influence pertur-
batrice due à la variation inégale du moment-du poids propre de l’ap-
pareil. :
» Peut-être aussi M. de Saint-Léger s’exagère-t-il cette influence , qu’on
atténue à volonté en diminuant l’étendue des oscillations du levier, lors-
qu'il propose, pour la détruire, d’adapter sous le coussinet inférieur du
frein, un contre-poids servant à ramener le centre de gravité de toute la
partie mobile du système, dans le plan horizontal passant par l’axe de rota-
tion. Un pareil dispositif serait plus rarement applicable encore que celui
de M. de Prony, à cause de la faible élévation que présentent, en général,
les arbres de couche des machines au-dessus. du sol des ateliers; d’ailleurs
il contribuerait, avec le secteur circulaire, les cordes et poulies de renvoi,
à augmenter beaucoup la complication et le prix de l'appareil, ce qui ne
pourrait que tendre à en restreindre l'usage et les applications à la
pratique. »
» Nous arrivons à la principale modification que l’auteur a fait subir au
frein dynamométrique ordinaire, et qui consiste à substituer, à la surface
frottante de l’arbre dont on veut mésurer le travail disponible, un collier
creux, en fonte, composé de deux pièces réunies par des boulons, ainsi que
cela a lieu dans le dispositif de M. Egen, et qui peut également s’ajuster sur
des arbres de diverses formes ou grosseurs, au moyen de cales en bois et en
fer chassées avec force entre l’arbre et le contour du vide intérieur. Ce col-
lier, que l’auteur nomme lanterne, présente extérieurement une gorge dans
laquelle s’emboitent les coussinets en bois du frein, dont l’inférieur est
composé de plusieurs morceaux, en forme de coins, que relie fortement
une bride semi-cylindrique, en fer, servant à augmenter, à volonté, le frot-
tement, à l’aide de vis de pression manœuvrées à la manière ordinaire.
» Ce dispositif et son ajustement sur l'arbre, nous paraissent moins con-
venables que ceux adoptés par M. Egen, et dont, au surplus, M. de
Saint-Léger ne paraît pas avoir eu connaissance : 1° il est plus facile de
centrer le collier avec des vis qu'avec des coins; 2° la tension d’une
chaîne à plaques articulées n’a pas besoin d’être aussi forte que celle d’une
bride rigide, pour produire le frottement nécessaire à exercer sur la gorge
( 683 ) 5
du collier; 3° il vaut mieux, pour la régularité de l’action, faire frotter de
la fonte sur du fer que sur du bois, ainsi que le démontrent les nom-
breuses expériences de Coulomb et de M. Morin, qui a d’ailleurs constaté
d’une manière directe, les avantages du dispositif ingénieux de M. Egen.
» Nous avons d'autant moins hésité à consigner ici ces légères critiques
et ce parallèle, que l'habile ingénieur dont nous analysons le travail a lui-
même manifesté l'intention de mettre à profit les perfectionnements dus à
M. Egen; toutefois nous ne dissimulerous pas la légère dissidence d'opinion
qui, à ce sujet, s’est élevée entre l’auteur et le rapporteur de la Com-
mission.
» Dans l'appareil perfectionné de l'ingénieur allemand, Les surfaces frot-
tantes sont enduites d'huile au moyen d’un dispositif à aïimentation con-
tinue (r), et il n’y a pas plus lieu alors de craindre l’échauffement de ces
surfaces que celui des tourillons de beaucoup de machines très puissantes,
surtout si, comme l’auteur le recommande, on a soin d’envelopper exté-
rieurement les joues du collier, de linges entretenus dans un état d’humi-
dité convenable. D'autres expérimentateurs , ainsi que nous avons déjà eu
occasion d'en faire la remarque, se sont servis, avec succès, d’un simple ar-
rosage produit par un filet d’eau constant, introduit, comme dans le cas
précédent, entre les surfaces frottantes, par une ouverture pratiquée à la
partie supérieure du frein. Enfin, dans le dispositif qui nous occupe, ces
mêmes surfaces sont lubrifiées, aussi uniformément que possible, à l’aide de
gros morceaux de suif épuré, recouverts d’une couche de plombagine, et
qu'on introduit sans cesse, à la main, entre le coussinet supérieur du frein
et le manchon de friction , tandis qu’on évite l’échauffement à l’aide d’un jet
d’eau lancé par la buse d'une pompe à incendie, contre la surface intérieure
de la lanterne, taillée en gorge pour retenir le liquide quelques instants en
contact avec sa partie basse. M. de Saint-Léger prétend que l'introduction
directe d’un filet d’eau entre les surfaces frottantes, donne lieu à des vibra-
tions, à des soubresauts qui rendent les observations difficiles, mais qui
n'auront sans doute été remarqués que dans les cas signalés par M. Egen,
où les surfaces sont enduites d’un mélange incohérent d’eau et de graisse.
» Il nous semble, au contraire, que l’eau pure, par cela même: qu’elle
donne lieu à un plus grand frottement, doit ici recevoir la préférence , avec
(1) Recherches sur les effets de quelques machines mues par l’eaus existant dans la
TVestphalie rhénane; par M. Egen, ouvrage en allemand publié à Berlin, dans l’an-
née 1831 (1"° partie, page 57.)
C. R. 1837, 12° Semestre. (T. IV, N° 49.) 94
( 684 )
d’autant plus de raison qu’en la faisant arriver en filet mince d’un bassin
supérieur à niveau sensiblement constant, elle dispense de laide employé
par M. de Saint-Léger à alimenter régulièrement de suif les surfaces frot-
tantes, et de celui qui manœuvre la pompe à incendie dont le jet, dirigé
seulement contre la paroi interne du manchon, ne saurait agir assez effica-
cement pour en abaisser la température. Le mélange de graisse et d’eau qui
s’écoule de l’appareil, joint à la projection et à l’éparpillement, au-dehors,
d’une grande partie du jet liquide, entraînent d’ailleurs des malpropretés
nuisibles dans certains cas, et dont l’auteur ne s’est débarrassé qu’en en-
veloppant d’un grand sac de toile tout le système de Parbre et du collier
de friction quand cet arbre est horizontal, ou en adaptant à l'appareil,
lorsque ce même arbre est vertical, un dispositif d’auge et de tuyaux de
conduite, qui en augmente beaucoup le prix, et lui enlève son caractère
primitif de simplicité.
» Pour clore ce rapport, dont le développement est suffisamment motivé
par l'importance des applications du frein à l’industrie, il nous reste à
donner un aperçu de la manière dont M. de Saint-Léger procède aux ex-
périences qui ont pour objet de mesurer le travail mécanique des arbres
tournants , horizontaux ou verticaux, des machines, auxquels, je le ré-
pète, l'appareil estégalement applicable à l’aide de quelques légères modi-
fications dans le dispositif, sur lesquelles il serait superflu d’insister.
» Ordinairement on se contente de donner à chaque série d'observations
une durée de quelques minutes ou, tout au plus, d’un quart d’heure,
d’une demi-heure, pendant lesquels on a soin d'éviter de trop grandes
variations dans la vitesse de la machine, dont linertie joue quelquefois un
grand rôle, notamment quand elle est accompagnée d’un volant qui ne
posséderait pas, à la fin de l’expérience, la force vive dont il était animé au
commencement. Cette: manière de procéder, comme l’observe avec jus-
tesse M. de Saint-Léger, n’est applicable qu'aux circonstances où la force
motrice n’éprouve, par elle-même, que de faibles variations d'intensité,
ainsi qu’il arrive pour les retenues ou cours d’eau, par exemple; mais elle
ne l’est pas aux machines à vapeur dont la régularité d’action dépend
principalement de l’habileté du chauffeur, et pour lesquelles il ne s’agit
pas seulement de constater la production uniforme ou moyenne de travail
mécanique, mais aussi la dépense de combustible, qui ne peut étre conve-
nablement évaluée qu’en laissant fonctionner la machine pére au moins
six heures où même une journée entière.
» L'expérience lui a appris, en effet, que ces sortes È Rec ties! d’ail-
( 685 )
leurs bien conduites, éprouvent, quant à la vitesse du mouvement et à
l'intensité d'action de la vapeur, des variations très appréciables et tres
capables d’induire en erreur sur la valeur moyenne de l'effet utile et de la
dépense de combustible, lorsqu'on ne fait porter les observations que surun
certain nombre de révolutions du volant; c’est pourquoi il s’est attaché,
dans le dispositif que nous venons de décrire, à maintenir pendant un long
temps l’uniformité d'action du frein sur l'arbre de la machine, et il a joint
à celle-ci un compteur capable d’enregistrer fidélement le nombre de ses
révolutions pendant tout ce temps. Le produit de ce nombre et du travail
constant développé par le frottement du frein dans une de ces révolutions,
donne l'effet utile total de la machine, qu’on pourrait également obtenir
par d’autres dispositifs servant à enregistrer d’unemanière continue, le tra-
vail mécanique, fût-il même variable dans des limites très étendues, dis-
positifs dont M. Morin a présenté dernièrement un modèle à l’Académie
des Sciences et à la Société d’Encouragement pour l’industrie nationale.
» En divisant ensuite l’effet utile total ainsi obtenu et la dépense corres-
pondante de combustible, qui ne doit pas comprendre celle de la mise en
train; en divisant, disons-nous, ces quantités par la durée entière de l’ex-
périence, on obtient la valeur moyenne du travail et de la consommation
de combustible pendant l’unité de temps, valeur qui ne peut laisser dans
l'esprit aucun doute sur la puissance absolue et la bonté relative de la ma-
chine soumise à l'expérience, quand les observations ont été faites d’une
manière contradictoire et en présence des parties intéressées.
» Au surplus, on a dû s’apereevoir que la condition essentielle à rem-
plir dans le mode de procéder qui nous occupe, c'est de maintenir pendant
_Ja durée entière de l’observation, l'égalité de la résistance produite par le
frein sur l'arbre tournant de la machine, ou si l’on veut l’horizontalité du
levier , son exact équilibre sous l'action du poids constant qui le sollicite
à Vextrémité opposée à cet arbre. Or nous avons pensé qu’il ne serait pas
inutile d'indiquer dans une note, qu’on trouvera annexée à ce rapport,
comment on peut atteindre avec simplicité le but dont il s’agit, sans
recourir au secteur circulaire , aux poulies de renvoi, etc., dont l’auteur a
fait usage, non plus qu’à la main de l’homme qui est chargé de manœuvrer
les écrous du frein, et dont l'attention ne tarde guère à se fatiguer, ce
qui compromet le succès de l'opération.
» La manière satisfaisante avec laquelle les commissaires ont vu M. de
Saint-Léger procéder à ses expériences, le soin qu’il a mis à apprécier et à
atténuer l'influence des causes d'erreurs et des résistances passives ou étran-
94
( 686 )
gères , inhérentes à la disposition particulière de son appareil, les détails
pour ainsi dire minutieux dans lesquels il'est entré à ce sujet, dans son mé-
moire, enfin les faibles oscillations du levier et du contre-poids abandonnés
à eux-mêmes pendant une longue suite de révolutions de la machine;toutes
ces circonstances ne peuvent qu'inspirer une entière confiance dans les ré-
sultats ainsi obtenus, et nous n'hésitons pas à déclarer que, sous ce rap-
port, il a parfaitement atteint le but et mérité l'approbation de l'Académie,
non moins que l'intérêt des praticiens auxquels la publication de son tra-
vail sera profitable à plusieurs égards; maïs nous pensons aussi que trop
de scrupules lui ont fait compliquer inutilement un appareil dont le carac-
tère essentiel doit être la facilité , la sûreté de la manœuvre, et qui ne de-
viendra d’un usage général que lorsqu'il pourra s'appliquer , sans trop de
frais et de sujétions , aux différentes localités , aux différents dispositifs
d'arbres des machines. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
NoTE sur unmécanisme propre à régulariser spontanément l'action et le mouvement
d'oscillation du frein dynamométrique ; par M. PonceLer.
« La question consiste évidemment à mettre à profit les excursions du
levier, de part et d'autre de sa position moyenne, supposée ici horizon-
tale, pour faire serrer ou desserrer les écrous des vis de pression du frein,
ce quin'’offre , comme on va le voir, aucune difficulté.
» Supposez, en effet, que ces écrous, armés en-dessous de rondelles de
friction , mobiles et superposées afin de faciliter le glissement, portent à
leur circonférence extérieure, des couronnes dentées engrenant dans les
filets carrés de deux portions de vis sans fin, montées sur un même arbre
disposé parallèlement à la face supérieure du levier, et maintenu, sur elle,
au moyen de supports fixes terminés par des œillets ou coussinets à frotte-
ment doux , de manière à nelaisserà l’axe de la vis que la liberté de tourner
sur lui-même, dans les deuxsens, ilne s'agira plus que d'établir entre cet axe,
l'arbre tournant de la machine ou le collier de friction et le levier du frein,
une corrélation de mouvement telle, que l'extrémité de celui-ci ne puisse
s'écarter, en-dessus ou en-dessous de sa position moyenne, d’une quantité
assignée, sans que la vis motrice nesoïit aussitôt mise en action de manière
à desserrer ou resserrer les écrous du frein , d’une autre quantité qui soit
indépendante de l’usé de leurs surfaces frottantes, du jeu et des déforma-
tions que peuvent subir les parties soumises aux effets de la pression, et qui
( 687 )
ue dépende, en un mot, que de la grandeur de la première. Or ce but peut
ètre atteint, de plusieurs manières et avec une égale simplicité, par des
procédés entièrement analogues à ceux qu’on emploie pour régler le jeu
des vannes ou soupapes motrices dans lapplication du régulateur à force
centrifuge aux machines.
» Plaçons, par exemple, (sur l'arbre de la vis sans fin, et vers son milieu,
une poulie à gorge , montéesur un manchon tournant à frottement doux,
et mise en.relation de mouvement avec l’arbre moteur de la machine, ou
la couronne du collier de friction, à l’aide d’une corde sans fin, passant
sur de petites poulies de renvoi fixées au levier du frein. Supposons, en
outre, que le manchon de la prémière de ces poulies puisse glisser Jon
gitudinalement sur larbre de la vis, ét s’embrayer alternativement de
droite ou de gauche, et moyennant un jeu convenable, avec deux cou-
ronnes armées de griffes ou de simples chevilles faisant corps avec cet
arbre. Supposons enfin que ce même manchon porte une gorge latérale,
une saillie annulaire quelconque qui puisse être poussée dans l’un ou l’au-
tre sens, par une fourche, un bouton qui restefixe dans l’espace pendant les
oscillations du frein , ou qui fasse corps avec l'extrémité la plus courte d’un
levier tournant autour d’un axe monté sur la partie supérieure de celui-
ci, et dont l'extrémité opposée soit également fixée à des points d'appui
extérieurs. En faisant, dis-je, ces hypothèses, on aura une idée assez nette
du mécanisme qu'il me suffit ici de décrire d’une manière générale, et
dont l'application n'offre d’autres difficultés que celle de régler convena-
blement le jeu et l'amplitude de mouvement des diverses parties.
» Supposant, en particulier, qu'on veuille limiter les oscillations de
l'extrémité fibre du bras du frein, à 8 centim. de part et d'autre de sa po-
sition moyenne, on disposera les choses de façon que l'embrayage du
manchon de la poulie motrice, de celle qui est montée sur l'arbre de la
vis sans fin, commence seulement à l'instant où l'extrémité dont il s’agit
a parcouru une certaine portion de sa course, je suppose 4 à 5 centim., le
surplus devant l'être pendant la durée même de cet embrayage ; cela per-
mettra de régler le jeu du manchon de part ét d'autre de sa position
moyenne, et dans l'étendue duquel la poulie motrice doit rester folle et
les vis de pression au repos. Ge jeu, dans les dispositions ordinaires du
frein, n'aura pas moins de 4 à 6 millim.; ce qui sera plus que suffisant
pour assurer la régularité d’action des griffes ou du bouton d'embrayage.
» Quant aux proportions des autres parties du mécanisme, elles n’ont
d'influence que sur le degré de sensibilité, l'énergie régulatrice de lappa-
( 688 )
reil; et, à cet égard, nous pensons qu'il suffira, pour tous les cas, de:
donner 100 millim. de diamètre à la poulie qui conduit la vis sans fin,
6 ou 8 millim. au pas de celle-ci, 80 au diamètre des écrous dentés con-
duisant les vis de pression du frein; ce qui procurera à celles-ci + de tour,
au plus, par révolution de l’arbre de la machine ou du collier de friction.
D'ailleurs on fera remarquer que, nonobstant la grande vitesse dont est
généralement doué cet arbre, et précisément à cause de la lenteur du
mouvement des vis de pression, le jeu du mécanisme régulateur s’exécu-
tera avec beaucoup de douceur et d’uniformité. »
MÉCANIQUE ET CHIMIE APPLIQUÉES. — Rapport sur un appareil à copier
les lettres ; par M. En. Lawer. à
(Commissaires, MM. Lacroix, Séguier rapporteur. )
« Le temps est une limite pour le nombre et l'importance des transac-
tions commerciales. ?
» Une invention qui rendrait au négociant la libre disposition d’une par-
tie de sa journée, qui lui permettrait de faire en quelques instants avec
économie les longues et dispendieuses écritures que le commerce réclame,
que la loi prescrit, serait donc pour lui un utile auxiliaire.
» La solution de ce problème n’a paint paru indigne de Watt lui-même.
À son génie inventif appartient l'indication de la première méthode prompte
et économique de prendre copie d’une écriture manuelle.
» Quelque ingénieux que soit le procédé de Watt, encore employé de nos
jours, reproduit sans cesse par de nombreux contrefacteurs en mille in-
ventions nouvelles, quelque général qu’en soit l’usage dans les comptoirs
français, anglais, américains, qu’il nous soit permis de signaler quelques-
unes de ses imperfections, maintenant que nous croyons qüe la presse à
copier de Watt peut être. remplacée par l'appareil prompt-copiste de
M. Lanet.
» Nous avons à vous entretenir, Messieurs, de l’appareil prompt-copiste,
et cependant nous voulons discuter succinctement le mérite de la presse
à copier. Pardonnez-nous cette manière de procéder , la comparaison entre
les anciens.et ies nouveaux moyens de copier sera le rapport le plus bref
et le plus clair que nous puissons faire sur une invention digne de fixer
quelques instants votre bienveillante attention.
» La presse à copier de Wattoffre, disons-nous, quelques inconvénients
inhérents à sa nature même : la copie est obtenue par le transport d’une
° ( 689 )
partie de l'encre de l'original; la contre-épreuve présente une écriture re-
tournée, qui ne peut se lire qu'au travers du papier; celui-ci doit être
pour cela mince et transparent; il ne peut recevoir de copie que d’un seul
côté; un tel papier ne peut pas être collé, car il doit s’imprégner d’une
certaine quantité d’eau pour opérer le décalcage de l’encre de l'original ; le
degré d'humidité convenable à une bonne copie est bien difficile à saisir;
trop humide on délaie outre mesure l’encre de loriginal, on en compre-
met l'existence sans assurer une bonne copie; trop sec on n’absorbe plus
assez d'encre, la copie est incomplète et illisible, sans parler de l'extrême
fragilité de ce papier lorsqu'il est mouillé, sans nous étendre sur les incon-
vénients de mouiller les originaux qui doivent être séchés avant leur expé-
dition, nous nous bornerons à signaler le danger pour la conservation des
registres de l’humectation journalière de chacun de leurs feuillets.
» Les copies bien prises par le procédé de Watt ne peuvent encore ser-
vir que comme mémoire, la nature du papier leur interdit toute circulation.
» Un autre moyen plus imparfait de prendre copie d’une écriture, est le
procédé polygraphique. Plusieurs feuilles de papier blanc et de papier en-
duit de plombagine sont superposées , un stylet à pointe mousse sert à tra-
cer les caractères , la pression fait décharger le papier enduit sur celui qui
ne lest pas. L’élasticité du papier, en limitant les effets de la pression, dé-
termine le nombre des copies. L'écriture ainsi reproduite n’est qu’un sim-
ple cryonnage. Une telle méthode peut être utile aux artistes pour prendre
fidèlement les contours d’un dessin, elle ne se prête point à l'expédition
de la correspondance d’un négociant.
» L’autographie est un troisième moyen plus convenable pour reproduire
un grand nombre d'épreuves que pour obtenir une ou deux'copies, à cause
de la longueur et de la difficulté des opérations préparatoires. L’autographie
exige une espèce d'apprentissage préalable. On ne peut jamais obtenir par
cette méthode que des copies : l'original tracé sur un papier préparé avec
une encre spéciale, doit être sacrifié pour ps la planche destinée au
tirage.
» Frappé de l'insuffisance de tels moyens, M. Lanet entreprit de résoudre
le problème d’une manière plus complète ; il se proposa les conditions sui-
vantes :
» 1°. Reproduire sans l’altérer, tout écrit fait à la main avec l’encre à
copier;
» 2. Se servir du papier en usage tant pour l'original que pour la
copie;
( 6go )
» 3. Copier sans mouiller ni l'original, ni la copie ;
» 4°: Obtenir plusieurs copies d’un même écrit;
» 5°. Prendre ou transcrire-les copies dans des cahiers ou des registres
reliés ;
» 6. Pouvoir prendre des copies entières ou partielles. Enfin, obtenir ces
résultats avec un appareil simple, de petite dimension, toujours prêt à
fonctionner.
» Une petite presse de bureau à rouleau, un humecteur, une toile vernie,
une feuillemince de métal, un pinceau , unflacon d’encre et de poudre,
forment tout le matériel du prompt-copiste. L'appareil complet peut être
contenu dansune boite de 18 pouces de long sur 12 de large et de quelques
pouces d'épaisseur,
» Une encre fortement hygrométrique pour écrire les originaux, une pou-
dre, également hygrométrique pour prendre les copies, forment la base de
l'invention de M. Lanet.
» Pour opérer avec l'appareil prompt-copiste, on commence par compri-
mer à l'aide de la presse l’original contre une feuille de toile vernie. La
contre-épreuve obtenue sur la toile par le transport d’une partie de l'encre
de l'original, est saupoudrée avee la poudre hygrométrique pour servir
au tirage de Ja copie.
» L’original fournit au besoin, sur-toile vernie, plusieurs contre-épreuves;
celles-ci pouvant être plusieurs fois de suite chargées de poudre, on peut
opérer simultanément plusieurs copies. Il-suffit de saupoudrer à son tour
l'écriture de l’original, devenue trop faible par des emprunts successifs,
pour lui rendre sa teinte primitive. Cette dernière opération a encore l'a-
vantage d'assurer à l'original l'indélébilité dont jouissent les copies. La
poudre à: copier a pour base l’encre de la Chine:
» Dans ces diverses opérations , le léger degré d'humidité nécessaire pour
opérer la décharge de l'encre de l'original ou la dissolution de la poudre de
la copie est donné par la seule insufflation de Pair chaud et humide qui a
servi à la respiration. Cette méthode se remplace avec succès par un appa-
reil spécial que M. Lanet appelle son humecteur. Une plaque de métal
pourvue d’un rebord, couverte: d’une toile mouillée, est renversée pendant
quelques secondes sur l’original on sur la toile vernie chargée pour la co-
pie; ce très. court séjour dans l'atmosphère humide de la plaque, suffit
pour donner à l’encre et à la poudre hygrométrique toute leur efficacité.
» Il faut avoir vu opérer M. Lanet pour se faire une juste idée de la faci-
lité, de la rapidité avec laquelle toute espèce de copie ou de transcription
( 69 )
peut être exécutée. Ce sont des pages entières ou de simples lignes dont il
extrait ou transcrit la copie dans un registre relié. La simplicité avec la-
quelle M. Lanet commence au bas de la page d’un registre et continue au
verso la copie d’un original écrit tout entier sur le recto d’une seule feuille
volante, a frappé vos commissaires. Par un tel procédé, les registres-copies
de lettres pouvant être tenus sans aucun blanc, présentent l'aspect de re-
gistres écrits à la main, ils conservent leur régularité et leur caractère lé-
gal. Vos commissaires, après avoir reconnu la réalité de ces avantages par
des expériences faites sous leurs yeux, vous proposent de remercier
M. Lanet de sa communication, et d'approuver son appareil prompt-
copiste. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
puyroGéniE. — Sur les lois de formation des végétaux. — Lettre de
M. A. Moquin-Tawnow, professeur à la Facuité des Sciences de Tou-
louse, à M. Zsidore Geoffroy Saint-Hilaire.
« Vous savez que je suis sur le point de publier un Essai sur les unoma-
lies de l'organisation végétale. En vous écrivant à ce sujet, il y a.environ
trois mois, je vous annonçais que les recherches embryologiques auxquelles
cet essai m'avait conduit, confirmaient les belles théories de M. Serres ,
mais qu'elles paraissaient en désaccord avec elles sur quelques points , à
cause de la différence qui se trouve entre l'organisation végétale et l'orga-
rüsation animale.
» Vers cette époque, M. Auguste de Saint-Hilaire vint me rendre visite
à Toulouse, et je lui communiquai une partie des résultats auxquels j'étais
parvenu. Ge savant botaniste m’engagea beaucoup à poursuivre mes
recherches.
» J'apprends à l'instant, par un journal, que M. Ad. Chatin a adressé à
l'Institut, le 17 avril dernier, cinq propositions extraites d’un travail qu'il
soumettra plus tard à l’Académie. Voici ces propositions :
» 1°. La loi de symétrie ou de formation centripète, découverte
par M. Serres, dans le règne animal, préside aussi à la formation des
végétaux ;
» 2°. Cette loi est propretaux végétaux à un ou à deux cotylédons;
» 3. Une loi de formation bien différente, centrifuge ou rayonnante,
CR. 1837, 197 Semestre, (T. IV, No 19.) 95
( 692 )
souvent irrégulière dans sa marche, s'étend à une autre partie des vé-
gétaux.
» 4°. À cette deuxième formation, appartiennent les plantes inférieures
connues, en général, sous le nom de plantes cellulaires.
» 5°. La loi d'équilibre des organes, proclamée en zoologie par M. Geof-
. froy Saint-Hilaire, depuis long-temps admise dans les descriptions par les
botanistes, ressort nettément d'observations dans lesquelles la nature a été
surprise à l’œuvre. !
» Je ferai d’abord observer que M. de Candolle a signalé physiologi-
quement, en 1813, dans sa Théorie élémentaire (x), la loi de l'équilibre
des organes. J'ai moi-même développé cette loi dans plusieurs de mes ou-
vrages, notamment dans mon Essai sur les dédoublements (2) et dans mes
Considérations sur les irrégularités de la corolle (3).
» Quant aux autres lois, elles me paraissent’nouvelles, et je m'estime
heureux de. m'être rencontré à leur sujet avec M. Chatin. J'ai reconnu,
comme lui, que l’ordre de formation est centripète dans les végétaux vas-
culaires et centrifuge dans les végétaux cellulaires. Mais je n’ai pas trouvé
ces deux lois aussi isolées que M. Chatin paraît le reconnaître. Comme mes
idées différent un peu des conclusions de ce naturaliste, permettez-moi de
vous adresser un extrait de mon travail. Je traiterai seulement dans cette
lettre de l’ordre de formation dans les végétaux vasculaires.
» Si l’on examine un ovule ou œuf végétal, dans les premiers moments
de son existence, on trouvera que cet ovule est dans l'origine une petite
masse cellulaire dépourvue d’enveloppes particulières et d'ouverture (Mirb.).
Peu à peu l’on voit s’organiser une sorte de tunique extérieure, la pri-
mine (4) offrant une ouverture ou bouche, l’exostome (5). Une seconde
tunique , la secondine (6), paraît presque en même temps et immédiate-
ment au-dessous. C’est un sac à paroi mince et celluleuse également percée
(1) Prem. édit., & 7x et 73.
(2) Montpellier, 1826, p. 17.
(3) Ann. des Scienc. nat., t. XXNII, p. 238. Joy. aussi ma note sur le C/ypeola
cyclodontea, Del., à la suite du mémoire de M. Delille sur cette plante. Avec M. A. de
Saint-Hilaire, j’ai montré un exemple assez curieux du balancement organique dans les
fleurs des Polygalées. (Joy. notre premier mémoire sur cette famille, p. 46.)
(4) Testa, R. Br. et À. Brongn.
(5) Foramen, Grewet R. Br. — Micropyle, Turp.
(6) Membrane intérne, R, Br.— Tegmen, À. Brongn.
(695 )
d’un orifice, l’endostome (1). Ces deux enveloppes recouvrent un corps
pulpeux, conique, plus ou moins arrondi ou pointu à son extrémité, le
nucelle. Celui-ci forme bientôt un troisième sac, la fercine (2), dont la ca-
vité reste vide ou pleine d’eau de végétation, pendant quelque temps. là,
dans beaucoup d'espèces, paraît une nouvelle production, la quartine ,
sorte de tissu cellulaire qu’on serait tenté de prendre, à sa naissance, pour
une matière gommeuse en dissolution dans l’eau. D'après les observations
de M. de Mirbel, ce tissu naît simultanément de tous les points de la cavité
ovulaire et s’accroit de la circonférence au centre. Dans quelques espèces,
il se développe une cinquième partie, la quintine (3), sous forme d'un
boyau grèle, Enfin, on voit naître du sommet de la cavité de l’ovule, un
fil très délié, le suspenseur, portant à son extrémité un globule, qui est le
commencement de l'embryon (4).
» Ainsi, l’ordre de formation de l’ovule nous présente successivement
la primine et l’exostome, la secondine et l’endostome, la tercine, sa cavité,
la quartine, la quintine et l'embryon. L'ordre de formation a donc lieu er
marchant de la périphérie au centre.
» Si l’on observe le développement des bourgeons, on remarquera aussi
des tuniques qui se recouvrent les unes les autres. On verra se former
d’abord les écailles, le duvet ou les parties extérieures, puis le premier
verticille ou la première spirale de feuilles, puis la seconde et ainsi de suite;
et dans chaque spirale, les feuilles les plusinférieures ou les plus extérieures
se montreront avant les autres.
» Ainsi, nous trouvons le développement excentrique ou centripète dans
les bourgeons comme dans l’ovule.
» Si nous étudions ensuite le mode de formation des appareils floraux ,
nous reconnaitrons que le calice paraît le premier, puis vient la corolle et
landrocée ou le verticille des étamines, et puis le gynécée ou le verticille
des pistils (5). On pouvait soupçonner à l'avance cet ordre de développe-
(1) Foramen, R: Br.
(2) Nucleus, R. Br. — Æmande, À. Brongn.
(3) Zésicule de l’'amnios, Malpighi.— Membrane additionnelle, R. Br. — Sac em-
bryonnaire, À. Brongn.
(4) Voyez le beau mémoire de M. de Mirbel sur les développements de TRE
(5) Gomme le calice naît le premier, il manque plus rarement que les autres verti-
cilles, l'inverse a lieu pour le gynécée, qui se développe le dernier; il avorte très
souvent.
95.
( 694 )
ment , d’après les rapports de structure qui existent entre les fleurs et les
bourgeons (1).
» Voilà donc l’ovule, les bourgeons et les fleurs qui nous présentent
dans leur mode de formation la loi du développement excentrique ou cen-
tripète.
» Maïs les parties des fleurs , des bourgeons ou de l’ovule sont-elles sou-
mises à la même loi qui régit ces ensembles organiques? Je choisirai l'an-
thère pour exemple à cause de la complication de cet organe.
» L'anthère est composée d’abord d’une petite quantité de tissu cellu-
laire parfaitement uniforme, contenant quelques corpuscules à l’état de
liberté. Les cellules de la périphérie se modifient les premières et se dispo-
sent pour la production des membranes anthérales ; on voit bientôt, vers
le centre, deux groupes de cellules qui se dilatent graduellement. Les gra-
nules qu’elles renferment, se multiplient et remplissent leurs cavités
agrandies. Les parois de ces cavités augmentent d'épaisseur etse séparent de
la masse des granules. Peu de temps après, 2 ou 3 ou 4 appendices, en lame
de couteau, se développent à distance égale les uns des autres, sur la face
interne de la cellule et enfoncent graduellement leur tranchant vers le centre
(Mirb.), de telle sorte qu’ils entament la masse granuleuse et finissent par
la partager en deux ou plusieurs petites masses. Quand ces appendices se
rencontrent vers le milieu, ils s’entregreffent. Alors les petites masses
granuleuses deviennent sphériques; le tissu qui les entoure se disloque,
s’arrondit et forme pour chacune d’elies un double tégument; chaque petite
masse est alors convertie en un grain de pollen (2).
» [l'est évident, d’après cet exemple, que les organes se développent, de
la périphérie au centre, comme les ensembles organiques. On peut donc
conclure que la loi de formation centripète, découverte par M. Serres ,
dans le règne animal, préside aussi à l'embryogénie des végétaux vascu-
laires. °
» Cette conclusion est confirmée par un grand nombre d'observations
que je publierai dans un mémoire spécial. : RQ,
» Cependant une circonstance a semblé s'opposer à la nouvelle théorie ;
c'est la manière dont les yeux des bourgeons et les boutons des fleurs sor-
EE ——————_—]_—_———]—]—_] 0 TS A.
(1) On sait que, dans certaines monstruosités, les fleurs se changent en bourgeons, et
que dans d’autres, ce sont les bourgeons qui se changent en fleurs.
(2) Forez l'excellent travail de M. de Mirbel sur l’anthère du Cucurbila pepo, dans
le Complément de ses observations sur le Marchantia.
(695 )
tent ou naissent des axes végétaux. Une force particulière les pousse de
dedans au dehors, et cette première apparition est certainement un phéno-
mène centrifuge.
» L'étude des animaux des classes inférieures m'a fait apprécier da nature
et la valeur de cette apparition.
» Tout le monde connait le polype d’eau douce. Dans les premiers temps
de son existence, c’est un petit tubercule , composé d’une substance cellu-
leuse homogène. Cette matière se creuse dansle milieu, et il se forme letube
ou estomac , c’est-à-dire la cavité qui représente tout le système digestif.
La naissance es organes a donc lieu , dans cet animal, de la périphérie au
centre, comme dans les animaux les mieux organisés. Quand le polype se
reproduit, on voit paraître surdivers points de la surface de son corps, de
petits tubercules, d’abord microscopiques, qui se développent graduelle-
ment selon lamême loi et finissent par former de petits individus semblables
à lui. Ceux-ci deviennent libres, et la reproduction est accomplie. Or, ces
tubercules qui se montrent à la surface du polype, ne naissent pas de
l'animal par un mouvement de la-périphérie au centre , mais au contraire
par une évolution du centre à la périphérie; car la reproduction doit être
regardée en définitive, comme l'expulsion au dehors d’un individu , d’une
portion de sa substance. C’est un phénomène essentiellement centrifuge.
» Maintenant APpeaneus tous les jeunes animaux portés par le pre-
mier polype, nes’en détachent pas, qu'ils s’accroissent et qu’ils produisent
de leur côté d’autres polypes semblablesà eux, fixés de même sur leur corps,
et que 3, 4, 5, 10, 20 générations se succèdent présentant le même phéno-
mène, nous aurons un être collectif, plus ou moins ramifié. Dans cet assem-
blage, chaque polype élémentaire sera le produit d’un développement
excentrique on centripète, et le polype collectif sera formé par un déveiop-
pement du centre à la circonférence (x).
» Ce qui se passe dans les végétaux vasculaires est exactement ce qui ar-
rive dans ces polypes agrégés.
* (x) Parmi les animaux rayonnés, on trouve des êtres multiples analogues ou sembla-
bles à l’agrégat de polypes dont il vient d’être question, Il existe aussi des mollusques
composés ( Botrylles, Pyrosomes , Polyclinum) ; mais ceux-ci, d’après les observations
de MM. Audouin et Milne Edwards, sont d’abord libres ou isolés. A une époque de
leur vie, ils se rapprochentet s’agrégent. Cette agrégation est donc ici centripète,
comme le développement des individus. Le mollusque élémentaire et le mollusque
collectif sont également soumis à la loi de M. Serres. Les baccillaires et les navicules
( 696 )
» La plupartdes botanistes (1) considèrent aujourd’hui les végétaux, non
pas comme des êtres simples ou unitaires, mais comme des êtres composés
ou des agrégats d'individus. Les individus élémentaires sont les bourgeons.
Ces bourgeons se manifestent sous deux formes : ils sont bourgeons propre-
ment dits (Embryons gemmes, ou fixes), ou bourgeons floraux (Embryons
graines, ou mobiles). Les premiers restent toujours adhérents au végétal ;
ils allongent indéfiniment son axe ou ses ramifications, et forment à leur
tour d’autres générations d'individus. Les bourgeons-fleurs ne sont fixés
au végétal que pendant une durée limitée; ils s’y épanouissent, arrêtent le
développement de l’axe qui les porte et produisent des germes qui'se sé-
parent de l'individu collectif et vont donner naissance ailleurs à de nou-
velles agrégations.
» J'ai prouvé plus haut que ces deux sortes de bourgeons et les parties
qui les composent se développent de la périphérie au centre. La compa-
raison du végétal avec les rayonnés, vient d'établir que la naissance de ces
individus est une véritable reproduction, et qu’ils sont poussés de l'inté-
rieur à la périphérie (2). Par conséquent, dans les végétaux vasculaires,
les individus élémentaires se forment suivant la loi excentrique, ou centri-
pète , et l'individu collectif suivant la loi centrique, ou centrifuge. »”
rnyrocénie.— {Vote sur le développement du genre Rotelline; par M. SERRES.
‘
« Après ia présentation de la note de M. Moquin-Tandon, M. Serres
prend la parole; il rappelle que dans une des séances précédentes, M.Cha-
tin a soumis à l’Académie des résultats analogues sur le développement
des végétaux. L'observation a conduit ces deux botanistes à constater que
les végétaux sont assujettis, dans leur développement, anx mêmes règles de
développement que les animaux, c’est-à-dire à la loi centripète et aux règles
générales de symétrie et d'association qui en dérivent et qui ont été décou-
vertes par M. Serres.
» Si cet accord de la phytogénie et de la zoogénie est confirmé par les
EEE SE CNE 10 A
des eaux douces et salées, se greffent aussi côte à côte, à une époque de leur existence,
tantôt par deux ou trois, tantôt en nombre considérable. La même soudure a lieu dans
les animalcules des liqueurs fermentescibles. Ils s’entassent, se collent et forment ces
espèces de membranes connues sous le nom de Mycodermes. :
{) Vory.de Candolle, Organog. végét., t. U, p. 228, et Phys. végét.,t. I, p. 957.
(2) Remarquez que la reproduction des polypes a été désignée par les physiologistes
sous le non de gemmipare, ou par bourgeons.
( 697 )
observations ultérieures des botanistes, il constituera, ajoute M. Serres, un
véritable progrès, bien qu'il ne soit qu'un retour aux anciennes vues sur
la formation des êtres organisés. Il est à remarquer , en effet, que jusqu’au
milieu du xvu siècle, la phytogénie et la zoogénie n'étaient pas sépa-
rées, elles marchaient l’une et l’autre sur la même ligne.
» La séparation des deux sciences n'eut lieu qu'après que Bonnet fut
parvenu à faire prévaloir le système des préexistences organiques; et sur-
tout après que Haller, marchant sur les traces de Bonnet, eut attribué au
cœur l’action formatrice des animaux. Les plantes étant privées de cœur,
elles se trouvèreni par ce fait même entièrement séparées des animaux.
» Mais d’une part, les progrès de la zoologie ayant appris qu'il existait un
grand nombre d’animaux dépourvus de cœur, et d'autre part, les progrès
récents de l’embryogénie humaine et comparée ayant démontré aux anato-
mistes que le cœur est un organe de seconde formation , l'hypothèse de
Haller qui avait produit ceite scission a été abandonnée. Dans l’embryogé-
nie animale , elle a été remplacée par la loi expérimentale du développe-
ment centripète qui ne présuppose rien et qui permet, ainsi que l’établissent
les recherches de MM. Moquin-Tandon et Chatin, de découvrir les rap-
ports qui lient les végétaux aux animaux.
» Qu'il me soit permis ; continue M. Serres, d'ajouter quelques observa-
tions à ce sujet. Les lois que j'ai établies sur l’organogénie, l'ont été d’après
des faits puisés sur les jeunes embryons des vertébrés et de l'homme, ainsi
que sur ceux des invertébrés. Chez ces derniers, les faits m'ont paru plus
concluants que chez les premiers ; c’est donc chez eux que l’on devra choi-
sir de préférence les rapports de développement qui peuvent exister entre
les animaux et les végétaux.
» Parmi les invertébrés, les ivfusoires me paraîtraient surtout pronres à
ces recherches, si leur extrême petitesse ne rendait trés difficiles les obser-
vations microscopiques qu'exige l'étude deleur développement. Cette as-
sertion est fondée sur le développement du genre rotelline que j'ai suivi
avec beaucoup de soin.
» Dans son état parfait, cet infusoire, en oe de petite roue, se com-
pose de huit rayons. Or, en étudiant sa formation, je l’ai vu composé de
deux, de trois, de quatre, de six et enfin de huit branches ; de telle sorte
qu'il pourrait bien se faire que ceux que d’abord j'avais pris pour des es-
pêces distinctes, ne soient peut-être que des temps divers de développe-
ment d’une seule et même espèce. »
.
( 698 )
STATISTIQUE. — Recherches sur les lois de la morialité et de la population ;
par M. DEMONFERRAND.
(Commissaires , MM. Poisson, Mathieu, Savary. )
L'auteur, dans la lettre d'envoi que nous reproduisons ici, donne
l'analyse de son travail:
« J'ai honneur de vous adresser un mémoire contenant les principales
recherches annoncées dans mon premier mémoireintitulé : Essaisur les lois
de la mortalité et de la population en France. Les tables ‘que je soumets au
jugement de l’Académie comprennent les lois de la mortalité, la distribution
de la population par âges , la vie moyenne et la vie probable. Ces tables sont
construites avec distinction des sexes, 1° pour la France entière, 2° pour
les départements où la mortalité est la plus lente, 3° pour les départements
où la mortalité est la plus rapide. J’ai tenu compte de l'accroissement an-
nuel des divers éléments de la population, etde la mortalité très rapide de
la première enfance.
» J'ai mis la table de mortalité sous une forme nouvelle qui SRpAIRE le
danger de mourir dans l’année à chaque âge. C’est, je crois, la manière la
plus claire de présenter les chances de la vie en la comparant dans les deux
sexes. On voit que, dans l'enfance, la mortalité des filles est moindre que
celle des garçons, mais à partir de 27 ans, la PROnANTE des hommes est
un peu moindre que celle des femmes.
» Les causes générales nuisibles à la population altèrent moins profon-
dément les lois de mortalité des femmes que celles des hommes.
» Une opinion très répandue, quoique déjà démentie par plusieurs au-
teurs, attribue de grands dangers à certaines époques dela vie, et parti-
culièrement à là puberté et au retour d'âge chez les femmes; ces dangers
sont imaginaires, mais il y a une époque très critique pour les hommes
entre 19anset25 ans: la mortalité qui estdeo, 0072 à 18 ans et est de 0084 à
30 ans, au lieu de passer d’une de ces valeurs à l’autre par degrés continus,
atteintun maximum de o, 0123 de 23 à 24 ans. Les causes de cet accrois-
sement rapide me paraissent être entièrement sociales. À l'époque du déve-
loppement des passions, les jeunes gens destinés aux professions libérales
quittent leurs familles et les établissements d'instruction secondaire pour
venir dans les grandes villes chercher l'éducation professionnelle; en même
temps, les jeunes ouvriers vont dans les grands centres d'industrie terminer
leur apprentissage. Enfin le recrutement et le service domestique enlèvent,
( 699 )
au même âge, un grand nombre d'individus aux professions agricoles et les
attirent dans les villes. Un seul fait prouvera l’immense influence des
grandes villes sur la mortalité exceptionnelle de la jeunesse : de 15 jeunes
gens de 18 à 30 ans qui succombent dans tonte la France, il en meurt un
dans Paris.
» Un effet analogue, mais plus faible, a lieu pour les femmes : sur 19
jeunes femmes de 18 à 30 ans qui meurent dans toute la France, il en meurt
une dans Paris.
» La vie probable est de 4r ans 11 mois pour les garçons et 45 ans 7 mois
pour les filles ; elle atteint son maximum à 3 ans pour les deux sexes, et ce
maximum est le même 56 ans 5 mois. À partir de cette époque , la vie pro-
bable est un peu plus grande pour les hommes que pour les femmes. La vie
moyeune est d’abord de 38 ans 4 mois pour les garçons, 40 ans 10 mois
pour les filles, elle atteint son maximum vers 4 à 5 ans; ce maximum est
48 ans 4 mois pour un sexe et 49 ans 9 mois pour l’autre.
» J'ai joint à mon travail une comparaison des tables les plus connues,
avec les résultats de mes calculs ; voici les conséquences qui en résultent.
»1°. La table de Duvillard ne représente plus les lois de la mortalité pour
la France, ni pour aucune de ses grandes divisions.
» 2. La table que Deparcieux avait calculée pour des têtes choisies est
devenue trop rapide pour la France entière; elle s’accorde très bien avec les
résultats que l’on obtiendrait pour les départements à mortalité rapide, en
ne distinguant pas les sexes. À
» 3°: La table de Carlisle est intermédiaireentre la France entieré et la 3°
classe; elle peut représenter la mortalité d’un groupe de départements
composé de la 2°%° section de la seconde classe et de la 1°° section de la 3°%°.
» Les tables de la Belgique donnent des chances plus défavorables que les
tables françaises; elles y font suite en quelque sorte et forment une 4" classe
composée des habitants des campagnes et une 5°" des habitants des villes.
» Quant à la mortalité de la ville de Northampton, elle est d’une rapidité
tout-à-fait exceptionnelle : les compagnies qui basent leurs calculs sur cette
table pour les sommes payables au décès des assurés élèvent leurs primes
au-delà de ce que demande la prudence; par cette élévation du tarif elles
repoussentun grand nombred’affaires qui procureraient un bénéfice certain;
inconvénient d'autant plus grave qu’il s'oppose au développement de la
partie la plus morale des assurances, celle qui permet au soutien d’une
famille de préserver, après lui, d’une ruine totale, les objets de ses affec-
tions.
C. R. 1837, 197 Semestre, (T. IV, N° 19.) 96
( 700 ) |
9849 déclares à tort conime mort-nés. &
Ph
FRANCE ENTIÈRE. — SEXE MASCULIN.
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Au-dessus de 105
ToTaL....... 16391982
(a\ Nombre moyen de décès à chaque âge.
(8) Distribution de la population par âges.
(c) Danger de mourir dans l'année, première forme de la loi de morta!ite. ,
td, Nombre d'individus qui survivront à chaque âge, ou loi de la mortalité, sous la forme qu'on lui donne habituellement.
71662 déclarés à tort comme mort-nés.
( 7ot )
FRANCE ENTIÈRE. — SEXE FÉMININ.
AGES.
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22 à 23
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24 à 29
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Popul. |D. aun. nl
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342018 o,0151 235
337253 0,012 338163
332442|0,0105|333002
328279 gs008n so
321599 0,0076|327510
0,0066|325021
315610/0,0050|32116
312857|0,0054|319173
309855|0,0064|3r 823
306667 G 20666 315828
303423|0, 0067 |313763
300146|0,0068|3r1691
296807|0,0070 |309603
293419|0,0072|30 5
2 0883 030079 308265
286136|0,0087 |302880
282245|0,0091|30016r
278266|0,0091|29743r
274333|0,0091 |294727
292052
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28 774
2841
281563
278937
0,0091
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0,0092
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0,0098 |276295
0,0100
273490
0,0102 2707 6
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0,0106|265235
00108 | 262438
0,0110/259618
0,0112|256775
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0,0138|232513
178585
174542
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3010| 162008 States 212800|18 3
3185/157630|0,0202|208863| 1 7
3296|153083/0,0215|204645|1 11
3e 148506|0,022 200216 1605
334 15 32/0,0235| 1957 9 15 7
3393|1 of 0,0242|191159[15 ©
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3595|130061|0,0279|181686| 1 8
39 125160|0,0315|176146|13 2
5 119932/0,0362 170507 & ÿ
512 nes 0,0393/164422|12 oO
640| 10 ni 8/0,0426/157960|r1 6
8 103204 0,0454|151231|11 0
7o1| 97660 008 144366|10 6
08| 92088|0,0511|157422|10 0
g17| 865370, 0544 130509] 9 6
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760| 75547|0:0630 peu 6
5334 ooË4 0,06 o| 10580; 8 1
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033| 55978/0,0853| 9377: 2 2
5144 53325 00964 5505 10
5080| 4777610,1065| 77569] 6 6
807 2975 0,1134| 69424] 6 2
462| 57352|0, 119 604) 5 11
078 re 0,124 2437 5 7
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( 702 )
CHIMIE ORGANIQUE.— Recherches sur les éthers des acides pyrogénés et l'ac-
tion du chlore sur l'éther pyro-mucique; par M. Maracuri.
(Commissaires, MM. Chevreul, Dumas. )
« L'auteur est parvenu à préparer les éthers AE Den
trique, pyro-mucique, en faisant agir l’alcool sur l’acide organique en
présence de l'acide hydro-chlorique.
» Les propriétés de ces trois éthers sont celles que présentent tous les
éthers composés.
» Leur analyse confirme entièrement, dit l’auteur, l'analyse des acides
pyrogénés d’où ils dérivent. ;
» M. Malaguti porte son attention sur un fait fort curieux de chimie
organique, qui, dit-il, n’a pas d’exemple jusqu’à présent.
» Un volume d’éther pyro-mucique se combine avec deux volumes de
chlore, sans que rien se dégage, et sans que la qualité du composé soit
changée. Il paraît, d’après l’auteur, que le chlore se combine à l'acide de l'é-
ther, le transforme en un nouvel acide qui, persistant dans sa combinaison
avec l'hydrogène bi-carboné hydraté, constituerait un nouvel éther com-
posé.
» M. Malaguti appuie son opinion, d'abord sur l'analyse du nouveau pro-
duit, qui représente de l’éther pyro-mucique, plus du chlore; ensuite, sur
la manière d’agir de la potasse. En effet , si l’on échauffe de l’éther pyro-
mucique traité par du chlore avec une dissolution concentrée de potasse,
il y a une vive réaction, un dégagement notable d'alcool, et dans le résidu
on ne trouve pas d'acide pyro-mucique. La composition de ce produit, que
l’auteur appelle éther chloro-pyro-mucique, est représentée par la formule
suivante :
C:°H6OSCIE + CSH°0.
» L’éther chloro-pyro-mucique est liquide, d’une odeur forte, mais
agréable, non volatil, et d’une densité spécifique — 1,496.
» L’éther pyro-mucique est cristallisé , d’une odeur forte et désagréable,
volatil, et d'une densité spécifique — 1,297. Tels sont les caractères physi-
ques qui séparent: ces deux corps, dont l’un donne naissance à l’autre par
une simple addition de chlore. »
( 703 )
ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Recherches microscopiques sur les changements
pathologiques qu'apportent, dans la structure du cerveau, la conges-
tion , l'apoplexie et le ramollissement ; par M. Grucr.
( Commissaires, MM. Magendie, Breschet. )
«1. Dans la congestion et l'injection ducerveau , ilya toujours formation
nouvelle de vaisseaux capillaires. Jamais le sang ne se creuse des che-
mins dans le cerveau; mais il est toujours renfermé dans des vaisseaux
formés par une membrane unie et sans fibres. Cette accumulation de vais-
seaux change à un très haut degré les tubes à renflement du cerveau, dé-
couverts par M. Ehrenberg; elle les rétrécit et les fait quelquefois dispa-
raître tout-à-fait.
» 2. Dans l’apoplexie une semblable formation de nouveaux vaisseaux
capillaires précède toujours l’épanchement. Un lacis très dense de vaisseaux
existe toujours autour de l’épanchement, qui contient dans son caillot des
vaisseaux et des débris de tubes.
» 3. La cicatrice du cerveau n’est rien qu’une espèce de fausse membrane.
Les fausses membranes parcourent dans le cerveau tous les degrés différents,
depuis l’état de matière amorphe jusqu’à la formation des fibres distinctes.
» 4. Dans le ramollissement, il existe seulement des débris des tubes à
renflement qui par l'effet de leur élasticité, forment des figures irrégulières.
» Il en est de même de la partie qui environne immédiatement le point
ramolli, où l’on trouve, en outre, un lacis de vaisseaux, qui manque daus
l’étatnormal. La partie ramollie contienttoujours unedes troissecrétions pa-
thologiques suivantes : 1° une matière amorphe exsudée ; 2° ou des globules
de à 3, millimètre de l'aspect d’une müre , qui sont à leur tour com-
posés de nombreux globules plus petits de 4 à = mill. Ils appartien-
400
nent aux premiers degrés de l'inflammation ; 3° ou des globules de pus. »
MÉGANIQUE APPLIQUÉE. — Réponse à une note de M. Arthur Morin, sur la
Théoriedes machines à vapeur , et en particulier sur celle des locomo-
tives ; par M. DE PamBour. (Extrait.)
( Commission déjà nommée. )
« Dans une note transmise à l’Académie dans sa dernière séance, M. Arthur
Morin, connu par des travaux scientifiques fort bien appréciés du public,
s'est proposé de démontrer par des exemples tirés de mon ouvrage même
sur les locomotives , que la théorie de la machine à vapeur, telle qu’on l’ad-
(704 )
met ordinairement, est complétement exacte, et que c'est à tort que je
veux lui en substituer une autre. Il se propose de prouver par ces
exemples, que quand le régulateur est entièrement ouvert, et que l’on
tient compte du frottement de la machine, tel qu’il est déterminé directe-
ment, l'effet utile, compté en prenant la pression dans le cylindre égale à
la pression dans la chaudière, est identiquement égal à l'effet déduit de la
théorie ordinaire. Il veut montrer que, quand cette théorie est emplayée
avec intelligence, les résultats s’accordent avec ceux de l'expérience, et il
accorde que, si cela n’avait pas lieu, on pourrait avec raison douter de
l'exactitude de cette théorie.
» Il prend alors douze expériences dans mon ouvrage même. Ce sont celles
contenues dans le Tableau de la page 180 du Traité des locomotives. Il cal-
cule pour chacune de ces expériences, l'effet théorique, en supposant la
pression dans le cylindre égale à la pression dans la chaudière. Puis ensuite,
prenant pour chaque machine son frottement propre, tel que je lai indi-
qué moi-même dans ce tableau, et l’ajoutant à la résistance de la charge
que tirait la machine dans chaque cas, il en déduit l'effet utile produit; et
rapprochant cet effet utile de l'effet théorique précédemment calculé, il
arrive à cette conséquence remarquable, qu’il y a entre les résultats de
l'expérience et ceux de la théorie, un accord ou plutôt une identité qui
prouve que cette théorie des machines est aussi exacte qu’on peut le dé-
sirer.
» Effectivement, il résulte du calcul de M. Morin que, sur un effet théo-
rique qui varie entre 2,000 et 10,000 kilogrammes environ, il n’y a jamais
que 60 à 80 kilogrammes de différence entre cet effet Heonade et l'effet
utile de la machine.
» Je reconnais entièrement l'exactitude de tous ces résultats. Je dirai même
que si M. Morin, au lieu de se servir, comme il l'a fait, de la règle loga-
rithmique, qui ne donne qu’une approximation de = à 3, eût fait le cal-
cul tout-à-fait exactement, il n'aurait trouvé aucune différence du tout en-
tre les deux résultats de son calcul. x
» On en reconnäîtra facilement la cause, en parcourant les pages de 157
à 160 de mon ouvrage.On y verra que les frottements des machines, con-
tenus dans le tableau de la page 180, et dont se sert M. Morin, sont calcu-
lés dans l’hypothèse que, dans toutes ces expériences , qui sont des expé-
riences spéciales , les machines étaient arrivées à très peu pres à leur
charge-limite maximum, c’est-à-dire à travailler dans le cylindre à une
pression considérée égale à celle de la chaudière. I n’est donc pas surpre-
( 705 )
nant qu’en reprenant le calcul à l'inverse, c’est-à-dire en partant du frotte-
ment des machines, tel qu’il est donné dans le tableau, pour remonter à la
pression qui devait exister alors dans le cylindre, il retombe précisément
sur cette conséquence, que la pression dans le cylindre était exactement
égale à la pression dans la chaudière. Et s'il n'était pas arrivé à ce résultat,
ce ne pourrait être que parce que j'aurais fait une erreur dans le calcul,
puisque mes résultats ne sont déduits que de cette hypothèse même.
» La note de M. Morin ne peut donc être attribuée qu’à une simple
inadvertance. » fs
acousrTiQue, — Vote sur une nouvelle construction de la flûte; par
M. Bœzm.
(Commissaires, MM. Dulong, Savart.)
MM. Auber et Paër , de l’Académie des Beaux-Arts, seront priés de s’ad-
Joindre à cette Commission.
MÉDECINE. — Observations sur des cas de variole après vaccine; par
= M. LeyMerrE.
CORRESPONDANCE.
M. le Mfhistre de l'Instruction publique adresse ampliation de l'Ordon-
nance royale , qui confirme l'élection de M. Gambey.
ANATOMIE compARÉE. — Recherches sur quelques points d'organisation con-
cernant les appareils d'alimentation , et de circulation, et l'ovaire des
Squilles, pour servir de supplément à ce qui en a été dit dans un second
mémoire sur le foie (1). — Lettre de M. G.-L. Duvernoy à M. Flourens.
« Des recherches que je viens de continuer sur l’organisation des Squilles,
me mettent à même de suppléer à ce que j’en ai dit dans mon second mé-
moire sur le foie. (Voyez Comptes rendus , séance du 7 novembre 1836.)
» Deux des exemplaires de la Squille mante, que j'ai eus à ma disposi-
tion , étaient des femelles.
» 1°. Ovaire. — Dans l’une, les œufs étaient assez développés pour con-
(1) Comptes rendus hebdomadaires, n° 19 de 1836, et Annales des Sciences nalu-
relles , 2° série, tom. 6, p. 243 et PI. 15.
( 706 )
firmer au besoin la détermination de l'ovaire. Cet organe est très con-
sidérable et divisé en lobes alternativement plus grands et plus petits,
qui répondent aux articulations du corps. Il s’étend au-dessus de l’intes-
tin, depuis l'estomac jusque dans la capsule que forme le dernier segment
de l'abdomen, dans la partie moyenne de laquelle il s'enfonce au-delà de
l'anus. Les œufs qu'il renferme m'ont paru à peu près d’égale grandeur
dans toutes ses parties.
» Dans un de mes exemplaires, cet organe, se continuait antérieu-
rement en une partie plus dure, plus compacte et composée de cellules
polygones, à parois assez résistantes, dont les unes étaient remplies d’une
substance jaune et les autres vides. Cette partie placée immédiatement sur
le commencement de l'intestin, pourrait bien être le foie. Je reviendrai
plus tard sur cette détermination.
» 2°. Cœur ou vaisseau dorsal. — Immédiatement sur l’ovaire se voitle
vaisseau dorsal que l’on considère comme le cœur deces crustacés. Le vaisseau
commence derrière l’estomac par une portion carrée dont la partiemoyenne
antérieure envoie un vaisseau directement à l'estomac, et les angles anté-
rieurs deux branches aux parties latérales de la tête. La face dorsale de
cette portion est relevée en arrière, et inclinée en avant comme un toit (1).
» Derrière l’arète transversale qui forme le côté postérieur du petit
carré, il y a une seconde portion de figure prismatique, qui fournit de
chaque côté du bord inférieur de sa face latérale, laquelle est plane, trois
branches pour les pieds qui sont rapprochés de la bouche. CËtte portion
prismatique, un peu affaissée sur elle-même, a l'air d’être composée
de deux vaisseaux séparés l’un de l’autre par une rainure ; mais si on relève
la face dorsale de. cette partie, les faces latérales planes du prisme se
déploient et la rainure disparaît. Les parois de cette seconde partie et celles
de la première sont trés résistantes. C’est seulement en-decà de sa seconde
portion que le vaisseau dorsal prend l'aspect d’un gros vaisseau à calibre
cylindrique, donnant régulièrement une paire de branches à chaque an-
neau , et aux organes qu'il renferme.
» Les deux dernières paires sont très rapprochées et s’en détachent à
peu près vis-à-vis de l'articulation du pénultième avec l’antépénultième
anneau.
RER EE Ccçcçecçeçcçççsçesesçessee eee
(1) On ne peut s’empècher de trouver un certain rapport de forme entre cette portion
carrée qui termine , en avant, le vaisseau dorsal des Squilles, et le cœur proprement dit
des décapodes. Sans doute pour que la ressemblance füt complète, il faudrait que les
vaisseaux branchiocardiaques vinssent aboutir dans cette même partie.
(707)
» Enfin ce vaisseau se change en une petite artère médiane qui se
porte directement en arrière, dans le dernier segment, à travers le pénul-
tièeme.
» Je n’ai pas vu, malgré les recherches les plus attentives, de vaisseau
se rendant à la face dorsale de cette artère; mais je suis loin de contester
les observations positives faites avant moi, sur l'existence de ces vaisseaux,
qui s’y rendent des branchies (1).
» 3, Grand sinus veineux (sorte de veine cave) enveloppant le canal in-
testinal. — Lorsqu'on a enlevé l’ovaire ( je suppose l'animal ouvert par le
dos), on trouve, immédiatement au-dessous, ce long canal ou sinus aplati,
mince, et comme irrégulièrement dentelé sur ses bords, plus épais dans sa
partie moyenne, assez régulièrement branchu , qui commence au pylore et
se prolonge dans presque toute la capacité de la capsule profonde et large
formée par le dernier segment du corps.
» Il est ordinairement farci d’une substance homogène, qui a toute
l'apparence de lait caillé, ou de laite de poisson , et qui, au premier coup
d'œil, donne à tout ce canal, mais sous le rapport de la couleur seulement,
l'apparence d’un nerf. J'ajoute à la descripti®n que j'en ai donnée dans
mon travail précédent (voyez Comptes rendus, tome III, p. 350) plu-
sieurs détails que j'ai observés depuis, et qui m’en ont fait mieux apprécier,
à ce que j'espère du moins, et la nature et les fonctions. Ce canal, que
j'appel!lerai dorénavant sinus veineux, renferme, ainsi que l’a indiqué
M. J. Muller, l'intestin proprement dit.
» 4°. Description particulière de l'intestin.—Très petit cylindre(2), comme
dans les décapodes macrogastres, d’un diamètre à peu prés égal, qui
se dirige sans détour du pylore à l'anus. Seulement, vers le milieu de
l’avant-dernier segment, il se dilate en une poche ovale à parois in-
térieures très finement réticulées, dont l'issue ou l’anus est percé à sa
paroi inférieure un peu en-decà de son fond. Toutes les parois de cet
intestin sont d’ailleurs très minces, quoique résistantes, et ne présentent
pas de réseau comme celles du rectum ou de la portion dilatée. Je les ai
trouvées remplies, par intervalle, d’excréments durs, moulés en cylindre
de même forme, et d’un blanc sale.
(1) or. le mémoire de MM. Audouin et Edwards sur les organes dela circulation
des crustacés, Annales des Sciences naturelles , tom. IT.
(2) Il est indiqué dans la fig. : de mon mémoire publié dans les Ann. des Scienc. Nat.,
2 série, t. VI, pl. 15, par une ligne médiane longitudinale, blanche, qui paraît dans la
partie ouverte de ce sinus.
C. R. 1837, 1°r Semestre. (T. IV, N° 49.) 97
( 708 )
» 5°, Description plus spéciale du grand sinus veineux et de ses branches.
— Le sinus commence en avant, par une portion plus étroite, donnant
de chaque côté, par intervalle, des branches latérales, comme la suivante;
mais ici ces espèces de cœcums ne sontpas branchus; plusieurs sont très
courts et ne pénètrent nullement entre les muscles.
» Le canal intestinal étant enfermé, pour ainsi dire, dans la partie lon-
gitudinale de ce grand sinus, le vide considérable de celui-ci parait limité,
en dedans, par les parois extérieures de l'intestin, et, en dehors, par ses
propres parois, dont la face interne, que j'avais cru d’abord être celle de
l'intestin, est toute celluleuse, et présente, sous ce rapport, quelque res-
semblance de structure avec le grand sinus veineux des lamproies. Ce sinus,
dans lequel le canal intestinal est comme invaginé, est même divisé en
trois autres, par autant de cloisons longitudinales complètes, ne laissant
passer de l’un dans l’autre ni l'air, ni le mercure. 1l y en a deux au-
dessus de l'intestin, qui se touchent sur la ligne médiane. Ce sont ceux
qui se prolongent dans la capsule du dernier segment de l'abdomen, et
y forment, en se divisant , environ sept ou huit cœcums de chaque
côté, disposés en éventail dont plusieurs se sous-divisent encore en
d’autres cœcums plus petits, lesquels ont aussi leurs parois très celluléuses.
Le sinus inférieur, plus court, se termine au niveau de l'anus. Les cel-
lules qui divisent en dedans la paroi de ces trois sinus, la rendent plus ou
moins bosselée extérieurement, lorsqu'on les distend par l'air qu'on y
insuffle, ou même par le mereure
» 6°. Des branches latérales des Le. sinus D ea SUPÉTIEUTS. —
Les branches latérales qui se prolongent des deux sinus supérieurs se
divisent et se sous-divisent en pénétrant entre les muscles qui meuvent
les pattes thoraciques, et plus en arrière, entre ceux qui vont aux appen-—
dices natatoires de l’abdomen. Elles semblent enfin se terminer par des
culs-de-sac arrondis, obtus dans la squille rubannée , plus ovales dans la
squille mante. La plupart de ces branches latérales se portent évidemment
à la rencontre des branchies, auxquelles elles m'ont paru envoyer de petits
filets qui pourraient être des vaisseaux. Mais j'avoue r’avoir pu encore
m’assurer positivement qu'il existe réellement une communication des
branchies dansles sinus, ou des sinus dans les branchies. Les parois de ces
cœcums branchus sont d’une minceur extrême et d’une transparence
telle, qu’il faut les avoir vus remplis de l'humeur laiteuse dont ils sont les
réservoirs pour se douter de leur existence quand ils sont vides.
» Cependant j'ai réussi à en distendre momentanément plusieurs avec
( ge9 )
du mercure, afin d’en rendre la structure évidente. Comme celles des
sinus, leurs cellules ne forment, dans ce cas, que des bosselures compa-
rables à celles d’un cœcum de mammifere Ffongeur herbivore; mais elles ne
m'ont pas paru se détacher les unes des autres comme des feuilles creuses.
Cependant j'ai vu dans l’un, qui était rempli de matière blanche grumelée,
que les bords des culs-de-sac étaient divisés, comme festonnés, ainsi que
les représente M. Muller (De glandularum secernentium penitiori structurd,
EL IX, fig. 2 et 4).
» N'ayant pas distingué, dans ma dernière description de l'intestin, la
cavité si simple de ce canal, de celle si compliquée du triple sinus cel-
luleux qui l’enveloppe , j'avais pu admettre que les branches latérales des
sinus avaient peut-être pour fonction de séparer une humeur digestive ana-
logue au suc gastrique, au suc pancréatique on à la bile, et qu’elles rempla-
caient, entre autres, le foie. Ma première détermination était, au reste, une
partie de celle de J. Muller, qui a décrit comme étant le foie, toute l’étendue
de ce sinus, c’est-à-dire non-seulement ses cœcums latéraux, mais encore
sa grande portion longitudinale. Dans cette hypothèse, l'humeur laiteuse
si abondante que cette vaste cavité renferme serait de la bile. Il faut dire
ici que cette humeur prend une couleur d’un blanc jaunâtre sale, et se
rapproche de celle de la bile dans les individus long-temps conservés dans
de l’esprit-de-vin, ce qui était probablement le cas du seul exemplaire que
cet habile anatomiste avait à sa disposition lorsqu'il a fait ses recher-
ches (1).
» M. Cuvier avait indiqué depuis long-temps ce même sinus comme
une veine. « J'ai découvert, dit-il (Leçons d'anatomie comparée, tom. IV,
» pag. 408) depuis peu. dans une mante de mer (squilla fasciata, F43.), d'où
» le sang vient aux branchies. C’est d’une grosse veine cave longitudinale
» qui va d’un bout du corps à l’autre sous l'intestin , et par conséquent à la
» face opposée à celle qu’occupe le cœur. Elle est d’un tissu beaucoup plus
» mince que lui et transparent , et elle donne, de chaque côté , autant de
» paires de vaisseaux pour les branchies que le cœur en reçoit. » A la vé-
rité cette description ne comprend que le sinus inférieur au canalintestinal
et il n’y est pas question des deux sinus supérieurs à ce même canal.
Quant à sa position relative à l'intestin, ce sinus compliqué.me semble
avoir beaucoup de rapport avec celui que Ramdohr a représenté (tab. XII,
Ag. 1 et 2 de ses planches sur l’Anatomie des insectes, Halle, 1809), et
ÿ
(1) 0, GC: in tab, IX; pag. 70 et 71, Leipsico, 1830.
97»
(70)
décrit dans la larve de la guèpe, dont l'intestin proprement dit est contenu
dans un sac d’un plus grand diamètre formé par sa membrane la plus ex-
térieure, lequel, suivant cet auteur, se remplit de chyle. Comme dans
cette larve, le sinus de la mante est Bnairement rempli de chyle ou de
sang blanc opaque, ou composé de petits grumeaux. Alors on n’en trouve
pas dans le vaisseau dorsal.
» Mais lorsque celui-ci en renferme, ce que j’ai vu dans un de mes exem-
plaires, le sinus en est beaucoup moins rempli, et ses branches n’en con-
tiennent que par intervalle, ou bien elles sont entièrement vides. Je ne
doute pas, d’après cela, que cette humeur laïteuse ne soit le sang de ces
animaux, et que le grand sinus compliqué, enveloppant l'intestin, n'en
soit le réservoir veineux, dont les branches latérales, ainsi que l’a pensé
M. Cuvier, le porteraient aux branchies. Sans doute, il y a encore à l’ égard
des organes de la circulation bien des circonstances importantes à préciser,
sur les rapports de ce sinus avec les branchies, et avec les artères du corps,
particularités que des individus frais que j'espère recevoir incessamment
me donneront peut-être l’occasion de découvrir.
» Si je prends la liberté d'adresser à l’Académie jes résultats encore
incomplets de mes nouvelles recherches sur ce sujetintéressant, c’est que
je dois être empressé de rendre mon dernier travail moins imparfait. Ce
travail et le supplément actuel ont eu pour but de démontrer :
» 1°. Que trois déterminationssuccessives du foie des squilles devaient étre
rectifiées; celle dans laquelle on a pris l'ovaire pour cet organe (M. Cuvier);
celle qui détermine comme le foie , un sinus veineux etses branches (M, J.
Muller) , celle enfin que j'avais avancée dans mon précédent mémoire, que
ces mêmes branches pourraient, entre autres, tenir lieu par leur secrétion
de ce même viscère.
» J'avais donc bien raison de dire, en commençant mon second mémoire
sur le foie, « Rien n’est plus difficile que de déterminer dans les classes
» inférieures quels sont les organes analogues à ceux des classes supé-
» rieures. »
» 2, Je crois avoir fait connaître en second lieu danslesupplément, que
la squille a.de grands sinus veineux, enveloppant son canal intestinal, et
se ramifiant dans les membres , par des culs-de-sac dilatés, quoique plus
ou moins divisés; que l’un d’eux avait déjà été indiqué par M. Cuvier,
comme une sorte de veine cave, inférieure au canal intestinal.
» 3. Ces grands réservoirs du sang veineux me paraissent devoir con-
(7m)
duire à des idées nouvelles sur le mouvement du fluide nourricier dans ces
animaux ;
» 4°. Du moins semblent-ils annoncer, par leur capacité etpar leur forme
anfractueuse, que le sang est dans le cas de refluer dans ces anfractuosités,
et peut-être de s’y arrêter souvent en grande abondance. »
L'auteur, dans l'explication de figures jointes à ce supplément, et trop
compliquées pour être reproduites ici, donne des détails remarquables
sur divers points d'organisation des organes d'alimentation de ces animaux.
Nous extrayons de cette explication des figures le passage suivant.
« M. Cuvier a bien décrit les dents de l'estomac des squilles, mais sans
s’apercevoir qu’elles appartenaient à une branche de la mandibule.
« Les branchiopodes ne m’ont offert qu’un petit estomac en prisme trian-
» gulaire , membraneux et garni , de chaque côté de son extrémité posté-
» rieure, d’une rangée de petites dents pointues, suivi d’un canal intestinal
» assez mince, allant d’un bout du corps à l’autre, et à peu près égal partout.»
( Leçons d’anat. comparée, T. IV. P. 128 de la première édition. } J'ai vu
p. 408, même tome , et p. 306 du T. II, que M. Cuvier avait compris par
le mot branchiopode, les squilles et non les branchipes, ainsi que je l'ai im-
primé T. V, p. 236, et note 1 de la seconde édition; dans le T. IE, p.306 de
la première édition, dont le texte est reproduit dans le T. V,p. 123, de lase-
conde, M. Cuvier a très bien décrit ces deux branches de la mandibule, et
même indiqué que la mandibule a une branche antérieure cachée sous la
lèvre dirigée selon l'axe du corps. Il est étonnant qu’il ne se soit pas
aperçu qu’en se cachant sous la lèvre, elle pénétrait dans l'estomac, et
qu’elle le garnissait de chaque côté de son extrémité postérieure, de cette
rangée de petites dents pointues. C’est à M. Milne Edwards que je dois lindi-
cation plus précise, plus explicite de ce singulier arrangement. »
AGRONOMIE. — /’arietés du maïs.
M..P. Brown, en transmettant les différentes variétés de mais dont l’en-
voi avait été annoncé dans une précédente séance, fait remarquer que
parmi ces variétés il en est qui conviennent à des climats très différents ;
de sorte qu’il n’y aura pas, suivant lui , une seule partie du sol français cu
l'on ne puisse introduire avec succès la culture de cette céréale.
Une partie des graines envoyées par M. Brown sera remise au Muséum
d'histoire naturelle, et une autre partie à la Société centrale d'agriculture,
qui, par leurs relations avec les agronomes des différentes parties de la
France, pourront faire faire les essais nécessaires.
( 722)
AGRONOMIE. — l'abrication du sucre de betteraves.
MM. Dupin, Genouilly et de Merlieux annoncent la fondation d’une
fabrique-modèle et d’une école pour l’enseignement de la fabrication et
du raffinage du sucre de betteraves. L'établissement s'organise en ce
moment au château de Port-Marly; il pourra, dès le mois de septembre
prochain, s'ouvrir aux élèves qui y recevront, par un enseignement théo-
rique, pratique et manuel, les connaissances qu’on est en droit d'exiger
de tout contre-maitre, et que doit également posséder tout homme qui
veut diriger convenablement une fabrique.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Procédé d'injection pour la conservation des cadavres.
M. Bourgery annonce qu'aux mois de juin et de juillet de l’année der-
aière, M. Gannal a prépdré pour luides sujets qui, malgré la hautetempéra-
ture, ont pu servir chacun pendant trois semaines sans dégager la moindre
odeur fétide. Les parties de cadavre non disséquées se momifiaient par des-
siccation, sans putréfaction apparente. Un autre cadavre préparé par le
même procédé pendant l'hiver, mais maintenu dans un cabinet chauffé
à 15° cent. s’est conservé aussi très long-temps; les divers fragments, suc-
cessivement employés'sont restés humides et se disséquaient comme dans
l’état frais, n’exhalant d’autre odeur que celle de l'acide acétique.
M. J’erdeil écrit qu'il croit avoir trouvé pour les bateaux à vapeur un
mode d’impulsion qui dispenserait de l'emploi des roues extérieures.
M. Wérdet écrit relativement à une encre de sûreté dont il ne fait point
connaître la composition.
M. de Paravey appelle l'attention sur un passage du Journal de route tenu
à bord du navire qui transporta à la Chine l'ambassadeur anglais lord Ma-
cartney. Dans ce passage , il est question d'étoiles filantes; mais rien n’in-
dique que le nombre de ces météores ait été beaucoup plus grand que dans
les nuits ordinaires.
M. Maissiat adresse un paquet cacheté ; l’Académie en accepte le dépôt.
La séance est levée. F,
( 713 )
K BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie Royale des
Sciences ; 1°" semestre 1837, n° 18, in-8°.
Essai de Statistique minéralogique et géologique du département de le
Mayenne; par M. E. Bravier; le Mans, 1837, in-8°.
Principes élémentaires de Pharmaceutique; par M. Car; Paris, 1857,
in-8°.
Recherches sur les productions pileuses de la muqueuse digestive du che-
val; par M. Marrer; in-8°.
De lOr dans le Traitement des scrofules. —Premier mémoire ; par
M. Lecrann, précédé d'un rapport fait à l'Institut, par MM. Dumérir et
Roux ; Paris, 1837, in-8°.
Species général et iconographique des Coquilles vivantes; par M. Kirxrr;
22° livraison , in-4°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
7° année, n° 76, in-8°.
Physiologie de l'espèce. — Histoire de la génération de l'Homme; pur
MM. Grmaup De Caux et Marrin Sainr-AnGe; 11° livraison.
Société Royale et centrale d'Agriculture. — Compte rendu des travaux
de l'année; par M. Sourance Bonin; in-8&. (Séance publique du 3 avril
1837, présidée par M. le Ministre du Commerce.)
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du départe-
merit de la Charente ; tome 19, n° 1°, Angoulème, in-8°.
Mémoires de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers ; 2° voi.,
5° et 4° livraison , Angers, 1837, in-8°.
Annales maritimes et coloniales ; par MM. B\sor et Poirré ; 22° année,
avril 1837, in-8°.
Pierre tombée de la Lune.— Parti que les Sciences doivent essayer
d'en tirer ; par M. Voisn ; 1 feuille in-4°. (Extrait du Journal de Coutances,
du 23 avril 1837.)
Natuur en Scheinkundig.... Archives d'Histoire naturelle et de Chimie.
publiées par MM, G.-J. Mororr eé Wenckeracn ; année 1836, n°° 1 —4.
(714) -
Ueber einig Wirkungen.....Sur les lois que l'on observe dans l'accu-
mulation de l'électricité par frottement; par M. P. Rress ; in-8.
Die Stupa’s oder... Nouvelles Recherches sur les Stoupas, leur posi-
tion géographique, le long de la grande route royale qui conduisait de
l'Inde en Perse et dans la Bactriane , etc. ; par M. C. Rirrer, de Berlin;
in-8°.
Nouvelles astronomiques de M. Scaumacuer; n° 327. (En allemand.)
- Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale ; 5° année,
tome 12, 8° livraison, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; 23° année, n° 4,
in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 18.
Gazette des Hôpitaux; tome 11,n° 52 et 53.
Écho du Monde Savant; n°° 69 et 70.
La Presse médicale ; n°° 55 et 36.
La Gazette des Sciences ; Journal de Santé; n° 14
L'Éducateur , Journal SANS ue
Erratum. (Séance du 24 avril 1837.)
Page 625, l'alinéa commençant la ligne 3 doit être ainsi rectifié :
Il sera répondu à M. le Ministre que le mémoire de M. Mangin a été renvoye à
une Commission composée de MM. Mathieu.et Savary. ‘
À 4
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 45 MAI 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
céonésie. — De l'utilité des mesures barométriques et thermométriques, dans
le calcul des différences de niveau par les distances zénithales observées
réciproquement aux points de station d'un réseau de triangles; par
M. Puissanr.
« Dans les grandes opérations trigonométriques dont l’objet est de faire
connaître les positions géographiques des lieux de station, c’est-à-dire
jeur latitude , longitude et altitude, la troisième de ces coordonnées,
quand elle ne dérive pas d'une mesure directe, se déduit de la différence
de niveau qui existe entre un point et un autre dont la hauteur absolue
est connue. Si les deux points mis en comparaison sont situés sur Îles ver-
ticales des sommets d’un triangle géodésique, leurs distances Zénithales
réciproques et la corde de l'arc terrestre compris entre ces verticales re-
présentent, avec le rayon de la terre, les éléments du calcul de la diffé-
rence de niveau cherchée; laquelle est-d’autant plus exacte que les obser-
vations angulaires ont été faites dans les circonstances atmosphériques
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. LV, N°-20.) 98
( 716)
les plus favorables. C’est par cette méthode que Delambre a obtenu avec
une précision inespérée les hauteurs au-dessus de l'Océan de tous les
points trigonométriques de la méridienne de Dunkerque, depuis cette
station jusqu’à Montjouy, et que des officiers du ci-devant corps des in-
génieurs-géographes exécutent avec le même succès le nivellement général
de la France.
» Il est évident que, sans la réfraction qui fait ordinairement paraître
les objets près de l'horizon plus élevés qu’ils ne sont réellement, lorsqu’on
les aperçoit de loin, la somme des deux distances au zénith, dans un
triangle hypsométrique, égalerait exactement deux angles droits plus
l'angle des deux verticales, abstraction faite toutefois des petites erreurs
d'observation. Mais comme cette somme est moindre d’une quantité qui
exprime le double de la réfraction, vu que la trajectoire lumineuse se
confond sensiblement avec son cercle osculateur dans l’intervalle des deux
stations, la non-simultanéité des observations réciproques fait que le
rapport de la réfraction à l’arc de distance n’est le plus souvent déter-
miné qu’approximativement. On ne saurait donc compter toujours sur
l’exactitude d’une différence de niveau déterminée de la sorte, à moins
que la triangulation dont elle dépend n'offre des moyens de vérification.
L’incertitude à cet égard s'accroît lorsque les triangles ont une étendue
considérable, comme ceux de l’extrémité sud de la méridienne de Dun-
kerque, qui s'étendent sur le royaume d’Espagne. Mais des mesures ba-
rométriques et thermométriques qui auraient été recueillies aux lieux
mêmes des observations angulaires seraient propres à faire évaluer, dans
beaucoup de cas, l'effet de la réfraction sur les distances zénithales ap-
parentes, et par conséquent à faire voir jusqu’à quel point les différences
de niveau déterminées par chacune des distances zénithales prises sépa-
rément s'accordent entre elles.
» Pour procéder de cette manière, il importe de mettre l'expression
théorique du coefficient de la réfraction terrestre donnée par Laplace, au
livre X de la Mécanique céleste , sous une forme telle, qu’elle satisfasse le
mieux possible aux conditions d'équilibre des couches atmosphériques. Or
on sait, par la théorie de ce savant illustre, que si désigne ce coefficient,
ona, à trés peu prés,
en appelant.p la densité de l'air supposée, décroissante en passant d’une
couche à une autre plus élevée, r le rayon moyen de la Terre, / la hauteur
( 237)
de l'atmosphère , et enfin P le pouvoir réfringent de l'air. Si donc pour
avoir égard à l'effet que produit la vapeur Non constamment répandue
dans l’atmosphère , et dont la densité est les à de celle de l'air sec qu’elle
remplace, on représente par p la densité À Late et par (p) celle de
l'air sec; on aura (Mécanique de M. Poisson, tom. II, p. 634),
e=@ | : ENT
f désignant la force élastique de cette vapeur, et 2 exprimant la hauteur
du baromètre. Dans la même circonstance si (P), correspondant à 0",76 de
pression barométrique et à zéro de température, est le pouvoir réfringent
de l'air parfaitement sec, et que P soit le même pouvoir sous l'influence
de l4 vapeur aqueuse, on aura
P=@)|: +o, af] — 7
ni 8h
( Physique de M. Biot, tom. III, p. 315).
,00375.4 ,., PTE 9
Mais à cause / = Dsracsann (£ étant la température actuelle de l’air,
1 — =
8h
et (2) — 7960" correspondant à la densité (p) ainsi qu’à la pression 0",76),
le coefficient de la réfraction devient
Jä 3f
FUN LE
1 f | 8h |
n = (@)(e) CL: + 0,082% || UN TE |
lorsque, pour abréger, l’on fait le coefficient de la dilatation de l'air
6,00375 = L.
» Il est à remarquer cependant que la bauteur de l'atmosphère, repré-
sentée ci-dessus par (/), suppose la densité de l’air et la température cons-
tantes dans toute l'étendue de la colonne atmosphérique; or, au contraire,
cette densité et cette température décroissent à mesure qu’on s'élève dans
les régions supérieures. Il est donc alors évident que la hauteur () évaluée
approximativement à 7960" est beaucoup trop petite, ou, ce qui est de
Mu
8
UE He
répondre au cas de la nature. Ainsi, en écrivant, dans la f0mule précé-
même, que A=.——— doit être diminué d’une certaine quantité € pour
dente, À — eau lieu.de À ; puis faisant B' — Eu , qui est la dilatation du
98.
(718)
mercure pour un degré centigrade, on a définitivement, # désignant la
température du baromètre,
: : 1 + 0,082 :
s'Po 6 Trent eg?
n
sachant d’ailleurs que, par une moyenne entre plusieurs résultats,
(æ) =: (P) () = 0,000294316
(Géodésie, tom. IT, p. 25). ‘
» Quelques géomètres ont cherché à déduire d'opérations trigonomé-
triques très précises, la valeur numérique du coefficient 6; M. Plana,
entre autres, s'appuyant sur les considérations physiques précédentes,
l’a trouvée de 0,0001393 lors de sa mesure de la hauteur du Mont-Blanc ;
c’est le milieu entre deux résultats obtenus, l’un dans la supposition
de f = o ou d’un air parfaitement sec, l’autre en supposant l'air entie-
rement saturé d'humidité. Quant à la force élastique de cette vapeur (l'air
étant considéré à l’état moyen d'humidité), on la détermine à l’aide d’une
table que M. Biot a construite d'après les expériences de Dalton, et qui
a pour argument la température. (Traité de Physique, t. I, p. 531.)
» On conçoit bien que toutes les fois que l'atmosphère sera hors des
conditions exprimées par la formule ci-dessus, il y aura plus ou moins
d'erreur à craindre sur la hauteur absolue d’une station déterminée par
une seule série de distances zénithales, soit de l’horizon de la mer, soit
d'un objet très éloigné dont l'élévation au-dessus de cet horizon est
connue. Il est donc indispensable de répéter les observations dans diverses
circonstances météorologiques, afin que la moÿenne des résultats soit
autant que possible dégagée des irrégularités qu’éprouve la réfraction
lorsque le rayon visuel traverse des couches d'air fortement échauffées
par le contact du sol, ou quand il rase la surface des eaux dont la tem-
pérature est beaucoup plus élevée ou plus basse que celle de Pair.
» Je choisirai, pour application, quelques-unes des observations pré-
cises et complètes que MM. Biot et Arago ont faites en Espagne à l’occasion
du prolongement de la méridienne de France, et qui méritent d’être exa-
minées sous le point de vue actuel. Par exemple, à la station de Campvey,
dans l'ile d'Ifice, nos savants confrères ont pris la distance zénithale du
centre des réverbères de Formentera, et réciproquement à cette seconde
station ils ont observé la distance zénithale du centre des réverbères de
(719)
Campvey. Ils ont, de plus, décrit les circonstances météorologiques qui
ont eu lieu durant les observations. Voici quelles sont ces données, ex-
traites du IV° volume de la Base du Système métrique décimal :
A Campvey.. Distance zénith. de Formentera, d — 1006,4762,7.
Baromètre, k = 0",7202 ; therm. du barom. = +6
therm. libre...., t — + 69,0.
A Formentera. Distance zénith. de Campvey, d — 996,9016,125.
Baromètre, k=— 0",7452; therm. du barom. = + 13°
therm. libre. .... 4 — + 11°,9.
» Si l’on a recours à la formule précédente, et qu’on fasse en outre
usage de la suivante, qui donne la différence de niveau par une seule
distance zénithale, savoir,
cos (d— 5 C) nK°
REG ON Remo?
C étant l'arc de distance évalué en secondes de degré centésimal, et R dé-
signant le rayon de la Terre; les observations à la première station don-
neront, à cause de logR = 46673346,
n — 0,0935, dE — 210,25;
et à la seconde station
n —= 0,0962, dE — 208,51;
en sorte que la moyenne dE — 209,36
sera la différence du niveau cherchée : résultat d’une exactitude vraiment
remarquable, si l'on fait attention que la distance des deux stations est
de 46487".
» La même méthode appliquée aux observations de distances zénithales
qui ont eu lieu successivement à Formentera et à Mongo, montrerait que
ces observations, malgré le soin avec lequel elles ont été faites, con-
duisent à deux résultats dont la différence est de 56%. Ainsi, il n'y a
aucun doute que la réfraction horizontale n’ait agi à l’une ou à l'autre
station contrairement à la loi ordinaire; et c’est en effet ce que confirment
les remarques de MM. Biot et Arago sur les agitations et les changements
de forme qu’éprouvaient les réverbères. La différence du niveau de ces
deux stations, séparées par une distance de plus de 123650", ne peut
donc être évaluée quant à présent par leurs distances zénithales réci-
proques; mais sans les mesures barométriques et thermométriques, on
serait porté à penser le contraire.
( 720 )
» Enfin, en déterminant la hauteur du centre des réverbères de For-
mentéra par deux observations de l’horizon de la mer; l’une faite le
20 avril 1807, l’autre huit jours après, et employant à cet effet la for-
mule ci-dessus, qui donne la valeur numérique du coefficient de la ré-
fraction, on trouve, à l’aide d’une autre formule connue (Géodésie,
tome I, page 374), ces résultats concordants :
n = 0,08814, E = 190",4
n — 0,08912,. E — 192,9
dont le milieu est.....,................., 191,6, et pour le sol, 186",9.
» Il suit de là que la hauteur absolue du centre des réverbères de
Campvey est de 191°,6 + 209",4 — 401, et la hauteur du sol de 400”,
en nombre rond. C’est par conséquent 20 mètres de moins que n'avait
trouvé M. Biot, par un premier aperçu. (Joy. ses intéressantes Recherches
sur les Réfractions extraordinaires qui ont lieu près de l'horizon, p. 14).
» Ces exemples numériques, qu’il me serait facile de multiplier, sont
une preuve, ce me semble, de la justesse du titre de la présente note.
Ils font d’ailleurs partie d’une discussion plus étendue du sujet actuel,
que je me propose de publier incessamment; discussion à laquelle je me
suis livré dans le but d’éclaircir un point important d’une science qui,
depuis l'établissement de notre nouveau système métrique, a reçu et reçoit
encore de si belles et si utiles applications. »
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — JVote sur un théorème de M. Cauchy relatifaux
racines des équations simultanées ; par MM. C. Srurs ec J. Liouvirre.
« La lettre de M. Cauchy, lue à l'Académie lundi dernier et imprimée
depuis dans le Compte rendu, renferme l'énoncé d’un théorème relatif aux
racines réelles des équations simultanées. Ce théorème est une extension
de celui que l’illustre auteur a donné en 183r pour les racines imaginaires
des équations à une seule inconnue et qu’il a démontré à cette époque par
une méthode fondée sur l'emploi des intégrales définies et du calcul des
résidus. La démonstration dont nous parlons étant ainsj très compliquée,
nous avons pensé qu'il était utile de résoudre cette même question par des
principes élémentaires, et nous y sommes parvenus d’une manière à la
fois simple et rigoureuse dans une note imprimée dans Le cahier d'août 1836
du Journal de Mathématiques. L'analyse dont nous avons fait usage s’é-
tend d’élle-même aux racines réelles des équations à deux inconnues ; mais
les théorèmes qu’elle fournit dans ce cas étant peu précis et péu applica-
( 721 )
bles à la pratique, nous n’avons pas cru devoir les publier. Toutefois l’é-
tude que nous en avons faite n’a pas été entièrement perdue, puisqu'elle
nous a mis à même de reconnaître immédiatement l’inexactitude de la pro-
position générale contenue dans la lettre de M. Cauchy.
» Désignons par P et Q deux fonctions entières de x ct y, et par R la
dP dQ dP dQ
dz° dy dy" dz.'
les coordonnées rectangulaires d’un point quelconque pris dans le: plan
des xy ; à chaque couple (x, y) répondra un point M du plan, et, réciproque-
ment, à chaque point M répondra un couple de valeurs des deux variables
x et y. On distinguera surtout les points du plan pour lesquels on a à la
fois P=—0, Q — 0 : ces points représentent en quelque sorte géométri-
quement les solutions réelles des équations simultanées P=0, Q =.
Maintenant tracons sur le plan des xy.un Fer fermé quelconque ABC;
quantité On peut regarder x et y comme représentant
pour chaque point de ce contour la fraction —— aura en général un signe
50
déterminé, qui pourra varier d’un point à l’autre si, dans un intervalle com-
k 4 È 1? : :
pris entre ces deux points, la fraction Ro st devenue nulle ou infinie.
.
» Désignons par A l'excès du nombre de fois où la fraction 2 , en s’é-
Q
vanouissant, passe du positif au négatif, sur le nombre de fois où elle
passe, en s’évanouissant, du négatif au positif, lorsqu'on parcourt le con-
tour ABC, d’un mouvement continu, en allant des x positives aux y
. positives.
»Désignons en même temps par y le nombre des solutions réelles des
équations P=0, Q —o qui sônt contenues dans l’intérieur du contour ABC.
» Cela posé, le théorème annoncé par M. Cauchy revient à dire que l’on
a toujours 4 —: A.
» Pour le cas particulier où P et:Q représentent la partie réelle et le coef-
ficient de \/— 1 dans le développement d’une fonction de x + y V— 1,
M. Res observe, en terminant sa lettre, que l’on peut remplacer É
P
fraction — par la fraction = : cette simplification étant faite, son nouveau
no Q
théorème coincide avec celui qu’il a donné en 1831.
» Quand on a
P+HQV—: = f(x + y V—ir),
(77220)
on a aussi
dQ dP @&@ dP
— 9
d — dx’ dx — dy
dP\Ÿ , /dP\°
R=(Z) +() :
la quantité R ne devient donc jamais négative : c’est à celte circonstance
que tient la possibilité d'employer indifféremment, pour le calcul de
ML à ape FAT a à
l’excés À , la fraction Q°u la fraction RO’
» Passons à l'examen du cas général où P et Q sont des polynomes
quelconques. La démonstration que M. Cauchy indique dans sa lettre
consiste à remplacer (dans un intervalle très petit) par leurs tangentes,
les deux courbes ayant pour équations respectives P = 0, Q = 0.
Cette substitution n’est pas toujours permise ; elle est, par exemple,
inadmissible dans les environs d’un point isolé, appartenant à l’une
ou à l'autre de ces deux courbes. Mais en supposant même que Fil-
lustre auteur exclue implicitement les cas où les deux courbes pos-
séderaient des points singuliers, songthéorème général séra encore sou-
vent en défaut, comme on peut le voir, soiten ‘examinant de près sa
démonstration, soit en traitant les exemples suivants, dans lesquels
les courbes représentées par les équations P—=o, Q = o sont des
d’où
cercles ou des lignes droites.
» 1° Exemple. Soit P— x +" —1, Q=7Y; d
suite
’où R — 2x, et par
PAL HT
Q 247)
es coordonnées un rectangle tel que la frac-
R
Tracons autour de l’origine d
: P a ; re peus à
tion RQ ne s évanoulsse pour aucun des ponts de son périmètre, ce qui
arrivera si les coordonnées de chacun de ces points vérifient toujours l’iné-
galité x? + y°> 1. Pour un tel contour, l’excès À sera nul. D’un autre
côté les équations
Pr +7 — 1 =, Q=y—=o
sont satisfaites quand on pose ÿ—0, X—1, OU Y—=0, X—=—1,
, , : Le :
en sorte que lon a w=— 2. L'équation => A n’a donc pas lieu dans ce
premier exemple.
(723 )
» 2° Exemple. Soit P=x+y, Q—=2x ++ a, d'où R=:(y —x),
et par suite ï |
Po x+y
RQ 20 —2 (+7 +a)
Considérons un contour fermé entourant l’origine des coordonnées x, y,
‘et pour tous les points duquel x? + y* surpasse la valeur absolue de la
constante a : le diviseur x° + y* + a ne changera jamais de signe, et l’on
pourra en faire abstraction dans le calcui de l'excès A : cet excès est donc
à ei - P ;
le même pour la fraction —— et pour la fraction = )
RQ
est indépendant du signe de a. D’après l'équation w — =A; il devrait en
c'est-à-dire qu'il
être de même du nombre w, ce qui n’est pas, car on a w = o si la
constante a est positive et w — 2 si cette constante est négative.
» En posant x = rcos®, y —rsin®, on trouve aisément
: Bi tang(9 nn
ONE
et par conséquent À — 2, valeur qui ne s'accorde jamais avec l’é-
PC I . 0
quation y —> À, quel que soit le signe de a.
3° Exemple. Enfin le théorème de M. Cauchy se trouvera encore en
défaut si l’on pose
Pix, QE r où P=y. Q=æ ty +
et dans une infinité d’autres cas.
» Il existe un autre théorème qu'on peut substituer à celui de
M. Cauchy.
» Considérons nn contour fermé ABC sur lequel P et Q ne s’an-
nullent jamais à la fois, et admettons de plus que, dans l’intérieur
de ce contour, les valeurs de x, y , qui annullent P et Q, donnent
à R une valeur positive ou négative, mais différente de zéro.
» Parmi les solutions (x, y) des équations P — 0, Q—=0o, conte-
nues dans l’intérieur de ABC, les unes pourront correspondre à une
valeur positive, les autres à une valeur négative’ de R. Nous désigne-
rons par , le nombre des solutions de la première espèce, et par y, le
nombre des solutions de la seconde espèce.
C.R. 183, 197 Semestre. (T. IV, N° 20.) 99
(724 )
» Cela posé, on aura
A = 2 (pi — bi);
£ ; & x : 3 P 4
A représentant l’excès du nombre de fois où la fraction @ passe du positif
au négatif sur le nombre de fois où elle passe du négatif au positif, en
s’'évanouissant, quand on parcourt d’un mouvement continu le contour
entier ABC, en allant des x positives aux y positives.
» Nous supprimons la démonstration de ce théorème, qui nous est
eonnu depuis long-temps, et qu’on établit immédiatement par les
principes mêmes dont nous avons fait usage dans la note citée plus
haut. Si nous n’avons pas, dans cette note, relevé l’inexactitude du
théorème de M. Cauchy, relatif aux équations simultanées, c’est que
le mémoire de 1833, où ce théorème est mentiofné, ne nous était
point parvenu : il ne parait pas même qu'aucun des principaux géo-
mètres de Paris ait reçu ce mémoire. » J
MÉCANIQUE CÉLESTE. — {Voie sur la page 126 du premier volume de ma
Théorie de la Lune, eécalcul du termede la forme AmSe*»"cos(2g—2chnt,
résultant du développement de chacune des deux fonctions
/ 13
T- À [ass — 1 — 3 cos (av — 2w')], - © à,
par M. Prana.
$ I.
2 of 3 , ë
« Le coefficient numérique — < de l'équation
32
PR AO 76e =
— = faa= Fa Hi .COS(2g — 2c)v,
posée dans la page 126 du premier volume de ma Théorie de la Lune,
doit être remplacé par - ©. Voici les motifs de ce changement.
P P n 5
» L'expression de d'Q, qu’on voit au commencement de la page 120,
renferme trois parties : en retenant seulement la dernière, on a
pe, AC Ne.)
c 7 ci È ue 6
(725)
» Pour calculer le terme donné par le développement de cette fonction,
il ne suffit pas de faire do’ = md, lorsqu'on prend la longitude v (et non
le temps #) pour la variable indépendante : il est nécessaire d’avoir égard
à certains termes périodiques renfermés dans l’expression de dy’ en fonc-
tion de y. Pour cela, je fais d’abord, comme dans les pages 120 et 125,
Mah}
La
M= pe, = 3 (+);
ca h
ce qui donne
CH) —< jaa = 3m°f(1 + x’) ydv.
En posant, pour plus de simplicité,
a = — 22 +32, dy (au) sin(2v — 2°) = ydv.
» Conformément à l'équation
g = mv + mf(v)
(déduite de celle qu’on voit dans la page 268 en y faisant # — 0), la va-
leur de mf (+) trouvée dans la page 321, étant augmentée des ternfes af-
fectés des arguments
2Ev — cv, 2Ev 2gv — cv, 2Ev — 2gv + cv,
. ,
2Ev + 2gv — 2cv , 2Ev — 2gv Æ 20,
pris dans les pages 490 et 493, donne
3 1
dy — mdy [ —2ecoser+ Let cos 2cp + 37008 2gv + ey° cos(2g — œ |
15
_— a m°dy.e cos2Ev — cv
— m°dv.ey® Œ cos 2Ev — 2gV + cv — = cos 2Ev + 2gv — œ)
— m'dv. ey° (C cos 2Ey + 2gv — 2cv + 5 cos2Ev — 2gv + 20v).
Pour l’objet actuel, il suffit de prendre
(g'u'} sin(2v— 2°) — sin2Ev,
comme on peut s’en assurer, en examinant le développement elliptique de
cette fonction posé dans les pages 328 et 329. :
» Il suit de là que nous avons
99.
( 726 )
5 3
te =) er sin2gv — cv
LS) Le
—— esincv +
8
105 6
+ pa = 2) e?y° Sin 2gv — 2cv
— esin2Ëv — cv —e sin2Ee + cv
Jdv = m'°dv
3
+ =.e’sin2Ev — 2cv + 7 ?sin2Tv— 2gv
I s
4 + 3 ey’sin2Ev — 2gv+ cv
+ mdv
La valeur de x trouvée dans la page 125 donne (en observant que j'é-
2
crise, y, maulieu de e,,y,, —; ce qui est indifférent dans ce calcul)
: Duras 15 L
L'—=— à ey COS Cv. COS2SV Re cos2gv.cos2Ev — cv
+ m.2ecos cv (Fecos2E 2 + À y cos2Ev — 28%),
ou bien,
1 15
TZ — +.ey" COS 280 — CV. + g'me ? cos2Ev — 2cv
3 15
+ mey* (3 G °°s 2Ëv — 2gv + cv — 27 cos 2Ev + 2gv — œw).
d . .
Donc, nous avons dans RE de x’ les termes suivants:
» L 4
{= — 2ecoscp + (£ AT E = 1 )ey*cos2gv — cv
15 3
— — me cos 2Ev — cv — 8 my" cos 2Ev — 2gv
+ € en) cos 2EËv — 2cv
2
+(Ê+ — SE )mey" cos 2Ee — 2gv + cv
ciats me” cos 2Ëv Æ 2gv — cv.
32
» Cela posé, si l'on fait le produit 7(c+x')ds, on aura
ra 25 x') dv —
63 45
4 (E— Ua bu 0 tie
De sorte que la formule (p) donne
24 : MOST
2 aa = 2m [avsn (2g — 2c) 4.
21 :
— ) m'e’y’sin (28 — 20) v.
—5) (28 )
(727)
» Ce terme étant ajouté avec le terme
+ = miey ff avsin (2g — 2c)v.
trouvé dans la page 126, en retenant dans-l’expression de x les termes
affectés Ces arguments
2Ev + 2gv — 2cv,
2Ëy —2gv + 2cv,
nous aurons
—% fan = UE FT LES
63 Le ue y’
=(z _ = = =" 08 (28 — 2c)v.
» Il suit de là, que dans la page 124, on doit supprimer (ligne 5) la
fraction + e et écrire
24, SL PUITS 5 21 3
—% [ao RU ILE L* = jen: cos (2g — 2c)v;
cos (23 —2c)v.
Mes EP may
d a (2
4
». J'ai démontré dans le n° 116 (voyez pages 127 et 128), que ce terme
de l'intégrale — == + [d'a
, exprimée en fonction de y, était détruit par un
autre termé égal et de signe contraire, lorsque cette même intégrale était
EAPMEE en fonction de £. En conséquence, on doit supprimer le terme
121 cos (2g — 2c)n
32 st i
qu’on voit dans la page 129-
S LL.
» En conservant seulement la première des trois parties de d'Q, qu'on
voit au commencement de la page 120, on a
M'u'°
—: fao= (ss 5)
» Pour calculer le terme de la forme Amÿe?*}* cos (28 — 2c)nt qui doit
entrer dans le développement de cette fraction, j'écrirai d'abord — au au
lieu de #’,et
:
(728 )
(x (1 +p)au Vitss :
Pam Ce au lieu de z.
Alors, en prenant
CO
j'aurai
QE feu ep (D) TG +0 +07
En: faisant s— tangL, on as=L+ 3 = LS etc. Donc, en négligeant les
termes multipliés par Lé, il viendra
(ph. — do=—# G+P) (À) G— 31) Cas) + I.
On trouve, dans le premier volume de mon ouvrage, les termes de UetL
en fonction du temps £ (voyez pages 664 et 704). Ici, on peut réduire à
m* la valeur de x (sur quoi, voyez la page 278 du premier volume, et la
page 822 du second). On a
Li: — 2m + etc. ; 1+p=1 + mr +ete.,
d’après les®valeurs de ces constantes données dans les pages 854 et 855
du second volume; et, d’après le coefficient de cos o.nt posé dans la
page 664 du premier volume; 14+7—1 + mt + etc. Donc, dans le
cas actuel, où il est question d’un terme multiplié par m°, on peut ré-
duire l'équation (p") à celle-ci :
=? fae=-T asc G+U)>,
et même à celle-ci :
DE —? fase = (31) (1— aU + 3U:).
Cela posé, si l’on prend
L = sing.nt — eysin(g — cnt
ah 13 m) e*y sin (&—2ct| NUE EEE 7O0X et Eos)
LG
—e cos C. F ee e° cos 2C7t
-(-: = cs e’y cos (2g — “a ; (vorez pages 664 et 665).
( 729 ) .
on aura
1—3L = 1 + 7 cos 2g.nt — 3ey° cos(2g — c)nt
+[C-2 —?— ot + Fe m | e*y” cos (2g — ne 4
| 1
= > e? cos 2C.nt — 6: er cos (2g — 2c)nt,
1—2Ù + 3U? = 1 — 2e cosc. nie cos 2c.nt
ue foi gr) e*y” cos (2g — 2c)nt;
d’où l’on tire
(1 — 3L°) (1 — 2U + 3U°) =
LG = ; — . _— . = c) + + + = = m ] m] €°y° COS (29 — 2c)nt.
Dont l’équation (p”) donne
[1] .. — JÉC = — == ms e°y? cos (2g — 2c)nt.
$ III.
» Le second terme de l'expression de d’Q posée au commencement de
la page 120, donne
3
—{ fae= 7.7 Ma. u CEE (2 EN
u?
Et d’après ce que je viens de dire dans le paragraphe prétéden, on peut
écrire
3
ee. —? fée = ge Gp (2) [a+ + UE cos (av — 29)
Pour l’objet actuel , on peut réduire cette équation à celle-ci :
(g°):.. —? far = {nm (1— 2U + 3U°) .cos (29 — 24”).
Maintenant, si l’on fait # = m.nt, et p—nt+ d'.nt, nous avons
cos (20 — 29°) = cos 2E. nt — 2(d.nt).sin 2E.nt
— 2(dnt} cos 2E: nt + À f 3 Ont) sin 2E nr.
En prenant pi pages 664, 665—667—670, 671)
. ( 730 )
5
U—=ecos c.nt + e? cos 2c.nt — = ey° cos nb
8
“15
+ = me.Cos (2E — DS 77 Mey COS (2E — 29 + cnt
6
[78 33
— me’ CE cos (2E + 29 — 2c)nt + 33 <0S (CE — 2g + zen |,
on entire
1 15
a à e? cos 2c.nt + & me* cos (2E — 2c}nt
5 33
: — me’? te cos(2E +28 — 200 er cos (2E— 28 + zone ||
De sorte que nous avons
(a)....... 1 — 2Ù + 30° =
I 5 ;
1 — 2€ COSC,nt — 3 e° cos 2c.nt + neue cos(2g — c)nt
15 E HO RE 33 s j
AE (2E — chnt + jo 726008 de — 20)nt + 33 716% cos(2E— 29 + chne
RS
+ me°y° 65 °°0E + 2g — 2c)nt + nm Don — 28 + zepnt |
En prenant . p. 574, 575, 578, 579, 581)
d RS RES 3 4
Ont = 2esinc.nt + Fi sin 2C,nt — y SIM2g.nt — +ey Sin(2g — chnt
4 4
15 à 45 è 9 :
+ 7 me sin (2E — c)nt + 17 sin(2E — 2c)nt + en sin(2E — 2g)nt
— mey’ FE sin(2E + 2g — chnt 4 S sin (2E — 2g + chnt
— me [> sin(2E + 2g — 2chnt + À sine — 28 + ao)nt |,
on trouvera
I
(nt) = — Son cos{2g — cn
+ ro: cos(2E + 28 chnt — à cos (2E — 28 + chnt
5 5 5
HÉn F . = DU Je cosGE + 2g — none
+ e CVS ED mey* cos(2E — 2g + ac)nt;
(nt) = — 21 me’y*.cos2c.nt.sin (2E — 2g)nt
45
— + me’ÿ sinc.mt.simo2gnt.sin(2E — cn)t
=— mey > gs (2Ë + 2g — 2chnt + 27 sin (QE — 2g + zen |
‘
(731)
D’apres cela on obtient
2(0nt). sin2Ent —
35128 63 i
. cosc.nt + my COS22 nt — tÈ + = = 7) mer” cos(2g — c)nt
LE Li — me’y® cos (2g — 2c)nt + 2e EPAGE — c)nt
3
ee 2% cos(2E — 2g)}nt — ro cos(2E — 2g + c)nt;
+
2(d,.n1)° cos 2E.nt —
(& DS) NE Dmer cos (2g — c) n+ (nr +5 en) Le cos(2g — 2c)nt
16778 9.
— 2e cos (2E. — 2g + chnt;
ië”
Ten sin2E.nt — — 5 + = 3) me’y Cos(2$g — 2c}nt.
En substituant ces valeurs dans celle de cos (29 — 29°), il viendra
(SEC cos (2v — 29°) —
PT nt — À my cos2g.nt 69 ;
= 4 5 FE 77Y° COS28.n + 35 ET cos (2g — c}nt
6
_— gi me cos(2g — 2c)nt
—- co52E.nt — 2e cos(2E — chnt + x” cos (2E — 2gjnt
+ 7e cos(2E — 2g + chnt.
Re Cela posé, si l’on fait le produit des équations (&) et (8), on trouvera
(à — 2U + 3U°) cos (2ÿ— 2) —
Dee ci 1e ni ire
= =, me”: cos (2g—vv)nt.
Il suit de là et de l'équation (g'), que
[]....... — Lfaa = + 79 mers cos(2g — 2c)nt.
Donc, la réunion des équations [I] et [II] donne
_aw ui
ma [ess — 1 — 3 008 2) ]=r=
795 __ 405 195
198 m8 TT 64.
C. R. 1837, 1° Semestre, (T. IV. N° 20.) 100
Tnt
m'e’y? cos(2g — 2c)n1.
(732)
» Dans la Note que j'ai publiée dans le n° 19 des Comptes rendus
Fi 1" semestre, page 458), je trouvais + au au lieu du coefficient
see & que je trouve ici. Mais il ne faut pas perdre de vue que le but du
calcul exposé alors était (comme je l'ai déclaré expressément dans la
page 132 du I" vol. de mon ouvrage) de mettre en évidence le coeffi-
cient qui pouvait résulter des formules employées par Laplace , et nul-
lement de trouver le coefficient numérique absolu, qui doit affecter ce
terme dans le développement de la fonction R, lorsqu'on a égard à la
totalité des termes qui concourent à sa formation. Joffre ici le calcul
complet, qui me fournit + et non + _ afin qu’on puisse plus ai-
sément découvrir la source de la discordance qui existe entre ce résultat
et celui que M. de Pontécoulant a publié dernièrement dans le n° 8 des
Comptes rendus (1837, 1° semestre, p. 288); et quelle que soit la cause
de cette discordance, on conviendra, peut-être, que la note qu’on lit au
bas de la page que je viens de citer, n’est pas conforme au véritable état
des actes antérieurs.
$ IV.
» Les deux équations
de} 1
(Q=Q— —
fa frs =
posées dans les pages 120 et 123, donnent :
CNE: 2 aa
nu TL
2 /
Re
I
æ,
.. da de ,
Mais == = — 3, (page 29), partant
I 1 2 2 fdg ,,
mecs co a
» D'après la seconde des équations (VI) posées dans la page 23, nous
avons
7
en observant que =.
1+ss u?
» Conformément à-la transformation précédente, nous écrirons
na (1 +p) dv Sc 1
e(r+ss) *ndt [G+ D +U] const. += 2 dt.
( 733)
Mantenant, si l’on fait _ —1 + V, la fonction V sera composée de
termes périodiques qu’on obtient en fonction de #, à l'aide de la formule
donnée dans la page 574; et comme on peut faire (1 + ss)" = 1 — 1,
on a
n'a (1 + a + PY (x HV) (Gil) [( +7) +U]—=const. += — dt.
Mais n°a = 6 eti + p+ £ (voyez page 850 et 855 du second volume) À
partant
HV]... A+ G+V(a —L?) à + VU) = const. + pe D de,
LA
U
1 + T
» En prenant le temps # pour la variable indépendante, et observant
qu'ici on fait abstraction de l’excentricité de l'orbite du Soleil, on doit
en posant, pour plus de simplicité, U'=—
faire dy! — m.ndt : alors, la valeur précédente de =; devient
Halle : da “
Donc, en éliminant l'intégrale ( dé entre ces deux dernières équa-
tions, nous aurons
eee == 1— 0 — 2m (1 + (G+ V)(i —L) (à +U)-.
x É na SN péoee 1Q* :
Je supprime la constante attachée à l'intégrale Je FT dé, parce qu'il est ici
question d’un terme périodique qui entre dans —. En outre, j'airemplacé &,
par a; ce qui est permis, puisque ces deux lettres représentent l’une et
l’autre la partie constante de la fonction désignée par &.
» Cela posé, en prenant (voyez pages 704, 705, 708,710, 711),
1 ysingent— (1 "| me) ey Sin (g — c)nt
3 35
+( — 7 + GX m + LE m) ey sin (g —20nt
3 ; 3 :
+ g 7 sin (2E— g)nt + 3 meysin (2E — g+ cnt
15
15 LEE
+ Me sin (2E + g — chnt— 6% me’y sin(2Ë + g— 2c)nt,
100.
( 754 )
on aura
() IL — = 7‘ cos 2g.n1 +[% -( -È = Em "| €y° COS (29 —c)nt
on LG — =: = ee : a" "Ha 4 és. — " = — a)" Jérrcost2e—20nt
3 1
ons & my° cos (2E — 2g)nt + G — À — o) mey* cos (2E — 2g + c)nt.
En prenant Que p.574, 575, 578, 581)
A —E + ru "M : Jecose. m+[? + G _ r—:) me Jercos2c.nt
nu [- + (Gi — 3 = 1) m ] y’ cos 28.n +8 3 Mm°e°}° cos (2g — 2c)nt
Len 10 2 645
< de THÉ —* 2 =)" ii] ey° cos (2g — c)nt
nue _. me cos (2E — c}nt _— mey* cos (2E — 2g + chni,
on obtient
L'= e : + Ê mt) ey” COS (28 — c)nt
5 3 3
Le ( = 5) == é +7= 7) m] e?y? COS(2g — 2c)nt
+$ mey* cos (2E — 2g + cjnt.
I] suit de là que
£ (+ V) (1 —L) —
1+ 2ecosc.nt+ (5 Her Aie PE == o)+ m] y cos 2g.nt
+[ (= 7e Em (DS DER . =). me ]ey cos (2g— c)nt
4 G+:= DU, m + (5 + ne te, cos (2g — 2c)nt
+ . me cos (2E — c)nt — Evry cos (2E — 2g}n1
33 45
als +i= 2) mey® cos(2E — 2g + chnt.
Eu multipliant ces termes par (1-r)=—1— 5 m°, On aura
(*) Cette valeur de L* s'accorde avec celle de S: qu’on voit dans la page 284 du n° 8
des Comptes rendus ; 1837, 1° semestre).
( 755 )
RD... G+DGHNG—L)=
cososn! (13) L (2 — 5m) ecosc.nt+ 6 SE 6) e* cos2c.nt
5 == 8 86
+ Ci, + Lit = "Gt = me] ey°cos (28 — c)nt
13 1601
+[- 5 +5 n (EE =] e’y’cos (29 — 2c)nt
+T me cos : — c)nt —$ my°cos (2E — 2g)nt
— = mey” cos (2E — 2g — chnt
» En prenant (voyez p. 664, 665, 667, 650)
ÙÜ = C + A) ecosc.nt + C + 3m) etcos 2c.ni + = Miy/c0s28 ni
+ AO EN
+(-5 8 + m— mer cos (28 — c)nt
Œœ
63
13 m'e’y°cos (2g — 2c)nt
15 33
re me cos(2E — c}nt — 6 mey”cos (2E — 2g + chne,
on obtient
: 1
U=U (— = me) =
I I
e cosc.nt + ( +- 2m) e? cos 2c.nt+ > = My" COS2g.nt
135 8x Œ
+[-— I gr += = 7 ms ]er cos (2g — c)nt
62 2
— 3, 7e cos (28 — 2c)nt
+ D me cos (2E — c)nt — # me” cos (2Ë — 2g + chni;
U° — - € cos 2c.nt + S >; mey cos (2g — cnt
135, , 1 495 107
dr :2 DE G" +(C ee STE 1) Je cos (2g — 2c)nt
+ ï, me® cos (2E — 2c)nt.
(*) Ce terme ne se trouve pas dans la page 665, parce qu'il est du premier ordre;
mais j’en donne le calcul ci-après.
( 736 )
De là on tire :
(&)... 1— 2U’ + 30? —
3 ;
I1— 26 COS em +[ (2 2 —= —;)—" | e° cos 2C,.nt — m'y° COS 2g.nt
5 nes 10
+5 — m+(51+5 = m | ey” cos (2g — c)nt
5 5 8
+ (Este m + (À — = _ me |er cos (2g — 2c)nt
45
— — cos (2Ë—c}nt + SF me* cos (2E— 2c)nt +3 3 = UEER cos (2ËE—2g + chnt.
3
Donc, en faisant le produit des équations (z) et (B'), on aura
| (+ 5) QG +) (Gi —L) (1 —2U + 30°?) —
G-45 5.) (Eu or
Sn . À e°y° cos (28 — 2c)nt.
D ns. :
Cette valeur étant substituée dans les équations [IV] et [V], on a
[VI]. 7 _ dt = + m'ey® cos (2g — 2c)nt,
[NI]... -=1— —.0 —_ % meky® cos (2g — 2c)nt
D’après l’équation [III], nous avons
_ _ Q—=+ e m° e’y° cos (2g — 2c)nt
Donc, l'équation [VII] donne
[VIII]... = = = = 7) mey° cos (28 — 2c)nit.
‘Ainsi, d’après ce calcul, ce terme ne serait pas égal à zéro.
S V.
cet . SAME c 63 .
» Voici, maintenant , de quelle manière je trouve le coefficient — > qui
entre dans l’expression précédente de U.
» Nous avons (voyez page 844 du troisième volume)
( 737 )
5
au — (-2 EE == m se" cos (2g — 2c)v.
En faisant le produit des termes
SI — A cos 2gv — 3m°ey° cos (23 — cc
tar : LL _ m°) y ? cos (2g — 2c)v
8
Hs 8 My’ COS cu — 2g)v;
au=1+ ecoscv += m’e° COS 2CV + : me? cos (2E — 2c)v,
puis dans les pages 838, 839, 840, 844, 847 du troisième volume, on .
obtient
LL PACE 30703 0 1 543 4) LU Are
ss.au =[5-* Cr emernes EG m° |e’y° cos (2g — 2c)v,
Donc nous avons
au A: 15 5 405 135 _ 135
VE 2 = 16 16: —7)+ 1287 +=)"
543 1878 2 333 e”y" cos (29 — 2c)v.
( Béarn Die ouf
* En multipliant ce terme par 1 +p=1+ Ë mn, on aura
(t + p)au + m 333 1079 f
Vikss =[— RS Mon 7384 me | y cos (2g — 2c)v.
Le produit des deux fonctions F(+), + — donne
1+Sss
eo d (t+p)au
HA dv” VTE Lss er
NN PE M 21 765 , 765 _467\ ,,,
7 512 TUE MA LT TM Sie Pas DB ) 7 cos (ag — 20).
En outre on a (vorez page 659 du premier volume),
, d.G+pjau SLEUNEs
ae IE FGY.T: TE J=-ÿmer cos (2g —2c)v.
Donc, d’après la formule posée dans la page 649 du premier volume, nous
avons
QG + p)au _ 467 3 1079 63\ _.
Por TE =[o+0. mous sm) me |e cos(2g — sont
( 738 )
» Remarquons maintenant que l’on a
ne pente ur
72 1 +ss Vr+ss Ra (TETE) ANNEE
ou bien
Re (rt + sr)
a+ py
Et comme ici, on peutfaire Tr =p, nous avons
G+UY..
EG HUŸ = + oU + U,
5 =() (x + 20 EU) = (1 + p} (1 + 2U° + U’:).
Mais 1+p—=1 +am; partant
a (1 — sm) à
r?
— 1 + oU' HU,
» Il suit de là et des valeurs de U/ et U/2? trouvées dans le paragraphe
précédent, que
SARER som 3 63 8
[IX]... = RE DT; st : (+ = due * Jercos(2g— 20m.
Dans la page 289 du n° 8 des Comptes rendus (1837, 1“ sem.), je:
Vois — & au peu de — = Ainsi il est manifeste que M. de Pontécou-
63 2 %
lant a omis la partie — -5 donnée par 2U/, et qu’il aseulèment tenu compte
de la partie — Ze dounée par le carré de U/. Si le terme......
— > me*y?cos(2g —2c)nt, ne se trouve pas dans la page 665 de mon pre-
mier volume, c’est à cause qu il est du sixième ordre, et que je m'étais borné
CR par
1 1 ss
(ainsi que je lai dit) dans le développement de la fonction == aux
termes du cinquième ordre inclusivement.
» D’après cela, la discordance entre notre équation [VI], et l'équation
1e: sn e*y" cos (2g —20c)nt,
que M. de Pontécoulant trouve à la page 200 du n° 8 déjà cité, devient
fout-à-fait évidente, puisqu'il est démontré que son coefficient numérique
> Puisq q riq
_( 739 )
— “> qu'il emploie pour établir ce résultat est fautif. La conséquence
12
capitale qu’on veut tirer de ce calcul exige donc un examen nouveau, et
je souhaite que cette note puisse contribuer à l’éclaircissement de ce point
de la Théorie de la Lune. »
sicrocrarare, — {Vote sur la substance végétale qui a servi à la fabrication
des toiles qui enveloppent les momies d'Egypte; par M. Durrocuer.
« On a cru jusqu’à ce jour que les toiles qui enveloppent les momies
d'Égypte étaient fabriquées avec du coton. Cette opinion a été soutenue
par Rouelle dans un mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie des
Sciences en 1750, et par Larcher, dans les notes qu’il a ajoutées à la tra-
duction d'Hérodote; elle a été appuyée par Forster dans sa dissertation de
Bysso antiquorum ; enfin elle est adoptée par M. Jomard ( Description de
l'Égypte, chap. IX, sect. l'°). Il semblait donc qu'il n’était plus possible
d’avoir des doutes à cet égard. Cependant, M. James Thompson vient
de faire paraître en Angleterre des recherches sur les toiles des momies
d'Égypte, recherches dont on trouve un extrait dans la Revue britannique
(mars 1837, p. 169) et desquelles il résulte que les toiles des momies d'É-
gypte ne sont point fabriquées avec du coton, mais bien avec du lin.
M. Thompson a eu l’heureuse idée de recourir à l'emploi du microscope
pour connaître et comparer la forme des filaments du coton et des fila-
ments du lin. M. Bauer, bien connu du monde savant par ses recherches mi-
croscopiques, s’est chargé de cet examen comparatif; ila reconnu que les fila-
ments du coton diffèrent essentiellement des filaments du lin : les premiers
sont aplatis et tordus sur eux-mêmes; ils ressemblent à de petits rubans tor-
dus de manière à représenter une lamedisposée en spirale; les filaments du lin
sont généralement cylindriques. La forme des filaments du coton se re-
trouve dans les fils des toiles et même dans les papiers qui ont été faits
avec des toiles de coton. Or, rien de pareil à cette forme n’a été observé
par M. Bauer dans les filaments des fils dont sont composées les toiles des
momies d'Égypte. Il a reconnu, au contraire, dans ces filaments la forme
cylindrique des filaments du lin. M. Thompson a conclu de là, contre l’o-
pinion générale, que les toiles des momies sont fabriquées avec du lin et
non avec du coton.
» Je connaissais depuis long-temps la forme particulière que possèdent
les filaments du coton et cela me servait à reconnaître cette substance lors-
que, par fraude, elle se trouvait associée à la laine dans certaines étoffes.
C. R. 1837, 1er Semestre. (T. IV, N° 20.) 101
( 740 )
C’est même le seul moyen par lequel on puisse reconnaître ce mélange
lorsque le coton est cardé avec la laine et filé avec elle. J'aurais pu ainsi
résoudre avant M. Thompson le problème qu’il vient d’éclaircir, si J'avais
cru qu'il püt y avoir le moindre doute sur la nature de la substance
qui avait servi à la fabrication des toiles des momies d'Égypte, tant
les affirmations des savants étaient positives à cet égard. Je me suis em-
pressé d’examiner au microscope les filaments dont sont composés les fils
des toiles qui enveloppent les momies, toiles dont je dois des échantillons
trés nombreux à l’obligeance de M. Champollion, de M. Jomard et de
M. Dubois, conservateur du Musée égyptien. J’ai reconnu, avec M. Bauer,
que ces filaments ne ressemblent en rien à ceux du coton, et qu'ils res-
semblent parfaitement à ceux du lin. Les jilaments textiles de ce dernier
végétal, pour être bien vus, doivent être extraits des fils de tissus usés, .
chez lesquels les blanchissages fréquents ont complétement détruit l’adhé-
rence naturelle des filaments entre eux, adhérence qui n’est jamais géné-
ralement détruite par le rouissage. On voit alors tous lés filaments parfai-
tement isolés. Ces filaments textiles du lin sont de deux sortes ; les uns
semblables à des bambous microscopiques sont des tubes végétaux composés
d'articles allongés et souvent un peu renflés dans les nœuds que forment
ces articles à leurs réunions. Ces tubes ont environ un centième de milli-
mètre de diamètre. Les autres tubes végétaux qui constituent, avec les
précédents, les filaments textiles du lin ne sont point composés d’articles :
ils sont tout d’une venue et n’ont qu'un demi-centième de millimètre de
diamètre. Or, ces deux sortes de filaments textiles qui se trouvent dans le
lin actuel s’observent, exactement semblables, dans les fils qui ont servi
à la fabrication des toiles qui enveloppent les momies d'Égypte. Il n’est
donc pas douteux que ces toiles ne soient fabriquées avec du lin, ainsi que
vient de l’annoncer M. Thompson, et non avec du coton, comme on l'a
admis généralement.
» M. Jomard a eu la complaisance de me donner des échantillons de
tissus très variés trouvés dans les tombeaux de Thèbes et qui n'avaient
point servi à envelopper les momies; parmi ces tissus je citerai une tunique
presque entière, des toiles garnies de franges, une sorte de peluche, etc.
Tous ces tissus, excepté un seul qui est de matière animale, se sont trou-
vés être faits avec le lin. Un petit paquet de fil à coudre que possède M. Jo-
mard et qui a été trouvé de même dans les tombeaux de Thèbes, est égale-
ment du fil de lin. Parmi les échantillons assez nombreux qui n'ont été
communiqués par M.Dubois, se trouvent cinq morceaux de tissus qui ne
(741)
le cèdent en rien pour la finesse à nos belles mousselines. Ces tissus sont
tous fabriqués avec du lin, Dans les fils qui composent ces tissus d’une
extrême finesse, on ne trouve qu'un très petit nombre des filaments textiles
les plus gros du lin, filaments qui sont composés d'articles, ainsi que je
l'ai dit plus haut; on n’y trouve presque plus que les filaments très fins
et tout d’une venue dont j'ai fait mention. Ce fait m'avait d’abord porté à
douter que ces tissus très fins fussent fabriqués avec du lin, mais j'ai
reconnu que les deux sortes de filaments qui composent la matière textile
du lin se retrouvent dans ces tissus; seulement les filaments les plus fins
y abondent, tandis quelles filaments les plus gros y sont rares. Cela dé-
pend peut-être de la qualité particulière de la plante. On sait, en effet,
que tous les lins ne fournissent pasune matière textile d’une égale finesse. J'ai
vu d’ailleurs que les filaments composés d’articles tendent à se briser dans
les endroits de jonction de ces articles. Il est donc possible qu’en vertu
d’une qualité particulière de la plante, ou par l'effet d’une certaine prépa-
ration qu’on lui fait subir, telle, par exemple, qu’un rouissage plus pro-
longé, les gros filaments composés d'articles se brisent dans tous les endroits
de jonction de ces articles, et qu'ils disparaissent ainsi, ne laissant subsis-
ter que les filaments les plus fins qyi sont d’une seule pièce. Ce sont effec-
tivement ces filaments très fins et d’une seule pièce que j'ai trouvés seuls
dans les fils qui ont servi à la fabrication des belles dentelles, dont la ma-
tière est le lin, comme on le sait (r).
» Pour savoir si quelques-unes, des toiles de l’ancienne Égypte n'étaient
point faites avec du chanvre, j'ai examiné au microscope les filaments tex-
tiles de ce dernier végétal. Ces filaments, comme ceux du lin , sont de deux
sortes, les uns composés d'articles, les autres d’une seule pièce. En géné-
ral, ces filaments textiles du chanvre sont plus gros que ceux du lin; les
filaments composés d’articles ont environ deux centièmes de millimètre de
diamètre, ce qui est le double de la dimension des filaments analogues chez
le lin. D’après ces données, je puis décider qu'aucun des tissus provenant
de l’ancienne Égypte, et que j'ai examinés, n’est fait avec du chanvre. C’est
donc le lin seul qui a servi aux anciens Égyptiens pour la fabrication de
leurs tissus faits de matière végétale, et l’on peut conclure de làque, contre
l'opinion générale, ils ne connaissaient point le coton. Quelle est donc
(1) Beaucoup de dentelles que l’on vend aujourd’hui pour être faites avec du fil de lin
sont souvent mélangées de coton; quelquefois elles sont entièrement en coton. Le mi-
croscope seul peut dévoiler cette fraude:
101.
(742)
cette substance nommée Byssus ( Buscov ) par Hérodote et avec laquelle
étaient faites, selon lui, les toiles qui. servaient à envelopper les momies?
On ne peut évidemment admettre avec Forster que le Byssus soit le coton,
puisqu'il est prouvé, par les observations de MM. Thompson et Bauer, et
par les miennes, que les toiles qui enveloppent les momies sont faites
avec le lin. Ne pourrait-on pas penser que le mot byssus aurait exprimé
la matière filamenteuse textile que fournit le lin, comme les mots de filasse
et d'étoupe expriment chez nous cette même matière filamenteuse textile
fournie par le lin ou par le chanvre? On verrait de cette manière d’où
provient l'erreur des savants qui apprenant par Hérodote que les toiles des
anciens Égyptiens étaient fabriquées avec du lin et avec du byssus, en ont
conclu que le lin était différent du byssus. Partant de là, ils ont admis
que le byssus ne pouvait être que le coton QG).
» Hérodote nous représente les usages des Égyptiens comme opposés dans
beaucoup de points aux usages des autres peuples. J'ai trouvé dans la
structure des toiles égyptiennes, comparée à la structure de nos toiles , un
point d'opposition assez futile sans doute, mais que je crois cependant de-
voir noter ici. La torsion de leurs fils est généralement opérée dans un sens
opposé à celui que nous donnons gégéralement aux fils que nous fabri-
quons. Nos fils simples, en les regardant avec une loupe, nous font voir
leurs lignes spirales montant de gauche à droite sur celle de leur face qui
est en regard; les fils simples des anciens Égyptiens nous font voir, au con-
traire, leurs lignes spirales montant de droite à gauche. »
Remarques à l'occasion de la note précédente ; par M. Larrey.
« M. Larrey rappelle que, dans sa Relation chirurgicale de l'armée
d'Orient, il avait déjà remarqué (2) que les Dunltletres avec lesquelles
les momies ont été enveloppées sont en toile de lin et que le tissu de cette
(1) L'opinion que j’émets ici touchant la véritable signification du mot byssus me
semble être appuyée par la considération suivante. Ælien donne le nom de byssus aux
paquets de filaments soyeux avec lesquels certains mollusques marins fixent leurs co-
quilles aux rochers. On sait que ces filaments soyeux sont quelquefois employés pour
fabriquer des étoffes. Le mot byssus serait donc un substantif destiné à désigner toute
espèce de matière composée de filaments très fins, et susceptible d’être convertie en fils
propres à la fabrication des tissus.
(2) Voyez Mémoires et Campagnes du baron Larrey, t. 11, p. 233.
( 743 )
toile (dite maugrebine) est parfaitement conforme à celui de la toile qui
se fabrique en Égypte. M. Larrey, dans la prochaine séance, présentera,
comme pièce à l'appui de l'opinion émise dans son ouvrage, l’une des bande-
lettes qu’il a enlevées lui-même sur une des plus belles et des plus antiques
momies trouvées dans les catacombes de Thèbes. » à
Observations sur la culture de l'ancienne Égypte présentées par M. Cosraz,
à l’occasion de la communication de M. Dutrochet.
« Parmi les peintures des grottes d'Élethyie dont la description par
M. Costaz fait partie du grand ouvrage sur l'Égypte, se trouve un champ
planté en lin parvenu à maturité: des ouvriers sont occupés à arracher le
lin ; auprès d'eux se voit un atelier où d’autres ouvriers travaillent à sépa-
rer la graine de la tige. Pour y parvenir ils emploient un appareil encore
usité parmi nous pour obtenir le même effet. Ils tiennent à la main une
poignée de tiges, le sommet tourné en bas; ils passent ces tiges entre les
dents d’un peigne placé à terre dans une position inclinée relevée du côté
des dents : ce peigne est maintenu en place: par le pied de Pouvrier qui
retire le lin à lui. Les dents étant espacées d’une quantité moindre que le
diamètre de la graine, celle-ci est arrachée et retombe en tas au-dessous
du peigne; on fait mention de la graine parce qu’elle caractérise la plante.
» Cette observation constatant la culture du lin en grand dans l’ancienne
Égypte suggéra dès-lors à M. Costaz, sur la toile qui enveloppe les momies,
des réflexions analogues à celles que M.{Dutrochet a présentées. »
GÉOLOGIE.— Remarques comparatives sur les cendres de l'Etna et sur celles
du volcan de la Guadeloupe; par M. Éxxe DE BEAUMONT.
« Dans la séance du 3 mai 1837, M. Biot a présenté à l’Académie des cen-
dres rejetées par le volcan de la Guadeloupe, en 1797 et en 1836 (le 3 dé-
cembre),ainsi qu'une poussière provenant d’une éruption boueuse du même
volcan, arrivée le 12 février 1837. A l'ouverture des paquets cachetés dans
lesquels ces matières pulvérulentes étaient renfermées, j'ai été frappé de la
différence qu’elles présentaient avec les cendres provenant de diverses
éruptions de l’Etna, que j'ai rapportées de Sicile en 1834, et que je dois à
la libéralité de MM. Mario Gemellaro, de Nicolosi.
» Cette remarque m’a donné l’idée de soumettre les unes et les autres à
un examen comparatif, dont je demande à l’Acadéïmie la permission de lui
( 744 )
soumettre le résultat. Afin que ce résultat puisse être vérifié par les per-
sonnes qui voudraient s’en occuper , je dépose en même temps sur le bu-
reau, des échantillons des cendres que j'ai rapportées de Sicile.
Cendres de lEina.
» Elles sont au nombre de quatre, savoir :
» N° 1. Cendres rejetées par l’Etna dans l’éruption de 1832, et tombées
à Nicolosi, à près de quatre lieues du grand cratère.
» N° 2. Cendres délayées par l’eau, recueillies en 1822 dans le grand cra-
tère de l’Etna. /
» N° 3. Autres cendres recueillies en 1818, dans le grand cratère de l’Etna.
» N° 4. Cendres d’une éruption dont l’époque est inconnue, recueillies
dans le monte Calvario. A
» Toutes ces cendres sont noires ou d’un gris très sombre, et contiennent
une forte proportion de fer oxidulé titanifère attirable à l’aimant, souvent
cristallisé en octaèdre.
» Examinées au microscope , elles présentent toutes des grains assez
gros et très cristallins, qui pour la plupart sont hyalins, très bulleux,
quelques-uns lamelleux, d’autres presque entièrement cristallisés sous
une forme qui rappelle celle des minéraux du groupe du feldspath. Ils
appartiennent indubitablement à l'espèce de feldspath qui forme la masse
principale de toutes les laves de l’Etna. Ce feldspath paraît être le labrador,
tant d’après ses caractères cristallographiques, que d’après divers essais qui
m'ont appris qu’il est attaquable par l'acide sulfurique qui lui enlève de la
chaux, et d’après une analyse complète exécutée et publiée par M. Laurent.
» Malgré ces traits généraux de ressemblance, nos quatre cendres de
l'Etna diffèrent notablement entre elles.
» Les cendres de 1832 (n° r) sont d’une couleur noire foncée, et présentent
l'apparence d’un sable à grains assez gros qui, regardé au microscope, parait
contenir au moins #- de grains hyalins blancs, dont un assez grand nombre
sont cristallisés ; les deux autres dixièmes des grains appartiennent à du py-
roxène, et plusieurs d’entre eux sont cristallisés. Cette faible addition de
pyroxène suffit pour rendre le mélange très fusible, et pour donner à l’é-
mail la couleur noire. Ces cendres contiennent aussi des grains noirs cris-
tallins de fer oxidulé, dont quelques-uns sont cristallisés en octaëèdre.
» Les cendres n° 2, recueillies en 1822 dans le grand cratère de l’Etna, où
elles étaient délayées par l’eau, sont très fines et de couleur grise; vues an mi-
croscope, elles paraissent formées, en presque totalité, de grains hyalins; on
(74 )
y découvre aussi à l’aide du barreau aimanté ,des grains trés fins de fer oxi-
dulé; mais le microscope que j'ai employé ne m'y a laissé apercevoir aucun
grain de pyroxène. Elles sont fusibles en émail gris bulleux ; leur fusibilité
est plus grande que celle du feldspath ordinaire, mais moins grande que
celles des cendres de 1832.
» Les cendres n° 3 de 1818, recueillies dans le grand cratère, ressemblent
en tous points à celles de 1832.
» Quant aux cendres recueillies sur le monte Calvario, elles ressemblent
aussi à celles de,1832, par la grosseur des grains dont elles se composent
et par celles des grains de fer oxidulé qu’elles contiennent, mais elles sont
visiblement mélangées de parties de nature différente qui se distinguent
même à l'œil nu. L'élément hyalin y domine; mais il y a en outre quelques
grains blancs opaques, des grains jaunes analogues à du péridot ,
d’autres de couleur orangée analogues à du grenat , du zircon ou de l’ido-
crase , enfin des grains noirs de pyroxène et de fer oxidulé.
» Malgré les différences que présentent entre elles ces quatre variétés de
cendres de l’Etna, elles ont comme on voit une même compesition fonda-
mentale : le labrador domine dans toutes, et le fer oxidulé ne manque
jamais d’y être abondant.
Cendres du volcan de la Guadeloupe.
» Ces cendres, malgré les différences qu’elles présentent entre elles, ont
aussi un même fond de composition: par cette composition et même par
leur aspect extérieur, elles différent plus de celles de l’Etna qu’elles ne
diffèrent les unes des autres, et que celles de l’Etna ne diffèrent entre elles,
ce qui annoncerait une différence correspondante entre les matières mises
en mouvement dans les deux foyers, et fournirait un nouvel exemple de
la ressemblance générale de tous les produits d’un même volcan et de la
différence souvent complète des produits de volcans différents.
» Comparées aux cendres de l’Etna, les cendres provenant du volcan
de la Guadeloupe sont beaucoup plus fines et d’une teinte plus claire, le
fer oxidulé y est beaucoup moins abondant. Le microscope y fait constam-
ment découvrir des grains blancs de deux espèces, qui les composent, soit
en totalité, soit du moins en grande partie; les uns sont hyalins, les autres
d’un blanc laiteux. Ces deux espèces de grains forment presque exclusive-
ment les cendres de 1797, et celles de 1836; seulement les premières con-
tiennent un mélange de sulfates solubles dont la saveur est sensible, et les
secondes contiennentun peu desoufre. Les unes et les autres fondent en émail
( 746 )
blanc. La poudre provenant de l’éruption boueuse du 12 février 1837,
quoique différant des cendres par sa teinte jaunâtre, se compose encore en
grande partie des deux sortes de grains blancs déjà mentionnées ; mais on
y trouve en outre des grains de deux autres minéraux, l’un jaunâtre, l’autre
noir, et quelques grains cristallisés de fer oxidulé magnétique : cette
poudre fond en émail gris.
» Il était important de constater la nature de deux espèces de grains
blancs qui faisaient le fond de la composition de ces trois substances pulvé-
rulentes , ou du moins de s’assurer qu’ils sont de deux natures différentes.
Cette détermination exigeait des essais chimiques et un examen fait avec
un microscope d’un fort grossissement. M. Dufrénoy a bien voulu s’en
charger, et il a été conduit à rédiger sur la composition des trois poudres
provenant de la Guadeloupe, la note suivante, qui forme un complément
à celle que je viens de lire. »
Examen des produits volcaniques de la Guadeloupe; par M. Durrénoy.
« Des trois poussières volcaniques présentées à l'Académie, les deux
premières, désignées sous le nom de cendres , ont été projetées par le cra-
tère de la Soufrière, dans les éruptions qui ont eu lieu en 1797 et 1836;
la troisième est le produit d’une éruption boueuse arrivée le 12 févr. 1837.
Cendres de 1797.
» Ces cendres sont très fines, d’un gris foncé; elles ont un goût astringent
douceâtre prononcé, dù à un mélange de sels.
» Vues au microscope, ces cendres se composent de deux éléments diffé-
rents ; le plus abondant forme des petits grains anguleux très hyalins ; quel-
ques-uns de ces grains sont irisés et présentent le phénomène des anneaux
colorés, ce qui fait supposer qu’ils sont lamelleux. Du reste, aucun de ces
grains ñe possède de forme ni de clivages distincts.
» Le second élément est blanc laiteux, quoique entièrement cristallin. Il
n’a offert également aucune trace certaine de cristallisation.
» Au chalumeau, ces cendres sont fusibles en émail blanc, un peu plus
facilement que le feldspath orthose.
» La saveur astringente indiquant la présence de sels, on a recherché ces
sels en faisant bouillir les cendres avec de l’eau distillée; on a trouvé qu’elles
en contenaient 2,42 pour cent. Différents essais ont montré que ces sels
sont formés par la réunion de sulfates de chaux, de fer, d’alumine et de po-
tasse, les deux derniers étant de beaucoup dominants.
(: 747.)
» L’acide sulfurique et l’acide hydrochlorique concentrés et bouillants,
attaquent assez fortement ces cendres. Cette circonstance permet d'isoler
ces deux éléments et d’en faire facilement analyse...
» La partie attaquée, la seule qu’on ait eu le temps d'analyser, contient
de la silice, de l’alumine, du fer, de la chaux et une trace d’alcalis ; d’après
les proportions de ces différents éléments, la substance dissoute paraîtrait
appartenir au labrador. L'examen au microscope des cendres, après qu’elles
ont été soumises à l’action des acides, a fait voir que ce sont les grains
blancs et laiteux qui ont été dissous : les grains hyalins qui restent inatta-
qués paraissent appartenir au Ryacolithe ou feldspath vitreux.
» Le résultat de cet essai a donné
Substance attaquée par les acides : labrador......... 32,61
Substance insaluble dans les acides, ..........,... 100029
Sulfate d’alumine , de potasse, de chaux et defer...,. 2,42
Hau CPE TER LS 6 cet Dohtone DD ECS Hreaéc 8,74
100,00
» La partie soluble dans les acides contient :
Silce Re ete _LOnObEe 19,12
Alumine............ Soon
Fer ..... Ds ras le c 2,60
Chauxeee mere MOIS 3,15
32,61
Cendres de décembre 1836.
» Cette poudre est d’un gris clair; vue au microscope elle est composée:de
deux parties différentes à peu près en proportions égales. L'une, hyaline,
complétement transparente, est criblég, d'une grande quantité de bulles
comme certains quartz de Madagascar. Parmi les nombreux grains de cette
première substance, deux ou trois ont présenté un clivage très net.
» La seconde substance est d’un blanc laiteux en grains amorphes.
» Ces éléments sont, du reste, essentiellement identiques avec ceux que
l’on a indiqués dans les cendres provenant de l’éruption de 1797.Seulement,
leur proportion est un peu différente. Les grains blancs laiteux que l’on
est conduit à regarder comme du labrador sont plus abondants.
» On voit de distance en distance, au milieu de la poudre, quelques grains
jaunes qui appartiennent à du soufre, ainsi que l'essai l'indique.
» On a soumis ces cendres aux mêmes essais que les précédentes.
» Au chalumeau , elles sont également fusibles en émail blanc.
C. R. 1837, 1° Semestre. (T. IV, N° 20.) 102
( 748 )
» Calcinées elles perdent une forte proportion d’eau, leur surface se
couvre d’une légère flamme bleue due à du soufre qui brûle.
» Dans l'acide hydro-chlorique elles sont fortement attaquables. La partie
dissoute contient de l’alumine, de la chaux, du fer et de la magnésie. Elle
renferme aussi une faible proportion d’alcali ; mais on n’a pas eu le temps
d’éxaminer ni sa nature ni sa proportion.
Substance insoluble dans les acides. ... 50,88
Substance soluble...........,....... 39,72
Eau par calcination................. 6,93
Soufre par sublimation.............. 0,62
Perte de l’analyse.................. 1,85
100,00
SiiCe eee pere 23,72
Alumine et fer....... 12,24
Chaux CRE 3,37
Magnésie. ........... 0,45
Alcali. ..... 065000 DIM à 5
39,72
Sable provenant de l'éruption boueuse qui a eu lieu le 12 février 1833.
» Ce sable paraît à l’œil beaucoup moins homogène que les deux autres,
les grains sont plus gros, et il a toute l’apparence d’un dépôt charrié par les
eaux.
» Le microscope montre que ce sable est composé de eu minéraux
distincts et en proportions fort différentes :
».1°. Il contient des grains hyalins très brillants analogues à ceux qui se
trouvent dans les cendres de 1797 et 1836 et que l’on a supposé appartenir
au ryacolithe. Seulement dans la poussière dont il est question un grand
nombre de grains possèdent des clivages distincts; d’autres sont très bul-
leux et fendillés.
» 2°, Des grains d’un blanc laiteux pouvant entrer pour 25 à 30 pour
cent dans le sable.
» 3°. Des grains assez nombreux d’une substance dont la cassure est
vitreuse, très éclatante et dont la couleur est le jaune hyacinthe : d’après
ses caractères extérieurs, ce minéral est complétement analogue à de l’esso-
nite, ou à quelques variétés d’idocrase.
( 749 )
» 4P. Quelques grains noirs assez rares formant 2 à 3 pour cent pa-
raissent du pyroxène.
» Plusieurs de ces grains sont composés à la fois de re noires et de
parties hyalines n°’1, comme si ces grains étaient des fragments d’une roche
porphyroïde, ou d’un trachyte.
» Ce sable soumis aux mêmes essais que les cendres des éruptions de
1797 et de 1836 a été fusible en émail gris, eta donné 8, 50 d’eau. Enfin
une certaine partie a été soluble dans l’acide hydrochlorique, environ de
25 à 30.
» Il résulte de la comparaison de ces sables volcaniques de la Guadeloupe
qu’ils sont composés principalement de deux substances appartenant au
groupe feldspathique : la première parait devoir être rangée avec le
labrador par sa solubilité dans les acides, ainsi que par les proportions de
silice, d’alumine et de chaux qu’elle renferme; la seconde est probablement
du feldspath vitreux ou ryacolithe, mais, pour l’affirmer, il serait nécessaire
d’en faire une analyse complete.
» Le sable produit par l’éruption boueuse du 12 | février 1837 contient
en outre du pyroxène; il est surtout intéressant par la présence de nom-
breux fragments ayant la structure lamelleuse. La forme de ces fragments
vient confirmer la supposition qu’ils appartenaient au ryacolithe. » |
M. Dufrénoy a l'intention de faire une analyse complète des substances
qui font l'objet de cette note et d’en faire plus tard le sujet d’une com-
munication à l’Académie. :
PHYSIQUE DU GLOre. — Vote sur une chute de grélons d’une forme parti-
culière ; par M. ÊuE DE BEAUMONT.
« Hier 14 mai, entre trois heures et demie et quatre heures de l’après-
midi, jeme trouvais avec plusieurs autres personnes sur un coteau voisin de
Clamart dans la direction du Plessis-Piquet; là nous avons été témoins d’une
averse de grèle présentant une circonstance qui nous a paru remarquable.
» La forme des grélons était constante, ils étaient tous anguleux; un
de leurs angles était pyramidal et la face opposée était.courbe et pa-
raissait être un segment de sphère concentrique au sommet de la pyramide ;
chacun de ces grélons était donc un secteur sphérique, et l’on remarquait
en outre que tous étaient composés de fibres très distinctes dirigées suivant
les rayons de la sphère et présentant en même temps des indices de zones
concentriques; ils étaient blancs et semi-opaques. Ils donnaient parfai-
102..
( 750 )
tement l’idée de sphères de glace qui se seraient formées par un incroü-
tement progressifet qui se seraient ensuite brisées; mais il est à noter qu'ils
ne se brisaient pas en tombant :ils tombaient déjà réduits à la forme
pyramidale que j'ai indiquée. Les plus gros de ces grélons avaient moins
d’un centimètre de rayon. Les sphères dont ils paraissaient provenir
auraient eu la grosseur d’une balle de fusil et de pistoiet, mais nous n’en
avons vu aucune tomber entière jusqu’à terre, toutes devaient avoir été
brisées dans l'atmosphère. Trois coups de tonnerre d’une force moyenne
sont survenus pendant l’averse: chacun d’eux a donné lieu à un redou-
blement assez marqué dans la chute des grélons, mais il y a eu aussi des
redoublements qui n’ont pas’été accompagnés de tonnerre. Vers la fin de
laverse les grélons étaient plus gros que dans le commencement et leur
nombre augmentait aussi graduellement, mais un peu avant la cessation
de l’averse beäucoup de pluie s’ést mélée à la grêle.
» Cette averse était produite par un nuage peu étendu et qui paraissait
peu élevé, il venait de.la région du sud-ouest : le vent était très faible. »
RAPPORTS.
PHYSIQUE DU GLOBE. — JVouvelles recherches sur le phénomère connu de
l'érosion des colonnes du temple de Sérapis à Pouzzol; par M. Caroccr,
directeur de l'Observatoire de Naples.
M. Arago a fait aujourd’hui le rapport verbal dont l'Académie l'avait
chargé, sur un mémoire de M. Capocci concernant Îles changements relatifs
de niveau que la mer et la côte cree avoir éprouvés dans les environs
de Pouzzol.
M. Capocci annonce que M. Niceoltn son compatriote, a établi sur
des documents positifs :
1°. Qu'à l’époque (antérieure à l'ère vulgaire) où l’on construisit dans
lé temple de Sérapis, le pavé en mosaïque découvert sous un pavé plus
récent de marbre, le niveau de la mer, dans ces parages, comparé à
celui de la terre, était plus bas qu'aujourd'hui de r5 palmes napolitaines
(la palme est d'environ 262 millimètres) ;
2. Que dans les premiers siècles de l'ère vulgaire, qu’à l’époque où
l'on reconstruisit les thermes et le nouveau pavé, le niveau de la mer
était de 6 palmes et demie au-dessus du niveau actuel ;
(751)
. 3°. Qu’au moyen âge, le niveau des eaux était d'environ 22 palmes
au-dessus du niveau actuel;
4°. Qu’au commencement du siècle où nous sommes, la mer était plus
basse que maintenant de 2 palmes et demie.
A l'appui de l'opinion qui attribue ces mouvements au sol et non à la mer,
M. Capocti cîte, et c’est ici la partie capitale de son mémoire, divers pas-
sages empruntés aux témoins oculaires de la terrible éruption qui en 1538
fit naître près du ‘lac Lucrin une montagne nouvelle : le fameux Monte-
Nuovo. Tous ces écrivains, le Porzio, le Toledo, le Borgia, le second des
Falconi, s'accordent à dire que la mer se retira du rivage dans un espace de
200 pas (1). Or, comment la mer pourrait-elle se retirer en s’abaissant
ainsi d’une manière permanente en un point d’un golfe, sans s’abaisser et
se retirer en même temps dans les points voisins? Et cependant elle ne
se retira certainement ni à Naples, ni a Castellamare, ni à Ischia.
Ce fut donc, en 1538 (2), le rivage qui dans une seule localité, se souleva
et se trouva à sec. Voici, du reste, les propres paroles du Porzio, esprit
rare, d’un savoir profond, et qualifié par ses contemporains de prince
des philosophes de son temps : « Cette région fut agitée pendant près de
» deux ans par de violents tremblements de terre, au point qu’il n’y resta
» aucune maison intacte, aucun édifice qui ne fût menacé d’une ruine
» prochaine et inévitable. Mais le cinquième et le quatrième jour avant
»-les calendés d'octobre, la terre trembla sans relâche, nuit et jour; la
» mer se retira d'environ 200 pas; sur la plage à sec, les habitants
» prirent une multitude de poissons, et remarquèrent des eaux douces
» jaillissantes. Enfin, le troisième jour, une grande portion de terrain,
» entre le pied du Monte-Barbaro et la mer près de l'Averne, parut se
» soulever et prendre la forme d'une montagne naissante. Ce même jour,
. » à la seconde heure de la nuit, ce terrain soulevé se transformant en
» cratère, vomit avec de grandes convulsions, des torrents de feu, des
» scories, des pierres et des cendres. »
Ces paroles semblent ne laisser aucun doute sur le mouvement du
sol, à moins que l'on ne veuille soutenir la subtile explication donnée
ÿ
(1) Loffredo écrivait, en 1580, que 5o ans avant.cette époque on péchait là où se
voyaient de son temps des ruines antiques entre Pouzzol et le lac Lucrin.
(2) Le temple de Sérapis, en 1538, était, comme Pompéi, enterré jusqu’à une cer-
taine hauteur, ce qui a empêché les trois colonnes restées debout d’être perforées à
leur partie inférieure.
( 752 )
par l’auteur même que l’on vient de citer. Voici ce second passage :
« La mer se retira d’abord, uniquement sans doute-parce que les ex-
» halaisons cherchant une issue, écartèrent les parties du sol, et que
» la terre, comme altérée, abcoi l’eau par les petites fentes 3 d’où
» il résulte que cette portion de terrain, jusque alors baignée par la
» mer, demeura à sec, et que le rivage s’éleva par l'accumulation des
» cendres et des pierres. » Mais à côté du soulèvement visible d’une
partie du terrain «magnus terræ tractus… sese erigere videbatur » pour-
quoi chercher une xdliratda compliquée et difficile où l’on ne voit
pas bien comment l’eau qui devait sans cesse affluer pour s’engloutir
dans des crevasses, laissait les cendres et les pierres s’amonceler pour
élever le rivage?
_ Et cette élévation ne fut pas peu considérable; car le sol, d'après
les mesures citées, avait dû, antérieurement à 1538, s'être re jus-
qu’à 22 palmes environ di desc de la hauteur actuelle; au commen-
cement du siècle présent, il était au-dessus de cette hauteur actuelle
de 2 palmes et demie. L’exhaussement total, en 1538, n’a donc pu être
de moins de 24 palmes, limite qu’il a probablement dépassée , puisque le
mouvement descendant que l’on remarque aujourd’hui n’a pas dù com-
mencer seulement avec ces dernières années.
M. Capocci cherche dans quelle étendue le long de la côte, le terrain a
changé de niveau. Il trouve que le soulèvement a dû s'étendre depuis le lieu
où les bains antiques d’eau minéralé ont été rétablis, jusqu'aux étuves de
Néron. Plus au levant que les bains près de Nisita, et plus au couchant
que les étuves près de Baia, le terrain semble avoir conservé son ni-
veau, si même il ne s’est pas un peu abaissé.
En effet, de part et d'autre de ces limites, on trouve des points où :
l'eau s'élève au-dessus des ruines d’édifices antiques (1), particulière-
ment à Baia, près du temple de Vénus. D'ailleurs on n’observe plus
sur le rivage, à quelque distance du bord, aucune trace du séjour
de l’eau, comme on en remarque dans l’espace intermédiaire, princi-
palement de Pouzzol au lac Lucrin. Dans cet espace intermédiaire, et
précisément à 200 pas environ du bord de la mer, le terrain présente,
tout le long de la route tracée postérieurement à 1538, une espèce
de ressaut contre lequel il semble que les eaux devaient venir battre
(1) IL y a bien aussi à Pouzzol quelques constructions submergées; mais ce n’est
là qu’une exception; ailleurs c’est le cas général.
(753 )
autrefois. Ce ressaut, qui ne se lie par aucune dégradation au rivage
actuel, indique donc un changement brusque et non un déplacement
graduel dans le contour de la mer..
Le fait, rapporté par M. Capocci, que depuis 1800, la mer a paru
s’abaisser de 2 palmes etdemie dans les environs de Pouzzol, semble bien
digne d’un examen sérieux. Espérons ,a dit M. Arago, que le gouverne-
ment, napolitain qui a si magnifiquement meublé le nouvélObservatoire de
Capo di Monte, qui récemment encore, a autorisé M. Capocci à enrichir
les cabinets scientifiques de Naples, des meilleurs instruments de SE:
genre qu’on exécute en France, en Angleterre, en Allemagne, fournira à
cet habile astronome, les moyéns de suivre avec assiduité un phénomène
qui intéresse à un aussi haut degré la physique du globe. Des nivellements
annuels combinés avec des observations thermométriques faites à de
grandes profondeurs, montreraient en outre ce qu’il faut penser d’une
idée ingénieuse de M. Babbage, d’après laquelle les variations de niveau du
sol observées en tant de lieux, tiendraient à de notables changements
locaux de température dans les couches terrestres profondes. M. Babbage
trouve qu’un changement de 100° Fahrenheit (56° centigr.) qui affecterait
une profondeur de terrain ( de grès ) de cinq milles ( deux lieues) engen-
drerait à la surface un mouvement de 25 pieds anglais.
céoroGe. — Considérations sur la manière dont se forma dans la Médi-
terranée, en juillet 1831, l'ile nouvelle qui a été tour-à-tour appelée
Ferdinandea , Hotham, Graham, Nerita ef Julia.
ù
Après avoir rendu compte du mémoire dans lequel M. Capocci établit,
sur de précieux documents historiques, qu’à l’époque de la formation du
Monte-Nuovo, il y eut un exhaussement considérable de tout le terrain en-
vironnant, M. Arago a communiqué à l'Académie, comme complément de
son rapport, les considérations qui l’ont conduit à penser, contre l'opinion
presque générale des géologues, que dans sa partie immergée, du moins,
Pile Julia fut le résultat du soulèvement du fond solide et rocheux de la mer.
Ces considérations sont de deux espèces. Nous allons les analyser suc-
cessivement.
En parcourant le Journal nautique de M. Lapierre, commandant du
brick la Flèche, M. Arago y a treuvé un grand nombre d'observations de
sondes, faites le 29 septembre 1831, tout autour de l'ile nouvelle. D’après çes
observations, M. Arago a pu calculer l’inclinaison moyenne, par rapport
(754)
à l'horizon, de la portion immergée de l'ile comprise entre le rivage et le
point correspondant où la sonde s'était arrêtée. Voici le tableau de ces ré-
sultats et des inclinaisons calculées :
Distances de la ligne de sonde Profondeur
au rivage, en Inclinaisons
exprimées en toises. brasses. calculées.
4o au Nord........... 52...... E
20 au Nord-Est......,. JA MESEEAE 2
Sora Este SM noue GE AAR .
30 au Sud-Sud-Est. DO «0 54 +
30 au Sun Oue al e SDBoe ae - 54
30 à l’Ouest......... cé fes ado 49 +
30 au Nord-Ouest...... HOPe ere 51 %
D'autres observations et d’autres calculs, que nous ne rapporterons
pas ici, donnent pour Îles flancs immergés de l’ile nouvelle, des pentes
d'autant moins fortes qu'on s'éloigne plus du rivage; la variation était
même assez rapide. Il semble donc évident que si, au lieu de sonder
à des distances horizontales de la-côte, de 30 et de 40 toises, M. La-
pierre avait opéré à 8 où 10 toises, on aurait trouvé des inclinaisons
de 7o° et peut-être même de 75° (1). Je laisse, dit M. Arago, à ceux
qui ont étudié le plus attentivement la configuration du globe, à
décider si des terrains meubles, incohérents, battus sans cesse par les
flots de la mer; si des cendres et de toutes petites pierres, en sup-
posant que l'ile Julia en eût été formée, auraient pu se maintenir des
mois entiers sous des inclinaisons aussi considérables!
Quelques nombres mettront, au surplus, tout le monde à même de
bien apprécier les remarques qu'on vient de lire.
L'inclinaison par rapport à une ligne horizontale, des parois du
cône du Vésuve , d’après M. Élie de Beaumont, est de 33°
Celle du parois du cône supérieur de l’Etna, de 32° à 33°
Sur la même montagne, l’inclinaison des talus les plus rapides
de scories, est de 37°
Le talus suivant lequel se dispose le sable fin bien sec et le grès
pulvérisé, forme avec l’horizontale, d’après M, Rondelet, un
angle de : 34 X
(x) A l’époque où M. Constant Prévost rendit compte de son intéressante exploration,
je recueillis de sa bouche qu’à 30 ou 40 pieds du rivage on avait trouvé, en un certain
point, une profondeur de 200 pieds. Les deux nombres #o et 200 np emnois à
une inclinaison de 78°2; 30 et 200 donneraient 81°+.
( 755 )
* Pour la terre ordinaire bien sèche et pulvérisée, l’angle du talus
naturel, suivant le même architecte, était de 46° 5
En humectant la terre, il trouva, pour la moyenne de diffé-
rentes expériences, 50°
Venons maintenant au second genre de considérations développé par
M. Arago.
L'ile Julia devint visible du 28 jure 1831 au 8 juillet suivant : l’incer-
titude n’est pas plus grande. En effet, à la première de ces dates, le capi-
taine anglais Swinburne traversait, de jour, la place comprise entre
Sciacca , sur la côte de Sicile, et l'ile Pantelaria, où depuis le nouvel ilot
a surgi, et cela sans rien apercevoir d’extraordinaire; le 8 juillet, au
contraire , le capitaine napolitain Jean Corrao voyait des traces manifestes
de l’éruption. .
M. Prevost recueillit dans son voyage une circonstance de la formation
de l’île très importante ; le prince Pignatelli lui assura que dés les premiers
jours de l’apparition, le 10 et le 11 juillet, par exemple, la colonne qui
s'élevait du centre de l’île, brillait la nuit d’une lumière continue et très
vive; le prince comparait ce phénomène au bouquet de nos feux d’artifices.
Au commencement d'août, cette même colonne de poussière répandait
encore une lumière, sinon aussi forte que le disait le prince Pignatelli, du
moins bien visible. Nous avons pour garants de ce fait, le capitaine Irton
et le docteur John Davy. Le 5 août, il est vrai, M. Davy s'étant trouvé,
à quelque distance de l'ile, dans une région où la poussière impalpable
entrainée par les vents tombait en abondance, reconnut en la recevant
sur sa main qu’elle n’était pas chaude; mais il suffira de se rappeler avec
quelle rapidité les corps très ténus, très minces, des fils métalliques in-
candescents, par exemple, prennent la température de l'air, pour n’être
point tenté de déduire de la remarque de M. Davy là conséquence que
toutes les déjections terreuses du cratère, que celles-là même qui en
retombant verticalement ajoutaient sans cesse à la masse visible de l’ilot,
étaient froides. Et d’ailleurs, qui ne sait que pendant deux mois entiers
on pouvait à peine cheminer sur l’ilot, tant les scories et les sables qui le
formaient étaient chauds? #
Si la partie immergée du nouvel ilot, avait été engendrée par la su-
perposition de matières incandescentes ou du moins de matières très
RS comme le fut la partie extérieure, elle n'aurait pas manqué
d’échauffer la mer jusqu'à une certaine distance; ainsi, en approchant de
l'ilot, un thermomètre plongé dans l’eau de mer, aurait monté graduel-
C, R. 1837, 1er Semestre. (T. IV, N° 20.) 103
(756)
lement, C’est précisément l'inverse qui eut lieu : la diminution de tem-
pérature observée par M. Davy, le 5 août, en marchant vers l’ilot, fut
de 5°,6 centigrades!
M. Davy, frappé de cette grande diminution, crut devoir l’attribuer à
la poussière flottante dont la mer était couverte le 5 août. Suivant lui, la
poussière projetée en colonne verticale par le cratère, devait avoir, en
tombant sur l’eau, la basse température qu’elle avait été puiser dans des
couches atmosphériques élevées. Cette explication semble prêter à deux
objections sérieuses : on ne voit pas, d’abord, pourquoi chaque parcelle
de poussière n'aurait pas repris, en traversant les couches atmosphériques
de haut en bas,. toute la chaleur qu'elle y aurait laissée en montant; il
faut remarquer ensuite que la hauteur totale de la colonne n’était pas
de 400 pieds anglais, ce qui, d’après la loi connue du décroissement de
la température atmosphérique, ne correspondrait guère qu’à & de degré
centigrade.
Les 5°,6 de refroidissement observés par M. Davy, surpassent de beau-
coup tout ce qu’on a trouvé jusqu'ici en approchant des îles ou des bas-
fonds de la Méditerranée, et même des îles ou des bas-fonds de l'Océan.
Il ne suffit donc pas d’avoir éliminé l'hypothèse qui eût entraîné une aug-
mentation de température : il reste à expliquer comment l'influence frigo-
rifique de l’ilot a été aussi grande.
Eh bien! on n’a qu’à supposer que l'ile se forma d’abord par voie de
soulèvement; que les flancs siinclinés de sa partie immergée, étaient le
fond de la mer relevé; qu’ils se composaient d’une matière rocheuse re-
froidie depuis des siècles, et l’anomalie n’existera plus.
Voici quelques résultats tirés du journal &e M. Lapierre, et qui semblent
corroborer les observations précédentes.
A la fin de septembre 1831, sur le rivage même de l'ile Julia,
La surface de la mer étaitä............... + 23°, centig.
à 1 brasse, on trouva aussi............ L 23,0
à 10 brasses , il n’y avait plus que....... 21,5
à 30 brasses, le thermomètre descendit à. + 19,8
Au surplus, a dit M. Arago en terminant sa communication verbale, ces
considérations sortiront, peut-être, du domaine des simples conjectures,
quand on aura publié l'ensemble des observations thermométriques faites
à diverses époques dans le voisinage du nouvel îlot, et aussi quand on aura
déterminé le maximum d'influence qu’une petite île permanente sembla-
(755 )
blement située exerce sur la température de la mer : l'influence de liie
Pantelaria, par exemple. Provoquer ces publications et ces recherches,
tel est le but que M. Arago s’est principalement proposé.
uypRoGrAPæIE. — Description nautique des côtes de l'Algérie ; par M. A. Bé-
RARD, capitainede corvette; suivie de notes par M. pe Tessan, ingénieur-
hydrographe, publiée au dépôt général de la Marine.
En présentant ce beau travail à l’Académie, M. Arago a fait ressortir
tout ce qu'il a fallu de.zèle, d’habilité et. de hardiesse pour le mener à bon
port; l’atlas estexécuté avec une netteté, avec une élégance, avec une pureté
deburin dignes des plus grands éloges. L’œuvre de M. Bérard occupera
un rang distingué parmi celles qui honorent notre marine militaire.
Rapport verbal sur un ouvrage de M. le docteur Pemr, ayant pour titre :
Nouvelles observations de guérison des calculs urinaires au moyen des
eaux de Vichy, etc.
(Commissaire, M. Robiquet.)
Après avoir fait l'histoire des principales recherches relatives à la dis-
solution des calculs urinaires, et cité er particulier les travaux de MM. Lau-
gier, Magendie et Darcet, M. le rapporteur rappelle qu'en 1834, M. Petit
avait publié une série d’observations tendant à montrer les avantages qu’on
pouvait se promettre, dans le traitement de ces maladies, de l'usage des
eaux alcalines gazeuses , et notamment des eaux de Vichy.
» Le nouvel ouvrage de M. Petit, dit M. Robiquet, a encore en partie
pour objet de prouver l’efficacité de ce mode de traitement. On y trouve,
en effet, cinq observations de guérison complète de calculs urinaires, ob-
tenue au moyen des eaux de Vichy prises en bains et en boissons ; mais
l'auteur ya joint, en outre, quatorze observations destinées à montrer
quel peut être l'effet de ces mêmes eaux dans le traitement de la goutte.
» Relativement à ce dernier mode d'application des eaux de Vichy, M. Petit
fait remarquer qu'il y a été conduit par l’idée, aujourd’hui très communé-
ment admise parmi les praticiens ; que la goutte et la gravelle, quoique ayant
leur siége dans des organesdifférents , dérivent d’une même cause. J'ajoute,
dit-il, d'autant plus confiance à cette médication que J'ai vu les attaques de
goutte survenant chez des personnes soumises depuis quelque temps à
l'action des eaux de Vichy, être beaucoup moins longues et moins doulou-
reuses que d'ordinaire. :
» L'auteur rapporte dans son ouvrage toutes les observations qu'il a pu
103...
(78 )
recueillir sur ce nouveau mode de traitement, quel qu’en ait été le résultat;
mais peut-on s’en promettre du succès dans tous les cas de goutte? C’estune
question à laquelle M. Petit ne croit pas qu’on soit encore en état de répon-
dre d’une manière positive, et il provoque de nouvelles recherches à ce
sujet. D’après les observations qu'il a faites, il y a lieu, quant à présent, de
penser que cette médication jouit de plus d’efficacité contre la goutte in-
flammatoire, fixe ou régulière des auteurs, que contre les autres variétés. »
LE
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OPTIQUE MINÉRALOGIQUE. — Précis d’un mémoire sur les caractères optiques
des minéraux ; par M. BABINET.
(Commissaires, MM. Arago, Dulong.)
(Extrait par l'auteur.)
« Les caractères optiques des minéraux sont les propriétés diverses dont
ils jouissent dans leur action sur la lumière, et qui peuvent servir à recon-
naître ou à distinguer l’une de l’autre les opens substances que nous
offre la nature. Les cinq classes suivantes de phénomènes optiques servent
principalement à caractériser les minéraux : 1° l'absorption sans polarisa-
tion et sans double réfraction; 2° l'absorption avec polarisation ; 3° le di-
chroïsme ou polychroïsme; 4° les caractères analogues aux phénomènes
de réseaux et de couronnes; 5° l’astérie et les Dre analogues ;
6° la polarisation chromatique et ses applications.
I. Absorption sans polarisation.
» Toute substance non cristallisée, et, parmi les cristaux, tout cristal
simplement réfringent ne transmet que de la lumière neutre et générale-
ment, d’après M. Arago ; toute extinction ou absorption de lumière ou de
couleurs, non accompagnée de double réfraction, porte également sur les
deux faisceaux polarisés en sens contraire, dont on peut supposer que
toute lumière naturelle ou neutre est composée. Il ne s’agit donc ici que
de l'absorption de telle ou telle couleur de préférence par une substance
minérale colorée ou non. On peut citer pour type de cette absorption ,
celle qui a lieu dans les verres colorés. Pour l’ôbserver, on emploiera les.
procédés suivants : 1° deux faces non parallèles du minéral forment un
prisme au travers duquel on regarde la flamme d’une bougie. Par
exemple, avec le rubis (corindon), l'extrémité violette du spectre sera
- (759 )
supprimée, mais elle ne le sera pas avec le grenat; 2° illuminez le minéral
avec la lumière monochromatique de l'alcool versé sur du sel ordinaire, le
rubis sera presque noir et le grenat réfléchira encore une quantité notable
de cette lumière jaune, qui correspond à la raie D de Fraunhofer , dans le
spectre solaire; ou bien mettez l’échantillon sous la lumière d’un verre
rouge, ou même, observez-le avec le verre rouge placé devant l’œil. Enfin,
si vous avez à votre disposition un spectre solaire dans une chambre obs-
cure, promenez le minéral dans les diverses nuances. Le saphir, la cordié-
rite (dichroite), le disthène et la topaze bleue du Brésil ne se ressemblent
plus alors, pour la teinte réfléchie ou transmise. Dans quelques cas, et no-
tamment avec le rubis, on peut faire une expérience analogue à la suivante:
regardez la flamme assez brillante de l'alcool salé avec une plaque liquide
de sulfate de chrôme , comprise entre deux verres plans, et cette flamme
sera complétement invisible.
Il. Absorption avec polarisation.
» Tout cristal biréfringent coloré, absorbe inégalement les deux faisceaux
polarisés de la lumière neutre. Certains cristaux de tourmaline, de cordié-
rite, d’épidote ne transmettent même que de la lumière polarisée. J'ai com-
muniqué depuis plusieurs années à l'Académie, cette loi qui admet peu
d’exceptions , savoir, que les cristaux biréfringents colorés, dits répulsifs
ou négatifs (comme le spath coloré, la tourmaline, le corindon) laissent
passer en plus grande abondance le faisceau extraordinaire , tandis que les
cristaux , dits positifs ou attractifs (comme le quartz enfamé, le zircon , le
gypse), transmettent en excès la lumière ordinaire. Ainsi, pour chaque es-
pèce minérale, ou même pour chaque variété, la nature de la lumière
transmise devrait être observée et notée ainsi que l'intensité de l’action po-
larisante. Par exemple , des amphiboles , des topazes bleues, parfaitement
semblables pour la couleur, le poli, l'aspect, l'éclat, à des tourmalines po-
larisant complétement, ne donnent elles-mêmes qu’une très faible polari-
sation.
» Les quatre polariscopes dont j'ai fait usage sont dus à MM. Biot,
Babinet, Arago et Savart. Le dernier surtout est éminemment applicable à
l'optique minéralogique. On peut voir dans l’article que j'ai fourni à la
traduction française de l'optique de M. Herschel , de quelle importance
sont les appareils au moyen desquels on peut reconnaître lès plus faibles
traces de polarisation, depuis que M. Arago a ramené en grande partie toute:
la photométrie aux polariscopes.
( 760 )
III. Dichroisme.
» Tout cristal qui polarise complétement la lumière, l’éteintaussi compléte-
mentsuivantsonaxeousuivantses axes. Maïs on remarque que pour une cer-
taine couleur simple où composée, plusieurs cristaux ne jouissent pas dela
propriété polarisante et de la propriété d'absorption cemplète suivant
l'axe. La tourmaline rouge; le rubis, laissent passer des rayons rouges non
polarisés, etsi l’on croise deux tourmalines roues, cette même teinte se fait
jour au travers du système, et lesanneaux du spath'interposé sont traversés
par unecroix rouge au‘lieu d'une croix noire qui aurait été produite avec
deux-tourmalines complétement polarisantes. ‘Aussi, dans l'appareil de
M. Herschell, les deux tourmalines que l’on veutcroiser doivent être de teinte
différente. Avec l’émeraude, les bandes noires du polariscope de M. Savart
sont vertes; elles sont bleues avec l’aigue-marine et le saphir; elles sont
rouges avec la sibérite et le rubis et manquent complétement quand on
examine de la même maniere le grenat et le spinelle. . . ... . . . .
» On peut donc formuler comme il suit l'effet du dichroïsme : suivant
l'axe ou les axes d’un cristal coloré biréfringent, on n’a que la couleur
non soumise au éamisage polarisateur du cristal (si l’on peut se servir de
cette expression) et cette couleur n'est pas polarisée, comme je l'ai très soi-
gneusement observé, tandis que suivant toute autre direction , il se mêle
à cette couleur non polarisée,'qui passe dans tous les sens, la lumière ou
teinte polarisée plus où moins abondante que laisse passer l’action de l’axe
ou des.axes;'en sorte que 'siparuniprocédé convenable de polarisation on
supprime celle-ci, on retrouve la même teinte que suivant l'axe.
» Onexplique facilement par ce principe la coloration singulière
observée par M. Brewster autour des axes -de la cordiérite ( autrement
appelée dichroïte, iolite, saphir d’eau ). J'ai fait tailler en sphère parfaite un
très beau'cristal de cette substance, qui dans un sens était du plus beau bleu
de saphir, et dans l’autre d’un blanc jaunâtre mal défini. En observant cette
sphère à lalumière ordinaire, on aperçoit deux taches bleues aux deux ex-
trémitésdes axes, et'suivanttoute autre direction il venait se mêler à cette
teinte bleue une proportion plus ou moins grande de la lumière polarisée
suivant la loi de M. Biot pour les cristaux biaxes , que laissent passer
les'axes. ‘
»' On voit donc'que ces mélanges en proportions variables doivent offrir
des teintes multiples dont on n’a jusqu'ici noté que les extrêmes qui ont
( 76:
lieu suivant les axes et suivant une direction perpendiculaire au plan de
ceux-ci; c’est un véritable polychroïsme.et non un dichroïsme, comme on
le dit ordinairement.
IV. — Caractères analogues aux phénomènes de réseaux et de couronnes.
» Tous les chatoiements superficiels , tels que ceux du corindon harmo-
phane, de l’hyperstène, du labrador, de la nacre de perle, sont des phé-
nomènes de réseaux dont j'ai donné lathéorie dans les Ænnales de Chimie ct
.de Physique. Les phénomènes de transmission de la nacre de perle, de l’agate
irisée à couleurs récurrentes, sont aussi du même genre. Je ne parle pas ici
des reflets intérieurs de la nacre, de l’opale, de la pierre de lune, de la
cymophane, dont je n’ai pas l'explication. Quant aux chatoiements de
surface et à ceux de transmission, les couleurs efficaces sont d'autant plus
distantes du rayon réfléchi ou transmis régulièrement que les lames ou les
stries de la substance sont plus fines. J'ai de beaux échantillons d’agate
dont les couches sont espacées par soixantièmes de millimètre. Les couches
de la nacre ne sont pas distantes de plus d’un centième de millimètre.
Enfin, danSl'hyperstène et dans le labrador, la distance est encore beau-
coup moindre, en sorte que les couleurs reflétées sont encore plus loin de
la lumière directe et d’une teinte moins variable. C’est aussi le secret des
singulières couleurs du colibri qui ne sont visibles que presque à l’opposite
de la direction de la lumière incidente. On sait que dans ces cas, et sous
l'incidence perpendiculaire, le produit de.la distance des couches ou des
stries par le sinus de l’angle de déviation de la couleur transmise est égal à
l'intervalle fondamental des interférences. Soit ala distancededeux raies ou
stries, « l'angle de déviation et À l'intervalle fondamental des interférences,
ona +
a Sin æ — À.
» Quant aux phénomènes analogues aux couronnes, on sait que si plu-
sieurs fils égaux d’un diamètre d sont interposés entre l'œil et une
bougie, on voit autour de celle-ci un ou plusieurs anneaux colorés tels que
la distance angulaire & de chaque point de la circonférence du premier
anneau ou couronne à la bougie est donnée par la relation suivante :
d sin # — ; À.
» Les autres anneaux ou couronnes ont des distances à la bougie qui
sont successivement double, triple, quadruple de la distance de la première.
Ceci peut servir à mesurer la grosseur des fibres ou cristaux élémentaires
( 762 )
dans les cristaux fibreux, et indiquer en même temps si ces petits cristaux
ou fibres sont de dimensions uniformes. Ainsi, avec le quartz œil-de-chat
qui contient des filaments d’amianthe, avec le béril, avec l’asbeste fibreux
compacte, on ne voit point de couronne, parce que les filaments n’ont
point une dimension égale; mais avec le gypse fibreux, le quartz fibreux,
le diopside, la witherite, la crokidolite, la couronne se voit et se mesure.
Dans la première de ces espèces les fibres sont de un trentième à un qua-
rantième de millimètre, et dans les échantillons les plus beaux, on pourrait
exactement en fixer le diamètre en se servant de lumière homogène
d'alcool salé pour laquelle je rappellerai que j'ai trouvé par les réseaux
À = 0"5,000 588. Ce qui donnerait d dans l'équation
d sin & —"%z. oil, 000 588,
.
quand on aurait mesuré «. La mesure de cet angle s'obtient au reste sans
difficulté au moyen de deux bougies dont on amène les deux couronnes à
se toucher extérieurement en s’éloignant plus ou moins de ces bougies sur
une ligne perpendiculaire au milieu de la distance qui les sépare.
V.— Astérie et phénomènes analogues.
» L’astérie à six branches du saphir et l’astérie du grenat, à quatre ou à
six branches, suivant quelles rayons parcourent l'axe d’un angle quadrièdre
outrièdre, est, dit M. Beudant , un fait dont nous n’avons point d'explication.
Nous déduirons cette explication de l'existence de petites fibres ou solutions
de continuité disposées dans le saphir parallèlement aux intersections des
faces du prisme hexaèdre avec les bases de ce prisme qui, contrairement au
prisme du quartz,est souvent terminé par des faces ou bases perpendiculaires
aux arètes du prisme, montrant ainsi une disposition moléculaire dont le
résultat doit être une série de lignes ou de stries parallèles entre elles et
aux arètes de la base du prisme suivant trois directions diverses. Sur plu-
sieurs saphirs on distingue au grand soleil deux ou même trois de ces
systèmes de stries. La lumière qu’elles reflètent transversalement donne
uneétoile à sixrayons qui doivent aboutirau milieu des facesdu prisme, com-
me on l’observe en effet ,et si l’on taille une lame desaphir et qu’on regarde
une bougie au travers : on aperçoit (quelle que soit la place de l'œil, con-
trairement à l'explication d’Haüy) une étoile à six branches dont la lu-
mière est le centre. Si cette théorie est vraie, en coupant le saphir astérie
perpendiculairement à l’un ou à l'autre des systèmes de stries parallèles, on
doit obtenir un cerele parhélique, c’est ce que jai vérifié en y sacrifiant de
(758 )
très belles astéries de saphir. On doit en dire autant de l’astérie du rubis
qui n’est seulement qu'une autre couleur du corindon. Les astéries ne sont
pas de la même teinte que le fond de la couleur de la pierre, comme cela
doit être, puisqu'elles sontune réflexion spéculaire de la lumière transmise.
» L’œil-de-chat ne contient qu’une seule ligne de filaments qui sont de
l'asbeste; aussi ne donne-t-il qu'une ligne lumineuse transversale aux
filaments, et si on le taille perpendiculairement à ceux-ci, on a un cercle
parhélique.
» Tous les cristaux fibreux, le gypse, la chaux carbonatée fibreuse, le
zircon, le quartz, etc., donnent, en travers des filaments, une ligne asté-
rique , et, dans le sens dés filaments, un cercle parhélique.
» Le grenat, quand on le coupe perpendiculairement à l'axe d’un angle
triédre, donne une astérie à six branches dirigées aux angles (et non
comme dans le saphir au milieu des côtés) de la lame-hexaèdre qui résulte
de cette section. Les filaments, ou fibres, ou solutions de continuité miroi-
tantes sont à l'intersection de plans horizontaux (l’axe de angle trièdre étant
vertical) avec les plans des faces de l'angle trièdre (ce qu’indiquent
comme naturel les faces ou bases secondaires qui existent sur plusieurs
échantillons), et les perpendiculaires à ces fibres vont droit aux angles de
la lame hexaëdre (ce que l'inspection d’un cristal dodécaèdre montre de
suite), mais de plus l'axe de cet angle trièdre n’est pas très éloigné de la
direction des fibres qui appartiennent à un angle solide trièdre voisin,
en sorte qu'on aperçoit, avec une lame hexaëdre, non-seulement l'étoile à
six branches ou rayons, mais encore de plus un cercle parhélique qui passe
par l’entrecroisement des branches de l’astérie où est aussi placée la bou-
gie. J'avais pressenti par la théorie etavec quelque inquiétude l'existence de
ce cercle parhélique dont j'ai vérifiéavec grand plaisir l'existence sur tous les
échantillons degrenat astérique qui ont été taillés convenablement. Les gre-
nats astériques à quatre branches ne sont pas très rares. Sur 1000 à 1200 gre-
nats pris au hasard dans le commerce on peut en trouver vingt ou trente
qui jouissent de cette propriété; mais pour l’astérie à six rayons, je n’en ai
trouvé qu’une sur au moins six mille grenats que j'ai essayés chez M. Men-
tion, bijoutier. Si l’on considère l’angle solide quadrièdre du grenat, on y
reconnaît seulement, deux systèmes de lignes ou de stries suivant l’inter-
section de plans parallèles aux faces de l’angie quadriedre (dont l’axe est ici
censé vertical ) avec des plans horizontaux dont l'existence est montrée
par la troncature fréquente de cet angle quadrièdre, et il en résulte deux
systèmes de stries seulement, et, en travers, deux lignes lumineuses seule-
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. IV, N° 20.) 1 04
(764 )
ment allant aux angles de la lame carrée obtenue par la troncature artificielle
de l'angle quadrièdre, comme le montre de suite l’aspect du dodécaëdre.
Si, comme je l’ai fait, on détermine théoriquement un sens quelconque de
fibres et que, perpendiculairement à cette direction, on fasse tailler deux
faces parallèles, on a un cercle parhélique qui rend évidente l’existence
du système de fibres indiqué par la théorie.
» Ce caractère minéralogique de fibres parallèles à des intersections de
plans de structure ou de cristallisation , est par suite important en minéra-
logie, mais il est bien plus général qu’on ne peut l’imaginer au premier
aperçu. J'oserais même dire qu’il est un des plus étendus et des plus com-
modes qu’on puisse consulter, et même, dans certaines circonstances, c’est
un caractère unique. Les exemples suivants, que je pourrais multiplier à
l'infini, prouveront suffisamment cette assertion.
» Je place une petite ouverture d’un millimètre ou deux devant une bou-
gie, et, s’il est nécessaire, devant l’œil une carte percée d’un trou pour li-
miter l'ouverture de la pupille. La plupart du temps ces deux précautions
accessoires sont inutiles. Cela posé :
» Un cristal hexaëèdre de saphir blanc, de la plus belle eau, non soupçon-
nabie de stries & priori, donne trois lignes blanches perpendiculaires aux
faces du prisme hexaëdre, formant une véritable étoile à six rayons.
» Même observation pour un béryl et pour une émeraude, et pour une
tourmaline, mais non pour un quartz hexaèdre.
» Pour un zircon, la croix sera à huit branches, formant des angles de
45° et non de 60°, et il en sera de même pour l'idocrase et pour tous
les cristaux à base carrée. ]
» Si vous regardez par deux faces parallèles d’un prisme d’émeraude, et
par des rayons perpendiculaires à l'axe, vous aurez une croix à quatre
branches donnée par des filaments longitudinaux, résultant-de l'intersection
mutuelle des faces du prisme d’une part, et de l’autre, par les stries paral-
lèles aux arètes de la base. Le béryl ne donne point cette croix, par manque
de ces derniers filaments; il ne donne qu’une ligne.
» Le disthène donne, suivant sa longueur, et en travers, comme l’éme-
raude, une croix rectangulaire. *
» Le mica donne une grande variété d’apparences, dont je laisse aux mi-
néralogistes l’étude compliquée. Le plus généralement, les lignes s'y
coupent à 60°; mais il y en a qui donnent d’une manière très permanente
des entrecroisements à 4b° et à90°.
» Les cristaux dont la forme primitive est plus compliquée donnent-ils
( 765 )
des angles moins simples ? C'est ce que je crois pouvoir affirmer d’après la
baryte sulfatée, le gypse, le mica à deux axes , le feldspath. Mais je n'ai pas
assez approfondi ce sujet pour énoncer ici autre chose que des présomp-
tions. Nous avons projeté, M. Dufrénoy et moi, la revue optique de toutes
les espèces minérales, en joignant aux notions que je viens de mentionner,
toutes celles que la science doit aux physiciens qui ont contribué à enrichir
l'optique minéralogique. Mais je pense que les principes que je viens de
faire connaître peuvent, indépendamment d'applications plus complètes ,
servir de type à des travaux plus étendus.
VI. Polarisation chromatique et ses applications dans la minéralogie.
» La polarisation chromatique, que nous devons à M. Arago, est peut- être
le caractère le plus varié que fournisse l'optique à la minéralogie. Les
anneaux colorés traversés d’une croix ou d’une ligne noire, les couleurs
des lames suffisamment minces ou taillées dans le voisinage des axes, les
hyperboles de compensation, l'aspect même des anneaux qui sont presque
achromatiques dans l’apophyllite, et à couleurs inverses , dans l’idocrase
(vésuvienne), ont été indiqués par les auteurs de minéralogie ou du moins
dans celle de M. Beudant. Pour ne pas répéter ce qui est connu méme
moins généralement je mentionnerai les faits suivants : une lame d’éme-
raude donne des anneaux à croix noire, comme doit le faire un cristal
uniaxe; une lame de béryl donne une ligne noire semblable au chiffre 8
qui défie jusqu'ici toute théorie. Ce cristal est autre chose encore qu'un
cristal biaxe.
» Dans plusieurs cristaux, par exemple, le zircon, le béryl, le centre des
branches n’est pas noir. Ce centre est analogue au centre des anneaux du
quartz, et cependant il ne paraît pas y avoir rotation du plan de polari-
sation.
» Autre fait: la forme de plusieurs cristaux à base carrée ou hexaëdre
semble indiquer un cristal àun axe et l'expérience donne deux hyperboles
noires comme dans le nitre; exemples : le borate de magnésie électrique
par la chaleur, l’arséniate de potasse de la chimie. Je pense que dans ce
cas la substance a pu perdre de l’eau de cristallisation et passer à l’état de
cristal à deux axes, comme je l'ai éprouvé sur le sulfate de quinine qui,
frais préparé, donne une croix noire bien nette, et qui donne des hyperboles
noires quand il est desséché.
» Je mentionnerai, en terminant, un fait observé par M. Norrenberg et
par moi, mais publié d’après ses propres observations, par M. Müller. Si
104.
( 766 )
l’on fait passer au travers d’un cristal taillé parallèlement à l'axe un faisceau
de lumière monochromatique polarisé et qu’on l'analyse parunetourmaline,
à sa sortie, on obtient des hyperboles très faciles à mesurer et avec une
épaisseur de cristal quelconque. Ces hyperboles dont les dimensions :dé-
pendent de la force biréfringente du cristal, sont encore un caractère fa-
cile à observer dans les cristaux et incomparablement plus approprié à
la construction d’une table des forces biréfringentes que tout autre
procédé fondé, soit sur l’écart des images doubles, soit sur l’emploi des
compensations avec le quartz ou le gypse. L’axe de ces doubles hyper-
boles étant donné par l’angle qu’il soutend, on peut en conclure pour une
lumière homogène, le rapport des deux constantes de la double réfraction
ou celui des équivalents optiques maximum et minimum qui ont lieu per-
pendiculairement au plan des axes ou de l'axe du cristal.
» Si cependant ou peut casser en deux la lame biréfringente on ob-
tient de suite, en croisant les deux fragments, les hyperboles de com-
pensation et par la mesure de leurs axes le rapport des équivalents optiques
des deux réfractions. Jusqu'ici l’on ne connaît ces éléments qui tiennent
de si près à la constitution intime des corps, que pour une dixaine de cris-
taux, comme on peut le voir dans les traités d'optique de MM. Herschell
et Brewster. »
GÉéoLoGie. — Îote sur l'existence, dans le département du Rhône, d'un re-
lief orienté suivant le système de la chaïne du Pilat ; par M. Fourwer.
Cette note, qui fait suite à un mémoire du même auteur sur le sol des
environs de Chessy et de l’Arbresle, est accompagnée d’une carte sur la-
quelle sont figurés les quatre principaux systèmes de reliefs du départe-
ment du Rhône.
(Commission précédemment nommée.)
BOTANIQUE. — Sur deux nouvelles espèces du genre Oncidium , de la famille
des Orchidées, et sur quelques autres espèces peu connues du même
genre; par M. À. Murer.
Ce mémoire contient, avec les observations présentées précédemment
-par l’auteur, dans un mémoire portant le même titre que celui-ci, la des-
cription de l’oncidium trifolium , espèce que M. Mutel n'avait pas eu en-
core occasion de voir en fleurs à l’époque où il envoya son premier travail.
(Commission précédemment nommée.)
(767 )
CORRESPONDANCE.
M. Lajard, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, fait
hommage à l’Académie des Sciences d’un Tableau du système théogonique
et cosmologique des Chaldéens d’Assyrie. Ce tableau forme partie d’un on-
vrage dont M. Lajard vient de faire paraître la première livraison, et qui
a pour titre : Recherches sur le culte, les symboles, les attributs et les
monuments figurés de Vénus, en Orient et en Occident.
PHYSIQUE GÉNÉRALE. — Nouvel hygromètre; par M. Perrier.
M. Peltier donne à cinq couples (bismuth et antimoine) juxtaposés, la
forme d’une couronne non entièrement fermée. Il la complète à l’aide d'un
multiplicateur de 150 tours. Sur la couronne repose une capsule de platine
dont la surface inférieure touche toutes les soudures. Cet appareil est d’une
sensibilité extrême. Quand on place de l’eau dans la capsule, son évapo-
ration spontanée abaisse suffisamment la température pour que l'aiguille
du‘multiplicateur varie de 40° à 60°. L'état de l'air, sous le rapport de
l'humidité et de la température devant faire varier l’évaporation et le froid
qui en est la conséquence, l'instrument de M. Peltier pourra servir d’hy-
gromètre.
L
écecrro-curmre. — Sur l'électricité qui accompagne les actions chimiques.
M. Peltier a fait de nombreuses expériences desquelles résulterait la
nécessité de distinguer, dans les actions mutuelles des corps, les solutions
des dissolutions. Les résultats auxquels il est arrivé manqueraient de clarté
si nous les donnions ici sans une description détaillée des appareils.
M. Peltier annonce une communication plus complète. Nous aurons donc
l’occasion de revenir bientôt sur cet objet important.
oprique.— M. Cappocci, directeur de l'Observatoire de Naples, présente
une lunette dialytique qu’il vient de recevoir de Vienne, et offre de la mettre
à la disposition de l’Académie, afin qu’on voie s’il est convenable de recom-
mander ce mode de construction aux opticiens de Paris.
MM. Arago, Mathieu, Savary, sont chargés de faire les essais nécessaires
pour constater les avantages attribués à ce genre de lunettes.
M. Loiseleur-Deslonchamps rappelle qu’il a adressé il y a six mois, pour
( 768 )
le concours Montyon, un mémoire ayant pour titre : Vouvelle considéra-
tion sur les moyens de doubler les récoltes de soie en France ; il demande
qu’il lui soit permis de joindre à ce travail un supplément dans lequel il
a eu pour but de montrer, par des expériences directes, combien la cons-
titution des vers à soie est robuste.
M. de Courtegis soumet à l'examen de l’Académie un sextant qu’il a mo-
difié à l’usage des officiers d'état-major.
( Commissaires, MM. Puissant, Savary. )
M. Gumodie annonce l’intention de soumettre à l’examen de l’Académie
un traité de géométrie analytique qu'il se propose de publier ; mais il de-
mande s’il lui serait permis de retirer son manuscrit après qu’il aurait été
examiné par une Commission.
Il sera répondu à M. Gumodie que les réglements de l’Académie s’oppo-
sent à ce que cette demande lui soit accordée.
M. Lemaout écrit que la grande marée qui a eu lieu le 4 de ce mois,
en balayant les galets sur un point de la côte de Bretagne situé à 4 kilo-
mètres de Saint-Brieuc, a mis à découvert une forêt sous-marine.
M. Debraine présente des papiers couverts d’une vignette imprimée avec
une encre délébile et attaquable par les divers réactifs dont on peut faire
usage pour effacer l’écriture tracée avec l’encre ordinaire.
La lettre et les vignettes sont renvoyées à l’examen de la Commission
des encres et des papiers de sureté.
M. Pasini se plaint de la manière dont l’Académie reçoit les communi-
cations relatives au problème de la quadrature du cercle.
M. Caunes des Aulnois écrit aussi sur le même sujet.
La séance est levée à 5 heures. À,
( 769 )
- BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
1837, 1° semestre, n° 1Q.
Recueil des Lectures faites dans la séance publique annuelle de l'Ins-
titut Royal de France , du mardi 2 mai 1837; in-4.
Mémoires pour servir à l’histoire anatomique et physiologique des vé-
gétaux et des animaux ; par M. Durrocuer; 2 vol. in-8°, avec un atlas
in-6°.
Province de Constantine. — Recueil de Renseignements pour l'expédi-
tion, ou l'établissement des Français dans cette partie de l'Afrique
septentrionale ; par M. Dureau De La Marre; Paris, 1837, in-8°.
Description nautique des côtes de l'Algérie; par M. Bérard, avec notes
par M. pe Tessan; 1 vol. in-8, avec un atlas grand in-folio.
Système théogonique et cosmogonique des Chaldéens d'Assyrie; par
M. LasarD; tableau grand in-folio.
Éléments de Zoologie ou Leçons sur l Anatomie , la Physiologie, la
classification et les mœurs des animaux ; par M. Mie Enwanos; 4° partie,
Mollusques , animaux articulés , Zoophytes ; Paris, 1837, in-8°.
Lettre de M. Ramon DE za Sacra, correspondant de l'Institut, à
M. le directeur de la Revue Britannique , sur les Maisons pénitentiaires des
États-Unis et sur l'introduction de ce Système en France ; in-8, (Ex-
trait de la Revue Britannique.)
De l’'Hématurie des feuilles ; par M. Favre; Lyon, 1837, im-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France ; tome 7, feuilles 20 — 25,
et tome 8, feuilles 1 — 12, in-8.
Annales de la Société Entomologique de France; tome 6, 1" trimestre
1837, in-8°.
Annales de la Société d'Agriculture, Arts et Commerce du dépar-
(770 )
tement de la Charente ; tome 19, janvier et février 1837, Angoulême,
in-8°. |
Mémoire sur la Police des cimetières ; par M. H. Bayarp; Paris, in-8°.
Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de Saint-
Étienne ; 14° année, 2° livraison, 1837, in-8°.
Courbes dans les chemins de fer (système actuel); un quart de feuille.
Hygiène : Premier enseignement ; par M. F. Ruses; Montpellier, 1837,
in-6°.
History ofthe.....Histoire des Sciences d Induction , depuis les temps
les plus reculés jusqu'à nos jours ; par M. Waewers ; 3 vol. in-8, Londres,
1836.
Discussion of the magnetical.....Discussion des observations magné-
tiques faites par le capitaine Back, durant sa dernière expédition aux
régions arctiques ; par M. Huxrer Canisn; Londres, 1836, in-4°. (Extrait
des Transactions philosophiques.)
Papers.. ...Sur un Phénomène remarquable qui se présente dans les
éclipses totales et dans les éclipses annulaires de Soleil; par M. F. Banry ;
in-4°. (Extrait des Transactions de la Société astronomique. )
Proceedings.....Procès-verbaux des séances de la Société Royale
de Londres, 8 décembre 1836— 16 mars 1537: in-8°.
The Quaterly Review ; n° 116, avril 1835.
The Athenœum Journal; mars et avril 1839, in-4°.
The Édinburgh new... Nouveau Journal philosophique d'Édimhours ;
n° 44, avril 1637, in-6°.
The London and Edinburg.....Magasin philosophique et Journal de
Sciences de Londres et d'Édimbourg ; avrilet mai 1887, in-8°.
The Magasine of popular. .: : . Magasin de Science populaire et Journal
des Arts utiles ; n° 15 et 16, avril et mai 1837, Londres, in-8°.
The Annals of Electricity..... Annales d'Électricité , de Magnétisme
et de Chimie, publiées sous la direction de M. W. Srurcsox; n® 5 et4,
avril et mai 1837.
Account of some..... Compte rendu de quelques expériences faites
(771)
dans différentes parties de l'Europe sur l'intensité magnétique terrestre,
particulièrement en ce qui {concerne les effets de la hauteur; par M. J.
Forges ; Édimbourg, 1832, in-4°. (Extrait des Transactions de la Société
Royale d’'Édimbourg.)
Note relative to the....Note relative à la cause supposée de l'absence
de certains rayons dans le spectre solaire , ou compte rendu dune
expérience faite à Édimbourg, durant l'éclipse annulaire du 15 mai
1836; par le méme. (Extrait du même recueil. )
On the Temperatures. ....Sur les Températures et les Rapports géo-
logiques de certaines sources thermales , principalement des sources des
Pyrénées , et sur la vérification des Thermomètres ; par le méme.
On the muscular effort....Sur l’Augmentation d'efforts musculaires
exigé par l'accroissement d'inclinaison du plan sur lequel on marche ;
par le méme. (Extrait du Philosophical magasine.)
On the results of... ..Sur les Résultats d'expériences relatives au poids,
à la taille et à la force de plus de 800 individus ; par le méme. (Extrait
du même recueil.)
Saggio.....Æssai chimico-médical sur la Préparation, les Propriétés
et les usages des médicaments ; par M. G. Semmora, médecin de l'Hôpital
des Incurables de Naples ; Naples, 1836, in-8°. (M. Double est prié d’en
rendre un compte verbal.)
Ricettario.....Formulaire de l'Hôpital des Incurables de Naples;
par le méme; in-8°.
Del Ricettario..... Discours sur le formulaire de l'Hôpital des Incu-
rables de Naples ; par le méme; Naples, 1836 , in-8°.
Cura della Colera.…... Traitement du Choléra asiatique qui s’est montré
à Naples dans l'automne de 1836; par le méme; Naples, 1856, in-8°.
Recueil manufacturier, industriel et commercial; n° 39, mars 1837,
in-8°.
Archives générales de Médecine, Journal complémentaire des Sciences
médicales ; 3° série, tome premier, avril 1837 , in-8°.
Le Christianisme , Journal populaire dirigé par M°* Sorare Don; 2° an-
née, 2° trimestre, n° 2, in-8&.
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. IV, N° 20.) 109
(772)
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; maï 1837, in-8°.
Gazette médicale de Paris; tome 5, n° 19, in-#.
Gazette des Hôpitaux; tome 10, n% 54— 56, in-4”.
La Presse médicale ; tome 1°, u°* 37 et 38, in-4°.
Écho du Monde savant; n° 70 et 71.
La Phrénologie, Journal; tome 1°, n° 4.
Errata. (Séance du 8 mai 1837.)
Page 673, ligne 2, f(x), lisez — Fe
TRS 676, 2, H, lise À
. D Can x 2
1bid., 5, fe , lisez | É
677, : 10, dz, lisez dx
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 22 MAI 4837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — 1" Lettre de M. Caucuy, sur la détermination
complète de toutes les racines des équations de degré quelconque.
«.... Voici de quelle manière se démontrent les théorèmes* fon-
damentaux indiqués dans la lettre que j'ai adressée à M. Coriolis, le
29 janvier 1837. x
» 1% Théorème. t désignant une variable réelle ou imaginaire, une
fonction réelle ou imaginaire de #, représentée par x, sera développable en
série convergente ordonnée suivant les puissances ascendantes de #,
tant que le module de £ conservera une valeur inférieure à celle pour la-
quelle la fonction (x) cesse d’être finie et continue.
» Démonstration. On peut voir une démonstration de ce théorème dans
l'extrait lithographié du mémoire présenté à l’Académie de Turin, le 11 oc-
tobre 1831 (1"° partie, $ 2, pages 6 et 7). Seulement les lettres £ et x
se trouvent remplacées dans le mémoire dont il s’agit par les lettres
æ et y.
C. R. 1837, 19° Semestre. (T. IV. N° 24.) 106
( 774)
» Corollaire. Supposons que x soit une fonction implicite de #, déter-
minée par la résolution d’une certaine équation
(1) F(x) = 0,
dans laquelle £ entre comme paramètre. Si la fonction x reste finie pour
. ”, # A . 1 9
des valeurs finies de #, elle ne cessera généralement d’être continue qu'en:
devenant multiple. Cela posé, soient
(2) ZX, Z+ Az,
deux racines de Péquation (1) : on aura
« F(x) = 0; F(x) + A(x) = 0,
et par suite
(3) F(z + 4x) —F(x) — 0:
Az
» Or, si, pour une certaine valeur réelle ou imaginaire de #, les raci=
nes æÆ, x + Ax se confondent, en faisant converger £ vers cette valeur ,
pour laquelle l'équation (1) acquerra une racine double ou multiple, on
verra l’équation (3) se transformer en cette autre
(4) e F'(x) = 0.
» Ainsi, lorsque le paramètre £ obtient une valeur pour laquelle l’équa-
tion (1) acquiert une racine double‘ou multiple, cette racine est commune
à l'équation (x) et à sa dérivée. Cela posé, si l’on nomme valeurs princi-
pales du paramètre £ celles qui donnent des racines communes à l’équa-
tion (r) et à sa dérivée, on déduira immédiatement des remarques précé-
dentes, jointes au théorème 1°, la proposition que nous allons énoncer.
» 2° Théorème. Toute racine d’une équation est généralement dévelop-
pable suivant les puissances ascendantes d’un paramètre renfermé dans
l'équation dont il s’agit, tant que le module de ce paramètre reste inférieur
aux modules de toutes ses valeurs principales.
» Corollaire. Soient
CALE
plusieurs racines réelles ou imaginaires de l’équation (1). Pour de très pe-
tites valeurs du module d’un paramètre £ compris dans cette équation,
chacune des racines a, 6, y, .... sera généralement développable suivant
les puissances ascendantes de é, et l’on pourra en dire autant de la somme
(775 )
de ces racines et de la somme de leurs puissances entières d’un degré quel-
conque. Si le module de £ venant à croître, deux ou plusieurs racines, par
exemple, « et 6, ou &, 6 et y, etc.,... deviennent égales entre elles,
pour une certaine valeur du module dont il s’agit ; à partir de cet instant,
les racines &, 6 ou æ,6,7,.... cesseront d’être fonctions continues de £#,
et séparément développables suivant les puissances ascendantes de é. Mais
la somme de ces racines, ou la somme de leurs puissances semblables ne
cessera pas d’être fonction continue du paramètre £, et développable sui-
vant les puissances ascendantes de ce paramètre; et il en sera ainsi jus-
qu’au moment où l'accroissement progressif du module de # rendra l’une
des racines que renferme le groupe (4, 6) ou (æ, 6, y),... équivalente à
une ou plusieurs autres racines non comprises dans ce même groupe.
Alors ces dernières, et celles qui pouvaient déjà s’être groupées avec elles,
formeront avec les premières un nouveau groupe composé d’un plus grand
nombre de racines, dont la somme sera encore développable, ainsi que la
somme de leurs puissances semblables, en séries ordonnées suivant les
puissances ascendantes de £. D'ailleurs, lorsqu'on connaît la somme de
plusieurs racines &, 6, y,... de l'équation (1), et la somme de leurs puis-
sances semblables d’un degré représenté par un nombre entier quelcon-
que, on peut aisément développer suivant les puissances descendantes de x,
le logarithme du produit
ereer
par conséquent, ce produit lui-même, et former une nouvelle équation
dont &, 6,7,... soient les seules racines. Il importe d'observer à ce sujet
que, pour obtenir tous les termes du produit en question, il suffit de
prolonger le développement de ée produit, et pañlgonséquent, le dévelop-
pement de son logarithme jusqu’au terme dans lequel l’exposant de est
égal au nombre des racines &, 6, y,... Cela posé, les principes que nous
venons d'établir conduisent immédiatement au théorème suivant.
» 3° Théorème. Soit & un paramètre renfermé dans le premier membre
de l’équation (1). Tant que le module de ce paramètre restera inférieur
aux modules de toutes ses valeurs principales, les racines distinctes de l’é-
quation (1) seront séparément développables en séries convergentes or-
données suivant les puissances ascendantes de £. Supposons d’ailleurs que,
le module de £ venant à croître, on distribue en divers groupes les racines
106.,
(776 )
de l’équation (1), de telle sorte que, dans l’origine, le nombre dés groupes
soit égal au nombre des racines distinctes, et que plus tard deux groupes
se réunissent en un seul au moment où deux racines qui appartiennent
respectivement à ces deux groupes deviennent égales entre elles pour un
module donné de £ correspondant à une certaine valeur principale de ce
paramètre. Le nombre des groupes de racines se tronvera complétement
déterminé pour chaque valeur particulière attribuée au module de #, et l’é-
quation (1) pourra être décomposée en plusieurs autres dont chacune four-
nisse séparément les diverses racines comprises dans un seul groupe.
» Corollaire 1°. Dans les démonstrations des théorèmes 2 et 3, nous
avons implicitement supposé que les racines, et les sommes de diverses ra-
cines de l'équation (r), ne cessaient d’être fonctions continues de £ qu’au
moment où deux ou plusieurs de ces racines devenaient égales entre elles.
C'est ce qui a lieu, par exemple, lorsque l'équation (x) est de la forme
(6) H(x) + t@(x) = 0,
æ(x) et Il(x) désignant deux fonctions entières de x, et le degré de
la fonction IT (x) étant supérieur à celui de la fonction æ (x). Si le degré
de IT(x) devenait inférieur à celui de æ(x), une ou plusieurs racines de
l'équation (5) deviendraient infinies, par conséquent discontinues pour
t— 0; et, si l'équation (1) n’était pas de la forme (5), ou si elle de-
venait transcendante, on conçoit que des valeurs particulières de &
pourraient encore rendre une racine infinie ou discontinue , sans donner
des racines communes à l’équation (5) et à sa dérivée. Il sera générale-
ment facile de- voir quélles sont les restrictions ou modifications qui doi-
vent être apportées aux théorèmes 2 et 3 dans des cas semblables. Ainsi,
par exemple, dans le cas où la fonction I (x) que renferme l'équation (5),
offrira un degré inférieur à celui de æ(x), on pourra encore développer
les racines qui deviendront infinies pour £é—0, en séries ordonnées
suivant les puissances ascendantes de #; seulement, les premiers termes
de ces séries renfermeront des puissances négatives de &, comme on peut
s’en assurer en développant suivant les puissances ascendantes entières
ou fractionnaires du paramètre #, les racines des équations
T—IHH—=0, x—1+irx —=0o.
» Corollaire 2°. Il est important d'observer que le 3° théorème appliqué
à l'équation (5), peut aisément se déduire de la formule (29) (page 13)
du Mémoire de 14 pages, lithographié à Turin, sous la date du 17 dé-
cembre 1831. Pour y parvenir, il suffit de remplacer, dans cette for-
mule, F(z) par une puissance entière de z, et æ(z) par &æ(z), d'écrire
(.777.)
d’ailleurs, au lieu de x, dans l’équation (5),
z+yV—i=:,
en considérant les variables x, y, comme propres à exprimer deux
coordonnées rectangulaires , et substituant à l'équation (5) la suivante
(6) (x + 7V—i) + 1œ(x + yW—1) =,
ou
(7) D RO LCR 0 AU
; œ(x+yV—)"
puis de construire les différentes courbes représentées par l'équation
T = mod. Et rw PEN
a(x + yVW—1)
T désignant le module du paramètre é. Pour T=0, cette équation repré-
sentera autant de points que la suivante
(9) n()=0, où Nn(r+yV—1)—0o,
offrira de racines distinctes. T venant à croitre, chacun de ces points
sera remplacé par une courbe fermée, qui s’étendra de plus en plus;
et les différentes courbes resteront isolées et indépendantes les unes des
autres, jusqu'au moment où, le module T acquérant une de ses valeurs
principales, on verra deux ou plusieurs courbes se réunir en un point
multiple, pour se réduire plus tard à une seule et même courbe. Il peut
aussi arriver que le périmètre d’une courbe vienne à se rencontrer lui-
même en un certain point, ou que deux courbes distinctes se rencon-
trent en deux points, de manière à se transformer ensuite en deux.courbes
d’espèce différente, dont l’une s’élargisse et l’autre se rétrécisse de plus
en plus. Ainsi, parmi les courbes représentées par l'équation (8), pour
une valeur quelconque du module T, on pourra distinguer des courbes
de première espèce, qui s’élargiront, et des courbes de seconde espèce
qui se rétréciront, pour des valeurs croissantes de ce module. Lorsque T
deviendra infiniment petit, les seules courbes qui subsisteront seront des
courbes de première espèce, dont les périmètres s’étendront à de très
petites distances des points représentés par l'équation
(9) n(x+ y) =0, ou H(z)= 0;
pourvu que l’on suppose, comme on l’a dit, le degré de la fonction II(x)
DEN RQ LE ET M Re PORN PRE re ASS
) Les initiales mod. placées devant une expression imaginaire, indiquent son
(8) (QE
module.
( 778 )
supérieur au degré de æ (x). Au contraire, lorsque T deviendra infini-
ment grand, les seules courbes qui subsisteront seront des courbes de
seconde espèce, dont les périmètres s'étendront à de très petites distances
des points représentés par l’équation
(10) œ(z+yV—1) =0, ou æ(z) — 0,
et une seule courbe de première espèce, dont le périmètre sera très con-
sidérable, et s’étendra à de très grandes distances tout autour de l’ori-
gine des coordonnées. Pour une valeur quelconque du module T de 4,
le nombre des courbes de première espèce, ou du moins le nombre de
celles qui ne se trouveront point enveloppées de tous côtés par d’autres
courbes de même espèce, sera précisément le nombre des groupes de
racines mentionnés dans le 3° théorème, et la formule (29) du mémoire
lithographié déjà cité, fournira le moyen de développer suivant les
puissances ascendantes de #, la somme des puissances semblables des
racines de l'équation (5) correspondante à un même groupe. On pourra
d’ailleurs supposer que le contour 000"... dont il est question dans
ce mémoire , se réduit successivement à chacune des courbes de premiére
espèce, non enveloppées par d’autres, et représentées par l'équation (8)
au moment où le module T est sur le point d'acquérir une des valeurs
principales (*), pour lesquelles deux ou plusieurs courbes de première
espèce se réunissent, savoir, celle de ces valeurs principales qui est
immédiatement supérieure au module de la valeur réelle ou imaginaire
effectivement attribuée à £ dans l'équation (5). Cela posé, on reconnaïtra
sans peine que les derniers termes de chaque série fetes finiront
par être ou sensiblement proportionnels ou inférieurs à ceux d’une
progression géométrique décroissante, dont la raison serait le rap-
port entre le module effectivement attribué à #, et la valeur principale
de T. (
» En opérant comme on vient de le dire, on se procurera le moyen de dé-
composer l'équation (5) en plusieurs équations particulières dont le nombre
soit égal au nombre des groupes de racines mentionnées dans lethéorème(3)
ou même au nombre des courbes de première espèce, enveloppées ou non
enveloppées par d’autres. Il y a plus, si l’on fait usage, non-seulement des
développements ordonnés suivant les puissances ascendantes de £, mais
——————
(®) Nous appelons, pour abréger, valeurs principales du module T, les modules des
valeurs principales de &.
(779 )
encore des développements ordonnés suivant les puissances descendantes
I . ,
de #, ou ascendantes de—, on pourra évidemment décomposer l’équa-
tion (5), pour une valeur donnée du module T de #, en autant d'équations
particulières qu’il y aura de courbes distinctes soit de première, soit de se-
conde espèce , correspondantes à cette valeur. Car, lorsqu'une courbe en
enveloppera d’autres, on pourra déterminer la somme des racines de l’équa-
tion (5) correspondantes à des points situés sur ces diverses courbes, avec
la somme des puissances semblables de ces racines, soit en tenant compte,
soit en faisant abstraction des points situés sur la. courbe-enveloppe, et
obtenir en conséquence la somme des racines correspondantes aux seuls
points situés sur la courbe-enveloppe, avec la somme de leurs puissances
semblables. Ce n’est pas tout, si l’une des équations (9) ou (10) admet
des racines égales, on pourra développer séparément chacune des racines
correspondantes de l’équation (5) suivant les puissances ascendantes et
. - Lo : .
fractionnaires de £ ou de -, lorsque le module T du périmètre # sera in-
férieur ou supérieur aux modules de toutes ses valeurs principales. Ainsi,
par exemple, si l'équation (9) offrant m racines égales à «, le module T de #
est inférieur à tous les modules principaux de ce paramètre, alors en
posant
(11) ù tr
On pourra développer chacune séparément, suivant les puissances as-
cendantes de r, celles des racines de l’équation (5) qui deviendraient égales à
a pour é— 0. Cette proposition se déduit immédiatement du théorème +,
iorsqu’on applique ce théorème à l'équation (5) résolue par rapport à r.
» Les variables x et £ étant supposées liées entre elles par l'équation (5),
les valeurs principales de £ vérifieront à la fois cette équation et sa dérivée
(12) H'(x)+ ta (x) = 0:
Et les valeurs correspondantes de la variable x, c’est-à-dire les valeurs
principales de x, seront déterminées par la formule :
1@_7@, a 1@ 2 D@
(x) æ@(x)’ 2(x) æ'(x)
(3)
Si, dans cette dernière on écrit x + y V—1 au lieu de x, on obtiendra
l'équation 14 io
(14) DGHyV—r) _DG+r VV)
m(e+yVi) #(c+y Vi)’
( 780 )
à laquelle satisferont les coordonnées x, y des points de réunion ou de sé-
paration des courbes de première ou de seconde espèce représentées par
la formule (8).
» Observons encore que, dans le cas où les fonctions Il (x), æ (x) sont
de forme réelle, l'équation (8) peut s’écrire comme il suit:
(15) r=1@ HW) T(x —Y V=i)
e(+yV—i) Gr V—)
» Si l'on pose pour abréger,
ÿ H(x) _
(6) ME) =f(),
les équations (12), (13) dont le système détermine les valeurs principales
de £ et de x,se réduiront à
(17) t=f(x), f(x) =o.
» Parsuite les courbes de première et de seconde espèce, correspondantes
à un module donné T du paramètre, seront représentées par l'équation
(18) T— mod. f(x 4 vx),
ou, si f(x) est de forme réelle , par l’équation
(19) D (rt Vi) z—rV—i), +
et les coordonnées des points de réunion ou de séparation de ces mêmes
courbes satisferont à la condition
(20) f'(&+yV 1) = 0.
C’est au reste, ce que l’on peut démontrer encore comme il suit :
» Si, pour une valeur donnée de T, deux branches de courbes se réunis-
sent en un point, ou pourra couper ces deux branches dans le voisinage du
point de réunion par une droite parallèle àcelle qui a pour équation y—6x,
8 étant une constante choisie arbitrairement, et satisfaire à l'équation (19),
non-seulement par les valeurs de x, y relatives au point de la droite situé
sur la première branche de courbe , mais encore en substituant à ces va-
leurs les coordonnées du point situé sur la seconde branche, que je suppo-
serai désignées par x+- Ax, y-+ Ay, la différence finie Ay étant de la forme
(ar) - Ay = 6Ax.
Cela posé, si l’on nomme x le logarithme du produit
fæ+yV—Df(c—rV— 5),
(781)
l'équation (19) donnera non-seulement
(22) u — 2log.T,
mais encore
Au
(23) Au—=0O, ou 0
puis on conciura des formules (21) et (22); en faisant converger Ax vers la
limite zéro,
du du
dy =
(24) = Panic A de
quel que soit 4; par conséquent
du — du
de dy #
Or, il est aisé de voir que ces dernières équations entrainent les deux
formules
(25) f'&@+yrV—1)=0, f'(@—y7y— 1) —0.
C’est à peu près ainsi que j'avais établi à Turin la formule (14), de laquelle
j'avais déduit le théorème 2°, et les autres théorèmes énoncés dans la
Gazette de Piémont du 22 septembre 1832.
» Si, dans l'équation (19), on attribue à x, y, les valeurs qui correspon -
dent au point de réunion ou de séparation de deux courbes, puis d’autres
valeurs très voisines correspondantes à un second point situé sur l’une des
courbes et très rapproché du premier; en nommant s l'arc compté à partir
du point de réunion ou de séparation, et prenant cet arc s pour variable in-
dépendante, on trouvera que dans le passage du premier point au second,
le logarithme du second membre de l’équation (19) reçoit un accroissement
qui, eu égard aux formules (25), est sensiblement proportionnel à
Fer V0) PV) de
L —— © —© + ———— d ST 2 à
f@+rV 1) f&—yv 1) PA es
Ve | LE PGI)
+2 ds fœ+rV—n f(&—rV—1)
En égalant cet accroissement à zéro, on obtiendra une équation qui four-
nira pour deux valeurs dont le produit sera — 1; d’où il suit que deux
TX *
branches de courbe, en se rencontrant, se couperont à angles droits. On
prouvera pareillement que, si z branches de courbe se réunissent au même
C. R:1837 , 17 Semestre. (T. IV, N° 24.) 107
( 782)
point, leurs tangentes en ce point comprendront entre elles des angles dont
chacun sera le quotient de deux angles droits par le nombre 7. En effet,
si l’on pose 2 —#, la valeur de Ô, relative au point dont il s’agit, sera
donnée par une équation de la forme cos (c+n8)= 0, c désignant une
quantité qui ne variera pas dans le passage d’une courbe à l'autre, et ren-
dra le binome cos c + V— 1 sin c égal au quotient qu’on obtient quand
f(z+rV—:)
—— ar le module de
er) ?
on divise l'expression imaginaire
cette même expression.
» Si l’on pose
(26) Fee) Ve
S et P désignant deux fonctions réelles de x, y, l'équation (18) donnera
simplement
Des
D'ailleurs on déduira de l'équation (26) les formules
ds dP_P(akyW—1) ,— [ds ——dP, Vs
(27) Vs d— ve Me AtV=r
HS) VE Ta dS ,— d'P\ dS æS d'P d’P
C8) 73+ ex as 7 \ast Vars 1 dy di — dr?
et, en vertu de celles-ci, jointes à l'équation (20), on aura, pour chaque
valeur principale de T ou des,
ES 45 gate si) sta æst trans
9, dr — dy — ddr”
Donc, généralement, chaque valeur principale de T ou de S sera tout-à-la-
fois un maximum relatif à x, et un minimum relatif à y, ou un maximum
relatif à y, et un minimum relatif à x.
» On prouvera encore aisément que, si la fonction {(x) étant de forme
réelle, on prend T* pour l’ordonnée d’une surface courbe, les coordonnées
æ,ÿ d'une ligne de plus grande pente tracée sur cette surface vérifieront
l'équation
(30) f(z+r Vi)
— = Constante.
’ f(z— y V—:)
» Les principes que nous venons d'établir fournissent, pour la résolution
( 783 )
des équations les méthodes indiquées dans ma lettre du 29 janvier 1837. Si
l'on veut maintenant obtenir les propositions énoncées dans ma lettre du
24 février, il suffira de remplacer les équations (17), (18), (19) par les sui-
vantes :
i=K— eV f(x), £f(x)=0,T—mod. [KR—esV—-ife(+r )] ;
Ti(r — VE (et =) TR — eV er Vi),
K, @æ, désignant deux quantités réelles, et le paramètre £ ne différant pas
de celui que nous avons désigné par à dans la lettre en question. La dis-
cussion des courbes représentées par la formule
Te [Ke VE (e y) (R — Ve =]
n’offrira pas plus de difficulté que celle des courbes représentées par la
formule (15) ou (19) et cette discussion jointe aux formules établies dans
le mémoire lithographié sous la date du 17 décembre 1831, fournira les
méthodes présentées dans ma lettre du 24 février pour la résolution de
l'équation f (x) — o. Au reste, je me propose de vous transmettre prochai-
nement de nouveaux détails sur cet objet, ainsi que la démonstration du
théorème général sur la convergence des séries qui représentent les inté-
grales d’un système d'équations différentielles.
Goritz, 5 mai 1837.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Température du puits artésien que la ville de Paris
Jait creuser à l'abattoir de Grenelle.
« M. Arago n'avait jusqu'ici expérimenté dans le puits foré de l’abattoir de
Grenelle qu'avec des thermomètres dont les index en acier étaient soutenus
seulement par des ressorts en cheveux. On pouvait donc craindre que pen-
dantle mouvement ascendant des tiges à l'extrémité desquelless’attachent les
thermomètres, ces index, par l'effet de quelques secousses, fussent descendus
d’une petite quantité. D'ailleurs, les tubes métalliques dans lesquels les ther-
momètres étaient renfermés, revenaient souvent à la surface plus ou moins
pleins d'eau; de là des incertitudes sur les déformations que les récipients
de ces instruments avaient pu éprouver. Sans renoncer tout-à-fait à l'emploi
des thermomètres à curseur, M. Arago pensa qu'il serait désirable de déter-
miner la température du puits par un ensemble de moyens qui ne donnât
prise à aucune objection. Il sollicita donc le concours de son ami M. Du-
107.
(784 )
long, à qui M. Magnus de Berlin avait récemment envoyé un thermomètre
à déversement ouvert; il pria aussi M. Walferdin, auteur de thermomètres
d’une rectification très facile, construits d’après le même principe de
déversement et sur lesquels il doit être fait un rapport à l’Académie, de
s'associer aux expériences. Les nombres suivants sont le résultat de
l'épreuve faite ainsi en commun par les trois observateurs,
Le 1°" mai 1837, à la profondeur de {oo mètres.
1°" Thermométographe à curseur de M. Bunten.. . . . . . . + 23, 5 centigr
2°* Thermométographe à curseur de M: Bunten.. . . . . . . + 23°, 45
(Ces deux instruments étaient contenus dans un tuyau de cuivre fermé où l’eau du
puits n’avait pas pénétré. )
A dates nt 2 igr.
Thermomètre à déversement de M. Magnus. . . . . . . fi re 23°, 5 centigr
et 239,7
( Ce thermomètre était ouvert par le haut ; la pression ne pou-
vait pas le déformer. )
Thermomètre à déversementdeM. Walferdin . . . . . . . . 23°, 5
(Ce thermomètre était renfermé dans un tube de verre her-.
métiquement scellé. )
» Les thermomètres avaient été descendus dans le puits, le 29 avril à sept
heures du soir; on les retira le 1“ mai sur les sept heures du matin. Ils
avaient donc séjourné dans le puits un jour et demi.
» Si l’on prend 10°,6 pour la température moyenne de la surface de la
terre à Paris, on aura 23°, 5—10°,6—12°,9, pour l'augmentation de
chaleur correspondante à 400 mètres de profondeur,-ou, ce qui revient au
même, 31 mètres pour un degré centigrade.
» En prenant le point de départ au fond des caves de l'Observatoire , à
la profondeur de 28 mètres, et par une température constante: de 11°,7
centigrades, on aura 23°,5— 11°,7 —11°,8 d'augmentation pour 372
mètres, ce qui correspond à 31%, 5 pour chaque degré de chaleur.
» Il n’est peut-être pas inutile de dire que les foreurs sont encore dans
le terrain crayeux très compact, et qu’à la profondeur où les thermo-
métres séjournèrent trente-six heures, le puits était rempli d’une bouillie
de-craie délayée tellement épaisse, qu’il n’aurait certainement pas pu s’y
former des courants par des inégalités de température. »
(385 )
Nature des substances textiles employées dans la fabrication des bandes
qui entourent les momies égyptiennes.
M. Larrey présente à l'Académie la bandelette dont il avait parlé dans
une communication faite à la séance précédente, et qui provient d’une
momie trouvée dans les catacombes de Thèbes. M. Larrey fait remarquer,
qu’en l’examinant à la vue simple, il est très aisé de reconnaître que c’est
de lin et non de coton qu'est formé le tissu.
RAPPORTS.
M. Turpin a lu un rapport verbal sur un ouvrage de M. le docteur
Donné, ayant pour titre : Recherches microscopiques sur la nature des
mucus et de la matière des divers écoulements des organes génito-uri-
naires chez l'homme et chez la femme, etc. .
MÉMOIRES LUS.
PAYSIQUE. — Mémoire sur la mesure relative des sources thermo-électriques
et hydro-électriques , et, sur les quantités d'électricité qui sont néces-
saires pour opérer la décomposition chimique de 1 gramme d'eau, ou
pour donner des commotions plus ou moins fortes dans des circonstances
déterminées ; par M. PouirrET.
(Extrait par l’auteur.)
( Commission précédemment nommée: }
1. Comparaison des sources thermo-électriques et hydro-électriques.
« Toutes les sources thermo-électriques peuvent être comparées entre
elles, d’après les lois qui se trouvent développées dans un Mémoire pré-
senté à l’Académie en 1831.
» Toutes les sources hydro-électriques peuvent être comparées entre
elles, d’après les lois qui se trouvent développées dans un Mémoire pré-
senté à l'Académie le 20 février 1837. (Voyez le Compte rendu , n° 8.)
» Il restait à déterminer les intensités relatives de ces deux espèces de
sources électriques de nature et de propriétés si différentes, quoique
soumises aux mêmes lois. Pour y parvenir, on a employé le procédé
: , , ON . I
suivant : on a disposé d’une manière convenable, un fil de platine de =
de millimètre de diamètre, ,et de 200 mètres de longueur, d’un seul:
( 786 )
bout ; on a déterminé la résistance d’une pile ordinaire de Wollaston de
12 paires, et l’on a fait passer son courant par la boussole pyromé-
trique (voyez le Compte rendu des séances de l'Académie, 26 dé-
cembre 1836) et par une assez grande longueur du fil de platine, pour que
la déviation de la boussole fût réduite à 16°. La longueur totale de ce
circuit hydro-électrique était alors de 180 mètres de fil de platine. On a
fait ensuite passer par la même boussole un courant thermo-électrique,
produit par une source bismuth et cuivre, et traversant, y compris la
boussole, une longueur de 21 mètres de fil de cuivre, de r millimètre
de diamètre; la déviation a été pareillement de 16° pour une différence
de température de 42°,4. La conductibilité du fil de cuivre de ce circuit
était 6,5, par rapport à celle du platine. Au moyen de ces données, il
est facile de conclure que l'intensité de la pile hydro-électrique est égale
à 113924 fois celle de l'élément bismuth et cuivre, ayant une différence
de température de 1°, et un circuit de 21 mètres du fil de cuivre de 1 milli-
mètre.
» Ce procédé peut être employé dans tous les cas, seulement il donnera
autant de résultats différents que l’on emploiera de sources différentes.
» Ainsi, toutes les sources électriques peuvent être ramenées à une même
unité, et l’on indique comment cette unité peut être rapportée elle-même
à l'intensité magnétique de la terre, et comment elle peut devenir, pour
mesurer les sources électriques , une unité tout aussi invariable que les de-
grés du thermomètre pour mesurer les températures.
II. Conductibilités relatives des liquides ei des métaux.
» Les métaux les plus mauvais conducteurs ont une conductibilité qui
est encore si prodigieusement grande par rapport à celle des liquides les
meilleurs conducteurs, que l’on n’était pas parvenu à en faire la compa-
raison exacte, bien que cette comparaison soit l’un des éléments les plus
essentiels de la théorie de l'électricité. On a procédé à cette recherche de la
manière suivante : on a démontré d’abord par un grand nombre d’expé-
riences, que pour les liquides comme pour les métaux, la conductibilité
est en raison inverse de la longueur, et en raison directe de la section,
pourvu que la longueur de la colonne cylindrique du liquide soit égale au
moins à cinq ou six fois sa section; il en résulte que la conductibilité des
liquides est rigoureusement comparable à celle des métaux. Ce principe
posé, on à choisi parmi les liquides la dissolution saturée de sulfate de
cuivre, à la température de 15 ou 16°, pour la comparer à celle du long fil
( 787 )
de platine de 200 mètres de longueur. Pour cela, on a fait passer le cou-
rant d’une pile par la boussole pyrométrique et par une colonne de sul-
fate de cuivre de r mètre de longueur et de 20 millimetres de diamètre; la
déviation à la boussole a été de 22°. On a fait passer le même courant par
la boussole et par une longueur croissante ou décroissante du fil de pla-
tine, jusqu’à ce que la déviation fût aussi de 22°, et l'on a trouvé qu’il fal-
lait faire entrer dans le circuit 132 mètres du fil de platine.
» Au moyen de ces données, il est facile de conclure que la conductibi-
lité du platine est
2546680
fois plus grande que celle de la dissolution saturée de sulfate de cuivre; et
qu'à l'égard de cette dissolution la conductibilité du cuivre métallique est,
par conséquent, de plus de 16 millions, et celle du palladium de plus de
30 millions.
» La conductibilité diminue à mesure que l’on s'éloigne du point de satu-
ration, mais elle ne diminue pas cependant d’une manière très rapide,
comme on le voit par le tableau suivant :
Dissolution saturée de sulfate de cuivre conductibilité. 1,00
Dissolution étendue de 1 vol. d’eau............... 0,64
— 2 vol. d’eau............... 0,44
— 4 vol. d’eau............... 0,31
en prenant toujours pour unité la conductibilité de la dissolution saturée
de sulfate de cuivre, on trouve
Pour la dissolution saturée de sulfate de zinc... 0,417
l’eau pure..... a oet aan eliele etsieieie 0,0025
l’eau pure avec + acide nitrique..... 0,015.
» Les résultats précédents sont ceux que l’on obtient en établissant les
contacts avec le cuivre dans le sulfate de cuivre avec le zinc dans le sulfate
de zinc, et avec le platine dans l’eau pure ou acidulée.
III. Quantité d'électricité nécessaire peur décomposer 1 gramme d'eau.
» Dans un courant d'intensité invariable , les quantités d'électricité qui
circulent ou qui se meuvent sont évidemment poportionnelles à la durée
du passage du courant, c’est-à-dire que, dans un temps double, il y a une
quantité double d'électricité mise en mouvement, etc. Pour savoir si dans
un tel courant, la quantité d'électricité est réduite à moitié quand l'in-
tensité électro-magnétique est elle-même réduite à moitié, on a procédé
(1788)
de la manière suivante : on a disposé un mécanisme propre à ouvrir et à
fermer le circuitun grand nombre de fois dansuneseconde, etpar conséquent
propre àinterrompre ou à permettre le passage du courant; la durée de l’inter-
ruption était rigoureusement égale à la durée du passage. Pour desinterrup-
tions peu nombreuses l'aiguille de la boussole éprouvait des oscillations, mais
dès que les interruptions s’élevaient à 140 ou 150 en une seconde, l'aiguille
était fixe, comme sous l’influence d’un courant continu , et elle accusait une
intensité qui était précisément moitié del’intensité primitive ; à partir de cet
instant elle restait immobile, et continuait à accuser une intensité moitié
quel que fütle nombre des interruptions, même quandil s'élevait à 3000 en
une seconde. Or quand il y a, par exemple, 1000 contacts et 1000 interrup-
tions en une seconde, on peut concevoir que lélectricité qui passe pendant
chaque contact soit séparée en 2 parties égales, dont lune serait mise en ré-
serve pour passer pendant l'interruption suivante: on aurait ainsi un courant
continu, dans lequel passerait seulement en uneseconde, la moitié de l’élec-
tricité qui passe dans le courant primitif, et puisque l'intensité accusée
par la boussole est aussi moitié de l'intensité primitive, on est fondé à
admettre que la quantité d’électricité est proportionnelle à l'intensité du
courant. Ainsi, quand on a deux courants produits par des sources quelcon-
ques, il suffit d'observer leurs intensitésrelatives, pour avoir la mesure des
quantités relatives d'électricité qui les constituent, et puisqu'une même
source électrique donne des courants dont les intensités sont en raison
inverse de la longueur du circuit et en raison directe de la section et de
la conductibilité, il en résulte encore qu'une même source donne des
quantités d'électricité sans cesse variables, et variables suivant ces mêmes
lois.
» Pour comparer maintenant les intensités ou les tensions des sources
entre elles, on appelle sources égales ou d’égale tension, celles qui dans le
même circuit produisent des courants de mé‘ne intensité, et une source
aura une ‘ension double outriple d’une autre, quand, dans le même circuit,
elle produira des courants d’une intensité double ou triple, etc., bien
entendu qu’il s’agit toujours du circuit total, en y comprenant la source
elle-même et sa résistance, qui devront être évaluées par les lois de la
conductibilité.
» Il résulte de ces définitions :
» 1°. Que la tension d’une source quelconque est indépendante de la
grandeur des éléments qui la composent.
» 2°, Que dans une pile quelconque la tension est toujours égale à la
( 789 )
somme des tensions de toutes les sources où de tous les éléments qui la
composent.
» Il en résulte, enfin, que si l’on prend pour unité de tension, la tension
de la source thermo-électrique bismuth et cuivre pour une différence de
température de 100°, et pour unité de quantité, la quantité d'électricité
que donne cette source en une minute, dans un circuit de 20 mètres de fil
de cuivre, dont la section et la conductibilité sont prises pour unité, la ten-
sion T d’une source quelconque, et la quantité Q d'électricité que cette
source met en mouvement en une minute seront données par les deux
relations suivantes :
T= 2? ! sin D’
UNE tanD)
1 sin D’
en
D est la déviation produite sur une boussole quelconque par le courant
pris pour unité.
» D'est la déviation produite sur une autre boussole par le courañt qu'il
s’agit d'évaluer, et le rapport de sensibilité de cette boussole à la précé-
, , I
dente est représenté par ;.
» L' est la longueur en mètres du circuit traversé par la source dont il
s’agit d'évaluer la tension, le circuit étant exprimé en fil de cuivre de
section 1 et de conductibilité r.
» Cela posé, pour avoir la quantité d'électricité nécessaire pour décom-
poser chimiquement 1 gramme d’eau, il reste à démontrer que cette quan-
tité est constante, c’est-à-dire indépendante de l'intensité du courant; ce
point, déjà établi par M. Becquerel pour la décomposition du nitrate de
cuivre (voyez Comptes rendus, 9 janvier 1837, page 4o ), se trouve con-
firmé pour l’eau par diverses séries d'expériences analogues à la série qui
est rapportée dans le tableau suivant.
C. R. 1837, 17 Semestre, (T. LV, N° 914.) 108
«
©
NarTurEe
du
liquide.
Numéros
de lexpérience.
acide sur.
ee précéd. {
étendu d’un vo-
lume d’eau dis-
tillée
Eau ordin’* avec
acide sulfuriq...
Acide sulfurique]
l'en
» Ce tableau montre, en effet, que dans des circonstances très diffé-
rentes, et pour des intensités qui varient de 1à 12, le produit de l’inten-
METAL QUI FORME
( 790 )
Tableau d'une série d'expériences sur la décomposition de l'eau
_plus ou moins acidulée.
les pôles.
Pôle
positif.
id.
Cuivre.
id.
id.
Zinc.
id.
Nustne,
Pôle
négatif.
a Platine. |Platine.
id.
Nouere
de secondes
pour ob-
TS Jl'ienir deux | l'aiguille
centimètres
cubes
d’hydrogèn.
498"
5ro
Déviarion
de
de la
boussole.
nes]
5°,50!
5.40
4.00
4.00
3.10
6.50
6.45
11.20
11.30
11,30
12.00
11.00
4.10
40.00
SINUS
dela
déviation
intensité.
0.
ou
1016
0.0987
o.
o
©
CHOCO Cr CCR Oo
0697
.0697
.0552
.1190
1179
.1965
«1994
-1904
«2080
. 1908
.0724
.6428
Propur
de
l'intensité
par
le temps.
50.60
50.34
50.53
50.74
50.173
49.62
49.70
49.32
49.25
49.25
49-71
49:21
49.50
49:50
sité par le temps nécessaire pour obtenir 2 centimètres cubes d'hydrogène,
est sensiblement constant; ce qui prouve que la quantité d'électricité qui
a produit cet effet, est sensiblement la même. Pour déterminer la valeur
de cette quantité Q,ona
I
3 = 173;
ce qui donne Q = 2,665;
et comme l'expérience a duré 8°— 20", cette quantité devient
22,208,
en prenant pour unité celle qui passe en une minute.
sinn'—0,1001; sinn—0,6610;
(791 )
» Voilà pour 2 centimètres cubes d'hydrogène, et par conséquent, pour
décomposer 1 gramme d’eau, il faut une quantité d'électricité exprimée
par
13787;
c’est-à-dire une quantité qui est 13787 fois plus grande que celle. qui
passe en une minute dans un circuit bismuth et cuivre de 20 mètres de fil
de cuivre de 1 millimètre, avec une différence de température de 100 aux
soudures.
» Ce nombre suffit pour exprimer les quantités d'électricité nécessaires
pour opérer toute autre décomposition chimique; puisque d’après la loi si
remarquable découverte par M. Faraday, et confirmée par M. Becquerel,
les nombres qui représentent les équivalents chimiques des diverses subs-
tances, sont aussi ceux qui représentent les quantités pondérables de ces
substances qui sont décomposées par un même courant, et par conséquent
par une même quantité d'électricité.
IV. Intensités électriques nécessaires pour produire des commotions plus ou moins
fortes.
» Les effets physiologiques ont été mesurés avec une boussole très sen-
sible, dont le multiplicateur avait 240 tours, l’ellipse des tours les plus
rapprochés de l'aiguille ayant un grand axe de 10 centimètres et un petit
axe de 2 centimètres.
» On a constaté d’abord que le courant qui passe d’une main à l'autre,
les mains étant mouillées et plongées dans le mercure, se trouve affaibli
autant que s’il avait traversé 11 lieues de longueur d'un fil de cuivre de
: millimètre de diamètre; et que le courant qui passe d’un doigt à l’autre
dans la même main, est affaibli autant que s’il avait traversé 77 lieues du
même fil de cuivre, les doigts étant mouillés et plongés dans le mercure à
la moitié ou au tiers de la première phalange.
» On a comparé ensuite les intensités électriques qui sont nécessaires
pour produire les plus faibles commotions perceptibles, et les commotions
les plus insupportables , et l’on a trouvé que ces intensités sont entre elles
comme 1 à 18 ou comme 1 à 20, les communications restant les mêmes.
» Les caractères de ces commotions, leur intensité croissante , depuis la
première phalange jusqu’à l'articulation du poignet et jusqu’au coude, pa-
raisseni faciles à expliquer par les seules considérations de la conductibilité
et du p partage de l'électricité entre les différents conducteurs organiques,
108. .
(792) |
» Toutes les observations portent à conclure que le fluide électrique
fait sentir ses effets, non pas en raison de la somme des actions qu’il exerce,
mais en raison de l’intensité des actions individuelles qu’il exerce sur cha-
cune des fibres qui sont destinées à recevoir ou à transmettre les impres-
sions qu'il peut produire; et que, sous ce rapport, il agit d’une manière
analogue à la lumière. »
V. Examen des conditions mécaniques du mouvement de l'électricité, et principe gé-
néral qui en résulle.
« Dans l'impossibilité d’entrer ici dans l'examen de ces conditions, l’on
se borne à donner l’énoncé des quatre propositions qui expriment le prin-
cipe général.
» 1° Proposition. Le courant ne se produit pas d’une manière continue;
mais il se produit par des intermittences dont la durée, toujours excessive-
ment petite, est cependant toujours dépendante de la tension de la source,
de la longueur, de la section et de la conductibilité du circuit;
» 2° Proposition. Chaque-.intermittence se compose de deux périodes :
l'une , qui peut être appelée période de décomposition ou de polarisation ;
l'autre, qui peut être appelée période de recomposition ou de dépolari-
sation. :
» 3° Proposition. La polarisation s’accomplit dans un temps donné et
variable, qui est toujours excessivement petit, et elle doit s’accomplir dans
toute la chaîne ou dans toute l'étendue du circuit avant que la dépolarisa-
tion puisse avoir lieu : cette polarisation parait être une sorte de décompo-
sition par influence, qui s’opère sur chaque ne ou plus générale-
ment sur chaque Aéracnt électrique.
» La durée de la polarisation est proportionnelle à la! ‘ongueur d du circuit,
et à la quantité des fluides polarisés, quand la force polarisante reste la
même; mais elle est en raison inverse de la conductibilité électrique du
circuit, et elle est indépendante de la grandeur de sa section.
» 4° Proposition. La recomposition est instantanée et simultanée, c’est-
à-dire qu’elle s’accomplit dans un temps inappréciable par rapport au
temps qu’exige la polarisation ou la décomposition des fluides, et qu’elle
s'accomplit en même temps ou simultanément entre tous les éléments
électriques du circuit qui ont dù être préalablement polarisés.
» Aussitôt que la recomposition a eu lieu, la même cause subsistant, la
polarisation recommence sur tous les éléments du circuit; puis, quand elle
a acquis partout une intensité égale et convenable aux conditions particu-
( 793 )
liéres qui appartiennent à la source et au circuit, elle est suivie d’une nou-
velle recomposition, et ainsi de suite. »
PHYSIOLOGIE. — ]Vouvelles expériences sur les animalcules spermatiques et
sur quelques-unes des causes de la stérilité chez la femme , suivies de re-
cherches sur les pertes séminales involontaires, et sur la présence du
sperme dans l'urine; par M. Donxé.
(Commissaires, MM. Dumas; Dutrochet, Turpin.)
CHIRURGIE. — Mémoire sur les rétrécissements de l’urètre; parM. Civiare.
( Commission précédemment nommée. )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ANATOMIE COMPARÉE. — Description anatomique de la corneille ( Corvus co-
rone ), prise comme type de la classe des oiseaux; par M. E. Jacquemin.
— 3° partie, Myologie.
( Commission précédemment nommée pour la partie du même travail
relative à l’ostéologie. )
cmRURGIE. — Troisième cas d'application du forceps assemblé; par
M. Berwarp, d’Apt.
Cette note est adressée comme supplément à un mémoire sur le forceps
assemblé, précédemment adressé par l’auteur pour le concours au prix de
médecine et de chirurgie, fondation Montyon.
( Commission du concours Montyon. )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — ÎNote sur un appareil destiné à extraire la matière
sucrée contenue dans la pulpe de betteraves ; par M. Perceran.
( Commissaires, MM. Gay-Lussac , Savart. )
( 794 )
CORRESPONDANCE.
. C2
céorogre. — Age relatif des calcaires de Château-Landon et des gres de
Fontainebleau; lettre de M. ConsranrT PREVOST.
« Je viens, pour la quatrième fois, de visiter les environs de Chäteau-
Landon, dans l'intention de constater, d’une manière positive, quelle est la
position géologique du calcaire d’eau douce exploité autour de cette ville.
» Je demande la permission de faire connaître à l’Académie les résultats de
mon nouveau voyage; résultats que je regarde maintenant comme incon-
testables.
» Les personnes qui ne sont point habituées aux observations géolo-
giques et qui ignorent les difficultés de détail qu’elles présentent souvent,
n’apprendront pas sans étonnement que, depuis plus de vingt ans, les
observateurs les plus expérimentés ont varié et sont en désaccord relati-
vement à l’âge d’un dépôt qui fait partie du bassin de Paris, dont les assises
n’ont éprouvé aucun dérangement depuis leur formation , dans lequel sont
ouvertes d'immenses carrières qui ont fourni une partie des matériaux de
l'Arc de l'Étoile, de la fontaine du Temple, du Panthéon, etc.
» Toute la question, cependant, se réduit à savoir si les calcaires ex-
pioités à Château-Landon, sont plus anciens que les grès de Fontainebleau,
ou s'ils sont plus nouveaux que ces grès.
» En 1810, MM. Cuvier et Brongniart ont admis que ces calcaires étaient
plus récents que les grès de Fontainebleau.
» Depuis, MM. d'Omalius d’Halloy et Héricart-Ferrand ont adopté celte
opinion.
_» C’est'également à elle que se sontarrêtés MM. les Ingénieurs des mines
chargés de la carte géologique de France et particulièrement M. Élie de
Beaumont, qui, après un nouvel examen, a cru devoir se prononcer ré-
cemment, de la manière la plus positive, dans le Bulletin de la Société
géologique , tome 8., pages 70 et 71 , séance du 6 mars 1837.
» D'un autre côté, MM. Cuvier et Brongniart, dans la deuxième édition
de leur Description des environs de Paris, publiée en 1822, éclairés par des
observations spéciales de M. Berthier, ont considéré ce même calcaire
comme étant plus ancien que les grès de Fontainebleau.
» Moi-même, après plusieurs excursions faites de 1832 à 1835, je me
suis rangé en partie à cet avis, en cherchant à faire voir par une coupe
qui joint Provins à Orléans, que si les calcaires exploités à Chateau-Landon
( 795 )
sont inférieurs aux grès de Fontainebleau, ils sont recouverts immédia-
tement dans une partie de la plaine du Gâtinais par des calcaires plus
récents que ces mêmes grès, lesquels viennent à manquer localement.
» Aujourd’hui, après avoir levé tous les doutes qui pouvaient subsister
encore, Je persiste dans cette opinion; et ne pouvant dans ce moment
donner la démonstration de ce que j’avance avec certitude, je me bornerai
à établir les propositions suivantes (1):
» 1°. Le calcaire exploité à Château-Landon est plus ancien que le grès
de Fontainebleau. |
» 2°, Entre ce calcaire et ce même grès de Fontainebleau, existent des
marnes vertes, un autre calcaire d’eau douce qui asouvent plus de 10 pieds
de puissance, des rudiments d’un calcaire marin qui a été exploité, lesquels
représentent l'étage du gypse. (Je l'ai depuis long-temps désigné sous le
nom de calcaire de la Brie.)
» 3°. Le grès de Fontainebleau est surmonté par un troisième calcaire
d’eau douce qui est celui des sommets de la forêt de Fontainebleau et des
environs de Malesherbes.
__ » 4°. Au-dessus de ce troisième calcaire s’en voit encore un quatrième
dont il est séparé par des marnes jaunes et vertes ; ce dernier qui a été
confondu avec le calcaire de Châtéau-Landon est le calcaire supérieur de la
Beauce: il couronneles buttes de Fromont, Rumont, Bromeilles, et il s'étend
par la forêt d'Orléans jusqu’à la Loire, où plusieurs de ces calcaires d’eau
douce de différents âges sont réunis. 1
» Toute l'erreur commise en dernier lieu vient de ce que M. Élie de Beau-
mont a persisté à confondre les grès et poudingues de l'argile plastique,
qui bordent les rives du Loing depuis Nemours jusque auprès de Château-
Landon, avec les grès de Fontainebleau, que cependant on voit claire-
ment dans les mêmes localités séparés de ceux-ci par les calcaires exploités
à Nemours et à Chateau-Landon, et qui appartiennent évidemment au
même dépôt, ainsi que ceux de Valvin, d’'Essone, de Montereau, etc. »
Remarques de M. Écie pe Braumonr, à l’occasion de la lettre de
M. C. Prevosr. s
«M. Élie de Beaumont dit qu'ayant visité de nouveau, l’année derniére,
les environs de Château-Landon, il lui a de nouveau paru évident que le cal-
caire qu'on y exploite est le prolongement pur et simple des assises
(1) MM. d’Archiac et de Roys ont récemment déduit les mêmes conséquences de leurs
observations.
( 796 )
nférieures de la formation lacustre qui constitue le plateau de la Beauce
et qu'il repose immédiatement sur le prolongement des grès de la forêt
de Fontainebleau auxquels se rattachent , de la manière la plus évidente,
tous les grès et poudingues qui forment des rochers proéminents sur les
deux rives du Loing entre Nemours et Château-Landon. Il ajoute qu’il
lui a été impossible de reconnaître dans les environs de Château-Landon la
multiplicité de formations que M. Prevost croit y trouver, et que la structure
géologique de ce canton lui parait être beaucoup moins compliquée que
M. Prevost ne le suppose.
PALÉONTOLOGIE. — Ossements fossiles de quadrumanes.
M. Lartet écrit que, conformément au désir exprimé par la Commission
chargée de l'examen des mémoires qu’il a récemment présentés, il vient
d'adresser à l’Académie les pièces dont il a donné la description.
nyaiène. — Régime des cultivateurs de riz en Chine; lettre de M. Srawisras
Juzxex, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
« À l’époque où je m’occupais de l'ouvrage chinois relatif aux müriers et
aux vers à soie, ouvrage dont M. le Ministre du Commerce m'avait confié
la traduction , plusieursmembres de l’Académie des Sciences m’invitèrent à
faire des recherches dans l'Encyelopédie de l'Agriculture chinoise, pour
savoir si l’auteur faisait mention, dans le Traité du riz, de maladies ana-
logues à celles que cause en Europe la culture de cette plante dans les ter-
rains inondés.
» N'ayant trouvé dans les livres chinois aucun passage, aucun mot qui se
rapportât, ou fit seulement allusion à ces graves dangers , je n’ai pas cru
que cette preuve négative suffit pour conclure qu’ils n’existaient pas en
Chine. J'ai consulté à ce sujet M. l'abbé Voisin, qui a résidé huit ans
dans ce pays, en qualité de missionnaire, et qui, durant ce temps, a eu
des rapports continuels avec des chrétiens chinois occupés de la culture
du riz. Cet ecclésiastique, qu’on peut interroger avec fruit sur toutes
les pratiques usuelles des Chinois, que les auteurs ne jugent pas à propos
de décrire, a eu la bonté de répondre à mes questions, par la lettre
ci-jointe.
Extrait de la lettre de M. Voisin.
« J'ai passé huit ans en Chine, au milieu des cultivateurs de riz, et je n'ai
pas remarqué qu’il y eùt parmi eux plus de maladies que parmi ceux de
( 797 )
leurs compatriotes qui se livrent à d’autres occupations. À quoi ces hommes
doivent-ils d’être exempts des affections qui, en Europe, rendent si dange-
reuse la culture de cette céréale? Je ne le saurais dire positivement; mais je
suppose que le régime qu’ils suivent n’y est pas entièrement étranger. Pen-
dant tout le temps qu’ils travaillent à la plantation et à la récolte du riz,
les paysans chinois font largement usage de thé; ils en prennent dès le
matin, dans l'intervalle de leurs repas et à leurs repas; seulement, dans
ce dernier cas, ils y joignent un peu de vin de riz ou de millet (si l’on peut
donner à cette boisson le nom de vin}; communément aussi, ils fument
dans le cours de la journée, plusieurs pipes de tabac. Avant d’aller
prendre leur repos, ils ne manquent point de se laver le corps avec de
l’eau bien chaude. Avec cette manière de vivre, je les ai toujours vus
bien portants, »
MÉCANIQUE CÉLESTE. — 7 héorie de la Lune; Lettre de M. pe PontécouLanr.
« Dans le dernier numéro du Compte rendu, on lit une Note de
M. Plana , qui a’ principalement pour but de rectifier des erreurs de
calcul qui existeraient selon lui, dans la note relative à la théorie de la
Lune que j'ai présentée à l’Académie, le 20 février dernier. L'introduction
du terme —Smey cos(2g8£—2ct), dont parle M. Plana, dans l’expres-
sion du rayon vecteur de la Lune, changerait en effet la valeur de
fG)& que J'ai trouvée (page 290, C. R., n° 8, 1‘ sem. 1837); mais
non-seulement ce terme n’existe pas, il n’en peut exister aucun semblable
dans la valeur de ce rayon vecteur. C’est ce dont il est facile de se convain-
cre, heureusement sans aucun calcul : il suffit pour cela de jeter les yeux
sur les formules différentielles du mouvement troublé.
» En effet, pour déterminer les perturbations du rayon vecteur, on a
(Méc. cél., n° 46, livre IT)
d.ror , rèr ; dR
ae te t2/8dR+érT = o. (a)
Je supposerai, comme dans ma Note précédente, que la caractéristique S
se rapporte à l'inclinaison de l’orbe lunaire à l’écliptique dont nous
négligerons les puissances supérieures à la seconde ; on aura alors
dT=— 7 (a =) et en substituant cette valeur dans l'équation (a) elle
devient \
C. R. 1837, 227 Semestre. (T. IV, Ne 21.) 109
( 798 )
d.r"d—
Me dR
5 +528 dR— dr (Te) = 0.
» Supposons qu’en n'ayant égard qu’à l'inégalité dépendante de l'angle
agt — act, on ait 4
à
= À cos(2gt — 2ct),
Ni
== Bcos (2gt — 2ct),
. Ja. d'R + Sr À = P cos (2gt — 2ct).
» La substitution de ces valeurs dans l'équation précédente donnera
À — (2g — 2c}B — P — 0.
» On peut omettre le second terme de cette équation qui serait de l’ordre m#
puisque 2g—2c est à très peu près égal à 3m”. On aura donc simplement
pour déterminer À, l'équation A= P. Or, si l’on n’a égard qu'aux termes
de lordre ”*, on a par rapport à l'inégalité dont nous nous occupons,
[d'.d'R=JR=—=0 [cette équation est établie dans mon mémoire (*) et n’est
pas que je sache contestée par M. Plana |, on a donc aussi A=P=—0,
c'est-à-dire que les inégalités dépendantes de l'argument 2gt — 2ct de
l’ordre m°, disparaissent comme les termes de l’ordre m de l’expression du
rayon vecteur. Au reste c’est un théorème général, qui s’étend à toutes les
inégalités à longues périodes, résultantes de l’action du Soleil; lex-
pression du rayon vecteur ne peut renfermer d’inégalités de cette espèce
que dans l’ordre m, et comme elles n’acquièrent point par l’intégration
de diviseurs qui les rendent sensibles ainsi que celles qui entrent dans
l'expression de la longitude, on peut se dispenser d’y avoir égard.
» Quant à la valeur de R rapportée page 288 (C. R., numéro cité), c’est
pour ne point abuser de la bienveillance avec laquelle l’Académie avait
permis l'insertion de ma note dans le Compte rendu de ses séances que je
me suis contenté de rapporter cette valeur en supprimant les opérations
par lesquelles je l'avais obtenue.
» Voici le détail de ce calcul. |
(* GR. 1837, n° 8, pages 283 et 288.
(709 )
» On a( Compte rendu, n° 8, 1837, page 283)
R=— ir — 35° + 3(1—s")cos(20 — 2v')].
» Si l’on substitue r+ dr, et » + de à la place de ret v dans cette
expression, la caractéristique d'se rapportant uniquement comme précé-
demment aux termes qui sont multipliés par y*, en négligeant le cube et les
puissances supérieures de l’inclinaison de l’orbe lunaire à l’écliptique,
SR = (TE) + (S D)+a (TR).
Or, d’après la valeur de R, on a
on aura
Tr —— —92kR'; Bon aétine
sds
en désignant par R’ la partie de la fonction R indépendante de +. On
pourra donc écrire ainsi la fonction précédente,
Mer R + D Ji+s [x |: (C)
D'après la réduction en série de la fonction R et les valeurs calculées par
M. Plana, on a trouvé
m' 3 m°
R'—=———- m° cos(2t — 2mt) +(T+ em ) e cos ct
4 4
+ qe cos(24— 2mt — ct) — ; m’e cos (21 — 2m1 + ct)
8
( + L m5) e? cos 2ct — L me cos (2t — 274 — 0 7
FE I=(— - —. Re m ) ey cos (ct — 2gt) — semer cos(2t — 21 + ct — 2gt)
Éd és :
+($ er ey° cos (2ct — 281) — an ES (26. — amt — 201 + 2gt)
— 2 me’y° cos (21 — 2mt + 261 — 281) -
135 2 ;
4h = m sin (at — 2mt) — — rmesinct — 2me sin (26 — 2mnt — ct)
F à
de 16
3 : (FUTURES 1 LE
+= m'e sin (at — 2mt—+ ct) — AUrE sin AGP GET sin (26 — 2m — 201),
2 4
109..
( 800 )
dv = — 7 y" sin 2gt + À my* Sin (2t— 2m — 2gt) + 7 ey” sin (ci = 221)
é 3 c
— - mey” sin (2t — 2mt— ct + 2gl) — - me” Sin (24 — 2774 + CI — 2gt)
(02)
É 5 2
me’y* sin (2t — 2mt — 20! + 2gt) — me’y° Sin (24 — 2mt + 201 — 2gt),
8
e°
1 = 1 — 26 COS CI — re 2ct,
S =: — A cos 2gt +$ mry° cos (24 — 2mt — 2gl) + ey° cos (ci — 2gt)
—_ s mer? COS (et — 2mt— ct + 2gl) + G= G4 Fm) y" cos (2ct — 2gt)
5 ner: à Cos (24 — 2rnt + 2gl = 20!) — 5 mMe”y* COS (24 — 2mt + 201 — 2pt).
8
» En substituant ces valeurs dans la fonction (c) on trouve
33 135,
LE {ir m)(— a+ Er” ei LE x 7 64 ma (e— 128 7
CC me Cest e
+= AC De DC De
rs)" +Cr-$r ns: nr +
“ SE) m8 + (gr dre + +) m)re
3 PLBBN à 18 Pan Non CNP NS US LS lens LUN
T3 )" + (a) =(étata pti)"
135 Se 297 _135 675 297 D 135 , 405
+(- Te Ur 256 256 512 FEES +58 T 128
207 45 45 135, 45 45 _45_ 135 405, 405
+ 6 TiGtoee Ut ha8 32 À 1aBle OH OU 256 re
— 4) m° } e2y° cos (28E — 201).
» On voit que les termes en # disparaissent de cette expression comme
nous l'avons supposé plus haut. On a donc enfin
IR — me”y" cos (2gt — 2ct).
OL NbLCT 15
(*) Dans l’ouvrage de M. Plana on lit — jeu lieu de — gr cette incorrection m'a
été indiquée par M. Lubbock, et je l’ai vérifiée de mon côté.
( 8or )
» C’est la valeur rapportée Compte rendu , n° 8, 1837, 288. Nous remar-
querons que l'exactitude de cette valeur est non-seulement démontrée
par celle du calcul précédent, que l’on peut aisément vérifier, mais qu’elle
résulte encore de la concordance du résultat que nous avons obtenu
page 287, avec celui auquel M. Plana est arrivé par une autre méthode. En
effet, la valeur de la fonction 24. = employée dans le calcul qui conduit à
ce résultat et rapporté page 286, résulte de l'équation
dR 05 4
AP — LR = < mie” cos(2gt— oct). »
PHYSIQUE DU GLOBE.— Grélons d'une forme particulière , extraït d'une lettre
de M. Virzer.
«Une chute de grélons, qui n’a guère duré plus d’une minute, vient
d’avoir lieu, aujourd’hui 22 mai, à 9 heures et demie du matin , dans
le quartier Saint-Honoré. Ils présentaient presque tous une forme py-
ramidale, semblable à celle observée dernièrement à Clamart, par M. Élie
de Beaumont; seulement, la partie courbe qui formait la base du cône,
avait bien certainement un rayon trop circonscrit, pour pouvoir être
regardée comme un segment de sphère concentrique au sommet de ce
cône. Le rayon de cette partie sphérique était tout au plus de la moitié
de celui du cône, en sorte que chaque grélon présentait à peu près la
forme d’une larme. Du reste , ils offraient tous les autres caractères ob-
servés par M. de Beaumont , et j'ai pensé que cette observation serait
intéressante à ajouter aux siennes. »
GÉoLOGIE. — Cendres d'un volcan de l'Amérique centrale.
« M. Roulin adresse un échantillon de cendres rejetées par un volcan de
l'Amérique centrale, le Cosigüina, dans l’éruption du 20 janvier 1835.
» La montagne de Cosigüina , située dans la province de Nicaragua, par
les 13° latitude N., et 89° 30’ longitude O. environ, fait partie d’un pro-
montoire qui borne à l’est la baie de Fonseca. Sa hauteur est à peine de
150 mètres au-dessus du niveau de la mer.
» On conserve , dans le pays, le souvenir de deux éruptions antérieures
à celles dont il est ici question : une du commencement du siècle der-
nier, l’autre de l’année 1809. L’éruption de janvier 1835, avait été an-
noncée dès le 19 par des bruits souterrains, et par un peu de fumée
( 802 )
qui commença à s'échapper du sommet de la montagne; le 20 au matin,
on vit s’en élever comme un nuage blanc, qui montait verticalement
avec une grande vitesse, et qui forma bientôt, en s’épanouissant, une sorte
de panache, dont la couleur passa successivement au gris, au jaune,
puis au rouge violacé. En ce moment l'intérieur de la colonne parut
tout en feu; il en sortait des éclairs, et presque immédiatement après on
ressentit, dans plusieurs lieux situés à une assez grande distance les
uns des autres, un premier choc de tremblement de terre. Les chocs
se répétèrent le jour suivant, dans un rayon de plus de 20 lieues, et le
ciel fut obscurci comme par un épais nuage. Le 22, l'obscurité dans des
points éloignés de 15 à 20 lieues du volcan, était aussi profonde que celle
de la nuit, et il commença à tomber des cendres qui exhalaient une
odeur sulfureuse. Dans quelques endroits, ces cendres formaient trois
couches distinctes; la première était d’une couleur foncée, la seconde
grise, la supérieure blanche.
» Des cendres furent portées à une très grande distance, et dans des
directions différentes: comme à Chiapa, à l’ouest ; et à la Jamaïque, au
nord-est.
» On avait vu de même, lors de l’éruption du volcan de Saint-Vincent,
en 1812, les cendres portées par des courants supérieurs, dans des lieux
fort éloignés et situés au vent de cette île. Le vaisseau le Neptune, qui se
trouvait à près de 200 lieues à l’est de Saint-Vincent, eut son pont et sa voi-
lure tout couverts. »
M. Élie de Beaumont est prié d'examiner les cendres adressées par
M. Roulin.
M. James écrit qu'il a inoculé plusieurs génisses avec le vaccin primitif
trouvé sur une vache de la commune de la Villette, et que l'opération
a eu un plein succès. Ilajoute qu'il s’est servi du vaccin pris sur une de ces
génisses pour vacciner plusieurs enfants.
M. Brière , qui a partagé avec M. Darel, le prix de la fondation Volney,
réclame contre un passage du rapport sur les pièces adressées pour ce
concours.
La séance est levée à cinq heures. F.
Erratum. (Séance du 15 mai 1835.)
Page 518, ligne 10, au lieu de 0,0001393, lisez 0,00001393
N ( 803 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici Les titres :
Comptes rendus des Séances de l’Académie Royale des Sciences ; 1° se-
mestre 1837, n° 20.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac ef Araco ; tome
65; décembre 1836, in-8°.
ire des Sciences naturelles ; tome 6, décembre 1836, in-8°.
Voyage du maréchal duc de Raguse; 1° et 2° volumes; Paris 1837,
in-8°.
Mémoires de la Societé Géologique de France; tome 2°,
tie, in-4°.
Sur la Cystotomie épipubienne , Mémoire lu à l’Académie de Médecine ;
par M. Leroy D’Ériozces ; Paris, 1837, in-8°.
De la Conservation des grains , et de la nécessité de cette mesure en
France : des Moyens employés pour y parvenir; par M. Dusreuir; Rouen;
1837, in-8
Notice biographique sur Édouard Adam ; : par M. Giraroix ; Rouen 1837,
+ in-8°.
Histoire naturelle des Iles Canaries ; par MM. Wess et BERTHELOT ;
18° et 19° livraison in-4°, et 10° livraison planches in-folio.
Voyage en Islande et au Groënland sous la direction de M. GalmARD ;
1° livraison , in-folio.
Vrai Système du Monde ; par M. Demonvize ; Paris ; 1857, in-8°.
Proceedings. ..Procès-verbaux de la Société Géologique de Londres,
n® 45, 47, 48 et 49, in-8°
List.... Liste des Membres de la prete Géologique de Londres,
au 1* nie 1837; in-8°.
Guy's Hospital....Rapport sur la Clinique de l'Hôpital de Guy ;
par MM. G. Barrow ef J BasineTow; n° 4, avril 1837, Londres, in-8,
The continental....Revue tea de la Grande-Bretagne et du
continent ; publiée par M. Boreaup-Rurrrey ; n° 3, mai 1837, in-8°.
Distertazioni....Dissertations d' Anatomie pathologique ; par M. Dexxr
Cats; Naples, 1834, in-4°.
1eb92 par-
( 804 )
Bulletin général de Thérapeutique médicale et chirurgicale; par M. Mr-
quEL; tome 12, 9 livraison , in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie, n° 5,
tome 3, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 20.
Gazette des Hôpitaux ; tome 10, n° 57 et 59.
La Presse médicale ; n°° 39 et 40.
Écho du Monde Savant; n° 72.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 MAI 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — 2° Lettre de M. Caucay sur la résolution des
équations de degré quelconque.
« Soit
(1) f(x) = 0
une équation du degré n, dans laquelle le coefficient de x” se réduit à
l'unité, en sorte qu’on ait identiquement
(2) f(x) = 2° + ax Æ ax +... + ax + Any
A3 Auger Any A Étant des coefficients réels ou imaginaires. Soit d’ail-
leurs À une constante réelle ou imaginaire dont le module surpasse le
plus grand des modules principaux de f(x). D’après ce qui a été démontré
dans ma lettre du 6 mai, on pourra développer, suivant les puissances
descendantes et fractionnaires de k, les. racines de l'équation
(3) (x) = k.
C, R. 1837, 197 Semestre. (T. IV, N° 92.) 110
( 806 ):
Pour y parvenir, il suffira d'employer les formules tirées du calcul des
résidus, ou bien encore la formule de Lagrange, en opérant comme il suit.
» L'équation (3) étant écrite ainsi,
(4) 2H QT HE GR + + GniX HG = k,
si l’on fait ; pour plus de commodité,
(5) Li . 1 + az + az + ... + an" = [s(z)]",
en choisissant &æ(z) de manière que l’on ait
(6) (0) = 1,
cette équation deviendra
(7) CA ar 7 Let)" ;
et on la vérifiera en posant
(8) z = Aa(2),
pourvu que l’on désigne par À une des racines de l'équation binome
a
(a) à = 7:
Or, les valeurs de z et de F(z) tirées de l'équation (8), en vertu de la
formule de Lagrange, pour un module de À suffisamment petit, ou, ce
qui revient au même, pour un module de £ suffisamment grand, seront
x IEC HA SF ue
.2 Ode 1.2.3
(10) z = àA7(0) Frs
et
x Le F'(e) FOT, x _d'F()[z)l
(1) (2) ÆF(o) + F0) (0) + À EL LE RUES etes.
e devant être réduit à zéro après les différentiations , et æ (0) ne différant
pas de l'unité. On obtiendra donc sans peine les valeurs de z et de F(z),
par conséquent celles de RG et de
: Di
(2) HE UM OI, |
développées en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes et
entières de À, ou descendantes et fractionnaires de k, lorsque le module
de Æ surpassera tous les modules principaux de f(x), c’est-à-dire, ceux
(807 )
qui correspondent aux racines de l'équation
(13) f(x) — io:
Pour remplir cette condition , il suffirait de supposer Æ équivalent à 27,
r étant la valeur de x qui, dans l'équation (1), rendrait le premier terme
égal à la somme de tous les autres. En effet, soient
AAC À LAS
les modules des coefficients
Ayy Any crop y) An >
la valeur de r dont il s’agit sera donnée par la formule
(14) 7 AT — A, .,, — A, 27 — À, = 0,
et surpassera celle que fournirait l'équation
G@5) nt = (ni) ANT — (n — 92) AUS — ,.. — À, = 0,
de laquelle on tirerait
n— 1 n— 2 1
Ari — ET SA à à — — AA = 0,
rt —
et par suite
«
pt — AS — AIME 7... — Air — À5 < 0.
Donc la valeur de 7 donnée par la formule (14) surpassera les modules de
toutes les racines de l'équation
nant Æ (n—1)a x" H(n—o2)a,r + .., + 41 = 0, ou f(x) = 0;
comme on le démontrera facilement à l’aide des raisonnements dont nous
avons fait usage dans l’ Analyse algébrique (p. 480). D'ailleurs, il résulte
évidemment de l’équation (14) que, pour un module de x égal ou in-
férieur à cette valeur de r, le module de f(x) ne surpassera pas 27", ou le
double de r*.
» Après avoir ramené par le calcul des résidus; ou par le théorème de
Lagrange, la résolution de l'équation (3) à la résolution d’une équation
binome, savoir, de l'équation (9), du moins pour une valeur du para-
mètre # sufflBamment grande, il reste à montrer comment on peut revenir
de l'équation (3) à l'équation (1). Or, pour y réussir, il suffira de faire
varier Un nouveau paramètre à entre les limites i—0, i— 4, dans une
110.
( 808 )
nouvelle équation de la forme
(16) Ê f(x) = k—;;
et l'on pourra même supposer que dans ce trajet, le rapport zreste tou-
jours réel et positif. Chacune des constantes X, pouvant d’ailleurs être
imaginaire, nous écrirons dans les équations (3), (9) et.(16),
pee à ie,
au lieu de S
k et 1;
et par suite ces équations deviendront
(CCR TE (8) eV Er,
(19) eTV f(x) = k — à,
les valeurs de #, i pouvant être supposées ici réelles et positives, et dé-
signant un arc réel, que nous resterons libres de choisir arbitrairement.
» Remarquons à présent que toutes les racines de l'équation (1 9) seront
développables par le calcul des résidus ou par la formule de Lagrange,
en séries ordonnées suivant les puissances ascendantes et entières du
paramètre À, si la valeur réelle et positive attribuée à ce paramètre dans
l'équation (19), est inférieure aux modules de toutes les valeurs princi-
pales de ë. Or, ces valeurs principales, qui pourront être imaginaires, se
confondront avec les valeurs de la fonction
(20) k— eV f(x),
correspondantes aux racines de l'équation dérivée
. (x3) : f(x) = o.
Si la fonction f(x) étant de forme réelle, l'équation (1) a toutes ses ra-
cines réelles ‘et inégalés, on pourra en dire autant de l'équation dé-
rivée (13), et par suite les valeurs principales de la fonction f(x) seront
toutes réellés, mais différentes de zéro. Alors, si lon pose
(21) st, eV =+yT,
l'expression (20), réduite à
CONS REV —i, .
( 809 )
offrira, pour chaque valeur principale de x, un module
(COS LEONE
supérieur à Æ; et par suite toutes les racines de l’équation (19) seront
développables, même pour i=%k, en séries convergentes ordonnées
suivant les puissances-ascendantes de ;, ces séries ayant pour premiers
termes les racines déjà calculées de l'équation (17). Mais, quand on
pose ik, l'équation (19) se réduit à l'équation (1). Donc, si l’équa-
tion (1) a toutes ses racines réelles et inégales, la résolution de cette
équation pourra être réduite à celle de l'équation (17), par conséquent
à celle de l'équation binome (18). Observons d’ailleurs qu’en supposant
(24) r—*, eV y=,
on réduira les équations (17), (18), (19) à
(25) k = f(x) V—r, (26) =; V—r,
(27) k=itf(x) V—x, ou Ê—k—{(x) V—+1;
tandis qu’en supposant
e8) =, eVSeLyT,
on réduira les équations (17), (18), (19), à
(29) k=—f(x) W—r, (30) M=—E Vi,
(31) k=i—f(x)W—1, ou ik + f(x) V5.
On peut donc énoncer la proposition suivante.
» 1 Théorème. Lorsque l'équation (r)a toutes ses racines réelies et iné-
gales, on peut obtenir chacune de ces racines développée en série
convergente; et, pour y parvenir, il suffit de poser =, dans les
développements des racines de l'équation (27) ou (31), en séries con-
vergentes ordonnées suivant les puissances ascendantes et entières deë,
ces séries ayant pour premiers termes les racines de l’équation (25)
ou (29), développées suivant les puissances descendantes et fraction-
naires de #, ou, ce qui revient au même, suivant les puissances ascen-
dantes et entières des valeurs de À, propres à vérifier l'équation binome (26)
ou (30).
( 810 )
» Concevons maintenant que la fonction f(x) étant toujours de forme
réelle, l'équation (1) ait encore ses racines toutes distinctes les unes des
autres , par conséquent inégales, mais non toutes réelles. Soient, dans ce
cas, m le nombre des racines réelles de l'équation (1), et
(32) a;b,c,d,...g,h
ces mêmes racines, rangées d’après leur ordre de grandeur; deux
de ces racines réelles prises consécutivement, par exemple, a et b,
comprendront toujours entre elles au moins une racine réelle de la dé-
rivée (13). Car si, en supposant x réelle, on fait croître cette variable x
entre les limites x=4a, x=b, la fonction f(x), nulle à ces deux limites,
acquerra dans l'intervalle au moins une valeur numérique maximum,
pour une valeur réelle de x, qui fera évanouir la dérivée f(x). Donc;
le nombre des racines réelles de l'équation (1) étant », le nombre des
racines réelles de la dérivée (13) ne pourra être infésieur à m—1, et
le nombre des racines imaginaires de la dérivée ne pourra surpasser le
nombre des racines imaginaires de l’équation (1), c'est-à-dire 7—1m.
» D'autre part, si l’on nomme
a+CW—:x, a —6V/—:,
deux racines imaginaires conjuguées de l'équation (13), les valeurs prineis
pales de f(x) correspondantes à ces racines seront elles-mêmes conjuguées
et de la forme
ABYV—:, A—BY—:1,
A, B désignant deux quantités réelles dont la seconde deviendra positive,
quand on choisira convenablement le signe de 6; et les valeurs princi-
pales du paramètre correspondantes aux mêmes racines seront, pour
j’équation (27),
ik (A+BY—:) W—:x, i—k—(A—BY—:) V—:r,
ou, ce qui revient au même,
(33) i—k+B—AY — 1, i—k—B—AV—:,
et pour l'équation (31)
GD i=b-B+AY—T, i=kR+B+AV—:.
»Or, la première des expressions (33) et la seconde des expressions (34)
offriront évidemment des modules supérieurs à 4. Donc, si, pour l’'équa-
( 817 )
tion (27) ou (31), on détermine les modules principaux du paramètre 4,
ceux de ces modules qui surpasseront la quantité positive k seront en nom-
bre égal ou supérieur à la somme qu'on obtient en #joutant au nombre
des racines réelles de l’équation dérivée (13) la moitié du nombre de ses
racines imaginaires. Donc, le nombre des modules principaux de i qui ne
surpasseront pas la quantité Æ sera égal ou inférieur au nombre des cou-
ples de racines imaginaires de l’équation (13), par conséquent égal ou in-
férieur au nombre des couples de racines imaginaires de l'équation (1),
c’est-à-dire à
n— M
ae
» Cela posé, si, en attribuant au paramètre : une valeur réelle et positive,
on fait croître cette valeur par degrés insensibles, depuis : = o jusqu’à
i = k, les racines de l'équation (27) ou (31) commenceront par être déve-
loppables, chacune séparément, en séries ordonnées suivant les puissances
ascendantes de i, et ne cesseront pas de l'être, si l’on remplace la valeur
réelle et positive, attribuée à z, par une valeur imaginaire dont cette va-
leur réelle soit le module.
»Les mêmes séries continueront d’être convergentes , tant que la valeur
positive du paramètre à ou son module restera inférieur à tous les mo-
dules principaux de ce paramètre. Mais, le module de à venant à croître,
les racines devront être distribuées en divers groupes, dont le nombre,
d’abord égal à n, c’est-à-dire au degré de l’équation (1), diminuera d’une
unité chaque fois que deux racines comprises dans deux groupes diffé-
rents deviendront égales entre elles, pour une valeur donnée du para-
mètre i. Alors ces deux groupes se réuniront en un seul, composé de ra-
cines dont la somme, ainsi que celle de leurs puissances entières de degré
quelconque, continuera d’être développable suivant les puissances ascen-
dantes de i. Sitrois, quatre, racines comprises dans trois, quatre... grou-
pes différents devenaient égales entre elles, la valeur principale correspon-
dante du paramètre À se trouverait fournie par une valeur principale de x,
qui serait elle-même une racine double, triple. de l'équation (13). Alors
aussi , le module de à venant à croître au-delà de sa valeur principale , les
trois, quatre,.… groupes différents se réuniront en un seul, Il suit de ces
diverses remarques que, si l’on nomme
n— L
le nombre des groupes correspondants à un module donné de i, le nombre
( 812 )
entier / ne pourra surpasser le nombre des modules principaux de : infé-
rieurs au module donné. Donc, si ce dernier module est égal à , le nom-
DMANNRE :
bre l, d’après ce quia été dit plus haut, ne pourra surpasser la quantité
n— m
a
et pour chacune des équations (27), (31), réduites à l'équation (1), en vertu
de la supposition i—4, le nombre des groupes de racines surpassera la
différence
(35) DAT En ET
2 2
» Il y a plus, si l’on nomme #’ le nombre des racines réelles de l’équa-
tion (13), le nombre de ses racines imaginaires, savoir :
n—m—I1
PRE
sera égal ou supérieur au nombre des modules principaux de i qui ne sur-
passent point la quantité £; et par suite, le nombre des groupesde racines,
pour l'équation (27) ou (31), réduite à l'équation (1), en vertu de la sup-
position {— #, sera égal ou supérieur à la différence
6) D mn
; 2 F# 2 à
»Supposons maintenant que, parmi ces groupes, ceux qui renferment
une seule racine soient en nombre égal à 7,, ceux qui renferment deux
racines en nombre égal à »,, ceux qui renferment trois racines en nombre
égal à #:, etc. On aura tout-à-la-fois
G7) ntm nt. =ou> EME
(38) m+ an, Hans +... =n,
puis onen conclura
nHM=OouD2(n+n,H+ns+...)=ou>œr1+m+n,
par conséquent,
(39) M Ou 1 mn", nom.
» Donc, le nombre 7, des racines qui resteront isolées, et séparément
développables, suivant les puissances ascendantes de i =, surpassera le
É ; RE)
nombre m' des racines réelles de la dérivée. On peut donc énoncer le
théorème suivant.
( 813 )
» 2° Théorème. La fonction f(x) étant supposée de forme réelle, l’é-
quation
(G) ; f(x)= 0,
considérée comme déduite de ia formule (27) ou (31) par la supposition
ik, offre plus de racines développables en séries convergentes, ordon-
nées suivant les puissances ascendantes de i, que l'équation dérivée
(13) 12(2)—0
n'offre de racines réelles. |
» Corollaire. Il en résulte que, dans tous les cas, une racine au moins de
l'équation (1), si le degré z est un nombre impair, deux, racines, si le de-
gré n est un nombre pair, pourront être immédiatement développées en
séries conyergentes.
» Les théorèmes 1 et 2, ainsi que j'en ai fait l'observation dans ma lettre
du 24 février, sont du nombre de ceux auxquels j'étais parvenu à Turin.
En s'appuyant sur ces théorèmes on pourrait développer successivement
en séries convergentes toutes les racines d’une équation donnée f(x) = o.
Car, après avoir développé une première racine x,, on pourrait en déve-
lopper une seconde x, considérée comme racine de l'équation
2 am) a o où 27 +(x+a)x (x +a, x, +a,) a+... — GP
LT Lo
puis une troisième x, ,... et ainsi de suite. Si la racine x, devenait imagi-
naire ou de la forme 46 V/—1, alors f (x) étant de forme réelle, on
connaîtrait immédiatement la racine imaginaire conjuguée à — 6 ÿ—3,
et, en nommant x, cette dernière, on pourrait développer une troisième
racine x, considérée comme propre à vérifier l'équation
AM + (ro + +a,) x" Letc...—o,
etc. ..On pourra, d’ailleurs, déterminer les limites de l'erreur que l’on
commettra sur une racine en réduisant son développement à un nombre
fini de termes, et réciproquement déterminer une limite du nombre des
termes qu’il faudra conserver pour obtenir la valeur de chaque racine
avec une certaine approximation, par exemple, à nPrès N étant un nom-
bre entier quelconque. Les problèmes de ce genre sont précisément l’ob-
jet du nouveau calcul que j'ai appelé calcul des limites, et qui s'applique
même aux équations transcendantes. (J’oyez le mémoire présenté
à l’Académie de Turin, le 11 octobre 1831.)
C.R. 1837, 127 Semestre. (T. IV, No 09.) 111
( 814 )
» Je passe à la démonstration du 3° théorème énoncé dans ma lettre du
24 février.
» Soient æ, 6 deux quäntités réelles, f(x) étant toujours une fonction
entière de forme réelle, et
(40) z—a+6V— 1
une valeur de x propre à vérifier l'équation (27) ou (31) pour une valeur
donnée réelle ou imaginaire de i. Si l’on fait varier cette dernière par de-
grés insensibles, en faisant croître son module, la valeur de x, et par suite
celles de &, € varieront elles-mêmes par degrés insensibles; mais 6 ne
pourra changer de signe avant que le module de à devienne supérieur à X.
En effet, 6 ne pourra changer de signe sans passer par zéro, c’est-à-dire
sans que x devienne réel, et pour une valeur réelle de x l'équation (27) ou
(31) fournira un module de i équivalent à l’expression (23), par consé-
quent, égal ou supérieur à k, suivant que x sera ou ne sera pas racine de
l'équation (1). Il résulte de cette observation , que le module de ÿ venant à
croître depuis la limite zéro jusqu’à la limite 4, le coefficient 6 de V/—1,
dans une racine imaginaire de l’équation (27) ou (31), ne pourra jamais
changer de signe, mais seulement s’évanouir pour i= #, si l'équation (1)
a des racines réelles. D'ailleurs, avant de se réunir dans un même
groupe, deux racines imaginaires de l’équation (1), dans lesquelles les va-
leurs de 6 ou les coefficients de V/— 1 se trouvent affectés de signes con-
traires, doivent devenir égales entre elles, ainsi qu’à une valeur princi-
pale de x, et par suite l’un de ces coefficients doit changer de signe. Donc,
puisque ce changement ne saurait avoir lieu, avant que le module de à de-
vienne supérieur à 4, nous devons conclure que les racines imaginaires de
l'équation (27) ou (31), dans lesquelles le coefficient de V— 1 sera positif,
resteront séparées des racines imaginaires dans lesquelles le coefficient de
V— 1.sera négatif, tant que l’on aura
(4x) 3 mod. i € k.
Alors chaque groupe sera exclusivement formé des unes ou des autres;
par conséquent la somme des unes, aussi bien que la somme des autres,
sera développable, avec la somme de leurs puissances entières de degré
quelconque, suivant les puissances ascendantes du paramètre i. D'ailleurs,
tant que la condition (41) sera remplie, il est évident que l'équation (27)
ou (31) n’admettra point de racines réelles.
( 815 )
» Lorsque ; devient précisément égal à ke l'équation (27) ou (31) se
réduit à l’équation (1), et peut offrir des racines réelles. Mais alors la
somme des racines dans lesquelles le coefficient de V—1 avait un signe
déterminé, ne pourrait cesser d’être développable en série convergente
ordonnée suivant les puissances ascendantes de i, qu'autant qu’une valeur
principale de z, correspondante à une valeur principale de x dans laquelle
6 s’évanouirait, c’est-à-dire à une valeur principale et réelle de x,
offrirait pour module le nombre #. Alors aussi, l'expression (23) devant
se réduire à Æ, on aurait à la fois
f(x) Vo; É(LNI=h0}
et par conséquent l'équation (1) admettrait des racines égales, contre
l'hypothèse généralement admise dans ce qui précède. Donc, en revenant
à cette hypothèse, nous pourrons énoncer la proposition suivante.
» 3° Théorème. La fonction f (x) étant supposée réelle et entière, si l’on
distribue les racines toutes imaginaires de l'équation (25) ou (29) en
deux suites distinctes, la première suite comprenant les racines dans
lesquelles le coefficient de V/—1 est positif, et la seconde suite les ra-
cines dans lesquelles le coefficient de V/— + est négatif; les mêmes con-
ditions seront remplies, pour un module de; inférieur à #, par les racines
de l’équation (27) ou (31), qui pourront être distribuées en deux nouvelles
suites correspondantes aux deux premières, et composées chacune de
racines dans lesquelles les coefficients de V/— à seront tous et toujours
affectés du même signe. Alors la somme des termes de la troisième ou
quatrième suite, ainsi que la somme de leurs puissances entières de degré
quelconque, sera développable en une série ordonnée suivant les puis-
sances ascendantes de i, le premier terme de la série étant la somme des
termes de la première ou seconde suite, ou de leurs puissances entières
du degré donné. Si l'équation (1) n’a point de racines égales, les séries
obtenues ne cesseront pas d’être convergentes quand on posera i=k, ce
qui réduira les formules (27) et (31) à l'équation (1) elle-même, et par
conséquent l’équation (1) pourra être décomposée en deux autres dont
les racines coincideront respectivement avec les termes de la troisième
suite, puis avec les termes de la quatrième.
» Corollaire. Parmi les racines réelles que peut admettre l'équation (1),
il importe de savoir quelles sont celles qui devront être censées appartenir
à la troisième suite ou à la quatrième. Or, pour décider cette question
LEE
{ 816 )
relativement à une racine, donnée de l’équation (1), à la racine &, par
exemple, il suffira de rechercher si, en considérant la racine 4 comme la
limite vers laquelle converge une racine imaginaire de l'équation (27)
ou (31), tandis que le module de ; croit et convergeivers la limite Æ, on
doit supposer dans cette racine imaginaire le coefficient de V/—7r ou
positif ou négatif. Soit
(42) z—=a+S+ey —:
la racine imaginaire dont il s’agit, d', « désignant deux quantités réelles,
qui deviennent infiniment petites pour une valeur de à infiniment rap-
prochée de X, et s’évanouissent pour i= k. Posons en outre
!
(43) f(a + SH: 1) = D + «EV —:1,
D, Æ désignant encore deux quantités réelles. En vertu des formules
(42), (43);1es équations (27) et (3r) donneront
(44) "i=k+EÆE—DY —1,
(45) ik — Æ + DY/—:;
la valeur de E étant
EE fa +9 +ey/ — 1) = fat)
eV —:
Donc, pour que la valeur de ? fournie par l'équation (27) ou par équation
(31) offre une partie réelle inférieure à #, et à plus forte raison un module
inférieur à , il sera nécessaire que le signe des, ou du coefficient de\/—1
dans f(x), soit opposé, dans le premier cas, pareil dans le second, au
signe de la quantité réelle E déterminée par l’équation (46). Mais, pour
des valeurs infiniment petites de £ et d', cette quantité se réduit sen-
siblement à .
f(a+ 9) ou f(a).
(46)
Donc, les racines réelles de l'équation (1) étant considérées comme des
limites vers lesquelles convergent des. racines imaginaires de l’équa-
tion (27) où (3r);, tandis que le module des croît et converge vers la li-
mite #, le coefficient de 4/—:: dans chacune de ces'racines imaginaires,
offrira un signe dépendant de celui que prendra da fonction dérivée f/(x),
pour ‘une, valeur de x'égale à la racine réelle--correspondante de l’équa-
tion (1), savoir; un.signe opposé à: celui de:f’(x}, s'il s’agit de l'équa=
(817)
tion (27), et un signe pareil à celui de f(x), s’il s’agit de l'équation (31).
En conséquence, parmi les suites de racines mentionnées dans le théo-
rème précédent, la troisième comprendra les racines réelles de l’équa-
tion (1), propres à fournir des valeurs ou négatives ou positives de la
fonction dérivée f'(x), et la quatrième les racines réelles propres à
fournir les valeurs ou positives ou négatives de f(x), suivant que l’é-
quation (1) sera déduite, par la supposition i—#, ou de la formule (27),
ou de la formule (31). D'ailleurs, les racines réelles
a,b,c,;,d,...g,h
de l'équation (1) étant rangées d’après l’ordre de leurs grandeurs, lors-
qu'on reviendra, en suivant l’ordre inverse, de la dernière À à la pre-
mière a, ces racines fourniront des valeurs de f(x) alternativement po-
sitives et négatives, la valeur f(4) qui correspond à la dernière racine
étant positive. En effet, la fonction f(x), qui s’évanouit quand » se
réduit à l’une de ces racines, doit nécessairement, dans le passage de
lune à l’autre, commencer par croître et finir par décroitre, ou com-
mencer par décroitre et finir par croître. Mais, à partir du moment où
la valeur croissante de x atteint la dernière racine réelle 2, il faut que
la fonction f(x) croisse pour devenir positive , puisque avec,son premier
terme x" ellé doit être positive pour de très grandes valeurs de x. D'autre
part, on sait que la dérivée f(x) est positive ou négative, suivant que
la fonction f(x) croît ou décroit pour des valeurs croissantes de x. Cela
posé, si le nombre m des racines réelles 4, b, c,d,...g,h est impair,
I .
, racines réelles, sa-
la fonction dérivée f(x) sera négative pour =—
voir
b, d,... gs.
., t M=FI . , .
et positive pour , racines réelles, savoir :
ŒyCyove he
Si au contraire le nombre m est pair, la fonction f(x) sera négative
m . , .
pour —, racines réelles, savoir :
FAEAANONAE
00 m . , .
et positive pour —, racines réelles, savoir :
2
b,d,...h.
( 818)
Donc, si l’on pose pour une valeur impaire de m,
(47) u=(x—b)(z—c)...(x—8), (48) v—(x—a) (x—0)...(x—h),
et pour une valeur paire de m,
(G9) u=(x—0)(—0)...(&—g), (50) v—=(x—b) (xd)... (zh),
Si d’ailleurs on nommé U le produit des facteurs simples, qu’on obtient
en retranchant successivement de x les racines imaginaires dans les-
quelles le coefficient dé V/—1 est négatif, et V le produit des facteurs
simples conjugués aux premiers; la troisième et la quatrième des suites
mentionnées dans le théorème précédent, auraient pour termes les racines
de l'équation (1), propres à vérifier la première et la seconde des deux
formules
(x) uU = 0, (B2) NV = 0,
ou bien encore la première et la seconde des deux formules
(53) oU = 0, (54) uV = 0,
suivant que l’on supposera l'équation (1) tirée de la formule (27) ou de
la formule (31), par la supposition i—#. D'ailleurs, les coefficients des
équations (51) ou (52), et (53) ou (54), se déduiraient sans peine de la
somme des termes de ja troisième ou quatrième suite, et de la somme
de leurs puissances semblables et entières des divers degrés. Donc l’équa-
tion (1), ou
(55) uyUV = 0,
pourra être, en vertu du troisième théorème , décomposée à volonté, soit
dans les équations (51) et (52), soit dans les équations (53) et (54). Mais,
en divisant par leur plus grand commun diviseur les premiers membres
des équations (51) et (53). ou (52) et (54), on réduira ces équations à
(56) u—O, V—=0o.
De même, en divisant par leur plus grand commun diviseur les premiers
membres des équations (51) et (54), ou (52) et (53), on réduira ces équa-
tions à
(57) Ul=o; M0:
On peut donc énoncer le théorème suivant.
» 4° Théorème. La fonction entière f(x) étant réelle , et les racines de
( 819)
Véquation (1) inégales entre elles, cette équation pourra toujours être
décomposée en quatre autres, qui offrent seulement :
» La première, les racines réelles pour lesquelles f'(x) est négatif;
» La seconde, les racines réelles pour lesquelles f'(x) est positif;
_ » La troisième, les racines imaginaires dans lesquelles le coefficient
de W—1 est négatif;
» La quatrième, les racines imaginaires dans lesquelles le coefficient
de V— 1 est positif.
» Corollaire. Cette proposition coïncide avec le 3° théorème de ma
lettre du 24 février, et lorsqu'on la joint au 1° théorème, elle fournit la
détermination complète des racines réelles d’une équation de degré quel-
conque. J’ajouterai qûe cette détermination peut encore être simplifiée
l’aide des considérations suivantes :
» Soient s la somme des racines de l’équation (1), ou de leurs puissances
semblables d’un degré donné /, et
S SON
la somme des puissances semblables et de même degré, des racines de l’é-
uation (b1)
: À SSH
désignant trois quantités réelles. Il est clair que les sommes des puissances
semblables et du degré /, des racines des quatre équations (51), (52),(53),
(54) seront respectivement , pour les équations (Br) et (52)
(58) . SÉÉIA = (59) SD)
et pour les équations (53), (54)
(Go) s—S+TY—: (61) SV
Cela posé, si l’on retranche l'expression (58) de l'expression (60), la dif-
férence
(62) s—2S
représentera évidemment la somme des puissances semblables, et du de-
gré L, des racines réelles de l'équation (1), ces puissances étant prises avec
le signe ou avec le signe — , suivant que les racines réelles dont il s’agit
vérifieront l’une ou l’autre des formules
( 820 )
c’est-à dire suivant que les valeurs de f/(x) correspondantes à ces racines
seront positives ou négatives. On aura donc, pour des valeurs impaires
de rm,
= (63) s—2S—a—blt+tctd+.., —g'+he
et, pour des valeurs paires de m,
(64) s—2$8—=—a+b=c+d... —gt4+ pt,
Si le nombre Z est impair, la formule (63) ou (64), dans laquelle S repré-
sente la somme d’une série convergente ordonnée suivant les puissances
ascendantes de :=#, fournira , pour une valeur impaire de m, la somme
des puissances semblables, et du degré Z, des m racines de l'équation
65) (r—a) (+0) (x—0) (x +4)... (+8) (x—H=0,
ou, pour des valeurs paires de m1, la somme des puissances semblables et du
degré L, des m racines de l'équation \
(66) (æ<+ a) (x— 0) (x+c) (x —d)...(x4+g) (x—h) = 0.
D'ailleurs étant donnée pour une équation du degré m, la somme des puis-
sances semblables des racines , des degrés représentés par les nombres
1, 3, 5, 7e. (2m—:1),
on en tire aisément, à l’aide de formules toutes linéaires, les coefficients
des diverses puissances de #7 dans le premier membre de cette équation.
On peut donc énoncer encore la proposition suivante.
»5° Théorème. La fonction f(x) étant supposée entière et de forme réelle,
et les racines de l’équation (1) inégales entre elles, on pourra déterminer
immédiatement à l’aide de séries convergentes, les coefficients d’une autre
équation qui offrirait seulement pour racines les racines réelles de l’équa-
tion (r), prises avec le signe + ou avec le signe —, suivant qu'elles cor-
respondent à des valeurs positives ou négatives de f(x).
» Corollaire. Le théorème 5° joint au 1”, suffit à la détermination de
toutes les racines réelles d’une équation -de degré quelconque. Je me pro-
pose de revenir, dans une note nouvelle, sur cette détermination, d’éclair-
cir encore ce qui a été dit ci-dessus, en montrant la méthode appliquée à
des exemples numériques, et d'établir d’autres théorèmes relatifs à la réso-
lution des équations. Parmi ces théorèmes, on doit distinguer ceux aux-
quels on est conduit, lorsque dans les formules (17), (18), (19), la valeur de
( 821 )
-æ Cesse d'être égale à ET On doit surtout remarquer.le cas où l’on
ae%V=i= 1. On peut aussi établir facilement la proposition sui-
vante :
» 6" Théorème. H (x) et &æ (x) désignant deux fonctions entières, la pre-
mière du degré 7, la seconde du degré m" cos (2gt — 20t), la valeur de cos(29— 29"), au
lieu du terme — = m'e*»® cos (2g@— 2ct), contient le terme......
_… mey* cos (2gt— 2ct), et enfin ces corrections donnent
(1— 2U + 3U*) cos (20 — 29°) =— _ me‘y® COS (2gt — 2cl).
au lieu de la valeur trouvée par M. Plana, page 731; en multipliant ce
Au
résultat par — gt On aura donc
[u] _— _. cos (2v — 2°) — _ m'ey® cos (2gt — 201).
» La troisième partie de R a été complétement omise par M. Plana;
elle produit cependant des termes dépendants de l'argument 2gf— ct,
du même ordre que ceux que nous considérons. En effet, suivant la
notation de M. Plana, nous pouvons supposer ici, r°— 1— 2U + 3U* (TE
et d’après les valeurs données page 730 (Compte rendu, n° 20,t.IV), il
est aisé de former les suivantes :
I 15 5
r'—1—26 RES EE COS 2CI—-—— 77e COS (a1=—01)-+ mes cos(2Et—2ct),
8
45 __165
16 16
15
cos (2P—20") = ST me COS CL — (£ + = me’ cos 2ct
” + cos 2Et — 2e cos (2E4 — ct) + 2e cos (2Et + ct) + ; e* cos (2Et— 2ci);
15 AU 15
(*) Au lieu de — gr" doit lire — ma dans la valeur (x) (Compte rendu, n° 20,
page 730, ligne 10); mais cette faute d'impression n’a point été suivie dans les calculs,
et n’a par conséquent point d'influence sur les résultats.
C.R. 1837, 17 Semestre. (T. IV, N° 20.) 118
( 870 )
d’où l’on conclut
15 15 15 FE 15 165
r?COS(20—20)—| —— & —_ Pme cos CE + Ge = — nes cos2ct
4 4 16
+ cos TEEN cos (2Et + ct) + ce Det cos(2Ei—a2ct).
On a d’ailleurs, d’après la valeur de s (Compte rendu , n° 20, page 733,
t IV),
s?= ao 2gt+ey"cos(2gt— ct) non cos (2E4—2gt) — = mey° cos (2Et — ct + 2gt)
+ ne y" cos (2Et— oct + 29) — — S me” cos (2E4 + 2ct — 2gt) ;
En
d’où l’on conclura enfin e
£ LE 135 15 19 15/5 15 PE à
Ga REC M NT er = )mey cos (2gt —2ct).
rs? cos (20 — 29") —
RACE ae ë
En multipliant par La cette quantité, on obtient
3m°r° ; 5
[ru] 7 S? COS (20 — 20) = — = m'e”y® cos (281 — 26ct).
En rassemblant maintenant les trois parties [1], [nu], [nr] de R, on aura
Ce 405 855 45 __4o5\ » 5
R — Fetes rie 28 mie?y® cos (2gt — 20),
valeur qui coïncide avec celle que j'ai donnée (C. R., t. IV, n° 8, p. 288).
» Quant à la valeur de la fonction [ad que calcule ensuite M. Plana,
elle a besoin d’être rectifiée en effaçant d’abord dans U, p. 735, le terme
— mer) cos (2gt — 2ct) qui ne doit pas entrer, comme nous l'avons
fait voir (C.R., n° 21, 1837), dans l'expression du rayon vecteur. Mais
cette correction, comme je m’en suis assuré, ne suffirait pas; il faut donc
supposer que quelque autre erreur aura été commise dans le cours du
calcul. Sans nous arrêter à la rechercher, il nous suffira d’observer qu'ayant
donné dans le n° 8 du Compte rendu (t.IV), un moyen facile d'éviter
le long calcul qu’on est obligé de faire quand on veut déterminer direc-
tement la valeur de de = dt, et M. Plana n’ayant fait d’autre objection
ie 63
contre notre analyse que l’omission du terme — : m°e*y? cos (2gt — act)
(871)
dans - dont nous avons expliqué le motif, on peut dès-lors admettre notre
résultat comme exact. On a donc
dR 405
[1 A cap
m°ey® cos (2gt — 201),
et par conséquent (C. R., n° 20, 1837, p. 736)
[ru] = (- ie — o)mes m'e*y" cos (2gt — 201),
équation qui assure l’invariabilité du grand axe lunaire relativement à
l'inégalité à longue période dépendante de l'angle (2gt— 2ct).
» Il nous reste à justifier la correction que nous avons faite à la
valeur de Jv ou d'nt donnée dans l'ouvrage de M. Plana. On a l'équation
(C. R., n° 20, 1837, p. 732)
dt Ta
On peut supposer ici la constante » = 1, et en désignant par d' les quan-
tités de l’ordre ?*, on aura
OL + - 20e [TE d Ra ZA
Les deux derniers termes ne produisent pas d’inégalité du genre de celles
que nous considérons dans l’ordrem. Par les valeurs calculées par M. Plana,
on a d’ailleurs
s? —ey* cos(ct — 2g1) — my cos(2Et—ct+g) + 2 enr cos (2Ët — 201 + 2g1);
= 1 + 2e cosct + Tes cos 2ct + me cos (2Et — ci);
= 2 + 2e cosct + Ême cos (2E1 — ct);
4
ID Yu
5:
LE — & ey” cos (ct —2pt) — À mey cos (2E+ — 2ct + 2g1).
On aura donc
d.dv 135 19 , 19 199 175 15 Ales
= Le 6 GS)" cos (2E4 — 204 + 2g1),
et en faisant do — A me*y* sin (2Et—2ct+2gt), on en conclura À =
comme nous l’avons supposé. »
118.
(872)
M. de Paravey adresse quelques extraits du Voyage à Boukhara de
Burnes, extraits dont les uns ont rapport à des météores ignés, les autres
à des soulèvements de terrain observés dans l’Inde.
M. Colomb-Menard transmet quelques considérations relatives à la
nature des taches du Soleil, et à l'influence qu’exercerait, suivant lui, la
présence de ces taches sur les phénomènes météorologiques.
La séance est levée à cinq heures. A.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres:
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences;
1°" semestre, 1837, n° 21.
Almanach de l'Université de France et des autres élablissements d'Ins-
truction publique; année 1857, in-8°.
Voyage autour du Monde par les mers de l'Inde et de Chine, exé-
cuté sur la corvette de l'état la Favorite, pendant les années 18530 —
1832. Histoire naturelle , 2° Nvraison, in-8°.
Mémoire sur la distribution et. le mouvement des fluides dans les
plantes; par M. Girou De BuzareiNGurs ; in-8°. (Extrait des /rnales des
Sciences naturelles.)
Voyage en Islande et au Groënland, sous la direction de M. Gaymano ;
2° livraison, in-folio.
Instruction pour MM. les fabricants de sucre indigène , sur l'emploi
du Konidomètre ; par M. Prizeran; Paris, 1837, in-8°. (M. Séguier est
prié d’en rendre un compte verbal.)
Synopsis de la nouvelle Flore des environs de Paris, suivant la mé
thode naturelle ; par M. Mérar; Paris, 1837,
Physiologie de l'espèce. Histoire de la génération de l'homme; 3° li-
vraison ; in-4°.
Des Insectes qui ravagent la vigne, dans le département de l'Hérault ;
par M. Duxar; Montpellier, 1854, in-8°. (Extrait des Mémoires de la So-
ciété d'Agriculture du département de l'Hérault.)
Séance publique annuelle de l'Académie des Sciences, Agriculture,
Arts et Belles-Lettres d'Aix ; 1855 — 1836, in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; nouvelle série, 2° année, n° 16
avril 1837, in-8°.
Observations adressed..... Observations adressées aux personnes in-
téressées soit dans les chemins de fer , soit dans les routes à barrières
(turnpikes-roads) , sur la célérité, la sûreté, la convenance et l'économie
publique et privée de ces deux moyens de transport; par M. A. Gorpos;
Londres, 1837, in-8°.
,
( 874 )
Batrgae zur.....Matériaux pour servir à une histoire géognostique
de l'Empire russe; par M. C.-H. Paxper; Saint-Pétersbourg, 1830,
in-folio. (Présenté par M. le baron de Meyendorf.)
Die gebirgsmasse.....Æssai géologique sur le groupe de Montagnes
de Davos (Suisse) ; par M. Sruver; in-4. |
Memorie del.....Mémoire sur la Muscardine pour faire suite à un
ouvrage du même auteur sur le méme sujet; par M. À. Bassi, de Lodi;
in-8°. ï
Osservazioni ed.....Observations et expériences sur la partie méca-
nique de la filature de la soie en Piémont ; par M. G. Carewa ; Turin,
1837 , in-8°.
Calendario.. ..Calendrier géorgique de la Société d'Agriculture de
Turin, pour 1838, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires ; 23° année, n° 5.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 21, in-4°.
Gazette des Hôpitaux; tome 10, n° 54—56 , in-4.
La Presse médicale ; tome 1°", n° 37 et 38, in-4°.
Écho du Monde savant; n° 70 et 71.
La Ruche , Journal d'Études , n° 7.
L'Éducateur; 2° année, n° 7. -
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
& SÉANCE DU LUNDI 5 JUIN 18537.
+
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L’ACADÉMIE.
TÉRATOLOGIE. — Sur le principe et les caractères de composition des doubles
monstres hypognathes (1) et cas analogues; par M. GrofFroy SaInr-
HILAIRE.
« C’est toujours avec fruit que lon s’est pris à repasser sur des traces
anciennement et assez habituellement suivies : douter et revoir sont avan-
tageux. Or je ressens ce besoin, en ce qui concerne les études de la mons-
truosité. Car doit-on se flatter d’être à leur égard parvenu à des notions
_ précises et de façon à en juger les questions suffisamment controversées.
Quelles routes sont dès-lors reconnues nettement praticables, quelles ont
été tenues , et quelles resteraient-encore à parcourir? Après d’anciens tra-
vaux, que j'ai faits dans cette direction , et-que quelques années après j'ai
abandonnés, dernièrement j'ai songé à m’y réengager sur le souvenir de
plusieurs arrangements systématiques, que j'avais, en 1824, formulés sous
(1) Arr. I. De la Téraiologie , science à enseigner.
CR. 1837, 1 Semestre, (T. IV, Ne 25.) 119
( 876 )
le nom d’hypognathe, et pour lesquels je n’avais fait encore que des efforts
de premier âge, en adoptant seulement des recherches s’appliquant à leur
description et à leur classification. Mon travail sur les hypognathes et cas
analogues, comme philosophie, laissait beaucoup à désirer : plusieurs dis-
cordances dans les faits, diverses conditions hétérogènes, et, en général,
de très bizarres complications dans ces arrangements, m’en avaientimposé.
Là était sans doute le piquant de plusieurs problèmes à chercher, mais pour
le moment, ils m'avaient paru insolubles; ce fut à ajourner. Si j'y reviens
aujourd’hui, c’est que je me flatte d’une chance meilleure : tel est le but de
môh présent mémoire.
» Mais, d’abord, ne rentrons dans ce sujet qu'après unerevue préalable du
passé sous ce rapport; car, n'oublions pas que de nos jours les sciences
prennent promptement une extension considérable, et, par conséquent,
soyons attentifs à ce qu'elles gagnent journellement en procédés, jJuge-
ments et marche philosophique. Gependant , les études de la monstruosité,
bien nouvelles sans doute, n’auraient-elles attendu qu’une vue de l'esprit,
pour se porter tout à coup par le mérite d'observations précises et inces-
santes, sur le caractère d’une science à fonder et à enseigner ? Je ne suis
point sans pressentiment à ce’sujet, et j’examine sérieusement cette ques-
tion; j'invoque donc de plus cette raison pour faire ce pas'en arrière.
»Au surplus, le champ de ces recherches, comme le temps à y consacrer,
se trouvent tellement limités, qu’on voudra bien peut-être m’excuser de
m’y employer un moment. Je parle, du moins, en ce qui me concerne :
les dix-sept années dernières suffisent à cette exploration.
»Jusqu’à 1820, je ne m’appliquai qu’à donner en zoologie plus de préci-
sion à la détermination des organes comparés entre eux, et à l’apprécia-
tion des parties qui les composent, afin d’en présenter une exacte notion
et arriver à une nomenclature générale et rigoureuse. De là, les quatre rè-
gles fondées et dénommées dans la préface de mon second volume de
Philosophie anatomique, dont je fs le principe synthétique de mon entre-
prise : de là cette conclusion, la plus élevée de mes recherches, haute
manifestation de l'essence des choses, que je résumai et que je proclamai
sous le nom d'Unité de composition orgariüque.
»Mon premier volume avait eu pour objet d'établir que le rapport des
êtres, l’analogie des organes et un système de connexions invariables, si
toutes les parties du plan universel étaient simultanément produites, consti-
tuaient l’harmonie générale et, d’une manière nécessaire, Vordre que l’on
remarque et que l'on admire dans l’œuvre des créations animales et végé-
( 87m)
tales. Au commencement, je n'agissais qu’à l’aide d'a-priort ; mais j'y voyais
des vues à convertir par l'étude en démonstrations à posteriori; et je pensai
ne devoir jamais me ralentir ou me détourner, en examinant deces ébauches
d'organisation, de ces arrêts de développement qu'aujourd'hui nous disons
former les éléments des études de la monstruosité. Je croyais faire mieux
de me porter par des faits exacts et oculaires, sur l'établissement de mes
propositions générales à déduire d’incessantes observations , que d’y faire
concourir des régations d’existence d’un caractère indécis, Aussi, durant
les vingt-six ans qui précédèrent l’année 1820, je m’attachai, dans les soins
que j'avais à donner aux collections du Muséum d'histoire naturelle, à refuser
ou à écarter les monstres qui s’offraient à moi de loin en loin. Ma règle
d'alors, c'était que! je me devais exclusivement à la science et aux collec-
tions de la zoologie proprement dite, ou normale.
» Je connais des collections où mes pensées de cette époque sont en-
core, aujourd’hui, en pleine vigueur , et où l’on s’interdit toujours d’ac-
cepter dans de grands rassemblements d’anatomie des ébauches plus ou
moins imparfaites de l’animalité, redoutañt d’y apporter des objets au
moins inutiles et fâcheux d’encombrement. Depuis 1820, combien, pour
mon compte, j'ai regretté d’avoir eu cette fausse susceptibilité, et combien
depuis, mon activité a pourvu à réparer cette première et fatale insou-
ciance. Le fiat lux sur ces belles questions ne m’a gagné qu'’étant déjà fort
avancé dans le cours de ma carrière.
» Mais à cet avénement dépendant de l'heure et de son moment provi-
dentiels, comme tout ce qui est du ressort du développement d'idées nou-
velles, j'entrai dans une sphère nouvelle, me livrant à d’incessantes re-
cherches sur la zoologie des monstres. Ce fut en 1820, mollement d’abord,
n'étant point assez confiant dans le succès; je persévérai cependant jusqu’en
1824, que je fus éprouvé par la vue de nouveaux arrangements lesquels j’aper-
çus gravement insolites; je les ai cités plus haut, ainsi que dans le titre de ce
mémoire sous le nom d’Æypognathes. Ces doubles monstres, dont l’un est
formé d’une tête sans autre partie compiétive, me préoccupèrent vivement, et
je renonçai à en donner la philosophie. Je tenais pour suffisant de les traiter
comme des êtres à comprendre dans la nouvelle zoologie anormale, et je
ne m’attachai qu’à décrire et à classer uniquement alors, ces nouvelles es-
pèces.
» Mais les questions philosophiques réservées, je ne doutais pas
d’ailleurs que la marche progressive des idées m'amènerait finalement sur le
mérite de leurs solutions. Tout récemment,ces pensées m’ont donc assailli,
6 119..
87e )
n'ayant poursuivi jusque dans mon sommeil. Aujourd’hui, c’est et ce fut
comme calme à retrouver, que mon parti fut pris de révoir mes premiers
essais, et d’en venir à rechercher le principe et le caractère dé la compo-
sition des hypognathes; dans l’ardeur qui me dominait d'abord, je négligeai
des précautions qui, en tous moments et occasions , devraient être tou-
jours prises ; celles d’être mformé si la question à éclaircir était restée en-
tière. Or, cette précaution prise enfin, quelle fut ma surprise d’en venir à
apprendre que, pour si peu de temps écoulé depuis mes dernières recherches,
il y avaît eu un notable accroissement. Je me trouvai ainsi avoir vérifié que
j'étais en partie dépassé. Si dans ces temps d’ure prodigieuse activité de la
culture des sciences, ce devient un désappointement fâcheux, pour ceux
qui l’éprouvent, pour moi, qui n’ai jamais ressenti de ces regrets d’un jaloux
égoisme, et qui ne vois dans les sciences que l'utilité et l'application de leurs
progrès, j'étais cette fois dans des sentiments bien nouveaux; car je me trou-
vais flatté de cette déconvenue, laquelle répandait sur moi, tout le charme,
le sentiment inexprimable du bonheur. Je m’en suis donc tenu à retoucher
à mon mémoire pour n’y laïi$ser subsister et figurer que les idées qui
sont restées les miennes; et je crois rendre service eu racontant, dans ce
premier article qui me servira d'exorde, ce que je vais exposer ci-après.
Art. I. De.la modification de ces idées devant prendre le caractère et l'autorité d'une
science nouvelle à fonder et à enseigner.
» Un ouvrage en trois forts volumes, Æistoire générale et particuliere
des Anomalies a été publié dans l'intervalle de 1820 à 1837. Le premier
volume est dans les mains des anatomistes de puis 1837, et l’œuvre entière
estprésentement achevée. Que de regrets j’éprouve de ne pouvoir n'’étendre
à son sujet, La discussion de cet article le réclamait ainsi; mais ma position
personnelle rne linterdit.
» Un premier jet de sentiment philosophique peut être considéré
comme le point initial de cette science nouvelle : et, en effet, ceci advint
à l'esprit humain, du moment qu’il eut été lancé sur ce grand sujet par une
seule réflexion de Montaigne, par cette conception, d’un sens d’essentialité
profonde et d’une grande puissance logique : les monstres ne le sont point
a Dieu (r). Réflexion magnifique qui revenait à considérer dans les phéno-
(1) Comme je pourrais dire pareillement, ou du moins par analogie, que l’appa-
rition de l’homme’sur la terre ne fut point et ne saurait être considérée comme miraclé
à Dieu. Car la'sixième journée de la création, terme des travaux de l’organisation des
( 879 )
mènes de la monstruosité, le dessein d’une infinie sagesse; pensée effecti-
vement d’une méditation profonde, à dire et a montrer les monstres comme
entrés dans l'ordonnance et lgscomposition de l'univers, et comme tout
naturellement compris en linfinité des formes possibles dans limmensité
de la création. Jusque-là , les hommes inspirés par les plus éclatantes pen -
sées, attribuaient à des caprices, aux déviations des règles et à des désordres
dans une vicieuse tendance, ces prétendues ébauches de l’organisation ani-
male, ces merveilleuses dérogations à la raison des choses, que Pline, pour
phraser en bel esprit, avait eu le malheur d'introduire et de fixer dans la
pensée publique, en jouant sur ces mots, se fourvoyant dans cette anti-
thèse, ici pour nous vrais miracles, et pour la nature des débauches de car-
naval; miracula nobis, ludibria sibi. Cette idée, que c'était des jouets et des
caricatures d’un carnaval s'était glissée même dans les Essais de l’entende-
ment humain, où Leibnitz s’oublia jusqu’à donner crédit et à la pensée et
aux expressions de cette pitoyable versification. Et, en effet, Leibnitz ren-
dant compte d’une inversion d'organes splanchniques chez un vieux in-
valide, y célébra cette circonstance, que là nature
Peu sage et sans doute en débauche,
Plaça le foie à gauche,
Et de même vice versä,
Le cœur à la droite plaça.
»L'enfance de l'humanité, pour laquelledes présomptions,au défaut d’obser-
vations certaines, conviennent provisoirement, avait bien pu se contenter de
ces tristes conceptions et croyances. Mais du moment que la raison de
l'infinie sagesse des choses fut invoquée, le sentiment qui préside à l’har-
monie défous arrangemens quelconques excluait l’association et le rapport
de ces termes organisation et anomalies. Aussi à ses admirables facultés
d’intuition et à sa puissance de logique, Montaigne a dû de poser son
principe philosophique comme l’élément d’une science nouvelle. Il.y eut
choses, entrait nécessairement dans les conditions de l’ordre universel, et se trouvait
ainsi avant. les temps, comprise dans les prévisions divines.
»Pour Dieu , à l’un des jours de l'éternité, jour d’un ayénement providentiel et nom-
… mémentprescrit, les développements du progrès continu et incessant à l'égard de la marche
des choses, avaient à produire un certain monde ambiant et conditionnel, de telle sorte
que fussent , en des rapports réciproquement convenables, et la nature de l’atmosphère
terrestre et celle de Vorgauisation pulmonaire. 11 y aura un jour dans l’humanité savoir
et science nouvelle à ce sujet.gÂinsi point là, comme partout , point miracle à Dry.
ce
( 880 )
bientôt illustration et savoir des cas rares. La pensée synthétique qui s'y
applique reçut dans l'Histoire des anomalies le nom de tératologie. Ce grand
fait de la vie des choses figure donc aujougd'hui comme un flambeau de
plus pour pénétrer dans la connaissance de Ce qui forme présentement les
éléments essentiels de l’organisation. La tératologie serait une sœur à réunir
pour son importance et ses services aux autres sciences du même rang , la
physiologie; \a pathologie, la zoologie, etc. On n’en fait point encore mention
dans nos combinaisons d’ordre public pour la faire enseigner; mais c'est
comme nouveauté et uniquement pour cela : on dirait effectivement la
Minerve antique armée de pied en cap et toute puissante, au sortir du cer-
veau de Jupiter. Certes, nous n’avons pas besoin de nous inquiéter de l’a-
venir de cette science: elle saura très bien faire sa trouéeet fournir à son par-
fait avénement : car la philosophie a encore plus besoin d'elle que d’aucune
autre de ses sœurs. La tératologie appelée à devenir leplus puissant moyen
de sonder d'aussi grands mystères, ceux des plus inextricables données
de composition organique » en viendra à prendre le premier rang
dans la famille de nos enseignements. Car elle apporte nettement pour
notre espritses matériaux bien dévoilés, dès que, ce quiles constitue comme
perturbateurs de l’organisation régulière, sont des obstacles chaque fois
sensibles et pour les yeux de l’esprit etpour ceux du corps. Le zisus forma-
tivus qui engendre à bien les formations régulières, résulte de la racine, de
l'essence et de la capacité du germe, combinés avec les réactions toutes
puissantes, l'influence et la simultanéité nutritives du monde ambiant en
travail des opérations ordinaires : puis, le nisus formatious, à son tour, en-
gendre à mal,et accidentellement, quand le second terme de ce concert d’ac-
tions est entrainé dans des voies perturbatrices.
» Voilà donc des expériences que nous serions désireux de + nous-
même , qui sont toutes faites par la nature etdont nous n’avons qu’à suivre
les effets, de manière à en comprendre, non pas seulement les merveilleux
rapports , mais leurs actions simples, nécessaires et conséquentes.
» Ainsi, laissons faire au temps pour qu’il y ait prochainement enseigne-
ment de la tératologie, enseignement que j'appelle de mes vœux aussi bien
dans les écoles d’histoire naturelle que dans celles de médecine; ou mieux,
je crois cela déjà en voie de développement, en conséquence de plu-
sieurs efforts individuels et très certainement à la grande satisfaction du
public étudiant. Laissons, dis-je, faire au temps; car l’histoire de la
science en test pEfseniement rédigée de telle sorte, que l'exécution de
cette œuvre, a mérité qu'un très savant critique faisant partie du haut
-
( 881 )
professorat de Paris (1), n’ait pas craint de déclarer cette rédaction un mo-
nument à placer sur la ligne du genera plantarum , à devenir le livre clas-
sique de notre âge , et à devoir figurer comme le code et pour ainsi dire
l'Évangile d’une nouvelle doctrine; véritable réformation d'idées surannées.
» Ce serait le moment de faire suivre cette exorde des hautes considéra-
tions sur la nature des doubles monstres, zypognathes , épicomes, etc.,
de l’'énumération de mes vives et ardues difficultés, Car là, c’est à conce-
voir comme deux germes, le produit d’une même conception, lesquels font
profiter le bénéfice tératologique d’une rupture survenue à leurs mern-
branessplacentaires, de manière à ce que les têtes des deux sujets soient
seules soumises au phénomène d’un affrontement mutuel, et se trouvent
par cela même entrainées à se souder définitivement.
» Un autre résultat qui influe pareillement sur ces genres de monstres
d'inégal volume et de condition si diverse » C’est que l’un des ger-
mes parcourt seul entièrement tout le cercle de ses développements possi-
bles, quand l'autre aboutit uniquement à ne produire qu’une tête au plus,
etmêmecette tête dansun état plusou moins complet. Cesecondindividu vit
en parasite sur le grand sujet: Ainsi la marche de ces développements très
divers comprend l'association et la merveilleuse simultanéité de deux es-
sences d’âges et de constitutions différentes, comme nous pourrions le
constater en admettant la jonction de deux âgesdans leurs formes respec-
tives chez une même espèce; et pour rendre ceci sensible, comme
seraient par exemple l’état de la grenouille et celui du tétard; ou dans les
familles végétales, le noyau d’un sujet à fleurs jaunes greffé sur un individu
adulte et à fleurs rouges.
» Mais ce n’est point l'élément philosophique de cette grande considéra-
tion et comme je pourrais dire autrement, l’amalgame d’un embryon et
d’ün sujet adulte qu’il m'importe aujourd’hui d'approfondir : c’est chose
déjà faite et avec une sagacité bien remarquable dans l’histoire dela téra-
tologie. Je suis principalement préoccupé de quelques circonstances de ces
arrangements où j'avais cru remarquer qu’existaient les éléments d’une
objection insurmontable contre les principes de ma loi d'attraction de soi
pour soi. 1 |
» Or, ce fait qui dominerait toute ma carrière scientifique et la réduirait
à une futile entreprise, je me flatte d'en donner une heureuse solution :
j'en réserve la discussion , pour être présentée dans les articles suivants. »
PR A RE OS RS den pee 00) NI AARON P4 PUINT EAN
(1) M. le professeur Requin, dans la Gazette médicale.
( 882 )
ÉLECTRO-CHIMIE. — Æxtrait d'une lettre de M. Crosse 4 M. BECQUEREL.
Londres, { mai 1837.
« Je commence par vous envoyer quelques échantillons très imparfaits
de substances obtenues par l'action électrique. J'aurais désiré qu’il fût en
mon pouvoir de vous offrir de meilleurs résultats. J'ai encore d’autres
minéraux maintenant en expérience, mais il s’écoulera plusieurs mois
avant que je me hasarde à les retirer de leurs solutions, D'ailleurs 1l y en
a d’autres qui sont trop délicats pour supporter le transport et que je ne
pourrais même pas emporter à Londres à cause de leur fragilité. Depuis la
relation détaillée faite à Bristol, j'ai réussi à former plusieurs autres subs-
tances; j'en ai produit une trop grande quantité pour les énoncer en
particulier quant à leur mode de formation. Ma dernière formation est un
sur-sulfure non encore examiné convenablement, mais contenant une
forte proportion de soufre et une petite proportion de plomb, de cuivre et
île zinc; c'est une substance entièrement nouvelle qui cristallise en aiguilles.
Quand ce composé commence à se former, il est d’une couleur cramoïisie
magnifique, variant ensuite de celle-ci au rouge écarlate brillant avec une
couleur orange. On se le procure de la manière suivante : on prend une
terrine qu’on emplit d’hydro-sulfure de potasse, et on la place dans un
vase de verre qu'on remplit d’une solution de sulfate de zinc. On prend
ensuite un petit arc de plomb et de cuivre, le plomb va plonger dans l’hy-
dro-sulfure de potasse et le cuivre dans le sulfate de zinc. Il faut encore
plonger un fil de cuivre recourbé assez fort dans les deux solutions, un
des bouts dans le sulfure alcalin et l’autre dans le sulfate ‘de zinc;
des cristaux en aiguilles, d’une couleur rouge brillante partant d’un
centre commun entourent l'extrémité de fil du cuivre dans la solution
alcaline. Cette substance n'éprouve aucune action de la part de
l'acide muriatique, mais elle prend alors une couleur très noire.
Enajoutant quelque gouttes d'acide nitrique elle est décomposée et flotte en
grande partie à la surface du fluide, c’est alors du soufre pur. Le reste ne
renferme plus que du plomb, du cuivre et du zinc en petites proportions.
Ily a trop peu de temps que jai formé cette substance pour que j'aie pù
l’examiner autrement qu'avec une très grande rapidité.
» Parmi les substances que M. Crosse m’a envoyées, ajoute M. Becquerel,
on distingue 1° de jolis cristaux de sulfure de zinc, formés sur un fil de
cuivre, au pôle positif, tandis qu’au pôle négatif sur un fil également de
( 883)
cuivre il s’est déposé des cristaux de soufre; M. Crosse ne dit pas la
dissolution qu’il a employée :
» 2°. Du peroxide de fer mamelonné, sur du cuivre enroulé autour d'un
morceau de fer spéculaire, en rapport avec le pôle négatif. Le liquide
employé était une solution de proto-sulfate de fer.
» De l'or en dendrites formé au pôle négatif, dans une solution d’or
sur de l’argile lésèrement durcie au feu. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la constitution météorologique du mois d'avril 1837,
dans le midi de la France; extrait d'une lettre de M. n’Homeness
(FrrMaAs).
Alais , 28 mai 1837.
« ... Il résulte des communications faites à l’Académie far M. Arago,
que le mois d'avril 1837 n’a offert, à Paris, rien de bien'extraordinaire,
ni sous le rapport de la température, ni sous le rapport de la quantité
de pluie; mais les personnes qui représentaient ce mois comme offrant un
cas tout-à-fait exceptionnel, prétendaient qu’il l’avait été d’une manière
plus sensible encore dans le midi de fa France, que les orangers et les oli-
viers avaient péri en Provence, que nos muüriers étaient gelés, etc.
» De retour depuis trois jours dans ce pays, je me suis hâté de eompul-
ser mes anciens registres météorologiques, avec les observations que mon
fils continue de faire, et j'ai pris des informations sur les désastreux effets
attribués à la température de ce mois.
» J'ai calculé que depuis 1802 jusqu’à présent, la température moyénne de
l'air en avril, avaitété Æ13°,3; pour les observations du matin +9’, 55; pour
V Set —+16°,5,etc.; que les plus grands degrés de froid en avril, avaient
été + 1° en 1809, + 2°,75 en 1822. Les gelées blanches du mois d'avril
qui font quelquefois tant de tort à nos müriers, ne font pasdescendre tou-
jours le thermomètre à l'air libre jusqu’à zéro.
» Le jour le plus chaud, en avril, avait fait monter le thermomètre
à 28° en 1819 et 1820.
» La moyenne température d’avril en 1814, fut+ 15°,5, en 1819, +16,4,
en 1820, + 17°; ce sont nos mois d'avril les plus chauds.
» La moyenne de 1813 et 182 fut + 11°,5, en 1816, + r1,75. Ce sont,
au contraire, uos mois d'avril les plus froids.
» Année moyenne, en avril, ia pluie qui tombe à Alais de jour —39,7 mil-
limètres, la pluie de nuit 44,1 mill., total 83,8 miil. pour ce mois.
» En 1816, le mois d'avril fut le plus pluvieux que j'ai observé, il plut
C. R. 1837, 197 Semestre. (T. IV, N° 95.) 120
( 884 )
16 fois de jour , et 13 fois de nuit. Il tomba 108,55 mill. d’eau de jour et
152,1 mill. de nuit, = 260,65 mill.
» Les mois d'avril les plus pluvieux après celui que je viens de citer, sont
celui de 1820, qui me donna 154,5 mill. d’eau, et celui de 1828 qui m'en
donna 139,5.
» Le mois d'avril de 1817 fut le moins pluvieux depuis 1802 jusqu’en
1837. Il ne tomba que 0,75 de pluie. En 1807, j'en mesurai 8"",8, et
10 miil. en 1824.
» En avril 1837, les minima du thermomètre ont été — 0°,5 le 11, +0°
le 12,+ 1° le 10, + 2° le 7, vers le lever du soleil.
» Le 12, il tomba de la neige sur les montagnes des environs, il y en avait
beaucoup sur Ja Lozère, et les vents du nord qui ont été dominants, la
traversaient et mous apportaient ces froids dans nos vallées.
» Les maxima d'avril dernier ont été + 25° le 30, à midi et demi,
+ 219,5 le 27 à 1 heure et le 26 à 2 heures.
» Le médium des observations faites à 6 heures du matin + 6°,77, celui
des observations du milieu du jour + 14°,6. Celui de la somme de toutes
les observations du mois + 11°,25.
» Il a plu deux fois seulement en avril, le 5 et la nuit suivante, la nuit du
14 et tout le lendemain. La quantité d’eau mesurée fut 78 millimètres.
» Il y a eu de fréquentes rosées et quelques gelées blanches.
» On peut donc conclure quele mois d’avril 1837 a été de 2 degrés terme
moyen, plus froid que dans les trente-cinq années précédentes; que le plus
grand degré de chaleur a été de 3 degrés moindre que les maxima ( à la
véritéextraordinaire) d'avril 1819 et 1820; et que le minimum de ce dernier
mois d'avril à, dépassé de o°,5 le plus grand froid observé dans ce
mois. Je ne crois cependant pas devoir qualifier d’extraordinaire la CRE
rature du mois d'avril 1837. -
» Quant à la pluie, j’ai remarqué des années bien moins Pluvieuses: Inaïs
année moyenne, il tombe en avril près de six millimètres de pluie , de plus
que celle-ci. En l’année 1811, que je citerai parce que M. Arago l’a donnée
pour terme de comparaison, le maximum en avril fut à Alais + 24°,4, le
minimum —+ 7°5, le médium + 15°.
» Il plut 7 fois de jour, 5 fois de nuit, qui produisirent 730",5+-617,
= 1347",5.»
( 885 )
MÉGANIQUE ArPLIQUÉE. — Deuxième note relative à un mécanisme propré
à régulariser spontanément l'action du frein .dynamométrique; par
M. PoncELer.
« Dans une première note lue à l'Académie des Sciences le lundi 8 mai
dernier, et quise trouve insérée à la page 686 du Compte rendu de la séance
du même jour (1), j'ai donné la description d’un mécanisme qui remplit cet
objet au moyen de deux portions de vis sans fin, engrenant, de part et
d'autre, dans deux pignons dentés servant d’écrous aux vis de pression du
frein, et qui, dans les oscillations du levier, devaient être sollicitées à se
mouvoir, tantôt dans un sens, tantôt dans le sens contraire, de manière à
s'opposer aux trop grandes excursions de ce levier par rapport à sa position
moyenne, à peu près comme cela a lieu dans le dispositif ordinaire dont
les écrous sont manœuvrés à la main par un homme préposé à cet effet.
» Parmi les mécanismes propres à atteindre ce dernier but, et qui,
je le répète, ont la plus grande analogie avec le système d’ernbrayage
employé dans le régulateur à force centrifuge, j'avais indiqué l'emploi
d’une poulie montée sur un manchon à griffes, tournant et glissant
à frottement doux sur l'arbre des vis sans fin, et mise en action, soit
continûment au moyen d'une corde passant sur une autre poulie
concentrique à l'arbre moteur de la machine, soit d'une manière
intermittente et dans le sens tranversal , au moyen d’une fourche immo-
bile dans l’espace pendant les oscillations du levier du frein. Malheureu-
sement l'explication que j'ai donnée de ce mécanisme tendrait à faire
croire que le premier de ces arbres n’est formé que d'une seule pièce,
auquel cas évidemment, l'embrayage de droite et de gauche de la poulie à
griffes, ne procureraitaux écrous dentés qu’uneseule espècedemouvement,
‘tandis que, pour leur en faire prendre deux en sens opposés, il est
absolument nécessaire de composer l'arbre dont il s’agit de trois pièces
indépendantes, dont les extrêmes, soutenues chacune par un couple
de coussinets, portent respectivement les vis sans fin, qui doivent
être filetées en sens inverses si celles qui produisent la pression du
frein ne le sont elles-mêmes, et dont la partie intermédiaire, recevant la
poulie à manchon d'embrayage, est supportée à ses deux bouts, par des
(i) Il faut dans cette première note corriger , page 684, cinquième ligne en descen-
dant, une faute typographique qui altère un peu le sens de la phrase : au lieu de assez
efficacement, lisez aussi efficacement,
120.
( 886 )
tourillons tournant, sans glisser, dans des cavités cylindriques pratiquées
aux extrémités des deux autresparties d'arbre. On conçoit, en effet, qu’alors
l'embrayage de droite, par exemple, faisant serrer l’écrou quilui correspond,
celui de gauche fera, au contraire, desserrer l’autre écrou de mañiëre à
diminuer le frottement du frein que le premier tend à augmenter. Mais,
commecedispositifne laisse pas que de présenter une certainecomplication,
et qu'il a l'inconvénient de ne point faire agir symétriquement les vis de
pression du frein, nous croyons rendre service aux personnes qui seraient
appelées à faire usage d’un semblable appareil, en saisissant l’occasion que
nous offre cet seconde note, pour décrire, à l’aide d’une figure, une autre
combinaison qui n’a pas l'inconvénient dont il s’agit et se rapproche
davantage des dispositifs déjà employés dans le régulateur à force
centrifuge.
» La figure 1" représente le plan du frein supposé horizontal et vu
par-dessus ; la fig. 2 est une coupe verticale par un plan perpendiculaire à
l'arbre moteur de la machine et comprenant la face antérieure du levier :
les mêmes lettres correspondent aux mêmes objets dans l’une et l’autre f-
gure dont la légende qui suit rendra l'intelligence facile. Ê
» AA, levier en bois du frein; — BBB, collier àgorge en fonte d’id, éta-
bii, d’après la méthode de M. Egen, sur l’arbre horizontal C, C de la ma-
chine dont on veut mesurer le travail disponible; —1I, I,I vis servant à cen-
trer la gorge du collier par rapport à l'axe de cet arbre, avant que de garnir
de coins enboisl’intervallequiles sépare; — DD, DD, vis de pression servant
à bander symétriquement la chaîne de friction, à plaques articulées, qui
embrasse la gorge du collier BBB;—E, E, écrous dentés de ces mêmes vis,
conduits par les vis sans fin &, a, montées sur l'arbre FF, composé d’une
seule pièce, et dont les filets ont des directions respectivement parallèles,
ainsi que ceux des vis précédentes, afin de les faire agir de la même manière
sur la chaîne de friction ; — GG; poulie motrice du régulateur, mise en mou-
vement par la corde sans fin GH , GH, qui passe sur une autre grande poulie
faisant corps avec l'anneau du collier de friction, on qui est montée à part
sur l’arbre CC de la machine ; — bb, roue d’angle fixée sur l’arbre horizon-
tal de la poulie GG, et conduisant simultanément les deux roues d’an-
gle cc, ce, qui tournent à frottement doux sur l'arbre FF des vis a, a;
— 00 manchon à griffes embrayant alternativement avec les roues d’angle
cc, lorsque sa gorge vient à être poussée, de droite ou de gauche, par le
bouton ou la fourche dont est armée l’extrémité de la verge à, qui reste
fixe dans l’espace pendant que le levier AA, du frein, oscille de part et
( 887 )
d’autre de sa position moyenne; — KK, chevalet servant à soutenir la tige
dont il s’agit.
» Le manchon d'embrayage o 0, qui est susceptible de glisser à frottement
doux le long de son arbre FF, ne peut, au contraire, tourner sans l'en-
trainer dans son mouvement, quand il est uni avec l’une ou l’autre des
roues d’angle cc, cc; ce qui produit l'effet désiré sur les vis de pression
DD, DD du frein. -
» Les fig. 1 et 2 étant d’ailleurs construites à l'échelle commune de
cinq centimètres pour un mètre, elles donnent une idée suffisante des pro-
portions que doivent recevoir les principales parties du mécanisme. »
( 888 )
Sur la proposition de M. Lacroix, la section de physique est invitée à
se prononcer, dans la séance prochaine, sur cette question, savoirs’il yalieu
d'élire à la place devenue vacante dans son sein, par la mort de M. Girard.
La section de chimie déclare, par l'organe de M. Thénard, que son avis
est qu’il y a lieu d’élire à la place devenue vacante dans son sein par le
décès de M. Deyeux.
L'Académie consultée, par voie de scrutin, sur cette question, la résout
à l'unanimité par l’affirmative.
M. Warden présente le plan d’une ancienne ville américaine dont les
ruines ont été découvertes dans le territoire de Wisconsin, à peu de distance
de la ville de Milwankee.
MÉMOIRES LUS. :
M. Texier commence la lecture d’un mémoire sur la question de la con-
d -
tagion de la peste en Orient. Cette lecturesera continuée dans une prochaine
séance.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
cuite oRGANIQUE. — IVouvelle méthode d'analyse pour l'évaluation des prin-
cipes constituants de matières organiques; par M. PErsoz.
( Commissaires , MM. Gay-Lussac, Thénard, Chevreul. )
céonésie.— Expériences sur la direction du fil à plomb; par M. Juzes Guxor.
(Commissaires, MM. Arago, Savary. )
ÉCONOMIE “RURALE. — Mémoire sur les vers à soie, et principalement sur la
constitution robuste de ces insectes, pour faire suite aux Nouvelles consi-
dérations sur les moyens de doubler en France les récoltes de soie; par
M. Lorsereur-DesLoNGcHAMPs.
Ce mémoire est renvoyé , comme l'avait été celui dont il forme le sup-
plément à la Commission du concours Montyon.
( 889 )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Vote sur des perfectionnements apportés aux ban-
dages herniaires , inguinaux et ombilicaux ; par madame Veneaux.
( Commissaires, MM. Roux, Breschet. )
CORRESPONDANCE. et
M. de Jussieu fait hommage au nom de l’auteur, M. Moris, professeur
à l’Université de Turin, du premier volume de la Flore de Sardaigne et
d’un atlas de 72 planches qui l’accompagne. Cette partie, qui forme le
quart de l'ouvrage entier, comprend les plantes dicotylédones polypétales,
au nombre, de 410 espèces réparties dans vingt familles. « On sait, dit
M. de Jussieu, quele littoral de la Méditerranée forme dans une zone d’une
certaine étendue, et avec les îles baignées par cette mer, une région botäni-
que tout-à-fait naturelle etintéressante sous de nombreux rapports. La Sar-
daigne, la plus grande etla plus centrale de ces îles, était en même tempsla
moins connue relativement à sa végétation. Un séjour de six ans qu'y à fait
M. Moris et qu’il aemployéà parcourir l’île dans tous les sens et dans toutes
les saisons, lui a permis d’y recueillir des matériaux à peu près complets,
qu'il fait connaître aujourd'hui après une étude de plusieurs années. La
lecture de son ouvrage prouve combien cette étude a été consciencieuse
etéclairée. Il a consulté les ouvrages de tous les botanistes qui ont traité de
quelque point de la flore méditerranéenne, il a autant que possible comparé
à leurs plantes mêmes, celles qu’il avait à décrire, et ila pu ainsi donner une
synonymie extrêmement détaillée, qui épargnera bien des recherches à ses
successeurs. Chaque espèceesten outreaccompagnée d’une description com-
plète et soignée: l’auteur la suit dans toutes les formes diverses qui la va-
rient en apparence suivant les temps et les lieux. La Flore de Sardaigne, et
par l'intérêt du sujet et par la manière dont il est traité, prendra place au-
près des ouvrages classiques de la flore méditerranéenne. »
GÉOLOGIE. — Sur le mode de formation de l'ile Julia; extrait d’une lettre
de M. CowsTanT PREVOST.*
«... Non-seulement il n’a pu entrer dans ma pensée d’élever un doute
sur l’exactitude des observations de M. J. Davy, mais encore je me serais
appuyé du témoignage de ce savant, si, dans ma première lettre, j'avais cru
devoir entrer dans une discussion suivie, relativement au soulèvement
( 890 )
sn du fond de la mer avant l'apparition de l’île Julia. En effet :
*. M. J. Davy confirme ce que j'ai avancé, c’est-à-dire que le 5 août 183r
le volcan était en très grande activité, et qu’il ne put aborder l'ile.
» Quant aux importantes observations thermométriques qu’il rapporte,
en voici l’analyse et les résultats :
Toutes les températures de l’eau de la mer ont été prises à /a surface de celle-ci.
À 2 ou 3 milles du volcan (distance estimée à l'œil),
Fabreinh. centig,
on trouva...... Be de RG Se Docetlee MENT 80° — 26°,67
Au vent la température varia de............ ..... 78 à 70° — 25°,56 à 26°,11
Sous le vent elle était plus basse.
A environ 20 Pin (distance estimée 4 œil), ele
TOMBA ae entiere bee ste en e DELL Pate 70° — 219,71
Plus près, c’est- Ya 6 ou 8 yards trayee .. elle
remonta à....:....... Honor dd 001 tE Soie 72%— 22°,22
À environ 1 mille sous Le vent, l’eau trouble donna. . 76° — 24°,24.
Dans le même lieu, et à côté, l’eau claire donna..... 79° = 26°,11
» Les physiciens et les météorologistes de profession pourront admettre
l’une des explications proposées par M. J. Davy; peut-être chercheront-ils
d’autres causes dans la direction et ia variation du vent, dans l’action des
courants, dans l'évaporation irrégulière due à la naute température pro-
duite localement par les éruptions et le massif brülant de l'ile, dans l’ascen-
sion d’une immense colonne de vapeur aqueuse, ou dans l’apparition pas-
sagère de nuées de cendres et lapilli, etc., etc.; mais aucun géologue
observateur ne pourra, je le pense, trouver dans de telles variations de tem-
pérature de la surface de la mer, la preuve du soulèvement du fond
solide de celle-ci.
» 2°, Dans le même mémoire, inséré dans les Transactions philosophiques
de la Société royale de Londres, M.J. Davy a donné une carte de l'ile Julia,
levée à vue, vers la fin du mois d’août 1831, par le capitaine Woodehouse,
commandant le brick anglais, le Feret.
» Sur cette carte, et pour toute la circonférence de l'ile, sont cotés plus
de cent sondages.
» En calculant les inclinaisons du sol subrmmergé, d’après ces données, un
ingénieur hydrographe trouverait par exemple :
Sur 6 opérations au nord, des pentes inclinées variant de 16° à 25°
Sur 5 à OUEST. RM Lie SCT . de 15° à 38°
À A EE ST OPA ae EAN de 16° à 28°
Lo FPE up { ; RER" de 30° à {9°
Sur 6 afPestsis lenen tes PRÉRUTOES de :6°à 28°
(891)
» Les opérations de sondage du capitaine Woodehouse, faites dans le
même but nautique que celles du commandant de la Flèche, ont, à cer-
tains égards, plus d'importance, par la seule raison qu’elles constatent
un état de choses moins éloigné de l'époque d'apparition de File;
la différence des sondes d'août et des sondes de septembre, devient la clé
des curieux phénomènes qui ont eu lieu sous les eaux. Elle montre
jusqu’à l'évidence que la base submergée de Pile Julia, formée aussi en
partie de matières meubles projetées, a été dégradée et ravinée par les
vagues et par les courants, lesquels ont transformé les pentes douces et les
talus naturels du mois d'août, en pertes rapides et en falaises à pic au mois
de septembre, causes et effets qui ont précédé et ont amené la destruction
successive et la disparition de l'ile qui, en décembre , n'existait plus.»
«M. Savary , à l'occasion de la lettre précédente, fait remarquer que
parmi les pentes, calculées d’après les sondages de M. Woodhouse lui-
méme , il s'en trouve qui excèdent de beaucoup celles des matières meu-
bles; qu’au surplus ce n’est pas d’après des pentes moyennes, mais d’après
les inclinaisons maximum, que la question peut se décider. M. Savary
ajoute qu'il ne veut point, au reste, s'engager dans la discussion; que ce
sera à M. Arago à apporter, s’il le croit nécessaire, de nouvelles preuves à
l'appui de son opinion; M. Savary n’a pris la parole que parce que
M. Arago, obligé de s’absenter de la séance, l’a chargé de mettre sous les
yeux de l’Académie le relevé des sondages faits aux environs de l’île Julia,
“et écrit d’un bout à l’autre de la main du capitaine Lapierre. Ceux qui vou-
dront jeter les yeux sur cette note, reconnaîtront la difficulté qu’il y aurait à
admettre que deux pages de nombres tous indépendants les uns des au-
tres, qui n’offrent aucune suite, aucune régularité, aient été ainsi écrits
sur de simples souvenirs. »
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Configuration de l'ile de Téneriffe.
M: Berthelot técritirélativement aux ‘observations faites par M. Pen-
tland sur la visibilité du pic de Ténériffe du côté oriental de l'ile. « Je savais
déjà, dit-il, que le pic était visible de ce côté à une certaine distance en
mer, et je l’ai clairement indiqué dans la planche 16 de l’histoire naturelle
des îles Canaries (Part. hist.) La partie de l'ouvrage cité où je traite
la question qui a donné lieu bien malgré moi à une discussion est
parfaitement d'accord avec ma planche; mais on a donné à mes paroles une
C.R. 1837, 1@r Semestre. (T. IV, N° 95.) 121
( 892 )
trop grande extension. J’aidit, etjesoutiens toujours que, l'interposition des
montagnes de la bande méridionale empêche d’apercevoir le pic, non-seu-
lement de tous les points du littoral compris entre le môle de Santa-Cruz
et le port deSantiago, mais encore de plusieurs lieues en mer, pour cer-
taines positions de l'observateur. D'après la route qu’a suivie M. Pentland,
il devait voir le pic; il ne l'aurait pas vu s’il avait été plus rapproché de la
côte. Ses assertions n’ont donc rien de contradictoire avec les miennes ;
cependant peut-être serait-il bon que de nouvelles observations fixassent
les limites dans lesquelles les unes et les autres sont exactes.
« M. Berthelot fait encore remarquer qu’un assez petit déplacement, dans
lequel la distance de l'observateur, par rapport au pic, reste toujours la
même, peut faire cependant que ce pic soit tour à tour masqué et démas-
qué par les montagnes des Cañadas, suivant qu'on se trouve en face d’un
des points culminants de: cette barrière de rochers, ou devant un des cols
qu’elle présente.»
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Carte de Ténériffe.
M. Tardieu, dont le noms’est trouvé mêlé dans les discussions qui ont eu
lieu relativement au degré de confiance que méritent les différentes cartes
de l'ile de Ténériffe, adresse, quelques explications à ce sujet. « Lorsque
cette question, dit-il, fut agitée pour la première fois, une personne dont
je n’ai pu connaître le nom avança, dans un article de journal, que j'avouais
être l'inventeur de la carte publiée sous le nom de M. de Buch. J’adressai
aussitôt au Journal dans lequel avait paru l’article, une réponse
qu'on refusa d’y insérer, quoiqu’elle fut conçue dans les termes les
plus modérés, et d’autres journaux, auxquels j'adressai plus tard ma récla-
mation, la rejetèrent également. Aujourd’hui que la lettre de M. Pentland
vient de ramener sur les cartes de Ténériffe l'attention de l'Académie, je
crois devoir renouveler devant elle un désaveu auquel j'aurais voulu depuis
long-temps donner toute la publicité possible. Je déclare donc que j'ai gravé
la carte de Ténériffe d’après un dessin fait entièrement de la main de
M. de Buch. Ce dessin, qui a coûté à l’auteur plus de trois mois de travail,
est exécuté à la plume avec une grande perfection, et ma gravure en est
une reproduction aussi exacte que je l'ai pu faire. »
( 893 )
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Direction des aérostats.
M. Durier demande que l’Académie veuille bien faire examiner un appa-
reil à l’aide duquel il pense avoir résolu le problème de la direction des
aérostats.
M. Poncelet est prié de prendre connaïssance de l'appareil de M. Durier.
À quatre heures et demie l’Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures. F.
121.
( 894 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE,
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1” semestre, 1857, n° 22.
Société Royale et centrale d'Agriculture. — Rapport sur le concours
pour des ouvrages , des mémoires et des observations de médecine vétéri-
naire pratique. Séance du 2 avril 1837 ; par M. HuzarD père ; in-8°.
Leçons sur les Phénomènes physiques de la vie; par M. Macennir;
leçons 14 — 16, in-8°.
Traité pratique du Lessivage du linge à la vapeur d'eau; par M. Bour-
exon DE Layre; Paris, 1837, in-8°. (Cet ouvrage est réservé pour le con-
cours des arts insalubres , 1837.) é
Manuel réglementaire des officiers de santé des hôpitaux militaires et
des corps de troupe ; par M. Purz; Metz, 1857, in-8°.
Cours de Mathématiques pures ; par M. Francoeur ; 2 vol. in-8°.
Mémoire sur l’Invariabilité du grand axe de l'orbe lunaire ; par M. »e
Poxrécouranr; brochure in-8°.
Précis de la Géographie universelle , par Mazre-Brus ; nouvelle édition ,
par M. Huor; tome 12,in-8°, et 12° livraison, atlas.
Rapport sur la Culture du märier et les éducations des vers à soie ,
dans les environs de Paris , en 1836; par M. Lorsereur-DEsLONGcHAMPS,
rapporteur. — Société Royale et centrale d'Agriculture.
Mémoire sur la spécialité des nerfs des sens ; par M. Pezceran ; Paris,
1837 ,in-@,
Notice sur les Grès bigarrés de la grande carrière de Soultz-les-Bains ;
par M. Vorrz; in-4°. Pa
Recherches sur les Ammonites , les Bélemnites et les fossiles connus sous
le nom d'Aptychus, Trigonellites, eëc.; par le méme ; brochure in-8°.
(Extrait des séances du 16 novembre e t 6 décembre 1856, de la Société
d'Histoire naturelle de Strasbours. )
Notice sur les Éssais de culture qu'on pourrait faire du thé en France;
par le docteur Murar; in-8°.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; par M. »'Orsienx ; 24° livraison,
in-4°.
Galerie ornithologique ; par le méme; 18° livraison, in-4°.
( 895 )
Physiologie de l'espèce. Histoire de la génération de l'homme; 4° li-
vraison , in-4°.
Recueil manufacturier, industriel et commercial ; 2° série, n° 39, in-8°.
Annales de la Société Royale d'Horticulture de Paris ; tome 20, 115° li-
yraison, in-8°.
Annales de la Société Royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts
d'Orléans ; tome 14, n° 6, in-8&°.
Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de
Maine-et-Loire; n° 1, 8° annce, in-8.
The Journal of...Journal de la Société Royale de Géographie de
Londres ; vol. 7, 1"° partie, in-8°, Londres, 1837.
Astronomische..... Nouvelles astronomiques de Scnumacaer ; n° 328.
Flora Sardoa, seu historia plantarum in Sardinié et adjacentibus in-
sulis sponte nascentium, vel excultarum; par M. H. Morris; vol. 1°,
Turin, 1837, et 1 vol. de planches, in-4°.
De Floribus in statu fossili. Commentatio botanica ; par M. H.-R.
Gôrrerr, in-4°.
Academia Reale....Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de
Turin ; tome 39 , in-4°.
Traité de Médecine pratique ; 15 septembre 1836, 17° livraison, in-8°.
Journal de la Société des Sciences physiques, chimiques, et Arts
agricoles et industriels de France, sous la direction de M. Jura D
FonTenezce; 5° année, avril 1837, in-8°.
Journal d'Agriculture, Sciences , Lettres et Arts, rédigé par les
membres de la Société Royale d'Émulation de l'Ain; n° 4, 17° année,
Bourg, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 22.
Gazette des Hôpitaux ; tome 10,n° 63 — 65.
La Presse médicale ; n° 43 et 44.
Écho du Monde Savant; n° 74.
( 896 )
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en sorte que box sera représenté Die 1 et l’on aura
1 À «
2°m'90
3
» Pour se faire une idée de ces nombres, faisons m— 5 À = 04,000,
a— 20°; m et m(1—+0®) deviendront dans ce cas = et - S(r + Te —). Cette
fraction ,;35s est au-dessous des plus petites ue réfractions ordinaires
qui aient été observées.
» 3. Si l'on met à la suite l’un de l’autre, deux prismes de cristal de
roche formant un parallélépipède que la lumière parcoure suivant l’axe
du cristal, et que les deux prismes soient de rotations contraires, on sait
t
( 903 )
que celui des deux qui donne la plus grande vitesse à l’un des faisceaux cir-
culairement polarisés , donne, au contraire, à l’autre, la plus petite vitesse,
et réciproquement , en sorte que si le premier faisceau passe de la vitesse m
à la vitesse m(1+ 9), le second passera de rm (1+-@) à m. Or, dans ce cas,
je trouve que si l’on appelle i l’angle de chacun des prismes collés ensemble,
la séparation angulaire d'des deux faisceaux est
d' — 2 m tang ci.
» Telle est la valeur de la double réfraction circulaire. Si, par exemple,
i= 80°; on aura à peu près
I
Ci 1500
» Cet angle est d’environ deux minutes, et la double réfraction étant
de —- de la distance de l’objet, on voit qu’à une distance de 1500 milli-
1500
mètres, l’image d’un objet ayant un millimètre de diamètre, serait dou-
blée.
» On conclut d’un calcul semblable que, pour obtenir une double réfrac-
tion circulaire avec des prismes multiples d’essence de térébenthine et de
sucre dissous, il faudrait un tel nombre de prismes, ou des angles z telle-
ment grands que l’expérience est impossible.
» 4. Il faut donc avoir recours aux interférences pour obtenir la mesure
de ces doubles réfractions circulaires si faibles, quand on ne veut pas se
servir des rotations et comme je viens de le faire, ou plutôt il faut vérifier
par les interférences les inductions théoriques ci-dessus, qui sont d’une na-
ture toute particulière, et qui nous ont donné
L
à — 2m @tangz.
C’est ce que j'ai fait d’abord par des procédés pénibles et compliqués; mais
enfin, en dernier lieu, par une expérience très simple que je vais décrire.
» Je place une lumière homogène, d’une couleur donnée, derrière une pe-
tite ouverture verticale, et je polarise la lumière transmise avec une plaque
de tourmaline. À un mètre de la petite ouverture, est une plaque-prisme de
verre qui, à un mètre derrière elle, produit de belles franges d’interféren-
ces. Au moyen de deux petites lames de mica, chacun des deux faisceaux
qui vont interférer, reçoit la polarisation circulaire près de la plaque-
prisme, ce qui (sauf la remarque ci-dessous, au n° 5) ne trouble pas les
A
( 904 )
interférences, quoique les deux :polarisations circulaires'soient , bien en-
tendu, deinature contraire. Gela posé :
» Placons derrière ‘les deux lames de 'mica un'bloe de cristal! de roche,
que les rayons interférents parcourront suivant l'axe ; d’après ce qui vient
d’être dit, l'un des faisceaux gagnant sur l’autre, l’interposition de la pla-
que épaisse de cristal déplacera les franges d’interférence; et la quantité
de ce déplacement peut être facilement évaluée, en se rappelant que, pour
» . . FR , O0 . ‘11: x
une épaisseur de cristal égale à ? (environ 44 millimètres), un des rayons
gagne sur l’autre une demi-épaisseur d’interférence, et avec l’un des cris-
taux dont j'ai fait usage, le déplacement est celui qui correspond à
neuf franges, c’est-à-dire un déplacement de 4 à 5 millimètres, avec des
franges d’un demi-millimètre de largeur. En substituant à la plaque de
quartz une plaque épaisse d’un liquide doué de la propriété rotatoire, on
obtiendra de même la mesure de sa double réfraction circulaire, inobser-
vable directement par la détermination de 4.
» L’interposition de la plaque de cristal ou de la plaque liquide dans
l'expérience précédente, devant déplacer un peu les franges de leur posi-
tion, par l'effet de la réfraction ordinaire, à cause de l'impossibilité de faire
les faces d’entrée et de sortie parfaitement parallèles, on sent qu’il est
indispensable de s'affranchir de cette cause d’erreur. Dans mes premières
expériences, c'était en échangeant l’une pour l’autre les deux plaques
minces de mica, que je changeais la nature des deux rayons et que je dé-
plaçais les interférences du double de l’effet produit par la plaque pour
chaque cas de polarisation circulaire donné. Mais ou peut opérer encore
plus simplement, en laissant la plaque et les lames de mica immobiles, et er
faisant seulement tourggr de 9° le plan de polarisation de la lumière qui
traverse l’ouverture étroite qui sert d'origine commune aux rayons interfé-
rents. Pour cela, il est clair qu’il suffit de mettre la plaque de tourmaline à
angle droit de sa position primitive. Alors, à leur arrivée sur les deux pla-
ques de mica, les deux rayons changent de nature de polarisation circu-
laire. La double réfraction circulaire change aussi de nature. Le plus retardé
des deux faisceaux, dans le premier cas, devient celui qui l’est le moins
dans le second. Enfin les interférences sont déplacées sans perturbation
aucune dans le système des lames de mica et de la plaque circulairement-
biréfringente d'une quantité dont la moitié donne l'effet de la plaque.
» Soit, pour conclure, cet effet représenté par le nombre 7 de largeurs de
franges, qui marque la valeur de la moitié du déplacement total, pour une
( 905 )
épaisseur e de la plaque. L’épaisseur qui correspondrait à une demi-frange
de déplacement, serait évidemment LE, et d’après ce qui a été dit plus
haut, on aurait
P—= m ,
[9] 1e
en remplaçant ® par ==
» 5. Les rayons polarisés circulairement présentent dans leursinterférences
autant de singularité que dans leurs autres propriétés optiques : ainsi, à
dire vrai, deux rayons, polarisés circulairement et en sens contraire,
donnenttoujours, par leur réunion, une illumination constante, quelle que
soit leur différence de marche. Mais si l’un des deux a éprouvé un retard
d’un demi-intervalle d’interférence, ces deux rayons, polarisés circulaire-
ment, se combinent en un seul rayon polarisé à l'ordinaire, mais dont le
plan de polarisation est à 90° du plan de polarisation du rayon primitif d’où
ils proviennent. Alors, en analysant la lumière à son émergence, par une
tourmaline placée parallèlement à celle qui produit la polarisation primi-
tive, on a une extinction là où le plan de polarisation a tourné de 90°,
c’est-à-dire, d’après ce qui précède, quand la différence de marche est 1 à,
exactement comme dans les cas ordinaires d’interférence. Les lois de la
double réfraction circulaire, de la rotation du plan de polarisation et des
interférences des rayons polarisés circulairement, sont donc expérimenta-
lement et théoriquement comprises dans ces formules et dans l'expérience
que je viens de rapporter, ainsi que.les variations de vitesse des rayons
circulairement polarisés, transmis dans les substances qui produisent la
rotation. J’ajouterai en terminant, que le même procédé expérimental per-
mettra d'explorer, par des mesures de vitesses qu'aucun autre ne peut don-
ner, comment la double réfraction circulaire du cristal de roche suivant
l’axe, passe à la double réfraction ordinaire,à mesure que la route des rayons
s'incline sur l'axe; objet sur lequel, même après lesrecherches importantes de
M. Airy, et la théorie et l'observation laissent encore une grande obscurité.»
ceMiE. — Mémoire sur la fermentation vineuse ; par M. CacNrarD-Larour.
(Commissaires, MM. Thénard, Becquerel.)
L'auteur annonce que dans les recherches qu’il a entreprises à ce sujet,
il a cru devoir s’écarter du mode d'investigation suivi par les chimistes qui
s'étaient déjà occupés de la fermentation vineuse, et qu’il s’est surtout ap-
CR. 1837, 197 Semestre. (T. IV, No 24.) j 123
( 906 )
pliqué à étudier, à l’aide du microscope, les phénomènes dont dépend cette
fermentation.
Après avoir exposé dans son mémoire les diverses observations qu'il
a faites par ce moyen, il résume dans les termes suivants les résultats de
ses recherches :
« 1°. La levure de bierre, est un amas de petits corps globuleux sus-
ceptibles de se reproduire, conséquemment organisés, et non une subs-
tance inerte ou purement chimique, comme on le supposait ;
» 2°. Ces corps paraissent appartenir au règne végétal et se régénérer de
deux manières différentes ; °
» 3. Ils semblent n’agir sur une dissolution de sucre, qu’autant qu'ils
sont à l’état de vie; d’où l’on peut conclure que c’est très probablement
par quelque effet de leur végétation qu’ils dégagent de lacide carbonique
de cette dissolution, et la convertissent en une liqueur spiritueuse.
» Je ferai remarquer, en outre, ajoute M. Cagniard-Latour, que la le-
vure, considérée comme une matière organisée, mérite peut-être l'attention
des physiologistes, en ce sens : ï
» 1°. Qu'elle peut naître et se développer, dans certaines circonstances,
avec une grande promptitude, même au sein de l'acide carbonique , comme
dans la cuve des brasseurs;
» 2°, Que son mode de régénération présente des particularités d’un
genre qui n'avait pas été observé, à l’égard d’autres productions microsco-
piques composées de globules isolés ;
» 3°. Et qu’elle ne périt pas par un refroidissement très considérable,
non plus que par la privation d’eau. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — [Vote sur la germination du Marsilea Fabri; par
M. Düraz.
(Commissaires, MM. Auguste Saint-Hilaire, Richard.)
Ce mémoire est accompagné de figures représentant l’ovule et la jeune
plante à diverses périodes de leur développement.
( 907 )
CORRESPONDANCE.
paysique. — Sur une propriété assignée par M. px La Rive aux courants
magnéto-électriques ; extrait d’une lettre de M. Perrier.
« Dans son dernier mémoire, M. de la Rive rapporte des expériences
dans lesquelles, en faisant passer par deux routes différentes les courants
provenant d’une source magnéto- électrique, il y a eu neutralité d'action
sur l'aiguille du multiplicateur, et il est porté à attribuer cette nullité
d’éffets à une sorte d’interférence entre des ondes électriques , analogue à
celles qui s’opérent entre les interférences des ondes lumineuses. J'avais
plusieurs fois, dit M. Peltier, observé des phénomènes semblables, et
jusqu’à présent, javais toujours reconnu que la neutralité sur l’aiguille ai-
mantée, ne vient pas de l’annihilation des courants électriques au point
de rencontre, mais des influences opposées des deux courants con-
traires ; j'ai cependant voulu répéter ces expériences en me plaçant dans
les mêmes conditions que M. de la Rive.
» Le circuit magnéto-électrique est formé, comme l’on‘sait, d’une hélice
autour d’un fer à cheval en fer doux, et d’un multiplicateur; en plaçant cet
électro-magnet devant un aimant en rotation, ilse développe des courants
successifs, égaux et contraires, par le changement de polarité de l’électro-
magnet. Ces courants par leurs forces opposées, retiennent l'aiguille de
l'électromètre à zéro : mais si dans le circuit on intercale une capsule en
platine remplie d’un liquide conducteur et un disque de platine touchant
le liquide , oa alors un courant très notable qui prédomine, et l'aiguille se
dévie. Si ensuite on réunit le disque et la capsule par un fil métallique assez
court, il n’y a plus d'effet et l'aiguille revient à zéro. Si ce conducteur est
fin et d’une médiocre puissance conductrice (comme un fil de fer de - de
millimètre), en l'allongeant, on voit peu à peu la déviation reparaître et l’on
peut ensuite prolonger indéfiniment ce fil, sans reproduire de nouvelle
neutralité : telle est l'expérience de M. de la Rive. Cette différence d'action
entre ces deux ordres de conducteurs devait surprendre et m’a'engagé à en
rechercher la cause. Je remarquai que les deux courants n’avaient pas des
routes parfaitement identiques; que le courant passant de la capsule au
liquide, trouvait une surface de contact beaucoup plus large que l’autre
courant, entrant dans le liquide par le disque. Pour savoir si cette inégalité
s 123...
( 908 ) |
de surface en contact, était la cause de l'inégalité d’effet obtenu, je versaï
l'acide dans une capsule en verre, et le circuit fut fermé par deux lames de
platine, attachées à des crémaillères. L’aimant étant mis en rotation, l’ai-
guille restait à zéro, si les bouts immergés étaient égaux; mais aussitôt que
je baissais une des crémaillères , le courant positif, qui sortait de cette lame
plus immergée, devenait dominant. En relevant cette première lame et
l'essuyant, puis baïissant la seconde, le courant changeait de sens; c'était
l'autre qui dominait. En réunissant ces lames par un fil métallique, l'aiguille
revenait àzéro; puis en prolongeant ce conducteur supplémentaire, comme
dans l'expérience de M. de la Rive, la déviation reparaïissait.
». Ce fait du passage plus facile du courant positif par le contact le plus
large, une foisbien constaté, je voulus savoir s'il était spécial aux courants
magnéto-électriques ou s’ilappartenait à tous lescourarnts. Pour décider cette
question, j'intercalai dans un circuit hydro-électrique, un siphon rempli
d’eau commune, plongeant d’une part, dans une capsule en platine, atta-
chée à une extrémité du fil galvanométrique, et d'autre part dans une cap-
sule en verre, où plongeait l’autre extrémité en platine de ce même fil.
Lorsque le courant positif passait du fil fin à l’eau, je n’obtenais que 3°
de déviation, tandis que lorsque le courant passait de la capsule à l’eau, la
déviation après avoir donné de 20 à 30°; se fixait à 10°. J'ai retrouvé les
mêmes effets avec les courants thermo-électriques et des conducteurs tout
métalliques, en rendant les routes fort inégales : la différence n’était que de
deux degrés. »
Remarques de M. De La Rive sur la lettre précédente.
LL
«M. de la Rive remarque, à l’occasion de la lettre de M. Peltier,
que l'emploi du galvanomètre magnétique dont ce physicien a fait usage,
présente des inconvénients dans l'étude, de ce genre de phénomènes, où
il y a une succession de courants alternativement contraires. En effet,
lorsque ces courants se succèdent rapidement, il est facile, lors même
qu'ils ont la même intensité, de maintenir l'aiguille du galvanomètre à
un certain degré de déviation: par l’action de l’un on de l'autre des cou-
rants. M. de la Rive a aussi remarqué, comme M. Peltier, que l’étendue
des surfaces immergées, la position relative de ces surfaces, l’étendue de
la masse liquide conductrice, influent considérablement sur l'intensité re-
lative des deux courants dirigés'ensens contraires, C’est par tous ces motifs
(909 )
que M. de la Rive a préféré employer un galvanomètre qui a pour base le
développement de la chaleur-par les courants électriques. Il a observé avec
ce galvanomètre que les phénomènes d'intensité ou d’interférence, dont il
a parlé dans son mémoire, ont lieu également, quelle que soit l’étendue
des deux surfacesimmergées, et le sens des courants par rapport à ces sur-
faces; résultats opposés à ceux qu’a obtenus M. Peltier en se servant: de
procédés différents. Enfin, il remarque qu’il est impossible deramener à un
simple phénomène de conductibilité, le fait, que, en réunissant directe-
ment les deux lames de platine qui conduisent les courants magnéto-élec-
triques dans un liquide, par un fil métallique de plus en plus long, on
obtient d’abord un effet plus intense, puis un effet égal à celui qui avait
lieu quand les lames n'étaient pas réunies, puis un effet plus faible, puis
enfin encore un.effet plus intense. »
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'huile des schistes bitumineux et de quelques
produits qu’on en obtient. — (Extrait d’une lettre de M. Auc. LAURENT. )
« En examinant les huiles obtenues d’une même distillation, mais à des
températures différentes, M. Laurent a vu que ces huiles, même après
avoir été rectifiées, présentaient entre elles assez de différences, pour
mériter d’être étudiées séparément.
» J'ai examiné, dit-il, plusieurs de ces huiles, et je les distingnerai
par leur point d’ébullition.
» Huile bouillant entre 80 et 85°. — Cette huile est la plus volatile : pour
la purifier, je l’ai agitée à plusieurs reprises avec de l'acide sulfurique con-
centré, et je lai distillée d’abord sur de la potasse caustique, puis sur
du potassium. Ainsi préparée, elle possède toutes les, propriétés. du
naphte; même densité, même point d’ébullition , mêmes réactions avec
les acides, le chlore, l’iode, etc. Désirant donner plus.de poids à ce rap-
prochement, j'ai fait l'analyse de cette huile, qui m’a donné les résultats
suivants :
Huile. de schiste. Haye a Hydrogène : bicarbôné,
Me Il.
Carbone....... 86,0 85,7%. Pan 86, 8.8 Best 86,0
Hydrogène. ... 14,3 14,1 ces. 12,7 1233 ..... 14,0
100,3 99,8 99,1 106,1 100,0
» J'aurais été assez disposé à regarder cette huile comme du naphte,
(gro )
et les schistes bitumineux comme la source de ce dernier; mais sa
composition l’en éloigne assez, et me porte à la considérer comme un
nouvel hydrogène bicarboné.
» Huile bouillant entre 115 et 1259. — Cette huile a beaucoupid'analogie
avéc la précédente; je l'ai distillée plusieurs fois avec de l'acide nitrique
concentré; dans le récipient j'ai obtenu une huile incolore, dont le peint
d’ébullition variait seulement de 120 à 121°, et dans la cornue il est resté
une huile jaunâtre altérée, plus pesante que l’eau.
» Huile bouillant entre +20 et 121°. — Cette huile, qui provient de lac-
tion de l'acide nitrique sur la précédente (ou plutôt qui a échappé à son ac-
tion), après avoir été purifiée comme les précédentes avec l'acide sulfurique,
la potasse et le potassium , possédait les propriétés suivantes : elle était in-
colore, très fluide ; les acides nitrique, hydro-chlorique, sulfurique,
n’exerçaient aucune action sur elle. Le chlore, au soleil, sur deux ex-
périences, m’a donné une fois des cristaux en aiguilles, composés de
chlore, de carbone et d'hydrogène; sa densité était de 0,753 à 12.
À l'analyse elle m'a donné :
Carbone.......... : 86,2
Hydrogène. ....... .. 13,6
99)
» La constance de son point d’ébullition tend à faire regarder cette huile
comme un nouvel ByGrobene bicarboné.
» Huile bouillant à 169°.—J'ai cherché si autour de 169°, je n’obtiendrais
pas de l’eupion, et j’ai mis à part une huile dont le point d’ébullition variait
de 167 à 170°; je lai purifiée comme les précédentes, puis je l'ai exa-
minée comparativement avec de l’eupion, que M. Boyveau avait eu la
bonté de me donner. Je n’ai trouvé aucune différence entre ces corps :
même solubilité dans l'alcool et l’éther; même indifférence pour tous les
réactifs, tels que le chlore, l'acide nitrique, etc.; même densité, même
coloration par l’iode.
» J'ai fait l'analyse de ces deux produits ; celle de l’eupion n'avait pas
encore été faite, et j'ai obtenu les réfultats suivants :
Eupion. J Huile à 1690.
Carbone... 85,3 ........ 85,6
Hydrogène.. 15,1 ..…
100,4 100,0
( g11 )
» Comme on le voit, tout s'accorde pour faire admettre l’eupion
comme un produit de la distillation des schistes bitumineux.
» J'ai fait un mélange des différentes huiles dont le point d’ébullition
était compris entre 85 et 350° (la paraffine bout environ à cette der-
nière température); je l'ai analysé après l'avoir traité par l'acide sulfu-
rique et la potasse, et j'ai obtenu les résultats suivants :
Carbone......,.,. 86,5 ke
Hydrogène... .... 13,5 ,
100,0
» En comparant toutes ces analyses et celle de la paraffine, on voit
que les différents corps renfermés dans l'huile de schiste , ont, à quelques
millièmes près, la composition de l'hydrogène bicarboné.
» Acide ampélique. — Cet acide s'obtient en faisant bouillir avec de
l'acide nitrique les huiles dont le point d’ébullition est compris entre 80
et 150°. En évaporant l’acide, il s’en sépare par le refroidissement des
flocons blancs d'acide ampélique; celui-ci est blanc, inodore, très peu
soluble dans l’eau, même bouillante; l’alcool et l’éther le dissolvent bien,
Il entre en fusion au-delà de 260°, et il se sublime en donnant ure poudre
blanche composée d’aiguilles microscopiques. Il est soluble dans l'acide
sulfurique concentré; l’eau le précipite de cette dissolution. Il forme,
avec les alcalis, des sels très solubles.
» Ampéline.— Ge composé est assez remarquable, et il se distingue de
tous les autres corps par ses propriétés qui le rapprochent des huiles, et
par sa solubilité dans l’eau.
» Pour le préparer, on prend l'huile de schiste, dont le point d’ébullition.
est compris entre 200 et 280°, on l’agite avec de l’acide sulfurique con-
centré, on la décante, puis on y verse -= ou -= de son volume de potasse
caustique en dissolution; on laisse le tout en repos pendant 24 heures :
au bout de ce temps, on trouve dans le flacon deux couches, dont
l'inférieure est plus volumineuse que la dissolution de potasse employée ;
on la décante avec une pipette, on l’étend d’eau, ét l’on y verse de l'acide
sulfurique; l’ampéline s’en sépare et vient à la surface de la dissolution.
» L’ampéline ressemble à une huile grasse assez fluide; elle est so-
luble dans l'alcool ; l’éther la dissout en toutes proportions. Soumise à 20°
au-dessous de zéro, elle ne-se solidifie pas; elle se dissout en toutes
proportions dans l’eau pure. Si on la méle avec 40 à 5o fois son volume
d’eau, la dissolution ‘se comporte d’une manière assez singulière avec
(912)
les réactifs suivants : quelques gouttes d’acide sulfurique faible en séparent
l'ampéline; l'acide nitrique agit de même.
» La potasse et LERRAOTAnEES troublent la dissolution : mais par l’agi-
tation et la chaleur, la liqueur s’éclaircit.
» Les carbonates de potasse et de soude agissent.de même.
» L’hydro-chlorate d’ammoniaque, le chlorure et le phosphate de so-
diura, en séparent l’ampéline, qui ne se redissout plus en chauffant.
x Si dans une dissolution étendue d’ampéline, dans la potasse ou son
carbonate, on verse divers sels, tels que le chlorure de sodium, du
sulfate de potasse, de l’hydro-chlorate d'ammoniaque, etc., elle s’en sé-
pare aussitôt, et ne se redissout plus par la chaleur.
» Soumise à la distillation, l’ampéline se décompose en donnant de
l'eau, une huile très limpide, incolore, et un résidu de charbon. »
M. Challiot annonce qu’il vient d’apporter à la construction de la harpe
une modification qui permet de détendre toutes les cordes, afin d’en prévenir
la rupture, lorsqu'on cesse de jouer, et de les retendre, aussi, toutes à lafois,
sans qu’il soit nécessaire de tourner les chevilles , lorsqu'on veut faire de
nouveau usage de l'instrument.
MM. de Prony et Savart sont chargés de prendre connaissance de l’inven-
tion de M. Challiot. : |
M. Beaufillot-Dumesnil annonce qu’il est prêt à faire un voyage en La-
ponie, en passant par la Norwège, et offre de recueillir les documents,
renseignements et observations, que l’Académie pourrait juger utile de se
procurer dans l'intérêt de la science.
MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de s'entendre à ce sujet avec
M:Beaufillot-Dumesnil.
#
}
M. Th. Virlet adresse quelques explications relatives à Ja lettre de
M. Tardieu sur la carte de l'ile de Ténériffe, gravée d’après le dessin de
M. de Buch.
M. Ador demande que l’Académie veuille bien charger une commission
d'assister à des expériences qu’il doit faire, le samedi 17 mars, avec un ap-
pareil dans lequel il fait usage d’un nouveau moteur.
MM. Poncelet et Séguier sont priés d'assister à ces essais.
( 913 )
M. 4. Chevallier écrit relativement à la question de priorité, soulevée en-
tre lui et M. Delion, pour la condensation du gaz nitro-éthéré, dans la fabri-
cation fu fulminate de mercure.
M. Demonferrand irrmaie que les deux mémoires, relatifs aux lois
de la population et de la mortalité en France, qu'il a présentés à l’Aca-
démie, en novembre 1836 et mai 1837, soient admis au concours pour le
prix de statistique.
M. Drouin présente un nouveau lit mécanique.
M. Séguier est prié d'examiner ce lit.
M. Saussay écrit relativement à un projet d’école sur lequel il désirerait
avoir l’avis de l'Académie.
M. J.-L. Lassaigne adresse un paquet cacheté portant pour suscription
Observations sur quelques composés du fluor.
L’Académie en accepte le dépôt.
À quatre heures l’Académie se forme en comité secret.
La section de Chimie présente, par l’organe de son président, M. Thé-
nard, la liste suivante de candidats pour la place devenue vacante dans
son sein par le décès de M. Deyeux :
1°. M. Pelouze;
2°. M. Pelletier;
3°. M. Bussy;
4. M. Eugène Péligot.
Les titres de ces divers candidats sont discutés. L'élection aura lieu dans
la séance prochaine. MM. les membres seront prévenus par billets à do-
micile.
La séance est levée à cinq heures. F.
Comité secret de la séance du 5 Juin.
M. Serres, au nom de la Commission des prix de médecine et de chirur-
€. R. 183r, 1€ Semestre. (T, IV, N° 24.) 124
(914 )
gie, fait un rapport sur les pièces adressées pour le concours relatif à ce
prix.
La Commission propose d’accorder un prix de cinq 1nille frané à l’ou-
vrage de M. Lembert, intitulé Méthode endermique.
Cette proposition est adoptée.
(915)
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie Royale des
Sciences ; année 1837, 1° semestre, n° 25, in-4°.
Traité élémentaire du Calcul différentiel et du Calcul intégral; par
M. Lacroix; 5° édition, in-8°.
Cours d'Hygiène vétérinaire; par M. Groenier ; 2° édition , Paris, 1837,
in-8°.
Cours de Zoologie vétérinaire ; par le méme ; in-8°.
Embryogénie comparée ; Cours sur le développement de l’homme et des
animaux ; par M. Cosr&; 1 vol. in-8°, avec un atlas in-4°.
Histoire naturelle des Iles Canaries; par M. Wess eé BERTRELOT; 26°
livraison, in-4°.
Mémoire sur diverses couches de terrain nouvellement découvertes aux
environs de Paris, entre la craie et l'argile plastique; par M. »’'Ormexy ;
brochure in-8°.
Nouvelles Expériences sur les animalcules spermatiques ; par M. A.
Don; Paris, 1837, in-8°. (M. Dumas est chargé d’en rendre un compte
verbal.)
Guide aux Eaux minérales de la France , de l Allemagne, de là Suisse
et de l'Ttalie; par M. Isinore Bounpox ; 2° édition, Paris, 1837, in-8°.
Annales Maritimes et coloniales; par MM. Basor et PolRée ; 22° année,
2° série, mai, 1837, in-8°.
Mémorial encyclopédique et progressif des Connaissances humaines ;
7° année, n° 77, mai 1837, in-8°.
Réponse de M. A. Cuevauter à un mémoire adressé à la Commission
des Prix Montyon ; brochure in-8°.
Documents relating. .... Documents relatifs à la construction d'étalons
uniformes de poids et mesures pour les États- Unis, de 1832 à 1835;
par M. Hassrer ; New-Yorck, 1856, in-8°.
Third volume... . Troisième volume des principaux documents relatifs
au relèvement hydrographique des côtes des États-Unis; par le méme; in-8°.
Sur les séries dont le terme général dépend de deux angles et qui ser-
(916 )
vent à exprimer des fonctions arbitraires entre des limites données ; par
M. Lereune Drricurer, de Berlin, in-4°. (Extrait du Journal de M. Crelle,
tome 17.)
Meteorologische. . .. Recherches météorologiques ; par M. H.-W. Dove;
Berlin, 1837, in-8°.
Astronomische..... Nouvelles astronomiques ; par M. Scuumacuer ; n°
264 — 272; in-4°.
Mémoire sur des Variations diurnes et annuelles de la température,
et en particulier de la température à diverses profondeurs, d'après les
observations faites à l'Observatoire de Bruxelles ; par M. À. Querxcer;
Bruxelles, 1837, in-4°.
Résumé des observations météorologiques faites en 1835 et 1836 à l'Ob-
servatoire de Bruxelles ; par le méme ; in-4°.
Bulletin de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Pru-
æelles ; 1837, n° 4, in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; juin 1853, in-4°.
Le Christianisme , Journal populaire dirigé par M°° Sopare Don; 2° an-
née, 2° trimestre, n° 3, in-8°.
Journal des Connaissances médico-chirurgicales ; juin 1557, in-8’.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, u° 23.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 66 — 68.
Écho du Monde Savant ; n° 75.
Presse médicale; tome 1°, n° 45 et 46.
Le Globe; Revue des Arts, des Sciences et des Lettres; 1° année ;
n®2et 3, in-4°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES .
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 19 JUIN 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTSR DE L'ACADÉMIE.
OPTIQUE. — Remarques au sujet d'un mémoire d'optique, inséré par extrait
dans le dernier Compte rendu; par M. Bio.
« Le Compte rendu de la dernière séance contient l'extrait d’un mé-
moire de M. Babinet, sur la double réfraction circulaire; dans cet extrait,
fait par l’auteur lui-même, on lit le passage suivant :
»
« La double réfraction circulaire... produit le curieux phénoménede la
rotation du plan de polarisation d’un rayon polarisé à l'ordinaire, quand
on le transmet au travers d’une certaine épaisseur de quartz, de sucre
non cristallisé, de camphre, d'essence de térébenthine et d’eau sucrée.
Cette rotation du plan de polarisation, découverte d’abord par M. Arago,
et ensuite savamment étudiée par M. Biot, s’observe avec des différences
de sens et d'intensité dans un grand nombre de substances organiques. »
» Cette classification des travaux antérieurs m’a paru nécessiter la re-
production de quelques dates, pour en distinguer les diverses parties que
l'énoncé de l’auteur semble confondre.
C. R. 1837, 19 Semestre, (T. IV, N° 25:) 125
(918)
» M. Arago a, en effèt, le premier découvert que les plaques de cristal
de roche, stone à l’axe de double réfraction, dévient les plans
de polarisation des rayons lumineux qui les aa sous l'incidence
normale; et il a reconnu, en outre, que cette déviation est inégale pour
les rayons de diverse,.réfrangibilité. Il a lu sur ce sujet, à l’Académie, deux
mémoires , dont le premier seulement est imprimé dans le volume de 1611,
r partie, page 215.
» Deux ans après le premier travail de M. Arago, je m’occupai aussi de
ce genre de phénomènes. Les résultats de mes recherches furent commu-
niqués à l’Académie le 31 mai 1813 et le 22 septembre 1818; ils sont
imprimés sous ces dates dans:les volumes de 1812 et de 1817. J’y déter-
minai, pour le cristal de roche, l'étendue tant absolue que relative des
déviations éprouvées par les rayons de réfrangibilité diverse, et jen don-
nai la loi expérimentale. Je constatai le progrès continu de ces déviations
proportionnellement aux épaisseurs des plaques traversées, ce qui l’assi-
mile à une véritable rotation du plan de polarisation autour de l’axe du
cristal ; enfin, je reconnus l'opposition de sens du pouvoir rotatoire exercé
ainsi,par diverses aiguilles de cristal de roche également pures, les unes
déviant les plans de polarisation vers la droite, les autres vers ia gauche
de l'observateur.
» Mais, de ces faits oMervés dans un cristal solide, personne ne pouvait
conciure qu'il dût s’en produire d’analogues, je ne dis pas de pareils, dans
les systèmes matériels à particules mobiles et indépendantes, tels que les
liquides en repos ou,agités, et même certaines vapeurs en mouvement ;
car aucune analogie n’indiquait que de pareils milieux pussent exercer
une résultante d’action, suivant un sens propre, autour de la normale à
leur surface limite. Je présentai les premiers phénomènes de ce genre à
l’Académie dans ses séances des 23 et 30 octobre 1815, etils furent publiés
dansle Bulletin de la Société Philomatique pour le mois de décembre de la
même année. J'en développai ensuite l'exposition dans mon mémoire de
1818, que j'ai rappelé plus haut ; et, tant par les caractères propres de
cette action que par sa conservation dans les mélanges liquides dont les
éléments l’exercent dans le même sens, ou en sens contraire, je pus
établir qu’elle y est moléculaire, ce qui est le principe de toutes les
applications que j'en ai faites depuis aux phénomènes chimiques, ap-
plications que je ne cesse de suivre, et dont j'espère présenter dans
quelques mois à l'Académie un assez grand nombre de résultats nou-
Cora )
veaux, relatifs aux principales lois de l’action chimique, lorsqu'elle
s'exerce dans l’état de liquidité des milieux.
» Que ces propriétés optiques de certains liquides et de certaines va-
peurs s’y produisent comme dans le cristal de roche, ou de toute autre
manière, c’est ce que je ne cherche pas ici à discuter; je voulais seu-
lement établir qu’elles ont été trouvées directement par l'expérience,
et qu’elles ne se rattachaient à aucune analogie précédente qui püt les
faire soupcçonner. » s
M. /rago s’est empressé d’adhérer à la réclamation de M. Biot. L’ar-
ticle de M. Babinet n'était évidemment ni assez explicite ni assez développé;
s’il avait pu disposer d'une place suffisante, ce physicien aurait certaine-
ment fait à chacun la part qui lui revient légitimement dans la découverte
du genre de polarisation qu’engendre une lame de cristal de roche perpen-
diculaire à l’axe , car personne n’est plus versé que M. Babinet dans l’his-
toire de l'optique. Certains travaux de la Chambre des Députés ne permi-
rent point à M. Arago d'assister aux deux dernières séances de l’Acadé-
mie; sans cela il aurait provoqué lui-même les rectifications ou plutôt les
développements qu’on trouve dans la note de M. Biot.
MÉDECINE. — ÂVotice sur là chorée ou danse de Saint-Guy ; par M. LaRREY.
« Ce mémoire a pour objet :
» 1°. De faire connaître le véritable siége de cette maladie qu'il établit
dans l’encéphale ou dans ses annexes , et que tous les auteurs en général
qui ont écrit sur cette espèce de névrose, établissent dans les organes
de la vie intérieure et spécialement dans ceux qui servent à la géné-
ration. Il rapporte, à l'appui de son opinion, plusieurs faits remarquables,
et l’autopsie des cadavres d'individus morts des effets de cette maladie.
» 2°. Il propose comme moyens curatifs : les saignées locales révulsives
faites avec la ventouse scarifiée ; le moxa égyptien posé le plus près possi-
ble du siége du mal; les dérivatifs aux membres inférieurs, les sédatifs au
sinciput ; les bains froids, etun régime rafraichissant mucilagineux,
» M. Larrey, pour démontrer l'efficacité de cette thérapeutique, rap-
porte plusieurs observations concluantes, et présente à l’Académie une
jeune personne qui a été guérie par cette médication d’une chorée portée
au plus haut degré. ».
125.
( 920 )
sraTisriQue. — Relevé des centenaires décédés en 1835, présenté par
M. MorEaAu DE Jonris.
Ain ssoseossses nono so vois se Report: … 94
ANTLERe ere enienioneeclene ce US Loire (Haute-).,...,..,...,,,,..
Alpes (Basses-)...... sie loreeisle Loire-Inférieure. ...,.....,...,.
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Ardeche Au elrelientersiee siersisletele
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Aude......,.,........essvese Mayence.......... Doc sc bec da
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Charente. ....,...,.,..,.,. “re r | Puy-de-Dôme. ..,.....,,.,..,...
Charente-Inférieure..:..0....,., I Pyrénées (Basses-)....,..,..,...,
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Côte-d'Or... es chere 1- | Saône-et-Loire .,........,.......
Côtes-du-Nord..-....,........4. 2 | Seine-Inférieure ..,...,..........
Creuse ....,...,...s.erstesres 41. Tarn cerets que geaeleineier safe
Dordogne. ......,.............. 12 | Tarn-et-Garonne............... 1
Doubs rec -n-ccrscreeree PE M CAE Ado ire RE
Garonne (Haute-)..%..,.,..,.... 10 Vendée... .::...-2........0
(OS Sono : A0 bn 00 be ho 19 M MVTETINE Miles le ipiete sites ss cle le Hire
Gironde .....,...sssssesseese 7 | Vienne (Haute-)........ se See
Hérault... . ue uses 1- | Vosges-ctne Lean, SORECENLE.
TSeretrerr ceLeenerte-neertiqe Gr Yonne etaere Lee AE.
Loire....... 2 PP OT à UTIOR 4 ” Fi
om
SJ
©
À reporter. «« 7
» On remarquera que les départements qui fournissent les plus hauts
chiffres sont voisins les uns des autres; ainsi, Tarn-et-Garonne ( 14-décès
de centenaires) touche au Gers (13), à la Haute-Garonne (10), et n’est
séparée de la Dordogne (12) que par le Lot, quiena 8. »
F
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Vote sur la page 533 du premier volume de la
Théorie de la Lune, de M. Prawa.
« Dans la quatrième l\igné de cette . faut lire.
sin 2Ev + 2gv —20Cv LAC ce _— 5 2 m.
» En jetant les yeux sur mon ancien manuscrit, je viens de recon-
Ê (92r)
naitre que, relativement à ce terme, Eee parmi mes produits partiels,
trois parties affectées du coefficient = © dans le cube de F(v). D'après
cela, il est manifeste que dans la page En on doit lire
sin 2Ë.nt + 2g.nt — 2c.nt e”y 1 );
ET 15 ; DATA» : ; :
c'est-à-dire — au lieu de —- Ainsi, cette correction est conforme à
celle qui a été déjà faite par MM. Zubbock et de Pontécoulant.
» Il suit de là, que dans la page 731 du n° 20 des Comptes rendus
(séance du 15-mai 1837), on doit lire
cos (2V— 2") =— 2 me? cos (2g — 2c) nl.
Alors on obtient
__ (855 405 225\ ,,,
= 128 128 — mr) e7y? cos (2g — 2c) nt;
et l'équation [VIII], posée dans la page 736, devient
a _ (225 597 147 265$ Va
[VIII]... = a ee Te) mer cos (2g — 2) nt.
Quant au terme — - m'e*y* cos (23 — 2c) nt, dont M. de Pontécoulant
nie l'existence (voyez n° 21 des Comptes rendus, page 797, séance du
22 mai 1837), je me borne à dire, pour le moment, que je ne vois au-
cune raison pour changer le calcul par lequel je l’ai trouvé. »
(Nous joindrons à cette note l’errata que M. Plana nous a ‘adressé
pour le mémoire inséré dans le n° du 15 mai dernier. Le peu de netteté
du manuscrit avait rendu des erreurs inévitables. )
Pages. Lignes.
725, # en remontant, (ou), Zsez (a'u‘)
726; 5 enremontant, c+zx", lisez 1 + x
727; 2° en remontant, fraction, Zsez fonction :
; : LR pol ex #
1d., id en remontant, —, lisez 7
æ é
À CA
728, 2, prenant, Zsez posant
; ANNE a \*
id., 3, (); lisez (5)
id, - 5 (=); lisez ()
AA a+
-
? 922 ) “
Pages. Lignes,
I s I
728, 13, m° lisez &
SAIT MDART
id., 16, D lisez &
729; 4, U=—, supprimez le signe —
730, 2, Mey,llisez mey*
id., 15, cette ligne doit être fermée par ]
id., 19, cetteligne doit être fermée par ]
id. , 2 en remontant, (2F — cn)t, lisez (2F — chnt
LA
731; 2 enremontant, — = , supprimez le signe —
da MDN AS
732; 9 en remontant, a 4 lisez 2%
733, 6, 1+p+°, lisez 1 Hp—=-
735, 1, (e/), lisez (a!)
: DUT
id., 13, = lisez G
24 } 24
736, 14, lisez _.
737 7; puis, lsezpris
id., 15, = D
738, 7; (é ) lisez (£ }
: 118r
id. , 14, — _ lisez — 256
mÉTéOROLOGIE. — Lettre de M. Arry, directeur de l'Observatoire de Green-
wich ; à M. Arago, sur la forme de la grêle.
« Dans les deux derniers numéros du Compte rendu des séances de l'4-
cadémie des Sciences qui sont arrivés en Angleterre, on lit deux notes de
MM. Élie de Beaumont et Virlet, concernant une certaine forme de la grêle
que ces deux observateurs regardent comme peu ordinaire. Quant à moi, je
trouve, au contraire, que Ja grêle a toujours la forme si nettement décrite
par M. Élie de Beaumont. Dans le cas où ce fait ne serait pas connu des
membres de l’Académie des Sciences, je vous prierais de le leur communi-
quer. J'ai examiné des grélons une vingtaine de fois au moins, et toujours
ils se sont offerts à moi comme des secteurs sphériques à structure radiée.
Je ne puis pas dire s’ils présentent aussi quelquefois les apparences d’une
(923 )
formation concentrique, attendu que je n’ai jamais vu des grélons de très
grandes dimensions. Jai tout lieu de croire que le centre de sphéricité de
la surface convexe, coïncide exactement ou à fort peu près avec le sommet
du cône; s’il paraissait cependant que la courbure (the curvature) de la
surface convexe est trop grande pour que mon hypothèse puisse être admise,
je remarquerais que l’abrasion des parties les plus proéminantes, soit par
la résistance de l'air ou par la violence avec laquelle les grélons tombent
sur la main ou sur tout autre corps, doit rendre la surface plus (nore ? )
convexe.
» Je vois avec plaisir que cette observation aitattiré l'attention de l’Acadé-
mie des Sciences, car elle me paraît devoir jeter quelque lumière sur la
théorie encore si obscure de la formation de la grêle. »
Après la lecture de la lettre de M. Airy, M. 4ragoa rappelé que M. de Buch
avait déjà observé, anciennement, des grêlons ez forme de poire ou comme
un segment de sphère surmonté d'un cône, à Altensfiord et à Kangis'en La-
ponie. Un bourrelet marquait la jonction de la surface sphérique et du
cône, d’où M. de Buch concluait que les grélons grossissent par la par-
tie inférieure et non par des gouttes d’eau qui couleraient dans toute leur
longueur.
RAPPORTS. D]
consrrucrions. — Rapport demandé par M. le Ministre de la Justice et des
Cultes sur le métal le plus propre à la couverture de la cathédrale de
Chartres.
(Commissaires, MM. Thénard, Becquerel, Dulong, rapporteur.)
« M. le Ministre de la Justice et des Cultes s’est adressé dernièrement à
l'Académie pour avoir son avis sur le métal le plus propre à la couvertüre
de la cathédrale de Chartres. Une commission composée de MM. Thénard,
Becquerel et moi, a été chargée de prendre connaissance des demandes
de l’administration et d’en faire l’objet d’un rapport. ‘
» D’après les renseignements contenus dans la lettre du Ministre, il est
déjà décidé que le comble de l'édifice sera tout entier en fonte de fer
et la couverture en métal. La connaissance de cette condition simplifie
beaucoup la question.
» Les métaux employés jusqu'ici, pour couvrir les édifices, sont le
plomb , le fer, le cuivre et le zinc. :
( 924)
» Le plomb, à cause de la facilité avec laquelle il:prend toutes les
formes , et de la résistance qu’il oppose aux actions de l'air et de l’eau,
a été long-temps presque exclusivement employé. Mais il a linconvénient
de surcharger les combles, d’exiger des réparations assez fréquentes, de
nécessiter une mise de fonds très considérable, et; en cas’d’'incendie,
d'exposer les travailleurs à des accidents très graves et presque-inévitables.
Du reste, il paraît que l’administration s’est décidée , par d’autres motifs
encore, à exclure ce métal du nombre ce ceux entre lesquels il faut
choisir. à
» La tôle de fer est employée avec succès en Russie; mais, dans notre
climat, elle exigerait sans doute un entretien plus dispendieux.
» M. Sorel, auteur de plusieurs appareils fort ingénieux, a imaginé
récemment un nouveau procédé d’étamage de la tôle qui paraît commu-
niquer à celle-ci la propriété de résister complétement à l’oxidation,
même sous l’influence d'agents plus actifs que l'air et l'humidité. Nous re-
grettons que les épreuves auxquelles cet alliage a-été soumis n’aient pas
une date assez ancienne pour justifier son emploi sur un monument
public. F
» il ne reste donc à choisir qu'entre le cuivre et le zinc. Une longue
expériencea constaté les bonnes qualités du premier. La faible épaisseur
à laquell@isa malléabilité et sa tenacité permettent de le réduire, lui
donne un avantage incontestable sur le plomb, puisque la charge que
les combles ont à supporter peut être allégée des $ environ.
» Depuis qued’on a perfectionné les procédés d'extraction du zinc,
depuis qu’il est possible d’obtenir en grand ce métal à peu près pur, on
a proposé de le substituer au cuivre, qui est d’un prix plus élevé. La
promptitude avec laquelle la surface du zinc bien décapée s’oxide, au
contact de l’air humide et surtout de l’eau aérée, porterait à croire
que les couvertures de zinc laminé seraient, en très peu de temps, ron-
gées et mises hors de service, par le progrès de cette oxidation spontanée.
Mais une expérience de plus de vingt-cinq ans a montré que lorsque la
superficie s’est oxidée jusqu’à une profondeur insensible, la mince couche
d’oxide fortement adhérente au métal subjacent, fait l'office d’un vernis
préservateur qui s'oppose au progrès de l’'altération. À partir de ce mo-
ment, le zinc résiste aux actions atmosphériques comme un métal beau-
coup moins oxidable.
» Sous le rapport de l’altérabilité spontanée, le zinc ne serait donc pas
moins propre que le cuivre à la couverture des édifices; et s’il ne présente
( 925 )
pas d’inconvénient , sous d’autres rapports, il doit être préféré aujourd’hui
parce que son emploi est moins dispendieux.
» Ona signalé, dès l'origine, la grande combustibilité du zinc porté à une
température très élevée comme une objection très sérieuse à l’introduc-
tion de ce métal dans les constructions, non parce qu'il accroîtrait les
chances d'incendie, mais parce que l'incendie une fois déclaré, il devien-
drait plus difficile de l’éteindre. Cette objection nous paraît très fondée.
» Une expérience faite il y a quelques années, par M. Plazanet, pour vé-
rifier cette conjecture, semblerait indiquer que toutes les craintes à cet
égard devraient s’évanouir. Cette expérience, suivant nous, prouve seu-
lement que, dans quelques circonstances, le métal devenu liquide peut
s’insinuer dans les décombres et se soustraire à l’action de l'air, avant
d’avoir acquis la température nécessaire pour son inflammation. Mais,
dans l'incendie d’un grand édifice, des masses considérables de zinc fondu
se rassembleraient inévitablement dans les cheneaux , et, si la température
n’était pas assez élevée pour en déterminer l’inflimmation, soit avant,
soit pendant la chute, il y aurait, tout au moins, à redouter, comme avec
le plomb, les accidents que pourrait causer une cascade de métal fondu.
» L'opinion de la Commission serait donc d’exclure le zinc de tous les
monuments surmontés d’un comble ‘en bois.
» Mais, ainsi que nous l'avons déjà dit, M. le Ministre annonce que la
charpente de la cathédrale de €hartres doit être construite en fer fondu.
Dès-lors, la seule objection que l’on puisse faire contre le choix du zinc
n’a plus ici d'application. k
» D’après les considérations que nous venons d'exposer, nous pensons
que le zinc laminé d’un millimètre d’épaisseur doit être préféré au cuivre
comme plus économique. En partant des évaluations de M. Belmas, officier
supérieur du génie, qui a fait une étude approfondie des frais de cons-
truction et d’entretien de toutes les espèces de couvertures, l’économie
résultant de la substitution du zinc au cuivre serait à peu près des deux
tiers.
» Nous ne devons pas omettre de rappeler ici une des conditions les
plus indispensables de conservation des couvertures en métal, et particu-
lièrement des couvertures de zinc : c’est la suppression des clous et des
soudures extérieures. Les feuilles métalliques doivent être seulement
agraffées de manière à laisser parfaitement libres tous les mouvements de
contraction et de dilatation commandés par les variations de tempéra-
iure. Enfin, on s’exposerait à voir les feuilles ‘de zinc corrodées en très
C, R. 1837, 19° Semestre. (T. 1V, N° 25.) 126
L
j ( 926 )
peu de temps dans toute leur épaisseur, si l’on n’évitait avec soin le contact
du métal avec le plâtre ou les mortiers caicaires.
» Si la lettre ministérielle ne fait aucune mention des paratonerres, c’est
sans doute parce que l'administration a arrêté , en principe général, que
tous les monuments publics en seraient munis. Nous croyons toutefois
qu'il serait convenable de faire savoir à M. le Ministre que la grande
masse métallique qui va-être employée dans la couverture de la cathé-
drale de Chartres, en favorisant la chute de la foudre, exposerait cet
édifice, non plus à l'incendie, mais à des dégâts plus ou moins graves, s’il
n’était armé d’un nombre suffisant de paratonerres. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède par voie de scrutin , à l'élection d’un membre pour
la place vacante dans la section de chimie par suite du décès de M. Deyeux.
Le nombre des votants est 49. Au premier tour de scrutin,
M. Pelouze réunit........#...... 34 suffrages,
M2-Pélletiers 2200 Ain nn
+
M. Pelouze, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est
déclaré élu ; sa nomination sera soumise à l'approbation du Roi.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE. — Observations sur le déplacement et sur les oscillations du zéro
du thermomètre à mercure ; par M. C. DesPrerz. j
RÉ Ue
« J'ai eu l’honneur d’adresser à l’Académie, le 10 février 1833, quelques
observations sur le CPE du zéro du thermometreämereure. Dans
le courant des expériences, j'ai de nouveau rappelé l'attention sur ce point,
le 23) janvier 1837, en lisant un mémoire sur le maximum de densité: et] Ja
dilatation de l’eau. 3% ci
» Déplacement du zéro avec le temps. — Occupé dès 1852 à re
cher avec tout le soin mere la température exacte du maxini
de la densité de l’eau, j'ai craint que le zéro ne variàt dans la. dé-
termination des deux points fixes; j'ai pris le zéro avant et après
(927)
l’action de l’eau bouillante, et j'ai vu qu’il baissait d’une maniere très nota-
ble (1). J'ai, depuis cette époque, dû prendre, et j'ai pris en effet le zéro
de mes instruments, toutes les fois que j'ai eu à rechercher des tempéra-
tures fixes. Cette répétition de la détermination du zéro, m'a fait connaître
la durée de la période pendant laquelle le zéro continue à s’élever après la
construction (2). Cette durée n’est pas de trois à quatre mois, comme
l'annonce M. Legrand, dans un mémoire présenté à l’Académie le 13 jan-
vier 1837, mais bien de quatre à cinq années, du moins pour les thermo-
mètres que J'ai employés, comme le montre le tableau suivant.
» Les divisions rapportées sont les points où s’arrête le mercure dans
la glace fondante. Chaque nombre est la moyenne entre quatre nombres
observés.
THERMOMÈTRE V. THERMOMÈTRE V'.
Divisions. centig. Divisions. centig.
30 août 1832...... 6240 — To RER 87,95 = 0°
3 septembre.. .... 62,85 lo 1 Et. 88,10 — 0,03
5 septembre. ..... 62,9 — 0,14 ..... .. 88,17: — 0,05
6 octobre. ....:.. 63,15 — 0,19 ....... 88,52 = 0,13
8 novembre. ..... 63-29-10, 2080-- 7e 88,77 — o,18
3 décembre....... NO, 300 22 More 88,85 — 0,20
5 janvier 1833.... 63,35 — 0,22 ....... 83,85 — 0,20
7 avril..... 22.006359 V0; 291...1.:188,99 = 0,22
8: avril 1834..... + 63,80 — 0,37 ....... 89,45 — 10,33
20) ayril..... se. 63,70 — 0,35 . ...89,35 — 0,31
17 avril 1835...... GP 800 37h. 89,50 — 0,35
2 octobre. .…..... 63,05 — 0,42 :...... 89,70 — 0,39
29 octobre. ..,.... GPO 0 NE Le 89,85 — 0,42
21 septembre 1836. 63,95 — 0,42 ....... 89,85 = 0,42
5 février 1837.... 64,10 — 0,46 .....,. 89,95 — 0,45
9 février. .......: TRES RENTE EE 89,95 = 0,45
21 février... .. 64,10 — 0,46 ....... 89,99 = 0,45
HN EEE + 64,05 — 0,44 ....... 80,95 = 0,45
» La variation ascensionnelle des deux thermomètres s’est soutenue de-
puis le 30 août 1832, jusqu’au mois de février 1837, ce qui fait un in-
(x) Observation confirmée en 1837 par M. Legrand.
(2) Bellani en Italie, Flaugergues en France, ont fait connaître les premiers l’ascension
du zéro avec le temps; d’autres physiciens l’avaient observée sans la faire connaître,
parce qu'ils avaient attribuée à quelque erreur d’obseryation.
126.
(928 )
tervalle de quatre ans et cinq mois. La sensibilité des instruments était telle,
qu’on pouvait estimer un centième de degré.
La valeur d’une des divisions de V était de. ................. 0°,277
Celle de: V’ était de. ... 2000 e à + one oj8 010 0 à) à #10 10 » 1010 vois oo 003229
La variation totale de V a été de. ......,..,......,. 0°,47
Gelle de VER ét de M An. AN ON NAN Ego 45
Deux autres thermomètres p et g ont varié, dans le même
P; de...... 0°,23
g, de...... 0°,30
Un cinquième o à varié depuis le 23 novembre 1632
jusqu’au 20 mars 1837, de...............,. 0°,57
intervalle de temps...........
Un sixième a varié aussi depuis le 23 novembre jusqu’au 31 septembre,
époque où il a été cassé.
Une division de p correspondait à 0°,293,. une de g à o°,498, une de o à
0°,506.
» Les quatre premiers avaient été construits dans le mois d'avril 1832;
les deux autres ont été soufflés et remplis le 22 novembre 1832.
» Onin'a rapporté qu'un certain nombre de résultats; on aurait pu en
rapporter un nombre double ou triple; les instruments dont il est question
ont servi dans des expériences qui ont été suivies pendant tout le temps
cité; en sorte qu’ils éprouvaient des variations de température qui allaient
quelquefois de — 20 à + 20 degrés : voilà pourquoi il arrivait que la
période ascensionnelle était quelquefois stationnaire ou renversée.
» Déplacement par le changement de température. — Le zéro du ther-
momètre se déplace dans le courant des expériences; si la température est
maintenue très basse, il monte; si la température est maintenue élevée, il
baisse; en sorte que, lorsque l’on prend le point de la glace, puis le point
de l'eau bouillante, puis de nouveau le point de la glace, on trouve que ce-
lui-ci peut avoir baissé d’une quantité qu’il n’est pas permis de négliger
dans des expériences précises, puisque cet abaissement est quelquefois d’un
tiers de degré, même pour des thermomètres à petit réservoir.
» Je rapporterai des observations faites sur trois thermomètres AE,B
et DM:
» Le thermomètre AE était fait depuis nn temps, les deux autres
ont été faits en 1832.
» Je n’ai pu retrouver la date de leur construction.
» Les divisions correspondantes à chaque thermomètre sont les points
où s'arrête le mercure dans la glace fondante; tous ces thermomètres,
( 929 )
ainsi que les précédents, étaient terminés pour une capacité pleined'’air,
de sorte que le réservoir était également pressé à l'extérieur et à l'in-
térieur.
» La réaction moléculaire, après le soufflage et après l’opération de l’é-
bullition du mercure, était donc la cause du phénomène.
» Les divisions rapportées indiquent les points où s’arrétait le mercure
dans la glace fondante.
THERMOMÈTRE AE. THERMOMÈTRE B: THERMOMÈTRE DM.
ee, ne,
Divisions. centig. Divisions. centig. Divisions. cent:
9 novembre 1832...... 23,10 — o° .. 8,05 = Mo04.130,301— 10 0°
Après l’ébullit. de l’eau. 22,70 ——0,31.. 7,90 = —0,36.. 30,20 ——0,06
r1 novembre........., 22,97 =—0,20.. 7,85 =1—0,13.. 30,60 ——0,18
21 novembre........... 23,05 ——0,04.. 7,90 ——0,10.. 30,62 —— 0,19
1® décembre. ........ 23,10 — 0 .. 8,00 — o0,03.. 30,72 — 0,25
7 avril 1833.......... 23,20 — 0,08.. 8,35 — 0,13.. 30,60 — 0,36
4 avril 1834.......... 23,20 — 0,08... 8,10 — 0,03... 30,97 — 0,40
» Les deux thermomètres AE et B ont varié dans l'intervalle.
» Le thermomètre DM a toujours eu un mouvement ascensionnel.
THERMOMÈTRE AE. THERMOMÈTRE LB. THERMOMÈTRE DM.
Re A —, —,
Divisions. centig. : Divisions. centig. Divisions. cent.
25"juillet 1834..:......:. 23,20 0,08..., 8,20 0,10,... 31,00 — 0,42
17 avril. .....,.......... 23,45
2 octobre............... 23,42
4 septembre 1836........ 23,48
0,27... 8,37
0,24.... 8,42
0,30.....8,42
0,21...: 31,17 — 0,46
0,24... 31,20 — 0,54
0,24.... cassé.
HUU
» Les deux thermomètres AE et B servent pendant un mois à déterminer
des températures comprises entre 30 et 100°.
THERMOMÈTRE AE. THERMOMÈTRE L.
TT , TT ——.,
Divisions. centig. Divisions. centig.
5 décembre 1836,..,., 23,10 — oo .... 7,95 = — 0°,07 avant l’ébullition.
23,02 —=— 0°,06.... 7,87 ——0,12 après l’ébullition.
4 juin 1837........... 23,20 — 0,08.... 8,20 — 0,10
La valeur d’une division de’ AE était de,... 0,781
Celletde Be... eos sseess see 03053
Celle de DM........,...,..,.,,........ 0,505
» On ne doit pas chercher dans le procédé qui servait à déterminer le
( 930 )
zéro, la cause de toutes ces variations, puisqu'il était toujours le même.
Ce procédé consiste à envelopper, de glace toujours identique, le réser-
voir et la tige; on casse cette glace en petits fragments, on la renferme
dans une espèce de seau en bois, percé dans le fond de trois ouvertures
étroites. L'eau provenant de la fusion de la glace s'écoule par ces ouver-
tures. Sans cette précaution, la présence du liquide pourrait faire monter
le zéro. Le réservoir de chaque thermomètre était séparé du fond, par
une couche de glace de quatre pouces d'épaisseur ; le zéro que fournit
la glace de Gentilly est absolument le même que le zéro qu’on obtient
avec la glace formée par de l’eau distillée, comme je m’en suis assuré.
» Il n’était pas à craindre que la température de la glace ne füt pas celle
de la glace fondante : cette matière, dans la glacière, était probablemént à
zéro; d’ailleurs, on la concassait en petits fragments , le vase était dans un
laboratoire, où la température était supérieure à zéro. Quand la tempéra-
ture de l'atmosphère était de plusieurs degrés au-dessous de zéro, et que la
glace était sèche, on la laissait dans le laboratoire, jusqu’à ce qu’elle füt
devenue humide, ou on la remuait avec de l’eau à la température du labo-
ratoire. Enfin on trouvait constante la position du zéro pendant une heure,
à dater de 40 minutes environ; les réservoirs étaient étroits et cylindri-
ques; le verre en était mince.
» Il est donc bien constaté, par les observations précédentes, que le
zéro est un point sans cesse oscillant. Il faut donc préalablement s’assurer
de sa position, qu on a à déterminer des températures fixes ; mais
cette oscillation n’exerce aucune influence notable dans les expériences où
l’on ne vent estimer que des différences de température, puisque la valeur
de chaque degré thermométrique ne dépend que de la masse du mercure
qui reste absolument la même, et du coefficient de la dilatation du verre,
qui ne peut avoir varié d’une quantité appréciable. Dans ces circonstances
on peut donc se dispenser de prendre le zéro.
» Tous les thermomètres dont il.vient d’être question étaient en verre
blanc ordinaire. Je les avais construits pour un certain genre d'expériences,
et non pour l'appréciation des déplacements du zéro , sujet dont je ne me
suis occupé qu'accidentellement. Néanmoins, lesnombres qu'ils ont four nis,
suffisent pour établir le fait de l’oscillation continuelle du zéro thermomé-
trique, c’est là le point important dans la question. Si l’on examine les
différents thermomètres construits par le même souffleur, on verra qu'ils
ne marchent pas de lamême manière. En effet, les personnes qui ont travaillé -
au vu travailler le verre, savent que deux thermomeètres faits par la même
(951) |
personne, âvec la même lampe, peuvent être très différents, c’est-à-dire
que l’un des instruments pourra avoir été fait sans que le verre du réser-
voir, à l'exception des points de soudure, ait été à peine chauffé, tandis que
l’autre aura été fondu dans toute son étendue.
» Il y a la même différence dans l'opération par laquelle on remplit
l'instrument de mercure. Il arrive quelquefois qu’on doit chauffer à dif-
férentes reprises pendant une journée entière, un thermomètre sans mème
expulser tout l’air adhérant aux parois du réservoir; dans d’autres circons-
tances, il suffit d’une heure ou deux.
» Pour estimer l’influence de l'épaisseur du soufflage , etc., j'ai construit
vingt thermomètres dont les uns sont épais, les autres minces; les uns
fondus dans toute l’étendue du réservoir, les autres fondus seulement
aux points de soudure, les uns privés d’air, les autres pleins de ce
fluide; les uns sphériques, les autres cylindriques; il y en a qui sont soudés
depuis dix ans et qui n’ont conséquemment subi que la chaleur de l’ébul-
lition du mercure. Tous ces instruments ne sont remplis que depuis peu
de temps; déjà les zéros ont monté d’une manière très notable ; mais il faut
avoir des résultats d’un année au moins pour en tirer quelque çonséquence
un peu rationnelle.
» La science offre déjà des faits qui paraissent d’abord étrangers au sujetqui
nous occcupe, mais qui y sont néanmoins intimement liés; Pictet (Biblioth.
univers. , tom. I, pag. 181) trouve qu’une barre de fer de 11 lignes ‘de
diamètre et de 101 pouces et un tiers de longueur, pressée par 260 livres ne
revient pas exactement à sa longueur primitive quand le poids est enlevé,
qu’il en de même quand elle a été chauffée ou refroidie : elle reste trop
longue ou trop courte après qu’elle est ramenée à la température pri-
mitive.
» Le fait de la rupture d’une barre, sous une charge plus faible que
celle à laquelle elle a résisté d’abord, est encore du même genre. On peut
encore y rapporter plusieurs observations de M. Savart, sur la torsion;
tous ces faits ne concourent-ils pas à établir que toutes les fois que
les molécules d'un corps solide éprouvent un déplacement par une
cause mécanique comme: la pression, l'attraction et la torsion, par une
cause physique, ‘comme une élévation ou un abaissement de température,
elles ne reprennent pas exactement leurs positions primitives , lorsqu’elles
sont soustraites à ces causes; c’est-à-dire que si le volume a été diminué
ou augmenté d’une manière plus ou moins considérable par une force
quelconque, il reste. plus ou moins loag-temps diminué ou augmenté aprè®
que cette force a cessé d'agir.
| (932)
» Nota. Il n'aurait peut-être pas été sans'intérêt d'examiner un thermo-
mètre formé par un réservoir en fer. Je ne suis pas encore parvenu à le
disposer convenablement. »
MÉCANIQUE. — Seconde note sur les machines à vapeur ; : par
M. le capitaine Morin.
« À mon retour d’un voyage que mon service m'a conduit à faire dans
les Vosges et pendant lequel j'ai pu, avec M. Fourneyron, exécuter sur les
turbines plusieurs séries d'expériences dont je me propose de soumettre in-
cessamrhent les résultats au jugement de l’Académie, j'ai eu connaissance
du Compte rendu de la séance da 8 mai et de la lettre de M. de Pambour,
au sujet de la note que j'avais adressée le 3 mai sur les machines à vapeur.
Get auteur fait observer, avec raison, que la coïncidence que j'avais re-
marquée entre les résultats de la Héone ordinaire des machines à vapeur et
ceux de ses expériences sur les locomotives tient à une inadvertance. Le
fait est que, trompé par le titre du chapitr® et du tableau où l’auteur cher-
che'la valeur de la résistance des machines chargées, et après avoir examiné
en détail lamarche qu'ilavaitsuivie pour estimer celle des machines marchant
sans charge, j'ai cru trop légèrement qu'il avait aussi déterminé par expé-
rience directe la résistance des machines chargées, tandis qu'il la simple-
ment conclue de la combinaison de ses expériences sur le tirage des wag-
gons et de la théorie ordinaire qu'il regarde cependant comme inexacte
en général, et qu’il n’a admise que pour ce cas particulier. Telle est la cause
de la distraction que j’ai commise et dont je m’empresse de m'excuser au-
près de l’Académie.
» Toutefois cette erreur, quelque Brare qu’elle paraisse au premier abord,
n’altère point les conséquences que j'ai cherché à établir dans ma précé-
dente note, ainsi que le ferai voir plus loin.
» Mais auparavant, je dois faire remarquer que la formule donnée par
M. de Pambour (pag. 221) pour déterminer la ‘vitesse qu’une locomotive
peut imprimer à un train de waggons, revient à calculer la quantité de tra-
vail développée par la vapeur sur les pistons d’après la théorie ordinaire, êt
à l’égaler à celle qui est développée en sens contraire par les résistances.
C’est ce qu'il est facile de voir à l’aide des notations adoptées par l’auteur,
en observant que, si l’on admet avec lui que toute là vapeur produite
asse dans les cylindres, et que la force de vaporisation de la machine reste
RUE on a, en négligeant la résistance, des parois de la conduite et
les pertes de force vive,
= 7 — —6oN),
N étant le nombre total de coups de piston /, et v le volume engendré par
le piston :
» De sorte que la formule de M. de Pambour devient
Y— 60 Nv{R— 10330 }
F+(V+7)M
» Ainsi, sous le rapport théorique, cette formule ne diffère point de
celle de la théorie ordinaire, mais la difficulté de mesurer directement
la pression dans le cylindre ne permet pas d’obtenir la valeur de R, et c'est
pour échapper à cette difficulté que, dans les applications, on est néces-
sairement conduit à admettre quelquehypothèse à ce sujet. Or, je me suis
proposé de faire voir que dans les proportions adoptées, et pour des limites
assez étendues de charge et de vitesse, quand les robinets régulateurs sont
entièrement ouverts, on peut admettre que la pression dans le cylindre est
sensiblement la même que dans la chaudière. C’est ce qu'il est facile de
montrer en laissant de côté les résistances propres de la machine, dont ia
partie principale n’a été estimé epar M. de Pambour qu’à l’aide decette même
hypothèse, et ne peut être introduite dans les calculs sans qu'il en résulte
un cercle vicieux.
» J'ai choisi de préférence les douze expériences consignées au tableau
suivant, et dont les données sont empruntées à ceux des pages 178 et 256
du Traité théorique et pratique des machines locomotives ; parce que ce
sont celles que-l’auteur a lui-même adoptées pour évaluer les résistances
propres des machines et pour lesquelles il y a lieu de croire que ces ma-
chines étaient en parfait état d'entretien. Dans ces applications j'ai admis,
d’après les résultats d’expérience de M.de Pambour, que la résistance au ti-
rage des waggons était de 3 kilog. 5 gr. par tonneau de charge.
C.R. 1837, 29 Semestre, (E. IV, Ne 25.) 127
Charge de VITESSE Excès de Effet
la ma- 4 pl la pres- | Nombre utile | Rapport
E e édui véte
NOMS DATES [chinerap| Reis dre de l'expé- ons de coups théorique|de l'effet
portée rience | dière sur | ae bise en kilog. utile
des des au niyeau [ICE 20) nr — GE la pres- piston Bee LUE
machines. | expériences. | entonn. | tirages Je" kilom.len mètres] ; Sètre FLE en 1 Se-| 1 mètre | l'effet
de 100 par par eu 1 Se-|paricen-| conde. |en 1 se- théorique
kilogram. heure. | seconde. | Conde. |tim. carr. conde.
pe nn PR, NP) PE, ES
Tonn. Kilog. kilom. Mèt. Kil: kil. Kilog.
Vurcan. {22 juillet. g 687 | 18.37 | 5.11 | 3520 ia 4.26 | 4300 À 0.820
22 juillet. 679 | 30.17 | 8.8r | 5980 .05 | 7.36 | 5420 | 0.797
24 juillet..| 248 8or | 37.46 | 10.40 270 .61 | 8. Bo | 0.925
Fur. août... Le 6b8 mé 5. 4 tr .87 La Po 0.835
Lens... |15 août, 171 615 | 16.09 | 4.47 | 2750 | 3.41 | 3.73 | 3170 | 0.€68
16 aoùût...| 192 0 4.83 | 1.34 25 | 3.98 | 1.13 | 1146 | 0.808
Vesta. 1,6 août. ë6 d8 5.23 | 1.45 Fo 4:88 1.22 2 0.764
= Re ES nr
23 juillet..| 244 878 | 12.8 3.5 3118 | 3.87 | ». 3440 | 0.907
23 juillet... lu 716 14:88 41 2060 | 3.76 3.4 . 3850 | 0.569
ATLAS... 423 juillet..| 202 726 9.65 | 2.68 1945 3. 2.2 2555 | 0.756
")3rjuillet..| 206 4h 12.0 3.24 | 2495 | 3.5 2.80 | 20980 | 0.830
4août....| 223 03 6.03.| 1.67 | 1342 | 4.34 | 1.40 | 1805 | 0.743
» L'examen de cetableau montre que, dans leslimites de pression et de vi-
tesse correspondantes aux expériences citées, le rapport de l’effet utile, sur
des locomotives, à l'effet théorique est moyennement égal à o, 819; de sorte
que, dans toute l’étendue de ces limites , cet effet utile est représenté avec
l’exactitude désirable, par la formule
SET, {P—1,0333 } kilog. élevés à 1 mètre en 1 seconde,
dans laquelle P représente la pression dans la chaudière, par centimètre
carré , où le coefficient 0,819 tient compte des diverses résistances passi-
ves de la machine, y compris celle de Pair aux vitesses indiquées.
» On observera que, dans l'application de la formule, on n’introduit dans
le calcul que le volume de vapeur réellement admis dans lecylindre, et que
sous ce rapport, quand on opèrera dans les limites indiquées, où lon
pourra supposer R=P, on sera plus certain d'obtenir un résultat appro-
ché de la vérité, par la formule ordinaire, que par celle de M. de Pambour,
qui suppose implicitement qu’il n’y a pas de fuites par les soupapes, que
toute la vapeur produite est admise dans les cylindres, et que la chaudière
fonctionne avec toute sa force de vaporisation ; circonstances fort difficiles
à réaliser dans la pratique. Il est vrai que cet habile observateur a cherché
(935 )
à apprécier le volume de vapeur qui s'écoule par les soupapes de sûreté à
un degré donné d’élévation, mais on ne peut se dissimuler que cette éva-
luation fort délicate ne soit très sujette à incertitude,
» Quant aux cas où la charge et la vitesse seraient telles , que l’on ne
pourrait évidemment supposer R — P, on pourra déterminer approximati-
vement la valeur de R, comme le fait M. de Pambour, en supposant que la
chaudière fonctionne à toute sa force et qu'il n’y a pas de vapeur perdue
par larelation ;
m SP = ÉENELR —— R(1),
et employer encore alors la formule précédente pour déterminer l'effet
utile de la machine locomotive.
»Mon but, dans cette note et dans la précédente, n’a point été de prouver
qu’il était inutile de chercher une formule différente de celle que donne
la théorie ordinaire, mais de faire voir que cette théorie n’est pas inexacte
en elle-même, et que toute la difficulté provenait del’estimationdes donneés
à y substituer; je voulais aussi démontrer que, dans un grandnombre decas,
on pouvait, sanserreur notable, supposer que la pression dans le cylindre est
lamême que dans la chaudière. C’ést pour fournir un moyen de lever cette
difficulté, que je terminerai cette note en décrivant succinctement un
moyen simple de déterminer, avec toute la précision désirable , non-seule-
ment la pression dans le cylindre d’une machine à vapeur à un instant quel-
conque de sa course, mais même la quantité de travail qui aura été déve-
loppée par la vapeur, sur le piston, pendant un intervalle ou un nombre
de courses déterminé.
» Si l'on conçoit qu’un petit cylindre d’un centimètre de diamètre, par
exemple, creux pour qu'il soit léger, ajusté dans une garniture où il
puisse glisser à frottement doux, traverse horizontalement une boîte en
communication avec le cylindre à vapeur ou ce cylindre lui-même; la pres-
sion de la vapeur tendra à le repousser du dedans au dehors, quand la
pression intérieure l’emportera sur l’extérieure , et vice versé. Or si l’ex-
trémité extérieure de ce cylindre est fixée à une lame de ressort dynamo-
métrique, prenant des flexions égales et connues pour des accroissements
égaux de l'effort exercé, et que, par un dispositif analogue à celui que
j'ai employé plusieurs fois en pareil cas, on obtienne une trace de ces
EE Le
(1) On ne devra pas oublier que, dans les grandes vitesses, l’inertie de la masse
de vapeur lancée dans ce cylindre consomme une portion de la pression motrice P.
127.
(956 )
flexions sur un plateau animé d’un mouvement en rapport constant avec
celui du piston, il est évident que par le relèvement ou la quadrature des
courbes de flexions, on aura soit la pression correspondante à une posi-
tion quelconque du piston, soit la quantité de travail développée par
la vapeur sur la base du petit cylindre , et par suite sur le piston.
» On pourrait aussi adapter à cet instrument un compteur analogue à
celui que j'ai fait exécuter pour des dynamomètres destinés aux expérien-
ces sur le tirage des voitures, et quienregistreraitla quantité de travail total
développée pendant un temps quelconque. Si d’un autre côté on interposait
entre la machine locomotive et la résistance un autre dynamomètre
à style ou à compteur, on aurait par ce dernier , la quantité de travail uti-
lisée par la résistance au tirage, et l’on pourrait simultanément observer
avec précision tous les éléments de la question, sans avoir besoin d’aucune
hypothèse pour y appliquer le calcul.
» Je me propose de faire exécuter incessamment et de soumettre à l’ex-
périence un dynamomètre à piston de ce genre, et dès que j'aurai obtenu
des résultats qui puissent mériter l’attention de l’Académie, je m’empres-
serai de les lui soumettre. »
MÉCANIQUE. — Mémoire sur la théorie de la machine à vapeur , telle qu’elle
a été exposée dans un mémoire précédent , sur le calcul des machines à
vapeur à haute pression; par M. ne Pausour.
Li (Commission précédemment nommée.)
« Dans un premier mémoire sur le calcul des machines à vapeur à
haute pression, nous avons démontré l’inexactitude des procédés de calcul
qu’on a jusqu'ici mis en usage à l’égard de ces machines; et nous avons
développé une théorie nouvelle, d’où nous avons déduit des formules
propres à faire connaître immédiatement et sans coefficients de correction,
soit les effets, soit les proportions des machines. Dans un second mémoire,
faisant suite au premier, sur la théorie de la machine à vapeur , nous avons
présenté un grand nombre de preuves nouvelles, déduites de considé-
rations différentes, qui établissent d’une manière incontestable le
principe qui sert de base à notre théorie, et démontrent de nouveau que
la théorie ordinaire est inexacte. Mais comme on pourrait croire que cette
inexactitude, dont nous nous plaignons, est de peu d'importance, nousal-
Ions soumettre cette méthode en même temps que la nôtre, à l'examen de
la pratique. En les voyant fonctionner simultanément , on jugera facile-
( 957 )
ment de la différence qui existe «entre elles, et des causes fondamentales
qui influent sur leurs résultats.
» Le coefficient de correction pour les machines à vapeur à haute pres-
sion, sans expansion et sans condensation , n'étant pas donné par les au-
teurs qui ont traité ces sujets, nous proposons pour le déterminer, les
deux faits suivants qui se sont passés sous nos yeux :
» 1°, La machine Leeds , qui a deux cylindres de 11 pouces de diamètre,
course du piston 16 pouces , roue 5 pieds , a tiré une charge de r09 ton-
nes, à la vitesse de 20,34 milles par heure, la pression effective dans la
chaudière étant 54 livres par pouce quarré, ou la pression totale 69 livres
par pouce carré ;
» 2°. Le même jour, la nêrne machine a tiré une charge de 27 tonnes à
la vitesse de 29,09 milles par heure, la pression totale dans la chaudière
étant 69 livres par pouce quarré, comme dans le cas précédent , et le ré-
gulateur ouvert de la même quantité. On peut voir ces expériences, pa-
ges 252 et 254 de notre Traité des locomotives.
» En comptant d’une part la force appliquée sur le piston, d'apres le
calcul ordinaire , et d’autre part la résistance opposée par la charge, plus
celle de l'air contre le train, et celle de l’atmosphére contre le piston,
puisque la machine est à haute pression, on trouve ( l'aire des deux cy-
lindres étant 190 pouces quarrés) :
1 cas. Force appliquéesur le piston, d’après le calculordinaire,190 <69lbs 13,110 Ibs
Effet produit........... Te nette cr ieteie RSR te tee 8,839
Coefficient de correction................ 0007
2 cas. Forcé appliquée sur le piston, comme ci-dessus............ 13,110
Effet produit... ..nessmmmsm--c-esrt-.e.s.sees 0047
Coefficient de correction................. 0,45
Coefficient moyen des deux cas........,.... 0,56
» Voilà des coefficients de correction bien différents. Qu'on choisisse le
premier, on fera erreur dans le second cas; qu’on choisisse le second, on
fera erreur dans le premier cas; qu’on choiïsisse le troisième, on ne fera que
partager l'erreur entre les deux cas. De toute manière on est donc assuré
de faire erreur; et cela suffirait pour prouver que toute méthode, comme
la théorie ordinaire, qui consiste dans l'emploi d’un coefficient constant,
est nécessairement erronée, quel que soit le coefficient choisi et à quelque
système de machines qu’on en fasse l'application ; car il est évident que le
même fait se présenterait dans toute espèce de machine à vapeur. Seule-
( 958 )
ment , il pourrait être moins marqué, si les vitesses auxquelles on prend
la machine étaient moins différentes ; et c’est ce qui a empêché jusqu'ici
d’apercevoir l’erreur de cette méthode, parce que toutes les machines
d’un même système étant imitées les unes des autres, et marchant à peu
près à la même vitesse, d’après une limite factice qu’on avait posée pour
la vitesse du piston, le même coefficient de correction paraît leur convenir
tolérablement.
-» D'ailleurs, dans ces machines en général, on ne peut, faute de détermina-
tions précises des frottements , démêler dans le résultat, la part qui leur est
réellement attribuable , de celle qui constitue une véritable erreur. Mais ici
nous pouvons nous convaincre bien facilement que ces coefficients de
correction, ni l’un ni l’autre, ne représententfcomme on nous le dit, les
pertes et résistances diverses de la machine ; car des expériences directes
sur Ja machine dont nous nous occupons, et consignées dans notre Traité
des locomotives, nous mettent à même d'évaluer séparément tous ces frot-
tements et résistances. Nous dirons donc qu’en comptant le frottement de
la machine à 108 livres, son frottement additionnel à ! livre par tonne de
charge , et y ajoutant pour chaque cas la pression subsistant sur la face
opposée du piston en raison de la tuyère, on trouve pour la somme de
ces frottements et résistances diverses :
ICS TTC 1722 Ibs ..... ou o,r3 du résultat théorique.
2% ças,.... 1860 ....... ou 0,14 du résultat théorique.
» Ainsi l’on voit que dans chacun de ces deux cas, les frottements et.
résistances omis dans le calcul, ne s'élèvent en réalité qu’à 13 ou 14
centièmes du résultat théorique; tandis que les coefficients de correction les
porteraient à 0,33 d’une part, et à 0,55 de l’autre, c’est-à-dire les comp-
tent de deux à quatre fois ce qu'ils sont réellement. Si donc, de ces coeffi-
cients on retranche la véritable valeur des frottements, on trouvera que
l'erreur théorique, que cette méthode introduit dans le nl sous la déno-
mination de frottement , est de 20 pour 100 de la force totale de la machine
dans un cas, et de 41 pour 100 dans le second. Nous croyons que ces faits
sont assez clairs, et nous FOUR en produire où l'erreur serait plus
grande encore.
» Mais refaisons maintenant le calcul en son entier, en adoptant le
coefficient moyen 0,56 déterminé plus haut, afin de rapprocher le résultat
ainsi obtenu, de l'effet produit, et d’avoir un calcul immédiatement com-
parable à celui que donne notre théorie. En tenant compte dans cet effet
! ( 939 )
produit, de tous les frottements et résistances, savoir, résistance du train,
résistance de l’air, frottement de la machine, frottement additionnel dù à
la charge, pression atmosphérique et pression due à la tuyère, on trouve
1% cas. Force appliquéesur le piston d’après le calcul ordinaire, r90X69% 0.56, 7,342lbs
Effet produit, en y comprenant tous les frottements et résistances... 10,560
Erreur en outre des frottements et résistances. ...... 3,218
Le calcul ne donne guère que les ? de l’effet réel.
2°° cas. Force appliquée sur le piston, d’après le calcul ordinaire, comme
QE NN ENS Mae ee NES OS ER MEME" ER Er TETE
_ Effet produit, en y comprenant tous les frottements et résistances... 7,707
Erreur, en outre des frottements et résistances. ...... 365
Le calcul est presque exact.
Erreur moyenne des deux cas,.,,,.,,:...,.,....,: 1,7911bs
» Ainsi, en tenant compte dans le calcul, des frottements et résistances
diverses, on ne trouve nullement que le coefficient conduise au vrai résul-
tat. On remarquera de plus, qu’en appliquant tout autre coefficient
quelconque, Verreurne fera que se reporter d’un cas sur l’autre sans jamais
disparaître; et c’est de cette façon que Le coefficient 0,56 a presque annulé
plus haut lerreur du second cas, en la reportant sur le premier. Les
coefficients extrêmes 0,67 et 0,45 donnent 566 et 2356 livres d’erreur
moyenne, de sortequ’entre ces deux coefficients extrêmes l’erreur moyenne
et inévitable reste toujours de 1461 livres.
» Dans notre théorie, l'effort appliqué par la machine à une vitesse
connue, est donné par la formule
a XR = HAE
v
où a est l'aire du piston, v sa vitesse, P la pression de la vapeur par unité
de surface dans la chaudière, R celle exercée par la résistance sur l’unité de
surface du piston , # le volume de la vapeur à la pression P, rapporté au vo-
lume de l’eau qui l’a produite, et S la vaporisation effective de la machine,
qui est ici 0,80 pied cube par minute. Il suffit donc de faire les substitu-
tions convenables à chaque cas, en conservant partout la même unité, et
l'on trouve :
1* cas. Effort exercé sur Le piston, d’après notre calcul PR RCE 11002 Ibs
Effet produit, en comprenant tous les frottements et résistances... 10560
Différence....... 442
( 940 ) 5
2 Cas. Effort exercé sur le piston, d’après notre calcul...........
Be SONORE MAT CRAN TIMOR 2 en
434
Effet produit en comprenant tous les frottements, etc........ +... 7707
Différence. ...... 145 Ibs.
Différence moyenne des deux cas... 203 lbs.
» On voit donc que nous arrivons à l'effet produit, avec une différence
de 293 lbs, différence peu considérable pour des expériences de ce genre,
où tout dépend de la conduite du feu.
» {T. Pour continuer la même comparaison des deux théories, suppo-
sons, au contraire, qu’on veuille regarder la résistance comme connue , et
calculer la vitesse que prendra la machine avec cette résistance. En cal-
culant, d’après la théorie ordinaire, la vitesse que prendra la vapeur en
traversant le cylindre sans réduction de pression, et appliquant le coefficient
de correction 056, on trouve pour la vitesse en pieds par minute ( Paire
des cylindres étant 1.32 pieds carrés ) :
$ ! à 19 ALES MAD
1" Cas. Vitesse du piston d’après la théorieordinaire
P P ;
Vitesse réelle, . «4......... 41H00 ne ronde one d Hbecodne te 298
‘Erreur en pieds par minute.... 113
Le calcul ne donne guère que la moitié de la vitesse réelle.
2° Cas. Vitesse du piston d’après la théorie ordinaire, la même que ci-dessus. 185
Vitesse réelle........... ME CT ct ECO 0 Je Ce ICT BOB ... 434
Erreur en pieds par minute.... 249
Le calcul ne donne guère que le tiers de la vitesse réelle.
» L'erreur moyenne des deux cas est de 181 pieds par minute. Le coef-
ficient 0,67 donnerait pour erreur moyenne 145 pieds, et celui de 0,45
donnerait 217 pieds par minute. On voit donc qu'entre ces deux extrêmes,
l'erreur sera toujours d'environ 180 pieds par minute, sans qu'il soit pos-
sible, par un coefficient ou par un autre, d'éviter ce résultat.
» Dans notre calcul, en faisant les mêmes substitutions que plus haut,
et mettant pour aXR sa valeur donnée dans chaque cas, on trouve :
1® Cas. Vitesse du piston en pieds par minute, d’après notre calcul,
mSP_413X0,80%X (69 x 144)
VE ——:
ak 10560
Vitesse réelle. ...,..,.,,...,....,:...,.
Différence..,... 13
( 941 )
2° cas. Vitesse du piston, d’après notre calcul PRE Forts 3000 426
7
Vitesse réelle. ............... A DARCOS RE Dee à BRAS SAGE 434
Différence. . .. 8
» IT. Enfin, si l’on veut calculer quelle quantité d’eau la chaudière doit
vaporiser par minute, et transmettre aux cylindres, pour produire, soit le
premier effet, soit le second, la théorie ordinaire sera encore fautive, ct
cela, quel que soit le coefficient de correction employé. Car, en calculant la
consommation de vapeur qui se fait: par le cylindre, à la pression de la
chaudière, et divisant, comme font les auteurs qui ont traité ce sujet, par
le coefficient 0,56, pour augmenter la production de vapeur en proportion
de la perte que ce coefficient représente, on trouve pour la vaporisation
en pieds cubes d’eau par minute (l'aire des deux cylindres étant 1,32 pieds
carrés ) :
r 298%X 1,32 ï B)
1 cas. Vaporisation indiquée par le calcul ordinaire = D ére ni ais: per TC
Vaporisation réelle....,....,,...,...... irseront see 0,00
Erreur... ... 0,90
Le calcul donne le double de la vaporisation réelle. °
2° cas. Vaporisation indiquée par le calcul ordinaire i5isr. pa génie je, 48
413 0,56
Vaporisation réelles an serein eeislepte slots esiaile lee da ele snoboted Das
Erreur...... 1,68
Le calcul donne le triple de la vaporisation réelle.
» Et notez toujours que tout autre coefficient quelconque donnerait une
erreur moyenne sembiable. Celui de 0,67 donne 0,94, et celui de 0,45
donne 1,80 pieds cubes d’eau par minute. L’erreur est donc inévitable de
toutes facons.
» Dans notre calcul, il suffit de faire les mêmes substitutions que plus
haut, et rapprochant les résultats de l'expérience, on a
1‘ cas. Vagorisation donnée par notre calcul, en pieds cubes d’eau par
ibdée sa 10560%<298
EE done ou secauig ue on. 0,77
Vaporisation ne OL De cn ose Jocube Theo +... 0,80
mimedee du 0,03
2° cas. Naporisation donnée par notre calcul TIOTSAEE LES NOR 0,82
HR
Naporisationqéellest Ssen aspire aus al cé sehaetes de dise 0,80
>ip Différence...... 0,02
C. R. 1835, 19 Semestre. (T. IV, N°93.) 128
( 942 )
» Par conséquent, on voit que dans chacun des trois problèmes qui se
présentent dans le calcul des machines, la théorie ordinaire, même après
défalcation de tous les frottements et résistances, contient encore des er-
reurs qui varient de ; à 3 fois l'effet réel; nous pourrions produire des
exemples où la différence serait beaucoup plus grande encore. On a fait
remarquer que l’on arrive à ce résultat, quelque soit le coefficient que l'on
emploie, et l'on a pu même observer que, dans les deux derniers problèmes,
le coefficient de correction aggrave le mal au lieu d’y remédier: on ne
peut donc douter qu’un tel effet ne soit dû à une erreur fondamentale dans
cette théorie.
» Eu effet, en examinant le mode de calcul indiqué par cette théorie,
dans les trois problèmes dont nous venons de nous occuper, nous recon-
naitrons facilement en quoi consiste cette erreur.
» 1°. S'il s'agit de connaitre la charge de la machine à une vitesse
donnée, la théorie ordinaire suppose la pression dans le cylindre égale à
celle de la chaudière, et ne reconnaît en principe de différence entre elles,
que celle attribuée aux causes suivantes : le rétrécissement des passages,
les coudes de tuyaux, les fuites de vapeur, le froîtement de la vapeur dans
les conduits, et la condensation. Or toutes ces causes, hors la derniére,
qui est obviée à peu près entièrement par les précautions adoptées dans la
pratique , ne peuvent que changer la vitesse de la vapeur, mais non sa pres-
sion. Donc, cette théorie n’admet entre les deux vases qu’une différence
négligeable de pression. Or, d’un autre côté, nous avons prouvé que la
pression dans le cylindre, dépend, non pas de la pression de la chaudière,
mais de celle de la résistance; d’où résulte qu’elle est, e£ par des causes
tout-à-fait indépendantes de celles citées plus haut, bien différente de la
pression de la chaudière. Donc la théorie ordinaire, qui ne tient pas
compte de ces causes, doit être en erreur d'autant, dans tous les calculs où
entre cette pression. Ainsi, voici une première erreur.
» Eh outre, on a vu que le calcul donne le même résultat à toute vitesse,
puisqu'il consiste toujours à multiplier l'aire du piston par la pression de la
chaudière, et à réduire le résultat dans un certain rapport constant. Or, il
est évident en principe, que plus la machine marche rapidement, moins
elle peut tirer de charge. Donc le calcul est encore erroné pour cette se-
conde cause.
» Troisièmement, on remarquera que cettemème théorie ordinaire, tou-
jourslorsqu’il s’agit de connaître la résistance que peut mouvoir la machine,
ne tient non plus aucun compte de la vaporisation de la chaudière ; de
(943 )
sorte que la charge que pent tirer une machine à une vitesse donnée,
serait indépendante de sa force de vaporisation, ce qui est impossible.
Donc nous avons ici une troisieme cause d'erreur.
»On peut voir maintenant combien notre théorie diffère de la précé-
dente. Elle admet une cause, et une cause considérable et fondamentale de
différence de pression entre le cylindre et la chaudière; cette cause étant
que la pression dans le cylindre n’est autre que la pression de la résistance,
et ainsi peut-être la moitié ou le tiers de la pression dans la chaudière.
Elle tient compte de la vitesse, puisque celle-ci entre en diviseur dans la
formule, et de la vaporisation de la chaudière, puisque cette vaporisation
y entre en facteur. Donc notre théorie diffère essentiellement de la précé-
dente, et nous pouvons dire qu’elle en est séparée par le rejet ou l'admission
de trois principes.
2°. S'il s’agit de connaître la vitesse de la machine avec une charge
donnée, comment procède le calcul ordinaire ? Il prend encore la pression
dans le cylindre égale à celle de la chaudière; et il ne peut faire autrement,
puisqu'il ne reconnaît point de cause qui les fasse différer matériellement.
Mais ensuite, toutes les causes qui avaient été auparavant invoquées pour
expliquer une différence de pression, se présentent ici pour établir une
perte de vitesse, On emploie donc avec plus de confiance que jamais le
coefficient de réduction. Eh bien, qu'arrive-t-il? Ce coefficient de cor-
rection augmenle le mal au lieu de le corriger. Donc la théorie, sur
laquelle est fondée l'emploi de ce coeïficient, est entièrement fautive.
» En effet, puisque dans cette théorie il y a perte de vitesse dans le con-
duit, la vitesse du piston devrait être moindre que celle résultante du pas-
sage de la vapeur par le cylindre, au même état de pression que dans la
chaudière. Or, au contraire, nous avons prouvé qu’elle est plus grande,
par la raison que la vapeur, en se rendant de la chaudière au cylindre, passe
à la pression de la résistance, en augmentant de volume en raison inverse,
circonstance qui n'entre nullement dans les raisonnements de la théorie
ordinaire. Donc cette théorie doit arriver à un résultat diamétralement
opposé à la vérité, et la prétendue correction doit empirer le mal au lieu d’y
remédier. Ù
» En outre, dans ce calcul de la vitesse, la théorie ordinaire ne tientaucun
compte de la résistance qu'est supposée mouvoir la machine; c’est-à-dire
qu’elle soutient que, quelle que soit la résistance imposée à une machine,
la vitesse doit être toujours la même, ce qui est impossible. Donc c’est là
une seconde cause d’erreur de ce calcul.
128..
(944)
» Notre théorie, au contraire, introduit dans le calcul an principe très
important dans ses résultats, savoir, que la vapeur passe de la chaudière au
cylindre, er prenant la pression de la résistance et en augmentant de vo-
lume en conséquence. En outre, elle tient compte de l'intensité de la résis-
tance. Donc, encore ici, les deux théories sont séparées de tout l'intervalle
de deux principes, et marchent en sens contraire l'une de l’autre, lune
tendant à réduire la vitesse de la vapeur dans le passage, et l'autre à
l’augmenter.
» &. Enfin, s’il s’agit de calculer la vaporisation nécessaire pour une ré-
sistance et une vitesse données, la théorie ordinaire applique encore son
coefficient en sens inverse de la vérité. En effet, cette théorie admet bien
une différence insignifiante de pression entre la chaudière et le cylindre;
mais comme cette différence de pression n’est pas accompagnée d’une aug-
mentation proportionnelle de volume, ce qui constitue le principe fonda-
mental du mode d'action de la vapeur, elle ne trouve que des causes de
perte où il y 4 un gain véritable, et de là vient son résultat erronné.
» En outre, le calcul indiqué par la théorie ordinaire, dans ce cas, ne porte
encore quesur la vitesse et la force de vaporisation , laissant entièrement
de côté l'intensité de la résistance; ce qui reviendrait à soutenir que la
même force de vaporisation suffira pour tirer toutes les charges à la même
vitesse. Donc c’est là une nouvelle cause d’erreur dans ce calcul.
» Dans notre théorie, au contraire, on introduit le principe d’augmen-
tation de volume de la vapeur, en passant à la pression du eylindre, etlon
tient compte de l'intensité de la résistance. Donc nous voyons encore ici
deux principes s’interposer entre cette théorie et la précédente.
» Ainsi, dans le premier de nos mémoires, nous avons développé et ré-
duit en formules notre théorie; dans le second , nous l'avons établie de
nouveau par un grand nombre de preuves et de faits; dans celui-ci enfin,
nous montrons qu'elle conduit aux véritables résultats pratiques, et que
ja théorie des ccefficients s’en éloigne au contraire considérablement , et
nous faisons voir en même temps les causes qui produisent ces résultats.
Nous croyons donc que la théorie que nous avons exposée ne peut être ré-
voquée en doute; et comme elle prouve dans les calculs ordinaires, des
erreurs que l'on a vu s'élever à deux et trois fois l'effet réel, nous espérons
que cette théorie pourra être d’une grande utilité pour faire éviter les gra-
ves mécomptes qui se présentent constamment dans la construction des
machines; et qui ont compromis trop souvent la fortune des particuliers,
ou le succès de grandes entreprises, ou la vie même des voyageurs confiés
(945 )
à des bateaux d’une puissance mal calculée pour remplir le but auquel on
les destinait. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE.-— Mémoire sur le mouvement de l'air dans les conduites,
et sur la ventilation des mines ; par M. Comsss.
(Extrait par l’auteur.)
(Comrmnissaires, MM. Arago, Poisson, Poncelet.)
« Dans un mémoire imprimé à un petit nombre d'exemplaires, pour
l'usage des élèves de l’École des Mines, j'ai donné leséquations du mouve-
ment permanent de l’air, dans une conduite verticale ou inclinée à l'hori-
zon , en ayant égard à l’action de la gravité, eten supposant la température
de l’air uniforme, dans toute l'étendue du parcours. J'ai ensuite établi les
équations du mouvement permanent, dans une conduite horizontale,
lorsque la teñnpérature n’est pas uniforme, et que l'air s’échauffe, ou se
refroidit par une addition ou soustraction de chaleur. Les équations simul-
tanées relatives au mouvement de l'air, dans les parties successives de la
conduite, ne peuvent être résolues en général que par tâtonnement, dans
le cas où l’on néglige l’action de la gravité et où l’on suppose la température
uniforme : mais elles fournissent, ainsi que M. Navier l’a fait voir dans
son mémoire sur le mouvement des fluides élastiques, des valeurs algébri-
ques approchées du volume d’air débité par l’orifice de la conduite, et des
pressions en un point quelconque, lorsque ces pressions sont très peu
différentes, dans tous lespoints, de celle qui a lieusur l’orifice d'écoulement.
Je fais voir qu’il en est encore de même, lorsque l’on a égard à l’action de
la gravité, et aux variations de température. Seulement, les équations
renferment alors des coefficients numériques dépendants de la loi sui-
vant laquelle la température varie, et qui ne peuvent être déterminés, quand
on ne connaît que les températures qui ont lieu aux deux extrémités de la
portion de conduite à laquelle se rapporte l'équation qui contient ces coeffi-
cients. Néanmoins on peut encore, dans ce cas, assigner les limites: entre
lesquelles demeurent compris ces coefficients, pourvu que la température de
l'air varie toujours dans le même sens, en allant de l’origine à l'extrémité
de la conduite, ou portion de conduite que l’on considère.
» Dans la première partie du mémoire , je donne les équations du mou-
vement permanent de l'air, dans une conduite quelconque, en ayant
égard à la fois à l’action de la gravité pour les parties verticales ou incli-
nées, et aux variations de température. Lorsque les pressions, dans toute
( 946 )
l'étendue du parcours, différent peu de celle qui a lieu sur l’orifice d’écou-
lement, le volume d’air débité, dans Funité de temps par cet orifice, est
exprimé par une équation algébrique aussi simple que celle qui détermine
la dépense d’une conduite d'air, dans le cas ordinaire où l'on néglige l’ac-
tion de la gravité, et où l’on suppose la température uniforme. Elle renferme
seulement les coefficients numériques dépendants de la loi inconnue des
températures, qui demeurent compris entre des limites que assigne, en
fonction des températures qui ont lieu aux extrémités de chaque partie
de la conduite, dans laquelle le mouvement est donné par une équation
particulière. Il en résulte que l’on peut obtenir, dans tous les cas, une va-
leur aussi approchée que l’on voudra, en multipliant les observations de
température sur des points de la conduite rapprochés les uns des autres , et
enfin lorsque ies variations de température sont resserrées entre des limites
assez étroites,sur une grande longueur de ia conduite, on peut, sans erreur
sensible, adopter pour valeur du coefficient dont il s’agit, la moyenne arith-
métique entre les limites assignées. C’est ainsi que, dans la formule baro-
métrique pour la mesure des hauteurs, on prend pour la température sup-
posée constante de la colonne d’air comprise entre les stations supérieure
et inférieure, la moyenne entre les températures extrèmes.
» L'analyse dont je fais usage, dans cette dernière partie de mon travail,
diffère de celle de M. Navier, dans le mémoire que j'ai déjà cité, d’abord
en ce que je tiens compte de l’action de la gravité et des variations de tem-
pérature; secondement, en ce que j’établis séparément l'équation du mou-
vement de l'air dans chaque partie de la conduite dont la section est
uniforme, et dans les embouchures ou passages qui réunissent entre elles
les parties de sections différentes. Pour obtenir les équations du mouve-
ments, dans ces embouchures, je n’ai pas cru devoir faire usage du théo-
rème de Carnot, ainsi que le fait le savant auteur que la mort vient de
sous enlever, parce qu’il me semble que des variations brusques de vitesses
et de pressions ne sauraient avoir lieu dans le mouvement des fluides élas-
tiques. Je ne fais donc aucune hypothèse sur la cause de la perte de forces
vives qui a lieu, lorsque Pair passe d’un vase plus large dans un tuyau
plus étroit, et qui est constatée par les expériences de Lagehrjelm et de
M. d’Aubuisson sur l'écoulement des fluides, par des ajutages cylindriques
ou coniques. J’admets seulement que la vitesse moyenne de l'air traversant
une embouchure plus étroite que la partie précédente de la conduite, est
égale à la vitesse théorique muitipliée par une fraction constante que lex-
périence a déterminée, ou doit déterminer. Quand le fluide passe d'une
(947)
conduite plus étroite, dans une conduite plus large, je suppose que la
force élastique du fluide, à l’origine de la conduite large, ne difière pas
de la force élastique qui a lieu à l'extrémité de la conduite, ou de l’em-
boucliure qui précède. Cette hypothèse, qui doit approcher beaucoup de
l'exactitude, quand la conduite où l'air entre est beaucoup plus large que
l'embouchure qui la précède, conduit, dans tous les cas, à une valeur
trop petite du volume d’air débité par la conduite; et comme l'erreur en
ce sens est moins à craindre, dans les applications, que l'erreur en sens
contraire, je me suis arrêté à la méthode indiquée, en attendant que des
expériences aient été faites sur ce sujet, Au surplus, le cas dont il s’agit,
se présente très rarement dans les conduites.
» Dans la deuxième partie du mémoire, j'applique la théorie précédem-
ment développée, à la question très importante de l’aérage des mines.
J'examine successivement les divers moyens mis en usage pour obtenir un
courant d'air contiuu dans les excavations souterraines. En premier lieu,
Je discute les circonstances qui déterminent et peuvent influer sur l’inten-
sité du courant naturel, qui s'établit en vertu de la seule différence entre
la température des galeries et celle de l'air extérieur. Lorsque la tempéra-
ture de l'air est moins élevée que celle des galeries, si l’on active tempo-
rairement, par des moyens artificiels, le courant d’air qui descend par un
puits vertical, la circulation continuera, pendant un temps indéfini, à être
plus active que celle qui s’était établie en vertu de la seule différence des
températures. Au contraire, le courant naturel qui s'établit lorsque la
température des galeries est plus basse que celle de l'atmosphère, et qu'il
existe, entre les deux orifices qui mettent les travanx en communication
avec le jour , une différence de niveau, ne peut être activé d’une manière
constante, que par l’action également continue de moyens artificiels.
» Je passe ensuite à l’examen des foyers d'aérage et des machines souf-
flantes ou aspirantes. J’établis que dans les circonstances ordinaires de
profondeur et de température d’une mine, les foyers d’aérage consomment,
pour produire un même courant, une quantité de combustible plus grande
que n’en consommerait une machine à vapeur qui serait employée à mou-
voir des machines soufflantes ou aspirantes, bien construites. Le désavan-
tage des foyers est d'autant plus grand, que le puits qui recoit l'air chaud
et la fumée du foyer est moins profond, et que le courant doit être plus
rapide, et par suite la température nécessaire pour l'obtenir, plus élevée.
Néanmoins, la différence n’est pas tellement considérable qu’elle ne puisse
pas être souvént plus que compensée par la simplicité de l'appareil, et les
(948 )
dépenses de premier établissement et d'entretien du foyer, comparées aux
frais de construction, d'installation et d'entretien des machines, ou même
par une construction très défectueuse de la machine motrice ou de la
pompe à air elle-même. Aïnsi je pense que les foyers d’aérage sont bien
appropriés aux mines de houille qui sont exemptes de gaz hydrogène car-
boné, et devront continuer à y être employés. Mais il n’en est pas de même
de celles où le gaz inflammable abonde, et qui sont précisément celles dont
l’aérage offre les plus grandes difficultés. Ici un foyer peut étre lui-même
une source grave de danger, et il n’offre pas d’ailleurs le moyen d’activer
presque instantanément Ja ventilation, comme cela est nécessaire dans
beaucoup de circonstances , et notamment aussitôt après qu’une explosion
vient d’avoir lieu, dans quelque partie des travaux. Les foyers doivent
donc alors être entièrement proscrits et remplacés par des machines.
». Depuis deux ou trois ans seulement, deux machines aspirantes ont été
établies sur des mines belges, l’une située près de Charleroi, l’autre à
Seraing. Les foyers sont encore exclusivement en usage, dans toutes les
grandes mines de houille de l'Angleterre, les autres mines de la Belgique,
et celles de la France, dont beaucoup sont infectées d'hydrogène carboné.
Quelques essais faits en Angleterre par M. Buddle, pour établir des ma-
chines, n’ont été suivis d’aucun résultat. Les Hot qui ont fait conserver
les foyers d’aérage, usités depuis un temps immémorial , par imitation du
procédé d’aérage naturel, sont dans l'opinion très fausse et diamétralement
opposée à la vérité, que les machines ne sauraient remplir le même but
que ces appareils , et dans des idées erronées sur les lois du mouvement
de l'air, très répandues encore parmi les mineurs, et même parmi des in-
génieurs d’ailleurs fort instruits et expérimentés. ,
» Comparant ensuite les machines soufflantes aux machines aspirantes,
je fais voir que les premières exigent une moindre dépense de force mo-
trice que les secondes, toutes les fois que l'air ne se refroidit pas, dans
le parcours des galeries souterraines, ce qui n’a presque jamais lieu ,
dans les mines de houïlle d’une grande étendue. Il existe, parmi les mi-
neurs, un préjugé qui fait qu'ils attribuent aux machines aspirantes un
avantage général sur les machines soufflantes. Je fais voir que les faits
réels sur lesquels cette opinion est fondée, ne sont nullement ceux qui
ont lieu dans la ventilation des mines aient et que, par conséquent,
les machines souffiantes méritent d’être préférées aux autres, contraire-
ment à l'opinion généralement admise par les personnes qui s’occupent
de l'exploitation des mines.
( 949 )
» J'ai analysé le petit nombre de faits connus sur le dégagement de l’hy-
drogèné carboné, dans les mines de houille; la plupart ont été recueillis
par le comité d’enquête de la Chambre des Communes de la Grande-
Bretagne, chargé de réunir des documents sur le nombre des accidents
survenus dans les mines, et sur leurs causes. Cette analyse m'a conduit à
expliquer l'influence générale et très marquée de faibles variations de pres-
sion atmosphérique, sur la quantité de gaz inflammable qui se répand
dans les mines de houille, quoique ce gaz puisse se dégager sous des pres-
sions qui surpassent deux ou trois atmosphères, ainsi que j'ai eu l’occasion
de le constater moi-même, et que cela a été observé dans une mine du
nord de:lAngleterre. L'influence des variations de pression est considé-
rablement accrue par l'existence de vieux travaux abandonnés , que l'on
isole des autres travaux par des barrages qu’on ne peut pas rendre imper-
méables à l’air, et dans lesquels le courant d’air ne pénètre pas. Ces vastes
cavités , qui sont remplies de gaz inflammable, ou d’un mélange d’air et
de gaz, versent une partie de leur contenu, par les fissures des barrages,
dans les travaux de la mine, lorsque la pression de l'air vient à baisser,
et reçoivent au contraire l'air extérieur, quand la pression augmente.
Leur existence amène donc des variations très considérables, dans la quan-
tité de gaz inflammable que le courant d’air, introduit dans la mire, doit
délayer et entrainer au dehors, et rend par cela même l’exploitation
beaucoup plus dangereuse.
» La nécessité d'activer la circulation, quand le baromètre baisse, fait
que la pression de l’air en mouvement, dans les galeries souterraines, varie
plus ou moins que la pression atmosphérique extérieure, suivant que l’on
emploie, pour déterminer le courant d’air, des machines aspirantes, ou
des machines soufflantes. Gelies- ci ont donc encore l'avantage de resserrer
les variations de pression de l'air qui parcourt les galeries, entre des li-
mites plus étroites, ce qui est un nouveau motif de les préférer aux autres.
» Les ingénieurs anglais les plus habiles, MM. Buddle , Stephenson,
N. Wood ont déclaré devant le comité d'enquête, qu'ils regardaient
comme très utile de placer au fond de la mine un baromètre, et d'apprendre
aux personnes chargées de surveiller ce qui a rapport à la ventilation,
à se servir des indications de cet instrument.
» Plusieurs instruments de ce genre, placés en différents Sais de la
voie d’aérage , pourraient servir non-seulement à constater la pression de
l'air, mais encore leurs indications comparées feraient connaître s’il est
survenu, dans l’intervalle qui sépare deux d’entre eux, des fuites d’air ou
C.R. 1837, 197 Semestre. (T. LV, N° 25.) 129
(950 )
quelque dérangement dans la régularité du courant. Seulement il est pro-
bable que , comme les galeries sont généralement très larges, et que le
courant d’air n’est guère animé que d’une vitesse d’un mètre par seconde,
les indications du baromètre à mercure ne seraient pas assez sensibles pour
accuser les différences de pression qui ont lieu sur deux points du cou-
rant même très éloignés l’un de l’autre, et qui ne seraient sans doute que
d’une fraction de millimètre de mercure. Je pense donc que des mano-
mètres fermés, à eau ou à esprit-de-vin, dont Ha branche fermée serait
élargie , afin que les indications fussent plus sensibles, rempliraient mieux
le but desiré que des baromètres.
» Ces manomètres, analogues aux aérobaromètres de Dubuat (Principes
d'hydraulique, vol. TT) rempliraient le même office que les piézomètres pla-
cés sur une conduite d’eau. Ils serviraient à vérifier les formules que nous
avons établies, en assimilant le mouvement lent de l'air dans de larges
galeries, au mouvement comparativement très rapide qui a lieu dans des
tuyaux de conduite. Enfin des observations précises et suivies pendant
long-temps fourniraient beaucoup de lumières sur les circonstances en-
core trop peu étudiées du dégagement du gaz inflammable , et amèneraient
vraisemblablement, dans les moyens d’aérage, des perfectionnements suc-
cessifs, qui diminueraient le nombre des accidents funestes qui coûtent la
vie à un grand nombre de nos semblables.
» Je ne suis entré dans aucun détail sur la manière de distribuer l'air
dans les galeries, ni sur la construction des machines soufflantes ou aspi-
rantes à employer, me réservant de traiter cette question dans un autre
mémoire. J'ai seulement indiqué dans une note quelques modifications
qu'il faudrait faire subir à la construction du ventilateur à force centri-
fuge , si on voulait l’employer comme machine aspirante. Dubuat, qui
avait pressenti déjà l’avantage des machines sur les foyers, a proposé
d'employer le ventilateur à force centrifuge, et cela m’a engagé à dire
quelques mots sur cette machine. »
CHIMIE MINÉRALOGIQUE. — Analyses de plusieurs échantillons d'or natif, de
la Nouvelle- Grenade; par M. BoussineauLr.
« Ces analyses ont été faites par le procédé de la coupellation. On à
d’abord déterminé le titre de l'argent employé dans linquartation. |
Le 1° essai a indiqué pour titre.. ‘0,985
Le 2Déssssssssesssversesesseres 0,00
De 3H anti. bn bise o. 44421 600 DS ACT PSE
Le An. ose ses decor. 05987
(951)
N° 1. Or natif de Marmato, rencontré dans l'argile de la galerie de Sebastiana.
» Gristallisé, renferme de la silice.
gram.
Échantillon analysé, pèse. .....,........, 0,033
Argent ajouté, au titre de 0,988 1,087 — fin.... 1,063
2,896
Passé avec 5 gram. de plomb, bouton pèse...,..... 2,872
Matières scorifiées. ...s.ss.supsassooseres 0,024
Par le départ, cornet d’or pèse............,,.... 0,680
Résultat......,...,. Or.........,...... 0,748
Argent, ....ssssssee 0202
gram.
2° analyse. — Échantillon pèse.........,........ 0,086
Argént titré ajouté, 25-,007 — fin............... 1,983
2,969
Coupéllé, bouton pèse... ........,......... 2,991
Matières scorifiées. ....s..ssessssssestse 0,018
Cornet d’or obtenu.....,.......,....... 0,723
Résultat........... Or................. 0,747
Argent. .....,..,... 0,253
N° 2. Or cristallisé de Marmato. Galerie de San-Antonio.
gram.
Échantillon analysé.........,........:,.. 0,538
Argent titré ajouté, 16-,125 — fin..,...ses..ese. III
1,649
Coupelle pèse. ..................c...me 1,645
Matières scorifiées, .....sesoosssensessses 03004.
Or en cornet. ...sss.sonsessssessses.sess ©3090
Résultat... ...ssvses Orcssssscossssse. 0,747
Argent.............. 0,253
N° 3. Or cristallisé de la mine du Candado.
Échantillon.....,.....,.....ssosssssese “6,660
Argent fin (retiré du chlorure)............e,.... 1,210
1,870
Après la coupellation. .................., 1,871
Game ses semences ceesoone mess 10y00Z
Or en cornet... .s.ssssssersssssssvorese 0,485
Résultat....,,..... Or................. 0,735
Argent. ......s..... 0,265
120..
( 952 )
gram:
2° analyse. — Échantillon.....,.,.............. 0,517
Passé avec 1 gram. de plomb, pèse.....,......... 0,513
Tiéiperte.eLeeceeteb mener ee CU MON CO
Le bouton a été repassé avec 1 gram. de plomb, pèse. 0,611
» Dans cette seconde coupellation , la perte aurait dû être nulle; celle
de 0f":,002 est évidemmefffdue à une perte en argent. En admettant que
lors de la première coupellation on ait éprouvé une perte égale, le poids
des matières scorifiées se réduit-à 0f:,002:
» Le bouton, inquarté et soumis au départ, a donné uu cornet d’or
pesant 0f':,380.
Résultat.......,.., Or................. 0,738
Argent............,. 0,262
N° 4. Or cristallisé de Marmato, mine de Tiemblaculo; en petits fragments.
.
gram.
Échantillons-i een PER o,8gt
Argent titré ajouté, 187*,705 —fin.............., 1,686
2,577
Bouton a pesé...,.......,..........,..., 2,570
Matières scorifiées......,................, 0,007
Gornet-d’or obtenu, pèse.................. 0,645
s f RÉSUl EE ee MAO EC D eee 0,730
Argent.............. 0,270
» Dans les analyses d’or natif que j'ai déjà faites, j'ai trouvé :
Or........... 0,740 à 0,745
Argent....... 0,260 à 0,255;
d'où j'ai cru devoir conclure que. cette composition peut se représenter
par , 2
.3 atomes d’or........... 0,734
1 atome d’argent....... 0,266
N° 5. Pépüe d'or trouvée dans une rivière de la province d'Antioquia.
£gram.
Échantillon........ 1 » 147.
Pour déterminer les métaux scorifiables, on a coupellé, avec 16r:,5 de
plomb...,.,...,,.,,.,,,:,,.; 0£"*,834 d'or de cette pépite.
Le bouton a pesé......... o ,826
Métaux scorifiés.. ....,... o 008 — 0,009f pour 1.
( 953 )
L’échantillon de 1,147 devait par conséquent contenir o,o1 1 de matières
scorifiables.
» Coupellé avec addition d’argent, et soumis au départ, on a obtenu :
or.... 0f:,780.
Résultat. ...... Orvecree 0,687
Argent... 0,313
2° analyse. — Échantillon.....,...... G Hoi 0,932
Ajouté argent à 0,988, 1£:,634—fin. ....,.,.,.. 1,614
2,546
Coupellé avec 5 gram. de plomb, bouton pèse...... 2,537
Matières scorifiées............, GHUE Gas +... 0,009
Cornet d’or obtenu...,....,.,,.........,, 0,640
Resultat. 452.4. LOr.. er. AAC TANRE 0,692
Cette composition approche de
5 atomes d’or..........,. 0,696
2 atomes d’argent....... 0,304.
N° 6. Or de lavage du Cauca; en lamelles de différentes dimensions.
» J'ai constaté que ces lamelles, dont le poids ne s’élève qu'à quel-
ques centigrammes, n’ont probablement pas une composition exactement
uniforme :
Une lamelle contenait.... Or.... o,870
Une autre........,...... Or... 0,885
Mais, des résultats obtenus avec d’aussi petites quantités de matières, ne
peuvent être considérés comme exacts.
gräni.
L'analyse à été exécutée sur..........,.... 1,575 d’or.
Argent ajouté (titre 0,908) 364": 983 — fin........ 3,935
; Fr 5,510
Coupellé avec 13 gram. de plomb, bouton pèse... 5,486
Matières scorifiées.. ....,...........,..... 0,024
. Or en cornet, obtenu......... sosssrecssee 1,365
Résultat..... Eee COS UE SERIE NE 0,880
Brpent EEE te ‘+ 0,120
ou
8 atomes d’or. .....,..., 0,88
1 atome d’argent..... se 0,12
(934)
» C’est à cette formule que réponderit les échantillons d’or d’alluvion,
de
Or. Argent.
Malpaso...,..,....... 0,882 ..... 0,118
Riosucio. ......,.es++ 0879 eo. 0121
Llano...........,.... 0,886 ..... 0,114
La Baja...........,.. 0,882 ..... 0,118
» Dans les analyses que M. Rose a faites sur l’or natif de la Sibérie, il
en est plusieurs qui présentent des résultats semblables.
Or. Argent.
Or de Gzarwo Niccolasewsk... 0,893 ..... 0,107
— Andrejewsk........... 0,879 ..... 0,121
— Gazuschka..... sorssee 03878 cer. 0,122
— Bogolowsk............ 0,888 ..... 0,112
— Wscwoledski......,... 0,890 ..... 0,110
— Bissersk.............. 0,887 ..... 0,113
N° 7. Or en poudre du Choco, mélé de sable non attirable.
Échantillon:s sions venue Ml, 0,834
Argent de coupelle.........,......,.,..., 2,089
! 2,923
Coupellé avec 7 gram. de plomb, bouton. ........ 2,864
Matières scorifiées........,.,.,..,.....+. 0,059
Cornet d’or cbtenu......,.,.......,.,.... 0,633
Résultat.........,. Or.....,.........,. 0,817
Argent... ...s..e..se 0,183
» J'ai trouvé, à l’or de la Trinidad, une composition à peu près sem-
blable, et qui peut se représenter par
5 atomes d’or. ....... 0,821
1 atome d’argent..,.. 0,179
» Dans l'or du Doyma, vallée de la Magdalena, il y a
Or........... 0,828
Argent....... 0,172
( 955 )
N° 8. Pépite d’or rencontrée dans une alluvion de Zupia.
F gre
Échanüllon servi. Notion 0,902
Argent ajouté (titre 0,988) 25:,312 = fin.......,.. 72,284
3,186
Coupellé avec 6 gram. de plomb, bouton. ......... 3,18r
Matières scorifiées... ES 25 OA + 0,005
Cornet d’or, a pesé. ....,..,...,....:.... 0,833
Résultat...) Or... ss... 0,928
Argent...,......,.,. 0,072
12 atomes d’or. .,..,., 0,92
1 atome d'argent. .... 0,08
» Une lame d’or de Quebralomo m’a donné :
Or..ss..sss.e 0,919
Argent..,..,.. 0,081
» Un grand nombre d’échantillons d’or de Sibérie, analysés par M. Rose,
offrent une composition analogue.
Or. Argent.
Or de Boruschka..,.....:.,. 0,917 ...., 0,083
— Beresow...........,.. 0,920 ..... 0,080
Perrai Polawsk.....,.. 0,926 date 0,074
Czarcwo Niccolajewsk.. 0,925 ..... 0,075
Katharinenbourg....... 0,928 ..... 0,078
Bucharie.........,.,. 0,920 ..... 0,080
Miask..........:,.,,. 0,930 ..... 0,070
Werch Isetsk...,..,.. 0,927 ..... 0,073
Kalinski......,........ 0,920 ..... 0,080
Newianski......,...,.. 0,914 ..... 0,086
Id. ............ 0,925 ..... 0,075
Sisersk. ..,......°,: 0,018 ..... 0,082
Ufaley......,........ 0,915 ..... 0,085
PO TSIE ASAT R CI
» L'or argentifère de Verôspatak, également analysé par M. Rose, et
qui renferme
Or..sssesssse 0,610
Argent. ...... 0,390
peut se représenter par
5 atomes d’or. ..,.... 0,605
3 atomes d’argent..... 0,395
(956 )
» Tout alliage naturel d’or et d’argent étant nécessairement composé
d’un certain nombre d’atomes de chaque métal, on peut toujours repré-
senter cet alliage par une formule; mais il arrivera que dans certains cas
la formule sera trop compliquée, et par conséquent très peu probable. Il
faut alors supposer que l’alliage est un mélange de différents composés ,
dans lesquels les deux métaux sont unis dans des rapports simples.
» M. Rose, qui par suite de ces recherches cristallographiques, a été
conduit à admettre l’isomorphisme de l'or et de l’argent, pense qu’en
raison de l'identité de forme, les deux métaux peuvent sallier en toutes
proportions ; cela peut être. Mais de ce que deux corps isomorphes peu-
vent se combiner en proportions indéfinies, il ne s’ensuit pas qu'ils ne
puissent également former des combinaisons bien définies, et offrir dans
leur union des rapports très simples. C'est ainsi, par exemple, que
l’isomorphisme de la chaux carbonatée et de la magnésie carbonatée ,
ne s'oppose nullement à ce que ces deux sels se combinent très souvent
atome à atome, pour donner naissance au composé Ca C+Mg C, que
les minéralogistes désignent sous le nom de dolomie. »
cmuie, — Productions siliceuses et calcaires obtenues pardes actions lentes;
Note de M. Cacwrarn-LaTour.
( Edo E MM. Gay-Lussac, RéPAESrEL )
M. Cagniard - Latour annonce qu’au moyen de plusieurs procédés
qu’il a imaginés, et quisont fondés sur des actions lentes, il est parvenu à
former diverses substances dont on retrouve les analogues dans la nature.
Voici quelques-uns des résultats qu’il a obtenus.
« Première expérience. — Du noir de fumée a été traité à chaud par
l'acide nitrique concentré; la liqueur aprés avoir été décantée a été exposée,
sous cloche, pendant plusieurs mois à l’action de la lumière solaire ; au
fur et à mesure que l'acide diminuait on ajoutait de l’eau ou de Paeide il
s’est formé peu à peu des concrétions siliceuses, dont quelques-unes affec-
taient la forme pyramidale, L'analyse a indiqué deux pour cent de carbone:
ces concrétions soumises dans un creuset de platine à l’action de la potasse
caustique à la flamme d’une lampeà alcool ont diminué de grosseur; leur
dureté est suffisante pour rayer le cristal de roche.
» Deuxième expérience. — On a pris du fer limoneux du Berry;après
l’avoirréduiten poudre trèsfine, on l’atraité par l’acidehydro-chlorique:; la so-
( 957 )
lutiona été étendue d’eau et on l’a filtrée ; on l’amise dans une grande cucur-
bite, puis on a suspendu dedans une capsule de verre dans laquelle se
trouvait un «morceau de marbre blanc. Le marbre a été attaqué peu à peu,
il y a eu dégagement de gaz acide carbonique; il s’est déposé de l’oxide de
fer et des cristaux de plusieurs millimètres de longueur ayant la forme et
les principales propriétés du feldspath à base de chaux.
» Troisième expérience. —On a versé du lait de chaux dansunesolution de
perchlorure de fer, à laquelle on avait ajouté une infusion brune de blé
torrifié. Le précipitéayant été lavé à grande eau, puis mélé avec ce liquide,
on a chauffé le mélange dans une espèce de marmite à Papin jusqu'à ce
que la pression intérieure fût de onze atmosphères ; il s’est précipité des
grains siliceux provenant du lait de chaux. On a repris la matière, que lon
a redissoute dans l’acide hydro-chlorique; la dissolution ayant été filtrée, on
l'a filtrée de nouveau à travers de la craie de Meudon qu’on avait passée
dans une batiste très fine, à l’aide de l’eau, pour en séparer les grains quar-
zeux. Il s’est déposé dans la craie de l’oxide de fer. Quand la filtration
était difficile on acidifiait la liqueur. Au bout de 15 jours, on a repassé par
la batiste le blanc de Meudon , et l’on a traité par l'acide hydrochlorique la
partie qui n’avait pas passé; on a obtenu de petites concrétions siliceuses
opalines dont plusieurs ont la forme de couronnes et présentent une fente
du centre à la circonférence; elles sont infusibles au chalumeau et raïent
le verre; celles qui sont colorées étant chauffées modérément prennent une
teinte enfumée en raison dela matière organique qu’elles renferment.
» Quatrième expérience. — On a mis dans un tube de verre d’environ
deux pouces de diamètre et de quatre pieds et demi de hauteur, 125 gram-
mes de blanc de Meudon en poudre, après avoir fermé le bas du tube à
l’aide d’une toile destinée à servir de filtre. On a ensuite mis de l’eau dans
le tube et remué le blanc de manière à le bien délayer.*Après avoir empli
complétement le tube de cette eau, on a préparé des eaux acidulées très
faiblement avec de l’acide hydrochlorique; à mesure que la première eau
mise dans le tube s’écoulait par l’effet de sa filtration à travers le blanc et
la toile sur laquelle il reposait, on faisait arriver dans le tube de l’eau
acidulée. L'eau sortant par la filtration, a déposé peu à peu dans une bou-
teille où cette eau était reçue, des grains cristallins de carbonate de chaux,
etenmémetempsla toile servant defiltres’estenduite dans une grande partie
de sa surface extérieure d’une croûte qui, vue à la loupe, a l'aspect du
marbre saccharoïde. L'expérience a duré environ trois mois. La quantité de
blanc de Meudon qui s’est dissoute pendant le temps qu’à duré la filtration
C. R. 1837, 1° Semestre, (TL. IV, N°95) 130
( 958 )
était d'environ 95 grammes, c’est-à-dire un peu plus que moitié de la
totalité du blanc mis primitivement dans le tube. »
LA
MAGNÉTISME TERRESTRE. — Lettre de M. KuPrrer, de l’Académie de Péters-
bourg, à M. Arago, sur le décroissement observé dans l'intensité du
magnétisme terrestre à mesure qu’on s'élève sur les montagnes.
« J'ai l’honneur de vous adresser quelques réclamations, occasionnées
par une lettre de M. Forbes, et je vous prie de vouloir bien les présenter à
l'Académie, pour qu’elle puisse juger, si les reproches contenus dans la
lettre citée sont bien mérités.
» Dans cette lettre, M. Forbes dit que les résultats que j'ai obtenus
relativement au décroissement des forces magnétiques terrestres selon la
hauteur, sont inexacts. Or, voici la formule que j'ai conclue de mes expé-
riences (voyez mon rapport sur un voyage au mont Elbrouss, entrepris
en 1829),
y
D—D' (G- _ ; 0000583),
où D'signifie la durée d’une oscillation de l'aiguille horizontale à la hauteur
H’, et D la durée d’une oscillation à la hauteur H, située sur la même verti-
cale.
» Comme les intensités sont en raison inverse des carrés des durées des
oscillations , on voit que cette formule donne un décroissement de == de
l'intensité, pour mille pieds de hauteur. M. Forbes a trouvé, dans les
Pyrénées, un décroissement de. Les expériences de M. Forbes confir-
ment donc en général les miennes ; il y a seulement différence dans la va-
leur du:coefficient.
» Je n’ai jamais eu la prétention de dire que mes expériences prouvent
incontestablemenit l'existence d’un décroissement de l'intensité des forces
magnétiques terrestres selon la hauteur. J'ai encore moins prétendu fixer
irrévocablement la valeur de son coefficient. Voici comment je m'exprime
à cet égard dans mon rapport adressé à l’Acädémie de Saint-Pétersbourg.
« J'ai signalé, dans ce qui précède, la cause la. plus probable d’un fait,
» qui a été mis hors de doute par nos-observations, c’est-à-dire du décrois-
» sement de l'intensité des forces magnétiques terrestres sur la hauteur du
Kbarbis (au Caucase); j'ai essayé de faire voir, que d’autres observations,
entreprises dans:des circonstances semblables, concourent avec les résul-
tats que nous avons obtenus, à prouver l’existence d’un décroissement
Ÿ ÿ
(2
(959 )
assez rapide de l’action des forces magnétiques terrestres dans la verti-
cale. Il serait cependant possible, que l’augmentation dans la durée des
oscillations de l'aiguille horizontale quenous avons observée sur la hau-
teur du Kharbis, fût l’effet d’une anomalie locale dans la distribution des
forces magnétiques sur la surface de la terre; il se pourrait, que les ob-
servations exécutées sur d’autres points de notre globe nefussent pas assez
exactes pour établir une nouvelle loi. Il y a des phénomènes que la nature
nous offre sur une trop grande échelle pour pouvoir devenir l’objet des
travaux d’un seul homme: le concours de plusieurs observateurs peut
seul décider une question si délicate et si générale, et dans ce cas, il
faut se contenter d’y avoir contribué. »
»* M. Forbes dit encore que j'ai fait une méprise notable en supposant
que les deux stations étaient sur la même ligne isodynamique. Or, on peut
voir dans mon rapport cité, page 87, que ce n’est pas une supposition gra-
tuite que j'ai faite; mais que j'ai prouvé son admissibilité par des obser-
vations nombreuses faites sur plusieurs points de cette contrée. Je déter-
mine d’abord l'intensité des forces magnétiques terrestres sur plusieurs
points dans le Caucase, par la méthode usitée, c’est-à-dire en observant
sur tous ces points la durée des oscillations d’un cylindre aimanté hori-
zontal (que je désigne par le n° 2); ensuite je dis : « j'ai essayé d'exprimer
les observations citées ci-dessus par une fonction linéaire de la longitude
et de la latitude terrestres, et j'ai trouvé que pour l’espace compris entre
les points extrêmes où l’on a observé et pour le cylindre n°2, un ac-
croissement d’une minute dans la latitude, correspond à un accroisse-
ment de o’,15 à o’,18 dans la durée de 3co oscillations; et qu'un accrois-
sement d’une minute en longitude orientale, entraïffe un accroissement
de o"”,a4 à 0/06 dans la même durée. Par la substitution de ces valeurs
dans les formules, on peut passer d’un point à l’autre, avec d’autant
plus de certitude, que ces points sont plus rapprochés ; il est donc im-
possible de se tromper sensiblement, en calculant, sur cette base, la
durée d’une oscillation, sur un point situé perpendiculairement au-des-
sous de la station du Kharbis, et au niveau de la station au pont de pierre
de la Malka, ces deux points n'étant éloignés l’un de l’autre que de r2/ en
latitude et de 38/ en longitude (la hauteur au Kharbis est au sud-ouest du
pont de pierre). On trouve que l'accroissement de la durée d’une oscil-
lation en vertu d’un décroissement en longitude de 38, est à peu de
chose près égal au décroissement de cette même durée, correspondant
au décroissement de 12’ en latitude, de sorte que ces deux effets se com-
130.
( 960 )
» pensent, et que la durée d’une oscillation sur un point situé perpendicu-
lairement au-dessous de la station du Kharbjs, dont l'élévation au-dessus
» de l'Océan est la même que celle du pont de pierre de la Malka, doit
être sensiblement la même que celle d’une oscillation au pont de pierre
» même. » l
» On voit, par ce qui précède, que M. Forbes et moi, nous avons suivi
la même méthode pour combiner nos observations et pour en tirer un
résultat aussi certain que possible. Cependant, il faut en convenir , les
observations de M. Forbes, quoique exécutées avec des appareils moins
parfaits, et par cette raison moins exactes, en elles-mêmes, que les mien-
nes, ont un grand avantage sur celles-ci, celui d’être beaucoup plus nom-
breuses. J'étais environné de difficultés, que M. Forbes n'avait pas à
vaincre; on conçoit aisément, qu'entouré constamment d’une escorte de
mille hommes, bien armés, dont on ne peut s'éloigner qu’au risque de sa
vie; que dis-je! au risque de sa liberté, on ne peut pas faire souvent des
observations, pour lesquelles l'éloignement de toute masse de fer, une
tranquillité et une libre disposition de son temps, sont les premières
conditions.
» La question est-elle maintenant résolue complétement? Je ne le crois
pas. Tout ce que M. Forbes dit du décroissement de l'intensité des forces
magnétiques terrestres selon la verticale, s’entend de la composante hori-
zontale de cette intensité : or, pour en déduire la véritable intensité, il
faudrait connaître l’inclinaison magnétique sur tous les points où l’on a
observé. M. Forbes dit qu'il a aussi fait des observations sur l’inclinaison
magnétique, mais gu'elles ne sont pas suffisamment exactes pour déduire
l'influence de la hauteur. M. Lenz et moi, nous avons déterminé en même
temps inclinaison magnétique sur tous les points où la durée des oscilla-
tions de l’aiguille horizontale a été chservée; et de ces déterminations sou-
mises à un calcul semblable pour les réduire à la même ligne verticale, est
résulté une influence notable de la hauteur sur l’inclinaison; le décroisse-
ment, que l’inclinaison éprouve à mesure qu’on s’élève sur la même verti-
cale , a été trouvé exactement le même que celui auxquel M. de Humboldt
était arrivé quelques années auparavant. Malgré cet accord, et quoique je
ne doute pas, par d’autres raisons , que cette loi existe, elle ne me paraît
cependant pas encore assez bien établie par l'expérience. M. Forbes a été
obligé, sous ce rapport, de s’appuyer des résultats obtenus par M. de Hum-
boldt. Or, les deux déterminations de M. Humboldt, dont l’une a été faite
au fond d’une mine de 800 pieds de profondeur et l’autre à la surface de
ÿ
ÿ
( 961 )
la terre, ne diffèrent que de 2’, différence bien petite, dans laquelle un
autre, doué de moins de génie que M. de Humboldt, n’aurait peut-être pas
découvert les conséquences importantes qu’elle implique, et qu’on aurait
bien pu prendre pour une erreur d'observation.
» On voit par cette exposition, qui est devenue un peu plus longue que
je n’aurais voulu la faire, que ni les observations de M. Forbes, ni les mien-
nes, n’établissent d’une manière incontestable le décroissement de l’inten-
sité des forces magnétiques terrestres selon la verticale. Les observations
de M. Forbes démontrent seulement l'existence d’un décroissement de la
composante horizontale de cette intensité, elles ne prouvent rien pour
l'intensité même ; les miennes établissent un décroissement de l’intensité
même, mais d’une manière douteuse, parce qu’elles n’ont pas été exécu-
tées sur un assez grand nombre de points.
» Pour résoudre complétement la question, il faudrait faire osciller au
pied et sur le sommet des montagnes, non des cylindres magnétiques
horizontalement suspendus , mais des aiguilles d’inclinaison; pour dimi-
nuer la friction au centre, on leur donnerait un axe prismatiques ; des ai-
guilles de cette construction et d’un demi-mètre de longueur, oscillent
pendant une heure et davantage, et l’on peut évaluer la durée de leurs
oscillations avec une très grande exactitude. Il est aussi indispensable de
faire des observations correspondantes; il faut en faire dans le même ins-
tant sur le sommet et sur les deux versants de la montagne. Il n’ÿ a peut-
être pas de pointssur la surface terrestre, plus propres à ces observations
que les Pyrénées, à cause de l'absence des masses dans lesquelles le fer est
disséminé sous la forme de protoxide. Le Caucase, dont la chaîne princi-
pale est volcanique, ne présente pas sous ce rapport la même garantie;
d’ailleurs il y a trop de danger d’y voyager: les observateurs seraient obli-
gés de s’entourer constamment d’une escorte nombreuse, qui génerait
considérablement les opérations.
» Si la recherche de cette loi devenait une fois l’objet d’une entreprise
particulière, ce serait à vous, Monsieur, de la diriger; et de quelle impor-
tance ne serait-il pas pour la théorie du magnétisme terrestre, de lever les
derniers doutes à cet égard. »
MATHÉMATIQUES. — Modifications à la méthode d'extraction des racines
numériques; mémoire de M. Zeccmini Leonezur, architecte à Corfou.
Renvoi à la Commission déjà nommée pour deux mémoires du même
auteur.
( 962 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre des Affaires étrangères , en transmettant le mémoire de
M. Zecchini Leonelli, demande si les précédents mémoires adressés par
le même auteur ont déjà été l’objet d’un rapport.
GéoLoGtE. — Sur les principaux phénomènes géologiques du Caucase et de
la Crimée; extrait d’une lettre de M. Frépéric pu Bois DE MONTPÉREUX à
M. Élie de Beaumont.
«M. du Bois a reconnu dans les contrées caucasiennes plusieurs épo-
ques de soulèvement. La plus ancienne de celles qu’il est parvenu à bien
distinguer est postérieure au calcaire du Jura qui a participé aux boule-
versements... « Des masses granitiques ont percé l'écorce épaisse de schiste
noir, l'ont disloquée en redressant les bancs de calcaire jurassique qui
reposaient dessus, et faisant ainsi crever l'écorce du globe, ont arraché
du sein des ondes les premiers rudiments d’une île caucasienne qui s’é-
levait de quelques milliers de pieds au-dessus de la mer... Une époque
de repos, de travail sédimentaire, a succédé à ce premier cataclysme, à
ce premier surgissement : alors se sont déposés en paix le schiste inférieur
de la craie et le grès vert. Chacun de ces étages de dépôts forme une épais-
seur de plusieurs milliers de pieds... La fin de l'époque du grès vert a été
marquée par un nouveau soulèvement, celui de la chaine d’Akaltsikhé
dont l'axe approche de la direction est-ouest à peu près comme celui des
soulèvements du grès et de la marne dans la chaine des Carpathes.
» Le principal agent, dans cette nouvelle révolution, a été le mélaphire
ou porphyre pyroxénique : il a fendu la chaîne dans la majeure partie de
sa longueur, et a fait éruption par cette crevasse, relevant de part et d’autre
les deux étages de la craie sous un angle de 3v° (plus ou moins) à peu près
comme les chevrons d’un toit : cette circonstance est très facile à observer
quand on passe du Koutais à Akaltsikhé, à travers cette chaine qui a près
de 10,000 pieds d’élévation. '
» Après ce deuxième soulèvement, exista, suivant M. du Bois, entre l'ile cau-
casiénne et la chaîne d’Akhaltsikhé, un détroit dans lequel se déposa la craie
proprement dite avec tous ses fossiles caractéristiques et auquel correspond
encore cette longue dépression qui, sous le nom de Colchide et de Géorgie,
longe le versant méridional du Caucase... Au sud de cette dépression, le
( 963 )
voyageur, continue M. du Bois,se trouve dans un dédale d’amphithéâtres vol-
caniques analogues à ceux qu’on voit sur la surface de la lune et qui pressés
les uns contre les autres remplissent tout l’espace qui sépare ici la mer Cas-
pienne de lamer Noire. Traversez les pics du Kétédagh et du Kiskala, et vous
voilà dans l’amphithéâtre volcanique du lac Sévang, élevé de 5000 pieds
au-dessus du niveau de l'Océan. Il est circonscrit par des volcans et par des
jets sombres de trapps et de porphyres qui ne s'ouvrent que pour laisser
couler, pendant quelques semaines-du printemps, un petit filet d’eau qui
tarit pendant le reste de l’année. Cette eau est douce comme celle du lac
auquel les plus nouveaux travaux trigonométriques des Russes donnent
15 lieues de France de long, 8 lieues de large et environ 78 lieues carrées
de surface.
» Au N.-0. de cet amphithéätre volcanique, vous avez celui de Somkhétie
où vous trouvez les coulées de lave et d’obsidienne qui ont eu leurs
sources dans les montagnes du Trialethi et qui ont encaissé le Kram et
l'Alghet.
» Au S.-O. du lac Sévang, comme pour vous montrer du doigt ce qui
est et ce qui a été, vous passez, d'un amphithéâtre rempli par une vaste
nappe d’eau, au grand amphithéâtre vide de l'Arménie centrale. Le Kio-
tangdagh, l'Agmangan, le Naltapa et plusieurs autres cratères ct cônes
volcaniques séparent ces deux amphithéâtres; tandis que le grand Ararat
(16254 de hauteur absolue), le petit Ararat (12162’), le Sinak et le
Takbaltou , au sud, l’Alaghez, au N.-O. (120007), forment de leurs cônes
imposants le reste de la superbe guirlande de volcans éteints qui ont tra-
vaillé à combler le bassin de l’Arménie centrale ou Ararad ; dans tout son
pourtour, vous ne voyez que coulées de lave noire ou grise, de pierre
ponce ou d’obsidienne, que scories, trass ou basaltes entremélés de por-
phyres et de mélaphyres.
L
» Passez des rives de l’Araxe à celle du Kour, vous trouvez l’amphithéä-
tre volcanique du haut Kour ou d’Akhaltsikhé. Dans un vaste espace dont
Kertris est peut-être le centre, tout n’est que lave pyroxénique, que cônes
de cendres, lits de scories, de lapillis.
» J'ai visité moi-même tous ces amphithéâtres dont l’ensemble est la vé-
ritable clé pour nous expliquer ces autres amphithéâtres énigmatiques,
remplis par des fragments de la mer antique, ou petites méditerranées plus
ou moins salées, connues sous les noms de lacs de Van et d'Ourmiah, qui
sont sans écoulement. Le lac d'Ourmiah, le plus grand, a 27 lieues ; de
( 964 )
long, 8 1 de large, et 20v lieues carrées de surface; celui de Van a 22 lieues !
de long, 15 de large et 176 lieues carrées de surface.
» Tous ces phénomènes volcaniques sont plus récents que le soulève-
ment de la chaîne d’Akhaltsikhé ou du grès vert.....
» ..... Mais tous ces morcellements de bassins, ces soulèvements vol-
caniques ne sont que des effets isolés, partiels, plus ou moins indépen-
dants les uns des autres. Ce ne sont que de faibles préludes du dernier
effort, le plus grand de tous par sa généralité; car certainement il a sou-
levé le Caucase à une plus grande hauteur qu’il n’était alors, et l’a porté à
la hauteur où il est actuellement, et il a mis à sec tous ces bras de mer
qui l'entouraient, c’est-à-dire la Colchide, la Géorgie, le Daghestan et
toutes les vastes steppes qui bordent largement la mer Noire et la mer
d’Azof, et qui recouvrent la Crimée.
» ..... Non-seulement il s'était formé un plastron volcanique au sud
du Caucase, mais des cheminées volcaniques s’étaient aussi fait jour dans
le sein même de la chaîne; ces foyers d’éruption sont l’Elbrous, le Passemta,
le Kasbek, les monts Rouges.....
» A considérer le pourtour de l’Elbrous, on n'hésite pas à y reconnaître
l'ensemble d’un vaste cratère d’éruption et de soulèvement. Les porphyres
trachytiques se sont fait jour ‘à travers les schistes noirs, et peut-être à
travers les granites et les diorites qu’on trouve au pied du cône principal.
Les schistes ont été soulevés assez haut et bouleversés. Le calcaire juras-
sique et les formations analogues, circonscrivent par leurs masses solides
l'enceinte du cratère de soulèvement, et les schistes crayeux les grès verts,
la craie blanche et l’étage en retraite au-dessus du Jura , présentent tous
leurs couches ascendantes vers le cône central avec une inclinaison d’au-
tant plus forte qu’elles approchent plus du pied du cône.
.. Mais ce que j'ai vu de mieux caractérisé comme volcan à éruption, par
ses hi fait partie des monts Rouges qui dominent le village de Kachaour
sur le grand passage de Tiflis à Wladikavkas. Deux ou trois cônes sont
adossés à une muraille énorme de schiste noir élevée de 9 à 10000 pieds,
et dont les couches ont été redressées de façon à présenter leur tête en re-
gard des cônes qu’elles dominent. Des coulées de lave ont rempli à une
grande hauteur la large crevasse, autrement dite vallée, au fond de la-
quelle coule l’Aragri.
» Pendant toute l’époque tertiaire, des jets de mélaphire et d’autres por-
phyrespyroxéniques n’ont cessé dese faire jour dans la dépression de la Gol-
chide et dela Géorgie entre les volcans du Caucase et ceux de l’Arménie. On
(965 )
en voit un grand nombre dans tout le pourtour de l’anciense Colchide, en
Karthalinie, etc.; quelques-uns appartiennent à l'époque de la craie supé-
rieure, mais la majeure partie ne date que de l'époque tertiaire. Ils ex-
pliquent comment les divers étages tertiaires se trouvent à des hauteurs si
différentes et dans des circonstances de position et de bouleversement qui
ne s’expliquent que par leur concours. Aujourd’hui vous trouvez des cou-
ches de tertiaire supérieur, à Bagdad sur les flancs des montagnes d’Akhalt-
sikhé; vers la Colchide, à une hauteur de 1,500 à 2,000 pieds; et à l’oppo-
site sur les pentes du Caucase à Tchekoühi, dans la vallée du Phase, l'étage
moyen s'élève jusqu’à 3,000 et 3,500 pieds. Entre Jor et l’Alazan en Géor-
gie, l'étage supérieur reparait à une hauteur de plus de 2,000 pieds : j’au-
rais cent exemples de ce genre à citer.
» Telle est en gros, dit finalement M. du Bois, l’histoire du sol que la
dernière révolution du globe souleva et mit à sec comme nous le Vie
aujourd’hui. h
» Les phénomènes volcaniques ont-ils cessé alors ? J’en doute. Quoi qu'il
en soit, la fréquence et la violence des tremblements de terre ne cessent
de rappeler à l’Arménien surtout sur quel sol il s’est hasardé! »
: . » . A
PHYSIQUE pu GLOBE. — JVotice sur les changements qu'a subis la côte prus-
sienne sur la mer Baltique, depuis les temps historiques. (Communiqué
par M. Êrxe DE BEAUMONT.)
On sait que sur les côtes de la Baltique, il s’est opéré et il s’opère
encore un changement de niveau sensible, quoique lent, entre la mer
et les rivages qu’elle baigne. Ce changement a été constaté pour plu-
sieurs points; mais une opinion assez commune; c’est que la portion du
rivage qui correspond à la Prusse, n’a point participé au mouvement.
Cependant il parait que cette opinion n’est pas fondée, et c’est ce que
M. Domeyko, polonais, ancien élève de l’École des Mines de Paris, s’est ef-
forcé de prouver, par les extraits qu’il a faits de l'ouvrage allemand de Voigt.
» Il y a dix ans, dit M. Domeyko, M. foigt, célébre historien alle-
mand, avait recueilli dans son grand ouvrage sur.lÆistoire de la Prusse,
beaucoup de documents et observations , qui tendent à proùver que lors
de l'occupation de la Prusse par l’ordre Teutonique, il existait encore
entre Pillau, Brandebourg et Balga, une province nommée Witlandie,
laquelle se trouve aujourd’hui entièrement couverte par les eaux du golfe
de Kônigsberg.
C.R. 183-, 17 Semestre. (T', IV, No 95.) 131
( 966 )
.., »M. Voigta joint à ces recherches une carte, où l'on voit indiquée toute
la partie de la côte qui a disparu depuis sept à huit siècles, et il a réuni,
dans un appendice séparé, tous les documents et observations qui s’y
rapportent.
» Voici un extrait de cet appendice.
» Ce n’est pas une opinion nouvelle, dit M. Voigt, de croire que le Frische-
Haff s’élargit continuellement du côté de l’est, et que depuis Balga jusqu'à
Pillau, tout le terrain aujourd’hui couvert des eaux, n’était dans le temps
qu’un continent sec et cultivé. Le chroniqueur Lucas David (vol. IL, p. 102)
nous apprend que du temps du grand-maitre Hermann Balk, la mer ne
s’approchait pas aussi près de la colline de Balga qu’à présent, et que du
pied de cette coliine jusqu’au rivage, on voyait s'étendre des prairies
et de jolis villages. Déjà du temps de ce chroniqueur, vers la moitié
du xvi‘ siècle, le golfe près de Balga n’était pas bien profond, et les vais-
seaux ne pouvaient pas s'approcher de ce côté, à cause des gros blocs
que les eaux charriaient vers le rivage, et qui, selon lui, provenaient
de la destruction du terrain submergé. On craignait dès ce temps-là,
que la mer n'envabît davantage le continent. Des détails encore plus
positifs sur ce sujet, nous sont donnés par Henneberger (1), et par des
savants modernes. Pisanski, dans son ouvrage sur la mer Baltique (2),
dit que la mer avance continuellement sur la côte occidentale et sur la
côte septentrionale de la Samlandie (Samland), et qu’il existe parmi les
habitants de ce pays d’anciennes traditions relatives à de longues por-
tions de terrain (lange strecken) jadis couvertes de bois, lesquelles se
seraient enfoncées sous les eaux; les habitants ajoutent que les vagues
rejettent souvent des troncs et des racines d'arbres, que l’on retrouve
encore en place au fond de la mer. La chapelle de saint Adalbert, dont
on voit encore les ruines, et qui fut bâtie vers la fin du xrm: siècle , se trou-
vait à cette époque-là à une lieue ( deux lieues de France) de la mer: Le
professeur Rappolt, dans son ouvrage, Meditatio epistolaris de origine suc-
cini in littore sambiensi (p. 6), dit à cet égard : Extant documenta , quæ
templum D. Adalberto olim dicatum, cujus adhuc rudera in littore super-
sunt, hodiernum peregrinantibus religiosis frequentata, ad milliaris distan-
tiam a mari füisse remotum, loquuntur. À la moitié du xvn siècle, la mer avait
déjà tellerñent avancé, que les ruines de la chapelle n'étaient qu’à nn quart
(1) Erklar : der Landtaf, p. 43. s .
(2) Bemerkungen über die Ost see, p. 45.
( 967 ) é
de lieue du rivage; aujourd’hui , à peine sont-elles à cent pas de la mer. De
même on lit dans les actes ( Bestandnissbuch) de la ville de Lochstadt pour
lan 1667, que la mer Baltique avec son rivage avance tous les ans, que
dis-je, tous les jours dans l’intérieur du continent, et enlève les champs,
les prairies et les pâturages.
» Le même phénomène qui a lieu sur la côte de la Samlandie se repro-
duit aussi pour le promontoire Nehring. Schott, dans sa Prussia Chris-
tiana (p.64), dit: 4ddimus, quod ante septem secula, Neringiam latiorem
Juisse hodiernum probent arenarum congestiones. In illa enim insula quo-
tidie aliquid districtui frugifero sensim decrescere, incolæ experiuntur ; et
Pisanski confirme la même remarque dans son ouvrage. ÿ
» Il s’agit maintenant de démontrer les mêmes suppositions par des do-
cuments les plus anciens de ce pays.
» Un des plus anciens documents qui s’y rapportent, a été cité par
Kotzebue dans son Histoire de la Prusse ( vol. 1, p. 418). Ce document
date de l’année 1246, et contient la détermination du territoire que les
habitants de Lubeck avaient obtenu de l’ordre Teutonique pour les ser-
vices qu’il lui avait rendus dans la conquête de la Samlandie. Ce territoire
se composait d’une partie du pays de Wittland, et d’une partie des provinces
de Samland et de la Warmie. Le document parle de libera civitate ipsis civibus
edificanda et de quibusdam terris, scilicet, vertia PaRTE Samerx ET WipLAN-
DIÆ ET QUADAM PARTS Warmiæ ef quibusdam aliis quæ predicti cives ex pri-
vilegio eis collato a fratre H. de Wida, tunc magistro Prussiæ, sibi deberi
dicebant. En quoi nous voyons le document distinguer la partie de la Wit-
landie de celle de la Samlandie. La même distinction se retrouve dans une
bulle du pape Honorius III en 1224, et de même dans le chroniqueur
Alberich (1), qui s'exprime ainsi en parlant des événements qui avaient lieu
en 1228 : Erant autem hoc anno in illis partibus quinque tantummodo pro-
vinciæ paganorum acquirende , ista videlicet de qua agüur Prussia, Cur-
landia, Lethonia, Withlandia et Sambria. .
» Le même documeñt, d’après l’ordre dans lequel on y trouve énumérés
les noms des parties du territoire, indique que ladite Witlandie se trouvait
entre les pays de Samland et de Varmie; et comme les Lubeckois se propo-
saient avant tout d'établir une colonie pour tenir commerce, il est naturel
d'admettre que les trois parties du territoire se touchaient au golfe, et
qu'elles formaient un terrain. continu. Or le même document oblige les
MR EU PA, et
QG) Leibnitz, Acces. Hist., p. 527, et Gruber, I. p. 1q1.
“éien
. (968 )
chevaliers de l’ordre de bâtir, avec l'assistance des Lubeckois, une ville dans
le golfe Tipre; et les autres documents que l’auteur rapporte, disent que
la rivière Pregel ( Pregora sive Lipsa : Acta Boruss, t. 2, p. 613), portait
jadis le nom de Lipre, et que, par conséquent, la ville devait se trouver à
son embouchure. Pour démontrer enfin que la partie nommée Witland,
n’appartenait pas à Valangen, une des provinces qui se trouvent sur le Pre-
gel, l’aateur cite d’autres documents qu’il serait superflu de rapporter ici.
» Quel est donc, dit M. Voigt, ce pays situé entre les province de
Samland et de Varmie, que l’ordre Teutonique avait cédé aux Lubeckois?
Ce pays ne pourrait être que l’ancienne Vitlandie, pays couvert maintenant
par les eaux, et qui jadis s’étendait jusqu'a Lochstadt, petite ville qui
portait jadis le nom de itlandsort , ce qui signifie la limite de Vitland.
Outre les preuves que M. Voigt rapporte pour constater cette opinion , il
cite un document important du vice-gouverneur ( vice-Landmeister )
Gerhard von Hirschberg qui, en 1258, était chargé de mesurer le pays et
déterminer les limites de territoire entre l’évêque de Samlandie et l’ordre
Teutonique. D’après ce document, on voit que, parmi les parties du terri-
toire qui, Jusque alors n’était pas encore partagées, et dont on avait entre-
pris l’arpentage, se trouvaient le promontoire Vebring et le pays de Wit-
land. La ville de Pillau appartenait encore au promontoire, qui du reste
était beaucoup plus large qu’il n’est à présent. L'arpentage a été fait dans
la direction de Balga vers Witlandsort, et en outre, un autre document de
La même époque, nous démontre qu’à l'embouchure du Pregel, et précisé-
ment dans la direction de Balga à Pillau, il se formait des îles qui,
en 1258, étaient encore habitées et couvertes de villages. On voit enfin,
par les mêmes documents, que la ville maritime projetée, en 1226, par
les Lubeckois, a été réellement en construction en 1258, et qu’elle disparut
sous les eaux avec tout le continent compris entre Balga-Lochstadt et l'em-
bouchure actuelle du Pregel.
» À la fin de ces recherches, M. Voigt ajoute les remarques qui lui étaient
communiquées par le professeur Wrede. Il en résulté :
» 1°. Que le pays récemment couvert par les eaux, depuisKahlholz jusqu’à
Camstigal, a à peu près 1900 ruthen de largeur, et que, sur cette étendue,
la partie qui a plus de 9 pieds de profondeur, a 1100 ruthen de largeur.
(1) Mineralogisch à geognostische Bemerkungen über die Ost- Preuss. Provinz
Sarnland, dansles Archives des sciences Naturelles et mathématiques de Kônisberg.
T. 6, p. 41. .
( 969 )
Une des preuves que Wrede cite comme constatant l’origine récente de ce
golfe, est l'escarpement, ou la profondeur la plus ancienne près de
Lochstadt, et la manière dont se correspondent les hauteurs des points
saillants du continent, près de Balga et de Camstigal. (Il dit que, pendant
les orages, l’eau monte souvent de 8 à 10 pieds au-dessus du niveau ordinaire,
et inonde toute la vallée du Pregel jusqu'à Tapiau; qu’ensuite, lé vent
changeant de direction, l’eau se porte vers la mer avec une vitesse qui va
souvent jusqu’à 3 pieds par secondes, et qui est, par conséquent, en état
d’occasioner les éboulements du rivage. )
» 2, Que le Pregel se détournait jadis à partir de Littaus-Sandriffe,
dans la direction SW et à 3,500 ruthen; de là il se portait vers le nord,
où il trouvait son embouchure près de Lochstadt. Les hauteurs de Balga
et de Camstigal étaient encore réunies à cette époque, et formaient une
digue entre les eaux du Pregel et celles de la Wistule, qui avait son em-
bouchure, soit près de Pillau, soit plus à l’ouest. Cette digue a été démolie
avecle temps, et les eaux des deux fleuves s’étant réunies, auront concouru
à engloutir le terrain qui se trouvaitsur leur passage.
» 3. Enfin que, dans la partie orientale de Frische-Haff, le golfe
n'ayant plus de 9 à 10 pieds de profondeur, les eaux du Pregel, à
partir de son embouchure, continuent à couler dans un lit profond, mais
étroit, qui se prolonge sous les eaux du Frisch-Haff, sur une distance de
2000 ruthen, de sorte que toute cette partie du golfe ressemble à une ri-
vière débordée, dont les deux rivages seraient depuis peu de temps englou-
tis par les eaux, et ne se trouvent encore qu'à 3 à 4 pieds au-dessous du ni-
veau du golfe, ete.»
cute APPLIQUÉE. — Emploi de l'huile extraite des schistes bitumineux pour
‘la fabrication du gaz d'éclairage ; lettre de M. Series.
« Dans la séance de l’Académie du r2 juin, M. Auguste Laurent a pré-
senté une note dans laquelle il a donné la composition de l'huile extraite
des schistes bitumineux, et il la recommande aux industriels comme
pouvant servir à l'éclairage au gaz.
» Je crois devoir faire connaître à l’Académie que, dès l’année 1834, j'ai
appliqué au gaz d'éclairage, l'huile provenant des schistes bitumineux, par
des procédés dont la propriété m'a été garantie par brevets délivrés succes-
sivement en 1834, 1835 et 1836, et que je me sers pour carburer le gaz
obtenu de la décomposition de l’eau, de plusieurs carbures d'hydrogène ,
et principalement des huiles de schistes.
( 970 )
» Ces huiles traitées par mes procédés donnent 72 pieds cubes de gaz
par kilogramme d’huile, tandis que par les procédés ordinaires ces mêmes
huiles comme toutes les autres huiles et les résines n’en peuvent donner que
de 14 à 26.
» L'intensité de lumière du gaz que j'obtiens ainsi est telle, qu’un bec
de 16 à 18 trous égale r4 à 15 bougies : l'épreuve en a été faite en 1835 et
1836 dans un établissement de 300 becs situé dans le département de la
Drôme, ételle va être répétée à Paris à l'imprimerie royale d’ici à la fin de
ce mois, et à Lyon aussitôt que je pourrai m’y rendre.
» J'ajouterai que je suis en outre possesseur, avec M. David Blum, du
brevet qu’il a obtenu en 1832 pour l'application des huiles provenant des
schistes bitumineux à l'éclairage direct , ainsi que pour l'emploi des autres
produits qui entrent dans la composition de cette huile, et que l’exploi-
tation de ces schistes est confiée à une compagnie-capäble de lui donner
‘ous Les développements réclamés par l'industrie et le commerce. »
“HYSIQUE DU GLOBE. — Observations relatives à l’origine des bancs flottants
de fucus, qu’on trouve. à l'ouest des Açores ; lettre de M. Boxer, ca-
pitaine au kong cours, à M. Arago.
Bordeaux , 27 mai 1837.
« En lisant votre {nnuaire de 1836, je vois à l’article des courants que
vous vous plaignez du manque de documents sur l’origine des fucus natans
que l’on rencontre à l’ouest des Acores; je serais trop heureux que les re-
marques que j'ai faites à ce sujet, dans mes voyages, pussent être de quel-
que utilité; si javais pu prévoir l'usage que j'en fais aujourd’hui, veuillez
croire , que j'y aurais apporté plus de zèle, d'attention et de soin;
mais persuadé que d’autres avant moi avaient exploré cette partie intéres-
sante de la physique du globe, avec des lumières auxquelles les miennes
sont loin de pouvoir être comparées, je me suis:borné à examiner, seule-
ment pour me rendre compte. à moi-même. Je n'hésite pas néanmoins,
à vous faire part de mes observations tout imparfaites qu’elles peuvent être,
persuadé qu’à défaut de leur utilité, vous n’en apprécierez pas moins. ma
bonne volonté.
» Les marins donnent généralement à ces herbes, le nom de raisin du
tropique, tant à cause de leur ressemblance avec une grappe, que parce
qu’on les trouve assez abondamment à partir du tropique en allant vers le
nord. ;
» Ayant entendu émettre l’opinion qu’elles provenaient des îles et bancs
(971)
situés à l’est du canal de la Providence, d’où elles étaient charriées par les
courants, j'ai eu de la:peine à l’adopter, et sans énumérer toutes les raisons
qui m'ont porté à la rejeter, je me contenterai de donner les sui-
vantes : ,
» 1°. En observant pendant le calme, lorsque la mer est tranquille et
que la route est nulle, on voit monter les raisins du fond; si le soleil brille,
on peut les distinguer à une profondeur d’au moins 30 mètres; il est facile
alors de suivre les progrès de leur ascension que j'ai presque toujours
remarquée être verticale et assez rapide pour leur permettre d'atteindre la
surface en deux minutes environ, à partir du moment où on les a décou-
verts; ceux que l'on voit monter ainsi sont toujours les plus frais et de
couleur vert pomme.
» 3°: Une fois arrivés à la surface ils ne tardent pas à se faner; ils perdent
peu à peu leur première couleur pour en prendre une roussâtre qui bientôt
devient tout-à-fait brune; la décomposition s’ensuit en peu de temps,
c'est-à-dire que la grappe s’éparpille, les grains se séparent et flottent
comme une poussière qui finit par disparaître.
» 3°. Si le raisin arrivant à flot se trouve près d’un autre un peu flétri,
les petits animaux, crustacés, zoophites ou poissons auxque!s ce dernier
sert d'asile, ne tardent: pas à l’abandonner pour se diriger vers le nou-
veau où ils trouvent un meilleur abri contre l’ardeur du soleil et les pour-
suites d’autres poissons auxquels ils servent de pâture.
» 4°. Enfin, dans ces grappes, il est aisé de reconnaître la partie par où
elles étaient atfachées au fond, et dans les agglomérations de ces herbes qui
offrent parfois l’aspeot d’une prairie de plusieurs dixaines de mètres carrés,
la couche supérieure, qui est en partie émergée, est toujours d’une couleur
foncée, les raisins en sont fanés et dans un état voisin de la dissolution :
l’fnférieure, au contraire, est dans toute sa fraicheur.
» Au reste, si Pon met quelque grappe sur le pont exposée au soleil,
il suffit de quelques instants pour la faner, et dans 24 heurés, après avoir
passé par les différents états de celles qu’on voit flotter, elles sont sèches
et peuvent se pulvériser.
» De tout cela j'ai cru devoir conclure: d’abord que ce que l'on a regardé
comme différentes espèces est réellement la même, vue dans les diverses
phases de son séjour sur les eaux; ensuite, que ces herbes sont formées au
fond de l'océan, à peu près au-dessous des lieux où elles flottent, ce qui est
plus naturel, que de supposer qu'un courant sous-marin après les avoir
enlevées des bancs de Baharna ou des îles Lucayes, les retiendrait constan.-
(972)
ment au fond malgré leur tendance à monter, pendant un trajet de plu:
sieurs centaines de lieues, pour les abandonner ensuite à elles-mêmes et les
laisser venir à flot.
» Je pense donc que, par des sondes répétées, avec des lignes de suffi-
sante longueur, en choisissant de préférence les lieux où, par un temps
calme, on voit les raisins monter, on finirait par trouver le fond. Je suis
encore confirmé dans cette opinion par ce que je trouve dans un journa!
que je tenais à bord du brick l’Alcyon : le 26 avril 1829 à midi, étant par
33° 26’ de latitude nord, et 44° de longitude ouest, la mer est devenue tout-
à-coup bourbeuse, formant une ligne nord-est et sud-ouest d’un demi-
mille de largeur ; le navire filait 5 Aoade, le capitaine n’a pas Hu s’'ar-
rêter... »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Température des eaux thermales, et plus parti-
culièrement sur celle des eaux du mont Dore; par M. BERTRAND, méde-
cin inspecteur des eaux du mont Dore.
« Les eaux thermales ont-elles constamment le même degré de chaleur ?
Jusqu'ici on avait généralement tenu leur température pour invariable.
Avec tant d’autres questions, déjà bien ou mal jugées, voilà que celle-
ci est remise en controverse. Sa solution intéressante en médecine, et
bien plus encore en géologie, ne saurait être improvisée, Il faut du temps,
de nombreuses et d’exactes observations pour l’obtenir.
» On lit, dans le Bulletin de l’Académie royale de Médecine , du 15 oc-
tobre 1836, une lettre de M. Chevalier, relative à cet objet. Cet habile
chimiste dit avoir vu que « température des eaux de Vichy varie
» non-seulement d’une année à l’autre, mais encore dans un laps de
» temps bien peu dE DS ... Je pense aussi, ajoute-t-il, après dj-
» verses expériences, que des variations de la température. des eaux
» peuvent être observées de même dans les autres sources thermales.
Ainsi j'ai trouvé, au mont Dore, des températures différentes de celles
» trouvées par M. Longchamp et données dans son Annuaire. »
rs
C2
Degrés trouvés par M. Longchamp. Degrés trouvés par moi.
Source de la Magdelaine..... 43° onde on MI ED
——— de César........,... 42,50 .......... 42
——— du pavillon. ......,.. 41,75 .....,..... 41
a — IGN Ye. re cases seseh 2300, essences 142,70
——— Ramond..,......... 1,75 .....:.... 42
——— Sainte-Catherine.-.... 12 Fete ee MO
( 973 )
» Il est évident, d’après ce tableau, qu’il faut chercher ailleurs que
dans le défaut de concordance des thermomètres, l'explication des dif-
férences entre les observations de M. Longchamp et celles de M. Cheval-
lier. En effet , si telle était leur seule cause, ces différences se représen-
teraient d’une manière uniforme, et avec la même valeur dans toutes
les sources : or, c’est ce qui- n’est point.
» D’un autre côté, et toujours d’après le même tableau, on ne saurait
voir sans quelque surprise que ces sources, toutes rapprochées qu’elles
sont les unes des autres, suivraient néanmoins une marche diverse
dans les perturbations de leur température; que ces perturbations, au
lieu de les affecter simultanément dans un sens croissant ou décroissant ,
seraient au contraire comme désordonnées, de telle sorte qu’il y aurait
en même temps augmentation dans l’une des sources, et dans l’autre
diminution de chaleur.
» Mais d’abord , ces perturbations sont-elles bien réelles ? J’ai de bonnes
raisons pour affirmer que depuis 1804 jusqu’à ce jour, la température des
sources dont il s’agit n’a point varié.
» Mille observations déposant d’une température égale ne sauraient,
dira-t-on, infirmer une observation contraire. J'en conviens; mais on
conviendra également que plus on accorde de valeur à celle-ci, plus elle
doit être irréprochable sous quelque face qu’on l’examine,
» Voyons maintenant si l'observation de M. Chevallier présente ce
caractère, Recherchons si par des circonstances dont l'appréciation a dü
lui échapper, cette observation ne serait pas essentiellement viciée.
» Et d’abord, M. Longchamp a trouvé 43° centigr. à la source la plus
abondante du mont Dore, celle de la Magdelaine, et M. Chevallier lui en
attribue 44°,50.
» Pour qui connaît les lieux, et les transformations qu'ils ont subies
pendant le temps écoulé entre les deux observations , la cause de cette
différence est facile à déterminer.
» Quand M. Longchamp, chargé de l'analyse des eaux médicinales du
royaume, travail abandonné au grand détriment de la science, s’occu-
pait de celle des eaux du mont Dore, la construction du monument
thermal qu’on y a élevé, était en pleine activité.
_ » Avant cette construction, les eaux de la Magdelaine, errantes parmi
les ruines des bains romains, s’y étaient frayé une voie bien imparfait
sans doute, et venaient dre au milieu de la place du Panthéon, à
100 mètres de distance environ de Fendroit où elles naïssent maintenant,
CR. 1837, 18 Semestre. (T. IV, No 95.) 132
( 974 )
On a dégagé cette source des décombres qui la couvraient à une grande
hauteur, et fini par arriver à son débouché naturel, au lieu même où les
Romains l'avaient captée.
» Franchir l’espace compris entre ces deux points, sans compromettre
le sort d’une source si précieuse, fut une opération difficile et de longue
haleine. Pour que le service des malades ne füt point suspendu, il
fallut, à moitié du trajet, établir une prise d’eau provisoire, qui a sub-
sisté plusieurs saisons. À mesure qu'on approchait du débouché naturel
de la source, son volume devenait plus considérable, et sa tempéra-
ture plus élevée. Or, l'observation de M. Chevallier a été faite à la station
actuelle et définitive de la source, et celle de M. Longchamp, à sa sta-
tion intermédiaire. Faut-il s'étonner de la différence des résultats. Si
M. Chevallier se füt occupé du volume dé la source, il l’eût au$si trouvé
plus considérable que ne l’a fait M. Longchamp.
».Source de César. — La source de César, très anciennement connue, et
la source Caroline, découverte en 1821, naissent à 4 ou 5 décimètres
l’une de l’autre, et sont recues dans une auge circulaire où leurs eaux
se confondent. Cette auge est renfermée dans un grand réservoir cou-
vert d’un double dallage en pierre de taille, et percé de trois petites
trappes, dont une regarde le surgeon des sources, seul endroit par le-
quel on puisse en prendre la température. Le rebord de l’auge s'élève
de 2 ou 3 centimètres au-dessus du pavé du réservoir, qui reste souvent
à sec. De ces dispositions , il résulte que les indications du thermomètre
doivent différer suivant la quantité d’eau contenue dans le réservoir au
moment de l'observation, suivant le temps depuis lequel elle s’y trouve
entreposée, suivant encore que le réservoir est demeuré plus ou moins
long-temps en vidange.
» Sources du pavillon.— Les mêmes causes d'erreur peuvent intervenir
dans l'estimation de la température des sources du pavillon. Ainsi, les
auges en pierre de taille qui les reçoivent, vidées fort souvent pour
prévenir lamas du dépôt des eaux, se refroidissent et altèrent, pendant
quelques heures, après leur nouveau remplissage, le degré de chaleur des
eaux. C
» Source de Sainte-Marguerite. — Cette source, dont les eaux sont
froides, naît dans: une prairie d’une pente très raide et hautement do-
minée. Un petit bassin carré, dépourvu de tout abri, et formé par
quatre pierres, de taille, placées de champ, dont le rebord supérieur se
trouve de niveau avec lé sol, en recoit les eaux toujours mélées, hors les
( 975 )
temps de longue sécheresse, avec celles qui proviennent de la pluie ou
de la fonte des neiges. M. Lonchamp attribue 12° de chaleur à cette
source; M. Chevallier ne lui en trouve que 10. C’est le 17 septembre que
M. Chevallier a fait son observation. Depuis une vingtaine de jours, il
pleuvait constamment dans nos montagnes.
» Sources Ramond et Rigny.— Chacune de ces deux sources, décou-
vertes sous les décombres des bains romains, a un bassin particulier ren-
fermé sous les voûtes des grands aqueducs du nouveau monument thermal;
là, point de réservoir, point de mélange avec d’autres eaux, aucune des
conditions dont j'ai parlé plus haut, qui, si l’on n’en tient compte,altérent
nécessairement les observations thermométriques.
D’après M. Longchamp, le bain Ramond a 41,75, et le bain Rigny, 42,50.
M. Chevallier attribue au premier. ...... 42, et au second, .... 42,75.
» Sur ces deux sources, dont aucune cause étrangère ne vient accidentel-
lement déguiser la température, il n’y a donc, entre les deux observateurs,
qu'un quart de degré de différence , et, ce qu’il est bon de remarquer, ce
quart de degré se trouve en plus du côté de M. Chevallier. Ce léger dissen-
timent dépose bien plus, si je ne me trompe, en faveur de la constance
que de la variabilité de-température, et s'explique par la différence des
instruments. Le thermomètre de M. Chevallier avance d’un quart de degré
sur celui de M. Longchamp : voilà tout,
» Jusqu'ici, je n’ai fait que discuter la valeur des observations de M. Che-
vallier ; qu’il me soit permis maintenant de dire quelques mots de celles
qui me sont personnelles, et sur lesquelles je me suis fondé pour écrire
en 1810, comme en 1823, et répéter aujourd’hui que la température des
eaux du mont Dore n’a point varié.
» Ces observations sont innombrables et toujours concordantes ; elles ont
été faites avec des thermomètres de Fortin, montés sur glace, à diverses
époques de l’année, comme à différentes heures du jour el de la nuit, aprés
de longues sécheresses, comme après des pluies prolongées. Eh bien, tou-
jours, et toujours en ayant soin d’écarter les causes qui pouvaient vicier
l'observation, j'ai trouvé lemême.degré de chaleur.
» Ce n’est pas tout, et le.fait est consigné dans deux tableaux météoro-
logiques joints à mon rapport pour l’année 1836, j'ai laissé à demeure,
pendant deux mois consécutifs, dans le bain Ramond, un thermomètre de
Bunten, monté sur liége et à divisions très espacées, tel que ceux que Je
fais confectionner pour l'usage de l'établissement. Il a été examiné tous les
132.,
( 976 )
jours, à des heures différentes; et n’a jamais présenté de variation ap-
préciable.
» Il y a plus, quand j'eus connaissance du mémoire de M. Chevallier, je
fis placer cinq thermomètres de Bunten, éprouvés, et marchant bien en-
semble, l’un dans la cave de César, un autre dans le naissant de la source
de la Magdelaine, un troisième dans l’une des baignoires du pavillon, un
quatrième dans le bain Ramond, et le cinquième dans le bain Rigny. Pour
échapper aux petites modifications de capacité dont les alternatives de
contraction et de dilatation auraient pu affecter leur réservoir, ces ther-
momètres sont toujours restés flottants dans l’eau éprouvée. 1e docteur
Chabory, qui réside toute l’année au mont Dore, et sur la consciencieuse
exactitude duquel on peut compter, voulut bien se charger d’observer jour-
nellement la marche de ces thermomètres, et m'envoyer trois fois par mois
le tableau de ses observations, commencées le 19 novembre et continuées
pendant quatre mois, sous des conditions atmosphériques très diverses.
Ainsi il a vu le thermomètre extérieur tantôt à + 10° die) et tantôt
à — 14°.
» Deses tableaux il résulte, 1° que le thermomètre s’est invariablement
tenu à la même hauteur dans les sources de César et de la Magdelaine;
» 2°, Qu'il n’a pas non plus varié dans les autres souces tant que la tem-
pérature extérieure s’est maintenue au-dessus de zéro ;
» 3°. Qu'il a baissé dans ces trois sources, maïs jamais de plus d’un
quart de degré, pendant 1 jours les plus rigoureux;
» 4°. Qu'il est revenu à sa station fixe chaque fois que le temps s’est
radouci.
» Mais pourquoi cette fixité du thermomètre dans deux sources, et son
abaissement d'un quart de degré, observé par intervalles dans eo trois
autres ? Le voici :
» La forme des thermomètres employés est telle que stat qu'ils sont
en expérience, leur tube et la colonne de mercure qu’il renferme, s'élèvent
à 15 centimètres à peu près, au-dessus du niveau de l’éau. "e bain de
César, comme à la source de la Magdelaine, cette partie saillante se trouve,
par la disposition des lieux, complétement à l'abri de l'air extérieur, et
dans une atmosphère dont la température n’éprouve que peu de va-
riations.
» Les trois autres sources ne sont pas aussi bien abritées : pendant les
froids rigoureux, de grands courants d’air en balaient la surface, frappent
les tubes du thermomètre, et déterminent la petite contraction de sa co-
( 977 )
lonne, observée sous cette influence. C’est ce que M. Chabory déméla par-
faitement ; il couvrit les thermomètres avec de grands vases de fer-blanc,
et les vit dès-lors se tenir invariablement à la même hauteur.
» Je n'indique point ici cette hauteur : mon but n’était pas de connaître
le degré de chaleur des sources, mais de savoir si leur température est
constamment la même; variera-t-elle ? Dieu le sait. Toujours est-il que pen-
dant un espace de trente-deux ans elle n’a point changé. »
PHYSIQUE TERRESTRE. — 7 empérature du puits foré de Grenelle.
M. Walferdin a fait une nouvelle expérience avec ses thermomètres à
maxima, à la même profondeur de 400 mètres où avaient été descendus
quelques jours auparavant les instruments de MM. Arago et Dulong.
« Comme la première fois,.les thermomètres occupaient la partie
supérieure d’une cuillère en fer de 9",75 de longueur dans laquelle
la vase boueuse entre par l'extrémité inférieure : mais cette vase était
un peu moins compacte que lors de la première expérience.
» Les instruments sont restés immergés pen:lant dix heures au lieu de
vingt. |
» Mon thermomètre à maxima qui, pour l’usage habituel, dit M. Wal-
ferdin, reste constamment placé dans un tube de cristal fermé à la lampe à ses
deux extrémités, et qui se trouve ainsi complétement garanti des effets de
la pression, a indiqué de 23,77 à 23,74, soit...........,......, 23,75.
» Ce résultat, qui ne peut comporter aucun doute, a été confirmé
d’ailleurs, par les deux thermométrographes qui avaient précédemment
servi ; enfermés dans leur étui de cuivre, où j'avais laissé un espace de
o®,05 sans eau, que j'ai retrouvé au même état, où par conséquent la pres-
sion n’a point été exercée, ils ont donné, toute correction faite, l’un 23,7 et
l’autre 23,8 environ.
» La différence de o°,25 entre la première et la deuxième observation
change bien peu le résultat obtenu en premier lieu, puisque, en admettant
que la température moyenne de la surface du sol à Paris est de 10,6,on a
23,75—10,6—13,15, pour 400 mètres, ou 30",42 pour 1°. centigrade.
» Et qu’en partant dela température constante et de la profondeur des
caves de l'Observatoire, on a 23,75—11,7—12,05 pour 372 mètres ou
30,87 par degrés. »
( 978 )
PALÉONTOLOG1E. — Nouveau gisement d'os fossiles de grands mammifères
— Extrait d’une lettre de M. Auc. AzÉM4.
M. Pagès, député de‘l’Ariége , transmet l'extrait d’une lettre dans Ja-
quelle M. Azéma lui fait part de cette découverte. :
M. Azéma, ayant fait faire dans la commune de Sauveterre et dans le
voisinage du canton exploré par M. Lartet, des fouilles dont l’objet était
aussi de se procurer des ossements fossiles, annonce avoir trouvé : 1° des
fragments considérables de squelettes qui paraissent avoir appartenu à
deux mastodontes et à un rhinocéros; 2° des os de reptiles; 3° des fruits
bien conservés.
M. Azéma exprime l'intention de faire don de ces divers objets à
l’Académie. |
L'Académie accepte le don qui lui est offert. MM. les Secrétaires perpé-
tuels prendront les mesures nécessaires pour que les fossiles découverts
par M. Azéma soient transportés à Paris.
M. Dujardin, de Lille, adresse quelques détails relativement à un ap-
pareil dont il croit qu’on pourra se servir utilement pour représenter,
par des signes très rapides, les sons du langage et les signes musicaux. Il
désigne cet appareil sous le nom de pianographe.
M. Delhomme demande à retirer déux Mémoires relatifs aux machines
à vapeur, qu'il avait présentés en octobre 1835 et juillet 1836, et sur les-
quels, par suite de la mort de M. Navier, l’un des commissaires chargés
de l'examen de ces Mémoires, il n’a point encore été fait de rapport.
MATHÉMATIQUES. — Sur un enfant qui paraît doué d'une rare facilité pour
les calculs numériques.
Un enfant, Vito Mangiamele, qui se dit âgé de dix ans et quatre mois,
s'était présenté, quelques minutes avant la séance, dans le cabinet de
M. Arago, muni d’une lettre de recommandation de M. Tabareau , pro-
fesseur à la Faculté des Sciences de Lyon. Le père du jeune Vito est berger
dans les environs de Syracuse ; il n’a pu donner à son fils aucune instruc-
tion : cependant le hasard a fait découvrir que cet enfant résout, par des
méthodes à lui, des problèmes qui, au premier coup:d’œil,‘sembleraient
exiger des connaissances mathématiques assez étendues. Avant de deman-
der la nomination de commissaires pour examiner cette sorte de phéno-
( 979 )
mène , M. Arago a pensé que d’abord on devrait, en séance publique,
er constater nettement la réalité. Cet avis ayant été agréé par l'Académie,
M. Arago a successivement adressé au jeune Vito les questions suivantes :
Quelle est la racine cubique de 3706416 ? Dans l’espace d'environ une
demi-minute l'enfant a répondu 156 : ce qui est exact.
Quel est le nombre qui satisfait à la condition que son cube, plus cinq
fois son carré, est égal à 42 fois ce nombre augmenté de 40? Tout le
monde comprendra que c'était demander une racine de l'équation :
x$ + 52° — {2x — fo — 0.
En moins d’une minute Vito a répondu que 5 satisfaisait à la condition ;
ce qui est aussi exact. ‘
La troisième question revenait à la solution de l'équation
a$ — 4x — 16779 — 0.
Cette fois l'enfent est resté quatre à cinq minutes sans répondre ; ensuite
il a demandé avec quelque hésitation, si 3 ne serait pas la solution de-
sirée. Le Secrétaire l'ayant averti qu xl se trompait, Vito, peu d’instants
après, a donné le nombre 7 comme la vraie solution.
Vito ayant enfin été invité à extraire la racine 10° de 282 475 249 a
trouvé en très peu de temps que cette racine est 7.
(Une commission, composée de MM. Lacroix, Arago, Magendie, Libri
et Sturm, a été chargée de pousser plus loin ces intéressantes épreuves et
d’en faire un rapport à l’Académie.)
La séance est levée à cinq heures. A.
BULLETIN BIBWIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie Royale des
Sciences ; 1°" semestre 1857, n° 24, in-8°.
Voyages de MM. pe Humsozor e£ Bonprann. — Atlas géographique et
physique; 15° livraison , in-folio.
Traité pratique sur les maladies des organes génito-urinaires ; par
M. Civraze. Première partie, Maladies de l'urètre ; in-8°.
( g£0 )
Observations sur la manœuvre des ancres et sur celles de force, dans
les arsenaux de la Marine; par M. Renaucr; Brest, 1837, in-8°.
Essais sur les soulèvements jurassiques du Porentruy ; par M. Tauñwan ;
1" et 2° cahiers, in-4°.
De l'Influence qu'exerce la chaleur sur la facilité que le courant élec-
trique possède à passer d'un liquide dans un métal; par M. Ds za Rive;
in-8°. ( Tiré de la Bibliothèque universelle de Genève.)
Transactions of... Transactions de l'Institution des Ingénieurs civils ;
vol. 1, Londres, 1836, in-4°.
Astronomische.....Nouvelles astronomiques de M. Scaumacxer, n°*
276 — 331; in-4°.
Des Climats en général, et en particulier des Climats chauds. These,
par M. J.-F. Barse; Paris, in-4.
Voyage dans l'Amérique méridionale ; 25° livraison , in-4°.
Galerie ornithologique ; 19° livraison , in-4°.
Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon. — Séance
publique du 28 janvier 1837; in-8°.
Recueil de la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-
Lettres du département de l'Eure ; n° 28, janvier 1837, in-8°.
Société Havraise d'études diverses. — Résumé analytique des Travaux
de la troisième année ; par M. Muxer Sarr-Pierre; Havre, in-8°, 1836.
Bulletin général de Thérapeutique médicales et chirurgicale ; 6° année,
tome 12, 11° livraison, in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France ; tome 8, feuilles 13 — 15,
‘in-8°.
Archives générales de Médecine, Journal complémentaire des Sciences
médicales ; 3° série, tome '2°, mai 1837, in-8°.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 24, in-4°.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 69 — 71, in-4°.
La Presse médicale ; n° 47 et 48.
Écho du Monde savant n° 76.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 26 JUIN 1837.
PRÉSIDENCE DE M. MAGENDIE,
RAPPORTS.
PALÉONTOLOGIE. — Rapport sur la découverte de plusieurs ossements Jossiles
de quadrumanes, dans le dépôt tertiaire de Sansan, près d’Auch par
M. Lartet.
(Commissaires, MM. Duméril, Flourens, de Blainville rapporteur.)
« Dans la séance du 16 janvier dernier, M. Lartet a envoyé à l’Académie
une lettre annonçant la découverte, dans le dépôt tertiaire de Sansan, près
d’Auch, d’une mâchoire inférieure de singe.
» Dans la séance du 7 avril, il a adressé une seconde lettre sur le
même sujet, accompagnée d’une description plus complète, et d’une
figure, en annonçant qu’il avait aussi recueilli quelques autres ossements
qu’il pensait pouvoir avoir appartenu à un sapajou et à un maki.
» C’est sur ces différents faits que l'Académie a nommé une Commission
composée de MM. Duméril, Flourens et moi, pour lui faire un rapport, et
c’est ce rapport que nous avons l'honneur de lui soumettre.
» Dans le groupe d'animaux qui font le sujet des lettres de M. Lartet,
la nature des traces qu'ils ont pu laisser dans le sein de la terre, est né-
C. R. 1837, 197 Semestre, (T. IV, N°26 ) 133
( 982.) ,-
cessairement bien moins variée.quepour l'espèce humaine, et même que
pour d’autres genres de la série zoologique, dont certains produits ont pu
se conserver depuis un temps que l’on regarde généralement comme in -
commensurable. Toutefois , les traces qui ont été attribuées à l’ordre des
quadrumanes sont encore de deux sortes, ou le résultat direct de la con-
servation.de leurs parties dures, ou bien les empreintes de leurs pieds à la
surface d’un sol mou qui se serait solidifié par la suite, et dans lesquelles
un relief se serait formé et ensuite durci et conservé.
» À une époque de la scienceoüsiles moyens de comparaison manquaient
aux hommes les plus investigateurs, ce qui les conduisait presque né-
cessairement à des erreurs plus ou moins graves, on était du moins à l’abri
de celles provenant d’opinions plus ou moins préconçues, qui nous portent
à admettre avec plus ou moins de facilité, les faits qui nous semblent
dans le sens de celle que nous avons adoptée, el à repousser, au contraire,
ceux qui lui sont opposés, on trouve un assez petit nombre d’exemples
où l’on a considéré comme provenant de singes, des ossements qu'il a été
facile par la suite de montrer ne pas leur avoir appartenu ; et cela, sans
qu'il füt besoin d’une discussion bien approfondie, tant la chose était évi-
dente et facile à constater.
» Les singes, en effet, en comprenant sous cette dénomination les es-
pèces normales, qui constituent le premier degré d'organisation des mam-
mifères, car l’homme ne peut y être rangé, présentent dans l’ensemble de
leur organisation ostéologique, ainsi que dans chaque partie qui la cons-
titue, des caractères qui ne permettent que fort rarement des doutes un
peu prolongés. Il suffit, en effet, de savoir que ces os rappellent assez bien
dans leur nombre, dans leur disposition articulaire, ainsi que dans leur
forme, ce qui existe dans l’homme, cependant avec une différence plus ou
moins considérable, mais presque toujours Lrès marquée, dans la grandeur,
pour avoir presque de suite les moyens de ne pas les confondre avec ceux
des autres mammiféres.
» Ce qui vient d’être dit du véritable squelette est encore plus applicable
peut-être à ces parties dures développées dans la peau qui recouvre le bord
des mâchoires et qui, par suite de leur développement, Sont, pour ainsi
dire , saisies par celles-ci, au point qu’elles semblent y être comme implan-
tées ,'mais dont elles sont chassées au bout d’un temps plus ou moins long,
ce qui, pour le dire en passant, montre la grande différence qu'il y à en-
tre les dents et les os. Les dents des singes sont, en effet, presque entière-
ment semblables pourle nombre,la disposition, la proportion'et même
( 983 )
la forme, dans un grand nombre de points, avec ce qui existe dans l'espèce
humaine.
» Cependant, il ne faudrait pas croire quetous les animaux compris sous
le nom de quadrumanes, offrent le même degré de ressemblance avec
l’homme dans le système ostéologique, et surtout dans le système dentaire.
Le plus grand degré de ressemblance se trouve évidemment avec les singes
proprement dits, ou singes de l’ancien continent, qui parviennent queique-
fois à une taille presque égale à celle de l’homme, pouvant assez souvent
se tenir dans une position verticale, dont un certain nombre d’espèces man-
quent entièrement de queue, et dont la poitrine, également dans les pre-
mières espèces, est formée par un stérnum large et aplati, dont la tête os-
seuse, du moins dans le jeune âge, a aussi quelquefois une certaine
ressemblance avec celle de l'espèce humaine et qui ont constamment le
même nombre de dents, de même sorte, dans un ordre etdansune disposi-
tion semblables, toutefois, avec quelques différences dans le nombre et la
disposition des tubercules qui arment la couronne des molaires.
» Mais cette ressemblance diminue déjà d’une manière manifeste dans cette
famille de quadrumanes confinée dans le nouveau continent et que j’on con-
naît généralement sous la dénomination commune de sapajous. La dégrada-
tion semontre même dans presque toutes les parties quenousvenons d’énu-
mérer , et cela déjà dans les premières espèces. En effet, sans parler de la
grandeur, qui n’approche jamais de celle de l'homme, on trouve dans la
colonne vertébrale, dans l'existence de la queue qui est constamment fort
développée et assez souvent prenante, dans la forme du sternum, dans
celle du pouce des membres antérieurs, qui n’est jamais véritablement
opposable, des phalanges onguéales, qui se compriment de plus en plus,
ce qui indique des ongles de plus en plus en forme degriffes, des preuves
d'une dégradation évidente. Cette dégradation ne se montre peut-être
pas moins dans le système dentaire, non pas encore dans les incisives, qui
cependant chez les dernières espèces indiquent un peu par leur déclivité
ce qui a lieu dans les makis, non pas même dans les canines, qui ressem-
blent assez bien encore à ce qui existe dans les singes de l’ancien continent,
mais dans les dents molaires, dont le nombre est toujours augmenté d’une
fausse molaire de chaque côté et à chaque mâchoire, ce qui porte dans le
plus grand nombre des cas, le nombre total à trente-six; mais en outre
parce que la molaire postérieure devient de plus en plus petite, au point
de disparaître complétement dans les dernières espèces voisines des makis, .
et enfin parce que les tubercules dont la couronne est hérissée deviennent
RÉo
( 984 )
de plus en pius aigus, surtout ceux du bord externe, ce qui indique des
animaux dont la nourriture prend une proportion plus grande dans le
règne animal.
» Mais la dégradation devient encore bien autrement évidente et bien
plus forte dans la petite famille des makis, puisqu'il est aisé de voir qu’elle
porte sur l’ensemble du squelette et sur chacun de ses os en particulier,
aussi bien que sur Îles trois parties du système dentaire. La forme de la tête
dans le grand développement des mâchoires, et dans la petitesse et l’avance-
ment de l’orifice nasal, indique évidemment un rapprochement remarquab!
des mammifères carnassiers; il en est de même du reste de la colonne verté-
brale quoique quelquefois dépourvue de queue, de ia forme comprimée du
thorax et du sternum, de la structure des membres antérieurs dont la cla-
vicule est notablement moins forte que dans les singes; de l’étroitesse de
los des îles, et de la grande obliquité du détroit supérieur du bassin.
» Quant au système dentaire, on peut dire que la dégradation carnas;
sière se manifeste dans toutes ses parties, incisives, canines, fausses mo-
laires et molaires vraies. Au nombre des variations les plus singulières que
présente le système dentaire de ces animaux, on doit surtout remarquer
les dents incisives qui depuis les espèces que l’on peut considérer comme
normales jusqu’à celles qui sont tellement anormales qu’on a balancé
long-temps etque quelques zoologistes balancent encore à les regarder
comme de cette famille, offrent pour ainsi dire, toutes les combinaisons
de nombre, de forme et même de direction, quoique dans le plus grand
nombreides cas, elles soient verticales en haut et très déclives en bas.
» Les canines présentent aussi des différences tellement importantes,
que quelquefois les zoologistes ne sont pas entièrement d’accord sur leur
existence dans certains genres et qu'elles manquent indubitablement dans
d’autres.
» Quant aux molaires, également variables de nombre et de forme, on
peut se borner à dire que le caractère carnassier se prononce de plus en
plus dans la manière dont le bord externe se relève et devient tranchant.
» Ainsi, comme on le voit, il n’eût pas été difficile de trouver, dans la
connaissance un peu approfondie des parties dures de l’organisation‘des
quadrumanes, des élémentssuffisants pour résoudre laquestion de l’existence
ou non de restes fossiles ayant appartenu à cet ordre des mammifères.
» Un autre élément qui pouvait également servir à faciliter la résolu-
tion de cette question pouvait se tirer de la distribution géographique des
quadrumanes actuellement vivants à la surface de la terre. Quoique, de ce
(985 )
que nous ne connaissons pas actuellement des animaux d’une famillé*ou
d’un genre vivant dans une contrée, en conclure qu'il n’a jamais pu ÿ en
exister, serait évidemment trop hardi; cependant l’on conçoit comment
cette considération peut servir à nous éclairer et à nous mettre
en garde dans l'adoption ou le rejet d’une assertion qui appuie-
rait ou contrarierait une opinion plus ou moins généralement ad-
mise. La distribation géographique des espèces actuellement vivantes
est donc un préliminaire assez important dans ces sortes de ques:
tions.
» Dans l’état actuel de nos connaissances au sujet de Îa répartition des
espèces de quadrumanes à la surface de la terre, nous sommes encore au
point où Buffon a laissé la science il y a bientôt cent ans; c’est-à-dire que
jamais encore on n’a rencontré de véritables singes, c’est-à-dire de qua-
drumanes à ouvertures nasales obliques et très rapprochées, à systéme den-
taire anthropomorphe, dans le Nouveau-Monde ou dans l'Amérique; et
que par contre, on ne connait aucune espèce de sapajous ou de singes à ou-
vertures des narines latérales et très distantes, à trois fausses molaires à
chaque côté des deux mâchoires, dans aucune partie de l’Ancien-Monde.
Ce sont deux familles d’un même ordre qui se représentent dans les con-
trées chaudes des deux continents.
» Il en est à peu près de même des mammiferes de la famille des makis,
on n’en conrait encore que dans les contrées chaudes de l’ancien continent,
et ce qu’il y a de plus remarquable, de plus digne d'attention, c’est que la
plus grande partie des espèces connues appartient exclusivement à la grande
île de Madagascar, et qué jamais une espèce de cette ile n’a été retrouvée
sur le continent, et vice versa. :
» Quoique l'existence des trois familles qui constituent le groupe des
quadrumanes soit limitée dans une grande zone de la terre, qui, au nord,
ne dépasse pas le 35 degré dans l’ancien continent et le 25° dans le nouveau,
et, au sud, le 37° pour l’ancien monde et le 27° pour le nouveau, ce qui mon-
tre que les sapajous sont beaucoup moins répandus que les singes, il ne
faut pas croire que ce soit le degré de température qui les force de vivre
seulement aux lieux où nous les connaissons aujourd’hui; en effet, si ces
animaux habitent en général de préférence les lieux boisés, sur les bords
des rivières où la végétation est plus active, plus continue et où les fruits
sont plus abondants, à un niveau assez peu au-dessus de celui de la mer, on
sait aussi qu'il en existe dans des parties assez élevées des Cordillières de la
Nouvelle-Grenade, des Hymalaïas, de la Montagne de la Table, au cap de
( 986 )
Bonne-Espérance, et sur les frontières de Chine, et par conséquent dans
des lieux dont la température est assez basse.
» On doit aussi remarquer que, sauf les grandes îles de l'archipel indien
Java , Sumatra, Bornéo , Ceylan, Célèbes et Madagascar, aucune espèce de
quadrumane n’a encore été rencontrée dans les îles de l’ancien, pas plus que
dans celles du nouveau continent. Pt. 4
» Si les trois grands groupes qui constituent l’ordre des quadrumanes
normaux sont presque limités à trois parties du monde, il en est à peu près
de même pour les petits groupes naturels qui les constituent, cela n’est ce-
pendant pas pour les sapajous ; dont l’espace géographique est, il est vrai,
beaucoup moins étendu. En effet, on sait que les alouattes, les ateles, les
sapajous proprement dits, les sakis, et même les sagouins et les ouistitis,
se trouvent répandus sur toute la surface dé l'Amérique méridionale, dans
les limites du Mexique au Paraguay, et plus particulièrement sur le versant
oriental de la chaine des Cordillières.
» Il n’en est pas de même des singes de l’ancien continent: Les orangs-
outangs et les gibbons appartiennent presque exclusivement à l'Asie insu-
laire. C’est tout au plus si l’on connaît une ou deux espèces de gibbons'du
continent de l'Inde; aucune n’a été jusqu'ici observée en Afrique.
» Les semnopithèques ou singes à longue queue, à membres grèles,
avec un cinquième tubercule à la dernière molaire inférieure ( sauf le
Soulili, S. Fulvo-grisea, qui manque de ce tubercule, et fait ainsi le pas-
sage laux gibbons ), n’ont également été trouvés qu’en Asie, aussi bien
sur le continent que dans l’archipel. Mais il semble que les colobes, qui
ont les mêmes caractères, mais doût le pouce est nul ou rudimentaire,
les représentent en Afrique. .
» Les guenons sont des deux parties de l’ancien continent.
» Il n’en est pas de même des macaques ; mais jusqu'ici on ne connaît de
cynocéphales, ou de singes à narines terminales qu’eu Afrique.
» Quant aux magots, qui sont intermédiaires aux macaques et aux cyno-
céphales, ce‘ sont les espèces qui s’avancent le plus loin au nord (S. Znuus,
en Afrique, S. Speciosa; au Japon), et qui, par conséquent , paraissent ré-
sister davantage au froid.
» Dans la famille des makis , on remarque que tes makis proprement dits,
les indris et les aye-ayes sont exclusivement de Madagascar ; tandis que les
makis à longs pieds ou les galagos, les loris et les galéopithèques, sont de
la côte occidentale d'Afrique ou de l’archipel et du continent indiens ex-
clusivement.
( 987 )
» Ces deux éléments propres à résoudre et à estimer à sa valeur la ques-
tion de l'existence des quadrumanes dans le sein de la terre, étant donnés,
voyons maintenant à aborder la question en elle mème.
» A l'époque des progrès de la science de l’organisation et de la géologie,
où l'absence presque complète de collections ostéologiques ne permettait
pas aux personnes, même les plus versées dans l’anatomie réelle, d'établir
de comparaison avec des ossements trouvés dans ie sein de la terre, et, par
conséquent, les conduisait aisément à l’erreur; à cette époque, où le man-
que de tonte théorie approximative de la succession des êtres à la surface
de la terre laissait lesobservateurs pour ainsi direindifférents pour desasser-
tions qu'aujourd'hui nous serions quelquefois portés à repousser, pres-
que malgré les faits et l'évidence, l’on conçoit très bien comment des er-
reurs ont.pu être introduites et acceptées au sujet d’ossements fossiles at-
tribués à des animaux de l’ordre des quadrumanes, comme cela a eu lieu
pour l'espèce humaine.
» La première assertion qui ait trait à un singe fossile, repose sur le
squelette presque entier d’un animal quadrupède à longue queue, dé-
couvert en 1733, dans les schistes métalliferes de la Thuringe, à Gluck-
Brunn, près Altenstein, baillage de Saxe Meinüngen, et que Swe-
denborg a figuré, tabl. II de son Traité de Cupro ; p.168, en l’attribuant
non pas à une espèce de guenon ou de sapajou, comme l'en accuse
tout-à-fait à tort G. Cuvier, p. 7 de son article sur les Crocodiles fossiles ,
mais à quelque animal marin ampbhibie, et alors sous ce nom d’amphi-
bie on entendait généralement ce qu’on nomme aujourd’hui reptile , ou à
quelque genre de chat marin , à cause de sa queue, c’est-à-dire à une espèce
de squale roussette, nommé alors ainsi, comme cela même a lieu encore
aujourd’hui chez les pêcheurs. L’idée principale de Swedenborg était donc
que ce devait être un animal marin amphibie ou non, et par conséquent,
il ne devait pas le moins du monde penser à une guenon ou à un sapajou.
» Jusqu'à d’Argenville, en 1755, chez lequel en effet on trouve ce
fossile indiqué pour la première fois, à ce que je suppose, sous le titre
de Scheletton d'un quadrupède à queue , qu'on croit avoir été un singe ,
je n’ai rencontré aucun auteur de pétrifications qui ait admis ce rap-
prochement erroné, comme le dit cependant G. Cuvier. En effet, Jean
-Gesner, auteur d’un petit ouvrage sur les pétrifications ; excellent et fort
remarquable à l’époque où il parut (1758), et encore fort intéressant
à lire aujourd'hui, se borne à citer la figure donnée par Swedenborg sous
la seule dénomination employée par celui-ci, c’est-à-dire de chat marin.
( 988 )
» C'est donc à d’Argenville, et surtout à Walsh, en 17795, qu'il faut attri-
buer l’erreur grostière que G. Guvier met sur le compte de Swedenborg.
En effet, le commentateur, du reste fort érudit et fort utile des planches
de Rnorr, en citant, en deux endroits, la figure donnée par l’auteur sué-
dois, dit dans un passage : «que ce squelette a la plus grande ressemblance :
» avec le squelette d'an singe ou d’un babouïin », et il ajoute, dans un
autre : « que Swedenborg le prenait pour un babouin, et d’autres pour
le squelette d’un singe;» ce qui était entièrement buse comme nous
l'avons fait remarquer plus haut, en citant les propres expressions de
l'auteur suédois, qui avait déjà soupçonné , autant qu'il était possible de
le faire alors, que ce fossile était un véritable reptile de l'ordre des
Sauriens, comme cela est généralement admis aujourd’hui.
» Le même Walsh parle encore, dans ses commentaires’ sur l’Icono-
graphie de Knorr, t. Il, sect. IT, p. 150, d’une patte entière de singe avec
les os, la peau, la chair, les ongles, le tout converti en pierre, et dont
Kundmann a donné la description et la figure dans son ouvrage intitulé :
Rariora naturæ et artis, p. 46. N'ayant pu encore me procurer cet ou-
vrage, il m'a été impossible de vérifier si cette patte était bien d’un
singe; mais quand cela serait, il me paraît bien présumable qu'il s’agit ici
de ces espèces de pétrifications, comme on en fait encore tous les jours
à la fontaine de Saint-Alyre, dans un des faubourgs de Clermont en
Auvergne, et où nous avons vu, dans le voyage que nous y fimes en 1829,
un bœuf tout entier que l’on tentait de pétrifier ainsi; l’eau, en pénétrant
tous les tissus, y déposant les molécuies calcaires qui devaient le so-
lidifier.
» Un troisième exemple de fossiles attribués à un animal de cette di-
vision, serait beaucoup moins sujet à controverse, du moins sous le
rapport anatomique, car sous celui de l’état fossile, il n’en est peut-être
pas de même. Nous voulons parler de l’assertion d'Imrie, dans sa Des-
cription du rocher de Gibraltar, insérée dans le t. IV des Mémoires de la
Société royale d'Édimbourg , année 1798 , que des ouvriers employés aux
fortifications de cette forteresse, trouvèrent un jour, dans le haut de la
montagne , deux crânes que l’on supposa humains, mais qui lui parurent
trop petits, surtout l’un d’eux, pour qu’ils pussent, les sutures étant
par: faitement soudées, être coRbideés comme provenant de l'espèce
humaine. Aussi, ajoute Imrie,. j'aimai mieux croire qu’ils venaient de
l'espèce de singe qui habite en grand nombre la partie inaccessible des
rochers.
( 989 )
» Sans doute cette supposition doit être regardée comme beaucoup
plus vraisemblable que dans les deux exemples précédents; cependant
nous ne la regardons pas encore comme hors de doute.
» D'abord, quant à l'observation que ces crânes, ou du moins l’un d’eux
était beaucoup trop petit pour avoir appartenu à l’homme, on doit objec-
ter, comme le fait G. Cuvier, qu'entre le crâne d’un homme, même
d’une petite taille, et celui du magot (5°. inuus L.), il y a pour la grandeur
seule une différence trop considérable pour que des ouvriers même aient
pa prendre une tête de singe pour une tête d'homme.
» Quant à lassertion qu'une espèce de singe habite encore en granil
nombre dans les parties les plus inaccessibles du rocher de Gibraltar, on .
doit, ce nous semble, en douter assez fortement d'après des considéra-
tions à priori et à posteriori.
» À priori, on peut se demander de quoi se nourriraient des singes ea
grand nombre dans les anfractuosités d’un rocher où il n’y a presque ni
arbres ni arbrisseaux qui pourraient donner des fruits, et où pe se trouvent
que quelques misérables plantes rares et rabougries, comme nous l'a as-
suré l’un de nos amis, M. de Roissy, pour l'avoir entendu dire de M. de
Corancez, qui avait obtenu du gouverneur la permission de pénétrer pour
herboriser dans les fortifications dont ce rocher est hérissé ;
» À posteriori, contre l'affirmation qu'il existe des singes dansle rocher
de Gibraltar, nous pouvons opposer celle de M. Rambur, qui ayant sé-
journé quelque temps et à plusieurs reprises dans cette ville, et s'étant
enquis de la vérité de cette assertion qui lui a été cependant faite par des
personnes qu’il regarde comme dignes"de foi, se croit en droit de penser
que la chose est au moins bien douteuse, à moins qu’il ne s’en soit échappé
quelques-uns de la ville, où il s’en trouve beaucoup chez les habitants, qui
les font venir de Ceuta, sur la côte opposée d'Afrique, où ces animaux sont
fort abondants.
» Quant aux traces qu’auraient laissées sous forme d'empreintes des
animaux de la famille des singes, par suite de leur marche sur un sol mou
qui se serait ensuite solidifié et aurait donné lieu par remplissage à des
reliefs en contre-partie, nous avons déjà eu l’occasion d’annoncer que la
vue des objets sur lesquels repose cette hypothèse ne nous permet en au -
cune manière de l’admettre. Au reste, nous nous proposons de revenir sur
ce sujet lorsque des renseignements que nous avons demandés en Amérique
nous seront parvenus. e
» Nous ne discuterons pas davantage le doute émis d'une manière sj
C.R. 183, 1° Semestre. (T. LV, N° 96.) 134
( 990 )
prononcée (1) par M. Fischer de Waldheim dans sa palæontologie animale
systématique, p. 132, « que le squelette de la Guadeloupe, et regardé
comme humain, pourrait bien devoir être rapporté, à l’ordre des quadru -
manes ;» parce qu’il suffit d’avoir lu la description et vu la figure qu’en a
données M. Knight dans les Transactions philosophiques, pour être con-
vaincu que ce squelette a certainement appartenu à l'espèce humaine;
comme on peut au reste s’en assurer dans les galeries d'anatomie :palæon-
tologique où existe un moule fort exact de ce prétendu fossile.
» Aïnsi, jusque dans ces derniers temps, il était certain que l’on n’a-
vait trouvé aucune trace laissée par un animal de la famille des singes
dans les couches même les plus superficielles de la terre, pas même dans
des terrains d’alluvion, lorsque M. Lartet annonça à l’Académie des Scien-
ces, dans des lettres lues dans les séances du 16 janvier et du 17 avril der-
niers, qu'il venait de trouver dans cet amas si nombreux et si curieux d’os-
sements fossiles découvert par lui dans les environs d’Auch, une mâchoire
inférieure d’un singe proprement dit, une dent molaire de sapajou, et
une extrémité antérieure de la mâchoire inférieure d’un animal de la fa-
mille des makis.
_ » La singularité et l’intérêt d’une découverte aussi inattendue, tant on
était loin de soupçonner la coexistence, dans le même dépôt où avaient été
trouvés des ossements de rhinocéros, d’acérothérium , de dinothérium, de
mastodonte, de cerfs, d’antilope, d'os de quadrumanes d’Asie, d’Amé-
rique et de Madagascar, firent douter de la justesse des déterminations.
On pouvait en effet supposer qu’un observateur, de quelque sagacité
qu’il fût pourvu, ne possédant aucun élément matériel de comparaison,
mais seulement des figures toujours plus ou moins incomplètes, avait pu
se tromper. L'envoi d’une seconde lettre contenant une description. dé-
taillée de la demi-mächoire de singe accompagnée d’une figure, dut mettre
hors de doute la vérité d’une partie de l’annonce de M. Lartet. Toutefois,
pour assurer non-seulement que c'était bien d’un singe qu'il s'agissait ,
mais encore d'un gibbon, groupe de quadrumanes que l’on ne connaît
presque que dans Îles grandes îles de l’archipel indien, il fallait plus qu'une
figure faite à la hâte et par conséquent plus ou moins incorrecte ; plus
qu’une description faite sans objet de comparaison ; il devenait nécessaire
que les objets fussent envoyés à l'Académie, et c’est ce que s’est empressé
defaire M. Lartet, de bonne foi et parfaitement sûr de sa découverte. Il lui.
Du Noa cu NME ie MP PEn
à L_{
(1) Nist omnia me fallunt, dit M. Fischer.
( 991 )
a adressé en effet la plupart des ossements qu'il avait cru pouvoir attri:
buer à des quadrumanes, et c'est sur-ces pièces que porte le rapport que
nous allons avoir l'honneur de faire à l’Académie,
» Les ossements fossiles qui nous ont été remis de la part de M. Lartet
par M. Caneto, professeur d'histoire naturelle au séminaire d’Auch,
consistent :
» 1°. En une demi-mâchoire inférieure presque complète et à laquelle il
ne manque que la partie terminale des branches montantes, et: qui est
pourvue de toutes ses dents ;
» 2°, Une dent molaire ;
» 3°. L’extrémité antérieure d’une autre mâchoire inférieure, formée dé
la moitié antérieure des branches avec la symphyse tout entière avec leg
dents et leurs racines;
» 4°. Un os cuboïde du pied droit:
» 5°. Une phabsins ou seconde phalange d’un doit
» M. Lartet n’a pas envoyé les deux fémurs dont il parle dans sa lettre,
et qu'il attribue également à un quadrumane,
» La demi-mächoire inférieure inscrite sous le n° 1 a de longueur, depüis
l'extrémité des dents 'incisives, jusqu’à la racine antérieure de la branche
montante , un pouce et demi, ce qui équivaut à la longueur de la ligne den
taire, sur un pouce et demi de largeur entre les deux mêmes points. L’an-
gle sous lequel les deux branches se réunissent est de vingt-cinq degrés,
et la longueur de la symphyse est de neuf lignes. Le profil de cette sym-
physe est assez oblique, puisqu'il forme avec le plan sur lequel la mâchoire
pose par son bord inférieur, un ang'ejde cinquante degrés.
» Des deux faces de cette mandibule l’externe ne montre qu’un trou men-
tonnier percé vers l'extrémité antérieure pour la sortie des nerfs de cenom,
et l’interne, à cause de l’état de mutilation de la branche montante, n’offre
à remarquer qu’une excavation assez profonde pour l’insertion du muscle
génio-hyoïdien, sans apophyse génie distincte.
» Le bord inférieur des branches de la mâchoire est assez épais , arrondi,
tout-à-fait lisse. Le supérieur est entièrement occupé par une série de
dents serrées les unes contre les autres, sans intervalle entre.elles de-
puis la première incisive jusqu’à la dernière molaire, à très peu de chose
près de la même hauteur, et formant par la réunion'antérieure de celles
des deux côtés, une sorte de fer-à-cheval ou de parabole assez peu ouverte.
» L'état parfait de conservation de ces dents, leur nombre, le faible
degré d’usure qu’elles ont éprouvé, tout indique que cette mâchoire pro-
134.
( 992 )
vient d’un animal complétement adulte, dans la vigueur de l'âge, et par
conséquent, arrivé à tout le développement dont il était susceptible.
» Le nombre total des dents, pour chaque branche ou moitié de mâchoire,
est de huit, savoir, deux incisives, une canine, deux fausses molaires et
trois vraies, cequi, en réunissant celles des deux côtés, donne un nombre
total de 16 absolument comme dans l'homme et dans tous les singes de l’an-
cien continent.
» Les incisives, parfaitement égales entre elles et assez obliques;, offrent
une particularité qui existe pas dans les singes que’nous connaissons, et
qui consiste en ce qu’elles sont élevées au niveau de la pointe des canines.
Elles sont, du reste, cunéiformes, formées d’une racine longue , aigué,
comprimée transversalement, et d'une palette assez courte, et dont le bord
est coupé par une usure assez marquée. Comme ces dents sont un peu
‘étranglées au point de jonction de la râcine avec la couronne, ilen est ré-
sulté qu’en se touchant par leurs extrémités , elles laissent vers la moitié de
leur longueur un espace très sensible.
» Les canines, anguleusement séparées des autres dents.et courtes, puis-
qu’elles dépassent à peine la ligne dentaire générale et surtout les inci-
sives , sont de forme conique, assez peu courbées et déjetées en dehors,
avec un collet bien marqué en arrière. Ce qu’elles offrent de plus digne de
remarque , c’est une sorte de gouttière profonde à la face postérieure et
qui, s’arrétant au collet, indique que la canine supérieure correspondante
se croisant avec elle, ue la dépassait pas, comme cela a lieu chez la plupart
des singes. 9
» Les molaires, au nombre de cing, forment une ligne contigué et serrée,
comme il a été dit plus haut.
» Des deux antérieures ou fausses, presque égales en hauteur, la pre-
mière, un peu plus élevée que la seconde, est implantée tout-à-fait vertica-
lement, sans qu’elle soit le moins du monde déjetée ou repoussée en
arrière. Sa couronne du reste n'offre qu’un seul tubercuie trièdre assez
pointu; tandis que la seconde en a deux, l’antérieur un peu plus fort que
le postérieur et tous deux à deux pointes obsolètes.
» Les trois molaires vraies encore plus serrées que lesautres, de hauteur,
largeur, épaisseur à peu près semblables, ne sont pas tout-à-fait de la
même longueur d’avant en arrière. En .effet la dernière , qui est peut-être
un peu plus étroite que les autres, est au contraire un peu plus longue,
dans une proportion bien sensible, quoique la différence ne soit que d’un
millimètre environ. ;
( 993 )
» Les deux premières, outre les deux paires de tubercules mammiformes
que présente leur couronne dans une direction assez oblique, en présentent
certainement un cinquième postérieur et externe, comme l'a fort juste-
ment observé M. Lartet, et c’est ce cinquième tubercule qui la porté à
penser que le singe fossile était du groupe des gibbons, quoiqu'il soit évi-
‘demment beaucoup moins prononcé que dans ces singes à longs bras.
» Quant à la dernière molaire un peu plus étroite, mais aussi sensible-
ment plus longue que les autres, outre ses quatre tubercules en deux pai-
res obliquement disposées, elle est évidemment pourvue d’un talon assez
fort et subdivisée en deux ou trois tubercules, un peu comme cela a lieu
dans les magots, quoique d’une manière moins prononcée que chez ceux-ci.
» D’après cette description, faite comparativement ou dans le but d’une
comparaison avec ce que nous connaissons aujourd'hui, il sera aisé de voir
que cette mâchoire a, sans qu’il puisse y avoir le moindre doute, appartenu
à un quadrumane, à un singe de l’ancien continent, à un singe élevé dans
la série, puisque les incisives sont égales en largeur, qu’elles sont presque
verticales, et rangées en ligne transversale presque droite, qué les canines
.sont courtes , verticales, et devaient se croiser, sans s’outre-passer, que
la première fausse molaire n’est nullement inclinée en arrière par la pres-
sion de la canine supérieure, et est au contraire tout-à-fait verticale,
comme dans l’homme : que les molaires ont leur couronne armée de tu-
bercules mousses, disposés par paires obliques.
» Or,comme les gibbons sont certainement le groupe des singes qui
doivent suivre immédiatement les orangs, s'ils ne doivent pas appartenir
au même sous-genre, on voit déjà que le rapprochement fait par M. Lartet ;
est bien près de la vérité, d'autant plus que les dents molaires vraies ont
assez bien le cinquième tubercule caractéristique de ces dents chez les gib-
bons. Toutefois comme cette disposition n’est certainement pas aussi pro-
noncée dans le singe fossile que dans les gibbons actuellement vivants que
nous connaissons , et qu’en outre il offre une particularité bien plus dis-
tincte dans la proportion de la dernière molaire, qui se rapproche assez de
ce quia lieu chez les semnopithèques et même chez les magots, qui ont en
effetàcette dent un talon très prononcé et subdivisé en deux ou trois tuber-
cules, il nous semble, en définitive, que le singe fossile doit former une petite
section particulière, à moins qu’on ne puisse le rapprocher des colobes qui,
dans l'Afrique méridionale, semblent représenter les semnopithèques de
l'Inde, et dont nous n’avons pu comparer le système dentaire. Mais ce qui
doit rester sans contestation c’est qu'aucune espèce de singes faisant partie
( 994 )
de nos collections actuelles n’offre les caractères spécifiques de l'espèce fos-
sile découverte par M. Lartet.
» La seconde pièce, celle sur laquelle M. Lartet croit pouvoir admettre
l'existence ancienne dans nos pays, d’un singe de la famille des sapajous ,
aujourd’hui limitée à l'Amérique méridionale, est une dent molaire assez
complète, de forme générale et de proportion qui cadrent ; en effet, assez
bien avec ce qui existe dans ces animaux. D’après la circumdélinéation de
sa couronne, on peut, à ce qu'il nous semble, assez bien présumer que
c’est une dent postérieure ou terminale de la série dentaire supérieure , en
ce que, aplatie d’un côté, celui qui sans doute s’appliquait contre la dent
précédente, elle est, au contraire, convexe et presque circulaire de l’autre.
Il en résulte que cette couronne fortlarge est subcarrée à angles arrondis.
Elle est, du reste, tout-à-fait plate, et sa surface offre quatre tubercules
trièdres très surbaissés, sub-marginaux, séparés par autant de fossettes
larges et peu profondes, avec une sorte de bourrelet enfoncé au côté ex-
terne. Quant aux racines, elles sont élevées proportionnellement à la.cou-
ronne, formant deux branches fortement divergentes, chacune d'elles
composée de deux radicules connées. ï
» En comparant attentivement cette dent avec la correspondante chez
les sapajous du genre alouatte, ou de tout autre, nous ne croÿons pas que
la ressemblance soit réellement suffisante pour autoriser le rapprochement
que M. Lartet a admis, il est vrai, avec tout le doute convenable. Nous
penserions même que cette dent aurait plus de-rapports avec l’une des ar-
rière-molaires tuberculeuses qui arment l’une et l’autre mâchoire dans les
espèces du genre Ursus de Linné, qui passent aux carnassiers, et dont les
canines sont en général comprimées et plus ou moins striées longitudina-
lement. Nous trouvons, par exemple, dans le genre Arctitis des zoolo-
gistes modernes que la dernière dent molaire supérieure a aussi quatre tu-
bercules fort surbaissés, mais avec un talon beaucoup plus prononcé que
dans la dent fossile. Nous ne pouvons cependant pas la regarder comme
ayant appartenu au grand carnassier découvert également par M. Lartet
dans le dépôt de Sansan , et dont nous aurons très incessamment l'honneur
d'entretenir l’Académie. Elle est beaucoup trop petite pour cela.
» La troisième pièce, envoyée par M. Lartet, et qu'il pense, toujours
à cause de sa position éloignée de toute collection publique ou privée,
d’après un examen sans comparaison immédiate , et seulement d’après
des figures, pouvoir aussi être soupçonnée d'appartenir à une es-
pèce de quadrumane, est un os cuboïde du côté droit, os court,
( 995 )
comme l'indique son nom, et entrant dans la composition du pied des
mammifères, toujours aisé à caractériser, parce qu'il donne articulation
aux deux derniers doigts, quand ils existent, et qu’il est traversé infé-
rieurement, par une gouttière oblique, pour le passage du tendon du
muscle long-péronnier. La détermination de cet os comme cuboïide est
exacte, mais ses dimensions seules suffisent pour ne pas admettre le rap-
prochement avec un singe. Eu effet, elles indiquent un animal d’une
assez grande taille , de celle d’un lion à peu près, et ses formes expriment
en effet son analogie avec ce qui existe dans la famille des Carnassiers,
et surtout avec les espèces à dents canines comprimées, comme les lou-
tres, les ratons, en sorte qu’il n’y aurait rien d'étonnant que cet os
eût appartenu au grand carnassier dont il vient d’être fait mention tout-
à-l'heure.
» La quatrième pièce, qui consiste en une phalangine ou seconde pha-
lange, nous a au contraire paru beaucoup trop courte, proportionnel-
lement à sa longueur, pour avoir appartenu à une espèce de singes, ani-
maux chez lesquels les phalanges sont constamment bien plus longues et
plus grêles, même au pouce, quand il est presque rudimentaire ; en
sorte que, au lieu de voir dans ce petit os une pièce du squelette d’un
singe, nous serions plutôt porté à penser qu’il a fait partie du pouce
rudimentaire de quelque animal carnassier, ou mieux, car il n’est pas
tout-à-fait symétrique, à un doigt anomal et inutile à la marche d’un
quadrupède voisin des cochons ou des pécaris ; peut-être même, à cause
de la grandeur proportionnelle, cette phalange provient-elle de l’animal
auquel appartient la portion de mâchoire inférieure dont il nous reste à
parler.
» Cette cinquième pièce est celle d’après laquelle M. Lartet a pu soup-
conner un moment, dans le dépôt de Sansan, des ossements de makis
ou de quadrumanes de Madagascar : elle est constituée, comme il a été
dit plus haut, par l’extrémité antérieure d’une mandibule contenant six
incisives plus ou moins entières, avec les racines cassées dans leur alvéole,
des canines et des fausses molaires.
» Ce morceau, de nature compacte, a 1 pouce et 9 lignes de longueur
sur 8 à 10 lignes de largeur à sa base; il est triangulaire, en forme de
gouttière, et presque entièrement constituée par la symphyse ou la partie
de chaque côté de la mâchoire, qui se réunit à l’autre. Cette symphyse,
fort longue a son bord inférieur en talus très oblique, arrondi en de-
hors, étroit, profond et comme canaliculé en dedans ; ses bords sont garnis
( 956 )
dans toute leur étendue par des dents plus ou moins espacées, entières
ou cassées au niveau de l’alvéole.
» Lesincisives, an nombre de six en trois paires, sont disposées d’une
manière fort déclive dans la direction de la mâchoire, séparées entre
elles par des intervalles assez considérables. La première, implantée fort
bas, a été cassée dans son alvéole; la seconde, longue et étroite, un peu
comprimée, sans collet bien distinct, est tronquée obliquement au sommet
par usure; enfin, la troisième, plus courte, a sensiblement la même forme.
» Les canines ont été tronquées ou mieux cassées au niveau de lal-
véole; mais à en juger par leur coupe, elles étaient subovales, un peu
projetées en avant et médiocres, puisqu'elles n’ont pas produit d’élar-
gissement bien marqué sur la mâchoire à leur sortie.
» Au-delà on voit encore des alvéoles remplies de matière étrangère ou
de racines de dents. La première, en forme de trou de serrure, indique
une fausse molaire à une pointe; la seconde, un peu distante de la pre-
mière, est formée de deux trous rapprochés n’en formant presque qu’un,
elle indique encoreune dent à une seule pointe et à deuxracines divergentes;
et enfin, un autre trou faisant la moitié d’une troisième alvéole, un peu
plus grande que la précédente , mais dont le second trou est dans la coupe
de fracture, démontre encore une troisième fausse molaire. Ainsi, l'animal
auquel ce bout de mâchoire a appartenu, avait à la mâchoire inférieure,
trois paires d’incisives déclives, séparées , subcylindriques, usées à l'ex-
trémité, des canines médiocres, et au moins trois fausses molaires.
» Quoique au premier aspect on ait pu, comme l’a fait un moment
M. Lartet, entièrement dépourvu de tout élément de comparaison, penser
que ce fragment avait appartenu à un maki, dont les dents incisives
inférieures sont en même nombre et également déclives, et dont les
canines et même les fausses molaires ont aussi quelque analogie, il a été
aisé de voir, quand il a été possible de recourir à une comparaison im-
médiate, que ce rapprochement était forcé. En effet, si les incisives in-
férieures des makis sont en même nombre et dans une disposition qui a
quelque analogie avec ce que nous venons de décrire, elles ont réelle-
ment une tout autre forme, étant extrêmement minces, comprimées,
aiguës, et surtout si excessivement serrées, qu’elles ressemblent tout-à-
fait à des dents de peigne; lanimal s'en sert même pour peigner
son poil; et comme par leur disposition elles ne touchent pas aux supé-
rieures, elles ne s’usent jamais à l'extrémité, qui reste toujours très pointue.
‘ » Si maintenant on voulait s’enquérir à quel autre genre. de mammi-
( 997 )
fères on pourrait rapporter ce bout de mâchoire, il faudrait choisir entre les
insectivores qui ont parfois dans la disposition des dents de la mâchoire
inférieure quelque chose d’assez analogue à ce que nous venons dedécrire,
comme on peut le voir dans les tenrecs et surtout dans les cladobates, et
entre les cochons dont les dents incisives longues, étroites, déclives, sont
également au nombre de six en trois paires; mais comme dans ces animaux
ellessont en outre espacées, et nes’usent que par l'extrémité, que les fausses
molaires sont également au nombre de trois et que la symphyse est égale-
ment remarquable par sa graude longueur, sa forme oblique, sa forme de
gouttière intérieure, j'aimerais mieux regarder ce fossile comme ayant ap+
partenu à une espèce du genre cochon ou peut-être mieux à un genre bien
voisin. En effet les canines ne paraissent pas avoir été assez développées
pour être considérées comme de véritables défenses, à en juger du moins
par le peu d’élévation ou d’élargissement de la mâchoire à l’endroit de
leur implantation , et d’ailleurs on conçoit fort bien que le reste du système
dentaire et le système digital présentent quelques différences génériques.
Nous pouvons encore apporter en faveur de notre opinion sur le rappro-
chement à faire de ce fragment de mâchoire avec les cochons, d’abord, la
petite phalange dont il vient d’être parlé tout à l'heure, et de plus une
dent molaire vraie, faisant partie du premier envoi fait au Muséum
par M. Lartet, ét qui prouvent que le dépôt de Sansan renferme des restes
fossiles de ce genre de pachydermes. Espérons que les nouvelles fouilles
auxquelles M. Lartet continue de se livrer avec ardeur, le mettront bientôt
à même de confirmer ou de rectifier ces premiers aperçus.
» D’après les détails dans lesquels nous venons d’entrer sur la commu-
nication faite à l’Académie par M. Lartet, et malgré que nous soyons
obligé de ne pas encore admettre ce fait extraordinaire de fossiles d’ani-
maux, aussi rigoureusement limités dans leurs circonscriptions géogra-
phiques que les singes, les sapajous , les makis, trouvés à la fois, en France,
dans les mêmes lieux et dans les mêmes circonstances géologiques ; la dé-
couverte d’ossements fossiles ayant indubitablement appartenu à un singe,
comme M. Lartet l’a parfaitement senti et démontré, et à une espèce qui
a plus de rapports avec les gibbons limités aux parties les plus reculées de
l'Asie, qu'avec toute autre actuellement vivante, n’en reste pas moins
l'une des plus heureuses et des plus inattendues découvertes qui aient
été faites en paléontologie dans ces dernierstemps (1).En conséquence, nous
(1) Depuis la lecture de la lettre de M. Lartet à l’Académie, ‘la été annoncé dans un
C. R, 1837, 17 Semestre. (T. IV, N° 26.) 135
e
( 998 )
concluons à ce que la note de M. Lartet soit publiée dans les Mémoires
des Savans étrangers avec une figure de la mâchoire du singe dont il s’agit,
età ce que l’Académie lui continue les encouragements qu’elle a bien voulu
. Commencer à lui accorder pour faciliter ses recherches, les rendre plus
étendues et par conséquent plus fructueuses. »
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
M. Magendie , au nom de la Commission chargée de l'examen des pièces
adressées pour le concours au prix de physiologie expérimentale, fait
connaître la décision de la Commission.
Cette décision est qu’il n’y a pas lieu à décerner le prix.
M. Costaz, au nom de la Commission chargée de l’examen des pièces
adressées au concours pour le prix de statistique , fait un rapport dont les
conclusions sont qu’il n’y a pas lieu à décerner le prix.
Toutefois, la Commission appelle l'attention de l’Académie sur un tra-
vail commencé depuis quelque temps par M. Demonferrand, concernant
le mouvement de la population en France. |
Elle a été, en outre, d’avis de faire mention honorable d’un ouvrage
de M. le docteur Casper, de Berlin, qui contient plusieurs recherches et
même des tables relatives à la Séatistique de la population de la France.
La Section de physique déclare que son avis est qu’il y a lieu d’élire à
la place devenue vacante par le décès de M. Girard.
L'Académie, consultée par voie de scrutin sur cette question, la résout
par l’affirmative, à une majorité de 38 voix contre 6.
4
M. Arago, l'un des membres de la Commission nommée, d’après l’invita-
tion de M. le Ministre de la Marine, pour rédiger les instructions destinées
au voyage de circum-navigation des deux bâtiments de l’État, l’Astrolabe
et la Zélée , demande à être remplacé dans cette Commission.
M. Savary est en conséquence nommé membre de la Commission et
chargé de rédiger la partie des instructions relative aux observations de
physique.
recueil anglais que MM. Cautley et Falconner venaient de découvrir, dans le riche dépôt
d’ossements fossiles des Sous-Himalayas, une mâchoire de singe qu'ils rapportaient à
un Cynocéphale, groupe dont les espèces vivantes , sauf peut-être le S. Hamadryas,
qui vit, assure-t-on, en Perse, n’ont été trouvées jusqu'ici qu’en Afrique exclusivement.
( 999 )
MÉMOIRES LUS.
MÉDECINE. — Observations sur la contagion de la peste en Orient ; par
M. Cu. Texier. é
(Commissaires, MM. Serres, Larrey, Breschet.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
cmme. — ÎNote sur la formation artificielle du corindon ; par M. Gaunin.
(Commissaires, MM. Berthier, Becquerel.)
À ce mémoire sont joints plusieurs échantillons de corindon artificiel ,
obtenus en fondant de l’alun potassique ou ammoniacal, dans un creuset
en noir de fumée. :
« L’échantillon n° r est, dit M. Gaudin dans la lettre d'envoi, un frag-
ment d’une géode; il est blanc, et ses cristaux, visibles à l'œil nu, sont
” reconnus, à la loupe, pour des cubes ou des rhomboëdres. Les cinq au-
tres échantillons sont de la couleur du rubis oriental, couleur qu'ils
doivent à l'addition de 4 à 5 millièmes de chrômate potassique. Le n° 3
est cristallisé comme le n° 1. Le n° 2 est l’un des cinq rubis que j'ai faits
d’un seul coup; il porte une facette qui a pris un beau poli sous la
poudre de diamant. Le n° 5 est taillé en rose, et le lapidaire qui l’a
travaillé, a déclaré que c'était du véritable rubis d'Orient. Je me réfère
à ma note, pour plus ample description; je me borneraï à ajouter que la
dureté de mes rubis ne le cède point à celle du rubis oriental, puisqu'ils
rayent facilement le cristal de roche, la tepaze, le béril et le rubis spinelle,
coupent l'acier de la trempe la plus dure, et déchirent une lime de
Raoul. Quant à leur composition , elle a été déterminée par M Malaguti.
Je joins à mon mémoire la lettre dans laquelle il me fait connaître les
résultats auxquels il a été conduit dans cette analyse, et la marche qu'il a
suivie, »
Erirait de la lettre de M. Mazacurr, sur la composition du rubis artificiel.
« Le rubis, séparé de la gangue, pesait of",187, et après l'avoir pul-
vérisé dans un mortier d’agate, il pesait of”,192 : il y avait donc, dans
la matière soumise à l'analyse, 5 milligrammes de silice qui lui était
étrangère. É
135.
( 1000 )
» J'ai calciné la matière avec de la soude caustique à l’alcool , parfai-
tement pure, et sans la moindre trace de potasse , dans un creuset d’ar-
gent, à la flamme d’une lampe à double courant. Pendant 3 heures,
0f*,003 de matière n’ont pas été attaqués. Ce résidu, après avoir été
lavé à l'acide nitrique, a donné au chalumeau tous les caractères exclusifs
de la silice.
» La masse alcaline dissoute dans l’eau, et acidulée avec un peu d’a-
cide hydro-chlorique, a été desséchée, et reprise par l'acide hydro-chlo-
rique faible; il y a eu un résidu de silice, qui pesait 0,03.
» La solution hydro-chlorique a été traitée par du carbonate de soude
pur ; l’alumine qui s’en est précipitée , pesait 0,181. Cette. alumine, es-
sayée au chalumeau, n’a donné aucun indice ni de fer, ni de chrôme : elle
avait tous les caractères de lalumine pure,
» La liqueur, séparée de l’alumine, et acidifiée par de l'acide nitrique,
a été traitée par le gaz hydrogène sulfuré : il s’est déposé un peu de
soufre.
» Par la soude pure et par l’ébullition, on a précipité de l’oxide de
chrôme , dont le poids était de 0,002.
» J'ai inutilement cherché la présence de la chaux, de la magnésie et
de la potasse, par les moyens ordinaires, et je n’en ai remarqué aucun
indice. Jai répété les mêmes recherches-sur le porte-objet d’un micros-
cope, et je n'ai remarqué qu’un léger nuage, en cherchant la chaux :
pour la potasse et la magnésie, absolument rien.
En résumé :
Matière pure....... TORRES 1,000
Alumine....,...... ASE DO MELON NS RS Etre 968
Oxide de chrôme....,..... OO RSS 11 -
SCC. ec ue A Ne A ODA 5
Chaux, des traces, et perte.. 003 ..... 16
187 0 00 1,000
» Je ne puis pas vous répondre, que dans le 0,003.de perte, il ne se
trouve de la potasse, qui par sa petite quantité échappe aux réactifs. Le
milligramme de silice pourrait être une erreur d'expérience. La chaux ne
se trouverait-elle pas dans la soude, plutôt que dans le rubis?»
( 1001 })
vaysiQue. — Mémoire sur les oscillations de l'eau dans les tuyaux de con-
duite ; par M. A.-F. DE CALIGNyY. 1°° partie.
(Commissaires , MM. Savart , Poncelet.)
Cette première partie a pour objet des recherches sur certaines con-
tractions des veines fluides et sur la manière dont elles sont influencées
par l’adhésion de l’eau contre les parois, dans les mouvements oscillatoires.
CHIRURGIE. — Mémoire sur la section du tendon d'Achille, comme moyen
è curatif des pieds-bots ; par M. Duvaz.
(Commission précédemment nommée. )
« Cet opuscule, dit l’auteur, est en grande partie un résumé des observa-
tions que j'ai précédemment adressées.à l’Académie. ( Séances du 11 jan-
vier et du 7 novembre 1836.) J'y traite spécialement du mode de cicatri-
sation et d’allongement des tendons, et de cette question, si les pieds-bots
peuvent toujours, chez les jeunes enfants, être redressés par l’action des
machines. Enfin , j'y donne un court exposé de 60 cas de guérisons que jai
obtenues du 23 octobre 1835 au 1‘ juillet 1837, au moyen de la section
du tendon d’Achille, opération que personne avant moi, je pense, n'avait
pratiquée à Paris. »
CHIRURGIE. — Observations relatives à deux nouveaux cas dans lesquels le
forceps assemblé a été appliqué avec succès ; par M. C. BerNarpr.
D'après la demande de l’auteur, ces observations sont renvoyées à la
Commission pour le concours au prix de chirurgie , ainsi qu’un mémoire
sur le forceps assemblé qu'il avait présenté dans le mois de septembre 1836.
PHYSIQUE. — Essai sur la cohésion appliquée à la théorie physico-chimique
des principaux phénomènes de la nature; par M. D. Parer.
( Commissaires, MM. Gay-Lussac, Arago, Becquerel. )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l’Instruction publique invite l'Académie à appeler l’at=
tention de la Commission qu’elle a chargée d'examiner le jeune Vito Man-
giamele , sur l'éducation qu'il conviendrait de donner à cet enfant en cas
qu’on reconuüt en lui des facultés extraordinaires, et dont une culture
( 1002 )
convenable pourrait assurer le plein développement. « Si tel étaitle cas,
ajoute M. le Ministre, j’userais, dans ce but, des moyens qui sont à ma
disposition. La France est la patrie adoptive de tous les talents. Je n’attends
pour prendre les mesures convenables que le résultat, de l'examen de la
Commission. »
M. le Ministre des Travaux publics, de l'Agriculture et du Commerce,
invite l’Académie à s'occuper des moyens qu'on pourrait prendre pour
prévenir l’éclosion de la graine de vers à soie, dans le trajet de la Chine en
Europe. « M. Louis Hébert, envoyé par le Gouvernement aux îles Philippines
pour y recueillir des renseignements sur l’industrie agricole et particu-
lièrement sur l'éducation des vers à soie, est chargé, dit M. le Ministre,
de se procurer et d’envoyer en France de la graine des différentes variétés
de cet insecte qui se trouvent en Chine. Mais il est très difficile d'empêcher
l'éclosion des œufs pendant la traversée , et quoiqu’on sache qu’une pareïlle
tentative ait déjà réussi, lorsqu’en 1784, par l’ordre de Louis XVI, on
envoya de la graine de Chine en France, on ignore quels furent les moyens
qu’on employa alors. »
La lettre de M. le Ministre est renvoyée à une Commission composée
de MM. Silvestre, Chevreul et Dumas.
M. le baron Roussin annonce son prochain départ pour Constantinople
où il va reprendre le poste qui lui a été confié par le Gouvernement et of-
fre ses bons offices à l’Académie, pour tous les cas où il pourrait, par sa
position, contribuer à faciliter des recherches entreprises dans l'intérêt de
la science.
M. Cagniard-Latour écrit que le peson chronométrique, sur lequel il a
présenté une note à la séance du r2 juin , donnant la moyenne des effets dy-
namiques d’une machine en mouvement, comme le chronomètre thermo-
métrique de M. Jurgensen donne la moyenne des températures, entre deux
observations, quelques personnes ont pensé que l’idée de ce peson avait
pu lui être suggérée par une communication relative au thermomètre du
mécanicien suédois , faite à l’Académie dans la séance du 8 août 1836.
« Quoique je ne voie pas, dit M. Cagniard-Latour, qu’il y ait d’analogie
entre ces deux inventions, je ferai remarquer que le principe de mon
appareil se trouve dans une note lue à la Société philomatique à la séance
du 28 mai 1835. »
( 1005 )
M. Dericquehem adresse quelques réflexions sur les questions proposées
au jeune Vito Mangiamele dans la séance précédente.
Sa lettre est renvoyée à la Commission chargée d’examiner le jeune Man-
giamele.
M. Jacquemin demande que les deux mémoires sur l’anatomie de la
cornetille qu’il a précédemment adressés, soient admis au concours pour
le prix Montyon.
M. de Paravey adresse une dissertation dans laquelle il a pour objet
d'établir sur l’autorité de Virgile, Justin, Hiuen-Tsang (bonze chinois),
- Burnes et Klaproth, que le point culminant du monde, le fabuleux mont Me-
rou, doit être cherché sur le plateau de Pamer. M. de Paravey annonce que
par point culminant il entend ici un nœud de montagne et non un sommet
isolé. é
M. Dujardin adresse de nouveaux détails sur l'appareil tachygraphique
qu’il désigne sous le nom de pianographe.
M. Saussay écrit de nouveau relativement à un projet d’école natio-
nale dont il avait déjà parlé dans une précédente lettre.
M. Silvestre est prié d'examiner s’il y a lieu de faire un rapport sur ce
projet.
M. Longchamp adresse un paquet cacheté; l'Académie en accepte le
dépôt.
A 4 heures et demie l’Académie se forme en comité secret. F.
Erratum. (Séance du 19 juin 1837.)
Page 927, line 7, 13 janvier, Asez 30 janvier
979, ajoutez Le nom de M. Poisson à ceux des commissaires chargés d’examiner
le jeune Vito Mangiamele.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a recu dans cette séance les ouvrages dont voici les titres :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l Académie Royale des
Sciences ; n° 25, 1° semestre 1837, in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Gay-Lussac et ArAco ; tome
64; janvier 1837, in-8°.
( 1004 )
Répertoire de Chimie , de Physique , et d'application aux Arts, rédigé
par M. Cu. Marniv, sous la direction de M. Gauvrier DE Crausry; juin
1837 , in-8°.
L'Art de guérir d'après la nature, ou Cours élémentaire d'une doc-
trine médico-chirurgicale pratique; par M. F. Couræaur ; Paris, 1837, in-8?.
(Réservé, d’après la demande de l’auteur, pour le concours aux prix de
Médecine et Chirurgie Montyon.)
Mémoire sur l'État primitif et sur l'organisation de l'Univers; par
M. Lencezer ; brochure in-8°.
Notice sur l'Établissement des bains de mer de Calais ; brochure in-8°.
Catalogue des Végétaux ligneux et des végétaux herbacés , cultivés
dans le jardin d'étude de l'Institution Royale agronomique de Gr gnon ;
par M. Pnrcippar; Paris, 1837, in-8°.
Histoire naturelle des Iles Canaries; par MM. Wess ei BERTHELOT ;
1° livraison , in-4°.
pe oyage dans l'Inde ; par V. Jacquemonr ; 13° livraison , in-4°.
Galerie ornithologique des oiseaux d'Europe ; 20° ue ; in-4°.
Annales de la Société Royale d'Agriculture de Paris ; tome 0, 116°
livraison, mai 1837, in-8°. .
On the action. ...De l'Action de l'É Lecbricité voltaique sur l'esprit de
bois et ses solutions dans l’eau , l'alcool et l'éther ; par M. Arraur Conxertr;
Édimbourg ; 1837, in-4°.
On the cause....Sur les causes du moiré dans les lames de sabre
de Damas ; par M. H. Wizxinson ; in-8°.
Bibliothèque universelle de Genève; nouvelle série, n° 17, mai 1837,in-8°.
Scavi nella Nubia..... Note sur les fouilles faites en Nubie , et Ca-
talogue d'objets antiques, la plupart en or, trouvés dans une des Pyramides
de la ville de Merde; par M. G. Ferum; Bologne, 1837, in-8°.
Journal de Pharmacie et des Sciences accessoires; 23° année, n° 6,
in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie , tome 3,
n°6, in-8.
Gazette médicale de Paris ; tome 5, n° 26.
Gazette des Hôpitaux ; tome 11, n° 792 — 74.
Echo du Monde Savant ; n° 77.
Presse médicale ; tome 1°, n° 49 et 50.
L'Éducateur; 22 année, n° 8, in-4°.
044884 0m——
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES.
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JANVIER—JUIN 1837.
EEE | |
TABLE DES MATIÈRES.
À
Pages. Pages.
Asacus. — Explication de l’Abacus de Boëce ; ACIDE SULFO-GLYCÉRIQUE. — Obtenu par M. Pe-
PA MC Ras les NUE EEE REEE CPE ERCE CEE 96 louze, en faisant réagir l’acide sulfurique
ÂCIDE AGÉTIQUE. — Recherches sur cet acide; sur la glycérine.............. ass aee .. 366
par M. Persoz......... nee ee ..... 468 | — Obtenu par M. Fl'emy, en faisant réagir di-
ACIDE AMPÉLIQUE, produit obtenu en traitant rectement l’acide sulfurique sur l'huile. 846
l'huile extraite des schistes bitumineux ; ACIDE SULFO-MARGARIQUE. — Corps qui se pro-
note de M. A. Laurent................ O09 duit dans la réaction de l’acide sulfurique
Acine BROMo-BENzOïÏQuE obtenu par M. Péligot sur les huiles ; Rapport sur un mémoire de
en faisant réagir le brôme sur du ben- MST Eee etais denses sais er su J4O
zoate d’argent. — Rapport sur le travail ACIDE SULFO-OLÉIQUE. — Corps qui se produit
de M. Peligot......,... SARA sent uk 403 dans la réaction de l’acide sulfurique sur
ACIDE CAMPHORIQUE. — Mémoire sur la compo- les huiles; Rapport sur un mémoire de
sition de cet acide et sur le produit de MEET Emi hta al an ele le bre enter 846
son éthérification; par M. Malaguti..... 176 | Ace suzrunique. — De l’action de l'acide sul-
ACIDE GALLIQUE. — Faits pourservir à l’histoire furique sur les huiles; Mémoire de M. Fre-
de cet acide, par M. Robiquet. 1% article, 207 my.— Rapport sur ce mémoire......... 546
— Deuxième article..........,.......,.... 388 | Afnosrars. — Sur un moyen de les diriger.
Acine nyprAréIQuEe, —Corps obtenu par M. Fre- Lettre de M. Markotte, ..........,...... 47
my, au moyen de la réaction de l’acide sul- — M. Durier demande à soumettre àl’examen
Jurique sur les huiles et de celle de l’eau d'une Commission de l’Académie un ap-
sur un des trois produits d’abord formés. 846 pareil au moyen duquelil croit avoir résolu
ACIDE HYDRAMARGARIQUE. — Corps obtenu par le problème de la direction des aérostats. 893
M. Fremy, au moyen de la réaction de l’a- AFFAISSEMENT pu s0L. — Lettre de M. Macquet
cide sulfurique sur les huiles, et de celle de sur l’affaissement subit d’une portion de
l'eau sur un des produits déjà formés... 847 terrain considérable dans l’arrondisse-
ACIDE MÉTAMARGARIQUE. — Corps obtenu par ment de Montreuil.................... 593
M. Fremy, au moyen de la réaction de l’a- Acarics. — Recherches sur l’hymenium ou
cide sulfurique sur les huiles, et de celle de membrane fécondante dans la famille des
l’eau sur un des produits d’abord formés. 8/7 Agaricinées et spécialement du genre Aga-
ACIDE MÉTAOLEIQUE.— Corps obtenu par M. Fre- ric; par M. Montagne. ................. 18
my, au moyen de laréaction de l'acide sul- AcriCuLTURE.—Rapport verbal fait par M. Sil-
Jurique sur les huiles, et de celle de l’eau vestre sur un ouvrage de M, de Marivault ,
sur un des produits d'abord formés....., 848 intitulé : Précis de l’histoire générale de
Ace pnosproriQue. — Note sur la théorie de l'agriculture... ... mheislestanaieateis seu siéirte O2I
cet acide et de divers composés de phos- Arr. — Action de l’air sec et de l’air humide
phore; par M. Robin...... nb de HO P] sur les étoffes teintes avec diverses ma-
ACIDE PYRO-ACÉTIQUE. — Recherches sur cet tières colorantes. (Recherches de M. Che-
acide; par M. Robert Kane.......,..,.. 6524 vreul sur la teinture.)...........,.,9et 10
C. R. 1837, 1°7 Semestre. (T, IV.)
136
— Note sur la pression à laquelle l’&r con-
tenu dans la trachée-artère est soumis pen-
dant l’acte de la phonation ; par M. Ca-
gniard-Latour.............. DO DO 85200
Mémoire sur le mouvement de l'air duns
Les conduites, etsur la ventilation des mines;
par M. Combes................... dan
AIGUILLE AIMANTÉE. — Dérangements dans sa
marche diurne produits par des aurores
boréales invisibles dans le lieu où l’on ob-
serve; Lettre de M. de Humboldt àM.Arago
Tableau des perturbations que l'aiguille
aimantée a éprouvées à Gottingue pendant
Vaurore boréale du 18 février 1837; trans-
mis par M. de Humboldt...............
ALBUMINE. — Son emploi contre la dyssenterie;
Mémoire de M. Mondière......... Hatde
Recherches sur la nature et les propriétés
du composé que forme l’albumine avec le
bi-chlorure de mercure ; par M. Lassaigne,
Rapport sur ces recherches...........
Aucooz. — De l’action de l’alcool et de l'esprit
de bois sur les sels halogènes, ete. Mémoire
de M. Bonnet....... ..
ALGER. — M. Dureau de la Malle prie l’Aca-
démie des Sciences d'intervenir auprès du
Gouvernement pour qu’on adjoigne aux
expéditions qui se feront dans la provincé
d'Alger des personnes spécialement char-
gées de faire des observations scientifiques.
Remarques relatives à la proposition pré-
cédente; par M. Puissant. — Indication
des résultats obtenus, quant à la topogra-
phie du pays, par les officiers d'état-major
attachés à l’armée d’Afrique..........4..
Lettre de M. Rozet sur les observations
relatives au climat d'Alger faites par lui et
par M. Levret. ......s.sse.sssenseuse
Remarques de M. Arago sur cette lettre.
L'Académie des Sciences, après avoir en-
tendu les conclusions de la Commission
qu’elle avait chargée de faire un rapport
sur la proposition de M. Dureau de la
Malle, décide qu’elle s’unira à l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres pour re-
commander à l'attention du Gouvernement
la proposition d'envoyer dans l'Algérie
quelques personnes chargées de travaux
et de recherches concernant l’histoire na-
turelle, la physique, la géographie et les
sciences historiques. .......,...ssssuu
Recherches sur la géographie ancienne et
l’histoire naturelle de l'Algérie par M. de
la Pylaie.... eat ds een ee 5e
Description nautique des côtes de PAlgé-
rie; par M. À. Bérard, capitaine de cor-
vette; suivie de notes par M. de Tressan,
pee, hydrographe..,...,,........,
( 1006 )
Pages.
201
945
26
524
469
4ox
291
27
408
522
757
ALGÉRIE.— Voyez Alger.
ALIMENTATION. — Recherches sur l’alimenta-
tion ; par M. Gannal. (Déposé sous enve-
loppecachetée. ).:............ “oo oLat
ALIMENTS. — Substances minérales employées
comme aliments :
En Laponie ; Lettre de M. Retzius........
En Chine ; Note de M. Biot......-......
En quelques parties de l'Allemagne ; Lettre
de M. Vallot.....
Aurises. — Sur les ravages commis par l’Altise
bleue dans les vignes du bas Languedoc.
Note de M. À. de Saint-Hilaire sur un
ouvrage de M. Dunal..................
AMÉRICAINS (INDIGÈNES). — M. Warden pré-
sente le plan d’une ville ancienne des Amé-
ricains dont on vient de découvrirles ruines
dans une province des États-Unis. ......
Axmonires. — Note sur l’ammonites Cordierii,
coquille fossile du calcaire oolitique infé-
rieur; par M. Rivière... HPPOOCOON CO
AMORCES FULMINANTES. — Voyez fulminate de
mercure.
AMwPÉLINE et ACIDE AMPÉLIQUE. — Produits obte-
nus en traitant l’huile extraite des schistes
bitumineux; Note de M. A.Laurent.....
AMPHICORA SABELLA. — Figure de cet animal,
faite d’après un individu vivant conservé
par M. Ehrenberg ; adressée à M. Arago
par M. de Humboldt........., Not
AmpuraTION. — Bandages et mécanismes pour
lesamputations de la cuisse et de la jambe;
Note de M. Fabien de Révigny..........
AxazoGues (Tuéone pes). — Mémoire ayant
pour titre : De la Théorie des Analogues,
source de conceptions synthétiques d'un
haut enseignement en histoire naturelle ;
par M. Geoffroy Saint-Hilaire. .........
ANALYSE CHIMIQUE. — Nouvelle méthode d’ana-
lyse pour l'évaluation des principes consti-
tuants des matières organiques ; par
M. Persoz..... Hebdos nc à
ANATOMIE de la corneïlle prise comme type
des oiseaux (Myologie); par M. Jacque-
LL POP D NON sonner msn
M. Jacquemin demande 5e deux Mé-
moires qu’il avait précédemment présentés
sur ce sujet soient admis au concours
pour le prix Montyon.............. ii
AnATOMIQuEs (Pièces). — Îmitations de pièces
anatomiques présentées par MM. Thibert
et Rameau. 0. 00e. 0e
ANiIMALCULESs découverts par M. Donné dans
plusieurs des matières sécrétées par les
organes génito-urinaires de l’homme et de
la femme.........,,.. na
Pages.
307
838
67
909
27
537
. 1003
200
— Rapport verbal sur ce Mémoire;
M. Turpin........... Cocé aus Ce
Nouvelles expériences sur les tel
spermatiques et sur quelques- unes des
causes de la stérilité chez les femmes, sui-
vies de recherches sur les pertes aRètes
involontaires et sur la présence du sperme
dans l’urine ; par M. Donné....... OO
Annraux powesriques. — Comment leur étude
peutéclairer l’histoire naturelle de l’homme;
Mémoire de M. J. Geoffroy Saint-Hilaire.
APpareizs. — Note sur un appareil pourles
fractures des membres inférieurs , proposé
par M. Fabien de Révigny..............
Note sur un appareil propre à régu-
lariser spontanément l’action et le mou-
vement d’oscillation du frein dynamomé-
trique ; par M. Poncelet..........
Appareil à copier les lettres, présenté par
M. Lanet. — Rapport sur cet appareil...
Note sur un appareil destiné à extraire
la matière sucrée contenue dans la pulpe
de betteraves; par M. Pelletan..….
ArAicxées. — Note sur la demeure d’une arai-
gnée maconne de la Nouvelle-Grenade
{ Amérique du Sud) ; par M. Audouin.....
ARC-EN-CIEL. — Précis d’un Mémoire sur l’arc-
en-ciel et les ares secondaires, par M. Ba-
binet....
ARCHÉOLOGIE AMÉRICAINE. —M. Warden présente
le plan d’une ancienne ville américaine
dont les ruines viennent d’être découvertes
dans le territoire de Wisconsin...... che
Arconaute. — Note sur le poulpe de l’Argo-
noute; par M. Rang..........
— Rapport surce Mémoire......... op oue
ArtTaMÉTIQUE. — M. Coro écrit qu’il a trouvé
un moyen de simplifier l'opération de la
multiplication...
ArpenrAce. — Description d’un nouvel instru-
ment pour la levée des plans; par M. Fer-
TEL De ae tan eelaleieie date LE room TEE oct
Arsenic. — Mémoire sur un nouveau procédé
pour découvrir Varsenic et ses composés;
par M. Malle... .
ART Du BOTTIER. — ape sur la ne
édition de l’ouvrage de M. Francou, sur
l'Art du Bottier ....... DOS Ab Tec oo
ArrTères. — Expériences sur le mécanisme du
mouvement ou battement des artères; par
M. Flourens.......... dabobe 5 oc 10 ER
AssanissemeNT. — Idées sur les travaux d’as-
sainissement à exécuter dans la ville de
Paris; par M. Guidon...
ASSOCIATION BRITANNIQUE pour l'avancement des
sciences. — Le secrétaire du conseil,
par
( 1007 )
Pages.
… 686, 885
688
793
853
523
M. Yates ,annonce que la prochaine réunion
de l'association aura lieu à Liverpool...
ASTRONOMIE. — M. Mangin demande qu’on hâte
le rapport sur une note qu’il a envoyée et
qui a rapport à de prétendues découvertes
en astronomie........ seresssessee ses
[ — La Section d'Astronomie présente des can-
didats pour plusieurs places de correspon-
Pages.
203
dant vacantes dans cette section, 133, 203 et256
ATMOSPHÈRE. — Mémoire sur les températures
de la partie solide de la terre, de l’atmo-
sphère et du lieu de l’espace où la Terre se
trouve actuellement ; par M. Poisson.
Action de l’atmosphère relativement à la
décoloration des étoffes teintes avec diffé-
rentes substances. (Recherches de M. Che-
vreul sur la teinture.).................
ATMOSPHÉRIQUE ( PRESSION ). — D’après les expé-
riences de MM. Weber, la pression atmo-
sphérique paraît être la principale des
causes qui concourent à retenir la tête du
Jémur dans sa cavité articulaire... ... DCE.
AURORES BORÉALES. — Influence qu’elles exer-
cent sur la marche de l’aiguille aimantée,
même dans les lieux où elles ne sont pas
visibles; Lettre de M. de Humboldt à
M. Arago. 44... e se
Aurore boréale du 18 février 1837, obser-
vée à Meaux par M. Darlu.............
Observation du même phénomëne dans
plusieurs autres villes de France.......
Tableau des perturbations de l'aiguille
aimantée à Gottingue, pendant l’aurore
boréale du 18 février 1837 ; transmis par
M. de Humboldt..............
Observation de cette aurore boréale, à
Genève, par M. Wartmamn; en Livonie,
par M. Struve..........
- Aurore boréale observée à ue à le 6
avril 1837, par M. Morren..
AusCuLTATION. — De ar seat ou artificielle,
ou essai d’une nouvelle méthode pour ap-
prendre l’auscultation ; par M. Perrequin.
Axe (Gran) de l'orbite des planètes. — Sur
son inyariabilité; Mémoire de M. Pois-
son.
— Remarques de M. Pontécoulant sur ce
Mémoire ...,..
Azorzes. — M. Meyen annonce que dans un
travail qu’il présente sur ces cryptogames,
les déterminations des organes de la fruc-
tification auxquelles il a été conduit
différent de celles de M. Martius, et con-
cordent aveccelles de M. Brown... .....
136.
124 et 137
10
131
26
263
13
BALANCE DE PRÉCISION. — Rapport sur une ba-
lance exécutée par M. Ernst. .........
BALANCE ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE. — Description et
usage de la balance électro-magnétique et
de la pile à courants constants; par
M. Becquerel. Gcla des
BALTIQUE. — Sur les changements de niveau
entre les eaux de cette mer et les côtes
qu’elles baignent ; changements survenus
depuis les temps historiques dansla partie
de ces côtes correspondant à la Prusse;
Notice de M. Domeyko, communiquée par
M. Elie de Beaumont................
BAROMETRIQUES (Mesures). — De l'utilité des
mesures barométriques et thermométri-
ques dans le calcul des différences de ni-
veau, par des distances zénithales observées
réciproquement aux points destation d’un
réseau de triangles ; par M. Puissant...
BARRAGE mMOmiLE. — Lettre de M. Dausse sur
une réclamation de priorité élevée, au
sujet de son projet de barrage mobile, par
. Poirée.….…,
BATEAUX 4 VArEUR. — Mémoire sur laconstruc-
tion des pyroscaphes; par M. Hauy...…
— M. Janvier annonce que le canot à vapeur
dont il est fait mention dans lemémoire
qu’il a adressé pour le concours au Prix sur
la navigation par la vapeur vient d’arriver
A, Ponis eee LAS cu
— M. Verdeil écrit qu’il croit avoir trouvé
pour les bateaux à vapeur un moyen d’im-
pulsion qui dispenserait de l'usage de roues
coquille fossile du lias supérieur; par
M Ripiéne RE a een EC AA AE
B£nzOATES. — Acide résultant de l’action du
brôme sur le benzoate d'argent. — Rapport
sur un mémoire de M. Peligotconcernant
cet acide... ....... 0 88 0
BERGMEuL ou Farine fossile. — Cette substance
que les Lapons ont employée comme ali-
ment dans des temps de famine, est com-
posée en grande partie de carapaces sili-
ceuses d’infusoires ; Lettre de M. Retzius,
communiquée par M. de Humboldt.. ÿ
Notesur les matières pierreuses employées
à la Chine dans les temps de famine , sous
CaDAvRES (CONSERVATION LEs).— M. Bourgery
écrit relativement à la longue conservation
des cadavres préparés, pourles dissections
anatomiques, par le procédé de M.Gannal,
( 1008 )
Pages.
61
35
965
532
293
2
B
le nom de farine pierre ; par M. Bio!
— Sur quelques substances minérales em-
ployées comme aliments; par M.Vallot....
BéTON. — Sur l'emploi du béton pour la cou-
verture des grands édifices; Lettre de
M. Deny. de Curis.. emma
Berréraves. — Lettre de M. Beurrey sur les
avantages qu’on retirerait de l’établisse-
ment d’une ferme et d’une fabrique modèles
pour la culture de la betterave et la fabri-
cation du sucre indigène........... ee
MM. Dupin, Genouilly et de Merlieux an-
noncent la fondation d’un établissement
de ce genre...............
Note sur un appareil destiné à extraire la
matière sucrée contenue dans la pulpe de
betteraves; par M. Pelletan. .…
BIBLIOGRAPHIE ENTOMOLOGIQUE; par M. Percheron.
Rapport sur cet OUVTAGE......mse.set
BLaNcuimexr. — Observations relatives à la
théorie du blanchiment. (Recherches sur
la teinture; par M. Chevreul.).........
BLÉ. — Comparaison du nombre de jours
qu’exige le blé pour arriver à maturité, sui-
yant la chaleur moyenne du lieu pendant
l’époque de la végétation; Mémoire de
M. Boussingault. .............
BLENNORRHAGIE. — Nouveau mode de traitement
de cette maladie; proposé par M. Donné..
Boranique. — Lettre de M. Perrottet à M. De-
lessert sur la botaniquè des montagnes
Nillgherries.…. ..….. ce
Boranique d’Albert-le-Grand. — M. de Mirbel
communique une lettre de M. Meyer sur
le traité d’Albert-le-Grand, De vegetabili-
bus et plantis, dont il prépare une nouvelle
édition ............... LAC:
Borrier (Art du). —Voir au mot Art.
Boussoe. — Voir à Magnétisme terrestre.
Brise-Prenne. — Modifications apportées au
brise-pierre, pour répondre à certaines dis-
positions exceptionnelles des organes
urinaires ; par M. Leroy d’Étiolle........
BROoME. — Mémoire sur un acide résultant de
l’action du brôme sur le benzoate d'argent ;
par M. Péligot.— Rapport sur ce mémoire
BruLures. — Supplément à un Mémoire con-
cernant le traitement des brûlures; par
M. Tixedor....
CADRAN SOLAIRE. — M. Perissot écrit qu’il a in-
venté un cadran solaire dont la construc-
tion permet qu'on en fasse usage à bord
des vaisseaux, ....,,.,..,..,,.,.,.,00
Pages,
3ot
590
II
158
4
625
650
183
Caisses D'ÉPARGNES. — Mouvements des Caisses
d’épargnes durant les quatre ‘dernières
années, et spécialement pendant la crise
commerciale de 1837; par M. Ch. Dupin.
CarcaiRes. — Note sur Väge relatif des Cal-
caires de Chäteau-Landon et des grès de
Fontainebleau ; par M. G. Prevost.......
— Observations de M. Élie de Beaumont , à
l’occasion dé la note précédente, .......
CazouL DIFFÉRENTIEL. — M. Lacroix fait hom-
mage à l’Académie de la 5° édition de son
Traité du Calcul différentiel et du Calcul
DU 0 1] PEOC ICO NEACE
Caicuzs numériques. — Un enfant (Vito Man-
giamele), qui paraît doué d’une grande
facilité pour les calculs , résout en présence
de l’Académie plusieurs problèmes en ap-
parence assez compliqués .............
M. le Ministre de Instruction publique an-
- nonce l'intention de fournir les moyens de
donner à cet enfant une éducation libérale,
dans le cas où l’Académie trouverait en lui
des facultés remarquables dont l’instruc-
tion faciliterait le plein développement. .
M.Dericquehem adresse quelquesréflexions
sur les questions proposées au jeune Vito
Mangiamele.…... Dar Me)
Cazcuzs urINAIRES. — Nouvelles observations
de guérison des calculs urinaires au moyen
des eaux de Vichy; par M. Petit. — Rap-
port verbal sur cet ouvrage, par M. Ro-
biquet........ dAéban asie C0 AU HNOM
(Voyez aussi aux môts Lithotritie, Brise-
pierre, etc.)
Cazorique. — Note sur la possibilité de pro-
duire sans combustible le calorique appli-
cable à des machines à vapeur, à des opé-
rations métallurgiques, etc.; par M. de
Montureir 32:00. dE :
CaweLoparpAuts. — Voir au mot Gir afes
Cawrure.—- Recherches sur la nature du Cam-
phre ordinaire; par MM. Dumas et Péligot.
Canaux. — Sur la possibilité de se passer d'é-
cluses pour faire remonter les bateaux,
du bief inférieur d’un canal dans le bief
supérieur ; par M. Montureux, .:.......
Cancers. — Sur les fluides contenus dans les
cancers encéphaloïdes ; par M. Gluge...
CanDmDarTurEs, — M. Cambessedes écrit qu'il re-
nonce à la candidature pour la place
vacante dans la Section de Botanique par
suite du décès de M. de Jussieu.,...,...
— La Section de Botanique présente comme
candidats pour la place vacante dans son
sein , MM. Gaudichaud ; Decaisnes, Guil-
lemin et Montagne.......,.....,..:.,
La Section de Géographie présente comme
candidats pour la place de correspondant
958
+ 1001
1003
257
207
496
297
20
68
68
vacante dans son sein, MM. Beaufort,
Eranklin} Owen een...
La Section d'Astronomie présente des can-
didats pour plusieurs places de correspon-
Pages.
99
dants vacantes dans cette section.. 133-203-256
M. Eyriès demande à être inscrit sur la
liste des candidats pour la place d’Acade-
micien hbre, devenue vacante par la mort
de M. Désgenettes tie cnbdhotuanas
M. Orfila adresse une semblable demande.
La Section de Mécanique présente une liste
de candidats pour la place vacante dans son
sein, par suite du décès de M. Molard.…..
Canxées. — Note sur les Scitaminées, les Can-
nées et les Orchidées ; par M. Lestiboudois.
CarBO-MÉTHYLATE DE ARvTrE.— Note sur ce sel ;
par MM. Dumas et Péligot..............
Canrso-vinares.—Note sur le Carbo-Vinate de
potasse; par MM. Dumas et Péligot.....
Canres cÉoGrAPniQuEs. —Note sur les Cartes de
la France publiées par le Dépôt de la
guerre; par M. Puissant. ,..............
CarTEs GÉOLOGIQUES. — Voir aux mots Géologie
et Géologiques (Cartes).
CarénrALe DE CuarTRes.— M. le Ministre de la
Justice et des Cultes demande l'avis de l’A-
cadémie sur le métal qu’il convient d’em-
ployer pour la nouvelle toiture de cette
— Rapport de la Commission chargée d’exa-
miner cette question... Ace
Causriques. — Note sur un nouveau caus-
tique (le muriate acide d'or); par M. 4.
Legrand......... Pise la ed rafales ae bobos
CAYERNES cHAuDES. — Note sur une caverne
dont le fond est à une très haute tempé-
rature; par M. Marcel de Serres........
CENDRES VOLCANIQUES. — Remarques compara-
tives sur les cendres de l’Etna et sur celles
du volcan de la Guadeloupe; par M. Élie
de Beaumont..... ordoseL Re tooont are
— Examen chimique de ces cendres; par
MARDI dei de eee D36
Cendres volcaniques lancées par le Cosi-
güina, volcan de l'Amérique centrale, dans
l’éruption du 20 janvier 1835; présentées
par M: Roulin,. "ere
Cenrenarmes. — Relevé des centenaires morts
en 1535, présenté par M. Moreau de
Jonnès.......
CERCLE PARHÉLIQUE. — Ephehon *E ce phé-
nomèue ; par M. Babinet:........ es
CÉRÉALES. — Comparaison du nombre de
jours qu’exigent, pour arriver à maturité,
le blé et le maïs, dans les régions tropi-
cales et sous la zône tempérée; par
M. Boussingault...... Ne bo
— Procédé pour purger les céréales des cha-
13
523
923
8ot
920
638
raneons et autres insectes nuisibles; par
M. Simon Jollr............... meet
Cerveau. — Recherches microscopiques sur
les changements pathologiques qu’appor-
tent , dans la structure du cerveau, la con-
gestion, l’apoplexie et le ramollissement ;
par M. Gluge................. sels Ciehiets
Cam rossiLe. — Lettre de M. Vallot.......
CæaLeur (THÉORIE DE LA). — M. Poisson pré-
sente un supplément à son ouvrage inti-
tulé : Théorie mathématique de la cha-
TEUT: = messes cnaralrieeia cs API 0
CHAMEAU. — Note: sur le De fossile et sur
le Sivatherium des Sous-Himalaya méri-
dionaux; par M. de Blainville..........
— Observations sur une Note de M. Geoffroy
Saint-Hilaire, relative au Sivatherium et
au Chameau fossile de l'Himalaya; par
M. de Blainville... HOUaT ao ba 000R 90
CHarançons. — Procédé pour en purger les cé-
réales; par M. Simon Jolly..............
Cuarson. — Note sur la fabrication du char-
bon à l’aide de la chaleur perdue des hauts-
fourneaux et des foyers de forge; par
M Virlet. mate sata ous see oiealeisialeeleiale
Caarrue. — Mémoire sur la forme qu'il con-
vient de donner aux versoirs de charrue, et
sur un procédé géométrique pour en faire
en bois; par M. Péronnier.............
Cyaunières des machines à vapeur. — Unein-
vention destinée à prévenir leur incrusta-
tion est présentée pour le concours aux
prix Montyon, par M. Chair de Maurice.
Caaurrace. — Note sur le chauffage des ma-
chines à vapeur, et spécialement sur un
distributeur mécanique de la houille; par
M. Cordier... 2... nse aste reine = RTE
Caaux. — Nouvelles observations sur les Chaux
hydrauliques magnésiennes, par M: Vicat.…
— Observations de M. Fuchs sur le même
sujet, citées par M. Dumas.........,...
— Recherches géologiques et chimiques sur le
gisement et la composition des substances
calcaires propres à fournir des chaux hy-
drauliquesret des ciments romains, dans
les bassins du Rhône et de la Garonne...
Canne orcanique. — Nouvelle méthode d’ana-
Lyse pour l'évaluation des principes cons-
tituants des matières organiques; par
M. Persog... ne uv en on silo elle aie le aie alletete
CuLORE. — Action d ce.corps surla liqueur des
Hollandais et sur quelques éthers ; Note
de M. 4. Laurent... ss.
— Action du chlore sur l’éther pyro-mu-
cique x Note de M: Malaguti. ...........
CALORO-CYANITE DE MÉTHYLÈNE. — M. Aimé an-
nonce avoir obtenu ce composé........,
Cazorororue. — Note surun nouveau mode de
( 1010 )
Pages.
468
383
8a
84
522
888
Pages-
préparation du chloroforme; par M. Bon- “
Gt ss ssersussressessesseereseseses 169
CgLorose. — Sur un nouveau mode d’admi-
nistration du fer dans le traitement des
affections chlorotiques ; par M. Blaud... 650
Cuorée. — Notice sur la Chorée ou Danse de
Sant-Guy ; par M. Larrey ............. g19
Cincuramion. — Expériences sur E mécanisme
du battement des artères ; par M. Flourens.. 103
Cire rossiLE. — Voyez Ozokérite.
Cuimars. — Note sur le climat de la Grèce;
par M. Peytier..…............ Docs 6 6 ar
— Sur le climat d’Alger ; lettre de M. Rozet. 95
— Observations de M. Arago à l’occasion de
cette lettne..............1 20%. ... ibid.
CLoporte. — Voir au mot Porcellion.
CæLoperis. — Note sur ce genre d’ophidiens,
et notamment sur une espèce européenne,
la couleuvre de Montpellier ; par M. Wieg-
mann. JéBénateuccé Cobce dépose ca Cp?)
Cœur. — Mémoire sur des cristaux trouvés
dans la substance du cœur; considérations
sur le diagnostic des maladies du cœur;
par M. Chavignez................5.... 856
ComésioN. — Essai sur la cohésion tree
à la théorie physico-chimique des prin-
cipaux phénomènes de la nature; par
M. Paret.......sassaseteusesesescee LOOX
Cozorantes (Mariëres). — Comparaison des
changements que subit une même étoffe
teinteavec différentes matières colorantes,
toutes les autres circonstances étant égales
d’ailleurs. (Recherches de M. Chevreul sur
la teinture)..................... “w5let 9
Comères. — Lettre de M. de Paravey sur.une
comète observée au Tonquin en 1668... 589
COMMISSION. ADMINISTRATIVE. — M. Poinsot est
nommé membre de cette Commission
paur l’année 1837..................... 64
ComuissIONS DES DIFFÉRENTS Prix. — Prixde Sta-
tistique ; M. Élie de Beaumont est nommé
membre de cette Commission en rempla-
cement deM. Girard.................. 64
— Prix concernant l’epplication de la vapeur
à la navigation; commissaires, MM. Arago,
Séguier , Dupin , Dulong, Poncelet...... 463
— (Commission chargée de proposer une
question pour le prix de Mathématiques à
décerner en 1838, composée de MM. Pois-
son, Poinsot, Arago, Sturm, Libri..... 582
— M. Poisson lit, au nom de cette Commis-
sion, le programme qui sera proposé
dans la prochaine séance annuelle. .. 637
— M. Dumas, au nom de la Commission du
prix relatif aux moyens'de rendretun art ou
un métier moins insalubre, lit un rapport
sur les différentes pièces adressées pour
C® CONCOUTS. .. «sms nre mn ennune nn ibid.
( ro1r )
Pages.
M. Magendie, au nom de la Commission
pour le prix de Physiologie expérimen-
tale, déclare qu'il n’y a pas lieu à dé-
cerner leRprir.-- = a -e Groon tit 998
M. Costaz, au nom de la Commission pour
le prix de Statistique, fait une semblable
déclaration, et d’ailleurs mentionne favo-
rablement deux travaux sur la population,
l’un encore inédit, par M. Demonferrand,
l’autre, déjà publié, par M. Casper. ..... ibid.
Commissions spÉcrALEs. — Rapport de la Com-
11
mission des encres et papiers de sûreté, lu
à la séance du 6 février...............
Commission nommée sur la demande de
M. le Ministre du Commerce pour exami-
ner les recherches relatives au condition-
nement des soies ..... . 181 et 470
Commission chargée de présenter une liste
de candidats pour la place d’académicien
libre devenue vacante par la mort de
M. Desgenettes..............
Liste des candidats....................
Commission chargée, d’après invitation
de M. le Ministre de la Justice et des
Cultes, de se prononcer sur le choix à
faire entre les divers métaux proposés pour
la nouvelle toiture de l’église de Chartres.
Commission chargée, d’après l'invitation
de M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique, de fairé un rapport sur l’ensemble
des matériaux rapportés par M. Texier
de son voyage dans l’Asie-Mineure. ..…..
Commission qui doit examiner les pièces
du concours des élèves de l'École des Ponts-
et-Chaussées. Pa otriepleteefeialoie
Commission chargée de rédiger les Instruc-
tions pour le voyage de circum-navigation
de l’Astrolabe et la Zélée , — la même qui
avait rédigé les Instructions pour levoyage
de la Bonite....... teseserssessc.... 624
189
495
627
523
551
651
CoumMoOTIONS ÉLECTRIQUE. — Sur les quantités d’é-
lectricité qui sont nécessaires pour donner
des commotions plus ou moins fortes
dans des circonstances déterminées, etc.;
Mémoire de M. Pouillet ..........,... 785
Cowposés ENURE. —Rapport sur un mémoire re-
latif à une théorie des composés en ure Ë
par M. É. Robin..........
ComMPTEUR DYNAMOMÉTRIQUE. — Appareil des-
tiné à fournir et à conserver l'indication
de la force déployée à chaque instant par
une machine; par M. Dœaine..........
CONDITIONNEMENT DES sOIEs. — Nouveau pro-
cédé proposé par M. Renaur.....
Condition des soies par décreusage d’es-
sai ; Mémoire de M. Ozanam...,...,....
181
468
ConFervEs. — Sur des espèces de conferves
dont on trouve des fragments empâtés
dans le silex translucide connu sous le
nom de semi-opale de Bilin ; Observations
CEONUL MATrMcucaon 0600 60004 0ta de
CovseiL DES môpiraux soumet à l'approba-
tion de l’Académie sa décision concernant
le transport des restes de M. de Montyon.
CONvERGENCE des séries qui représentent les
racines des équations algébriques ou trans-
cendantes , ou les intégrales des équa-
tions différentielles; Lettre de M. Cauchy à
M. Coriolis....... AE Dao do os
— Réclamation de priorité à ce sujet en fa-
veur de M. Wronsky ; Lettre de M. Bor-
CARE REP EEE Sci oO
Copisre (Prompr-). — Appareil à copier les
lettres, présenté par M. Lanet. — Rapport
sur cet appareil............. tnodoavaot
Coquires rossizes, — Note sur trois espèces
nouvelles ; ÿar M. Rivière... Eee
Coquicces MARINES trouvées à la Somma; Lettre
IMOTES Te oiele intel aie alle se elele te Hide dont do
Corinnox. — Note sur la formation artificielle
du corindon; par M. Gaudin......,.....
— Analyse des corindons ainsi obtenus; par
M. Molaguti....... DRE iaeleseters
Coneizze. — Description .anatomique de la
cornéille; par M. Jacquemin; 32 part.
(Bobo) EE ER ere ee Lonouz
— M. Jacquemin demande que deux mé-
moires {sur l'anatomie de la corneille,
qu’il avait précédemment présentés, soient
admis au concours pour le prix Montyon..
Corps muqueux.—Recherches anatomiques sur
le corps muqueux de la langue, dansl’hom-
me et les mammifères ; par M. Flourens..
CorresPonnANcE. — Note de M. Biot sur la cor-
respondance de Newton et de Flamsteed..
Cosicuin , volcan de l'Amérique centrale. Un
échantillon des cendres lancées par ce vol-
Pages,
306
336
216
1003
445
350
can, dans l’éruption du 20 janvier 1835, -
est adressé à l’Académie par M. Roulin.…..
Coureurs. — Note sur l’analogie des tons musi-
caux et des couleurs; par M. Blein......
CouraANTS ÉLECTRIQUES. — Mode particulier
d'action de ces courants, étudié par
M. Masson. —Rapport sur ces expériences.
CouronNes. — Sur les phénomènes des cou-
ronnes solaires et lunaires ; par M: Babi-
COUVERTURE DE LA CATHÉDRALE DE CHARTRES.—
Voir aux mots Toiture, Zinc, Béton.
Cow-Pox trouvé sur des vaches de la commune
de la Villette. Lettre de M. James... ....
— M. James annonce qu’il a inoculé avec le
vaccin trouvé sur des vaches de la commune
de la Villette plusieurs génisses , et que les
8or
251
pustules développées chez celles-ci lui
ont ensuite fourni du vaccin pour plu-
sieurs enfants .....
Craxes. — Voyez au mot Téte.
Crère (Ile de). — Lettres de MM. Fabreguette
et Caporal sur des ossements humains pré-
sumés fossiles qui ont été trouvés dans
cette ile
Crinoïnes. — Sur une troisième espèce vivante
de la famille des crinoïdes, servant de type
au genre holopus ; par M. d’Orbigny...….
CriSTATELLES. — Étude microscopique de la
Cristatella Mucedo, espèce de Polype d’eau
douce ; par M. Turpin........ DL VE Go
— Des corps organiques très semblables aux
Désorsewenrs. — M. le Ministre des Finances
invite l'Académie à lui transmettre le
plus promptement possible le rapport
qu’il lui a demandé sur les déboisements
considérés sous le rapport de leurs effets
météorologiques... ... 20e
— M. Moreau de Jonnés rappelle qu’il a traité
la question du Défrichement des Bois dans
un ouvrage couronné par l’Académie de
Bruxelles...
Mémoire sur l'influence du déboise-
ment dans la diminution des cours d’eau;
par M. Boussingault. co
Documents tendant à prouver une diminu-
tion des eaux vives et un abaïssement de tem-
pérature dans les environs de Saint-Flour,
à la suite de déboisement ; note de M. De-
vèze de Chabriol... .
DérricaemenTs. — Voir à Déboisement.
Densité des liquides.— Recherches sur le maxi-
mum de densité dés liquides ; par M. Des-
pretz ..
— Recherches sur le maximum de densité de
l'eau salée et des dissolutions aqueuses en
général; par M. Despretz...... Pistes
DessécuemenT des marais. — M. le Ministre
des Travaux publics invite l'Académie à
lui transmettre le rapport qui a été fait
sur une machine d'épuisement de M. Ja-
pelli, machine qui paraît convenir surtout
pour le desséchement des marais...... ..
Dessin. — De l’art du dessin, de ses progrès
en France et à l'étranger, et de ses appli-
cations considérées comme une source de
richesse nationale; par M. Coulier......
Ducyczornertum. — Nom sous lequel M. Geof-
froy Saint-Hilaire désigne l’elephas primi-
genius ; motifs de ce changement de dési-
gnatiON ss...
Pages.
802
182
336
584
622
292
250
D
( 1012 )
œufs de certaines cristatelles s’observent
dans la pâte d’unsilex translucide, la se-
mi-opale de Bilin ; observations de M. Tur-
Pins
Cnisraux observés dans la partie fluide des
cancers encéphaloïdes; note de M. Gluge..
— Mémoire sur des cristaux trouvés dans la
substance du cœur ; par M. Chavignez.…...
Cuivre ( Mines de) découvertes dans le
nord-ouest des États-Unis, au territoire
de Wisconsin; Note de M. Warden....….
Électricité ne engendrée par le
frottement entre deux lames de cuivre ;
Note de M. Peltier...
Dinoruenium. — MM. Kaupp et Klipstein annon-
cent l’arrivée à Paris du crâne du Dine-
therium giganteum........,...,,...
Examen de la tête du Dinotherium RL
teum, comparativement à celle des Dugongs
et des Lamantins; par M. de Blainville
..4ar et
Communication sur le même sue par
M. Duméril......... ARS APR EE ô
Rapport verbal sur un anrees de
MM. Kaupp et Klipstein, ayant pour titre :
Description d’un cräne colossal de Dino-
therium giganteum; par M. I. Geoffroy
Saint-Hilaire......... :
Lettre de MM. Klipstein, “ Kaupp Free
dant qu’une Commission soit chargée de
faire un rapport sur la tête du Dinothe-
rium giganteum qu'ils ont amenée à Pa-
ris, et de se prononcer sur la valeur scien-
tifique de cette pièce. Cette demande se
trouve remplie par les communications
faites dans la mème séance relativement au
fossile en question ; par MM. de Blainville,
Duméril et I. Geoffroy Saint-Hilaire... …
Sur la place que doit occuper le Dinothe-
rium dans l'échelle animale ; lettre de
M. Kaupp.…. EMA
Considérations sur le genre 2e vie du Di-
notherium et sur la place qu'il convient
de lui assigner dans une classification na-
turelle des mammifères ; par M. Strauss. .
Dissozurions et Sozurions. — M. Peltier croit
nécessaire de distinguer, dans l’action mu-
tuelle des corps, les solutions des dissolu-
MONS ELLE er EEE L = spslaletnials la se
DISTRIBUTEURS MÉCANIQUES DE LA HOUILLE. —
Note sur ces appareils ; et sur leur emploi
pour le chauffage des machines à vapeur;
par M. Cordier...
shoneseesssnene ns mn eetens
ernrratenesreennens
Pages.
312
20
856
200
427
429
383
— Sur quelques perfectionnements dont pa-
raît susceptible le distributeur mécanique
de la houille, décrit par M. Cordier; Note
de M. Champeaux la Boulaye...........
Note sur un distributeur mécanique de la
bouille employé en Angleterre et muni
d’un régulateur ; par M. À. Blin.........
Dorowres. — M. Vicat annonce que depuis la
publication de son premier travail sur
les chaux hydrauliques magnésiennes, on
a commencé à utiliser des dolomies qu'on
rejetait autrefois parce que , ne contenant
qu’une petite proportion d'argile, on ne
croyait pas qu’elles pussent donner une
chäux assez hydraulique...
M. Dumas rappelle que M. Fuchs a depuis
quelques années , publié en Bavière des
Eau, — De l’action de l’eau pure sur des étoffes
teintes avec différentes matières colorantes ;
Recherches sur la teinture, par M. Che-
VrEULE mat re npere ete ee eseaese
Cours d’eau paraissant diminuer en Amé-
rique sous l'influence des déboisements ;
Mémoire de M. Boussingault............
Même remarque pour certaines parties de
l'Auvergne ; Note de M. Devèze de Cha-
D Le -É TC 2002 re
Sur les quantités d'électricité qui sont né-
cessaires pour la décomposition chimique de
1 gramme d’eau, etc.; par M. Pouillet....
Des réactions chimiques produites dans le
contact des métaux oxidables, de l’eau dis-
tillée et des composés insolubles; par
M: Becquerel. 2. Juste min ge ste none EDE
Mémoire sur les oscillations de l’eau dans
les tuyaux de conduite ; par M. de Calignyr.
rXSparties "taf de elelaleiaint safe cle
Eau sazée, — Recherches sur le maximum de
densité de l’eau salée et des dissolutions
aqueuses en général; par M. Despretz....
Eaux miNérAzes. — Recherches sur les eaux
minérales des Pyrénées; par M. Fontan..
Eaux minérales de Vichy.—De leur action
dans le traitement des affections calcu-
leuses; Rapport de M. Robiquet sur un
ouvrage de M. Petit............,......
Écuaraunaces. — M. Journet prie l’Acadé-
mie de soumettre à l’examen d’une Com-
mission les nouveaux systèmes d’échafau-
dages qu’il a inventés et mis en usage...
Écuaxe du thermomètre. — Recherches sur le
déplacement qu’éprouve l'échelle des 1her-
mornètres à mercure; par M. Legrand,
C. R, 1837, 127 Semestre. (T. IV.)
( 1013 )
Pages.
44
44
82
»
1007
observations tendant au même but, .....
Dnracvace.—Voir à Wagsons dragueurs.
Ducoxc.— Comparaison de la tête osseuse de
cet animal avec celle du Dinotherium gi-
ganteum ; par M. de Blainwille...........
DYNAMIQUE. — Sur l'intégration des équations
différentielles de la dynamique; par
M. Poisson... ner ne Loacobsée Jodae
DynamomérriQue (APpAreir). — Note sur le pe-
son-chronométrique, appareil destiné à
donner la moyenne des effets dynamiques
d’une machine en mouvement dans l'in-
tervalle de deux observations ; par M. Ca-
gniard-Latour...... ao one pare 899 et
DyssENTERIE. — Mémoire sur le traitement de
la dyssenterie par l’albumine donnée en
boissons et en lavements; par M. Mon-
DÉRE ane ne de
ÉCHELLE crADuE destinée à la construction des
épures; par M. Chauvin...
ÉCLAIRAGE AU GAZ. —Examen des produits qu’on
obtient du traitement de Ja résine dans ja
fabrication du gaz pour l'éclairage; par
MM. Pelletier et Walter. ......... nets
Emploi de l’Auile extraite des schistes bi-
tumineux pour la fabrication du gaz d’éclai-
… Tage; Lettre de M. Selligue.............
Eczuses. — Sur la possibilité de s’en passer
pour faire remonter les bateaux du bief in-
férieur d’un canal, dans le bief supérieur ;
Note par M. de Montureux..........,..
coLE nes Ponrs-Er-CrAussÉes. —M. Ze Ministre
du Commerce et des Travaux publics in-
vite l’Académie à désigner parmi ses
membres trois commissaires qui devront
coopérer au jugement des pièces du con-
cours des élèves de l’École royale des
Ponts-et-Chaussées. ..........,2,...1...
Écozes. — Lettre de M. Saussay sur le projet
! d’une école nationale. ...... ....g13et
Écecrions. — Élection d’un vice-président pour
l’année 1837; M. Becquerel.............
M. Gaudichaud est élu pour la place de-
venue vacante, dans la section de Bota-
rique, par le décès de M. A.-L. &e Jussieu,
M. le capitaine Beaufort estélu correspon-
dant de la section de Géographie... ....
M. Dunlop est élu correspondant de Ja
section d’Astronomie .........,..,...,,
M. Carlini est élu correspondant de la
Section d’Astronomie................ Epla
M. Smith est élu membre correspondant
de la,section d'Astronomie....:........,
M. Gambey est élu pour la place vacante
137
_
631
1002
183
297
266
Sans la Section de Mécanique, par suite du
décès de M. Molard ........ :
— M. de Bonnard est élu pour la place d’aca-
démicien libre, vacante par suite du dé-
à cès de M. Desgenettes............ AGE
Écxorricré.—Description et usage de la Pile à
courants constants; par M. Becquerel...
Recherches expérimentales sur les divers
phénomènes qui concourent à l'effet gé-
néral des piles électriques; par M. Pel-
Lier us sssesessee onansenviessse ..
Électricité dynamique engendrée par le
Jrottement ; note de M. Peltier.........
Lettre de M. de Bressy, relative aux phé-
nomènes électriques ; on juge inutile d’en
donner lecture............e.........
Mémoire sur la Pile de Volta et sur la loi
générale de l'intensité des courants pro-
duits par cet appareil ; par M. Pouillet..
Mémoires relatifs à un mode particulier
d’action des courants électriques; par
M. Masson. — Rapport sur ces mémoires.
Note sur l'électricité qui accompagne les
actions chimiques; par M. Peltier.......
Mémoire sur la mesure relative des sources
thermo-électriques et hydro-électriques, et
sur les quantités.d’électricité qui sont né-
cessaires pour opérer la décomposition
chimique de x gramme d’eau, ou pour
donner des commotions plus ou moins
fortes dans des circonstances déterminées; |
par M. Pouillet.,.....
Des réactions chimiques produites dans,
le contact des métaux oxidables, de l’eau
et des composés insolubles; par M. Bec-
querel...... CHAT OU
Lettre de M. Cross à M. Becquerel, en
lui adressant divers composés obtenus par
3 l'action électriques. ...................
ÉLECTRICITÉ ANIMALE. — Mémoire sur l’électri-
cité animale; par M.Turck.............
— Note sur les effets électriques de la tor-
pille ; par M. Santi Linari.............
ÉLECTRO- CHIMIQUES (Acrions). — M. Paillette
adresse des fragments de substances en
décomposition, recouvertes de nouveaux
composés dus à des actions électro-chi-
MIQUES NN a de sesemene dencesme
De l'influence des surfaces sur les effets
électro-chimiques ; Mémoire de M. Bec-
CLR HE one
ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE (Puissance).— M. Moreau
de Jonnès provoque des renseignements
relativemert à une découverte annoncée
dans le Journal de Silliman , et qui con-
sisterait dans l'application aux machines
dè la puissance électro-magnétique, ......
( 1014 )
Pages.
582
637
— Courants électro-magnétiques. —: Voyez
Magnéto-électriques.
ÉLépmANTs. — Certains Éléphants fossiles com-
parés aux Éléphants de l’époque actuelle,
offrent dans les proportions et la disposi-
tion de diverses parties de leur tête, non
moins de différences que celles qui s’ob-
servent entre les têtes de l'espèce fossile
du Sivatherium et de l'espèce vivante de la
Girafe; Mémoire de M. Geoffroy Saint-
Hilaire ....e....
ExcéPmarocèLe. — Opération pratiquée pour
un cas remarquable d’encéphalocèle ; par
M. ThierrY..censonvrooereneneseneenetee
ENCRE DÉLÉBILE, pour vignette à imprimer sur
les papiers timbrés , dans le but d’empé-
cher leur lavage. Rapport de la Commis-
sion nommée sur la demande de M. le
Ministre des Finances pour s’oceuper de
la question des papiers timbrés et des
papiers et encres de süreté............
Excre De sureté. — M. Thénard annonce que
la Commission des encres et papiers
de sûreté a terminé ses recherches et
qu’elle fera son rapport dans la séance
suivante ...........-..
Rapport fait à l’Académie sur les encres
et les papiers de sûreté et sur les moyens
propres à prévenir le lavage des papiers
timbrés. sdeesdessesemeueerecee 10DE
M. Béranger adresse des encres indélé-
biles préparées d’après les procédés re-
commandés par l’Académie..........-.
Lettre de M. Verdet sur une encre qu'il
annonce comme encre de sûreté, mais
dont il ne fait pas connaître la compo-
sition ........ MAR pere
ExranrsTRouvÉset Enfants naturels.—M. Guil-
lard adresse un supplément à ses Recher-
. ches sur cesujet....-.. SCT LE dE
Évmémes. — Lettre de M: Natus, qui croit
qu’on préviendrait beaucoup d’épidémies
en substituant à l’usage d’enterrer les ca-
davres celui de les brüler ........ Le
ÉqQuarions. — Recherches sur la détermina-
tion approchée des racines des équations
algébriques ; par M. Libri............ &
Lettre de M. Borchart relative à une mé-
thode de M. H. Wronski- dont l’objet est le
même que celui de la méthode de M.Libri.
Observations sur la solution des équa-
tion du cinquième degré; par M. Ohlive-
Meinadier ......vesonsosesate
Méthode.pour la résolution générale des
équations de tous les degrés ; Lettre de
* M. Cauchy à M. Coriolis. .......... er
Lettre de M. Cauchy, sur le même sujet,
adressée.à M. Libri,.,......es...cte.e
DVEPETELECECLCELELELEE
Pages.
53
335
219
180
t arg
379
712
168
203
342
216
362
Note sur les fonctions du second ordre des
racines des équations algébriques; par
M. Cortier.. CODE
Remarques sûr l'intégration des équations
différentielles de la dynamique; par M. Pcis-
SOTenresssnssessvoses
Lettre de M. Cauchy, concernañit un mé-
moire précédemment publié par lui, sur
les racines des équations simultanées...
Note sur le théorème de M. Cauchy, rela-
tif aux racines des équations simultanées ;
par MM. Sturm et Liouville...... loisir
Sur Ja détermination complète de toutes
les racines des équations d'un degré quel-
conque; Lettre de M. Cauchy... .
Espace. — Sur la température du lieu de l'es-
pace où la Terre se trouve actuellement;
DCE EE TEE
PCR CELECEEE
622
631
773 et 805
Mémoire de M. Poisson:...... +... 124 et 137
Esprit pg pois. — De l’action de l’alcool et de
l'esprit de bois sur les sels halogènes ; Mé-
moire de M. Bonnet... ....... DOCS
EsPriT PYRO-CITRIQUE. — M. Robiquet présente
un flacon de cette liqueur qu’il est par-
venu à préparer, et à laquelle il trouve
de grandes analogies avec l’acétone..
ÉTHER 2ROMHYDRIQUE. — Sur un nouveau moyen
de préparer cet éther ; pir M. Bonnet...
ÉTHER GAMPHORIQUE. — M. Bonnet écrit qu’il a
connu l’existence de cet éther avant que
FARINE DES MONTAGNES ou farine fossile. —Woir
au mot Bergmehl.
Faux. — Voir aux articles Papiers et encres de
sûreté,
FEuur.— Sur une des causes qui concourent
à maintenir la tête du fémur dans la cavi-
té articulaire; expériences de MM. Weber,
communiquées par M. de Humboldt....
Description d’un appareil nouveau pour
les fractures du fémur; par M. Foville...
Fer. — Note sur un moyen nouveau de pré-
server le fer de l’oxidation ; par M. Sorel,
(Paquet cacheté)......................
Sur la demande de M. Sorel on ouvre, à
la séance du 6 mars, la boîte adressée par
luile 23 janvier dernier, et où étaient con-
tenus, enveloppés dans deslinges mouillés
des échantillons de fer qui devaient échap-
per à l’oxidation. ....... 4...
Recherches sur les oxidations locales et tu-
berculeuses du fer ; par M. Payen ; rapport
SUP CÉMÉMOÏITE. . «eu su us ses ue sata té ee
Production et consommation annuelle du
Jer en France. Mémoire de M. Boyer...
— Sur un nouveau mode d'administration
291
563
291
131
65v
133
3m
À
19D
52a
( 1015 )
Pages.
M. Malaguti eût rendu publiques ses re-
cherches à Ce sujet... ............
Éruers. — Recherches sur lés éthérs des aid
prrogénés, et l’action du chlore sur l’éther
pyro-mucique ; par M. Malaguti. :.......
ÉTorres. —Comparaison des changements que
subit une même étoffe teinte avec différen-
tes matières colorantes , toutes les autres
circonstances restant égales d’ailleurs.
(Recherches de M. Chevreul sur Ja tein-
tres Valh réthaant étre PT DUE
ÉTOILES FILANTES. — Passages relatifs à ces mé-
téores ; extraits des écrivains arabes ; par
M. ane NL. De
— Lettre de M. Kuppfer sur les étoiles fi-
lantes de Ja nuit du 12 au 13 noy. 18
observées en Russie.............. ee
— Lettre de M. de FRE sur une PR re-
marquable d'étoiles , observée dans le on-
zième siècle. ..... use «
— Lettre de M. de Paravey citant un pas-
sage relatif. à ces météores qu’on trouve
dans la Relation de l'ambassade en Chine
de lord Macartney..s.....s ss
Exrrosir (MÉLANGE) proposé comme pouyant
ètre substitué à la poudre de guerre;
Note de M. Treille. — Rapport sur cette
NOTE). cn he tasis mat vete code mamie un
Exposition des produits de l’industrie fran-
aise. —Voy. au mot Industrie,
L 2
du fer dans le traitement de la chlorose;
par M. Blaud.................. DATA
FERMENTATION. — Mémoire sur la férmentation
vineuse ; par M. Cagniard-Latour........
Feuiices DEs VÉGÉTAUX. — Rappoñt sur ün mé-
moire de MM. À. et L. Bravais, ayant
pour titre : Essai géométrique sur Ta sÿymé-
trie des feuilles eurvisériées ét rectisériées.
Frèvres DE MARAIS. — Ces maladies auxquéllés
sont sujets én Europe les hommes em-
plôyés à la culture du'riz, n'attiquent point
en Chine lés laboureurs placés dans les
mêmes circonstances, mais obsérvant ün
régime différent. Lettres de MM. Stan.
Julien et Voisin. ...........:.........
Fu À PLOMB. — Expériences surtlà direction
du fl à plomb; par M. Guyof...........
Fons mÉraruirères. — Sur les filons métalli-
fères et le terrain des environs dé l’Ar-
bresle; par M. Fournet...,..........
FLEURS artificiellement injectées par l’absorp-
tion d’un suc végétal; Note de M. Biot,. .
FLones,— M. Muiel transmet les planches du
.4® vol. de sa Flore francaise. …. ...
— M. de Jussieu fait hommage à l’Académie
137.
Pages.
309
502
712
264
650
go5
Grx
250
au nom de l’auteur, M. Moris, du pre-
mier volume de la Flore de Sardaigne:
détails sur cet ouvrage........s..ss
Fzuor. — M. Lassaigne dépose un paquet ca-
cheté portant pour suscription : Observa-
tions sur quelques composés du Fluor.....
Fiures. — Note sur une nouvelle construction
de la flûte; par M. Bæhm......,....,.
Fuux De LA MER. — Hypothèses astronomiques
surle fluxdela mer, les causes du froid,
etc.; par M. Schweich.............. 1608
Foncrions. — M. Poisson présente une note
sur un passage de la théorie des fonc-
tions de Lagrange dans lequel M. Jacobi
avait cru trouver des propositions €r-
TORÉES msn senceesenennesenneneeeset
Observations de M. Poinsot relatives à la
note précédente.............,......
Réplique de M. Poisson................
Ncte sur les fonctions du second ordre
desracines des équations algébriques ; par
M. Cortier....…
Mémoire sur le développement des fonc-
tions en séries dont les différents termes
sont assujettis à satisfaire à une même
équation différentielle linéaire contenant
un paramètre variable; par MM. Sturm et
Liouville...…
Forceps. — Troisième cas d'application du
Jorceps assemblé; par M. Bernard.......
— Observations relatives à deux nouveaux
cas dans lesquels le forceps assémblé a été
employé avec succès; par M. C. Bernard
Forèr sous-marine mise à découvert par la
marée du 4 mai sur un point de la côte de
Bretagne voisin de Saint-Brieuc ; Lettre
de M. Lemaout. .........
Fossizes (RESTES orcANIQUES).— Note sur trois
nouvelles espèces de coquilles fossiles; par
M, Rivière ..:............. GE rt:
Coquilles marines fossiles trouvées à la
Somma , et. présentées en preuvede la for-
mation par soulèvement, du cône du Vé-
suve ; lettre de M. L. Pilla,............
Objections présentées contre cette déduc-
tion; par M. C. Prévost......,....552et
Infusoires fossiles.—Voir au mot Infusoires.
Chairs fossiles. — Lettre de M. Vallotsur
une substance désignée sous le nom de
chapifassile. 2e ee cave ire
Ossements fossiles. — Sur le Sivatherium,
grand ruminantdont une tête fossile a été
trouvée dans une vallée de l’Hymalaïa;
notedeM. Geoffroy Saint-Hilaire 53, et
Sun le chameau fossile et le sivatherium
des Sous - Hyÿmalaïas méridionaux; par
( 1016 )
Pages.
889
913
705
623
537
G22
1001
113
M. de Blainville. .
Note sur des ossements fossiles des ter-
rains tertiaires du département du Gers,
et sur la découverte récente d’une mâchoire
de singe fossile; par M. Lartet..........
Nouveaux détails sur ces 05.....
M. LartePannonce qu'il envoie les princi-
paux fossiles mentionnés dans les deux
notes précédentes. .
Proposition relative aux moyens que pour-
rait prendre l’Académie pour encourager
les recherches de M. Lartet ; par M. Arago.
— Mëême proposition faite par MM. de
Blainville et Cordier............ F4
Lettres de MM. Fabreguette et Caporalane
nonçant l'envoi d’un fragment de rocher
de l'ile de Crète dans lequel sont engagés
des ossements humains regardés comme
fossiles ..….
Présentation de cette pièce. ....
MM. Kaup et Klipstein annoncent l’arrivée
à Paris du crâne du Dinotheriumgiganteum.
(Voyez aussi au mot Dinotherium. )
Os fossiles trouvés dans la Louisiane et
dans le Poitou; lettre de M. Rivière...
Sur les’ ossements fossiles attribués au
prétendu géant Teutobochus; par M. de
Blainville...
Nouveau gisement d’ossements fossiles
dans la commune de Sauveterre, départe-
ment de l’Ariége; lettre de M. Azema
communiquée par M. Pagès..
Pollen fossile. M. de Humboldt proie
que M. Gæppert est le premier qui en ait
fait voir..........
FracrurEes. — Appareils à extension continue
pour les fractures des membres inférieurs;
note de M. Fabien de Revigny....... Hot
— Description d’un appareil nouveau pour
les fractures du fémur; par M. Foville...
FREIN DYNAMOMÉTRIQUE. — Description d’un
frein dynamométrique servant à mesurer
le travail des machines; par M. de Saint-
Léger. Rapport sur ce mémoire.........
Notes sur un mécanisme propre à régula-
riser. spontanément l’action et le mouve-
ment du frein dynamométrique; par
M. Poncelet............. CRAN 686 et
— Figure de cet appareil.......... SORTIE
Fnowenr: — Note sur les variétés du froment ;
par M. Lecouteur.
— Rapport verbalde M. Silvestre sur l’ou-
vrage de M. Lecouteur...…......
Fnrorremenr. — Mémoire sur l'électricité dy-
namique engendrée par le frottement; par
M. Peltier .
Fucus nATANS. — Observations relatives à l'o-
ausssrmmertrenscnse ,.
Pages,
71
85
583
796
123
182
557
978
417
rigine des bancs flottants de fucus qu’on
trouve à l’ouest des Açores; lettre de
M. Bonnet à M. Arago,.......... cac
Fuzmnare DE mercure. — Lettre de M. Cheval-
GaizLoNnELLA. — Des débris organiques qui pa-
raissent avoir appartenu à des conferves
du genre gaillonella se trouvent empätés
dans un silex translucide, la semi-opale
de Bilin ; Observations de M. Turpin....
GaLvanisme. — Voir au mot Électricité.
GastÉroPones. — Nouvelles recherches surleur
mode de développement ; par M. Laurent.
GAZ D'ÉCLAIRAGE. — Produits qu’on obtient de
la résine quand on la traite pour la fabri-
cation de ce gaz ; Mémoire de MM. Pelle-
tier et Walter. ..........
Emploi de l’huile extraite des schistes bitu-
mineux pour la fabrication du gaz d’éclai-
rage ; lettre de M. Selligue..............
GELATINE .—M. Gannal prie l'Académie de vou-
loir bien presser les travaux de la Com-
mission chargée de faire un rapport sur
les propriétés alimentaires de la gélatine. .
— Notesur les propriétés nutritives de la gé-
latine ; par M. Harel...............,. :
GENITO-URINAIRES (ORGANES). — Recherches sur
la nature de leurs sécrétions chez l'homme
et chez lafemme; par M. 4. Donné......
Rapport verbal de M. Turpin sur ce mé-
MOÏTE ss tee uen»
Nouvelles recherches sur les animalcules
spermatiques et sur quelques causes de la
stérilité chez les femmes; suivies de re-
cherches sur les pertes séminales involon-
taires et sur la présence du sperme dans
Vurine; par M: Donné..... Dame del a
GÉOGRAPHIE. —* La Section de géographie pré-
sente la liste suivante de candidats pour la
place de correspondant vacante par le dé-
cès de M. Lislet-Geoffroy ; 1°M. Beaufort;
29 M. Franklin; 3° M. Owen...
GéoLocie. _ Mémoire surles filons métallifères
et le terrain des environs de l’Arbresle, dé-
partement du Rhône; par M: Fournet...
Études géologiques faites aux environs de
Quimper, et en quelques autres points de
la France occidentale ; par M. À. Rivière.
Note sur la constitution géologique du
continent de l'Asie-Mineure ; par M. Texier
Eee rsseescededimanete En m44T et
M. Dureau de la Malle présente deséchan-
tillons de roches recueillis par M: Guyon
sur la route suivie par l’armée entre Bone
et Constantine, ...s.sssssssss.s.vsuse
(1017)
Pages.
950
306
295
59
250
439
465
44
lier sur une question de priorité élevée
entre lui et M. Delion, pour l'invention
d’un procédé concernant la fabrication des
amorces fulminantes........
Note sur l'existence, dans le département
du Rhône, d’un relief orienté suivant Le
système de la chaîne du Pilat ; par M. Four-
net...
Géologie du Caucase et de la Crimée ; ex-
trait d’une lettre de M. F. Dubois du
Montpéreux à M. Elie de Beaumont. ....
GÉoLOGIQuE (Carte) de l’Asie-Mineuré dressée
par M. Texier d’après ses propres observa-
tions sers nepenine
GÉOMÉTRIE ANALYTIQUE. — M. Gumodie écrit re-
lativement à un traité de géométrie analy-
tique qu’il se propose de publier........
GrruiwaTion.—Note sur la germination du Mar-
silea Fabri; par MM. Dunal et Fabre. ....
Gissons. — Une mâchoire fossile de singe trouvée
par M. Lartet, à Sansan, parait provenir
d’une espèce voisine des gibbons.........
Sur une mächoire fossile de singe qui a ap-
partenu à nne espèce voisine du gibbon
siamang. Rapport de M. de Blainville sur
les ossements fossiles découverts par
M. Lartet, dans les environs d’Auch.....
GiRarre. — M. Geoffroy Saint-Hilaire consi-
dère comme devant être rapportés à un
même genre le Sivatherium, espèce fossile
trouvée dans l'Hymalaïa , et la Giraffede
l’époque actuelle.......,....
Ce rapprochement est combattu par M. de
Blainville (Mémoire sur le chameau fossile
etle Sivatherium)..................,.. 5
— Réponse de M. Geoffroy Sant bliients
objections de M. de Blainwille...........
GL08E de la Terre. —Voir au mot Terre.
GzopuLes nageant dans la partie fluide des
cancers encéphaloïdes. Note de M. Gluge..
GzycériNe. — Rapport sur un mémoire de
M. Pelouse concernant la Glrcérine.. ns.
Gowrrre. — Note sur un gouffre de l’le de
Céphalcnie dans lequel on a dirigé l’eau
de la mer de manière à établir un courant
qui fait tourner un moulin; par M. Can-
COTE OEIL
Grèce. — Note sur le climat de la Grèce; par
M Pepe Eee ceseeltensermecss
— Lettre de M. Puillon-Boblaye à M. Arago,
surle climat de la Grèce. ..............
GnèLe. — Note sur une chute de grélons d'une
Jorme particulière, par M. Élie de Beau-
mont... ,...
tnt ue os ve
Pages.
913
553
g8r
113
20
366
21
25
337
749
— Sur la forme des grélons ; lettre de M. Airy
à M. Arago. ........... ooouanu ue Noabo
Haros. — Mesure des diamètres de deux
halos solaires ; par M. Peytier...........
Harres. — Modification apportée à la harpe,
dans le but de prévenir la rupture des
cordes, sans occasioner une grande perte
de temps pour mettre l'instrument d’ac-
cord ; Note de M. Challiot..............
Hacreur. — Résultats de quelques mesures
de hauteur en Gréce ; Note de M. Peytier.
— Hauteursrelatives des différents points de
station d’un réseau de triangles , calculées
au moyen des distances zénithales obser-
vées réciproquement aux points de sta-
tion : utilité des mesures barométriques et
thermométriques dans ces calculs; Mé-
moire de M. Puissant........... avide
HerniaiRes (Banpaces). — Notes sur des mo-
difications apportées aux bandages her-
niaires, inguinaux et. ombilicaux; par
Mme Vedeaur. ..
Hiwpurires. — Mémoires sur les Hippurites
et les Sphérulites du département du
Gard ; par M. d'Hombres-Firmas....
Histoire NATURELLE (Traité élémentaire d’);
par MM. Martin Saint-Ange et Guérin. —
Rapport verbal sur cet ouvrage, par
M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire... .....
— Histoire naturelle de l’homme. — Voir au
mot Homme.
Hozopus. — Sur une troisième espèce vivante
de Crinoïdes, servant de type au genre
Holopus ; par M. D’Orbigny............
Howme (Histoire naturelle de l'). — De la
possibilité de l’éclairer par l'étude des
animaux domestiques ; Mémoire de M. 1sid.
Geoffroy Saint-Hilaire.................
Houze. — Note sur les distributeurs méca-
niques de la houille et sur le chauffage des
machines à vapeur ; par M. Cordier. :....
Houicères. — Statistique départementale des
mines houillères de France ; par M. Boyer.
Huises. — De l'huile des schistes bitumineux et
de quelques produits qu’on en obtient;
par M. À. Laurent. .....
— Emploi de l’huile extraite des schistes bi-
tumineux pour la fabrication du gaz d'e-
clairage ; par M. Selligue. .......
— De l’action de l’acide sulfurique sur les
huiles; Mémoire de M. Fremy. — Rap-
port sur ce mémoire..........
Huires ESSENTIELLES. — Sur l’analyse de l’huile
essentielle de pommes de terre; par
M. Cahours..........,......,.....4..
(:o18 )
Pages
922
26
912
715
889
219
46o
339
341
Pages.
— Sur des grélons d’une forme particulière;
lettre de M. Virlet............. Men Sox
Huire. — Note sur l'Ostrea Beaumontii, co-
quille fossile du calcaire oolithique infé-
rieur; Note de M. Rivière. ............ 67
Huwérus. C’est par erreur que, dans le titre
d’une communication de M. de Humboldt,
relative aux recherches de MM. Weber sur
une des causes qui maintiennent réunis
les deux os dans l'articulation ilio-fémo-
rale, on a écrit l’humérus au lieu du fémur.
MOYELÉD EEE EE E--EReeeEe
Humnité. — Action de Vair. humide sur les
étoffes teintes avec différentes matières
colorantes. (Recherches de M. Ghevreul
sur la teinture). es NO
HYpRAULICITÉ de la chaux.-Voir au mot Chaux.
HyorocèNE. — Action du gaz hydrogène sur les
différentes matières colorantes dont est
teinte une même étoffe. (Recherches de
M. Chevreul sur la teinture.)........... 11
HyprocraPxie.— M. Pentland adresse, au nom
du bureau hydrographique de Londres, une
liste de 269 cartes et 22 ouvrages d’hydro-
graphie , dont cette administration fait
don à la Bibliothèque de l’Institut...... 99
— Description nautique des côtes de l’Algé-
rie; par M. Bérard, capitaine decorvette;
suivie de notes par M. Tessan, ingénieur-
hydrographe....2...:........ eee
Hrciène PuBziQue. —Les hommes qui cultivent
le:riz en Chine ne sont point sujets aux
maladies dont souffrent les laboureurs qui
en Europe s'occupent dela même culture.
Régime des laboureurs chinois; Lettres
de MM. Stan. Julien et Voisin...
Hycrowërre. — Nouvel hygromètre présenté
par M. Peer... sense
HxuazAïa. — Sur le Sivatherium, animal gi-
gantesque dont les débris fossiles ont été
découverts dans la vallée de Markanda
(Mouts Hymalaïa) ; Mémoires deM. Geof
froy Saint-Hilaire... .......,.... 53=77—131
— Note sur le Chameau fossile et le-Sivathe-
rium des Sous-Hyÿmalaïa ‘méridionaux ;
par M. de Blainville,....:.....s.… 9E
Hrmenww. — Recherches sur l’hymenium ou
membrane fructifère du ‘sous-ordre des
Agaricinées et spécialement du genre Aga-
ric ; par M. Montagne..…................ 18
HxrocwArazs. — Sur le principe et les cärac-
tères decomposition des doubles monstres
hypognathes, ct cas analogues; par
M. Geoffroy Saint-Hilaire .......
131
7%
767
cms.
875
Ice Juua, — Considérations sur la manière
dont s’est formée cettefle; par M. Arago.
Lettre de M. Constant Prevost à l’occasion
de la note précédente... ...., PAC ER
— Réponse de M. Arago à la lettre de M. C.
PrevOat: RME EE ae cire On Tee
Nouvelle lettre de M. C. Provost sur le
mode de formation de l’île Julia. .......
Remarques de M. Savary sur quelques
faits rapportés dans les lettres précé-
dentes et qui semblent peu compatibles
avec l'opinion admisepar M. Prevost surle
mode de formation de l’ile.............
IuprEssION. . — M. Saussay adresse un exem-
plaire d’un journal imprimé sur du calicot
auquel on n’avait fait subir aucune pré-
paration particulière........... bits 00
Spécimens d’impressions en plusieurs cou-
leurs, présentés par MM. Didot frères et
Gauchard.........t Déni
INDUSTRIE FRANÇAISE ( Produits de l'). — Ana-
lyse du rapport du jury central sur l’ex-
position des produits de l’industrie fran-
çaise en 1834; par M. Dupin, rapporteur
du jury.......
AnécaLirés LuNAIRES. — Notes sur les inégalités
à longues périodes ; par M. de Pontécou-
Jantes reree
Note sur les inégalités du mouvement de
la Lune autour de la da par M. Pois-
Sur les inégalités à Mes périodes du
mouvement lunaire, calculées par La-
place; Note de M. de Pontécoulant......
Note sur la théorie des inégalités lunaires;
par M. de Pontécoulant...:.........., :
— Voyez aussi au mot Lune. .
IxFUSOIREs. — M. de Humboldt annonce que
l'ouvrage de M. Ehrenberg sur cette classe
offrira les figures de 655 espèces...
InFusoiREs Fossiles, — Des carapaces sili-
ceuses d’infusoires fossiles composent en
grande partie la substance connue sous le
nom de bergmhel(farine de montagne) dont
JacinTHES BLANCHES injectées en rouge par l’ab-
sorption du suc de Phytolaca decandra;
Lamanrix. — Remarques sur les habitudes du
lamantin, pour appuyerle rapprochement
( 1019)
Pages,
753
430
280
418
les Lapons cnt essayé de se nourrir dans
les temps de famine. Lettre de M. Retzius,
communiquée par M. de Humboldt ......
Échantillons d’infusoires fossiles prove-
nant de Franzesbad, en Bohème, adressés
à l’Académie par M. Jacquin..
InuuwArioN. — M. Natus croit qu’en brûlant
les cadavres au lieu de les enterrer, on
préviendrait beaucoup d’épidémies.. , ....
InEcrion artificielle des fleurs par l’absorp-
tion d’un suc végétal ; Note de M. Biot.…..
Insectes nuisibles à La vigne. — Ouvrage de
M. Dunal sur ce sujet, mentionné par
M. À. de Saint-Hilaire ,............... .
Ixsocuszes (Composés). — Des réactions chi-
miques produites dans le contact des mé-
taux oxidables, de l’eau distillée et des
composés insolubles ; par M. Becquerel...
IxsTRUMENTS DE CHIRURGIE. — M. Blatin dépose
un paquet cacheté portant pour suscrip-
tion : Description d’un instrument appli-
cable à la médecine... GOT MIOT JE 0e
Instruments présentés par M. Colombat,
de l’Isère.........
Pinces tranchantes et ciseaux destinés à
aviver les bords calleux des fistules vésico-
Naginales nee e--na-t-ee-rse
Nouveaux instruments de re pré-
sentés par M. Charrière................
Scarificateur prostatique et ciseaux pour
enlever par l’urètre les tumeurs de la
prostate ; présenté par M. Leroy d’Étiolle.
INTÉGRATION. — Remarques sur l’intégration
des équations différentielles de la dyna-
mique; par M. Poisson,........,......
INTENSITÉ DES COURANTS ÉLECTRIQUES produits au
moyen de la pile; Mémoire de M. Pouillet.
InvariABiL1GE du grand axe de V’orbite des pla-
nètes ; Mémoire de M. Poisson. ........
— Remarques de M. de Pontécoulant sur ce
Mémoire.
Iopaz. — Nouveau composé obtenu par M. Ai-
me...
nn msossoreese
Communication de M Biot..,..........
2
établi entre cet animal et le Dinotherium ;
par M. Robert.........
Pages
293
342
824
471
Lawpes. — Rapport sur une lampe mécanique
présentée par M. Lory.....
— Nouvelle lampe de sûreté présentée par
M. Dumesnil..........
Laxcue. — Recherches sur le corps muqueux
de la langue dans l’homme et les mammi-
fères; par M. Flourens..,.,......s,..s..
LANTERNE. —Voir à Lampe.
Lecs. — Ordonnance royale autorisant les
Académies composant l’Institut royal de
France, celle des Inscriptions et Belles-
Lettres exceptée, à accepter le legs fait par
M. Ragueneau de la Chainaye pour la fon-
dation de plusieurs Prix annuels... ......
Jaéce. — Observations sur la nature et sur le
développement du liége; par M. Dutro-
Limaces. — Nouvelles observations sur ces ani-
maux et d’autres gastéropodes ; par M. Lau-
Lan. — Les toiles et bandelettes qui envelop-
pent les momies d'Égypte sont fabriquées
avec du lin et non avec.du coton, ainsi
que le prouve l'examen microscopique des
fibres composant le fil de ces toiles ; Note
deM. Dutrochet.....
— M. Larrey rappelle qu’il a déjà énoncé ce
fait dans sa relation chirurgicale de l'armée
d'Orient ......
— M. Costaz regarde aussi la chose comme
mise depuis long-temps hors de doute, et
cite, en preuve du grand usage qu’on fai-
sait du lin dans l’ancienne Égypte, les
peintures de certaines hypogées où l’on voit
( 1620. )
Pages.
60
g00
ag
557
48
295 Ë
739
742.
représentés les divers travaux relatifs à -
la culture et à la préparation du lin.....
— M.ZLarrey présente une bandelette déta-
chée d’un momie trouvée dans les cata-
combes de Thèbes, bandelette qui, à la
vue simple, est aisément reconnue pour
un tissu de lin et non de coton.....
Liquines. — Recherches sur leur maximum de
densité ; par M. Despretz...............
Lit MÉCANIQUE présenté par M. Drouin.......
Luruoteime. — Modification apportée au brise-
pierre pour certaines dispositions excep-
tionnelles des organes urinaires ; par
M. Leroy d'Étiolle......... bre
— Figure d’un étau pour l'opération de la li-
thotritie; par M. Jal........... sure
— M,Ségalasannonce quelques changements
Macmne n’épuisemEenr de M. Jagelli, destinée
principalementau desséchement des ma-
743
785
124
913
468
468
rais. M. le Ministre des travaux publics, de.
qu'il a fait subir à son Zthotriteur par
pression et par percussion. .....
Lumière. — Changements qu’éprouvent, de la
part de la lumière, les étoffes teintes avec
différentes matières colorantes; Recherches
de M. Chevreul sur la teinture.......4 et
Mémoire sur la tendance des végétaux à
se diriger vers la lumière, etsur leur ten-
dance à la fuir; par M. Dutrochet.....…..
Lune. — Notesur les inégalités lunaires , dites
inégalités à longues périodes; par M. de
Pontécoulant
Note sur un passage du Mémoire de
M. Poisson, concernant la théorie de la
Lune; par M. de Pontécoulant..........
— Sur les inégalités du mouvement de
la Lune autour de la Terre........,....
Note sur les inégalités à longues périodes,
du mouvement lunaire calculées par La-
place ; Note de M. de Pontécoulant.….....
Note sur un passage du mémoire deM. Pois-
son sur la théorie de la Lune; par M. de
Pontécoulant ....
Remarques sur l’invariabilité des grands
axes des orbites dans le mouvement des
planètes en général, et dans celui de la
Lune en particulier; par M. Poisson... ..
Note de M. Plana sur la page 126 du pre-
mier volume de sa Théorie de la Lune, ete.
Lettre de M. de Pontécoulant sur la théo-
rie des inégalités lunaires........
Note sur la page 533 du premier volume
de la Théorie de la Lune, de M: Plana; par
M. Plana..... Satan
Errata à un mémoire du même auteur sur
la Théorie de la Lune insérédans le n° 21
des Comptesrendus...... nc Fe
Lettre de M. de Pontécoulant à l’occasion
d’une note de M. Plana sur la théorie de
la Lune.x.......:2. HAE SRE ace See
— Théorie des inégalités lunaires ; par M. de
Pontécoulant..... A: are spa ee
Luxertes. — Note de M. Mandl sur une nou-
velle espèce de lunettes achromatiques ima-
-ginées par M. Littrow , de Vienne......
— M: Cappocci présente une lunettedialytique
qu’il vient de recevoir de Vienne.
Luxarions. — Mémoire sur la luxation en ar-
rière de l’extrémité supérieure du cubitus
sans déplacement du radius ; par M. Sé-
CAIN oo ce toute oaonodene hd 408
l'Agriculture et du Commerce invite l’Aca-
démie à lui transmettre le Rapport qui a
été fait sur cette machine...
292
{ zo21 )
Réponse à une note de M. À. Morin sur la
C. R. 1837. 127 Semestre. (T. IV.)
Sur une propriété attribuée par M.'de la
138
Pages, Pages
MACHINES. — Appareil destiné à mesurer à théorie des machines à vapeur et en par- |
chaque instant et à enregistrer la force des ticulier sur celle des locomotives; par
machines ; par M. Davaine.......... MEME Le) M delParibour 44 2e u ces. ae 703
Note de M. Poncelet sur la nouvelle édi- — Seconde notesurles machines à vapeur ;
tion de son Cours de mécanique appliqué par M. Arthur Morin.......... Mrecec 932
GC IMACHITESN SE). eee eee ele arlaatan. 214 | — Mémoiresur la théorie de la machine à va-
Paquet cacheté déposé par M. de Précorbin peur telle qu’elle a été exposée dans un
et portant pour suscription : Nouvelle ma- mémoire précédent sur le calcul des ma-
chine pyro-dynamique et nouvel appareil ky- chines à vapeur à haute pression; par
dro-dynamique......,..,......,.....,.. 556 Mel Pamboune2eeee eee Ce .. 936
Un journal scientifique publié aux États- — M. Delhomme demande à retirer deux Mé-
Unis annonce une découverte qui con- moires sur les machines à vapeur qu'il
sisterait dans l'application aux machines avait précédemment présentés. ........ + 978
de la puissance électro-magnétique ; M. Mo- — Voir aussi à Rondelles fusibles.
reau de Jonnès engage les membres de l’A- MaGnanentes. — Moyens de les préserver de:la
cadémie qui, par la nature de leurs études muscardine ; Lettre de M. le comte Barbo. - 592
ou par leursrelations avec l'Amérique, sont MAcxésie, — Du carbonate de magnésie trituré
à portée d’avoir de plus amples rensei- et mêlé en proportion déterminée avec de
gnements sur ce sujet, à en faire part à la chaux pure, forme unetrès bonne chaux
PA demie eee de Mails 897 hydraulique ; Note de M. Vicat......... S2
MACHINES À VAPEUR. — De soin . figure — Observations de M. Fuchs sur lerôle utile
d’une nouvelle machine à vapeur à rota- de la magnésie dans les chaux ou mortiers
tion immédiate; par le comte de Dundonald hydrauliques, rappelées par M. Dumas.. 54
(Lord Cochrane)............ ete On «. 159 Macériques (ArpAreiLs) présentés par M. Bil-
Observations sur cette machine ; par L ITS PONS ER ET RMOMENEE AC 502
M: Bramah....,........... "Ocean et 355 | Macnérisue TERRESTRE. — Influence des au-
De la résistance des machines locomotives rores boréales sur laiguille aimantée
en usage sur les chemins de fer; par même dans les lieux où elles ne sont pas
M: dePambour.......... SRE TOË DoBcc 0 CPV) visibles; Lettre de M de Humboldt à
Mémoire sur le calcul des machines à va- M. Arago... TA ES SMART te 26
peur à haute pression sans condensation ; — Note de M. Alard ayant pour titre: Dé-
par M. de Pambour....…. bre ALeL) 203 couverte concernant les effets magnétiques
Note sur une nouvelle invention concer- de l'aiguille de la boussole............. 63
nant les machines locomotives à vapeur ; — M: Forbes écrit à M.Arugo! que, de la dise
par M. Taurinus..................... NH cussion de ses observations d'intensité ma-
L'auteur demande à retirer cette note... 626 gnétique dans les Alpes et les Pyrénées,
Chaudières des machines à vapeur; moyen il résulte une diminution de0,001 par 3,000
de prévenir leur incrustation ; par M. Chair pieds anglais. — M. Boussingault de son
de Maurice... CRTC L one ER Ê 592 côté communique des observations faites
Mémoire sur NI théorie de la machine à à Bogota et au sommet de la montagne
vapeur, telle qu’elle a été indiquée dans le qui domine cette ville, observations qui
mémoire sur le calcul des machines à haute n’accusent aucune diminution...,....:. O3
pression; par M. de Pambour............ 64) — Observations de l'aiguille aimantée faites
Note sur la théorie des machines à vapeur en divers points des côtes de l'Amérique
et en partie sur celle des machines loco- du Sud pendant le voyage de la Bonite ;
motives; par M. À. Morin...... Doc DEAR . ibid. Lettrede M. Darondeau à M. Arago... . 18t
Note sur une-erreur qui se trouve (suivant — M. Morlet rappelle que deux mémoires
l'auteur de la note) dans les formules du sur la théorie du magnétisme qu'il avait
Traité des machines locomotives de M. de présentés n’ont pas encore été l’objet d’un
Pambour; par M. Champeaux la Boulaye. ibid. TADPOR NAN EN PE EE EL E ARA 431
Réponse à la note précédente de.M. Cham- — Lettre de M. Kuppfer à M. Arago, sur le
peaux la Boulaye; par M. de Pambour.:.. 856 décroissement observé dans l'intensité du
M. le Ministre des Travaux publics demande magnétisme terrestre , à mesure qu’on s’é-
si la Commission chargée d’examiner les lève sur les montagnes... ..... OC EPEE 955
questions relatives aux appareils de sûreté Macxéro-ÉLecrriQuEes (Courants). — Recher-
et spécialement aux rondelles fusibles, a ches sur les propriétés des courants ma-
terminé son travail. ............ 3." 650 gnéto-électriques ; par M. A. de la Rive... 835
MARRONIER
MECANIQUE ANIMALE.
( 1022 )
Pages.
Rive aux courants magnéto-électriques ;
”. Lettre de M. Peltier...............
* Observations de M. de la Rive surla lettre
de M. Peltier........... NL TEE Det
907
908
Maïs. — Comparaison du temps qui s'écoule
depuis le commencement de ]a végétation
jusqu’à la maturité de l’épi chez cette cé-
réale, entre les tropiques et dans les cli-
mats tempérés; Mémoire de M. Boussin-
MUL Éaare termes noe dHIoUboeuee vie 10
— Lettre de M. Brown accompagnant l’en-
voi fait par Jui d’un grand nombre de va-
TICLÉS\de mais
Marais (Desséchement des).—Voir au mot Dessé-
chement.
D'INDE. — Procédé pour extraire
des graines de cet arbre une fécule amila-
cée propre à l'alimentation; par M. Mot-
Mansicea. — Rapport de M. 4 #, Saint-Hilaire
sur un mémoire relatif à la structure, au
développement et aux organes généra-
teurs d’une espèce de Marsilea trouvée
par M. £E. Fabre, dans les environs
d'Agde... nent -rbertepenle 244
Rectification d’un passage du Rapportim-
primé concernant l’hubitat de la plante...
Marnéwariques chez les Indous. — Note sur
la partie géométrique des ouvrages hindous
de Brahmegupta et de Bhascara Acharya ;
par M. Chasles..................... © 96
Marunité du blé, du maïs, ete, —Le nombre %
jours qu’elle exige, à partir du commen-
cement de la végétation, este rapport in-
verse avec celui qui indique la tempéra-
ture moyenne de la saison dans le lieu où
l’on observe ; Mémoire de M. Boussingaull.
Mécanique. — Note sur la nouvelle édition du
Cours de mécanique appliquée auxmachines;
par M. Poncelet......................
— Indication de quel-
ques-uns des sujetstraités dans un ouvrage
de MM. Weber ayant pour titre : Recher-
ches mathématiques et physiologiques sur
le mécanisme des organes locomotifs de
l’homme ; Lettre de M. de Humboldt.…
a14
131
Mécanismes. —Voir au mot Appareils.
MÉLANGE EXPLOSIF proposé comme, pouyant
être substitué à la poudre de guerre; Note
de M. Treille. Rapport sur cette note.... 264
MERCURE. — Bichlorure de mercure. Recher-
ches sur la nature et les propriétés du
composé qu'il forme avec l’albumine ; par
M. Lassaigne. — Rapport sur ces recher-
Chen Eee ee sister
491
MEROTROPIE. — M. Golombat demande à re-
prendre un mémoiresur ce sujet qu’il avait
adressé pour un-Concours. Le concours
ayant été déjà jugé, aucune des pièces
présentées ne peut être rendue.........
Métaux oxtpABLES. — Des réactions chimiques
produites dans le contact des métaux oxi-
dables , de Veau distillce et des composés
insolubles ; Note de M. Becquerel......
MÉtéorEs LUMINEUX. —Sur un météore lumineux
observé, dans la nuit du 4 au 5 janvier: à
Cusset, près de Vicky, par M. Guiraudet ;
près de Vésoul, par M. Sallot; à Nieder-
bronn, par M. Khun. Extraits de lettres
adressées à M. Arago ..................
— M. de Paravey adresse quelques extraits
du voyage de M. Burnes, relatifs à des
météores lumineux, etc......
Méréororociques (OrservarioNs ). — Tableaux
des observations météorologiques faites au
quartier de Flacq(Ile Maurice) en novem-
bre et décembre 1836; par M. Desjardins.
— État météorologique du mois d’avril 1835,
comparé aux observations faites durant le
même mois à des époqués antérieures ;
par M. Arago ...... TO AN ER EUTe
— Même comparaison pour le mois de mai
1837; par M. Arago..................
— Sur la constitution météorologique du
mois d'avril 1839 dans le midi de la France;
Lettre de M. D’Hombres-Firmas.........
Mérnones. — Considérations sur la méthode
d'observation la plus propre à hâter les
progrès de l’histoire naturelle; par M. Jac-
quemin….…...... annee termes messe
Méravrares. — Note sur le carbo-méthylate de
baryte; par MM. Dumas et Péligot...
MÉTuyLÈNE. — Sur un nouveau composé de
méthylène, le bromhydrate; par M. Bon-
net...
Muicroscopzs, — Lettre de M. Ch. Chevalier
sur un microscope composé, à faible gros-
sissement, et propre à être appliqué à la
camera lucida . ..
— Microscope disposé de manière à éclai-
rer successivement de plusieurs côtés un
même objet sans le faire sortir du champ
de la vision ; présenté par MM. Trécourt
et Oberhæuser . . . . . . .. . . .. ...
Micrarions. — Vues générales sur la configu-
ration du globe et sur les anciennes mi-
grations des peuples ; par M. Dureau de la
Malle. .
Micreux RÉSISTANTS. — Influence de la roEaia
des mobiles sur leur mouvement de transla-
tion dans des milieux résistants ; Mémoire
de M.Piobert...... uses.
Mnérazes ( Eaux). — Rapport verbal sur un
ouvyrage de M. Petit, relatif à la guérison
des ealculs urinaires au moyen des eaux de
Vichy ; par M. Robiquet. . .:,:. 120
nn.
Pages.
593
824
872
623
659
822
883
255
433
29r
182
250
557
— Recherches sur les eaux minérales des Py-
rénées ; par M. Fontan. ., - . . . . ..
MinErALES ( SupsrAncEs ) employées comme
aliment. — Lettre de M. Retzius . . . ..
— Note de M: Biot.…. "10 Me
— Lettre de M. Vallot .. .. . . .. +...
Minéraux. — Mémoire sur les caractères op-
tiques des minéraux; par M. Babinet.....
Minéraux (formation artificielle des). — Pro-
ductions siliceuses et calcaires obtenues
par des actions lentes; par M. Cagniard-
Latour ee A el eau este Jet
Note sur la formation artificielle du corin-
don ; par M. Gaudin. ........., Ë
Analyse des produits ainsi obtenus ; par
M. Malaguti. ...... VRAIS, ne
Minéraux formés artificiellement par l’ac-
tion de forces électriques ; Lettre de
M. Cross à M. Becquerel........:.....
Muixes. — Découverte de mines de cuivre dans
le nord-ouest des États-Unis, territoire
de Wisconsin ; Note de M. Warden ...…
Statistique des mines et minières de France,
par département (Production et consom-
mation annuelle des /ers); par M. Boyer...
Mémoire sur la ventilation des mines , et
sur le mouvement de l'air danses conduites;
par M. Combes.......... icHoadauc
Moices. — Influence de la rotation des mo-
biles sur leur mouvement de translation dans
les milieux résistants; Mémoire de M. Pio-
DENLE SA ER male ntetiste
Mozécuraire (Mouvemenr).— Recherches sur le
mouvement moléculaire des solides; par
M. Paoli... caca
Mowes. — Note sur la substance végétale qui
a servi à la fabrication des toiles qui enve-
loppent les momies d'Égypte ; par M. Du-
AT EE bob de de LOUE LOMME or de,
M. Larrey annonce avoir reconnu depuis
long-temps et indiqué dans sa Relation
chirurgicale de l’armée d'Orient, que c’est
avec du lin, et non du coton, que sont fa-
briquées ces toiles... ... sn e
M. Costaz cite à l'appui de cetteassertion et
comme preuve du grand usage qu’on fai-
sait du lin dans l’ancienne Égypte, des
peintures d'hypogées où l’on voit repré-
sentées les différentes opérations rela-
tives à la culture du lin et à sa prépa-
ration....... 50 Ho one
M: Larrey présente une bandelette prove-
nant d’une momie des catacombes de
Thèbes ; bandelette qu'on peut recon-
naître, à la vue simple, comme tissue de
ln et non de coton.........,.....:.... :
Monstres. — M. Geoffroy Saint-Hilaire pré-
sente le dessin d’un monstre humain & trois
( 1023 )
Pages
293
301
590
758
956
999.
999
882
200
198
200
739
ES]
=
LES]
785
têtes, offert à l’Académie par M Galvagny,
de Catane... : ect ere
Mémoire sur le principe et les caractères
de composition dés doubles monstres 4y-
pognathes , et cas analogues ; par M. Geof-
Jroy Saint-Hilaire. ......,.... Hit DOTE
MoxsrnuositEs. — Voir au mot Monstres.
Moxracxes. — Éboulement d'une portion de
montagne dans la vallée de l’Hudson ; Note
deNE War den Me MR AT IEEE
Moxre Nuovo. — Documents relatifs à l'appa-
rition de cette montagne. (Rapport de
M. Arago sur un mémoire imprimé de
M. Cappocci relatif au phénomène connu
de l’érosion des colonnes du temple de
Sérapis, à Pouzzol. ) . . . : .......
Morraziré. — Recherches sur les lois de la po-
pulation et de la mortalité en France; par
M. Demonferrand ...............
M. Demonferrand demande qne deux mé-
moires concernant les Lois de la population
et de la mortalité en France, qu’il avait
précédemment présentés à l’Académie,
soient admis à concourir pour le Prix
CORNE CHE Mode eine MU
Monrs. — L'Académie recoit l'annonce de Ja
mort de M. Môlard . .... .... ...
Monrs APPARENTES.— L'Académie est autorisée
à accepter l'offre faite par M. Manni d’une
somme de 1500 f. qui sera décernée en Prix
à l’auteur du meilleur traité sur la ques-
tion des morts apparentes... .... cé 0
Moxeurs. — Note sur un nouveau moteur
hydraulique qui peut agir, même étant
complétement submergé; par M. Tissot.
Notice sur un nouveau moteur; par
M. Ranson
M. Ador demande que l’Académie charge
une commission d'assister aux expé-
riences qu'il doit faire avec un appareil
dans lequel il fait usage d’un nouveau
MOULE ete ete Ph selles
MOuvEMENT MOLÉCULAIRE. — Recherches sur le
mouvement moléculaire des solides; par
M. Paoli........,
MouvemenT PERPÉTUEL. — Lettre de M. Pascal.
Mucus. — Recherches sur la nature des mu-
cus et des divers écoulements produits
par les organes génito-urinaires de homme
et de la femme, etc.; par M. Donné. ....
— Rapport verbal de M. Turpin sur ce mé-
MOITE Rene vas dates ee Me ne DE
Nouvelles recherches sur les ‘animalcules
spermatiques, sur quelques-unes des causes
de la stérilité chez la femme, etc. ; par
M. Donné...... ...... SR eemeiele ns ee
Muaueux (Corps). — Recherches sur le corps
muqueux de Ja langue dans l’homme et les
138.,
Pages
218
695
586
623
650
g12
200
343
464
585
‘
795
mammifères ; par M. Flourens...........
Muriates. — Note sur un nouveau caustique
(le muriate acide d’or); par M. À. Le-
grand...
Muscarnixe.—Moyens d’en préserver les magna-
ee lelele le rioiete ete ensorrcee.e. ee
Navires. — M. Grimaud annonce avoir inventé
un appareil au moyen duquel le vent, de
quelque point du compas qu’il vienne,
sert à faire marcher un navire dans la di-
rection qu’on désire............ 522 5000
M. Périssot écrit qu’il a inventé un cadran
solaire dont on peut faire usage, même à
bord des navires........,.,........
NEIGE. — Il est rare d’en voir en Grêce dans
les plaines basses. — Les hautes mon-
tagnes de ce pays n’ont point de neiges per-
pétuelles. (Note de M. Peytier sur le climat
de la Grèce.) .
NervEux (SysTÈME). — Traité des maladies
du système nerveux cérébro - spinal; par
M. Tanquerel-Desplanches........ .
Nricuerries. — Observations sur la végétation
de ces montagnes, par M. Perrotet.....,
NiTRO-ÉTBÉRE (Gaz ). —Lettre de M. Chevallier
relativement à la question de priorité sou-
levée entre lui et M. Delian, pour la con-
densation du gaz nitro-éthéré dans la fa-
brication du fulminate de mercure........
Niveau. — Changement de niveau entre les eaux
de la Baltique et les rivages qu'elles bai-
( 1024 )
Pages.
415
22
913
gnent; documents relatifs aux change-.
ments survenus depuis les temps histori-
ques dans la-partie de ces côtes qui corres-
pond à la Prusse. (Notice de M. Domeyko,
communiquée par M. Élie de Beaumont.)
Calcul des différences de niveau par les
distances zénithales ohservées récipro-
quement aux points de station d’un ré-
OEurs. — OEufs fossiles de plusieurs espèces
de. polypes, empâtés dans certains silex
translucides; Observations sur ce sujet
par M. Turpin.…...............,. 310 €
Oprique. — Mémoires d'optique minéralogique;
par M. Babinet...... esse er
Mémoire du même auteur sur les carac-
tères optiques. des minéraux. .— Phéno-
mènes relatifs à l’absorption de la lumière
sans polarisation, à l’absorption avec
polarisation, aa dichroïsme ; phénomènes
qui présentent de l’analogie avec les phé-
t 351
538
neries ; Lettre de M. le comte Barbo
Myriarones. — Sur les changements que su-
bissentavec l’âge certains myriapodes de la
famille des Scolopendres ; Lettre de M.Ger-
seau - de triangles; utilité des mesures
barométriques et thermométriques dans ces
calculs ; Note de M. Puissant.....
Nominations de nouveaux membres et corres-
pondants de l’Académie. -- Voyez Élections.
— De Commissions pour les prir ou pour des
Rapports demandés par le Gouvernement.
Voyez Commissions spéciales.
Nomination de membres adjoints à des Con
missions déjà existantes. — M. Élie de
Beaumont est nommé membre de la Com-
mission pour le prix de Statistique, en rem-
placement de M. Girard. .... ASS E ce
M. Séguier est adjoint à la Commission
chargée de faire un rapport sur un mé-
moire de M. Vallery , relatif à la conser-
vation des grains..s.........-.)
M. Séguier remplace M. Biot dans la Com-
mission chargée de faire un rapport sur
les mémoires de M. de Pambour ........
M. Coriolis est adjoint à la Commission
chargée de l'examen des mémoires pré-
sentés par différents auteurs, relativement
à la théorie des machines à vapeur.
M Savary est nommé membre de la Com-
mission chargée de rédiger les Instruc-
tions pour le voyage de l’Astrolabe et de
la Zélée,, en remplacement de M. Arago
qui se retire de la Commission.........
Nuaces. — Hauteur des nuages dans les Pyré-
nées ; Note de M. Peytier...............
Nurrimion. — Recherches sur la nutrition; par
M, Ritgen........s.....ossnestssnsses
nomènes de réseaux et de couronnes ; as-
térie et phénomènes analogues, polari-
sation. chromatique et. application à la
minéralogie..................s...e.
Mémoiresur la double réfractioncirculaire;
par M. Babinet. …
Réclamation.de M. Biot, à l’occasion d’un
passage de ce Mémoire..........
Or. — Rapport sur un mémoire de.M. 4. re
grand, concernant l'emploi de L'or dans le
traitement des scrofules ..,....,.........
— Note sur un nouveau caustique (le mu-
Pages.
592
=
=
856
32u
riate acide d’or); par M. A. Legrand...
Or name. — Analyse de plusieurs échantillons
d’or natif de la Nouvelle-Grenade; par
M. Boussingault...............
Oraces. — Ne sont pas fréquents en Grèce; ils
ont lieu surtout vers l'entrée de l'hiver.
(Note de M. Peytier sur le climat de la
Grècel).2 ne
Onvites DES PLANèTES. — Voir au mot Planètes.
Oncmp£es. — Note sur les Scitaminées, les
Cannées et les Orchidées; par M. Lesti-
boudois ........... D do doc cote nou
Mémoires sur deux nouvelles espèces du
genre Oncidium de la famille des Orchi-
( 1025 )
Pages.
44
950
23
335
dées , etc. ; par M. Mutel........ 623 et 766
OrGanisés (Corrs).— Études microscopiques
des différents corps organisés ou inorga-
niques qui peuvent accidentellement se
trouver enveloppés dans la pâte translu-
cide des silex ; par M. Turpin.... 304 et
OrGANOGÉME. — M. Chatin annonce qu'il a
reconnu que le développement des végé-
taux se fait sous l'influence de deux lois
découvertes, pour ce qui a rapport au dé-
veloppementdes animaux, par MM. Serres
et Geoffroy Saint-Hilaire, et sous celle
d’une troisième loi qu’il nomme loi de for-
mation centrifuge « . . +...
Sur les lois de formation des végétaux ;
Lettre de. M. Moquin-Tandon à M. Isid.
Geoffroy Saint-Hilaire. . .
Onocrapmie. — Voyez Géologie.
Os. — Mémoire sur la régénération des os ;
par M. Heyne ë À
Oscizrarions. —Mémoire sur les oscillations
de l’eau dans les tuyaux de conduite ; par
M: de Caligny , 1*© partie
OsseMENTs FOssILEs. — Mémoire sur le Sivathe-
rium de l'Hymalaïa; par M. Geoffroy
Saint-Hilaire. . . . . . - . . .
Note sur le Chameau fossile et sur le Siva-
therium des Sous-Hymalaïa méridionaux ;
par M. de Blainville .
Note sur les ossements fossiles des ter-
rains tertiaires de Simorre , de San-
san etc., dans le département du Gers,
et sur la découverte récente d’une mâ-
Pas. — M. Armand Duval demande que l’Aca-
démie se fasse rendre compte d’une note
qu'il lui a adressée sur la nécessité de dé-
terminer le degré de cuisson que doit avoir
le pain pour devenir un aliment salubre.
Parier TIMBRE. — M. le Ministre des Finances
prie l'Académie de presser les travaux de
35r
1001
te VoUir3
DUET-2 0 65etu166
298
choire de singe fossile ; par M. Lartet….
Nouveaux détails sur cette mâchoire de
singe qui parait provenir d’une espèce
voisine des Gibbons . . . .
Proposition faite par M. Arago, relative-
ment aux moyens que pourrait prendre
l’Académie pour encourager les recher-
ches de M. Lartet. — Même proposition
faite par MM. de Blainville et Cordier...
— Lettre de MM. Fabreguette et Caporal, sur
des ossements humains présumés fossiles,
qui ont été trouvés dans l’ile de Crète.
Le bloc contenant ces os est mis sous les
yeux de l'Académie . . . . .
Os fossiles d'animaux gigantesques U ou-
vés dans la Louisiane et dans le Poitou;
Lettre de M. Rivière. . . - . . . . . . . .
Sur les ossements fossiles attribués au preé-
tendu géant Teutobochus ; par M. de Blain-
ville ..
M. Lartet annonce l’enyoi des principaux
fossiles signalés dans deux notes qu’il avait
précédemment adressées à l’Académie.
: Nouveau gisement d’os fossiles découvert
dans la commune de Sauveterre (Arriége),
LIU EN CT EE TOR Men date
{Voir aussi au mot Dinotherium.)
Ossirication. — Recherches sur la marche de
l’ossification dans le sternum des oiseaux ;
par M. L'Herminier. — Rapport sur ce
mémoire . + : . ... ..
Osrrea BEauuonrir, par M. Rivière... .......
Oxmmariox. — Note sur un moyen de préserver
le fer de l’oxidation, déposée sous enve-
loppe cachetée ; par M. Sorel. . . . . :.
Sur la demande de M. Sorel, on ouvre
le G mars la boîte qu’il avait adressée le
23 janvier précédent, et où se trouvaient,
enveloppés dans des linges mouillés , des
échantillons de fer qui devaient échap-
per à l'oxidation
Recherches sur les oxidations locales et
tuberculeuses du fer ; par M. Payen.—Rap-
port sur ce mémoire..................
OzokÉRITE où cire fossile. — Recherches sur
cette substance ; par M. Malaguti. —Rap-
port sur cedravail..0"0 "20-00-00.
la Commission qui a été chargée de s'oc-
cuper des moyens de prévenir le blan-
chfment frauduleux du papier timbré.
— La Commission annonce que ce rap-
port est prêt et qu'il sera lu dans la pro-
chaine séance . .
— Cerapport est lu à la séance du 6 février.
Pages.
85
585
796
978
359
190
4ro
180
ibid .
rÉ9.
— Il est inséré dans le Compte rendu de la
séance du 13 février. . . . ... .....
Paris DE SURETÉ.
M. Coulier demande que la Commission
qni a fait le rapport sur le moyen de pré-
venir le blanchiment frauduleux des pa-
piers timbrés se prononce aussi sur la
question des papiers dits de sûreté...
Rapportde la Commission chargée, d’après
la demande de M. le Ministre des Finances,
de s’occuper de la question des papiers
de sûreté; lu à la séance du 6 mars...
Insertion de ce rapport dans le Compte
Composition d’un papier destiné à rendre
manifestes les tentatives de falsification
d’écritures; par M: Chevallier (déposé sous
enveloppe cachetée)....:........,.....
M. Coulier réclame la priorité d’invention
pour un procédé qui, dans le Rapport sur
les papiers de sûreté , est attribué à
M. É. Grimpé................ DE AGO
MM. Engelmann adressent des échantil-
lons d'un papier desüreté qu’ils fabriquent
dans leur établissement lithographique de
Mulhouse , et qui semble différer peu de
celui dont la Commission des papiers de
sûreté arécemment recommandé l'emploi.
Papiers couverts d’une vignette en encre dé-
lébile, présentés par M. Debraine. ..…....
(Voir aussi le Rapport sur les moyens de
piévenir le blanchiment du vieux papier
timbré.)
PAPIERS FOUR BILLETS DE BANQUE.—M. D'Homer-
gue adresse un échantillon du papier qu’il
fabrique pour la Banque dePhiladelphie.
Paquers CACHETÉS adressés par MM. :
Junod. — (Séance du 2 janvier)... .....
Sorel. — Moyens de préserver le fer d’oxi-
dation. — (23 janvier)... … EEE
Blatin. — Instrument applicable à la mé-
decine. — (30 janvier). ........... D
Arnalet Ducommun. —(27 février)... :
Chévallier. — Falsification des écritures.
—i(27imers) Ne CRE Ado
Gannal. — Travail relatif à l’alimen-
tation. © (Ibid) ....,........,.......
de Précorbin. — Machine pyrodynami-
que , ete. — (15 avril)............ .
Maissiat. —(3 mai). ........ Déie EN U
Beau. — (Ibid. ).......... Houtaon ati
© Maissiat. (8mai)..............…. “Lin
Lassaigne. — Sur quelques composés du
Jluor. (ra juin). .....
Longchamp.-(26-juin)............... der
— Sur la démande de MM. Cayniard Latour
( 1026 )
Pages.
532
450
30
133
184
342
471
ibid.
556
656
ibid.
za
913
1003
Pages.
et Demonferrand, on fait l'ouverture d’un
paquet cacheté, précédemment déposé, et
qui contient la description d’un prro-
mètre acoustique. — (Séance du a janvier.}
ParuéciQue (CercLE). — Explication de ce phé-
nomène; par M. Babinet..
Paris. — Idées sur les travaux d'assainissement
à exécuter dans cette ville;par M. Guidon.
PaTINS-NAGEOIES présentés par M. Delaiour..
Peau. — M. Serres d'Alais demande que son
ouvrage sur le traitement abortif des in-
flammations de la peau soit admis au con-
cours pour le Prix de médecine. .
Pertes séwinares. — Recherches sur les pertes
séminales involontaires, sur la présence du
sperme dans urine, etc.; par M. Donné.
PenTes UTÉRINES. — Instrument destiné à ar-
rêter les pertes utérines; par M. Baude-
locqaetr tent SAC ob PME
PESON CHRONOMÉTRIQUE. — Appareil destiné à
mesurer les effetsidynamiques des machines
en mouvement ; présenté par M. Cagniard-
Latour.......... Sete sun... 899et
Pesre. —Recherchessurla peste; par M. Boyer,
médecin au Caire... cena s
Mémoire sur la peste observée en Égypte,
à Abou-Zabel, pendant l’épidémie de 1835;
par M. Perron... ..…. eos ehae diese sicele
Lettre de M. Clot à M. Chervin sur la con-
tagion de la peste... .. ceneoronnne nes
M. Texier commence la lecture d’un mé-
moire sur la question de la contagion de la
pesteen Orient....,.... Atahale
Observations sur la contagion de la peste
623
623
999
en Orient ; par M. Ch. Texier. .........., c97
Pnoxariox. — Voir au mot Voix,
Puospnore. — Théorie de divers composés du
phosphore; par M. Robin..,......... …
Paysiorocre. — De la nécessité d’embrasser
dans une pensée unitaire les manifesta-
tions dela psychologieet de la physiologie;
par M. Geoffroy Saint-Hilaire... ........
PixNOGRAPHE. — Instrument destiné à noter les
sons du langage et les tons musicaux;
proposé par M. Dujardin, de Lille. 678 et
Prens-rors. — Mémoire sur la section du tendon
d'Achille, comme moyen euratif des pieds-
\
bots; par M. Duval. ..... dn0ade 2050 É
Pix voLrAÏQuE. — Mémoire sur la pile voltaï-
que et sur la loi générale de l'intensité que
prennent les courants , soit qu’ils provien-
nent d'un seul élément, soit qu’ils pro-
viennent d’une pile à grande ou à petite
tension; par M. Poxillet..
Pizes ÉLECTRIQUES. — Recherches expérimen-
tales sur les différents phénomènes! qui
concourent à l'effet général des piles élec-
triques; par M. Peltier......
97
259
1003
1007
267
64
— Description et usage de la balance élec-
trique et de la pile à courants constants;
pan M:}Becquereli.1.244% 2, 40e cute
PLanètes. — M. Strauss examine comment on
pourrait vérifier l'hypothèse suivant la-
quelle Les quatre petites planètes se-
raient des fragments d’une planète uni-
que qui aurait existé entre Mars et Jupi-
ter... Vue uns sesess css nesrenrent
Sur Vinvariabilité des grands axes des or-
bites, dans le mouvement des planètes
en général, et dans celui de la Lune en par-
ticulier; par M. Poisson...
Remarques sur la note précédente; par
M. de Pontécoulant....,,,.............
Prans. — Description d’un nouvel instrument
pour la levée des plans ; par M. Ferrer, .….
PLAQUES FUSIBLES. — La Société industrielle de
Mulhouse adresse à l'Académie un rapport
qui lui a été fait sur les plaques fusibles.
PLure. — Nombre de jours de pluie à Athènes
dans le cours d’une année, — I] paraît
pleuvoir plus souvent en Morée que dans
V'Attique; note de M. Peytier sur le cli-
mafide la Grèce. CPAM EE. .
Comparaison, sous le rapport du rombre
de jours de pluie et de la quantité d'eau
tombée, entre le mois d'avril 1835 et le
même mois dans les années précédentes;
Par ANGES Ace eee pie
Même comparaison pour le mois de
mai dans l’année 1837 et dans les an-
nées antérieures ; par M. Arago ...
Pois ET MESURES. — Etablissement d’un nou-
veau système de poids et mesures dans la
Nouvelle-Grenade; Lettre du président de
la République, M. Santander, à M. Arago.
Pozcen. — M. de Humboldt rappelle que
M. Gôppert est le premier qui ait fait con-
naître du pollen pétrifié................
Pozvres. — Etude microscopique de la Crista-
tella mucedo , espèce de polype d’eau
douce; par M. Turpin....... .. .
Poumes DE TERRE. — Comparaison du cn né-
cessaire pour leur plein développement, entre
les tropiques et dans les climats tempérés :
Mémoire de M. Boussingault.....,...,.
— Sur’analyse de l’huile essentielle de pom-
mes de terre; par M. Cahours....,....,.
Powrgs, — Description et figure d’une pompe
à incendies à levier vertical ; par M. Co-
does ee PAR PRE
— M.Bougranddemande qu’une Commission
soit chargée de faire un rapport à l'Acadé-
mie sur une pompe qu’il a construite...
Porucarion. —Mouvement de la population en
France; lettre de M. Demonferrand., ...
— Recherches sur les Lois de la population
( 1027 )
Pages.
471
21
659
551
626
526
Pages
et de la mortalité en France ; par le
M. Demonferrand demande que deux mé-
moires sur les Lois de la population et de
la mortalité en France, qu’il avait précé-
demment présentés à l’Académie, soient
admis à concourir pour le Prix de statis-
tique #20 pitt (een tee seat a scie
Relevé des centenaires décédés en 1835,
présenté par M. Moreau de Jonnès, .....
Porcezuox. — Sur une espèce de porcellion
provenant de l'ile de Cuba; par M. Gué-
Tim...
Pocore À canox. — Note de M. Treille sur un
mélange explosif proposé comme propre à
remplacer la poudre de guerre, —Rapport
sur cette note...... Séseenssnsere casse
Pouzres. — Note sur le poulpe de l’Arsonaute ;
par M. Rang............. “moe scue
— Rapport sur cette Note....,.,...,.....
Porzs. — Différents mouvements de dilatation,
de locomotion et de succussion qui s’ob-
servent dans les artères, mouvements qui
résultent , d’une part, de l'impulsion com-
muniquée au sang quiremplit ces vaisseaux
par les contractions du ventricule gauche
du cœur, et de l’autre de l’élasticité de leurs
parois; Mémoire de M. Flourens.......
Pouzzoz. — Changements survenus dans le ni-
veau de cette côte et de la mer qui la bai-
gne. Rapport de M. Arago sur un ouvrage
de M. Cappoci relatif au phénomène connu
de l'érosion des colonnes du temple de Séra-
pisutie ss...
Pnésinence de l'Académie. — M. Becquerel est
élu vice-président pour l’année 1837;
M. Magendie, vice-président pendant l'an-
née précédente, passe aux fonctions de
président.......
Pression. — Note sur la pression à laquelle
l'air contenu dans la trachée-artère est sou-
mis pendant l'acte de la phonation ; par
M. Cagniard-Latour.........,.........
PRESSION ATMOSPHÉRIQUE. — D'après les expé-
riences de MM. Weber, cette pression pa-
raît être la principale des causes qui con-
courent à maintenir la tête du fémur dans
sa cavité articulaire.................,..
Principes de philosophie zoologique ; application
du principe de soi pour soi au battement des
artères ; Note de M. Geoffroy St-Hilaire..
PRINCIPES CONSTITUANTS des matières organiques.
— Nouvelle méthode d'analyse pour l’évalua-
tion de ces principes; par M. Persos...
Prix. — Commission chargée de proposer une
questionpour le prix de mathématiques qui
sera décerné en 1838 ....
698
103
750
201
131
123
888
M! Dumas lit, au nom de la Commission
du prix relatif aux moyens de rendre un
art ou un métier moins insalubre, un Rap-
port sur les différentes pièces adressées
peur ee Concours............... HE
— M, Poisson lit, au nom d’une Commis-
sion, le programme du’prix des sciences ma-
thématiques qui sera proposé dans la pro-
chaine séance publique. .......
Prix VOLxEy.— M. Brière, qui a partagé le prix
Volney, adresse quelques réflexions sur le
rapport de la Commission.chargée de dé-
cerner le prix......... : G
Psopnose ou Production des sons, considérée FA
tout le règne animal; Mémoire adressé
pour le concours au grand prix des sciences
POYSIQUES Eee cie menreheles
Psycnozocre. — De ses étroits rapports avec
la physiologie; mémoire de M. Geoffroy
out: Uiidiaomabnanbadc ont.
Puits DE MINES. — M. de Moncey annonce la
formation d'une entreprise industrielle
dans laquelle on aura à creuser un puits
très profond et offre de faire les expé-
riences et observations pour lesquelles ce
QUADRATURE Du CERCLE. — Lettre de M. Fasre.
Lettres de MM. Crosnier , Moulin afné,
GNT sponrÉoudioov dos sebss oo ad
Lettres de M. Pasini et de M. Caunes des
ÂAulnois. ...
ES HUMAINES. — Sur une race à peau blan-
che, yeux bleus et cheveux blonds qu’on
trouve dans J’Atlas ; Lettre de M. Guyon.
— Observation du une fait par M. Arago.
Études anatomiques de tétes ayant appar-
tenu à des individus de races humaines
diverses ; par M. Dubreuil. — Rapport sur
celtravaile CEA C EEE CR CE :
Sur la position du trou auriculaire chez
les habitants anciens et modernes de la
Haute - Égypte; par M. Dureau de la
Malle
Racines des équations algébriques, —Recherches
sur une détermination approchée de ces ra-
cines; par M. Libri.............
Lettre de M. Borchart sur une méthode
inventée dans le même but ; par M. H.
Wronski
Méthodes pour la Bolition générale des
équations fondées sur les lois de conver-
AG
( 1028 )
Pages.
637
637
802
365
575
580
168
202
travail offrirait une occasion favorable...
Puits FORÉSs. — Température du puits artésien
que la ville de Paris fait creuser à l’abat-
toir de Grenelle ; Note de M. Arago...
— Température du puits foré de Grenelle
à une profondeur de 400 mètres; Note de
M. Walferdin. .....
PyroscAapnes. — Mémoire sur la construction
des pyroscaphes ; par M. Hauy.........
Pus. — Sur les moyens de découvrir le pus
dans le sang ; Note de M. Mandl........
Pyro-cirrique (Esprir). — M: Robiquet pré-
sente un flacon de cette liqueur, qu'il
considère comme offrant de grandes ana-
logies avec l’acétone.......
Pyromèrnes. — Description et usages du prro-
mètre acoustique , instrument proposé par
MM. Cagniard-Latour et Demonferrand..
M. Borchart réclame, en faveur de
M. Hoëné Wronski, la priorité d’inven-
tion du prromètre à air 4
Détermination des basses températures au
moyen du pyromètre à air, du pyromètre
magnétique et du thermomètre à l'alcool;
par M PGIEt Cr -eeetee-ee certe
Quaprumanrs. — Rapport sur la découverte
d’ossements fossiles de quadrumanes dans
leterrain tertiaire de Sansan, près d’Auch,
découverte due à M. Lartet......... du
— (Voir aussi au mot Singes.)
gence des séries qui représentent les ra-
cines ; Lettre de M. Cauchy à M. Co-
riolis .........
Nouvelle lettre sur le même sujet adressée
par M. Cauchy à M. Libri....... vo à
Lettres de M. Cauchy sur un mémoire pu-
blié par lui en juin 1833 et relatif aux
racines des équations simultanées. ........
Note de MM. Sturm et Liouville sur le
théorème de M. Cauchy, relatif aux ra-
cines des équations simultanées. :......,
Sur la détermination complète de toutes les
racines des équations de degré quelconque ;
Lettres de M. Cauchy...
RACINES NUMÉRIQUES des équations. — Modifica-
tion à la méthode employée pour extraire
ces racines; proposée par M. ZecchiniLeo-
R£rnacrion (Dousze). — Mémoire sur la double
réfraction circulaire ; par M. Babinet....
Pages.
98
783
513
98r
216
362
672
720
773 et 805
96r
906
— Remarques de M. Biot à l’occasion d’un
passage de ce mémoire, dans lequel il
lui paraît qu’on n’a pas assez bien pré-
cisé la part respective qu'ont eue à cette
découverte M. Arago et lui........ num.
M. Arago adhère à cette réclamation et
ajoute que, s’il eût assisté à la séance
dans laquelle le mémoire a été présenté,
il aurait provoqué lui-même la rectifica-
tion demandée par M. Biot............
RÉFRIGÉRANT ( APPAREIL ). — Voyez Rigocéphale.
Rexarp. — Notice sur un renard à longues
oreilles apporté d’Alger en 1836, et dé-
posé au Muséum d'histoire naturelle en
avril 1837; par M. Bodichon.
Résine. — Examen des produits provenant
du traitement de la résine pour la fabri-
cation du gaz d'éclairage ; par MM. Pelle-
tier et Walter................... en
R£sisTANCE des machines locomotives. — Voyez
Machines à vapeur.
RéTINNAPTHE, RÉTINOLE, et RÉTINYLE. — Pro-
duits obtenus de la résine dans la fabrica-
tion du gaz d'éclairage. — Mémoire de
MM. Pelletier et Walter..............
RérrécissemEenTs de l’urêtre (Mémoire sur les);
par M. Civiale.............. AAA AE EEE
Ricocépax, — Appareil réfrigérant proposé
Sauve. —: Recherches sur la salive; par
M. Donné. — Rapport verbal sur ces re-
eherches; par M. Dumas. ......... 23008
Sanc. — Sur les moyens de découvrir le pus
dans le sang; Note de M. Mandl. .......
SARDAIGNE ( Flore de); par M. Moris, profes-
seur à l’Université de Turin. M. de Jus-
sieu présente le 1°7 volume au nom de
l’auteur et donne une idée de l’ensemble
de l'ouvrage... ..:2. na cale ee ete ele eçate
SAUYETAGE., — Mémoires sur plusieurs nou-
veaux appareils de sauvetage; par M. Con-
Au OO OO 10
Savon. — Note sur un savon fabriqué à froid
par l'intervention du chlorure de chaur ;
par M. Groves. .... dec bA bd Le Congo
ScmsTes BITUMINEUx.—Note sur l’Auile des schis-
tes bitumineux et sur quelques/produits
qu’on en obtient; par M. A. Laurent...
-- Emploi de l’huile extraite des schistes bi-
tumineux pour la fabrication du gaz d'é-
clairage.; Lettre de M. Selligues. . :.:....
Scxcoïnes. —Rapport sur un travail de M. Coc-
teau, ayant pour titre : Tabulæ synopticcæ
Scincoïdorum. "1,00, 40. .
CR. 1835. 127 Semestre. (T. IV.)
( 1029 )
Pages.
917
919
649
898
899
793
43
279
889
522
65
909
pour le traitement de certaines affections
cérébrales; par M. Blatin.
— Rapport sur cet appareil............ QE
Ru. — Sur le régime que suivent en Chine les
hommes qui cultivent le riz, régime qui
paraît contribuer à les préserver des ma-
ladies auxquelles sont sujets les hommes
qui en Europe se livrent à de sem-
blables travaux. Lettres de MM. Stanislas
Julien et Voisin. ....... 152
RonvELLes FusBLES.—Voyez Machines à vapeur.
RorariON ( Mouvement de). — Influence de, la
rotation des mobiles sur leur mouvement
de translation dans les milieux résistants ;
Mémoire de M. Piobert...,...........
Rorezune. — Note sur le développement de ce
genre d’infusoires; par M. Serres........
RormirÈèrEes. — Observations sur la structure de
l'organe rotatoire des Rotifères; par M. Du-
trochet........ Re: Hovoo codoen
Roues. — M. Grimaud annonce qu’il a inventé
une roue au moyen de laquelle le vent,
de quelque côté qu’il vienne, est utilisé
pour faire marcher un navire dans une
direction donnée........ De 20e à LR
Roms formés artificiellement ; par M. Gaudin.
— Analyse de ces rubis artificiels; par
M. Malaguti...,....... RD o
ScrramiNées. — Note sur les scitaminées , les
cannées et les orchidées ; par M. Lesti-
boudois............ Sa
ScRorULEs. — Rapport sur un mémoire de
M. Legrand, concernant l'emploi de l’or
dans le traitement des scrofules..... ...
SECTIONS DE L'ACADÉMIE. à
La section de Botanique propose de déclarer
qu’il y a lieu d’élire à la place devenue va-
cante dans son sein par le décès de M. de
Jussieu
Présente une liste de candidats pour la
place vacante.......
La section de Géographie présente une liste
de candidats pour la place de correspon-
dant devenue vacante par le décès de
M. Lislet-Geoffror....... soude DH0P2 EEE
La section d’Astronomie présente des candi-
dats pour trois places vacantes de corres-
pondants
La section de Mécanique propose de décla-
rer qu’il y a lieu d’élire à la place vacante
dans son sein par le décès de M. Molard..
Présente une liste de candidats pour la
place vacante...
Pages,
..… 184et 4ra
84x
796
606
634
ibid.
335
321
15
68
99
133, 203 et 256
495
556
( 1030 )
Pages
— La:section de Chimie propose de ‘déclarer
: qu'il y a lieu d’élire à la place vacante par
suite du décès de M. Deyeux..... Snagé 0 888
— Présente une liste de-candidats pour la
plaeë vicante ee RARE APM
— La section dé Physique est invitée, ont
mément à une proposition de M: Lacroix,
à déclarer si son avis est qu’il y a lieu de
nommer à la place laissée vacante dans son
sein par le décès de M. Girard......... . 886
— EHe’propose de déclarér qu'il y a lieu d’é-
lirg à Ja place :vacante....:.... at, 2 1112998
Sezs HAzocèNes.. "De l’action exercée: sur
cessels par l'alcool et par Fesprit de bois ;
Mémoire de M..Bonnet......... CRUE 291
SERIES: Règles sur:la-convergence des-séries
qui représentent les racinés des équations
algébriques :ow transcendantes, ou.des
intégrales des fonctions! différentielles ;
Lettre de M. Cauchy à M. Coriolis. . .:. 216
Réclamation de--priorité en faveur de
M.:Wronski “relativement à:cette loi de
convergence. des: séries et son applica-
tion à larésolution des équations ; Lettre
deM>Borchant tee RE En 417
SERRURE: construite: sur, un\nouveaw principe ;
présentée par M. Letestu.......... ... 522
SÈVE. — Observations sur l'ascension de la
sève; par M. Dutrochet................ 45
SExTanT modifié pour l’usage des officiers
d'état-major ; par M. de Courtegis... 768
— Rapport sur cet instrument... ..... ... 544
SILEx. — La farine fossile (Berghmel) es em-
ployée quelquefois, en Laponie, comme
aliment, dans les temps de famine, est en
grande partie composée de silice prove-
nant des carapaces de diverses espèces
d’infusoires ; Lettre de M. Retzius, com-
muniquée par M: de Humboldt......... 2093
— Etude microscopique des différents corps
organisés ou inorganiques qui peuvent ac-
cidentellement se trouver enveloppés dans
la pâte translucide des silex; par M. Tur-
PIRE CE RE EE de LEE 304 et 351
Siziceuses (Sussrances).— Note sur des produc-
tions siliceuses et calcaires obtenues par
des actions lentes; par M. Cagniard-La-
SiNGEs. — Découverte récente d’une mâchoire
fossile de singe ; Note de M. Lartet sur les
ossements fossiles des terrains tertiaires
dupGers. 0e t Er e0S de SOC
— Nouvelles observations sur une mâchoire
inférieure fossile , crue d’un singe voisin
du gibbon; et sur quelques dents et osse-
ments attribués à d’autres quadrumanes ;
par M. Lartet............ bc 8e does 583
SivaTuERIuM. — Sur le nouveau genre Sivathe-
Pages.
rium trouvé fossile au bas du versant méri-
dional de FHyimaïaïa, considéré comme
devant se rapporter au ‘genre Camelcopar-
dalis ; par M. Géoffroy Saint-Hilaire..." 53
— Notesurle chameau fossile etle sivatherium
dés Sotis-Hymalaïa méridionaux; par M: de
Blainville. ..... oabonuod Ho n0b ic Hate 71
— Du sÿatherium dé V’'Hymalaïa comme of-
frant un cas analogue de terrain et de
degré d'organisation à Péléphant mam-
mouth, ete.; par M. Geoffroy Saint-Hilaire. + 77
— Nouvelles considérations sur le sivathe-
riurn et sur les conséquences'relatives à la
physiologie zoologique qui se! déduisent
de la compäraison de ce fossile : avec
d'autres animaux de la/même époque et
avec des espèces de l'époque actuelle ; par
M. Geoffroy Saint-Hilaire. ..... Juoa
— Observations sur une note de M: Geoffroy
Saint-Hilaire, relative au sivatherium et'au
chameau fossile de l’'Hymalaïa; par M: de :
Blainville. ........22. PAPER Fame GG
Sotes. = Procédé pour le conditionnement: des
soies, proposé par M. J. Renaux; Me
Ministre du Commerce demande l'opinion
del’Académie sur ce procédé...... Le MER GE
— Condition des soies par décreusage d'essai;
Mémoire de M. Ozamam, transmis par
M. le Ministre du Commerce., ........... 465
Sozeir. — Lettre de M. Colomb-Ménard sur les
taches du Soleil et l’influence que peuvent
avoir ces taches sur les phénomènes mé-
téorolvgiques.
Sozwes. — Recherches sur le mouvement molé-
culaire des solides; par M, Paoli.......… 9200
Sozuriows et.mssozumons. —. M. Peltier croit
nécessaire de, distinguer, dans, l’action
mutuelle desscorps , les solutions des dis-
solutions ....... 2 aire2hrs nveelieE de 20 24007.
SOouLÈVEMENTS et ones du sol. — Nou-
velles recherches surle phénomène connu
de l'érosion des colonnes du temple: de
Sérapis, à\Pouzzol; par, M: Cappoci.—
Rapport sur,ces recherches,.par M.Arago 750
— Considérations sur la manière dontse for-
ma dans la Méditerranée, en:juillet 1831;
l'ile. nouvelle appelée tour, à tour ile Julia,
ile Nerita , tle Graham, etc.par M. Arago. 753
— Lettre de M..Constant Prévost àl/occasion
113
de.cette note........ SOL ce rest 007
— Réponse de M. Arago à la lettre de M. C:
Prévost.istns LI TC 2 ictsrl 86a
— Nouvellelettre de M.Constant Prévost à ce
sujet EU CEE PEN T PaR mEt 589
— Observations de M: Sayanyisur quelques-
uns des faitsrapportés dans la:lettreprécé-
dente, et qui semblent peu compatibles
avec l’opinion émise par M. C. Prévost... 891
( 1037 )
Pages Pages.
— M. de Paravey adresse quelques extraits lité chez là femme, sur les pertes séminates
du voyage de M. Burnes, relatifs à des involontaires, ete.; par M. Donné.n... 1 79
soulèvements de terrains observés dans Srenxtul— Rapport sur un mémoire dei
l’Inde ........... DOC EE CE ". 872 M. Lherminier concernant la marche de
Sources. — Observations sur lés sources de l'ossification dans le éternum desloiseaur 565
; So Lettre de M. Puillon-Boblaye "à 33 SugLIME cornosir. — Voyez au mot Merture!
Br Pas adatto cie doc oded ad :
dan th Mémoire Sur TA apHérbites ét 7 SUCRE DE BETTERAYES. anettre) de mA out
les hippurites du département du Gars; sut les avantages qu’on HREETE e l'E
M. D° TE blissement d’une ferme ou d’une fabrique
par M: D’'Hombres-Firmas...... hote 219 *e de la betterave’ et
Sroxcrzzes.—Des débris qui semblent avoir ap- mopbles E9U us cuire SO » 6:5
] à : la fabrication du sucre indigène........-. 2
partenu à la carcasse de quelque sponsille, : À £ F
s’observent dans la pâte du semi-opale de — MM: Dupin, Genouilly E de Merlieux ES
Billin; Observations de M. Turpin...... 307 noncent la fondation d'un établissement ja
Souizzes. — Recherches sur quelques points de ce genre .........s.sss.e REC 12
d’organisation concernant les appareils — Note surun appareil destiné à extraire la
d'alimentation et de circulation, et l'ovaire matière sucrée contenue dans la pulpe de
des squilles; Lettre de M. Dwernoy à betteraves;par M.Pelletan...:....".... 793
M. Flourens.. 705 Surraces. — De l'influence des: surfaces sur
STÉRILITE. — Expériences sur les animalcules les effets électro-chimiques; Mémoire de
spermatiques, sur quelques causes'de stéri* M. Becquerel ...: OR TLU ete ce 1 951
Tasac. — Note sur les moyens de rendre cinquante années. précédentes 3 par
moins insalubre le métier des employés dans M. Arago........ seance À cictiete 659
Les manufactures des tabacs ; par M. Miége- —- Températires du mois de mai 1837, com-
Co pe Poteeer Diderot bo men 297 parées: à celles du même, mois dans les
Ternrure. — Recherches chimiques sur la téin: ! années antérieures ; par M.-Arago...... 822
ture; par M. Chévreul. Troïsième, qua- — Température (du puits artésien que, la
trième, cinquième et sixième partie!.. 2 ville de Paris fait creuser à labattoir de
TempérATURES. — Variations du thermomètre Grenelle; Note dé M. Arago., ....5.... 783
observées dans quelques villés de la Grèce — Lettre sur!la!/ constitution météorologique
par M Peftier 2-2. rpm anielele ce 0 #2.#l ar du mois de mai 1837. dans le midi de la
— Hautes températures. Description et usages France ; par M. D'Hombres-Firmas. .... 883
d’un instrument destiné à en donner la | — Note sur la température des eaux ther-:
mesure (le pyromètre acoustique); par males; etplusparticulièrement des eaux
MM. Cagniard- Latour et Demonferrand) 28 du Mont-Doré; par.M. Bertrand:...,... 972
— M. Borchart réclame , en faveur de — Observation! de la température du puits
M. Hoëné Wronski, la priorité d’un ins- foré de’ Grenelle, à une profondeur de
trument proposé récemment pour la me! 400 mètres ; par M. Walferdin........ 077
sure des hautes températures (le pyro- Tennon »’Acumze(-Section.du). — Mémoire
MÉTTE G, GIT ns mamer sas mens saone eee» 68 sur cettetopération comme moyen, curatif
— Mémoire sur les températurès de la ? des pieds-bots ; par M. Duval. ........ + 10901
partie solide de la terre, de atmosphère Ténérere (Carte de» Bettreride M. Pent-
et de l’espace du lieu où la Terrése trouve ? land ‘et riote "de M. ‘Aragowsur «le : de-
actuellement ; par M. Poï$fon..... 124 et 137 gré d’exactitude desdifféréntes cartes de :
— Abaissement considérable de température‘ l'ile de Ténériffe.. uses mom 604
par un coup de yent de nord ; près l'ile de ” — Lettre de M. Berthelot ;'ayant pour,objet 14
Cuba ; Communication de M. Moreau de de montrer que les: observations faites
TONNES... mme en AURAS et do 294 par M. Pentland'sur la visibilité du Pie de
— Détermination des basses températures , Ténériffe à certaines distances de la côte,
au moyen du pyromètre à air, du'pyro- et dans des directions déterminées ; n’est
mètre magnétique et du thermomètre à point incompatible avee!les «positions qui
alcool; par M. Pouillet........... 513 se trouvent assignées ; dans sa Carte, au
— Température du mois d’avril 1837, com- Pic et an contrefort des Cañadas::i. .... 89:
parée à celle du même mois dans les
— Lettre de M. Tardieu sure dessiniorigi-
1 139..
nal d’après lequel à été gravée la carte de
Ténériffe de M. de Buch..
— Lettre de M. Virlet à l’occasion des ex-
plications données par M. TardiewSur la
carte de Ténériffe, gravée d’après le des-
sin de M. de Buch …
TérATOLOGIE. — M. Geoffroy Saint Hilaire
présente le dessin d’un monstre humain à
trois tétes, offert à l’Académie par M. Gal-
vagni, de Catane..... ce Bad cc og
— Sur le principe et les caractères de com-
position des doubles monstres hypognathes
et cas analogues; par M. Geoffroy Saint-
Hilaire........ Abaddoodbp ac HA OLOE
Terre. — Mémoire sur les températures de la
partie solide de la terre, de l’atmosphère
et du lieu de l’espace où la Terre se trouve
actuellement; par M. Poisson ; présenté à
la séance du 27 janvier........:.......
Lu à la séance suivante.
— Vues générales sur la nue A
globe, et les anciennes migrations des
peuples ; par M. Dureau de la Malle...
TèTe aumAINE. — Rapport sur un Mémoire de
M. Dubreuil, ayant pour titre : Études
anatomiques de tétes ayant appartenu a des
individus de races humaines diverses... ...
— Sur la position du trou auriculaire chez
les habitants anciens et modernes de la
Haute-Égypte; par M. Dureau de la Malle.
Tuéoconiques (Systèmes). — M. Lajard pré-
sente un tableau du système théogonique
et cosmologique des Chaldéens d’Assyrie-
Tarrmares (Eaux). — Lettre de M. Hutinsur
des sources thermales situées entre,Bone
et Constantine.............. . Û :
— Note sur la température des eaux re
males, et plus particulièrement sur celle
des eæux du Mont-Dore; par M. Bertrand.
Tuermomèrres. — Recherches sur le déplace-
ment du zéro dans les thermomètres à
mercure; par M. Legrand. .............
— Observations sur le déplacement et les
oscillations du zéro du thermomètre à
mercure; par M. Desprets.....:........
Toice. — Note sur la substance végétale qui a
servi à la fabrication des toiles qui enve-
loppent les momies d'Égypte ; par M. Du-
trochet..…... ses. SEE
— M.Larreyfaitremarquer qu’on sait depuis
long-temps que c’est avec du lin, et non
avec du coton, que sont fabriquées ces
toiles ; il a eu occasion de le dire dans
sa Relation chirurgicale de l'armée d'Orient.
— M. Costaz, à l'appui de cette opinion, et
comme preuve du grand usage qu’on fai-
sait du lin dans l’ancienne Égypte, cite
des peintures d’hypogées où sont repré-
g12
170
139
547
575
742
Pages.
sentées les différentes opérations relatives
à la culture et à la préparation de cette
plante......:......… PACE CEECELL
M. Larrey présente une bandelette qu’il a
détachée d’une momie des catacombes de
Thèbes, bandelette sur laquelle on peut
à la vue simple reconnaître qu’elle pro-
vient d’un tissu de lin................
Torrures. — M. le Ministre de la Justice et des
Cultes consulte l’Académie sur le choix à
faire entreles divers métaux proposés pour
la nouvelle toiture de l’église de Chartres.
Sur l'emploi du béton pour la couverture
des grands édifices. Lettre de M. Deny de
Curis, à l’occasion de la lettre de M. le
Ministre de la Justice et des Cultes...
A l’occasion de la même lettre, MM. Mos-
selman adressent des pièces tendant à
prouver que le zinc employé à la couyer-
ture des grands édifices n’offre point les
inconvénients qu’on aurait pu redouter ;,
en cas d’incendie, de la combustibilité de
ce métal..... 3348508 crc -cc-e--ee
Rapport demandé par M. le Ministre Fr la
Justice et des Cultes sur le métal le plus
propre à la couverture de la cathédrale de
Chartres ....... Dogs ECO
523
5gt
592
Toxs musicaux. — Note sur l’analogie des ions
ToPOGRAPHIE.
— Description d’un nouvel instrument Pour
Torruzes. — Note sur les effets cirque de
TRIANGLES.
musicaux et des couleurs; par M. Blein. 251
— Résultats des travaux des
officiers d'état-major attachés à l’armée
d'Afrique, relativement à la topographie
de la province d'Alger; note deM. Puissant. 5o
856
la levée des plans ; par M. Ferret .
la torpille; par M. Santi Linari........ 520
— Nouvelle démonstration du
théorème relatif à la somme des trois angles
d'un triangle ; par M. Bras........ 06 3
— Nouvelle démonstration du même théo-
rème; par le même auteur....... sms.
TurERCULES FERRUGINEUx se formant dans les
tuyaux de fonte qui servent à conduireles _
eaux. — Rapport sur un mémoire de
M. Payen, ayant pour titre : Des oxida-
tions locales et tuberculeuses du fer. ..... 190
ToncsTÈNE. — Mémoires sur l’existence des
oxi-brômures de tungstène, et sur quelques
composés du même métal ; par M. Bonnet. 168
Tonwez sous la Tamise. — État des travaux au
mois de février; extrait d’une lettre de
M. Brunel............ DA DD TD 360 à . 4®
Tonines. — Expériences faites dans une manu-
facture de MM. Duvillier, sur les turbines
de M. Fourneyron ; Note de M. Arago sur
ces expériences.,.....-... n..:
Tableau des résultats obtenus..,.......
314
320
mn...
Urèrre. — Mémoire sur les rétrécissements de
lurètre; par M. Civiale..….
DOTE
Vacances. — M. de Mirbel, au nom de la sec-
tion de Botanique, propose de déclarer qu’il
> a lieu de nommer à la place devenue va-
cante par le décès de M. A.-L. de Jussieu.
La section de Physique est invitée à sepro-
noncer dans la séance suivante sur la ques-
tion de la vacance survenue dans son sein
par le décès de M. Girard.....,........
— M. Thénard, au nom dela section de Chimie,
propose à l’Académie de déclarer qu'ilr a
lieu délire à la place vacante par suite du
décès de M. Deyeux. ......... HAE
Vaccin. — M. le Ministre du Commerce et de
l'Agriculture demande l’opinion de l’Aca-
démiesur l’exactitude de dessins coloriésre-
présentant les pustules du vrai et du faux
vaccin, et sur lutilité qu'il pourrait y
avoir à les répandre................ Ca
Vaccine. — Observations sur des cas de 2a-
riole après vaccine; par M. Leymerie. .
VaGues. — M. Coulier présente, à l'appui d’une
opinion qu’il avait émise relativement à
la hauteur à laquelle peuvent atteindre les
vagues, un passage de la relation du
voyage de M. Dumont-Durville..........
Vareur D'EAU. — Action de la vapeur d’eau
relativement à la décoloration des étoffes
teintes avec différentes substances. ( Re-
cherches de M. Chevreul sur la teinture.)
Sur les effets de la vapeur dans toutes
les périodes de la végétation; par
MM. Edwards et Colin...............
Vapeur (Machines à). —Voyez Machines & va-
peur, Bateaux , Navigation, etc..........
Varices. — De leur traitement par l’oblité-
ration des veires au moyen d’un point de
suture ; Lettre de M. Davat............
Varioe. — Observation sur des cas de variole
après vaccine ; par M. Leymerie.. ... ...
VÉGÉTAux. — Leur vie plus ou moins active,
suivant les climats. Comparaison du
nombre de jours qu’exigent pour arriver
à maturité le blé, le maïs, etc., dans les
régions tropicales et sous la zone tem-
pérée ; Mémoire de M. Boussingault.
Mémoire sur la tendance des végétaux à
rechercher la lumière, et sur leur ten-
{ 1033 )
Pages.
793
18
ibid.
624
705
655
496
000
591
705
U
y
, un
Pages
URINE. — Des signes que peut fournir lurine
cher les femmes enceintes; par M. Nauche. .
*
dance à la fuir; par M. Dutrochet......
Sur les effets de la vapeur dans toutes les
périodes de la végétation; par MM. Ed-
wards et Colin.........
Sur les lois de la formation des végétaux ;
lettrede M. Moquin-Tendon à M. I. Geoffroy
Saint-Hilaire... DS
VenriLarIon. — Mémoire sur la ventilation
des mines et sur le mouvement de l'air
dans les conduites; par M. Combes... .
Vers. — Le vent de mer, en Grèce, fait que
pendant l'été on souffre souvent moins de
la chaleur à midi qu’à 8 heures du matin.
(Note de M. Peytier sur le climat de la
Grèce.)...
Nouveau mode d’application du vent à la
marche des navires; lettre de M, A. Gri-
maud.
Ver 81anc. — Note sur une composition desti-
née à détruire le ver blanc; par M. Letel-
consulte l’Académie sur les moyens qu’on
pourrait prendre pour empêcher de la
graine de vers à soie, qu’on voudrait trans-
porter de Chine en France, de germer
pendant la traversée. Commission nom-
mée pour faire un rapport à ce sujet...
Note sur la constitution robuste des vers
à soie; par M. Loiseleur-Deslonchamps.
523
Gr
22
133
253
1002
768 et 885
V£ésuve. — Observations tendant à prouver
que le cône du Vésuve a été primitive-
ment formé par un soulèvement; lettre
de M. L. Pilla.............. :
M. C. Prévost combat la déduction tirée
des observations de M. L. Pilla.........
Réplique de M. É. de Beaumont à la note
de M. C. Prévost...
Nouvelle note de M. C. Prévost sur la va-
lidité des preuves de ce soulèvement, ti-
rées de l’existence des coquilles marines à
la Somma.........
Vicne. — Des influences météorologiques sur
la culture de la vigne; par M. Boussin-
EL TB ronc cac ane nee ere
— Sur un insecte qui ravage les vignes
du Bas-Languedoc ; Note de M. À. de Saint-
Hilaire. — Ouvrage de M. Dunal sur les
insectes qui attaquent les vignes. .......,
VIGNETTES DÉLÉBILES. — Rapport de la Commis-
sion des encres'et papiers de sûreté!
—. Lettre.de MM.:Engelmannde Mulhausen
Lettre de M. Debraine.............,....
VOITURES. Sur un moyen de faire mou-
voir les voitures avec une grande économie
de forces; par M. Encognère....
Voix. — Sur la pression à laquelle l'air contenu’
dans 14 trachée-artère'ést soumis pendant
l'acte de la ‘phonätion note de M! Ca-
gniard-Latour:.... croco
dans le règne animal: — Mémoire adressé
De’la psophose ‘ou réubt ton des’ sons :
pour le concours au grand prix des!sciencés'
physiquesiat ....
Vozcans: à Sur un nouveawvolcan de la chaîne
centrale des Andest'de la Nouvelle:Gre-
nade ;\lettre de M.-Roulin à M. Arago,
Note sur.une:éruption: récente du volcan,
de la Guadeloupe; note de M.Lherminier 1
— Note/sur4la dernière éruption lboueuse du
volcan de la Guadeloupe, et sur des érup-
tions, de.cendres du mème volcan ;. par
MM:Mercier-et Daver ; communiquée par.
MEBioE RE eee teCe-tre CC CCEE …
Examen comparatif des cendres de l'Etna
et de celle du volcan de la FER ; par
M. Élie de Beaumont.
WAGGoNs DRAGUEURs.—M. de Beaunez demande
qu’on presse.le rapport qui doit, être fait
sur son nouveau système de waggons dra-
Zinc employé pour la couverture des édifices.
(1034 )
Pages.
201
469
253
294
655
Voir au mot Toitüres......
Pages.
— Analyse chimique de ces cendres; par
M. Dufrénoy............ bobo nude D'adé
—:Cendres lancées par un volcan de l’Amé-
rique'centrale; le Gosigüimz;e présentées! r
‘par M. Roulin. Bad AS é
Vovaces. — M. Bertrand Boccandé, près de
partir pour la côte occidentale d’Afrique,
demande à l’Académie des instructions
pour les observations d’histoire naturelle
et de “météorologie ‘qu'ilise propose»de::
Fr PANTIN He
— M. Le Ministre de d'Instruction publique
demandé ün rapport sür-l’ensemble -des
matériaux fäpportéspar M. Texier de soni
vayage ‘dans’ Asie:Mineures Commission
nommée à cet effets. 3... HN E=eI-ne
M. le Ministre de la Marine annonce qu'un
nouveau voyage de Shaÿigationrva étre fait
par ‘deux bâtiments de NEtat } sousyde
commandementde M.-Dumont-Durville, \
et invite l'Académie à rédiger \deslinstruc=t
tions\qui devront guider. cet officier dans
les ebservations.et les recherches.scienti-1
fiques à faire pendant .cette.campagne.
Commission nommée à. cet.effet.,
M: Beaufillot:Dumesnil annonce son pro,
chain départ pour la Norwèse et:la La-
ponie, et offre de recueillir dans,ces pays
les documentsset les. observations que
l'Académie croirait utiles de se procurer.
746
801
471
551
624
912
M. le Ministre du Commerce transmet
une nouvelle demande de M. Beaunëez à
ce sujet......
592
( 1035 )
TABLE DES AUTEURS.
MM.
ADOR demande, que l’Académie veuille bien
charger une Commission d'assister à des
expériences qu'il doit faire,ayec un appa-
reil dans lequel il fait usage d’un nouÿeau
moteur CORRE nn tnnsanre nus …
AIME présente un nouveau composé qu’il dé-
signe sous le nom d’Ivdal....... ven es
— Note sur un nouveau liquide composé Fa
chlorure de cyanogène et d’éther.........
AIRY. — Sur la forme de la grêle; Lettre à
NPPATAPO = eee mare Lee ER ee eee
ALARD. —Sur es liets tue de l’ai-
guille de la boussole... ... Me ec 2e .-
ALBERT'LE GRAND. — Son Traité de ve-
getabilibus et plantis renferme de très
bonnes observations quiont'été , bien des
siècles après, donnéespour/des découvertes
entièrement neuves. Lettres de M. Meyer
à M. de Mirbel....... Rate ee EN
ARAGO. — Note sur un météore lumineux ob-
servé dans Ja nuit du 4 au 5 janvier: à Nie-
desbronn,par M. :Kuhn ; à Cusset près de
Vichy;}par M. Guiraudet:; et à une lieue
de Fésoul, pat M. Sallos. Done
Remarques sur,une Jettre de M:-Rozet,
relative aux notions obtenues sur le c-
mat d'Alger, par les observations des offi-
ciers d'état-major de, l’'arméed’Afrique. .
Proposition relative aux fossiles du Gers,
et aux moyens que. pourrait, prendre
l’Académie pour encourager les recherches
de M. Lartet MAO Doc re de Qu)
Communications relatives à l’aurore bo-
r'éale du 18 février 1837. 263 et
Communication concernant de nouvelles
expériences sur les turbines... 5280
État météorologique du mois d'avril 1837,
comparé aux observations faites pendant
le même mois à des époques antérieures.
État météorologique du mois de mai 1837,
comparé à celui du même mois dans LA
autres années... ..... OCR EEE EE TEE
Rapport sur 1 recherches d M. ei
pocci, relatives au phénomène connu de
Pérosion des colonnes du Temple de Sé-
rapisà Pouzzol.... 2e. een
Considérations sur la manière dont se
Pages.
912
181
625
659
822
70
forma, dans la Méditervanée, en juillet
1831, l’île touràtour appelée Ferdinandea,
Julia, etc...... DOME DRE PRE 0
Température du puits artésien que la ville
deParis fait creuser à lAbattoir de Gre-
Réponse: à une lettre de M, C: Prevost,
relative au mode de formation de l'Ile
CTP à SE NC EE DAA PC PEER
M. Arago annonce queM: Melloni, réfugié
italien ; correspondant de la section de
physique, vient d’obtenir la permission
de rentrer dans son pays. M. le prince de
Metternich, à qui M. Arago avait exposé
l'importance des trayaux de M. Melloni, a
demandé son rappel à S- M. I. la-grande
duchesse de Parme qui l’a accordé... ....
M. Arago annonce que la Commission
chargée de s'occuper de la question du
déboisement ne pourra, en raison du
grand nombre de documents qu’il est né-
cesaire de réunir, faire son rapport
aussi promptement que le désirerait M. le
Ministre des Finances.,...:...........
A l’occasion d’une lettre de M. Guyon,
sur une race particulière de l’Atlas, M. 4-
rago dit avoir vu, dans la plupart des vil-
lages des Kabyles, des femmes très blan-
ches qui avaient des yeux bleus et des che-
CI CTr Goes Oita Ru 0E6E
M. Arago adhère à une RS RrE ron de
M. Biot relative à un passage d'un
mémoire de M. Babinet sur la double ré-
Jraction circulaire, passage dans lequel
l’auteur ne s’exprime pas assez claire-
ment sur la part respective que M. Arago
et M. Biot ont eue dans cette découverte..
M. Arago fait, d’après sa correspondance
particulière, des communications rela-
tives aux objets suivants :
Effets exercés sur l’aiguille aimantée par les
aurores boréales , même dans les lieux où
elles ne sont pas visibles; Lettre de
M. de Humboldt.........,....... Hé
Roches siliceuses composées d’infusoires
DIDSSLLES MED == 2e «meer a=e aie oc caER
— Structure de l’Amphicora Sabella (avec la
Pages.
336
365
«
MM.
figure de l'animal). Ibid...
Observations magnétiques faites pendant la
17€ partie du voyage de la Bonite ; Lettre
de M. Darondeau............ ÉD .
Établissement d’un nouveau système de
poids et mesures dans la Nouvelle-Grenade;
Lettre du général Santander, président de
cette république, .................. …
Sur quelques volcans des Andes de la
Nouvelle-Grenade; Lettre de M. Roulin..
Étoiles filantes observées en Russie dans
la nuit du 12 au 13 nov. 1836. Lettre de
M. Kupffèr rbrere
Tableau des perturbations que l'aiguille
aimantée a éprouvées à Gottingue pendant
l'aurore boréale du 18 février; transmis
par M. de Humboldt......... Bale
Sur des cavernes chaudes qui existent dans
les environs de Montpellier; Lettre de
M. Marcel de Serres a
— Sur la visibilité du Pic de Ténérif fe h
de petites distances des côtes, et sur le de-
gré d’exactitude des différentes ‘cartes
qu’on a faites de cette île; Lettre de
M. Pentland... .….. -...864 et
Sur la forme des grélons; Lettre de
M. Airr . .
Remarques à l’occasion #5 la lettre pré-
noise
BABINET.—Mémoires d'optique minéralo-
gique : sur le cercle parhélique, sur les
couronnes, sur l’arc-en-ciel et les arcs se-
condaires.......... 00000PA0ANIDE ans.
” Mémoire sur la double réfraction circulaire.
Mémoire sur les caractères optiques des
minéraux : absorption de la lumière sans
polarisation; absorption avec polarisa-
tion; dichroïsme, caractères analogues
aux phénomènes de réseaux et de cou-
ronnes ; astérie et phénomènes analogues ;
polarisation chromatique et ses applica-
tions dans la minéralogie..... DI07 1000
BALLAND. — M. le Ministre de l’Instruction
publique demande le rapport qui doit être
fait sur un mémoire de M. Balland, con-
cernant la voix humaïine............ ne
BARBO adresse des documents déstinés à
prouver l'efficacité des moyens proposés
par M. Bassi, comme propres à prévenir le
développement de la muscardine dans les
MASNANETIES. ...,....sssssennnene se
BAUDELOCQUE adresse un instrument destiné
à arrèter les hémorrhagies utérines. ......
BAUNEZ (Dr) demande un Rapport sur
son système de Waggons-dragueurs. ....
253
524
856
865
638
goo
758
523
cédente, sur les formes des grélons obser-
vées par M. de Buch...........
Sur le décroissement observé dans l'intensité
du magnétisme terrestre à mesure qu’on s’é-
lève sur les montagnes; Lettre de
M. Kupffer................... Do0c0oët
Observations concernant l’origine des
bancs de fucus natans qu’on rencontre à
l’ouest des Açores ; Lettre de M. le capi-
taine Bonnet.
M. Arago est nommé membre de la Com-
mission pour le Prix concernant l’applica-
tion de la vapeur à la navigation... ..
Membre de la Commission chargée de pro-
poser une question pour le prix de ma-
thématiques à décerner en 1838...
M. Arago demande à être remplacé dans
la Commission chargée de rédiger les ins-
tructions pour le voyage de l’Astrolabe et
de la Zélée............. Poe oc dre 108%
ARNAL. — Paquet cacheté présenté par
MM. Arnal et Ducommun.......... —e
AUDOUIN. — Note sur la demeure d’une
araignée maconne de la Nouvelle-Grenade
(Amérique du Sud)...... cccheete 45
AZEMA. — Lettre sur un nouveau gissement
d'os fossiles de grands mammifères. . ..….
BAUPERTHUY.—Communication d’une Jet-
tre de M.L’Herminier relative àune érup-
tion récente du volcan de la Guadeloupe.
BÉAU adresse un paquet cacheté (séance du
18 mai),
BEAUFILLOT-DUMESNIL annonce qu'il
est près de faire un voyage en Norwége et
Laponie; et offre de recueillir les docu-
ments et observations que l’Académie ju-
gerait utile de se procurer.......... “nca
BEAUFORT (le capitaine) est présenté par la
Section de géographie et de navigation,
comme un des candidats pour la place de
correspondant devenue vacante par le dé-
cès de M. Lislet-Geoffroy...... LEO CE
Est élu correspondant de l'Académie pour la
Section de géographie et de navigation...
— Adresse ses remerciments à Dirthro
BEAUNEZ (DE) demande le rapport qui
doit ètre fait sur un mémaeire qu’il a pré-
senté, concernant un nouveau système
de draguage.......,............ 203 et
BECQUEREL est élu vice-président de V’Aca-
démie pour l’année 1837...
— Description et usage de la Balance électro-
Pages.
463
294
656
912
MM.
magnéLique, etde la Pile a courants constans.
— Rapport sur un Mémoire de M. Payen,
ayant pour titre : des oxidations locales et
tuberculeuses du fer.
— Des réactions chimiques produites dans le
contact des métaux oxidables , de l'eau
distillée et des composés insolubles.....,.
— M. Becquerel communique une lettre de
M. Cross relative à divers composés que
ce physicien a obtenus par l’action des
Jorces électriques:
— Rapport demandé par M. le Ministre de la
Justice et dés Cultes, sur le métal le plus
propre à la couverture de la nn de
Chartres teeteterc2ere
BÉRANGER présente de encres indélébiles,
préparées d’après les procédés indiqués
par l’Académie......,,............
BÉRARD.— Description nautique des côtes
de l'Algérie, suivie de notes par M. de
Tessan , ingénieur-hydrographe..........
BERNARD (C.).— Troisième cas d’applica-
tion du forceps assemblé...............
— Observations relatives à deux nouveaux cas
dans lesquels le forceps assemblé a été ap-
pliqué avec succès..,...,.....,...,.....
BERTHELOT. — Lettre sur la configuration
de l’île de Ténériffe, à l’occasion d’une
lettre de M. Pentland sur la visibilité du
pic dans certaines directions et à cer-
taines distances des côtes de l’ile....,.,
BERTRAND. — Sur la température des eaux
thermales et plus particulièrement sur
celle des eaux du Mont-Dore............
BERTRAND BOCCANDÉ demande des ins-
tructions relatives aux observations d’his-
toire naturelle et de météorologie dont il
se propose de s’occuper pendant un 2oyage
à la côte occidentale d'Afrique... .......
BEURREY. — Lettresur les avantages qu’on
retirerait de la fondation d’une ferme et
d’une fabrique modèles pour la culture dela
betterave ct la fabrication du sucre indigène,
BHASCARA ACHARYA , mathématicien hin-
dou; son ouvrage comparé à celui de
Brahmegupta, dont il paraît être une copie
défigurée. Note de M. Chasles..........
BILLANT présente de nouveaux appareils qui,
sous de très petites dimensions, dévelop-
pent avec une grande intensité des cou-
rants électriques par la seule influence
que des aimants fixes exercent sur des bar-
reaux de fer douxtournant très rapidement.
BIOT.—Notesurdes matières pierreuses quiont
été employées à la Chine comme subs-
tances alimentaires... ,................
— Note sur la correspondance de Newton et
de Flamsteed, publiée par M. Baily...…
C. R. 1837, 17 Semestre, (T. IV.)
( 1057)
Pages.
35
190
824
88a
923
1001
655
592
307
350
MM.
BIOT présente des fleurs de jacinthes blanches
injectées en rouge par l’absorption du
suc de Phytolaca decandra.............
— Communique une note de MM. Mercier
et Daver sur la dernière éruption boueuse
du volcan de la Guadeloupe, et présente
des cendres qui avaient été rejetées par le
mème volean deux mois auparavant...
— Remarques au sujet d’un mémoire d’op-
tique de M. Babinet , présenté à la séance
du 12 juin et inséré par extrait dans le
Compte rendu. — Exposé historique de
l'ordre dans lequel les phénomènes de Ja
polarisation circulaire ont été successive-
ment découverts et étudiés. .
BLAINVILLE (DE ).— Note sur e eau
fossile et sur le Sivatherium des Sous-Hy-
malaïas méridionaux . .....
— Communication relative à des ossements
fossiles adressés au Muséum d'Histoire na-
turelle par M. Lartet.......... PLIS D Cu
Proposition relative aux Jossiles du Gers
et aux moyens que pourrait prendre V'Aca-
démie pour encourager les recherches de
M. Lartet........ tee etet Doc ticn
— Observations sur une note de M. Geof-
froy, relative au Sivatherium et au Chameau
fossile des Sous-Hymalaïas. ,...........
— Note sur la tête de Dinotherium giganteurm
apportée à Paris par MM. Kaup et Klips-
tein; comparaison de cette tète avec celle
des Dugongs et des Lamantins.... 421 et
— Rapport sur une note de M. Fe concer-
nant le Poulpe de l'Argonaute...........
Sur les ossements fossiles attribués au pré-
tendu géant Teutobochus.......,.. .,..
Rapport sur la découverte d’ossements
fossiles de quadnumanes dans le dépôt ter»
tiaire de Sansan , près d’Auch, décou-
verte due à M. Lartet. ......... BDEt Te
BLATIN.— Dépôtd’un paquet cacheté portant
pour suscription : Description d’un ins-
trument applicable à la médecine...
— Modèle de cet appareil........ Sooe nes
— Rapport sur cet appareil... ..... MISOOTE
BLAUD. — Sur un nouveau mode d’adminis-
tration du fer dans le traitement des af-
Jfections chlorotiques.................
BLEIN. — Note sur l’analogie Fe tons musi-
caux et des couleurs............. see
BLIN (A.) — Note sur un distributeur. méca-
nique de la houille employé en Angleterre,
et muni d’un régulateur... ... PME ee
BOBLAYE. — Voir Puillon-Boblaye.
BODICHON.— Notice sur un renard à longues
oreilles apporté d’Alger.............s..
BOËCE. — Explication de l’Abacus de Boèce,
par M. Chasles....... PE ae
Pacs
92
123
166
MM.
BOEHM. — Note sur une-nouvelle construc-
tion de la flûte..................,....
BONNARD (DE)est placé sur la liste de candi-
dats pour la place d’académicien libre deve-
nue vacante parle décès de M: Desgenettes.
— Est élu pour la place d’académicien libre.
— M. le Ministre de l’Instruction publique
transmet ampliation de l'ordonnance
royale qui confirme: l'élection de,M..de
Bonnard..........
BONNET(CA.).— Mémoire sur l'existence des
oxibrômures de tungstène ; et sur quelques
composés du même métal..............
Note sur un nouveau mode depréparation
du chloroforme............. aolée os sente
Lettre sur l'éther camphorique.. .…......
— De l'action de l’alcool et de Vesprit de
bois sur les sels halogènes à la température
de l’ébullition ; d’un nouveau moyen
de préparer l’éther bromhydrique, et du
bromhydrate. de méthylène.............,
BONNET' Le capitaine).— Observations rela-
tives à l’origine des bancs flottants de fucus
qu’on trouve à l’ouest des Açores; Lettre
à M:Aragohfas. sat ae case temtaele - :
BONPLAND. — Lettre à M. Delessert, Le
de San Borgia au Brésil......... SET
BORCHART réclame en faveur de M. Hoëné
Wronski la priorité d'invention pour un
pYrromèire &\air.............. ali
Réclame’en faveur de M: Hoëné Wronski
la priorité pour une méthode relative à la
détermination approchée des racines des
équations algébriques...........:......
Réclame er faveur de M. Hoëné Wronski
la priorité touchant les conditions de la
convergence des séries ; sur laquelle M. Cau-
chy: s'est appuyé pour la résolution et
l'intégration des équations par le moyen
desisérics. Peer ere ets
BORY DE SAINT- VINCENT persiste, après
la lecture d’une lettre de M: Pentland con-
cernant la position du Pic de Ténériffe
par rapport aux côtes de l'ile, à consi-
dérer la carte de M. Berthelot* comme
la plus exacte qu'on ait faite de l'ile
dans ces derniers temps.......:.......
BOUGRAND demande que l’Académie sefasse
faire un rapport sur une pompe qu'il-vient
de construire.......... CO OA SRE LC
BOURGERY: écrit relativement à la longue
conservation des cadavres préparés par le
procédé de M. Gannal........,!...:..:
BOUSSINGAULT' transmet à M: ren des
observations d’intensitémagnétique ; faites
* À Bogota .et sur le sommet d’une mon-
tagne voisine, (Guadalupe), observations
qui n’accusent aucune diminuttion dans
( 1038 )
Pages!
705
627
637
ibid:
291
202
47
86
625
712
MM.
l'intensité avec. la hauteur: — Observa-
tions diurnes: de: la déclinaison faites
à Marmato. .............
Examen comparatif descirconstances mé-
tévrologiques sous lesquelles végètent le
blé, le maïs et les pommèst de terre, à
l'équateur et sous la*zone tempérée:....
Dés'influencesmétéorologiques, considérées
parrapport à la culture de la vigne... ..
Mémoire sur-l'influence: du déboisement
dans. la diminution des cours d'eau.. ...
Analyse deplusieurs échantillons d’ornatif
dela Nouyelle-Grenade: ........ acid
BOYER ; méd au Caire, — Recherches sur
la peste eee eee ME PSE Ode
BOYER. — Statistique par’ département des
mines et minières de France. ( Production
et consommation des fers. )......... mer
— Statistique départementale des houillères
de France............... ane 02e
BRAMAH: — Observations sur la machine à
vapeur rotative du comte de Dundonald.…
BRAHMEGUPTA, géomètre hindou, donne
une solution générale du problème sui-
varnt : construire un quadrilatère inserip-
tible dans le cercle ettel que ses côtés,
ses diagonales, ses perpendiculaires, son
aire et le diamètre du cercle soient ex-
primés en nombres rationnels. Note de
MENCHRSIE SES Rae eee cie cire
BRAS. — Nouvelle démonstration du théorème
relatif à la somme des trois angles du
CE Eee +26 CHENE JOUE PE
— Autre démonstration du même théorème.
BRAVAIS (Louis et Aucusre). — Essai géo-
métrique sur la symétrie des feuilles cur-
visériées et rectisériées. — Rapport sur ce
mémoire...... sait à La 808 PARC AE
BRESSY. — Lettre relative aux phénomènes
électriques... «..... PES TPE Le DOTE
BRIERE, quia nee le prix de: la fonda-
tion De. réclame contre un passage
du Rapport sur.les pièces: adressées pour
ce Concours........... Fe OPERA
BRONGNIART(An.). — Rapport sur.un.mé-
moire de MM. L. et A. Bravais, ayant
pour titre : Essai géométrique sur: la \sy-
métrie des feuilles -curvisériées. et: rectisé-
TIÉES) este Hi see RO Ste CC LE si...
BRONGNIART sent ); est nommé membre
de la Frot chargée de. présenter
une liste de.candidais pour. la placeld’aca-
démicien libre devenue,vaeante perle dé-
cès.de M. Desgenettes :.......:
BROWN. — Lettre accompagnant l’envoi d’un
grand nombre dewariétés de maïs. ....-
BRUNEL.: Lettre de M. B. Delessert sur la
Pages.
250
33b
255
802
Gix
MA:
continuation des travaux du tunnel de
Londres.....,.. MARRRIE
BUSSY est présenté par la A0. de chimie
CAGNIARD-LATOUR. demande, conjointe-
ment avecM. Demonferrand, l'ouverture
d'un paquet cacheté; déposé par le der-
nier à Ja séance ‘du 19 septembre 1836,
éticontenant la description d’un appareil
que les deux auteurs se proposent de. nom-
mer prromètre acoustique ; — contenu du
paqueticacheté.25,. LAN Ne
Sur la pression à laquelle l'air contenu
dans la trachée-artère se trouve soumis
pendant l'acte dela phonation...:.....
— Note,sur un nouvel appareil dynamomé-
trique (le peson chronométrique), destiné
à donner les moyennes des effets dyna-
miques d'une.machine en mouvement,
pendant l'intervalle compris ‘entre deux
observations......:....... DRHRRE astes
M. Cagniard-Latourécrit que le peson chro-
nométrique qu’il a présenté récemment à
l’Académie avait été déjà décrit sommiai-
rement par lui dans une des séances de
la Société :philomatique dans le mois
d'août 1836.......... RÉSILIER ni ee
Productions siliceuses et calcairesobtenues
parides actionslentes......,..........
— Mémoire sur la Jermentationaineuse .
CAHOURS. — Lettre sur l'analyse de:1uile
essentielle de pomme: derterre :.......
CALIGNY (De). — Mémoire surles oscilla-
tions de l’eau dans les tuyaux de conduite:
CAMBESSEDES annonce qu'il ne/se place
pas sur les rangs pour la place devenue
vacante dans la Section de Botanique par
le décès de M: de Jussieu...
CAPORAL. — Lettre sur des assements. hu-
mains trouvés dans l’île de Crètelet con-
sidérés comme ossiles …. 2... "CEE
— Le: bloc quirenfermeices «ossements est
misisous lesyeux de l’Académie... ....
CAPPOCCI. — Nouvelles recherches sur le
phénomène connu,de. l'érosion! des co-
lonnes du temple der Sérapis , à Pouzzol ;
rapport verbal sur, cet :ouyrage, par
Mreaocs OS EAN ERAMENX. 4. EL.
— Présente une Lunette dialÿtique..…. .….....
CARLINI est présenté par Ja section d'Astro-
noie comme un des candidats pour une
place vacantelde correspondant. . .: 133 et
— Est nommé correspondant; pour la Sec-
tion d’Astronomie...............,.,..
CASPER. — Son ouvrage sur Ja ton
ss.
( 1039 )
Pages.
413
28
201
899
1002
551
750
767
203
24)
MM.
comme ‘un des candidats pour la place
vacante dans cette section par suite du
décès de M, Deyeux..….
est mentionné honorablement dans le
Rapport de la Commission pour le Prix
de statistique... ..... derbi
CAUCHY.— Lettre à M. Coriolis sur la con-
vergence des séries qui représentent les
racines des équations algébriquesoutrans-
cendantes , ou les intégrales des fonctions
différentielles .............. FOR CET)
— Sur la résolution ‘des équations ; Lettre à
M. Libri..…. . cocoddee teen
Lettre relative à un mémoire du mème
auteur-sur les racines des. équations si-
multanées.............. LP Cène enerele
Lettres sur da détermination LEFT
de toutes les’ racinés des équations de de-
gré quelconque ...... re AU ae, cnrs
CAUNES DES AULNOIS. — Vers sur la ri-
gueur du printemps de 1837......
— Lettre sur la quadrature du cercle......
CAUTLEY, — Note sur le sivatherium gigan-
teum (en commun avec M. Falconer );
citée par M. Geoffroy Saint-Hilaire qui
propose de rapporter l'animal au genre
CDI Tecra dec eee
Citation de la même note avec reproduc-
tion d’une des figures , dans un mémoire
de M. de Blainville sur le chameau fossile
et sur le sivathcrium de l'Hymalaïa......
CHAILLOT annonce qu'il vient d'apporter
à la harpe une modification qui permet
de détendre toutes les cordes à la fois,
puis de les retendre de mème, et de sorte
que l'instrument se trouve daccord au
moment où l’on veut s’en servir.
CHAIX , de Maurice, demande qu’on Épnonà
au concours , pour le prix Montyon, une
invention Tee au moyen de prévenir
l'incrustation des chaudières des machines
à vapeur... ....e ; .
CHAMPEAUX LA BOULLAYE.—Sur quel-
ques perfectionnements dont paraît sus-
ceptiblele distributeur mécanique dehouille,
dont a parlé M. Cordier dans la séance du
13 mars 1836. FORCE PAR
Note sur une erreur qui se trouye (suivant
l’auteur) dans les formules du Traité des
machines à vapeur de M. de Pambour.
CHARRIÈRE présente plusieurs, nouveaux
instruments de chirurgies. 4...
CHASLES.. — Explication de V'Abacus M
140..
Pages.
998
216
362
G52
7
825
594
768
53
gia
MM.
Boèce, et examen de deux ouvrages de
mathématiques des Hindous....,.........
CHATIN annonce qu'il a reconnu que le dé-
veloppement des végétaux s'opère sous
l'influence de deux lois découvertes,
relativement au développement des ani-
maux, par MM. Serres et Geoffroy Saint-
Hilaire, et d’une troisième qu’il dé-
signe sous le nom de loi de formation
centrifuge ......
CHAUVIN. — Note sur une échelle graduée
servant à la construction des épures....
CHAVIGNEZ. — Mémoire sur des cristaux à
quatre cristallisations différentes, trouvés
dans la substance du cœur ; suivi de con-
sidérations sur le diugnostic des maladies
du cœur....... nelososeaese see setee
CHERVIN. — Lettre sur la contagion de la
peste. ......
CHEVALIER. — Lettre sur un microscope
composé à faible grossissement...
CHEVALLIER. — Demande à retirer trois
mémoires qu’il avait présentés pour un
concours, et sur lesquels il n’a pas encore
élé fait de rapport ............... Sedee
— Composition! d’un papier destiné à pré-
venir la falsification des écritures, pré-
sentée sous enveloppe cachetée....... :
— Écrit relativement à une question de prio-
rité soulevée entre lui et M. Delion, pour
la condensation du gaz nitro-éthéré dans
la fabrication du fulminate de mercure...
CHEVREUL. — Recherches chimiques sur
la teinture ; 3°, 4°, 5€ et 6€ partie...
— Rapport sur un mémoire de M. É. Robin,
intitulé Théorie rationnelle des composés
en ure.
— Rapport sur un mémoire de M. Treille,
concernant un mélange explosif destiné à
remplacer la poudre de guerre .
— Rapport sur un mémoire de M. Pelouze,
concernant la glycérine.................
— Rapport sur un mémoire de M. E. Pe-
ligot, concernant un acide résultant de
l’action du brôme sur le benzoate d’ar-
gent
— Rapport sur un travail de M. Lassaigne,
concernant la nature et les propriétés du
composé que forme l’albumine avec le bi-
chlorure de mercure...................
— M. Chevreul est nommé membre de la
Commission chargée de présenter üne
liste de candidats pour la place d’aca-
démicien libre; devenue vacante par le
décès de M. Desgenettes...…. ..........
— Rapport sur un mémoire de M. Fremy ,
relatif à l’action de V’acide sulfurique sur
Jess huile RER ARS
ss éensnnssenesenree
Pages.
96
593
183
856
653
152
133
(1040 )
MM.
CIVIALE. — Mémoire sur les rétrécissements
de l’urètre. ........
CLOT. — Lettre à M. Chaine sur la conta-
gion de la peste.. ...,.......4 Fn00
COCHRANE (Lorp). — Voir à Dundonald.
COCTEAU. — Tableaux synoptiques de la fa-
mille des scincoïdes ; rapport sur ces ta-
bleaux par M. Duméril.................
COLIN. — Recherches sur les effets de a va-
peur dans toutes les périodes de Ja végé-
tation (en commun avec M. Edwards)...
COLLIER perfectionne le distributeur méca-
nique de la houille; note de M. Cordier
sur le chauffage des machines à vapeur...
COLOMB-MÉNARD. — Considérations sur
les taches du soleil et l'influence que, sui-
vant l’auteur, elles exercent sur les mr
nomènes météorologiques. .
COLOMBAT, de l'Isère, présente pour le con-
cours aux prix de chirurgie différents ins-
truments. .... .
-— Demande à retirer un mémoire sur la mé-
rotropie, qu’ilavait adressé pour un con-
cours maintenant jugé. Cette demande
étant contraire aux réglements, ne JReur
être accordée.
COLONIA. — BorE à incendies à levier ver-
LICAL Ne Ts eee etes cles ste
COMBES. — Mémoire sur le mouvement | de
l'air dans les conduites , et sur la ventila-
tion desmines.................... oo.
CONDOGURIS. — Note sur un gouffre de
l’île de Céphalonie, dans lequel on a dirigé
un cours d’eau venant de la mer, eau qui
sert à faire tourner un moulin..........
CONSEIL. — Mémoire sur plusieurs nouveaux
appareils de sauvetage. ...........
CONSEIL D’ADMINISTRATION DES HO-
PITAUX écrit relativement au projet de
ransporter les restes de M. de Montyon,
du cimetière de Vaugirard, sous la statue
en marbre qui lui a été érigée à l’entrée
de l'Hôtel-Dieu....,..................
CORDIER. — Proposition tue aux Fe
du Gers, etaux moyens que pourrait pren-
dre l’Académie pour encourager les re-
cherches de M. Lartet......... Frot
— Note sur le chauffage des machines à va-
peur, et spécialement sur les distribu-
teurs mécaniques de la houille.....,....
CORIOLIS. — Communication d’une lettre
de M. Cauchy relative à la convergence des
séries qui représentent les racines des
équations algébriques , etc...
— M. Coriolis est adjoint à la Commission
chargée de faire un rapport sur un mé-
moire de M. de Beaunez concernant un
nouveau système de draguage, et à la
Päge:.
336
123
383
216
MM.
Commission chargée de l’examen des di-
vers mémoires relatifs à la théorie des
machines à vapeur...........2%
CORO (Vincent). — Procédé pour faciliter l'o-
pération de la multiplication..........
COSTAZ déclare au nom de la Commission
pour le Prix de statistique, qu’il n’y a pas
lieu cette année à décerner le prix, et ce-
pendant qu’on doit mentionner honora-
blement les travaux de M. Demonferrand
et ceux de M. Casper relatifs l’un et l’au-
tre à la population...
Remarque sur l’aucienneté de la culture
du lin en Égypte.....................
COULIER. — De l’art du &éssin, de ses pro-
grès en France et à l'étranger, et de ses
applications considérées commeune source
de richesse nationale........ EC Hi
M. Coulier demande que la Commission
qui a fait un rapport sur le moyen de
prévenir le blanchiment des papiers tim-
DANRÉ demande un rapport sur un livre
intitulé Problème social résolu par La loi
Progressive «.........
DARLU. — Observation de Door) de
réale du 18 février 1837, dans la ville de
Meaux............ RARE NUE EE
DARONDEAU transmet à M. Arago PR
détails sur les observations magnétiques
faites pendant la première partie du
voyage de la Bonite....................
DAUSSE. — Lettre concernant la réclamation
de priorité élevée par M. Poirée au sujet
d’un projet de barrage à aiguilles mobiles...
DAVAINE. — Compteur dynamométrique, ins-
trument destiné à mesurer ia force d’une
machine sans interrompre ses mouve-
MONTS ee -eeielele
DAVAT indique ce qu’il considère comme
neuf dans un mémoire qu’il a adressé pour
le concours Montyon, mémoire dans le-
quel il s’occupe du traitement des 2a-
rices par l’oblitération des veines au moyen
d’un point de suture. ...........
DAVER. — Lettre sur la dernière éruption
boueuse du volcan de la Guadeloupe, et sur
diverses éruptions du mème volcan, dans
lesquelles des cendres ont été freins
Cendres de l’éruption de 1797 et de l’érup-
tion de 1836..........................
DEBRAINE présente des papiers couverts
d’une vignette tracée en encre délébile , at-
taquable par les divers réactifs à l’aide des-
quels on pourrait essayer d’altérér l’écri-
{ 1041 )
Pages.
250
180
5gr
95t
MM:
Puyes:
brés fasse connaître son opinion sur les}
papiers dits de sûreté...
Réclame lapriorité relativement à un pro-
cédé qui, dans le rapport de la Commis-
sion des papiers de sureté, est attribué à
M. É. Grimpé....... CD Doc FOUT
Adresse à l'appui d’une opinion qu’il avait
émise relativement à la hauteur à laquelle
peuvent s'élever les vagues, un passage de
la Relation du voyage de M. Dumont-Dur-
DER Eee ter eele de
COURTEGIS. — Sexrtant modifié à l’usage
des officiers d'état-major...............
— Rapport sur cet instrument..,........
COYTIER. — Note sur les fonctions du se-
cond ordre des racines des équations algé-
briques 742mLe-erenieernre as
CROSNIER. — Quadtue du cercle....:..
CROSSE.— Lettre à M. Becquerel, en lui en-
voyant des échantillons de divers compo-
sés obtenus par l’action électrique. ......
ture tracée sur ces papiers. ..........
DECAISNE est présenté par la section Be
tanique comme un des candidats pour la
place devenue vacante par le décès de
M. de Jussieu. ....... Een ste «aa
DELARIVE. — Recherches sur les Brit
des courants magnéto-électriques.. .... DC
— Réponse à quelques remarques de M. Pel-
tier sur un passage de ce mémoire.....,
DELATOUR. — Mémoire sur des patins-na-
geoires...... Prin ere ane seine
DELESSERT. — Comes d’une let-
tre de M. Perrotet sur la botanique des
montagnes Nilgherries............... 2
— Communication d’une lettre écrite du Bré-
sil par M. Bonpland..........,........
Communication d’une lettre de M. Brunel
sur les travaux qui se continuent au Tun-
ael'de Londres Here e
DELHOMME demande à retirer He mé-
moires qu’il avait présentés concernant
les machines à vapeur..... Apocoes ice
DEMONFERRAND, conjointement avec
M. Cagniard-Latour, demande l'ouverture
d’un paquet cacheté, déposé par lui le
19 septembre 1836, paquet contenant la
description d’un appareil que les deux
auteurs nomment Pyromètre acoustique-
Description de cet appareil...
Lettre sur le mouvement de la population
en France. .............s...s.ssses
— Recherches sur les lois de la mortalité et
de Ia population en France... ..........
342
253
453
955
NM.
— MDémande que les deux mémoires relatifs
aux lois. de la population et de la mor-
”talité, qu'il a précédemment présentés,
oies admis à concourir St le Prix de
statistique. .... DE ON
æ Ces recherches sont metoiie honora-
blement dans lerapport de la Commission
pour le Prix de statistique...
DENY DE CURIS, à l’eccasion de la lettre
de M, le Garde-des-Sceaux sur la nou-
velle toiture à faire pour la cathédrale de
Chartres, présente des observations sur
l'emploi du béton dans la couverture des
grands édifices. ..........
DERICQUEHEM- Remonsis sur les ques-
tions proposées’au jeune Vito Mangiamele,
dans la séance du 19 juin.
DESGENETTES. — Commission chargée de
présenter une liste de Icandidats pour la
place d’académicien libre, devenue vacante
par la mort de M. Desgenettes., ... ..
— Liste des candidats présentés......... .
DESJARDINS. — Tableaux des observations
météorologiques faites au Quartier de Flacq
(ile Maurice), en noyembre et décembre
1836... d
DESPRETZ. — Recherches sur le maximum
de densité des liquides. .... SON NET
Recherches sur le maximum de densité de
l’eau salée et des dissolutions aqueuses
en général. ........
Observations sur le DnacEmens et sur les
oscillations du zéro du thermomètre à mer-
esse
.. none
DEVÉZE DE ‘CHABRIOL, mettre sur les
effets des défrichements dans le Cantal..
D'HOMBRES-FIRMAS , élu correspondant
la Section Économte rurale , adresse ses
remerciments à l’Académie..... 5h a uni
Mémoire sur les sphérulites et les re
rites du département du Gard......... :
Lettre sur la constitution météorologique
du mois d'avril 1837 dans le midi de la
ETANCE REC ECC È
D'HOMERGUE présente un échantillon du
papier qu'il fabrique à Philadelphie pour
l'impression des billets de banque.......
DIDOT frères et GAUCHARD.—Spécimens
d'impression en plusieurs couleurs... ....
DOMEYKO.—Notice sur les changements qu’a
subis la côte prussienne de la mer Balti-
que, depuis les temps historiques. .....
DONNÉE: — Recherches sur la salive ; Rapport
verbal sur ce Mémoire , par M. Dumas...
Recherches sur la nature des diverses sé-
crétions des organes génito-urinaires , chez
l’homme et chez la femme; description de
nouveaux arimalcules trouvés dans quel-
( 1042 )
Pages.
913
MM.
ques-unes de,ces, matières ; observations
sur,un nouveau mode,de traitement de la
blennorrhagie, ......sserssuses.e
— Rapport verbalsur Fa ; parM:Tur-
pin...
Nouvelles Arme sur les alclles
spermatiques set sur quelques-unes des
causes de la stérilité chez la femme; sui-
viestderecherches sur les pertes séminales
involontaires , et sur.la présence.du sperme
dans l'urine... .......,...s.sssussssse
D’ORBIGNY.— Sur une troisième «espèce vi-
vante de la famille des Crinoïdes, servant
de type au genre Holopus....
DRONSART, agent de la compagnie des pa-
piers de sûreté, adresse quelques obser-
vations relativesau rapport.de la Commis-
sion sur ces papiers ..
DROUIN présente. un nouveaulit mécanique.
DUBOIS DE MONTPEREUX.—Sur lesprin-
cipaux phénomènes géologiques. du Cau-
case et de la Crimée; Lettre à M. Élie de
Beaumont. ..........
DUBREUIL. — Etudes orne de têtes
ayant appartenu à des individus de races
humaines diverses ; Rapport surice travail,
DUCOMMUN. —: Dépôt d’un paquet cacheté
par MM. Arnal et Ducommun........-.
DUFRÉNOY. — Analyse chimique des cen-
dres de l'Etna, et de celles du vo/can de
la Guadeloupe... Mons ciel nieiolaiate einer
DUHAMEL est présenté commeun des candi-
dats à la place vacante, dans/la Section de
mécanique ; pe suite du décès de M. Mo-
Lande ses aa PEN da
DUJARDIN, de Lille, —Note sur un appa-
reil (le ete destiné à représenter
par des signes rapides , les sons du langage
et les tons musicaux. ......:...::0975 et
DULONG est nommé membre de la Commis-
sion pour le Prix concernant l'application
de la vapeur à la navigation. .......-...
Membre de la Commission chargée de
présenter une liste de candidats ‘pour la
place d'Académicien libre(devenue vaeante
par le décès de M: Desgenettes....,...."
Rapport demandé par M. le Ministre de
la Justice et des Cultes, sur le métal le
plus propre à la couverture de la cathé-
drale de Chartres. .....
DUMAS, à l’occasion d’une note de M. Vicat
sur les chaux hydrauliques magnésiennes ,
fait remarquer que depuis quelques an-
nées M. Füchs à publié en Bavière des ob-
servations qui montrent le rôle utile de
la magnésie dans les chaux etles mortiers
hydrauliques. ....-... Hadocdio
— M. Dumas lit le rapport de la PConmis=
..556 et 582
1003
MM:
sion qui avait été chargée, d’après la de-
mande de M !1é Ministre‘ des Finances; de
s'occuper dés moyens propres à/prévenir
le lavage des papiers timbrés et la falsifica:
tion des actes publics où privés. .........
— Litle rapport de la Commission nommée
d’après la demaridé de M: le Ministre des
Finances pour s'occuper de la quéstion des
papiers de sûreté. :... ‘Hot phone 8e .
— Lit, au nom d’une Commission, un rap-
port sur ler papiers de sûreté de M. Mo-
FLAT NOUENOIS ON ON
— Notesur le carbo-méthylate de barite (en
cotimun avec M. Peligot).
— Rapport verbal sur un ouvrage de M: Don-
né, ayant pour titre Recherches sur la salive.
— Récherches sur là nature dû camphre ordi-
näire (‘en commun avec M. Péligot).....
— Sur lacide pyro-acétique; bain de M: Ro-
bert Kane:........,.....1. DOME Don
— «Note sur lé carbovinate de potasse (en
commun avec M. Péligot).............
— M. Dumas, litau nom de la Commission
du prix Montyon (Arts insalubres) le Rap-
port suriles pièces adressées au concours.
DUMERIL. — Rapport sur un ouvrage manus-
critdé M'Cocteau, ayant pourtitré Tabulæ
synopticæ Scincoïdorum.:,:.............
— Rapport sur un ouvrages de M. Percheron
ayant pour titre : Biblicgraphie entomo-
— Remarques relatives à la tète du Dinôthe:
rm giganteum, et à une phalange un-
guéale que MM. Kaup'et Klipstéir ont cru
pouvoir rapporter au mème animal......
DUMESNIL.— Note sur une nouvelle lan-
terne ou lampe de süreté.....,.....,..
DUMONT-DURVILLE, sous je’ Éd.
ment duquel doit se faire le voyage de
circumnavigation des deux bâtiments de
l'État, VAstrolabe et la Zélée, écrit qu'à
son retour à Paris, il se rendra près de la
Commission qui a (7 chargée par l’Acadé-
mie, d’après l'invitation de M. le Ministre
de la Marine, de rédiger des instructions
pourles expériences et observations scien-
tifiques à faire pendant, lacampagne…..
DUNAL.— Note sur la germination du Mar-
silea fabri( en commun avec M: Fabre)...
— Des insectes qui atfaquent,la, vigne ;
Communication de M. A de Saint-Hilaire,
relative à ce traité... :
DUNDONALD (le comte de). — Nouvelle
Machine à vapeur à rotation immédiate...
— Obsérvation sur cette machine; par M.Bra-
TITRE s\alel ele! ei a/ete eee MEN Eee «à
DUNLOP est présenté par la section d’Astro-
nomie comme un des candidats pour une
( 1043 )
Pages.
219
MM.
place vacante de correspondant... .....
— Est élu correspondant de l’Académie, sec-
tion d'astronomie... . . . . . . .. . .
DUPIN(Cnarses).—Analysedurapportdu jury
central sur l’erposition des produits de
l'industrie francaise en 1834. (M: Dupin
était rapporteur du jury.)..........2...
— Note sur les mouvements des Caisses
d'épargne en France, depuis quatre ans ,
et notamment pendant la dernière crise
COMIMETCIAIE Le. seteieelelsielaie is se siminie
— M. Dupin est nommé membre de la Com-
mission pour le prix concernant l’appli-
cation de la vapeur à la nüvigation....…..
— Est nommé-l’un dés trois commissaires
de l’Académie qui devrotit coopérer au
jugement des pièces de concours des élè-
ves'de l'École des Ponts-et:Chaussées.
DUPIN ; Gesouiiy et De MERiœux, annon-
co la fondation d’une Fermé et d’une
École modèles, pouf'la culture de la bet-
terave et la fabrication dusucrée!,.......
DURAND.— Sa lettre à M: de Blainville sur
une tête de Chameau fossile’ découverte
dans un'terrain de l’Hymalaïa, citée par
M: Geoffroy Saint-Hilaire, qui pense que
le crâne en question est le même qui a été
décrit et figuré par MM. Caurley et Falco-
rér, sous le nom de Sivatheriim gigänteum
— M. de Blainville combat l'opinion de
M. Geoffroÿ Saint-Hilaire à/ee sujet, et
présente en regard la figure du crâne de
chameau donnée par M. Durand avec celle
dé la tète du siÿatherium donnée par
MM. Falconer et Cautley.............
DUREAU DE LA MADLE demande que l’A-
cadémie ‘des Sciences interviéenne auprès
du Gouvernement pour qu’on adjoigne aux
expéditions militaires qui se feront dans
l’intérieur de l'Algérie des personnes char-
gées, de faire des obsérvations scientifiques.
— M'Dureau de la Malle présente des échan-"
tillons de roches recuéillis en décembre
1836 par M. Guyon, chirurgien en chef de
l’armée d’Afrique, sur la route suivie par
l’armée entre Bone et Constantine.
— Vues générales sur la configuration du
globe ei les migrations des peuples. .......
— Sur la position du trou auriculaire chez
les habitants anciens et modernes de la
Haute-Égypte. ÉtanCe sonores 2 PAAÈTR
DURIER demande que l’Académie veuille
bien faire examiner un appareil à l’aide
duquel il pense avoir résolu le problème
de la direction des aérostats.......... ..
DUTROCHET. — Observations su» la nature
et sur le développement du liége.….
— Observations sur l'ascension de la sève...
712
MM.
— De la tendance des végétaux à se diriger
vers la lumière,et de leurtendance à la fuir.
Observations sur la structure de l’organe
rotatoire des Rotifères, .......,.......
Note sur la substance végétale qui a servi
à la fabrication des toiles qui enveloppent
les momies d'Égypte. .
DUVAL.—Mémoire sur la section du tendon
d'Achille, comme moyen curatif des pieds-
EDWARDS, — Recherches.sur les effets de la
vapeur dans toutes les périodes de la végé-
tation (en commun avec M. Colin)... .. .
EHRENBERG est parvenu à conserver vivants
des infusoires phosphoriques de Océan.
Figure de l'Amphicora Sabella d’après un
de ses dessins.
M. de Humboldt annonce que l’ouvrage que
M. Ehrenberg va faire paraître sur les in-
Jusoires, contiendra les figures de 492 in
fusoires polygastriques et de 163 rotifères.
ÉLIE DE BEAUMONT est nommé membre
de la Commission pour le prix de statistique,
en remplacement de M. Girard...
Observations tendant à prouver que le
cône du Vésuve a été primitivement formé
par soulèvement. (Lettre de M. L. Pilla
sur des coquilles marines trouvées à la
Somma.).........
— Remarques sur une note de M. Constant
Prévost relative à la communication pré-
cédente...... here -32
Remarques COmpararee sur les cendres
de l’Etna et sur celles du volcan de la Gua-
deloupe Retenir eee rhoeleleie
Note sur une chute de grélons d’une forme
parficuèce.-2------ra ci. ate
Observations sur une lettre de M. C. Pre-
vost concernant l’âge relatif des calcaires
de Chäteau-Landon etdes grès de Fontai-
nebleau. .....,....... case sel
FABIEN DE RÉVIGNY. — Mémoire sur un
appareils à extension continue pour les
Jractures des membres inférieurs , et sur
un bandage pour l’amputation des mèmes
( 1044 )
Pages.
486
496
PATLICS EEE EE ARE RE gra
TABRE.— Notes sur la germination du mar-
silea Fabri (en commun avec M. Dunal).
AC 00e e sortes... 244 et 906
F ABREGUETTE transmetane lettre de M.Ca-
poral relative à des ossements humains
MM:
bots.st 4. x
DUVAL ( Anman» ) demande qu'il “ fait un
rapport sur la note relative au degré de
cuisson que doit subir Le pain, pour devenir
un aliment salubre................
DUVERNOY.—Lettre à M. Flourens sur quel-
ques points d’organisation concernant les
appareils d’alimentation et de circulation,
et l'ovaire des squilles.....,..,,...
Communication d’une lettre de M. Dubois
de Montpéreux relative à la Free de la
Crimée et du Caucase................. à
Communication d’une lettre de. M. Do-
meyko sur les changements qu’à subis la
côte prussienne de la mer Baltique, depuis
les temps historiques... .....
ENCKE, secrétaire de la classe mathématique
de l’Académie de Berlin, fait hommage de
deux nouvelles feuilles des cartes célestes
qui se publient sous les auspices de cette
Académie...
ENCOGNÈRE croit être en possession d’un
moyen de mouvoir les voitures aYec une
grande diminution de force............
ENGELMANN, père et fils, envoient des
échantillons d’un papier de sûreté qu'ils
fabriquent dans leur établissement litho-
graphique à Mulhouse, et qui semble
différer très peu de celui dont la Com-
« mission des papiers de sûreté vient de re-
commander l’usage.......... k
ERNST.— Rapport sur une balance de préci-
sion exécutée par cet artiste............
EYRIÉS demande à être porté sur la liste des
candidats pour la place d’Académicien
libre, devenue vacante par la mort de
M. Desgenettes.................. asia
Est placé sur la Ziste des cndia pour
la place d’Académicien libre, devenue va-
Pages.
00!
293
7oi
gG2
965
654
6:
292
cante par le décès de M. Desgenettes. 626-—G27
trouvés en Crête, etannoncel’envoi du bloc
dans lequel ces os sont enchâssés........
— Ce bloc est mis sous les yeux de l’Aca-
démie. ........ FA PTE
FALCONER.—Note sur le Sivatherium gigan-
teum (en commun avec M. Cautley);
citée par M: Geoffroy Saint-Hilaire, qui
propose de rapporter l’animal au genre
— Citation de la même note, avec reprodue-
182
55r
53
MM.
tion d’une des figures , dans un mémoire
de M. de Blainville sur le chameau fos-
sile et sur le sivatherium de VHymalaïa. 93
FAVRE,. — Quadrature du cercle.
FELD. — Observations des dérangements
produits dans la marche de l'aiguille ai-
mantée par une aurore boréale qui n’était
pas visible dans le lieu où se trouvait
l'observateur; Lettre de M. de Humboldt à
Pages.
nn J
M. Arago....,...... Fo ce EL OEREE 20)
FERRET. — Description d’un nouvel instru-
ment pour la levée des plans,..... 0 006
FLOURENS.— Expériences sur le mécanisme
du mouvement ou battement des artères.
— Recherches anatomiques sur le corps mu-
queux de la langue, dans l’homme et les
mammifères... ....,......
— Rapport sur un travail de M. Dub euil
ayant pour titre : Études anatomiques de
tétes ayant appartenu à des individus de
races humaines diverses...
— Communication d’une lettre de M. Du-
vernoy concernant quelques points de l’or-
ganisation des Squilles................. 505
FONTAN. — Recherches sur les eaux miné-
rales des Pyrénées.....,..,............
FORBES écrit à M. Arago qu'en discutant les
observations d'intensité magnétique qu'il a
faites dans les Alpes et les Pyrénées , il
trouve, en moyenne, pour la composante
horizontale, une diminution de 0,001 par
chaque 3,000 pieds anglais.......….... O3
FOURNET. — Mémoire sur les floks mé-
LA
193
575
-GAILLARD.— Supplément à un mémoire im-
primé, intitulé : Recherches sur les enfants
trouvés et les enfants naturels en France.
L'auteur demande que ce travail soit ad-
mis à concourir pour le Prix de Statis-
GALVAGNI —M. Geoffroy St-Hilatre ren
au nom de ce médecin la figure d’un
monstre humain à trois tétes dont il est
parlé dans le Traité de Tératologie de
M. Isid. Geoffroy... 306 300840
GAMBEY est présenté comme un des candi-
dats pour la place vacante dans la section
de Mécanique, par suite du décès de M. Mo-
lard PRE EEE Jose deu p 5 OT 6e
— est élu pour remplir la placevacante dans
la section de Mécanique par suite du décès
de M. Molard..... Dopotate
— Ordonnance royale qui
élection. :.:......
GANNAL prie l’Académie de presser le rap-
C.R 1837, 17 Semestre. (T. IV.)
170
556
confirme son :
705
tallifères et le terrain des environs de
l’Arbresle. ....... APE CEE HÉOT ER Fete
— Note sur l'existence, dans le département
du Rhône, d’un relief orienté suivant le
système de la chaîne du Pilat............
FOURNEYRON. — Expériences faites à Gi-
sors sur une turbine de M. Fourneyron.
Communication de M. Arago...,.......
FOVILLE. — Description d’un appareil nou-
veau pour les fractures du fémur...,....
FRANCOEUR est présenté commeun des can-
didats pour la place vacante dans la sec-
tion de mécanique par suite du décès de
MÉMOarT de eee à Barrage 556 et
FRANCOU. — Manuscrit de la seconde édi-
tion de l’Art du bottier. Rapport sur cet
ouvrage.
FRANKLIN (Le capitaine) at présenté par la
Section de géographie et de navigation
comme un des candidats pour la place de
correspondant, devenue vacante par le dé-
cès de M. Lislet- CERTA re eee
FRÉMY. — De l’action de l'acide Dire
sur les huiles. — Rapport sur ce Mémoire.
FREYCINET présente, au nom de la section
de Géographie, une liste de candidats pour
la place de correspondant vacante par le
décès de M. Lislet-Geoffror.…........ de 0
FUCHS a publié depuis plusieurs années des
observations sur la proptiétélqu’a la ma-
gnésie de rendre hydrauliques des chaux
ou des mortiers; Remarque de M. Dumas à
l’occasion d’une note de M. Vicat......,
port qui doit être fait sur les propriétés
alimentaires de la gélatine... ......,....
— Dépôt d’un paquet cacheté concernant un
travail relatif à l’alimentation.. ... . cod te
— Lettre de M. Bourgery sur la faculté
qu'ont de se conserver long-temps les
cadavres préparés par le procédé de
M. Gannal.
GAUCHARD. — Voyez Didot.
GAUDICHAUD est présenté par la section
de Botanique, comme un des candidats
pour la place devenue vacante par le décès
de M. de Jussieu. .........
— Est élu membre de l’Académie pour la sec-
tion de Botanique...
Ordonnance royale qui confirme cette
élection..........,..,......
GAUDIN. — Note surla formation artificielle
du corindon............ Lovso0t ados Ed
GAUSS. —Observations des effets Produits
sur l’aiguille aimantée par une aurore bo-
141
99
712
68
85
20Q
999
( 1046 )
MM. Pages, MM. Pages
réale qui n'était pas visible au lieu où l'Histoire naturelle de l'homme par l'étude
se trouvait l'observateur. ......... PO pa re po nn PA Pere IA . 662
5 : x . — Sur les changements que subis-
GENGUESE un ee rs EU LEE sent, avec l’âge te m Modes de
cent la fondation d’une ferme et d'une fa- 1 pa 6e » i x
brique modèles, pour la culture de la bette- a famille des Sco opendres. RATE . 44
rave et la fabrication du sucre. TS Ne 7 FU OT RUE La
Li n ‘ancers =.
GEOFFROY SAINT - HILAIRE. — Sur le phaloïdes SAS no
Shoes Ra gigantesque dors Fe — Recherches eines sur les chan-
comen, sat sé HÉCONNETIAAI Dar 9 gements pathologiques qu’apportent , dans
versant méridional de l’'Hymalaïa, et que DAT EE PER me
M. Geoffroy propose de dise au . 12 £ 7
G 83 l’apoplexie et le ramollissement.. ..:.... 703
ne EEE IEE DE MALE Re en Fe GOGLIOSO. — Pinces tranchantes et ciseaux
Ter de Hynns ORReor destinés à aviver les bords calleux des fis-
frant un cas analogue de terrain et de de- ES véto Na pistes _
gré d'organisation à l'éléphant Mammouth, | . ""# COVABINA ESrser-eeessesese 1
et comme contribuant à l’enseignement Goes H: dt le Re Ro Hi du
des causes incessantes et graduelles, mo- A LA LD HRLONS GR ee
. . il d ] 8 ET es Ce CCC CIC CC EE CCC CE 7
de for Anal “ 77 GRIMAUD. — Sur un nouveau mode dappli-
RAS a dep e le Sivathe- cation du vent à la marche des navires. - 133
FE elles considérations sur le z € “ GROVES. — Notstour! un ere ue
— Application du principe de soi pour soi au Fa par l'intervention du chlorure de c
battement des artères ; Remarques faites à Re ee Da 2 va pores j née Fe pres
PA RIOR Le du te ss cellion, provenant de l’île de Cuba...... 132
ot Es PERS 123 — Traité élémentaire d'Histoire naturelle ;
RER C0 0 ee ele par MM. Guérin et Martin St-Ange.
— M. Geofior Saint-Hilaire déclare que, don or Ga ouvrage par M. Isid.
suivant lui, la discussion relative au CR nm MT: Dre de à NO ENT 460
SivatheriumiestWärrivée à son terme..... 168 GUIDON. — Idées sur les Ron _ L'd'ascainise
— Présente un dessin de M. le docteur Gal- sement à exécuter dans la ville deParis....: 523
vagni de Catane, représentant un monstre GUILLEMENgest présenté par la section de
humain, à AnOis têtes. DE PRIE ce Botanique, comme un des candidats pour
mois D neue d'embrasser, MURS la place devenue vacante par le décès de
pensée unitaire, les manifestations dela MS AE a A SM UAUEe 68
psychologie et de la physiologie... ....... 239 GUILLORY demande au nom de la Sociclé
Tea Théorie des Gone SOURCE de industrielle d'Angers, les notices histo-
conceptions synthétiques d’un haut ensei- riques ou nécrologiques que l'Institut
gnement en histoire naturelle. . een 537 pourrait avoir publiées sur M. Aubert
Lt Sup 1e principe et les caractères de com- du Petit-Thouars, savant, né à Angers.. 442
position des doubles monstres hypogna- GUIRAUDET. — Lettre à M. Arago sur un
| thes et FE analogues. ........ RE 875 météore lumineux observé près de Vichy,
GEOFFROY SAINT-HILAIRE (Isidore). — dans la nuit du 4 au 5janvier.. ........ 9j
Rapport verbal sur un ouvrage allemand GUMODIE, écrit relativement à un nouveau
de MM: Kaup et Klippstein, ayant pour traité de Géométrie analytique qu’il se pro-
titre : Description d’une tête colossale de pose de publier.................... 768
Dinotherium giganteum......... J00 06 100 429 | GUYON. — Sur une race particulière de
— Rapport verbal sur un traité élémentaire l'Atlas, à peau blanche, yeux bleus et
d'histoire naturelle , par MM. Martin cheveux blonds. ...................... 365
St-Ange et Guérin. ........... Er 2 0 400) — Echantillons de roches recueillis par lui, en
— Rapport sur des recherches de M. L’Her- décembre 1836, sur la route suivie par
minier concernant la marche de l’ossifica- l’armée entre Bone et Constantine...... 44r
tion dans le sternum des oiseaux... ..... 565 | GUYOT. — Expériences sur la direction du
— De la possibilité d'éclairer l'étude de Jfil à plomb. .............. ee 000 Mt
MM.
HAMMER. — Passages concernant les étoiles
filantes, empruntés à d’anciens écrivains
( 1047 )
Pages.
arabes... .... Mae nee Eee ue à 293
HANSEN est présenté par la Section d'Astro-
nomie comme un des candidats pour une
place vacante de correspondant.......
CHénerprioe vrrecese 133 — 203 — 255 — 266
HAREL. LE les propriétés nutritives de la
gélatine........ RE ne ete le eee 11070
HAUY.— Mémoire sur la construction ii
prroscaphes…. Dr ane ets s ete le al eee te 52r
HÉRICARTDE THURY. —Membre delaCom-
mission chargée de présenter une liste de
candidats pour la place d’Académicien libre
vacante par suite du décès de M. Desge-
Lao État dodnodd de dodo
HEYNE. — Mémoire sur la ésénér ration D,
EE 0e 0 Sade o de Moore dupetonté
HOMBRES-FIRMAS. nu Q D'hombres Firmas.
HOSSARD. — Observations faites de concert
avec M. Pertier , pour déterminer l’épais-
seur des nuages et leur hauteur dans les
Pyrénées........
HUMBOLDT (pE).—Faits relatifs à Pau
des aurores boréales sur les mouvements
de l'aiguille aimantée. ................
— Fragments de siler pyromaque ct de semi-
JACQUEMIN. — Considérations sur la mé-
thode d'observation la plus propre à hâter
les progrès de l’histoire naturelle... .....
— Description anatomique de la Corneille
considérée comme type de la classe des
oiseaux; 3° partie, Myologie...... De
— M.Jacquemin demande que des mémoires
sur l'anatomie de la Corneille qu’il a pré-
cédemment adressés à l’Académie , soient
admis à concourir pour le prix Montyon.
JACQUEMONT (Vicror) a donné dans une let-
tresdressée à l'administration duMuséum,
des détails sur la constitution géologique
dela vallée de Markanda, lieu dans lequel
a été découverte la tète fossile du Sivathe-
HPiTMonaone opscenbe ee Acéndcetad
JACQUIN adresse à Tacdrie des échan
tillons d’infusoires fossiles provenant de
Franzensbad en Bohème...............
JAL. — Figure d’un étau pour la lithotritie.
JAMES annonce qu’il vient de rencontrer du
æaccin nouveau sur des vaches de la com-
anune de la Villette, et qu'il s’en est servi
pour vaeciner plusieurs enfants.........
495
585
25
26
255
1003
53
342
468
591
MM. Pages:
opale, composés en grande partie d’infu-
SOITES MU SSUIES eee see ee. 26
— Figure de PAmphicora sabella
— Lettre sur les expériences de M. Weber,
concernant une des causes qui concourent
à maintenir la tête du fémur dans la ca-
vitéarticulae/@.. 2.000.000. 131
— Lettre sur le Bergmehl (farine de mon-
tagnes), substance qui a été employée
comme aliment par les Lapons dans les
temps de disette, et qui se compose prin-
cipalement d’infusoires fossiles à carapace
BICOUSR RE A Gate cie ae el a1ale a AIS 293
— M. mal iprappelle. que M. Goppert
est le premier qui ait fait connaitre du
pollen pétrifié. .......... Dunes does 417
— Ilannonce que l'ouvrage de M. Ehren-
berg sur les infusoires contiendra Ja figure
de655 espèces..............41.. HAE DUOr 418
— Tableau des variations que l'aiguille ai-
mantée a éprouvées à Gôttingue pendant
laurore boréale du 18 février 1837....... 524
HUTIN. — Lettre sur une source thermale
voisine di camp de Ghelma (Algérie),
que l'on suppose être celle que les Ro-
mains désignaient sous le nom d’Aque Ti-
bilitane.- 24e ee enr: LOL 655
— Adresse copie des procès-verbeaux relatifs
aux faits consignés dans la lettre précé-
dénfe sante POURRAIT EI 626
— Ml Ministre du CR. consulte lA-
cadémie sur le degré d’exactitude et d’uti-
lité de dessins exécutés sous a direction
de M. James, lesquels montrent en regard
les pustules du vrai et du faux vaccin.... (625
— M. James écrit qu’il a inoculé avec succès
plusieurs génisses avec le vaccin trouvésur
une vache de Ja commune de la Villette, 802
JANVIER , auteur d’un des mémoires pré-
sentés pour le concours au prix concer-
nant la navigation par la vapeur, annonce
que le bateau à vapeur dont il est ques-
tion dans son mémoire vient d'arriver à
Pas en eeenaleee ae - 532
JAPPELLI. —M. Le Ministre de l'Agriculture
et du Commerce invite l'Académie à lui
adresser copie du rapport qui a été fait
sur une machine d’épuisement inventée par
M. Jappelli, machine qui parait convenir
particulièrement au desséchement des ma-
TALS EN ele ie lee ete cles irlelsiiuolnieerele eelels ie 202
141.
MM.
JOLLI (Simon). — Voyez Simon.
JOURNET demande qu’une commission soit
chargée de faire un rapport sur un nou-
veau système d'échafaudage qu'il a in-
JULIEN (Sraniszas). — Lettre sur le régime
que suivent les hommes qui cultiveut le
z'ig en Chine, régime qui semble les pré-
KANE (Rozerr).— Recherches sur l’acide py-
r'O- acétique. ..., snsnnns mn... eu...
KAUP annonce HRNCOE à Paris du crâne du
dinotheri Lun giganteum CORP ECC su...
Demande qué l’Académie charge une com-
mission de faire un rapport sur cette pièce,
ét de se prononcer sur sa valeur scienti-
— Sur la place que Éero occuper le dinothe-
rium dans l'échelle animale.
KLIPSTEIN annonce l’arrivée à are du crâne
du dinotherium giganteum.. ..…. .... noa0t 6
Demande qu’il soit fait un rapport sur
LACROIX fait hommage à l’Académie de la
5€ édition de son Traité élémentaire du
Calcul différentiel et du Calcul intégral.
— M. Lacroix propose quela Section de phy-
sique soit invitée à se prononcer, dans la
plus prochaine séance ,-sur la question
relative à la place devenue vacante dans
LAJARD fait hommage à l’Académie d’un
tableau du système théogonique et cosmo-
logique des Chaldéens d'Assyrie.. ...
LAMÉ est présenté comme un des candidats
pour la place vacante dans la Section de
mécanique, par suite du décès de M. Mo-
horse ess actes Hasbnosse O
LANET.— Appareil à copier les lettres; Rap-
port sur cet appareil..............
LA PYLAIE (pe). — Recherches sur la Géo-
graphie ancienne et sur l'Histoire natu-
relle de l’Algérie.....................
LA RIVE (ne). — Voyez Ve la Rive.
LARREY.— Notice sur la chorée ou danse de
Saint-Guy. ............... Décsta oo
— Remarques sur la substance (le lin) qui
a servi à fabriquer les toiles dont sont en-
veloppées les momies d'Égypte...
M. Larrey présente une bandelette prove-
nant d’une momie trouvée dans les cata-
combes de Thèbes, bandelette qu’à la vue
( 1048 )
Pages.
93
897
838
767
Mu.
server des maladies auxquelles expose en
Europe le travail dans les rizières......
JUNOD.—Dépôt d'un paquet cacheté. Séance
du 2 janvier.
JUSSIEU (An.pnE).— Note sur la Flore Fe
Sardaigne, de M. Moris, PER à
l'Université de Turin. ....... ECC
cette pièce et sur DRE scienti-
fique qu’elle présente... ................
KUHN.—Lettre à M. nl sur un météore
lumineux observé à Niederbronn, dans la
nuit du 4 au 5 janvier.................
KUPFFER.—Lettre à M. Arago sur les étoiles
flantes observées en Russie dans la nuit
du i2 au 13 noyembre.................
Sur le décroissement observé dans l’inten-
sité du magnétisme terrestre à, mesure
qu’on s’élève sur les montagnes ; Lettre à
MRATAa Oo EE SEE --ecereceeecl-rLE Cl
simple on reconnatt pour être tissue de
haaseuve SEC nb onooodedbnonate
Rapport sur un appareil or ant (le
Rigocéphale ), proposé pour les cas d’af-
fection cérébrale. .....................
LARTET.—Note sur les ossements Fais
des terrains tertiaires du département du
Gers, et sur la découverte récente d’une
mâchoire de singe fossile................
Nouvelles observations sur une mächoire
inférieure fossile crue d’un singe voisin du
gibbon, ct sur quelques dents ef osse-
ments attribués à d’autres quadrumanes.
M. Lartet annonce l'envoi des fossiles men-
tionnés dans la note précédente... ....
Rapport de M. de Blainville sur les osse-
ments fossiles de etes tre adressés
par M. Lartet....
LASSAIGNE. — Recherches sur la Hrcre du
composé que forme l’albumine avec le bi-
chlorure de mercure ; Rapport sur ce tra-
vail.
Dépôt d’un paquet cacheté portant pour
suscription : Observations sur quelques
composés du Fluor............. 050926 9
LAURENT. — Nouvelles observations sur le
développement des limaces et autres mol-
lusques gastéropodes. ..............
LAURENT ( AvcustE ). — Remarques ‘de
Pages,
65
4gx
913
299
MM.
M. Dumas sur la date des travaux de
M. Laurent et de M. Malaguti, relatifs à
l'acide camphorique ct aux produits de son
éthérification...........
De l’action du chlore sur la liqueur des
Hollandais et sur quelques éthers.......
De l’hvile des schistes bitumineux et de
quelques produits qu’on en obtient. ...
LECOUTEUR.—Notesur l’histoire et la clas-
sification des diverses variétés de /roment.
— Rapport sur un ouvrage de M. Lecouteur,
relatif au même sujet ; par M. Silvestre.
LEGRAND. — Recherches sur le déplacement
qu'éprouve l'échelle des thermomètres à mer-
cure. . ms...
LEGRAND (A. » LDe do) de l’or dans
le traitement des scrofules; Rapport sur
ce mémoire. ......... DETTE Le
— Note sur un nouveau es der muriate
acide d’or). Sedo
LEMAOUT. — Lettre sur une Jorét sous-ma-
rine découverte par la marée du 4 mai, en
un point de la côte de Bretagne voisin de
Saint-Brieuc. .........
LEMBERT. — L'Académie lui décerne un
prix de cinq mille francspour son ouvrage
intitulé Méthode endermique. ........
LEONELLI (ZECCHINE). — Modifications
à la: méthode d’extraction des racines nu-
MÉTIQUES. À 2. 4e aa ee aan e » cn 0 costa
LEROY D’ETIOLLES. — Modifications ap-
portées au brise-pierre , pour certains cas
exceptionnels. ....:..,....
— Scarificateur prostatique et ciseaux desti-
nés à reséquer par l’urètre, sans incision,
nnnssgosnns
les tumeurs de la prostate......... 200
LESTIBOUDOIS. — Note sur les scitaminées ,
les cannées et les orchidées... ...........
LETELLIER.— Composition destinée à dé-
truire le ver blanc. . etolelr ile
LETESTU:— Serrure construite sur un prin-
CPS HOUVEAU Sem sideslee Craie ee
MACQUET.—Note sur l’affaissement subit
d’une portion considérable de Fu dans
Varrondissement de Montreuil...
MAGENDIE, élu vice-président pour ns
1836, passe aux fonctions de président
pour 1837..... MP PR eco er one Re
Annonce que la Commission de la gélatine
poursuit ses travaux, mais ne les a pas
encore terminés. .......... Fe Toce
Est appelé, en sa qualité de président,
à faire partie de la Commission chargée
de présenter une liste de candidats pour la
Pages.
178
378
321
183
M
( 1049 )
MM.
LEYMERIE.— Observations sur des cas de
variole après vaccine...,..,.......,...
L’'HERMINIER. — Note sur une éruption ré-
cente du volcan de la Guadelqupe , core-
muniquée par M. Beauperthuy.........
— Recherches sur la marche de l’ossification
dans le sternum des oiseaux ; Rapport sur
ces vecherches........ Don gad states
LIBRI.—Recherchessur la détermination appro-
chée dés racines des équations alzébriques.
Communication d’unelettre de M. Cauchy
sur la résolution des équations........
M. Libri est nommé membre de la Com-
mission chargée de présenter une question
pour le prix de mathématiques à décerner
en 1838...... Érdoodepue are AOQE TO TT
LINARI. — Voyez Santi Linari.
LIOUVILÉE.— Mémoire sur le développe-
ment des fonctions en séries, dont les
différents térmes sont assujettis à satis-
faïre à une même équation différentielle
linéaire contenant un paramètre variable
(en commun avec M. Sturm )......,....
Note sur un théorème de M. Cauchy re-
latif aux racines des équations simultanées
(en commun avec M. 'Sturm).... Liabie
LITTROW est présenté par la section d’As-
tronomie comme un des candidats pour
une place vacante de correspondant, 133,
— Sur une nouvelle lunette achromatique
qu’il a imaginée; lettre de M. Mandl...
LOISELEUR - DESLONGCHAMES. — Note
sur la constitution robuste des vers à soie ;
pour faire suite à un mémoire sur les
moyens TR la récolte de la soie
en France..
LONGCHAMP.— Dépôt à d’un paquet cacheté
(séance du 26 juin)..................,
LORY.—Rapport sur une See mécanique
présentée par ce fabricant... ..........
place d’Académicien libre , devenue vaoante
par le décès de M. Desgenettes..........
Rapport au nom de la Commission char-
gée de l’examen des pièces adressées pour
le concours au Pre de physiologie expéri-
mentale eee
MAISSIAT adresse un reve cacheté (séance
du 1e7 mai).,........
— Adresseun nouveau paquet cacheté (séance
du 127 mai) ................
MALAGUTI.—Mémoire sur la composition
de l'acide camphorique et les produits de
Pagés .
705
582
- 767 et 808
1003
60
495
656
MM.
son éthérification.r,..,.,,..... rente
Recherches sur l’osokérite ou cire fossile
de la montagne de Rictrisika en Molda-
vie; rapport sur cetravail.........,..4,..
Recherches sur les éthers des acides pyr-
rogénés, et l’action du chlore sur l’éther
PYro-mucique.. se. none tante ccede
— Note sur la composition du rubis artificiel
obtenu par M. Gaudin... ..., ATOEE Jdoc
MALLE. — Mémoire sur un nouveau procédé
pour découvrir l’Arsenic et ses composés.
MANDL. — Note sur les moyens de découvrir
le pus dans le sang............ CHACE CE
M. Mandl remet de la part de M. Jacquin
les échantillons d’infusoires fossiles prove-
nant de Franzensbad en Bohème... ..
Transmet quelques détails sur une nou-
velle espèce de lunettes achromatiques
imaginées par M. Littrow, de Vienne...
MANGIAMÈLE ( Viro) résout, en présence
de l’Académie, des problèmes qui sem-
bleraïent exiger des connaissances mathé-
matiques assez étendues...............
Lettre de M. le Ministre de l'Instruction
publique au sujet de cet enfant... .....…
Lettre de M. Dericquehem sur les ques-
tions qui ont été proposées au jeune Man-
giamèle, dans la séance du 19 juin... :
MANGIN demande que l’Académie se fasse
rendre compte d’une note adressée par
Jui sur diverses découvertes qu'il croit
avoir faites en Astronomie .......,..,...
MANNI.— Une Ordonnance royale autorise
l’Académie à accepter la somme qu'il a
offerte pour faire les fonds d’un prix à dé-
cerner au meilleur ouvrage sur les morts
apparentes. ….............. mm eloaie mine ee
MARCEL DE SERRES. — Note sur des ca-
vennes chaudes qui se trouvent dans les
environs de Montpellier... .….
MARIVAULT.— Précis de l’Histoire générale
k de l'Agriculture ; Rapport verbal sur cet
ouvrage par M. Silvestre.. ........
MARKOTTE.— Lettre sur la direction des
aérostats.…..
MARTIN SAINT-ANGE. — Traité élémen-
taire d'Histoire naturelle (en commun
avec M. Guérin) ; FRapport sur cet ouvrage,
par M. Isid. Geoffroy Seint-Hilaire..….
MASSON. — Mémoires sur un nouveau mode
W’action des courants électriques; rapport
sur ce mémoire... .. Peh--ce--- CNE
d'Astronornie , une liste de six candidats
Pour une place de) correspondant vacante
dans cette section... sue AE. U
— Fait, au nom d’une Commission, un rap-
port dontles conclusions adoptées par l’A-
203
586
856
Gar
133
cadémie sont de recommander à l'attention
du Gouvernement la proposition d’envoyer
dans l’Algérie des personnes chargées de
travaux et de recherches relatives à l’His-
toire naturelle, la Géographie, la Phy-
sique, et les Sciences historiques... ....
MELLONI obtient , sur une demande adressée
à M. de Metternich par M. Arago, l’auto-
risation de rentrer à Parme , sa ville na-
tale 2h 4 AE Shpoonank.
MERCIER.—Addition à une notice de M. Da-
ver sur la dernière éruption boueuse du
volcan dela Guadeloupe; figure de la mon-
tagne volcanique, etc.; communiquées
par M. Biot.......... tte Ho bot
MERLIEUX (De), Durivet Gexouxzy, an-
noncent la fondation d’une ferme et d’une
Jabrique modèles pour la culture de la bet-
terave:et la fabrication du sucre. .…......
METTERNICH (Le prince de) obtient pour
M. Melloni , réfugié italien, la permis-
sion de revenir à Parme, sa ville natale.
M. Arago annonce qu’il n’a eu besoin que
exposer lestitres scientifiques de M.Mel-
Jloni pour obtenir de M. de Metternich sa
bienveillante intervention... ...,......
MEYEN annonce que ses recherches sur les
Azolles confirment les déterminationsdan-
nées par M. Brown pour les organes de la
fructification de ces eryptogames.….......
MEYER.-—Lettre à M. de Mirbel sur l'im-
portance d’un ouvrage d’Albert-le-Grand ,
De vegetalibus et plantis, dont M. Meyer
prépare une nouvelle édition.......... .
MIÉGEVILLE. — Note sur un moyen de ren-
dre moins insalubre le métier des em-
ployés dans les manufactures de tabacs.
MINISTRE DE LA JUSTICE ET DES
CULTES consulte l’Académie sur le choix
à faire entre les divers métaur proposés
pour la nouvelle toiture de la cathédrale
de Chartres, ........s......... a40 000
MINISTRE DELA MARINE remercie l’Aca-
démie de lui avoir fait connaître la nomi-
nation de M. Gaudichaud (actuellement
embarqué sur la Bonite), comme membre
de la section de botanique.............
Annonce qu'un voyage de circurmaviga=
tiun sera fait prochainement par deux b4=
timents de l'Etat, sous le commande-
ment de M. Dumont-d'Urville, et invite
l'Académie à rédiger des instructions pour
les observations et les recherches scienti-
fiques à faire pendant la campagne...
MINISTRE DE L’'INSTRUCTION PUBLI-
QUE transmet une ampliation del’Ordon-
nance royale qui confirme l'élection de
M. Gaudichaud......,,,,.,............
Pages.
408
652
712
418
G25
379
624
209
MN.
— Demande qu’on lui transmette le rapport
qui sera fait sur un mémoire de M. Bal-
land concernant la voix humaïne........
Transmet uneampliation de l’Ordonnance
royale qui autorise l'acceptation d’un legs
fait aux Académies composant l’Institut
royal de France pour la fondation de pres
Girobiopodonvtedne
Demande Popiitoi de PAcadémie sur
l'ensemble des matériaux rapportés par
M. Texier de son voyagede l’Asie-Mineure.
Demande s’il a été fait un rapport sur le
Traité de pasigraphie de M. Renou......
Adresse ‘ampliation de l’Ordonn. royale
qui autorise l’acceptation de la somme
offerte à l’Académie par M. Manni, pour
être donnée en prix au meilleur ouvrage
sur les morts apparentes... gba
Demande l'opinion de l’Académie sur un
mémoire de M. H. Mangin, relatif au
système du monde, ete.. HETOQCE
Adresse ampliation de l’Ordonnance roya-
le qui confirme l'élection de M. Garmbey
comme membre de l’Académie... où
Transmet ampliation de l’Ordonnance
royale qui confirme l'élection de M. de
Bonnard....... bebor tac Écnoe
Invite l’Académie à lui faire connaître
son opinion sur le jeune Vito Mangia-
mele, etc....... EREEERIT EL EEE EEE
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
demande s’il a été fait un rapport sur
deux mémoires soumis au jugement de
l'Académie par M. Leonelli, et transmet
un troisième mémoire du même auteur.
MINISTRE DES FINANCES demande que
l'Académie presse le rapport quidoit être
fait sur les moyens propres à prévenir le
blanchiment frauduleux du papier timbré.
Demande que l’Académie lui transmette
le plus promptement possible le résultat
de ses recherches sur l'influence des défri-
sis
MINISTRE DU COMMERCE ares un née
moire de M. Rezaux sur un nouveau pro-
cédé pour le conditionnement des soies, et
demande que le rapport qui sera fait sur
ce procédé lui soit communiqué........
Fait la même demande relativément à
une méthode de M. Ozanam sur la con-
dition des soies par décreusage d'essai. .
Demande le rapport qui a été fait par
l'Académie sur une machine d'épuisement
applicable surtout au desséchement des
marais, machine proposée par M. Japelli.
Transmet une lettre de M. de Beaunez,
qui demande un rapport sur un nouveau
système de draguage qu’il a proposé ....
551
557
585
625
705
856
I00I
go1
80
292
187
470
336
Demande de nouveau l’opinion de l’Aca-
démie sur le degré d’exactitude de dessins
exécutés sous la direction de M. James,
et représentant en regard les pustules du
vrai et faux vaccin. ......... oocadoonbn
— Demande si la Commission chargée de s’oc-
cuper de la question des rondelles fusi-
bles a terminé son travail.
Invite l’Académie à désigner trois de ses
membres pour faire partie de la Com-
mission chargée d’examiner les pièces de
concours des élèves de l’École royale des
Ponts-et-Chaussées........ 00 pcOUc a coûc
Invite TAcadémie à rechercher les
moyens qui pourraient prévenir l’éclo-
sion de la graine de vers à soie qu’on dé-
sire faire venir de Chine, pendant que
dureraït la traversée du bâtiment chargé
TOAPDPOTTErR Me eee -isleielsloieleialelesteisie
MIRBEL (ve) propose, au nom de la section de
Botanique, de déclarer qu’il y a lieu de
nommer à la place vacante par suite du
décès de M. de Jussieu. ................
Communique une lettre de M. Meyer,
relative à l'importance d’un ouvrage d’Al-
bert-le-Grand sur les végétaux... ... OUT
MOLARD. — L'Académie apprend la nou-
velle de'sa mort.
L'Académie décide qu’il y a lieu à le
remplacer dans la section de Mécanique.
Liste des candidats pour la place vacante
présentée par la section....,............
M. Molard est remplacé dans la section
de mécanique par M. Gamber..........
MONCEY (De) écrit relativement à un puits
de mine très profond qui doit être pro-
chainement creusé et qui pourrait peut-
être donner occasion de faire De
observations scientifiques. ..........
MONDIÈRE. — Mémoire sur le traitement
dela dyssenterie par l’albumine donnée en
boissons etien lavements................
MONFERRAND,. — Voyez Demonferrand.
MONTAGNE. — Recherches anatomiques et
physiologiques sur l’hÿmenium ou mem-
brane fructifère du sous-ordre des Agari-
cinées, et spécialement du genre Agaric.
— La section de Botanique présente M. Mon-
tagne comme un des candidats pour la
place devenue vacante par le décès de
M. de Jussieu...
| MONTUREUX. — Note sur la possibilité de
se passer des écluses au moyen desquelles
on fait monter les bateaux, du bief infé-
rieur d’un canal dans le bief supérieur ;
note sur la possibilité de produire sans
combustible le calorique applicable à des
machines à vapeur , etc,............ “A8
Pages.
G25
750
1002
68
297
NM.
MONTYON. — Le Conseil des hôpitaux soumet
à l'approbation de l’Académie la décision
qu’il a prise relativement au projet de
transférer Les restes de M. de Montyon, du
cimetière deVaugirard, sous la statue qui
lui a été élevée à l'entrée de l’'Hôtel-Dieu.
MOQUIN-TANDON. — Lettre à M. Isid.
Geoffroy-Saint-Hilaire sur les lois de la
formation des végétaux.................
MOREAU, DE JONNÉS. — Note sur un.
abaissement subit et considérable de la tem-
pérature aux environs de l’île de Cuba...
M. Moreau de Jonnès rappelle attention
de l’Académie sur un ouvrage dans lequel
il a traité de la question du défriche-
ment des. bois sous le rapport de ses ef-
fets météorologiques. ..............
Relevé des centenaires décédés en (France
en 1835.
M. Moreau de Jonnès rappelle lame
faite dans un journal américain, d’une
découverte relative à ere de la
puissance électro - magnétique aux ma-
chines, et engage les membres de l’Aca-
démie, qui, en raison de la nature de
leurs études ou de leurs relations avec les
Etats-Unis, pourraient avoir de plus
amples renseignements à ce sujet, à en
faire part à l’Académie............. 522
MORIN (ARTHUR). — Note sur la théorie des
machines à vapeur, et en particulier sur
NATUS pense qu'on préviendrait les épidé-
mies en brülant les cadavres, au lieu de
les enterrer,
OBERHÆUSER. — Microscope disposé de
manière à ce qu'on puisse éclairer succes-
sivement de plusieurs côtés l’objet qu’on
étudie, sans le faire sortir du champ de la
vision...... 2 Ha
OHLIVE-MEINADIER. _ Dies sur
la solution des équations du cinquième
degré... snssrenensesesonese ses
ORFILA demande à être inscrit sur la liste
des candidats pour la place d’académicien
libre, deyenue vacanfe par la mort de
M. Desgenettes.…., ,....
( 1052 )
Pages.
336
336
920
897
343
250
MM.
celle des machines locomotives...
— Seconde note sur les machines à vapeur...
MORIS. — Note sur le premier volume de sa
Flore de Sardaigne; par M. Ad. de Jussieu.
MORLET rappelle un rapport qui doit être
fait sur deux mémoires qu’il'a adressés ,
concernant la théorie du magnétisme, ter-
restre ..........s.....ssssss sense
MORREN annonce avoir D enes à ASE le
6 avril 1837, une aurore boréale........
MOSSELMAN. — A l’occasion de la LES de
M. le Garde des Sceaux, sur le choix à
faire entre les divers métaux proposés
pour la nouvelle toiture de la cathédrale de
Chartres, MM. Mosselman adressent des
documents tendant à prouver que le zinc
employé à la couverture des grands édi-
fices, n’offre pas les inconvénients qu'on
aurait pu craindre, en cas d'incendie, de
la combustibilité de ce métal........ ce
MOTTET.— Procédé pour extrairedes graines
du marronnier d'Inde une fécule amilacée
propre à l’alimentation........,..... *
MOULIN. — Quadrature du cercle...
MOZARD. — Rapport sur son papier de
sûreté, … LAS 0 de Je
MUTEL transmet les planches encore iné-
dites du 4€ volume de sa Flore francaise.
— Mémoires sur deux nouvelles espèces du
genre Oncidium, de la famille des Orchi-
NAUCHE. — Des signes que peut fournir
l'urine chez les femmes enceintes. .....:.
— Est placésur la liste des candidats pour la
place d’académicien libre, devenue vacante
par la mort de M. Desgeneites...........
—- Annonce qu'ilsedésiste dela candidature.
OWEN! (Le capitaine) est présenté par la
section de Géographie et de Navigation,
comme un des candidats pour la place de
correspondant , devenue vacante par le dé-
cès de M. Lislet-Geoffroy...............
OZANAM. — Mémoire sur la condition des
soies par décreusage d’essai............
Pages-
649
932
889
471
589
.. 623 et 766
523
627
637
99
468
MM.
PAGÉS, de l'Arriége, transmet une lettre de
M. Azéma, sur un nouveau gisement d’os
fossiles de grands mammifères... ..
PAILLETTE adresse des fragments de sub-
stances en décomposition, recouverts de
nouveaux composés résultant d’actions
électro-chimiques.........,.,:......
PAMBOUR (De).—Dela résistance des machines
locomotives en usage sur les chemins de
Serie AIR SH QU ÉD Done On
Mémoire sur le calcul des machines à va-
peur à haute pression, sans conden-
sation... .:..4....1 sors osrrrssneee
M: de Pambour est présenté comme un des
candidats pour la place vacante dans la
section de Mécanique par suite du décès
de M. Molard......,............ :
— Mémoire sur la théorie de la machine à
vapeur, telle qu’elle a été exposée dans le
précédent mémoire............... ephats
— Réponse à une note de M. A. Morin sur la
théorie des machines à vapeur, -et en parti-
culier sur celle des locomotives. .....
Réponse à une note de M. Champeaux la
Boulaye sur une erreur qui se trouverait
dans la formule du Traité des machines lo-
comotives de M. de Pambour......,,....
Mémoire sur la théorie de la machine à
vapeur, etc...
PAOLI. —Recherches sur le mouvement molé-
culaire des solides. ....................
PARAVEY (De). — Lettre relative à une
chute d'étoiles filantes, observée en Anjou
vers le milieu du onzième siècle. .….
Lettre sur une comète observée au Tonquin
en 1668-............
M. de Paravey appelle l'attention sur un
passage de la relation de l'ambassade de
lord Macariney en Chine, passage où il est
question d'étoiles filantes.............,.
Transmet quelques extraits -du voyage de
M. Burnes, relatifs à des météores lumi-
neux et à des soulèvements de'térrain, ob-
servés dans l’Inde......,......... Qt)
Lettre sur le plateau de Pamer considéré
comme point culminant du monde........
PARET. — Essai sur la cohésion appliquée à
la théorie physico-chimique des princi-
paux phénomènes de la nature... .., - oo
PASCAL: — Lettre sur le mouvement perpétuel,
PASINI. — Lettre sur la quadrature du cercle.
PAYEN. — Recherches sur les oxidations lo-
cales et tuberculeuses du er; Rapport
sur ce MmÉMOÏre:..,....... dobaspautE
PÉLIGOT. — Note sur le carbo-méthrlate de
C. R. 1837, 1®7 Semestre. (T, IV.)
ponnnsrenneonennnn eus
( 1053 }
‘Pages.
978
342
332
503
556 — 58a
589
712
872
1003
1001
343
768
190
MM.
baryte (en commun avec M. Dumas)...
Mémoire sur un acide résultant de l’action
du brôme sur le benzoate d'argent (acide
bromo-benzoïque). Rapport sur ce mé-
moire .
— Recherches sur la nuture du camphre-ordi-
naire (en commun ayec M. Dumas)....,
Note sur le carbo-vinate de potasse (en
commun avec M. Dumas).......,......
M. Peligot est présenté par la section de Chi-
mie comme un des candidats pour la place
devenue vacante dans cette section par
suite du décès de M. Deyeux..,.........
PELLETAN. — Note sur un appareil destiné
à extraire la matière sucrée contenue dans
la pulpe de la betterave... ,......,.......
PELLETIER. — Examen des produits prove-
nant du traitement de la résine dans la
JSabrication du gaz pour l'éclairage (en
commun avec M. Walter) ....,.......
— M. Pelletier est présenté par la section de
Chimie comme un des candidats pour la
place vacante dans cette section par suite
du décès de M. Deyeux . . . ..
PELOUZE. — Mémoire sur la sbcérine) _
Rapport sur ce travail.........,.......
M. Pelouze estpréseuté para section de Chi-
mie comme un des candidats pour la place
vacante dans cette section par suite de la
mort de M. Deyeux...,....
Est élu pour la place vacante dans la sec-
tion de Chimie par suite de la mort de
M. Dereux..…........
PELTIER.— Recherches expérimentales sur
les divers phénomènes qui concourent à
l'effet général des piles électriques... ,.,
Expériences sur l'électricité dynamique dé-
veloppée par le frottement. ....., este
Hygromètre, dont les indications sont
données par un appareil thermo-élec-
trique........
Sur une différence que l’auteur croit de-
voir établir, dans l’action mutuelle des
corps, entre les solutions et les dissolu-
tions... .. tumor
Remarques relatives à une nouvelle pro-
priété assignée par M. de la Rive aux
courants magnéto-électriques, :...,...
PENTLAND adresse, au nom du Bureau hy-
drographique de Londrés une liste de 269
carteset 22ouvragesrelat: ÿsà l’hydrographie
et à la navigation, . dont cette administra-
tion fait don à la bibliothèque de l’Institut.
Lettre sur la visibilité du Pic de Ténériffe
à de petites distances de la côte, et sur le
142
Pages.
433
913
793
898
g15
366
c26
ibid.
907
MM.
degré d’exactitude des différentes cartes
qu’on a faites de cette île....... dédree
PERCHERON. — Bibliographie entomologi-
que. Rapport sur cet ouvrage: ........ Û
PÉRISSOT. — Cadran solaire annoncé comme
pouvant servir à bord d’un vaisseau. ..
PÉRONNIER. — Mémoire sur la forme. qu'il
convient de donner aux versoirs de char-
rue, et sur un procédé géométrique pour
en faire entbois.2. 30.720 ie
PERRON (De). — Lettre au secrétaire de
l’Académie, concernant une discussion
avec MM. E. et I. Geoffroy Saint-Hilaire.
PERRON. — Mémoire sur la peste observée
en Égypte ; à Abou-Zabel , pendant l’épi-
démie de 1835..:........ 44.40.04
PERROTET. —- Lettre à M. B. Delessert sur la
botanique des montagnes Nilgherries.
PERSOZ. — Recherches sur l'acide acétique...
Nouvelle méthode d'anaïyse pour l’éva-
luation des principes constituants des ma-
tières organiques.........,......-.
PETIT.— Nouvelles observations de nludes
calculeuses guéries au moyen des eaux de
Vichy. —Rapport verbalsur ect ouvrage,
par M. Robiquet...,.......,..... 4
PETREQUIN. — De l’auscultation artificielle ;
essai. d’une nouvelle méthode pour ap-
prendre l’auscultation.............,.4.
PEYTIER. — Observations sur le climat dela
GRÉLCE. II I ET IT ee
Résaltats de quelques mesures de hautewr
en Grèce. .tse.:n.smeneeereeeeus
— Hauteur des nuages dans les Pyrénées,
pendant Pété de 1836... ...............
Diamètre des halos............. dé e
PILLA. — Observations rendre à prouver
que le cône du Vésuve à été A
formé par soulèvement. ........... CCE
PIOBERT. — Influence de [a rotation des mez
biles sur leur. mouvement de translation
dans les milieux résistants: .... ....,...
PLANA: — Note sur l4 page 126 du prémier
volume de sa Théorie de la Lune... .....
— Note sur un passage du premier volume de
sa Théorie de la Lune. .......,.........
— Errataäun mémoire insérédans!le Compte
rendu, séance du 15 mai....,..........
POINSOT. — Observations relatives à une
note de M. Poisson, concernant un pas-
sage de la Théorie dés fonctions de La-
grange... COCO EREEEERETEETEE con
M: Poinsot est nommé membre dela Com-
mission administrative pour. l'année 1837.
Et de la: Commission chargée de proposer
unequestion pour leprix de mathématiques
à à décerner en 1838..............
—
Pages.
195
183
( 1054 )
MM.
de la partie solide du globe, de l’atmo-
sphère et du lieu de l’espace où la Terre
se trouve actuellement, indiqué p. 124,
—fiñnséré; ec demo -cueltie ee abie de
— Note sur les inégalités du mouvement de
la Lune autour dela Terre, ....... aa
Mi Poisson demande que la Commission
chargée d'examiner lés mémoiresde M, de
Pontécoulant sur lx Théorie de la Lune,
se prononce sur les questions -débattues
entre luiet cet auteur. ..........
Rémarques sur linvariabilité des, grands
axes des orbites dans le mouvement des
planètes en! général ; et de: la Lune en
particulier. :,....4...44. das seseus
Réponse à une note de M. Jacobi sur un
passage de-la Théorie des fonctions de La-
Granges. dés sutesrésssadmntosntn
Réplique à des observations faites par
M. Poinsot sur la note précédente. ..:.-
M. Poisson est nommé membre de la
Commission chargée derprésenter une liste
de candidats pour la place: d’académicien
libre vacante par suite du décès de
M: Désgéneites né oi s 000 20028255 Te
M. Poisson présente un supplément à son
Traité de la Théorie mathématique de la
chaleur............
Est nommé membre de la Commission
chargée de proposer une question pour
le prix de mathématiques à décerner en
His 4 cod 0
— Remarque sur Pintégration des équations
différentielles de la dynamique. .…......
M. Poisson lit, au nom d’une Commission,
le programme du prix de sciences mathé-
matiques qui doit être proposé dans la
prochaine séance annuelle
PONCELET. — Note relative à la Trés
édition de son Cours de mécanique appli-
quée aux machines. ........
— M. Poncelet est nommé membre de la
Commission pour le prix concernant l’ap-
plication de la vapeur à la navigation...
Est élu un des trois Comunissaires, qui
doivent coopérer au jugement des pièces
de concours des élèves de. l'École royale
des Ponts et Chaussées «ss ...sssunsns
Rapport sur un Mémoire de M. de Saint-
Léger, ayant pour objet la deseription
d’un frein dynamométrique.….........s
Note sur un mécanisme propre à régulariser
spontanément, l’action et le mouvement
d’oscillation du frein dynamometrique. .
Nouvellenote sur le même sujet, .….....
— Figure de lappareil..
PONTÉCOULANT. — Note:sur les inégalités
Pages.
MM.
lunaires nommées inégalités à longues pé-
riodes ....... Hbc topo yonc Bonne vb
— Note sur un mémoire de M. Poisson,
concernant la Théorie de la Lune......
— Note sur les inégalités à longues périodes
du mouvement lunzire , calculées par La-
DIACER SE A Dee eeete RTE e ca iete .
Note sur un passage us: mémoire de
M. Poisson sur la Théorie de la Lune...
Remarques sur une note de M. Poisson,
relative à l’invariabilité du grand axe de
l'orbite des planètes. ....... DAS ....
Observations sur une lettre de M. Plana,
relative à la Théorie de la Lune... .....
Lettre sur la théorie des inégalités lu-
naires. ss...
POUILLET. — Mémoire sur la ie Ge Volta
et sur la loi générale d'intensité que
suivent les courants, soit qu'ils pro-
viennent d’un seul élément , soit qu’ils
proviennent d'unepile à petile ou à grande
tension...
— Détermination des basses températures àu
moyen du pyromètre à air, du pyromètre
magnétique et du thermomètre à l'alcool.
— Mémoire sur la mesure relative des sources
thermo-électriques el hydro-électriques jet
sur les quantités d'électricité qui sont né-
cessaires pour opérer la décomposition chi-
mique d’un gramme d’eau, ou pour donner
des commotions plus ou moins fortes dans
des circonstances déterminées........
PRÉCORBIN. — Dépôt d’un paquet cachet
portant pour suscription : Nouvelle rna-
chine pyro-dynamique, et nouvel appareil
_hrdro-dynamique rise tits 2 Choc
PRÉFET DES PYRÉNÉES ORIENTALES
(LE) annonce l’envoi de la notice supplé-
mentaire de M. Tixedor sur le traitement
des brülures. ......... ecran ne
PRÉVOST (Consranr). — Lettre sur les
coquilles marines trouvées à la Somma
par M. L. Pilla, et sur les déducticns
qu’on a tirées de ce fait pour prouver que
le cône du Vésuve avait.été primitivement
formé par soulèvement. .....
ss...
RAGUENEAU DE LA CHAINAYE. — M. le
Ministre de l’Instruction publique transmet
ampliation de l'ordonnance royale qui au-
torise les Académies qui composent l’Ins-
titut royal de France, l’Académie des
Inscriptions exceptée, à accepter, chacune
en ce qui la concerne, le less qui leur a
été fait par M. Ragueneau de la Chainaye
pour la fondation de plusieurs prix annuels.
Pages.
280
335
378
gro
267
513
785
556
650
552—586
551
{ 1055) |
MM.
— Letire sur l’âge relatif des calcaires de
Château-Landon et des grès de Fontaine-
bleau ,...... PAT AIT NOT TOUS
Léttre sur le mode de formation de
l’fle Julia, à l’occasion d’une lettre de
M. Arago sur le même sujet......,... .
Nouvelle lettre sur le mode de formation
dedle (fus. Me adva-aererere-mmet
PRONY (be), au nom de la section de Méca-
nique, propose à l’Académie de déclarer
qu’il y a Jieu à nommer à la place de-
venue vacante par le décès de M. Molard.
PUILLON-BOBLAYE. — Lettre sur Ja tempé-
rature de la Grèce..................:..
PUISSANT.—Note sur la carte de France,
que publie le Dépôt dela Guerre, accom-
pagnant la présentation de 25 nouvelles
feuilles de cette carte...................
Remarques relatives à une proposition de
M. Dureau de la Malle, ayant pour objet
de demander au Gouvernement que, dans
les expéditions militaires en Algérie, on
comprenne quelques personnes spéciale-
ment chargées de faire des observations
scientifiques. Exposé des résultats déjà ob-
tenus pour la géographie et la météorologie
de ce pays, par les officiers d'état-major
de l’armée d’Afrique....,....:..e.e..v
— M. Puissant est prié de s’adjoindre à la
Commission chargée de faire un rappert
sur la proposition de M. Dureau de la
Malle, relative à une exploration scienti-
fique de VAlgérie............... DE
Est choisi pour un des trois Commissaires
de l’Académie qui doivent coopérer au
jugement du concours des élèves de l'École
roÿale des Ponts et Chaussées. ..........
De lutilité des mesures barométriques et
thermométriques, dans le calcul des diffé-
rences de niveau par les distances zénithalas
observées réciproquement aux points de
station d’un réseau de triangles. ........
Rapport sur un sextant modifié, à l’usage
des officiers d'état-major ; par M. de Cour-
LA CDPPEPEEE
DEEE EC CEECEE EEE
RAMEAUX. — Imitation de pièces anato-
miques (en commun avec M. Thizert)...
RANG. — Note sur le poulpe de l'Argonaute.
— Rapport sur cette note.................
RANSON. — Notice sur un nouveau moteur. .
RENAUX. — M. le Ministre du Commerce de-
mande l'opinion de l’Académie sur un
nouveau procédé pour le conditionnement
des soies, proposé par M. J. Renaux..…..
142.
Pages.
. Ibid.
200
170
602
650
187
MM.
RENOU. — M. Le Ministre de l’Instruction pu-
blique demande s’il a été fait un rapport
sur un ouvrage qu’il avait adressé à l’Aca-
démie et qui a pour titre : Traité de Pa-
sigraphie, par M. Rerou..... Pb
RETZIUS. — Lettre sur le bergmehl (farine
fossile), substance composée principale-
ment de carapaces siliceuses d’infusoires,
et qui a été cependant employée comme
aliment par les Lapons dans les temps de
grande disette. — Communication de M. de
Humbeldr.…...... Ge 0b 000 1000000 à 60
RITGEN. — Recherches sur la nutrition...
RIVIÈRE. — Note sur trois nouvelles es-
pèces de coquilles fossiles, Ostrea Beau-
montii, Ammonites Cordierii, Belemnites
Prexostiie EL -hre semelles
— Études géologiques faites aux environs de
Quimper et sur quelques autres points de
la France occidentale..........
— Sur des os fossiles d'animaux gigantesques,
trouvés à la Louisiane et dans le Poitou.
RIVOLI (Le puc »E)est placé sur la liste des
candidats pour la place d’académicien
libre , devenue vacante par le décès de
M. Desenettes dd003
ROBERT. — Observation sur ia abitudes
du lamantin, tendant à confirmer le rap-
prochement établi entre cet animal et le
dinotherium. ...,.............
ROBERT KANE. — Voir à KANE.
ROBIN annonce l’envoi prochain d’un mé-
sonne de
SAINT-HILAIRE (AvçusrEe DE). — Rapport
sur un mémoire de M. Esprit Fabre, con-
cernant le développement des organes gé-
nérateurs d’une espèce de marsilea trouvée
dans les environs d’Agde....,..
— Rectification d’un passage du rapport
imprimé, concernant l'habitat du marsilea
quadrifolia …esesvsenses
— Sur un insecte qui ravage les vignes du
Bas-Langueduc, et sur un ouvrage de
M. Dunal, intitulé : Des insectes qui at-
taquent la vigne...
SAINT-LÉGER (De}. — Description d’un
Jrein dynamométrique servant à mesurer
le travail des machines. — RU sur
ce Mémoire............. SH ANEE
SALLOT. — Lettre à M. son sur un mé
téore lurrineux observé près de Vésoul
dans la nuit du 4.au 5 janvier...,....
SANTANDER. — Lettre à M. Arago, sur
l'établissement d’un nouveau système de
Pages.
552
675
94
( 1056 )
MM
moire sur la théorie des composés du phos-
HP Idée ones bEnobnUssoc ve
— Sur la théorie Ep duele des Compos
en ure. Rapport sur ce mémoire... ...
ROBIQUET. — Faits pour servir à l’histoire
de l’acide gallique ; premier article.....
— Deuxième article. ...
— M. Robiquet présente un flacon dep
pyro-citrique, liqueur qu'il est parvenu
à préparer, et qui lui semble offrir de
grandes analogies avec l’acétone. .... HO
— Rapport sur un ouvrage de M. Petit,
ayant pour titre : Nouvelles observations
de guérison de calculs urinaires obtenue au
moyen des eaux de Vichy..... .........
ROULIN. — Lettre à M. Arago sur quel-
ques volcans des Andes de la Nouvelle-
Grenade ........ .
— M. Roulir adresse un n échantillon de cen-
dres lancées par un volcan de l'Amérique
centrale, le Cosigüina.................
ROUSSIN annonce son prochain départ pour
Constantinople, et offre ses services dans
ce pays à l’Académie, ........ rer 2
ROUX. — Rapport sur un mémoire de M. Le-
grand, concernant l'emploi de l'or dans
le traitement des scrofules.. ..,.........
ROZET.. — Lettre sur les résultats des obser-
vations scientifiques faites par lui et par
quelques autres officiers d’état-major à
Acer ee eee eee ie due ae
poids et mesures dans la Nouvelle-Gre-
Lattes 06 6606 ce CES Mets
SANTI LINARI. — Nouvelle note sur les
effets électriques de la torpille........,
SANTINI est présenté par la section d’As-
tronomie, comme un des candidats pour
une place vacante de correspondant..
Pages.
97
- 1002
253
520
ect C EAN EUCE 133—203—256
SAUSSAY adresse un exemplaire d’un Joun-
nal imprimé sur étoffe de coton...........
— Lettres sur un projet d'école nationale.
Eee terasse -. 913 et
SAVARY. — Rapport sur plusieurs mémoires
de M, Masson ; relatifs à un mode parti-
culier d'action des courants électriques...
— Remarques sur quelques faits rappor-
tés par M. Constant Prévast, et qui sem-
blent peu favorables à l’idée que se fait
ce géologue du mode ARRET de l'ile,
Julian. lee cepase eee elles etes :
— M. Savary remplace M, ‘Arago dans la.
30
1003
456
, 8gt
( 1057 )
MM. Pages.
Commission chargée de rédiger les ins-
tructions pour le voyage de l’Astrolabe et
de la Zélée.........… sors RSS TN. : 99
SCHWEICH. — Hypothèses astronomiques
sur le flux de la mer, la cause du froid, etc. 623
SÉDILLOT. — Mémoire sur la luxation en
arrière du cubitus, sans déplacement du
TAIUS. eue eme sieleislele sine sineis elsipie eee 469
SÉGALAS annonce qu’il vient de faire HE à
son lithotriteur par pression et par per-
cussion, quelques modifications qui le
rendent plus simple..... ipocote éétiiet 532
SÉGUIER. — Rapport sur une lampe méca-
nique présentée par M. Lory............ 60
— Rapport sur une balance de précision, î
exécutée par M. Ernst............... 67
— Rapport sur la deuxième édition. de V'Are
du bottier, par M. Francou..,......... 196
— M. Séguier est adjoint à la Commission
chargée de faire un rapport sur un mé-
moire de M. Vallery , relatif à la conser-
vation des grains. sense severe. 249
— Est nommé membre de la Commission
pour le prix concernant l'application de la
vapeur à la navigation........:.,......, 453
— Membre de la Commission chargée de
présenter une liste de candidats pour la
place d’académicien libre, vacante par le
décès de M. Desgenettes............. .….. 495
— Membre de la Commission pour les mé-
moires de M. de Pambour,enremplacement
deMPBi0f nee amener .. 547
— Rapport sur un appareil à copier les lettres,
présenté par M. Lanet................. 688
SELLIGUE. — Emploi de l’huile extraite.des
schistes bitumineux, pour la fabrication du
gaz d'éclairage... .... OR ARP EE den 959
SERRES. —.Note sur le développement du
genre Rotelline....................... 696
— M.Serres fait, au nom dela Commission des
prix de'médecine et de chirurgie, un Rapport
sur les pièces adressés pour ce Concours... 913
SERRES d’Alais demande que son ouvrage
sur le traitement abortif des inflammations
de la peau soït admis au Concours pour le
Prix de médecine Montyon. ..... ao 532
SILVESTRE, — Rapport verbal sur un ou-
TANQUEREL DESPLANCHES. — Traité des
maladies du système nerveux cérébro-
shnaliee tentes et. 0 OCR Ce 525
TARDIEU. — Lettre sur les dessins d’après
lesquels a été gravée la carte de Ténériffe
de M. de Buch.. 2-98 r 4 Mere 892
TAURINUS, — Note sur une nouvelleinVen:
MM. , Pages.
vrage anglais de M. Lecosteur , ayant pour
titre : Des variétés du froment, et de leur
classification ; etg:....,.........,..... 249
— Voyez page 471.
— Rapport verbal sur un ouvrage de M. de
Marivaule, intitulé : Précis de l’histoire gé-
nérale.de l’agriculture ..............1.. G2r
SIMON JOLLI. — Procédé pour purger les
céréales des charancons et autres insectes
nuisibles. 4. tas jolis DOÉECECEE EE 468
SMYTH est présenté par la section d’Astrono-
mie, comme un des candidats pour la place
yacante de correspondant..... 133—203—255
— Est nommé membre correspondant de
l'Académie pour la section d’Astronomie. 266
- Adresse ses remerciments à l’Académie. 37q
SOCIËÈTÉ INDUSTRIELLE DE MUL-
HOUSE (L4) adresse un rapport qui lui
a été fait sur les plaques fusibles. . . .. 372
SOREL adresse, sous enveloppe cachetée, des
pièces relatives à un muyer de préserver le
fer de l’oxidation . .. . . . ... . . .. 133
— Sur sa demande, on ouvre, dans la séance
du 6 mars, la boîte adressée par lui le
23 janvier, et qui contenait, enveloppés
dans des linges mouillés, des échantillons
de fer qui devaient échapper à l’oxidation. 379
STRAUSS DURCKHEIM. — Considérations
sur l’origine des quatre petites planètes. 451
— Considérations sur le genre de vie du di-
notherium, et sur la place qu’on doit lui
assigner dans une classification naturelle
des êtres... 1.1.1. 529
STRUVE observe, en Livonie, obere Ts es
du 18 février 1837.........,..,....... 58)
STURM est nommé membre de la Commission
chargée de proposer une question pour le
prix de mathématiques à décerner en 1838. 582
— Mémoire sur le développement des fonc-
tions en séries dont les différents termes
sont assujettis à satisfaire à une même
équation différentielle linéaire, conte-
nant un paramètre variable ( en commun
avec M. Liouville),..,.............,.... 675
— Note sur un théorème de M. Cauchy, re-
latif aux racines des équations simultanées ;
(en commun avec M. Liouyille,),.,..,.. 720
tion concernant les machines locomotives. 550
— M. Faurinus demandeà retirer cette
note rtnee Penn een 016
TESSAN (Ds). — Notes ajoutées à la dupe
tion nautique des côtes de l'Algérie, faite
par M. le capitaine Bérard..
TEXIER. — Carte géologique de V’Asie-Mineure,
MM,
dressée par M. Texier, d’après-$es propres
observations: . .. .: .,: VAE O TS ENS
— Note sur la constitution géologique du con-
(1058 )
Pages.
4u2
tinent de l’Asie-Mineure. ri. 44x et 465
— M. le Ministre de l'Inistrüction publique de-
mande d'opiniün de l’Acadéinié sur l'en-
semble des matériaux (räpportés- par
M.Texier de sonVoyagédänsl'Asie-Mineure.
Cormmission omimée à ce sujet... ....
— Observations sur la Re de la peste
encOrient® 50120 91,14 :
THÉNARD annonce, au nom de la Com-
mission des encres et papiers de sûreté, que
le rapport sur cette question sera présenté
dans la prochaine séance . . . ..
— Rapport demandé par M. le Ministre 2 %
Justice et des Culies, sur le métal le plus
propre à la couverture de la cathédrale de
(CAEN RS ob bar, à 2 Mate PES
THIBERT. — Imitations de pièces anato-
miques. présentées par MM. Thibert et
Rameaux. usine
THIERRY. = Opération pratiquée pour un cas
d’éncéphalocèle. . !. . .. ch vole .
TISSOT. — Note sur un moteur hydraulique
qui peut agir même étant complétement
submergé . . . . . . D'ADE 9 NME 7
VALLOT.— Lettres sur quelques substances
minérales employées comme aliments... .
VEDEAUX (Madame). — Note sur des per-
fectionnements apportés aux bandages her-
niaires inguinaux et ombilicaux.........
VENTAUT. — Quadrature du cerele...... Fo
VERDEIL écrit qu’il croit avoir trouvé pour
les bateaux à vapeur un mode d’impulsion
qui dispense de l'emploi des roues. .…......
VICAT. — Nouvelles observations sur les
chaux hydrauliques magnésiennes. ...... à
— Recherches sur le gisement et la composi-
tion des substances propres à fournir des
chaux hydrauliques et des ciments romains,
qui se trouvent dans les vingt-huit dé-
WALFERDIN. — Température du puits foré de
Grenelle , à une profondeur de 400 mètres.
WALTER. — Examen des produits provenant
du traitement de la résine dans la fabrica-
tion du gaz pour l'éclairage ( en commun
avec M. Pelletier).....,......,.,........
553
. 888 /ét 995
180
200
335
623
977
808 ;
MM.
TIXEDOR. — Supplément à üne notice sur
un môde de traitement des plaies contuses
et des brülures. ... . ... 3
TRECOURT. — Microscope disposé de ma-
nière à ce qu'on puisse éclairer successi-
vément de plusieurs côtés l’objet qu’on
étudie, sans le faire sortir du champ de Ja
yision...... 5
TREILLE. — Sur un mélange explosif proposé
comme propre à remplacer la poudre de
guerre. Rapport sur cette note. !.....
TURCK. — Mémoire sur l'électricité animale.
\EURENN — Étude microscopique de la Cris-
tatella Mucedo, espèce de polype d'eau
PA Né m0 LE CCECCE ...
— Analyse ou étude microscopique dés dif-
férents corps organisés, et autres corps de
nature diverse qui peuvent accidentelle
ment se trouver enveloppés dans la pâte
translucide des silex. Première partie...
— ne MR LORS ROLE
— Rapport verbal sur un ouvrage de
M. Donné , intitulé : Recherches micros-
copiques sur la nature du mucus et de la
matière de divers écoulements des or-
ganes génitaux chez l’homme et chez la
EN atlas 100 db ae N4A 45 PORTE CE
pärtements composant les bassins du
Rhône et de la Garonne. ...............
VIRLET. — Sur la fabrication di charbon , à
l’aide de la chaleur perdue des foyers de
forges et des hauts-fourneaux...........
— Lettre sur une chute de grélons qui pré-
sentaient une forme particulière........
— M. Virlet adresse quelques explications
relatives à une lettre de M. Tardieu sur
la carte de Ténériffe , gravée d’après le
dessin de M. de Buch.................
VOISIN. Lettre sur le régime que suivent les
gens qui cultivent le riz en Chine, régime
au moyen duquel ils sont préservés des
maladies qui attaquent en Europe les
hommes qui travaillent dans les rivières,
wW
WARDEN. — Découverte de mines de cuivre,
dans le nord ouest des États-Unis, au
territoire de Wisconsin. ,...............
— Éboulement d'une portion de Donne
dans la vallée de l’Hudson..............
— M. Warden présente le plan d'une an-
Pages.
255
264
279
qi
3ôr
922
912
218
7
MM.
cienne ville américaine, dont les ruines
ont été découvertes dans le territoire de
Wisconsin. ....... Dooroobons tee
WARTMANN. — Observation faite à à Genève
de l'aurore boréale, du 18 février 1837;
comparaison avec les observations faites
en Livonie... ...... 606 coucuutoon
WEBER (GuüizLaume et Évouano). —Sur metre
causes qui concourent à maintenir la tête
du fémur dans la cavité cotyloïde; ex-
trait d’un ouvrage intitulé : Mécanisme
des organes locomotifs de l’homme... .....
WERDET. — Lettre relative à une encre de
sûreté CCC
WIEGMANN. — Note sur le Lane cælopel-
YATES , en qualité de secrétaire du conseil
de l’Association britannique pour l'avance-
ment des sciences , annonce que la pro-
ZECCHINI. Voir à Leonelli.
( 1059 )
Pages.
131
712
MM. Poges
tis, notamment sur une espèce de ce
genre qui se trouve en Europe, la cou-
leuvre de Montpellier , ete. ............. Goo
WRONSKI. — M. Borchart ne en re
veur de M. Hoëné Wronski, la priorité
d’invention pour un pyromètre à air... 6$
— M.Borchartréclame, en faveur de M. Hoëné
Wronski, la priorité pour une méthode de
détermination des racines approchées des
équations algébriques.. . .............. 202
— M.Borchartréclame, en faveur deM. Hoëné
Wronshi , la priorité touchant la décou-
verte de la convergence des séries et l’ap-
plication de cette loi à la résolution des
ÉTUARONSE ee ee eee ee 4x5
chaine réunion de l'Association aura lieu
à Liverpool... ......
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