f^^. w w m MM l^ibraru of i\t Ulusaun OP COMPARATIVE ZOOLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, MASS. JFounae'O ùj ptibate subscrîptîon, l'n 1861. ^_^'>^'\,'^'X^.,'V,^'>_ Deposited by ALEX. AGASSIZ. No. (h^rmlK^h M-mè, %JLj J, /%J^ 'Avv \ 1893 _ V — '— ' SECOND SEMESTRE. KOV 25 1898 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAK MM. liES SECRÉTAIRES PERPETlTEIiS. r03IE ex VII. NM8 (30 Octobre 1893). PARIS, GAUÏHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, yiiai des Grands-Augustins, 55. 1893 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. AduFTK dans les séances des 23 JUIN 1862 ET 1^ MAI iSlb. ' ^.. 0^ Les Comptes rendus hebaomadaires des séances de f Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentes par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l". — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ouparun Associé étrangerdelAcadémie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o j)ages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les Programmes des prix proposés par l' Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours 'nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rendu Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par , actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui les correspondants de l'Académie comprennent au vant, et mis à la fin du cahier, plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales cpu s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne prcjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Article 4 . — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article .5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Ra])|jort sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. ;.. 1893 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 50 OCTOBRE Î8i)5, PRÉSIDENCE DE M. DE LACAZE-DUTHIERS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE ÉCONOMIE RURALE. — La récolte de la vigne dans l'année i8g3. Les produits de la Camargue. Note de M. Ciiambrele.vt. « Au milieu des désastres qui ont frappé cette année une grande partie des produits agricoles de la France, par suite d'une excessive sé- cheresse, une de nos cultures principales, la vigne, nous a donné au con- traire, surtout dans le vignoble girondin, des résultats si remarquables qu'on peut les citer comme les plus beaux de ceux obtenus dans toute la durée du siècle. » Je viens exposer à l'Académie les causes qui ont amené ces grands résultats et l'importance qu'ils ont pour les intérêts agricoles de la France. C K., i8i,3, a- Semeôtre, (1. (..Wll, N° 18.; 7^ ( 568 ) » L'année dernière, la vigne, toujours attaquée par les mêmes ennemis contre lesquels nous luttons depuis tant d'années, avait eu à subir un autre fléau, celui de la gelée. » La gelée avait été combattue par les nuages artificiels et, bien que la récolte n'eût pas été entièrement garantie, par suite de l'insuffisance de durée de ces nuages, le bois de la plante l'avait été assez pour donner cette année une bonne taille, qui devait assurer la récolte si les circon- stances climatériques venaient à être favorables à la végétation. M Or c'est ce qui est arrivé dans les conditions les plus satisfaisantes qu'on pût désirer. » Jamais depuis bien longtemps la floraison et la fructification de la vigne n'avaient été favorisées comme elles l'ont été cette année, au mo- ment où elles se sont développées, et c'est Là la cause primaire et princi- pale des beaux résultats obtenus. » La floraison s'est faite rapidement, au mois de mai, par un beau temps continu, sans pluie et sans excès de chaleur. » Après la floraison, vers la fin de mai, il y a eu quelques jours excep- tionnels de petites pluies qui ont permis aux verjus de se développer rapi- dement, de manière à éviter la coulure, un des effets les plus funestes à la quantité de la récolte. » A ces petites pluies a succédé une suite de journées chaudes qui ont favorisé la récolte jusqu'au moment de la veraisqn. » A ce moment, bien que nous soyons restés deux mois sans pluies, il y a eu dans la nuit des rosées assez abondantes qui ont donné une certaine humidité aux feuilles. Il faut remarquer à cet égard que la vigne est une de nos plantes qui profitent le plus des rosées nocturnes par l'absorption que son feuillage abondant ne cesse de faire de l'eau de ces rosées. » D'un autre côté, c'est aussi une des plantes qui s'accommodent le plus de la sécheresse de l'été. » On doit même dire que les pluies des mois de juillet et d'août sont plutôt nuisibles que favorables, parce qu'elles développent une nouvelle ascension de la sève qui nuit à la maturation. » C'est là un fait constaté depuis longtemps et sur lequel le cultivateur éclairé de la vigne ne conserve pas de doute. L'année 1893 l'a confirmé complètement : la sécheresse des mois de juillet et d'août a permis à la maturation de se développer dans les meilleures conditions. » Une autre circonstance importante qui a encore contribué à la quan- tité de la récolte, c'est que, pendant cette maturation, la proportion ( 569 ) pulpe a dépassé de beaucoup la proportioa graine, l.es grains ne conte- naient qu'une très faible quantité de pépins très petits. » Dans beaucoup de grains, on i^e voyait qu'un seul pépin peu déve- loppé. Cette circonstance doit être attribuée principalement à la rapidité et aux bonnes conditions dans lesquelles s'est faite la fructification. » D'un autre côté, la peau du fruit était plus mince que nous ne l'avons jamais vue. Le grain contenait ainsi bien plus de jus que dans les années ordinaires, et c'est là un point fort remarqué qui a contribué à l'abondance de la récolte Le grain fondait dans le pressoir, disait le vigneron. » Un autre effet des plus remarquables de la marche rapide de la végé- tation, si bien secondée par le temps, a été de rendre la maturité cette année bien plus précoce qu'on ne l'avait jamais vue jusqu'ici. » Il a été dressé, par un de nos éminents viticulteurs, M. Rehrig, un Tableau des plus intéressants où se trouve relevée, pour toutes les années du siècle, depuis 1800, la date des vendanges, la quantité relative des récoltes et la qualité du vin. Or, dans ce Tableau, que je mets sous les yeux de l'Académie, les vendanges ne s'étaient faites qu'une seule fois, dans la Gironde, au mois d'août, c'était en 1822; elles eurent lieu le 3i août. » Cette année elles ont eu lieu le 24, c'est-à-dire huit jours plus tôt que dans l'année la plus précoce du siècle. Il résulte, d'ailleurs, d'un Ouvrage classique sur la vigne du marquis d'Armailbaq, qu'en 1822 les conditions climatériques furent les mêmes pour la fructification et la maturation qu'en iSgS. » Les dates des vendanges dans les autres années du siècle ont été les suivantes : n Les vendanges ont eu lieu dans la première quinzaine de septembre, pendant dix années; » Dans la deuxième quinzaine, pendant soixante années; » Dans la première quinzaine d'octobre, dix-neuf années, et, dans la deuxième quinzaine, une seule fois, le 28 octobre. » C'est en 18 16 qu'eut lieu cette dernière récolte si tardive; la quantité de vin fut très faible et la qualité très mauvaise, ce qui se comprend : le raisin n'avait pu mûrir et ne s'était développé que très imparfaitement. » Cette récolte de 1893, reconnue la plus abondante du siècle et la plus précoce, s'annonce aussi comme une des meilleures pour la qualité. » Cela se comprend encore; les bonnes conditions climatériques qui ont produit l'abondance n'ont pu que favoriser aussi le développement du ( 570 ) fruit et donner la qualité, de même que dans les années où la quantité a été faible, comme en 1816, la qualité a été mauvaise, comme nous venons de le dire. » On peut reconnaître d'ailleurs facilemeat, sur le Tableau ci-joint, de M. Rehrig combien la qualité répond généralement à la quantité. C'est ainsi que les années 1864 et i865, 1874 6t 1875, qui ont été les années les plus abondantes qu'on eût vues, ont été en même temps celles qui ont donné les meilleures qualités. L'année 1870, qui a été la plus abondante avant 1893, nous a donné des vins portés comme exquis sur le Tableau. » La quantité récoltée en 1875 a été de 4 5oo 000'''" sur une superficie de 1 75 ooo""*, soit 25''''*, 70 par hectare. » Elle a été en 1893 de 5 Sooooo''''' sur 160000''*, soit 34''''', 35 par hec- tare. » Il y a quelques années, quand les vignes de la Gironde paraissaient sur le point de succomber sous les étreintes du phylloxéra et du mildiou, le bruit avait couru, en Angleterre, qu'il n'existait plus de vignes dans le Médoc et que le vin qu'on en exportait était un vin factice. » Les étrangers qui viendront cette année dans le pays pourront juger, en voyant nos vaisseaux vinaires et les bâtiments d'exploitation devenus insuffisants pour loger la récolte, combien les viticulteurs de la Gironde ont su combattre avec succès les ennemis sous lesquels on croyait qu'ils avaient succombé. » Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que si c'est aux bonnes condi- tions climatériques que nous devons la belle récolte de 1893, ces résultats ont été obtenus en présence des nombreux ennemis qu'il a fallu continuer à combattre et dont nous ne triomphons que par l'intelligente persévé- rance des cultivateurs du sol, aidée par les indications de la Science. )) Cette année encore, au moment où la floraison et la fructification étaient si bien favorisées par le temps, l'oïdium arrivait néanmoins et n'était vaincu que par un soufrage immédiat et énergique. » Et qu'on me permette ici d'être l'interprète des viticulteurs girondins en disant combien ils apprécient les grands services qui leur ont été rendus par celui qui le premier nous a indiqué ce remède si efficace, notre très honoré confrère, M. Duchartre. » Le phylloxéra n'a pas encore disparu, loin de là, et, s'il n'avait pas été vigoureusement combattu par le sulfure de carbone, que nous devons à notre regretté confrère Thenard, la vigne n'eût pas pu profiter des bonnes conditions de végétation dans lesquelles elle s'est si bien développée. (571 ) )) Nous avons eu à combattre aussi le milflioa contre lequel nous a si bien armé M. Millardet, mais une seule fois cette année; la sécheresse extrême de l'été l'a empêché de se développer après le premier sulfatage. » En résumé, les résultats, si remarquables de la récolte du vin cette année, sont dus aux conditions climatériqiies dans lesquelles s'est déve- loppée la vigne; mais ils n'ont pu être obtenus qu'en continuant à dé- fendre la vigne contre les ennemis que nous avons à combattre chaque année. » Dans un Rapport fort intéressant et fort bien fait, par l'Inspecteur général des Services du Phylloxéra, M. Couanon, sur la Classe 75 de l'Ex- position de 1889, l'auteur feit remarquer que la viticulture française est la première du monde pour l'étendue de ses plantations et la qualité de ses vins, et après avoir énuméré tous les efforts faits par les viticulteurs fran- çais pour combattre tous les ennemis de la vigne, il ajoute : » De tels eiî'orls ne pouvaient rester stériles. )) Les résultats que nous venons d'exposer prouvent combien le Rappor- teur avait raison. » Dans la Camargue, où les plantations de vignes ont pris, comme vous le savez, une si grande extension, les produits de la récolte, quoique re- lativement moins beaux que dans les vignobles bordelais, ont été très satisfaisants au double point de vue de la quantité et de la qualité. » Mais ici le résultat le plus considérable et le plus fructueux pour le cultivateur, cette année, a été le produit des prairies irriguées. » D'après ce que nous a écrit un des plus grands et des plus habiles agriculteurs du pays, M. Reich, on a obtenu ioooo''s de fourrage sec à l'hectare, et ces fourrages se sont vendus à des prix inconnus jusqu'ici, de lY"" à iS*^'' les loo''^, soit i^oo'''' à iSoo'''' le produit d'un hectare. » Les frais d'entretien, irrigation comprise, ne dépassent pas acof"" à l'hectare. » Ce fait, ajoute M. Reich, aura une influence considérable sur la Camargue, où tout le monde cherche aujourd'hui à créer de plus en plus des prairies irriguées. » » Tels sont quelques-uns des résultats agricoles de l'année 1893 que j'ai cru devoir exposer, et qui doivent consoler, autant que possible, des mécomptes éprouvés sur tant d'autres cultures. » H convient de les enregistrer, à l'honneur de ceux qui les ont obte- nus, malgré tant d'obstacles à vaincre, et aussi comme exemple de ce que ( 572 ) peuvent les efforts des cultivateurs du sol, éclairés, comme l'a dit Gas- pa lin, par les lumières des atitres branches des Scieaces humaines. » M. Marey offre à l'Académie un Ouvrage qu'il vient de publier sous le titre : « Le Mouvement », et s'exprime comme il suit : « Cet Ouvrage résume une longue série de recherches faites en vue de donner à toutes sortes de mouvements lein- représentation objective. Tantôt, au moyen d'un style, on fait tracer par le mobile la courbe de ses change- ments de position successifs, tantôt on demande à la Chronophotographie de fixer en une série d'images instantanées les différentes phases du mou- vement. » Ces méthodes résolvent d'une façon très simple un grand nombre de problèmes de Mécanique et de Physiologie. » Comme exemples de solutions expérimentales de problèmes méca- niques, nous citerons les mouvements imprimés aux masses par diffé- rentes forces, les effets de la résistance de l'air, les oscillations des pen- dules articulés, les vibrations des tiges flexibles, celles des ponts métalliques, la vitesse des véhicules et des trains de chemins de fer, les déplacements des molécules liquides dans les ondes, les courants et les remous. » Chez les êtres vivants, ces méthodes ont permis d'analyser les diffé- rents modes de locomotion : la marche et la course de l'Homme, les diverses allures des Quadrupèdes, la locomolion des Serpents, des Lézards, des Tortues, des Poissons, des Mollusques; le vol des Oiseaux et celui des Insectes, la marche des Articulés, Coléoptères, Arachnides, etc. De nom- breuses séries d'images représentent ces différents animaux aux phases successives de leurs mouvements; or cette représentation d'actes succes- sifs que l'observation ne saurait saisir permet d'entreprendre l'étude de la locomotion comparée dans le règne animal. » i\OMlîVATIOi^^S. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre dans la Section de Médecine et Chirurgie pour remplir la place laissée vacante par le décès de M. Charcot. ( 573 ) Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53, M.. Potain obtient 43 suffrages M. Germain Sée » 4 " M. Lancereaux » 3 » M. Cornil " i » Il y a 2 bulletins blancs. M. Potain, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation du Président de la Répu- blique. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. ACOUSTIQUE. — Sur l'application des inbrations sonores à l'analyse des mélanges de deux gaz de densités différentes. Mémoire de M. E. Hardy, présenté par M. Cornu. (Extrait par l'auteur.) (Commissaires: MM. Daubrée, Cornu, Haton de la Goupillière, Cailletet, Mallard). « Lorsque l'on fait parler en même temps deux tuyaux d'orgue donnant le même son, à l'aide de deux souffleries distinctes, alimentées d'air pur, on obtient un son unique. « Tout étant ainsi réglé, si l'une des souffleries, au lieu d'être alimentée d'air pur, est alimentée avec un mélange d'air et d'un autre gaz, le son du tuyau d'orgue correspondant est modifié et les deux tuyaux, parlant en même temps, donnent des battements plus ou moins fréquents, suivant que le mélange est plus ou moins riche en gaz étranger. » Le formènephone, appareil à l'aide duquel on peut faire ces expé- riences, se compose de deux soufflets et de deux tuyaux d'orgue. L'un des soufflets et son tuyau d'orgue sont enfermés dans une enveloppe étanche contenant de l'air pur. L'autre est alimenté par le mélange gazeux. Chaque expérience est très courte et ne dure que quelques secondes. » Les tuyaux d'orgue donnant ut,, et le gaz mélangé à l'air étant le formène, on obtient les résultats suivants : » Pour I pour loo de formène dans l'air, on a environ i battement par 3 secondes ; ( 574 ) » Pour 2 pour loo de formène dans l'air, on a environ 3 battements par 2 secondes; » Pour 3 pour loo de^ formène dans l'air, on a environ 2 battements par seconde; )) Pour 4 pour 100 de formène dans l'air, on a environ 3 battements par seconde ; » Et ainsi de suite, les battements augmentant de fréquence à mesure que le mélange gazeux devient plus riche en formène. » Lorsqu'il atteint 12 pour 100, on a environ 9 hatlements par se- conde; à 20 pour 100, ils deviennent très rapides; à i5 pour 100 extrême- ment rapides, mais toujours très nets et très distincts. » Le formènephone donne des résultats analogues avec un mélange d'air et d'acide carbonique. Au bout de quelques heures la respiration d'une seule personne met assez d'acide carbonique dans l'air d'une chambre pour que le formènephone décèle sa présence. )) Mais pour des expériences où le mélange gazeux a presque la même densité que l'air pur, il est préférable d'employer des tuyaux d'orgue don- nant un son plus aigu, H/5 par exemple. » Le formènephone, ayant son application directe à la recherche et au dosage du grisou dans les galeries de mines, peut prendre une autre forme et donner des indications continues non seulement dans la galerie même, mais au dehors, dans le cabinet de l'ingénieur, par'exemple. » M. Charles Benoit soumet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « InteUigence et Instinct. Le Chalicodome des murailles et un nouveau Chalicodome ». (Commissaires : MM. Blanchard, de Lacaze-Duthiers, Milne-Edwards.) M. JuLiiE soTimet au jugement de l'Académie un Mémoire ayant pour titre : « Emploi de la colophane dans le durcissement des plâtres et pierres tendres; coloration des plâtres ». (Commissaires : MM. Daubrée, Damour, Foiiqué.) M. J. CuENiN adresse une Note ayant pour titre : « L'Instituteur et le progrès agricole en France ». (Commissaires : MM. Schlœsing, Dehérain.) ( 57Î> ) ASTRONOMIE. — Observations de la comète Brooks (i(Sr)'3, oct. i6), faites à l'observatoire d'Alger, à V équalorial coudé (o™,32); par MM. Hambau» et 8y, présentées par M. Tisserand. Comparaisons el positions de la comète. Déclinaison Log. fact. appareille. pai'all. >(•. + i6.4'h 7,4 0,700 a -t-16.44.24,5 0,687 a + 17.25.42,1 0,677 b + 17.26. 1,6 0,669 b Positions des étoiles de comparaison. Gr. moy. 1893,0. jour. moy. i8<)3,o. jour. Autorités. Cotnète — ■ Etoile. Nombre Dates Temps moyen -.= -^ — — — de I .og. fact. 1893. d'Alger, h nj s A3. m s AS. comp. /R app. Il ni s parall. Oct. 22. . . 16.27.19 — 0. 3,43 + i9.55",9 13 : 13 12.39.18,96 T,694« 22 . . 16.43.27 — 0. 2,46 + 20. i3,o 12 113 12.29.19,93 ■i",6g3„ 23.. . i6.5o.34 — 0.53,93 — i4.5o,2 10: 10 12.30.43,79 1,693,, 23.. . 16.59.09 -0.53,83 — i4.3o,7 12:12 12.30.43,88 7,689,, Dates 1893. *. Oct. 22 . . . . a 23.. . b Ascension Réduction Ri Muclioa droite au Déclinaison au moy. 1898,0. jour. moy. i8;)3,o. jour. Il tu s s 2.29.31 ,38 + 1 ,01 + 16. 24 . 21 , i7 — 10,2 8,0 12.29.31,38 +1,01 +16.24.21,7 —10,2 Weissej, XII'', n" 582 6,7 12. 3 1.36, 69 +1,02 +17.40.42,9 — 10,9 Weissej, XII*", n" 633 ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observatiom du Soleil faites à l'observatoire de Lyon {^équatorial Brunner), pendant le premier semestre de t8g'}. Note de M. J. GuiLi.AU5iE, présentée par M. Mascart. « Les Tableaux suivants résument ces observations. Le premier donne, immédia- tement après la désignation de chaque mois, le nombre proportionnel des jours sans taches (nombre d'ailleurs nul pour tout le semestre); les colonnes successives ren- ferment : les époques extrêmes d'observation, les latitudes moyennes, les surfaces moyennes des groupes de taches exprimées en millionièmes de Vaive d'un hémisphère et réduites au centre du disque; à la fin de chaque mois, on a indiqué la latitude moyenne de l'ensemble des groupes observés dans chaque hémisphère Le deuxième Tableau donne les nombres mensuels des groupes de taches contenus dans des zones consécutives de 10° de largeur el les surfaces totales mensuelles des taches (en millionièmes de l'hémisphère). Le troisième, enfin, renferme des données analo- gues pour les régions d'activité du Soleil, c'est-à-dire pour les groupes de facules contenant ou non des taches; dans ce dernier Tableau, les surfaces mensuelles des facules, toujours réduites au centre du disque, sont exprimées en millièmes de l'hémisphère. C. !î., rgj, 2* Semestre. (T. CXVil. :<- IS. ) 77 ( .576 ) » Voici maintenant les principaux faits qui ressortent de ces Ta- bleaux : )) Taches. — Le nombre des taches ou groupes de taches continue à augmenter, et la fréquence, tout en se rapprochant de l'équateur, passe de l'hémisphère boréal dans l'hémisphère austral; nous avons, en effet, 226 groupes, 83 au nord et i/jS au sud, au lieu de i58 groupes, 80 au nord et 78 au sud, fournis parle semestre précédent. » La différence ne se manifeste pas seulement sur le nombre de groupes, mais aussi sur leur étendue; ainsi on a pu voira l'œil nu \\m\. groupes dans l'hémisphère austral et deux seulement dans l'hémisphère boréal. » Ces groupes sont les suivants de notre Tableau I : Janvier iG-26, 1; Lil.u de .. — i3 Mai 27-8, aliludc — 14 » 25-4 Février G-17 — 21 — II 24-1 24-1 » » ■■ 1 -1-23 Mars 9-21 )> — 10 Juin 27-8 » .... — 20 » 21 -I )> -t- 22 y 29-8 10-ao » » — 20 — 21 » On voit qu'ils sont tous compris dans la zone dite Royale. » Régions d'activité. — Les groupes de facules, avec ou sans taches, suivent une marche semblable à celle des taches. » Au nord, nous ne les voyons augmenter qu'au-dessous de 3o° de lati- tude ; au-dessus, ils diminuent. Au sud, l'augmentation se répartit sur toutes les latitudes, tout en étant plus forte au-dessous de 3o°. Tableau I. Taches. Dates Latitudes moyennes Surfaces extrêmes ^.^ — -^ — — — — -~ moyennes d'obseryation. S. N. réduites. Janvier iSçj 3. 0,00. 27- 4 -H 7 3 27-6 -27 83 3o- 3 — 21 17 3 — 18 7 3 — ■4 4 3-9 — 10 8 4 - 4 I 27- 6 -H 9 3i 4 -)- 6 I 3o- 3 — >7 2 3 — 15 3 29- 9 -32 36 28- 4 -i3 2G Dates Latitudes moyennes Surfaces extrêmes ^-w — --—•-- — — moyennes d'obserTatiun. S. N. réduites. Janvier (suite). 3i- 4 — 12 I 28- 9 -h 22 42 G 4- 8 1 9 -t-18 3o J- 9 -1-21 '4 3-9 -1-17 33 :i-i3 -1-18 58 3-9 -l3 3 6 —■?& 10 i3 — I I 12-18 - 7 85 12 -m5 I iG — 2 8 Dates Latitudes moyennes Sui-races extrêmes — — - -.^ ^ moyenne dubservalion. S. N. rcduiles Janvier ( suite). I 2-20 -+- 9 70 18-19 — 17 3 lG-20 —17 7 16-26 — 13 539 18-2G — 9 143 25 -33 6 25-2.6 -26 12 20 -1-22 3 25-26 -l-i3 120 26 — 19 45 2 5 - I -18 137 25- 4 + '7 288 25- 4 —21 575 ( 577 ) Dates extrêmes observation Lolllildes moyennes S. N. Surfaces moyennes réduites. Dates exi renies d'ob^orvation Latitudes moyennes Surfaces moyennes réduites. S. N. Janvier ( mite). Mars (suite). 25- 4 -23 166 28 — 8 I 25- 1 — 12 9 2 -t-io 2 25- 4 -i3 23 2 — 8 I 3i -18 2 3-1 1 8 — 19 —26 40 — 17° +H° 4-1 1 9-10 — 16 -I-IO 19 5 Fc vrier iSgS. 0,00. 9-16 - 9 1 1 8-1 5 -t-i3 7 3o-r I + 14 8n 8-16 — 12 2 2(i- 6 -1-24 5o 9-21 i3-23 — 10 370 6 26- 7 -l-i3 43 — 14 3o — 20 4 14-22 -t-i7 6 3i- 7 — 20 i5 16-23 — 15 3 3o + 7 5 i6-3o -<-I2 236 4- 9 — 22 17 17-23 — 5 4 6- 9 6 — 15 — 15 24 23-29 — 13 99 2 20- I H-22 238 6- 7 — 4 I 23-28 — 21 I 7 — 5 1 21-28 -3o 5 7 —26 1 23-24 - 8 10 6- 7 — 17 — 3o 5 I 27- ' 27- I — 3 -1-23 7 i3 1 1 —34 I 27- 5 — 19 i65 ii-iS -+- 5 4 23- I -H16 46 7-1 1 7 — 22 -Mo I — 15" -i-i4" 6-17 — II 5oi / -4r 2 Avril i8a3 . 0,00 7-II + i5 5 9-1 8 — 1 1 43 3o -36 i 9 — 3 I 29- 4 -1-16 10 9-20 — 17 9<5 27- 8 — 13 101 i5 — 2 I 3I-1I -1-12 27 11-23 -14 239 8 — 14 I 23 — 3i 1 4-12 — 20 22 18-20 — II I 6-12 - 9 6 20 — 2 I 10-14 -H 3 37 i5 4-20 6 II -1-20 I 22-23 -I-t3 9 5-18 — 9 3 1 2 20 -!-l5 3 io-i5 —27 89 18-27 + 14 i6 14-21 — 16 65 16-28 — 15 24 11-18 -f-17 7 20-23 — 22 3 1 1-22 — 15 25 I 22-25 — 6 i 12-20 -i3 •7 18- I -l-i5 210 i3-24 -I-I6 i48 22- 2 H- 9 25g 17-18 -+- 8 3 22- 4 -1-20 7 18 -i5 I 22- 4 -19 76 '9 — 17 -H23 2 237 17-27 — 17° + 14° 17-29 20 -26 — 16 7 3 25 Mars 1893 . 0,00 19-26 21- I —19 +17 20 6 25- 8 —20 190 22- 3 — 13 78 25-IO — 22 21 22- 3 -^ 9 160 27-11 + 4 47 24- I + '7 25 Dates Latitudes moyennes Surfaces extrêmes - — ^^ — -- — -— — -. moyennes d'observation. S. N. réduites. 29 26- 1 29- I 2 Avril (suite). -24 2 + '7 5 -H25 i3 —26 2 —17° IMai i8g3. 0,00 24-26 -1-23 127 27- 4 27- 8 — 14 -+- 4 47 3ii 29- 6 -1-12 7 29-10 l-IO — 21 — 21 169 5o 2 -h3o 2 5- 8 -l-i8 45 2-l3 I2-l3 -27 — 12 170 5 2-12 -14 3i 3-10 — 7 12 5- 6 — 7 5 8 — 15 2 io-i3 -t-20 5 8-iS — 13 52 12 — 15 6 10-18 — 12 42 12-20 -i3 172 16-17 -l-io 3 16-19 i3 -29 — 20 19 26 20 — 16 2 16-18 — 9 8 16-25 — 17 loi 20 -25 I 16-20 -1-2 1 8 18-20 -)-i6 6 20 -<- 4 2 16-18 -1-17 10 19 18 — 14 + 9 2 6 24-3o 25-30 — iS -I-14 69 80 19-31 -+-12 80 24- I — 13 26 24-29 — 5 4 3o- I — 10 I 24- 3 — 15 16 24- I 24- I -h24 -1-22 ■ 263 i5° -lô" ( 57« ) Dates Latituiics moyennes Su s exirèmes -* ^ — ^^ moyennes d'obsei-Tation. S. N. réOuiles. Juin 1S93. 0,00. 25-31 27- 8 29- 7 29- 8 6-9 7 3-10 3l-I2 6 a-i3 i3 6-14 6-16 6-17 7-17 -10 -20 -20 -18 -26 -28 -19 -28 "'4 -i5 - 9 -'7 - 9 -12 833 3i 70 l32 3 33 2 24 i33 225 119 Dalps Latitudes moyennes Surfarps extrêmes ^«^ — — — — — — -- mojonnes d'observation. S. ÎS. réduites. Juin iSg'î (suite ) 4 12-19 12-14 10-20 12-17 14-20 1G-21 '9 ■'O 19 14-19 19-23 19-23 14-17 20-22 — 2 1 — 22 — 2 — 9 — 15 — 22 -12 -18 -hi5 -hi5 H- I 31 3 252 3 2 9 2 I I 2 1 i84 36 24 3 Dates Latitudes moyennes Surfaces extrêmes — ^ -"^ — ^ — moyennes d'observation. S. N. réduiles. Juin 1R93 (suite). 21 -4-4o 1 20-23 -hi6 3 27 H- 2 1 22-28 + 14 21 20-2 1 — 15 5 22 — 8 2 26-27 — 18 2 23-30 — '■9 48 23-30 — 12 227 22-3o — 21 9 ■^7 — 21 2 27 -i- 1 1 27-3 — 22 6 -i3° Tableau II. Dislribulion des taches en latitude. Janvier 2 6 i5 Février 3 5 12 Mars » 4 8 Avril I 3 II Mai » 5 i5 Juin » 10 II Totaux ... 6 33 72 6 6 7 3 ■^9 26 19 25 26 143 10". 2r. 30'. 14 5 c 3 14 3 9 1 9 3 4 2 i3 3 8 2 i5 4 / 4 '7 3 II » 82 24 45 12 Totaux Surfaces Diensuels. mensuelles 43 265; 40 1751 28 1557 3i 1677 40 "993 43 292G 225 i25Gi Tableau III. Sud. Janvier 3 Février 4 Mars » Avril » Mai » Juin » Totau\ ... 7 3 3 5 7 8 33 9 8 8 9 1 1 12 Distribution des facules en latitude. Koi'J. 26 18 i6 19 23 Somme. 21 i5 i3 i3 23 16 10 10 6 1 / 9 10 Tolaux Surfaces mensuels. mensuelle. 47 88,0 33 62,0 29 83,2 32 88,8 46 98,1 4i 70,0 23 32 19 228 49",! MÉCANIQUE. — Sur un théorème nouveau de Mécanique. Noie de M. N. Seiliger, présenlée par M. Darboux. « Considcions un système (A) de points malérieis auxquels sont ap- pliqués dans un instant quelconque deux systèmes (F) et (F') de forces ( 579) instantanées. Soient (Q) et (Q') les deux mouvements instantanés corres- pondants de (A). » Cela posé, on a ce théorème : » Si les liaisons du syslème (A) sont indépendantes du temps, le travail des forcer (P) par rapport au mouvement (Q') est égal au travail des forces (P) par rapport au mouvement (Q). » Corollaire. — Si, dans le même cas, le premier travail est égal à zéro, le second travail sera aussi égal à zéro, ce qui contient, comme un cas très particulier, le théorème si connu de M. R.-S. Bail, théorème relatif à un corps solide. » Démonstration. — Rapportons le système A aux trois axes rectangu- laires {x,y,z) des cordonnées. Soient (X,"Y,Z) les composantes des forces (P), appliquées au syslème (A), (i) /. = ". ./2 = o J\ = o les X équations des liaisons du dernier. Le principe de d'Alembert, appli- qué au système (A), nous donnera parce que les forces (P) sont instantanées. L'égalité (2) a lieu pour tous déplacements vossihles de (A), c'est-à-dire tels qu'ils vérifient les équations (V, = 0, . ., \fk=^o, dans lesquelles le temps ne varie pas. Cela posé, supposons que les liai- sons (/) ne contiennent pas le temps. Alors le déplacement effectif (d, X, dy V, f/, z.) de (A), qui correspond aux Ibrces (P'), sera toujours un de ceux qui sont possibles. Donc, seulement dans ce cas, on pourra poser, dans l'équation (2), %x = dy X, Sv = •l\}\ ^^ =- dy z, ce qui donnera égalité qui démontre le théorème, parce que le premier membre est symétrique par rapport aux deux mouvements du système (A), le second exprime !e travail des iorces (1) par lapport au mouvement (Q'). » ( 58o ) OPTIQUE. — Sur la marche de la lumière à travers un système de lentdles sphcriques . Note de M. C.-L.-V. Charlier, présentée par M. Callan- dreau. « Il existe bien des recherches sur l'aberration sphérique des lentilles, mais il n'en est aucune qui traite cette question d'une manière aussi com- plète qu'on pourrait l'exiger pour la construction pratique des verres astro- nomiques. Le plus souvent on s'est borné à considérer les rayons dans le même plan que celui de l'axe optique, quoique pour les exigences de la Photographie céleste aussi bien que pour celles des opticiens pratiques les rayons obliques soient au moins de la même importance. C'est par ces raisons que je me suis proposé de donner une théorie plus complète de ces phénomènes. )) D'abord je détermine l'équation générale de la courbe d'aberration. Voici ce que j'entends par ce nom. » Nous considérons un système de lentilles sphériques dont tous les centres sont situés siu' la même ligne : l'axe du système. » Par le point où cet axe rencontre la première surface réfringente, nous menons un plan perpendiculaire à l'axe : le plan fondamental. Et dans ce plan nous considérons un cercle de rayon y., dont le centre est sur l'axe du système. » Si nous suivons tous les rayons issus d'un point et passant par ce cercle avant de traverser les lentilles du système, il est clair qu'ils doivent tracer dans un plan quelconque perpendiculaire à l'axe une courbe déter- minée. » Je nomme cette courbe la courbe d'aberration pour le rayon -/.. » En suivant la même route que celle qu'a suivie Gauss dans son célèbre Mémoire sur les lentilles épaisses, mais en considérant les termes du troi- sième ordre, j'ai obtenu pour cette courbe les propriétés suivantes : )) La courbe d'aberration est une courbe du quatrième degré et de genre zéro. » Les coordonnées de cette courbe peuvent être représentées par des fonctions trigonométriques d'un angle dans le plan fondamental ç de la forme suivante J' = (|-'-o+ l^M sinrp)cosç, z= 7^3 + Tv, coscp + Xo cos^cp. (58. ) » C'est des valeurs de ces cinq conslantes [j. et 1 que dépend essentiel- lement la bonté de l'objectif. » La discussion sur la détermination la plus favorable de ces constantes ainsi que sur la construction la plus convenable des objectifs astronomiques sera l'objet d'un Mémoire qui paraîtra bientôt. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés carboxylés de la dimèthylaniline {acides diméthylamidobenzoiques). Note de M. Giiakles Lautii, présentée par M. Schùlzenberger. « On a déjà constaté dans quelques cas que les dérivés monosubstitués de la diraéthyianiline donnent des réactions différentes suivant la nature et la position du groupe qui remplace un atome d'hydrogène. Dans le pré- sent travail, je me suis proposé de préparer et d'étudier les trois diméthyl- anilines carboxylées (acides orthodiméthyl-paradiméthyl-métadiméthyl- amidobenzoïques) de la formule CHV /pHn^ P^^"" fléterminer l'in- fluence du groupe CO . OH et de sa position dans la molécule, sur les propriétés des trois isomères. » Acide orlhodiinélhylamidohenzoïque. — Je l'ai préparé par l'action de l'iodure de méthyle, à chaud, sur l'orthoamidobenzoate (anthranilate) de sodium, en milieu alcoolique. L'acide dimclhylé se dépose par le refroi- dissement de la liqueur; on le purifie par des cristallisations dans l'eau, puis dans la benzine et enfin par une sublimation ménagée. Sa composition déterminée par l'analyse est L H AzU -L H \^^^cH')^- /PO OTî (Il se forme en même temps un iodure quaternaire C H\ /rH3\3 T' '^I'^'' donne, avec l'oxyde d'argent, l'hydrate correspondante H \ /'^H3^3nH■ Ces deux corps se décomposent facilement sous l'influence de la chaleur, en perdant de l'acide carbonique et donnant naissance à la diméthylani- line.) » L'acide orlhodiméthylamidobenzoïque est un corps cristallisé en longues aiguilles fondant à 175", solubles dans 5oo parties d'eau froide, très solubles dans l'alcool, l'élher et le benzène. Ces solutions sont douées ( 582 ) d'une belle fluorescence bleue. Il possède les propriétés générales des acides amidés, se combine avec les acides, de même qu'avec les alcalis. » Il ne forme pas de composé nitrosé (') avec l'acide nitreux. Il se combine aux corps diazoïques en donnant ainsi des matières colorantes variant du jaune à l'orangé et au brun. » Soumis à l'action des oxydants, notamment du chlorure de cuivre ou du chloranile, il se transforme en une belle matière colorante, rouge violet, qui après purifications par le benzène, les alcalis et l'éther, possède la composition suivante : /C/'H'.(:0-H.Az(CH')=. OH = C-C/H^C:O^H.Az(CH^)^ XCH^OJ^H.AzH-. C'est une rosaniline tricarboxylée, tétraniéthylée ou un mélange de pro- duits polyméthylés. Elle |)ossède les propriétés générales des déiùvés colorés du triphénylméthane, mais la présence du groupe CO-H lui donne des caractères spéciaux : elle est soluble dans les alcalis et est précipitée de sa solution par les acides, contrairement aux colorants ordinaires de cette série; elle teint les mordants métalliques (spécialement l'oxyde de chrome); d'autre part, elle teint la laine, et le cuLoa préparé au tannin, ainsi que le font les colorants basiques. Comme on le voit, l'acide ortho- diméthylamidobenzoïque se comporte vis-à-vis des agents d'oxydation comme la diméthylaniline elle-même dont il ne diffère d'ailleurs que par la substitution d'un groupe CO.OH à i atome d'hydrogène. » Il se condense avec le tctraméthyl-iliamitlo-benzhydrol en produisant, après oxydation par PbO'-, un violet très bleu (rosaniline monocarboxylée, hexaméthylée). )> Enfin avec l'aldéhyde benzoïque et cette aldéhyde métanitrée, il donne de très beaux bleus solubles dans les alcalis et teignant le colon mor- dancé, de même que la laine et le coton tanné. La réaction est la sui- vante : 2C«H^^^^,^,!^3 ., + c«ip . cHo + o = oH-c( cn-p^^^ ■ ^^^ • \Az(Cil^;- \ ^ \Az(CIi')- '^ ^^ \Az(CH^)- y (') Ce fait peut être rapproché de l'observation de M. Grimaux relative à l'ortho- anisidine diméthylée qui ne fournit pas non plus de corps nitrosé. Cette particularité semble donc assez générale aux dérivés ortliosubstitués. ( 583 ) » Ainsi l'introduction du groupe COOJI dans la diméthylaniline déter- mine, dans ces conditions, la formation d'un bleu au lieu du vert (ma- lachite), que l'on obtient avec la diméthylaniline. » Acide paradiméthylamidobenzoïque. — Il a été également préparé par l'iodure de méthyle. » Sous l'influence des agents d'oxydation il ne donne pas trace de ma- tière colorante ; en effet, la place para où la soudure devrait se faire n'est pas libre : il ne peut y avoir réaction. Avec les agents de condensation (hydrol, aldéhydes benzoïques), il n'en e.it plus de même : il se forme des matières colorantes, mais elles ne sont plus carboxylées; c'est du violet de rosaniline hexaméthylé et du vert malachite que l'on obtient. L'acide car- bonique a été éliminé, la tendance qu'ont eue les corps mis en pré- sence à se souder, l'ayant emporté sur la force qui retenait CO^H fixé au noyau. )) Acide métadiméthylamidobenzoïque . — Cet acide, préparé soit par l'action de l'iodure de méthyle sur le métamidobenzoate de sodium, soit par la transformation de la benzobétaïne de Griess, ne donne pas de ma- tières colorantes par oxydation; il n'en donne pas davantage avec les aldé- hydes et en fournit des traces avec l'hydrol. Les trois acides dont il vient d'être question peuvent être aisément caractérisés et distingués les uns des autres au moyen du bioxyde de plomb en présence d'acide acétique; chacun d'entre eux donne avec ce réactif des colorations spéciales. » Des faits précédents il résulte que l'introduction du groupement CO.OH dans la diméthylaniline en remplacement d'un atome d'hydrogène, et la position occupée par lui par rapport à l'amidogéne dans la molécule, donnent à chacun des isomères obtenus des propriétés particulières, no- tamment au point de vue de la genèse des matières colorantes : lorsque la position occupée estortlio, on obtient des matières colorantes carboxylées, solubles dans les alcalis et capables de teindre les mordants métalliques; lorsqu'elle est para, on obtient des colorants non carboxylés et identiques avec ceux de la diméthylaniline elle-même; lorsqu'elle est meta, l'aptitude à former des matières colorantes a presque complètement disparu ('). » (') Collège de France. Laboratoire de M. Schutzenbers;er. G. R., 1893, a" Semestre. (T. CXVII, N° 18.) 7^ ( 584 ) CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la température de cuisson du pain. Note de M. Aimé Gibard. 0 Dans la Note présentée le 1 6 octobre iSgS, à l'Académie des Sciences, par M. Balland, au sujet de la température de cuisson du pain, un malen- tendu s'est glissé que je crois devoir dissiper. La question, en effet, pré- sente, à des points de vue divers, une grande importance. » Ce n'est pas dans quelques cas seulement que j'ai vu cette température atteindre loi", c'est dans tous les cas. Il y a longtemps qu'en disposant des thermomètres à maxima au milieu de la masse panaire, j'ai, pour la pre- mière fois, fait cette observation. Je l'ai depuis renouvelée bien souvent tant en boulangerie qu'en biscuiterie, et c'est ce chiffre de ioi° préci- sément que, dans mon enseignement au Conservatoire des Arts et Métiers, j'indique comme représentant la température normale à laquelle dans le four se trouvent portés le pain et le biscuit, lorsque la cuisson est satis- faisante. » ZOOLOGIE. — Etude sur la reproduction des Guêpes. Note de M. Paul Marcual, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Ija Guêpe qui a servi à la majorité de mes observations est la Guêpe commune, nidifiant sous terre, la Vespa gerrnanica, dont la multiplication effrayante a été cette année l'origine d'un véritable fléau pour notre agri- culture. )) IjCS problèmes que je me suis proposé de résoudre sont les suivants : Y a-t-il dans l'innombrable colonie qui habite le guêpier d'autres pondeuses que la mère fondatrice ou reine mère, considérée habituellement comme la seule génératrice de toute la population du nid? En d'autres termes, y a-l-il, parmi les guêpes connues sous le nom iVouçriéres ou de neutres, des individus capables de se reproduire? — Si ces ouvrières fécondes existent, sont-elles capables de se reproduire sans le concours des mâles, c'est- à-dire par parthénogenèse? — Enfin, en supposant ces conditions réalisées, quel sera le sexe des individus engendrés? » J'ai institué sur la Guêpe commune des expériences destinées à jeter la lumière sur ces différentes questions, qui, ainsi qu'on le sait, ont été ( 585 ) fort controversées, malgré les observations de valeur, mais incomplètes, faites par Leiickart, et les beaux travaux de Siebold sur les Polistes. Voici, parmi mes expériences, l'une des plus probantes : le i5 juillet, c'est-à-dire un mois environ avant l'apparition des mâles, qui, chez les Guêpes sou- terraines, ne commencent à éclore que vers la moitié du mois d'août, je m'empare d'un nid de Vespa germanica, dont la population se compose de la reine-mère et dune nombreuse colonie d'ouvrières. Le 21, je supprime la reine; je dispose ensuite dans une cage, dont je n'ai pas ici à décrire l'agencement, un fragment de nid, après avoir eu soin de détruire dans ses cellules tous les œufs et toutes les jeunes larves, de façon à ne laisser uni- quement que les grosses, prêtes à se transformer, et j'introduis dans cette cage une centaine de guêpes de la colonie. En peu de temps, elles ont construit une enveloppe de papier autour du fragment de nid que je leur ai livré, et le i3 août, c'est-à-dire vingt-trois jours aj)rès le commencement de îl'expérience, lorsque je m'enquiers du résultat, je trouve dans les cel- lules 37 œufs, 35 jeunes larves, et une cinquantaine de larves grosses ou moyennes : 27 des plus grosses sont examinées; elles présentent toutes sur le dos une grande tache géminée grisâtre, correspondant, ainsi que j'ai pu m'en assurer, aux testicules vus par transparence : ce sont des niàles. Je laisse les autres larves en place, et rends le fragment de nid aux ouvrières. » Le 29 août, c'est-à-dire trente-neuf jours après le début de l'expé- rience, je procède de nouveau à son examen. Je constate, cette fois, que les guêpes ont détruit un assez grand nombre de leurs larves : il en reste pourtant assez pour corroborer encore les résultats précédents; je trouve dans les cellules treize larves, la plupart d'assez grosse taille et qui sont toutes du sexe mâle; il y a en outre quatre cellules qui se sont operculées depuis le i3 août et qui contiennent trois nymphes mâles et une larve mâle prête à se transformer; enfin un certain nombre de cellules présentent des œufs ou de très jeunes larves sortant de l'œuf. Ainsi l'examen révèle sur quarante-quatre individus produits parthénogénétiquement par les ouvrières l'existence de quarante-quatre mâles. Cette expérience, ayant été faite en captivité et un mois avant l'apparition des mâles adultes, exclut toute espèce de cause d'erreur et établit d'une façon indiscutable : 1° l'existence de la ponte parthénogénétique des ouvrières; 2" la faculté que possèdent leurs œufs de se développer complètement, sans avoir été fécondés préalablement par un mâle; 3° la nature exclusivement mâle des individus qu'elles engendrent ainsi par parthénogenèse. Ces résultats sont entièrement conformes à ceux obtenus par Siebold sur les Polistes. ( 586 ) » Dans le courant d'août, j'ai obtenu des pontes d'ouvrières si abon- dantes que les guêpes, n'ayant plus assez du fragment de nid que je leur donnais, dérogeaient à leurs habitudes, et déposaient jusqu'à trois et quatre œufs dans la même cellule. » Le réceptacle séminal des ouvrières fécondes que j'ai examinées à ce point de vue fut toujours trouvé clair et exempt de spermatozoïdes. Le réceptacle séminal de la reine mère contenait en revanche de nombreux spermatozoïdes jusqu'à la fin de la saison. » La ponte parthénogénétique des ouvrières, qui paraît devoir com- mencer en juillet, atteint son maximum pendant le mois d'août : à cette époque, à peine les ouvrières étaient-elles mises en cage qu'elles se met- taient à pondre. Puis la ponte diminue, et, dans la seconde quinzaine de septembre, sur 80 ouvrières que je dissèque et qui sont prises soit au vol, soit dans le nid, je n'arrive pas à en trouver une seule féconde. Ici, je dois attirer l'attention sur un phénomène fort curieux qui nous éclairera sur les causes intervenant dans la production des ouvrières fécondes : Ayant conservé en captivité, pour une expérience dont je n'ai pas ici à par- ler, des ouvrières provenant d'un nid pris le 17 septembre, je trouvai en disséquant, le 18 octobre, les 3o survivantes de l'expérience, une propor- tion de ^ d'ouvrières fertiles : elles avaient du reste pondu abondamment ; or, l'examen des ovaires de 60 ouvrières du même nid, prises dans les mêmes conditions et disséquées au moment de la capture du nid, ne pat me faire constater que leur complète stérilité. Dans une autre expérience faite à la même époque, j'ai eu une proportion de ^ d'ouvrières fécondes, alors qu'il m'était impossible d'en rencontrer parmi celles que je prenais au dehors. Il résulte clairement de là que la nourriture abondante que je donnais à mes guêpes, consistant principalement en miel et en viande crue, jointe à leur vie sédentaire, déterminait la fécondité de certaines d'entre elles. Il y a donc parmi les guêpes ouvrières, trop souvent dési- gnées sous la dénomination fausse de neutres, un nombre considérable d'individus ayant une prédisposition à devenir féconds, et il suffît d'une nourriture abondante pour déterminer cette fécondité. C'est ainsi que nous devons expliquer que l'apogée de leur ponte coïncide avec la période de l'année où la nourriture est le plus abondante; puis, à mesure que les journées de travail deviennent plus courtes et les vivres plus rares, leur nombre diminue jusqu'à ce qu'elles disparaissent entièrement. » Les notes que j'ai prises sur la variation que subit la proportion des larves mâles et des larves femelles renfermées dans un nid, suivant l'époque à laquelle le nid est capturé, montrent que le nombre des mâles ( 5«7 ) dans une colonie croît en raison de la fécondité des ouvrières. Il semble- rait donc exister une sorte de division du travail physiologique entre la reine et les ouvrières, la première étant chargée de la production des fe- melles (ouvrières comprises), et les secondes, de la production des mâles. Nous devons cependant faire des réserves sur la réalité d'une spécialisation aussi complète pour ce qui regarde la reiae; car, si l'on peut obtenir des pontes provenant exclusivement d'ouvrières en éliminant la reine, l'expé- rience inverse, consistant à obtenir une ponte exclusive de reine, présente des difficultés qui, d'après mes essais variés, paraissent insurmontables. Et, d'autre part, l'étude des nids, et ce fait, que l'on continue à voir des larves mâles se développer dans les cellules, alors que l'on ne peut plus trouver d'ouvrières fécondes en liberté, me portent fortement à penser que, au moins à la fin de la saison, la reine participe à la reproduction des mâles. » BOTANIQUE. — Sur la localisation des principes actifs chez les Tropéolées. Note de M. Léon Guignard, présentée par M. Duchartre. (c Les propriétés organoleptiquesbien connues des Tropéolées sont dues à une essence d'une saveur spéciale, retirée d'abord des fleurs de la grande Capucine par Cloëz('), qui y reconnut la présence du soufre et la compara à celle des Crucifères. Plus tard, Hofmann (-) établit que, si cette huile essentielle renferme effectivement un composé sulfuré, elle est consti- tuée en majeure partie par le nitrile alphatoluique (C^H^Az), lequel est fourni également par le Cresson alénois, et dont l'homologue supérieur, ou nitrile phénylpropionique (C'H'Az), s'obtient avec le Cresson de fon- taine. Par la nature de l'essence qu'elles produisent, les Tropéolées res- semblent donc beaucoup aux Crucifères. » La formation de cette essence est-elle due, comme chez ces dernières et comme chez les Capparidées étudiées dans une Note récente (^), à l'ac- tion d'un ferment sur un glucoside? Et, s'il en est ainsi, ces deux prin- cipes sont-ils également localisés dans des cellules différentes? (') Note sur V huile essentielle de Capucine {Soc. d'émulation pour les Sciences p/iarni., p. 36; 1848). (^) Ueber clas œtherische Oelvon Tropolœum niajus {Bericht. der deutsch. Chem. Gesellsch., p. 5i5; 187^). (^) Sur la localisation des principes actifs chez les Capparidées {Comptes ren- dus, 9 oct. i8g3). ( 588 ) » Récemment, M. W. Spatzier ( ' ) a trouvé de la myrosine dans la graine du Tropceolurn majiis L., mais il conclut à son absence dans la tige et les feuilles, qui présentent pourtant, quand on les coupe, une odeur et une saveur piquantes des plus manifestes, encore plus prononcées chez les fleurs. Dès lors, on peut se demander si l'essence existe toute formée dans ces organes, ou bien si elle prend naissance sans l'intervention de la my- rosine : questions auxquelles l'auteur n'a pas essayé de répondre. » L'étude histologique et l'expérience montrent que les observations de M. W. Spatzier ne sont pas exactes : on peut, en effet, non seulement re- connaître dans les organes végétatifs, aussi bien que dans la graine, la pré- sence de la myrosine, mais encore en extraire ce ferment et le caractériser par le dédoublement qu'il exerce sur le myronate de potassium. Voici d'abord, au point de vue de la localisation, ce qu'on observe dans la grande Capucine. )) I. La racine possède, dans son parenchyme cortical et libérien se- condaires, de nombreuses cellules à myrosine, qui ne diffèrent guère des éléments voisins que par la nature de leur contenu, facile à mettre en évi- dence par les réactifs appropriés. Une racine de i""" de diamètre environ offre souvent, sur la coupe transversale, une cinquantaine de cellules à ferment. » La tige en est également pourvue, surtout dans son assise sous-épi- dermique ; mais, si les cellules à myrosine s'y trouvent de même en assez grand nombre, elles y sont bien moins riches en ferment que dans la ra- cine. Parfois même, tout un groupe de cellules du parenchyme cortical, formant une sorte de nodule, présentent les réactions du ferment. Il en existe aussi quelques-unes dans le tissu libérien, d'ailleurs toujours très réduit, des faisceaux conducteurs. » Dans la feuille, le contenu albuminoïde très abondant des éléments du parenchyme masque en grande partie les réactions de la myrosine, qui paraît être répartie dans un grand nombre de cellules, et dont la loca- lisation ne peut dès lors être précisée avec la même certitude que dans les autres organes. » Les caractères distinctifs des cellules à ferment deviennent beaucoup plus nets dans la fleur, surtout si l'on étudie l'éperon, où les principes actifs sont plus abondants que dans les autres parties flocales. Dans cet ap- pendice, en effet, la myrosine se rencontre dans la plupart des cellules de (') Ueber das Aiiftreteii und die physiologische Bedeutung des Myrosins in der •PjJanze {Pringsh. Jabrb., p. 55; iSgS). ( 589) l'assise sous-épidermiqiie externe, mais en plus forte proportion que dans l'assise correspondante de la tige. Parfois aussi, le parenchyme de l'épe- ron offre, dans son épaisseur, quelques amas cellulaires riches en ferment. On observe aussi des cellules à myrosine dans la paroi ovarienne et même dans le tégument des ovules. Quant à celles de la graine, qui seules ont été aperçues par M. Spatzier, elles sont disséminées en grand nombre dans tout le parenchyme de l'embryon. » 2. L'expérience confu-me entièrement les données précédentes four- nies par l'observation microchimique des divers organes. » Tout d'abord, si l'on traite par l'eau quelques grammes de racine, de tioe, de feuilles ou de fleurs contusées et qu'on évapore ensuite le liquide à une température voisine de So'', de façon à chasser l'essence formée, sans altérer le ferment, on constate que le résidu repris par l'eau et à peu près inodore dégage de l'essence de moutarde si on l'additionne de myro- nate de potassium : ce qui démontre l'existence de la myrosine dans les organes en question. )) En outre, le liquide obtenu par l'action de l'eau froide ou tiède sur ces mêmes organes fournit à l'aide de l'alcool un précipité complexe, qui dé- compose de même le myronate de potassium en solution aqueuse, phé- nomène qui ne peut être attribué qu'à la présence de la myrosine, seule substance connue jusqu'ici comme pouvant déterminer, dans les condi- tions de l'expérience, le dédoublement de ce glucoside. » Ces résultats donnent à penser que, puisque la myrosine se ren- contré dans les organes aériens, contrairement à l'opinion de l'auteur précédemment cité, son rôle doit y être le même que dans la graine, dont la poudre sèche est inodore et ne dégage de l'essence qu'en présence de l'eau. On peut en effet s'en convaincre par une expérience directe, qui dé- montre la non-préexistence de l'huile essentielle dans les organes verts de la Capucine. Pour cela, il faut recourir à des réactions assez sensibles pour déceler dans un liquide donné une très minime quantité d'essence, et opé- rer sur les feuilles, par exemple, dans des conditions telles que, si l'essence n'y préexiste pas, il ne puisse s'en former. » Comme l'essence fournie par les divers organes renferme toujours du soufre, ainsi que je m'en suis assuré, on peut se fonder sur l'action de la potasse pour transformer ce corps en sulfure, dont les moindres traces sont mises en évidence par le nitro-prussiate de soude. Pour éviter toute forma- tion d'essence, le limbe foliaire est séparé du pétiole sous l'alcool absolu et plongé dans de l'alcool au même degré et bouillant. Dans ces condi- tions, le ferment est rendu complètement inactif. Le limbe étant ensuite (Sgo) broyé et laissé quelque temps dans l'alcool, s'il existait de l'essence toute formée, elle se trouverait en solution dans le liquide. Or, en dislilLTUt ce dernier et en recherchant le soufre dans les conditions appropriées, on n'obtient qu'un résultat négatif, même quand on opère sur une trentaine de grammes de feuilles ou de fleurs; tandis que, dans la contre-épreuve, c'est-à-dire en broyant d'abord les tissus en présence de l'eau froide avant de les traiter dans des conditions comparables, il suffit de quelques grammes seulement pour pouvoir mettre le soufre en évidence. Par con- séquent, l'essence ne préexiste pas plus dans les parties aériennes que dans la graine de la Capucine. » Les mêmes résultats sont fournis par d'autres espèces de Tropéolées, avec cette différence peu importante que souvent les organes végétatifs y sont moins riches en principes actifs. » En résumé, dans cette famille, tous les organes renferment de la myrosine, localisée dans des cellules distinctes de celles qui contiennent le glucoside qu'elle décompose pour donner l'essence; cette dernière ne préexiste pas dans les tissus et ne peut se former sans l'intervention du ferment. Les Tropéolées offrent donc, à cet égard, une analogie complète avec les Crucifères et les Capparidées ('). » MINÉRALOGIE. — Sur l'existence de la gismondine dans les géodes d'un ba- salte des environs de Saint-Agrève (^Ardèche). Note de M. Ferdinand Gox- NARD, présentée par M. Fouqué. « J'ai récemment découvert dans l'Ardèche, aux environs de Saint- Agrève, un basalte renfermant, dans les géodes sporadiques, de jolis cris- taux de gismondine associée à quelques autres zéolithes. » Lorsque, partant de Saint-Agrève, on prend la route de Labâtie d'An- daure, on trouve, à environ 2*"" de là, sur la gauche de la route, et à 5oo" ou 600™, une petite ferme connue dans le pays sous le nom de Chabane. » Il n'y a pas là de carrière, à proprement parler; mais, de même que sur certains points du Forez, et notamment dans les bois de Verrières, sur la route de Monlbrison à Saint-Anthême, le basalte ne produit ici ni cou- lées, ni nappes recouvrant des formations plus anciennes; il vient, pour ainsi dire, mourir à la surface du granit qu'il a traversé, et qu'il pénètre comme l'eau pénètre une éponge. Le fermier extrait çà et là, à temps ( ' ) Le travail résumé dans celle Note paraîtra clans le Journal de Botanique. ( 591 ) perdu, au voisinage même de sa maison, des blocs qu'il conduit ensuite à Saint-Agrève pour l'entretien de la roule. » Le basalte de Chabane est très compact, et renferme dans ses va- cuoles, assez rares d'ailleurs, diverses zéolithes. » La plus intéressante du groupe, eu égard à sa nouveauté relative, est la gismondine. Les géodes de ce minéral sont de faibles dimensions, i5°"" à ao™"" au plus; l'intérieur en est hérissé de pointements octaédriques. Les cristaux, d'un éclat très vif, transparents aux sommets, translucides ou opaques au centre, sont ordinairement maclés. Ils n'ont guère plus de i™" à i™'",5, et leurs dimensions sont souvent beaucoup moindres. Il est assez difficile d'isoler un cristal propre aux mesures goniométriques, c'est-à-dire suffisamment complet, et à faces unies et miroitantes. J'ai pu cependant obtenir un certain nombre d'incidences assez concordantes. Les meilleurs pointés m'ont conduit à : » b'h' (arête basique) de 93°3' à gS^ii'. » b'b' (arête culminante) de iio°2.\' à i20°3i'. » Or, les nombres indiqués par M. Des Cloizeaux variant de 89° à 98' et de 117° à 122°, les résultats ci-dessus peuvent être considérés comme assez satisfaisants. » Les cristaux de gismondine, de même que ceux d'apophyllite et de christianite, s'albinùent parfois, et sont alors d'un blanc laiteux ou jau- nâtre. » On rencontre également des cristaux de gismondine dans l'intérieur des géodes de christianite, plus fréquentes que les premières. » Cette christianite, de même que celle de Verrières, paraît offrir la macle simple de la morvénite. » A ces deux zéolithes vient s'associer, mais rarement toutefois, la thom- sonite. Cette dernière forme, comme celle du basalte de Verrières, de petits hémisphères radiés, dont la surface montre, à la loupe, la réunion des bases octogonales des petits cristaux simples, aplatis suivant une dia- gonale des bases. » Avec ces zéolithes on trouve encore, ainsi que dans la plupart des laves anciennes à amygdales du Plateau central que j'ai eu occasion d'étu- dier, une substance amorphe, opaque, résidu de leur cristallisation; de couleur verdàtre, bleu verdàlre, blanche, etc., elle se désagrège facile- ment au contact de l'eau, et se réduit en menus fragments. » Ces associations minérales du basalte de Chabane reproduisent celles de la même roche des environs de Giessen (Hesse-Darmstadt) et, en par- G. R. i8g3. 2' Semestre. (T. CXVII, N' 18.) 79 ( 392 ) ticulier, celles de Schiffenberg, étudiées par M. Streng et par M. Des Cloizeaux. » Un dernier membre de ces associations est le suivant : » Sur les parois des géodes de cliristianite ou de gismondine se sont formés des cristaux blonds, d'un jaune d'or ou rougeâtres comme certaines blendes d'Espagne ; ce sont des prismes hexagonaux parfois très réguliers ; ils sont les axes des dépôts cristallins ultérieurs de christianite, comme les fils que l'on place dans les bassines de sucre candi. Ils appartiennent à la sidérose, et j'ai même trouvé sur l'un de mes échantillons un peu de pyrite à côté de ces cristaux. I.e minéral originaire est donc la pyrite, transformée plus tard en sidérose par l'acide carbonique emprisonné dans la lave. C'est là un fait assez rare, je crois, et que j'ai constaté pour la |)remière fois dans un basalte. Ils disparaissent parfois, et laissent un vide prisma- tique très net dans la masse zéolithique. )) L'ordre de formation de ces diverses substances paraît donc avoir été le suivant : pyrite, sidérose, christianite, enfin gismondine et christia- nite. » Pour compléter la liste des minéraux que j'ai observés dans le basalte de Chabane, il me reste à citer un silex blanc laiteux empâté par lui, ainsi que des grains de magnétite et de rares nodules de péridot. » GÉOLOGIE. — Fractures des terrains à charbons du sud du Chili. Note de M. A.-E. Noguès, présentée par M. Fouqué. . . Renda. Lausanne , „ / Payol. Barlh. V Brockhaus. Leipzig Lorenlz. j Max Rube. Liège. V Twielmeyer. ( Desoer. ' Gnusé. Londres .... Luxembourf. Madrid . Milan . chez Messieurs : ) Dulau. I Null. V. Buck. Libr. Gulenberg. Fuenles et Capde ville. Gonzalès e liijos. F. Fé. \ Duniotard frères. ( Hœpli. Moscou Gautier. / Furcheim. Naples ' Marghieri di Gius. ( Pelleraoo. ; Christern. New-York j Slechert. ' Weslermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker el G'*. falerme Clausen. Porto Magalhaès. Prague Rivnac. Hio-Janeiro Garnier. ( Bocca frères. Borne , , . „. ( Loescuerel G". Rotterdam Kraniers et fils. Stockholm Samson el Wallin Zinserling. Wolff. Bocca frères. S' Petersbourg. \ Turin. Brero. Glausen. RosenbergelSellie Varsovie Gebethner el Woll Vérone Drucker. ( Frick. Vienne . \ Gerold et G" Ziirich Meyer el Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes i" à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (I" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— {i" Janvier 1S66 à 3i Décembre 18S0.) Volume in-4''; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. DeRUEsel A.-J.-J. Solikr.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'épruuvejii h Comètes, par M. Hansen.— Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matièrf grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec 32 planches ; i856 15 f Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Vas Benedes. — lissai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Scienci pour le concours de iS53, el puis remise pour celui de iSo'î, savoir : « Étudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains séd i> mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a natu u des rapports qui existent entre l'étal actuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Brons. In-4'', avec 27 planches; 1861.. . 15 f A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. N" 18. TAHIi: DES ARTICLES. (Séance dn 50 octobre 1895.) MEMOIRES ET COMMUN ICATIONS DES ME.MUUES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. Pages. M. Chamiîrelent. — La récolte de la visnc dans l'année iSgS. Les produits de la Ca- margue 56- Pages. .M. Marey offre à l'Académie son Ouvrage intitulé « Le Mouvement » 572 IVOMIIVATIONS. M. PoTAiN est nommé Membre de la Section de Médecine et Chirurgie en rem|)laccmenl de M. Charcot. MEMOIRES PRESENTES. M. K. Hardy. — Sur l'application des vilira- tions sonores à l'analyse des mélanges de deux gaz de densités différentes M. Charles Benoit adresse un Mémoire ayant pour titre : « Intelligence et Instinct. Le Clialicodome des mui'ailies et un nou- veau Clialicodomc » M. JULiii. adresse un Mémoire ayant pour titre : « Emploi de la colopliane dans le durcissementdes plàtresetpierrcs tendres; coloration des pU'itres » M. .1. CuENiN adresse une Note ayant pour titre : » L'Instituteur et le progrès agri- cole en France » CORRESPONDANCE. MM. Rambaud et Sy. — Observations de la comète Brooks (iSy'i, oct. ili), faites à l'observatoire d'Alger, à l'équatorial coudé. '17 5 M. J. Guillaume. — Observations du Soleil faites à l'observatoire de Lyon (équatorial Briinner), pendant le premier semestre de 1893 3-3 M. N. Seiliger. — Sur un théorème nou- veau de Mécanique 578 M. L.-V". Charlier. — Sur la marche de la lumière à travers un système de lentilles sphériques .' 58o M. Charles Lauth. — Sur les dérivés car- boxylés de la diméthylaniline (acides di- méthylamidobenzoiques ) 5Si Bulletin bibliograimliqiïe Sur la température de .M. Aimé Girard. cuisson du pain. M. Paul Marchal. — Etude sur la repro- duction des Guêpes M. LÉON Gligxard. — Sur la localisation des principes actifs chez les Tropéolées.. M. Ferdinand Gonxard. — Sur l'existence de la gismondine dans les géodes d'un ba- salte des environs de Saint-Agrèvc (Ar- déche ) ., M. .\.-E. NoGUÈs. — Fractures des terrains à charbon du sud du Chili MM. C.-EuG. Bertrand et B, Renault. — Caractères généraux des bogheads à .Vi- gnes ■^7^ 58^ 584 587 5go 59! 593 596 PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Quai des Grands-Au^usiins, 55. Le Gtii-ant : (iaiiiuieii-Villabs. 1893 SECOiND SEMESTUE. ^ COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, PAR Mifl. liES SECR^IXil^IRËS PERPETlEIiS. TOME CXVII. N^ 19 (6 Novembre 1893 PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IVÏl>RlMEUl\S-LIBRAIRES DES COMPTES KENDUS DES SÉA.NCËS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, V^uai des Grands-Augustins, 55. "' 1893 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances des 2.3 .tuin 1862 et 24 mai iStô. Les Comptes rendus hehnomadaires des séances de P Académie se composent des extraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article \." . — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre oupar un Associé étrangerdel'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus ])lus de 5o pages par année. IjBs communications a ei'bales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les R;i|)- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décide. Les Notices ou Discours prononcés en séance pii- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personne! qui ne sont pas i\Iembres ou Correspondants de l'Aca demie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré' sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires soni tenus de les réduire au nombre de pages requis. L( Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrail autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le foni pour les articles ordinaires de la correspondance olfi cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer âe chaque RIembre doit être remis é l'imprimeiie le mercredi au soir, ou, au plus tard, h jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par | actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu su les correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. vaut, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas tle planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que j^our les Rapports et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Coiyxptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les déposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. \ j.hao COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. SÉANCE DU LUNDI G NOVEMBRE 1893, PRÉSIDÉE PAR M. LŒWY. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. CINÉMATIQUE. — Sur le Joint Gouhet et son application à l'hélice des navires; par M. H. Resal. « Étant membre du Jury de l'Exposition de 1878, mon attention s'est arrêtée sur un joint d'un nouveau système, qui m'a vivement intéressé et que jusqu'ici, au milieu de mes occupations, j'avais un peu perdu de vue. J'étais loin de me douter, à cette époque, que l'inventeur. M. Gonbet, deviendrait ultérieurement le créateur de la navigation sous-marine. Ce joint, après avoir été l'objet de quelques simplifications, a permis de faire remplir à l'hélice du bateau le Gouhet (qui appartient au Ministère de la Marine) la fonction supplémentaire du gouvernail. )) Joint. — Soient 2a l'angle de deux droites I.t, \x' ; O, O' les intersections de ces droites avec une perpendiculaire à la bissectrice de 2a; C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CXVII, N" 19.) 8o ( 6oo ) AqBo une parallèle à celte bissectrice, dont O est le milievi ; CqDo une perpendiculaire au plan xlx' dont O est aussi le milieu. )) On fera la même chose pour Ix' en accentuant les lettres. » Les droites Ox, O'x' seront les axes de deux arbres; les droites A(,B„, CoD„ les branches d'un croisillon dont les extrémités cvlindriques, munies d'épaulements, s'engageront respectivement dans des œils prati- qués dans un manchon et dans une fourchette terminant l'axe Ox. » Peu importe la forme du manchon ; en vue de réduire l'espace occupé, M. Goubet lui a donné la forme de deux enveloppes hémisphériques tronquées identiques, venues d'une seule pièce, réunies suivant leur tron- cature commune dont le plan passe par la bissectrice de 2 a et est perpen- diculaire au plan xlx'. » Au point de vue géométrique, le manchon se réduit au rectangle AoAj,B^Bg, dont OO' est une médiane. » Supposons qu'on imprime à l'arbre Oa;une rotation co constante ou variable, qui sera censée avoir lieu de la gauche vers la droite (sens positif des rotations) en se plaçant suivant xO en ayant les pieds en O; à l'instant i, le rectangle ci-dessus aura tourné autour de 00' d'un angle 0 avec la vitesse angulaire :Q = -j- et sera venu en AA'B'B, sans éprouver de défor- mation puisque, en raison des épaulements, les angles Ao, A„ restent inva- riablement droits. » La rotation £2 résultera de w et deux autres rotations, l'une d sui- vant OD, l'autre b suivant OB. En projetant successivement sur le prolon- gement de 00, sur OB„, 0D„, on a (i) G) sina =: £î, ojcosa, -f- c?sin6 -+- Z'CosO = o, dcosù — 6sin6 = o, d'où (2) . (/ ^ — wcosx sin9, /> ^ — ojcosxcosO. » Soit 0/ la rotation communiquée à l'arbre O'x', dont la longueur re- présentative sera estimée suivant le prolongement de a;' O'. En partant de w' pour arriver à £2, comme on l'a fait pour co, on trouve (1') oi' sina = i2, rt'= — a, b' = — b. ( 6oi ) » Il résulte des équations (i), (i') que w = w'. Ainsi le joint Goubet, dans un espace très limité, permet de transformer une rotation en une autre égale, quel que soit l'angle des deux rotations concourantes. » Ce joint est bien supérieur à celui de Cardan qui, pratiquement, ne peut fonctionner que lorsque aa — 90° est suffisamment petit. De plus, dans ce dernier joint, le rapport —, est variable, ce qui est un autre incon- vénient. Je rappellerai que ce rapport a pour limites — ces 2 a, • X J.e joint américain, dit de Clémens, a été inventé presque à la même époque que le joint Goubet dont il possède la principale propriété, savoir to = co'. J'en ai vu pour la première fois, et par hasard, un dessin en 1878, d'après lequel un modèle a été exécuté pour l'École Polytechnique. Ce joint présente, sur celui de M. Goubet, les désavantages suivants : 1" il exige plus d'entretien; 2" il est plus encombrant; 3° le double triangle isoscèle rotatif, qui représente son système articulé, présenterait des dan- gers pour les personnes qui, par mégarde, s'en approcheraient de trop près. Il s'est peu répandu en Europe et, à l'Exposition de 1889, je n'en ai vu qu'un seul spécimen. )) Mécanisme au moyen duquel on peut faire varier F orientation du châssis de l'hélice.— Les arbres Ox, O' x seront respectivement l'arbre découche et celui de l'hélice. » Voici, en principe, en quoi consiste la disposition adoptée par M. Goubet : » L'arbre de couche traverse un bàti-palier (B) qui est limité à la nais- sance de la fourchette. Vers la partie supérieure de (B) se trouve une sorte de manivelle (L), dont l'axe vertical de l'arbre passe par le centre O du croisillon. L'axe du manneton passe par le centre O' du croisillon de O'a;', et le châssis (C) de Thélice peut tourner autour de ce manneton. Le châs- sis porte un secteur denté horizontal (E') qui engrène avec un autre sec- teur (E) faisant corps avec (B). » Il s'agit de savoir si une rotation © de (L) autour de l'axe O, déter- minant une rotation relative ç' du châssis autour de l'axe O', est compa- tible avec le système articulé du joint. » Il est évident qu'on peut faire abstraction des rotations propres des deux arbres. ( Go2 ) » Soient / la distance 00'; kl le rayon de la circonférence primitive du secteur (E), k étant une constante qu'on choisira comme on l'enten- dra. On a et, pour la rotation instantanée du châssis, 1 — k )) Le manchon sera animé de la rotation —^—r> d'une rotation (/'autour de O'D' et d'une rotation b' autour de O'B'. Mais le mouvement du man- chon résulte aussi d'une rotation d autour de OD et d'une autre b autour de OB. On a donc d'abord, en projetant sur O'Dq, O'B,,, c?'cosO — i'sinO = )=n,[/(z.), ç«), ..., ^(z.)]. i(z + o,) = n,„\/(z), r?(z.) Hz)]. )) Je disais, en terminant, que certaines classes d'équations diffé- rentielles admettent pour intégrales des fonctions de celte nature; c'est ce que je vais indiquer très rapidement ici, me réservant de le développer ailleurs. » 2. Rappelons d'abord un résultat très général obtenu par M. Sopbus Lie. Soit le système d'équations différentielles j 5^ ^Z,{z)l,i(œ,,x,, ...,a?„)-f-...+ Z,(s)^,,(a;,, x,, ...,x^) ( {1 = 1,2. n), dans lequel Z,, Zo, . . ., Z^ représentent des fonctions de :: seul, et oîi les Ç dépendent seulement de a;,, x^. ..., x„. On suppose les l tels que les ( 6o4 ) transformations infinitésimales 1 = 1 engendrent un groupe à r paramètres. Dans ces conditions, l'intégrale générale de (i) pourra s'obtenir à l'aide de m solutions particulières arbi- traires (m étant un nombre convenablement choisi) .t] , x\ . . . , .-r* (/^ = 1 , 2, . . . , m), au moyen de formules de la forme .r,-=©,(a^|, . .., ûc',, . .., x",' x"', a,, a,. . .., a„) (/ = i , 2 n), qui dépendent de n constantes arbitraires a. » 3. Ceci posé, portons notre attention sur les cas où les o sont dns fonctions rationnelles des x. Les équations (i) jouissent alors manifeste- ment d'une propriété remarquable : les points critiques de l'intégrale géné- rale sont fixes. Ils ne peuvent être autres que les points singuliers des fonc- tions Z(:;). On pourra, en particulier, décider si l'intégrale générale du système (i) est uniforme. » Supposons maintenant, l'intégrale générale du système (i) étant uni- forme, que les fonctions Z (5) soient des fonctions doublement périodiques de z. Nous avons alors une classe d' équations généralisant la classe d'équa- tions différentielles linéaires à coefficients doublement périodiques et à inté- grale générale uniforme, qui, depuis les travaux de i\î. Hermite sur l'équa- tion de Lamé, a fait l'objet de tant de recherches. En général, cette classe d'équations s'intégrera à l'aide des transcendantes dont nous avons parlé plus haut, ou de transcendantes s'y ramenant facilement. » BOTANIQUE. — Signification de la variété des organes dans la mesure de la gradation des espèces végétales; par M. Ad. Chatin. a La variété et la localisation des organes, bien que connexes, doivent être considérées séparément, la variété n'entraînant pas nécessairement la localisation, tandis que la localisation se complète ordinairement de la variété, l'une et l'autre, mais plus la localisation que la variété, étant des signes de perfectionnement organique. )/ La variété ou multiplicité des organes, qu'tin ne confondra pas avec ( 6o5 ) la multiplication ou répétition des parties homologues, est un signe de l'é- lévation des espèces, proposition qui s'appuie à la fois de l'Anatomie, de l'Embryogénie, de la Morphologie et de la Paléontologie. )) Pour l'Anatomie, la démonstration est donnée tant par l'étude de la série végétale que parcelle de la période embryonnaire d'une espèce re- connue supérieure. « Les éléments anatomiques qui entrent dans la constitution des tissus végétaux varient et vont se perfectionnant à mesure que, s' élevant dans l'échelle végétale, on passe des Lichens, des Champignons et des Algues, vers les Hépatiques et les Mousses, encore, elles aussi, exclusivement cellulaires, aux Cryptogames vasculaires, et de celles-ci aux Phanérogames, Gymnospermes d'abord, puis Monocotylédones, enfin Dicotylédones au coui'onnement. 1) Que si, au lieu de considérer les faits histologiques dans les divers groupes du règne végétal, on suit leur évolution, soit dans la période em- bryonnaire d'une espèce phanérogame, soit dans le développement des appareils de végétation ou de reproduction de celle-ci, on voit toujours la variété des tissus être l'indice, le caractère de l'élévation organique. » La période embryonnaire d'une plante phanérogame, période durant laquelle on voit successivement se former et se différencier la cellule sous des états divers, les vaisseaux qui procèdent de celle-ci, dont ils sont le développement ultime, établit, par une voie qui ne laisse rien à l'arbi- traire, que la plante cellulaire est l'arrêL de développement de la plante cellulo-vasculaire, aussi bien que la spore est l'arrêt de développement de la graine, et, partant, que plante cellulaire et spore sont caractères de dégradation, par rapporta la graine et à la plante vasculaire, ce qui est admis de tous. » L'évolution des tissus élémentaires de chacun des organes composés : racine, tige, feuilles, appareils de la reproduction, montre à son tour, comme l'étude des séries naturelles, comme le développement de l'em- bryon, que la cellule n'est que le premier âge du vaisseau, comme la plante cellulaire n'est que le premier état de la plante cellulo-vasculaire. )) L'organisation la plus parfaite répond tellement à la plus grande va- riété des organes qu'il ne viendra jamais à la pensée d'aucun botaniste de considérer la plante phanérogame, munie de racines pour puiser sa nour- riture dans le sol, d'une tige sur laquelle, pour ne rien dire de la part importante qu'elle prend souvent à la vie même de la plante, s'insèrent. ( 6o6 ) (le la façon la plus avanlageuse pour leurs fonctions, les divers appareils chargés, les uns de la nutrition de l'individu, les autres de la multiplication de Tespèce, comme ne s'élevant pas au-dessus de ces plantes homogènes dans lesquelles tout, organes et fonctions, siège confusément dans la même masse. » La plante parasite, dont les suçoirs ne représentent que des racines de grande simplicité, dont les appendices de nutrition sont nuls ou rudi- mentaires, qui manque le plus souvent de chlorophylle et de stomates, de trachées ou môme de tous vaisseaux, et puise, pour l'entretien de sa vie, des sucs déjà élaborés par une nourrice étrangère et qui, la dégrada- tion organique entraînant une dégradation physiologique correspondante, perd, dans ses échanges avec l'atmosphère, du carbone au lieu d'en fixer, prend rang au-dessous des espèces qui, parasitisme à part, s'en rapprochent le plus; telles sont les Cuscutacées par rapport aux Convolvulacées, les Orobanchées par rapport aux Personnées, les Cassj'thées au milieu des Laurinées, etc. » lyCs plantes aquatiques, et plus spécialement celles d'entre elles qui, complètement submergées, n'ont pas de rapports directs avec l'atmo- sphère, présentent assez souvent ce caractère de dégradation anatomique qu'elles manquent de trachées vraies (^Anacharis , Hydrilla, Vdora, Vallis- neiia, plusieurs espèces de Potamogeton, etc.), ou n'en ont que de transi- toires, la place de ces vaisseaux étant, après leur disparition, occupée par quelqu'une de ces lacunes, multipliées dans leur masse tis^ulaire, afin de porter, sur tous ses points, les liquides renfermant de petites quantités de cette libre atmosphère, hors de laquelle l'espèce complètement immergée est condamnée à vivre. » Dégradées aussi sont, au point de vue de la Morphologie, les plantes privées de l'une des enveloppes florales, telles les vraies Monochlamidées de de Candolle, auxquelles, on ne saurait trop le redire, il faut ajouter les Renonculacées, que l'éminent botaniste avait placées en tète de la série végétale, celles surtout qui n'ont ni calice, ni corolle, ou qui manquent, soit de péricarpe, soit des téguments ovulaircs. » L'appareil glandulaire ne saurait être négligé dans la recherche des signes de la gradation organique; nul ou rudimentaire dans les Crypto- games, encore assez rare chez les Monocotylédones (en dehors de l'appa- reil floral), il se développe largement et sous les formes les plus diverses dans les Dicotylédones. ( f^o7 ) » I.a Paléontologie enseigne, de son coté, que ce sont les espèces aux organes les plus variés, végétaux comme animaux, qui ont apparu les der- nières sur le fflobe. » Il faut se garder, dans la recherche de la variété des organes, de prendre un appareil transitoire arrêté dans son évolution pour un organe fixe ou définitif. C'est une erreur de cet ordre que l'on commettrait en con- sidérant la présence de l'albumen, lequel n'existe et ne persiste dans les graines, chez les Monocotylédones surtout, que parce que l'évolution de celles-ci, suspendue au milieu de la période embryonnaire, ne se complé- tera qu'à la germination, comme étant le caractère d'un organisme plus varié ou plus comj^let. C'est la proposition contraire qui est vraie. » Les zoologistes s'accordent, eux aussi, à regarder la variété des organes comme donnant la mesure de la gradation des espèces; mais, se plaçant au point de vue physiologique, lequel n'est d'ailleurs que la tra- duction du point de vue organique, ils voient l'élévation des types dans la variété des fondions . )) L'accord est donc, ici encore, et il ne pouvait en être autrement, com- plet entre botanistes et zoologistes. » BOTANIQUE FOSSILE. — Sur une couche à Nymphéinées, récemment explorée et comprise dans l'aquitanien de Manosque; par M. G. de Saporta. « En décrivant, dans mes Recherches sur la végétation du niveau aquita- nien de Manosque ('), les Nymphéinées d'une formation exceptionnelle- ment riche en plantes fossiles, j'avais rapporté au gisement de Céreste certains échantillons qui m'avaient paru, en raison de leur apparence feuil- letée, provenir de cette dernière localité. Je citerai, comme appartenant à cette dernière catégorie, le Nymphcva Nalini Saji. et le Nelumbium proto- speciosum Sap., Pi. IIJ, fig. 4. et PI. IV, fig. i, du Mémoire précité. )) En réalité, ces échantillons, et beaucoup d'autres recueillis par M. Casimir Nalin à qui en est due la découverte, proviennent d'une couche du Bois-d'Asson, différente de celle exploitée jusqu'iciet située à un niveau plus élevé d'environ So™. Cette nouvelle couche, composée de plaques et de feuillets parfois très minces et naturellement fissiles, se prolonge sur (') Mémoires de la Société géologique de France : Paléontologie ; Mémoire iT'O : I, Nymphéinées. C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CWU, N° 19. ^' ( 6o8 ) un espace considérable; elle vient d'être retrouvée par M. Nalin au delà de Céreste, dans la direction d'Apt, et sur ce point elle conserve le même aspect et comprend les mêmes espèces, combinées de la même manière. Les feuilles et les débris de Nymphéinées dominent exclusivement dans cette concbe. J'y ai reconnu la présence des espèces suivantes, précédem- ment décrites par moi : Nymphœa calophylla Sap., N. Nalini Sap., N. Ame- liana Sap., Anœctomeria média Sap., Nelambium proto-speciosum Sap.; ce dernier, très fréquent. » Je serais porté à croire, à en juger par un très bel échantillon de feuille, qu'à côté du Nelumbium proto-speciosum, dont l'affinité avec le N. speciosum Wild. actuel est évidente, il existait à Manosque une seconde forme de Nelumbium, assimilable au iV. lutewn, d'Amérique, et caractéri- sée, comme celui-ci, par des feuilles plus petites et des nervures rayon- nantes moins nombreuses. Les plaques de la couche à Nymphéinées sont peuplées de feuilles éparses, appartenant à ce groupe de plantes, le plus souvent étalées, parfois entières, ordinairement dépourvues de pétiole, fréquemment lacérées ou se recouvrant mutuellement. Beaucoup d'entre elles présentent un limbe criblé de perforations et de déchirures, ainsi qu'il arrive aux feuilles de Nymphéinées atteintes de vétusté et sur le point de se détacher de la plante. Le^ empreintes de rhizomes sont rares et toujours à l'état de fragments. J'ai observé une seule fois l'empreinte d'un pétale tombé par désarticulation de l'onglet ou base d'insertion, puis des restes peu déterminables des |)arties fructifiées et quelques graines. » Il semble donc, en combinant ces diverses observations, que les Nym- phéinées de la couche que je signale n'aient pas vécu sur place, comme leur aifluence porterait à l'admettre au premier abord, en tenant compte également de l'exclusion de toutes les plantes terrestres. La rareté seule des rhizomes, l'état de désorganisation de la plupart des feuilles, enfin l'absence des pétioles entraînent la conviction qu'en explorant cette couche nous nous trouvons placés à une assez grande distance des anciens rivages, sur un point du lac tertiaire, où le mouvement des eaux et l'im- pulsion d'un courant poussaient les feuilles des Nymphéinées, constituant une ceinture le long de la plage, à mesure que ces feuilles se détachaient, soit par l'effet de leur vétusté, soit par accident, de façon à les accumuler à la surface des lits en voie de formation. Les circonstances, à ce moment de l'existence de la nappe d'eau aquitanienne, avaient sans doute favorisé la multiplication des Nymphéinées le long des bords, au fond des anses et des sinuosités, au sein des eaux tranquilles et peu profondes. Ainsi, les ( <3o9 ) empreintes venues jusqu'à nous traduisent fidèlement l'aspect des parties de l'ancien lac, alors peuplées de ces plantes, et de l'ensemble auquel leur association donnait lieu. » On sait que les Anœctomeria constituaient un genre actuellement éteint, distinct de celui des Nymphcva, par une scission régulière des pa- rois du fruit. 'ijQsNymphœa de Manosque, dont j'ai cité les noms plus haut, paraissent ne plus avoir de représentants directs parmi les formes actuelles du genre ('). Mais le Nehimhium prnto-speciosum Sap. s'écarte très peu au contraire de l'espèce asiatique vivante ou Lotus des Indes et de la Chine. )) La découverte de nombreuses feuilles, plusieurs presque entières, de l'espèce fossile, permet d'établir une exacte comparaison de ces feuilles avec celles du Nelumbium speciosum Wild. actuel. Les différences sont minimes : 21 à 22 nervures rayonnantes au lieu de 23 en moyenne; le dia- mètre transversal plus étendu que l'autre, accusant ainsi un contour géné- ral moins orbiculaire; enfin, les dichotomies des nervures qui rayonnent du centre, partant de plus bas et donnant lieu à des rameaux plus étalés et plus nombreux; telles sont les divergences, en réalité peu prononcées, que l'examen attentif des empreintes fossiles m'a fait saisir. Les feuilles au Nelumbium proto-speciosum mesuraient 40*^™ dans leur plus grande lar- geur. C'est à peu près le diamètre de celles du Lotus actuel, en s'attacha nt aux feuilles qui s'élèvent au-dessus de l'eau. » La végétation aquitanienne de Manosque se révèle en définitive sous trois aspects principaux ou, si l'on veut, elle présente trois associations de formes végétales, ayant contribué, chacune pour sa part, à l'accentuation du paysage de l'époque. Les Nymphéinées, tout d'abord, nous montrent les plantes qui contribuaient à décorer le sein des eaux (-). Les débris de fi- lasse, les frondes mutilées, les parties ramifiées, détachées de l'inflores- cence des Palmiers, joints à d'innombrables feuilles, rameaux ou branches de Laurinées (Laurus, Persea, Cinnamomum, Litsaea, Sassafras) laissent voir une deuxième association qui garnissait le fond des vallées et lesalen- (') Leurs feuilles ne sont ni dentelées, ni sinuées le long de la marge, comme la plupart de celles des Njmphœa actuels des régions chaudes, mais parfaitement entières. (-) Aux^ Nymphéinées il convient de joindre, en fait de plantes « hydrophiles » : les Chrysodium et Osmunda, parmi les Filicinées ; des Typha, des Rhizocaulées, des Podostachys, parmi les Monocotylées; enfin, un CeratophyUam, C. aquUanicum Sap. Néanmoins, ces plantes n'ont pas laissé de vestige dans la couche à Nymphéinées, qui vient d'être signalée. (6io ) tours (les ancieaiiiis plages (' ). hos Alnus, Betida, Fagiis, Ulmus, Populus, Salix, Fraxinus, Acer, etc., composent un troisième groupeou association, adaptée sans doute aux parties montagneuses et aux fraîches et hautes val- lées. En résumé, c'est à la faveur de recherches répétées et persévérantes que l'on parviendra à compléter graduellement les notions relatives à ces trois associations, par une étude de plus en plus approfondie des éléments dont chacune d'elles était formée. » NOMIIVATIOl^S. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplace- ment de M. Palasciano. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant f\i, M. Rollet obtient 35 suffrages M. Hergott » 5 « H y a un bulletin blanc. M. Rollet, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est pro- clamé élu. MEMOIRES PRESENTES. M. J.-B. Faciiris adresse une Note relative à un projet d'éclairage de Constantinople par l'électricité, en utilisant le courant du Bosphore. (Renvoi à la Section de Mécanique.) (') Aux Palmiers el aux Lauriuées se trouvaient associées des Myricées, des Aralia- cées, des Magnoliacées, des Juglandées, d'affinité tropicale, des Légumineuses arbores- centes, Calpurniécs, Césalpiniées et Mimosées ; une Amoraée ou Zingibéracée, etc. (en ) CORRESPONDANCE. ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les cqucilions du second antre à points cri- tiques fixes et sur la correspondance unk'oque entre deux surjaces. Note de M. Paul Painlevé, présentée par M. Picard. V. Quand une équation différentielle algébrique du second ordre (i) F(/',r',j, a7) = o a ses points critiques fixes, son intégrale y{x) définit, pour x et j;,, con- stants, une correspondance unwoque : (2) J = ?[y;.7;.7o.C»u).(^)l' •■• et r„ = ?o[7",j',7,(^0'(-^o)J. •■•. entre les deuxsurfacesF = o et F„e^F( y;;, r^,y„, a.-„) = o.Mais cette cor- respondance peut être birationnelle ou seulement biunijorme. Dans le pre- mier cas, les intégrales doubles J et les différentielles totales j, de première espèce, attachées à F se conservent dans la transformation (2), et c'est là ce qui permet d'intégrer l'équation (i). Mais, dans le second cas, qu'advient-il de ces expressions? C'est la question dont je veux m'occuper ici. » Ce second cas, oh y est une fonction transcendante (à m branches) des constantes jo'Jo' ^® décompose lui-même en deux autres : ou bienj est une fonction transcendante des deux constantes d'intégration a, p, de quelque manière qu'on choisisse ces constantes; ou bien on peut substituer à 7o, j'„ deux constantes a, |3, telles que j soit fonction algébrique de a. et transcendante de p. C'est seulement dans ce dernier cas que je suis par- venu à des conclusions rigoureuses. » Si, dans cette hypothèse, on élimine entre les deux équations J = /(,T, y-, fi), y = -T^> la constante a qui y entre algébriquement, on forme une relation algébrique en y' , y, qui dépend de x et de p. Je montre tout d'abord que cette relation peut toujours s'écrire (3) P(y',r, a;, &, B) = o, P étant un polynôme irréductible en y', y, b, B, et la constante b = g{p) étant liée à B par la condition algébrique cp(6, B) = o. Déplus, h et B s'ex priment rationnellement enj", y', j. » Soit maintenant cj le genre de 7. Pour rr >> i , les coefficients A (r, b, B) ( 6i2 ) de P sont fonctions algébriques de .r. Pour m ^i, les A s'expriment algé- briquement en X et en ii, a désignant une fonction qui vérifie soit une équation de Riccati (/[) «' = Lh--I- Mz/ -l-N (pourn7 = o), soit une équation (5) u --=^'^\l{\ — ii^){\ —x"iâ) (pournf=i), où L, ]M, N sont fonctions algébriques de x. )) D'autre part, la relation (3) doit être au plus de genre i en y', y; autrement, y renfermerait algébriquement les deux constantes. Elle se ra- mène donc algébriquement à une équation (6) v' = Iv- + mv -f n (pour/j = o), ou (7) ,,'=.nsl{i-v'){i-P^^'-) (pour/j = i), /, m, n dépendant algébriquement de x et de u. Le module k', qui est tou- jours indépendant de x, peut dépendre ou non de la constante b. Nous dirons qu'il est variable dans le premier cas, invariable dans le second. » Cherchons maintenant à reconnaître si l'intégrale d'une équation (1) donnée est de celte nature. Cette recherche mettra en évidence le rôle que jouent ici les intégrales doubles J et les différentielles totalesy. Désignons par (-/ le genre de F (nombre des J), par r le nombre des différentielles de première espèce y, et énumérons les divers cas possibles. » I. Soit d'abord p = î, k^ invariable. On a alors ^ = trr, r= rs -f- 1 . Les cj intégrales J se conservent en même temps que cj des différentiellesy, les- quelles sont fonctions l'une de l'autre. Mais il existe toujours une dijféren- tiellc j i^à deux périodes^ qui ne se conserve pas. On sait d'ailleurs recon- naître algébriquement si une équation donnée (1) rentre dans ce cas et ramener l'équation à la forme (7) algébriquement ou par l'intermédiaire d'une équation (5) ou (4), suivant qu'on a y^i , y = i ou q=o. i> II. Soit p =1, k'- variable. On a alors qlrô, r = c3. Les q intégrales J et les n différentielles y 5e conservent. Pour q^i, les conclusions pré- cédentes, relatives à l'intégration, subsistent. Pour ^ = r = i, on connaît une intégrale de la forme (8; /IV/y -+- Qdy -h R dx = const., ( «i3 ) dont le premier membre est ime différentielle de première espèce en y', y qui doit n'avoir que deux pôriodes; on connaît de plus un dernier multi- plicateur. Pour q =1 et r= o, on connaît un dernier multiplicateur. Pour y ^ o, /•= o, il existe sur F une famille de courbes de genre i et une fa- mille d'unicursales. » III. Soit enfin p = o. On a alors y ^ o, r== cj. Les différentielles / se conservent. Pour /\>i, on ramène algébriquement l'équation (i) à la forme (G). Pour r= r,on connaît une intégrale première telle que (8); pour r= o, la surface F est uniformément unicursale. )) Les seules équations qui échappent à la méthode sont celles pour lesquelles on a à la fois q'£i et /• = o. Il faut introduire dans ce cas des considérations nouvelles qui seront développées ailleurs. » Quand x ne figure pas dans F, ces résultats se simplifient et se com- plètent, notamment dans l'hypothèse q = i, r= o, oh on connaît encore une intégrale de la forme (8). J'ajoute que ces résultats subsistent si F, algébrique en y", y', y, dépend de x d'une façon quelconque, et que de plus ils peuvent s'étendre aux équations dont l'intégrale ne prend que n valeurs autour des points critiques mobiles, ainsi qu'aux équations d'ordre supérieur. » Il convient d'insister sur la nature des surfaces F que nous venons de rencontrer. Ces surfaces possèdent au moins une famille de génératrices C unicursales ou de genre i. Si le genre y de F est > i, F appartient à cette classe de surfaces étudiées par M. Nœther et M. Picard, qui sont coupées par leurs adjointes suivant des courbes de genre i. (D'ailleurs, toute sur- face de genre. y ^ i, qui admet des génératrices de genre i, rentre dans cette classe.) Quel que soit le genre q de F, les coordonnées d'un de ses points s'expriment en fonctions uniformes de deux paramètres. Enfin, et c'est le point que je veux surtout signaler, ces surfaces admettent un fais- ceau continu de transformations biuniformes qui dépend au moins d'une fonction arbitraire. Si les génératrices C sont unicursales, ou si, étant de genre i , elles ont même module k'-, ce faisceau renferme un faisceau bira- tionnel qui dépend au moins d'un paramètre. Si k- est variable, le faisceau renferme seulement une transformation infinitésimale rationnelle. Ce fais- ceau conserve à la fois les intégrales doubles J et les différentielles totales / de première espèce, sauf toutefois dans les cas où k- est constant : il existe alors une différentielle y à deux périodes qui ne se conserve pas. Enfm il n'existe pas d'autres faisceaux de transformations biuniformes pour les- quelles une relation algébrique (et une seule) ait lieu entre les points correspondants. ( 6i/. ) » Mais, si l'on n'ajoute aucune condition, peiit-il exister des transfor- mations biunif ormes qui ne rentrent pas dans les précédentes? C'est là une question étroitement liée à l'étude des équations (i) à points critiques fixes et sur laquelle je reviendrai ultérieurement. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines équations différentielles ordinaires. Note de M. Alfred Guldberg, présentée par M. E. Picard. « Dans une Note récente ( ' ), j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie quelques remarques sur les équations différentielles simultanées qui pos- sèdent un système fondamental d'intégrales premières. » J'ai remarqué que la détermination de ces systèmes se ramène à celles des groupes continus y;-fois transitifs. Conformément aux recher- ches fondamentales de M. Lie, il est aisé de former un tableau complet des équations demandées dans les cas de i, 2, 3 variables. Nous nous per- mettrons maintenant de faire quelques remarques sur l'intégration de ces systèmes et nous nous bornerons, pour fixer les idées, au cas n = 1. On trouve, dans ce cas, les trois types d'équations : » 1° L'équation ^'"'^" + \ (r'"")^ + >.,(^""')^ + \.v'-"" + X, = o, où il existe une relation F(>.,, >.',.. .A4, X'j.. .) = o, qui se dérive par un procédé purement algébrique. » Une intégrale première générale est [.r',"" — x'3""] a + [^1,"" — ar>™' ] » 2° L'équation .^"""" + 1, (.r,„)^ + \,x'"'' +^3 = 0, avec une relation analogue F()^,,V A.,,!' ) = o. (') Comptes rendus, 2 'j juillet 1898. ( 6i5 ) )) Une intégrale première générale est » 3" L'équation avec une relation » Une intégrale première générale est » Dans ces équations, les 1 désignent des fonctions arbitraires de t, X, x' , .... x''"''\ les x^"'^ des intégrales premières particulières et a une constante arbitraire; dans les lignes qui suivent, nous nous bornons au cas où les X sont des fonctions rationnelles de ces éléments. » On peut (loue énoncer un théorème analogue à celui établi par Galois pour les équations algébriques; c'est une analogie déjà devenue classique pour les équations différentielles par les recherches importantes de MM. Picard et Vessiot sur les équations linéaires. » Si nous écrivons le groupe p-fois transitif, dont l'équation considérée est dérivée, en p systèmes de variables, nous obtiendrons par un change- ment de variables et paramètres un groupe où les intégrales premières particulières sont des variables et les paramètres des fonctions des con- stantes arbitraires; désignons ce groupe par G. Appelons maintenant, pour abréger, une fonction qui s'exprime rationnellement par t, x, x', . . ., a!<'"~", les intégrales premières et leurs dérivées une fonclion rationnelle des intégrales premières, et une fonction qui admet toutes les transforma- tions de G nue. fonction invariante. » Nous pouvons donc énoncer le théorème suivant : » A toute équation qui possède un système fondamental d'intégrales pre- mières correspond un groupe G qui jouit des deux propriétés suivantes : » 1° Toute fonction rationnelle des intégrales premières qui s'exprime rationnellement par t, x, x , ..., x-'"' '', les 1 et leurs dérivées, admet toutes les transformations de ce groupe; » 2° Toute fonction rationnelle des intégrales premières invariante s'ex- prime rationnellement par ces mêmes éléments. » Nous venons de constater l'existence du groupe G; la démonstration de sa double propriété se fera donc facilement en remarquant que les ^ et G. R. iSn3, 2- Semestre. (T. CXVII, N° 19.) 82 ( 6i6 ) leurs dérivées sont des fonctions invariantes par G et en s'appuyant sur la théorie des invariants différentiels de M. Lie, analogue à la méthode indi- quée par M. Vessiot pour les équations linéaires. » Ce théorème établi, il est facile de démontrer les théorèmes sur la réduction du groupe G par l'adjonction d'intégrales d'équations auxiliaires, théorèmes analogues aux théorèmes bien connus de Galois. » Enfin la connaissance du groupe G permet de réduire l'intégration de l'équation considérée à celle d'une suite d'équations plus simples. » GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur certaines familles de cubiques gauches. Note de M. Lelieuvre, présentée par M. Darboux. « Nous avons indiqué précédemment (') une classification des en- sembles Gr dépendant d'un paramètre u et formés d'une cubique gauche G et de la développable T dont elle est l'arête, qui sont divisés homographi- quement par leurs conjugués. Voici une méthode propre à les déterminer. » Soient p,r,- = a^P + 3 hit"^ + 3c,; + <-/,■ (/ = i , 2, 3, \ ) les formules qui expriment les coordonnées homogènes a-, d'un point de G, t =. const. Les coefficients a, b, c, rf sont des fonctions de u et l'on peut supposer leur déterminant S égal à un. Soient p,(.. = A,-;^+3B,r- + 3C,i!-i-D, (i = i, 2, 3, 4) les formules qui expriment les cordonnées Vi du plan osculateur de G au même point (t,u), A,, 3B,, 3C, et D, étant les mineurs de S, respective- ment, par rapport à a,, b^, c,, d^. » On peut déterminer, une fois les a, b, c, d connus, seize fonctions de u, M,, N/, P,, Q, («' = i , 2, 3, 4) par les égalités suivantes : ^ =M, a, - 3 Mo 6, -f- 3 M3 c, - M^ d^, ^ = N,fl,- - 3Noi,- + 3N,c, - N,di, ^'=P,a, _3P,ft, +3P3C, -P,r/„ ^ = Q. a, - 3Q,bi 4- 3Q3t- - q,di {i = i, 2, 3, 4). C) Comptes rendus, octobre 1898. ( 6i7 ) De sorte que|les a, b, c, d sont quatre systèmes de solutions particulières du système linéaire ci-dessus, quand on y regarde inversement les coeffi- cients M, N, P, Q comme donnés. Ce système en entraîne, d'ailleurs, un autre facile à former et relatif aux coefficients A, B, C,^D. » Or on reconnaît que les conditions du problème proposé se tradui- sent par des relations algébriques entre les seules fonctions M, N, P, Q et, par conséquent, la question revient à intégrer le système (ï), après avoir établi les relations nécessaires entre ses coefficients. Dans le cas le plus général, comme on doit exprimer qu'un polynôme du huitième degré est divisible par un autre du sixième, on obtient six équations de condition entre les M, IN, P, Q et, par suite, l'ensemble cherché dépend encore de cinq fonctions arbitraires (en tenant compte de celles qu'introduit la trans- formation homographique générale faite sur t). )) On est conduit par là à déterminer l'ensemble GT que l'on cherche en se donnant d'avance quelques-unes des enveloppes qu'il doit posséder, ce qui permet de l'obtenir dans des cas particuliers, ou au moins d'a- baisser l'ordre d'intégration du système (I). Indiquons comme exemple la détermination des familles de cubiques G ayant deux lignes enveloppes E] d'ordre 2, avec coïncidence des plans osculateurs de l'enveloppe et de l'enveloppée, et deux lignes enveloppes ordinaires E" d'ordre i ('). On ne peut se donner arbitrairement ces quatre lignes enveloppes, puisque l'on assujettirait ainsi la cubique G à quatorze conditions. Donnons-nous seule- ment les deux EJ (que nous ne supposons pas réduites à des points). » Soient E,-, o/ (' ^ t, 2, 3, 4) '^s coordonnées homogènes, fonctions de u données, de leurs points de contact avec G. On peut supposer que ce sont les points / = o, ? = co de la cubique et poser en conséquence a,. = aE,, ^,,= p(^?,+ ^), c, = y (,.-,, -i-^-), ^, = S-,, (,-= 1,2,3,4). » Les inconnues sont les fonctions a, (5, y, S, ]x de u. Les M, N, P, Q s'expriment donc avec ces quantités et les données de sorte qu'on obtient facilement les conditions du problème. Soient d'abord deux équations qui font connaître immédiatement \ et [j. et ensuite deux autres qui servent à trouver deux nouvelles inconnues G et 9, substituées à a,, p, y, S par les relations e,3S = y^ 9, a.y = PS (') Comptes rendus, octobre iSgS. (6i8 ) Ces deux équations sont de la forme — Vfl n,e, + Ki R,eo, + s,eH-T, m, . dans lesquelles tous les coefficients sont connus. On est donc ramené à une intégration du premier ordre. Le problème se simplifie si l'une des enveloppes données d'avance est une droite. « En particulier, appartienneat à cette famille les cubiques G caracté- ristiques de quadriques de raccordement d'une surface réglée, qui pos- sèdent la propriété cherchée. » ÉLECTRICITÉ. — Sur la nature de la réflexion des ondes électriques au bout d'un fd conducteur. Note de MM. Kr. Bikkelanu et Ed. Sarasix, pré- sentée par M. Poincaré. « Dans une Communication du i-j avril 1893, un de nous a cherché, en partant de la théorie du mouvement de l'énergie électromagnétique dans l'espace, à faire une hypothèse sur ce qui se passe au voisinage du bout d'un fil métallique le long duquel se propagent des ondes électriques. » Nous avons étudié la question expérimentalement ensemble, en explo- rant le champ électrique autour de l'extrémité du fil, avec de petits réso- nateurs de o'", ro et o'",25 de diamètre, et, bien que la manière devoir exposée dans la Note précitée n'ait pas été confirmée de tous points par nos résultats, ceux-ci n'en apportent pas moins une contribution expéri- mentale intéressante aux théories remarquables de M. Povnting. )) Voici d'abord quelques brèves indications sur les arrangements des expériences. Les ondes électriques étaient fournies par un petit excitateur à pbiques, dont l'étincelle, de 3'°" environ, éclatait dans l'huile. » En face d'un des disques primaires se trouvait un disque semblable duquel partait un tube de cuivre de o^.oi de diamètre et de 9" de lon- gueur. » Le tube, qui se terminait librement dans l'air, était supporté par de minces tiges de bois de i'°,5 de hauteur. » Les résonateurs employés étaient toujours circulaires et fixés verticale- ment, avec l'étincelle en haut; ils étaient capables de deux sortes de mou- ( ^5'9 ) vements, l'un rotatoire autour d'un axe vertical passant par l'étincelle, l'autre translatoire parallèle au tube conducteur. » Nous nous sommes arrangés de manière à pouvoir marquer, même dans l'obscurité: i° la distance du centre de notre résonateur au bout du fil conducteur (comptée parallèlement à ce fil); 2" l'angle que formait le plan de celui-ci avec ce fil. » Les observations ont été faites à l'aide d'une lunette montée horizon- talement à I™ de distance du cercle, ce qui est nécessaire à cause de la perturbation considérable que produit le corps de l'observateur sur les oscillations rapide^ dont il s'agit. » Nos recherches ont porté sur deux points principaux; nous avons d'abord déterminé les quatre premiers nœuds dans sept distances diffé- rentes du fil, le plan du cercle restant toujours normal à celui-ci. Les nœuds sont déterminés au moins par dix mesures chacun; les résultats nu- mériques ainsi obtenus pour le cercle de lo*^"" sont consignés dans le Ta- bleau ci-joint. Les différentes distances du résonateur au fil conducteur sont comptées entre l'axe de celui-ci et le point le plus rapproché du cercle. Les nombres dans chaque rubrique donnent la distance de chaque nœud à la normale élevée au bout du fil. Dislance du résonateur cm cm cm cm cm cm cm au fil conducteur. . . 3 10 20 3o l\o 5o 60 i'"'nœud 16 i5,4 9,5 7,7 1,8 — 9,8 » 2" » 56,4 56,3 54,2 5i,5 47,3 44,8 37,7 3^ » 96>5 95,7 95,2 93,5 90,5 88,9 87,5 4° » i35 i35,8 i35,i i34,6 i3o,8 129,7 i3o,5 !''■■ inlernœud 4o,4 4o,9 44,7 43,8 45,5 54,6 » 2' » 4o,i 39,4 4i 42 43,2 44,1 49,8 3° » 38,5 4o,i 39,9 4i,i 40,3 4o,8 43 M Dans la /ig. i nous avons représenté par des croix la position du centre du résonateur de 10'="' dans les 27 nœuds numériquement donnés plus haut. Les ronds portés sur la même figure marquent les positions des nœuds donnés par un cercle de yS"™ de diamètre dans quatre distances différentes du tube conducteur. )) L'impression qui résulte immédiatement de la répartition de tous ces nœuds est que, si le premier choc arrive au résonateur à peu près parallè- lement au fil conducteur, le second doit y arriver par un rayonnement di- rect partant du voisinage de l'extrémité du fil. En effet, tous les nœuds sont situés sensiblement comme si l'énergie, provoquant le second choc ( 620 ) dans le résonateur, marchait tout près du fil jusqu'au moment où il est arrivé au bout, puis se dirigeait, à partir de là, directement sur le cercle. Il faut remarquer pourtant que cette manière d'envisager la réflexion ne jus- tifie pas le retrait considérable du premier nœud quand le résonateur se trouve tout près du fd conducteur, un retrait qui, selon les expériences de MM. Sarasin et de la Rive, est d'autant plus grand que le cercle est plus Fig. I. o " / \ \ \ grand lui-même. Nous croyons cependant avoir bien constaté maintenant que ce retrait est dû à la forme géométrique du résonateur ; les chocs élec- triques arrivant le long de deux conducteurs rectilignes tendent à charger chacun la portion la plus rapprochée du résonateur, de sorte que la pre- mière oscillation se produit entre deux parties diamétralement opposées du cercle. L'électricité ne tardant pas cependant à osciller dans toute l'am- plitude du cercle, celui-ci prend alors sa période normale et les nœuds se disposent en conséquence le long du fil. » En second lieu, nous avons cherché comment il faut tourner le plan du résonateur autour de son axe vertical pour que l'effet total des deux « chocs » qui en excitent les oscillations soit aussi grand que possible. » On trouvera ces directions indiquées dans \âjîg. i; elles ont été dé- ( 621 ) terminées pour la plupart là où doivent se trouver les « maxima », d'après les mesures des nœuds. Parmi les autres orientations figurées, il s'en trouve deux qui ont été prises dans des nœuds (traits pointillés). Ces di- rections d'effet maximum donnent, nous semble-t-il, forcément l'impres- sion d'un rayonnement direct du bout du fil. » Des trois séries d'observations faites dans le milieu des internœuds, il ressort, en effet, que la normale au cercle est dirigée à peu près suivant la bissectrice de l'angle que forme avec la parallèle au fil conducteur la ligne allant directement à l'extrémité du fil. Les deux observations faites dans les nœuds mêmes montrent que, pour y avoir l'effet maximum, il faut orienter le cercle de telle sorte que les ondulations électriques ve- nant au bout du fil arrivent normalement sur son plan et que l'action du second choc soit par ce fait annulée. » Les résultats que nous venons d'énoncer permettent de donner un certain développement à la conception « du tube électrique en marche », imaginé par quelques savants anglais. Admettons que le tube électrique de l'onde directe, qui se meut en chaque point normalement à sa direction instantanée, est à peu près rectiligne et normale au fil conducteur: il n'en sera j)lus de même dans l'onde réfléchie. /x-Ai^^à » Or les mesures faites par l'un de nous des interférences sur la surface même du fil conducteur montrent qu'U n'existe dans ce cas aucun retrait sensible du premier nœud, et que, par conséquent, la partie du tube élec- trique immédiatement voisine du conducteur fait le tour autour de l'ex- ( 622 ) trémité de celui-ci presque sans retard. Mais les parties éloignées du tube ne peuvent pas parcourir simultanément la même distance angulaire; elles restent en arrière et le tube électrique se courbe alors à peu près comme une queue de comète autour de l'extrémité du fil {^fig. 2). » Telle serait donc l'origine de ce rayonnement caractéristique partant du bout du conducteur, dont nous croyons pouvoir admettre l'existence. Il résulterait de ce que, les éléments du tube électrique continuant à se mouvoir normalement à leur direction instantanée, l'énergie s'éloigne du bout du fil pour se répandre dans tout l'espace ambiant (' ). » ÉLECTRICITÉ. — Observations sur la Communication précédente de MM. Birkeland et Sarasin; par M. H. Poixcaré, « Les expériences de MM. Sarasin et Birkeland paraissent devoir mo- difier complètement nos idées sur certains phénomènes, et, bien que toute discussion de ces expériences puisse sembler prématurée, il ne sera peut-être pas inutile de les rapprocher du calcul suivant, qui nous mon- trera à quels résultats nous conduirait la théorie de Maxwell appliquée à ces phénomènes. » Considérons un fil rectiligne OA de longueur /, un point N sur ce fil, un point M dans le diélectrique; soit P le pied de la perpendiculaire abaissée de M sur OA. Soient H = ON, - = OP, ? = MP, /• = MN, /, =0M, r, =AM. » Soient F(?i — V^) le courant de conduction dû à l'onde directe, et F, (w + V/) le courant de conduction dû à l'onde réfléchie; V est la vi- tesse de propagation. (') Il doit donc se produire une perte sensible d'énergie à la réilexion. Nous avions espéré compléter notre travail sur ce point par des mesures sur le fil même (Cf. Birkeland, Wied. Ann., t. XLVII, p. 583). Pour trois longueurs d'onde >n=6m, )v2=2,y7?i et X3i=i,2«i, nous avons trouvé que l'onde rélléchie est respectivement 0,6, 0,45 et 0,35 de l'onde directe. Or nous avons imaginé une autre méthode pour mesurer directement la perte, et nous n'avons pas retrouvé ces valeurs, de telle sorte que nous ne pouvons les donner que sous toutes réserves, n'ayant pas réussi encore à expliquer ces résultats contradictoires. ( ^'23 ) » La fonction II de Hertz est alors égale à -&" f' F(ii-hr — V()du r' ¥^{ti + Vl—r)du i u ' •-'il )) Si nous posons '/. — Il + r — \ 1 . 3 = ?< + \'/ — /■, K, =/ + /■, ~ \'/, 'i, =/+ V/ — /•,, il vient P. "■ F(a)r/a , rP' F,(?)c^? » Tous les phénomènes dépendent de la dérivée -r-» puisque la force mae;nélique est égale à cette dérivée elle-même; que les composantes de 1 r .1 • . d-n fl-n i du. ^ ... , p la lorce électrique sont — , , et -^v H — -f-', et que les lignes de lorce électrique ont pour équation p -y- = const. Calculons donc cette dérivée, il vient dn ^ F(a,) ^ _ F(«o) i_ F^PiL e. + F.(Po) _t. » Supposons que le point M soit voisin du point A et par conséquent éloigné du point O; /„ différera peu de :; ; le quatrième terme sera négli- geable et le second se réduira à p M Si nous supposons que Y,(.v) = \VÇ?J—x), le premier et le troisième terme pourront être confondus en un seul, car on aura F,(!î,)=XF(a.). » Si nous posons alors p ^ r, siucp, l — Z ^= 7\ COS(p, il viendra du F »-i) /. .¥(: — y t) -r- — — ^-^ tane - — k cot - — — ^ dç> /•, \ '^ T 2/ p C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CWII, N° 19.) 83 ( 624 ) » Comme oo, dépend seulement de r, , nous voyons que les deux termes de cette équation correspondent à deux ondes : la première à une onde qui semble émaner du point A, la seconde à une onde qui semble se mou- voir parallèlement à la droite OA. » Cela est conforme aux expériences de MM. Sarasin et Birkeland dont la théorie rend ainsi compte dans leurs traits généraux. » Bien des difficultés subsistent cependant; car la théorie ne me paraît pas très bien expliquer la perte par réflexion observée (dont dépend le coefficients); mais, avant de se prononcer, il faut attendre qu'on ait dé- couvert la cause des contradictions entre les résultats expérimentaux ob- tenus par des méthodes différentes. )> ÉLECTRICITÉ. — Sur la mesure des coefficients d'induction. Note de M. H. Abraham, présentée par M. Mascart. « Lorsqu'on détermine un coefficient d'induction par comparaison avec une résistance et un temps, on atteint difficilement le centième si l'on em- ploie le galvanomètre balistique. On augmente déjà la sensibilité et la pré- cision en renouvelant périodiquement les impulsions, ce qui produit une déviation permanente. » Mais on peut aller plus loin, en se servant d'un galvanomètre diffé- rentiel, qui permet de compenser cette déviation permanente. Les mesures se font alors très aisément au centième, et peuvent fournir le millième sans grande difficulté. » I. Coefficients d'induction MUTUELLE. — Les communications néces- saires sont établies par un commutateur tournant dont on règle la vitesse par une méthode stroboscopique. La décharge induite, que provoque n fois par seconde l'établissement du courant inducteur, est envoyée dans le premier circuit du galvanomètre différentiel. On compense l'effet des impulsions périodiques en faisant traverser le deuxième circuit par un cou- rant continu fourni par la même pile. » On arrête alors le commutateur et l'on met le circuit induit en déri- vation sur une résistance rdu circuit inducteur ('), substituant ainsi aux décharges successives un nouveau courant continu. Si l'équilibre du galva- (') Cette dérivation modifie légèrement la résistance de l'inducteur; il en résulte un petit terme correctif dans la formule donnant M. ( 625 ) nomètre n'est pas troublé, on pourra dire que la résistance réelle r équivaut à la résistance fictive nM par laquelle les deux circuits se trouvaient en relation pendant les phénomènes d'induction, et l'on écrira Il » Il n'est donc nécessaire de connaître avec précision que la seule résistance r : on pourra constituer cette résistance par un ohm étalon. » Comme application, j'indiquerai tout d'abord un contrôle. On sait que, pour deux bobines sans fer, I, II, on doit nécessairement avoir Ml' = m;,. » Voici un cas particulier : Ml' = o"''"^ 04966 , m;, = o"''"^ 04968. » J'ai constaté que cette réciprocité des coefficients d' induction n existe plus quand les bobines contiennent du fer. Les mêmes bobines ont donné, avec un noyau de Cl de fer doux, M|' = o«'"% 5290 , M|, = o"^"'^ 55o4 . » L'écart est bien réel; il n'est pas dû à un effet de saturation du fer, à un défaut de proportionnalité entre l'aimantation et l'intensité du courant inducteur; car, en doublant cette intensité, on retrouve les mêmes valeurs MJ' = o"^"", 5291 , M|, = o"="% 5490. » II. Coefficients d'induction propre. — Dans un pont de Wheatstone, trois branches sont sans induction; la quatrième contient la bobine étu- diée. Le pont est réglé pour un courant permanent; c'est le premier circuit du galvanomètre différentiel qui sert à constater l'équilibre. » Le commutateur tournant envoie, n fois par seconde, un coiu'ant induit de fermeture dans ce galvanomètie, que l'on ramène au zéro au moyen du circuit compensateur dont le courant est toujours fourni par la même pile. » On arrête alors le commutateur et l'on dérègle le pont d'une faible quantité r. Si l'équilibre du galvanomètre se trouve rétabli, on pourra dire que la résistance réelle /• a agi comme la résistance fictive /iL; abs- traction faite d'une correction peu importante, on aura donc l.= '-r. n ( 626 ) » Voici quelques vérifications. En Faisant varier l'inlt^nsité du courant el la période du commutateur, j'ai trouvé successivement pour une même bobine o"™%2445, o"^"^2446, o""'^%2446, o"'"',2V+3. » Le contrôle suivant est plus important. Les coefficients d'induction propre de deux bobines sont trouvés égaux respectivement à o"™>,o58io et o"''°'■^o55I2, dont la somme o"'""\ll322 est pratiquement identique à la valeur mesurée directement j)our l'en- semble des deux bobines o"'""',ii3i,S. » Dans toutes ces mesures, on a employé avantageusement, comme différentiel, un galvanomètre Thomson à quatre bobines, dont la paire supérieure forme le premier circuit, la paire inférieure constituant le second ('). « OPTIQUE. — Sur la vision des objets opaques au moyen de ta lumière diff raclée, Note de M. Gouy. « Si l'on examine au moyen d'un microscope ou d'une lunette un objet opaque et non réfléchissant, placé sur le trajet d'un faisceau lumineux, en se plaçant dans les conditions ordinaires, l'image obtenue est formée à la fois par les rayons qui ont suivi leur route géométrique, et par les rayons diffraclés par les bords de l'objet, par ceux du moins à qui leur déviation permet d'arriver à l'objectif. Si, au contraire, on dispose l'appareil de ma- nière à arrêter les rayons qui ont suivi leur route sans déviation, les rayons diffractés seuls viennent former l'image. )) Les expériences relatives à la diffraclion éloignée, que j'ai décrites il y a quelques années, appartenaient déjà à cette catégorie. Dans les expé- riences actuelles, on n'utilise que les rayons déviés d'un petit angle par la diffraction, et les deux espèces de diffraction (intérieure et extérieure à l'ombre géométrique) concourent pour former l'image. (') Ce travail a élé fait au lalîoratoire de Physique de l'Ecole Normale supéileure. ( ^27 ) » On peut employer une lunette de viseur ou un microscope à long foyer, dirigé vers une source lumineuse éloignée. Au foyer principal de l'objectif, on place un très petit écran, juste suffisant pour arrêter les rayons directs. L'objet opaque étant placé en avant de l'objectif et à une distance conve- nable, les rayons diffractés seuls viennent former l'image. » On peut aussi, entre autres dispositifs, faire usage d'un faisceau con- vergent, et recevoir le foyer sur un très petit écran, derrière lequel est placé l'objectif, l'instrument étant toujours orienté dans l'axe du faisceau incident. » Dans ces conditions, la mise au point étant faite, le contour de l'objet opaque se montre dessiné, sur fond noir, par une ligne lumineuse formée par la lumière diffractée par les bords de l'objet. L'intensité est assez grande pour qu'une lampe ordinaire soit suffisante; avec une source très intense, l'image est accompagnée, comme toujours, de franges accessoires, dont nous ne nous occuperons pas ici. » Cette image linéaire présente une structure fort curieuse qui consti- tue, à vrai dire, tout l'intérêt de l'expérience. Si on l'examine au moyen d'un oculaire fort, ou de tout autre système optique grossissant suffi- samment, on voit cette ligne lumineuse prendre une largeur appréciable, et se montrer divisée en deux parties égales par une fine ligne noire, d'une netteté extrême; en d'autres termes, l'image est formée de deux lignes lumineuses, égales et équidistantes, séparées par un petit intervalle obscur. » Si l'on arrête au moyen d'un écran l'un des deux faisceaux de rayons diffractés (intérieur ou extérieur à l'ombre géométrique), on voit cet inter- valle obscur disparaître ; ainsi la ligne noire résulte de l'interférence des deux faisceaux de ravons diffractés. » En effet, en appliquant au cas actuel le mode de raisonnement de Fresnel, et ayant égard aux conditions de symétrie, on reconnaît a priori que les deux faisceaux de rayons diffractés issus du bord possèdent, à égale distance de ce bord, une différence de phase d'une demi-vibration et une amplitude égale. Dès lors, au foyer géométrique, ces deux faisceaux inter- fèrent, et l'image géométrique du bord est dessinée paruneligne iioire('), la lumière disponible étant rejetée de part et d'autre de cette ligne. (') Ceci n'est tout à fait exact que lorsque le bord de l'objet opaque est rectiligne ou a grand rayon de courbure; si au contraire ce bord présente des angles vifs, ces angles se montrent très légèrement arrondis. ( 628 ) » Les choses sapassent, à très peu près, comme si l'on examinait une source lumineuse linéaire an moven d'une lunette dont l'objectif s^;rait recouvert, sur une moitié de sa surface, d'une lame mince produisant un retard d'une demi-onde. Ce cas est un de ceux qui sont réalisés dans l'expérience des franges de Talbot, dont la théorie est trop connue pour qu'il soit nécessaire d'insister ici. Dans le cas actuel, la condition d'inter- férence étant remplie pour toutes les couleurs, le phénomène est achro- matique. )) Les dispositifs décrits plus haut peuvent rendre des services dans cer- taines mesures de précision. On sait en effet que le pointé du bord d'un objet opaque s'effectue dans des conditions bien moins satisfaisantes que le pointé d'une ligne, telle qu'un trait sur une règle. En utilisant les données qui précèdent, on peut ramener tous les pointés à ce cas particulièrement avantageux. » CHIMIE ORGANIQUE. — Suj' une nouvelle méthode de préparation de la nié- thylamine et sur la constitution de l'hexaméthyléne-létrarnine. Note de MM. A. TuiLLAT et Fayollat, présentée par M. SchiUzenberger. « Lorsqu'on réduit, par le zinc et l'acide chlorhydrique, la solution aqueuse de la combinaison ammoniacale de la formaldéhyde, et qu'on la chauffe en présence de la soucie, il se dégage une forte odeur de méthyl- amine. Cette observation a servi de base au procédé suivant, concernant la préparation de cette aminé, sans qu'il soit nécessaire de préparer préala- blement la combinaison ammoniacale de l'aldéhyde. » loos'' d'aldéhyde formique à 33 pour loo sont mélangés à froid avec une solution aqueuse d'ammoniaque jusqu'à ce qu'il n'y ait plus échaufFement; on ajoute en une seule fois 2ooS' de poudre de zinc, puis on fait couler lentement dans le mélange 75o5'' d'acide chlorhydrique ordinaire. Cette addition se fait à froid et doit s'effectuer dans un espace de huit à dix heures. On ajoute au liquide un grand excès de soude, et on distille par un courant de vapeur d'eau; les produits distillés sont reçus dans de l'acide chlorhydrique dilué. L'ammoniaque passe d'abord et ensuite la méthylamine ; on obtient ainsi un mélange des deux chlorhydrates qui sont évaporés, séchés et sépa- rés par de l'alcool absolu à chaud. » La méthylamine obtenue par ce procédé ne donne aucune des réac- tions des aminés secondaires et tertiaires : elle peut donc être considérée comme pure ou accompagnée de faibles traces d'autres aminés. ( 629 ) » Les réactions donnant lieu à la formation de la méthylamine par cette méthode pourraient être expliquées de la manière suivante. Le mélange d'aldéhyde et d'ammoniaque fournirait d'abord la diméthylène-diamine- méthane 3CH-0 + 2 \zH' = CH^ = (Az:CH-)^ H- 3H-0. » Ce produit, sous l'influence de la réduction et d'une hydratation, fournirait la méthylamine /Az : CH^ /AzHCH' ^'" \Az : CH^ + ^" - ^" \AzHCH" CH^=(AzHCH')=+H=0 = CH=0 + 2AzH='CH«. M Dans la distillation à la vapeur, l'entraînement de l'ammoniaque se tait très facilement : celui de la méthylamine est beaucoup plus long et doit s'effectuer en présence d'un grand excès d'alcali. » La réduction des combinaisons ammoniacales des autres aldéhydes par le même procédé fera l'objet d'une Communication ultérieure. » La combinaison de l'aldéhyde formiqueet de l'ammoniaque a été étu- diée par plusieurs auteurs, notamment par Butlerow ('), ToUens (^), Losekann ('), etc. Ces auteurs ont généralement admis pour la constitu- tion de ce produit la formule Az''(CH-)", de préférence à la formule plus simple Az-(CH^)\ Cependant la détermination de la densité de vapeur de l'hexaméthylène-tétramine est loin de donner des résultats concluants. Tol- lens et Mayer C) reconnaissent aussi que la méthode cryoscopique de M. Raoult ne leur a pas permis d'adopter, d'une manière très sûre, la for- mule Az''(CH')*. Devant celte incertitude, il paraît plus rationnel d'ad- mettre la formule simplifiée, et cela par suite des considérations suivantes. Tandis que la formule doublée est d'une constitution difficile à expliquer, et sur laquelle les auteurs ne s'entendent pas, la formule simple pourrait être ainsi représentée Az=(ceM-^ = cfr^{ ■ ; • \Az : Cîi- » La réaction donnant naissance à cette combinaison pourrait se par- (') Annalen der Cltemie, t. CXV, p. 822. (^) ToLLE.NS, Berichte der Deutsche Gesellschaft, t. XVII, p. 656. (') Losekann, Chemiker Zeitnng, ^. 1^09; 1890. (*) Berickle der Deutschen Gesellschaft. t. XXI, p. 1570. ( 63o ) tager en deux phases. En premier lieu, une molécule d'ammoniaque et d'aldéhyde formique se combineraient pour donner naissance à la mé- thylène-aminé, dont j'ai déjà fait prévoir l'existence et qui a également été entrevue par M. Louis Henrv (') (i) CH='0 + AzH' = CH- : VzH + TPO. Deux molécules de méthvlène-amine réagiraient ensuite avec une molécule d'ammoniaque pour donner la diméthylène-diamine-méthane (2) CÏPO + 2CH=: AzII = CH- = (Az : CIT^)- + IPO. Pour appuyer notre hypothèse, nous citerons les analogies que présente la formule dédoublée avec certaines combinaisons de la série aromatique. L'aniline donne, avec la formaldéhyde, l'anhydroformaldéhyde-aniline C°H^Az : CHS comparable au composé CH^ : AzH; la monométhylaniline donne le dérivé(C''H=AzCH')^=CH-,comparableaucomposéCH2=(Az:CH^)=' de la formule (2). » Enfin, tandis que l'anhydroformaldéhyde-aniline donne, par réduc- tion, la monoéthylalinine, la combinaison ammoniacale de la formal- déhyde donne la méthylamine, ce qui indiquerait dans les molécules un groupement semblable ("). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur ks méthyltarlrates et éthyltartrales alcalins . Note de M. J. Favollat, présentée par M. Friedel. « Ces composés, qui ont été étudiés par Dumas et Peligot (^), par Gué- rin Varry ("), Dumas et Piria (^), par Morian (°), par Mulder (') et par Valden (**), n'ont cependant fait l'objet d'aucune détermination polarimé- trique. Les recherches que je publie aujourd'hui sont destinées à combler cette lacune. (•) Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XXVI; iSgS. (') Travail fait au laboratoire de M. Schiitzenberger, au Collège de France. (3) Ann. Ch. Ph., 1" série, t. LXI, p. 200. (') Ibid., 2« série, t. LXII, p. 57. (=) Ibid., 3= série, t. V, p. SyS. (^) Journ. der Pliarin. de Trommsdorf, t. XXIII, p. 2 et 43; I. XXIV, p. i et (') Recueil Irai-, chim. Pays-Bas. t. VIII, p. 870. C) Zeitschrift phys. Chem., t. VIII, p. 474. ( 6.^1 ) » Méthyliartrates. — L'acide mùlliyUartiique a élé jDréparé en chauffant pendant trois ou quatre heures au bain-maiie un mélange d'une partie d'acide larlrique et d'une partie d'alcool méthylique. On obtient ainsi un produit visqueux qui sert de point de départ pour la préparation des sels. » Sel de lithium. — Se forme lorsque l'on traite ce produit visqueux par un peu d'eau et qu'on ajoute la quantité calculée de carbonate de lithium. Le produit de la réaction, repris par l'eau, a été concentré au bain-marie. Le sel se dépose bien cristal- lisé; on le lave à l'alcool. L'analyse conduit à la formule C^H^CLi. » Sel de sodium. — S'obtient le plus facilement en ajoutant à l'acide visqueux la quantité calculée de soude caustique en solution concentrée. On reprend par l'eau, on évapore à une température de 70° environ, et Ton abandonne à la cristallisation. L'analyse répond à la formule CIFO'Na. » Sel de potassium. — Se prépare comme le sel de lithium; la neutralisation avec la potasse ne donne pas de bons résultats. L'analyse répond à la formule CH'O^K. » Sel d'ammonium. — Préparé directement en neutralisant avec l'ammoniaque la solution visqueuse d'acide molhyllurtrique fraîchement obtenue. Le sel repris par l'eau est évaporé dans le vide sec, il ne se dépose en cristaux qu'au bout d'un ou deux mois; il attire l'eau avec une grande avidité. » Ethyliartrates. — L'acide éthyllartrique a été préparé comme l'acide méthyl- tartrique en faisant réagir l'alcool éthylique sur l'acide tartrique. On obtient ainsi un produit visqueux qui |)eut être utilisé directement pour la préparation des sels. » Sel de lilhiuin. — (Dbtenu par double décomposition avec le carbonate de lithium ; se dépose sous forme de beaux cristaux dont l'analyse répond à la formule C'H'O^Li. » Sel de sodium. — Se forme par neutralisation directe avec la soude; il se dépose à l'état cristallisé. » Sel de potassium. — Préparé aussi par neutralisation directe de l'acide éthyltar- trique avec la potasse. » Sel de baryum. — S'obtient en saturant par le carbonate de baryum la solution fraîchement préparée de l'acide éthyltartrique; on achève la réaction en chaufl'ant légèrement, et l'on concentre la solution à une basse température ou mieux encore sous le dessiccateur. » 5e/ de calcium. — Se prépare comme le précédent en mettant un excès de carbo- nate de calcium et chauffant un peu au bain-marie. On lave à l'alcool. » Il est à remarquer que tous ces sels se déposent de letir solution aqueuse, à l'état anhydre, sans eau de cristallisation. A cet égard, ils diffè- rent notablement des tartrates qui se déposent avec des quantités d'eau de cristallisation variant de ime demie à plusieurs molécules. DÉTERMINATIONS POLARIMÉTRIQUES. )) Ces divers produits, dissous dans l'eau, ont été l'objet de mesures po- larimétriques, réunies dans le Tableau suivant : G. R.. i8.j3, 2' Semestre. (T. CXVII, iN° 19.) 8\ ( 632 ) Poids Longueur 2 1)) = pouvoir de substance du tulie en a = dévLation rolatoire Corps. dans 25'=. di'cini. = L. polarimélrique. spécifique. Acide tartrique 0,4740 2 +0,61 -l-i6,i Acide méthyltartrique o,5i83 0 -i-0,75 +18,1 Mélhyllartrate de Li 0,6870 » +1,1 4 +26,5 « de AzH^ 0,5727 /) +1,28 +28,0 », de Na o,5883 » +0,99 +21,0 » de K 0,6893 )) +1,16 -t-22,7 Acide élliyltartriqiie o,563o » +0,98 +21,8 Éthyltarlrate de Li 0,5822 » +i,34 +28,8 » de Na 0,6828 » H-i.Sg -{-27,5 » de K 0,6825 )) +i,4o -1-21, 6 * Ethyllartrate de Ca 0,6226 » +1,21 -1-24, 3 * » de Ba 0,7767 » -1-1,26 -)-20,3 » A l'exception des mesures relatives aux sels de calcium et de baryum marquées du signe *, toutes ces observations se rapportent à des solutions contenant le même nombre de molécules dans le même volume. La dilu- tion correspond approximativement à une molécule gramme dans huit litres d'eau ; et pour les sels peu solubles de calcium et de baryum à une molécule eramme dans seize litres d'eau. Abstraction faite de ces deux sels, on remarquera que, dans chaque série, les déviations des sels alca- lins sont très approximativement égales; ce qui correspond à un état de dissociation sensiblement le même pour les divers sels d'une même série. Pour me conformer à l'usage, j'ai quand même calculé les valeurs de aj,). » J'aurais voulu compléter ces mesures, par des observations faites sin- les mêmes sels en solution dans l'alcool. Malheureusement leur peu de solubilité dans ce dissolvant ne permet pas d'effectuer des mesures un peu exactes du pouvoir rotatoire (exception faite toutefois pour les acides). » Je me borne donc à transcrire les déviations polarimétriques obser- vées au moyen de solutions saturées à la température ordinaire dans l'al- cool à 99 pour 100. ))'Ces observations démontrent, cependant, que les mélhvltartrates et éthyltartrates conservent dans ce dissoh ant leur caractère dextrogyre. L = longueur a = déviation du tube P' Dlari- en décimètres. métrique. 6 -+- o,3i » + 0,20 » 0,l4 » o,o4 )) 0,02 » -+- o,48 » 0,87 B 0, 10 » 0,04 (> ( G33 ) Poids de substance Corps. dans 5o°"". Acide tartrique o,474o » méthyllartrique o,:")i83 Méthyltartrate de Li 0,0806 » Na o,oi3o » K o,oo44 Acide élhyltartrique o,563o Éthyltartrate de Li o , 3526 » Na o , 0446 I) K o , o 1 54 CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur ks homologues de la gallanilide ; pré- paration de la galloparatoluide. Note de M. P. Cazeneuve, présentée par. M. Friedel. « La préparation de la gallanilide, ou anilide de l'acide gallique, par réaction de l'aniline sur le tannin (-), nous donnait à penser qu'en faisant intervenir les homologues de l'aniline, nous obtiendrions les homologues de la gallanilide par un dédoublement analogue du tannin de la noix de galle. )) L'expérience nous a démontré que la paratoluidine seule se comporte comme l'aniline. » On chauffe vers iSo" pendant une lieure environ looS'' de paratoluidine cristallisée et 100?'' d'acide gallotannique. On traite ensuite par l'eau additionnée de l'acide chlor- hjdrique. Il se forme un précipité qu'on essore et qu'on fait cristalliser plusieurs fois dans l'alcool aqueux. » On obtient des paillettes cristallines d'une grande blancheur fondant à 211° au lieu de 2o5°, point de fusion de la gallanilide; ce corps est très peu soluble dans l'eau froide, mais très soluble dans l'eau bouillante. Il est soluble dans l'alcool et dans l'éther. » L'analyse élémentaire indique que ce corps correspond à lagallotoluide, et, d'après ses origines, à la galloparatoluide : ( CO.AzH.C^H*.CH' C^H^ (n (Il ( (OH)'. (') Genève, laboratoire de Chimie de l'Université, octobre 1893. (2) Comptes rendus, t. CXVI, p. 698, 27 mars 1893. ( 634 ) » H cristallise flans l'eau ou l'alcool aqueux avec 2 molécules d'eau, toul comme la gallanilide; il perd cette eau à 100°. Les cristaux, de brillants qu'ils étaient, pren- nent l'aspect effleuri. » Sous l'influence de l'acide clilorlivdrique à i5o°en tube scellé la galloparatoluide se dédouble en acide gallique et paratoluidine. » Les alcalis caustiques à l'abri de l'air ne l'attaquent pas sensiblement, même à l'ébuliition. Au contact de l'air, ils la transforment peu à peu par oxydation. » Les mêmes dérivés salins que nous avons décrits poarla galianilide( ' ) se forment avec la gallotoluide. » Une solution bouillante de gallotoluide traitée par l'acétate de zinc donne immé- diatement un précipité blanc très insoluble dans l'eau, correspondant à la formule CO.AzH.CH'.CH' !■') (Il C»fp|0\Zn 0/ OH » Nous n'avons pasrecherchélesautrescomposészinciques jirévuspar la théorie et précédemment décrits par nous pour la gallanilide (-); mais ils doivent se former probablement. » Les acétates de plomb donnent également un précipité insoluble avec une solu- tion bouillante de gallotoluide. Ce précipité correspond encore à la formule ' CO.AzH.CH'.CIP C6H2 Q^Pb [ OH » L'eau de baryte ou l'eau de chaux donnent des combinaisons barjtique ou cal- cique analogues s'altérant à l'air. » Comme avec la gallanilide, les acétates mercurique et cuprique sont réduits. » Bouillie avec la nitrosodiméthylaniline au sein de l'alcool la gallotoluide donne l'homologue du bleu gallique ou indigo du tannin que nous avons étudié précédem- ment (^). On obtient là un oxindophénol analogue à la gallocyanine. » Nous avons fait réagir sur l'acide gallotannirpie, dans les mêmes con- ditions, l'orthotoluidine, la méthylaniline, la diméthvlaniline, et enfin le produit commercial désigné sous le nom de xylidtne pure, mais qui est encore un mélange d'isomères; nous n'avons obtenu que des résultats (') Comptes rendus, t. CXVH, p. l\'], (2) Ibid., t. CXVH, 3 juillet 1898, p. 4;. (3) Ibid., t. CXVI, p. 884. { 635 ) négatifs. Il nous a été impossible de recueillir un corps défini cristallisé, même en nous aidant du froid ou de l'addition de divers solvants an liquide aqueux. Nous n'avons pas eu en mains la métatoluidine qui, peut- être, donne également des résultats négatifs. M Ces faits ne sont pas |JOur nous étonner. La position des groupements en série aromatique influe considérablement sur les propriétés des corps. » Les réactions différentes des trois diméthylanilines carboxylées signa- lées dernièrement par M. J^auth (') en témoignent encore. » PATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influences héréditaires expérimentales. Note de MM. Gley et Charrix, présentée par M. Marey. « On ne possède pas d'expériences positives suffisantes, permettant d'affirmer la possibilité de transmettre aux descendants tel état anatomique ou physiologique déterminé du fait de l'influence de l'élément mâle. I^a Bactériolo2;ie nous a paru capable de faciliter la solution du problème. » Il était, en effet, légitime de se demander si, d'une pari, on constate- rait l'existence de l'immunité chez des sujets issus de couples dont le père uniquement était réfractaire au moment de la fécondation ; si, d'autre part, quelques phénomènes spéciaux, conséquences de la vaccination, qui, au fond, consiste à inoculer une infection atténuée, ne se produiraient pas. » Dans le but de vérifier ces hypothèses, on vaccine 8 lapins mâles contre le bacille pj-ocyanogène; ces vaccinations sont pratiquées à trois reprises : le 3o mars iSûS, on injecte i" de culture atténuée sous la peau de chaque animal, puis, le i"' et le 3 avril, 5"^= de toxines; » Quinze jours après, on répartit ces animaux, I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, entre quatre cages; dans chacune de ces cages, on place i femelles normales a, b, c, d. e, f Ainsi, l'état réfractaire, réel, mais variable, chez ces mâles, a été reconnu incomplet, inconstant, poin- les femelles , quoique indéniable cependant, et plus marqué chez celles qui se sont montrées fécondes; cet état peut, ici, jouer un rôle; la cellule paternelle n'en est pas moins le primum niovens. » Cette transmission de résistance s'opère grâce à l'accouplement et à la grossesse. Différents facteurs interviennent, qualités du vaccin, inten- sité de la vaccination, dates respectives de cette vaccination et de ces fécondations, l'influencent, etc. » Le 4 octobre 1893, on inocule de la même façon les 7 petits A, B, C, D, E, F, G, et 5 témoins nés le 10 juillet, 11 jours après A, B, C,8 après D, E, F, G. Malgré cette difîerence, leur poids moyen atteint 8828''; celui de A, B, C, 616 et celui des 4 der- niers, 719; les témoins sont désignés par les chiffres 5, 6, 7, 8, 9. » Le 1 1 octobre, tous les témoins sont morts; les témoins 3 et 7 ont péri le 8; le témoin 6, le 10 ; les témoins 8 et 9, le 1 1 . » Le petit lapin B succombe le 10; E, le 12; F et C, le 17; G, le 26. Les deux, autres sont bien portants à l'heure présente. » Inutile de commenter longuement ces expériences; elles parlent d'elles-mêmes. — Quand on accouple des lapins, le mâle étant seul vacciné contre le bacille pyocyanogène, on peut voir, dans des cas assez rares, l'immunité transmise aux descendants. Si cette transmission est incon- stante, cette immunité des descendants, le plus souvent, est incomplète, peu profonde; néanmoins, il y a là un attribut héréditaire du fait de cet élément mâle. » Nous avons rapporté ici une de nos expériences; mais, depuis plus de ( . cœca réduite à l'échelle de | environ avec les diffé- rences suivantes : i" le cinquième sétigère a des soies anormales de P, ci- liata; i" les faisceaux dorsaux de soies fines manquent. Je crois qu'il faut rapporter à cette espèce les P. ciliala var. minuta de Langerhans (peut- être pro parte) et les jeunes exemplaires de P. Agassizii de Marion et Bo- bretzky. » A. — Je ne veux noter ici que les faits suivants, qui me paraissent pré- senter un intérêt paiticulier tant au point de vue de la morphologie géné- rale des Spionidiens (et, par conséquent, de la place du genre Polydora dans cette famille) que des relations des différentes espèces entre elles. » I. Le prostomium est plus ou moins échancré antérieurement; P. an- tennata Clp. présente des cornes frontales aussi développées que les pseudo- tentacules des Colobranchus de Schmarda. Je ne pense pas qu'il soit possible d'homologuer ces deux sortes de formations. 1) II. Les branchies ne portent de cils que du côté dorsal. Le côté ex- terne est bordé par une mince membrane, prolongement de la lamelle située derrière le mamelon sétigère dorsal {P. armata, P. polybranchia). Cette disposition explique l'absence de cils de ce côté non seulement chez (') Ce travail a été fait à l'École pratique des Hautes Études (Laboratoire de M. le Professeur Pouchet). Je dois de sincères remerciements à M. Milne-Edwards, Direc- teur du Muséum, qui m'a communiqué des matériaux d'études, et à M. le Capitaine de vaisseau Fustier, qui a eu l'obligeance de m'envoyer plusieurs crânes de Lièvres exotiques. {'') Les matériaux de cette étude proviennent de Wimereux (Pas-de-Calais) et de l'anse Saint-Martin, près du cap de la Hague. ( 614 ) les deux espèces citées, mais encore chez les autres espèces du genre qui ont probablement perdu ce prolongement membraneux. » III. Chez tous les Spionidiens, un faisceau de soies dorsales typique se compose : i" de quelques soies plus dorsales que les autres (je les nomme dorsales supérieures); i° de deux rangées transversales de soies, l'une antérieure, l'autre postérieure. Une rame ventrale comprend une rangée antérieure de soies et une postérieure, et, en plus, un petit nombre de soies ventrales inférieures. » Cela étant, je considère les soies anormales du cinquième sétigère (c'est la présence de ce sétigère modifié qui caractérise le genre Polydora) comme formant la rangée postérieure dorsale, « les soies en lancette » la rangée antérieure, et le petit faisceau dorsal des auteurs les dorsales supé- rieures. Chez P. armata, la rangée antérieure manque; che?, P . polybran- cliia, elle présente de grosses soies ayant la forme et le rôle (?) d'un pin- ceau; les dorsales supérieures manquent. » Les soies dorsales particulières aux derniers sétigères (/*. cœca et P. armata) ne sont probablement pas homologues des soies d'une rame dorsale normale : ce sont des productions nouvelles, et ces deux sortes de productions sont incontestablement homologues entre elles. Je ne me prononce pas sur les soies de P. hoplura Clp. et P. hamata Lnghs. )) Les soies encapuchonnées ventrales des Spionidiens constituent tou- jours la rangée postérieure ventrale; chez les Polydoi-es, la rangée anté- rieure manque et généralement aussi les ventrales inférieures. » IV. Les appendices anaux sont au nombre de quatre normalement chez/*, quadrilobata Jacobi, accidentellement chez P. cœca, Giardi, armata. Je crois que c'est là la disposition primitive et que la ventouse est apparue secondairement. » B. — I. Considérons toutes les espèces de Polydores (moins P. po/)'- branchia), en d'autres termes, les espèces du sous-genre Polydora de Carazzi ('). Parmi les espèces bien connues, il me semble que P. cœca présente le plus de caractères primitifs, enti-e autres la forme des soies anormales du cinquième sétigère. Polydora Giardi en est voisine, car, par exemple, elle possède des soies anormales de P. cœca avant l'apparition des soies définitives, et elles sont même fonctionnelles chez les jeunes. )) P. ciliata est une espèce beaucoup plus différenciée; elle s'éloigne (') Carazzi, Revisione del genre Polydora Base, elc. {MiLlheilungen ans der zoologischcii Station zii Neapel. 11. Band, i. 2. ilefl. Octobre 1898). ( 6^',5 ) beaucoup de P. cmca; les soies de la for mp cceca ne se rencontrent plus que chez les jeunes larves. » P. hoplura est une variété de P. ciliala dont elle ne diffère essentielle- ment que par la présence de soies dorsales anormales aux derniers séti- gères. Il n'en est probablement pas de même de P. hamata Lnghs que je crois, à l'inverse de Carazzi, différente spécifiquement de P. hoplura Clp. Elle est beaucoup plus voisine de P. cœca; elle a dû simplement s'adapter dans une direction parallèle à celle de P. hoplura. » P. armata est pent-êlre uTie forme très évoluée dans le même sens que P. cœca et P. Giardi; pourtant elle présente des caractères archaïques, entre autres la présence d'une membrane s'étendant le long de la branchie. )) II. Pygospio elegans Clp. a un certain nombre de caractères communs avec ces espèces : prostomium comme Potydora ciliala; quatre appendices anaux tout à fait semblables à ceux de certains exemplaires de P. cœca; branchies commençant très loin, et portant du côté externe une lamelle membraneuse comme P. armata; même forme de parapodes aux pre- miers sétigères; soies encapuchonnées ventrales commençant au huitième sétigère, ayant une forme rappelant celles de P. ciliala; enfin, présence de glandes qu'on peut homologuer à ces « poches glanduleuses » que Ja- cobi (' ) déclare caractéristiques du genre Polydora. » III. La forme du prostomium et des branchies, le changement de soies au huitième sétigère, la présence de poches glanduleuses chez le Spio Mecznikowianus C\\i., indiquent, je crois, une parenté étroite entre cette espèce et les Polydores. Or, par ses branchies commençant au deuxième sétigère, Spio Mecznikowianus se relie intimement aux formes à vie presque errante de Spionidiens. » IV. Quant à Polydora polybranchia, malgré ses branchies commençant au deuxième sétigère comme Spio Mecznikowianus, j'incline à penser qu'elle n'a divergé du tronc commun à tout cet ensemble de Spionidiens qu'après Pygospio elegans; en d'autres termes, que le genre Polydora est monophylélique. Néanmoins, je souscris k l'idée de Carazzi de créer un nouveau genre pour ce Polydore et j'adopte le nom Boccardia qu'il pro- pose. » (') Jacobi, Anatomisch-histologische Untersitchung der Polydoren der Kieler- Bucht. Weissenfeis, i883. ( 646 ) PALÉONTOLOGIE. — Le Callibrachion, nouveau reptile du Permien d'Autun. Note de MM. Marcellin Boule et Philippe Gla.vgeau, présentée par M. Albert Gaiidry. « 11 y a une vingtaine d'années à peine, nons ne connaissions qu'un très petit nombre de quadrupèdes des terrains primaires. Les travaux de MM. Albert Gaudry en France, Fritsch en Bohême, Credner en Allemagne, Dawson et Cope en Amérique, etc. nous ont fait assistera la résurrection d'un grand nombre d'êtres d'une physionomie toute spéciale et qu'il n'est pas toujours facile de répartir entre les Amphibiens et les Reptiles propre- ment dits. » Malgré un certain nombre de caractères communs, qui sont, en grande partie, des caractères primitifs, cette faune des temps primaires est loin d'éti'e uniforme. Quoi de plus varié, par exemple, que tout ce petit monde d'Amphibiens restaurés par M. le D' Fritsch? Dans le Permien de France, les types décrits par M. Albert Gaudry, le Protriton, VAclinodon, le Stereo- rachis, V Euchirosaurus sont encore plus différents les uns des autres. » Pourtant jusqu'à ces derniers temps et contrairement à ce qu'on aurait pu croire a priori, il a été à peu près impossible d'établir des liens directs de parenté entre ces Reptiles anciens et les Reptiles actuels. Le fossile qui fait l'objet de cette Note nous paraît de nature à diminuer cette lacune. (c Parmi les nombreux échantillons du Permien d'Autun que le Muséum d'Histoire naturelle de Paris doit à la générosité de M. l'ingénieur Bayle et sur lesquels M. Albert Gaudry a fait ses beaux travaux, se trouve une grande plaque de schiste avec le squelette d'un Reptile ne ressemblant pas aux fossiles décrits jusqu'à ce jour. » Le squelette est couché sur le dos. On distingue nettement une por- tion de la tête, la colonne vertébrale, la ceinture thoracique, les côtes. Les membres, et surtout les pattes, sont admirablement conservés. A cause de leur beau développement, nous avons donné à ce Reptile le nom géné- rique de Callibrachion et nous l'avons appelé Callibrachion Gaudrri, en l'honneur de l'cminent professeur à qui la Science est redevable des notions qu'elle possède sur les premiers Reptiles de notre pays. )) Le Callibrachion était un animal fort élevé en organisation, très diffé- rent des types archaïques qu'on désigne sons le nom de Labyri/ilhodontes et dont on trouve également les restes fossiles dans le Permien d'Autun. (647 ) Ses os ne sont pas sculptés, les centrum de ses vertèbres ne sont pas composés de plusieurs parties, il n'avait pas d'armure dermique comme l'Actinodon. )) La forme générale du squelette du CalUbrachion fait penser tout d'abord à une parenté possible avec les Lézards actuels et un examen plus approfondi des caractères anatomiques confirme en partie ce premier rapprochement. » On peut signaler, parmi ces caractères, la procélie de la plupart des vertèbres, l'absence de côtes ventrales, la présence d'une apophyse coro- noide à la mâchoire inférieure, peut-être la présence d'un os carré mo- bile, etc. » Les pattes du CalUbrachion ressemblent beaucoup à celles des Sau- riens. Elles sont fortes, à cinq doigts munis de griffes, et dénotent des mœurs carnivores. Elles sont parfaitement ossifiées, sans trace de carti- lages épiphysaires. Le carpe est aussi compliqué que chez les Lézards actuels, le nombre des phalanges est le même. » Mais, comme on pouvait s'y attendre, étant donnée sa très haute anti- quité géologique, notre fossile a conservé quelques caractères embryon- naires. Ainsi que dans le curieux Hatteria ACiuQX , une partie de la noto- chorde persiste dans toute l'étendue des corps vertébraux et de plus ceux-ci paraissent avoir été indépendants des arcs neuraux. Le CalUbrachion possède encore, dans la constitution de sa ceinture thoracique, la forme dilatée de son humérus, etc., un certain nombre de traits anatomiques qui ca- ractérisent la plupart des Reptiles primitifs. Aussi les formes avec lesquelles le CalUbrachion Gaudryi est le plus étroitement allié et dans le voisinage desquelles nous croyons devoir le placer sont celles que les paléontolo- gistes réunissent aujourd'hui sous le nom de Proganosauriens et qu'ils considèrent comme des formes ancestrales de certains Reptiles actuels, principalement des Lacertiens. » Le CalUbrachion nous apprend donc qu'il y avait, dès le Permien, à côté d'animaux réalisant des types particuliers et propres aux époques géologiques anciennes, d'autres êtres auxquels il suffirait de faire subir quelques modifications pour les faire rentrer dans des groupes de Reptiles actuels. » D'ailleurs cet exemple n'est pas isolé. Bien des faits observés dans ces dernières années par les paléontologistes s'occupant des fossiles les plus variés nous apprennent que les groupes actuels sont plus anciens qu'on ne l'avait pensé et les découvertes de tous les jours reculent, dans G. R., 1893, 2' Semestre. fT. CXVII, N" 19.) Ht) ( 648 ) des passés géologiques de plus en plus lointains, les premières apparitions d e ces groupes. GÉOLOGIE. — Les phénomènes glaciaires et erratiques dans le vallon du Cachapoal (^Cordillère des Andes du Chili). Note de M. A. -F. Noguès, présentée par M. Fouqué. « Si l'on examine une carte du Chili, on voit que le rio Cachapoal, dont la direction générale est est-ouest, décrit à partir des Bains de Cauquenes, une grande courbe, s'inflécliissant au nord pour recevoir quelques af- fluents, puis il redescend vers le sud pour prendre sa direction générale. L'orographie de la région rend compte de ces inflexions. A partir de là, le vallon va se resserrant de plus en plus et s'encaissant entre les deux bords d'une immense fracture qui a ouvert la vallée. Sur les rives du Cachapoal se trouvent de puissants dépôts élastiques, cailloux roulés, arrondis de granités, d'iorites, syénites, andésites, trachytes, etc., qui ont en certains points plus de loo"" d'épaisseur. A un niveau supérieur à ces dépôts, for- més par les eaux des torrents, se voient d'autres dépôts essentiellement glaciaires. Le phénomène de transport par les eaux torrentielles et le phé- nomène glaciaire ont contribué à remplir la vallée supérieure du Cacha- poal et de ses affluents, parmi lesquels nous signalons el rio de los Cipre- ses (rio des Cyprès). Le Cachapoal et le Cyprès sont fortement encaissés; en certains endroits, les deux bords ne sont séparés que par quelques mètres; l'existence des barrages détruits par l'action érosive de l'eau du torrent ne peut être mise en doute : partout se voient les restes de ces bar- rages. A une époque géologiquement récente, sur plusieurs points, les deux bords de la fracture, unis, formaient ainsi les barrages de petits lacs profonds remplis par les cailloux et les terres entraînés. Les petits lacs étages depuis l'entrée de la vallée jusqu'au centre de la Cordillère ont disparu par la rupture de leurs barrages ; mais les dépôts de cailloux rou- lés, sur des épaisseurs de plus de loo™, indiquent leur existence et leurs limites. Dans le vallon des Cyprès (cajon de los Cipreses), on trouve des couches stratifiées déposées dans ces lacs à plus de 200™ du niveau actuel du torrent. » Les accumulations de dépôts détritiques, transformés quelquefois en conglomérats, comme aux bauis de Cauquenes, par la pénétration des eaux minérales, forment de hautes falaises sur les rives du Cachapoal. ( 649 ) Aux bains mêmes de Cauquenes, dans le lit actuel du Cachapoal, est resté, sur la roche érodée de l'ancien barrage, un témoin, un gros caillou roulé de granité, qui est resté suspendu à la place où il a été jadis déposé par les eaux. L'action glaciaire a aussi concouru à la formation des dépôts erra- tiques de la vallée du Cachapoal et du Cyprès. A partir de Cauquenes se montrent des traces évidentes de blocs apportés par les glaciers, les mo- raines deviennent de plus en plus intactes à mesure que l'on s'élève sur les rives du Cyprès, le phénomène glaciaire ancien est évident, car il a laissé partout des traces, les blocs erratiques y sont communs, la fracture qui a produit l'étroit vallon de los Cipreses a donné au torrent une direction nord-sud. A une époque récente, les glaciers descendaient beaucoup plus bas qu'aujourd'hui. » Le glacier des Cyprès {venlisquezo de los Cipreses), duquel naît le tor- rent du même nom, dans sa partie la plus belle se trouve enserré entre deux montagnes comme dans une gorge; mais il se dilate, s'ouvre ou s'élargit vers l'est et se croise avec le glacier de los Altos de los Mineros; son mouvement se fait de l'est à l'ouest; les moraines, les gros blocs dis- posés sur des petits cailloux, etc. , sont des indices certains de la présence du glacier, à une époque antérieure, dans la vallée des Cyprès, et là où il n'arrive plus depuis longtemps. D'ailleurs la retraite du glacier des Cyprès est indiquée d'une manière irrécusable sur les flancs mêmes de los Altos de los Mineros; là on voit une trace bien nette d'érosion, de polissage exercée par le glacier sur une longueur de 400'° à 5oo™. Cette trace, ce burinage indiquent la retraite du glacier des Cyprès; il y a une quarantaine d'années, il s'avançait dans le vallon de 400" à 5oo™ plus qu'aujourd'hui; sa retraite est indiquée par cette trace de polissage laissée au pied de los Altos de los Mineros. » Sans attacher grande importance aux chiffres qui résultent d'obser- vations faites par des bergers, ce qui est incontestable, c'est que le glacier, à une date peu éloignée, a reculé d'une quantité très sensible qui est inscrite en caractères ineffaçables sur la montagne même. Les conclusions de ces observations sont que dans la Cordillère des Andes du Chili : 1° les phénomènes de transport par les eaux et par les glaciers ont contribué à la formation du système erratique des vallées; 2° qu'il y a eu des lacs ou étangs profonds étages; 3"^ que les glaciers ont descendu jadis beaucoup plus bas qu'aujourd'hui; 4° cI^g les glaciers actuels de la vallée du Cacha- poal éprouvent un mouvement de retrait ou de recul. » ( 65o ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Secousse de tremblement de terre à Grenoble. Note de M. Kiliax, présentée par M. Fouqué. « M. Kilian fait connaître que le 5 novembre courant, à 4''i3™4o*du matin (heure de Paris), une secousse de tremblement de terre dirigée N.-S. a été enregistrée par le séismomètre qui fonctionne dans le laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Grenoble. » M. Léopold Hugo adresse deux Notes intitulées « Sur l'ancien centre scientifique d'Héliopolis d'Egypte » et « Sur le cycle indou appelé Kalpa ». A 4 heures, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. On souscrit à Paris, chez GAUÏHIEH - VIl.LAnS ET l'ILS, Quai des Grands-Augusiins, n" 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS hebdomadaires paraissent régulièrement le Dimamhc. Ils lormeiu, à la lin des rapports qui existent entre l'étatactuel du règne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Biionn. In-',°, avec 27 planches; 1861.. 15 fr. A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, el les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 19. TÂ.Br.E DES ARTICLES. (Séance du 6 novembre |}{93.) MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS DES MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADEMIE. Pages. M. il. Kf.s.vl. — Sur le joint Ooubel et son aiiplication à l'hélice des navires M. Kmile Picard. — Sur une classe d'équa- tions dilïérenlielles dont l'intégrale géné- rale est uniforme M. Ad. Chatin. — Signification de la variété ^99 6o3 Pages. des orfio CORRESPONDANCE. !M 1'. Painlevé. — Sur les équations du second ordre à points critiques fixes et sur la correspondance uiiivoque entre deux surfaces 'in M. Alf. Guldberg. — Sur certaines équa- tions dilTcrentielles ordinaires 614 l\r. Lelieuvre. — Sur certaines familles de cubiques gauches '>i6 MM. Kr. Birkeland et Ed. Sarasin. — Sur la nature de la rédexion des ondes élec- triques au bout d'un fil conducteur (JiS M. 11. Poi>XARÉ. — Observations sur la Communication précédente de MM. Bir- keland et Sarasin 611 M. 11. Abraham. — Sur la mesure des coef- ficients d'induction 624 M. GouY. — Sur la vision des objets opaques au moyen de la lumière dilIVactée G.i'J MM. A. Trillat et F.ayollat. — Sur une nouvelle méthode de préparation de la méthylamine et sur la eonstitulloii de l'hexaméthylène-tétramine 62S M. ,1. Fayollat. — Sur les méthyltartratcs et éthyltartrates alcalins y3i> M. P. Caze.nelve. — Recherches sur les homologues de la gallanilide; préparation de la galloparatohiide MM. Gley et CiiARRiN. - Influences héré- ditaires expérimentales ' M. C. Phisalix. — Sur un phénomène d'in- hibition chez les Céphalopodes : constric- tion paralytique des chroniatophores. . . . M. Remy Saint-Loup. — Sur la continuité craniologique sériale dans le genre Lcpus. M. F. Mesn'il. — Sur le genre Polydora Bosc ( Leucodore Johnston) .MM. M. Boule et Pu. Gi.iNGEAU. - Le Callibrachion, nouveau reptile du per- mien d',\ulun M. A.-F. NociuÈs. — Les phénomènes gla- ciaires et erratiques dans le vallon du Cachapoal ( Cordillère des Andesdu Chili ). M. KiLiAX. — Secousse de tremblement de terre à Grenoble M. Leopold Hugo adresse deux Notes inti- tulées « Sur l'ancien centre scientifique d'Iléliopolis d'ICgypte » et « Sur le cycle indou appelé Katpa » (133 Ii3.^ (JjS 1)4 o 61.3 o PARIS. - IMPUIMEKIE GAUTHIER-VILLAKs KT FILS, Quai des Grands-Aususiins, 55. /.(• lU-t iinl : (iAUrHlEU-VlLLMlS. 1893 second semestre. 3ûQj9 COMPTES RENDIS HEBDOMADAIRES ' ~ ..- 1 1893 DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIïlNCES, PAR irOI. liES SECRÉTAKBCS PEKPÉTlEIiS . TOME GXVIÎ. W 20 (13 Novembre 1893 PAKIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS. [Ml'lUMEURS-LIBRAIRES DES COMPTES RENDUS DES SÉ.VNGES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, i^iiai des Grands-Augusiins, 55. '"189.3 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. AdOPTK DAMS LES SÉaNCES DES 0.3 JUIN 1862 ET 24 MAI 1876. Les Comptes rendus hehnomaJ aires des séances de | Les Programmes des prix proposés par l'Académie r Académie se composent des extraits des travaux de | sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrane;ers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article I*"^. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étranger del'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de ;")o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui |)résentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction I autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. I^es extraits des Mémoires lus ou communiqués par les correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans \eCompte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gouveri;ement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution ilu pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les 'léposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Auti'ement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SÉANCE DU LUNDI 13 NOVEMBRE 18Î)5. PRÉSIDÉE PAR M. LŒWV. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Président, en annonçant à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Chambrelenl, Membre de la Section d'Eco- nomie rurale, s'exprime comme il suit : « Je remplis un pénible devoir, en informant l'Académie d'un événement aussi douloureux qu'imprévu. Notre illustre Confrère M. Cbambrelent vient de mourir aujourd'hui à trois heures du matin, à l'âge de 8i ans, après une courte maladie contractée à la suite d'un refroidissement. )) La perte cruelle de ce modeste savant, de cet excellent vieillard, si actif encore, nous cause une profonde émotion et nous laisse les plus vifs regrets. » M. Chambrelent a, jusqu'au dernier moment de son existence, con- sacré tous ses efforts à la Science qu'il cultivait avec un si éclatant succès. C. R. , 1898, 1' Semestre. ( T. CXVII, N- 20.) °7 ( 652 ) Il n'a cessé de rendre à son pays, dans le domaine de l'Economie rurale, des services immenses. » Je suis certain d'être l'interprète fidèle des sentiments de l'Académie, si je lève la séance en signe de deuil. » La séance a été levée immédiatement après le dépouillement de la Correspondance. M. Edm. Perrier, en présentant à l'Académie le troisième Fascicule de son « Traité de Zoologie », s'exprime comme il suit : « Ce Fascicule est entièrement consacré aux Arthropodes. Comme dans les parties précédentes de l'Ouvrage, l'auteur s'est appliqué à laisser exclu- sivement la parole aux faits, mais en les disposant, suivant la méthode des physiciens, dans leur ordre de complication progressive, de manière qu'ils s'expliquent naturellement les uns par les autres, sans qu'il soit besoin de faire appel à de simples comparaisons ou à des conceptions purement mé- taphysiques pour les coordonner. Dans cette coordination, il a été tenu grand compte de l'ordre paléontologique d'apparition des animaux; on a ainsi, autant que possible, évité d'expliquer l'organisation d'animaux an- ciens par celle d'autres beaucoup plus récents. » Dans la partie morphologique, on a suivi pas à pas la complication graduelle du corps par l'addition et la différenciation successives de seg- ments placés bout à bout. La constitution de l'appareil excréteur à l'aide de glandes en rapport avec les appendices, se répétant dans chaque seg- ment, mais surtout développées et différenciées aux deux extrémités du corps, la constitution de l'appareil génital et notamment de celui des In- sectes, à l'aide de parties appartenant également à tous les segments, ont pu être ainsi nettement mises en relief et donner un nouvel appui aux principes développés par l'auteur dans un précédent Ouvrage ( '). » Les rapports réciproques des/ormes embryonnaires des Crustacés, im- proprement appelées /ormes larvaires, lorsqu'elles sont libres, ont pu être présentés d'une façon méthodique en prenant pour point de départ et pour terme initial de comparaison le cas où l'éclosion a lieu à la phase nau- plias et où le corps se forme exclusivement par l'addition successive de (') Ed.1I. Perrier, Les Colonies animales et la formation des organismes, 1881. (653) segments en avant du telson. Les formes embryonnaires libres actuellement connues dérivent de ces formes embryonnaires normales on primitives àe la manière suivante : » 1° L'éclosion a lieu à une période plus ou moins avancée du déve- loppement; » 2" Au lieu de formation habituel des segments en avant du telson, il s'en ajoute un deuxième en arrière du céphalothorax et quelquefois un troi- sième entre la tête primitive et le thorax proprement dit ; » 3" Les segments abdominaux se constituent plus vite ou même plus tôt que les segments thoraciques; » 4° Les segments thoraciques prennent l'avance sur les segments ab- dominaux. » Des modifications secondaires résultent de l'époque d'apparition des segments céphaliques, des transformations plus ou moins rapides que su- bissent les appendices, etc. Ces considérations s'appliquent aussi bien aux embryons qui se développent sans sortir des enveloppes de l'œuf qu'aux embryons libres et peuvent être étendues à toutes les classes d'Arthro- podes. )) Dans la classe des Insectes, un groupement méthodique des faits ac- tuellement dans la Science concernant le développement des Coléoptères vésicants a suffi pour montrer que les métamorphoses, au premier abord, si étranges du Silaris humeralis n'étaient que le couronnement d'une série de phénomènes d'hibernation et d'adaptations larvaires, ne présentant pas de caractères suffisamment exceptionnels pour justifier la création du mot nouveau à' hypermétamorphoses , afin de les désigner. » Au point de vue taxonomique, toutes les fois que cela a été possible sans enlever aux classes et aux ordres leur physionomie générale, l'auteur a limité sa nomenclature aux genres indigènes, mais il s'est efforcé de donner une caractéristique comparative de la plupart d'entre eux, de ma- nière à fournir aux étudiants un manuel à peu près complet pour les dé- terminations génériques. » La classification des Coléoptères a été remaniée de manière à la mettre en accord avec les principes adoptés dans le reste de l'Ouvrage. D'après la forme des mâchoires, ces animaux sont divisés en deux séries : l'une où domine l'adaptation au régime animal; l'autre où domine l'a- daptation au régime végétal. Dans la première série, les larves agiles dites campodéiformes dominent; les tarses des adultes sont presque toujours pentamères, rarement hétéromères. Dans la seconde série, les larves ( 65 i ) lourdes ou mélolonlhoïdes se généralisent; les tarses des adultes peuvent être pentanières ou hétéromères, mais presque tous les télramères vien- nent s'y rassembler. )) La tétramérie des tarses apparaît donc comme liée au régime herbi- vore; elle semble, dans une certaine mesure, la conséquence de l'élar- gissement des tarses, qui est un des moyens d'assurer l'adhérence des pattes des Coléoptères phytophages aux feuilles dont ils vivent. Dans ciiaque série, les familles ont été rangées suivant le degré de condensa- tion croissante de leur abdomen, indiqué par le nombre des articles, qui descend peu à peu de 9 à 5, et par le degré de coalescence des ganglions nerveux si bien décrits par M. Blanchard. Il est à remarquer que les formes où la condensation de l'abdomen est maximum ont en même temps des antennes, perfectionnées, à derniers articles raccourcis et renflés en massue; les antennes fournissent ilonc un tnoveu plus naturel qu'on ne le suppose d'habitude de diviser en deux groupes chacune de nos deux séries fondamentales. Dans la série phytophage, ces groupes se laissent eux- mêmes subdiviser, d'après le nombre des articles des tarses, en groupes se- condaires dans lesquels les familles viennent assez naturellement prendre une place conforme à leurs affinités. » MEMOIRES PRESENTES. M. G. Chassv soumet au jugement de l'Académie le projet d'un système d'aubes articulées pour bateaux. (Commissaires: MM. Boussinesq, Maurice Lévy, Marcel Deprez.) M. Jni.HE adresse un complément à sa Note sur l'emploi de la colophane pour le durcissement des plâtres. (Renvoi à la Commission précédemment nommée.) CORRESPONDANCE. M. RoLLET, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, adresse ses remerchnents à l'Académie. ( 655 ) jM. Lkkoy de Kéfaxicu prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Géographie et Navigation. (Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.) ASTRONOMIE. — Sur l' étoile nouvelle de 1892, T Aurigœ — 1953 Chandler; par M. G. îîigourdax. Note communiquée par M. Tisserand. « Cet astre remarquable, dont les coordonnées pour i8g3,o sont /R = 5''25"\7^ Décl. = + 3o°2',o, et qui était bien visible à l'œil nu en février 1892, a diminué rapidement d'éclat et a disparu complètement au commencement d'avril 1892; perdu de vue pendant quelque temps, on l'a retrouvé de 9* grandeur en août de la même année, et il a conservé à peu près ce même éclat jusqu'à aujour- d'hui ; en outre, il a été reconnu, après sa réapparition, pour une nébuleuse, et l'observation spectroscopique l'a montré animé d'un mouvement radial considérable. » Cette variable, jusqu'ici unique en son genre, vient de présenter un changement d'éclat d'une grandeur entière, au moins, ainsi cpi'il résulte des observations suivantes, cjue j'ai faites avec l'équatorial de la tour de l'Ouest (o",3o5 d'ouverture libre et 5", 20 de distance focale), muni d'un oculaire donnant un grossissement de iSg fois; les heures sont données en temps sidéral de Paris. » 1893. Oct. 10 à 23'' 47™. L'éclat de la varialile c est noté comme supérieur à celui de l'étoile voisine b et de i ^ grandeur. » Oct. 12 à i''3o'° et oct. 21 à i''io'". On rapporte micromélriquemenl la variable à ^ et l'on n'a pas remarqué de variation relative dans l'éclat, mais on ne fait aucune comparaison spéciale au point de vue de la grandeur. » Nov. 8. On est frappé par un changement d'éclat de la variable. Dans le champ, fortement éclairé par la lampe, la variable disparaît complètement quand on voit encore l'étoile b; sur champ noir, la variable a moins l'aspect stellaire que l'étoile b. En outre, on fait les estimations suivantes de grandeur relative de la variable et de quelques étoiles voisines : ^hjgin ('1-26, dd>b, eib, die. » Nov. II. Au contraire de ce qui avait eu lieu le 8 novembre, sur champ éclairé, la variable n'a pas encore disparu et l'étoile b est déjà complètement effacée. On ob- tient les estimations d'éclat suivantes : ii'58™ (• 7-8 b. ddb, e 2-3 b, die; 2'' 8"' V io b d 3 b, e 1-2 b, dl^e; » Nov. 12. 2i'37"' (' 10 b, d 2-3 b, e 1 b, die. ( 656 ) )) Dans ces comparaisons, l'oculaire était pointé sur les étoiles, mais la mise au point sur les nébuleuses ne diffère pas sensiblement de la mise au point sur les étoiles. )) On voil que, du milieu d'octobre au 8 novembre, l'éclat a diminué très notablement, pour se relever ensuite, mais le 12 nov. il n'avait pas encore atteint celui du 10 octobre. » Par rapport à la variable c, les étoiles b, d, e occupent les positions suivantes : m s " b A,î\=:+o.4 Aifi:=-j- I Gr. approx. 9,5 d — 0.4 -1-7 9,3 e +0.6 -Hio 9.5 99.4 BD 4- 3o° » En 1892. j'ai rapporté micrométriquement l'étoile variable à l'étoile voisine b, et j'ai répété cette année les mêmes mesures : voici l'ensemble des résultats ainsi obtenus : Temps Angle sidéral de Dates. de Paris. position. Distance. Remarques, h m „ 1892 Fév. 3 7.25 3i,9o 84,82 3 7.29 82,80 84,92 5 5. 1 32,60 85,07 ) Images d'abord assez calmes, 5 5. 6 32,90 85, i3 ) puis un peu agitées. 5 5.27 33, o5 84J97 \ Images assez agitées; l'étoile /> 5 5.32 32,35 84,95 ) se voit difficilement. Images médiocres. 1893 Oct. 12 1.37 32,68 85,75 32,77 84,98 Mesures difficiles. 12 1.41 32,87 85, 60 21 1.17 82,07 84,61 I Images médiocres. 21 1.27 32,66 85,26 ( Mesures très difficiles. Nov. 3 6.47 32,83 » 8 6 . 49 3 1 , g I » 8 6.56 33,45 84,95 8 6.58 32,88 85,87 82,79 85,26 » Dans l'intervalle de un an et demi, il n'y a donc pas eu de change- ment de position relative. Chaqtie valeur de l'angle est la moyenne de deux pointés, et chaque valeur de la distance résuite d'une double dis- tance. (657 ) » Les deux premières mesures du 5 février 1892 ont été faites avec le grossissement 332, et toutes les autres avec le grossissement i5g. » A cause de la faiblesse de l'étoile b, ces mesures ne comportent pas, avec l'équatorial employé, toute la précision désirable. Voici d'autres mesures faites sur le même couple : 1892. 12 32,4 1892. 16 32, o3 1892. 78 32,4 83, o5 4 nuits Burnham, Motilli. iMot., l. LU, p. 434 80,27? ■* " Knolt, » » p. 368 85, o3 11 » Bainard, Astr. Nacli., vol. 131, p. 877 ASTRONOMIE. — Observations des comètes 1893 // (Ronlame) et c 1893 (^Brooks, 1893 oct. 16), faites à l' Observatoire de Paris (èquatorial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bigourdan. Communiquées par M. Tisse- rand. *m 1893 II ♦^ c 1893 Etoiles Dates de 1893. comparaison. Gr. Nov. 7.. . a Anonyme 1 1 8... Z/2995BD+ 0° 9 6... C2170BD-1-28 7,5 7... <:/2353BD + 29 9,5 8... t; Anonyme 11 Comète Nombre de compar. 6: 6 4: 4 20:20 Dates 1893. Nov. 7 8.... 6.... 7.... Étoiles de compar. a b c d Positions des étoiles de comparaison. Ascens. droite Réduction Déclinaison Réduction moyenne au moyenne au i8g3,o. jour. 1893,0. jour. h m s s o , „ ■ ., - o. 25 .40,6 — 10,4 - 0.12.21,7 — 10,5 -28. 3.26,8 —16,2 -29. I. 6 — 16,6 12.46.43,70 12.46.41,77 12. 53. 3 1,97 12 .55. 18,2 12.56.44,49 12.42.38,44 12.56.56,89 H-i ,1» + 1 ,20 +1,17 +1,18 » » 4-29.45.55,8 -I- o. 13.27 , 2 + 29.34. 5,0 -17,2 Autorités. Rapportée à b Rapportée à/ Weisse.2 (n" io3o) B. D. Rapportée à g Weisse^ (n° 688) Weisse, (n° 1094) Positions apparentes des comètes. Dates 1893. ,, s , ., 7.54. I — o.6,i3 -ho. 58,1 —0.4,83 -M.32,8 8. 3.27 0.5,23 1.17,9 4>68 32,5 8.10.45 0.4,71 1.33,8 4,74 33,0 8.18.25 o.4)04 1.49,4 4,68 32,2 8.25. 5 — 0.3,63 -F2. 2,9 — 0.4,80 -M. 3 1,6 8.10.21 — 0.4,75 -t-i.32,4 — 0.4,75 -1-1.32,4 » Novembre 7 : La comète 1893 II est une très légère tache blanchâtre, de 3o" d'é- tendue, presque à l'cx-trême limite de visibilité (grandeur i3,4), se distinguani diffi- cilement sur le fond du ciel, qui est assez éclairé par l'aurore. Dans le voisinage immédiat de la comète se trouve une très faible étoile qui a dû influencer considé- rablement les mesures et contribuer à les rendre plus incertaines. » Novembre 8 : La comète 1893 II est une très faible lueur i3,4 — 13,5 dans laquelle on n'aperçoit aucun détail, mais dont l'existence paraît bien certaine. » Novembre 6 : La comète c 1893 présente à peu près l'éclat d'une nébuleuse de la classe I-II : c'est une nébulosité vaguement ronde, d'environ i',5 de diamètre, plus brillante au centre, avec condensation assez prononcée, demi-dilFuse ; l'ensemble de cette condensation ressort bien et dans son milieu se trouve un point légèrement stellaire. Trace de queue opposée au Soleil. Le voisinage de l'étoile de comparaison doit effacer en partie les régions les plus faibles. » Novembre 7 : La comète c 1898 à l'aspect de la veille, mais on l'aperçoit aiijour- ( 659 ) d'hui sur une étendue de 2' à 2', 5 en diamètre. On soupçonne une queue de 8' à 10 de long et dont l'éclat est à peu près partout le même, sur cette longueur. » Novembre 8 : La même comète présente encore l'aspect des jours précédents, et l'on soupçonne la queue sur une longueur de 10' à 12'; sa direction générale est dans l'angle de position de3io°,9; mais elle paraît un peu courbée, et la partie voisine du noyau, sur une longueur de 2' ou 3', est dans la direction p =: 819". » ASTRONOMIE. — Éléments de la comète Drooks ( 1 893, octobre 16). Noie de M. Schuliiof, présenlée par M. Tisserand. « A l'aide des observations, octobre 17 (Hambourg, Washington Univ. calh. et Observatoire Lick), octobre if\ (Vienne) et novembre 6 (Paris), j'ai déduit les éléments suivants : T^riSgS sept. 19,4922 temps moyen de Paris. ■K i63. I0.44J2 \ Q i74-59-56,4 [ Equ. et écl. moy. de 1898,0 i 129.52.29,8 ) • log(/ 9,912676 AX5=:+o", 1; Ap2 = -|-7",8. )) Les éléments ressemblent beaucoup, comme l'a déjà remarqué M. Gould, à ceux de la comète 1864 I. » Les observations de celte dernière comète, embrassant un intervalle d'un mois, sont parfaitement bien représentées par une parabole. » ASTRONOMIE. — Contrôle des tounllons d'un instnuyxent méridien, par la méthode interfère ntielle de M. Fizeau. Note de M. Maurice Hamy, pré- sentée par M. Cornu. « Les méthodes employées pour étudier les tourillons d'un instrument méridien sont basées sur des séries de pointés micrométriques, qui entraî- nent une longue discussion numérique. Le type de ces recherches est un travail de Villarceau exécuté, il v a trente ans, à la lunette méridienne de Gambev, inséré dans les Annales de l'Observatoire (t. Vil). Le même Re- cueil (t. XVI) renferme un autre procédé, dti à M. J^œwy, donnant la solution du problème, conjointement avec la détermination des différentes flexions que subissent les cercles méridiens. » Ces méthodes offrent l'avantage de fournir des corrections aux obser- C. R., 1893, a' Semestre. (T. CXVII, N» 20.) 88 ( 66a ) valions de passage, lorsque la forme des tourillons s'ccarLe d'une figure de révolution; mais elles nécessitent un labeur considérable, et souvent les corrections obtenues sont insignifiantes, lorsque l'artiste a, dans son travail, apporté l'habileté suffisante. )) Les expériences que je vais décrire permettent de se rendre compte, en quelques instants, de l'état des tourillons d'une lunette et repondent, sur-le-champ, à la question de savoir si leur forme est assez parfaite, pour n'avoir pas à redouter d'erreur appréciable dans les mesures mé- ridiennes. » Ce résultat a été obtenu an moyen des franges d'interférence em- ployées par M. Fizeau dans ses mémorables recherches sur la dilatation des cristaux. » L'appareil a la disposition suivante : )) Un bloc métallique, ayant la forme d'un coussinet renversé, est placé à cheval sur le tourillon et s'appuie, d'autre part, sur une pointe fixée dans le coussinet de la lunette. L'extrémité de la pointe s'engage au fond d'une rainure horizontale, creusée dans la pièce, parallèlement au méri- dien. Les conlacls avec le tourillon et avec la pointe sont assurés par la pression d'un poids de plusieurs kilogrammes, convenablement placé. Les déplacements du système, par glissement, sont ainsi totalement évités. » Un levier, mobile dans un plan vertical autour d'un axe établi sur le pilier, repose sur le bloc, par son extrémité, au-dessus du centie du tourillon. Il porte un petit verre plan horizontal fixé en un point déterminé, comme on le verra plus loin. Entre ce miroir et la face plane de la lentille d'un collimateur fixe, on produit des franges d'interférence, avec une source de lumière monochrnmatique, de faible étendue, placée au foyer de la lentille. « Les choses étant ainsi disposées, si l'on fait tourner la lunette autour de son axe, le bloc reste immobile ou subit de légers mouvements ascen- dants et descendants, en oscillant autour de la pointe suivant que le tou- rillon est ou non parfaitement de révolution. Dans la première hypothèse, les franges ne bougent pas; dans la seconde, elles se déplacent d'un ou plusieurs rangs. Pour apprécier à simple vue l'ordre de grandeur des er- reurs causées par les irrégularités du tourillon, il convient de fixer le mi- roir pian à une distance de l'axe du levier calculée de façon que les franges se déplacent d'un rang, lorsque l'inclinaison de la lunette éprouve une perturbation égale à o%oi, par le fait d'une de ces irrégularités. Le mode d'observation consiste alors à compter le nombre des franges qui ( 06i ) passf»nt à un repère fixe lorsque l'on fait tourner la lunette. Ce nombre exprime, en centièmes de seconde de temps, l'ordre de l'erreur à craindre dans les observations de passage. » L'expérience, avons-nous dit, ne dure que quelques instants. Cette circonstance permet de n'avoir pas à redouter un déplacement des franges occasionné par des variations de température dans les différentes pièces de l'appareil. » Cette méthode a été appliquée, à l'Observatoire, à la lunette méri- dienne de Gambey. Elle a décelé, sur la surface des tourillons, des irré- gularités qui ne sont pas complètement négligeables au point de vue des observations. » OPTIQUE. — Mesure du pouvoir absorbant pour la lumière, de larjies minces possédant la réflexion métallique. Note de M. Salvador Blocu, pré- sentée par M. Lippmann. « Lorsqu'on se propose la mesure du pouvoir absorbant de lamelles métalliques, il est nécessaire, si l'on veut éviter la mesure du pouvoir ré- flecteur sous l'incidence normale, d'avoir deux lames d'épaisseurs inégales mais de même pouvoir réflecteur. » Me proposant de mesurer l'absorption par les pellicules d'aspect mé- tallique, obtenues avec du collodion coloré par la fuchsine, dont j'ai déjà indiqué l'emploi (^Comptes rendus, t. CXI et CXVI), je m'attendais à de longs tâtonnements pour en obtenir qui fussent identiques avec des épais- seurs inégales. Je reconnus, au contraire, que deux pellicules, obtenues eu versant sur deux glaces des couches inégales du même liquide qu'on évapore ensuite dans les mêmes conditions, présentent, lorsqu'elles ont des surfaces bien réfléchissantes et sans défaut, une remarquable identité : 1) Je me suis assuré de cette identité par deux procédés : » 1° En étudiant au compensateur de Babinet l'eilipticité des rayons verts (raie E) réflécliis sur la pellicule. Dans l'appareil que j'ai employé, le cercle divisé portant le miroir est indépendant des autres pièces, il peut s'élever par une vis micrométrique et recevoir, en outre, un mouvement de translation latéral, de sorte qu'on peut explorer la surface réfléchissante sur toute son étendue. J'ai toujours opéré avec la lumière so- laire, ce qui permet de mesurer les difl'érences de phase au ~^ de X. Pour des pelli- cules identiques, sous aucune incidence, on n'a entre les difl^érences de phases d'iné- galité atteignant cet ordre de grandeur. De plus, pour l'incidence jirincipale, l'azimut de polarisation rétablie est le même, au degré de précision que comporte l'appareil. ( 662 ) » 2° J'ai associé Irois pellicules reconnues identiques par le premier procédé : l'une que j'appellerai A a une épaisseur de 744 [J"-!-^» l'autre B de 1921 |ji|jl, la troisième C de 19641JL1U. En mesurant l'indice d'absorption ( ' ) pour les ra\ons jaunes (raie D) par l'as- sociation de A. et de C on trouve 0,088, par l'association de A et de B on trouve o,o84- Pour présenter autrement ce résultat, si j'appelle E l'épaisseur d'une pellicule, le rap- £ E . port ^ =^ déduit de la mesure directe des épaisseurs est i ,04; déduit des mesures d'absorption il est i ,07. ■» On a, en procédant ainsi, à la fois, un contrôle de l'identité optique des milieux absorbants employés dans la mesure et un contrôle de la me- sure elle-même. » J'avais employé à dessein, dans ce premier essai, des pellicules très épaisses, aussi la mesure du pouvoir absorbant pour les raj'ons verts a-t-elle été impossible; j'ai tenu à recommencer cet essai avec des pellicules plus chargées en fuchsine, mais qui, plus minces, sont transparentes pour le vert. )) Les pellicules A', B' et G' employées ont des épaisseurs de 353|j.|a, 5o4|J-ij- et 627[j.|a. Par le premier procédé d'investigation on reconnaît que B' et C ont des ellipticités identiques, mais tandis que A' se montre identique pour les petites et les grandes in- cidences, sous les incidences moyennes on a des diiïerences appréciables. S'il y avait une réelle différence de pouvoir absorbant, si par exemple A' était plus vitreux, l'allure devrait être tout autre : la différence de phases plus petite pour ces faibles incidences devrait croître ensuite plus brusquement. Ce n'est jjas ce qu'on observe; aussi, je fus conduit à penser que ces inégalités tiennent non à une différence réelle de projjriétés optiques, mais à ce fait que, la pellicule étant mince, on reçoit sous les incidences moyennes de la lumière réfléchie pai' la force de la pellicule limitée par le verre. S'il en est ainsi. A' pourra être employée à la mesure du pouvoir absorbant, car, pour être écartée, il faudrait qu'elle soit mince au point qu'un rayon vert qui l'a traversée trois fois et s'est réfléchi deux fois conserve une intensité appréciable. Ce n'est jjas le cas. El, en effet, mesurant l'indice d'absorption pour les radiations de la raie E, par l'as- sociation de C et B' on trouve 0,529, par l'association de C et A' on trouve o,5o5. » Quant au spectropholomètre que j'ai employé pour mesurer l'absorp- tion de ces couches solides, il me paraît très favorable à ce genre de mesures. » Le faisceau lumineux rendu parallèle par un collimateur, polarisé par un nicol, tombe normalement sur un biquarlz (les quartz font tourner d'environ 4à° le plan de polarisation des rayons verts); après un nicol analyseur mobile sur un cercle divisé, (') L'indice d'absorption -; est défini par ce fait qu'une vibration progressant dans le milieu absorbant d'une longueur — a son amplitude réduite dans le rapport de 1 2 71 à e-ï. ( 663 ) une lentille projette Tiniage du biquartz sur la fente d'un spectroscope, muni d'autre part d'une fente oculaire. On a ainsi dans le spectre deux parties superposées qui cor- respondent chacune à l'un des quartz; les intensités de ces deux parties ne seront égales que pour une position déterminée de l'analyseur. » La pellicule est coupée suivant une ligne bien nette, de manière à dénuder la glace à moitié. Elle est placée entre les deux niçois, tout contre le biquartz; un sup- port approprié permet de la rendre normale au faisceau et d'amener la ligne de cou- pure exactement à la hauteur de la ligne de jonction des quartz. De la sorte, la moi- tié du faisceau qui traverse la courbe absorbante traverse l'un des quartz seulement, » Pour rétablir l'égale intensité des deux moitiés du spectre, il faut tourner l'ana- Ijseur vers la position d'extinction du quartz non masqué par la pellicule absordante. » Le mode d'emploi de ce photomètre est tout à fait analogue à celui d'un saccharimètre à pénombre, et la position du nicol analyseur qui ré- tablit l'égale intensité est fixée avec une précision comparable à celle de ces instruments. » D'autre part, ce dispositif a l'avantage de n'exiger qu'une seule source de lumière, et la mesure est indépendante des variations possibles de cette source. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Détermination du poids atomique vérilahœ de l'hydrogène. Note de M. G. IIi\richs. « La méthode limite nous a permis de démontrer que la valeur absolue du rapport H ; o est rigoureusement i ; t6, en prenant pour base de nos calculs l'admirable série de déterminations de Dumas sur la synthèse de l'eau (^Comptes rendus, t. CK^'L P- 753; iSgS). Les déterminations très soi- gnées, faites par des chimistes éminents pendant ces dernières années, paraissent être en désaccord avec ce résultat. » Voici les valeurs inoyennes obtenues pour le poids atomique de l'hydrogène, celui de l'oxygène étant pris exactement égal à i6. E.-II. Keiser 1888 i ,0082 Cooke et Richards 1888 i ,0026 Les mêmes 1888 i ,ooS5 Dittmar et Henderson 1890 i,oo85 E.-H. Keiser 1891 i ,000 E.-W. Morley 1891-93 i ,007.5 » En considérant ces nombres comme des valeurs moyennes, obtenues par des chimistes également éminents et par des procédés divers, il faut ( ^64 ) admettre qu'il y a encore des erreurs résiduelles, égales à l'écarl, total par rapport à H = i (^Comptes rendus, t. CXVI, p. 696; 1893). » Mais nous avons montré qu'il n'est point admissible, dans la Chimie de précision, de se fier aux valeurs moyennes, et qu'il faut considérer toutes les valeurs individuelles obtenues. De plus, nous avons vu que les erreurs résiduelles sont fonction du poids absolu employé. J'ai donc dû marquer graphiquement, et avec une échelle assez grande, chaque déter- mination individuelle, par un point dont l'abscisse est le poids de l'hydro- gène employé, et dont l'ordonnée est le poids atomique de l'hydrogène trouvé. La figure ci-jointe est la réduction au cinquième de cette construc- tion graphique. i Poidf l d huctrof/ène^ etnpfoye , ^ Grammes. ^ Keiser i i é f fL o cl «: uivn.ii.e ; H < H " Î.OOOO PotdLs W- <^^ lecLU. 2p. prodceiée, jy. Gra.7nn7.es. , » On voit immédiatement que les chimistes modernes n'ont point ef- fectué une série d'expériences sur des poids variables, comme Dumas l'avait fait; chacun d'eux s'est borné à des déterminations diverses, avec un môme poids d'hydrogène, à très peu près. » Je dois à l'obligeance de M. Edvvard-W. Morley la communication, par lettre du 16 mars i8g3, de toutes les valeurs numériques et encore inédites de ses déterminations admirablement concordantes, et il a bien voulu me permettre de les publier graphiquement (voir les régioas F et G de la figure). On voit que, dans les expériences 1 et 2, il a employé presque la même quantité d'hydrogène, soit 3^', 28 (F) ; dans les dix autres ( ()65 ) expériences (n"' 3 à 12), il a employé aussi des poids presque identiques, soit 3s'', 83 (voir G de la figure). » M. Ostwald a donné la moyenne des expériences de Dittmar et Hen- derson en 1891 {Zeilschrift, X. VIT, p. 021); mais la moyenne seule ne sert à rien. Le Chemical News a publié, pendant l'hiver dernier, les valeurs nu- mériques in extenso, et je dois à l'obligeance de M. F. Dittmar un exem- plaire du Mémoire complet de feu son père. J'ai donc pu représenter les treize déterminations dans ma figure; pour trois d'entre elles (D), le poids d'eau était i<^^^,[^; pour les dix autres déterminations (voir E), le poids d'eau était 24^"^ à très peu près. Dittmar s'est surtout efforcé de perfec- tionner la partie purement chimique du problème de la détermination des poids atomiques; il a soigneusement étudié toutes les erreurs possibles des appareils de Dumas et a réussi à les compenser par des précautions accessoires assez ingénieuses. Mais la variation du poids atomique trouvé, de 1,0042 à 1,01 1 4 pour le même poids d'eau produite, montre bien que chaque complication des appareils et des procédés ne fait qu'accroître les erreurs résiduelles. » Les dix déterminations de M. Reiser sont représentées autour de leur moyenne en C (voir Amer. Cliem. Journal, t. X, p. 260; 1888). » La position des points C, E et G montre que les écarts par rapport à H = I sont indubitablement fonction du poids d'hydrogène employé. Les procédés de ces trois chimistes n'ayant pas été identiques, il n'est pas possible de les combiner en série pour y appliquer rigoureusement la mé- thode limite. Toutefois, on peut admettre que les trois moyennes repré- sentées en C, E et G sont d'un poids comparable en précision, étant chacune le résultat d'une dizaine de déterminations sur des quantités d'hydrogène identiques, de o^'', 66, 2^", 66 et 3s'^,8o. Les trois points tom- bent sur une seule trajectoire parabohque, partant de l'origine A. » La formule, assez simple, r, = ^(5=-A^), 0000 ^ ■' oh h est le poids de l'hydrogène employé et y) l'écart du poids atomique de l'hydrogène par rapport à H = 1 , représente assez bien la trajectoire des erreurs résiduelles, comme le montre le Tableau suivant : Keiser. Eau produite 5 , 89 Hydrogène employé 0,66 7) calculé 3 , 27 T, trouvé 3,17 Dittmar. Morley. 24,0 34,2 2,66 3,80 9,53 8,o3 9.12 7,5o ( 666 ) » Pour la limite h =^ o, on a vi = o; d'où il résulte que II = i rigoureu- sement. Il n'y a donc aucun conflit entre les déterminations de Reiser, de Dittmar et de Morley, qui nous paraissent simplement des valeurs iden- tiques, affectées par des erreurs résiduelles déterminées par la formule donnée et dépendant simplement du poids total mis en opération. De plus, ces résultats récents confirment les déterminations magistrales de Dumas. » M. Keiser a bien voulu me communiquer, par lettre du 2g avril iSgS, des détails importants sur sa méthode remarquable pour effectuer la syn- thèse de l'eau à la température ordinaire. Dans une première expérience, le palladium a absorbé o^'', i 797 d'hydrogène, qui s'est combiné avec i^'',/|374 d'oxygène et a produit ib'',6iG() d'eau, quantité presque identique à la somme is'',6i7i des gaz employés. Cette expérience donne 11=; i,ooo25. C'est le point A de la figure donnée. On attendra avec la plus vive impa- tience les expériences définitives que M. Reiser va faire prochainement d'après cette méthode, laquelle nous donnera probablement des dévia- tions de signe négatif. » On sait depuis longtemps qu'il est impossible de projeter un corps en ligne horizontale; plus le projectile est rasant, moindre est la déviation de l'horizontale pour une distance donnée. De même, nous avons vu qu'il est impossible de faire coïucider la trajectoire parabolique des erreurs résiduelles avec la droite horizontale dont l'ordonnée est la valeur de la constante que l'on cherche à déterminer par les expériences de Chimie ou de Physique. » CHIMIE GÉNÉRALE. ■- Sur l'èmèûque de baryte. Note de M. E. 3Iaumené. (Extrait.) « Dans un Mémoire célèbre, MM. Dumas et Piria ont étudié, parmi les émétiques, celui de baryte. Ils ont rencontré dans ce sel des anomalies qui devaient conduire : 1° à étudier l' histoire de ce sel avec plus de détail; 2" à élever encore le poids atomique de l'acide tartrique. Ils croyaient avoir re- connu que le sel « renferme une fraction d'atome d'eau ». » La composition de l'émétique de baryte, sans anomalies, devrait être C'*H''0'".SbO',BaO, ce qui exige 2,73 deBaO.Les analyses de MM. Du- mas et Piria restaient loin de s'accorder avec cette formule. Voici leurs résultats (corrigés pour les nouveaux poids atomiques) : C 11,58 ( moyenne de 1 1 , 29 et 1 1 , 67 ) H I .7^ ( » ' '7° ' '7^) ( 667 ) )) A 250° l'émétique de baryte, que MM. Dumas et Piria jugèrent privé de toute son eau, devait donner : C i4,35 H 0,60 Une analyse extrêmement soignée leur a donné : C i3,oi H 0,66 Dans l'espoir d'élucider ces anomalies, les deux éminents chimistes ont mesuré la baryte; le sel « séché à l'air libre » devrait donner 22,87. Ils n'ont pas obtenu plus de ig,85. » Devant une telle discordance, ils ont cru devoir admettre un excès d'eau fractionnaire. La formule C«H'0'»SbO'BaO(HO)--' leur a paru nécessitée par la proportion de baryte. Cette formule ne demande pas plus de 2,4o; c'est encore un peu trop; mais le rapprochement avec l'analyse a paru recevable. Cependant MM. Dumas et Piria n'ont pu méconnaître la grave anomalie qui subsistait encore. » La formule exige encore : pour C, 12,80 au lieu de 1 1,58, et pour H, 1,73 au lieu de 1,72. Désaccord inadmissible, devant lequel ils n'ont pas hésité à admettre que le nombre 11, 58 résultait d'une retenue de CO^ par la baryte « demi-carbonatée ». Car, en cette proportion, i i,58 devien- nent 12,87, ou à peu près le nombre de l'expérience. » Mais cette supposition est inadmissible, dans le Mémoire même où MM. Dumas et Piria se félicitaient quelques pages plus haut « d'une mé- » thode d'analyse qui est appelée à rendre de grands services, celle qui » consiste à ajouter de l'oxyde d'antimoine aux sels alcalins pour déter- » miner l'expulsion complète de l'acide carbonique provenant de la com- » bustion ». » Voici d'où viennent les discordances que des chimistes aussi habiles tenaient avec raison pour des anomalies contraires aux hypothèses d'alors : ). L'acide tartrique anhydre est C*H^O* = ii4- H s'unit avec des poids de bases en un des rapports de ma loi générale des actions de mélange, rapports dont je rappelle les principaux : Excès de base. Excès d'acide. 1571332311*3. _5 1 J. 7 3 21 5 9 13 11 .... ~'î~rJ~^~i~'ii3 1 1 9 5 43 1123313 713 •••! 1 14 X ^ =: 230, 8o poids des bases SbO^ -+- BaO. C. R., 1893, 2" Semestre. (T. CXVII, N' 20.) ^9 ( 668 ) » Ce poids dépasse le poids classique i44 + 7^»5 = 220, 5. Il est divisé en deux parties : f{ X 23o,8 = 82,29 de BaO, ^; x aSo.B = 168, 5i de SbO'. » Le sel anhydre pèse 1 14 -H 230,80 = 364, 80. » L'eau unie au sel anhydre est \ = 52, 1 1 = (HO)^'"' ; ce qui conduit à C» 48 11, 5i H''" , 7.79 '>87 O"." 110,32 26,46 (SbO')'." 168, 5i 40,42 (BaO)'.°- 82,29 '9.74 416,91 100,00 tous nombres concordants avec les analyses, et jetant une vive lumière sur les anomalies signalées par MM. Dumas et Piria. » Les pertes d'eau à 100° et à 25o° sont : la première, de ce qui se dégage en laissant le sel anhydre avec ^ = 17,94 = (HO)''°^ ; pour cela, le déga- gement est de 52,1 1 — 17,94 = 34, 17 ou 8,196 pour 100. MM. Dumas et Piria ont trouvé 8,21. La seconde perte (à 25o°) ne laisse pas plus de ^ et dégage 10, 4o. MM. Dumas et Piria ont trouvé 10, 52, )) J'ai nalurellement fait l'analyse de l'émétique de baryte : » i» Pour la baryte, j'ai trouvé 19,76, 19,75, 19,74; » 2° Pour l'oxyde d'antimoine, je précipitais le métal en sulfure, et après fusion je déduisais SbO^ de SbS-'^ » Faute de place, je me borne à écrire : le sulfure est bien SbS-'^ et non Sb S^. » Les analyses m'ont donné S en centièmes : 24,99, 25,01, 25,00 20,12, 25,02, 25,00, 24,98. » Vauquelin a trouvé: 25, 00; Proust : 24,99('). » CHIMIE INDUSTRIELLE. — Sur la production du saccharose pendant la germi- nation de l'orge. Note de M. L. Lixdet, présentée par M. Duclaux. « L'étude des transformations que subissent, au cours de la germina- tion, les hydrates de carbone, contenus dans les grains d'orge, préoccupe à la fois les physiologistes et les brasseurs. J'ai voulu aboixler cette étude et rechercher la nature de ces transformations, en me plaçant sur le ter- (') Annales du Muséum. ( 669 ) raiiî de la pratique industrielle. Les premiers résultats que j'ai obtenus me permettent de conclure à l'augmentation progressive du saccharose pendant la germination industrielle, et j'ai pu, grâce à la collaboration de M. Cousin, directeur technique d'une de nos plus importantes brasseries, qui a bien voulu, à mon intention, prélever neuf échantillons successifs dans une môme couche d'orge en germination, mesurer la marche, l'inten- sité et les limites du phénomène. Ces résultats confirment ceux que MM. Brown et Morris, en étudiant la germination des grains d'orge au point de vue physiologique, ont récemment publiés. » Pour rechercher dans chacun de ces échantillons le saccharose, j'ai profité de ce fait que l'alcool à 91" environ, mis au contact de l'orge, finement broyée, dans un ap- pareil à épuisement, dissout aisément le saccharose, en n'entraînant qu'une faible quantité de sucre réducteur. L'alcool a été ensuite évaporé au vide, le résidu repris par l'eau a été traité par l'oxyde de plomb hydraté, de façon à fixer les acides gras que l'alcool avait dissous; puis le liquide, ainsi déféqué, a été, avant et après inver- sion, examiné au saccharimètre et analysé par la liqueur de cuivre. » Le procédé d'inversion que j'ai suivi est le procédé connu dans l'industrie et les laboratoires de l'État, sous le nom de procédé Clerget, tel qu'il a été dernièrement réglementé par le Comité consultatif des Arts et Manufactures (chauffage au bain- marie des liqueurs en présence de 10 pour 100 d'acide chlorhydrique, de façon que le liquide passe de la température ordinaire à celle de 67''-68° en dix ou douze mi- nutes). Ce procédé offrait pour moi cet avantage, que, dans ces conditions, comme j'ai pu m'en assurer en opérant sur du maltose, que M. .Jungfleisch a bien voulu mettre à ma disposition, le maltose ne s'invertit pas. » Les opérations d'épuisement, d'évaporalion, de dosages ont été faites dans des conditions identiques et m'ont donné, appliquées aux diffé- rents échantillons d'orge, les résultats suivants : Durée Saccharose p. 100 de (le l'orge touraillée Date du prélèvement. la germination. ('"P- 100 d'eau). h 9 décembre 1892, g*» du matin 4^ 0,99 10 » » 70 1 ,85 11 » » 94 2 , 20 12 » » 1 1 8 » i3 » « 142 2,3i i4 « » 166 2,74 i5 » » 190 » 16 » >> 2i4 2,84 17 » .5'> du matin 284 3,09 » Les rotations observées avant et après inversion ont concordé sensi- blement aA'PC celles qu'auraient fournies les nombres ci-dessus. Les excc- ( 670 ) dents de rotation sont attribuables à la petite quantité de sucres réducteurs qui accompagnaient le saccharose. » J'ai obtenu des résidtats analogues en soumettant à l'analyse les li- quides ])rovenant île l'épuisement par l'eau de chacune de ces orges. Ces épuisements ont eu lieu à l'eau glacée, procédé que M. Aimé Girard a imaginé pour éviter les transformations qui se produisent au cours des lavages, et qu'il a appliqué, il y a quelques années, dans un travail d'en- semble sur la composition des blés. » Ces liquides renferment, à côté du saccharose, des sucres réducteurs dont la quantité augmente d'une façon régulière, du commencement à la fin de la germination, depuis 2,72 pour 100 jusqu'à 6,28 pour 100 de l'orge. La courbe qui représente l'augmentation de ces sucres réducteurs est sensi- blement parallèle à celle que les nombres trouvés plus haut pour le saccharose permettent de tracer. » Ija seule substance que l'on voit diminuer progressivement dans l'orge en germination est l'amidon, et l'on ne peut s'empêcher d'être frappé du rapport qui existe entre l'amidon qui décroît et le saccharose cjui augmente, et de trouver là une confirmation de ce fait, dont MM. Brown et Morris ont cherché à établir le processus physiologique, que le saccharose, dans certaines circonstances, se produit aux dépens de l'amidon. » Je me permettrai de présenter prochainement à l'Académie les résul- tats d'expériences que j'ai poursuivies cet été sur la maturation de la pomme à cidre, et au cours desquelles j'ai reconnu que le saccharose et le sucre inverti augmentent au fur et à mesure que disparaît l'amidon. » CHIMIE AGRICOLE. — Sur la nitrificalion des terres de prairie. Note de MM. J. Dujio\T et J. CnociiETELLE, présentée par M. Dehérain. « De nombreuses expériences dues à Boussingault, de plus récentes exécutées par M. E. Bréal, montrent que les sols de prairie ne renferment que des quantités insignifiantes de nitrates. L'absence de nitrification active explique très bien la réserve énorme de matières azotées que ces sels con- tiennent; une richesse considérable y reste sans profit, ce qui est d'autant plus regrettable que les graminées, abondantes dans les prairies perma- nentes, profitent particulièrement de l'emploi des nitrates. » Nous avons pensé que, peut-être, les sols de prairie, très chargés de matières organiques, ne présentent pas habituellement la f^uble alcalinité favorable à l'action des ferments nitriques et nous avons étudié l'influence qu'y exercent différents carbonates sur la nitrification. ( (371 ) » Nous avons employé, d'une part, une terre d'Avilly (Oise); d'autre part, une terre marécageuse provenant des bords du Rù de Gally (domaine de Grignon)et en outre différents sols de la station agronomique. » I. Expériences avec la terre d'Avilly. — Cette terre, en prairie depuis un temps immémorial, renferme par kilogramme les quantités suivantes d'éléments fertilisants : Calcaire 4208"' I iB'' d'azote organique. Humus (') 688'' 4 comprenant , „ , , ,. , ' ( o2i'','i. de carbone combine. M Le 10 mai nous avons ajouté à i''8 de cette terre des doses variables de carbonate de potassium; ces sols ont été en outre remués et arrosés à plusieurs reprises. Y) L'extraction des nitrates, efTecluée un mois après, a donné les chiffres suivants : Azote nitrifié dans loos"' de terre. Carbonate de potassiiiin Azot .e nitrique pour mille. en mi Iligrammes. o 70 I 160 2 280 3 25o 4 i3o 5 73 » Le dosage initial de l'azote nitrique existant dans la terre avant rexpérience nous avait donné 6o"8''. » Au mois de juillet, nous avons entrepris des essais nouveaux en substituant au carbonate de potassium, dont le prix est très élevé, le sulfate et le chlorure de po- tassium. Une série supplémentaire a reçu du carbonate de sodium. Azote nitrifié, en un mois, dans looos'' de terre avec des doses variables de différents engrais. Azote nitrique obtenu en milligrammes. Carbonate Chlorure Sulfate Carbonate Do- ;cs. de potassium. de potassium. de potassium. de sodium. 0 80 80 80 80 I Pi sr mille 98 75 i5o 80 1,5 )) » 78 180 80 2 » i4o 78. ■220 75 2,5 )> 160 100 260 75 3 » 127 100 240 73 4 )) 100 78 270 75 5 )) 85 80 340 70 6 )) 80 78 )> 75 8 » 60 » 35o 73 10 » » » )) 70 (') L'humus a été calculé en doublant le carbone organique. ( G72 ) » Ces dosages montrent que la dose de carbonate la plus favorable est de 2,j millièmes; à la dose de 8 pour looo la nitrification est totalement en- travée. Les quantités maxima d'azote nitrique sont inférieures à celles que nous avions obtenues précédemment; cela tient à ce que les terres n'ont pas été remuées et arrosées pendant le temps de l'expérience. » II. Expériences avec les terres des bords du Rû de Gally {Grignon). — Cette terre, qui produit une vive effervescence avec les acides, se forme sur les bords d'un ruisseau où se déversent des eaux résiduaires de toutes sortes. Elle renferme 28,7 de carbone combiné, soit 57,6 d'humus par kilogramme. Azote nitrifié du 20 juin au 10 Juillet dans looos'' de terre. Doses Azoîe nitrique de (-arbonate dépotasse. en milligrammes. 0 8 1 pour 1000 6a 1,5» g I 2,0» I 4o 2,5 j) i8o 3,0 » io5 Azote nitrifié du 21 septembre au 5 octobre dans looos'' de terre. Doses Azote nitrique de sulfate de pelasse. en milligrammes. 78 3 pour 1000 420 5 » 456 S » 3oo » On remarquera que, dans ces deu.K dernières expériences, les terres sans addition donnent des quantités de nitrates très différentes; la terre qui a reçu le sulfate de po- tassium, finement pulvérisée, est restée exposée à l'air pendant plusieurs mois; la ni- trification y est devenue active comme dans l'expérience réalisée par M. Dehérain récemment (' ). » Les résultats de ces nouveaux essais confirment pleinement ceux qui ont été obtenus précédemment. Le carbonate de potassium n'agit pas aussi elficacement dans la terre du Rù de Gally que dans la terre d'Avilly : la différence est due sans doute aux proportions variables d'humus que renferment ces deux terres. » Pour bien montrer que l'influence du carbonate de potasse sur la nitrification varie avec l'abondance de l'humus, nous avons encore expérimenté avec des terres de labour. Elles ont été prises à la station agronomique; l'une a été prélevée dans la par- (') Comptes rendus, t. CXVI, p. 1091, séance du i5 mai 1893. — Annales agro- nomiques, t. XIX, p. 4oi. l'arcelle 21 (bumus i par kilo gi-. : 10,8) Excédent. 28 » 32 4 46 i8 (G73) celle 4-2 qui renferme encore ags"" d'humus par kilogramme; l'autre, appartenant à la parcelle 21, cultivée sans engrais depuis 1875, ne dose que los'', 8 d'humus. Nous indi- querons simplement ici les résultats moyens obtenus avec 2 niillièraes de carbonate, de sulfate et de chlorure de potassium. Asote nitrifié dans looos'' de terre {en i5 jours). Azote nitrique en milligrammes. Parcelle 42 (bumus par kilogi'. : 29). Excédent. Sans addition .^9 » Carbonate de potassium. 68 29 Sulfate de potassium. ..80 ^1 Chlorure de potassium.. 57 18 » On voit que les excédents d'azote nitrique produits par l'addition des sels de po- tasse diminuent à mesure que les terres sont plus pauvres en humus. » De ces expériences on peut tirer les conclusions suivantes : » 1° On active la nitrification clans les terres riches en humus en les additionnant de faibles quantités de carbonate de potassium (li à 3 pour 1000), mais à doses plus fortes, au contraire, le carbonate de- vient nuisible; » 2° Le sulfate de potassium est efficace; employé à des doses de 7 à 8 millièmes, il favorise encore la formation des nitrates; » 3" Le chlorure de potassium n'exerce qu'une action médiocre ; » 4° Le carbonate de sodium ne paraît pas favoriser la nitrification. » Il nous reste à déterminer, par des essais sur le terrain, quelles sont les doses de sulfate dépotasse qu'on peut employer avantageusement dans la culture des prairies ('). » PHYSIOLOGIE. — De l'influence des poisons minéraux sur la feniienlation lactique. Note de MM. A. Chassevant et Ch. Richet (-), présentée par M. Duclaux. (( En continuant les expériences que l'un de nous a déjà brièvement communiquées à l'Académie (^), nousavons été amenés à distinguer, dans ( ' ) Ce travail a été exécuté dans le laboratoire de Chimie de l'École de Grignon, avec l'aide bienveillante de M. Dehérain. (') Travail du laboratoire de Physiologie de la Faculté de Médecine de Paris. (') Cq. Richet, Comptes rendus, t. CXIV, p. i494; 1892. ( 674 ) l'action toxique des sels métalliques sur la fermentation lactique, deux doses différentes : l'une agissant sur la reproduction et pullulation du ferment, l'autre agissant sur son activité fonctionnelle. » Nous appellerons dose antigénélique la dose qui entrave la pullulation, et dose antibiotique la dose qui arrête l'activité fonctionnelle. » Qu'il s'agisse de l'une ou de l'autre dose, c'est toujours par la même méthode que nous l'avons appréciée, à savoir, par le dosage de la quantité d'acide lactique produit. En effet, la quantité d'acide lactique formée est fonction : i" de la quantité de microbes; 2" de leur activité fonction- nelle. Si, dans une liqueur toxique ensemencée avec une trace de fer- ment, nous trouvons que la quantité d'acide lactique formée est nulle, nous en conclurons que nous avons atteint la dose antigénétique. Si, dans une liqueur contenant de nombreux ferments, la quantité d'acide lactique formée est nulle, nous en conclurons que la dose antibiotique a été atteinte. » Voici quels procédés techniques nous avons employés pour distin- guer ces deux doses. » Soit une certaine quantité de petit-lait (préparé comme il a été dit dans la Noie précédente) stérilisé et ensemencé par une trace de ferment pur; ce petit-lait, après fermentation de vingt-quatre heures, est rempli de ferments en pleine activité et acide. Il est neutralisé par du bicarbonate de potasse. Alors on met dans du petit- lait (sérilisé, neutralisé et contenant des quantités variables du corps dont on veut étudier l'action sur le ferment) tantôt 5o pour 100 de cette liqueur riche en fer- ments vivants, tantôt o,o5 pour 100. » Si l'on ajoute 5o pour 100 de la liqueur riche en ferments, on introduit assez de germes pour que la pullulation soit indifférente, les germes adultes étant assez nom- breux pour fournir la production d'acide lactique. » Si, au contraire, on met o,o5 pour 100 de cette liqueur, on n'introduit qu'une minime quantité de germes, et il faut, pour une production appréciable d'acide lac- tique, qu'il y ait pullulation des rares ferments introduits dans la liqueur stérile. ). On voit immédiatement que la dose antigénétique doit être nécessai- rement inférieure à la dose antibiotique, puisque la dose qui entrave l'ac- tivité du ferment doit aussi entraver sa pullulation. » Mais il potivait se faire que la dose antigénétique fût notablement inférieure à la dose antibiotique. Autrement dit, la dose de poison néces- saire pour entraver la reproduction et la pullulation des germes pouvait être beaucoup plus faible que la dose qui arrête la formation d'acide lac- tique pour les germes adultes. » Nous avons vérifié qu'il en était ainsi. ( <'75 ) » Voici les chifilres que nous avons obtenus {' ) : Rapport entre la dose antigénétique et la] dose antibiotique, Dose la première ■■j I.W.. Il ^ étant supposée égale antigénétique. antibiotique. à l'unité, mol mol Magnésium 0,5 i,^) 3 Lithium 0,2,5 0,5 2 Calcium o, i5 o,4 2,5 Strontium o,i25 o,25 2 Baryum o,i25 0,25 2 Aluminium 0,026 0,087 i ,4 Manganèse 0,0064 o,oo85 i,3 Fer o,oo4 o,oo5 1,2 Plomb o,oo36 0,0061 1,7 Zinc 0,0025 o,oo35 i,4 Cuivre o,ooi5 o,ooi5 1 Cadmium o,ooo85 0,0021 2,5 Platine o,ooo25 0,00075 3 Mercure o,oooi85 o,oooi85 i Nickel 0,000 125 0,000200 1,6 Or 0,000080 o,oooi65 2 Cobalt o, 000065 o,oooo65 i » Il résulte de ces chiffres, qui sont la moyenne de nombreuses expé- riences : )i 1° Que la dose antigénétique peut être trois fois plus faible que la dose antibiotique (magnésium, platine); » 2° Que pour certains métaux ces deux doses se confondent (cuivre, mercure, cobalt). » C'est là une confirmation nouvelle de cette loi générale assez impor- tante : la dose qui arrête les fonctions de reproduction est plus faible que celle qui arrête les fonctions végétatives. » Les adultes peuvent donc continuer à vivre tant bien que mal et à exercer leurs fonctions chimiques, dans des milieux assez toxiques pour empêcher absolument leur puUulation (-). » (') Les poids sont évalués en molécules (Mg-, Li^, elc.) par litre de petit-lait. Les sels étaient tous à l'état de chlorures, sauf pour le plomb que nous avons eaijilùjé à l'état d'azotate. (') Les faits que nous indiquons ici sommairement seront développés dans un pro- chain travail. C. R., iSg"), ?• Semestre. (T. CXVII, N» 20.) 9^ ( «^7ri.c tle C (ibiinnemenl est fixé ainsi qu'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : ^Igeri Michel et Médan. iGavaull Sl-Lager. Jourdan. Ruir. Amiens Hecquel-Decoberl. ( Germain etGrassin. Ansers î , , . r^ n " ( Lacheseet Dolbeau. Baronne Jérèine. Hesançon Jacquard. , Avrard. Bordeaux Dulhu. ' Muller (G.). Bourges Henaud. l>efouriiier. K. Kobert. J. liobert. ( V Uzel Caroiï. ( Baer. \ Massif. Cliambery Peirin. Henry. Brest. Cuen . Clierbou]-g Clermont-Ferr. { Marguerie. I Rousseau. ( Kibou-Collay. ; Laiiiarche. Ralel. ' Daiiiidot. \ Lauverjal. ' Crépiti. \ Drevel. ' Gratier. La liocltelle Fouclicr. , „ i Bourdignon. Le Havre ' " ( Donibre. , Marcliiil. Lille j Lefebvre. ( Quarré. Dijon. Douai. Grenoble. Lorient. Lyon . . . Nantes Nice. . . chez Messieurs : ( Bauirial. I M™° Texier. (Benioux et Cumin. Georg. < Mégrel. j Palud. I Vilte. Marseille Ruât. (Calas. Montpellier . ... ' ( Goulet. Moulins . . Martial Place. / Sordoillet. Nancy Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. Loiseau. M"* Veloppé. Barnia. Visconti et C''. Nimes Tliibaud. Orléans Luzeray. . . ( Blanchier. Foitiers _ . , ( Druinaud. Rennes Plihon et Hervé. Bocliefort Girard ( M"" ). ( Langlois. ( Lestringant. Chevalier. i Baslide. i Ruinèbe. ( Ginict. ( Privât. , Boisselier. Tours j Pérical. 1 Suppligeon. ( Giard. ( Leniaitre. Rouen S'-Étienne Toulon . . . . Toulouse... Valenciennes.. On souscrit, à l'Étranger, Berlin . Bitcliarest. chez Messieurs : , , ( Feikema Caarelsen Amsterdam / et C'". Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. . Ashcr et C". Calvary et G''. Priediander et lils. Mayer et IMiiller. D..,„„ ( Scliinid, Francke el ne/ne -^.^ Bologne Zanichelli el C''. Ramlot> Bruxelles ! Mayolezet Audiarte. ( Lebègue et C". if Hainiann. ' Ranisleanu. Budapest Kilian. Cambridge Ueighton, BellelC". Cliristiania Canimernieyer. Constantinople. . OtLo Keil. Copen/iague Hiist et lils. Florence Lœscher el Seeber. Gand Hoste. Gênes Bcuf. Clierbulie/.. Genève ' Georg. ( Stapelriiohr. » La Haye Bclinfante frères. \ Bcnda. ' Payol. Banh. Brockhaus. Leipzig • Lorentz. I Max Riibe. \ Twielmeyer. \ Desoer. f Gnusé. Lausanne. Liège. Londres .... Luxembourg Madrid .... chez Messieurs : ( Dulaii. I Nuit. V. Buck. Libr. Gulenberg. Fucntes et Capde- villc. Gonzalès e hijos. V. Fé. ,,., i Duniolard frères. i^Iilan ( Hœpli. Moscou Gautier. / Furcheim. Naples Marghieri di Gius. ' Pellerano. I Chrislern. New- Vork i Slechert. ' Westermann. Odessa Rousseau. Oxford Parker et G'". Palernie Clausen. Porto Magalhaès. Prague Rivnac. Rio- Janeiro Garnier. ) Bocca frères. \ Loescheret C'". Rotterdam Krauiers et fils. Stockliolm Samson et Wallln. Zinserling. Wolir. Bocca frères. Brero. Home . S'-Petersboitrg. Turin . i Clausen. Kosenbei bergetSellier Varsovie Gebethner el Wolfl. Vérone Drucker. Frick. Gerold et C'". Zurich Meyer el Zeller. Vienne . TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes l«>-à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; '853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— (i" Janvier i85[ à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier iS66 à 3i Décembre 1S80.) Volume in-4° ; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDDS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. DEBoÈsel A.-J.-J. Solier. — Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les Comètes, par M. Hansen. — Mémoire sur le Pancréas el sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches ; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benede\. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o par l'Académie des Sciences pour le concours de i853, el puis remise pourcelui de iSô'i, savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- » mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a nature "1 des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique el ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr.  la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 20. TABl.K DES ARTICLES. (Séance du 13 novembre l»95. aiÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS UES MKiMItliHS BT DES COHltESPONDANTS DE L'ACADEMIE. Pages. M. le I'hesident annonce à l'Aradémie la perle (nrdlc vient de faire dan?; la per- sonne de M. Cil a m h retenti Membre de la Section d'Économie rurale 6ôi Pages. M. l'jiM. F'iîiiRiivii. — Note accompagnant la présentation du troisième Fascicule de son n Tiaité de Zoologie >■ liV" MEMOIRES PRESENTES. M. G. CiiASSY adresse le projet d'un système d'aubes articulées pour bateaux 654 M. jLîLiit; adressé un complément à sa Note sur l'emploi de la côloplianc i)ouv le dur- cissement ries plâtres 'ij^ CORRESPOIVDAIVCE . M. KoLLET, nommé Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie, adresse ses rcmei'ciments à l'Académie G54 M. Lehoy de Kei-.aniou prie l'Académie de le comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Géogra- phie et Navigation M. G. BT'aoURD.iN. — Sur l'étoile liouvelle de i89'!. T. Aurig» 1953 Chandier M. G. BiGouiiD.4N. -r Observations des co- mètes iSg2 II ( Kordame) et c 1892 ( Brooks, 189.3 ocl. 16), faites à l'Observatoire de Paris (équatorial de la tour de l'Ouest). M. SciiULlioF.. — Éléments de la comète Brooks (1893 octobre 16) M. Mauuice IIamy. — Contrôle des tourillons d'un instrument méridien, par la méthode BULLKTIN BlULiaGUM'HIOl'li: E(IR\TA 630 655 65^ 609 interférentielle de .M. Fizeau M. S.VLv.ADOt! Hi.ocH. — Mesure du pouvoir absorbant pour la lumière de lames minces possédant la réflexion métallique. M. G. HiNRiciis. -— Détermination du poids atomique véritable de l'hydrogène M. E. Maumene. — Sur l'émétique de baryte. M. L. LiNDET. — .Sur la production du sac- charose pendant la germination de l'orge. MM. J. DUMONT cl J. ClîOCIlETELLE. — Sur la nitrification des terres de prairie MM. A. Chassevant et Cn. Riciiet. — De l'influence des poisons minéraux sur la fermentation lactique M. G.-W. PiEiîCE adresse un travail manu- scrit portant pour titre : « Vitesse du son dans l'air » (J59 61 il 663 666 6fiS 670 67.3 676 «ijfi à points critiques fixes. Le cas où l'intégrale JK(^) est fonction algébrique d'une au moins des constantes d'intégration a, (î a été élucidé dans des Communications antérieures. Le cas que j'ai surtout en vue est donc celui où les deux constantes figurent d'une manière transcendante de quelque façon qu'on les choisisse. » La première question qui se pose est de savoir si ce cas peut se pré- senter. La chose n'est nullement certaine a priori : pour les équations (i) indépendantes de x et résolues par rapport à y", j'ai montré que l'inté- grale, si elle est uniforme, renferme toujours algébriquement une des con- stantes. On est donc en droit de se demander si cette propriété subsiste quand l'équation contient x. Il n'en est rien, et voici comment on peut former des types d'équations (i) de l'espèce que je veux étudier. » J'ai publié précédemment {Comptes rendus, mars iSgS) quelques résul- tats concernant les relations entre j'', y ou enlrey', y, x, qui sont suscep- tibles d'être vérifiées par une intégrale j'( a?) d'une équation (i)à points critiques fixes. Celles de ces relations qui se présentent d'après cela comme les plus simples sont de la forme y' = «p( y, x), où cp est (pour x constant) une fonction dey sans points transcendants dont les diverses détermina- tions cp,, 92, ..., ?n, ••• croissent indéfiniment avec n. J'ai pu établir, relativement à une classe de telles opérations, ce théorème : » Soit çp(jK, .r) une fonction de y qui (pour x constant) n'admet pas de points transcendants et dont les déterminations s'obtiennent par une combi- naison d'un nombre fini de lacets. Si {pour x, y pris au hasard) la valeur o„ obtenue en parcourant n lacets est telle que fixe A {si grand que soit n), V équation (2) £=?0''^) reste inférieur à un nombre ( r.S7 ) a ses points transcendants fixes. Il suit de là qu'on sait reconnaître si les points critiques de (2) sont fixes. >i Appliquons ce théorème aux équations (3) r'= H(y, x) r K (v, x) dy, ' ft[X où H et K sont algébriques en y, et où la différentielle Krfjest de pre- mière ou de seconde espèce. Si on laisse de côté, comme il convient, les équations algébriques en y', y, toutes les équations (3) à points critiques fixes se ramènent aisément aux deux suivantes : (4) v'= vRTT) r ^=^ avec R = (r -7^) (i - Py'). ^const. et (^) (5) ^'^_V^R(y>-^) r r^r^ avec R = (,-y^)(i-a-v=). » Ceci posé, cherchons à former une équation (1) à points critiques fixes, dont chaque intégrale vérifie une relation (3). Pour les équations (i) qui correspondent au type (4), une des constantes figure algébriquement; celles qui correspondent au type (5) se ramènent à la forme „_ ,,y(2.ry^-^-.) _^ r j^-; j_ n _ — y('-. = A(a;) v''(i —y-){i — jcy-)- » Ti'intégrale générale de cette équation peut s'écrire y = sn.r f(f (ic) + 3cn)| -t- P0J2], où o), et Wo désignent les périodes de la fonction sn qui correspond au mo- dule X, et (p(a;) une intégrale particulière quelconque de l'équation » Si notamment on fait A = o, on retombe sur une équation déjà signa- lée par M. Picard (^Mémoire sur les fonctions algébriques de deux variables, p. i65), équation qui possède une infinité d'intégrales algébriques. Si C. R., 1893, a- Semestre. (T. GXVU, N° 31.) 9^ ( G38 ) Q l'on fnit A = -, -> on peut prendre o = C; l'équation possède une inlégr;ile uniforme }' = sn^(C), et une infiniiè d'intégrales à n détermina- tions, dépendant de deux nombres rationnels arbitraires qui permettent de faire croître n au delà de toute limite. » On peut montrer que V intégrale y (^x) de (6) est/onction transcendante des deux constantes de quelque manière qu'on les choisisse. Bien plus, cette équation ne se laisse ramener d'aucune manière à une combinaison d'équa- tions du premier ordre. C'est, je crois, le premier exemple d'équation à points critiques fixes ainsi irréductible. L'intégrale de l'équation du troi- sième ordre que vérifie une fonction fuchsienne renferme les trois con- stantes d'une façon transcendante, mais cette équation se ramène par deux quadratures à une équation de Riccati. )) Dans l'exemple précédent, l'équation (i) est résolue par rapport à y". Mais considérons maintenant une équation (i) qui possède q inté- grales doubles J (et r intégrales de différentielles totalesy) de première es- pèce. Si l'équation a ses points critiques fixes, l'intégrale y{x') définit (pour X et Xd constants) une correspondance biuniforme entre les deux surfaces F := o et F„ = o, mais cette correspondance ne consente pas néces- sairement les intégrales de première espèce. Toutefois, certaines considé- rations sur les cycles à deux (ou une) dimensions conduisent à regarder comme vraisemblable ce théorème : » ! ° Toute transformation biuniforme conserve les intégrales doubles J; )> 2° // ne peut exister plus d'une intégrale j qui ne se conserve pas, et cette intégrale n'a alors que deux périodes. » De ce théorème résulterait que toutes les équations (i) à points cri- tiques fixes et toutes les correspondances univoques entre deux surfaces auraient été étudiées dans ma dernière Communication, sauf dans l'hy- pothèse où l'on a à la fois q't i , /f i . Pour les surfaces unicursales, il existe à coup sûr, d'après l'exemple (6), d'autres correspondances univoques. » Les mêmes considérations entraînent en tonte rigueur d'imj)ortantes conséquences, notamment celle-ci : Soit P dy'-i-Qdy une difféi entielle to- tale de première espèce de F; ù. les points essentiels de y{x) sont fixes (e« même temps que les points critiques), la fonction u = Py"-t- Q y' a ses pôles fixes. En particulier, quand x ne figure pas dans (^i), u(x) est holomorphe. » ( ti«9) ÉLECTRICITÉ INDUSTRIELLE. — Sur les moyens cV augmenter Li sécurité des distributions à courants alternatifs de hante tension. Note de M. G. Claude, présentée par M. A. Potier. « On a déjà signalé à diverses reprises l'influence de la capacité des ca- nalisations à courants alternatifs pour abaisser l'isolement apparent de ces canalisations. Je me propose, dans cette Note, d'insister plus particulière- ment sur les conséquences qui résultent de ce fait, au point de vue du danger pour la vie humaine, et sur les moyens que l'on peut employer pour diminuer ce danger dans une notable proportion. » D'une manière générale, la capacité des câbles, répartie uniformément sur toute leur longueur, peut, quant à son ensemble, être divisée eu deux parties : )) 1° La capacité directe C, entre les deux câbles, qui se traduit, en marche, par une résistance d'isolement apparente — p- entre ces deux câbles; » 2° La capacité C, C de chacun des câbles par rapport à la terre, qui se traduit par une résistance apparente par rapport à la terre — p pour l'un, —TT, pour l'autre. » Les valeurs de w, C,, C et C sont d'ailleurs telles en pratique que les résistances apparentes correspondantes sont tout au plus de quelques mil- liers d'ohms, et que l'on peut, par conséquent, faire abstraction devant elles des résistances d'isolement ohmiques p,, p et p', trouvées pendant l'arrêt, qui sont toujours au moins de l'ordre de grandeur des dizaines de niégohms. » Or, si la résistance apparente —7=r- entre les deux câbles n'intervient pas au point de vue spécial auquel nous nous plaçons, quelque faible d'ailleurs qu'en soit la valeur, il n'en est pas de même des résistances ap- parentes — p et — p7 par rapport à la terre, et la faible valeur qu'elles pré- sentent toujours peut conduire à des conséquences très graves pour la vie humaine : si l'on vient à toucher, étant à la terre, un seul point d'un réseau de haute tension, le circuit se ferme sur l'autre pôle à la faveur du faible (690) isolement apparent, et la secousse qui en résulte peut compromettre la vie. Si, an contraire, nous concevons que, par un artifice quelconque, on parvienne à rendre beaucoup plus grand cet isolement apparent, le danger dans ces conditions sera supjirimé, puisque le circuit ne pourra plus se fermer par la terre. Pour qu'il v ait danger, il faudra alors toucher simul- tanément les deux pôles de la canalisation, ce qui ne se produira que dans des circonstances évidemment beaucoup plus rares que le fait de toucher un seul pôle; la cause la plus fréquente d'accidents sera donc éliminée. » Ce lésiillat, d'après ce qui précède, est facile à atteindre : il suffit d'an- nuler la capacité des câbles par rapport à la terre ou d'en combattre tes effets. » Pour arriver à ce but, trois moyens sont à notre disposition : » 1° L'expression de la résistance apparente étant de la forme — p, une canalisation donnée, quant à la capacité, sera d'autant mieux isolée que la fréquence employée sera plus basse. )' 2" Pour une canalisation en projet, il conviendra, par des dispositions appropriées, de rendre mininia la capacité par rapport à la terre. On arri- vera, à cet égard, à des résultats très appréciables, en plaçant les câbles au centre de tuyaux de grand diamètre, et surtout en employant de préfé- rence des câbles aériens. » 3° Enfin, et ce procédé a sur les précédents l'avantage de pouvoir s'appliquer à une distribution existante, on pourra combattre la capacité par les efl'ets bien connus de self-inductions li, L', placées en dérivation sur C et C. En supposant négligeables la résistance de la terre et celle de l'àme des câbles, ce qui revient à considérer comme un condensateur unique C ou C la capacité répartie en réalité tout le long des câbles, on voit facilement que, par l'adjonction d'une self-induction convenable, on peut remplacer l'intensité de perte à la terre primitive I, = — EwC cosw/ dans laquelle E est la différence de potentiel maximum aux bornes de C, par une nouvelle perte à la terre lo ^ EcoC cos(p sin( w/ -i- 0, ) dont ram|)litude EtoCcostp est toujours plus petite que l'amplitude pri- mitive E(i>C. Pour rendre l'isolement apparent infini, il faudrait coscp =^ o d'où (p = 90°, c'est-à-dire une self-induction parfaite que l'on ne peut pra- tiquement réaliser. En pratique, au moyen de bobines de réaction conve- ( Il semble donc que l'on retrouve, dans la maturation de la pomme cueillie, les transformations que l'on observe en étudiant la pomme mviris- sant sur l'arbre. I.a quantité d'ainidon accumulée dans le fruit vert diminue, et cet appauvrissement coïncide avec l'augmentation du saccharose et du sucre inverti; puis ces sucres disparaissent à leur tour, par le fait même de la respiration. » ( ^^99 ) ANATOMIE ANIMALE. — Sur la Structure iniime des plaques terminales des nerfs moteurs des muscles striés. Note de M. Charles Rouget, présentée par M. (le Lacaze-Duthiers. « Lorsque, dans une Communication à l'Académie en 1862, je fis con- naître l'existence des plaques terminales des nerfs moteurs chez les Verté- brés supérieurs, j'affirmais que cette plaque iV apparence granuleuse était la continuation du cylindre-axe, et constituée par la même substance que lui. Une opinion contraire, émise d'abord par Hûhne qui prétendait que la substance granuleuse n'était que le support {Plattensôhle, pied de la plaque) de la véritable plaque nerveuse, constituée par des libres pâles plus ou moins ramifiées (arborisations), ne tarda pas à prévaloir en Alle- magne et même en France. )) Dès 1866, je présentai à l'Académie, avec des photographies micro- scopiques à l'appui, une Note établissant que « les fibres pâles et sans )) moelle qui pénètrent dans la plaque ne sont pas distinctes de la sub- » stance granuleuse fondamentale de la plaque et se continuent avec elle » comme les nervures d'une feuille avec le limbe ... ; que les divisions ter- » minales du cvlindre-axe du tube nerveux moteur constituent, en s'ana- )i slomosant et se fusionnant, l'expansion terminale de substance finement » granuleuse. » » Mais comment s'établissent les connexions entre les dernières divi- sions visibles des fibres pâles et la substance d'apparence granuleuse? quels sont les éléments qui constituent cette couche de la plaque termi- nale, la plus importante de toutes, puisque c'est en elle que se fusionnent toutes les divisions du cylindre-axe, et que, de plus, c'est elle qui est en rapport intime, en contact immédiat, avec la substance contractile? C'est seulement dans l'hiver de 1880 que j'obtins une solution complète de ce problème délicat. Depuis cette époque, j'ai pu, à plusieurs reprises, dé- montrer aux auditeurs de mes cours au Muséum la véritable structure des plaques terminales motrices, à l'aide de projections de clichés photogra- phiques, images directes de mes préparations microscopiques. » Ce sont les planches phototypiques, reproduction exacte de ces cli- chés et de mes préparations, sans aucune retouche, et sans autre intermé- diaire que la lumière, que je mets sous les yeux de l'Académie. De leur examen on peut, je crois, conclure sans hésitation : i" que les plaques ( 700 ) terminales forment un tout compact et bien limité, ne présentant entre les éléments qui les constituent ni ces lacunes, ni ces intervalles vides que présentent les images des préparations au chlorure d'or {arborisations de Ranvier). Ces ramifications du cylindre-axe sont, jusqu'à leur terminaison ultime, juxtaposées, pressées les unes contre les autres. » Les divisions de premier ordre du cylindre-axe forment déjà par leurs anastomoses un plexus rétiforme à grandes mailles, d'où se détachent des ramifications de plus en plus fines qui forment, par leurs anastomoses plus serrées, des arcades (vues de profil) ou un réseau (vues de face) à mailles fermées. » Ce sont les images imparfaites de ces arcades ou de ces réseaux, ou celles de la coupe optique des filaments qui les forment, qui ont donné l'illusion de l'aspect granuleux ou de prétendus cils (Ciaccio, Krause). C'est en effet ce réseau terminus qui, en contact immédiat avec la sub- stance contractile, constitue en réalité la substance granuleuse, la pré- tendue semelle de la plaque. Il est de tous points semblable à celui que j'ai décrit comme lame nerveuse terminale de la plaque électrique de la torpille ; il est, de plus, son équivalent physiologique. Les plaques terminales repro- duites par les photographies ci-jointes proviennent, les unes (1880) des muscles costo-peauciers de Coluber natrix, les autres des muscles de la cuisse de Lacerta ocellata (1866) traités tantôt par l'acide chlorhydrique dilué au j^, tantôt par une solution saturée de sel marina 25 pour 100 et, dans ce dernier cas, soumis à un lavage assez rapide avec la solution au j~ d'acide chlorhydrique. Les muscles étaient pris sur l'animal vivant forte- ment curarisé. « ZOOLOGIE. — Sur les néinatodes des glandes pharyngiennes des Fourmis (Pelodera sp.). Note de M. Charles Janet, présentée par M. de Lacaze- Duthiers. « Les glandes pharyngiennes des Fourmis (^Formica rufa L., Lasiusjla- CMsFab., etc.) renferment, parfois en nombre considérable, des Rhabditis appartenant au sous-genre Pelodera Schn. » La cuticule chitineuse du pharynx des Fourmis constitue un squelette rigide, sur lequel vient s'insérer tout un système de muscles servant à lui imprimer les mouvements de dilatation et de constriction qui produisent l'aspiration et le refoulement des liquides nutritifs. Sa forme est aplatie ( 70I ) dans le sens dorso-ventral et sa partie la plus éloignée de la bouche forme latéralement deux angles où débouchent les deux glandes pharyngiennes (glandulœ verticis, Meinert, 1860, PI. I, fig. i et 2). Ces deux glandes ont chacune la forme d'un sac très ramifié. Chez la Formica rufa, ces sacs se divisent immédiatement en un grand nombre de tubes cylindriques dont une partie descendent devant les ganglions optiques, tandis que le plus grand nombre s'étalent au-dessus du cerveau et le séparent des téguments. Ces tubes s'étendent jusqu'au voisinage des ocelles. w Si l'on enlève avec soin les téguments de la partie supérieure de la tète, on met ces glandes à nu et en sectionnant le tube digestif d'un côté, prés de la bouche, de l'autre à sa sortie du trou œsophagien, on peut les enlever en même temps que le pharynx. Avant effectué cette opération sur une Formica rufa et ayant déposé la préparation dans une goutte d'eau, les deux, glandes examinées avec un faible grossis- sement se sont présentées sous la forme de deux bouquets de tubes d'un beau jaune, rappelant l'aspeijt d'une Actinie à nombreux tentacules qui serait légèrement contrac- tée, de manière à ne pas laisser voir sa bouche. La ressemblance était d'autant plus marquée que tous les tubes étaient animés de mouvements de flexion et de balance- ment. » L'examen fait à un plus fort grossissement me fournit immédiatement l'explica- tion de ces mouvements. Chaque tube était occupé par un ou plusieurs Rhabditis, dont il reproduisait tous les mouvements. Une légère pression sur la lamelle qui recouvrait la préparation suffit pour faire sortir environ une cinquantaine de ces parasites, tan- dis qu'il en restait encore un plus grand nombre dans l'intérieur des tubes. » J'ai fait la même opération sur un bon nombre d'individus pris dans le même nid artificiel. Tous m'ont fourni le même résultat : la colonie tout entière était bien réel- lement infestée. Malgré cet envahissement, les fourmis étaient en bon état et parais- saient bien portantes. » La même recherche, faite sur plusieurs individus de la même espèce mais pro- venant d'une autre localité et élevés dans un autre nid artificiel, demeura sans ré- sultat. )) L'habitat de ces parasites dans les glandes pharyngiennes des fourmis rappelle celui du Leptodera Jlexilis Duj., qui vit dans les glandes salivaires du Limax cinereus. » Pour obtenir en grand nombre les nématodes des glandes pharyn- giennes d'une Formica rufa, il suffit de dissocier sans aucune précaution particulière la tête d'un individu pris dans un élevage infesté de ces para- sites. Examinés immédiatement, ils montrent généralement une coloration jaune, produite par le liquide qui remplit leur tube digestif et qui n'est autre que le liquide sécrété par la glande qu'ils habitaient. )) Dans le nid artificiel qui m'a fourni ces Formica rufa infestées, il y ( 7"2 ) avait, au milieu d'une des chiimbres, un petit tas de détritus humides, où j'ai trouvé, également en grande abondance, des nématodes libres, sexués, beaucoup plus grands que ceux des glandes pharyngiennes et bien pourvus de produits génitaux. Les préparations me montrèrent aussi un grand nombre d'œufs et de très jeunes vers. Coupe transversale de la tête d'une Formica rufa, ouvrière- envahie par des nématodes. Gl. Tubes des glandes pharyngiennes. Nem. Nématodes logés dans ces tubes. Cer. Cerveau. Oc. Yeux. » Ainsi que je m'en suis assuré, les nématodes des glandes pharyn- giennes représentent un état larvaire des individus sexués vivant à l'état libre dans les détritus des nids. )) Pour isoler ces derniers en grand nombre, il suffit d'envelopper une petite quantité des détritus où ils vivent dans un linge fin mouillé, d'en former un petit nouet de la grosseur d'un pois et de le suspendre au con- tact d'une goutte d'eau placée sur une lame de verre. Au bout de quelques heures, la goutte d'eau est remplie de Rhahditis. M M. J.-G. de Mau et M. R. Blanchard ont examiné les Pelochra que m'ont fournis les Formica rufa. Il résulte de leur examen que ces nématodes constituent probablement une espèce nouvelle ( ' ). » J'ai encore trouvé des nématodes assez fréquemment dans les glandes (') En présence d'une réserve aussi rare que celle de M. Janet qui, trouvant une es- pèce dite nouvelle, ne s'empresse pas de la nommer, il est juste de la lui dédier. C'est donc Pelodera Janeli qu'on propose de dire, sauf cependant en tenant compte des observations que pourrait faire l'auteur de la découverte du uéraaloïde. H. de L.-D. ( lo^ ) pharyngiennes des Lastus flavits. Dans les nids artificiels où j'élève cette esjîèce, les néniatodes libres provenant des néniatodes des glandes pharyn- giennes se retrouvent principalement à la surface de la ouate qui garnit le petit abreuvoir ou les fourmis vont boire. » La dissociation de l'abdomen d'un certain nombre des Formica rufa ne m'a jusqu'ici fourni aucun nématode, même lorsque la tête des individus ainsi examinés en contenait un grand nombre. » Les Lasiusjlavus, sur l'abdomen desquels j'ai fait la même recherche, m'ont donné le même résultat négatif, sauf une seule ouvrière de cette espèce, chezqui j'ai rencontré un nématode relativementénorme (longueur du ver iG™"", longueur de l'abdomen de la fourmi où il était logé 2°""). Ce nématode paraît être un x\Iermis. » ZOOLOGIE. — Sur le polymorphisme du Feridinium acuminatum Ehr. Note de M. Georges Pocchet. « Pour aucun des êtres appartenant au groupe naturel des Péridiniens (auxquels il convient de joindre les Noctituques), on ne connaît le cycle complet ramenant une des formes observées à elle-même. On sait d'ail- leurs que les faits de multiplication observés chez ces êtres peuvent s'ac- compagner de modifications morphologiques considérables, comme nous l'avons montré sur la forme de Gymnodinium pulvisculus Nob., parasite des Appendiculaires. » Le Peridinium acuminatum Ehr. étant apparu momentanément en extrême abondance dans les eaux de la baie de Concarneau (août i8g3), nous avons tenté un essai de culture, qui a en partie réussi, et nous a per- mis de constater que cette espèce, comme Nocliluca miliaris et Gym- nodinium pulvisculus, présente un polymorphisme des plus complexes, au point de troubler complètement les groupements taxonomiques adoptés jusqu'ici pour les Péridiniens. » La figure ci-jointe indique schématiquement les formes diverses sous lesquelles Peridinium acuminatum Ehr. s'est montré à nous, et leur suc- cession. » Nous avons vu, dans nos cultures, Peridinium acuminatum Elir. (A) aban - donner presque aussitôt son test et prendre la forme sphérique et immobile repré- sentée en B. Dans cet état, B est enveloppé d'une membrane kystique très mince, G. H., 1893, 2- Semestre. (T. CXVII, N° 21.) 94 ( 7o4 ) d'où il peut sortir sous la forme nue et mobile C qui devrait, en raison de ses carac- tères, être rapportée au genre Gymnodiniinu. » Suivant une autre évolution, la forme sphérique et immobile B peut prendre l'ap- parence D, que nous avions observée déjà et décrite sous le nom de Glenodinium turbo Noh., remarquable par une enveloppe kystique éloignée du corps de l'être, mais en reproduisant cependant la configuration générale. L'être abandonne ce kyste sous une forme gymnodiniale E, très différente de C. 11 est possible, mais nous n'en avons pas pu acquérir la certitude, que, sous cette forme, P: acuminatum Ehr. reproduise son test polyédrique, dont l'épaisseur serait d'abord très mince, les angles émoussés et les contours indécis (E'). Ce serait un retour à la forme A sans perte de volume. » Suivant une troisième évolution, B peut se segmenter et donner naissance à deux êtres sphériques et immobiles, F homœomorphes de B. La forme F à son tour nous a présenté trois modes différents d'évolution et de transformation : i° elle peut donner «n Gymnodinium H, homœomorphe de C, mais d'un volume moitié moindre; 2° (dou- teux?) elle peut s'envelopper d'un test solide (I) tout semblable à A, mais de volume moitié moindre; 3° elle peut se segmenter en deux êtres sphériques, homœomorphes de F et de B, et dont nous n'avons pu suivre l'évolution. Nous avons des raisons de ( 7o5) penser qu'il peut en sortir un Gymnodinium homœomorphe de H (et par conséquent de C), mais de volume moitié moindre. » En somme, notre culture nous a mis en présence de huit formes k, B, C, D, E, F, H, J, au moins, sous lesquelles P. acuminatum Ehr. s'offre à nous, et dont trois tout au moins, C, E, H, devraient prendre place dans un genre différent, d'après la classiQcation actuellement admise pour les Péri- diniens. )) Il convient d'observer que C et H d'une part, B, F et J d'autre part, sont des formes en réalité distinctes bien qu'homœomorplies, H n'étant jamais appelé à grandir et à devenir C. De même pour J, F, B; de môiTie pour I et A. Nous avions déjà montré, dans G. pulvisculus, un exemple remarquable de cette régulière et rapide décroissance de volume chez les individus issus de segmentation, tout à fait comparable à la décroissance de volume des premières sphères de segmentation du vitellus des Méta- zoaires. » GÉOLOGIE. — Sur l'extrémité nord-est du massif du mont Blanc. Note de MM. L. Duparc et L. SIrazec, présentée par M. Fouqué. « Dans une précédente Note, nous avons donné la description pétro- graphique des éclogites du Greppon et de Trient. Depuis lors, nous avons continué nos recherches sur ces roches basiques, et d'une manière géné- rale sur le versant nord-est du massif du mont Blanc. Ce versant, relati- vement moins couvert de glaciers que les parties centrales du massif, montre admirablement le contact de la protogine avec les roches cristallines. Celui-ci, après avoir remonté de l'Angle (mer de glace) sur l'arête qui va de l'Aiguille du Bochard aux Grands Moutets, se continue par les Rachasses et le glacier d'Argentières, traverse ce dernier, passe sous l'ai- guille du Chardonnet et le massif du Tour et de là descend dans la gorge de Vesvet, puis il traverse le glacier de Trient pour aboutir au Durnant où la protogine atteint sa limite nord. » Le contact paraît être souvent fdonien, comme on le voit très bien dans le petit vallon de Vesvet, oîi il est identique au contact sous les Grandes Aiguilles. )} Du Col de Balme jusqu'à Vesvet, après avoir successivement traversé les calcaires gris du lias et la mince bande de cargneule triasique, on quitte les terrains sédimentaires pour pénétrer dans les micaschites granulitisés ( 7"<^ ) et protoginisés qui passent par place à des faciès franchement gneissiques (gneiss du bois à Magnin d'Alphonse Favre). Ce type se poursuit du Col de Balme jusqu'au Chalet des Grands, il a comme limite sud-est le vallon de Jorneretta et au sud-ouest le petit vallon situé entre les pâturages des Grands et les rochers de la Croix de Bron. Ces gneiss se retrouvent aussi dans les pâturages de Pétoude. » Le glacier des Grands est séparé en deux bras par un massif rocheux dans lequel on observe des puissants fdons d'une granulite à mica blanc qui traverse les schistes. L'un de ces bras donne naissance à la Jorneretta, l'autre au torrent du grand Jarret. Ces mêmes granulites se retrouvent dans les rochers qui bordent la rive droite du glacier qui descend dans le vallon de Vesvet. » Ces granulites ont un aspect très particulier. Elles se distinguent de suitede celles qui percent la protogine. Généralement riches en microcline, elles traduisent leur abondance en minéralisateurs par la fréquence de la tourmaline. Ces granulites passent par place au type pegmatoïde : c'est à elles qu'il faut rattacher les grandes lentilles pegmatoïdes incluses dans les schistes, qui sont si fréquentes dans le massif de Trient. » Dans l'arête rocheuse qui monte des Aulannes de Pétoude au Pissoir (point coté 2778 sur la carte Sigfried), et qui forme la paroi ainsi que la rive gauche du glacier de Vesvet, nous avons retrouvé e/iyo/ace les éclogites signalées par A. Favre et étudiées par nous ensuite, mais dont la position exacte, à notre connaissance du moins, n'a jamais été déterminée. Ce gi- sement est curieux, les amphibolites etéclogiles ne présentent pas de stra- tification apparente : ce sont de simples lentilles, enveloppées par de la granulite éruptive qui les disloque visiblement, sans toutefois donner naissance aux phénomènes d'injection et de résorption visibles en d'autres endroits, notamment à la base des Grandes Aiguilles. » Toutefois l'abondance en quartz granulitique observable dans certaines variétés de ces éclogites, et la présence chez elles de certains minéraux caractéristiques des rochers acides semblent montrer que, si l'action de la roche éruptive n'a pas été aussi manifeste que sur d'autres points, elle n'est cependant pas absolument nulle » ( 707 ) GÉOLOGIE. — Sur l'origine des Alpes du Chablais et du Slockhorn, en Savoie et en Suisse. Note de M. Ha\s Sciiardt, présentée par M. Daiibrée. « Les chaînes calcaires du versant nord des Alpes présentent, entre les vallées de l'Arve et du Giffre en Savoie et celle de l'Aar en Suisse, un se£;ment intermédiaire (Préalpes romandes de M. Renevier, zone du Cha- blais de M. Diener) qui montre un contraste frappant avec les régions voisines. » Les plis des Alpes d'Unterwald, au nord-est de l'Aar et ceux des Alpes du Faucigny, au sud-ouest du Giffre et de l'Arve, ne sont pas la continua- tion géologique des plis de cette zone, bien qu'elles en forment le prolon- gement topographique. Tout le long de cette zone, le flysch (éocène) de bordure est refoulé au-dessus du miocène, tandis que sur ce flysch se su- perposent, par contact anormal, tous les terrains du trias au flysch, en sé- rie normale, la largeur de ce recouvrement étant au moins de lo""". Le long des Alpes d'Unterwald et des chaînes du Faucigny, on trouve, au contraire, des contacts normaux ou de simples renversements entre le crétacique et le tertiaire. » Dans la zone du Chablais, les plis sont souvent remplacés par des chevauchements, qui, en se multipliant, créent une structure imbriquée, tandis que dans les Alpes d'Unterwald et de leur prolongement les plis sont caractérisés par la rareté des ruptures et la fréquence des plis déjetés ou couchés en forme de lacets. » Enfin le contraste le plus frappant existe dans les faciès des terrains, surtout par la série crétacique et tertiaire. On peut dire que, du Chablais au Stockhorn, cette chaîne se présente comme an morceau de terre étran- gère, au milieu de la bordure calcaire des A Ipes. » Cette anomalie, restée jusqu'ici énigmatique, se rattache, d'ailleurs, à d'autres problèmes d'une portée non moins vaste, tels que l'origine du flysch et de ses blocs erratiques, ou encore celle des klippes, de ces grands lambeaux à faciès étranger, qui reposent, avec du trias à leur base, au mi- lieu d'un entourage de terrains plus récents. L'interprétation qui me paraît aujourd'hui préférable consiste à envisager toute la région du Chablais et du Stockhorn comme une vaste masse de recouvrement. » Mes propres études, poursuivies depuis plus de douze ans, m'ont prouvé que tous les mouvements tectoniques ont agi, dans la région du Cha- ( 7o8 ) biais, (lu sud au nord. Les mouvements inverses sont de simples réactions d'une importance secondaire. L'étude des faciès montre également que le recouvrement, s'il a eu lieu, n'a pu venir que du sud. » Le massif du Rhœtikon, formé de terrains triasiques et liasiques qui reposent sur le flysch et le crétacique des plis bordant les Alpes, tandis qu'au sud il s'appuie contre le massif cristallin de la Silvretta, peut alors nous représenter, en quelque sorte, la position de la zone du Chablais avant qu'elle se fût détachée du massif cristallin, qui jadis lui servit de base et qu'elle a laissé loin derrière elle au sud. On peut même se demander si la zone du Chablais ne serait pas simplement une continuation de la nappe de recouvrement du Rhœtikon, un segment de celle-ci qui se serait avancé plus loin vers le nord. Les lambeaux sans racines des Mythen, du Stan- zerhorn, etc., en Suisse, les Aimes et le mont Salève en Savoie, seraient des restes de la continuation orientale et occidentale de cette nappe. » En opposant cette hypothèse à ma première manière de voir, la théo- rie du horst ou de la chaîne vindelicienne, je la trouve préférable à plu- sieurs points de vue. » Le charriage, même sur la distance énorme de 40'"° à So'^'" qu'il fau- drait admettre, suppose un mécanisme bien plus simple que celui d'un horst, d'abord surélevé, puis érodé et affaissé ensuite, sans compter que rien n'explique, dans ce dernier cas, la différence de faciès des terrains du Chablais. Cette hypothèse, d'une grande nappe de recouvrement ayant avancé du centre de la chaîne des Alpes par-dessus la zone latérale nord, peut en même temps expliquer la formation du flysch. Le mouvement de cette nappe doit avoir commencé déjà avant la formation de ce terrain, qui s'est constitué précisément en profitant de ses débris. Le dernier plisse- ment des Alpes a jeté une partie de cette nappe encore plus au nord, par- dessus la zone du flysch et la zone du Faucigny-Underwald, jusqu'au contact des terrains miocènes et même plus loin (Niremont-Gurnigel). » Cette hypothèse me force, par sa simplicité même, h abandonner ma première hypothèse. Elle explique la ressemblance de la brèche juras- sique de la Hornfluh et du Chablais avec la formation bréchiforme du Briançon. Cette brèche jurassique forme elle-même des nappes de recouvre- ment assez étendues et des lambeaux plus petits, reposant sur le flysch et le cré- tacique de la zone du Chablais, soit en Chablais même, soit dans la région du Simmenthal. » Elle explique encore l'analogie des roches cristallines du flysch avec celles des massifs du versant sud des Alpes; enfin les lambeaux cristallins ( 709 ) plus grands, le carbonifère de Tanninges et les lambeaux permiens, ne sont probablement que des débris plus volumineux entraînés par la nappe de recouvrement pendant qu'elle « rabotait » son soubassement. Leur faciès rappelle tout à fait soit la protogine du mont Blanc, soit des roches cris- tallines de régions encore plus au sud, en particulier les roches basiques. » Il y a, on le voit, deux phénomènes qui paraissent étroitement liés : la formation du flysch et les grands recouvrements. S'il en est ainsi, le problème trouvera la même solution, non seulement en Suisse et en Savoie, mais dans toutes chaînes du système alpin où existe la formation du flysch, avec ses blocs erratiques, ses klippes et ses îlots sans racines. L'avenir mon- trera si mes prévisions doivent se réaliser. )) En i885 j'écrivais, à propos des grands blocs ou klippes dans le flysch ('): ... » Pour eux la théorie du transport par les glaciers est la seule qui » puisse être invoquée, à moins qu'il ny ait des forces ou des phénomènes » dont la portée nous est encore inconnue, comme l' était celle du phénomène » glaciaire avant de Charpentier et Venetz. » » Ce phénomène, que je pressentais sans pouvoir le définir, nous le connaissons maintenant, grâce surtout aux beaux travaux de M. Marcel Bertrand : c'est le déplacement horizontal de nappes sédimentaires qui se meuvent, en profitant surtout des terrains friables et plastiques, tels que les dolomies et gypses du trias. M. Bertrand, en le démontrant dans la Provence, comme dans le bassin houiller du nord et en Ecosse, a fait pour ce problème ce que Cliarpentier a fait en formulant l'hypothèse de l'époque glaciaire. » PALÉONTOLOGIE. — Découverte d'un nouveau dépôt préhistorique magda- lénien dans la vallée de la Vézère. Note de MM. Paul Girod et Elie Massénat, présentée par M. Albert Gaudry. « ha formation magdalénienne de la Vézère est bien connue par l'étude approfondie du dépôt qui s'étend de Gorge d'Enfer à Laugerie Haute, en passant par la station classique de Laugerie Basse (-). Elle est caractérisée (') Matériaux pour la carte géologique de laSuisse, t. XXII, p. 210. (*) P. Girod biMassénat, Les Stations de l'Age du.Renne dans les vallées de la Vé- zère et de la Corrèze. Paris, 1890-1893. ( 7IO ) non seulement par son industrie où figurent les harpons barbelés, mais surtout par les gravures et les sculptures. » Entre cette formation, où les manifestations artistiques sont si déve- loppées, et \i\ formation solutréenne du Laugerie Haute, il n'existait aucun intermédiaire, et il était impossible de concevoir les affinités réelles de ces deux formations. Notre dernière campagne, entreprise avec une impor- tante subvention de l'Association française, nous a mis en possession d'une industrie humaine qui rattache étroitement le solutréen au magdalénien et permet d'assister aux premiers essais, substituant aux pointes de silex les armes fabriquées avec le bois de renne. » C'est dans le cirque de Gorge d'Enfer que nous avons fait cette trouvaille. Rappelons que, sur ce point, le magdalénien qui remplissait la Grande Grotte se poursuit sous une galerie éboulée où nous avons exploré d'importantes stations. Le plancher de cette galerie est bordé par une prairie qui forme le fond du cirque. Or ce plancher constitue le plafond d'une galerie plus profonde qui disparaît sous les haies de ronces et d'é- pines, comblée en partie par les pierres rejelées du champ voisin. Nous avons voulu savoir ce que cachait cette galerie, et une large tranchée nous a permis de découvrir, sur plus de lo*", une couche vierge de rema- niements. » L'exploitation de cette couche nous a révélé une industrie spéciale, représentée par d'innombrables silex et par de nombreux instruments en bois de renne. Le travail du silex y est superbe : grattoirs simples, grattoirs effilés pour l'emmanchure, grattoirs doubles, lames tranchantes de toutes dimensions, lames incurvées, toutes les formes s'y trouvent, avec un fini qui dépasse de beaucoup celui des stations laugériennes; mais nous devons signaler le grand nombre de lames retouchées sur les bords, par de fins éclats, qui rappellent le travail solutréen; les tran- chants sont égalisés et la pointe est très aiguë. De plus, cette station nous a donné une forme de grattoir absolument nouvelle pour la vallée de la Vézère : ce sont des grattoirs incurvés sur un bord. I^es nombreuses pièces que nous possédons ne laissent aucun doute sur la forme voulue de l'instrument, taillé pour être manié par une seule main, droite ou gauche. Ce grattoir a 10"=" à 12*"" de longueur; large et arrondi dans la partie destinée au travail, il s'incurve, grâce à une entaille faite par l'en- lèvement d'éclats sur un de ses bords; cette entaille répond à la place de l'index; elle est à droite sur les grattoirs destinés à la main gauche, à ( 7" ) gauche sur les grattoirs opposés. L'extrémité du manche, phis grêle, est arrondie pour reposer dans la paume de la main. » A ces silex si parfaits, s'oppose un travail de l'os rudimentaire ; nous n'avons relevé ni sagaies, ni flèches barbelées, ni dessins, ni gravures. Les pièces recueillies sont des pointes d'une forme particulière et quelques grossiers instruments en bois de renne, perçoirs, spatules, coins, pha- langes de renne percées. » Les pointes en feuille de laurier, fabriquées en bois de renne, méritent ce nom, car elles rappellent exactement par leur forme \ep> pointes solu- tréennes en silex. Comme elles, elles sont de dimensions variables; la plus longue atteint iS*^"", les plus courtes en ont 6 à 8. Toutes sont également aplaties, très aiguës à une extrémité, se renflant plus ou moins brusque- ment pour présenter une région large, et s'atténuent de nouveau pour l'emmanchure. C'est cette dernière extrémité qui est divisée longiludi- nalement, parallèlement aux faces, par uneincisure découpe triangcdaire, qui permettait l'introduction, entre ses deux lèvres, de l'extrémité du manche découpé par un double biseau. La constance de la forme de cette disposition, l'allure générale de l'inslrument montrent une affinité pro- fonde avec la pointe en silex de la période précédente; l'emmanchure seule diffère pour se plier aux nécessités d'emploi de matières premières si différentes. » La faune est magdalénienne : signalons une mâchoire de Felis spelœus et une incisive du même animal, avec trou de suspension. » Des pointes de la forme en feuille de laurier de Gorge d'Enfer ont été trouvées dans plusieurs dépôts magdaléniens, à Laugerie, à Cro-Magnon, à Auriguac, à Chàtelperron, mais elles n'ont pas été signalées comme fai- sant partie d'un ensemble déterminé. » Notre découverte d'une station si bien délimitée, si précise par l'in- dustrie que nous venons de décrire, nous permet de séparer du magdalé- nien une zone inférieure, caractérisée par ses grattoirs incurvés en silex et ses pointes en bois de renne, feuille de laurier, zone qui établit le pas- sage direct entre le solutréen, de Laugerie Haute et le magdalénien de Laugerie Basse. » C. R.,1893, i- Semestre. (T. CXVII, N° 21.) 9^ ( 7Ï2 ) HYDROLOGIE. — Sur la variation de la composition de l'eau des lacs avec la profondeur. Note de M. A. Delebecque, présentée par M. Daii- brée. « On a, jusqu'à présent, admis que l'eau d'un même lac avait partout la même composition chimique. Cette assertion, fondée sur des raisonne- ments théoriques, est loin d'être exacte. » Mes recherches ont porté sur six lacs : ceux d'Annecy, d'Aiguebelette (Savoie), de Nantua (Ain), de Saint-Point et de Remoray (Doubs), et du Crozet (Isère). Ce dernier Idc se trouve dans le massif de Belledonne, à l'altitude de 1970™ environ. Quant aux autres, je les ai déjà décrits dans les Comptes rendus (' ). » J'ai trouvé que, dans tous ces lacs, la quantité de matières dissoutes par litre, déterminée par évàporation au bain-marie dans une capsule de platine et dessiccation dans l'étuve à iio", était, pendant la saison chaude, sensiblement moindre dans les eaux superficielles que dans les eaux profondes. Le Tableau suivant permet de se rendre compte de la dif- férence. » Lac d'Annecy (prise faite le 18 aoùL iSgS). — • Surface oS'',i38 par litre; fond (2) 65", os^iô;. w Lac d'Aiguebelette (20 juillet et 19 août). — Surface oe'',it4; 5™, o"'',ii4 ; i5'", oS"',i53; fond 71™, oS^iôoS. » Lac de ISantua (22 octobre). — Surface oS'',)54 ; 10™, oi"',i54; i5™, oS', 178; 20", 05', 186; fond 43", oS^l90. » Lac de Saint-Point {it\ octobre). — Surface os^iiSî; fond !\o™, os'',i82. » Lac de Remoray (i4 octobre). — Surface oS'jiGoS; i5", oS'',i8o; fond 27™ OS'',2o5. » Lac du Crozet (8 juillet). — Surface o5'',o275 ; fond 37™, os'', o368. » La différence est surtout frappante pour les lacs encaissés ou peu al- longés (Aiguebelette, Nantua, Remoray), où le brassage des eaux par les courants est faible et où, comme je l'ai déjà fait voir, la chaleur ne pé- (') Comptes rendus, 22 décembre i8go et 4 janvier 1892. (-) L'eau a été prise à 3™ ou 4'° au-dessus du fond ))Our éviter rintroduction de la vase dans la bouteille de Mill. ( 7i3 ) nètre pas flans les couches profondes (' ). Pour le lac d'Aiguebelette, les chiffres extrêmes sont presque dans le rapport de 2 à 3, rapport bien su- périeur à celui trouvé pour l'eau de mer [8,79 à 3,98 pour la Méditer- ranée (')]. La variation porte sur la chaux et la silice, la quantité de magnésie restant sensiblement la même (lacs d'Aiguebelette et de Remo- ray). L'eau de l'émissaire (mêmes lacs) a la même composition que l'eau de la surface. » Les eaux ayant été recueillies pendant l'été et l'automne extraordinai- rement secs de 1 893, il est impossible d'admettre que ce phénomène soit dû au mélange des eaux superficielles avec les eaux pluviales. Il n'est pas dû non plus à l'apport des affluents, car leur débit a été, pour certains lacs, insignifiant. Il n'y a pas davantage précipitation chimique par suite du réchauffement des couches superficielles, car l'eau du fond (4" à 6°), maintenue pendant longtemps à une température supérieure à celle de ces couches (20° au maximum), n'a donné aucun précipité. Je pense avec le D'' Duparc, de l'Université de Genève ('), qu'il y a absorption de ma- tière, et principalement de carbonate de chaux, par la vie organique, plus intense à la surface que dans les profondeurs. » Il est probable que, pendant l'hiver, la différence signalée s'atténue considérablement, car, d'une part, les eaux superficielles, par suite du re- froidissement, s'alourdissent et tombent pour se mélanger avec les eaux profondes; d'autre part, la vie organique se ralentit. Je me propose de poursuivre cette étude l'hiver prochain. » j M. Franz Lesska adresse une Noterelatite à une formule d'intégration. M. C.-G. LosADA adresse une Note relative aux expériences de MM. Gley et Charrin, sur « Les influences héréditaires expérimentales ». A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 5 heures et demie. J. B. ■ (') Comptes rendus, Li janvier 1892. (-) J. LuKSCH, Physikalische Untersuchungen iin OEsllichen Mittelmeer. Vienne, 1892. (') Comptes rendus, i"'' février 1892. ( 7'4 ) BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du i3 notembrk iSgS. Traité de Zoologie, par Edmond Perrier, Membre de l'Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle. Fascicule III : Arthropodes et Vers. Paris, F. Savy; i br. in-8". (Présenté par M. Edmond Perrier.) Revue maritime et coloniale, couronnée par l'Académie des Sciences, le 28 décembre 1874. Tome CXIX. INovembre 1893. Paris, Baudoin; 1 vol. in-8°. i 1 Description des machines et procédés pour lesquels des bievets d' invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet i844. publiée par les ordres de M. le Ministre du Commerce et de l'Industrie. Années 1889-1890. Paris, Imprimerie nationale; 7 vol.in-4°. La synthèse de l' Univers. Essai par J. Daudel, membre de plusieurs So- ciétés savantes et correspondant de la Revue homéopathique française. Montpellier, Ricard frères, iSgS; i vol. in- 18. The life-romance of an algehraist, by George-Winslow Pierce. Boston, Cupples; I vol. in-8°. (Présenté par M. Brown-Séquard.) Upsala Universitets Arsskrift, 1892. Upsala; x vol. gr. in-8". ERRATA. (Séance du i3 novembre 1893.) Note de M. Salvador Bloch, Mesure du pouvoir absorbant pour la lu- mière, etc. : Page 662, ligne 10, au lieu de pour ces faibles incidences, lisez pour les faibles incidences. Même page, ligne 24, au lieu de lumière réfléchie par la force, lisez lumière réflé- chie par la face. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILLA RS liT FILS, Quai (les Grands-Augusiins, n° 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS liebdimiadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils lorineiit, à la Bri de l'année, deux volumes m-4''. Deux ij Tables, l'une par ordre alphabétique do matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Autours, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le i)rix (if l'aboiinenient est fixé ainsi ijn'it sinl : Paris : 20 fr. — Départements : 30 Ir. — Union postale ; 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen Michel et Médan. iGavauil Sl-Lager. Jourtian. Ruir. Amiens Hecquel-Decoberl. i Germain elGrassin. ^ '* f Lachéseel Dolbeau. Bayonne Jérôme. Hesançon Jacquard. iAvrard. Duthu. Muller (G.). Bourges Kenaud. / Lefouriiier. Brest. Caeii . V. Uobert. J. Kobert. V Uzel Caroir. Baër. Massif. Chambery Perrin. ^u t ( Henry. Cherbourg.. . . ' ^ Clermonl-Feri Marguerie. ) Rousseau. ( Ribou-Collay. iLanjarche. Ratel. Damidot. Douai jLauverjal. I Crépin. Dijon. \ Drevet. I Gratier. La Hochelle Kouclier. Bourdignon. Donibre. Marchai. Lille ! LeCebvre. Quarré. Grenoble Le Havre. \ Lorient. Montpellier . chez Messieurs : \ Baiimal. ( M"" lexier. Bernoux et Cumin. Georg. Lyon < .Mégret. Palud. Ville. Marseille Ruai. ( Calas. i Coulcl. Moulins Martial Place. / Sordoillel. Nancy Grosjean-Maupin. ' Sidol frères. \ Loiseau. ( M"° Veloppé. ( Barrna. ( Visconli et C". Mimes Tliibaud. Orléans Luzeray. ^ Blanchier. ( Druinaud. Tiennes Plihon et Hervé. Rochefort Girard (M""). ^ Langlois. ( Lestringanl. S'-Étienne Chevalier. ( Bastide. ( Runiébe. ( Gimct. i Privât. i Boisselier. Tours j Péricat. ' Suppligeon. ( Giard. ( Lemaitre. Nantes Nice Ni me Orléa foitiers.. Rennes Rochef' Rouen. S'-Étie Toulon. . . Toulouse- Tours Valenciennes.. Bucharest . chez Messieurs : . , , ( Feikema Caarelsen Amsterdam ( et C-. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. [ Asher et C". „ , I Calvary et C'". Berlin ,, , tnediander et uls. Mayer et Muller. 2erne ' Schmid, Francke et Bologne . Zanichelli et C'". Ramlot. Bruxelles ' Mayolezet Audiarlc. ( Lebégue et C'". \ Haimann. f Runisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Ueighton, BelletC". hristiania Cammernieyer. 'onstantinople. . Otto Keil. openhague Host et lils. 'lorence Lœscher el Seeber. Gand Hoste. énes Beuf. I Cherbuliez. Genève . ' Georg. Stapelraohr. f,a Haye Bel in fa nie frères. ^ lienda. / Payol. Barth. Brockhaus. eipzig ■ Lorentz. Max Rube. Twietmeyer. ( Desoer. ( Gnusé. Lausanne.. Liég Londres . . . . Luxembourg Madrid .... chez Messieurs : ( Dulau. ) Nuit. V. Buck. Libr. Gutenberg. Fuentes et Capde- ville. Gonzalés e hijos. F. Fé. Milan * Durnolard frères. ( Hœpli. Moscou Gautier. [ Furcheim. Naples Marghieri di Gius. [ Pellerano. ( Chrislern. New- York Stechert. ' Weslerinann. Odessa Rousseau. Oxford Parker el C". Païenne Clausen. Porto Magalhaès. Prague Rivnac. Rio- Janeiro Garnier. j Bocca frères. ( Loescheret C'*. Rotterdam Krarners et fils. Stockholm Sanison et Wallin. ^ Zinserling. / Wolir. Rome . S'-Pétersbourg. Turin . Vienne. Bocca l'rères. Brero. Clausen. Rosenberg elSellier Varsovie Gebethner el Woll]. Vérone Drucker. Frick. Gerold el C". Ziirich Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes I»' à 31. — (3 Août i835 à 3i Décembre i85o. ) Volume 10-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61.— ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91.— (i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomel: Mémoire sur quelques points delà Physiologie des Algues, par MM. A. Derbes el A.-J.-J. Solier.— Mémoire sur le Calcul des Perturbations qu'éprouvent les t-omeles, par M. Hanses.^ Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières grasses, par M. Claude Bernard. Volume in-4'', avec 32 planches; i856 15 fr. Tome II : Mémoire sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Benedem. — Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en iS5o par l'Académie des Sciences pour le concours de i853, et puis remise pourcelui de iSS*), savoir : « Étudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- • mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. — Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. — Rechercher a nature » des rapports qui existent entre l'étatactuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4°, avec 27 planches; 1861.. . 15 fr. A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. W 21. TABLE DES ARTICLES. (Séance d., 20 novembre 1893.) MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DKS MEMHKES ET DES CORUESPONDANTS DE L'ACADEMIE. Pages M. H. MoissAN. - Sur un nouveau modèle (ie four clcelrique à i"(jverbère et à élec- trodes mobiles 67C1 M. A.. Cayi.ky adresse le VI° Volume de la rollectioii inlilulëe " The Collecled matlie- Pages. uiatical l'apers ol Arthur Cayley " 683 iM. CoTTE.\ti fait hommage à IWcadémie d'une nouvelle livraison de la « Paléon- tolosie Cranraise " li.S.l MEMOIRES PRESENTES. M. L. Su.MZEi'. à l'occasiûii d'une Note de I .M. //an/y, rappelle à l'.Vcadéniie son appa- i-eil destiné à la recherehe du i;risou.... (Î83 AI. G. Cii.\ssY adresse une rectification à son Mémoire sur un système d'aubes articulées pour bateau.x 'is ) CORRESPONDAIVCE. M. le Secrétairk perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspon- dance, un Ou\raf;e de M. Alfred Ditte. . .M. G. KiENiGS. — Sur les équations au.v fonctions mêlées et un problème de lignes géodésiqnes M. Paul Painlkvé. — Sur les équations dif- férentielles du second ordre à points cri- tiques fixes M. G. Claude. -- Sur les moyens d'aug- menter la sécurité des distributions à cou- rants alternatifs de haute tension MIM. \. Ditte et K. .Metzneu. — Action cvercée par quelques métaux sur des so- lutions acides de leurs chlorures M. lî.M. Mer. — Aloyen de préserver les bois de la vermoulure M. L. LiNDET. — Sur le développement et la maturation de la pomme à cidre .M. Cii. Rouget. — Sur la structure intime uai des Grands-Augusiins, 55. 1893 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans les séances df.s aS juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comr)fes ren/fit^ hebaomadaires des séances de \ Les Programmes des prix proposés par l'Acadér l'Académie se composent des extraits des travaux de } sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes , ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autaiii pré^jntés par des savants étrangers à l'Académie. 1 que l'Académie l'aura décidé. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feudles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article l*^ — Impressions des travaux de l'Académie. J^es extraits des Mémoires présentés par un Membre ou par un Associé étrangerdel'Académie comprennent au plus G pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o j)ages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personne^ qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré sumé qui ne dépasse pas 3 pages. lycs Membres qui présentent ces Mémoires soni tenus de les réduire au nombre de pages requis. I.i Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaiies ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ds le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimeiie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans le Compte rendu Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par ' actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu ava- les correspondants de l'Académie comprennent au vant, et mis à la fin du cahier, plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent d^ns le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Couver. -ement. Articles. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les léposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5''. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SÉANCE DU LUNDI 27 NOVEMBRE 1895, PRÉSIDENCE DE U. DE LACAZE-DUTHIERS. MÉMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes adresse ampliation du Décret par lequel le Président de la République approuve l'élection de M. le D' Potain, dans la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de feu M. Charcot. Il est donné lecture de ce Décret. Sur l'invitation de M. le Président, M. Potain prend place parmi ses Confrères. MÉMOIRES PRÉSENTÉS. M. Ulrich Duiiring adresse une réclamation de priorité au sujet de la « loi des températures correspondantes des vapeurs saturées ». (Commissaires : MM. Fizeau, Cornu, Sarrau). G. K , iSgî. Q- Semestre. (T. CXVII, N° 22.) 9° ( 7i6) CORRESPONDAIVCE . M. le Ministre des Finances, par l'entremise de M. le Minisire de l'Instruction publique, invite l'Académie à désigner deux de ses Membres pour faire partie de la Commission de contrôle de la circulation monétaire, en remplacement de MM. Troost et Schûtzenberger, dont les pouvoirs sont sur le point d'expirer. M. le Maire d'A^ngers invite l'Académie à se faire représenter à l'inaugu- ration de la statue de Chevreul, qui doit avoir lieu le 3 décembre prochain. ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur l' enregistrement des éléments variables du Soleil. Note de M. H. Deslandres, présentée par M. Tisserand. « La méthode du spectroscope à deux fentes mobiles a été indiquée par M. Janssen en 1869 pour la photographie des protubérances; mais elle n'a pu au début leur être appliquée à cause de la très faible sensibilité des plaques pour la raie rouge de l'hydrogène. » En 1891, M. Haie, d'abord, et moi-même ensuite, avons annoncé, d'après des recherches indépendantes, que les raies violettes H et K du calcium assurent la photographie des protubérances; j'ai indiqué de plus qu'un spectroscope de très faible dispersion pouvait être employé, qualité toute spéciale à ces raies et précieuse, comme on le verra plus loin. » Mais le spectre des taches Aoilées de rose et des facules offre, au milieu des larges raies noires H et K, une raie brillante qui est simple avec une faible dispersion, et qui, avec un appareil plus puissant, se dé- double et apparaît renversée. Cette raie brillante annonce une flamme gazeuse au-dessus de la faculc. J'ai présenté ce résultat et cette interpré- tation à l'Académie le 8 février 1892, en indiquant son application à la recherche des flammes projetées sur le disque, et l'usage du spectroscope à deux fentes. Presque en même temps M. Haie présentait des résultats presque semblables, mais sans les interpréter de cette manière et sans annoncer la raie noire centrale. J'étudiais alors la distribution des flammes sur le disque, avec un simple spectroscope ordinaire, en déplaçant à la main la plaque et en même temps le Soleil sur la fente, de quantités égales. ( 71? ) J'ai reconnu ainsi que ces flammes, qui sonl des protubérances, formaient en avant et en arrière de la grande tache de février une série continue, et constituaient un véritable anneau dans l'atmosphère solaire. Ce résultat est le premier dû à la nouvelle méthode qui ait été publié (Comptes rendus, i4 mars 1892). M. Haie, de son côté, faisait mieux encore pour Fétudedes formes, en réalisant un spectroscope automatique à deux fentes et à mou- vement continu, qui donne l'image des flammes sur le disque entier. Enfin, j'ai obtenu cette année les crédits nécessaires à la construction de cesspec- troscopes spéciaux et réclamés dès le premier jour. Je présente à l'Académie les premiers résultats obtenus, qui différent de ceux publiés par M. Haie. » Tout d'abord je maintiens ma première interprétation qui est seule admissible. M. Haie considère les raies brillantes comme dues aux facules elles-mêmes et appelle les photographies correspondantes photographies de facules. Mais les facules sont par définition les plages brillantes de la sur- face solaire et correspondent aux parties élevées de la photosphère. La raie brillante ne peut qu'annoncer une flamme gazeuse au-dessus de la facule. Il n'y a pas, d'ailleurs, comme l'écrit M. Haie, identité entre les formes des flammes et des facules, mais accord général, et cela est tellement vrai que les flammes apparaissent souvent au-dessus des taches qui sont le contraire des facules. D'après mes recherches, il est plus juste de dire que les facules sont comme un squelette auquel les flammes se fixent en le recouvrant. De plus, les raies brillantes offrent, quoique très rarement, de petits déplacements par rapport aux raies noires; ce qui implique la séparation avec la facule. En résumé, je propose à la place du nom de fa- cule, celai de flamme faculaire qui est en accord avec les laits et évite toute confusion. » Ces flammes sont ^^des protubérances projetées sur le disque. Elles en ont la composition, l'hydrogène apparaissant uni au calcium dans les taches voilées de rose, et dans les renversements partiels des facules. L'analyse de la raie du calcium dans les protubérances permet de prévoir le renversement double au-dessus des facules ; cette raie est en effet large et intense à la base des protubérances, mince et faible à la partie supérieure; lorsque la protubérance est sur le disque, la partie basse la plus intense donne la raie large, dont le centre est absorbé par la partie supérieure. » D'autre part, d'après les photographies nombreuses faites à Stonyhurst, Chicago et Paris, ces raies du calcium, très neltes au-dessus des facules, apparaissent siu' tout le disque, mais faibles ou à peine perceptibles. Ces petits renversements correspondent aux faibles protubérances et à la chro- ( 7^8 ) mosphère elle-même. En résumé, un spectroscope à deux fentes, capable d'intégrer tous ces renversements, donne Vimage exacte de la chromo- sphère, telle que la verrait un œil sensible seulement pour le violet extrême, la photosphère étant enlevée. » Cependant, comme l'a fait remarquer M. Fizeau, les protubérances sont des étincelles électriques. Les faits précédents permettent d'étendre et de préciser ce rapprochement. Les étincelles solaires sont surtout intenses et hautes au-dessus des facules, qui sont les parties élevées de la photosphère, il en est de même sur la Terre où, dans la montagne, les courbes équipotentielles sont plus rapprochées et les orages électriques plus fréquents que dans la plaine. Les deux phénomènes sont semblables et leur étude simultanée sera profitable à chacun. » Ces photographies de la chromosphère peuvent servir, en particulier, à rechercher et à préciser la relation entre les variations de la surface solaire et du magnétisme terrestre. Mais cette importante question sera élucidée seulement lorsque les observations solaires seront continues comme les observations magnétiques, et s'appliqueront à tous les éléments variables de la surface solaire, c'est-à-dire : i° à la photosphère, à ses taches et à ses facules, par la photographie ordinaire ; 2° à la chromosphère et à ses flammes données par le mouvement continu des spectroscopes à deux fentes; 3° aux mouvements par rapport à la Terre de la photosphère etde la chromosphère, donnés aussi par des spectroscopes spéciaux. » Pour la photographie de la chromosphère, M. Haie emploie la plus forte dispersion de son grand spectroscope à réseau, soit le spectre de quatrième ordre. Or la théorie et l'expérience me conduisent à la conclu- sion contraire : une Jaible dispersion est bien préférable. Théoriquement, la netteté la plus grande et l'intensité réelle des flammes seront obtenues lorsque la fente devant la plaque sera aussi large que la fente du colli- mateur, et contiendra toute la raie de la flamme et nulle autre lumière. Ces conditions sont impossibles à réaliser exactement, mais on s'en approche d'autant plus que les fentes sont plus fines et la dispersion plus faible. Car la raie s'élargit avec la dispersion; une fente fine ne reçoit plus alors qu'une partie de la raie trop large ou déplacée; ou même ne reçoit que la raie noire centrale. Pour la même raison, le mouvement des fentes adopté par M. Haie, qui exige un élargissement supplémentaire de la se- conde fente, doit être écarté. » J'ai obtenu cet été des photographies de la chromosphère montrant tous les détails avec un sidérostat, un simple miroir de six pouces, et un ( 719 ) spectroscope, à un seul prisme, donnant un écartement des raies H et K de 2™" seulement. L'image donnée par la seconde fente, après un grossis- sement direct de trois fois, est circulaire, le diamètre étant de o, 06 à o, 07. » Pour la photogra|ihie des mouvements, il convient, au contraire, d'em- ployer une forte dispersion, une seconde fente très large et un mouvement discontinu formé d'arrêts et de déplacements égaux. J'emploie donc deux spectroscopes, l'un de faible, l'autre de grande dispersion. Pour simplifier, je les dispose de manière qu'ils reçoivent simultanément la lumière d'une même image du Soleil, fournie par un sidérostat et un seul objectif. Ils se déplacent ensemble à la même vitesse moyenne, le premier ayant un mou- vement uniforme, et le second un mouvement uniformément variable. » La marche continue de l'appareil est relativement facile à organiser; elle exigera seulement une forte dépense annuelle ; mais elle fournira des documents importants, utiles à toutes les recherches présentes et futures, et constituant en quelque sorte l'histoire complète du Soleil. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations el les fondions implicites. Note de M. Pellet. « 1. Si la fonction l''(j)' holomorphe dans un cercle de rayon R, |r 1 <^ R, s'annule pour n valeurs de y intérieures au cercle de rayon r, et n'admet aucune racine dans la couronne comprise entre les cercles de rayon r, et To, r, < | J j on a, d'après un théorème de M. Weier- slrass, (0 ■ F(j) = C/(r)e'--'-' pour les valeurs de y de module inférieur à /"o ; c'est une constante, f{y) un polynôme entier de degré n en y dont le premier coefficient est l'unité, et G(j) une fonction holomorphe de_y dans le cercle de rayon /.,, s'annulant avec j. Cette fonction G(j) peut s'obtenir directement, par un calcul algébrique, lorsque, la fonction F(j') étant a„ -h a, j -+- «., j' + . . . + «„ j" -f- . . . , l'équation (2) o = x„ + 7.,y 4- . . . + y-a-^y"^' - -J-a}'" -4- *«+i v"-^' -t- . . . a une racine positive; a, désigne le module de a,, .... ( 720 ) » Posons Q = Q(y)= ~- (^n+,y ■+- a^^^y- + • . • + «„+,-y + ...)• )> La série à double entrée (P + Q)_i(P + Q)=^--;(P + Q)»-...+ ^^(P + q()'•-t-... est absolument convergente pour les valeurs de y ayant un module com- pris entre p, et p^, les deux racines positives de l'équation (2), ou si celle- ci n'a qu'une racine p,, entre p, et un nombre po inférieur au rayon de convergence de la série formée par le second membre. Ordonnons-la sui- vant les puissances positives et négatives de y, G( r) est égale à la série formée par les termes contenant y a une puissance positive. On a donc . G(r) = (i + Q)e«''^', G, (7) étant formée par les termes contenant j à une puissance positive dans la fonction + ^ [(P + Q)' - P' - Q'I - • • • + ^^^7^ [(P + Q)'' - P' - Q'] + . . . » Le premier membre de l'équation /(y) = o s'obtiendra en déve- loppant suivant les puissances croissantes de y le rapport F(.r) ff„+i 7 -h a^+iy^-h. . . 4- «„+,• j' jusqu'au terme en y", puis multipliant le polynôme obtenu par e"'""''^' et se bornant encore dans ce produit aux termes contenant y à une puissance inférieure a n -f- r . » Posons » si l'on néglige le facteur e~*^'"^', l'erreur commise sur chacun des coefficients de l'équation /(r) = o est inférieure en valeur absolue à la ( 921 ) plus petite valeur de '7. lorsque p varie de p, à p^; c'est aussi l'ordre de l'erreur commise sur les racines simples de l'équation fi^y^ = o. » Si l'on pose G, (j) = 00(7) H- 03(7), Qi.^(^y^ étant la portion de Gi (j') provenant de la série ^^[(P + Qy-P'-Q'J + ti2^[(P + Q)"^'-P'"*-Q'"'] + .-, et qu'on prenne pour le facteur e~*'='^' au lieu de c"*^''^', l'erreur commise est inférieure en valeur absolue à I 71 y » 2. L'équation F(j') = o peut ne pas posséder la propriété supposée au numéro précédent; mais, dans tous les cas, en effectuant d'après la méthode de Graff et de M. Carvalho (Thèse, 1889) la transformation = = J*» ^ nombre entier positif, on arrivera à une équation jouissant de cette propriété pour les valeurs de li supérieures à une certaine limite. On le voit aisément en s'appuyant sur le théorème de M. Weierstrass. » Soit, par exemple, l'équation x'' — x- -1- i = o; la transformée en po- sant^ = — a;" est y' - 3ooj' + 4883oj= - 83j + i = o. M La puissance 64'^™^ du module des racines de plus grand module est égale, pour l'équation en a , à ,oo') 3oo.83-f-i / 3oo 488io - 4883o \ki^'è-io avec une erreur inférieure en valeur absolue à -y nombre inférieur à 2. lo-* celui qu'on obtient en substituant 2 à p dans — '^^J. » 3. On est manifestement dans le cas du n° 1 lorsque les coefficients a sont des fonctions holomorphes d'un nombre quelconque de variables pour les valeurs voisines de o, r?,,, * ' -^ d:- Of ~' <).i- dz ^ ^ • dy dx p étant la densité de masse électrique, et le vecteur [j., dont les compo- santes sont (Xj., [j.y., [j.., étant la densité de masse vectorielle électrique, définie précédemment (t. CXVI, p. i43t), on aura finalement ^P- 8^^ [l \ \>.. Zu.y )) D'après les expressions des composantes F^,, Fj, F^, la force F par unité de volume peut être considérée comme la résultante des trois forces suivantes : » 1° Une force Fp=yp, ayant même direction que l'intensité y du champ, et égale au produit de /par la densité électrique p (force identique à celle qui résulte de la loi de Coulomb dans la théorie des actions à distance); » 2° Une force F/, = — g- y- (y jî qui ne se développe que dans les milieux non homogènes et pousse le corps dans le sens où le pouvoir inducteur t: décroit le plus rapidement; elle est proportionnelle, d'une part, à la décroissance relative 7-r^ de -,; d'autre part, à la grandeur de la tension 5 — r- La direction de celte force est donc indépendante de l' orientation du champ f, résultat contraire à celui qu'indique la théorie ordinaire de l'électrisation induite. Toutefois, lorsqu'on calcule l'action totale subie par un corps isolant que l'on introduit dans un champ homogène (attraction ( 728 ) d'une sphère diélectrique par un corps électrisé), les deux théories se trou- vent être d'accord entre elles et, semble-t-il, d'accord avec l'expérience. » 3° Enfin une force F^ = jf\i. sinO, perpendiculaire à la fois à la direc- tion du champ^ et à celle de la densité \i. de masse vectorielle électrique, et proportionnelle à l'aire /"y-sinO du parallélogramme construit sur/et ]i. comme côtés, 6 désignant l'angle de ces deux vecteurs. Cette force n'existe que dans l'état variable du champ, puisque dans l'état d'équilibre on a la condition ;y. = o, qui exprime que le champ électrique admet un potentiel. Jusqu'ici aucune mesure précise de forces, permettant de vérifier la for- mule de F^, ne paraît avoir été faite dans l'état variable du champ élec- trique. » Jpplication de ces formules au champ magnétique. — La théorie du Magnétisme, entièrement analogue à celle de l'Electricité (sauf en ce qui concerne les phénomènes de conductibilité), conduit à des formules iden- tiques aux précédentes pour les forces qui agissent sur un corps placé dans un champ magnétique. Ainsi la force magnétique F par unité de vo- lume est la résultante : » i" D'une force Fp=/'p (conforme à la loi de Coulomb); )) 2° De la force F;,= — ~j y-, ( t ) dans un milieu non homogène (action du champ sur un corps para ou diamagnétique); » 3° Enfin d'une force F(j,=: -r/]j-sin9, qui n'existe que dans les parties du champ oîi il n'y a pas de potentiel magnétique ([j. ^ o). Ainsi, dans le champ créé par des aimants fixes, cette force est nulle. Par contre, à l'in- térieur d'un conducteur parcouru par un courant, la densité \}. de masse vectorielle magnétique n'étant autre chose que la densité i du courant (t. CXVI, p. 1439), chaque unité de volume du conducteur est soumise à une force Y^ perpendiculaire à la fois à l'intensitéydu champ magnétique et à la densité i du courant (considérée comme vecteur), et égale, au fac- teur T près, à l'aire du parallélogramme //sin 9 construit sur/ et «comme côtés. C'est la loi bien connue relative ii l'action d'un champ magnétique sur un courant; et, pour établir cette loi a priori par la formule de F^, nous n'avons besoin que d'invoquer l'identité [j. = i, qui résulte de l'expé- rience de Biot et Savart. » Une vérification expérimentale aussi précise de la formule de F^ pa- raît justifier la théorie que Maxwell a proposée pour le cas d'un champ ( 729 ) électrique en équilibre, et l'extension de celte théorie au cas général d'un champ électrique et magnétique quelconque, même dans l'état variable, où il n'y a pas de potentiel. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les variations de l'étal électrique des hautes régions atmosphériques, par beau temps. Note de M. Ch. André, présen- tée par M. Mascarl. « A la suite de notre première tentative du 27 septembre 1892, tout essai ultérieur m'étant interdit à cause des graves blessures que j'avais re- çues, j'ai prié M. Le Cadet de continuer seul les difficiles observations que nous avions entreprises en commun (' ). » Le dispositif expérimental employé (que nous avions essayé à Lyon au sommet de la Tour des Eaux) était le suivant : aux deux angles, diago- nalement opposés, de la nacelle était ?\xé, à l'aide d'une couche isolante de soufre, lui réservoir cylindrique portant à sa base un tube de caoutchouc, dont ou pouvait, au moyen de raccords vissés à son extrémité, faire varier la longueur depuis 20™ jusqu'à 25'" et terminé par un ajutage d'écoule- ment de o'"°',2 de diamètre. Les réservoirs étaient remplis d'eau distillée (dont on avait, en outre, une provision dans la nacelle), et, dès que le ballon était arrivé à une certaine hauteur, on ouvrait leurs robinets : cha- cun d'eux communiquait par un fil métallique, soit avec l'armature feuilles, soit avec l'armature borne d'un clectromètre d'Exner; celui-ci donnait donc à chaque instant la différence de potentiel correspondant à la distance verticale connue des orifices d'écoulement et, par suite, une quantité pro- portionnelle à la valeur du champ électrique, le coefficient de proportion- nalité changeant avec toute cause qui modifiait l'état du conducteur com- plexe, ballon, nacelle et appareils collecteurs. » Deux ascensions ont été faites cet été, par beau temps, le 1*'' et le 9 août; les résultats de ces observations sont inscrits dans les Tableaux suivants, où chacun des nombres est la moyenne d'une série de huit à (') Avec sa générosité habituelle, M. R. BischofTsheira voulut bien faire les frais de ces nouveaux essais, et, de son côté, l'Administration de la Guerre nous accorda le concours des savants officiers de Glialais-Meudon, auxquels je suis heureux dofTrir ici tous mes remerciements. ( 73o ) dntize lectures faites pendant que l'aérostat, ayant atteint une certaine zone d'équilibre, s'y maintenait en oscillant de quelques mètres, sans nécessiter un jet de lest contre lequel on devait garantir réservoirs et iso- lants. PREHIÈRE ASCENSION. — Le Biot : Capitaine P. Renard, Capitaine Jullien, aéronaules; G. Le Cadet. 7'' . 20°"- 1 o'' . 40" malin le i" août 1898 : Meudon-Féricv, NW-SE. — Vent inférieur NNW très faible. Heiiie Allilude AV Série. T. m. P. moyenne. A;(. AV. An' Observations. Il III mm V volls 1... 7.48 6i5 3,5o -t-264 +73 Ciel serein, atmosphère inférieure brumeuse. Guide-rope largué. no/ o - nK ( Cumulus apparaissent à l'horizon dans fort an- 2... 8.14 790 3,00 -MO.) 35 , , ( neau de brume. 3... 8.26 740 3,00 -+-134 45 Nuages à riiorizon se forment en grosses masses. , o -j o T ,. ( Cumulus détachés commencent à courir à une *. .. 8.3i 870 3,00 -H 77 26 I certaine distance. 5... 8.45 ioo5 3,00 -i- 87 29 Masses nuag. se multiplient et se rapproclient. 6... 9.27 ii3o 2,00 -t- 77 38/ Cum. passent fréquemment au-dessous de nous ; 7... 9.45 iroo 3,00 -1- 82 27^ ils s'élèvent jusqu'à l'extrémité du guide-rope 8... 9.53 i3oo 3,00 +99 33' et finalement nous entourent à distance. » Remarque. — A S^'o", on largue le guide-rope. Pendant la deuxième série, on observe plusieurs variations rapides des feuilles de l'électrométre. Entre 9''o™ et 9''i5", on a des décharges très fréquentes; à ce moment, d'énormes masses nuageuses passent à i5o™ ou 200™ au-dessous de nous. Les ajutages se sont bouchés à plusieurs reprises. Pendant la sixième et la septième série, décharges rapides fréquentes à rap- proche de grosses masses nuageuses. » Dans le cours d'une série, les écarts ont souvent varié du simple au double; aussi les did'érences entre les moyennes des diflerentes séries ne présentent-elles qu'un caractère accidentel de même nature que celles des observations isolées. L'écart delà première série appelle cependant une discussion. Le développement du guide-rope entre cette série et les suivantes étant la seule chose qui ait été modifiée dans le sys- tème du ballon, cet écart doit être imputable à ce nouveau conducteur qui est venu modifier les surfaces de niveau au voisinage des collecteurs. Pendant les trois séries suivantes, le champ paraît décroître assez régulièrement, mais je suis fondé à croire, d'après les écarts individuels, que cette circonstance est fortuite. D'ailleurs, les résul- tats des séries suivantes prouvent qu'aucune modification permanente n'aflTectail le système expérimental. Au surplus, les écarts entre les différents résultats sont du même ordre de grandeur que ceux que l'on constate sur les appareils à enregistrement continu installés près du sol. Altitude AV Série. Heure. moyenne. Are. AV. An' 1... h m .47 m 83o m 3,00 H- 85 +43 2... 1.58 824 3,00 4- 74 37 3... 2-7 1060 2 ,00 H- 87 43 4... 2.22 1290 2,00 H- 84 43 5... 3.5 1255 2,00 -+- 83 4i 6 .. 3.12 1745 2,00 ■+- 68 34 7... 3.36 1940 3,00 + 74 25 8... 3.46 2080 3,00 -1- 62 21 9... 4.i4 2120 3,5o -+- 68 •9 10... 4-42 23lO 3,5o -h 62 18 11... 4.55 2520 4,5o + 7' 16 ( 7'^ï ) Seconde ascension. — Le Biot, capitaine Hugot, aéronaute, G. Le Cadet. ,hom à Si'SS soir le 9 août 1893. Meudon-Valhermay (Pontoise) SSE-NNW. Vent SSE t. faible. Ciel serein. Observations. Quelques filaments de cirrus apparaissent. (2'"4o™ th. fronde : 21 ",8) i35o™. Cirrus plus compacts. Cirro-cumulus à l'horizon sud, noyés dans va- peur et brume très diffuse. (4'>3o" th. fronde : i5<», 8) 2160™. Remarques. — A i''3o'", on largue le guide-rope. » A 2''3o", on interrompt les observations; on fait une mesure de l'isolement de l'appareil total, en créant artificiellement, au moyen d'un bâton d'ébonile frotté, une différence de potentiel de 226 volts entre les deux collecteurs : en deux minutes, on a une perte de 60 volts, soit | de la charge en une minute. Je fais remarquer ici que l'équilibre électrique des deux collecteurs opposés, avec leur débit de 5 litres en 5o mi- nutes, était atteint au bout d'une minute environ. » A 2''4o", comparaison du thermomètre fronde avec le thermomètre placé dans une cage à persiennes, sur le bord de la nacelle : (fronde-cage) = — 5°, 3. » Pendant ces opérations, chute rapide de l'aérostat, qui tombe de t3oo à 800" en quelques minutes; on enraye la chute par un jet de lest qui retombe en pluie dans la nacelle. Je garantis autant que possible les réservoirs et isolants. « A 3'' 3™, on reprend les observations, mais, l'écart des feuilles devenant trop faible, on augmente la distance verticale A/j des ajutages, en allongeant un des tubes. >) A Si'SS"', nouvelle série. Les manifestations électriques diminuent de plus en plus, malgré la bonne qualité des écoulements, et cela continue après une nouvelle augmen- tation de la distance verticale des collecteurs. Je remarque qu'à la reprise de l'écou- lement, celui-ci se fait horizontalement et mouille le guide-rope. Je constate en même temps qu'en touchant avec le doigt l'une ou l'autre armature de l'éleclromètre, je ne provoque qu'un très faible écart; mon potentiel est très voisin de celui des collecteurs. Les surfaces de niveau ont dû se modifier près du guide-rope mouillé et l'équilibre des collecteurs se faire sur des surfaces plus inclinées, de telle sorte que l'augmentation verticale A« des ajutages ne correspond pas à la direction du champ. Je mets en con- séquence à part les cinq dernières séries de ce Tableau. J'ajoute que les écarts indi- viduels des observations ont été beaucoup moindres dans cette deuxième ascension que dans la première : l'atmosphère était moins troublée. C. R., 1S93, 2' Semestre. (T. CXVII, N» 22.) 9° ( 732 ) » Conclusions. — Sous le bénéfice des remarques précédentes, l'examen des nombres observés montre que, par beau temps, le champ électrique nesl cerlainemenl pas croissant acec la hauteur. La conclusion à laquelle nous nous arrêterions serait que ce champ électrique est le même au même instant tout le long d'une même verticale; mais nous ne l'émettons que sous forme dubitative, réservant le contrôle de cette question à une ascension ulté- rieure. » CHIMIE. — Sur la préparation du lithmm métallique. Note de M. Guntz. « La préparation du lithium métallique paraît, au premier abord, une opération facile, mais, lorsqu'on répèle les expériences de Bunsen, Hiller et de M. Troost, on s'aperçoit bien vite (en faisant des mesures quantita- tives) que le rendement, très variable suivant les opérations, est en gé- néral excessivement faible par rapporta l'intensité du courant employé. >) En étudiant les meilleures conditions de préparation du lithium, nous avons reconnu que le rendement en métal était d'autant plus élevé que la température d'électrolyse était plus basse. Un sel impur, contenant des chlorures de potassium et de sodium, donne, lorsqu'on l'électrolyse à son point de fusion, de bien meilleurs résultats que le chlorui-c de lithium pur. Ce résultat nous a conduit à abaisser le point de fusion du chlorure de lithium par addition de chlorure de potassium. J'ai trouvé que LiCl fondant vers,6oo° ('), le mélange à poids égaux de LiCl et deliClfond vers 45o°; le mélange à molécules égales de RCl + KCl fond vers 38o°; le mélange de deux molécules de KCl avec une de LiCl fond vers 55o", et le chlorure de potassium pur fond vers 740°. L'addition du chlorure de potassium au chlorure de lithium produit donc un abaissement considérable dans la température de fusion de ce sel. >> Le mélange le plus favorable à l'électrolyse est celui qui renferme les poids égaux des deux chlorures; ce mélange peut être facilement maintenu fondu au-dessous de l\So°, et de plus, pendant l'électrolyse, le mélange perdant du chlorure de lithium, sa fusibilité devient plus grande, ce qui n'a pas lieu avec le mélange formé de molécules égales de LiCl et de RCl, (') Nous avons déterminé la température de solidification de ces différents mélanges au moyen de la pince ihermo-électrique de M. Le Chatelier, dont l'emploi est d'une très grande commodité pour la raesui'e des liantes températures. ( 733 ) dont la fusibilité diminue au contraire très rapidement dans les mêmes circonstances. » Pour obtenir de grandes quantités de lithium, on chauffe de 200^'" à 3oo^'' du mélange des deux chlorures à poids égaux, dans une capsule de porcelaine (un simple brûleur Bunsen suffit); le mélange fond très facile- ment; on y place les deux électrodes qui amènent le courant : l'électrode positive est une baguette de carbone de 8°"° environ de diamètre, l'élec- trode négative une tige de fer, de 3°"" à 4""° de diamètre, qui se trouve placée dans l'axe d'un tube de verre de 20""" de diamètre. On fait passer le courant; l'expérience marche très rapidement en prenant, par exemple, une force électromotrice de 20 volts et un courant de 10 ampères. Au bout d'une heure, le lithium dépasse de plus d'un centimètre le niveau du liquide dans le tube de verre. Pour retirer le métal, on soulève le tube de verre après interruption du courant; le lithium flotte alors à la surface du chlorure fondu, sans s'enflammer; on le prend dans une cuiller en fer et on le coule dans une lingotière bien sèche. » Le métal ainsi obtenu est exempt de fer et de silicium, mais contient de I pour 100 à 2 pour 100 de potassium en poids, ce qui correspond au maximum à i atome de potassium pour 2^3 atomes de lithium; pour la plupart des applications, le métal est suffisamment pur. » Voici comment, je pense, on doit expliquer ce résultat : lorsque l'électrolyse se fait au rouge vers 700°, avec le chlorure de lithium pur, le métal arrivant au pôle négatif se combine avec le chlorure pour donner un sous-chlorure de lithium Li^Cl, qui reste au pôle négatif: ce composé, moins conducteur c[ue le chlorure primitif, diminue l'intensité du cou- rant, comme on l'observe à l'ampère-mètre ; ce sous-chlorure, se diffusant ensuite dans le liquide fondu, arrive au pôle positif oi!i il se recombine avec lumière au chlore, cette combinaison produisant les oscillations de l'aiguille de l'ampère-mètre. Lorsque la température de l'électrolyse atteint au contraire Soo", ou même devient plus basse encore, le lithium ne se combine plus au chlorure de lithium et se retrouve en totalité au pôle négatif, où l'on peut le recueillir : c'est là la cause du rendement élevé obtenu dans ce cas. » Ce phénomène de formation par électrolyse des sous-chlorures mé- talliques semble général pour les métaux alcalins. Je n'ai pu obtenir encore, par cette méthode, ces composés dans un état de pureté satis- faisant. » ( 73/| ) CHIMIE INDUSTRIELLE. — Amélioration des huiles de consommation et des huiles de graissage, par un traitement électrique. Note de M. L.-A. Levât. (Extrait. ) « Ayant placé une colonne d'huile d'olive, de qualité inférieure, acre de goût, chargée en couleur, à l'électrode négative d'un voltamètre actionné par une petite machine Siemens (type magnéto, d'un faible voltage), j'ai mis le voltamètre en tension jusqu'à ce que la colonne d'eau sous-jacente à la colonne d'huile ait été complètement électrolysée. )) L'huile était très éclaircie comme couleur : elle était devenue un peu trouble, probablement à cause de l'eau mécaniquement entraînée; mais le goût était complètement modifié : d'acre, il était devenu presque doux, avec un petit relent de piquant très agréable. » J'ai soumis à l'hydrogénation une vingtaine d'échantillons d'huiles de mauvais goût, de toute provenance; j'ai constamment réussi à épurer leur goût et leur couleur. Avec des précautions, l'huile ne se trouble plus et reste limpide. » En second lieu, j'ai fait porter une série d'expériences sur des huiles de graissage de mauvaise qualité, ayant au moins 5 pour loo d'acide libre. » L'acidité a toujours diminué, dans la proportion minima de | : en soumettant une seconde fois la même huile à l'électrolyse, j'ai diminué l'acidité de ~. Je n'ai pu aller au delà. ..('). » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le chloralose. Note de MM. M. Haxriot et Ch. RiCHET, présentée par M. Ai'm. Gautier. « Dans une Note précédente {Comptes rendus, t. CXVI, p. 63, 9 jan- vier 1893) nous avons indiqué les propriétés physiologiques des deux com- posés isomères résultant de l'union du glucose et du chloral, que nous avons désignés sous les noms de chloralose et parachloralose ; nous nous proposons aujourd'hui d'établir leur constitution. (') Ces expériences ont été efTectuées au Jalsoraloire de l'École nationale des Arts et Métiers d'Aix. ( 735 ) » C hloralose C^a^^Cl'O^ — Ce composé, un peu soluble dans l'eau et dans l'é- ther, soluble dans l'alcool, fond à 187°. Sa solution aqueuse ne réduit ni le nitrate d'argent, ni la liqueur de Fehling même à l'ébullition. Les acides étendus ne peu- vent le dédoubler; au contraire, les alcalis colorent à chaud sa solution en brun. L'hydrogène naissant dégagé par l'amalgame de sodium est sans action sur lui. » Par l'action des acides concentrés ou des chlorures d'acides, nous avons obtenu des éthers di et tétrasubstitués. Le tctracétylchloralose C«H'C1^0'(C-H3 O'^)* fond à 145°; le tétrabenzoylchloralose forme des prismes fusibles à iSS". » L'oxydation du chloralose le convertit en un acide chloralique C'H'CPO' avec départ d'acide carbonique. Cet acide cristallise en aiguilles fusibles à 212°, anhydres, solubles dans l'alcool et dans l'élher, peu solubles dans l'eau. » Tous ces dérivés de chloralose se sont montrés inaclifs au point de vue physio- logique. » Parachloralose. — Le parachloralose se distingue du chloralose par son insolubi- lité dans la plupart des réactifs; il fond à 227°, et se sublime si on le chauffe lente- ment. Comme le chloralose, il s'est montré inactif vis-à-vis de l'hydroxylamine, de la phénylhydrazine et des acides étendus. Les alcalis l'attaquent à l'ébullition, mais fort lentement. » Comme le cliloralose, il donne des éthers di et tétrasubstitués avec les acides concentrés et les chlorures d'acides. Le tétracétylparachloralose C*H'CPO^(C-H^O^)* forme de longues aiguilles fusibles à 106», bouillant vers 250° sous une pression de 25'"™. Il distille également à la pression atmosphérique, mais en se colorant en jaune. Le létrahenzoylparachloralose n'a pu être obtenu cristallisé. » L'oxydation du parachloralose se convertit en &c\Ae parachloraliqut: C"9CPO''2H-0, avec départ d'acide carbonique. Cet acide, fusible à 202°, est peu soluble dans l'eau froide, très soluble dans l'alcool et l'éther. Il cristallise en tables efflorescenles. » Constitution. — Le chloralose, le parachloralose et tous leurs dérivés renfermant les trois atomes de chlore du chloral, il est évident que le cillerai s'unit par son groupe aldéhydique avec le glucose et que le chlo- ralose doit renfermer le groupe CCI'. C )) D'autre part, l'absence de propriétés réductrices, la non-combinaison avec l'hydroxylamineel la phénylhydrazine, la résistance à l'hydrogénation, nous montrent que le chloralose et le parachloralose ne contiennent pas la fonction aldéhydique du glucose. Les deux groupes aldéhydiques du chloral et du glucose se sont donc modifiés dans cette union et le chlora- lose doit être représenté par l'une des trois formules suivantes : ( 736) I. II. III. CCI' CCI' CCF Il I CH CH C.Oll /\ /\ /\ 0 0 O C»H'0- HO-CH — C'H'O' CH CH.OII I C^H'O* siiiviiiiL que l'union des deux molécules se lait par l'oxygène ou le car- bone. » La stabilité et la volatilité de ces composés ne permettent pas de les en- visager comme des éthers de glucose. Ils résistent du reste à l'action pro- longée des acides étendus à l'ébuUition; ces raisons nous conduisent à rejeter la première formule; nous ferons du reste remarquer que si l'on développe le groupe C'IPO^ -CH-Cil-Cli-CH-CllS 1 ! I \/ OH OH OH O on voit que le chloralose ne pourrait donner qu'un éther trisubstitué, tandis que ce sont les tétrasubstitués qui se forment de préférence. » En comparant les formules brutes du chloralose et de l'acide chlora- lique, on voit que l'acide prend naissance par remplacement d'un groupe -CH.OH-CH-OH par un carboxyle CO'^'H. Ceci nous montre qu'il y a dans le chloralose et le parachloralose une chaîne latérale formée de 2 atomes de carbone. Les formules ci-dessus deviennent alors IV. V. CCI' cci= I I CH ^-OH / \ _/ \ . O C.OH-CH.OH-CH=On et <^lfOH C.OH-CH.OH-CH^OH I I I I CH.OH CH CH CH \ / \ . \ / \/ O \/ CH„^' O en fixant d'une façon arbitraire la position de l'oxygène anhyclridique. M On voit que la formule IV conduit à l'existence d'un éther tétrasub- ( l'^l ) stitué, tandis que la formule V indique la possibilité d'éthers pentasubsti- tués qu'il nous a été imi)ossibIe d'obtenir, même en employant un énorme excès de chlorure d'acide additionné de chlorure de zinc : c'est donc la formule IV que nous adopterons. » Quant à la position qu'occupe l'oxygène anhydridique, nous n'avons pu encore la préciser ; toutefois, nous savons qu'elle n'est pas dans la chaîne latérale, puisque, par oxydation, celte chaîne latérale est détruite et que les acides formés contiennent encore cet atome d'oxygène anhydridique. C'est vraisemblablement cà une différence de position de cet oxygène qu'est due l'isomérie du chloralose et du parachloralose. » Le mécanisme de la formation du chloralose devient fort simple en adoptant cette formule. Le chloral anhydre contient toujours un peu d'acide chlorhvdriqne qui se fixe sur les deux groupes aldéhydiques, en donnant ,des composés analogues au chlorhydrate d'aldéhyde décrit par l'un de nous, CGP I GH /\ OH Cl Cl CH.Oll-CH.OH-CH^OH; \ I OH-CH CH.OH \/ CH.OH puis les deux atomes de chlore s'éliminent avec les atomes d'hydrogène de l'autre molécule; dans une phase postérieure, le composé formé perd une molécule d'eau pour constituer le chloralose. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Sur quelques faits relatijs aux effets des injections de liquides organiques chez les animauv. Note de M. E. Mever, présentée par M. Bouchard. « L L'urémie est le résultat d'une auto-intoxication de causes mul- tiples, par rétention des principes toxiques qui doivent être éliminés par le rein (Bouchard). D'autre part, M. Brown-Séquard, après avoir montré rinfluence du liquide de miicération rénale sur la survie des animaux qui ont subi la double extirpation des reins, conclut à l'existence d'une ( 738 ) sécrétion interne dans ces glandes, et fait intervenir dans la pathogénie de l'urémie, en plus du défaut d'élimination, « l'absence d'une modification » chimique du sang exercée par le rein normal ». {Comptes rendus, 1892. ) » Les faits suivants viennent à l'appui des idées de M. Brown-Séquard. » a. La respiration périodique, dite de Cheyne-Stokes, ou la dyspnée sont des symptômes fréquents de l'urémie expérimentale, à la suite de l'extirpation des deux reins. » Or, si l'on fait une injection intra-périlonéale de liquide rénal, filtré et stérilisé, à un animal (chien ou lapin) quia subi la double néphrectomie et qui a de la respiration périodique ou de la dyspnée, cette respiration est rapidement améliorée et les périodes disparaissent. » b. L'injection de sang normal ou de sang veineux rénal modifie éga- lement la respiration des animaux en état d'urémie expérimentale. Ces effets persistent quelques heures après l'injection. » c. Si l'on substitue, en grande partie, au sang d'un animal bien por- tant, du sang défibriné provenant d'un animal urémique de même espèce, le chien transfusé ne présente aucun symptôme d'urémie. » d. Mais si l'on pratique, avant la transfusion du sang urémique, l'ex- tirpation des deux reins chez l'animal qui va être transfusé, la respiration de ce dernier devient rapidement dyspnéique après la transfusion. » Ces faits paraissent bien montrer l'existence d'une sécrétion interne dans le rein, et il semble que, dès lors, les accidents d'urémie sont provo- qués : » 1° Par la rétention de principes toxiques; » 2° Par la suppression ou l'amoindrissement de la sécrétion interne des reins. M II. L'urine filtrée et stérilisée avec l'acide carbonique sous pression paraît être aussi toxique qu'avant sa filtration. » Les accidents amenés par l'injection d'urine sont bien connus (MM. Bouchard, Mairet et Bosc, Guinard); il m'a semblé que ces effets physiologiques, provoqués par l'injection d'urine pénétrant dans les veines à une vitesse appropriée, se groupent assez habituellement dans un ordre qui permet de les répartir en trois périodes : » 1° Accélération du cœur; augmentation de force du cœur; accélération légère de la respiration; tendance à la périodicité; myosis. » 2° Ralentissement du cœur ; irrégularité de la respiration ; vomissements. » 3° Ralentissement et irrégularité du cœur; ralentissement un peu plus tardif de la respiration; mort par arrêt quelquefois simultané de la respiration et du cœur. ( 7^9 ) » Ce groupement a été observé chez le chien, et avec l'urine humaine. En faisant varier la vitesse de la pénétration de l'urine, on peut provoquer les accidents avec des doses extrêmement variables. » III. L'injection intra-veineuse de liquide orchitique ne paraît pas modifier la respiration ou la circulation des animaux bien portants. Mais lorsque, par suite d'hémorragie, le cœur est devenu très faible et irrégu- lier, l'injection intra-vasculaire de liquide orchitique m'a paru régulariser rapidement le cœur et augmenter l'amplitude des systoles affaiblies par l'hémorragie. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — De l'absorption par les voies urinaires. Note de M. Bazy, présentée par M. Bouchard. « D'après les Traités classiques de Physiologie, la vessie est, des organes recouverts d'épithélium, le seul qui ne soit pas doué du pouvoir absor- bant. Il est classique de dire que la vessie saine n'absorbe pas; et l'on cite des expériences à l'appui. Il est classique de dire que, seidement quand elle est dépouillée de son épithélium, la vessie peut absorber. )) Des faits cliniques observés depuis longtemps m'avaient conduit à supposer que la vessie devait être douée du pouvoir absorbant. Des faits expérimentaux poursuivis depuis plusieurs mois m'ont démontré, d'une façon péremptoire, que la vessie saine peut absorber. En injectant un poison dans une vessie saine, on peut tuer un animal aussi sûrement cju'en injectant ce poison sous la peau, dans le rectum. » L'erreur accréditée jusqu'ici reconnaît plusieurs causes, dont les prin- cipales me paraissent les suivantes : » 1° On a confondu imbibition avec absorption; » 1° On n'a pas employé un poison suffisamment actif pour que l'action en fût indiscutable; » 3° On a employé des poisons inactifs par rapport aux animaux en expérience. )) Je me suis servi, pour mes expériences, d'une sonde en caoutchouc rouge (n° 8); je n'ai jamais distendu la vessie, je n'ai pas injecté plus de 2"=", de façon à éviter l'uitervention de la pression, de façon aussi à éviter de provoquer le besoin d'uriner et à faire passer ainsi l'urine dans l'urètre; je n'ai jamais lié l'urètre, pour éviter l'absorption par la mu- queuse urétrale. C R. 1893, 1' Semestre. CT. CXVII, i\« 22.) 99 ( 74o ) » Je me suis servi de poisons chimiques et de poisons microbiens. Dans ce dernier cas, j'ai injecté tantôt le poison microbien pur, tantôt une cul- ture de microbes, auquel cas un élément nouveau complique l'expérience : la ])énétration mécanique des corpuscules figurés du fermeat. » Les poisons chimiques, pourvu qu'ils fussent violents, m'ont toujours donné des résultats immédiats; quand ils n'ont pas agi immédiatement, ils paraissent avoir eu sur l'organisme une action telle, que la mort a pu s'ensuivre à des intervalles plus ou moins éloignés. » La cocaïne à-p^, la strychnine à .j-, l'acide cvanhydrique médicinal à-^„ tuent les animaux dans l'espace de quelques minutes; la cocaïne, mise en contact avec une large surface cutanée dépourvue d'épithélium, n'a aucune action; la belladone, le curare, la pilocarpine ne produisent leurs effets que beaucoup plus lentement et ne paraissent agir qu'en imprimant des troubles lents dans la nutrition des cellules. )) L'eau paraît absorbée par la vessie. Je dis paraît, parce que la dé- monstration rigoureuse de cette absorption, en se plaçant dans des condi- tions normales ou très voisines de la normale, ne me paraît pas possible. » L'absorption des poisons chimiques par la vessie me paraît jeter un certain jour sur la pathologie urinaire, et fournir l'explication des dilfé- rences énormes qui existent, au point de vue de l'évolution, entre les réten- tions vésicales et les rétentions rénales, ces dernières permettant la con- servation de l'état général et la survie pendant un temps infiniment plus long que les autres. )) L'injection vésicale de poisons microbiens produit des effets non moins remarquables. » En prenant un microbe auquel le lapin est très sensible, le pneumo- coque, sur six lapins injectés j'ai eu cinq morts, dont trois ont succombé dans l'espace de trois à cinq jours, avec des exsudats pleuraux et périlo- néaux sans lésions rénales, fait très important pour l'histoire des infec- tions urinaires. » Une macération de muscles gangrenés par le vibrion septique a été injectée à deux reprises dans la vessie après avoir été filtrée au filtre Cham- berland et a tué le lapin après vingt jours. » Sur quatre lapins auxquels j'ai injecté la culture du bacille pyocya- nique stérilisée par la chaleur, mais non filtrée, substance dont la pro- priété pyrétogène a été établie par Charriu, deux sont morts, l'un après sept jours, l'autre après quatorze jours. » Les conséquences de ces faits au point de vue de la pathologie hu- ( 74t ) maine sont faciles à déduire, et la clarté qu'elles jettent sur la pathogénie des infections urinaires saute aux yeux : c'est un point sur lequel je me propose de revenir et que je développerai. )> J'ai étudié l'absorption au niveau de l'urètre et au niveau de l'uretère : l'absoptionurétralem'a paru très active; l'absorption urétérale, beaucoup moins active. Mais quand le liquide toxique arrive au niveau des calices, la mort est foudroyante avec les doses que j'ai employées. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — La transpiration et la respiration , fonctions déter- minantes de Vhabilat, chez les Batraciens. Note de M. A. Dissard, pré- sentée par M. Bouchard. « Les espèces batraciennes présentent entre elles une diversité d'ha- bitat qui est bien le caractère saillant de la biologie de ces êtres. Pour ne citer que les genres les plus faciles à se procurer, on obsers'e tous les intermédiaires depuis Triton, qui est exclusivement aquatique, jusqu'à Salamandra, uniquement adapté au milieu aérien, en passant par Rana, Bujo, etc., qui vivent alternativement dans l'air et dans l'eau. Tous ces êtres cependant, au point de vue des données morphogéniques, doivent être considérés comme issus d'un prototype unique, ayant déjà la penta- dactylie comme caractère batracien, néanmoins très voisin des Dipneustes et des Ganoides crossopitérygiens et, comme ces poissons, vivant unique- ment dans l'eau. )) Comment expliquer, au point de vue de la physiogenèse, ces adapta- tions divergentes, et par quels processus se sont-elles produites? Y a-t-il, correspondant aux différences d'habitat, des modifications dans les fonc- tions? » C'est un fait d'expérience que les variations du milieu ambiant déter- minent des variations dans les fonctions et dans la biologie de l'être vivant. Si l'on transporte cette notion dans le domaine de l'ontogenèse, on devra bientôt formuler ces hypothèses : n Les milieux successifs embryonnaires déterminent l'évolution onto- génique. Quand un organisme, soit dans le cours de l'ontogenèse, soit dans le cours de la phylogenèse, adopte un nouvel habitat, c'est qu'il y est sollicité par son évolution antérieure, résultat des actions des précé- dents milieux. » Pour vérifier ces hypothèses, j'ai déterminé : i" la valeur quantitative ( 742 ) de la respiration et de la transpiration chez quelques espèces ayant des habitats différents; i° l'influence dé la variation du milieu chez un type moyen : la grenouille; 3° la variation de ces fonctions pendant l'embryo- genèse. » Variations spécifiques de la respiralion et de la transpiration. — Le Tableau ci-dessous donne les résultats de mes recherches à ce point de vue. Ils ont été obtenus avec des individus normaux à la température de i8° et dans l'air desséché par CaCl; ces résultats sont donc comparables. La transpiration a été mesurée par Teau excrétée pendant la première demi-heure; les chiffres sont rapportés au kilogramme et à l'heure. Le poids de CO- excrété donne la mesure de la respiration, les chiffres sont également rapportés aux mêmesunités de poids et de temps. » Il s'agit, bien entendu, ici de la respiration et de la transpiration totales, c'est-à-dire de l'acide carbonique et de l'eau excrétés aussi bien par la peau que par les pou- mons. Acide carbonique. Eau. Salamandra atra 0,121 0,766 Bufo vulgaris o , 106 i , 352 Rana temporaria 0,098 2,989 Bana esculenla o , 094 3 , 828 Triton cristatus 0,076 1 1 ,o52 » Dans ce Tableau, les espèces sont classées suivant leurs différences d'habitat. Déjà la conclusion suivante se dégage : La respiration est plus considérable chez les espèces aériennes que chez les espèces aquatiques; le contraire a lieu pour la trans- piration. » Variations de la transpiration et de la respiration sous l'injluence du milieu. — La Grenouille, vivant alternativement dans les divers habitats, est bien par excel- lence le type moyen : il était légitime de s'adresser à elle pour ces expériences. » Déjà les recherches de Spallanzani, W. Edwards, Moleschott ont démontré qu'à partir de i^" le CO^ excrété par la Grenouille diminue en même temps qu'augmente la température. De plus, l'émission de CO* est plus considérable à la lumière qu'à l'ombre. Moi-même j'ai démontré (') que l'hygrométrie du milieu augmente la respi- ration. » La transpiration mesurée dans l'air sec, chez des individus comparables, c'est- à-dire pris dans un même milieu initial, le milieu aquatique, m'a donné les résultats suivants lorsque j'ai fait varier la température : o gr o gr i5 2,953 3o 16,219 20 3,323 35 42,695 25 9 , 785 4° 143,70 (') Comptes rendus, séance du i5 mai 1893. ( 743 ) » La transpiration, processus de résistance de l'organisme à l'absorption calorique, croît avec la température; elle devient surtout considérable au-dessus de 35°; il se produit en effet vers 38° une hypersécrétion des glandes cutanées, qui explique ce chiffre de i43s"',70 obtenu à4o°. 0 Variations onlogéniqiies de la respiration et de la transpiration. — Je me suis borné jusqu'ici à comparer l'excrétion carbonique des jeunes Grenouilles et des Grenouilles adultes : Acide carbonique. Eau. Grenouilles jeunes o,o32 9i783 Grenouilles adultes 0,098 3,323 » Les jeunes Grenouilles se comportent comme les espèces adaptées au milieu liquide, et l'on constate expérimentalement révolution des fonctions qui se produit pendant l'ontogenèse. » Les variations que j'ai observées permettent de concevoir une semblable évolution pendant le cours de la phylogenèse, évolution qui se fait par les mêmes processus. )) De ces expériences, on peut conclure que, soit chez l'embryon, soitcliez l'être adulte, la transpiration et la respiration sont des fonctions antago- nistes. » Comment cet antagonisme détermine-t-il l'habitat? Les animaux vivant dans l'habitat aérien absorberont plus de calories que les animaux vivant dans le milieu liquide, parce que ce dernier, du moins pendant la période dévie active de ces êtres, pendant l'été, est moins chaud. » Si une espèce aquatique émigré vers l'habitat aérien, de par l'habitat en lui-même et de par la température, la transpiration s'exagère et la res- piration diminue; pour lutter contre cet état de choses, l'animal reviendra au milieu liquide. » Si une espèce aérienne émigré vers l'habitat aquatique, de par l'habi- tat et de par l'abaissement de température, la respiration diminue; pour lutter contre cette diminution, cette asphyxie, l'animal revient au milieu aérien (' ). » (') Travail du laboratoire de M. le professeur Bouchard. ( 744 ) CHIMIE ANIMALE. — Sur une ptomaïne extraite de Vurine dans la grippe. Note de MM. A.-B. Griffitiis et R.-S. Ladell, présentée par M. Ch. Bouchard. « La méthode qui nous a permis d'extraire cette ptomaïne urinaire est la suivante : » Une quantité considérable d'urine est alcalinisée par addition d'un peu de car- bonate sodique et agitée ensuite avec son demi-volume d'éther sulfurique. Après dépôt et filtration, l'éther sulfurique est agité avec une solution d'acide tartrique, qui s'empare des ptoma'i'nes pour former des lartrates solubles. Le liquide est encore alcalinisé par du carbonate sodique et agité avec son demi-volume d'éther sulfu- rique. La solution éthérée est laissée à l'évaporalion spontanée. Les ptomaïnes restent comme résidu. « La ploma'ine qu'on extrait de l'urine dans la grippe {inflaenza en langue anglaise) est une substance blanche, cristallisant en aiguilles pris- matiques, soluble dans l'eau, à réaction faiblement alcaline. Elle forme un chlorhydrate , un chloroplatinate et un chloraurate cristallisés ; elle donne un précipité brunâtre avec l'acide phosphotungstique , jaunâtre avec l'acide phosphomolybdique, jaune avec l'acide picrique, et rouge avec l'acide tannique. » Le bichlorure de mercure produit avec elle un précipité blanc. Elle ne donne pas de précipité avec le chlorure de zinc. Le réactif de Nessler donne un précipité brun. » Les analyses de cette base lui assignent la formule C^H'AzO*. » Cette ptoma'ine est vénéneuse; elle produit une forte fièvre, et la mort dans les huit heures. Elle ne se rencontre pas dans les urines nor- males; elle est donc bien formée dans l'économie au cours de cette maladie. » Nous n'avons pas déterminé si le bacille de Pfeiffer , Ritasato et Canon (') produit la même ptomaïne quand il a poussé dans les tubes d'agar-agar avec addition de glycérine. Griffiths a déjà décrit (^Comptes rendus, t. CXIV, p. i382) une ptomaïne extraite des urines des pneumo- niques, mais elle est entièrement distincte de celle que nous avons extraite de l'urine dans la grippe. » (') Le bacille de La grippe (voir Griffiths, Manual of Bacteriology, p. 333). ( 745 ) ZOOLOGIE. — Sur un nouveau genre de Poissons, voisin desY'ier^sîer. Note de M. Léon V4n.LAXT, présentée par M. Emile Blanchard. « L'animal dont il sera question dans cette Note vient des îles Caro- lines et a été rapporté au Muséum par M. Marche. » L'absence de ventrales, la dorsale et l'anale occupant presque toute la longueur du corps et s'étendant jusqu'à son extrémité postérieure, l'anus placé sous la gorge, antérieurement au niveau d'insertion des pecto- rales, sont autant de caractères qui, joints à la forme générale, rappro- chent ce poisson des Fierasfer de Cuvier. Toutefois il en diffère par sa nageoire dorsale, très réduite et notablement plus basse que l'anale, et sur- tout, car le caractère précédent aurait au plus une valeur spécifique, parla présence d'écaillés nettement distinctes. » Celles-ci sont à proportion grandes, on n'en compte pas plus de trois ou quatre au-dessus et autant an-dessous de la ligne latérale; elles forment à la surface du corps une sorte de réseau à mailles losangiques et sont à peine imbriquées, plutôt juxtaposées. Leur adhérence aux parties sous- jacentes de la peau, du moins dans l'état de conservation où se trouvent aujourd'hui les individus, est si faible, qu'elles tombent avec la plus grande facilité : il n'en a été retrouvé en place que quelques-unes. Toutefois, grâce à l'attention qu'avait eue le voyageur d'envelopper soigneusement ces exemplaires, on a pu recueillir de ces écailles soit isolées, soit accolées en plus ou moins grand nombre, et constituant alors des lambeaux où il est possible de les examiner dans leurs rapports réciproques. » 11 n'est pas habituel pour les écailles qu'on rencontre d'ordinaire chez les Poissons, de les trouver ainsi réunies, car elles se développent sans connexions les unes avec les autres, mais ces organes n'ont pas ici la même origine et ne sont pas formés aux dépens des parties profondes de la peau, qui fournissent ces lamelles scléreuses, plus ou moins calcifiées, connues comme écailles des Téléostéens; ils dérivent au contraire d'un endurcissement des parties superficielles de l'épiderme, c'est-à-dire de la couche cornée. Ces écailles constituent, par suite, de minces lamelles d'aspect finement granuleux sur la plus grande partie de leur étendue, un peu épaissies aux deux côtés du losange, qui correspondent au bord postérieur, et présentent en ce point un lacis assez élégant de lignes entre- croisées, qui donne l'aspect d'un épithélium pavimenteux très délicat. Les ( 746 ) lamelles, à raison de ce mode de développement, sont en continuité les unes avec les autres; toutefois, leurs limites étant de moindre résistance, elles se séparent et s'isolent sous une légère traction. » Celte écaillure cuticiilaire n'avait pas encore été signalée chez les Poissons et, pour lui trouver des analogues, il faudrait plutôt s'adresser au groupe des Reptiles, en particulier aux Serpents, chez lesquels se dé- tache, au moment de la mue, une couche épithéliale superficielle, repro- duisant la disposition et les détails des élévations ou autres accidents qui ornent la peau. » L'existence de ces écailles, qui font absolument défaut chez les Fierasfer, est de nature à justifier la création d'un genre pour lequel je proposerais le nom de Rhizoiketicus, l'espèce, d'après son lieu d'origine, pouvant être désignée : R. caro/incnsis. Les deux exemplaires de la collec- tion du Muséum n'ont pas été trouvés par M. Marche lui-même, il les avait reçus, lors de son dernier voyage aux îles Mariannes, d'un capitaine, qui assura avoir rencontré ces Poissons sur une plage marécageuse, entre les racines de Palétuviers. Il n'est guère probable, d'après ses affinités, que cet animal s'y trouve normalement libre, mais ces racines servant de refuge à des Invertébrés de toutes sortes. Mollusques, Holothuries, etc., on peut, avec plus de vraisemblance, penser que les Rhizoiketicus vivent en commensaux ou parasites chez quelques-uns de ceux-ci, comme le font les différentes espèces de Fierasfer. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur l'appareil génital mâle des Hyménoptères. Note de M. Bordas, présentée par M. Edm. Perrier. « I. Apis mellijica. — Plusieurs auteurs ont déjà parlé de l'appareil re- producteur du mâle de V Apis mellijica : Swammerdam, Réaumur, Dufour, Leuckart, pour ne citer que les principaux, ont donné de cet appareil des descriptions anatomiques. » Les résultats auxquels nous sommes arrivé diffèrent, en de nombreux points, de ceux de ces auteurs. » L'appareil génital mâle de V Apis mellifica comprend cinq parties prin- cipales : » 1° Les testicules sont pairs et ont la forme de deux petites masses quadrangu- laires, à surface supérieure convexe et à parois internes planes ou faiblement incurvées en dehors. Les tubes de Malpighi entourent leur face inférieure, sur laquelle ils ( 747 ) forment un lacis très compact. Ils sont maintenus en place par des faisceaux trachéens provenant de trois ou quatre canaux issus des deux gros troncs latéraux. Chaque tes- ticule, enveloppé par une capsule musculaire mince.et transparente, est constitué par de nombreux petits tubes en forme de doigts de gant, canicules séminifères, courts, étroits, cylindriques dans leur région moyenne, coniques vers le sommet etlégèrement sinueux. Leur nombre varie de 280 à 3oo. Ils vont s'ouvrir, par leur extrémité infé- rieure amincie, dans un résen'oir collecteur cordiforme qui se continue avec le canal déférent. » 1° Le canal déférent, qui prend naissance sur le côté externe et dans le tiers pos- térieur du testicule, est un tube cylindrique, contourné en spirale et paraissant très court, bien que, complètement déroulé, il ait de 7™'" à 10™" de longueur. Il présente sur son parcours deux petits renflements fusiformes, puis il s'élargit brusquement pour former un tube à surface irrégulière, dont la partie antérieure possède une légère excavation recevant les derniers tours de spire du canal déférent. » 3° Les glandes accessoires sont situées immédiatement au-dessous des canaux déférents et ont un diamètre deux fois plus large que celui de la portion renllée de ces derniers. Chacune d'elles se continue par un canal court et bosselé qui s'unit à celui du côté opposé sur la ligne médiane du corps. Les deux canaux paraissent se confondre et ne former qu'un tube unique : seule, une faible écliancrure médiane indique leur point de contact. 1) 4° C'est au-dessous de celte écliancrure que prend naissance le canal éjacula- teur, formé par un tube long, filiforme et sinueux qui se dirige en avant et va s'abou- cher à l'appendice pénial. » 5° ^J appendice pénial comprend une partie postérieure et ovale, renflement pé- nial, situé à la base de l'abdomen {gaine copulatrice de Dufour) et une partie anté- rieure, presque cylindrique, à surface sillonnée transversalement, constituant le/)e'/H5. » Le renflement pénial, entouré d'une enveloppe épaisse et diaphane, porte inté- rieurement deux paires de plaques chitineuses. Les plaques supérieures sont allongées et falciformes; les deux inférieures, quadrangulaires et déchiquetées sur leur bord postérieur, sont dépourvues de piquants. A la partie inférieure du renflement, on trouve un appendice aplati, large à la base et bifide au sommet. » Le pénis porte sept bandes noirâtres transverses qui ne sont pas dues à des plaques ou à des tubercules, comme le croyaient certains auteurs, mais à des éminences demi- circulaires recouvertes à l'intérieur de piquants courts et à racine bifide. » La prétendue plaque inférieure, dont parle Dufour, n'est qu'une plage cordi- forme, couverte de longues soies chitineuses, serrées, recourbées et diversement enche- vêtrées. » 11 existe aussi une autre plage dorsale, de forme trapézoïdale, recouvrant les trois quarts de l'extrémité du pénis et qui doit sa coloration jaune sombre et son aspect à une grande quantité de piquants chitinoux, transparents, creux au sommet et remplis à leur base d'un contenu hyalin. Ces piquants, unis à la racine, ont leur extrémité terminée en S ou en crochet. A la suite de celte plage existe de môme un autre champ rectangulaire recouvert intérieurement de longs piquants. » Toutes ces soies chitineuses sont recourbées vers l'orifice du pénis. C. K., 1893, 2' Semestre. (T. C.WII, iS° 22.) 1 "9 93o,i 852, i 855,8 Existant à la fin à l'étal _._. \ ^^ I ^„ | ,e gazeux 1497,6 1766,3/ 2463,5 i i283,4 Absorbé par le cuivre.. 1020,0 > 2529,6 » - 1778,3 1639,5 f 4"àiO 3119,9 | 44'3,3 Absorbé par le sol (d'à- l \ \ près le témoin) 12,0/ 13,0 I 12,0/ 12,0 Apparu par le fait des plantes i55o,7 848,2 3262,9 3559,5 Vol. CO^ disparu i397,o 802,8 . 2836, i 3i24,o _ ! .X^ = u , 00 stt; — =: o , 9 J ;i-5 = o , 07 TT^T — ^ _ o , os Vol. O apparu i35o,7 ' "^ 848,2 •' 3262,9 00.^9,0 » J'ai chercbé, comme je l'avais fait précédemment, une vérification des résultats dans l'établissement du hi/an du carbone, c'est-à-dire que j'ai déterminé tout le carbone introduit dans les appareils avec l'acide carbonique, les graines et le sol, et tout le carbone extrait avec les plantes, le sol et l'acide carbonique subsistant à la fui ; les deux quantités doivent être égales. Il y a, en effet, égalité à peu près parfaite dans l'expérience II ; ( 7-^9 ) mais dans les expériences I et III, il n'en est pas tout à fait de même, ainsi qu'il résulte des chiffres suivants {' ) : Carbone retro//ré Jinalement. Carbone mis en wiivre. t. 11. m. Dans le sol au début. TU g 43,3 43,3 m g 62,9 Dans les graines . . . . 8,0 ig5,6 12,0 Dans l'acide carbo- nique introduit.. . 783, 1 ^^9'',» iGi3,o 834,4 1088,8 1687.9 Dans le sol à la fin. . . Dans les plantes. . . . Dans l'acide carbo- nique extrait I. m g 88,9 660,0 38,1 11. liik' 85,:'. 58i,4 423,7 lit. 2 1 5 , 6 t336, 3 96,2 787,0 1090,3 1648,1 » Malgré de minutieuses analyses offrant, je crois, toutes garanties d'exactitude, je n'ai pu retrouver les 47™*^, 4 et Sq™^, 8 de carbone man- quant finalement dans les expériences 1 et III. Il est très probable c[ue cette disparition de carbone provient d'une absorption d'acide carbonique par le verre des grandes allonges à culture, verre qui se sera trouvé particu- lièrement alcalin. Si l'on admet celte explication, l'acide carboni([ue réel- lement disparu par le fait des plantes devra être diminué de celui qui cor- CC)- TT respond au carbone manquant et les valeurs du rapport -^ deviendront po . i397",o — 88<■^4 o, . Lir I ^' — ou 0,84 et pour III 2836" 74" ; — . ' " OU 0,8.5. Ces i55o'^'=,o "" "'"^ ""' !'""■ ""^ 3262^,9 nouvelles valeurs ne diffèrent pas profondément de celles qui figurent plus haut, en sorte que les résultats restent du même ordre, qu'il y ait eu réel- lement ou qu'il n'y ait pas eu d'absorption d'acide carbonique par le verre. » Pour les Pois nains, le rapport -ry- a été sensiblement plus grand que pour les autres plantes. Il faut noter que ces pois se sont peu développés et que la germination a eu, dans leurs échanges gazeux avec l'atmosphère, une part importante, vu le poids relativement considérable des graines. » En résumé, les expériences ci-dessus confirment, relativement au rap- port — -— étudié sur des plantes entières et pendant une longue période de leur existence, les résultats et les conclusions que j'ai donnés précédem- ment. » (') Je n'ai pas essayé de faire le bilan du carbone pour l'expérience IV, dans laquelle le sol avait reçu du carbonate de chaux. Eu eflet, après dessiccation à la fin de l'expé- rience, le sol ne présentait pas riiomogénéité nécessaire au prélèvement des écliantil- lons pour les analyses, parce que le carbonate de chaux pulvérulent, en vertu de sa légèreté relative, se séparait partiellement de la masse du saisie quarlzeux. ( 7^0 ) VITICULTURE. — Greffage souterrain, appliqué à la conservation des vignes françaises non greffées. Noie de M. Geneste, présentée par M. Chatin. « Le procédé que nous désirons soumettre à l'attention de l'Académie constitue un moyen simple, pratique et assuré de conserver, à peu de frais, ce qui nous reste de vignes françaises. Il consiste dans une greffe souterraine, permettant de fournir aux vignes plantées, non greffées, qui vivent encore et ont pu résister jusqu'à ce jour, des racines résistantes; et cela, sans interrompre leur végétation et nuire à leurs récoltes, qui ne peu- vent qu'en être augmentées. » Il peut, du reste, s'appliquer tout aussi bien aux vignes déjà greffées, pour le remplacement des racines mal adaptées par d'autres mieux appro- priées au sol. M Propriétaire, dans l'Isère, de vignes phylloxérées, et condamné à continuer les coûteux traitements antiphylloxériques jusqu'à l'inévitable agonie finale, ou à arracher nos A'ignes pour les remplacer par des améri- cains greffés, nous nous sommes demandé s'il ne serait pas possible de fournir à nos ceps des racines résistantes, et de leur donner ainsi le moyen de vivre malgré les ravages de l'insecte et la suppression de leurs racines anciennes, soit par la greffe Cadillac renversée (' ) appliquée aux souches, soit au moyen de greffons enterrés dans le sol et fixés à l'extrémité de sar- ments recourbés jusqu'à terre. )) Une première expérience, faite en mai 1892, ayant donné des résultats probants, nous nous disposions à passer immédiatement, sans autres expé- riences, à l'application pratique et à transformer, dès 1893, une partie de nos vignes, l'opération étant peu coûteuse et sans conséquence pour les ceps en opérant sur les sarments. Malheureusement, l'hiver si rigoureux de 1892- 1893 les avait mises en tel état, qu'il était impossible de songer à une transformation régulièrement poursuivie, et nous avons dû nous con- tenter de continuer nos expériences, auxquelles nous avons procédé mé- thodiquement, pendant les mois d'avril, mai et juin, par des opérations hebdomadaires faites sur des sarments recourbés, fixés à des greffons enterrés dans le sol. » Les résultats ont été absolument concluants. On peut s'en assurer par l'examen du Tableau ci-joint, oij sont consignées nos opérations. (') El souterraine, c'est-à-diie avec le greffon enterré dans le sol. ( 7^1 ) » A toutes les époques, pendant ces mois d'avril, mai et juin, quels que soient les plants français, et pour les différents américains que nous avons employés, la réussite a été complète, et nos sarments se sont régulière- ment soudés aux américains (' ). Voici les proportions de réussites ob- tenues : Pour Pour Pour 100. 100. 100. Avril Le 1 1, 5o Le 17, 54 Le 30, 4i Mai Le 8,71 Le 16, 43 Le 26, 83 Juin Le 5, 80 Le i4, 60 Le tô, 55 M La moyenne générale est de 09 pour 100 de greffes soudées, racinées et généralement parfaitement soudées, » Ces résultats sont d'autant plus remarquables, que nous avons opéré sur des vignes que l'hiver de 1892-93, extrêmement rigoureux dans notre localité, avait mises en très mauvais état; tous les bourgeons étaient noirs, une grande partie des bois et des ceps eux-mêmes étaient gelés. » Nous pouvons donc affirmer aujourd'hui que la greffe souterraine, appliquée à nos différents plants français, réussit au moins pendant trois mois, lorsqu'elle est appliquée à l'extrémité des sarments (^). On doit donc pouvoir ainsi sauver toutes nos vignes, soit en remplaçant les racines fran- çaises menacées ou malades par des racines résistantes, soit en remplaçant les racines américaines mal adaptées par d'autres mieux appropriées. )) Mais, en généi'a!, pour la vigne et les autres plantes greffables, le système doit offrir une application utile chaque fois qu'il y aura, pratique- ment, avantage au remplacement de racines insuffisantes, malades ou vieillies, par d'autres présentant de meilleures conditions physiologiques. » Nous n'avons pas à nous étendre sur les avantages économiques qui résulteront de l'application aux vignes non greffées; ils sont évidents, car avec une dépense, variable suivant le mode de culture, mais qui, pour nos vignes en hautains du Dauphuié, n'excédera pas le prix d'un traitement annuel au sulfure de carbone, nous rendrons nos vignes résistantes. Evi- tant ainsi l'arrachage, nous économiserons cinq ou six récoltes, tout en (') Il est évident qu'elle réussirait tout aussi bien en mars et qu'elle doit pouvoir se continuer en juillet, août, etc. Si nous n'avons pas commencé en mars, c'est que la rigueur de la température s'y opposait, et si nous nous sommes arrêté en juillet, c'est que les bois américains qui nous restaient étaient en trop mauvais étal pour être employés. (^) Elle doit encore mieu.x. réussir parla greffe Cadillac appliquée aux souches. ( 762 ) conservant les qualités de noire vin et en obtenant probablement davan- tage, par suite de l'alimentation supplémentaire des racines nouvelles. Bref, du fait des récoltes conservées, c'est une économie snr le procédé de 7'econstitution par des américains greffés, de 5ooo à 20 ooo'"' de'plus par hectare, suivant la qnalité des vins récoltés, et, si nous multiplions par le nombre d'hectares non greffés en France, nous obtiendrons un chiffre fort respectable de milliards, conservés à notre pavs ('). » VITICULTURE. — Sur les exigences de la vigne directe ou gre'Jee. Note de M. Albert Renault, présentée par M. Troost. « Le rendement de la vigne étant variable avec le climat sous lequel elle végète, il est nécessaire de déterminer ses exigences pour chaque région vignoble. On sait, d'autre part, que la pratique du greffage de la vigne tend à se généraliser, soit pour triompher du Phylloxéra, soit afin d'ob- tenir de plus beaux fruits; il peut arriver dès lors que, dans un même vignoble, la vigne greffée demande au sol des principes nutritifs en pro- portions différentes de celles qu'exige la vigne directe, et variables d'ail- leurs avec la nature du porte-greffe. » J'ai essayé de préciser quelles sont les exigences de la vigne dans le Beaujolais, où jusqu'ici de semblables recherches n'ont pas été faites. La variété cultivée dans cette région est le Gamay rouge, qu'on plantait, sans legrefler, avant l'invasion phylloxérique; maintenant on le greffe au préa- lable sur Riparia ou sur Viala, si bien que la plantation directe disparaît graduellement. » Le vignoble, qui a servi de champ d'expérience, esl la propriété de M. Con- deminal de Belleverne (=i), l'un des viticulteurs les plus habiles et les plus soigneux, du Beaujolais; on y trouve des Gamays directs, en belle végétation, à côté de superbes Gamays greffés sur Viala ou sur Riparia, venant tous dans les mêmes terrains à sol argilo-siliceux et sous-sol argileux. » La récolte sur laquelle ont porté les déterminations est celle de 1892, excellente Cj Quant aux résultats donnés par nos grefifes, en dehors des deux spécimens que nous présentons à l'Académie, il est facile de les contrôler sur place, à Vignieu, et nous sommes à la disposition des personnes que cela peut intéresser. (') M. Condeminalabien voulu se charger, en pleines vendanges, de faire les pesées nécessaires. Qu'il me permette de le remercier ici, ^ 7^3 ) dans la région, comme qualité et comme quantité. Le Gamay direct a donné i^^oG'^s de vendange à l'hectare, le Gamay sur Riparia i5|358''s, et enfin le Gamay sur Viala 9763''s. Le rendement de ce dernier plant est moins élevé que celui des autres, parce qu'il est plus accessible à la coulure; pourtant, la récolte qui lui correspond est encore satisfaisante : en 1892, dans le Beaujolais, il a suffi de i3o''S de vendange pour faire jhiit jg yjf, rouge, ce qui porte cette production du Gamay sur Viala à plus de 75'''" de vin rouge à l'hectare. » Ces diverses sortes de vendange ont été séparément pressurées en blanc, c'est- à-dire peu pressées, pour laisser la matière colorante rouge dans le marc, et l'analyse a porté sur le vin blanc qui en est résulté, le marc et les sarments. Le Gamay direct a produit ainsi 7987''' de vin blanc, 5437''s de marc et 225o''8 de sarments à l'hectare: le Gamay sur Riparia, dans les mêmes conditions, aproduitg-62''' de vin blanc, 5666''S de marc et 3863''? de sarments; le Gamay sur Viala 56o5''' de vin blanc, 3579''s de marc et 4948''^ de sarments. » Le Tableau suivant contient les résultats d'analvse : Gamay direct. sur Riparia. sur Viala. Par litre j Azote o,258 o,25iS 0,2686 de Acide phosphorique os'', 267 os"',2875 os%3ii vin blanc. ( Potasse oB', 685 os'',7634 oe'',954 Pour 100 / Azote o, 34i5 o,33 0,337 de l Acide phosphorique 0,220 o, [777 o,23i sarments. ( Potasse 0,704 0,6797 0,819 Pour 100 /Azote • 0,467 0,48 0,3938 de ! Acide phosphorique 0,164 0,173 o,i524 marc. ' Potasse o , 773 o ,7493 o , 395 » L'inspection de ce Tableau montre que le vin de greffes est plus riche en principes fertilisants que celui de Gamay direct; à la dégustation, le vin du Gamay sur Riparia, planté depuis neuf ans, a paru aussi bon que celui du Gamay direct, âgé de vingt-sept ans, tandis que le Gamay sur Viala, âgé de onze ans, a donné un vin de qualité supérieure aux deux autres. Les sarments de Gamay sur Riparia sont, par contre, les plus pauvres en azote, en potasse et surtout en acide phosphorique ; il en est de même du marc de Gamay sur Viala, dont la pauvreté est vraisembla- blement corrélative de la richesse du vin correspondant. » On déduit des nombres du Tableau précédent les quantités suivantes de matières nutritives, exigées par hectare de vigne : Azote. Acide phospliorique. Potasse, ^ks kg kft Gamay direct 35,i38 i6,ii3 63,343 Gamay sur Riparia.. . . 42,4o8 '9,473 76,171 Gamay sur Viala 32,282 18,628 60,012 C. K., 1893, 2- Semestre. (T. CXVII, N° 22.) '02 ( 7^4 )) La greffe sur Riparia se montre donc beaucoup plus exigeante que le plant direct; la greffe sur Viala semble, au contraire, l'être un peu moins. Mais ce n'est là qu'une apparence; en général, la greffe sur Viaia est plus vigoureuse que l'autre, et, quand elle se trouve dans des conditions défa- vorables à la coulure, elle donne un rendement supérieur; ainsi, en 1888, ce même Gamay sur Viala a rapporté 190''"' de vin rouge à l'hectare. Il n'y aurait pas exagération à admettre que cette greffe aurait pu produire, en année courante, 10 000"' de vin blanc et à élever proportionnellement le poids du marc à 6385''", en conservant le même poids de sarments. Dans ces conditions nouvelles, il faudrait au Gamay sur Viala, par hectare : Azote. Acide phosphorique. Potasse. 44''s,5oo 24''s, 269 75''?, 284 » Ces nombres se rapprochent de ceux qui se rapportent à la greffe sur Riparia; la consommation d'acide phosphorique est cependant plus élevée. » Quoi qu'il en soit, toute hypothèse mise à part, l'exportation des principes fertilisants par l'ensemble du vin, du marc et des sarments, est bien plus considérable dans le Beaujolais qu'en Alsace, où Boussingault l'estimait à iG''^, 42 de potasse et à 7''^, 23 tl'acide phosphorique, et que dans le sud-ouest de la France, où, abstraction faite des feuilles, elle est, d'après M. Mùntz, de 16''^, o3i d'azote, 6''^, 221 d'acide phosphorique et 2/|''s, 322 de potasse à l'hectare. Ceci concorde avec ce fait que les rende- ments de la vigne dans le Beaujolais sont bien plus considérables qu'en Alsace et que dans le sud-ouest de la France. » Dans tout ce qui précède, les feuilles ont été systématiquement lais- sées de côté : au premier abord, elles paraissent faire retour intégral au sol; mais certaines considérations m'ont conduit à penser qu'il n'en est pas ainsi, et qu'il est possible de déterminer, en moyenne, la proportion des feuilles perdues par le terrain qui les a produites; je me propose de revenir ultérieurement sur cette question ( ' ). » (') Ce travail a été fait au laboratoire de iM. le proi'esseur Ditle, à la Sorbonne. ( 7^5 ) POMOLOGIE PHYSIOLOGIQUE. — Étude d'une variété de pomme à cidre, à tous ses âges. Mémoire de M. A. Truelle, présenté par M. Chatin. (Extrait par l'auteur.) « Cette étude, commencée avec Ir /leur de la variété, a été poursuivie jusqu'à \a pourriture noire des fruits; elle a donc épuisé le cycle des phéno- mènes qu'ils comportent à toutes les phases de leur existence, qui s'est prolongée pendant une année révolue. )) Ces recherches ont été entreprises dans le but : i" de déterminer aussi rigoureusement que possible la variété en tant que fruit; 2° de fixer sa composition chimique aux différentes phases de sa vie complète : déve- loppement et maturité à l'arbre, puis, maturité dans le grenier et enfin, au delà, c'est-à-dire dans la période de décomposition; 3° d'indiquer le moment spécial où le fruit, en possession du maximum de ses qualités, doit être livré à l'industrie pour donner un jus répondant à ce summum. Pour y parvenir, je me suis astreint à douze analyses mensuelles. » La' variété Amère, de Surville, en tant qu'arbre, a la forme pyramidale. Vigou- reuse, rustique et fertile, elle peut rapporter entre 5 à 6 hectolitres. Comme fruit, elle appartient dans mon classement (') à la Classe IV. Fruils Jaunes verdâtres, IVe groupe, fruits gros ; 1" catégorie, fruits coniques. Ses caractères essentiels sont : une forme conique, mamelonnée; un épiderme jaune verdàtre; un pédoncule long inséré dans une cavité caractérisée par l'absence de gris roux. A l'intérieur, on con- state par des coupes verticales et transversales que le trajet des styles est peu visible; que le cœur est assez régulier et que le point d'émergence des faisceaux sépalaires et pétalaires est presque aussi souvent à angle droit qu'en ovale. Les anastomoses de ces faisceaux ne sont visibles à l'œil nu que jusqu'au mois d'octobre. Ses affinités les plus proches sont avec la Bouteille rouge. Sa maturité à l'arbre la classe dans les fruits de deuxième saison, mais son coefficient de garde, qui est des plus élevés, per- met de la conserver aussi longtemps que ceux de troisième saison. Son coefficient d'évaporation ou de déperdition est de i8'',75 par jour par kilogramme de fruit. Voi- ci son analyse moyenne, pour la période de garde réellement utilisable, rapportée à un litre de jus : densité, io58; sucre total, laSs''; tannin, S^"-, 68 ; matières pectiques, 38'',2o; acidité évaluée en acide sulfurique monohydraté, a?"', i4. Sa qualité maîtresse, c'est sa richesse en tannin, qui manque souvent dans les fruits à cidre; aussi mérite-t-elle d'être propagée. » Les Tableaux analytiques se rapportent aux différents âges des fruits, (') Voir : L'art de reconnaître les fruits de pressoir. Garnier frères, libraires- éditeurs, 6, rue des Saints-Pères. ( 766 ) répartis comme il suit : i° Période de formation et de développement, quatre mois : juin à septembre; 2" période de maturité à l'arbre : un mois et demi : octobre à la mi-novembre; 3" période de maturité de garde réel- lement utilisable, trois mois : novembre à février; l\° période au delà, cinq mois : mars à juillet. » Il ressort de ces analyses que le bois, les feuilles et les fleurs possèdent les mêmes principes que les fruits et que ce sont les fleurs qui s'en rap- prochent le plus. Pendant la première période, les sucres qui constituent l'élémeut le plus important des fruits et dont on peut suivre plus nettement les variations prennent une marche régulièrement croissante; rien de précis sur le tannin, les matières pectiqiies et les sels, mais l'acidité et le tissu végétal vont en diminuant progressivement, l'eau de végétation restant à peu près stationnaire. Pendant la seconde période, les phénomènes se montrent les mêmes; les sucres qui, au début, figurent pour le ^ du poids total, en atteignent le j^. Pendant la troisième phase, ils arrivent à 12 pour 100; l'eau de végétation et l'acidité se maintiennent, tandis que la fibre végétale va en diminuant; le tannin et les matières pectiques subissent des variations non élucidées. Dans la quatrième période, les sucres montent encore jusqu'à leur point culminant, i4 pour 100, mais ce sum- mum est dû à la forte évaporation subie par les fruits où l'eau de végéta- tion descend jusqu'à 75 pour 100, alors qu'elle s'était maintenue à 80 pour 100 pendant les expériences antérieures, et, conséquence naturelle, la fibre a augmenté. Pendant la dernière période, la pourriture, on retrouve encore les mêmes principes, mais en proportion variable, selon l'état de décomposition des fruits. » Au reste, voici les termes extrêmes qu'ils présentent dans leurs varia- tions : Principes. Minimum. Maximum. Variations. „ . . , . ( 7iis'' 60, fruit pourri, iuiii, 82s'', 21 en iuillet, début C'est l'élément qui va- Eau de végétation ... ^^„' , ' . . ■* ' .. . , . ' ( iin des expériences. des expériences. rie le moius. iS'jSo/i, juin, début des i/jS'', 89 en juillet, fin des ; expériences. expériences. I Les variations des su- ■ . 1 ios% 542, novembre, pour 1 ■ . • , 1 1 cres sont très sensi- £■ verli , . • j , 1 • iis'',99 pour la période de bucres. ( I la période de garde uti- } ■^, ... ,, \ blés, celles du sac- > ' ,• , , sarde utilisable. ;' , , , lisable. / i charose sont les plus i oS'',i3q fruit pourri, iuil- I , 1 grandes. Saccharose. , ^l , . ■ iS', 70, novembre. ( let, lin des expériences. ) I „ . ,,, , ( 15'', on, juillet, début des Ce principe, maldéfini, Tannin os-, 444, en novembre. '^^', ••. - -n ( expériences. est très variable. Sucre inter- ( 7^7 ) Principes. Minimum. Maximum. Variations. Matières pectiques, al- ) „ . i -2^', 20, juillet, fin des ex- ) ... . ^, ^ 08', 3oo, en août. , . Très variables, buminoïdes, etc . . . ) ( penences. \ Acidité totale en acide 1 OS"', o85 pour la majorité os^Sio, fruit pourri, en) . ,, [ ' '. , .•< . . ' Peu variable, malique ) des mois en expérience. jum- ) „. , . „ . ,, , i iSs', 07 en juin, début des ) , ... Tissu végétal Se', o56 en décembre. • • Assez variable. ^ ' ' exjiériences. ,, . . is'', 287 en luin, début des „ , . ,. Cendres totales os'',45i en lanvier. .. Très variables. ■* ( expériences. \ » Des analyses comparatives de la pulpe et du jus, il appert que, au point de vue pratique, c'est pendant les mois de décembre et de janvier qu'il convient de brasser ces fruits, pour en retirer tout à la fois le meilleur produit et le plus grand parti, puisque, à cette époque, ils abandonnent 94 pour 100 environ de principes utilisables. » GÉOLOGIE. — Preuves et cause du mouvement lent actuel de la Scandinavie. Note de M. A. Badoureau, présentée par M. Daubrée. « La réalité du mouvement lent ascensionnel de la Scandinavie, par rapport au niveau de l'Océan dans son voisinage, résulte du concours des huit preuves suivantes, si contestables soient-elles, considérées chacune isolément : je les rappellerai en peu de mots. » I. La relégation dans l'intérieur des terres de Lulea, fondée par Gustave-Adolphe au bord du golfe de Bothnie. » IL La diminution de profondeur du chenal de Stoestsund, du port de Landskrona, etc. » IIL L'élévation, par rapport au niveau de la mer, de 99 repères tra- cés de main d'homme sur les côtes de la Baltique depuis 1 780 (87 en Suède et 12 en Finlande), et réobservés ultérieurement. » IV. L'élévation, par rapport au niveau de la itier, de 27 marques tra- cées en Norvège, près du cap de Lindesnaes, en i83g, et réobservées en i865. » V. La présence dans les lacs finlandais et Scandinaves, à côté d'une faune d'eau douce d'importation récente, d'espèces regardées comme des résidus d'une faune d'eau salée et froide, adaptée progressivement à la vie dans les eaux douces et tempérées. Cette faune comprend, d'après M. Cred- ner, un mammifère confiné d'ailleurs dans les lacs de Finlande {Phocaan- nellata), des poissons {Cottus quadricornis , Trutta salar, Truttalacustris), des ( 768 ) c-Rv^ih-cks {Mysis relicta. Pontoporeia affinis, Pallasea cancelloïdes, Gamma- racanthus loricatus, Idotea entomon, Cythere lacmtris, Limnocalanus ma- crusus). » VI. La présence d'anciennes lignes de rivage de la raer moderne, actuellement surélevées jusqu'à 200"" environ d'altitude, et se présentant sous les trois aspects suivants : de crêtes de galets, de falaises d'érosion ou de deltas fluviaux. 1) VII. L'existence, dans la Suède méridionale, de dépôts d'argile colo- rée interglaciaire, et d'argile blanche postglaciaire, contemporaine des Kjokkenmoddings danois. Ces dépôts prouvent que la mer a, par deux fois, formé un sundk travers les lacs Wener, Hjelmar et Maelar. » VIII. La présence, constatée par M. Sars, près Drobak (Xinafjord), jusqu'à i5o™ d'altitude, du madrépore appelé Oculina proliféra. » Les asar ont été regardés par M. Erdmann comme d'anciens cordons littoraux, mais ce sont visiblement, comme l'a dit M. Tornebohm, d'an- ciennes alluvions de fleuves superglaciaires, et Us n'ont conséquemment rien à voir avec le mouvement de la Scandinavie. » La cause de ce phénomène nous paraît, comme à M. de Drygalski et à M. de Lapparent, devoir être cherchée dans le récent échauffement du sol et du sous-sol Scandinaves. M. de Drygalski a montré, en 1888, que cette cause était adéquate à l'effet observé. Le calcul suivant, fondé sur des hypothèses vraisemblables, prouve qu'elle lui est presque égale. » On sait qu'à la dernière époque glaciaire, les glaces Scandinaves cou- vraient la péninsule (moins la Scanie), la Baltique et la Finlande, soit une calotte d'environ i Soo""" de diamètre. Au contact de l'épais manteau de glace, dont il fondait la base, le sol était à la température de 0°; actuel- lement, la température moyenne de l'atmosphère et, par conséquent, la température du sol est à Skudesnaes de 7",!, à Roraas de —2°, 5 et peut être évaluée en moyenne sur la calotte de 3° environ. » Depuis l'époque glaciaire, le sol et, conséquemment, le sous-sol de cette région se seraient donc échauffés d'environ 3°. M Le coefficient de dilatation linéaire des roches qui constituent ce sous-sol étant 0,000008, un arc de i Sooooo" s'est allongé de 36"". » Soient la. l'angle au centre qui sous-tend cet arc; X le surhaiissement de son milieu ; y le déplacement de son centre. ( 769 ) On a évidemment 27rR := 40000000, 2aR = i5ooooo, ^(2aR) = 36, ^(Rsina) = o, rf(Rcos«) = !-.y, dR=^x—j. » On en tire 80 et, approximativement, V. - ^) dR -h r(i - °^\ doi = o, ( I — - Wr — R a, rfa = — f/j ; d'où 5A 2- ages par année. Les communications verbiiles ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis h la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o jDages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les correspondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne |)réjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être reniis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à 10 heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Instructions demandés par le Gou.veri ement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impressioh de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les ' léposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, SÉANCE DU LUNDI i DÉCEMBRE 1893, PRÉSIDENCE DE M. DE LACAZE-DUTHIERS. MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. BOTANIQUE. — Signification de la localisation des organes dans la mesure de la gradation des végétaux; par M. Ad. Chatin. « Plus encore que leur variété, la localisation des organes contribue à donner la mesure de la gradation des espèces végétales. Un organe peut exister sans être localisé ou isolé, mais s'il est localisé, c'est qu'il existe. » Tous les appareils des végétaux, ceux de la végétation comme ceux de la reproduction, apportent ici leur contingent de preuves. » La racine donne des enseignements de grande valeur. Bien localisée chez les Dicotylédones en un seul axe, opposé, base à base, à la tige, et d'une durée sans autre limite que celle même de l'individu, elle est, dans les Monocotylédones, composée de multiples parties homologues; or il a été précédemment établi que la répétition ou multiplication de ces par- ties est un caractère de dégradation. C. R., 1893, 2- Semestre. (T. CXVII, N» 23.) Io4 ( 776 ) M En outre, ces racines sont comme arrêtées au milieu rie la période embryonnaire et ne continuent leur évolution qu'à la germination, mo- ment où elles se dégagent de la coléorhize. » A noter encore la faible durée des racines des Monocotylédones, qui disparaissent successivement de bas en haut; les premières-nées, ou pri- maires, étant remplacées par de simples racines adventives, comme on le voit bien dans les Céréales et les Palmiers. » Les Cryptogames vasculaires, placés encore plus bas sur l'échelle végétale, n'ont plus que les racines adventives ou secondaires des Mono- cotylédones. » L'existence d'un axe caulinaire, produit de la localisation de tissus divers, qui vont se modifiant et se variant suivant la hiérarchie des groupes naturels, est un signe certain d'élévation organique; elle place, dès le bas du règne végétal, les Acrogènes (Hépatiques et Mousses) au-dessus des Amphigènes (Champignons, etc.). » Encore purement cellulaire dans les Muscinées, l'axe tigellairc se complète chez les Cryptogames vasculaires par l'apparition de vaisseaux divers, parfois même, le plus souvent, il est vrai, durant une courte pé- riode transitoire de trachées vraies, lesquelles seront l'attribut général des Monocotylédones et des Dicotylédones. » Comme leur racine, la tige des Dicotylédones est formée d'un axe simple, qui va se divisant en axes secondaires nés de bourgeons placés à l'aisselle des feuilles. » Chez les Monocotylédones, les tiges sont on multiples, ou simples, mais ordinairement, en ce dernier cas, à tronc non ramifié. A noter que la lige n'est simple ici (Palmiers, etc.) que par l'arrêt de développement de bourgeons axillaires; ce que démontre la ramification habituelle des Dra- cœna et parfois du Dattier, quand on en supprime la tète. » L'Anatomie montre, entre les Monocotylédones et les Dicotylédones, des différences de localisation tout à l'avantage de celles-ci. A ne consi- dérer ces différences que dans leurs grandes lignes, on trouve : » Dans les Dicotylédones bien localisés : au centre de l'axe, un cylindre cellulaire, la moelle; autour de la moelle, un cercle ligneux vasculaire, limité au dehors par l'assise spéciale de cellules que M. Van Tieghem a dénommée perïcyc/e; plus en dehors, un système cortical que limite inté- rieurement, au voisinage dupéricycle, l'assise dite endoderme ^^diT le même savant. » Chez les Monocotylédones, au contraire, il n'existe ni moelle loca- ( 777 ; liséeau centre, ni cercle fibro-vasculaire, ni système cortical périphérique distinct, mais des faisceaux épars et de structure complexe dans lesquels entrent, comme en désordre, tous les éléments histologiques si bien loca- lisés dans la tige des Dicotylédones. » A leur tour, les feuilles présentent, dans les Dicotylédones et les Mo- nocotylédones, des états de localisation qui établissent la supériorité des premières par rapport aux secondes. » Les feuilles des Dicotylédones ont généralement à leur base un pétiole où convergent et se localisent les faisceaux vasculaires, puis un limbe dans lequel ces faisceaux s'épanouissent. A la conjugaison des faisceaux suc- cède leur disjonction; comme si deux forces, d'ordre opposé, agissaient successivement pour donner leur caractère spécial aux feuilles des Dico- tylédones. » Dans les Monocotylédones, au contraire, à la place du pétiole, à élé- ments vasculaires localisés, est une gaine circulaire d'où les faisceaux, restés parallèles, s'élèvent dans une sorte de limbe, continuation de la gaine. Ici donc ni concentration ou localisation au voisinage de la tige, ni disjonction ultérieure. » C'est ainsi que, par défaut de localisation, les feuilles, comme la racine et la tige, placent les Monocotylédones au-dessous des Dicotylédones. » Des exceptions en quelques Monocotylédones à pétiole et à limbe distincts (quelques Asparaginées notamment) et en certaines Dicotylédones munies de gaine et de limbe à nervation parallèle (quelques Renonculacées et Ombellif ères) confirment même l'aperçu général en montrant que ces écarts se rencontrent précisément parmi les plus parfaites des premières et dans les plus dégradées des secondes. » Parmi les Cryptogames vasculaires, les Fougères tranchent, par leurs feuilles à nervation rappelant celle des Dicotylédones, avec les Équi- sétacées et les Lycopodiacées, mais on remarquera que ces feuilles dites frondes, qui portent les fructifications, sont passées au service de l'appa- reil, d'ordre supérieur, de la reproduction. » Quant à la symétrie de position des feuilles, plus souvent, il est vrai, alternes dans les Monocotylédones que chez les Dicotylédones, mais op- posées chez les Clématidées au milieu du groupe abaissé des Renoncu- lacées, etc., elle paraît être ici négligeable. » Bien que parfois plus difficiles à dégager des appareils de la reproduc- tion que de ceux de la nutrition, les signes de l'élévation des groupes na- turels y sont variés et importants. ( 77« ) )) Les enveloppes florales, les étamines et les pistils sont à considérer, d'abord dans leur individualité séparée ou autonome, ensuite dans les soudures ou fusions qui peuvent se produire entre eux. » Les plantes pourvues à la fois de calice et de corolle, bien localisés, sont plus parfaites que celles réduites à une seule de ces enveloppes, que celle-ci soit un calice, ce qui est le cas oïdinaire, ou une corolle suivant A. de Candolle, comme dans les Loranthacées. » Quant à la distinction, ou localisation, du calice et de la corolle, elle est beaucoup plus nette dans les Dicotylédones que chez les Monocotylé- dones. » Si bien caractérisées, en effet, dans les Dicotylédones, tant par leur point d'attache que par leur consistance, leur coloration verte et souvent par la préfloraison, les deux enveloppes se confondent à tel point dans l'em- branchement inférieur des Monocotylédones, que des botanistes éminents ont pu soutenir, les uns, qu'elles n'ont pas de calice, les autres, qu'elles manquent de corolle : opinions fausses toutes deux, comme suffirait à le prouver, en dehors de l'Organogénie, la (leur du Tradescanti'a, à calice vert persistant et à corolle délicate d'une durée éphémère. » L'Organogénie enseigne d'ailleurs que chez toutes les Monocotylé- dones à enveloppes florales, même fusionnées comme celles des Narcisses, après développement complet, les deux verticilles sont cependant très distincts au premier âge, par la position concentrique et alterne de leurs mamelons respectifs. » La seule différence générale vers ce premier âge, entre les Monoco- tylédones et les Dicotylédones, c'est que chez celles-ci un temps sensible- ment plus long se place entre l'apparition des mamelons de la corolle et de ceux du calice. » Quelle est la signification de la cohérence ou soudure des parties ho- mologues du calice et de la corolle? Négligée quant au calice, cette ques- tion a été posée, mais fort diversement résolue pour la corolle. » Dans la division des plantes en Apétales, Monopétales et Polypétales, classification purement arithmétique (pas de pélale, un pétale, plusieurs pétales), Laurent de Jussieu a méconnu la'^nature de la Monopétalie, ce qu'il regardait comme une corolle formée d'un seul pétale résultant, en réalité, de la cohérence de tout un verticille de pétales, vérité qui, une fois admise, a justement fait substituer le terme de Gamopétale à celui de Mo- nopétale. » Autre chose est de P. de Candolle qui, après un examen approfondi ( 779 ) pour le temps, place les Thalatniflores ou Polypéfales hypogynes au-dessus des Gamopétales. » A. Brongniart, considérant que toute famille polypétale compte des Apétales, réunit avec raison les deux groupes en un seul sous le nom de Dyalipélales, appellation qui a, toutefois, le tort de faire croire à l'existence des pétales chez les Apétales faisant partie du groupe, groupe qu'il tient d'ailleurs justement pour inférieur à celui des Gamopétales, vue qu'adop- teront Ad. de Jussieu et d'autres botanistes dont le seul tort fut de tenir les Gamopétales à ovaire infère pour supérieures aux Gamopétales hy- pogynes. M L'idée de la supériorité des Gamopétales en général s'est fortifiée de l'Organogénie, montrant que les Polypétales ne sont que le premier âge des Gamopétales, les mamelons corollins étant invariablement distincts à leur apparition dans le très jeune bouton ; d'où il ressort que la polypétalie n'existe que par suite d'un arrêt de développement, ce que confirment de nombreux cas de tératologie. » La soudure des étamines à la corolle, à peu près générale dans les Gamopétales, à l'exclusion des Polypétales, est-elle un signe d'abaissement du type? Le fait que cette soudure, à quelques rares exceptions près (Ca- ryophyllées surtout) n'existe pas dans les Polypétales, type inférieur à tant d'égards, suffirait à mettre en garde contre une telle conclusion, bien que conforme, en apparence, au principe de localisatiou. » Mais ce serait là une exagération du principe. En effet, d'une part, la Morphologie indique que la soudure est gênée, sinon empêchée dans les Polypétales, en raison même de la ténuité des onglets des pétales qui laissent toute place libre pour l'attache des filets des étamines. Autre chose est des Gamopétales, qui occupent, par leur base continue, toute la circonférence du torus. » Il y a plus; c'est que, au moment de leur apparition ou formation première, les étamines sont absolument distinctes des pétales, avec lesquels elles ne se soudent que tardivement. » J'ajoute que dans un certain nombre de familles (Éricacées, Rhodo- dendrées, notamment) de Gamopétales hypogynes les étamines, gardant leur localisation première, ne se soudent pas à la corolle. Sur ce point encore, les Corollidores se montrent supérieures aux Gamopétales épi- gynes. » J'ai dit que les Gamopétales à ovaire infère (Composées, Valéria- nées, Rubiacées, etc.) sont inférieures aux Gamopétales à ovaire supère ( 7«o ) (^Apocynées, Gentianées, Solanées, etc.); la preuve peut sembler encore à faire. » Or tout, fixité plus grande de la corolle, préfloraison plus régulière- ment verticillaire que spiralée ou imbriquée, surtout localisation complète du pistil dégagé de toutes soudures avec les appareils extérieurs delà fleur, apparition des Gamopétales hypogynes seulement dans les récentes forma- tions géologiques, comme couronnement du règne végétal, démontre la supériorité organique de ce type. » Faut-il rappeler qu'Adrien de Jussieu voyait le signe de l'élévation des Gamopétales dites èpigynes (Composées, etc.), en ce qu'elles s'éloignaient le plus de l'appareil foliacé, inférieur, au point de vue des fonctions, à l'appareil floréal? )) Mais ce sentiment qui méconnaît l'importance de la localisation, aussi peu contestable en Botanique qu'en Zoologie, ne saurait être jiar- tagé. Qu'est-ce, en effet, que la localisation : la disposition, sur des points déterminés, de chacun des appareils et la séparation, ou distinction, de cet appareil d'avec tous autres, de ses voisins surtout. )) Le terme opposé à la localisation, c'est la diffusion, la confusion. Et la soudure, en un tout plus ou moins homogène du calice, de l'ovaire, des étamines et des pétales, qu'est-ce, sinon la confusion de tous ces or- ganes? » Que se soudent encore entre eux les ovaires, déjà soudés aux enve- loppes de la fleur, comme on l'observe dans quelques Composées, Capri- foliacées et Rubiacées; qu'à tout cela s'unissent encore les Bractées et l'axe caulinaire lui-même, ainsi que cela a lieu dans l'Ananas, et sera réa- lisé l'idéal de la perfection, de par le principe directeur du savant bota- niste qui voit l'appareil floral le plus élevé dans les plantes où par une inextricable contusion il s'éloigne le plus de la disposition foliacée. » Mais les Conifères aussi s'éloignent fort, comme les Composées, par leur inflorescence capitée, de l'appareil foliacé, et cependant à nul ne viendra la pensée de voir dans ces végétaux à ovules sans péricarpe pro- tecteur, privés d'enveloppes florales, etc., un type élevé. » Concluons donc, tout y ramène, que les Gamopétales à ovaire infère constituent un type subordonné à celui des Gamopétales hypogynes. » Comme on pouvait le prévoir en raison de la solidarité des deux règnes organiques sur toutes les grandes questions, la localisation n'est pas moins signe de l'élévation des types en Zoologie qu'en Botanique. On sait, en effet, que les appareils de la circulation, de la nervation, etc.. (78. ) encore diffus dans les animaux les plus inférieurs, vont se concentrant de plus en plus dans les types, à mesure que ceux-ci s'élèvent, pour arriver à la localisation la plus complète dans les Vertébrés supérieurs. » NOMINATIONS. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Correspondant, pour la Section de Mécanique, en remplacement de feu M. Colladon. Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant l\i, M. Riggenbach obtient 3r suffrages M. Dwelshauvers-Dery lo » M. RiGGE\BAcn, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé élu. L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de deux de ses Membres qui doivent être désignés à M. le Ministre des Finances, comme devant faire partie de la Commission de contrôle de la circulation monétaire. MM. Troost et Schutzenberger réunissent la majorité des suffrages. MEMOIRES PRESENTES. CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur L'essai des oxydes de manganèse par l'eau oxygénée. Note de M. Harry-C. Jones. (Commissaires : MM. Daubrée, Troost, Mallard.) « Leipzig, laboratoire de l'Université, novembre iSgS. » Un travail portant le titre ci-dessus a été communiqué récemment à l'Académie par M. Adolphe Carnot ('). Je demande à l'Académie la per- mission de faire remarquer que la méthode analytique indiquée par (') Comptes rendus, t. CVI, p. 1295. ( 7«2 ) M. Carnot est l'application d'une méthode plus générale, élaborée j>ar moi il Y a environ quatre ans et publiée depuis trois ans et demi, ou à peu près. )) On sait depuis longtemps que, au contact des peroxydes des métaux avec l'eau oxygénée, il se dégage de l'oxvgène. G. Lunge (') a fait voir qu'en présence d'un acide cette réaction s'achève jusqu'à devenir quanti- tative; il a dosé lui-même le peroxyde de manganèse à l'aide de l'eau oxv- génée en présence d'acide sulfiirique. M. Ad. Carnot cite seulement la méthode de M. A. Riche ('), qui dose l'eau oxygénée à l'aide du peroxyde de manganèse et de l'acide sulfurique : dans la méthode qu'il propose lui- même, il s'agit du dosage du peroxyde de manganèse à l'aide de l'eau oxygénée en présence d'acide azotique. Dans ces conditions, l'oxygène mis en liberté provient pour moitié du peroxyde de manganèse, et pour moitié de l'eau oxygénée, d'après l'équation MnO-+ H-0=+2HN0'=3Mn(N0')=+2H-0 + 02. » Si l'on connaît la quantité de substance employée, et qu'on mesure la quantité d'oxygène dégagée, il suffit d'un calcul très simple pour en dé- duire la quantité de peroxyde de manganèse qui est intervenue. » M. Ad. Carnot montre encore que la même méthode peut servir à doser les oxydesMn'O' et Mn^O", et donne finalement à entendre qu'elle peut être utilisée pour l'analyse des minerais de manganèse. » En consultant ['American Chemical Journal, t. XII, p. 279; 1890, on verra que c'est précisément la méthode que j'avais trouvée et déve- loppée. Le même travail a été inséré dans VAnalyst, l. XVI, p. 2t5. Enfin on en trouve un compte rendu dans le Central Blatt, 2* série, p. 1027; 1890. » A la même occasion, j'ai montré ( ') qu'on peut doser le minium et le peroxyde de plomb à l'aide de l'eau oxygénée en présence d'acide azo- tique. D'après les équations PbO- -hH-0^-f-2HNO^= l>b(N0')- + 2H=0H--20, Pb^O* + H-0= -t-;6HN0'= 3Pb(N0^)= + 4H20 ^ 2O. (') Lu.NGE, Repert. Analyt. Chern., t. VI, p. i4i. (') Riche, Journ. Pliarm. Cliim., 6" série, t. XIII, p. n'^^. (') Amer. C/iem. Journal, l. XII, p. 276; 1890. ( 7«3 ) une moitié de l'oxygène mis en liberté provient de l'oxyde de plomb; l'autre moitié, de l'eau oxygénée. » Comme je l'ai rappelé plus baut, M. Lunge (') a montré que le per- oxyde de manganèse peut être dosé à l'aide de l'eau oxygénée en présence d'acide sulfurique; j'ai fait remarquer, à ce propos, qu'on se servira avec avantage de l'acide azotique, qui oxyde tout ce qu'il y a de protoxyde de fer dans les minerais de manganèse et prévient ainsi toute perte d'oxy- gène. J'ai fait voir encore qu'on peut doser l'eau oxygénée à l'aide d'un excès de minium ou de peroxyde de plomb en présence d'acide azotique, aussi bien que d'après la méthode de Lunge (-) qui implique l'emploi du chlorure de chaux. » CORRESPONDANCE . ASTRONOMIE. — Sur les déformations profondes du sphéroïde de Mars. Note de DOM Lamey, présentée par M. C. Wolf. « Les déformations du ilisque de Mars se révèlent à l'observation sous quatre aspects très différents. )> Tantôt le disque paraît fortement déprimé, aux pôles principalement, et terminé alors par une ligne droite sous-tendant un arc variant de 36° à 70", tantôt on remarque des proéminences sur les bords du disque, tantôt enfin, avant ou après l'opposition, la phase révèle sur le terminateur des inégalités de niveau considérables, donnant souvent à la partie éclairée du globe une apparence piriforme des plus accentuées. » A ces inégalités, variant pour nous par la rotation et l'inclinaison des pôles de JNlars, il faut ajouter les différences micrométriques si peu concor- dantes, trouA'ées successivement depuis Herschel jusqu'à nos jours, entre les diamètres équatoriaux et polaires de la planète. On avait supposé gra- tuitement que ces différences étaient dues à une dépression des pôles sous l'influence de la rotation et que le sphéroïde était de révolution; mais les aplatissements qui en résultaient étaient des plus variables et en plein désaccord d'ailleurs avec la théorie fondée sur la masse et la vitesse angu- laire. (') hi^aaE, Repert. f. Analyt. Chem., t. X^'I, p. i4[. (-) Llnge.^c/-. Deuisch. Chem. Ges., l. XIX, p. 868. G. R., 1893 i- Semestre. (T. CXVH, N» 23.) lO*)' ( 784 ) » Aussi, en présence de cette difficulté, Laplace répondit un jour à Arago que « des bouleversements locaux, analogues à ceux dont on voit » les effets en diverses parties de la Terre, surtout dans les régions équa- » toriales, avaient pu avoir une plus grande influence sur la figure d'une » petite planète que sur celle de Jupiter ou de notre globe ». (Arago, Mém. sur Mars, t. II, p. 255 de ses J/em. scientifiques.) » Ces déformations réclament aujourd'hui une attention particulière, non pas seulement parce qu'elles rendent hommage au génie de Laplace, mais encore parce qu'elles conduisent logiquement à la reconnaissance du système orographique de Mars, sur lequel on s'était longtemps obstiné à ne voir que des neiges, des mers et des canaux. » 1. Dépressions. — Schrœter paraît être le premier qui signala les grandes dépressions polaires. Sur 217 dessins qu'il fit de la planète (1785-1803), il n'eut l'occasion de remarquer le fait que trois fois, mais d'une manière indubitable. Moi-même, sur 1 34 relevés de configurations aréographiques (1864-1893), je ne l'ai constaté que deux fois seulement. » Voici, en un Tableau, le résumé de ces observations. Après la date, le milieu de l'heure locale et la longitude du centre, on a l'amplitude des dépressions, suivie de la dénomination de la région correspondante, d'après les Cartes de l'observatoire de Milan : h m o o 21 sept. 1798 jo. 7 188,0 70 Thaumasia 12 nov. 1800 7. 9 i47îO 36 Thaumasia 18 déc. 1802 7.52 332,2 55 Pôle boréal 24 oct. 1864 II. o 322,23 48 Thjlell (Eridiana)Hellas 27 mars 1884 10. 5 i36,25 60 de Thjle I à Argyre II » Outre ces grandes dépressions, le disque de Mars présente, dans sa plénitude d'illumination, des déformations secondaires sur tout son con- tour. La soirée du i3 février 1884 surtout a présenté ce phénomène avec beaucoup d'accentuation. » 2. Proéminences. — Les proéminences qui se projettent dans l'espace, lorsqu'elles viennent à gagner le bord du disque, sont plus fréquentes et faciles à voir, surtout si l'on n'exclut pas de ce genre de phénomènes les taches neigeuses et si brillantes des pôles. » Celles qui font saillie vers l'équateur sont assez rares et je n'en ai re- levé que six bien accentuées, et encore une seule a présenté une saillie assez nette pour être calculée. La figure qui l'indique a été publiée en 1884 {Mém. de la Soc. Eduenne, t. XII, p. 385), et la saillie de o", 17 représente (785) un ballon élevé d'environ i lo""". Après les observateurs du mont Hamil- ton, M. Perrotin a constaté, en 1892, une saillie analogue qu'il estime de 40""° à 60'"" d'altitude. Il signale également des renflements et soulève- ments de la sur(ace"(Comptes rendus, t. CXV, p. Syg-SSi). » 3. Gibhosités. — Si les aspects susdits demandent pour être constatés une bonne définition d'image, le disque d'une planète étant toujours plus ou moins vacillant, il n'en est plus de même des inégalités du terminateur. Schrœter les a signalées fréquemment dans le cours de ses observations, et il remarque que la phase observée est toujours plus large vers le pôle austral que vers le boréal, ce qui démontre, dit-il très bien, que les mon- tagnes sont plus élevées dans cet hémisphère que dans l'autre (^Areogra- phische Beitrâge. Leyden, 1881, in-8°, § 425, p. 445-446). J'ai très fré- quemment constaté l'exactitude de cette remarque de Schrœter. Le globe lumineux de Mars présente, dans ces circonstances, un aspect piriforme très remarquable et qui lui a valu en juin 1839, à l'observatoire de Sir James South, à Londres, l'honneur d'un procès-verbal que le prince Louis- Napoléon signa Napoléon III et qui a encore aujourd'hui à l'Académie un témoin autorisé en M. d'Abbadie (3Iars, par Flammarion, p. 126). » Aujourd'hui, le doute sur ce point ne peut plus être permis en pré- sence des photographies de M. Pickering qui montrent d'une manière des plus accentuées ces inégalités du sol martien (Ihid., p. 464)- Et ces inéga- lités ne sont nullement exagérées par la Photographie, à en juger par un dessin que j'ai exécuté le 12 juillet i 886 à 8''45"; il montre la même accen- tuation dans les inégalités du terminateur. » 4. Divergences micrométriqnes. — Les mesures micrométriques des diamètres polaires et équatoriaux exécutés depuis un siècle pour déter- miner l'aplatissement ont montré de si grandes divergences et un aplatis- sement si énorme que l'on est allé jusqu'à mettre en suspicion l'exactitude de ces mesures, prises pourtant avec tant de soin par de si habiles et si nombreux observateurs. Les déformations énormes que je viens d'énu- mérer montrent que ce soupçon n'est nullement légitime et que le micro- mètre a exactement enregistré les profondes inégalités du niveau de la planète. Le seul tort a été de croire à une surface de révolution, ce qui donnait forcément un aplatissement inadmissible. C'est ainsi que la vaste dépression polaire que j'observais le 24 octobre 1864 donnerait un aplatis- sement allant à ^. Le i-elevé des observations d'Arago, que je signalais en 1877 {Mém. de la Soc. Eduenne, t. VL p. ^22), montre des divergences variant en une semaine de -^ à ^. » ( 786 ) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur les observations faites par M . J. Vallot en 1887, au sommet du mont Blanc. Note de M. Alfred Angot, présentée par M. Mascart. « M. J. Vallot vient de publier (') les remarquables observations qu'il a faites en 1887 au sommet du mont Blanc; elles constituent la plus longue série qui ait jamais été obtenue à celte altitude. Je ne reviendrai pas sur les conclusions que M. Vallot a formulées lui-même, et me bornerai à quelques points qu'il n'a pas traités. » La période que j'ai utilisée est celle où l'on a à la fois la pression et la température au sommet du mont Blanc; elle comprend vingt-huit jours consécutifs, du 18 juillet au i4 août 1887. » 1" Hauteur du mont Blanc. — La hauteur du mont Blanc peut être cal- culée en comparant les observations de M. Vallot aux moyennes correspon- dantes des observatoires de la même région; j'ai choisi pour cela, de part et d'autre du mont Blanc, de manière à éliminer autant que possible l'in- fluence des inégalités de température et de pression, trois stations sur des montagnes et trois dans les régions basses. Je donne ici tous les éléments du calcul. Tension de Stations. Altitude. Longitude E. Latitude. Pression. Température. vapeur. ^ o . a . ratïi • mm Mont Blanc 4810 4.82 45. 5o 426,62 —6.44 1,8 Santis 2467 7.0 47- 15 070,63 8.01 6,2 Obir 2o4o,5 12.9 46. 3o 600,48 10.88 8,0 Puy-de-Dôme... 1467 0.87 45.47 643,35 i3.o8 8,9 Berne 578 5.6 46.57 714,82 19.16 12,0 Genève 408 8.49 46.12 727,98 21.04 12,8 Lyon (S'Genis).. 299 2.27 45. 4i 786,96 21.04 11, 3 » La tension de vapeur n'a pas été observée au mont Blanc; on l'a obtenue en admettant une humidité relative moyenne de 65; mais une erreur d'un quart sur la valeur de cette tension n'introduirait dans la hau- teur calculée qu'une incertitude inférieure à 2"". (') Annales de l'Observatoire du mont Blanc, t. I, Paris, Sleinheil; 1898. Dans ce volume, M. Vallot donne le fac-similé réduit de toutes les courbes des enregistreurs; les nombres eux;-mèmes seront publiés dans le tome 1 des Annales du Bureau central météorologiijue pour 1892, acluelleiuenl sous pi'esse. ( 7«7 ) » On a employé la t'ormule adoptée dans les Tablea météorologiques internalionales , et qui ne contient aucun coefficient empirique ; les résul- tats sont les suivants ; Hauleur du mont Blanc calculée par : ui ru Santis 4810,9 Berne 4824 Obir 481 1 ,4 Genève 4823 Puy-de-Dôme 48 10, 4 Lyon 48 1 3 » Les hauteurs, calculées par comparaison avec les stations de mon- tagne (Santis, Obir et Puy-de-Dôme), sont absolument concordantes. » Pour les stations basses, Lyon (Saint-Genis) donne également un nombre très voisin du nombre vrai; il est à remarquer que cette station est dans d'excellentes conditions, loin de la ville et sur le sommet de la colline de Saint-Genis, dans une situation topographique qui permet de l'assimiler aux stations de montagne. Au contraire, les nombres obtenus par Berne et Genève sont trop élevés; dans ces deux stations, la tempé- rature est certainement influencée par le voisinage de la ville; ce sont, de plus, des stations de vallée, et par conséquent trop chaudes en été. Ces deux causes réunies donnent pour Berne et Genève une température trop haute; il doit en résulter pour la hauteur du mont Blanc calculée par ces stations un nombre trop fort, ce que l'on trouve en effet. » En résumé, les observations de M. Vallot donnent une intéressante vérification de la formule de Laplace jusqu'aux altitudes voisines de 5ooo". Mais, pour obtenir avec cette formule des hauteurs exactes, il faut employer, non des observations isolées, mais des moyennes de séries assez longues; de plus, on doit ne comparer entre elles que des stations situées dans des conditions topographiques analogues. » 2° Température à la limite de V atmosphère. — D'après Mendéléieff, la température / dans l'atmosphère varierait en moyenne suivant une fonc- tion linéaire de la pression A : ^ = /„ + «A; dans cette formule, ^0 représenterait la température i» la hauteur où la pression est nulle, c'est-à-dire à la limite supérieure de l'atmosphère. M. Voeïkoff, en discutant de nombreuses observations de montagnes, a trouvé pour /„ une valeur approximative de — 4-°' (788 ) » La combinaison des nombres du mont Blanc avec ceux des trois sta- tions de montagne donne ?o = — 47°; avec ceux des trois stations basses » Il est à remarquer que ces nombres ont été obtenus en été, à une époque où la décroissance de la température est plus rapide que la moyenne; des observations faites en hiver donneraient certainement pour t^ une valeur un peu moins basse. Les observations de M. Vallot au sommet du mont Blanc sont donc en parfait accord avec les autres observations de montagne discutées par M. Voeïkoff et assignent aux régions les plus hautes de l'atmosphère une température voisine de — 45"- » J'indiquerai prochainement d'autres conclusions intéressantes que l'on peut tirer des observations de M. Vallot relativement à la variation diurne de la pression et de la température. « CHIMIE. — Sur les acides complexes que forme l'acide molyhdique avec l'acide titanique et la zircone. Note de M. E. Péchard ('), présentée par M. Troost. « Si l'on ajoute en effet de l'acide hydrofluosilicique à une dissolution chaude de molybdate ordinaire d'ammonium, le mélange prend une cou- leur jaune et laisse déposer, par refroidissement, un précipité cristallin, si la liqueur est suffisamment concentrée. Si la liqueur est étendue, l'ad- dition d'acide chlorhydrique produit immédiatement la formation du même précipité jaune cristallin qui n'est autre chose que du silicomolybdate d'ammonium obtenu déjà par un autre procédé (-). L'analyse de ce sel m'a conduit, en effet, à la formule 2(AzH^)-0. SiO-. i2MoO^ -h Aq. Dans cette réaction, une partie seulement du molybdate est transformée en sili- comolybdate, le reste de ce sel s'emparant du fluor pour donner du fluoxy- molybdate d'ammonium qu'on peut faire cristalliser après avoir séparé par filtration le silicomolybdate. » Ce procédé facile de préparation des silicomolybdates m'a permis d'obtenir, en suivant la même marche, des sels renfermant de l'acide mo- lyhdique avec de l'acide titanique ou de la zircone. (') Travail fait au laboratoire de Chimie de l'École Normale supérieure. (-) Parme.mier, Comptes rendus, t. XCII, p. 1234. ( 789 ) » Dans l'expérience que je viens de décrire, on peut remplacer l'acide hydrofluosilicique par le fluosilicate d'ammonium; le fluotitanate et le fluozirconate d'ammonium joueront le même rôle dans la préparation des tilanomolybdates et des zirconomolybdates. » TiTANOMOLYBDATES ET ACIDE TiTANOMOLYBDiQUE : 1° Titanomolybdate d'ammo- nium. — Pour préparer ce sel, on ajoute par petites portions du fluotitanate d'am- monium à une dissolution concentrée de molybdate d'ammonium. La liqueur se colore de plus en plus en jaune à mesure qu'on augmente la proportion du premier sel. Il arrive un moment où cette coloration ne varie plus; on verse alors dans la liqueur un excès d'acide chlorhydrique et l'on voit se déposer un précipité de titanomolybdate d'ammonium. » Ce sel cristallise en petits octaèdres jaunes, agissant sur la lumière polarisée, so- lubles dans l'eau et les acides, mais complètement insolubles dans les sels ammonia- caux. Cette insolubilité explique pourquoi le sel se sépare quand, dans sa préparation, on verse de l'acide chlorhydrique, la liqueur contenant alors de grandes quantités de chlorhydrate d'ammoniaque. Chauffé, ce sel perd de l'eau et de l'ammoniaque et laisse un mélange d'acide titanique et d'acide molybdique. La séparation de ces deux acides s'effectue très aisément si l'on fait passer sur leur mélange légèrement chauffé un cou- rant d'acide chlorhydrique qui enlève l'acide molybdique et laisse l'acide titanique sous forme de flocons blancs et légers. Ce procédé de séparation m'a permis de faire l'analyse de ce sel qui apour formule 2(Az}l*)-O.Ti02. 12 MoO^-l- ioH'^0, ainsi qu'il résulte des nombres qui suivent : Calculé. Trouvé. 2(AzH')20 io4 5 5,2 « » TiO^ 82 3,9 3,7 3,8 3,8 12M0O' 1728 82,5 83,1 82,7 » ioH-0 180 8,6 8 » » J094 100,0 100,0 » » » 2° Titanomolybdate de potassium. — Une dissolution concentrée et chaude du sel précédent additionnée de chlorure de potassium abandonne par refroidissement des prismes jaunes de titanomolybdate de potassium. » Ce sel s'effleurit rapidement à l'air et sa composition correspond à la formule 2k^0.Ti0-. i2MoO^-+- i6tP0, ainsi qu'il résulte des nombres suivants : Calculé. Trouvé. 2K2O 188 8,2 8,4 » TiO^ 82 3,6 4 3,8 i2MoO^ 1728 75,6 75,3 75,7 lôH^O 288 12,6 12,3 » 228G 100,0 100,0 » ( 790 ) » 3" Acide tilanotnolybdique. — On peut obtenir une dissolution de cet acide en décomposant par une quantité convenable d'acide chlorhydrique le titanoniolybdate mercureux préparé par double décomposition au moyen d'un des sels précédents et du nitrate mercureux. Une préparation plus rapide du même acide consiste à agiter avec de l'éther une dissolution aqueuse de titanomolybdate d'ammonium additionnée d'un excès d'acide chlorhydrique. [Jne couche très dense d'une dissolution éthérée de l'acide tombe au fond de la liqueur; il suflit d'évaporer lentement cette dissolution pour oJJtenir de beaux octaèdres jaunes d'or d'acide titanomolybdique. Ce corps est très solubie dans l'eau; il fond vers 60" et sa composition correspond à la formule TiO^I2i\IoO'^-2alPO : Calculé. TiO-^ 82 3,7 3,5 3,9 3,8 • 2MoO'' 1-28 -8,3 78,2 78,5 78,5 22FPO 396 t8 18,3 » 2206 100,0 100,0 « » » ZiRCONOMOLYBDATES. — J'ai obtenu des zirconomolybdates analogues aux sels qui viennent d'être décrits, par l'action du lluorzirconate d'ammonium sur le molybdate d'ammonium. Le sel ammoniacal et le sel de potassium ont pour formule 2(AzH*)20Zr0^i2Mo05-4-ioIPO et 2R-OZr0^i2MoO'+ i8H=0. Ces deux sels ressemblent beaucoup par leurs propriétés aux litanomolybdates cor- respondants; ils ont la même couleur jaune et sont cristallisés, le premier en oc- taèdres, le second en beaux prismes efflorescents et pouvant avoir plusieurs centi- mètres de long. » On voit donc, d'après ce qui précède, qne l'acide titanique et la zir- cone peuvent donner des séries de composés analogues aux silicomolyb- dates. Le procédé que j'ai employé pour la préparation de ces composés peut faire prévoir l'existence de combinaisons analogiies de l'acide molyb- dique avec l'acide stannique et l'acide borique, combinaisons dont je poursuis actuellement l'étude. » CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur la constitution des matières albumi- noides extraites de l'organisme végétal. Note de M. E. Fleurext, présen- tée par M. Schûtzenberger. « Dans ses remarquables recherches sur la constitution des matières al- buminoïdes animales, M. Schûtzenberger, en faisant réagir, dans des con- ditions déterminées, l'hydrate de baryum sur ces composés quaternaires, a 791 ) démoiiLié que leur dédoublement aboutissait à quatre termes principaux : i" de l'ammoniaque; 2" des sels insolubles constitués par du carbonate et de l'oxalate de baryum; 3° de l'acide aqétique; 4° un résidu fixe, mélange de principes solubles formés aux dépens de la matière albuminoïde et re- présentant environ 95 pour 100 de son poids initial. )) Les quantitésd'azote ammoniacal, decarbonateet d'oxalate de baryum sont telles qu'il est permis de penser que, dans ce dédoublement, les choses se passent comme si la molécule de substance azotée comprenait dans sa structure interne deux groupements principaux, l'un analogue à l'urée, l'autre à l'oxamide, groupements qui, sous l'influence de l'hydratation, donneraient naissance aux acides oxalique et carbonique et à l'ammoniaque en vertu des deux équations suivantes : CO-AzH^ COOH (2) I +3tP0= i H-2AzH^ ^ ' cb-AztP COOH » En effet, les quantités d'acides carbonique et oxalique et d'ammo- niaque trouvées pour les différentes substances protéiques animales corres- pondentaux quantités d'ammoniaque calculées au moyen de ces deux éga- lités : la production de l'acide acétique et du résidu fixe serait donc consécutive à la transformation ainsi représentée de ces deux fonctions principales. » Il était intéressant de savoir si, dans les mêmes conditions de réaction chimique, les matières albuminoïdes élaborées par les tissus végétaux se comporteraient de la même façon, et à la suite de M. Schùtzenberger et sur ses conseils bienveillants, j'ai entrepris des recherches dont je présente aujourd'hui des résultats qui, bien qu'incomplets, commencent à éclairer cette question dont je continue l'étude. » J'ai soumis successivement à l'action de l'hydrate de baryum le gluten, la gluten-caséine, la gluten-fibrine, la légumine et l'albumine végétale en faisant varier, dans divers cas, les conditions de l'expérience. Or, si les produits de dédoublement ont été qualitativement les mêmes que dans le cas des matières albuminoïdes animales, si le poids du résidu fixe a atteint également 90 pour 100 environ du produit initial, il n'en est plus de même des relations quantitatives des sels baryliques insolubles et de l'ammo- niaque et les équations précédentes ne suffisent plus à expliquer les liai- sons iatra-moléculaires des matières albuminoïdes du régne végétal. C. K., irtyS, a- Semestre. (T. CWU, .N • 23.) IOt> ( 792 ) » En effet, sous l'influence de la baryte, dans aucun cas, la quantité d'azote transformé en ammoniaque ne correspond à la quantité d'oxalate et de carbonate de baryum : elle est supérieure dans le cas des albumi- noïdes de la famille du gluten et inférieure dans le cas de la légumine et de l'albumine végétale, ainsi que le démontrent les chiffres suivants , rap- portés à loo de substance protéique : Gluten. Expérience n» 1. Expérience n° 2. Expérience n° 3. Baryte 3 p. 4 P- 3 p. Température lôS^-iyo" 200° 200° Temps de chaufTe -j^ 12'' lao*» Azote ammoniacal 4 180 4>98 5,5o Carbonate de baryum 7' 90 9)38 '2,90 Oxalate de baryum 5, 10 i3,2i i3,6o Azote ammoniacal calculé i.7'T 2,96 3,52 » La caséine et la fibrine végétales ont donné des résultats identiques. » La légumine et l'albumine végétale ont donné les résultats suivants : Légumine. Expérience n° 1. Expérience n° 2. Albumine. Baryte 3 p. .5 p. 5 p. Température 200" 200" 200° Temps de chauffe /JS'- 781" 78'' Azote ammoniacal 4i84 5, 06 5, 01 Carbonate de baryum i5,90 20,80 16,80 Oxalate de baryum 29,20 3i,9o 35, 3o Azote ammoniacal calculé ... . 5,97 6,92 6,80 ')) Or, on sait que le gluten donne comme produit de dédoublement de l'acide glutamique, tandis que la léginuine et l'albumine donnent de l'acide aspartique : il est donc probable, comme le pense M. Schùtzen- berger, que c'est au dédoublement, dans la molécule protéique végétale, d'un amide particulier analogue à l'asparagine, qu'on doit la disproportion entre l'azote ammoniacal et les sels barytiques insolubles en même temps que la mise en liberté d'acides bibasiques, glutamique ou aspartique, qui, se dédoublant à leur tour, fournissent une nouvelle quantité d'acide car- bonique qui vient s'ajouter à celui que la transformation du groupement carbamide a fourni. M On a la preuve de ce dernier fait en examinant les chiffres précédents où l'on voit, dans le gluten, les proportions d'azote ammoniacal et d'acide ( 79^ ) oxalique rester à peu près constantes, alors que la quantité de carbonate de baryum augmente avec l'intensité de la réaction. » Dans le cas de la légumine et de l'albumine, le même phénomène s'observe et la quantité de carbonate atteint un chiffre assez élevé pour que la quantité d'azote ammoniacal devienne notablement inférieure à la quantité théorique. » Quant au résidu fixe brut, les chiffres suivants, qui indiquent sa com- position élémentaire, montrent que le rapport entre le carbone et l'hydro- gène est une expression de la forme C" IP" ; c'est ce que M. Schûtzenberger a trouvé pour les matières animales. „, i Carbone 4Q)70 ^ .- ( Carbone 48i55 (jrluten „ , . o o Caséine ,. , . q ( Hydrogène... 8,37 ( Hydrogène... 8,20 » Quoi qu'il en soit, il est acquis dès maintenant que les matières albu- minoïdes animales ont une constitution différente des matières albumi- noïdes de l'organisme végétal, et c'est à l'étude de la réaction complète obtenue à l'aide de l'hydrate de baryum que je vais consacrer mes études ultérieures en fixant la composition immédiate du résidu fixe ('). » CHIMIE. — Sur la stabilité et la conservation des solutions étendues de sublimé. Note de M. Léo Vignox, présentée par M. Armand Gautier. « Soit une solution aqueuse de sublimé au millième, préparée en dis- solvant i^' de chlorure mercurique pur (HgCP) dans i'" d'eau distillée, abandonnée à elle-même à la température ambiante. Si l'on observe une pareille liqueur, on constate qu'au début, et dans les premières heures qui suivent sa préparation, elle demeure limpide. Mais, au bout d'un temps qui peut varier de i à 3 jours, elle donne naissance à un précipité blanc d'abord très faible, dont la quantité augmente avec le temps. » J'ai détermmé certaines conditions de formation de ce précipité, en étudiant spécialement l'action de l'air, celle du temps, le rôle de certaines substances associées au sublimé. » I. Action de l'air. — i''' d'une solution de sublimé au millième, fraîchement (') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Aimé Girard au Conservatoire des Arts et Métiers. 0,D / ( 79^1 ^ préparée, a été partagé en deux parties égales. L'une d'elles (1 ) a été placée dans un verre à expérience, et abandonnée dans un laboratoire dont la température oscillait entre i5° et 20°. La surface du liquide se trouvait directement en contact avec l'atmo- sphère : les facteurs pouvant agir étaient l'évaporation et le contact de l'air. » La deuxième moitié de la solution (2) a été placée dans un flacon de boo", bouché à l'énieri, en verre blanc. Ce llacon a été abandonné à côté du verre à expérience ren- fermant la solution (1). Le flacon étant presque plein et sa fermeture à peu près hermétique, son contenu se trouvait soustrait aux influences s'exerçant sur la solu- tion (1). » Des précipités se sont formés dans les solutions (1) et (2). Pour apiirécier leur importance, j'ai dosé le mercure restant dissous dans chaque lir|ueur, après avoir filtré et rétabli les volumes primitifs. Voici les résultats par rapport à une solution type de sublimé au millième, préparée au moment du dosage. Ils sont exprimés en grammes de chlorure mercurique par litre. Sublimé par litre. sr Solution type i ,00 Solution (1), vase ouvert, après 7 jours (le volume s'était réduit par l'évaporation de 5oo" à 385"^"") Solution (2), flacon fermé, après 7 jours 0,97 » » après 220 jours 0,67 M Donc les solutions de sublime au millième, exposées quelques jours à la température ordinaire, s'appauvrissent lentement si elles sont contenues dans des récipients clos, très rapidement si elles sont conservées en vase ouvert. » II. Action des matières colorantes. — On colore fréquemment les so- lutions de sublimé soit avec de la fuchsine, soit avec du carmin d'indigo. J'ai recherché si la présence de ces matières colorantes influait sur la sta- bilité des solutions de sublimé. » 3''' de solution de sublimé au millième ont été préparés : » a. i'" témoin; » b. i''' coloré par o5'',o5 fuchsine; » c. i'" coloré par oS'', 10 carmin d'indigo. » D'autre part, les trois solutions a, b, c ont été divisées en deux parties : l'une, conservée en vase ouvert; l'autre, en vase fermé, dans les conditions précédemment indiquées. Vingt-quatre heures après la préparation, toutes les solutions placées dans les verres renferment un précipité; après quarante-huit heures, la solution contenant la fuchsine est presque décolorée. » Les teneurs en mercure soluble, comptées en grammes de sublimé par litre, sont, comparativement au type : ( 79-5 ) Sublimé par litre. Solution type ' i oo Solution a, sublimé (1), vase ouvert, après 7 jours 0,59 )) 1) (2), flacon fermé, » o>96 » » w après 220 jours 0,67 Solution b, sublimé, fuchsine (1), vase ouvert, après 7 jours 0,67 » )i I) (2), flacon fermé, » Oi97 » )i » « après 320 jours Oi77 Solution c, sublimé (1), carmin d'indigo, vase ouvert, après 7 jours.. 0,76 » » )> (2), flacon fermé, » .. 0,98 ,) n n » après 220 jours. 0,80 » La présence des matières colorantes a donc diminué la proportion de mercure insolubilisé pendant un temps donné. A ce point de vue, le carmin d'indigo a donné de meilleurs résultats que la fuchsine. » Si l'on associe au sublimé de l'acide chlorhydrique ou des chlorures alcalins, on augmente dans de larges proportions leur conservation. » J'ai préparé les solutions suivantes : 1 . 1 •' sublimé dans i''' d'eau distillée ; 2. is' sublimé + i^-HCl à 22° dans i''' d'eau distillée; 3. iS'' sublimé + ioS''NaCl dans i'"' d'eau distillée; k. Vi' sublimé + io8''NH'Cl dans i'" d'eau distillée; 5. is"' sublimé + loS'KCl dans i''' d'eau distillée. » Ces solutions ont été abandonnées dans des verres à expérience, à la température ordinaire. » On constate que la solution 1 forme un précipité au bout de vingt-quatre heures, tandis que les solutions % 3, 4, 5, évoluant avec plus de lenteur, conservent leur lim- pidité et ne la perdent qu'au bout d'un temps beaucoup plus long. Ce temps est va- riable suivant l'intensité de l'évaporation, le nombre et l'amplitude des variations de température subies par le milieu. » La valeur antiseptique des solutions de sublimé est évidemment liée à la conservation de leur état initial. Nous avons montré que cet état varie rapidement avec le temps. Nous avons précisé les conditions de ces varia- tions et donné les moyens de les atténuer. » ( 79ti ) CHIMIE ANALYTIQUE. — Recherche de l'abrastol dans les vins. Note de M. Saxglé-Ferrière, présentée par M. Henri Moissan. « On trouve actuellement dans le commerce un nouvel antiseptique, particulièrement recommandé pour le traitement et la conservation des vins. Cet antiseptique, mis en vente sous le nom à^abrastol, présente la même composition que Yasaprol dont l'emploi, en Thérapeutique, a été préconisé, il y a quelques mois, par les D" Dujardin^Baumetz et Stachler. Les propriétés chimiques et thérapeutiques de cette substance étant lon- guement décrites dans le Bulletin général de Thérapeutique (numéros des i5 et 3o juillet 1893), il nous a paru superflu de les énumérer. Il nous suffira de rappeler que l'abrastol est l'éther sulfurique du |i-naphlol com- biné au calcium (C'^H' OSO^)- Ca, et présentant sur le [i-naphtol l'avan- tage d'être soluble dans l'eau à parties égales. » L'abrastol en solution aqueuse possède, même à la dose de 0,20 par litre, la réaction caractéristique de donner, en présence d'une goutte de solution très diluée de perchlorure de fer, une belle coloration bleue. Malheureusement, cette coloration est impossible à constater dans un vin, même peu coloré; d'autre part, le noir animal fixe complètement l'a- brastol, et ce produit étant insoluble dans les dissolvants ordinairement employés, benzine, étlier, etc., il nous a fallu chercher un procédé dé- tourné pour en caractériser la présence. » Nous avons alors pensé à utiliser la décomposition qui se produit lorsque l'asaprol est chauffé avec de l'acide chlorhydrique étendu. Dans ces conditions, on obtient du sulfate de chaux, de l'acide sulfurique et du [3-naphtol, qu'on n'a plus qu'à extraire et à caractériser à l'aide de la réac- tion citée dans le Pharrn. Zeitung, et reproduite par le Moniteur Quesneville (p. 712; 1890). )) Nous opérons comme suit : à aoc"^"^ de vin, nous ajoutons 8" d'acide chlorhy- drique, et chauffons une heure au réfrigérant ascendant, ou trois heures au bain- marie; on peut encore faire bouillir une demi-heure à l'air libre,, mais en opérant sur le vin privé d'alcool, car celui-ci en s'évaporant entraîne une notable partie du p-naphtol au fur et à mesure de sa régénération. La saponification terminée, il ne reste plus qu'à épuiser la liqueur, après son complet refroidissement, par environ So"^"^ de benzine, que l'on lave et que l'on abandonne à l'évaporation lente, en évitant soigneusement toute élévation de température. » Le résidu de l'évaporation est repris par lo"^" de chloroforme que l'on introduit ( 797 ) dans un tube à essai; on v laisse tomber un fragment de potasse caustique et Ton chauffe une ou deuN^ minutes à la température de l'ébullition du chloroforme; après ce temps, on voit apparaître une belle coloration bleu de Prusse, passant assez rajjidement au vert, puis au jaune. Lorsqu'il n'y a que des traces de fi-naphtol, le chloroforme est légèrement verdâtre et le fragment de potasse seul est coloré en bleu. » Cette réaction est sensible au ^ ^, ^ „ „ ; elle permet donc de caractériser oS'',o625 de p-naphtol provenant de la décomposition de oB'', lo d'abraslol par lilre. « La présence de cet antiseptique ne nuit en rien an dosage du sulfate de potasse fait dans les conditions ordinaires, la saponification de l'abrastol ne commençant qu'après une ébuUition prolongée. » HYGIÈNE PUBLIQUE. — Sur ta Stérilisation du pain et du biscuit sortant du four. Note de MM. Balland et 3Iasson. « Les germes apportés par l'eau servant à la panification peuvent-ils conserver leur activité dans le pain après cuisson? » L'étude de cette question, demandée par le Ministre de la Guerre aux Comités techniques de l'Intendance de Santé, qui nous ont chargés d'en préparer les éléments, comprend nécessairement l'examen des causes susceptibles de provoquer la destruction des microrganismes pendant le travail de la panification. Or ces causes se rattachent essentiellement, d'une part, à l'acidité des pâtes et, d'autre part, à la température à laquelle ces pâtes sont soumises dans le four. » Acidité des pâtes. — Il est acquis que la pâte du pain de munition, au moment de l'enfournement, a une acidité moyenne représentée en acide sulfurique monohy- draté par os^^jiS à oS"',20 pour loo, soit approximativement o6'',2g à os^SS pour loo de pâte à l'état sec ('); dans la mie, après cuisson, la proportion est sensiblement la même. Il s'agit de pains préparés avec levains, d'après les instructions du Règlement sur le service des subsistances militaires. Dans les pains obtenus avec la levure de grains, tels qu'on les trouve dans beaucoup de boulangeries parisiennes, l'acidité est toujours moins forte. C'est ainsi qu'en faisant usage des mêmes farines, nous avons obtenu avec les levains oS'',i46 pour loo et avec la levure seule os^joSS pour loo : ces acidités correspondent, dans le premier cas, àoS'', 272 pour 100 de pâte privée d'eau; dans le second cas, à oS'', (o4 pour 100. C'est là un point important à noter pour ceux qui reprendront l'étude si complexe des fermentations panaires. (') Balland, Mémoire sur la Panification {Journal de Pharmacie et de Chimie, 5<^ série, t. XII; i885. ( 79^'' ) » Dans le biscuit de troupe ordinaire, tait avec de la pâte non levée, l'acidité, au moment de la mise au four, se rapproche davantage de l'acidité normale des farines employées; elle s'en écarte néanmoins, par suite de la fermentation spontanée qui se prolluit pendant le travail des pâtes (en moyenne de deux heures); mais elle ne dépasse guère oS'', 070 pour 100, correspondant à 08'', 100 de pâte déshydratée. » Tempéraluie intérieure des pâtes pendant la cuisson. — Les expériences entre- prises au laboratoire central de l'Administration de la guerre et à la Manutention de Billy, d'après le procédé de M. Aimé Girard, ont établi {Comptes rendus du 16 oc- tobre 1893) que la température du four, étant de Soo" au moment de l'enfournement, tombait vers 260° après cuisson du pain et du biscuit de troupe, c'est-à-dire après cin- quante à soixante minutes. » Pendant ce temps, la température intérieure du pain atteint de 100" à 102°. Pour le biscuit qui a la forme de galettes carrées (o™,i3o de côté sur o",oi8 d'épaisseur), percées à jour de trente-six trous, la température n'a pu être déterminée, mais elle doit se rapprocher de lô", car, avec des galettes non percées, on a obtenu jus- qu'à 110°. » Action de la chaleur et de l'acidité sur les niicrorganismes. — On sait que l'ébullition, même prolongée au delà d'une heure, peut ne pas être suffisante pour priver l'eau de tous ses germes. Certaines spores (spores des bacilles du foin, de la terre des jardins et de la pomme de terre) supportent l'action de la vapeur d'eau à 100° pendant deux et trois heures, et ne sont tuées rapidement qu'à une température supé- rieure à 1 1 5°. » D'autre part, dès 1861, M. Pasteur appelait l'attention sur ce fait que l'ébullition du lait ne le rend pas stérile, tandis que d'autres liquides, l'eau de levure de bière, l'urine acide, le moût de bière, le moîil de raisin, se conservent sans altération après une ébullition de quelques instants. La cause de ces différences, d'après M. Pasteur, tient à ce que le lait a une réaction neutre ou légèrement alcaline : si on sature l'eau de levure par du carbonate de chaux, l'ébullition ne suffit plus pour la stériliser ('). » De son côté, M. Chamberland a prouvé que, du moment où l'acidité du milieu est égale à oS'',245 d'acide sulfurique par litre, on ne voit jamais apparaître d'organismes microscopiques après moins de dix minutes d'ébullition. Toutefois, à ce degré d'aci- dité, les milieux ne sont pas stériles au vrai sens du mot, car ils peuvent encore ren- fermer des germes susceptibles de se développer dans les liquides neutres ou légère- ment alcalins; ce n'est que lorsque l'acidité est supérieure à |5'',255 par litre que la stérilité est complète (-). » Partant de totis ces faits, il était à prévoir que le pain et le biscuit (') Pasteuh, Mémoire sur les corpuscules organisés qui existent dans l'atmo- sphère; examen de la doctrine des générations spontanées {Annales de Chimie et de Physique, 3" série, t. LXIV, 1862, p. 62). (^) CuAAiBKKLA.ND, Rcchcrches sur l'origine et le développement des organismes microscopiques {Annales scientijiques de l'Ecole Normale supérieure. Supplément au t. VII, année 1878, p. 82 et 87). ^' ( 7*J9 ) de nos manutenlions militaires étaient stériles à leur sortie du lour. C'est ce qui résulte des expériences bactériologiques faites à l'hôpital militaire de Vincennes. Ces expériences multiples nous autorisent à conclure ainsi : » i" I^es microbes apportés par l'eau pendant le travail de la panifica- tion ne résistent pas à l'action combinée de l'acidité des pâtes et de la température à laquelle les pâtes sont exposées au four. » 2° Ces deux facteurs, acidité et chaleur, assurent pratiquement la stérilisation du pain et du biscuit. Certaines spores, connues par leur ré- sistance aux températures élevées, peuvent seules conserver leur activité et se développer ultérieurement dans certaines conditions particulièrement favorables. » 3" Du moment où l'acidité diminue sensiblement, comme dans les pâtes préparées avec les levures, la stérilisation n'est plus assurée au même degré. » 4° Dans tous les cas, les germes pathogènes, le bacille typhique et le bacille du choléra en particulier, qui offrent tous une moindre résistance à la chaleur, doivent nécessairement être détruits. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Quelques données chronométriques rela- tives à la régénération des nerfs. Note de M. C Vanlair, présentée par M. Ranvier. « Malgré l'importance qu'elle présente, la chronométrie de la régéné- ration nerveuse n'a fait jusqu'ici, de la part des cliniciens ni des physiolo- gistes, l'objet d'aucune étude spéciale. Mes recherches ont eu pour but de combler cette lacune. Non seulement il y avait lieu d'évaluer, chose rela- tivement facile, la durée globale de délai requis pour la restauration d'un nerf divisé, mais il était plus intéressant encore de déterminer la vitesse avec laquelle s'accomplissent les différentes phases du processus. On sait que, pour arriver à une restauration complète, il doit se fuire avant tout, dans l'extrémité centrale du nerf, un travail préparatoire abou- tissant à la multiplication des fibres. Puis, une fois formés, les éléments nouveaux doivent prendre contact avec le segment périphérique, pénétrer dans l'intérieur même de ses faisceaux et gagner avec eux les régions anervées. Si les moignons nerveux, au lieu d'être maintenus dans une juxtaposition parfaite, sont restés plus ou moins éloignés l'un de l'autre, les fibrilles régénérées auront encore une troisième étape à fournir : celle que représente leur parcours à travers l'espace intercalaire. c. R., iSy3, a' Semestre. (T. C.WII, N» 23.) IO7 ( 8oo ) » Pour fixer le délai global, on dispose de différentes méthodes dont la plus pratique consiste à rechercher l'intervalle qui sépare le moment choisi pour la division du nerf de celui qui marque le retour de la fonc- tion. J'ai appliqué ce procédé au facial, au pneumogastrique et au scia- tique, en opérant sur le lapin pour le premier nerf, sur le chien pour les deux autres. La restauration du facial se traduit par le rétablissement de la motilité dans les régions primitivement paralysées. Celle du pneumogastrique ou plutôt du laryngé inférieur sera considérée comme accomplie lorsque l'on pourra diviser impunément le second vague après avoir opéré la section du premier. Pour le sciatique, c'est le retour de la sensibilité dans l'extré- mité tout entière qui permettra de fixer le temps nécessaire à sa régénéra- tion. » Voici les chiffres qui m'ont été fournis par mes expériences : » Si l'on sectionne les deux branches inférieures du facial au sortir de la paro- tide, on trouve qu'il faut environ huit mois pour voir les parties anervées récupérer leur motilité : ce qui donne, la longueur du nerf étant connue, une vitesse de 9"" en- viron par mois, soit trois déciniillirnètres par jour. » La restauration du pneumogastrique a demandé onze mois : d'où l'on peut con- clure, SI l'on prend pour base la longueur du récurrent, que la régénération s'est effectuée à raison de 3<^" par mois, c'est-à-dire de un milliniètre par jour. » Celle du sciatique s'opère à très peu de chose près avec la même vitesse que celle du vague. » Les évaluations précédentes s'appliquent uniquement aux cas où les deux bouts du nerf ont subi, après la section, une coaptation parfaite. Elles se trouvent natu- rellement dépassées lorsque les moignons sont maintenus à distance. » Le délai s'élève à un peu plus de treize mois jjour un intervalle à' un centimètre, à vingt mois environ quand la distance des bouts est de 2':'", à vingt-huit mois et demi lorsqu'elle atteint 3"^". Dans les cas où la section portait seulement sur le poplité in- terne avant la bifurcation du tronc,, j'ai constaté que la restauration fonctionnelle exigeait un temps un peu moins considérable, sans doute à cause de la béance persis- tante de l'espace intercalaire. » La détermination des délais correspondant à chacune des trois phases principales du processus présentait une difficulté plus grande. Voici comment j'ai procédé dans cette seconde série de recherches. » Après avoir établi, par une expérience préalable, que les sciatiques droit et gauche d'un même animal soumis tous deux à la même opération se comportent d'une façon à peu près identique au point de vue du temps nécessaire à la réesthésiation, j'ai pratiqué d'un côté une section simple ( 8oi ) avec coaptation des bouts, et de l'autre une opération différant de la pre- mière par certaines conditions de nombre, de distance ou. àe niveau; et cela sur une dizaine de chiens. Mais, comme il import;iit de circonscrire le champ de l'observation, j'ai divisé seulement le poplité interne, et non le tronc du sciatique tout entier. J'avais pu m'assurer en effet, par des re- cherches antérieures, que toujours le coussinet plantaire devenait insensible après la section de ce faisceau et que cette région était la seule qui dans ces circonstances perdit constamment son excitabilité. » En suivant pas à pas, pendant des mois entiers, les progrès de la sen- sibilisation des deux coussinets et, subsidiairement, de la plante des pieds et de la face plantaire des orteils, j'ai pu noter, avec une précision suffi- sante, chez chacun de mes animaux, les dates différentielles de la réesthé- siation dans les deux extrémités. L'intervalle chronométrique ainsi obtenu m'a servi, par un calcul très simple, à mesurer le temps requis pour l'accomplissement de telle ou telle phase de processus. » Pour arriver, par exemple, à la fixation du délai affecté à la prolifération ini- tiale et à l'expansion exotique des fibres, j"ai fait à droite une section unique avec juxtaposition parfaite, tandis que je pratiquais à gauche deux ou trois divisions en rapprochant également les bouts. Le laps emploj'é à la jonction des segments pouvant être considéré comme nul en raison de la coaptation intime des moi- gnons, le retard de la réesthésiation de gauche sur celle de droite devait corres- pondre exactement au temps nécessaire à l'évolution du processus proliférateur. En opérant de cette façon, j'ai trouvé qu'il fallait environ quarante jours pour l'accom- plissement de la première phase de la régénération. » Lorsqu'il s'est agi d'évaluer la vitesse du parcours des fibres nouvelles dans le système intercalaire, j'ai pratiqué à droite, cette fois encore, une simple section avec réunion intime des deux bouts, mais j'ai soumis le poplité gauche à une résec- tion, en maintenant les segments à distance. La différence des délais entre la réesthé- siation de droite et de gauche m'a permis de calculer exactement la vitesse en ques- tion. Elle est de 2 I décimillimètres par jour. » Enfin, la progression des éléments nouveaux dans le segment périphérique a été mesurée de la manière suivante. Comme précédemment, le poplité interne droit a subi une section avec suture des deux bouts. A gauche, le nerf a été soumis à la même opération, mais à un niveau différent. En comparant de part et d'autre les progrès de la sensibilisation, j'ai pu constater que la vitesse de propagation dans le segment périphérique atteignait un millimètre par jour. Ici donc les fibres croissent avec une rapidité beaucoup plus grande que dans le système intercalaire. » Celte remarquable différence tient évidemment aux conditions du milieu. Tandis que, dans l'espace séparant les deux bouts, les éléments nouveaux, abandonnés à eux-mêmes, rencontrent des obstacles qui s'op- ( 802 ) posent à leur marche centrifuge, ils trouvent, au contraire, dans le seg- ment périphérique, une voie comme tracée à l'avance, l'atrophie des fibres anciennes créant autour d'elles un vide endonervial dans lequel les nou- velles fibrilles se propagent avec une grande facilité. » Cette influence prépondérante des conditions mécaniques se manifeste encore en d'autres circonstances. J'ai vu, en effet, la sensibilisation du coussinet, de la plante et des orteils se produire dans un ordre chronolo- gique particulier et dont la régularité ne pourrait s'expliquer en dehors de celte intervention. C'est ainsi, par exemple, que la plante du pied tout en- tière, y compris la face inférieure des orteils, se ranime constamment avant le coussinet. Toujours aussi, ou peu s'en faut, la partie culminante du lobe médian du coussinet est celle qui se réesthésie en dernier lieu. Il s'écoule enfin, dans la grande majorité des cas, un laps de temps relative- ment considérable entre le début de la réinnervation du coussinet et le retour de la sensibilité dans toute sa surface. » On savait déjà, par les observations de M. Ranvier, puis par mes propres recherches, que la direction des fibres nouvelles est uniquement déterminée par l'état physique des milieux. Il suit de ce qui précède que la rapidité de leur progression est également en rapport avec la disposition et la struc- ture des parties qu'elles ont à traverser pour atteindre leur destination définitive. » ANATOMIE ANIMALE. — Sur la terminaison des nerfs moteurs des muscles striés, chez les Batraciens. Note de M. Charles Rouget, présentée par M. de Lacaze-Duthiers. « Depuis plus de trente ans (K.ûhne, 1862) les observateurs ont décrit et figuré la terminaison des nerfs moteurs, chez la grenouille spécialement, comme constituée par des divisions terminales hypolemmatiques du cylin- dre-axe, sous forme de fines tiges droites plus ou moins bifurquées, termi- nées en pointe libre, sans aucune analogie, par conséquent, avec les plaques terminales des nerfs moteurs chez les autres Vertébj-és. » Rrause et Bremer ont tenté d'établir une analogie entre ces deux ordres de terminaison, fondée sur Texistence de la prétendue substance granu- leuse autour des divisions terminales du cylindre-axe, assertion absolument erronée. Plus importante et plus digne de considération est l'observation de Tschirie\v(i87o) sur ces formations appendues aux divisions terminales ( 8o3 ) du cylindre-axe, chez la salamandre et la tortue, analogues aux grains des terminaisons en grappe décrites par lui dans les muscles de la couleuvre et des lézards. Plus tard Bremer (1880) a trouvé, sur certaines- terminaisons motrices de la grenouille, ces mêmes grains que le physiologiste russe n'y avait pas rencontrés. J'ai montré, dans une précédente Communication à l'Académie (juillet 1887), que ni Tschiriew ni Bremer n'avaient connu la véritable structure de ces grains, qui n'étaient pour eux que de petites masses homogènes uniformément colorées par le chlorure d'or, tandis qu'ils sont, en réalité, constitués par des anses, des arcades ou des enrou- lements multiples des cylindres-axes terminaux. » Observant les terminaisons nerveuses motrices chez la grenouille à l'aide de l'imprégnation des muscles vivants par la teinture de bleu de méthylène, Dogiel de ïomsk a cru trouver (1890), dans certaines ramifi- cations terminales, courtes et larges, une analogie avec les plaques ter- minales des lézards, telles que son procédé les lui montrait, avec la même imperfection et les mêmes lacunes, qui résultent de l'imprégnation par le chlorure d'or, et fort différentes de la structure réelle que démontrent les photographies de mes préparations. Cependant le procédé du distingué professeur de Tomsk, très légèrement modifié, conduit à des résultats en- tièrement nouveaux qui lui ont échappé, poiu' n'avoir pas donné l'attention qu'il méritait à un fait très réel, qu'il ne signale que très brièvement, sans en chercher la signification : le brusque changement de diamètre des ra- mifications du cylindre « qui, aussitôt après avoir traversé le sarcolemme, » deviennent beaucoup plus épaisses, et présentent des dentelures sur » leurs bords ». » L'emploi d'une solution de bleu de méthviène à o,o5 pour 100 dans l'eau salée à 6 pour 1000, agissant pendant vingt à trente minutes, sur des muscles pris sur l'animal vivant, mais fortement curarisé, m'a permis de constater les faits suivants : l'accroissement en diamètre des ramifications terminales du cylindre-axe, peu prononcé dans quelques cas, dépassant dans d'autres plus de quatre fois le diamètre primitif, n'est nullement dû à un épaississement du filament nerveux lui-même, mais à une disposition toute spéciale de ce filament. » Loin d'être droit, comme le représentent les figures classiques, il s'in- fléchit en zigzags ou s'enroule sur lui-môme en forme de solénoïde, à tours de plus en plus serrés à mesure que l'on se rapproche de l'extrémité ter- minale. Celle-ci se renfle en segment de sphère, ou présente la forme d'un cône tronqué, avec enroulement du cylindre-axe se recourbant sur lui-même ( 8o4 ) dans le premier cas, ou formant dans le second une arcade transversale sans extrémité libre. » Le plissement en zigzag ou l'enroulement sont souvent interrompus par des intersections dans lesquelles réapparaît le fdament axile avec son diamètre réel, droit ou faiblement infléchi, puis s'enroule de nouveau; les alternatives d'enroulements, d'inflexions et d'allongement, donnent alors à la ramification terminale et aux branches qu'elle émet souvent latérale- ment, l'aspect nioniliforme, les prétendus grains de Tschiriew et Bremer. Ce mode de terminaison en chapelets, dont chaque grain est formé par un enroulement du filament axile est constant et caractéristique des terminai- sons motrices chez les tritons, et se rencontre assez fréquemment chez les grenouilles, surtout chez la grenouille rousse. » On peut souvent constater, chez les grenouilles, surtout dans les ter- minaisons motrices, constituées par une seule branche terminale, ou par deux seulement, que le filament axile n'est pas simple, mais double, les deux filaments jumeaux étant étroitement juxtaposés, mais s'écartant par places et donnant lieu à des figures ovales ou en forme de losanges, dont chaque filament forme les bords opposés, et semble indiquer l'existence de deux solénoïdes enchevêtrées, l'un dextrorsum et l'autre sinistrorsum. A l'extrémité terminale, les deux filaments se fusionnent en arcade. » PHYSIOLOGIE ANIMALE. — Sur quelques points relatifs à la circulation et à l'excrétion chez les Cirrhipèdes . Note de M. Grcvel, présentée par M. de Lacaze-Duthiers ('). » Quelques grandes espèces de Cirrhipèdes (^Lepasa natif era et Pollicipes cornucopia) permettent l'étude relativement facile du sang : c'est cette der- nière espèce qui a surtout servi à nos recherches. )) Au sortir de l'animal, le liquide sanguin est d'une couleur rouge brique, absolumentttuide. Lepigmentqui donne cette coloration, recueilli à l'état pur, est d'un beau rouge vif. Nous avons pu constater que cette matière est très soluble dans l'alcool absolu, l'éther, le chloroforme, la benzine, l'es- sence de térébenthine et le sulfure de carbone. Elle est complètement insoluble dans l'eau et d'autant moins soluble dans l'alcool que celui-ci est plus étendu. (') Travail fait au laboratoire de Roscoff. ( 8o5 ) » Nous avons pu démontrer que ce pigment n'a aucun rôle oxygénant dans l'organisme, que ce rôle est dévolu à une substance albuminoïde in- colore. » Quant au pigment rouge, c'est un véritable lipochrome. Une série d'expériences et d'observations nous ont montré qu'il constitue une matière de réserve, qui disparaît peu à peu lorsqu'on fait jeûner l'animal. » Les globules sanguins sont amœboïdes et d'un pouvoir phagocytaire remarquable. Leur nombre est relativement considérable. Les pseudopodes qu'ils émettent sont beaucoup plus actifs chez le Lepas anatifera que chez le Pollicipes cornucopia. Ils Jouent un rôle puissant non seulement dans l'ex- crétion, mais aussi dans la digestion, surtout dans la digestion des matières grasses. )) Ces leucocytes présentent une réaction franchement acide, ainsi qu'il est facile de le démontrer à l'aide du tournesol; de plus, cet acide est à Y élut libre, ainsi que le montre \a.réa.cûondvLToage-congo. Ces phénomènes semblent être généraux, car M. Chapeaux les a déjà constatés dans une série de groupes divers (Crustacés, Mollusques, Échinodermes). » On rencontre également dans le sang un grand nombre de globules graisseux, facilement reconnaissables. Il y en a de toutes les tailles, mais les plus gros n'atteignent jamais les dimensions d'un leucocyte. » On y trouve, en outre, des formations parfaitement circulaires, de la dimension d'un leucocyte, et dont la teinte générale est uniforme, en même temps que des concrétions obtenues par dessiccation lente. Ces concrétions ont, en général, la forme plus ou moins parfaite d'un biscuit à la cuillère, avec stries concentriques réunies les unes aux autres par de nombreuses petites stries perpendiculaires aux premières. » Enfin, en étudiant la coagulation du sang des Ciri-hipèdes, nous avons vu qu'elle se fait en deux temps distincts, ainsi qu'on l'a constaté pour les Crustacés supérieurs : i" formation d'un plasmodium général gélatineux présentant absolument la coloration du sang frais; 2° séparation nette d'un coagulum incolore, nageant dans un plasma coloré comme le sang frais. » L'excrétion chez les Cirrhipèdes est réalisée d'une manière complexe. Trois sortes d'organes servent à l'accomplissement de cette importante fonction. Ce sont : 1° le rein; 2° les téguments pigmentés de l'animal; 3° les glandes cémentaii-es. C'est en appliquant diverses méthodes d'injec- tions physiologiques que ces résultats ont été acquis. » Lorsqu'on injecte un mélange de carminate d'ammoniaque et de car- ( 8o6 ) min d'indigo dans la cavité générale d'un Lepas par exemple, le carmi- nate d'ammoniaque seul est éliminé par le rein, le carmin d'indigo est en petite partie éliminé par les téguments pédonculaires, mais la presque totalité est précipitée par l'eau de mer. » On sait que V Échroth est éliminé par les mêmes organes que le carmin d'indigo. En injectant donc cette matière colorante à des Conchoderma aiirita et virgata, nous avons observé une élimination totale par le manteau, mais seulement dans les endroits pigmentés. Dans le Lepas analifera, où la tota- lité du manteau est pigmentée, l'élimination se fait sur toute la surface. La présence du pigment noir semble être indispensable à la fonction excré- trice : c'est donc que ce pigment est excrétoire. » Les glandes cémentaires ont été particulièrement bien étudiées par M. Nussbaum qui les a suivies depuis le jeune jusqu'à l'adulte et a établi la continuité de leur fonction. Deux points ont passé inaperçus de cet auteur, savoir : la formation même de ces glandes ou plutôt cellules sécrétrices, et leur fonction excrétrice. Kœhler avait émis l'idée que ces glandes ne fonc- tionnaient qu'au début de la vie de l'être et que, leur fonction particulière venant à cesser, elles pouvaient bien jouer un rôle excréteur. C'est ce que nous avons vérifié, en détachant des Lepas de leur support, et, les fixant à l'aide d'épingles sur une planche après injections de sépia, nous avons reconnu que la sécrétion du cément s'exagère pour fixer de nouveau l'animal sur le support que nous lui avons donné et que des grains nom- breux de sépia sont entraînés avec lui. » On les retrouve facilement, en pratiquant des coupes dans ce cément récemment sécrété. La fonction excrétrice des cellules cémentaires est donc démontrée. » Nous disons cellules au lieu de glandes cémentaires, en voici la raison. Lorsqu'un système cémentaire doit se former, l'épiLliélium qui forme le canal cémentaire primitif, prolifère en certains endroits, en formant une sorte de mamelon cellulaire. Chacune de ces cellules s'allonge peu à peu et se pédicularise. On a donc, à un moment donné, un grand nombre de cellules communiquant toutes par de fins tubes excréteurs avec le canal principal. Ces cellules se développent, ainsi que leurs canaux propres, et deviennent peu à peu les glandes cémentaires adultes que nous con- naissons. » L'étude de ces organes est relativement facile chez les Conchoderma virgata et aurita. C'est là que nous avons pu suivre leur développement et leurs fonctions. » ( 8o7 ) PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Des albuminuries phosphaturiqiies. Note de M. Albert Robin, présentée par M. Broiiardel. « J'ai découvert une espèce nouvelle d'albuminurie, liée à un trouble (le la nutrition, qui demeure fonctionnelle pendant un temps assez long, aboutit probablement à une lésion rénale, mais qui, pendant sa période fonctionnelle , guérit assez facilement : c'est V albuminurie phosphatu- rique. » Le trouble de nutrition qui l'engendre présente l'arthritisme comme cause prédisposante; le surmenage nerveux et la suralimentation, comme causes déterminantes principales. » Il est caractérisé par une dénutrition organique exagérée, surtout dans les organes riches en phosphore, par une incomplète assimilation nerveuse des phosphates alimentaires, par une déperdition urinaire de l'acide phosphorique, par une dénutrition accrue des globules rouges du sang, par une diminution relative des oxydations. » Son syndrome urologique essentiel consiste dans la coexistence de l'albuminurie avec la phosphaturie et l'ensemble des caractères qui tra- duisent les troubles nutritifs dont l'énumération précède. » Cliniquement, cette nouvelle espèce d'albuminurie comporte quatre variétés : » A. La première, Albuminurie phosphaturique simple, a été comprise, jusqu'ici, parmi les albuminuries i\\\.e?> cycliques, intermittentes ou physio- logiques, dont le groupe artificiellement constitué subit, du fait de celte séparation, une première dissociation. » B. La deuxième variété a les apparences cliniques de la neurasthé- nie, d'où le nom que je lui donne ^V Albuminurie phosphato-neurasthénique. La guérison, ou tout au moins l'amélioration des syroptômes nerveux, par le traitement dirigé contre la viciation causale des échanges, légitime l'individualisation de cette affection et le démembrement qu'elle comporte dans la neurasthénie. » C. La troisième variété a été confondue jusqu'ici avec la néphrite inter- stitielle ou avec le mal de Bright; je l'appelle Albuminurie phosphaturique pseudo-brightique ou pré-brigh tique, indiquant par là qu'on doit la séparer du groupe des néphrites primitives, auxquelles elle peut aboutir si elle n'est pas reconnue et traitée en temps opportun. C'est la variété la plus fréquemment rencontrée. G. R., i8ç)3, -i' Semestre. (T. CWII, N- 23.) Io8 ( 8o8 ) » D. La quatrième variété est V Albuminurie brightique d'origine phos- phaturique. Tout semble indiquer qu'elle est la période ultime des variétés précédentes. Elle se reconnaît à la concomitance de la lésion brightique et de ses symptômes avec les troubles de nutrition si caractéristiques des autres variétés. La maladie originelle, d'abord et longtemps simplement fonctionnelle, a fini par altérer l'émonctoire qui prend alors la parole pour son propre compte. » Le traitement, souvent suivi de succès dans les trois premières variétés, a pour bases la lutte contre i'étiologie par l'hj'giène et le régime alimentaire. Le traitement médicamenteux ne vise que les troubles des échanges et comprend trois indications majeures : » 1° Diminuer la désintégration générale et dans les tissus riches en phosphore; fa- voriser l'assimilation des phosphates fournis à l'organisme; activer les oxydations (huile de foie de morue, arséniate de soude, association des phosphates aux prépara- tions strjchniques, magnésie, hypophosphites, phospho-glycérates, sulfate de quinine, extrait de quinquina, inhalations d'oxygène). » 2° Favoriser la rénovation des globules rouges du sang (médication ferrugi- neuse, arsenicale, strychnique). 1) 3° Combattre l'albuminurie (acide galHque, préparations iodo-tanniques, régime lacté mixte). » Ces indications doivent être sériées en étapes, qu'on ne parcourra que successi- vement et qui seront complétées par une cure hydro-minérale (Saint-Nectaire, eaux chlorurées sodiques fortes. Brides). » La constitution du groupe des albuminuries phosphaturiques dé- montre que l'entité morbide décrite sous le nom de maladie de Brighl n'est quelquefois que la complication anatomique d'une maladie antérieure, purement fonctionnelle, que l'existence de ce groupe donne à penser que bien des lésions d'organes ne sont que la conséquence d'un trouble chimique fonctionnel antérieur, qui est la véritable maladie, et que si l'on veut prévenir la lésion, si souvent incurable, c'est cette maladie fonctionnelle qu'il faut chercher à reconnaître, puisqu'elle est encore jus- ticiable de la Thérapeutique. « ANATOMIE PATHOLOGIQUE. — Parasites dans le cancer. Note de M. Gustave Nepveu, présentée par M. Verneuil. (' La question de l'origine du cancer est loin d'être tranchée. Le cancer est-il un trouble trophique ou une lésion parasitaire? Le nombre si consi- dérable de fins éléments qu'on aperçoit dans le cancer autorise à croire ( «09 ) que le travail kai yokinétique qui se produit dans ces circonstances ne peut seul expliquer leur présence, ni celle de certaines formations cellulaires absolument anormales. » Ces fins éléments sont des spores à divers degrés de développement, des cellules sporoïdes, des cellules épilhélioïdes parasitaires. » Les spores sont réunies en masse dans des cellules sporijères de divers aspect; elles sont aussi en liberté dans les espaces plasmatiques, etc. En se développant, elles passent par un degré de plus, cellules sporoïdes , pour arri- ver à prendre l'aspect de cellules adultes de forme épithélioïde. » Les spores et les cellules sporoïdes, au nombre de huit, dix et plus, pénètrent dans des cellules ainiboïdes, cellules blanches des auteurs, qui sont nombreuses à la périphérie des tumeurs. Elles pénètrent aussi dans les cellules en voie de karyokinèse, dont elles infectent les produits, et enfin dans les noyaux des cellules épithéliales. De lii, elles tombent dans la cavité cellulaire, compriment et atrophient le noyau. Ces cellules d'ori- gine sporique ont un cachet particulier, hes formations nouvelles intracel- lulaires qui en dérivent présentent tantôt plusieurs noyaux, tantôt plusieurs nucléoles, parfois des stries sur le pourtour de la cellule, autour du nu- cléole, parfois une espèce de comma central, parfois des spores montées sur tige à la façon de notes musicales, etc. "Lqs formations libres, provenant de spores, ont un aspect particulier. Elles sont, en général, extrêmement petites et comme atrophiées. )> A côté de ces formations, il faut citer : des cellules kystiques fixées aux parois des lymphatiques, avec quatre cellules intérieures et plus ; des cellules épilhélioïdes très petites à l'intérieur d'autres cellules épithéliales bien déve- loppées et présentant aussi un noyau divisé en quatre; des cellules épithè- lioïdes très développées et offrant quatre celluhîs blanches à leur inté- rieur, à la place du noyau originel (tétr;igénie) ; je dis cellules blanches par abréviation, pour indiquer la forme arrondie, le volume : ce sont en réalité des cellules provenant de la division du noyau et essentiellement parasi- taires, ressemblant aux corps amiboïdes remplis de cellules sporoïdes que nous avons décrites plus haut. Il faut citer enfin de petites cellules à gros noyau, qui se colorent très vivement à la fuchsine phénolée en solution aqueuse, réunies au nombre de dix à douze dans une enveloppe commune, et qu'on ne trouve que très rarement. Ces petites cellules se transforment en cellules amiboïdes, avec huit à dix petits noyaux. Chacun de ces noyaux devient une très petite cellule épithélioïde ou parasitaire. » Tout cet ensemble dénote un travail particulier, qui diffère essentiel- ( «lo ) lenieul de la karyokinèse dans ses traits les mieux établis et se rapproche de l'évolution des Sporozoaires. La doctrine parasitaire fùl-elle ici en défaut, ce que l'expérimentation seule pourrait peut-être prouver, il n'en serait pas moins utile de descendre un peu dans le détail de cette recherche pathogénique, comme l'on fait déjà tant d'auteurs, et d'essayer d'y ajouter quelque chose de nouveau. » Cette Note est le résumé d'un travail étendu actuellement sous presse et éclairé par de nombreux dessins. » ANATOMIE ANIMALE. - La cavitc coquillière des ^hWxmâiV;. Note de M. Paul Pelseneer. « Parmi les Gastropodes testacés, il en est un certain nombre dont le manteau recouvre la coquille et l'enferme dans une cavité coquillière close. Le e;enre Philine est un exemple bien connu de cette disposition. » La cavité coquillière de Philine n'est cependant pas ici entièrement close, comme on l'a supposé : elle communique encore avec l'extérieur par un étroit canal (vraisemblablement le reste d'une ouverture antérieu- rement plus grande) qui traverse l'épaisseur du manteau et vient s'ouvrir au dehors, à la face dorsale. Ce canal est situé en arrière et au côté gauche; il est presque horizontal, un peu oblique de bas en haut et d'avant en ar- rière. Sa paroi est formée d'un épithélium cilié assez élevé, continu inté- rieurement avec le revêtement épithélial de la cavité coquillière, et exté- rieurement avec celui du manteau. » 11 est difficile, surtout sur de petits spécimens, de voir Torifice extérieur de la cavité coquillière, sans préparation spéciale : aussi est-ce sur des coupes que je l'ai découvert d'abord. Pour le reconnaître aisément sur un spécimen de grande taille, le mieux est de fendre, par le milieu et en long, les téguments dorsaux de la cavité co- quillière, puis d'en enlever entièrement la moitié gauche : en examinant alors celle-ci à la loupe, par transparence, on apercevra, dans la partie postérieure, le canal et ses orifices qui forment ensemble une tache blanche opaque. Si Ion projette ensuite sur l'une des deux faces un peu de poudre colorée (du bleu de Prusse par exemple), on verra généralement, après lavage, quelques grains engagés dans un des orifices du canal, qui est rendu ainsi très évident. » Voisin du genre Philine, le genre Doridiuni présente la même disposi- tion, c'est-à-dire que sa cavité coquillière communique aussi avec le dehors par un canal cilié. Mais celui-ci, également situé au côté gauche et à la par- ( 8ii ) tie tout à tait postérieure, s'ouvre à la face ventrale, dans l'espace séparant le manteau et le pied ; il est encore plus difficile à voir microscopiquement que dans le genre Philine, à cause de la coloration des téguments; sur des coupes, on constate qu'il se dirige d'avant en arrière et de haut en bas. Dans les deux cas {Philine et Doridium), ce canal est voisin du sommet de la spire de la coquille. )) Cette disposition existant chez deux Gastropodes à cavité coquillière à'\i& fermée, il était permis de se demander si les autres Mollusques réputés à coquille interne n'auraient pas aussi un orifice extérieur de la cavité co- quillière. » Dans un Céphalopode (Sepia), je n'ai trouvé aucune trace d'ouver- ture; dans un Tectibranche (Pleurobranchus ), je n'ai rien vu non plus, mais, mes résultats n'étant pas aussi certains, je ne puis conclure défini- tivement à l'absence du canal qui existe chez les Bulléens à coquille in- terne et peut-être encore chez d'autres Gastropodes. » Je présume que divers Mollusques marins à coquille interne ont gardé cette communication de la cavité coquillière avec le milieu extérieur, afin que la pression dans cette cavité soit toujours identique à celle qui s'exerce au dehors, quels que soient les déplacements de l'animal en pro- fondeur. » ZOOLOGIE. — Sur une grégarine nouvelle des Acridiens d'Algérie. Note de M. Louis Léger. « J'ai rencontré dans le tube digestif de divers Acridiens d'Algérie, no- tamment dans les Pamphagus et les Truxalis recueillis aux enviions de Nemours et sur la frontière du Maroc, une grégarine très abondante et cantonnée surtout dans la portion moyenne du tube intestinal. Au premier aspect, cette grégarine se présente avec tous les caractères d'une Clepsi- drinide,'et l'étude de son cycle évolutif, que j'ai pu suivre d'une façon com- plète, montre qu'il faut la placer dans le genre Clepsidrina à côté de la Cleps. macrocephala Schn. du Grillon et de laCleps. Munieri à\i\Timarcha, espèce très voisine, dont elle se distingue cependant par des caractères bien nets qui seront donnés plus loin. » Les individus sont presque toujours associés par deux (^conjugaison en opposition de Schneider); cependant on rencontre quelquefois de gros individus solitaires, qui se sont séparés après une période d'association (8l2 ) plus ou moins longue, comme en témoigne la délormalion de leur proto- mcrite creusé en une cupule destinée à recevoir, durant la syzvgie, l'extré- milé dorsale du primite. Ce fait tend à prouver que, dans certains cas du moins, deux individus conjugués en opposition ne se réunissent pas tou- jours forcément dans un seul et même kyste, comme je l'ai déjà d'ailleurs démontré pour \ Eirmocysiis polymorpha des larves de Limnohia. ti Chaque individu mesure en moyenne une longueur deo""",4 et une largeur maxi- mum de o™"',i6; la forme générale est cylindrique, plus ou moins renflée au-dessous du septum; elle devient même ovoïde chez les sujets déjà vieux et abondamment remplis de granulations. Le couple atteint ainsi près de i""° de longueur, et le parasite est facilement visible à l'œil nu, à la surface du tube digestif qui paraît comme criblé de petits points d'un l)lanc laiteux, surtout en sa portion située immédiatement au-dessous des cœcums. » \^Q prolornérite est subglobuleux ou déprimé en cupule, suivant qu'il appartient au premier individu du couple (primite) ou au second (satellite). » Le deuloiyiérite, cylindrique et arrondi à son extr^'ienilé postérieure, est environ quatre fois plus long que le premier segment. » Vépicyte, assez mince, mais résistant, présente de fines stries parallèles longitu- dinales. Le sarcocyte se fait remarquer par son extrême épaisseur, surtout dans le protomérite et au niveau du septum. Les stries musculoïdes du myocyte apparaissent nettement sous l'influence des réactifs. h\uitocyie présente des granulations de deux sortes : les unes normales, grisâtres à la lumière transmise, les autres jaune-rougeâtre, plus petites, surtout nombreuses dans le protomérite et parfois à l'extrémité posté- rieure du dcutomérite. Fréquemment, les granulations entocytiques se réunissent en glomérules à peu près sphéi-iques, ce qui fait que Ventocyte apparaît comme mou- cheté de points sombres, fait que j'ai déjà observé dans la Clepsidrina acuta du Trox. n Le développement du parasite s'effectue dans les cellules épithéliales de l'intestin, suivant le mode connu chez les Clepsidrines, et Vépiniérite très caduc est représenté, dans le jeune âge, par un simple petit bouton sphérique. » Les kystes qui résultent ordinairement de la réunion de deux individus, mais par- fois aussi d'un seul, très gros et bondé de granulations, sont sphériques, mesurant environ o'"", 5 de diamètre. On peut les recueillir directement dans la portion termi- nale du tube digestif, où l'œil les distingue aisément grâce à leur dimension relative- ment considérable et à leur couleur d'un blanc mat. Ils sont entourés d'une zone mu- cilagineuse assez épaisse. Si on les place dans l'air humide, on voit d'abord la zone nuicilagineuse se gonfler, absorber beaucoup d'eau, et bientôt les phénomènes de sporulation commencent. Cette zone mucilagineuse, que l'on rencontre dans les kystes de la plupart des grégarlnes terrestres, semble bien ici jouer le rôle d'un appareil non seulement prolecteur du kyste, mais encore destiné à emmagasiner l'humidité né. cessaire à son développement dans les cas où, pendant l'extrême sécheresse, les condi- tions de milieu extérieur lui deviendraient défavorables. » Au bout d'un temps qui varie de huit à quinze jours selon la température, le ( 8i3 ) kyste est mûr et la déhiscence ne va pas tarder à s'effectuer par l'évagination des spo- rodtictes, au nombre de douze à quatorze* qui apparaissent en des points irrégulière- ment répartis à la surface du kvste. Ces sporoductes sont très longs ; leur longueur dépasse la moitié du diamètre du kyste, et ils sont dilatés en entonnoir à la base. Les points où ils doivent apparaître sont visibles longtemps avant leur érection. Chacun d'eux est indiqué par une petite tache circulaire, jaune-orange, avec un point clair au centre, tache constituée par ragglomératioo, à ce niveau, des granulations orangées signalées au début dans Yentocrle delà grégarine. J'ai déjà remarqué ce fait dans les \i\i\.es Ae\a. Clepsidrina podurœ.W est probable que ces granulations graisseuses, ainsi disposées à l'orifice interne des sporoductes, jouent le rôle de corps lubréfiant destiné à faciliter le glissement des spores pendant leur sortie. » A leur complète maturité, les spores sont évacuées par les sporoductes sous forme de longs chapelets. Elles sont doliformes, à double paroi comme les spores typiques des Clepsidrina. et montrent les corpuscules falciformes étroitement pressés à leur intérieur. M La grégarine qui vient d'être décrite diffère de la Clepsidrina Munieri parla forme générale de l'individu adulte, l'épaisseur de son sarcocyle et la constitution de son entocyle, qui est d'une couleur rouge bien caracté- ristique dans cette dernière espèce; de plus, ses kvstes sont sphériques, avec des sporoductes longs et nombreux, tandis que ceux de la grégarine des Timarcha sont ovalaires. avec sporoductes très courts et peu nombreux : c'est un des caractères de l'espèce ( ' ). A l'état jeune, elle se distingue en- core plus facilement de la Clepsidrina macrocephala du Gryllus srheslns, qui présente un épimérile en massue très caractéristique. Il est donc nécessaire de la distinguer de ces formes voisines et, sous le nom spécifique de Clepsidrina acridiorum, elle viendra se placer entre ces deux espèces. » Je ne lai pas trouvée dans le Criquet pèlerin, mais il y aurait lieu de la rechercher dans les divers autres Acridides d'Afrique, et il serait non moins intéressant, au point de vue de la répartition géograjibique de ces parasites, de rechercher sa présence dans les Acridiens d'Europe. » Cfll.MIE VÉGÉTALE. — Sur les échanges d'acide carbonique et d'oxygène entre les plantes et V atmosphère. Note de M. Th. Schlœsixg fils, présentée par M. Duclaux. " Après avoir étudié un certain nombre de plantes supérieures, au point de vue des échanges gazeux qu'elles effectuent avec l'atmosphère, il était (') A. ScHSEroER, Contribution à l'histoire des Grégarines. ( 8i4 ) naturel d'exécuter de semblables recherches sur des vés^étaux intérieurs doués de chlorophylle. » J'ai fait, dans ce but, une culture d'algues, accompagnée d'un témoin sans culture. » J'ai procédé comme pour les expériences rapportées dans ma dernière Note. Les grandes allonges ont été seulement remplacées par de simples ballons de verre d'un litre et demi environ. Au fond de chacun d'eux, 4ooS'' de sable quartzeux, fortement imbibé de solution nutritive, ont été disposés en une couche d'épaisseur à peu près uniforme, reproduisant la forme sphérique du ballon, de manière à présenter une grande surface. 20''" d'une liqueur d'ensemencement, obtenue en délaj'ant un peu d'une terre couverte d'algues dans de l'eau distillée et laissant reposer, ont été répan- dus goutte à goutte sur toute la surface du sable; puis on a fait le vide dans le ballon et introduit les gaz convenables. » Le témoin a reçu, ensemencement compris, exactement les mêmes traitements que le ballon où devaient se développer les plantes, avec celte seule différence qu'il a été maintenu dans une obscurité complète. Le ballon à culture, exposé en pleine lu- mière, s'est recouvert, au bout d'une douzaine de jours, de taches d'un vert pâle, qui bientôt se sont rejointes et ont pris une coloration d'un vert très accusé. Le témoin, placé à côté, mais enfermé dans une boîte ne laissant pas filtrer le moindre rajon lu- mineux, est demeuré rigoureusement exempt de végétations. Les deux expériences se sont terminées, comme d'ordinaire, par l'extraction des gaz, leur mesure et leur ana- lyse, auxquelles s'est joint l'examen du sol du ballon à culture. I. Témoin. — 12 septembre- 9 novembre. CO^ O. Vz. Total. ce ce ce ce Introduit 38,9 202,9 953,8 1245,6 Extrait 28,6 243,2 954,4 1226,2 — 10,3 —9,7 -1-0,6 —19.4 » Point de variation sur l'azote. l>'acide carbonique et l'oxygène ont chacun légèrement diminué; nous tiendrons compte de la petite correc- tion qui en résulte pour l'antre expérience. II. CixTURE u'AL(iUF.s ('). — 13 septembre-g novembre. Acide carbonique. rc Introduit 4^7,8 ce Extrait finalement à l'état gazeux 56, o / Disparu indépendamment des plantes (d'après I). io,3 j ' Disparu par le fait des plantes , ^11, a (') M. Bornet a bien voulu examiner ces algues. Il a reconnu que leur masse ( «t5 ) Oxygène. Extrait à l'état gazeux 209,5 \ Absorbé par le cuivre 492,0 : 761,2 Disparu indépendamment des plantes (d'après I). 9,7 ) Introduit 228,8 Apparu par le fait des plantes 532,4 vol. CO- disparu 41 1 >J vol. O apparu 532,4 u Puisque nous avons affaire à des algues, plantes parmi lesquelles il s'en trouve qui possèdent la propriété fondamentale de fixer l'azote libre de l'atmosphère, il est inté- ressant de voir ici si une telle fixation s'est produite. Azote. ce Introduit gazeux 863 , i Extrait gazeux 863 , 3 +0,2 » L'azote gazeux n'a point varié du commencement à la fin de l'expérience; il n'en a pas été fixé. A côté d'algues ayant fixé de l'azote libre, nous en avions déjà ren- contré, M. Laurent et moi, qui n'avaient pas opéré la fixation. » Vérifions maintenant les résultats qui précèdent, en établissant les bilans du car- bone et de l'azote. Bilan du carbone. Carbone introduit. Sol 8,3 477'^'", 8 d'acide carbonique ga- zeux 206,3 Liquide d'ensemencement.. . 1,0 263,6 Mélange de sol et algues. . . . 56'^'^ d'acide carbonique ga- zeux Carbone extrait. 226,9 256,9 )) Il manque à la fin 8"^s,7 de carbone correspondant à i6"^^2 d'acide carbonique. Si la cause en est à une absorption d'acide carbonique par le verre, comme on l'a vu CO^ ,.,,,. . . , • 4ii,5 — ifi,2 déjà, le rapport —p- doit être légèrement corrige et devenir ^ — ^ Il ne se trouve pas ainsi notablement modifié. ou 0,74. principale était formée par le Protococcus vulgaris Ag. ( == Cystococcus humi- cola Niig.) et qu'elles comprenaient en outre : Clilorococcuni infuùonum Menegli., Ulothrix sublilis Kiitz., Scenedesinus quaaricauda Bréb. G. U., i8y3, v Semestre. (T. CXVII, N° 23.) ' ^i) ( 8 If. ) Bilan de l'azote. Azote introduit. A l'état gazeux SôS^"-, i = 108/4,9 Sol 0,9 Solution nutritive. .. . 21,0 Azote extrait. me A l'état gazeux 863",3 = io85,2 Sol et algues mélangés. 22,^ 1107,7 » Ici la vérification est tout à fait satisfaisante. CO- » En définitive, jjour nos algue.s, la valeur du rapport -j— est de même ordre (un peu plus petite) que pour les plantes supéi'ieures entières qui ont été examinées. Il est à présumer que la plupart des végétaux à chlo- rophylle fourniraient de semblables résultats. » BOTANIQUE. — Obseivations sur la coiislilulion de la membrane chez les Champignons. Note de M. Louis Mangi\, présentée par M. Duchartre. « L'analyse microchimique que j'ai! déjà employée dans l'étude de la membrane des Phanérogaiîies, appliquée à l'examen des tissus des Cham- pignons, démontre, chez ces plantes, l'existence d'iuie membrane à consti- tution chimique très complexe, qui contraste avec la simplicité de leur structure. Je me propose de résumer dans cette Note les premiers résultats obtenus. » Péronosporées. — Ainsi que je l'ai déjà établi ('), le mycélium des Péronospo- rées est formé par l'association très intime de la cellulose et de la callose. La cellulose possède, dans ces membranes, les propriétés normales, c'est-à-dire se dissout dans le réactif de Schweizeret se colore par les réactifs iodés ou les couleurs tétrazoïques. Les appareils conidifères, privés de callose, sont formés de cellulose pure. » Saprolégniées. — Le mycélium et les appareils sporifères ont la même constitu- tion, c'est-à-dire sont formés de cellulose et de callose. B Mucorinées. — La membrane des Mucorinées est bien différente : le mycélium et les filaments sporangifères renferment au moins deux substances : la cellulose et une autre substance qui a les réactions des composés pectiques; la première est surtout abondante à la partie interne de la membrane; la seconde forme surtout la partie ex- terne et c'est à sa surface que sont fixés les dépôts d'oxalate de chaux. La callose est rare et ne se rencontre que dans la membrane diffluente des sporanges, soit dans toute (' ) L. MangIiN, Comptes rendus, 1890. ( 8.7 ) son étendue (Mucor, Phycomyces, Mortierclla, T/iamnidii/m, elc), soil partielle- ment {Pilobolus, etc.). Parfois, cependant, la callose forme un mince revêtement à la surface des filaments sporangifères (Pilobolus). La résistance à l'action des réactifs, l'élection des colorants, sont très variables : la membrane de certains Mucor, du Phy- comyces se gélifie rapidement dans l'ammoniaque après l'action des acides; celle des Syncephalis, des Piptoceplialis résiste bien plus longlemps et se colore avec difficulté. » Urédinées. — Le mycélium, exclusivement développé dans les espaces inlercel- lulaires, se nourrit des corps protoplasraiques et dissout le ciment de pectates inso- lubles des tissus de la plante hospitalière; mais il ne possède pas les réactions des composés pecliques et sa membrane, très délicate, est rapidement dissoute et à froid dans l'eau de Javelle étendue; il résiste à l'action des alcalis caustiques : la callose y fait toujours défaut; on ne la rencontre, et rarement, que dans les suçoirs intra- cellulaires. » Les fructifications (œcidiospores, urédospores) offrent souvent les réactions colo- rantes des composés pectiques; quant au mycélium, il ne paraît renfermer que de la cellulose, comme l'indique la fixation des colorants tétrazoïques. Les suçoirs, très fins, développés dans les cavités cellulaires à la suite d'une perforation de la mem- brane, s'entourent d'une gaine plus ou moins épaisse partant du lieu de pénétration et invaginée dans la cavité; les réactifs colorants y décèlent la présence des composés pectiques, mais la cellulose y est rare; çà et là on rencontre, mais non d'une manière générale, des amas de callose autour des suçoirs [Puccinia, Coleosporium). Ustilaginées. — Le mycélium des espèces de cette famille a les mêmes caractères chimiques que celui des Urédinées. » Basidiomy cèles. — Dans cet ordre, la constitution de la membrane est variable d'une tribu à l'autre. » Dans l'Agaric champêtre, le Bolet pourpre, la Chanterelle, la membrane est dé- pourvue de callose ; elle manifeste, avec les colorants basiques, les réactions d'une sub- stance comparable aux composés pectiques; quant à la cellulose, si elle existe, elle ne peut être décelée au moyen des réactifs iodés, mais elle fixe les colorants acides (or- seilline BB, couleurs de benzidine) qui caractérisent la cellulose normale dans les tissus des Phanérogames. D'autres espèces, les Corticium, les Coprins renferment de la callose associée peut-être aux composés pectiques. Enfin un certain nombre d'es- pèces coriaces {Polyporus, Dedalea. Trameles, etc.), dont les membranes sont in- crustées d'une manière analogue à la subérine, manifestent nettement, quand on les a débarrassées de cette dernière, les réactions de la callose; malgré son abondance dans les tissus, cette substance n'existe pas seule; elle est associée en faible proportion à une autre matière qui fixe les colorants basiques (rouge de ruthénium, bleu de naph- tylène, etc.) En tout cas, la cellulose parait faire entièrement défaut. » Asconiycètes. — Beaucoup plus homogène que dans les espèces de l'ordre précé- dent, la membrane des Ascomycètes est dépourvue de cellulose et formée essentielle- ment par la callose, soit seule (Saccha/omyces, Rhytisma, Pezizes, Erysiphées, Pyrénomycètes divers : Dyatripe, Dolhidea, Fumago, Sordarias, etc.), soit associée à une matière mucilagineuse souvent diftluenle qui fixe les colorants basiques (Bul- garia, etc. ). ( «i8 ) » Cliez les Erjsipliées, le mycélium aérien est levèlu d'iiiie coiiclie qui fixe les colo- rants des substances protéiques. » Enfin chez les Lichens les filaments mj'céliens, formés de callose, contrastent par l'absence de cellulose avec les membranes des gonidies où celte substance existe ( Unibilicaria, Ramalina, Physcia, etc.). L'Usnea barbata paraît faire exception, car je n'ai pas réussi à y manifester la présence de la callose, tandis que les mem- branes manifestent nettement les réactions de la cellulose et des composés pecliques. )) Les observations que j'ai faites me permettent d'affirmer que d'autres substances inertes vis-à-vis des colorants employés existent dans la mem- brane des Champignons ; mais, en bornant l'examen à celles qui sont bien définies parleurs affinités colorantes, on voit déjà, par ce qui précède, que les termes de/w/jg-me (Braconnot), de mélaceUidose (Fremy), de Pilzcellulose ( de Bary), impliquant l'existence d'une seule substance dans la membrane, sont inacceptables. On voit en outre que la cellulose, dont la présence est si constante chez les autres végétaux, manque le plus souvent chez les Champignons, malgré les observations publiées par M. Richter ('); quand elle existe, elle possède des caractères différents des propriétés habituelles : insolubilité dans le réactif de Schweizer, inertie vis-à-vis des réactifs iodés. C'est la callose qui représente la véritable substance fondamentale du mycélium ; elle est chez les Champignons plus répandue que dans les tissus des autres groupes de plantes. Par ses réactions colorantes bien différentes de celles des substances fondamentales, elle offre, en raison de sa présence dans la plupart des parasites, une importance pratique de premier ordre, car elle permet de déceler les moindres vestiges de ceux-ci lorsque, par suite de l'absence de fructifications, il reste des doutes sur la nature para- sitaire de certaines affections. » GÉOLOGIE. — Sur les terrains primaires de l'arrondissement de Saint-Pons (Hérault). Note de MM. P. de IUuville, Aug. Bklage et J. Miquel, présentée par M. Albert Gaudry. « Nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie les coupes et la Carte géologique des terrains primaires de l'arrondissement de Saint-Pons (Hérault), annoncées dans notre Note du 21 août dernier. (') Richteh, Deilrâge zur genaueren Keniilniss der chemischen Beschaffenheit der Zellineinbranen l>ei den Pilzen {SiLzungsb. der Akad. inath.-natur. Classe, I Abth., Bd. 83; Wien, 1881). ( «'9 ) » Un Mémoire explicatif détaillé, actuellement en voie de publication et auquel seront annexées les présentes Carte et planche de coupes, fera mieux ressortir l'intérêt de notre récent travail ; mais, dès aujourd'hui, en comparant notre Carte avec celles qui l'ont précédée, l'une publiée, il y a vingt ans, par l'un de nous; l'autre, plus récemment en 1889, par M. Bergeron, on peut apprécier aisément combien nous avons étendu nos connaissances slratigraphiques sur les terrains primaires de la Mon- tagne-Noire et, en particulier, sur le Cambrien. » La minime épaisseur de i5'° et la composition exclusivement schis- teuse, qui étaient attribuées à ce dernier terrain, font place aujourd'hui à une puissance de plus de 1000" et à une pétrographie des plus variées, consistant en grès (grès siliceux et grès micacés), calcaires, dolomies à silex, schistes, grès quartzileux, le tout occupant en surface au moins 3oo kilomètres carrés. » Par suite du recouvrement immédiat de l'axe cristallin de la Montagne- Noire par le Dévonien (schistes avec calcaires fossilifères inclus), il nous a fallu renoncer, du moins pour cette partie de notre territoire, à re- chercher, si toutefois elle existe quelque part, la formation sédimentaire mentionnée et même figurée, comme supportant le Cambrien. » Notre étage anté-paradoxidien (groupe gréseux de Marcory et groupe calcaréo-dolomitique) n'avait pas encore été signalé. Nous n'avons jusqu'ici trouvé dans les grès de Marcory que des traces de fossiles indéterminables. Nous n'avons rien découvert dans le groupe calcaréo-dolomitique, mais personne, avant nous, n'avait constaté, dans les calcscliistes amygdalins qui lui font immédiatement suite, la présence des Paradoxides. n Entre le Paradoxidien et l'Arenig du Languedoc, tels qu'ils ont été jusqu'à présent décrits, nous avons, les premiers, signalé l'existence d'une formation, qui, par sa puissance et la vaste étendue de ses affleurements, joue, dans l'économie géologique de notre région, un rôle extrêmement important. La connaissance de cette formation et de ses relations avec celle qui la supporte et celle qui la recouvre nous a permis de rectifier nombre d'erreurs, résultant de sa confusion antérieure avec d'autres dépôts, analogues pétrographiquement, mais non synchroniques. » Essentiellement constituée par des grès quartziteux et par des schistes, elle se lie intimement : par en bas, à notre Paradoxidien et, par en haut, à notre Arenig. Ses premiers bancs gréseux alternent avec les derniers lits schisteux contenant des Paradoxides, et ses dernières strates schisteuses ( 820 ) nous ont fourni quelques types de la faune seconde, non encore déter- minés, mais paraissant différents de ceux signalés jusqu'ici dans notre Arenig languedocien. Il se peut que cette formation se fonde totalement dans les deux terrains qui l'encaissent, qu'elle disparaisse par conséquent, en tant que terme de notre série primaire; mais il se peut aussi qu'il en reste une plus ou moins grosse part, et c'est cette part qu'il sera impossible de rapporter à un étage classique, tant que les caractères paléontologiques y feront défaut. » Cet ensemble gréso-schisteux a successivement porté, dans nos Com- munications antérieures, les noms provisoires de Post-cambrien et de Post- paradoxidien. Cependant, en dépit de leur sens vague, qui nous les avait fait employer, ces dénominations nous ont semblé encore trop précises et nous leur avons substitué, toujours provisoirement, mais pour longtemps peut-être, le nom de Barroubien, qui, outre l'avantage qu'il a de ne rien préjuger, offre celui de rappeler une des régions de l'arrondissement, Bar- roubio, où s'observent le plus aisément, et la formation elle-même, et ses rapports avec les étages sous-jacent et superposé. » Cette attribution au terrain Cambrien de termes pétrograpliiques aussi puissants et aussi divers ne nous paraît pas devoir demeurer indifférente pour l'intelligence des terrains primaires en France. » En ce qui concerne les contours des surfaces d'affleurement de chaque étage représenté sur notre carie nous les avons relevés avec soin, de façon à nous tenir le plus près possible de la réalité; mais nous devons faire ob- server que la limite septentrionale de notre zone dévonienne échappe à toute précision. Il nous a fallu, en effet, la tracer au milieu de schistes sé- riciteux qui, vers le sud, enclavent des calcaires fossilifères dévoniens et, vers le nord, passent insensiblement aux micaschistes et aux gneiss. » Quant à nos coupes, elles sont, pour plus de clarté, un peu schéma- tiques, en ce sens que les reliefs y sont parfois exagérés et que le nombre des plis figurés pour le Barroubien et l'Arenig y est arbitraire, mais plutôt inférieur au nombre réel. Elles sont exactes pour tout le reste. » ( «2T ) GÉOLOGIE. — Sur les terrains trlasiqiie et jurassique des îles Baléares. Note de IM. H. Noi.w, présentée par M. Fouqué. « Les voyages que j'ai faits aux Baléares, en 1887, 1888 et 1890, m'ont permis de compléter les notions que l'on possède sur la Géologie de cette région ('). » Les travaux de J. Haime, Bouvy,' Vidal, Molina, et surtout ceux de H. Hermite, avaient déjà fait connaître dans les terrains secondaires les principaux horizons ; mes recherches me permettent maintenant de com- bler un certain nombre de lacunes importantes. » J'indiquerai seulement dans cet exposé les faits relatifs aux terrains triasique et jurassique. » Le Trias supérieur, dont M. de Mojsisovics a étudié la forme, d'après les matériaux recueillis par Hermite et par moi à Minorque, présente un faciès alpin. J'ai constaté que cette faune se répartissait de bas en haut entre les trois horizons suivants, que j'ai retrouvés à Majorque et àlviza: 1° zone à Tiachyceras Curionii (Mojs.) et Trachyceras Vilanovœ (Mojs.); 1° zone à Daonella Lommeli (Wism.); 3" zone à Hœrnesia pseudosocialis (Nolan) et Monolis salinaria (Bronn). » L'Iufra-lias et le Sinémurien paraissent être représentés par des assises non fossilifères. Au Sinémurien, en particulier, correspondraient des calcaires avec bancs de poudingues indiquant des actions cotières et un déplacement des anciens rivages. » Le Charmouthien de la Muleta, étudié par Haime et plus tard par Hermite, se retrouve dans la partie nord-est de la cordillère de ALijorque (Cal-Rey). Il est caractérisé par Polymorphites Jamesoni (Sow.), Ryncho- netla tetraedra (Sow.), Zeilleria Davidsoni (Haime), c'est-à-dire par une faune occidentale existant aussi en Portugal, où M. Choffat l'a tait con- naître, et très différente, au contraire, de la faune méditerranéenne décou- verte par MM. Bertrand et Kilian en Andalousie. » Le Toarcien à Harpoceras Levisoni (Simps.) et Cœloceras Raquinianum (d'Orb.) affleure à Binixems (Minorque), et près d'Es Pareils (Majorque). H ne diffère pas sensiblement des couches de même âge de la Lombardie (') Les nombreux documents que j'ai rapportés ont été déposés dans la collection du Laboratoire de Géologie de la Sorbonne. ( 822 ) et du Portugal. Jusqu'ici l'existence de la zone supérieure à Harpuceras opalinum n'a pu être démontrée. )) Le niveau le plus inférieur du Bajocien dont j'aie pu constater la pré- sence se montre à Aumallutx et à la Burguesa (Majorque). Il est caractérisé par Harpoceras conccwum (Sow.), Harpoceras cornu (Buckm.), Amaltheus suhspinatus (Buckm.). (les ammonites établissent donc, avec certitude, la présence de la zone à Harpoceras concavum, que M. Buckman a signalée le premier en Angleterre et qui a été retrouvée récemment par M. Munier- Chalmas en Normandie, puis par M.'^Haug en Alsace et dans les Basses- Alpes. » Aux couches précédentes succèdent des calcaires : Cœloceras Baylei (0pp.) el Sphœroceras polyschùles (Waagen), caractéristiques du Bajocien moyen; enfin, l'étage se termine ])ar la zone supérieure à Cosinoceras Ga- rantianurn (d'Orh.). )) Ces superpositions confirment la grande extension et l'importance des principales divisions bajociennes établies dans le bassin de Paris et en Souabe. » Le Bathonien indiqué avec doute par Hermite aux environs d'Alcu- dia, d'après la présence du Parkinsoiiia Parkinsoni, constitue probable- ment en grande partie la chaîne montagneuse de la côte orientale de Ma- jorque. » Près du Puig de Galatzo, des formes très voisines du Sphœroceras biil- lalurn (d'Orb.), ou même identiques à cette espèce, indiquent l'existence du Callovien. » D'après Hermite, aux environs de Lofre, des calcaires à Perisphincles sp. et Oppelia Delemonlana (0pp.) représenteraient l'Oxfordien à Ma- jorque. » Le Rauracicn n'est encore connu qu'à Iviza, où il a été trouvé par MM. Vidal et Molinaau cap de Punta-Grossa. Comme eux, j'y ai recueilli : Peltoceras bimammaturn (Quenst.), Phylloceras tortisulcalum d'Orb.), Op- pelia compsa (Opp.). » Le Rimméridgien à Oppelia tenuilohala doit être représenté par des calcaires non fossilifères. » Les terrains jurassiques supérieurs présentent le faciès tithonique à Céphalopodes si général dans la région préméditerranéenne. Les premières couches fossilifères sont celles que caractérise le Simoceras Agrigentiniim (Gemm.). Les niveaux les plus élevés, étudiés en détail par Hermite à Ma- jorque, se retrouvent à (labreia et à Iviza. ( 823 ) » Au-dessus d'eux, dans cette dernière île, des marnes pyriteuses à Phylloceras semisulcatum (à'Orh.), Hoplites privasensis (Pictet), Hoplites Ca- listo (d'Orb.), semblent l'équivalent de la zone de Berrias, rencontrée aussi par M. Pomel en Algérie. » Il résulte des observations précédentes : » 1° Qu'à l'époque du Trias supérieur les courants alpins, après s'être étendus sur les îles Baléares (3c)° de latitude nord), devaient remonter vers le nord pour atteindre à Tembouchure de l'Elbe le 41" de latitude nord, car dans la province de Valence, qui se trouve sous le même paral- lèle qu'Iviza, M. Nicklès a constaté que le Trias était caractérisé par le faciès occidental; » 2° Qu'il ne paraît pas exister de lacune dans les terrains triasique et jurassique des Baléares, et que les divisions de ces systèmes, basées en An- gleterre, en Allemagne, sur l'étude des Céphalopodes, sont les seules qui permettent de synchroniser à de grandes distances les différentes assises des terrains secondaires. » A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret. La séance est levée à 4 heures et demie. J. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du l\ décembre 1898. Annales de Chimie et de Physique, par MM. Berthelot, Pasteur, Friedel, Mascart. 6^ série, t. XXX, décembre iSgS. Paris, G. Masson, 1893 ; i fasc. in-8°. Journal de Pharmacie et de Chimie (fondé en 1 809), rédigé par MM. Fremy, Regnauld, Lefort, Planchon, Riche, Jungfleisch, Petit, Villejean, Bourquelot et Marty. N° H, i^"' décembre 1893. Paris, G. Masson; i fasc. in-8°. C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CXVII, N» 23.) I lO ( 824 ) Recherches anatomiques sur la distribution des composés pectiques chez les végétaux, par L. Mangin. (Extrait du Journal de Botanique). Paris, J. Mersch, imprimeur, 1898; i vol. in-S". (Présenté par M. Duchartre.) Rapport général à M. le Ministre de V Intérieur sur les épidémies qui ont ré- gné en France pendant l'année i8gi, fait au nom de la Commission perma- nente des épidémies de l'Académie de Médecine, par M. le D'' Chauvel, rap- porteur. Melun, 1893; I broch. in-4°. (Présenté par M. le baron Larrey). Etude histologique de la sécrétion du lait, par le D'' L. Duclert, professeur à l'Ecole nationale d'Agriculture de Montpellier. Montpellier, C. Goulet, 1893 ; I broch. gr. in-8°. (Présentée par M. Ranvier.) Les Maladies de l'Afrique tropicale, par le P. Joseph Etterlé, S. J., mis- sionnaire du Zambèze. Bruxelles, 1892; i vol. in-8°. (Présenté par M. le baron Larrey.) Les lépreux ambulants de Constantinople, par le D'' Zambaco-Pacha. (Ex- trait de la Gazette médicale d'Orient.) Constantinople, Christides, 1893; broch. in-S". (Présentée par M. le baron Larrey.) La lèpre. Conférence faite à l' Hôpital de la Charité, par le D"' Zambuco-Pa- CHA, membre correspondant de l'Académie de Médecine, etc. (Extrait des Annales de Médecine scientifique etpratique.) Paris, Baudelot, 1893; 1 broch. in-8". (Présentée par M. le baron Larrey.) Voyage chez les lépreux. La lèpre dans le midi de la France en 1893. Com- munication faite à l'Académie de Médecine le 9 mai 1893, par le D' Zam- baco-Pacha, membre correspondant national. Paris, G. Masson, 1893; I vol. in-h". (Présenté par M. le baron Ijarrey.) Études anatomo-pathologiques . L' inflammation, par Maurice Letulle, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris. Paris, G. Masson, 1893 ; I vol. gr. in-8°. Traité élémentaire de Physique, par A. Ganot. Paris, Hachette et C'*; i vol. in-12. Mémoires de la Société Géologique de France. Paléontologie. Tome IV, fasc. I. Paris, Baudryet C'**, 1893; i vol. gr. in-4°. Observatoire du Puy-de-Dôme. Fondateur : M. Alluard, professeur de Physique à la Faculté des Sciences de Clermont. Observations météorolo- giques, 1873-1887. Clermont-Ferrand, Bellet elfils, 1893; i vol. ia-8°. Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève. Tome XXXI. Seconde Partie. Genève, 1892-1893; i vol. gr. in-4". Bulletin de la Société impériale des naturalistes de Moscou, publié sous la di- rection du professeur D' M. Menzbier. Année 1893. N° 1. Moscou, 1893; I vol. in-S". ( 825 ) Nouvelle méthode pour l'étude goniométrique et optique des cristaux, appli- quée à la Minéralogie et à la Pétrographie, par E. Fedoroff, conservateur du Comité géologique. Saint-Pétersbourg, Eggers et C'^, iHgS; i vol. gr. in-4°. Die untertertiàren Ablagerungen Sûdrusslands , von N. Sokoloav. Saint-Pé- tersbourg, Eggers et C'*', i8g3; i vol. gr. in-4°. Die Fauna des unteren Devon amOstabhange des Ural, von Th. ïschernys- CHEN. Saint-Pétersbourg, Eggers et C'*; i vol. gr. in-4". On souscrit à l'uiis , chez GAUTHIER -VIU.ARS ET FFES, Quai (les Grands-Augusiins, a" 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS liebdomadaires paraissent régulièrement le Dimanche. Ils ronnent., à la fin de l'année, deux volumes in-4». Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i" janvier. Le prix de l'iibonrienient est fixé ainsi iiiiil suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale ; 34 fr, — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Agen Michel et Médan. ÎGavault St-Lager. Jourdan. RuIT. Amiens Hecquet-Decoberl. t Germain et Grassin. Angers . , , „ ,, ( LacheseelDolbeau. Bayonne Jérôme. Besançon Jacquard. , Avrard. Bordeaux Duthu. ' Muller (G.). Bourges Kenaud. Lefouriiier. F. Robert. J. Robert. V" Uzel CarolT. Baër. Massif. hambery Perrin. „, , ( Henry. Cherbourg ■" ( Marguerie. ) Rousseau. ( Ribou-Collay. I Lamarche. Ratel. ' Damidot. chez Messieurs : . 1 Baumal. Lorient ( M"' Texier. Bernoux et Cumin. Georg. I.yon ( .Mégret. Palud. Vitte. Marseille Ruât. On souscrit, à l'Étranger, Montpellier Brest. Oaen. "lermont-Feri Oijon.. ( Calas. \ Coulet. ■)ouai jLauverjat. f Crépin. -.renoble \^^^^<^l- I Gratier. '.a Hochelle Foucher. I Havre j Bourdignon. .ille.. Dombre. Marchai. Lefebvre. Quarré. Moulins Martial Place. / Sordoillet. Nancy Grosjean-Maupin. ( Sidot frères. j Loiseau. ' ' ' \ ivi^e Veloppé. \ Barma. ' ' ' ( Visconti et C". Nimes Thibaud. Orléans Luzeray. i Blanchier. '1 Druinaud. Hennés Plihon et Hervé. Rochefort Girard ( M"" ). _ i Langlois. Rouen , " . ( Lestringant. S'-Étienne Chevalier. ^ Bastide.- Nantes Nice . foitiers.. Toulon . I Rumébe. _, , 1 Gimet. Toulouse ' . ( Privât. I Boisselier. Tours j Péricat. ' Suppligeon. ( Giard. / Lemaitre. Valenciennes. Bucharest. chez Messieurs : A„ , , I Feikema Caarelsen Amsterdam et C''. Athènes Beck. Barcelone Verdaguer. Asher et C". Berlin 1 Calvary et C-. Friediander et fils. f Mayer et Muller. [jgi-iig \ Schmid, Francke et I C-. Bologne Zaoiclielli et C". j Ramlot. Brujcelles ' Mayolezet.Vudiarte. ( Lebégue et C". \ Haimann. ' Ranisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, BellelC". Christiania Cammermeyer. Constantinople. . Otlo Keil. Copenhague Hôsl et lils. Florence Lœsclier et Seeber. Gand Hoste. Gènes Beuf. Cherbuliez. Georg. Stapelraohr. La Haye Belinfanle frères. I Benda. ' Payot. Barth. \ Brockhaus. Leipzig Lorentz. Max Rube. TwieLmeyer. ( Desoer. I Gnusé. Londres Luxembourg . . . . Madrid Genève. Lausanne.. Liège. Milan . . Moscou. N api es. New-Vork. Odessa Oxford Palerme Porto Prague Rio-Janeiro . Rome . Rotterdam. Stockholm.. S'-Pétersbourg. Turin . Varsovie. Vérone . . . Vienne. Ziirich. chez Messieurs ; \ Dulau. \ Nutt. V. Biick. Libr. Gutenberg. Fuentes et Capde- villc. Gonzalès e hijos. F. Fé. \ Dumolard frères. j Hœpli. Gautier. / Furcheim. Marghieri di Giu-, ( Pellerano. I Christern. ( Stechert. ' Westermann. Rousseau. Parker et G''. Clausen. Magalhaès. Rivnac. Garnier. Bocca frères. Loescheret C'". Kramers et fils. Samson et Walliri. Zinserling. Wolir. Bocca frères. Brero. Clausen. Rosenberget Sellier Gebethner et WoHI. Drucker. Frick. Gerold et C". Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes le'àSl. — (3 Aoijt i835 à Si Décembre i85o. ) Volume in-4°; i853. Prix 15 fr. Tomes 32 à 61. — ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume in-4°; 1870. Prix 15 fr. Tomes 62 à 91. — ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4<'; 1889. Prix 15 fr. SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tome I : Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbes et A,-J.-J. Sol.er. - Mémoire sur le Calcul des Perturbations .u'éprouveni les >metes, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières asses, par M. Claude Bernard. Volume in-4°, avec Sa planches ; i856 .c f Tome II : Mémojre sur les vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. - Essai d'une réponse à la question de Prix proposée en i85o'par'l'Académie' des' Science"^" •ur le concours de i8o3, et puis remise pour celui de i85'i, savoir : « Etudier les lois de la distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- mentaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur apparition ou de leur disparition successive ou simultanée. - Rechercher des rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs », par M. le Professeur Bronn. In-4», avec 27 planches; 1861 A la même Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, et les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Sciences. nature 15 fr. N" 23. TAHIi: DES AIVriCLKS. (Séance du A décembre im)3.) MEMOIRES ET COMMUNICATIONS DES MEMIIItKS ET DES CORIIESPONDANTS [JE L'ACADÉMIE. Pages, M. Ad. Chatix. — Si^iiilication de la loca- lisation des organes dans la mesure de la ;;ri(dation des véi;étau\. Pages. NOMINATIONS. M. HiGGENnAfiii est élu Correspondant, pour la t^ectlon de ,Mécani(|ue, en remplacement de feu M. CoUadon 78 MM. Troost et SciiuiZEXiîEHuKiî sont dési- gnés à iM. le Ministre des Finances, comme devant faire partie de la Commission de contrôle de la circulation monétaire -St M. llAr.RY-C. Jones. MEMOIRES PRESENTES. Sur l'essai des oxydes do manganèse par l'eau oxygé CORRESPONDANCE. DoM Lamey. — Sur les déformations pro- fondes du sphéro'ide de Mars M. A. Anuot. — Sur les observations faites par M. J. Vallot en 1S87, au sommet du mont nia ne /M. E. Peciiaud. — Sur les acides complexes i|ue forme l'acide molybdique a\er l'acide titanique et la zircone M. E. I-'leuuent. — Kecherclies sur la con- stitution des matières albuminoides ex- traites de l'organisme végétal M.. LÉO ViGNON. — Sur la stabilité et la con- servation des solutions étemlucs de su- blimé M. SAXGLic-l''Kiii;n.iu.. — lieclieiclie de l'abrastol dans les vins MM. Baelanu et Masson. — Sur la stérili- sation du, pain et du biscuit sortant ilu four M. C. VANLAin. — Quelques données chro- nométriqucs relatives à la régénération des nerfs M. Ch.- Rouget. — Sur la terminaison des BliLLEl'IN ElBUOttBVPll.lOt^E nerfs moteurs des muscles striés, clicz les ■;S,i Batraciens 1 M. GiiuvEL. - Sur quelques points rela- tifs à la circulation et à l'excrétion chez 786 i les Cirrliipèdes I M'. Albert Kobix. — Des albuminuries plios- pliaturiques -fii' iM. G, N'ei'veu, - Parasites dans le cancer. M. P. Pelseneer. — La cavité coquillière des Pliilinidœ 71)0 .M. L. LÉGER. — Sur une grégarinc nouvelle des Vcridiens d'Algérie M. Tii. SciiLŒsiNG FILS. — Sur les échanges d'acide carbonique et d'oxygène entre les plantes et l'atmosphère -tfi .M. L. ManijIN. — Observations sur la con- stitution de la membrane chez les Cham- pignons -MM. P. DE ItouviLLE, AiG. Delage et J. Mi- quel. — Sur les terrains primaires de l'arrondissement de Sainl-Pons (Hérault). 71111 M. 11. NoLAN. - Sur les terrains triasique et jurassique des lies Baléares Su7 SoS Sio Su 8i3 Si(i .S:m Si 3 PARIS. — IMPRIMKIUE G \U l'HlIiK-VILL.XRS KT KILS, Quai des Grands-..\u{:usi.ins, 36 • Lv (iertiHl : G*urHitii-ViLLA»>. 1893 ÔX^j SECOXD SEMESTllE. COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, rAR MM. I,ES SECRÉTAIRES PERPÉTUEl^jS. TOME ex VII. iT24 {M Décembre 1893). PARIS, GAUTHIEK-VILLARS ET FILS. IMPaiMEUKS-LlBRAIRES DES COMPTES RENDQS DES SÉVNCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES yuai des Grands-Augusting, 5.%. "l893 RÈGLEMENT RELATIF AUX COMPTES RENDUS. Adopté dans j.ks séances des aS juin i86a et 24 mai 1875. T,es Comptes rendus hpbcwmadaires des séances de t Académie se composent des t-xtraits des travaux de ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 2G numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. Article I" — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits ties Mémoires présentés par un Membre ouparun Associé étranger del'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o pages par année. Les communications verbales ne sont mentionnées dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, aux Secrétaires. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. , Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par les corresjiondants de l'Académie comprennent au plus 4 pages par numéro. Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions verbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicie en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Les Programmes des prix proposés par l'Académie sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font pour les articles ordinaires de la correspondance offi- cielle de l'Académie. Article 3. Le bon à tirer de chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à i o heures du matin ; faute d'être remis à temps, le titre seul du Mémoire est inséré dans leCompte rendu actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- vant, et mis à la fin du cahier. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Rapports et les Insh'uctions demandés par le Gouven.ement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Raj)port sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les léposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5'\ Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE DU LUNDI 11 DECEMBRE 1895, PRÉSIDENCE DE M. DE LACAZE-DUTHIERS. MEMOIRES ET COMMUOTGATiONS ÛES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE. M. le PiiÉsiDEXT annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de Noël, la séance du lundi 25 décembre sera remise au mardi 26. CHIMIE MINÉRALE. — Sur la sublimation des iodures rouge et jaune de mercure; par M. Bertueloï. (c L'iodure de mercure se présente sous deux états isomériques distincts, à l'état d'iodure rouge, stable à la température ordinaire, et à l'état d'iodure jaune, produit par l'action de la chaleur sur le précédent et stable à une température élevée; tous deux cristallisés. » Le dernier est susceptible de revenir aisément à l'état d'iodure rouge à la température ordinaire, notamment au contact de la moindre trace des cristaux d'iodure rouge. Celte transformation, produite sans le concours C. li., 1893, a" iiemeatre. (T. CXVII, >' 24.) I I ' ( 828 ) d'une énergie extérieure, s'explique, parce qu'elle est accompagnée d'un dégagement de chaleur égal à 4-3^"', o pour Hgl^^354^'', d'après mes expériences (Ann. de Chim. et de Phys., 5" série, t. XXIX, p. 2/11)- On sait que chacun de ces deux iodures peut être séparé comme tel de certains dissolvants, à la température ordinaire : l'iodure rouge étant obtenu en général par voie de précipitation, et l'iodure jaune se séparant par refroi- dissement, ou addition d'eau, de sa solution alcoolique. » Frankenheim avait même pensé que les deux iodures, rouge et jaune, de mercure pouvaient exister tous deux à l'état de vapeurs isomériques, se fondant sur l'expérience suivante. Chauffons avec précaution sur une lame de verre un mélange de ces deux corps, en tenant une seconde lame de verre à une très petite distance et en opérant à une température assez basse, pour que les cristaux rouges ne soient pas transformés : il se con- densera sur la lame supérieure un sublimé, renfermant à la fois des cris- taux jaunes et des cristaux rouges ('). » L'expérience est facile à répéter; mais elle ne prouve pas l'existence des deux isomères à l'état de vapeur. Sans doute la condensation de l'io- dure de mercure en vapeur donne naissance directement à l'iodure jaune; mais il suffit du contact de la moindre trace de cristaux d'iodure rouge pour amener à l'état rouge l'iodure jaune. Or, si l'on examine les con- ditions de l'expérience précédente, il est facile de reconnaître qu'il y est impossible d'éviter la projection des fines poussières de l'iodure rouge, placé sur la lame de verre inférieure; ce qui enlève toute valeur à la con- clusion : il ne parait donc exister sous forme gazeuse qu'un seul composé, l'iodure jaune. » ANATOMIE COMPARÉE. — Recherche sur la Structure des plumes ; par M. C. Sappey. « Toutes les plumes n'offrent pas la même structure. Considérées sous ce point de vue, on peut les diviser en deux ordres : les grandes plumes ou les pennes et les petites plumes ou plumes de recouvrement. M Les grandes plumes se composent de quatre parties ; l'étui corné, la tige, les barbes et les barbules. » L'étui corné ou partie basilaire revêt la forme d'un cylindre à parois (') Journal filr pr. CIi., t. XVI, p. i; 1889. ( 829 ) rigides et transparentes. Il présente deux orifices connus sous le nom d'ombilics et distingués en inférieur et supérieur. L'ombilic inférieur est circulaire; l'ombilic supérieur est allongé, très petit et fusiforme. Cette première portion de la plume est formée de deux plans de cellules, d'un plan profond ou longitudinal, et d'un plan superficiel ou circulaire. Les cellules qui les composent sont très longues, renflées à leur partie moyenne et pourvues d'un très petit noyau, allongé aussi. Toutes ces cel- lules sont reliées entre elles par un ciment qui les unit très fortement. Pour les mettre en évidence, il faut faire bouillir l'étui corné dans une solution concentrée de potasse; on peut alors les dissocier et distinguer le noyau qui en occupe le centre. » La tige se présente sous l'aspect d'une longue pyramide quadrangu- laire, dont la base se continue avec l'étui. Elle offre une face supérieure convexe et une face inférieure concave, l'une et l'autre constituées par un prolongement de l'étui corné. Les deux faces latérales sont planes et recou- vertes par un épithélium composé de grosses cellules hexagonales. » La partie centrale de la tige est représentée par une substance blanche connue sous le nom de substance spongieuse. Aucun anatomiste jusqu'à présent n'a cherché à en pénétrer la structure. Dutrochet, qui s'est livré en i8ig à de longues études sur les plumes, garde le silence sur ce point; et Fréd.Cuvier, qui s'en est occupé en 1825, n'est pas plus explicite. Cette structure cependant est intéressante à connaître; car elle se lie d'une manière intime à la constitution essentielle du plumage. » Vue à la lumière réfléchie, la substance spongieuse est blanche; dé- coupée en tranches minces et vue à la lumière transmise, elle est noire. Sa composition nous explique cette différence de coloration. Elle est formée de cellules polyédriques, se juxtaposant par leurs facettes. Or toutes ces cellules sont remplies d'air. Au moment où les rayons lumineux les tra- versent, ils sont si fortement réfractés qu'aucun d'eux n'arrive jusqu'à l'œil de l'observateur; de là leur couleur noire lorsqu'on les voit au micro- scope. » Ainsi constituée, la tige est à la fois résistante et légère. Elle est rede- vable de sa résistance à son enveloppe cornée, et de sa légèreté à l'air qu'elle contient. » Les barbes, implantées sur les facettes latérales de la tige, sont planes et triangulaires; elles se correspondent par leurs faces. Les barbules recouvrent leur bord supérieur. Au premier aspect elles semblent différer beaucoup de la tige; et cependant elles n'en sont, en réalité, qu'une ( 83o ) simple expansion. Comme la tige, en effet, elles sont formées par une enveloppe fibreuse; et au-dessous de l'enveloppe on ne trouve aussi que des cellules pleines d'air. En outre, autour des barbes et des barbiiles, et sur toute leur périphérie, il existe une myriade de très petites bulles d'air. L'air tient donc une place importante dans le plumage de l'oiseau. Il rem- plit l'étui corné; il i-emplit les cellules de la substance spongieuse; il rem- plit les cellules des barbes; il remplit tous les vides compris entre celles-ci et forme ainsi quatre petits groupes indépendants les uns des autres. » D'où vient celui qui remplit l'étui corné? Il pénètre dans cet étui par l'ombilic supérieur. Une expérience physique le démontre : je ferme cet orifice; je remplis l'étui avec du mercure, puis je le renverse sur une cuve pleine du même métal. L'étui reste plein; j'enlève l'opercule qui fermait l'ombilic supérieur : l'étui se vide aussitôt. J'ai répété plusieurs fois cette expérience, et toujours avec le même résultat. Il est donc évi- dent, et tout à fait incontestable, que l'air pénètre dans l'étui corné par l'ombilic supérieur. » D'où vient celui qui remplit les cellules de la tige et toutes les barbes? Il vient des innombrables petites bulles disséminées et comme infiltrées dans les interstices de celles-ci. Ces bulles pénètrent par voie de capilla- rité ou d'endosmose dans les cellules des barbes, et passe ensuite des barbes dans la substance spongieuse de la tige. » Ces quatre petites provisions d'air, ou ces quatre petits groupes de bulles, forment une masse totale considérable, et sa température, s'éle- vant à 4o°, le plumage peut être considéré comme un appareil aérosta- tique qui possède une réelle puissance ascensionnelle. » A cet appareil ascensionnel s'en ajoute un second représenté par les réservoirs aériens. Chez l'Homme et les Mammifères l'air inspiré ne s'étend pas au delà des poumons; mais chez les Oiseaux il passe de ces organes dans de larges sacs qui se prolongent dans la plupart des os. Dans un tra- vail publié il y a plus de quarante ans, j'ai démontré que ces sacs ou ré- servoirs sont au nombre de neuf et qu'ils sont disposés de manière à occuper les régions supérieures du corps. Il suit de cette situation que les organes lourds, rejetés à la partie inférieure, jouent le rôle de lest et que pendantle vol les oiseaux se trouvent naturellement équilibrés. Cet air qui pénètre dans toutes les parties du corps en possède aussi la température; les réservoirs aériens, comme le plumage, sont donc doués aussi d'une certaine puissance ascensionnelle. Cette seconde puissance, en s'ajoutant à la précédente, vient en doubler ou en tripler l'énergie. Plus l'oiseau ( 83i ) s'éloigne du sol et plus aussi cette énergie s'accroît, la température de l'air ambiant s'abaissant à mesure que l'oiseau s'élève. Aussi remarque-t-on que, chez les grands voiliers et les oiseaux voyageurs, ces deux appareils aéro- statiques arrivent à leur maximum de développement. Les Rapaces diurnes, qui planent pendant de longues heures dans les hautes régions de l'atmo- sphère, agitent à peine leurs ailes; à cette hauteur, ils flottent sans efforts et sans fatigue sur l'air ambiant, à peu près comme une plaque de liège sur la surface de l'eau. )) Telle est la structure des grandes plumes. En passant de celles-ci aux petites, on constate que ces dernières sont non seulement infiniment plus nombreuses, mais aussi qu'elles présentent une structure bien différente. Ces petites plumes sont composées de poils, et ces poils sont constitués comme ceux qui recouvrent la peau des quadrupèdes, et aussi comme ceux qui forment les sabots et les cornes. Ainsi les petites plumes, les poils des Mammifères, les sabots et les cornes offrent la même structure. Chacun de ces trois ordres d'organes se compose de poils; et ces poils, pour chacun d'eux, sont formés de deux substances : d'une substance centrale ou médullaire représentée par des cellules à peine différenciées, et d'une substance corticale ou fibreuse représentée par de longues cellules fusi- formes fortement unies entre elles. » Après avoir constitué chacun de ces trois ordres d'organes avec des éléments à peu près identiques et semblablement disposés, comment la nature a-t-elle procédé pour leur donner un aspect si différent, des attri- butions si différentes, et une destination si différente aussi? Elle a procédé ici comme elle procède toujours, en faisant appel à des modifications d'une merveilleuse simplicité. » Aux poils des sabots et des cornes, elle a donné un volume beaucoup plus gros; et ces gros poils, elle les a solidement unis sur toute leur lon- gueur, en sorte que le cheval et le bœuf marchent sur des poils perpendi- culaires à la surface du sol, mais si fortement unis, si bien solidarisés dans leur résistance, qu'ils supportent sans fléchir le poids énorme dont ils sont chargés. )) Aux poils des Mammifères, elle a donné un volume beaucoup plus petit et une complète indépendance et, en leur enlevant toute solidité, elle leur a laissé seulement l'avantaçe de se mouvoir et de elisser librement les uns sur les autres. Aux poils des petites plumes, elle a donné la ténuité d'un fil d'araignée et une pleine indépendance aussi et leur a ainsi commu- ( 832 ) nique une telle légèreté que le moindre zéphir en passant sur elles les sou- lève et les emporte. M Pour différencier ces organes de structure identique, il lui a suffi en un mot de modifier quelques-uns de leurs attributs extérieurs, de don- ner aux uns un volume plus grand, aux autres un volume plus petit, d'unir les premiers, d'isoler les seconds, et ces organes ainsi modifiés diffèrent tellement qu'ils semblent n'avoir rien de commun. » GÉOGRAPHIE. — Note de M. Grandidier accompagnant la présentation de son Ouvrage sur « l'Histoire de la Géographie de Madagascar » . En déposant sur le bureau de l'Académie son Volume de 1' « Histoire de la Géographie de Madagascar », M. Grandidier s'exprime ainsi qu'il suit : « J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie l'Histoire de la Géographie de Ma- dagascar, que je viens de publier après de nombreuses années de recher- ches et de calculs. J'y ai étudié la Cartographie malgache dans les temps anciens, au moyen âge chez les Arabes et les Européens, et dans les temps modernes jusqu'à nos jours; un Atlas de 67 Planches comprenant les fac- similés de i32 Cartes ou Plans montre la marche des progrès faits dans la connaissance de la grande île africaine depuis 1 153, progrès qui ont été très lents, en ce qui touche surtout la topographie intérieure, jusqu'à mes voyages de i865 à 1870. J'y ai discuté toutes les observations astrono- miques ou trigonométriques qui ont été faites à Madagascar jusqu'en 1892, et j'ai établi, d'après des données exactes, une liste de 1 10 points fonda- mentaux, situés tant sur la côte que dans l'intérieur du pays, auxquels j'ai rapporté la position des lieux intermédiaires; des Tableaux donnent la position de ces lieux, au nombre de près de 3ooo, qui, pour la plupart, n'avaient encore jamais été mentionnés, et dont j'ai déterminé, calculé ou discuté avec soin les coordonnées géographiques; j'ai indiqué dans des colonnes spéciales les principales dénominations qui ont été succes- sivement données à ces localités aux diverses époques, les noms des au- teurs qui les ont citées pour la première fois, ainsi que l'orthographe, sou- vent étrange, qu'ils leur ont appliquée, et la signification littérale de la plupart des noms locaux. A ces Tableaux, qui résument l'état actuel de nos connaissances géographiques sur la grande île africaine, j'ai ajouté ( 833 ) la liste des voyageurs qui ont contribué au progrès de ces connaissances, ainsi que celle des Cartes et Vues, au nombre déplus de iioo, que j'ai consultées pour écrire cette Histoire de la Géographie de Madagascar. » Ce Volume ( ' ) est le Tome I de V Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, que je publie avec la collaboration de nombreux savants, et dont il a déjà paru i4 Tomes avec 1210 Planches. » PHYSIQUE. — Les densités des vapeurs saturées, dans leurs rapports avec tes lois de congélation et de vaporisation des dissonants; par M. F. -31. Raoult. « Soient d' densité actuelle de la vapeur saturée d'un liquide, par rapport à l'air; d densité théorique de la même vapeur, dans les mêmes conditions; T température absolue; u' volume spécifique delà vapeur saturée; a volume spécifique du liquide; L, chaleur latente de fusion ; h„ chaleur latente de vaporisation; P poids de substance fixe dissoute dans loo?"' de dissolvant; M, poids moléculaire de la substance dissoute (Hr=i); M poids moléculaire du dissolvant; / tension de vapeur du dissolvant pur, en mill. de mercure; /' tension de vapeur de la dissolution ; AT élévation du point d'ébullition de la dissolution ; G abaissement du point de congélation de la dissolution ; E équivalent mécanique de la chaleur. » I. J'ai établi (^Comptes rendus, de 1886 à 1890) que si l'on dissout un poids P de substance fixe dans loo^'' de dissolvant volatil, de manière à obtenir une dissolution étendue, on diminue la tension de vapeur d'une quantité donnée par la relation (') Ce Volume porte la mention : deuxième tirage, revu et augmenté en 1892, parce que j'ai fait faire, en i885, à la demande de divers géographes, quoique je n'eusse pas encore terminé tous mes calculs astronomiques et trigonométriques, un premier tirage à cent exemplaires de la partie historique et des Tableaux qui étaient alors prêts, mais aucun de ces exemplaires n'a été mis dans le commerce. ( 834 ) K étant une quantité constante pour un même dissolvant, variant peu d'un dissolvant à l'autre et généralement voisine de i,o4. M Comme la différence/" — /' est faible, on a et, par suite, . ^T dfiooM, _ ^ ' f dJ P M ~^- » Les relations (a) et (c) montrent que les poids moléculaires des corps fixes, dissous en égale proportion dans un même liquide volatil, sont inversement proportionnels aux diminutions relatives de tension - — -^, ainsi qu'aux élévations AT des points d'ébuUition sous une même pres- sion. 3'ai dit cela depuis longtemps, et je n'en parle ici que pour rappeler mes droits évidents, quoique parfois méconnus à l'étranger, dans la mé- thode dite à' ébullition, pour la détermination des poids moléculaires. )) II. Ultérieurement, dans un travail expérimental fait en commun avec M. Recoura sur les tensions de vapeur de l'acide acétique employé comme dissolvant {Comptes rendus, i[\ février 1890; Annales de Chimie et de Physique, 6*= série, t. XX, 1890), nous avons reconnu que cette quan- • . . cl' tité K n est autre chose que le rapport -t) qui existe entre la densité ac- tuelle d' de la vapeur saturée et la densité théorique d de cette même vapeur dans les mêmes conditions. Par suite, la loi générale des tensions de vapeur des dissolvants s'est trouvée exprimée de la manière suivante, dans le cas des dissolutions étendues, (d\ - — ■^~/' !^ Mi ^ ' d ~ / P m' » Peu de temps après, M. van't Hoff a donné une démonstration théo- rique de cette formule {Zeitsch. f. Phys. Chem., t. VI, 1890). » Les dissolutions étant étendues, la différence f — f peut être rem- placée par AT ^, et la même loi s'exprime alors de la manière suivante (e\ dJ_ _t^df H30 Ml ^ ' d ~ f d'i V' W » III. La Théorie mécanique de la chaleur conduit, comme on sait, à ( 835 ) la relation » Si l'on remarque que l'expression du travail extérieur de dilatation, pendant i degré d'une molécule à l'état de gaz parfait est , . OQ 76oxi3,59xM et si l'on combine cette expression («•) avec la précédente (/), en négli- geant u, on trouve (^) j = ''9^^ qxMx/rfî- » IV. Dans une Note Sur les points de congélation des dissolutions salines (^Comptes rendus , t. LXX, 1870), M. Giildberg a établi qu'il doit y avoir un rapport à peu près constant, et voisin de io5, entre la diminution rela- tive de tension de vapeur et l'abaissement du point de congélation, pour les dissolutions étendues des sels dans l'eau. En m'inspirant des mêmes considérations que le savant suédois, et en tenant compte de la rela- tion (^g), j'ai trouvé que la relation exacte qui existe entre ces deux quan- tités, dans le cas d'une dissolution étendue quelconque, est exprimée par la formule suivante » Cette expression montre, entre autres choses, qu'il n'est pas exact de dire d'une manière générale, que' : est constant, sans ajouter que /et /' correspondent à la température T de congélation. En effet, d'après la formule (rf), le rapport' — -^ est proportionnel au rapport -7, qui, comme on sait, varie avec la température. » V. Egalant les seconds membres des équations (c/) et (/), on ob- tient (/) pM, = 0,01988^, ce qui n'est autre chose que la formule bien connue, établie théoriquement par M. van't Hoff, pour exprimer l'abaissement moléculaire de congéla- C. K., 1S93, 3- Semestre. (T. GXVII, \" 34.) 112 ( 836 ) tion des dissolutions (Kong, svenska vetenskaps-akademiens Eandlingar, t. XXI, n° 17, 1886.) Si, d'autre part, on combine les équations (e) et (A), on trouve {k) ^M. = o,oi988î-, formule qui a été établie théoriquement par M. Arrhénius (ZefV^c/i./. Phys. Chem., t. IV, 1889) pour exprimer l'élévation moléculaire du point d'ébul- lition des dissolutions étendues. )) Réciproquement, les formules de van't Hoff (y) et d'Arrhénius {k) étant admises, si l'on combine la première avec la formule {i), ou la se- conde avec la formule (A), on obtient de toute manière l'expression (c?) de Raoult et Recoura. Celle-ci est donc surabondamment vérifiée au point de vue théorique. » VI. Au point de vue expérimental, la vérification de la même formule {d) peut se faire aujourd'hui plus complètement qu'autrefois, grâce aux données dont la science s'est enrichie. » Bien avant d'avoir remarqué que, dans ma formule primitive {a), le d' , , . . / terme R est égal à -., j'avais déterminé la valeur de R à / origine [^ et, par conséquent, la valeur exacte de ^ j pour l'eau, l'éther, le sulfure de car- bone, la benzine, l'alcool et l'acide acétique, au voisinage du point d'ébul- lition (Ann. de Chimie et Physique, 6* série, t. XX, 1890). Pour permettre de juger jusqu'à quel point les résultats que j'avais ainsi obtenus sout exacts, je les rapporte tous, dans le Tableau suivant, à côté d'autres qui ont été trouvés directement, pour les mêmes liquides et aux mêmes températures, principalement par MM. Ramsay et Young {Phil. Trans.fo the Royal Soc. of London, de 1886 à 1891 ; Journ.of the Chem. Soc, vol. XLIX, 1886) et par M. Battelli (Ann. de Chimie et de Physique, 6*= série, t. XXIV et XXV, 1892- 1893) dont les travaux font autorité. Rapport — entre la densité actuelle rf' et la densité théor ique (^ Nature du liquide. Tel mpérat in-e. de la vapeur saturée. Auteurs. lau 100° id. I ,o3 1 ,02 Fairbairn, Pérot. Raoult. .Icool 780 id. 1 ,02 1,01 Ramsay et Young. Raoult. ( 8^7 ) Nature du liquide. TempcraUire. Éther 20" id. id. Sulfure de carbone. . . 24° id. Benzine 80° id. Acide acétique 118° id. id. Rapport -V entr ela densité actuelle rf' et la densité théorique d de la vapeur saturée. Auteurs. i,o4 Ramsay et Young. I ,o3 Battelli. i,o4 Raoult. 1,01 Battelli. 0,99 Raoult. 1 ,02 Ramsay et Young. 1,01 Raoult. .,62 Cahours. 1,66 Ramsay et Young. 1,63 Raoult et Recoura. » L'accord entre ces nombres constitue une vérification expérimentale satisfaisante de la formule (c?) et, en même temps, une preuve de l'exacti- tude des méthodes d'observation que j'ai mises en œuvre. » ÉCONOMIE RURALE. — Sur les incendies des landes de la Gironde et la sécheresse exceptionnelle du printemps et de l'été de 1898, par MM. G. Ray et et G. Clavel. Note de M. G. Rayet. « La sécheresse si remarquable du printemps et de l'été de 1893, séche- resse qui a eu sa répercussion dans presque tous les phénomènes de la végétation, a favorisé d'une manière singulière la naissance et la propaga- tion des incendies dans les bois de pins de la Gironde. » Pendant toute la belle saison nous avons, presque chaque soir, vu de l'observatoire de Bordeaux (Floirac) l'horizon ouest s'éclairer des lueurs d'un incendie. En fait, du i*"' mars au i^"^ septembre, en 184 jours, il y a eu dans les landes de la Gironde i32 incendies de bois qui ont brûlé 35 589 hectares de forêts et entraîné des pertes s'élevant à plus de 6 millions de francs. » Des désastres analogues s'étaient déjà produits en 1870, année pen- dant laquelle le printemps et l'été ont également été secs; il est vraisem- blable que les incendies dans les pins sont fréquents et importants toutes les fois que le sol et les sous-bois sont particulièrement secs. » Quoi qu'il en soit, en présence de l'impression produite sur les popula- tions par les incendies de 1898, nous avons voulu, M. Clavel et moi, fixer d'une manière exacte l'étendue des désastres actuels et rechercher ( 838 ) les circonstances météorologiques qui les ont accompagnés. Telle est l'ori- gine du travail que nous offrons aujourd'hui à l'Académie. » M. l'ingénieur des Ponts et Chaussées Clavel, qui est en même temps agent voyer en chef de la Gironde, a fait relever par ses agents le périmètre des surfaces atteintes par le feu. Ce travail, qui présente toute garantie d'exactitude, a permis de former un Tableau, puis de dresser une carte sur laquelle chaque incendie se trouve marqué avec sa date. » Quant à moi, j'ai cherché à établir, par une discussion complète des observations pluviométiiques faites à Bordeaux au siècle dernier et pen- dant les années plus voisines, le degré de sécheresse de l'année actuelle. » Les séries d'observations udométriques que j'ai pu réunir et con- sulter sont celles des frères de Sarrau de 1714 à 1770; du D'' de Lamothe de 177G à 1790; de MM. Abria et Petit-Lafitte de i843 à 1880; et enfui de l'observatoire de 1881 à 1893. Soit en tout 122 ans d'observations. » Ces séries d'observations ont, sans aucun doute, des précisions assez inégales; cependant leur étude montre qu'elles ont été faites avec soin et les erreurs qu'elles peuvent comporter ne sauraient infirmer les résultats très nets qu'elles mettent en évidence. J'en ai d'abord déduit, et je reproduis ici, le Tableau des printemps et des étés les plus secs, ainsi que celui des deux saisons les plus sèches. Printemps secs. Année. 1768. 1716. 1893. 1760. 1719. •779- 1755. . 1870. 1844. .767. i-Gi., 1764.. ■754.. 1778.. .743, Quantité de pluie. mm 25 ,5 27>9 55,6 60,6 61 , j 64,6 68,8 77.6 78,0 81,3 84,7 87,2 90-7 9o>7 93,1 Etés secs. Quantité de \nnée. pluie. mm 1722 . . . 54,5 1790... 60,8 1716... 65,8 174.... 76,8 1770... 76,8 1744... 78,2 1780... 82,1 1729... 85,2 1869... 85,5 1767... 88,0 1S70... 88,3 1766... 93,9 1893... 98,2 1746... 98.9 1738... 99.5 Ensemble des deux saisons sèches. Quantité de Année. pluie. mm 1716. 93,7 1893. i53,8 1870. i65,9 1767. 169,3 1741 . 175,9 1755 . 194,4 1760 . 2.3,4 1778. 2i3,6 1780. 217.9 1783. 219,2 1770. 228,3 1766. 202,7 1726. 232,9 1761 . 235,2 • 744. 240,5 ( «39 ) M On voit que, en 122 aniiccs d'observations, on ne trouve que deux printemps plus secs que celui de 1893. I,.a sécheresse exceptionnelle des mois de mars, avril et mai 1898, s'accuse d'une façon encore plus remar- quable si l'on tient compte que, dans cette période, il y a eu 76 jours qui n'ont donné que 10""" d'eau. C'est un fait sans précédents pour le climat océanien de Bordeaux. » Le Tableau montre, en outre, que sur ces 122 printemps, on n'en a que 9 aussi secs que ceux de i844 et 1870, qui sont réputés comme excep- tionnellement secs et pour lesquels la quantité de pluie tombée est infé- rieure à la moitié de la moyenne. » En ce qui concerne la sécheresse de l'été, l'année 1898 n'arrive qu'au treizième rang avec une quantité d'eau un peu supérieure à la moitié de la normale. » Pour l'ensemble des deux saisons (mars-aoïit), les années dans les- quelles la quantité d'eau rassemblée dans le pluviomètre est inférieure à la moitié de la quantité movenue sont en nombre très restreint; dans toute la période considérée, il n'y en a que quatre, et, dans la liste précédente, 1 893 occupe le second rang. 1) Une période de six mois aussi dépourvue de pluie que celle que nous venons de subir est donc absolument exceptionnelle dans le climat de Bordeaux ; il y a rarement coïncidence entre un printemps très sec et un été très sec. Parmi les aiînées pour lesquelles nous avons des documents, il n'y a que 1716, i']l\i, 1767, 1870 et 1893 où ce rapprochement se soit produit. Sur 122 ans le phénomène ne s'est produit que cinq fois. Le plus souvent les deux saisons ont un caractère différent, et la moyenne pluvio- métrique des six mois a une tendance marquée à se rétablir. » Dans la période de mars à août iSgS, il aurait dii tomber à l'obser- vatoire 347""", 4 de pluie; le pluviomètre n'en a recueilli que 1 53°"", 8. Le sol a donc manqué d'une couche d'eau de 193'""', 6 d'épaisseur. » Le printemps et l'été de 1893 présentent également un caractère très exceptionnel par l'excès de leur température sur la moyenne normale. Ceci résulte du Tableau suivant : 1893. 1 Mois. Mars. . . Avril . . . Mai .... 'eniperature moyenne 1880-1892. 9>o 11,4 i5, 1 18,4 20,4 20,5 Température en 1893. •i>7 16,5 17-7 20,5 20,9 23,5 Ex sur ces de iSgS la moyenne. + 2° 7 + 5,1 + 2,6 Juin .... + 2,1 -4- 0,5 + 3,0 Juillet. . Août . . . ( 84o ) » L'étude des registres météorologiques de l'observatoire de Bordeaux et l'examen des cartes journalières du Bureau Central météorologique prouvent que cet excès de chaleur a coïncidé avec une prédominance anor- male des vents de la région est. » Les conditions météorologiques que je viens de signaler ont amené, dès les premiers jours de mars, un dessèchement rapide et profond du sol et des sous-bois dans les forêts des Landes. Les circonstances se sont donc trouvées particulièrement favorables au commencement des incendies (imprudence ou malveillance), et ceux-ci ont pu ensuite se développer avec une rapidité singulière, de manière à défier par leur intensité même les efforts des travailleurs qui cherchaient à les arrêter dans leur marche. » Peut-être y a-t-il aussi lieu de remarquer que les vents d'est qui ont été prédominants pendant la période considérée soufflent d'une manière con- tinue sans variation bien sensible de leur force ou de leur direction. Avec les vents de cette région, les accalmies ou les sautes de vent ne sont pas fréquentes et la population n'a que rarement trouvé dans le changement de direction de la brise un secours efficace pour l'emploi des contre-feux. C'est d'ailleurs un préjugé landais que les incendies viennent toujours de l'est. » L'importance des incendies de 1898 impose d'ailleurs aux pouvoirs publics des mesures propres à empêcher le retour de pareils désastres. Il semble qu'on pourrait en diminuer la grandeur en encourageant la création de taillis de bois de chêne partout où la couche de sable est un peu pro- fonde et où plusieurs générations de pins ont rompu la continuité de la couche imperméable d'alios. Le chêne se propage peu à peu dans les Landes et dans certaines régions il commence à devenir fréquent. » Avec une essence non résineuse l'incendie ne se propagerait plus, comme aujourd'hui, par le jet de pommes de pin enflammées, et il semble que des garde-feux, convenablement entretenus, auraient une efficacité réelle contre une combustion sans grandes flammes s'effectuant au ras du sol. Actuellement les garde-feux sont presque toujours inefficaces dès qu'il y a un peu de vent. » CORRESPOIVD ANGE . M. RiGGENBAcii, nommé Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse ses remercîments à l'Académie. ( 84i ) M. A. -F. IVoGuÈsetM. A. Obrecht, de Santiago (Chili), se mettent à la disposition de l'Académie pour collaborer, avec M. Defforges, sur les côtes du Pacifique et dans les Terres australes de l'Amérique, au travail d'en- semble dont M. Tisserand a signalé l'importance dans son Rapport sur le Mémoire de M. Defforges, relatif à la distribution de l'intensité de la pesan- teur à la surface du globe. Cette proposition sera soumise à la Commission qui a été chargée d'exa- miner le Mémoire de M. Defforges. M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une brochure de M. de Lapparent, ayant pour titre : « Sur les causes de l'ancienne extension des glaciers ». (Présentée par M. Daubrée.) ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations solaires du deuxième et du troisième trimestre de Vannée 1893. Note de M. Tacchini. « J'ai l'honneur d'adresser à l'Académie les résultats des observations solaires faites à l'observatoire royal du Collège romain pendant les deuxième et troisième trimestres de 1893 : Fréquence relative Nombre Nombre — ^ — ^ — Grandeur relative des des jours des des jours ■— . — -^ ■ groupes 1893. d'observations. taches. sans taches. des taches. des facules. par jour. Avril 28 39,11 0,00 110,5 99,6 7,3 Mai 25 23,16 0,00 95,2 89,8 7,0 Juin 27 28,74 0,00 101,3 63,9 6,9 Juillet 3o 26,30 0,00 i38,i 94,2 7,3 Août 3i 44>84 0,00 227,5 111,0 io,2 Sept 3o 3o,77 0,00 i4i,i i34,o 6,7 » En comparant ces résultats à la série précédente on voit que, pen- dant le deuxième semestre, l'activité solaire, en ce qui concerne les taches, présente un accroissement. La fréquence des groupes de taches s'est con- servée presque constante, et l'on a observé assez fréquemment, comme dans le trimestre précédent, des taches voilées et des facules pâles. Dans le troisième trimestre, la fréquence diurne des véritables taches est quel- que peu inférieure, mais à cause de l'augmentation des groupes, d'un plus grand nombre de trous et de l'extension considérable des taches, on doit ( 842 ) admettre que l'activité solaire a été bien plus grande que dans les mois précédents de l'année, avec un maximum bien marqué dans le mois d'août; les facules aussi présentent une plus grande extension. » Voici le résumé des observations des protubérances : Protubérances. Nombre n des jours Nombre Hauleur Extension 1893. d'observations. moyen. moyenne. moyenne. Avril 26 11,58 3g',3 i",» Mai 21 6,52 4o,i 1,9 Juin 26 5,81 38,8 1,9 Juillet 26 6,23 37,4 1,7 Août 29 8,73 36,3 1,8 Septembre 26 6,77 36,5 1,7 » Le phénomène des protubérances a conservé pendant le deuxième trimestre à peu près la même intensité que dans les premiers mois de l'an- née, et l'on doit noter le maximum secondaire du mois d'avril. Pendant le troisiètne trimestre, les protubérances ont continué à diminuer d'impor- tance, tandis que pour les taches nous avons déjà remarqué une augmenta- tion considérable; nous avons là une nouvelle preuve que la relation entre les deux phénomènes n'est pas aussi intime qu'on l'a supposé quelquefois. A ce sujet, nous pouvons encore remarquer que les aurores polaires et les grandes perturbations magnétiques ont été très peu fréquentes dans cette période; cela semble confirmer mon ancienne opinion, que ces phéno- mènes terrestres sont plus en rapport avec les phénomènes de la chromo- sphère et de l'atmosphère du Soleil qu'avec les taches. » GÉOMÉTRIE. — Sur les sur/aces dont les lignes de courbure d'un système sont planes et égales. Note de M. Tu. Caro.vnet, présentée par M. G. Dar- boux. « Les surfaces de Monge engendrées, comine on sait, par une ligne plane (G), dont le plan qui lui est invariablement lié roule sans glisser sur une développable quelconque, jouissent de la propriété suivante : les lignes de courbure d'un système sont planes et égales, ce sont les courbes (G). La génération cinématique de ces surfaces paraît bien particulière; effectivement, la courbe (G) est quelconque, mais son déplacement instan- ( 843 ) tané n'est, à chaque instant, qu'une simple rotation, et la question sui- vante se pose naturellement: » Quelles sont les courbes (C) qui, par des déplacements convenables, sont susceptibles de constituer l'une des familles de lignes de courbure des surfaces qu'elles engendrent? » Nous nous proposons, dans cette Note, d'énoncer les résultats que nous avons obtenus dans l'étude de ce problème. » Après avoir exclu, dès le début de notre recherche, les surfaces de Monge, dont nous venons de parler, et qui sont caractérisées par ce fait que le plan de la génératrice (C) coupe orthogonalement la surface dans toutes ses positions, nous obtenons les résultats suivants : » 1. La courbe (C) est une trajectoire (T) sous un angle constant, d'ailleurs quelconque, de cercles de rayon constant dont les centres décri- vent une droite (D). » i" Le plan (P) de la trajectoire (T), qui coupe la surface sous un angle variant avec la position de ce plan, enveloppe un cylindre, et les coor- données rectangulaires de la surface s'obtiennent par quadratures. » Quand la trajectoire (T) est une tractrice, le plan (P) contient la droite (D), qui alors est fixe. » 2° Si le plan (P) coupe la surface sous le même angle flans toutes ses positions, cette surface est un hélicoïde, et cet hélicoïde a sa courbure totale constante dans le cas particulier où (T) est une tractrice. » En d'autres termes, soient une droite (H), un plan (P) parallèle à (H) et (D) la projection de (H) sur (P); considérons les cercles de même rayon a ayant leurs centres sur (D), situés dans le plan (P), et une tra- jectoire (T) sous un angle constant de ces cercles; imaginons maintenant le plan (P) animé d'un mouvement hélicoïdal d'ailleurs déterminé et d'axe (H), la courbe (T) sera ligne de courbure de l'hélicoïde qu'elle engendrera; quand (T) est une tractrice, le plan (P) contient la droite (H) qui coïncide évidemment avec (D), et l'hélicoïde a sa courbure totale constante. » 2. La courbe (C) est une développante de cercle ; son plan se déplace en restant parallèle à un plan fixe. Les surfaces correspondantes sont des surfaces-moulures dont le noyau est un cylindre de révolution. » Le plan des lignes de courbure du premier système coupe orthogo- nalement la surface, tandis que celui des développantes de cercle la couj)e sous un angle qui varie avec sa position. » 3. Les courbes (C) sont définies comme il suit : les distances de tout c. H., iSgS. i' Semestre. (T. CXVU, N» 24.) ' I * ( «44 ) point M de (C) à une droite (D) et au point correspondant de sa podaire par rapport à un point (O) non situé sur (D) sont dans un rapport con- stant. » La détermination des surfaces correspondantes dépend de l'intégra- tion d'une équation de Riccati. » La surface est un hélicoïde quand le plan de la courbe (C) la coupe sous un angle indépendant de sa position. » ANALYSE MATHÉMATIQUE. Sur les caractères de convergence des séries. Note de M. Hadamard, présentée par M. Picard. « Abel a démontré qu'jV est impossible de trouver une fonction 'f{n) telle qu'une série lu^ soit nécessairement convergente si o{n)u„ tend vers o et nécessairement divergente si ce même produit reste constamment supérieur à un nombre fixe. » Le point fondamental de sa démonstration peut s'énoncer ainsi : » I. Si lentement que diverge une série, on peut toujours multiplier srs termes par les valeurs correspondantes d'une quantité infiniment petite sans troubler la divergence, énoncé que du Bois-Raymond a complété par le suivant : » IL Si lentement que converge une série, on peut toujours multiplier ses termes par les valeurs correspondantes d'une quantité indéfiniment croissante sans troubler la convergence. » On peut remarquer que de cet énoncé résulte immédiatement un théorème qui complète celui d'Abel : » Jl est impossible de trouver une fonction <^{n) telle que la série i«„ soit nécessairement divergente si . = Sa, tandis que les miennes s'arrêtaient à 1 = ii^, 8j. Les écarts entre ma formule et les nombres des physiciens de Berlin croissent de >.= i"^, 85 jusqu'à >. = 8 [x. Pour cette longueur d'onde extrême, la différence entre le nombre calculé et l'indice de réfraction observé monte à 0,0261. » Plus confiant dans les expériences que dans une formule, j'ai cru, dans ma Note citée, devoir imputer les écarts à l'extrapolation, qui était énorme. » Or, c'était une erreur que M. Rubens lui-même a rectifiée. Il me com- munique en effet de nouvelles mesures exécutées, non plus par sa méthode des bandes d'interférence, mais jiar la méthode de Langley qui lui paraît plus précise j)our les grandes longueurs d'onde. M Voici le Tableau de comparaison de ma formule avec les nouvelles déterminations de M. Rubens et avec les miennes : — = a -h l>l- -h cl^ -h dl'', /= -, a^ 0,490335, Z» == — 0,000 713 835, f = + 0,001 584, il = — 0,000 001 042. n observé \. Carvallo. Calcul. lUibens. — «calculé. 0,777 1,43096 1,43095 i,43iO +0,00001 1,009 1,42904 1,43903 1,4290 + I 1,187 1,42804 r, 42800 1,4280 + 4 1,444 1,42676 1,42674 1,4268 -+- 2 1,849 1,42460 1,42488 1,4247 — 28 1,98 1,4242 1,4241 — 0,0001 2,3o 1,422.5 1,4224 — I 2,48 1,4214 1,4212 — 2 2,66 i,42o3 1,4200 — 3 2,93 i,4i85 1,4182 — 3 3,22 i,4i65 i,4i66 -t- 1 3,56 J,4i37 i,4i35 — 2 3,70 1,4127 1,4126 — I (') Com/jles rriidus. l. CXVl, p. 1183; 23 mai 1893. 847 ) X. 3,92. 4,io. 4,28. 4,02. 4,94. 5,18. 5,52. 5,70. 6,02. 6,48. Calcul. rtubens. 1,4107 ,4107 1,4091 ,4093 1,4073 ,4069 ',4047 ,4045 1,4028 ,4027 I ,4oo3 , 4ooo 1,3975 ,3970 1,3902 ,3931 1,3909 ,3918 1,3865 ,386o 1,3798 1,3798 n observé — n calculé. o , 0000 -(- 2 4 — 2 — I ~ 3 — 5 — 1 -+- 9 — 5 o » Ainsi la formule que j'ai calculée représente bien les nouvelles obser- vations de M. H. Rubens, malgré l'extrapolation énorme. )) Cette concordance confirme d'une façon éclatante l'aptitude déjà établie de la formule de Briot à représenter la dispersion et la nécessité (lu terme de Briot cl-. Elle montre ensuite la précision supérieure de la métliode différentielle que j'ai substituée à la méthode de Mouton ('). Quoique peu nombreuses et peu étendues, mes déterminations fixent en effet la loi de la dispersion bien mieux que ne faisait la première série si étendue de M. H. Rubens. » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la variation diurne de la pression au sommet dumont Blanc. Note de M. Alfred Axgot, présentée par M. Mascart. « J'ai indiqué précédemment quelques-uns des résultats que l'on déduit des observations faites par M. Vallot au sommet du mont Blanc pendant vingt-huit jours, du 18 juillet au i4 août 1887. Je considérerai, dans ce qui suit, la variation diurne de la pression. » Cette variation diurne peut être représentée en fonction du temps (compté en angles depuis minuit), pour le mont Blanc et cinq stations voisines, par les séries harmoniques suiA'antes, dans lesquelles nous ne considérerons que les deux premiers termes : (') Journal de Physique, 3= série, t. II; janvier iSgS. ( 848 ) mm mm o mm o Mont Blanc (4810"°) 426,62 + o,43 sin(< + 2o4) + o, i5 sin(2< + 68) San lis (2467'") 070,63 H- 0,21 sin(< H- 179) + 0,20 sin(2< + 116) Puy-de-Dôme (1467") 643,35 + 0,21 sin(<-t- 199) + o, 23 sin(2 f -1- i33) Berne (073™) 714,82 + o,36 sin(< -h 3j ) -h 0,29 sin(2< -I- 162) Genève (408"') 727,93 -H o,53 sin(< -f- 9) -h o,34 sin(2 < H- i45) Lyon (Saint-Genis) (299") 736,96 -t- o,38 sin(i -1- 12) ^ o,3osin(2< +129) )) L'amplitude de l'onde semi-diurne décroît avec la hauteur, et un peu plus vite que la pression. La phase de cette onde diminue, c'est-à-dire que l'heure du maximum retarde à mesure que l'on s'élève ; cette heure est, en effet, 10'', 3 pour les trois stations basses, 10'', 5 pour le Puy-de-Dôme, 1 1'', I pour le Sàntis et 12'', 7 pour le mont Blanc. Comme je l'ai indiqué dans un travail précédent, il parait probable que cette onde semi-diurne résulte, en réalité, de l'interférence de deux ondes semi-diurnes dis- tinctes : l'une, de phase constante et dont l'amplitude, proportionnelle à la pression, serait indépendante des conditions locales; l'autre, dont l'am- plitude et la phase varieraient suivant ces conditions locales, et qui serait en relation immédiate avec réchauffement diurne. » L'onde diurne est aussi, dans les stations basses, en relation immé- diate avec la température : son amplitude varie dans le même sens que celle de la variation diurne de la température; l'heure de son maximum (5'' en moyenne pour les trois stations basses) est très voisine de celle du minimum du thermomètre. » Cette onde diurne, grande dans les stations basses, décroît très vite quand on s'élève sur les montagnes, car elle dépend à la fors de la pression et de l'amplitude de la température, qui diminuent simultanément. Mais il vient s'y ajouter alors une deuxième onde, produite par la variation de la température moyenne de la couche d'air comprise entre le sommet de la montagne et les régions basses environnantes. La phase de cette deuxième onde diurne est opposée à celle de la première, et son amplitude augmente avec la hauteur. L'amplitude de l'onde diurne résultante dimi- nuera donc d'abord à mesure que l'on s'élève, passera par un minimum, puis augmentera ; en même temps, la phase variera brusquement de 180°; c'est ce que l'on remarque en effet dans les nombres donnés plus haut. » Cette deuxième onde, fonction de la distance au sol, est facile à calcu- ler. Si l'on isole dans l'atmosphère un cylindre vertical indéfini rempli d'air, dont la température absolue moyenne est T, à une certaine distance z du sol, dans ce cylindre la pression est h; la température moyenne ( «49 ) venant ;i varier de AT, l'air se dilate et la pression varie en ; d'une quantité AA, dont la valeur est .7 0,001293 sh^T 13,596x0,76x0,00367 ' T- » Dans le cas particulier du mont Blanc comparé avec les trois stations basses, on a = = 4384'", ^ = 426™, 62. T = 273 + G''98, ce qui donne ^h = 0,82 AT. » Les observations tri-horaires faites au mont Blanc et à Berne, Genève et Lyon donnent, pour variation diurne de la température moyenne de la couche d'air comprise entre ces stations, AT= 3°,i isin(i; 4- 230") + o",32sin(2^ -+- Gcf). » La variation de pression produite au sommet du mont Blanc par cette variation diurne de température serait donc théoriquement 2""", 55 sin(/ + 23o") H- o"'",26sin(2; -f- 69"). » La variation calculée est tout à t'ait analogue à celle qui résulte de l'observation directe et qui est indiquée en tête de cette Note, mais beau- coup plus grande. Les observations faites sur les montagnes et discutéss par M. Hann ont toujours conduit à une conclusion analogue : la variation réelle de la pression est de même forme que celle que l'on peut calculer par la variation de la température, mais beaucoup plus petite. » M. Hann pense que cette différence tient à ce c[ue la température moyenne de la couche d'air considérée n'est pas égale à la moyenne ;trith- métique des températures aux deux niveaux extrêmes; il a même calculé, dans certains cas, d'après cette différence, quelle devrait être la tempéra- ture moyenne de l'air. Les observations de M. Vallot au mont Blanc ne semblent pas d'accord avec cette hypothèse. » Une autre explication du désaccord entre le calcul et l'observation paraît plus simple. On a, pour le calcul, supposé l'air contenu dans un cy- lindre vertical, de façon qu'il u'y ait aucun mouvement latéral. Or, à me- sure que l'air se dilate dans une région, il est probable qu'une partie se déverse latéralement sur les régions moins chaudes, de sorte qu'il ne monte ( 85o ) pas à lin niveau donné la totalité de la quantité d'air calculée; l'effet pro- duit réellement ne serait ainsi qu'une fraction de l'effet calculé. » Ces remarques montrent en tous cas le grand intérêt qui s'attache aux observations faites d'une manière régulière dans les hautes régions de l'atmosphère. » CHIMIE MINÉRALE. — Sur la iransforrnalioa produite dans le fer par une déformation permanente à froid . Note de M. Georges Chakpy, présentée par M. Henri Moissan, « M. Osmond a été conduit, à la suite de ses études sur les transforma- tions du fer, à admettre que ce métal pouvait exister sous deux variétés allotropiques qu'il appelle fer-x et fer-p. Le fer-^ aurait des propriétés mécaniques très différentes de celles du fer-a, et, d'après M. Osmond, c'est à la transformation du fer-x en fer-^ qu'il faudrait attribuer en ma- jeure partie la modification que subit l'acier par la trempe. » La transformation du fer-oc en fer-j3 pourrait d'ailleurs se produire soit par une élévation de température suffisante (et se trouver maintenue par un refroidissement brusque), soit par une déformation permanente à froid. Cette hypothèse n'a été justifiée jusqu'ici que d'une façon incomplète. La preuve considérée par M. Osmond comme la plus décisive consiste en ce que les chaleurs de dissolution dans le chlorure de cuivre, de l'acier soit écroui, soit recuit, présentent une différence notable. Mais cette expérience n'est pas inattaquable, car l'acier recuit a été chauffé au rouge dans l'hy- drogène, sous forme de limaille, ce qui a très probablement agi sur le carbone. » D'autre part, le fait que les propriétés physiques et mécaniques de l'acier sont modifiées par écrouissage ne sulfit pas à caractériser une mo- dification allotropique. » Le fait qui tendrait le plus à confirmer l'idée de la transformation allotropique est le suivant : Si l'on soumet une barre de fer ou d'acier à l'essai de traction et quon construise la courbe qui représente les allongements en fonction des efforts, on. constate que la courbe présente toujours l'une des deux formes indiquées dans la figure ci-contre. )> La forme A présentant un palier rectiligne s'observe toujours dans les fers et aciers recuits et seulement dans ces métaux ('); la forme B (') L'énoncé de ce résullalesl le résumé des observalions faites sur plus de 3oo bar- ( 85i ) s'observe dans les fers et aciers écrouis ou trempés et dans les métaux autres que l'acier. La courbe A est tout à fait analogue à celle que l'on ob- tient en comprimant de l'iodure de mercure, qui passe de la modification jaune à la modification rouge à une certaine pression, comme l'ont montré MM. Mallard et LeCliatelier. On est donc conduit à admettre que l'allon- gement notable qui se produit sous charge constante correspond à un changement d'état du métal; si cela est, il doit se produire, en même temps que cet allongement, une variation brusque des différentes pro- priétés du métal, c'est-à-dire que les courbes qui représentent la variation des différentes propriétés en fonction des charges auxquelles le métal a été soumis, doivent toutes présenter un palier. » J'ai étudié à ce point de vue la densité et l'aimantation résiduelle de barreaux d'acier de différentes nuances. Les variations de densité sont très faibles et ne présentent aucune régularité, ce qui était à prévoir, la traction donnant naissance à des solutions de continuité; mais le magné- tisme a donné des résultats très nets. » On a soumis à l'essai de traction des barreaux d'acier en arrêtant l'essai aux points marqués i, 2, 3, 4 sur le diagramme. On aimantait en- suite ces barreaux et l'on mesurait l'aimantation résiduelle après un in- tervalle de vingt-quatre heures au moyen du galvanomètre balistique. Voici les résultats obtenus : reaux d'acier de différentes nuances, différemment trempés, recuits ou écrouis. Ces barreaux ont été essayés à la traction avec la machine du colonel Maillard, munie d'un enregistreur automatique. C. K., 1S93, 2- Semeslre. (T. CWII, N° 24.) ^^4 ( 852 ) Série I : fer doux. Aimantation Allongement Aimantation résiduelle du barreau. Efforts subis (')■ pern: lanent ( = )• résiduelle ('). après recuit (• 1 25, 20 0,O 2,5 1,0 2 25, 20 1,6 4,8 1,5 3 3l , 10 4,3 6,5 1,3 k 33,6 6,o 6,5 1,5 Sébie II : acier extra-doux, 0,12 de carbone pour 100. Aimantation Aimantation résiduelle N- ' du barreau. Efforts sul bis. Allon gem. perman. résiduelle. après recuit. 1 34,2 0,2 4 3,5 2 34,3 2,7 1 1 3,5 3 35,5 4,7 i3,5 3,5 4..1 6,8 i4,5 3,5 Série III : acier mi-dur, o,5 de carbone pour 100. Aimantation Aimantation résiduelle '" du bar reau. Efforts subis. Ali on gem. pci !-man. résiduelle. après recuit. 1 35,5 0 8 3,5 2 38,5 1,3 i4,5 4 3 4i,o 2,9 17,0 4 k 52,5 4,6 17,0 3,5 « On voit que l'aimantation varie notablement dans la partie rectiligne de la courbe et reste invariable quand on a dépassé la région où la charge reste constante. )) Il semble donc bien qu'une déformation permanente à froid produise dans le fer et l'acier de différentes nuances une modification que l'on (') En kilogrammes par millimèlre carré. (^) En millimètres, sur une longueur de iC^"". (') Unités arbitraires (divisions de l'échelle du galvanomètre). (') La dernière colonne indique les résultats obtenus par le magnétisme sur les mêmes barreaux recuits à 800° et réaimantés; ces dernières expériences, ajant été faites sur des morceaux prélevés dans le barreau, ne sont pas comparables aux premières en valeur absolue. On s'est assuré d'ailleurs que le métal soumis à l'essai de trac- tion après recuit donnait encore une courbe à palier. On a pu ainsi, par une série d'étirages et de recuits successifs, faire apparaître et disparaître le palier jusqu'à cinq fois sur le même barreau. ( «53 ) peut regarder, au moins provisoirement, comme une transformation allo- tropique (lu fer. Cette transformation peut être mise en évidenee au moyen de l'essai de traction avec enregistrement. Suivant que la coiu'be présente ou non un palier, on aura l'une ou l'autre des variétés de fer. On a ainsi un moyen simple d'étudier cette transformation du fer, son influence sur les propriétés mécaniques et son rôle dans le phénomène de la trempe. » CHIMIE ORGANIQUE . — Sur les vitesses d' éthérification de V acide fluorhydrique. Note de M. Maurice Meslans, présentée par M. Henri Moissan. « Les conditions de l'éthérification directe ont été établies par MM. Ber- ihelot et Péan de Saint-Gilles, dont les belles recherches ont surtout porté sur les acides organiques. Après les travaux de M. Berthelot, M. Villiers s'est plus spécialement attaché au cas des acides minéraux. » L'éthérification de l'acide fluorhydrique fut laissée de côté, les expé- riences de Scheele et d'un grand nombre de savants après lui n'ayant pas conduit à la formation directe des éthers fluorhydriques. » Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter précédemment à l'Aca- démie, j'ai démontré que cette éthérification directe pouvait être réalisée, mais seulement à une température beaucoup plus élevée que celle de l'é- bullition de l'alcool, et j'ai décrit l'appareil spécial auquel j'avais dû re- courir pour l'effectuer. » Certaines divergences, bien connues, que présentent dans leurs pro- priétés l'acide fluorhydrique et les hydracides d'une part, d'autre part les fluorures et les chlorures, bromures, iodures, m'ont engagé à pous- ser plus loin ces recherches sur l'éthérification de l'acide fluorhydrique, pensant qu'elles pourraient donner lieu à des observations assez diffé- rentes aussi de celles que fournit l'action des alcools sur les hydracides. Ce sont les premiers résultats de ces recherches que j'ai résumés dans cette Note: ils ont trait seulement aux vitesses d'éthérification. » Je ne m'arrêterai pas sur les modifications qu'a dû subir mon premier appareil pour une étude plus précise, et je n'insisterai pas davantage sur les précautions opératoires que nécessitent la pesée, la manipulation et l'analyse d'un corps aussi hygroscopique et volatil que l'acide fluorhy- drique; ces détails seront décrits dans un Mémoire plus étendu. )) Je donnerai seulement quelques résultats et les conclusions auxquelles je suis arrivé. ( 8j4 ) » Voici d'abord quelques chiffres qui montrent la marche de l'éthéri- fication de l'acide fluorhydrique en fonction du temps, et l'influence de la température sur la vitesse du phénomène : N° 1. — Injluence de la durée. Composilion Coefficient Proportions de H FI du d'éthé- éthérifiées mélange. Durée. Température, rificalion. en une demi-heure. C=H«0-f-2HFl o",3o' i86° 7,8 7,8 » I 188 18 10,7 » 2 186 29 3,5 » 4 190 36,2 i,o5 » >^ 187 4o,4 0,4 :> 10 186 4l,2 0,2 N° 2. — Influence de la température. Composition initiale Durée Coefficient du mélange. Température. en heures. d'éthérification. 0 h C='H60 + 2HF1 100 6 o ou traces » . i4o 4 ">8 » 170 4 18 » 1 90 4 36 , 2 « L'éthérification, assez rapide au début (Tableau n° i), diminue rapi- dement et, après dix heures, le coefficient n'augmente plus que fort peu. » La température (Tableau n° 2) exerce une influence considérable sur la vitesse de l'éthérification : De i4o° à 170°, c'est-à-dire pour une élévation de température de 3o°, cette vitesse se décuple; à 190°, elle est vingt fois plus grande qu'à i4o°. N° 3. — Influence d'un excès d'alcool ou d'acide. Composition du mélange : C-H'^0 -H «H FI. Coefficient Température. Durée. d'éthérification. o L « = 0,5 l85 2 O rt=:2 l85 I '8 « = 4 i85. 1 42,3 « = I ,o5 225 i,3o 1,5 nr=4 220 I 60 » La différence avec l'éthérification des autres hydracides s'accentue ( 855 ) davantage, alors qu'un excès d'alcool permet d'éthérifier plus des 99 cen- tièmes de l'acide chlorhydrique; on ne constate, dans ce cas, aucune trace d'éthérification avec l'acide fluorhydrique. Il ne s'est formé que de l'éther ordinaire. Par contre, un excès d'acide favorise beaucoup la marche de l'éthérification, dont la vitesse est soixante fois plus grande pour un mé- lange de 4 molécules d'acide et de i molécule d'alcool, que pour des quan- tités presque équivalentes de ces deux liquides. » Les phénomènes thermiques que j'ai pu constater en effectuant des mélanges d'acide fluorhydrique et d'alcool anhydres, en proportions variées, et sur lesquels je reviendrai dans l'étude^des limites d'éthérification, me paraissent démontrer l'existence d'alcoolates stables d'acide fluorhydrique et expliquer par là les faits que je viens de signaler. » Dans le cas, en effet, d'un excès d'alcool, une portion seulement de ce corps se trouve immobilisée avec tout l'acide à l'état d'alcoolate et l'excès agit librement sur l'éther fluorhydrique, au moment de sa for- mation, pour le transformer en oxyde d'éthyle avec régénération d'acide fluorhydrique C='H''0 + C^H'Fl = (C='H^)-0 + HFI. » En présence, au contraire, d'un excès suffisant d'acide, tout l'alcool est retenu à l'état de combinaison stable et ne peut réagir sur le fluorure d'éthyle. » J'ai constaté d'ailleurs qu'en présence de 4 molécules d'acide, 1 molé- cule d'alcool s'éthérifiait sans qu'il se formât d'éther ordinaire, et qu'au contraire la quantité d'oxyde d'éthyle allait eu augmentant à mesure que l'excès d'acide diminuait. I^e coefficient d'éthérification, comme l'indique le Tableau N" 3, suit une marche inverse et tend vers o quand l'excès d'acide devient nul lui-même. » Pour les valeurs de cet excès d'acide comprises entre 3 molécules et o, la vitesse d'éthérification apparente représente donc la différence entre la vitesse d'éthérification réelle et la vitesse de réaction de l'al- cool sur l'éther fluorhydrique formé. Action de l'eau. Composition des mélanges : C^H^O +- 4(HF1 + «H^O). Coefficient Valeurs de n. Tel mpérature. Durée. d'éthérification. /« =: 0 220 I 60 /t = 2 220 4 18 « = 3 220 3 5 «=: 10 220 10 0 ou traces ( 856 ) » La vitesse d'éthérificatioii diminue rapidement quand la proportion d'eau augmente ; néanmoins le phénomène se manifeste encore avec l'acide fluorhydrique à deux molécules d'eau, mais à 220°, température à laquelle cet hydrate doit se trouver fortement dissocié. » Dans une prochaine Communication je présenterai l'étude des limites d'éthérification de l'acide fluorhydrique ('). » CHIMIE APPLIQUÉE. — Analyse des beurres du commerce. Note de M. C. YioLLETTE, présentée par M. Duclaux. « La méthode que j'emploie comprend deux séries d'opérations; dans la première, les beurres sont classés d'après leurs densités prises à 100°, en trois catégories, les beurres margarines, les beurres douteux et les beurres purs ou pouvant être considérés comme tels. M Classification des beurres. — En opérant par la méthode du flacon sur des beurres purs, des margarines et des mélansjes, en tenant compte de toutes les corrections nécessaires, j'ai reconnu : 1° que le poids dans le vide de i" de beurre à 100° variait généralement de o^', 8632o àoS'',86425; 2° que, pour les margarines, ce même poids varie de o^"', 85766 à o^', 85865 ; 3° que la densité d'un mélange de beurre et de margarine est exactement la moyenne des densités des constituants; 4" que les animaux dont le foin est la nourriture principale fournissent dés beurres dont les densités sont voisines de o,8632o, tandis que les animaux dont les rations sont formées principalement de drèches, pulpes, tourteaux, farines avec quantité minime de foin, produisent des beurres dont les densités sont plus élevées et voisines de 0,864^5; 5°que, surplus de cent cinquante échantillons examinés, je n'en ai trouvé que deux, provenant d'animaux du Nord, fortement nourris avec des drèches, farines, tourteaux, dont les densités atteignaient o,8653o et 0,86540; et un seul, provenant d'un animal nourri de paille et de foin sec, dont la densité était de 0,86277. ^^^ trois exceptions ont peu d'impor- tance si l'on se place au point de vue général. » La détermination exacte des densités d'un certain nombre d'échan- tillons de beurre, de margarine et de mélanges m'ont fourni des points de repère pour la graduation d'un densimètre qui donne à 100° toutes les densités comprises entre celles de la margarine et du beurre. Ce densimètre (') Ce travail a été fait au laboratoire de M. Moissan, à l'Ecole supérieure de Pharmacie de Paris. (857 ) est excessivement sensible, car les unités du quatrième ordre décimal occupent sur l'échelle une longueur de i™", 4; une simple lecture sur la tige de l'instrument plongé dans un beurre chauffé à loo" permet d'établir la classification du beurre dans l'une des trois catégories indiquées ci- dessus. » L'appareil qui me permet de cliaufler commodément et rapidement le corps gras à 100° se compose d'une cliaudière à eau, formée de deux parties cylindriques reliées par une petite courbe; la ctiambre à vapeur de la chaudière communique avec un serpentin refroidi par un courant d'eau. Sur la plate-forme située au-dessus du pre- mier tronçon, se trouve soudée une éprouvette en cuivre étamé, munie à sa partie in- férieure d'un tube à robinet communiquant avec le dehors et permettant de soutirer le corps gras après chaque opération. La chaudière est disposée verticalement sur une enveloppe support et chauffée à l'aide d'une forte lampe à gaz; un quart d'heure suffit pour amener le corps gras à la température de ioo°, indiquée par un thermo- mètre. On agite le beurre fondu à plusieurs reprises en soulevant et abaissant le den- simètre, et l'on note le point d'affleurement après quelques instants de repos. » Cette disposition, nécessitée par mes recherches, qui portaient à la fois sur les beurres, les margarines et leurs mélanges, a l'inconvénient d'exiger une quantité no- table de beurre, environ 48o5"' de beurre fondu. Afin de rendre pratique l'application de la méthode, j'ai fractionné le densimètre en une série de flotteurs plus petits, gra- dués par comparaison avec le type qui a servi à mes recherches; leur volume est de 36" et ils n'exigent que 5o5'' de beurre environ pour l'observation ('). La chaudière présente les mêmes dispositions que celle décrite ci-dessus; avec cette différence qu'elle est plus petite et porte plusieurs éprouvettes, munies chacune d'un panier mo- bile à claire-voie permettant d'enlever le flotteur après chaque opération. » Un seul de ces flotteurs, le n° 1, permet de classer immédiatement les beurres. La tige porte trois traits seulement. Celui du milieu correspond à la densité 0,86266, extrême limite des beurres; l'inférieur, à la densité o,8632o de beurres purs assez nombreux, et le trait supérieur à la densité o, 86215 qui indique une proportion de aS pour 100 de margarine environ dans un beurre moyen. Si le point d'affleurement se trouve entre le trait moyen et le trait inférieur, il peut arriver que l'on ait affaire à un beurre pur, mais on a grande chance pour que ce beurre soit margarine; c'est pourquoi je considère ces beurres comme douteux et je les mets en réserve pour un examen plus complet, ayant pour base l'analyse chimique. Si le point d'affleurement a lieu au trait inférieur et au-dessous, il sera bon de (') La construction et la graduation de ces petits flotteurs présentent de grandes difficultés qui ont été heureusement surmontées par notre habile constructeur M. Chabaud. ( 858 ) faire usage des flotteurs n" 2 et n" 3 dont les traits, correspondant à des densités plus élevées, permettront de se renseigner sur la nature du beurre. Dans le cas oîi l'affleurement dépasserait le trait supérieiu-, on aura recours à une autre série de flotteurs comprenant la densité de 0,86266 à 0,85^ et indiquant, au moyen de tables spéciales, les proportions approximatives de margarine. » Cette classification ne saurait être absolue, car un beurre à densité élevée pourrait être amené à la densité d'un beurre limite par addition de margarine ; aussi l'expérimentateur devra avoir le soin d'opérer de temps à autre sur des beurres moyens de la région afin d'en connaître la densité normale. Généralement, du reste, cette densité varie peu pour des beurres provenant d'animaux soumis au même régime. Ainsi des beurres provenant d'animaux en pâturage dans le Calvados, les Côtes-du-Nord, le Tarn, les Ardennes, la Loire (mai 1891) avaient des densités comprises entre 0,8641 5 et 0,86465 : différence o,ooo5. Un beurre de la laiterie deBraine- le-Comte (Belgique, novembre 1892) provenant du lait de trente-trois fermes avait pour densité o, 86425. Le beurre d'un seul animal de cette laiterie avait pour densité o, 86385 : différence o^'', 0004. » L'application de cette méthode, n'exigeant pas de connaissances chi- miques spéciales, d'une exécution rapide, permettra à un opérateur, avec le secours d'un aide, de classer facilement cent échantillons dans une journée. Les beurres douteux seront réservés pour un examen chimique dont j'indiquerai prochainement la marche. » ZOOLOGIE. — Sur V armature buccale et une nouvelle glande digestive des Cirrhipêdes (' ). Note de M. A. Gruvel, présentée par M. de Lacaze- Duthiers. « L'appareil buccal des Cirrhipêdes répond exactement au type même de la bouche des Arthropodes. » D'après les travaux de Darwin, il se composerait : i" d'un labrum, ou lèvre supérieure unique et médian; 2° d'une paire de mandibules portant à leur base une paire de palpes placés entre ces mandibules et la lèvre su- périeure ; 3" d'une paire de mâchoires internes ; 4° d'une paire de mâchoires externes. (') Travail fait au laboratoire de Roscoff'. ( 8,^9 ) )) M. Nussbauni, qui a repris cette étude, considère l'appareil buccal comme formé : i" d'une lèvre supérieure; 2°d'une paire de mandibules avec palpes; 3" d'une paire de mâchoires ; 4° d'une lèvre inférieure bifide. » En étudiant l'innervation de ces différentes pièces buccales, nous en sommes arrivé à modifier légèrement cette disposition. » On trouve, en effet, pour la lèvre inférieure, trois nerfs qui s'y rendent, un médian et impair pour un mamelon basilaire qui est la véritable lèvre inférieure et deux nerfs latéraux, chacun pour un appendice articulé sur cette lèvre, et qui représentent un palpe labial. » Nous n'avons donc pas une lèvre inférieure bifide, mais bien une lèvre impaire et médiane portant une paire de palpes labiaux. » L'appareil buccal de tous les Cirrhipèdes, sessiles ou pédoncules, que nous avons étudiés, se rapporte exactement à ce dernier type. » Il y a bien de nombreuses variations de forme, ou de dispositions spéciales, mais la bouche reste fondamentalement ce que nous avons déjà vu. » Nous n'entrerons pas dans le détail de l'étude de chacune de ces pièces, mais nous indiquerons simplement une disposition spéciale que l'on trouve dans la lèvre inférieure et qui n'a pas encore été signalée par les auteurs qui se sont occupés de l'histoire des Cirrhipèdes. » Chez la Balane (B. Tintinnabulum), on trouve, à la partie interne de la lèvre supérieure, une pièce chitineuse formée de deux parties symétriques soudées sur la ligne médiane et laissant une échancrure profonde à la partie supérieure. » Le bord supérieur de cette pièce est épaissi en forme de bourrelet et la partie interne de chacun est excavée au centre. » Sur le bourrelet on trouve des sortes de petites baguettes fines mais rigides, et terminées d'une façon carrée, comme tranchées au couteau. » De chaque côté de l'excavation centrale de chacune des moitiés on rencontre de très fortes soies chitineuses, beaucoup plus longues que les précédentes. Elles sont colorées à leur extrémité libre par un pigment jaune brun. » Enfin, sur la surface médiane inférieure correspondant à l'échancrure supérieure, se montrent des formations spéciales. Ce sont de petits bourre- lets portant chacun de six à huit soies rigides. » La partie centrale de chacune des moitiés dé la pièce ne porte absolu- ment aucun ornement. » Chez le Lepas anatifera, on trouve aussi, du côté interne de la lèvre G. R., 1893, 7' Semestre. (T. CXVII, N°24.) ' '5 ( 86o ) supérieure, une pièce chitineusc, mais de forme absolument triangulaire, l'un des côtés étant dirigé le long du bord libre de la lèvre et l'angle opposé à ce côté formant la partie médiane inférieure de cette même lèvre. » Cette pièce porte, le long de son bord supérieur, une série de forma- tions chitineuses ayant chacune tout à fait la forme d'une bouteille ren- versée à fond arrondi. » Étant donné que les mandibules et les mâchoires se meuvent par leur extrémité libre tout contre ces pièces de la base inférieure, on comprendra facilement leur utilité dans l'acte de la mastication. Toutes les formations que nous y avons signalées sont comme des sortes de peignes servant à la trituration des aliments. » M. Nussbaum, dans son travail sur les Cirrhipèdes, désigne sous le nom d'organe énigmatiqiie une formation chitineuse que l'on rencontre chez le Pollicipes cornucopia entre les deux premières paires de cirrhes (pattes-mâchoires), en arrière de la lèvre inférieure. )) On trouve là, en effet, une sorte de petit mamelon ovalaire qui, re- gardé attentivement, se montre criblé de nombreux petits orifices, qui sont autant de pores excréteurs. » Si l'on pratique, en effet, des coupes, de façon à intéresser la surface et aussi la couche de tissu sous-jacent, on s'ajjerçoit bien vite que l'on a affaire à une série de glandes sécrélrices unicellulaires, dont M. Nussbaum a ignoré absolument la nature, faute de matériaux. » Chacune de ces glandes est formée d'un tube qui se renfle énormé- ment à sa partie inférieure et porte là un très beau noyau. Jusque vers la moitié de sa hauteur, ce tube est rempli de fines granulations, mais bientôt on ne trouve plus que de gros grains de matière sécrétée qui remplissent toute la partie supérieure du tube et sont rejetés au dehors par les pores dont nous avons déjà parlé. » Il n'y a pas un pore pour chaque glande; mais, en général, cinq, six et même plus rejettent leurs produits par le même orifice. » Ce sont là des glandes sécrétrices absolument indéniables et qui doi- vent vraisemblablement jouer un rôle dans la mastication. » On trouve aussi ces glandes avec leurs orifices externes sur le bord interne des palpes labiaux et aussi à la base de la première paire de cirrhes et du côté interne. » Etant donné que ces organes ne se rencontrent que sur les points où la trituration est active (pattes-mâchoires et lèvre inférieure) et aussi de ce fait que l'on trouve toujours les soies qui recouvrent ces parties, comme ( 8) Les cendres sont des débris de trachytes, d'andésites et autres roches, qui contiennent de l'eau. Portées à de hautes températures, elles font explosion, éclatent et se réduisent en poussière, qui est rejetée hors du volcan avec d'autant plus de violence que la tension d'explosion a été plus forte. » Cette abondante émission de cendres correspond à la période la plus active de l'éruption. ( »^7 ) » La pluie des cendres éprouve des intermittences et est en relation avec les roches hydratées qui arrivent au foyer d'activité. » Le Calbuco est en pleine éruption lavique en ce moment; les laves qui s'écoulent par les flancs de la montagne descendent jusqu'à la base; les courants de lave ont barré certains torrents et changé la direction des eaux. » Cette seconde phase de l'éruption ne peut tarder beaucoup à être suivie de la période de manifestations gazeuses, sans laves, ni cendres. Mous tiendrons l'Académie au courant des études sur le Calbuco et les produits divers qu'il a émis. » PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Benelhles Morierei, fruù fossile présentant un nouveau type d'inflorescence gymnosperme , Note de M. O. Lignier, présentée par M. Duchartre. « Etudier dans ses détails la structure du fruit fossile connu sous le nom de Williamsonia Morierei Sap. et Mar. et que je rapporte au genre Benettites Carr., m'a paru d'autant plus utile que ce fruit semble appelé à caracté- riser l'inflorescence d'un groupe tout entier, aussi important que celui des Cycadées. C'est M. de Solms-Laubach qui, le premier, a montré par son étude du B. Gibsonianus Carr. toute l'importance de cette nouvelle famille dont les tiges avaient, jusque-là, été confondues avec celles des Cycadées. 1) Le B. Morierei e^i incontestablement très voisin du B. Gibsonianus et, s'il a, sur l'échantillon étudié par le professeur de Strasbourg, l'infériorité d'être complètement séparé du tronc qui le portait, il a, d'autre part, l'in- contestable avantage d'être beaucoup mieux conservé. Aussi m'a-t-il permis d'élucider un certain nombre de points restés jusqu'à présent absolument obscurs ('). » Ce fruit offre la disposition d'un capitule entouré par un involucre recouvrant. Sur son réceptacle sont insérés de nombreux pédoncules séminifères et des écailles interstitielles plus nombreuses encore. Les pé- doncules sont nus dans toute leur partie inférieure; à leur sommet ils ne portent qu'une seule graine qui est dressée dans leur prolongement; celle-ci est nue, orthotrope, unitégumentée et pourvue d'une chambre poUinique. Les écailles interstitielles sont toutes insérées directement sur (') Je me propose d'en publier prochainement une étude détaillée. C. R., 1S93, 2" Semestre. (T. CWU, .\" 24.) 1x6 ( 868 ) le réceptacle, de même que les pédoncules ; elles sont ordinairement lamel- leuses dans toute leur partie inférieure, mais leurs sommets, renflés à la façon des écailles dans les cônes de Pins, dépassent les graines, les recou- vrent et les protègent. » Dans la région centrale du fruit, les pédoncules sont très gros par rapport aux écailles, qu'ils compriment entre eux, et ils ont une structure très différente de la leur. Or il n'en est pas de même dans la région péri- phérique où les pédoncules sont souvent atrophiés. Ils y sont, il est vrai, plus grêles et de forme différente de celle des écailles, mais, par contre, leur structure anatomique est identique à celle de ces dernières. )) Cette remarque m'a amené à admettre que les écailles et les pédon- cules appartiennent à un même type d'organe et que leur aspect si diffé- rent, surtout chez l'adulte, résulte simplement de la différence des fonc- tions. Je suis même très disposé à les considérer tous comme des feuilles réduites et modifiées. Les pédoncules seraient, par suite, des feuilles ovu- liféres comparables à celles des Salisburiées. » La structure de la graine démontre d'une façon indubitable que le B. Morierei est un fruit de Gymnosperme. On peut donc se demander quelle est celle des inflorescences gymnospermiques à laquelle il faut rapporter le fruit de Villers. » Les organes de la région médiane du fruit ont été trop modifiés par la croissance pour que leurs positions relatives puissent nous apprendre sur leur mode de dispersion autre chose que l'existence de -5 ou 6 écailles autour de chaque pédoncule. Mais l'étude de la région marginale, dans la- quelle les pédoncules sont restés très grêles et où, par suite, les écailles n'ont été ni déplacées ni déformées par eux, nous indique mieux les posi- tions relatives des différentes pièces. Or les pédoncules s'y montrent assez régulièrement distribués en quinconce au milieu d'écaillés qui sont toutes plus ou moins étirées tangentiellement, à la façon de bractées réceptacu- laires concentriques au fruit. Celles-ci semblent donc, à première vue, in- dépendantes des pédoncules. )) Il est probable que certaines de ces écailles, sinon toutes, sont des feuilles réduites appartenant à l'axe réduit qui porte le fruit. Les pédon- cules sont-ils des feuilles de même ordre que ces écailles, ou sont-ils d'un ordre supérieur, c'est-à-dire appartiennent-ils, eux aussi, à l'axe fructifère ou à des bourgeons insérés sur cet axe? Je n'ai pu le discerner avec les matériaux dont je dispose. Je ne puis donc dire si l'inflorescence du B. iJ/onem ressemble à un cône de Cycadée dont certaines feuilles seraient («69) fertiles, les autres restant stériles et devenant protectrices; ou bien à une inflorescence composée dont l'axe primaire porterait de place en place des axes secondaires réduits, soit à une seule écaille ovulifère, soit à une écaille ovulifère entourée de quelques écailles stériles basilaires. Cependant je penche plutôt vers cette dernière hypothèse. » Mais, quoi qu'il en soit, il est incontestable que ce fruit fossile présente une inflorescence gymnosperme différente de toutes celles connues jusqu'à ce jour, et qui justifie pleinement la distinction établie par M. de Solms- Laubach entre les Benettitées et les Cycadées. » ÉCONOMIE RURALE. — Emploi des cultures ariijjcielles de microbes pathogènes à la destruction des Rongeurs (^campagnols et mulots) en grande culture. Note de M. Jean Danysz, présentée par M. P. -P. Dehérain. « En février 1898, nous avons eu l'occasion d'observer une épidémie qui s'est déclarée spontanément parmi les campagnols et souris dans les champs et les greniers d'une commune (Charnyen Seine-et-Marne). Ayant fait capturer une trentaine de ces animaux encore vivants, nous les avons vus tous mourir dans le courant d'une semaine, et leur autopsie nous a montré qu'ils ont succombé tous à une maladie infectieuse, la même pour tous; l'ensemencement de leur sang pris dans le cœur, du foie, de la rate, du liquide intestinal et de l'urine sur des milieux nutritifs, a donné des cultures pures d'un microbe, qui, inoculé à d'autres souris saines, leur donnait la même maladie, toujours suivie de mort. » Nous nous proposons de donner, dans une Communication prochaine, une description détaillée de cette maladie et du microbe qui en est la cause; dans cette Note nous nous bornerons à indiquer que, par sa forme et par les lésions anatomiques constatées aux autopsies, il se rapproche le plus du choléra des canards, décrit par MM. Cornil et Toupet ( '). » Coloré par la méthode de Gram, ce microbe présente l'aspect de petits bacilles ovoïdes ou de bâtonnets arrondis aux deux extrémités, pos- sédant souvent deux points polaires plus colorés. Il se développe très bien et très vite dans tous les milieux de culture, et surtout sur agar-agar oîi il finit toujours par s'étaler en une couche uniforme d'un gris jaunâtre. » Une série d'expériences que nous avons pu faire, grâce à l'obligeance (') Bulletin du Jardin d' acclimatation, 3o juin 1888. ( 870 ) de M. Mefchnikoff, à l'Institut Pasteur, ont montré que, absorbé avec les aliments, le bacille était très pathogène pour toutes les espèces de campa- gnols et de souris connues en France et qu'il ne produit aucun effet appré- ciable sur les Rongeurs de grande taille, ainsi que sur les canards, les poules et les pigeons. M D'autres expériences, et notauiment celles faites par M. Julien Krantz, directeur de lÉcole pratique d'agriculture de Merchines (Meuse), et par M. D. Dickson, directeur de l'Ecole pratique d'agriculture de Berthonval (Pas-de-Calais), ont montré que ce même bacille n'était nullement patho- gène pour les animaux de la basse-cour, les chiens et les chats, ainsi que pour le bétail; enfin, l'expérience que nous avons faite sur nous-mème et que beaucoup d'autres personnes ont bien voulu répéter, nous a prouvé que ces cultures, absorbées même à de très fortes doses, ne sont nulle- ment dangereuses pour l'homme. » Ainsi, assuré de l'innocuité de nos cultures pour tous les animaux utiles, nous n'avons pas hésité à les mettre à la disposition des cultivateurs intéressés. La question de la destruction des campagnols présente pour l'agriculture un intérêt considérable. L'Académie des Sciences en a été saisie à plusieurs reprises, mais, comme les moyens de destruction préco- nisés et employés jusqu'à présent n'ont donné que des résultats peu appré- ciables, il nous a semblé intéressant de voir si la maladie dont nous avons cultivé le microbe ne pouvait pas fournir une arme plus efficace contre ces Rongeurs. » Les occasions de faire quelques essais en grande culture ne devaient pas nous manquer : le printemps et l'été de l'année i8f)3 ont été particu- lièrement favorables au développement des campagnols et la plupart de nos déparlements de l'est ont actuellement beaucoup à souffrir des ravages causés par ces animaux. » Le 29 septembre dernier, nous nous sommes rendu, à la demande de M. Guyard, président de la Société et du Syndicat des agriculteurs de Bar-sur-Seine, au hameau « La Borde » où les champs, d'une étendue de 75 hectares environ, étaient fortement infestés par les petits Ron- geurs. » Nous constatons d'abord que la situation du hameau et la nature de ses terres se prêtent très bien au développement de ces animaux. De bonnes terres fortes, argileuses, assurent une grande consistance à leurs nids; d'autre part, les pentes, assez prononcées de tous les côtés, facilitent l'écoulement des eaux et empêchent les inondations qui, dans d'autres ( 871 ) conditions, détruisent un grand nombre de ces animaux au printemps et à l'automne. » L'inspection des champs envahis nous montre que le nombre de trous varie entre 5 et i5 par mètre carré, ce qui, en comptant un Rongeur pour 5 trous en moyenne, donne lo à 3oooo de ces animaux par hec- tare. » Nous avons trouvé dans les champs envahis : des campagnols {Arvi- cola arvalis) et des mulots (^Mus sylvaticus), ces derniers dans une propor tion bien moins forte. » L'expérience a été faite dans les conditions suivantes : cent vingt tubes de cultures sur gélose de cinq et de six jours ont été délayés dans 5o''' d'eau. Dans cette solution on a trempé environ 80000 morceaux de pain de 1"^^ Le pain trempé a été aussitôt dis- tribué dans les champs en raison d'un morceau par trou nouvellement frayé, c'est- à-dire, en moyenne, dans un trou sur six. » L'opération a occupé vingt personnes pendant trois journées consécutives, environ deux heures par jour, de [^^ à ô"" du soir. » L'inspection des trous le lendemain de chaque distribution a montré que le pain introduit dans ces trous a été mangé dans le courant de la nuit. » Les frais de l'expérience se sont élevés à la somme totale de 1 56'^'' pour 5o hectares, c'est-à-dire S''', 10 par hectare. » La préparation du pain et sa distribution ont été faites en présence de M. Guyard, des membres du bureau du Syndicat agricole de Bar-sur-Seine, de M. R. Danguy, professeur départemental d'Agriculture et d'un certain nombre de cultivateurs du voisinage. » Déjà le troisième jour après la distribution, on a trouvé sur les champs traités plusieurs mulots et campagnols malades. I^'autopsie de ces animaux nous a montré qu'ils ont succombé à la maladie inoculée. Le i5 octobre, dans un champ de luzerne traité, on n'a trouvé au labour que trois cam- pagnols encore vivants, mais déjà malades, tandis que dans une luzerne voisine, non traitée, plus de cinquante de ces animaux se montraient dans chaque sillon. Le même succès dans les étaules, les galeries souterraines et les nids étaient remplis de cadavres des campagnols, pour la plupart à moitié rongés; d'autre part, l'absence complète de ces animaux vivants dans les champs où ils foisonnaient quinze jours avant montrait bien l'ac- tion manifeste du virus distribué. » Cette expérience et beaucoup d'autres faites dans des conditions ana- logues dans les départements de l'Aube, de la Cète-d'Or, de la Marne, etc. , nous permettent de conclure que les cultivateurs ont aujourd'hui à leur ( 872 ) disposition un moyen très simple, en même temps que très efficace et peu coûteux, pour défendre leurs récoltes contre les ravages causés périodi- quement par les mulots et les campagnols. » M. Al'g. Detroyes adresse, de Landreville (Aube), une réclamation de priorité, à propos d'une Note de M. Geneste « Sur le greffage souterrain », présentée à l'Académie par M. Chatin dans la séance du 37 novembre der- nier (Extrait). « Ce procédé est exactement celui que j'ai communiqué à M. le Ministre de l'Agriculture, en date du 19 mai 1892 et dont j'ai exposé la théorie, à la fin du même mois, au concours régional de Troyes. Le 3o octobre 1892, j'ai fait connaître les résultats obtenus à la séance publique de la Société horticole de l'Aube, qui a inséré dans ses Annales, pages 768 et 772,1a description de mon procédé, sous le titre de : « Greffages des provins, par Auguste Detroyes ». M. Paul Blaxdin adresse la description d'un appareil destiné à me- surer la force d'un jet d'eau, auquel il donne le nom « d'hydrodyna- momètre » . La séance est levée à 4 heures et demie. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. OUVBAGFS REÇUS DANS LA SÉANCE DU II DÉCE»tHRE iSgS. Histoire physique, nafnrelle et politique de Madagascar, publiée par Alfred Grandidier. Volume I : Géographie, par Alfred Grandidier. II^ Partie. Paris, Imprimerie nationale, 1892; 2 vol. in-4°. Matériaux pour l'histoire de l'homme. Revue d'Anthropologie, Revue d'Ethnographie réunies. L'Anthropologie, sous la direction de MM. Car- ( «7^ ) TAiLHAc, Hamy, ïopinard. iSgS. Tome IV, n" 4. Paris, G. Masson, i vol. in-8°. Bulletin des Sciences mathématiques, rédigé par MM. Gaston Dauboux et Jules Tannery. Deuxième série, tome XVII, septembre 1893. Paris, 1893 ; I fasc. in-8°. Flore de la France ou description des plantes qui croissent spontanément en France, en Corse et en Alsace-Lorraine, par G. Rouy etJ. Foucaud. Tome premier. Paris, Rony et Foucaud, 1893; i vol. in-S". (Présenté par M. Du- chartre.) La Terre avant l'apparition de l'homme, par Fernand Prieur, ancien élève de l'École Normale supérieure, professeur au lycée Henri IV. Paris, Bail- lière et fds, 1893. (Présenté par M. Gaudry.) Travaux du laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de Grenoble, 1892. Tome II, I*"' f;\scicule. Grenoble, Allier, 1893; i fasc. iii-8". Les causes de l'ancienne extension des glaciers, par A. de Lapparent (Ex- trait de la Revue des questions scientifiques, octobre 1893). Bruxelles. Pol- leunis et Ceuterick, 1893; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Daubrée.) L' Astronomie et les Astronomes, par August Tischner. Leipzig, G. Fock, 1893 ; I brochure in-8°. Insect-life. Devoted to the economy and li fe-habits ofinsects, especially in their relations to agriculture. Edited by C.-V. Riley and L.-O. Howard. Washing- ton 1893; I fasc. in-8". Bihang till kongl. Svenska Vetenskaps-Akedemiens Handlingar. Adertonde Bandet, Aldelning IV. Stockholm, 1893; 3 vol. in-8°. OscAU Leal. — Contos do meu tempo. Recife, 1893; i vol. in-8''. Bibliography of Meteorology . A classed Catalogue of the printed literalure oj Meteorology from the orogin oj printing to the close 0/ 188 1 ; with a supplé- ment ofthe close of i%?)'j , and an author index. Prepared under the direc- tion of Brigadier gênerai A.-W. Greely, chief signal officer U. S. Army. Part, l : Température. Washington, 1893; i vol. in-4*'. ( «74) EU H ATA. (Séance du 20 novembre 1893.) Note de M. Hans Schardt, sur l'origine des Alpes du Chablais et du Stocklîorn, en Savoie et en Suisse : Page 707, ligne 16 en remontant, au lieu de de, lisez dans. Page 707, ligne 7 en remontant, au lieu de blocs erratiques, lisez blocs exotiques. Page 708, ligne i3, au lieu de mont Salève, lisez mont Sulins. Page 709, ligne 10, au lieu de blocs erratiques, lisez blocs exotiques. Note de M. ^. Delebecque, sur la variation delà composition de l'eau des lacs avec la profondeur : Page 712, ligne 18, après os'-, i38 par litre, ajoutez 5", oi', i38. (Séance du 27 noveinbre 1893.) Note de M. A. Badoureau, Preuves et causes du mouvement actuel de la Scandinavie : Page 768, ligne 3, au lieu de crusus, lisez crurus. Même page, ligne 12, au lieu de Drobak, lisez Drôbok. Page 769, ligne 3, au lieu de c?(Rcosa) =-hy, lisez (^(Rcosa) =— y. Même page, ligne 8, au heu de — — dy, lisez = — 7. (Séance du 4 décembre 1893.) Note de M. H. Nolan, Sur les terrains triasique et jurassique des îles Baléares : Page 828, ligne 8, au lieu de embouchure de FElbe, lisez embouchure de l'Eb re. On souscrit à Paris, chez GAUTHIER -VILT.ARS ET FILS, Quai (les Grands-Anguslins, n" 55. Depuis 1835 les COMPTES RENDUS liobdomadaires paraissent régulièrement le Dimunclw. Ils l'urmoiiL, à la fin de l'année, deux volumes in-4°. Deux Tables, l'une par ordre alphabétique de matières, l'autre par ordre alphabétique de noms d'Auteurs, terminent chaque volume. L'abonnement est annuel et part du i"" janvier. Le prix (If rnhiin/ienicnt est fixé ainsi r/ii'il suit : Paris : 20 fr. — Départements : 30 fr. — Union postale : 34 fr. — Autres pays : les frais de poste extraordinaires en sus. On souscrit, dans les Départements, chez Messieurs : Ageii Michel el Médan. iGavault St-Lager. Jourdan. Ruir. Amiens Hecquet-Decobert. 1 Germain etGrassin. Angers ! , , , ,^ ,, r LaciieseeLDolbeau. Bayonne Jérôme. Besançon Jacquard. , Avrard. Bordeaux ; Dulhu. ' Muller (G.). Sourges Henaud. ILefouniier. F. Hobert. i J. Kobert. ' V Uzel Caroir. „ ( Baër. ^aen i i Massif. Chambery Peirin. ( Henry. 'Cherbourg,. . "lermont-Fer { Marguerie. j Rousseau. ( Ribou-Collay. iLaniarche. Ratel. t)amidot. Douai |Lauverjat. ( Crepin. r'^„„„h.i. \ Drevet. jtrenoble \ I Gratier. La Hoclielle... . . . Foucher. Le Havre j liourdignon. ( Uombre. / Marchai. Lille Lefebvre. ' Quarré. chez Messieurs : j Baumal. ( M"' 'l'exier. Lyon j' Bernoux et Cumin. y Georg. . . . ( Mégret. ) Palud. 1 Vilte. Marseille . .. Ruât. Montpellier . . \ Calas. '" / Goulet. Moulins . . Martial Place. Sordoillet. Nancy Grosjean-Maupin. I Sidot frères. j Loiseau. / M°" Veloppé. \ Barma. ' Visconti et C''. Nîmes Thibaud. Orléans Luzeray. Blanchier. Druinaud. Bennes Plihon et Hervé. liochefort Girard (M"""). 1 Langlois. Houen , I ( Lestringant. ! S'-Etienne Chevalier. \ Bastide. / P>umèbe. Nantes Nice foiliers.. Toulon . _, , ( Gimet. Toulouse „ . ' Privât. , Boissejier. Tours , Péricat. ' Suppligeon. \ Giard. I Lemaitrfe. Valenciennes.. Bucharest . chez Messieurs : <„,„, . ( Feikema Caarelsen Amsterdam } et C". Atliènes Beck. Barcelone Verdaguer. I ,\sher el C'". Berlin i Calvary et C-. 1 Friedlandcr et fils. I Mayer el Mijiler. Berne * Schmid, Francke el I C'°. Bologne Zanichelli et C'". [ Ramiot. Bruxelles MayolezetAudiarte. ( Lebégue et C". \ Hairnann. ' Hanisteanu. Budapest Kilian. Cambridge Deighton, Bell et C°. Christiania Cammermeyer. Conslantinople. . Otto Keil. Copenliague Host el lils. Florence Lœschcr et Seeber. Gand Hoste. Gênes Beuf. , Cherbuliez. Genève Georg. ( Stapclmohr. Belinfante frères. \ Benda. ' Payol. Barth. l Brockhaus. Leipzig Lorentz. i Max Rube. Twietmeyer. ( Desoer. ' Gnusè. Londres Luxembourg . Madrid La Haye. Lausanne. Milan . . Moscou . N a pies. New- York. Odessa Oxford Palerme Porto Prague Bio-Janeiro . Rome . [iolterdam Stockholm.. S'-Pétersbourg. Liège. Turin . Varsovie. Vérone . . . Vienne . Ziirich. chez Messieurs : ( Dulau. ( Nuit. V. Buck. Libr. Gutenberg. Fuentes et Capde- ville. Gonzalés e hijos. F. Fé. ^ Dumolard frères. I Ilcepli. Gautier. / Furcheim. Margliicri di Gius. ' Pellerano. / Christern. 1 Stecherl. ( Westerniann. Rousseau. Parker et G'-. Clausen. Magalhaès. Rivnac. Garnier. Bocca frères. Loescheret C'". Krainers et fils. Samson el Wallin. Zinserling. Wolff. Bocca frères. Brero. Clausen. RosenbergetSellier Gebetliner et WollI. Drucker. Frick. Gerold et C'*. Meyer et Zeller. TABLES GÉNÉRALES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : Tomes 1" à 31. - (3 Août i83:) a 3i Décembre i85o. ) Volume in-4''; [853. Prix Tomes 32 à 61. - ( i" Janvier i85i à 3i Décembre i865.) Volume 10-4»; 1870. Prix. Tomes 62 à 91.— ( i" Janvier 1866 à 3i Décembre 1880.) Volume in-4°; 1889. Prix . SUPPLÉMENT AUX COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES : 15 fr. 15 fr. 15 fr. Tome I: Mémoire sur quelques points de la Physiologie des Algues, par MM. A. Derbes el A.-J.-J. Solier. - Mémoire sur le Calcul des Perlurbalions .uepruu ven , le~ ■ometes, par M.Hansen.- Mémoire sur le Pancréas et sur le rôle du suc pancréatique dans les phénomènes digestifs, particulièrement dans la digestion des matières rasses, par M. Claude Bernard. Volume in-'i", avec Sa planches; i856 ., , Tome II : Mémoire sur tes vers intestinaux, par M. P.-J. Van Beneden. - Essai d'une réponse a la question de Pri.ïproposéeen"i85o'par'l'Académ'ie' des' Science' our le concours de iSo3, et puis remise ponrcelui de ,85-1, savoir : « Etudier les lois delà distribution des corps organisés fossiles dans les différents terrains sédi- menlaires, suivant l'ordre de leur superposition. - Discuter la question de leur apparition onde leur disparition successive ou simultanée.- Rechercher «les rapports qui existent entre l'état actuel du régne organique et ses états antérieurs «, par M. le Professeur Bronn. In-^-, avec 27 planches 1861 nature 15 fr. A la môme Librairie les Mémoires de l'Académie des Sciences, el les Mémoires présentés par divers Savants à l'Académie des Science N" 24. TAIU>E DES A.RTICLES. (Séance du 11 décembre 1893. MEMOIRES ET COMMUN I CATIONS DKS MEMUliES ET DES CORIîESPONDANTS OE L'ACADÉMIE. M. le l'uKsiDENT nnnonce ;i l'Vcadémie que, on raison flc^ foies de Noël, la séance du lundi 2.) déoembresera remise au mardi 26. x-i- M. BicnnucLoT. - - Sur la sublimation des iodures ronge et jaune de mercure Sj- M. Sai'oicy. — Keclierchc sur la structure des plumes 8>8 M. GiiANiiiriiinî. — Note accompagnant la présentation de son Ouvrage sur 11 l'His- Pages. toire de la Géographie de Madagascar ».. 83 > M. F.-M. Raout.t. — Les densités des va- peurs saturées, dans leurs rapports avec les lois de congélation et de vaporisation des dissolvants M. G. Ravkï. — Sur les incendies des landes de la Gironde et la sécheresse exception- nelle du printemps et de l'été de 189.3. 8.3.3 83 7 CORRESPONDANCE. M. UiGiii:M;Ai;n, nommé Correspondant pour la Section de Mécanique, adresse ses re- merciments à l'Académie MM. A.-K. NoGHKS et A. Odrecht se met- tent à la disposition de l'Académie pour collaborer, avec M. Defforges, sur les côtes du Pacifique et dans les Terres aus- trales de r.\mérique , à l'étude de la distribution de l'intensité de la pesan- teur à la surface du globe M. le SECKHTAiiiK PERPETUEL signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, un Ouvrage de M. A. de Lapparent .... M. Tacciiini. — Observations solaires du deuxième et du troisième trimestre de l'année iSgS .' M. Th. Caroxnet. — Sur les surfaces dont les lignes de courbure d'un système sont planes et égales M. Hadamaiu). — Sur les caractères de con- vergence des séries <, M. E. Carvallo. — Spectre calorifique de la fluorine M. Alf. Angot. — Sur la variation diurne de la pression au sommet du mont Blanc. M. G. CiiARPY. -- Sur la transformation produite dans le fer par une déformation permanente à froid . . Bulletin BiBLioiiuvpiiiouK Errata 840 8',, 84 1 84. 844 ! 84.5 S47 i -M. M. Meslans. — Sur les vitesses d'éthé- , rilicalion de l'acide (luorhydrique M. C. VioiXEriE. — Analyse des beurres du commerce M. A. GuuvEL. — Sur l'armature buccale et une nouvelle glande digestive des Cir- rhipédes M. L. Guiuxabu. — Sur la localisation des principes actifs chez les Résédacées M. 1"". Gonnard. — Sur l'olivinc de Maillar- gues, près d'.Vllanche ( Cantal ) M. A.-E. NoGUÈs — Éruplion du volcan Calbuco.' M. G. LlGNiER. — ûenetlites Morierei, fruit fossfle présentant un nouveau type d'in- florescence gymnosperme M. J. Uanysz. — Kmploi des cultures arti- ficielles de microbes pathogènes à la des- truction des lUingeurs (campagnols et mulots) en grande culture M. AuG. Uetroyes adresse une réclamation de priorité à propos dune Note de M. Ge- ne.ile « Sur le grell'age souterrain » AL Paul Blandin adresse la description d'un appareil destiné à mesurer la force d'un jet d'eau, auquel il donne le nom A'hydro- clynamomètre 853 S.V) S,")8 85 1 m\ 866 867 86., 8--J 87?. 8-i PARIS IMPRIMEKIK GMJIHIER-VILLAKS KT l-'ILS. yua He* Grands- A hku** 1 Hltlt- Vll.l.AKS. tJAN 6 Î894 1^^^ , SECOND SEMESTIŒ. 1 COMPTES RENDUS HEBDOMADAIRES DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. PAR MM. liES SECRÉTAIKES PERPÉTlEIiS. TOME ex VII. iT25 (18 Décembre 1895). PARTS, GAUTHIER-VILLARS Eï FILS, IMPRIMEURS-LIBR^AIKES DES COMPTES RENDUS DES SÉVNCES DE LMCADI^l MIE DES SCIENCES Quai (ies tirands-Augusiins, 55. ' 1893 RÈGLEMENT RELATIF AIX COMPTES RENDIS. Adopté dans i.es si:anci;s dis aS juin 1862 et 24 mai 1875. Les Comptes rendus hebaomadaires des séances de 1 Les Programmes des prix proposes par l'Académie r Académie se composent des extraits des travaux de j sont imprimés dans les Comptes rendus, mais les Rap- ports relatifs aux prix décernés ne le sont qu'autant que l'Académie l'aura décidé. Les Notices ou Discours prononcés en séance pu- blique ne font pas partie des Comptes rendus. Article 2. — Impression des travaux des Savants étrangers à l'Académie. Les Mémoires lus ou présentés par des personnes qui ne sont pas Membres ou Correspondants de l'Aca- démie peuvent être l'objet d'une analyse ou d'un ré- sumé qui ne dépasse pas 3 pages. Les Membres qui présentent ces Mémoires sont tenus de les réduire au nombre de pages requis. Le Membre qui fait la présentation est toujours nommé; mais les Secrétaires ont le droit de réduire cet Extrait dans les Comptes rendus, qu'autant qu'une rédaction autant qu'ils le jugent convenable, comme ils le font écrite par leur auteur a été remise, séance tenante, j pour les articles ordinaires de la correspondance offi- aux Secrétaires. cielle de l'Académie. Les Rapports ordinaires sont soumis à la même ses Membres et de l'analyse des Mémoires ou Notes présentés par des savants étrangers à l'Académie. Chaque cahier ou numéro des Comptes rendus a 48 pages ou 6 feuilles en moyenne. 26 numéros composent un volume. Il y a deux volumes par année. AuTicLË 1*"^. — Impressions des travaux de l'Académie. Les extraits des Mémoires présentés par un Membre ouparun Associé étrangerdel'Académie comprennent au plus 6 pages par numéro. Un Membre de l'Académie ne peut donner aux Comptes rendus plus de 5o jKiges par année. Les communications verbales ne sont mentionnées limite que les Mémoires; mais ils ne sont pas com- pris dans les 5o pages accordées à chaque Membre. Les Rapports et Instructions demandés par le Gou- vernement sont imprimés en entier. Les extraits des Mémoires lus ou communiqués par actuel, et l'extrait est renvoyé au Compte rendu sui- les correspondants de l'Académie comprennent au vaut, et mis à la fin du cahier, plus 4 pages par numéro. Article 3. Le bon à tirer àe chaque Membre doit être remis à l'imprimerie le mercredi au soir, ou, au plus tard, le jeudi à I o heures du matin ; faute d'être remis à temj)s, le titre seul du Mémoire est inséré dans XaCompte rendu Un Correspondant de l'Académie ne peut donner plus de 32 pages par année. Dans les Comptes rendus, on ne reproduit pas les discussions A'erbales qui s'élèvent dans le sein de l'Académie; cependant, si les Membres qui y ont pris part désirent qu'il en soit fait mention, ils doi- vent rédiger, séance tenante, des Notes sommaires, dont ils donnent lecture à l'Académie avant de les remettre au Bureau. L'impression de ces Notes ne préjudicic en rien aux droits qu'ont ces Membres de lire, dans les séances suivantes, des Notes ou Mé- moires sur l'objet de leur discussion. Article 4. — Planches et tirage à part. Les Comptes rendus n'ont pas de planches. Le tirage à part des articles est aux frais des au- teurs; il n'y a d'exception que pour les Raj^porls et les Instructions demandés par le Gouvernement. Article 5. Tous les six mois, la Commission administrative fait un Rapport sur la situation des Comptes rendus après l'impression de chaque volume. Les Secrétaires sont chargés de l'exécution du pré- sent Règlement. Les Savants étrangers à l'Académie qui désirent faire présenter leurs Mémoires par MM. les Secrétaires perpétuels sont priés de les Hùposer au Secrétariat au plus tard le Samedi qui précède la séance, avant 5^. Autrement la présentation sera remise à la séance suivante. aAN 6 1894 COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE DU LUNDI 18 DECEMBRE 1893, PRÉSIDÉE PAR .M. DE LACAZE-DUTfflERS. M. DE Lacaze-Dutiiiers prononce l'allocution suivante : « Messieurs, » L'on va proclamer les prix et les noms des lauréats mais; avant per- mettez-moi une observation, due peut-être à un peu d'égoïsme. » Toutes les branches des Sciences, mathématiques, physiques, chi- miques, médicales, la Botanique, sont largement représentées dans la série des récompenses : seule la Zoologie n'a pas un prix qui lui soit des- tiné spécialement. )) Combien il serait heureux que cette observation fût entendue de quelque généreux Mécène voulant encourager des travaux qui certes par eux-mêmes sont loin d'être lucratifs et que l'amour seul de la Science in- spire le plus souvent! » Je voudrais aussi vous dire quelques mots d'une question qui me paraît assez sérieuse pour devoir attirer un instant votre attention. » Peut-être jugerez-voiis que ce que je vais avoir l'honneur de vous dire C, K. .S93, 2- Semestre. (T. GWII, N- 25 ) ï I7 ( ^^7^ ) est plutôt de la compétence d'une autre Compagnie; cependant il me parait que l'intérêt de la Science est ici en jeu. C'est presque une protestation que je vais essayer de vous soumettre. » Je veux vous parler de V orthographe. Ne craignez rien, ne vous effrayez pas; je désire, tout autant que aous, être fort concis et le plus court possible : il ne sera question ni des accents, ni des traits d'union, ni des participes, ni des irrégularités sans nombre de notre langue que quelques-uns, fort irrévérencieusement pour le dictionnaire où ils les ont trouvées, ont appelées des chinoiseries de la langue française; je ne veux parler ici que de V orthographe du langage scientifique. » Si l'on y regarde de près, tous les projets de réformes sont basés sur le désir de simplifier notre langue en écrivant les mots comme on les pro- nonce, indépendamment desétymologies. » C'est la lutte entre les plionétistes et les étymologistes, personne ne veut céder. » En relisant ce qui a été écrit sur ce sujet, et l'on sait s'il a été beaucoup écrit, on voit bien vite que les auteurs se sont placés à peu près exclusivement au point de vue purement littéraire; le côté scientifique de la question a été par eux laissé de côté. Il ne faut pas croire que l'on soît plein d'aménité dans la discussion, et surtout toujours exact. Des hommes fort sérieux ont écrit : « L'orthographe est une pure convention )) élaborée par des pédants » ; ou bien : « Les langues sont semblables » à d'antiques forêls où les mots ont poussé comme ils ont voulu ou comme » ils ont pu ». » Tout cela est possible dans la paléontologie des langues, dans le lan- gage de la littérature, mais c'est absolument inexact dans le langage scien- tifique. Les mots ne sont pas nés au hasard, et leur orthographe, toute conventionnelle qu'elle puisse paraître, surchargée de lettres parasites, doit être conservée, dût-on être traité de pédant. )) L'orthographe est soumise à une certaine évolution, et cela parce qu'elle est influencée par les progrès de l'art, de l'industrie, de la science, de la société, et par conséquent de la langue du pays. » Disons-le donc, il s'agit en ce moment de prendre la défense, et cela carrément, de ce pauvre />A, qui a été si malmené sous le prétexte qu'il était un assemblage hétéroclite de lettres n'ayant aucun rapport avec le grec, et de ce malheureux y, fort maltraité aussi, parce qu'il est parasite, dit-on, et ne signifie rien. » Je plaide en grâce pour ces deux coupables condamnés à mort; je ne ( 877 ) réclame pas les circonstances atténuantes, je demande la vie tout entière. » Laissons de côté les subtilités orthographiques, les étymologies que l'on pourrait appeler préhistoriques, ou si l'on aime mieux archéologiques, tellement elles sont anciennes. Il reste dans l'état actuel de la langue litté- raire française une orthographe nécessaire, indispensable, que ferait dis- paraître le phonétisme. )) Par respect pour ce dôme, qui a entendu de si beaux discours où le style élevé et les idées nobles sont versés à pleines mains, je n'oserais prononcer l'une des phrases qu'il serait si facile de faire avec des mots or- thographiés différemment, mais produisantun même son. Comment l'étran- ger pourra-t-il s'en tirer, si dans une même phrase, il entendait quatre répétitions du mot foi? Est-ce la ville, est-ce l'organe, est-ce la croyance, est-ce l'indication d'une répétition que l'on a voulu désigner? Prend-on le vaol maître, voilà trois sens représentés par une seule résonance, ainsi que pour le mot pois. » Dans ces cas et bien d'autres, c'est l'orthographe différente qui fait seule distinguer, fait seule reconnaître, les sens divers d'une même im- pression, d'un même son sur l'oreille. » Mais il faut cependant être conséquent et logique. Si l'on supprime le ph et Vy parce qu'ils ont la même consonance qu'un/et qu'un i, pourquoi cette modification dans un cas et non dans l'autre? )> L'orthographe phonétique entraînerait après elle tous les jeux de mots les plus extravagants, les quiproquos les plus insensés. » On dit : « Cet assemblage encombrant de lettres ph est une purecon- )) vention : on peut, on doit le supprimer ». Maisc'est justement cette con- vention à laquelle il faut s'attacher, parce qu'elle est le flambeau qui nous éclaire. Un exemple entre mille nous fournira la démonstration en mon- trant à la fois l'utilité daph et de l'y. » Aujourd'hui on s'occupe fort du transformisme et cette théorie a con- duit à créer des mots nécessaires, puisqu'ils permettent de s'exprimer clai- rement sans périphrases. » Lorsqu'on recherche quelle a été la fdiation des êtres qui se sont succédés, en variant de forme, et ont dû être, d'après la théorie, les ancêtres les uns des autres, on appelle phylum l'ensemble de cette chaîne de races ancestrales. Le mot grec «p'Av;, qui a servi à former le moK. phylam en chan- geant, c'est une convention, le cp en ph et u en y, a \n\ sens précis, et la convention que je viens de rappeler aide singulièrement à en retrouver l'origine. ( 87« ) » Supprimez \q ph et l'y, comme on le demande, et vous aurez /laim par un/et un i, mot latin signifiant « fil, fil à coudre ». M Ainsi avec le même son, écrit non plus différemment, mais d'une seule manière, nous allons être exposés à confondre : succession d'an- cêtres ou de races, avec fil à coudre. A quelles erreurs accumulées, à quelle confusion le langage scientifique sera-t-il voué avec la nouvelle ortho- graphe sans ph et sans j? » On doit se demander si ceux qui ont proposé la suppression de ces lettres ont bien songé au langage et à l'orthographe scientifiques? ont-ils mesuré l'étendue des embarras dans lesquels ils allaient nous jeter? » Disons-le, il y a une orthographe scientifique qui s'impose impérieu- sement, puisqu'elle permet, par des signes conventionnels, de remonter au sens précis des mots, en aidant à en retrouver l'étvmologie. » Je vous ai promis d'être sobre, et je me contente de vous indiquer le Nomendalor zoohgicus d'Agassiz, gros volume in-4'' de i4oo pages, qui ne renferme que des noms zoologiques avec leur étymologie. Cet Ouvrage date de 1 846, et Dieu sait si, dans les quarante-sept années écoulées depuis lors, on a fait des espèces, des genres, et par conséquent des noms nou- veaux! Or il faut remarquer qu'il ne s'agit dans ce gros volume que de noms d'animaux et de noms de genres ; les espèces n'y sont point com- prises. » La Botanique, la Géologie, la Chimie, en un mot toutes les Sciences, ont leur part dans la création rationnelle des noms; et après cela est-il possible de dire que les mots poussent au hasard, comme les arbres d'une forêt? » On se demande quelle serait l'impression que produirait sur vous, membres de l'Institut, en entrant ici pour une séance solennelle, si vous voyiez, sur une plaque commémorative de la giiérison de la rage, écrit en lettres d'or, le mot « hydrophobie » par un i et uny (idrofobie). Pour ma part, je serais curieux de voir quelle serait la nature de cette impression. » L'un de nos maîtres dans la belle langue française a dit, quelque part, qu'on ne reconnaîtrait plus Racine et Molière si l'on écrivait leurs chefs- d'œuvre phonétiquement, comme on les prononce. Que serait-ce, alors, pour les naturalistes si le Nomendator . soologicus dont je viens de parler était écrit phonétiquement? » On peut certainement porter ce défi, avec la plus absolue confiance ; il est impossible de faire un pas dans les Sciences naturelles sans se heur- ter à la nécessité de connaître les étymologies des mots qu'on rencontre à ( «79) chaque pas, à chaque ligne; car à chaque pas on y trouve l'orthographe étymologique, respectant non seulement le ph et l'y, mais encore le th et le ch, dont le temps ne permet pas de prendre aussi la délense. » La Médecine n'a pas été citée, et cependant combien de noms de ma- ladies viennent du grec! Enfin hi Science fait de tels progrès que le lan- gage usuel est rempli de mots grecs et latins qui reviennent à chaque in- stant : Télégraphe, Téléphone, Microphone, Kilomètre, Microscope, Orchidées, Chrysanthème; ces deux derniers sont bien à la mode. » Il faut d'ailleurs bien le reconnaître, c'est un besoin pour notre esprit de rechercher le sens vrai, le sens primitif d'un mot que nous entendons ou lisons pour la première fois. Il m'est arrivé souvent de voir l'embarras d'une jeune personne cherchant à savoir ce que signifiaient les noms bota- niques qu'elle devait apprendre par pure mémoire, sans autre secours. I^e moi géranium l'avait intriguée particulièrement : en lui montrant le fruit de la plante, rappelant la tète et le long bec de la grue, qui s'appelle en grec gueranos, je vis bientôt le contentement suivre l'explication. » Mais, dira-t-on, tout le monde ne sait pas le grec! » Ne peut-on répondre qu'avec les progrès modernes de l'éducation, dans nos lycées de jeunes filles, où l'on prépare des agrégées, on apprend le grec cl le latin aux futures épouses de nos jeunes garçons? » Il y a encore dans la tendance qui pousse à créer des mots un danger qui ne date pas d'hier, car il est fort ancien. Aujourd'hui, comme autre- fois, on veut, par la construction même du mot, faire connaître les pro- priétés du corps, de l'être qu'on va désigner : Hydrogène, r qui engendre « l'e^-u », Ornithorhynque, « animal à bec d'oiseau ». Mais quelle mesuie garder, où s'arrêter dans le nombre des attributs à faire entrer dans le nouveau nom? » Il y a plus d'un siècle que Linné, ce grand réformateur, imposa des règles toujours vraies et justes, qu'on oublie trop aujourd'hui; il trou\ait que les mots d'une trop grande longueur devenaient nauséabonds, c'est son expression: Nomina generica scscjuipedalia, enunciatu (lijjîcilia vel naiiseosa, fugienda sunt, et Linné avait raison. » Voici un de ces mots; excusez-moi de le prononcer : Monotasiocalleno- monophyllurum . » Que dirait Linné s'il revenait de nos jours et si l'on parvenait, devant lui, à prononcer couramment, connue je vais tenter de le faire, le mot de Chimie moderne que voici. M Vous le savez, on a cherché à colorer artificiellement les fleurs blan- ches. Si donc une partie de l'auditoire est désireuse d'avoir des œillets ( 88o ) verts, il faudra qu'elle aille demander dans un magasin de produits chi- miques, si toutefois elle se rappelle le nom, l'acide diéthyldibenzyldia- midoiriphénylcarbinotrisidfureux, afin de faire un sel de soude dans la solution duquel elle fera tremper la tige de l'œillet blanc, qui deviendra vert. » Est-il besoin de dire que ce mot offre les caractères de ceux dont Linné disait : Enunciatu difficilia, naiiseosa, et qui fugienda suntl » Qui sait si, en dehors des Sciences naturelles, auquel cas je perds toute compétence, on ne ferait pas bien de suivre les principes de Linné en créant des noms nouveaux un peu moins longs? » Il faut conclure : » Pour moi, je le déclare ici, et c'est ici que j'ai voulu le déclarer, je serai réfractaire à la suppression des signes caractérisant une étymologie indispensables à connaître. )) Point de phonétisme dans les Sciences; conservons l'orthographe et les signes conventionnels des étymologies. Laissons donc vivre en paix les ph et les Y, les ch et les th, qui nous rendent les plus grands services, mais laissons aussi faire table rase de toutes ces particularités orthographiques étranges, n'ayant aucune raison d'être et qu'un usage inexplicable a per- pétuées sans savoir trop pourquoi. )) En un mot, conservons une orthographe scientifique raisonnable et utile, en dépit des malédictions qu'on pourra nous adresser; dût-on même nous traiter encore de pédants! » Messieurs, » Depuis notre dernière réunion publique, nous avons fait des perles cruelles. Permettez-moi devons les rappeler et d'adresser un dernier adieu à nos Confrères regrettés. » Parmi nos Associés étrangers, MM. Richard Owen, Kummer et de Can- doUe occupaient dans la Science, à des titres divers, des situations très élevées. Tous étaient arrivés à cette période de la vie où les travaux cessent et où l'homme le plus actif n'a qu'à attendre patiemment la fin d'une vie qui pour nos Associés fut aussi bien remplie que glorieuse. » Ils appartenaient tous au commencement du siècle, ils étaient octo- génaires : Richard Owen était né en i8o4, de Candolle en 1806 et Kum- mer en 1810. » Richard Owen avait été l'une des illustrations de la Zoologie et de l'Anatomie comparée des plus en vue du siècle; ses travaux sont sans nombre. ( ««• ) » Il eut la main heureuse en faisant connaître l'organisation d'une foule de types les plus curieux, parce qu'ils représentaient dans la série animale des formes aberrantes. » Dans sa jeunesse il vint étudier à Paris et put, vers cette époque, pui- ser des principes à l'école si prépondérante de Cuvier, principes dont il ne se départit guère. Aussi, durant toute sa carrière, au Collège de Londres comme au British Muséum en qualité de directeur, multiplia-t-il ses études d'Anatomie comparée et de Paléontologie. Il ne dédaignait pas, dit-on, le litre de « Cuvier anglais » qu'on lui donna. )) On dit même que dans les réceptions officielles il se fit annoncer quelquefois en faisant suivre son nom du titre d'Associé de l'Institut de France. » Il professait pour la science française la plus grande estime et pour les savants de notre pays, on peut dire, la plus vive affection. Il les recevait avec grande cordialité et, conteur charmant, il n'oubliait pas de les inté- resser par des anecdotes anciennes datant de son séjour en France. Il a mêmevoubi laisser une preuve de ses sentiments à notre égard en publiant un livre en français, bvre fort important, sur la théorie du plan d'organi- sation du squelette; c'est un essai d'Anatomie philosophique, inspiré, dit- il, par la discussion célèbre de Geoffroy et de Cuvier, à laquelle il avait pour ainsi dire assisté. » Ses travaux, disais-je, sont sans nombre : il n'est pas de partie du règne animal où il n'ait laissé des traces de ses recherches. Chez les Ver- tébrés comme chez les Invertébrés, on trouverait partout des Mémoires importants à citer, et toujours pour des animaux dont l'organisation semble anormale, et dont la situation ou les rapports sont douteux. Ainsi, en découvrant des mamelles chez cet animal singulier qui a un bec d'oiseau et pond des sortes d'œufs, il montra les rapports intimes de l'Ornitho- rhynque, qui allaite ses petits comme les Mammifères. » C'est lui encore qui nous fit mieux connaître ces oiseaux singuliers, le Drontc ou Dodo, et surtout le Dinornis, qui ont disparu et dont il recon- stitua le squelette. Ce dernier, l'oiseau terrible, si l'on s'en rapporte aux étymologies de son nom, sans doute parce que sa taille égalait celle de la girafe, sans défense, ne pouvant voler et méritant peu sa dénomination, a été anéanti par les premiers navigateurs qui abordèrent les îles où il vivait. » La Souveraine d'Angleterre avait bien compris quel grand honneur apportaient à son pays les beaux travaux de Richard Owen, l'un des anato- ( 882 ) mistes les plus remarquables île notre époque : aussi l'avait-elle (ait Ba- ronnet et avait-elle donné à Sir Richard Owen une grande situation de retraite, honorant ainsi l'homme de science dont l'Angleterre est fière. » Avec Adolphe de Candolle nous retrouvons un nom aimé en France et resté illustre. C'était le digne fds de Pyrame de Candolle, qui avait aussi été notre Associé, et dont les travaux en Botanique ont eu jadis un si grand éclat. » Les de Candolle avaient eux aussi beaucoup travaillé en France. Tous leurs Ouvrages ont été publiés dans notre langue ou en latin. Ils apparte- naient à cette pléiade de savants fortunés de la Suisse, les Pictet, les de la Rive, et de tant d'autres, qui donne un si bel exemple à la jeunesse née dans d'heureuses conditions de fortune, en lui montrant que la culture de l'esprit et des Sciences, si elle n'était un devoir quand on n'a point à se préoccuper des exigences matérielles de la vie, est bien préférable à l'oisiveté, qui tôt ou tard conduit inévitablement à la ruine ou à la démo- ralisation. » M. Adolphe de Candolle a continué le Prodrome du régne végétal commencé par son père; œuvre colossale qui forme une série considé- rable de volumes contenant la description d'un nombre énorme de plantes. » Ses travaux originaux ont surtout eu pour but les études de Géogra- phie botanique, et lui ont fourni l'occasion de rechercher l'origine des plantes cultivées par l'homme. » Ses livres sont des modèles de précision; ils sont toujours consultés avec le plus grand fruit par les savants botanistes. » M. Kiimmer, Secrétaire perpétuel de l'Académie de Berlin, s'occupait de Mathématiques; nia compétence en ces matières ne me jiermet guère d'apprécier ses travaux. Vous l'aviez nommé Associé de notre Compagnie : cela ne fait-il pas juger sa valeur et ses mérites? » Les Confrères que la mort nous a enlevés occupaient une place égale dans notre estime et dans notre affection. » M. Chambrelent était parmi nous depuis peu d'années, et bien peu parmi nous lui donnaient l'âge que sa mort nous a révélé; il avait 76 ans. » Son activité était incessante. Le 3o octobre, il nous faisait connaître les résultats de ses études sur la dernière récolle de la vigne; propriétaire, il jugeait en agriculteur compétent les causes des plaintes qui s'élèvent de tous côtés sur l'avilissement du prix des vins. ( 883 ) » Les voyages pour lui ne comptaient pas ! Tantôt clans les Landes, à Talence près de Bordeaux, tantôt dans la Camargue, il revenait nous ap- porter le résultat de ses essais et surtout ses réclamations. Dans la Ca- margue, c'est l'eau qui lui manque : il réclame incessamment les travaux de la déviation du Rhône pour les irrigations; dans les Landes, c'est l'eau qui fait tout le mal, qui fait périr les arbres, en ponrrissaflt leurs racines; ici il propose de faire des canaux pour drainer le sol, et, comme l'on ne tient pas compte de ses observations, il achète du terrain en lande et, met- tant en pratique ce qu'il conseillait, il arrive à assainir le pays, à lui faire produire ces quantités énormes de bois que vous voyez journellement em- ployer dans les rues pour les pavages. » Je ne puis redire ici tout ce que furent les travaux de M. Chambre- lent : il travaillait encore, pour ainsi dire, au moment de sa mort. Le 3o octobre nous cheminions ensemble au sortir de notre séance, et il m'exposait ses projets nouveaux pour les deux grandes plaines jadis arides et qu'il travailla si bien à rendre fécondes. Si jamais le mot d'Horace fut applicable, c'était certes à Chambrelent, car il était bien le vieillard spe , longiis, a(,'iclusque fiUuri. » Le brave amiral Paris était, lui aussi, octogénaire : la mort nous l'a enlevé à 87 ans. Il était notre doyen d'âge, aussi aimé que respecté. » Vous vous rappelez cette bonne figure épanouie et souriante à tout venant, cet abord franc du marin plein de franchise et sans détour. » Il me souvient que, lors de ma candidature académique, il me reçut fort amicalement et me dit tout de suite : « Je ne vote pas pour vous : ma » voix est promise par testament, n'en parlons plus. "Vous avez voyagé? M venez voir mon album. » Je me soumis, tout candidat évincé que j'étais. Comment ne pas oublier ce refus, en admirant les magnifiques aquarelles et la franche bonhomie de notre cher amiral ? » De même, quand nous avions une élection dans sa Section, il s'avan- çait au milieu de nous; sa part dans la discussion des titres n'était pas longue : « Je ne suis point avocat, disait-il, je ne sais pas faire un discours. » M. Un tel est le plus fort, je vote pour lui. » Et c'était tout. Il se retirait en frappant siu- son bras gauche mutilé comme s'il eût frappé dans ses mains. L'homme et le marin sont là tout entiers dans leur franchise et dans leur droiture. » Il était l'un des derniers survivants, parmi nos officiers généraux de marine, ayant longtemps navigué à la voile. » Il aimait beaucoup à parler de ses voyages autour du monde. Un C. K., iSt,3, 2' Semestre. (T. CXVII, N» 25.) Îl8 ( '^«4 ) voyage autour du monde! c'est aujourd'hui presque une jjartie, un train de plaisir : tout autre était le voyage de V Astrolabe et de la Zélée allant au mi- lieu des dangers de toutes sortes à la découverte des terres du pôle Sud. » L'amiral Paris avait été enseigne à bord de V Astrolabe, sous le com- mandement de Diimont d'Urville; il devait certainement être l'un des der- niers survivants'de cette expédition mémorable. » Il avait vu naître l'application de la vapeur à la navigation et, s'il avait abandonné avec regret les belles manœuvres de la voile, il s'était si bien laissé entraîner par le progrès cpie ses premières publications furent toutes destinées à servir de guide aux marins qui allaient faire leur école avec ces nouveaux moyens de locomotion. L'un des premiers il avait compris tout le parti qu'on pouvait tirer de cette nouvelle force motrice : aussi alla-t-il en Angleterre pour étudier dans un atelier célèbre les procé- dés de la Mécanique navale, et devint-il, disait-on, le premier mécanicien de la flotte. » Il fit la guerre en Crimée, eut plus tard la direction du Dépôt des Cartes marines et y rendit des services pendant la Commune. On a raconté qu'il avait sauvé son ami, son Confrère de Tessan, qui habitait la rue du Mont-Thabor et qui faillit être brûlé lorsque l'on fit flamber Finances. » Très travailleur, toujours actif, il ne prit sa retraite que pour travail- ler, on peut le dire, encore davantage. Cette retraite fut la direction du Musée de Marine, où nous avons pu le voir heureux de compléter les col- lections des modèles des bâtiments modernes et d'évoquer surtout les formes antiques ou anciennes de tous les pays. A l'aide de son très grand art de dessinateur et de son habileté à diriger la gravure ainsi que les constructions, il a fait revivre, comme l'a dit l'un de nos Confrères, la marine des temps passés. » J'exprimerai certainement vos sentiments en disant quels furent nos regrets à la mort de notre brave et loyal amiral, dont la vie toute de tra- vail, de dévouement et d'abnégation restera comme un modèle parfait de ces marins toujours impassibles au milieu des dangers connue dans les chagrins de la vie privée. Vous savez quels furent ses douleurs et son cou- rage en apprenant la mort cruelle de son fils qui marchait déjà sur les traces du bon amiral que nous avons tous aimé. » Le i6 août dernier, notre élonnement et nos regrets furent bien grands quand on annonça la mort si subite et si inattendue de notre Confrère Charcot. » Il était en villégiature, lorsqu'il eut l'imprudence, par l'une do ces ( 885 ) jodrnées de chaleur excessive de l'été dernier, de faire une longue course dans le Morvan. » Pendant la nuit qui suivit cette excursion, les accès de l'affection du cœur dont il souffrait devinrent terribles, et ses élèves et amis, qui l'accom- pagnaient, restèrent impuissants à arrêter les progrès du mal : ils ne purent qu'entourer les derniers moments du maître illustre de leurs soins affectueux et dévoués. )) Charcot était doué d'une sfrande énergie. Lorsnu'il lut devant nous, ce fut pour la dernière fois, son Rapport lumineux pour désigner à nos suffrages le grand chirurgien anglais Lister, on pouvait remarquer que sa voix fléchissait par instants, qu'il faisait des efforts pour dominer l'affection qui déjà le tourmentait, et qui devait l'emporter quelques mois plus tard. Il surmontait la fatigue que lui causait cette lecture avec la même force que s'il eût eu ;i vaincre l'un des nombreux obstacles que lui offrirent ses beaux et difficiles travaux. )j Un jour certainement, un Confrère autorisé vous fera entendre l'éloge de ce grand pathologiste, car un savant qui a produit autant de travaux sur les maladies nerveuses, si difficiles à analyser, qui a joui d'une aussi grande notoriété, est une personnalité qu'on doit étudier et montrer sous toutes ses faces les plus variées, pour arriver à la connaître sous son jour le plus vrai. Le temps n'est pas venu. Qu'il suffise de rappeler qu'il a fait faire des progrès considérables à la Pathologie du système nerveux, dont il étudia l'Anatomie pathologique, souvent en collaboration de notre regretté Secrétaire perpétuel Vulpian. ■» De ses études est née cette Ecole célèbre entre toutes, l'École de la Salpêtrière, qui fait honneur à la France, et qui restera comme le couronne- ment de l'œuvre et le plus beau titre de gloire de Charcot. » Il y a une centaine d'années, une théorie attachante, s'il en fut, prit brusquement possession de la science, on pourrait presque dire de la phi- losophie, surtout de la physiologie du cerveau. Tout le monde connaît le grand bruit que firent les idées de Gall sur la localisation des facultés du cerveau. Gall avait fait la carte topographique de l'encéphale et placé dans telle ou telle circonvolution telle ou telle fonction dont dépendaient les qualités ou les défauts de l'être pensant. Ce cadastre intellectuel était quelque peu fantaisiste : aussi Dieu sait à quelles exagérations, à quelles discussions, on pourrait dire à quelles terreurs il donna lieu. » Gall soutenait que le développement de la fonction était accompagné du développement de l'organe et celui-ci du soulèvement de la partie cor- respondante de la boîte crânienne, dès lors devaient apparaître au toucher. ( 886 ) même à la vue, les fameuses bosses caractéristiques du vol, du crime, de l'amour, de l'orgueil, etc. On raconte qu'à Vienne des hommes haut placés, des diplomates, dans des situations fort en vue et dont le crâne commen- çait à n'être plus suffisamment orné de sa parure naturelle, redoutaient fort, dans les soirées officielles, les regards trop attentifs des phrénolo- gistes, craignant qu'une bosse accusatrice ne vînt déceler quelque penchant secret, connu d'eux, mais non du public. » N'est-il pas curieux de voir qu'après un siècle la théorie de la localisa- lion soit revenue en faveur? Charcot en était l'un des partisans les plus éminents, mais sous une autre forme, bien entendu. » Laissez-moi vous rappeler un entretien que j'ai eu sur ce sujet avec lui. » Il s'agissait d'une expérience bien curieuse, d'un singe insensibilisé par le ehloroforme, somnolent, presque abruti, auquel on avait enlevé pendant ce sommeil de plomb une calotte latérale du crâne, pour mettre le cerveau à nu et permettre d'agir sur lui. » Dans cet état une très légère excitation électrique pouvait réveiller les mouvements, et alors à ce pauvre animal insensible, en apparence hébété par le chloroforme, on disait : « Donnez-moi la main «, et il avan- çait la main; « Tournez la tête », et il tournait la tête; « Remuez les lèvres, déplacez les jambes », et chacun des mouvements demandés était produit sous l'action directe d'un courant électrique léger sur telle ou telle partie latérale du cerveau, siège de la production de l'énergie nécessaire pour déterminer l'acte demandé. » Messieurs, devant telle expérience on reste muet car elle est saisis- sante, presque confondu, et le fameux animal-machine de Descartes revient à la pensée. Oui, mais ce qui revient aussi à la |)ensée, c'est le célèbre vers de La Fontaine : L'impression se fait, mais comment se fait-elle? » On admet aujourd'hui des centres de localisation bien nets, très précis: c'est ainsi que le langage a son siège de production admis, par tous les médecins et physiologistes, ainsi que le centre du mouvement des bras et des jambes. » Gall , s'il revenait, serait peut-être bien heureux de voir sa théorie des localisations reparaître, mais il ne pourrait guère s'en réjouir au point de vue de la cranioscopie, car rien n'indique à l'extérieur la bosse du centre producteur du mouvement; bien au contraire, comme vous allez le voir. » Il est certainement ici des personnes qui se sont apitoyées sur le sort de ce pauvre singe; cependant, quelque cruelle que puisse paraître l'expé- ( 887 ) rience à laquelle il a servi, on peut dire qu'elle a son côté utile et même humain. » Tout le monde connaît ce mal terrible, l'épilepsie, qui se traduit par d'horribles convulsions. » Un médecin hardi, confiant dans les expériences des physiologistes, ne pouvait-d se demander si cette convulsion du bras ou de toute autre partie n'est pas causée par la pression légère d'une excroissance osseuse ou de toute autre chose développée ou gonflée, imitant par son action cette faible excitation électrique dont il vient d'être parle? S'il en était ainsi, à l'aide d'une couronne de trépan, ne pourrait-on faire disparaître la cause de la maladie en enlevant la partie du crâne pressant sur le cerveau, jus- tement en face de l'un de ces points où s'est localisé ce quelque chose qui détermine la convulsion de la bouche, du bras ou de la tête? Cette opéra- tion ne pourrait-elle pas conduire à la guérison de certaines formes de l'épilepsie? » Il y a eu des cas où de telles oj)érations ont été suivies de succès; et tout dernièrement encore, dans une autre enceinte, on a présenté une jeune enfant, qui, ayant reçu un coup de feu dans la tète, eut une para- lysie du bras droit et quelques accès d'épilepsie. La trépanation faite en face de ce point où est localisée la cause du mouvement du bras, en permet- tant la sortie des matières dues à la blessure, avait fait disparaître tous les accidents. M Dès lors l'expérience, qui paraissait barbare, ne fournit-elle pas un ar- gument bien fort en faveur des études de Physiologie comparée, et surtout une réponse victorieuse à ceux qui, avec une sensiblerie mal placée, veu- lent s'opposer aux vivisections, sous le vain prétexte de la protection des animaux? » Je ne puis cesser de vous parler de Charcot sans vous répéter encore qu'une telle personnalité devra être étudiée plus complètement et sous tous ses points de vue. Pour le moment, contentons-nous de saluer de nos vifs regrets la disparition prématurée d'un Confrère dont on a pu dire à l'étranger : « La France a perdu un grand médecin ». » Messieurs, » Si nous avons fait des pertes aussi grandes et aussi douloureuses, féli- citons-nous des recrues que nous ont amenées les élections : » Parmi nos Associés, c'est Lister, le grand chirurgien anglais dont la célébrité est à nulle autre pareille : son pansement antiseptique a sauvé tant de malheureux opérés, a encouragé tant de chirurgiens habiles à en- ( 888 ) treprendre des opérations réputées naguère les plus redoutables, même impossibles, que ceux qu'une grave affection chirurgicale menace doi- vent bénir et invoquer son nom ! » Nordenskiuld, dont l'audace à rechercher les mers polaires a soulevé l'admiration des marins et de tout le monde savant. )i Nos Confrères élus dans l'année se trouvant au milieu de nous, il serait difficile, leur modestie s'effaroucherait, de faire leur éloge : qu'il me soit permis de leur exprimer notre affectueuse sympathie et de leur dire com- bien ils ont été les bienvenus parmi nous! » De nos travaux, je n'en dirai rien non plus. Ils sont trop nombreux, et vous ne me pardonneriez même pas de vous en donner l'énumération; toutefois il est impossible de ne pas rappeler ici, dans cette séance pu- blique, combien ont eu de retentissement les belles expériences qui vous ont été communiquées sur la production artificielle du diamant, produc- tion qui, dès aujourd'hui, avec la découverte du fluor, reste indissoluble- ment liée au nom de notre jeune, sympathique et déjà illustre Confrère, M. H. Moissan. » La parole est à M. Bertrand, pour faire connaître les prix décernés par l'Académie. PRIX DÉCERNÉS. ANNÉE 1893. GEOMETRIE. PRIX FRANCOEUR. (Commissaires : MM. Hermite, Bertrand, Poincaré, Picard; Darboux, rapporteur.) A l'unanimité la Commission décerne le prix Francœur à M. G. iloBi.v, Docteur es Sciences, Correcteur de première classe à l'Imprimerie natio- nale, pour l'ensemble de ses travaux sur la Physique mathématique. (889) PRIX PONCELET. (Commissaires : MM. Poincaré, Hermite, Picard, Bertrand; M. Darboux, rapporteur.) A l'unanimité, la Commission du prix Poncelet pour l'année iSgS dé- cerne le prix Poncelet à M. G. KiEvifis, pour l'ensemble de ses travaux en Géométrie et en Mécanique. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS. (Commissaires : MM. de Bussy, de Jonquières, Lévy, Sarrau ; Bouquet de la Grye, rapporteur.) l^e Ministère des Travaux publics, à l'occasion de l'Exposition de Chi- cago où il avait envoyé plusieurs modèles de phares, a fait paraître une brochure dans laquelle sont indiqués les divers perfectionnements ap- portés récennnent à ces appareils. Si la France, grâce aux travaux de Fresnel, a doté la marine d'un sys- tème de feux qui depuis soixante-dix ans est imité dans tous les pays, les améliorations qui pouvaient y être apportées ne semblaient pas de- voir être essentielles, et effectivement l'introduction de la lumière élec- trique n'avait rien changé aux règles générales fixées par notre savant académicien, la puissance des intensités avait été augmentée sans que l'on songeât à changer la forme générale des appareils. La constatation d'un phénomène physiologique étudié par plusieurs physiciens, entre autres Helmholtz et Charj)entier, en montrant que la sen- sation de l'intensité lumineuse ne variait pas lorsque la durée diminuait jusqu'à n'être égale qu'à un dixième de seconde, a engagé l'ingénieur en chef du service des phares, M. Bourdelles, à proposer à son administra- tion et à réaliser un système d'éclairage permettant d'obtenir avec une (890 ) niônie lumière des éclats incomparablement plus intenses, tout en dimi- nuant le poids ainsi que le prix de l'appareil lenticulaire. Si nous prenons un appareil ancien de premier ordre, offrant des éclats de minute en minute (comme ceux de Cordouan ou de Belle-Ile qui ont une intensité de 6199 carcels), nous voyons que son système dioptrique se compose de huit panneaux lenticulaires. I,a rotation de l'appareil, qui pèse plusieurs tonnes, se fait en huit minutes et la durée de l'éclat, qui dé- pend du diamètre et de la mèche, neuf secondes. Si l'on pouvait diminuer de moitié le nombre des panneaux en doublant la vitesse de rotation, les éclats auraient encore lieu toutes les minutes, mais leur intensité serait doublée; si la rotation pouvait se faire en deux mi- nutes ou en une minute en modifiant en conséquence le système optique et en employant des lentilles et des réflecteurs, la puissance du feu serait quadruplée ou multipliée par huit et l'on aurait encore des durées d'éclat incomparablement trop grands. Malheureusement on ne peut faire tourner rapidement sur des galets un lourd appareil et, d'autre part, les marins trouvent que des éclats qui n'ar- rivent que toutes les minutes sont bien espacés pour prendre des relè- vements. On a été ainsi amené, aussi bien pour éviter cet inconvénient que pour diversifier les feux, à augmenter le nombre des panneaux et à les porter à seize et même à vingt-quatre, pour avoir des éclats de vingt en vingt secondes. La puissance optique est alors diminuée dans le même rapj)ort. M. Bourdelles a résolu le problème de la rapidité de la rotation en pla- çant son appareil sur un bain de mercure, solution analogue à celle qui a été adoptée pour la coupole de l'équatorial de Nice, et cette rotation a pu se faire en vingt secondes au lieu de huit minutes. D'autre part, en prenant un système optique composé de deux zones lenticulaires, ou même d'une seule zone avec un réflecteur embrassant un angle de 180", il a pu former un faisceau utilisant les deux tiers de l'in- tensité de la flamme au lieu de un dixième. Les essais ont été étudiés par plusieurs Commissions et l'on a vérifié que la durée de l'éclat pouvait descendre sans inconvénient jusqu'à un quarantième de seconde sans que la sensation soit diminuée. Les nouveaux feux permettent mieux que les anciens de prendre des relèvements à la mer. L'emploi de la lumière électrique a été aussi réalisé dans les nouveaux appareils et la Commission des phares, à la suite des expériences, a ap- ( 891 ) prouvé la construction de neuf feux, dont quatre sont déjà en activité. On est arrivé à faire dépasser à l'éclat de beaucoup sa portée géogra- phique et à lui faire atteindre une puissance égale à quarante millions de bougies, chiffre vingt fois plus grand que celui obtenu antérieurement. M. Bourdelles a apporté d'autres améliorations au service de l'éclairage et du balisage des côtes de France : il a réalisé l'emploi des feux perma- menls pour les tours balises et contribué à la construction des feux flot- tants et des bouées lumineuses; mais ces améliorations disparaissent devant l'importance de la rénovation des appareils de nos phares, et c'est en con- sidération des services que le nouvel éclairage rend à la Marine que la Commission accorde à M. Bourdelles un prix prélevé sur la somme donnée par ce département. Rapport de la Commission sur V <( Indicateur et contrôleur de la roule au compas par repères lumineux », présenté par M. Lephay, lieutenant de vaisseau. ^ (Commissaires : JMM. de Bussy, Bouquet de la Grye, Lévy, Sarrau; de Jonquières, rapporteur.) Les navires à hélice ont une tendance à venir d'un bord, quand la mer est calme, sans brise, ni courants, avec la barre droite. Les forces exté- rieures peuvent contrarier cette tendance, ou l'aggraver. De là la néces- sité d'une attention très soutenue et d'un contrôle incessant, qui sont très difficiles à obtenir, surtout pendant la nuit, pendant plusieurs heures de suite, l'une de la part de l'homme de barre, l'autre de celle de l'officier marinier qui le surveille, ou de l'officier dont la vigilance doit surtout se porter au dehors et dont il importe, par suite, que la vue se conserve aussi nette et perçante que possible, au lieu de venir fréquemment s'éblouir par de trop fréquentes alternatives de la lumière des roses et de l'obscurité du dehors. La fixité de la route, très importante (cela se conçoit) pour des navires qui naviguent en escadre, ne l'est pas moins, à d'autres égards, pour ceux qui naviguent isolément, ou pour celui sur lequel se règle la route de l'escadre, aujourd'hui que la vitesse est double, ou même triple de ce qu'elle était communément jadis. Ainsi un paquebot filant i5 nœuds a, au bout de douze heures de nuit, un écart latéral de plus de 3 milles, pour chaque degré de déviation de la route. L'approximation dont on pouvait C. R., 1893, 2" Semestre. (T. CXVII, N" 25.) I ^9 ( 8Ç)2 ) se contenter avec des navires moins rapides et moins coûteux n'est plus acceptable aujourd'iiui. Les boussoles, perfectionnées par Lord Kelvin, permettent de faire mieux, à condition qu'on suive exactement leurs si précieuses indications. Il importe donc d'améliorer le mode de gouverne- ment du navire pendant la nuit : tel est le but que s'est proposé M. Le PHAY, et qu'il a atteint à l'aide d'un dispositif simple et des plus ingé- nieux. Voici sommairement en quoi il consiste. Deux petits miroirs, l'un solidaire de la glace supérieure de la cuvette du compas, l'autre simplement posé sur la rose, reçoivent simultanément un pinceau de lumière émané d'une fente placée dans le tourillon avanl, lequel est creux. Les deux images réfléchies de cette fente viennent se peindre à l'inté- rieur de la cuvette. Si elles coïncident, le navire est en route. Mais que celui-ci vienne à faire une embardée, aussitôt l'image réfléchie par le miroir mobile s'é carte, d'une quantité angulaire double, de l'image fournie par le miroir fixe. Les deux traits lumineux sont visibles de très loin. Comme, avec cet appareil, l'éclairage ordinaire du compas est supprimé, l'ofticier et l'homme de barre n'ont plus les yeux éblouis par la vue (continue pour ce dernier) d'un disque lumineux, et, comme les écarts entre les index sont doubles des écarts réels, l'attention de l'homme de barre et de ses surveillants est constamment en éveil, et la manœuvre du gouvernail se fait, en temps utile, avec moins d'à-coups, nuisibles à la vitesse du navire autant qu'à la rectitude delà route. Le compas à index lumineux de M. Lephay a été expérimenté à bord de quelque:-,-uns de nos cuirassés, et y a réalisé pratiquement toutes les espé- rances qu'il faisait concevoir théoriquement. Il n'est ni trop délicat pour ceux qui sont appelés à s'en servir, ni au-dessus de leur intelligence. Son emploi supprime les causes d'erreur dues aux changements des hommes de barre, qui parfois se transmettent mal le cap à suivre, ou celles qui peuvent résulter d'une modification de courte durée, de io°à 12°, dans la route, nécessitée par quelque circonstance extérieure inopinée, que l'of- ficier peut ordonner et effectuer directement, sans y faire intervenir au cune indication relative à la boussole. Enfin il a été reconnu que l'offi- cier de quart peut contrôler la route à distance, sans interrompre la sur- veillance qu'il exerce à l'extérieur. Bref, tous les desiderata sont obtenus. ( 893 ) Ces conclusiuns favorables, émises sur un appareil d'un usage si impor- tant pour la marine, et dont la conception dérive de principes scientifiques judicieusement appliqués, portent la Commission à décerner à M. le lieu- tenant de vaisseau Lephay un prix de douze cents francs prélevé sur les six mille francs que le Département de la Marine met à la disposition de l'Académie des Sciences. La même Commission décerne un prix de deux mille quatre cents francs, prélevé sur le même fonds, à M. le capitaine de frégate de Fraysseix, pour son système de pointage optique. PRIX MONTYON (MÉGANIQUE.) (Commissaires : MM. Lévy, Sarrau, Resal, Deprez; Boussinesq, rapporteur. ) La publication, il y aura bientôt deux ans, du Volume consacré à V Hy- draulique dans V Encyclopédie des Travaux publics fondée par M. l'Inspecteur général des Ponts et Chaussées Lechalas, ne pouvait manquer d'appeler notre attention sur son auteur, M. l'Inspecteur général Flamant, tant l'es- prit éminemment pratique ou concret, non moins que scientifique, de ce Volume, frappa aussitôt leshydrauliciens. L'Académie connaissait et appréciait depuis bien des années déjà, en M. Flamant, le zélé collaborateur de M. de Saint-Venant. En effet, le vé- néré et infatigable ancien Doyen de votre Section de Mécanique, ayant re- marqué en 1872, dans les Annales des Ponts et Chaussées, une analyse brève mais extrêmement lucide des travaux de Macquorn-Rankine sur l'équilibre limite des terres sans cohésion, voulut en connaître Tauleur, qui n'était autre que M. Flamant, et lui proposa peu après, pour un certain nombre de travaux dont le projet le préoccupait, cette association, quia été si utile au maître, en lui permettant de les accomplir, et si fructueuse pour le dis- ciple, par son initiation aux vues d'une pensée éminente «t par le fortifiant exemple quotidien d'une activité intellectuelle sans relâche en plein âge du repos. MM. de Saint-Venant et Flamant ont ainsi publié, successivement, une traduction, annotée, du Mémoire de Kankine sur la stabilité de la terre sans cohésion, deux Mémoires sur les vitesses que prennent, dans l'inté- rieur d'un vase, les divers éléments d'un liquide pendant son écoulement par un orifice inférieur, un Mémoire sur la détermination et la représen- tation graphique du choc longitudinal d'une tige ou barre prismatique. ( «94 ) enfin et surtout, la traduction, annotée, de la Théorie de l'élasticité des so- lides, de Clebsch, œuvre considérable, d'une grande richesse d'idées et de iaits sur la résistance tant statique que dynamique des solides, véritable raine de problèmes et de solutions dues en majeure partie aux traducteurs et annotateurs. Cette collaboration s'est même, en quelque sorte, continuée après la mort de M. de Saint-Venant, par la publication posthume d'un Mémoire remar- quable de celui-ci Sur les théorèmes de la Mécanique générale, d'un autre Mé- moire Sur les diverses manières de poser les équations du mouvement varié des eaux courantes, d'une traduction de la Théorie des vagues (de Franz von Gerstner), de Recherches multiples sur les ondes, coinplétées en bien des endroits par M. Flamant seul, enfin des Courbes représentatives du choc lon- gitudinal et du choc transversal d'une barre prismatique, dont M. Flamant a fourni seul le texte. M. Flamant a publié, en outre, un certain nombre d'études personnelles intéressantes sur divers sujets de Mécanique appliquée, notamment un Mé- moire De r influence des courbes et de la section transversale des canaux sur la vitesse de marche des bateaux; divers Mémoires et des Tables numériques sur la poussée des terres; une étude expérimentale Sur la résistance, à l'écrasement, des pierres partiellement chargées; deux importants Mémoires concernant, l'un, les débits des tuyaux de conduite et les meilleures for- mules propres à représenter ceux qu'ont observés les divers expérimen- tateurs, l'autre, {'Influence , sur la flexion des poutres, de la position super- ficielle de la charge; etc. ; enfin, dans V Encyclopédie des Travaux publics, de M. Lechalas, les deux volumes relatifs à la Mécanique générale et à la Résistance des matériaux, et celui à' Hydraulique AoniV es,^ri\. pratique, non moins que l'utilité, ont été si remarqués des ingénieurs. Votre Commission, heureuse de constater le mérite de ces nombreux travaux, les services qu'ils ont rendus et sont destinés à rendre à la Méca- nique appliquée et à sa diffusion, se souvenant aussi, avec reconnaissance, de la collaboration dévouée de leur modeste auteur aux Mémoires, surtout posthumes, de M. de Saint-Venant, juge, à l'unanimité, devoir le récom- penser et l'encourager à poursuivre son œuvre utile : elle décerne, en con- séquence, le prix Montyon de Mécanique à M. Flamant. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. ( «9^ ) PRIX PLUMEY. (Commissaires : MM. de Bussy, Resal, Sarrau, Léaulé; Maurice Lévy, rapporteur. ) Rapport sur les travaux de M. Lebasleur. Lorsqu'en 1873, M. Lebasteur, Ingénieur des constructions navales, obtenait de M. le Ministre de la Marine un congé pour entrer au service de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée, les cahiers des charges afférents aux fournitures du matériel de la Compagnie étaient très sommaires. On se bornait, ou peu s'en faut, à stipuler que les matières employées devraient être « de première qualité ». M. Lebasteur fut chargé d'établir des cahiers des charges descriptifs fondés sur les divers éléments qui contribuent à la résistance des matières premières employées. Mais il ne suffisait pas de poser des principes et des conditions de résis- tance sur le papier. Il fallait créer des moyens matériels de vérifier qu'ils étaient remplis. Dans ce but, M. Lebasteur a créé, pour la Compagnie, le premier grand atelier d'essais des métaux qui ait été fait en France, le seul, avec celui de l'administration des Ponts et Chaussées, qui y existe encore aujourd'hui et l'un des premiers qui aient été fondés. Il renferme un grand nombre d'appareils remarquables, parmi lesquels nous citerons notamment le Dynamomètre hydraulique, qui permet de mesurer avec précision des efforts considérables, allant jusqu'à iooooo''Sau besoin. Cet appareil, qui a été depuis adopté par la Marine nationale et dont il existe un grand nombre de reproductions, est peut-être celui qui permet de mesurer avec le plus de commodité les efforts de cette importance. La grande Commission des méthodes d'essais récemment instituée près le Ministère des Travaux publics, a été d'avis qu'il convenait d'en recommander l'emploi pour la vérification des machines à essayer les métaux. M. Lebasleur s'est rendu particulièrement utile dans cette Commission. Il lui a présenté un rapport sur l'élasticité en général; un autre sur l'essai des rivets, dont les garanties de solidité et de durée préoccupent tant les constructeurs depuis qu'on a reconnu que c'est à leurs défauts qu'on doit bien souvent les accidents qui arrivent aux ouvrages d'art. (' 8()6 ^ En collaboration avec M. Arnould, M. Lebasteur a encore adressé à la Commission un rapport sur les machines à essayer les métaux. Une Note sur l'atelier des essais de la Compagnie Paris-Lyon-Médi- terranée a été insérée par lui aux Annales des Ponts et Chaussées en no- vembre 1892. Enfin, à l'Exposition de 1878, il avait été chargé par le jury international du rapport sur les produits de l'exploitation des mines et la Métallurgie. Nous nous sommes occupés jusqu'ici des travaux de M. Lebasteur au point de vue de leur influence sur l'art des constructions métalliques en général; mais ils ont exercé aussi une influence marquée sur les progrès de la marine. Ses méthodes, en effet, s'appliquent à l'essai des chaînes, des câbles, des cordes, des tours, de blindage, à l'essai des matériaux employés dans les machines marines aussi bien que dans les ma<;hines locomotives. Son dynamomètre d'ailleurs, comme nous l'avons dit, a été adopté par la Marine nationale. Par tous ces motifs, votre Commission lui décerne le prix Plumey. PRIX FOURNEYRON. (Commissaires : MM. Eévy, Sarrau, Resal, Boussinesq; Léauté, rapporteur.) L'Académie avait donné comme sujet de ce prix : Étude historique, théorique et pratique sur la rupture des volants. Un seul Mémoire a été soumis à l'examen de la Commission et il est loin de répondre d'une façon complète k la question posée. Le problème de la rupture des volants, l'un des plus importants qui se rencontrent dans la Mécanique pratique, est en même temps l'un des plus difficiles à traiter par l'analyse; le travail de M. Brousset ne contient même pas un essai de théorie. Cependant ce travail, qui n'est pas sans valeur, a fixé dans une certaine mesure l'attention de la Commission. M. Brousset, qui a déjà obtenu en r8gi l'un des prix Montyon de l'Aca- démie des Sciences pour une ingénieuse lampe à souder, est un ouvrier, mais un ouvrier intelligent et très au courant des choses de la pratique; ne pouvant aborder le problème par la théorie, il s'est placé uniquement au point de vue des applications et a remplacé l'étude que demandait ( «97 ) l'Académie sur les rui)tures de volant par l'indication d'un procédé qui permet dans certains cas de les éviter. Ce procédé consiste à rendre le volant fou sur l'arbre et à caler sur cet arbre un plateau appliqué contre le volant et rendu solidaire avec lui par un certain nombre de chevilles de bois. On conçoit le fonctionnement d'un pareil assemblaj^e; si, pour une cause quelconque, le travail résistant dépasse une certaine valeur maxima fixée a priori, l'effort qui en résulte entre le plateau et le volant produit la rupture des chevilles et le volant devient fou sur l'arbre. On a ainsi un moyen, par la section des chevilles et par leur nombre, de maintenir dans les limites que l'on veut les efforts qui s'exercent entre l'arbre et le volant. Le procédé de M. Brousset a été appliqué dans l'industrie et a donné de bons résultats; il est simple, peu coûteux, facilement applicable et susceptible, dans quelques cas, de rendre d'utiles services; aussi la Com- mission, bien que le Mémoire de M. Bîîousset soit très loin de répondre au programme qu'elle avait tracé, propose-t-elle à l'Académie de donner à cet inventeur un encouragement. ASTRONOMIE. PRIX LALANDE. (Commissaires : MM. Lœwy, Faye, Wolf, Janssen; Tisserand, rapporteur.) M. ScHULHOF est connu depuis longtemps par ses belles recherches sur les comètes, et personne ne nous contredira si nous disons que, dans cette branche de 1 Astronomie, il s'est placé à l'un des premiers rangs. Dans la seule année 1892 il a reconnu la périodicité de deux comètes quelques jours après leur découverte, et c'est grâce à ses calculs que l'on a pu retrouver sans peine la comète Firday à sa seconde apparition, cette année même. Il convient d'entrer dans quelques détails sur ces trois sujets. 1° I.a comète 1892 Va été découverte par M. Barnard sur un cliché pho- ( 898 ) tographique obtenu après une pose de quatre heures; c'est la première dé- couverte faite de cette façou. La comète avait si peu d'éclat qu'elle aurait pu échapper aux recherches visuelles. On sait d'ailleurs que les comètes à courte période sont généralement très faibles : il est donc important d'at- tirer promptement l'attentiou des astronomes sur le caractère elliptique de leur orbite, pour les engager à poursuivre les observations jusqu'à l'ex- trême limite de visibilité. Or un intervalle de cinq jours d'observations a suffi à M. Schulhof pour prouver l'impossibilité d'une orbite parabolique, et, à l'aide d'observations n'embrassant que neuf jours, il a pu fixer la pé- riode de 6^"% 3, se trompant de moins de deux mois sur la durée de cette période. M. Schulhof a signalé en même temps le fait important que la nouvelle comète a une liaison intime avec la comète périodique de Wolf, de sorte que les deux astres doivent être des fragments d'une ancienne co- mète, dont la division remonterait au moins à 1840. C'est un cas nouveau à rapprocher des phénomènes de division constatés dans la comète de Biéla, dans la grande comète de 1882, et dans la comète Brooks de 1889. 2° La comète Holmes a surpris les astronomes par les variations subites de son éclat. A l'aide d'observations n'embrassant que six jours, M. Schul- hof a mis en évidence la périodicité (période de 6""% 9), et une excentri- cité très faible pour une comète. L'orbite ressemble en effet à celles de plusieurs petites planètes, et c'est une nouvelle surprise pour les astro- nomes. On aurait dû la voir dans ses apparitions précédentes; c'est sans doute aux variations d'éclat dont elle nous a fourni un exemple frappant qu'on doit de ne pas l'avoir aperçue antérieurement. 3° La comète périodique découverte par Finlay en 1886 présentait un in- térêt de premier ordre. M. Schulhof pensait en effet qu'elle pouvait être identique à la célèbre comète de Lexell. Aussi a-t-il calculé avec beaucoup de soin l'époque de son retour en 1893; il a obtenu une justification écla- tante de ses calculs, car il ne s'était trompé que de douze heures sur la du- rée de la révolution. De nouvelles recherches sont encore nécessaires pour décider si cette comète est bien identique à celle de Lexell. Prenant en considération l'importance des travaux de M. Schclhof, la (Commission lui décerne le prix Lalaiido. ( 899 ) PRIX VALZ. (Commissaires : MM. Lœwy, Faye, Wolf, Janssen ; Tisserand, rapporteur). M. Berberich est l'auteur de travaux estimés. On lui doit en particulier un essai intéressant sur la détermination de la masse totale et du nombre des petites planètes comprises entre Mars et Jupiter, et une étude curieuse des variations d'éclat de la comète d'Encke dans ses diverses apparitions. Mais M. Berberich est en outre un calculateur très habile et réellement infatigable. Il a commencé par des orbites d'étoiles doubles et continué par des calculs sur les comètes. On peut dire que, dans ces dix dernières années, il a calculé les orbites de plus de la moitié des comètes apparues dans cet intervalle. Son nom reste attaché aux calculs concernant quatre comètes périodiques. Les calculs que M. Berberich a consacrés aux astéroïdes ont cependant attiré encore davantage l'attention de la Commission. C'est que les décou- vertes se sont multipliées dans une singulière proportion depuis l'applica- tion de la Photographie. M. Berberich a fait, à lui seul, durant ces trois dernières années, une grande partie des calculs qui permettront de retrou- ver ces petits astres dans les apparitions suivantes. Quelques-uns d'entre eux promettent d'être très intéressants ; il y en a un notamment, découvert cette année à l'observatoire de Nice par M. Gharlois, et qui, à un moment donné, pourra se rapprocher beaucoup de Jupiter, plus qu'aucun des pré- cédents; de sorte que l'étude de son mouvement conduira à une détermi- nation très précise de la masse de Jupiter. La Commission décerne le prix Valz à M. Berberich. PRIX JANSSEN. (Commissaires : MM. Faye, Wolf, Tisserand, Lœwy; Janssen, rapporteur.) M. Langley (Samuel), astronome physicien, ancien directeur de l'obser- vatoire d'Alleghany et secrétaire de la Smithsonianinstitution à Washington, C. K., 1893, 2- Semestre. (T. CXVII, N» 25.) J 20 ( 900 ) est un des savants les plus éminents de l'époque actuelle et celui qui a fait faire à la Physique solaire les plus importants progrès. La Science lui doit les plus belles études sur la constitution de la sur- face solaire et la distribution de la chaleur et de la lumière à la surface du disque, ce qui le conduisit à fixer la nature du pouvoir absorbant de l'at- mosphère solaire. Il détermina ensuite le pouvoir émissif pour la lumière des noyaux des taches, qu'il reconnut être plus de cinq mille fois plus grand que celui de la Lune. M. Langley s'est aussi occupé de la température du Soleil, et sa détermination, tout en assignant à cette température une valeur très élevée, supérieure à celle de la fusion du platine, supérieure même à celle assignée par M. Violle, reste cependant dans les limites admissibles par des physiciens et ne se chiffre pas par des centaines de mille degrés, comme l'avait imaginé le P. Secchi. Mais le travail le plus important et le plus remarquable de M. Langley est celui qui se rapporte à la distribution de la chaleur dans le spectre normal du Soleil et à l'influence exercée sur cette distribution par les at- mosphères solaire et terrestre. Ces belles études, exécutées sur une très haute station et à l'aide d'un instrument d'une sensibilité extrême inventé par l'auteur, ont conduit l'auteur à classer notre Soleil, au point de vue de sa couleur et de sa tem- pérature, dans l'ensemble des étoiles et ont fait époque dans la science. Depuis, M. Langley s'occupe d'importantes études sur la résistance opposée par les gaz, et l'air en particulier, aux corps en mouvement, études faites en vue des progrès de l'aviation. L'ensemble de ces longues et belles études a valu à M. Langlev une grande et légitime réputation dans le monde savant. Il est Correspondant de notre Académie depuis 1888. Il était désigné à nos suffrages pour le prix d'Astronomie physique. ( 901 ) PHYSIQUE. PRIX LA GAZE (PHYSIQUE). (Commissaires : la Section de l'hysique et MM. Bertrand, Sarrau; Cailletet, rapporteur.) Le prix La Gaze (Physique), que l'Académie décerne tous les deux ans, est attribué cette année, par votre Commission, à M. E.-H. Am.vgat. Les nombreux et intéressants travaux publiés par M. Amagat sont re- latifs, pour la plupart, à l'étude des propriétés des gaz et des liquides soumis à de hautes pressions. Une grande partie de ces travaux ont été exécutés loin de Paris et, par conséquent, loin des ressources de toute na- ture que les savants trouvent dans un grand centre intellectuel scienti- fique. Malgré ces difficultés, M. Amagat, en créant de nouveaux appareils, ou en adaptant aux exigences de ses recherches des appareils déjà connus, put aborder de nombreuses questions d'un réel intérêt, dont il a successi- vement présenté les résultats à l'Académie. Le pi-emier travail de M. Amagat, relatif à l'influence de la température sur les écarts de la loi de Mariotte, date de 1869; puis il entreprit l'étude de la compressibilité de l'air sous de fiiibles pressions. Plus tard, pour arriver à mesurer les hautes pressions auxquelles il sou- mettait les gaz et les liquides, M. Amagat dut recourir à des manomètres spéciaux; il fit construire à Lyon et dans un puits de mine à Saint-Etienne un manomètre à air libre, analogue à celui qui avait déjà servi pour des recherches sur les gaz, exécutées à Chàtillon-sur-Seine, et antérieurement soumises au jugement de l'Académie par l'un de nos confrères. Jusque-là les expériences de M. Amagat n'avaient pu dépasser 4oo^"°; pour opérer à des pressions plus élevées, il dut modifier un manomètre inventé par M. Gally-Cazalat et fondé sur le principe de la presse hydrau- lique, ce qui permet de ramener la mesure de pressions très élevées à celles de pressions directement mesurables par les procédés habituels. Déjà notre confrère M. Marcel Deprez avait indiqué comment, dans des appa- ( 902 ) reils ;ma]ogues, on jieut supprimer la membrane, cuir embouti ou autre, et la remplacer par une couche d'eau très mince. Pour perfectionner ces appareils, M. Amagat employa, au lieu de l'eau, qui est trop fluide, de l'huile de ricin et de la mélasse. Grâce à cet artifice, il put comprimer des gaz et des liquides à des pressions voisines de 3ooo^"". Quant à la mesure des volumes occupés par les gaz ou les liquides ainsi comprimés, mesures rendues difficiles dans les conditions de l'expérience, M. Amagat les obtint soit par la méthode des contacts électriques, déjà utilisée par M. Tait, soit par la lecture directe faite à travers des cylindres de verre ou de quartz, dont s'était servi M. le D'Regnard dans ses remar- quables recherches physiologiques. M. Amagata étudié ainsi l'air, l'oxygène, l'hydrogène, l'azote, l'acide carbonique et l'éthylène; il a appliqué la même méthode à la mesure de la dilatation et de l'élasticité de douze liquides, et, en particulier, de l'eau, des divers alcools, deséthers, du sulfure de car- bone, du chlorure de phosphore, etc. C'est aussi par les mêmes procédés que M. Amagat a constaté et mesuré la variation que subit le maximum de densité de l'eau sous des pressions très élevées ].es nombres ainsi obtenus ont été réunis dans 70 Tableaux, qui consti- tuent des documents importants pour les études théoriques. L'intérêt de ce genre de recherches est en effet considérable. Après les travaux d'Arago, de Pouillet, de Regnault, il y avait entre les gaz et les liquides une différence qui semblait essentielle, et ce sont les mémorables travaux d'Andrews qui nous ont permis de comprendre com- ment la matière peut passer d'une manière continue de l'état gazeux à l'état liquide. Si donc il nous était donné de pénétrer dans la nature intime de ces fluides, l'influence de la pression et de la température devrait être repré- sentée par une loi unique, embrassant les deux états. La recherche de cette loi, objet des travaux de Clausius, de Van der Waals, de Sarrau, est loin d'être terminée. L'importance de ces études est donc incontestable; elles doivent con- duire à l'établissement de la théorie des gaz, que l'on ne pourra fonder qu'en s'appuyant sur des recherches analogues à celles que l'Académie récompense aujourd'hui eu attribuant à M. Amagat le prix La Gaze. ( 9"3 ) STATISTIQUE. PRIX MONTYON (STATISTIQUE). (Commissaires : MM. Bertrand, le général Favé, Hatonde la Goupillière; vice-amiral de Jonquières et le baron Larrey, rapporteurs.) La Commission du prix Montyon (Statistique) a dû, avec regret, écar- ter tout d'abord du concours, malgré sa valeur réelle, un travail important, examiné par M. Haton de la Goupillière, mais ne pouvant, par sa nature, entrer dans les conditions posées par la fondation elle-même. Un seul Mémoire, examiné par M. le vice-amiral de Jonquières et adressé à l'Académie par M. le D"^ Mauricet, de Vannes, Sur les poids et me- sures de Bretagne, fait dire à son rapporteur ; « .... Une analyse détaillée de ce travail aride serait ici sans intérêt. Bornons-nous à dire qu'il sera un utile appoint pour une œuvre d'en- semble, si on l'entreprend, qui s'étendrait, pour le même objet, à la France entière. » Mais la Commission, ajoute M. de Jonquières, tout en sachant gré à l'auteur de ses efforts, dont il a la modestie de ne pas se déclarer entière- ment satisfait, est d'avis que son Mémoire offre plutôt un intérêt historique que statistique, et qu'il est beaucoup moins de la compétence de l'Acadé- mie des Sciences que du ressort de V Académie des Sciences morales et poli- tiques, à laquelle elle croit devoir le renvoyer, en le recommandant à son attention. » La Statistique médicale a pris rang, cette année, avec beaucoup de dis- tinction; elle s'est même restreinte à la Médecine militaire, sur des sujets différents, presque tous manuscrits. Les n°* 2 et 3, notamment, offrent chacun un développement considé- rable : l'un de M. le D'' Richard, médecin-major d'artillerie, sur le départe- ment du Doubs ; l'autre, de M. le D'' G. Carlier, médecin-major du train, sur la ville d'Evreux, présentant tous les deux des tableaux, des tracés géo- graphiques et des schémas intercalés dans le texte. Le mérite de ces deux ( 9o4 ) ouvrages, encore inédits, nous faisait espérer une récompense pour chacun de leurs auteurs, mais il n'v a plus à y prétendre pour cette année. Le prix Montyon de Statistique est dévolu sans partage à M. le D'' Marvaud, médecin en chef de l'hôpital militaire de Villemanzy, à Lyon, pour son ouvrage remarquable sur Les maladies du soldat, Etude étiolo- gique, épidémiologique , clinique et prophylactique , formant un volume grand in-octavo de 85o pages, adressé d'abord à l'Académie des Sciences, pour la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie, mais transmis ensuite, sur la demande même de l'auteur, à la Commission de Statistique. CeiMÏE. PRIX JECRER. (Commissaires : La Section de Chimie; M. Friedel, rapporteur. ) Rapport sur les travaux de M. de Forcrand , professeur à la Faculté des Sciences de Montpellier. M. DE Forcrand a débuté par des recherches très intéressantes et très délicates sur les hydrates que forment divers gaz ou composés très volatils, tels que l'hydrogène sulfuré, l'hydrogène sélénié, le chlorure et l'iodure de méthyle. Malgré les grandes difficultés de ces travaux, résultant de l'ex- trême instabilité des composés nouveaux formés cà basse température ou sous pression, M. de Forcrand est arrivé à fixer leur composition, leur tension de dissociation, leur chaleur de formation, en précisant les conditions dans lesquelles ils se produisent ou se décomposent. k la suite de ces premiers travaux et suivant un autre ordre d'idées, M. de Forcrand a entrepris de préparer à l'état de pureté un grand nombre d'alcoolates et dephénolales alcalins, correspondant aux principaux types connus, et de mesurer l'énergie développée par la substitution des métaux à l'hydrogène du groupe hydroxylé des alcools et des phénols, en se ser- ( 9o5) vant des méthodes et des procédés imaginés et vulgarisés par M. Ber- thelot. Ces recherches comprennent surtout des dérivés sodiques ; il importait en effet, pour rendre les comparaisons possibles entre les énergies déve- loppées par divers groupes de composés similaires ou voisins, de choisir un même métal. Parmi les alcools monohydroxylés, M. de Forcrand a étudié les alcools Q«jj2«-,-2Q flepuis la valeur n = i jusqu'à « = 5. Le glycoléthylénique, la glycérine, l'érythrite, lamannite lui ont fourni les éléments d'investigation se rapportant aux alcools bi, tri et polyvalents. En ce qui concerne les phénols, M. de Forcrand a fixé son attention sur le phénol ordinaire, les trois benzines bihydroxylés (ortho, meta et para) et le pyrogallol ou phénol trihvdroxylé. En comparant les chaleurs dégagées par la substitution du sodium à l'hy- drogène alcoolique ou phénolique dans ces divers groupes de composés, M. de Forcrand est arrivé à cette conclusion imprévue et très simple que la valeur de la fonction alcoolique primaire est sensiblement constante et exprimée par -l- 32 calories; ce qui rapproche cette fonction de celle de l'eau. Pour les alcools secondaires, cette valeur est un peu plus faible et égale à -|- 3o calories; celle des alcools tertiaires est de 4- 28 calories. Les phénols donnent + 89 calories; tandis que les véritables acides en don- nent au moins + 5o. M. de Forcrand a donc eu le mérite de préciser, par des nombres défi- nitifs, les notions que l'on possédait jusqu'à lui, touchant l'énergie acide des alcools et des phénols, comparée à l'énergie des acides, et il a montré, de plus, que cette énergie constante pour une même classe d'alcools variait un peu suivant que le groupe OH était lié à un groupe CH" ou à un groupe CHR ou encore à un groupe CR-. La préparation du matériel nécessaire à ces déterminations thermochi- miques a permis à l'auteur d'isoler, dans beaucoup de cas, des produits intermédiaires et des combinaisons moléculaires, analogues aux hydrates saturés. L'importance des conclusions auxquelles est arrivé M. de Forcrand, la méthode suivie avec persévérance en vue d'atteindre un but général et les difficultés très grandes qu'il a rencontrées et qu'il a su vaincre, justifient le choix de 'votre Section de Chimie qui vous propose de décerner à M. i>E FoRCRASD la moitié du prix Jecker. ( 9o6 ) Rapport sur les travaux de M. Georges Griner; L'étude consciencieuse et détaillée des cas d'isomérie que présentent les composés organiques est la pierre de touche des théories par lesquelles on cherche à représenter la constitution de ces corps. C'est aux nombreuses vérifications qui ont été faites des formules fondées par M. Kékulé et par Couper sur la quadrivalence du carbone et sur la faculté que possède cet élément de se saturer partiellement lui-même et des isoméries qu'elles permettent de prévoir, que ces formules doivent la confiance avec laquelle elles sont maintenant universellement em- ployées. C'est, d'autre part, à la nécessité d'expliquer des isoméries d'un ordre différent, ne pouvant pas être interprétées par les formules de saturation construites dans le plan, qu'est due la naissance de la Stéréochimie. Celle- ci, imaginée d'abordpar MM.LeBel et Van't Hoff, uniquement pour rendre compte de ce qu'on avait appelé des isoméries physiques, [cesl-'d-dire de l'existence de composés ayant, avec la même composition et des propriétés chimiques identiques, des pouvoirs rotatoires opposés, s'est trouvée par surcroît fournir aussi d'une manière logique et satisfaisante l'interprétation d'isoméries d'une autre nature, qui se rencontrent dans un certain nombre de composés éthyléniques et de composés cvcliques. M. Griner a eu le mérite de comprendre l'importance que présente la vérification expérimentale de ces théories, même après les admirables travaux de M. de Baeyer sur les hydrures des composés à chaîne fermée et de M. E. Fischer sur les sucres, et le courage de consacrer à cette véri- fication plusieurs années d'un travail assidu qui ne s'est laissé rebuter par aucune difficulté. Préparé comme il l'était par des études chimiques sérieuses, commencées sous la direction d'un maître illustre qui unissait à un goût prononcé pour la théorie la plus grande sévérité expérimentale, il ne pouvait manquer d'arriver à des résultats d'un haut intérêt. M. Griner s'est proposé de reprendre, avec l'aide des lumières pouvant être jetées sur la question par la Stéréochimie, l'étude des hydrocarbures non saturés en C. Commençant par le biallyle (hexadiène i,5), dont la découverte est due à MM. Berthelot et de Luca, et sur lequel tant de recherche? avaient déjà été faites, il réussit à montrer que, contrairement à l'opinion de M. Sa- ( 907 ) banejew et comme l'avaient admis, sans le démontrer d'ailleurs, MM. Cia- mician et x\nderlini, l'hydrocarbure préparé suivant les procédés habituels est unique. Il fournit bien, par fixation de 4 atomes de brome, deux tétra- bromures distincts; mais ceux-ci sont des isomères stéréochimiques, dont la théorie permet de prévoir l'existence et dont l'un doit être un composé inaclif par nature, l'autre étant un racémique. La fixation de l'acide iodhydrique donne deux diiodhydrates, qui pré- sentent des relations analogues. Le monoiodhydrale de biallyle, traité par la potasse alcoolique, fournit un hydrocarbure isomériqae avec le biallyle que M. Griner désigne par le nom d'ally/propényle (hexadiine i,4) et qui se présente sous deux formes isomériques, ainsi que sa constitution permet de le prévoir. Il donne deux bromures isomériques, qui sont tous deux racémiques. Si c'est le diiodhydrate de biallyle que l'on traite par la potasse alcoolique, on obtient un nouvel hydrocarbure, isomérique avec les deux précédents, le dipropényle (hexadiine 2,4); celui-ci fournit trois tétrabromures, con- stituant autant d'isomères stéréochimiques. Passant aux hydrocarbures CH", isomériques par conséquent avec le benzène, M. Griner a fait vou" que le bipropargyle (hexadiine i,5), tel qu'on l'obtient par l'action de la potasse alcoolique sur l'un ou l'autre des tétrabromures de biallyle, n'est pas un composé unique, mais ren- ferme, à côté du bipropargyle, un hydrocarbure isomérique, l'allylényl- allylène (hexadiine i,4)» q»' provient de la transformation du bipro- pargyle par l'action de la potasse alcoolique, et qu'il est d'ailleurs parvenu à obtenir à l'état de pureté, en partant des tétrabromures d'allylpropényle. Il a découvert encore un autre hydrocarbure isomérique, fort intéressant par ses propriétés, le diméthylbiacétylène (hexadiine 2,4), qui est solide, fond à 64" et ne fournit pas, comme les deux précédents, de combinaisons métalliques. Il ne donne, ainsi que c'était prévu, qu'un seul tétrabro- mure. M. Griner l'a obtenu par deux procédés entièrement différents et ra- tionnels tous deux : d'une part, par l'action de la potasse alcoolique sur les tétrabromures de bipro|)ényle, qui ne fournissent que ce seul composé; d'autre part, par l'oxydation de l'allylénure cuivreux. L'hytiratation de cet hydrocarbure donne une p-dicétone, capable d'agir sur les sels de cuivre, en fournissant une combinaison caractéristique. Une partie des expériences précédentes avaient évidemment pour but final la synthèse d'un alcool hexatomique. N'ayant pas réussi dans cette C. R., 189), 2- Semestre. (T. (JWII, K" 23. ) 121 ( 90« ) voie, M. Griner en a tenté une autre, qui ne l'a pas davantage conduit à la synthèse cherchée, mais lui a fourni, comme les précédents essais, nombre de résultats importants. L'hydrogénation de l'acroléine, dans des conditions particulières soi- gneusement étudiées, lui a donné, par une réaction analogue à celle qui fournit la pinacone, un corps à la fois glycol et hydrocarbure diéthylénique. Celui-ci, qui théoriquement peut exister sous deux formes isomériques, l'une inactive, l'autre racémique, paraît, d'après toutes ses propriétés, être un composé unique et n'a pu êlre dédoublé. C'est probablement la forme inactive. Par addition de brome, on obtient trois télrabromures isomériques, ainsi qu'on pouvait le prévoir, étant donné que le glycol est inactif. Deux de ces isomères sont inactifs; le troisième doit être racémique. L'addition de l'acide hypochloreux transforme le glycol en une dichlor- hydrine d'alcool hexatoniique, différente de celle obtenue par M, Bouchar- dat avec la mannite. Il semblait que de là il dut être facile de remonter à lamannite,ou à un isomère; des difficultés pratiques ont empêché jusqu'ici la réalisation de cette transformation, qui aurait eu tant d'intérêt. M. Griner a été plus heureux à cet égard dans une autre série et en sui- vant des procédés tout à fait différents, mais en profitant de l'expérience qu'il avait acquise dans ses précédentes recherches. 11 s'est proposé de remonter du divinyle (ou butadiène i,3) à l'éry- thrite, alcool tétratomique non encore reproduit. Le divinyle peut être ob- tenu par la réduction de l'érythrite à l'aide de l'acide formique. Il se trouve aussi dans les produits de condensation du gaz comprimé ; il a d'ailleurs été fait de toutes pièces par M. Berthelot. Ce carbure, qui est unique, bout à 1°; traité avec précaution par le brome, il donne deux tétrabromures isomériques fondant l'un à ii6°, l'autre ii Sg*^; mais, de ces bromures, on ne réussit pas à remonter aux alcools correspondants. On y arrive, par contre, en suivant la voie détournée que voici : on fixe seulement deux atomes de brome sur le divinyle ; on obtient ainsi un bibro- mure liquide instable (bouillant à 74° sous 26""" de mercure), qui se trans- forme lentement à froid, rapidement à 100°, en un isomère solide, bouil- lant à 92-93" sous iS""" et fondant à 53-54°. Ce bibromure, traité par l'acétate d'argent en présence d'anhydride acé- tique à laS-iSo", afourni unediacétine saturée, fixant facilementle brome et donnant une bromodiacétine, qui perd tout sou brome par l'action de l'a- cétate d'argent. Il se produit ainsi une tétracétine, qui est identique avec celle fournie par l'érythrite naturelle, ainsi que le prouvent ses propriétés ( 909 ) et la transformation qu'elle subit en étant saponifiée par l'eau de baryte : elle donne l'érytbrite avec sa Forme cristalline caractéristique. M. Griner a donc obtenu dans ces conditions une érythrite inactive, identique avec celle de la nature. Il ne s'est pas borné là : conduit à sup- poser que, dans les opérations à température assez élevée qu'il avait faites, il pouvait y avoir eu transposition moléculaire et formation d'un dérivé autre que celui correspondant réellement à la dibromodiacétine primitive, il s'est efforcé de chercher une voie qui lui permît d'opérer à basse température et par suite de modifier le moins possible le groupement primitif. Au lieu de transformer les deux dibromodiacétines que l'on peut obte- nir en partant du divinyle en tétracétines par la réaction de l'acétate d'ar- gent, ce qui exige l'emploi d'une température assez élevée, on peut arriver aux alcools tétratomiques, par la conversion des dibromhydrines en dioxydes par l'action de la potasse sèche. L'hydratation de ces oxydes par l'action de l'eau au-dessous de loo" donne les alcools correspondants. L'une des dibromhydrines, celle provenant du bibromure liquide dans le- quel se transforme le bibromure instable, en même temps qu'en bibromure solide, donne, dans ces conditions, un oxyde identique avec celui décrit par M. Przibitek et conduisant à l'érythrite ordinaire. L'autre, dérivée du bibromure solide, conduit à un oxyde différent du précédent par son point d'ébullition. par son point de fusion et par toutes ses propriétés. Par hydratation, il fournit un alcool tétratomique, isomé- rique avec l'érythrite. C'est en effet un corps fondant à 72°, cristallisant en houppes soyeuses très solubles dans l'eau. 11 fournit une tétracétine différente de celle de l'érythrite. Si M. Griner a pu préparer une quantité de ce nouvel alcool tétrato- mique suffisante pour bien déterminer ses propriétés et établir son isomé- rie avec l'érythrite, il n'en a pas eu jusqu'ici à sa disposition la proportion beaucoup plus grande nécessaire pour pouvoir le dédoubler par fermen- tation, ou pour pouvoir montrer qu'il fournit par oxydation l'acide racé- mique. comme l'érythrite fournit l'acide lartrique inactif; mais c'est là une tâche qu'il poursuit en ce moment. Dès maintenant d'ailleurs, il est difficile de douter que cetisomère ne soit le composé racémique, dont l'é- rythrite naturelle et celle reproduite par lui à l'aide de deux procédés dif- férents sont l'isomère inactit. Dans cet aperçu rapide des principaux résultats obtenus par M. Griner, il n'a pas été possible d'insister sur la très grande habileté expérimentale ( 9^" ) dont ce jeune savant a fait preuve, en parvenant à séparer les divers iso- mères qu'il a rencontrés et à réaliser les transformations qu'il avait en vue. Il est bien évident d'ailleurs que, s'il n'avait pas été guidé par une théorie qui lui permettait de prévoir les faits presque à coup sûr et de les interpréter d'une manière logique et cohérente, il lui eût été difficile, sinon impossible, de mener à bien ces recherches qui lui font tant hon- neur. A ce double titre de modèle d'exactitude et de soin dans la partie expé- rimentale et de vérification, frappante de vues théoriques, qui sont encore contestées malgré les fruits admirables qu'elles ont déjà portés, le travail de M. Griner mérite à un haut degré l'approbation de l'Académie. En conséquence, la Section de Chimie a décidé à l'unanimité de décer- ner à M. GitiNER la moitié du prix Jecker pour 189^. Rapport sur les traK'aux de M. H. Gautier. On doit à M. H. Gautier de nombreuses recherches sur diverses ques- tions qui intéressent la Chimie minérale et la Chimie oi'ganique. Parmi ces dernières, nous citerons particulièrement celles relatives à l'action du chlore sur un groupe de composés de la série aromatique, qui ont été réunies pour servir de sujet de thèse pour le Doctorat, et celles qui se rapportent à la détermination des chaleurs de formation des chlo- rures d'aminé de la série crasse. Les travaux de Chimie minérale portaient sur l'état de l'iode en disso- lution, sur les affinités de l'iode dissous; sur l'attaque du fer par l'acide azotique à divers degrés de concentration et de température; sur les com- binaisons directes du chlore et du brome avec les métaux ; sur la mesure de la densité du gaz ; sur la détermination de la chaleur spécifique du bore pur. M. Gautier a de plus pidjlié divers Ouvrages, notamment des Leçons de Chimie à l'i/sa^e des élèves de Mathématiques spéciales; un Traité des essais d'or et d'argent {Encyclopédie Léauic); un Ouvrage relatif à l'action chi- mique des courants électriques. Quelques-uns des travaux de M. Gautier ont été faits en collaboration avec d'autres savants : MAI. Colson, Charpy et M. Moissan. Malgré cela, votre Section de Chimie a jugé que l'ensemble de ces re- cherches constituait, pour M. H. Gautier, une somme très importante d efforts fructueux, et qu'il serait désirable de pouvoir doinier à leur prin- cipal auteur un encouragement d'autant mieux mérité que ces travaux on ( 9" ) été faits avec un zèle pour la Science que n'ont pu arrêter les nécessités d'une situation personnelle peu favorable aux recherches. Votre Commission demande à l'Académie de vouloir bien ajouter au prix .Tecker un encouragement complémentaire, et de l'attribuer à M. H. Gautier. PRIX L,\ GAZE (CHIMIE). (Commissaires : La Section de Chimie et MM. Berthelot, Schlœsing, Duclaux; M. Moissan, rapporteur.) La Commission chargée de décerner le prix La Caze a cru devoir accor- der ce prix à M. G. Lesioixe. Les principaux travaux de M. Lemoine peuvent se diviser en trois Parties : I " Etude des sulfures de phosphore et de leurs dérivés ; 1° Transformation allotropique du phosphore ; 3" Recherches sur les équilibres chimiques entre l'hydrogène et la vapeur d'iode. Dans ses recherches sur les composés du phosphore, M. Lemoine a dé- couvert d'abord le sesquisulfure de phosphore, dont il a étudié avec soin les préparations et les différentes propriétés. Puis, en poursuivant celte élude, il a été amené à préparer une série importante de sels : les sulfoxy- phosphites, rappelant les sulfoxyarséniates de Cloëz et Bouquet et les sul- foxyphosphates de Wurtz. Le trisulfure de phosphore soumis à l'action des alcalis et des sulfures alcalins lui a fourni les mêmes composés. Les autres recherches de M. Lemoine sont surtout relatives à la disso- ciation. A la suite des travaux de Dulong, de Deville, de M. Berthelot, il s'est produit en France différentes théories qui ont cherché à relier la Chimie à la Mécanique rationnelle. Au milieu de ces essais, la découverte capitale de Deville sur la dissociation a été le point de départ de nombreuses études. Lorsque Deville a rattaché les réactions chimiques aux lois de la vaporisation, il a aidé puissamment à rompre les barrières qui séparaient la Chimie de la Physique. r>e celte conception sont sorties les belles expé- riences sur lesquelles sont fondées les lois de la dissociation des systèmes hétérogènes (carbonate de chaux, hydrates salins) et des transformations allotropiques (paracyanogène, phosphore). ( 912 ) Dans cet ensemble de travaux, glorieux pour la France, c'est à M. Le- moine qu'appartiennent les premières études de transformations allotro- piques. Tandis qu'en i865 Hittorf affirmait que la limite de transformation du phosphore effectuée en vase clos est différente selon qu'on part du phosphore ordinaire ou du phosphore rouge, M. Lemoine comparait, au contraire, dès 1867, cette transformation à une véritable dissociation. Par des expériences concluantes, délicates et parfois dangereuses, exécutées toutes à 44o°, il établissait que la limite de transformation est la même dans les deux cas et que la densité des vapeurs émises par les deux variétés de phosphore est identique. Un autre fait important, mis en évidence par M. Lemoine, est l'influence du temps nécessaire pour arriver à la limite de l'expérience. Dès 1862, dans un grand travail sur l'éthérification, MM. Berthelot et Péan de Saint-Gilles avaient, par des expériences rigoureuses, appelé l'at- tention des chimistes sur ce sujet. A l'époque des recherches de M. Le- moine, les notions développées par ces deux savants n'étaient pas admises sans discussion. C'est sur cette action du temps que M. Lemoine eut grand soin d'insister. Il expliqua ainsi les résultats contradictoires de Hittorf. De plus, en faisant varier les masses jusqu'à la vaporisation totale du phos- phore, M. Lemoine a pu affirmer que : « Si un liquide se vaporise tout en- tier quand il n'est pas en quantité suffisante pour établir la force élastique de sa va]:)eur, de même il ne se forme pas de phosphore rouge quand la quantité de phosphore blanc est insuffisante ». On sait qu'en reprenant ces recherches sur la transformation allotro- pique du phosphore et en les généralisant, MM. Troost et Hautefeuille ont été conduits à la théorie des tensions des transformations. Aujourd'hui, toutes ces questions sont devenues classiques, mais nous croyons devoir rappeler les difficultés et les contradictions apparentes de la première heure. L'étude de M. Lemoine sur les équilibres chimiques entre l'hydrogène et la vapeur d'iode, étude faite à des températures variées, a été publiée de 1874 à 1877. En établissant les différences profondes qui existent entre les lois de la dissociation d'un système homogène gazeux et les lois de la dissociation d'un système hétérogène, M. Lemoine abordait expérimentalement un problème important. Comme l'avait dit M. Berthelot dans ses recherches sur les éthers, ce n'est que dans les systèmes homogènes qu'il y a « contact ( 9^3 ) parfait et incessant des particules, sans qu'aucune complication secondaire les écarte du champ de l'action chimique, de telle façon que les résultats dépendent uniquement des masses relatives mises en expérience et de la température ». Dans un système hétérogène (expérience classique de Debray sur le carbonate de chaux), la tension de dissociation est assimilable à la tension des vapeurs saturées. Elle ne dépend pas de la masse totale initiale et elle est fonction de la Leuipérature. A.a contraire, pour l'acide iodhydrique ga- zeux, la pression de l'un des composants est fonction non seulement de la température, mais de la masse initialement soumise à la dissociation. C'est là un des résultats les plus importants obtenus par M. Lemoine. Ce savant s'est d'abord assuré que la limite de décomposition est la même quand on part soit du gaz iodhydrique, soit du mélange proportionnel d'hydrogène et d'iode. Puis, mesurant avec soin la quantité d'hydrogène devenue libre par dissociation, M. Lemoine a constaté qu'à une même température, dans un même volume, la pression de cet hydrogène dis- socié est sensiblement proportionnelle à la pression du gaz iodhydrique initial, c'est-à-dire à la masse soumise à la dissociation. Ces expériences établissent nettement que les lois des systèmes homo- gènes et hétérogènes sont différentes. Après avoir étudié ces questions expérimentalement et s'appuyant sur cet ensemble de recherches, M. Lemoine a donné une théorie de la disso- ciation et en général des réactions simples limitées par l'action inverse. M. Lemoine a fait l'application de cette théorie à ses recherches sur le phosphore; il a suivi dans les détails numériques la comparaison des ré- sultats de la théorie avec ceux de l'expérience, notamment au point de vue de la vitesse de la réaction d'après un poids donné de phosphore. Nous ne devons dans ce Rapport que rappeler ce travail, ainsi que la théorie mathématique des équilibres chimiques publiée aux Annales de Chimie et de Physique, en 1882. L'ensemble de ces recherches, suivies avec méthode, exécutées avec précision, a conduit M. Lemoine à des résultats importants. Si nous ajoutons à ces travaux différentes Notes sur la dissociation du bromhydrate d'amylène sous de faibles pressions, des études sur les hydro- carbures et les alcools supérieurs des pétroles d'Amérique, enfin des re- cherches générales sur l'action chimique de la lumière, en cours de pu- blication, l'Académie comprendra que votre Commission vous demande à (9i4 ) l'unanimité de décerner le prix La Gaze à M. Georges Lemoine, exami- nateur de sortie, pour la Chimie, à l'École Polytechnique. Les conclusions de ce Rapport sont adoptées. MINERALOGIE ET GEOLOGIE. GRAND PRIX DES SCIENGES PHYSIQUES. (Commissaires : MM. Daubrée, Fouqué, Des Cloizeaux, Mallard; Albert Gaudry, rapporteur.) Le grand prix des Sciences physiques doit être consacré cette année à récompenser une Étude approfondie d'une question relative à la Géologie d'une partie de la France. Ce prix est décerné à M. Marcelli.v Boule. Notre pays renferme d'admirables curiosités naturelles, qui ne sont pas visitées comme elles le mériteraient. Le Plateau central notamment est d'un intérêt puissant pour les géologues et les paléontologistes, car les phénomènes volcaniques y ont accumulé des roches grandioses qui sou- lèvent de difficiles problèmes, et lorsque, après les éruptions, la tranquil- lité y renaissait, des créatures variées, souvent majestueuses, s'y multi- pliaient; elles y ont laissé de curieux vestiges. Enfant d'Aurillac, élève de M. Rames, qui a si habilement exploré le Cantal, M. Boide s'est livré avec ardeur à l'étude du Plateau central de la France; le Comité de l.i Carte géologique de France l'ayant chargé de faire la feuille du Puv en Velay, il s'est attaché surtout à l'examen de ce beau pays. Voici le résumé de ses recherches : Pendant les temps primaires, le Velay était composé de gneiss et de micaschistes, au milieu desquels s'épanchaient des granités, desgranulites, des porphyres. Pendant les temps secondaires, il semble être resté calme; des érosions adoucissaient les aspérités formées dans les commotions des premiers âges. ( 9i5 ) A l'époque éocène, de grands dépôts d'arkoses se produisent; le sol se couvre de palmiers, de chênes, de magnolias, de lauriers, de peupliers, etc., dont notre Correspondant, M. de Sapnrta, a déterminé les caractères. A la fin de l'éocène, le niveau du Plateau central s'abaisse assez pour qu'il y ait, sur l'emplacement actuel de la ville du Puy, un lac à eaux sau- mâtres. Comme à. Paris, vers le même temps, du gypse s'y forme, le Palœo- therium magnum erre sur ses rives. A l'époque oligocène, le sol est exhaussé définitivement; il n'y a plus d'eaux saumàtres. De nombreux Pachydermes, tels que l'Entélodon, l'Hyopotamus, l'Acerotherium, laissent leurs débrisà Ronzon. Les phénomènes volcaniques ne se sont manifestés qu'à partir de l'époque miocène; ils ont été énergiques au Mézenc et au Mégal. Il y a eu formation de basaltes, de labradorites, d'andésites, de trachytes augiti- ques et de phonolites. De même que les espèces paléontologiques, ces divers ty[)es pétrographiques offrent entre eux les gradations les pins insensibles. M. Marcellin Boule a trouvé tous les passages entre des roches très basi- ques et lourdes, comme les basaltes, et des roches acides et légères, comme les tracbytes. Il convient particulièrement de citer les masses de phono- lites, à cause de leur énorme développement et de leur aspect tout spécial; par suite de leurs allures variées et pittoresques, de leurs pics aigus, de leurs murailles déchiquetées, le paysage phonolitique forme opposition avec les profils plats, uniformes du paysage basaltique. Ce grand théâtre volcanique a été embelli par quelques arbres forestiers, des chênes, des bouleaux et des charmes. Sans doute, il y avait des Dinotherium, des Tragocerus, des Hipparions, représentants de la faune de Pikcrmi et du Léberon, car on a trouvé leurs débris dans l'Ardèche et près d'Aurillac ; mais ils n'ont pas été découverts dans le Velay. A l'époque du pliocène inférieur, et pendant une partie du pliocène moyen, alors que les volcans avaient encore toute leur intensité dans le Mézenc et au Mégal, le Velay était moins agité, et même il av.iit de longues périodes de calme, durant lesquelles de gigantesques Mastodontes et plu- sieurs autres mammilères ont pu se développer. Puis il se fit, dans le Velay, une immense éruption; des centaines de bouches volcaniques s'ouvrirent sur 4o'"" de longueur, les laves consti- tuèrent en plusieurs endroits une couverture épaisse de loo". De puis- santes brèches se formèrent : les célèbres buttes connues sous les noms de rocher Corneille, de rocher Saint-Michel, de rocher de Polignac en sont des morceaux isolés; ces événements se passèrent pendant la fin du pliocène G. R., i8r,3, 2- Semestre. (T. CXVU, N» 25.) 122 moyen, pendant le pliocène supérieur et le quaternaire. Le Velay dut of- frir alors un spectacle terrible dont nos ancêtres ont vu les dernières scènes; on trouve leurs ossements au milieu des cendres de la Denise. Sans doute, il y a eu des moments de repos, car à côté des amoncellements des roches volcaniques on rencontre des gisements du pliocène supérieur et du quaternaire riches en débris de Proboscidiens, de Pachydermes, de Ruminants et de redoutables Carnassiers. Le contraste de la puissance destructive du monde physique et de la fécondité du monde animal donne un singulier caractère de grandeur à l'histoire géologique du Plateau central : le livre que M. Marcellin Boule a publié sur le Velav le fait bien ressortir. Dans ses explorations, ce savant a donné la preuve de l'étendue de ses connaissances, menant de front la Stratigraphie, la Paléontologie et la Pé- trographie, pour laquelle il a employé les nouvelles méthodes de MM. Fou- qué et jMichel-Lévy. La Société géologique de France, qui a tenu cette année une session extraordinaire au Puy, a pu se rendre compte de l'exac- titude de ses observations. En dehors des recherches sur le Plateau central, M. Marcellin Boule a fait plusieurs travaux, soitseul, soit en colla- boration avec l'un de nous. Il nous semble très digne de recevoir le grand prix des Sciences physiques. PRIX BORDIN. (Commissaires : MM. Daubrée, Fouqué, Mallard, Gaudry; Des Cloizeaux, rapporteur.) Rapport sur les travaux de MM. Bourgeois, Gorgeu, Michel et Duboin. L'Académie a mis au concours, pour le prix Bordin en 1893, la question suivante : Genèse des roches éclairée par l'expérimentation synthétique. La Commission chargée de porter un jugement sur le mérite des œuvres qui correspondent à ce programme s'est trouvée fort embarrassée, en présence du nombre et de l'iniporlance des travaux qui s'offraient à son choix comme dignes de la récompense proposée. C'est qu'en efiet il s'agit là d'une sorte de recherches variées et ingénieuses qui, depuis plus de soixante ans, se sont succédé sans interruption et qui se continuent de nos jours avec le même caractère, de telle sorte qu'elles représentent les résultats d'une tradition glorieuse, d'une sorte d'héritage d'honneur que ' 9'? ) la Science française transmet intégralement d'une génération à la généra- tion suivante en accroissant et enrichissant sans cesse le fonds primitif. J^a voie féconde inaugurée par le remarquable travail de James Hall a illustré dans la première moitié de notre siècle Berthier, Ebelmen, Senar- mont et Durocher. Les expériences de synthèse minérale ont également fourni à Antoine Becquerel et à Henri Sainte-Claire Deville la matière de quelques-uns de leurs plus beaux travaux. Sur lesfouteuils de l'Académie siègent encore aujourd'hui plusieurs des hommes qui se sont distingués dans ce champ de recherches et la Section de Minéralogie notamment est heureuse d'avoir pour doyen un savant dont les travaux de synthèse ont inauguré jadis des méthodes nouvelles d'une remarquable fertilité. Enfin, il est impossible de ne pas mentionner ici les brillants résultats obtenus par l'un de nos plus jeunes confrèi'es dans la voie de reproduction du diamant. Conformément aux traditions de l'Académie, la Commission a écarté de son choix les savants qui figurent sur la liste de l'Institut et, en outre, elle a mis avec eux hors concours leurs collaborateurs, tels que Michel-Lévy, Verneuil, Georges Friedel. Elle a également écarté MM. Hautefeuille, Lechartier, Ditte et Margottet, eu égard aux prix qui leur ont été déjà décernés. En somme, la Commission, à son grand regret, s'est vue dans l'obligation de rétrécir le cercle dans lequel elle avait à chercher ceux qui avaient le droit de prétendre au prix Bordin, le réser- vant exclusivement aux jeunes savants |dus récemment entrés dans la carrière des synthèses minérales et appelés à la poursuivre avec succès dans l'avenir. Dans le domaine limité qu'elle s'était ainsi tracé, la Commission n'a pas cru devoir faire porter son choix exclusivement sur l'un des concurrents, d'autant plus qu'aucun d'eux n'avait travaillé directement dans le sens impliqué par le sujet proposé. Leurs efforts ont eu en effet pour objet la reproduction des espèces minérales, beaucoup plutôt que celles de leurs associations. Cependant, cette réserve faite, les travaux de M. Bourgeois ont frappé tout d'abord son attention et lui ont paru mériter d'être spécia- lement honorés. M. Bourgeois joint à une haute valeur scientifique une modestie sans égale; c'est pourquoi votre rapporteur se félicite d'avoir à faire ressortir les mérites de ce jeune homme distingué. Les méthodes qui conduisent aux reproductions minérales sont très diverses; chaque opérateur a presque toujours employé un genre de pro- cédé particulier, adopté par lui d'après ses aptitudes et ses goûts préférés. ( 9i8 ) La voie sèche, la voie humide, les sublimations, les t'usions, les dissolu- tions avec ou sans pression, ont tour à tour été mis en œuvre. M. Bourgeois a évité cet exclusivisme et utilisé avec succès des procédés variés. Il a manié avec une égale habileté la voie sèche à la température la plus élevée de nos fourneaux, et la voie humide aux plus fortes pressions que peuvent supporter les tubes de verre scellés. Son premier travail, exécuté en collaboration avec M. Verneuil dans le laboratoire de M. Fremy, a été fait par voie humide; il a conduit à la synthèse de la scorodite. En col- laboration avec M. Michel-Lévy, il a fait cristalliser la zircone et l'acide stannique au sein du carbonate de soude et montré que les formes de ces oxydes les rapprochent de la tridymite. Il a ensuite appliqué aux éléments constituants d'un certain nombre de minéraux et de roches la méthode de fusion ignée suivie de recuit, mise alors en usage dans le laboratoire de Minéralogie du Collège de France. Dans ces conditions, il a fait cristalliser un bisilicate de calcium, espèce dimorphe de la wollastonite, la gehlénite, diverses variétés de mélilite, le grenat spessartine, la cordiérite, la té- phroïte, la rliodonite, la hausmannite, la pérowskite et le sphène. D'autre part, la fusion des carbonates alcalino-terreux au sein des chlorures alca- lins lui a donné le moyen d'obtenir aisément ces espèces sous les formes de withérite, de strontianite, de calcite. Rien n'égale la surprise qu'ont éprouvée les minéralogistes et les chimistes lorsqu'ils ont vu cristalliser de la sorte le carbonate de chaux au milieu d'un magma fondu. La même méthode a permis à M. Bourgeois plusieurs autres synthèses intéressantes : orlhosilicates de cobalt et de nickel de la famille du péridot, silicostan- nates de chaux correspondant au sphène, titanates de baryte et de stron- tiane voisins de la pérowskite, titanate de la série magnésienne y compris la pyrophanite et l'ilménite, espèces se rattachant à la famille de l'oligiste. La voie humide lui a fourni sous forme cristallisée les esjièces suivantes : carbonates rhomboédriques et rhombiques, hydrocérusite, gerhardtite, barytine, célestine, anglésite, crocoïse. L'ensemble des résultats que nous venons d'énumérer a paru à la Com- mission suffisant pour donner à M. Bourgeois une place à part parmi les lauréats du prix Bordin. En conséquence, elle lui a attribué la moitié du prix. M. GoRGEU, au cours de ses patientes et minutieuses recherches sur les composés du manganèse, est arrivé à la synthèse de divers minéraux dans lesquels figurent ce métal ou ses satellites. Il a obtenu ainsi, à l'état cristal- ( 9'y ) lise, les minéraux suivants : hausmannite, polianite, rhodonite, téphroïte, magnétite, franklinite.fayalite, zincite,millériLe,\vollastonite sous ses deux formes, barytine, célestine, anhydrite, grenat spessartine et grenat grossu- laire, silicates alumino-alcalins voisins de la sodalite. Il a eu le mérite de démontrer, par une expérience de laboratoire, que la pyrolusite n'est, en réalité, qu'une transformation pseudomorphique d'acerdèse en polianite; il a montré ainsi que la nature avait, dans ce cas, opéré par fixation d'oxy- gène, suivant un procédé comparable à celui que l'on met en œuvre dans les usines quand on peroxyde les oxydes inférieurs de manganèse. M. Michel, reprenant un procédé jadis imaginé par Monross, a entre- pris une longue série de recherches sur la crislallisation des tungstates mé- talliques. Ses travaux forment un ensemble dont tous les points sont élu- cidés avec soin. Les espèces obtenues sont remarquables |)ar la beauté de leurs formes cristallines, et les descriptions qu'en a données M. Michel sont aussi complètes que possible. Parmi les espèces de ce groupe synthétique, citons la schéelite, la schéelitine, la hubnérite,le wolfram. Le même savant a préparé, au sein des fondants, des séléniates alcalino-terreux isomorphes avec la barytine, de la pyromorphite, de la mimétèse, de la campylite, de la plattnérite, du minium. Ses derniers travaux lui ont donné en cristaux visibles à l'œil nu du grenat mélanite, du sphéne, de la pyrrhotine, du rutile. La partie des travaux de M. Duboi.v qui a intéressé la Commission est tirée d'une étude d'ensemble des composés de l'yttrium. En calcinant dans un fondant l'yttria avec la silice ou l'acide i)hosphorique, il a obtenu la cristallisation des silicates et des phosphates de cette terre rare, ou, en d'autres termes, celle d'une gadolinite et d'un xénotime à base d'yttria pure. Tout récemment, la fusion de la silice et de l'alumine dans le fluo- rure de potassium lui a fourni de beaux cristaux de leucite ainsi que deux autres produits cristallisés qui offrent la composition de la népliélineet de la cryolite, sauf remplacement du sodium par le potassium. La Commission propose d'accorder à MM. Gorgeu, Michel et Duboin chacun un encouragement. Elle accorde également des mentions à deux savants étrangers, M^L Doelteu et de Schultex, qu'elle regrette vive- ment de ne pouvoir plus amplement récompenser. M. Doelter a réussi à reproduire un bon nombre de sidfures simples ou doubles, comme la pyrite, la pyrrhotine, la clialcosine, la covelline, le ( 92" ) cinabre, la galène, l'argyrose, la chalcopyrite, la bournonite, soit par l'ap- plication de la méthode de Durocher (calcination des sels métalliques dans nn courant de gaz sulfhvdrique), soit en faisant digérer, vers 80°, les sulfures précipités avec une solution aqueuse d'acide sulfhvdrique. En col- laboration avec M. Hussak, il a fait un grand nombre d'essais sur la fusion et le recuit des minéraux et des roches, sur la reproduction expérimentale des enclaves modifiées des roches volcaniques. Il a vu ainsi s'engendrer une foide d'espèces, comme la magnétite, les spinelles, l'oligiste, la méio- nite, la gehlénile, l'anorthite, les grenats, la wollastonite, la calcite elle- même. Dans des expériences très importantes, effectuées en présence des fluorures, il a constaté la formation des divers micas : biotite, phlogopile, muscovite, lépidolite, et en outre celle de la scapolite. M. deSchulten a en général opéré par voie humide en tubes scellés, au- dessous de 230°, parfois même sous la pression ordinaire. Par l'emploi de réactifs variés, il a obtenu ainsi l'analcime, la strengite, la zincosile, la malachite, la molybdénite, ainsi que deux sels de Stassfurt, la kainite et la tachydrite. Ij'analcime obtenue dans ces recherches offre, avec une rare perfection, les anomalies optiques caractéristiques de cette espèce miné- rale. Quant à la reproduclion de la malachite, elle permet d'entrevoir le jour où cette précieuse substance minérale deviendra l'objet d'une fabri- cation industrielle facile. M. de Schulten, utilisant l'action dissolvante des lessives alcalines concentrées sur les oxydes métalliques précipités, a obtenu, à une température peu élevée, de belles lamelles de brucite et de pyrochroïte et aussi la plupart des autres oxydes hydratés de la série ma- gnésienne isomorphe de ces deux minéraux. En résumé, la Commission propose une récompense à M. Bourgeois, des récompenses à MM. Gorgeu, Michel et Duboix, et mentionne avec éloge les travaux de MM. Doelter et de Schultev. PRIX DELESSE. (Commissaires : MM. Daubrée, Fouqué, Des Cloizeaux, Albert Gaudry; Mallard, rapporteur.) L'origine végétale de la houille, qu'admettait depuis longtemps la ma- jorité des géologues, a été récemment mise hors de doute par les études microscopiques; mais il restait à résoudre un problème qui n'intéresse pas ( 921 ) moins le géologue que l'ingénieur, celui de savoir de quelle façon les vé- gétaux de l'ancien monde ont pu donner naissance aux couches de com- bustible. Pendant de longues années les géologues de toutes les écoles, Lyell aussi bien qu'Elie de Beaumont, se sont trouvés d'accord pour admettre que les couches de houille sont d'anciennes couches de tourbe, enfouies à la suite d'un affaissement du sol. Cette théorie dut être abandonnée lorsqu'il fut constaté que la houille est formée, pour la plus grande partie, par des végétaux terrestres, généralement arborescents, et dont les débris ont été charriés par les eaux. On continuait d'ailleurs à regarder comme évident que les différentes couches dont est constitué le terrain houillcr avaient dû prendre naissance successivement, qu'une couche de houille n'avait pu se former qu'après l'achèvement du dépôt de la couche de schiste sur laquelle elle repose, la couche de schiste ou de grès qui re- couvre la houille et en forme ce qu'on appelle le toit ne s'étanl formée qu'après le dépôt de la couche de combustible. C'est cette idée, qui semblait en quelque sorte évidente, qu'a osé dé- clarer fausse un ingénieur qui dirigeait les mines deCommentry, et qui avait su observer en géologue perspicace le terrain qu'il exploitait en ingénieur habile. M. Fayol fit remarquer qu'il est impossible d'admettre qu'il ait jamais pu se rencontrer, dans les âges géologiques, une époque pendant laquelle les eaux, qui charriaient les débris végétaux, aient pu ne pas trans- porter en même temps des débris minéraux. Une semblable suspension, pendant le temps nécessairement fort long employé à la formation d'une couche de houille, de l'action corrosive exercée sur le sol par les eaux courantes, ne pourrait se comprendre, surtout à une période de l'histoire de la terre où la formation de nombreuses couches de conglomérats, de grès et de schistes montre, au contraire, que le ravinement n'a peut-être jamais été plus intense. Pour M. Fayol, le bassin houiller de Commentry, et tous les autres bas- sins houillers ont été, dans sa pensée, formés d'une manière plus ou moins analogue, est le résultat du comblement d'un ancien lac. Ce comblement s'est effectué, suivant lui, par l'apport des matériaux de toutes sortes : cailloux, sables, argiles, végétaux, etc., que charriaient les affluents dé- bouchant dans le lac. Mais les matériaux, transportés pêle-mêle par les cours d'eau, ont subi, au sein du lac, un classement par densité, analogue à celui qui se produit dans les appareils destinés à laver les minerais. Les matières les plus légères ont été transportées plus loin, les matières les ( 922 ) plus lourdes se sont précipitées à peu de distance du rivage, et c'est ainsi que les cailloux se sont rassemblés pour former des conglomérats, les sables pour former des grès, les argiles des schistes, enfin les débris végé- taux pour donner naissance à la houille. Les couches du terrain honiller ne se sont donc pas formées successivement, mais, en quelque sorte, simultanément, en progressant toutes ensemble. Pour confirmer cette théorie ingénieuse, mais qui^heurtait de front des idées considérées comme ayant l'évidence d'un axiome, M. Fayol s'est adressé d'abord à l'observation géologique. Non seulement il a lui-même étudié minutieusement et avec grand soin la disposition des couches de Commentry, ainsi que leur composition minéralogique, mais il a su inté- resser et associer à son oeuvre les ingénieurs placés sous ses ordres et jus- qu'aux mineurs euK-mêmes, entraînés par l'exemple. Il a su aussi s'assurer la collaboration de savants éminents qui, en possession des admirables collections qu'il avait rassemblées, ont pu étudier, d'une manière appro- fondie, la pétrologie, la flore et la faune du terrain. Gr;\ce à ces efforts, que M. Fayol a eu le mérite de faire converger vers un même but, le bassin de Commentrv est, à l'heure qu'il est, un des mieux connus qui soient au monde. M. Fayol ne s'est pas borné à contrôler sa théorie par l'observation des faits géologiques. Il a fait aussi appel à l'expérimentation. Mettant en œuvre les ressources dont il disposait, il a institué dans les bassins de dépôt des ateliers de lavage de la houille, de véritables expériences de sédimen- tation, habilement conduites et variées, dont les résultats sont venus donner un puissant appui à ses idées. Votre Commission n'a point à porter un jugement définitif sur la théorie de M. Fayol, qui est d'ailleurs maintenant admise par un très grand nombre de géologues et d'ingénieurs, l'eut-être sera-t-on amené à lui faire subir, dans certaines parties, quelques modifications. Quoi qu'il en soit, par l'in- troduction, dans la Science, d'une idée absolument neuve et qui paraît d'accord avec les faits, non moins que par les travaux géologiques qui lui sont dus et par ceux qu'il a provoqués, M. Fayol a rendu d'importants services à la Géologie, et votre Commission n'hésite pas à lui attribuer le prix Delesse pour iSgS. ( 923 ) PRIX FONTANNES. (Commissaires : MM. Albert Gaiulry, Fouqué, Daubrée, Des Cloizeaux: Mallard, rapporteur.) Il y a trois ans, l'Acaclémie décernait le prix Fontannes à l'auteur d'é- tudes paléontologiques poursuivies sur les restes d'animaux. Votre Com- mission a pensé qu'il était à propos, cette année, de récompenser des tra- vaux de Paléontologie végétale, d'autant plus que les études de cette nature, inaugurées par les mémorables publications d'Adolphe Brongniart, après être restées longtemps assez délaissées en France, y ont pris, dans ces dernières années, le plus rapide développement. Le choix de la Com- mission, que rendaient difïïcile le nombre et l'importance des travaux qui pouvaient prétendre au prix, s'est porté sur M. R. Zeiller. Dès 1878, M. Zeiller se faisait connaître en donnant, dans un Volume additionnel de Y Explication de la Carte géologique de France par Dufrénoy et Élie de Beaumont, la description et la représentation des principaux végétaux du terrain houiller. Peu de temps après, il publiait un Mémoire important sur la flore des terrains à combustibles du Tonkin. Après avoir décrit les espèces végétales qu'on y rencontre, M. Zeiller comparait cette flore à celles, déjà connues, d'autres régions asiatiques et démoutrait, après une discussion très approfondie, que les combustibles du Tonkin, qu'on avait cru devoir, par des raisons stratigraphiques, rapporter au ter- rain houiller, doivent être rapportés à l'époque rhétienne. En 1888, M. Zeiller fit paraître un Ouvrage magistral qui le classait au premier rang parmi les paléontologistes et qui est intitulé : Flore Jossile du bassin houiller de Valenciennes . Dans cette belle publication, qui fut ac- cueillie avec la même faveur en France et à l'étranger, l'auteur, se servant des nombreux échantillons que lui avait communiqués M. du Souich et qu'il avait rassemblés lui-même, donnait la description aussi complète que possible de la flore houillère du nord de la France. A cet Oavra2;e succédèrent rapidement la description de la flore ptcri- dologique du terraiu houiller de Commentry, celle des fougères du bassin houiller et permien d'Autuu et d'Épinac, enfui celle de la flore des ter- rains houiller et permien de Brive. Dans ses nombreuses et laborieuses descriptions de flores locales, M. Zeiller n'a pas perdu de vue les applications que l'on pouvait faire des C. !!., 189-?, 1' Semestre. (T. CXVIl, N" 25.) I ^-^ ( 924 ) résultats de la paléobotanique à la stratigraphie du terrain liouiller. C'est ainsi qu'à la suite de ses recherches sur la flore du bassin houiller du Nord, il a montré que l'examen attentif de cette flore permet de classer les couches de ce bassin en trois étages distincts, faciles à distinguer par la nature des végétaux qu'on rencontre dans chacun d'eux. Il a ainsi rendu un très grand service, non seulement à la Géologie, mais encore aux re- cherches de nos ingénieurs. C'est de même à M. Zeiller qu'est due une des applications les plus heureuses qu'on ait faites des études de Paléontologie végétale aux tra- vaux pratiques ayant pour but la recherche de nouvelles richesses houil- lères. Dans les mines de la Grand'Combe, deux systèmes de couches sont séparés par une faille considérable; on n'était pas d'accord sur le point de savoir lequel des deux systèmes est le plus ancien. La plupart des ingé- nieurs, par des raisons stratigraphiques très plausibles, avaient été amenés à une solution; M. Zeiller, après avoir examiné attentivement l'ensemble des fossiles végétaux propres à chacun des deux systèmes, montra que cette solution devait être rejetée, ainsi que l'avait déjà soupçonné M. Grand'- Eury. Un trou de sonde fut creusé sur les indications de M. Zeiller, et le succès final vint, par la découverte de la houille, démontrer l'exactitude de ses déductions. Mais la Paléontologie ne doit pas se borner à guider les recherches des géologues et les travaux des ingénieurs : elle ne doit pas oublier qu'elle n'est que l'une des sciences qui étudient les êtres organisés, et que son rôle est, avant tout, de nous faire connaître quelle marche a suivie, sur notre globe, à travers les âges géologiques, le développement de la vie. M. Zeiller n'a pas failli à cette partie de la tâche du paléontologiste. C'est ainsi qu'en étudiant les fructifications de fougères fossiles, il a pu assigner à une grande partie, au moins, d'entre elles, la place qu'elles doivent oc- cuper dans la classification adoptée pour les fougères actuelles. Par l'étude des fructifications des sigillaires, il a définitivement établi que ces plantes, si abondantes à l'époque houillère, et que beaucoup de savants considéraient, d'après la structure de leurs tiges, comme phané- rogames, sont de véritables cryptogames, résolvant ainsi un des problèmes les plus intéressants et les plus discutés de la Paléontologie végétale. Enfin dans un importait Mémoire, paru tout récemment, M. Zeiller est arrivé à démontrer, encore par l'étude de l'appareil fructificateur, que le genre si controversé des Sphenophyllum doit prendre place entre les Mar- siliacées d'une part et les Ophioglossées de l'autre. ( 925 ) Ce que nous venons de dire des travaux de M. Zeiller suffit ample- ment à justifier l'attribution à ce savant du prix Fontannes pour iSgS. BOTANIQUE. PRIX DESMAZIERES. (Commissaires : MM. Van Tiegliem, Duchartre, Chalin, Trécul; Bornet, rapporteur.) M. C. Sauvageau, Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Lyon, s'est particulièrement attaché à l'étude des plantes aquatiques, ma- rines et d'eau douce, moins connues et d'accès moins facile que les végé- taux terrestres. Ses recherches sur les Potamogétonées ont été justement remarquées; ses études sur les Algues ont été accueillies avec une faveur qui manque rarement aux travaux où les points de vue nouveaux, appuyés de faits bien observés, sont présentés avec- méthode et clarté. Dans les divers Ordres dont se compose la Classe des Algues, on ren- contre des espèces qui vivent en parasites dans le thalle d'autres Algues; mais le nombre connu de ces espèces est fort différent suivant les Ordres. Trois exemples seulement étaient signalés parmi les Algues brunes lorsque M. Sauvageau commença ses recherches. Non seulement il con- stata que des filaments parasites appartenant à des Algues brunes ne sont pas rares dans le tissu des Algues marines, mais il put faire l'étude com- plète de plusieurs de ces parasites. Quelques-uns rentraient dans des es- pèces déjà connues, d'autres n'avaient pas été décrits. L'exposé de ces observations, l'examen des relations variées qui existent entre le parasite et son hôte constituent un Chapitre intéressant et nouveau de l'histoire des Ectocarpées où tant de points obscurs subsistent encore. Les faits si- gnalés par M. Sauvageau ont été immédiatement retrouvés et confirmés par d'autres observateurs; de nouveaux exemples sont déjà venus s'a- jouter à ceux qu'il avait cités. Dans une Note présentée à l'Académie, M. Sauvageau a fait connaître un curieux état, qu'il nomme état coccoïde. observé chez un Nostoc. Les ( 9=6 ) cellules se différencient et s'isolent à peu près comme les spores de ce genre d'Algues; mais, tandis que les spores ne présentent pas de change- ments appréciables jusqu'au moment de leur germination, les cocci se di- visent et se multiplient sous uue forme qui rappelle beaucoup plus les Chroococcacées que les Nostocacées. Nous mentionnerons seulement, malgré les nouveautés qu'elle contient, une liste des Algues d'eau douce récoltées par l'auteur en Algérie, pendant la session de la Société botanique de France en 1892, afin de dire quelques mois d'un travail sur les genres Cladothrix, Streptothrix elAc/ino- myces, qu'il a publié en collaboration avec M. Radais. Par une étude ap- profondie du mode de ramification du thalle et de la formation des spores, les auteurs ont démontré que ces genres, souvent confondus, appartien- nent à des groupes parfaitement distincts. Le Cladothrix est une Bactéria- cée, les Streptothrix et Aclinomyces sont des Champignons. Enfin, de concert avec M. Viala, M. Sauvageau a étudié plusieurs mala- dies de la Vigne. Il résulte de leurs recheiches que deux de ces maladies, la Brunissure et la Maladie de Californie, sont causées par des Mvxomy- cètes, proches parents du Plasmodiophora, qui détermine la Hernie du Chou. La Commission accorde à M. Sauvageau le prix Desmazières pour iHg'i. PRIX MONTAGNE. (Commissaires : MM. Duchartre, Naudin, Trécul, Chatin, Van Tieghem ; Bornet, rapporteur.) La Section de Botanique a rapproché, pour le concours du prix Mon- tagne, des travaux du même ordre, dont les uns sont relatifs aux Mousses, les autres aux Champignons. I. Depuisi882,M. J.CAKDOTa publié, soit seul, soit avec M. Iîexaui.d, dont le nom est de ceux qui font autorité parmi les brvologues, un grand nombre de travaux sur les Mousses. Ce sont des descri|>tions de Mousses nouvelles ou peu connues, européennes et exotiques, des florules brjologiques lo- cales, et enfin des monographies plus ou moins complètes de familles et de genres encore imparfaitement élucidés. Ces dernières études, qui sont de M. Cardot seul, ont surtout fixé l'attention de la Commission. Dans son travail sur les Sphaignes d'Europe, qui remonte à la date de 1886, l'auteur fait la revision des espèces européennes en en donnant une ( ()27 ) description sommaire, mais suffisante. Il les examine au point de vue de leurs relations avec les types voisins et des variations qu'elles subissent. Ces variations sont nombreuses, toutes les parties de la plante pouvant éprouver, sous l'influence des conditions extérieures, des modifications plus ou moins prononcées, c]u'il faut bien se p;arder de considérer comme ayant une valeur spécifique. En effet, l'observation de nombreux échan- tillons provenant de localités et de saisons diverses montre que ces diffé- rences s'atténuent graduellement et n'ont, en réalité, qu'une importance secondaire. D'après l'auteur, les caractères les plus propres à servir de base à la distinction des espèces ne sont pas les mêmes pour tous les groupes; la configuration et la structure des feuilles caulinaires, la coupe transversale des feuilles raméales ont une valeur plus grande que la pré- sence ou l'absence d'épaississements spirales dans les feuilles caulinaires et que les modifications présentées par l'inflorescence, les feuilles péri- clîétiales et la capsule. La Monographie des Fontinalacèes, qui a paru en 1892 dans les Mémoires de la Société des Sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg, est ixn Ouvrage encore plus important que le précédent et qui fait honneur à son auteur. Les Fontinalacèes sont des Mousses aquatiques qui habitent presque sans exception les régions froides et tempérées de l'hémisphère boréal. Elles abondent suitout dans l'Amérique du Nord où elles présentent une dispersion fort remarquable. A l'exception de deux espèces cjui se rencon- trent partout, en Europe et en Amérique, toutes les autres, au nombre de 3o, sont spéciales à l'un ou l'autre versant des montagnes Rocheuses. L'habitat aquatique des Fontinalacèes leur imprime un aspect assez uni- forme; mais, suivant qu'elles croissent dans des eaux plus ou moins pro- fondes, plus ou moins rapides, leur phvsionomie subit des modifications plus ou moins marquées. Il en résulte que des formes sans grande impor- tance, mais très apparentes, ont été élevées au rang de types spécifiques, tandis que des espèces bien caractérisées ont été méconnues. M. Cardot a mis fin A ces confusions. Entouré des matériaux les plus complets, il a revu toutes les espèces sur des échantillons originaux et les a décrites d'une manière exacte. Il est seulement à regretter cpie des planches ne soient pas jointes au texte; elles auraient rendu le livre plus complet et plus utile. Les espèces d'un même genre sont loin de différer entre elles d'une ma- nière égale et uniforme. Quelques-unes sont séparées des autres par une originalité très marquée et sont acceptées par tout le monde; d'autres, dont les contours sont plus indécis, rencontrent une adhésion moins una- ( 928 ) nime; d'autres enfin sont un perpétuel sujet de discussion. Dans les an- ciennes Flores et dans beaucoup de Flores récentes, il n'a pas été tenu compte de ces différences et les espèces sont simplement énumérées à la suite les unes des autres comme si elles étaient équivalentes. Depuis quelque temps un certain nombre de phytographes phanérogamistes ont essayé de prendre ces degrés en considération et les ont exprimés de di- verses manières dans leurs livres. M. Cardot, s'il n'est pas le premier qui ait émis Tiilée d'établir parmi les Mousses des espèces de catégories diffé- rentes, est du moins le premier à l'avoir réalisée dans sa Monographie des Fontinales. Il a exposé, dans une brochure intitulée : De l'inégalité de va- leur des types spécifiques, les considérations qui militent en faveur de l'adoption générale de cette méthode. L'auteur fait justement remarquer que les travaux phytographiques deviendront par là plus compliqués et plus ardus, mais ils gagneront sûrement en clarté, en précision et en va- leur scientifique. Pour apprécier les distances qui séparent entre elles les espèces, il sera nécessaire de connaître celles-ci dans leur ensemble et dans leur aire de dispersion. Les monographies de genres et de familles pou- vant seules conduire à ce résultat devront remplacer les études morcelées dont se contentent tant de botanistes. IL Au cours d'un A^oyage accompli en 1887 dans la région du Haut- Orénoque, M. A. Gaillard, préparateur à l'École de Pharmacie de Paris, s'est appliqué à recueillir, en même temps que des phanérogames intéres- santes aux points de vue industriel, médical et scientifique, les Cham- pignons de celte contrée peu connue. Il en a rapporté de nombreux échan- tillons, des dessins et des notes qui fournirent les matériaux d'un Mémoire qu'il publia, en 1888, dans le Bulletin de la Société mycologique, avec la col- laboration de M. Patouillard. Sur 278 espèces récoltées, 129 étaient nou- velles. Il eut, en outre, l'occasion d'observer sur le vivant le développe- ment des périthèces du Meliola microspora, circonstance qui le conduisit à entreprendre l'étude complète du genre. La monographie qui en est ré- sultée, œuvre de plusieurs années, constitue un volume de i63 pages ac- compagnées de 24 planches dessinées par l'auteur. Une revision critique des espèces décrites jusqu'alors a montré qu'un assez grand nombre de celles-ci ne présentaient pas les caractères du genre et devaient en être exclues. Par contre, l'examen des herbiers phanérogamiques conservés au Muséum a permis de rencontrer une vingtaine d'espèces nouvelles. Re- tranchements et additions compensés, le nombre des espèces admises ( 'J29 ) s'élève à III, que M. Gaillard décrit minutieusement et dont il donne la synonymie. Les faits relatifs à la morphologie, à l'anatomie et au déve- loppement des divers organes sont exposés dans la j^remière partie du travail. L'auteur y démontre cpie les appendices mycéViens (hypkoporhes), signalés autrefois par votre rapporteur et dont la nature était restée pro- blématique, sont des périthèces non développés; il a pu suivre tous les passages des uns aux autres. Aux Meliola se rattachent les ^f/m«« qui croissent comme eux sur les feuilles vivantes, qui sont pourvus comme eux d'un mycélium brun pro- duisant des hyphopodies, le plus souvent latérales, quelquefois interca- laires, mais qui s'en distinguent par la situation et la forme de leurs péri- thèces. Ceux-ci sont dressés et globuleux chez les Meliola, pendants et dimidiés-orbiculaires chez les Asteiina. M. Gaillard en a fait la monogra- phie. Le manuscrit qui la contient comprend 71 pages de texte et est ac- compagné de i5 planches coloriées. Exécutée sur le même plan que l'étude sur le genre Meliola, la monographie des Asterina présente les mêmes qualités. Enfin l'auteur a commencé l'étude du genre Lembosia, Champignons épiphylles originaires des pays chauds et humides, dont le mycélium pro- duit des hyphopodies intercalaires d'où naissent des périthèces pendants, ovales-allongés, s'ouvrant par une fente longitudinale. Par ces caractères les Lembosia se distinguent nettement des Asterina. Dans le but d'encourager les auteurs des travaux dont nous venons de donner un aperçu à poursuivre leurs études dans la même direction, la Commission attribue un prix à M. J. Cardot et à M. A. Gaillard un autre prix. AGRICULTURE. PRIX MOROGUES. (Commissaires : MM. Schlœsing, Reiset, Duclaux, Chambrelent; Dehérain, rapporteur.) Le Peronospora viticola, désigné encore sous le nom de Mildcw, redou- table parasite de la vigne, qui, comme le Phylloxéra, paraît être originaire ( 93o ) d'Amérique, a commencé dès 1878 à ravager les vignobles français. Aucun agent n'avait été proposé pour combattre cette redoutable invasion quand, dès 1882, M. Mii.iaudkt, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, remarqua que des vignes, voisines d'une roule, aspergées d'un mélange de sulfate de cuivre et de chaux pour empêcher les maraudeurs d'en venir prendre les raisins, étaient restéf^s indemnes, tandis que le reste du champ, qui n'avait pas reçu ce mélange, avait perdu ses feuilles. M. Millardet conçut dès cette époque l'espoir de sauver les vignes des atteintes du Mildew en les saupoudrant de dissolutions cuivriques dont l'action sur les champignons était connue depuis les travaux de Benedict Prévost sur la carie du blé. Presque en même temps et d'une façon tout à fait indépendante, M. Perrey faisait en Bourgogne la môme observation et en tirait des conséquences analogues. Toutefois, si les publi- cations in extenso de M. Perrey sont antérieures à celle de M. Millardet, celui-ci paraît avoir le premier fait la démonstration pratique du procédé. M. Millardet, en effet, annonçait à l'Académie, dans la séance du 5 octo- bre i885. que le mélange de sulfate de cuivre et de lait de chaux actuel- lement connu sous le nom de bouillie bordelaise préserve les vignes des ravages du Mildew, à la condition que le traitement soit préventif, c'est- à-dire qu'd soit fait avant l'apparition de la maladie. M. Millardet a démontré, en outre, par de nombreuses analyses exécutées avec la col- laboration de M. Gayon que les vins provenant des vignes traitées ne ren- ferment que des quantités de cuivre insignifiantes. Des milliers d'expériences ont vérifié l'efficacité du traitement et votre Commission, persuadée que l'emploi des sels de cuivre pour combattre le Mildew a sauvé d'une ruine imminente l'une des cultures les plus im- portantes de notre pays, vous propose de décerner le prix Morogues à M. Millardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux et l'un. de lîos Correspondants. ( 93ï ) AIVATOMIE ET ZOOLOGIE. PRIX THORE. (Commissaires : MM. Blanchard, Van Tieghem, Duchartre, Chatin; Bornet, rapporteur.) La Commission du prix Thore a reçu un seul envoi; il provient de M. L. Corbière, professeur de Sciences naturelles au Lycée de Cherbourg, et se compose de diverses publications relatives aux Mousses. Une d'elles, inti- tulée : Muscinées du département de In Manche, constitue un Volume de 1 73 pages, qui comprend les Mousses et les Hépatiques. D'une florule aussi restreinte on ne saurait obtenir des résultats d'une grande importance gé- nérale; mais, si elle est bien faite, si les déterminations sont exactes, si l'auteur n'admet dans son Catalogue que les espèces dont il a constaté la présence dans le rayon de sa flore, celle-ci offre un véritable intérêt au point de vue de la distribution géographique des espèces. Ces conditions sont réalisées dans l'Ouvrage de M. Corbière; il s'est entouré de tous les documents nécessaires, n'a cité que les espèces déterminées avec certitude, etles observations critiques qu'il ajoute à bon nombre d'espèces témoignent de sa compétence et du soin avec lequel son travail a été accompli. En raison de la grande étendue de ses côtes, le département de la Manche présente \\n climat doux et humide très favorable à la végétation des Muscinées, et qui explique la présence d'une assez forte propor- tion d'espèces méridionales. Des Mousses et des Hépatiques réputées spé- ciales au littoral de la (irande-Bretagne ont été rencontrées autour de Cherbourg. La constitution minéralogique du sol entraine la prédominance des espèces silicicoles; les calcicoles ne se trouvent guère que sur les murs et dans les sables maritimes. Quelquesespècesalpines ou boréales croissent dans le département, malgré sa faible altitude, et ce n'est pas un des traits l&s moins remarquables de sa végétation bryologique. La Commission attribue le prix Thore à M. Corbière. G. R., i8çi3. 1' Semestre. (T. CXVII, N- 25.) I 2/j (932) PRIX SAVIGNY. (Commissaires : MM. Milne-Edwards, de Lacaze-Dulhiers, Blanchard, Perrier; Ranvier, rapporteur.) Le prix Savigny n'est pas décerne cette année. MEDECINE ET CHIRURGIE. PRIX MONTYON (MÉDECINE ET CHIRURGIE). (Commissaires : MM. Verneuil, Guyon, Brown-Séquard, Marey, Larrev, Brouardel, Sappey; Bouchard, rapporteur.) Les prix de Médecine ont été décernés à MM. Huciiard, Delokme, Pinard et Varxier. La Commission récompense les études de M. Huchard sur les maladies du cœur, sur l'angine de poitrine, sur la cardiosclérose. Elle rend hom- mage au long et consciencieux labeur de l'auteur, à l'accumulation des faits cliniques qu'il apporte à l'appui de ses conceptions patliogéniques; et, sans prendre parti dans des questions encore débattues, reconnaît le rang éminent qu'a su prendre M. Huchard dans ces discussions et l'in- fluence que son œuvre exerce sur la pratique médicale dans le domaine des maladies du cœur. Dans le Traité de Chirurgie de guerre de M. Delorme, elle a reconnu le soin avec lequel ont été recueillies et exposées toutes les modifications que les perfectionnements des armes à feu et les nouvelles méthodes de traitement des plaies ont apportées à la médecine militaire. La Commission a apprécié plus particulièrement l'influence de la vitesse du projectile sur l'étendue des lésions; l'essai de pathogénie delà commotion cérébrale par coup de feu; l'action des nouveaux projectiles sur les vaisseaux, sur les nerfs, sur la diaphyse des os longs. MM. Pinard et Varnier ont publié un grand Atlas d'Anatomie et d'Ana- ( 9^^ ) tomie pathologique concernant des faits nombreux relatifs surtout à la Pathologie obstétricale. C'est une œuvre des plus importantes au point de vue scientifique et destinée à rendre de réels services à l'enseignement. Des mentions sont accordées à MM. Vialet, IVeumann et Fiessi\ger. M. Vialet a tenté de faire, pour la détermination des centres de la vi- sion, ce que d'autres ont fait pour les centres moteurs ou pour la parole, et il a réussi à apporter des documents nouveaux et des découvertes dans un domaine encore fort obscur. M. Neumann a étudié les parasites communs à l'homme et aux animaux et a trouvé, dans ses recherches, des applications nombreuses à la Patho- logie humaine. M. Fiessinger a fait, dans un milieu restreint, des observations du plus haut intérêt et fourni des renseignements précieux notamment au point de vue de l'épidémiologie et particulièrement de la transmission de la scar- latine, l'albuminurie, le rhumatisme infectieux. Des citations sont accordées à M. Combv, pour ses nombreuses et impor- tantes recherches de Pathologie iufanlile, et pour son Traité des maladies de l'enfance ainsi que pour son livre sur les oreillons; A M. CLAissE,qui a fait une étude systématique de l'infection des canaux bronchiques et étudié les bronchites comme on étudie depuis quelques années les infections ascendantes des glandes ; A M. Delore, pour des travaux intéressants relatifs à l'orthopédie. A MM. Testut et Blanc, pour leur Atlas d'Anatomie obstétricale limité à l'étude des relations du fœtus avec les organes maternels, étudiées à l'aide de coupes faites à travers les organes congelés. PRIX BARBIER. (Commissaires : MM. Bouchard, Verneuil, Brown-Séquard ; Chatin, rapporteur.) La Commission du prix Barbier s'est plus spécialement arrêtée, dans son examen des Ouvrages adressés pour le concours, à ceux de M. Saxsok, de M. E. Gilbert, de MM. Sabouraud et Mauclaire. ( 934 ) La Science doit à M. Sansou, outre son Traité de l'Hérédité, présente au concours, et celui de Zootechnie en cinq volumes, une série de Mé- moires, entre lesquels ceux relatifs au mal de montagne, à la Médecine vétérinaire et à l'Hygiène des animaux domestiques. La Commission récompense en M. Sanson, par la moitié du prix Barbier, toute une vie consacrée à des éludes de Zootechnie qui ont éclairé, sur plusieurs points, la Thérapeutique des maladies de l'homme. M. E. Gilbert, auteur de saAantes études sur les poisons et les philtres, sur les sciences occultes, sur les vins et l'hygiène de la table au moyen âge, expose, dans le beau volume soumis à l'appréciation de l'Académie et qui a pour titre : La Pharmacie à travers les siècles, le résultat de ses longues recherches. Cette œuvre de bénédictin, qui occuj)a son auteur durant vingt ans, vit ses débuts encouragés par notre Compagnie qui, sur le rapport de M. Du- mas, lui accordait en 1881 une mention honorable. M. Gilbert, en faisant connaîti-e les ressources que les Sciences natu- relles, et la Chimie dès son berceau, fournirent à la matière médicale et à la Thérapeutique dans la succession des âges, guide, sur plus d'un point, la Thérapeutique actuelle. En l'admettant aujourd'hui au partage du prix Barbier, l'Académie témoigne de l'intérêt qu'elle attache à des études qui, poursuivies avec persévérance au milieu de conditions peu favorables, éclairent la science moderne à la lumière du passé. Rapport sur l'Ouvrage de M. Saxso.v « Sur l'Hérédité ». L'Ouvrage extrêmement intéressant que présente M. Sansox est remar- quable par la clarté d'exposition des faits et des doctrines, et par la con- naissance profonde du sujet dont l'auteur donne partout des preuves. Il croit avoir été le premier à reconnaître, et nous croyons qu'il a été au moins le premier à bien démontrer, que la puissance héréditaire se mani- feste, chez les animaux, selon les deux modes de l'hérédité individuelle et de l'hérédité de races, et que ces deux modes sont constamment en anta- gonisme. Il démontre que la puissance héréditaire des races, dite atavisme, finit toujours par l'emporter, tôt ou tard, sur l'individuelle et que là se trouve la raison de l'impossibilité, établie par les faits, de créer des types spécifi- ques nouvc;iux. ( !)35 ) Il démontre aussi que la consanguinité ne met en jeu rien autre chose que l'hérédité. Il a, dès 18G2, soutenu cette thèse, et lui et d'autres ont admis depuis lors que, dans les cas de consanguinité, il y a convergence des divers modes de la puissance héréditaire, ce qui rend l'hérédité infaillible. Il importe de dire que les vues nouvelles de l'auteur ont été exposées par lui, soit en 1862, soit en 18G6, et que l'important Ouvrage qu'il a publié récemment, et qu'il présente au concours pour le prix Barbier, contient des additions et des développements qui ajoutent à la force des arguments sur lesquels elles reposent. La Commission accorde également une mention à M. Sabouraud pour son travail intitulé : Contribution à l'étude de la Trichophytie humaine. Dans les maladies de l'homme ou des animaux, qui sont dues à la végé- tation sur la peau ou dans les poils du Trichophylon tonsurarts, M. Sabou- raud a été frappé des différences que présentent ces maladies au point de vue de la gravité et de la durée, et il lui a paru que ces intensités diffé- rentes qui se transmettent toujours les mêmes dans les inoculations suc- cessives tiennent à des différences dans la nature de l'agent contagieux. Il distingue un Trichophylon microsporum auquel serait due la teigne ton- dante rebelle de l'enfant et un Trichophylon macrosporum qui produirait la trichophytie de la barbe et des téguments. Il a poursuivi son étude au point de vue de l'anatomiedu végétal et au point de vue des cultures. Un fait intéressant c'est que, dans les périodes de guérison, des agents infectieux secondaires se trouvent mélangés dans l'épaisseur du poil aux spores de trichophylon. Et il se trouve que, si l'on fait des cultures des ])oils ainsi envahis par le champignon principal et par les microbes de l'in- fection secondaire, ces derniers se développent et nuisent à la végétation du Trichophyton. Votre Commission vous demande enfui d'accorder une mention hono- rable à M. le D'' Mauclaire, Prosecteur à la Faculté, pour un Mémoire très important ayant pour titre : Des différentes formes d'osléo-arlhrites tuberculeuses, de leur traitement par la méthode sclérogêne pure ou combinée avec l'arthrectomie précoce et répétée, le curetage et les résections aty- piques, surtout chez l'enfant. Ce travail, aussi remarquable par le fond que par la forme, basé sur l'Anatomie pathologique, la clinique et l'expérimentation, renferme des observations nombreuses et un |)arallèle très intéressant entre la méthode ( 9'^^ ) sclérogène et les autres modes de traitement des ostéo-arthrites tubercu- leuses. La partie historique y est traitée avec un soin particulier. Le prix Barbier est partagé entre M. É. Gilbert et M. Saxsox. Des mentions honorables sont accordées à MM. Sabouraud pour son travail sur la Trichophytie et à M. Mauclaire pour ses études sur l'ostéo- arthrite tuberculeuse. PRIX BRÉANT. (Commissaires : MM. Brown-Séquard, Bouchard, Verneuil, Guyon ; Marey, rapporteur.) Suivant les clauses du legs, la Commission a partagé cette année la rente annuelle du prix Bréant entre quatre savants. Deux d'entre eux, MM. IVetter et Thoixot, sont récompensés en commun pour leurs tra- vaux sur les récentes épidémies de choléra en France. Les autres lauréats sont M, le D"^ Gimbert et M. le professeur Burlureaux, tous deux auteurs de travaux relatifs au traitement de la tuberculose pulmonaire par les in- jections hypodermiques d'huile créosotée. Rapport sur les travaux de MM. îVetter et Thoinot sur les récentes épidémies de choléra. Les Mémoires et Rapports adressés par ces auteurs à l'Académie ont été rédigés à l'occasion de diverses missions dont ils ont été chargés par' le Gouvernement en 1892. Ces travaux comprennent : 1*^ Des recherches bactériologiques sur l'épidémie de la banlieue de Paris ; 3° Une enquête sur le choléra dans le département de la Seine; 3° Une enquête sur l'épidémie de Seine-et-Oise ; 4° Enquête à Houdreville (Meurthe-et-Moselle); 5" Enquête à Marseille ; 6'^ Enquête à l'Asile de Bonneval; 'j" Enquête en Bretagne. Ces Rapports, faits en commun par MM. Netter et Thoinot, ont été rédi- gés parfois avec la collaboration de MM. Brouardel, Proust et Pompidor. ( 9'^7 ) Le travail bactériologique a fourni la preuve que, dans toutes les épidé- mies en question, il s'agissait bien du choléra vrai caractérisé par la pré- sence du bacille-virgule. Mais les auteurs ont montré que ce bacille, tout en se comportant de la manière indiquée par Koch, présentait certains ca- ractères particuliers. Les divers auteurs qui depuis ont étudié les mêmes épidémies ont confirmé l'exactitude des observations de MM. Netter et Thoinot, principalement en ce qui concerne l'action du bacille sur le lait. L'enquête de MM. Netter et Thoinot constate la longue immunité de Paris alors que la banlieue était envahie par l'épidémie. Ce résultat semble se rattacher à la provenance diverse des eaux qui alimentent les diverses localités. Les auteurs montrent en effet que, dans le département de la Seine, l'intensité et la gravité de l'épidémie ont toujours été en raison di- recte du degré de pollution des eaux distribuées aux habitants des loca- lités suburbaines. L'épidémie d'Argenteuil, par exemple, ne laisse aucun doute sur l'origine du fléau qui apparaît avec une grande gravité au mo- ment précis où la population reçoit de l'eau prise dans la Seine, en aval de Paris, an point où elle est le plus souillée. Les épidémies de Sarcelles et de Gonesse sont des exemples de l'infection de la nappe d'eau souter- raine. Mais, si l'eau est le véhicule ordinaire du contage, ce n'en est pas le vé- hicule unique; en effet, l'épidéirue qui a éclaté au mois d'avril dans la maison de Nanterre montre la part considérable que peut avoir la conta- gion directe. Ces enquêtes n'avaient pas seulement pour but l'étude des causes des épidémies, les auteurs étaient chai-gés d'en prévenir le retour et d'en arrê- ter les progrès. Le matériel dont le service sanitaire dispose aujourd'hui a fourni la preuve de son efficacité, car, à la suite des mesures prises pour combattre le choléra, les localités envahies ont été moins gravement at- teintes que dans les épidémies antérieures et la durée du fléau a toujours été abrégée. La comparaison du nombre des décès de 1892 et des autres années a montré l'heureuse influence de divers travaux d'assainissement et en particulier de l'adduction d'eaux à l'abri de toute souillure. Enfin, MM. Netter et Thoinot ont été chargés d'organiser les mesures de défense à nos frontières du Nord et de l'Est. Les postes sanitaires qu'ils ont installés sur les voies ferrées et sur les canaux n'ont nullement entravé les communications. La visite médicale avec délivrance de passeports, la désinfection du linge de corps souillé se sont effectuées régulièrement. Or, quelque opinion qu'on se fasse sur l'efficacité de ces mesures, il n'en est f 93» ) j)as moins vrai que l'enquête démontre qu'il n'y a pas en en France un seul cas de choléra qui ait eu pour origine l'introduction de la maladie par les frontières de terre. L'importance des travaux du MM. Netter et Thoixot, l'évidence des heureux effets de leur intervention dans les récentes épidémies cholériques, ont frappé votre Commission ; c'est pourquoi elle a inscrit en première ligne ces auteurs comme lauréats du prix Bréant, Rapport sur les travaux de M. Giaibert s/ir le traitement de la tuberculose pulmonaire par la créosote vraie. On sait quelle importance est attachée à l'emploi de la créosote contre la tuberculose pulmonaire, depuis que MM. Bouchard et Gimbert ont employé cette substance, après avoir réussi à l'obtenir à l'état de pureté, et surtout depuis leur publication, en 1877, d'un Mémoire remarquable sur le traitement de la phtisie pulmonaire par la créosote vraie. La difficulté, cependant, de faire prendre assez de ce médicament par la bouche, con- duisit notre confrère M. Bouchard, en 1874 et 1873, à faire des essais d'injections d'huile créosotée. Ces essais n'ayant pas été suffisants, M. Gim- bert les reprit, en 1886. Il constata bientôt ce point important, c'est qu'il évitait de causer de la douleur, ou tout au moins de vives douleurs, en faisant l'injection avec une grande lenteur. Ceci étant établi, ce savant médecin a, le premier, constaté qu'il est possible d'injecter dans un même point des doses très considérables d'huile créosotée, à raison de 3oS'' par heure. Cette opération est devenue possible grâce à l'invention due à l'auteur d'un ajipareil injecteur agissant automatiquement. Il est vrai, cependant, que le principe sur lequel est fondé cet appareil n'est pas nouveau, puisqu'il s'agit de l'emploi d'air comprimé pour faire l'injection, mais c'est la première fois que cette force a été mise eu usage pour l'introduction d'un liquide sous la peau. Dans un travail publié par l'auteur, en 1889, il a établi que l'huile d'olive peut être neutralisée par des lavages à l'alcool absolu; qu'une température de 110° suffit pour la stériliser et que la solution de cette huile, au quinzième de créosote vraie, respecte intégralement la' structure et les tonctions du tissu sous-cutané. Il a pu ainsi faire plus de ?)Ooo injections et obtenir de très importants effets thérapeutiques surtout dans des cas de tuberculose en évolution. Ces résultats nous semblent assurément dignes d'un prix et la Commis- ( 939) sion propose de donner cette grande récompense à M. Gimbert, sur les revenus de la somme du legs Bréant. Rapport sur un Ouvrage manuscrit de M. Burlureaux, sur le traitement de la tuberculose pulmonaire par des injections sous-cutanées d'huile créosote'e. M. Burlureaux présente au concours du prix Bréant un Ouvrage ma- nuscrit très considérable sur le traitement de la tuberculose pulmonaire par la créosote. La Science et la pratique doivent à ce médecin d'avoir rendu beaucoup plus utile l'instrument de M. Gimbert pour les injections sous-cutanées d'huile créosotée. Avec l'injecteur de M. Burlureaux, il n'est pas néces- saire que le médecin surveille le travail qui s'opère ou intervienne de temps en temps pour donner une nouvelle impulsion à l'écoulement. L'in- jection se fait ou peut se faire automatiquement pendant nombre d'heures et même pendant une journée entière avec une vitesse régulière et tou- jours la même de 42 gouttes par minute. L'auteur croit avoir établi le premier que, dans certaines circonstances, des tuberculeux ne peuvent pas tolérer, sans certains effets toxiques qu'il décrit avec soin, des doses même assez minimes d'huile créosotée. Quant à des doses très élevées, il a pu en faire l'emploi sans aucun risque et avec des avantages proportionnels à la dose, grâce à la connaissance qu'il a ob- tenue des premiers signes d'intoxication indiquant quand il faut arrêter l'injection. Son appareil a été employé avec profit par lui et par plusieurs médecins militaires dans des cas de choléra où il a pu injecter jusqu'à 3'" d'eau sa- lée par jour, sans occasionner de douleur locale. L'Ouvrage du D"^ Burlureaux est plein d'observations cliniques recueil- lies avec les plus grands détails, qui donnent de nouvelles preuves de l'im- mense importance de l'emploi de la créosote dans la tuberculose pulmo- naire. Nous croyons que l'Ouvrage de ce médecin mérite une grande récom- pense, et nous proposons qu'un prix lui soit donné sur le revenu de la somme du legs Bréant. Une mention honorable est accordée à M. le D'" Galliard pour ses tra- vaux relatifs au choléra. C. R., 1893, 2- Semestre. (T. CXVU, N« 25.) 125 ( 94o ) PRIX GODARD. (Commissaires : MM. Guyon, Bouchard, Sappev; Verneuil, rapporteur.) Votre Commission vous propose d'accorder ce prix à M. le D"' Tournecx, professeur d'Histologie à la Faculté de Médecine de Lille, actuellement à Toulouse, pour un magnifique Atlas où sont représentées toutes les phases du développement des organes génitaux de l'homme avec une annexe consacré à montrer l'évolution de la glande mammaire chez l'homme et le bœuf. 226 figures, réparties en 20 planches d'une exécution irréprochable et accompagnées de notes explicatives très bien rédigées, font de ce travail une œuvre de premier ordre qui honore l'auteur et la Faculté qui lui a fourni les moyens de mener à bien une telle entreprise ; on voit parla que la science transcendante trouve toujours des apôtres dans notre pays. M. le D'' TouRXEux a déjà publié plusieurs Mémoires importants sur le dé- veloppement de diverses parties des organes génito-urinaires dans les deux sexes. Cette série, commencée en 1882, sera, nous l'espérons, complétée prochainement, grâce à l'activité de l'éminent professeur. PRIX SERRES. (Commissaires : MM. Ranvier, Bouchard, Chauveau, Verneuil; Edm. Perrier, rapporteur.) La Commission chargée d'examiner les œuvres présentées pour le Con- cours du prix Serres sur V Embryogénie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et à la Médecine a distingué trois ouvrages d'égal mérite scientifique, à chacun desquels elle propose d'attribuer un prix. Ce sont ; 1° Un Mémoire de M. Pizox, agrégé de l'Université, docteur es sciences, professeur d'Histoire naturelle au lycée de Nantes, intitulé : Histoire de la blastogenèse chez les Botryllidés ; 1° Un travail de M. Sabatieiî, doyen delà Faculté des Sciences de Mont- pellier, sur la Spermato genèse chez les Crustacés décapodes; 3° Un livre de M. le docteur Letulle, professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, sur l' Inflammation. ( 9'i> ) I. Le Mémoire de M. Pizon est purement embryogénique et répond absolument, en conséquence, au programme du prix Séries. Il traite avec une rigueur, une habileté de technique et une pénétration remarquables un sujet limité en apparence, mais qui touche à la fois à plusieurs des ques- tions les plus importantes de l'Embryogénie générale. Les Botryllidés sont des Tuniciers appartenant à l'ordre des Ascidies com- posées. Ils forment, à la face inférieure des rochers sous-marins, de larges plaques foncées, sur lesquelles se détachent par leurs vives couleurs des étoiles formées chacune d'un certain nombre d'Ascidies ayant un cloaque commun. Laissant de côté la segmentation de l'œuf et le mode de formation des feuillets embryonnaires qui ont été l'objet de nombreux travaux an- térieurs à ses recherches, M. Pizon s'est proposé de déterminer : 1° Comment se forment les organes de l'Ascidie unique ou oozoïde que produit chaque œuf et qui est le point de toute colonie ; 2° Comment de cet oozoïde procède la première étoile de chaque plaque ; 3° Comment enfin se multiplient les étoiles dont l'ensemble constitue une colonie. Parmi les faits nouveaux découverts par M. Pizon relativement au mode de formation de la cavité péribranchiale, de l'organe vibratile et des divers appareils de l'oozoïde, nous signalerons surtout l'origine entodermique du péricarde, du cœur et des vaisseaux, l'origine exclusivement mésoder- mique du système nerveux et des éléments génitaux. C'est là une nouvelle preuve que les feuillets blastodermiques n'ont pas, dans la formation des systèmes, le rôle constant qu'on leur a longtemps attribué. De plus, les transformations que subit la vésicule entodermique, son rôle dans la for- mation de la branchie, du tube digestif, du sac péribranchial, de l'organe vibratile, établissent entre les larves ou les jeunes bourgeons d'Ascidies et les larves d'Échinodermes une ressemblance aussi frappante qu'inattendue. Étant donnée la parenté qui, suivant un grand nombre de zoologistes, existerait entre les Tuniciers et les Vertébrés, l'identité d'évolution des Tuniciers et des Échinodcrmes, constatée par M. Pizon, nous met en pré- sence d'une alternative dont les deux termes sont également importants : ou bien on doit admettre entre les Vertébrés et les Échinodcrmes une pa- renté qui n'a jusqu'ici rencontré que peu de créance, ou bien les pro- cessus embryogéniques n'ont pas, au point de vue de la détermination des affinités zoologiques, toute la valeur qu'on leur attribue. En étudiant le mode de formation de la première étoile de chaque colonie, M. Pizon est arrivé à des résultats non moins dignes d'attention. ( 942 ^ Précisant, rectifiant et complétant les observations de Krohn, Metschni- koff, Giard, dalla Valle, etc., il constate que l'oozoïde, bien avant d'avoir atteint tout son développement, produit, par un phénomène très remar- quable à' accélération embryogé nique, les rudiments de deux nouveaux indi- vidus ou blastozoïdes. L'organogenèse de ces derniers est calquée sur celle de l'oozoïde, et la production des bourgeons est aussi précoce chez eux et dans toute la série de leurs descendants que chez l'oozoïde. L'oozoïde et la première génération de blastozoïdes n'ont qu'une existence transitoire; c'est la deuxième génération de blastozoïdes qui constitue la première étoile; celle-ci n'a que quatre rayons, mais de nouveaux rayons sont ensuite incessamment produits, par suite de la continuation du bourgeonnement. Le développement de l'appareil génital établit entre l'oozoïde et la série entière des générations de blastozoïdes qui en procède un lien pliysiologique des plus singuliers. Les éléments génitaux produits par l'oozoïde et par les cinq premières générations de blastozoïdes passent en totalité dans la sixième. Là seulement les éléments les plus âgés arrivent à maturité et sont transformés en ovules prêts à être fécondés. Les éléments génitaux de la sixième génération de blastozoïdes et ceux de toutes les générations qui suivent se divisent désormais en deux groupes : un pre- mier groupe fournit des ovules qui s'ajoutent au stock des ovules transrais à chaque individu par les générations antérieures et qui continuent par la suite leur émigration; un deuxième groupe se transforme en un testicule dont les spermatozoïdes fécondent sur place les ovules parvenus à ma- turité. Les blastozoïdes dans lesquelles la fécondation s'est accomplie se résorbent bientôt, et les produits de leur dégénérescence servent à nourrir les blastozoïdes plus jeunes. En général, à partir de la sixième génération de blastozoïdes, les ovules doivent émigrer dans trois générations succes- sives, non compris celle où ils se sont formés, avant d'être fécondés. Si maintenant l'on suppose que la production des ovules s'active gra- duellement de manière que leur ensemble finisse par former, durant l'émi- gration, un cordon continu sans cesse en voie d'élongation, ce cordon deviendra une sorte d'ovaire commun à plusieurs individus, comme on le voit chez les Pyrosomes et surtout chez les Salpes, dont la singulière géné- ration alternante se rattache facilement par les règles ordinaires de l'ao- célération embryogénique et de l'adaptation aux faits fondamentaux dé- couverts par M. Pizon chez les Botryilidés. ( 9^»3 ) 11. Le travail de M. Sabatier sur la Spermatogenèse chez les Crustacés décapodes fait partie, pour ainsi dire, de la préface de l'embryogénie. C'est un ensemble capital de recherches délicates, approfondies, conduites avec toutes les ressources d'une technique savante sur l'origine et le mode de formation des spermatozoïdes de forme si variée, si bizarre que pro- duisent les Décapodes. Il résulte des recherches de M. Sabatier que, dans la couche protoplas- mique continue, parsemée de nombreux noyaux, qui forme la paroi testi- culaire, se différencient autour des noyaux de grosses spermalogonies. Ces dernières, par une division indirecte, trois fois répétée, et dont toutes les phases ont été soigneusement suivies, produisent les spermatoblastes . Les spermatoblastes sont des éléments sphéroïdaux, contenant un noyau. Bientôt, au-dessous du noyau que l'on peut considérer comme caractéri- sant la partie supérieure du spermatoblaste, apparaît une vésicule claire. Peu à peu le noyau se désagrège; les produits de sa désagrégation et le protoplasma qui les entoure forment, en général, un appendice qui occupe le pôle supérieur de l'élément; la chromatine semble, pendant ce temps, abandonner le noyau pour venir se rassembler dans la région supérieure de la vésicule claire, qu'elle transforme en une sorte de coupole chroma- tique; du pôle supérieur de cette coupole descend souvent, chez les Dé- capodes marcheurs, une sorte de tigelle également chargée de chroma- tine. Le protoplasma qui entourait la vésicule claire primitive fournit les rayons rigides dont les spermatozoïdes de ces animaux sont si souvent en- tourés. Ces rayons manquent aux spermatozoïdes des Décapodes nageurs qui présentent simplement une tête assez complexe et une sorte de queue. La signification de ces phénomènes de destruction du noyau et de mi- gration de la chromatine demeure indécise, mais un rapprochement s'im- pose évidemment entre la destruction du noyau des spermatoblastes des Crustacés et la résorption que subit également le noyau chez les Infusoires ciliés en conjugaison. Au point de vue de la théorie de la fécondation, ce rapprochement est d'un haut intérêt. IIL Enfin M. le D"^ Letulle a soumis au jugement de l'Académie un beau Livre sur X Inflammation, développement des leçons qu'il a profes- sées à la Faculté de Médecine de Paris et qui étaient appuyées sur de nom- breuses études originales. On aurait pu s'étonner, il y a quelques années, de voir retenir dans un concours relatif à l'Embryologie un Livre sur lin- 944 ) flammation; mais les recherches de Yialannes ('), de Rowalevsky et sur- tout de Metschnikoff ont révélé entre les processus du développement em- bryonnaire et ceux de l'inflammation des ressemblances assez grandes pour que ces processus soient aujourd'hui susceptibles de s'éclairer mutuelle- ment. Le Livre de M. le D'^LeLulle est conçu dans un esprit qui provoque ces comparaisons, et la Commission du prix Serres demeure, par conséquent, dans son rôle en réservant une récompense pour une œuvre, en apparence exclusivement et essentiellement médicale, mais sur laquelle planent cependant des conceptions qui ont pris leur source dans les recherches des embryologistes. M. le D'' LetuUe adopte la théorie de l'inflammation de Conheim : V inflammation c'est la somme des différents processus débutant par la dilatation vasculaire, passant par la margination des leucocytes, pour aboutir à la transsudation de substances solides (^diapédése) et liquides {exsudats) appartenant au sang. Son Livre est le développement basé sur des observations personnelles nombreuses de cette définition. Il passe successivement en revue le rôle et les transformations des endothéliums vasculaires, les diverses sortes de globules blancs migrateurs, fonctionnant ou non comme phagocytes, les dégénérescences et les modifications di- verses que les éléments anatoniiques peuvent éprouver sous l'action des diverses causes d'inflammation, parmi lesquelles les invasions bacillaires occupent un des premiers rangs. Douze planches coloriées accompagnent ce Livre didactique, remarquable par un sens critique qui porte constam- ment l'auteur vers les plus élevées des conceptions auxquelles ait donné naissance l'important Chapitre de Médecine dont il fait l'exposé. La Commission, se basant sur cet ensemble de considérations, propose à l'Académie de diviser le prix Serres en trois parts : d'attribuer la prin- cipale à M. PizoN, auteur du travail le plus conforme au programme du prix; une fraction à M. le professeur Sabatier, dont le travail est moins embryogénique et traite un sujet plus restreint, et une fraction moindre à M. le D' Letulle, dont le beau Livre contribuera à éclairer diverses ques- tions fondamentales d'embryogénie, sans se rattacher directement à cette branche de la Science. (') Voir surtout dans la partie de l'œuvre de ce savant, prématurément enlevé à la Science : Recherches sur l'histologie des Insectes et sur les phénomènes histologiques qui accompagnent le développement post-embrj on/taire de ces animaux {Annales des Sciences naliirelles, août 1882, i'' article, p. lai). 945 ) PRIX PARRIN. (Commissaires : MM. Bouchard, Brouardel, Brown-Séquard, Mascart; Chaiiveau, rapporteur.) Le prix Parkin n'est pas décerné celte année. l'RIX BELLION. (Commissaires : MM. Bouchard, Brown-Séquard; Baron Larrey et Guyon, rapporteurs. ) La Commission du prix BeUion a l'honneur de proposer à l'Académie d'attribuer deux prix à MM. les docteurs C. Chabrié et Coustan. Sous le titre de : Contribution à l'élude expérimentale de la fonction du rein, M. Chabrié, qui est à la fois docteur es sciences et docteur en méde- cine, a entrepris une série de recherches destinées à éclairer la physiologie d'un organe dont le fonctionnement normal a une influence si prépondé- rante sur la santé de l'homme et par cela même sur les destinées de l'es- pèce humaine. L'auteur est donc bien dans la donnée que le testateur in- dique à ceux qui concourent pour le prix qu'il a fondé. Le travail de M. Chabrié comprend trois Parties. La première est con- sacrée à l'exposé d'ingénieuses expériences, la seconde à l'étude de l'élimination par le rein des malades dits urinaires; dans la troisième, il fait connaître une substance nouvelle, l'albumone, qui existerait normale- ment dans le sang. Cette substance se rapproche des ferments solubles de l'urine, mais s'en distingue parce qu'elle n'a pas comme eux la pro- priété de fluidifier l'empois d'amidon. Je neveux insister que sur les re- cherches originales qui ont permis à l'auteur d'établir l'influence du volume moléculaire sur l'élimination des substances qui traversent le rein. \ Dans une première série d'expériences, M. Chabrié montre que, lors- qu'une solution aqueuse contenant des corps de composition élémentaire analogue, des composés azotés par exemple, tels que l'urée et la serine, traverse un filtre de terre poreuse sous pression, le composé de petit volume moléculaire, l'urée, traverse plus vite le filtre que le composé de plus grand volume. ( 946 ) Il montre ensuite que lorsqu'une solution contient deux composés de grand volume moléculaire, c'est celui des deux qui a le moindre volume qui passe le plus rapidement. Par exemple, la serine traverse plus vite le fdtre que l'hémoglobine contenue dans la même solution. Il fait voir enfin que, lorsqu'une solution d'albumine chemine à travers un tube capillaire suffisamment fin, les premières portions du liquide qui passent sont les moins concentrées, ce qui démontre encore la difficulté relative avec laquelle les grosses molécules cheminent dans les espaces capillaires. Passant de l'expérimentation à l'observation, M. Chabrié a pu confir- mer l'importance des données fournies par l'étude physique par lui pour- suivie. C'est ainsi que, dans l'hémoglobinurie paroxystique a yr/^ore, l'au- teur a pu constater que les principes azotés, tels que l'urée, sont excrétés autant ou plus abondamaient pendant la crise qu'auparavant et que la quantité de serine est considérable par rapport à celle de l'hémoglobine. M. Chabrié se garde du reste d'attribuer à la notion des volumes molé- culaires une part plus grande qu'il ne convient pour l'étude physiologique de la fonction du rein. Il distingue dans cette fonction \i\ partie physique, qui aboutit à l'élimination des produits du sang qui passent par cet organe sans y subir de transformation appréciable, et montre par des exemples tirés de la présence de l'acide hippurique, de la créatinine et de la cystine dans les urines, qu'à côté de l'étude de la partie physique, les recherches sur la fonction du rein nécessitent aussi l'étude d'une fonction chimique. C'est en raison du caractère scientifique du travail de M. Chabrié et de la très intéressante contribution qu'il apporte à la Physiologie et à la Pa- thologie, que votre Commission a attribué à l'auteur une part principale du prix Bellion. Rapport de M. le baron Larrey. Le concours du prix Bellion avait reçu, pour cette année, un volumineux manuscrit de deux cents pages in-folio, intitulé : De la fatigue dans ses rapports avec iétiologie des maladies des armées . L'auteur, M. le D'' Coustan, médecin-major de i" classe, en retraite, des hôpitaux, expose une question nouvelle dans son ensemble et dans la plupart de ses parties, comme le témoigne la classification précise des six chapitres de son œuvre inédite. C'est la recherche des causes et des effets de la fatigue, dans les exer- cices et les manœuvres militaires, dans les marches prolongées ou forcées, depuis les efforts les plus faciles, jusqu'à l'excès de leur influence. Ici se { 947 ) présente la question complexe dite du surmenage, nppliquée à toutes les situations de la vie militaire, sujet encore neuf et rempli d'intérêt, parce qn'effectiAement la troupe est souvent malade, sous des formes et dans des conditions inhérentes à son genre de vie. M. le médecin-major Coustan le démontre par les recherches pratiques les plus suivies et les plus pro- bantes, commencées par lui dans la marine, poursuivies dans l'armée et décrites dans la retraite du service actif. Le Chapitre I emprunte à l'histoire ancienne des citations de Tite-Live sur les armées romaines en campagne, d'après un Consul romain, ilémon- trant à ses soldats que les Gaulois, malgré leiu' haute taille et leur force physique, ne résistent pas, après le premier choc, aux ardeurs du soleil, aux fatigues tle la marche, aux souffrances de la soif et de la faim, et aux excès de la fatigue. L'auteur expose ensuite les effets physiques des campagnes de guerre, dans les temps modernes, d'après Pringle, Monro, Ramazzini et d'autres, précurseurs des médecins militaires de notre époque. De nombreux faits historiques démontrent les conséquences morbides de la fatigue, chez les soldats en campagne et, dans diverses conditions, parmi de trop jeunes soldats, une effrayante mortalité. Les recherches de l'auteur, à cet égard, offrent un intérêt spécial et méritent d'être appréciées par tous les médecins de l'armée. Le Chapitre H, offrant d'abord un aperçu de la physiologie du mouve- ment, expose la physiologie de la fatigue et son tableau clinique, depuis la simple courbature, ou le degré le [)lus faible de la fatigue musculaire, jus- qu'à l'état de rigidité presque cadavérique, dont meurent souvent les ani- maux, et quelquefois les hommes, forcés par l'excès de la fatigue. Le Chapitre III analyse les recherches d'autres observateurs, notamment relatives à Y urologie de la fatigue, en s'éclairant des travaux de M. le pro- fesseur Bouchard sur le degré variable d'état toxique des urines. Ce Chapitre tout entier atteste le mérite personnel du D' Coustan, qui, pendant des marches forcées de la troupe, a fait sur lui-même des re- marques intéressantes, confirmant aussi, d'autre part, les intéressantes recherches de M. Marey sur la locomotion de l'homme. Le Chapitre IV, dt crivant les excès de la fatigue, pourrait s'appeler le Chapitre du surmenage, soit des maladies produites par cette cause, soit des maladies préexistantes qu'elle réveille et aggrave. C'est tantôt un surmenage progressif et prolongé, tantôt rapide et violent, chez les jeunes soldats dont la croissance n'est pas achevée. C. R., 1893, 2> Semestre. (T. CXVII, N' 25.) I 26 ( 9l« ) Le Chapitre V offre une élude nouvelle de l'auteur sur les maladies fré- quemment dues à la fatigue et au surmenage des soldats, c'est-à-dire à l'excès des exercices, des manoeuvres et des marches forcées, dans les conditions diverses de la vie militaire et sous les influences multiples, natives ou acquises, de la pathologie humaine. Le Chapitre VI et dernier a en vue la prophylaxie de la fatigue et commence par la nécessité d'un recrutement méthodique, bien dirigé, pour faire supporter au soldat les lassitudes de la guerre, lorsqu'il s'agit par exemple de la formation des armées de terre et de mer, pour entrer en campagne, alors qu'aujourd'hui, le service militaire est obligatoire pour tous. Il est d'ailleurs incontestable, en principe, que les armées re- crutées comme elles doivent l'être, et régulièrement entraînées, sup- portent mieux toutes les fatigues et résistent à tous les dangers de la guerre, plus que les masses recrutées et incorporées avec précipitation. Il importe enfin que le vêtement et l'équipement complets méritent toute la sollicitude des autorités militaires, en vue surtout des fatigues à supporter, et obtiennent progressivement les améliorations nécessaires aux besoins du service et aux progrès de l'hygiène militaire. Mais bornons là ce rapport, trop succinct peut-être pour apprécier, suivant son mérite, l'immense travail de M. le D'' Coustan Sur la fatigue, dans ses rapports avec l'étiologie des maladies des armées. PRIX MEGE. (Commissaires : MM. Bouchard, Guyon, baron Larrey, Brown-Séquard ; Verneuil, rapporteur.) "Votre Commission vous propose d'accorder ce prix ou de donner l'inté- rêt de la somme à M. le D' Herkgott, Téminent professeur honoraire à la Faculté de Nancy, bien connu pour ses beaux travaux d'Obstétrique et son remarquable enseignement à Strasbourg jadis, puis à Nancy. L'Ouvrage que nous vous proposons de récompenser aujourd'hui est recommandable à deux titres : La première Partie est la traduction en français avec nombreuses anno- tations, additions et figures de la célèbre histoire de l'Obstétrique de G.-J. deSiebold. M. Herrgott, en érudit accompli, a profité de cette occasion pour étudier à son tour quelques anciens auteurs, tels que Soranus, Moschion et ( 9^19 ) d'autres encore, sur les œuvres et la personnalité desquels régnait encore beaucoup d'obscurité. IJa seconde Partie, intitulée modestement Appendice, qui ne forme pas moins d'un gros volume, renferme une série de travaux originaux d'un très grand intérêt qui montre que, chez M. Heurgott, le clinicien est à la hauteur du savant. Les étrangers, rendant hommage au grand mérite de l'Appendice, se sont empressés d'en faire une traduction. PRIX LALLEMAND. (Commissaires : MM. Charcot, Bouchard, Marey, Ranvier; Brown-Séquard, rapporteur.) Un habile anatomiste, M. Trolard, professeur à l'École de Médecine d'Alger, nous a présenté, pour le prix Lallemand, de nombreux travaux d'Anatomie du système veineux du crâne, de l'encéphale et du canal ver- tébral. Ses découvertes, dont les principales ont été vérifiées par plusieurs savants distingués, l'ont depuis longtemps placé très haut parmi les anato- mistes français. Parmi les nombreux faits originaux qu'il a publiés, nous nous borne- rons à signaler les suivants : Il a décrit le premier des réservoirs ou lacs sanguins en communication avec les sinus veineux du crâne et surtout le sinus longitudinal sujiérieur. Il a découvert une veine nouvelle, qui porte son nom et qui établit une large communication entre les sinus de la base du crâne et le longitudi- nal supérieur. Il a aussi trouvé un nouveau sinus placé dans la suture pétro-occipitale, et une veine nouvelle qui sert de dégorgement aux sinus de la base du crâne. Il a signalé le premier la présence d'un confluent veineux dans la fosse condylienne antérieure, où convergent cinq veines ou sinus. Il a décrit le premier un hexagone veineux correspondant à l'hexagone artériel classique. On lui doit d'avoir montré que les artères encéphaliques sont envelop- pées d'un appareil veineux particulier. Ses recherches extrêmement nombreuses sur les vésicules de Pacchioni ont établi d'une manière positive le rôle que jouent ces petits organes ( 95o ) dans la cavité crânienne. Ils servent de rivets, passant à travers les mem- branes cérébrales, donnant au cervelet et aux hémisphères cérébraux leur fixité. Il a montré que la faux du cerveau, grâce à ces rivets, devient une tente intercérébrale ayant le même rôle que possètie la tente du cervelet pour ce dernier organe. Il a étudié avec le plus grand soin les points d'at- tache de hi faux du cerveau avec les hémisphères et avec la pie-mère qui vient des ventricules et les lames qui proviennent des sillons de la partie postérieure des hémisphères. Il a fait voir que I4 pituitaire doit être considérée comme une prolonga- tion de la dure-mère. Il a décrit le premier une fosse olfactive et une expansion de la dure- mère formant, dans celte fosse, une tente olfactive. On lui doit un excellent travail, riche en faits nouveaux, sur les mé- ninges spinales, les nerfs sacrés et le lilum terminale. Dans ce travail il a établi, contrairement à ce qui était admis, que le cul-rle-sac méningien s'arrête au niveau de la seconde vertèbre sacrée. Le filum terminale, ainsi qu'il l'a fait voir, contrairement aux idées erronées qui avaient cours, est comjwsé de nerfs sacrés et d'éléments fdjreux. Il a simplifié considérable- ment ce qui était connu à l'égiird du système veineux vertébral et nette- ment établi que tout peut être ramené à l'existence de deux canaux prin- cipaux dont l'origine est au confluent condylien antérieur et la terminaison au niveau de la seconde vertèbre sacrée. Les découvertes et les travaux originaux de M. Trol.vrd sont les uns si importants, les autres si intéressants que la Commission, à l'unani- mité, propose à l'Académie de lui donner le prix Lallemand. PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYON (PHYSIOLOGIE EXPERIMENTALE). (Commissaires : MM. Marey, Brown-Séquard, Charcot, Boucliard; Chauveau, rapporteur.) La Commission décerne deux prix : L'un à M. Laulaxié, pour ses Recherches expérimentales sur les variations corrclatiws de !a theimogenêse et des échanges respiratoires ; ( 95i ) L'aulre à MM. Abelous et Langlois, pour leurs Recherches sur la phy- siologie des capsules surrénales. La Commission accorde de plus deux mentions très honorables à M. A.-B. Griffiths et à M. L. Crié. L'étude simultanée de la thermogenèse et des échanges respiratoires, inaugurée par Dulong et par Despretz, présente de grandes difficultés. Elles ont éloigné de cette méthode le plus grand nombre des physiologistes qui se sont voués à la recherche des lois de la calorification dans ses rap- ports avec la respiration. M. Laulanié est un des physiologistes, assez rares, qui se sont attachés à cette étude simultanée; il l'a appliquée à un grand nombre de cas divers. Son premier soin a été de se créer un outillage commode, permettant la multiplication des expériences et les comparaisons nombreuses. Il ne saurait être décrit ici avec détail. C'est un appareil Regnault et Reiset modifié et transformé en calorimètre à rayonnement. Ce calorimètre inscrit automatiquement les quantités de chaleur produite et d'oxygène absorbé, au moyen de dispositifs nouveaux créés par M. Laulanié. L'auteur, à l'aide de cette instrumentation, a pu étudier successivement la plupart des influences capables de modifier la respiration et la produc- tion de la chaleur. Voici, en effet, les conditions variées dans lesquelles M. Laulanié a cherché la loi des variations de la thermogenèse et des échanges respiratoires : i" L'inanition; 2° Le régime hydrocarboué ; 3° Le régime animal; 4° L'état d'activité du système musculaire; 5° Les conditions modifiant le rayonnement du corps et la perte de chaleur qui en résulte : tonte, vernissage de la peau, etc. Nombreux sont les renseignements nouveaux recueillis, avec précision, sur l'oxygène absorbé, l'acide carbonique exhalé et la chaleur produite, dans les expériences de l'auteur. On y trouve de précieuses indications qu'apprécieront les physiologistes qui s'intéressent à la grande question des sources et de l'utilisation de l'énergie dans l'économie animale. Nous signalerons particulièrement l'un de ces renseignements. Les résultats obtenus par M. Laulanié montrent qu'en somme, sauf une exception intéressante, sur laquelle nous allons revenir, les courbes de la thermogenèse et celles des deux coefficients respiratoires (absorption de l'oxygène, exhalaison de l'acide carbonique) suivent, au moins dans l'en- ( 9^2 ) semble, une marche assez sensiblement parallèle. C'est une indication précieuse en faveur de la théorie de la combustion, appliquée par Lavoisier aux transformations chimiques qui se passent dans l'économie animale. Ces transformations se présentent surtout avec la physionomie de phéno- mènes essentiellement aérobies. Mais ce n'est pas toujours le cas, et les recherches de M. Laulanié éclairent le mécanisme de certaines discor- dances observées entre la marche de la courbe de l'absorption de l'oxygène et celle de l'exhalaison de l'acide carbonique. On sait depuis longtemps quelles sont les modifications que le régime introduit dans le quotient respiratoire. Sur le sujet en état d'inanition, ce quotient respiratoire est à son minimum. On en conclut, d'une part, que l'oxygène, introduit dans l'intimité de l'organisme par la respiration, se fixe en assez notable quantité dans les excréta solides et liquides ; d'autre part, que le processus aérobie des transformations chimiques, au sein des tissus, chez l'animal en état d'inanition, appartient bien tout entier au type des combustions pures et simples. Si le sujet passe de l'inanition au régime exclusif de la viande, les deux coefficients respiratoires, absorption d'oxygène, exhalaison d'acide carbo- nique, augmentent l'un et l'autre, toujours en proportion de la quantité d'aliments ingérés, et la thermogenèse s'accroît sensiblement dans la même proportion. Aussi le quotient respiratoire se modifie-t-il peu, quoi- qu'il tende à s'élever plus que chez le sujet à l'inanition. C'est une preuve que l'alimentation animale n'entame guère, si même elle l'atteint, le caractère aérobie du chimisme intime de l'organisme. Si c'est au régime exclusivement hydrocarboné qu'est mis le sujet pri- mitivement à l'inanition, les choses ne se passent plus de la même manière. Il intervient alors un processus essentiellement anaérobie. Le quotient respiratoire augmente considérablement; il peut même, comme on sait, dépasser l'unité. M. Laulanié a montré qu'en cette circonstance, il n'y a pas seulement discordance entre la courbe de l'acide carbonique exhalé et celle de l'oxygène absorbé. La courbe thermique est, comme cette der- nière, en discordance avec la première. Cette courbe thermique suit seule- ment la courbe de l'absorption de l'oxygène. Il y a donc, dans le cas d'ali- mentation exclusive avec des aliments hydrocarbonés, une notable partie de l'acide carbonique exhalé en provenance d'un acte chimique qui ne participe en rien à la thermogenése. Cet acte chimique n'est bien, comme le pensaient les chimistes et les physiologistes, qu'un dédoublement des hydrates de carbone en graisse, eau et acide carbonique, dédoublement ( 953 ) dans lequel les manifestations exothermiques et endothermiques se neu- tralisent. Le calcul montre, en effet, que la somme des chaleurs de formation de ces trois produits du dédoublement diffère peu de la chaleur de formation du principe initial, l'hydrate de carbone : ce qui, d'après Fun des théo- rèmes fondamentaux de la Mécanique chimique, implique ime réaction neutre au point de vue thermique. Or les déterminations thermogéné- tiques de M. Laulanié donnent aux indications théoi'iques une éclatante sanction. D'autres indications fournies par les expériences de M. Laulanié mon- trent que le processus anaérobie intervient encore, quoique d'une ma- nière incomparablement moins active, toutes les fois que la thermogenèse et les échanges respiratoires sont activés par un accroissement du travail physiologique des tissus de l'organisme. Les données nouvelles fournies à ce sujet par les travaux de M. Laulanié sont de celles qui sont appelées à être exploitées avantageusement dans l'établissement des lois de l'éner- gétique biologique. MM. Abelous et La\glois ont répété les expériences bien connues de M. Brown-Séquard sur l'importance fonctionnelle des capsules surrénales et ont entrepris de vérifier la nature du rôle attribué par notre Confrère à ces organes. En utilisant les méthodes nouvelles de recherches et en s'a- dressant, non plus seulement aux Mammifères, mais encore aux Batraciens, les auteurs sont arrivés à constater un certain nombre de faits nouveaux qui confirment d'une manière fort intéressante les expériences et les vues du promoteur de cette importante question. Pour faire ressortir l'intérêt de la contribution apportée par MM. Abelous et Langlois, nous résumerons les résultats qu'ils ont obtenus dans les pro- positions suivantes : 1° Lorsque l'ablation des capsules surrénales est pratiquée sur les gre- nouilles, elle amène la mort, comme chez les Mammifères, même lorsque cette ablation est incomplète, pourvu que la partie qui subsiste soit fort minime. La survie n'est observée que si la partie laissée en place équivaut, en poids, au onzième des organes complets. 2° La survie des grenouilles, après la destruction des deux capsules sur- rénales, est prolongée si l'on introduit des fragments de ces organes dans le sac lymphatique dorsal. Cette prolongation de la survie ne peut recevoir qu'une interprétation : les fragments introduits cèdent à la lymphe certains ( 954 ) principes qui se diffusent clans le sang et en neutralisent temporairement la toxicité. 3° Le sang des grenouilles acapsulées, recueilli peu de temps avant la mort, est toxique pour les grenouilles qui viennent d'être privées de leurs capsules. Injecté dans les veines, il fait survenir rapidement la paralysie et la mort. Injecté dans les veines de grenouilles normales, le sang des cobayes acapsulés provoque, chez ces grenouilles, des phénomènes convulsifs et paralytiques. 4" Le poison qui se forme dans le sang, après la destruction des deux capsules surrénales, a une action analogue à celle du curare. Quand on répète, non plus avec du curare, mais avec du sang de grenouilles acapsu- lées, l'expérience classique de Cl. Bernard, montrant que ce sont les ter- minaisons nerveuses motrices qui sont touchées par le poison, on obtient exactement les mêmes résultats. 5" Chez des cobayes acapsulés, l'injection du suc dilué de capsules sur- rénales double la durée de la survie. Cette injection arrête les convul- sions chez les animaux privés de ces organes. 6° Lorsque la greffe des capsules a réussi, chez des grenouilles, on peut extirper les deux capsules du porteur de la greffe sans causer la mort. Cette survie est due à l'action de l'organe greffé, car si on l'enlève, la mort a lieu exactement comme chez un animal sain auquel on a enlevé les deux capsules. M. A.-B. GuiFFiTHS croit avoir trouvé une série de substances animales nouvelles, spécialement une globuline qu'il nomme pinnaglohine; quatre globulines incolores servant à la respiration chez divers Invertébrés; deux pigments respiratoires, dont l'un est nommé par l'auteur échinochrome et l'autre hermèrythrine; une substance qu'il nomme piifine; une ptomaïne obtenue par la culture du micrococcus telragenus ; une leucomaïne; des ptomaïnes extraites des urines dans quelques maladies infectieuses. En outre de ces travaux, l'auteur a fait aussi des recherches sur l'histologie de quelques Invertébrés, sur les couleurs des insectes et sur la matière colo- rante du micrococcus prodigiosus. M. L. Crié a publié des Recherches botaniques, toxicologiques, physiologi- ques et thèi apeutiques sur les champignons vénéneux et sur les Hyphomycétes pathogènes. Ces recherches, qu'il serait trop long d'analyser, ont éclairé C)J3 ) quelques points restés obscurs dans l'histoire physiologique des végétaux inférieurs. PRIX JA CAZE (PHYSIOLOGIE). (Commissaires : La Section de Médecine et Chirurgie ; MM. Chauveau, Ranvier, Milne-Edwards, Marey, rapporteur.) M. d'Arsonval, à qui la Commission a décerné le prix pour 1898, a fait faire de grands progrès à l'étude des phénomènes physiques de la vie; il s'est occupé plus spécialement de la chaleur et de l'électricité animales. Il a créé lui-même un grand nombre d'instruments extrêmement ingénieux qui lui ont permis de faire des découvertes d'une haute importance et d'introduire en Physiologie des mesures d'une précision extrême. En ce qui concerne la chaleur animale, M. d'Arsonval a substitué au ca- lorimètre déglace, d'un emploi si difficile, des méthodes nouvelles qu'il a créées et qui permettent de mesurer exactement les quantités de chaleur dégagées par un être vivant quelconque et pendant un temps indéfini. Cette mesure se fait automatiquement, sans nécessiter de corrections, et les phases du dégagement de chaleur s'inscrivent, dans les appareils de M. d'Arsonval, sous forme d'une courbe continue dont l'analyse fournit tous les éléments nécessaires pour résoudre les questions naguère si ob- scures de la thermogenèse animale. Les appareils à température constante de M. d'Arsonval sont aujourd'hui répandus dans tous les laboratoires; ils sont la base de ses appareils calo- rimétriques; en effet, la chaleur dégagée par l'animal se déduit de la quan- tité d'eau qui a traversé l'appareil et qui, y pénétrant à la température de zéro, en ressort à la température pour laquelle on a réglé le calorimètre. L'Académie a déjà sanctionné la valeur de ces appareils en accordant deux fois à leur auteur le prix Montyon de Physiologie. Avec ses divers calorimètres, M. d'Arsonval a pu résoudre les problèmes physiologiques suivants : 1° Influence du poids et de la taille de l'animal sur la quantité de chaleur qu'il dégage; 2" de l'espèce sur cette quantité de chaleur; 3° des téguments; 14° <^^ 1^* température ambiante; 5° de la pression barométrique; 6° de la composition du milieu respirable; 7" de l'absti- nence; 8*^ de la digestion; g" de la lumière et de l'obscurité ; 10° de divers enduits appliqués sur la peau; i )° du développement embryonnaire; 12° de la fièvre; iS" des irritations périphériques; i4° des divers anesthési- C. R.. iS<,3 2' Semestre. (T. r.XVII, N» 25.) I27 (956) ques; i 5" du repos et de l'activité musculaires ; iG° de la sécrétion cuta- née, etc. Ce savant a également déterminé le coefficient de partage de la chaleur émise par le poumon et par la surface du corps. Il a montré les causes d'erreur que l'on pourrait commettre si l'on voulait apprécier, d'après la température propre à une espèce animale, la quantité de chaleur qu'elle produit. Pour les mesures délicates de température, l'auteur a également ima- giné des appareils thermo-électriques spéciaux avec lesquels il observe, au sein des tissus, les plus faibles variations de température. C'est avec ces appareils qu'il a montré ce fait surprenant qu'une excitation nerveuse, insuffisante pour produire dans un muscle un mouvement appréciable, amène cependant dans ce muscle une production de chaleur et une aug- mentation des combustions organiques, même en V absence de toute circu- lation sanguine. Dans le domaine de l'électrophysiologie et des applications de l'électri- cité à la thérapeutique. M, d'Arsonval a réalisé des découvertes peut-être plus importantes encore. Ses divers appareils de mesures électriques, ses galvanomètres, ses électrodes impolarisables, ses excitateurs divers reposent sur des données absolument nouvelles. Leur grande précision et leur maniement facile les ont fait adopter aussi bien dans les laboratoires de Physiologie que pour les recherches industrielles. Étudiant avec ses appareils la variation négative des nerfs et des muscles et la décharge des poissons électriques, M. d'Arsonval est arrivé à ramener tous ces phénomènes aux lois générales de l'électricité, et à montrer qu'ils se rattachent aux variations de la tension superficielle des éléments organiques conformément aux principes découverts par notre confrère Lippmann. M. d'Arsonval a imaginé un nouveau chronomètre électrique pour mesurer la vitesse de l'agent nerveux à l'état sain et dans les différentes maladies. On lui doit aussi le myophone qui, traduisant par des sons téléphoniques les plus faibles vibrations musculaires, lui a permis de voir que, même en rigidité cadavérique, un muscle obéit encore à l'action de ses nerfs et que tous les tissus contractiles vivants séparés du corps réagissent ;i l'action de la lumière, comme le fait l'iris, suivant la découverte mémorable de notre confrère Brown-Séqiiard. D'autres fois, M. d'Arsonval, transformant un muscle en un véritable lélé- (95? ) phone, s'en est servi pour reproduire la vibration de la parole articulée, montrant ainsi que la fibre musculaire peut répondre parfois à plus de 5ooo excitations par seconde. Enfin, voulant donner par la synthèse une démonstration de ses théories sur la contraction musculaire, M. d'Arsonval a imaginé le muscle artificiel, élégant appareil qui, sous l'action d'un courant électrique, présente dans les éléments qui le constituent des changements de tension superficielle, et se raccourcit en produisant du travail. Dans un autre ordre d'idées, M. d'Arsonval a cherché à régler les appli- cations de l'électricité comme excitant des tissus vivants. Le Congrès des Electi'iciens réuni à Paris en 1881 avait formulé le vœu de voir introduire en Physiologie et en Thérapeutique une mesure des excitations électriques les rendant toujours comparables entre elles. M. d'Arsonval a cherché à réaliser cette unification de l'excitant électrique. Il a montré que l'état variable du courant excitateur peut être défini par une courbe qu'il appelle la caractéristique de V excitation et que cette courbe étant connue, on peut prévoir les effets que l'excitation devra produire sur les nerfs et sur les muscles. Une fois maître des excitants qu'il emploie sur les organes vivants, M. d'Arsonval a tiré de ses méthodes d'utiles applications au diagnostic des maladies; il a montré, bien avant M. Tesla, les singuliers effets des exci- tations de très grande fréquence; ainsi, en employant les excitations de forme sinusoïdale de fréquence croissante, il a vu que le corps humain peut être impunément traversé par des courants puissants, répétés plu- sieurs millions de fois par seconde, tandis que ces mêmes courants auraient une action foudroyante si leur fréquence était réduite et ne produisait que quelques centaines d'excitations par seconde. Mais ces courants de haute fréquence, s'ils sont inoffensifs, n'en ont pas moins des effets puissants sur l'organisme; ils produisent l'anesthésie lo- cale, ils dilatent les vaisseaux et abaissent la pression du sang dans les artères; ils augmentent les échanges gazeux respiratoires. Ainsi, M. d'Arsonval a doté la Thérapeutique de moyens nouveaux très précieux qui sont, d'une part, l'électrisation par les courants voltaïques de forme sinusoïdale à basse fréquence, avec lesquels il produit à volonté des excitations bien définies des muscles et des nerfs de l'homme, et, d'autre part, les courants de haute fréquence, avec lesquels il produit, par in- duction à distance, des effets qui semblent appelés à produire sur l'orga- nisme de très utiles modifications. ( 958 ) Dans cet exposé sommaire des titres de M. d'Arsonval, nous avons dû passer sous silence un grand nombre de découvertes de Physique pure ou de Physiologie malgré l'intérêt qu'elles présentent. Nous rappellerons toutefois, en terminant, les si intéressants travaux faits par l'auteur, en collaboration avec son maître, M. Brown-Séquard. C'est avec les ingénieux dispositifs créés par M. d'Arsonval, que les effets du poison pulmonaire ont été mis en évidence; c'est M. d'Arsonval qui a trouvé le moyen de stériliser à froid les liquides de l'organisme et de rendre facilement applicable une méthode thérapeutique qui a pris dans ces der- nières années un si grand développement. Avec autant de modestie que de loyauté, notre savant Confrère M. Brown-Séquard, affirmait devant la Commission que la part de M. d'Arsonval est au moins égale à la sienne dans la découverte des propriétés des liquides organiques et dans la dé- monstration de ce fait, que le rein, eu particulier, outre la sécrétion qui lui est propre, produit une sécrétion interne spéciale indispensable à la vie. En présence de tant de travaux si importants et si divers, votre Com- mission a été unanime pour décerner à M. d'Arso.wal le prix La Caze de Physiologie pour l'année idgS. PRIX POURAT. (Commissaires : MM. Bouchard, Guyon, Chauveau; Brown-Séquard, rapporteur.) La Commission n'a reçu qu'un Mémoire pour le prix Pourat, pour iHgS. A l'unanimité des Membres présents elle a décidé de proposer à l'Aca- démie de donner le prix à l'auteur de ce Mémoire, M. E. 3Ieyer, chargé de Cours à Toulouse. L'une des deux parties principales de ce travail consiste en recherches nombreuses et importantes sur la question de savoir si le rein, comme le testicule et le pancréas, glandes ayant des conduits excréteurs pour une excrétion ou sécrétion externe, possède aussi une sécrétion interne, ser- vant à des usages importants après l'entrée dans le sang des éléments qui la composent. Depuis longtemps votre rapporteur avait émis l'idée que le rein est non seulement un organe donnant au sang des matériaux qu'il forme, mais que ces matériaux ont une très grande utilité. Avec M. d'Arsonval il a fait récemment des expériences qui viennent à l'appui ( g'-Q ) de cette idée, en montranl qu'après l'extirpation des deux reins chez des Mammifères, lorsque la mort va arriver, on donne encore de la force et une prolongation notable de vie à ces animaux en leur injectant sous la peau le suc dilué retiré de reins venant d'être enlevés à d'autres ani- maux. M. Meyer a essayé de résoudre la question d'une autre manière. Il a pris la mesure des mouvements respiratoires chez des chiens, à l'état normal, puis, sous l'influence de l'état morbide engendré par l'absence des reins et enfin après des injections de suc dilué retiré de reins frai?, soumis à des sections puis à la compression des morceaux obtenus. Il a ainsi pu con- stater, ce que montrent de beaux et nombreux tracés, que l'un des effets morbides dus à l'absence des reins, le phénomène respiratoire, connu sous le nom de Cheyne-Stokes, disparaît et que la respiration devient gra- duellement normale après l'injection de suc rénal. C'est là une excellente démonstration que quelque chose qui manquait au sang par suite de la cessation d'une sécrétion interne des reins lui est donné par le suc extrait de leins. D'autres expériences de M. Meyer conduisent à des conclusions sem- blables. D'une part, il a trouvé que le sang veineux rénal ou le sang d'un animal ayant ses reins, injecté chez un autre animal privé de reins, amé- liore la respiration troublée de celui-ci; d'autre part, il a constaté que si l'on transfuse du sang d'un animal, privé de reins depuis assez longtemps, chez un animal auquel on vient d'enlever ces organes, on fait apparaître bien plus rapidement les troubles respiratoires que si l'on n'avait pas fait cette transfusion. Il est clair, d'après tous ces faits, que les reins donnent au sang des prin- cipes extrêmement utiles et que, dans l'urémie, l'absence de ces principes est une des causes des phénomènes qui constituent cet état morbide. Le Mémoire de M. Meyer contient aussi de très originales recherches sur les effets des injections d'urine, d'extraits liquides du testicule et du foie, de bile et de liquide céphalo-rachidien, dans les veines de chiens et de lapins. J/auteur présente en outre un nombre extrêmement considérable de tracés du cœur et de la respiration, pris sur des animaux ayant reçu ces injections. La Commission, en présence de si importants travaux et des résultats nouveaux obtenus par M. Meyeu, propose à l'Académie de décerner le prix Pourat à cet ingénieux expérimentateur. ( 9^0 ) PRIX MARTIN-DAMOURETTE. (Commissaires : MM. Rouchard, Guyon, Marey; Brown-Séquard, rapporteur.) Un médecin militaire gardant lanonyme (son nom est sous enveloppe portant pour légende : Principiis obsta) adresse un travail manuscrit extrêmement volumineux, sur l'albuminurie naturelle. Cet auteur a fait un nombre très considérable d'analyses sur des individus de diffé- rents âges, étudiant comparativement des urines de personnes en bonne santé et à l'état morbide. Le résultat qu'il a obtenu est important, bien que négatif. Il a constaté que l'albuminurie dite normale n'existe pas, ou que du moins s'il y a de l'albumine dans l'excrétion urinaire d individus à l'état tout à fait normal, il n'y en a que des traces. Dès que l'état de santé n'est plus absolument normal, on peut trouver de l'albumine dans l'urine sans que les reins soient malades. Ainsi, par exemple, sur cent sept enfants de deux à cinq ans, dans l'état tout à fait normal, il n'y a eu de traces d'albumine dans l'urine que dans un petit nombre de cas, tandis qu'il y en avait plus que des traces dans un grand nombre de cas sur cinquante enfants atteints de diverses maladies. Des résultats semblables ont été obtenus sur un nombre extrêmement considérable d'adolescents, d'adultes et de vieillards. Pour être sûr de la présence ou de l'absence de l'albumine dans les urines des individus sains ou malades, l'auteur a employé concurremment divers réactifs connus. Le nom de l'auteur aurait donné à ces faits une autorité qui leur manque, mais le labeur immense qu'il a accompli, bien que ne conduisant qu'à un résultat négatif, mérite, je crois, une récompense, parce que ce résultat semble résoudre définitivement la question importante de savoir si à l'état parfaitement normal, le rein excrète ou non des quantités appré- ciables d'albumine. En conséquence, la Commission propose à l'Académie d'accorder le prix Martin-Damourette à l'auteur de ce Mémoire, dont l'anonymat est enfin connu et qui est M. le D"^ Géraud, médecin-major de i"^" classe. ( 9*^1 ) GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY. (Commissaires : MM. Mascart, Bouquet de la Grye, Grandidier, Cornu ; Faye, rapporteur.) Étude sur les trajectoires des cyclones venant de l'Amérique du Nord ou des Antilles. Aucun Mémoire n'ayant été envoyé, la Commission décide que la question sera retirée. PRIX GENERAUX. MÉDAILLE ARAGO. (Commissaires : MM. Bertrand, Hermite, Berthelot, Fizeau; Faye, rapporteur.) Découverte des deux satellites de Mars par M. Asaph Hall, de l'observatoire de Washington. La Science a dû quelquefois tenir compte d'inspirations que rien de bien solide ne justifiait d'abord, mais que l'événement a vérifiées, au moins à peu près. Telle l'idée de chercher une planète dans le vaste intervalle compris entre Mars et Jupiter, et cette autre que Mars, qui vient après la Terre munie d'un satellite, et avant Jupiter qui en a quatre, ne pouvait manquer d'en avoir deux. Dès la découverte du monde de Jupiter, en effet, Kepler avait déclaré que Mars devait avoir deux satellites. Un auteur anglais, non content d'en affirmer l'existence, avait osé en calculer les révolutions : l'un devait se ( 9«2 ) trouver à trois diamètres de Mars, l'autre à cinq. Le premier devait cir- culer en lo heures, le second en 21 heures et demie ('). Bode et Liltrow, qui ne passaient pas pour des plaisants, en avaient conseillé la recherche aux astronomes munis de puissants instruments. Enfin un excellent astro- nome, M. d'Arrest, de Copenhague, se donna la peine de chercher con- sciencieusement ces satellites problématiques avec l'admirable instrument de 27 centimètres de son observatoire. Il échoua encore, et, à partir de cette époque, les astronomes s'arrêtèrent découragés. La question fut enterrée dans un profond oubli. Cependant la construction des grands objectifs fit un grand pas. On vit apparaître des objectifs de 2 pieds et plus, mais on avait oublié les satel- lites de Mars lorsque M. AsAPii Hall, de l'observatoire de Washington, se décida à faire cette recherche à l'aide du bel objectif de Clarke de 26 pouces (66 centimètres) et, à force de persévérance, finit par découvrir, le II août 1877, un petit satellite presque imperceptible qu'il nomma Deimos. Le 17 du même mois, ayant pris le soin, soin dont la non-obser- vance explique en partie les précédents insuccès, de cacher la planète par une mince lame métallique, il en découvrit un second, Phobos. Il n'y en avait que deux, comme l'avaient hardiment affirmé les précurseurs dont nous avons parlé. Voici les principaux éléments, d'après M. Asaph Hall : Distance à la planète 2,77 6,92 Révolution 7''39"i5'', i So*" i7'°54',o Il est à remarquer que cette durée est moindre, pour le premier, que la rotation de la planète mère, ce qui contredit une opinion ancienne, d'après laquelle tout satellite doit avoir un temps de révolution supérieur au temps de la rotation de la planète centrale. Mais le principal résultat de ces belles découvertes c'est la masse de la planète elle-même, qui a pu être déterminée directement, tandis qu'autre- fois elle ne pouvait l'être qu'au moven des perturbations produites par Mars sur les astres voisins. (lette masse, t^j^j^j^, à peu près ~ de celle de la Terre, se trouve très voisine de celle que Le Verrier avait déduite des perturbations. La belle découverte de Rî. Asaph îIall, déjà récompensée par le prix Lalande, nous a paru bien digne de la médaille Arago. (') Manuel d' Astronomie de Rudolf Wolf, p. 454- (963 ) Découverte du premier sateUite de Jupiter par M. E.-E. Barnard, de l' observatoire du mont Hamdlon. La découverte de deux satellites de Mars se trouvait d'accord avec la loi si simple de M. Gaussiu, suivant laquelle Pliobos occupe la première place après la planète et Deimos la deuxième, aux distances 2,58 et 6,68, tandis que l'observation donne 2,58 et 6,67. Il était donc naturel de se reporter au monde de Jupiter, et de rechercher aussi les deux satellites que cette loi indiquait aux distances 2,2 et 3,6. Nous ne disons pas que M. Barnaud ait été guidé par cette loi empi- rique. D'ailleurs, si l'un ou l'autre de ces deux satellites existait, il devait être bien faible puisqu'il avait échappé jusqu'alors aux nombreux astro- nomes qui avaient étudié le monde de Jupiter. Mais le cadeau fait aux astronomes américains, par un généreux citoyen, M. Lick, d'une gigan- tesque lunette de 3 pieds anglais à l'objectif (92 centimètres) devait sin- gulièrement encourager les recherches. Le succès a répondu à la fois à la puissance de l'instrument, au zèle et à l'heureuse inspiration de l'observateur, M. Barnard. Un satellite dont la position par rapport à la planète répond à la distance 2,5 au lieu de 2,2 donnée par laioi deM. Gaussin, a été vu pour la première fois le 7 septembre de l'année passée, mais à cause de la faible hauteur de la planète les me- sures ne furent pas bien satisfaisantes. Le i5 septembre, cependant, le satellite fut observé avant son élongation orientale et 21 mesures furent prises avec l'immense lunette. En combinant ces observations avec celles de cette année, M. Barnard en a conclu la période de 1 1'*57"'22% 56, à une fraction de seconde près. Celle de la rotation de la planète étant de 9''55'"37^, le théorème précédemment cité de Laplace se trouve vérifié cette fois. Quant à la théorie de M. Gaussin, elle représente ainsi les distances des six satellites : Satellites. i. 0 3. 4. 5. G. Distances réelles. . . 2,5o )) 6,o5 9,62 i5,35 27,00 Distances calculées. 2,19 3,60 5,92 9>72 i5,95 26,23 Peut-être l'objectif de 92 centimètres n'est-il pas suffisant pour retrouver le deuxième satellite s'il existe réellement. Mais déjà on a construit, en C. 1;., 1893, 2' Semestie. (T. CXVII, ^■ 25.) I 28 ( 9^4 ) Amérique, grâce à la générosité d'un autre citoyen, M. Yerkes ('), une lunette encore plus puissante, de 102 centimètres. Si les Herschel, les Lassel avec leurs puissants télescopes n'ont fait au- cune de ces brillantes découvertes dans le monde de Mars et celui de Jupiter, bien qu'ils aient découvert les satellites d'Uranus non moins diffi- ciles, c'est peut-être qu'ils n'étaient pas guidés par une loi telle que celle de Gaussin. Une loi pareille n'aurait pas manqué de fixer leur attention. Il faut donc reconnaître l'utilité de ces lois, purement hypothétiques il est vrai, et même un peu grossières, mais qui ont le mérite de provoquer les tentatives des heureux investigateurs. En tout cas, l'originalité de cette découverte tout à fait inattendue, dans un petit monde qui a été si profondément étudié par les astronomes et les géomètres, nous a paru mériter pleinement à M. Barxard la médaille Arago. Arago lui-même l'aurait vivement admirée si elle avait été faite de son temps. PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES). (Commissaires : MM. Troost, Schiitzenberger, Schlœsing, Bouchard; Arm. Gautier, rapporteur.) Rapport de M. A. Gautieu sur les travaux de M. Garros relatifs à la porcelaine d'amiante. M. F. Garros présente au concours non pas un appareil personnel, ou une heureuse application à l'hygiène des Arts insalubres, mais presque une industrie nouvelle. Il est l'inventeur d'une matière qui, comme l'argile et le kaolin, peut donner une pâte à poteries, propre à être cuite et vitri- fiée. Les propriétés physiques et chimiques remarquables de cette nou- velle matière céramique permettent de l'appliquer utilement à une foule d'usages. Il s'agit de la porcelaine d'amiante. M. Garros a pensé que, vu sa com- position et sa divisibilité en fibres très fines, l'amiante devait jouir d'une plasticité et d'une vitrescibilité suffisantes pour en faire des poteries aptes à subir la cuisson au grand feu. Mais il a fait de plus cette importante remarque que, de toutes les fibres organiques ou minérales connues, celles (') Voir TissERA.XD, Comptes rendus, 17 octobre 1892. ( 965 ) de l'amiante sont les plus ténues; leur diamètre varie entre o°"°, 00016 et 0°"", 00020. Il était donc probable que, grâce à cette constitution physique, on pourrait obtenir avec l'amiante une poudre d'une grande finesse, douée de plasticité lorsqu'on l'humecte d'eau et présentant, après cuisson ménagée, des pores d'une extrême petitesse. C'est ce que l'expérience a confirmé. Transformée en poudre impalpable par les moyens mécaniques, lavée aux acides forts, et délayée ensuite dans l'eau, cette substance forme une matière plastique, qu'on peut, à la façon de l'argile, tourner, mouler ou couler, puis cuire comme la porcelaine vers 1600°, température à laquelle elle se vitrifie. Si la cuisson est arrêtée entre 1200° et i3oo°, on obtient un biscuit plus ou moins coloré par les sels ferriques et jouissant d'une texture et d'une porosité des plus remarquables. L'observation microscopique des coupes de ce biscuit a démontré, en effet, que cette matière est persillée d'une multitude de pertuisde o™", 00006 à o™"S 00020 de diamètre, beaucoup plus petits et plus réguliers que ceux que présente tout autre produit céramique. Il suit de cette constatation que le biscuit d'amiante est excellent pour la fabrication des objets où la porosité joue un rôle nécessaire, et en particu- lier qu'il est applicable à une bonne filtration des eaux potables. Aussi l'industrie de la fabrication des filtres en biscuit d'amiante, destinés aux usages domestiques, n'a-t-elle pas tardé à s'établir, et elle fournit aujourd'hui au public des fdtres stérilisateurs excellents. Nous en avons pour garantie les pièces authentiques annexées à ce Rapport. Au laboratoire de Toxicologie de la Faculté de Paris, les eaux de la Ville, divers bouillons de cultures du bacille typhique, de la bactéridie charbonneuse, de levures, enfin des vins malades, ont fourni avec ces appa- reils des liqueurs filtrées complètement stériles. M. le chef de Service micrographique du Laboratoire municipal de Montsouris nous a confirmé qu'il a pu, avec ces filtres d'amiante, obtenir, avec des eaux de l'Ourcq très chargées en microbes et matières organiques, des liqueurs complète- ment stériles, même après le douzième jour de filtration, alors que toute autre paroi poreuse est incapable de donner pendant plus de quarante- huit heures des liqueurs stériles avec des eaux vaseuses ou stagnantes. JjBs filtres d'amiante sont donc bons et pratiques; mais il ne faudrait pas admettre qu'ils opposent aux microbes une barrière infranchissable. En effet, on remarquera que, quoique extrêmement petits, leurs trous ont un diamètre de l'ordre de grandeur des très petits microrganismes, et. (9^6) de fait, il résulLe île nos expériences personnelles, que certains microbes parviennent soit directement, soit en végétant à travers les pores de la pâte, à traverser ces filtres aussi bien que ceux en biscuit ordinaire. C'est ce qui se produit, en particulier, lorsqu'on filtre des liqueurs très faible- ment alcalines, par exemple des sérums de sang, de lymphe ou de transsu- dation. Nos expériences, plusieurs fois répétées, nous ont convaincu que ces liquides ne peuvent pas être entièrement stérilisés par filtration à tra- vers les parois du biscuit de porcelaiae ou d'amiante. La liqueur qui passe ne se putrèjie plus en général, mais il s'y développe des microrganismes d'une petitesse excessive qui finissent par envahir toute la liqueur et y former même d'épaisses membranes, microbes doués de propriétés très singulières qui feront l'objet de recherches ultérieures. Pour les usages domestiques, et particulièrement pour la filtration des eaux de boisson, les filtres d'amiante n'en sont pas moins de précieux in- struments, surtout ceux à pâte dure où la filtration n'atteint pas une trop grande rapidité, qui n'est obtenue, dans les filtres de toute nature, qu'aux dépens d'une stérilisation moins parfaite de l'eau qui les traverse. Les filtres d'amiante ont déjà donné lieu à d'autres fort intéressantes applications. Avec eux, on peut filtrer et clarifier complètement les liuiles, les vinaigres, la bière, etc. L'énorme pouvoir absorbant pour l'eau de ce biscuit d'amiante est de 43 pour loo de son poids; il permet de l'emplover comme matière desséchante, ou lorsqu'il s'agit de le charger de liquides actifs et corrosifs tels que les acides concentrés qui attaquent la plupart des vases de terre. Enfin, les expériences faites au Laboratoire central d'électricité de Paris, simultanément sur des diaphragmes formés de cette substance et sur des vases de faïence, ont montré que les premiers avaient une résistance de 33 pour loo plus faible que les seconds au passage du courant, et qu'en même temps la porcelaine d'amiante jouissait d'un pou- voir isolant beaucoup plus grand que celui de la porcelaine ordinaire. Ces résultats méritent d'appeler l'attention des industriels, des hygié- nistes et de l'Académie des Sciences. Rapport de M. Schutzenberger sur le grisoumétre f/« M. Coquillon. On doit à M. Coquillox la construction d'uu appareil très ingénieux destiné à l'analyse des gaz carbures et en particulier à la recherche du grisou dans les galeries de mines. Il est fondé sur le fait expérimental suivant établi par l'auteur : <( Tout ( 9^7 ) gaz combustible mélangé à une quantité suffisante d'oxygène ou d'air est complètement brûlé en présence de fils de platine ou de palladium portés à l'incandescence ». Dans les eudiomètres à étincelles, la détonation du mélange d'air et de gaz carburé cesse de se produire et la combustion de se propager lorsque le gaz carburant est en trop grand excès par rapport au gaz combustible. Cet inconvénient, très grand pour des recherches d'ordre industriel, disparaît entièrement en utilisant l'observation de M. Coquillon et l'on ar- rive sans difficulté à apprécier 0,2.5 pour loo de grisou dans un mélange donné. Le grisoumètre a pour organes principaux : un tube gradué mesureur; un brûleur contenant un fil de platine rendu incandescent au moyen d'un courant électrique fourni par une source portative d'électricité; deux cloches contenant, l'une de la potasse, l'autre de l'eau pure; un fiacon permettant à volonté d'aspirer ou de refouler le gaz d'une partie de l'ap- pareil dans l'autre. On peut donc mesurer le mélange gazeux avant la combustion, après la combustion et après absorption de l'acide carbonique par la potasse. L'appareil de M. Coquillon peut servir, non seulement à la recherche du grisou dans les mines, mais aussi à des analyses de gaz combustibles. Ainsi M. Gréhant, en le modifiant convenablement pour augmenter sa sensibilité, a pu déceler, par son intermédiaire, ^ d'oxyde de carbone dans Tair. Il résulte, d'une lettre de M. Castel, inspecteur général des mines à Paris, que le grisoumètre Coquillon présente, par rapport aux autres appareils construits dans le même but, les avantages suivants : 1° Il est le seul permettant de doser le grisou d'une façon suffisamment exacte; 1° Il a rendu et est appelé à rendre de réels services dans l'exploitation des mines de houille. En France et à l'étranger, il est très apprécié des ingénieurs. D'autre part, la Direction des |houillères de Saint-Etienne certifie que « la Société des houillères de Saint-Etienne emploie le grisoumètre pourses analyses de grisou, et que cet appareil, installé depuis i8go, y fonctionne régulièrement et a fourni des indications avec une approximation de j^ quand l'air, chargé de gaz, a été préalablement débarrassé par la potasse de l'acide carbonique pouvant s'y trouver mélangé ». Votre Commission apprécie hautement le mérite pratique du grisou- ( 9^8 ) mètre de M. Coquillon et les services considérables qu'il peut rendre pour éviter les terribles accidents des mines de houille. En conséquence, votre Commission vous propose de partager le prix Montyon (Arts insalubres) entre MM. Gabros et Coquillox. Sur ce prix, elle attribue à M. Garros la fraction la plus considérable. Elle attribue l'autre fraction à M. Coquillon. Elle vote, en outre, des mentions honorables : i° à M. Gréiiant, pour ses applications du grisoumètre Coquillon, utilement modifié, à l'analyse des atmosphères confinées et à la recherche de l'oxyde de carbone ; 2° à M. Behre\s, pour ses travaux et perfectionnements dans la métallurgie du mercure, perfectionnements qui demandent à être sanctionnés par un plus long usage ; 3° à M. de la Roule, pour une modification à la lampe de sû- reté des mineurs empêchant toute ouverture de ces lampes sans contrôle. PRIX TRÉMONT. (Commissaires : MM. M. Lévy, Fizeau, Sarrau, Berthelot; Bertrand, rapporteur.) M. Jules Morin, ingénieur-constructeur, est l'auteur d'un grand nombre de travaux de Mécanique appliquée parmi lesquels on peut signaler : 1° un régulateur automatique de la pression du gaz qui a été adopté par une grande administration et qui fonctionne très bien; 2° un dynamomètre à ressorts destiné à la mesure du travail absorbé par une machine-outil quelconque et dans lequel l'inventeur a résolu d'une manière élégante et nouvelle un problème de Cinématique présentant d'assez grandes difficultés; 3° une application originale et nouvelle des propriétés si souvent utilisées que possèdent les veines liquides ou ga- zeuses et qui a permis à M. Morin de supprimer complètement l'incon- vénient que présentent les cheminées ordinaires soumises à l'action du vent. On a cherché à éviter cet inconvénient au moyen de girouettes directrices. M. Morin arrive à un résultat complètement satisfaisant sans avoir recours à aucun mécanisme. En résumé, M. Morin nous a paru réunir toutes les conditions néces- saires pour obtenir le prix Trémont. ( 9(^9 ) PRIX GEGNER. (Commissaires : MM. Berthelot, Fizeau, Hermite, Paye; Bertrand, rapporteur.) La Commission décerne le prix Gegiier à M. Paul Seuret. PRIX PETIT D'ORMOY (MATHÉMATIQUES). (Commissaires : MM. Darboux, Poincaré, Picard, Jordan; Hermite, rapporteur.) A l'unanimité, la Commission décerne le prix à M. Stieltjes, professeur à la Faculté des Sciences de Toulouse, pour l'ensemble de ses travaux ma- thématiques qui lui ont mérité récemment d'être présenté en seconde ligne lors de la dernière vacance dans la Section de Géométrie. PRIX PETIT D'ORMOY (SCIENCES NATURELLES). (Commissaires : MM. Milne-Edwards, Duchartre, Blanchard, VanTieghem; Daubrée, rapporteur.) Rapport sur un travail de M. Marcel Bertrand relatif à la coordination des accidents de Vécorce terrestre. La coordination des accidents de l'écorce terrestre est un des princi- paux problèmes de la Géologie. Ni le calcul mathématique, ni le principe de symétrie auquel Elie de Beaumont avait fait appel, ne semblent per- mettre de prévoir les lois qui président à la déformation d'un globe pro- gressivement refroidi. C'est seulement de l'accumulation et du rapproche- ment des observations géologiques qu'on peut attendre une solution. M. Marcel Bertrand, en s'inspirant de« travaux de M. Suess, avait montré déjà que les différentes chaînes de montagnes, au moins dans notre atmosphère, s'ordonnent grossièrement en lignes concentriques autour du pôle, dont elles s'éloignent d'autant plus que leur âge est plus récent. ( 970 ) Aujourd'hui il essaye de prouver que le réseau de plis qui ont accidenté la surface du globe est un réseau déterminé depuis les temps les plus an- ciens : les grandes chaînes de montagnes ne feraient que souligner quelques traits du réseau antérieur de déformation. Ce réseau comprendrait, avec les lignes circompolaires, une autre série de lignes orthogonales, sortes de méridiens et de parallèles, que suivraient aussi bien les faibles ondulations des pays de plaines que les grandes aires de plissement. M. Bertrand a développé ses arguments dans deux Mémoires où il a traité plus spécialement du phénomène de plissement dans les bassins de Paris et de Londres. Grâce à une méthode ingénieuse d'interprétation des cartes géologiques, et à l'étude des anciennes surfaces de dénudation ma- rine, il a prouvé que, dans ces deux bassins, les mouvements des différentes époques se traduisent par des plissements se reproduisant suivant les mêmes lignes. Au-dessus du bassin houiller du nord de la France, les axes de ces plis récents coïncident avec ceux des anciens plis dénudés que les exploitations ont fait reconnaître. En même temps que l'auteur accumule ainsi les preuves en faveur du principe énoncé, il en montre l'application possible à la recherche de la prolongation des bassins houillers. Par l'importance des résultats acquis, par l'intérêt des généralisations auxquelles ils ouvrent la voie, ces Mémoires se recommandent à l'atten- tion de votre Commission qui a jugé leur auteur digne du prix Petit d'Ormoy, destiné aux Sciences naturelles. PRIX TCHIHATCHEF. (Commissaires : MM. Milne-Edwards, Daubrée, Duclaux, d'Abbadie; Grandidier, rapporteur.^ Notre savant et très regretté Correspondant, Pierre-Alexandre de Tchihatchef, a fondé un prix annuel de trois mille francs destiné à récom- penser « les naturalistes de toute nationalité qui auront fait sur le conti- nent asiatique (ou îles limitrophes) des explorations ayant pour objet une branche quelconque des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques » . C'est cette année que l'Académie est appelée à décerner ce prix pour la première fois. Parmi tant d'importantes et remarquables explorations dont l'Asie cen- trale a été le théâtre depuis vingt-cinq ans, votre Commission a jugé qu'elle ( 971 ) ne (levait s'occuper que des-travanx les plus récents, et son choix s'est porté sur M. Grégoirk GROUM-GnscHiMAiLo, qui a fait tout à la fois œuvre très remarquable de géographe et de naturaliste. De 1884 à [887, M. Grschimailo a visité le massif inhospitalier duPamir, qui se dresse, comme une banquise colossale, au centre du continent asia- tique, et il a fixé les traits principaux, encore fort indécis jusque-là, de la partie occidentale de la chaîne du Rarakorum; son itinéraire, qui mesure plus de 2000''™ et qui est appuyé sur une vingtaine d'observations astrono- miques et jalonné de nombreuses altitudes, a été d'un secours précieux pour la cartographie de l'Asie centrale. M. Grschimailo a en outre réuni des documents intéressants sur le sol, sur les habitants et sur les animaux de cette région. Les résultats de ces études ont été publiés, en 1890, en un volume contenant 5']5 pages. Deux ans plus tard, en 1889, M. Grégoire Groum-Grschimailo, accom- pagné de son frère Michel, a entrepris, sous le haut patronage du grand- duc Nicolas Mikhaïlovitch, une nouvelle exploration dans des régions voisines. Après avoir franchi la frontière du Kouidja, il tenta avec succès d'explorer la chaîne sainte de Bogdo ola ou Monts Célestes, dont il con- stata les beautés alpestres et dont il put déterminer la forme bizarre. Il pénétra ensuite dans la Dzoungarie centrale, à la recherche du curieux cheval sauvage, VEquiis Prjeva/sfyi, dont on ne connaissait encore qu'un seul spécimen et dont il réussit à se procurer quatre beaux exemplaires; dans les monts Beï-chan, il a tué des ânes kiang ou koulan (Asinus kiang), des ceris maral, des gazelles (Antilope subgutturosa), des moutons et des chameaux sauvages, et il a reconnu que la formation géologique de cette chaîne était identique à celles du Pamir et du Kouen-louen, et, par consé- cpient, l'une des plus anciennes du monde asiatique. Après avoir étudié en détail les pays voisins de Tourfan, de Pitchan et de Hami, il a suivi la chaîne du Nàn-Chàn sur une longueur de 460'"", a traversé les monts Sipin, a gagné le lac Koukou-nor et a fait l'exploration partielle de la vallée du Khoui-Rho, d'oii l'ont chassé de terribles tem- pêtes de neige. M. Grschimailo a dû alors, en septembre 1890, regagner l'oasis de Sou-tchéou et rentrer en Russie. Les résultats scientifiques de ce beau et difficile voyage sont considé- rables. L'itinéraire, levé à la boussole, est de 7400'"" dont 6400 n'avaient encore jamais été parcourus par aucun voyageur européen; 42 points ont été fixés astronomiquement et les positions de plusieurs villes importantes G. R.. 1S93, 3' Semestre. (T. CXVU, N" 25.) 1^9 ( 972 ) ont été rectifiées; i48 altitudes ont été déterminées et il en ressort qu'il existe au sud du Thiàn-Chàn, auprès de Louk-tohan, une vaste dépression au-dessous du niveau delà mer. Les collections d'histoire naturelle, miné- ralogicpies, botaniques et surtout zoologiques, sont particulièrement riches et intéressantes. Il y a là un ensemble de travaux; et de découvertes que votre Commis- sion a jugé digne du prix Tchihatchef. Aussi, à l'unanimité, a-t-elle ac- cordé ce prix, pour 1 893, à M. GsiKflOîRE Groum-Gbschi3iaii>o. PRIX GASTON PLANTÉ. (Commissaires : MM. Cornu, Mascart, Becquerel, Fizeau; Lippmann, rapporteur.^ Votre Commission a l'honneur de vous proposer de décerner le Prix Gaston Planté, pour l'année iSgS, à M. B. Blondlot, Professeur adjoint à la Faculté des Sciences de Nancy. M. Bloxdlot, bien connu déjà par des recherches, aussi précises qu'ori- ginales, sur diverses questions d'électricité, s'est attaché, dans ces der- nières années, à étudier la propagation de l'électricité dans un fd conduc- teur. Il a d'abord reproduit et mesuré le phénomène des interférences électriques, en ayant soin d'opérer avec un résonateur de période bien dé- terminée. Plus récemment, attaquant le même problème plus directement, il a employé la méthode du miroir tournant, complétée par l'emploi de la Photographie. M. Blondlot a ainsi retrouvé, par une méthode différente, le résultat découvert, en i85o, par MM. Fizeau et Gounelle. Il a montré ainsi qu'il y avait une vitesse de propagation, vitesse voisine, dans les expériences de M. Blondlot, de 3ooooo''™ par seconde. Le prix G. Planté, spécialement institué pour les recherches sur l'élec- tricité, ne saurait donc être mieux attribué qu'à M. Bloadlot. PRIX FONDE PAR M"'^ la Marquise DE LAPLACE. Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par M™* la Marquise deLaplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection com- (973) plète des Ouvrages de Laplacc, qui devra être décerné chaque année au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique. Le Président remet les cinq volumes de la Mécanique céleste, V Exposition du système du monde el le Traité des Probabilités à M. Uès de leEEtc («Jea?;- Em3iaxuei.-.1L4U!e), u6 le l'o décembre 1872, à Brest (Finistère), et entré, en qualité d'Élève-Ligénieur, à l'Ecole nationale des Mines. PROGRAMME "DES PRIX PROPOSES POL'R LES iUm ISM, 189:1, 189o ET 1808. GEOMETRIE. GRAND PRIX DES SCIENCES MATHEMATIQUES. (Prix du Budget.) (Question proposée pour l'année iSg/j.) L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet de grand prix des Sciences mathématiques à décerner en 1894 la question suivante : Perfectionner en un point important la théorie de la déformation des sur- faces. Le prix est de trois mille francs. Les Mémoires manuscrits destinés au concours seront reçus au Secré- tariat de l'Institut avant le i*'"' octobre 1894; ils seront accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné. ( 974 ) PRIX BORDIN. L'Acaflémie met au concours, pour l'année 189/1, la question suivante : Etude des problèmes de Mécanique analytique admettant des intégrales algé- briques par rapport aux vitesses et particulièrement des intégrales quadratiques. Le prix est de trois mille francs. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i*"' octobre 1894; ils devront être accompa- gnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné. PRIX FRANCOEUR. Un Décret en date du 18 janvier i883 autorise l'Académie à accepter la donation qui lui est faite par M™^ Veuve Francœur, pour la fondation d'un prix annuel de mille francs, qui sera décerné à l'auteur de découvertes ou de travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. liCS Mémoires manuscrits ou imprimés seront reçus jusqu'au i"juin de chaque année. PRIX PONCELET. Par Décret en date du 22 août 1868, l'Académie a été autorisée à accepter la donation qui lui a été faite, au nom du Général Poncelet, par ]^|me Veuve Poncelet, pour la fondation à'unprix ««««e/destiné à récompen- ser l'Ouvrage le plus utile aux pi-ogrès des Sciences mathématiques pures ou appliquées, publié dans le cours des dix années qui auront précédé le jugement de l'Académie. Le Général Poncelet, plein d'affection pour ses confrères et de dévoue- ment aux progrès de la Science, désirait que sou nom fût associé d'une manière durable auxtra\aux de l'Académie et aux encouragements par les- ( 97^ ) quels elle excite l'émulation des savants. M°"^ Veuve Poncelet, en fondant ce prix, s'est rendue l'interprète fidèle des sentiments et des volontés de l'il- lustre Géomètre. i^e prix est de deux mille francs. Une donation spéciale de M"'" Veuve Poncelet permet à l'Académie d'ajouter au prix qu'elle a primitivement fondé un exemplaire des Œuvres complètes du Général Poncelet. MECANIQUE. PRIX EXTRAORDINAIRE DE SIX MILLE FRANCS, DESTINÉ A RÉCOMPENSER TOUT PROGRiiS DE NATURE A ACCROITRE l'eFFICACITÉ DE NOS FORCES NAVALES. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans la prochaine séance publique annuelle. Les Mémoires, plans et devis, manuscrits ou imprimés, doivent être adressés au Secrétariat de l'Institut avant le i"'' juin de chaque année. PRIX MONTYON. M. de Montyon a offert une rente sur l'Etat pour la fondation d'un prix annuel en faveur de celui qui, au jugement de l'Académie des Sciences, s'en sera rendu le plus digne, en inventant ou en perfectionnant des instru- ments utiles aux progrès de l'Agriculture, des Arts mécaniques ou des Sciences. Le prix est de sepl cents francs. ( 97ti ) prix: plu me y. Par un testament en date (in lo juillet iSSg, M. J.-B. i^umey a légué à l'Académie des Sciences vingt-cinq actions de la Banque de France « pour » les dividendes être employés chaque année, s'il y a lieu, en un prix à » l'auteur du perfectionnement des machines à vapeur ou de toute » autre invention qui aura le plus contribué au progrès de la navigation à » vapeur ». En conséquence, l'Académie annonce qu'elle décernera chaque année, dans sa séance publique, im prix de deux mille cinq cents francs au travail le plus important qui lui sera soumis sur ces matières. PRIX DALMONT. Par son testament en date du 5 novembre i863, M. Dalmont a mis à la charge de ses légataires universels de payer, tous les trois ans, à l'Acadé- mie des Sciences, une somme de trois mille francs, pour être remise à celui de MM. les Ingénieurs des Ponts et Chaussées en activité de service qui lui aura présenté, à son choix, le meilleur travail ressortissant à l'une des Sections de cette Académie. Ce prix triennal de trois mille francs doit être décerné pendant la période de trente années, afni d'épuiser les trente mille francs légués à l'Académie, d'exciter MM. les Ingénieurs à suivre l'exemple de leurs savants devanciers, Fresnel, Navier, Coriolis, Cauchy, de Prony et Girard, et comme eux ob- tenir le fauteuil académique. Un Décret en date du 6 mai 1 865 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. L'Académie annonce qu'elle décernera pour la dernière fois le prix fondé par M. Dalmont dans sa séance publique de l'année 1894. ( 977 ) PRIX FOURNEYRON. (Question proposée pour l'année iSgS.) L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret du 6 novembre 1 867, à accepter le legs, qui lui a été fait par M. Benoît Fourneyron, d'une somme de cinq cents francs de rente sur l'État français, pour la fondation d'un prix de Mécanique appliquée, à décerner tous les deux ans, le fondateur laissant à l'Académie le soin d'en rédiger le j^rogramme. L'Académie met au concours, pour sujet dn prix Fourneyron à décerner en i8g5, la question suivante : Perfectionnement de la théorie de la corrélation entre le volant et le régu- lateur. Les pièces de concours, manuscrites ou imprimées, devront être dé- posées au Secrétariat de l'Institut avant le i'^' juin i H95. PRIX LALANDE. Le |)riK fondé par Jérôme de Lalaade, pour être accordé annuellement à la personne qui, en France ou ailleurs, aura fait l'observaLion la plus inté- ressante, le Mémoire ou le Travail le plus utile aux progrés de l'Astronomie, sera décerné dans la prochaine séance publique, conformément à l'arrêté consulaire en date du i3 floréal an X. Ce prix est de cinq cent quarante francs. ( 97S ) PRIX DAMOISEAU. (Question proposée pour les années 1894, 1896 et 1898.) Un Décret en date dti 16 mai iSG3 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par M'"* la Baronne de Damoiseau, d'une somme de vingt mille francs, « dont le revenu est destiné à former le montant d'un prix annuel », qui recevra la dénomination de Prix Da- moiseau. Ce prix, quand l'Académie le juge utile aux progrès de la Science, peut être converti en prix triennal sur une question proposée L'Académie rappelle qu'elle a mis au concours, pour l'année 1894, la question suivante : Perfectionner les méthodes de calcul des perturbations des petites planètes en se bornant à représenter leur position à quelques minutes d'arc prés, dans un intervalle de cinquante ans ; construire ensuite des Tables numériques per- mettant de déterminer rapidement les parties principales des perturbations. Le prix est de quinze cents francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au 1"'' juin de l'année i8g4. L'Académie met, en outre, au concours, pour l'année 189G, la question suivante : On demande de relier les unes aux autres, par la théorie des perturbations, les différentes apparitions de la comète de Ealley, en remontant jusqu'à celle de Toscanelli en r456 et tenant compte de l'attraction de Neptune. On calculera ensuite exactement le prochain retour de la comète en iqio. Le prix est de quinze cents francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i*^''juiri de l'année 1896. ( 979 ) L'Académie a mis, oulre, a» concours pour l'année i8g8 la question suivante : Exposer la théorie des perlurhalions d'Hypériun, le satellite Je Saturne, découvert simultanément en 1848 par Bond et Lassell, en tenant compte prin- cipalement de l'action de Titan. Comparer les observations avec la théorie, et en déduire la valeur de la masse de Titan . Le prix sera mie des Sciences deux sommes de cinq mille francs de rente perpétuelle, » libres de tous frais d'enregistrement ou autres, destinées à fonder deux » autres prix, l'un pour le meilleur travail sur la Physique, l'autre pour » le meilleur travail sur la Chimie. Ces deux prix seront, comme celui de » Physiologie, distribués tous les deux ans, à perpétuité, à dater de mon » décès, et seront aussi de dix mille francs chacun. Les étrangers pourront 1) concourir. Ces sommes ne seront pas partageables et seront données en ') totalité aux auteurs qui en auront été jugés dignes. Je provoque ainsi, 1) par la fondation assez importante de ces trois prix, en Europe et peut- » être ailleurs, une série continue de recherches sur les sciences naturelles, » qui sont la base la moins équivoque de tout savoir humain; et, en ( 9^1 ) même temps, je pense que le jugement et la distribution de ces récom- penses par Y Académie des Sciences de Paris sera un titre de plus, pour ce corps illustre, au respect et à l'estime dont il jouit dans le monde entier. Si ces prix ne sont pas obtenus par des Français, au moins ils seront distribués par des Français, et par le premier corps savant de France. » Un Décret en date du 27 décembre 1869 a autorisé l'Académie à accep- ter cette fondation; en conséquence, elle décernera, dans sa séance pu- blique de l'année iSgS, trois prix de dix mille francs chacun aux Ouvrages ou Mémoires qui auront le plus contribué aux progrès de la Physiologie, de la Physique et de la Chimie. (Voir pages 980 et 982.) STATISTIQUE. PRIX MONTYON. L'Académie annonce que, parmi les Ouvrages qui auront pour objet une ou plusieurs questions relatives à la Statistique de la France, celui qui, à son jugement, contiendra les recherches les plus utiles, sera couronné dans la prochaine séance publique. Elle considère comme admis à ce concours les Mémoires envoyés en manuscrit, et ceux qui. ayant été imprimés et publiés, arrivent à sa connaissance. Le prix est de cinq cents francs . CHIMIE. PRIX JECRER. Par un testament, en date du i3 mars i85r, M. le D"^ Jecker a fait à l'Académie un legs de dix mille francs de rente destiné à accélérer les progrés de la Chimie organique. ( o«--î ) A la suite d'une transaction intervenue entre elle et les héritiers Jecker, l'Académie avait dû fixer à cinq mille francs la valeur de ce prix jusqu'au moment où les reliquats tenus en réserve lui permettraient d'en rétablir la quotité, conformément aux intentions du testateur. Ce résultat étant obtenu depuis 1877, l'Académie annonce qu'elle décernera tous les ans le prix Jecker, porté à la somme de dix mille francs, aux travaux qu'elle jugera les plus propres à hâter les progrès de la Chimie orsaniaue. 'o qi PRIX L. LA GAZE. Voir page 980. MiNERALOGIE ET GEOLOGIE. GRAND PRIX DES SCIENCES PHYSIQUES. (Pn'>L du Budget.) (Question proposée pour l'année i8g5.) Le prix sera donné au travail qui contribuera le plus à l'avancement de la Paléontologie française, en traitant d'une manière approfondie des ani- maux articulés des terrains houillers et des terrains secondaires et en les comparant aux types actuels. Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i*^' juin 1890. PRIX BORDIN. (Question proposée pour Tannée iSgo.) Le prix sera donné au Mémoire qui contribuera le plus à la connais- sance de l'Histoire naturelle (Zoologie, Botanique ou Géologie) du Tonkin ou de nos possessions de l'Afrique centrale. Le prix est de trois mille francs. ( 9«'^ ) Les Mémoires manuscrits destinés à ce concours seront reçus au Secré- tariat de l'Institut jusqu'au i*^'' juin iSgS; ils devront être accompagnés d'un pli cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ce pli ne sera ouvert que si le Mémoire auquel il appartient est couronné. PRIX VAILLANT. (Question proposée pour les années i8g4 et 1896.) M. le Maréchal Vaillant, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de quarante mille francs, destinée à fonder un prix qui sera décerné soit annuellement, soit à de plus longs intervalles. « Je » n'indique aucun sujet pour le prix, dit M. le Maréchal Vaillant, ayant » toujours pensé laisser une grande Société comme l'Académie des Sciences » appréciatrice suprême de ce qu'il y avait de mieux à faire avec les fonds » mis à sa disposition. » L'Académie, autorisée par Décret du 7 avril 1873 à accepter ce legs, a décidé que le prix fondé par M. le Maréchal Vaillant serait décerné toiules deux ans. Elle rappelle qu'elle a mis au concours pour l'année 1894 la question suivante : Etude des causes physiques et chimiques qui déterminent V existence du pou- voir rotatoire dans tes corps transparents, surtout a i point de vue expérimen tal. Le prix est de quatre mille francs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*^' juin 1894. L'Académie a mis, en outre, au concours, pour l'année 1896, la ques- tion suivante : Perfectionnement théorique ou pratique dans les méthodes relevant de ta Géodésie ou de la Topographie. IjCS Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i'^'' juin 189G. ( oH ) PRIX DELESSE. jy[me Yeuve Delesse a fait don à l'Académie d'une somme de vingt mille francs, destinée par elle à la fondation d'un prix qui sera décerné tous les deux ans, s'il y a lieu, à l'auteur, français ou étranger, d'un travail concernant les Sciences géologiques, ou, à défaut, d'un travail concernant les Sciences minéralogiques. Le prix Delesse, dont la valeur est de quatorze cents francs, sera décerné dans la séance publique de l'année 1890. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*" juin 1893. PRIX FONTANNES. Par son testament, en date du 2& avril i883, M. Charles-François Fon- tannes a légué à l'Académie des Sciences la somme de vingt mille francs, pour la fondation d'un prix qui sera décerné, tous les trois ans, à l'auteur de la meilleure publication paléontologique . L'Académie décernera le prix Fontannes dans la séance publique de l'année 1896. Le prix est de deux mille francs. Les ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin 1896. BOTANIQUE. PRIX BARBIER. M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Grâce, a légué à l'Académie des Sciences une l'cnte Aq deux mille francs, destinée à ( 9«5 ) la fondation d'un prix annuel, « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la Botanique avant rapport à l'art de guérir ». 1/ Académie décernera ce prix, s'il v a lieu, dans sa prochaine séance publique. PRIX DESMAZIÈRES. Par son testament, en date du il\ avril i855, M. Desmazières a légué à l'Académie des Sciences un capital de trente-cinq mille francs, devant être converti en rentes trois pour cent, et servir à fonder un prix annuel pour être décerné « à l'auteur, français ou étranger, du meilleur ou du » plus utile écrit, publié dans le courant de l'année précédente, sur tout >i ou partie de la Cryptogamie » . Conformément aux stipulations ci-dessus, l'Académie annonce qu'elle décernera le prix Desmazières dans sa prochaine séance publique. Le prix est de seize cents francs. PRIX MONTAGNE. Par testament en date du ii octobre 1862, M. Jean-François-Camillc Montagne, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences la tota- lité de SCS biens, à charge par elle de distribuer chaque année un ou deux prix, au choix de la Section de Botanique. « Ces prix, dit le testateur, seront ou pourront être, l'un de mille Jrancs, l'autre de cinq cents francs . » L'Académie décernera, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique, les prix Montagne aux auteurs de travaux inijjortants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le développement ou la description des Crypto- games inférieures (Thallophytes et Muscinées). Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le ("^'juin; les concurrents devront être Français ou naturalisés Français. ( 9^<^ ) PRIX DE LA FONS MÉLICOCQ. M. de La fons Mélicocq a légué à l'Académie des Sciences, par tes- tament en date du 4 février 1866, une rente de trois cents francs qui devra être accumulée, et « servira à la fondation d'un prix; qui sera décerné tous » les trois ans au meilleur Ouvrage de Botanique sur le nord de la France, » c'est-à-dire sur les départements du Nord, du Pas-de-Calais, des Ardennes, » de la Somme, de l'Oise et de l'Aisne ». Ce prix, dont la valeur est de neuf cents francs , sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année iSgS, au meilleur Ouvrage, manuscrit ou imprimé, remplissant les conditions stipulées par le testateur. PRIX THORE. Par son testament olographe, en date du 3 juin i863, M. Francois-Fraii klin Thore a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois pour cent de deux cents francs, pour fonder un prix annuel h. décerner « à » l'auteur du meilleur Mémoire sur les Cryptogames cellulaires d'Europe » (Algues fluviatiles ou marines. Mousses, Lichens ou Champignons), ou sur » les mœurs ou l'anatomie d'une espèce d'Insectes d'Europe ». Ce prix esr attribué alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Eiu-ope et aux recherches sur les mœurs ou l'anatomie d'un Insecte. ( Voir ci-dessous.) AIVATOMIE ET ZOOLOGIE. PRIX THORE. Voir ci-dessus. ( 987 ) PRIX S VVIGNY, FONDÉ PAR M»" LETELLIER. Un Décret, en date du 20 avril 18G4, 'i autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation qui lui a été faite par M"" Letellier, au nom de Sa- vigny, d'une sommedevini^t mille francs pour la fondation d'un prix annuel en faveur des jeunes zoologistes voyageurs. « Voulant, dit la testatrice, perpétuer, autant qu'il est en mon pouvoir » de le faire, le souvenir d'un martyr de la science et de l'honneur, je' » lègue à l'Institut de France, Académie des Sciences, Section de Zoologie, » vingt mille francs, au nom de Marie-Jules-César Le Lorgne de Savigny, » ancien Membre de l'Institut d'Egypte et de l'Institut de France, pour )i l'intérêt de cette somme de vingt mille francs être employé à aider les » jeunes zoologistes voyageiu's qui ne recevront pas de subvention du » Gouvernement et qui s'occuperont plus spécialement des aninuiux sans » vertèbres de l'Egypte et de la Syrie. » Le prix est de neuf cent soixante-quinze francs. PRIX DA GAMA MACHADO. Par un testament en date du 12 mars 1802, M. le commandeur J. da Gama Macliado a légué à l'Académie des Sciences une somme de vingt mille francs, léduite à dix mille francs , pour la fondation d'un prix qui doit por- ter son nom. Un Décret du 19 juillet 1878 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. En conséquence, l'Académie, conformément aux intentions exprimées par le testateur, décernera, tous les trois ans, le prix da Gama Machado aux meilleurs Mémoires qu'elle aura i-eçus sur les parties colorées du svs- tème tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres ani- més. Le prix est de douze cents francs. Il sera décerné, s'il y a lieu, en 189'î. C. R., 1893, 2« Semestre. (T. CWIl, N" 25.) t3l (988 ) Les Mémoires, manuscrits ou imprimés, devront être envoyés au Secré- tariat de l'Institut avaiit le i" juin 1894- MÉDECIIVÊ ET CHIRURGIE PRIX MONTYON. Conformément au testament de M. Auget de Montyon et aux Or- donnances royales des 29 juillet 1821, 2 juin 1820 et 23 août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs des Ouvrages ou des découvertes qui seront jugés les plus utiles à l'art de guérir. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions propres à perfectionner la Médecine ou la Chirurgie. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Conformément à l'Ordonnance du 23 août 1829, outre les prix annoncés ci-dessus, il sera aussi décerné, s'il y a lieu, des prix aux meilleurs résultats des recherches entreprises sur des questions proposées par l'Académie, conformément aux vues du fondateur. Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i'"' juin de chaque année. PRIX BARBIER. M. Barbier, ancien Chirurgien en chef de l'hôpital du Val-de-Gràce, a légué à l'Académie des Sciences une rente de deua; mille francs, destinée à { 989 ) la fondation d'un pnx annuel « pour celui qui fera une découverte pré- » cieuse dans les Sciences chirurgicale, médicale, pharmaceutique, et dans » la Botanique ayant rapport à l'art de guérir m . L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique. PRIX BRÉANT. Par son testament en date du 28 août 1849, M. Bréant a légué à l'Académie des Sciences une somme de cent mille francs pour la fonda- tion d'un prix à décorner « à celui qui aura trouvé le moyen de gué- « rir du choléra asiatique ou qui aura découvert les causes de ce terrible » fléau ( ' ) ». Prévoyant que le prix de cent mille francs ne sera pas décerné tout de suite, le fondateur a voulu, jusqu'à ce que ce prix soit gagné, que Xintérêl du capital fût donné à la personne qui aura fait avancer la Science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, ou enfin que ce prix pût être gagné par celui qui indiquera le moyen de guérir radicale- ment les dartres ou ce qui les occasionne. (') Il paraît convenable de reproduire ici les propres termes du fondateur: «Dans l'étal » actuel de la Science, je pense qu'il y a encorebeaucoup dechoses à trouver dansla com- » position de l'air et dans les fluides qu'il contient : en elTet, rien n'a encore été découvert 1) au sujet de l'action qu'exercent sur l'économie animale les fluides électriques, magné- » tiques ou autres ; rien n'a été découvert également sur les animalcules qui sont répan- » dus en nombre infini dans l'atmosphère, et qui sont peut-être la cause ou une des » causes de cette cruelle maladie. » Je n'ai pas connaissance d'appareils aptes, ainsi que cela a lieu pour les liquides, » à reconnaître l'existence dans l'air d'animalcules aussi petits que ceux que l'on aper- » çoit dans l'eau en se servant des instruments microscopiques que la Science met à la » disposition de ceux qui se livrent à cette étude. » Gomme il est probable que le prix de cent mille francs, institué comme je l'ai » expliqué plus haut, ne sera pas décerné de suite, je veux, jusqu'à ce que ce prix soit » gagné, que l'intérêt dudil capital soit donné par l'Institut à la personne qui aura lait » avancer la Science sur la question du choléra ou de toute autre maladie épidémique, )) soit en donnant de meilleures analyses de l'air, en y démontrant un élément morbide, » soit en trouvant un procédé propre à connaître et à étudier les animalcules qui » jusqu'à présent ont échappé à l'œil du savant, et qui pourraient bien être la cause ou » une des causes de la maladie, u ( 99" ) Les concurrents devront satisfaire aux conditions suivantes : i'' Pour remporter le j)rix de cent mille francs, il faudra : « Trouver une » médication qui guérisse le choléra asiatique dans V immense majorité des cas « ; Ou : « Indiquer d'une manière incontestable les causes du choléra asiatique, de » façon qu'en amenant la suppression de ces causes on fasse cesser l'épidémie » ; Ou enfin : « Découvrir une prophylaxie certaine, et aussi évidente que l'est, » par exemple, celte de la vaccine pour la variole » . 2° Pour oljtenir le prix annuel représenté par l'intérêt du capital, i! faudra, par des procédés rigoureux, aAoir démontré dans l'atmosphère l'existence de matières pouvant jouer un rôle dans la production ou la propagation des maladies épidémiques. Dans le cas ou. les conditions précédentes n'auraient pas été remplies, le prix a««ue/ pourra, aux termes du testament, être accordé à celui qui aura trouvé le moyen de guérir radicalement les dartres, ou qui aura éclairé leur étioloffie. PRIX GODARD. Par un testament en date du 4 septeiubre 1862, M. le D'' Godard a légué à l'Académie des Sciences « le capital d'une rente de mille francs, trois pour cent, pour fonder un prix qui, chaque année, sera donné au meilleur Mémoire sur l'anatomie, la physiologie et la pathologie des organes génito-urinaires. Aucun sujet de prix ne sera proposé. « Dans le cas où, une » année, le prix ne serait pas donné, il serait ajouté au prix de l'année sui- )) vante. » En conséquence, l'Académie annonce que le prix Godard, dont la va- leur est de mille francs, sera décerné, chaque année, dans sa séance pu- blique, au travail qui remplira les conditions prescrites par le testateur. PRIX SERRES. M. Serres, membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de soixante mille francs, pour l'institution i\' un prix triennal « sur » r Embryologie générale appliquée autant que possible à la Physiologie et à » la Médecine » . ( 99' ) Un Décret en date du 19 août 1868 a autorisé l'Académie à accepter ce legs; en conséquence, elle décernera un prix de la valeur de sept mille cinq cents francs, dans sa séance publique de l'année 1896, au meilleur Ouvrage qu'elle aura reçu sur cette importante question. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*'juin 1896. PRIX CHAUSSIER. M. Cliaussier a légué à l'Académie des Sciences, par testament en date du 19 mai i863, « une inscription de rente de deux mille cinq cents francs par an, que l'on accumulera pendant quatre ans pour donner un prix au meilleur Livre ou Mémoire qui aura paru pendant ce temps, et fait avancer la Médecine, soit sur la Médecine légale, soit sur la Médecine pra- tique ». Un Décret, en date du 7 juillet 1869, a autorisé l'Académie à accepter ce legs. Elle décernera ce prix, de la valeur de dix mille francs, dans sa séance publique de l'année 189J, au meilleur Ouvrage paru dans les quatre années qui auront précédé son jugement. Les Ouvrages ou Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le l'^'juin 189.1. PRIX PARKIN. M. le D'' John Parkin a légué à l'Académie des Sciences, par testament en date du 3o décembre i885, la somme de i5oo livres sterling pour être placée en rentes françaises, et le revenu être employé, tous les trois ans, à récompenser des recherches sur les sujets suivants : « i" Sur les effets curatifs du carbone sous ses diverses formes et plus » particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans » le choléra, les différentes formes de fièvre et autres maladies; » 2° Sur les effets de l'action volcanique dans la production de maladies » épidémiques dans le monde animal et le monde végétal, et dans celle des » ouragans et des perturbations atmosphériques anormales. » ( 992 ) Le testateur stipule : « 1° Que les recherches devront être écrites en français, en allemand » ou en italien ; » 2° Que l'auteur du meilleur travail publiera ses recherches à ses pro- " près frais et en présentera un exemplaire à l'Académie dans les trois » mois qui suivront l'attribution du prix ; » 3° Chaque troisième et sixième année le prix sera décerné à un tra- » vail relatif au premier desdits sujets, et chaque neuvième année à un » travail sur le dernier desdits sujets. » L'Académie devait décerner pour la première fois le prix Parkin dans la séance publique de l'année iSgS. Aucun Ouvrage n'ayant été présenté au concours, l'Académie a décidé de remettre l'attribution de ce prix à l'année 1894. Le prix est de trois mille quatre cents francs. Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le I*'' juin 1894. PRIX BELLION, FONDÉ PAR M"^ FOEHR. Par son testament, en date du 23 novembre 1881, M""= Anne-Marie Foehr a légué à l'Académie des Sciences une inscription de rente trois pour cent de quatorze cent soixante et onze francs pour fonder un prix annuel, dit Prix Bellion, à décerner aux savants « qui auront écrit des Ouvrages ou » fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme on à Vamélio- » ration de V espèce humaine. » Le prix est de quatorze cents francs. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i" juin de chaque année. PRIX MÈGE. Par son testament, en date du 4 février i86g, le D'' Jean-Baptiste Mège a légué à l'Académie des Sciences « dix mille francs à donner en prix à )) V auteur qui aura continué et complété son essai sur les causes qui ont retardé <( ou favorisé les progrès de la Médecine, depuis la plus haute antiquité Jusqu'à a nos Jours. » L'Académie des Sciences pourra disposer en encouragement des inté- » rets de cette somme jusqu'à ce qu'elle pense devoir décerner le prix. » L'Académie des Sciences décernera le prix Mège, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique annuelle. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le i*^' juin. PRIX DUSGATE. M. Dusgate, par testament en date du i i janvier 1872, a légué à l'Acadé- mie des Sciences cinq cents francs de rentes françaises trois pour cent sur l'État, pour, avec les arrérages annuels, fonder un priœ de deux mille cinq cents francs, à délivrer tous les cinq ans a. l'auteur du meilleur Ouvrage sur les signes diagnostiques de la mort et sur les moyens de prévenir les inhu- mations précipitées. Le prix Dusgate sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année i8g5. Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jus- qu'au i''''juin 1890. PRIX LALLEMAND. Par un testament en date du 2 novembre 1802, M. C.-F. Lallemand, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une somme de cinquante mille francs dont les intérêts annuels doivent être employés, en son nom, à « récompenser ou encourager les travaux relatifs au système nerveux, dans la plus large acception des mots ». Un Décret en date du 26 avril i855 a autorisé l'Académie à accepter ce legs, dont elle n'a pu bénéficier qu'en 1880; elle annonce, en conséquence, qu'elle décernera annuellement le prix Lallemand, dont la valeur est fixée à dix-huit cents francs. Les travaux destinés au concours devront être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i*^"" juin de chaque année. ( 994 ) PHYSIOLOGIE. PRIX MONTYON. M. de Montyon, par deux donations successives, ayant offert à l'Aca- démie des Sciences la somme nécessaire à la fondation d'un prix annuel de Physiologie expérimentale, et le Gouvernement l'avant autorisée à accepter ces donations, elle annonce qu'elle adjugera annuellement un prix de la valeur de sept cent cinquante francs à l'Ouvrage, imprimé ou manuscrit, qui lui paraîtra lépondre le mieux aux vues du fondateui'. PRIX L. LA CAZE. Voir page 980. PRIX POURAT. Question proposée pour l'année i8g4.) M. le D'' Marc-Aubin Pourat, par son testament en date du 20 juin 1876, a légué à l'Académie des Sciences la nue propriété d'un titre de deux mille francs 5 pour 100 sur l'Etat français, dont les arrérages doivent être affectés, après extinction de l'usufruit, à la fondation à\\n prix annuel à décerner sur une question de Physiologie. Un décret du 2g octobre 1877 a autorisé l'acceptation de ce legs. L'Académie est entrée en possession dudit legs le 27 mai 1887. Elle rappelle qu'elle a proposé, pour sujet du prix qu'elle doit décerner dans la séance publique de l'année 1894, la question suivante : Des influences qu'exercent le pancréas et les capsules surrénales sur le sys- tème ne/veux et réciproquement des influences que le système nerveux exerce sur ces glandes, étudiées surtout au point de vue physiologique. Le prix est exceptionnellement de trois mille six cents francs. ( 91)5 ) Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i"juin 1894. PRIX POURAT. (Question proposée pour l'année iSgo.) L'Académie met au concours, pour l'année 1895, la question suivante : Des actions vaso-motrices des matières virulentes. Le prix est de dix-huit cents francs. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i*^' juin 1895. PRIX MARTIN-D AMOURETTE. Par son testament olographe, en date du 3 février i883, M. le D'' Félix- Antoine Martin-Damourette a légué h. l'Académie des Sciences quarante mille francs ^our fonder un prix annuel ou biennal de Physiologie thérapeu- tique . Un décret en date du 29 juin 1887 a autorisé l'Académie à accepter la moitié seulement dudit legs. L'Académie a décidé que le pnx Martin-Damourette serait décerné tous les deux ans. Ce prix, dont la valeur est de quatorze cents francs, sera décerné, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année 1895. Les Ouvrages ou Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jus- qu'au i*"^ juin 1890. GEOGRAPHIE PHYSIQUE. PRIX GAY. (Question proposée pour l'année 1894.) Par lin testament, en date du 3 novembre 1873, M. Claude Gay, Membre de l'Institut, a légué à l'Académie des Sciences une rente perpé- C. R., iSy3, 2' Semeslre. (T. CXVII, N 25.) "32 ( 99^ ) Luelle lie deux mille cinq cents francs, pour un pdr annuel de Géographie physique, conformément au programme donné par une Commission nom- mée à cet effet. L'Académie rappelle qu'elle a proposé pour sujet du prix, qu'elle doit décerner dans sa séance publique de l'année 1894, la question suivante : Elude des eaux souterraines : de leur origine, de leur direction, des ter- rains qu'elles traversent, de leur composition et des animaux et des végétaux (juiy vivent. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i""- juin 1894. PRIX GAY. (Question proposée pour Taunée iSgS.) La Commission du prix Gay propose à l'Académie de décider que la question suivante soit mise au concours : Etudier le régime de la pluie et de la neige sur toute la surface de la terre. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i<=' juin 1890. PRIX GENERAUX. MÉDAILLE ARAGO. L'Académie, dans sa séance du 14 novembre 1887, a décidé la fondation d'une médaille d'or à l'effigie d'Arago. Cette médaille sera décernée par l'Académie chaque fois qu'une décou- verte, un travail ou un service rendu à la Science lui paraîtront dignes de ce témoignage de haute estime. ( 997 ) PRIX MONTYON (ARTS INSALUBRES). Conformément au testament de M. Auget de Montyon et aux Ordonnances royales des 29 juillet 1821, 2 juin 1820 et aS août 1829, il sera décerné un ou plusieurs prix aux auteurs qui auront trouvé les moyens de rendre un arl ou un métier moins insalubre. L'Académie juge nécessaire de faire remarquer que les prix dont il s'agit ont expressément pour objet des découvertes et inventions qui dimi- nueraient les dangers des diverses professions ou arts mécaniques. Les pièces admises au Concours n'auront droit au prix qu'autant qu'elles contiendront une découverte parfaitement déterminée. Si la pièce a été produite par l'auteur, il devra indiquer la partie de son travail où cette découverte se trouve exprimée; dans tous les cas, la Com- mission chargée de l'examen du concours fera connaître que c'est à la dé- couverte dont il s'agit que le prix est donné. Les Ouvrages ou Mémoires présentés au concours doivent être envoyés au Secrétariat de l'Institut avant le i"' juin de chaque année. PRIX CUVIER. La Commission des souscripteurs pour la statue de Georges Cuvier ayant offert à l'Académie une somme résultant des fonds delà souscription restés libres, avec l'intention que le produit en fût affecté à un prix qui porterait le nom de Cuvier, et serait décerné tous les trois ans à l'Ouvrage le plus re- marquable, soit sur le règne animal, soit sur la Géologie, le Gouvernement a autorisé cette fondation par une Ordonnance en date du 9 août 1839. L'Académie annonce qu'elle décernera, s'il y a lieu, le prix Cuvier, dans sa séance publique de l'année 189^1, à l'Ouvrage qui remplira les conditions du concours, et qui aura paru depuis le i*"^ janvier 1891 jusqu'au 3 1 décembre 1 893 . Le prix est de quinze cents francs. ( 998 ) PRIX TREMONT. M. le baron de Trémont, par son testament en date du 5 mai 1847, a légué à l'Académie des Sciences une somme annuelle de onze cents francs, pour aider dans ses travaux tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien, auquel une assistance sera nécessaire « pour atteindre un but utile et glo- rieux pour la France ». Un Décret, en date du 8 septembre r 856, a autorisé l'Académie à accepter cette fondation. En conséquence, l'Académie annonce que, dans sa séance publique annuelle, elle accordera la somme provenant du legs Trémont, à titre d'en- couragement, à tout savant, ingénieur, artiste ou mécanicien qui, se trou- vant dans les conditions indiquées, aura présenté, dans le courant de l'année, une découverte ou un perfectionnement paraissant répondre le jnieux aux intentions du fondateur. PRIX GEGNER. M. Jean-Louis Gegner, par testament en date du 12 mai 1868, a légué à l'Académie des Sciences « un nombre d'obligations suffisant pour former le capital d'un revenu annuel de quatre mille francs, destiné à soutenir un savant qui se sera signalé par des travaux sérieux, et qui dès lors pourra continuer plus fructueusement ses recherches en faveur des progrès des Sciences positives ». L'Académie des Sciences a été autorisée, par Décret en date du 2 oc- tobre 1869, à accepter cette fondation. PRIX DELALANDE-GUERINEAU. Paruntestamentendateduiyaoût 1872,^!™* VeuveDelalande-Guérineau a légué à l'Académie des Sciences une somme réduite à dix mille cinq francs, pour la fondation d'un prix à décerner tous les deux ans « au voyageur ( 999 ) » français ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à » la France ou à la Science » . Un Décret en date du 23 octobre 1873 a autorisé l'Académie à accepter ce legs. Elle décernera, en conséquence, le prixDelalande-Guérineau dans la séance publique de l'année 1894. Le prix est de mille francs. Les pièces de concours devront être déposées au Secrétariat de l'Institut avant le i"juin 1894. PRIX JEAN REYNAUD. jYjme Ve„ve Jean Reynaud, « voulant honorer la mémoire de son mari et perpétuer son zèle pour tout ce qui touche aux gloires de la France », a, par acte en date du 23 décembre 1878, fait donation à l'Institut de France d'une rente sur l'Etat français, de la somme de dix mille francs, destinée à fonder un prix annuel qui sera successivement décerné par les cinq Académies « au travail le plus méritant, relevant de chaque classe de l'Institut, qui se sera produit pendant une période de cinq ans ». « Le prix J. Reynaud, dit la fondatrice, ira toujours à une œuvre origi- » nale, élevée et ayant un caractère d'invention et de nouveauté. » Les Membres de l'Institut ne seront pas écartés du concours. » Le prix sera toujours décerné intégralement; dans le cas où aucun » ouvrage ne semblerait digne de le mériter entièrement, sa valeur sera » délivréeà quelque grande infortune scientifique, littéraire ou artistique. » Un Décret en date du 23 mars 1879 a autorisé l'Institut à accepter cette généreuse donation. L'Académie des Sciences décernera le prix Jean Reynaud dans sa séance publique de l'année i8g6. PRIX JEROME PONTI. M. le cheA'alier André Ponti, désirant perpétuer le souvenir de son frère Jérôme Ponti, a fait donation, par acte notarié du 1 1 janvier 1879, d'une somme de soixante mille lires italiennes, dont les intérêts devront être ( lOOO ) employés par l'Académie « selon qu'elle le jugera le plus à propos pour encourager les Sciences et aider à leurs progrès ». Un Décret en date du lo avril 1879 a autorisé l'Académie des Sciences à accepter cette donation; elle annonce, en conséquence, qu'elle décernera le prix Jérôme Ponti tous les deux ans, à partir de l'année 1882. Le prix, de la valeur de trois mille cinq cents francs, sera accordé à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science. L'Académie décernera ce prix, s'il y a lieu dans sa séance publique de 1894. Les Mémoires seront reçus au Secrétariat de l'Institut jusqu'au i^'" juin .894. PRIX PETIT D'ORMOY. Par son testament, en date du 24 juin 1875, M. A. Petit d'Ormov a institué l'Académie des Sciences sa légataire universelle, à charge par elle d'employer les revenus de sa succession en prix et récompenses attribués suivant les conditions qu'elle jugera convenable d'établir, moitié à des travaux théoriques, moitié à des applications de la Science à la pratique médicale, mécanique ou industrielle. Un Décret, en date du 20 février i883, a autorisé l'Académie à accepter ce legs; en conséquence, elle a décidé que, sur les fonds produits par le legs Petit d'Ormoy, elle décernera tous les deux ans, à partir de l'an- née 1 883, un prix de dix mille francs pour les Sciences mathématiques pures ou appliquées, et un prix de dix mille francs pour les Sciences naturelles. Les reliquats disponibles de la fondation pourront être employés par l'Académie en prix ou récompenses, suivant les décisions qui seront prises à ce sujet. L'Académie décernera le prix Petit d'Ormoy, s'il y a lieu, dans sa séance publique de 1895. ( 1 OO I ) PRIX LECONTE. Conformément au testament de M. Victor-Eugène Leconte, en date du lo septembre 1886, une somme de cinquante mille francs sera donnée, en un seul prix, tous les trois ans, sans préférence de nationalité : I" Aux auteurs de découvertes nouvelles et capitales en Mathématiques, Physique, Chimie, Histoire naturelle. Sciences médicales; 2° Aux auteurs d'applications nouvelles de ces sciences, applications qui devront donner des résultats de beaucoup supérieurs à ceux obtenus jusque-là. L'Académie décernera le prix Leconte, s'il y a lieu, dans la séance pu- blique de l'année 1890. PRIX TCHLHATCHEF. Par testament en date du l'^'mars 1870, M. Pierre de ïchihalchef a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille freines . Dans son testament, M. de Tchihalchef stipule ce qui suit : « Les intérêts de cette somme sont destinés à offrir annuellement aux » naturalistes de toute nationalité qui se seront le plus distingués dans l'ex- )) ploration du continent asiatique (ou îles limitrophes), notamment des )) régions les moins connues et, en conséquence, à l'exclusion des con- » trées suivantes : Indes britanniques, Sibérie proprement dite, Asie Mi- )) neure et Syrie, contrées déjcà plus ou moins explorées. » Les explorations devront avoir pour objet une branche quelconque » des Sciences naturelles, physiques ou mathématiques. )) Seront exclus les travaux ayant rapport aux autres sciences, telles » que : Archéologie, Histoire, Ethnographie, Philologie, etc. )) Lorsque l'Académie ne croira pas être dans le cas d'accorder une ré- » compense ou un encouragement, soit partiellement, soit intégralement » le montant ou le restant des intérêts annuels de la susdite somme seront » ajoutés à ceux de l'année ou des années subséquentes jusqu'à l'époque » où l'Académie jugera convenable de disposer de ces intérêts, soit à tilre » de récompense pour des travaux accomplis, soit pour en faciliter l'entre- » prise ou la continuation. ( looa ) » Il est bien entendu que les travaux récompensés ou encouragés » devront être le fruit d'observations faites sur les lieux mêmes et non des » œuvres de simple érudition. » L'Académie décernera le prix Tcliihatchef, s'il y a lieu, dans la séance publique de l'année 1894. Le prix est de trois mille francs. Les Ouvrages devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le I*'' juin de l'année 1894. PRIX GASTON PLANTÉ. Par testament olographe en date du 6 mai 1889, M. Raymond-Louis- Gaston Planté a légué à l'Académie des Sciences une rente perpétuelle de quinze cents francs par an, destinée à la fondation d'un prix, lequel, décerné tous les deux ans, sera attribué, d'après le jugement de l'Académie, à l'auteur français d'une découverte, d'une invention ou d'un travail im- portant dans le domaine de l'électricité. Un Décret, en date du 4 juillet 1892, a autorisé l'Académie à accepter ce legs. En conséquence, l'Académie décernera, s'il y a lieu, le prix Gaston Planté dans sa séance publique de l'année 1895. Le prix est de trois mille francs . Les Mémoires devront être déposés au Secrétariat de l'Institut avant le I*'' juin 1895. PRIX HOULLEVIGUE. Par son testament, en date du 3o mars 1888, M. Stanislas Houllevigue a légué à l'Institut cinq mille francs de rentes 3 pour 100, à l'effet de fonder un prix annuel qui portera son nom et sera décerné à tour de rôle par l'Académie des Sciences et par l'Académie des Beaux-Arts. L'Académie des Sciences décernera pour la première fois ce prix en 1894. ( ino3 ) PRIX CAHOURS. Par testament, en date du 7 juillet 1886, M. Auguste Cahours a légué à l'Académie des Sciences la somme de cent mille francs. Conformément aux vœux du testateur, les intérêts de cette somme se- ront distribués chaque année, à titre d'encouragement, à des jeunes gens qui se seront déjà fait connaître par quelques travaux intéressants et plus particulièrement par des recherches sur la Chimie. Le prix est de trois mille francs. L'Académie des Sciences décernera le prix Cahours, s'il y a lieu, dans sa prochaine séance publique annuelle. PRIX SAINTOUR. Ce prix, de la valeur de trois mille francs, sera décerné pour la pre- mière fois en 189'!. PRIX ALBERTO-LEVY. Par son testament, en date du 3 avril 1891, le D"^ Alberto-Levv a légué à l'Académie des Sciences la somme de cinquante mille fi ancs, qui devra être placée par ses soins en rentes sur l'Etat français. Les intérêts annuels de cette somme serout attribués à l'Institut Pasteur, dans le but de l'aider à poursuivre ses études et ses expériences sur le mi- crobe de la diphtérie; et la somme capitale sera attribuée par ladite Aca- démie, en séance publique annuelle, à celui qui aura découvert le moyen sûr de prévenir ou de guérir celte terrible maladie, ou bien encore parta- gée entre ceux qui auront fait simultanément la même découverte. Les Ouvrages, manuscrits ou imprimés, devront être déposés au Secré- tariat de l'Institut avant le i''' juin de chaque année. G. R., 1893, 2- Semestre. (T. CXVII, N 25.) 33 ( ioo4 ) PRIX FONDE PAR M'"^ la Marquise DE LAPLÂCE. Une Ordonnance royale a autorisé l'Académie des Sciences à accepter la donation, qui lui a été faite par M""* la Marquise de Laplace, d'une rente pour la fondation à perpétuité d'un prix consistant dans la collection complète des Ouvrages de Laplace. Ce prix est décerné, chaque année, au premier élève sortant de l'Ecole Polytechnique. ( i()o5 ) CONDITIONS COMMUNES A TOUS LES CONCOURS. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des Ouvrages envoyés aux concours; les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies au Secrétariat de l'Institut. Par une mesure générale prise en i865, l'Académie a décidé que la clôture des concours pour les prix qu'elle propose aurait lieu à la même époque de l'année, et le terme a été fixé au premier juin. Les concurrents doivent indiquer, par une analyse succincte, la partie de leur travail où se trouve exprimée la découverte sur laquelle ils appellent le jugement de l'Académie. Nul n'est autorisé à prendre le titre de Lauréat de l'Académie, s'il n'a été jugé digne de recevoir un Prix. Les personnes qui ont obtenu des ré- compenses, des encouragements ou des mentions, n'ont pas droit à ce titre. LECTURES. M. M. Bertiiklot, Secrétaire perpétuel, lit une Notice historique sur Joseph Decaisxe, Membre de l'Académie. J. B. et M. B. ( ioo6 ) TiBLEAUX DES PRIX DÉCERNÉS ET DES PRIX PROPOSÉS DANS LA SÉANCE DU LUNDI 18 DÉCEMBRE 1893. TABLEAU DES PRIX DÉCERNÉS. ANNÉE 1893. GEOMETRIE. Prix Fn.\Nr:ŒUR. — Le prix est décerné à M. G. Robin Pliix PoNCELET. — Le prix est décerné à W. G. Kœnis;s 888 mécanique. Prix extraordinaire de six mille francs. — (Progrés de nature à accroître l'effica- cité de nos forces navales. ) Trois prix sont décernés : un prix à M. Bourdelles, un prix à M. Lephay et un prix à M. B. de Fraysscix 889 Prix Moxtyon. — Le prix est décerné à M. Flamant SgJ Prix Plumey. — Le prix est décerné à M . Lebasteur , 895 Prix Kourneyron. — Un encouragement est accordé à I\I. Brousset 896 ASTRONOMIE. Prix Lalande. — Le prix est décerné à M. Schulhoff 897 Prix Valz. — Le prix est décerné à M. Ber- berich S99 Prix Janssen. — Le prix est décerné à M. Langley S99 PHYSIQUE. Prix La Caze. — Le prix est décerné à M. Amagat 901 Prix M. le STATISTIQUE. Moxtyon. — Le prix est décerné à D' Marvaud go3 CHIMIE. Prix Jecker. — Le prix est partagé entre MM. Griner et de Forcrand. Un encou- ragement est accordé à M. Gautier go4 Prix La Caze. — Le prix est décerné à M. G. Lemoine gn MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Grand rrix des Sciences physiques. — Le prix est décerné à M. Marcetlin Boule.. 914 Prix Bordin. — (Genèse des roches éclai- rées par l'expérimentation synthétique.) Le prix est partagé entre M. Bourgeois, MM. Gorgeu, Michel et Duboin. Des men- tions sont accordées à MM. Dœlter et de Schulten g 16 Prix Delesse. — Le prix est décerné à M. Fayol guo Prix Fontannes. — Le prix est décerné à M. Zeiller ga3 BOTANIQUE. Prix Desmazières. — Le prix est décerné à M. Sauvageau 923 Prix Montaûne.— Deux prix sont décernés : un prix à M. Cardot et un prix à M. Gaillard gjô ( ^oo-] ) AGRICULTURE. Prix Mohogues. — Le prix est décerné à M. MUlardet 929 ANATOMIE ET ZOOLOGIE. Prix Tiiore.— Le prix est décerné à M. Cor- bière 93 1 Prix Savigny. — Le prix n'est pas décerné. gSa MÉDECINE ET CHIRURGIE. Prix Montyon. — Trois prix sont décernés : à M. H. Huchard, U. Delorme et MM. Pi- nard et Varnier. Trois mentions sont ac- cordées à MM. Vialet, Neumann, Fiessen- ger. Des citations sont accordées à MM. Claisse, Coniby, Delore. Testât et Blanc (|32 Prix Barbier. — Le prix est partagé entre MM. A. Sanson et E. Gilbert. Des men- tions honorables sont accordées àlVlM. Sa- bouraux et Mauclaire g33 Prix Bréant. — Le prix est partagé entre HLM. Netter et Thoinot et MM. Gimbert et Burlureaux. Une mention est accor- dée à M. Gaillard 936 Prix Godard. — Le prix est décerné à M. Tourneux i|^o Prix Serres. — Trois prix sont décernés : un prix à M. Pi^on, un prix à M. Saba- tier et un prix à M. Letulle g'|o Prix Parkin. — Le prix n'est pas décerné. 945 Prix Bellion. — Le prix est partagé entre MM. Chabrié et Coustan g^j Prix MtGE. — Le prix est décerné à M. Her- gott 9'|8 Prix Lallemand. — Le prix est décerné à M. Trolard 9^9 PHYSIOLOGIE. Prix Montyon. — Le prix est décerné à M. Laulanié et à MM. Abelous et Lan- glois. Des mentions sont accordées à MM. Griffiths et Crié 960 Prix La Gaze. — Le prix est décerné à M. d'Arsom-al 955 Prix Pourat. — Le prix est décerné à M. Ê. Meyer 908 Prix Martin-Damourette. — Le prix est décerné à AL le D' Géraud 960 GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. Prix Gay. — Le prix n'est pas décerné. La question est retirée 961 PRIX GÉNÉRAUX. MÉDAILLE Arago. — Cette médaille est dé- cernée à MM. Asaph Hall et Barnard.. 961 Prix Montyon (Arts insalubres). — Le prix est partagé entre MM. Garros et Co- quillon. Des mentions sont accordées à MM. Gréhant, Behrens et de la Roule . . 964 Prix Tremont. — Le prix est décerné à M. Jules Morin 96S Prix Gegner. — Le prix est décerné à M. Paul Serret 969 Prix Petit d'Ormoy (Sciences mathémati- ques).— Le prix est décerné à M. Stieltjes. 969 Prix Petit d'Ormoy (Sciences naturelles). — Le prix est décerné à M. Marcel Ber- trand ^ 9P9 Prix Tciiihatchef. — Le prix est décerné à M. Grégoire Groum-Grschimailo 970 Prix Gaston Plante. — Le prix est décerné à l\L Blondlot 972 Prix Laplaoe. — Le prix est décerné à M. Bès deBerc [Jean-Eninianuel-Marie":, sorti le premier, en 1893, de l'Éeole Poly- technique et entré à l'École des Mines... 972 ( ioo8 ) PRIX PROPOSES pour les années 1B94» iSgS, 1896 et 1898. GÉOMÉTRIE. 1894. Grand PRIX des Sciences mathéma- tiques. — Perfectionner en un point im- portant la théorie de la déformation des surfaces g?-' 1894. Puix BoRDiN. — Étude des problèmes de Mécanique analytique admettant des intégrales algébriques par rapport aux vitesses et particulièrement des intégrales quadratiques 974 1894. Prix Francœur 974 1894. Prix PoNCELET 974 mécanique. 1894. Prix extraordinaire de six mille FRANCS. — Destiné à récompenser tout pro- grès de nature à accroUre l'efficacité de nos forces navales 9/5 1894. Prix Montyon 975 1894. Prix Plumey 976 1894. Prix Dalmont .- 976 1895. Prix Fourneyron. — Perfectionne- ment de la théorie de la corrélation entre le volant et le régulateur 977 ASTRONOMIE. 1894. Prix Lal.ande 9T7 1894. Prix Damoiseau. — Perfectionner les méthodes de calcul des perturbations des petites planètes en se bornant à repré- senter leur position, à quelques minutes d'arc près, dans un intervalle de cin- quante ans; construire ensuite des Tables numériques permettant de déterminer rapidement les parties principales des perturbations 97S 1896. Prix Damoiseau. — On demande de relier les unes aux autres, par la théorie des perturbations, les difTérenles appari- tions de la comète de Ilalley, en remon- tant jus(|u'à celle de Toscanelli en i4ât> et tenant compte de l'attraction de Nep- tune. On calculera ensuite exactement le prochain retour de la comète en 1910 97S 1898. Prix Damoiseau. — Exposer la théorie des perlurbalions d'Hypèrion, le satellite de Saturne, découvert simultanément par Dond et Lassell, en tenant compte princi- palement des actions de Titan. Comparer les observations avec la théorie et en dé- duire la valeur de la masse de Titan 979 1894. Prix Valz 979 1894. Prix J.inssen , 979 physique. 1895. Prix L. La Gaze. 980 statistique. 1894. Prix Montyon 981 CHIMIE. 1894. Prix Jecker gSt 1895. Prix L. La Gaze 982 minéralogie et géologie. 1895. Grand prix des Sciences physiques. — Le prix sera donné au travail qui con- tribuera le plus à l'avancement de la Paléontologie française en traitant d'une manière approfondie des animaux arti- culés des terrains houillers et des ter- rains secondaires, en les comparant aux types actuels 982 1S95. Prix Bordin. — Le prix sera donné au Mémoire qui contribuera le plus à la connaissance de l'Histoire naturelle (Zoo- logie, Botanique ou Géologie) du Tonkin ou de nos possessions de l'Afrique cen- trale 98a 1894. Prix Vaillant. — Étude des causes physiques et chimiques qui déterminent l'existence du pouvoir rotatoire dans les corps transparents, surtout au point de vue expérimental 988 1895 Prix Delesse 984 1896. Prix Fontannes 98/} botanique. 1894. Prix Barbier 984 1894. Prix Desmazières 985 1894. Prix Montagne 983 1895. Prix de la Fons MÉLioocti 9S6 1894. Prix Tiiore 986 ( 'f>«9 ) anAtomie et zoologie. 1S95. Prix Thore 986 1894. Prix Savigxy 9S7 1894. Prix da Gama Machado 987 MEDECINE ET CHIRUIIGIE. 1894. 1894. 18U4. 1894. 1896. 189Ô. 1896. 1895. 1894 Prix Montyon . . Prix Barbier. . . Prix Breant. . . . Prix Godard . . . Prix Serres Prix Chaussier. Prix Parkin .... 1896. Prix Bellion. . . 1894. Prix Mège Prix Dusgate.. . Prix Lallemand. 98S 988 989 990 99' 99' 99'- 992 99'* 993 PHYSIOLOGIE. 1894. Prix Montyon 99^ 1895. Prix L. La Caze 994 1894. Prix Pourat. — Desinfluences qu'exer- cent le pancréas et les capsules surrénales sur le système nerveux et réciproquement des influences que le système nerveux exerce sur ces glandes, étudiées surtout au point de vue physiologique 99^ 1895. Prix Pourat. — Des actions vaso- motrices des matières virulentes 995 1894. Prix Martin-Damourette ggS Conditions communes à tous les concours Avis relatif au titre de Lauréat de l'Académie. GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. 1894. Prix Gay. — Etude des eaux souter- raines; de leur origine, de leur direction, des terrains qu'elles traversent, de leur composition et des animaux et des végé- taux qui y vivent 1895. Prix Gay.— Étudier le régime de la pluie et de la neige sur toute la surface de la Terre PRIX GÉNÉRAUX. 993 996 médaille ârago 996 1894. Prix Montyon, Arts insalubres 997 1894. Prix Cuvier 997 1894. Prix Trejiont 998 1894. Prix Gegner 998 1894. Prix Delalande-Guérineau 998 1896. Prix Jean Reynalid 999 1894. Prix Jérôme Ponti 999 1895. Prix Petit d'Ormoy 1000 1895. Prix Leconte 'ooi 1894. Prix Tchihatchef 1001 1895. Prix Gaston Planté 1003 1894. Prix Houllevigue 1002 1894. Prix Cahours 'oo3 1894. Prix Saintour ioo3 1894. Prix Alberto-Lévy ioo3 1894. Prix Lapl.ace ioo4 ioo5 ioo5 ( lOlO ) TABLEAU PAR ANNÉE DES PRIX PROPOSÉS POUR 1894, 1895, 1896 ET 1898. 1894 Grand prix des Sciences mathématiques. — Perfectionner en un point important la théorie de la déformation des surfaces. Prix Bordin. — Étude des problèmes de Mé- canique analytique admettant des intégrales algébriques par rapport aux vitesses et particu- lièrement des intégrales quadratiques. Prix Francœur. — Découvertes ou travaux utiles au progrès des Sciences mathématiques pures et appliquées. Prix Poncelet. — Décerné à l'auteur de l'Ou- vrage le plus utile au progrés des Sciences ma- thématiques pures ou appliquées. Prix extraordinaire de six mille francs. — Progrès de nature à accroître l'efficacité de nos forces navales. Prix Montyon. — Mécanique. Prix Plumey. — Décerné à l'auteur du per- fectionnement des machines à vapeur ou de toute autre invention qui aura le plus contribué aux progrès de la navigation à vapeur. Prix Dalmont. — Décerné aux ingénieurs des Ponts et Chaussées qui auront présenté à l'Aca- démie le meilleur travail ressortissant à l'une de ses Sections. Prix Lalande. — Astronomie. Prix Damoiseau. — Perfectionner les méthodes de calcul des perturbations des petites planètes en se bornant à représenter leur position à quel- ques minutes d'arc près, dans un intervalle de cinquante ans; construire ensuite des tables nu- mériques permettant de déterminer rapidement les parties principales des perturbations. Prix Valz. — Astronomie. Prix Janssen. — Astronomie physique. Prix Montyon. — Statistique. Prix Jecker. — Chimie organique. Prix Vaillant. — Étude des causes physiques et chimiques qui déterminent l'existence du pou- voir rotatoire dans les corps transparents, sur- tout au point de vue expérimental. Prix Desmaziiires. — Décerné à l'auteur de l'Ouvrage le plus utile sur tout ou partie de la Cryptogamie. Prix Montagne. — Décerné aux auteurs de travaux importants ayant pour objet l'anatomie, la physiologie, le développement ou la descrip- tion des Cryptogames inférieures. Prix Thore. — Décerné alternativement aux travaux sur les Cryptogames cellulaires d'Eu- rope et aux recherches sur les mœurs ou l'ana- tomie d'une espèce d'Insectes d'Europe. Prix Savigny, fondé par iM"" Letellier. — Dé- cerné à de jeunes zoologistes voyageurs. Prix da Gama Maciiado. — Sur les parties co- lorées du système tégumentaire des animaux ou sur la matière fécondante des êtres animés. Prix Montyon. — Médecine et Chirurgie. Prix Bréant. — Décerné à celui qui aura trouvé le moyen de guérir le choléra asiatique. Prix Godard. — Sur l'anatomie, la physiolo- gie et la pathologie des organes génito-urinaires. Prix Parkin. — Recherches sur les effets cura- tifs du carbone sous ses diverses formes et plus particulièrement sous la forme gazeuse ou gaz acide carbonique, dans le choléra, les diffé- rentes formes de fièvre et autres maladies. Prix Barbier. — Décerné à celui qui fera une découverte précieuse dans les Sciences chirurgi- cale, médicale, pharmaceutique, et dans la Bo- tanique ayant rapport à l'art de guérir. Prix Lallemand. — Destiné à récompenser ou encourager les travaux relatifs au système ner- veux, dans la plus large acception des mots. Prix Bellion, fondé par M"" Foehr. — Dé- cerné à celui qui aura écrit des Ouvrages ou fait des découvertes surtout profitables à la santé de l'homme ou à l'amélioration de l'espèce humaine. Prix Mège. — Décerné à celui qui aura con- tinué et complété l'essai du D' Mège sur les causes qui ont retardé ou favorisé les progrès de la Médecine. Prix Montyon. — Physiologie expérimentale. Prix Pourat. — Des inllucnces qu'exercent le pancréas et les capsules surrénales sur le système nerveux et réciproquement des influences que le système nerveux exerce sur ces glandes, étudiées surtout au point de vue physiologique. roi I Prix Gay. — Élude des eaux soulerraines : de leur origine, de leur direction, des terrains qu'elles traversent, de leur composition et des animaux et des végétaux qui y vivent. Prix Montyon. — Arts insalubres. Prix Cuvier. — Destiné à l'Ouvrage le plus remarquable soit sur le règne animal, soit sur la Géologie. Prix Trémont. — Destiné à tout savant, artiste ou mécanicien auquel une assistance sera néces- saire pour atteindre un but utile et glorieux pour la France. PrixGegner. — Destiné à soutenir un savant qui se sera distingué par des travaux sérieux pour- suivis en faveur du progrès des Sciences positives. Prix Delalande-Guérineau. — Décerné au voyageur français ou au savant qui, l'un ou l'autre, aura rendu le plus de services à la France ou à la Science. Prix Jérôme Ponti. — Décerné à l'auteur d'un travail scientifique dont la continuation ou le développement seront jugés importants pour la Science. Prix Tohihatohef. — Destiné aux naturalistes de toute nationalité qui auront fait, sur le conti- nent asiatique (ou iles limitrophes), des explo- rations ayant pour objet une branche i5 ( ioi4 ) » Ce volume a reçu, cette année, des additions qui le feront apprécier davantage du public. » Citons en effet : les nouvelles Tables donnant les levers et les cou- chers du Soleil et de la Lune pour toutes les latitudes jusqu'à 60°; le ca- talogue des petites planètes et des comètes découvertes jusqu'en 1 SgS, et deux nouvelles Tables de mortalité. » M. Cornu a ajouté un Chapitre sur la spectroscopie du Soleil, des co- mètes et des nébuleuses, et sur la vitesse de l'électricité. » Enfin la dernière Partie du Volume comprend : )) i" Un Exposé de la théorie de la lumière et de l'électricité d'après Maxwell et Hertz, par M. Poincaré; » 2° Une Note sur l'origine et l'emploi de la Boussole, par le contre- amiral Fleuriais ; » 3" I.e Récit de quatre jours d'observations au mont Blanc, par M. Janssen; )) 4° Enfin les discours prononcés lors des funérailles de l'amiral Paris et de l'inauguration de la statue d'Arago. » Si, revenant en arrière, on compare l'Annuaire de 1875 à celui que j'ai l'honneur de présenter, on voit que le volume a passé de SaS pages à 886. C'est une augmentation de texte de plus de moitié, faite au bénéfice des dix mille lecteurs de {'Annuaire du Bureau des Longitudes. » Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet, Membre de la Section de Géométrie; par M. Paul Appell. « Pierre-Ossian Bonnet naquit à Montpellier le 22 décembre i8ig. Dès son entrée au collège de cette ville, il attira l'attention de ses maîtres par un esprit remarquablement ingénieux et sagace. Admis à l'Ecole Polytech- nique en i838, il en sortit l'un des premiers et fut nommé dans le service des Ponts et Chaussées. Mais le goût de la Science pure et le désir de s'y livrer entièrement lui firent prendre la décision courageuse de donner sa démission d'ingénieur. Alors commença pour lui une période difficile qui excite une juste admiration; sans autre position officielle que celle de répétiteur à l'École Polytechnique (i 844). obligé de se créer, par un labeur incessant, des ressources dans l'enseignement libre, il occupait ses rares moments de loisir à composer des Mémoires admirables. Ses travaux, écrits avec simplicité, sans aucun effort pour attirer l'attention autrement ( ioi5 ) que par la beauté des résultats, la rigueur et l'élégance des démonstra- tions, furent d'abord peu étudiés. Mais quand d'autres géomètres, s'oc- cupant après lui des mêmes sujets, l'eurent obligé à montrer que leurs résultats les plus admirés se trouvaient depuis longtemps dans ses Mé- moires, on rendit pleine justice à son beau talent. Son entrée à l'Acadé- mie, en 1862, fut la récompense de ses découvertes et la fin des années d'épreuve. A partir de cette époque, il fut appelé à occuper les positions scientifiques les plus importantes et les plus recherchées. » Successivement examinateur d'admission (1864), puis directeur des études (1872) à l'Ecole Polytechnique, suppléant de Chasles dans le Cours de Géométrie supérieure et maître de conférences à l'École Normale (1868), il succéda à Le Verrier, en 1878, dans la chaire d'Astronomie de la Sorbonne; pendant toute cette période il fut chargé de l'enseignement de la Géométrie descriptive à l'École des Beaux-Arts. En 1877, l'Acadé- mie royale des Sciences de Gottingen le nomma Membre correspondant; enfin, en i883, ses importants travaux sur la figure de la Terre et les Cartes géograpiiiques le firent entrer au Bureau des Longitudes, pour rem- placer Liouville, comme représentant de l'Académie des Sciences. » Quelques beaux Mémoires de Bonnet se rapportent au Calcul infini- tésimal, à la Physique mathématique, à la Mécanique rationnelle, à la Mécanique céleste; mais c'est dans le domaine de la Géométrie générale considérée comme application de l'Analyse, dont les fondateurs furent Euler, Monge et Gauss, que Bonnet a fait ses plus belles découvertes : les méthodes et les résultats qu'on lui doit dans cette partie de la Science font de lui un créateur et préserveront son nom de l'oubli. » Le premier sujet traité par Bonnet est la théorie, toujours difficile et sans cesse renouvelée, des séries et des intégrales définies. Avec la mé- thode et la rigueur qu'il a apportées à toutes ses recherches, il fait une classification exacte et complète des différents ordres d'infiniment petits qui se présentent dans cette théorie, ce qui lui permet de rattacher à un principe unique les résultats nouveaux qu'il donne et ceux qu'on avait trouvés avant lui. » Celte étude conduisit Bonnet à prendre part, avec un complet succès, au concours ouvert par l'Académie des Sciences de Bruxelles sur la ques- tion suivante : Exposer la théorie générale des séries considérées spécialement sous le rapport de la convergence. Le rapporteur déclare que le travail cou- ronné est exécuté de main de maître et ne laisse rien à désirer. Il parait néanmoins un peu effravé que le lauréat ait osé réfuter une proposition de ( ioi6 ) l'illustre Poisson sur les développements en série de fonctions Y„ de Le- gendre et Laplace, qui sont d'un si grand usage en Physique mathéma- tique et en Mécanique céleste. Laplace avait été conduit à ce genre de dé- veloppements par des considérations indirectes qui, de son propre aveu, sont insuffisantes. Poisson s'en occupa à son tour sans atteindre une en- tière rigueur; Bonnet reprend la démonstration de Poisson, plus directe que celle de Lejeune-Dirichlet, et réussit à la rendre rigoureuse; il donne également d'importantes propositions sur les célèbres développements de Fourier, Lagrange et Cauchy. Au sujet de ce concours, on lit dans le Bul- letin de l'Académie de Bruxelles : « Aucun billet cacheté ne s'étant trouvé )) joint au Mémoire, il sera fait un appel à l'auteur pour qu'il veuille bien » se faire connaître. » Cette Note demande une explication qui montrera combien peu Bonnet se préoccupait de ses travaux, une fois qu'ils étaient terminés. Il avait omis de joindre à sa rédaction une enveloppe cachetée contenant son nom; puis, absorbé par d'autres reciierches, il avait oublié et le concours et son travail qui lui revinrent seulement en mémoire à la suite d'un rêve où il se vit décerner le prix; il put alors tirer d'embarras l'Académie de Bruxelles qui cherchait en vain le nom de son lauréat. » Quoique attiré surtout vers la Géométrie, Bonnet est revenu fréquem- ment aux questions de pure Analyse; ses recherches ingénieuses sur les équations numériques, sur le calcul approché des racines imaginaires, sur l'application du théorème de Descartes à la résolution des équations, sur le théorème des accroissements finis, sont devenues classiques. Un Mémoire sur les équations aux dérivées partielles répond à une objection faite par M. Bertrand à un raisonnement de Cauchy et Jacobi ; un deuxième travail sur le même sujet, en montrant la possibilité d'étendre à un nombre quel- conque de variables la méthode donnée par Lagrange pour les équations aux dérivées partielles des surfaces, fournit une voie nouvelle d'intégra- tion aussi simple que celle de Cauchy et Jacobi. » En i844> Bonnet présenta à l'Académie un Mémoire sur la théorie gé- nérale des surfaces, dont l'insertion au Recueil des Savants étrangers fut dé- cidée sur un Rapport de Cauchy. Ce Mémoire, dans lequel les propriétés des surfaces sont étudiées par des considérations géométriques jointes à l'emploi des infiniment petits, présente un intérêt exceptionnel dans l'OEuvre de Bonnet, car il est le premier pas dans la voie oii devaient se rencontrer tant de belles et importantes découvertes. Il fut suivi par un second travail, dont l'influence sur le développement de la Géométrie moderne a été capitale, le Mémoire sur l'emploi d'un nouveau système de ( loi/ ) coordonnées dans l'étude des propriétés des sur-faces courbes. T^es recherches de Monge et Gauss reposent sur l'emploi des coordonnées de Descartes. Bonnet, regardant une surface comme l'enveloppe de ses plans tangents, indique un système de variables qui permet de mettre sous une forme très simple la plupart des formules, et qui constitue une précieuse mé- thode de recherches. Ces deux Mémoires, accompagnés de plusieurs Notes, contiennent, sur la théorie générale des surfaces, des résultats dont nous devons faire ressortir l'extrême importance. » Lorsqu'on déforme une surface regardée comme une pièce d'étoffe sans élasticité, la courbure d'une ligne de la surface change. Bonnet éta-, blit que la courbure de la projection de la ligne sur le plan tangent reste invariable; il montre l'importance de cet élément nouveau dans les for- mules de Gauss, dans l'équation des lignes géodésiques, dans l'expression des conditions d'orthogonalité de deux familles de courbes; mais, et c'est là un trait caractéristique de la modestie de Bonnet, il ne donne aucun nom à cet élément si important; exemple mémorable pour les auteurs qui encombrent la Science de mots inutiles! Un nom cependant s'imposait pour l'élément découvert par Bonnet : Liouville l'appela courbure géodé- sique, en raison de son analogie avec la courbure des courbes planes, que les deux faits suivants mettront en évidence. Les lignes les plus courtes tracées sur une surface ont une courbure géodésique nulle, comme les droites du plan ont une courbure nulle; la courbe de longueur donnée qui, sur une surface, entoure l'aire la plus grande, a une courbure géodé- sique constante, comme le cercle dans le plan a une courbure constante. A côté de cet élément du deuxième ordre, Bonnet en introduit d'autres du troisième, dont l'un, appelé torsion géodésique, joue un rôle essentiel dans plusieurs questions, comme le montrera un exemple. L'illustre Lamé avait déterminé toutes les familles de surfaces qui sont à la fois orthogonales et isothermes, en dehors des systèmes évidents formés de cônes et de cy- lindres. Bonnet, par l'application de ses formules, résout immédiatement ce problème difficile; il montre que les lignes asymptotiques des surfaces cherchées doivent être des droites : les surfaces sont donc du second ordre. Ces éléments nouveaux donnent encore une interprétation géométrique des rotations qui figurent dans les formules de Codazzi, dont Bonnet a indiqué une belle démonstration; ils permettent enfin, par une formule élégante et simple, de lever l'indétermination que présentent les formules ordinaires, quand on cherche le rayon de courbure d'une ligne tangente à une asyra- ptotique et ayant son plan osculateur tangent à la surface. ( ioi8 ) » Le chemin le plus court entre deux points d'une sphère est le plus petit des deux arcs de grand cercle joignant ces points. Si l'on cherche de même le plus court chemin entre deux points d'une surface quelconque, on démontre aisément qu'il doit être composé avec les arcs de certaines courbes appelées lignes géodésiqttes; mais, par les deux points donnés, il peut passer plusieurs lignes géodésiques et il se présente alors le problème délicat de reconnaître celle de ces lignes qui donne effectivement un mi- nimum relatif ou absolu de la distance. Une règle remarquable, énoncée par Jacobi, permet d'assigner une limite de longueur, passée laquelle une ligne géodésique n'est plus un minimum relatif. Bonnet démontre cette règle et en lîiit une application saisissante : si, sur une surface convexe, le produit des rayons de courbure principaux est inférieur à une constante positive a-, une ligne géodésique ne peut être le plus court chemin sur une longueur supérieure à 77a; la surface ne peut pas avoir de nappes in- finies. Bonnet fait reposer sa démonstration sur une formule exprimant la variation de longueur d'une ligne géodésique qui se déplace infiniment peu; puis il donne, pour la variation de longueur d'une courbe quelconque sur une surface, une formule très importante et très utile qui contient uni- quement des éléments géométriques d'une signification simple et précise. » Par analogie avec l'idée de courbure d'un arc fini de courbe, Gauss et Olinde Rodrigues ont conçu la notion de la courbure sphérique d'une partie de surface. Si, par le centre d'une sphère de rayon égal à l'unité, on mène des parallèles aux normales à une surface le long d'une courbe fer- mée, l'aire sphérique ainsi découpée est la courbure sphérique de la par- tie de surface Uniitée parla courbe. Cette courbure est exprimée par une intégrale double. Bonnet fît faire un grand progrès à la question, en rem- plaçant l'intégrale double par une intégrale simple prise sur la courbe limite et ne contenant que des éléments géométriques nettement définis : l'élégante formule de Bonnet donne immédiatement, quand on l'applique à un triangle géodésique, le célèbre théorème de Gauss. » Les surfaces dont les lignes de courbure sont planes ou sphériques ont attiré, dès l'origine de la théorie des lignes de courbure, l'attention des géomètres. Le fondateur de cette branche de la Science, l'illustre Monge, avait fait connaître une classe particulière de ces surfaces, celles qui admettent un système de lignes de courbure situées dans des plans parallèles. Dupin avait donné ensuite d'élégants théorèmes sur les sur- faces à lignes de courbure sphériques. Bonnet, abordant le problème dans toute sa généralité, détermine les surfaces à lignes de courbure planes ou ( IOI9 ) sphériques, dans les deux systèmes ou dans un seul. Après avoir habile- ment établi les équations du problème à l'aide de la représentation sphé- rique, il donne leurs intégrales et en déduit une génération géométrique des surfaces cherchées. » Parmi les applications particulières de la théorie des surfaces, deux problèmes célèbres, la détermination des surfaces applicables sur une sur- face donnée et l'étude des surfaces d'étendue minimum, ont fait l'objet des profondes recherches de Bonnet. Le problème des surfaces applicables consiste à chercher si deux surfaces, regardées comme des pièces d'étoffes sans élasticité, peuvent être appliquées exactement l'une sur l'autre. En 1860, comme sujet d'un concours mémorable dans l'histoire de la Géométrie, l'Académie avait proposé la question suivanle : Former l' équa- tion ou les équations différentielles des surfaces applicables sur une surface donnée; traiter le problème dans quelques cas particuliers, soit en cherchant toutes les surfaces applicables sur une surface donnée, soit en trouvant seule- ment celles qui remplissent, en outre, une seconde condition choisie de manière à simplifier la solution. Sur cinq Mémoires présentés au concours, trois de- vaient mériter toute l'approbation et les plus vives félicitations de l'Aca- démie. Voici comment ils sont jugés par le rapporteur : i> Les trois Mémoires inscrits sous le 11° 1 (celui de Bour), sous le n" 2 (celui de Codazzi), sous le n" 3 (celui de Bonnet) ont résolu la question principale qui consis- tait à former les équations dififérentielles de toutes les surfaces applicables sur une surface donnée. Tous trois ont appliqué leurs formules aux cas qui se présentent le plus naturellement et dont l'étude les a conduits à d'élégants théorèmes dont les plus remarquables, qui sont en même temps les plus simples, se trouvent obtenus dans les trois Mémoires; aucun des concurrents ne semble donc avoir, pour cette partie du travail, de supériorité sur les deux autres; tous trois ont fait preuve d'une grande habileté analytique et de connaissances très profondes en Géométrie. » Néanmoins la Commission décerna le prix à Bour parce que son Mé- moire contenait un Chapitre, jugé très remarquable, sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du second ordre; des mentions hono- rables furent données aux Mémoires de Bonnet et de Codazzi. « Edmond ') Bour, dit M. Bertrand dans son Rapport sur les progrès de l'Analyse, en 1) imprimant le Mémoire couronné par l'Académie, a malheureusement » supprimé la dernière partie, dont la haute portée avait si vivement » frappé la Commission ; désireux de l'étendre et de l'éclaircir, il voulait » y consacrer un Mémoire spécial et étendu. Sa mort prématurée laissera, » comme celle de Galois, de profonds regrets aux géomètres, et ce pré- ( I020 ) » cieux commentaire, que ses amis n'ont pas retrouvé dans ses papiers, » est à jamais perdu pour la Science. » La première place que la Com- mission avait donnée à Bour ne lui reste donc pas dans l'histoire de la théorie des surfaces applicables, où Bonnet et Codazzi doivent être placés à côté de lui. Dans les résultats que contient le Mémoire de Bonnet, nous citerons comme les plus élégants, l'équation différentielle des surfaces ap- plicables en coordonnées symétriques, la détermination des surfaces pour lesquelles l'application peut se faire d'une infinité de manières, comme pour la sphère et les surfaces de révolution, la condition pour que deux sur- faces réglées puissent être appliquées l'une sur l'autre sans que leurs géné- ratrices coïncident; enfin de beaux théorèmes sur la déformation des sur- faces réglées dont les génératrices restent droites. » L'importance du rôle que jouent en Géométrie la courbure totale et en Physique mathématique la courbure moyenne a depuis longtemps di- rigé les efforts des géomètres vers la détermination et l'étude des surfaces pour lesquelles l'une de ces courbures est constante. Bonnet ramène les deux problèmes l'un à l'autre, en faisant cette ingénieuse remarque que l'on peut faire correspondre à toute surface, dont la courbure totale est constante, deux surfaces parallèles dont la courbure moyenne l'est égale- ment. Il donne de curieux théorèmes sur la correspondance entre les lignes des trois surfaces, sur les svstèmes de courbes obtenus en faisant la carte des surfaces sur un plan, sur la déformation des surfaces à courbure moyenne constante. » Parmi ces dernières, les plus simples sont les surfaces à courbure moyenne nulle ou surfaces d'aire minimum dont l'étude, qui touche à la fois à la Physique mathématique et à la Théorie de.-> fonctions, présente un intérêt exceptionnel. Lorsqu'on envisage dans l'espace un contour fermé, il est évident que, parmi toutes les surfaces continues passant par ce contour, il en est une dont l'aire est minimum : l'équation aux dérivées partielles, dont dépend la recherche de cette surface, a été donnée par Lagrange comme application de sa méthode des variations, dans le fa- meux Mémoire qui contient les principes de ce nouveau calcul. L'interpré- tation géométrique de cette équation différentielle et les premiers exem- ples de surfaces minima ont été indiqués par Meusnier : Monge et Legendre ont donné ensuite l'intégiale générale de l'équation. En i853. Bonnet, appliquant aux surfaces minima son système de coordonnées langentielles, découvrit des résultats de la plus haute importance. « Ces recherches, dit ■>■> M. Darboux dans ses belles Leçons sur la Théorie des surfaces, ont ( I02I ) •I réalisé un progrès décisif dans la théorie des surfaces miiiiina; elles ont » donné l'intégrale sous une forme qui a permis d'obtenir toutes les sur- » faces minima réelles et un nombre illimité de surlaces algébriques; elles » ont fait connaître surtout un grand nombre de propriétés communes à » toutes ces surfaces; elles ont enfin permis la solution complète du pro- » blême suivant qui est fondamental : déterminer la surface minimum pas- » sant par une courbe quelconque et admettant en chaque point de cette » courbe un plan tangent donné ». La solution trouvée par Bonnet lui fournit le moyen de déterminer une surface minimum connaissant soit une de ses géodésiques, soit une de ses asvmptotiques, soit une de ses lignes de courbure; la recherche des surfaces minima applicables sur une surface minimum donnée le conduit à la notion de surfaces minima asso- ciées; le problème des caries géographiques lui donne pour ces surfaces un résultat caractéristique : pour faire la carte d'une surface minimum sur la sphère, c'est-à-dire pour avoir une image sphérique de la surface dans laquelle les triangles infiniment petits de la surface restent sembla- bles à eux-mêmes, il suffit de faire correspondre, à chaque point de la sur- face, le point où le rayon parallèle à la normale rencontre la sphère. » Les méthodes de transformation des figures constituent un moyen précieux de recherche et de classification; les plus simples d'entre elles ont été données par Poncelet et Chasles. Dans la théorie des équations aux dérivées partielles du premier ordre, Monge avait déjà fait usage d'une transformation qui, d'après une remarque de Chasles, revient aune transformation par polaires réciproques. Bonnet en donne une autre, gé- néralisée depuis par Laguerre, réciproque comme celle de Monge, et pos- sédant la curieuse propriété de conserver les lignes de courbure comme le font l'inversion et la dilatation par laquelle on passe d'une surface aux surfaces parallèles. Il fait usage de cette transformation pour ramener à l'étude des surfaces minima celle des surfaces clans lesquelles la somme des rayons de courbure principaux est double de la longueur de la nor- male jusqu'à un plan fixe. » Après la belle découverte de Dupin sur les lignes de courbure des familles de surfaces orthogonales, l'étude de ces systèmes a fait l'objet de travaux d'une grande portée, tant en Géométrie qu'en Physique ma- tbématique. Mais ces systèmes de surfaces furent étudiés longtemps, sans qu'on recherchât les conditions de leur existence et le degré d'arbitraire pouvant subsister dans leur construction. Quelques géomètres, trompés par l'analogie avec le problème des réseaux de courbes orthogonales dans 0. p.., 1893, 2- Semeslre. (T. CVVII, N« 26.) l36 ( l()22 ) un plan, avaient cru qu'on pouvait associer à une famille de surfaces arbi- trairement choisie, deux autres familles orthogonales entre elles et à la pre- mière. Bouquet, le premier, montra par un exemple que cette idée était fausse. Après lui, la question fit de rapides progrès : Serret prouva que le paramètre des surfaces d'une famille d'un système triple orthogonal doit vérifier une équation du sixième ordre. Mais c'est Bonnet qui donna la solution définitive de la question en montrant que, pour déterminer tous les systèmes triples orthogonaux, il suffisait d'intégrer une équation aux dérivées partielles du troisième ordre. Pour arriver à ce résultat, il dé- compose le problème en deux : il étudie d'abord le système des normales à une famdle de surfaces pouvant appartenir à un système triple, puis il en déduit l'équation différentielle qui caractérise ces surfaces. » Aucune partie de la Géométrie infinitésimale ne devait rester étran- gère à Bonnet. La théorie des courbes gauches lui doit d'importants résid- tats, parmi lesquels il faut placer en première ligne les évaluations élé- gantes de divers infiniment petits d'ordre supérieur, à l'aide de l'élément d'arc, de l'angle de contingence et de l'angle de torsion; ces expressions, d'une grande utilité dans beaucoup de démonstrations géométriques, sont aujourd'hui classiques. » A côté de ces travaux de Géométrie qui forment la partie essentielle de son œuvre, Bonnet a publié d'importants Mémoires sur la Mécanique rationnelle, la Mécanique céleste, la Physique mathématique. » Dans une Note intitulée : Démonstration d'un nouveau théorème de Mé- canique, il rattache, à un principe général, les remarques faites par Lag range et Legendre sur le mouvement d'un point attiré par deux centres fixes en raison inverse du carré de la distance; il montre que, si un point maté- riel libre soumis successivement à différentes forces décrit la même courbe, il peut encore la décrire quand on le soumet à la fois à toutes ces forces. » Euler a démontré qu'une lemniscate dont une des tangentes au point double est verticale possède la curieuse propriété suivante : si un point pesant glisse sur la courbe et part du point double sans vitesse, il arrive en un point quelconque de la lemniscate dans le même temps que s'il avait suivi la corde. Bonnet étend cette propriété au cas d'une attraction pro- portionnelle à la distance issue du point double. Puis il généralise de même les recherches de Coriolis sur la chaînette pesante d'égale résistance, en déterminant suivant quelle loi doit varier l'épaisseur d'une chaîne dont tous les éléments sont attirés par un point fixe proportionnellement à la distance, pour que, dans l'équilibre, la tension en chaque point soit pro- ( I023 ) portionnelle à l'épaisseur et que, par suite, la résistance à la rupture soit la même partout. Après avoir étudié diverses courbes présentant des pro- priétés mécaniques analogues à celles de la cycloïde, il montre que l'on peut ramener les uns aux autres les problèmes sur l'équilibre des fils et les problèmes sur le mouvement d'un point; la solution d'une question de l'une des catégories fournit la solution d'une question correspondante de l'autre. Des théorèmes de même nature, inconnus de Bonnet au moment où il donna les siens, se trouvent dans le Traité de Statique de Mobius. » La Mécanique élémentaire avait été enseignée par Bonnet aux élèves de l'institution Sainte-Barbe candidats à l'École Polytechnique : ses leçons, publiées en i858, forment un Ouvrage excellent, auquel le rétablissement de la Mécanique dans le programme d'admission à l'École donne une nou- velle importance. » Les recherches de Bonnet en Physique mathématique se rapportent à l'étude déjà signalée des systèmes de surfaces à la fois isothermes et ortho- gonales, à la théorie de l'élasticité et à la théorie mathématique de la cha- leur. Lamé avait étudié analytiquement les lois suivant lesquelles varient les pressions, d'un point à un autre, dans Tintérieur d'un corps élastique; Bonnet traite ce même problème par des considérations de Géométrie pure associées à la méthode des infiniment petits : il retrouve ainsi d'une manière élégante et rapide les formules de Lamé. En supposant la con- ductibilité variable avec la direction et la position dans l'intérieur d'un corps, Duhamel avait introduit la notion des axes principaux de conduc- iihilité : Bonnet, poursuivant ces recherches, a donné d'intéressants ré- sultats sur les cas où ces axes sont normaux à un système triple de sur- faces orthogonales. » Pour déterminer la figure de la Terre et connaître le degré d'approxi- mation avec lequel on peut l'assimiler à un sphéroïde, Laplace a eu l'idée de chercher l'ellipsoïde osculateur en chaque point du globe. Le grand géomètre résont ce problème en supposant la Terre peu différente d'une sphère et en se donnant, comme résultats d'observation, les différences en longitude, latitude et azimut aux extrémités des deux lignes géodésiques qui partent du point considéré et sont tangentes l'une au méridien, l'autre au parallèle. Bonnet reprenant ce problème difficile, avec toutes les res- sources fournies par ses travaux sur la théorie des surfaces, trouve d'une manière fort simple les résultats de Laplace et d'autres plus généraux, en substituant aux géodésiques tangentes au méridien et au parallèle des ( 1024 ) géodésiques quelconques. Il donne, pour ramener les triangles géodési- ques aux triangles sphériques, des formules qui seront d'un grand secours en Géodésie pour la comparaison des réseaux des grands pays. Enfin il résout le problème de Laplace, en substituant aux lignes géodésiques des losodromies, ce qui lui permet de déterminer l'ellipsoïde osculateur en un point du globe qui appartient à la partie recouverte par les eaux. » La Mécanique céleste et l'Astronomie doivent encore à Bonnet un Traité d'Astronomie sphérique, malheureusement inachevé, un élégant Mémoire sur les équations diOérentielles dont dépendent les éléments elliptiques et qui servent de base au calcul des perturbations, puis une savante analyse du problème des réfractions. Le problème général de la réfraction peut, comme on le sait, être rattaché au principe de la moindre action, car il se ramène à la détermination de la courbe le long de laquelle une certaine intégrale définie, analogue à l'action, est un uiinimum. Bon- net établit les propriétés de la trajectoire d'un rayon lumineux par une méthode géométrique, puis il détermine les limites entre lesquelles ou peut appliquer la formule de Laplace pour obtenir une précision déter- minée. » Ce fut là le dernier travail de Bonnet. Affaibli par une longue et cruelle maladie, il dut renoncer à continuer son cours, à assister aux séances de l'Académie et du Bureau des Longitudes. Il mourut le 22 juin 1892, laissant la renommée d'un grand géomètre et l'exemple d'une vie de désintéressement consacrée uniquement à la Science, qu'il a aimée et cultivée jusqu'à son dernier jour. « ASTRONOMIE. — Sur le mouvement du cinquième salellile de Jupiter. Note de M. F. Tisserand. < Ce petit corps est en même temps trop voisin de la planète et trop éloigné des quatre anciens satellites pour que ces derniers lui fassent éprouver des perturbations que les observations puissent révéler. » Cependant, l'aplatissement de Jupiter peut apporter dans quelques-uns de ses éléments elliptiques des dérangements susceptibles d'être mis en évidence. C'est surtout dans le déplacement rapide du périjove que l'on pourra constater cet effet. « .Soit V le potentiel correspondant à l'aplatissement de Jupiter; on a, ( I025 ) en prenant pour unité de longueur le rayon équatorial Je la planète, I V=^ — 7- - -" — e^-r-ecosil — m) -h.. (0 Il I ^ na-e de de di à\ na^ e dw a, e, n, l, rr, tlésignent respectivement le demi grand axe, l'excentricité, le moyen mouvement, la longitude moyenne et la longitude du périjove du cinquième satellite que nous supposons se mouvoir dans le plan de l'équateur de la planète, ce qui d'ailleurs parait conforme aux observations; J est une constante, égale à 0,0219. » Les formules (i) donnent r-^; dw n di de ndt n- • ;C0S(/- sm(/ e n'a pas d'inégalités séculaires; il n'en est pas de même de l'élément cj pour lequel on a, en négligeant les inégalités à courtes périodes, %X7> = nt- 011 a, d'ailleurs, 2,56 a et I l"0' ^ = o,oo334 = 3oo en désignant par T la durée de révolution du satellite. » On en conclut, au bout d'une année. Scj= 733^, x36o" = 882°. M Ainsi, le périjove se déplacerait dans le sens direct de 882" en un an; ii emploierait, à très peu près, cinq mois pour faire une révolution complclf. Si donc l'excentricité de l'orbite est sensible, on pourra aper- ( I026 ) cevoir, dans le mouvement cln satellite, des traces du déplacement rapi ie du périjove. » Or, M. Barnard a constaté que la distance maxima du satellite au centre de la planète est certainement plus faible à l'ouest qu'à l'est (voir Astronomical Journal, n°* 277 et 286). Cela ne doit pas durer, et, au bout de soixante-quinze jours, l'effet constaté par M. Barnard devrait être de- place de l'ouest à l'est, par une transition continue, et en tenant compte, bien entendu, des déplacements i-elatifs de Jupiter et de la Terre. » Il s'agit sans doute d'effets très petits, mais que la grande précision des observations faites au Mont-Hamilton pourra, pensons-nous, mettre en évidence. Nous nous bornerons aujourd'hui à appeler sur ce point l'at- tention des astronomes assez heureux pour observer le petit corps décou- vert par M. Barnard. » Voici, d'ailleurs, comment il convient de calculer les formules qui doivent remplacer celles du mouvement elliptique. » Si l'on pose a- c Sinclair, ecosTs ^ y, on conclut aisément des équations (2) dx , dv . , - — T. ^ >' + cos/, — ^= — X — sm/, a« at - na al dl dt="- Ces équations ont pour intégrales générales X =^ e^ sin (^ant + ct„) -|- sin /, y = e„ C0s('7/?/ + fô„)H co-l, 1 — c en désignant par e^ et cj,, deux constantes arbitraires. Les formules du mouvement elliptiq»ie «^ = / + 2e sin (7— C7)= / -i- 2jKsin/ — ixcos/, - ^ I — ecos(/ — rj)= ! — a; sin/ — ycof^l. ( '0^7 ) donneront ensuite t' =:= / + 2Po siii (/ — ant — cjo), - = î '^ — ^0 <-'0s(/ <7«^ CT„), /=«; + £ n ^= '„ 500 I- U convient de dire un mot des perturbations de s. On peut prendre ici Ch 2^ (JV _ 9. /MJ _ dt na da na a* ' d'oi^i Le moyen mouvement fourni par les observations sera donc «(i-h 217), de mêine que le demi grand axe sera a(i — a). Il faudrait poser ji{\-\- ■A'j)— n' , a(i — r;) — a'. Eu omettant les accents, il vient finalement ii> ^ l -\- -2^0 sin (/ — ^ni — cj,, ), - = I — e„ cos(/ — GRt — cjj), 1= ni -h Eu, n-«' =/M(i + «r) ; «, fo. cTo et £0 sont quatre constantes qui devront être empruntées à l'ob- servation. » PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur la propagation de l' électricité. Note de M. H. Poixcaré. u On a représenté les variations du potentiel électrique dans un fil qui transmet une perturbation électrique par l'équation dl^ dt dx- qui est connue sous le nom à'équalion des télégraphistes. V est le ])otentiel, A, B, G sont des constantes; le premier terme provient de la self-indiic- tion, le second de la résistance ohniique, le second membre de la capacité du {il. ( I028 ) » On peut, en choisissant convenablement les unités, réduire l'équa- tion à la forme d^\ , ^d\ _ cr-\\ dl- ' " dt dj;- ' l'unité de vitesse est alors la vitesse de la lumière. Si l'on pose l'équation devient ('^ -di^^dœ^^^^- » Pour que le problème soit déterminé, il faut que l'on se donne les conditions initiales; je suppose donc que, pour f = o, TI se réduit à une fonction donnée /{x), que je mettrai sous la forme d'une intégrale de Fourier et que -j- , pour i = o, se réduit à une fonction donnée Je puis alors mettre l'intégrale de ([) sons la forme (2) U = /""«''" U cos/ \'Y^^i 4- 0, ''"^^'^'"'1 drf, ou bien ( 3 ) ^ ^ f * ^' ^'■^'*'' '^^' ^^^/-^ f " ^' ^''''~' ''^^' ^ ^-1 ' où 6 6, ? '■ li'^cf^ — I 2 lisjq"- — 1 » Discutons ces résultats et, pour fixer les idées, supposons que f{x) ety, (a;) soient nuls pour cc'^ a ou œ <. b et soient égaux à des polynômes entiers en x pour a >• .r > b. ( '029 ) Alors a el [3 peuvent se mettre sons la forme a', a", P' et fi" étant développables suivant les puissances de - quand q est assez grand. » Si alors nous mettons U sous la forme (3), la première intégrale du second membre de (3) s'écrira OU i(^,/) =, é'I'Jt'-'-'à est développable pour q suffisamment grand, suivant les puissances crois- santes de - et de /. Alors, en vertu d'un théorème facile à démontrer, cette q intégrale est une fonction holomorphe de x et de /, pour ^ = o, et pour toutes les valeurs réelles de œ, sauf pour a; = a — l, x =^ h — t . De même, la seconde intégrale du second membre de (3 ) sera holomorphe, sauf pour X ^= a ^- t, r = 6 -i- /. M Ainsi, pour / = o, U sera une fonction holomorphe de a; et de /, sauf pour a; = rt ± /, X = o ±-- 1. 1} Les valeurs initiales de U et de -j- étant nulles pour a? > « et a; •< 6, il en résulte que U sera nul pour xy> a -i- t et X ■<^b — t. » On voit également que la fonction U possède quatre discontinuités X ^= a± t, X ^ b ± /, qui se propagent avec une vitesse constante égale à celle de la lumière. » Pour pousser cette étude plus loin, commençons par faire une hypo- thèse particulière. « Soient/= o pour toutes les valeurs réelles de a? et/, = o pour toutes C. R., 1S93, 2 Semestre. (T. CXVII, i\« 26.) làj ( io3o ) les valeurs de x non comprises entre — £ et -h s, /, = - pour — £<^a;<;£. On en conclut, si e est très petit, Ô = o, 0, = i et » Les deux intégrales du troisième membre doivent être prises le long d'un chemin allant de — ^ à 4- oo, mais passant au-dessus de l'axe des quantités réelles, de façon à éviter les points singuliers y ^ dt r . » La théorie des intégrales imaginaires de Cauchy montre que la pre- mière intégrale du troisième membre est égale à o pour a? + Z >■ o et à 1 C e/> cos ? gf sin 9 ^i,^ = A (a;, i ) pour X -\- t <^o. » De même la seconde intégrale est égale à o pour x — t'^ o et à A(n, t) pour x — t <^o. » On a donc U = o pour X >■ t, U = A pour />«;> — /, U = o pour X <^ — t. » Ou trouve d'ailleurs aisément Jo étant la fonction de Bessel. » Soit maintenant 9^ o, mais 0, quelconque; ou, ce qui revient au même, /nul et /, quelconque; nous supposerons toutefois que/", est nul pour x'^ ael X <^ b et différent de o quand x est compris entre h et a. » On a alors ou I on a pose K=: /^ ?:i!^ ^^1 y_ ^^^ '^' ( lo-ii ) » On voit que K = o pour z"^ X -h t, ou z<:^x — l et K = \(x — z, /) pour X -h t^ z "^ X — t. » Comme, d'autre part, f, est nul sauf entre b et a, nous aurons (si ( > j cinq hypothèses à distinguer : I" a;> a + ^, U = o, 2° G + / > .r > i + ^ U =: r -^^ A(œ— z,() dz, (4) (3° i + />«;>« -^, U= r -^-^ Adz, 4° a — ty. x^b — t, lJ=r 5° b — f^x, U = o. /,( = ) Vc/:;, » Soit mainlenanty, nul, etydifférent de o entre èeta, mais nul encore pour a- >. a ou a; < b. Il vient /^+ U = / x>b-t, U= r'£fdz + '^-^^:^A{-t,l). 5° b — tyx, U = o. » Observons d'ailleurs que ( io!J2 ) » Nous avons ainsi la solution complète de deux cas particuliers, celui oùy est nul et celui où /, est nul. Il est clair que l'on résoudrait le cas gé- néral, en ajoutant ces deux solutions particulières. » Les résultats précédents peuvent donner lieu à diverses observations ; on voit d'abord que la ^e^ede la perturbation se propage avec une certaine vitesse, dételle sorte que, en avant de cette tête, la perturbation est nulle, contrairement à ce qui se passe dans la théorie de la chaleur deFourier et conformément aux lois de la propagation de la lumière ou du son par ondes planes, déduites de l'équation des cordes vibrantes. Mais il y a, avec ce dernier cas, une différence importante, car la perturbation, en se propa- geant, laisse derrière elle un résidu qui n'est pas nul ; car U ne s'annule pas pour b-ht^oc'^-a — t. » Si a — b est très petit, c'est-à-dire si la perturbation est de très courte durée, les termes qui, dans les équations (4) et (5), sont exprimés par des intégrales sont très petits, tandis que les termes débarrassés du signe/ restent finis. On a donc sensiblement U = {f{x — /.) pour a~ t^x^ b -h t, U = ^/(x -+- 1) pour a — ly^x > b — t, U ::= o dans tous les autres cas. » Le résidu est donc négligeable devant la |)erturbation principale; mais il n'en est plus de même si la perturbation est de longue durée et si a — i est fini. Le résidu peut alors troubler les observations. » Je crois qu'il ne sera pas inutile de se ra])peler ces résultats quand on voudra discuter les expériences relatives à la vitesse de propagation de l'électricité. » Des questions du même genre avaient été abordées par des méthodes toutes différentes, par le regretté Hugoniot, dans ses Mémoires des LVIP et LVIIl*^ Cahiers du Journal de l'École Polytechnique ; les méthodes que je propose conduisent à une solution plus complète et à des démonstrations plus rigoureuses. » OPTIQUE. — Vérifications numériques relatives aux propriétés focales des réseaux diffringents plans. Note de M. A. Cornu. « L'observation précise des propriétés focales des réseaux n'est pas sans offrir quelques difficultés : les unes sont d'ordre général et se rapportent ( io33 ) au problème }3ratique de la détermination exacte des plans focaux d'un système optique; les autres sont spéciales aux réseaux et corrélatives de la perfection du tracé ou de la surface. Ces deux genres de difficultés, le plus souvent inséparables, rendent assez délicates les vérifications numé- riques de la théorie exposée précédemment {Comptes rendus, t. CXVI, p. I2i5 et 1421). » Difficultés relatwes à la détermination d'un plan focal. — Lorsque la précision demandée est de l'ordre du millimètre pour un foyer de quelques décimètres et une ouverture angulaire de plusieurs degrés, l'observation est facile; mais si l'on recherche une précision plus grande les incerti- tudes et les erreurs systématiques apparaissent. J'aurai plus tard l'occa- sion de revenir sur ce problème, qui se présente dans des études très di- verses, et d'indiquer certaines conditions permettant d'atteindre une assez haute précision : les présentes observations remplissent imparfaitement ces conditions spéciales; aussi l'expérience montre-t-elle qu'on doit considérer comme très satisfaisantes des erreurs ne dépassant pas 0'="', oa-o'^^.oS (deux à trois dixièmes de millimètre) sur une distance focale d'en- viron 45'='" : encore ne peut-on atteindre cette approximation que dans les mesures différentielles. » Difficultés propres aux réseaux. — Tous les réseaux ne se prêtent pas à l'étude précise des propriétés focales : la formation d'une image sans aberration exige en effet que la loi régissant la distance des traits à une origine fixe soit de la forme s ^ ht -\- et'- (^loc. cit., p. 1217). » Or, dans les réseaux tracés en vue d'une équidistance parfaite, cette loi ne peut résulter que d'une altération de cette équidistance due à une imperfection systématique ou accidentelle de la machine : la loi sera donc en général plus complexe. » Cependant, comme on peut diaphragmer le réseau en parties assez étroites pour qu'une fonction du second degré représente dans cet inter- valle la succession des traits avec une rigueur suffisante, on trouvera presque toujours des plages fournissant pour chaque spectre une image focale assez nette; mais la définition de leurs foyers sera d'autant moins bonne qu'elles seront plus étroites. En outre, suivant la continuité ou la discontinuité de ces plages successives, chaque plan focal variera d'une façon continue ou discontinue : dans le premier cas, l'image sera confuse et inutilisable par l'incertitude du foyer; dans le second, une difficulté d'un autre genre se présentera, car l'image sera nette mais multiple, chaque plage régulière fournissant un foyer particulier. ( io34 ) » Examen optique de la surface des réseaux. — La méthode d'explora- tion de Foucault permet, avant toute mesure, de reconnaître les divers acci- dents de la surface d'un réseau ; l'observation se fait sur le même gonio- mètre ; il suffit d'enlever l'oculaire de la lunette et de placer l'œil derrière l'écran mobile au foyer de l'image spectrale (lumière jaune de la soude) de chaque ordre : les inégalités d'éclat de la surface du réseau décèlent les plages irrégulières et tous les défauts du tracé. On reconnaît, par exemple, que les faisceaux lumineux constitutifs des images ne sont pas toujours formés par la surface entière du réseau, et que les plages efficaces varient déposition avec l'ordre des spectres; alors, les images des divers ordres sont issues de groupes de traits différents formant en réalité des réseaux distincts : de là une source d'erreurs systématiques qui paraîtraient inex- plicables sans ces observations préliminaires. » S implification des formules pour la comparaison avec l'expérience. — L'obser- vation consistant à mesurer le dépointement x (par rapport au foyer principal) de la lunette du goniomètre (p. i42i), il est utile d'introduire directement celle mesure dans la formule. Soity" la dislance focale principale commune aux objectifs de la lu- nette et du collimateur; multiplions par/^ Féquation (6) {Comptes rendus, t. CXVI, p. 1219 et 1421), on aura ^2 fi fï fi ^— cos-a -H ^ cos'^'a' =: ~ (cosa -t- cosa') — '^ (sin -1- sina'). p p H F f- .... . . » Or — représenterait précisément — a; si le réseau, au lieu d'èlre à une dislance P h du foj'er principal extérieur de la lunette, était situé dans le plan de ce foj er. On a, en effet, en comptant />osiYjVeme«< toutes les longueurs dans la direction de l'objectif à l'oculaire, xy — —f\ f=:p + /i. » Eliminamy, on lire aisément f- x'- P ■=^ =^ — x -1- -r ou, en posant, ^— =5=: — x -\- c, P • i^^x p r c étant une correction toujours positive. » L'équation (6) prendra donc la forme linéaire, (6«) z cos^a -+- z' cos^a' rr /'(cosa -1- cosa') — />(sina -t- sina'), en i)0jant en outre P - ,. f- - „ ( io35 ) 11 Le collimateur étant réglé sur rinfini, ;'=ro, il vieul a — a / a + a . a -t- a {60) ^ cos' a =r 2 cos ( /• cos • — /> sin 1 ou, en remplaçant le coefficient de p par sa valeur tirée de l'équation (7) (p. 1421 I, a — a' a 4- a' mlf. (oc) ^ cos*^ a =: 2 /• COS cos ^ ' 22e » Lorsqu'on opère par incidences S3'métriques {a,^^ — «,, y.', z;^ — a',), on élimine les termes en z' et en /•, et la formule (16) {loc. cit., p. 1224) devient (10 a) - (z, — z„) cos^a = — 20 cos sin , 2 2 2 en ayant soin, pour conserver le signe conventionnel de P d'après la /ig\ 1 (p. 1218) ('), de faire correspondre «1 à a positif. » Enfin, le calcul numérique se simplifie encore si l'on s'impose la condition a' — a' =^ const., en maintenant fi\es la lunette et le collimateur; c'est alors l'azimut du réseau qu'on fait varier pour observer les spectres des divers ordres. C'est le mode d'observation le plus simple pour les réseaux à réflexion. » Outre la ^commodité expérimentale, il fournit pour les azimuts correspondant aux spectres symétriques, la série de vérifications dont voici l'énoncé : » Théorème. — Lorsque les faisceaux observés font un angle constant avec le faisceau incident maintenu fixe, la demi-somme des azimuts du réseau corres- pondant aux spectres d'ordres symétriques est constante et égale à l'azimut cor- respondant au faisceau réfléchi. )> La démonstration est immédiate en parlant de la formule (7), e(sina-i-sino(') = m\. VÉRIFICATIONS NUMÉRIQUES. » 1° Je citerai en premier lieu, comme particulièrement concluantes, les vérifications fondées sur les observations publiées en i883 par M. H. Merczyng {Comptes rendus, t. XCVII, p. 070) sous le nom d'atiomalies focales des réseaux et dont l'auteur ne soupçonnait pas l'origine. On recon- naît en effet aisément que la formule (6c) reproduit tous les résultats énoncés, sauf celui du § 7 où l'auteur conclut « que la cause des ano- » malies focales des réseaux à réflexion n'est pas l'irrégularité du tracé (') Une erreur s'est glissée dans le signe de c et de P, à la fin de l'explica- tion relative à la fig. 2 (p. 1221); l'avant-dernière ligne de cette page doit se lire: La figure correspond à r > o, P > o, les traits se resserrent vers la gauche. ( io36 ) M des traits . . . « . Les mesures apportent au contraire une confirmation pré- cieuse de l'irrégularité systématique de la distance des traits. » Les mesures de M. Merczyng fournissent les variations de foyer \f du deuxième spectre de gauche (7?t := 2) sous diverses incidences {i) produit par un réseau à ré- flexion de Rutherfurd, le collimateur étant réglé sur l'infini. La concordance des no- tations A/=:^, E = e, a'z=«, a-ha'=Q, a — a' =: A et les données numériques suivantes permettent d'appliquer la formule (6c) aux sepi groupes d'observations : les sept équations de conditions linéaires en r et p déter- minent par la méthode des moindres carrés les deux paramètres R et P et les écarts entre l'observation et le calcul. Il y a une donnée de trop (e =; i'^'°,4685. io~*), mais qui s'accorde rigoureusement avec les autres; en revanche, il en manque une (/(); peu imjDortanle il est vrai, utile pour calculer la petite correction c qui fournit ^ ; en la déduisant de la distance probable du réseau à l'objectif (6=""), on ne peut pas commettre d'erreur appréciable sur les vérifications. /=33-, f-h Réseau { V») Rutherfurd (à réflexion), rô-^"" (adopté), X^S-^^.SSSg.io-^ (sodium). Obs. ■ = o, - Cale. m ^1. A... B... C... D... E... F... G... I ..52./40 — 0.34. 0 — 3. 3.20 -4.43.10 — 6. 10. 10 —7. II .3o —8.40.20 0,48 0,64 0,98 I ,25 1 ,60 2,25 3,3o ~ observé, cm — 0,474 — o,63o —0,957 — I ,2l3 — 1,539 — 2, l3l — 3,o5i 0,061 o,o44 — o,o5o 0,046 — o,oo3 —0,175* —0,084 o,o6i o,o5o — o,o63 0,067 — o,o38 » — 0,008 5o. 17.30 54. i6.5o 58.48. o 62. 10. 10 65.26. 10 68. o.io 72 . 19.50 » La première des deux colonnes (obs. — cale.) montre que les écarts sont inférieurs à o'^'",i ou à i™"', sauf l'observation F qui, a priori, d'après le tracé grapliique consi- déré par l'auteur, est manifestement erronée. Si l'on rejette cette observation et qu'on calcule à nouveau, la seconde colonne montre que les écarts ne dépassent plus | de millimètre, résultat très satisfaisant. Les paramètres correspondants sont A R = 6i42'^™,i et P = 86o"",i6. n Cette valeur montre que l'équidistance des traits est notablement altérée ; Vaccélé- ralion linéaire 20 de celle distance, liée à Pparla formule 2 cr^i^: P (loc. cit., p. i423), paraît cependant d'une petitesse extraordinairement petite ( 2c := 2'",5o72. io~") ; on se la figurera mieux en la représentant par la difi"érence de largeur des deux moi- tiés du réseau (loc. cit., p. 1426) : cette difi'érence est égale à o"", 00.5731 ou un peu moins de -^ de millimètre (le réseau offre une largeur de 4''"',44o8 et 3o24o traits). » 2" Un large réseau sur métal, sans défauts, au —^ de millimètre, que ( io37 ) je dois à l'amabilité de M. Léon Brunner, offre à la fois une définition parfaite des raies spectrales et une variation focale extrêmement étendue. Je l'ai étudié et fait étudier à jikisieiirs reprises à mon laboratoire comme exemple de réseau offrant des |iroj)riétés focales. Voici l'une de mes séries d'observations (mai iSpS) faite en deux groupes d'incidences symétriques conformément au théorème ci-dessus : le cercle d'azimut du réseau ne donnait que le dixième de degré à l'estime, mais l'approximation est encore suffisante grâce aux vérifications mutuelles. Les positions œ des foyers sont les moyennes de cinq lectures toujours concordantes. Réseau Brunner (sur métal). Lumière solaire, raie du nickel / = /i3">,6i7, f—h — io'^"', X z=;y™,89iS.io-5 entre les raies D. a - -a' =34°. a — a' = -34». i(;,-;Jobs. m,. a. X. ■=1- m. a. X. z . Obs.— Cale , cm cm cm cm cm cm 5 35, 0 3,042 —2,885 — 5 — 35,0 — 1,880 ',945 — 2 ,4i5o — o,oo49 4 3, ,4 2,3lO —2,219 -4 -3. ,2 — 1,274 i,3o4 — I ,7165 0 , 0090 3 27.8 1,712 -1,661 -3 -27-7 -0,780 0,791 — 1 ,2260 O,02o3 2 24,1 I ,222 — 1,196 — 2 —24,1 — o,4o4 0,407 — o,8oi5 ^0,0252 I 20,7 0,764 —0,754 — I — 20,5 —0,002 0,002 — 0,3780 — o,oo3o O 17,0 o,4o4 — o,4oi 0 —17,0 o,4o4 — o,4oi » » — I i3,6 0,010 —0,010 I — 13,5 0,680 —0,672 o,33io — 0,0022 — 2 10,0 — 0,328 1 ,33o 2 — 10,0 1 ,006 —0,989 0,6095 0,0019 -3 6,5 —0,640 0,647 3 - 6,4 I,3l2 -1,283 0,9600 0 , oo54 -4 2,9 — 0,938 0,954 4 — 2,8 1 ,656 — 1,609 1 ,28i5 — 0,0010 —5 — 0,9 — 1 ,258 1,286 5 1,0 2,000 — r ,932 I , 6090 — 0,0043 -6 - 4,7 — 1 ,602 1,649 6 \ ^ -(>/ 2,364 — 2,269 1,9590 — 0,01 10 » La vérification est remarquable : le plus grand des écarts (obs.— cale.) n'atteint que o'^",0252 ou un quart de millimètre; l'erreur moyenne dépasse à peine un dixième de millimètre. » La valeur de R (presque infinie, car la surface du réseau est très plane) est éli- minée par l'emploi de la formule (i6«); '' "e reste donc qu'une inconnue p déter- minée par onze équations de conditions très concordantes. Le paramètre P qu'on en déduit a pour valeur P =z695'^°',32. » 3° Les deux exemples précédents se rapportent à des réseaux opa- ques; il m'a paru nécessaire, pour varier les conditions expérimentales, d'opérer sur un réseau transparent qui offre les deux modes de production des spectres, par réflexion (surtout avec argenture de la surface striée) et par transmission. A cet effet, j'ai tracé sur glace avec ma machine un large C. R. 1893. 2= Semestre. (T. CXVII, N° 26.) l38 ( io38 ) réseau (D^) au ^ de millimètre avec une vis présentant une légère accé- lération clans son pas; à l'exploration, le réseau a dû être diaphragmé et réduit à i'"",4 de largeur pour supprimer une plage donnant un foyer dif- férent. Voici le résumé des observations (mai 1893) : Réseau (Dj) argenté. Même méthode d'observation. Même goniomètre. Lumière électrique, raies D renversées sombres ('). a — a' = 34°. a — a' = — 34°. m,. 3t. X. J,. OTj. a. X. 0 cm cm o cra 5 34,9 —1,454 i,4ï7 —5 — 35,0 -1-0,086 4 3i,3 — i,3o2 1,373 — 4 — 3i,4 — o,i56 3 27,6 — j,io6 1,082 —3 —27,7 — 0,332 2 24,1 — 0,864 o,85i — 2 — 24,1 — 0,398 I 20,5 — 0,682 0,674 — I — 20,6 — o,5o4 o 17,0 — 0,524 0,520 o — 17,0 — o,5o6 -1 i3,4 —0,488 0,484 I — 13,5 —0,670 -2 9,9 — o,36o 0,357 ^ — 10,0 — 0,700 -3 6,3 — 0,244 0,243 3 — 6,4 — <^j774 -4 2,7 — o,i3S o,i38 4 — 2,8 —0,876 -5 — 1,0 — 0,018 0,018 5 0,9 — 0,948 » Quoique ce réseau soit moins parfait que le précédent l'écart maximum n'atteint que le i de millimètre, la vérification est donc encore très précise : la valeur de P=z— 2325<^"',6. Réseau (D4) désargenté. » Le réseau a été désargenté et observé par transmission : il s'agissait de vérifier que le paramètre P conserve bien la même valeur. » Le calcul numérique est très simple avec l'emploi de l'incidence normale ((z'=o) ; l'élimination du terme z' (qui comprend le défaut de parallélisme du faisceau incident et l'influence de R) se fait, comme dans le cas précédeat, en combinant les observa- tions des spectres symétriques : la formule à vérifier devient !(;, — ij) = /) sin 7 séc^'a. *"■' Hz,-=,)0b5. Obs.-Calc, cm -0,086 cm o,75i5 cm o,o338 0, i55 0,5590 0,0273 o,33o 0,3760 0,0075 0,395 0,2280 — o,oo4i o,5oo 0,0870 — 0,0235 0,002 )) » 0,662 — 0,0890 o,oi34 0,691 —0,1670 o,o3o9 0,764 — o,26o5 0,o322 0,863 —0,3625 0,0235 0,933 —0,4575 0,0247 (') On obtient les raies D sombres avec toute la finesse désirable, en déposant un peu de sel marin sur le charbon inférieur maintenu /îOiiYi/,- l'image des deux charbons projetée sur la fente du collimateur offre toutes les transitions d'éclat des raies du sodium depuis les raies brillantes sur fond sombre, jusqu'aux raies sombres sur fond brillant, à mesure qu'on avance de l'arc vers le pôle positif. ( ïo39 ; Spectre de gauche. Spectre de droite. X. cm cm ï, — J, ) obs. Obs. -Cale cm — o,7o35 cm —0,0088 —0,4855 0,0076 — 0,3255 0,0072 — 0, i960 —0,0006 — 0,0985 0,0044 5 36. 10. 12 0,624 — 0,620 —5 — 36.io.3o — 0,873 0,887 4 28.io.3o o,3o4 — o,3o2 — 4 — 28.10.46 — 0,660 0,66g 3 20.43. 9 0,188 — 0,187 — 3 — 2o.44-3o — o,46o 0,464 2 iS.Sq.iS 0,078 — 0,078 — 2 — 13.39.26 — o,3i2 o,3i4 I 6.46.36 — 0,010 0,010 — I — 6.46.60 — 0,206 0,207 » L'accord est excellent puisque l'écart maximum n'atteint pas yô ^^ millimètre. Enfin la valeur de P = 2386'^'°, 4 est sensiblement égale à la précédente : le contrôle cherché est donc aussi satisfaisant que possible ('). » Les images des réseaux plans que nous venons de considérer sont astigmatiqiies : il y aurait donc lieu de déterminer le second plan focal, celui des lignes transversales aux raies; mais cette étude sera mieux à sa place dans une prochaine Communication relative aux réseaux tracés sur des surfaces courbes. » CHIMIE AGRICOLE. — Remarques sur V échaiiffemenl et l' inflammation spontanée des foins; par M. Berthelot. « Il n'est aucun agronome qui n'ait eu occasion d'observer le dévelop- pement de chaleur, en apparence spontanée, qui a lieu dans les foins entassés et mal séchés. Ce phénomène a été souvent attribué à des fer- mentations spéciales : toute fermentation reposant nécessairement sur une réaction chimique exothermicjue, c'est-à-dire telle qu'elle fournisse l'énergie nécessaire, ainsi que je l'ai établi en i865; tandis que le ferment joue seulement le rôle d'agent provocateur. Autrefois, c'est-à-dire il y a un demi-siècle, l'inflammation du foin était expliquée surtout par une oxyda- tion. » En réalité, d'après certaines observations que j'ai eu occasion de faire, le phénomène comprend plusieurs ordres de réactions, essentielle- ment différentes et sur lesquelles il est utile de donner quelques détails. L'herbe entassée, aussitôt qu'elle a été coupée, pourrit sous l'influence (') L'observation des moirés {loc, cil., p. 1426) conduit à des vérifications analo- gues, quoique moins précises, sur la valeur de P, pour les réseaux transparents : on peut, en ertet, les accoupler avec une copie sur gélatine obtenue par le procédé de M. Izarn. Les franges, particulièrement visibles dans les faisceaux dilTractés, se pho- tographient aisément, ce qui simplifie encore les mesures. ( io4o ) de l'excès d'eau qu'elle renferme, sans que sa température s'élève sensible- ment, et elle devient, comme chacun sait, improjjre à l'alimentation du bétail. Si, au contraire, l'herbe est exposée tout d'abord à l'air sur une large surface, les plantes qui la forment meurent, et elles perdent alors rapidement l'eau qu'elles retenaient opiniâtrement à l'état vivant, tant à cause de la structure mécanique que de la constitution chimique et biolo- gique de leurs tissus. En même temps elles manifestent certains phéno- mènes d'oxydation et d'élimination d'acide carbonique, phénomènes dont nous avons fait, M. André et moi, une étude spéciale, destinée à être pu- bliée prochainement. Ainsi se prépare le foin normal, entassé bientôt en meules, puis distribué en bottes. » Cependant, si le foin est mis en meules avant d'être suffisamment desséché, il éprouve de nouvelles altérations, distinctes de celles qui ré- pondent aux cas précédents, et accompagnées par un notable dégagement de chaleur, dû à l'intervention des fermentations proprement dites. Mais celles-ci ne sauraient élever indéfiniment la température, la masse attei- gnant parfois un degré tel que la vie même des microrganismes jouant le rôle de ferments devient impossible. C'est ce qui arrive au-dessus de 4o°. pour la fermentation alcoolique; au-dessus de 70°, pour la fermentation butyrique, par exemple, etc. Au-dessus de cette limite, toute transforma- tion dont les ferments organisés sont supposés les agents devrait s'arrêter. Néanmoins, il n'en est pas toujours ainsi et il arrive parfois, au contraire, que réchauffement provoqué par les fermentations initiales se poursuit au delà de ce degré, ainsi que l'indique un thermomètre plongé dans la masse. En même temps^la matière végétale absorbe l'oxygène de l'air; ce qu'il est facile de constater également. » Ces oxydations, elles, sont d'ordre purement chimique : elles se trouvent exaltées de plus en plus par l'élévation même de la température qu'elles provoquent : celle-ci suffit, à son tour, pour dessécher plus com- plètement le foin et pour engendrer des produits pyrogénés, qui commu- niquent à certains foins, dits échauffés, un goût et une odeur empyremna- tiques. Il arrive même que la masse atteint sur quelque point la température nécessaire à son inflammation proprement dite, température fort intérieure au rouge pour des matériaux de cette nature. » En résumé, l'élévation de température capable de provoquer l'in- flammation résulte de réactions purement chimiques, qui portent sur des produits modifiés au début par les fermentations. » ( io4i ) CHIMIE AGRICOLE. — Sur la composition des eaux de drainage d'hiver, des terres nues et emblavées; par M. P. -P. Dehérain. « Dans une Note, que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie au mois de janvier dernier ('), j'ai donné la teneur en azote nitrique des eaux écoulées des cases de végétation de Grignon, pendant la première partie de l'année 1892, de mars à novembre; je complète aujourd'hui les indications précédentes en résumant les résultats recueillis de no- vembre 1892 à mars 1893. » Pendant l'hiver, les terres laissent écouler une forte fraction de l'eau qu'elles reçoivent, et bien qu'aux époques où la température baisse, la teneur de ces eaux en nitrates soit beaucoup plus faible que pendant la bonne saison, elles sont cependant, en moyenne, assez chargées. » Pendant l'été, le mètre cube d'eau écoulée d'une terre en jachère nue renfermait i45s'' d'azote nitrique; pendant les quatre mois d'hiver la moyenne, pour les eaux de cette même terre, est de 92*^''; cette moyenne est formée de nombres très différents les uns des autres : tandis que les dosages du 8 et du \l\ décembre accusaient respectivement 183^'' et 1578'' au mètre cube, ceux de janvier ne donnaient que ii^»' etgS''; en février déjà, la teneur des eaux de drainage se relevait à 78e'' d'azote nitrique pai' mètre cube, elle atteignait 1 16*^' le 2 mars. On se rappelle que, si le mois de janvier 1893 a été rigoureux, février au contraire a été doux et pluvieux. ). Ces nombres sont très élevés; en rapportant à un hectare, ce qui est très facile, puisque, les cases de végétation ayant exactement une surface de 4*"'', elles représentent la 2500* partie d'un hectare, on trouve que la case n" 1, maintenue en jachère, a perdu pendant l'hiver 1 892-1 893 : 8i''e,i85 d'azote nitrique et pendant l'année entière 22i'^s,8; quantité excessive qui dépasse de beaucoup les nombres constatés dans l'analyse des eaux de drainage qui s'écoulent des terres en place; ainsi MM. Lawes, Gilbert et \\ arington donnent comme moyenne des pertes d'un hectare de terre sans végétation, 47'''^ environ. » Il n'est pas difficile de saisir la raison de ces divergences. J'ai insisté récemment sur la nitrification excessive que détermine souvent la tritura- (^') Comptes rendus, t. XVI, p. 33. — Ann. agron., t. XIX, p. 65. ( I042 ) tion des terres ('), j'ai indiqué les énormes quantités d'azote nitrique con- tenues dans les eaux de drainage écoulées d'une terre qui m'avait été en- voyée par notre éminent confrère M. Fizeau, les quantités également très fortes qu'ont fournies des terres qui m'avaient été adressées de la Li- magne d'Auvergne par M. Emile Boire, administrateur des usines de Bourdon, aussitôt après, que les unes et les autres ont été mises en expé- riences; j'ai enfin provoqué une nitrificatiou excessive dans des terres qui ne donnaient plus que de faibles quantités de nitrates, en les exposant à l'air et en les triturant à diverses reprises; je crois donc que les nombres très élevés qu'ont donnés les cases de végétation de Grignon, pendant cette première année d'observations, doivent être attribués à la tritura- tion très complète qu'ont subie les terres pendant les travaux de déblai qu'a nécessités la construction des cases, à l'aération à laquelle ces terres ont été exposées pendant plusieurs mois, enfin à la trituration nouvelle qui a accompagné le remplissage des cases. » Il est vraisemblable que rapidement la nitrification va dans ces terres diminuer d'intensité; déjà je trouve pendant ce mois de décembre 1893, pour une teri-een jachère, 93s''d'azote au mètre cube, contre i83s'' et iSj^'' c{ue j'avais dosés au mois de décembre 1892. » Si les nombres obtenus pendant la première année d'observations n'ont pas de valeur absolue et ne peuvent servir à déterminer les pertes que l'écoulement des eaux de drainage fait subir à un sol en place, ces nombres montrent une fois de plus l'influence qu'exerce la trituration sur l'énergie de la nitrification; ils permettent en outre des comparaisons très instruc- tives. En effet, tandis que la case sans végétation perdait pendant l'hiver 1892-1893 : Si**^, i85 d'azote nitrique, la case voisine, sur laquelle on a semé du ray-grass au printemps de 1892, ne perdait que 10*^^,3; le mètre cube d'eau écoulée de cette terre ne renfermait que i3s' par mètre cube, au lieu de 145^"^ fournis par la terre en jachère. » Il n'y a pas de raison de supposer que la nitrification soit très diffé- rente dans deux cases voisines l'une de l'autre; il était cependant difficile d'admettre que, pendant l'hiver, le rav-grass eût pu utiliser tous les nitrates qui se sont probablement formés dans la case n° 2, comme dans la case n" 1, et qui ne se retrouvent pas dans les eaux de drainage. Aussi, guidé par les recherches antérieures de MM. Berthelot et André, j'ai pensé que peut- (') Comptes rendus, t. CXVI, p. 1091. — Ann. agron., t. XIX, p. 401. ( H,48 ) être ces nitrates restaient en nature dans les plantes qui couvraient le sol où ils sont formés. Quand, en effet, on dépose sur les racines du ray-grass le sulfate de cinchonamine de M. Arnaud, on voit se former des cristaux de nitrate, ou encore, quand on fait agir, sur les racines préalablement desséchées, le sulfate de diphénylamine, la coloration bleue caracté- ristique des nitrates apparaît avec une telle intensité qu'on n'a pas hésité à procéder à une recherche quantitative. » On a trouvé, en effet, pour des Graminées variées : Dans looiî' de malicre sèche. Azole nitrique. Azotate de potassium. Calculé, gr gr ,,.,-,, \ Racines... 0,062 0,447 Jardin du Muséum ■, _,. „ 0 ^ ( Tiges 0, ii3 o,8i5 r, ■ ■ j n ■ \ Racines... 0,873 2,705 Prairie de (jrilirnon , „. „ o ' ( Tiges o,o3g o,?.8i » Ces observations ne font que confirmer celles de MM. Berthelot et André sur la présence universelle des nitrates dans les végétaux; mais il est intéressant de constater que, pendant l'hiver, les nitrates sont emmaga- sinés, dans les racines et les tiges, prêts à être utdisés au moment du ré- veil de la végétation. » La richesse en azote combiné des sols de prairie a été reconnue par tous les analystes; on y trouve S^"", ^sr^ jusqu'à loS'' d'azote par kilogramme de terre; l'enrichissement en azote de ces sols est même assez rapide pour qu'on puisse le constater par des dosages régulièrement espacés : je rappellerai qu'un sol du champ d'expériences de Grignon, qui ne ren- fermait pUis que i^'', 5o d'azote combiné en 1879, en accusait 1°'', 88 en 1888, après avoir été maintenu en prairiependant dix ans ("). Cet enri- chissement est dû à deux causes différentes : d'une part, les microbes fixateurs d'azote de M. Berthelot, les végétaux cryptogamiques de MM. Schlœsing fils et Laurent entrent en jeu, et d'autre part non seu- lement la nitrification est peu active dans ces sols en repos, mais en outre les faibles quantités de nitrates formés sont retenues par les racines des graminées, les eaux qui s'écoulent sont privées de nitrates, et l'on conçoit aisément que les gains d'azote surpassent les pertes. /) Ce n'est pas seulement dans les racines ou les tiges des graminées de (') Comples rendus, t. CI, p. 273. — Ânn. agron., l. XII, p. 17. ( io44 ) la prairie qu'on trouve des nitrates, on les décèle également dans le blé d'hiver. » J'ai été conduit à les rechercher en constatant que les eaux de drai- nage écoulées des terres emblavées en blé à l'automne sont très pauvres. Ces eaux renferment 22^'', 18*^'' et 89^ d'azote nitrique par mètre cube, bien moins par conséquent que celles qui proviennent des terres nues. J'ai voulu savoir quel développement acquièrent pendant l'hiver ces racines dont l'action est si sensible; poiu' suivre aisément leur développement, j'ai fait semer du blé sur un talus qui borde le champ d'expériences de Grignon le long d'une route; il est facile de dégager à la bêche une rangée de racines, puis à l'aide d'une seringue de jardinier de les débarrasser de la terre dans laquelle elles pénètrent. M. Julien, répétiteur à l'École de Grignon, a bien voulu prendre, de ces racines en place, une photographie que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie; on voit que déjà le i5 dé- cembre après un hiver doux, il est vrai, les racines ont une longueur double de la hauteur des tiges; elles dépassent actuellement So*^". » Les nitrates y sont abondants : Pour loos' de matière sèche. Nitrate Azote de potassium nitrique. (calculé), er gr Blé : Champ d'expériences de Grignon . Racines... o,563 4>o63 Blé : Berge du cliamp d'expériences , Racines... i,o4i 7>58i Tiges 0,187 ï>363 » Les racines des graminées ne sont pas les seules qui soient chargées de nitrates, on en trouve dans toutes les plantes qui végètent pendant l'hiver et l'on comprend, dès lors, combien il est important de ne laisser la terre découverte que le moins longtemps possible. )) Les pertes d'azote nitrique d'une terre en jachère sont énormes : pen- dant l'année, mars 1892-mars 1893, les quatre cases sans végétation ont perdu à l'hectare : 221''^, 4, i93''%i, 242''", i et 245''^ 2; j'ai déjà indiqué que ces pertes sont excessives et qu'on ne les retrouvera pas, mais il n'est pas moins intéressant de remarquer que, pendant ce même laps de temps, la prairie n'a perdu que So'Si et que les trois cases qui ont porté successive- ment des betteraves à sucre el du blé d'hiver n'ont perdu, pendant cette même année, mars 1892-niars 1898, que i9''%4, i7''S6 et4o''%6; ce der- nier nombre, beaucoup plus élevé que les autres, est dû au mode de ( 10^5 ) fumure employé : cette terre n'avait reçu, comme engrais azoté, que du nitrate de soude facilement entraîné. » La faiblesse des pertes des terres emblavées est due à deux causes différentes : d'abord à la petite quantité d'eau qui traverse le sol pour atteindre les drains; les plantes herbacées sont de puissants appareils d'évaporation qui rejettent dans l'atmosphère presque toute l'eau tombée, il est très rare que les drains coulent pendant l'été. Quand la belle saison est sèche, le drainage ne s'établit même que longtemps après l'enlèvement des récoltes; cet automne, j'ai déjà recueilli deux fois des eaux des terres en jachère, tandis que c'est seulement maintenant à la fin de décembre que les terres nues, mais qui ont été emblavées en 1893, commencent à s'égoutter. » En outre, comme je viens de le montrer, si pendant l'hiver l'activité vitale des plantes est trop faible pour qu'elles puissent transformer l'azote des nitrates en albuminoïdes, elles retiennent ces nitrates, les emmagasi- nent dans leurs racines et dans leurs tiges et empêchent ainsi leur déper- dition. » Pendant la succession betteraves-blé, adoptée dans une grande partie du nord de la France, la terre ne reste découverte qu'après la moisson, et, quand on la fait suivre d'une culture dérobée qu'on enfouit seulement en novembre, sur deux ans la terre n'est découverte que six mois au plus; dans ces conditions les pertes sont réduites au minimum; elles sont beau- coup plus fortes, ainsi que je l'ai indiqué déjà, quand on néglige de semer après le blé une plante à végétation rapide; la terre, en effet, reste alors nue depuis la moisson en aoiit jusqu'au semis de betteraves en avril, et les eaux qui traversent le sol pendant l'automne et l'hiver entraînent souvent plus de nitrates qu'on n'en a introduit dans la fumure des betteraves au printemps de l'année précédente. » ASTRONOMIE. — • Observations des petites planètes (37?, (Charlois iHq'j. A. D.), (m) Charlois iSgS. A. H. et Charlois 1893. .4. /.), faites au grand équa- torial de l'observatoire de Bordeaux par MM. G. Rayet et L. Picart. Note de M. G. Rayet. « i/équatorial photographique a permis de retrouver assez facilement quelques-unes des petites planètes découvertes cette année par M. Charlois à l'observatoire de Nice; plusieurs de ces astres ont ensuite [)u être suivis, au grand équatorial, pendant mi temps assez long pour donner aux G. 1\., 1S93, 3- Semestre. (P. CXVII, iV" 26.) l39 ( io4fi ) calculateurs un nombre d'observations suffisant au calcul d'une orbite exacte. Les observations que je publie ici sont la première contribution de l'observatoire de Bordeaux à l'association formée entre les observatoires français pour l'étude des nouveaux astéroïdes; j'espère qu'il nous sera possible de continuer cet ordre de recherches et d'aider ainsi à éviter la perte de quelques-uns de ces astres. Temps moyen Dates (le 18'J3. Bûi-deaux. Il O) S Août II 9.36.20,4 12 9.40. 9,1 i3 9.51.46, 3 Planète '37?. — Chaklois 1898. A. D. Ascension droite apparente. h m s 19.46. 6,20 19.45.24,66 19.44-44,56 Log. fact. parallaxe. — 2,962 — 2,885 —2,638 Distance polaire apparente. i 07 . 3 . 3 1 ,3 107.3 . i3, 1 107. 3. 3,1 Log. fact. parallaxe. —0,891 —0,892 —0,893 Étoiles. Observ. l 2 o L. Picart L. Picart L. Picart Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1893,0. Étoiles. Catalogues et autorités. 1 . . Munich, t. 1, n" 22182 2. . Munich, t. I, n" 22057 et t. II, n"^ 9890 3. . Munich, t. I, n" 22007 ^^ t. II, n" 9890 Ascension Réduction Dislance Réduction droite au polaire au moyenne. jour. moyenne jour. h m s 19.47.41,21 s +3,09 106.55.22. ,9 —0 , 9.5 19.46.18,68 -1-3,10 107. 9.80. ,5 —0,81 19.46.18,68 -f-3, 10 107. 9.80, 5 — 0,82 Temps moyen Dates de 1S93. Bordeaux. ti m s Août 23 10. 7 . 3,7 24. ... 9. 29. i3 ,2 26 9.44-44>5 27 9.52.19,5 3) 9.44.26,6 Sept. I 9.80. 12 ,4 2 10. 26. 22 , 2 3 10.14.57,7 7 9.40. 12, 1 g 9.46. 18,0 10 9.18.21,9 i3 10.25. 19,8 14 9.56.41, 8 18 9.26. 1,5 Planète (yn^ . — Charlois 1898. A. H. Ascension Distance droite Log. fact. polaire Log. fact. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Étoiles. Observ. h m s 22.42.5l ,43 —7 , 400 91'. 16.42", I — o,8o4 I L. Picart 22.41.54,81 — T,475 91.15.26,4 — o,8o4 2 L. Picart 22.89.57,47 — T,420 91.18. 1,7 —0,804 3 L. Picart 22.88.57,08 -1,887 91 . I I .55,9 — o,8o3 4 L. Picart 22.34.57,89 — 1 ,356 91. 8. 5,4 — o,8o3 5 L. Picart 22.33.58,87 -1,878 91. 7.17,8 —0,804 6 L. Picart 22.82.55,40 -T,.44 91. 6.3o,4 —0,804 7 G. Rayet 22.81.55,88 — 1,169 91 . 5.5i ,6 • — o,8o3 8 G. Rayet 22.27.56,33 — T,252 91. 8 . 40 , 2 — o,8o3 9 G. Rayet 22. 25.57, ^7 —7,174 91. 2.89,4 — o,8o3 10 G. Rayet 22.24.59,86 —7,294 91. 2.l8,2 — o,8o3 1 1 G. Rayet 22.22. 3,25 —2,655 91 . 1.11,5 — o,8o4 12 G. Rayet 22.21 . 7,48 —2,961 91. 0.55,5 -o,8o4 i3 G. Rayet 22. 17 .28,62 — 7,oi5 90.59.48,2 — o,8o3 ■4 G. Rayet ( io47 ) Temps nioyoïi Dates de 1893. Bordeaux. h m s Sept. 28 ro. 14.27,4 Ocl. 8 10.58.53,8 i4 9.24. 6,0 i5 10. 20. i3,3 16 g. 46. 1 4, 3 17 10. ii.i4,8 19 9 •47- 2,6 20 9.35.52,8 21..... 9.43.47,3 22 10. 1 . 6,2 Ascension Distance droite Log.fact. polaire Log.fact. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Étoile. Observ. 22. g. 21 ,go — 2,828 90! 56. 52', g —0,802 i5 L. Picart 22. 3. i5,65 -t-T,346 90.51.28,8 — 0,801 16 G. Rayet 22. 0.45,60 -f-r,023 90.46. i5,8 —0,800 •7 L. Picart 22. 0.24,63 — 7,33o 90.45. 7,0 —0,800 18 G. Rayet 22. 0. 6,87 — T,2o8 90 . 43 . 57 , 9 — 0,800 '9 G. Rayet 21.59.49,56 +T,297 90.42.45,0 — 0,800 20 L. Picart 21 .59.20,80 -HI ,259 90.40. 7,3 — 0,800 21 G. Rayet 21.59. 7'82 +T,2ig 90.38.42,7 -0-779 22 L. Picart 21.58.56,70 +1,271 90.37.12,6 —0:799 23 L. Picart 21 .58.47, 'O -t-T,35o go. 35. 34, 4 -0,798 24 L. Picart Positions moyennes des étoiles de comparaison pour i8g3,o. Étoiles. 1. 2. 3. 4- Catalogues et autorités. Ascension droite moyenne. h m s 22.39.29,23 22.89.29.28 23.40. 12,71 22.39.29,23 4,06 4,06 ^[Weisse,, H. XXII, 793.^Bôrgen 6801-6802] |[Weisse,, H. XXII, 798. — Borgen 6801-6802] i[Weissei,H.XXII, 907. — Borgen 68i5-63i6] I [Weisse,, H. XXII, 798. — Borgen 6801-6802] 5.. î[Weisse,, H. XXII, 678. — Borgen 6276-6278] 22.33.46,68 6.. {[WeissCi, H. XXII, 609. — Borgen 6261-6262] 22. 3i. 4;o6 7.. ^[Weisseï, H. XXII, 6og. — Borgen 6261-6262] 22.81 8.. i[\Veissei. H. XXII, 609. — Borgen 6261-6262] 22.81 9.. 2 [^^^i^s^D H--^^I'> 489. — Borgen 6281-6282] 22.25 10. . i[Weisse I, H. XXII, 4oo.— Borgen 6202-6808. — Sclijellerup 9178] ij.. |[Weisse,, H. XXII, 456. — Borgen 6212-6218. — Schjellerup gigS] 12.. ^[Weisseï, H. XXII, 4oo. — Borgen 6202-6208. — "Schjellerup 9178] \ i8.. i[Weissei, H. XXII, 456. — Borgen ) 6212-6218. — Sclijellerup gigS] \ 14.. i[SchjelIerup gi3o-gi3i. — Borgen6i78-6i7g] i5.. i[Weissei, H. XXII, 69. — ) Schjellerup 9o58. — Borgen 6127] ) 16.. a ^'erseau. — Connaissance des Temps 17.. i[Weisse,, H.XXI, 1887. — Borgen 6089-6090] 22.59.48,88 18.. i[Weissei,H. XXI,i887.— Bôrgen6o89-6o9o] 21.59.48,88 ig.. Anonyme comparée à a Verseau 2i.56.3o,i5 20.. Borgen 6076-6077-6078 21.56.25,66 21.. Biirgen 6076-6077-6078 2i;56.25,66 Réduction au jour. s -f-2,g3 +2,94 -1-2,95 -1-2,96 -1-3,00 -1-3, 00 -1-3, 01 -1-8,01 4-8,08 Distance polaire moyenne. o ' " 91.17.42,8 91.17.42,3 gi. 8.42,8 gi. 17.42,3 gi . 16. 22,2 gi. 7. 1,1 7. 1,1 7. 1,1 0.42,8 91 91 91 Héduction au jour. 4,32 4,42 4,9' 4,70 4,73 4,66 4,73 22.21. o,4o -1-8, 08 gi. 6.89,6 — ) 22.28.48,27 22. 21 . 0,4o 22. 28.48, 2- -3,o3 90.57. 2,2 -3,o3 gi. 6. 3g, 7 5. 7,70 22. 6.22,5o 22 . 22 . 0.17,20 -3, 08 -8,02 -2,g5 -2,87 -2,78 -2,77 -2,75 -2,78 -2,71 go. 57. 2,2 91. 8.12,9 go, 58. 21 ,6 go.5o.2i,g 90.89. 0,1 90.89. 0,1 90 . 48 . 5 I ,0 90.50.19,3 90.50. ig, 3 4.76 4,64 4,87 4,85 5,09 4,74 4,58 4,10 4.27 4,25 3-99 3,97 3,94 ( io48 ) Etoiles. 22.. 23.. 24.. Catalogues et autorités. Ascension droite moyenne. .59.48,83 î [Weisse,, H. XXI, iSS-.— Bôrgen 6089-6090] 4-[Weisse,, H. XXI, iSSy. — Borgen 6089-6090] 21 .59.48,83 ■|-[Weisse2, H. XXI, 1337. — Bôrgen 6089-6060] ai .69.48,83 Plankih Charlois 1893. A. L. Réduction au jour. S -1-2,71 + 2,70 + 2,69 Dislance Réduction polaire moyenne. au jour. 90.39. 0,1 — i4, 18 90.39. 0,1 — i4, 18 90.39. 0,1 — 14)16 Temps moyen Ascension Distance Dates de droite Log. fact. polaire Log. fact. 1893. Bordeaux. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe. Étoiles. Observ. st. 12... b D] s 10. 5i .23,6 h m s 0.8.32,52 4-2,282 73.58.49", 1 — o,63o I L. Picarl i3.... • 7-59-2'-,9 0.7.53,56 — "i',447 74. 1.10,9 —0,669 2 L. Picarl 14.... 7.54.47,3 0.7. 5,60 -T,447 74. 3.34,5 —0,669 3 L. Picarl 16.... 8.18.19,0 0.5.30,09 — 1,359 74. 8.46,6 — 0,656 4 L. Picarl 20. . . . . 8.49.53,7 0.2.32,72 -7,1 46 74.19.30,0 —0,642 5 G. Ravel 21 ... . 9. 4. 1,6 0. 1 .5i, II —2,940 74.22.20,3 —0,637 6 L. Picarl 22 9.i5.i5,i 0.1.10,47 -2,881 74.25.14,0 — 0,637 7 G. Ravel Position moyenne des étoiles de comparaison pour 1893,0. Étoiles. Catalogues et autorités. Riimker, H. 0., 26 WeissCa, H. O., 190 Weisseo, H. O., i6g Weissej, II. O., 91 Weisseï, II. XXIII, 1191 Weisseï, H. XXIII, 1191 Weisse,, H. XXIII, 1191 Ascension Réduction Dislance Réduction droite au polaire au moyenne. jour. moyenne. jour. il m s s 0 0. 10.45, 5o H-3,09 73.56.37,9 — 22,54 0. 8.55, 4i -1-3,08 73.57.17,0 — 22,60 0. 8.17,98 -1-3,08 74. 0.48,8 —22,67 0. 6. 8,82 -h 3, 07 74. 8.23,0 — 22,80 23.59.54,46 -h3,o4 74.10.53,9 — 22,98 23.59.54,46 +3,04 74. 1 5. 53, 9 — 23, o5 23 .59.54,46 -h3,o4 74.15.53,9 — 23, 12 M. le Secrétaire perpétcel annonce à l'Académie la perte douloureuse qu'elle vient de faire dans la personne de M. Rodolphe Wolf, Correspon- dant pour la Section d'Astronomie, décédé le 6 décembre à l'observatoire de Ztnirb, à l'âge de soisanle-dix-sept ans. ( io49 ) RAPPORTS. ÉLECïROTHÉRAPiE. — Rapport verbal sur la réclamation de priorité adressée par M. d'Odiardi à l'Académie des Sciences, relativement aux expériences d'auloconduction de M. d'Arsonval ('). (Commissaires : MM. Cornu, Marey; Lippmann rapporteur.) M. S. -S. d'Odiardi a présenté, dans la séance du 3 juillet iSgS, une réclamation de priorité contre M. d'Arsonval. « Des pièces jointes à cette réclamation résulte cjue M. S. -S. d'Odiardi aurait eu, dès 1887, l'idée de placer les malades dans un soléiioïde par- couru par un courant continu, renversé toutes les heures ou à d'autres intervalles par une pendule. L'idée d'employer un solénoïde enveloppant les malades remonte même plus haut. Boudet de Paris l'a mis en pra- tique dès 1877, et ses appareils figuraient à l'Exposition de 1881. » Ce qui caractérise la méthode nouvelle de M. d'Arsonval, c'est l'em- ploi de courants alternatifs de très haute fréquence, et, par suite, de cou- rants induits intenses et de haute fréquence dont le malade est le siège d'une manière permanente. » Il n'y a donc aucun rapport entre les procédés de M. Boudet et de M. d'Odiardi, qui soumet le malade à un champ magnétique se renversant à grands intervalles, et le procédé d'Arsonval qui le soumet à une action électrique variant avec une très grande rapidité. Ce n'est pas l'emploi du solénoïde qui caractérise ces méthodes, mais la nature des courants em- ployés. » MÉMOIRES PRÉSENTÉS. CHIMIE INDUSTRIELLE. — Analyse des beurres du commerce, "^ole àd M. C. V10L1.ETTE. (Extrait.) (Commissaires : MM. Schlœsing, Gautier, Duclaux.) « Certains beurres à densités faibles, voisines de o,863, pouvant con- tenir de la margarine, sont soumis cà un examen chimique. La méthode que (') Coitiptes rendus, t. CXVII, p. 34- ( lOJO ) j'ai présentée à l'Académie le i8 août 1890 permettant de doser les acides volatils des beurres avec une très grande exactitude, je l'ajipliqiie aux beurres considérés comme douteux, avec quelques modificalions » — En résumé, il résulte de mes deux Communications que : » 1" Par un procédé simple, ne nécessitant pas de connaissances spé- ciales en Chimie, la prise des densités des beurres à 100°, on peut les classer rapidement en trois catégories : les beurres margarines, les beurres purs et les beurres douteux ; » 2" La nature de ces derniers peut être fixée par la détermination exacte des acides volatils et au besoin, comme contrôle, par le dosage des acides fixes ; » 3° L'installation d'un laboratoire spécial, basé sur ces données, per- mettrait sinon d'empêcher la fraude, du moins de la restreindre dans des limites peu profitables aux fraudeurs. « CORRESPONDANCE. MM. Sanson, de Fraysseix, Hergott, Blondi.ot, Millardet, ïloiii- DEt.LES, GkÉIIAXT, LePIIAY, PlXARD et YaR.VIER, CoUSTAX, DE FoRCRAXD, L. Bourgeois, Lemoixe, Flamant, Kœxigs, Abelous et Langlois, Mar- CEi.uN Boule, Stieltjes, Corbièhe, Gorgeu, Schulhof, d'Arsoxval adressent des remercîments à l'Académie, pour les distinctions accordées à leurs travaux. MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur le développement approché de la fonction per- turbatrice dans le cas des inégalités d'ordre élevé. Note de M. Maurice îIamv, présentée par M. Tisserand. (( Considérons deux planètes se mouvant dans le même plan. Appelons C // f = sinA les anomalies moyennes et excentriques et l'excentricité de P; "C, l'anomalie de P, dont l'orbite, supposée circulaire, enveloppe l'orbite de P; A le carré de la distance PP,; m et m, deux grands nombres entiers dont le rapport est fini, w, > o. » On rencontre, dans la théorie des perturbations, la fonction (E base des log nép. ; 1 = y — >; /(E'") fonction entière de sina et cos»; /((E'*-') ( io5i ) fonction entière de sin'C, et cos?^,; * = ^, f, •••) R = ^s )) Dan s ses belles recherches sur le développement approché de la fonction perturbatrice, M. Poincaré a obtenu la valeur asymptotique des termes en '^^^ (m'C-hmXi) qui font partie du développement de R, en faisant :/=/, = i ; s = l; e très petit; —' négatif et voisin, en valeur absolue, du rapport des moyens mouvements ( ' ). n Je me suis proposé de déterminer la valeur asymptotique des termes éloignés du développement de R, en considérant le problème dans toute sa généralité. » La lecture attentive des travaux de M. Poincaré m'a suggéré mon point de départ. En posant m, F(.,,) = -51î(=-Ungi)(=-cott)K. le problème se ramène au calcul de les intégrales étant prises le long des circonférences | a? | = | s j = i . » On démontre que les coefficients de cos(m'C + m, î^i ) et de sin(772"C + w,(^, ), dans le développement de R, ont pour valeur respective la partie réelle et le coefficient de — y/— i dans I. /dx ^(■^■» s) ,„,"_n joue dans mes recherches un rôle I X = 1 important. On peut en obtenir une expression entièrement explicite, au moyen de la méthode de M. Darboux, relative à l'approximation des fonc- tions de très grands nombres (-). (') Le% méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, t. 1. (^) Journal de Mathématiques pures et appliquées, 1878. ( 1002 ) 1) Posons, en appelant a le rapport — (a et a^ demi grands axes). 4' tang- cot !)• a sin- - ?(^)=-,-(--cotf)> (<); cp'(3) devient nulle ponr les valeurs de z qui satisfont à l'équation U = 0 sinif 3 — tang^ ) (:; — cot M -\- iz-iz + cot - j = o. » l^orsque réc(uation U = o aura ses racines réelles, Z désignera, dans ce qui suit, la plus petite racine, si 0 <^ o, ou la racine moyenne, si 0 ^ o. Lorsque U = o aura des racines imaginaires, ces racines seront désignées par Z, et Z_,. » Soient Zf et z.^ les racines de l'équation (z, et s^ sont réelles et ^.<-'<-. Ja ))artie imaginaire de 1 / — ;^ est positive; si Stt oit , . . ,1 1 , /a? . . . 5iT 71 . . . -^ < w < -^, la partie réelle de 1/ -—■ est négative; si -^ < w <-7-j la partie imagi- 4 4 V 'f 44 de V ^ est né egative. (') Le facteur élevé à la puissance s — i aura toujours une valeur réelle et positive dans les applications. ( io.';3 ) » Voici la valeur asymptolique de 1 dans tous les cas possibles : » I. 0 <; o. — 1° Les racines de U = o sont réelles. » Si \z^ |>|Z|>|s2|, on a I = 'I'(Z)(i + s); £ étant de la forme — etK. restant fini lorsque /?2, augmente indéfiniment. « SiZ| ?(--)!» on a I = (t>(Z)(i 4- s); lorsque |ip(Z)| < {^(z.) |' o» a I = y''(;o)(i + 0- ,) 2° U ^ o a des racines imaginaires. On a toujours | Z, | <; i . .. Si I Z, I > I z, |, on a I = [<Î.(Z,) + ^(Z,,)^! + a). » Si I Z, I < I ^2 [, il y a deux cas à distinguer : lorsque |cp(Z,)|> |çp(c2)|j on a I = [<Ï)(Z,)-+- s,,onaI = <î'(Z)(n-£). » Si Z<^,, ona 1 = W(s,)(t + s). » 2° U = G a des racines imaginaires. « Si|Z,|<|s,|, on a I = [«HZ,) -t- |z,|, il y a deux cas à distinguer : lorsque ||(p(=,)I, on a I = ['i>(Z,) + <î>(Z,)j(i + £).)> ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la recherc/te de la partie de l'atmosphère coronale du Soleil projetée sur le disque. Note de M. H. Deslandres, pré- sentée par M. Tisserand. « Le spectroscope à deux fentes et à mouvement continu, en isolant dans une image du Soleil la raie brillante K du calcium, donne, non pas la photographie des facules, mais l'image ( ' ) de la chromosplière, telle (') Cette image, cependant, renferme de petites quantités de lumière étrangère aux flammes déceiées par la raie brillante. La raie noire du calcium, tout d'abord, n'est pas absolument noire et introduit deux portions de sa lumière; la première inévitable et proportionnelle à la largeur des raies brillantes, pour une fente du col- limateur infiniment petite; la seconde variable et jiroportionnelle à la largeur de la fente collimatrice, et en raison inverse de la dispersion. De plus, la dillusion et les autres causes similaires introduisent une nouvelle lumière étrangère, en général plus notable. C. R., 1893, 1' Semestre. (T. CXVII, N" 26.) i l\0 ( io54 ) qu'on la verrait si la photosphère était enlevée (^Comptes rendus, 27 no- vembre 1893). Une pose plus longue du même appareil, avec un dia- phragme arrêtant le disque solaire, donne les parties hautes de la chro- mosphère et des protubérances qui dépassent les bords du Soleil. Une pose encore plus longue, mais avec des dispositions spéciales, donnerait les formes coronales, semblables à celles fournies par la Photographie ordinaire dans les éclipses (Comptes rendus, 17 août 1891 et mai 1893). » La couronne, qui jusqu'à présent n'a été reconnue que pendant les éclipses et dans la partie extérieure au disque, offre un spectre continu, intense dans les parties basses, et sillonné par quelques raies fines de la chromosphère ('). L'appareil qui isole une raie de la chromosphère peut donc en même temps donner une partie de la couronne. La chromosphère présente aussi peut-être un spectre continu, mais sur ce point il est difficile de décider, puisque la lumière de la chromosphère traverse la couronne (°). » Cependant, lorsqu'on examine l'ensemble des raies noires du spectre solaire, la large raie noire du calcium, qui comprend la plus forte raie chromosphérique, nettement renversée, apparaît à l'extrémité de l'échelle; les raies de l'hydrogène, qui ne sont que partiellement renversées, for- ment les échelons voisins; isolées par l'appareil, elles donnent, mais avec une pose plus longue, des images de la chromosphère, qui seront utile- ment comparées aux images du calcium. Puis viennent les raies plus (') La photosphère, vraisemblablement, est un nuage lumineux formé de particules plutôt liquides que solides; la couronne est constituée aussi en grande partie par des particules plutôt solides, qui s'étendent à une grande distance du Soleil. La chromo- sphère, d'autre part, qui est une énorme flamme électrique, est placée entre ces deux couches de particules, et ses mouvements, décelés par le spectroscope, sont, d'après mes recherches des dernières années surtout, considérables près de la couronne. Or, toujours en suivant la voie ouverte par M. Fizeau, je suis conduit à présenter de nouveaux points communs entre les atmosphères solaires et terrestres. Sur la terre, en effet, les décharges électriques de l'atmosphère se produisent aussi d'une manière générale entre deux couches de particules, entre les nuages bas à particules liquides ou cumulus et les nuages élevés à particules solides appelés cirrus, les mouvements de l'air étant d'ailleurs plus rapides près des cirrus. A ce sujet, il conviendrait de rechercher, en dehors de toute théorie sur la couronne, si les jets lumineux de la couronne observés pendant les éclipses ne sont pas en rapport avec les flammes fa- culaires des jours précédents et suivants ou avec les intervalles de ces flammes. (^) J'ai observé {Comptes rendus, 14 mars 1892) une protubérance donnant un système continu. MAL Haie et Fen\i ont signalé ensuite des faits analogues. Ce spectre continu |)ent provenir de la couronne. ( io55 ) sombres, qui avec l'appareil donneront aussi des indications précieuses sur la répartition de la vapeur correspondante. Enfin, à l'autre extrémité de l'échelle se trouvent les raies les plus noires, qui, probablement, man- quent ou sont très faibles, môme dans la partie la plus basse de la chromo- sphère, appelée en anglais The reversing layer (' ). Pour ces raies, la chro- mosphère intervient le moins possible; elles sont formées par la raie relativement noire de la couche absorbante, et par la raie faiblement brillante du spectre continu de la couronne. Or, si l'on compare les temps de pose nécessaires, d'une part, à la disparition des raies noires, et d'autre part au spectre des parties basses de la couronne, on constate que la raie résultante peut offrir, par le fait de la couronne, des différences supé- rieures à la soixantième partie de l'intensité totale. Ces raies peuvent donc donner la couronne ou l'ensemble des masses du spectre continu, dans la partie projetée sur le disque. De toute façon elles fournissent des données nouvelles, et leur étude est un complément nécessaire du programme gé- néral de recherches solaires indiqué dans une Note précédente. » Mais, lorsque la raie isolée devient de plus en plus faible, les difficultés croissent, d'abord par l'augmentation du temps de pose, mais surtout par l'importance relative de plus en plus grande de la lumière étrangère qui s'ajoute et tend à masquer les différences cherchées. Les appareils or- dinaires, pour la photographie de la chromosphère, sont insuffisants dans ce cas nouveau. Or les causes perturbatrices principales sont : outre les défauts des images optiques, la diffraction, la diffusion, la phosphores- cence et la fluorescence des matières traversées par le rayon lumineux dans son trajet du Soleil à la plaque photographique. Pour diminuer leurs effets le plus possible, il faut : i" employer des raies peu réfrangibîes et cependant actives au point de vue photographique; 2° s'établir sur une station élevée; 3" employer le plus possible le quartz qui peut prendre un poli parfait, et présente à un faible degré la phosphorescence et la fluo- rescence. Dans ces conditions, l'image formée sur la fente du collimateur contiendra la moindre proportion de lumière étrangère. Le spectroscope qui aura une dispersion assez forte étale heureusement cette lumière (') Les raies relativement courtes du reversing lajer sonl comparables aux raies métalliques courtes données par un conducteur se déchargeant dans l'air et confinées su voisinage de ce conducteur, lorsque la quantité d'électricité qui s'écoule est faible. D'autre part, la couche la plus absorbante peut se trouver non dans la chroniosphére, mais dans la photosphère elle-même. ( io56 ) étrangère, mais par contre, et pour les mêmes raisons, il envoie lui-même sur la seconde fente une autre lumière étrangère formée par tous les rayons du spectre. Un absorbant qui arrête une partie de ces rayons est utile, mais insuffisant. Je propose un deuxième spectroscope à fentes dont la fente collimatrice coïncide avec la seconde fente du premier. L'appa- reil résultant qui pourra être appliqué à toutes les raies du spectre com- prend un spectroscope en quartz à trois fentes. » La comparaison des images obtenues avec les diverses raies noires et avec les intervalles brillants de ces raies fera ressortir les différences dues aux facules (') et au réseau de la photosphère, aux vapeurs diverses de la chromosphère et de la couche absorbante, et enfin à la couronne (^). Cette recherche, longue et délicate, est motivée par l'importance des résultats nouveaux auxquels elle peut conduire. » ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Y a-t-U de C oxy gène dans T atmosphère du Soleil? Note de M. Dunér. « Cette question a été fort disculée : la solution présente des difficultés qui tiennent peut-être à l'insuffisance des méthodes qu'on a pu employer pour étudier les spectres des gaz, » La méthode ordinaire consiste à enfermer le gaz dans des tubes, sous une pression très faible, et à le faire traverser par l'étincelle d'induction, avec ou sans condensateur. Or rien ne prouve l'identité des spectres qu'on obtient ainsi avec ceux qu'on apercevrait en examinant un corps céleste, dont l'atmosphère contiendrait les mêmes gaz dans des conditions diffé- rentes de pression et d'incandescence. » Certes, le spectre de l'hydrogène, obtenu avec les tubes spectraux, est identique avec celui que donne la chromosphère. Mais on sait, d'une part, qu'il y a un autre spectre de l'hydrogène qu'on n'a retrouvé dans aucun corps céleste; d'autre part, que l'hydrogène diffère essentiellement des autres gaz, tels que l'oxygène, le nitrogène, le chlore, et qu'on doit plutôt (') Les images données par les intervalles brillants de la région ultra-violette la plus réfrangible doivent donner les facules plus nettenaent que la photographie ordi- naire, le pouvoir absorbant de l'atmosphère solaire étant plus grand dans celte partie. (^) Une pose plus longue du même appareil avec un diaphragme couvrant le disque donnera la partie extérieure de la couronne. ( io57 ) le regarder comme un métal gazeux que comme un métalloïde. D'ailleurs, on sait qu'à l'excejjtion du carbone, on n'a pas trouvé de preuve spectrosco- pique certaine de la présence d'un seul métalloïde, ni dans les étoiles ('), ni dans les comètes, ni dans les nébuleuses. Or est-il possible de croire que tous les corps célestes, et même le Soleil, soient privés de tout métalloïde, tandis que la présence de l'oxygène, sous forme de vapeur d'eau, a été con- statée dans les atmosphères de plusieurs planètes? » Passons maintenant aux caractères spectraux de l'oxygène. Il y a quatre spectres différents d'émission, qu'on a cru appartenir à l'oxygène, savoir : deux spectres à raies, un spectre à bandes et un spectre continu. Dans le spectre solaire, on n'a vu ni les spectres à raies, ni le spectre à bandes; quant au spectre continu, sa présence serait évidemment impossible à con- stater. Or M. Egoroff a montré qu'ily a, en outre, un spectre d'absorption dû à l'oxygène, et celui-ci est en effet représenté, dans le spectre solaire, par les deux fortes bandes, nommées A et B. M. Cornu ayant prouvé plus tard que, abstraction faite de quelques raies relativement faibles, produites par des métaux dans l'atmosphère du Soleil, il y a identité parfaite entre la bande a et les bandes B et A, on peut conclure, avec toute probabilité, que cette bandte est également une bande d'oxygène. » Déjà Sir B. Brewster a prouvé que toutes ces bandes sont des bandes telluriques, c'est-à-dire que les gaz qui les produisent se trouvent, au moins en grande partie, dans l'atmosphère terrestre. Mais, tandis qu'on peut très facilement prouver que les bandes dues à la vapeur d'eau sont exclusive- ment telluriques, ou qu'elles disparaissent totalement pendant les grands froids, il en est autrement des bandes de l'oxygène. Ces dernières s'affai- blissent sans doute lorsque le soleil est haut, et qu'on les observe à des stations très élevées au-dessus de la surface de la terre, mais elles restent toujours visibles, au moinsdans leurs parties lesplus fortes. Par conséquent, on pourrait supposer, et on a supposé en effet, que l'oxygène de l'atmo- sphère solaire pourrait bien contribuer à leur formation. Je crois cepen- dant pouvoir démontrer que ces bandes sont purement telluriques. )) Admettons en effet que les bandes A, B et a fussent en partie seule- ment telluriques et en partie solaires. Alors, il y aurait une partie seule- ment de la surface solaire, à savoir celle qui ne se rapproche ni ne s'éloigne du point d'observation par l'action combinée des mouvements rotatoires (') Les bandes dans les spectres de la classe Illa sont très probablement dues à un corps composé des métaux, avec des métalloïdes, mais on ne sait pas desquels. ( io58 ) et orbitaux de la Terre et du Soleil, où les deux parties, solaire et terrestre, d'une même raie appartenant à une de ces bandes, auraient la même lon- gueur d'onde. Partout ailleurs, la longueur d'onde de la partie solaire s'écarterait, soit par excès, soit par défaut, de cette partie lellurique. Et on trouverait aisément, dans le voisinage de l'équateur solaire, des points où cet écart deviendrait visible dans un spectroscope suffisamment fort, et où, par conséquent, la raie se dédoublerait en deux composantes plus ou moins différentes en intensité. » Or, dans mes recherches sur la rotation du Soleil, j'ai examiné des centaines de fois les raies appartenant à la bande x. Aux points voisins du bord est et près de l'équateur solaire, la longueur d'onde d'une raie spec- trale donnée s'écartait de la même raie en des points du bord opposé du Soleil, de 0,12 révolutions de la vis niicrométrique de mon spectroscope, quantité tellement sensible qu'on pouvait aisément la reconnaître déjà par le changement de configuration que subissait le petit groupe de raies sur lequel se dirigeaient ordinairement mes observations. Par conséquent, si ces raies n'avaient pas été exclusivement terrestres, mais aussi d'origine solaire, leurs deux parties différentes auraient dû se présenter séparées par un espace si grand, que la duplicité de la raie n'aurait pu échapper à un observateur, même très peu attentif, et quand même l'intensité des deux composantes eût été très différente. » Il y a une autre série d'observations qui offre une ample confirmation des miennes, à savoir les recherches de M. Cornu sur les groupes A, B et a. Dans ces observations, M. Cornu a reconnu la nature différente des raies appartenant à ces groupes, par le balancement que subissaient les raies solaires quand on faisait passer rapidement la fente du spectroscope d'un bord de l'image du Soleil à l'autre. Mais, dans ce balancement, les raies de l'oxygène auraient dû se dédoubler, si elles avaient été d'une double origine, solaire et terrestre, et ce dédoublement n'aurait pu échap- per à l'œil exercé |de M. Cornu. En somme, je n'hésite pas à prétendre que les bandes A, B e< a sont d'origine purement lellurique. » N'y a-t-il donc pas d'oxygène dans le Soleil? Nous avons déjà, dans ce qui précède, exprimé notre opinion sur ce sujet. Mais comment se fait-il qu'on n'y aperçoit nulle part les caractères spectraux de l'oxygène? L'ex- plication n'est pas facile, et on en a donné de différentes. On a supposé que les métalloïdes pourraient bien se dissocier, par la température extrême- ment élevée du Soleil; ce serait expliquer un phénomène incompréhen- sible par une hypothèse à peine plus intelligible. On pourrait, comme l'a fait ( loSg ) M. Scheiner, invoquer ce fait que, dans les tubes spectraux, l'incandes- cence des métalloïdes cesse dès qu'il y a des gaz métalliques en présence; mais j'ai déjà fait observer qu'on ne peut guère être certain que les phé- nomènes observés dans les tubes spectraux soient applicables aux corps cé- lestes; d'ailleurs, dans les premiers, l'incandescence est produite par l'étin- celle électrique, tandis que, dans les seconds, elle résulte de la chaleur seule. On pourrait, en se reportant à la diversité des spectres des métal- loïdes, penser qu'il pourrait bien se faire que, dans les conditions particu- lières de l'atmosphère solaire, le spectre de l'oxygène fût d'une nature à n'être pas visible. Enfin, on pourrait penser, avec M. Egon de Oppolzer, et cela ne serait peut-être pas le moins raisonnable, que, dans la couche absorbante du Soleil, l'oxygène se trouve à un état de raréfaction tel qu'il ne produit aucune absorption sensible. » Mais ce sont là autant de spéculations purement hypothétiques, sur lesquelles il serait inutile d'insister ici. " NAVIGATION. — Nouvelles applications des Tables de latitudes croissantes à la navigation. Note de M. E. Guyou, présentée par M. de Jonquières. « La simplification des calculs de navigation n'a été cherchée jusqu'ici que par les transformations des formules trigonométriques auxquelles conduit l'étude directe du problème sur la sphère. » Il semble cependant peu vraisemblable, a priori, qu'il existe encore quelques propriétés utiles restées inaperçues dans une voie tant explorée, en France et à l'étranger, par les marins eUles géomètres. Au contraire, les propriétés des figures sur la Carie marine ont été peu étudiées, et la sim- plicité de celles que j'ai signalées, en ï883, pour les courbes de hauteur, ouvrait déjà une voie nouvelle méritant de fixer l'attention. » En i885, j'ai rencontré un premier exemple de la fécondité de cette méthode, en constatant que, à l'aide des petites Tables de latitudes crois- santes seules, les marins pouvaient obtenir, dans tous les cas, la solution du problème du point à la mer, et, dans les cas qui se présentent le plus souvent, avec une remarquable simplicité. » J'ai rencontré, dans cette même voie, une solution nouvelle, non moins simple que celle dont je viens de parler, et qui convient à tous les cas. J'ajouterai que ce n'est pas seulement aux calculs à la mer que ces Tables sont particulièrement propres; elles donneront également l'heure ( io6o ) locale avec la précision nécessaire au réglage des chronomètres, par des calculs presque identiques aux calculs à la mer, lorsque je les aurai dis- posées de manière à faciliter les interpolations. » Il résulte de là que ces Tables, malgré leur peu d'étendue, donneront désormais aux marins, pour les problèmes essentiels de la navigation, la solution réunissant les caractères tant désirés : simplicité des calculs et unité de méthode. » Pour expliquer en quoi consiste la nouvelle méthode, je rappellerai que, dans les Tables de poche, j'ai désigné par \('f) la latitude croissante d'une latitude cp, c'est-à-dire log tang (45°+ ^)' base ( et a(9o"— (p) par co>.((p). De plus, ces Tables ont été disposées, comme les Tables trigonométriques usuelles, de manière que X(ç) et co}^(çp) soient inscrits en regard l'un de l'autre. J'appellerai, dans ce qui suit, c d'un nombre donné N, soit (i(N), le nombre N' inscrit en regard ('), c'est- à-dire que si ç est l'arc dont le 'k est N, le nombre N' est le coX du même arc, et réciproquement. n Cela établi, voici les solutions des deux problèmes : )) Partie commune aux deux problêmes. — Dans les deux problèmes figurent, parmi les données, la déclinaison D de l'astre, sa hauteur obser- vée H, et la latitude L du lieu (exacte à terre, approchée à la mer). » Le petit cercle de la Terre, qui a pour centre la projection de l'astre et pour rayon la distance zénithale, circule entre deux parallèles dont les distances, respectives, au pôle .voisin de l'astre et au pôle opposé, sont égales, en valeur absolue, à H — D et H + D. L'observateur étant situé sur le cercle, le parallèle de latitude L est compris dans la zone limitée par les deux précédents. » La partie commune aux deux problèmes consiste dans la détermina- tion des distances, sur la Carte de Mercator, du parallèle local aux paral- lèles limites de l'équateur. Cette détermination est aisée, car les distances de ces parallèles à la zone sont respectivement >^(L), co)^(H — D), co>(H -f- D), et leurs positions par rapport à cette ligne sont données par les noms des latitudes des parallèles sur la sphère. (') Je propose de substituer celte désignation, ii(N), à celle de correspo/idant ileN, adoptée dans les Tables de poclie, parce qu'elle est déjà usitée dans un autre sens. ( io6i ) » Je désignerai désormais, dans ce qui suit, par a la plus petite et par A la plus grande de ces distances. » Point à la mer. — Le point s'obtient par la rencontre de deux droites .(Z) ainsi obtenu, le coX(P), et l'on désigne par a' le nombre inscrit dans la Table en regard de ce résultat, de sorte qu'on a (2) (;(a') = coA(P) +co>.(Z). Si S est nul, a' est égal à a, et <^{a' ) à <>(«). Dans le cas contraire, on a (3) S = ^^(cosP + cosZ) ou ^^a(«)--.(«')^.^p^.^^^ M Dans la plupart des cas, ces deux formules sont également bonnes, et leur emploi simultané fournira au calculateur un procédé de vérifica- tion rapide, car le résultat est donné à vue par une petite Table auxiliaire. La règle à suivre, pour fixer le choix, lorsqu'il y a lieu, est d'ailleurs très simple : après le calcul de la formule (2), ou connaît a et ^(a'); il faut donc prendre dans la Table soit ^(a), soit a' , pour avoir à comparer des (' ) Le signe supérieur convient au cas où H est plus grand que D, le signe inférieur au cas contraire. C. R.,1893, 2" Semestre. (T. CXVII, N° 26.) l4l ( loôa ) éléments de même nature; il conviendra de ramener toujours le plus grand des deux nombres à la nature ou dénomination du plus petit. » La valeur de o est exprimée en unités de la Carte, c'est-à-dire en mi- nutes de l'Equateur. » Réglage des chronomètres. — L'élément dont on a besoin ici est l'angle horaire local P. On l'obtiendra par le calcul C0Î.(P) = iç(«)rbc(A) (•). » Pour les observations faites à l'horizon de la mer, les éléments peu- vent être prisa vue, sans interpolation, dans les Tables actuelles de minute en minute. Pour le réglage des chronomètres au moyen des hauteurs plus précises obtenues à terre, il conviendra d'interpoler jusqu'à l'époque où des Tables à intervalles plus serrés auront été publiées. » La démonstration la plus simple des propriétés qui précèdent fait appel, il est vrai, à des principes qui ne font pas partie de l'enseignement élémentaire; mais il importe peu que les démonstrations soient plus ou moins compliquées, si les règles pratiques sont simples, et il me semble difficile qu'il existe, pour les problèmes dont il s'agit, des soUitions à la fois plus simples et plus symétriques que celles que les marins trouveront désormais dans l'usage exclusif des Tables de latitudes croissantes. » GÉOMÉTRIE. — Sur les rayons de courbure successifs de certaines courbes. Note de M. Re.vé Godefkoy, présentée par M. Haton de la Goupillière. « L'expression du rayon de courbure en un point quelconque d'une courbe étant connue sous la forme d'une fonction R, =F(U, V) des distances d'un certain point fixe à la tangente et à la normale de la courbe en ce point, on a le théorème suivant : » Les rayons de courbure successifs de la courbe s expriment en fonction de U et de V. Unrayon de courbure quelconque est représenté par la di'Jéren- tielle totale de l' expression du précédent, dans laquelle on remplace respective- ment d\3, dY par V e< F(U, V) - U. » Cette proposition est immédiatement applicable aux coniques à centre, pour lesquelles on a R, = a-b-\]~^, le pôle fixe étant le centre et a, b les demi-axes de la courbe. (') Le signe supérieur convient au cas où H est plus grand que D, le signe infé- rieur au cas contraire. ( io63 ) 1) On a ainsi » Ces formules donnent les rayons de courbure successifs comme sommes géométriques de segments qu'on peut construire de proche en proche. » En particulier, la première expression correspond à la formule connue de Dupin, la seconde contient le théorème de Maclaurin, la troisième con- duit rapidement à une construction du rayon de courbure de la deuxième développée de l'ellipse que j'ai donnée dans le Bulletin de la Société mathé- matique, t. XXI; iSgS. )) Le théorème appliqué à la parabole, en prenant le foyer comme pôle fixe, permet d'apercevoir une loi de formation régulière des polynômes représentant les rayons de courbure successifs. Leur expression et la loi de récurrence sont différentes suivant que les rayons sont de rang pair ou impair. » Soient T = 2V, N =: 2U les longueurs des segments de la tangente et de la normale comprises entre le point de la courbe et les points où ces droites rencontrent l'axe. » L'expression du rayon de courbure R^m-i ^st de la forme R„,„^, = ocN + flT-N-' + 7T''N-' + . . . + lT^'"-''N-t''"-=), Cf., p, y, . . . , étant des coefficients numériques. » Le rayon de courbure de rang pair suivant est donné par la formule R„„= (x + 2^)T + (3p + 4T)T'N-^- _^-(5y4-6S)T=N-■'-+-. . . + (4m — 3)XT""-'N-<'""-''>. » D'un rayon de courbure de rang pair Rj,,, exprimé sous la forme R2„, = aTH- pT^N-- + yT''N-" + . . . +. 7,t^'"-'N-('""-"', on déduit le rayon de courbure de rang impair suivant par la formule R^m^, = ^^-N + (3p + 27.) T-N-' -t-(5y-H4(i)T''N-' + . . .-h(lim - 2)XT"" -N-'"'"-''. » Les deux lois de récurrence contenues dans ces formules permettent ( io64 ) d'écrire immédiatement les expressions de tous les rayons de courbure successifs en partant de l'expression R, = N + T-N~' qui représente le premier rayon de courbure. » On peut interpréter géométriquement ces résultats de la manière suivante. » Imaginons un contour formé de droites dont la première est l'axe de la parabole et dont chacune est perpendiculaire à la précédente au point où celle-ci rencontre : la première, la tangente; la seconde, la normale; la troisième, la tangente, et ainsi de suite. Les 2, 3, ... segments de la normale (tangente) limités d'une part à la courbe, d'autre part au contour, sont ceux dont se compose la somme géométrique relative aux rayons de courbure impairs R,, R3, ... (pairs Ro. R,, . . .). » Les coefficients des segments relatifs aux rayons de courbure suc- cessifs peuvent s'obtenir au moyen d'un triangle arithmétique particulier dont les premières rangées sont 1 1 3 3 3 i5 12 33 93 60 )) La loi de formation de ce triangle s'énonce ainsi : » Les nombres d'une rangée paire (impaire) s'obtiennent en ajoutant les deux nombres suivants : 1° le produit du nombre supérieur du tableau multiplié par le nombre de même rang dans la suite impaire i, 3, 5, ... ; 2° /e produit du nombre placé à la droite (gauche) de celui-ci par le nombre pair suivant (pré- cédant) immédiatement le nombre impair considéré. » La parabole n'est qu'un cas particulier de courbes auxquelles la mé- thode indiquée s'applique avec une facilité particulière. Ce sont toutes celles dont le rayon de courbure est dans un rapport constant avec la portion de la normale comprise entre le point de la courbe et la perpen- diculaire? menée par un pôle fixe au rayon vecteur correspondant. A cette catégorie appartiennent le$ courbes représentées par l'équation polaire p" = a" cosnto (parabole, hyperbole équilatère, lemniscate, cardioïde, etc.) et toutes leurs podaires successives ('). Les ravons de courbure de rang (') M. Haton de la Goupillière a inséré une monographie de ces courbes dans les A'oiivelle.i Annales de Matliéniaiiqiies, y.'' série, t. \V, p. 97. ( io65 ) quelconque donnent lieu à des expressions en U, V et à des constructions dépendant de ces éléments, qui sont absolument analogues à celles que nous avons signalées ci-dessus. « PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Calcul des forces électromagnétiques suivant la théorie de Maxwell. Note de M. Vasciiy, présentée par M. A. Cornu. « La théorie de la propagation des ébranlements électromagnétiques développée par Maxwell a pour base deux relations fondamentales entre l'intensité électrique /, et l'intensité magnétique /„ d'un champ variable quelconque, ou bien, en coordonnées cartésiennes, six relations entre les six composantes X^, Y^, Z^ et X,„, Y,„, Z,„ de ces deux vecteurs. Ces six re- lations sont les deux suivantes et quatre autres qui s'en déduisent par per- mutation circulaire des lettres x, y, z et X, Y, Z (0 le et k' désignent les inverses des pouvoirs inducteurs électrique et ma- gnétique de la substance du milieu, R sa résistance électrique spécifique. » En tenant compte de ces équations, l'expression générale de la force qui s'exerce sin* l'unité de volume du milieu, suivant les formules cal- culées dans ma précédente Note (p. 726), prend une forme remarquable- ment simple. Dans le cas d'un milieu homogène ne contenant ni masses électriques, ni masses magnétiques, la force électrique et la force magné- tique par unité de volume ont respectivement pour composantes suivant l'axe des x et » La force résultante F par unité de volume a donc pour composante suivant l'axe des x la somme de ces deux expressions, ou, en tenant compte de (i). ôz dZe I dX,„ dy ~ k' dt ' àY,„ àz dï,„ I à\, , _\e dy ~ k dt '^ ^ '" R Y, fàX, 4^/c W/ àYA [i-Kk /àZe dXA \'djc .dz )' Y„, /t)X,„ dY,„\ dx ) dZ,„ /dZ,n ■ dX„, \ dx dz F = - 41^ kk' (Jt (l/n^e 1<>Z,„J H jj— (^X,„Zp ïgZ,„^ . ( io66 ) » Posons, pour simplifier, et considérons le vecteur w qui a pour composantes w^:, Wy, w^. On aura alors » La force F par unité de volume au point (a?, y, s) s'exprime donc uniquement an moyen du vecteur w, et peut être considérée comme la résultante des deux forces suivantes : » 1° Une force -^, proportionnelle à w et ayant même direction que ce vecteur; elle n'existe que dans les conducteurs, puisque 6 est infini dans les isolants (c'est l'action du champ magnétique sur le courant); » 2° Une autre force — -r-; proportionnelle à la dérivée géométrique -^ et ayant même direction que ce vecteur (force développée par la varia- tion du champ). )) Le vecteur w, qui joue ici un rôle important, est, comme le montrent les formules de w^, Wy, w,, perpendiculaire à la fois aux directions des intensités électrique /^ et magnétique /,„ du champ, et égal, au facteur lii: près, à l'aire du parallélogramme construit sur /^ et /„, comme côtés. » La vérification expérimentale des formules (2), qui présenterait un grand intérêt théorique, paraît assez compliquée en général, surtout pour les corps conducteurs. Dans le cas des isolants, où 9 est infini, si, au lieu de la force instantanée F, il s'agit de déterminer l'impulsion totale / F dt de cette force pendant une période très courte (ï, — z,, ) où le champ passe d'un état initial d'équilibre à un état final d'équilibre, on arrive au résultat très simple .("'''"=.("? w^'^pt-.-^)- » Exemple. — Supposons que, dans un parallélépipède rectangle (a, p, y) formé d'une substance isolante, on ait développé : 1° un champ électrique uniforme d'intensité /è parallèle à l'arête a; 2° un champ magnétique uni- ( 1067 ) forme d'intensité /,„ parallèle à l'arête P; de telle sorte que le vecteur ini- tial Wo soit égal à ^ /è/,„ et parallèle à l'arête y. Que l'on vienne à suppri- mer brusquement l'un au moins des deux champs, on aura finalement w, = o, et l'impulsion totale imprimée au bloc parallélépipédique pendant la période variable très courte devra être parallèle à l'arête y et égale au f f produit du volume aPy par^ " • » Le seul paramètre dépendant de la nature du milieu dans la formule précédente est le coefficient a, qui, d'après la théorie, doit être égal à la vitesse de propagation des ébranlements électromagnétiques dans ce mi- lieu . » PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la variation diurne de la tension de la vapeur d'eau. Note de M. Alfued Aivgot, présentée par M. Mascart. « On sait que, dans les conditions où se font d'ordinaire les observa- tions météorologiques, c'est-à-dire à une petite distance du sol, la tension de la vapeur d'eau présente une variation diurne assez compliquée. Dans les latitudes moyennes, à Paris, par exemple, il n'y a en hiver qu'un seul "minimum, au lever du soleil, et un maximum, au milieu du jour; mais, dans les trois autres saisons, le maximum delà journée se sépare en deux autres, qui s'écartent d'autant plus qu'on avance vers le milieu de l'été; entre ces deux maxima se montre un minimum très accentué, moins im- portant pourtant que celui du matin. Les causes de cette double oscillation diurne sont connues. )) Il était intéressant de voir ce que deviendrait cette variation à une certaine distance du sol. Pour cela, des observations régulières ont été en- treprises, dès la fin de i88g, au sommet de la tour Eiffel. Les trois années 1890, 1891 et 1892 ont donné des résultats absolument concordants; la loi du phénomène peut donc être considérée comme certaine. » Dans les quatre mois de novembre, décembre, janvier et février, la variation diurne de la tension de la vapeur d'eau à 3oo™ est extrêmement faible (quelques centièmes de millimètre), mais, autant qu'on en peut juger, paraît analogue à celle des régions basses en hiver : un minimum le matin, un maximum dans la journée. » La variation diurne ne devient notable que dans les huit mois de ( io68 ) mars à oclobre; dans tout cet intervalle, elle présente une même forme, mais l'amplitude croît progressivement jusqu'en août et décroît ensuite. » Pour abréger, nous donnerons seulement ici les moyennes horaires de la tension de la vapeur d'eau au parc Saint-Maur et à la tour Eiffel en été (juin, juillet, août); ces moyennes résultent des trois années 1890, 1891, 1892. Moyennes horaires de la tension de la vapeur d'eau. l"". 2". 3''. 4\ 5''. G". T-. Sh. 9\ 10''. 11''. 12''- Parc Saint-Maur : io""",38±. Malin... —0,16 —0,28 —0,39 —0,45 — o,4o —0,19 +0,09 +0,2.5 +0,35 +o,25 +0,16 +0,08 Soir +o,o5 — 0,08 — 0,09 — 0,18 — 0,09 +o,o5 +o,23 +0.27 +o,25 +0,17 +0,07 — o,o3 Tour Eiffel : 8'^",54±. Matin... 0,00 +0,09 -1-0,13 +o,i4 +0,11 +0,11 +0,20 +0,28 +0,36 +0,24 +0,09 — 0,02 Soir — 0,09 — 0,19 — 0,18 — 0,26 — o,3o — 0,18 — 0,23 — o,i4 — 0,08 — 0,08 — o,o4 +o,o5 » Au Parc Saint-Maur, on voit nettement les deux maxima à 9'' du ma- tin et 8'' du soir, et les minima à 4'' du matin et 4** du soir. » A la tour Eiffel, il n'y a qu'un seul maximum à 9"" du matin, exacte- ment à la même heure qu'en bas, et un minimum à 5'' du soir, qui retarde d'une heure seulement sur celui du Parc Saint-Maur. De 5'' du soir à 9'' du matin, la courbe est constamment ascendante, tandis qu'elle présente, près du sol, encore un maximum et un minimum. » Cette marche de la vapeur d'eau à 3oo™ se comprend aisément : la vapeur d'eau, produite par l'évaporation à la surface du sol (nappes d'eau, sol humide, végétaux) arrive, surtout par diffusion, dans les couches plus élevées de l'atmosphère; la quantité de vapeur y augmente donc jusqu'au moment (9'' du matin) où, par suite de réchauffement diurne, prennent naissance les courants verticaux qui, joints à la diffusion, emportent dans un temps donné plus de vapeur d'eau qu'il ne s'en produit. La tension di- minue alors jusqu'à l'heure (S*" du soir) où le refroidissement est assez prononcé pour que lescourants verticaux aient cessé; à partir de cet instant, la quantité de vapeur qui existe à une certaine hauteur recommence à aug- menter. M Le point important qui se dégage de ces observations est que la va- riation diurne de la vapeur d'eau, telle qu'on l'observe dans les stations météorologiques ordinaires, est un phénomène très particulier, localisé ( 1069 ) dans les couches les plus basses de l'atmosphère. Nous avons déjà signalé un résultat analogue dans l'étude de la vitesse du vent. Les observations poursuivies au sommet de la tour Eiffel présentent ainsi un grand intérêt en ce qu'elles permettent de faire, dans les phénomènes météorologiques, comme un départ entre ceux qui sont d'un ordre général, et ceux qui doivent être regardés comme (les phénomènes particuliers, dus au voisi- nage du sol. 1) PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la variation diurne de l'électricité atmosphérique, observée au voisinage du sommet de la tour Eiffel. Note de M. A.-B. Chauveau, présentée par M. Mascart. « Une série d'observations sur l'électricité atmosphérique au sommet de la tour Eiffel a été organisée par le Bureau Central Météorologique, avec le concours du Conseil Municipal de Paris. » La prise de potentiel est faite, suivant la méthode indiquée par Sir W. Thomson, à l'aide d'un mince filet d'eau jaillissant de l'extrémité d'un tube horizontal, à l'^.Go en dehors de la tour. Le bassin métallique, constituant le réservoir d'eau, repose sur trois tubes de verre scellés dans une couche de soufre et noyés dans une masse épaisse de paraffine ( ' ). J^e tout est enfermé dans une boîte en chêne et placé, à l'altitude de 285"', sur l'extrémité de l'un des quatre arceaux (arceau Ouest) qui soutiennent la lanterne du phare. » L'enregistreur photographique est un cylindre de Richard, monté horizontalement et tournant à l'intérieur d'une enveloppe métallique, dans laquelle une fente étroite est percée suivant une génératrice. Le papier photographique est enroulé sur le cylindre, la face sensible appliquée sur le métal, de telle sorte que ce soit le dos de la feuille qui se présente à l'impression lumineuse ('-). (') L'isolement ainsi obtenu est au moins l'équivalent de celui que donnent les meilleurs supports à acide sulfurique, mais sous cette condition absolue que la surface de la paraffine reste nette de toute poussière. Très aisément réalisable à l'altitude de 3oo™, où l'air ne renferme plus que fort peu de matières solides en suspension, cette condition est un obstacle sérieux à l'emploi de la paraffine pour des observations coii- tinues au voisinage du sol. (') On évite ainsi le contact des doigts sur la surface sensibilisée, qui serait inévi- table pendant l'enroulement, et celui-ci est rendu beaucoup plus facile, la feuille se plaçant pour ainsi dire d'elle-même sur le cylindre. C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CXVU, N* 26.) '4^ ( 'o?" ) » Dans les conditions que nous venons d'indiquer, c'est-à-dire à i^.ôo environ de la surface de la Tour, le potentiel est frécjuemment supérieur à loooo volts. Or, l'électromètre à quadrants, au moins sous sa forme ordinaire, ne paraît pas se prêter à la mesure des potentiels élevés. La dé- viation de l'aiguille a une valeur limite, variable avec la sensibilité de l'appareil, mais correspondant toujours à une même valeur du potentiel qui est d'environ 3ooo volts ('). » Pendant une première série d'expériences faites à la fin de 1892, on avait dû, pour rester dans la limite des potentiels mesurables, réduire à /jo"^™ la longueur du tube d'écoulement. Mais, à cette altitude, les surfaces de niveau sont extrêmement serrées au voisinage de la Tour; aux plus lé- gères variations dans la longueur du jet (provenant de l'action du vent par exemple) correspondent des variations considérables du potentiel observé et les courbes obtenues sont trop tourmentées pour pouvoir être dé- pouillées avec certitude. » A défaut d'un instrument qui ne paraît pas avoir été réalisé jusqu'ici sous une forme appropriée aux observations d'électricité atmosphérique, nous avons pu, par un artifice fort simple, utiliser l'électromètre à qua- drants pour la mesure de très hauts potentiels, tout en restant dans les li- mites ordinaires de la sensibilité de cet appareil. Il suffit, pour cela, de placer, entre la source et l'électromètre, une cascade de petits condensa- teurs bien isolés. En faisant varier le nombre des éléments de la cascade, on peut donner à l'aiguille telle fraction que l'on veut du potentiel primitif. » Les observations faites | ar ce procédé en 1898 ont été poursuivies sans interruption depuis le i^'^ mai jusqu'au 2 novembre, et forment deux séries. La première, qui s'étend du 1" mai au 20 août, nous a fourni cin- quante-huit journées utilisables, caractéristiques du régime d'été. Nous en donnons ici le résumé, sous forme de graphique, et nous y joignons la variation diurne observée pendant la même période au Bureau Central Météorologique. » De la comparaison de ces courbes, il résulte d'abord que, pour (') Ce fait, constaté sur un électroniètre Mascai-t, parfaitement isolé et modifié de façon à permettre à l'aiguille de garder sans déperdition notable des potentiels bien supérieurs à 3ooo volts, a été signalé antérieurement pour des instruments d'un tout autre modèle, par M. Hopkinson {Proceedings of the physical Society, vol. \'II, Part I), puis par MM. Ayrton, Perry et Sunipner (Mémoire présenté à la Société Royale le 4 juin 1S91). ( lo?' ) l'électricité atmosphérique comme pour la tension de la vapeur d'eau, la variation diurne se simplifie quand on s'éloigne du sol. Tandis qu'aux faibles altitudes on observe invariablement une oscillation double dans la valeur du potentiel, celle-ci ne présente plus qu'un maximum et un mini- mum au voisinage du sommet de la Tour Eiffel. Variation diurne de i éleclricilé alinosphérique du \" mai au 20 août 1898. Mipuit 11 IV VI VIII X Bl.di II IV VI VIII X f.linuil 5320 T( t Eif "•A !=' lit. oit 285 5- T) A /"' \ ^20 / ^ -^ / J \, SOZOvdKs 1 \ \ \, / -^ / \ *220 \ \ / y 3820 \ V \. y / 2Wh Bu res iCs intr '1 " été >vo ogi Its. lue (CO ir) r \ ^ ^ fôSvofts \ s r -.y -^ / \ 125 X -^ / \ \ / / 85 ^ y "^ Minuit Il IV VI VIII X Midi IV VI VIII X Minuit » Le minimum du matin se produit exactement à la même heure (4'') à la Tour et au Bureau ; il précède de fort peu l'heure du lever moyen du So- leil pendant la période considérée. Le maximum du soir, à la Tour, a lieu à6''3o"' ; il est en avance de 1'' i j'" sur le maximum observé au voisinage du sol. » Enfin, les deux courbes mettent nettement en évidence l'existence d'un maximum relatif au milieu du jour, vers i"* ou a"" de l'après-midi. Cette oscillation secondaire, signalée autrefois par M. Mascart dans les ( I072 ) observations du Collège de France, constatée à Greenwich et à Perpignan, n'a pas été retrouvée à Lyon. Elle paraît hors de doute, quelle que soit l'altitude, pour le climat de Paris. » PHYSIQUE. — Sur le poids du litre d'air normal et la densité des gaz. Note de M. A. Leduc, présentée par M. Lippmann. « I.e fait d'une variation sensible de la composition de l'air atmosphé- rique en un même lieu, soupçonné par divers savants et par Regnault en particulier, n'a pu être nettement établi jusqu'ici, faute d'une méthode pré- cise et fidèle pour déterminer cette composition. Un assez grand nombre d'analyses d'air atmosphérique exécutées par le procédé que j'ai décrit antérieurement (') m'ont démontré que la proportion de l'oxygène varie assez pour qu'il v ait lieu de s'en préoccuper dans la détermination pré- cise de la densité des gaz et du poids du litre d'air dit normal. » Ainsi que je l'ai fait remarquer, ma méthode donne la proportion iV o-ay gène par dé/aul; mais il est facile de voir que, si l'on prend soin de plonger le ballon à phosphore dans la glace une demi-heure avant de com- mencer à y faire le vide, l'erreur est nécessairement très faible et sensible- ment constante. En un mot, la méthode e&i fidèle, et elle devient exacte moyennant une correction qui, par cela même qu'elle est très petite, ne présente aucune incertitude appréciable. » Pour m'en assurer j'ai, d'une part, analysé deux échantillons d'air pris simultanément sur la tour de la nouvelle Sorbonne, et j'ai trouvé pour l'un :oE'',7627 d'oxygène dans S^'', 2938 d'air, soit 23, 1 56 pour 100, et pour l'autre : o^', 7826 d'oxygène dans 3s', 3785 d'air, soit 23, 164 pour 100. On peut donc compter sur la comparabilité des résultats à ^^j^ près du poids de l'air. » D'autre part, afin de déterminer le poids de phosphore et de ses di- vers produits d'oxydation enlevés en même temps que l'azote dans la deuxième partie de l'opération, j'ai rempli mon ballon d'azote pur préparé au moyen du cuivre, et j'y ai fait ensuite le vide, en procédant exactement comme pour une analyse d'air. lie ballon a subi, par suite de cette mani- pulation, une perte de poids de i'''^"^, 2. En tenant compte de ce qu'il a été essuyé dans l'intervalle, on voit que la perte de poids due aux matières vo- (') Comptes rendus. 20 juillel 1891. .1 "o ( 1073 ) latiles s'élève à 1™°' environ. Il convient, en conséquence, d'ajouter -j-j^ à la proportion d'oxvgène calculée d'après les pesées. » Ainsi, l'air analysé plus haut contenait o, 23 rg de son poids d'oxy- gène. » Or, à part une expérience dont le résultat m'inspire quelque doute, la proportion d'oxygène dans l'air, pris dans la cour de la Sorbonne, a varié entre 23, i4 et 23, 20 (nombres bruts). Il est facile de voir qu'en conséquence le poids du litre d'air, mesuré dans les conditions normales, a varié de o'"^', i. Il est donc illusoire de rechercher le poids du litre d'air avec une précision supérieure à ^ de milligramme, à moins que l'on n'ait le soin de déterminer en même temps la composition exacte de l'air que l'on a pesé. C'est ce que j'ai fait. » J'avais déjà, à l'occasion de mes premières recherches sur la densité des gaz, calculé d' après mes pesées le poids du litre d'air; mais, n'atta- chant pas alors une grande importance à cette détermination, j'avais né- gligé certaines corrections relatives à la règle de mon cathétomètre, à la densité du mercure de mon baromètre, etc. » C'est ainsi que j'ai obtenu le nombre i^', 2933, voisin de celui de Regnault, et retrouvé depuis par Lord Rayleigh. » J'ai depuis celte époque reconstruit mon baromètre avec du mercure très pur ('), comparé la règle de mon cathétomètre au mètre interna- tional, redéterminé avec soin le volume de mon ballon à densités et la contraction qu'il subit sous l'influence du vide (-), et refait l'étalonnage des poids marqués qui ont servi à peser le gaz et l'eau. » Prenant d'ailleurs toutes sortes de précautions qu'il serait superflu d'indiquer, j'ai trouvé pour le poids du litre d'air moyen de Paris à o°(') et sous la pression exercée par une colonne de mercure de 760"™, l8'-, 29315. » Il me paraît convenable de définir comme air' normal l'air pris hors des villes, en plaine et par un temps calme, et qui contient un peu (') Ce mercure est employé par la maison Alvergniat pour la construction des ther- momètres. (-) Ce volume est actuellement de 2''S2763o; il a diminué de 0"=% 06 depuis le der- nier jaugeage, par suite du phénomène qui produit le déplacement du zéro des ther- momètres. La correction du vide est portée à o™s'', jo au lieu de o™s'',65. (^) Celte température est produite au moyen de glace ordinaire du commerce, finement concassée et lavée à l'eau distillée. ( fo74 ) plus de 232 millièmes d'oxygène en poids, soit très sensiblement 21 cen- tièmes en volume. Le litre de ce gaz, défini comme plus haut, pèse donc i S', 2932 à 2 ou 3 centièmes de milligramme près ('). Sa masse est de 1^'', 2758 sous la pression d'une atmosphère C.G.S. » Densité des gaz. ~ Il résulte de ce qui précède que, le poids d'un cer- tain volume d'air dans des conditions définies pouvant varier de -^Tâôî ^^ sa valeur, il est illusoire de rechercher la densité d'un gaz par rapport à l'air avec une précision notablement supérieure au j^jj^. » Comme, d'autre part, il peut y avoir intérêt à connaître les densités relatives de certains d'entre eux avec une exactitude plus grande, je pro- poserai de rapporter les densités des gaz à Vazole. » Le choix de ce dernier comme terme de comparaison me paraît jus- tifié par les considérations suivantes : » Ce choix doit nécessairement porter sur l'un des gaz les plus difficiles à liquéfier. Or l'hydrogène, qui, à certains égards, appellerait l'attention, doit être rejeté parce qu'il est impossible de déterminer un poids d'hydro- gène à 7;;^ près de sa valeur; d'ailleurs, la moindre trace d'impureté intro- duit une erreur l'elative importante. » Le nitrosyle est trop difficile à obtenir à l'état de pureté parfaite, et il ne faut évidemment point songer au formène. » Des trois gaz qui nous restent (azote, oxygène et oxyde de carbone) le premier paraît être le plus facile à obtenir à l'état de pureté (-). C'est d'ailleurs avec ce gaz que l'introduction de traces d'air dans les appareils aura le moindre inconvénient, puisque sa densité est la plus voisine de celle de l'air. » Le poids du litre d'azote normal à Paris est t, 2370. » Sa masse sous la pression d'une atmosphère C.G.S. est it'', 2400G ou mieux i^'', 24 a moins de o""^',! par défaut. » (') Abstraction faite de la vapeur d'eau, de l'acide carbonique et des gaz plus ou moius accidentels. Ce nombre paraît coïncider avec celui de Regnaull (1,393187). Mais n'oublions pas qu'il faut ajouter à ce dernier une correction additive de près de o™?"', 3 pour tenir compte de la contraction du ballon vide. Le nombre de Regnault est donc, en réalité, trop élevé d'environ o'"8'', 3 ; j'ai signalé déjà la cause de cette erreur dans la perte de poids subie par le ballon, par suite de l'essuyage entre le remplissage et le vide. (^) Comptes rendus, i3 juillet 1891. ( 1073 ) CHIMIE. — Aperçu du système des poids atotniques de précision, fondé sur le diamant comme matière-étalon. Note de M. G. Hiîjrichs. « Le fait qu'on n'a pas encore senti la nécessité d'adopter une matière- étalon pour les poids équivalents et atomiques de la Chimie suffit pour constater que la détermination précise de ces poids fondamentaux reste encore à faire. Les unités de ces poids, en usage depuis un siècle, ne répondent même en aucune façon aux conditions scientifiques auxquelles on a depuis longtemps satisfait eu Physique et dans l'industrie même, notamment dans l'Électro-technique. Le Bureau métrique international a adopté les étalons matériels des savants français de la fin du siècle dernier et les congrès des électriciens ont basé leurs unités sur ceux-là. » L'unité de Berzélius pour les poids atomiques est la meilleure, mais elle ne se prête point à la pesée directe; l'oxygène est toujours déterminé indirectement par différence. Toutes les réductions des analyses dans ce système sont donc nécessairement fautives en méthode. Dans ses com- bustions du diamant, Dumas s'est conformé au système de Berzélius et a déterminé le poids atomique du carbone, quoique ce soit bien le diamant qu'il ait pesé avec précision, ne pouvant peser directement l'oxygène. S'il s'était affranchi du système alors dominant, Dumas aurait certaine- ment pris comme base de ses calculs le poids connu avec précision, et calculé le poids atomique de l'oxygène. » L'unité dominante depuis un demi-siècle est la plus fautive qui puisse être proposée. Premièrement, le poids atomique de l'hydrogène est le plus petit de tous; les erreurs seront donc toutes multipliées, jusqu'à plus de deux cents fois. De plus, les déterminations les plus soignées ont dé- montré qu'il y a encore des différences de i pour 100 dans la valeur ab- solue de cette unité. Le poids atomique de l'argent est donc incertain, jus- qu'à une unité; pour le plomb, cette incertitude atteint deux unités. » Aucun gaz ne peut être adopté comme matière-étalon; ce serait prendre un mètre-étalon de gomme élastique, sous une tension définie et à une température donnée. On ne pourrait pas non plus se servir d'un li- quide. La matière-étalon des poids atomiques doit être solide, compacte, pour éviter les absorptions, dont l'effet nuisible a été signalé par Dumas dans le graphite; d'une dureté considérable, pour résister aux effets méca- niques des manipulations nécessaires; d'une résistance chimique assez ( ïoyô ) grande pour permettre de le débarrasser des impuretés étrangères par des moyens énergiques, comme rébullition dans l'eau régale; enfin et sur- tout d'une pureté chimique assurée, exempte des inclusions mécaniques et minimes qui résistent aux réactions usitées dans les procédés chimiques, telles que les cendres inertes. Je ne connais qu'une substance élémentaire qui satisfasse à toutes ces conditions; c'est le diamant. Le poids atomique de cette matière-étalon étant pris égal à 12 exactement, l'unité sera donc très voisine du poids atomique de l'hydrogène. )) Jetons un coup d'œil rapide sur l'ensemble des déterminations des poids atomiques des éléments dans ce système. 11 Les expériences magistrales de Dumas sur la combustion du diamant donnent, pour le poids atomique de l'oxvgène, 16 exactement; l'écart et le coefficient sont minimes (voir Comptes rendus, t. CXVL P- 697). Les déterminations soignées de Erdmann et Marchand, ainsi que les combus- tions plus récentes des diamants du Cap par Roscoe, ont pleinement con- firmé les résultats de Dumas. » L'ignition au blanc du spath d'Islande et du carbonate de chaux arti- ficiel a donné aux premiers chimistes : Ca := 40,00 exactement. L'écart n'est que — 0,002 et le coefficient — o,ooooj. » Voilà les trois poids atomiques fondamentaux : l'étalon diamant, le métalloïde se combinant avec presque tous les éléments, et le métal domi- nant de l'écorce terrestre. » Pour représenter la dépendance mutuelle de tous les poids atomiques, je con- struis la parabole dont le diamant est le sommet, et le calcium le foyer [voir la figure ci-jointe). Sur cette courbe, je place les éléments primaires à leur propre distance de la verticale passant par le zéro des poids atomiques. » L'axe secondaire passant par ce point sera le lieu des poids atomiques déterminés secondairement et qui seront tous aiTectés de l'écart du poids de l'élément primaire placé sur la courbe. » Sur la ligne passant par l'oxygène, on trouve donc P^3i (coefficient — 0,001, Schrôtter); Fe = 56 (+ 0,001, Berzélius; — o,ooo4, Erdmann et Marchand, en air, et 4- 0,002 en oxygène; +o,oooo4, Maumené paraît incertain); Za = 65,5 ( — o,ooo3, Gladstone et Hibbert); Cd ^i 12 (-i-o,ooo5, Edgar Smith); In = 1 13,5? (Bunsen); Hg^ 200 (+0,0007, Erdmann et Marchand); Pb ^ 207 {+ o,ooo4, Berzélius). » Sur la même ligne se trouve encore H^I d'après Dumas, confirmée par Erdmann et Marchand et déterminée par la méthode limite appliquée à toutes les détermina- tions chimiques existantes (voir ma Note récente). >) L'importance de cet élément nous autorise à le remettre aussi près de l'axe prin- cipal pour l'enregistrement des substitutions qui nous donnent Al = 27 (± 0,0000, Mallel). ( '«77 ) » Sur Taxe principal, passant par le carbone, nous plaçons les éléments dont le poids atomique est tiré de leurs carbonates, comme pour le calcium. Nous trouvons : Li = 7? (-)_ 0,02, Troost; + o,oo4, Diebl); Mg = 24 (0,0001 5, Marchand et Sclie- rer); Sr —88?; Pb = ■îoy (o,oooi5, Berzélius). CKtoï'ures Bromures j.^ Etalon, de MatiêJ^". » Ayant établi le triangle fondamental formé par les poids atomiques C, O, Ca, la conversion du spalh d'Islande en sulfate donne 5=32 très exactement (Erdmann et Marchand). Sur l'a.xe secondaire mené par ce point de la parabole, nous trouvons Be = 9(+o,oo3, Kruss, 1891) et Cu=363,5 exactement, d'après mes réductions des résultais électrolytiques de Th.-W. Richards (Voir Chemical JVews, octobre 6 1893, el aussi Zeitschrift fiir anorffanische Chemie, nov. 1893). » Par la conversion du spath iUior pur en sulfate, nous avons FI = 19 sur la branche inférieure des binaires (—0,002, Dumas; ±0,0000, Louyet). » Le déplacement des poids primaires sur le paraboloïde de révolution indiqué dans la figure paraîtra un peu arbitraire, mais c'est simplement pour montrer tous les procédés en usage séparément et représenter les valeurs obtenues dans leur gran- deur naturelle. Le déplacement latéral nous avertira, en même temps, du danger des rapports analytiques très grands, par l'acuité excessive du triangle déterminant. » Il sera donc favorable à la précision de prendre une base plus étendue que G — Ca pour la déteimination des éléments plus lourds, comme Cl, Br, lo. L'histoire de la Chimie a déterminé pour nous ce choix; il faudra établir le poids atomique de C. R., 1893, a- Semestre. (T. CWII, N" 26.) l43 ( 1078 ) l'argent pur, distillé ou électrolytique, et avec celte matière-étalon secondaire, dé- terminer les poids atomiques des éléments cliloroïdes. » CHIMIE ANALYTIQUE. — Méthode générale pour le dosage volumétrique de l'argent sous une forme quelconque ; par M. G. Denigès. « Le dosage volumétrique ordinaire de l'argent, fondé sur l'emploi d'un chlorure alcalin comme réactif de précipitation et le chromate de po- tasse comme indicateur, exige qu'on opère en milieu rigoureusement neutre; en outre, il est influencé par la présence d'un assez grand nombre de substances organiques; enfin il est limité aux combinaisons argentiques solubles dans l'eau. Le procédé de Volliard-Charpentier, au sulfocyanate de potasse, est déjà plus général, puisqu'il permet d'opérer en présence d'acide azotique, mais il exclut tous les sels d'argent insolubles dans cet acide. La méthode que nous allons décrire s'étend, au contraire, à toutes les combinaisons argentiques sans exception. » Liebig a montré (') que, lorsqu'on ajoute de l'azotate d'argent à du cyanure de potassium, sans excès d'alcali, il se forme un cyanure double d'argent et de potassium soluble, d'après l'équation AzO^\g + 2CyK = CyAg, CyK -f- AzO'K, et qu'un excès, même très faible, de solution argentique, est décelé par la précipitation de cyanure d'argent insoluble. » Or nous avions pu nous assurer que cette réaction, qui ne se produit bien dans ses deux phases qu'en liquide chimiquement neutre, et dont le terme final est parfois malaisé à saisir, s'accomplissait très facilement en ce qui concerne la formation du sel double en présence d'ammoniaque libre, et qu'on pouvait s'assurer de son complet achèvement en ajoutant au mélange, comme indicateur, de l'iodure de potassium formant, avec un très léger excès de sel d'argent, de l'iodure d'argent insoluble dans l'am- moniaque et produisant un louche final d'une grande netteté. » Des variations, même très notables, dans la proportion d'ammoniaque ajoutée, la présence de potasse ou de soude libres ou carbonatées, de chlorures, bromures, phosphates, etc., sont sans influence sur les quan- tités d'azotate d'argent employées, de telle sorte qu'on a là un procédé d'une extrême précision et d'une grande commodité pour doser l'acide cyanhydrique libre ou combiné. (') Aniialen der Chemie uiid Pharmacie, t. LXXVII, p. 102. ( I079 ) >) Mais, inversement, l'emploi simultané de l'ammoniaque et d'une so- lution titrée de cyanure de potassium permettra de doser une combinaison argentique quelconque, soluble ou insoluble dans l'eau, car tous les com- posés de l'argent sont solubles dans l'ammoniaque ou dans le cyanure de potassium, ou peuvent être rendus solubles dans ces véhicules par l'emploi préalable de l'acide azotique. » Avant d'entrer dans le détail des résultats obtenus avec les diverses combinaisons argentiques que nous avons examinées, nous devons dire d'abord que les solutions de cyanure de potassium, au degré de dilution oîi nous les employons (environ i pour loo), sont d'une stabilité sur- prenante, et, fait plus inattendu encore, cette stabilité est accrue par la présence d'un excès d'alcali. » C'est ainsi que 20" de trois solutions de CyK pur à g?'' par litre, l'une neutre que je désignerai par la lettre A, une seconde B renfermant en outre 25'^'^ d'ammoniaque par litre, la troisième C contenant aS'^'^ de lessive des savonniers, étant additionnés de 100" d'eau, de 5" d'ammoniaque et d'un peu d'iodure de potassium, absorbaient, pour leur transformation en cyanure double, les quantités d'AzO'As déci-normal indiquées ci-dessous : Solution. A. B. C. ce ce ce Aussitôt après la préparation i3,85 i3,85 i3,85 Après quinze jours i3,8o i3,85 i3,85 Après une minute d'ébullition i3,4o i3,8o i3,85 Après trois minutes d'ébullition. .. . 12,60 12,90 i3,8o Après cinq minutes d'ébullition l'.Qo 12 i3,75 Ce qui démontre l'invariabilité de titre de ces solutions au bout de quinze jours, à froid, et la grande stabilité des solutions alcalines à chaud, surtout de celles qui renferment de la soude, les solutions ammoniacales s'altéranl à la façon des solutions neutres lorsqu'elles ont perdu leur gaz ammoniac. » Cette persistance dans le titre, très précieuse, prévient la seule objection qu'on aurait pu faire à la méthode et conduit à employer de préférence des solutions alca- linisées. » Les divers et très nombreux dosages de combinaisons d'argent, dont nous relatons plus loin quelques chiffres, ont été effectués avec des échan- tillons d'une grande pureté, cristallisés pour la plupart et dont on a pris une quantité voisine du millième de l'équivalent de la substance. » Cette quantité a été dissoute, pour le chlorate, le chlorure, le bromate, le bromure, l'iodate, le sulfate, l'acétate, etc., dans 10"^° d'ammoniaque et 5" d'eau, à froid ou mieux à une douce chaleur; pour le ferrocyanure, le bromure et surtout l'iodure, il ( io8o ) faut ajouter en même temps une solution titrée de C} K, d'environ i pour loo de litre, qu'on n'ajoute qu'après solubilisation pour les autres sels. » Pour les phosphates, arséniales, chromâtes, oxydes et surtout pour le sulfure, il est préférable de dissoudre la matière à chaud dans un peu d'acide azotique étendu de son volume d'eau, puis de sursaturer par l'ammoniaque et d'ajouter le CyK après refroidissement. » Le chromate se dissout souvent lentement dans l'acide azotique, mais, si après quelques instants de chauffe il laisse encore un résidu, l'addition d'ammoniaque le fait entièrement disparaître. » Lorsque la combinaison d'argent est complètement solubilisée et se trouve en présence d'un petit excès d'ammoniaque ( 5<='' à io<'<^) et de 20" de solution titrée de CyK, on ajoute loo'''' d'eau, un peu d'iodnre de potassium et on verse peu à peu la solution déci-normale d'AzO'Ag jusqu'à louche persistant. « La différence entre le titre des 20" de CyK employés et la proportion de liqueur argentique consommée pour obtenir la réaction indicatrice finale, correspond à une égale quantité de solution déci-normale du composé argentique essayé : il est aisé d'en déduire la proportion pondérale. » On a ainsi obtenu, entre autres chiffres tous très satisfaisants : Substance. Quantité prise. Quantité trouvée. PI" gr ClA.g o,i4o o,i4o BrAg o,i55 o,i54 lAg 0,221 0,219 P0»Ag2 o, m 0,109 Cr'''0'Ag= o,2r6 0,216 Skg^ o,i5.5 o,i53 » Comme on devait s'y attendre, l'iodure est le plus long à dissoudie; il convient de le faire macérer un temps assez long dans le cyanure, en flacon bouché, en s'aidant au besoin d'une douce chaleur. » L'avantage de la nouvelle méthode se trouve surtout marqué dans ses applications, qui sont nombreuses : » 1° Dosage volumétrique des précipités de chlorure d'argent. .) 2° Dosage direct, ou par reste, des chlorures solubles, notamment dans les liquides de l'organisme (urines, liquides kystiques, sang, etc.). » 3° Détermination des composés xanlho-uriques de l'urine, par préci- pitation à l'aide de AzO'Ag ammoniacal et dosage de l'excès d'argent dans la liqueur fdtrée. » 4° Titrage de l'iodure de potassium, en le précipitant en solution am- moniacale ])ar AzO' Ag. » 5" Dosage, enfin, de toutes les substances, carbures acétyléniques, hydrogène arsénié et antimonié, aldéhydes, oxyde de carbone (en utili- sant l'ingénieuse réaction découverte par M. Berthelot), susceptibles de ( io8i ) modifier le titre des sels d'argent en solution alcoolique, ammoniacale ou acide. » CHIMIE. ~ Sur la stabilité à l'air de la solution de sublimé corrosif au millième. Note de M. Tanret. « D'après une récente Communication de M. Léo Vignon ('), la solu- tion au millième desublimédans l'eau distillée serait très altérable à l'air: elle s'y décomposerait si facilement que, déjà après i à 3 jours, elle dépose- rait un précipité blanc, d'abord très faible, mais augmentant avec le temps : elle n'arriverait plus à contenir, après 7 jours, à la température de 1 5° à 20°, que o^'', 57 de sel dissous, au lieu de i^''. » Cette solution de sublimé étant depuis longtemps déjà d'un emploi courant comme antiseptique, la confirmation de ces résultats si inattendus les rendrait gros de conséquences. Cette confirmation, je l'ai recherchée, mais n'ai pu l'obtenir. » Une solution de bichlorure de mercure à i pour 1000 a élé préparée à chaud, avec un sel bien cristallisé et de l'eau distillée bien pure et bouillie. Après refroidissement et sans filtration aucune, on l'a répartie, par qoc'' : i" dans un verre à pied, qu'on a abandonné au laboratoire à la température de i3° environ, après l'avoir protégé des poussières de l'air par une simple feuille de papier (A); 2° dans un vase à précipité, qu'on a placé sur une cheminée à une température moyenne de 23° pendant la moitié de lajournéeet également recouvert d'une feuille depapier(B); 3° dans trois llacons, dans lesquels on a établi au moyen de la trompe un barbotage d'airqui ypassaitàraison de 6'", 9 par heure. Ces flacons ont été partagés en deux séries : dans l'une, deux ont été accouplés de manière que le premier servît de laveur au second; dansl'autre, la solu- tion de sublimé ne recevait que l'air qui avait passé au préalable sur de la ponce sul- furique. » Six jours et demi après, les solutions des vases A et B étaient restées parfaite- ment limpides; il en était de même de celles des trois (laçons, après un barbotage de cent heures, chacune ayant été ainsi traversée par 690''' d'air. » Après avoir rétabli les poids primitifs, on a dosé le mercure dans toutes ces solu- tions, en même temps que dans une autre toute récente, par le procédé classique de Personne. Or, il a fallu un même volume de chacune d'elles pour faire apparaître le précipité stable d'iodure rouge de mercure, avec un même poids d'iodure de potas- sium, soit 22^,6 à 22''<^,8 de solution mercurielle pour 2", 5 d'une solution contenant par centimètre cube o8'',o26 de Kl titrant 90,6 pour 100. (') Comptes rendus, t. CXVIl, p. 798. ( I082 ) » L'air n'avait donc décomposé aucune des solutions de sublimé. » On a alors enlevé la feuille de papier qui recouvrait le vase B, et continué l'expé- rience encore quatre jours, en ayant soin d'agiter le flacon plusieurs fois par jour. Il ne s'y est pas davantage formé de dépôt blanc, et le titre de la solution, après réaddi- lion de l'eau évaporée, n'avait pas changé. » Dans une autre expérience, une fiole contenant aos"- d'ammoniaque a été placée débouchée, à 23<''" de la prise d'air d'un des flacons. Après un barbolage de dix-sept heures, il s'était formé un anneau blanc, large de 4"", à l'extrémité inférieure du tube abducteur de l'air. La formation de ce léger précipité de chloramidure de mercure avait fait baisser le titre de la solution, d'une quantité déjà appréciable (22", 9 au lieu de ■>■■]'',']). C'était ainsi un commencement d'altération bien net, et c'est sans doute à de l'ammoniaque qu'il faut rapporter l'altération anormale des solutions de sublimé, observée par M. Léo Vignon. » On peut donc conclure de ces expériences que, dans les conditions ordinaires, l'air peut être considéré comme sans action sur la solution de sublimé au millième dans l'eau distillée, tandis qu'il la décompose s'il est chargé de vapeurs ammoniacales. » CHIMIE ORGANIQUE. — Remarques sur les pressions critiques dans les séries homologues de la Chimie organique. Note de M. E. Mathias, présentée par M. Lippmann. « Soit une série de corps dérivant du premier d'entre eux, par substi- tution, à un atome d'hydrogène, des radicaux méthyle, éthyle, propyle, butyle, etc. J'ai montré dans un travail antérieur ( ' ) que leurs densités cri- tiques A varient suivant une fonction continue du poids total de la molé- cule. Si l'on porte, en efïet, en ordonnées les valeurs de A et en abscisses les valeurs de n, n désignant le nombre d'atomes de carbone du radical substitué à H, les points figuratifs ainsi obtenus se rangent sur des courbes régulières admettant chacune une asymptote parallèle à l'axe des ab- scisses. (') Annales de Toulouse, 1892. Cette loi, établie sur les éthers composés des alcools gras saturés, a été vérifiée récemment par M. S. Young, au moins pour les premiers termes des premières séries d'éthers. Il a aussi retrouvé les courbes continues que j'avais indiquées pour les éthers iso- mères. ( io83 ) » I. J'ai reconnu qu'il en est de même pour les pressions critiques ~, au moins dans les séries homologues suivantes : H(OH)('), CH'(OH), C^ir(OH), C'H'(OH), HCl, CH»C1, C^H'^Cl, C'H'Cl, CO^H-% CO=H(CH'), CO^H(C^H»). CO=H(C'H'), . C=O^H\ C^O^W{Cli'), C^O^H'CC^H'), C'O^H», C'O^H^(CH*), C'0=H=(C-H^) , , C^H^OH, C-H^O(CH'), C^H^O(C=H\). , AzH^ AzH(Cir)\ AzH(C^H')% AzH(C'H')-. » Excepté les ammoniaques bisubstituées, on passe d'une de ces courbes à l'autre par une simple substitution linéaire de la forme -' = a- 4- p, a et p étant des constantes numéiiques qui, séparément, peuvent être nulles. » Voici, à titre d'exemple, la comparaison des pressions critiques des alcools gras saturés et des éthers acétiques : ■ii(obs.). s (cale.)- î: (ohs.). atm atm alui alm iH .OH 100 C^H'O^.H iioo -4-7=^57 67,1 CH^ .OH 78,6 G'-H30'-(CH3).... i 78 -h 7 =46, 46, o C^H^OH 62,6 Cni'O'iCnV')... I 62,6 + 7 = 38,3 38, o C'H'.OH 52,5 Cni^O^(C^H')... | 52,5 + 7 = 33,25 33, i C4P.OH(iso)... 48 C^H'0^(C'*H')... | 48 +7 = 3i 3o,5(°-) » Les valeurs dites observées de tt sont des valeurs moyennes par rap- port aux nombres expérimentaux, souvent très concordants, de Nadejdine et de M. S. Young. » Les pressions de Nadejdine étant toujours plus grandes que celles de M. S. Young, je les considère comme des valeurs par excès, les autres étant par défaut. (') Pour l'eau, il faut prendre la moitié seulement de la pression critique, soit loo»'" environ. Y a-t-il là un rapport intime avec le fait annoncé par M. Guye qu'au point critique la molécule de l'eau est doublée, ou n'est-ce qu'une simple coïncidence? Quoi qu'il en soit, le fait est curieux. Il peut être intéressant de remarquer que la série homologue de l'eau et des alcools contient tous les corps pour lesquels le diamètre des densités est nettement curviligne. (-) Valeur obtenue en prolongeant la courbe, se laissant guider par le sentiment de la continuité. ( io84 ) » II. Dans la limite de précision des expériences, les courbes des pres- sions critiques peuvent être assimilées à des arcs d'hyperboles équilatères, les asymptotes étant parallèles aux axes de coordonnées. Elles sont donc représentées par des équations de la forme (i) (- -h a){n-{-b) — c, oii a, h, c sont les constantes numériques variables d'un corps àM'autre. » On passe d'une courbe à l'autre par simple substitution linéaire de tt, pourvu que l'on satisfasse à la condition nécessaire et suffisante (2) 6 = const. » L'application de la formule (i) aux alcools ayant montré que l'on a b ^ 3 sensiblement, il s'ensuit que, dans toutes les séries monosubsti- tuées, on a la relation suivante, qui se vérifie d'une façon très satisfai- sante, 1 (3) (_ + a)(„ + 3) = c. » III. Considérons la série homologue des carbures gras saturés H. H, H.CH% H.C=H\ .... M Elle doit obéir à la loi de substitution linéaire vérifiée sur les séries homologues précédentes; or - n'est connu que pour les carbures CH* et C^H*; en les comparant aux composés CH'Cl, C-H^Cl, on déterminera les deux coefficients de la substitution linéaire qui relie les carbures saturés aux éthers simples chlorurés. On en déduit pour la pression critique de l'hydrogène le nombre 72^"", 6G, très supérieur au nombre i3^"",3 trouvé indirectement par Wroblewski. Cette grande valeur de la pression critique de l'hydrogène expliquerait pourquoi on ne l'a pas vu encore à l'état statique, mais seulement en gouttelettes dans les tubes à liquéfaction, la détente très forte, nécessaire pour abaisser la température au-dessous de — 240°, donnant une pression finale inférieure à la tension de vapeur du gaz liquéfié. » On peut donc, en faisant entrer un corps dans plusieurs séries homo- logues différentes, calculer a priori sa pression critique et vérifier que l'on obtient ainsi des valeurs concordantes. )> IV. Les pressions critiques de toutes les séries homologues d'éthers composés des alcools saturés sont données d'une façon très satisfaisante ( io85 ) par la formule (4) Tz = - n 7.5 600 (« + 3)(/i'+4)' dans laquelle n' désigne le nombre d'atomes de carbone de l'acide. » Cette formule montre que les éthers formés par un même résidu alcoolique (« = const.) forment aussi des séries homologues et qu'on passe d'une courbe à l'autre par une substitution linéaire. Le cas des éthers isomères s'obtient en éliminant n' entre (4) et la relation // -+- n' = const. = K.. La discussion montre que les points figuratifs des séries isomères sont situés sur des courbes convexes vers l'axe des abscisses et présentent un minimum entre n^oetn = K — i. » V. Les densités et les pressions critiques, dans une même série homo- logue, étant des fonctions continues du poids moléculaire, il en résulte qu'il existe dans chacune de ces séries, entre A et -, une relation indé- pendante du corps de la série considéré. Vérification de la formule générale — =-«'- 600 n' = l. cale, atm :2... : 3... n = i n' = 5. . . n' = 6 . . . n' = 7... ■j4,66 )) 58,5 57,1 49,0 » 42,33 38,6 35,5 .. n — \ cale. obs. 8"" ( 59,25 o8,o '■ " " (n+3)(n' + 3) composés. n —Z n relative aux acides et aux ét/iers 46,0 6i,65 46,29 ■> t 39,02 '9'° I 39,88 34 5 S ^^•^-' •^■'' ( 36,02 3.,4 ! ( 3i,5ù cale. obs. cale. obs. alm 48,0 ( 46,83 ( 49,-6 atm 4. ,33 j 4o,o6 ( 42,7 38,5 j 38,0 ( 39,65 33,5 ( 33,16 ( 34,64 33,0 j 33,.6 ( 34,64 29,0 » 29,5 ( 30,24 26,16 )) 27,1 » 24,3 '> cale, atm 36,57 38,29 isobutylc. 29,3 20,0 23,0 29,93 2G,. 23,8 22,2 21,2 isobutyle. cale. alm 33,00 27,75 24,0 22,0 20,7 obs. ( » ! 34 cale. atm 3o,22 25,16 22,33 20,6 19.5 CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la caséine et le phosphore organique de la caséine. Mémoire de M. A. Bëciiamp, présenté par M. Friedel (Extrait par l'auteur.) « Le travail que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie a pour objet de démontrer que la caséine est phosphorée. » Dans un Mémoire sur les matières albuminoïdes présenté autrefois à C. R.,1893, 2' Semestre. (T. CXVII, N" 26.) iV» ( io86 ) l'Académie (' ) j'ai démontré que la caséine est un principe immédiat abso- lument défini, distinct de tout autre principe immédiat albuminoïde. Je l'avais alors déjà obtenue ne contenant qu'une quantité variable très petite de matières minérales. Dans le travail actuel, je décris le procédé de pré- paration qui la fournit tellement pure qu'elle ne laisse plus de cendres à l'incinération. » Je décris ensuite les propriétés et les caractères de la caséine, dont le poids moléculaire est compris entre î^od et i456. Je fais voir aussi de quelle façon s'opère l'élimination des phosphates dans sa préparation et sa purification et je démontre que, dans le lait de vache, la plus grande partie des phosphates insolubles sont engagés dans une sorte de combinaison or- ganique. » Découverte et dosage du phosphore dans la caséine. — Pour cela j'ai appliqué un procédé de combustion ou d'incinération déjà ancien (-). Il consiste à ajouter, à un poids de caséine absolument sèche, dans certaines conditions, une solution titrée de nitrate de bismuth, à évaporer le mé- lange, à le sécher à i io° et à en provoquer la combustion au rouge sombre. En déterminant le poids des cendres bismuthiques et en en retranchant le poids de l'oxyde de bismuth, la différence exprime approximativement les poids réunis de l'acide phosphorique et de l'acide sulfurique produits par la combustion de la caséine. i> L'analyse de cendres ne contenant que de l'oxyde de bismuth, de l'acide sulfurique et de l'acide phosphorique, n'offre aucune difficulté. Dans la première analyse je me suis servi du réactif de Sonnenschein pour rechercher l'acide phosphorique. Le précipité jaune de phosphomolybdate a servi à produire du phosphate ammoniaco-magnésien pour le dosage. Dans les autres expériences, la solution chlorhydrique a pu servir directe- ment, après élimination du bismuth, à la précipitation du phosphate am- moniaco-magnésien. Dans deux expériences, j'ai dosé l'acide sulfurique avant de doser l'acide phosphorique. Voici les résultats des six expé- riences : » I. Analyse qualitative. — Dissolution des cendres dans l'acide nitrique et, ajjrès élimination du bismuth, précipitation par le réactif de Sonnenschein. Pour précipiter tout l'acide phosphorique à l'état de phosphomolybdate d'ammoniaque d'un beau jaune, il a fallu un volume de ce réactif contenant près de Si»'' de molybdate d'ammo- (') Recueil des Savants étrangers, t. XXVIII, n" 3. (^) A. Bécbamp, Nouvelle méthode d'incinération des matières végétales et ani- males {Comptes rendus, t. LXXV, p. SSj). ( to87 ) Iliaque. Le phosphomolybdate correspondant à 68e'', 672 de caséine a produit : Pyrophosphate de magnésie iB"', 532 Acide phosphorique 06'', 980 » En centièmes : Acide phosphorique i , 429 Phosphore o , 624 » On trouvera, dans le Mémoire, la description des réactions qui prouvent que ce que je considère comme pyrophospliate en était vraiment. Quoi qu'il en soit, ce dosage n'exprime qu'un minimum. » Dans toutes les expériences suivantes, la production du phosphate ammoniaco- magnésien a été directe. » II. Caséine, SSs"", 558; oxyde de bismuth dans le nitrate employé, ïliS',36-]. Cendres bismuthiques 16, 100 Ox^de de bismuth i4 , 867 Augmentation i , 783 » L'acide sulfurique a été dosé à l'état de sulfate de baryte avant de doser l'acide phosphorique; trouvé : Pyroidiospliate de magnésie.. 2,28 Sulfate de baiyle o,243 Acide phosphorique PO'.. . . 1,4264 Acide sulfurique SO^ .. . o,o834 PO^ pour 100 1,707 S o,o334 P pour 100 0,743 S pour 100 o,o4 » Somme de l'acide phosphorique et de l'acide sulfurique pour comparer à l'aitg- mentalion P0= i74264 SO' : o,o834 i , 5098 » C'est-à-dire 16', 5098 au lieu de 16', 733. » III. Caséine : 2S'-,o95. Oxyde de bismutli dans la solution nitrique : is', 173 Trouvé : ~ . . ^' gr Cendres bismuthiques 1,212 PO'2MgO o,o56 Oxyde de bismuth 1,173 PO^ o,o355 Augmentation 0,089 P0° pour 100 1,6945 P pour 100 0,7898 » IV. Caséine : 2B'', io3. Oxyde de bismuth dans la solution nitrique : i8'',463. Trouvé : P052MgO 0T0578 P0° o,o3664 PO^ pour 100 1 ,742 P pour 100 0,7606 » V. Caséine d'un lait de vaciies soumises à un régime phosphaté (Chaumoncel) : 3s'', 62. Oxyde de bismuth dans la solution nitrique : i8'',i78. Trouvé : PO'*2MgO 0*0998 SO''BaO 0^012 P0= 0,06827 SO' o, 00412 PO' pour 100 1,748 S 0,00164 P pour 100 0,7632 S pour 100 o,o455 ( io88 ) » VI. J'ai fuit une sixième expérieuce pour (Itiierminer jusqu'à quel point on pou- vait diminuer la quantité du nitrate de bisniutli. Caséine : i»'', 892. Oxyde de bismuth dans la solution nitrique : oS'',483. Trouvé : PO^aMgO ofo853 PO^ o,o54o- PO^ pour 100 I , 5o53 P pour 100 0,6572 » Il ne convient donc pas de trop diminuer la quantité de nitrate de bismuth. » J'ai dosé aussi le phosphore dans un produit insoluble du dédouble- ment de la caséine par la chaleur. Ces dosages fournissent un contrôle précieux de la méthode et des dosages précédents. Les voici : » I. Produit sec : 9,56. Solution nitrique contenant 2S'",o524 d'oxyde de bismuth. Trouvé : Cendres bismuthiques a,i526 PO^aMgO 0,1 58 Oxyde de bismuth 2,0024 PO" 0,10016 Augmentation 0,1002 P 0,040702 P pour 100 0,4574 » II. Même produit sec d'une autre préparation : 68'', 969; oxyde de bismuth dans la solution nitrique 26'', 982. Trouvé : gr sr Cendres bismuthiques 3, 006 P0^2MgO o,ii8 Oxyde de bismuth 2,982 PC^ 0,07168 Augmentation 0,074 " 0,001273 P pour 100 0,4409 » La même méthode fournit donc beaucoup moins d'acide phosphorique à la com- bustion du produit insoluble du dédoublement; ce qui prouve deux choses : qu'il s'agit bien d'un produit de dédoublement de la caséine et que la caséine est nécessairement phosphorée et, de plus, que le phosphore y est à l'état organique. » Réunissons maintenant les dosages relatifs à la caséine, en négligeant les deux dosages extrêmes, l'un fait en vue de l'analyse qualitative, l'autre pour juger de la quantité du nitrate de bismuth à employer : II. III. IV. V. Moyenne. Phosphore pour 100 0,743 0,7898 0,7606 0,7682 0,752 Soufre » o,o4o » » o,o455 o,o43 )) Dans mon Mémoire, j'explique que le dosage du soufre est inférieur à celui de plusieurs auteurs etmêmedeMulder, qui avait trouvé o,4 pour 100, par le fait qu'ils ne connaissaient pas la caséine pure. )) Quoi qu'il en soit, la caséine étant sulfurée et phosphorée, olïre le premier exemple d'un principe immédiat, une espèce chimique définie à six éléments (') Ces recherches et ces expériences ont été accomplies au laboratoire de M. Friedel. ( io89 ) CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l' essence (V estragon ; sa transformation en anéthol. Note de M. E. Grimalx, présentée par M. Friedel. « La production de l'isoeugénol par M. Tiemann lui a permis de mon- trer que l'isomérie de ce corps avec l'eugénol est due à l'isomérie des groupements C'H* qu'ils renferment, l'eugénol étant un dérivé allylique et l'isoeugénol un composé propénylique, représentés par les formules suivantes : .CII^-GH = CH- .CH-CH-CIP Eugénol. Isoeugéuol. » Les travaux de M. Eykmann ont fait voir qu'il existe une relation du même ordre entre le safrol et l'isosafrol, dont j'ai indiqué le premier ( ' ) la formation par l'action de la potasse sur le safrol : GH^-CH=CH'- .CH=CH-CH' Safrol. Isosafrol. » Sous l'influence de la potasse, le groupe -CH^-CH = CH- s'isomé- rise et devient -CH = CH-CH^ )) Comme le principe cristallisé de l'essence d'anis, l'a/ie^Ao/ renferme, d'après la synthèse de Perkin, un groupe propényle -CH = CH-CH' et correspond à l'isoeugénol et à l'isosafrol, j'ai pensé qu'il devait exister un isomère renfermant le groupe allyle -CH--CH = CH^ et bouillant environ de i6 à 1 7° plus bas, rapports des points d'ébuUition que l'on observe entre l'eugénol et le safrol et leurs isomères : Eugénol. Isoeugénol. 247°, 5 +16°, 5 264° Safrol. Isosafrol. 232° 4- 16° 247°-248'' » Or, si l'on considère les points d'ébuUition attribués par Cahours à l'essence d'anis (222°) et par Laurent à l'essence d'estragon (206), on observe également une différence de 16°, ce qui ferait supposer cjue cette dernière est un dérivé allylique et qu'il existe entre ces deux corps les re- (>) Bull. Soc. chim., t. XI, p. 462; 1869, ( logo ) lations exprimées par les formules suivantes : ^ \ocH' ' \oap Eslragol. Anolhol. 206° -I- 16" 222° )) Si ces vues sont exactes, l'estragol doit se convertir en anéthol sous l'action de la potasse, ce qui a lieu en effet, comme le montrent les expé- riences suivantes. » J'ai dû d'abord refaire l'étude de l'essence d'estragon, qui n'a été l'objet d'aucun travail depuis les recherches de Laurent et de Gerhardt, et m'assurer que l'essence d'estragon ne renferme pas du tout d'anéthol ('). » De plus, le point d'ébuUition de l'essence d'anis étant plus élevé que celui donné par Cahours, le point d'ébuUition de l'essence d'estragon doit être supérieur à 206°, chiffre donné par Laurent. » L'essence d'estragon récente, soumise à la distillation, donne, comme l'a indiqué Laurent, une petite quantité de produit passant avant 200°, la presque totalité passant entre 200" et 220°, en laissant un résidu peu con- sidérable de matière de consistance de térébenthine et dont il se forme de petites quantités à chaque distillation. Sur loo^'' d'essence, j'ai obtenu, à une première rectification, 16 pour 100 avant 200° et 4 pour 100 après 220°. Entre 2o5°-2t5°, il distillait 70 pour 100 de la masse totale; après deux distillations, on recueille 60 pour 100 entre 2io*'-2i5°. Après quatre rectifications, le corps ne changeait plus de point d'ébuUition et distillait entre 210°, 5 et 212° sous une pression de 747™, 4- Ni l'essence brute, ni l'estragol pur, ni aucune des portions recueillies aux tempéra- tures voisines ne se solidifient par un froid prolongé de — 43°, même après addition d'une parcelle d'anéthol cristallisé. Si, au contraire, on ajoute de l'anéthol cristallisé à de l'essence d'estragon, on peut très faci- lement le séparer par la distillation suivie d'un refroidissement dans un mélange de glace et de sel. La différence des points d'ébuUition, l'action du froid suffisent à prouver que l'essence d'estragon ne renferme pas d'anéthol. (') D'après les livres classiques {Dictionnaire de Chimie de Wurtz, Manuel de Chimie organique de Beilstein, etc.), l'essence d'estragon serait presque entièrement formée d'anéthol cristallisable; c'est une erreur, le fait n'a été constaté par aucun chimiste. Gerhardt, après avoir étal)li qu'elle fournit les mêmes produits d'oxvdation que l'essence d'anis, dit, au contraire, que l'essence d'estragon est Ouide, non solidi- fiable par le froid, et qu'elle lui paraît constituer une modification physique de l'es- sence d'anis. ( I09' ) » Le principe oxygéné de l'essence d'estragon, Vestragol C'H'-O-, distille donc entre 210°, 5-212" non corrigé, à 2i5"-2i6° corrigé, c'est- à-dire 16° à 17" nu-dessous de l'anéthol, pour lequel j'ai trouvé 228"-229° sans correction, et pour lequel les auteurs donnent 232° (corr.). Sa den- sité est de o°,9325 à i5°. Indice de réfraction : nd = i,523. )) La transformation de l'estragol en anéthol se fait facilement en le maintenant au bain-marie, pendant vingt-quatre heures, avec trois ou quatre fois son volume de potasse alcoolique concentrée. » L'opération a été faite deux fois sur des portions de l'essence d'estra- gon et recueillies à une seconde reclification entre 2io°-2 [ 1° et 2i2''-2i4''. Un échantillon de 19"^'' de ces produits après ces extractions par l'éther, a donné 14^"^ d'un liquide qui s'est rempli de cristaux par le refroidissement. » Les cristaux purifiés par trois compressions énergiques dans des doubles de papier ont donné 88''d'anéthol parfaitement pur; ce rendement élevé exclut toute idée de la préexistence de l'anéthol dans l'estragol. » L'identité de cet anéthol avec l'anéthol de l'essence d'anis, auquel je l'ai comparé, est démontrée par le point de fusion et le point d'ébullition pris avec le même thermomètre et dans les mêmes conditions. L'un et l'autre fondent à 2i°5 et distillent à 228°-229°; le bromure d'anéthol pro- venant de l'estragol fond à 65°, chiffre donné par M. Ladenburg pour le bromure d'anéthol de l'essence d'anis. )) Il me semble donc démontré que l'estragol et l'anéthol diffèrent par l'isomérie de leur groupe C'H^ et doivent être représentés par les formules suivantes : /CH^-CH=CH^ /CH=CH-CH3 ^"\OCH' ' ^"\0CH3 Kstragol. Anéthol. 2IO°, 5-212° +16» à 17° 228°-229'> » Je venais de rédiger ce Mémoire quand j'ai eu connaissance d'un tra- vail de M. Eykniann, qui a retiré de l'essence tie bétel un phénol (le cha- vicol) dont l'éther méthylique, bouillant à 22(3°, doit être représenté, d'après ses produits d'oxydation, comme un isomère de l'anéthol. » M. Eykmann a transformé cet éther en anéthol par l'action de la po- tasse alcoolique, et, en raison de cette réaction, considère le chavicolate de méthyle comme l'isomère allylique de l'anéthol et lui donne la formule que j'attribue à l'estragol. Comme le point d'ébullition du chavicolate de méthyle (226°) est peu différent de celui de l'anéthol (228°-229°), n'y aurait-il pas là une isomérie stéréochimique? Le vrai isomère allylique de l'anéthol, composé propénylique, me paraît être l'estragol, présentant ( 1092 ) avec l'anéthol la même différence de points d'ébuUilion que l'eugénol et le safrol avec leurs isomères. » Cette différence de points d'ébullition entre les composés allyliques et les composés propényliques s'observe également entre le méthyleugé- nol, qui bout à 247°, et l'isométhyleugénol, qui bout h 203°. » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle source de Rhodinol. Note de MM. P. Mo.vxET et Ph. ISarisier, présentée par M. Friedel. « La partie liquide et odorante de l'essence de roses est presque en- tièrement constituée par un alcool particulier, répondant à la formule C'^H'^O, qui a reçu le nom de Rhodinol. M Jusqu'à présent cette matière n'avait été rencontrée que dans les essences de roses, dont elle paraissait être le principe caractéristique. Nous avons constaté dans le cours de nos recherches sur les essences de Géranium que le Rhodinol n'était pas un composé spécial à l'essence de roses et que l'huile essentielle extraite des pclaigoniums, cultivés en Algérie et dans le midi de la France, en contenait des proportions notables, mélangées à d'autres substances qui en dénaturent les propriétés physiques et organo- leptiques. Nous nous proposons, dans cette Note, de montrer l'exactitude de notre observation. » L'essence de Pélargonium est soumise à la distillation fractionnée dans le vide; après des fractionnements nombreux et pénibles, on arrive à isoler un produit bouil- lant entre i23° et 126° sous une pression de i4""; cette fraction, après avoir été mé- langée avec son poids d'anhydride acétique, est chauffée en vase clos à 140° pendant huit lieures. » Le mélange ainsi traité est alors lavé à plusieurs reprises avec une solution alcaline puis à l'eau pure, et, lorsque l'acide acétique a été éliminée entièrement, on le soumet à une série de fractionnements dans le vide; le produit passe pour la majeure partie entre 127° et iSo"; une dernière rectification le fournit bouillant régulièrement à 128"- 129», sous une pression de i4™". » A l'analyse il a donné les chiffres correspondants à la formule C'"II'''OC-H'^0. Matière o, 2645 CO^ 0,709 H-0 0,348 B En centièmes : Trouvé. Théorie. c 73,1 73,4 H 10,4 10,2 » Cet éther acétique est un liquide incolore, mobile, doué d'une odeur suave iden- ( '09-i ) tique à celle de l'éther rliodinolacétiqiie; sa densité à o" est 0,9211; ses indices à la température de 17°, a sont ' «C15= 1.4535, «„,, 5=: 1,4667. Saponifié par la potasse alcoolique, il régénère un alcool huileux, que quelques frac- tionnements dans le vide fournissent aisément pur; passant entre 124° et 125", sous une pression de j4™™, l'analyse a donné les chiffres correspondant à la formule Matière. . . o,3o36 CO- G, 8600 tr-0 0,3210 » En centièmes : Trouve. Théorie. c 77.7 77.9 H 11,8 11,6 » L'alcool régénéré est un liquide parfaitement incolore, possédant une douce odeur de roses, sa densité à 0° est égale à 0,8886 et ses indices à la température de 16°, 7 sont : «615= 1 .4652, «45,, 0=1, 4789. » Sous une épaisseur de o'",2, à la température de 17°, 2, il présente une déviation de 4° 26', ce qui correspond à un pouvoir rotatoire [a]^ = -2<'34'. » Pour faciliter la comparaison entre les propriétés physiques du Rho- dinol de l'essence de Pélargoniiim et celles du Rhodinol de l'essence de roses, nous avons rassemblé toutes ces constantes dans le Tableau ci- dessous : Rhodinol Rhodinol de l'essence de l'essence de Pélargonium. de roses. Point d'ébullition 124° A = i4'°'° 124° /i = i4'°"' Densité à 0° 0,8886 0,8896 n. 1,4652 1,4653 Indices \ ,0 . / k Pouvoir rotatoire — 2»34' — 2°37' ÉLher rhodiiiolacélique Éther rhodinolacétique du Pélargonium. des roses. Point d'ébullition.. . . I2.S--I29'' hz^il^'^'^ i3o° /i = i4""° Densité à 0° 0,9211 0,9214 , ,. 1 n, 1,4535 1,4526 Indices { f^r . /rr \ Hh 1,4667 i,466i » Comme on peut le voir par les nombres contenus dans ce Tableau, G. R., iSg'î, 2« Semestre. (T. CXVII, N« 26.) ^4^ ( I094 ) l'identité des deux corps, au point de vue physique, est aussi parfaite que possible. » Il en est de même des propriétés chimiques: le Rhodinol de l'essence de Pélargonium donne par oxydation du Rhodinal (;"'I1"'0, dont nous avons préparé les combinaisons avec le bisulfite de sodimn, l'hydroxyla- niine et la phénylhydrazine; cet aldéhyde se transforme par oxydation au moyen de la dissolution ammoniacale d'oxyde d'argent en acide rhodino- lique C'^H'^O^, et, par une oxydation plus énergique, il fournit un mé- lange d'acides volatils parmi lesquels l'acide valérianique. » Enfin, de même que le Rhodinol de l'essence de roses, le Rhodinol que nous avons extrait de l'essence de Pélargonium donne un tétrabro- mure C'^H'^Br^O, un dichlorhvdrale liquide C'° H'* Cl^, duquel nous avons régénéré un terpène tétratomiqutï C'"H'", bouillant vers i77"-i78'' et don- nant un télrabromure fusible à i23°-i2/i°. )i Toutes les réactions qui précèdent sont celles du Rhodinol, de sorte que l'identité des deux alcools est complète, tant au point de vue physique et organoleptique qu'au pnint de vue chimique. Ce résultat est important, car il permettra de préparer aisément de fortes proportions de Rhodinol qui est un corps peu abondant et d'un prix élevé. » CHIMIE ORGANIQUE. — Présence du camphène dans F essence d'aspic. Note de M. (î. Bouciiardat. « L'essence d'aspic, quoique presque entièrement composée de cam- phre, de linalol et d'un peu de bornéol et isomères, renferme cependant de très petites quantités d'un carbui'e d'hydrogène bouillant à iSS", dont la composition répond à la formule C-"!!' rifi » Les quantités recueillies, provenant de la distillation de plus de 4''» d'essence, sont très faibles. Après g fractionnements, on a obtenu : de i55° à 160°, gs'' de produit, déviant le plan de polarisation à droite de -+- 24'>48' sous 10 d'épaisseur ; de 160° à i65°, on recueille i5ê' de produit déviant de + 26°2o'; enfin, 25s'' environ pas- sant de i65° à 170°, déviation h- 22''i48'. Celte dernière portion renferme déjà une no- table proportion d'eucaljptol. Par de nouvelles rectifications, j'ai pu resserrer ces fractions entre i56° et 160°, avec une déviation du plan de polarisation de H-29°io'. » Tous les caractères de cette fraction sont ceux d'un térébenthène ; mais, si l'on iail le monochloihydrate solide, on constate que le j:)roduit ( 'oqS ) dévie le plan de polarisation en sens inverse du carbure qui lui a donné naissance, [a]i, = — 20" 1 5'. » Or j'ai, par de nombreuses observations concordant avec celles d'au- tres observateurs, constaté que tous les térébenthènes droits ou gauches donnaient des monochlorhydrates de même signe optique, et dont le pou- voir atteint environ les cinq huitièmes de celui du carbure. Au contraire, tous les camphènes actifs, examinés par M. Lafont et par moi, donnent des chlorhydrates déviant en sens opposé du carbure, mais dont le pouvoir rolatoire n'offre pas, en grandeur, de relation fixe avec la grandeur du pou- voir rotatoire du camphène; ce qui lient à la rapidité, constatée par nous, avec laquelle les acides détruisent le pouvoir rotatoire des camphènes, surtout à chautl. » J'ai donc été amené à rechercher un camphène dans mon produit, qui n'eft cependant pas du camphène pur, puisqu'il ne donne pas encore de cristaux, même lorsqu'on le refroidit longtemps à — 60°. » J'ai passé, pour cela, par le monochlorliydrale C-''H''CI. J'avais précédemment observé que l'acétate de potasse en solution alcoolique à 80° ou 100°, et même la po- tasse alcoolique, exerçaient une action sensiblement nulle sur le monochlorliydrale de térébentliène, tandis que le chlorhydrate de camphène est décomposé rapidement, en moins d'un quart d'heure à 80° et déjà sensiblement à froid; résultats parallèles à ceux qui ont été observés par M. Riban dans l'action de l'eau à 100° sur ces mono- chlorhydrates de lérébenthène et de camphène. » On est prévenu de la fin de l'action lorsque le mélange alcoolique de chlorhj- drates et de potasse, ou d'acétate de potasse, s'éclaircit. Le liquide alcoolique précipité par l'eau et soumis à la distillation dans le vide m'a donné une trace de monochlorhy- drate, en trop faible proportion pour être sérieusement examinée, et un carbure. Le carbure purifié, passant de 90 à 100 dans le vide, sous 5'^'" de pression, se prend en masse à — 20"; et après un essorage insuffisamment prolongé, il reste encore solide au-dessus de zéro. Il a l'odeur caractéristique du camphène, qui n'est plus masquée par celle de traces de térébenthéne ; il bout à i.jS^-iôo" et a toutes les propriétés du camphène, moins le point de fusion de 49, q"i n'a pu être obtenu faute seulement de purification suffisante. Les portions moins pures du carbure primitif, passant au-dessous de id8° et au-dessus de 160" jusqu'à 170", ont été réunies et soumises pendant dix heures à l'aclion d'un poids égal d'acide formique cristallisable, et à la lempéralure de 100°. Le produit, lavé à l'eau, a élé distillé dans le vide. Il en passe plus des { avant i3o°, avec un résidu ayant les caractères d'un diterpilèue C*"H'-. Le produit principal, formé surtout d'éthers formiques, a été saponifié par la potasse alcoolique. A la distillation, il se sépare en une poriion passant sous la pression normale, vers la tempéiature de lyS"; c'est de l'eucaljptol, que l'essence de lavande renferme assez abondamment et qui, ainsi que j'ai pu le constater, résiste partiellement à l'action de l'acide formique. La plus grande partie du produit saponifié passe de 200" à aiS", ( jogô ) se prend en masse par le refroidissement et, après purification, présente tous les caractères d'un bornéol inaetif. )) Cette réaction très sensible me permet d'alTirmer la préexistence du camphène dans l'essence d'aspic. En effet M. J^afonta montré, d'une part, que les térébentliènes traités à loo" par l'acide formique cristallisable se polymérisent en donnant surtout du diterpilène C^^O'-, et pas traces de bornéol, et, d'autre part, que les camphènes traités de même fournissent en quantité théorique du formiate de bornéol toujours inactif, le cam- phène ne se polymérisant pour ainsi dire pas. Il est vraisemblable que le camphène dextrogyre de l'essence d'aspic est associé à du térébenthène c[ui a pu fournir du diterpilène. » Il est utile de noter cpie le camphène a été trouvé par moi dans l'es- sence (ïaspic (Lavandala spica) qui renferme une jiroportion notable de bornéol. M. Oliviero vient de rencontrer, de même, du camphène dans l'essence de valériane sauvage riche en bornéol. Dans ces deux exemples, le camphène et le bornéol trouvés dans chaque essence sont de même signe optique : dextrogyres pour l'essence d'aspic, lévogyres pour l'essence de valériane. Le camphène trouvé provient sans doute de la destruction d'éthers du bornéol soit pendant la vie de la plante, soit même par la simple distillation de la plante avec l'eau. » En outre, ces analyses montrent la complexité des essences naturelles qui, presque toutes, renferment des té^'ébenlhènes bouillant à i58° et des citrènes passant à 178°, et, dans ceilains cas, du camphène passant vers iSS", carbures ayant tous la même composition C"° H". » CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les carbures volatils de l'essence de valériane. Note de M. Oliviero. « L'essence de A'alériane renferme, dans ses parties les plus volatiles, une notable proportion de carbures C-'PI'' que l'on a jusqu'à ce jour assi- milés à un térébenthène. En examinant ces fractions, j'ai reconnu qu'elles étaient plus complexes et contenaient du camphène associé au térében- thène. » L'essence, qui m'a été fournie gracieusement par M. Lancelot, n'avait subi l'action d'aucun réactif. Elle avait été obtenue par simple distillation des racines de valériane sauvage, au moyen de la vapeur d'eau. » Cette essence, suivant les années, varie un peu de composition, mais les com- ( "^97 ) posants sont les mêmes. Celle de la récolte de 1891 avait une densité de 0,912 et dé- viait à gauche de — iS" le plan de polarisation, sous 10'^" d'épaisseur; celle de la ré- colte de 1893 avait une densité de 0,888 et une déviation de — 8°48'. » Pour éviter toute formation de camphène par destruction par la clialeur des éthers acétiques du bornéol, j'ai traité l'essence pendant vingt-quatre heures à 100° par une solution alcoolique saturée de potasse. Les sels obtenus sont formés, en presque totalité, d'acétaie, avec des traces de valérianale. Le produit, précipité par l'eau, a été fractionné huit fois, à l'aide d'un appareil Lebel à cinq boules, jusqu'à 180°; et, pour les températures supérieures, dans le vide. » Si^s environ d'essence ont donné les fractions suivantes : de i55<> à iSg", j^O'' ayant une déviation à gauche de — io°/io'; de 169° à 161°, i5o"'' déviant de— 12". Vers 175°, il passe 6o«'' environ d'un liquide déviant de — 26°, sous 10™ d'épaisseur, et renfermant un citrène C^°W^, déjà mélangé de composés oxygénés. » Les portions volatiles vers i57''ont les propriétés organoleptiques et physiques du térébenthène. Mais, traitées par le gaz chlorhydrique sec, elles fournissent un monochlorhydrate solide ayant nn pouvoir rotatoire dextrogyre [a]D = + 10°, inverse de celui du carbure générateur. J'y ai recherché la présence du camphène, en em- ployant le procédé de M. Bouchardat. J'ai ainsi obtenu, par l'action de l'acétate de potasse à 100° sur ce chlorhydrate; un mélange de carbure et de monochlorhydrate inaltéré, que j'ai séparés par distillation dans le vide. » Le carbure purifié distille à i58° comme le térébenthène; il cristallise dans un mélange de glace et de sel; et, par un essorage, on en relire du camphène suffisam- ment purifié pour ne fondre qu'au-dessus du zéro. Ce carbure est lévogyre; o([, = — 2t° sous o">,io d'épaisseur. » Le monochlorhydrate non décomposé n'a plus d'action sur l'acétate de potasse alcoolique ni sur la potasse alcoolique à 100°. Il est lévogyre; [0]^ = — 25°, c'est- à-dire de sens contraire au mélange de chlorhydrates de térébenthène et de camphène primitif [a]|,=z -H 10". » Il est identique au camphre artificiel du térébenthène gauche. » Il nous semble résulter de ces faits que l'essence de valériane sauvage renferme simultanément deux carbures C-^H'" bouillant tous les deux à i57''-i58", un camphène faiblement lévogyre et du térébenthène gauche, ainsi qu'une certaine quantité d'un citrène peu actif lévogyre. » CHIMIE ORGANIQUE. — Contribution à l'étude des ptomaïnes. Note de M. OEcusiser ue Coxi.vck. « J'ai soumis à l'oxydation ménagée une ptomaïne pyridique en C" H ' 'Az, dont j'ai communiqué la découverte et présenté l'étude chimique à l'Aca- démie en 1888 et 189!. » A cet efi'et, une certaine quantité de la ptomaïne, convenablement purifiée, a été versée dans une solution très étendue de permanganate de potasse, et la liqueur a été ( '09« ) abandonnée à elle-même dans le lalioratoire. Au bout de quelques jours, la décolora- lion a été rendue complète en diaufFant légèrement le ballon au bain-marie. J'ai filtré, et le fdlrcUiun, après avoir été neutralisé par l'acide sulfurique très étendu, a été for- tement concentré. J'ai ensuite précipité par une solution saturée d'acétate de cuivre pur, qui a donné un précipité bleu clair. » Le sel de cuivre précipité a été lavé, puis décomposé par l'hydrogène sulfuré; dans ces conditions, il a fourni un acide solide, qui a été purifié par des lavages à l'eau froide et des cristallisations dans l'eau chaude. Le point de fusion de cet acide était situé à 228°-229°, ce qui est la température de fusion de l'acide pyridine-carboné obtenu par Huber et Laiblin dans l'oxydation de la nicotine. » Je ferai remarquer, en outre, que l'acide dérivé de la ptomaïne en C"'U'''Az commençait à se sublimer vers i5o° sous forme de paillettes nacrées (OEchsner de Co- ninck), et possédait les mêmes solubilités dans l'eau froide, l'eau tiède et l'alcool ab- solu, que l'acide nicotianique. » L'analyse du composé acide a permis de l'identifier avec l'acide dérivé de la nico- tine G" H» AzO^ » Les résultats analytiques ont été confirmés par la distillation de l'acide sur la chaux vive, qui a laissé dégager de la pvridine. Cette base a été transformée en sel de platine modifié, suivant la méthode que j"ai fait connaître, et celui-ci a été analysé. » La ptomaïne en C'"H'^Az fournit donc, lorsqu'elle est oxydée an moyen du permanganate de potasse, le même acide pyridine-carboné que la nicotine et d'autres alcaloïdes volatils. » PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. — Influence de certaines causes sur la récep- tivilè. Associations bactériennes. Note de ?>L V. <Îi.vi,tier, présentée par M. A. Clianveau. (Extrait.) « En résumé, il découle de mes recherches : » 1° Qu'on peut donner au lapin la réceptivité, vis-à-vis du charbon symptomatiqiie, par la simple injection d'une certaine quantité d'eau ordi- naire dans une veine; )) 2° Qu'il peut l'acquérir à la suite de quelque maladie antérieure; -1 3" Qu'il est possible de la faire naître par l'association de la bacté- ridie, même atténuée, avec le bacillus Chamcei; )) 4° Q^iG l'adjonction de la bactéridie atténuée précipite l'évolution et la terminaison fatale du charbon symptomatique chez le cobave, et qu'il en est de même du bacillus Chauvaù à l'égard du charbon bactéridien; I) 5° Que la bactéridie atténuée se renforce en pullulant dans l'orga- nisme du cobaye inoculé en même (emps du charbon svmptomatique; )) 6° Que, dans les localités où se trouvent réiuiis les microbes des deux ( I099 ) charbons plus ou moins atténués, la réceptivité des animaux peut être exaltée, vis-à-vis de l'une ou de l'autre maladie, par l'intection simultanée ou successive avec les deux agents pathogènes ; » 7" Que, grâce à cette association, des microbes plus ou moins atténués et incapables de produire à eux seuls une maladie grave, peuvent récu- pérer tout ou partie de leur activité pathogène; » 8° Qu'il est indiqué de ne faire subir aux animaux qu'on veut immu- niser contre les deux charbons les inoculations préventives afférentes à chaque maladie que successivement et en laissant entre elles un certain laps de temps; " 9" Q"^ Is rôle pathogène de la bactéridie, même atténuée, peut être favorisé par l'adjonction du Streptococcus pneiimo-enterilis, qui est revenu lui-même à l'état de microbe saprogène inoffensif, et que la bactéridie atténuée peut préparer l'organisme à subir l'action du streptocoque; » io° Que l'on peut de la sorte s'expliquer le retour ou la réapparition du charbon ou de la pneumo-entérite du cheval à la suite de pluies ou inondations qui ont eu pour effet d'amener telle espèce microbienne vers telle autre et de favoriser, en les associant, l'action de l'une ou de l'autre, alors même que chacune d'elles était devenue plus ou moins inoffensive; » 1 1" Que certains microbes, ceux du choléi^a aviaire et de la pneumo- entérite infectieuse du porc, qui l'emportent sur la bactéridie charbon- neuse quand ils sont associés avec elle, peuvent également être renforcés quand, ayant été préalablement atténués, ils sont inoculés avec des bacté- ridies atténuées; » 12° Qu'il y a lieu de tenir grand compte, pour expliquer le réveil de certaines enzooties ou épizooties et le retour de certaines maladies micro- biennes, du rôle adjuvant que peuvent jouer d'autres microbes plus ou moins atténués ou simplement saprogènes. » PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Toxicilé du sang de ta Vipère (Vipera aspis L.). Note de IMM. C. ihiiSAux et G. Bertrand, présentée par M. A. Chauveau. « Dans une précédente Commuuicatiou (') nous avons établi que le venin et le sang du Crapaud contenaient des principes toxiques communs, entièrement solubles dans l'alcool et appartenant, au moins en partie, au (') Comptes rendus, iSgS. ( I lOO ) groupe des leucomaïnes. Il en est de même chez la Salamandre ('). En raison de l'argumentation favorable que la théorie de la sécrétion interne des glandes pouvait tirer de ces faits, il nous a paru utile d'en recueillir de nouveaux, propres à les généraliser : tel a été le but des recherches que nous avons entreprises sur la Vipère. » Le choix de ce reptile s'explique par l'opposition qui existe entre la composition et les propriétés de son venin et celles des venins de Crapaud et de Salamandre. Chez la Vipère en effet, le principe actif ou échidnine est une espèce de matière albuminoïde, complètement insoluble dans l'alcool, de telle sorte que ce dissolvant n'enlève au venin aucun composé toxique; en outre, les troubles et les lésions cpi'il provoque sont tout à fait carac- téristiques. Cette opposition devait ajouter une certaine valeur à nos nou- velles expériences si, nos prévisions étant exactes, nous retrouvions l'é- chidnine dans le sang de la Vipère. C'est précisément le résultat auquel nous ont conduits les essais comparatifs que nous avons fait d'une part avec le venin et de l'autre avec le sans:. )i Venin. — Les effets physiologiques du venin de Vipère sont assez bien connus tant par les observations cliniques que par l'expérimentation sur les animaux. L'excellent travail dans lequel M. M. Rauffmann (^) a étudié le mécanisme de la mort par envenimation, nous a particulièrement guidés dans notre tâche, bien que nous nous soyons surtout attachés à la détermination des effets d'un venin très dilué, tel que nous pouvions le re- trouver dans le sang. » Après des essais préliminaires qu'il nous paraît inutile de rapporter, nous avons reconnu qu'un cobaye, du poids de Sco^"' environ, succombait à l'injection sous-cutanée de o""",3 dcA'enin sec, dissous dans 5ooo parties d'eau salée physiologique ('). La teneur du venin entier en extrait actif variant de 20 à 3o pour 100, nous avons opéré sur du venin extrait des glandes et desséché dans le vide, afin de rendre les dosages exacts et tou- jours comparables. Immédiatement après l'injection, l'animal est pris de mouvements nauséeux qui disparaissent bien vite, puis il tombe peu à peu dans la stupeur. En même temps, et c'est là le symptôme le plus caracté- ristique, la température du corps diminue dans une proportion considérable, de og" jusqu'à 26" et même 22". (') Phisalix, Association française pour l'avancement des Sciences. Congrès de Besançon, août i8g3. (^) Méin. de l'Acad. de Médecine de Paris, i88g. (') La grenouille, si sensible au venin du crapaud, résiste souvent à des doses d'échidnine suffisantes pour tuer deux cobayes. ( I r o I ) » Expérience. — Le i4 novembre, on injecte à lo'' 5"" dans la cuisse droite d'un cobaye mâle, du poids de !\'jO^'', 3 dixièmes de milligramme de venin sec. Voici quelle a été, chez ce cobaye, la marche de la température : h. m. o Température avant l'injection, à io.o3 39,55 Température après l'injection, à 10.27 ^7>9 » 10. 5o 37 » 1 1 .40 35,2 » 12.00 34,5 » 1 .3o 32,6 » 4 -05 27 » 4 • 3o 26 Mort à 5.10 » A l'autopsie, faite immédiatement, le cœur ne bat plus, mais l'oreillette gauche et le ventricule droit sont encore excitables. Il est dilaté, flasque. L'oreillette gauche est remplie de sang rouge. Les parois sont très vascularisées. L'estomac est distendu par une bouillie semi-liquide, à laquelle sont mélangés des caillots sanguins. Tout l'intestin est très congestionné et la muqueuse est rouge. Les poumons, le foie et les reins sont congestionnés. Le péritoine est rouge, congestionné. Au point d'inocula- tion, œdème hémorrhagique qui remonte dans les parois du ventre. Les muscles de la cuisse sont infiltrés de sang noir. Les vaisseaux de la peau sont injectés de sang. » Cette vaso-dilatatiôn générale, souvent accompagnée de taches hé- morrhagiques dans les viscères et d'infdtration sanguinolente du tissu coiijonctif au point d'inoculation, constitue, avec l'abaissement de tempé- rature, la caractéristique de l'empoisonnement par le venin de la vipère. » Sang. — Ce sont exactement les mêmes résultats que l'on obtient par l'inoculation du sang entier ou du sérum de sang de vipère. » Expérience. — Le i5 novembre, à g*" 12"", on injecte dans l'abdomen d'un cobaye mâle, de 48oS'', 2'^'^ de sérum rosé de sang de vipère. » Immédiatement après l'injection, mouvements nauséeux très prononcés ; ils sont complètement disparus après 20™, et l'animal, de moins en moins agile, donne au thermomètre les indications suivantes : 11. m. o Température avant l'injection, à 9-38 4o,oo Température après l'injection, à 9-52 38,6 » I o . 08 37,5 » 10.18 36,2 » 10. 3o 34,7 » 10.40 33 ,4 » I o . 5o 3 1 , 9 » 1 1 . 1 o 29,5 » 11.35 26 , 5 Mort à 1 1 .35 G. li., i.Sq3, 2' Semestre. (T. CXVII, N° 26.) ' 4^^ ( 1 T02 ) » Autopsie. — Le cœur esl (lasque, immobile, dilaté par le sang. Les parois sont fortement injectées de sang. » Il est encore faiblement excitable. L'estomac et l'intestin sont très congestionnés et la muqueuse est rouge. Taches hémorrhagiques nombreuses sur le gros intestin. Les poumons, le foie, les reins sont très congestionnés. Le péritoine est rouge avec un peu d'épanchement séro-sanguinolent. » Les deux expériences précédentes, que nous avons répétées plusieurs fois avec le même succès, se ressemblent tellement qu'un observateur non prévenu en attribuerait certainement les résultats à la même substance. Aussi suffisent-elles pour le but que nous nous proposions. Néanmoins, nous avons dû nous assurer que les principes actifs du sang de vipère étaient, comme ceux du venin, insolubles dans l'alcool. » 4'^'= de sang de vipère ont été additionnés peu à peu de lo^"' d'alcool; le précipité, séparé par filtration, a été épuisé à plusieurs reprises par un peu d'alcool, et les solu- tions réunies parfaitement limp des, évaporées dans le vide, à froid. » Cet extrait alcoolique, dont l'activité était si grande quand on opérait sur du sang de crapaud, s'est montré ici sans action : injecté tout entier à un cobaye, il n'a produit aucun symptôme appréciable. L'échidnine est donc restée dans le précipité alcoolique. Malheureusement, elle n'a pu être extraite en quantité suffisante, étant retenue avec une extrême énergie par la proportion relativement énorme des matières albiiminoïdes qui l'englo- bent. Cela est d'autant plus vraisemblable qu'il suffit de filtrer une solution de venin à travers une bougie de porcelaine pour lui faire perdre presque toute son action. » Nous sommes donc autorisés à conclure qu'il existe dans le sang de la vipère des principes semblables à ceux du venin, doués comme ceux-ci d'une très grande activité physiologique et provenant sans doute de la sé- crétion interne des glandes. La présence de ces principes toxiques dans le sang'doit être considérée comme la véritable cause de l'immunité de la vi- père pour son propre venin ( ' ). » PHYSIOLOGIE. — Modifications du pouvoir' émissij de la peau sous l'influence du souffle électrique. Note de M. Lecercle, présentée par M. Bouchard. « Une cloche cylindrique de 7*^"" de diamètre, d'un volume de 180*^'=, est mastiquée sur le train postérieur d'un lapin préalablement rasé. La cloche ('} Nous sommes lieureux de remercier ici M. le professeur Vaillant et M. V. Blan- cliet qui nous ont obligeamment fourni les vipères nécessaires à ce travail. ( iio3 ) est munie d'une tubulure fermée par un bouchon traversé : i° par deux tubes; l'un communique avec des éprouvettes à dessécher, l'autre est relié à une trompe par un compteur à £;az; 2° par un thermomètre qui donne le '- de degré et dont le réservoir est séparé de la peau de l'animal par une distance de li"""; 3° par une tige métallique terminée en pointe à l'intérieur de la cloche qu'on relie à l'un des pôles d'une machine Wimshurst. La pointe est à 6*"" de la peau et l'animal, étant mis en com- munication avec le sol, est soumis au souffle électrique quand la machine fonctionne sur une surface constante de 38'=°"i,5. La machine avait des plateaux de 35'^'° de diamètre. Elle était entraînée par un moteur électrique. Une bouteille de Lane d'une capacité de 9;;. de microfarad nous servait à apprécier le débit et le potentiel. » Nous faisions passer dans la cloche un courant d'air sec avec une vitesse de i de litre par minute. Nous notions la température du thermomètre de la cloche soumis au rayonnement : 1° avant l'expérience; 2° pendant l'expérience; 3° après l'expérience, le courant d'air passant toujours avec la même vitesse. La température du thermomètre qui reçoit la chaleur rayonnée ne se fixe pas immédiatement, elle est soumise à des variations analogues à celles que subit la température de la peau. Nous attendions toujours, avant de commencer une expérience, que la température fût devenue sta- tionnaire. Nous notions également avant, pendant et après l'expérience la température de la peau sur la région lombaire, aussi près que possible de la cloche, au moyen d'un thermomètre à boule sphérique qui se creuse facilement une enveloppe dans le tégu- ment mobile de l'animal. » Les expériences ont été faites avec deux lapins ayant sensiblement le même poids. Expériences. » I. Lapin de I95os^ Souffle positif. Température extérieure 24,4, » Potentiel 60120 volts. Débit 120000 micro-coulombs. Énergie 7,21 watts. Température cutanée. Température de la cloche. Avant. 37 Pendant. Après. 37,2 37,4 DilTérences. -l-0,2 -t-0,2 Avant. Pendant. 3o,2 32 Différences. 1,8 —1,7 » II. Lapin de 2o5os''. Souffle négatif. Température extérieure 21,2. » Potentiel 69600 volts. Débit loS micro-coulombs. Énergie 6 watts. Température cutanée. Température de la cloche. Avant. Pendant. Après. Avant. Pendant. Après. 3? 37 37 27,1 28,8 27 Différences. Différences. ° o 1,7 -i>8 ( iio4 ) » On voit que les excès de température du thermomètre de la cloche sur l'air extérieur sont constants : 7,6; 7,6. » A ces différences correspondent des quantités de chaleur qu'on peut évaluer en calories, en substituant à la surface rayonnante du lapin un fd de platine disposé dans une cloche fixée sur celle qui a servi à nos expé- riences. » Le fil de platine étant relié à une batterie d'accumulateurs, avec un rhéostat on réglait le courant de façon que l'excès de température de la cloche sur celle de l'air extérieur fût voisin des nombres précédents. Connaissant la force électromotrice et l'intensité du courant qui traverse le fil, y-^ donne le nombre de calories correspondant à un excès de tem- pérature déterminé et une proportion fournit la chaleur émise par unité de temps par le lapin. M Ces expériences montrent que, dans des conditions diverses de tempé- rature extérieure, le souffle produit par une machine électrique provoque une émission de chaleur par la peau qui reste à peu près la même sans que les régions voisines subissent des modifications de température appré- ciables. » En comparant l'énergie qui mesure la chaleur rayonnée par l'animal à l'énergie électrique de la machine, on peut dire qu'il y a un rapport con- stant entre L'énergie restituée sous forme de chaleur et l' énergie électrique fournie. » L'élévation de température du thermomètre de la cloche ne peut pas être attribuée à une élévation de température de l'air par les décharges électriques. L'air se renouvelle constamment et, de plus, si nous rempla- çons l'animal par une plaque métallique conductrice, on n'observe aucune élévation de température. Les effets sont dus exclusivement à des modifica- tions de la peau d'ordre physiologique. )) On pourrait attribuer cette augmentation de pouvoir éraissif à ce que, sous l'influence du souffle, la température de la peau s'élève. Pour nous en assurer, à l'aide du disque à pointes de Ducretet, nous avons produit le souffle sur la surface cutanée dorsale voisine de la cloche dans laquelle l'air circulait toujours avec la même vitesse. Nous prenions la tempéra- ture de cette région avant, pendant et après l'expérience. Nous notions en même temps la température du thermomètre de la cloche soumis au rayon- nement. Notre machine de Wimshurst marchait comme précédemment. ( I io5 ) « 1. Lapin de 2o5o3''. Température exlérieure 26. Souffle positif. Température cutanée. Température de la cloche. .\vaiU. Pendant. Après. Avant. Pendant. Après. 37,2 35 37,4 32,2 3l,8 32 Différences. Différences. — 2,2 +2,4 —0,4 +0,2 II. Lapin de igSoB''. Souffle négatif. Température extérieure 24,4- Température cutanée. Température delà cloche. Avant. Pendant. Après. Avant. Pendant. Après. 35,2 33,2 Différences. 35,4 29,2 28,7 Différences. 28,8 — 2 +2,2 — 0,5 +o,r » Ainsi la peau soumise au souffle subit un abaissement de température voisin de 2° et non pas une élévation de teinpérature, qui expliquerait l'augmentation du pouvoir émissit. L'animal, en émettant localement plus de chaleur, se refroidit. Cet abaissement de température est très sensible- ment égal à ] 'élévation de température du thermomètre qui recevait la cha- leur rayonnée dans nos expériences précédentes. » De plus, tandis que le pouvoir émissif des régions soumises au souffle augmente, il diminue dans les régions voisines. Il nous resterait à exami- ner si ces modifications observées sur le lapin se manifestent également sur l'homme. » Nous ne pouvons citer à ce sujet qu'une seule expérience, que nous avons faite en plaçant la cloche sur la cuisse d'un individu en parfaite sanlé. Le thermomètre de la cloche traversée par un courant d'air marquant 28, 2, nous avons produit le souffle et nous avons vu la température s'élever ra- pidement à 28,9. » En soumettant nos lapins à la galvanisation et à la faradisation, nous avons également observé des variations de pouvoir émissif, moins sensibles que celles que nous rapportons ici. » CfllMiE AGRICOLE. — Influence du fer sur la végétation de l'orge. Note de M. P. Petit. « Dans une Note précédente, j'ai montré que l'orge contient du fer à 'état de composé organique analogue aux nucléines, et j'ai isolé cette nu- ( iio6 ) cléine. Je me suis proposé d'examiner l'influence du ter, à diverses formes lie combinaison, sur la végétation de l'orge. » On a opéré sur des séries de pots contenant chacun i8oo5'' de sable, traité par l'acide chlorhydrique pur et bouillant jusqu'à cessation de coloration au sulfocjanure. Ce sable pouvait être considéré comme exempt de fer. La première série I a reçu 4^'' de nucléine de l'orge, soit 6'°^'',o^ de fer La 2" n II a reçu Ss"' de sulfate ferreux., soit 0^^,980 de fer La 3" » III a reçu 4°'') 4 de sulfate ferrique, soit o^'', 999 de fer La 4" » I^ a servi de témoin. » Les pots ont été arrosés, à l'aide d'un pulvérisateur, alternativement avec des solutions contenant respectivement par litre is'', 5 nitrate de potasse, is' sulfate de cliaux, is"' phosphate de potasse ; chaque pot a reçu en tout ob'', gS de nitrate de potasse. » On a planté dans chaque pot 20 grains d'orge Chevalier, de la récolte 1892 ; ces grains, pesant en moyenne |8'',02, étaient prêts à piquer, et ils ont été enfouis à la même profondeur, i5™™. » La levée s'est effectuée normalement, du 9 au i5 mars, pour les séries I, II et IV, tandis qu'elle n'a été complète que le 18 pour la série III au sulfate ferrique; ce der- nier a donc exercé une influence retardatrice sur la germination. » Le développement pendant le premier mois a été très vigoureux pour la série I à la nucléine, très médiocre pour III. Nous donnons la hauteur moyenne des tiges dans chaque série à deux époques difl"érentes : I. II. m. IV. 21 mars 11"" lo"^"" S""" y"^"" i5 avril aS''™ 20™ ô"^" 20'='" » La nucléine et le sulfate ferreux ont donc exercé une bonne influence sur le dé- but du développement, tandis que le sulfate ferrique a été nettement nuisible. Les diflérences se sont à peu près nivelées au bout de trente jours, sauf pour le sulfate ferrique, mais les pots à la nucléine conservant une légère avance. Us se distinguaient d'ailleurs par la vigueur de leur végétation et la teinte foncée des feuilles; quant à la série III, elle est restée malingre, et deux pots sur trois ont péri vers le 10 mai. Les plantes ont été arrachées le i5 juin, après quatre-vingt-dix jours de végétation avant floraison, et à cause de l'invasion d'un parasite amené par le voisinage de marron- niers. » On a pesé séparément les feuilles et les tiges, pour chaque pot, et l'on a pris la moyenne pour représenter la récolte d'un pot. On a séché ensuite à 5o pour 100 jus- qu'à poids constant. I. II. III. IV. gr cr Rr gr Tiges vertes.. . 26,00 24,00 4i7o 'QjOO Tiges sèches 3,55 3,72 0,80 2,77 Feuilles vertes 23, 5o 18,00 5,o5 22,00 Feuilles sèches 5,2g 3,88 0,81 3,95 Récolte totale pour !"'■ de semence.. 4^ 4° 9 ^9 ( II07 ) » Le sulfate ferreux, à la dose de 2S"',2 par kilogr. de sable, n'a donc pas modifié sensiblement le rendement, tandis que celui-ci a été notablement augmenté par la nucléine, et qu'il a été^resque nul avec le sulfate ferrique. » On a dosé séparément, sur les tiges et les feuilles, l'azote total, les cendres et le fer, ce dernier par transformation en sel ferreux, et titrage au moyen d'une solution étendue de permanganate de potasse. » Les résultats sont rapportés à loo de matière séchée à 5o° : Tiges. I. II. m. IV. Azote 1,44 1)49 •j'iS i,3i Cendres 20, 5 iQjS i9)3 20, 5 Fer 0,24 o,5i 0,48 o,o5 Feuilles. I. II. III. IV. Azote 2,24 2,01 2,2 1,81 Cendres 20,1 '9j8 '7)9 16,9 Fer 0,25 0,5'j o,56 o,o5 » Nous voyons donc que pour les tiges, le taux d'azote n'a que peu varié; il y a cependant un léger accroissement par l'emploi de la nucléine ou des sels de fer. » Les cendres n'ont pas varié, mais, pour le fer, les résultats sont fort nets. Le taux de fer a décuplé par l'emploi des sels de fer, et quintuplé par l'emploi de l'engrais organique, contenant le fer à l'état nucléique. » Pour les feuilles, l'emploi de la nucléine ou des sels de fer conduit à un fort accroissement de l'azote, marqué surtout pour la première série, tandis que les cendres augmentent un peu pour cette même série et pour le sulfate ferreux. Quant au fer, nous retrouvons les mêmes écarts que pour les tiges, c'est-à-dire une quantité dix fois plus forte avec les sels de fer, et cinq fois plus grande avec la nucléine. » Il semble donc que les sels de fer an minimum soient parfaitement absorbés par l'orge, au même titre que le fer à l'état organique, et qu'ils amènent comme celui-ci une assimilation plus intense d'azote. » Au contraire, le sulfate ferrique agit comme un véritable poison. Ce résultat montre qu'on peut élever quelques doutes sur l'opinion générale- ment admise, de la nocuité des sels ferreux dans les sols, ces sels devenant 'noffensifs lorsqu'ils sont peroxydes ( ' ). » (') Travail fait au laboratoire de Chimie agricole de la Faculté des Sciences de Nancy. ( iio8 ) PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Influence de l'écorcement sur les propriétés mé- caniques du bois. Note de M. Emile Mer, présentée par M. De- hérain. « Dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences en i 787, BufFon avait conclu de ses expériences sur les chênes écorcés plusieurs mois avant l'abatage, que cette opération a pour effet d'accroître leurs propriétés mé- caniques et en particulier leur résistance à la rupture. Ce résultat était du, suivant lui, à la transformation de l'aubier en bois parfait. Vers la même époque, Duhamel du Manceau formulait des conclusions analogues. A la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, ces faits furent con- testés en France et surtout en Allemagne, mais sans qu'aucune expérience directe ait été faite pour vérifier les assertions des deux savants. Il me pa- raît intéressant de reprendre la question. » Je recherchai d'abord quelles modifications subit l'aubier d'un chêne écorcé sur pied, dans l'intervalle de temps qui s'écoule entre l'opération et le dépérissement de l'arbre. Pour être fixé à cet égard, j'étudiai sa struc- ture, sa composition, et je déterminai sa densité. » Structure. — En 1887, j'ai fait remarquer que le bois parfait a la même structure que l'aubier, mais qu'il s'en distingue seulement par une locali- sation différente du tannin. Dans l'aubier, ce sont les cellules ligneuses et radiales qui renferment cette substance; dans le cœur, elle imprègne les membranes des éléments et principalement celles des fibres ligneuses. Ce caractère, si important au point de vue des propriétés physiques et mé- caniques qui en découlent, se révèle d'une manière frappante quand on traite les préparations microscopiques par le perchlorure de fer et le bi- chromate de potasse. Or, en soumettant à ces réactifs l'aubier des chênes écorcés, je n'ai constaté aucune différence avec l'aubier de sujets non opérés. )) Composition chimique. — Au point de vue de sa composition, l'aubier normal se distingue du bois parfait par la présence de l'amidon dans les cellules ligneuses et radiales, une plus forte teneur en eau et en matières albuminoides, enfin une proportion notablement plus faible de tannin. J'ai constaté les mêmes différences dans les chênes écorcés, comme on peut en juger par le Tableau suivant, où les dosages sont rapportés à 100 de ma- tière sèche. ( II09 ) Aubier. Bois parfait. Azote. Tannin. Azote. Tannin. Tronc de chêne non écorcé (60 ans). .. . 0,219 0,90 o,i5.5 5,47 Tronc de chêne écorcé (4o ans) 0)i97 o,4i2 0,100 2,34 » A part la résorption de l'amidon, fait que j'ai signalé dans une Com- munication précédente, et la perte d'une certaine quantité d'eau, l'écorce- ment ne modifie donc pas la composition de l'aubier. » Densité. — J'ai déterminé la densité de l'aubier et celle du bois parfait sur des échantillons prélevés à la base du tronc, les uns sur des sujets écorcés, les autres sur des témoins. Voici quelques-uns des résultats ob- tenus : Aubier. Bois parfait. Aubier. Bois parfait. Arbre écorcé .. . 0,681 0,706 Arbre écorcé .. . 0,754 0,763 Témoin 0,701 0,724 Témoin 0,706 o,8i4 » La densité de l'aubier reste inférieure à celle du bois parfait, aussi bien dans les sujets opérés que dans les témoins. Elle n'est pas plus forte que celle de l'aubier normal, contrairement à ce qu'avait trouvé Duhamel. M L'aubier ne devient donc pas du bois parfait sous l'influence de l'é- corcement, mais il pourrait arriver que, pendant la période végétative qui suit l'opération, la partie interne de l'aubier se transformât en bois parfait sur une plus grande surface qu'elle ne le fait dans les conditions ordinaires, ce qui suffirait à augmenter la résistance à la rupture. Pour m'en assurer, je déterminai les rapports du bois parfait à l'aubier, dans des arbres écorcés et dans des témoins. Les résultats de cette recherche, portés au Tableau suivant, représentent les moyennes prises sur six chênes opérés et sur autant de témoins. Arbres écorcés , Témoins Bas du tronc. A I ", 5o du bas. .\ 3" du bas. A 4"i5o du bas. 2,7 3,2 2,5 3 ,5 3,2 3,9 3,5 2,8 » On voit que le rapport du bois parfait à l'aubier, non seulement n'est pas plus élevé dans les sujets écorcés, mais l'est même moins : ce qui prouve que l'opération, loin de favoriser la transformation de l'aubier en duramen, l'arrête complètement. » De ce qui précède, il résulte que le bois des chênes écorcés ne diffère du bois normal de cette essence ni par la structure, ni par la composition chimique, ni par la densité, ni par une proportion plus grande de bois parfait. A tous les points de vue, l'interprétation deBuffon est donc inexacte. G. R., i8cj3, 3' Semestre. (T. CXVU, N" 26.) ^^7 ( l'I" ) Restait à savoir s'il en était de même de la supériorité de résistance à la rupture. » Les troncs écorcés dont je me suis servi dans ce but, ainsi que leurs témoins, furent abandonnés pendant trois ans dans un lieu couvert. Après m'ètre assuré qu'ils avaient atteint les limites de la dessiccation à Tair, je fis découper des barreaux dans l'aubier, le bois parfait périphérique et le bois parfait central. Je donnai à tous ces barreaux une largeur uniforme de 16'"'" et une épaisseur de S"""". Puis, je les soumis à un appareil destiné à mesurer les flexions sous des charges déterminées, et qu'il serait trop long de décrire ici. Les flèches de courbure étaient prises de 5''s en ^^s. En outre, à So^ j5^s et ioo''s, on mesurait l'allongement acquis par le barreau sous l'induence de la traction exercée par les poids, puis on déchargeait pour mesurer la flèche permanente. Plusieurs échantillons furent ainsi expérimentés. Je me conten- terai de donner les résultats relatifs à des barreaux découpés dans la partie inférieure de deux troncs de chêne de 35 ans, dont l'un était resté quatre mois écorcé?sur pied et l'autre ne l'avait été qu'après l'abalage. J'indiquerai seulement les flèches corres- pondant aux charges de aS, do, 70 et ioo''6. 60kg. .^ 7518. „,_ 100tg_ _ Charges auxquelles Flèche Flèolie Flèche la rupture perma- Allon- perma- Allon- perma- Allon- a commencé Flèche. nente. gemoril. Flècbo. nente. gement, Flèche. nente. gement. à se produire. mai uim mui mm mm 1 mm mm mm mm kg 4o 3 2 46 II 3 52 i4 4 I 10 4i 8 2 48 II 3 53 i5 4 no 44 • 4 3 5i 20 4 56 22 4 i3o 44 10 2 52 18 3 37 21 5 i3o 43 1 1 2 5i '7 3 56 22 4 I25(') 45 22 2 52 16 4 58 22 5 i35 . ,. i Chêne écorcé. . 3i Aubier . / lemoin 3 i Bois parfait pé- l Chêne écorcé. . 34 riphérique. . | Témoin 34 Bois parfait i Chêne écorcé. , 33 central ) Témoin 35 » On voit que les barreaux provenant des chênes écorcés se sont com- portés de la même manière que les barreaux provenant des témoins. Les courbures ont été à peu près les mômes sous les mêmes charges; les flèches permanentes, ainsi que les allongements, ont peu différé. Enfin la rupture s'est produite à peu près dans des conditions analogues. Il en a été de même pour les autres barreaux expérimentés. L'écorcement n'augmente donc pas la résistance à la ruptui'e. » Il m'a paru, d'après les détails circonstanciés que Buffon et Duhamel ont donnés de leurs procédés opératoires, que, s'ils ont obtenu des ré- sultats différents des miens, c'est d'une part parce qu'ils n'avaient pas pris la précaution essentielle d'expérimenter sm* des bois parfaitement (') Par suite d'un accident, la rupture eut lieu pour cet échunlilloii unpeuj.lui tôt i|u'clle n'aurait dû se produire. ( "II ) desséchés, et d'autre part parce que leurs témoins, conservés sous écorce, devaient avoir été altérés par l'attaque des champignons et peut-être même des vrillettes. » PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur la dessiccation naturelle des graines. Note de M. Henri Coupi.v, présentée par M. Duchartre. « On sait que les graines, arrivées à leur volume maximum, s'isolent du fruit par destruction partielle ou complète de leur funicule, et que, à partir de ce moment, elles se dessèchent en mûrissant. Quelle est la na- ture du travail qui s'opère dans ces grainesPOn admet généralement que les semences perdent leur eau par simple évaporalion, comme un corps inerte humide et plongé dans une atmosphère sèche. Dans ces conditions, les modifications qui se passent dans les matières de réserve sont considérées comme une conséquence du phénomène purement physique de l'évapora- lion. Mes expériences m'amènent, au contraire, à considérer la perte d'eau comme un phénomène purement physiologique, et comme un effet des modifications internes, dû à la transpiration des tissus. )) Ces expériences ont porté sur des Haricots-flageolets retirés de gousses prêtes à s'ouvrir et se détachant sans difficulté du funicule. » Il s'agissait de savoir d'abord comment s'opérait la perte d'eau à l'état naturel. Pour cela, j'ai simplement exposé les graines à l'air du laboratoire, à la température de i5°, et je les ai pesées de temps à autre. J'ai ensuite rapporté la quantité d'eau perdue à loo de graines. Le Tableau ci-dessous indique la marche du phénomène; je m'étais d'ailleurs assuré que cette marche était, à peu de chose près, la même pour un autre lot placé dans des conditions identiques. Nombre d'heu- res écoulées. i8 42 66 91 119 147 ï64 188 217 3i3 337 Quantité d'eau perdue pour roc 12,44 24.42 27,41 41,48 4i>94 45,52 47,66 49,39 49, 5i 5i,47 5i,47 u J'ai ensuite placé des graines analogues dans une atmosphère saturée. Il est bien évident que, dans ces conditions, toute évaporation est devenue impossible. Or voici les cliidres que m'ont donnés les pesées faites environ toutes les 24 heures. Nombre d'heures écoulées 23 47 71 95 '24 Quantités d'eau perdues pour 100. 0,718 1,26 1,84 2,44 3,i3 rt A la 124'" heure l'expérience a été arrêtée parce que les graines s'étaient mises à «rermer. ( "12 ) » Comme on le voit, il y a eu une perte d'eau très notable, quantité qui aurait été rigoureusement nulle s'il s'était agi d'évaporation. On sait d'ail- leurs que la transpiration végétale est moins considérable dans une atmo- sphère saturée que dans une atmosphère sèche, ce qui concorde avec les chiffres des deux Tableaux ci-dessus. )) Il y avait encore une autre méthode pour savoir si l'on avait affaire à de l'évaporation ou à de la transpiration : c'était de tuer les graines par de la vapeur d'eau surchauffée ou de les endormir avec du chloroforme. Voici les chiffres obtenus : !° Graines tuées. Nombre d'heures écou- lées 6 23 4^ 78 io5 177 298 Quantités d'eau perdues pour 100 1,87 5,93 16,86 20, 3i 3i,73 42,96 ^QjOj 2° Graines endormies. Nombre d'heures écou- lées 17 4i 75 99 128 i54 Quantités d'eau perdues pour 100 2,16 3,96 5,42 7 8)67 10,23 » Dans l'un et l'autre cas, la marche de la sortie de l'eau a été modi- fiée. En agissant sur la vitalité de la graine, on influence la sortie de l'eau, ce qui prouve que ce phénomène n'est pas un phénomène purement phy- sique. » Il s'agissait enfin de savoir si, comme dans les organes végétaux, tels que la feuille, la tige, etc., la transpiration était la même à la lumière et à l'obscurité. La première expérience relatée plus haut avait été faite à la lumière. Voici les chiffres que l'on obtient en laissant les graines à l'obscurité. Nombre d'heu- res écoulées. 25 4' 68 85 109 i4o 212 260 3oi 38o 4/6 Quantités d'eau perdues pour 100 9,55 18, 63 26,92 31,09 36, 5i 4o,84 45,55 46, 3i 46)64 46, 80 5o,65 » 11 est facile de voir que la lumière a augmenté la transpiration des graines. Celte augmentation est notable à toutes les heures des pesées ; elle l'est aussi dans le résultat final, puisque, à la lumière, la dessiccation maximum a eu lieu au bout de 3i2 heures, tandis qu'à l'obscurité elle n'a eu lieu qu'à la 476" heure. » Il résulte de ces expériences que /es graines, après la destruction du ( ,1.3 ) funicule, se dessèchent en perdant de l'eau, non par simple évaporation, mais par transpiration. Laperte d' eau persiste , en effet, dans une atmosphère satu- rée; elle est moins grande à r obscurité qu'à la lumière et enfin elle est modifiée d'une manière très sensible par toutes les actions qui agissent sur la vitalité des graines ( ' ) . » GÉOLOGIE. — Sur les lits oolithiques du tertiaire parisien. Note de M. GusTAVE-F. Dollfus, présentée par M. Mallard. « Dans une Note insérée aux Comptes rendus, en date du 27 novembre dernier, M. Stanislas Meunier a appelé à nouveau l'attention sur la com- position de certaines assises du terrain oligocène au sud de Paris et no- tamment sur la position d'un calcaire oolithique, que j'aurais placé trop haut dans la série stratigrapliique. » M. Stanislas Meunier ne me paraît pas avoir interprété exactement mes travaux. J'ai signalé les lits oolithiques des marnes à cyrènes, depuis plus de quinze ans, et je n'ai pas la prétention de les avoir découverts, car ils ont été très exactement reconnus par Cuvier et Brongniart dans leur description géologique des environs de Paris; j'ai précisé leur niveau dans la coupe du chemin de fer de Méry-sur-Oise que j'ai donnée, en 1878, avec M. G. Vasseur, et depuis dans d'autres publications. Ils sont bien interstratifiés dans les marnes feuilletées ferrugineuses, dans les condi- tions où M. Stanislas Meunier les a vus à Villejuif. » Il aura, certainement, été trompé par l'interprétation que j'ai cherché à donner brièvement, dans ma Notice sur une nouvelle Carte géologique des environs de Paris, de diverses couches critiques signalées par Charles d'Or- bigny, en i855, dans son Tableau des assises tertiaires du Bassin de Paris, où il fait figurer sous le n°28 diverses couches intercalées entre les marnes vertes (n° 29) et le calcaire lacustre de Brie (n" 27). Il dit n° 28 : « Nom- » breuses petites couches de marne verte, blanche ou jaunâtre, de cal- » Caire blanc, de calcaire globulifère et enfin de marnes remplies d'osse- 1) ments de tortues; visibles à Villejuif, Romainville, Butte Chaumont. » J.es marnes feuilletées à cyrènes portent au-dessous le n° 30. » Pour mon compte, depuis vingt ans que je parcours le Bassin de Paris, (' ) Ce travail a été fait aux. laboratoires de Botanique de la Sorbonne et de Physio- logie générale du Muséum. ( '"4 ) je n'ai jamais rien vu d'analogue intercalé entre l'argile verte et le calcaire de Brie. On voit ordinairement, à ce niveau, une alternance de lits de marnes vertes et de marnes blanches, formant une série continue. Mais, comme je ne me suis pas cru autorisé a mettre en doute l'affirmation de Charles d'Orbigny, j'ai estimé, avec doute, que, dans le cas où ces couches seraient retrouvées, leur position serait au niveau de celle d'un sable ver- dàtre que je ne connais qu'à Villejuif et qui est visiblement intercalé entre l'argile verte et le calcaire de Brie. Il est facile de voir que je n'ai jamais confondu les assises oolithiques intercalées dans les marnes à cyrènes, qui sont inférieures à l'argile verte, avec des couches que je n'ai pas revues et qui seraient supérieures à cette même assise, suivant Ch. d'Orbigny. » Il n'est plus possible de dire aujourd'hui que l'argde Alerte est sans fossiles ; M. Munier-Chalmas a montré, près d'Argenteuil, des fossiles suffi- samment conservés, au milieu même de cette masse; ce sont : Cerithium plicatum, Cyrena convexa; cette faunule est la même que celle des marnes feuilletées et elle permet le rapprochement intime de ces assises. 1) On ne peut plus considérer, non plus, les oolithes comme un acci- dent exceptionnel dans le terrain tertiaire parisien. J'en ai signalé quatre niveaux, en i885, et j'en connais aujourd'hui dans six horizons : » i" Dans les lits caillasseux du calcaire grossier supérieur, avec silex noirs, à Maurecourt, Vigny, etc. » 2" Au sommet des sables moyens, dans la couche à Avicula Defrancei, avec une faune fluvio-marine intéressante, à Janvry et Bessancourt. » 3" Au milieu même des marnes et calcaires de Saint-Ouen, dans un lit saumàtre que j'ai signalé récemment à Ghennevière, prés Conflans-Sainte-Honorine (iSgr), avec M. Ramond. » [\° Dans les marnes blanches à Lymnea stigosa, supérieures au gypse, à Livry et Vaujours. » 5° A plusieurs niveaux dans les marnes à cyrènes d'un bout à l'autre du Bassin de Paris : à Herblay, Frépillon, RonqueroUes, Montsoult, Clielles, Romainville, Ecouen, Ville-d'Avray, Mont-Valérien, Fresne-les-Rungis, etc. C'est ce niveau ooli- thique qui a fourni à la butte Saint-Christophe, au nord de Sentis, des coquilles bien conservées, dont la trouvaille a permis à d'Archiac et à Deshayes de préciser la déter- mination. J'en ai donné la liste en i88o {Bulletin de la Société géologique). » 6° Vers la base des couches à Ostrea longirostris, au dessus du calcaire de Brie, à Bessancourt, Trianon et Saint-Nom, près de Versailles. J'ai trouvé mêlés à ces oolithes des foraminifères et des Ostracodes roulés, dont j'ai pu déterminer diverses espèces décrites de l'oligocène de Gass, par Reuss. )> Il est intéressant de noter que ces divers horizons oolithiques se ren- contrent dans le Bassin de Paris dansdes couches manifestement .saumâtres. ( iii5 ) » Plus haut, dans la série stratigraphique, j'ai étudié des lits ooli- thiques près de Vichy et de Clermont-Ferrand, intercalés dans les calcaires de l'étage du calcaire de Beauce entre des lits franchement lacustres à Hélix Ramondi et à Lymnea pachygaster; il s'en faut donc de beaucoup que les dépôts oolithiques soient le privilège des assises jurassiques marines. » La séance est levée à 5 heures. M. B. BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. Ouvrages reçus dans la séance du 26 décembre iSgS. Journal de Pharmacie et de Chimie (fondé en 1 809), rédigé par MM. Fremy, Regnatjld, Lefort, Plajnchon, Riche, Jungfleisch, Petit, Villejean, BouRQUELOTCt Marty. N° 12, i5 dcccmbre i8g3. Paris, G.Masson; i fasc. in-8°. Nouvelles recherches sut la périodicité de la tension. Étude sur les mouve- ments périodiques et paratoniques de la sensitive, par Millardet, docteur en Médecine. Strasbourg, G. Silbermann, 1869; i vol. in-l\°. Histoire des principales variétés et espèces de vignes d'origine américaine qui résistent au Phylloxéra, par A. Millardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Paris, G. Masson, i885; i vol. in-4°. Pourridié et Phylloxéra. Étude comparative de ces deux maladies de la vigne, par A. Millardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Paris, G.Masson, et Bordeaux, Féret et fils, 1882; i broch. in-8°. Recherches sur les effets des divers procédés de traitement du Mildiou par les composés cuivreux, par A. Millardet et M. Gayon, professeurs à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Bordeaux, V^'' Cadoret, 1887. Nouvelles recherches sur le développement et le traitement du Mildiou et de l'Anthracnose, par A. Millardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux. Paris, G. Masson, 1887; i broch. in-8°. Annuaire pour V an 1894, publié par le Bureau des Longitudes. Paris, Gauthier-Villars et fils; i vol. in-i8. (Présenté par M. Bouquetde la Grye.) ( .ii6 ) Annales de la station agricole de Boulogne-sur-Mer, publiées sous les aus- pices du Ministère de l'Agriculture, par le D"^ H.-E. Sauvage, directeur. Volume I. Partie II. Juin 1 898. Boulogne-sur-Mer, Simonnaireet C'*, iSqS; I vol. in-4. (Présenté par M. A. Milne-Edwards.) La fin du Monde, par Camille Flammarion. Paris, E. Flammarion, 1894 ; I vol. in-8''. (Présenté par M. Bouquet de la Grye.) Notice sur les travaux scientifiques de M. Aimé Girard, professeur au Con- servatoire national des Arts et Métiers, etc. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1893; I broch. in-4°. Notice sur les travaux scientifiques de M. A. MiJNTz. Paris, Gauthier-Villars et fils, 1893; I broch. in-4°. Annales des Ponts et Chaussées, septembre 1893. Paris, V® Ch. Dunod; I vol. gr. in-8°. Les causes des phénomènes, par Eugène Turpin. Paris, A. Savine; i vol. in-12. La formation des Mondes, par M. Eugène Turpin. Paris, A. Savine; i vol. in-12. Association française pour l'avancement des Sciences. 22* session. Besançon, 1893; i vol. in-S". (Présenté par M. Mascart.) Du rôle de l' électricité dans les phénomènes de la vie animale. Discours pro- noncé par M. Ernest Solvay, le i4 décembre 1893, suivi de documents of- ficiels relatifs à la fondation de l'Institut Solvay. Bruxelles, F. Hayez, 1894 ; I broch. gr. in-8''. Bulletin international de V Académie des Sciences de Cracovie. Comptes ren- dus des séances de l'année 1893. Novembre. Cracovie, 1893; i fasc. in-8°. California State mining bureau W. -M. Irelan, J.R., state Mineralogist. Ele- venth Report of the state Mineralogist (first biennal), two years ending september i5, 1892. Sacramento, iSgS; i vol. in-8°. Le opère Galileo Galilei. Edizione nazionale sotto gli auspicii di Sua Maestà il Re d'Italia. Volume III. Parte prima. Firenze, Barbera, 1892; I vol. in-4°. Illustrationes Jlorœ Atlanticce, seu icônes plantarum novarum, rariorum vel minus cognitarum in Algeria necnon in regnotunetano et imperio maroccano nascentium, auctore E. Cosson, Academiœ Scientiarum Parisiensis sodali, auctore Compendii force atlanticce, etc. Fasciculus VI. Parisiis, 1893; atlas gr. in-4°. (Présenté par M. Duchartre.) ( ii'7 ) ERRATA. (Séance du i8 décembre iSgS.) Page 904, PRIX JECKER : Les Rapports sur les travaux de MM. de Forcrand et H. Gautier ont été faits par M. ScluUzenberger. FIN DU TOME CENT-DIX-SEPTIEME. C. R., 1893, 2' Semestre. (T. CXVII, N» 26.) 148 N" 26. TAnîi: OES ARTICLES. (Séance dn 26 décembre I895.1 MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS DRS MEiViniiES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADËMIE. Pages. M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la fètc du nouvel an, la séance du lundi i" janvierserareportéeaumardiî. ioi3 M. BouuUET DE LA GiiYE présente à l'Aca- démie r « Annuaire du Bureau des Longi- tudes » pour iSç)4 ioi3 M. ArPELL. — Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet, Membre de la Section de Géométrie ioi4 M. F. Tisserand. — Sur le mouvement du cinquième satellite de Jupiter 1024 M. H. PoiNCARE. — Sur la propagation de l'électricité loi-^ M. A. Cornu. — Vérifications numériques relatives aux propriétés focales des réseaux dlllVingents plans io33 M. LÎERTiiELOT. — Remarques sur l'écliaulTe- Pages. raentetrinllammation spontanée des foins. 1089 M. P. -P. Dehérain. — Sur la composition des eaux de drainage d'hiver, des terres nues et emblavées io4i M. G. Rayet. — Observations des petites planètes l'STl) (Charlois i8j)3. A. D.), (^: ( Charlois i8()3. A. H. et Charlois 1893. A. I.), faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux, par MM. G. ftayet eX. L. Pi- cart 104.Ï M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Rodolphe Wolf, Correspondant pour la Section d'Astronomie 104S RAPPORTS. M. LippMANN. — Rapport verbal sur la ré- clamation de priorité adressée par M. d'O- diardi, relativement aux expériences d'au- toconduction de M. d'Arsonval 1049 MEMOIRES PRESENTES. M. C. Viollette. — Analyse des beurres du commerce. 1049 CORRESPOI\DA!\CE. M.M. Sanson, de Fraysseix, Hergott, Blun- DLOT, Millardet, Bourdelles, Gréhant, Lephay, Pinard et \arnier, Coust.\n, de Forcrand, L. Bourueois, Lemoine, Fla- mant, Kœnius, .\belous et Lanc.lois, Mah- CELLiN Boule, Stieltjes, Corbière, Gob- ûEU, ScuuLiiOE, d'Arsonval adressent des remcrciments à l'Académie, pour les dis- tinctions accordées à leurs travaux M. M. Hamy. — Sur le développement ap- proché de la fonction perturbatrice dans le cas des inégalités d'ordre élevé M. H. Deslandres. — Sur la recherche de la partie de l'atmosphère coronale du So- leil projetée sur le disque M. DuNER. — Y a-t-il de l'oxygène daus l'atmosphère du Soleil? M. E. GuYou. — Nouvelles applications des Tables de latitudes croissantes à la navi- gation M. R. Godefroy. — Sur les rayons de cour- bure successifs de certaines courbes M. Vaschy. — Calcul des forces électroma- gnétiques suivant la théorie de Maxwell . M. .\. .Vngot. — Sur la variation diurne de la tension de la vapeur d'eau io53 io56 1009 1062 io65 1067 M. X.-B. Cuauveau. — Sur la variation diurne de l'électricité atmosphéri(|ue, ob- servée au voisinage du sommet de la tour Eiffel M. A. Leduc — Sur le poids du litre d'air normal et la densité des gaz M. G. HiNRicHS. — Aperçu du système des poids atomiques de précision, fondé sur le diamant comme matière-étalon .M. G. Denigès. — Méthode générale pour le dosage volumétrique de l'argent sous une forme quelconque M. Tanret. — Sur la stabilité à l'air de la solution de sublimé corrosif au millième. M. E. Mathias. — Remarques sur les pres- sions critiques dans les séries homologues de la Chimie organique M. A. Bechamp. — Sur la caséine et le phos- phore organique de la caséine M. E. Grimaux. — Sur l'essence d'estragon ; sa transformation en anéthol MM. P. Monnet et Pu. Barbier. — Sur une nouvelle source de Rhodinol M. G. Bol'chardat. — Présence du camphéne dans l'essence d'aspic M. Oliviero. — Sur les carbures volatils de 1069 1 073 1076 i oy.S loSi 1083 loS.î 1089 109?. ■09^ K 26. SUITE DE Lx-V TABLK DES ARTICLES. Pages. l'essence de valéi'iam» ioç)6 M. CXScHSNER DE CONiNcK. — Contribution ' à l'étude des Ptomaïnes ioç)7 M. V. GALTiF.n. — Inlluence de certaines causes sur la réceptivité, .associations bac- tériennes MM. C. PmsALix et G. Beutrand. — Toxi- cité du sang de la Vipère ( Viperaaspis L.). M. Lecercle. — Modifications du ])ouvoir émissif de la peau sous l'influence du souffle logs TI1C|I| Pages, électrique 1 1 o.> M. P. Petit. — Influence du fer sur la vé- gétation de l'orge M. 1^. Mer. — Influence de l'écorcement sur les propriétés mécaniques du bois M. H. CoupiN. — Sur la dessiccation natu- relle des graines M. G. -F. Doi.LFUS. — Sur les lits oolithiqucs du tertiaire parisien Bulletin bibliogr^phiqui!: Errata 1 1 1 :> 1 1 1- PAKIS. - IMPKIMEKIE GAUTHIER-VILLARS ET FILS, Ou^i des Grands- \ itswitins, 56. Le (îerant : GAuiHrLR-ViLLARS. JôJb^ 1 fi^ JABLES DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES L'ACADÉMIE DES SCIENCES SECOND SEMESTRE 1893. TOME CXVII. jui 3 ^m COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES. TABLES ALPHABETIQUES JUILLET. — DÉCEMBRE 1893. TABLE DES MATIERES DU TOME CXVII. Pages. Académie. — Allocution de M. de Lacnze- Duthiers, Président, dans la séanoe pu- blique annuelle du i8 décembre 1893. 875 — M. le Président annonce que, en raison des fêles de Noël, la séance du lundi 25 décembre est remise au mardi 26. 827 — M. le Président annonce que, en rai- son de la fête du nouvel an, la séance du lundi i" janvier est reportée au mardi 2 101 3 Acoustique. — Sur l'application des vi- brations sonores à l'analyse des mé- langes de deux gaz de densités diffé- rentes ; par M. E. Hardy 573 — M. G.-JV. Pierce adresse un travail Intitulé : « Vitesse du son dans l'air ». 676 AÉROSTATS. — ^o\t Navigation aérienne. Air ATMOSPHÉRIQUE. — Sur l'origine de ro.\ygèneatraosphérique;parM.r.-X. P/iij/son 309 — Sur le poids du litre d'air normal et la densité des gaz ; par M. yi. Leduc. . . 1072 C. K., 1893, 2' Semestre. (T. CXVIL) Pages. Alcools. — Sur la condensation des al- cools de la série grasse avec les car- bures aromatiques; par MM. ^. Bro- chet et P. Le Boidenger 235 Aluminium et ses composés. — Sur un produit d'oxydation incomplète de l'aluminium ; par M. Pionchon. ..... 828 Aluns. — De l'isomorphisme dans les aluns anhydres; par M. T. Klobb. . . 3i i Amides. — Sur l'aminobutènediamideet la butanonediamide; par M. R. Thomas- *Maniert 167 Aminés. — Sur une nouvelle méthode de préparation de la méthylamine et sur la constitution de l'hexaméthylène- tétramine; par MM. A. Trillat et FayoUat 628 Analyse mathématique. — M. E. Jaggi adresse une troisième Note faisant suite à son Mémoire sur la Théorie des fonctions 23 — Sur une équation différentielle de se- ( ! 1 Pages. cond ordre ; par M. Mittag-LeJ/ler . . ya — Sur les équations du second degré dont l'intégrale générale est uniforme ; par M . Paul Painlevé •211 — Sur certciins systèmes d'équations dif- férenliellesordinaires; parM.^. Guld- bcrg V. 1 •) — Sur une méthode nomographique ap- plicable à des équations pouvant con- tenir jusqu'à dix" variables; par M. Maurice d'Occigne a 1 G — Complément à celte méthode, en vue de l'introduction d'une variable de plus; par M. Maurice d'Ocagne. . . . -177 — Sur l'équation aux dérivées partielles' qui se présente dans la théorie de la vi- bration des membranes ; [lar M. Emile Picnnl 5o2 — Présentation, par M. Emile Picard, de deux volumes de M. Soptias Lie sur la Théorie des groupes de transfor- mations 5(19 — Sur une extension aux équations d'ordre quelconque d'une méthode de Uie- mann relative aux équations du se- cond ordre ; par M. Delassus 5io — Sur une classe d'équations différen- tielles dont l'intégrale générale est uniforme; par M. Emile Picard .... 6o3 — Sur les équations du second ordre à points critiques fixes et sur la corres- pondance univoque entre deux sur- faces ; par M. P. Paiidcfé 611 — Sur certaines équations différentielles ordinaires; par M. Alf. Guldberg. . . 614 — Sur les équations aux fonctions mêlées et un problème de lignes géodésiques ; par M. G. Kœrngs 683 — Sur les équations différentielles du se- cond ordre à points critiques fixes; par M. Paid Painlcve' 686 — Sur les équations et les fonctions im- plicites; par M. Pcllet «719 — Sur les caractères de convergence des séries; par JM. Hadamard. . . . , 844 — M. P.-D. Aubry adresse une Note « Sur un projet de numération sexa- gésimale » !)io — M. Fr. Lesska adresse une Note rela- tive à une formule d'intégration 71 j Voir aussi Géométrie, Mccaniqiie, Me'- caniijue céleste, Ph) .\i(iiie mathéma- tique. Anatomie animale. — Comparaison entre .0) Pages. le membre antérieur et le membre postérieur de quelques Urodèlcs: par M. A. Perrin 243 — Recherches sur l'anatomie et le déve- loppement de l'armure génitale maie des Insectes orthoptères; par M. .-/. Peytùureau agS — Sur le développement du pancréas chez lesOphidiens; par M. G. Saint-Rcmy. 4o5 — Contribution à l'histologie des Spon- giaires; par M. Emile Tnpsent 444 — Sur la continuité craniologique sériale dans le genre Lrpus; par M. Remy Saint-Loup 64o — Sur l'appareil génital mâle des Hymé- noptères ; par M. Bordas "40 — Hecherches sur l'anatomie et le déve- loppement de l'armure génitale femelle des Insectes orthoptères; par M. Pey- tourcau 749 — La cavité coquillière des Philinidœ; par M. P. Pelseneer 810 — Recherche sur la structure des plumes; par M. Sappey 828 — Sur l'armature buccale et une nouvelle glande digestive des Cirrhipèdes; par M. A. Grui-el 858 — Rapport de M. Venieuil, concluant à attribuer le prix Godard à M. Tour- ncux, pour son Atlas sur le dévelop- pement des organes génitaux de l'homme <~y\o — Rapport de M. Brown-Setjuard, con- cluant à attribuer le prix Lalloraand à M. Troliird pour ses travaux d'Ana- tomie 949 Voir aussi Embryologie et Nerveujc ( Sys- tème ) . Anatomie végétale. — Caractères ana- tomiciues de la lige ries Dioscorées; par M. C. Queni 2g5 — Les bulbilles des Dioscorées; par M. C. Quaa .) 1 6 — Anatomie végétale deVAtaccia cristata Kunth ; par M. C. Qiieva 409 — Sur la localisation des principes actifs chez les Capparidées; par M. Léon Guignaril 49 — Sur la localisation des principes actifs chez les Tropéolées; par M. L. Gui- giiard , 5S7 — Sur la localisation des principes actifs chez les Limnanthées; par M. Gui- gnanl 761 ( I 121 rap,es. — Sur la localisation des principes actifs dans les Cucurbitarées; par iM. L. Braenicr y53 — Sur la localisation des principes actifs chez les Résédacées; par M. L. Giii- grmrd 86 1 — Observations sur la constitution de la membrane chez les Champignons; par M. L. .^//ifi^in 8 16 Aniline et ses dérivés. — Sur les dérivés carboxylés de la diméthylaniline ( acides dimélhylamidobenzoïques ) ; par M. Charles Lnuth 58 1 Anthropologie. — M. Tmvnseiid Porter adresse un Mémoire relatif à un sys- tème permettant d'employer les moyennes résultant des mesures an- thropologiques, pour déterminer l'âp- tilude physique des enfants d'une école à fournir le travail exigé ajS Argknt. — Méthode généride pour le dosage volumétriqiie de l'argent sous une forme quelconque; par M. G. Denig^s ,078 Aromatiquks (composés). — Essai dedia- gnose des acides amido-benzo'iques isomériques et de quelques autres composés aromatiques; par M. Œelis- ner de Coninek 118 — Sur un procédé de combinaison directe des carbures éthyléniques et aroma- tiques; par M. J. Brochet ii5 — Sur la combinaison des alcools de la série grasse avec les carbures aroma- tiques; par MM. A. Brochet ^\, P . Le Boidengcr 233 AsTRONOjiiE. — Présentation d'un Volume Pagps. intitulé : « Recherches sur la déter- mination des constantes des clichés photographiques du ciel » ; par M. Lœwy 3ig - M. Tisserniid uiit hommage à l'Aca- démie du Volume des « Annales de l'Observatoire de Paris », contenant les Observations de i885 391 - Les coordonnées géographiques de Tananariveet de l'observatoire d'Ani- bohidempona (fondé à Madagascar par le R. P. Colin): par M. Jïf. Gran- di/licr j 1 0 - Contrôle desjourillonsd'un instrument méridien, par la méthode interféren- tielle de M. Fizeau; par M. Maurice Hnmy Cjg - Rapport de la Commission du prix Lalande, sur les travaux de M. Schid- l">f- 897 - Rapport de la Commission du prix VmIz, sur les travaux do M. Berberich. . . . 899 - Rapport de la Commission du prix Janssen, sur les travaux de M. Lnu- s^ley 900 - M. Z. Hugo adresse deux Notes por- tant pour titres : « Sur la syndromie arithmétique des deux constellations arctiques » et « Considérations sur l'axe de rotation dans l'espace » .... 090 - M. L. Hugo adresse une Noie « Sur un hexagramme visible à proximité d'un cratère lunaire, d'après la pho- tographie » '\'i^ Voir aussi Méeanii^ue cJlc.slc, Comètes, Eclipses, Etoiles, Lune, Planètes, Soleil. B BxLANCE. — M. Genei'e'e adresse une Note relative aux conditions d'équilibte de la balance 3yo Brurri;s. — Analyse des beunes du com- merce; par M. C. Viollettp. 856 et 1049 BlRLIOTllÈOLES. — M. le Serrétuire géné- ral de V Jcndéirie des Sciences de Crtirovie informe l'Académie que la Bibliothèque polonaise a été cédée à r.Académie des Sciences de Cracovie et sera maintenue à Paris 92 Bismuth et ses composés. — Sur le sous- gallate de bismuth (dcrmatol); par M. H. Causse aSa Bore. — Action de l'arc électrique sur le bore amorphe; par M. H. Moissan . . 4'-«3 Botanique. — Sur le Rhizoctone de la Luzerne; par M. ^. P/unet ib-t. — Signification de la variété des organes dans la mesure de la gradation des espèces végétales; par M. Ad. Chatin. 604 et 77.') - Rapport de M. Bornel, concluant à dé- cerner le prix Desmazières pour 1893 à M. C. Saui'ûgenu, pour ses travaux de Botanique 925 ( II Pages. — Rapport de M. Bnrnet, relatif au con- cours du prix Montagne pour iSgS; travaux de M. 7. Canlot et de M. ^. Gaillard, sur les Mousses et sur les Champignons 926 — Rapport de M. Bornet, sur le concours du prix Tliore, concluant à attribuer ce prix à M. L. Corbière, pour son tra- vail sur les Muscinées du départe- ment de la Manche f)3i Voir aussi Ànntnmie végétale. Chimie ■ve'ge'tale, Pathologie végétale, Phy- siologie végétale. Botanique fossile. — Sur les prétendues Fougères fossiles du calcaire grossier parisien ; par M. Ed. Bureau 201 — Caractères généraux des bogheads à Algues; par MM. C.-Eug. Bertrand et B. Renault 5g3 — Benettites Morierei, fruit fossile pré- sentant un nouveau type d'inQores- cence gymnosperme ; par M. O. Li- gnier 867 — Rapport de U. Mallard, concluant à dé- 22 ) Pagps. cerner le prix Fontannes à M. B. Zeil- ler, pour ses travaux de Paléontologie végétale gaî Bulletins BIBLIOGRAPHIQUES. — 74, i34, 192, 261, 349, 365, 376, 390, 412, 449, 462, 529, 596, 676, 714, 772, 823, 872, III 5. Bureau des Longitudes. — M. le Mi- nistre de rinstruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes invite l'A- cadémie à lui présenter deux candidats pour une place de Membre titulaire au * Bureau des Longitudes, vacante par le décès de M. le vice-amiral Paris.. 20g — Liste de candidats présentés à M. le Ministre de l'Instruction publique, pour cette place : 1° M. de Bernar- dières; 2° M. Manen 274 ~ M. H. Paye présente à l'Académie la « Connaissance des Temps pour l'an 1896 )) 4i5 — M. Bouquet de la Grye présente à l'A- cadémie r 0 Annuaire du Bureau des Longitudes » pour 1894 ioi3 Calorimétrie. — M. A. Bandsept adresse une Note intitulée « Sur certains phé- nomènes observés dans la combustion rationnelle du gaz; nouveau calori- mètre » 449 Cancer. — M. Domingos Freire adresse une Note portant pour titre : « Na- ture et guérison du cancer » 38 1 — Parasites dans le cancer; par M. G. Nept'eu 808 Candidatures. — M. Lephay prie l'Aca- démie de le comprendre parmi les can- didats au prix destiné à l'invention ou au travail le plus propre à accroître nos forces navales 157 — M. Jarcoud, M. Lancereaux prient l'Académie de les comprendre parmi les candidats à une place vacante dans la Section de Médecine et Chirurgie. 5io — M. Leroy de Kéraniou prie l'Académie de le comprendre i>armi les candidats à la place vacante dans la Section de Géographie et Navigation 655 Caproïqie (Acide). — De la préparation des acides ca|)roïque et hexylique normaux ; par M. /. Tripier 282 Carbone. — Sur les condensations cycli- ques du carbone; par M. Gustarc Rousseau 1 64 — Préparation et propriétés du siliciure de carbone cristallisé; par M. H. Moissnn 4^5 Voir aussi Diamant. Carbures. — Sur un procédé de combi- naison directe des carbures éthylé- niques et aromatiques; par M. J. Brochet 1 1 5 — Sur la condensation des alcools de la série grasse avec les carbures aroma- tiques ; par MM . A . Brochet et P. Le Boulenger 235 Caséine. — Sur la caséine et le phosphore organique de la caséine; par M. A. Bechanip 1 08 i Catéchines. — Action de l'acide sulfu- rique sur la pyrocatéchine et sur l'ho- mopyrocaléchine: par M. H. Cousin. ii3 Champignons. — Sur un nouveau procédé de culture du Champignon de couche; par MAL /. Costantm et L. Matru- chot 70 — Expériences sur la désinfection des car- l'agcs. rières à Champignon ; par M. /. Cos- tantin ^54 — Sur un Chanipii^non parasite de la Co- chylis; par MM. C. Sauvu^enu et J. Pcrrniid 1 8i) Chimie. — M. G. Hinrichs adresse une Noie « Sur les poids atomiques de Van der Plaats » 327 — Sur la relation entre la précipitation des chlorures parraciderhlorhydrique et l'abaissement du point de congéla- tion ; par M. R. Engel 485 — Détermination du poids atomique véri- table de l'hydrogène; par M. G. Hin- richs 663 — Aperçu du système des poids atomiques de précision, fondé sur le diamant comme matière-étalon; par M. G. Hinrichs 1 075 — Rapfiort de la Commission du prix Jecker, sur les travaux de M. de For- crand 904 — Rapport de la même Commission, sur les travaux de M. G. Griner 906 — Rapport de la même Commission, sur les travaux de M. H. Gautier 910 — Rapport de M, //. Moissan, concluant à décerner le prix La Caze (Chimie) à M. G. Lemoine 911 Voir les articles spéciaux : Aluminium ^ Jluns, Argent, Bismuth, CIdorures, Chrome, Diamant, Fer, Iode, Mer- cure, etc. Chimie agricole. — Sur la nitrification des terres de prairie; par MM. /. Du- mont et /. Cruchetelle 670 Voir aussi Chimie végétale, Economie rurale, Viticulture, Fins. Chimie animale. — Voir Piomnïncs, Physiologie animale, Physiologie pa- thologicjue. Chimie industrielle. — Influence de l'a- cidité des moûts sur la composition des flegmes; par M. L. Limlet 19.2 — M. Jidhe adresse un Mémoire ayant pour titre : « Emploi de la colophane dans le durcissement des plâtres et pierres tendres; coloration des plâ- tres » 574 et 654 Voir aussi Beurra, Fuchsine, Huiles, Panification . Chimie orgvmque. — Influence des dis- solvants organiques sur le pouvoir rotatoire ; par M. P. Freundler 550 .3) Pages. — Remarques sur les pressions critiques dans les séries homologuesde la Chimie organique; par M. E. Mntlnas 1082 Voir les articles spéciaux, Alcools, Ami- des. Aminés, Aniline, Aromaliëi Si'j — Recherches sur la constitution des ma- tières albuminoïdes extraites de l'or- ganisme végétal ; par M. E. Fleurent. 790 Voir aussi Essences, Cliinde agricole, Economie rurale, Physiologie végé- tale. CiiiBURGiE. — Étude sur l'origine micro- bienne de l'infection purulente chirur- gicale ; par MM. S. Arloing et Ed. Chantre 324 — Rapport de M. ï'erneuil, concluant à décerner le prix Mège à M. Hergott, pour ses travaux d'Obstétrique 948 Chloralose. — Sur le chloralose ; par MM. M. Hanriut et Ch. Richet 73 1 Chlorures. — Sur la relation entre l,i précipitation des chlorures par l'acide chlorhydrique et l'abaissement du pointde congélation ; par M. R. Engel. 485 — Action exercée par quelques métaux ( '124 ) Pages. sur des solutions acides de leurs chlo- rures; par MM. A. Date et R. Mctz- ner 6ij i — Sur la stabilité et la conservalion des solutions étendues de sublimé; par M. Léo Fif^non 798 — Sur la stabilité à l'air de la solution de sublimé corrosif au millième; par M. Tanret T081 Choléra. — M. E. Hickisch adresse une Note concernant les effets de l'allylsul- fide contre les bacilles cholériques.. . 1.07 — Du choléra virulent et épidémique; par M. N. Gamalcia 280 — Rapport de M. Marey, pour le con- cours du prix Bréaiit : travaux de MM. Nctter et Tlioinot, sur les ré- centes épidémies de choléra gSG Chrome et ses composés. — Sur l'acide chromopyrosulfurique ; par M. A. Re- coura 37 — Sur l'hydrate pyrosulfochromique; par M. A. Recoura 101 Chronologie. — M. /. Hciiirij; adresse un Mémoire relatif à une « Nouvelle chronologie » 3o3 CiNCHO.N'INE ET SES DÉRIVÉS. — Sur la Ciu- chonibine ; par MM. E. Jungjleiscli et E. Lé^er jj — Sur la benzoylcinchonino; par M. E. Léger 110 Citrique (Acide). — Préparation d'acide citrique de synthèse par la fermenta- tion du glucose; par M. Charles Welimer 33? Comètes. — Sur la découverte ue la co- mète b 1893; par M. F. Tisserand. . i38 — Observations de la nouvelle comète Rordame, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux, par MM. G. Rayct et L. Pirart 1 5o — Sur la nouvelle comète b 189J; par M. Qiienlsset 1 58 — Observations de la nuuvilld rumete, b 1893, faites à l'Observatoire de Paris( équatorial delà tour de l'Ouest) ; par M . G. Bignnntan 1 59 — Observations de la comele Uuruuuu', faites à l'équatorial coudé (o"', 3a de l'observatoire d'Alger); par M. Ram- baud — M. Tisserand communique l'extrait d'une Lettre de M. Merino, Directeur de l'observatoire de Madrid, relatif à la découverte de la comète Rordame- Quenisset — Photographie et observations physiques de la comète b 1893, faites à l'obser- vatoire de Juvisy; par M. F. Qite- nisset — Observations de la comète Rordanie- Quenisset, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux par MM. G.Raret,L. Picart et F. Court y. — Observations de la comète Brooks (1893, octobre 16), faites au grand équatorial de l'observatoire de Bor- deaux par MM. G. Raj et et L. Picard. — Observations de la nouvelle comète Brooks (1893, oct. iC), faites à l'Ob- servatoire de Paris (équatorial de la tour de l'Ouest); par M. G. Bigoiir- dan — Observations de la comète Biooks (1893, oct. 16), faites à l'observatoire d'Alger, à l'équatorial coudé; par MM. Rambaud et Sy — Observations des comètes 1892 11 ( Ror- dame)etci892(Brooks, 1893,00!. 16), faites à l'Observatoire de Paris (équa- torial de la tour de l'Ouest) ; par M. G. liigoiirdan — Éléments de la comète Brooks (1893, oc- tobre 16) ; par. M . Scindiinf — Rapport de la Commission du prix La- lande, concluant à décerner ce prix à M. Schidhnf, pour ses recherches sur les comètes CosMOGOME. — M. /l. Diiponchet(\çmc\Tn\& l'ouverture d'un pli cacheté, conte- nant le Sommaire de ses « Principes do Cosmogonie générale >> ! Cristallisatio:^. — Sur la cristallisation j de l'eau par décompression au-dessous ! de zéro; par M. E.-H. Amagat I Cuivre et ses composés. — Sur le phos- phure cuivreux cristallisé; par M. A. \ Granser Pages. 210 276 277 456 532 536 607 659 897 336 23 I ( II25 ) D Tajies. DÉCÈS DE Membres et Correspondants DE l'Académie. — M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle vient d'éprouver dans la personne de M. Cltiircnt, Membre de la Section de Médecine et Chirurgie 335 — M. le Secrétaire perpétuel informe l'A- cadémie de la perte que la Science vient de faire dans la personne do M. Albert Ribaiicour 435 — M. G. lit!) et fait honmiage à l'Académie d'une Notice sur la vie et les travaux (le J.-J.-B. Abrin, Correspondant de l'Académie 534 — M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Chambrelent, Membre de la Section d'Économie rurale 65 1 — Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet, Membre do la Section de Géométrie; par M. Ap- pell I o 1 4 — M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Rodol- phe Wolf, Correspondant pour la Sec- tion d'Astronomie 1048 DÉCRETS. — M. le Ministre de l'Instruc- tion publique, des Beaux-Arts et des Pages. Cidtes adresse amplialion du Décret par lequel le Président de la Républi- que approuve l'élection de M. Nor- denskiôld, comme Associé étranger.. 5 — M. le Ministrede l'Instruction publi(jue, des Bcanx-Arts et des Cidtes adresse ampliation du Décret par lequel le Pi'ésident de la République approuve l'élection de M. lut)' Potain 715 Densités. — Densité de l'anhydride sul- fureux, sa compressibilité et sa dila- tation au voisinage des conditions nor- males; par M. A. Leduc '21») — Sur une méthode de détermination de la densité des gaz, applicable à l'in- dustrie ; par M. 31. Meslaus 386 — Les densités des vapeurs saturées, dans leurs rapports avec les lois de con- gélation et de vaporisation des dis- solvants ; par M. F.-M. Raoull 833 — Sur le poids du litre d'air normal et la densité des gaz; par M. A. Leduc, loyi Diamant. — Action de l'arc électrique sur le diamant, le bore amorphe et le silicium cristallisé; par M. Henri Moissan 423 Dissociation. — Sur la dissociation du plombate de chaux; par M. H. Le Chatelicr 109 E yi'i 5G Eaux naturelles. — Sur la variation de la composition de l'eau des lacs avec la profondeur; par M. A. Delc- beccjue Éclairage. — Chaleur de combustion du gaz de houille et sa relation avec le pouvoir éclairant; par M. Aguitton. . — M. J.-B. Fac/tris adresse une Note sur un projet d'éclairage de Constanti- nople par l'électricité, en utilisant le courant du Bosphore 610 Éclipses. — Sur l'observation de l'éclipsé totale du Soleil du 16 avril, fuite à Joal (Sénégal); par M. .-/. de la Baume Phwinel École Polytechnique. — M. le Ministre de la Guerre invite l'Académie à lui 24 désigner deux de ses Membres pour faire partie du Conseil de perfection- nementde l'École Polytechnique, pour l'année scolaire 1893-1894 458 - MM. Cornu et Sarrau sont désignés par l'Académie à M. le Ministre de la Guerre, pour faire partie de ce Con- seil 476 Économie rurale. — Les sables du dé- sert de la Basse-Egypte ; par M. J. Andouard 208 — Développement de rArai;hide; par M. A. Andouard 298 — Sur l'inégale résistance à la sécheresse de quelques plantes de grande cul- ture ; par M. P. -P. Dchérain 269 — Moyen de préserver les bois de la ver- ( • Pages, moulure ; par M. Éni. Mer 694 — Sur le développement et la maturation de la pomme à cidre; par M. L. Lin- det 696 — Étude d'une variété de pomme à cidre, à tous ses âges; par M. A. Truelle. . 766 — Emploi des cultures artificielles de mi- crobes pathogènes à la destruction des Rongeurs (campagnols etmulols) en grande culture; par M. J . Danysz. 86(j — Remarques sur réchauffement et l'in- flammation spontanée des foins; p:ir M. Bertlielot i oSg — Sur la composition des eaux de drai- nage d'iiiver, des terres nues et em- blavées; par M. P. -P. Delte'rain. ... io4 1 — Influence du fer sur la végétation de l'orge; par M. P. Petit iio5 — Influence de l'écorcement sur les pro- priétés mécaniques du bois; par M. E. Mer 1108 — M. J. Ciieiiin adresse une Note ayant pour titre : « L'instituteur et le pro- grès agricole en France » 574 — M. Aristide Diimont adresse une nou- velle Lettre relative à son projet du canal d'irrigation du Rhône 771 Voir aussi C/iimie agricole. Viticulture' et Cliampignons. Électricité. — L'autoconduction ou nou- velle méthode d'électrisation des êtres vivants; mesure des champs magné- tiques de grande fréquence, par M. A. d' Arsoiwal 34 — Observations de M. Cornu relatives à la Communication de M. d'Arsonval.. 87 — Sur certains effets physiologiques de la faradisation unipolaire; par M. Aug. Chaipenlier 60 — Sur le transport électrique de la cha- leur dans les électrolytcs; par M. Hen- ri Bagard 1J7 — Sur les résidus dé polarisation ; par M. E. Bouty lit — M. Savary d'Odiardi adresse une ré- clamation de priorité, concernant le mode de traitement et l'appareil dé- crits récemment par M. d'Arsonval.. 275 — M. S. d'Odiardi adresse une série de documents à l'appui de sa réclamation. 38 1 — Rapport verbal de M. Lippmann sur la réclamation de priorité adressée par M. d'Odiardi 1 049 — M. Mergier adresse une « Méthode op- 126 ) Pages, tique pour l'étude des ondes électri- ques et la mesure de leur longueur » . 435 — Influence de l'état de la surface d'une électrode de platine sur sa capacité initiale de polarisation; par M. J. Co- lin 459 — Sur la théorie do la pyro-électricité et de la piézo-électricilé; par Lord Kel- vin ; 463 — Sur le transport électrique de la cha- leur; par M. L. Hoidtevigue 516 — Détermination de la vitesse de la pro- pagation d'une perturbation électrique le long d'un fil de cuivre, à l'aide d'une méthode indépendante de toute théo- rie ; par M. R. Blondlot 543 — Sur la nature delà réflexion des ondes électriques au bout d'un fil conduc- teur; par MM. A'/. Birkelaud et Ed. Sarasin 0 1 8 — Observations de M. H. Poincaré sur la Communication de MM. Birkeland et Sarasin Oa'i — Sur la mesure des coefficients d'induc- tion ; par M. //. Abraliam G24 — Sur un nouveau modèle de four élec- trique à réverbère et à électrodes mo- biles; par M. //. Moisson. 679 — Sur les moyens d'augmenter la sécurité des distributions à courants alternatifs de haute tension; par M. G. Claude. O89 — Calcul des forces auxquelles sont sou- mis les corps placés dans un champ électromagnétique; par M. Vaschy.. 726 — Sur les variations de l'état électrique des hautes régions atmosphériques, par beau temps; par M. Ch. André. . 729 — Sur la propagation de l'électricité; par M. H. Poincaré 1027 — Calcul des forces électromagnétiques suivant la théorie de Maxwell; par M. Vaschy u>65 — Rapport de M. Lippmann concluant à décerner le prix Gaston Planté à M. R. Blondlot, pour ses travaux d'élec- tricité 972 — M. J.-B. Fachris adresse une Note relative à un projet d'éclairage de Constantinople par l'électricité, en utilisant le courant du Bosphore. . . . 610 — M. J. Desbourdieu demande l'ouver- ture de divers plis cachetés, relatifs à quelques applications de l'électricité. i-A — M. X. Gos.selin, à propos des recherches ( • Pages, récentes de M. Moissnn, informe l'A- caHémie qu'il avait étudié la décom- position des piiosphates en vue de l'extraction industrielle du phosphore par l'électricité 260 — M. C. Hue présente un Mémoiie sur l'électrolyse, faisant suite à sa Com- munication sur la matérialité des élec- tricités 33G Embryologie. — Recherches sur l'exten- sion du blastoderme et l'orientation de l'embryon dans l'œuf des Téléosléens ; par MiM. R. Kœliler et E. Bataillon. 490 — Observationssurles phénomènes karyo- kinéliques dans les cellules du blasto- derme des Téléostéens; par JIM. E. Bataillon et /?. Kœhler 5-2 1 — Etude sur la reproduction des Guêpes; par M. Paul Marchai 584 — Rapport de M. Edm. l'errirr, sur les travaux d'Embryogénie présentés pour le concours du prix Serres gjo Émétiques. — Sur lémétique de baryte: par M. E. Maiimené G66 Errata. — 76, 262, 3o2, 366, 45o, 678, 714, 774, 874, 1117. Érythrite. — Synthèse nouvelle de l'é- rythrite, et synthèse d'une érythrite isomérique; par M. G. Griner 553 ÉsÉRiiNE. — Sur une nouvelle réaction de l'ésérine et une matière colorante verte dérivée du même alcaloïde ; par M. S.-J . Fcrreira da Silva 33o Essences. — Sur l'essence d'Aspic ( /.«- t'ondula .<:pica)\\iAX 'ii. G. Bnur /tar- dât 53 — Sur le géraniol; par M. Ph. Barbier. . 1-20 127 ) — Dérivés et constitution du rhodinol de l'essence de roses; par M. P/i. Bar- bier 177 — Sur l'essence d'estragon ; sa transfor- mation en anéthol; par M. E. Gri- mait T 1 08g — Sur une nouvelle source de rhodinol; par MM. P. Monnet et Ph. Barbier. 1092 — Présence du camphène dans l'essence d'aspic; par M. G. Bouchnrdat 1094 — Sur les carbures volatils de l'essence de valériane ; par M. Oliviero 1096 Étiiebs. — Sur les vitesses d'éthérifica- tion de l'acide fluorhydrique; par M. Meslnru 853 Étoiles. — Sur l'étoile nouvelle de 1892, T Anrigas 19S3 Chandier; par M. G. Bigourdan 655 Étoiles filantes. — Les étoiles filantes du mois d'août 1893, observées en Italie; par le P. Fr. Denza 398 Explosifs. — M. Sarrau fait hommage à l'Académie de deux Ouvrages qu'il vient de publier sur la théorie des explosifs et les poudres de guerre. . . i37 Expositions. — M. le Ministre de l'In- struction ijublic/ue, des Beaux- Arts et des C«fev informe l'Académie qu'une Exposition internationale de Médecine et d'Hygiène aura lieu à Rome au mois de septembre 92 — M. le Ministre de V Instruction publi- que, des Beaux-Arts et des Cultes informe l'Académie que cette Expo- sition est ajournée au mois d'avril 1894 • 359 F Fer. — Sur la transformation produite dans le fer par une déformation per- manente à froid; par M. G. Charpy. Fermentations. — Sur la structure his- tologique des levures et leur déve- loppement; par Z*.-^. Dangenrd. . . — Sur certaines conditions chimiques de l'action des levures de bière ; par M. J . 68 Effront 559 — De l'influence des poisons minéraux sur la fermentation lactique; par MM. A. Chassevant et Ch. Ricitet 673 Fuchsine. — Constitution des matières colorantes du groupe de la fuchsine; par MM. Prud'lwninie et G. Rabaut. 40 C. R., 1893, 2" Semestre. (T. CXVII. ) ^ T,28 ) G.VLL\Nii.iDE. — Sur les combinaisors métalliques de la gallanilide; par M. P. Ciizi'/icuve /i 7 — Recherches sur les homologues de la gallanilide: préparation de la gallopa- raloluide; par 1\\. P. Cazenem'e .... 633 Géographie. — Note de M. Grnndidi( i , accompagnant la présentation de son Ouvrage sur « l'Histoire de la Géo- graphie de Madagascar » 832 — Rapport de M. Griiniliilier, conchiant à décerner le prix Tchihatchef à M. Gté- ^ùire Gronni-Grschiinaili)^ pour les résultats scientifiques de son voyage dans l'Asie centrale 97 1 GÉOLOGIE. — M. le Scnétain: pi-iiiétufl signale, parmi les pièces imprimées de la Correspondance, une Carte géo- logique de la Russie d'Europe 210 — Sur l'origine glaciaire des brèches des bassins houillers de la France cen- trale ; par M. ^. Julien 2^5 — Couches à pétrole des environs de Pechelbronn (Rasse-Alsace); tempé- ratures exceptionnellement élevées qui s'y manifestent; par M. Daubrép. 265 — Sur la géogénie et la stratigraphie des bassins houillers de la France cen- trale; par M. A. Julien 344 — Cambrien de l'Hérault; par MM. de Pioui'ille, Deldj^e et MiqucI 346 — Hy[)0thèse des cloches sous-continen- tales ; par M. Râteau 370 — M. P.-jr. Stuart-Mententh adresse à l'Académie trois Notes « Sur la géo- logie des Pyrénées » 5 10 — Sur une dislocation en forme de cham- pignon, dans les Alpes de la Haute- Savoie; par M. Maurice Lugeon .... 564 — Fractures des terrains à charbon du sud du Chili; par JI. A.-E. Noguès. 592 — Sur une couche à Nymphéinées, récem- ment explorée et comprise dans l'aqui- lanien de Manosque; par M. G. de .Saporta G07 — Les phénomènes glaciaires et erratiques dans le vallon du Cachapoal (Cordil- lère des Andes du Chili); par M. J.-F. Noguès 648 — Sur l'extrémité nord-est du massif du Pages, mont Rlanc; par MM. L. Duparn et L. Mrazec 7o5 — Sur l'origine des Alpes du Chablais et du Stockhorn, en Savoie et en Suisse; par M. Hans Schardt 707 — Preuves et cause du mouvement lent actuel de la Scandinavie; par M. A. Badoureaii 767 — Observations sur le calcaire oolithique supérieur au gypse de Villejuif. près Paris; par M. Stanislas Meunier. . . . 769 — Sur les terrains primaires de l'arron- dissement de Saint-Pons (Hérault); jiar MM. P. de Rouville, Aug. Delage et J. Miijuel 818 — Sur les terrains triasique et jurassique des îles Baléares; par M. H. Nnlan.. 821 — Sur les lits oolithiques du tertiaire pari- sien ; par M. G. -F. Dollfus 1 1 1 3 -- Rapport de M. A. Gaudry. concluant à décerner le grand prix des Sciences physiques à M. Marcellin Boule, pour ses travaux de Géologie 914 — Rapport de M. Mallard, concluant à décerner le prix Delesse à M. Fayid. pour ses travaux de Géologie 920 — Rapport de M. Daubrée. concluant à décerner le prix Petit d'Ormoy à M. Marcel Bertrand, pour son tra- vail relatif à la coordination des acci- dents de l'écorce terrestre 969 Voir aussi Minéralogie, Pétrographie, Priléontolngie, Glaciers, Volcans, Tremblements de terre. GÉ0.MÉTRIE. — Sur les transformations bi- rationnelles des courbes algébriques; par M. H. Poincaré 18 — Sur la généralisation d'im théorème d'Euler relatif aux polyèdres; par M . H. Poincaré 1 4 i — Sur une propriété d'une classe de sur- faces algébriques; par M. G. Huni- bcrl 36 1 — Des cercles ou des sphères « dérivés » d'une enveloppe, plane ou solide, de classe quelconque ; par M. P. Scrret. 400, 435 et 480 — Sur une classe de transcendantes nou- velles; par M. Emile Picard 472 — Théorème sur les systèmes triplement ( " 29 ) l'apes. orthogonaux; par M. Lucien Le'vy . . 477 — Sur certaines familles de cubiques gauches; par M. Lr/irufre.. . 537 et 616 — Sur les surfaces admettant des cubiques gauches pour lignes asymptotiques; par M. Blute! 722 — Sur les surfaces dotit les lignes de courbure d'un système sont planes et égales; par M. T/i. Ctiroiinct 84) — Sur les rayons de courbure successifs de certaines courbes ; par M. R. Gnde- f'-ny 1062 — Le prix Poncelet est décerné à M. G. Kœ/iigt, pour l'ensemble de ses tra- vaux en Géométrie et en Mécanique. 8X9 — Notice sur lu vie et les travaux de Piern-Ossi/i/i Bonnet; par M. P. Appetl 1 o I i Voir aussi Analyse inalhéinatiniie. GÉRAxroL. — Sur le géraniol; par JI. Pli. Barbier \m> Fuges. Glaciers. — Sur les glaciers du Spitz- berg; par M. Charles Rabot 72 — Sur les changements survenus au gla- cier de la Tète-Rousse depuis la cata- strophe de Saint-Gervais, du 12 juil- let 1892; par MM. .4. Dclehecque et L. Diiparc 333 Grisou. — MM. Delahaye et Boutilie adressent une Note sur un « avertis- seur automatique de changement de densité des milieux gazeux », des- tiné spécialement à signaler la pré- sence du grisou dans les mines 327 — M. A. Soiiizée, à l'occasion d'une Note de M. Hardy, rappelle à l'Académie son appareil destiné à la recherche du grisou 083 — Rapport de ^X.Scliiilzenher^cr, pour le concours du prix Montyon (Arts insa- lubres), sur le grisouniètre de M. Co- qaillon : 966 H Histoire dus Scienxes. — Notice sur les travaux de M. D. Culladon; par M. Sarrau 263 — M. Léo/)ol(l Hugo adresse deux Notes intitulées « Sur l'ancien centre scien- tifique d'Héliopolis d'Egypte » et « Sur le cycle indou appelé Kalpa » Gîo — M. A. Cayley adresse le VI" Volume de la collection intitulée « The Collected matheraatical Papers of Arthur Cay- ley » 68 j — Notice sur la vie et les travaux de Pierre-Ossian Bonnet ; par M. P. Ai>- pell 1 o 1 4 Houilles. — Sur les bassins houillers de la France centrale ; par M. A. Jullicn. 255 et 344 — Analyse d'une houille vanadifère; par M. A. Mourlol 546 Huiles. — Amélioration des huiles de consommation et des huiles de grais- sage, par un traitement électrique; par M. L.-A. Letat 734 Hydrodynamique. — Sur un hydrociné- momèlre enregistreur; par M. Clerc. 27 — M. Abri Duveau adresse un Mémoire intitulé « Bateaux-pompes atmosphé- riques, pour élévation de rivières . . . 53(5 — JI. Paul Blantlin adresse la description d'un appareil destiné à mesurer la force d'un jet d'eau, auquel il donne le nom A' hydrodynainoinèlre 872 Hydrostatique. — M. le Secrétaire /«t- /;e/;ie/ signale à l'Académie deux Opus- cules de M. Van der Mensbrugghe, sur la pression hydrostatique néga- tive, la tension superficielle et l'éva- poration des liquides SSg Hygiène publique. — M. Cli. Tellicr adresse une Note « Sur l'influence de la navigation au point de vue du transport des germes épidémiques ». 4*ii — Rapport de M. A. Gautier, pour le concours du prix Montyon (Arts insa- lubres), sur les travaux de M. Garros relatifs à la porcelaine d'amiante. . . . 964 Infectieuses (Maladies). — M. G. Per- rin adresse une Note relative à un remède contre le croup 3o3 — Étude sur l'origine microbienne de l'infection purulente chirurgicale ; pnr MM. Ji-loiiif^ et Ed. Chantre 324 — Sur les variations de la glycogénie dans l'infection clinrhonneuse; par M. H. Roger 488 Voir aussi Cancer, Choiera, Tuberculose. Iode et ses composés. — Sur les iode- ( ii'^o ) Pages. Pages, sulfures d'arsenic et d'antimoine; par M. L. Oiirrard 107 — De la fixation de l'iode par ramidon; par M. G. Rmirier 281 et — Sur la sublimation des iodures rouge et jaune de mercure; par M. Berthe- lot 827 61 L Levures. — Sur la structure histologique des levures et leur développement; par M. P. -A. Dangeard 68 — Sur certaines conditions chimiques de l'action des levures de bières; par M./. Effront 559 Lithium. — Sur la préparation du lithium métalliiiue; par M. Giiniz 732 LocoMOTio.N. — Étude chronophotogra- phique des différents genres de loco- motion chez les animaux; par M. Ma- rey 355 Locomotives. — M. F. Larme soumet au jugement de l'Académie quelques in- dications sur un projet de locomotive à grande vitesse 9* Lune. — M. Bisrhoffsticini présente à l'A- cadémie une photographie lunaire obtenue à l'observatoire de Lick et agrandie par M. fVeineh i5S — M. le .S'pc/pto/><"/«//.'e?He/ signale, par- mi les pièivs imprimées de la Corres- pondance, des « Recherches concer- nant les inégalités planétaires du mou- vement de la Lune n; par M. R. Ra- dau 359 M Machines a vapeur. — M. J. Is.sclin adresse une Note relative à un nou- veau robinet pour l'alimentation des chaudières à vapeur 4-i9 Magnétisme terrestre. — Des observa- tions magnétiques récemment faites en Russie; par M. Fénidoff. 382 — Valeurs des éléments magnétiques dé- terminées par l'expédition polaire de la Société impériale russe de Géo- graphie, à l'embouchure de la Lena; par M. A. de Tith 457 Manganèse et ses composés. — Sur l'essai des oxydes de manganèse par l'eau oxygénée; par M. Htirry-C. Jones.. 781 Marées. — Remarques de M. A. Bouquet de la Grye relatives à un Mémoire de M. Hatt, sur l'analyse harmonique des observations de marées i3/| Mécanique. — Sur les équations du mou- vement d'un corps solide se mouvant dans un liquide indéfini; par M. C. Maltézos 337 — M. P. Appell présente à l'Académie le premier Volume de son t Traité de Mécanique rationnelle » 45i — Sur la stabilité de l'équilibre de l'axe de la toupie girosiopique; par M. H. Re- sal 499 — Sur un théorème nouveau de Méca- nique ; par M. IS. Sediger. ,..:.... 57S — Actions mutuelles des corps vibrants dans les milieux fluides; par MM. Ber- son et Juj>i>onl 7'4 Mécanique appliquée. — Expériences sur la résistance de l'air et de divers gaz au mouvement des corps; par MM. L. Cailletet et E. Colurdeau i45 — Sur un essai de l'hélice à propulsion verticale ; par M. Mallet 3oo — M. A. Rapuiat adresse un mémoire relatif à un a Nouveau moteur >'.... 3o3 — Sur la denture de l'engrenage hyper- boloïdal ; par M. H. Resal Sgi — Sur le joint Goubet et son application à l'hélice des navires; par M. H. Re- sal 5g9 — Rapport delà Commission du prixMun- tyon ( Mécanique), sur les travaux de M. Flamant SgS — Rapport de la Commission du prix Plu- mev, sur les travaux de M. Lebas- ( i'3i ) Pages. triir 895 — Rapport (le la Commission du prix Fourneyron, sur les travaux de M. Broussct, relatifs à la rupture des volants S96 — Rapport de M. Bertrand, pour le con- cours du prix Trémont, sur les tra- vaux de Mécanique appliquée de M. Jules Movin 968 MÉCANIQUE CÉLESTE. — M. F. Tisserand présente à l'Académie le tomelllde son « Traité de Mécanique céleste » 53 1 — Sur le mouvement du cinquième satel- lite de Jupiter; par M. F. Tisserand. 1024 — Sur le développement approché de la fonction perturbatrice dans le cas des inégalités d'ordre élevé; pnr M. M. Hnmy i o5o — M. A. Baudouin adresse un Mémoire portant pour titre : « L'agent de l'at- traction universelle » 370 Médecine. — Rapport de M. Bouchard^ sur le concours du prix Monlyon (Mé- decine et Chirurgie) 982 — Rapport de M. Cliatin, sur le concours du prix Rarbier gSB — Rapport de M. Marer, sur le concours du prix Bréant 936 Mercure et ses composés. — Des sali- cylates mercuriques; par MM. H. La- jnun et Jl. Grandvid 44 — Sur le sallate de mercure. Nouvelle, préparation antisyphilitique; par MM. Brousse et Gar 284 — Sur la stabilité et la conservation des solutions étendues de sublimé; par M. Léo f'i^non 793 — Sur la stabilité à l'air de la solution de sublimé corrosif au millième, par M. Tanret 1081 — Sur la sublimation des iodures rouge et jaune de mercure; par M. Berthe- tot 827 Météorites. — Sur deux météorites turques, récemment parvenues au Muséum d'Histoire naturelle; par M. Stanisltis Meunier 257 Météorologie. — AI. Dnubre'e fait hom- mage à r.4cadémie du Rapport qu'il a présenté en 1891, comme Président, sur les travaux du Bureau central mé- Élude sur l'origine micro- Papes, téorologique 476 — Observation d'une aurore boréale; par M. N. de Lruchtenher^ 49^ - Sur un halo observé à Créteil, le 22 octobre 1893 ; par M. G. Pouchet. . . . 565 — Sur les observations faites par M. J. Vallot, en 1887, au sommet du mont Blanc; par M. A. Jngot 786 Voir aussi Physique du globe Microbes bionne de l'infection purulente chi rurgicale; par MM. .S'. Ariolng et Ed. Chantre 324 — Parasites dans le cancer; par M. G. Nepueu 808 — Influences de certaines causes sur la réceptivité. Associations bactériennes; par M. r. Galtier 1098 .Minéralogie. — M. y.-.£.Kî/w<7g-« adresse de remarquables échantillons de cris- taux de séiéni te (gypse) venant d'Utah. 2.3 — Sur l'olivine de Maillargues, près d'AI- lanche (Cantal); par M. F. Gonnanl. 8G4 — Rapport de M. Des Chizeaux, sur le concours du prix Bordin n Genèse des ruches éclairée par l'expérimentation synthétique » g 16 Voir aussi Pétrographie. MoLYBnÈNE ET SES COMPOSÉS. — SuP leS combinaisons de l'acide sélénieux avec l'acide molybdosélénieux ; par M. E. Pc'cliard io4 — Sur les acides complexes que forme l'acide molybdique avec l'acide tita- nique et la zirrone; par M. E. Pé- eluird 788 .Monnaies. — M. le Ministre des Finances invite l'Académie à désigner deux de ses Membres pour faire partie de la Commission de contrôle de la circu- lation inonélaire ^iB — MM. Troost el. ^chiitzenberger son\. dé- signés à M. le Ministre des Finances, pour faire partie de cette Commis- sion 781 .AIusÉUM d'Histoire naturelle. — Liste de candidats présentés à M. le Mi- nistre de l'Instruction publique pour la chaire de Physiologie vacante au Muséum d'Hisloire naturelle : 1° M. Grélinnt ; 1" M. Gley 91 ( ll32 ) Navigation. — Recherches expérimen- tales sur le matériel de la batellerie; par M. F.-B. de Mas — M. G. Chassy adresse le projet d'un système d'aubes articulées pour ba- teaux 654 et — Sur le clapotis; Note de M. E. Guroii. — Nouvelles applications des Tables de latitudes croissantes à la navigation; par M. £. Gin ou — Rapport de la Commission du prix extraordinaire de six mille francs, sur les transformations apportées par M. Bourdelles aux appareils des phares — Rapport de la même Commission, sur r « Indicateur et contrôleur de la route au compas par repères lumi- neux » de M. Lephny Navigation aérienne. — M. F. T'arenne adresse un projet de système d'avin- tion Nerveux (Système). — De l'interférence des excitations dans le nerf; par M. N. IVedciishy — Sur quelques faits qui permettent de rapprocher le système nerveux cen- tral des Lamellibranches de celui des Gastéropodes; par M. A. d'Hardi- vdler — Sur les noyaux cérébraux des Myria- podes; par M. Joannes Clialin — Recherches anatomiques sur le système nerveux grand sympathique de l'Es- turgeon ; par M. René CIic^tcI Pages. 683 -/11 lojg 889 89. 23 2|0 291 441 Pages. — Sur la structure intime des plaques terminales des nerfs moteurs des muscles striés; par M. Ch. Rouget . . 699 — Sur la terminaison des nerfs moteurs des muscles striés, chez les Batraciens ; par M. C/i. Rouget 802 — Quelques données chronométriques relatives à la régénération des nerfs; par M. C. Vanlair 799 Nickel kt ses composés. — Sur l'oxyda- tion du sulfure de nickel; par M. Pli. de Clcrmonl 229 Nicotine. — Sur la saturation des azotes de la nicotine et sur une acétylnico- tine ; par M. A. Eiard 170 — La benzoynicotine;par M. A. Etard.. 278 NiTRiFicATioN. — Sur la nitrification des terres de prairies; par MM./. Diinwnt et /. Crochetelle 670 Nominations de Membres et Correspon- dants DE l'Académie. — M. Bichnt est élu Correspondant pour la Section de Physique 91 — M. Liidit'igesl élu Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie. 157 — M. Potiiin est nommé Membre de la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de M. Charcot 572 — M. Rollet est élu Correspondant, pour la Section de Médecine et Chirurgie, en remplacement de M. Palasciano.. 610 — M. Riggenbach est élu Correspondant, pour la Section de Mécanique, en remplacement de feu M. Colladon.. . 781 o Observatoires. — M. le Secrétaire per- pétuel signale, parmi les pièces impri- mées de la Correspondance, le tome 1 des « Annales de l'observatoire météo- rologique du mont Blanc, publiées sous la direction de M. /. f'allot » 458 — Sur les observations faites par M. J. Vallot en 1887, au sommet du mont Blanc ; par M. A. Angnt 786 Optiqi'e. — Sur de nouvelles franges d'in- terférences rigoureusement achroma- tiques; par M. Georges Mesliii 225 — Observations de M. Cornu relatives à la Communication de M. G. Meslin. . 228 — Sur l'absorption de la lumière dans le brome liquide; par M. Charles Cami- cliel 307 Sur les alternances de couleur présen- tées par les réseaux; par M. G. Mes- lin 339 Sur les franges de l'ouverture, dans l'expérience des réseaux parallèles; par M. Georges Meslin 482 Sur la marche de la lumière à travers un système de lentilles sphériques; par M. L.-V. Charlier 58o Sur la vision des objets opaques au moyen de la lumière diffractée; par M. Gouy G26 Mesure du pouvoir absorbant, pour la lumière, de lames minces possédant la réflexion métallique; par M. Sa/rarlr.r £hch 66 1 — Vérifications numériques relatives aux propriétés focales des réseaux diffrin- getits; par M. J. Cornu io32 ( >i:« ) Pages. Voir aussi PhysKjuc mniliémn'Aqnr, Plio- lograpliie, Speriroscopie, Visinn. OsTRÉicuLTiRK. — Sur la reproduction des Huîtres dans le vivier de Roscolï; par M. de Lacaz^-Diulders 4-28 Paléontologie. — Le Callib/nchinn, nou- veau reptile du permien d'Autun; par MM. M. Boule et Fli. Glnngeau G i6 — M. Co//ertH fait hommage à l'Académie d'une nouvelle livraison de la n Paléon- tologie française » <'iS3 — Découverte d'un nouveau dépôt pré- historique magdalénien dans la vallée de la Vézère ; par MM. P. Girod et E. Masse'nat 709 Voir aussi Botn/nrpie fossile. Panification. — Sur la température inté- rieure du pain sortant du four; par M. Bidland 319 — Sur la température de cuisson du pain ; par M. Aimé Girard 584 — Sur la stérilisation du pain et du bis- cuit sortant du four; parMM. Ballund et Mcisson 797 Pathologie végétale. — Sur deux nou- velles maladies du Mûrier; par MM. G. Borer et F. Lambert 3 ;•;■. Pesanteur. — M. lu Ministre de la Guerre adresse une Lettre relative aux tra- vaux du commandant Defforges ■?.r\^ — Sur la distribution de l'intensité de la pesanteur à la surface du globe; par M. Drfforges 20 î — Rapport de M. F. Tisserand sur le Mémoire de M. Defforges 307 — MM. A. -F. Nnguès eX A. Obrerhl se mettent à la disposition de l'Académie pour collaborer, avec M. Delforges, sur les côtes du Pacifique et dans les terres australes de l'Amérique, à l'étude de la distribution de l'inten- sité de la pesanteur à la surface du globe S41 Pétrographie. — Sur l'existence de la gismondine dans les géodes d'un ba- salte des environs de Saint-Agrève (Ardèche); par M. Ferdinand Gon- nard 590 Phares. — Une partie du prix extraordi- naire de six mille francs est décernée à M. Bourdelles, pour les transforma- tions apportées par lui dans les appa- reils des phares Sg 1 Phosphlres. — Sur le phosphure cui- vreux cristallisé; par M. A. Granger. 23 1 Photographie. — Sur la photographie sous-marine; par M. Louii Boutan.. 286 — M. Cli.-V. Zengcr adresse deux petites photographies du lac de Genève et des montagnes environnantes, obte- nues pendant la nuit 348 — M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la Cor- respondance, les 38 — Sur l'élimination des matières étran- gères chez les Acéphales et, en parti- culier, chez les Pholades; par M. H. Coupin 373 — Sur les mouvements de la surface du cœur ; par M. Potain 534 — M. Marey offre à l'Académie son Ou- vrage intitulé « Le Mouvement ». . . . 572 — Influences héréditaires expérimentales; ( l^M ) par MM. Grer et Clmrrin 635 — M. C.-G. Losada adresse une Note relative aux expériences de MM. Gley et Cliarrin . . 7 1 3 — Sur un pliéiiomène d'inhibition ciiez les Céphalopodes : constriclion para- lyliquedeschromatophores; par M. C. Phisalix 638 — Sur quelques faits relatifs aux effets des injections de liquides organiques chez les animaux; par M. E. Meyer. 737 — De l'absorption parles voies urinaires; par M. Bdzy 739 — La transpiration et la respiration, fonc- tions déterminantes de l'habitat, chez les Batraciens; par M. A. Dissard . . 741 — Sur quelques points relatifs à la circu- lation et à l'excrétion chez les Cirrhi- pèdes ; par M. Griwel 804 — Modifications du pouvoir tmissif do la peau sous l'influence du souffle élec- trique ; par M. Lecercle 1 102 — Rapport sur le concours du prix Bel- lion : recherches de M. Cliabrié aur la fonction du rein 945 — Rapport sur le travail de M. Couslon, sur la fatigue dans ses rapports avec l'étiologie des maladies des armées . . 946 — Rapport de M. Cliaiwerni, sur le con- cours du prix Montyon (Physiologie expérimentale) 950 — Rapport de M. Marry, sur le concours du prix La Cuze ( Physiologie) : tra- vaux de M. d' Arsom 37 — Observations relatives à la Communi- cation de M. G. Me.Hin « Sur de nou- velles franges d'interférences rigou- reusement achromatiques » 228 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 302 — Vérifications numériques relatives aux propriétés focales des réseaux diffrin- gents plans io32 -- Est désigné par l'Académie à M. le Mi- nistre de la Guerre pour faire partie du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique pendant l'année 1893-1S94 47G COSTANTIN (J.). — Sur un nouveau pro- cédé de culture du Champignon de couche. ( En commun avec M. L. Matrurliot .) 70 — Expériences sur la désinfection des carrières à Champignon 754 COTTEAU fait hommage à l'Académie d'une nouvelle livraison de la « Pa- léontologie française » 683 COUPIN (H."). — Sur l'élimination des matières étrangères chez les Acé- phales et, en particulier, chez les Pho- lades 373 — Surladessiccationnaturelledesgraines. un COURTY (P.). — Observations de la co- mète Rordame-Quenisset, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux 456 COUSIN (H.). — Action de l'acide sulfu- riquesur la pyrocatéchineet sur l'ho- mo|iyrocatéchine 1 13 COUSTAN. — Un prix Bellion (Médecine et Chirurgie) lui est décerné 945 — Adresse ses remerciments à l'Académie. io5o CRIÉ. — Une mention lui est accordée dans le concours du prix Montyon ( Physiologie) "... gjo CROCHETELLE (.L). - Sur la nitrification 102 ( ii44 ) MM. Pages. des terres de prairie. (En commun avec M. /. Dumont.) 670 CUENIN (J.) adresse une Note ayant pour MM. Pages, titre : « L'Instituteur et le progrès agricole en France » 574 D DANGEARD (P.-A.). — Sur la structure histologique des levures et leur déve- loppement C8 — La reproduction sexuelle des Uslilagi- nées : . . . . 496 DANYSZ ( J.). — Emploi des cultures arti- ficielles de microbes pathogènes à la destruction des Rongeurs (campagnols et mulots) en grande culture 869 DAUBRÉE présente un Ouvrage posthume. de dont Pedro d' Alcantara. . . ., 90 — Couches à pétrole des environs de Pe- chelbronn (Basse-Alsace); tempéra- tures exceptionnellement élevées qui s'y manifestent 26a — Fait hommage à l'Académie du Rapport qu'il a présenté en i8l)1, comme Pré- sident, sur les travaux du Bureau central météorologique 47(1 DEFFORGES. — Sur la distributibn de l'intensité delà pesanteur à la stirface du globe i . . . . 2o5 DEHÉRAIN (P.-P.). — Sur l'inégale résis- tance à la sécheresse de quelques plantes de grande culture 269 — Sur la composition des eaux de drai- nage d'hiver des terres nues et em- blavées io4i DELACROIX (G.). — Un entomophage parasite de Vers à soie européens. (En commun avec M. E.-L. Bouvier.). 245 DELAGE. — Cambrien de l'Hérault. (En commun avec MM. de Roiwille ei Mi- guel.) 346 — Sur les terrains primaires de l'arron- dissement de Saint-Pons (Hérault). (En commun avec MM. de Rotmlle et Miqticl.) 8 1 S DEFjAHAYE adresse une Note sur un n avertisseur automatique de change- ment de densité des milieux gazeux, destiné spécialement à signaler la pré- sence du grisou dans les mines». (En commun avec M. Bouiitie.) 327 DELASSUS. — Sur une extension aux équations d'ordre quelconque d'une méthode de Ricmaon relative aux équations du second ordre 5io DELERECQUE (A.). — Sur les change- ments survenus au glacier de la Tête Rousse, depuisla catastrophe de Saint- Gervaisdu 12 juillet 1S92. (En com- mun avec M. L. Diiptirc) 333 - Errata se rapportant à cette Commu- nication 366 — - Sur la variation de la composition de l'eau des lacs avec la profondeur 712 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 874 DELORE. — Une citation lui est accordée dans le concours du prix Montyon (Médecine et Chirurgie) 932 DELORME. — Un prix Montyon (Méde- cine et Chirurgie) lui est décerné. . . 932 DEMARÇ.4Y (Eug.). — Sur la simplicité du samarium i63 DENIGÈS (G.). — Méthode générale pour le dosage volumétrique de l'argent sous une forme quelconque 1078 DENZA (le P.). — Les étoiles filantes du mois d'août 1893 observées en Italie. 39S DESBOURDIEU (J.) demande l'ouverture de divers plis cachetés, relatifs à quelques applications de l'électricité. 328 DESCROIX ( L.) adresse une Note inti tulée : (( Contribution à l'étude du phéno- mène de l'oscillation diurne baromé- trique » 3o* DESLANDRES (H.;. — Sur l'enregistre- ment des éléments variables du So- leil 7'G — Sur la recherche de la partie de l'atmo- sphère coronale du Soleil projetée sur le disque '0.53 DETROYES (Aug.) adresse une réclama- tion de priorité à propos d'une Note de M. Gcnesle « Sur le greffage sou- terrain » 872 DISSARD (A.). — La Iranspiralion et la respiration, fonctions déterminantes de l'habitat, chez les Batraciens 741 DITTE (A.). — Action exercée par quel- ques métaux sur des solutions acides de leurs chlorures. (En commun avec ( II MM. Pages. M. R. Metzner.) 691 DOELTER. — Une mention lui est accordée dans le concours du prix Bordin (Mi- néralogie et Géologie) 91G DOLFFUS (G.-F.). — Sur les lits ooli- thiques du tertiaire parisien i ii3 DUBOIN. — Une partie du prix Bordin (Minéralogie et Géologie) lui est dé- cernée 9' Sgo — Adresse deux Notes « Sur un hexa- gramme visible à proximité d'un cra- tère lunaire, d'après la photographie » et « Sur la stéréologie de la sphère et des polyzonères » 498 — Adresse deux Notes intitulées « Sur l'ancien centre scientifique d'Hélio- polis d'Egypte )> et « Sur le cycle indou appelé Kalpa 0 65o HUMBERT(G.).— Surunepropriétéd'une classe de surfaces algébriques 3G 1 I » ISSELIN (A.) adresse une Note relative à un nouveau robinet pour l'alimentation des chau- dières à vapeur 449 JACCOUD prie l'Académie de le com- prendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Mécecine et Chirurgie par suite du décis de M. Charcot — Est présenté par la Section de Méde- cine et Chirurgie, comme candidat à cette place JAGGI ( E.) adresse une troisième Note fai- sant suite à son Mémoire sur la tljéorie des fonctions Sur la miell :e du JANDRIER (Edm.). platane JANET (Cq.). — Sur les nématodcfe des glandes pharyngiennes des Fop (Pelndera sp.). JANSSEN ( J.). — Note sur l'historique des faits qui ont démontré l'existence de l'atmosphère coronale du Soleil i. . . . — Sur les observations spectroscopiques faites à l'observatoire du mont èlanÇj les 14 et 1 5 septembre 1898 . .i . . . . 5io 566 23 498 700 77 419 JÉGOU adresse une Note intitulée : « Con- tribution à l'étude des vins mannités et dosage de la mannite » y2 JONES (HARRY-C). - Sur l'essai des oxydes de manganèse par l'eau oxygé- née 781 JULHE adresse un Mémoire ayant pour titre : « Emploi de la colophane dans le durcissement des plâtres et pierres tendres; coloration de splàtres. » 5/4, 654 JULIEN (A.). — Sur l'origine glaciaire des brèches des bassins houillers de la France centrale ^55 — Sur la géogénie et la stratigraphie des bassins houillers de ia France cen- trale 344 JUNGFLEISCH (E.). — Sur la cinchoni- bine.(EncommunavecM.-£. Léger.). 42 JUPPONT. — Actions mutuelles des corps vibrants dans les milieux fuiides. (En commun avec M. Berson.) 724 R KELVIN (Lord). — Sur la théorie de la pyroélectricité et de la piézo-é|ectri- cité / 463 KILIAN. — Secousse de tremblenient de terre à Grenoble ' 65o KLOBB (T.). — De l'isomorphisme dans les aluns anhydres 3 1 KCEHLER (R.). - Recherches sur l'exten- sion du blastoderme et l'orientation de l'embryon dans l'œuf des Téléo- ( ii49 ) MM. Pages. stéens. (En commun avec M. E. Bn- taillnn.) 49" — Observations sur les phénomènes karyo- kinétiques dans les cellules du blasto- derme des Téléostéens. (En commun avec M. Balaillon.) Hii KŒNIGS (G.). — Sur les équations aux fonctions mêlées et un problème de MM. Pages, lignes géodésiques 683 — Le prix Poncelet (Géométrie) lui est décerné 889 — Adresse ses remercîments à l'Académie. io5o KRUEGER (P.). — Sur le parfum de la viole'.te. (En commun avec M. Ferd. Tiemnnn.) 548 LA BAUME PLUVINEL (A. de). - Sur l'observation de l'éclipsé totale de Soleil du iTi avril, faite à .loal (Sé- négal) '4 LABBÉ (Alph.). — Sur les Coccidies des Oiseaux 4"? LACAZE-DUTHIERS (de). — M. le Prési- dent annonce à l'Académie la perte qu'elle vient d'éprouver dans la per- sonne de M. Charcot, Membre de la Section de Médecine et Chirurgie.. . . 335 — Sur la reproduction des Huîtres dans le vivier de RoscolT 428 — M. le Président annonce à l'Académie la perte qu'elle vient de faire dans la personne de M. Chainbretent, Membres de la Section d'Économie rurale 65 1 — M. le Président annonce à l'Académie que, en raison des fêtes de Noël, la séance du lundi 3.5 décembre sera re- mise au mardi 26 Si; — Allocution prononcée dans la séance publiqueannuelledui8décembrei893. Bjj — M. le Président annonce à l'Académie que, en raison de la fêle du nouvel an, la séance du lundi 1" janvier sera reportée au mardi 2 101 3 LADELL (R.-S.). — Sur une ptoma'ine extraite de l'urine dans la grippe. ( En commun avec M. A.-B. Grijpths.).. 744 LAIRE (G. de). — Sur le glucoside de l'iris. (En commun avec M. F. Tie- mann.) 438 LAJOUX (H.). — Des salicylates mercuri- ques.(En commun avqcVl. Alexandre Grnndt'fd.) 44 LAMBERT (F.). - Sur deux nouvelles maladies du Mûrier. (En commun avec M. F. Lambert.) 342 LAMEY (dom). — Sur les déformations profondes du sphéro'i'de de Mars 7S3 LANCEREAUX prie l'Académie de le com- prenlre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Médecine el Cliirurgie par suite du décès de M. Charcot 5 1 o — Est présenté par la Section de Méde- cine et Chirurgie, comme candidat à cette place 566 lANDEL (G.). — Influence des radiations solaires sur les végétaux 3i4 LANGLEY. — Le prix Janssen( Astronomie) lui est décerné 899 LANGLO'i'. — Un prix Montyon (Physio- logie) lui est décerné. (En commun avecM. Abelous.) g5o — Adresse ses remerciments à l'Académie. io5o LA ROULE (de;. — Une mention lui est accordée dans le concours du prix Monlyon (Arts insalubres) 964 LARRtlE (F.) soumet au jugement de l'A- cadémie quelques indications sur un projet de locomotive à grande vitesse. 92 LAULANÉ. — Un prix Montyon (Physio- logie) lui est décerné 950 LAUTH (Charles). — Sur les dérivés car- boxylés de la diméthylaniline (acides diméthylamidobenzoïques) 58i LEBASTEUR. — Le prix Plumey (Méca- luque) lui est décerné 895 LE BÛULENGER (P.). — Sur la conden- s»ticn des alcools de la série grasse avec les carbures aromatiques. (En conmun avec M. A. Brochet.) 235 LECERCLE. — Modifications du pouvoir émiïsif de la peau sous l'influence du soufle électrique 1 102 LE CHAIELIER (H.). — Sur la dissocia- tion du plombate de chaux 109 — Siir le troisième principe de l'énergé- tique. Réponse à M. Meycrhoffcr ... 5i3 LECLEUC DU SABLON. — Sur la germi- nation du Ricin 524 LECOQ DE BOISBAUDRAN. - Recherches ( ii5o ) MM. En 4-« 110 ré- '-9 Pages. sur le samarium 199 LEDUC (A.)- — Densité de l'anhydride sul- fureux, sa compressibililé et sa dilata- tion au voisinage des conditions nor- males 219 — Sur le poids du litre d'air normal dt la densité des gaz LÉGER (E.). — Sur la cinchonibine. commun avec U. E. Jtin^Jlcisclt)\ — Sur la benzoylcinchonine LÉGER (Louis). — Sur une nouvelle garine terrestre des larves de Milo lonthides de Provence — Sur une grégarine nouvelle des Ajiri diens d'Algérie i. . . 811 LELIEUVRE. — Sur certaines familles de cubiques gauches 53i et GiG LEMOINE (G.). — Le prix La Gaze ( Chi- mie) lui est décerné ... 911 — Adre.«seses remercîmentsà l'Acadéinie. io5o LEPHAY prie l'Académie de le comprentire parmi les candidats au prix extraor- dinaire destiné à récompenser l'inven- tion ou le travail le plus piopri à accroître nos forces navales — Un prix lui est décerné dans le concoirs de ce prix — Adresse ses remercîments à l'Acadéntie. LÉPINE (R.). — Sur la glycolyse dans le sang normal et dans le sang diabétique. (En commun avec M. Metroz.). ..... LEROY DE KÉRANIOU prie l'Académielde le comprendre parmi les candidate i\ la place vacante dans la Sectionjde Géographie et Navigation. . . . LESSKA(Fr.) adresse une Noie relatjve à une formule d'intégration . . LETULLE. — Un prix Serres (Médec et Chirurgie) lui est décerné . 157 S89 io5o rj4 65'. MM. Pages. LEUCHTENBERG (N. de). — Observation d'une aurore boréale 498 LEVAT(L.-A.). — Amélioration des huiles deconsommationetdes huiles de grais- sage, par un traitement électrique . . 73 j LÉVY ( Lucien ). — Théorème sur les sys- tèmes triplement orthogonaux 477 LIGNIER (0.). — Bencnites Morierci, fruit fossile présentant un nouveau type d'inflorescence gymnosperme . . 867 LINDET (L.). — Influence de l'acidité des moûts sur la composition des flegmes. 122 — Sur la production du saccharose pen- dant la germination de l'orge 6G8 — Sur le développement et la maturation de la pomme à cidre G9G — Errata se rapportant à cette Commu- nication 7-4 LIPPMANN. — Rapport verbal sur la ré- clamation de priorité adressée par M. d'Oclirirdi, relativement aux expé- riences d'autoconduction de M. d'Ar- .intwal 1049 LCEWY. — Présentation d'un Volume in- titulé : « Recherches sur la détermi- nation des constantes des clichés pho- tographiques du ciel » 019 LOSADA (C.-G.) adresse une Note relative aux expériences de MM. Glcy et Char- rin, sur « les influences héréditaires expérimentales ». 713 LUDWIG est élu Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie. . . l't-j — Nommé Correspondant pour la Section de Médecine et Chirurgie adresse ses remercîments à l'Académie 210 LUGEON (Maurice). — Sur une disloca- tion en forme de champignon, dans les Alpes de la llaule-Savoio 5G4 M MAIRE D'ANGERS (M. le) invite l'Aca demie à se faire représenter à l'inau- guration de la statue de Clievreul, (ui doit avoir lieu le 3 décembre MALLET. — Sur un essai de l'hélice à propulsion verticale 3no MALTÉZOS (C). — Sur les équations (lu mouvement d'un corps solide se m(iu- vant dans un liquide indéfini MANEN est présenté à HL le Ministre de l'Instruction publique, pour une plftce tG 3- de Membre titulaire au Bureau des Longitudes 274 MANGIN (Louis). — Observations sur la constitution rie la membrane chez les Champignons 816 .AÎAQUENNE. — Sur la composition de la miellée du Tilleul 127 MARCIIAL (Paul). — Élude sur la repro- duction des Guè|ies 584 MAREY. — Étude chrouophotographique des différents genres de locomotion ( I i5i MM. Pages. chez les animaux 355 — Offre à l'Académie son Ouvrage inlitulé « Le Mouvement » 572 MARVAUD. - Le prix Montyon (Statis- tique ) lui est décerné PEYTOUREAU (A.). — Recherches sur l'anatomie et le développement de l'armure génitale mâle des Insectes orthoptères 293 — Recherches sur l'anatomie et le déve- loppement de l'armure génitale femelle des Insectes orthoptères 749 PHIPSON (T.-L.). — Sur l'origine de l'oxy- gène atmosphérique 309 PHISALIX (C). — Sur un phénomène d'intibition chez les Céphalopodes : constriction paralytique des chroma- tophores C38 — Toxicité du sang de la Vipère (fripera nxpis L.). (En commun avec M. G. JSei-t'ri/id.) • logg PICARD Emile). — Sur une classe de transcendantes nouvelles 472 — Sur l'équation aux dérivées partielles qui se présente dans la théorie de la vibration des membranes 5o2 — Présentation de deux volumes de M. Sophits Lie sur la Théorie des grouDCS de transformations Sog — Sur une classe d'équations différen- tielles dont l'intégrale générale est uniforme 6o3 PICART (L.). — Observations de la nou- velle comète Rordame, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bur- deau'i i5o et 456 — Obseriations de la comète Brooks (1895, octobre 16), faites au grand équaiorial de l'observatoire de Bor- deaux 532 — Observations des petites planètes (^tT) (Charlois 1893, A. D.), (@ (Char- lois 1893, A. H., etCharlois 1893, A.I.), faites au grand équatorial de l'obser- vatoire de Bordeaux io45 PICUARD (P.). — Assimilabilité plus grande de l'azote nitrique des nitrates récemment formés laâ PIERCE (G.-W.) adresse un travail ma- nuscrit portant pour titre : « Vitesse dii son dans l'air » 676 PINARD. — Un prix Montyon (Médecine et Chirurgie) lui est décerné, en com- mun avec M. Varnier 932 — Adressa ses remerciments à l'Académie. io5o l'IONCHON. — Sur un produit d'oxydation incomplète de l'aluminium 3^8 MM. Pa^eç. PIZON. — Un prix Serres (Médecine^jt Cliirurgie) lui est décerné g^o rOINCARÉVl.). — Sur les transforma- tions biralionnelles des courbes algé- briques 18 — Sur la généralisation d'un théorèlne d'Euler relatif aux polyèdres 14 i — Observations sur une Communication de MM. Birkelnnd ç^iSnrazin a Sur la nature de la réflexion des fondes élec- triques au bout du fil conducteur ». 6ï2 — Sur la propagation de l'électricité, j . . 1027 POTAIN. — Sur les mouvements de la surface du cœur 534 — Est présenté par la Section de Médecine et Chirurgie à la place laissée vacante par le décès de M. Clwrcot L. 56G — Est nommé Membre de la Section! de 5/4 ) MM. Pages. Médecine et Chirurgie, en remplace- ment de M. Charcoi 572 POUCHET (G.). — Sur un lialo observé à Créleil, le 22 octobre 1893 565 — Sur le polymorphisme du Peridinluin ncuininoluin Ehr 7a3 P0U.1ADE adresse un Mémoire sur la con- stitution physique du Soleil 270 PRUD'HOMME. — Constitution des ma- tières colorantes du groupe de la fu- chsine. (En commun avec M. C. Ra- luiut.) 40 PRUNET (A.). — Sur le Rhizoctone de la Luzerne 252 — Sur la propagation du Pourridié de la Vigne par les boutures et les greffes- boulures mises en stratification dans le sable 5G2 QUÉNISSET (F.). — Sur la nouvelle Co- mète h 1893 L. i58 — Photographie et observations physiflucs de la comète /) iSgS, faites à l'obseiva- toire de Juvisy 277 QUEVA (C). — Caractères anatomiques de la tige des Dioscorées 295 Les bulbilles des Dioscorées 3 16 Anatomie végétale de X Ataccia cristata Kunth 409 Errata se rapportant à cette Commu- nication 45o R RABAUT(C.). —Constitution des matières colorantes du groupe de la fuchsiie. (En commun avec M. Prudlionim-.). 40 RABOT (Charles). — Sur les glacier^du Spitzberg 1 . . 75 RAMBAUD. — Observations de la contjète Rordame, faites à l'équatorial coiidé (o'",32) de l'observatoire d'Alger... 210 — Observations de la comète Bropics (1893, oct. iG), faites à l'observatdire d'Alger, à l'équatorial coudé \. . 575 R.\OULf(F.-M.). — Les densités des va- peurs saturées, dans leurs rapports avec les lois de congélation et delva- porisation des dissolvants 833 R.4TEAU. — Hypothèse des cloches sous- continentales 370 RAYET (G.). — Observations de la nou- velle comète Rordame, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bor- deaux L . . . ijo — Observations de la comète Rordàme- Quenisset, faites au grand équatorial de l'observatoire de Bordeaux 4^6 — Observations de la comète Brooks (1893, octobre 16), faites au grand équatorial de l'observatoire de Bor- deaux 53-2 — Fait hommage à l'Académie d'une No- lice sur la vie et les travaux de J.-J.-B. Jbriri, Correspondant de l'Académie . 534 — Sur les incendies des landes de la Gi- ronde et la sécheresse exceptionnelle du printemps et de l'été de 1893.. . . 837 — Observations des petites planètes (m) (Charlois 1893, A. D.), (g) (Char- lois 1893, A. H. et Charlois 1893, A. L), faites au grand équatorial de l'obser- vatoire de Bordeaux io45 RECOURA(A.). — Sur l'acide chromopyro- sulfurique 87 — Errata se rapportant à cette Commu- nication 7G ( ii55 ) MM. Pages. — Sur l'hydrale pyrosiilfo-chromiquo . . . loi RENAULT (Aldert). — Sur les e.Nigences de la vigne directe ou greffée 762 RENAULT (B.). — Caractères généraux des boglieads à Algues. (En commun avec M. C.-Eiig. Bertrand.) Sgl RESAL (H.). — Sur la denture de l'engre- nage hyperboloïdal 3g 1 — Sur la stabilité de l'équilibre de Taxe de la toupie giroscopique 499 — Sur le joint Goubet et son application à l'hélice des navires Sgç) RIB.\UCOUR (Albert). — Sa mort est annoncée à l'Académie 435 RICHARD (Jules). — Sur la faune péla- gique des lacs du Jura français. (En commun avec M. Jules de Gueine.). 1S7 RICHET (Cil). — De l'influence des poi- sons minéraux sur la fermentation lactique. (En commun avec M. A. Chassei'aiit.) 6-3 — Sur le chloralose. (En commun avec M. M. Hrinrint.) 734 RIGGENBACH est élu Correspondant, pour la Section de Mécanique, en rempla- cement de feu M. Colladon 781 — Adresse ses remercîments à l'Académie. 8 jo ROBIN (Albkrt). — Des albuminuries phosphaturiques 807 Cio 654 MM. Pages, ROBIN (G.). — Le prix Francœur (Géo- métrie) lui est décerné 888 ROGER (IL). — Sur les variations de la glycogénie dans l'infection charbon- neus3 48f ROLLET est élu Correspondant, pour la Section de Médecine et Chirurgie, en renifilacement de M. Palasciano .... — Adresse ses remercîments à l'Académie. ROUGET (Ch.). — Sur la structure intime des plaques terminales des nerfs mo- teurs des muscles striés G99 — Sur la terminaison des nerfs moteurs des muscles striés, chez les Batra- ciens 802 ROUSSEAU (Gustave). — Sur les con- densations cycliques du carbone. . . . BOUVIER (G.)- — De la fixation do l'iode par 1 amidon 281 ROUVILLE (P. DE). — Cambrion de l'Hé- rault. (En commun avec ^\^\.Delagc et /. Miquel.) 3 46 — Sur les terrains primaires de l'arron- dissement de Saint-Pons (Hérault). (En commun avec MM. Delage et /. Miquel.) 818 ROY (Al ) adresse une Note relative à un traitement antiphylloxérique 275 iP4 40 1 SABATIER. — Un prix Serres (Médecine et Chirurgie) lui est décerné 940 SABOURAUX. - Une mention honorable lui est accordée dans le concours du prix Barbier (Médecine et Chirurgii). 933 SADERRA Y MASO (Miguel) adresse une relation du tremblement de terre sur- venu le 21 juin dernier à l'île rie Min- danao Sog SAINT-LOUP (Remv). — Sur la continuité craniologique sériale dans le genre Lepus , . 640 SAINT-REMY (G.). -- Sur le développe- ment du pancréas chez les Ophidiens. 4o5 SANGLE-FERRIÈRE. — Recherche de l'a- brastol dans les vins 796 S.ATlJSON (A.). — Une partie du prix Bar- bier (Médecine et Chirurgie) lui est décernée 933 — Adresse ses remercîments à l'Académie. io5o SAPORTA (G. DE). — Sur une couche à Nyn-phéinées, récemment explorée et comorise dans l'aquitanien de Ma- nosque 607 SAPPEY — Recherche sur la structure des plunes 828 SARASIN (Ed.). — Sur la nature de la réflexion ries ondes électriques au bout d'un fil conducteur. (En commun avec M. Ed. Birkeland.) 618 SARRAU fait hommage à l'Académie de deux Ouvrages quïl vient de publier sur la théorie des explosifs et les poudres de guerre 137 — Notice sur les travaux de M. D. Colla- d\/n 263 -- Esi désigné par l'Académie à M. le Ministre de la Guerre poui' faire par- tie du Conseil de perfectionnement de l'Éccle Polytechnique pendant l'année 1893-1894 k'fi SAUVAGEAU (C). — Sur un champignon ( I r MM. Pages, parasite de la Cochylis. (En commun avec M. /. Perrnud.) 189 — Le prix Desmazières (Botanique) Jui est décerné l. . 925 SCHARDT (Hans). — Sur l'origine Hes Alpes du Chablais et du Stockhornl en Savoie et en Suisse .'. . . 707 Errata se rapportant à cette jCommVni- cation i. . . 874 SCHLŒSING FILS r;(TH.). — Sur | les échanges d'acide carbonique et d'ûxy- gène entre les plantes et l'atmo- sphère 766 et 8 1 3 SCHULHOF. — Éléments de la comèle Brooks (1893, octobre 16) 639 est ilca- — Le prix Lalande (Astronomie) lui décerné — Adresse ses remercîmenls à demie SCHULTEN (de). — Une mention lui' est accordée dans le concours du prix Bordin (Minéralogie et Géologie).. . . SCHUTZENBERGER est désigné à Mi le Ministre des Finances, pour faire )ar- tie de ia Commission de conlrôle de la circulation monétaire 1 . . — Errata se rapportant au prix Jeckir. . SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L'ACADÉMIE !^97 io5o 9'6 781 904 56) MM. Pages. DES SCIKNCES DE CRACOVIE (M. le) informe l'Académie que la Biblio- thèque polonaise a été cédée à l'Aca- démie des Sciences de Cracovie et sera maintenue à Paris 92 SEILIGER (N.). — Sur un théorème nou- veau de Mécanique 578 SERRET (P.). — Des cercles ou des sphères « dérivés » d'une enveloppe, plane ou solide, de classe quelconque. 400 435 et 480 — Le prix Gegner (Prix généraux) lui est décerné 969 SOMZÉE (L.), à l'occasion d'une Noie de M. Hardy, rappelle à l'Académie son appareil destiné à la recherche du grisou C83 STIELTJES. — Le prix Petit d'Ormoy (Sciences mathématiques) lui est dé- cerné 969 — Adresse ses remercîmenls à l'Acadé- mie io5o STUART-MENTEATH (P.-W.) adresse à l'Académie trois Notes « Sur la géolo- gie des Pyrénées » 5io SY. — Observations de la comèle Brooks (1893, cet. 16), faites à l'observatoire d'Alger, à l'équatorial coudé 575 TACCHINI (P.). — Observations solaire du deuxième et du troisième trimestri: de l'année 1893 841 TANRET (Ch.). — Sur les hydrates de carbone du topinambour !.. 5o — Sur la stabilité à l'air de la solution de sublimé corrosif au millième 1081 TELLIER (Ch.) adresse une Note « Sur l'influence de la navigation au point de vue du transport des germes aii- démiques » , . . 461 TESTUT. — Une citation lui est accordée dans le concours du prix Montfon (Médecine et Chirurgie) i . . 982 THÉLOHAN (P.). — Nouvelles rechercnes sur les Coccidies 247 THOLNOT. — Un prix Bréant (Médecine et (Chirurgie) lui est décerné. (En commun avec M. Netter.) ! . . . g36 THOMAS-MAMERT (R.). — Sur l'aniino- butènediamide et la butanonediainide. 1G7 TIEMANN (F.). — Sur le glucosidd de l'iris. (En commun avec M. G. de Laire.) 4'^8 — Sur le parfum de la violette. (En commun avec M. P. Kruegcr.) 548 TILLO (A. DE). — Valeurs des éléments magnétiques déterminées par l'expé- dition polaire de la Société impériale russe de Géographie à l'embouchure de la Lena 457 TISSERAND (F.). — Sur la découverte, de la comète b 1893 i38 — Sur le mouvement du cinquième satel- lite de Jupiter 1024 — Communique l'extrait d'une lettre de M. Mcrinn, Directeur de l'obstrva- toire de Madrid, relatif à la décou- verte de la comète Rordarae-Quenis- set '*-il^ — Rapport sur un Mémoire de M. Dcf- forges, ayant pour titre : « Sur la distribution de l'intensité de la pesan- teur à la surface du globe » 3G7 ( "57 ) MM. PaEPs. — Fait hommage à l'Académie du Volume des « Annales de l'Observatoire de Paris » contenant les Observations de i885 391 — Présente à l'Académie le Tome 111 de son « Traité de Mécanique céleste ». 53 1 TOPSENT (EMILE). — Contribution à l'histologie des Spongiaires 444 TOURNEUX. — Le pris Godard (Méde- cine et Chirurgie) lui est décerné. . . gio TOWNSEND PORTER adresse un Mémoire relatif h un système permettant d'em- ployer les moyeimes résultant des me- sures anthropologiques, pour déter- miner l'aptitude physique des enfants d'une école à fournir le travail exigé. 275 MM. Pages. 1 lilLLAT (A.). — Sur une nouvelle mé- thode de préparation de la méthyl- amine et sur la constitution de l'hexa- méthylène-tétrandne. (En commun avec M. Fayollat.) 628 TRIPIER (J.). — De la préparation des acides caproïque et hexylique nor- maux a8a TR0LAR3. — Le prix Lallemand (Méde- cine et Chirurgie) lui est décerné. . . 949 TROOST (Louis) est désigné à M. le Mi- nistre des Finances, pour faire partie de la Commission de contrôle de la circulation monétaire 781 TRUELLE (A.). — Étude d'une variété de pomme à cidre, à tous ses âges 765 VAILLANT (Léon). — Sur un nouveau genredePoissons, voisin desy/e/v/f/Vv. 745 VANLAIR (C). — Quelques données chro- nométriques relatives à la régénéra- tion des nerfs 799 VARENNE (F.) adresse un projet de sys- tème d'aviation 23 VARNIER. — Un prix Montyon (Médecine et Chirurgie) lui est décerné, en com- mun avec M. Pinard 982 — Adressesesremercîments à l'Académie. io5o VASCHY. — Calcul des forces auxquelles sont soumis les corps placés dans un champ électromagnétique 726 — Calcul des forces électromagnétiques suivant la théorie de Maxwell io65 VAYSSIÈRE. — Sur le genre Honmhgyrn, type de Mollusque Gastéropode proso- branche 5g VÉNUKCFF. — Des observations magné- tiques récemment faites en Russie... 382 VERNEUiL.— Observations relatives à une Not( de M. Henry Morau « Sur la transmission et l'évolution de cer- tainfs tumeurs épithéliales chez la souris blanche » 65 VIALET. — Une mention lui est accordée dans le concours du prix Montyon (Médecine et Chirurgie) 982 VIGNON(LÉo). — Sur 'la stabilité et la conservation des solutions étendues de s.iblimé 798 VIOLEE (J.). — Rayonnement de diffé- rente corps réfractaires, chauffés dans le fcur électrique 33 VIOLLETTE (C). — Analyse des beurres du commerce 856 et 1049 w WEDENSKY (N.) — L'élasticité du muscle diminue-t-elle pendant la contrac- tion? iSi — De l'interférence des excitations dans le nerf 240 WEHMER (Charlks). — Préparation d'acide citrique de synthèse, par la fermentation du glucose 332 WINTER (J.). — Lois de l'évolution des fonctions digostives G5 — Lois do l'évolution de la digestion; leur interprétation 179 WOLF Rodolphe). — Sa mort est annoncée à l'Académie 104S ( n58 ) MM. I l'ages. ZEILLEU. — Le prix Fontannes (Minéra- logie et Géologie) lui est décerné. . . 923 ZENGER (Cii.-V.) adresse deux pelites MM. Pages. |)hotographies du lac de Genève et des montagnes environnantes, obte- nues pendant la nuit 348 GAUTIIlElt-VlLLARS El FILS, lûiriUaiEURS-LIEIlAlRtS DES COMl'iliS RENDUS DES SÉANCES DE l'acADEMIE DES SCIENCES. igScj Paris. —-Quai des Grands-Augiistius, 55. i'lll"llllllil!!ll1|i Il llllllllllllllllllli illllllllllllllililiiiiiiii „^^ 3 2044 093 254 027 r^-.i J^